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Full text of "Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne"

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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ LIÉGEOISE 

DE LITTÉRATURE WALLONNE 

DEUXIËMB SÊniE. — TOME XIII. 



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BULLETIN 



DE LA 



SOCIÉTÉ LIÉGEOISE 



DE 



LITTÉRATURE WALLONNE 



DEUXIÈME SÉRIE 
XOMK ILIII. 




LIÈGE 

IMPRIMERIE H. VAILLANT-CARMANNE, 

Rue St-Adalbert, 8. 

1889 



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Philol 42.10 



Hàrrard Ck>lleffe LUir«y 
May 18. 1922 

J.J.LoweJl fund 



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SOCIÉTË LliraiSE DE UTTÉHITORE WiLlOIIE 



CONCOURS DE 4887. 

RAPPORT DU JURY SUR LE 12« CONCOURS. 



Messieurs, 

Votre Commission a eu, celte année, onze pièces 
dramatiques à examiner : ce chiffre n'avait jamais 
été atteint. Quelle réponse, Messieurs, à ces Flamin- 
gants outrés, qui, en plein corps législatif, ont osé 
nier que le wallon fût une langue et ont eu l'audace 
de prétendre que c'était simplement un jargon sans 
valeur, sans consistance. Semblables au philosophe 
antique qui prouvait le mouvement en marchant, 
nos poètes ont établi non seulement l'existence mais 
encore la vitalité de la lanjïue de la Wallonie en sou- 
mettant, au concours de notre Société, onze pièces de 
genres différents. Nous croyons devoir insister sur 



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VI — 



ce point : toutes ces pièces ont, chacune, leur 
intrigue, chacune, leur scénario, différents ; elles ne 
se ressemblent en rien, chacune d'elles traite un 
sujet distinct. N'est-ce pas une preuve certaine, 
palpable, du génie dramatique, inné en quelque 
sorte dans les populations lettrées de la Wallonie ? 

Si Ton reprochait à nos auteurs de ne retracer que 
des scènes de la vie de la classe ouvrière ou de la 
petite bourgeoisie, qu'on se rappelle que le v^^allon 
est la langue usuelle des ouvriers, des petits bour- 
geois; il n'est, en général, parlé ni par les classes 
élevées, ni par les magistrats, ni par les professeurs, 
ni par la classe aisée. De là, comme conséquence, 
l'obligation pour nos auteurs dramatiques de s'en 
tenir à la photographie de certaines mœurs, habi- 
tudes, traditions populaires. 

Cela dit, remarquons que si le nombre des pièces 
soumises à notre examen a été très élevé, la qualité 
n'en a malheureusement pas répondu à la quantité. 
C'est un devoir pénible pour nous de constater que 
les résultats du concours ont été, en général, moins 
que passables ; nous nous sommes départis de la 
sévérité que nous avions montrée les années précé- 
dentes et, disons-le tout d'abord, pas une seule 
pièce n'a été jugée digne d'obtenir un premier prix. 

Votre Commission vous propose d'allouer le second 
prix, médaille d'argent, à la pièce n* 7, li Manège 
Cockraimont et d'en ordonner l'impression. 

Cette comédie a rallié nos suffrages parce que 
l'intrigue en est bonne quoique simple ; l'auteur 



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— VII — 



montre qu'il connaît bien la scène et ses exigences ; 
nous sommes persuadés qu'elle réussira à la repré- 
sentation. 

Cockraimont^ rentier, qui vit à la campagne, a 
placé sa fille Menline en pension à Liège ; il a prié 
un de ses amis de veiller sur Menti ne et de le pré- 
venir si quelque fait anomal se produisait. Il reçoit 
une lettre, dans laquelle lami le prévient queMentine 
est recherchée par un jeune homme d'une conduite 
et d'une moralité au moins douteuses, et craint des 
mères en possession de filles à marier. Cockraimont, 
caractère irritable, cédant au premier mouvement, 
part pour rechercher sa fille ; il ne peut pas attendre 
le lendemain, malgré les sollicitations de sa femme, 
qui lui montre en vain le ciel chargé de nuages 
menaçants. M"® Cockraimont craint de rester seule et 
elle prie son voisin, le menuisier Rabot, de passer la 
nuit dans la salle à manger. Rabot accepte. L'orage 
éclate et un voyageur transi, mouillé jusqu'aux os, 
pénètre chez Cockraimont et demande asile. Ce 
voyageur est précisément l'amoureux Joliet, de 
Meutine. Rabot conseille au jeune homme de sécher 
dans la cuisine ses vêtements mouillés et de revêtir 
en attendant une robe et un mouchoir oubliés par 
M"^ Cockraimont; ce qui est fait par Joliet. Nos nou- 
veaux amis causent en se versant force rasades de 
genièvre. Rabot, surtout, qui en est très amateur 
donne de nombreuses accolades à la dive bouteille ; 
ils finissent par s'endormir. Cockraimont, suivi de 
sa fille et de l'ami Houba, entre très surpris de trou- 



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VIII — 



ver ouverte la porte de sa demeure. Au moment où 
il pénètre dans la place, Rabot et Joliet s'enfuient 
sans que ce dernier songe même à reprendre ses 
habits masculins. 

M"*Cockraimont descend et tous cherchent à com- 
prendre la scène qui vient de se passer, ainsi que la 
fuite des deux personnes trouvées dans la cuisine 
et dont Tune porte des vêtements de femme. Émoi 
du ménage, jalousie du mari. Peu après, le garde 
champêtre Godinasse— un excellent type — ramène 
le jeune voyageur de commerce, toujours revêtu des 
habits de M"* Cockraimont. Mentine reconnaît son 
amoureux en celui que tous regardent comme un 
malfaiteur, et celte jeune fille, dont la confiance est 
un peu bien robuste, n'éprouve pas le moindre doute 
sur la conduite de celui qu'elle aime. Rabot, qui, en 
se sauvant, est tombé dans une fosse à purin et qui, 
aux dépens de la force comique de la pièce, rentre 
débarbouillé et nettoyé, explique la présence et le 
travestissement de Joliet. Tout s'éclaircit enfin : 
l'ami Houba s'est trompé; il a eu en vue un sien 
neveu, s'appelant également Joliet, et dont les mœurs 
sont dissolues, il le reconnaît ; alors, comme dans 
toute comédie qui se respecte, la pièce finit par le 
mariage des deux jeunes gens. 

Disons seulement que le dénouement se dessine 
trop tôt. L'exposition est bonne : on ne rencontre 
pas trop de monologues ni d'à parte; le wallon, sans 
être défectueux, n'est pas trop pur; il y a trop, beau- 
coup trop d'expressions françaises wallonisées; 



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— IX — 



mais la pièce esl si mouvementée, les entrées et 
sorties des divers personnages sont si bien amenées 
que nous ne doutons pas du succès à la scène. 

Le jury vous propose d'accorder une médaille de 
bronze à lauleur de Fâte di s'ètinde (n° 2) et de 
voter l'impression de la pièce. Ce qui Ta déterminé, 
ce sont les vers bien faits, le dialogue parfaitement 
conduit, dont la coupe est à Tabri de tout reproche. 
Ici Fauteur s'en prend à l'un des mauvais procédés 
les plus en vogue mallieureusement dans nos classes 
ouvrières, la lettre anonyme, parfois si perfide et si 
dangereuse. Chanchet s'est amusé à écrire ainsi à 
son camarade Joseph que sa femme Daditte sortait 
peu, parce qu'elle avait une intrigue amoureuse 
avec un jeune homme, habitant un appartement 
dans une maison située vis à vis de celle qu'occupe 
Joseph. D'autre part, se servant de la même arme 
empoisonnée, il a fait savoir à Daditte que son mari 
avait des rendez-vous derrière l'église S'-Jacques. 
De là des péripéties assez comiques et très leste- 
ment menées. Enfin, tout est bien qui finit bien. 
Chanchet, craignant les suites de son escapade, 
envoie Lorint près des époux pour prier ceux-ci 
de lui pardonner sa conduite plus inconsciente 
que méchante. Les époux le font et une réconci- 
liation générale se célébrera, verre en main, chez 
Guérin, au Pré Binet. Inutile de dire que Chanchet 
paiera et il trouve lui-même bien douce la punition 
de sa conduite au moins légère. 

Nous proposons également d'accorder une mé- 



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daille de bronze à l'auteur des Trim'leUy comédie 
vaudeville en 3 actes (n^ 10 du concours). Ici aussi, 
la pièce prend au corps un des travers, plutôt un 
des vices ancrés dans les classes laborieuses, les 
combats de coqs. Que de malheureux ouvriers 
laissent, en effet, femmes et enfants manquer parfois 
de pain et jettent le produit de leur travail en paris 
sur la tête de tel ou tel coq. Nous savons, nous, que 
ces joutes sont souvent, très souvent suivies de com- 
bats entre les assistants, que la justice doit punir 
malheureusement au détriment du ménage, de la 
femme, des enfants. Le législateur a réprimé, et 
sévèrement, ces plaisirs par où nos mœurs se rap- 
prochent trop de celles de certaines classes de la 
société anglaise. 

C'est donc une donnée bien morale, que celle qui 
consiste à montrer que les vices des amateurs pas- 
sionnés de combats de coqs peuvent les conduire à 
tout, même au vol. 

Les deux premiers actes de cette comédie sont 
excellents, le dialogue est bon, les vers sont en 
général à l'abri de reproche, sauf quelques légères 
imperfections qui ont été signalées à l'auteur. Le 
personnage de Joseph, l'ouvrier au caractère faible, 
hésitant, subissant tantôt l'influence de sa femme, 
tantôt celle du camarade Jacques, est fort bien tracé. 
Celui de Jacques, le mauvais ouvrier, l'amateur pas- 
sionné de combats de coqs, qui va jusqu'à voler 
pour satisfaire sa funeste passion, est aussi bien 
fouillé, bien observé et parfaitement tracé. 



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— XI — 



Le troisième acte, mallieureusement, est loin de 
valoir les deux premiers; il est, disons-le, manqué 
et c'est à cette cause que l'auteur doit de ne pas 
obtenir une récompense supérieure. Nous proposons 
l'impression des deux premiers actes; de plus, nous 
demandons à l'auteur de faire disparaître, du ^ 
acte, la chanson dite contre les Flamands, un vrai 
hors d'œuvre, beaucoup trop long et nuisant à la 
marche de l'intrigue. 

Une autre bonne comédie, écrite en wallon très 
pur, pleine de gatté et de mouvement, ne remplis- 
sait pas les conditions du concours : Li fraque èmor 
crcUlèie est, en effet, écrite en prdse. 

Cependant le langage parlé par les personnages 
est un wallon si correct, il a un accent de terroir si 
prononcé, les expressions du bas peuple sont si bien 
photographiées, que nous avons cru, à l'unanimité, 
devoir vous proposer d'accorder à l'auteur une 
médaille de bronze et de voter l'impression hors 
concours. 

Voici le sujet de la pièce. Wathy, ivrogne des plus 
caractérisés, va se marier; il lui manque une redin- 
gote et il ne peut gravir les degrés de l'Hôtel de 
ville sans ce vêtement ; il va l'emprunter à un sien 
parent, mais, en revenant, il se livre à sa passion 
favorite, tant et si bien qu'il tombe, ivre-mort, au 
milieu d'une rue. Thoumas, ovri da Houbert, le 
rencontre en ce bel état, le relève et le reconduit. 
Pour le remercier, Wâthy lui donne la capote 
empruntée ; Thoumas la vend à la viwaresse Garitte 



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XII 



et celle-ci, à son tour, la cède, moyennant bénéfice, 
à Houbert Wastay, le camarade de Wâthy et son 
principal témoin lors du mariage. On voit ce qui va 
arriver. Wâthy débarrassé des fumées de Tivresse, 
cherche la capote, mais en vain ; il la croit volée. 
Arrivant chez Houbert, il le trouve couvert du 
vêtement acheté à Garilte ; il le reconnaît et court se 
plaindre h la police. Un Commissaire — pourquoi 
pas un agent — se présente, écoule plaignant et pré- 
tendu voleur. On entend Garitte crier dans la rue ; le 
Commissaire la fait entrer et la force à s'expliquer : 
Thoumas, à son tour, narre ce qui s'est passé : le pot 
aux roses est découvert et le Commissaire envoie 
promener Wâthy. On ignore si le mariage ratera à 
la suite de cette jolie découverte. Disons-le : cette 
pièce, pleine de force comique, réussira : nos 
Liégeois y retrouveront leur parler franc, sincère, 
gouailleur, essentiellement naturaliste, sans recher- 
ches et sans afféterie. 

Votre jury a lu aussi, avec beaucoup d'attention, 
la pièce n^ 1 : Les Bat'H^ comédie en trois actes. A 
regret, il n'a pu accorder aucune récompense; cette 
pièce, du genre sérieux, est, il est vrai, bien conçue, 
très morale, pure de toute expression grossière ou 
injurieuse. Seulement les personnages, très moraux, 
s'admirent trop les uns les autres. Et puis que de 
longueurs ! Certain personnage dit ce qu'il va faire; 
il le raconte au moment où il le fait, et, enfin, il le 
narre à nouveau quand il Ta tait. L'auteur ferait 
bien de condenser. Qu'il mette plusieurs fois encore 



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XIII — 



Ëâ pièce sur le métier et qu'il la polisse ; la Société 
de Littérature wallonne sera heureuse alors de la 
couronner. 

Les mêmes observations et les mêmes conseils 
s'adressent également à l'auteur de Li qiiowe de Diale. 
Lui aussi a été long^ très long^ trop long; si, au lieu 
d'écrire trois actes, il avait su se borner à un acte 
seulement, peut-être le résultat eût-il été différent. 

L'auteur de la pièce, n^ 11 : On côp bin agerci ne 
doit pas non plus se décourager. Dans cette comédie- 
vaudeville, le wallon est bon, l'intrigue amusante, 
certains vers sont bien frappés ; on rencontre beau- 
coup de dictons heureux : l'auteur connaît les 
mœurs populaires, mais nous devons blâmer le 
langage trop grossier de l'une des femmes, le trop 
brusque et trop naïf revirement d'une autre, le défaut 
de préparation du dénouement. Ajoutons que l'ex- 
position est bien embarrassée et que la pièce ren- 
ferme beaucoup de chevilles. Si l'auteur veut se 
mettre résolument à l'œuvre, tenir compte des obser- 
vations que nous venons de lui présenter, nul doute 
que, avant peu, il ne voie ses efforts couronnés de 
succès. 

Un conseil pour finir. La force comique manque 
dans plusieurs des pièces qui nous ont été soumises. 
C'est qu'elles sont trop peu étudiées. Nos poètes ne 
doivent pas écrire à la vapeur : produire n'est pas 
tout. Qu'ils lisent et relisent les pièces de leurs 
devanciers et surtout celles qui faisaient tant rire nos 
chanoines du 18® siècle ou celles dont, de nos jours. 



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— XIV — 



de spirituels auteurs, les Remouchamps^ les Delchef, 
ont enrichi notre littérature. Ils verront qu'elles 
n'ont pas été faites en un jour, ni, par suite, pour un 
seul jour. Qu'ils travaillent donc, qu'ils réussissent : 
nous n'aurons jamais trop de chefs-d'œuvre. 

Les Membres du Jury: 
J. Delboeuf. 

I. DORY. 

A. Falloise. 

J. Perot, rapporteur. 



La Société a donné acte au Jury de ses conclusions 
dans la séance du 15 mars 1888. 

L'ouverture des billets cachetés, accompagnant 
les pièces couronnées, fait connaître que M. J. Brahy 
est l'auteur de H Manège Cockraimonl ; M. DD. 
Salme, celui de Fâte dis'ètinde ; M. H. Baron, celui 
de les Trim'leu et M. J. Bury, celui de li Fraque 
èmacrallèie. 

Les autres billets cachetés ont été brûlés séance 
tenante. 



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LI MANEGE COCKRAIMONT 
coidEDBiE tH nra axb 

PAR 

Toussaint BRAHT. 

DCYISI: 
I n' At qu'ine blawette 



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PBRSONNËaB. 

COCKRAIMONT, i'crieu MV. T. Qointin. 

HOUBA, rinti^ camarade da CockraimoHt ... A. Nonoonfaz. 

JOLIET, vof/èçeu d^commerce, galant da Menttne. J. Van Essen. 

RABOT, «crtnl, whin da Cockraimont .... J. Lahbrbmont. 

GODl^kSSE, gàrifchampetfe Y. Raskir. 

M»« COCKRAIMONT M«" Colette 

MENTIME, «t/Vte Joaghims. 



Li scène si pssse è Tmohonne Gockraîmont, divins on vièga k treus heure di Ltge. 



Ausse: 

COGKRAIMONT, batme m<ntueure d'hiviér. 
HOUBA, > » » 

JOLIET, • » \ * et muntai, 

 r scène XIV, ine cotte di coleur et gros noret d'iatne à grands kwftrai rimarquàve, 
da M» COCKRAIMONT. 
RABOT, tnotuuure d'ovrège ; k Tscène XXKI, i rinteure rinetti. 
GODINASSE, tdrot, claque, band^Ure blanke toupotriant t'tdbe qui n'a qui Vpouqneie, 
N«« COCKRAIMONT, bonne mouueure borgeute: 
HENTINE, » • > chapal et houp' lande en arrivant, 

Ine boteie, des verre et on rûle po RABOT. 



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LI MANEGE COCKRAIMONT 

OOMJEDEIB iV INS AKB. 



Li théftte riprésinte on sftlon borgeus. È fond^ ine flniesse. A dreute, ine poite dînant 
80 rehambe da Madame Gockraimont. A gauche, ine poite dînant so l'rowe. 
A prûmi plan, k giaehe, ine poite dînant so Tcoahenne. Ê mitan, ine ronde tAve, 
dei cbèîre. 



Li mi$e en êcène n fait à dreute de publie. 



Scène prûmfre. 

If. et Mm« COCKRAIMONT. 

{Cockratmont tint n* letu è s'matn,) 

Mme COCKRAIMONT. 

Finihez-è n' bonne feie. Qui trovezv' là d' si drôle ? 
I tki ess ou n'nin ess, ine homme n'a qu*ine parole. 

COCKRAIMONT. 

Vola déjà treus feie qui je Y rilë. 

Mue COCKRAIMONT. 

Et bin, 
Bilékez l' ine qwairalnme, couli n*y cangVë rin. 



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— 4 — 

COGKRAIMONT, léhaiît. 

Liège, le 27 novembre 1887. 
Mon cher Cockraimont, 

Lors da placement k Liège de votre chère enfant, vous me fîtes la 
demande d'aller la \oir de temps en temps afin de vous tenir en éveil sur 
sa conduite et sa santé, ce que Je fis avec le plus grand plaisir. 

Je croirais manquer à un devoir impérieux si je ne vous mettais an 
courant des assiduités d*un certain Joliet, voyageur de commerce, et très 
connu ici pour sa conduite plus que légère. 

Il est grand temps, cher ami, de mettre fin k ces entrevues qui 
pourraient avoir des suites bien regrettables. 

Votre ami, 
Joseph HOUBÂRT. 

CoGKRAiMONT, ftloukant 8'feume. 
Qu'ènnè direz-v' à c'ste heure ? 

Mme GOCKRAIMONT. 

Qui Yolez-v' qui ji v' deie, 
Si vos n' mi hoûtez nin qwand ji v' donne on coaseie ? 

GOCKRADIONT. 

Qui f&t-i qui ji hoûte po qu' vos m' dinéze raison ? 

Mm« GOGKRAIXONT. 

Hoûtez qui qu' vos volez; qwand j^dirè n'saquoi d'bon, 

Ji ses bin qui j' sèrè tofér contrâriaîe. 

Nos estîs bin pàhûl, hoûie vola qu' po n' chichaie 

COCKRÀIMONT. 

Oli ! ho ! c'est ine chichaie, çoti qu' nos a s'crît Houbà ! 

Mme COGKRÀlMOirr. 

C'est sûr. 

C0CK.RAI1I0NT. 

Por vos, muloi ? 



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- 8 — 

Mme COCKRÀIMONT. 

Nonna, vos pinsez ma. 
Ji v*sèl répète èco, vos n*estez qu'ine gerwette. 
Vos tournez à tos vint comme li cocrai d* Mermoitte. 

GoCKRAmONT. 

Mi, qui toûne 6 tos vint ! Dispôie qwand don, si v' plait ? 

Mme CoCKRAIMONT. 

Dispôie todi, surmint. 

GOCKRAIMONT. 

Qwand est-ce qui j' Ta co fait ? 

M»A GocKRÀiMOirr. 
Toratte. 

CoCKRAmONT. 

Kimint coulk ? 

Mme Ck)CKRAIMONT. 

Vos volez r'prinde vosse feie. 

GOCKRADIONT. 

Et bin T 

Mme CoCKRAIMONT. 

Déjà là d'sus v's aviz cangl d'ideie. 

COCKRAIMONT. 

HoûiOi c'esst affaire fineie, ji vas l'aller r'kwèri. 

Mme COCKRAIMONT. 

Qui vont pinser les maisse ? 

COCKRAIMONT. 

Ne Ts a-j* nin fait prév'ni. 
Vos savez qu* nosst èfant n'est todi qu*ine wihette, 
C'est Tmoumint qu'à l'amour on droûve aheiemint Tpoite. 



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Hbm COCKtilMOlIT. 

A des si basses hftte, elle mi surprindreut (oirt, 
S*elle mettév' si bouwaie, on jftse quéque feie k toirt. 

CoCKRAmONT. 

Vos vlk co. Ji v's èl dit, ci n'est nin qui ji v' flatte, 
Min v' ravise? les chet qui rUoumet so leus patte. 
Ni sèriz-v' mutoi nin ft fait di tôt coula ? 
Qui vos tourniquez tant Pa f veus vosst imbarras. 

Ji n' vous nin v*s èl cacht» Taute joù è s' dierratne iette, 
Mentine foirt adret*mint m'ènne a d'në des sonnette. 

GOGKRÀIMOMT, èpoifté. 

Vos veyez bin. Portant si ji ne l' dimande nin, 

Ji m'allév' fer passer po l' pus rare ènnocint, 

Et vos ftriz stu c&se, avou vos calmoussège, 

Qu*on àreut dit qu' ji n' ses çou qui s*passe è m'manège. 

I|n« CoCXRÀlIfONT. 

Volk n* fameuse affaire po v's èpoirter ainsi. 

CocKiuiMONT, iodimâva. 
G'ésteut pus vite k vos qu*à Houbft di m* prév*ni. 

Mm« CoCKEÀniOMT. 

I n'a rin d' sérieux là ! 

COGXEAIMONT. 

Qu*est-ce qui vos sftrtz dire f 
A k'minc'mint d' nos hantreie, vos d'hlz qu* c'esteut po rire, 
Qui vos esttz trop jône po tûser à Tamour, 
Qui v' vollz co rattinde divant de d'ner vosse cour. 
Çoulk n'espécha nin qu'ami deux ou treus feie 
Nos hanils po tôt d*bon : s'elle fév' ainsi, vosse feie î 

Mm« COGKRAmONT. 

Vos veyez dé Tfoumtre wiss qu'ine aute ni veut rin. 



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- 7 - 

COGIEAIMOMT. 

S'elle s'emmourachëv'-mftie ? 

Mm« COOKRAIIIONT. 

Ah ! feu di strin n* deure nin. 

GOCKRAIMONT. 

Li jônesse si lait prinld comme Toûhai à V vergialle. 

Mm* COCKRAIMONT. 

Meiitine nos prévinreut, elle ni se fer Y macralle. 

GOGKRAHIONT. 

Ta. ta, ta, ji m*y k'nohe, tôt çoulà c*est foirt bai, 
J'atnme mix de touer Tbiesse divant de vinde li pai ; 
Ji sërë pus à mi âhe avou m' Teie ë V mohonne. 

Mme COCKRAIMONT. 

Rëssèrez-r divins n* boite. 

COCKBAIMONT. 

Ji n' vous nin qu'on m' couionne, 
Ji jâsc tôt foù des dint. 

{On èUnd botiht.) 

Mme CoCKltAIMONT. 

Gbutt, vochal ine saquî. 

GOGKIAIMONT. 

Intrez. C'est Godinasse qui j'aveua fait houkî. 

Scène II. 

ym« COCKRAIIfONT, COGKRÀIIIONT et GODINASSE. 
GocKRAiMOKT, à Godînasse qu*inteure. 

Vinez, Naisse Godinasse, i fât qu* j' ënnë v&ie hoûie 
Jusqu'à d'main. Po qui m'feume seûie tranquille tinez Poûie 
So r motionne. 



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- 8~ 

G0DINA88B. 
Vos polez ess è paie, j'y louk'rè, 
Avar chai, totte li Dute, sëytz sûr ji passVè. 

Mm« GOCKRAIMONT. 

Passez r pus qui v' polez. 

GoDWÀSSE, mettant V main $0 V pougneie di s' sâbe. 

Madame, so mi honneur prôpe. 
Si n' saqut v' fév' de V pône, au nom d' la loi, je V côpe 
Ë deux. 

CocKRAiMoirr. 

Allons, ji compte sor vos, nos nos r'veurans. 

GODINÀSSE. 

Sèytz tranquille, Moncheu. 

(A part.) 

Vochal 11 novel an. 

{ItÂrU,) 

Scène III. 

M. et Mm« GOCKRAIMONT. 
CocKRAiMONT, moitrant V finie$se. 
Ji vas trover Rabot, qui vinsse prinde li mëseure 
De 1' vitrine. Il est m' limps, li train pâte à qwatre heure. 

Mme COGKRÀIMONT. 

Est-ce qui c'est po n' bonne fin ? 

COCKRAIMONT. 

Rin n' sâreut m' distourné. 

(/ 9àrte). 
Mme GOCKRAIMONT, tot V loukant '»n aller. 

On pinse quéque feie fer mix et s* fait-on (odi pé. 

Scène IV. 

Mme GOCKRAIMONT {»cûlé). 
Ni 8*èware-t-i nin troppe ? Voleur établi s' feie 



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- 9 ^ 

Ghal divins on viège, fer n' botique di s'péçreie! 

Qui sâreut todi tôt, ni pièdreut jamàie rin, 

Dist-on.... Avou s' bantreie, Mentine mi tourmette bin. 

C'est cou qui m' fait l' pus sogne, Cockraimont est d'vins V vraie 

Qwand i dit qui V pus brave poreut esse affrontaie. 

J'a tofér oyou dire qui c'est 1' hasard qui fait 

Sovint à r bonne rècënne tourner l' mâva pourçai. 

(Hoûtant.) 

Ji creus qui r'vint déjà. 

Scène V. 
Mme COCKRAIMONT, COCKRAIMONT et RABOT. 

Cockraimont, à Rabot que V sut. 

Comme ji vins di v's ël dire 
Nos volans fer botique. 

Rabot. 

L'ideie est à m* manfre, 
Vos polez réussi. 

Cockraimont, à Rabot. 

Ji v's a bin espliqué 
Gomme vos d'vez fer 1' vitrine, min ji sos st'èhàslé 
Ji v* lait tôt SOS les rein. 

(il ê'feume.) 

Comme c'est cdnv'nou, Fifine, 
Pusqui n's estans d'accoird, ji vas r'kwèri Meniine. 
Mme Cockraimont. 

Saï de riv'ni d'raain avou Tpruml convoi. 
Qwand c'est qu' vos loglz fuû, ji Irônne, ji n' ses poquoi. 
Cockraimont, tôt prindant s' canne et s* chapaL 

Rabot n'esst-i nin là ! Ji n* sàreus pus rawâde, 
Ji m' sâve à pus abeie. Rabot, FiQne, Dièwàde ! 

ilUrtê.) 



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- 10 - 
Scène VI. 

M»« COGKRAfMONT et RABOT. 

N«M GocKRUMONT, fitThindont V tcènke. 

Kimini trovez-v* çoulii, vos Tpus près d' nos voisin, 
Gockraimont v's a-t-i dit poquoi qu' Mentine riviot ? 

Rabot. 
Nenni. 

Mau Gockraimont. 

I f&t pau d*choi po troubler on manège. 
Rabot. 
A qui I*dihez-v\ Madame !.... Ji vas k'mincl Tmès'rège. 

(/prtftd «' rûUfoû di «' poche et i mèseitre Ufnleiu.) 

Nos avans dit deux mette di lâge so treus di haut. 
Nm« Gockraimont. 

Vos èvoyerez Pmèseure k Mossieu Moyano ; 
Il ovrév* po m*papa qwand j*èsteut è l'mohonne. 

Rabot, fiidhant (f mènWer. 
Madame, j'a déjà fait, li mèseure est foirt bonne. 
Mme Gockraimont, loukant à V fMesH. 
Vola l'timps qu' 8*ènnûlaie, ëtindez-v' que grand vint ? 

Rabot. 
Nos ârans co de Tplaive, vola d'jà l'nutte qui vint. 

Mme GoCKRAmONT. 

Kt lu qu' vint d'enn' aller. Ji sos bin tourmettaie 
Qui pâte ainsi de Tnutte. 

Rabot. 

I n'est qu* qwatre heure et d*méic. 
Il irè vite, li train ni s'arrestaie nol pi. 



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- 41 — 

M»* COCKEAIMONT. 

Youx-j' esprinde H quinqaet ? 

Rabot. 

Ji créas qu* vos nMrtz nin mi ; 
Mi ji vas nn'ëraller. 

IIBM Go€EiAiiiOMT, eiprinêant f quinqtàet. 

Rabot, rawârdez n'goite, 
TiDoz-m* on pau k'pagoeie, ca ji sos comme iae sotte. 

Rabot. 

Si ji V* deus fer plaisir, ji voux co bin d*morer : 
Ottant chai qu'à m' mobonne, pusqui j' n'a rin à fer. 

Mm« GocKRAiMONT, allant à T finiesse. 

Mon Diu ! que timps qui fait, c'est vraimint ine dilouhe ! 

Rabot. 

I fâreut ess sins cour po mette on chin à Touhe. 

{On veut pa$$er JoUet raffuli è <* mantaL) 

Yolà 8t*ine homme qui passe, vàreut-i moni qu'on chin ? 
Tint, voilà qui vint chai. 

Mm« Cockraimomt. 

Rabot ! ni m*qwittez nin. 

(On itind bo¥H à V patte,) 

Rabot. 
C'est lu qu' vint de boûhl, (ât-i droviér li poite? 

Mme GOCKRAIMORT. 

Est-ce qui nos n'polans ma ? 

{A part.) 

Mon Diu, j' SOS comme ine moite. 

{Bout.) 

Ji n' ses cou qu' fit qu' ji faisse ley-l' tôt Tmalnme intrer. 



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- 12 — 

Rabot. 
Et bin ji droûve, Madame, pusqui vos mè 1* dihez. 

{Rabot droûve U polte.) 

Scène VII. 

M»<» COCKRAIMONT, RABOT, JOLJET. 

Rabot. 
IntreZy Uossieu. 

JoLiET, intranty % trônne di freud. 

Merci. Sos-ju Ion d*ine auberge? 

Rabot. 

N'a co n' bonne tape di chai. 

Mme COCRRAIMOKT, à part. 

Çou qui ravisse, Sainte- Vierge ! 

iOLIBT. 

Jisosnëyi. 

Rabot. 

Je Tcreus, divins on pareie timps ! 

Hn^o COCKRAIMONT, à Raboi. 

Lëyans-1' si rischâffer. 

(^ part.) 

J'ètinds dag'der ses dint. 

Rabot. 

Madame, è vosse couhenne i n'at on bon feu qu' ftde, 
I sërè vite souwé. 

(A part.) 

I toum'rë sûr mal&de. 



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— 13 — 

W^B Ck)CK]UIMOMT, à part. 

Il a l'air d'on brave homoie. 

(9aiir, à Rabot.) 

D'nez-li n' tasse di carè, 
Li cocqu'mâr est so l'iàve et çoulà Y rimettrë. 
Vraimint j' m'ënnè fait ma ; divins on cas pareie 
Pôrli foin bin s' irover Cockraimont avou m'feie. 

Rabot, mostrant Pcoukenne et faut passer Joliet d'vant lu, 

Vinez, pusqui Madame vis donne li permission. 
On n'si trouve ninà rfiesse divins vosse position. 

{Joliet fait on salut à Madame Cockraimont.) 
JOLIST. 

Madame, ji v' rimercihe. 

(/« intrèt è Vcouhenne.) 

Scène VIII. 

Mme Cockraimont. 

Ji SOS tôt l'matnme ginnaie. 
Si Cockraimont rintrév, j'àreus sûr mi manaie ; 
Et çoulà sins raison, c'est çou qu*est co l'pus sot. 
Sins qui voie è Trik'noh, il est on pau jalot, 
Hoûie, cisse maladeie là fait baicôp des ravage ; 
Li ci qu' ënnè st'acsu est pé qu'ine biesse sàvage. 

Scène IX. 

Mme COCKRAIMONT, RABOT. 

Rabot, vinanl foû de Pconhenne, 

Vochal ine aute ; i demande si n' poreut nin logf. 

Mme Cockraimont. 
Logt^ chai è I*mo|ionne ! min ji creus qu' vos songt. 

Rabot. 
Avou rplaive qu'a tourné les voie sont malâheie. 



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- 14 - 

MSM COCKPAIIIONT. 

Logiz i' è vosse mohonne. 

Rabot. 

Mio V* savez qa' j'a n' j6ne feie. 
Ci n* sèreat nin duhâve. Vos porfz bin» m' sônne-t-i, 
Ër leyi passer rnatte è l'oonbenne avou mi ; 
Seyiz bonne jasqu^k I' fin, leyi-l' U quëqaès heure. 
Si vos Tmettiz t'a i*ouhe, vos Trtz st'ine bin laide keure ; 
I mousse è li cb'minaie ; il est là tôt trdnnant. 

Il»» COCKaÀlHORT. 

D' quoi trovez-v* qu*il a Pair? 

Rabot, riani. 

D*on chet d'après fôaint-J'han. 

NnM GoCKHAIlfONT. 

Est-ce qui vos m' promettez qui v' li tinrez k'pagneie ! 

Rabot. 

Aviret» Madame, je Tjeure ; min volez-v* qui ji v* deie. 
Vos, rintrez ë vosse chambe et rèssërez-v* à Tclé, 
Allez, sèylz tranquille. 

(A part). 

J*alnm*i*eu portant mix m'ié. 

(Jradamc Cockraimont rinteure i t^chamhe,) 

Scène X. 

RABOT, puis JOLIET. 
Rabot. 

VoIà sfine c&se ^angueie sins m*avu d'né grande pêne. 
Je rfrè v'ni chai è Tplëce po passer Tiiutte essôune. 

JoLUT, êtumikant à ViHirnU di fouhe dé l^cauhenne. 
Mossieu, vo m'ià horré T 



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- 15 — 

Rabot. 

Awel, aviz-v' compris ? 

ioLtn. 

J'houtév. 

Rabot. 

Madame est bonne et ji n' sos nin surpris 
Qu'elle vis die accepté. 

iOLlET. 

J' trônne di freud el d*ci tmeure, 
A tôt moumint i m*prind comme des mattës souweurc. 

Rabot, à part. 

S'il allév mâie flàwi, j' s^èreus gaie inte zels deux ; 
Ji m*freu sûr avu chaud migré qui laisse bin freud. 

{On ètind Madame Cockraimont qui r'pini.) 
{Haut^ à Mut.) 

Rintrez. 

(JclUt rintewre è Poonhenne.) 

SoAne XI. 

RABOT, Mme COCKRAIMONT. 
Mme CocKKAiMONT, rintrauL 
Ji n' fait nou bin. Rabot, est-ce qui j' n*a wftde? 
Rabot, riant. 
On dit qu'est bin w&rdé tôt çou qui Tbon Diu wâde. 

Mme Cockraimont. 
Ayizsogne èTcoubenne qui 1* feu ni s'distinsse nin. 
Hoûie i fait on neur freud qui v' happe divins les rein. 

(EUefruHke) 

Rabot. 
ITaytz nolle sogne, MadamCi ji responds d'çou qu*atome. 



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- 16 - 

Mm« COGKRAIMONT. 

Ji V* va prilz Tbonne nulle. Allez r'irover vossl homme. 

{Elle térte tôt dttfant s'noret qu'elle metu to vl'chAre.) 

Scène ZII. 

RABOT, iOLIET. 

Rabot, houkani. 
Mossieu ? 

JoLiBT, intrant è puretle. 
Plaiss-t-i i 

Rabot. 

Vinez. 

JOLIET. 

Quoi don ? 

Rabot. 

Hie ! s&be di bois, 
Mossieu, comme vos irônnez. 

JoLiET, moslraut s'pantalon tôt frèhe. 

Dihez, Q*ai-i nin d'quoi ? 
El rin po m* discaugi. 

Rabot, loukant tôt àtoû dHu et mostrant Pcouhenne. 

Mêliez Tcolte da Madame 

Jolibt. 
Esl-ce qui ji wèsïeu bin ? 

Rabot, lot riant. 

Dimandez-r à vosse mame. 
Mellez-riodi so Tiimps qu' vosse panialun r*souw*rel 

{Li moitrant Vnoret qu'eet io rchéire.) 

AdoQ v'â ârez couchai comme palHol el gilel. 



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- 17 - 

Jans, mettez vite li cotte sins piëde nou timps à Pvùde, 
Ca vos trônnez téU'mint qu' vos n* sàrtz jouwer V flûte. 
Et puis nos frans n' coppenne qwand vos Tarez mettou ; 
Vos n'sàrtz d'manî chai estant à panai-cou. 

{Joliet va mette li cotte da Madame Cockraimont è Pcoukenne,) 

Seène XIII. 

Rabot. 

Ci valet-là m'ahàie, i m*a l'air d'ine bonne pâse. 
Po r'souwer s'pantalon i fàt bin qu*è 1* dishâsse. 

{Riant,) 

Ci sèreut si'ine belle jowe si m' voisin v'név' trover, 
Avou les kâre di s' feume, nosse gaillftrd raffulé; 
Li brut qu*est tappé foû 11 sonn'reut vraie appreume : 
Godinasse dit qu*ine homme coviért di hâre di feume 
Rôle de r nulte tos costé avou n' hietie di câlin. 
Happant poio et robelte et s* fant daucer d' l'àrgint. 

{On ètind Joliet qui etiernihe.) 

YoP richal, sàbe di bois, ji Tèlinds qui stiernihe 
Il a st'on bon moihnai. 

Soène XIV. 

RABOT, JOLIET, qu*a nuttou V cotte da Madame Cockraimont; 
il inteure lot stiemihant. 

Rabot. 
Eco, Dieu vis bënihe ! 

{Riant,) 

Qui v's estez gaie ainsi; li cotte vis va foirt bin 

Vos serez tôt fsouwé po nn'aller â matin. 

Joliet. 

Souhe ! comme fa freud mes rein. 



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- 18 - 

Rabot, ïitappant Vgro$ noret $o Us rein, 

Tinez, vola Y tnousseure. 
I fâl èco qui j* reie qwand j' (use à l'avinteure 
Qui v's a sfaminer chai. Achez-v', nos a vans V titnps, 
Nos polans jâspinner. Min dihez m* on pau, k'mint 
Ni v's avez-v' nin r'irové ? 

Jouet. 
Li ci qui d'mande si voie, 
Est pierdou, ji l'esteus. Quéque feie on nos ëvôie» 
Po z'aller toucher ii' notte, à diale èco pus Ion, 
Et po n'nin nos pai on trouve todi n* raison, 
On nos fait des promesse. Po vinde dé V marchandeie 
Qwand nos allans st'aute pâ, on dit V boiique rimpleie, 
Et sovint bàre ei hotte on nos r'çût sins demander 
Si n' n'estans nin nàht po co nos fer repasser. 
Ji SOS prête à d' Tali, ji sins m' vinte qui barbotte. 

Rabot. 
Volez-v' prinde ine saquoi ? 

JOLIBT. 

Ji voreus st*avu n' gotte. 
Rabot. 
Ji n' pinse nin qu'ènn' aie chai. Comme ji d'meuro âdMivant 
Et qu' j'ë wâde ine boteie dispôie li novel an, 
Ji vas l'aller k'wèri, c'est de ç\ qui s' lait heure ; 
I v' vas r*mette Vime ë coirps. On moumint, ji rinteure. 

(/ iôru tôt eorant,) 

Scène XV. 

JOLIET. 

Si m' mononk savent màie wisse qui j' sos rètrôklé, 
Ji donne mi &me à neur si n' mi fév* nin sonner. 
Qui dis-J*, lu m' fer sonner? Estant chef di police. 



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- 19 - 

Il a toi cou qui f&t po discoviér mi pisse. 

Lu qui m' louke comme si fils, veyez-v' quel imbarras 

Si m' vinév* màie irover mouss! tôt comme çoulà 

Min ji sos toumé chai divins n' drôle di mobonne, 
Il est vraie qu*à l' campagne les gins sont sovint bonne 
On m' risowe, on m' rischàffe, mi qu'on n'a mâle veyou, 
Sins demander wisse qui j' vas» ni d'wisse qui ji sos v'nou. 

Seène XVI. 

JOLIET, RABOT. 

Rabot, rintranl avou n* boîeie et deux verre. 

Les Teume sont bin curieuse; à pône sos-j' è 1' pavaif , 
Ji veus qui patte-à-paite li meune dihind V montaie, 
Min ji v' l'a fait r'iourner à l' vole. 

Jouet. 

Coula, poquoi ? 
Rabot, rimplihant les verre. 
Ci n' sont nin ses affaire si n' buvans sl'on chiquet. 
A vosse santé. 

JOLIBT. 

A r vosse. 

Rabot. 

El bin, kimim Y trovez-v' ? 

JOLIET. 

J' n'a mftie rin bu d' meyeus. 

Rabot. 

Je r voux creure, je V wârdéve 
Po les rares fiesse. 

JOLIET. 

Min vos n'y loukt nin don 
Po r beure chai avoA mi JWins n' si p'iite occùsion. 



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Rabot. 
C'est d' bon cour qui jè l' donne. Finihez vosle histoire. 

JOLIBT. 

Ji n* sèrè nin foirt long. 

(A part.) 

II est curieux, V compère. 
Rabot. 
D'abord di wisse vînez-v' ? 

JOLIBT. 

Di wisse qui j' vins ? 

Rabot. 

Awet. 

Jolibt. 

I fàt ètinde èdon qui j'aveus passé V bois ; 
Ji m'aveus marrt d' voie, estèné par l'orège, 
Ji in'abouta vers chai â pus près de viège. 
C'est m' bonne ange qui m'a k'dût. 

Rabot. 

Sav' bin wisse qui v* estez ? 
Jolibt. 
kh ! nenni. Juslumint ji v' Talléve dimander. 

Rabot. 
Vûdiz vosse verre. 

JOLIET. 

Allons. 

(/« buvet.) 

Rabot, rimpHhaut les verre. 

On dirent qu' vos fez V mowe ! 
Çoulà \i Tait nin de toirt, vos ârez pus d'ëhowe. 

(llifaitsègnedèbeure,) 



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- 21 - 

JOLIBT. 

Cichal, c*est po 1* dicrrain. 

Rabot, boutant s' verre foû. 

Jans, n' fans nin des façon. 
Jouet, buvant on flit càp. 
Vos veyez qui ji beus. 

Rabot. 
Awer, po fer raison. 
Vos n'avez nin portant sogne qui vossefeume barbotte 
Qwand vos àrez houmé saqwantës pHitès gotte ? 

JOLIBT. 

J'enn'nè 90s co wère là. 

Rabot. 
V's avez 1* timps» rAwârdez. 
On n'a mâie rin à piède à n' nia trope si presser. 

Jolibt, riant. 

Si ji m' frive capucin ! 

Rabot. 

Totte parole si lait dire. 
Nos jâsans pojftser ; dihez, n' fât-i nin rire? 

(/ rimplike les verre, ) 

Ji vôreus bin wâgî qui v' hantez ? 

JOLIET. 

Onp'titpau. 

Rabot, prindant s' verre, 
Co tf foice. 

iOLIET. 

Ji beus. 

Rabot, qui k'mince à esse so rhoupe-di-guei. 
Tibi. Allez- v' fer on bai saut? 



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— 22 ~ 

JOLIET. 

Ni pftrians nin d'çoulà. 

{ApdrL) 

h creus qui d*vint makasse. 

Rabot. 
Vos estez Ton rusé. 

(A part.) 

Comme rënnocini quatwasse. 

(Haut.) 

Vosse crapaude à des censé ? 

JOLIBT. 

Ji n' ses nin çou qu'elle a, 
Min s' n*a-t-ine saquoi d' sûr, ji Tatnme bin comme çouiù. 
Elle est jusse comme è Y Tàt po fer passer n' belle veie 
A ci qu'elle sipos'rè. 

Rabot. 

Qwèrez-m' èco n' pareie ! 
Des oûhai di s' sôr là sont bin rare à (rover, 
El r ci qu'ènn' a l'on s'faît èl divreul fer broûler. 

Jouet. 
Broûler??? 

Rabot, riant et rimplihant les verre. 

Awet. So Ts aule les cinde estant sèmaie, 
Çoulà les Treul muloi div'ni pus binamaie, 
Ci sëi^ut on moyen d' fer fini nos guignon, 
Pusqui les màlignante rivinrlt à V raison. 
Allons ! à vosse santé ! 

Jouet. 

Vos buvez sfà Tideie. 

(A parti di c' moumint chai on à qWiê div'net todipu» makiae et qu*ii jdset put 
mdldheiemtnt et de V crdtte limwe.) 

Rabot, riant malicieus'mint. 
Ji n'a màie, comme on dit, gretté l' cou de V boteie. 



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JOLIBT. 

Vos 11' buvez nin poriani po nèyt vos chagrin ? 

Rabot. 

Nennî. Quoiqu'ë nianëge on ii' vike nin comme des saint 

Séchans l' gordenne là-d'sus. 

(/ voui 00 HmpU Uê verre,) 
JOLIET. 

Assez, Il liesse mi houle. 
Rabot. 
Vos v'ià bin èwaré, V meune va comme ine sipoûle. (*) 

ioMET, itiemihani. 
Ji sins qu* j*a m' cour tôt wake. 

Rabot, à part. 

I n* suppoite nin V boisson. 

(Haut,) 

Volez- v' heure on verre d'aiwe ? 

{A part.) 

Mi j' SOS d*vins po tôt d' bon. 

JOUKT. 

Si vos droviiz V finiesse. 

(/ couke ti tiesêe »o V tàve.) 

Rabot, jasant comme ine homme èbu. 

Voilà divins les vëgne 

I m* fait avu sommeie rin qu'à vëyi ses hëgne 

{Lwkant Ffinleite,) 

De Trowe on veut l'ioumlre i n'a nin des volet 

Ji creus qu* ji n'I'reus nin ma sij'soffléve li quinquet. 

(Rabot toffète ti quinquet et «* couke to V tàve. On tes ètind ronfler toi tee deux, 
(1) Sipoûle^ petite bobine à Tusage des tisserands. 



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— J4 — 

Seène ZVII. 
RABOT et lOLIET, èdairmu, COCKRAIUONT. 
CocKRAiMONT, entrant tôt èwari. 
Li poite n*est nin sèrale ! Qu'est-ce qui çoulà vout dire ? 

(f hoûU.) 

Qut pout ronfler ainsi ? Fans bin vite de Y loumtre. 

(ïl etprind ine MumeUe,) 

Qu'esi-ce qui j' veus ! Sos-j' bablou ! Est-ce qui ji d'vinreut sot ? 
Mi feume pleinte comme ine trippe, et doirmant conte Rabot ! 

(Kwèrani tôt catti comme ine homme êot.) 

Ab ! i fât qui ji m' vinge. Wesst-elle mêttowe, mi hache ? 
G*esste à chàre di sàcisse qui f&t qui ji les k*hache. 
Ah ! canale, vos m' trompez. 

(f bouhe Êor xel avou i* canne, — Rabot et Jotiet coret tôt avâ P teène 
rivienant deux chèlreJ) 

lOLIBT. 

A feu! 
Rabot. 

A Taiwe 1 

GOCKaAlMONT. 



Qui fez-v' ? 

Waîe don ! 



Vârin. 

lOLIBT. 

Rabot. 

Jouet. 
Assez. 

GOCKRAIMONT. 

Vos pass'rez po mes main. 

(/« coret toi te» deux à Vouhe et Cockraimont lei eût.) 



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- 25 - 

Scène ZVin. 

Mm* COCKBÂIMONT, puU GOCKRÂI&fONT. 

M»« GocxRAiMONT^rtfiaftt foû di i*chambe avou n' chandelle alhuwiaie 
qu'elle metle $o P givà. 
A secours ! ! ! 

CocKRAiMONT, riniront et rik'nohant 9' feufne. 

(A part.) 

Vola mTeume ! On ra'jowe on tour. 

{Haui.) 

Fifioet 

M>M €k>GKRAIllONT. 

Qui n*a-l-i ? 

COGERAIMOMT. 

Dihez-m*èl. 

Mme COGERAmONT. 

Min qu'avez* v' fait d' Hentine ? 
Wisse est-elle ? Ab ! 

{Elle tomeflàwe to n' ehèire,) 

Ck)CKRAiMOKT, boûkanl devins se» main. 

Mi feu me ! Fifine, riv'nez à vos, 
Droviez-don vos deux ouie. Jans i n'a rin, c'est tôt. 

(Loukant tôt atoû d* lu.) 

Godinasse, wisse est-i ? Ji donreus gros po V veie, 
I m'aveut dit qu' de l' nulle i pass'reut plusieurs feie. 
Mme CocKRAiMONT» Hv'nanl à leie tôt doucmint. 
Mon Diu don, que disdu ! Qui na-t-i d'arrivé ? 
Poquoi riv'nez-v' tôt seu ? Vos i' divtz raminer, 
Loukt, j' vas co flàwi. 

GOCKRAIlfONT. 

Devant qui n' si passe ine heure 
Uoubà nos r ramôn'ret, crëycz-m' don, ji v's è l' jeure. 



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— 26 — 

M»® COCKRAIMONT. 

Ji voux r*vëyi mi èfant, i na rin à m* rat'ni. 

COGKRAIMONT. 

Min boutez-m' on p'iit pau. Volez-v' vis fer mori ? 

UTBtLû GOCKRAIMONT. 

K'mint s' faii-i qu'avou vos elle ni seuie nin riv'nowe ? 

COCKRAIMONT, tot falloumant V quinqnet. 

A pône esteus j' à Ltge, v'ià qui l' téléphone Jowe : 

On m' houkiveà bureau po d'ner des renseign*mint 

Qui falléve tini prête po d'main tot à matin. 

Po les malle da Mentine comme on d*véve trope rattinde, 

Houbà s'enn* a chergt, çoulà n* deut nin v* surprinde. 

Min d' wisse vint cisse feuroe là qu'a meltou vos mouss'mint ? 

Um» COCKRAIMONT. 

Kimint T ine feume, dibez-v' ? 

COCKRAIMONT. 

Vos r savez bin surmint. 
Toratte, à mi arrivaie, ji trouve li poite droviette, 
Et comme j*oyév6 ronfler, j'esprind ine allumette 
Et ji vous là so rtâve, coukeie disconte Rabot, 
Ine feume avou vos hàre qui ji prinda por vos. 

U^^ COCKRAIMONT. 

V*s avez pris bouf po vache, estant divins Tnutteie, 
Cesteut ine homme à qui Rabot t*néve kipagneie. 

COCKRAIMONT. 

Ine homme avou vos hàre, à Tnutte, chal è salon ! 
Nonna, tot çoulà d'mande ine aute esplicàtion. 

Mme COCKRAIMONT, rilèvatit cune des deux chHre rivicnaie, 

Hoûiez, ji v' èl va d'ner. Vos savez qu'à Tvespraie 
J plovéve téll'mint fpirt qu'on crèyéve l'air trawaie. 



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- 47 - 

loe homme, on màlhûreux qui n' poléve si r'trover, 
Vina lot moiri di freud, demander po s* rischâffer. 

GecniAiMONT. 
Ab ! qa' ji v' rik'nohe bin là. 

Mme GûGKRAIMONT. 

DVins on cas ossi trisse 
Si vos v' avlz trové 

COCKRÂIMONT. 

v cortz tôt r matnme grand risse. 

Mm« COCKRAlMONT. 

Min Rabot estent cbal et mi r*sèrraie à I* clé. 

COCKRAIMONT. 

Ci n'est nin V carnaval portant po s' digutser. 

IfaM GocKftAiNONT, laukant $p V tàve. 
A çou qu' ji veus so r lave, îs âront sûr bu l' gotte. 

COCKRAIMOMT. 

I f&t qui j' sèpe d'où vint qu*il a mettou vosse colle, 

{On ètind bouM.) 

Intrez. 

Scène xnc. 

M. f( Mbm COCKRAIMONT, GODINASSE. 

GoDtNASSB, inirant, à Cockraimont. 

Vos estez d'jà riv'nou ? 

Cockraimont. 

N*ave nin veyou 
Deux qui s' sâvti foû d'chal ? 

GODINASSB. 

Ji les a porsuvQu. 



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COCKRAIMONT. 

Vos l's avez porsuvou sins poleur les raskûre? 

GODINASSB. 

Ah ! ji les rare bin et j* s&rè wisse les k'dûre. 
C'est bin chai qu'on a brait, toratte, à l'aiwe, à feu ^ 

GOCKRAIMONT. 

Awel. 

GODINASSE. 

» 

Au nom d' la loi, je Fs &rcUe tos les deux. 

GOCKRAIMONT, à part. 

Ji m'y piède. 

(Haut.) 

Deux quoi, jans? 

Mni« GOCKRAIMONT, à Cockraxmont, 

Pa, Rabot avou Taute. 

GOCKRAIMONT. 

Taihlz-v', Fifine. 

(A Godinaise.) 

Jâsez. 

GODINASSE. 

C'esleut n' homme et n' crapaude. 
On a brait à secours, à Taiwe, à feu, pout-on 
Saveur çou qu' s'a passé chai, Mossieu Cockraimont? 

GOCKRAIMONT. 

Çou qui s'a passé chai c'esst ine laide comèdeie. 

GODINASSE. 

Ji remplace li mayeur si v' volez qu' ji v' èl deie. 

GOCKRAIMONT. 

Min poquoi n'avcz-v' nin pici ces deux gins là ? 



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GODINÀSSB. 

y polez les compter pris comme si Tesltt déjà. 

GOCKRAmONT. 

Kiminl les rattraper, vos n'ë polez pus hoppe !... 
Mi qu'èl y a fait prinde Notru-Dame di Galoppo... 

GODIMASSE. 

I fôl qai ji les aie et s'.s&ront-i poquoi. 

Vos veurez qu' Godinasse fait respecter la loi. 

Wne GocKRAiMONT, Voyant qui tint rpougneie di 9* sâbe. 

Fer todi toi douc'mint^ leylz doirmi vosse sâbe. 

Godinasse. 

Vocbal, sins savonnette, di quoi les y fer l' bàbe. 

(/ voui ièchi «' tdbefoû dé f orrai, min i n* li d'meure qui Vpougneie è V main,) 
{A part,) 

C'est m' feume tôt bâchant T jotte qui m' r&rè sûr cassé! 
S*OQ r saveut è viège on nnë blag'reat sVassez. 

(Haut.) 

Ji m' vas po fer m' chervice ëco n' feie batte carasse 
Ji V* jeure de Y z'appougnt so V foi da Godinasse. 

{[iârte.) 

Scène XX. 
M. e^MmeGOGKRÂIMONT. 

GOCKRADfONT. 

Veyez-v' à c'sie heure, Fifine, kimint v' justifiïz ? 
A ci qu'on n' kinohe nin n' fât jamâie si &ï. 
L'homme qui vos avez r'çu, c'est qui c' n'est nin po rire, 
Esst-i brave ou câlin ? On sâreut bin pau V dire. 



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- 30 — 

Mao Gockraimont. 
li a Tàir comiTie i f&t. 

COCKRAIMOM. 

Po mette vos hâre, awet ! 

M»» COCKRAIMONT. 

Ni jâsans pus d' çoulà, toraite nos sârans quoi. 

COCKRAlMONT, à part. 

Qui sèreut-ce cisste homme là qu*a pris les hàre di m' feume ? 
C'est bin tourné qu* c'est mi qu'ènn' a st'avu li streume. 

Mme COCKRAIMONT. 

J'a m* cour qu'ènn' èva tôt de u* nin les veie riv*ni. 
Houbà n' mâqu*rë-t-i nin ? 

COCKRAIMONT. 

N'âyiz noile sogne, nenni. 

Ilm« COGKRAIMOMT, hoûtant. 

Hoûtans, j*ëtinds de brut, on jâse chai divant Toube* 

COCKRAIMONT, koûtant. 
C'est Mentineet Houbâ, rrratlindans nin qu'on bouhe. 

{€k>ckraimoni va drovlér li poite. 

Scène XXI. 
M. et ll«« COCKRAIMONT, HOUBA et MENTINE. 

HouBA, êalouant 

Madame Cockraimont. 

Mkntinb, tôt corant abresH s* marne. 
Marne ! ! 

M»e COCKRAIMONT. 

Mi feie, Houbà, bonjoû, 
Vos n'avez nin cové comme on dit so vos où. 



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— 31 — 

CoaLiuiMONT, dînant T main à Houbà. 
Joseph, sèytz Tbin v'nou Ji n' rouvirè jamàie 
Çou qu* vos fez hoûie por mi. 

W^ COCKRAUONT. 

On est plein d* hnt*fn' è paie. 
Mentinb. 
Marne, qui s' passe-t-i don cbal ? 

HOUBA. 

NVl-i n* saquoi î 

Une COCRRAIMONT. 

On rin. 

COCKRAIMOMT, à Houbà. 

Ji va v' raconter tôt. 

(il ^feume qui fait on signe.) 

Poquoi n'è V direu-j' nin ? 
Mentins, loukant avà V pièce et r'ièuant Vauie chèire. 
Min comme i fait k'taper ë Y mobonne à cisste beure. 

COCKRÂIMONT. 

Vosse mame vis racont'rè si'ine bin drôle d*avinteure. 

{A Haubd.) 

Vinez, Houbà, vinez, nos estans lot d* talté ; 
Nos irans st'è Faute cbambe po nos rattitoter. 

(Tôt nn* allant, Cockraimont prind V chandelle qu^etl to V gtvd,) 

Scène XXII. 

Mn» COCKRÂIMONT, IlENTINË. 
Mn« Cockraimont, mostrant V couhenne. 

Mettez là vosse cbapai et disfez vosse houp'iande. 

Mentinb, à pâti. 
Est- ce qu'on sâreut n' saquoi ? Mon Diu, j' ses toile irônnante. 



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— 32 - 

Mme COGERAmONT. 

Allez, allez, Mentine, allez, dispêchans nos ; 
Gbal i n'a rin d* cacht, ji va v' raconter lot. 

{Mentine va ditfer s* houp'lande et «* chapai è F couhenne.) 

Scène XXIII. 

Mme ClOCKHAIMONT. 

Pauvre èfant, so s' visège elle ni vout rin fer veie, 
Ci n'est nin à V dozainne qu'on trouvVeul des pareie, 
Hoûie, elles sont si rusaie èvérs di nosse jône timps, 
On estent d'jà mariaie qu'on n* kinohéve co vin. 
Po bin fer, àx èfanf, i fât précht d*exiinpe ; 
A les mette so bon ptd, on n's'y prind màie trop timpe. 

Scène XX EV. 

M»e COGKRAfMONT, MENTINE. 
Memtinb, rinirant 

D' wisse vinet ces hâre d'hointne là tôt àtoû dé feu ? 
Et poquoi don m' papa a-t-i Tair annoyeu ? 

Mm« COCRRAIMONT. 

Raw&rdez on moumint, ji v' èl va dire toratte. 

Mentine. 
Tant qui n' n*estans qu' nos deux, dihez-m*èl vite et ratte. 

Mm« COCERAIMONT. 

Vos r sàrez tôt à c*ste heure, çoulà n' presse nin si foirt, 
D*abôrd dihez-m' on pau : est-ce à dreut ou à toirt 
Çou qu' Houbà nos apprind divins si dierrainne lette^ 
Wisse qui dit toi à Ion qui v* hantez sl*è cachette? 
D'après lu, H j6ne homme qui v' m'avez tant vanté 
Ni sèreut qu'on rin u' v&t kinohou d' tos costé. 



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- 33 - 

MBNTIim. 

Ji n' ses cou qu'on vout dire. 

Mmo COCKRAIMONT. 

Ca vos qu'est si su(eip, 
Ji n* vis comprindreu pus si v* hanttz st*on pareie. 

Hbntinb. 

Sûr qui Houb&s' mesprind. C'esst on foirt brave valet, 
Si ji li rinds raison, c*est qu* ji se çou qu*il est. 

Il"* GOCKRAIMONT. 

I nos assertinaie portant bin qu*è l' kinohe, 

Cesst ine oûbai, diss-t-i, qui poche so toite les cohe. 
Et qu* n'a noile position, 

Mrntine. 

Ji n'a qu*a v' dire on mot, 

II est si bin vèyou qu'on V lait maisse divins tôt. 

Po n* grosse mohonne di Llge^ à 1* veie comme âx viège. 
C'est lu qu' touche les pftyemint et qui fait les voyège. 

M"* COGKRAIMONT. 

Il est don voyëgeu ? 

Mbntinb. 

Jusqu'à tant qu' ne l' seûie pu9. 

(Or èandjâserâd/oâ.) 

M"' COGKRAIMONT, koûlaflt. 

Yolà n' saqut qu' vint chai. 

(A part.) 

C'est çoulà, c*estbin lu. 

Scène XXV. 

M"* GOCKRAIMONT, MENTINE, GODINASSE et JOLIET, todi avou U$ 
hàre da Madame Cockraiwufni. 

GooiNASSB, faut intrer JolieL 
IntreZy au nom d' la loi. 



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- 34 - 

lilNTlNK. 

Victor ! ! 

JOLIET. 

Mentine ! Quelle boQie ! 

GODUIASSB. 

Au nom d' la loi, vous dis-je, çoulà n' Tait pas mon compte. 

(il Madame Coekraimont.) 

Madame, è vosse mohonne, avez-v' logi cichal ? 
I m* fàt verbftliser, li mayeur n*est nin chai. 

Mbntin£. 

Mame I c'est lu ! 

M"* GocuuaMOifT. 

Qui don lu T 

JOLIBT. 

Hoûtezy Madame. 
G001NA88B, à Jolkt. 



Silence ! 



M"* COCUUIIIONT. 



Kimint, Mentine... 



BlBNTirau 
Ah ! Mame ! 

M"* CoCKRAniONT, 

C'est là vosse kinobance T 

JOLUT. 

Mentine, jiv'jeure... 

GODIMASSB. 

Silence ! vos jâs'rez l'à vosse tour. 
Nos là' volans nin ètinde vos boigne message d'amour. 
Au nom d' la loi, dibez 



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— 35 — 

Mjbntinb. 

Taibtz-v' don, Godinasse. 

(À JoUet,) 

Poquoi don ces inouss*mint T 

loLirr. 

Ji v's è r va dire. 
Godinasse, va s" planter tôt près d' Mentine. 

Ed place. 

{Iprind s' calpin et «' erayon foù di »' poche,) 
{A Mut) 

Vosse no et vosse micile. Ji vas téléphoner 
ALtge. 

MnmNB, à Godinasit. 

Lèytz-r parler. 

Goftmisss, à Mentine. 

On moumint. 

(À JoUei.) 

Respondez. 
Jouet. 
Victor JoUet. 

M"* CocKRiiMONT, à Mentine qui vaut cojâser, 
Taihiz-v'. 

Godinasse, à Joliet. . 
Vosse mesil, èco n' feie T 

JOLIBT. 

Voyëgeu di commerce divins toite les s' pécVeie. 

{Godinatte siertt Ut responu da JoUet.) 
Godinasse. 
De commissaire so I* côp ji vas r cure li papt. 

(il pârt^ tôt r* séchant i' col i haut.) 

Gomme ji Preus bin 1* mayeur. 



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- 36 - 

M*»* COCKRAIMONT, à Jolkt. 

Allez vile vis r'mousst. 
GooiNASSB, à Joliet qui vout niCalkr. 
Arrête ! Vos esilz deux, qu'avez-v' faii d' vosse complice ? 

lûLlET. 

Il a passé V lèvaie po cori ji n' ses wisse. 

H"* GOCRRAIMONT. 

Godlnasse, c'est Rabot. 

GODINASSB. 

Kimint, c'esteut Rabot ? 
Mrmttne. 
Ji comprinds todi mons. 

JOLIBT. 

I n'a d' quoi div'ni sot. 
GoDiNASSB, àJoliel, 
Vos estez m' prisonnir et ji v* tins so parole. 

{A Madame Ck>ckraimont^ tôt iôriani,) 

Si bogtve màie d*ine patte 

(!Jait Vèkwance âè tècM j' êdbe,) 

Ji li casse Faute à V vole. 

{lêôru.) 

Scène XXVI. 
M"« GOCKBAIMONT, MENTINE et JOLIET. 

MBNTmB. 

Mossieu Victor Joliet, c'est mi qui v' disfindret. 

JOLIBT. 

Merci, Mentine, merci de n' nin creure çou qui d*he(. 

M"* GOGKRAIMONT, à JolUt. 

Allez disfer mes hAre ; en v' loukant j' aos honteuse. 



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- 37 - 

JOLIBT. 

Madame vos m' jugtz m&, vos qu'a stu généreuse, 
A tel pont qu' di m* ratraire. 

&!"* COCKRAIMONT. 

Vos m'avez r'compinsé. 

JOLIBT. 

Ji m' rafTeie qui v' sèpéze comme tôt chai s'a passé. 

(/ va ditfer le* hâre da Madame Cockraimont é f coukenne,) 

Scène XXVII. 
M"- COCKRAIMONT et MENTINE. 

M*"* CoCKRAiMONT. 

Vos savtz qui vinreut, jans, dihez, n'est-ce nin vraie? 

Mentine. 
Mi ? qwand j' la veyou chai j'a stu tôt te èwaraie. 
H"' Cockraimont. 

Si vosse père apprind mâie qui c'est lu qu' j'a logt, 
I monret n' belle arége, ji n' wesse nin y songt. 
On s' fait ! Min qwand ji pinse tôt çou qu'on dit so s' compte... 

Mentinb. 

Oa âreut bel à fer s'on hoûtéve tos les conte. 
Ji v' frè veie à lurtos qui 1' ci qui j'a chusl, 
Esst ine homme comme i f&t. 

M*"* Cockraimont. 
Qui d'hez-v' ? 
Mentinb. 

(Test bin ainsi. 

M"* COCKRAUIONT. 

Âb ! louke don cisse glawenne ! 



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— 88 — 

MBNTmB. 

Glawenne ! Vos estez m* mérei 
Ji v' respecte et ji v's alnme, 

{A part.) 

Ji pleurreu bin d' colère. 

(Maui). 

Po parler ainsi, marne, qui vos V kinohez pau ! 

Qwand vos s&rez qui c'est, vos toum'rez d* vosse pus haut. 

M"* CocKRiiMOirr. 

Qui vortz-v' dire, mi feie, Tamour vis aveuglaie. 

Mbntinb. 

Nonna, mame, ji Tespére, bin vite vos sftrez 1* vraie, 
Qwand c'est qu* j*ôs qu'on 1' k<jâse çoulà fait batte mi cour, 
Et bin ! j* sos flr di lu ; i mérite tôt mi amour. 

H"^ GOCKRAIMONT. 

Hie ! comme vos v' rëcrëstez. Po disfinde on pareie 
Ji veus qu' vos estez prise, vos v's è r*pintirez, m* feie, 
On n' respond nin ainsi. 

Mentini. 

Ji n' dis qui Y vérité. 

M"* CociRAUiONT, d'ine air moqueur. 

Por vos c'esst ine siteûle. 

Mentinb, avou fermeté. 

Divins totte si clarté. 

M"* COCXRilMONT. 

Rawàrdez n* gotte, pus tard vos m' direz des novelle. 

Hbntine, kaûlanL 
J'ètinds d*binde mi papa. 



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- 89 - 

lf»« GOCUAmONT. 

Ni fans rin veie. 

(À pâtî tût knUumt Menane.) 

Ficelle ! 
Scène XXVIII. 
M»« GOGKRAIMONT, MENTINË, GOGKRAIMOMT et IIOUBÀ. 

{Coekraimant et Boubd intrei totfinihant n* eonvenàtion.) 
HOUBA. 

Si c*esteul màie à Ltge, i sèreut vite pict, 

On n' li donreut nin l' timps di s'aller dismousst. 

GOCIRAIMONT. 

Is ont wangnî 1' pavaie sins labeur ni trompette, 

I s'ënnè sovinront, allez, ji v's è l* promette. 

M"* GocKRAiMONT, à Cockraimoht. 

Vos serez st'èwaré qwand c'est qu* vos serez 1* no, 
De ci qui s'a sâvé foû d' ckal avou Rabot. 
Mbktine, on pan viv'mint. 

Hossieu Houbâ, hoûtez, vos avez scrfi ine lette, 

Po dire à mes parint qui j' hantéve ë cachette : 

G*est vraie ; min estez-v' âûr di'çou qu* vos d'hez sor lu ? 

HoUBA. 

Âwet, j'ènnè so sûr et j'è poreu dire pus, 

II east assez k'nohou. 

MEMTmi. 

Nos allans veie toratte, 
Qwand on n'atnme nin n* saquf, on li tappe vite ine batte. 

GocKRAiMOirr. 
Houbft nos veut voitt, il a fait tôt po V bin. 



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— 40 — 

Mertini. 

Et si c' n'esteul nin V ci qu' Mossieu Houbà prétind, 
Papa, mi prometiez-v' de V riçure ë V mohonne 
Po m' parler î 

COGKRAmOIfT. 

Je r promette ; tinez m' parole po bonne. 

MllfTINE. 

Mossieu Joliet est chai. 

HOUBA. 

Kimint chai ? 
Mentine, mosirant V coukenne. 
Il est là. 

GOCKRAIMOMT. 

Qu'est-ce qui çouIà vout dire ? 

Mbntinb. 
Rawàrdez n' (otte, papa, 
Vos allez savû tôt. 

COCKRAIMONT. 

J' voux qu'on mè V deie à c'st' heure. 
Mbmtine. 
Ine minute di patiïnce, 

{Elle va à l'intraie di Vouhe dé V couhenne et fait $ègne à JoUet dé v'ni.) 

Loukî, c'est lu qu'inteure. 
Scène XXIX. 
M. et M"« COCKRAIMONT, MENTINE, HOUBA et JOLIET. 

(Joliet inteure rimouul comme à V teptainme scène,) 
HocBA, è V loukant. 
Ji n' kinohe nin Mossieu* 



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- 41 - 

M"* CocuuiMONT, à Houbà. 

Kimint, ci n' sèreut nin. 

HOUBA. 

Nenni 

Mentinb. 
Veyez-Y\ papa ? Marne, vos Tètindez bin. 



Scène 
M.el M«' GOCKRAIHONT, MENTINE, HOUBA, JOUET e/ GODINASSE. 

GODINASSE, intrant aveu n* dépêche è V main. 

Au nom d' la loi, ji tins cou qu* va cangt Taffairei 
Vocbal çou qui ji r*çu de V pftrt de commissaire. 

Jouet, à Mentine, après avu loukt H dépêche po d^zeus 
H s'pale da Godina$$e. 

Ji veus qu* c'est di m* mononk. 

Memtine, à Joliet. 

Cilà sûr vis k'nohe bin. 

CocKRAniONT, à Joliet et Menttnc, 

Qui racontez- v', vos deux ? 

M*"* GocKRAiMONT, à Gedimisc. 

Veyans les renseigif mint. 

GODINASSE, dinant V dépêche à Cockraimont . 
Tinez, Moncheu, léhez, là d'vins ji n'y veus gotte. 
Mes berrique sont d'manowe divins 1* poche di m* capolte. 

Cockraimont, priudant V dépêche tt léhant. 
fi Bien connu ici. Est mon propre neveu. Conduite exemplaire. » 

HouBA, à Joliet, 
Ji v's aveus pris po n' aute, Mossieu, vos v*s ë dotlz. 



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- 48 - 

M"** CocKRÂmoNT, à Joliei. 

Xi n* ses kiminf 

Jouit. 
Madame I 

MlHTINB. 

Je l' veus co pus vollt. 

COCMAIMONT. 

Ji n' m'ètinds pus là d'vins. 

{A part.) 

Y'nt r trover è m* mohonne. 
Avou les bâre di m' feume... 

JOLIBT, il H&ubà. 

Yosse marih'mint s' pardonne» 
N*a fabenne et fahenne, d'après toi çou qui j* veus. 

HOUBA. 

Si v' volez qu' ji v's 6 1' deie, l'aute Joliet, c^est m' neveu. 

{À Cockraimont.) 

Taveus volou v' prév'ni sins n' ne dire davantège. 
On n*atnme nin de réclamer on pareie pariniëge. 
J'esteus Ion di m' doter qui n'aveut deux Joliet, 
Ji tnobéve mi neveu comme on mftva sujet, 
C'est poquoi qui pinsant qu* volëve banter vosse feie, 
A r vole ji v' sicria, ca ji trônnéve por leie. 

Mentine, à Haubà. 
Mossieu Houbà, boutez, tôt çoulà est rouvt. 

GoDiNASsB, à part, 
Ji SOS téU'mint bonteux qui j* n*è i' wesse pus loukt. 

CoGXRAmoirr. 

Ji passVë là-d'sus, min.... poquoi les bàre di m' feume 

GoDiNASSE, qui louke à V finUise, 
Ah ! ha ! Yochal Rabot, n' sallans comprinde appreume. 



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- 43 - 

Scène XXXI. 

M. et M"« GOGKRAIMONT, MENTINE, HOUBA, iOLIET, 
GODINASSE et RABOT. 

GoDiMASSB, à Rabot quHnteure. 

Au nom d' la loi. Rabot» nos nos avans marrt 

M"** GOGKRAIMOMT, à Rabot. 

Rabot, i n'a qu' vos chai qui pôie tôt rëclàrct, 
G'edSt ainsi qui v* wârdez les trésor qu'on v' confeie ! 

COCKRAIMONT. 

Awet, c'est vos qu'est case di totte cisse comëdeie. 

Rabot, à Miet, H d'nant T main. 
Ah ! vos v'Iè, camar&de. 

{A Madame Cœkroimoni.) 

Ji creus qu* vos m* pardonrez, 
Qwand vos sârez turtos comme Taffaire s'a passé. 

M"« CocKRAmoeiT. 

Poquoi v' sâver vos deux ainsi d'on rcud ravennc? 

Rabot. 

Vos r comprîndrlz, Madame, si vos sintJz mi screnne, 

(/ mette ei main to ie$ retn,) 

Nos corts télTmint foirt sins saveur wisse mousst, 
Qui j*alla d*vins on dâ tourner ju£qu*â gozt. 

GOCKRAIMONT. 

Et Godinasse don lu, qui n'y a veyou gotte. 

GODINASSS. 

Jî n' mi vas nin doter qu' vosse feume a prusté s' cotto. 

GOCKHAIMOMT. 

Min ji d' comprinds nin co, (i n*est nin clér assez. 



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- 44 - 

Rabot. 
Po mette tôt 1' monde à l'àhe, ji v*s èl va dire, boutez : 

{À Cockraimont.) 

k pôneestfz-v' sorti qu*i ne timpesse sins pareie, 
Vina toi s'dilahant nos amiaer X nuUeie; 

(Mottront JolieL) 

Divins des voie contrftve surmint qu' Hossieu s' pierda 
Vèyaat chai de V loumîre, H pauve coirps nos demanda 
Po zintrer, et Madame, amist&ve et si bonne, 
Mi dërit st'ossi vite : riçuvans-1' è I* mohonne, 
y s*estez ûbal. Il estent tôt Tréhe, ses bâre gottî, 
Kimint Y lëyi ainsi ? Min qwand nos n' nos trovf 
Qu' nos deux, ji H fa mette les mouss'mint da Madame, 
So l' timps qu* les sonke souw*rt. 

Cockraimont. 

Ah ! j'y SOS. 
Mentine, à Madame Cockraimont. 

Oyez v', marne. 

{Madame Cockraimont fait iègne qu'awet.) 
HOUBA. 

Li pus coupftbe, c'est mi. 

Cockraimont. 

Vos ! ji v' SOS rik'nohanl, 
D*avu fait po Mentine comme po vosse propre ëfant. 

Jolibt, à Houbâ, 

Binlon d'avu ma fait, min c'est vos qu'avancthe 
Çou qu' ji sobaitive tant ; i fâi qu' ji v's è r'mercihe. 

(À Cockraimont ) 

Si r'sècbant des affaire les maisse mi r'mettet tôt. 
Po les r'prinde ji koiréve ine feume, comme dit li spot, 
Ji Taveus rescontré, 

{Mottrant Mentine.) 

Elle m'esteut destinaie. 



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- 45 - 

Elle convint po 1' commerce, elle est bin ftrgotaie, 

Et puis si j' deus v's è 1' dire, ji creus qu'elle m'atnme on pau. 

M"« COCKRAIMOMT. 

On pau ! ni v' ginnez nin, vos polez dire baicô.). 

JoLiKT, à Cockraimont et à Madame Cockraimont aprèê ava hos»i 
8* tiesse à cisschal po V fimerd. 

C'est poquoi ji v' dimande di m'accoirder Menline. 

Mbntinb. 

Papa, j'a vosse parole. 

Cockraimont. 

Qu'ènnè direz-v', Fiflne ? 

GODINASSB. 

Il a r linwe bin pindowe. 

HocBA, à Cockraimonî. 

h creus qu* vos n' sftrîz foû. 
Rabot. 
Qwand c'est qui fait si bai, poquoi demander s'i ploût ? 
Cockraimont, à Madame Cockraimont. 

N'a pus à balziner, i fàt dire voste ideie, 
C'est r moumiot ou jamâie, on d'mande li main d' vosse feie. 
If"' Cockraimont. 

Is sont fait onk po Taule, on n' sâreut l's espêcbt 
D' s'aînmer. 

Cockraimont. 
J*a d'né m' parole, ji u' Tiret nin r'&>ëchf . 

GODINASSE. 

Tôt s' passe par devant moi ! ! 

Mbntinb. 
Nosse joie est bin étire. 



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^ 46 - 

JuMBT. 

A fisse qui j' seûie à mi khe et qui Mentiae pôle dire, 
Qu'elle esst hûreuse 

MBNTms. 
Victor I ! 
Gotnk9SE,àpàrt, 

On r dibéve on brigand. 
M">* GocKRÀniONT, à JolieL 
Qwand on n'a qu'ine èiant, vos savez, on ratnme tant. 

iOLIBT. 

C'est poquoi nos n' Trans pus qu'on manège tos essoqne, 
Pus esst-OQ à s'a! nmer, mtx suppoite-t-on ses pône. 

GODINASSB, à Rabot, 
Tonne di btre ! maisse Rabot, ça va tambour battant. 

{Rabot fait Ugne qu'mwet^ tôt $^ frottant tes main,) 
ioLiET, à Houbà» 
C'est vos qu' sèrë V pftrrain di nosse prûmt ëfant, 
Si çoulà pout v' dure T 

HOUBA. 

Mi Ji l'accepte avou joie. 

M"** GoCKRAUfONT. 

Vola qu' tot-à-fait rotte comme so on coron d' soie. 
GocKRAiMONT, loukaut à 8* monte, 

A c'sie heure, il est d'jà t&rd : vos nos là câsi d'main, 
Il est tôt près d'meie nutte. 

Rabot. 

Chai d'on côp que cang'mint ! 
Avou (ot çouli, mî, ji sos qwilte di Tovrège. 

Mentine. 
C'est vos qui fornih'rè nos akesse di manège. 



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47 



M"^ CocKKAiMONT, sèchant si homme di co9té. 
Vos m' promettez qu*à c'ste heure vos n' serez pus jalol ? 

COGKRAmONT. 

Dire qui j*a crëyou v* veie saule à costé d' Rabot ! ! ! ! 

(/ 1* bouhe 90 r front.) 

GoDiNAssE, à part. 

Vos les là tôt contint et mi ji d'meure è V qwatte, 

Tant qui V fier est bin chaud, dispaichans-nos de 1* batte : 

{Sèchani JoUet po P brtne etfant V iolut mÛiuUre.) 

Li pièce di gârd'-champéte rappoite bin pau d'aidan. 
Si Yosse mononk poléve mi fer noûmer agent, 
J*a siervou les lancl, ji sàreut è l' police 
Fer respecter la loi. 

(/ vout ièehî ï iàbe, à part.) 

Hie ! comme ji sos rouvisse ! 

JOLIET. 

J'ârè bonne sogne di vos. 

GoDiNASSB, à Madame Cockraim&nt. 

Mi qu' Taveut st'appougnt. 

M"* GOCKRAIMONT. 

Vos n'è r kinohtz nin. 

Mentine. 
JmSy c'est déjà rouvt. 

JOLIST. 

Li hasard m'a siervou comme on dit si a l*ideie» 
Ga ji n' m'attindéve wère 

CocKHidiiONT, li côpant r parole. 

Vout-on heure ine boteie ? 
Rabot. 
Quelle belle parole ! ! ! 



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- 48 - 

HOUBA. 

L'affaire ni sâreut mtxflni. 

(/« t'avancet turtos to It éPvanî dé P scène divint t&rdrt $ûvant : 

Rabot et Houbû, Mentine, JolUt^ Madame Cockraimont et Cockraiment. CodUuuH 
qui «' tinéve en M si vint metu inu JoUet et Mentine gui «* riuèchet on pau di 
chaque costé tins s' lâcher les main.) 

GoDiNASSB, à haute voix tôt ttindant le$ deux main. 

h' Mayeur n'estant nin chai, Godinasse vous unit. 

(Après ^ Godinasse prind Joliet et Mentine po les main,) 



Li teuU tome. 



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FATE DI S'ÈTINDE 



COMÂDEIE-YAUDBYILLE SN INE AKB, 
EN VBBS 



PAR 
1>.D. SAL.ME. 

DEYISE : 

Corëge, Wallon, 
Brok'tez FTlhon ! 

OUVRAGE COURONNÉ PAR LA SOaÉTÉ LIÉGEOISE DE LITTI^RATURB WALLONNE 

(^éDAILLB DB BROMZB. ) 



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pbrsonnAgb 



JOSEPH. 

DADITTE, 9% feumme. 
OHANOHET. 



* ^^•r^Tri 1 camèrâde da Joseph. 

LOBINT. ' ^ 



Lî thëlite riprësinte ine pièce borgeuse ; ft pniml plan, à Thainte main, ine flniesse 
ègordinëie ; ft deuzainme plan, l'ouhe de V chambe k doirmi ; ft prûml plan, k dreute, 
ine basse g&rdVôbe; è fond Touhe d*inlrèie; tàve, chèlre, etc. 



Ajiesse. 



Deax lette; ine cb&sse avou des flér et en lonhai d' laine; ine botete et deux 
verre k pèket ; è V basse gftrd*rôbe»on jftgau et on boniket ; on bordon; ine bague. 



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FATE Dl S'ETINDE 

COMÈDEIE-VAUDEYILLE EN INB AKE. 

Scène I. 

DÂDITTE. 

Daditte. 

Les homme» les homme ! Qu'on n' mi jàse pus d*ces coide à pinde ; 

Qui n* sos-je co I* joû di d'vant qui ji m'a leyî prinde, 

On n* m*âreut pus, allez, de mons si haieirmint; 

Ji meitreus kesse et messe, et quî n* mi vôreut nin, 

Pôreut trosst ses guette. Que bai hasard tôt V mainme 

Qui fa fait tôt s' posant ç* jojo qui dit qu'i m'ainme 

Et qui m' vind, tôt m' bfthanr, comme li rossai Judas ! 

Mains v*nez co m* rabressf, ji v* hagn'rë, mi, gaga. 

On z-a raison de dire : dinnez 1* ptd, on priiid l' jambe ; 

Après journèie fineie, Moncheu d'manéve è s* cbambe 

Et s'y plaihive; mains, mains, c'esteut so li k'minç'mint. 

On fève si boke di souke ! Pinsant qu' c'est d'anôiemint, 

On joù qu' Testent grigneux, ji lî dis qu'ennè vasse. 

I n' rawârdéve qui V mot; dispôie i batte carasse 

Tos les joù de Y samainne... Et ci n' sèreut co rin 

Si n* mi irompéve nin co comme el fait, li fax chin ! 

(Séchant n' leite foû de V poche di s* venirin.) 

Air : Bonum vinum. 

Cisse leite, romme eune et deux fet treus, 
Mi fiiit vêle qui j* sos n' ènoçinne; 
Qui toi çou qu'on m* raconte jM creus. 
Comme mi qu*n*a nin traze è V dozainne. 



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- 52 - 

Qwand j* pinse bonn'mint qu*â cabaret 
Noste homme s^amûse, noste homme coûret, 

Après quéques hacha 

Quine aute kirècha ; 

Mains haltè-lji, 
Il onchea, v's allez m* payf çoulà ; 

Ca Ji y* sûre, 

Ji v*s attrapVè, 
Po V* fer k'nohe, après vos J* braire ! 
Comme vosse Marôie, qwand ji v* tinrè, 
Tanl qu* j*ârè des ongue à mes deugl 
Ji V* frè-st-on masse à tos les deux. 

{Si rlitournant vè$ Pouhe dé fond.) 

Ni fans l'ëqwance di rin, vo 1' ricial, li pilâie... 

(Elle koûte.) 

C'est lu-mainme. 

{Elle va tricoter à VfinUtu,) 

Scène II. 
DADITTE, JOSEPH. 

JOSEPH, à pàrt^ tôt loukant s* feumme è cwèce. 

Elle mérite d*esse battowe co pé qu' plate. 
Mains fans Tsûti. 

(Haut.) 

Bonjou poïetle ! 

DAonTE, sins s' ristourner. 

Bonjoû coquai ! 
JOSEPH, avou moqu'reie. 
Que doux no qu' vos m' mettez ! 

Daditte, de mainme. 

Vos m' dinnez 'ii' ossi bai. 

JOSEPH. 

Av' aponti mes hàre ? 



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- 53 — 

Daditte. 

On v' siëve lot fér à 1* lette ; 
Qwand vos Vs &rez mousst gn'a pus qu'on côp d' hov'iette... 
Mains ni sopez-v' nin d'vant ? 

JÔSBPH. 

Ji n'a nin faim, p'titcour. 
Dadittk, à part. 
Oh ! çoulà j'el vous creure, ine Teie qu'on vike d'amour... 

JOSEPH, à part, tôt moussant à gauche. 
Ji creus qui po n' vache d'ôr elle ni qwiltreut V flniesse. 

Scène III. 

Daditb» après Vavu louki sorti. 

Qwantes feie, à rése d'à c'ste heure, m'a-t-i louki po n' blesse ? 
Mains v' n'el frez nin po rin ; waitîz bin vosse pal, 
Vos sftrez çou quU cosse de ma v' kidùre, napai ! 
Nos avans tos nos creux qu'i fôt bin qu' nos poirtanse ; 
Fans n'foice so nos auie-mainme po qu'i n'aie noile dotance. 

{Tôt tricotant.) 

Âm : Ma tante Urlurette. 

i. 

Bâcelle, poquoi tant hanler?(^t«) 

C'est l' bonheur qui vos r'boutez ; {bis) 

Po v' marier v's estez haïette. 

Turlurette, {bis) 

Ma tante Uriurette. 



Hoûtez don voste amoureux, (bis) 
Vos ârez chache tos les deux, {bis) 
A r complaire si v's estez prête. 
Turlurette, {bis) 
Ma tante Uriurette. 



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— 84 - 



Tant qa' n'âret nolle aute qui vos (bis). 
I pass'rel s' veie k vos gn' no, (bii) 
Toi v' rabressant k picetie. 
Turlurelle, (bis) 
Ma tante Uriurette. 

Si vos 1! dûhez todis (bU) 
Ottanl d'esse è paradis ; (bis) 
Mains s'il a p'cbî quéque jouguette... 
Turlorette, (bis) 
Ma tante Uriarette. 

5. 

Vos estez-st-ine feamme di mons, (bis) 
Voste homme sèret on démon, (bis) 
Et l'infêr vis droûvVet s' poite I 
Turlurelie, (bis) 
Ma tante Uriurette. 

Scène IV. 
DADITTE, JOSEPH. 

JOSEPH, à Vgueûie di Vouhe, à part. 

Çou qu'elle chante sèreul vraie si ç' n'esleut ristourné. 

Daditte, à leie mainme, 
S*il a hoûté cisse-là, bin sûr qu'i l'a houmé. 

JOSEPH, breyant. 
Hai U ! 

Daditte, pochant è Pair. 
Quelle paw ! 

JOSEPH, H dînant V brcusse. 
Dihez don, Turluretie, 
Ji v' rî»tiinds po m' dinner H dierrain côp d' hov'lette. 



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— 86 - 

Dadite, toi V kovHani avou V bois de V breuste^ à part. 
Mutoi qu' sëret Y dierrain. 

JÔSETH. 

Wâie! 

(/ $int ti tpaU.) 

Dadittb. 

C'est on côp d'amour. 

JOSEPH. 

Eh bia ! wârdez-P por vos, qu' ji n' vis el rinse à m* tour. 

Dadittb. 
Vos 'nn' estez bin capàbe ! 

JtoBPH. 

Ni m' qwèrez nin quarelle, 
Ga vos l' friz-st-à mâl-vât. 

Dabittb, à part. 

Nos n'avans wâde. bai pièle, 
Li moumint n*est nin v'nou. 

(Haut, tôt U rindant V breutte.) 

Fât s'ètinde po les clé 
Si j* sorte; liquélle prindrez-v' ? 

JAsBPH, mostraut Vouhe di gauche, 

Li cisse di cial. 

Dadittb. 

Allez. 

(Jôaph t&rte.) 

Soène V. 

Dadittb, pâmèie. 

Ci côp cial c'est po l' bon, ji veus qu'i n'a pus d'keure. 
D'avance i s*cacbtve co, mains hoûie i s' dimosteure... 



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- 56 - 

Eh bin ! j'a p'cht çoulà, ji veus pus clér 6 s' jeu, 
Et j' pous dire, sins mintî, qu'il a des laid qwârjeu. 

{Elle moutse ine pitiu catake et metu on éhapai.) 

C'est so r pièce dr! Saiot-Jâcques, conte li meur di i'ëgllse 
Qui les deux oûhai d* nutte ont, dit-st-on, pris leu gtse. 
Tûsans n' goite à 1* maulre à c'ste-heure qui j' m'y prindrë, 

{EUe raptnu.) 

S'i m'aparçût jamâie, à V voie i m' rik'nohret... 
Et s'is biset ëvôie, li potëie est gfttèie ! 

(Priu rai^mint (Tine ideie.) 

Prustans des hftre à m* fré, qui rin n' nos arrestëie ; 
A feumme ji n* pous-st-avu qui mes pogne po bouht, 
Housseie tôt comme ine homme j'ârë *n' canne po flahl. 
Awet rideie est bonne... Mains qui frë-je creure à m' mame? 
Dihans-li Y vraie, qui c*est po fer 'n' farce à m' bouname. 
Habeie ! dihombrans-nos ; mes plan sont bin tappé, 
El flre-ju di m' herna qu'is seyesse ëwalpé. 

(EUetâru po F fond, Joseph houtu t( tiessefoû cT Caute ouhe,) 

Scène VI. 

J6SEPH. 

C'est-st-on pau drôle qu'elle sorte... Wisse pout-elle esse ëvôie. 
Elle n*ireut nin quéque feie si poster so ses voie ? 

(/ rid^hind V tcène^ aprèt on soêpir.) 

A tôt ji deus m'at'ni ; qwand on vout ma tourner, 

On n* louke nin so *n' geie prës, poquoi don si ginner ? 

Mains c'est di m* f&te ossu, qwand 1* chin n' wàde pus V biëg'reie, 

Li leup rissainme ses broke... ë manëge c'est pareie ; 

Li feumme est-st-on trésor qu'i fât sëpi wàrder ! 

(Ine pause.) 

Esteus-je bouhalle ossi de tôt bonn'mini pinser 

Qu'on m'èvôie âx plaisir sins qui, po d'sos l' palette, 

I n'si passe ine saquoi ? C'est çou qu'on m' dit d'vins ç' lotte. 



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- 57 — 

Àm : Des caupleti de Jean Leblanc ; des Bibelots du diable. 

Yo m* là comme li grand hopai, 
J*a des groubiotte so m' liesse ; 
Mains qu'is louliesse k len pai ! 
Si j'el-z-attrappe so !' chaud fiiit, 

Dabôrd àjônai 

Ji casse on vanai... 
Leie vanVet po 1* flniesse. 

{Onfire$o Vouhe) 

Ji creus qu'on bouhe à c'ste heure ! Intrez. 

Chanchbt, d'à d' foû, po T trader serre. 

Mains, m' vlx sole» 
Po poleur droviér l*ouhe i fîreut avu V clé ! 

JOSEPH. 

Il a raison tôt l' noainme. Allez à l* deuzainme poite. 

(/ remonte li scène.) 

Scène VII. 

JOSEPH, CHANGHET, LORINT, intranl po r gauche. 

JôsBPH, èwaré. 

Là, qui vo là, Ghanchet ! Que novelle ? 

Chamchet. 

Elle est foile ! 
Htr ni m*avez-v' nin dit qu* ji v' houkasse tôt passant ? 

JOSEPH. 

Ji l'aveus foû de l' tiesse. 

Ghancret. 
Ou vos 'nnë fez simblant. 

LORINT. 

Eon' allans-n' ? 



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— 68 - 

JÔ8BPH. 

Ji n' sâreusy mi feumme .. 
Chanchbt. 

Nos v'oans de V veie 
Avou s' mère à cabasse. 

(! gùugne Lorint.) 

LORIMT. 

C'est vraie. 
J68SPH, bHMe. 

Esteut-ce bin leie ? 
Ghakchet. 

Si V* n*el volez nia creure, leytz-F là. 

JOSEPH. 

Dian ji v' creus. 
Chanchet. 

A la bonne heure paç' qui ji n'ainme nin les vireux. 

LoRiNT, séchant $' monte. 
C'est qu' Taweie toune, savez. 

JOSEPH, avà les qwàrt comme po V restant dé T scène. 
Volez-v* raw&de ine goiie ? 

LORIMT. 

Qn'avez-v' îdeie de fer ? 

JOSEPH. 

Vos beurez *n' pitite gotie. 

(/ tappe on cêp iToâie $o VJlnietsê, puU mousu è cabinet. 

Chamchet, à Lorint tôt s'assiant à P tàve, 
Fez-v* bin astème ? 



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— 59 - 

LoRiMT, tôt mostrant T finitsse. 
Il a pau d* ses oûie po looU. 

{Ir^ffougnê Chaneket po li m&ttrêr Jôieph qui rinteârê.) 

Gbanchbt, à Joseph, 
Kimint, v' buvez l' gotte cial ! 

JÔSBPH, implikant deux heHua, 

C'est po qwand vint 'n' sakt ; 
Nin pus qu*à c&baret co jamftio j'enn* adusse. 

LOBIMT. 

Po plaire à s' feumme... 

JOSEPH. 

S'iv'plaUî 
Chanchst, (fin* air di moqtCreie. 

Qwand mainme ci n* sèreut qu' jusse; 
Wisse sont les homme marié qui vont â cAbaret 
Les stx joû de T samainne, sins qu'on n' vasse veie après ? 
Mi Ji risq'reus V paquet si j' touméve so 'n'sifaite. 

{Jôieph fait Vèqwanu dé qwhi 'n* $aquoi 90 tfinietu qui r^louke tofér.) 
LoRiNT, bas à Chanchet. 
I n*ôt gotte, i n*a pus qui Y timps de fer l'awaite. 

(Haut avou intindum,) 

On n* sét cou qu' c'est d'ine feumme qui de moumint qu'on l'a. 

Ghanchit, dé maiûtne. 

Ci n'est nin po Daditte seurmtnt qu' vos d'hez çoulà ? 
Por mi ji n'ë k'nohe wère qu'àyesse oltant d'èhowe, 
Et si j'esteus Joseph ji v' freus clore vosse bajowe. 

JÔSBPH, sins fer astème à çou qu'is d'hit. 

Allez- V* leyl ho ver vos gotte ? 

ChAMCHBT et LORINT. 

A vosse santé I 



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- 60 - 

JOSEPH. 

Haie ! OD n' rote nin so 'n' jambe. 

{frimplihe leu verre.) 
LORINT. 

Vos vûdiz SO r costé. 

JOSEPH. 

Gomme si j' Q*el kèiéve nin. 

LoRiNT, « verre levé, 

A r paie di vosse manège ! 
Chancbet. 
Dian, Lorint, chanlans paur 11 pasqueie so V marièje. 

(h «' lèvel.) 

Air : Cadet Rousselle. 

Chanchet à Joseph. 

Si ji saveus d'esse rescontré 
Comme vos Testez èdon, vfx fré. 
Vos m' vierriz de V Mohone de V vcie 
Gripper les gré ireus, qwatte à 'n'feie ; 

Mains d*vins meie nfmèro 
Di ç* lotreie gn'a noûf cint zéro. 

ChANCHET et LORlNT. 
{Emonle.) 
Mains, dVins meie ntmërA 
Di ç* loireie gn'a noûf cint zéro. 

JOSEPH, à part. 

Tant qu* gn*âie di nfmèrô 

Po m* part Ji créas qa' c'est tos zéro. 

LORINT. 

N*ë veyans-n* nin co tos lesjoû 
JAne feie, l'ognai n*est nin pus doux ? 
Qwand 'W sont sposèie, c'est des houpralle ! 
Qu'on 'nn*a patvou pé qu' des macraile ! 

Divins meie nfmèrô 
Di ç' lotreie gn^a noûf cint zéro. 



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- 61 - 

ChANCHET et LORINT. 

Divins meie nimérô, etc. 

JÔSBPH, à part. 

Tant qu' gn'âie des nfmèrA, etc. 

Chanchet. 

Enn'a qu*ont bin 1* pice po v*s ava, 
Elles fet i* ginteie, Il rouffe-tot-Ju. 
Ë manège elles flairet d' nawVeie... 
J*el dis co : qui meite k ç' lotreie. 

Divins meie ntmèrô 
I trouvYet sûr noûf cint zérA. 

Chaughst et Lorint. 
Divins meie ntmèrô 
1 trouvVet sûr noûf cint zéro. 

JÔSBPH, à part. 

Tant qa' gn'âie des nfmèrô, elc 

Lorint. 

Des aate, cesse-là c'est co bin pë, 
Jaret qu* vos n* serez mâie trompé. 
Marièie,c*est-st-â deugt qu'on l's acsègne 

{Mettant deux deugt d^teu t* front,) 

Et r bâbau s' trouve à n* belle essègne ! 

Divins meie ntmèrô 
Di ç' lotreie gn'a noûf cint zéro. 

Chanchbt et Lorint. 
Divins meie ntmèrô, etc. 

JOSEPH, à part. 
Tant qu' p*âîe des ntmèrô, etc. 
GiANCHET, bouhant so H spale da Joseph. 

Les bût heure sont sonnëie, il est pus qui nosse timps, 
Jacques Bolgl nos rawâde déjà dispôie longtimps. 
Si nos n' 'nn' allaas-st-à l'yole, i pout s' mette ë Tideie 
Qui vos cannez. 



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~ G2 - 

JOSEPH. 

Nôna, ca s'i Tàt qu' ji v's el deie. 
Tôt II rindant dîx poini ji wage de l' batte èco ; 
£1 sél bin. 

LORINT. 

Tant m!x vât, ca 1* ci qu' p&yerel li scot, 
Si pau d'vin qu*on beuret... 

Ghànchkt. 
Chasconk' si d'mèie boteie... 

LORINT. 

Tôt magnant, mains après... 

GriANCHET. 

S' on n* fait rin à moiteie 
Comme ji pinsc bin qu'on fret, qwaltc soper mon Guërin.. 

JOSEPH. 

Ça costret sûr pus chtr qu'ine salade âx haring ; 
Mains j' m'ë fous. 

Chanchet. 

J'el sohaile. Avrz-v' hlr v^you s'jowe? 
Doze carambole èrote !... 

Joseph. 

Il tret so r grande cowe. 
Chanchet. 
Estans-n* prëi ? 

JOSEPH. 

Ji v' vas sûre. 

LORINT. 

N'allez nin trope t&rgt. 

{Is volet tôrii po l'fond,) 



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- 63 - 

JOSEPH, tôt Vsî montrant Touhe di gauclie. 
Por cial... mes complumint â camërâde Boigt. 

Air : Des Pilules. 

Chamchbt. 

N*aliez nin trope tourniquer. 
Il est grand timps d'attaquer. 

JOSEPH. 

Si vos n' rotez vite exprès, 
Sûr]iv*ralLSûrè. 

(Riprise,) 



GhANCHBT et LORINT. 

N'allez nin trope tourniquer. 
Il est grand timps d'attaquer. 
Pusqu'l dit qui nos suret, 
I DOS raksûret. 



JOSEPH. 



Ji n'awÂde de tourniquer, 
Pusqui jl broûle d'attaquer. 
Si vos n' rotez vite exprès. 
Sûr ji V* raksûrè. 
(J&teph les ric'dût, puis rid^hind V tdne,) 

Scène VIII. 

JÔSkPH. 

Il a fallou qui jTabe bon cour so mâles jambe... 
Ji pièdreus vingt soper qui ji n*qwittreus nin Tchambe ! 
I fât qui ji sèpe hoûie à quoi ji deus m'ë t'ni, 
Et a'j'a Pprouve d*ine macule j'àrë rat'mini fini ; 
Comme ces ènocints mWé» qui j' lés co so Y gazette, 
Ji n'a wâde di m' dinner l'côp de l'moirt po n* mazette ; 
C'est leie qu'&ret 'n' daupainne qui comptret à piquet ; 
Adon, po nos qwilter, nos frans chaque nosse paquet ; 
Apres, qu'elle si pormône avou s'mére à cabasse... 
Mains zels, qu'ont v'nou torate, sârtt-is qou qui s'passe T 
Ma frique j'el creureus bin ; Tpasqueie qu*is ont chanté... 
Is n'ont mainme dit nou mot qui là d*sus n'aie poiné. 



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- 64 - 

Mutoi qui ç'û'est nin d'hoûte ! Çou qui m*a sonlé drôle 
C'est quMeie, todis fiestaote, ni m'a nin dit*Q* parole. 
Et portant riiomme qu'on trompe on 1' candôsaie. . 

(On bouhe,) 

Intrez ! 
Po Taute oube. Qui sëreut-ce ? 

(/ happe ine gaieUe po 1ère.) 

Scène IX. 

JOSEPH, CHANCHET. 

Chancbbt. 

G*est-st-èco mi y savez ; 
Est-ce qui vos n' vinez nin ? Vos d*htz qu' vos alltz m* sûre, 
Ji rotte douc'mint, pinsant qui vos m'allez raksûre 
Et V léhez. 

JOSEPH. 

Ji n' sâreus bogt d' cial sins aidan, 
Et m' feumme a pris sor leie tôles les clé des ridan. 

Chanchbt. 
Eh bin ! ji v's è prustrë. 

JOSEPH, tins «* diringi. 
Vos estez bin oniesse. 
Chanchet, tourmetté, à part. 
Siji wëséve Itdire! 

JOSEPH, loukant àddivant, à lu mainme. 
V'ià qu'on drouve li finiesse. 
Chamchet, à part. 

C'est qu*à c'ste heure j*a pawou qu' l'affaire ni vasse trop long, 
S'i fève on côp d' malheur, mi ji freus de 1* prihon ! 

(Haut^ lot pUant avou T boutse è s' main.) 



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- 65 - 

Dian, Joseph, pârilbanSy volez- v' piëde H wageure? 

JOSEPH, di mâle haumeur^ $ins iouktju di s' gazette. 

Seurmint qu'on rawâdret bin 'n' pitite dimèie heure ! 
On n*a nin dit d'abord à l' minute qu'on k'minç'reut. 

Chancuet, à part, 

Lorint veut clér. Corans podrl Saint-Jâcques tôt dreut; 
Sayans de veie Dadiite et contans li l'affaire 
Telle qu'elle est. 

{Haut, aveu r'gret») 

Ji m'è vas, Joseph, ni târgtz wère. 

(/ tarte po r gauche, ) 

Soène X. 

JOSEPH. 
JOSEPH, tapant V gazette to V tâve. 

On dirent qu' ci fourihe vormint po m' couionner 
Qu'i r'toune et puis qu'i voie k tote foice m'èminer ? 
Ji broûléve qu'enn' allasse, po m' lèyl n' gotte è paie... 

(Àmér'mint.) 

Ë paie ! El sërë-je co ? 

(Tôt loukant rjinieue, è colère,) 

Ni s' mosteurret-i màie ? 

(Après on pUit mûumint,) 

Enfin, vo là qu'i s' hàgne ! 

(roi bawant, avou on ria foircL) 

Eie don ! que bai valet, 
On dtreut 1' pacbe di cour avou ses rossais cb'vet ! 
A quoi tûse-t-elle, direus-je, s'enn' aveut qu'ont des gosse, 
Qu'è r pièce d'on bon piat d'zuile ont p'cht 'n' assiette di mosse? 

(Si radreuant à d d'âddlvant.) 

Allez don, laid chawi ! RâlLà ! blaiic-moirt navai ! 
Rimint wësez-v' loukl foù d'vos deux oûie di vai ? 

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- 66 - 

S'i ravise mâie vosse gève, vosse coirps est-st-ine belle krâwe, 
Et vosse catte deut pâmer qwand '11' vis ôl fer : mirâwe ! 

(PrU iTine ideie.) 

Rawàrdez, laid marcou, s'elle pout vis eschanter, 

Pé qu* six bolèie li joû ji v's ennè vas d'goster 

Ou vos n' serez wère gloi ; cangeans â pus habeie, 

I fât qu' ji mousse ses hàre si j' vous qu'i m* prinse por leie. 

(/ mette onjdgau et on bonûtet quH prind foû de V basse gdrd'rôàe.) 

Sins a VU pris mèseure çoulà m* va comme pondou. 
Fans *n' pitite gotte l'amour avou ç* laid porbolou; 

(Ifaii l'èqwance dé tricoter.) 

G'est-st-apreume qu'i m* prindret po m' feumme si ji tricote. 
 c'ste heure fans li veyl qu'elle ainme bin li p*tite goUe. 

(/ mette li boteie et on verre so Vaspcia de Vfiniesse ; impUhant s'verre, el iive, 
puis beut.) 

A vosse santé, gaw* sain ! Tolez-v' beure eune avou ? 
Allons don, qwand il ainme, Thomme fait çou qui l' feumme vout. 
Tôt çou qu' vos v' fez hairî ! J'ennè boureus co iraze 
Qwand c'est-st-à nos amour... 

(f beut treus^ qwate verre enn'èrotte.) 

I n' bâbihe nin, l' laid basse ! 
Gomme ine soris d'vins 'n' trappe si j' poléve Tassèchî 
Gial è r chambe ! G'est-sl-adon qui j' pôreus Tagercî. 

(Après U aveurfait totessôrt di sègne po V houkt.) 

AIR : Ma Normandie, 

Vos, qui m* veut cial todis d' seûlèie, 
Dihez, n'ârez-v' nin pitié d*mi ? 
Ni sûs-ju pas vosse binamëie, 
Nule et joû mi lairîz-v' gémi ! 
Volez-v' mi retaper d'vins les bresse 
D*on bouname qui ji n' pous sofiri ?... 
Dian, v nez co m' fer *n' pitite caresse, 
Qwand ji d'vreus après côp mori î 
(/ H èvôie des bêche avou s* main, U drouve ses bresse^ etc.) 
(Si frottant les oûie,) 



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- 67 - 

Là ! comme ji sos babloo !... C'est drôle qui V pièce valsaie, 
Qui tôt toune atoû d*mi... 

(/ halkotu^ puis «' tint à V pfUre po n' nin tourner,) 

Wisse a-ju mes pinsèie ? 

(/ 1* lait gotter to V chèlre et t*atp6ie so Vfinieste.) 
{Li nute tome.) 

8oène XI. 

JOSEPH, DADITTE. 

Dadittb, moussHe à homme. 
Ji n' l'a veyou noUe pât... 

(Diktndant F tcènty elle louke tôt avà V pièce, aparçuvant tl homme.) 

Odai, ç' n*est nin po rln, 
Si madrombelle est cial ! Oh ! v' m'el payerez, v&rin. 
Ji n' voléve pus y creure, mains è m' chambe, à m* narëne 
Avu r front de fer v'ni... 

{Corant cTsue, V canne lèvèie.) 

y vas It casser li s' krëne ! 

(Après Pavu r'iouki, èwarèie.) 

Kimint don, c'est Joseph ! Qui vout dire lot çoulà, 
Estans-n' â Carnaval ? Hà, hà, hà, hà, hà, hà ! 

(A boird de V scène, sérUus'mint.) 

I n'est nin timps de rire; cial i gn'a 'a' talmah'reie, 

Qui r diale, po l' dik'mèler, si greltreut dri l'oreie. 

D'aveur à m' plainde di lu ji n'ava nou sujet, 

Jusqu'à rése d*hoûie iodis; ji r'çûs ci p'iit billet 

Qui m' dit qui j' sos trompèie, qui m'ak'sègne jusqu'à 1* gtse 

Wisse qui j' pous trover mi homme et si anturlûre à i' sise. 

Ces mot, comme des attècbe, flt on boffet di m' cour ! 

Comme eune qu'a pierdou l'tiesse, c'est hàre et hotte qui j' cours 

Et j' trouve visège di bois tôt costé... ji rinteure 

Et cial, tote amaquèie, qu*esse qui j'y resconteure ? 



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— 68 ~ 

Joseph divins mes cotte et lu, qui n* beut màie, sau! 
A DOS veie, on direut qui T monde est i' cou-z-à haut ! 

{Tôt V riloukant.) 

I (àt qu* Taie on sujet po s' digulser. .. 

JOSEPH, songeant. 

Laid boie ! 
Vos sârez sûr po k'biu s' ji v's agrige. 

Dabittb. 

I baboie. 
A qui 'nn' âreul-i bin ? A c'ste heure i f&t songî, 
Divant qu'i n' si dispieite, comme ji deus m*arringi. 

(Elle tûse on p'tit limpt,) 

Ji u* ses kimint m'y prinde... Fât-i d*mander qu'i voie 

Mi dire, mains haïelt'mint, poquoi qu' n'est nin èvôie ? 

Mains s'i li plait d' sèpi poquoi, mi, qu*j'a sorti .. 

C'est lu qu' poite li cou d' châsse... Prindans ine aute parti. 

Nos avaris mutoi toirt et raison l'onk comme i'aute, 

Et si j' bahe li prumire, c'est li leyl 1* main haute ; 

Êployans 'n' aute moïen, j' sârè todis l' fin mot... 

L'ideie n'est nin si mâle, à l' rinde on pau jalot 

Mutoi n' couret-i pus, comme el fait, les taviene. 

Mains V pus grande di mes sogne c'est d* il rire à l' narène ! 

(Elle bouhe douç'mini m li spaU da Joseph qui Itve si liesse, puis s' ricoâke ; 
après aveur haussi les spaU, elle li k'heut.) 

Madame ! 

JAsEPU, tôt esloûrdi et s' trèbouhant. 
Hein ! quoi, qu' volez-v' ? 

([frotte ses oûie et qwire à s* mette d'aplomb,) 

Por wisse avez-v' intré ? 
Daditte, discangeant s' voix, 
Po l'ouhe, après aveur bouht. 



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- 69 — 

J^SBPH. 

Vs avez bourde, 
Mi f... 

{Si r'hapant.) 

Ji Taveus serré. 

Dadittb. 

Ç' n'est nin po li ch'minëie, 
Portant, tôt comme Hanscrouf ! 

JOSEPH, va clicKter à Vouhe, à part. 

Tins ! sëreut-elle riotrèie, 
Puis leyî l'ouhe so serre ? 

{Haut et i* radoucihant,) 

C'est çou qui j' pinse ossi. 
Mains qu* volez-v* don, jône homme ? 

(/ prind des air di veie feumme.) 
Daditte, à part, tôt fant V foicepo n' nin rire. 

Mon Diu, qu' t'es biesse ainsi ! 

(Haut.) 

C'est r cour îol tréfilant qui ji vins cial, nosse dame. 
Vis jâser d' vosse bâcelle... ca v's estez sûr si marne. 

JOSEPH, èwaréy à part, 
V'ià 'n' ombâde après l' fiesse ! 

Daditte. 
J'ainme vosse feie, j'a vingt an... 
JOSEPH, hignârdant. 
Vs estez foirt po voste âge. 

(D'ine air tfonnatse ) 

Hoûtez on pau, mi ëfant. 

{A part.) 

Sayans d' sèpi n' saquoi... 

(Haut.) 

Mi ji n' SOS qu'ine voisène, 
£t nin s' mère, comme vos d*liez, i' crapaude est-st-orphilèno; 



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— 70 - 

Elle est foirt riqwërowe, li rossai d*âddivant 
N'a jamâie ses oûie jus... 

Dadittb, riant. 

Kimint, li rossai J*han ! 

JOSEPH, tôt paf. 
Poquoi riez-v' ainsi ? 

Dabitte. 

Pasqui c'est-st-ine aveûle, 
Et r pauve J'han louke sor leie comme i bukreut âx steûle 
Sins veie ni l'eune ni l's autes... Vos n'el savlz nin, don ? 

JOSEPH, babouîant. 
I peut a vu 'n' basse vue... 

(il part et honteux.) 

Ji tome di p&moison. 
Aveûle ! I val co bin, s' Taveut veyou mes sègne 
Et mes hègne, i pôreut dire qui j' sos-st-on on crâne loigne ! 

(Haut.) 

C'est tant mix vât por vos ; sét-elle qui vos l'ainmez? 

Daditte. 
Si ji n' wèse co II dire, elle deut bin s'ë doter. 

Air : Dans un baiser. 

Tos les joû, tôt r'passant d* Tevrège, 
Ji salowe ciste ange di baité ; 
Elle ml donreot tant de corège 
S*elle è fève ottant di s' costé 1 
Mains çoa qu* m*an6ie, eUe si tint fîre, 
El ça Di*espêr,he d*èco doirmi... 
Vos, qui I! Jâse, vôrh-v* li dtre 
Qu* sins leie gn*a nou bonheur por mi ? 

JOSEPH. 

Vos n'estez qu'on conscrit, permettez qu' ji v's el deie ; ' 
Qwand c'est qu'on vout hanter, c'est d'abord de l' jône feie 
Qu'on sâye di s' fer bin v ni... Portant, ji v' trouve hardi 
D'intrer cial reûtaballe ! 



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- n — 

Dàditte. 

J*ennè sos-st-â l'pinli, 
Ji direus bin comme vos; po m'dinner cisse hardiesse, 
I fit creure qui Tamour m'aveut fait tourner l' liesse. 
Ça pôreut iî displaire, enn' allez nin moti ; 

{Jôuph hotte ti tiette po dire dmen à toi çou qu'elle dit,) 

Dihez-li, ji v's è preic, qui j'sos brave et ginti, 

Qui ji Tairime comme mes oùie, qui ji n' sos iiin saulèie. 

Qui, po r veie divaot mi, j' pass'rè m' veie è V coulèie... 

(Jâteph rimonu li tcène.) 

Vos n' hoûtez pus ? 

JOSEPH. 

Sia, c'est po prinde li quinquet. 
Daditte, Varreslant, 
Nôna, ji m' sâve. 

{Nahani devint tet poche.) 

Tinez, v* là po beure li cafet. 
Mains on bon crâs, savez. 

{Font Vèwarèie di n' nin trover «* boûite.) 

Là ! qu'a-je fait di m' manôie ? 

(Séchant n' bague foû di «' deugt,) 

Prindez cisse bague è Y pièce, ca jamftie ji n' rinôie 
Ine saquoi qu' ji promette. 

(Elle rimonu litcène^ Jâteph el rid'dût.) 

Fez comme j'a dit, si v' plait. 

JOSEPH. 

C!omptez d*sus, mains 'n' aute feie vos westrez vosse chapai. 

ifiadiUe court èuôie et Jôteph reie tôt r* dopant l'ouhe drt leie.) 

Scène XII. 
JOSEPH. 

JOSEPH {rid^hindant V scène toi «' dinu>usmni,) 

Dimoussans-nos ; ji deus raviser 'n' rapèheie, 

Et s* rapinsans-nos 'n* gotte; c*est-st-assez mâlâheie... 



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— 72 - 

A-ju fait quéque laid songe ou sos-je èmacrallé ? 
I falléve âddiseûr qui j' m'allahe paur saule. 

{R etprind V quinquet et totjàiant i f' broûle avou VcUlumette.) 

Ga les gotte qui j'a bu tni tribolet ë V liesse. 
Gomme les houmeu d' pëket divet esse sovint biesse ! 

(Ir'mette let hâre di $^feumme è V boue gârd'ràbe,) 

Riv'nans à nos mouton, sayans d' les fer mailer : 
Po Vlelte sins signateure, quij*âreus d*vou broûler, 
Ji vins fer n' louffe à m* feumme, sor leie j'a des dotance ; 
Elle pinse qui j' seûie ëvôie, mains j*eun'a fait qu' l'ëqwance ; 
Elle sorte à s* tour, qui fais-je ? Avou ses hâre mousst, 
Gomme li chet qu' sint 'n' soris ji vins m' mette à waitt 
Après 'n' aveûle, s'i v' plait ! Et po çoulà ji r'naque 
So 'n' wageure qui j'a fait ; on m' va traiti d* polaque, 
Qui j*a cane po l'aute... A don, sins m' kitaper, 

I fât, li pauce à haut, qu' j'el zi pftye à soper. 

Ji passe co so çoulù, mains 1' pus bai d' Tavinteure, 
G'est r binamé gros mâie comme è s' mohone qu' inteure, 
Tôt d*mandant qui ji disse ine bonne parole por lu 
A m' feumme... vo là n* maweure ! Après leie enn*a pus. 

II est*st*oniesse portant, i m* foircihe mainme de prinde, 
Po m' payt d'on siervice qui ji n' sâreus It rinde, 

Fâte d'aidan, si bague d'ôr... di l'ôr di cou d* filou, 
J'ennè sos pus qui sûr... Wisse est-ce qui j' Ta meltou ? 
S*on n' pout It fer plaisir i râret todis s' bague. 

{Tôt loukant F bague à Vloumlrêy todis put èwaré,) 

Mains qui veus-je... est-ce à creure? N'est-ce nin mi esprit qui 

[bague ? 
Nenni ; v*là s'no gravé disos deux blâmants cour... 
Daditte, ji n' pinséve nin qu' vos m* jow'rtz des s* faits tour ! 
J'âreus d'vou m'ë doter portant, noUe aute qui leie 
Ni poléve droviér Touhe ; profitant de 1* nuteie, 
Fant rhomme, discangeant s' voix, c'est 'n* farce qu'elle m'a jowé. 
Qwand j' vola prinde li lampe, ëvôie elle s'a saiwé 



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— 73 ~ 

Pawou d'esse rik'aohowe. Mains nos allans-t-esse bouffe, 
Ga ji prindrë mi rWinge,et j* vous qu'on m' mette ine crouffe 
Si ji n' wangne nin V pftrteie ! 

(/ mette U bague è Vpoche di s'cânulet), 

Riv'nez qwand vos volez 
Et sèchtz-v' foû d* Tourbtre... si tote feie vos polez. 

Air : Cà fait, çà fait toujours plaisir. 

Vintrin*mint vos d'vez rire 

Di m'aveur couionné ; 

C*est vos qui m'a fait s' crire 

Histoire di m* fer damné. 

Li farce fout bin Jowèie, 

Ca biess*mint j'a sto pris, 

Mains Ttrappe est-st-aprestèie 
(Fani tègne avou t* deugt.) 

Qu*à vos pitites soris ! 
Comme dit H spot : Qui riret bin, 
Cest V ci (bis) qu'el fret V dierrain. 

Scène ZIII. 

JOSEPH ; on pan après, DADITTE. 

JOSEPH, riant lot loukant P châsse qui les fier sont sèchi foû. 

J'a fait d' l'avance à s' châsse... Westans-l' & pus habeie... 
Et s' dihalans l' finiesse des deux verre et I* boteie. 

(/ mouste è cabinet, Daditu boutte si tiase à Vouhe dé fond.) 
Daditte. 

Ji n* wësequâsl rintrer; mi rattinrè-ju bin 
Di It rire è visëge ? Ji n'è ses vormint rin. 

(A Jàteph^ qui n'fait timblant d* rin tôt v'nantjoû dé cabinet.) 

Vos estez d'jà riv'nou ? 

JÔSBPH. 

Vo là 'n' fameuse hapèie, 
Mains wisse avez-v' situ, vos ? Ji v' pinséve bisèie ! 



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~ 74 — 

Si c'est los les joù l' mainme, nosse chambe deut s'anoyt 
Di s' veie si sovint vùde. 

IUdittb, riant. 

D'hez paur qu'elle deut bàyt ! 

{Sérieut^mint.) 

Ji n' boge mâie qwand v* sortez ; c'est bon qui m' soûr Tonette 
M'a demandé qui j'allasse hoùie riinonter V cômetie 
Di m* marne. 

JOSEPH. 

Et v' n'avez stu... qu'Ià? 
Daoittb. 

Vérité d' mon Diu ! 

JOSEPH. 

On n' jeure nin po çoulà; c'est là qui v's avez stu. 
C'est tôt, j' n'y vous nou ma. 

Dadittb, avou moqu'reie. 

Mains vos, sins v' fer nou r'proche, 
Po raccori si timpe avlz-v' li diale è l' poche ? 

JOSEPH. 

Oh ! nenni, po l' moumint j' sèreus-st-& c&baret 

S'on n' m'aveut fait 'n' laide farce ; mains ji m'ë sovinrè, 

Ga ji n'sés s'j'trè co. 

DADrrTE. 

Taihtz-v' don, vos m' fez rire, 
Kimint heûr on s' fait pleû ? 

J6SSPH. 

Vos r vierrez, leylz-m' dire : 
Vos savez qui ji jowe ft bill&rd tos les joû, 
C'est l'seul plaisir qui j'ftie... ft pus qui vos... 

(/ vout V rabreiH,) 



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- 78 -- 

Dadittb, toi V rilaukant. 

Tôt doux ! 
JOSEPH, à part. 
Vos vôrez bin lorale. 

{Haut.) 

A ç' jeu i' SOS d'ine telle foice 
Qu'à professeur Goffârd ji pous mainme Uni liasse. 
On jâséve di mes côp hlr, qwand on Jacques Boigt, 
Qui n' mi k'nohe, qu'esleut sau, conte di mi vint wagl 
Qwate soper qu*i m' bauret ; ji tins r wageure po bonne 
Et ji r'vins ; lu d*meure co, mains tôt Y monde el couionne ; 
On li fait mette cawsion tôt il d'hant qu*il a toirt 
De fer n' sifaite wageure, qui por lu j' sos trop foirt ; 
Mainsqu' j'a 'n* soûr qui jowe bin, sM vont qu'elle prinse mi pièce. 
Qui ji pâyerë s'elle piède... Il accepte, li Janfesse ! 
Po 'nnë rire davantage, is it d'bît : si ti voux. 
Elle est s' piianie, ti frè mainme ine accoird avou. 
Ghanchet m* raconte çoulà, ji raccours cial à Y vole 
Et j' vins mousst vos h&re po H fer cisse friole,... 
Mains qwand l' diale n'el happe nin ! Li faree a ma tourné, 
I n* m'a nin v*nou qwèri ; c'est mi qu' est couionne^ 
Gaj'deus payt li s'cot. 

Daditte. 

Fitz-v' âx camèràde ! 
Is v' vindrît mainme à pièie. 

JOSEPH. 

Po çoulà j' n'a pus wâde; 
J'enn'a stu trop màva, ji crèhéve ; c'est -st-à pont 
Qu' ji m' vingea so vosse châsse tôt 'nnë rayant les pont. 

Daditte. 

Vo là, louklz, 'n' saquoi ! C'est tôt ? 



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76 



JÔSBPR. 

Rawârdez 'n' goite ; 
Ji n' ses heure, mains d' colère ji home qwatie verre èrolte, 
Ji div'aa paur makasse... Ji veya si bablou 
Et m' liesse tournéve si foirt qui j' m'ârë-st-èdoirmou. 

Daditte. 

Bin, vos polez v' vanter d'aveur hoûie fait des helle, 
Et v's ârez po *n' hapëie à veie clér è vosse hielle ! 
A k'bin monte-t-i, li s'cot ? 

JOSEPH. 

 'u' quarantaine di franc. 
Daditte, pâmtU, 
Et qut pàyeret çoulà, d'hez ? 

JOSEPH, freud*m%nt, 

Onk di vos galant. 
DADrrrE, foirt mâle. 
Glôs t' bêche va, b&binëme. 

JOSEPH, pdhûrmnt. 

Madame, ji n' dis qui V vraie. 
Ji n' r&reus mftie crèiou si ç' n'esteut qu'à r vesprèie, 
On jône mon-cœur da vosse n'aveut, sins halkiner, 
Moussl cial è nosse chambe pinsant bin v's y trover. 
Daditte, riant. 

Ha, ha, ha, ha, ha, ha ! Quelles pousse è Toreie 
Qui v' sayîz di m* boulter ! 

JOSEPH. 

Quoi, vos pîDsez qu* ji reie ? 
I m' prindéve po vosse mère à veyi mes mouss'mint, 
Mains j' d'ha qu' j*esteus 'n' voisène; adon, d' ses sintumint, 
Di ramour qu'i r*sintève i m* fat 'n* si belle image !... 
Si ji les d'vève discrire i m* fâreut 'n' fameuse page. 



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— 77 — 

Puis m'dinna po qu' ji v*j&se por lu, li pauve valet, 

Fâtc d'aidau, 'n* belle bague d'ôr qu'est-st-ë 1* poche di m' gilet. 

(Àspoiant to Us mot.) 

J'a dit qu' pâyereut li s'cot... Kiminctz-v' à comprinde ? 
Po n' nin veîe clér è m' hielle longiimps ji l'îrè vinde. 

(/ r'iouke iifeumme po (Tso air,) 

Daditte, fait on mouv'minl, à part. 
Yo m* là pisseie. 

{Haut.) 

Vos n' frez nin 'n' sifaite keure. 

JOSEPH, freud^mnt. 

J'elfrè. 
Dadittb. 

Leyîz-m'el on pau veie; s'elle mi va j'el rach'trè. 

JOSEPH. 

Kibin ? 

Dàditte. 

0!j ! nin si chlr. 

JOSEPH. 

Kibin ? 

Daditte. 
Nin po quarante. 

JèSBPH. 

Ji n'el lach'reus nin co po trinte nouf franc nouante. 

Dadittb. 
S'elle mi dût, ji v' les donne. 

JOSEPH, li mettant è s* deugt, mains 8ins V lâcher. 

Pà, c'est tôt vosse paquet... 

{Tôt li r' séchant.) 

Mains qu'avez-v' fait de Y vosse, li cisse di vosse bouquet ? 



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- 78 - 

Daditte, à part, tôt s' diwaibant (Ton pas. 
Il est pé qu'on macrai; vo là bin 'n' auie dondaine ! 

JOSEPH. 

Q^and on vout dire li vraie, on n'est nin si longeaine 
A responde. 

Daditte. 

J'el vas dire comme à kïesse : ç'esteul mi. 

Joseph, faut V fnâi*a. 
Vos bourdez. 

Daditte. 

Mains, mon Diu, leytz-m' on pau fini... 
JOSEPH, breyant. 
Ji n' vous pus rin sëpi. 

(Onftre $o V poite,) 
Daditte, tôt mettant s' main so V boke di si homme, 
Tailjîz-v\ vola qu'on bouhe... 
JOSEPH, riboutant s' feumme. 
C'est bin sûr Tagaïon, ji m' vas It droviér Pouhe. 

Scène XIV. 

Les mainmes, LORINT. 

LORINT. 

Escusez-m' tos les deux di v' diring! si tard.... 

Joseph, It fant des sègne. 
El Ghanchel ? 

LORINT. 

I m' rawâde. C*est justumini di s' part 
Qui j' vins v' irover... 



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— 79 - 

JOSEPH, H côpant V parole, 
Poquoi ni vint-i nin lu-môme? 

LORINT. 

Il a bin trop pawou qui v* n'el râyisse po V kainme. 

JOSEPH, èwarê. 
Po r kainme ! 

Dadittb. 

A que sujet ! 

LOHINT. 

S*el tki dire en on mot, 
C'e^t lu qui v*s a rindou Tonk di l'aute si jalot. 

(Dadlte et Jô$eph ti rHouket droldimlnt.) 

Dadittb, à part. 
Tins, lins ! 

JOSEPH, à pari. 

Vo là r kwakwa. 

LORINT. 

Volez-v' bin qu'ji m'assisse? 

JOSEPH. 



Hapez n* chèlre, Lorint. 



LORINT. 



Ci n'est qu'ine ëfanttsse, 
Et vos m' frtz bin plaisir à V prinde de bon costé. 

(.4 Jéteph.) 

Vis r'sov'nez-v' qu' htr à V nute qwand nos v's avans qwitié, 
Qui Chanchet, tèniss*mint, vis d'manda treus, qwaltefeie, 
Si v's esUz sûr de v*iii ? Vos 11 d'htz: ji m' rafeie 
Hainme, po It d'ner 'n' leçon, de splaiiikî Jacques Bolgi ; 
Il a 'n' gotte trope di bêche. 



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— 80 - 

JOSEPH. 

Awè, vos m' fez r'songt 
Qui ji It dèris mainme : è mons qu' j'&reus 1' fiv'Iaine. 

LORINT. 

Çoulà II d'na Tideie di v' jouer cisse dondaine ; 
Sins sèpi çou qu'i fève, po qu' vos n' viDahfz nin, 
Vos r'çûvtz 'n' lelte, de mainme qui vosse feumme. 

Dadittb. 

Ohiriaidchin! 

LORINT. 

Ça fia cori Daditte après vos, drt Saint Jacques 

{Joseph rilottke ti feumme,) 

Dismettant qu'ë vosse chambe on v' fève creure & mir&ke 
Tôt fant r'veie ine aveule ; esi-i vraie ? 

{Daditu rilouke ii homme.) 

JOSEPH. 

Laid jubet ! 

LORIKT. 

I v'na mainme jusqui cial veie si ça fève effet; 
Mains j* It drovia les oûie, adon 'nn' ava 'n* telle hisse, 
Qui ji n' wès'reus Jurer qu'enn*âret nin T jennisse. 

(It'dreue.) 

I v's ennë d'mande pardon, lot d'haut qu' vos n' payerez rin, 
Qu'i s' chèg'ret di tôt çou qu'on sièvret mons Guërin... 
On porsûreut V uolu qui freut-st-ine keûre pareie; 
Mains on s' passe co 'n' saquoi divins V camër&dreie. 

JOSEPH, après s'avu *n* gotte rapinsé. 

Ji It pardonne; seurmint, qui 'an' vasse mâie s'è vanter, 
Ga, divant I* tribunal à V vole j'el fais citer ; 
D'abord ji w&drè l' prouve ; qwand n' donreut qu' des sonnette, 
Ji l'ëvôierë huffler, s' ji n' It casse nin l' hanette. 



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-- 81 - 

LORINT. 

Ji metlreus m' liesse so V blok, i n'a wâde de moti. 

JOSEPH. 

Dihez-li bin, s'el fait, qu' Târet k s'è r'pinli. 

Daditte. 
Po çoulà qu' louke à d' sogDe. 

LORINT. 

I n' pout ma, soùr Daditte ; 
I mourt d'avu 'n' response, ji It poite à pus vite. 

(I veut târtt, Jôieph el ritind. 

JOSEPH. 

Awë mains, ç' n'est nin qwaile, c'est cinq soper qu'i fât, 
Ca j' n'y vas nin sins m' feuoime. 

LoRiMT, toi binàhe. 

Là d'sus ji brais : Vivat ! 
Air : Le petit homme gris 

LoRiNT, foirt joyeus'mint. 
Nos allans fer go^o'ie ! 

JOSEPH, de mainme, 

Sins qu* çoulà n' nos cosse rin, 
Fré Lorini. 

Daditte, de mainme. 

Nos magn'rans-sl-ine crasse poïe... 

LORINT. 

Bin roix, Vcane âx navai, 
N' tiesse di vai. 

Joseph. 
On gigot d' mouton, 

Daditte. 
N' salade â jambon. 



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- 82 - 

LORINT. 

£l n' beare qui de vin, don ! 
Qni n's ârans bon {bis) 
De fer gletter V minton ! 

ESSONLE. 

Qui n*s ârans bon (Hs) 
Dèfer gletler F minton ! 

LORINT. 

Tinez, si vos volez, n's trans mainme è carroche. 

Daditte. 
Nenni ! Nos frts v'ni foû loies les gin de V poroche. 

LORINT. 

El po que joû r mettrans-n' ? 

JOSEPH. 

Qui v' sonle-t-i po londi ? 

LORINT. 

Vès les stxhe heure... 

JOSEPH. 

Awè. 

LoRiNT, rinumtani V icène. 
Bonne nute ! 
JOSEPH et Daditte. 

Diet-wâde ! 
LoRiNT, tôt sortant. 

C'est dit. 

Scène XV. 
JOSEPH, DADITTE. 

JOSEPH, si frottant les main, 
rè SOS bon marchl qwilte po fer cisse bonne heurëie. 



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- 83 - 

Daditte. 
El Kîi ji rare m* bague sins qu' ça m' cosse ine dimèie. 

JÔSEPR. 

Mains, qui vous-je dire, bâcelle, vos avtz-st-on billet 
Et vos n' m*el mosirtz nin ! 

Daditte. 

M'av' mostré Y vosse, v^let ? 
Fans là d'sus 'n' foin grande creuhe ei vikans bin è paie, 
Çou qu'on sét bin qui flaire on n'el rimowe jamâie. 
On s'âbottrdé... 

JOSEPH. 

Man'çî... 

Daditte. 
Hâltraill... 

JOSEPH. 

Dispitié... 
I n*a t'nou qu*à pau d'choi qu'on n* s'âie mainme sipougn'lé ! 
Daditte, marCçant. 

Si s'aveut stu po V bon, lot comme j'esteus d'monièie, 
Et qu' ji v's âreus pisst, vos r'çûviz... 'n' crâne pètëie. 

JOSEPH, de mainme. 

Et si s'aveut stu vraie, avou çou qu' j'esteus sau, 
De r finiesse so 1* pan'iel ji n' vis fève fer qu'on saut ! 

Daditte, avùu moqu'reie. 

Oui v's estez binamé ! 

JOSEPH, dé mainme, mains jnis foirt. 

Qui v's estez binamèie ! 

Daditte, si radoucihant tot-z-allant vès Joseph, 

Rik*minçans-n* co V trikballe ? 



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- 84 - 

JÔSKPH, de mainme. 

A diale tote rattèlèie ! ! 

(Prindant t^/eumme divinttet breue.) 

Haie ! rimettâns les cache è faur tôt nOwS b&hant. 

(/ l'abre9$€.) 

Mains k'mint nouméve, Daditte, nosse vison-visu ? 

Daditte. 

J'han. 

JOSEPH. 

C'est drôle qui tôt l' monde sét, sâf mi, qu'il est-st-aveûle ! 

Daditte, dHn' air di r proche. 
Estez- v' m&ie è vossechambe ? J'y sos totér tote seule ! 

JdSBPB. 

Ji v's y tinrë k*pagneie 

{A part.) 

po mix k'nohe mes voisin. 
Daditte, à part, 
Ji freus 'n' creuhe è crama ! 

{Onflreto VpoUe.) 

(Haut,) 

Bouh'ret-on jusqu'à d'main ? 

{J&uph va droviér,) 

Scène XVI. 

JOSEPH, DADITTE, LORINT et CHANCHET. 

Lorint. 
I fât qu' j'amône Chanchel ; sav' bin qui n' vout nin V creure ! 

{Joseph donne li main à Chanchet, Daditte II fait on deugt tôt riant.) 
Chanchet, pèneus'mint. 
Mes ami, ça stu fait sins mâle malice, j'el jeure. 



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- 85 — 

JdSBPH. 

Gbanchet, vos m' fez plaisir tôt riv'nant, c'est l' bouquet ! 
J'ainme de rTer V pAie essonle divaat l' joû de banquet. 

(/« «* dtnnet *n* pougneie di main,) 

Bin mlx qu* di v's agrâct, po m' part ji v* rimercihe, 
Ga par on ma, quéque feie, ine auie ma si r'wërihe. 

Âm : Soldat français, 
(A public.) 

N*est-ce nin d* nosse fâte ? Ine feie qu'on-z-est narié, 
On n* dent aveur nou sVret po si k^papeie, 
Pasqu*on l* promette mainme so les gré d* l'âté 
Wisse qu*on v* haslhe comme les jambe d'ine ëk'neie. 
Mains c'est 1* fiale qui mâque des deux costé. 
On s* racrampihe è 1* pièce qu'on d'vreut s sitinde ! 
Fez \osse profit, mes gins, d' çou qu' vos ?eyez : 
Tos ces mihe-malie n'ârît mftie arrivé 

Si n's avis sèpou nos ëtinde. 
Qui n*arri?e-t-i fiHte di s*ëtinde ? 

Ghanchet. 

Cest-st-awoureux qu raffaire a bin tourné ! 
Enoçin'mint J'aveus fait cisse friole. 
Mains J' ses po k' bin : soffri comme on damné, 
Payi II scot.... des s' faite ji n' frè pus noile. 

LORINT. 

1 va co bin qui ji m'enn'a mêlé. 

Daditte, vinnani s' mette à mitant. 

Sainte mère di Diu ! vis allez-V (urtos plainde ? 
Divant tôt ç* monde qui s' trouve cial rassonlé, 
Mi ji n'a d*keure qui n' seyanse couîonné... 
Pôrveu qu'i vinsse co nos ètinde, 

{Tôt estonle, fant V ges»e d'applaudi.) 
El qu'à s* tour i s' faisse foirt ètinde. 



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LES TRIM'LBU 

JAVLAI NATURALISSB À DEUX AKB 
PAB 



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PERSONNÉGE 



JACQUES, cog'/î SBans. 

JOSEPH, coqnî 8B ans. 

BOTJBEBfT, cabartî 60 ans. 

CÂN'ËBLOTJ K, coq'lî, flamini 50 ans. 

BOYYj rintî 60 ans. 

ON BRIGADIER, d' gendarmunde 50 ans. 

MAREIE, feumtne da Jacques {*) 35 ans. 

ON GENDARME 

LORINT. bicteu , 25 ans. 

FIFINE, feumme da Joseph 25 ans, 

COQ'LI ef WAGEU 



(<) Li personnège di Mareie deui esse jouwé par ine homme. 



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LES TRIMTEU 



LKB I. 

Li scène riprësinte ine mohonne d*«vri; poite à ganche, poiie à fond. 

Scène I. 

FiFiNE {hosfe Vèfant qu^est-st-è V banse à gauche.) 

Couplet. 

(Air : Mon lit, mm lit.) 

Doirmez, mi binamé cint meie, 

Doirmez, pauve pitit ènnocint ; 

Doirmez d*on bin pesant sommeie. 

Riez âx ange, riez âx saint. 

Riez, Tos qui n* connpte nin so !* terre, 

Ji tûse qui vos serez-st-on joû 

Ine homme d*on foirt bon caractère. 

Qui vosse bonheur n*ftie mâie nou doû ! 

Respleu. 

Doirmez, nannez, mi binamé, 

Pauve pitit cint meie, 

D*on pesant sommeie ; 

Vos qu* j*ainme, nannez, nannez nannez, 

Èdoirmez-v* don, mi binamé. 

Oh ! bonheur di mes joû, joie di nosse trisse manège ! 

Si ji n* vis aveus nin, jî piédreus lot corège. 

Si vos n'esttz nin là, mon Diu, ji lanwih'reus ; 

Ga ci n'est qu* vos qui m'aide a suppoirter mes creux. 

[A public,) 

J*aveus-st-ine homme ginti, corègeux^ amistàve, 
Qui n* s' aveut mâie mostré ni cagniesse, ni haîave. 



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- 90 - 

Oh! c*esteut on cour d*ôr todis rimpli d' bonté, 
Qui chèrive so l' dreute voie de l' sainte honnètlsté. 
Mains les coq l'ont tourné, i 'n'jâse qui d'colèbreie, 
I n'a pus nou plaisir, qui d'esse àtou de Y treie. 
On n' jàse mâie di l'ovrège, on n' parole qui d' wagf. 
Et Toû di tôt coula c'est tofér po groumt. 
Mes espérance portant ni sont nin totes ëvôie, 
I m' sonle qui màgré tôt j'el râret so l' bonne voie. 
Ji pinse qu'ë fond di s* ooûr i gn' a de 1' bravisté ; 
C'est çou qui fait, c'est vraie, qui ji n' Ta nin qwitté. 
Ji fais tôt cou qui j' pous po sayi qui s' rilive, 
I fît qui j' tûse on pau qui noste èfant s'acclive. 

Scène II. 

JOSEPH et FIFINE. 

{Jôuph inuûre avou on bot.) 

J6sB?H (grusinant.) 

L'amour, ce Dieu pro&ne, 
J*a Yolou bâhl Maîanne. 
Maîanne n*a nin volou, 
Tou tou tOQ tou tou tou toa tou. 

Av' apontt m' sâro. 

FiFINE. 

I pind là d'Ié rârmft. 
Et n'el displeuttz nin. 

JOSEPH {mettant s'sdro.) 

Vos savez qu' ji n' pous ma. 

FnriNE. 

Vos n' dimeurez nin tard. 

JOSEPH. 

Tôt à pus 'n' dimëie heure, 
Ji pous l'acertiner, on n' fret wère di wageure. 



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- 91 - 

Adon, r coq da Lorint, c'est-st-on coq di hatraiy 
Et r menne so deux volèie U traw'ret s^ laid busai. 

FiFINB. 

Ni v's y flylz nin irope. 

Allans, taise-tu, groumotte. 
A mi p'tit flori bleu n*a-je nin fait mette des botte ? 
PPa-t'i nin stu fauré, can'dozé tôt Thiviér ? 
Adon po passer s* mowe, ji la mettou âx viir, 

FlFDfB. 

Mains qu'est-ce qui ça vout dire? les aute fet bin pareie; 
Pinsez-v' qui n'aie qui vos, qui k'nohe les truc de l' treie. 
Et d'aieurs po fer batte des pauves coq comme coula,] 
Vos n*e8tez pus ine homme, vos n'estez qu'on bourria. 

JÔSKPH. 

Les rôie, les empereur, ce po 'n' cbichèie », quéques patârd, 
Fet k'hacbî bin sovint co meie et meie sodàrd. 

FiriN£. 

Pa ji n'a mâie raison ; on direut, à v's ètinde, 

Qui ji v' donne des conseie po k'maht l' bonne ètinde. 

JÔSBPB. 

Pa dèr creure. Saint Mathy, vormint on finih'reut; 
Ga c'est tofér ainsi, qwand j' sàie mi flori bleu. 
Et d'aieurs, ji n'a nin mèsahe di vos conseie; 
Est-ce qui m' flori n'est nin l' pruml coq de V chàsseie ? 
Vos m' frez-st-on joû màv'Ier. 

FVINB. 

Vos m'bouh'rez po fini ! 

JÔSBPH. 

Ji n' l'a co m&ie pinsé. Ji nt vôreus nia Vni. 



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- 92 - 

FlPDIE. 

Profitez d' mes conseie. 

JÔSKPB. 

Des conseie di bouhalle! 
£t c'est bon qui fàt bin mette ine chandelle ft diale! 

FlFlNE. 

Nos n*irans nin pus louf?, ca vocial les gros mot ; 
Lèytz-m* portant co v* dire qui vos paierez 11 scot. 

JdSBPH. 

Po sayt di v' fer taire ji sëreus màladrette, 
C'est comme si ji préchive li bin a 'ii' cftiarrette. 

FlFINB. 

Vola treus an, Jôsepb, qwand c'est qu'on s'a marié, 
Aveut-i d'vins l' chàsseie on manège pus nosé ? 
Nos nos ètindls bin. 

JOSEPH. 

Oh! po coula c'est vraie. 

FlFlNB. 

On viquéve aheiemint ; hoûie li sftce est gatèie. 

FiFINE. 

Hoûie qwand j' vas-st-è T pavëie, po porminer l'èfant, 
Totes les gins m' rilouket, et coula tôt riant. 

JOSEPH. 

C'est des sottes ideie. 

FlFlHE. 

C'est pasqu'ft cabaret, so V timps qu' Honcheu s'amuse 
A beure, ji sos tofér è i'couleie sins 'n' bianmuse, 
Lèytz-là r colëbreie, les coq» li cabaret. 



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— 98 — 

JÔSKPH. 

Prindez patiioce, nosse dame, et tôt çoula cangeret. 

On r'veut todis l' bai timps, qu' accourt après Torège ; 

Mains jftsaQs hi* gotte d'aute choi, ji n'aiame nia vos ram'tëge. 

FlFIME. 

Ji ses bin cou qui v' màque; c'est des censé qui v' i&reut ; 
I fàreut po 'nn' aveur ossi qui j' les bappreus. 

JOSEPH. 

Vos d'vez-st-aveur ine bouse qui vos mettez-st-è cresse ; 
Mi, j'enn' a wagi but et ji n'a pus qu' cinq pesse. 

FiriMB. 

Mains des censé, fré Joseph, vos 'nnè wangntz si pau 
Qui f&reul l's aller prinde so Tclokl di Saint Pau. 

JÔSVH. 

Jan don, ml p'tite Fiflne, vos estez binamëie; 
Vos n' mi rèfus'rez nin. 

FlFINB. 

Pajisostotepftmèie! 
C'est po r maisse di mohonne, qui j'a wârdé qwinze franc ; 
I n'a co deux treus censé po fer V sope à l'èfant. 

JOSEPH. 

Pa ji v*s el zë rindret. 

FinNB. 
Kimint ? 

JÔSBPH. 

Les que message ! 
Mains mi p'tit flori bleu, c'est-st-on coq d'ahorège 
Vigreux comme ine bisawe, et qui sél bin pitter; 
Li ci dâ vtx Loriiit âret V busai trawé; 
Ji finihe di v's el dire. 



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94 



FinNE. 
Si vos n' vis fez nin balle! 

JOSEPH. 

Lorint a rach'ié s' coq à vtx Baiwir, so V Batte. 
G'est-st-on mâva tourneu. 

FmMB. 
Vos fez comme les èfant. .. 
JOSEPH {qu' est'St'évùie drovkr H ridans,) 
Jan, ji vas prinde les pesse qui sont cial è ridans. 

FifINB. 

Lèylz-là li d'meie franc, ji creus qui c' n'est rin d' irope, 
I m'el i^ret torate à p'iit ; ji deus fer V sope. 

JOSEPH. 

Jan, haie, Iey!z-m' el prinde ; vos m'avez déjà dit 
Qu'à cabaret jamâie ji n' divéve fer crédit. 
Ainsi ji n'el fret nin. 

FlPINB. 

I n' fàt nin fer des dette. 
Avou quoi fret-je li sope à p'tit ? 

JOSEPH (mettant tôt è s' poche.) 

Dinnez-It 'n' lette. 

{On ètind Jacquet, divins les couliae^ qui chante.) 

Mon lit, mon lit, mon pauvre lit 
Mon lit solitaire. 
De célibataire, etc. 

FiFINE. 

Olez-v' là qui qui vint ? vosse mâheulé k'pagnon, 
Li ci qui mèritreut qui j' It spougn'treus s* grognon. 

JOSEPH. 

CVst r prumi des coq'lt qui n'aie cial avâ V rowe, 
El los les coq qui l'a sont d*ine sôre riquoirowe. 



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- 95 — 

FlFINB. 

Qu'est-ce qui coula vout dire ? 

Scène III. 

JACQUES, JOSEPH et FIFINE. 

Jacques (paiteanbot.) 

On entre sans frapper. 

FlFlNE. 

Et r pièce di s' corrègl, ji creus qu' c'est todis per. 

JOSEPH. 

Bioamé Saint Matby, quel hureux caractère! 

Sûr qui ji n' kinobe wère on pus foukeure so V terre. 

Jacques. 
Oui, moi je suis toujours joîeux comme un plsson, 
Ji n'ainme que les batte de coq et la belle cbanson. 

Couplet. 
(Air : Je vais bientùt quitter Vempire.) 

Que Youlez-vous, j*ainme la jdie, 

Je chanie comme les canari, 

Je suis né dans la porte aux oie, 

Au d'vanl de derrière les Potl. 

f>e lemps en temps je m' lais macasse, 

Je passe des pipe au cabaret. 

Qwand j'ai des œuf je les fricasse. 

Qwand n' n*âret pus, ji m*è passYet. (bis.) 

JOSEPH. 

Potince ! 

Jacques. 
Vive Tamour et les pommes de terre! 

FlFINB. 

Vos v'nez quoiri Joseph ; seppez qui j' n'y tins wère. 



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- 96 - 

Jagqubs. 

Madame, vous faites la mouwe et vous dev*nez toute rouge; 
Cest qui gn'a s&r encore une mohe dans l'ourlouge. 

FlFlNE. 

Vos avez bin aheie d*esse tos les joû joieux. 

Vos p'titsèfant qu' ont faim balzinet tôt chaipieux. 

Vosse feumme po mette ë s* cou n*a qu'on p'iit hoquet d' cotte» 

Et vos èfant rôlet avft V rowe à clicotte. 

Pa vos d*vrlz esse honteux. 

Jacqobs. 
On n* n'a ni pus ni mons. 

(il J⧀ph.) 

Eco per qu* les priesse ti feumme fait des siermon; 
Torate è m' hache &x cinde elle va herrer s' narenne. 
Si yesteus ti, Joseph, ji flah'reus so si screnne 
Et ji n' ti comprinds nin de V leyt groumt tant, 
Et si r menne fève pareie, j'el touw'reus-st à mitan. 

FiriiŒ. 

Vosse pauve feumme souftrihe tant! 

Jacques. 

Ha frique, c'est hio damftche ! 

FlPINE* 

On dirent à Y veyt qu' c'est-st-ine graweuse di hftche, 
Li feumme d'on lècheu d* baie. 

Jacques {si màvUant.) 

Si ji n* mi rat'néve nin! 

JdSEPH. 

Fifine, j*espère ii c'ste heure qui vos n' direz pus lin. 



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- 97 — 

Jacques. 
T'âs bin raison, Joseph ; fais-It clore si clapette. 
Pa ji n'a mâie vèyou li pus hagnante chaiTetie ! 
Enn' allans-je ? 

JOSEPH (à Jacques.) 

Fré Jacques, ni t' chose nin po coula. 
Jacques. 
Awet, jo nos 'nn* irans. 

(A Fifine,) 

Mains vos, vos estez-là. 

(Mostram «* manche.) 

Couplet. 

(Air : Les sardines.) 

Allons, bisons èvdie, 
Essayons le beau bleu ; 
Je suis tout à la joie, 
Jî k'mince a-z-avu seu. 
Vive li plaisir de V Ireie, 
Coula m' fait tresseyî 
Vive li verre et 1* botele. 
Hoorrah po les coqMi. 

{En avant pour la trie.) 

Scène IV. 

FiFiNE {iote seule et abatowe^ assiowe adulez V banse,) 

Et voIà COU qu*el piède ; c'est cisse mâle kipagneie 
Qui habite, qui rasquôie, divins tos les jeu d' baie. 
I n* savet pus comprinde qui po esse aoureux 
I n'a co rin qui passe de rotter V dreut des jeu. 
De 1' Teumme, di leus èfant, colèbeu, is n'ont d'keure, 
Is n'ont pus qu'on plaisir : c'est les coq, les wageure. 
Awet, po v' dire li vraie, ji k'mince à 'nn' avu m' sau 
D'esse lodis mâltraiteie, de 1' veie tos les joû sau. 



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- 98 - 

Avou totes ces manlre, i m' rind r veie bin atnére ; 
Si coula deare co mâie, j*ennè riret d'iez m' mère. 
Ji keusVet po les gins, joù et nute j'oureuret, 
Ça m' frel rouvî mes pône, lot-z-ovrant ji chanlret. 

(Annoïeu^mint.) 

Et j'acIivVet mi ëfant, avou co&r et dreuteure, 
Tôt It fant de V morale so les jeu, les wftgeure. 
Si ci n'esteut nia lu. qui m'a rat'nou po V fer, 
Volk, m* sonle-t-i, longtimps qui ji Târeus qwillé. 
Mains vola, bin sovint el prind divins ses bresse. 
Es deux treus heure à long, i It fait des caresse. 
Sesoùie si mouiet d' lame divins ces bons moumint, 
C'est cou qui m' fait pinser qu' l'a co des sintumint. 
Et màgié qu'avou lu, bin sovint, ji m*annôie, 
Ji n' piëde nin co Fespoir de 1' ravu so bonne voie. 

Scène V. 

MONCHEU BOVY, FIFINE. 
Bo?Y. 
Bonjou savez, nosse dame, bonjou, kimint v' va-t-i ? 

FiFIME. 

Ji m* poite on w' sâreut mi, Moncbeu Bovy, merci. 

BovY. 

Voste homme, sûr, n'est nin cial ; amon Houbert on batte. 
Ci n'est nin lu qu* pout ma de lëyî passer 'n' batte 
bins qu'n'yseûie. 

PiFiNE (anncîeuae,) 
Oh ! Honcheu ! 
Bovy. 

Ji n' vis ennë voux nin, 
On fait chaskeune à s' gosse, et vos n'è pollez rin. 



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- 99 - 

Mains vos avez l'air drôle, qu'est-ce qui coula vout dire, 
Vos qu esleus,*divins i' timps, po 'n' chichèie prête & rire ? 
Vos avez des chagrin ; âreut-l-i 'n' mâle aweure 
Qu'âreui passer por cial, qui v's estez d' mâle houmeure ? 

FlFIME. 

Nenni ji sos dVingeie 

BOVY. 

Vos riez d' mi, ji creus. 
Dihez qui c'est voste homme, avou ses coq, si^s jeux. 
Qui v*fait todis de V pône, et qui v's estez d^olèie. 
I fàt bin qui jVl deie, c'est st-on trim*ieu, 'n' saulèie. 

FiFiKE (si levant, mdle). 
Ji n' voux nin qu' vos 1* blamése, Moncheu Bovy. 

BovY. 

C'est ça, 
Jan ni v's ëoairiz nin tôt comme on houp ta ta. 

FiFINB. 

C'est qu' ji n' voux nin qu'on deie... 

Bovy. 

C'est vosse dreut, rivinglz-r ; 
Coula ni m' rigarde nin, ji n' mi fret nin de l' bile. 
Ji voléve seul'mint dire qu*i s' divreut corègl, 
Et ci sèreut à vos, mi sonle-t-i, de sayî. 

FlFlNB. 

J 'a fait çou qu'j'a polou. 

Bovy. 

Ji ses qu' c'est mâlaheie 
De fer cangî d'en côp les pratique di jeu d' beie. 
Ca ji comprinds foirt bin qui si vos v' chagrinez, 
Ci n'est qu' de i' colèbreie qui vos oyez parler. 
Mi coula n* m'Ireut nin d'oyt lote ine journëie : 
Li flori da Lamoite fait des belles voiëie. 



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- 100 - 

Li p'tit bleu da Hencheor est-st-on coq qu' est nerveu, 
Li grand roge da Pidbouf a tourné d'on côp d' feu ; 
Li flori da Lakaie est-st-oo coq d'ahorëge, 
Divins li diërainne batte il a r'çu l'côp d* touëge; 
Li tourneu da Neure Tiesse pitte lofer è fahin» 
Li macralle da Collard à c'ste heure ni vât pus rin ; 
Mi coq est bin à patte, ou bin il est plein d'nièr, 
I va tofer àx pôie, et j'el va mette à viér; 
Li grand bleu da Lejeune est-st-on coq di hatrai. 
Et qui s* lait tofer prinde â bêche comme ft busai. 
Vola çou qu'on ètind d'à matin jusqu'à 1* nute, 
Pa ji n' voreus nin esse ë vosse pai po *n' minute. 

FiFINE. 

Enfin, Moncbeu Bovy, qu'est-ce qui mi j'ennë poux, 
J'a sayt bin sovint, mains ji n^a mftie polou. 

BOVY. 

Adon vëyez-v', ji k'mince à 'nn' avu cint cherrëie. 
Vos savez qu* di m' payt dëjà l' date est passëie. 
Ji n* sàreus pus rattinde. 

FiFHŒ. 

Et l'ovrège va si ma, 
C*eststà pône s' on tiouvVeui ine veie crosse es Târmâ. 

BovY. 

Et vosie homme, di coula ji creus qu'i n'a pus d'keure» 
Ca c'est, po v' dire li vraie, on wand'leux, on foukeure, 
Qui n'finih'retmâiebin. 

FiFiNE {anuoteus'mint,) 

Taihîz-v', Moncheu Bovy. 
Ji fret çou qu' ji pôret, po qui v' sëysse payî. 
Raitindez jusqu'à d'inain, ei ji poux v*â el promeue. 



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101 



Bory. 

Ji n lins wëre à rattinde, et vos meube à V baguette 
Si viodront so V marchl. 

FlFINB. 

Mon Diu, c'est li déshonneur ! 
Moncbeu Bovy, pardon Ji v'pâieret tôt à c*ste beure, 
Qwand i sëret riv'nou. 

BOVY. 

Vos payerez-st-avou Y croie, 
Il est grand timps portant qui v' rabaitése ine rôie. 

FlPINB. 

Crèyez-m', Moncbeu Bovy, ji fret çou qu* ji pôret ; 
Qwand Joseph sëret cial, j*el promette, ji v' payeret. 

BOVT. 

Vola déjà longtimps j'a-st-appris ii v' rik'nobe. 
Et si ji ai' feie à vos, ji m' raspôie so 'a* m&ie cohe. 

Couplet. 

(Air : Lei anguilkê et les jeunet filles») 

Les manège wlsse qa*on colèbeie 

X\ seront jamâle aoareux, 

Les coq*lt comme les joaweu d* beie 

Sûr seront lodis malbûreax. 

Si r manège est mainme è V misère, 

A colèbeu qu'est-ce qai çi fait? 

Po wagi vindreut 1* cotte di s* mère {bU) 

Et tou'reut V piou po-z-avn V pal. 

FlFlNE. 

Si vos savfz comprinde, Moncbeu, les pône qui j'a. 

Bovy. 
Ji ses bin les coaiprinde, noains j* deus mette on rat'na. 



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— 102 - 

FiFINB. 

Ji n'a Fait nou pèchi ; à c'ste heure c'est mi qui paye 
Tos les pèch! d'ine aule, qwand ji d'vreus-st-avu V paye. 

BOVY. 

Jacques et voste homme mi d'vet et j'a bel à préchi ; 
Divins mes locataire, ji n*a qu' leu deux d' coq'li. 
Ji fret vinde tos les meube. 

FlFlNB. 

Ah! Moncbeu ! c*est-st-à preume 
Qui rottret so V mâle voie ! vos frez mori s* pauve Feumme, 
Qu'a déjà tant d' misère. 

BOVY. 

Ji n' rivinret nin d'sus ; 
Ji v' rinds on grand siervice, à leie, à vos, & lu. 

FlFINB. 

Vos estez bin trop bon, et li cîr vis freut blâme, 

Si vos n* Sdyahiz niii, qwand v' pollez, d' souwer 'n* làme. 

BOVY. 

{A pdrL) 

Pa j' SOS tôt stoumaqué, 

(À Fifine.) 

Gial ji r'viiirel lotlis 
Po vëyl si torate vos a' m*avez nin minli. 

(/ sorte.) 

Scène VI. 

Fifine (tote seule,) 
(Air : Madame Garcin.) 
Bon Diu ! vos qu* aide les p*iits èfanl sins mère. 
Vos qui veûiaie todift so Torphilin, 
AIdîz-m' on pau, ca j'a l' veie bin amére; 
Mi cour bro! est lot nèyi d' rbaj^rin. 
Appoinez don à m* pauve âme disolèie 
On pau des bin, mosirez-m' don vosse bonté. 
Dinez-m' li foice, ji sèret consolèie. 
Vos avez bin des joie po V pauvrilé. 



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- 103 - 

Pauve jojo, pauve p'tii, c^est des ronlie et des spenne 
Qui v' irouvVez so vosse voie, è 1* pièce di Tftrdispenne. 
Ci n* sëret qu' des sofTrance qui v' trouv'rez-st-à chaque pas. 
Bon Diu ! dinnoz It V Toice de suppoirter coula. 
Vosdoirmez, vos riez, bin pâiiûleè vosse banse, 
So V timps qu* vosse père, mutoi. kitape nos quéquës censé. 
S'il a inùie pierdou tôt, qu*eât-ca qui ji vas div'ni, 
Et qwand Bovy vinret, ji n' wois'ret nin moti. 

{Elle i&rU et prind refont aveu leie.) 

Scène VII. 

JOSEPH et JACQUES {sont k'pagnUé ; û t' linet po P bresse.) 
JÔSKPH et Jacques (essonle.) 
Nos estans ë bot, quoi ! 

JOSEPH. 

J*a bin mft tourné, Jacques. 
Vola déjà deux côp portant qui V flamint mftque 
D'ennë raller rognî, avou s' coq ahorré ; 
Ji n^y poux rin comprinde ! li nienne qu'estent fauré 
Etqu*alléve tant &\ poie, qu'esteut si bin à patte» 
Qui j'âreus wagi m' tiesse divins tôt V mainme quelle balte ! 
Qwand h V deuzaïnme volëie mi flori pitta co, 
Ji n'àreus màie pinsé qu' Faute âreut pris li d'zo. 
I ramasséve si bin è f&hin, à 1* volëie. 
Qui ji m' louke co tôt biesse. 

Jacques. 

Voià co 'n' belle journëie ! 
Et mi pTit cassé bêche, n'aveut i nin bin stu ? 
Po k'minci ji wagea 'n* dxhainne di pesse sor lu. 
J*enn' àreus mettou vingt, si j'els euhe avou prête, 
I m' sonnéve qu'enn' ikreut sorti foû, sins 'n* seule grëie. 



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— 104 ~ 

Mains li roge da Lorinl rescoula sins hanst, 
Etqwand li menne alla po V fer piller di drî, 
L'aule ni s' rilrovéve pus, qwand don côp, dial m^arëge. 
Mi marné cassé bêche riçuva V côp d' louège. 



A c'sle heure comme des c1& d' keuve vo nos là co r'netii. 
Jacques (qui r'toûnesi pôrt-manôie.) 

II n'y a plus personne Je suis encore rognî. 

El pour monler la garde, pas mainme ine sentinelle, 

Il faudra bien mainl'nant retourner auprès d'elle. 

A propos, fré Joseph, ti n' ti lairei nin fer 

Di t' laide macralle di feumme, s' elle ti vout qu* hustiner. 

Ga divins tôt t* manège, c'est leie qui mette li pesse. 

JOSEPH. 

Oh ! vos r comprindez ma. 

Jacques. 

G'est-st-ine coihante qwatte pesse. 
Et ji t'el conseie foin, riprinds raf mint s' parti ! 
Li et qu' payeret li scot, ci n'est noi aute qui ti. 
C'est qu'avou s' linwe d'aspic elle ti monne à l' baguette, 
Adon cial è t' manège ti n' compte qui po 'n' baguette. 
Si c'estahe màie li menne qui m'ennè freut-st-ottant, 
Ti poux bin y compter, j'el silronne à milan. 
Je la prends par le col, pour lui lourcher V buseau, 
Comme on fait aux colon. 

JOSEPH. 

C'est pasqui v's estez sau 
Qui vos pârlez-st-ainsi. Mi feumme est binamèie ; 
Jan, Jacques, n'è pârlans pus, ca coula m'ginne, c'est vraie. 

Jacques. 

Jan jan, baie, camarade, nos 'une pârolYans pus ; 
Vosse feumme, èdon valet, c'est sûr l'âgne dâ bon Diu. 



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— 405 - 

Rijàsans di nos coq : i fàt qu* nos les r'sayanse ; 
Si n's avans stu petté, c'est-st-on côp d'atoumance, 
Et ca n'arrivret pus. Dis don, Gôlas Phllippârt, 
Qu'aveut wagt so V menne, a pierdou ses patârd. 

JOSEPH. 

Hoûte bin, camarade Jacques, nos coq div*ntl halcrosse, 
Etti l'as bin vèyou. 

Jacques. 

Oh ! ci n'est qu' fleur di rosse, 
Et portant, m&grétot, mi j'aveusfoirt bai jeu, 
Pusqui ji vèyéve rire quâs! los les wâgeu. 
Li menne pitta-sl-on côp, co pus deur qu'on côp d' séle, 
Mains Taute Ta si d'meie tour, el s' rimetia d'zos l'éle. 
Miy rin ni m* réussihe ; ji ses toi plein d' guignon. 

JOSEPH. 

Mi ji SOS bin pareie ! 

Jacques. 

Mi père aveut raison 
De m' dire : avou les coq, qwand on wangne mainme, on pielte. 

JOSEPH. 

Nos les ràrans todis. 

Jacques. 

I fât qui j*el rèpette; 
Ji vas fer faurer m' roge, ca ji ses qu'il est bon, 
Ji vas trover Lagasse, qu*esl-sl-ad'lez Y vîx Bârlion, 
Pasqui ji voux qui seuye rijondou po dimègne, 
I fât qui ji rabatte li caquet da Raikëgne. 
Mains qu'est-ce qui ti vas fer, Joseph, po passer t' limps? 
Nos sôrtirans-st-essonne. 

JOSEPH. 

Nenni, ji n'y tins nin. 
Ji vas bin pahurmint, po fini cisse journèie, 
Prinde roi pipe et m* châffer cial, è V coinne de l' coulèie. 
Adon j' n'a pus noUe censé ! 



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- 106 - 

Jacques. 

Ji vas d'mander deux franc 
A m' feumme et ji l* jeure bin qui nos nos amus'rans. 

Couplet. 

(Air : Les feumnCreie.) 

I n* fât nin (i fer ma d* liesse, 

Si nos avans stu r*netti; 

Nos avans des aatès biesse 

Qai nos les front bin r'wangni. 

Jamâie ji n* mi chagrinaie, 

A quoi don qu* coula cbèvreut? 

On s*éware d*ine mâle annèie 

Po 'nn* attrapper quéqu' feie deux, {bh.) 

JOSEPH. 

Ji n' tins nin d'ènn' aller. 

Jacques. 

Vas-è, vas, 'nnocint m' coïe, 
Qwand c'est qu'on a pierdou n^ fâi-i nin qu'on s' rnmoïe ! 

Joseph. 

Et j'a pris po sorti jusqu'à V dièrain aidant ! 
Ji n'a nin lèy! 'n' censé divins I* coinne de ridan. 
Si c'estahe co sem'di, ji rinteure des fisique ! 

Jacques. 

Pa c'est l' feumme qui t' fait sogne, ca ti loune à bourrique. 
Mon cher, nous sortirons pour neyer les chagrin. 

Joseph. 

Pusqui ji t* dis co 'n' feie qu*è m' bouse ji n'a pus rin. 

Jacques. 

Je raskouilleret bien sûr à la feumme une blanque pesse, 
Que nous boirons nous deusse amon la vielle Chanchesse. 

{Fifine inuûre.) 



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- 107 — 

Scène VIII. 

FIFiNE, JACQUES el JOSEPH. 

JOSEPH. 

Ab ! oh ! Vocial Fiflne, 

(A Fifine.) 

Allez-nos quoiri V gotte. 

FlFWE. 

Li gotte, mains po qui don ? 

JOSEPH. 

Sèppez qui ji n* tins gotte 
Qui vos prindésse des air, qui vos m' vinésse hagnl; 
Et d'aîeurs ft matin, c'est vos qui m'a sègnt. 
AUésse nos quoiri V gotte, et ni halquinez wère. 

Fifine. 
Après toi, po qui V gotte ? 

JOSEPH. 

Coula, c'est mes affaire. 
Jacques. 
Mains po qui sëreut-ce don ? c'est po nos aute seurmint. 

Fifine. 
Vos 'nn' avez assez bu. 

jACQrES. 

Vola 'il* franque bosse vormir.t ! 
Ne vous Tavais-je pas dit, que c'était une qwatte pisse? 

I n' vient pas du laton hors d'un sac au chinisse. 
Et sic*étaii là mienne, quand j'aurais commandé, 

II faudrait que les verres seraient déjà vidés. 

JOSEPH. 

Ainsi, vos ii' volez nin aller quoiri V boteie ? 



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- 108 - 

FlFINE. 

Kenni, po deux raison. Volez-v' qui jî v's el deie? 
Vos *nn' avez d'jà bu trope et vos fez des caquet; 
Adon puis, fât qu'on aie des censé po de pëket ! 

Jacques. 

Tout comme un avocat, mon cher, elle parole. 

FlFlNE. 

D*abord à vosse perrique ji n* voux nin mette ine crolle. 

Jacques. 
Esst-st-elle franque, Saint-Mathy ! 

FiFINE. 

Vos, vos frjz baicôp mîx 
I)i v' meller d' vosse manège, qui de v'ni cial gueuyi. 
Vos n'estez qu'on foukeure, vos n'estez qu'ine halennp, 
AchHez V cotte à vosse feumme, ach'tez-lt des botkenne. 
Rimousstz vos èrant, qu'ennè vont sins sole. 

(Elle sorte toumàle) 
JOSEPH. 

Oh ! po c* côp cial, Fiflne, vos m'allez fer mâv'ler. 

Scène IX. 

JOSEPH et JACQUES. 

Jacques. 

Mon cher, vois-tu, ta femme est une clapante tiestuwc, 
Si j'avais la pareille, je crois que je la tuwe. 

JOSEPH. 

Elle n*est nin si méchante ; adon vola çou qu' c'est, 
On n' sdreut peignî l' diale qwsind i n'a nin des ch'vet. 



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— 109 - 

Jacques. 

Les paroquel dans'rii s*on m* fahe mâie ine sifaite, 
C'est que moi j'ai les chVeux qui sont près de ma tâ(e. 

JOSEPH. 

Jacques, on n' waogne lin à s' batte, et qwand on a k'minct, 

A totes les heure de joû i f&reut rik'mincî. 

I fki bin 'nnë conv'ai, mains divins les manège 

Wisse qu*on fait des disdu, wisse qu'on monne di Tarège, 

G'est'St-à case bin sovint qu'on vout esse trop tiestou. 

Et qui n'a nouque des deux qu' blassaie po rin du tout. 

Jacques. 

Mon cher Joseph, vois- tu, tu n'es qu'un grand moflasse, 

Et dans les coq'liers, on dit qu' t' es un bonasse. 

Et on a bin raison pusqui ti t' lais miner 

Po rbèchette de 1' narenne. Ëvôie lu porminer. 

JOSEPH. 

Jacques, coula finihVet. A c'ste heure, ji l'el promette. 

Jacqurs. 

I n' fât nin cbippoter ; c'est l' pèchon qu'on It mette. 
Mon cher, tappez-là d'dans, i fâret l'sitroukt, 
Elle ni d'vinret d'adreut qui qwand v* Tarez splinkf. 
Allons, mon cher Joseph, ji rid'vins co tournisse, 
Ji m'ennè r'vas près d' Barre, tôt près di m' vtx chinisse. 
Ji m' vas Ter fer l' café po m' rimettô on ptit pau. 
Et qwand ji l'âret bu, ji vinret cial so l' côp ; 
Nos irans fer 'n' tournèie. 

JOSEPH. 

Jan, pusqui vos i' voliez. 
Et ji t' vas rattinde cial, ji i' vas lèyt 'nn' aller. 



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- 110 — 

Jacques {qui chaule.) 

hjins les sentiers remplis d'ivresse, 
Marchons ensemble à petits pas. 
Je veux t*offrir, oh ! ma maîtresse, 
Le premier bouquet de lilas. 

JOSEPH. 

Saylzdè roUer dre it, qui les èfant n* brèyesse. 

Jacques. 

Mon cher, li ci qu' braireul ftreul sûr on côo d' tiesse. 
I n*d mâie iioukA qui m'aie fait pisser po conard, 
D'aieurs ji sos l'cusin da Jean Louis Bernard, 
Li pus crâne di Jus-d'ià. Joseph, jusqu'à torate. 

(// tôrte.) 
JOSEPH. 

Awet, ji v' vas rattinde. 

(d pnblie,) 

Mains qui n' si faisse nin batte. 
Scène X. 

JOSEPH {s^assîl et s' mette à tûser.) 

J'aveus portant pinsé qu' i*aute âi*eut stu couqul. 

Qwand fouriliit è V treie ji m' pinséve bin wangnî, 

Ca m* pauve flori piltéve et féve-t-i des volëie 

Comme ènn' aveut miie fait ; c'est- st-ine dt^ole di journëie, 

Mains l'auie piltéve di d*zos, il estent tôt plein d' feu, 

Ji n*a co miie vèyou nou coq pitter si rend. 

C'est qu' ça d'véve esse ainsi ; ma foi, ji m'è raffeie, 

De polleur risayt mi grand roge ine aute feie. 

I fît qui ji m* risâye ca ji sëreus blâmé, 

El d'vins tos les coq'lî ji sëreus couïonné. 



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— m — 

Scène XI. 

JOSEPH et FIFINE. 

(So /' timpt qui Joseph jâse^ elle est-it-èvôie prêt dé V bnnse à gauche.) 

FiFiNE (chante, elle rimette Vèfant è V hanse,) 

Doirmez, doirmez, mi binamé, 

Paave pitit cinl meie, 

D'on pesant sommeie. 

Vos qu' J'ainme, nannez, nann -z, nannez, 

Edoirmez-v' don, mi binamé. 

JOSEPH. 

Av' aponll Y diner ? 

FlFlNE. 

Nenni. 

JÔSBFH. 

C'est simpe à dire. 

FiFINB. 

C'est si simpe qui çouIa. 

JOSEPH. 

C'est po fer des manîre, 
Ou c'est po ûou'ionner qui vos jâsez ainsi. 

FiFlKB. 

Ji n'couionne nin du tout, c*est tôt comme ji v's el dit. 
Vos d'vrtz esse ripahou pusqui v' riv'nez de V ii eie; 
Vos l's avez vèyou batte et v's avez bu des d'meie, 
Et mi j'a mainme oyou brutiner bin sovint 
Qui wisse qui T pèket va, ii bolgi n'y va nin. 

JÔStPH. 

Jan, ni mMez nin mâv'Ier ; lèyîz vos couionnâJe, 
1 deut avu ^n'crompire et treus Toie di salade. 



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— 112 — 

FlPINB. 

Ji sorte foû d'mon Tatenne ; savez-v' çou qu'elle m'a dit ? 
Qui i' compte esteut trop haut, qu'elle ni Téve pus crédit. 
Elle m'a mainme dit : S' j*aveus tolès s' faiiëd pratiqne, 
îi n'dimeure nin qwinze joû sins d'veur serrer m' bottique. 

JOSEPH. 

Kimint» vos fez crédit et vos n' m'el dihîz nin ! 

FiFINB. 

A quoi ça cbëvreut-i? vos n'avez d'keure di rin. 
Enfin vola TafTaire, pusqui Tât bin v's el dire ; 
On m'a r'fusé torate on d'meie kilo d' crompire 
Etcpaifallévetifer? 

JOSEPH. 

Prinde des censé avou vos. 

FiFINR. 

Mains prinde tes quelles censé si vos avez pris tôt ? 

JOSEPH. 

Portant sem'di passé ji v's a rindou cinq pesse. 

FiFINE. 

J'a ristoppé des trô et vos avez pris l' resse. 

JOSEPH. 

J'i n'a m&ie li dièrainne, cial ji n'a mâie raison, 
Ji finih'ret par creure qui v' n'estez qu'on poison. 
So r timps qu' cial ë l' coulëie bin sovint ji m'annôie, 
Mes camarade ont d' Tôr divins leu pôrt-mannôie. 

FiFINE. 

Sûr qui vos camarade sont suvou de bonheur, 

Ou bin c'est qui sont riche ou c'est des francs voleur. 

JOSEPH. 

Ou c'est qu'is ont des feummc qui savet s'arringt, 
Qui n' lëyet nin comme vos leu manëge négligt. 



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— 113 — 

{Brokant éTnu.) 

Ça n' deurret pus longtîmps, ji v' vas d'ner 'n' bonne volèie, 
Vos v's ennè sovinrez ! 

FiFiNB (qui toune àtou de V chamhe) 

À secours ! 

JÔSBPH. 

Affrontëie ! 
Àh ! ah ! vos volez braire po rassonller les gins. 

FlFINE. 

Ah ! vos m' voilez boubl ! J'el jeure, vos n'el frez nin. 
Hoûie j'ennè vas foû d' cial. 

JOSEPH. 

Allez, rottezy nosse dame ! 
Allésse dire qui ji v* batte, avou vosse gève à flamme ; 
Et si v* pinsez m' fer pône, vos v' trompez bin, ji creus, 
Et ji v' fret bin vèyt qui ji fret bin tôt seu. 

FiFINB. 

Habeie jan, qwittans nos, mains n' fans pus nou messëge; 
I m' sonle qui nos frts bin de partègt V manège. 

JOSEPH. 

Et ni cbipotans nin, ji n' mi voux pus mftv'ler ; 
Nos allans fer les part, et vos porez 'nn' aller. 

FiFINE. 

Giette fans so V côp les part ; mains coula c'est d* vosse fâte, 
Ta todis stu trop bonne, à c'ste heure vos fez l'ingrâle. 
Vos n* savez, avou l' jeu, so quelle pinte qui v' cherrîz, 
C'est les poite de l' prihon qu' bin vite vis vont mann'ct. 
Qwand on est so V mâle voie, rin ni pout mette astàge 
Et l'neur prihon por vos si drouvret tote à lâge. 

JOSEPH. 

Taihlz-v*. 
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FlFlNB. 



Oh ! di m' fer taire vos n'avez pus iiou dreut ; 

Si ji v' dis co ç )ula c'est po v'Ier chèrrî dreut, 

C'est po qui vos piasésse à çou qu'cial ji v* rikmande ; 

C'est m' cour di feummie, di mère, à c'ste iieure qui m'el kimande. 

JOSEPH. 

Taihlz-v', vis dis-je co 'n* feie. 

FiFiNE {elle apprestaie les meube po fer les part,) 

C'est bon, Joseph, ji m' tais. 
Kiminçans don, h c'ste hnure, p&rtageaas tôt à fait. 

JOSEPH. 

Qui tôt çouià finthe, ca vos div'nez haîâve, 
Et ni breyans niu reud po rënerci Tvin&ve. 

FiriNE. 

Mains vos, ni breyez nin. 

JOSEPH. 

Hi, ji n' poux inâ de V fer. 
Jan h&ie, qu'on faisse les part et qu'on n' n'ôhe pus parler. 
Qui prindret-je po k'oiiact ? 

FiFiNE {prind ses chèîre,) 

Pusqni n'a six chèïre, 
Prindans 'nnè chaskeune ireus. 

JOSEPH {qui mette si pari di s'costé.) 

J'alléve justumint l'dire! 

FlFlNE. 

Comme i n'a qu'ine arma, qu'est-ce qui nos ailans fer? 

JOSEPH. 

Si ji prindéve li t&ve? 



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— us — 

FlFINE. 

C*esi tôt cotnine vos Tvollez; 
A c'sle heure, vola li stouve avou lotes les ahesse. 

JÔSEPU. 

Prindez-r si vos Tvollez, ji prindretrfoûme è i'plèce 
Oj bin aute choi. 

FiFINE. 

G*esl bon, mi ji prindret i'pureu, 
Li marmite à Fbouèie, les cul, rflér di ligueu. 

JOSEPH. 

Qu'est-ce qui j'prindreus go bin? 

FiFINE. 

Les cossin, li payasse, 
Li veie coqu'màr di keuve avou deux ou treus tai^se. 
Ji prinds V flér 5 ristinde, les casseroile et les eut, 
Ga c'est lotès ahesse qui sûr vis èhalitt. 
Vos prindrez vos deux bot, vosse banc et vos usti-ie, 

(Aspayant.) 

Et VOS usleie surtout. 

JOSEPH. 

Oh ! qu'a-je keure çou qu* li deie ! 

FiFINE. 

Vos prindrez co l'ourloge, elle (octaie tôt doucemini. 
Vos comptrez vos minute et vos heure d'annôiemint; 
Et qwand c'est qui d'vins 'n' batte vosse boùse seret vudeie, 
Po 'a* gotte vis dislaht, vos loukrez les aweie 
Qui rôtiront tôt doucemint. 

JOSEPH. 

Est-ce qui c' seret vite tôt ? 
Ou toralte li bazar seret cou d'zeur cou d'zos ! 



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- H6 ~ 

FiFINE. 

Les linçou, les cofleu, enfin tote li litreie, 
Nos partagerans bin lot, vos 'nnë prindrez Y moiteie; 
Li chandlé, 1' bon Diu d* keuve et tos les vtx hervai, 
Nos prindrans co chaskeune li mitant d' tôt à fait. 

{Fifine astéche ine malle à mitan dé V $cène.) 

À c*ste heure, vo cial li malle, avou de 1* veie bouëie. 

(/# droviet V malle et s'agenihet onke à chaque costé.) 
JOSEPH. 

Habeie ! jan Saint Hathy, mi j'ainme qu'on s* dihombraie. 
Ghusihans chaque nos câie, c'sëret V pus court di lot. 

FlFlNB. 

Allons don, tôt doucemint! 



Si vos motihez co ! 
Fifine (sèchant-st-on paquet foû de V malle.) 
Louqutz, V* la deux drap d'main. 

JOSEPH {H prindani foû des main,) 

Dinez-m' onke, jan, habeie. 
Fifine. 
Mon Diu, comme vos groumtz. 



Est-ce qui l' malle est yudeie ? 

Fifine. 

Nenni, louqutz ci paquet cial : c*est vos deux nous ventrin ; 
Mettez les bin d' costé, fez les chervi sovint. 
Vola des court saros qui vos porez co mette. 

JOSEPH. 

Et coula T 



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~ 117 — 

FiFINE. 

C'est da meunne, c*est des veiès cornette. 
Louqutz, v'ia qwatle rideau ; liiiez, vos 'nnè là deux; 
Vocial six noret d'poche, tinez, vos 'nnè là treus ; 
VoIà co quéques hervai^ ci n'est qui des chinntreie 
Mains qui poUet chervi. 

JOSEPH. 

Fifine, â pus habeie 
AUéz-ë fo& d'mes oûie. 

Fifine. 

A c'ste heure, si vos voliez, 
J'ennè vas sins nou rgret, el ji vas qwèri m'fré 
Po v*ni baguer mes meube. 

JOSEPH. 

Songlz bin qui po hoûie 
Ji voux qu' n'aie pus rin cial, qui tôt seuye fou d'mes oûie. 

Fifine. 

Vos direz qu' j'a stu bonne, ca ji v'vas co bouter; 
Jusqu'à dièrain moumint vos serez conlinté. 
Jusqu'à toratte, Joseph! 

{EUe êârt, poirtant t'noret éTpoche à set oûie). 

Scène XII. 

Joseph {tôt seu), 

I n'a m'tiesse qui hou laie. 
Qu'est-ce qui ji vins de fer? mi feumme si binamèie, 
Ji Ta mettou foù d'cial; et qui m'aveutelle fait ? 
Vormint ji m'el dimande; mains ji sos-st-on pourçai. 
I fât vormint qu' de V veie, à c'ste heure, ji n'aie pus d'keure, 
El ji n'sos nin honteux d'avu Tait 'n' sifaite keure.... 



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- H8 - 

Leie, si bonne et si brave, leie enfin, mes amour, 

Leie qu'avou m* pauve pitit fëve totes les jôte di m* cour, 

Tant qu'elle a stu près d* mi, ji n* sintéve nolle soffrance ; 

A c'ste heure qu'elle n'est pus cial, ji sos divins 'n* telle transe 

Qui m*sonle qui j' piëde li tiesse. Si qwand elle rivinret 

Ji li dmandëve pardon ? m&ie elle ni m' pardonret. 

Ah ! ji sos tôt mouwé, ji sos honteux d' mi mainme; 

Pauve Fifine, c*est-st-à c'ste heure qui ji sins bin qu' ji l'ainme 

Et qui j'veus qu'elle mi marque. 

Scène XIII. 

JACQUES et JOSEPH. 

Jacques (avou *iCpèce di deux franc so ii oiUe.) 

Dans les sentiers remplis dlvresse 
Marchons ensemble à petits pas. 
Je veux l'offrir, oh ! ma maîtresse, 
Le premier bouquet de lilas. 

Ni Taveus-ju nin dit 
Qui ji trouvreus deux franc ? voilà le paradis 
Et nos allans p&rti ; jan, haie, y esse, veie penne ? 
I f&t qui nos allansse heure saqwantès sopenne. 

JOSEPH. 

Ji n'sés si ji deus v'sûre ! 

Jacoues. 

Est-ce qu'on t'I'a disfindou? 
Ou po c'côp là, Joseph, ti veux fer i'crâne è cou. 

JOSEPH. 

Jacques, ji n'a pus nolle feumme. 

Jacoles. 

Kimint, elle est-st-èvôie? 
Bin vas, qui u'si casse-t-elle li tiesse avâ les voie! 
Ine méchante galle ainsi, fré, ti n'as rin pierdou. 



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— H9 - 

Joseph. 

S'elle est-st-èvôie foû d'cial, c'a siu mi qu'la qwèrou. 
Vos l'veyez bin d'aieurs, nos avans fait i*pftrtëge; 
Ji It a d'né, c'est s'dreut, ii mitan de manège. 

Jacoues. 

Oh! binameie Sainte Barre, binamé Saint Lambert! 
Joseph, c'est todis toi, t'est-si-on fameux bamberi ! 
Ti li donne li mitan, t'est-st-on fameux bonasse, 
Et si ç'aveut stu mi ji n'ii euhe nin d'né'ii'tasso. 
Elle euhe pus vite avu deux ou ireus bons côp d^pld; 
On va co rire di toi divins tos les coq'It. 

JOSEPH. 

Vos âitz bin raison. 

Jacques. 

Ti feumme, c'est-st-ine dorlainne, 
El l'ci qui vout des meubo qu'enn' ach'taie à samaitinc. 
Houte mi conseie, Joseph, ni lî donne rin du tout, 
Qu'elle v&ie àx six clnt diale! 

JèSEPH. 

Ça stu mi qu'i a volou. 
Mains, Jacques, ji v'vas bouter, elle n'âret nin 'n'attècbe. 

Jacques. 
Ti poret co les vinde qwand Tbouse serët-st-à sèche. 

Scène XIV. 

FIFINE, JOSEPH et JACQUES. 
FiFiNB {à Joseph). 

Pusqui vos m'avez dit qui n' falléve nin holler, 
Mi fié m'ratiind làv&, ji sos pi été à baguer. 
Qu'est-ce qui ji d'hindreus bin ? 



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JèSKPH. 

Gial i f&t qu'on s'esplique ! 

FiFINB. 

Eco *n' feie s'espliquer ! 

Jacques. 

Veyéz-v' I quelle gève d'aspique ! 

FlFINE. 

Portant de prinde mi part, c'est-st-ine saquoi d'conv'nou. 
Si j'euhe savu çoulà ji n'areus nin riv'nou, 
Et s'on deut s'espliquer, 

(Moitrant Jdcquet) 

Qui rbai Jacques ennè vftie. 

JACOCES. 

Li qwatte passe! 

FlFINB. 

Ji n*voux nin jâser devant on si gftie. 

JOSEPH. 

Jacques est m* grand camarade et ji veux qui d'meure cial. 
Est-ce qui v's estez ginnëie T 

FlFIME. 

Ni rik'minctz nin l' bal. 
Espliquez-v' tôt doucemint ; qu'est-ce qui v's avez-st-à m' dire T 

JOSEPH. 

Après tote réflexion, ji n' vis donne nin 'n' chëïre. 

FiFINB. 

Ine feie qu'on colëbaie, on piëde tôt sintumint ; 
Çou qui conv'néve toratte tomme ë l'aiwe po V moumint. 
Di vosse bai camar&de vos boutez les conseie ; 
C'est lu qui v' mette ë l' tiesse tolës neûrës ideie. 

(Bouy eit'tt^ VpoUe qui houu.) 

Mains c' n*est nin vos qui j&se, vos n* pollez rin d' çoulà, 
Ga ci n'est qu' lu qui v' donne ces mâva conseie là ; 



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- 121 — 

C'estlu qui v' prêche rexitnpe, c*est-st-ine homme sinsconsciince; 
A v' fer cherrt foû voie il esplôie totte si sciince. 

(A Jacques,) 

Mains si dispôie longlimps vos n'avez pus d'honneur. 
Ni sèchtz nin les autes so V voie di déshonneur. 

Jacques. 

Vous parlassiez, Madame, comme une vraie armanak, 
Et vous n' m' aduzez pas en m'appelant harlak. 

FiFINE. 

Joseph, lu, n'est pout rin ; di bon cour j'el pardonne. 
C'est Jacques à c'ste heure qui fait les loi d'vins nosse mohonne; 
Wârdez bin lot, Joseph, coula v' vinret-st-à pon; 
Vo les vindrez-st-on joû po wagl 

JÔSSPH. 

Jan, c'est bon ! 

FiFINE. 

Et r joû qu' vos les vindrez, vos sârez çou qui cosse, 
Ga c' joû là m' cour, Joseph, ni sèret pus da vosse. 

Jacoues. 
Po jouer r comëdeie, c'ennë eunne qu*ftreut l' tour ! 

JOSEPH. 

Jan, baie, allez è don ; p^quoi tant des discours T 

FiFINB. 

Ji m'ennè vas, Honcheu, mains rëfant j'el va prinde ; 
Ga c'est-st*OD grand chervice qui là ji vas co v* rinde. 

JOSEPH. 

L'ëfant, n'el prîndez nin ; oh ! nenni, j'el wâdref. 
Mi ji voux qu'i d'meure cial, c'est mi qui l'accliv'ret. 

FiFfNB {allant de costé de T banse). 
Si vos pinsez Faveur, i f&t qu' nos nos battanse; 
Prindez çou qui v' convint, mains nin çou qu'est-st-ë l' banse. 



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- 152 - 

I n'àrel nin d'vaMt lu li poiirail (l'on irim'Ieu, 
Qui, si n' l'est nin à c*ste heurc% divinret-st-on moudreu. 
Kt ji n' voux nin qu'il aie on laid tàvMai d'vant Vs oûio ; 
Des trim'leu, dos buveu, on 'nnè veut bin trope tioûie. 

JÔSKPH. 

Et qu'est-ce qui vos 'nnè Trez ? 

FiFINE. 

Ine ovrt corëgeux. 
I n' Tret nin comme si père, piëde si honneur â jeu. 

Scène XV. 

BOVY, JACQUES, FIFINE. el JOSEPH. 

BOVY. 

Vola déjà 'n' minute qui j*a bon di v's ëtinde. 
Poquoi qui j'sos v'nou cial ji v's el vas fer comprinde. 
Vos avez parlé d* tôt, di wageure et d'èfant, 
Mains vos n*avez nin co parlé di mes aidant. 

JÔSBPH (babouiant). 

Bin, bin, Moncheu Bovy... 

BOVT. 

Mains qut m' donret mes censé ? 

(On (Tmêure on moumint $in$ rin dire.) 

Vos m' divez deux meus d* chambe ; vos v* qwiitez, belle avance! 
Et mi ji d*meure è V pèle et ji payeret li scot ! 
Mains qui dirtz-v' portant si ji v' qwittéve di tôt ? 

FiFINE 

Est-ce vraie, Moncheu Bovy ? 

Jacques. 
Foû di s' pld quelle sipenne ! 



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- 123 - 

FiFINE. 

Oh! vos estez bi 11 bon. 

Jacques (à part). 

Ml j'àreu^-st-if'C fohenne 
Po m'siplinkl. ji wago. 

IJOVY 

Mains j' metle ine condition : 
C'est qu' vos d*morésse essonle, et chessîz c* fanfaron. 
Louquiz wisse qui v's estez et vos veurez-st-à preume 
Qu'elle vàtbîn qu'vos rainmésse. Respectez vosse brave feumme; 
C'est qu'elle a sayt tôt po polleur vis r'dresst, 
Et s'elle n'a nin polou, c'est case di c' calfurtt, 
Oa chinisse, on wand'leu, qui n* vât nin çou qu'on l' nomme» 
Et qui n' deut nin s* trover divins l' chambe d'on brave homme. 

Jacques (à part). 

Çou qui s' fat leyf dire qwand c'est qu'on deut-st-âx gins ! 

BovT (à Jacques). 

Ji n' sâreus màie mix dire, vos n'estez qu'on vârin, 
Et l'ovrège vis fait sogne, flandrin, coreu d' pavèie ! 

FlFINE. 

Ni seyiz nin si deur, Moncheu Bovy ; c'est vraie, 
Avou quëques bons conseie, mitoi qu'on respëch'reùt 
Uë co fer des biestreie divins les coq, les jeu. 

BovY. 

Fez-r don vanner foù d' cial, et vos autes rimettez-v' 
Et ni v' disputez pus. 

{On (Pmeure imbarrassé,) 

Allons jans, haie, qui fez-v' ? 
JOSEPH (riloukant Fiftne), 
Coula s' pout-i co fer ? 



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- 124 - 

BOVY. 

N*ainmez-v' nin vosse-st-ëfant ? 
Et ni d'vez-v' nin esse là po lî wangnt des pan ? 
Dine^ V main à vosse feumme, à vosse brave kipagneie. 

JôsBPH ($i rapprochant d* Fifine). 
Mi binamèie Fifine, vos pflpire sont moûieie. 

BovY (à Jacquet), 
Kimint ? v's estez co cial, espèce di haicottl ! 

jACtCES. 

A v's ètinde ji mérite qu'on m* kutr&gne è broult ! 

BovY. 

Awet, vos l' méritez. 

Jacques. 

Ji n'y prinds nin astëme ; 
C'est comme si vos frotttz so 'n' veie botte aveu 'n' lemme. 

JÔSKPi {à B0vy). 
Leylz-m' don vis r*merci d' vosse générosité, 
Ga ji n'aveus rin fait qu' méritahe vos bonté. 

FlFINB. 

Qui porans-je fer por vos T 

BovY. 
Aytz de r rik'nohance. 
Jacques (à part). 
C'est mi qui r'cus Thouëie, et zelles ont totes les chance. 

BOVY. 

Çou qu' ji v' dimande à c'ste heure, et ci n'est qui mi d'str, 
C'est qui v'qwërésse dés hoûie ine aute sôr di plaisir. 

Jacques (sdr/an(, à public). 
Ji sos tôt bouhi jus, j'ennë vas reud à balle, 
Mains c' vtx harbouia là mi payeret co cisse lalle. 



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— 128 — 

Scène XVI. 

BOVY, JOSEPH et FIFINE. 

BOVY. 

A vos coq, kiminciz de Vs y mette li pèchon ; 

C'est po vosse bin qu' j*el dis, kubattez cisse passion. 

JOSEPH. 

Si j' polléve ! 

BOVY. 

I fàt l' fer, c'est l' condition qu' ji mette ; 
Habeie, jan don, FIfine, sayiz d' It fer promette. 

FiFUiB. 

Gomme todis ji vas fer tôt çou qui ji poret. 

BOVY. 

Ci côp cial ei houtrez-v' ? 

JOSEPH. 

Allons jan, ji sayeret. 

(Rideau.) 



FIN DE PRUMI AKE. 



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AKR II. 

Li scène ripr^inte on jeu d* beie ; li mohonne est-st-à gauche ; li poite donne so 
l'cour ; k costé de V poile, ine canliette avou des verre, des boteie, etc. ; & mitan 
de r scène ine treie; poite dMntrèie k dreute. 

Scène I. 

HouBERT {qui r^netteie les verre è V canliette), (*) 

Li vtx roge dâ Flamè saye hoûie li ci da Jacques, 

Et si Jacques e^t wangnî, ci seret-st-on mirâke. 

C*est qui Y coq qu'el deul jonde est spitant et vigreux ; 

C'est d'aïeurs rik'nohou d'vètos les colëbeu. 

Mains Jacques est si vireux ! c'est-st-on berdt berdaxhe 

Et divè totes les balte il ainme à fer V randaxhe. 

Vola six sept samainne qui s'a co fait r'tnousst, 

Et comme si rè n'estabe, i va co rik'minci. 

Ji n'a jamâie vëyou nou si liestou di m' veie ; 

I rouvireut bt s' lé qwand il est près de l'treie. 

Mè mi d'vè tôt coula ji n'a nègne à moti ; 

D'abord qui j' vèsse des gotte, c'est çou qui fât por mi. 

On fait tôt çou qu'on pout ; mi, d'abord qui ji vinsse, 

Ji n'a nègne à veyl qu'ine aute vique ou qui pinse. 

Tofér ji houte les spot et ji vique di m'wassè, 

Et ji n'ai orne ne d'savu çou qui s'passe è voisé. 

Scène II. 

nO(JBERT€/BOVY. 

BOVY. 

Bonjou, bonjou, Houbert, kimint coula va-t-i ? 
Li commerce âx meseure, est-ce qui ça rôle todis? 

(*) Houbert jàse comme à Ans. Po qu'on comprinse aheiemint, nos n* sicrirans 
qui d* timps in timps les mot qui finihet en fn, avou è ou ègne. 



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- 127 - 

HOUBBRT. 

BI merci, grâce à Diu Ji n'a nt trope à m* plaiûte, 
Et comme i n*a batte hoûie, li cour sèrël co plinte. 

BOVY 

Oh ! vos fez co batte hoûie ! 

HouBBRT (si r'happant), 

Ji n' SOS po rè la d'vè; 
Jacques a-st-ègagl s* coq nvou V ci dâ Flamë; 
C'est qui c* n'est ni po rire. 

BOVY. 

Q^^and fàt-i quis s' trovesse ? 

HOUBBRT. 

G'est-st-à dixhe heure et d' meic ; i les va d'abord esse. 

BOVY. 

Si j'estahe ë vosse pièce, ji troniireus bin, ma foi. 

HOUBBRT. 

Ah ! bi ji n'a ni sogne; nos avans l'homme di bois 
Qui riknohret les coq, ji n'a d' keure de mancëge. 

{Riam) 

Àdon po esse battou, ji n' poux ma de d'ner r vëge. 

BovY. 

Mains, J&cques qui n'ouveure nin, kimint coula s'falt-i 
Qui trouve todis d'i'ârgint ? 

HOUBERT. 

Ahljim'radëjàdit. 
Mains mi so tôt coula jam&ie ji n' m'arrestaie; 
On vique chaque à s'mantre. 

BovY. 

Ah ! po coula, c'est vraie; 
Mains jâsans 'n'golte d'aule choi; comme vos estez serwl 
Ni vinrez-v' nin bin d'main ? 



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- 128 - 

HOliBERT. 

Sia, Moncheu Bovy. 

BOVY. 

Ji vôreus r'mette des serre à c'ste heure à iotes mes poite. 

HOIJBBRT. 

Ah bî, si c'o'est qu'çoula, ji les iret ht mette. 

Bovy. 

C'est qui, li nute passèie, ë m'mohonne on-z-a v'nou 
Mette tôt cou d'zseur cou d'zos. 

HOUBERT. 

Pa ji SOS tôt bablou ! 

Bovy. 

On-z-a v'nou bardouht po tôt avft i*mobonne, 
On m'a happé des censé. 

HOUBBRT. 

Vos n'dotez so personne ? 
Bovy. 

Sia, j'a des dottance et ji sâret todis 

Li nom di c*capon là, ca c'est fleur di hardi. 

Poux-ju compter sor vos? 

HoUBERT. 

Dimë j'tret se fftte ; 
Ji v'fret des serre à s'cret. I n' fôt nt qu'ces piiâte 
Rikmincesse. 

Bovy. 

Oh nenni ! mains s&r qui j' les piç'ret ; 
Dinez-m' on verre di blre. 

HOUBBRT. 

Fez vjquer l'câbaret. 
Elle cramaie à i*ideie et ji vas jusque l*cftvef 
Ji n'dimeure qu'ine minute, assiez-v' ine gotte à i'tâv*^ 



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- 129 - 

BOVY. 

Ah ! ji n' m*assiret nin. 

HOUBIRT. 

Coula sèret vite fait; 
Vo n' la nia pus d'ine heure qu'on abroqua V tonnai. 

Scène III. 

BoYT (lot se»). 

Et pus est-ce qui ji tuse, et pus a-je des dotance 
Qui ci n*est mâie qui Jacques qui m*a happé mes censé. 
Po s' feummeet ses èfant sûr qui ji n' direus rin; 
Mains j' ses qu'i n* cang'ret mâie, ca ci n'est qu'on vàrin 
Et Joseph avou lu si fait herchî co 'n' feie 
Mâgré tôles ses promesse et tos les bons coBseie 
Di s'feumme. 

Scène IV. 

HOUBERT et BOVY. 

HouBKHT (avou on verre di btre so V platai). 
Vo cial de Y b!re qu'on s' rallèchreut-st-après. 

BovY (beut). 
Tôt r mainme elle n'est nin mâle, c'est mèieux qui l' pèket. 

HOUBIRT. 

Et cial on 'nnè d'mande mâie; po r bon ji n'ë vë gotte ; 
Qwand on k'mande ine tournèie, ci n'est qui totès gotte. 
Mains vola, so Tpëket, c'est qu'is sont afaitî. 

BovY (pâte). 

1 m' sonle portant qui l' btre, ça deut esse pus haitt. 
Ji v' rattindret po d'main. 

9 



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— 130 - 

HOUBBRT. 

Tiret d'mè vè ireus heure. 

BOVY. 

Houbert, ji compie sor vos. 

HOUBKRT. 

Moncheu Bovy, ji v'jeure 
Qui ji n'y m&qu'ret Din. 

Bovy. 
Ci serai jusqu'à d*main. 

Scène V. 

Houbert {tôt seu). 

Lici qui l'a d*mou8si, c'est qu'el kinohéve bin. 
Il a des péce assez, il a co traze mohonne ; 
Mains portant i n'a wâde de fer pône à personne ; 
G'est-st-on richâ d'aieurs comme on 'nnè veut foirt pô, 
Qu'est prête à rinde chervice, à s' mette enouve sol'côp; 
Et des richà comme lu, si bon, on n'è veut wère, 
Et si j'avahe des censé, mi, ji freus Tmainme affaire; 
Ax pauve ji freus de bé, on m'ioumreut l'bon richâ : 
Mains mi ji n'a qu'des rinte so l'gravt dà Bair'pà. 

Scène VI. 

HOUBERT et LORÏNT. {*) 

HOUBBBT. 

Enfin vo t' cial, Loré ; ji n' comptéve màie ti veie. 

LORINT. 

Ji n' poUève nt mâquer. 

(*) Lorint parole H wallon d'Ans. 



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131 



HOVBERT. 

£t ti tomme à Tideie ; 
Ga li batte va k*minct, c'est-st-à c'ste heure qu'il est tè 
Qui nos *nnè ânihanse avou les arrëg*më. 
Po riknohe tos les coq> allons» kibè prindresse ? 

LORINT. 

Ji n'sos nt l'homme di bois noUe pà mons di treus pèce. 

HOUBIRT. 

Ti comprë b!, Lorè, ji n' sâreus d'ner qwinze franc. 
Pa, m' coye, c'est lot à pône si j' vindret po Y mitan; 
Tes-st-on trop bon valet, ti t' lairet sûr à dire ; 
Jan, bouhe les treus côp là. 

LORINT. 

Mains, Houbert, ji t'vas dire : 
C'est qu'à riknohe les coq, c'est mi qu'iret hufler. 

HOUBKRT. 

Mains qu'est-ce qui coula t' fait ? T'ainme mtY coula qu' d'ovrer, 
Et d'aïeurs qu'on balte hoûie enn' a pô qu'el savesse. 
I n'a qu' Jacques li flamiut, Joseph, Pierre et Jeannesse. 
Ci sëreut bt toumé qu' les gendarme el sârit. 

LORINT. 

Is savet todis lot. 

HOUBBRT. 

Ti, Lorè, t'es trop v!x ; 
Ti voreus, sins risquer, raskoï lotes les pèce. 
Mè los les homme di bois ni fàt-i nin qu' rîsquesse ? 

LORINT. 

Houte bëgne, d'aller hufler, c'n'est nt n' saquoi d' joîeux. 

HOUBERT. 

Qwand ji t' dis qu'on n' sél i ègue, qui n'a qui quéques wageu 
Qu'ont stu prévnou d' coula. 



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- 132 - 

LOROfT* 

C'est qu* j'a l'nè so l' narenne, 
Et qu' j*a d'jà stu deux côp hufler à i*grosse bressenoe. 

HOUBIRT. 

Est-st-elle bonne po deux pèce ? 

LoRurr. 

Awet, mains j' n'el fret pus. 
Qwand el f&ret co fer, ti r*mettret 'n' pèce di pus. 
J*a rideie qu*on m' piçYet. 

HOUBBRT. 

Ji m'sës crèhe ine èhowe; 
Ti prèdreus des chapainne po totès abalowe. 
Vormë ti m' fais mâvier ! ti prèdreus des spirou 
Po des mohonne d*àrzeie. Jan, haie, c'est bi conv'nou. 

(Li tTnant *n* pèce.) 

Tés, vola *n' pèce à compte. 

LORIEIT. 

Houbert, t'es-st-ine ficelle ! 

HOUBSRT. 

Ji t'vas vudi 'n* grande gotte. 

LORINT. 

J*ainme mix de rcitronelle, 
Li pëket monte à Ttiesse. 

HouBiRT {allant qwèri T verre et Vappairtant). 

Bt, ji t' vas d*ner coula 
Pusqui tôt est bin fait. A c'ste heure, Lorè, bouhe la 
Et si les flambleaux v'net, i fàret esse adrette ; 
I n* i&t n! barloser. 

LORIMT. 

Houbert, ji t'el promette. 



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- 133 - 

HouBKRT (/i mostrant V banc à dreuU). 

A c*ste heuve, asstte-tu là, fais t*chervice hayett'mè; 
Târel V goile di bon vlx, coula t'va-i-i, Lorè ? 

LORINT. 

Awet, jan, j'sos d'accoird, mains qu'on n'monne nt dTarège 
A l'vude, Houbert ; ti comprès bt Tovrège. 

Scène VII. 

HOUBERT, LORIMT, JACQUES, JOSEPH et deux ou treus coq'U, 

HODBERT. 

Vo cial les camarade ! fré Loié, atlincbon ! 

LORlNT. 

Ni m'el rikmande nt tant. 

Houbert. 

Ti k'nohe li comicbon. 

(/« tntret tôt chantant.) 

(Air : Perruque bhnde.) 

Qwand on vout fer veie qu*on est-st-on bon coq*li, 

I n' fât co Jamâie avu sogne de wagî. 

Et po les wageure jamâie i n* Ût bogi, 

Vola li d'vise d'on bon coqMf. 

Po noile wageure i n* fât bogi, 

Vola çou qu* faii-si-on foirt bon coq'li, 

Po noile wageure, po noIle wageure, 

Po noile wageure i n' fât bogt, 

Yoià il dWise d'on bon coq1t. 

Houbert. 

Allons, jan, fez lot doux. 

LORINT. 

Ni fât-i nt qu' chantesse ? 



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- 134 - 

HOUBERT. 

Ni minez nî des brut, qui les voisin n*oyesse ! 

Jacques {qui mette si bol à V terre et qui wààe si canne è s' main). 

Kimint? c'est co Lorint qu'est cial hoûie rhomme di bois, 
I Testeut co dimègne amon Gbàrlir Ë Bois. 

Lorint. 

Amon Joseph Chârlir, là coula roUe à d'meie, 
On n' brait nt comme des âgne. 

Jacques. 

Ni d'hans pus rin, habeie. 
Mettez-v* en ouve turtos po continter Lorint. 
Haie don, li boque cosowe. 

Lorint. 

C*est bon, ji n' dis pus rin. 

J6SEPH. 

Conte li Goviernimint ji creus qu'on conspiraie ; 

I f&t qu*on faisse doucemint et qui V boque seuye serrèie. 

HOUBBRT. 

Pa di s' tini pahule, on n*a ni pus ni mons; 
G*est les jouweu d' pinake qui breyet sins façon. 

JOSEPH. 

On pôreut bin s' passer de fer comme les rapaye. 

Jacques. 

J'a rideie qui 1* flamint hoûie ri^uret 'n' bonne daye, 

Et divant de sëcht mi flori foû de bot- 

Houbert, vudlz 'n* tournèie, totës gotte po turtos, 

Et so r timps qu* vos vudrez, mi ji chantret 'n' paskaie, 

Li respleu des coq'lt fait par li vtx Lakaie. 



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— 135 — 

LoRiNT (à part). 

Po qu*tot r monde les ètinsse ! ji creus qu'el fei exprès ; 
È V pièce de clore leus gève, à V pus foirt is geuyet. 

HouBERT {vudant les goUe[à V canlietté), 

À miner tant de V veie, les poîon vont-st-aponde. 
On d'vreut fer tôt doucemint, mi sonle-t-i, devant d' les r*jonde. 

Jacqtjes. 

Po-z-avu des corège, i m' fât heure des pèket, 

Qui j' seuye on pô petoie, qui j* seuye so l' houpe di guet. 

£t lorsque je n'ai pas avalé des gourgette. 

Je ne poudrai jamais être dans mon assiette. 

Mi, qwand c'est qu' ji sos saive et bin ! ça m' poite malheur ; 

Qwand j' sos-st-avâ les qwârt, i m' rivint des honheur. 

Mains portant j'el poux dire, mi coq est hin à patte, 

Et r flori dà flamint, hoûie i fât qu' j'el sipaite. 

JOSEPH (à Jacques). 

Li flamint tâge po v'ni. Jacques, mi feumme ni sét nin 
Qui j' sos-st-accorou cial. 

Jacques. 

Vo r'cial co V vîx refrain. 
Jâsans on pô d' nos coq et lait t' feumme hin pabule ; 
Avou baicôp d' patiince dis-lt qu'elle si raffulle. 

JOSEPH. 

Ji n' voux nin divant Ts aute qui vos v'nésse couionner. 

Jacques. 

Vas-è, m'coye, avou t' feumme, vasse rat'mint t' porminer. 
Pa s' falléve prinde astème âx houmeur des feum'reie. 
On spiereut tos les verre, on d'moureut totes les treie. 
Jan, haie, houtez-m' çou cial ; attinchon po V respleu, 
El qu'on répète en chœur, seyans turlos joyeux. 

(Tct/eu, puit tôt essonnê li retpleu.) 



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- 136 - 

(Air : La bière). 

Vive li ireie, 

1 fât wagi, 
I n*a rin qa* passe les coq, li colèbreie, 

Vive li Ireie, 

i fât wagî, 
Breyans turtos : liourrah po les coq'lt ! 

4. 

Ji n* mi sâreus plaire qui divins les wageure, 
Qwand des bons coq sont prête à s* dis$onn*ter. 
Por mi j*a bon, c'est m' plaisir, ji v*s el Jeure, 
Çou qui m* displait cV.st qwand ji veus wag'ter. 

Ji voux qu*on dise divins tote li châsseie. 
Qui li p'iit Jacques est li roi des coq'll. 
Qui sét tapper (otes les pèce à V pougneie, 
Et qui jamâie on n* Ta veyou bogt. 

5. 

Â-t-i *n* saquoi di pus plaihant so V terre 
D'avu des coq, des roge et des flori, 
Et d*ènn* aller avou deux treus compère 
Divins les batte, c'est V seul plaisir por mi. 

Refrain. 

Vive li treie, 

i fât wagi, 
I n'a rin qu* passe les coq, li colëbreie, 

Viv' li ireie. 

I îki wagî, 
Breyans turtos : hourrah po les coq*ll ! 

HouBBRT {chève les verre, h buvet et les fmettet so Vplatai). 

Po r respleu des coq'lt vola 'n' clapante lournèie. 

LoRiNT (qu'est quasi èdoirmou). 

Ji pinséve tôt bonnemint qui n's estts à V nutèie. 

HoDBERT {qu' est revoie à V canliette), 

Asse oyou dire, Joseph, avou r coq da Mencheur ? 



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- 137 - 

JuSEPH. 

Oh! nennijin'sésrin. 

HOUBERT. 

Pa c'esl-st-avou V vîx neur. 
I s'a faitagerci par li roge da Lambotie ; 
Divins F miian de V batte i s' fa rayt ses botte. 

JOSEPH. 

Et wisse esteut-ce, çouia ? 

HOUBERT. 

Amon Ghârlir Ë Bois, 
Wisse qui Lorint, dimègne, esteut co l*homme di bois. 
Li vtx roge da Lambotte fa des telles volèie 
Qui r treie di pieu me et d' songue fourit tote sipitëie. 

JOSEPH. 

Ça m'èware di Hencheur, ca c'est fleur di coq'll. 

HoUBERT. 

Turtos s' sont louqut biesse qui n'esteut ne wangnt. 
Mains, Joseph, qui voux-je dire, et tes coq que noveile ? 

JOSEPH. 

Ji les a touwé tos. 

HOUBERT. 

Bl, t'enn'as fait là 'n' belle ! 
A l'honneur di que saint ? 

JOSEPH. 

Vola, j' ne voux pus t'ni. 

HOUBERT. 

Oh ! t'ennè r&ret co. 

JOSEPH. 

 c'ste heure c'est bin fini. 
On m' vôreut d'ner po rin li mëieux qu' n'aie à Ltge, 
Qui ji n'el prindreus nin. 



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- 138 - 

HOUBBRT 

Allons, taise-tu. 
Jacques. 

Quelle sfge ! 
I n' tinret pus des coq, on lî a disfindou, 
Et s'ennè rachtéve màie, i sèreut co baitou. 

(A Haubert,) 

Dans sa maison, Houbert, la femme porte la culotte, 
Et qwand i dit 'a* parole, on l'èvôie âx pèlotte. 

JOSEPH. 

Jacques, mâgré vos promesse vos voilez rik'minct ! 

Jacques. 
Jan, dl n* pus m' habiter vasse co 'n' feie mi man'ct ! 

JOSEPH. 

Ji v' Ta co dit torate qu'on vique chaque à s' mantre ; 
Et s' ji n*a pus des coq, sos-je obligt de dire 
Po quoi qui j'ennè voux pus l'ni. 

Jacques. 

C'est-sl-on farceur, 
C'est pasqui n* wèsreut pus. 

JOSEPH. 

Ni sèiz nin si deur. 
C'est l' bonne raison qu'a fait qui ji m'enn'a fait qwitte, 
Et v' poliez bin compter qu' j'ennè ra nin d' si vite ; 
Et si ji SOS v'nou cial, si j' m'a lèyf herchî, 
C'est po çou qu' ji ses bin qu' vosse coq esl-st-ègagî 
Et ji n' SOS qu'on curieux. 

Jacques. 
Ti wag'ret 'n' pèce tôt l' mainme. 

JOSEPH. 

Ji n' wag'reus nin co 'n' censé ! 



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-- 139 - 

Jacques. 

Eie, fré Joseph, ti m' sinme. 

HOUBERT. 

Joseph vout s'èbarquer d'vins 1* pays des richâ ; 
Il est déjà trop tard po div*Di comme i fftt. 

Jacques. 

Jan, n' p&rlans pus d' coula, ci n'est qu' des galguizoute. 
Li flaminty wisse est-i ? 

HoUBERT. 

C'est qu'il est passé houtte 
Po-z-aller heure ine gotte. I n' peut ma de mâquer ; 
Hîr, qwand j'el rescontra, i m' Ta-st-acertiné 
Qui viureut à l'heure jusse ; vos l'ailez veie aponde, 
I m'a trope répété qui s'rdfitve de l'jonde. 

JOSEPH. 

J*a-st-oyou dire dimègae qui c'esteut-st-on tourneu 
Comme ou 'onè veut foirt pô. 

HOUBERT.I 

Il est-st-assez vigreux. 

JOSEPH. 

Li v!x Géra m'a dit qu' Testeut vif comme li poure. 

Iacquss. 

Li meune el sipràchret tôt comme ine live di boure ; 
I il wayeret so s' panse. 

JOSEPH. 

Ni v' fitz nin là-d'sus, 
Ouéque feie ci sèret Y vosse qui seret bouhî jus. 

HOUBERT. 

Jouwans-je on c6p d* boulet, pusqui nos V i&t rattinde ? 

Jacques. 
Tins, vola 'n' bonne ideie. 



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- 140 — 

JÔSKPU. 

Ji n'a pus V tour de prinde 
Li boulet, mains lot V mainme ji m* rissayeret-st-on côp. 

Jacques. 

Ëvôie turtos essonne, jouwans V gotte à on côp. 
Jan don, live-tu, Lorint, t*es là comme ine dôrlainne. 

{Lorint est-tt-édoirmou <o F banc,) 

I rail 'n'dimeie prangtre toi priant Sainte Hadiainne. 
Lorint {lot èdoirmou). 

Qu'est-ce qui n'a ? 

Jacquis. 

Dispiette-tu, ti vas-st-aller bicter. 

LORUIT. 

Ji voux bègne, mains qu'iret- je ? 

Jacques. 

Ine gotie po les r'iëver^ 
Et po les nouf qu'on fret, t'&ret 'n' pëce di cinq censé. 

Lorint. 

C'est bon, ji sos conté. 

Jacques. 

Fât-i payt d'avance ? 

(Lorint inteure divin» Ut couliue à gauche ; li jeu cf beic »i trouve conu li décor ; on 
fait râler F boulet lot de long et let beie toumet d'vin» les coulisse ; Lorint revoie 
li boulet après chaque côp. Citse scène cial si fait on pô à l' montre des amateur ; 
lésais quifiguret s'accropihront è fond de V scène conU li décor et Vci qui jouwret 
fret voler V boulet devant zels tôt s^ènondant à dreute.) 

Seuye on p'tit pô pus vif, potince, ti doime lot dreut. 

[I ramasu li boulet.) 

HabeiCy jan don, Houbert, rustibaie on pô l' jeu. 

Jacques {Eonberi fait passer V rusiai so Vjeu), 

Est-ce prête ? 

Lorint. 

On pout k'minct. 



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— 141 - 

Jacques. 

Mettez r prumtre à droite ; 
Dame à gauche ; ine pèce so m' côp ! 

HouBERT (lappe ine pèce à /* terre). 

Vo r là coviette. 
Jacques. 
Serrez co 'n' gotte li focbe. 

(/ i'ènondaie et jowe,) 
Houbert. 
Qwatte ! c' n*est ne po wagnl. 
Jacques. 
EnRo, jouwez todis, ji n'a nin bin lancî. 

JOSEPH. 

Vos avez lècht l' focbe. 

Houbert {qui prind V boulet). 

Ci n'est wère malabeie, 
Di v' balte, ca mi ji wâge di n' fer nin mons d' sîx beie. 

Jacques (tappant n*pè^ à F terre). 

El bin vola co 'n' pèce qui vos n'elzè fez nin. 

Houbert. 
I va. 

JOSEPH. 

N' wagiz nin tant, J&cques, coula n'est nin bin. 
Houbert {va jouwer). 
Droviez l' focbe ; dame à droite ; serrez on pô Y deuzainme. 

JOSEPH. 

Sept ! vola sûr on bai côp. 



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— 142 - 

HOUBBRT. 

Quoi qu' j*el deie di mi mainme, 
Vola cou qu'on pout dire on clapant côp d' boulet ; 
Et ji wangne mes deux pèce et V tournèie. 

(.4 Jôteph.) 

C'est-sl-à toi. 
JOSEPH (rattrappe io s' pid H boulet, qui Lorint H tappe), 
Ji creus qu'ji n'èfret wère. 

HOUBBRT. 

Oh ! çoulà, c'est de veie. 
Jacques. 
Joseph, vola deux franc qui vos n* fez nin cinq beie. 

JOSEPH. 

J'ainme bin de jouwer i' golte, mains ji n' voux nin wagt. 
Droviez'n* gotie li prumîre ; li deuzainmeènnèrt. 

(l tappe,) 

Hut ! j'aveus portant mousst dreut d'vins 1* gueuie bârrèie ; 
C'est mi qu'est l' pus contint, ca ji wangne mi lournëie. 

Jacques. 
A c'ste heure, jouwans li r'vinche. 

JOSEPH. 

Mi, nenni, ji n' jowe pus. 
Jacques. 
On dirent qui t'es cial po v'ni mette li disdu. 

JOSEPH. 

Ça v's ègage à wagt, ji n'ainme pus les wageure. 

Jacques. 
T*eS't-on fameux câcà, li m' fais cial ine samneure. 

JOSEPH. 

Estez-v' pus avanci ? vos v'ià qwitte di dix franc. 



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- 143 - 

LoRiNT {qui rinteure), 
Dihez, ni jowe-t-on pus ? 

HOUBERT. 

Nenni, r'mette tu so t' banc. 
Ah ! vo cial li Fiamini ; il esteut timps qui v'nasse ; 
On buvéve po V raltinde, on euhe div'nou makasse. 

Scène VIII. 

Les HAmnE, pus li Flamint. 

Li Flamint. 
J' suis un peu en retard, je m* suis bien hamusé. 
Tu savëve que j' polléve jamais mal de manquer. 
Godferdeck, mon bon couq, il est si bien à patte, 
Que je m' réjouihéve bien vite de le faire b^tte. 

Jacques. 
Ni fai^ nin tant di l'ianne, on est bin prèle ossi. 

Li Flamint. 
C'est moi pas blâmé l' vosse. 

HoUBERT. 

Et bin, jan, qui v' fàt-i ? 
Li Flamint. 

Et bien, vide une tournée, donne des grandes goutte 
Car ze l'ai tant couréve que Je V sue tout à goutte. 

HoUBERT. 

Est-ce qui n*a *u' grande por mi ? 

Li Flamint. 

Ce que t'el vas dire là ! 
Donne bien vite à lertouse une tournée de henna. 
Voilà-z-une couq dimanche que Ta gagné vingt pëce, 
Qu'el fesait des volèie, et qu'el pittéve timpesse. 



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- 144 - 

HocBBRT (â public). 
Pa qwand c'est qui v*s oyez babout les Flamint, 
V's irtz qwëri carelle à nosse Goviernimint. 
Et dire qu'is ont des scole po sut'ni leus lingage, 
Et qu'où mette so V tnanôie, à c'ste heure, endrac mage mage ! 
Qu'à r Ghambe des r'présintaat oa cafogae les Wallon, 
Et qu'on n' sét pus quoi dire po blâmer nosse jargon ! 
On pette ottant qu'on pout so tote les tiesse di hoie, 
On saye di nos hercht divins totes les craboie. 
Zels is ont des subside, des théâte, enfin d' tôt, 
Zels is n' fet nin des pièce, is traduihet turtos. 
Vos veurez qu' traduihront li Galant de V Chervante 
Ou Tâtt l' Perriqut. For zels arrive qui plante ; 
Avou leus exigince on divisret l' pays. 
Mains n's avans d'Andrimont, qu'est là po nos r'vingî : 
A Sénat c'a stu lu qui les i a fait veie 
Qui DOS avis des homme divins nosse pitite veie. 
Elzt léha des rôie de r'gretté Dèfrècheux ; 
N'avans-je nin co Delâge, Thiri, R'maque et Bailleux? 
Est-ce qui n' n'avans nin Hock ? lu qui chante les roualle, 
Et qu' raconte tôt riant totes les fave di macralle. 
Qui nos mosteure les rowe comme elles estit d'vins l' timps. 
Et n' rattindans todis les live di nos Fiamint ! 

Les bouhon, les haïe, Tardispenne, 

Comme ine artise on les chantreul, 

S' on avahe d*Augusse Hock li penne 

Et r sintumint da Dèfrècheux. 
Hourrah po V vix wallon pusqu'à c'ste heure i s* dispieite, 
Ji vas petter 'n* paskeie ; adon, n' bearans *n' goargelte. 

(Air : Valeureus Liégeois,) 

Wallon et Fiamint, 
Haïe diaans-nos V main, 
Fôrmans *n* sainte confrèreie. 
Qui r fraternité. 
Comme 11 liberté, 
Riluse so nosse patreie. 



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- 14o - 



i. COUPLBT. 



A quoi chève-t-i di s' kibâgnl ? 

Haïe unihans-nos sins fer sâfler Tarooice. 

Tes essonne î fât s' ravoter 

D*sos r drapeau d* Fanion qui fait l'fuice. 



Les cis qo* volei fer des disdu. 

Et qui dWins les dMse cbervel leu politique, 

Dihans-l''Zl qui n* vollans pus 

Des displl dVms nosse pitite Belgique. 



Poqaoi 'nnè voris-gne ax Flamini ? 
Est-ce pasqui l'ârlt tos des qwarrèiès tiesse? 
Est-ce qui I* nosse sèreut faite aut'mint? 
Elle n*est nin pus ronde ne pus è coisse. 

JOSEPH. 

Po chanter 'ii' telle paskeie i fâl mette on rallia. 

Jacques {à Houbert). 

Ti t'amuse à chanter, ti rouveie nos henoa ; 

Ti veux bin, hein, Flamini, qui dVîns nos tiesse di hoie 

On sét fer des respieu. 

Li Flamikt. 

Ze ne dis rien, mëcoie. 

Jacques. 

Uains jàsans d* nosse combat; ti vas nos magni tos; 
Ti n*es nin l' diale, valet, nos t'el mosturrans co. 

(Air : Ma Normandie) 

Houte, Flamint, il arrive ine feie 
Çou qui jaroâie on n*a vèyou ; 
Et t*el poux creure, ji m*è raffeie 
Qui les deux coq s^aye.sse Jondou. 



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- 14G ~ 

Li Flamint. 

Est-ce que tu crois que J' rescoulléye, 
Que J'avéve sogne de les sayî ; 
Et si mainme le vosse le battéye, 
J*ai-z-encore des pèce pour wagl. 

Jacques. 

Awet, nos V savans bin, c' n'est nin les pèce qui v* mâque ; 
Mains c' n'est nin co coula qui fret rescouler Jacques. 

Li Flamint. 

Et bien moi, Godferdeck, je n* boug'ret pas pour deux. 

Jacques. 

Habeie, jan don, Houbert, ti nos lais mori d' seu. 

HouBERT (qu'appretle H tournHe). 

Pa j' veus qu'avou V Flamint tôt t'ènondant ti jàse. 
Et ji n' ti dèringe nëgne. 

Jacques {prindant s* verre). 

Bin, t'es-st-ine rare èplâsse. 
Gial on n' fait qu' dà parler so Tcoq da Jean Mencheur 
Qui s'a fait batte dimëgtie; bin, ma foi, quelle aweur! 
Coula pout arriver. 

Li Flaviht. 

Ça, ma couq, il pittëve, 
Et si tu Tavéve vu toutes les volëie qu'elle fève! 
Mains moi ze u' vas plus là, il a trope de truq'Ieu. 

Joseph. 

Mi, si j'esteus d' vos autes, ji m'ennë d'mèfiereus. 

HOUBBRT. 

Ji poux v's acertiner qui n'a nouque cial qui vinsse, 
Pasqui mi ji les k'nohe, ca c'est tos nawes potince. 



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- 147 - 

JOSEPH. 

Hi, ji les k'iiolie avou, c'est les jouweu d* kwârjeu, 
Is k'nobet tos les tour, is wangnet à tos jeu. 
Et les prihen r'dohet di tos flandrin pareie, 
Is y passet quàsl li bon mitan d* leu veie. 

HOUBERT. 

Por mi, c'est comme j'el dis, t' mèieux d' zels ni vâi rin 
Ci n'est qui tote racale, tote li fleur di vârin. 

Li Flamint. 

Moi j'avéve dans une batte Tau te jour été stronnète ; 
Elle e^téve trois sur moi. 

Jacques. 

Si t' tiesse a stu pettèie, 
Hi, ji n' diret rin d'aute, ji trouve qu'is ont bin fait; 
On wangne li paradis qwand cVst qu'on stronne on s' (ait. 

Seène IX. 

Les maikme, pus MAREIE, H feumme da Jacques. 

Maheik. 

Ah ! ah ! vo v'Ià, wisse estez-v' don, bel homme ? 
Âllez-è, bai Moncheu, qui n' vât nin co 'n* cute pomme ! 

Jacques. 
Oh ! ni v' ritournez nin ; leyîz-l' gueul, Mëcheu. 

Mareie. 

Allez, bômel, plein d' pèket, frawtigneu, 

Qui vout fer 1* grandiveu, qui n*a nin 'n' censé ë s' poche, 

Et qui vout fer di s' crâne po toi avà l' poroche ! 

Jacques. 

Houbert, mettez-t' h Touhe, ou bin elle va danser. 



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— 148 - 

HouBERT (allant près d" kk), 
Jan, nosse dame, Tez toi doux, les gins s' vont ranoasser. 

Jacques. 
Vas-è, vas, veie broufteuse, vlx turchon, veie chaftresse ! 

Mareie. 
Tanl qu' f as po de pèket, toi, ti n' dimande nin t' resse. 

Jacques. 
Vas-è vas, veie cânôie ! 

Mareie. 
GalfurtI, balbossà ! 

HoUBERT. 

Nosse damo, lèyiz T ainsi ; allez don braire aute pâ. 

Jacques. 
Houbeit, si j'esleus toiJ*el prinds po cou po tiesse. 

Mareie. 

C'est des pareie qui ti, qu'on tape foû de V finiesse. 

Allez, mâsst pilâte, dihaiou, maheulé, 

Ji v' chëvret des grognon, qwand c'est qu' vos rinturrez. 

Jacques. 
Vos veyez bin, Mëcheu, qui c'est l' fleur des canaie. 

{A Mareie.) 

Qwand ji v' tinret toratte, ji v' sitronnVet, warmaïe. 

(Houbert Va meitonfoû toi doucemint.) 
JOSEPH. 

Jacques, lais-m' co dire li meunne, ti feumme n'a nin tos toirt; 
Ti n' prinds nin 1* bon moyen po wârder l' bon accoird. 

Jacques. 

Ti fais co pus d* siermon qu'ine Mareie di priesse; 
Divins les batte di coq, à c'ste heure, ci n'est pus t' pièce. 

{Lorint estco 'ti'feie èdoirmou,) 



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- 149 - 

HOUBERT. 

Vo là toi près d'onze heure, il est timps qu'on k'mincereut. 

Jacques. 
Estez-v' prête, vos, Flamint ? 

Li Flamint. 
Moi, oui, pour qwand tu V veux. 
Jacques (à Houberl). 
Tinez, v'Ià mes hut pèce, Houbert, tinez l' wageure. 

Li Flamint. 
Voilà les miennes ossi. 

JOSEPH (à Jacques). 

Jacques, ti Tais-st-ine laide keure. 
Houbert. 
Mettez les coq ë T treie; allons, eune, deux et treus. 

JOSEPH. 

Divant d' les mette è Y treie, fût qu'on les visitaie. 

Jacques. 

Haie, qu'on visite les coq, on deut bin V fer chaque feie. 
C'est qu' si Taveut dos peuve qwan i 1* meunne vôreut bëcht, 
Ça pôrt'ul r rinde aveule, adon puis s' fer d'hanchî. 

(A c monmini cial lex wâgeu prlwlet l&t coq, len louquet cTvitut le* vannai comme 
ijdtf puis iThet qu U sont bon ; on le* mette è i t/eie, onque di chaque costé^ et le* 
coq' Il dimonet quétquès munute à louqut V treie sins rin dire.) 

Jacques. 
Attinchon, p'tite macralle ! 

On wageu. 
Vola co 'n' pèce so V bleu. 

{Joseph n'est nin accroupiou ; i les louque wagi nvou ses main è s* poche et di tunp 
in timps fait sègne des voleur lapper 'n' pèce, mains i s' railint,) 

Li Flamint, 

Allons, celui qu'el veut, voilà-z-encoredcux pèce. 



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— ioO — 

Jacques. 
Vola deux pëce so V meunne ; i fât qu' ses censé dansesse. 

Li Flamint. 
Voilà- z-encore un pèce sur le petite flori. 

Jacques. 
Vola co 'n' pèce. 

Li Flamint. 
Tape ici. 

Jacques. 
C'est por mi. 

Scène X. 

Les mainme, pus FIFINF. 

(Fifine ett-xHntrite ; penonne ni Va vèyou ; elle a rainou V breste da Jôteph 
d moumint wiue qu'il alléve tapper 'n' pèce à T terre ; elle li r'iouqye toi P tinant.) 

FiFiNB {à Joseph). 

G'estst-ainsi qui vos tneztotes vos belles promesse? 
Allcz-v'co rik*mincî, iouqulz don, comme ces biesse? 

{Motlrant les wageu,) 

{On ètind Um wageu répéter : Vol co 'n* pèce ; vola co deux péce ; il e»t boigne ; 
qwalle péce conte eune. — Enfln^ on étint braire licoq) 

Li Flamint {à Jacques). 

Vous êtes battu, sais- tu. 

FiPiNE {à Joseph), 

Vo r là qwitte di ses spâgne. 

Ll FJ.AMINT. 

I n*a vosse couq, sais-tu, quM a brait comme des âgne. 

HOLUBRT. 

I tât bt dire li vraie, mains Jacques n'esl nf chnncelcu; 
Ga s' coq fève des volèie ; il a veut trope di (eu. 



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~ 151 ~ 

Jacques {trissé). 

Vos avez bel à dire, c'est- st-on côp d^atoumance ; 
D'aienrâ ci Flaminl là, c'est-sl-on sèche rimpli d' chance. 

FiFiNE (à Jacques). 
Après c' côp cial seurmint qui vos serez d*gosté. 

Li Flamint. 
Ah ! t'el peux dire, sais-tu, qu'il a bien stu petté. 

FiFINB. 

Vola wisse qui ça monne, tos les jeux, les trimlèche ; 
Dimain, vos àrez V timps de magnt de pan sèche. 

Jacques. 

Jan, haie, lèytz-m' è paie ; on direut qu' vos m* suvez 
Tôt comme on mâvâ spére qui vout m'èmacraller. 
Çou qui j' fais, ça m* rigarde; di vosse-st-homme occuppez-v\ 

FinwE. 

C'est po vosse bin qu' ji jâsf», mâva doirmeu, oyez-v' î 
De vèyî vosse pauve feumme vos d'vrîz bin *nnè rogi, 
Gn toi l' monde hoùie vi tape â haut et sins v' rat'ni. 

Scène XI. 

{Les coq sont (Tmanou è C treie, Lorint est-tt-èdoirmou.) 

Les mainme, pus deux gendarme à borgeus. 

On gendarme. 
Da qui sont-is, les coq ? cîal on vint de fer batte. 

HOUBERT. 

Oh bl! Moucheu 

On GENDARME. 

J'el ses, ni v'nez nin fer V Manque patte. 
Vos m'allez dire, Houbert, à qui sont ces coq là ? 



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— 153 ^ 

IIOUBBRT. 

Ah bt ! r ci da qui c'est, Moucheu V gendarme, vo l' là. 

{Mettront Lorint.) 

Hiibeie, jan don, Lorint, jan don, dispiète-tu *n* gotte, 

{Tôt r kihoyant.) 
LORINT. 

Qu'est-ce qui n'a, qu'est-ce qui n'a, qui j'èlèds qu'on barbotte ? 

On gendarme. 
Habeie, jan, dispiertoz-v\ vos m'allez d'ner vosse nom. 

LOKINT. 

Bt, Moucheu li gendarme 

On gendarme. 

Awer, awet, c'est bon. 

HOUBERT. 

Fré Lorint, attinchon, i n'fâtfer nolle traîtrise. 

On GENDARME. 

Allez- v' mi d'ner vosse nom? 

LORlNT. 

On m' lomme Lorè Déguise. 
Est-ce qu'on va m'èminer f 

On gendarme. 

Nos v's el dirans toratte, 
C'ei<t da vosse ces coq là, ça stu vos qu'a fait batte ? 

Lorint. 

Awet... ntnni.... Moucheu 

On gendarme. 

Wisse est-ce qui vos d'morez ? 
Lorint. 
On d*meure toi vsrisse qu'on pout; mi, ji demeure tes cosié. 



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153 



On gendarme. 
Cial ji n' voux nin qu*on reie. 

LORINT. 

Ji loge divins 'n' cberrelte. 
On gendarme. 
Vos vinrez-st-avou mi, ji v' va mette les pouceite. 

LORINT. 

A secours ! 

On gendarme {el rimcite divins les main di liante gendarme). 

QuVst-ce qui c'est? tailitz-v' don, baligand, 
Vos y avez co stu, vos n'estez qu*on brigand. 

On gendarme. 

A c'ste heure, Moucheu Houbert, c'est d' vos qui j'a mësâhe; 
Allons, n'aytz nin sogne, ji v' vas mette à voste âhe. 

Houbert. 
Ah bt, Moucheu F gendarme, po tôt çou qui v' plairet. 

On gendarme. 
N*a-t-i nin v'nou cial ho&ie onque qu'on lomme Jacques. 

Houbert. 

Ma foi, 
Vorib, c'est m* camarade, onque qui n' lojque nin h 'a' preune ; 
C'est-st-on clapant coqMî et on numéro eune. 
I piède dix ou d( ze pèce, et coula sins bambl, 
Ca ji wage qu'à 1* samainne i va co rik'mincî. 

On gendarme. 
C'est bin vos qu'on nomme Jacques? vos d*manez prèsd'rëglise? 

Jacques. 
Awet, Honcheu l' gendarme. 

On gendarme. 

Hîr, qu'avez- v' fait d' voSiC sise ? 



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- 154 - 

Jacques. 
Çou qui j'a fait di m* sise ? htr, ji n*a nin sorli. 

On gendarme. 
Et portant d'vè noufhdure on v*s a vëyou. 

Jacques. 

Qui? 
On gendarme. 

Hi. 
Vos avtz-st-è vosse main 'n' pitite lampe alloumëie 
Et v*s intrtz mon Bovy. 

Jacques. 
MoncheOy ci n'est nin vraie. 
On gendarme. 
Ji vôreus bin savu çou qu* vos alllz fer 1^. 

Jacques. 
Vos m' prindez po ine aute. 

On gendarme (itèchnnt on calpin foû di s* poche). 

Et qu'est-ce qui c*est coula ^ 
Vos n' sarlz V rinoyî, c'est vosse calpin d^'ovrège 
Qui vos ârezpierdou. 

HOUBERT. 

Bi, v'ià 'n' belle, diale m'arège ! 
Jacques. 
Tôt coula n' vout rin dire, c'est des prouve qui v' fàreut. 

On gendarme. 
Et l'argint qui vos v'nez de piëde cial à vos jeu ! 
Est-ce qui c' n'est nin des prouve? d'aîeurs vos allez m' sure 
Amon r juge d'instruction ; c'est mi qui va v' kidure. 
Si v'sestez-st-ènnocint, sûr qui v' serez r'iaché, 
JEt si y's estez coupâbe, vos sèrez-st-èprih'né. 

(On H mette les poucette et i» vont â fond de V teène ) 



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Jacqubs (it k*baUani). 
On n' pout nin m'arrester sins prouve, ci n'est nin jusse. 

HOUBBRT. 

Il a portant raison ; mains mi, ji fais molusse. 

{On ènumnt Jacques juM dé V seine.) 

Scène XII. 
JOSEPH, FIFiNE, HOUBERT, LI FLAMIMTf/ lf4 WÂGEUX. 

JOSEPH. 

Bin vola 'n' drôle d'afi'aire ! 

HOCBBRT. 

Pa j' SOS toi bouhl jus, 
Et j' n'àreus mâie pinsé ine pareiezaffe di lu. 

FlPINE. 

Eh bin ! de veie coula poquoi vis èwarrez-v' ? 

BIr, à nouf heure à V nute savez-v' bin çou qu'i fève ? 

Et d'abord c*est la wisse qu'ont miné tos les jeu, 

Et les prihon r'çuvet pus d*ine hielte di trim'Ieu. 

Les wageure, ça stu s'crit, vis fet piëde ii corëge, 

Les coq ossi, les beie, vis fet rouvi Tovrège. 

Qwand on vôreut wagt et qu'on est pauvriteux, 

On s' mette à fer V voleur, qwand on n* fait nin i* moudreu. 

Qwand c'est qui nos l' pollans, diiians des bons conseie, 

Jamâie is n' sont pierdou, i n'a rin qui s' rouveie. 

Hoûie on 'nnè bosse les spade, dimain on s*ë r'sovint; 

Tenn'a-st-avu les prouve et coula bin sovint. 

Divins tos les manège les jeu poirtet V misère, 

Les étant bin sovint ont méprisé leu père. 

Et, houtez-m\ de wagt ni prindez mâie Ii pieu, 

On n'a pus nol honneur qwand c'est qu'o.i d'vint trimieu. 



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- 156 — 

Scène XIII. 
Les MAiNiiR, pus BOVY. 

BOVY. 

Tins, j'arrive OQ pô lard, pusqui Y batte est fineie. 
Les qués visëge fait-on ? 

HOUBBRT. 

Çou qui nos v*nans de veie 
Nos èwarre et n' n'ari^ jamâie wësou piriser 
Qui Jacques esteut-st-irie homme qu'âreut pollou happer. 

JOSEPH. 

El ji n*el creus nin co. 

BovY. 

El bin, vos i' pollez creure. 
C'est mi qui l'a Tait prinde. 

JOSEPH. 

Vos avez fait 'n' laide keure. 
BovY. 
Nin si laide qui coula. 

JOSEPH. 

Li bon Diiî v' punirel, 
Ca vob ûrlz d'vou v' laire ; c'est-st-on trop bon valel. 

BovY. 

Mains si ji Ta fait prinde, ça stu po v* rinde chervice, 
Po cou qui v's asëchive avou lu d'vins 1* brouhisse, 
Et qu' ji respecte vosse feumme. 

FlFINB. 

Honcheu Bovy, merci. 
Mains vos àrtz pollou v' passer d* coula, m' sonle-t-i, 
Vus qui fait lodis Tbin. 



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- iSl - 

BOVT. 

Et c'esl co po r rispâte 
Si j*a mettou 'n' barrtre po-z-espècht ses fâte. 
Il esteut d'jà voleur, qu'est-ce qu*i Târeut div'nou ? 
So l' voie de dishonneur î sëcliive Taule avou. 
Profitez de V leçon, vos vèyez qu'c'est-si-ine plaie, 
Eisuvez mes conseie, ni wagfz pusjamâie. 
Li jeu porsul todis les jouweu jusqu'à 1* moirt 
El leu veie si disiind d'vins les lame et li r*nioird. 

Li Flamint (à Uùuberi), 
C'est moi (oratte ébouler avec ce vieux potince ! 

FiFIME. 

Ah ! les jeu ont miné bin des homme à V potince ; 
On n* sàreut trope kibaite cisse malhureuse pnssion 
Qui distrut Y sintumint^qui tripelle so l' raison. 

{Rideau.) 



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LI FRAQUE ÈMACRALLÈIE 

pOMÈDBIB EN INB AKB 



PAB 



J. BURY. 



Devise : 
Qwand on n' pout nin fer cou qu'on vout, 
I îki bin qu'on (aisse çou qu'on pout. 



HOBS CONCOUBS : MÉDAILLE DE BRONZE. 



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PSR80NNÉGB. 

HOUBERT WASTAI, armwrî 80 an. 

WATHY, H camarade 30 „ 

THOUMAS, ovrî da Haubert 31 

LI COMMISSAIRE 32 

GÂBJTEjViwaresse 50 



» 



AHËSSE. 

Po Garite : Ine fraque, li pus longue possible, ine grande banse, on paraplu, 
ine hovlette &x baque, ine paire di soler. 

Li rôle di Garite deut esse tinou par ine homme. 



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Ll FRAQUE ÉMACRALLÉIE 

OOICÈDBIE EN INB AKE. 



AKE I. 



Li scène riprésinto on manège d*ovrt. Tâve à Thinche; fornai ii dreute, 1* plan; 
liniesse ii l'hinche, S« plan ; ftrmft è fond, hinche ; poite è fond, d'intrele ; poite k 
dreote, S^ plan ; quéquès chèire. 



Scène I. 

Thoumas (buvant à V boteie), 

CHANT 1. (Musique dl l'auteur). 

Glou, glou, piiite douceure, 
Rptte mi distrii 1* cour, 
Ni m' lais nin l* menne si seure, 
Glou, glou, jan hAie, accours... 

Qwand 1* jergeUe mi gâteie, 
C*est l' diale, Ji m' choûlreus jus ! 
Mains qwand J*veux t* Jus, boieie, 
Ji reie, ca c*est m' bon Diu. 
Glou, glou, etc. 

(Parlé.) 

On a raison de dire qu'on n' sét nin wisse qui l' diale flre si 
côp. Màginez-v'* quelle bonne âbenne qui j'afait htr sins 

II 



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- 162 - 

qu' ji n'y tùsahe nin pus qui d'aller quoiri V leune avou mes 
dint. J'esteus-st-èvôie amon Châles pid-à-bol, poirier on canon 
à rTorrer, qwand loi riv'nant ji resconlra Wàlhy, li camarade 
de malsse; il esleut so Tbrindzinde, c'esl-sl-assez v' dire qui 
les rowe cstîi irop slreule por lu. Li pauve diale aveut tant fait 
des pertiperiainne qu'il esleut pus d*clicoti et d*h&moné qui 
Tvt Saint da Thenne de Nassârowe, si bin qui m'crëvéve li 
cour el qu' j'adura Tacoul'ner. Tel hapa-st-à cràvai el ji n'm'ë 
d'hergea qu' so s' soû, wisse qui s*awacha comme on borai 
d' clicoite. I m' siticha on paquet qui Taveut d'zos s' bresse, 
lot m'dihant : « Tins, vola m' fraque^elle est èmacrallëie ! C'est 
c&se di Icie qui ji sos d'vins ç' bel apautrumint, qui ji n' tins pus 
so mes squeie. C'est po m' difraitt de 1' corwëie qui j' l'a 
fait fer. »Marrique ji Tadminça, c'est l' honteux qu'y pîede; mains 
comme ji n'soi nin aifaiit à des carnage di cisse tire là et s'ji 
m'enne avcus ravôli, j'àreus ravisé 'n' cante di mon Librib, 
ji m' dëris qui ji pôreus mette mi gëve ë caroche si j' polléve 
el rivinde è quéquës viwaresse et diale mi iû ! ji n' cropa nin 
so mescinde. Mains l'veie pële-mes- peut d'vins les griffe de 
r quelle j'âlla toumer préhive téllemint qu'elle m'âreut-st-adawi 
Tagaïon po 'n' pënëie di s' noûf di s' belle boite ; ces r'vindresse 
là ont r diale ë coirps, dai ; awoureusemint qu' ji n' mi lais niD 
alourdiner ossi liaïcliemint qu'ine mohe so V sirôpe. J'enne a 
fait treus franc et dix-sept censc et d'mëie. Â fisse di spâgne j'a 
slu fer rimpli 'n' flûte qui j' fais-st-aller po d'zeur comme on 
labeur. 

(/ beut.) 

Scène II. 
THOUMÂS et HOUBERT. 

HouBERT {arrivant rattemint di dreule). 

Qwand n'est nin ë meie sept cint quatruvingt nouf avou 
s' mariëge ! 



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- 163 - 

Thoumas {à part). 
Qu'il a Tair br&boumeu ! 

{Haut.) 

Qui donc, maisse ? 
HouBERT {di mâle houmeur). 
Pa, Wâlhy; et j'sos proumi tèmon, s'i v'plaiL 

Thoumas. 
G*est vormint vraie, ji Tavcus fou mémoire. 

HOUDEAT. 

Vasse li porraonner, vas, toi; ji n'a nin r'chergî. 

Thoumas. 

I n'a là pus rin d'ëwarant, l'ovrège va télicmint bin à ç'ste 
heure qu'on invëiereut quasi les riniî... di Reikhem ! 

IlOUDERT. 

Cours à diale, halbausâ, et lais-m' è paie. 

Thoumas. 
Awet, maisse... 

{A part.) 

I s'a sûr levé V cou dVant. 

{Ennè va). 

Scène III. 

HOUBERT. 

Qwand ji v' dis qu' tôt à fait m' toûne à cbin. Si n'a 'n' m&le 
friole ë sëche, ci sëret todis sûr po m' pauve cabosse ; si n'a 
'n'mâ lournèie visse, c'est jourmâie dizos m'neuse. Apinsez-v' 
don qui j' n'a nin po chàsst so mi screnne çou qui s' pout dire 
on casaque acmôdâve, et diale mi stronne ! on m' vint chùsi po 
k'dûre ine friquette kimére à Y mâhon d' veie. N'est-ce nin à 
v' plaqut r tiesse à meùr ? J'aveus bin l' fraque di m' mariège, 
qui v'néve, j'ôs bin, di m' taie, mains qwand m' feumme lèya 



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- 164 - 

ses hosetie, j'el poirla avou 'n* cftquèie di clicotte èmon m* ma 
tanle Sârot ; qu'aveus-ju dangt d* tant d* bardouhrëie avâ 
m* mâcrawé manège, don mi ? et i n'a d* çoula treus an ; elle 
àret stu vindowd à quéque pauve diale po fer on cosleume di 
pâquai. Mains qui n'a-je bin bardosé à V vallëie des gré à 
m' sipi! r massale, qwand j*el pointa èvôie ci joû lii, ca si ji 
Taveus hoùie dizos i' main ji n* donrcus nin mi âme h totes les 
mohelte po sèpi çou qu' ji deus fer. Si j'aveus co *a' kinohance 

ou l'aute qu'àreut mains nenni, ji n'sosk'nohou qui d* plein 

dYais-m*-ë-pâie comme mi. Li pâvion n* h&bite nin l' lumçon. 
Ah! si j'aveusdes bèxâle! J'âreus soTcôp fait chette d'ine 
noûve; mains ji n'a nin des tahe et des nahe di coltiresse,bin de 
long; ii diale est ossi sovint è m' porte manôie qu'è Ttiesse d*ino 
belle-mére. J'a bin deux houlëiës pëce rëcrestëie ë V chabotte di 

m'ridan Sésebin quoi, Houbert, lais-le po les quatwaze et 

d*meie; ë F wàde di Diu, di s* mame et des grosses mohe ! 

(/ vout rintrer à Vhinche.) 
Garitte (û d'foû). 
Pèrrèraitude ! ! 

Houbert {si rlournant), 
Vasse à diale, veie houprale ! 

Garitte (de mainmé), 

Përrërailude ! ! 

Houbert. 

Mains, qui Tboie m*abalte ! J'y tûse apreume 

(Allant à V/ini^*^') 

Hai, Garitte, amousse on pô ! 
Garitte (â d'foû), 
Awet, m' bai ! 

HoL'BBRT (à Vavanl scène). 

Vola V saquoi qui n' m*àreut mâie goilé ë T maquette ! et por- 
tant r vt frougnou m* va muloi sëchî 'n' aroubëie sipenne 
foûdëpid. 



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- 16S - 

Scène IV. 

HOUBERT et GÂRITTE 

Garittb (affou 'n' grande hanse à rbouwèU), 

Di d' quoi av* dingi don, m* bai crèspou ? Si c'est d*iDe 
hoviette àx camache, vo 'nnè chai aune qui j*a raclité à 'n' vèie 
madame, mains comme ji m'a lëyt herrer r deugt ë Toûie j'el 
riodreus sins bambi à hippe çou qu'elle mi cosse. Est-ce des so- 
ler? Vo 'nnè là qui sont lot battant noCk; c*esteul d'ine incurâbe, 
elle n'ènn'alléve qu'ë caroche. Si v'f&t-sl-on paraplu, vo 'nnë chai 
onque qui j*a ravu d*ine mamzlUette qu'a d'né si Ame à diale,elle 
est intrulnowe d*on vi pëlaque sottai qui s' fait^ comme lant 
d'aute, suci disqu'à broion des jambe. Waittz V miette, ci n'est 
nîn de V casmoide, de V gnognotte, savez, çoula ; Il belle gins 
m' Ta discangî so on grand vilain potiquet d' pufquinreie po 
stopper ses frëseure. Li paraplu qui n'a nolle kimagneure di 
motte, li paire di soler qui n*a nolle accoure, avou V hoviette 
qui fait d'ine clicotte ine hârc assez belle, ossi bonne, ossi 
r'Iûhante, èblawihante qu*eune di seigneur, tôt l' hâsplin po 
Tmàlhureuse bogadelle di neuf franc, nouf houle franc ! 

(E//e It a iappé iot io ses breste,) 
HoUBERT (tôt èsbàré). 
le ! veie colëbtre ! (luélle clapette ! 

(Lèyant tourner iot.) 

Tins, vasse à V drauche avou 
t' paraplu, tes soler, t' hoviette et tôt t' boudin! Ti m'as fait 
»n' tiesse comme ine chaudire ! 

Garitte {lenginnemint). 

Le, li m' vé ! n'avise-t-i nin don ? Allez, pàquai nànou ! 
Vos avez, diale m'arawe, dër chance qu'i n'a rin d' sacagl^pasqui 
ji V' freus bâh! hasette^ savez, mi ; feu d' c&castreie, màlignant 
iubet qui v's estez, l'estez-v', vorminl! Allez, pëllé Moncheu ! on 
a raison de dire qui n'a rin d* si crotale qu'i n'rilive inebëchette ! 



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- 166 - 

IlOUBERT. 

Gloyez vosse bajovve, c'est- on casaque qui m* fât. 

Garitte ((Tine air douniesse). 

Oh ! oh ! m' binamé ! awet dai ; j'a justumint l'affaire; pa, j'el 
roûvive, nom di galle, j'el rouvive. Vola m' bai ; ji creus qui ci 
sèret vosse paquet. 

HouBERT {après avu louqui^ à part). 

J'a sûr mettou V deugt d'sus. 

(Haut.) 

Kibin pout-elle valeure cisse brim- 
bâde là, ine cope di franc ? 

Garitte. 

Plait-st-î ? Ji n'ôs golte veie di o'ste oreie là. 

HOUBERT. 

Ji mettre deux franc et cinq censé, à respect des boton. 

Garitte. 

Allez, damné frioleu ! vos n' vis boutez nin d'vins T cabosse 
qui j'el happe so l'àté d' Saint-Lambert, èdon? Dinez don bin vite 
vosse marchandèie po l'amour di ses bais oùie ! Ne faurait-i pas 
que j' vous bâhasse pour la rawelte ? 

Houbert. 

Je n' gèrie pas ! 

(.1 part.) 

Louquîz don, V vîx s'pronjou. 

Garitte. 

Allez, souwé margatia! vos n'estez nin justumint si biësse qui 
l'àgne da Hanikenne, po poleur fer vosse chet d'ine sifaiie 
manîre. 

Houbert (qu'admiraie H fraqué), 

Jan, ji boute li d'mèie pèce ? 



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-^ 167 - 



Garitte. 



Corezà Sainl-Gilles, vos ârez des messe ! Pa, diale mi r'neie ! 
vos n* vis moquez nin d^ mi, surmint?G'est dix franc, est-ce dix 
franc, et nin *n' dimëie censé mons. 

HouBERT {à part). 

Elle a sûr vèyou mes deux oûie di vaclie. 

(Haut.) 

Ji v' hausihe ce 
d' cinq censé? 

Garitte. 

Di wisse vinez-v' don, qu' ji v' rèmonne ? 

(A part.) 

L'amoise est hinëie, 
tinans bon. 

HouBERT (à part, louquant V f raque). 

Ji creus qu* c'est V feute di gatte. 

(HauL) 

Ji risquaie treus franc? 

Treus franc on qwâri? 

Garitte (volant V rihapper), 

Âbouttez-m' coula, qui ji 1* riplonquaie ë m' banse. 

HovhEKT {tinant todis). 

Treus franc et d'mèio ?... Qwalte franc ? 

Garitte. 

Allez â four po l' chet. 

HOUBERT. 

Haie, est-ce po cinq franc ? 

Garitte. 

Vos m' prindez mutoi po Tcoqu'rai d' Meirmoite, vos. Ji v's a 
dit dixhe, c'est dlxhe. 



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- 168 - 

HouBERT (à part). 
Elle mi fait souwer ^ gotte ! 

(Haut.) 

Va-t-i po six franc? 

Garitte. 

C'est-stotlant d' chanter à V poite d*on sourdaud. 

HouBERT (si mâv^lant). 

Eh bin ! tins, vèie chabrnque ! cours à diale qu*âie ti âme avou 
tes clique et tes claque, ji n' f ennë voux nin. 

Garitte {èbàrèie, à part). 

le ! qui j' sos loigne ! 

(Haut.) 

Jan, prindez-r po but. 

HOUBERT. 

Allez âx jëpe po V gatle. 

Garitte (à part). 
Qui ji SOS roubiësse ! 

(Haut.) 

Tinez, vo Y là po sept. 

HOUBEUT. 

Vosse machine s'arènihe, corez à V navette. 

Garitte (à part). 
Vèie savate qui j' sos ! 

(Haut.) 

Tins, furlangueu, t'asvëyou m' jeu, happe 
lu po les six franc. 

Houbert. 
I m' fàt r hovletie po r rawette, adon. 



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- 169 - 

Garitte. 
Tins don, marlou, ti m' riwin'rè, mi r'win'resse. 

(il part,) 

.TI est ossi filou 
qui j' SOS fiioule. 

IJouBERT {à part, allanl'St'û ridan). 

Fin disconte fin, n'a noUe dobleure. 

(Tinant le$ deux peu.) 

Tinez, rindez-m' qwatle Tranc. 
Garitte (d part). 
I mVst-avou d* malice, li m' vé. 

{UauL) 

Ça fait qu* vos n* mi volez nin 
m* paraplu ? 

Houbert. 

Wàrdez vosse foie di jotte qui n' n*âyanse tôt à ç'ste heure de 
r sope di chin, i n'a nou timpësse qui n' vinse à pont. 

Garitte. 
Et mes soler ? 

Houbert. 

J'ellz zè prindreus co tôt T mainme po m' rawette. 

Garitte. 
Iche namëie ! Je viendra d'main tout timpe. Disqu'â r'vëyt, 
m' binamé. 

Houbert. 

Diu v' kidfise, vëie gàre-di-rôbe ! 

{Garitte ennè va). 

Scène V. 
HOUBERT puis WÂTHY. 
Houbert. 
Enfin vo m' là français ! raiûlé di c' grand jâgau là et waqui 



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- 170 - 

de panama di m' pàr&sse, ji vas,diale mi slronne! raviser Mon- 
cheu r mayeur. Il est vraie qui j'àrè l'air de fer riv'ni Fosté, 
mains ç' n'est nin co coula qui m'frë melte mi chapai à Thiviér. 

Wathy {arroufiant tôt foû d* lu, èpurette). 

Fré Houbert don, quelle affaire à Lige! Ji sos vormint 
sègnt de P&colet ! 

Houbert. 
Aswâgèie-tu, qu'asse don, Wàlhy ? 

Wathy. 

Ji casse et ji spëie dispôie ine heure ; ji sos comme on revoie 
de Lolâ ! 

Houbert {si dînant 'n' ponte toi flouquant V f raque). 
Ça, mon cher, nous n'en poulons rien. 

Wathy. 

Ji m'è dote pusqui nos n'savans nouque kîmint qui T voleur 
à fait s' compte. 

Houbert. 
Li voleur, disse ? 

Wathy. 

Di m* fraque qui ji d*véve mette hoûie po m' marier ! 

Houbert. 
Çoucial c'est-st-ine aute paire di manche ; qui fresse don ? 

Wathy. 

Ji m' maquVè V tiesse à meure po r'plaqul V tapisse ! Houte, 
fré Houbert, si ces griffe là t'nit mâle li ci qu' m*a fait 'n' keure 
pareie ji jeure qu'il ftreut hase s*i s' lëyive fer. 

Houbert (hov^tant V fraque). 

C'est-st-ine hâsplèie da vosse,diskimellez T; por mi ji u* herre 
nin volt! m' narenne inte Toulie et V verrou. 



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- 171 - 

Wathy. 
Vos poriz r'wèri tn' plàie tôt fant mons qu* coula. 

HOUBERT. 

Sins blaquc ? 

Wathy. 

C'est mi qu'est V marié et toi V prouml (èmon ; wisse est l'ci 
qui deut esse li pus gaie di nos deux ? 

HOUBERT. 

C'est toi. 

Wathy. 

Eh bin ! ëproiuaie mu 1' Traque. 

HoUBERT. 

Mi fraque; mâlhureux ! et mi j*enn* irè-st-è pur-les-bresse? 

Wathy. 
Nos l'metlrans-stà chaque à tour. 

HOUBERT. 

Ji n* poux nin pâti des rabrouhe des aute, mi, camarade; qui a 
des jône les active. D'abord j'a pus sogne di m' Traque qui di 
t'mariëge et tes baragoin; t'es trop Toirsaulé, pare loi, qwand 
t'es g&ie. 

Wathy. 

Aboutto m'ei, Tré Houbert, ji t' rivârè coula. 

HouBERT {qui mette si fraque). 

Fré Wàthy, c'est pus Toirt qui mi. 

Wathy (surpris). 

Quoi est-ce ! et c*est coula l' Traque ? 

Houbert. 

Ni vasse nin V dihiTrer ? ine siTaite pëce ! 



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- 172 - 

Wathy (à part). 
Vola on tel voleur ! 

HOUBERT. 

On s' pàio du chic ou on n* s'en pàiete pas 

Watht (à pàri), 
J'ennè r'vins nin ! Waitans à nos poche. 

HouBBRT (à part). 
Il est lot èbablou. 

{Haut.) 

J'el mette apreume po Y (reusainme feie. 
Wathy (à part). 
Il a pus d' front qu'on tigneu ! 

HOUBBRT {à part). 

Quelle èbâreure ! 

(Haut.) 

Rawàde on pô, ti m' vas bin veie pus fignon, 
pus fisloquet ! 

(I tortate po V dreute.) 

Wathy (tôt macasse). 

le! Saint Haihy d'Ordenne! vola les camarade, louquiz, 
fitz v*s y. Veyez-v' comme is slronnet V poïe sins 1* (ev braire ? 
Rawâde on pô valet, farringe tes affaire à l' gosse, j*el vas fer à 
r menne ; à 1* blanque sâce qui j* vas t'arringi ! le, li voleur ! 

(Ennè va,) 

Scène VI. 

HoUBERT. 
(// vint (f dreute avou e'fraque et on chapai (f pare.) 

Volà Houbert Waslai pus r'kokessc qu'à vingt an ; waite on 
pô ! Eh bin ! wisse est-i passé ? Ji wage qu'il a pris Notru-Dame 



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- 173 - 

di galop d'esse arnaqué. C'est Y jalosVeie qui It inieure po 
les oûie ! Enn' ârè co bin des aute avou lu qui s^ louquVant 
pus lâge qui Saint-Gilles; pa j' sërë pus g&ie qui T marié, 
pusqui s' fraque est gobëie! Portant j* wagVeus m' cou d' ch&sse 
qu'il a minii comme ine harègresse, c*esteut sûr ine blette po 
m'agrawi Tmenne; mains il a stu iche; ci n'est nin a on vî 
mftrtico qu'on apprind à Ter des mowe. Enfin, pusqui j' sërè- 
st-attitoté, ficelé comme on prince Mark&Ji m' vas k'dure lote li 
cowëie divins saq wantës grandes tavienne d'avft T veie : A Ghar- 
lëmagne, rowe des Hagnlion ; à Phare, qui raverdihe li plëce 
Vette; ftCambrinus, bodenne di pid d' vache et d'hoûbion;â 
Gontinental, anchenne baraque di planche; amon Hohren, pâwe 
de Pont d'Avreu; â Bar-Grëiry, perpiie de Mayeur; à F Popu- 
laire, wisse qu'on a on verre di boa vinaigue... ji voux dire de 
bon vinaigue po cinq censé, ëlcétëiâ, ètcétërà. I fât, diale mi 
slronne, qui nos nos fansc noyette^qui n' riv'nanse plein comme 
des basse, qwand nos d'vris mainme passer po V violon. 

CHANT 2. (Musique di Fauteur.) 

J m' sonle qui ji seule déjà là, 
Montant les gré de F mâhon d* veie, 
Tôt sticbant m* bodenne comme çoula , 
El qu' n*a nolle gins qui n' mi vauie vêle. 
Comme ji sèrè proumt tèmon, 
JI li*dûrè bin tote li cowèle ; 
Jan, les heuvresse, avou F ramon 
S*astâpèFront de long F pavèle I 
Qwand c'est qui j'ârè risqué m* fraque, 
Fât qu'on westaie si chapai, 
Po m'aprèpi comme on laquai ; 
Et ç' n'Ârè-t-i ni cric ni crac. 
Tôt F monde braire : qu*il est bai ! 
Houbert avou s' fraque et s* cliapai ! 

Ji m' sins si rëguëdé, qui m' sonle, si ji f néve ine nosëie cra- 
paute, qui j' dans'reus commo on d&mné. Pa j'cancan'reusbin 
totseu !.. 



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- 174 — 

Scèna VII. 

nOUIJEUT, TIIOUMAS. 

Thouhas (chantant, il csl sô). 

Lige esl on bon payis, Malhy, 
On s\ fîiit des bodenne, Tatenne, 
Et des rogès narenne... 

ElOUBERT. 

Bin vo l' là co 'o' feie i^âie, valet. 

Thouhas (rilouqmnt Houheri), 
Vos estez bin pus gaie qui mi, vos, maisse. 

HOUBERT. 

Furlangueu ! t*as cr&nedimint de V chance qui Tovrëge ni 
V fait nin pawe. 

Thouuas. 

Ça, c'est r vérité pure; mi ji n' hés nin l'oviège et Y pèquet 
ni m* flaire nin. 

HouBETiT {à public). 

C'est lu qu' flaire li pèquet. 

Thouhas. 

On a turtos si p'tile flâwlé, et V pèquet c'est si foirt... Ji creus 
qui m' fait hosst... 

HOUBERT. 

Louque bin h V pauve cabosse, valet ; les neurës cotte sont 
00 'n' feie à V liesse de V nAtion, et on parole de plaqui 'ne loi 
so les saulèie. 

Thoumas. 

Bin, qu'on m'el plaque à cou^ j'irè bagni avou. 



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- 178 — 

HouBERT (riant). 
Dièwftde, ragognasse, ji m'è vas. 

TlIOUMAS. 

I vât mix vos qui 1' bon limps. 

HouBERT (à r Queuk di rouhe). 
Qui disse, babouieu ? 

Thoumas. 
Amusez-v' bin, maisse; disqu'â ireus vt homme. 

HOUBBRT. 

II a 'n' censé foû di s* caliotto ! 

TnoutfAs. 
I h'a pus nou papt, lu, h s' calioUe ! 

{Hobert ennè va). 

Scène VIII. 

Thoumas. 

Eh bin! vo m' là bàbe di four, pa; j'a poubi d'vitis m' paifonde 
h tallarigot; si bin qu'elle est ossi vude qui mi j'sos plein. 
Tant lourniquaiû Tàbe d'on molin qu'i n'a pus rin à moure. 
Mains va, vâi m!x V diale è m'porte-manôie qu'ine jambe cassèie! 
Vola r Traque da Wâtiiy Houlpai so C magot; ji Ta, nom di 
ch'vâ ! bu tote disqu'â golé, i n' mi d'meure pus ni lipette [ni 
lamquenne; et, mafrique, si el rivoléve, i d'vreut bin aller waiti, 
bawi à tote les coinne des rowe, ca j'aveus *n' telle bodenne 
qui dialô ! on n' pout nin todis wârder tôt !... 

Scène IX. 

THOUMAS, WÂTHY, Ll COMMISSAIRE. 

Wathy {lodis é purelle), 
Moncheu 1* Commissaire, vos estez è V chambe de voleur. 



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- 176 - 

Li CoMNissAiRB (arrestant Thoumas). 

A nom d* li loi, ji v's arrestaie. 

Thoumas ^(rofi/an/). 

JI I/S3S nin sô, mi, Moncheu T Commissaire Uoncheu 

r Commissaire. 

Wathy. 

Vo$ v' ii.ariiiez, cichal c'est l'ovrl. 

Thodmas. 

Awct, ji SOS rôvrt di m' maisse, et nos fans 'n' paire di gins 
d'adreut, savez, là ; c'est des tiesse di hoie paret, coula. 

Wathy. 

C'est bin sûr poquoi qu' vosse maisse a des main d' dâguet. 

Thoumas. 
Qui volez- v' dire ? 

Wathy. 

Qui tôt çou qu'il aduse y plaque, c'est-st-on voleur ! 

Thoumas {pochant è haut). 

Hai ! quatru vingt meie million d* (rëdé ! on voleur ! halle 
des ptJ, savez là ; on voleur ! 

Wathy. 

Vos, v*s estez-st-on brave homme, mains lu!... boutez, 
Thoumas Ji n* wois'reus v'dire çou qu'il est, mains vosse con- 
sciince di Ligeois vis dire lèie mainme li nom qu'on pout mette 
âchinissequi happe à 'n'pauve gins, qwand por lu elle s'âreut 
mettou à panai cou. 

Thoumas. 

Est-ce vos ou mi qui d'vint sot ? 



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- 177 - 

Watht (Li Cawmissaire è fond sicrU so <' calpin), 

Nouke des deux. Houbert m*a happé V fraque di in*soroge I et, 
franc comme on Ugneu, il a cbâssi so si esquëleite à deux deugt 
di m' narenne. Wisse est-st-i, r voleur, qu'on m' l'apice ! 
Thoumas {tû$ant). 
Sèreut-ce vraie? Ji Ta vëyou passer iorate si r'nippé... 

Li ConiissAiRc. 
Est-ce qui s' tich'rë s' narenne, Dosle homme ? 

Thoumas. 

Il est-st- ëvôie fer 'n' tournëie avâ r vin&ve po fer gaiver les 
mâles linwe, mains j* cours cl rattrapper po V tahmale et ji 
v*donrè-st-on côp d' main po V herrer ë T lisse. le! li voleur! 

Scène X. 

WÀTHY, LI COMMISSAIRE puû HOUBERT. 

Wathy. 

Pauve Thoumas; il est trop brave po chervi on s' fait 
qu* Houbert Wastai. 

Li Gommissairb. 
Vos n' savez nin k'mint qu*on v's a happé vosse ft*aquc ? 

WATHf. 

Oh ! nenniy allez, binamé Moncheu. 

Li GOUMISSAIRB. 

Ni à quelle heure? 

Wathy. 
Non pus. Li m&lheur aveuguèle. 

Houbert (so P houpe di guet), 

le ! qut vola ! camarade Wàihy ; est-ce o\\ deuzainme lèmon 
c' Moncheu là ? 

li 



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- 178 - 

Wathy (di CQsté). 
Judas ! 

Li CoMMissAiRi (A Houbert). 

Dihez don vos, frioleu, pinscz-v* qu'on Commissaire vâie 
minti po quarante cinq censé ? 

Houbert. 

Mande èscuse, Moncheu, vos v*marihez. 

Ll COMMISSAIRI. 

Si vos D*avez nin happé c' fraque-là, di wisse l'avez-v' ? 
HoDBBRT {brèynnl). 

Happé ! cint gigot ! happé ! Apprindez qui c* n'est nin 
è r famille des Wastai quU n*a des deugt à croke ; ci n'est nin 
'ne main qui chève ii Gouvernimint, savez, cisse laie. 

Watht. 

Di wisse vinreut-elle adon ? 

HOtIBBRT. 

Coula n' vis compette nin. 

Li Commissaire. 
Mains mi j*el voux sëpi. 

HaUBERT. 

Ji Ta racb'té ii 'ne viwaresse. 

Watit. 
Vos avez boke et minton ! 

Houbert. 
Et vos, narenne et front ! 

Ll Commissaire. 
Silence ! on n' si dispite nin ! 

Houbert {trouant $e$ manche), 
Kimint, vos m' vinez dïottiner è m' mohonne ! vos m'allez 
pày! coula avou de 1' manôie di mftnico. 



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- 179 - 

Watht {idem). 
Vinez, hasti-m&crawé, ji v' wâde ine preune. 
Li CoMMissAiRB {à part), 

Ji ironie so mes squèie comme on chin qui... hum ! Silence ! 
au nom de la loi. 

Garittb (à éPfaû). 
Perrèraiiude ! ! 

HOUBBRT. 

Ah ! Ab ! vocial 11 soflet di l'affaire ! 

{À rfignieue.) 

Haï, là ! av' oyou ! vinez 
on pau, allez, binamëie feumme. I fàt fer tôt doux, dai^ avou 
c' charabanc d'Aiwàie là, elle si mèfèiereut. * ' 

Ll COMMISSAIRB. 

Enfin, nos allans sëpi 'n' saquoi di c* talmahrëie, i n*a nou 
ma ca j'y piëde mi latin. 

Scène SI. 

Les mainmb et GABITTE. 

Garitte (iQuquant H Commissaire è eoissé). 
Hum ! i flaire li coirbâ. 

HouBERT {à r figniesse). 
Wisse esM-elle don, Tëmacralëie patate ! 

Garittb. 

Est-ce à mi, m' bai, qu' vos *nn' avez? Vos parole n'ont gotte 
meltou des want. 

Li Commissaire (à public). 
Elle batte li chin dVant l' lion. 

(/ mette iet lorgnon, rimante li »cène et s* creuh'laU le* breue tôt r'ieuquant 
Garitte,) 



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— 180 - 

Gàritte {si mettant à costé et fanl *«* révèrincê). 

Je m' clinche beaucoup, moD signeur ! Ni dirtz-v' Din Mîcbi 
d*30 r Goffe... Slrogoff, vous-ju dire. 

Wathy. 
Est-ce bin vos qu'a vindou 'n' fraque à s* pàpioule là ? 

Garittb. 
C'est sûr &x p*tits fré qui v's avez stu è scole vos, m* bai ? 

HOUBERT. 

Attrappe, Champagne ! qui jâse ainsi n'est nin mouwai. Ëdon, 
bonne feucnme, qu'elle vint d' vos, cisse fraque ? 

Garittk. 
Ci n'est nin mes affaire. 

Li GomassAiRE (brèyant). 
Si c' n'est nin les vosse, c'est les nosse, comprindez v' ? 

Garittb. 

le ! namèie, quelle sipriche ! Allez, damné mamot, on 
s' moque di vos ; n'avise-t-i pas donc ! 

Li GoMMissAiRE (Vapovignant), 

Si vos n' mi respondez nin d'adreut et l' pauce â baut, ji v' vas 
fer dansera violon. 

Garittb {tronlant). 
Awë dai, Moncbeu 1' Commissaire etreud-à-bal... 

Li ComiissAiRE (el lâchant). 
H&ie, ni postans ninbaicôp âtou de pot. 
Garittb (ni mâvHani), 

Si V* m'adulez co m&ie, ji v* mâque mi foie di jolte so vosse 
houle cabut ! Po qui m' prindez-v' don, vos ; oistez vos 
berriquc, ferluquet, vos vierrez pus clére ! 
Li CournssAiRB. 

Veie houprale ! f&t-i qu' ji prinse mes èpousselte ? 



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— 481 - 

Garitte (trmlant eo). 

Nenni savez, Jésus, Hariâ^ Joseph ! Ji m' kidûs» ji m' tins 
keu, ji d'meure boke cosowe. 

Li CoNMissAiBi {deufminl). 

Adon, vos allez v's asstr-là, et si v' soflez co po aute p& qu' po 
d'so vos poUez fer vosse testamint. 

(À Haubert.) 

Vos, 80 l'aute chèire ! 

HoUBBaT. 

Ji sos-st-ë m* mohoune, mi. 

Ll GOMMISSAIRR. 

Adon, vos avez V dreut di v' taire, tonne di btre ! 

HouBBRT (allant s^asiir à dreute). 
Vos dirlz on marcou d'vins des grusalt. 

Wathy {joyeus'mint). 
A la bonheur coula, Moncheu 1* Commissaire. 

Ll COHMlSSAmB. 

Ë Faute coine, vos. 

Wathy. 
Hi ? mains ji sos plaindanl ? 

Ll CoimissAiRB. 
C'est vos qu* est r pus à plainde, assiez-v' 
Wathy {allant g'asHr à rhinche) 
Là, diale mi stronne, adlez cila ! 

Li CoMmssAïKB (à Garnie qui «' tint comme ine posteure so s* chHre) 
Da qui est-ce, li fraque ? 

Garitib {accègnant Haubert). 
C'est da lui. 

Ll COMMISSAIBB. 

El d'vant^ da qui esteut-ce ? 



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- 188 - 

Garittk. 
Da moi. 

Ll COMMISSAIKI. 

Et vos, dî qui r tinez-v' ? 

Garittk {pochant é haut). 

Saint Mâihy d'Ordenne ! passe-ju les baguette mi, chai ? 

Li CoMMissAiEE {faut Vd (Taller è s* poche). 

F&t-i Izè prinde ? 

GAarm {$i riCnant rende). 

G'est-st-on jône homme qui m' là v'nou vinde. 

Li GomussAiRi. 

Qui raviséve-t-i ? 

Garittb. 

On sot^avou des neûrs chivet et des colés oùie... ji m* trompe! 

Li Commissaire. 

C'est bon : vos qui a* trompe et V bâreau qui pette ça fait 
trompette et v*s irez hufler devins. 

Thoumas {à d*9in9). 

Pièce ! pièce ! qui j' veuse li halbausâ ! 

Scène XII. 

Les mainme et THOUMÀS. 

Thoumas (à mitant de V scène, si creuh'lant les bresse). 

Vos v'Ià donc, Moncheu V pète-en-Pair ! Li ci qu' po r*wèri 
s' plaie fèrihe ine aute ! li leup coviért d'ine pai d' mouton ! 
Awè,rilouqutz-m',ji aos>in pau d'choi; mains ji sèreus mainme 
Il pus misèr&be des misèrâbe qui s' herchet d'vins les brouhisse 
de r veie ; j'àreus si faim don boquet d' pan, qui s* seûie ; j'ftreus 



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— 183 — 

seu à ralëchl les corolle ; qui d*vant de tromper rhoniiéte con- 
fiince dé ci qui s' freut m* grand camarade, ji m* iôiereus 'n' pire 
à l' hanette et m* laireus gotter è Hoûse ! 

HoimniT. 
Meîe million d* cataplame ! ! 

Li ComissÀniB. 
Volii on brave homme ! 

Gàritte {qui r*louque iispàie longtiinpê Thaumai). 
Ji a' mi trompe nia ; pa, vo T cial li ci qu* vos quoirez. 

Ll GOMMISSÀIIB. 

Lu! 

Gakittb. 
Awè lu ; qui Diu m' wftde di l'accëgneur. 

Li ComassAiRE {apougnant Thauwiaê). 

Ah! tourciveu d'jubet; vos tappez Phouwèie so ine aute 
âfisse di v'rilaver ! vos m' payerez coula pus chir qu'à marcht. 

HOUBBRT. 

I n'a nou ma dai, rin n* vAr, cairurtt, galapia ; vos ravez totes 
vos miche en on pan. 

Thouvas {pèneun'mint). 

Quelle comèdeie jowe-t-on avou m' coirps don mi chai ; ji n'y 
veus vormint gotle. 

Wathy {à part). 
Ni mi nin pus, nom di gaite ! 

Garittb. 

N'el fez nin si bin, aile z, vos savez comme mi qui c'est vos 
qu'a v'nou htr piler po qu' ji v's ach'tahe ine fraque. 

Thocmas. 
Et qui n'a-t-i ? 



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- 184 — 

Garitte. 

Vèyez-v' qu'il advowe. 

Thoumas (macasBe et brèyant). 

Kimint don. Saint Houbert ! C'est po s' fraque là qu'on kidût 
on s' Tait chin d' cafu ! 

(f rotu avd V scène.) 

le ! i ffti-esse foû de l' grâce de bon Diu ! 
i At-st-aveur on bois foû di s' fahenne ! i f&t-esse bon & loyt ! 
Oh ! po c' côp-là« Sainte-Bablenne ! 

Watht. 
Mains poquoi don coula ? 

Thoumas. 
Poquoi ? vis rapp'lez-v' bio d'htr à l' nute ? 

Watht. 
Nenni, j'aveus 'n' trop fameuse paie. 

Thoukas. 

Eh ! bin, volez-v' sèpi qut v's a rapoirté à crftvat disqu'à so 
vosse sou ? 

Watht. 

Qut esteut-ce ? 

Thoumas. 

C'esleut mi. Vos avtz 'n' fraque èwalpëie, savéz-v' à qui vos 
Pavez d'ner po V rimerct di s' bon siervice ? 

Watht. 
Nenni. 

Thoumas. 
C'est-st-à mi. 

HOCBBaT. 

Volà-t-i 'n' kimëléie h&splèie I 



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— 488 - 

Watbt. 

Bio v*là 'n' hayette, èdon. Ci sèreut portant bin vraje : on est 
si biesse qwand on est s6. 

Ll COMMISSAIBB. 

Eh bin! qui vous-ju dire, rëie-t-on d* mi chial ? 

Watht. 

Ifoncbeu V Commissaire, nos v' dimandans co meie feie 
pardon ; ji m' sovins à c'ste heure assez bin po-z-admette qui 
Thoumas deie li vraie et si Thoumas mi voléve rinde mi fraque 
ji rid'vinreus l' pus awoureux des homme. 

Thoumas. 

Naisse?., rindez-lt?.. 

HOCBERT. 

Ji n'a nin 1* cour malade. Si Garitte mi raboute mes cence 

Gaaittb. 

Ji n' pruge nin dai, Bfoncheu ; dik*mellez-v' avou lu, il a st-avou 
les menne. 

HOUBBRT. 

Lu ! G'est-st-ottant qu' vos m' dihëse qu'elles sont-st-è fond 
d' Moûse. 

Thoumas. 

Ji sos*st-ossi rftr'mint sèche qui leie, mains j'a pus sovint seu. 

HouBiRT(â Wàthy). 
Tinez, vola vosse fraque. 

{A Tfuntmat,) 

Ji v' ritinrèt coula so vosse samainne, 
vos, gàbiot. 

Watht. 

Fré Houberti ji v' rik'nohe todis bin là. 



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- 486 - 

Li GomussAiRi. 

Bin v*Ià sormirU*a'èinacrallèie fraque! H' on pau veyedoo... 
pa, diale Qii stroiine, c'est m* fraque, coula!... Ah! capoD, 
c'est vos qu' va-st-aller danser 'n' rédovà. 

(Il apogne Wdthff.) 
Garittb. 
Que tricbal ! 

Watht. 

Vos v' trompez, Sloacheu T Commissaire, ji IVsi-avou di 
m' soroge. 

Ll GOMNISSAIRB. 

Filou! c'est V houlëie Chanchesse qu'i l'aveu t-sl-à raccomôder. 

Watht. 
Eh bin ! c'est m' soûr. 

Ll COMIfISSAIRB. 

Vosse soûr ? 

Watht. 

Pardieone ! J'esteus sos les voie qui k'dûhet-st-à s' mohonne 
qwand à d*on c6p j* Tapparçuvà qu'elle vinéve po m'concoister; 
ji li d'manda après m' comuchon, elle mi dèrit qu'elle l'aveut, 
st-aponti so l' tàve et qu' ji l'allahe quoiri, j'y alla ; mains ji 
m' rappelle à c'ste heure qu'i n'y aveut deux paquet et j'apougna 
r proumt qui m' touma d'sos V main, comme di bin jusse ; 
j'el diwalpa et pusqui l' fraque mi dûhéve on n'sftreut ml, ji 
m' wftrda bin d' nàhi après ine aute ; adon d' binàhisté ji m'alla 
rècrester T jergette di saqwant mftrtico qui m'ont rindou malade 
comme on pauve chin. 

Li GomcissAiRB (à publie). 

Les laid mft lourné, c'est l' cisse qui m' bai père m'a prusté 
po m' marier, s'il esteut cial c'est mi qu'on arrestreut. 



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— 18T — 

HOUBBRT. 

Bio n's estans gaie, à c'sie heure ; qu'allans-gn* chftssi so 
nosse fât d*obai ? 

Watht. 

I f&ret bin qui j' vâie rid^mander V casaque di m* soroge ; 
dismetiant qui n' seûie nin trope kimagnt des motte. 

HOUBEET. 

El mi qui frè-j' ? Mafrique j'entf irè-st-à V Yis-à-r vase 
comme si j'qwittéve rovrège.On n'a qu'à s*f&fiiler onk^ po Tftme 
di s* père l'aute po Fàme di s' mère et qu'on s' ritrouve-ià po 
l' cbaud-fait. 

Tboumas. 

Mi j'enn' irè-st-ë pur les bresse tôt savant I' maisse avou 
'n' craque di canon so mi spale. 

GARrrTB. 
Eh bin ! qu' ji s' pèche ! vos estez co des èfant à V bonne 
mode. 

Watht. 

On s'abesse comme on pout. 

GAarm. 

Si tôt l' monde s'arrin^tve ainsi, on n'àreut nin dingt 
d' magneu pampayàrd. 

HOCBERT. 

Les squé ? 

GARrm. 
Les homme di loi ! 

Li ComiissAiRB (qui s*eriéve). 

Ji n' creus wère qu'on m' vante... Jan, disqu'à rVeyî; seuP- 
mint qui si n' seûie pus po V mainme affaire, sins quoi 

HOUBBRT. 

Moncheu TGommissaire, ji vôreus bin v'dire on diërain mot.,, 



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^ 488 - 

CHANT 3. (Musique di routeur.) 

Sins r sèpi nos v* fls creure àx craque ; 
( fârel bin nos escuser. 
Si mainme on a stu Joigne assez 
Po s* lèyl couîonner d*ine Opaque ! 

(JSMonne.) 
Sin*mèri(tsd*siUerhufler 
Nos serfs sûr èmacrallé, 
Ëmacrallé, èmacrallé. 
Si n's alits d*sos clé ! 

Thou^ias. 

Gomme on a diroellé r hâsplèie, 
Qu'ennè dlrez-v\ vos aute, mes gins? 
Nos traitiz-v* dl mâbeulés cbin 
Di V* biner Mf fraque èmacrallèie ? 
(Etêonne.) 

SI n' mèritts mâle dresse buflé 
Nos serfs sûr èmacrallé, 
Èmacrallé, èmacrallé, 
Si V' prindlz vos clé ! 



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SOCIÉTÉ LIÉ6E0I8E DE LITTÉRATURE WALLONNE. 



CONCOURS DE 1887 

RAPPORT DU JURY SUR LE U* CONCOURS. 



Messieurs, 

Trois pièces ont été soumises à l'exameD du jury 
chargé de juger le 14* concours. Nous pouvons tout 
d'abord écarter le n"^ % Avinteure d'an bon paoureu, 
qui ne rentre même pas dans le cadre de ce 
concours : c'est plutôt une chansonnette coupée de 
monologues, dont l'auteur a vainement essayé de 
rendre comiques les aventures invraisemblables d'un 
individu dominé constamment par une peur que 
rien n'explique. 

Le n" 1 est une scène diaioguée qui a pour objet 
la loi sur l'ivresse. Le vers est facile, le dialogue 
coulant et bien v^allon. On sent que l'auteur a 
l'habitude d'écrire et de parler notre langue. Mais si 
la facture est bonne, le fonds est bien vide : le but 
de la pièce semble être de prouver que les premières 
victimes de la loi de 1887 seront les gardes-cham- 
pêtres chargés de la faire respecter. L'idée, quoique 
banale, pouvait, traitée par un écrivain spirituel, 
donner naissance à une scène rapide et bien vivante ; 
mais notre auteur l'a délayée dans dix longues scènes 



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— 190 - 

comprenant une trentaine de pages et fatiguant à la 
fin l'attention. 

Le n* 3 met en scène un vice qui, pour être rare, 
n'en mérite pas moins d'être flagellé par la muse 
satirique wallonne. Cette pièce a pour titre : 
Les pèk'teuse : trois femmes se rencontrent dans un 
petit Cabaret, théÀtre ordinaire de leurs exploits 
bachiques : elles sentent combien l'ivrognerie, cou- 
pable chez l'homme, est plus hideuse encore chez la 
femme, et cherchent à s'excuser à leurs propres 
yeux : l'une boit po s'mâ d' dint, l'autre po s'poir- 
leur et la troisième po rouvi ses chagrin. L'auteur de 
cette pièce a plus d'originalité que le précédent, 
mais son vers est moins facile. On pourrait regretter 
que le talent d'observation du second n'ait pas eu à 
son service l'habileté du premier. 

Quoi qu'il en soit, le Jury estime que ces deux 
pièces seront lues avec intérêt et propose d'accorder 
à chacune d'elles une médaille de bronze. 

Le Jury : 

A. HocK, 
V. Chauvin, 
et H. Hubert, rapporteur. 



La Société a donné acte au Jury des conclusions 
ci-dessus dans la séance du 15 février 1888. L'ou- 



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- 191 — 

Yerture des billets cachetés accompagnant les mé- 
moires couronnés fait connaître que H. Jos. Kinable 
est l'auteur de Les pèk'teuse et M. Fr. Poncelet celui 
de Li loi d* quatre-vingt-sept. I^'autre billet a été 
brûlé séance tenante. 



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LES PEK'TBUSB 

JAVLAI POPULAIRE Èn' INE AKE 
PAR 

Joseph KINABLB. 



15 



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PBRSONNÉGB. 



Mme TINON. 
BEBTENNE. 
GAEITE. 
FRANÇOISE. 



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LES PEK'TEUSE 

JAylai populaire en' ine ake. 



AKB I. 

L\ théàte riprésinte ine pièce qwarrëie formant l' dri dîne boiique. Adreuteine poile 
diflant so V boiique, à gauche ine finiesse avou on volet qu*on riplôie. Ine &rina, 
ine commode, des chèîre. A mitan ine tftve avou on fauteuie et deux chèïre atou. 

Scène I. 

M"« TInon. 
(Elu i*adretse à 'ne offem qu'ennè va, on ôt hUier V tonnelie di Vouhe.) 

Po 'ne aute feie, ji m* rikmande. 

{Avandhant,) 

Gomme j'a bin slu strumaie ! 
Les cande ni fet qu* d*appIoure dispôie qui j' sos lèvaie, 
A pône a-je avu l' timps d' magni vite on boquet. 
Si faveus pôr avu mes buveuse di pèquet 

(U mnneue di Vouhe hUtèie, aprèi avu louqul vé V botique,) 

Vos è chai eune qu'inieure, c'est Bertenne... elle fait 1* mowe, 
On n* jâse jamâye de leup qu'on n* veuse rilure si quowe. 
Que houzârd qui c' feumme-là ! 

Scène U. 

M"»* TINON, BERTENNE. 

Bbrtentb. 

Bonjou, Madame Tlnon. 

M"« TÎNON. 

Bonjou, Bertenne. 



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- 19« - 

B£RTBNNE. 

Vèyez-v', c'est mi qui vins d* pus Ion 
Et ji SOS co i' prumire. Qui fetelle ? 

M«« TÎNON. 

Ji SOS sûre 
Qui V03 n' ratiindrez nin baicôp elle vis vont sûre. 

Bertenmb. 

C'est deux fameuses câce, dihez-m' qu'ont-elle à fer? 
On p'iit manège di rin. Elle ni sont mâie trové 
Ine feie chai divant mi* 

(Elle mette ine main to t' chijfe.) 
M"» TÎNON. 

Qu'avez-v' don ? 
Beivtenne. 

Ah ! *ne soffrance ! ! ! 
J'a mes gincive inflaie, d*nez-m* ine grande gotte di franco. 

M"»* TÎNON. 

V Tarez tôt d* suite Bertenne 

(Elle va à s' botique on 6t P Bonnette.) 

Bertenne. 

Rif nans qu' c*est l' coslé dreut 
Qui j'a dit qui m' fait ma, sogne qui ji n' mi tromp'reu... 

{Ijouquant vè V botique.) 

Et m' gotte don ! a ji vous qu'elle ahesse ine pratique 
Qui ji vinsse qwand ji voul n'ia de V gins à s' botique. 
Vochal, i n'y a nou ma. 

M"»' TiNON (chervant V gotte). 
Volez-v' de souk divins î 
Bertenne. 
Vos savez bin qu' nenni co jamàie j'ennè prind. 



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— 197 -- 

M"« TÎNOH. 

Assiez-v' ë vosse fauteuie» Bertenne. 

Bertennb (s'assiant). 

C*est toJi m' pièce. 
Ces deux-IJi wisse sont-clle ? je Ts i spiercu ieu liesse. 

{U sonnette di Conhe hiltèie,) 
M«* TlNON. 

Oo inteure. 

Bbrtenne. 

Est-ce qui c'est zelle ci côp-là ^ 

M"« TîNoif . 

Nenni. 
C'est 'ne aute cande ; on moumint. 

Bertenne. 

Allez. 

M"» TtNON. 

a va riv'ni. 

{JSUe êàrte.) 
Bertenne. 

De mons cbal so 11 dri on n' pout nin esse vëyowe. 
Des masse di gins qu' passet à tôt moumint ë r rowe. 

(Elle vude si goile,) 
(A Jfn« Ttnon qui rinteûre.) 

Rimplihez m' gotte s*i v' plait ji vins de l' bouter foû 
Po Ter passer m' ma. 

M"** TtNON {on pô moqueuse). 
Pauve Bertenne. 
Bertenne. 

Et d'nez-m' ine où. 

M-« TÎNON. 

JivaTquoiri. 



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— 198 - 

Bbrtbnnr. 

So r timps qui j* sos lote disseulaie 
Ji groumHret à Tideie. 

(A arm« Tlnon qui V ehève.) 

Vos m' gâtez, binamaie, 
A m' chervi comme à messe. Esse-t-i vraie ? rihante-t-on ? 
L'brut'nnèfoû. 

M«« TÎNON. 

L' ci qu'el dit il a boque et minton. 
Ri hanter ! mi r'marier, c*est bin assez d'ine feie 
On n' m*y r'prindret jamâie. 

Bbrtinnb. 

V's avez bin raison, m* feie, 
Les homme qu*on n' m'è jàse nin, ji creu qu' n'ia nouk d*adreut, 
Ossi v'Ià-t-i longtimps qui sor zelle j'a fait 'a' creu. 
Et po todi savez. 

M"« TîNo». 
Je I* comprind à voste âge. 
Rertennb. 
A mi âge. 

M"» TÎNON. 

Ritrouvrlz-v' co î 

Bertenke. 

Nenni, mutoi, dammage. 

(Li sonnette di Vouhe hiltèie, Jf»» Ttnon vaèV botique.) 

Volà'ne rare èdon leie, il avisYeulco bin 

(Elle mâgne si où.) 

Qui j' sos-st-on vl herval qu' ji n' sos pus bonne à rin. 

Leie ni rëch'reut nin d*su8 mâgré tôt qou qu'elle deie. 
Qui n' tint-elle onk à s* gosse elle a sûr des ideie... 

(À M"» Ttnon qui rinteure.) 

Volà qu' ji strônue à c'ste heure. 



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- 199 - 

M"» TÎKON. 

Vos v*savez-t'ècrouki. 
B£RTENNB (mostrant à* verre el tassant). 
Rimplihez. 

M"« TÎKON. 

Ji m'ënoQde. 

(Elle tôru et revint tôt d' suite avou V bouie.) 

Berteniœ {elle tosse co po s* fer cî cT Madame). 

Vos v'is avez dispëch!, 
Et vos avez bin fait. 

(EUe beut on côp.) 

Ii"« TÎNON. 

Après vos c*e8t Garite. 
Qui vint todi. 

Bertbnnb. 
L'cànôie elle ni se ria fer vite. 
M«* TteoN. 
Elle va v'ni. 

Bertbnnb. 
Elle n'a qu'on boquet d'homme à sognt, 

(Li sonnette va\ Madame sorte après avu stufer *ne rôle so V volet.) 

Et qu'ennë va tôt timpe à mon s' Naisse sicrignt... 
Mais fât qu'elle jftspinaie 

M»* TÎNON (M rinirant). 

Là Garite elle inteure 

(On ôt hUter T sonnetu.) 
Bbrtbnne. 
Houmans vite. 

(Elle vude si verre.) 



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— 200 - 

Scène III. 

M». TINON, BERTENNE, GARITTE. 

Bbrtbkmb {à Gaiilté). 

A vos v' chal| intrez qui volez- v' heure ? 

/ Garite. 

V's estez bia bonne, Bertenne, mais c*est mi qui k'mandret, 
N'avez-v' co rin pris ? 

Bertenne {elle 9i live). 

Mi?.... on hufion 

Garite. 

Je 1' pàieret 
El Françoise ? 

M"« TÎNON. 

On r rauind. 

Garite. 

Kimint 1* n'est nin co v' nowe 
Cest-st-à r'marquer elle est todi V prumîre... à r quowe. 

M"» TÎNON. 

I n'est nin tard. 

Bertenne. 

Il est pus qui s' timp^ mais muloi, 
Qu'elle s*amuse so ses voie. 

Garite. 

I li fàt si pô d'choi. 
Po r rai'ni. 

(U mnnetu di l'ouhe hiltèU,) 
M*"' TÎNON {toi nn'allant). 

C'est chai hoûie ine vëritabe navette 



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Bertbiqie. 

Qu'elle s'è plainsse. 

Garitb. 

On se qu' wisse qu'on vind Y gotte à V candielte 
C'est todi comme coula. 

M"« TiflON (tôt rintrant). 

Ou vint heure so V hawai. 
On beut^ on paie, on v' qwitle et ratt'mint voIà l' pus bai. 

{Li ionnetu hiltèle.) 

Vos l'oiez li handelle ni finih'ret nin hoùie. 

(PAU tôru.) 

Garittb. 
Fàt qu' ji v' deie comme ji vins d' li bèrer l' deugt ë Toùie. 

Bbrtenne. 
A qui? 

Garite. 

A mi homme surmint. 

BiRTENNE. 

Et po coula v' volez 
Nos mette fou sogne. 

Garitb (M<"« Tinon rinleure). 

Ji v' vous bin régaler 
Tapez 'ne tournaie, Madame, prindez on verre avou. 

M»»» TÎNON. 

Merct^ jamàie. 

{EUe sorte.) 

Bertennb. 

A pône li arans-gne tourné V cou 
Qu'elle aval'ret 'n' copenne, mais elle vout fer li sireute. 

Garitb. 
V creureu bin qui c'est*st-ainsi. 



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-^ 208 - 

Bertbkne. 

Louqu!z-r po 'ne rare chesseute, 

(ElU vudel Ui verre qui M^ Tinon leu chève,) 

GARrr£. 
Rimplihez-les si v' plait. 

Bbrternb. 

Vos n' m'avez nia co dit, 
Po fer passer vosse live k'mint qu' vos v' s'y avez pris. 

Gamte. 

J'a tôt bonnemint on p6 sitrouki l'àrmêtique 
Tôt ii rindant mes compte, 

M"* TInon {ehervant les deux verre ; après elle va marquer so V volet). 

Vola mes deux pratique. 

Garitb. 
Merci. 

Bertenne. 

Qwand Thomme tint l' bouse^ Tfeumme a todi raison 
D' sognt l'anse de banstai. R*bin avez-v' flouwté don ? 

Garite. 

A pau d' choi, rin qu' deux franc. 

Bertenne. 

G' n'est vormint nin les pône. 

Garite. 

Nenni po ranouï tôt les coron essônne 

Tôt comptant so 1' samainne çou qu'a stu dispinsé, 

Gonv'nez qui c'est foirt pau. 

Bbrtinnb. 
J*dis qui c' n'est nin assez. 



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— 203 - 

Garitb. 

Si c' n'est même qui deux franc i fât hoùie qu'i pochesse, 
Et qwand nos 'nnè rirans n's ârans-st-on verre è 1* liesse. 
Madame 

(Elle moiteure les verre à M'^ Ttnon qui va les rimpll.) 
Bertenne. 
Wisse est Françoise ? 

Garite. 

S' bai ràret co flahl. 
Bbrtemne. 
G' n'est nin sor mi qu'ine homme àreut woisou bouhl ! 

Garite. 
G*est-st-îne si pauve dorlainne» elle ni se fer s' couhenne. 

(Ifte* TUioH rinteure.) 
M"« TÎNON. 

Qui don ? 

GARm. 

Pa Françoise. 

Bertenne. 
Leie, c'est-stlne fameuse jaquelenne, 
Ine homme est bin à plainde qu'attrape on pareie lot. 

M»« TÎNON. 

Li ci qui Ta sposé est-»t'08si biesse qu'on pot. 

Garite. 
El caniesse addiseur. 

M*** TtNON {sortant so Ve&p d^zonnetté). 
I Tprouve bin pusqu'i Tbatte. 
Bertihhb. 

On m'a dit qui sor leie on aveut taper n*ha(te. 
Si l'a t'appris n'saquoi ... 



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— 204 — 

Garite. 
Qu'est-ce qu*on se, mais buvans. 

(EUe buvêt.) 
Bertennb. 

J'ô bîQ qu'i s'mâgriaie di n'avu nol ëfant. 

Garite. 
Qu'ënn'ë pout-elle don leie ? 

y-^ TfNON. 

Vocbal vosse camarade. 
Elle va d*tot ses pus vite. 

{On 6i hilur Pêùnneue.) 

Scène IV. 

M"* TINON, BERTENNE, GARITE et FRANÇOISE. 

Bertbnne. 
Françoise, qui Tbon Diu v'wade ! 
Françoise. 
J'pinséve esse li prumirc, ca ji m'a dispatcht. 

Garite. 

V*s avez tofér on diale ë Tvôie po v* s'espatchl. 

Françoise. 
Mi laid m&tourné d'bomme vint de m'diner *ne volaie. 

M"« TÎNON. 

Toi v' riprocbant co 'ne feie de magni de 1* doraie, 
Qwand c'est qu'i n'est nin là ? 

Françoise. 

Nonna c'est po on rin, 
Qu'i bouhive comme so 'ne biesse, li pourçal. 



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— 205 — 

Bbrtbnne. 

Li vert cbin ! 
Gabitc. 
Et poquoi boubive-t-i ? 

Françoise. 

A c'est po 'ne pipe cassaie... 
Ine pipe d'ine cence ! 

Bbrtbnne. 
Mutoi qu'elle esteut bin passaie. 
Françoise. 
Dinez-me ine gotte, madame, j'a m'coirps comme on blanc deugt . 
Fàt qu*ji qwire à m*rimette ; qui prindéz v' don vos deux ? 

Garite. 
C'est mi qui régale bouie, qui mes deux franc pochesse ! 

Bertenne. 
C'est si bomme qui paie li scot. 

Françoise. 

Vos m'allez fer fer V fiesse 
Qui v's'avez bon vos aute, àh ! qui n'vis ravisse-ju ! 

Bbrtbnne. 
Allons, madame Ttnon, nos n'avans co rin bu. 

Garitb {dit on mot à Voreie di M'^^ Ttnon qui sorte vite). 

Kimint rin bu ? Bertenne, mais vola Tqwatraime gotie 
Qui n' s'allans prinde. 

Bbrtbnne. 

Pinsez-v' mi fer passer po 'ne sotte ? 
J'dis qu'on n'a co rin pris d'pôie qui Françoise est là. 

Françoise. 

C'esl-st'ainsi. 



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- 206 - 

Gaioib. 
V'chal DOS verre. 
Françoise {louquant les verre qui M*^ Ttnon chève). 
C'est des placou çouIa ! 

M-* TtHON. 

Garite les a k'mandé. 

(Elle va marquer n'râie to Vvolel.) 

Bbrtbnne. 

Ji mTais si ma d' Françoise. 
Falléve-ti qu'elle toumahe so n* pareie escossoise ! 
A vosse sanlé mes gins. 

Garite. 
Bu vans, is' sont veiou. 

{Elle buvetfou, tâve FrançaUe.) 

Bbrtbnne. 
On deuzaime à Françoise po beure» toi d' sûte s'elle veut. 

Françoise. 
Ji ne l' refusret nin. 

Bertenne. 

DVins on chagrin pareie 
On placou c'est trop pau mi j' beureut à 1* boteie. 

M»« TÎNON. 

Ine homme qui fire si feumme divreut esse dikw&dlé. 

Garite. 
Awoi ca 'n* y a noUe pône assez foiie à It d' ner 
I fat esse bin polake. 

Françoise. 

Ni v' balte-t-i mâie li vosse ? 

Garite. 

S'ënn' prindéve Fideie ji 11 (reu passer l' gosse 
De pan. 



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— 207 - 

Bertemni. 

Beut-i ? 

Garits. 

C*est rare ! i dit qwand rest-si'èbu 

(Si khinant,) 

I n'y a nouk ii m* louquî d'vins V blanc des oûie, meie bu ! 

M«« TfaON. 
G'est-si'on crâne ! 

Gaeite. 
Mais alôrse ji n'a qu*on mot à dire. 

I sHait, i magne, i s'couque et s*ëdoimme comme ine pire. 

II est, ji v'ia co dit, ossî doux qulne ognaL 

Brrtennb. 

I n'doimret pus si bin qwand v' s*àrez vosse gnaignai. 
Mais Françoise qu'avez v' don ? Ji veu qu'vos n'buvez wère. 

Françoise. 
J'a sogne di m' fer malftde. 

Garitb. 
Que conte ! Vûdiz vosse verre. 
Françoise (vudant s*verre tôt fani Tmêwé). 
R'jnint r s*bomme polet-i beure ine saquoi d'si mâva ! 

Bertenkb. 

Hi» si c' n'esteut m'mft d' diot ji n'ë beureu mâle va ; 
J' n*è vôreu nin oder ! 

Garite. 
Mi ji beu po m* poirteure. 
Françoise. 
Voila co n' feie ? 

Garite {aspcîant). 
Awoi. 



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- 2«8 - 

M"* TÎNON (huquant (iarite). 
On n' veut rin. 
Rertemne {levant rbresse en riant m Garite). 

Tole à c'sriieure ! 
Garite. 

C n*est mâie qui po coula, po qui mi èfant seuie bai, 
Pusse beurè-je di pèquet pusse sëret-i blanc d* pai. 

Bertenne {à M«« Ttnon), 

Greyez-v' a coula vos, madame, n'est-ce nin po rire ? 

M"»« TÎKON. 

Fàt creure qui c'est-st'ainsi, v'ia tant d' feie qui j' Tô dire. 

Françoise. 

Bin eune c'est po s' poirteure et Faute c'est po s'mà d' dint. 
Mi j*beu po tôt autchoi, c*est po banni m' chagrin.' 

Garite. 

Les homme c'est sins raison, zelle, i buvet par gosse 
El s* les veut on s'impli tant qui seyesse briosse. 

Bertenne. 

L'meune c'esleut comme çouIa, k'bin d* côp Ta-ju vëïou 
Estant pleint comme ine trippe doirmi so les tapcou. 

M™« TInon. 

Sëreul a sohaiti qui les homme portt esse 

Ossi sûli seulmint qui Ta todi stu V biesse, 

Cisschal sins H apprinde, coula li vint tôt seu 

Ni s'mettret mâie à heure qui qwand c'est qu'elle a seu. 

Françoise. 

C'est bin comme vos Y diliez. 

Bertenne. 

Po coula c'est bin vraie. 



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~ 209 - 

M«« TÎKON. 

Et cbal à Lige c'est l' mode, c*est tournaie so tournaie. 

Frânçoisb. 
Les homme ont pris ç* pieu là, c'est fer comme les moutons. 

Berteiwe {elle kimince à jâser dé Vcràste linwé). 
Les mouton buvet d* l'aiwa, mais zelle. 

Garitb. 

Madame Tinon. 
Rimplihez s'i v* plait bin, on glette après T frèhisse. 

M™« TÎNON (lot sortanl). 
Nos k*hachans chai les hommes comme de V char à ^âcisse. 

Bertennb. 
Ne r mëritet-i nin ? 

Françoise (d Garite). 
Est-ce co n* tournaie por vos ? 
Garite. 
C'est sûr, n'a-ju nin ditqu' houle, c'est mi qui paie (ot. 

Bbrtinne. 
Et s' n y louque-(-elIe nin, pa ! c' seret m' tour ine aute feie. 

Garite. 
N' Tdi-i nin qu'on s'amuse 1 

Françoise. 

C'est jusse on n'a qu'ine veie. 
Qu'est-ce qui c'est don coula ? 

(Elle motteure li tavlai avou li loi.) 

M"* TÎKON (chcrvant les verre). 

C'est li loi SO l'ivresse 
On a v' nou m'obligl d' l'afficher chai è l' pièce. 

{Elle va fer nWôle so l'volet.) 

u 



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- 210 — 

Bertenne. 

Ine loi qu*sèret sfon joù kihïeie à boquet. 

Garite. 
Poquoi ? 

Bertenne. 

Pasqu'on n' Fa fait qu*po les buveu d' pèquet. 

Françoise (à Garite). 

Bertenne a Tlinwe bin spesse. 

Bertenne (fant des gesse). 

N' pinsez nin qu'on appogne 
Jamâie les ci qu'sèront sau d' Champagne ou d* bourgogne. 
Po cesia les agent iront 1* calotte è 1* main. 
Dire, Hossieu, mande escusse, est-ce qui vos volez bin 
Qui ji V* rèmônne, s'i v' plait ? 

M™« TÎNON. 

G'est-sl'ainsi qu' fât qu'i faisse. 
L'agent si n' vont nin esse vettmint r'pris par ses maisse. 

Françoise. 

C'est todi so les p'iit qu'on flacbe chai comme aule pâ, 
N'est-ce nin vraie ! 

Bertenne. 

A qu'cia, c'est. çou qu'ine y a d'pus ma. 

Garite. 

Hir 'ne y aveut sor Avreu à moumiut qui j' passéve 
Ine homme tôt long stindou, j' vëya qu'on l' rilëvéve 
Et qui d'vins n' vigilante on l'kiduhéve so V côp. 

M*«« TÎNON. 

C'ennè-st-onk po l' pus sûr qu'on èminéve è trô. 



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Garite. 

Ë trô ? qui v' sosiez loigne ! ine homme avou n* pelisse ! ! 
I fourit toi bonn'mint rikdu par H police 
É s'mohonne â pus vile. 

Bbrtennb {H linwe todi pus s'paUse), 

S' l*aveut stu pauve ëdon 
Oii n' fève ni eune ni deux on 1* minéve â violon. 

Françoisb. 

Ji pou l* dire mi qui d*meure divant V mohonne de V veie 
J'ènne a veïou miner co pus d* Iraze et traze feie, 
Mais c' n'eâteut mâie des riche. 

Garite. 

C*est po les pauvès gins 
Qui les violon sont fuit. 

Bertenke. 

Po les fer danser... d*vins !! 
M»« TInon. 

Qu'on s'âio saule â vin, â pèquel ou k V bire 

Li loi d*vreut esse li loi, qu* personne n'ë polahe rire. 

Fer des loi comme coula po n*nin bin i* sappliquer. 

Garite {à 1/"* Tinon qui sorte so Vcôp (Tsonnette). 
Al!' z r dire âx agent vos v' frez sl'appoiiker. 

Bertenne. 
Mais buvans don n'gourgelte, li pèquet heuve ëvôie. 

{Elle buvet,) 
: Françoise. 
Nos Cdlans ma miné, c* n'est nin portant qui j* voie 

(J/"« Tlnon rimeure.) 

Qu'on rabaite vite li loi ; qwand mi 'homme sëret kpan'té 
Ji n* dimandreu nin mî qu'on Tmeitabc di costé 
De monsj's'^reu sl'è paie. 



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- 212 — 

M»« TÎKON. 

Gischal prêche po 8' poroge. 

Bertbnne. 

Elle vôreut bin vëï miner si 'homme ë caroge. 
Et s'on l'herchive è V rowe ?... 

Garite. 

Songeans st'à 'nn'è raller 
Ji creu qu'il est nosse timps d'aller fer nosse diner. 

Françoise. 
Mi j* n*a pus gosse à rin j' tapreu là hache et mage. 

Bertenne. 

Divant de *nn'ë raller nos f& co prinde on bage. 

Françoise. 
C'est-st*assez. 

Garite. 

Treu lavasse si v'plait madame Tinon. 

(Mme Tinon tarte.) 

Françoise. 

Louquiz on pau Bertenne. 

Garite {après avu louqui Bertenne qui frotte ses ouie). 

Là, Bertenne, qu'avez-v don ? 

Bertenne. 
Mi ? rin. 

M«« TInon (tôt rintrant à Bertenne). 

Ji v' rikmandreut de n'nin heure davantage. 

Bertenne. 
Poquoi coula ? 

M«« TÎNON. 

V's avez on si drôle di visège. 



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- 213 -- 

Garite. 
N' gotte di pèquet médeie. 

Bertennb (buvant onk des verre qu'on vint de ckervi). 
J'ë r sins déjà mëdl. 

{On tonne^ JT^e Tlnon tarte après avu fait n* rôle to l' volet.) 

Garite {à Françoise). 
E rallangne ? 

Françoise. 

Ji vou bin. 

Bertenne. 

Qu'avez-v* à v' dispaicbt ? 

(Chantant,) 

Li cisse qu'a n*pawe qai si' bomme n'è Pquerlaie 
Qu'elle errafe ji ne l' suret nin, 
Mi j' vou co beurre quéquès rokaie 
De l'drouk qui fait.... passer les ma d*dint. 
(Essonne chantant.) 

Chanta ns, buvans.... 

M"" TÎKON (accorant), 

A-t-on co m&ie vëiou ! taihiz-v\ vos m' fez honteuse, 
Vos v'nez chai so li dit, sogne, dihez v\ qu'on n' vis veuse, 
Et vos n* vis hontiz nin d'fer on pareie disdu ! 

(Elle rinteure è P botique.) 
Bertenne. 

Houtez don leie est-ce qui nos avans fait tant d* bru T 
Tins, wisse est-st-elle èvôie ? 

Françoise. 
Ghal tôt prës. 
Garite (à Bertenne qui touque tôt Atou), 

E s* botique. 
Bertenne. 
Et bin, va, qu'elle y demeure. 



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- 214 - 

Garite {à Fi-ançoise). 

Bertenne à n* rameuse chique. 

(À Bertenne,) 

Assiez-v'. 

Bertenne. 

Poquoi m'assii' ? 

Françoise. 

Pa, c'est po v' ripoiser. 
Bertenne. 
Mi, ji n* SOS niii n&heie. 

Françoise {à Garite). 
N' s'avans-st'assez dvisé. 
Bertenne. 
Elle volel qui j' m'as^îse... 

{Elle tome à coité dèjauteuie tôt volant s'atsir et elle riuàche 
vite ti cote po eacht te* jambe.) 

Garite. 

Achou ! vMa u* belle posteure ! 

Bertenne (toU mâle). 

Taihiz v' don vos, Garite, buvez po vosse poirleure ! 

Via pus d*ine an qu'elle deure vosse poirteure si j' compte bin. 

{Riant et brayant.) 

Garite (tote veile). 

Et vos, via pus d' dihe an qui v' buvez po V ma d* dint. 

M""* TiNON {accorant de rboiique). 
Est-ce ine dispute a c*ste heure T 

Garite {mostrant Bertenne), 

Elle mi donne des côp d'iawe. 
M"« TiNON. 
Qui ii'a-t-i î 



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^ 218 - 

Françoise. 
Pa 'n'y a rin. 

Bbrtenne. 

Vos r veyez ji m' ragrawe, 
Aidtz-me, vos aute. 

(Afne Tinon et Françotse retcouUt V tâve et let ckèire et aprit avu 
relevé Bertenne elle Vautet èfauteuie.) 

M"« TÎKON {en assiant Bertenne). 

Là, don... J'espère qu'on s' va Ini keut. 

{EUe 8ÔrU.) 
Bertenne. 

Hais ni direut-on nin qui nos avans fait Tleup, 

Wisse est m' verre ! Ah ! volchal... C n'est nin mi qu'iupcinaie, 

So n' gotte ; Garite, est-ce qui vos payiz co ine tournaie? 

Françoise. 

C'est«st'assez ; j'ènn' a m' compte et bin vite i fàret 
Qui j'ènn'èrvâie. 

Berteiîne. 
Allez... mais Garite dimeuret. 
Garite. 
Nonna, dai, ca ji sins qui j'sos déjà tournisse. 

Françoise. 
Et mi ji m' trouve lote drôle. 

Garfie. 
Qu'avez-ve ? 
Françoise. 

J'a r cour aiwisse. 

{Louquant Bertenne,) 

Louquiz elle sëre ses ouie v' Tallez veie s'ësocter. 



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- 216 - 

Bertbkne (bahouiant). 

Tôt çou qu' Françoise a dit m'a dabtme (ourmelté 
Sij'veust'onjoûs* laid homme... qu*louquealuqu'ji n'mincelte... 
Ji creu qu'jë Tdib&sret... totd même qu'ine robeite... 

{Sdglot è V voix,) 

Pauve Françoise ! 

(Elle pleure.) 

Françoisse. 
N' éboulez nin. 
Garitb. 

Ci côp cbal c*est bin tôt, 
Elle est-st'eballaie vos n* Tôrez pus dire on mot. 

{A ifm« Tifiofi qui rinuure.) 

S' Bertenne divéve aller fer V dtner à ine homme 
Elle âreut bin dé ruze ca v'Ia qu'elle petle on somme. 

Françoise. 
Qu'elle ni seuie nin malade todi. 

M»» TÎNON. 

Comme Saint Thibâ, 
Elle magne bin et surtout j' ses qu'elle ni beut nin ma. 

Garite. 

Si fi r'vint-i diner? 

M"« TlNON. 

A nenni d'ë timps d' Theure ; 
I magne à si atelier et s'è trouve bin. 

Garite. 

Fâ r creure. 

(A Françoise,) 

Prindez-v' on dièrain verre ? 

Françoise. 

Merci. 



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- 217 « 

Gaaite. 

Est-ce sins façon ? 
Françoise. 
J' ne freus nin avou vos mais f&t on pau d* raison 

Bertenke (songeant). 
On pau d* raison... 

M»' TInok [louquant Bertenne). 
Elle songe. 
Garite {à M"» Ttiion). 

J'a treus bage et treus gotte 
Bertenne treus bage, Françoise.... 

M-* TfNON. 

Garitle, ratiindez n' gotte 
J*a marqué so V volel tôt çou qu' vos avez pris. 

Françoise. 
On n' si trompe m&ie ainsi. 

M"»* TÎNON. 

Et s'n'esl-st-on nin surpris 
Si r compte monte on pau haut 

(Louquant V volet.) 

VS' avez cheskeune treus bage 
Six gotte avou Bertenne 

Garite. 
I n*y a ine saquoi, j* wage 
Qui V* rouvîz, V gotte di franco da Bertenne 

M»« TÎNON. 

'N'y enne a treus 
Pus in où. 

GARrrB. 

Est-ce bin tôt ? 



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— 218 - 

M'»« TÎNOK. 

Awoi. 
Garitb (dinanl n" pèce di i franc à If»'' Tinon), 

C'est foin hureu 
Qu' j'a po v' payï, 

Bertenne (songeant). 

CTesl lot, tnoncbeu 1' baron, ji r'naque 

{Elle reie.) 

Dihéve madame Goffin... 

(EUe reie.) 

M"* TfNOR. 

Oiez-ve nosse vi cosaque ? 
Françoise. 
Elle n'est nin saule de vint qui li soffelle.... 
M»« TÎNON (liant). 

Hi hi ! 
C'est qui wisse qui fait frebe.... 

Gaiutë. 

Elle s'aveut affloï ? 

M"»» TÎNON. 

Torate (ot v' rattindantellea hou mé d'avance, 

Mais c'esleut po s' ma d' dint, treus grandes gotle di franco. 

(À Garite.) 

Vorla vosse resse. 

Françoise (mostrant Bertenne). 

Si mi' bomme mi veyéve mâie ainsi ! 
J*ënne âreu d'on maisse gosse. 

Garite. 

Et v'ii diriz merci ; 
Vos n' vis r'vinglz jamâie? 



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- 219 - 

FlUNÇOISK. 

Creyéz-m' chaque côp qu'i m' donne, 
Ji H Tais payi cbir, àh ! ji n* sos nin si bonne, 
Qui j'ènne a l'air, allez. 

Garite. 
Ji ri' sâreus v'diner toirt 

M"« TÎNON. 

Vos v' s'èliriJez vos deusse 

Françoise. 

So lot n' s'estans d'accoird 
Garite. 
Ni sërez-v' nin génaie de wârder chai Bertenne ? 

M»"» TÎNON. 

Nenni je V lairet la, j' vas l'aller fer m' couhenna 

Françoise (mnsirani Bertenne), 
C'est-st on hisdeu tâvlai 

M™ TÎNON. 

Ji n' pou ma de V moslrer 
Ji (oun^et r clé à Touhe po qu^ nouk ni pôie intrer 
Cbal. 

Françoise [louquant Bertenne). 
C'osi d'gosiaiit. 

Garite (fanl pareie). 
Âcb ! puf ! 

M"« TÎNON. 

Ah ! vos vëyez st-apreume, 
Qui çou qu'est laid po rbomine l'est cobin pus po l'feumme ! 

Garite. 

Françoise, qui v's è sonue-t-i ? beurrez-v' co, vos ? 



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— 220 - 

Françoise. 

Nenni 
J'à'^eus sogne de tourner comme leie. 

Gariîe. 

Mi, c'est fini. 

M""* TÎNON. 

Li ci qu'a bu beuret, dit H spot. 

Françoise. 

Nos frans veie 
Qui n^ dit nin todi vraie. 

Garite. 
Qu*on n'est nin toi pareie 
Rertenne (songeant). 

Ine loi so les sôlaie Mi homme esteut on câlin 

Qui n' vique-l-î ce je V lowe... Si ji n' mi ratnfîve nin 

Françoise. 
Elle songe et jàse di si homme. 

Garite. 

Hie ! comme si visège cange ! 
HmA tInon (louquant Berlenne di tôt près), 
Volà qu'elle reie à c'sle heure. 

Françoise {louquant pareie). 
Elle reie ? 
Garite. 

Elle reie âx ange, 
Bertenne (songeant). 

Eco n' tournaie jan, sour, allons, régalans-nos. 

M»* TInon. 
Volà-st-à r flesse, ë s' songe i li sonne qu'elle beut co. 



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- 221 — 



Bertenmb {songeant et s' ralèchant). 
loe appétihante pthe ! 

Garite (so r même ton). 
Ine appélihante troque ! 
Bertenne {songeant et riant). 
Ci n'est nin lot coula qui m' fait v'ni Taiwe à V boque. 

Françoise. 
Elle est magoétisaie. 

Garite. 
Mutoi qui c'esl-st-on sujet, 

M""» TÎNON. 

Ine clapante somnambule, louqutz don l' bai boquet ! 

Bertenne {songeant), 

Li cisse qu*â n' pawe qui si homme nèT querlaie. 

Quelle ervâie ji ne V suret nin, 

Houmans co saqwantès tournaie. 

Mi si j*beu .. c'est qu* j*a ma mes dint. 

{Elle qu'lre après ses dint à s^ front et à s'hanette.) 



Berteiwb {songeant). 

C n'est nin fini, 
Âvou les roquaie, 
Comme ji Ta dit. 
Ji benret todi. 



Garite et Françoise. 
(Essonne.) 
Cest du — c'est dit, 
Âdiu les roquaie, 
C'est bin fini. 
Ji r'boute po todi. 



M«« TÎNON. 

Vos l'avez dit, 
Âdiu les roquaie, 
J'ô qu' c'est fini. 
Sèret-ce po todi ? 



LI TEULE TOME. 



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LI LOI D^ QUATRE-VINGT-SEPT 

SCÈNE POPULAIRE 



PAR 



FEUX PONCELET, 



Devise- 
Pauve glird-champète ! 



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PERSONNAGE. 



BIETUÈyCâbarUî MM. 

'PICRAYj gâtd'champête 

HOUBERT, 

JOSEPH, 

HINRI, 

BATISSE, 

GILLES, 

VICTOR, 

ONFLAMIND 

ON BRIGADIER, d' gendarmureie 
ON GENDARME 



cande da Bièlmé, 



C. Bertoune. 
Jos. Bebtoune. 
Joseph Fats. 
J. Flagothieb. 
Jos. Bebtoune. 
J. Beaupain. 
A. Thomas. 
A. Debeaz. 
L. Flagothieb. 
V. Flagothieb. 
J. Fays. 



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Ll LOI D' QUATRE-VINGT-SEPT 

SCâNB POPULAIRB 



AKB I. 



Li ihëftte riprësinto on cAbaret à V campagne. À fond ine poite qui donne so 1* vote, 
à costé de r poite li loi so les buveû est aflicheie. A V binche mains, deuzainme 
plan, ine cand'iiette et ine ah*lette avou des verre et des boteie ; todi à l'hlinche 
main, so li d*vant, ine tAve avou deux chèire. À dreute, ine tAve ; ft meur, d*on 
costé ou d' l'aute, ine horloge ; à dreute podri 1* candMiette, ine poite ; avft l' pièce, 
saqwantès chèire. 

Scène I. 

BiÈTMË (rissauant les tàve). 

Vola qu'il est neûre nute, est-i possibe à c*ste heure, 
Qui, 80 tôt l'iong dëjoA, j' n'a nin vindou 'ne mèseûre ! 

{Mattrant P pognt à Vaffiehe.) 

Ah ! qui 1* grand diale èpoite les Hinisse et leu loi, 
Gftse di tos leus artike, on a' vind pus de pèquet. 
Sia v' passerez vos stze, là, dresst dri V candUiette, 
Po quéque pelé Honcheu qui v*net 1ère li gazette. 
Bin ji m' fou d* leu pratique, va, qui vonsse co pus Ion, 
È r pièce di leu bëchette j'a co p*cht leu talon. 
Is vinront chai vis t*ni deux ou ireus heure ëttre, 
So r timps qui lum'cineront on pouieux verre di bîre. 
Ci n'est nin ces homme-là dai qui nos fet viker, 
C'est les ovri qui fftt... 

15 



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Soène II. 
BIÈTMÉ, HOUBERT. 

IlOUBBRT(tll{rail0- 

BonjoUy bODjou Biètmé ! 

BiÈTMÉ. 

Tins quî vola ! Houbert ! — Avez-v' fini journeie ? 

HOUBKRT. 

Àwè comme vos vèyez. — Ji m' va beûre on pHit d'meie. 
Po r'monter so les thiérs, ji creus qu' ça m* fret de bin. 

BiÈTMÉ {nervant P gotte). 
Çk)ula rapisse li cour, ine gotte di timps in timps. 

Houbert. 
Prindez-v^ eune avou mi? 

BitTMÉ (t mette on verre por lu). 
Bin jan. 

(Is buvêt.) 

Houbert {s^aupoUant so V cand'liette). 

Et que novelle ? 
Kimint vont les affaire, les pratique vinet-elles ? 

Biètmé. 

Nenni, binamé fré, c*est l'contrftve c'est bin mtx, 
Ji creus qu'elle si sâvet dispôie ci laid papi. 

(f mosteure l'affiche.) 

Houbert. 
Oh ! pinsez-v'? 

Biètmé. 

Hlr, portant, j'a co fait 'ne bonne journeie, 
I r'passa cial à V nute, vë les bute heure et d'meie. 



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- 227 - 

Qwatteou cinq jôoe liùzai quesiit on pau hiné, 
Qui même ji fouri prête à l'z! clôre rouhe ft nez. 
A pône întré vocial, is k'maudet deux boleie, 
Ma foi, d*oï 'ne sifaite, rai, po v' bin dire li vraie, 
Ji lûsa pus d'on côp, pace qui 'ne pratique à vin, 
I fôt bin qu'on 'nnè tinsse, on 'une veut si r&r'mint ! 

HOUBERT. 

Bin camarade Biètmé, ji v' jeure mi, qu*ë vosse pièce, 
Ji les âreus siervou sins trope mi casser V tiesse. 

BlÈTMÉ. 

Ji m' dis, hazâr hazette, li ci qu' n'a màie risqué, 
N*a mftie situ pindou. 

HOUBERT. 

Bin j'el creus bin sot m' vé. 
J^ftreus fait tôt pareie, ji v'sel dis comme à k'fesse. 

Biètmé. 
S' on 'nnë profitéve nin ! 

HOUBBRT. 

Fàreut qu'on foube bin biesse. 
Biètmé. 

Is passlt cial leu sise toi riant, tôt chantant, 
Qwand c'est qu*ennè rallti, l'avtt bu po vingt franc. 

HoUBERT. 

Po vingt franc, c'est po rire ! 

Biètmé. 

Nonna, nonna, ma Trique, 
Mains qwand mousbt foû d* cial, is l'avît 'ne crâne perrique. 

HoUBERT. 

Pardiu ! j*el vous bin creure, surloutqui d'vantd'inirer, 
Is Teslit déjà sô, d'après çou qu' vos m' dihez. 



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BitTlIÉ. 

Ji creus qu'il esteut timps qu*is s' tinfsse po les bresse, 
Po n' nin creuh'ler 1* paveie ou rôler so leu liesse. 

HOCBKRT. 

Enfin, r pus bai de jeu v' n*avez nin slu pici, 
Si coula s' riprésinte vos pôrez rik'minct. 

(I va àà' poche.) 

— A c'sle heure, po 'nnè raller, ji vas co paï l' gotle, 
Puis ji recoure toi dreut, paou qu'on n' mi barboUe. 

{IpâU.] 

Vola dix censé. 

BiÈTMÉ. 

Herct. 

HouBEHT iprindant «' verre), 
Santus. 

BlÈTMË. 

A vosse santé. 

(/« bttvei.) 
BouBERT (louquant 1^ horloge). 
Vor là déjà sept heure ! Disqu'à pus tard Biètmé. 

RlÈTMÉ. 

Disqu*à rwailî Houbert. 

(Houbert moutufoû.) 

Scène III. 

Biètmé. 

Mi ji m' va r'souer V tàve, 
(jué binamé valet, comme il est amistâve ! 
Ci n'est nin lu savez qui beut jamâie tôt seu, 
Chaque feie qu'il inteure cial, c'est todi po nos deux. 



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- 229 — 

z\ résse, divins l's ovrî, c'est câzl tos pareie, 
Is n' mousset mâie noile p& sins 'nnè fer po 'ne tourneie. 
Ci (i'est nin comme les riche, zelies qu'ont portant po fer, 
Is n* buvet mftie qu'on verre di sogne di s' riwiner. 

(Louquant rh&rloge.) 

Sept heure, et co personne ! Vola co Tsise bernique. 

iNK VOIX (A éPfoû), 
Awè jan, disqu'à d'main. 

BlÈTld. 

Tins vocial des pratique ! 
tra nou ma qu'ennë vinsse, hoûie ji n'aco rin fait, 
Il est grand timps m' sonle-t-i de vinde saqwant pintai. 

Scène IV. 

BIËTMÉ, JOSEPH, HINRI, BATISSE, GILLES. 

Batissb. 
Bonne nute, Biètmé. 

Bittui. 

Bonne nute. Bâtisse et li k'pagneie. 

TURTOS. 

Biètmé ! 

Âssiez-v'. 

(/« vont t'as^re à V tdve di dreute.) 

JOSEPH. 

Allons, n' beurans chaque ine roqueie. 

RlNRI. 

Et puis vos nos donrez tôt d'on côp les cwàrjeû. 



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- 230 - 

Gilles (contini). 
Ah ! vola 'ne bonne ideîe. 

Bâtisse. 
Nos tapp'rans bin qwatte jeu. 

IIINRI. 

Jouans-gne H mâche ou V poïe ?.... Qui l' sonle-t-i toi, Bâtisse ? 

Bâtisse. 
Bin va, mi, ji n'a d*keure. 

Joseph. 
Hi, c'est à vosse siervice. 

HiNRI. 

Allons, nos sâierans l' mâche. 

BlÈTMÉ. 

Vola vos verre, Hëcheu, 
A c'ste heure, vos m'avez dit qui v' falléve les qwârjeû. 

(hfet tègne qu'awè.) 
Bâtisse. 
Nos n' jowVans nin foirt gros. 

HiNRI. 

A cinq censé les èttre, 
A jon *ne bouroute à d*meie. — Gilles, est-ce à vosse manfre ? 

GILLES. 

Awè, mi j' SOS contint. 

BlÈTMÉ {appoirtant les qwdrjeu). 

Vola lot çou qui v' fât. 
* 

Joseph. 

Li ci qui wangne ti part met!e ine douche à bourlâ. 

(h k'mincei à jouer.) 



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- 231 - 

Scène V. 

BIÈTMÉ, JOSEPH, HINRI, BÂTISSE, GILLES, PIGRAT. 

PiCRAT {tntrant, on pô hiné). 
Salut, Hècheu, salut ! 

HiNRi {àx aute), 
Vocial li gârd-champéte. 
Tdrtos. 
Bonne nute, Monebeu Picray. 

JOSEPH (à part). 

Quelle pratique po Y cand'liette ! 
PiCRAT {à IHèlmé). 
Ji m' vas heure on chiquet. 

BiÈTHÉ. 

V's ârez coula so Y côp. 
Pichkn {àx joueû). 
Que novelle don vos aute, est-ce qn'on n' si fait nin sô ? 

GILLES. 

Nenni nos n' wois'riz pus, pace qui nos avans sogne, 
Li police po l' jou d'hoûie nos tint trop foirt à gogne. 

Picray. 

Vos n'avez nin tôt toirt, i vât mtx d' s*è passer. 
Pus vite qui d'esse picî. N'est-i nin vraie, Biëtmé ? 

BiÈTMÉ. • 

Sia, Honcheu Picray. ~ Tinez, vola vosse gotte. 

Picray. 
C'est qu' hoûie i n' fait nin bon rôler d'vins les borotte. 

JOSEPH. 

Surtout qu'è riosse viège il y fait foirt mâssî. 



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- 23Ï — 

PiGRAY. 

Adon puis po rrawette 

Hmfii. 
On s* freut bin apougnf. 
Bâtisse (/oir^vaii^ t^jeû). 
De mak et V basse di cour. 

PiGRAY (d Biètm£). 

J*a 'ne saquoi qu' fàt qu' ji v' deie, 
Biètmé, boute on pô cbal. 

BiÈTMi {à part), 

{Allant â^tuHre à P tdve di gauche avou Picray,) 

Diale, qui sëreut-ce bin, heie ? 

PiCRAT. 

D'après çou qui parette, vos n' suvez wère l\ loi ! 
HIr à r nute, m'a t-on dit, vos d'bittz vosse pèquet. 
Disqu'à bin t&rd de V stse k des jônès sôleie, 
A qut v's ârfz mix fait de d*ner 'ne lâte di maqueie. 

BlÈTMÉ. 

Ji SOS toi ëwarré di (ou qu' vos m' dihez là, 
Les cis qu'esiît cial htr ni sont nin jône. 

Picray. 

Sia. 
Ji les k'nohe tos les qwatte. 

BlÈTMÉ. 

Adon puis ji v' va dire, 
Is l'ont v'nou cial, c'est vraie, mains n'ont bu qui lote blre. 

Picray. 

Qui c' seûie btre ni pèquet, de moumint qu' l'esttt sô, 
Vos d'vîz les mette à l' polie sins lourniquer baicôp. 
Ji v's el passe po cisse feie, mains louqufz à vosse sogne, 
Si ji v's atlrappe jamâM% sur qui ji fret m' besogne. 



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BiÊTirt (à part). 
Six mlx de filer doux, (ans l' ci de P respecter. 
PiCRAY (à part). 

I f&t bin qu'on man'ceie po s* fer pus foin placirter, 
Pc qui ji n* deie pus rin si m* poléve sinquer l' gotte. 

Bâtisse. 
Ji c6pe de tiasst) di pftle et puis ji r'pète atote. 

GiLLES. 

Mi, j'el va prinde de spiche. 

BiÈTMË. 

Et bin hoûtezy Moncheu, 
Sètz sûr qui lofer ji rottrë T dreut de jeu. 
A c*ste heure, po 'nnë fini, volez-v' beure on p'tit verre? 
J*a de si bon pèquel ! 

PiCRAT. 

Hoûtez, ji n'y tins wëre. 
BiftTirt. 
Aimez-y' mix de cognac ? 

PlCRAT. 

Nenni, nenni coula. 

BlÈTMÉ. 

Adon, fftt beure aute choi. 

PiGRAY. 

Bin jan, d'nez-m'on hëna. 

BiÈTMÉ. 

Di quoi don ! d' l'anisette, de france, de V citronnelle, 
On bon verre di Bavtre ou de faro d* Brusselles ? 

PiGRAY. 

Nenni Biëtmé, nenni, si f&t beure ine saquoi, 

Ji v' diret qu' j'aime co mix 'ne charmante gotte di pëquet. 



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- 234 - 

RlÈTHé 

J*el va qvrëri lot dreut. 

PiCRAY (à part). 

Ji h' diret nia r contraire, 
Lî novelle loî, por mi, c'est bin ine bonne affaire. 
Les maisse di cabaret, po s' fer turtos bin d'mi, 
Tofert mi vûdet V goite et mi j'el beus todi. 
Diçpôie qui j'a sopé, j"ènne a d'jà lûté 'ne hiette, 
Cinq adié l' vîx Renson, qwatte ë mon V grande Bebeite, 
Eune tôt à c'ste heure vocial, ça 'nnë Tait dihe so l'côp, 
C'est bon qui j' poite boisson, ca ji sëreus djà sô. 
M&gré qu' ji louque àx aute, ji veux vollt i' boteie. 
Et, ma frique, j'a creuhMé co traze feie li paveie. 
Qu'a-je di foute di coula, pusqui j' sos maisse tôt seu ! 
Personne n*a rin à m' dire c'est mi qu'a tos les dreut ! 
N'a màie qui les gendarme qui pôrtt m' tinre à gogne, 
Et n's estans camarAde, di zelle ji n'a nin sogne. 
Du resse, tôt côp qui v'net, mi j'el se todi bin, 
Qwand c'est qui d'vet passer, bin, ma foi, ji n' beu nin. 

BiÈTMÉ {siervant V gotte à Pkray). 
Vos m' ricial save Moncheu, j'a stu qwèri de frisse. 
Puis c' n'est nin d' l'ordinaire. 

HiNRi {dînant les twàrjeû à Bâtisse). 
HahiZy valet Bâtisse. 
PicRAY {à part). 

Il a todi bon gosse qwand c'est qu'on l'a po rin. 
A vosse santé Btètmé ! 

BiÈTMÉ. 

Qui coula v' taisse de bin. 

PiC&AY. 

(Ibeut.) 

\\ est vraimint foin bon, j'ennè trouve pau d' pareie. 



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- 238 — 

BiÈTMtf. 
(/ mette an verre par /u, puis (et fmpUke toi te$ deux.) 

Vos 'nne'irez n'n so 'ne jambe pusqui cila v' gosteie. 
Et f va heure eune avou, mantre di v' rinde raison. 

PiC&AY. 

Ci n'est nin po v* vanter mains c'est de Y crftne boisson ! 

BlftTMÉ. 

I n'a nin stu r'bai'ht coula, j'el poux bin dire, 

Ji y' jeure qui c* pèquet-là n'a màie vèyou Y gotttre. 

PiCRAT. 

Allez j'el vous bin creure. — Nos beurans nosse hèna. 
Puis j'irè fer 'ne tourneie, po vèyï si d* ver-là 
Ji n' resconturf e nin quéque ooasstte ragognasse, 
Raspoî so 'ne candliette^ s'implihant comme ine basse. 
A c'ste heure ji v' va pal çou qu' j*a bu tos intrant. 

BiÈTMÉ. 

Ça n'è vât nin les pône ! 

PiCRAT. 

Oh ! bin, ji voux portant. 

BlftTMtf. 

Nonna, Honcheu Picray, vr;iie, à t* bonne. 

PiCRAT. 

Quelle ideie ! 

BitTHÉ. 

Ji v'dis qui ji n* vous nin. 

Picray. 
Bin j'ei p&îerè 'ne aute Teie. 

BiÈTMÉ. 

Nonna, sur, ji v's el qwitte, ji v' deûs pus qui coula, 
Tos les joû, qwand v' pnsse'ez, ji v* $ink'rçi pn hèna. 



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— 236 - 

PiGRAT. 

Ci sèrë disqu'à demain. - Bonne nute tote li k'pagneie. 

TURTOS. 

Bonne nute, Honcheu Picray. 

(Ptcra^ 96ru,) 
BlÈTll«. 

Disqu'à pus tard y & r'veie! 
Scène VI. 
BIËTMÉ, JOSEPH, HINRI, BÂTISSE, GILLES. 

HuiRi. 

Vor Ift toi r même ëvôie cl fameux m& d' vintelà ; 
On bai po t'ni police, ma foi, c* vfx galapia. 

JOSEPH. 

Po coula t'el pous dire, c'est bin vraie, dîale m'arëge. 

BlÈTMti. 

Taihtz-v' allez Joseph, c'est honteux po Y viège. 

Batissb. 
Enne n*a djà so Toreie ! 

HlNRI. 

Il est même c&zi devins, 
Ji voux bin assotî qu'torate i sèrè plein. 

JOSEPH. 

Ci n'est nin frisse novelle. 

BiÈTllA. 

Nenni, nenni, ma frique, 
Nin pus t&rd qu*htr à V nute, il aveui co 'ne perrique ! 

HiNRI. 

S*il a deux franc ë s' poche, sûr qu'il a seû po treus, 
C'est r pus fameuse sôleie ! 



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- 237 - 

GfiLis {di mâU hmmeur), 

Lëyans-gne-là les ci?vftrjeû ? 
HmRi (à Gilles). 
Nenni, raw&de on pau. 

Bâtisse {à Biètmé) 

Volez-v' rimpli les verre ? 
Po pai, nasse bourlftfrëjustumint l'affaire. 

HiNRi (d GUles). 

Ji m' va stoper 'ne dimeie et puis nos rattaqu'rans. 

(/ êiops «/ pîp^.) 
BlÈTMË. 

Est-ce todi de pëquet qu* vos buvez, mes èfant ? 

J6SSPH. 

Awè, papa Biètmé, à e'ste heure li gàrd-champéte, 
A fait s' tour èvers cial... 

H«R1. 

I m'fàreut 'ne allumette. 

J6stPH. 

Si même nos nos fts s6, nos n' risquans todi rin, 
Pusqui Ta v'nou torate sûr qui n' ripass'rë nin^ 

Batissb. 

C'est-à-dire, c'est de veîe. 

JOSEPH. 

Po coula, n'a nou risse, 
Et jî v's el va prover, boutez bin, fré Bâtisse. 
Wisse qui va Y prumtre feie, il a i' gotte sûr po rin, 
Pace qui les c&bar'tt sayet d' s'ennè fer bin. 
Mains si r'passéve portant pus d'ine feie è l' même pièce. 
Vis sonle-t-i qu'on 11 freut tôt côp bon Y pareie fiesse ? 



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— 238 — 

Bâtisse. 
Coula, ji n' voux nin dire. 

JÙSBPH. 

N'a nin mès&he d'aut* cboi, 
Od li frcut bin balte Taiwe po 'ne mèseûrc di pèquet. 

HiNRI. 

Po 'ne bonette à Mâiht, lèyans-là l' gftrd-champéte, 
Et d'vani de rattaquer buvans 'ne pitiie gourgeite. 

(/« buvet.) 
GiLLBS. 

A qui est-ce à mahi ? 

HlNRl. 

C'est à Jôsepb, ji creus. 

JOSEPH. 

Nonna, c*est à Bâtisse. 

Bâtisse. 
Âboutez-m' les qw&rjeù. 

Scène VII. 
BIÈTMÉ, JOSEPH, HINKI, BATISSE, GILLES, VICTOR 

Victor {intraut). 
Bonne nute, Biëlmé. 

BiftTMÉ. 

Bonne nule, Victor. 
Victor (avancihant). 

Et li k'pagneie. 
Turtos. 
Ah ! Viclôr. 

Bâtisse (d Viclôr). 

Que novelle ? 



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(Â Biètmé.) 

ÉdoD. 



— 239 - 

YiCTÙu (à Bâtisse). 
Pa c'esl r dierrainne côpeie. 



BiÈTMË. 

Tôt jusse, mi fi. 

ViCT/^R {A Biètmé). 

Ji m' va heure on piniat, 
Qui voux-ju dire don là, n'a-t-i nia v'nou, Picray ? 

Biètmé (siervant T pintai), 
1 vint de mousst foû. 

Victor 

Diale qu'&ie 11 gftrd-champête ! 
Ji vins di It fer heure qwatte grande è mon Bebette. 
Vola treus stee è rotte qui j' l'impllhe comme ine où, 
Torate 'Iftrè co s' chège, ci sèrè V qwatrême joû. 
Po suct de pèquet, ji creus qui s' latreut batte, 

HiNRI. 

Oak di ces qwaite matin irè-st-è trô de l' gatte. 
JOSEPH (à Victor). 

Poquoi t'enne as-se fait qwilte ? 

Victor {payant Biètmé). 

Ji m' vas l'aller r'trover, 
Pusqui n'est nin vocial c'est qu'il est à costé. 
Ob ! ji k'nohe lotes ses nahe, allez j' n'a wâde de V piède. 

Bâtisse. 

Pardiu ! c'est bin ftheie, tôt wisse qui n*a 'ne cand'Iieite 
On se bin qu'il y va. 

GfLLES. 

Que magneû d' pan payârd ! 



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— 240 — 

Victor. 
Ji jftspineie à I* vude et vola qui d'vint tard. 

JOSEPH. 

Si Dosse maclie esteut foû, mi ji f tiiireus k'pagneie. 

GlhLBS. 

I n' m&k'reut pus qu' coula ! 

Victor. 

Ji m' va-st-ë mon l' frèsëie, 
Qwand c*esi qu' f ftrè fini, sâye di nos v'ui r'trover 
J'el tinrè 1' pus possibe. 

JOSEPH. 

Et bin j'y vas-st aller. 
Victor {sortant). 
Bonne, nute. 

Tortos. 
Bonne nute Victor. 

Sicîd^ (à V poïte). 

Joseph, disqu'à torale. 

Scène VIII. 
BIËTMÉ, JOSEPH, HINRI, BATISSE. GILLES. 

HiNRI. 

Po fer r poiaf pus grand u's irans bin tos les qwatte. 

Bâtisse. 

Que drolc di campinaire d'allouer ses aidan, 
Po s 1er r g&rd-champêie. 

GÎLLES (màva), 

Jan, ni blaguans nin taut. 
Ji vôri us qui Picray fouhe àx six cint ineie diAle, 
Ou n'faitqu'dëjàser dMu. 



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— 241 — 

HiNRI. 

ÂUoDs, j' vas sayt 'n' pâle. 

GILLES (jouaytt) 
De cour. 

HiNRi (jouant). 
Da menne. 

JOSEPH C/oiuinO. 
Ji côpe. 
Bâtisse {mo$trant s'jeû). 

Vos pièdrez, fré Hinri, 
renne a co qwatie de spicbe. 

lIiNRi {lappant s* jeu so V tàve). 

Mille Dio ! fât assoti ! 

Scène IX. 

BIËTMÉ, JOSEPH, HINRI, BATISSE, GILLES, LI FLAMIND. 

Li Flamind {foirt sô). 

Air: Bon voyage Moniteur Dumoîlet. 

Ze sois un peu pleine de pèqaet 

Et ne poléve câzi plus marcer droite 

Ze suis un peu pleine de pèquet 

Vive les grands gouttes et les p'iites cabarets. 

Ab ! Mossieu Y cabaret, mi va beure un pHit goutte. 

BiÈTMÉ. 

Ji n' voux nin v's el diner, v' polez passer tôt oute. 

Li Flamimd. 

Pourquoi ça qu* ti 1' voux nin ? Ti peux bien le vûdl. 
Pas mèsâhe d'avoir sogne, ze Ta sésse pour paï. 

i6 



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— 248 - 

BlÈTMé. 

Oh ! bin ji n' voux nin dire qui v* n*avez nin des censé. 
Mais vos n' beûrez nin cial» ji v's el prévins d'avance. 

Li Flahind. 

T'es-t-un drôle can&rt, ponant z'a de r&rgint, 

Ti r peux bien louqut cial, vêtisse que z'en ai tout plein. 

BiÈTHÉ. 

Jan, c*est assez ramHer, rottez foù di m* mohonne, 
J'a dit qu' vos 'nne &rtz nin, ji Ta dit, c'est à 1* bonne. 
Ji n' vude jam&ie à beure a des briosse comone vos. 

JOSEPH {àx autc). 
Louque on pau c' Flamind là, quelle gueûie di m&rtico ! 

Li Flamind. 
Mirtaco ? comprends nin. 

JOSEPH {riant). 

Coula vout dire de r dielle. 
Li Flamind. 
De quoi ? 

JOSEPH {riant todî), 

Vosse cou d' châsse tomme, rissèchtz vos burtelle. 
Li Flamind. 
Ze comprends nin todi. 

JOSEPH {riant pus foirt). 

Bin c'est qu' t*es-st-on Flamind. 
Li Flamind {si màvUant). 
Tout zustement valet, cela zè r se foirt bin. 
Mais ne pinse nin quèque feie, si z' suis un kwàré tiesse, 
Que ti deus pour cela me louquî pour une blesse. 
Vola dezà longtimps que ti te moque de mi, 
Mains sésse bin, tiesse de hôie, que z' l'ai nin sogne de li. 
Si tu motihe encore, ze t' fais peter t' maquette ! 

(// apogne Joseph po T hanetu^ let auie meuet Pinte deux.) 



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- Î43 - 

J^SBPH. 

Gomme ji veux T jeu, ma frique, vos m' sitindriz V hanetie. 

Li Flamind. 
Ze t' sitrônnéve toute bleuve ! 

JOSEPH. 

Jan, baie, Moncheu l' Flamind, 
N' vëyez-v' nia qu' c'est po rire ? Allons, dinans-nos l' main. 
Li Flamind (à Biètmé). 

Oh ! blQ zë r suis coniinte. Tape un fois-z-un tournoie, 
De r cognac pour tertos zè l' p&ierè tout pareie. 

BlÈTHÉ. 

Nonna coula Flamind, torale ji v'z a co dit. 
Qui vos n' beurtz nin clial. 

Li Flamind. 

Tu TeS't-un drôle, sésse ti ! 
Pourquoi que ti l' vude nin, pusqui ze l'a des censé ? 

BlÈTMË. 

Si r gftrd-champéte passéve, nos arts chaque ine danse. 

Li Flamind. 

Ze m' foutie le gftrd-champéte et le mayeûr ossi, 
Ze l'ai vu le police, Test co plus pleine que mi. 

(/ reU.) 

Biètmé. 
Li g&rd est s6, dihez-v' ? 

(Li Flamtnt fait sègne qu^awè,) 

a vas vûdi les verre. 

JÔS£PH. 

Du resse n'aytz nin sogne, nos n' dimeur'rans pus v^ère 
Hoûte on p'tit pau, Flamind... Wisse est-ce qui l' Tas vèyou ? 

Li Flamind. 
Cial, le mphonne zondant, z'ai bu li goite avou. 



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— 244 — 

JOSEPH (d part à Hinri). 

Ji m' vas l'aller qweri, nos reierans-st-ine bokeie, 
Mains ni dis rin àx aute. 

Li Flàhind {à BUimé). 
Asse vûdl le tourncie ? 
BiftTMÉ (iiervant les verre). 

Yocial de bon cognac, ji wage qui n'a longtimps, 
Qui v' n*aîsse bu de c' fait. 

TURTOS. 

A vosse santé, Flamind ! 

(hkuvet.) 
Li Flamimd. 
L'est pas mauvaise tout T même. 

BiÈTHÉ (â Flamind). 

Tinez, vola 'ne chëire. 
GfLLSs (à Joseph qui mousse foû), 
Ennè vasse î 

J6SEPH. 

Ji va v'ni. 

Scène X. 

BIÈTMÉ, HINRI, BATISSE, GILLES, LI FLAMIND. 

Li Flamind {à Biètmé). 
Ze ne voux nin m'achtre. 
GtLLSs {à Flamind). 
Portant vos n' crèh'rez pus. 

HmRi (tôt riant à CUUs). 

Sot m' \éy ni veusse nin bin, 
Qui d'meure là so ses jambe po veie si n' tomVè nin. 



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- 248 - 

Bâtisse (âx deux aute). 
Fàreut po rire on côp qui fahe ine sitftreie. 

GILLES. 

Tôt r même ine homme qu'est sô, c'est bin 'ne liiide marchandeie. 

On jâsVë so li loi, bin louque on pô çoula, 

S' elle es(eut bin sûvowe, ci n'est rin d' si màva ! 

HiNRI. 

Hâlhureusemint paret, divins les pHits viège, 

N*a qu'onk po Vin police et c'est bin sovint *ne toiche. 

(Li Flamind qu'a balanct toi V itmps dé V seine, fait on fax pat et i tcmme 
dé eoiti de V canif liette. 

Scène XI. 

BtËTMÉ, HLNRI, BATISSE, GILLES, L( FLAMIND, 
LI BRIGADIER, Ll GENDARME. 

Li Brigadier. 
Bonsoir, Messieurs. 

Li Gendarme. 
Bonsoir. 

BlÈTMÉ. 

le, binamé bon Diu ! 

TURTOS. 

Bonne nute, Mècbeu. 

Ll Brigadier {apougnanl T Flamind pc li spale), 
Âh ! Ah ! 

HlNRl. 

le Biëtmé, nom di hu ! 
Po qu* ti n' scùie nin pici, '1 est timps de Ter V macralle. 

Li Brigadier. 
Qu'est-ce que vous faites ici, espèce de galavale ? 



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- 246 — 

Li Flamind. 

Ze ne fais rien di tout, ze crois que vous 1* vëyez, 
Z'ai venu heure un goutte. 

BiÈTMÉ. 

Mais j*enne y a nin d*né. 

Ll BRIGiLDIER. 

Pourquoi c' que vous n' mettez pas cet homme à la porte ? 
Vous savez qu' vous risquez -t-en faisant de la sorte. 

BiÈTMé. 

Awë coula, Moncheu, ji risqueie, j'el se hin. 

Mais qwand '1 a d' mandé V gotte j*a dit qu'ènae âreut uin. 

Etj'enne y anind'né. 

Li Flamind. 

Gela ce n'est nin vraie, 
G*est mi qui viens tout de suite de commander 'ne tournèie. 
Et toi ti ras vûdt. 

Li Brigadier. 

C'est comme ça qu* vous mentez, 
Pour vous apprendre tous deux, j* m'en vais verhaliser. 

BiÈTMÉ. 

G' n'est nin vraie dai, Moncheu, n'a m&ie avu nolle gotte. 

Li Flamind. 
Bin louque don voilà m' verre, ze l'ai nin co hu tote. 

(/ prtnd t* verre et V vude.) 
Li Brigadier. 

Allons, c'est hon comme ça. Vous allez tous les deux, 

Sans (aire de qu'est-ce ni d' messe, me dire vot' nom tout dreut. 

D'abord vous, cabaretier. 

BiÈTMÉ. 

On m' lomme Biètmé Rahisse. 



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- 247 - 

Li Brigadier. 
Et vous là, calfurtier, tas d' mauvaise croûte, chiaisse ? 

Li Flamino. 

Boute bin, Hossieu V zondrame, ze suis plus biesse que tî, 
Mains t-u parles le français core bien plus mal que mi. 

Li Brigadier. 

Voulez-vous bien vous taire ? Répondez-moi de suite, 
On vous appelle comment? Dites-moi cela bien vite. 

Li Flamind. 

On mè lomme comme më père et mon grand-pére ossi, 
Ze beu co bin qnéque (eie, mains zamâie à crédit. 

Li Brigadier. 
Venez- t-ici, Gendarme, empoignez- moi cet homme. 

Li Flamind. 
Ça ne fait rien di tout, avec mi c'est tout comme. 

Li Brigadier (à Gendarme). 
Tenez-le comme il faut. 

(U Gendarme tint T Flamind. Li Brigadier dxjoueû.) 

Maintenant voulez-vous bien, 
Me dire tous trois vos noms pour mettre dans mon calpin ? 
Vous êtes pris comme témoins pour aller-z-en justice, 
Qwand les prév'nus passeront l' tribunal de police. 

HlNRl. 

On m' lomme Hinri Gruzai. 

(Li Brigadier s'crit.) 

Li Brigadier {à Gilles). 
Et vous. 
Gilles. 

Gilles Barnabe. 
Bâtisse. 
Jean- Bâtisse Matbonet. 



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— 248 — 

Li Brigadier. 
Merci, bien obligé. 

Scène X(I. 

BIÈTMÉ, HINRI, BÂTISSE, GILLES, LI FLÂMIND, LI BRIGADIER, 
Lï GENDARME, JOSEPH, PICRAY, VICTOR. 

(Li poite il droûve, Joseph et Victor tlnet Picray qu'eet moin tô.) 

HiNRI. 

Aie ! Aïe ! Aie ! Quelle affaire ! Vocial li Gàrd-champête ! 

JOSEPH (èwarré). 
Nom di Hu ! les gendarme. 

{li lachet Picray, ctclal vint tourner d mitant dé V tcène,) 

Victor. 

le, Sainte mirlipopette ! 

(le k'mincei à rire turtot à V pu» fotrt, Picray dimeure iilindou, li Flamind qui reU 
comme Ut auu vout louqut Picray di trop prèt^ i tomme duiut^ findlemint on kt 
r'iive tos les deux, on mette Picray so *n' chëire et ifinihe par t'èdoirmi,) 

Li Brigadier. 
Gomment, c'est vous qu'est là ? Bien vous êtes beau, Picray ! 

{La aute riei puijoirt,) 
HlNRl {à Joseph), 

T'aveus dit qu' nos reïerts, mais va nos Tàrans fait ! 

Li Brigadier. 

Allons, maintenant Messieurs, je vous prie de vous taire, 
Il est temps, je crois bien, de finir cette affaire. 
C'est égal, c'est heureux pour une fois qu' nous venons, 
De f nir pincer trois hommes dans la même maison. 
Vous comprendez Picray, dans l'état que vous êtes. 
Sur mon procès-verbal faut bien que j' vous y mette. 

Li Flamind. 
C'est mi qu'il est continte, v'Ià qu' nous rottans nous deux, 



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- Î49 - 

Li Brigadier. 
Hais pour un gàrd-champéte vous d'vriez-t-étre honteux. 

JOSEPH. 

A it fer de Y morale, vos piëdrez vosse journèie. 

Victor. 

I cligne déjà ses oûie, ji creus qu'il a sommeie. 

Li Brigâdrr. 

Oui vous avez raison. Maintenant c'en est assez, 
Allons tas d* vieilles saulées il est temps de filer. 
Ici dans votre commune, oùc -qu'est la permanence ? 

HlNRI. 

A coront de viège. 

Victor. 
Divins 'ne veie s&lle di danse. 

Ll BRIOiDIBR. 

Une salle de danse, dites-vous ? 

JOSEPH. 

Tote tournëie à violon. 
Li Brigadier. 
Tiens, v*là quëque chose de drôle ! 

Ll FUMIND. 

C*est un joyeux prison. 
Li Brigaduer {kihêyant Picray). 
Allons, voyons, Picray, faut marcher comme un autre. 

Li Flamind. 

II est bien saule, sais-tu, ça c'est une drole d*ap6tro ! 

Li Gendarme. 
Allons, faut vous lever. 

(Ir l^koyet Picray putfoirty ei-cial'tii boge nin.) 



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— 250 - 



Victor. 
I doîme comme on paqaet. 
Li Brigâdibr. 
Gela vous apprendra de boire tant du pèquet. 

(/< $aifet todi dé fer lever Pieray,) 
JOSEPH. 

S* on ramasse comme coula tos les sô gârd-cbampéte, 
On braire sûr : Vivâ li loi d' qualre-vingt-sept ! 

Victor. 
Air : ùet Bibelêti du Diable. 

Louqutz don, Moncheu Picray, 

Quelle narenne, quelle maquette ! i 

I beut r pèquet à henn*tat, 

El beureut même à pintat. 

Tôt comme â sèlat, 

Et même â tonnât. 

Vola nosse gârd-champête ! 



Bit esionne. 



Bis eiwnne. 



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mti uÈnmî de imfÉUTDBE w allome 



CONCOURS DE ^887. 



RAPPORT DU JURY SUR LE CONCOURS N« \ : ÉTUDE SUR UNE 
CORPORATION, ETC. 



Messieurs, 

En portant au programme de 1887 son premier 
concours, la Société de Littérature wallonne n'en- 
tendait point recevoir la reproduction, sous une 
forme nouvelle, des chartes, privilèges, édits, ordon- 
nances et d'autres imprimés connus relatifs aux 
anciens métiers du pays de Liège, mais bien une 
étude historique générale de l'un de ces métiers. 

De semblables documents ne pouvaient servir que 
de premiers jalons à une œuvre plus ou moins com- 
plète, dont les matériaux devaient être fournis par 
de patientes et sérieuses recherches. Le travail était 
d'ailleurs tout indiqué par quelques mémoires ana- 
logues couronnés naguère. 

Trois mémoires nous ont été soumis : le premier 



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— 882 — 

concerne les brasseurs^ le deuxième les chandelons 
et le troisième les cordonniers. 

Quoique l'auteur de ces mémoires nous donne par 
ci par là quelques pièces inédites, il semble n'avoir 
pas compris toute l'étendue de la question posée. 
Nous regrettons donc de ne pouvoir lui accorder une 
distinction quelconque. 

Nous disons l'auteur et non les auteurs, car si le 
pli cacheté nous empêche de lire un nom, si l'écri- 
ture des manuscrits varie, le style c'est l'homme et 
l'unité se dévoile ici d'une façon absolue par la 
manière d'écrire, la même dans les trois mémoires. 

Nous insistons sur ce point pour faire voir com- 
ment notre auteur s'est fourvoyé à plaisir en présu- 
mant de ses forces intellectuelles. 

« Qui trop embrasse mal étreint, » dit le proverbe. 
Gomment ne pas s'en souvenir lorsqu'il s'agit de 
composer des ouvrages de bénédictin et être assez 
entreprenant pour aborder, la même année, trois 
mémoires historiques à la fois. 

Que leur auteur nous permette de l'engager à 
reprendre l'étude de l'un ou l'autre de ces mémoires 
et de ne pas s'écarter de son sujet. 

« Travaillez, prenez de la peine, c'est le fond qui 
manque le moins, » lui dirons-nous; le chemin vous 
est ouvert et, s'il est difficile au début, ne le croyez 
pas impraticable. Vos premiers essais le prouvent. 

Ni nos dépôts d'archives, ni nos Bibliothèques ne 
sont pas, comme vous avez cru les dépeindre, des 
lieux sacro-saints où pénètrent seuls les « gros hères » 



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- 253 — 

savants et non les modestes travailleurs, que nous 
appellerons les « halcotts » de la science pour rendre 
noire pensée. 

Ceux qui y sont préposés savent remplir les devoirs 
de leurs fonctions en venant en aide à tous ceux qui 
s'occupent sérieusement d'études historiques, scien- 
tifiques ou littéraires. 

Il suffît pour cela de leur en exprimer le désir en 
leur faisant connaître, sous le sceau du secret pro- 
fessionnel, le but de ces recherches. 

Notre auteur, d'ailleurs, a commencé par faire 
l'expérience de ce que nous déplorons et nous pour- 
rions, s'il était nécessaire, réduire à néant les préten- 
dues difficultés qu'il énumère dans ses introductions, 
par ses propres arguments. 

Les sources ne manquent pas. Tout incomplets 
que soient les documents de nos anciens métiers, 
conservés aux archives de l'État «t à la bibliothèque 
de rUniversité, il y a là de quoi renchérir sur ce 
que l'on trouve dans les ouvrages imprimés sur la 
matière. 

Outre les livres spéciaux, mentionnons ceux de 
Sohet, Louvrex, Méan, Saumery, Thommassiu, 
Henaux, Polain, Schoonbroodt, S. Bormans et d'au- 
tres, les publications des sociétés liégeoises, etc., 
mines inépuisables qui renferment bien des détails 
se rapportant aux travaux dont il s'agit. 

Et puis que de choses intéressantes à découvrir 
encore pour nos métiers en glanant dans les archives 
du Conseil privé, des Etats, de la Chambre des 



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— Î84 — 

finances, de Fancien chapitre Saint-Lambert^ des 
Notaires, des Rccès de la cité, etc., etc. 

L'auteur des mémoires présentés ne l'ignore pas et 
il saura se remettre au travail avec cet amour de la 
science qui paraît le caractériser et qui, guidé sage- 
ment, lui fera mener à bonne fin une œuvre excel- 
lente et sérieuse. 

Un dernier point sur lequel nous attirons son 
attention, c'est le silence presque absolu auquel il se 
condamne en ce qui touche l'étude comparative de 
l'organisation des métiers liégeois avec celle des 
mêmes corporations d'autres localités belges. 

Cette partie du concours, à traiter brièvement du 
reste, contrairement à ce que suppose notre auteur, 
n'exige pas de frais de déplacement et, pour se 
renseigner, il suffit de recourir, entre autres, aux 
nombreuses publications des sociétés savantes que 
possèdent nos bibliothèques publiques. Elle a l'at- 
trait de la nouveauté, aucun des mémoires cou- 
ronnés par la Société n'ayant jusqu'ici entamé ce 
sujet. 

Notre auteur cependant a été rempli à cet égard 
de bonne volonté, mais après avoir consulté l'His- 
toire populaire de la Belgique par L. Hymans, il a 
cru pouvoir se borner à prendre des renseignements 
par écrit et à attendre sous l'orme des réponses qui, 
naturellement, ne sont pas venues. 

Pourquoi ne pas avoir ouvert d'autres livres, 
notamment les publications de toutes les Sociétés 
savantes du pays, reçues à la Bibliothèque de l'Uni- 



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- 288 - 

vers! té de Liège ? Aiosi eût-il été à même de nous 
écrire un chapitre des plus intéressants 

Donnons-lui deux petits exenoiples pour le démon- 
trer. Et d'abord citons quelques sources. 

Parmi les travaux publiés sous les auspices de la 
Société d'Émulation pour l'étude de l'histoire de 
la Flandre, figurent les Keuren ou statuts des métiers 
de Bruges, de Menin, de Roulers et d'Ypres- Puis 
nous avons un ouvrage sur la matière de feu J. Gail- 
liard intitulé ; De anibachten en neringen van 
Brugge ; VInventaire des Archives de Bruges^ édité 
par Gilliodts van Severen; les travaux d'A. Wauters 
et bien d'autres. N'oublions pas une excellente étude 
générale sur les anciens corps de métiers aux Pays- 
Bas, par M. le professeur Crutzen, et insérée dans 
la Revus de V Instruction publique, en 1887. 

Voici maintenant notre premier exemple. 

En parcourant les statuts des Brasseurs de Rou- 
lers (i), nous y lisons ce qui suit : 

« Item — je traduis textuellement, — que personne 
» ne vendra bière dans cette ville (de Roulers) 
» soit crabbelaer, cnollaert, ou petite bière, sans être 
» tenu d'arborer individuellement un signe spécial 
^> par lequel chaque bière peut être renseignée et 
» déterminée, à savoir : deux boules pour le crabbe- 
» laer (ou forte bière), une boule pour le cnollaert 
y> (ou bière de seconde qualité), un balai ou faisceau 
» de bruyère pour la petite bière et le buis ou autre 

(') ÀnnaUt de la Société d'Emulation pour V étude de Vhiitotre et des antiquitét 
de la Flandre, S* série, t. 43, p. 156. 



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- 216 ~ 

» signe, d'après coutume, pour la bière étrangère. 
» Et ce sous amende de 10 escalins parisis, dont une 
» moitié à revenir au seigneur et l'autre moitié aux 
» pauvres. » 

Ces quelques lignes ne sont-elles pas pleines de 
révélations ? En effet, leur lecture doit nous rappeler 
ce qui se voit encore aujourd'hui un peu partout 
dans nos villages et même dans certains ^faubourgs 
des grandes villes, où le tenancier d'un cabaret place 
au-dessus de sa porte soit la bruyère, soit le buis, 
ou, à sa fenêtre, des ronds ou des cœurs en cuivre. 
Pourquoi ces enseignes sinon pour indiquer un 
débit de bière. 

Si avec la révolution française nos anciennes 
corporations ont cessé d'être et avec elles leurs 
statuts, il nous en est resté plus d'un usage. Ce qui 
précède le prouve et il faut en conclure qu'à Liège, 
comme à Roulers et sans doute ailleurs, la vente des 
différentes bières fut réglementée par des signes 
spéciaux et analogues à ceux que nous venons d'in- 
diquer. 

Beaucoup de nous se seront souvent demandé 
l'explication des enseignes susdites sans pouvoir trou- 
ver le motif de l'énigme. En cherchant comme nous, 
notre auteur aurait pu le faire connaître dans son 
mémoire touchant les Brasseurs. 

Un second exemple des heureux résultats à obtenir 
à la suite des investigations précitées nous est donné 
au sujet du mémoire relatif au métier des cordon- 
niers. L'auteur y critique la signification de savetier 



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— 257 — 

admisQ jusqu'à ce jour pour le mot corbesier. Ses 
arguments paraissent péremptoires et cependant iloe 
nous convainc pas^ car il n'entre pas dans la ques- 
tion étymologique du mot» Or s'il avait compulsé 
les Ambachten en neringen de feu J* Gailliard, il 
aurait appris qu'à Bruges aussi les cordonniers 
formaient deux corporations distinctes^ à savoir : les 
Cordewaniers (cordonniers) et les Elsenaers (corbu- 
siers), portant dans leurs armoiries respectives les 
meubles principaux de celles des mômes métiers 
liégeois. Gailliard nous dit, mais sans en fournir la 
preuve, que les Elsenaers étaient des ouvriers cor- 
donniers. 

jLa traduction du mot Elsenaers^ gens travaillant à 
l'alêne, oous apprend qu'ils tiraient leur nom de leur 
outil : J'alène, en flamand : Elsen. Peut-être les cor- 
busiers se servaient^ils, à rencontre du cordonnier, 
plus spécialement de l'alêne. Sans pénétrer dans les 
sujets de la confectioa des bottes et des souliers 
d'autrefois, cherchons dans nos divers diction naires« 
Corche, en langue espagnole, signifie une espèce de 
sandale ou chaussure de femme ; de même en an- 
glais ; to corke shoes or pantofles se traduit en vieux 
flamand par schoenen ofte pantoffelen kercken ; puis 
nous avons kordewaennier ou corkwamer pour cor- 
donniers, laiseurs de souliers {*). 

Le Corche espagnol, sandale, et ses synonymes 

(>) Kiliaen. ' 

n 



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— 288 - 

anglais et français précilés se retrouvent dans la 
première partie du mot corbusier, dont la seconde 
se rattache au terme flamand bieze ou biesy en usage 
chez les anciens cordonniers de la west Flandre (i), 
pour désigner une petite courroie en cuir plus 
mince, qu'un cordonnier emploie pour serrer le 
cuir, et qu'on y faisait passer en pratiquant des 
trous au moyen de Talène. Travail plus particulier, 
pensons-nous, aux sandales, souliers de femmes ei 
d'enfants, qu'aux bottes. Ceci indiqué, on peut en 
déduire que les Elsenaers doivent leur nom à 
l'usage de l'alêne, et que les corbesiers, fabriquant 
seuls les chaussures légères et fines propres à la 
femme, ont été dénommés ainsi à cause de l'emploi 
particulier des aies dans la confection du corche. 

Quoi qu'il en soit, il y a là une étude étymologique 
à poursuivre ; nous l'abandonnons à l'auteur du mé- 
moire signalé ci-dessus. 

Lorsque ce dernier lira le présent rapport et s'il 
ignore le flamand, il ne manquera pas de s'écrier : 
mais comment pourrais-je recourir à des textes 
rédigés dans une langue qui m'est inconnue ? 

Notre réponse est toute prête : adressez-vous à 
ceux qui la connaissent. Le flamand, en vous don- 
nant le sens des mots flamands, le fera maintes fois 
avec profit. 

Rencontrons-nous le plus possible sur le terrain si 
vaste et si sympathique de la science pour y faciliter 

(') De Bo, Westvlaamsche Idioticon. 



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- 259 - 

des travaux utiles à tous et au plus grand bien de la 
patrie. 

Le Jury : 

MM. E. DUCHESNE. 

M. Grandjean. 

D. VAN DE Casteele, rapporteur. 



La Société, dans sa séance du 13 février 1888, a 
dontié acte au Jury des conclusions ci-dessus ; en 
conséquence, les billets cachetés accompagnant les 
mémoires ont été brûlés séance tenante. 



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SOCIÉTÉ UÉQEOISE DE LITTÉRATUBE f ALLOHNE. 



CONCOURS DE 1887 



RAFfORT DU JDIIY SUR LE CONCOURS N« ^ 
m GLOSSAIRE TEGBNOLOiilQUE. 



Messieurs, 

Le Jury du 2^ concours : « Un Glossaire technolo- 
gique » a eu deux méoioires à examiner : le Glossaire 
du brasiseur et celui du chandelcn (fabricant de 
chandelles). 

Ces travaux lui ont paru consciencieusement 
élaborés ; l'auteur de Tua et de l'autre a puisié ses 
renseignements aux meilleures sources orales et a 
fort utilement consulté les Chartes et privilèges des 
bons métiers de la Cité, Franchise et Banlieue de 
Liège. 

Aussi^ des deux côtés, la moisson est*elle assez 
ample ; le Glossaire du cbandelon est un recueil 
d'environ cent vingt-cinq mots ; celui du brasseur 
en renferme plus de cent cinquante, indépendam- 
ment d'une série de termes modernes, français, que 
l'auteur a cru devoir consigner pour mémoire. 



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Nous avons relevé un certain nombre d'erreurs ou 
d'omissions 

{^) 

Dans le Glossaire du brasseur, nous constatons 
également quelques lacunes («) 

Nous ferons encore remarquer à Fauteur qu'il 
prétend à tort que « le sucre est une denrée prohibée 
en Belgique comme en Angleterre dans la fabrication 
de la bière; si on l'utilise à Liège, c'est en fraude 
et par économie. » L'emploi du sucre est licite et 
son usage général dans nos brasseries. 

Avec les progrès de l'industrie, la fabrication se 
transforme ; ainsi disparaissent peu à peu les outils 
du temps jadis et avec eux la terminologie d'autrefois. 
Chaque jour en emporle quelque chose. Dans toutes 
les branches du travail, que d'instruments tombés 
en désuétude et de noms bien près de tomber dans 
l'oubli ! 

La chose est sensible surtout pour l'industrie du 
chandelon ; dans ce métier, la plupart des appella- 
tions anciennes ont fait place à des mots nouveaux 
en rapport avec les procédés de fabrication moderne. 
A cet égard, le Glossaire du chandelon est venu à 
son heure pour sauver tout un vocabulaire qui 
menaçait de se perdre et dont seuls les anciens du 
métier avaient encore connaissance. 



(') Suivait une série d'observations dont il a été tenu compte pour l'impression 
du travail. 
(•) W. 



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— 263 - 

C'est ce qui a décidé le Jury, en vous proposant 
de couronner Us deux mémoires, à placer pourtant 
au premier rang le Glossaire du chandelon. 

Le Jury : 
MM. M. GrândjEiVn. 

D. VAN D£ GaST£ELE. 

E. DuGHESNE, rapporteur. 



Liège, le 1^' février 1888. 



La Société, dans sa séance du lu février, a adopté 
li^sconclusionsdu Jury. En conséquence, la médaille 
d'or est décernée au Glossaire du chandelon et une 
médaille en vermeil au Glossaire du brasseur. 

L'ouverture des billets cachetés a fait connaître 
que M. Joseph Kinable était l'auteur des deux 
mémoires couronnés. 



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GLOSSAIBE TECHNOLOGIQUE 

WALLON-FRANÇAIS 

DU MÉTIER DES CHANOELONS 

(fabricants de chandelles) 

PAR 

Joseph KINABLE. 

OuTrage couronne par la Sociéié Liégeoise de Littérature Wallonne 

PBIX : ^ÉDAILLB d'OR. 

Devise : 
Ine chandelle di Noé. 



Ce Glossaire contient les mots employés par les Ghandelons 
de la Cité, Franchise et Banlieue de Liège tant dans leur métier que 
dans les chartes et statuts qui les concernent. On y a ajouté les 
termes en usage dans Tindustrie moderne. 



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0ï(^Cyi^iCU/t pÈRARD floUET 

aanJ vctu, leJ lerrn^J empLoyéd dani CancUn métier deô 
Chandelonà aéraient pont toujouià tomheà danà C oubli, 
dJZaià voua leà avez recueiUià, voua me Leô avez comjnurdqwéd 
et j'en ai fait ce gtoââaire que je voué dédie en témoignage 
de reconnaiààance et de éonn& amitié. 



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Aime, s. f. Tonneau, mesure de contenance; le tonneau dit 
aime ou ayme doit; doivani les chartes et pi^ivilègesr du raétier, 
contenir 100 pots, soit 1i3 litres, comme mesure de Liège et 
if S pots comme mesure dé Haestriclit. D'autres métiers 
donnent une contenance plus considérable & Yayme mais les 
ehaddetons ne se aont jamais départie de ces deui capacités. 
i'a achiié îne aime d^àUs 

Amouléié, adj: Moulée. Se dit des chandelles, de la ferme, 
de la grosseur <ju'ott leur donne. Vota 'ne ekandelle imamouléie. 

ApfyS. m. Support, du latin apiariumf ruche; on donne ce 
n<ym aux pièces de bois réunies pour former le stjpp(»rt d'une 
ruche d^abeilles ou chetUuré. Rimetlèz V chetteure sa P api. 

Âi7eéie,s. f. Aiguille servant à placer la mèche dans le moule. 



Baohe, s. m. Baquet ; récipient en bois doublé de plomb 
dans lequel on verse le suif fondu, pour la fabrication des 
chandelles à La baguette. I (âl vûdi V sèwe è bâche. 

Bfkûon^ s. m. Hachoir, billot. Tronçon de bois dur, gros et 
courti choisi dans la partie de Tarbre. la plus rapprochée de la 
racine, doqc la plus consistanfe. Q^and ce bidotf. était trop usé, 
rapeliissé par rasage qu'on en faisait, on l'exhaussait en lui 



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— 270 — 

mettant quatre pieds solides ; on hachait sur ce bâdon, en très 
menus morceaux, les graisses avant de les placer dans les 
chaudières. Mieux ces graisses étaient hachées et moins il y 
avait de grumeaux dans le bain et parlant moins de pertes. 
/ fdt /' bddon po hachî les crdhe. 

Baguette ou Vège, s. f. Baguette ou verge; à Liège, comme 
partout du reste, on donne ce nom à un mince b&ton auquel on 
suspend les mèches pour les plonger et replonger dans le suif 
jusqu*à ce que les chandelles aient atteint la grosseur voulue. 
On mette à ^ne feie dix chandelle à r baguette. 

Balance, s. f. Balance. Instrument pour peser. L'article 34 
des statuts des chandelons porte qu'on ne peut faire usage de 
balances qui ne sont pas duement contrôlées. On n' fait pus 
hoûie qui des balance di keuve. 

Borai, s. m. Botte. L'article 40 des statuts des chandelons 
dit « Défense est faite de ne mettre ni oster les chandeiies hors 
des verges les mettans ou faire mettre ensemble en borreau... » 
Le wallon de ce mot borreau est borai\ on dit encore on borai 
d' lègne pour dire une botte de bois. 

Bougie, s. f. Bougie. Il n'y a pas d'autre mot en wallon pour 
désigner cet objet. La bougie est ainsi appelée, dit Larousse, du 
nom de la ville d'Algérie ob elle a été inventée. Au mot bougie 
stéarique,on lit dans le Dictionnaire des arts et métiers, de Tagri- 
culture, des mines, etc: « La fabrication de ces bougies qui a pris 
» dans ces derniers temps une extension considérable, a com- 
y> mencé à Paris et est due MM. Gay-Lussac et Chevreul qui 
» prirent aussi à ce sujet un brevet en Angleterre dès le mois 
» de juin 1825. » On en compte de trois sortes, la bougie de 
cire, la bougie de stéarine et la bougie de blanc de baleine ou 
spermaceti. Cette dernière est la plus estimée à cause de la 
belle transparence qu'on est parvenu à lui donner. Les noms 
que ces bougies portent en indique la composition. A Liège, 
les chandelons donnaient indistinctement le nom de chandelles 



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- 271 - 

k celles qu'ils fabriquaient, qu*elles fussent en cire ou en suif. 
Cependant, on a maintenant adopté le mot bougie pour désigner 
les chandelles de cire. 

Boure, s. m. Beurre; par Tariicle 33 des statuts des chan- 
delons, il est fait défense d'ajouter « bœure ou sayn », saindoux 
ou suif destiné à la fabrication des chandelles. Cette défense fut 
prononcée parce que le chandelon,en temps de gelée, opérait un 
mélange de ce genre pour rendre le suif plus fusibiCi au grand 
préjudice des chandelles qui, ainsi préparées, transpiraient et 
se consumaient plus rapidement. Liboure n*a mdie rin valou 
dCvins 'ne chancUlle. 

Bou^T^er, v. a. Laver. Le même article prescrit que c les 
chandelles de staux devront élre faiUes de blanc lignoul bou- 
wés.... et icelles de fosses deveront élre faittes de lignoul 
bouwés ou non bouwés.» ?9ivbouwé, on entend nécessairement 
lavé; c'est le vrai terme wallon frouu;^ ou boue, bouéie. I fat 
bouwer les lignoû. 

Boyai, s. m. Boyau. Le chandelon distingue la graisse sui- 
vant sa provenance; celle détachée des boyaux et qu'on nommait 
haveure était considérée comme étant de qualité inférieure. Le$ 
haveure di boy ai ni sont mdie del bonne crâhe. 

Brocalle^ s. f. Allumette. Nom des grandes allumettes 
soufrées en vogue avant Tapparitioa des allumettes phospho- 
riques. A la suiie des réclamations des cbandelons, il avait été 
introduit dans les statuts, article 16, une défense ce aux porteurs 
et recopeurs de brocalles comme de ramons » de colporter 
leurs marchandises sans avoir acquis la petite raulte. Les cam- 
pagnards qui vendaient brocalle et ramon préférèrent livrer, 
sans acquérir la raulte, leurs marchandises directement aux 
cbandelons qui en firent ainsi un article de leur commerce. On 
borai d' brocalle costéue inecence. 

Brocalt, s. m. Porte-allumettes. Etui, gaine, vase où Ton 
mettait les brocalle. Mettez V brocalt so i' tàve. 



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- 27i - 

BFoque, s. L Oom ea bois arroodi* L9 broque servait aux 
chaodeloi» pour ménager l^mvertuie eoaîque^ cela s'appelaîi : 

fer Pcou—k l'extrémité inférieure des cierges afin de les pouvoir 
a4apier sur la pointe métallique qui se trouve au ceo^tre 4^ la 
bpbèche des chandeliers d'église. Fe^l'coudes chandelle avou 
rbroquc , 

Broqpiettéy s. f. Cheville, servait à attacher la mèche dans 
Taoce des moules utilisés pour la fabrication des chandelles. 
G^était un petit outil en bois ou en fil de ter ayant difiérentes 
formes ; on le plaçait au haat du moute de môme qu'il trouvait 
aussi son emploi à la partie opposée. Prindez ebrcquetU po^ 
z-^ltèLer Vmècheoul'lignoû, .^$ 

Busette, s. f* Houle. Après les chandelles âbriquéos à la 
bagueite, on en fit au moyen 4*un meule que les cbaadelons 
appellent busâUn. C'étaient de petits tubes en fer blanc d'abord 
et ensuite en étain. Ces tubes ont ue de leur bout conique pour 
donner la forme de pointe à la chandelle. On les fixe par ce 
bout dans upe table appelée tdve trawéU e.ti après avQjr é^tbli 
la mèche dans Taxe, on y verse le suif fondu. 

A Liège^les chancelons n*ont jamais employé le moule pour 
fabriquer les chandelles de cire. Les chandelle à l'busette satU 
pus belle qui les cisse à F baguetle. 



Gandelàbe, s. m. Candélabre. Le mot n'a pas été autrement 
traduit en wallon; encore, dit-on plus souvent pour désigner 
cet objet : on chandelé à treus, qwatte ou cinq branche. Cependant 
le terme candeldbe esi connu et on Temp.oie assez souvent. 
Qwand Pprocèchon passe, en mette des candeldbe âx finiesse. 

Gère, s. f. Cire. La cire utilisée par les chandelons leur 
était apportée par les campagnards exploitant {mohlt^.ées 
ruches d'abeilles (chetteure) ; ils la leur livraient en briquettes 



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— 273 - 

(plaques) plus ou moins lourdes et souvent loute blanchie. On 
blanchit la cire jaune sortant de la ruche en l'exposant au grand 
air, à Tabri du soleil, et en Tarrosant légèrement. Il y a 
maintenant des fabriques spéciales pour préparer la cire et la 
bien blanchir. 

Parfois les chandelons se la faisaient apporter à son état 
naturel ; c'est quand elle devait leur servir à la confection des 
cierges destinés à garnir à l'église le biera (bière, catafalque) 
d'un jeune homme ou d'une jeune fille. Il était d'usage à l'égard 
des célibataires des deux sexes, mourant avant 21 ans, de 
n'employer à leurs funérailles que des cierges dits en cire 
vierge, abusivement nommée ainsi pour la raison qu'elle 
n'était pas blanchie. Voir le mot suivant. On s^chervéve â Noé 
di chandelle di jène cire. 

Gère di puoelle, s. f. Cire vierge. Le wallon a donné ce 
nom à la cire vierge non à cause de sa destination qui était de 
servir aux funérailles des jeunes filles, mais en raison de sa 
provenance. En efiet, on entend par ce terme la cire retirée 
d'une ruche dans laquelle n'ont eu accès que des abeilles 
n'ayant pas encore pondu. Ce cas ne peut se présenter que pen- 
dant les étés qui ont eu une très longue période de jours mar- 
qués par une haute température. Li cére di pucelle est si rare 
qu'on n'pout nin 'nn* avu. 

Chandeleur, s. f. Purification. Autrement dit, fête de Notre- 
Dame aux Neiges, qui était la patronne des chandelons. La 
Chandeleur était une double fête pour les gens de ce métier ; ils 
avaient non- seulement l'occasion de se récréer mais en outre 
celle de ^ire de bonnes recettes. Ils avaient eu à approvisionner 
toutes les églises d'une grande quantité de chandelles. On sait 
pourquoi : il était de règle invariable jusqu'à la fin du dernier 
siècle et ce l'est encore dans bien des villages, que tout 
qui se rendait à l'église le jour de la dite fête devait y acheter 
une chandelle soit à un prix fixé, soit au moyen d'une offrande. 

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— 274 - 

Ce dernier mode était préféré, il s'agissait d'un objet bénit 
((Fine ehandiUe bènèie). Les chandelons avaient un autre patron, 
St-MIchel, Saint Michi comme le renseigne tarmonak ligeoi di 
Van XXX délie fondachon délie Sociélé Wallonne di Jos. 
Dejârduiy mais ce saint patron était délaissé presque totalement. 
Il rapportait si peu de profit. L' Chandeleur a todi stu fpu$ grande 
fiesse des chandelon. 

Chandelle, s. f. Chandelle. Article principal de la fabrica- 
tion et du commerce du chandelon. Il est dit aux mots baguette 
et busette comment on les fabriquait. C'était le terme unique 
sous lequel les chandelons désignaient les chandelles en suif ou 
en cire. Le mot cierge était ignoré du wallon, la bougie n'était 
pas encore inventée. Les chandelle di cére duret fus qui les 
cisse di sèwe. 

Ghandelleresse, s. f. Fabricante de chandelles. Nom de la 
femme qui, seule ou avec son mari, confectionne des chandelles 
et les vend, ou seulement en vend. // a s' posé 'ne chandeUeresse. 

Chandelon ou Chandelt, s. m. Fabricant de chandelles. 
Nom que portent dans les chartes et privilèges du pays de Liège 
les fabricants de chandelles, huiles, savon, goudron, etc. Gn*a 
longiimps qu*on n' dit pus chandelon à Ltge. 

Chandelô, s. m. Chandelier, ustensile pour placer la chan- 
delle ou la bougie. Il a acheté ^ne paire di chandelé. 

Chandelé à pfd, ou à broque, ou à ponte, s. m. Grand 
chandelier. On donnait, on donne encore indifféremment en 
wallon ces trois noms pour désigner les chandeliers d'église. 
Les chandelé d'église ont des ponte. 

Chandelle flldie ou cowe di rat, s. f. Bougie filée; 
mince bougie qu'on enroule sur les longs b&lons armés à l'une 
de leurs extrémités d'un éteignoir. Le bâton remplit ainsi les 
deux fonctions à l'église : il sert à allumer les cierges avec la 
bougie filée et à les éteindre avec l'appareil qui le surmonte. 



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— 27S - 

La fabrication de la bougie filée avait lieu au moyen de deux 
tambours entre lesquels se trouvait un récipient de pâte de cire 
dont on enduisait la mèche se déroulant d'un tambour pour 
s'enrouler sur Tautre. C'est là l'ancien procédé des chandelons; 
maintenant la boug'e filée se forme en plongeant la mèche 
tordue à l'avance dans un bain de cire liquide. // a fait co cint 
et cint aune di chandelle filéie. 

Ghaudlre, s. f. Chaudière. Les chandelons se servaient de 
chaudières en cuivre ou en fer pour fondre les graisses donnant 
le suif. Ces récipients étaient de capacité variable; on en faisait 
de petite et de grande dimension, selon le goût du fabricant. 
En moyenne elles contenaient une cinquantaine de litres. / fât 
bin kaehi les crdhe divant d* les mette è T chaudire. 

Chenne, s. f. Chenevis, graine du chanvre qui entrait dans 
la fabrication des huiles du chandelon. L'article 33 des statuts 
dispose... <c et pourront vendre huille de navette de gaille (noix) 
chaisne » (chenevis). Avez-v' de r chenne po vos ouhai? 

Chetteure ou chetteute, s. f. Ruche d'abeilles. C'est de 
là que les chandelons reliraient un de leurs principaux 
approvisionnements, car avant l'invention de tous les systèmes 
d'éclairage que Ton connaît aujourd'hui, la chandelle de cire 
était très recherchée et très utilisée. Les chetteure sont toutes 
de même conformation, pour rester du goût des travailleuses 
qu'elles doivent recevoir. Dans les campagnes — il n'y en a 
guère que là — on nomme api l'assemblage de pièces de bois 
qui soutiennent les ruches. On a r'sèchi on fameux tortai de 
V chetteure. 

Clnde foite ou cûdeur ou orèton ou forcû. Résidus 
ou créions. Les résidus qu'on retire de la fonte des graisses, 
après en avoir extrait le suif, portent en wallon les noms de 
foite cinde, cûdeur, crèton ou forcû. Après qu'on en a bien 
exprimé les dernières gouties de graisse, on les livre aux culti- 
vateurs [[qui en tirent parti pour la nourriture des porcs et 
autres bêtes. 



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— 276 - 

Sur la vente de ce produit, Târticle 40 des statuts disait : 
a et quant à la devant ditie forte cendre l'on deverat livrer 
pour le poix deux peiittes livres de Cologne pour que les simples 
ne soient abusez ou trompez ». Li foite cinde est-st-on ragoût po 
les pourçai. 

Colrnette, s. f. Eteignoir; en wallon on donne le nom de 
coirnette à réteignoir placé au bout du long bâton garni de 
bougie filée comme il est dit au mot chandelle fitéie. L'sacruiien 
distint les chandelle avou Pcoirnette. 

Compas, s. m. Instrument pour couper les mèches à lon- 
gueur. 

Coton, s. m. Coton, sert à confectionner les mèches des 
chandelles. L'article 33 des statuts des chandelons dit que les 
mèches des chandelles d'un aidan doivent être entremêlées 
d*un filet de eoton, celles de deux aidans de deux filets et c les 
autres à Tadvenant. » / fût de coton po fer on bon lignou. 

Cou (fer r cou). Elargir le bas du cierge en y ménageant 
une ouverture. Fer V cou dHne chandelle, c'est utiliser la broque 
pour approprier une cavité conique au bas du cierge afin de 
pouvoir Tadapter sur la pointe dont sont pourvus les chande- 
liers d'église. On deut fer Vcou à totes les chandelle d'église. 

Couve, s. r. Cuve. Les chandelons donnaient indistinctement 
le nom de couve ou de chaudire aux récipients en cuivre ou en 
fer qu*ils employaient pour la fonte des graisses en préparant le 
suif. Tapez les crâhe è C couve. 

CoiTve di ramon, s. f. Queue de balai. Les gens de ce 
métier qui avaient joint à leurs articles de négoce les frroealfe 
et les ramon devaient bien fournir pour ces derniers aussi le 
manche appelé cowe. (Voir brocalle.) Is vindit des ramon^ is d*vtt 
bin vinde des cowe. 

Corvée di rat ou Chandelle flldle, s. f. Bougie filée. C'est 
le nom vulgaire, employé encore aujourd'hui, de la bougie filée 
qu'on enroule sur les bâtons surmontés d'un eteignoir. (Voir 
chandelle filéie.) Li cowe di rat s' rôle tôt atou de V coirnette. 



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— Î77 — 

Grfthe, s. f. Graisse. On donne le nom de crâhe à toute 
espèce de graisse du bétail. Les bonnes crâhe bin hachèie fet 
V bon $èwe, 

Grftssereie, s. f. Graisse. L'article 33 des statuts des chan- 
delons dit que les g:ens du métier pourront vendrez ... et 
touttes autres sortes et manières de crasseries comme on peut 
les nommer ou appeler » ; c'est le mot wallon imparfaitement 
francisé. Qwand V wallon dit crasserHe, i vont pus vile dire hoûie 
les marchandèie de crâssi (charcutier). 

Grèton, s. m. Détritus ou créions. Résidus provenant de 
la fonte des graisses. Voir le mot cinde^ foite cinde. Les crèlon 
chervet po nouri les $hin et les pourçai. 

Gûdeur, s. m. Détritus ou cretons. Autre nom donné aux 
mêmes résidus. (Voir cindey foite cinde). 

Daguety s^ m. Goudron. Marchandise que le chandelon peut 
vendre. On lit à l'article 33 des statuts « ils pourront vendre.... 
touttes autres huilles, savon, dagbet, cuideur, etc. »I1 n'y a pas 
de distinction faite entre le goudron végétal et le goudron 
animal, l'un comme l'autre pouvaient être vendus et même 
fabriqués par le chandelon. Les chandelon ont lin raremint vin- 
dou d^ Voie et de daguet. 

Destoumège, s. m. Diminution, réduction, perte par la 
cuisson. 

L'article 41 des statuts porte : « Le poix de la grosse livre non 
fondu sera de deux livres et un quartron de Cologne à cause des 
crettons et détomage. » Le mot destoumèoe, vraie traduction de 
détomage^ est encore en usage aujourd'hui avec la même 
signification. / gn'a lot plein des iestoumège tôt fondant P crâhe. 



Fabrique, s. f. Fabrique. Nom wallon et français de 
rétablissement où le patron exerce son industrie. 



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— %!% — 

Faine ou Sayln, s f. Saindoux. Graisse de porc fondue, 
que de par les statuts les chaiidelons ne pouvaient mélanger à 
leur suif dans la fabrication des chandelles. Il s'en servaient 
cependant mais seulement pendant les temps de forte gelée pour 
rendre le suif plus fusible. Li faine vât bin mi qui V sayin. 

Falot, s. m. Falot. Même mot en français qu'en wallon. 
En français, d*aprës Larousse, un falot est une grande lanterne 
de fil de fer recouverte de toile blanche. Li falot, selon le 
dictionnaire wallon de Joseph Hubert,|est une corde goudronnée 
servant de torche. Dans cette dernière acception, le falot rentre 
dans les articles du métier de chandelon. I fit des falot à totes 
les fiesse di nute. 

Farenne, s. f. Farine. Cette marchandise ne rentrait pas 
dans !e commerce du chandelon ; celui-ci veillait seulement à ce 
qu'on ne lui en livr&t point en fraude, c'est-à-dire avec la cire, 
les fournisseurs malhonnêtes ayant l'habitude de mélanger de 
la farine à la cire dans un but de lucre. Po qui P cire seûye bonne, 
i n' fdt nin qu'on mahe di V farenne avou. 

Fftssdiès chandelle, s f. Fausses chandelles. On donne 
ce nom aux engins utilisés dans les églises et qui ressemblent à 
des chandelles par la forme et la couleur. Ce sont des tubes en 
fer blanc recouverts d'une peinture blanche et dans lesquels se 
trouve un ressort qui fait remonter à volonté la chandelle 
introduite dans ce tube. On use ainsi les bouts des cierges qui 
se consument jusqu'à la dernière extrémité en conservant 
l'apparence d'une grande chandelle. Gn'a tôt profit à s* chervi 
i fasséiès chandelle. 

Fisique, s. m. Sorte d'aiguille en fer assez longue et fort 
grosse qu'utilisaient les chandelons pour détacher les chandelles 
de la baguette et les réunir en botte, en les enfilant par l'anneau 
formé par la mèche pliée double. Elle tient son nom de sa 
première destination ; c'était une ancienne baguette de fusil. 
Dislellez les chandelle avou F fisique. 

Flambeau, s. m. Flambeau, torche. C'est le même mot en 



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— J79 — 

français qu'en wallon. Il vient selon toute probabilité du pre- 
mier ; cependant il est en usage à Liège depuis bien longtemps. 
Le cbandelon ne le cile pas dans ses chartes ; il ne parle pas 
non plus, du reste, de la torche (toiche) ni du lampion {lâpion) qui 
sont bien matières afférentes à ce métier. Les ofid d'vtt poirier 
on flambeau à V procèchon. 

Foite oinde^ s. f. Détritus, cretons. Voir dnde foite et 
càdeur. 

Fonde, v. act. Fondre. Une des principales opérations du 
cbandelon est de fondre les graisses pour en faire du suif. 
Po bin fonde les crdhe i fdt'êt'On bon feu. 

Forcû, s. m. Cretons. Synonyme de cûdeur, foite einde ou 
erèton. Voir ces mots. 

Fosse, s. f. Houillère. C'est le nom par lequel on a toujours 
désigné les houillères, à Liège. Dans les statuts des cbandelons, 
ce mot est employé avec cette acception ; il y est dit, article 33 : 
« celles (les chandelles) de fosse deveront être faites de lignoul 
bouwés ou non bouwés. » Les chandelle qu'en fève po les houyeu^ 
on les louméve des chandelle di fosse. 



e 



Gaye ou Oéye, s. f. Noix. En wallon, noix se traduit par 
gèye ; mais à Liège môme et dans beaucoup de localités, on 
emploie le mot gaye pour désigner le fruit du noyer. Dans les 
statuts du métier, article 33, on voit que les cbandelons 
« pourront vendre huille de navette, de gaille, mostarde ou 
autres. » On fève de V bin bonne die avou les gaye ou gèye. 

Gaz, s. m. fîaz. C'est le même mot en wallon qu'en français 
pour désigner le gaz d'éclairage. Nous le mentionnons, les 
cbandelons étant les artisans de Téclairage. 



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Oolôy s. m. Graisse entourant les entrailles du gros bétail. 
Les chandelons les plus experts distinguaient facilement les 
qualités des graisses qu'on leur offrait en vente et ils avaient 
soin de s'approvisionner autant que possible de cette portion de 
graisse qu'entourent les entrailles et à laquelle ifs avaient 
donné le nom de golé. C'est le golé qui constitue une des meil- 
leures graisses et qui, bien hachée, se fond le mieux et sans 
grumeaux. / n'a acheté hoûie qui tôt golé. 

Graine, s. f. Graine. Semence des plantes oléagineuses, 
moutarde, chenevis, dont le chandelon tirait les huiles de son 
commerce. Les chandelon polît fer Pôle avou les graine, 

Orainette, s. f. Petite graine. Le wallon désignait autre- 
fois le chenevis sous le nom de grainette. Mi canari sWégale 
avou les grainette. 

Greffon, s. m. Pointe de bougie ajoutée au bout d'un bâton 
peint pour simuler un grand flambeau. De même que pour les 
fasséiès chandelle (voir ce mot) utilisées dans les églises pour 
brûler les moindres bouts de cierges avec l'apparence d'une 
grande chandelle, on a imaginé à Liège, à Texemple peut-être 
de ce qui se faisait déjà ailleurs, d'approprier des flambeaux 
(hache) dont la pointe seulement est en nature de bougie. 
Celle-ci peut avoir la hauteur de vingt centimètres. Le reste 
du flambleau est un bâton recouvert d'une couche de couleur 
qui lui donne l'apparence d'un flambeau d'une pièce, du haut en 
bas. Gn'a bindes toiche qu'ont des greffon. 

Grosse llve, s. f. Grosse livre. Ce que les rhândelons 
appelaient grosse live variait de poids selon les marchandises 
qu'ils avaient à peser. 

On trouve dans les statuts du métier, article 40, que « Touttes 
et chacune livre de chandelles tant de cyre que de syewe 
pareillement la livre de syewe fondu doit et deverat pesser 
deux livres et demy quartron poix de Cologne la demée livre et 
quartron à Tadvinant 



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- 281 — 

» Quant à la devant ditte foitte cende Ton deverat livrer pour 
le poid deux petittes livres de Cologne. » Art. 41 : « Le poids de 
» la grosse livre de syewe non fondu sera de deux livres et un 
)> quartron poix de Cologne, i» 

Les gens du métier avaient donc presque autant de sortes 
de poids qu'il y avait de différentes marchandises. 

Où récart était le plus sensible, c'était en ce qui concerne les 
graisses que parfois les bouchers offraient en vente quelques 
instants après Tabatage de la béte. 

Dans cette circonstance, le chandelon exigeait que ces 
graisses fraîches lui fussent livrées sans augmentation de prix 
au poids de deux livres et demie pour la grosse livre. 1 gria Itve 
et live comme i gtCa fahenne et fahenne. 

Haohe, s. f. Flambeau. Autrefois, en wallon, on ne désignait 
que sous le nom de hache le flambeau consistant en un bâton de 
sapin entouré de résine de cire ou de suif (définition de Larousse) 
et qu*on portait dans les processions ou aux enterrements. 

Jadis, à Liège, on ne pouvait décemment assister à un enter- 
rement sans porter un semblable flambeau dit hache. Cet usage 
a complètement disparu depuis environ un demi-siècle. Cela n'a 
pas dû faire Tafi^aire des chandelons de l'époque. A ine èterremint 
on (Vvive poirter r flambeau et à Vprocèchon poirier P hache. 

Haveure, s. f. Raclure, ratissure. De même qu'il avait un 
nom, golé^ pour désigner la graisse de première qualité, le 
chandelon nommait haveure celle de qualité inférieure. Par 
haveure on entendait la graisse détachée, raclée des boyaux. 
Les meieures haveure riront mâie valou V goli. 

Lampe, s. f. Lampe. Avant l'invention des quinquets, 
lampes carcel et autres, on n'employait que l'antique appareil 
qui avait le double désavantage d'éclairer fort mal et de produire 
une fumée de l'odeur la plus désagréable, d'autant plus qu'au- 
trefois les huiles étaient épurées très imparfaitement, faute 
d'avoir les ustensiles nécessaires pour procéder à cette opé- 



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-m- 

ration. On était si fatigué de cette lampe qu'elle a disparu tota- 
lement. On h* si siervéve de V lampe qui po-z-aller è V cuve. 

Lampe carœl. Garcel. Lampe à rouages, inventée par 
Carcel (Larousse), mentionnée ici pour mémoire. 

Lftpion, s. m. Lampion. Godet de terre cuite rempli de suif; 
au milieu se trouvé une mèche, souvent d*étoupe, imbibée de 
térébenthine pour pouvoir Vallumer promptement. A cela se 
résume Tanlique appareil utilisé pour les illuminations à 
Toccasion des fêtes de toute espèce. On u^avait à disposer pour 
cet usage que du susdit godet. Ce n'étaient pas les chandelons 
qui avaient à s'en plaindre, bien loin de là, car chaque illumi- 
nation devait leur rapporter un joli bénéfice. L'ancienne 
corporation des gens de ce métier n'a pas duré assez longtemps 
pour voir tomber le lampion dans le mépris et dans l'oubli. Ce 
n'est toutefois pas sans raison qu'on Ta abandonné ; les engins 
qui l'ont remplacé l'ont tous dépassé. Ce furent d'abord les 
verres de couleur, puis les lampes vénitiennes, ensuite vint le 
gaz produisant dans les illuminations de si brillantes clartés» 
qui cependant vont pâlir devant le dernier arrivé : l'éclairage 
électrique. Li lâpion a fait s* timps, il est rouvi po todi. 

Laton, s. m. Son. Le chandelon utilisait le son dans 
plusieurs phases de sa fabrication ; après s'en être servi, 
il s'en débarrassait au mieux de ses intérêts; c'est ainsi que le 
son, le vieux son, est au nombre des articles que les gens de ce 
métier pouvaient mettre en vente(article 33 des statuts). Is vindit 
quéque feie mt ku laton quHeu farenne. 

Lignou, s. m. Mèche. La mèche d'une lampe comme celle 
d'une chandelle se nommait ligtiou. Ce mot est même encore 
employé dans cette acception. Ne pas le confondre avec 
ligneroulle qui veut dire une ligne de pécheur. On trouve 
également ce mot ligfiou {lignoul) dans les statuts du métier; 
l'article 33 porte que « les chandelles de staux deveroni être 



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feitles de bon syewe lealle denrée de blane lignoul bouwés 
entremêlés de filets de cotton. » 

Le vrai sens du mot lignou semble pourtant devoir être mèche 
en Ql de lin puisque, pour qu'il s'y trouvât des fils de coton, on 
le prescrivait spécialement. Li lignou de V chandelle est trop tenne, 
c'est po coula qu'elle broûle si ma. 

Lins'minoe, s. m. Graine de Lin. Le mot wallon explique 
aussi bien que le mot français la chose qu'il représente. 
Lim'mince ou simitice di lin équivaut à graine de lin. L'article 33 
des statuts porte : « et pourront vendre huille de navette, de 
gaille, de chaisne, linsmence huille.. » Li thé di lins'mince ri est 
nin bon mais haiti. 

Ltve, s. f. Livre. Poids usité dans le commerce à Liège ; 
c*était la livre (on écrit libvre dans les statuts) dite de Cologne 
pesant 16 onces. (Voir grosse live.) Ine Itve di chandelle estent 
bin vite ivoi 



Méohe, s. f. Mèche. Coton ou lin qu'on met dans une lampe 
ou dans l'axe d'une chandelle ou bougie pour brûler. (Voir 
lignou). Ine mèche ria mâie situ qu'on lignou. 

Mèsenre, s. f. Mesure. Terme générique pour désigner la 
capacité, l'étendue. « Quantité prise pour terme de comparaison 
et qui sert à évaluer la grandeur d'autres quantités de même 
nature (Larousse) » L'article 34 des statuts dit : < Entendu qu'en 
vendant pieche ou poix deverat être bon avec jast) balances et 
bonnes meseures saillées comme il affert. » 

Ce mot a une autre signification vulgaire ; le wallon lui donne 
le même sens qu'au mot verre pour en désigner le contenu. Nos 
avanspris 'ne mèseure veut dire nous avons avalé un coup... de 
genièvre. Vaime estent 'ne mèseure po-z-acketer les Ole. 

Mohe à r Iftme, s f. abeille. Le wallon par son mot com- 



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- Î84 - 

posé indique une des produeiions de l'abeille. Les chandelons 
auraient pu l'appeler mieux mohe d V cére puisque c'est de ces 
mouches qu'ils tiraient une des principales matières premières 
de leur industrie. Les mohe à l' Idme périt s* loumer les mohe 
à V cére. 

Mohll ou Moht, s. m. Exploitant de ruches d'abeilles. C'est 
sous le nom de mohlt ou mohi que Ton a toujours désigné en 
wallon les campagnards exploitant les ruches d'abeilles et qui 
en venaient vendre les produits en ville. Cest-si-à meus d^octôbe 
qui les mohlt vindtt F pus d' eére. 

Mostftde, s. f. Moutarde. La graine de moutarde était utili- 
sée par le chandelon pour la fabrication des huiles. L'article 33 
des statuts dit : « et pourront vendre buille de navette de gaille 
mostarde et autres. » En outre les gens du métier pouvaient 
vendre la moutarde en graine ou en farine et même en moutarde 
toute préparée pour Tassaisonnement des mets. Cest Vchande- 
Ion qui vint f mèieure mostdde. 

Moaohette, s. f. Mouchettes. Instrument servant à mou- 
cher et à éteindre les chandelles. Dinez-m' li mouchette po dis- 
tinde li chandelle. 

Moule ou Busette. Moule. Môme mot en français qu'en 
wallon pour désigner les cylindres creux en fer blanc ou en 
éiain employés pour la fabrication des chandelles dites au 
moule. Ce genre de fabrication est indiqué au mot busette et 
baguette, le wallon donnant parfois au moule le nom de busette. 
On n' fait pus hoûie qui des chandelle d moule. 



IV 



Navette, s. f. Navette. Graine oléagineuse utilisée par le 
chandelon comme il est dit au mot mostdde. Les chandelon 
vindtt (f rôle di navette mais riè fU nin. 



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— Î85 — 

Nokion, s. m. Mouchure. Partie consumée do la mèche 
d'une chandelle, qu'on coupe à l'aide des moucbettes. 

Le wallon appelle aussi nokion le bout restant d'une chandelle 
consumée, a Restant d'une chandelle presque brûlée, » dit 
Joseph Hubert dans son dictionnaire wallon-liégeois. Li chan- 
delle est brouléiet ci n'est pus qu'on nokion. 

Noret, s. m. Graisse. Nom donné par les chandelons k la 
portion de graisse retirée des entrailles du bétail et qui est 
entourée d'une mince peau carrelée appelée en wallon teulette. 
Cette portion de graisse était considérée comme étant de pre- 
mière qualité de môme que le golé. Voir ce mot. Po les qualité 
de r crâhe^ li meieu c'est V golé; après c'est T noretj et puis vint 
P rognon et po fini les haveure. 



Ole, s. f. Huile. Liqueur grasse et onctueuse qu'on extrait 
de diverses substances, comme dit Larousse dans son diction- 
naire. Elle était pour le chandelon article de fabrication et 
surtout de commerce. En effet cette marchandise était princi- 
palement un objet d'importation. Ce l'était môme totalement 
pour les huiles d'olive, de poisson et d'autres encore qu'on ne 
fabriquait point à Liège. On vindéve di totes les Ole à mon les 
ckandeUm. 

Olive, s. f. Olive. Fruit à noyau dont on extrait une huilé 
qui était article de commerce pour le chandelon. Voir le mot 
ci-dessus. Fdt d* Voie dColive po fer ^ne salade. 

Onœ, s. f. Once. Subdivision de la livre, dont elle forme la 
seizième partie. A Liège, la livre (grosse livre) était de poids 
différent stlon la nature des objets que Ton avait à peser. La 
livre de 16 onces était appelée livre de Cologne. Li vraie Itve à 
saze once. 



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— 286 



Pftle» s. f. Couperet pour hacher. Le couperet servant au 
chaadelon pour hacher les graisses sur le bà4on avait la forme 
d'une bêche ; de là le nom de pâle qu'on lui a donné et qui 
correspond au moi bêche. La pâle du chandelon avait soo tran- 
chant parfaitement affilé. Cest-sl-avou VpàU qu'on hache les crâhe 
so P bidon. 

Pftsse, s. f. Pâte. Le chandelon wallon nommait passe la 
cire quand il l'avait amenée à une température d'environ 40 
degrés et qu'ainsi il pouvait la manier, la pétrir pour fabriquer 
les chandelles. Li passe ni (Vvéve mâie esse on moitrou. 

Penndie, s. f. Fil, lien. Les anciens fabricants de chandelles 
donnaient le nom de pennéie au lien qu'ils employaient pour 
réunir les chandelles en bottes (borai). 

Li pennéie était passée dans l'anneau formé par la mèche qui 
était toujours double. Prindez V pennéie et attelez les chandelle â 
borai. 

Pesant, s. m. Poids. Petits morceaux de fer ou de cuivre 
servant à peser les objets dans la balance. Dans Tarticle 49 des 
statuts des chandelons on se sert du mot pesant pour désigner 
un poids. On d'véve fer sdyier les pesant. 

Pétrole, s. f. Pétrole. Bitume liquide, huile minérale dont la 
découverte a été un des principaux agents de la décadonee de 
rindustrie du chandelon. 

Huile d'un usage général pour l'éclairage à cause de son bas 
prix et de la brillante clarté qu'elle produit. La corporation du 
bon métier des chandelons ne l'a pas vu sourdre de terre. 

Plaque, s. f. Briquette ou tablette. Les exploitants de 
ruches d'abeilles (les mohli) apportaient aux chandelons la cire 
en petites briquettes ou tablettes qu'on appelait plaque. 
La cire, selon la demande, était ainsi livrée jaune ou blanchie 



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- 287 - 

par le procédé connu de rarrosement avec exposition h Tair, 
à Tabri du soleil. GrCaveut des plaque di cère di tôt es les grandeur. 

Planohette, s. f. Planchette. Planchette polie qu'on 
employait pour donner une forme bien régulière, bien cylin- 
drique aux chandelles de cire en les roulant entre celte plan- 
chette et une table dont le couvercle était également bien poli.— 
Rôlex bin les chandelle avou Vplanchette. 

Pureu, s. m. Passoire. Louche ou bassin percé de trous par 
le fond, utilisé pour passer, clarifier la graisse fondue. Prindez 
V pureu po passer V sewe, 

Qivatron, s. Quarteron. Subdivision de la livre dont il 
forme la quatrième partie ; son poids est donc de 4 onces. Ce 
terme est fréquemment employé (quartron) dans les chartes et 
privilèges du métier. — Gn'a qwatte qwatron comme i gn'a saze 
once divins tbonne live, 

Quinquet, n. p. Quinquet. C'est en 1784 que Quinquet dont 
le vrai nom était, dit-on, Amy Argand, inventa la lampe qui 
porte son nom ou surnom. Louis Figuier dit en deux mots ce 
qu*est cette lampe : « l'appareil d'éclairage qui reçut la première 
application de la cheminée en verre. » Quelques années plus 
tard. Lange améliora le quinquet en utilisant comme cheminée 
un verre rétréci un peu au-dessus du niveau de la mèche, ce 
qui rendit la flamme plus claire et partant plus brillante. (Extrait 
du dictionnaire Larousse.) 

Le quinquet ne fut introduit et utilisé à Liège que plus de 
vingt ans après son invention ; mais il devint bientôt d'un usage 
général qui se prolongea jusqu'à la découverte des autres 
appareils d'éclairage mieux perfectionnés. 

Rftme, s. f. C'est le plan horizontal formé par deux 
barres parallèles, sur lesquelles se placent et glissent les 
baguettes pour que les chandelles refroidissent et pi ennent 
consistance à leur sortie du bac après la dernière immersion. 
Mettez tes chandelle à V rame. 



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~ 288 - 

Ramon, s. m. Balai. Faisceau de brindilles servant à 
nettoyer ; devepu article de commerce de cbandelon. On a vèyou 
poquoi qu' les chandelon vindtt des ramon^ c'est dit d mot brocalle. 

Rat de cave, s. m. Mot récent. Voir cowe di rat. 

Ratna,s. m. Brochette. Le ratna, terme générique, remplis- 
sait la même fonction que la broquette (voir ce mot) pour 
maintenir la mèche dans l'axe du moule quand on y versait le 
suif tondu. Mettez Pratna dx mèche, 

RlcOpeu, s. m. Revendeur. A Liège, dans tous les métiers 
et dans tous les commerces» on donnait aux revendeurs le nom 
de ricôpeu (recoupeurs) comme aux colporteurs le nom de eontre- 
poirteu ou poirteu. Voir ce dernier mot. Les ricopeu po-z-^vu à 
fer d'vtt aller d*vins Us campagtie. 

Rognon, s. m. Rognon. Le chandelon employait ce mot poar 
classer la graisse provenant des reins du bétail. C'était une 
graisse de 1" qualité. Li crdhe di rognon v'nève après V golé et 
r noret. 

ROler, V. act. Rouler. Se disait des chandelles de cire 
qu'après avoir formées en adaptant à la main la pâte autour de 
la mèche, on faisait rouler entre une table et une planchette à 
faces polies pour leur donner la forme cylindrique régulière. 
Rolex bin les chandelle so Plâve. 



Savon, s. m. Savon noir, ou vert, ou mou. Le savon était 
article de commerce du chandelon et même article de fabrication, 
car plusieurs de ces industriels utilisaient leurs huiles défec- 
tueuses pour faire du savon mou à base de potasse. Us chan* 
delon n^onl mdie fait baicôp d^ savon. 

Savonnette, s. f. Savon blanc ou dur. Il en était de même 



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— 289 - 

du savoD dur à base de soude qui se fabriquait également à 
Liège... Ji n^a Vnohou nou chandelon qui fdhe de V savonnette. 

Sayin, s. m. ou faine, s. f. sayln fin. Saindoux. Voir 
au mot faine, synonyme de sayin. 

Sévre, ?. m. suif. La fabrication du suif se faisait, 
selon les moyens élémentaires. Le cbandelon recevant les 
graisses de gros bétail et de mouton les hacbait en très menus 
morceaux sur la table nommée bddon, k Taide d'un couperet à 
manche droit appelé pâle à cause de sa forme. Les graisses 
étaient ensuite introduites dans des chaudières placées à feu nu. 
Quand la graisse était parfaitement fondue, on la transvasait, 
après l'avoir soumise à la passoire, dans d'autres récipients. 
L*épuration était renouvelée plusieurs fois quand le suif laissait 
à désirer par sa qualité. 

Depuis, on a perfectionné la fabrication et Ton n'a plus à se 
livrer à un long travail d'épuration ; en traitant le suif par l'acide 
nitrique ou par l'acide sulfurique, |on parvient d'emblée h lui 
enlever ses parties aqueuses. Si elles n'en sont expulsées, il 
arrive que les chandelles faites de ce suif brûlent fort mal, la 
flamme en est peu claire et en outre elles produisent un pétil- 
lement continuel. / fât Pbonne crdhe po fer Pbon sèwe. 

Siminoe, s. f. Semence. Les noms de simince et graine se 
donnent indifféremment à la navette, la moutarde, etc. employées 
pour la fabrication des huiles. Gn'a bin des sôre di s'mince po 
fer des 6le. 

Spôoulaire, s. m. Colophane. Résine utilisée par le chan- 
delon dans la confection des torches (toiche). On n'sdreut fer 
des toiche sins spéaulaire. 

Stâ ou Stau, s. m. Etal, étaux. Echoppe des marchands 
installés en plein air. A l'article 33 des statuts des chandelons, 
on cite les conditions dans lesquelles doivent être faites les 
chandelles destinées à l'éclairage des staux. Quand on allait 
faire des achats à un étal, s'il ne s'y trouvait per^^onne, on criait : 
d stâ, comme on dit hoûie d botique. 19 



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— 290 — 

Stolde, y. a. Tordre. Fonction opérée par le tordoir, 
moulin à rbuile, pour extraire celle-ci des graines. Pus en 
stoide les graine, pus on a d'oie, 

Stoirdeu ou Toirdeu, s. m. Moulin à huile ou tordoir 
« Et pouront ceux du dit bon Métier avoir Stordeur tant à 
Feawe (eau) ou cheval comme à bras ou à la main pour estorde 
les huille mostarde et autres » (Article 33 des statuts du 
Métier.) On désignait donc sous le seul nom de stordeur (stoirdeu 
en wallon) le moulin à huile quelle que fut son importance et 
quel que fût le mouvement qui lui était imprimé. Mi stoirdeu 
est'St-arèniy i rirotle pus. 

Symbole, Ecusson. Les chandelons appelaient nosse sym- 
bole leur écusson. Il était écartelé — au 1" et au 4« de gueules — 
chargé de 5 bougies d'argent posées en face et suspendues à 
une tringle d'or — aux 2« et 3« contre écartelés au 1^' et 4* d'or 
au 2« et 3« de sinople. 



Tambour, s. m. Tambour. Instrument servant à la fabrica- 
tion de la chandelle filêie (aujourd'hui bougie filée ou rat de 
cave). Voir chatidelle filêie ou cowe di rat. 

Tftve trawéie ou Tftve à trO, s. f. Table à coulée. 
Table percée de trous dans lesquels on introduit les busette ou 
cylindres creux qu*on remplit de suif pour former les chandelles 
dites au moule. Voir au mot busette. 

Tenne, s. f. Cuveau. Petite cuve dans laquelle on lavait les 
graisses avant de les hacher avec la pâle sur le bâdon. Laver les 
crdhe ù V tenne. 

Teulette, s. f. Péritoine. Entourant une partie des graisses 
que le wallon appelle noret. Li teulette èwalpaie les crâhe, les 
tripaye. 



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— 291 — 

Tore, adj. Tendre. La traduction de tére donnée ci-oonire ne 
rend pas Tacception dans laquelle les gens du métier rem- 
ployaient. 1ère pour eux voulait dire facile à pétrir. Ils trou- 
vaient la cire suffisamment chauffée quand elle était assez tére 
pour la manipuler et la faire adhérer à la mèche. Li cère plaque 
âx deugt qwand elle est trop tére. 

Tôrlsté, s. f. Propre h être pétri. Propriété d'un corps d'être 
amené à l'état pûteux, qu'on peut pétrir. Jugi de r téristé de 
r cère. 

Toiohe, s. f. Torche. Flambeau grossier consistant en un 
bâton de sapin entouré de résine de cire ou de suif. (Définition 
de Larousse.) A Liège, les chandelons confectionnaient diffé- 
remment la torche (toiche) ; celle-ci consistait en une touffe de 
chanvre allongée en forme de bâton et fortement imprégnée et 
enduite de colophane. Ainsi préparée, on passait la torche dans 
une filière pour lui donner la consistance, la dureté nécessaire, 
en la comprimant. Les chandelon n'pierdtt nin leu timps qwand is 
fît des toiche. 

Toirdeu, s. m. Moulin â huile. (Voir Stoirdeu.) 
Tonnai, s. m. Tonneau. Terme générique pour désigner les 
récipients de toute capacité propres à contenir les huiles, savon 
ou goudron. Tonnai en wallon comme tonneau en français 
n'indique du reste que la nature de l'objet sans en indiquer la 
contenance. On tonnai, c'est on tonnai, mais po savu çou qu'i 
gn'a devins, i fat P dire. 

Tonne, s. f. Tonne. Gomme tonnai, le mot tonne s'emploie 
aussi généralement pour indiquer la nature du récipient et 
non sa capacité. Il n'en était pas ainsi pour le chandelon ; car 
de par les statuts de son métier article 86. « La tonne de savon 
doit peser y compris le tonneau 280 libvres, poix de Cologne. » 

Chez les brasseurs la contenance est également fixée pour la 
tonne de bière. On sét çou qu'on vont dire tôt d'hant 'ne tonne di 
savon ou 'ne tonne di bire. 



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- 292 - 

Tortai, s. m. Tourteau. Il est dit, au mot plaque, que le 
plus souvent les mohli livraient la cire en plaque aux chande- 
lons ; quand ceux-ci la voulait vierge, terme impropre, (voir 
eére di pucelU)^ on la leur apportait en tourteau avec sa couleur 
jaune telle qu'elle sortait de la ruche; c'est ce qu'on appelait : 
on tortai dCcére. 

Tortai d' cûdeor, s. m. Résidus. Amas comprimé de 
créions en forme de pain. Po onpourçai, on tortai, c'est-êt-on 
wastai. 

Trftne, s. f. Huile de poisson. Les chandelons employaient 
le mot trdne pour désigner Thuile de poisson qualifiée de graisse 
dans leurs statuts, article 33.... « et pourront vendre.... huille 
ou graisse de poisson condist communément traîne... . » Li 
trûne est bonne po les malade et po.... les sole d' cûr. 

Tripaye, s. f. Entrailles, intestins. Le wallon a toujours 
désigné par le mot tripaye les entrailles des bêtes de toute 
nature. Les chandelons faisaient de même pour les bestiaux 
dont ils utilisaient la graisse. Avou C erdhe des tripaye on fait 
de sewe. 

Turbenthine, s. f. Térébenthine. Cette huile résineuse 
servait aux chandelons pour humecter les mèches des lampions 
afin que celles-ci imbibées delà sorte pussent s'allumer prompte- 
ment lors des illuminations. Gn*a rin ef meieu qm de mette de P 
turbenthine so les Idpion po qu^is s'aloumesse bin. 



Vège, s. f. Verge, baguette à laquelle on suspendait les 
chandelles de suif pour refroidir après qu'on les avait retirées 
des baguettes servant à les plonger dans des bains de suif. (Voir 
au mot baguette.) Mettez les chandelle ax vègepo r* freudi. 

Voleur, s. m. Parcelle incandescente, détachée de la mèche 
et consumant la chandelle au point où elle se fixe. 



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GLOSSAIRE TECHNOLOGIQUE 

WAJJiOK-TBANÇAIS 

DU MÉTIER DES BRASSEURS 

PAR 
«loseph KlIVABLE 

Devise : 
G*est portant vraie. 



Ouvrage eooronné par la Sodélé liégeoise de LiUératare wallonne 
Prix : Mâdaillb en yebmeil. 



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SKonàieut PÉOPOLD PejaRDIN qui a h'un voulu 
niLnitiet au métier de SBraààeur et me mettre a même de 
rédiger ce gloààcUte, 

vcmoignage de gtatitude, d'eàtimz et de àympat/iie. 



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GLOSSAIRE TECHNOLOGIQUE 

WALLON-FRANÇAIS 

DU MÉTIER DES BRASSEURS. 



La fabrication de la bière ayant subi de notables changements 
par suite des progrès réalisés par la science, le présent 
glossaire doit contenir non seulement tous les mots de l'indus- 
trie, ancien système, mais ceux qui s'appliquent aussi, à Liège, 
aux nouveaux procédés. 

La plupart de ces derniers mots n*ont pas été traduits en 
wallon ; ils n'en tiendront pas moins leur place dans l'ordre 
alphabétique ; ils sont marqués d'un astérisque. 

Nous ferons encore remarquer que bon nombre de diction- 
naires wallons-français donnent des définitions tout à fait 
inexactes de plusieurs termes se rapportant à la brasserie. 



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Abroqaf , verb6 act. Mettre un tonneau en perce. On se sert 
à Liège d'un robinet en bois, appelé crâne, pour mettre les ton- 
neaux en perce, ce qui se dit : abroqut on tonnai. 

Afontnège, s. m. Mouillage de la farine. Action d'afontnerf 
décrite au mot suivant. 

Afontner, v. act. Mouiller la farine. Par ce seul mot afontner, 
le brasseur wallon désigne le premier mouillage du malt qu'on 
appelle aussi la farine ; il est réuni alors à la farine de froment. 
Le malt mis dans la cuve, on y fait arriver une petite quantité 
d'eau et Ton agite et remue avec le trèyin ; quand on a obtenu du 
mélange une pite parfaite, l'opération est terminée : Vafoninège 
est fait, 

* Agitateur, s. m. Agitateur. Instrument dont les branches 
sont armées de crochets et de tourniquets ; on le met en mouve- 
ment dans les cuves pour remuer le malt immergé. 

Ahesse, s. f. Outil, ustensile. Nom donné en général à tous 
les outils et ustensiles du brasseur. Les ahesse d'ine bressenne, 
Wahilmiat (voir ce mot) n'indique que les accessoires princi- 
paux comme cuve, chaudières, chantiers» fixés à demeure dans 
la brasserie. 

Aime, s. f. Aime. Ancien tonneau à l'usage notamment 
des* brasseurs; l'aima est citée dans les chartes et privilèges 
du métier. Sa contenance était d'une tonne et demie ou 168 
litres. 



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— 300 — 

Aindai ou Herpai, s. m. Ciseau. Long ciseau k bout tran- 
chant dont se servait autrefois le brasseur pour couper la bonde 
enfoncée accidentellement à Tiniérieur du tonneau. 

Alloumer ou Bouter V feu, v. act. Allumer. Dans les 
susdites chartes, allumer le feu pour brasser s'exprime inva- 
riablement par bouter F feu. Voir les chartes, art. 24. Cette 
expression est encore d'un usage général dans toutes les bras- 
series du pays de Liège. 

Arnold (S^). Arnold (S^). Patron des brasseurs. 

Astoquer, v. act. Joindre, placer l'un contre l'autre. Asto- 
quer\le8 tonnai, c'est les mettre l'un contre l'autre pour les 
assujettir sur le chantier sans devoir les caler autrement. 



Bâche ou Gouvelot, s. m. Bac. On utilise le bac, dit 
couvelotf pour recueillir la mousse chargée de levure qui 
s'échappe des tonneaux remplis de bière en fermentation. Cette 
mousse s'appelle rouffe en wallon. On se sert aussi du eouvelot 
pour l'entonnement. 

Bassin, s. m. ou Gouvelette, s. f. Bassin. On s'en servait 
pour mettra une petite quantité de bière avec la levure, afin de 
faire commencer la fermentation de celle-ci avant de la jeter 
dans la cuve. 

Bervirette, s. f. Brouette. Petit véhicule à une roue utilisé 
par les brasseurs pour le transport des matières dans l'éta- 
blissement. 

Bire, s. f. Bière. Jâne Hre, saison, * orge^ s. f. Bière jeune, 
saison, orge. Nom de la boisson fabriquée par le brasseur. Il y 
en a à Liège de trois espèces, la bière jeune, la saison et l'orge, 
celle-ci d'invention récente. Le wallon qui dit oige pour orge 
quand il s'agit du grain de[ce nom, a conservé à la bière l'appel- 
lation d'orge sans la walloniser. 



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— 301 — 

La déflnitîon de la bière : « infusion ferraentée d'orge germée » 
ne peut s'appliquera la bière liégeoise; celle dite jeune et la 
saison s'obtenaient par l'unique infusion de l'épeautre germée, le 
malt d'orge y étant jadis complètement étranger. 

Blre d'avint, s. f. Bière d'avent. La bière faite pendant 
Tavent se conservait mieux que celle faite à toute autre époque. 
C'est pendant Tavent que les cabaretiers liégeois faisaient leurs 
approvisionnements en bière. 

Bougnou, s. m. Trou dans les caves servant à recevoir les 
eaux sales. 

Bouter Pfeu, v. act. Allumer, voir allaumer. 

Boyai ou Touai, s. m. Tuyau, voir tonai; tuyaux en 
caoutchouc ou en coutil avec enduit imperméable. 

Brft, s. m. Malt, grain guTitïé, Par malt, on entend souvent 
orge germée. À Liège on dit brâ^ qu'il s'agisse d'orge ou 
d'épeautre après leur germination. 

Br&ht ou Malter, v. Malter. Action de faire germer le 
grain. Voir au mot maltège la description de cette opération. 

Brftht ou * Germoir, s. m. Germoir. Anciennement le 
germoir se nommait librâhi ; on dit maintenant Pgeimoir; 
la dépendance de la brasserie servant de germoir doit être munie 
d'un pavé construit en matériaux imperméables et n'être pas 
trop exposée aux changements de température. 

Bressège, s. m. Brassage. Dans le Dictionnaire des arts et 
manufactures, de l'agriculture, etc., il est dit au mot bière: 
(c Brassage. C'est de cette opération que paraissent être dérivés 
les mots brasseur, brasserie, brasser, brassin, etc. On la no J^me 
ainsi parce qu'elle se faisait à force de bras comme cela se 
pratique encore en France et en Allemagne et dans plusieurs 
localités de la Belgique et même de l'Angleterre. L'étymologie 
serait la même pour le wallon ; bressège viendrait de bresse, 
mais nous avons le mot brd (malt) qui pourrait n'être pas 
étranger à la formation du vocable bressège. 



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— 302 — 

Bressdie, s f. Cuvée. Quantité de bière produite en une 
seule cuvée. 

BressennO; s. f. Brasserie. Usine, établissement oii Ton 
fabrique la bière. Cette fabrication comprend le maltage (voir 
ce mot), le mouillage de la farine, (malt et farine) la dilution du 
moût dans l'eau chaude, la cuisson, l'addition du houblon, la 
fermentation provoquée par la levure, le tirage au clair, etc. 

Bresseu, s. m. Brasseur. Industriel qui fabrique de la bière. 

Bresst, v. act. Brasser. Remuer fortement à force de bras 
le moût dans Teau afin d'obtenir un mélange paierait, ce qui se 
pratique à Paide de la fourche en bois dite trèyin. 

Brihège, s. m. ou Mahe, s. f. Moût. Dissolution du malt 
dans la quantité d'eau qui doit être transformée en bière. 

Brlht ou D^brlhl ou Mahl, v. act. Dissoudre la farine, 
faire disparaître les grumeaux de la farine mouillée pour qu'elle 
soit bien diluée. 

Broûler (ft tambour), v. act. Torréfier. Torréfier des 
grains se traduit en wallon par : broàler des grain d tambour^ 
nom du torréfacteur. On torréfie forge pour donner à la bièra 
une couleur brune plus ou moins foncée. 

Broyt, v. act. Broyer, concasser. Avant d'être posé dans la 
cuve, le malt (brd) doit être broyé et concassé, ce qui se fait 
à l'aide d'un moulin spécial ou mieux, maintenant, à l'aide de 
deux cylindres pour ne pas broyer le malt trop fin et en perdre 
ainsi une partie en fai ine dite folle farine. Avant de broyer le 
malt on a soin, afin d'éviter cette perte, de lui communiquer un 
peu d'humidité. 

Buse, s. f. Tuyau. Gros tuyau en cuivre pour conduire la 
bière d'un réservoir à un autre, d'une cuve à une autre, ou pour 
en emplir les tonneaux au moyen d'un autre tube encoutil,rendu 
imperméable, ou en caoutchouc, qu'on adapte au premier. 



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- 303 - 
C 

Gave, s. f . Cave. Lieu souterrain très utile au brasseur pour 
la conservation de la bière et rachëvement de la fermentation. 

Chaudlre, s. f. Chaudière. Grand vaisseau dans lequel on 
fait chauffer les liquides. On les chauffait jadis simplement à feu 
nu, maintenant c'est à l'aide de la vapeur. 

Chaudron, s. m. Chaudron. Petite cuve pourvue d'une anse. 

Chenne ou Stope, s. f. Chanvre. Les brasseurs se servaient 
jadis de chanvre pour boucher les interstices entre les douves 
d'un tonneau et fermer hermétiquement celui-ci avec la boqde. 

Gberrette di bresseu, s. f. Charrette de brasseur. Char- 
rette longue, de forme particulière, pour y poser les tonneaux. 
On les construit maintenant à double ligne et sur ressorts. 

Chervoisse, s. f. Cervoise. Ancien nom de la bière ; on ne 
l'emploie plus depuis le XVII* siècle. C'était le nom donné à 
cette boisson par les Gaulois, « Cervisia ou Cerevisia, mot 
gaulois, sorte de bière. » (Dictionnaire Freund et Theil.) — 
ce Les Romains lui donnaient le nom approprié de cervisia, 
comme étant le produit des blés, don de Cerès. » (Dictionnaire 
des Arts et Manufactures, etc., au mot bière.) 

Chiffe (fer F), s. f. Employer la levure. Fer V chiffe, c'est 
mettre la levure dans la bière pour amener la fermentation. 

Chin, s. m. Cale, coin. Coin de bois pour caler les tonneaux 
sur le chantier. On dit aussi Gounlet. 

Gitére, s. f. Citerne. Réservoir souterrain dans lequel les 
brasseurs emmagasinent leur bière non mise en cercle. 

Clér (rinde H). Rendre le clair. Recueillir le « clair » (bière 
très amère) qui reste en dernier lieu sur la levure. On utilise le 
clair pour faire de la demi- bière. 

* Coctlon, s. f. On dit aussi Cnhège, s. m. Coction.La cuisson 
du moût de bière a pour but principal la coction du houblon et 



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- 304 - 

son assimilation au liquide qu'il aromatise en en accentuant la 
saveur. 

* Gonoassage, s. m. Goncassage. Voir broyt. 

Colle di pèhon, s. f. Colle de poisson. Colle employée pour 
clarifler la bière comme il est dit ci-après. 

Coller, V. act. Coller, clarifier la bière en introduisant dans 
la chaudière des pieds de vache, qu'on retenait dans un filet 
pour pouvoir les retirer Tacilement, ou bien en mettant dans les 
tonneaux de la colle de poisson, qui est devenue d'un usage 
presque général aujourd'hui. 

Couniet. Voir ehin. 

Gouvelt ou Tonnelt, s. m. Tonnelier. Celui qui confec- 
tionne les tonneaux. 

Couve, s. f. Cuve matière, coûoe à trimper, cuve mouilloire. 
En français, on donne à la cuve selon sa fonction le nom de 
cuve mouilloire ou cuve matière. Le wallon ne se sert que du 
mot couve dans les deux acceptions. Il dit parfois pour cuve 
mouilloire, couve à trimper ou à mouyi. 

Couvelette, s. f. ou Bassin, s. m. Cuvette. Voir le mot 
bassin. 

Couvelot ou Bâche, s. m. Bac. Voir le mot bâche. 

Goyion, s. m. Coin du sac. La mise en sac du houblon se 
fait à l'aide d'une presse ; ainsi rempli, le sac n'a aucune prise 
pour le transporter que la fronce à la partie d'en haut. Pour y 
obvier, les quatre coins sont liés, cousus fortement à part pour 
qu'ils restent libres quand le sac est rempli. C'est à ces coins 
ainsi prépaies qu'on a donné le nom de coyion. Ilya ainsi 
quatre parties saisissables pour porter le sac, toujours très 
lourd. Avant l'emploi de la presse, pour mettre le houblon 
en sac, un homme se tenait dans le sac et pour obtenir le tasse- 
ment le plus complet, piétinait sur le houblon au fur et à 
mesure qu'on l'y jetait, à la façon des « boHresse triplant » leur 
mortier. 



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— 305 - 

Grftne, s. f. Robinet. Robinet en bois, qu'on place aux ton- 
neaux de bière pour les soutirer ou aux cuves et tuyaux pour 
transvasement et entonnement. 

Granohe ou Rouffe, s. f. Mousse de la levure. La mousse 
de la levure qui retombe au fond de la bière après la fermen- 
tation. Voir rouffe. 

Groo, s. m. Crochet. Forte pièce de bois ferrée au milieu de 
laquelle pendent deux ou quatre chaînes armées de crochets 
pour saisir le tonneau. Les chaînes s'allongent et se raccour- 
cissent à volonté. Le tonneau attaché, les ouvriers placent sur 
l'épaule les bouts du croc et portent aisément le fardeau en 
marchant l'un derrière l'autre. 

* Crochet, s. m. Crochet. Petit croc en fer dont sont armées 
les branches de l'agitateur pour labourer le malt immergé. 
Voir agitateur. 

Guhège, s. m. Cuisson. On soumet le moût à la cuisson 
pour en achever la préparation, et notamment y faciliter 
l'infusion du houblon. 

* Gylindre, s. m. Cylindre. Le moulin à malt est avantageuse- 
ment remplacé depuis quelques années par un appareil com- 
posé de deux cylindres qui broient le malt sans former de la 
farine. 



D^brihège, s. m. Moût dilué. Voir brihège. 
D'brilil, v. act. Dissoudre le moût. Voir brihi. 

* Décoction de houblon. Décoction de houblon. Les bras- 
seurs liégeois savent que la décoction du houblon doit être 
opérée rapidement afin qu'il communique tout son arôme à la 
bière. 

* Dessioation, s. f. ou Souège, s. m. On recourt à la 

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- 306 - 

dessiccation, qui s'opère dans la touraille, pour arrêler à temps 
la germination du blé qui a été soumis au maltage. 

Hèy^e, s. r Douve. On donne ce nom aux planches courbées 
sous raciion de la chaleur et dont on forme les tonneaux de 
toute dimension en les assujettissant au moyen de cercles en 
bois ou en ftr. 

Dimèle tonne, s. f. Demi-tonne. Tonneau contenant une 
demi-tonne, très en usage dans la brasserie liégeoise. 

Dr&be^ s. f. Drèche. Résidu de la bière ou marc du malt 
épuisé ; on l'emploie dans certains pays pour faire ce qu'on 
nomme la petite bière. Ce résidu est de toute façon utilisé pour 
la nourriture du bétail. 

E 

Esseigne, s. f. Etendard. Dans les chartes et privilèges du 
métier on désigne sous le nom é^enseigne (ensègne) l'étendard 
ou la bannière de la corporation. 

On y donne le même nom d'enseigne aux initiales du nom du 
brasseur, aux chiffres, etc., dont sont marqués les tonneaux. 
(Art. 25 des Chartes.) 

Etonnemint, s. m. Entonnement. Entonner la bière, c'est la 
verser dans des tonneaux. 



Fax fond, s. m. Double fond. Double fond de la cuve matière 
percée de trous en forme de cône renversé, par où l'ean arrive 
dans la cuve en sortant de la chaudière. 

Farenne, s. f. Farine. Farine de froment réunie au malt 
broyé qu'on utilise dans la fabrication. 

Farenne sotte ou Sotte farenne, s.f. Farine, folle farine. 
En broyant ou concassant le malt, on doit éviter de le réduire 



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— 307 ~ 

en fine farine, qu*on nomme folle farine parce qu'on n'en peut 
plus tirer parti. 

Fftsset, s. m. Fausset. Petite broche en bois qu'on introduit 
dans la bonde, pour la fermer; au centre de la bonde est ménagé 
un trou pour la recevoir. On l'enlève pour assurer et activer 
l'écoulement du liquide par le robinet. 

Fer Tohiffe. Mettre la levure dans la bière. Voir au mot 
chiffe. 

Fermetelt, s. f. Fermeteit. Impôt spécial destiné à l'en- 
tretien des ponts, routes, fossés et remparts ; pendant plusieurs 
siècles cet impôt a pesé à Liège sur les brasseurs qui devaient en 
payer la plus forte partie d'abord et plus tard la totalité. 

Fermeteu, ou Femmeteu, s. m. Fermeteurs. Nom des 
percepteurs du dit impôt. 

Fermlnter, v.act. ou Lever, v. act. Fermenter. Soumettre 
le moût à la fermentation qui a pour but de transformer en 
alcool une partie du sucre que contient ce moût. On obtient la 
fermentation en jetant dans celui-ci de la levure qu'on a eu soin 
de mettre auparavant dans un peu de bière pour que la fermen- 
tation soit commencée. En wallon, on dit plus souvent lever que 
ferminter. Vola Paire qui Itve signifie voilà la bière qui entre en 
fermentation. 

Filet, s. m. plus souvent Reusse, s. f. ou Haveroulle, 
s. f. Filet. 

On appelle fitet^ reusse ou haveroulle, une grande bourse, en 
tissu à claire voie comme les filets de pèche, dans laquelle on 
place les pieds de vache avant de les plonger dans la bière dont 
ils produisent le collage ou clarification. Ce collage accompli, on 
relire le filet dont le contenu est vendu pour servir, les parties 
charnues à la nourriture du bétail, les os aux fabricants de 
manches de couteaux. 

Foohe ou Trèyln, s. m. Fourche. On l'emploie pour remuer 



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— 308 — 

le malt pendant la préparation de la bière ou agiter celle-ci 
quand on y a introduit la levure ; elle est toujours en bois et à 
trois branches reliées par deux baguettes transversales. 

Folle farine ou Sotte farenne, s. f. Folle farine. En 
concassant le malt on doit prendre soin, comme il est dit au mot 
farenne [sotte farenne), de ne pas le réduire en farine, car en cet 
état on n*en pourrait tirer bon parti. Depuis qu'au lieu de 
Tancien moulin on emploie le système des cylindres pour le 
broyage, on évite facilement de produire la folle farine. 

Fonds (d'couve), s. m. Farine qui se trouve sous les faux 
fonds et qui sert de nourriture aux bestiaux. 

Forsoué, s. m. Orge torréfiée. Si le brasseur liégeois a 
pendant bien des siècles fabriqué sa bière sans utiliser le malt 
d'orge puisqu'il la composait uniquement de malt d'épeautre et 
de froment non matté, il a néanmoins employé Torge de tout 
temps, mais uniquement comme teinture. 

A cet effet, on la torréfie, ce qui se dit en wallon, broûler 
Foige d tambour. Ainsi torréfiée, Forge prend en wallon le 
nom de forsoué ; il s'en trouve qui disent foirsoué. 

L'orge torréfiée donne à la bière une couleur brune plus 
ou moins claire. 

Fomal, s. m. Fourneau. Large et profond foyer sur lequel 
on chauffait les eaux à jeter sur le malt ; il servait également, 
avant Tapplication de la vapeur, à la cuisson du moût. 

Frumlnt, s. m. Froment. Le froment est toujours entré dans 
la fabrication de la bière à Liège. Seulement, cette céréale n'est 
pas utilisée à l'état de malt et par conséquent on ne la fait pas 
passer par la germination. On l'emploie sans la bluter, telle 
qu'elle sort du moulin. 



Gftge, s. f. Jauge. Règle graduée pour jauger la contenance 
totale ou partielle des cuves. 



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- 309 - 

Caillot d^ bresseu, s. m. Chariot de brasseur. On dési- 
gnait souvent la charrette de brasseur sous le nom àegaillot. 

Grermôge, s. m. Germination. Pour réaliser le maltage, le 
grain doit être poussé artificiellement au premier développe- 
ment de son germe. La germination s'active ou se ralentit et 
même s'arrête selon que le grain est entretenu en état humide 
ou qu'on le Tait sécher plus ou moins activement. 

Germer, v. act. Germer. Pousse du premier germe pour les 
grains. Faire développer la diastase. 

* Germolr ou Brfthl, s. m. Germoir. Dépendance de la 
brasserie dans laquelle on fait germer le grain. Les premières 
conditions que doit posséder le germoir, c'est d'avoir son sol 
établi en matériaux imperméables et ensuite de n'être pas trop 
exposé aux changements de température. 

Grèvesse, s. f. Griffe. Instrument en fer dont se sert le 
charretier brasseur pour gravir les routes en pente. 

H 

Ha^wai, s. m. Pioche à haut manche. Jadis quand les bras- 
seurs utilisaient des charrettes non montées sur ressorts, les 
charretiers avaient pour coutume d'employer la pioche (hawai)y 
en cas de stationnement, pour soutenir le bras de la charrette 
au grand soulagement du cheval qui y était attelé. Il y a aussi le 
hawaiy sorte de marteau dont un côté est recourbé et tranchant ; 
on ne s'en sert plus que pour enfoncer les cercles d'un tonneau 
à l'aide du coin dit tiesse. 

Haveroulle, s. f. ou Filet, s. m. ou Reusse, s. f. Voir 
filet. 

Herpai ou Aindai, s. m. Ciseau. Voir aindai. 

Horre, s. f. Outil à dents servant à faire le trou de bonde 
aux tonneaux. 



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— 310 - 

Houblon, s. m. Houblon, Humulus lupulus. La partie utile 
du houblon dans la fabrication de la bière, c'est la fleur femelle 
ou cône de houblon. Les producteurs envoient cette denrée 
toute préparée et mise en sac aux brasseurs qui remploient 
pour donner un goût légèrement amer à leur bière et en même 
temps un parfum très agréable. De plus, le houblon concourt 
puissamment à la conservation de cette boisson. 

Houmeresse, s. f. Ëcumoire. Grande cuillère percée de trous 
dont on fait usage pour enlever les grains immergés qui, en 
remontant à la surface du liquide, décèlent leur mauvaisa qua- 
lité. 



Jône blre, s. f. Bière jeune. La bière jeune qui était la 
seule espèce fabriquée à Liège jusqu^au commencement de ce 
siècle s'obtenait par le malt d'épeautre, ce qui ne Tempêcha pas 
de devenir une boisson très recherchée donnant lieu à un. 
important commerce d'exportation. Actuellement, on ajoute une 
portion très faible de malt d'orge pour fabriquer cette bière 
dans laquelle entrent communément, pour un brassin, sept sacs 
de malt d*épeautre, six sacs de froment non malté et un sac de 
malt d'orge. 

JontI, s. m. Chantier. On le dispose dans les caves pour y 
poser les tonneaux de bière. On construisait autrefois le 
chantier en grosses pièces de bois, on le fait maintenant en fer. 

K 

K'pagnon, s. m. Compagnon. Nom que se donnaient tous 
les travailleurs appartenant à Tune des corporations des trente- 
deux bons métiers. 



Lftrmlre, s. f. Soupirail. Ouverture pour aérer, éclairer 
une cave. 



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— 311 — 

Lover ou Perminter, v. act. Fermenter. Voir le mot 
ferminter. 

Lièveure^ s. f. Levure. Pour obtenir la fermentation du 
moût produit pnr le brassage, on y déverse une certaine quantité 
de levure que préalablement on a immergée dans une portion 
du liquide afln qu'elle soit déjà en fermentation. Il faut que la 
levure qu'on emploie provienne de la même espèce de bière. 
Dès que celte levure est dans le moût, on le remue énergique- 
menl et on ferme la cuve avec un couvercle en bois pour laisser 
s'accomplir la fermentation. Généralement on retire de la cuve 
cinq ou six fois plus de levure qu'on n'en avait mis et les 
brasseurs en font profit eu la revendant aux boulangers. 



Mahe, s. f. Moût. On donne ce nom au liquide préparé pour 
en faire de la bière, jusqu'après ropération de la cuisson et de 
la fermeniation. Le collage se fait sur Ta bière et non sur 
le moût. 

Mahl ou Brlhl ou Dlirihl, v. act. Mélanger. Agiter. 
Remuer. Le wallon se sert du seul mot maht pour l'agitation 
qu'on doit donner au moût à plusieurs points de sa préparation. 

* Malt ou brft, s. m. Malt. On emploie parfois le mot malt 
pour désigner le blé fermenté, mais le vrai mot wallon est brd. 

Maltège ou brihôge, s. m. Maltage. Opération ayant pour 
objet la germination des grains. Le maltage comprend : 

1. Le mouillage destiné à ramollir les grains pour les rendre 
propres à la germination. 

3. La germination qui développe la diastase. 

3. La dessiccation du grain dans la toUraille pour en arrêter à 
temps la germination. 

4. Le broyage ou concassage, comme il est dit au mot broyî. 

* Malter ou Brfthi, v. act. Malter. Voir le mol brdhi. 
Mftre ou Drfthe, s. f. Mare ou drèche. Voir le mot dràhe. 



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- 312 — 

Mestf, s. m. Hélier. Dans les chartes et privilèges des 
trente-deux corporations on emploie le mot mestiery qui tient du 
français et du wallon. 

Mette li bire Jus, locution active. Transvaser la bière. 
Laisser s'écouler la bière de la chaudière dans une cuve quand 
la cuisson est assez avancée. 

Midelle, s. f. Petite bière. Petite bière qu'on fabriquait 
autrefois avec la drèche non complètement épuisée. On la pré- 
pare aujourd'hui en ajoutant de Teau à une certaine quantité de 
bière conservée dans la cuve. Ou fait ainsi des bières de deu- 
xième et de troisième qualité. 

Mouiôge^s. m. Mouillage. Une des préparations du maltage, 
destinée à ramollir le grain et le pousser à la germination. 

Molin&brft, s. m. Moulin à malt. Le broyage du malt se 
fait à l'aide d'un moulin spécial qui concasse le grain sans le 
réduire en farine. Il y en a de différents modèles. On les a aban- 
donnés généralement pour opérer plus commodément le broyage 
avec les cylindres, comme il est dit au mot broyî. 

Moure, v. act. Moudre. Fonction du moulin. On a dit 
longtemps ; moudre le malt au moulin : maintenant on dit broyer 
ou concasser le grain, ce qui donne une plus juste idée de 
ropération qui se fait aujourd'hui au moyen de deux cylindres. 



Oige, s. f. Orge. C'est la céréale la plus renommée pour 
fabriquer la bière. Il y a deux qualités d'orge : ïliordeum vulgare, 
l'orge à deux rangs et Vhordeum hexastichum, l'orge à six rangs. 

Tous les dictionnaires sont d'accord pour dire que la bière est 
une boisson faite d'orge et de houblon. Le brasseur liégeois a 
su cependant se passer de cette céréale dans sa fabrication et 
la bière qu'il tirait du malt d'épeautre a suffi pour faire la répu- 



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- 313 - 

talion de notre ancienne brasserie. Quand il employait 
Torge, ce n'était pas à Tétatde malt, mais torréfiée et moulue 
pour donner la couleur à la bière. L'orge semble cependant 
avoir été employée de tout temps à Liège si pas comme malt, 
au moins comme colorant. Pour remplir cet office Torge est 
passée au torréfacteur. 

*i Orge (bire), s. f. Orge, bière. Le wallon qui désigne 
le gi*ain d'orge sous le nom de oige^ emploie sans le traduire le 
mot orge pour désigner la bière de ce nom. La proportion des 
grains dans la fabrication de l'orge est, pour un brassin, six sacs 
de malt d*orge, six sacs de froment non malté et un sac de malt 
d'épeautre. 

Ouhenne, s. f. Usine. Dans les chartes et privilèges du 
métier (voir article 17, page 218), la brasserie est désignée 
sous les noms de brassinne et uzinne^ en wallon ouhenue. 



Paleter, v. act. Pelleter, Remuer le grain en germination 
avec le tmvai pour activer cette germination. 

Palette di bois, s. f. ou Truvai, s. m. Pelle en bois. 
Instrument utilisé pour remettre le grain en tas. La palette est 
plus large et moins longue que le truvai qu'on utilise pour 
remuer le grain en germination. 

Passette, s. f. Appareil servant à passer les peaux de raie. 

Pld d' vache, s. m. Pied de vache. Servait et sert encore 
pour clarifier la bière comme il est dit au mot coller. Voir ce 
mot. 

Pisrou, s. m. Puisard. Avant qu'on n'eût assuré l'écoulement 
des eaux dans les canaux, il y avait dans chaque brasserie des 
puisards où elles allaient se perdre. 

Poirtège, s. m. Port, pourboire. Pourboire qu'on donnait 



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- 314 - 

aux garçons brasseurs qui vous amenaient de la bière. Le droit 
de poirlège était fixé à 16 centimes pour une tonne et à 8 cen- 
times pour une demi-tonne de bière. 

Pompe, s. f. Pompe. Appareil utilisé autrefois pour tirer ia 
bière des cuves au moment de Tentonnement qu'on opère main- 
tenant au moyen du siphon. 



Q\ie&rt di tonne ou q^wartau, s. m. Quart de tonne. 
Petit tonneau de ia contenance d'un quart de tonne comme son 
nom l'indique, très utilisé jadis. 

R 

* Radicule ou * radicelle, s. f. Radicule ou radicelle. 
Partie de Tembryon destinée à devenir racine (Dict. Larousse) 
et dont on provoque le développement par une germination 
artificielle. 

Raslre, s. f. Grattoir, racloir. Pour nettoyer le tonneau et 
enlever la levure qui s*y est collée extérieurement, on se sert 
d'un instrument dit rasire, espèce de racloir en fer fixé dans un 
manche de bois. 

Rftve ou Rustal ou Truval, s. m. R&ble ou râteau. 
Râteau en bois dont se sert le brasseur pour remuer les grains 
en germination quand il faut les remettre eti tas ou les étendre. 
En raison de sa forme, cet instrument, qui ne ressemble en rien 
à un râteau, se nommait /rttt;at ou longue palette. 

Reusse ou haveroulle, s. f. Filet. Voir au mot fUet, 

* Réfrigérant, s. m. Réfrigérant. Appareil pour refroidir 
la bière au moyen de tuyaux remplis d'eau froide mis en contact 
avec cette bière. 

R'fk*eudlheu, s. m. Refroidissoir. Grand bac ou réservoir 



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— 318 - 

à bord peu élevé dans lequel on expose la bière k Tair pour la 
refroidir (el rifreudi). 

RimpUheu, s. m., Buse, s. f. Gros tuyau en cuivre. Tuyau 
pour remplir les tonneaux. Voir buse. 

Rimouer, v. act. Agiter. Imprimer du mouvement aux 
grains en germination (les r'mouer)^ pour activer ou arrêter 
celle-ci. 

Bitoquer. v. act. Brasser double. Brasser deux jours de 
suite sans laisser éteindre les feux, c'est ce qui se dit en français 
brasser double. 

* Robinet, s. m ou Gr&ne, s. f. Robinet.Voir le mot crâne. 

Rouffe ou Same, s. f. Mousse. La première mousse déjà 
chargée de levure, sortant de la cuve ou du tonneau de bière 
en fermentation, y est refoulée : c'est la rouffe; elle sort de nou- 
veau toujours plus chargée de levure: on l'appelle alors cranche; 
on la repousse encore dans le récipient d'où elle s'échappe de 
nouveau, ipais cette fois à l'état de levure. 

Retaper ou Rltaper, v. act Remplir, rejeter. Rejeter les 
bières dans le tonneau quand par la fermentation elles en sont 
sorties avec la mousse de la levure. On dit aussi fer V rimplihège. 

Rustal, s. m. ou R&ve, s. f. Râteau ou r&ble. Voir 
le mot rive. 

m 

Saison (blre dl), s. f. Saison (bière de saison). Bière très 
estimée dans laquelle le malt d'orge est employé, mais en faible 
proportion. Pour un brassin, on met sept sacs do malt 
d'épeautre, six sacs de froment non malté et un sac de malt 
d'orge. Pour la rendre supérieure à la bière jeune, on y ajoute 
une plu9 forte quantité (plus du double) de houblon. 

Same ou Rouffe, s. f. Mousse. Voir le mot rouffe. 

Salnt*Arnold, s. m. Saint Arnold. Patron des brasseurs. 



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- 316 - 

Les chartes et privilèges imposaient aux brasseurs Tobligation 
de fêter leur patron au jour de sa Télé. 

Sèohe, s. m. Sac. Espèce de poche ouverte par le haut 
(Larousse). 
Sèai, s. m. Seau. Vase en bois utilisé par le brasseur. 

Sdchf & olér, locution. Tirer au clair. Quand la bière est 
trouble, on la laisse reposer puis on la tire au clair. 

Souke, s. m. Sucre. Denrée prohibée en Angleterre dans 
la fabrication de la bière. On l'utilise à Liège, par économie. 
En France, les brasseurs peuvent employer dans leur fabrication 
d'autres matières sucrées que l'orge. 

Spaite, s. f. Ëpeautre. L'unique céréale que l'ancien 
brasseur liégeois faisait malter pour la fabrication de sa bière. 
Actuellement on utilise le malt d'orge, mais en faible pro- 
portion, le malt d'épeautre n'ayant rien perdu de sa vogue 
très justifiée. 

Sotte farenne, s. f. Folle farine. Voir folle farine. 

Souège, 8. m. ou Dessicatton, s. f. Dessiccation. Voir 
dessication. 

Stopeou ohenne, s. f. Chanvre. Voir chentie. 



Tambour, s. m. Torréfacteur. Le wallon a toujours 
donné le nom de tambour au torréfacteur. L'orge qu'il torréfie 
pour colorer sa bière, il l'appelle li oige qu^a siu brouléie 
à tambour. 

Taper on côp d'oûie so les bire. Expression fort usitée 
en brasserie : s'assurer si la cuisson se fait régulièrement. 

Tapoou, s. m. Trappe. Porte posée horizontalement, 
à niveau du sol, pour fermer les caves et citernes. 

Tapon, s. m. Bond^*. Bouchon du tonneau. La bonde était 



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— 317 - 

autrefois faite de bois tendre, comme le bouleau, et on y 
ménageait au centre un trou dans lequel on enfonçait le fausset; 
cette bonde se détériorant rapidement, on l'a remplacée par la 
bonde en bois de hêtre qui a une grande force de résistance, et 
on a en même temps supprimé le fausset. 

* Tarare à crible, s. m. Tarare à crible. Instrument pour 
vanner et nettoyer le grain qu*on a fait sécher après sa germi- 
nation. 

Terraieou Touraie, s. f. Touraille. Voir touraie. 

Tlesse, s. f. Coin de fer. Coin en fer utilisé pour remettre 
en place les cerceaux qui entourent le tonneau et qui se sont 
déplacés. 

Tire-côke, s. m. Tire-cercle. Instrument en fer avec manche 
en bois pour remonter les cercles d'un tonneau et remettre k sa 
place une douve neuve qui s*est déplacée par le gonflement. On 
ne dit pas sèche-cèke, bien que tirer se traduise par sècht. 

* Torréfier, v. act. Torréfier. Voir broiUer â tambour et 
F'orsoué, 

Tonnai, s. m. Tonneau. Terme générique appliqué k tous 
tous les tonneaux, quelle qu'en soit la capacité, utilisés dans la 
brasserie. 

Tonne, s. f. Tonne. La tonne k contenance fixe que le bras- 
seur emploie pour livrer sa bière, a pour augmentatif Taime, 
ancien tonneau qui contenait une tonne et demie. On utilise 
comme diminutif la demi-tonne et le quart de tonne. 

La tonne k Liège doit contenir quatre-vingt-dix pots ou cent 
douze litres. 

Tonnell ou Gouvell, s. m. Tonnelier. Voir couveli. 

Toual ou Boyal, s. m. Tuyau. 

Toual d' caoutchou. Tuyau en caoutchouc. 

Toual d'coutl, s. m. Tuyau en coutil. Indépendamment 
des tuyaux métalliques nommés en wallon buse (voir ce mot), 



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-- 318 - 

le brasseur utilise, pour opérer ses transvasements, des tuyaux 
en caoutchouc ou en coutil recouverts d'un enduit qui les 
rende imperméables. On donne généralement la préférence aux 
tuyaux de caoutchouc. 

Touraie ou Terraie, s. f. Touraille. Pièce surmontée 
d'une plate forme à plusieurs compartiments avec chaufferie à 
la base. C'est dans la touraille qu'on opère la dessiccation du 
malt aflti d'arrêter à temps la germination des grains. 

La touraille dans les grandes brasseries anglaises a généra- 
lement trois étages ou compartiments. Les grains séjournent 
plus ou moins de temps dans chacun d'eux et n'arrivent que 
pour finir le séchage à celui qui est le plus rapproché du foyer. 

* Tourniquet, s. m. Tourniquet. Croix écossaise, appareil 
tournant par la pression de l'eau, et se plaçant sur la cuve 
matière ; il fonctionne après un certain nombre de trempes. 

Toye, s. f. Torche, morceau de papier ou de coton qui se place 
à la bonde du tonneau quand elle n'est pas en bon état. 

Tralteu, s. m. Entonnoir. Grand entonnoir dont se ser- 
vaient les brasseurs pour opérer l'enlonnement de la bière 
avant qu'on utilisât à celte fin les tuyaux décrits au mot louai. 
Il y avait aussi le traiteu spécial : c'était une cuvette percée au 
fond d'un trou garni d'un tuyau ; on s'en servait également pour 
l'entonnement. 

Trèyln, s. m. Fourche. La fourche dite fréytn, utilisée dans 
la brasserie pour agiter le moût, est en bois et k trois pointes ou 
plutôt à trois branches, car celles-ci ne sont pas pointues ; elles 
sont reliées par deux traverses qui en assurent la solidité. 

Du latin tridens^ trident. 

Trimpège, s. m. Mouillage. Celte première opération du 
maltage se dit indiiféremment, en wallon, trimpège ou mouège. 
Voir ce mol. 

Truvai, s. m. Pelle longue. Pelle de longue forme, en bois, 
pour remuer le grain en germination ; elle diffère de la palette 



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- 319 - 

en ce qu'elle est du double plus longue et plus étroite que cette 
dernière. 

U 

Usind ou Ouhenne, s. f. Usine. Le terme wallon ouhenne 
a vieilli ; on dit plus souvent usiney mot qui figure dans les 
chartes et privilèges du métier, article 17, page 318, comme 
synonyme de brasserie. Dans ce document, il est écrit vxinne. 
On remarque que Fouvrier brasseur continue à dire aussi 
souvent^/t va-st-à l'ouhenne ou à Vusine que de dire à Fbressenne. 

Ustôie, s. f. Outil. Instrument de travail ; les principaux 
outils du brasseur sont : H treyin (fourche), li houmeresse (écu- 
moire), // palette (pelle), li hawai (pioche), li loche (fourche), li 
reusse ou haveroulle (filet), li rave (r&ble), H rustai (râteau), li 
truvai (pelle longue). 

Ustensile, s. m. Ustensile. Le wallon rend souvent le mot 
ustensile par ahesse. Voir ce mot. 

Wahilmint, s. m. Ustensiles, instruments fixés à demeure 
dans une brasserie. 

Oa donne le nom de wahilmint (il est employé, quoique 
wallon, dans des actes de notaire) à tous les ustensiles dont on 
se sert dans une brasserie et qui y sont fixés à demeure, comme 
les cuves, les chaudières, les refroidissoirs, les chantiers, etc. 

Waindin, s. m. Villebrequin. 



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SOCIÉTÉ italSE DE IITTÉ8ATDBE fULOME, 



CONCOURS DE i887. 



RAPPORT DU JURY SUR LE CONCOURS N» 4. — MOTS OMÎS 
DANS LES DICTIONNAIRES, LETTRES A ET B. 



Messieurs, 

Depuis longtemps, le public réclame un bon dic- 
tionnaire wallon-français ou liégeois-français. 

Notre Société a entrepris de répondre à ce vœu, 
et elle s'occupe de réunir le plus de matériaux pos- 
sible, afin de pouvoir produire œuvre utile et durable. 

Elle a fait, pour les lettres A et B, le recolement 
de tous les mots qui se trouvent dans les diction- 
naires existants; mais elle est persuadée que cette 
liste présente beucoup de lacunes, car les diction- 
naires sont loin d'être complets. Désireuse de combler 
ces vides, elle a inséré dans le programme de ses 
concours la question suivante : Rechercher les mots 
wallons qui ne sont renseignés dans aucun de nos 
dictionnaires, vocabulaires ou glossaires. Lettres A, B. 

il 



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- 3-22 — 

Pour répondre convenablement à celte question, 
il ne suffit pas d'être observateur et de noter soi- 
gneusement les nouveaux mots qu'on entend pronon- 
cer ; il faut avoir la patience de lire attentivement 
les textes wallons publiés par la Société et beau- 
coup d'autres. 

Maintenant, ce contingent de mots nouveaux doit-il 
se renforcer au moyen de n'importe quelle nuance 
de nos patois wallons ? L'auteur peut être de tel ou 
tel village, de tel ou tel quartier de la ville. Le mot 
liégeois pourra être complètement transfiguré, s'il 
nous revient de Chênée, de Montegnée ou de Herstal. 
Parfois les expressions sont tout à fait dififerentes. 

Nous laissons aux auteurs liberté pleine et en- 
tière, pourvu qu'ils spécifient la provenance des 
vocables fournis par eux, quand ils n'appartiennent 
pas au pur liégeois. 

Mais il est évident que notre dictionnaire wallon 
sera avant tout un dictionnaire du wallon liégeois 
tel qu'il est parlé au centre de la ville; toutefois, 
lorsqu'il aura à signaler des faits intéressants, il ne 
dédaignera pas de faire des excursions dans les 
communes environnantes, voire même un peu plus 
loin. 

La terminologie de certaines industries, de cer- 
tains métiers, fournira aux concurrents une mine 
précieuse à exploiter. La Société a déjà publié quel- 
ques vocabulaires spéciaux, dont ils devront prendre 
connaissance, afin d'éviter les redites; mais tous les 
filons de cette mine très riche sont loin d'être épui- 



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ses. 11 y aurait ici de nombreuses et patientes 
recherches à faire. 

Ainsi ces Mémoires doivent être considérés comme 
le complément des dictionnaires existants. Outre les 
mots omis qu'il faut y ajouter, ils mentionneront des 
mots déjà inscrits, avec de nouvelles acceptions qui 
ne sont pas signalées. Enfin, on y joindra les locu- 
tions caractéristiques du patois wallon qui ont 
échappé à la sagacité des lexicographes. 

Ces observations préliminaires sont une espèce de 
programme que nous proposons aux concurrents 
futurs; elles nous guideront dans l'appréciation des 
deux Mémoires qui ont été soumis au jury. 

Le n*> 1 porte pour devise : à Pattrappe. Il est très 
court, il ne donne que 51 mots, et l'auteur prévient 
qu'il n'a consulté que le dictionnaire de Hubert et 
quelques vocabulaires qui ont paru dans les bulle- 
tins de la Société. Sur ces 51 mots, 21 sont inscrits 
dans Forir; quelques-uns sont dans d'autres diction- 
naires ; akuhi se trouve dans Hubert lui-même sous 
la forme akeuhi (accoiser, rendre coi); bènion est 
namurois et hutois (à Liège, on dit clichet); balle (dans 
Gggg balèté)^ est également namurois (à Liège, on dit 
fdke.) Nous notons en passant certains mots français, 
bricoler et blutoir ^que l'auteur wallonise en écrivant 
bultoir (le mot liégeois est botiou). 

Bourrer son Mémoire de semblables mots, c'est, 
si l'on veut bien nous passer l'expression, boucher 
des trous que les maîtres de la lexicographie ont 
comblés depuis longtemps. A côté de ces non-valeurs 



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- 'SU - 

iigurenl une multitude de mots composés au moyen 
du préfixe a. Il faudrait beaucoup de bonne volonté 
pour considérer cet appoint comme constituant une 
véritable richesse. Le wallon, et spécialement le 
wallon de Liège, est resté, au point de vue de la 
composition, très synthétique. Le peuple forme, à 
l'aide des préfixes a, mes y fct, di, diSy etc., une foule 
de vocables, qui ne peuvent tous figurer dans un 
dictionnaire. La plupart sont des créations indivi- 
duelles ou fantaisistes. Nous pouvons, sans faire 
injure à notre patois, user ici d'une certaine sobriété, 
et nous n'accorderons l'hospitalité qu'à des mots 
vraiment utiles et d'un usage général. 

Tout compte fait, le Mémoire ainsi disséqué, il 
restera bien peu de chose. C'est dommage, car l'au- 
teur donne quelques bons renseignements; mais cela 
ne suffit pas pour qu'on puisse lui accorder une 
distinction. 

Le Mémoire n** 2 porte pour devise : Un diction- 
naire sans citation est un squelette (Voltaire). Il est 
l'œuvre de deux concurrents, qui ont mis en pratique 
notre devise nationale : l'union fait la force. Ils ont 
fondu leurs travaux en un seul ; de plus, il y a un 
supplément et un re-supplément ; et le tout se com- 
pose de 283 articles. 

Un certain nombre de mots se trouvent déjà dans 
nos dictionnaires, mais ils ne sont généralement 
répétés que parce qu'ils présentent de nouvelles 
acceptions. Ainsi au mot aiwôy il y a les expressions : 
« Aveni à ses aiwdy — à Vaiwe ! — aiwe è V tièsse ; 



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- 328 - 

— au mot aller y les auteurs ajoutent aller so berdoïey 

— aller V cowai so bai lamaiy (aller à Taventure), — 
aller so flottey — so Hève, (se troubler), — so Joupëie, 
(à la dérive), — so Mâestrék. Ce sout des locutions 
spéciales qui méritent d'être notées. 

J'ai dit généralement y car les auteurs n'évitent pas 
toujours les doubles emplois. Tels sont aWc^ (obscur), 
Forir, abranle (inquiétudes), Gggg., èclameurey 
Gggg., supplément; farawey Forir; Gggg. a fèrawe; 
tôt en aveûte (cependant), Gggg. à l'art, tôt ; awehêie, 
art. inutile, c'est le participe passé féminin de awelii 
V- Gggg. à Fart. awëie\ bâche y (français bac), 
Gggg.; banafy Forir; bamège, Gggg.; boutâhey Forir; 
braquey Gggg. à l'art, stick. 

Le mot arère (charrue), nous paraît douteux ; c'est 
le français arairey qui est dans Littré. Gggg. dit èrére. 

Arpougni (ou npougni)y ne signifie pas masser; il 
signifie, ainsi que ripougnetery remettre des mem- 
bres luxés. Ex. : mi fis ripogne les jambe et les bress' 
toirchiSy dans Toutou V MacrallCy scène VII. En fran- 
çais, rebouter, rhabiller ou renouer. Disons en pas- 
sant que Gothier se trompe en appelant ranoukeux le 
rebouteur. Les auteurs du Mémoire disent arpou- 
gneux. Nous doutons si bad' châsse (n^ 156) signifie 
haut-de-chausses; il doit signifier ce qui couvrait le 
bas de la jambe y la jambe depuis le genou ; en vieux 
français, bas-de-chausses, par opposition à haut-de- 
chausses. V. dans Littré, à l'art. BaSy 2, à l'historique, 
page 304, tome I. Ce mot serait mieux à sa place 
dans le glossaire du vieux wallon. 



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- 326 — 

AUe toumMe, aile vihenne, auraient dd être réser- 
vés pour les lettrines t, v. Il en est de même de plu- 
sieurs autres locutions. Notons en passant qu'il faut 
écrire aile vihenne ou à V vihmne^ à flouhey en deux 
mots, et non pas alvihenne, apûuche^ en un mot. Les 
auteurs ont aussi le tort d'inscrire comme mots 
nouveaux des variantes de prononciations : ahon 
pour aAan (prononciation de Herstal), aingleie pour 
anglêiey etc.; 805 rhieu n'est pas wallon ; on dit BoMès 
rèwe; aidûle, n® 56, (pour aide, subst. fém.) nous 
parait un mot douteux,malgré Tautorité de Peklers. 
Ce mot, s'il existe, est un adjectif dans le genre de 
pâhûle, voltrûle. L'article s'amuser (n" 86) est une 
superfétation, le verbe ayant aussi cette acception 
en français (perdre son temps). Ex. : Il broute, il se 
repose, il s'amuse à toute autre chose que la gageure. 
Au n^ 26, l'infinitif est adiersi et non pas adiessi. 
C'est le verbe adiersi de Grandgagnage employé 
transitivement : faire réussir, donner une heureuse 
suite. 

Les auteurs s'aventurent rarement sur le terrain 
étymologique : c'est un sol un peu glissant. Ils 
eussent cependant pu, sans crainte de malencontre, 
nous dire que aheuri (n** 50) vient de heure (Grand- 
gagnage), et qu'on dit aussi poirier heure; que 
agrawe (dans fer agrawe so mes aidant) et ahâie 
(n"" 49), sont les substantifs verbaux ou abstraits des 
verbes agrawi (Grandg.), gripper, agripper et ahai, 
plaire, agréer; que s'acaimer (ailleurs, on dit 
s'acâm£T)j se tignonner, se ^prendre aux cheveux. 



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— 327 — 

vient de caime, chevelure (Grandg.) ; qae acquiriture 
(chicane; querelle), pourrait être rapproché de 
quirelute, qui est dans Grandgagnage, et notre 
estimable vice-président, qui est un excellent légiste, 
nous dira s'il ne faut pas aller chercher la racine du 
mot jusque dans les antres de la vieille chicane. 

Les auteurs ont tort de dire que achou (n^ 20) soit 
un tout autre mot, étymologiquement, que assiou ; 
ce n'est qu'une prononciation divergente ; on peut 
comparer chai pour mi, chervi pour siervi ; 
cawechon pour cawtion; mocheu pour mosieu ; 
occâjony pour accâsion ; agligi ne peut avoir aucun 
rapport étymologique avec negligiy puisque le simple 
de negligiy n'a jamais pu être gligi ; en latin, le 
simple de négligera est legerSy choisir. Agligi est une 
forme de agrigi. Grandgagnage et Forir écrivent 
aglijanl avec ant et non avec int ; c'est un vrai 
participe présent. Aglijanty dit Grandgagnage, est 
une forme adoucie de agrijant (i). 

Cela dit, nous rentrons les griffes de la chicane, 
de crainte qu'on ne nous renvoie à l'article acquiri- 
ture, et nous nous empressons de déclarer que 
ce Mémoire renferme un bon nombre de mots nou- 
veaux et d'acceptions nouvelles de mots déjà connus, 
le tout appuyé d'autorités irréprochables. Les cita- 
tions sont souvent très heureuses. Les définitions 



('} Les auteurs déclarent qu^ils n'ont tenu compte que des mots appartenant au 
dialecte liégeois. Cela est vrai jusqu'à un certain point. Il est bon de faire remarquer 
qu'ils ont emprunté aux pièces de Magnée, publiées par la Société, un bon nombre 
de mots qui n'existent guère que dans le patois de Francorchamps. 



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- 328 - 

sont généralement bien faites, très claires et bien 
rédigées. 

Nous citerons, comme d'heureuses acquisitions, 
outre agra âe^ ahaùj s'acaimer^ acquiriture, agligi, 
arpougniy aller so berdoïey so Hève, so Joupëie^ so 
Mâestréky dont il a été fait mention, adinery accoird 
(accordailles) adrdietery atrafteVy appondey aruinarUy 
asfaleVy asmitanty atroci (injurier), avi^rp^, bâdon 
(billot), bâhe, balardrëiCy (plaisanterie), bandelire 
(baudrier), ennè raller biesse (bredouille), boudner 
(émonder la vigne), brayeux (crieur public), brute 
(pourboire), et quantité d'autres. 

La plupart de ces mots sont très intéressants à 
noter, et méritent de figurer dans le répertoire 
général de la langue wallonne. Récompenser un 
pareil travail, ce sera encourager de louables eftorts. 
Les auteurs du mémoire persévéreront et redouble- 
ront de zèle et d'exactitude, si possible, dans ces 
patientes recherches à l'affût des termes qui ont 
échappé à Toeil investigateur des lexicographes. 

La présence d'un certain nombre de mots qui 
figurent dans les dictionnaires n'infirme en rien la 
valeur réelle de l'appoint de vocables nouveaux et 
importants à noter. C'est le cas de dire avec 
messieurs les avocats *. abundantia non nocet. 

En conséquence, et vu les considérations qui 
précèdent, la Commission a l'honneur de vous pro- 
poser. Messieurs, les délibérations suivantes. 

1" Le Mémoire n* \ ne mérite pas de distinction. 



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— 389 — 

^ Le Mémoire n<> 2 est jugé digne d'une médaille 
de vermeil. 

La Commission : 

MM. J. Dejardin. 
M. Grâmdjean. 
Is. Dort, rapporteur. 

La Société, dans sa séance du 15 février 1888, a 
donné acte au Jury des conclusions ci-dessus. En 
conséquence le billet cacheté accompagnant le 
Mémoire nM a été brûlé; l'ouverture du billet 
cacheté accompagnant le Mémoire n?i, fait connaître 
qu'il est l'œuvre de MM. Jos. Defrecheux et Jos. 
Kinable. 



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mM \Msm DE unÉaiTDiE f iuome 



CONCOURS DE 4887. 

RAPPORT DU JURY SUR LE 8« CONCOURS. 



Messieurs, 

Un seul mémoire (Devise : Ta fait di m^mi) a «été 
soumis à l'appréciation du Jury au 8^ concours de 
1887 : De l'influence du wallon sur la prononciation 
du français à Liège. 

L'auteur de ce mémoire, dans une lettre à la Société 
liégeoise de Littérature wallonne, fait connaître que 
c'est lui qui, en 1884, avait adressé un travail répon- 
dant à la même question, déjà mise alors au con- 
cours, travail qui ne put être jugé digne d'aucune 
distinction. 

« Parmi les remèdes à conseiller contre la pro- 
nonciation wallonne, il faut compter la connaissance 
de l'origine même de cette prononciation », disait 
le rapporteur en terminant son appréciation sur le 
concours de 1884, et, malheureusement, alors, le 
concurrent n'en avait pas tenu compte. 

Nous sommes heureux de constater qu'il n'en est 



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- 332 - 

plus de même aujourd'hui; Tauteur a retiré le plus 
grand fruit du premier rapport rédigé à propos de 
son œuvre et, dans son ensemble, son nouvel envoi 
est satisfaisant. 

Ce qui surtout a été bien traité dans le mémoire 
qui nous occupe, c'est la partie positive, qui nous 
donne un ensemble de nombreuses observations ; 
c'est la partie principale et c'est aussi la plus ingrate. 

D'autre part, le Jury pense qu'il y a lieu de retran- 
cher beaucoup, tant dans l'exposition que dans les 
conclusions : l'auteur exprime, en effet, dans les 
divisions de son travail certaines appréciations trop 
pessimistes, ou sortant de la question, ou encore des 
vues tout à fait personnelles, que la Société ne peut 
pas même paraître vouloir faire siennes. 

D'un autre côté, malgré tout le soin apporté dans 
la partie positive, il existe encore des lacunes. 

C'est ainsi que l'auteur ne signale pas que, à cause 
de i (wallon) pron. pers. 3* pers.. 

Il (français) se prononce i. 

Ex : i fait froid, que fait-i. 

Il y a aussi quelques incorrections à rectifier : on 
ne dit pas en wallon : fèb, mais bien flowey 

cataplassey m^is oataplame. 

Enfin l'auteur cite dans ses exemples une grande 
quantité de mots qui ne sont nullement wallons; tels 
sont : acrSy témérité, cotisation, tube, anniversaire, 
arabe, hectare, etc. 

Tous ces mots ne sont entrés dans l'usage qu'avec 
la décadence de notre langue et l'auteur le reconnaît 



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- 333 - 

si bien que, pour certains d'entre eux, il a soin de 
dire que ce ne sont que des mots français wallonisés. 

Évidemment ces exemples doivent être retranchés. 

En résumé, le Jury estime que le travail mérite 
une distinction, mais non la première. 11 croit aussi 
qu'il sortirait de son rôle s'il corrigeait dans le 
mémoire couronné tout ce qui lui semble inexact : 
il doit se borner à émonder un peu, laissant ainsi à 
l'auteur et l'honneur et la responsabilité de son 
travail. 

A l'unanimité, le Jury vous propose, Messieurs, 
d'accorder à ce mémoire un second prix, soit une 
médaille de vermeil, avec l'impression au Bulletin 
de la Société, sous les réserves reprises plus haut. 

Le Jury: 

MM. M. Grândjeân. 
J.-E. Demârteau. 
Ch. Defrecheux, rapporteur. 



La Société a donné acte au Jury des conclusions 
ci-dessus dans la séance du 15 mars 1888. 

L'ouverture du billet cacheté fait connaître que 
l'auteur du mémoire couronné est M. Joseph Kinable. 



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DE L'INFLUENCE DU WALLON 

SUR U PRONONCIATION DU FRANÇAIS 

À J^IÉGE 



PAB 
Joseph KINABLE. 



DEVISE : 

J*& fait di m'mt. 



Ouvrage couronné par la Société liégeoise de Littérature wallonne. 

Prix : |iléDAii.LB db vbrmbil. 



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1. 



La prononciation du français dans les classes populaires 
laisse, comme partout, beaucoup à désirer à Liège. 

Est-ce à l'influence du wallon que Ton doit attribuer ces 
défectuosités de prononciation dont voici un exemple : 

En régnant d'une promenade j'ai été pris dans un terripe orsiche que 
jVn ai été tout malade pour vous le dire droldement en langue înncesse (*). 

Impossible de répondre à cette question autrement que par 
l'affirmative, il n'y a pas le moindre doute i cet égard, cependant 
on peut faire valoir de sérieuses considérations à la décharge 
de ce dialecte. 

A quand remonte cette vicieuse prononciation du français ? 

Il serait bien difficile de rétablir. 

Verba volant, scripta manent. Ce n'est que dans les écrits que 
Ton pourrait retrouver des traces de la façon de parler des 
Liégeois ; mais on n'en découvre pas, même en consultant les 
plus anciens documents ; ceux datant de trois siècles et plus, 
alors que n'ayant pas à se soumettre aux règles de l'orthographe 
on écrivait, semble-t-il, comme on parlait. 

Héme insuccès en opérant les recherches dans le recueil des 
ordonnances de la Principauté de Liège comprenant les années 
974 à 1794. 

On y voit des mots wallons en assez grand nombre comme 
trigu, fusse, penne, tripailles, tamis, dventrainne, galets, hochets, 
miche, fagne, wére, panne, mais pas un mot français ortho- 
graphié à la façon dont le Liégeois le prononcent. 

S2 



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- 338 — 

Rien non plus dans le glossaire roman de Roquefort ni dans 
le dictionnaire du vieux français de Ducange consultés 
atteniivement. 

Il y avait une dernière ressource citait de recourir aux 
chartes et privilèges des trente-deux bons métiers de la cité, 
franchise et banlieue de Liège. Ces chartes et privilèges étaient 
des documents officiels parce que pour être obligatoires 
ils étaient revêtus de Tapprobation des autorités, mais ils étaient 
rédigés par les Rens du métier eux-mêmes, c'est-à-dire par des 
gens peu instruits qui en élaborant leurs statuts, s'affran- 
chissaient de toutes les règles orthographiques. 

Prenant au hasard^ on trouve à la page 139, du tome I des 
chartes et privilèges, le règlement du métier des mangans 
(bouchers). 

« Item pour ordonner et pourveoir sur le faicl des Hangons 

» demouransen nostre Cité, auffin sains nulle déception 

» polrat tuer ne deverat et un mouton enthier sans 

» avoir nul paichonner celuy qui rapporter voldrat 

» vendre la ditte chair le deverat anchois remonstrer az 
» cwardeus et trouvé fuist. » 

Par cet extrait comprenant les principales imperfections de 
la pièce (elle date du 14 juin 1478), on peut juger de la manière 
dont on écrivait le français à Liège et comment il eut été 
possible pour ceux qui rédigeaient ces pièces d'écrire à la façon 
dont on prononçait^ mais encore une fois rien dans ces règle- 
ments émanant des gens de métier, non plus que dans les écrits 
officiels publiés depuis, ne fait trouver un mot orthographié à la 
façon vicieuse dont on le prononce. 

C'est Toccasion de se demander depuis quand on parle 
français, à Liège. 

Depuis longtemps sans doute mais ce n'était qu'acces- 
soirement et un peu comme Tâtt rperriqut quand il se croit 
riche. Il y a moins d'un siècle en n'employait encore cette 
langue qu'avec les étrangers ne comprenant pas le virallon qui 



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— 389 — 

était le dialecte de tout le monde. Riche comme pauvre le 
parlaient et jamais il ne venait à l'idée de personne d'affecter 
de se servir du français dans l'intention de se faire passer pour 
un être au-dessus du commun des Liégeois. 

On ne rougissait pas alors de se servir de notre idiome. 

Ce n*est que par la tradition verbale que ces renseignements 
nous sont parvenus. 

A beau mentir qui vient de loin préiend-on. On peut en dire 
autant de celui qui parle d'une époque reculée en avançant des 
choses dont on ne peut faire la preuve. 

C'est vrai, il ii*y a pas de contemporains dont on puisse 
invoquer le témoignage à l'appui de ce qui vient d'être affirmé. 
Hais ce qui se dit de Liège pour un siècle en arrière, peut 
s'appliquer par exemple à Verviers pour des temps moins 
anciens. 

Il y a cinquante ans il n'y avait è coup sûr pas dans celte 
dernière ville deux maisons de gens originaires du pays où Ton 
parlât français en famille. On n'employait que le wallon, rien 
que le wallon. Le français, ignoré de la plupart, n'était unique- 
ment utilisé par d'autres, mieux instruits, que pour la corres- 
pondance ou les relations avec des personnes ne comprenant 
pas le wallon. 

Les contemporains sont là, qu'ils s'inscrivent en faux contre 
cette affirmation si elle n'est pas rigoureusement exacte. 

On comprend donc qu'autrefois notre dialecte, qui était notre 
langue maternelle, a dû par la pratique constante qu'on en 
faisait, exercer son influence sur la prononciation du français. 

Au surplus il était parfaitement inutile de rechercher des 
traces de la vicieuse prononciation du français dans les anciens 
documents officiels et autres par la raison péremptoire que 
c'est dans son propre idiome que le Liégeois a contracté sa 
manière de prononcer les mois autrement qu'il ne les écrit. 
C'est à démontrer. 
On n'a plus à revenir sur cette vieille et banale prétention 



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- 340 — 

que le wallon serait un patois venu du français. Pour tout qui 
s'est quelque peu occupé ou préoccupé des questions de 
philologie il est hors de doute que le français et le wallon, 
descendant du celtique et du latin, se sont formés séparément 
dans la plus complète indépendance Tun de l'autre. 

Ce n'est pas une raison pour soutenir que le wallon n'avait 
pas à se soumettre à une orthographe en rapport avec celle du 
français. 

Ainsi par exemple i'angelus le français a fait ange et le wallon 
anche. 

Pourquoi, dira-t-on, le wallon doit-il écrire ange plutôt que 
anche; s'il a choisi la terminaison che il s'est écarté de l'ortho- 
graphe indiquée par le mot latin, il est vrai, mais il était bien 
libre de le faire. 

Pardon, il y a des règles qu'on ne peut transgresser et 
du moment qu'on a écrit dans notre idiome il a fallu se con- 
former à ces règles quelle que fut la manière dont on prononçait 
les mots. 

Il est aisé de prouver que le Liégeois dans son dialecte ne 
tient aucun compte de Torthographe du mot pour le prononcer. 

L'observation faite pour ange qu'on aurait pu écrire librement 
anche, ne peut se reproduire pour d'autres mots. 

En voici des exemples : 
ai-je^ se dit en wallon a-je ou a-;tt, plus souvent a-je. 

âge, » âge. 

pouah, » ache, interjection marquant le 

dégoût. 

Or ces mots a-je, âge, ache se prononcent absolument de la 
même façon. 

S'ensuit-il qu'il serait loisible de les écrire tous les trois 
comme on les énonce : ache sans pécher contre toutes les lois 
de la lexicologie ? Evidemment non. Toutefois les anciens écri- 
vains wallons n'ont pas toujours eu égard à ces lois comme on 
le voit par les pièces qu'ils nous ont laissées. 



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- 341 - 

Dans le Bulktin de la Société de littérature v^allonne, t. II, 
se trouvent les titres d'anciennes œuvres, reproduits en 
respectant scrupuleusement l'orthographe des auteurs. 
On y m : 

Page 372. Ji sos prit à on sposech (crâmignon). 
» 375. Uft r veie et dâ viech (paskeie). 
» 386. Li mariech di m' kuzin Flip. — de Forir. 
» » Li k'tapé maneeh. id. 

Liche. Dessain 1845. 

» 387. Le maie è linwe ë iè boegn* messech. — Fossion. 

» 392. Li 29 oktob*i839ou lèz'électiond'LicA.— Lamaye. 

Il n'y a point pour sposech, viech, mariech et tnanèche de mots 

dérivés ou composés qu'il suffirait de citer pour montrer que la 

terminaison en che de ces vocables ne se justifie point, mais 

pour messech il y a son dérivé messègi et pour UchCy ligeoi. 

 coup sûr si messech et Liche avaient dû s'écrire de cette façon 

(Is auraient Tormé non messegi et ligeoi mais messechi et lichoi^ 

comme jt sèche qui a pour infinitif «^cAi. 

Il convient de ne pas prolonger ce préambule déjà trop 
dévelot)pé peut-être et d'aborder l'énumération, en les expliquant, 
des défectuosités que Ton remarque dans la prononciation du 
français par les Liégeois. 



Après avoir cité les mots wallons qui entraînent la mauvaise 
prononciation des mots correspondants français, il sera fait état 
sous la rubrique analogie des vocables français qui sont égale- 
ment mal prononcés, bien qu'il n'y ait en wallon aucun 
mot correspondant qui en explique, sans la justifier, la vicieuse 
articulation. 

La plupart des mots wallons auxquels on doit attribuer la 
mauvaise prononciation du français étant orthographiés autre- 
ment qu'on les prononce, chacun de ces mots sera écrit d'abord 



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- 342 - 

tel qu'il doit être orthographié et s'il y a lieu, il sera répété 
entre parenthèse, conformément à la prononciation qu'on loi 
donne communément. 



2. 



VOYELLES a, e, i, o, u. 

Le Liégeois qui semble avoir en horreur les syllabes longues 
dans bien des mots, en crée abusivement dans certains autres, 
péchant de la sorte par les défauts contraires. 

a 

A cause de bague [baque) chestai, âge [ache) baston. 



bague 
château 
âge 
bâton 


devient 
» 


baque. 

château. 

âge qu'on prononce ache 

bâton. 

Analogie. 


châtier 


devient 


châtier. 
Par contre. 



A cause de salade, sérénade^ mirâque. 
salade devient salade, 

sérénade » sérénade, 

miracle » mirâ§ue. 

Eu général Va liégois dont le son tient plus de Vo que de Va 
donne lieu dans la traduction pour le mot correspondant en 
français, à un a long quelle que soit la manière dont on 
le prononce dans cette langue. 



Ve muet est marqué d'un accent aigu ou d'un accent grave, 
k tort et à travers. 



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- 343 - 

 cause de levé, pelé, semé, jeté, 
lever devient lèvei-, 

peler o peler, 

semer » semer, 

jeter » jiter. 

é 

Vé fermé donne lieu à cette remarque c'est qu'il est correcte- 
ment maintenu et prononcé chaque fois qu'il se trouve à ia fin 
du mot. Au contraire s'il est dans le corps du mot il est presque 
toujours transformé en è ouvert. 

A cause des mots pèchi, tèmon, Thérèse, 
péché devient pèehé. 

témoin » témoin. 

Thérèse » Thérèse. 

Analogie. 
été devient été. 

déroute » déroute. 

è 
Vè ouvert qui se trouve dans le mot wallon reste le même 
dans le mot français correspondant et l'on peut en dire autant 
de IV marqué d'un accent circonflexe. 

i 

Vi ne donne lieu à aucune défectuosité de prononciation 
bien qu'en wallon il y ait Vi bref et Yi long. Exemple i est bref 
dans mit moi, et il est long dans mî, mieux. 

Notons cependant qu'à cause du pronom wallon de la 3^ per- 
sonne t le même pronon français il se prononce i. 

Exemple : 

I fait froid, que fait-i ? 


Vo long est parfois fait bref et vice versa. 
voter devient voter, 

cotisation » cotisation. 



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— 344 — 

Par contre. 

drôle devient drôle, 

rôle » rôle. 

De Tadjeclif droite le wallon a fait l'adverbe droldiminl de là 
la faute commise fréquemment par des gens même instruits qui 
disent en français droldemenl. 

u 

Il y a peu de remarques à faire sur la voyelle u qui générale- 
ment est prononcée correctement, cependant: 
tube devient tube, 

tulipe » tulipe. 

3. 

VOYELLES COMPOSÉES ai, au, an, ei, eu, m, etc. 

ai 

A la fin d*un mot ai se prononce é ; en français le liégeois n'en 
tient pas compte. 

A cause de firet^ faret, ji vairet. 
J'irai devient f irais. 

J'aurai » faurais. 

Je viendrai » je viendrais. 

aim, êm, iem. 

A cause de aînmer, maînme^ deuxiaînmef atnme (tonneau) le 
liégeois fait entendre en français le nasillement du wallon. 
aimer devient ain-mer. 

faime » fain-me. 

même » main-me. 

deuxième » deuxiain-me. 

aime (tonneau) » ain-me. 



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- 34S - 

ain, ein, en. 

Nouveau nasillement du mot wallon reproduit dans le mot 
français. 

 cause de lainne^ reinne {reine)^ rainne {grenouille), hainne 
qu'on dit aussi haîme^ mitainne, geainne. 
laine devient lain-ne. 

reine » rein-ne. 

haine » hain-ne. 

mitaine » mitain-ne, 

gêne » geain-ne. 

an 

Encore ce même nasillement. 

A cause de àn-naie, waiigni. 
année devient an-neie. 

gagner » gangner — J' gangne. 

au 

De même, ainsi qu'on l'a vu, que de drôle on fait drolle et de 
rôle, rolUj on observe cette analogie : 
Paul devient Pol. 

épaule » épole. 

Pas un français ne vient à Liège sans s'étonner d'entendre 
dire par presque tout le monde S^-Pol pour S^-Paul. 

ouil 
Cette syllabe perd Vi dans la prononciation. 
A cause de boleie, cognouli. 
bouillie devient boulie. 

cornouiller » cornoulier. 

Analogie. 
bouilloire devient bouloire. 

Ou BIEN. 

A cause de hoîe. 
houille devient houie. 



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346 — 







Analogie. 


citrouille 


devient 


citrouie. 


patrouille 


» 


patrouie 


rouille 


» 


rouie. 



4. 



DIPHTHONGUES. 

Dans les diphlbongues, quand les deux sons doivent être dits 
en une seule émission de voix le liégeois appuie sur les 
deux sons. 

A cause de pati-ince^ confi-ince^ (tmèfirince. . 
patience devient pati-ence. 

confiance » confi-ance. 

défiance » défi-ance. 

Analogie. 

rassasié devient rassasi-é. 

Entre deux voyelles à prononcer séparément il intercale 
un w ou un i. 

A cause d'Edouard (Edouward) aruwauté^ Léon (Lè'ion)^ 
réiél^ crèâtiony pai. 

Edouward. 

cruwauté. 

Lè'ion, 

rè'ieL 

cré'iation, 

pay-ier. 



Edouard {Edward) devient 
cruauté » 

Léon » 

réel » 

création » 

payer » 



Analogie. 

duel devient duwel. 

seau » sé'iau (à cause de sèiai). 



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- 347 - 
5. 

CONSONNES. 

Daas les eonsonaes labiales B. P. F. 7. il y a fréquemment 
substitution de la consonne forte ii la consonne douce« 

A cause de robe {rôpe), jujiAe (jujupe), bâbe {bâpe), 
tube {tupe). 

robe devient rope. 

jujube » jujupe, 

barbe » barpe. 

tube » tupe. 

Il s'agit ici de Sf llabes muettes Anales sur lesquelles il y aura 
à revenir. 

F prend la place du V non seulement dans les syllabes 
muettes finales mais aussi dans le corps des mots quand après 
cette consonne se trouve un e muet dont il est fait élision. 

A cause de savtî {safti)^ sovnance, rivni, 
savetier devient saftier. 

souvenance » souvnance, 

revenir » revnir. 

Le remplacement de ve par fe sera indiqué au chapitre des 
syllabes muettes placées à la fin des mots. 

Dans les consonnes dentales T. D. Z. S. la consonne forte 
tient aussi très souvent la place de la consonne douce et celte 
substitution a lieu particulièrement dans les syllabes muettes 
finales, comme il est dit plus loip. 

Il y a cependant une remarque à faire sur Vs et le z placés à 
la fln d'un mot sans faire partie d'une syllabe muette. 

Il arrive dans bien des c^s que le Liégeois fait siffler Vs et 
le z tout à fait à contretemps. Française qui se prononce 
franseize se dit à Liège francesse comme en wallon. 

A cause des mots calasse^ hasse (Fas au jeu de carte). 
cabas devient cabasse. 

as » asse. 



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que nous ayons d 


evi 


que vous ayez 


» 


que nous écoutions 


» 


que vous écoutiez 


» 


que nous soyons 


» 


que vous soyez 


}» 


que nous revenions 


» 


que vous revenez 


» 



— 348 — 

Analogie. 

Dumas devient Dumass. 

Les deux premières personnes du pluriel au présent du 
subjonctif donnent lieu au même défaut de prononciation. 

A cause de : qui nos âyanss^ qui vos âtize^ qui nos houtanss^ 
qui vos houtéze, qui nos sèyanss, qui vos sèyize^ qui nos 
rivnanss, qui vos rivnéze, 

que nous ayonsse, 
que vous ayéze. 
que nous écoutionsse. 
que vous écoutiéze. 
que nous soyonsse, 
que vous soyéze. 
que nous revenionsse. 
que vous reveniéze. 
Les consonnes gutturales C, CHy Q. Ky G, J, K^ font Tobjet 
de plusieurs remarques. 

Le c, il s*agit ici du c dur, de même que le g et le ^ n'oc- 
casionnent aucun vice apparent de prononciation. 

J tig suivis d*un e muet se changent en ch presque chaque 
fois qu'il est fait élision de cet e muet. 

A cause de : ègagmint {ègachmint) f Va, j' li. 
engagement devient engachement. 

je laH » c/i' Vai, 

je lui » ch* lui. 

Analogie. 

ménagement devient ménachement. 

soulagement » soulachement, 

ch suivi d'un e muet dont il est fait élision amène, si la syllabe 
qui suit commence par un v, le changement de ce v en f. 
écheveau devient èchfeau. 

échevin » èchfin. 

un cheval » un chfal. 

achever » achfer. 



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- 349 - 

h qui dans quelques mots wallons comme homme, reste 
muette» est presque toujours, dans les autres, aspirée fortement 
comme si elle était marquée de Tesprit rude des Grecs (''), que 
ce soit au commencement ou dans le corps des mots. 

A cause de houssi^ HinH, haîy 
huissier devient ""huissier, 

henri » °Henri. 

Analogie. 
hallucination devient "^hallucination, 

hectare » "^hectare. 

L'aspiration de la consonne est aussi forte dans le corps 
des mots. 

A cause de è^hdléy ki^'hèréy kino^'hance^ fa^hi^ fci°/iîi, par 
analogie, 

adhérer devient ad^'hérer. 

adhésion » ad^'hésion. 

inhérent » in^hérent. 

Parmi les consonnes liquides l, m, n, r la première et la 
dernière donnent lieu à remarques. 

l 

Quand deux l se suivent et qu'on doit les mouiller, le Liégeois 
s'abstient de le faire. 

A cause de famile^ résile^ 
famille devient famile. 

résille » résile. 

Analogie. 

fille devient file, 

quille » quile. 

Par contre. 

Sans qu'aucun mot wallon explique cette bizare exception, 
scintillation devient scintillialion. 

vacillation » vacilliation. 



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— 380 — 



Le Liégeois ne fait sentir IV répété dans aucun de ses mots. 
A cause de corègi, anvé^ chèriège^ chèrelte, araingi, 



corriger 


devient 


coriger. 


arriver 


» 


ariver. 


charriage 


» 


chariage. 


charrette 


» 


charette. 


arranger 


» 


aranger. 



6. 



SYLLABES MUETTES FINALES. 

C'est principalement dans les syllabes muettes finales que se 
manifestent les plus grands vices de prononciation chez le 
Liégeois. Son habitude de remplacer la consonne douce par la 
consonne forte, b par p» d par t, v par f^ l'amène à rendre aioM 
la syllabe tonique qui précède la syllabe muette. 

bêy blôy hre. 
be 
Ainsi qu'il a été dit au sujet de la consonne labiale b, celte 
lettre commençant une syllabe muette est changée en p. 

A cause de rôpe^jujupe^ bâbp {bdpe)^ 
robe devient rope. 

jujube » jujupe. 

barbe » barpe, 

ble 

ble se transforme en be^ pie ou pe. 

A cause de meûbe^ meuble devient meube, 
aimable devient aimabe. 

terrible » terribe ou terriple ou terripe. 

possible devient possibe ou possipe. 

faible » faibe OU faipe. 



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- 381 - 



Il est à remarquer que dans les corps des roots la syllabe ble 
n'est pas modifiée dans le mot wallon et par suite elle reste 
intacte dans le mot français. 

Le wallon dit vèritâblèmint^ eharitâblèmint^ ce qui l'amène 
à accentuer un peu plus qu'il ne Taut la syllabe ble dont il fait 
blè dans son idiome. 

bre 

bre se transforme en be, pe ou pre. 

A cause de chambe (champe)^ âbe (dpe), iimpef libe {lîpe), 

chambe ou champe. 

arbe^ arpe ou arpre. 

timbe, timpe ou timpre. 

Itbe ou lîpe. 

Analogie. 

fibe^ fipe ou fipre. 

équilîpe. 

nombe ou nompe, 

che 

Cette syllabe ne donne lieu à aucune défectuosité de pro- 
nonciation par elle-même mais on verra à la syllabe ge quel abus 
il est fait de che. 

cle 

de est remplacé par que. 

A cause de mirâque^ miracle devient miraque. 

Analogie. 

devient spectaque. 

» binoque. 

» . tabernaque. 

cre 

are subit la même transformation en que. 
A cause de souk^ sucre devient suque. 



chambre 


devient 


arbre 


» 


timbre 


» 


libre 


» 


fibre 


devient 


équilibre 


3> 


nombre 


» 



spectacle 

binocle 

tabernacle 



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I 





— 382 — 




Analogie. 


lucre devient 


luque. 


ancre » 


anque. 




ect 


Cette syllabe finale perd le t. 


direct devient 


direc. 


suspect » 


suspek. 




de 


de est fréquemment remplacé par te. 


A cause de coide {coitte)^ rude (rute)^ malade (malâle)^ 


ombâde {ombdte\ 




corde devient 


corte. 


rude » 


rute. 


malade » 


malate. 


aubade » 


aubate. 




Par contre 


fente devient 


fende. 


entente » 


entende. 




dre 


dre se change en de ou en te. 


A cause de responde (responte), rinde, prinde, disfinde. 


sitinde^ piède {piette)^ 




répondre devient 


réponde. 


rendre » 


rende OU rente. 


prendre » 


prende OU prente. 


défendre » 


défende. 


étendre » 


étende. 


perdre » 


perde. 



e formant « syllabe finale » donne lieu à une vicieuse pro- 
nonciation, ou l'on appuie trop sur la syllabe qu'elle termine, 
ou Ton fait précéder Ve d'un i ou d'un w. 



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- 383 - 



vraie 
chicorée 
que f aie 
abandonnée 



devient 



A cause de vraie (vrai-ie), cékoreie^ qui j'aie (fai-ie), 
àban^naie^ 

vrai'ie. 
chicoreie. 
que fai'ie. 
ahandonné'ie. 

Analogie. 

herluwe. 
sentirie. 



» 
» 



berlue 
sentie 



devient 



^ fre 



fie syllabe finale perd généralement l et devient fe. 



pantoufle 



devient 



nèfle 
gifle 
muffle 
trèfle 



affres 
chiffre 



devient 



pantouffe. 
Analogie. 

neffe. 

giffe. 

muffe. 

trèfe. 
fre est changé en fe. 
A cause de coffe, coffre devient coffe. 

Analogie. 

devient affes. 

» chiffe. 

ge, gk, gre, gue. 
ge 

De toutes les syllabes muettes c'est le ge qui donne lieu au 
vice le plus marqué, le plus accentué, de prononciation. A la fin 
d*un mot le g est presque toujours remplacé par ch et cette 
substitution a lieu également dans le corps des mots quand on 
fait élision de Ve muet. 

A cause de roge {roche)^ orège (orèc/ie), âge {ache)^ wèsinège 
{wèsinèche)y songe (sonche), ange {anche\ mariège (marièche)^ 

23 



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— 354 — 

Lîge {Uche)t cang'mint (canch^mint)^ ègagmint (ègacVtnint)^ 
log^mini {loch'mint\ 



rouge 


devient 


rouche. 


orage 


» 


orache. 


âge 


x> 


âche. 


voisinage 


» 


voisinache. 


$onge 


» 


sonche. 


ange 


» 


anche. 


mariage 


» 


mariaehe. 


Liège 


» 


Liéche. 


changeme^it 


» 


chanchment. 


engagement 


» 


engachment. 


logement 


» 


lochment. 

gle 


gle se change en gue. 




A cause de 


sinque^ onque^ 


sangle 


devient 


sanque. 


ongle 


» 


onque. 
Analogie. 


seigle 


devient 


seique. 


angle 


» 


anque. 


aigle 


» 


^ aique. 

gre 


gre se transforme de môme en que. 


A cause de 


vinaique^ 




vinaigre 


devient 


vinaique. 
Analogie. 


aigre 


devient 


aique. 


tigre 


» 


tique. 


nègre 


» 


nèque. 



gue 



gue fait place à que ou ke. 



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— 3»6 - 

A cause de blake, lonque {longue)^ fique, 
blague devient * blaque. 

longue » lonque, 

figue » fique. 

je' 

La syllabe je à la fin ou dans le corps d'un mot subit 
les mêmes altérations que ge. 

En plus fonctionnant comme pronom personnel je quand il est 
fait élision de Ve muet devient ch. 

A cause de y Va {ch* Va), f Vètind (cV Vèlind), f Vainme 
{ch* Vainme), a-je {ach), 

ch* lai. 
ch* Vejxtends. 
ch' Vaime. 
a% ch. 

Je suivi de le si Ton fait élision de Ve à ce dernier mot 
devient je V. 
A cause iej^el veu, j^el a^a vèyou, j'el prindj*el dis, j^el fret, 



je Vai 


devient 


je Ventends 


» 


je Vaime 


» 


ai-je 


» 



je le vois devient 


je V vois. 


je les ai vus » 


je V s* ai vus. 


je le prends » 


je V prends. 


je le dis » 


je V dis. 


je le ferai » 


je V ferai. 




le 


le se change parfois en ie 


• 


A cause de habeie, usteie 


» 


habile devient 


habi'ie. 


outil » 


outi'ie au lieu de outi. 


Le changement apporté 


ici à le est plutôt une exception 


qu'une règle. 






pl&, pre. 



Cette syllabe se change communément en pe. 



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— 386 - 

A cause de peûpe^ eximpe^ cope^ 
peuple devient peupe. 

exemple » exempe. 

couple » coupe. 

pre 

Même transformation pour pre dont IV disparaît. 

A cause de vèpen^ prôpe, 
vêpres devient vêpes. 

propre » prope, 

se, sme, sse, ste, stre. 
sôyZe 
Quand se à la suite d'une syllabe terminée par une voyelle 
doit se prononcer ze, le Liégeois n'y a pas égard et souvent 
de se et de ze il fait sse. 

A cause de dosse^ malhureuscy 
douze devient dousse, 

malheureuse » malheureusse. 

Analogie. 
ardoise » ardoisse. 

framboise » framboisse. 

Ce changement n'a pas toujours lieu ; ainsi il ne se produit 
pas dans rose, ruse, etc. le mot wallon se prononçant comme 
le mot français. 

sme 
Cette syllabe donne lieu à une métathèse, le Liégeois trans- 
pose l'a qu'il aime à faire siffler. 



cataplasme devien 


t cataplamse. 


sinapisme n 


sinapimse. 


catéchisme » 


catéchimse. 


prisme » 


primse. 




ste 


Cette syllabe perd le t 


et prend une deuxième s. 



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— 357 — 


A cause de trisse, possc^ 


rcs^c, 


triste devient 


irisse. 


poste » 


posse. 


reste » 


resse. 




Analogie. 


arbuste devient 


arbusse. 


piste » 


pisse. 


liste » 


lisse. 




Stre. 


stre comme «<e se change en sse ou en ste. 


lustre devient 


lusse. 


astre » 


asse ou aste. 


rustre » 


russe ou ruste. 




te, tre 




te 


II est dit plus haut à propos de la syllabe de comment te est 


parfois remplacé par de. 






tre 


tre se change en te. 




A cause de oute, prête, 




outre devient 


oute. 


prêtre » 


prête. 


• 


Analogib. 


fenêtre devient 


fenête. 


peut-être » 


peut'ête ou peut-ette. 


champêtre » 


ckampête. 




vey vre. 




ve 


Remplacement du v par 


rr. 


A cause de i lève (lèfe), % crive (criffe). 


U lève devient 


il leffe. 


il crève » 


il Greffe. 



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— 000 — 




Analogie. 


rive devient 


rife. 


lessive » 


lessife. 


locomotive » 


locomotiffe. 




vre 


vre se change en ve ou 


te. 


A cause ieji drouve, pve, live, 


j'ouvre devient 


fouve. 


fièvre » 


fiève. 


livre » 


live. 




%e 


Il a été dil à la syllabe se, comment ze se change en sse 


A cause de dosse, onsse 


> 


douze devient 


dou$se. 


onze » 


onsse. 



7. 
LES ÉLISIONS. 

La manière dont le Liégeois fait les élisions en wallon le 
conduit non seulement, par la traduction en français, à pro- 
noncer mal mais souvent aussi à commettre des fautes de 
grammaire. 

En wallon on dit : 
dinez-m'el, 
houtez't, 
prind'l\ 
ainmans-r, 

ainmeZ'C, et l'on traduit comme suit : donnez-le moi par 
donnez me le en prononçant donnez-m'el. 
écouiez'le — icouiez-C — écoutél. 
prendS'le — prends-V — prenle. 



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- 3»9 - 

aimonS'le — aimotis-P — aimonle. 
aimez-le — aimez4' — aiméle. 

rindeZ'li fait que rendez-le lui devient rendez-t lui qui se pro- 
Donce rendez-lui^ le pronom le n'est plus énonce. 

Au subjonctif présent le verbe être se conjugue en wallon : 
quijiseuie. 
qui H seuie. 
quH seuie. 
qui nos seyansse. 
qui vos seyéze. 
qu'is sèyesse. 

C'est ce qui explique sans la justifier la manière dont certains 
Liégeois rendent les personnes de ce temps en français : 
que je sois se dit que je soie, 

que tu sois » que tu soies, 

qu'il soit D qu'il soie, 

que nous soyons » que nous soyonsse. 

que vous soyez » que vous soyéze. 

quHls soient » qu'ils soyent. 

Le sifflement de Vs aux deux premières personnes du pluriel 
se reproduit dans un grand nombre de verbes, qui nos dansansse, 
qui vos riv'néze, etc. 

Mêmes défectuosités, mêmes fautes au subjonctif présent 
é^avoir : 
qtiifdie. 
qui t'aies. 
quHl die. 
qui nos dyansse. 
qui vos dyize. 
qu'is dyesse. 

Et Ton traduit : 
que faie par que j'aiie. 

que tu aies » que tu aiies. 

quHl ait » quHl aie. 



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— 360 - 

que nous ayons » que nous ayonsse. 

que vous ayez » que vous ayéze. 

qu'ils aient v> qu'ils aiient. 

Quiji seule comme qu'il die amènent la traduction par : que je 
soie et quHlaie; on peut dire que les autres fautes que 
commettent des Liégeois dans la conjugaison de presque tous les 
verbes sont dues à Texpression wallonne correspondante. 

Quand ce mot correspondant manque en wallon, le Liégeois 
court moins risque de se tromper en prononçant le mot 
français. 

Un exemple : on a pu remarquer que les gens de Liège ayant 
à employer le verbe vouloir à la S"" personne du pluriel de 
l'impératif disent tous très correctement veuillez. 

Gela s'explique, en wallon ce verbe ne se conjugue pas à 
rimpératif, il D*a pas d^impératif, donc point de mot correspon- 
dant pour veuillez qui, grâce à ce privilège, n'a pas donné lieu à 
une mauvaise prononciation ni à une faute de grammaire. 

Puisqu'il est si bien tenu compte du mot correspondant on 
pourrait à ce sujet demander pourquoi tant de Liégeois font si 
souvent la faute de traduire sèche par secque alors que dans leur 
idiome ils disent sèche comme en français mais en accentuant 
davantage l'aspiration de ch. 

La raison la voici : 

Sec se dit en wallon sèche pour le masculin comme pour le 
féminin. Ayant traduit sèche masculin par sec le Liégeois, s'il 
est peu ferré sur le français, croit que ce mot doit subir le même 
changement au féminin et pour ne pas retomber sur son mot 
wallon sèche, de sec masculin il fait secque au féminin bien k 
tort sans doute, mais c'est bien là le motif pour lequel se 
commet cette étrange faute. 

Il n'y a pas que les illettrés qui tombent dans cette erreur, 
celle-ci est familière même à des gens instruits ainsi que tout 
observateur a pu le constater. 

Autre remarque : le Liégeois prononce le mot sûrement d'une 



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— 3M — 

façou particulière qui ne rappelle en rien la manière de dire du 
français. Cette bizarrerie provient d'une autre bizarrerie : le 
wallon a Tait de sûr'mint le synonyme de probablement, peut-être. 
I vairet sûr'mint^ veut dire il viendra probablement. Sûr^mint qu'il 
est malade répond à : peut-être est-il malade. Or on n'accentue 
pas de la même façon : peut-être et assurément; le Liégeois qui 
a donné à sûrement une acception toute contraire à celle qu*il 
avait, qu'il a encore môme en France, dit sûremetit avec une 
intonation identique à celle qu'il donne à peut-être. 

Il n*y a pas à s'étonner de cette nouvelle acception donnée 
ici à sûrement en le dépouillant de sa première signification^ les 
français ont fait de même avec : sans doute, qui a d*abord été 
l'équivalent de : c'est hors de doute, c'est certain^ c'est sûr et qui 
aujourd'hui a le sens de probablement comme le sûrement des 
Liégeois. 

Quand on dit : il viendra sans doute, au lieu de donner un sens 
affirmatif, conflrmatif à sans doute on en fait une expression 
dubitative ou interrogative. C'est comme si Ton disait il se peut 
qu'il vienne ou il viendra probablement ou bien encore est-ce qu'il 
viendra ? 

Sans doutCy avec ce sens, s'articule bien différemment de 
sans doute voulant dire c'est certain. 

8. 
CONSIDÉRATIONS EN FAVEUR DU WALLON. 

On peut se demander si la pratique du wallon forme obstacle 
à ce que celui qui le parle constamment prononce correctement 
le français ? Impossible de le prétendre puisqu'il n'y a pas en 
français un mot, un seul, que le Liégeois ne puisse d'emblée et 
parfaitement prononcer dès qu'il l'a entendu articuler conve- 
nablement. 

Il a été démontré que c'est dans son propre idiome que le 
Liégeois a contracté les vices de prononciation qu'il a introduits 



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- 362 — 

dans le français. Maintenant qu'on ne parle presque plus wallon^ 
pourquoi continue-t-on à prononcer si mal le français ? Parce 
qu'on n^entend parler ici cette dernière langue que de la déplo- 
rable façon contre laquelle on réagit enfin énergiquement. 

On pourrait presque dire que le wallon n*est plus pour rien 
dans les défectuosités de langage et comme preuve, il n'est pas 
hors de propos de rapporter ce fait consciencieusement observé. 

Il n*y a pas un seul Liégeois qui ne parle français tant bien 
que mal; par contre, il y a un grand nombre de personnes nées 
à Liège, n'ayant jamais quitté Liège et qui ne savent pas un mot 
de wallon ; or ces personnes prononcent le français générale- 
ment de la même manière que leui^ compatriotes dont le wallon 
est la langue maternelle. 

Si beaucoup de Liégeois parlent le français de manière à 
justifier les critiques contenues dans cette étude, il faut, pour 
rendre hommage h la vérité, reconnaître qu'il y en a d'autres» 
ils sont déjà nombreux, qui le prononcent parfaitement. Pour 
Tignorer il faut n'avoir fréquenté ni Tuniversité, ni Fathénée, 
ni le barreau, où professeurs et avocats montrent qu'ils ont la 
prononciation correcte de la belle langue de Racine, Bossuet, 
Voltaire, etc. 

Pour terminer, une réflexion inspirée par l'esprit de clocher. 

A Liège on prononce encore généralement le français d'une 
façon défectueuse, c'est vrai ; on s'en corrigera, c'est certain ; 
ce qui n'est pas moins hors de doute c'est qu'il y a bien des 
villes en France où, sans avoir à invoquer l'excuse résultant de 
l'influence exercée par un patois local, on prononce le français 
beaucoup plus mal qu'ici. Tout qui, par exemple, a parcouru les 
bords de la Garonne sait à quoi s'en tenir à cet égard. 

9. 

APPENDICE. 

Au sujet de la dérivation des mots, il a été dit que le wallon 



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— 363 — 

qui, de angelns a fait ange, qu'il prononce anche, ne pouvait 
écrire le mot de cette dernière façon sans transgresser les 
règles de la lexicologie. 

S'il ne lui était pas permis de changer Torthographe indiquée 
par rétymologie, tout au moins pouvait-il donner l'aspiration 
de eh à son g. 

C'est du reste la lettre qui donne lieu aux prononciations les 
plus diverses. 

Sans rechercher ce que le g était dans les langues mortes (*), 
on constate que : 

En français, il a le son dur et le son doux gue et ge selon qu*il 
précède les voyelles a, 0, u ou e, t, y. 

En allemand, il devient gh, g dur ou ;, selon les localités, au 
commencement ou dans le corps des mots. A la fin des mots on 
le prononce g dur, g doux, h ou k. 

En hollandais, il a à peu près la même aspiration que h. 

En italien, il a le son dur devant a, 0, u et devant e et t il se 
prononce dj. 

En v^rallon, g est dur devant a, 0, u, devant e et < au commence- 
ment d*un mot il se prononce comme en italien dj, dgiva, 
igemi, dginése ; précédant e et formant syllabe finale, il prend 
l'aspiration de eh. 

Dans ce dernier cas, la règle est invariable et sans exception, 
ge syllabe finale se prononce ehe que le mot ait ou non un 
dérivé ou un composé terminé en gi donnant k croire que la 
finale ge ne devrait pas se changer en che; de fait on ne la 
change pas mais on la prononce che comme dans ces mots : 
songi ji sonche s'écrit ji songe, 

forgi jifôche » jifôge. 

messègt messèche » messège. 

Itgeoi Ltehe » Ltge. 

(') Par exemple en grec où il a toujours le son dur à moins qu'il ne soit placé 
devant un autre g (y) ou devant x, x ou $, dans ce cas, il prend le son de n (v) • 
xryeXoç se dit ann-ghélo$i. 



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— 364 


— 




bogî 


ji boche 


» 


ji boge. 


arrègt 


farrèche 


» 


farrège. 


hôrlogî 


hôrloche 


» 


horloge. 


ècorègi 


corèche 


» 


corège. 


wagi 


ji wache 


» 


ji wage. 


cangî 


ji canche 


» 


ji cange. 



Cette syllabe muette se prononce identiquement pour les mots 
qui précèdent comme pour ceux qui suivent : 
hachî ji hache, 

hercht ji hèche. 

sèchi ji sèche, 

pochi ji poche, 

clinchî ji clinche. 

cachî ji cache. 

Le wallon ne s*est donc pas écarté des règles de la dérivation 
étymologique en formant des mots à terminaison ge prononcée 
che ; dans certains cas, on peut même dire qu*il a suivi ces 
règles avec plus de scrupule que n'en a montré le français. 

Voyez le mot latin ficus dont le v^rallon a fait figue. On ne peut 
prétendre qu'en prononçant fiqtie il doive écrire figue^ car 
l'arbre qui porte ce fruit, il le désigne sous le nom de fiqui et 
non figui. 

Le français, de fi^cus a fait figue. Pourquoi ? Il n'y a aucun mot 
dans la famille de ce vocable qui justifie la terminaison 
française. 

fiCUSf 

ficulnea, 
ficulneuSy 
ficulnus, 
ficulus, 
ficariay 
ficarius^ 
tous ont le c dur. 
Il n'y avait aucune raison pour le français de changer le 



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- 36S — 

c dur en g et logiquement il devait faire de ficus^ fique comme de 
porticus il a fait portique. 

Le wallon a parfois aussi dans ses mots dérivés du latin, con- 
servé mieux que le français le sens assigné par Tétymologie. 

On peut prendre comme exemple abri. Dupiney de Vorepierre 
et d'autres lexicographes donnent pour étymologie à abri : arbor, 
arbre, en ancien français abre (en wallon âbe) d'oh s'est formé 
abri^ les arbres ayant été les premiers abris utilisés pour se 
garantir du soleil et de la pluie. 

Littré et Scheler, comme Diez, n'admettent pas cette dériva- 
tion et prétendent qu'abri vient i'apricus. 

<c ApricuSf a, um (contract. i'apercius, i*aperio, propr. ouvert, 
exposé, non couvert) ; de \h exposé au soleil ou à la chaleur du 
jour^ etc. » 

(Dictionnaire Freund et Theil.) 

Or si l'étymologie est bien renseignée de la sorte par ces 
savants linguistes, elle ne se justifie que par le sens donné au 
mot abri par le wallon. 

Pour celui-ci abri signifie exposé à. 

Esse à l'abri de solo c'est être exposé au soleil. 

En français abri a un sens diamétralement opposé, il veut dire 
ne pas être exposé à. 



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TABLE DES MATIÈBES. 



Pages. 

Eapport sur le 12e concours de 1887 V — XIV 

Li Manège Cockraimont, comideie en ine (ike^ par TouBeaint 

Bbahy 1 

Fâte di a^ètinde, camèdeie^attdeville en ine ake, en vers, 

par DD. SALME 49 

Les Trim*leu, tâv*lai naturalisse è deux ake, par Henri 

Babon 87 

Li Fraque hnacrallHe, eomèdeie en ine ake, par J. BUBY. 159 

Eapportsor le 14e concours de 1887 189 

Les Pelleteuse, tavelai populaire hn ine ake, par Joseph 

KiNABLE 193 

Li Loi (T Quatre'i)ingt'Sept, scène populaire, par Félix 

PONOELKT 223 

Bapport sur le 1er concours de 1887. (Etude sur une 

corporation, etc.) 261 

Bapport sur le 2e concours de 1887 261 

Glossaire technologique wallon-français du Métier des 

Chandelons (fabricants de chandelles), par Joseph 

EjKABLB 265 

Glossaire technologique wallon-ôrançais du Métier des 

Bra«9eur9, par Joseph ElNABLE 293 

Bapport sur le 4o concours de 1887 (mots omis dans les 

dictionnaires) 321 

Bapport du Jury sur le 8e concours de 1887 831 

De Pinfluence du wallon sur la prononciation du français 

à Liège, par Joseph KiNABLB 333 

Table des matières 367 



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