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BULLETIN
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n,g,t,7.cbyGOOglC
BULLETIN
E ARCHEOLOGIQUE
DU FINISTERE
TOME XXV
1898
QUIMPEH
MPniMEHIlt CH. COTOKNEC, PLACE SAINT-COBENTIX. 54
n,g,t,7.cbyGOOglC
,yGooglc
nAAAV^^^.^VNA
LISTE GÉNÉRALE
DES
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU FIinSTËRE (Janvier 1898).
Pr^xidPtits i ^Sr I Evèque de Quimper et de Léon.
JtZ?ut M. le Préfet du Finistère,
a Honneur ( ^^ aSTOR, sénateur, à Paris (M. F.}
^résident : M. DU CHATELUER, château de Kernuz, par
Ponl-1'Abbé.
M. l'abbé PEYRON, chancelier-archiviste
del'Évêché(M. F.|
M. le docteur CORRE, 42, rue de la Mairie.
à Brest.
M. l'abbé ABGRALL, chanoine honoraire.
Vice-Président honoraire : M. TRÉVÉDY, ancien Président
* du Tribunal civil de Quimper.
/ M. BOURDE DE LA ROGERIE, archivisl*.
I M. LE BRAZ, professeur au Lycée de
\ Quimper.
Secrétaires. M. l'abbé FAVÉ, aumAnier de l'Asile
/ Saint-Athanase.
' M. JENKYN JONES, pasteur de l'Église
réformée, à Quimper,
mi'liolkécaire-Arckimste : M. BOURDE DE LA ROGERIE.
- Auxiliaire: M. SALAUN.
Trésorier: M. LE MAIGRE, directeur de la Société Le
Finistère, 15, rue Royale, à Quimper.
M . V signine membre [ondaleur.
n,g,t,7.cbyGOOglC
MM
L'abbé ABJEAN-UGUEN, vicaire à Plouvien.
Baron D'AMPHERNET, propriéUire à Versailles.
L'abbé ARHAN, vicaire à Saint-Sauveur de Brest,
ASHER, libraire, Unter den Linden, 13, Berlin (Prusse).
Comte AUDREN DE KERDREL, château de Keruzoret, par
Landivisiau.
AUDREN DE KERDREL, maire de Lannilis,
AVENEAU DE LA GRANCIÈRE, château de Moustoir-Lan,
par Pontivy.
AVRIL (Gustave), 2, quai de l'Odet, à Quimper.
LE BAIL, avocat à Quimper.
BEAU, directeur du Musée de Quimper, membre du Conseil
municipal.
BÉZIERS (René', négociant à Douarnenez.
BIGOT, architecte du déparlement [M. F.).
Le comte DE BLOIS. conseiller général, maire deCoal-Méal.
DU BOIS SAINT-SÉVRL\, inspecteur des postes à Rennes.
Le comte DE BOISSIER, à Châleaulin.
BONDUELLE, entrepreneur, conseillergénèral, à Concarneau.
DE LA BORDERIE (Arthur), membre de l'Institut, à Vitré.
Le Marquis DE BREMOND D'ARS MIGRÉ, conseiller géné-
ral du Finistère, président honoraire de la Société archéo-
logique de Nantes, au château de la Porte-Neuve, près
Pont- Aven.
BREST (le Maire de la ville de .
BRIOTDE LA MALLERIE,ancien maire dePenhars(M. K.).
M. GANET (Georges), à Quimper.
LE GARGIIET, percepteur à Audierne.
Le comte DE CARNÉ (Edmond), à Quimper.
DU CASSEL, au château de la Grivelliére, par Lassay
(Mayenne).
CAURANT, ancien député, au Faou.
L'abbé CÉVAER, recteur de Combrit. par Pont-l'Abbé.
n..,i,."r^,G00glc
MM.
DE CHABRE, avocal à Quiinper.
Le Marquis DE CHEFFONTAINES, an chAleau de Cheffon
taines, en Clofiars, par Bénodet.
CLARET DE LA TOUCHE, conlrùieur des Conlributions
directes à Qu imper.
DE COETLOSQUET (Maurice), à Hambervilliers (Vosges)
CORMIER, juge de paix à Fouesnant.
COSSET (Louis), notaire à VannPs.
COTONNEC, imprimeur à Qtiimper.
DANILO, négociant à Douarnenez.
Le Général DARD, 24, rue de l'Université, h Paris.
DEYROLLE, artisle-peintre à Concanieau.
DUBREIL (Charles), juge suppléant au Tribunal civil à
Nantes.
DU CREST DF, VILLENEUVE, à Quimper.
DULAU et C", 37, Soho-Square, Londres.
L'abbé EUZENOT, recleur de Cléguérec (Morbihan).
Mademoiselle FLEURY, château de Poulguinan, par Quimper.
L'abbé FLOCH, recteur de Locunolé, par Arzano.
GAIDOZ, direclenr s l'École des Hautes-Études, 22, rue Ser-
vandoni, Paris.
GAVERAND, juge de paix à Rennes.
LE GENDRE, ancien conseiller de préfecture, à Quimper.
GRAVELOTTE, étudiant en médecine, à Keradennec, en
Ei^ué-Armel, par Quimper.
LE GUAY, ancien juge de paix, au Cluyou, en Ergné-Gabéric.
Le Comte DE GUÉBRIANT, conseiller général, maire de
Sainl-Pol-de-Léon.
Le vicomte DE GUERDAVID, clitlteau de Keraël, Giierlesquin.
L'abbé GUILLARD, à Quimper (M. F.)
L'abbé GUILLOTIN DE CORSON, au château de La Noë. par
Bain-de Bretagne (Ille-et-Vilaine).
LE GUILLOU DE PENANROS (Joseph), à Penfoënnec, en
Poullan.
n,g,t,7.cbyGOOglC
10
MM.
LE GUILLOU DE PENANROS (Théophile), négociant à
Douarnenez.
LEGUISQUET (Stanislas), à Concarneau.
LE HARS (Théodore), inembredu Conseil municipalàQuimper.
HÉMON (Louis), député du Finistère, à Paris (M. F).
HERVÉ, commissaire adjoint de la marine, en retraite, à la
Vicomte, Plévenon, par Pléhérel (C.-du-N.|-
DE JACQUELOT DE BOISROUVRAY (Charles), à Quimper.
M"' la comtessse JÉGOU DU LAZ, au château deKerloguen-
nic, en Maêl-Carhaix (C.-du-N.)-
L'ahbé JÉZËGOU, vicaire à Ghàteaulin.
L'abbé JONCOUR.curé-doyen,dePlestin-les-Grèves(C.-du-N.l.
Le Comte DE KERANFLEC'H-KERNEZNE, au château de
Quélennec, par Mûr (C.-du-N. j.
Le Vicomte DE KERGRIST, au château deRohou, enCarantec.
DEKERJÉGU(James|, député du Finistère, à Paris.
Le Vicomte R. DE KERRET, au château de Qoillien, com-
mune de Brasparis iM. F.).
L'abbé KERSIMON, recteur de Ploumoguer, par Saint-Renan.
L'abbé KERUZEC, vicaire à Combrit.
DE LËCLUSE (Emmanuel), à Douarnenez.
DE LÉCLUSE-TRÉVOÉDAL (Amédée), industriel, maire
d'Audierne.
DE LÉCLUSE-TRÉVOÉDAL (Emile), à Audierne.
LEMOINE, loti, boulevard Malesherbes. Paris.
LEPRINCE, imprimeur, Quimper.
LORANS, président du Tribunal civil de Quimperlé (M. F.j.
I^OROIS, ancien député, à Saint-Maurice, Carnoët.
Le Commandant LE MAIGRE, à Fouesoanl.
LUNVEN, conseiller général, à Carhaix.
MALEN, ancien professeur, à Quimper (M. F.)-
MALHERRE DE LA ROISSIÈRE, à Ergué-Armel fM. F.).
DE MALHERBE, agent général de la G'» VUniun. à Quimper.
n,g,t,7.cbyGOOglC
11
MM.
L'abbé MILLOUK, ancien aumônier de la marine, à Plo-
névez-Porzay.
LE MOALIGOU, docteur-médecin à Quiiaperié.
MORCRETTE, ancien chef de division à la Préfecture.
MOREAU DE LIZOREUX (Stanislas,, à Quimper iM- F.}.
MORLAIX (le bibliothécaire de la ville de).
LE NOBLE, à Qnimper.
OHEIX (Robert), à Savenay |Loire-Inférieure|.
PABAN, rédacteur en chef du journal Le Finistère.
L'abbé PENNDU, vicaire de Saint-Mathieu, à Morlaix,
DU PERRAY, à Quimper.
Dorteur PILVEN, à Quimper.
POCQUART-KERVILER, ingénieur en chef des ponts et
chaussées, à Saiut-Nazaire (M. F.).
PORQUIKR (Adolphe», maire de Quimper.
DE POULPIQUET DE BRESCANVEL (Césaire), au château
de Tréfry, par Quéinénéven.
PUIG DE RlTALONGi (Gabriel}, 31, rue Royale, à Tours
|I ndre-et- Loire) -
E. PUYO, ancien maire de Moriaix.
Abbé QUIDELLEUR, chanoine titulaire de la Cathédrale,
Quimper.
DE RAISMES, ancien sénateur, au château du Zachz, en
Guilligomarc'h.
Comte DE RËALS, au chàleau de Toulancoat, en Rosnoën,
par Le Faou.
RICHARD (Amédée), receveur de l'enrefïistremeiit en retraite,
à Chàteauneuf-du-Faou (M. F.l.
Comte DE ROSMORDUC, au manoir de Coairomarc'h, par
Plestin-les-Grcves iC.-du-N.).
ROUSSIN, au château de Keraval, en Plomelin (M. F.).
LE docteur ROUXEAU (Alfred), ancien interne ries hôpitaux
de Paris, à Nantes.
n,g,t,7.cbyGOOglC
12
MM.
ROY, receveur municipal à Quknper.
DE LA SABLIÈRE, au château de Lanniron, près Quimper.
Comte DE SAINT-LUC, ancien député du Finistère, au Guil-
guiten, en Landudec.
L'abbé SALAUN, chanoine à Quimper.
SALZAC, percepteur à Clisson (Loire-Intérieure).
SÉBILLOT (Paul), boulevard Saint-Marcel, 80, Paris.
SOUDRY, avoué à Quimper (M. F.).
L'abbé STÉPHAN, recteur de Plounéour-Trez.
QUIMPER (te Siipéi+eur du Grand-Séminairej.
DE TONQUÉDEC (Henri; à Morlaix.
L'abbé TOULEMONT, chanoine à Quimper.
L'abbé TRAON, vicaire, Pleyben.
VELLY, ancien notaire, à Pleyben.
VILLARD, photographe à Quimper.
DE VILLIERS, architecte, Quimper.
Vicomte DE VILLIERS DU TERRAGE, inspecteur général
des ponis et chaussées en retraite, au chAleau de Ker-
minihi, par Rosporden,
DE VUILLEFROY (Georges), au château de Kerbirinic, en
Gombrit.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Échanges ou Service gratuit.
Académie des Histoires el Anliiiuilés, -A Stockholm (Suède).
Annales de Bretagne, Rennes.
Bibliothèque Nationale, Paris.
Bibliothèque de l'Institut de France.
Bibliothèque Mazarine.
Dom PLAINE, bénédictin à Silos, par Bur^os (Espagne).
Secrélaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions el Belles-
Lettres, à Paris.
Société archéologique d'HIppoiie (Algérie;.
Société des Antiquaires de Picardie, Amiens,
Société archéologique de Bordeaux.
Société archéologique de Bruxelles.
Société archéologique de Nantes.
Société archéolt^ique d'IlIe-el-Vilaine, Rennes.
Société d'Émulation des Côtes -du-Nord, Sainl-Brieuc.
Société d'Études historiques et géographique de Bretagne,
73, faubourg de Fougères, Rennes.
Société archéologique des Gôtes-du-Nord, Sainl-Brieuc.
Le Directeurde la Socié té Française d'archéologie à Compiégne.
Société Polymatique du Morbihan, à Vannes.
■ Société académique de Brest.
Le Journal des Savants.
Le Directeur du Musée ethnographique du Trocadéro, 28, rue
Mazarine, Paris.
Bibliothèque communale de Quimper.
Revue historique des Provinces de l'Ouest, rue d'Argentré,
Nantes.
Société d'Études scientiliques du Finistère à Morlaix.
Société académique d'Aix (Bouches-du-Rhône).
Dgilir^hyGoÔglC
u
Société historique elarchéologiquedeCiiâleau-Thierry (Aisne).
Société académique de Saintes.
Société archéologique de Belfort.
Société archéologique de Saintes.
Société archéologique d'Angers.
Revue des Traditions populaires., Paris.
Revue des Sciences naturelles, 14. boulevard Sainl-Germaio,
Paris.
Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, 1, rue Royale,
Nantes.
n,g,t,7.cbyGOOglC
PROCÈS-VERBAUX
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,t,7.cbyGOOglC
SÉANCE BU 27 JANVIER 1898
Présidence de H. le Cbanolna PBTRON, Vice-Pr6sident
Étaient présents : MM. le chanoine PEYHÛN,
DU CREST DE VILLENEUVE, LE MAIGRE,
LEPRINCE, FAVÉ, BOURDE DE LA ROGERIE.
M. du ChuteUier, retenu à Carhaix par les fouilles
qu'il fait exécuter dans la nécropole de l'ancienne
cité Romaine recouverte par la ville actuelle, exprime
à ses collègues tous ses regrets rie ne pouvoir assister
à la séance et les assure du plaisir qu'il aura à leur
donner prochainement la primeur de ses découvertes.
Ouvrages reçus pour la Bibliothèque :
Jean Lemoine : La révolte dite du papier timbré
ou des bonnets rouges en Bretagne en M7.0, Paris et
Rennes, 1898, in-8'.
Bulletin de la Société académique de Brest,
tome XXII, 1896-1897.
Journal des Savants, n" do novembre et décembre
1897.
Revue historique de l'Ouest, n" de novembre et
décembre 1897.
Bévue populaire des Beaux- Arts, n°du 1 1 décembre
1897.
L'ordre du jour appelle la nomination de deux
membres de la Commission de comptabilité en
remplacement de MM. Guépin et Serrot, décédés.
MM. du Crest de Villeneuve et Leprince sont élus,
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ Il •
M. du Cff)xt de ViU(fncni-(! rend c.ompto de TtHude
(le M. Lemoine sur lali^'KoUc du pfipip.y thnhrn. Lo.-^
membres présents à la rôunion s'associent à l'ologe
qu'il fait do ce livre excellent.
M. iabbé F'avé lit ensuite une notice sur Un procès-
verbal de.s prééminences et droits honorifiques h
Landréofirzec et à Qiiillinen en If/tS, et le mémoire
de M. le chanoine Abgrall, intitulé : Le mobilier
arlisliffue des églises bretonnes.
La séance est levée à quatre heures.
La Vice-Présidant,
Chanoine PEYRON.
Le ^ecrélnire,
H. BOUlïDB DE LA RO(JERIE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
MELANGES & CdMI'TES-REBUS
U Sirsiti dlti II Piplir Tinlirt oi lis Bmiits Rbhih » Brettiu
en B75
fXH M. J. I.KMOINH.
M J. Lemoiiie, luul liernièreiiieiit encore iireliivisle du
(tépartement du Kiiiislne el Fiésident de nolve Société, vietil
de réunir en un volume les études déjà parues dans los
Annales de Bretagne, sous œ tilre: » La Révolte dite du
pallier limbré ou des Bonriels rou^^es en Bretagne en 1(17.') n.
M. de la Borderie avait en ISSidéjàpubl é un récit complet
des événements de la haute Bretagne, mais il n'avait pu donner
beaucoup de détails sur la Jaci]uerie <|ui avait ravagé une
partie de la basse Bretagne à la même époque. Depuis lors,
certains chercheurs avaient soulevé un coin du voile; à
M. Lemoi ne était réservée la bonne fortune de mettre la main
sur des documents nouveaux |iermeltaut de compléter cette
Iragiiiue histoire. Il les apporte au public eu les faisant pré-
céder d'un tableau rapide des événements tracé de main de
niattre.
La preiniàre partie : Historique des événements, est divisée
en six chapitres-.
Lo premier traite des causes l't du caractère de la rérolle,
,>l de l'élat des snurci's.
n,g,t,7.cbyGOOglC
IV
Comme causes, M. Lemoine indique d'abord l'Êdil de IB73
élablissanl l'obligalion du papier timbré, ceux de 1(>73 concer-
nant la marque de l'élaiti et le monopole du tabac. Ils lui
paraissent expliquRr suffisamment les séditions de Rennes et
de Nantes Pour la première de ces villes la présence des
■ troupes.royales dans son enceinte privilégiée portera l'exas-
pération à son comble. Quant au soulèvement des paysans
b B t , il en trouve d'autre^ causes encore dans la mul-
pl é d s petites juridictions et les abus commis par les
jug nf eurs et gens de chicane. Il est certain que l'exer-
ce 1 la j istice était bien compliqué, fort défeclueux, et que
1 ntlu es l'entravaient souvent. M. Lemoine insiste par-
ticulièrement sur les vexations I abituelles dontsoulTraienl les
paysans de la part de leurs seigneurs. Il appuie cette opinion
sur le rapport de Charles Colberl, frère du ministre, envoyé
par celui-ci quelques années auparavant pour étudier l'état
de la province qu'on voulait tondre à merei en raison de sa
prospérité connue.
Nous nous permettrons de faire beaucoup de réserves sur
les allégations de Charles <:»lbert, notamment en ce qui
concerne les accusalinns contre ta noblesse bretonne.
Nous conviendrons volontiers <pie certains seigneurs abu-
saient de la corvée, que quelques-uns avaient des habitudes
d'intempérance, mais il est loujoui's injuste de généraliser.
Nous savons par des documenls de cette époque que les paysans
cornouaillais, presque tous colons convenanciers, étaient
pour la plupart cla:is une situation aisée. Enfin nous
connaissons l'hostilité des Colbert contre les privilèges de la
Bretagne, défendus avec àpretê par les Etats, et conti'e les
idées d'indépendance qui enqiécliaieiil encore à celle é(Kique
n,g,t,7.cbyGOOglC
_ V —
îjfaiicoup lie genlilshimunes de servir le Hoi de l-'rance. Le
duc de Cliaulnes parle bien aussi de la hainp des paysans
contre leurs seif^neurs, mais il ne pouvait vis-à-vis de Colbert
Irup accuser les Edits dont celui-ci élail l'auteur. Du reste il
y eut en somme peu de manoirs attaqués par les paysans i|ui
visaient encore plus les vilies, pillèrent Cartiaix etPontivy. et
s'apprêtaient à saccager Quimper et Morlaix. Une lecture
altentive de docnments publiés par M. Lemojne nous a
confirmé dans ce sentiment. i)ui est celui de M. de ia Bor-
ilerie. Les paysans virent surtout dans les genlilshommes les
agents du Roi et du duc de Cliaulnes et, suivant leur langage,
des « gabelenrs » Il faut remarquer qne certains seigneurs
maftrail^s par eux étaient notoirement bienfaisants. Notre
conviction est que la révolte assez naturelle contre les Rdits
du Roi de France prit les proportions d'une Jacquerie grâce à
la surexcitation de tous les mécontentiîmenls et de tous les
appétits par des meneurs qui pensaieni pouvoir proliler du
liésordre.
Comme sources, M. Lemoine indiijue en premier lieu l'ou-
vrage de M. de la Borderie ; la correspondance administrative
générale u à laquelle, dit-il, se trouvent mêlés à des titres
divers M, Pomponne, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères,
qui avait dans son département l'administration de la provinw
de Bretagne ; Colberl pour les affaires de police el l'application
des nouveaux Edits ; Loiivois et Seignelay, en ce qui concerne •
la répression des {roubles » ; tes comptes et délibérations des
villes déjà utilisés par M. de la Borderie, M. Ropartz et M,
Lu/el ; les documenis judiciaires nombreux et déjà coimus e'i
partie par les soins de queiques chercheurs ; certains mémoi-
res et récits contemporains.
Dgilir^hyGOOglC
VI ■
Le chapitre second nous eiilretienl des premiers troubles
de Iteniies promptement réprimés gnlce au sang-froid iX à
l'énergie du lils du gouverneur, M. de Ooëtlogon, qui, en
l'absence de son père, réunit (|ueli|ues gentilshommes ^l
dispersa les m'ïitins; de la fermentation de SainL-Malo. ui'i
les 2.000 marins, sur le point de partir pour Terre-Neuve
allaient commettre les plus grands désordres sans la sagesse
et la fermeté de l'évéque de Saint-Malo, M. de Guémadeuc :
des émeutes de Nantes, de cette femme appelée l'Eveillonrn',
t|iii y joua un rôle ardent, et de l'arrestation de l'évëtiue île
Nantes par les émeuliers.
Le chapitre troisième nous donne des détails précis sur la
répression des troubles de Nantes. Le duc de Ghaulnes y
arriva le 22 mai, avec le nouveau gouverneur de cette ville,
le marquis de Lavardin. Des troupes assez nombreuses étaient
attendues. Nous voyons tout de suite le duc de Ghaulnes atté-
nuant dans la mesure du possible la rigueur des ordres qu'il
recevait du terrible Louvois. Dès le 28 mai tout était pacilié
et les bureaux des commis étaient rouverts.
Le duc se rendit ensuite à Rennes et les troupes commen-
cèrent à y arriver, mais en trop petit nombre. Leur présence
exaspéra toute la ville. Le duc de Ghaulnes fut insulté. Sa
femme courut de vrais dangers. Il 'pouvait appeler les troupes
de Nantes et rétablir l'ordre les armes à la main. Il est cer-
tain que la bourgeoisie pactisait avec le peuple. G'eût été un
vrai massacre. Le duc de Ghaulnes défendit aux soldats de
tirer, supporta toutes les insultes et préféra temporiser. Il
résista formellement aux ordres de la Cour remettant à une
époque où l'importance des forces ,dont il disposerait, le
dispenserait de verser le sang.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- VII —
Dans le chapitre (|ualrième, nous Irouvous le conimeiioe-
ment des troubles de lasse Brelagne. le récit des iricideals i!p
Chàleauliii et de Guingamp, du sac du manoir de la Bouexière
où les paysans recherchaient les gabeieurs, la fermentation
des environs de yuimper, le soulèvement des gens de Conibril ,
l'assassinat de M. de Kersataun. M. Lemoine reconnaît deux
foyeis d'insurrection : les environs de Quimper et ceux de
Carliaix. Il nous entielient du rôle du marquis de Nevel, lieu-
tenant du Roi en remplacement du marquis de la Coste,
blessé dans l'émeute de Châteautin, de la mission du Père
Leforl, supérieur du collège des jésuites de Quimper, char^^é
par le duc de Chaulnes de parcourir les paroisses des envi-
rons de Quimper où il était fort connu : de la rédaction de ce
yu'on a appelé le Code paysan, soMe de programme des
mutins adopté par quatorze paroisses entre Douarnenez et
Concarneau, déjà publié par M. de la Boi-derie; de l'arrivée
du duc de Chaulnes à Port-Louis et de quelques troupes à
Quimperlé dont la menace, avec l'action du marquis de Nevel .
et celle du Père Lefort, maintint ta basse Cornouaille.
Le chapitre cinquième continue l'historique des soulcve-
inenls de la Cornouaille et particulièrement celui des événe-
ments qui ensanglantèrent les environs de Carhaix.
M. Lemoine a pu enfin nous donner une véritable biographie
(lu chef des révoltés, Le Balp, sur lequel on savait si peu de
cfiose et dont la mort n'était pas connue. Il nous peint admi-
rablement ce jeune notaire royal de 30 ans, fils d'un meunier
ruiné et voleur, ayant déjà fait toutes sortes de métiers,
commis des faux, détenu successivement dans les prisons de
Morlaix et de Carhaix, mais inlelligeni et énergique, qui avait
pu soulever 30.000 paysans et demeurer maître du pays peri-
■yGooglc
VIN
liant les deux mois de juillet etd'aofiL M Lemoine raconte
successivement les iiillages de Carliaix, le sac du Kergoiîl, les
ravages de Gallac, de Latigoiinel, rie Maêl-Peslivien, rie Ker-
Î(rist-Moeliou, de Pontivy, de Maël-Carhaix, de Lanveriegen
et Duault.
Nous sommes arrivés au 17 jiiillel. A Rennes une nouvelle
sédition agitait la ville. Les insur^iés de basse Bretagne clier-
cliaienl à s'entendre avec les Hollandais dont les vaisseaux
croisaient sur les côtes. La sîluation était grave. Mais le duc
<le Ciiaulnes avait en ce moment sous la main les troupes
iii>]il il avait besoin et il allait marcher sur Carliaix devenu le
yeul foyer de l'insurrection. .Auparavant il tenta encore d'a-
paiser les esprits par des missions religieuses et il fut ici
secondé par le saint Père Maunoir ainsi que par un mission-
naire envoyé par l'Evêque rie Saint-Malo dont le nom malheu-
reusemenl n'est pas donné datts la correspondance de ce prélat.
Le marquis de Nevet, le maripiis rie Montgaillard, qui habitait
le cbAleau de Tymeur près rie Carhaix, agissaient également,
lant par de bonnes paroles qu'ils faisaient porter aux mutins
i|u'en cherchant à réunir autour d'eux les gentilshommes de
leur région pour organiser une résistance. L'un et l'autre
entrèrent même en relation avec Le Balp et entravèrent
plusieurs fois ses projets. Montgaillard était à peu près
prisonnier dans son chiSteau. Le Balp avait fait prisonniers
quelques genlilhomuies qu'il avait forcés à prendre ries habits
de paysan et qu'il prétenriait coniraindre à servir de clfefs à
ses bandes. Il voulait que Montgaillard, ancien colonel du
régimentde Champagne, prit le commandement pour marcher
sur Morlaix. .Montgaillard malgré ses menaces résistait. Le
Ralp, furieux de ces refus et d'avoir été plusieurs fois joué
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IX
par lui, atlait le taire massacrer ainsi (|iip son frère, quand
ce dernier, saisissant une éfiée, la lui passa au travers du
corps. Des paysans du Tymeur, lidèles à leur mailre, se
jetèretil dans ta foule des mulins, qui, démoralisés et pris de
peur, se débandèrent. Il n'y eut point de combat ni de mas-
sacre de paysans ainsi qne l'ont cru certains historiens.
L'insurrection étail terminée, mais le trouble était encore
grand partout.
Les crimes commis appelaient nu cbâlinieiU. C'est à cette
lâche que va s'appliiguer le duc de Chaulnes.
Le chapitre sixième nous donne de grands détails sur la
répression et l'amnislie. M. I.emoine a pris à ISchede relia-
bililer le duc de Chaulnes accusé jusqu'ici de froide et impi-
toyable cruauté. Madame de Sévigné, par .ses plaisanteries
d'un goùl douteux, sur les chàliments inlligés aux mutins,
le duc de Chaulnes lui-même dans sa correspondance ont
contribué à établir cette réputaiion de bourreau sanguinaire.
Nous n'hésitons pas à dire que nous partageons entièrement
l'avis de M. Lemoiue. Le duc de Chaulnes était dans une
situation extrêmement dilhcile e:ilre les ordres sévères <'e
Louvois, la nécessilê de punir les meneurs et celle non moins
grande d'apaiser des populations à la tète chaude, très
sure.xcitées, que des rigueurs inutiles n'auraient fait qu'e.xas-
pérer davantage Nous avons vu les mesures conciliantes qu'il
prit tout d'abord pour amener les paroisses à déposer les
firmes En somme la répression pour celle-ci consista à saisir
les armes, à descendre les cloches, à raser quelques clochers
de paroisses plus compromises et à les forcer à réparer les
dommages causés. Il est certain qu'on pendit un certain
nombre de meneurs. Mais la plupart de ceux-ci passi'-rent eji ju-
n,g,t,7.cbyGOOglC
\
ji;eineiil et fiirenl rii^iilim'enient condiimnés |)aj' lu i:oiii mission
siu'ciale, ([ue prt'sidait M. di' Marillac, ou |iar les Inbunaux
nn!i:iiiires. Reanciiiip (i'aiilrps fiircnl simplRiiieiil pnvoyésaiix
(jalùi'es. Vraiiiienl If goiivenieiir île Brelagix; |imir le Hoi lie
France |i(»uvail-il fain; tiuiiiis après une semblable insurrec-
lloi] ? Nous avons du resle un lémoignage irrécusable dans
le justement du Père Maiiiioir ([iii avait assisté cl collaboré à
la répression elipii écrivait: " J'admirai dans celle expédilion
la clémence el la fernielé, la justice et la sa^iesse de M. le duc
de Cliaulnes Je compris ijue Dieu communiquait le don tie
Conseil à ceux (piH destinait au commandement. »
La ville de Rennes fut. en revanclie, cruellement frappée.
(i.OOO hommes de troupe roecupèrpiil et furent logés et nourris
chez l'habitant pendant près d'un mois. Le faubourg de la nie
Haule, principal siège des émeutes, fut démoli et ses babi-
lanls furent chassés de la ville. Enlin, le Parlement fut e.\ilé
à Vannes où il resta de longues années. On comprend facile-
ment la haine Iraditionnelle des Rennais contre celui qu'ils
avaient surnommé le « gros coelion ».
M Lemoine termine par ces mots tpii résument toute sa
pensée sur le rôle du duc de Chaulnes. " Ainsi donc, au bout
de i|ueh(ues mois, la lran(|uillité était ilélinitivemeut rétablie
eu BrelHfine, l'aulorilé du Iloi aiîermieet l'exécution des nou-
veaux Edils assurée. Pour quiconcjue a suivi avec altenlion
les diverses manifestations de celle révolte, il est impossi-ble
de ne pas reconnaître les ([ualités déployées par le duc de
Chaiilnes en ces circonstances et la gravité des maux tpie sa
politique prudente el ferme sut éviler à la province et au
rovaume tout entier, n
n,g,t,7.cbyGOOglC
xi
LaiJeiixi('ii)i^|)c)rIJeilii voluuiecoiilîeiil les liociuneiils classés
en trois calt^gories, d'après leur origine eL leui' nature : cor-
respondance, admiiiislralive générale, comptes eldf'tlîbêralions
des villes, documents judiciaires, mémoires et documents
divers.
La première catégorie est de bi^aucoup la plus importante
et contient un très grand nouihre de lettres et dép(K;hes.
Toutes sont très précieuses et précisent neltenienl les rôles
du gouverneur, des agents i|u'il ei]ii)loie, des collaborateurs
auxquels il fait appel ou (|ui lui ollrent leurs services. Citons
en particulier la dépêche du duc de Chaulnes à Colberl
n" LXXX, la lettre de l'intendant de la marine à Brest, du
Seuil, no LXXXIV, la lettre de l'évéque de Sarnl-Malo à Gol-
.bertn"XClIi.
Dans la seconde caté(;;orie signalons tout ce (|ui concerne
l'action du marquis de Monlj^aillard et la mort de Le Balp.
Dans la troisième, M. Lemoine cite des extraits des gazettes
de France, d'Amsierdam, de Bruxelles et de Londres sur les
événements.
On ne saurait trop féliciter M, Lenioine d'avoir pnilité de son
trop court séjour au.'î archives de Quimper pour tnener à bien
ce travail si complet. Il a jiu dans le même temps retrouver
au ministère de la guerre et à la Bibliothèque nationale un
grand nombre de documents qui n'étaient pas connus et qui
lui ont permis, en complétant l'histoire des événements, de
remettre au point la ligure du duc de Chaulnes que les Bretons
ne sauraient silrcment porter dans leur ci-ur, mais auquel il
faut pourtant rendre justice.
Les qualités littéraires de l'o'uvre de M. Lemoine ne le
cèdent en rien à sa valeur historique et, en lui rendant hom-
n,g,t,7.cbyGOOglC
- kll -
luii^fï, tKitisH\|)riiiiuiis lefeniii? es)ioJr que suii i-écenl uttache-
nienl au minisière de la Guerre lui facilitera de nouveaux
travaux qui coulirmeroDt la place distinguée prise déjà par
lui parmi nos jeunes historiens.
R. DU CREST DE VILLENEUVE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SEANCE BU 24 FÉVRIER 1898
Prâaideace de H. P. DU OHATELUER, Présideat.
Étaient présents : MM. DU GHATELLIER, le
chanoine PEYRON, LE MAIGRE, DU CREST DE
VILLENEUVE, le chanoine ABGRALL, labbé ^'AVÉ,
l'abbé KERUZEC, JENKYN JONES, BOURDE DE
LA ROGERIE.
Publications ofrertàs à la Société :
Recueil de la Commission des arts et monuments
historiques de la Charente-Inférieure ; bulletin de
janvier 1898.
Revue des Sciences naturelles de l'Ouest; bulletin
de mars-avril 1897.
Annales de Bretagne; numéro de janvier 1898.
Société d'Emulation des Côtes-du-Nord ; tome
XXXV (1897). M. Bourde de la Rog^^rie signale à
l'attention des membres de la Société plusieurs études
contenues dans ce volume qui sont intéressantes pour
l'histoire du Finistère, P. du (Jhatellier : Exploration
sur les montagnes d'Arrhées et leurs ramifications.
.yGoogIc
— XIV —
p. Hémon : La Révolution en Bretagne. Notes et
documents. François Ùelaizire (suivi de notes sur
F.-M. Allain de Launay et F. Abgrall). Soymoup tle
Ricci ; Répertoire épigraphique de la Bret&gne
occidentale et en particulier des Côtes-du-Nord.
L'aateur de ce dernier travail annonce qu'il le com-
plétera en ce qui concerne le Finistère par une note
qui doit paraître dans un an. Il est à souhaiter qu'il
reçoive de nos confrères les communications et les
observations qu'il demande et qui lui permettront de
dresser un répertoire aussi détaillé et aussi complet
pour notre département que pour les Côtes-du-Nord.
M. le Président donne lecture de la lettre suivante
de M. le D' A. Corre :
Bresl, le 9 février inys.
Monsieur le Président,
L'êloignemenl où je me trouve du centre de la Société d'ar-
chéologie ne me permet pas de suivre la marcbe de ses travaux
avec tout le S9in et l'intérêt que j'eusse désiré apporter et
tfiie me parait comporter la foDction de vice- président.
J'ai donc l'haiioeur de vous prier de vouloir bien traiis-
metlre à la Société ma démission de vice-président, en même
temps que je remercie mes oûilégues pour l'honneur qu'Hs
o.il daigné me faire en me décernant ce titre.
,yGooglc
Veuillez agréer. Monsieur le Président, l'assurance de ma
cônsidéraittrti très distinguée,
D^ A. CORRE.
Les instances les plus pressantes tentées auprès de
notre collègue pour le faire revenir sur sa déter-
mination étant restées inutiles, M. du Chatellier
exprime les regrets que lui cause, ainsi qu"à nos
eOnlVères, cette détermination. M. le D"" COrre, ajoule-
t-il, esl l'uh (ies membres les plus actifs de la Société.
La pari qu'il a prise à hos discussions, ses intéfes-
sântes communications insérées dans le Biillelin ont
eu la plus heureuse influence sur le développement
de la Société archéologique du Finistère. En l'élisant
vice-président, nos confrères avaient voulu lui mar-
quer leur affection et leur estime. Tous auraient désiré
qu'il conservât ce litre qu'il méritait si bien.
M. (lu Chatellier propose qu'en témoignage de nos
regrets et de notre constante sympathie, la place de
vice -président abandonnée par M. le D' Corre soit
laissée vacante. M. du Crest de Villeneuve appuie
chaleureusement cette proposition qui est adnlise à
l'unanimité.
M. le h' Cotre conservant le titre de membre de
iiotre Société, M. le Président espère qu'il voudra
bien nous continuer l'envoi do ses communications si
appréciées de tous.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XVI -
M. l'&bbé Favé lit une lettre de M. le Maire de
Carliaix auquel on avait transmis le vceu émis par la
Société archéologique dans sa séance du 28 octobre
1897. M. le Maire envoie un extrait du registre des
délibérations du Conseil municipal, séance du 10
février 1898 :
" M. le Maire donne leclure au Conseil d'une lettre de M.
H le Secrétaire de la Société archéologique du département
« du Finistère et d'un extrait du Procès-Verbal de la séance
(1 de cette Société tenue le 28 octobre 18!)7, demandant que
a M. le Maire de Carhaix veuille bien s'intéresser à la eonser-
(I vation de la section d'aqueduc qui est visible du côté Est de
(1 la ville et souhaitant qu'une grille protégeât ce reste curieux
« de l'époque romaine contre toute dégradation ou accident
<( regrettable.
H Le Conseil reconnaissant le bien fondé du vœu émis par
<i la Société archéologique du Finistère, déclare qu'il consent
(I à ce qu'une grille soit placée près de l'aqueduc en question
« alin de le proléger contre tout accident, mais à la condition
M que ladite Société participera pour moitié dans l'achat et
« le placement de cette grille, h
M. du Chatellier et M. le cha.noine f'eyron
observent que les ressources de la Société ne lui per-
mettent pas de se charger de cotte dépense et proposent
que la délibération du conseil municipal de Carhaix
n,g,t,7.cbyGOOglC
— XVIl —
soit transmise à la Commission des monuments histo-
riques qui sera priée de contribuer aux frais dont la
ville de Carhaix ne consent pas à être chargée seule.
Cette proposition est acceptée.
M. du Ci'est de Villeneuve communique au nom
de la Commission de comptabilité, les comptes de Wt
Société pour l'année 1897. (Annexe au Procès- Verbal.)
M. Itourde de la. Rogerie lit ensuite une très inté-
ressante communication de M. le D'' Corre : /<es
anciennes corporations brestoises (suite), les maçon»,
les charpentiers et lei couvreurs.
M. du Crest de Villeneuiie lit l'étude de M. Tré-
védy : Pont-iAbbé et Pont-Chateau aux Etats de
Bretagne,
•W. iabbé Abgrall continue la lecture de son
mémoire ; Le mobilier artistique des églises bre-
tonnes.
M. du Chatollier lit une notice de M. Aveneau de
la Lîrancière ; Statuette en bronze du dieu Pan,
découverte k Elliant.
M. du Chatellier observe que l'on ne peut fixer
avec certitude le nom de la commune où a été trouvée
cette statuette. Le martihand qui a dit à M. de la
(jrancière qu'elle avait été découverte à Elliant a
aflîrmé à M. du Ghatellier qu'elle avait été trouvée
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XVI! I —
à lîrguç-ATniel et 4 un autrio client sur le Monl-
Krttgy
La séance e^t lovée « ^inq heufes.
Le Président,
P. hV CHATELLIEH.
Le Socrétaire,
II. BOURDE DE LA ROGERIE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
InlnlnSiclIttini
ul"|iRtorim:i34
1 n nlirl
Société ArefeéftIofTqBe du Pintstère
Exercice !»•«
RECETTES,
. Colisations des Sociétaires pour 189T .... 13311 ii
. Reliqiwt de feiercic* 1896 1517 92
. Manitat préfectoral.- , 200 »
. Vente de 3 tomes des bulletins 15 u
, Vente de 2 collections compTèties 148 »
. Vente de 50 ca [aloses à 0 fr. 75 : 37 &-.50 ;
1 grande photographie 2 fr. 75, 2 pe-
tites Ifr. 75 : 3 fr. 50 43 7»
. Vente de 2 cartulaîres 11 »
. Souscriptions pour le buste de U. LuesI
(fin) 95 »
. Souscriptions pour le buste de H. de la
Villemarqué 548 »
DÉPENSES.
. Port de collection de bulletins à M, Loth . 1 65
. Payé à M. Beau, directeur du musée, pour
transports du buste de M. Luzel 7 m
1. Payé à M, Hector Lemaire, commande du
buste en bronze de M. Luzel 1500 »
,. Payé à M. Le Bras pour 1000 plans auto-
grahiés 53 i>
>. Payé traitement 1S97 à H. Salaân, aide-
biblioihécarre 60 »
i. Payé à H. Le Febvre, libraire, brochage
de 65 bulletins 1897, à 0 fr. 20 13 »
'. Payé â M. Colonncc pour impressions
diverses 1546 95
I. Payé aux concierges pour préparation de
la salle des 11 séances ' 11 n
I. Reteou par le trésorier pour atTrancbisse-
ment de lettres et bulletins 78 10
I, Retenu par le trésorier pour ses honoraires
1897 200 H
En caisse chez le trésorier
Avoir à la caUse d'épargne
Total formaol l'actif de la Société
.,Googlc
Certillë par le trésorier soussigoê.
Qiiimper, ie 85 février 1898.
Signé : A. LE MAIGRE.
Vu et approuvé par les membres de la Commission nommée par
le bureau pour procéder à l'exaineu de la Térificatiou des comptes
de H. Le Mai^, trésorier de la Société arcbéologiqne du Finistère.
Onimpef, le 25 février 1898.
Le Préfident.
Signé : DU CHATELUER
Lu Membres de la Communion,
Signé : DU CREST DE VILLENEUVE,
A. LE BRAZ,
LEPRINCE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SEANCE DU n MARS 1898
Présidence de H. P. DU OHATELUBR, Président.
Étaient présents : MM. DU CHATELLIKR ,
PEYRON, ABGRALL, FAVp!, DU CREST DE VIL-
LENEUVE, LE MAIGRE,JENKINJONE^ BOURDE
DE LA ROOERIE.
Ouvrages offerts à la Société :
Annales de la. Société historique et archéologique
■de Château-Thierry, année 1896.
Journal des Savants, fascicules de janvier et fé-
vrier 1898.
Bulletin du comité dos sociétés des beaux-art^
■des départements, 1" mars 1898.
Le Clocher breton, mars 1898.
Annales de la Société archéologique de Bruxelles,
tome XII, livraison L
Bulletin de laSociété des Antiquaires de Picardie,
année 1897, n°' 1 et 2.
Mémoires de l'Académie royale de Stockholm,
189 'i.
Revue historique de l'Ouest, livraisons de janvier
et février 1898.
Bulletin archéologique du comité des travaux
liistoriques et scientifiques, année 1896, 3' livraison.
Mémoires de la Société des Antiquaires de Pi-
cardie, tome XIV ; cartulaire du chapitre de la cathé-
drale d Amiens.
Aveneau de la Grancière : Lus rouelles gauloises et
les Cusa'ioles en plomb du Morbihan {mémoire pré-
senté au Congrès de l'Association bretonne à Rennes
en 1897).
A. du Chatellier : Evêché et ville de Kemper.
Paris 1888, in-f.
n,g,t,7.cbyGOOglC
M. Bourde de ia Bogerie fait remarquer que plU'
Meurs articles publiés dans des revues étrangères à la
Bretafrne sont cependant utiles à consulter pour l'his-
toire de cette province; on lira avec fruit dans les
annales de la sociét4 historique de Château-Thierry
l'étude de M, Moulin sur le conirrès archéologique de-
Morlaix et de Brest en juin 1896 et dans lo bulletin
du comité des travaux historiques le rapport de M. de
Lastcyrie sur les fouilles de Saint-Similien de Nantes,
et la notice de M. Maitrcsur Téglise de Saint-Phi Ibert
de Grandiieu.
M. du C/iaieliter donne lecture du passatre suivant
d'une lettre qu'il a reçue de notre sympathique col-
lègue M. 1© docteur Corre :
(( .... Je crois de mon devoir de vous témoigner, à vous et
à la Société, toute ma gratitude pour la façon dont vous avez
bien voulu recevoir ma démission de vice-président.
« Non certes, je ne me désintéresserai point de la Sociél* ;
je serai toujours heureux de continuer avec tous ses membres
des relations sympathiques. »
M. du Chatellier et ses collègues remercient M. le
docteur Corre de cette nouvelle as.suranco de son con-
cours.
M. du C'-exl de Villeneui-n rappelle qu'au mois de
novembre 1897, la Société a décidé de proposer à la
Société historique et archéologique du Maine l'échange
de nos publications. Cette demande n'ayant pas reçu
de réponse, M. du Crest de Villeneuve propose qu'on
la renouvelle en rappelant à la Société du Maine qu'ert
1879 elle nous avait adressé une demande analogue.
Cette proposition est adoptée.
M. du Chatellier lit une lettre de M. Cartailhau,
, demandant des renseignements sur des vases en terre
cuite trouvés dans les environs de Quimper et décrits
dans une communication adressée au Ministère de
l'Instruction publique, en 1874, par M. le docteur de
Gîrardot, de Nantes. Ces vases étaient à cette époque
conservés à Lorient chez M, Rustuel, économe de-
l'hospice.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- xxin -
Aucun (les membres présents n'ayant eu uonnais-
sanue de cette découvi.Tte, M. Tabbé Abgrall veut bien
se charger de rechercher ce queces vases sont devenus.
M. du Cre«t de Villeneui-e qui vient de procéder
au récolement de la bibliothèque de la Société observe
que les rayons où sont placés nos volumes sont
devenus insufTïsanIs. La Société décide <|u'tme somme
de 100 francs sera consacrée à l'aménasjement ■d'un
nouveau corps do bibliothèque.
M. l'abbé Goazifuen, curé doyen de PloBescat,
présenté par MM. les chanoines Ab^rall et Peyron,
est admis comme membre de la Société.
M. du Chatellier lit une communication de M, le
comte de Kerdrel :
FOUILLE D'UN TUMULUS
situé dans les bois de Eeruzoret (PlouTom).
Ce tumuliis mesure 20 mètres à sa base sur 4 moires de
haut. Au mois de janvier 1898, j'ai pratiqué dans son dia-
mètre une lai^c tratichée en suivant le niveau du sol. Près
du centre ta terre fut remplacée par .un sable blanchâtre,
dans lequel la bêche enfonça profondément : mais nulle trace
de dalle, de pierre ou de construction Après avoir fait isoler
cet espace sablé qui formait un rectangle de i mètres sur
1 m. 30 environ, je lis enlever le sable avec les prtoutjons
les pjus minutieuses. Dans cetle fosse, dont les terres a voi-
sinantes constituaient les parois, il ne se présenta rien de
remarquable avant d'avoir atteint une profondeur de I m. 61).
Alors le sable devint noirâtre, portant des traces évidentes de
décompositions animales. Du côlé de l'est, je recueillis un
débris de maxillaire avec les dents ; a sa gauche, 11 petites
pointes en sile.x, très régulièrement taillées, agglomérées
comme si elles s'étaient détachées d'un faisceau; à droite
trois lames en bronze.
Le chef auquel a été consacrée cette sépulture a donc été
inhumé dans une fosse creusée au ras du sol ; près de sa tète,
orientée vers l'est, ont été déposées ses armes, puis la fosse-
a été comblée avec un sable de terre dont on retrouve dans
les environs de nombreuses carrières. Mais, comme nous
l'avons déjà dit, la pierre n'a pas été employée pour la
n,g,t,7.cbyGOOglC
coiislruclion de ce monumeul H un sijnpiR lertre de |i;aitoji a
[)i-otégé pendanL de longs siècles les restes dit lîuet'riei' dont
on a voulu honorer la mémoire
Comte DK KKRDREL.
M. du Chatellier, remerciant M. de Kerdrel (1« son
intéres-sante communication, observe que cette sépul-
ture est d'une constructiou particulière. Il est surpris
que le corps ne fût pas protégé; il n'a pas été trouvé
de piarres, mais peut-être y avait-il des madriers qui
empêchaient leboulement des terres supérieures
comme dans le tumulus de Kergoniou, en Guissény,
qu'il a rouillé avec M. Abf<call. Les traces de décom-
position remarquées par M. de Kerdrel pourraient être
des traces de bois décomposé.
M. de Kerdrel fait don de deux pointes de flècbe
en silex el d'un fragment de lame de poignard en
bronze trouvés dans cette sépulture. La Société vote
des remerciements au donateur el décide que ces
.objets seront placés en dépôt au Musée départemental
d'archéologie.
Lecture est ensuite donnée des communications
suivantes :
Droits el charges d'un grand voyerde CornouaUle
à la fin du XVII" siècle, par M. Villiers du Terrage.
Vieux papiers, par M. l'abbé Favé.
Une montre à Saint-Renan, 54 août 1557.
Pont-Chàteau et Ponl-iAbbé ai ix états de'Bre-
tagne (suite), par M. J. Trévédy.
La séance est levée à 'i heures.
Le Président,
V. DU CHATELLIER.
l^e Secrétaire,
H. BOURDE DE LA ROGERIE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SEANCE DU 28 AVRIL 1898
PrAsiâence de M. P. DU CHATELUEÉt, Président.
Étaient présents : MM. les chanoines PEYRON et
TOULEMONT, DU CREST DE VILLENEUVE ,
JENKYNS JONES, Chanoine ABGRALL, LE MAIGRE
etFAVÉ.
Le procès-verbal de la précédente séance est adopté
sans observation, et M. le Président dépose sur lo
bureau les publications suivantes :
Annales de Bretagne, livraison d'avril.
Annuaire de la. Société archéologique de Bruxelles.,
1898.
La Renaissance des Etudes liturgiques, par M. le
chanoine Ulysse Chevalier. (Congrc.s scientifique inter-
national do Fribourg en 1897).
Exploration du tumulus de Kerhué-Iims, en
Plonéour-Lanvern, par M. P. du ChatcUier. (Extrait
des Matériaux pour i histoire primitive et naturelle
de l'homme, recueillis sous la direction de M. Emile
Cartailhao.)
Dans une circulaire, notre confrère M. Le Braz fait
appel au concours sympathique de la Société pour
mener à bonne fin une œuvre qu'il a entreprise avec
la collaboration et l'adhésion des célébrités de la Bre-
tagne contemporaine. Il s'agit de monter et d'exécuter,
pour la mi-août, à Ploujoan, aux portes de Morlaix.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XXVI —
le Mystère de SaintGuénolé ; un vrai mystère '}oaé
par les descendants et disciples des anciens acteurs
du Moyen-Age retrouvés au pays de Tréguier.
Sur la présentation de MM. du Cliatellier etPeyron,
M. Georges Guépin, dp Quimper, est admis comme
sociétaire.
M. Antoine Favé, au nom de M. Ulysse Chevalier,
chanoine de la primaliale de Lyon, demande que la
Société consente à faire l'échange avec la volumineuse
publication de la Société que léminent paléographe
dirige sous le titre de Comilé d'histoire ecclésias-
tique et d'archéologie religieuse des diocèses de Va-
lence, Gap, Grenoble et Viviers, à Romans, L'é-
change est vote et conformément au désir de M. lo
chanoine U. Chevalier, il lui sera expédié les années
«coulées de notre Bulletin depuis 1886.
A/, du Crest de Villeneuve dépose sur le bureau
le rapport de comptabilité-matière de la Commission des
finances; ce document sera annexé au procès- verbal .
Le rapporteur ayant exposé l'urgence de faire un
brochage par année des collections du Bulletin men-
suel de nos travaux, la Société décide que ce brochage
doit être exécuté dès maintenant.
Af. du Crest de Villeneuve soumet,, de plus, un
devis estimatif des frais qu'amèneront la réfection et
l'établissement d'étagères à la bibliothèque de la
Société archéologique. Ce devis, se montant à 103 fr.,
sera contrôlé par notre confrère M. Abgrall, architecte,
qui voudra bien communiquer son appréciation.
Af. l'abbé Faré résume en quelques mots les im-
pressions qu'il a rapportées du Congrès des Sociétés
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XXVII -
iavantea à la Sorbonne, où il a représente notre âbsû-
ciation. Il promet de le» développer plus au long dans
un mémoire qui sera inscrit h Tordre du jour, de l'a
prochaine séance.
M. l'abbé Abgraîl, dans une visite archéologique à
Trégont-Mab, entre Saint-Evarzcc et Ergué-Armel,
a eu occasion detudier, dcbauchci-, en face des ma-
tériaux recueillis par M. Colomb, un plan de resti-
tution du cloitre et de l'église des Cordeliers de
Quimper. Cela nous vaut une intéressante communi-
cation qui sera insérée comme annexe au procès-verbal.
La Société appuie cordialement le vœu que M. Abgrall
adresse à notre distingué et dévoué confrère M. Ker-
viler : celui de le voir opérer la résurrection, le sau-.
vetage intelligent de ces restes précieux de notre archi-
tecture locale.
M. le chanoine Peyron lit de curieuses recherches
sur les ihaisons prébendales du Chapitre de Cornouaille
dans la ville-close de Quimper ; tout en constatant la
difHculté grande de placer la maison prébendale de
Lafldévennec, avec certitude, il fait, pour les autres
maisons, sa démonstration sur un plan dressé par lui
avec une précision topographique parfaite. M M. du Crest
de Villeneuve et Toulemont échangent quelques éclair-
cissements sur cette matière.
Af . du Crest de Villeneuve donne lecture de la suite
du travail de M. le président Trévédy concernant les
baronnies do Font-l'Abbé et de Pont-Château.
M. le Président remercie M. Trévédy de son inté-
ressante communication qui sera insérée au bulletin.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XXVIII -
M. du Chatellier donno connaissance des fouilles
fructueuses qu'il a pratiquées à Plonéour-Lanvcrn, Il
exhibe deux collections fort admirées do pointes de
flèches en silex. La Société, félicitant son Président,
]e prie de vouloir bien faire insérer sa communication
au Bulletin, ainsi que le plan qu'il a dressé à Tocca-
BÎon d'une de ces fouilles.
La séance est levée à 4 heures.
Le Président,
P. DU CHATELLIER.
Le Secrétaire,
Antoine FAVÉ, prêtre.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XXIX -
ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
Messieurs,
Votre commission des comptes s'est occupée de la vérifl-
calion de ia comptabilité-maliére et a constaté ce qui suit :
/° Bulletins de la Sociêtil.
11 existait aux archives 39 collections complètes. Depuia 2
ont été vendues, 1 a été offerte à M. Loth, doyen de la Faculté
des lettres de Rennes. Il devrait en rester 36, nous n'en avons
trouvé que 33. Mais il y a lieu de supposer qu'en cherchant
dans les livraisons non brochées, on pourra en établir un
plus grand nombre. Il serait, pour leur conservation, utile de
faire brocher celles que l'on pourra compléter et votre com-
mission émet le vœu que la dépense de ce brochage soit dès
à présent décidée par la Société.
2' Anciens plans de Quimper.
Le compte de l'an dernier en porte 121 existant aux archives.
Il n'y en a que 120, nous supposons qu'une feuille blanche
qui se trouve au milieu a pu être prise pour un pian.
3^ Catalogues du Musée.
A la clôture du dernier exercice il en existait 66 petit
format. Il n'y en a plus que 38. Il en a été vendu 28 dont le
prix a été remis par le gardien à votre trésorier.
Il restait l'an dernier 2Si catalogues grand format. Il en a
été vendu 50. Il en reste 214.
4' Photographies du Hîusée ethnographique.
Il n'y en a plus entre Ijs mains du gardien du Musée.
M. Le Bras, libraire, en a en dépôt 3 grandes collées, 8
grandes non collées, 13 petites.
5° Cartulaires de Landéûennec.
Le Trésorier a entre les mains 4 exemplaires sur papier de ■
Hollande, 187 sur papier ordinaire. 2 de ces derniers, qui
font la différence avec les 189 existant l'an dernier, ont été
vendus dans l'année et leur prix porté en recette.
I.e Vice-Président,
P. PEVRON, Chanoine,
La Connnission :
E. DU CREST DE VILLENEUVE.
LEPRINCE,
A. LE BRAZ-
n,g,t,7.cbyGOOglC
-XXX -
UÈmm & GOHPm-RGNDIlS
UNE PROMENADE A TBÉ60NT-MAB.
Dans une noLice insérée au Bulletin de notre Société,
volume de 1883, p. 199, M, Bigot, ancien architecte diocésain,
donne la description de l'église et du cloître des Cordeliers de
Quimper et termine son mémoire en disant que les matériaux
efi ont été acquis par M. Colomb, ancien conseiller de préfec-
ture, et transportés par lui dans les années 1842 et 1845 en
se propriété de Trégont-Mab, où ils sont complètement oubliés
et ensevelis sous les ronces et les Toiles herbes.
Depuis longtemps j'avais le désir d'aller à Trégonl-Mab voir
les débris de ces deux vieux monuments du Xllh siècle ; dans
le courant d'avril, }'ai pu réaliser ce vœu, en compagnie de
noire jeune confrère M. Gravelotle. Le manoir de Trégont-
Mab est situé dans la commune d'Ergué-Armel, non loin de
Saint-Evarzee, entre le moulin du Lenn-Du et le moulin du
Pont, par conséquenl entre la route de Quimper à Concarneau
et la roule de Quimper à Bénodet. Il doit ce nom de Trégont-
Mab [Trente ^Is], d'après la tradition, à ce qu'une des châte-
laines qui l'habita avait trente fils. Un jour que la duchesse
Anne, dont elle avait été l'amie d'enfance, était venue la voir
en sa terre, elle la pria de vouloir bien s'asseoir à sa table et
de prendre un repas chez elle. La duchesse accepta, mais ù la
condition que ce serait un repas intime, qu'il ne serait fait
aucune invitation chez les gentilshommes du voisinage et qu'il
n'y aurait que la famille seule. En entrant dans la salle, la
duchesse voit une immense table servie, avec trente-deux
couverts; elle se fâche contre la châtelaine et lui reproche
d'avoir fait des invitations contre sa défense. Mais, duchesse,'
j'ai trente lils, et tous les jours leurs trente couverts sont mis,
elnous mangeons en famille. On dit que la duchesse fut émer-
n,g,t,7.cbyGOOglC
-veillée, qu'elle accorda bon nombre de privilèges à cette légioh
d'enfants et que depuis la terre a gardé le nom de Trégont-Mab.
Mais nous voilà loin de nos monuments.
M. Colomb qui avait une passion pour les antiquités el les
œuvres d'art, qui a passé sa vie à faire une foule d'acquisi-
tions, à commencer une foule d'œuvres et à ne jamais rien
terminer, voulut rétablir chez lui l'église des Cordeliers, du
moins en partie, et cela pour servir de musée, pour loger les
nombreux lableaux anciens qu'il avait collectionnés. Mais ce
qu'il construisit n'était qu'une réduction de l'église du couvent
de Saint- François, et mesurait à peine 20 mètres de longueur
au lieu des 40 que M. Bigot attribue à l'édifice primitif ; puis
les murs n'ont été montés qu'à 5 mètres, la porte principale
est inachevée, les baies des fenêtres sont restées à mi-hau-
teur, et maintenant de grands arbres poussent entre ces mu-
railles et finiront par en faire des ruines en seconde édition.
On ne peut cependant se défendre d'admirer la belle facture
de cette construction, les pierres de parement sont si fines et
si bien dressées qu'on les dirait taillées d'hier seulement.
Celle église commencée el inachevée se trouve à l'ouest de
la maison d'habitation, et à 40 ou 50 mètres, du côté de l'est
dans un bois taillis, on esl tout surpris de voir le sol jonché
de pierres œuvrées el sculptées, fûts de colonnes, bases, cha-
piteaux, meneaux de fenêtres, entre lesquels poussent des
plantes el de vrais buissons,
La première chose que l'on rencontre, à main gauche à
l'entrée du sentier, c'est une immense fenêtre déposée et
rangée en ordre sur le gazon, avec ses six baies de O^S^j
d'ouverture el son magnifique tympan llamboyanl, le tout
.mesurant 7 ou 8 mètres de hauteur. En suivant le sentier on
trouve sur la gauche bon nombre d'antres fenêtres, mais de
plus petite dimension, et offrant dans leurs tympans les
dessins variés du XIII» et du XIV° siècle, trilobés, quaire-
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XXXH —
feuilles, tels qu'on les irouve au chœur de la calhédraie de
Quimperetà l'église du Cretsker, à Sainl-Pol-de-Léon.
Sur le bord même du senlier on voit toute une série de
bases de colonneltes et de cbapiteaux avec des fûts cylin-
driques de 0™o4 de longueur sur 0™17 de diamètre. Ce sont
les restes de l'aneien cloître dont M. Bigot nous a laissé un
plan et qui formait un rectangle de 12 mètres sur 20, com-
prenant en tout 76 colonnes, dont quelques-unes disposées en
groupes de trois dans les angles.
Ces cbapiteaux dans leur sculpture simple et sobre décèlent
admirablement l'art du XI1I« siècle, et si l'on en a fait une
reproduction dans les deux petits passages couverts de la
sacristie de la cathédrale, et aussi dans l'arcature qui orne la
cour de l'évêché, il faut reconnaître que la palme reste au vieux
tailleur de pierres qui a su modeler et galber ses feuilles col-
lantes et ses crochets bien plus harmonieusement que les sculp-
teurs de notreépoque. Pareilles qualilèsel mêmes caractères se
retrouvent dans la sculpture végétale de l'abside de Bénodet.
Disons en outre que tous' les chapiteaux du cloître des
Cordeliers ne se trouvent pas à Trégont-Mab. Il en existe
cinq ou six au musée de Quimper ; dans le temps on en voyait
un autre à la maison de garde du château de Pralanras, sans
compter qu'il en existe une dizaine au cimetière de Bodivil,
en Plomeiin, où ils avaient été transportés par les frères Le
Déan ou par les Basiard de Kerguiflinec. Maintenant cette
propriété de Bodivit appartient à M. René Pocquart-Kerviler,
ingénieur en chef des ponts et chaussées à Saint-Nazaire ; et
comme à la mort de M. Colomb il est devenu aussi acquéreur
de Trégont-Mab il lui serait possible de réaliser le projet que
cet amateur fantasque et incomplet n'a fait qu'ébaucher et
ressusciter dans cette campagne la vieille église de Saint-
François de Quimper avec son joli cloître XIH« siècle.
J.-M. ABGRALL,
chanoine honoraire.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SEANCE DU 26 MAI 1898
Prâsidence de M. P. DU CHATELUER. PrAsideat.
Etaient présents : MM. DU CRESÏ DE VILLE-
ÎIEUVE , LEPRINCE , Chanoines ABGRALL et
PEYRON, LÉ MAIGRE et FAVÉ.
M. Jenkyn Jones s'excuse par lettre de ne pouvoir
assister à la séance.
Après lecture faite du procès-verbal de la précé-
dente réunion, M, le Président procède au dépouil-
lement de la correspondance.
La Société des Bibliophiles bretons nous commu-
nique l'appel qu'elle fait aux Sociétés littéraires de Bre-
tagne à l'effet de les amener à prendre part à un concours
■ouvert à l'occasion du Cinquantenaire des funérailles
de Chateaubriand. Le programme indique comme
sujets :
Poésie : Un poème en l'honneur de Chateaubriand.
Prose : I. Etudier le livre VI des Martyrs. (Ba-
taille des Romains contre les Franks.)
IL Etudier le livre X des Martyrs. (L'épisode do
Velléda.)
III. Etude historique et archéologique sur le Châ-
teau, la Ville et la Seigneurie de Combour.
D'autre part, M. le comte de Marsy, directeur de
la Société française d'archéologie, adresse à M le
Président un exemplaire du programme du Congrès
archéologique de France, qui se tiendra à Bourges
du 6 au 12 juillet, avec prière d'exprimer à notre
Société du Finistère le désir de la voir représenlée à
Bourges par quelques-uns de ses membres.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XXXIV —
Le Président dépose sur le bureau les publications
suivantes :
BuUelin archéologique du Comité des travaux
historiques, année 1897, 1" livraison.
Hecueil de la Commission des arts et monuments
historiques de la Charente- Inférieure, avril 1898.
Société archéologique de Bordeaux, T. XXI, 4*
trimestre.
Journal des Savants, livraisons de mars et d'avril.
Bulletin de la Société d'études historiques et
géographiques de Bretagne, janvier-avril 1898.
Bulletin {n" 3) de (a Société d'émulation des
Côtes-du-Nord.
Académie d'Hippone, réunion du 31 mars 1898.
Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie
religieuse des diocèses de Valence, Oap, Grenoble
et Viviers, janvier-juin 1898, deux fascicules.
Dans ces différentes publications on peut signaler
les articles suivants :
Journal des Savants, d'avril : « Le système de In
Tribu », par M. II. Dareste, étude où le docte écri-
vain nous fait connaître l'ouvrage de Frédéric
Seebohm : « The tribal System ». C'est un tableau
des anciens monuments du droit Gallois où nous
retrouvons des termes qui se rapprochent de notre
idiome d"Armorique, et des détails qui cadrent avec le
peu que nous savons de l'organisation de nos anciens
clans ; à ce titre, Il est propre à intéresser le linguiste
et l'historien.
Dans le Bulletin de la Société archéologique de-
Bordeaux, l'attention est attirée par trois études de
Af. François Daleau, dont une très curieuse, à propos-
des cr Gravures sur rocher de la caverne de Pair-
non-Pair ».
Dans le Bulletin de la Charente-Inférieure, nous-'
n,g,t,7.cbyGOOglC
— XXXV —
trouvons (rintéressaiites recherches sur « Les vieilles
enseignes à Snintes »,parM.Ch. Dangibeaud, recher-
ches basées sur des minutes de notaire et qui montrent
que nous pourrions facilement en faire autant avec les
mêmes moyens, pour relever les enseignes d'autrefois
dans nos localités bretonnes.
Le Bulletin de la Société d'études historiques et
géographiques de Bretagne, qui met à l'étude le
développement de son format, donne une analyse cri-
tique sur la Bretagne (Die BretagneJ, de M. Rûti-
meyer, naturaliste suisse et professeur à l'Université
de Bàle, analyse substantielle et savante due à M. A.
Rainaud; il est intéressant de relever les appréciations
et les hypothèses de cet étranger concernant nos
monuments mégalithiques.
A l'occasion du procès- verbal, où mention est faite
d'une communication de M, le chanoine Abgrall au
sujet des matériaux dispersés d,u cloître et de l'église
des Oordoliars de Quiniper, l'attention de la Société
est appelée sur le sort des trois arcades de l'ancienne
église de Penhars. Elles en valent !a peine ; elles se
composent de piliers formés de faisceaux de colonnetlos
et surmontés de chapiteaux ayant beaucoup de rap-
port avec ceux de la nef et du chœur de Pont-Croix,
ce qui, ainsi que l'expose M. Abgrall, les reporterait
à la fin du 12* siècle. Sur l'un des chapiteaux on peut
reconnaître une fleur de lis héraldique, ornument que
l'on retrouve aussi à Pont-Croix, à Languidou et dans
la petite chapelle du cimetière de Loctudy. Les archi-
voltes à plein cintre qui les surmontent sont aussi
remarquables par leur tracé que par leurs moulures.
Lors de la démolition de l'ancienne église, toutes ces
pièces ont été démontées avec soin et déposées
dans le jardin du presbytère, dans l'espoir qu'elles
seraient remontées un jour, comme souvenir de l'ancien
n,g,t,7.cbyG00glC
édifice et comme spécimen d'art religieux. Elles
attendent depuis longtemps déjà qu'on a'occupe d'elles
et qu'on leur donne une place au soleil.
Sur la proposition de M. le chanoine Abgrall,
appuyée par M. du Crest de Villeneuve, la Société émet
le vœu que des me.iures soient prises par qui de droit
pour que ces gracieuses colonnes soient conservées et
relevées en lieu convenable.
M. l'abbé Fa.vê expose les impressions qu'il a rap-
portées du Congrès de la Sorbonne ; il profite pour
comparer ce qu'il y a entendu aux études consciencieuses
et solides conservées dans la collection de no.s bulle-
tins. 11 lit ensuite la communication qu'il fit, le 15
avril, à la section d'Economie politique, en réponse à
la 14* question du programme: « Des mesures prises
au XVIII' siècle pour le traitement des aliénés. »
M. du Crest de Villeneuve donne lecture de la .=uite
de l'important travail de M. le président Trévédy sur
" Pont-Chàteau et Pont-l'Abbé aux Etats de Breta-
gne » ; les conclusions en sont rigoureuses et, solidement
établies, fournissent le dernier mot sur la question.
M. du Crest de Villeneuve, dans une causerie
nourrie de faits intéres.sants, fait un tableau de ce
qu'étaient, du temps de nos ducs, la marine militaire
et la marine marchande. Il communique des détails
relativement peu connus sur le Droit de bris, et ter-
mine sa communication par l'histoire du convoi, de
son organisation, de ses privilèges et de sos services.
La séance est levée à 4 heure.s.
Le Secrétaire,
Antoine FAVÉ, prêtre.
Le Président,
P. DU CHATELLIER.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SÉANCE DU 30 JlIN 18
Présidsnce de U. P. DU CHATBLUER, Préaideiit.
Etaient présents : MM. DU CREST DE VILLE-
NEUVE, JENKYN JONES, Chanoines TOULEMONT
et ABGRALL, H. BOURDE DE LA ROGERIE, LE
MAIGRE, A. FAVÉ.
Après lecture, le procès-verbal de la précédente
séance est adopté sans observation.
M. du Crest de Villeneuve fait hommage à la
Bibliothèque de la Société archéolotfique de son
« Essai historique sur la défense des privilèges de
la Bretagne concernant l'A^niraulé ».
M. Aveneau de la Grancière, notre confrère,
envoie aussi un extrait de l'importante revue l'An-
thropologie, contenant son intéressant travail sur
a Le bronze dans le centre de la Bretagne Armo-
rique « {fouilles du tumulus à enceintes semi-circu-
laires de Saint-Fiacre, canton de Baud).
D'autre part, sont parvenues pour la Bibliothèque
les publications suivantes :
Du Ministère de l'Instruction publique : Comité dès
travaux historiques et scientifiques, année 1897,
2° livraison du Bulletin archéologique et du Bulletin
historique ; — le Bulletin de la section dos sciences
économiques et sociales.
Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles,
avril 1898.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XXXVlll -
Bulletin, du comité des Sociétés des beaux-arts
des départements, l"juin 1898.
Mémoires de (a Société neufchàteloise, 1897.
Bulletin du Congrès archéologique de France à
Saintes et La. Rochelle, 1894.
Bulletin du Congrès archéologique de France à
Clermond-Ferrand, 1895.
Gazette médicale, n" de juin 1898.
Lo prospectus recommandant le Sylloge epigraphica
orbis Rom.ani, de M. Hector Ruggîero, et le Dizio-
nario opigrafico di antichita Romane, sous la direc-
tion du même auteur.
Bulletin de la Société polymathique du Morbihan
(séance du 29 mars).
Revue historique et archéologique du Maine,
année 1897, 2° semestre.
Revue historique de l'Ouest, mars-avril 1898.
Bulletin n" k de la Société d'émulation des Côtes-
du-Nord.
Pendant que notre vénéré confrère, Af. le président
Trévédy, fournit à nos séances et à notre Bulletin
l'apport considérable de ses recherches et de ses
discussions critiques sur les Baronnies de Bretagne,
nous le voyons, d'autre part, contribuer à l'ordre du
jour de la Soci^t^ d'émulation par un mémoire Sur
la voie romaine de Coz-Yeaudet à Aleth, et à la
rédaction de la Revue historique de l'Ouest par la
2* partie d'un appendice fort documenté de son His-
toire du Comité révolutionnaire de Quimper.
Sur la présentation de MM. P. du Chatellier, pré-
sident, et du Grest de Villeneuve, M. l'abbé L. Rol-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— XXXIX —
land, aumônier de l'école Saftite-Marie, à Quimper, est
reçu membre de la Société archéologique.
Le bulletin de la séance du 29 mars 1898 de la
Société polymaihique du Morbihan, tenue sous la
présidence de M. de Ciosmadeuc, nous transmet une
marque de confraternelle sympathie que la Société
archéologique est heureuse de constater.
En effet, nous y lisons aux communications diverses
que M. le Président rappelait qu'à la séance précé-
dente il avait donné lecture d'une lettre du vice-
président do la Société archéologiqne du Finistère
l'informant que les membres de cette Société avaient
l'intention de placer un buste en bronze de l'historien
du Chatellier dans la salle de leurs séances et espéraient
voir la Société polymatbique prendre part à cette
souscription. L'extrait suivant du procès-verbal in-
dique quelle suite a été donnée à cette communi-
cation.
Il M. le Président dit que le vénérable et savant du
« Chatellier a été jusqu'à sa mort membre de notre
Cl Société, qu'il s'est toujours intéressé et qu'il a pris
" part à nos travaux. On n'a pas oublié qu'une
a remarquable étude de lui, sur les Laënncc, a été
Il publiée dans nos bulletins. L'auteur du livre: La
Il Révolution en Bretagne a été, dans notre siècle,
« un des premiers à collectionner les documents et à
H les utiliser pour écrire l'histoire de son pays. — A
11 tous ces titres, il a droit à l'hommaga que la Société
i( du Finistère se propose de lui rendre, et la Société
« polymatbique s'empressera certainement de s'y
« associer.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XL -
« La Société polymathtque du Morbihan approuve
« les paroles du Président et vote une somme de
n 100 francs, qu'elle met à la disposition de la Société
« du Finistère, pour contribuer aux frais d'un buste
« en bronze de l'historien du Chatellier, une des
« célébrités scientifiques et littéraires de la Bretagne. »
La Société envoie à la Société polymalhique du
Morbihan ses remerciements pour cet hommage rendu
à la mémoire du travailleur, dont les recherches et
les efforts font partie du patrimoine de nos deux
associations.
M. Massillon-Rouvet, architecte, élève de Viollet-
Le-Duc, correspondant du Ministère, et nos savants
confrères de Nevers font un appel énergique au
concours des sociétés archéologiques pour obtenir de
la direction des I3eaux-Arts la conservation (Vun
monument du plus grand intérêt historique pour lu
capitale du Nivernais. 11 sagit d'empêcher la démo-
lition i< d'un des rares exemples qui nous restent de
H la construction militaire au xii* siècle et contem-
« porains de la promulgation des franchises muni-
a cipales de la cité en 1191 ». Ce monument a été
mis en évidence par une publication subventionnée
par le Ministère et le Conseil général de la Nièvre.
Ce volume richement relié a été olïert au Président
de la République avant son voyage à Nevers, pir la
municipalité actuelle qui se désintéresse par trop
de la conservation de ce mur, « une des curiosités
li par la suite seront particulièrement visitées
r les étrangers ». Le mur à conserver, d'après les
■mes même de la pétition rédigée pour être adressée
,y Google
— XLI —
au Ministère, est le prolongement d'un « mur de
« refend dans l'Hôlel-de-Ville : il ne peut donc
« empêcher de faire les ouvertures destinées à
o éclairer.... les waterclnsets qui seront créés là,
« à tous les étages de CHôtel-de~Ville. »
Les membres présents à la séance souscrivent à la
pétition et signent d'autant plus volontiers que nos
Sociétés départementales doivent s'animer du plus
grand et du plus large esprit de solidarité et se porter
secours à l'occasion pour disputer aux injures du temps
6t à des démolisseurs inconscients, ce qui reste des
monuments du passé. Un des sociétaires fait observer
que ce n'est pas seulement à Novers, mais même
dans notre pays qu'il faut se tenir en éveil, se concerter,
protester, solliciter l'intervention de l'Administration
supérieure, pour ce genre de sauvetage dont l'insuccès
est souvent une honte pour le patriotisme local. Voyez
ce qui arrive pour l'ancienne église de Lambour :
sur le rapport de personnages compétents, sur le vœu
manifesté par la municipalité de Pont-l'Abbé, elle a
été classée par la Commission des monuments histo-
riques. Les Guides et (es Itinéraires se feraient une
faute grave d'inexactitude s'ils n'en signalaient la
vi.site au touriste ; et, à plusieurs reprise.s, nos
confrères ont par de sérieuses études travaillé à mettre
bien en vue ce gracieux monument. Pont-l'Abbé,
déjà dépossédé du beau cloitre des Carmes serait
trop à plaindre si disparaissait, abandonnée, condam-
née, sa belle église de Lambour. Et cependant
Lambour serait en voie de disparaître si on ne l'en-
tretient.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- XLII —
A titre de consultation, M. le cha.noine Abgrall
veut bien fournir quelques détails sur cet édifice, sur
son clocher découronné, ainsi que les deux tourelles
octogonales qui l'accompagnent et même les pinacles
des contreforts qui eu ornent la base. Après avoir
flétri, en bon breton qu'il est, ce vandalisme de
Louis XIV qui, au moment où il faisait construire les
merveilles de Versailles et de Marly, s'acharnait en
Basse- Bretagne à décapiter des clochers comme ceux
de Lambour, Combrit, Languivoa, pour punir la
paysantaille de sa résistance dans Taffaire du Papier
timbré, notre confrère nous fait voir, avant l'exécu-
tion, celte façade de Lambour alors si belle avec son
clocher escorté de deux tourelles, la galerie en loggia.
qui courait à sa base, sa riche porte et ses deux graves
contreforts. On est attiré par cette façade construite
dans le beau style flamboyant du xv° siècle, et frappé
en retour par la constatation, aux bas-côtes nord et
sud, d'une maçonnerie do la période romane bien
caractérisée. Au sud, on retrouve encore la construc-
tion gothique : d'abord une fenêtre mutilée, puis un
joh porche recouvert d'une voûte très gracieuse dont
la clef est formée par un écu?son portant la rose des
Trimic. A l'intérieur, l'édifice est composé d'une nef
et de deux bas-côtés, dont deux branches de transept
qui forment la lettre T en prolongeant l'abside par
un mur droit. La nef est partagée en quatre travées
par trois colonnes do chaque côté. Après avoir décrit
les colonnes et les chapiteaux, M. Abgrall attire l'at-
tention sur les statues d'un fort bon travail qui ornent
l'église.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- kLiii -
Nous ne pouvons que résumer à traits rapides
cette exposition faite par un maître entendu en la
matière,
La Société archéologique du Finistère insiste près
de la Commission des monuments historiques pour la
conservation de cet édifice dont la solidité est deve-
nue problématique par suite de l'état de la charpente
qui est ruinée, de la toiture qui s'écroule, des murs
qui, par suite, menacent de tomber. La réfection de
la charpente s'impose à bref délai et, par cette réfection
à faire à des conditions relativement peu onéreuses, ta
conservation du monument sera assurée.
La Société archéologique ne pouvait se désintéresser
de l'avenir d'un monument classé sur la demande de
la municipalité et après une enquête qui en a reconnu
la valeur; aussi, c'est instamment qu'elle exprime le
présent vœu à M. le ministre des Beaux-Arts, En
l'accueillant, il aura tout droit à la gratitude de
quiconque a souci de la conservation des restes de
l'art ancien en Bretagne.
La Société souhaite l'insertion au Bulletin de la liste
des monuments historiques classés à ce jour dans le
Finistère ; sati-ifaction sera donnée à cette demande.
M. du Crest de Villeneuve donne lecture de la suite
du mémoire de M. le président Trévédy sur les liaron-
nies de Pont-l'Abbé et de Pont-Château.
M. P. du Chatellier communique à la Société les
résultats d'une enquête archéologique qu'il fit en 1896
à Plouescat. Notre Président signale que s'il trouva
quelque déception d'un côté, d'un autre il ne perdit pas
,y Google
- iCLtV -
son temps, et qu'il releva de beaux monuments mégali-
thiques dans l'anse du Kernic : monuments qui d'ici
peu d'années, hélas ! seront ensevelis sous les sables.
La séance est levée à 4 beures.
Le Président,
P. DU CHATELLIER
Le Secrétaire,
Antoine FAVÉ, prêtre.
ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
Par arrêté du 13 juillet dernier, ont été classés au nombre
des Monuments historiques : le Vitrail (1539) de la chapelle
absidale de l'église de La Roche- Maurice, et le Jubé en bois
du XVI» siècle.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SEAnDD:!8 JUIWT 1898
PrAsidence de M. le Y" DE VILiUEBS DD TERRAGB.
Étaient présents ; MM. PEYRON, ABGRÂLL, LE
MAIGRE, FAVÉ, JENKYN JONES, DE VILLIERS
DU TERRAGE, DU CREST DE VILLENEUVE,
.CEPRINCE, BOURDE DE LA ROGERIE.
M. Villiers du Terrage, doyçn d'âge, occupe le
fauteuil de la présidence. Il donne lecture d'une lettre
■de M. du Châtellier qui s'excuse de ne pouvoir assister
à la séance. Il rappelle que les statuts de notre Société
établissent que le bureau doit être renouvelé chaque
année à la séance de juillet et fait en conséquence
procéder aux élections.
M. du Châtellier est réélu président à l'unanimité-
MM. les chanoines Peyron et Abgrall sont réélus vice-
présidents ; MM. Favé, Le Braz, Jenkyn Jones, Bourde
-de la Rogerie sont nommés secrétaires, et M. Le
Maigre trésorier.
M. Bourde de la Rogerie lit le procès-verbal de
;ia précédente séance qui est adopté.
A la demande de M. de Villiers du Terrage, M. du
Crest de Villeneuve donne les renseignements sui-
vants sur la question de l'église de Lambourg : « La
fabrique de l'église de Pont-l'Abbé a voté un crédit,
mais le Conseil municipal de cette ville a ajourné sa
décision. Il serait fort désirable que de nouveaux
délais n'aggravassent pas la situation de cet intéres-
^sant monument et utile d'appeler l'attention de l'ad-
n,g,t,7.cbyGOOglC
ministration préfectorale et de la commission des-
monuments historiques sur ces déplorables retards
que rien ne justifie, la fabrique et la ville ayant toutes
les ressources nécessaires. Le bureau de la Société,
reconstitué aujourd'hui, est prié de faire toutes les
démarches à cet effet. » Les membres de la Société
présents à la réunion remercient M. du Crest de
Villeneuve de son intéressante publication et s'asso-
cient au vœu qu'il vient de formuler.
M. de Villiers du Terrage lit une letlre du
Président et des membres du Comité qui s'est cons-
titué pour célébrer à Saint-Malo le cinquantenaire de
la mort de Chateaubriand. Ce Comité demande à
notre Société de bien vouloir contribuer par une
souscription à supporter les frais de cette solennité.
Après un échange d'observations entre MM. du Crest
de Villeneuve, Peyron, de Villiers du Terrage, les
membres de la Société décident qu'ils ne peuvent, à
leur très grand regret, accueillir favorablement cette
demande. Le but précis de la Société, qui est unique-
ment l'étude de l'histoire et de l'archéologie et les
ressources très limitées de notre budget nous imposent
le devoir de n'engager aucune dépense qui ne soit pas-
prévue par les statuts.
Plusieurs revues ont été reçues par M. le Président
depuis la dernière séance :
Journal des Savants, numéros de mai et juin 1898.
Bulletin de la Société archéologique de Nantes,
tome XXXVI et XXXVll (années 1896, 1897).
Revue historique de l'Ouest, livraison de mai 1898.
Annales de Bretagne, numéro 4, juillet 1898.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— XLVII —
Une lettre de M. le Préfet du Finistère demande
à M. le Président de lui fournir sur les travaux de
la Société un rapport qu'il soumettra aux membres
du Conseil général. M, du Chatellier, réélu Président,
sera prié de bien vouloir rédiger ce rapport.
M. Bourde de la Rogerie communique, comme
complément à la liste des monuments historiques
insérée dans le dernier bulletin, un arrêté ministériel
en date du 25 juillet qui classe les verrières anciennes
de la chapelle absldale et d'une fenêtre du collatéral
sud dans l'église d'Ergué-Gabéric.
M. du Crest de Villeneuve lit la note suivante
de M. Trévédy :
(( Me permette?.- vous d'appeler l'attention de la Sociélt'
sur les lec'hs du cimetière de Plogonnec? il y en a là une
certaine collection que l'on chercherait, je crois, vaini^ment
ailleurs. 11 y en a de cannelés qui sont, je pense, une
contrefaçon perfectionnée de vieux lee'hs du iX" siècle.
H Autres desiderata.
(I Je crois avoir si^înalé à M. Le Carguet un beau
menhir près du m6le d'Audierne disparu aujourd'hui,
mais marqué sur le cadastre dans le champ dit de ce
nom, champ du -aienkir. J'ai entendu dire qu'il y a une
trentaine d'années on a vu dans ce champ surtout aux
abords du menhir une énorme quantité de dénis humaines.
Elles doivent y être encore. Ne verriez-vous pas un intérêt
à vérifier le fait ?
H J'ai signalé aussi une longue inscription sur une
pierre du pignon de la chapelle de Sainte-Cécile, route
de Briec. L'inscription intéressa vivement Luzel auquel
je la montrai. Elle est renversée et nous ne pûmes
songer à la lire.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— XLVIII -
« Il y a au Guelem, mêmes parages, sur l'ancienne
voie romaine, une borne milHaire enlRvée du Penity
(ancien embranchement des deux voies de Brest et de
Morlaix). Brisée en trois, elle sert de poteaux de barrière.
Elle m'a été offerte à la condition de donner d'autres
poteaux en granit. Elle doit porter une inscription
aujourd'hui enterrée. Elle serait bien dans votre musée
lapidaire Si j'étais resté à Quimper, je l'aurais réunie
à l'auguipèdp du Guelem.
« J'aurais voulu rechercher aussi les débris du cavalier
et de son cheval qui doivent être dans un laïus construit
au Guelem. il y a aujourd'hui une quinzaine d'années. »
Lecture est ensuite donnée des communications
inscrites à Tordre du jour :
M. l'abbé Favé : Bourgeois et gens de métier à
Carhaix {1610-ilOO).
M. du Crest de Villeneuve : Pierre tombaile
découverte en l'église de Saint-Louis à Brest.
M. Bourde de la Rogerie : Prise de Carliaix en
i590 (document inédit).
La séance est levée à quatre heures et demie.
Le Président,
V DE VILHERS DU TERRAGE.
Le Secrétnire,
H. BOURDE DE LA ROGERIE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SEANCB DU 25 AOOT 1898
Présidence de H. P. DU OHATELUEB, Président
Étaient présents : MM. les Chanoines PEYRON et
ABGRALL, Vicomte DE VILLIERR DU TERRAOE,
AVENEAU DE LA GRANCIÈRE,, liOURDE DE LA
ROUERIE, Abbé ROLLAND, LE MAIGRE, A. PAVÉ,
Après la lecture du procès- verbal, adopté sans
observation, M. du Cha-tellier , réélu Président,
adresse à ses confrères les paroles suivantes :
Messieurs,
Permettez-moi de vous remercier de la liaute marque de
sympathie que vous m'avez donnée en m'appelanlde nouveau
à la présidence de vos séances. J'en suis très touché, croyeT;-
le bien.
H m'est particulièrement agréable de rappeler le zèle avec
lequel chacun de vous a apporté ici pendant l'année qui vient
de s'écouler, le résultai de ses recherches. Vos travaux
assureni à notre Société un des premiers rangs parmi les
Sociétés départementales d'étude. Je ne puis, Messieurs,
que vous demander de continuer cet empressement auquel
vous ne faillirez pas, j'en suis cerlain.
Votre cordialité et la volonté que chacun met à suivre
le cours des études vers lesquelles il se sent porté me
rendent la tâche que vous m'avez confiée facile et nous
permettra d'arriver, je l'espère, à la lin de l'année que nous
commençons avec un ensemble de communications non moins
remarquables que celles de l'année terminée.
n,g,t,7.cbyGOOglC
-L-
Que ceux de nos collègues qui, moins heureux que tous.
Messieurs, ne peuvent assister à nos séances, me laissent
leur demander de resserrer les liens qui les unissent
à nous en nous adressant des communications qui seront
toujours accueillies avec empressement. N'ont-ils pas, du
reste, en cela, l'exemple de quelques-uns des membres de
cette Société qui, par leur éloignement, ne peuvent que
rarement, ou même jamais, venir s'asseoir au milieu de
nous, dont tes travaux remarquables tiennent une grande
place dans nos bullelins. J'espère que. répondant à mon
appel, ils voudront bien le suivre.
Les membres présents à la réunion s'associent
pleinement à ce vœu de leur Président.
Sur ta présentation de M. P. du Chatellier et de
M. le chanoine Peyron, M. labbé Roull. curë-archi-
prètre de Saint-Louis, de Brest, est reçu membre de
notre Société.
M. le Préskient donne ensuite lecture du rapport
annuel qu'il a envoyé à M. le Préfet du Finistère,
à l'occasion de la Session d'Août IS98 du Conseil
général, sur les travaitx de la Société arcliêotogique
pendant l'année 1897. Ce document sera annexé au
présent procès- ver bal.
.V. l'abbé Guiriec, vicaire à Mellac, a fait présenter
par M. le chanoine Peyron un fragment de poterie
samienne recueilli à Feunteunyou et qu'il veut bien
offrir à notre Musée. Des remerciements lui sont votés,
ainsi qu'à M. Peyron qui a fait ressortir d'avantage,
dans un bon dessin, les traits fort classiques de cet
intéressant écbantillon de céramique ancienne.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- LI -
M. le Président communique une lettre reçue paP
lui de son confrère, M. le chanoine Pottier, Président
de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, Il
informe notre Association que nos confrères du Midi
doivent nous faire \isite, du 8 au 9 septembre, et
mettent, souf notre patronage, le séjour qu'il doivent
faire à Quimper.
En réponse à la lettre de îil. le président Pottier, il
est déclaré que les membres disponibles de notre
Société se tiendront, à la date indiquée, à l'entière
disposition de leurs confrères du Tarn-et-Garonne,
pour leur faire les honneurs de Quimper et contracter
avec leur Société d'amicales et précieuses relations
bien profitables toujours entre les associations scien-
tifiques de la province. (1)
Publications déposées sur le bureau :
Rapport de M. l'archiviste dépurtementcil "présenté
au Conseil général du Finistère, dans sa session
d'août 1898.
Lettre ouverte à M. Loth, doyen de la Faculté des
Lettres de Rennes, par M. du Ohatellier.
Revue historique de l'Ouest, juin-juillet 1898.
Liste des membres titulaires, honorifiques et non
résidants du comité et correspondants du Ministère de
l'Instruction publique, 1898.
(Ij Les excursionnistes du Tarn-ot-Garonne ont ('■tS reçus à Quimper et
OD trouvera nnnexù au procès -ver bal un rapport sur l'aecueil qui leur a
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ui —
Comité des travaux historiques et scientifiques :
diectnirs prononcés à la séance générale du Cone:rès
de la Sorbonne, le 16 avril 1898, par M. Darlu, et par
M. Alfred Rambaud, Ministre de l'Instruction publique.
Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles,
juillet^oclobre 1898.
N" de juillet et d'août de la Gazette médicale.
Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie,
année 1897, n" 4.
Recueil de la Commission des Arts et Monuments
. historiques de la Cliarente-Inférieure et Société
archéologique de Saintes, juillet 1898.
JVf. le Président donne communication d'une lettre
de M. le Ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts l'informant que la réunion annuelle des
Sociétés savantes, se tiendra à Toulouse, en 1899,
pendant la semaine de Pâques. Le texte des mémoires
présentés, ou l'analyse de leur plan et sujet, devra
être parvenu au 5° Bureau de la Direction de
l'Enseignemeyit supérieur, avant le 20 janvier pro-
chain.
A cette lettre étaient joints dix exemplaires du
programme que M. le Président met à la disposition
des membres de la Société.
M. Favé donne lecture du travail de M. le docteur
Corre sur la confrérie de Saint-EIme, les calfats et
charpentiers de Brest, Des remerciement sont adre-ssés
à l'auteur de ce substantiel mémoire.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LUI —
M. le vicomte de Villiers du Terrage est félicité
par ses confrères de la communication fort intéres-
sanle d'une pièce qu'il a découverte a. la Bibliothèque
nationale. Ce document ouvre la voie à des investi-
gations laborieuses et est rempli de renseignements
d'un grand intérêt local,
M. le Président lit ensuite des notes de M. du Crest
de Villeneuve sur deux pierres tombales conservées
au château de Kernuz. Notre confrère y apporte un
grand talent de en tique et son érudition héral-
dique. Il pose des jalons pour amener sur ce sujet
obscur, des conclusions que la Société attendra
impatiemment.
La séance est levée à 4 heures.
Le Président,
P. DU CHATELLIER
Le Secrétaire,
Antoine FAVE, prêtre.
,yGooglc
ANNEXE AU FBOCËS- VERBAL
RAPPORT
du Président au Préfet du l-'inistère sur les travaux
de la Société A rchéologitjue pendant l'année 4897 .
Monsieur le Préfet,
Par lettre du 27 juillêl dernier, vous voulez bien me
demander le compte-rendu des travaux de la Société archéo-
logique du Finistère pendant l'année 1897, pour être présenté
au Conseil général. Votre demande témoignant l'intérêt que
vous portez à notre Société, j'ai l'honneur- de vous en
remercier.
Le nombre des membres de notre Société est de cent
trente-cinq ; c'est, sans contredit, une des Sociétés départe-
mentales les plus nombreuses. Leurs noms portés sur la liste
générale de ses membres vous permettront d'en apprécier la
notoriété et le mérite. Vous y trouverez les noms de plusieurs
Conseillers généraux du département.
En outre nous échangeons nos publications avec trente-
quatre Sociétés savantes, parmi lesquelles sont plusieurs
Sociétés étrangères ayant une place considérable dans le
monde savant.
Nos réunions ont lieu une fois par mois. En hiver dans une
salle de la Mairie, mise gracieusement à notre disposition par
Monsieur le Maire de Quimper, en élé dans une salle du
Musée.
Après chaque séance parait un buileliu donnant les piocès-
verbaux et les lectures faites aux séances.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LV —
Pour que vous jugiez de l'importance de nos iravaux, il me
sudira, Monsieur le Préfet, de vous en donner l'énoncé tel
que je le trouve à la table des matières du volume que noire
Société a publié à la fin de l'année 1897.
Table des pièces annexées aux procès-verbaux en 1897
1' Société des études historiques et géographiques en Bretagne.
2" Généalogie de la maison de Saisy de Kerampuil, par M" la
comlesse de Saisy.
3* La poterie aux époques préhistorique et gauloise en Armoriquc,
par M. P. du Chalellier, ouvrage couronné par l'iDSIitut de
France, au concours des Antiquités ualionales. (Etude critique
sur l'ouvrage par M. le docteur A, Corre.)
4' Rapport de la Commission de comptabihié.
5" Graphium trouvé à Tronoën, en Saint-Jean-TrolimoD, note de
H. P. du Chaleliier.
6" Explorations sur les montagnes d'Arrhces et leurs ramilicatioDs,
par M. du Cliatellier. (Etude critique sur celte publication par
M. le docieur A Corre.)
7' Communication d'une lettre de M. le Ministre de l'Instniction
publique, relative au Congrès de la Sorbonnc.
8' Notice sur une slalueltc Irouvf'e à Berrien en 1861, par M. P.
du Chaleliier.
Table des mémoires et documents publiés en 1897
I. Les anciennes corporations brestoises. — Les chirurgiens
et les apothicaires, par M. le docieur A. Corre.
II. L'abbaye du ûaoulas, par M, le chanoine Peyron.
III. Corrections et additions h la note intitulée u Pèlerinage
des Sept-Saiuts de Bretagne », par M. le prësidenl
Trévédy.
IV. Légendes et traditions de Bas se -Bretagne (suite), Saint-
Tugdual pnpe, par M. l'abbé Antoine Favé.
V. Charles inédiles de Locroaria de Ouimper, 1022-1336, par
H. Arthur de la Bordcrie, membre de l'Institut.
VI. L'abbaye de Daoulas (suite), par M. le chanoine Peyron.
n,g,t,7.cbyGOOglC
VII. Alain Je GucDgat, vice-amiral de Bretagoe, 1526, par H.
E. du Cresl de Villeneuve.
VIII. Dcicumeats sur la maiï^oD du Fou, par M. E. du Cresl de
Villeneuve.
IX. Les anciennes cloches de paroisses et leurs inscriplious,
par H. A. de Bremond d'Ars.
X. L'abbaye de Daouiss (suite), par M. le chanoine Peyron.
XI. Les cnfeus de l'tïglise de Lociudy, par M. G, Puig.
XIL L'abbaye de Daoulas (suite), par H. le cbanoîne Peyron.
XIII, Note sur les iuhumatious de laïques dans l'habit religieux,
par M. le prcsideut 1. Trcvédy.
XIV. L'ancienne marine. - A propos ei aiiloiir d'une lettre
anonyme écrile à M. Hector, chef d!eseadre, commau-
dant la marine à Brest, 1780, par M, le docteur A. Corre.
XV. Noël, par M. H. Le Carguel.
XVI. Sur la baronnie de Ponl-l'Abbé, par M. le présideiu i.
Trévédy.
XVII. Documents relatifs â la maison du Fou, par M. E. du Cresl
de Villeneuve.
Xvni, L'abbaye de Daouln» (suite), par M. le chansiue Peyron.
XIX. Sur la baronnie de Poiit-l'Abbé (suite), par M, le président
J. Trcvcily,
XX. L'Ile de Sein aux temps préhisloriques, par M. H. Lo
Carguel.
XXI. Les grandes époques de l'architecture religieuse eu Basse-
Bretagne, par M. le chanoine Abgrall.
XXII. Séances et travaux de la Société archéologique d'Ille el-
Vilaine perdant les trois derniùres années, par M. l'abbé
Antoine Favé.
XXIII.- Note sur l'église de Locludy et la question des templiers,
par M. E, du Crest de Villeneuve.
XSIV. Sur la baronnie de Ponl-l'Abbé (snile et fin), par M. le
présideut J. Trévédy.
XXV. Le souterrain de Rugéré (Plouvorn, Finistère), par M. le
comle de Kerdrel.
XXVI. L'abbaye de Daoulas (suite el lin), par M. le chanoine
Peyron.
n;g,t,7.cbyGOOglC
— LVII —
XXVII. Séances el travaux de la Société archéologique de Nantes
pendant les trois dernières années, par H. l'abbé A.
Favé
XXVIII, Analyse du brome d'un ceil nrmoricain, par M, le docteur
A. Corre.
XXIX. Documents relatifs à la maison du Fou (suite), par H. E.
du Crest de Villeneuve
XXX. Documents inédits ,'vieux papiers}, par M. l'abbé A, Favé,
Tels sont, M. le Préfet, les titres qui reroinmandent
la Société archéologique du département du Finistère,
à tous ceux qui ont souci des études intellectuelles. Ses tra-
vaux, justement appréciés du monde savant, ne peuvent
manquer, je l'espère, d'attirer voire atlention bienveillante
sur elle, ainsi que celle de MM. les Membres du Conseil
général, qui, je n'en doute pas, lui feront une part dans le
budget déparlemental.
Veuillez agréer. Monsieur le Préfet, l'expression de ma
consiâéraLJon distinguée.
/jt PtésidenI de la Société archéologique du Finhtère.
P. DU CHATELLIER,
Laurt^al de l'InsLiluL,
Kcrnu7, £9 Juillet ms.
n,g,t,7.cbyGOOglC
MELANGES & COMPTBS-RENDllS
La Société Archéologique de Tarn-et-Garonne à Quimper
Pendant la semaine pascale dernière, à la Sorbonne, au
.moment de quitter Paris, je recueillis un (i Au revoir ! » qui
me laissa tout pensif, puis sceptique comme l'on se trouve Iops-
qu'onentend parler deprojetd'une réalisation problématique.
M. le chanoine Ulysse Chevalier, i'éminent paléographe et le
vieil ami de M. Léopold Delisle venait de me dire : qu' « aux
grandes vacances n, ses confrères de la Société archéologique
de Tarn-et-Garonne seraient venus nous faire visite à
Quimper et qu'il se promettait d'en être. Je lis part à nos
confrères, dès mon retour, de cet agréable propos, de ce
projet d'une exécution si difficile.
Après tout qu'un Montalbanais ballotté par les exi-
gences du service administratif vienne écbouer sur les
bords de l'Odet, passe encore, mais ce qui dépassait les
bornes de notre imagination, c'était de nous représenter
à l'esprit une collectivité d'une vingtaine d'individus vail-
lants et savants venant chez nous, de là-bas, alors que
Quimper est si loin de Montauban. Nous Bas-Bretons, nous
ne considérions que la distance de Quimper à Montauban,
tandis que nos confrères n'envisageaient que le voyage de
Montauban à Quimper. Il est vrai que le point de vue et le
point de départ influent fort souvent snr les décisions humai-
nes. Nos confrères du Midi avaient pour slimuler les limides
et les indolents, un Président infatigable et habile à planter
du cœur au ventre des autres, selon la pittoresque expression
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LIX —
de nos pères. De plus celle Sociélé avait, depuis plusieurs
années, introduit dans son programme des excursions annuel-
les d'éludés, excursions que M. le clianoine Potlier qualifie
très heureusement de u manœuvres d'automne » de la savante
compagnie qu'il préside.
Le 28 juillet, ce dernier adressait à ses confrères archéolo-
gues une invite chaleureuse à s'entendre pour.orienler ces
grandes manœuvres dans la direction du Nord-Ouest de
la France. Ce document était rédigé avec un entrain admirable
et montrait l'érudit bien connu doublé d'un adepte inspiré du
du (( gai savoir ». Oyez vous-mêmes et admirez cet appel
empreint d'un cerlain lyrisme.
(( A travers la Saintonge et l'A unis, disait-il, nous gagnerons
H la Vendée, avec le regret de ne pouvoir pénétrer dans le
(i Bocage. Nous allons au pays des Celles et des Kymris,
« terre de la fidélité,
u ]>eul-élre réveillerons-nous la chanson des bardes cndor-
( mis auprès des vieux dolmens et entendrons-nous frémis-
' santés les harpes suspendues jadis aux portes des demeures,
I dans les bois de l'Armorique.
« Arrivant en vue de la Normandie, nous n'hésiterons
( point à saluer à nouveau le Mont-Saint-Michel et Tombe-
' laine. Qui résisterait à l'attrait de » la Merveille », de la
1 plus grandiose el la plus intacte des œuvres bénédictines ?
" Tout en rencontrant, pour y prier, le sanctuaire de
I Sainte-Anne-d'Auray, et, pour les admirer, plus de dix
I cathédrales, des églises en grand nombre, — beaucoup du
I XV« siècle, — des ossuaires, des calvaires, vrais mystères
t de la Passion vivants dans la pierre et faisant défiler toute
i la Bretagne du XVI" siècle; tout en visitant de curieuses
( maisons, des palais, des forteresses médiévales, des monu-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LX —
" menls mégalithiques, des ports de guerre, de riches musées.
Il nous suivrons les côtes de celle lerre de granit, qui finit
H dans l'Océan, déchiquetée en immense pronrontoire. n
En août, notre Président reçut une lettre de M. Pottier,
l'informant de l'arrivée de la docte caravane pour ie vendredi
!> septembre. Il y était dit de façon fort aimable : u Ce sera
une vive satisfaction pour nous de pouvoir établir des rela-
tions avec des archéologues que nous regrettons de ne pas
mieuj! connaître, nos sociétés n'étant pas à mon grand
regret en échange de publications. J'espère que cette lacune
Sfira comblée.... a
Le lundi 29 août, eut lieu le départ de Montaubao, avec
étapes à Angers, Le Mans, Vitré, Rennes, Dol, Saint-Malo,
Dinan, Morlâis, Saint-Pol- de-Léon, Brest.
A Dol, quelques excursionnistes battirent en retraite sur
Monlauban rappelés par des affaires urgentes ou harassés
par la fatigue d'i voyage. A Brest, M. Poltier avait remanié
son plan, à cause de l'encombrement où allait se trouver
Vannes : on n'était plus sûr de s'assurer des logements,
par suite des grandes manœuvres de la Division militaire.
Nous vîmes donc nos confrères de Tarn-et-Garonne arriver
dès le jeudi soir au lieu de vendredi qu'ils étaient attendus.
Le télégramme qui nous annonçait cette modification au
programme primitif nous causa une vive déception, car nous
étions ainsi pris au dépourvu, et se trouvait nécessairement
décommandée la soirée que nous voulions offrir à nos
confrères du Midi dans une des salles de notre Musée
archéologique. En elTet, d'accord avec notre cher Pré-
sident, nous nous occupions de réunir les éléments d'une
réunion intime des membres des deux Sociétés ; au pro-
gramme : causerie, projections et musique bretonne. Notre
confrère, le chanoine Abgrall qui aime la Basse- Bretagne
avec une ardeur et une toi qui édifierait même un mécréant,
songeait à présenter des projections lumineuses des plus
n,g,t,7.cbyGOOglC
- Lxl -
belles richesses monumentales du Finistère, puis, on avait
fait choix de cinq ou six mélodies nationales authentiques,
vraiment anciennes et vraiment bretonnes qui eussent été
chantées par des Bretons tout aussi authentiques.
El hélas ! nous n'avons pas la consolante ressource de nous
promettre que ce sera pour une autre fois !
En tout cas, M. le président Pottier et ses compagnons,
à la descente du dernier train venant de Brest, le jeudi
8 septembre, trouvèrent pour les saluer notre vice-pré-
sident, M. le chanoine Peyron, M. H. Bourde de la Rogerie
et celui qui a le plaisir de rédiger ce compte-rendu. On se
rendit à VHôtel de France, où à la hâte, on arrêta les détails
du programme du lendemain. Nous dûmes nous féliciter et
nous réjouir lorsque nous apprîmes que la journée devait
s'inaugurer par une visite à Kernuz.
De bon matin, on prit le train pour Pont l'Abbé : nous
avions fait une précieuse recrue, celle du susdit chanoine
Abgrall, le meilleur mentor dans la circonstance, un précieux
dictionnaire à compulser en roule pour obtenir tout rensei-
gnement précis, exact et satisfaisant. La Basse-Bretagne,
pendant le trajet, fraternisa sans peine avec la Gascogne, et
nous constations que nos confrères gascons sont aussi affables
que nos compatriotes bas-bretons, à l'occasion,
A la gare de Pont-l'Abbé, nous voyons notre responsabilité
de guides s'alléger : nous reconnaissons sur le quai notre
Président, et nous nous sentons plus forts, mieux armés,
pour ne pas tromper la confiance de nos hôtes.
Deux voitures attelées de rapides trotteurs nous attendent.
On visite l'église des Carmes de Pont-l'Abbé, on y admire sa
magnifique rosace, mais le temps presse ; il faut être de retour
à la gare pour le train de dix heures et quelques minutes.
A Kernuz. nos confrères se déclarent émerveillés par
l'aspect général du site et du noble manoir, mais surtout
par la réception cordiale de M, du Chatellier qui en fait les
n,g,t,7.cbyGOOglC
- LXïl -
honneurs. [Is sont charmés à l'inspection de ce musée qui
restera la gloire des deux savants bretons qui l'onl fondC', qui
leur méritera toujours la reconnaissance du pays à l'histoire
duquel ils ont contribué en en sauvant les documents.
Chez les Anglo-Saxûns, les écoles de science supérieure sont
installées dans de luxuriantes campagnes, loin du tumulte
des villes. A Kernuz, au centre de ce musée si complet,
ne manque-t-il pas une chaire d'enseignement, et dans
cette chaire un professeur, pas autre que M, P. du Cha-
tellier, chargé d'un cours de Bretagne préhistorique, dont il
se tirerait à l'admiration de tous, grâce à ses qualités de clarté
et de précision didactiques ?
Avec une compétence consommée, M. le chanoine Pottier
attire l'atiention sur l'importance capitale des principaux
articles de ces riches collections, et établit un lumineux
rapprochement entre eux et les découvertes et trouvailles
faites dans la région du Sud-Ouest.
Mais il est temps de sonner le ralliement et nos confrères
du Tarn-et-Garonne, après avoir inscrit leurs noms sur le
registre ouvert aux visiteurs, montent en voilures pour
reprendre le train, accompagnés de notre Président.
Pendant le trajet de Pont-l'Abbé à QuiTiper, on s'entretient
beaucoup des caractères ethnographiques curieux du costume
et du type d bigouden » : on interroge, on rapproche les
renseignements reçus et on prend force notes : Le bigouden,
le point est à élucider, est-il, en définitive, un descendant
des Phéniciens, ou bien des ircerm's, — lisez Auvergnats,
ou bien encore toute autre chose ?
A la gare de Quimper, on retrouve M. le chanoine Peyron
qui nous conduit directement à l'Evôché. Après les saUits et
présentations. Monseigneur Valleau adresse aux archéologues
de Ta rn-et- Garonne d'aimables souhaits de bienvenue. Notre
vénéré Président d'honneur, qui est du métier, dirige
lui-même la visite à travers le palais épiscopal, fournit des
n,g,t,7.cbyGOOglC
- LÏCIli —
indications et des appréciations écoutées avec le plus vif
intérêt. Nos confrères de Gascogne parlent sons le charme
d'une allabililé dont ils se promettent de garder le souvenir
comme un des meilleurs de leur voyage chez nous.
On se rend ensuite à VHôtel de France où on partage un Era-
lernel déjeuner assaisonné de bonnehumeuretarrosé du cidre
du pays, que quelques-uns de nos hôtes du Midi coupent d'eau
de Seltz. On se rassemble, on visite le musée archéologique
et la belle galerie de tableaux du musée communal. On
examine ensuite la cathédrale, en détail, sous la direction
de M. l'abbé Peyron, comme toujours, le plus obligeant des
ciceroni et le moins rébarbatif des érudits.
Après avoir parcouru quelques rues, examiné quelques
vieilles maisons d'un cachet original, on est de retour à
l'Hôtel pour fermer les malles et boucler les valises.
Vers quatre heures, on se sépare et nous souhaitons bon
voyage à ces chers confrères de Montauban, dont nous
enregistrons les noms, saut erreur :
MM. Fernand Pottier, président de la Société depuis 3t ans;
Mêla de Cabarieu, ancien sous-préfet de Brest, vice-président ;
Dumas de Kauly, archiviste du département ; Buscon, avocat
_au barreau de Montauban ; de Gastebois, ancien secrétaire
général de la préfecture de Toulouse ; le baron Yzarn de Cap-
devllle ; Moron, architecte ; le docteur Constans ; Arthur de
Costes ; Fourmant ; Barlhe ; Dulès ; l'abbé Laborie, professeur
au séminaire ; Vernhes.
Quand un lils de notre Armorique part aux pays lointains
pour défendre l'honneur du drapeau, au moment de la sépa-
ration, il a le cœur gros de quitter la vieille grand'mére : se
verra-t-on encore V Et la pauvre aïeule cassée par les années,
brisée par le chagrin, penchée sur l'épaule de son pelit-fils lui
dit ; kenaw ! au revoir 1 hélas, elle ne croit pas à ce bonbeur
désormais, en ce monde qui est si grand, mais elle ajoute
aussitôt un correctif touchant dans sa sublime simplicité :
n,g,t,7.cbyGOOglC
- txiV -
Kenaw..., er Baradox 1 Au revoir..., au Paradis !
Et nous aussi, avons-nous grand espoir de nous revoir ici V
Voilà pourquoi, Messieurs les archéologues de Tarn-et-
Garonne, nous vous disons : Kenavo er Baradoz !
Ce vœu est émis dans la langue des vieux celles, et venu du
pays des Celtes, il vous sera agréable, comme une gerbe
d'ajonc fleuri et de bruyère rapportée du pays d'Armor.
Abbé Antoine FAVÉ,
Sea'étaire de la Société archéologique du Finistère.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SEANCE DU 27 OCTOBRE 1898
Pi-ésidence de M. P. DU CHATELLIER, Président.
Étaient présents : MM. les chanoines PEYRON et
ABGRALL, vicomte DE VILLIERS DU TERRAGE,
abbéFAVÉ, DU CREST DE VILLENEUVE, JENKYN
JONES, LE MAIGRE.
M. Bourde de la, Rogerie, obligé de s'absenter pour
son service, s'excuse par lettre de ne pouvoir assister
& la séance.
Lecture est faite du procès-verbal de la séance du
25 août 1898. Celui-ci est adopté sans observation.
M. Vabbé Favê donne lecture du compte-rendu do
la visite de la 8ociété archéologique de Montauban
dans le courant du mois de septembre dernier. Cette
Société, qui est ainsi entrée en relations par la per-
sonne de plusieurs de ses membres les plus distingués
avec notre Société, a demandé l'échange des bulletins
à la suite de cette visite. Elle a déjà envoyé ses bul-
letins de 1897. Les mêmes, de notre Société, devront
lui être adressés.
Publications reçues depuis la dernière séance :
Bulletin de la Société scientifique d'Aix.
Histoire du Finistère de la Formation quater-
naire à la. fin de l'ère romaine, par le baron Halna
du Fretay (offerte par l'éditeur, M. Leprince).
Com.pte-rendu de La réunion du 30 juin i898 de
l'Académie d'Hippone.
Journal des Savants (Juillet et Août 1898).
Revue historique de l'Ouest (8* et 9° livraisons;
Août et Septembre 1888).
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LXVl —
Bévue de l'Education mnthématique.
Gazette médicale (8 numéros).
Bulletin de l'Amateur du lit'>re.
Bulletin n" 6 de la Société d'émulation des Côtes-
du-Nord.
M. le Président donne lecture d'une lettre de la
Société archéologique de Bruxelles demandant le don
de la première partie du Cartulaire de La.ndévennec.
Cette Société ayant envoyé elle-même ses propres
publications, l'envoi du Cartulaire lui sera fait.
M. le Président lit en.suite une lettre de M. Tré-
védy annon^'ant une communication sur une Ancienne
maison de Qulmper et une autre sur une Trouvaille
archéologique faite en 1385. Pour la compléter il
aurait besoin de savoir la date de la loi anglaise qui
attribue à la Reine les sommes et trésors trouvés en
terre. M, Jonkyn .Tones, consulté à ce sujet, ne la
connaît pas, mais aura l'obligeance de la demander à
qui droit en Angleterre,
M. l'abbé Favé donne lecture de son travail sur La
classe moyenne et le menu peuple de Carhaix, de
1670 à 1700.
M. du Crest de Villeneuve rend compte de la session
du Congrès de l'Association bretonne tenu à Vannes
du 10 au IG octobre dernier. Le vénérable directeur
de l'Association, M. de Kcrdrel, a présidé avec sa
courtoisie et son habiletée accoutumées. Un public
nombreux et brillant s'est pressé à toutes les réunions.
Un grand nombre de travailleurs avaient apporté ou
envoyé des mémoires de grande valeur. On a eu à
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LXVII —
regretter malheureusement l'absence de M. de la Bor-
derie retenu par sa santé et ses immenses travaux.
Notre Société y a été représentée par deux de ses
membres : M. Aveneau de la Grancière qui a lu en
partie un travail assez considérable sur L'Epoque du
bronze où il a réuni avec méthode tout ce que l'on
sait et tout ce que les nombreuses fouilles ont pu
démontrer depuis quelques années ; et M. le chanoine
Abgrall qui avait envoyé un mémoire d'une forme
aussi alerte que pittoresque sur Les costumes de
Basse- Bretagne et leur variété. Le Congrès, qui a
beaucoup applaudi ce travail, a toutefois regretté que
son auteur n'ait pas expliqué le.s raisons de ces variétés
multiples et a formulé le vœu de lui voir traiter cotte
question, posée depuis longtemps, et a laquelle il est
plus à même que tout autre de donner une solution.
La question de la conservation de la langue bre-
tonne dans les écoles et par les écoles, dont l'Asso-
ciation bretonne se montre, si soucieuse, a beaucoup
occupé le Congrès. M. du Crest demandera à la
Société de l'en entretenir complètement dans une pro-
chaine séance. U se borne à mentionner le bon vouloir
de certains instituteurs de" notre région, et particu-
lièrement la religieuse directrice de l'école des filles
de Plonéour-Lanvern à laquelle le Con^rros a décerné
une médaille.
L'Association bretonne, avant de se séparer, a
répondu à la demande de concours qui lui avait été
adressée par notre Société pour l'érection du buste de
M. du Chatellier. M. de Kerdrel a fait valoir en fort
bons termes les mérites de ce savant qui fut un des
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LXVIII —
meilleurs ouvriers de la première heure en Bretagne
et Tun des fondateurs de l'Association bretonne. Sur
sa proposition, le concours a été voté à l'unanimité
avec; la faculté laissée au bureau de l'Association d'en
fixer le quantum suivant l'état de ses finances.
M. le f^résident lit une notice sur la pierre gravée
de Kermaria, en Pont-1'Abbé. La lecture terminée, il
dit qu'il a tenu à donner la primeur de cette commu-
nication à notre Société. Cette pierre sera l'objet de
communications semblables dans un grand nombre
d'autres sociétés en raison de son importance. La
Société d'anthropologie de Bruxelles a déjà demandé des
photographies en priant notre Président de l'autoriser
à les reproduire.
M. le Président lit ensuite une lettre du XVII"
siècle adressée par le marquis de Rosraadec à d'Hozier
sur un tumulus qu'il avait fouillé près du château de
Kergournadech, dont il était seigneur.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
Le Président,
P. DU CHATELLIER
Pour le Secrétaire empêché,
E. DU GREST DE VILLENEUVE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SÉÂNGË DU 24 NOVEMBRE 1898
Présidence de M. p. DU CHATELLIBR, Président
Etaient présents ; MM. du CHATELLIER, président,
l'abbé FAVÉ, LE BRAZ, JENKYN JONES, les cha-
noines ABGRALL et PEYRON, DU CREST DE
VILLENEUVE, LE MAIGRE, DE VILLIERS DU
TERRAGE, l'abbé ROLLAND, BOURDE DE LA
ROGERIE.
M. le Président adresse, au nom de la Société
archéologique, de chaleureuses félicitations à notre
confrère M. Le Braz dont le beau livre Pâques d'/s-
lande vient d'être couronné par l'Académie française.
M. dû Chatellier lit ensuite une lettre des mem-
bres du bureau de la Commission historique du
département du Nord qui demande l'échange de nos
publications. Après discussion, la proposition est
acceptée ; nos bulletins seront adressés à la Commis-
sion historique du département du Nord à partir de
1899. Elle recevra en outre quatre volumes choisis
dans notre collection en échange de quatre années de
ses mémoires que cette société veut bien nous proposer.
M. du Chatellier dépose sur le bureau les volumes
ou fascicules reçus depuis la dernière réunion.
Bulletin archéologique du comité des travaux
historiques. Année li<97, 3° livraison.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LXX —
Annales de Bretagne, n" de novembre 1898.
Bulletins et mémoires de la Société archéologique
d'IUe-et-Vilaine, tome XXVII, 1898.
Revue historique de l'Ouest , n° d'août-septembre
1898.
Six numéros de la Gazette médicale.
M. de Villiers du Terrage lit le compte-rendu
d'une fouille très intéressante qu'il a fait exécuter à
Kerambriel, en ElHant.
Sous un tumulus, en partie aplani par des labours
successifs, notre honoré confrère a rencontré un
monument circulaire, à parois maçonnées en pierres
sèches. Le compte-rendu de cette exploration, accom-
pagné d'une photographie donnant une vue du monu-
ment, au moment de sa découverte, a vivement
intéressé tous les membres présents à la séance.
Inséré dans notre bulletin il sera lu avec profit par
tous ceux qui s'occupent de notre archéologie bre-
tonne.
Lecture est ensuite donné des communications
inscrites à l'ordre du jour.
M. Trévédy : Une maison de la rue Saint-François
(Lu par M. du Crest de Villeneuve).
M. Le Carguet : Le culte du soleil. La génération
par le feu (Polk lore du Cap-Sizun et de l'ile de Sein).
(Lu par M. Bourde de la Rogerie).
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LXXI —
L'intéressante étude de M, Le Carguet soulève
quelques objections de la part des celtisanle présents
à la réunion. D'après M. Le Braz le mot tantat dési-
gne la « flambée » du feu de la Saint-Jean ; an naon
est un mot très usuel qui signifie « les âmes ». Le
souvenir des mort» est partout en Basse-Bretagne lié
d'une façon très étroite aux feux de la Saint-Jean et
sufEt généralement pour expliquer les différentes cé-
rémonies qui y sont pratiquées. Et M. Le Braz nous
décrit avec sa verve habituelle les feux qu'il a vus au
cours ne ses pérégrinations à travers la Bretagne :
très souvent il * vu jeter des pierres dans le foyer
pour servir de sièges aux âmes des défunts. A Rou-
doualec, une vieille femme lui montra, entassées dans
un coin de sa demeure, toutes les pierres qu'elle avait
ainsi jetées dans les feux auxquels elle avait assisté
depuis son enfance et qu'elle conservait pieusement
en souvenir des parents qui étaient venus s'y reposer.
M. Jenkyti Jones et M. Le Braz reconnaissent d'ail-
leurs que plusieurs des cérémonies décrites avec
tant de précision par M. Le Carguet ont disparu
partout ailleurs que dans le cap Sizun. Comme il est
impossible de les expliquer par la pensée de la mort,
il faut supposer, comme l'auteur l'a fait, que l'on
se trouve en présence des rites plus ou moins modi-
fiés d'une religion oubliée.
M. du Chatellier lit un passage d'une lettre de
n,g,t,7.cbyGOOglC
M, Le Carguct qui ajoute de nouveaux renseigne-
ments (1) à ceux que renferme sa notice.
(1 Dans le Cap je n'ai pas trouvé de tracesd'Oneautre céré-
monie qui existe encore dans quelques endroits, surtout dans
le Morbihan, â Baden principalement : C'est d'amener les
bestiaux sous Ins feux de la Saint-Jean ; la fumée de ces feux
les préserve, dit-on, des maladies et des loups.
(1 A Kerfeunleiin et à Esquibien, autrefois, on conservait
les lisons ou les manches des torches qui avalent servi à la
procession des feux. Je n'ai pu savoir pour quel motif, ni
quelles étaient leurs verlus.
(( Dans le Cap, il est d'usage aussi, que chaque assistant
jette une pierre dans le bûcher, avant de s'en aller : les morts
viennent se réchauffer sur ces pierres. Celui dont la pierre
est retournée c'est qu'un de ses ancêtres l'a fait et l'appelle :
il mourra dans l'année. D'habitude on marque les pierres
d'une entaille quelconque afin de se rendre compte si elles
ont été retournées. Cii usage que le P. Maunoir a constaté en
1643 existe encore.
H L'usage d'entourer le bficher d'un cercle de 9 pierres est
tout à fait distinct du précédent.
H Le cercledu feu (kelc'han tan}, sefaisailen même temps
que le bûcher, acuiil qu'il fut allumé.
i< Au contraire, les pierres des morts, se placent quand
tout est terminé et le feu presque éteint. Ces pierres, brdi-
nairement.sonl celles sur lesquelles les assistants se sont age-
nouillés ou assis, pendant la cérémonie. En se retirant, on
les jetle, en dedans du cercle, sans ordre aucun, mais en
ayant bien soin iiue t'entaille, ou la marque faite à la pierre,
(I) Comptôlt'S par une noLu adrcss^'e par M. Le Carguet, le 10 déeembrc.
.yGoogIc
--Ï L-XXUl —
soit apparente. SI le cerble db feU n'apasété établi^ enniëme
temps que le bûcher, — ce qui est, aujeurd'luii, leoas le plus
fréquent et donne lieu à la confusion des deux rites, — on dis-
pose, aussi, par imitation de ce qui se faisait précédemment,
ces pierres, en rond, autour des cendres. Mais alors, leor nom-
bre, au Heu d'être limité à neuf, est indéterminé.
<( La pensée des choses de la mort, dans le Cap, s'associe à
tous les actes de la vie humaine, aux réjouissnnces principa-
lement, il est donc probable qu'au culte ancien du soleil, qui
est une fête de joie, on a adopté le souvenir d'un ancien
culte des morts.
i( Du reste, la fusion de deux pratiques, ou croyances an-
ciennes, complètement étrangères l'une à l'autre, pour ne
faire actuellement qu'un tout, se rencontre fréquemment.
i( Les feux de la Saint-Jean, au point de vue catholique,
ont aussi leurs symboles et leurs usages.
« Le bûcher représenterait l'Evangile qui donne, aussi, la
lumière et la vie. Les brandons allumés à ce bûcher et se
répandant dans la campagne, rappelleraient la diffusion de
l'Evangile par les apdtres-
Il A Saint-Jean, en Plouhinec, on vendait autrefois les cen-
dres au profit de la chapelle du saint dont on voit encore les
ruines du bord de la rivière d'Audierne, près de Kersigneau.
Ces cendres avaient la réputation de donner les plus belles
récoltes et se vendaient une forte somme à l'encan.
« Cette coutume se retrouve en plusieurs endroits, par exem-
ple à Guilers près Brest ».
Les membres de la Société chargent le secrétaire
d'exprimer à M. Le Carguet leurs remerciements
pour ses communications si intéressantes.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- LXXIVt —
M. l'abbé Favé continue la lecture de son étude
sur la milice et les garnisons au pays de Carbaix
sous Louis XIV.
La séance est levée à quatre heures et demie.
Le Président,
P. DU CÏÏATELLIER.
Le Secrétaire,
H. BOURDE DE LA ROGERIE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,t,7.cbyGOOglC
SëâNGE DU 29 DËGËMBRË 1898
PrAsideiice de M. P. DU OHATEIIXIER, Prâsident
Etaient présents : MM. DU CHATELLIER, prési-
dent, les chanoines ABORALL et PEYRON, LE
MAIGRE, DU CREST DE VILLENEUVE, JENKYN
JONES, les abbés FAVÉ, ARHAN, ROLLAND et
JÉZËGOU, BOURDE DE LA ROGERIE.
M. Bourdp, de la Rogerie lit le procès-verbal de la
dernière séance qui est adopté.
M. le Président lit un passaj^e d'une lettre qui lui a
été adressée par M. Le Carguet en réponse aux objec-
tions qu'a soulevées son étude sur le Culte du soleil.
(Folk-lore du Cap-Sizun et de Vile de Sein.J
il 1" Le Tantitd, mol qui se termine par un D el non par T,
signilie bien le feu, la llambée, actuellement ; mais autrefois
il signiliait f/rand/pu (voirie dictionnaire du Père Grégoire
de Rostrenen, page 407, édition de 1732.. Ce mol est, composé
de deux autres : tan, feu et tad, père. Voir M. de la Ville-
marqué dans le BarzazBreiz ;arRannou, les séries), ainsi que
M. Henri Martin {Histoire de France, 4^ édition, (T.I. p. 71}.
V 2" Il n'y a pas de rapprochement possible entre les mots ;
lin nao, les neuf ^{ anaon.
« Ce dernier mot se prononce avec la derniéresyllabe très
.orlement nasalisée un anan-on-n.
11 Au contraire an iitto, (es neu/'se dit avec ta lettre il dure et
soutenue. Dans l'arrondissement de Morlaix cet usage existait
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LXXVl -
aassiaulourdes feux de la Saint-Jean, à Plouigiieau principa-
lement. Mais on prononçail an «ô-iJO avec la lettre 0 reten-
tissante. Dans le Cap el à Ponl-l'Abbé, on le fait rimer avec
brao et saio : donc, pas de confusion possible.
Il 30 Le sens de len âmes donné au mol Anaon n'esL pas com-
plet. Il signilîe à la fois le corps, l'âme et la tombe: tout ce
qui reste du décédé et qui est la propriété des parents. Dans
mon service j'ai plus de vingt fois par an l'occasion de contrôler
ce sens, »
M. le f'résident cléposo les volumo.s et revue.s qui
ont été envoyées à notre société :
Ulysse Chevalier. L'abbaye de Silos, s. I. n. d.
brochure in-S" (Hommage do l'auteur).
Hugues Vagany : Les traductions du ps^autier au
XVI' siècle. Fribourg 1898, brochure in-8* (Hommage
de l'auteur).
Docteur G. de Closmadeuc. L'émigré Gesril du
Paspeuetles deux frères de Guerry : Quiberoii 1795,
Vannes 1898, brochure in-S*. (Hommage de l'auteur).
Mémoires de l'académie de .'V?i7ie.s. Tome XI 1897.
Annalcfi de la. Société liit^torique et archéologi-
que de Château-Thierry. Année 1897,
Reoue histori'jue de VOuast, n" de novembre 1898.
Recueil de la Commissîort des monuments hislo-
r'.ques de /a Charente. N" d'octobre 1898.
Me'disiiie. N" d'octobre 1898.
Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie
religieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et
Viviers. N"" de septembre-décembre 1898.
I}ulletin de la Société d'études historiques et géo-
graphiques de Bretagne. N" d'octobre 1898.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— LXXVII —
Gazette médicale. N"' de novembre et de décembre
t898.
Comité des ti-iiva.u.x historiques. Missions, biblio-
thèques, arcliives : bibtiogruptiie des publications.
Paris, 1898, in-8'.
M. Bourde de la Rogerie signale ce dernier volume
à l'attention de ses confrèpcs : on y trouve la liste
très complète de tous les inventaires oflicielsd'aruliivos
départementales, communales et hospitaliôres, des
catalogues des manuscrits des bibliothèques pu-
bliques, etc.
M. le Président prononce ensuite les paroles sui-
■ vantes :
(( Messieurs,
« Cette année la mort nousaenlfivé pl(i:^iniirsc'i)ll('j;iiesaii\-
(fuels je volts demande la ijermission d'adresser un dernier
souvenir en celle séance de lin d'année.
Il Ce sont Messieurs :
Il liené-VauricedeKertfl. — Né en ISItS. il nlilinl en ISIii
de s'embarquer, à filie de dessinateur, sur la fréfiate la t'onr,
rommandée par l'amiral Kévrier des Poinles. Au cours do
celte campajjne il lit. avec le lieutenant Henri de Kersaini,
une expédition fort intéressante à Quito. La guerre avec la
Russie ayant été déclarée vers celle époque, l'amiral des
Pointes dirigea son escadre vers le Kamtchatka et honibarda
Pétropolowski. Peu après, l'amiral étant mort, il fut remplacé
dans son,commandement par l'amiral Fouricbon. R. deKerrel
revint en France.
Il A partir de ce moment, il se iixa auchAteau de Quillien.
en Brasparts, et ne tarda pas à se marier. Devenu veuf, t
consacra toute son activité à rédiication de ses enfants et:
n,g,t,7.cbyGOOglC __
— Lxxvin —
faire le bien, construisant et enlrelenant des écoles et répa-
rant des églises, s'inléressani à la conservation de nos monu-
ments mégalithiques, ces témoins d'un passé bien lointain, il
donna un généreux exemple en meltanl sous la protection de
notre société la très belle allée couverte de Brennilis, rem-
plissant en cela tes inlenlions supposées de son frère Cari,
pnkédemmenl décédé
(1 Puig de Itilolongi. Il s'est essayé à des études historiques
(|ui, vous vous le rappelez, ont provoqué quelques judicieuses
rectifications au sein de notre société. Les travaux de ce genre,
on ne saurait Irop le répéter, doivent rester en dehors de tout
parti pris et de toute partialité. Notre confrère, enlevé préma-
turément, y serait sans doute arrivé avec le calme que donnent
les années tempérant les fougues de la jeunesse. Toutefois
lions trouvons matière à louer dans quelques uns de ses essais.
H imédée df Lécluse-Trévoédal. — Durant les mandats
électifs qu'il a remplis, comme conseiller général et comme
maire d'Audierne, il a montré un réel dévouementaux intérêts
de ses (ioncitoyens qui n'oublieront pas sa conduite généreuse
pendant les épidémies qui ont décimé .\udierne alors qu'il
était maire.
Edmond-. Varie-Ceorge" lilanchet de la Sablière — Maire de
Oouesnach, aimé de ses administrés, cet homme de bien,
mort jeune encore, dans sa '(6« année, laisse le deuil dans
t'àme de tous ceux qui l'ont connu D'une grande énergie, il
fut un vaillant explorateur. Le cadre restreint de cette courle
notice ne me permet pas devons tracer ses lointaines expé-
ditions, avec les détails qu'elles comportent,laisseï-moi cepen-
dant vous en dire (luelcjues mots,
n Kn 1880, il partit avec un de ses parents pour r.\méri(iue.
Débarqués à New-York, les charmes de la grande cité commer-
ciale et de la vie à outrance ne les retinrent pas longtemps.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- LXXIX —
Attirés par l'aUrait de l'inconnu, ils traversèrent l'Amérique,
visitant, en observateurs sagaces, toutce qui ayant quelqu'in-
térét était susceptible de les arrêter. Enfin, s'embarquant à
Vancouver, ils se rendirent en Alaska, pays peu connu à cette
époque et n'ayant pas encore acquis par ses mines la célé-
brité qu'il a aujourd'hui Ils y passèrent quelques semaines
vivant sous la tente et chassant l'ours, sport qui n'était pas
exempt de fortes émotions. En revenant vers l'Europe, de la
Sablière, après un voyage, non sans danger sur les rapides
de la Colombie, parcourut la Floride.
Il A peine rentré en France, son activité le poussa à orga-
niser une nouvelle expédition, ayant cette fois un but scien-
tifique plus marqué. Il partit en 1880 avec quatre parents ou
amis ayant pour objectif l'ascension du monl Saint-Elie.
Malheureusement, au début de l'expédition, un grave accident
survenu à un jeune parent i^ui l'accompagnait le força à le
ramener en France.
(1 Voulant se dédommager de ce retour inopiné, à peine
avait-il touché pied à Paris qu'il partit pour la Suisse ou .attiré
par l'attrait des montagnes, il lit l'ascension du Mont-Blanc,
comme avant goût de celle du mont Saint-Elie qu'il avait
conservé l'espoir de faire l'année suivante. A cet effet, pendant
son séjour en Suisse, il s'était assuré le concours d'un guide
expérimenté. Mais la mort de son jeune parent et celle de son
père le retinrent au milieu des siens et arrêtèrent pour
toujours la réalisation de ses projets.
H Nous conserverons le souvenir de ses voyages comme un
noble exemple.
« Puissent les quel()ues lignes émues que nous consacrons
à nos collègues disparus adoucir la douleur des êtres aimés
qu'ils ont laissés après eux.
(I Enfin il est encore une mort qui quoique prévue n'en est
pas moins douloureuse pour tous c'est celle de noire vénère
n,g,t,7.cbyGOOglC —
- LXXX -
président d'honneur, Monseigneur Henri-Victor-Félix Val-
leau, évt^que de Quîniper et de Léon.
(I Vous savez l'intérêt qu'il portail à notre société et avec
quel plaisir il s'entretenait de nos études, apportant dans ta
discussion l'esprit le plus libéral et le plus éclairé, vous savez
aussi (|ue plusieurs travaux de lui portent la marque d'une
érudition incontestable. Vous n'ignorez pas combien il aimait
à se trouver au milieu de nous, malheureusement ses diivoirs
ëpiscopaux ne le tui permirent pas aussi fréquemment qu'il
l'eut voulu. Vous vous souvenez tous de l'alTabllitë avec la-
fiuelle il présida noire séance l'an dernier à cette époque, nous
ne nous doutions pas alors qu'aujourd'hui nous aurions la
la douleur de le conduire à sa dernière demeure.
« Vous penserez avec moi, j'en suis certain, messieurs, que
nous lui devons, comme dernier hommage, de lever la séance
en signe de deuil, n
M duChaleUieretM. le chanoine Peyrofi font con-
naître qu'ila ont reçu de^ lettres de M. Trévédy et de
M. le docteur Corro, nos anciens vice-présidents, qui leur
expriment la part qu'ils prennent au chagrin que nous
cause la mort de notre très regretté président d'hon-
neur,
La proposition de M. du Chatellier est adoptée à
l'unanimité et la séance est levée à trois heures.
Le Président,
V. DU CHATELLIER.
Le Secrétaire.
II. BOURDE DE LA ROOERIE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,t,7.cbyGOOglC
lÉMOIRES ET DOCUMENTS INËDITS
n,g,t,7.cbyGOOglC
,yGooglc
LE MOBIUGR ARTISTIQUE DES ÉBLISES BRETONNES
Les monuments de pierre, églises, chapelles, clochers,
porches, etc., que j'ai meationnés et succinctement décrits
dans une notice précédente, ne sont pas les seules choses
qui constituent les richesses d'art de notre Basse-Bretagne.
Il y a une foule d'autres créations qui décèlent le talent et
le génie inventif des gens de métier dans le temps passé,
et qui entrent dans le mobilier et la décoration de nos
édifices religieux. Faisons-en la nomenclature rapide pour
les passer ensuite en revue et en faire une brève description.
Car pour un travail complet, il faudrait établir un inventaire
détaillé de tous les monuments du diocèse en décrivant par
le menu toutes les œuvres qui s'y rattachent.
Ce qui fait l'objet de notre étude aujourd'hui, ce sont ;
Les autels et retables. Jubés, chancels et clôtures de
chœurs, stalles, portes sculptées, chaires à prêcher, poutres
et corniches historiées, statues, groupes, bas-reliefs, niches
à volets, sépulcres de N. S., cuves baptismales et baldaquins
de fonts-baptismaux, tribunes et buffets d'orgue, bénitiers,
tombeaux, vitraux, tableaux, bannières, croix de procession,
calices et pièces d'orfèvrerie, châsses et reliquaires.
Autels et retables.
Si nous nous occupons d'abord des autels en pierre, nous
en trouverons assez peu qui aient été conservés ; la plupart
ayant été remplacés par des autels en bois ou englobés dans
des coffres de cette matière, à l'époque o<i est intervenue la
mode des grands retables à colonnes inspirés, semblerait-il,
n,g,t,7.cbyGOOglC
des grandes compositions et des majestueux frontispices
^ravéa en tète des in-folio édités au xvi' et au xvit' siècle.
On peut citer cependant la table de l'autel de la chapelle
absidale de la cathédrale de Quimper, portant encore une
inscription commémorative de sa consécration en 1295 par
l'évéque Alain Rivelen ; l'autel du fond du chœur de la
cathédrale de Saint-Pol, avec six autres rangés à l'extérieur
de la clôture du chœur, puis deux dans la première chapelle
latérale du côté nord, tous du xV siècle. Au Folgoët on en
compte huit d'une très grande richesse de sculpture, éga-
lement du XV' siècle, cinq en ligne droite adossés au mur
oriental, deux sous le jubé, et un aux fonts-baptismaux. Le
maitre-autel de Goulven est remarquable par sa large frise
feuillagée et par la banderolle qui court sur ses arcatures.
A Melgven, un Joli autel en granit fin de Scaër porte cette
inscription ; Lan. mit. UW nH""" IX. (4489) V. et D. G. le.
Manchec. p. fist faire, ceste.
Au maître-autel de Penmarc'h l'ancienne table est con-
servée, mesurant 5 mètres de longueur; à Saint-Jean-
Balanan, de Plouvien, on a déposé il y a quelques aimées la
magnilique table du maître-autel, mesurant 4 mètres, et
servant maintenant de degré sous la balustrade. Signalons
encore un autel, sur colonnettes, du xiV ou du xv' siècle,
dans le collatéral midi de Pont-Croix, et un autre très
simple, du xvii", adossé â un pilier près du porche dans
l'église de Plougasnou et portant cette inscription : SANT :
SACRAMANT.
Arrivant aux autels et retabies en bois, il faut faire observer
qu'on en trouve bien peu d'exemplaires datant de l'époque
gothique. A Goulven, un autel latéral porte des arcatures
flamboyantes et des bas-reliefs dans son coffre et son petit
retable.
Le superbe retable de Kerdévot est un travail dans le
style du xv« siècle, provenant d'Anvers. A BrenniMs, un
,y Google
retable d'autel secondaire, orné de scènes de l'h'stoire de la
Sainte -Vierge, a tous les caractères d'une œuvre de la fin
de la période ogivale, malgré les cotonnettes torses du xvii'
siècle dont on l'a alTublé. Il en est de môme du retable de
l'autel de N. D. à Bodilis, qui formait autrefois une grande
nicfae à volets. Egalement le retable de dix mille martyrs de
1 église de Crozon garde encore un reste de traditions
gothiques.
Mais c'est la Renaissance, le règne de Louis XIII et celui
de Louis XIV qui nous ont légué le plus d'œuvres en ce
genre. En général les coffres ou tombeaux d'autel n'offrent
rien de bien important, le travail s'y résume en quelques
panneaux ornés d'arabesques et encadrés de fortes moulures.
Toute la richesse se reporte sur les gradins et spécialement
les retables qui sont de deux sortes : les uns à tourelles,
pavillons et châtelets, entourés el accostés de cariatides ou
de colonnetl.es torses ou cannelées, avec couronnement de
balustrades à fuseaux et de lanternons ; les autres se com-
posant de deux, quatre, six ou huit grandes colonnes lisses
ou torses, enguirlandées de branches de laurier ou de pam-
pres de vigne, encadrant de grands bis-reliefs, des groupes
ou des tableaux, et couronnées par des frontons variés ou
des séries de niches formant deuxième étage. Quelquefois
les deux genres se trouvent alliés ensemble, le petit retable
à tourelles est circonscrit ut surmonté par les grandes
colonnes ; c'est ce qu'on trouve tout spéciakment à Roscoff
et à Saint-Jean-du-Doigt, dans cette dernière église le
travail est en pierre blanche et en marbre.
Les principaux retables à lourelles qui sont à citer sont
ceux de Ploaré, Pleyben, Loqueffret, Landévennec, Telgruc,
Briec. Elliant, Kosporden, Arzano, Combrit, Plougasnou,
Locquénolé, Bodilis, Saint-Sauveur, Ploudiry, ce dernier
provenant de l'ancienne chapelle de N. D. des Portes à
Château neuf.
,yGooglc —
Les grands retables à colonnes se trouvent à la cathédrale
de Saint-Pol-de-Léon, à N. D, du Creisker, Plougasnou,
SHÏnt-Melaine de Morlaix, Saînt-Thégonnec , Guidait,
Guimiliau, Lampaul, Plouvorn, Bodilis, Comanna, Sizun,
Loc-Mélar, Pioudiry, Trémaouéazn, Gouesnou, Plabennec,
Piouguerneau, Brasparts. Pleyben, LoquelTret, Rumengol,
Le Faou, Lopérec, Chapelle de Saint-Sébastten en Saint-
Ségal, DinéauU, N. D. de Châteaulin, ^Sainte-Marie de
Ménez-Hom, Argol, Telgruc, Locronan, Pont-Croix,
Beuzec-Cap-Sizun, Saint-Tujean en Ppimelin, Plouhinec,
la Trinité de Plozévet, Penmarc'h, Pont-l'Ahbé et Lambour,
Rosgrand près Qui m perlé, Saint- Maurice de Clohars-
Carnoët et Saint-Philibert de Trégunc.
Jubés.
Lee jubés, grandes galeries transversales en pierre ou en
bois, posées à la séparation de la nef et du chœur, étaient
autrefois plus nombreux dans nos églises.
L'histoire de nos monuments, des traces et amorces
restées dans ta maçonnerie indiquent leur existence ancienne.
C'eslainsiquenouspouvons savoir quel'on construisit un jubé
au xvii' siècle à l'entrée du chœur de la cathédrale de Quim-
per pour recevoir le reliquaire du bras de saint Corentin. Des
escaliers et des passages nous révèlent qu'il y en avait
autrefois à la cathédrale de Saint-Po)-de-Léon, à Sa'nt-
Michel de Quimperlé, à N. D. de Kerdévot et probablement
à Quilinen. Désormais il n'en reste que sept, dont deux en
pierre et cinq en bois.
Le jubé du Folgoët est la merveille de la sculpture en
pierre dans notre pays. Ces) la découpure la plus fine et la
plus déliée qui ait été faite dans le Kersanton, formant trois
arcades A redents et guirlandes qui soutiennent une plate-
forme entourée d'une galerie à arcatures d'un cflté et à
quatre feuilles de l'autre.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 7 —
Le jubé de Lambader, 1481, est aus^i Texpreseion la plus
parfaite du travail sur bois. Au milieu des fantaisies et des
enchevêtrements les plus harmonieux du style Hamboyant,
on y trouve déjà deux ou trois panneaux qui sont absolument
dans le génie de la Renaissance,
A la Roche-Maurice nous sommes en pleine Renaissance
ou même dans le style Louis XIII, et malgré les assertions
de M. Léon Palustre, je trouve bien peu de faiblesse dans
cette œuvre; j'y reconnais au contraire beaucoup d'hahileté,
de correction et d'imagination.
Pareilles qualités sont à louer dans le jubé de Saiut-
Herbot qui oiïre un plus grand développement, vu qu'il se
continue sur les deux cdtés par une sorte de chance! en
clôture fermant le chœur. A l'intérieur est une série de quinze
stalles surmontées d'un dais continu faisant saillie de 0 m. 60,
séparées par des accoudoirs très épais et ayant sous les
miséricordes des sujets fort bien sculptés et tous variés. Il
est à croire que cette œuvre est à peu près de même date
que les vitraux de l'église, c'est-A-dire de 1556 environ.
A Berven nous trouvons la même disposition dans l'en-
semble, mais pas la même perfection dans le travail. Les
arcatures en pierre formées de colonnetles cannelées, qui
ferment le chœur par devant, ainsi que les clàtures de bois
des deux côtés, sont réellement classiques, mais les pan-
neaux de la plate-forme et du couronnement sont plus incor-
rects, ce qui n'empêche pas cette œuvre d'avoir grand air
et grande valeur, surtout si on considère les stalles qui y
sont adossées et qui sont en vérité un travail d'un excellent
style, grâce aux cariatides genre sphinx qui en forment les
séparations.
Le jubé de Sainte-Croix de Quimperlé, placé maintenant
contre le mur occidental de la nef, terminé en 1581 sous le
gouvernement de l'abbé Daniel de Saînt-Alouarn, est un
magnitique ouvrage en pierre de Taillebourg, où l'on trouve
n,g,t,7.cbyGOOgIC
toutes les finesses et toutes les ingéniosités de la Renaissance,
pilastres couverts d'arabesques déliées, chapiteaux, bustes
gracieux de cariatides, niches à coquilles couronnées de
dais aux pinacles et pyramidions ajourés, statuettes et ligu-
rines, dauphins et feuillages d'un gras et d'un galbe sur-
prenants.
Tout près de Quimperlé, dans la chapelle du château do
Rosgrand, est une autre œuvre d'une richesse et d'une
perfection étonnantes. Faut-il l'appeler jubé ou simplement
chance], puisque ce n'est qu'une clôture ou cloison ajoura ?
Ce travail en chêne sculplé se compose d'un soubassement,
d'une colonnade et d'un entablement formant grande frise
et double cornichede couronnement. Chose curieuse et assez
ordinaire à cette époque, l'on y, a mêlé d'une manière
ingénue le sacré au profane, les scènes bibliques aux sujets
mythologiques. Sur la face du soubassement on voit l'his-
toire du prophète Jonas et celle du sacrifice d Abraham, puis
Mercure, Diane, une foule de petits génies, faunes, satyres
et nymphes; de l'autre côté, les traits de force de Samson
répondant aux travaux d'Hercule. La colonnade est composée
de huit colonnes entourées de pampres de vignes et lauriers,
et de huit balustres cannelés ou torses, au milieu desquels
se trouvent deux statues allégoriques de la Justice et de
l'Espérance. Dans la frise, encadrés par dix cariatides à
gaines, trois grands bas-reliefs représentent l'Adoration
des bergers, l'Adoration des mages et ta Présentation atr
temple. Plus haut, au milieu, le buste du Père-Eternel, et
entre les deux corniches, des bustes profanes.
Chaucels et clôtures de chœur.
Les arcades des trois travées du chœ8r de la cathédrale
de Saint- Pot -de- Léon sont remplies jusqu'à trois mètres de
hauteur par un mur plein en pierres de taille auquel sont
adossés tes dais des slalle:^ du côté intérieur, et, qui du côté
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 9 —
des collatéraux, se trouve orné d'arcades moulurées, sous
lesquelles s'abritent les petits autels dont il a été déjà parlé
Un point à noter c'est que, au bout du retable de deux de
ces autels sont percées deux petites meuitrières biaises
permettant au regard de plonger sur le maître-autel et de
suivre la marche des cérémonies dans le chœur.
Autour du sanctuaire on a rétabli une clôture en colon-
nettes et arcatures de Kersanton. Si elle n'est pas la
reproduction exacte de l'ancienne clôture, elle a du moins le
mérite d'avoir été copiée fidèlement sur celle qui existe
encore dans l'église de La Martyre.
Au Folgoët, même disposition qu'à Saint-PoI-de-Léon
des deux côté du chœur, sauf l'absence des petits autels,
mais les arcades donnant sur tes collatéraux sont encore
d'une plus grande richesse.
A Lanmeur, la chapelle des fonts-baptismaux est fermée
par une porte et une fenesiration flamboyantes qui formaient
autrefois l'entrée du chœur dans la chapelle de Kernitroun,
A Plougasnou, l'ancienne porte du chœur se trouve main-
tenant à l'entrée de la jolie chapelle de Kericuff.
Non loin de Plougasnou, dans la paroisse de Guimaëc,
se trouve une chapelle dédiée à NoIre-Dame-des-Joies, perdue
au fond d'une campagne ignorée. Celte chapelle est en
quelque sorte remplie de belles œuvres d'art tant en pein-
tures qu'en sculptures. On y trouve tout spécialement une
clAlure en bois fermant le chœur de trois côtés et dont les
colonnèttes sont d'assez mauvais goût, tordues qu'elles sont
en gros tire-bouchons ou en ressort à boudin ; mais au-dessus
règne une frise Renaissance de la plus pure beauté, et com-
prenant une vingtaine de panneaux sculptés et découpés,
formés d'arabesques, griffons, génies ailés souillant dans
des trompes, etc..
Pour finir cette série, signalons la clôture des fonts-
baptismaux de Brennilis, toujours dans le style de la Renais-
n,g,t,7.cbyGOOglÇ —
sance, balustres tournés et frise recoupée de médaillons
rehaussés de têtes et de bustes.
Stalles.
Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol, au nombre de
soixante-dix, datent de l'épiscopat de Jean de Carman,
ISO^-lSli, et de celui de Guy Le Clerc. 1514-1523. Quoi-
qu'elles aient été faites en pleine époque de la Renaissance,
elles sont en très pur style tlamboyant, et on n'y sent en rien
l'iiiHueuce de la nouvelle école, fjes traditions gothiques
sont absolument vivaces dans le dessin d'ensenable, les beaux
enroulements des deux extrémités, les découpures des pan-
neaux des dosserets, l'agencement des dais qui la couronnent,
les petits pinacles, les statuettes, les sujets variés et bizarres
des accoudoirs et des miséricordes. J'ai déjà mentionné les
Stalles de.Berven et de Saint-Herbot ; je pourrais aussi
indiquer dans l'église de Pont-Croix quelques-uns de ces
vieux sièges chassés honteusement du chœur depuis de
longues années et mis en pénitence le long de quelque mur
de bas -côté.
A Lampaul-Guimîltau. quelques vieilles stalles et d'autres
toutes récentes, faites d'après le modèle ancien, sortent
absolument du commun grâce aux serpents ou monstres qui
leur servent d'accoudoirs, aux pieds en console et aux
cariatides qui les soutiennent et aussi aux médailons et
cartouches qui séparent les panneaux du dossier. Tout prés
de ces stalles, aux deux extrémités de la table de communion ,
il faut signaler deux griffons ou monstres ailés d'une puis-
sance extraordinaire de galbe et de tournure.
Les mêmes modèles ont été imités dans le chœur
de l'église de Saint-Thégonnec, sans atteindre la même
correction ; mais une pièce d'une perfection rare qui se
trouve dans cette église, c'est le siège triple à accoudoir et
dosseret à l'usage du célébrant et de ses assistants.
n,g,t,7.cbyGOOglC
n .
Les stalles xvii^ siècle de Sainte-Croix, de Quimperlé,
ont été éliminées de l'église pour dégager les ait^tures de
l'abside ; elles ont heureusement trouvé place daas le chœur
de l'église de Riec.
il m'a été donné de voir quelques-unes des vieilles stalles
de Garhaix, mais c'était chez un brocanteur de Morlaix.
C'est vraiment dommage qu'elles ne soient pas demeurées
dans leur local primitif, car ce sont des œuvres gotbiques
d'un aspect réellement monastique et dignes de cette grave
collégiale.
Portos sculptées.
Quelques églises ont encore leurs vieilles portes en chêne
datant de la construction de l'édifice. A I.ampaul-Guimiliau
les cinq portes qui donnent sur l'extérieur forment des pan-
neaux d'un assemblege ingénieux et solide, elles doivent
remonter à 1610 ou 1620, La porte de la sacristie est de
1679. A Locmélar, la porte ouest sous le clocher est couverte
de neuf panneaux sculptés en bas-reliefs représentant des
scènes de la Passion de N.-S. et datés de 1577.
Les deux portes du porche de Goueznou doivent remonter
à 1664, et sont décorées d'entrelacs, de têtes, de chérubins,
d'anges drapes portani les instruments de la Passion, et
dans les petites niches du haut sont logées les statuettes de
la Sainte-Yierge et de saint Goueznou.
Chaires à prêcher.
Les principales à citer sont celle de la cathédrale de
Quimper, donnant en différents bas-reliefs les principaux
épisodes de l'histoire de saint Corenttn, celle de Locronan
dont les panneaux retracent la légende merveilleuse du
saint patron, A Guimtliau sont représentés les quatre évan-
gélistes avec les vertus théologales et cardinales, et la date
n,g,t,7.cbyGOOglC
- u —
de 1677. A Lampaiil, les quatre évangélîstes et les quatre
grands docteurs d'Occident, Saint-Thégonnec a les mêmes
représentations en huit panneaux, mais dans un style et
dans des cadres d'une richesse qu'on n'a jamais pu espérer
de surpasser.
Poutres et corniches historiées.
Dans nos anciennes églises recouvertes généralement de
voûtes eu bois, il y a profusion de poutres apparentes desti-
nées à empêcher l'écartement des murs et l'effort de la
charpente poussant au vide. Nulle part l'imagination des
sculpteurs ne aesl donné plus libre champ que dans ces pou-
tres ou tirants et dans les corniches ou sablières qui courent
sous les lambris en berceau. Les poutres généralement sont
saisies à leurs extrémités par la gueule d'un monstre qui
les serre entre ses grandes dents. A Lampaul-Guimiliau, la
seule qui subsiste a sur sa face huit bas-reliefs de la Passion
et sur le cdté apposé l'Annonciation et les douze sibylles.
Au-dessus est N.-S. en croix entre la Sainte-Vierge et saint
Jean. Autrefois cette église avait une vingtaine de poutres
sculptées, ornées de torsades, de rosaces, de feuillages, de
rangs de perles et de pointes de diamant ; et les sablières
étaient aussi richement travaillées. Le tout a disparu lors
de la réfection de la charpente. Signalons rapidement les
poutres et sablières de Guimiliau, Bodilis, La Martyre, La
Roche, Goueznou, Combrit, Sainte-Marie du Ménez-Hom,
la chapelle de Sainl-Guénolé, en Ergué-Gabérîc. Quelques-
unes de ces sablières sont datées r à La Roche, on Ut :
H Rolland, i359; à Goueznou : Cet. édifice, fut. faict. au.
temps, de. M'. G. Tourance. recl. 1615. A la chapelle de la
Véronique, en Bannalcc : /. Prima, le. fa. 4605. M. Vincent.
Le. Maoat. Et pour montrer que c'est là le nom du charpen-
tier ou menuisier qui a façonné ces bois, il a figuré une
n,g,t,7.cbyGOOglC
hache et une équerre dans un cartouche tenu par des mou-
tons, ce qui forme des armes parlantes, le mol breton
maout signiliant mouton.
J.-M. ABGRALI,.
Chanoire honoraire.
(A suiore.)
n,g,t,7.cbyGOOglC
II.
UN PROCÈS-VERBAL
ta irtttiHiHi et drilb kinrïfifiB i biiftwi» il i MItui (IMI)
PAK M. LABBB FavB.
Un procès était pendant au Présitlial entre Ecuyer Hervé
de Kerguélen, S^ de Kerlès, son tils le S' de Kerlaouénan,
d'une part ; et Messine Sébastien Le Becquer, chanoine de
Cornouaille et Recteur de Kerfeunteun (1). Ce dernier avait,
à la date du 7 novembre 1648, reçu assignation pour se
rencontrer avec la partie adverse, à l'Eglise paroissiale de
Landrévarzec, à l'Eglise trèviale de Qiiillinen et enfin au
Manoir noble de Keranroc'h, pour y faire état et procès-
verbal des droits honorifiques et prééminences que la famille
de Kerguélen y possédait.
Le rendez-vous est fixé par le Siège au 16 du même
mois de novembre, A dix heures du matin, au bourg de
Landrévarzec. Hervé de Kerguélen se met en mesure d'y
répondre pour ce qui le concerne^ et ce jour, vers les
huit heures du matin, il se présente chez le Sénéchal
Olivier Salou, seigneur de Toulgoat, bien que l'on fût
au mois de novembre, sombre et brumeux. De Kerguélen
s'est au préalable muni d'un procureur, M' Philippe Pérard,
requérant le premier magistrat a qu'il lui plaise vacquer
1 audit procès- ver bal, à quoi inclinant » celui-ci convoque à
l'accompagner Jacques Du HafTont, avocat du Roi ; Yves
LeMercier,procureurauPrésidial, « faisant pour Le Greffier
(I) Nous n'eD avons pu découvrir le molil dans les papiers du présidial
de Quimper.
n,g,t,7.cbyGOOglC
0 d'apeaux et de luy le serment prins en tel cas requis et
i accoustumez desdits sieurs de Kerlaouénan et Pérard son
' procureur : « on monte à cheval et Von chevauche jusqu'à
l'entrée du cimetière de Latidrévarzec, où se trouve le S' de
Kerlès lequel se joint à son fils le S' de Kerlaouénan pour
supplier le Sénéchal de remplir sa commission.
Avant toute autre procédure. M' Pérard requiert que l'on
vérifie que le terme fixé de dix heures du matin est passé ;
le fait est constaté ■ par l'inspection du soleil et l'attestation
• de Messire Jean Donart recteur de la paroisse. »
Après cette expertise sur la marche du soleil confirmée
par la haute autorité du recteur de l'endroit, il restait à
constater l'absence du recteur de Kerfeunteun : il est requis
qu'il soit fait appel de la personne de messire Sébastien Le
Becquer : Hervé Le Berre, à cet effet délégué, t'adjure s'il est
!à, de se présenter et de répondre. Faute d'écho à cette
sommation, il ne reste qu'à le juger défaillant, ' son dé-
faut, vrai sembla blême iit, ne devant surprendre personne,
malgré l'assignation et l'exploit à lui signifié, l'avant-
veille, 14 du môme mois, par Farcy général et d'armes.
On va donc passer outre, et le procureur présente ses
conclusions : a Ledit Pérard audit nom Soustien Et mest En
( faict quan laditte parroisse Est sitLuez la maison Et manoir
« noble Et seigneurialle de Keranroc'h possédez de tous
a temps par Les prédécesseurs desdits sieurs de Kerlès et
a Kerlaouénan, Gentilshommes du nom et Darmes de Ker-
« guellen, auquel manoir Est Leur Souche Entienne Et
« maison noble primittifve à cause de Laquelle Eux Et leurs
(1 prédécesseurs possèdent Depuis Les deux à trois cents ans
a Et de tout temps Immémorial Les premières prééminences
« Et marque honorifique De laditte Eglise paroissialle de
M Landrévarzec comme armes En bosse et Yittres, Tombes,
a Enfeus, bancqs, Ussières funèbres et autres marques de
' fondateurs. i
n,g,t,7.cbyGOOglC
' Les ayants-droit insistent tout particulièrement sur
le caractère de temps immémorial, sur u les deux à
1 trois cents ans et plus », de la prescription de leurs
prééminences : la raison en est facile à comprendre et se
trouve dans une note sommaire de Poullain du Parc (La
coutume de ta jurisprudence coutumière de Bretagne dans
leur ordre naturel, art. 2S2, pp. Ni-t4S.) Pour b les droits
u honoritiques dans les Eglises la possession n'en peut être
« suiTisante que lorsque le commencement de la possession
B ne paraissant pas, elle fait présumer une possession immé-
« moriale et remontant avant l'ordonnance de 1539 n.
« Justice gist en formalitez », répétait-on autrefois, au
Palais. Dans le Procès-verbal que nous donnons ici on voit
ces formalités observées avec une exactitude pharisaique,
on les voit se suivre et donner l'illusion de la vie, d'une vie
qui se manifeste par la succession mouvementée des fonc-
tions et dès actes
La copie que nous possédons de ce document (Ij est de
14 feuillets fidèlement collationnée, le 5 avrfl 1732, par
les notaires des Heguaires, conformément à l'original
conservé es mains de Hervé-Louis de Kerguélen, che-
valier seigneur de Keranroch el chevalier des ordres
royaux, militaires et hospitaliers du Mont-Carmel et de
Saint-Lazare, copie prise pour le compte de Bernard-Marie
de Kerguélen, seigneur de Penanjeun, fils de défunt messire
François-Marie de Kerguélen, chevalier de l'ordre militaire
de Saint-Louis.
L'enquête à fin de procés-verbal des droits honorifiques
et prééminences est entreprise sans désemparer, après les
formalités préliminaires relatées plus haut. Le greffier tend
l'oreille aux déclarations qui sont faites, et dictées les
enregistre au courant de la plume.
(1) Cette pièce vient d'être versée par naus aux Archives déparlemen-
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ 17 -
1 Et entrés en laditte église paroissiale de Landrévarzec,
« avons Veus qu'au plus hault soufllcl de la Grande ViUre, an
• pignon oriental, il y a Un Escusson des armes du roy. Et
« nous ont lesdits Kerguellen fait Voir en la ditte Vistre, du
« costé de Levangille. Un Escusson portant d'azur au crois-
« sant d'or, laquelle armoyrie lesdits Kerguellen disent Estre
» celles de la terre de Penanjeun[,aunay,lhérittière de laquelle
« nommée Blanchede Laanay fust mariée à Escuyer Guillaume
« Kerguellen, seigneur de Keranrbc'h, Tryaycul et T ryaeulle
« dudit sieur de Kerlez Kerguellen, père dudit sieur de Ker-
« laouénau Kerguellen. Avons Veu au cœur de laditte Eglise,
* ducostédeLevangille,Un!jan(;qouaocoudouez((uelosdicts
<• Kerguellen ont soustenus leur appartenir à cause de la terre
t de Keranroc'h ; Et audevaut dudit bancq tirant devers L'ar-
« cade qui sépare le cœur davec la chapelle de Ni)stre-Dame,
' " qui fait Laisle du costé de Lévaugille, nous ont lesdits Ker-
« guellen montrez une tumbe [datte armoyc d'un Escusson
■■ empreint de trois tasses surmontées de quatre Krmines En
« cheff ; laquelle Tumbe n'est Distante du Grand autel que de
« trois pieds ou environ ; Et au septentrion de laditte Tumbe
B nous ont lesdits Kerguellen faits encore Voir trois autres
0 tumbes plattes armoyée et s'entrejoignante, la première
« estante sous Larcade qui Sépare le cceur de laditte chapelle
« de ?Jostre-Damc, est armoyée d'un Escusson en bosse em-
« preint des mesmes fasses et Ermines que lesdits Kerguellen
■ soustiennent Estre les Leurs, et les Deux autres tumbes
ti aussy armoyées de cinq Escusaons de pareilles armes de
« trois fasses surmontées dequatri' Ermines en clioff ; laquelle
a chapelle faitLaisle de l'Eglise du costé de Levangille, Et ne
« sont lesdittes tumhew que deaviron deux pieds de Lautel de
1 laditte chapelle. Lesdits Kerguellen soustiennent es très pro-
« hibitives aux seigneurs deKeranrûc'li; requérantsqu'ilnous
0 plaise apurer les autres marques honorifiques qui s'y trou-
s vent, outre Les tumbes armoyées et susmentionnées, Et nous
Bulletin archéol. du Fikistérb.— Tohb XXV. iHémoiresj, 2
n,g,t,7.cbyGOOglC
. is ■
« ont lesdits Kerguellen faitVoir queLa Vistrequieslaude-
0 vant de Lautel de laditte chapelle est composé de deux jours
« au passant d'un soufflet qui est au haut d'ycelle ; auquel
« soufflet nous donnons pour reconnus qu'il y a un Rscussou
a dargeant à trois fasses de gueulle surmontez en chef de
B quatre Ermînes de Sable, ledit Escusson timbré d'un lieome
B à costé et grillé au bourlet componé d'or, Et de pourpre
B suportantponrsuivre Une teste de Lion plain lampassé d'or,
« ledit Escusson, orné de Lambrequins chargez de diverses
« alliances, Entre autres dasur à trois quintefeuilles dargeant,
B que lesdits Kerguellen ont maintenus estres Les armes de la
" seigneurye de Quistinit appartenant au seigneur baron du
* Vieux Chastel et des Aubrays, avec autres alliances dazur à
B Trois Mains dargeant accompaigné dun fer despieux posé
B au milieu de Lescusson, laquelle alliance lesdits Kerguellen
« ont maintenu estre de la maison de Kervier, Et en lautre
« Lambrequin avons Veus pareillement dazur au croissant
<■ d*or, que lesdits Kerguellen ont dit Estre Lalliance de ta
« maison de Penenjeun Laulnay. Et en la mesme Vîstre, au
a hault des deux jours ou passant audessous du soufflet
" susmentionné, avons aussy Veu deux Escussons, au pre-
B mier qui est du costé de Levangille, est Un Escartelle au
« premier et dernier dargeant à ti-ois fasses, lesquelles sur-
t montez de quatre Ermines de sable, au second et trolsiesme
a dazur h trois quintefeuilles dargeant et au second, escusson,
« qui est du costé de Lespitre, Il y a un Escartelle au pre-
0 mier dargeant à trois fasses de Gueulles surmontez de
1 quatre Ermiaes de Sable au second dargeant, partye est
• coupé d'un fillet de Sable et cantonné de quatre Loups pas-
0 sants de Sable au troisiesme dazur a une fasse dargeant
H chargé de trois Mollettes de Sable. Ladite fasse accompa
« gnée de trois Pommes de Pin d'or, au quatriesme dazur au
» Dragon aislé d'or qui est de la maison de Coëtninon et do
t Pont Lez, touttes Lesquelles armoyriea lesdits Kerguellen
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ i9 -
• soustiennent estre despendantes de la terre de Keranroc"ti,
B et appartenir à leurs prédécesseurs du nom et d'armes de
e Kerguelien ;
u De plus avons Veus en la mesme chapelle quau Corbeau
« qui suportc limage de Nostre-Dame audessus de Lautel, Il
« y a un Escusson eu bosse empreint des mesmes fasses et
a Ermines, Et que Ion a mis en Coulleur ainsi qu'elles ont
a esté blasonnez cydevant,
« Comme aussy en la mosme chapelle avons Veiis un bancq
• que lesdits Kerguellen ont soutenu estres despendants de
11 laditte terre de Keranroc'h ; Et donnons pour reconnus quen
u laditte chapelle, du costédeLevangille, il ny a aucun Escus-
a son en Vittre ny En bosse, ny Enfeux armoriez nybancqs
« que ceux qui ont estes mentionnés eydessus que lesdits Ker-
11 guellen ont maintenuiis Et dit leur appartenir à cause de
« laditte terre deKeranroc'h ;
« Et au droit de In ueff du crucifix du costé du septen-
s trion avons Veii une Vittre costalle qui donne jour à Lautel
• des saints Cosme et Damian, Et en laditte Vittre un Es-
t cusson plain des mesmes armes de Kerguellen, à Sçavoir
K dargeant à trois fasses de gueutle surmontez en cheff de
« quattrc Ermines de sable, Et finallement lesdits Kerguélen
« ont fait Voir une I.izière funèbre tant tout autour du hauit *
• du cœur par dedans que tout autour du hault de la neft
« aussy par dedans Laditte Eglise. Et pareille Lizièrc autour
• de la Chapelle de Nostre Dame du Costé de Levangille,
■ aussy par dedans lesdittes Lizières semées denviron vingt
a deux Escussons paints portant chacuns deux à trois fasses
H de gueulies surmontés de quatre Ermines de Sable qui sont
« les armes deadits Kerguellen, seigneurs de Keranroc'h ;
0 Et de plus nous ont lesdits Kerguellen faits remarquer
V que dans le Bois posez sur les murailles servant de Sablières
« audedans dudit cœur II y a deux Kscussons en bosse à
> sçavoir un à chaque costé, Et au droit des deux bouts du
n,g,t,7.cbyGOOglC
« Orand Antel ; Lesquels deux Eseussons sont Rmpreints des
• mesmes trois fasses Kt quatre Ermines en QielT; Comme
» pareillement nous ont lesdits Kerguellen faits voir deux
u autres Plscussons en Bosse. I.un audessus du poisle qui est
1 audessus dudit grand autel servant de elelf à la Vouste et
« Lambrissures de bois, et autre escusson au mittant du liault
B dudict I.ambrissage et Vouste de bois dudit Cœur ; lesquels
n deux Kscussons sont pareillement Empreints des dittes trois
« fasses surmontées de quatre Krmines en chelT, et ayants
" sorlys au cimettière hors de ladîle Esglisse, Lesdits Ker-
« gucllen nous ont montrez un Escusson En bosse Et reliefî
« En la première pierre du Clicffron du pignon occidental
« de laditte Esglisse ducosté méridionnal, portant les mesmes
a trois fasses surmontées de quatre Ermines enchelT(jue
u lesdits Kerguellen ont dit pareillement estre Les Leurs ; et
« audessus de La porte qui est au pignon occidental De laditte
» Eglisse avons aussy Veiis un Escusson en bosse Et relieff
■ portant un croissant que lesdits Kerguellen ont dit cslre
H les eutiennes armes de Pennanjeun Laulnay de laquelle
« estoit liéritlière la tnpayeulle {sic) dudit sieur de Penan-
a jeun, son uepveu, et nous ont lesdits Kerguellen requis
« acte que lus Eseussons des Kerguellen qui se Voyent en
. « Bosse au Corbeau qui souslient Limage de la Vierge Et en
u la pierre du Cheffron du pignon occidental, El les F.scus-
« sons des Kerguellen qui sont aux quatre tumbes et aux
a boissages de leglisse paroissaient aussy antiennes que le
a surplus de Léglise, Et que les autres Eseussons des armes
u des Kerguellen, qui sont tant aux Vittres qu'aux Llzières
« suspéciliiez paroissent fort antiennes, Ce que nous leurs
" avons donné pour Véritable ainsy que nous avons peu re-
« marquer par l'inspection desdits Eseussons. »
Il est impossible aujourd'hui de contrôler les données
inscrites dans ce procès-verbal ; l'Eglise vue par les
enquêteurs de 1648 a disparu ; rien ne la rappelle, pas un
,y Google
vestige resté comme un souvenir à déchiffriîr ; à sa place se
trouve un édifice propret, dans le style employé dans les
constructions du culte entre 1830 et 1850.
, . H.
La visite à l'église de I.andrévarzec terminée, accompa-
gnons le Sénéchal au manoir de Keranroc'h, situé à deux
kilomètres bien comptés du bourg, mais à Keranroc'h.
comme au bourg, toute trace d'édifice est déblayée : nous y .
trouvons de beaux rocher^, une étendue de quarante jour-
naux de bois taillis, une maison de construction très récente,
mais rieu de l'ancienne habitation seigneuriale.
Il nous souvient avec quel enthousiasme communicatif
M. le comte de Marsy, lors du Congrès de la Société française
archéologique tenu à Morlaix-Brest (1896), saluait en saint
Jean-du-Doigt le type idéal d'une église de Rasse-Bretagne
avec SCS annexes et compléments : son oratoire extérieur,
l'ossuaire, la fontaine, etc.. . La description qui fut faite
de Keranroc'h, le 11} novembre 1648, par celui qui tenait
la plume ou par celui (jui dictait la minute, dénote et
révèle une description exacte de l'extérieur d'un manoir
bas-breton de l'époque. Le rédacteur du procès-verbal
s'y laisse prendre par la beauté des détails et la ma-
je.ilé de l'ensemble. S'il s'y connaît, Keranroc'h est bel et
bien un beau manoir, imposant par son aspect antique, sa
cour close, son grand corps de logis couvert d'ardoises, ses
beaux bois, ses belles et antiques rabines, ses beaux mou-
lins, ses dépendances !
Ce manoir rentre dans la catégorie de ces édifices et terres
dont le nom désigne, dit M. L. Delisle, (Classe agricole,
p. 213j, 0 l'ensemble d'un domaine féodal comprenant l'habî-
talion des seigneurs, les terres non fieffées qu'il exploite lui-
même et les droits dont il jouit sur les terres liefîées à ses
vassaux ». Comme renseignement d'une exactitude chro-
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 22 -
noiogique quelconque, on s'en tient toujours au terme et de
tout temps immémorisl. La maison du manoir et les logis
y attenant sont antiques, mais bien plus doivent le paraître
a les divers logements ruinés » que l'on y rencontre autour ;
ruines du temps, de la Ligue ou 'souvenir du passage des
bandes de Jean de Plouyé lorsqu'elles allaient se faire exter-
miner à Prat-arMill'Goff.
L'orgueil de Keranroc'b, ce devait être ses bois et ses
hautes futaies. Autrefois, il n'y avait que le Roi qui eut droit
d'avoir des bois de haute futaie ; s'il octroyait à quelqu'autre
permissiond'enavoir, c'était à charge qu'il y aurait juridiction
ou sa part et portion dans les coupes. Un bois dont les arbres
avaient de soixante à cent vingt ans, n'avait droit qu'au titre
de jeune lutaie ; la haute futaie ne comprenait que des arbres
vraiment séculaires, de 120 à '200 ans et plus. On conçoit que
ce détail constitutif d'un manoir seigneurial tenait au cceur
du seigneur et était pompeusement relevé, comme il est fait
dans la continuation du procès-verbal (|ui suit :
Il Et Ce fait Nous ont lesdits Kergucllen requis de nous
1 transporter Jusques au mamioir de Keranroch distant de
u ladille paroisse Denviron Un quart de lieue pour apurer que
a ledit Mannoir qui aparlient à leurs prédécesseurs et aux
• Gentilshommes du nom de Kerguellen de tout Temps Immé-
u morial Est descorré de beau b,)y tant de hauste fustaye que
« de taillifs et de belles et antiennes rabines, de beaux
« moulins Et de plusieurs appartenances qui Thémoigne son
0 auticquitté Et particulièrement que les mesmes armoyries
H de Kerguellen sy trouvent timt en bosse quen Vittres ;
■ Inclinants à laquelle Heqnesto [ions nous sommes rendus
■ audit mannoir de Keranmch sittuez en laditte paroisse de
1 Landrévarzec où Es'ants nous avons yeus Une Vieille
• Maison à Lanticque C luverte DarJoises aveq Cour Close et
a divers Logemens ruine/, et hors k Cour trois maisons ■
u Servante aux fermiers des dittes terres, et nous oni [ait Voir
,yGooglc
— 2» —
a Lesdits Kerguellen audit mannoir quelques Esc
« bosse et aussy en Vittres armoyez des dittes fasses Et
CI Rrmines semblables aux Kscussons que nous avons remar-
" quezen-Ladiltefigliso paroissiale de Landrévazec; Comme
a aussy avons Veiis, Une grande touffe de Bois De haute
<i futay proche ledit Mannoir Et diverses rabînes que sont
a aux arrivez de ladîtte mûison, Un bout de Lune dycelles
9 SontLesMoulinsendéppendants,ct avons aussy Veùs trois
Il bois taillifs juignant ledit bois de haute futay qui au tout
v peut contenir neulT à dix Journaux De terres, Et La nuit
" estante survenue nous aurions estez contrainis de Prendre
CI nostre Logement audit bourg de Landrévarzec poury passer
I La nuit et renvoyer i"! demain pour continuer ledit Procès-
II Verbal. »
111.
Le lendemain on se retrouve à l'Eglise tréviale de Notre-
Dame lie Quillinen, aujourd'hui dépendant de Landrévarzec ;
le rédacteur du procès- verbal n'est pas dépourvu d'instinct
esthétique : il admire à bon droit ce gracieux éditice construit
vers le milieu du xvi' siècle dans un site charmant et il
exprime son appréciatiou en ces termes aussi concis que
bien sentis ; « ou estants apons donnez pour recognûs que
ce liiditte Esgiise Eôt superbement biislye de pierres de taille E
«■ d' un estruclure somptueuse tant par dehors que pur dedans. B
Il se rencontre parfaitement d'accord avec notre confrère, M
rabboAbgrall, qui lui aussi admire et en donne les motifs
avec plus de développement et sans doute plus de compétence
quele procès-verbal de 1048. Dans son mémoire sur les a Cha-
pelles et Calcaires de Saint- Vénec et de rvotre-t>ame de yw(-
linen », publié dans le ISulletin de la Société archéologique du
Finistère, en i80:i, il nous dit : « La chapelle de Quilinen
" présente à l'extérieur une ornementation très riche du côté
« de l'abside et sur la façade midi. Le côté Est, formé par
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 24 —
H l'abside et le transept Nord, est percé do trois belles
■ fenêtres et appuyé par quati-o cocitrefopts surmontés de
u pinacles aigus, hérissés de crosseltos. Surin façade Sud on
B trouve trois autres jolies fenûtres, une petite porte élé-
« gante; deux contreforts, dont l'un très massif, renferme
« un escalier qui desservait autrefois im jubé intérieur et
< qui sur la face extérieure contient une nicbe renfeimant
■ une statue de saint Pierre, en pierre blanche, maintenant
a dégradée. » C'est donc à juste titre que le procés-verbal
« dit que laditte Esglise est soiiiptuetisp tant par dehors
a que par dedans «.
Après s'èlre arrêté devant lo porche ou grande arcade enca-
drant une porte géminée ^t avoir salué, dans le tympan, une
gracieuse statue de la Vierge à genoux, l'abbo Abgrall nous
montreàlinlérieur l'agréable étonnement qui attend «levoya-
B geur surpris de trouver une iirchitccture riche et savante
« dans la partie absidiale. c'est-à-dire une travée do la nef, le
• chœur et la branciie de croix qui forme l'unique tran-
a sept au Nord. Des piliers revêtus de colonncites soutien-
• nent des arcades ot des voiHos élégantes, recoupées de
« nervures moulurées. Quatre écussons forment les clefs à
• l'entrecroisement de ces nervures ».
Ces Kcussons sont relevés de façon fort compétente dans
l'enquête menée pour dresser le procés-verbnl des droits
honorifiques : nous miLis e!i reuiultons i\ lui ; ce sont les seuls
qui restent de cette pompeuse énumération, et encore sont ils
empâtés, encrassés de badigeon ! Quant aux vitres armoriées,
aux images des cavaliers ot denintsolles agenouillés décrits
plus bas. ils ont complètement disparu ; il y a sept ans
environ, un brocanteur en emporlait les derniers débris.
Après avoir admirj le calvaire situé à 5 ou 0 mètres au
Sud-Est de l'Rgliso, iidmicaljh' par le groupement si habile
des personnages, ayant comme base deux massifs triangu-
laires se superposant et se compiinélranl, avec culs de lampe
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 25 —
en cariatides, forl bien expliqué par l'abbé Abgroll, nous
nous rei^donn à la fontaine située à 40 mètres au Nord-Est
de l'abside. Sur la façade on voit trois Ecussons : celui du
milieu seul est en bon état et porte le croissant des Launay-
Penanjeiin. Notre procès-verbal no parle ni de la fontaine
ni de ses nrmoiries ; il est probable que lors de sa rédaction,
elle n'existait pas avec l'édieule qui la surmonte sans trace
d'art. Un aveu (de 1762) des terres que Bernard Gabriel'
chef de nom et d'armes de Kerguélen, seigneur de l'enanjeun,
Enseigne des vaisseaux du Hoy. tient sous M""" de La
Bédoyère Dame marquise de La Roche porte i « plus appar-
0 tient audit seigneur de l'enanjeun une maison et courtil
a situés proche de l'Eglise de Quillinen et kl fontaine dudit
« Quillinen pour payer par an quatre livres dix sols de
1 rente. »
Laissons au surplus M. le sénécbal continuer l'état des
lieux et procéder à son procès-verbal et commission.
« El Le Landeinain Dix Septiesme Jour de novembre mil
" sixceiitsquiir.niteEtbuit; arrive?, au continuant nostreditto
» (;ommisBion, nous nous s^ommes rendus eu suivant lesdits
a Kepguellen El l'érard en Leglisse Trodiale de nostre dame
" de Quillinen paroisse de Briec, distant dudit bourg de
u LanJrévarzec duo quart de Lieu, ou Estants avons donnez
" pour rei:o;jn:'ts que ladite Esglise Eut Superbement bastij de
» pierre de taille Et d'une Structure Somptueuse tant par de
« kors que par dedans. Et avons Veii qu'au premier Soufflet
« de !a Grande Vitre audevant du grand autel au pignon
« orrientaillyaUn Escusson Chargé des armes de Brelaigne,
« Et plus bas trois Escussons des armes du Seigneur Marquis
Il de Laroche E', an-dessous dans Lemcsme Soufflet avons
" Veûs Trois autres Escussons, Le premier qui Est du Costé
« de Lévangtlle porte dargenl à trois fasses de Gueulles Sur-
« montez en (Ihelî de quatre Krmines De Sable partyu dazur
a a trois mains d'argent accompagné tiun fer Despieux de
n,g,t,7.cbyGOOglC
« mesme posé au milieu De Lescu quelesdits Korguellen
« disent Kstre Les armes des Seigneurs de Keranroc'h
« Et do Penanjeun avec lallîance de Kervier ; I,e Second
• Ksciissoii porLe dazur au Croissant Dor partye de GuouUe
« a six aiiriellets Dai-gent quelesdits Kerguellen disent
B Kslre Les armes d"un seigneur de Penanjeun du nom de
0 Lauluay avecq lalliaui^e de Rocerf Maison très-antienne
fi appai'teiianle a présent au seigneur marquis du Liscoët;
« Le troisiesme Escusson est dazur au croissant dor
a partye de gueulle abeisants Et Lozanges dor que lesdits
1 Kerguellen ont Dit Estre Les armes De Ladite maison
B de l'enanjeun, aveq Lalliance de celle du Guermeur
a Coroar, Et uous ont lesdits Kerguellen fait Voir audevaiil
1 dudit grand autel, du costé de Lespitre, Un bancq à deux
" accoudouer Denviron quatrepiedsEt demy deLongEt deux
K El demy de [,argeur,dans Lequel banq sont deux Escussons
K En bosse Empreints de clmctin Un croissant,au costé Duquel
• banq II y a une Tombe ou Est aussy Empreint en bosse un
B Croissant que lesdits Kerguellen ont dit estru les armes de
• Penanjeun Laulnay, Et nous estante rendus en La chapello
» qui compose une aisle ducœurdeladitteEsglisseduCosté
B de Septentrion et de Levangille avons Veiis quil y a deux
u Autels En Ladite Chapelle et deux Vittres devant Lesdits
B autels en Lune desquelles Vislres à scavoir En la prochaine
■ du Coeur de Leglisse II y a trois Soufflets au 'premier, Et
1 -plus haut desquels sont les armes du Seigneur Marquis de
« Laroche, au Second Soufflet qui est au Second rang posé
« au Costé de Levangille est un Escusson Escartellez au pre-
■ mieretdernierdargeantàtrois fasses deCueulles surmontez
B de quatre Erminesde Sable, au second et troisiesme dazur
• à trois quintefeuilles dargent.ot au troisiesme Souftlet, qui
a estdu Costé de l'Epistre sous les arme^ plain de Kerguellen
B cydevanlbiazonnezau bas dclaquellt; Vislre dans les deux
a Jours Et passant dont Elle est composée avons Veiis scavoir
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 27 -
I En la passé du Coslé de Lepistre un Cavallier armez à
■ genoux Hn fornic! de priant. portant uneColtf; sur sou habit
■ de gents darmes. Laquelle cotte darmes est armoyée d'une
• Escartelle desdiltes armes de Kerguellen et de Quistinil
■ cydessus btazoïiués, ayant ledit Cavallier Une Damoiselle
« aussy priante portrait* auprès de Luy, Laquelle porte
■ Kn Sa robe Les armes desdits Kerguellen aveq Lalliance
s dazur au Croissaiit Dor, Laditte Damoiselle ayante une
a Coeffure d'une figure très antienne Et anticque, et En
" La Seconde passe Do Laditte Vistre, du costé de Lé-
B vangille se Voit le portrait et figure d'un autre Caval-
■ lier armé et priant à genoux, ayant en Sa Cotte d'armes
n Les armes plaiïi de Kerguellen cydessus blasonnesavec Un
« Lambrecain dazur de quattre pieds, Lesquels deux priants
■ lesdJts Kerguellen soustiennent avoir esté leurs prédéces-
B seurs seigneurs de Keranroc h et De l'enanjeun, comme
• aussi en la seconde Vistre De Laditte Chapelle. Il y a pareil-
> lement trois Siiulllets au plus haut desquels sont les armes
■ diidit Seigneur marquis de Laroche, au second Soufflet qui
• estauSecotid rang du costé de Lévangilte sont les armes de
■ l'eiianjeunLaulnayblasonnéscydevantpartyedazurautïrel-
« lier dargeant, et au troisiesme Soufflet qui est du costé de
• Lespilresontlesarmesdycelle Maison de PenanjeunLaulnay
• partye de BiidiiecLamarehe, qui est de Gueulle au champ
• dargeant et au bas de la mesme Vistre II y a deux Jours ou
t passés. En la premièi-e Kst la figure duu Cavallier armé et
u priant à genoux, ayant en sa Cotte Dafmes les armoiryes
■ duditPenanjeunLauluay qui sont dazur au croissant d'or et
« auprès de Luy est le portrait dune damoiselle aussy priante
• ayant en sa robe Lesdits armes de l'enanjeun Laulnay avec
• lalliance dazur auGrellier dargeant, Et en la Seconde passé
0 de la mesme Vistre du costé de Levangille avons Veiis la
a ligure d'un autre Cavallier armé et priant à genoux portant
« en Sa Cotte darmes Les armes de Penanjeun Laulnay Et
n,g,t,7.cbïG00glc
■ 28 -
B aiiprèsdel.uy est le portrait Dune demoiselle portanlEiiSa
» robe I.es mesmes armes de Penanjeun Et en alliance de Gueu-
« lésa» Cheiïdargeant que lesditsKerguellennousontditestre
■- les armes de Bodriec Lamarche, Nous ont aussy lesdits
• Kerguellen fait remarquer Un autel au costé sopteiilrionnal
a de la mesme Chapelle desdié à Monsieur Saint-Yves aude-
■ vattt duquel autel Est un Escusson en bosse Kseartellée ou
u sont Empreints les armes plains de la maison dePenanjeun
D l.aunayaveqLalliancedeKervier.leEstantsaubasdeladitte
« Esglisse nous ont lesdits Kerguellen montrez une Vistreau
11 pignon occidental en haut de laquelle il y a deux soufflets
<■ dapis la première sous les armes plains de Bretagne, au
» second sous les armes de France et de Bretagne En alliance.
« Et plus bas dans Un antre soufflet Les armes du Seigneur
« marquis de Laroche, et audessous Celles de la maison de
• Penanjeun l.anlnay blasonnés cydevant, partye dor à la
« bande Louange de gueulle accompagné au second quartier
. dun chasteau dazur que lesdits Kerguellen ont dit Estre
« (^alliance de la maison de Pacarmon, auquel pignon tirant
" Vers le septentrion avons Veiis Une autreViltre En laquelle
« 11 y a Un Kscusson desdittes armes de Penanjeun Laulnay
11 blasonné cydevant sans quen Laditte Vislre 11 y Est aucun
a autre Escusson ; Et Sortys deladite Eglise nous ont lesdits
<■ Kerguelen aussi fait Voir audessous du portai occidental Un
H Escusson En bosse Et relieff Lequel paroist anticque Et
u aussi aiilien que Le Surplus de Leglise armoyez dudit Crois-
«saut quelesdits "Kerguelen ont dit Estre Les armes dudit
" Penanjeun Laulnuy, Et finalement sur le portai du costé du
« cimetière. Vers le midy avons Veii Un Escusson en platte
• peinture des armes dudtt Penanjeun Laulnay Escartelle
s dazur a une macle d'or. »
!^s opérations sont terminées, mais, solennellement et
instamment lesdits Kerguelen proti^stent encore une fois que
toutes les prééminences relevées el enregistrées sont celles
n,g,t,7.cbyGOOglC
de Icurp prédécesseurs soigneurs de Keranroc'h et de Penan-
jeun a Desquels Ils sont Issus par Succession directe comme
a Ils Espèrent le faire Voir par leurs 'l'ilres et ont requis
u qu'ils soit ordonné à M' Jean Le Cardinal Matstre peintre
«. de faire. Une figure de Toutes lesdites armoyries susmen-
« lionnées, pour Eslre attaché aa Procès-Verbal Et servir
• pour l'intelligence plus parfaite des choses. »
Maître Jean Le Cardinal prête serment de se bien com-
porter en cette affaire et d'y mettre tonte diligence. On
appose au procès-verbal dressé sur les lieux les signatures
des ofTiciers de justice et témoins, dont M, Jean Donnarz,
Recteur de Landrévarzec.
En marge le sénéelial a inscrit les taxes à payer pour ces
deux journées de vacation : soit 32 livres reçues ; quittance
de même somme de 32 livres payée ii l'Avocat du Roi, et
32 autres livres à M. Jean Bougeant,
Abbé Antoink FAVÉ.
n,g,t,7.cbyGOOglC
III.
LES ANCIENNES CORPORATIONS BRESTOISES
s Maçons, les Charpentiers et les Couvreurs.
,es corporalions de maçons et de charpentiers comptaient
ifi parmi leurs membres des hommes qui méritaient plus
! la simple qualification d'ouvriers. L'importance des
strnctions, à des époques où l'on élevait une aussi prodi-
\i6e quantité d'églises, de palais, d'hôtels particuliers, et
Ton s'appliquait à faire « grand » et « solide n avec la
rre cl le bois, exigeait chez les maîtres des connaissances
iniques approfondies. Ils n'étaient pas toujours dirigés
des ingénieurs et des architectes ; beaucoup d'entre eux
reprenaient des travaux, dans lesquels ils suppléaient aux
;uls de la science théorique, par une expérience acquise
[>rix de rudes labeurs, aussi dans un long apprentissage,
se transmettaient, au sein des professions, des formules
les procédés reconnus excellents par l'usage. C'était, si
. veut, de la routine, mais de la bonne routine et que
fala pas toujours le savoir raisonné des plus savants
imes. Où avaient échoué des ingénieurs, Richelieu ne
ignit pas d'employer un maitre-maçon de Paris, Jean
riau : ce fut celui-ci, qui, avec Clément Merseau,
Dreux, réussit à construire la fameuse digue de La
;heHe (1). Deux siècles et demi auparavant, sous Charles
les charpentiers avaient donné la mesure de ce qu'ils
vaientfaire,lors des préparatifs de la descente en Angle-
e, par la construction de toutes pièces d' a une villo
Lative u, se démontant et se remontant avec la plus
Poucet, Précii historique de la marine rvyalt, Paris, t7tlO, I. 97.
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ 3i ■
grande facilité, î/art des voûtes, celui des vustes et hardies
charpentes atteignirent un degré de perfecLion (1) qu'on ne
saurait plus, peut-être, reproduire aujourd'hui, avec les
mêmes matériaux : le fer a certainement contribué fi dimi-
nuer le rùle de la pierre et du bois et, dans cette transfor-
mation, les charpentiers et les maçons ont éprouvé une sorte
d'amuindrissement professionnel.
Mais je n'ai point à écrire l'histoire générale des corpora-
tions. Je dois strictement limiter mon étude tt celles de la
de la région brestoise. Sur les charpentiers, les maçons et
les couvreurs, je n'ai guère rencontré de documents aux
archives municipales et départementales. Pas une ligne qui
les concerne dans le mémoire de Fleury (2), seulement une
mention de leurs armoiries, d'après Levot (3).
Maçons et tailleurs de pierres (4) : d'azur à 2 règles d'ar-
gent passées en sautoir, accompagnées en chefd'un marteau
de tailleur d'argent emmanché d'or, aux flancs de 2 truelles
de même et en pointe d'un niveau aussi d'or.
(I) Voir MoDteil, Vie des Fnmcais de» divtr» état».
(!) Uiatoiit des corporations des art» et métier» de liretl. Bu!, de la
Soc. acad., I" série, T. III,
(3' Histoire de Brest, III, 3tiî. Levot a lui-même <-mprunLé le tableau
des armoiries corporatives de Brest ù ua mémoire de M P. Delabigne-
Villeneuve (congrès de l'Association liretoone de IS55).
(S) On comprit d'abord, sous les noms de maçons et de charpentiers, des
catégories qui s'aflirmèrent très distinctes, vers la fin du 15' siècle, par
leur supériorité scienlifique et artistique : il y eut des mafODS-architectes.
des maço os-statu a ires, des maçon s^tail leurs de pierre et des maçons-
bàtissanl ; les deux derniers groupes demeurèrent dans la corporation ;
il y eul d'autre part des charpentiers sculpteurs et des charpenlicrs pro-
prement dits En Bretagne, on sali avec quel arl la pierre [ut sculptée
par d'humbles ouvriers, jusqu'en des époques très postérieures, el avee
quelle prutusion, au temps de Louis XIV, d'habiles sculpteurs sur bois
répandirent sur nos vaisseaux tes décorations les plus artistiques.
H convient de rapprocher des charpentiers les scieurs de long.
Les eharpeutiers étaient dits de la grande cognée, les menuisiers étaient
autrefois appelés charpentiers de la petite connit : les uns et les autres
avaient pour patron Saint-Joseph,
Les maçons et les couvreurs avaient pour patron saint Biaise.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 32 —
charpentiers : d'argent A un Saint-Joseph de carnation.
Je n'ai relevé Hucuae adjonction de ]a qiialitication de
charpentier et de magon sur les signatures des délégués des
corporations, aux jours des élections de maire ; ces profes-
sions ne sont pas non plus représentées à la réunion des
comités permanents, au mois d'aoïU 1789. Mais il est pro-
bable qu'elles se dissimulaient alors sous ie titre général
d'entrepreneurs, qui ilaltait mieux la vanité des parvenus de
chaque catégorie. D'ailleurs, l'absence de statuts particuliers
permettait aux plus avisés et aux plus riches de grouper,
sous leur direction, des ouvriers de professions diverses,
appartenant à la grande catégorie qu'on a appelée depuis
du bâtiment.
Cette situation, vers l'époque de la Kévolution, semble
avoir éveillé quelque inquiétude parmi les maçons.
J'ai découvert, en effet, aux archives municipales (I), une
« pétition des maçons de Brest â MM. les maire et éche-
vins », pour la création d'une maitrise ; elle est signée de
deux noms, Lejeune et Leliévre. Je ne crois pas inutile de
la résumer ici.
B I,a liberté de l'homme n'est pas le désir de pouvoir
utillement faire sa seule volonté, mais de ne point sortir des
préceptes établis, de s'y conformer en tout ; cesser de le
faire, c'est cesser de concourir au bien particulier ainsy
qu'au bien général » [1 faut des loix auxquelles tous se
conforment.
Depuis que Ton bittit à Brest, une foule d'abus pernicieux
se sont introduits. Pour le bien général el de chacun, il
serait nécessaire d'établir en cette ville une maitrise de
maçon.s, à l'instar de Paris et d'autres villes du royaume.
On n'y serait reçu « que lorsqu'on aurait donné devant des
hommes éclairés et dans une assemblée publique, des preu-
(I] Ancien fonds, HH. 26.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- â3 -
ves sûres, par son travail, que l'aspirant à la maîtrise est
pourvu des talents nécessaires h l'état pour lequel il se
présente ». Ce ne serait pas assez d'exiger un chef-d'œuvre,
que les aspirants « pourraient bien faire faire par d'autres » .
Il faudrait les obliger «. de travailler publiquement sous les
ordres des anciens maîtres ou du moins d'un de ceuxquiont
donné des preuves de leur capacité, pendant l'espace de
deux années consécutives » ; que clioquc maître maçon fut
responsable de ses ouvrages, « s'entend pour la solidité
de la construction ».
Après le chef-d'œuvre fait à la volonté des experts-jurés
établis dans la communauté, ■ scavoir d'un sindic, de deux
jurés experts maçons et d'otlioiers de l'hôtel de ville », l'as-
pirant, en cas de réception, aurait une somme à payer pour
l'obtention de sa maîtrise. On ne recevrait à maitrise que
des habitants de cette ville, reconnus u pour n'être guidés
que par la probité la plus vraie ».
L'institution remédierait à nombre d'abus, qu'il convient
de signaler. Elle garantirait la perfection du travail aux
particuliers ; ceux-ci, prenant un ouvrier quelconque, au
plus bas salaire, sont ordinairement incapables d'apprécier
son ouvrage. Une surveillance éclairée serait avantageuse à
leurs intérêts. Les maîtres répondraient de la bonne exécu-
tion des travaux, de la bonnequalité des matériaux employés.
Que peut-on attendre « d'ouvriers qui n'ont ni feu ni lieu,
qui viennent des campagnes duperies citoyens, peu instruits
sur cette partie, en leur faisant payer très cher ce qui sou-
vent ne doit coûter que très-peu ? « Les prix des travaux
étant fixés, la tromperie ne pourrait plus avoir lieu.
La sécurité publique gagnerait à la création d'une telle
maitrise : les maîtres se conformeraient aux règles de la
construction, comme aux ordonnances do police ; au lieu
que les ouvriers, venus de partout, ne le peuvent faire, les
ignorant.
BOLLBTIN AHCHâOL.'DU FlHISTËRB.— TOME XXV, [ HémOireS). 3
D,g,l,7.cbyGOOglC
— 34 —
Et les pétitionnaires concluent :
Pour mettre fin à tous abus, ii convient ■ d'établir une
maîtrise de maçons à Brest, de nommer des jurés experts
qui seraient chargés avec et en présence de commissaires
nommés par MM. les maire et échevins, pour procéder à la
formation d'un tableau qui rende stables les prix de chaque
nature d'ouvrages, faisant partie de l'art de bâtir, prix que
l'ou ne puisse changer qu'après uu mûr examen et dont les
changements soit en augmentation, soit en diminution,
soyent rendus publics » ; — de ne recevoir pour maîtres que
les aspirants reconnus capables ; — d'obliger chaque maître
à répondre de ses ouvrages « au moins dans l'an et jour
pour les particuliers et quarante ans pour les édiPices pu-
blics s ; — de ne point permettre aux particuliers d'employer
des ouvriers non admis à maitrise, à moins cependant qu'ils
ne fassent, « par devant les jurés-experts une sommation de
prendre sur eux tous les inconvénients qui viendraient à se
présenter et n'aflirment par serment qu'ils font bâtir par
eux-mêmes, qu'au préalable ils ne paient à la chambre de
maitrise une somme de 200 livres par chaque année que
durera leur bâtisse ■, qu'ils ne se soumettent en outre à la
visite d'un juré en charge au cours de la construction et
répondent de tous risques au point de vue de la sécurité
publique, etc. ; — que le nombre des maîtres soit fixé à dix
au plus pour la ville de Brest et sa banlieue.
Les documents sont aussi rares pour les couvreurs. On
relève les noms de quelques maitres au bas de notes de
travaux exécutés pour le compte de particuliers (1), et celui
d'un maître couvreur, Pougny, figure sur la liste des comités
du conseil permanent de 1789. Mais dans une pièce imprimée,
du 18 mars de la môme année, le nom de Pougny est compris
(1) Voir mon étude sur le» compteide M. de llalleroij. Revue de Bretagne
n,g,t,7.cbyGOOglC
r
— 3S —
dans un groupe de signataires qui s'intitulent <s entrepre-
neurs des couvertures en ardoises de Brest » (1).
Sous Louis XIV, d'immenses travaux sont exécutés à
Brest, pour former un arsenal de premier ordre. On élève
des magasins et des ateliers, un hôpital, on enserre le port
entre des quais magnifiques, on établit des cales de cons-
truction et de radoub, on creuse les formes de Troulan ;
tout un système de fortifications sort des plans de Vauban,
et une cité se développe, avec des églises et des chapelles,
des couvents, des hôtels, des maisons de commerce et d'ha-
bitation, selon les besoins d'une population qui s'agglomère.
D'innombrables ouvriers furent attirés des points les plus
reculés de la Bretagne et même des provinces voisines :
terrassiers, maçons, charpentiers, forgerons, etc.. Après
cette époque de création, les travaux éprouvèrent nécessai-
rement un ralentissement; néanmoins ils se maintinrent à
(I) Je rappellerai uae curieuse particularllé. c
D'après la très ancienne coutume de BreUgne. celle profession est regardée
comme infâme (cb. 15)} : < Ceux sont vjllains nattes de quelconque
lignaige qu'ils soient, qui s'entremettent de villains métiers, comme Être
toircbeiirs de cbevaux. de villaines bâtes, garsallles, truendailles, pendeurs
de larrons, porteurs de palez et de plateaux en tavernes, crieurs de vin,
cnreurs de chambres coîes, faiseurs de clochers, couvreurs de pierres.... »
HéviQ [CimlamM généralen dupais et iluehé de Ii)ttai)nf. Hennés, \lih,
I. 4G0) tire d'Arislole la raison de l'inlamie • des couvreurs de cloi^hcr ou
d'ardoise ■. C'est qu'ainsi doivent ^Ire réputés,
(}ui lucelli <^ausâ magna subeiint discrimina.
El, en ellet. les gens de telle profession jouent leur vie pour bien peu
de cbose ! Mais combien d'autres également, le maçon, le marin, le
J'émettrai une autre explication J'ai lu quelque pari que nos jolis
clochers bretons n'étalent sans doute qu une réminiscence d'archilccture
orientale ; qu'à leur retour, des croisai avaient amené en Bretagne des
ouvriers musulmans [probablemenl des captifs), liabiles A construire des
minarets, et que ces ouvriers auraient donné ans maijons-architeclea de
notre région, les premières le;;0D3 dans ce genre de construction. La répro-
bation attachée à l'étal de captif infidèle n'aurail-elle point rejailli sur
toute une classe de professionnels, obligée d'abord à vivre à leur contact
et à s'iQstrulrt de ces mécréants ?
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 36 -
un degré qui comporta l'exigence presque cootimie de nom-
breux ouvriers. Sous Louis XV, on creuse les formes de
Pontaniou [1756-57), on bâtit des casernes (1732-17CG) el un
bagne (1750-51), on construit le théâtre de la marine |17(iC),
etc. Sous Louis XVI, on recule le port de guerre bien au-
delà de ses premières limites, on augmente les fortificatioDS,
sur les plans d'ingénieurs militaires et du marquis de ï^an-
geron (1). Les maçons, les charpentiers, et, dans une
moindre proportion, les couvreurs ne cessèrent donc d'alfluer
dans la ville de Brest. Mais, dans chacune de ces profes-
sions, la qualité ne répondit point à la quantité; le plus
grand nombre devaient être moins des ouvriers, très dignes
de ce nom, que des journaliers, et, venus de pays divers plus
ou moins éloignés, de valeur et d'intelligence inégales, sans
attache et môme sans certitude de séjour prolongé sur les
lieux, ils étaient incapables de s'organiser en corporations.
Us dépendaient d'entrepreneurs, précisément intéressés à ne
point dépendre eux-mêmes de jurandes et opposés, sinon
ouvertement, du moins occultement, à la création de celles-
ci. Toutefois, il y eût quelques bons ouvriers de chaque
profession qui surent se faire une clientèle civile, indépen-
dante, vécurent sous les règles traditionnelles des corpora-
tions de leurs métiers, prirent même le titre de mattres ;
mais ils ne semblent pas avoir cherché à obtenir des statuts
propres (la pétition des maçons, très tardive, est une
démarche isolée). Eux-mêmes d'ailleurs devinrent chargés
d'entreprises et finirent par associer leurs intérêts à ceux
des gros entrepreneurs, sans origine professionnelle définie,
possédant l'habitude de direction de persoimels complexes
et assez riches pour sulTire à de fortes avances, qui exécu-
taient les travaux de la marine et de la ville.
[{) Voir lii nnic que j'ai publiée sur un Atlas du fonds Lnngerun
(bibliolliùque communale de Brest), dans le i' bulletin de la Société des
Etudes liist. el géog. de Bretagne (1W).
,y Google
— »7 —
Le seul guide à consulter, pour se faire une idée des
groupements professionnels dans le milieu, en l'absence de
documents spéciaux, cest la capitation. Je n'ai eu garde
d'oublier une source de renseignements aussi précieuse.
Mais, pour Brest, elle ne permet pas d'arriver à un résultat
précis, parce que, pour les charpentiers, il n'est établi aucune
distinction entre ceux du bâtiment et ceux de marine, de
la ville, de la marine de commerce et de l'arsenal. Il est
évident que les charpentiers du bâtiment et de ville ne doi-
vent comprendre qu'une très minime portion des ouvriers
compris sous la dénomination générique.
D'une manière générale, le taux des impositions indique-
rait, dans l'ensemble des catégories, une moyenne d'aisance
très satisfaisante. Dès le 17^ siècle, les salaires de ces catégo-
ries se sont élevés : à Brest, ils oscillent de 18 ou 20 sous à
30 sous et même plus ( 1 ) ; plusieurs maîtres retirent d'entre-
prises, des bénéfices plus ou moins considérables, et sont
propriétaires des immeubles qu'ils habitent.
Voici ce que j'ai relevé sur les rôles de la capitation rotu-
rière de Brest de l'année 1750, sous les litres professionnels
qui répondent à l'objet de ce mémoire,
a. — Du côté de Brest, répartis principalement dans les
quartiers des Sept-Saints et de Keravel, les rôles compren-
nent :
Charpentiers ou journaliers charpentiers imposés
à 2 livres, 2 I. 10 et 2 1, 15 25
Charpentiers ou journaliers charpentiers imposés
à .3 1. et ;n. 10 11
Charpentiers imposés à 4 1,, 5 1. et 0 1 9 (2)
Contre-maîtres charpentiers, à 4 1. et 6 1 4 (3)
(l| Le salûirc d'un maçon lilait de 30 Ueniers par jour un été, et de IK
en hiver, au 14- aitele ; de 7 à 10 sous, au 1G' siècle ; «iui d'un char-
pentier, de 3!i el l'i deniers, au U' siécie.
{l, Un a 1 compagnon.
{3) Un dont la [crame lient une aniterge.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Scieurs de long, à 2 1., 2 1. 10 et 4 1 4
Maçons et journaliers maçons, à 2 1. et 2 1. 10. . 3
Meitre-maçon, à 4 i. 10 1
Piqueurs et tailleurs de pierres, à 2 1., 3 I, et4I. 8
Couvreur d'ardoise, à 1 1 1
Couvreurs ou journaliers couvreurs, à 1 1, 15,
2 1. et 3 1 4
Couvreur, à 6 1. 10 1 (1)
Maîtres-couvreurs, à 3 I. 10, 5 1. et 6 1 3
b. — Du côté de Recouvrance, disséminés dans les di-
verses rues, mais plus particulièrement dans celles du
Petit-Moulin, de Bel-Air et de Pontaniou [où il y a plusieurs
entrepreneurs) :
Charpentiers imposés de 1 livre à 2 1. 10 29
Charpentiers imposés de 3 1. à 3 1. 15 220 (2}
Charpentier portionnaire (3), à3i 1
Charpentiers imposés de 4 I. à 5 1 14 (4}
Charpentiers imposés à 6 1., 81. et 91 3(5)
Contre-maîtres charpentiers, à 3 1., 4 1, et 4 1. 10. 6 (6)
Contre- mai très charpentiers, à 5 1. et 6 1 3 (7)
Maitres-charpentiers, à 6 1. et 8 1 2 (8)
Scieurs de long imposés de 1 1. Â 4 1 23
Maçons imposés à 2 1. 5 2
Piqueur de pierres, à 3 1 1
Couvreurs, à 2 1. et 4 1 2
(I) La Femme lient une tantine.
li) Ce cbillre prouve qu'il s'agit surluut ilc ctia
(3] Jouissant d'une pension.
(J) Un dont la [emme tient auberge.
(5) Un dont la femme tient aubor^^e, va autre |
qu'il habite.
(6) Un avec une servante.
(7) Un avec une servante.
(8) Un propriétaire de la maison qu'il liaLIle.
n,g,t,7.cbyGOOglC
J'intercalerai ici uu document inédit très intéressant,
susceptible de donner une exacte idée du prix des matériaux
et de la main-d'œuvre, dans les grandes constructions, vers
la fin du 17e siècle. C'est le devis des travaux à exécuter
pour la construction de l'église paroissiale, d'après les plans
de l'architecte Garangeau (1).
« Devis des ouvrages de fouille et deblays de terre,
maçonnerie, sculture, charpente rie, couverture, menuiserie,
serrurerie, vitrerie, plomberie, gros for et iiipresion (sic),
que le Roy veut et ordonne estre fait à Brest pour la cons-
truction de l'église paroissialle, laquelle doibt estre située
sur la hauteur en veue du port et de la rade dans le lieu
appelle Keravel. »
L'église doit avoir « la forme d'une croix avec quatre
chapelles dans les angles de la croisée dans l'une desquelles
ou fera la sacristie i ; une longueur de 34 toises, une largeur
de 7, et, « dans la croisée i, une longueur de 18 toises et
et une largeur de (i toises 4 pieds, A l'une des extrémités,
au-dessus de la principale porte, " on fera deux estages de
jubé.... sur arcades de pierre de taille dont celle du milieu
servira à porter la tour du clocher o. On accédera au jubé
par 2 escaliers de pierre de taille à vis. L'église pourra
contenir aisément 2900 personnes.
« On ellevera les murs de 7 toises 1/2 de haut, depuis le
rez -de -chaussée du dehors jusques au-dessus de l'entable-
ment, au-dessus duquel commencera la voutte, qui sera
(1j Acte paasé par devant M' Corre, notaire royot â Brest, entre l'en-
Irepreneur Perrot el l'intendaat de la marine, du -> jula t6H7. L'église
deviiil être élevée sur In montagne Keravel. Les travaux turent inter-
Tomjms et l'église construite à proximité du séminaire des Jésuites, sur
l'en I platement aclucl de l'église Sainl-Louis [les plans primilits avaient
été un peu mndillùs) Arcliives municipales de Brest, Fonds tnodetne. M,
c;irU)D de l'église Saint-Louis.
Jusqu'alors la petite église des Sepl-Saints avait tenu lieu d'égliïe
paroissiale.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 40 —
de charpenterie fsitle en ance de panier, revestue de plan-
ches par le dessous ou lambrissée à lattes, jointures recou-
vertes avec mortier de chaux et sable.... On donnera à la
face du portail 10 toises 4 pieds de large et 9 toises de haut
jusques au-dessus du lîmpaii du premier ordre, allîn de
cacher le comble de l'église », et au-dessus de cette hauteur
on commencera I élévation de la tour [celle-ci doit avoir
18 toises 4 pied de haut).
Fouilles et déblais.
Les lieux aplanis, » on fera les tranchées des rigolles
pour les rendements des murs, Jug<|ue sur le bon el vif fond
et de 5 pieds de large.... Ces tranchées estant faittes et bien
écaries, on les remplira de bonne et solide maçonnerie de
5 pieds depois (d'épaisseur) à la réserve de celle du portail
qui aura 7 pieds 1/2..., »
[Suivent les détails très minutieux de la disposition des
murs, des croisées, des retours et des entablements.]
C'est la pierre de taille dite de Plouarzel qui doit être em-
ployée, ou, pour les « piédroits ii (i), appuis, claveaux, la
pierre de Taillebourg ou de Caen.
[Suivent les détails de la construction du portail et de ta
tour, où l'on doit ménager l'emplacement d'une horloge
a dont le cadran sera vou de quatre faces n ; de la cons-
truction du jubé el des escaliers, elC]
Le chœur sera puvé « avec careaux de pierre de Caen
blancs et noirs posés en lozanges.... Paver le reste de
l'église el chapelles de grandes pierres de taille en forme
de tombe posez sur forme de sable le plus proprement qu'il
se pourra. Faire les 'A pérons au devant des portes d'entrées
comme ils paroissi'iit sur le pliin avec grandes pierres de
taille de Plouarzel.... "
(1) Jambages rtes porlc-s et dus fenûln.'s.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- i\ ■
Charpenterie.
a Oii fera la cUarpente des combles suivant les prolTils
garnie de fermes espacées à 10 pieds de dislance les unes
des autres, icelles garnies de jambes de force ou montans,
de leurs grands et petits entrait», poinçons (1), liens, esse-
liers,conlrcficlies,jambettes, sept cours de pannes ou sablières
enlre toize.,,.? les pannes peuplées de chevrons, coyaiix
et....? espacés à l'ordinaire et les croupes garnies de leurs
aireliers, coyers, arbalestriers, chevrons de croupes et les
enrayeurs de fiernes, le tout bien assemblé à tenons et mor-
taises et des longueurs et grosseurs nécessaires pour la
solidité et bonté de l'ouvrage et suivant tes eschantillons et
mémoires qui en seront donnés par l'ingénieur conducteur.
— Du dessus de l'entablement au dessoubs du grand entrait
on reveslira de courbes de cliarpante pour recevoir les
lambris qui seront assemblés dans les sablières, liens et
entraits, et on les espacera de 2 pieds en 2 pieds, — Faire
le befroy des cloches (2) de bons assemblages de bois de
chaisne garny de pottcaux, sablières, croix Saint-André...,
Faire les planches de la tour et du jubé avec pareil bois et
des grosseurs et longueurs nécessaires. — Tous les bois
cy-dessus seront de chaisne bien escary, bon, loyal et mar-
chand, sans aubiei' considérable, rouleure ni vanture. »
Courier ture
» On couvrira tous les combles de bonne ardoise fine et
sans tache, bien escarrée par le dedans, assise sur planches
(i) La terme est un assemb[af!i: de diarpenle, fait au moins de 3 forces
ou pièces de bois, soutenues et rf'unieti par unematlresse pièce ou entrail,
et portant ie pompon ou aiguiite, pii'ce dcboul, destinée à l'assemblage de
mtiiiidi-es pièces ou de pièces de faite, .le suis obliRC de renvoyer aux
dictionnaires d 'a rciii lecture pour l'explication des autres termes, dont
plusieurs ont disparu de la lecbooli^ie.
(!) 1^ beliroi n'était pas, comme on ie eruit trop gùnèralemejU, la tour
i|UL renfermait les eloches. mais la charpente qui simicnail ecllos-ci.
,yGooglc
i I
— 42 —
de sapin resciées, dont on garnira tous les combles, ces
planclies seront bien clouées sur les chevrons et les ardoises
sur les planches de 2 doux chaquune, observant le paveau
il l'ordinaire, c'est-à-dire qu'en chacque ardoise soit recou-
verte des troisquarts de sa longueur et qu'il ni ait que
Vautre quart qui paroisse, »
ilenuiserie.
« 11 faudra lambrisser toulte l'église et chapelles avecq
planches de Pruco (1} de sapin recioes en reignure les unes
dans les autres et faire les planchers des jubés avec planches
épaisses aussi en reineure et blanchies des deux coslées. —
Faire la menuizerie des cinq tables d'autels, des retables et
du tabernacle du grand autel tous ornés de colonnes, pilas-
tres, entablement, frontons, cadres et attique au-dessus ;
faire les marchepieds, gradins et crédences, lambris à costé
du grand autel avec pilastres etcadre, chaire du prédicateur,
balustrades, portes d'entrées et porches, le tout suivant les
dessins et devis particuliers qui seront faits, s
Gros fers.
a On garnira tons les vitraux de l'église de châssis dor-
meurs de gros fer plat pour recevoir les paneaux de verre
qui y seront posés avec des liens et verges pour les atacher.
— Les aiguilles des combles seront garnies de bons estriers
de fer qui embrasseront les entraits et boulonnés par le haut
avec une clavette par deriére.... «
Plomberie.
■ On garnira les faites des combles de tables de plomb
aïant 20 poulces de large et une bonne ligne d'espais, les
noues (2) et airetiers aux endroits nécessaires et les aiguil-
(1) De Prusse. On llrnlt beaucoup de buis du Nord.
{■il On appelle noue l'endroit où deux combles se joignent en angle
rentrant.
D,g,l,7.cbyGOOglC
- 43 '
lettes qui sortiront hors les combles, de vazes. pieds et croix
et autres amortissements convenables ; garnir pareillement
les poteaux du clocher de la sacristie d'une lanterne et cor-
niches là où il sera besoign, o
Sculpture.
• Faire enfin la sculpture des armes du Roy dans le
timpan du portail de l'é^lisei de deux figures aussi de pierre
de taille, aussi bien que les testes de chérubins, festons et
vazes, même la sculpture de bois des chapiteaux des colon-
nes et pilastres, des festons, modïlons et autres ornements
marqués par les dessins. •
Conditions du loisé.
L'entrepreneur, dans l'exécution des travaux, se confor-
mera strictement aux plans et devis; il fournira tous les
matériaux nécessaires, les outils, les échaffaudages, etc. ;
il fera travailler sans discontinuatiun et emploiera un nombre
d'ouvriers sullisant pour que la construction soit achevée
dans le délai prescrit.
a La fouille, deblays des terres, sera mesuré à la toize
cube de 216 pieds 2 1.
« La maçonnerie de tous les fondements des
mûrs à toize quarrée de 3f> pieds sur leur épais-
seur, porté par le devis 27
« La maçonnerie de l'élévation des mûrs au-
dessus desdils fondements suivant le devis, aussi
à toize quarrée, mesuré tant plain que vuide, la
pierre de taille comprise et sans saillie, archi-
tecture ni corps comptés 51
« La maçonnerie de la face du portail, tour,
clocher et dôme, aussi des épaisseurs portées
par le devis et sans saillie ni architecture comp-
tées, comme a esté dit, aussi à toize quarrée. . . 90
n,g,t,7.cbyGOOglC
- w -
a Les vouUea de piepre de taille des jubés à
fcoize quarrée 41
« I.es corniches ou entablements du dehors et
dedans de lej^lise à la réserve de ceux du portail,
à toine courante 15
n l.e pavé de pierre de taille à toize quarrée
aussi bien que les pérons et marches d'iceux. , , 24
u Les escaliers à vis seront mesurés A toize de
hauteur sur leur pourtour tant cages que marches. 90
a Le bots de charpenterie employé et mis en
œuvre au cent de pièces aux uz et coustumes de
Paris 380
« La couverture aussi & toize quarrée compris
les planches reciées servant de lattes au-dessous. 9 1,
u Le fer non limé au cent pezant mis en œuvre. 16
" Le plomb aussi au cent pezant mis en œuvre. 17 >
D'A. CORRE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
IV.
PONT-CHATEAU ET PONT-L'ABBÉ
AUX Etats de Bretagne.
On lit au Dictionnaire d'Ogée fil! p. ;J67, V" Pont-
Château] :
B Pont-Cliâteau est une seigneurie considérable <|ui
envoie aux Etats, comme baronnie; maïs elle n'a qu'une
seule voix avec le seigneur de Pont-l'Abbé. a
Une voix unique aux États partagée entre deux seigneurs !
Voilà qui peut sembler singulier. Peut-être l'autour donnera-
t-il l'explication de l'énigme en parlant de Pont-l'Abbé î
Voyons....
Au mot Pont-l'Abbé {II. p. 373), on lit :
« La seigneurie de Pont-l'Abbé est considérable : elle
envoie aux Etats ; mais elle n'a qu'une voix avec celle de
Pont-Chèteau, parce que les deux ensemble ne font qu'une
baronnie qui ont {sic] voix à l'alternative » (1).
Nous voilà renseignés !,.. La phrase est irrégutière ; mais
la pensée de l'auteur se dégage bien clairement : c'est assu-
rément que les deux seigneuries ne font qu'une baronnie qui
a une voix, et que cbacune des seigneuries exerce alternati-
vement ce vote unique.
(1) I Une baronnie qui ont voix à l'alternative.... ■ Faui-il lire • une
baronnie qui a voix à l'alternative ? • Non. Il faut sans doute compléter
aïBsi la phrase : • Une baronnie en dtux leigneuriu qui ont voix à
l'alternative. ■
Toutes les critiques de rédaction que l'on adresse i Ogée s'adreseent en
réalité i à M Grelier, jeune bomnic de vingt-cinq ans. maître es arts en
l'Université de Nantes » (note d'Ogée in fine. Nouv. éd. II. 8%^, par qui
tut rédigé le Diclionnaire. A vingt-cinq ans, on ne peut avoir ni la
sclenoe al la luaiurilé aécesaaires à un tel travail.
...Google
- J6 -
C'est ainsi que la phrase a été comprise. Mais, comment
ne s'est-on pas fait cette objection : n Deux seigneuries en
diverses mains séparées par quarante ou cinquante lieues de
distance à vol d'oiseau ne faisant qu'une baronnie et ayant à
tour de rôle la voix unique de la baronnie.,.. est-ce assez
étrange ! « Non : cela a paru tout simple â l'éditeur et aux
annotateurs d'Ogée en 1853 !
Ils sD sont dit peut-être que Ogée écrivant en 1775 n'avait
pu se tromper, puisque de visu il avait pu vérifier le fait,
aussi facilement par exemple que nous, en ce moment, nous
pouvons reconnaître en combien de circonscriptions électo-
rales se divise tel arrondissement.
Enfin, de nos jours, un auteur écrivant sur Ponl-l'Abbé a
copié Ogée..,. mais non sans inquiétude, La preuve, c'est
((u'il a pris soin d'expliquer comment les deux seigneuries
ne formaient qu'une baronnie. Lisons plutôt (i) :
« La baronnie de Pont (l'Abbé} envoyait aux États ; mais
B elle n'avait qu'une voix avec celle de Pont-Château, parce
• que les deux ensemble ne formaient qu'une baronnie ayant
«voix alternatives {sic). Nous verrons par la suite jusqu'à
a quel point les barons de Pont élevèrent leurs prétentions et
« comment, petit à petit, ils arrivent à se débarrasser de leurs
« compétiteurs. »
(I) Les Bigoudent. 189i (p. lïS). Je m'empresse de dire que l'auteur,
M. PuiR de Rilalongi, n'a pas repruduil ces phrases et celles qui vont
suivre dans une brochure qu'il vient de publier (janvier 1S98) sous ce
litre singulier : l£» chtvatiers-hannerelx (ie Pont-l'Abbé. J'avais siKualË
ces phrases malheureuses à ta première page d'un mémoire Stir la
baronnie de Pont-VAbbé. Celte page, lue i la séance de la Société archéo-
logique du 9D juillet dernier, a été imprimée dans la livraison d'août
distribuée eu septembre. Dans In j/réface des Cheratien batmereli..,. M.
Puig proteste que ma • pseu do- rectification qui manque de clarté, de
préc's'on et su t 1 de u t' p VI ne lui apprend rien > (p. III .
Cela mpo le peu Cp qu mpo e es que, dans la nouvelle brochure.
Il n es p us ques on d 3 f on des deux baronnies ni Je teun voix
attema ts
Ma s e p ses ni om se e ne sont pas désavouées : c'est
pou quo faut Q gnae e reur en même temps que l'erreur d'Ogée.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Voilà la pensée d'Ogée neltemenl exprimée, mais non
expliquée. Voici l'explication que j'ai annoncée :
P. 177. « C'est par cette alliance (le mariage de Margue-
n rite de Rostrenen avec Pierre Vllf du Pont-l'Abbé} que ces
a deux importantes seigneuries se trouvèrent réunies sous le
a même propriétaire, et probablement aussi que la seigneurie
B de Pont-Château se trouva liée à la baponnift de Pont
a (l'Abbé) de façon à n'en constituer qu'une seule, ayant voix
s alternatives aux États de Bretagne. »
Dans les lignes qui précèdent nous relevons un fait cer-
tain : le mariage de Marguerite de Rostreuen faisant passer
la seigneurie de Rosirenen à Pierre VIIl, baron de Pont-
l'Abbé. — Toutes les autres allirmations sont des questions
posées.
i" Est-il vrai que la baronnie de Pont " envoyât (des
députés) aux Etats de Bretagne ? o
2° Est-il vrai que Pont-Cliàteau ait jamais été « réuni
dans les mêmes mains que Pont-l'Abbé de sorte que les
deux baronnics n'en aient plus formé qu'une ? »
3° Comment cette baronnie unique aurait-elle eu voix
alternative ? — Alternative avec qui ?
Il faut répondre à ces questions avec preuves à l'appui.
C'est ce que nous allons faire.
Le travail qui va suivre contiendra trois parties.
Dans la première : » Succession des seigneurs de Pont-
Château et Pont-l'Abbé », il sera établi que les deux sei-
gneuries n'ont jamais été dans les mêmes mains, par consé-
quent qu'elles n'ont jamais formé une baronnte unique.
Dans la seconde : « Les deux baronnies de Pont-Château
et Pont-l'Abbé aux États », il sera démontré: 1" que les
baronnies ne députaient pas aux États, mais que les barons
^rK,COOglC
il
— 48 -
y assistaient en vertu de leur droit propre ; 'i" qu'il n'y a
jamais en d'alternance entre les deux barons.
Riifîn dans une troisième partie, qui sera le complément
de celte étude, je rechercherai le rôle non des deux baron-
iiies, mais des deux villes aux États de Bretagne.
1" Succession des seigDeurs de Pont-Cbâteau.
Lu seigneurie de Pont-Châtuau (1) était située dans l'ancien
évêclié de Nantes, dans l'arrondissement actuel de Sainl-
Nazaire. Elle s'étendait sur sept paroisses, et comprenait
plusieurs fiefs importants, notamment la cliâtellenie de
Cambon dont relevait la seigneurie de Coislin. Un acte de
1455 que nous verrons plus loin élève le revenu à environ
huit cents livres, à peu près 32.000 francs de noire monnaie.
Les seigneurs de Pont-Château apparaissent au conseil
des ducs dès tes premières années du xi' siècle ; un peu
plus lard, ils ont le titre de baron. Nous reviendrons sur ce
point. Qu'il sullise ici de constater l'importance ancienne de
la seigneurie.
Le baron de Pont-Château était tenu à un devoir singulier
avec les barons de Hetz, Ancenis et Châleaubriant : il devait
porter l'évéque de Nantes « à sa première solennelle entrée
dans sa cathédrale », Or, le 17 août 1381, le duc Jean IV
acquit par échange la liaronnie de Retz. Kspérait-il que la
(1 ) T^ seigneurie cumpreaaDl sept paroisses élait sans doute plus étendue
que le canton actuel qui n'en conlieiil que cinq. Du reste aucune identité
entre la seigneurie et le canton de nos jours. Des sept paroisses conipo!>ant
la seigneurie, trois : QuiUi, Cambon et La Cliapelle i.aunay sont du canton
de Suvenay ; — miiis le canton de Pont-CliHleau a les deux communes de
Saint-Joacliim et Crossac qui n'étaient pas de la seigneurie.
Eu UT'J, Jean II, vicomle de Hohan, indique ainsi les limites E. et 0.
des deux seigneuries contiguts de Punt-Ctiàieau et Blain..., i el contenant
depuis le pont du château de la Hoclie-Bernard jusqu'à Nantes.... *
(Morice, llist.. I II. cul. CLXXX à CCLI.J 11 laut sans doute entendre
< depuis le pont du château de la Bretesctie, cliel lieu de La Roche-
Bernard, jusqu'à la limite du regairu de Nantes •, Cf. Géog. féod. de M.
de la Borderle. Carte et p. 'J8-II9,
n,g,i,.9cb,.G00glc
dignité ducnle le sauverait de son devoir comme baron ?
Il fut bientôt détrompé. Le duc était entré en possession
le 25 mars 138'* (n. s.). Le 29 mars, l'évéque Jean de Mon-
trelais, qui n'attendait apparemment que la mise en posses-
sion du duc, fit savoir à celui-ci par lettre qu'il ferait son
entrée le jour de Pâques fleuries (dimanche des Rameaux)
qui était le 3 avril ; et le requit « d"êlre à Nantes person-
nellement ce jour pour faire son devoir à raison de la
baronnie de Retz (1) ». Le duc s'exécuta.
J'ai cru pouvoir conter ici cette anecdote parce qu'elle
peut servir à expliquer ce que nous aurons à dire plus loin.
Du reste je n'ai pas à Taire l'histoire de Pont-Château. Je
me propose seulement de dresser la liste de ses seigneurs.
Or la voici sans interruption, je crois, du xi" siècle à la fin
du XVII*.
Pont-Château eut d'abord des seigneurs de son nom.
Dès les premières années du xi® siècle sinon dans le x*,
Jarnogon apparaît le premier ; il est père de Daniel, lequel
lui-même a pour fils un second Jarnogon (2). Celui-ci a deux
fds (3) :
En 103!), Daniel, l'atné, figure dans une assemblée tenue
à Redon par Alain Fergent ; en 1110, le même est nommé
au nombre des barons (4).
(1) Lob[neau, lliil.. p. 445.840, el Pr., m. l^tlre de Je:in de Monlrétaiç.
Morice, Pi-.. Il, 44H.
(3) C'est sans doute ce Jarnogon [t qu't^éc mentionne en \0^ V'
Pont-Châleau, IJ. :t67.
(3) L^s indications qui suivent sont empruntées à l/)bineau. Hiit., 104
i Ï58 poMint. Plusieurs se retrouvent au Calalo'jue île» ahbaijei de D.
Morice. HUt. T II. notamment Cl, Cil, Clll. CVII. CVIII, CXE, CXII ...
ËDlIn quelques-unes sont empruntées i M. de la Borderie ; Ut neuf
baron* de Bntajue au Ricueil den btasoia lie Bretagne.
t^i; ( Daoiel fllius Jarniguii -. Les neuf harom.... p, XVII.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- SO -
En 1125-27, Olivier, son frère puiné, ravage l'abbaye de
Redon et fait amende honorable (1).
En 1148, Daniel, son fils, est témoin d'une donation de
Conan IH.
Vers 1161, le même et son fils nommé Olivier sont dits
bienfaiteurs de l'abbaye de Blanche-Couronne.
En 1203, Eudon est un des barons ligués pour venger le
meurtre d'Arthur (2). En 1209, le même part pour la croi-
sade contre les Albigeois, et assure à Blanche-Couronne la
u possession d'une terre donnée par son père Olivier et son
aïeul Daniel ». En 1214, Eude est à Bouvines (3). En 1219. il
part pour une seconde croisade dans le midi de la France.
n vivait encore en 1251 (4|.
En 1258, Constance, sa fille, épouse Olivier, seigneur de
Clisson, dit le Vieil, qui sera le bisaïeul du connétable Oli-
vier de Clisson.
Constance était veuve de Hervé, seigneur de Blain, dont
elle avait deux fils. Olivier Ht la guerre au duc Pierre de
Dreux, fut vaincu et se résigna, en février 1262, à accepter
les conditions suivantes : il se démettrait de ses biens e i
faveur de son fils Olivier te jeune {U' du nom) ; la terre de
Pont-Chàteau appartiendrait aux fils du seigneur de Blain et
à leurs hoirs. 11 faut croire que ceux-ci ne laissèrent d'autres
(h n Oliverio Punteasi > Les neuf baroni, p. XIX.
(■») On le nomme aussi Etienne. (Le Bnud. p. 2(10-510,) l-es neuj
barom... p. XL.— Ce nom d'Elienne resta dans la maison de l*ont-Cliâleau.
En IJM et 11)7. Etienne de Pont-Château et Sibille. sa veuve, étaient
inhumés au couvent Sainl-François de Quimper. Hécrologts.
3) ■ Eudo de Ponte >. Liste donnée par Hévin. ConsuU., p. 638-03»,
d'après du Chesne, el par M. de CoutTon de Kerdellec'h, d'après La Roque
{Chevalerie bretonm. p. 91.; Mais le seigneur de Pont-l'Abbé ne ligure pas
sur celte liste .
■ (4) A celte date Eudon de Pont-Château tait une transaction avec l'abbé
de Saint-Gildas des Bois. Morice, llht., tl, p. CVIL -. Est-ce le mtme que
Eudon de \HVi ou bien y aurait-il eu deux Eudon l'un après l'autre ?
n,g,t,7.cbyGOOglC
-Sj -
héritiers que leurs frères utérins, puisque, peu après, Pont-
Chfktcau se retrouve aux mains des Clisson (i).
Olivier II était mort avant 1320.
Olivier III son fils lui succéda. Il fut exécuté à Paris, le
2 août 1343, laissant son héritage à son fils Olivier IV, le
connétable.
Celui-ci maria sa fille ainèe, Béatrix, à Alain de Rohan,
qui, en 1396, allait devenir vicomte sous le nom de Alain
VIII. Il assigna en partage à Béatrix les deux tiers de ses
immenses possessions. Pont-Château et Blain entrèrent ainsi
dans la maison de Rolian, à la mort du connétable (1407) ;
et l'héritier principal d'Alaia VIII et de Béatrix les recueillit
à la mort de sa mère.
C'est au temps d'Alain IX que Pierre II réduisit A neuf
les nombreuses baronnies de Bretagne. Pont-Château ne
trouva pas place sur la liste privilégiée et descendit ainsi au
rang de bannière. Le vicomte de Rohan assistait aux États
de Vannes de 1451, où cette innovation fut proclamée. Il ne
parait pas qu'il ait fait aucune protestation non plus qu'aux
Etats de 1455. Il lui sulfisait apparemment de In baronnie de
Léon pour laquelle il disputait la première place à la
baronnie de Vitré.
Mais, bien que Pont.Château fui destitué des droits de
baronnie, l'usage, comme nous allons voir, lui en continua
le titre.
En 1455, le vicomte Alain était veuf de Marguerite de
(1) C'est la remarque de D. Morice, Hjs!., I, 19î.
Ogée écrit (II, p. i6i : < En tii5 la lerre de Ponl-CMleau passa à la
maison de Kobaa d'où sorlirenl les seigneurs de PoDVCIiàteau • Et plus
loio : • En r^90. le seigneur de Clisson éUit seigneur de Ponl-Cliàteau.
Pierre de Rohan, seigneur de PonL-Ctiiteau. mourut en I5ltj.... > Ainsi
EN>nl-Cbâtean aurait passé des Rohan aux Clisson pour revenir aux Uohan.
On vient de voir et on va voir combien e'esl inesacl,
Ogée n'est pas mieux infonné quand il écrit II, p. .|71> : • [>ont-l'Abbé
passa dans le xvi< siècle dans h maison de Rohan et de celle-ci dans la
(anillle de Richelieu. •
n,g,t,7.cbyGOOglC
Bretagne, fille du duc Jean IV, et de Marie de Lorraine dont
il avait eu un fils qui fut Jean II ; il épousa en troisiëmes
noces Perronnelle de Maillé, cousine germaine de la duchesse
Françoise d'Amboisc. Six ans plus lard (1462), il mourut
laissant à sa veuve sept enfants dont Vaine se nommait
Pierre et dont elle fut tutrice (1)
La seigneurie de Pont-Château ne faisait pas partie de la
succession du vicomte. Aux termes de son contrat de mariage,
cette seigneurie appartenait à sa veuve.
En mariant Perronnelle de Maillé à leur oncle par alliance
Alain de Rohan, Pierre II et la duchesse l'avaient dotée de
14.000 écus d'or, plus de 500.000 francs de notre monnaie
u à convertir en un héritage ». Dans son contrat de mariage,
Alain IX avait donné reçu de la somme et offert en remploi
Pont-Château pour un revenu de 800 livres, environ 32.000
francs valeur actuelle (2).
Perronnelle était morte où s'était démise de Pont-Château
en faveur de son fils aîné avant la fin de 1484, puisque celui-
ci en prend le titre dans un acte solennel du 20 novembre
de cette année.
Cet acte est son contrat de mariaçe (3). Pierre se mariait
richement : il épousait Jeanne du Perrier, veuve depuis
1476 de Jean de Laval, baron de La Roche-Bernard, qui lui
avait laissé un fils ; et la mort de son père Tristan du
Perrier (1482) venait de la faire comtesse et baronne de
Quintin. Pierre de Rohan pouvait ainsi au nom de sa femme
siéger an banc des barons ; mais cet honneur d'emprunt ne
(Ij Morice. Pr., Ul, io, — 90 mai 1463. Perronnelle épousa depuis
Hol.inil de Kastrenen et dul ainsi perdre la tutelle <T. A. C. cl). 6».)
Je dunnerni ixa jour quelques détails sur Roland de Roslrenen qui lie
fui pas, comme on l'a cru, le frère, mais le neveu de Pierre de Boslrenen,
le lieutenant du connétable de Richemonl.
[i] Contrat de mariage, 10 février 14M (U.iâ n. s.). Morice, Pr., Il
IIUJ.
Traité de mariage, 30 novembre 1484. Morice, /¥., III, Ul.
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ 53 •
lui suffit pas ; de son autorité il reprît le titre de baron de
Pont-Chàteau, et cette usurpation imitée par ses successeurs
fut, comme nous le verrons, acceptée on tolérée.
Pierre de Rohan mourut en 1518 ne laissant ni enfant
d'aucun de ses trois mariages, ni frères ou sœurs germains
habiles à lui succéder. Pont-Chàteau passa à ses héritiers
de l'estoc maleriiet.
Perronnelle, sa mère, avait eu un frère, François de
Maillé, mort en 1501, laissant pour principale héritière sa
fille, Françoise, dame de Maillé et Benais. En l'année 1500,
celle-ci avait épousé (litles de Laval (I" du nom), seigneur
de Loué, d'une branche cadette : elle mourut avant 1538 (1),
laissant un fils Gilles (llj qui de sa mère hérita Pont-Château,
et le transmit à sa descendance (2}.
Nous avons nommé plus haut la seigneurie de Coislin,
fief dépendant de l'uni- Château. En 1552, René du Cambout
avait épousé Françoise Baye, héritière de Coislin. En i(i25,
leur (ils François, grand veneur de Bretagne, devint acqué-
reur de Pont-Chàteau. En 1634, son fils Pierre-César,
général des Suisses et Grisons, obtint l'érection en marquisat
de Coislin avec annexion de la chàtellenie de Cambon et de
la baronnie de Font-Château.
(I) Généalogie exlraile de Morérj.
Moréri porte le décès de Françoise à 1531. Ij semble uii peu postérieur.
Le i'i mars I53ti, le Roi, pojr son lils le daupbin, duc de DrelOKne, ■ fait
don du ruchEiL dit pour Pont-Château par le décès de Françoise de Mnillé,
dame de La llenaite.. . • Morice, /Y., 111, 103>. (Lu Usnaste est une
seigneurie du comié de Nantes et du Poitou, comprenant 25 paroissos, cl
qui CD lûKi [ut rÉunie â la baronnie de Relz pour former le duclië de
Hel/. [Géo'j. fèod.. p. IOi-lU:£.| Il semble bien qu'il y a identité entre
Franijoisu de Maillé, dame de la Beonste, et Françoise, dame de Bennis.
(;) M. de Couray (V' Poat-CItâUan, II, JIO) dit que la seigneurie passa
de lii maison de Laval au.t Chambres, puis par acquM aux Camboul,
T. III, p. i53 ; il supprime les Chambres. J'ai suivi celle seconde indicalion
i-omine corrigeant la première.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 54 -
Vers 1642, Armand, fils de César, était devenu acquéreur
de la baroniiie de la Roche-Bernard ; en 1663, il obtint
l'érection du marquisat en duché de Coislin avec annexion
de la Roche-Bernard (1).
Mais marquis et ducs de Coislin gardèrent leurs titres de
barons de Pont-Chôteau et de La Roche-Bernard ; et ces
titres sont rappelés quand ils président les Etats de Bretagne
en 1659, 1665, 1683 et 1693 [2}.
M. de Courcy indique que la baronnie passa des Coislin
aux Lorraine-Lambesc, et par acquêt en 1754 aux Menou (3).
Le dernier des barons de Pont-Château fut, si je suis bien
informé, le général Menou, qui succéda à Klébep en Egypte,
fut contraint de capituler, et ne rapporta de la conquête que
le titre de musulman et le nom d'Abdallah.
J'ai cru pouvoir arrêter mon étude aux Coislin. Ce que
j'ai dit suffit à démontrer que dans la liste des seigneurs de
l*on[-Chàteau, du xi' .'i la tin du xvii* siècle, il n'y a place
ni pour un Rostrenen ni pour un seigneur de l'ont-l'Abbé.
Donc les deux seigneuries de l'ont-Chàteau et Pont-l'Abbé
n'ont jamais 4té riktnies dans la même main.
Mais supposez le contraire, serait-il vrai, comme on l'a
dit, que par leur réunion a sous le même propriétaire
les deux baronnies n'en formaient plus qu'une ; — élaicnt
liées de façon à ne constituer qu'une seule baronnie ? »
(I) On lit danaOKée. Art, l'ont-CMUau, II, 3fiiJ, • L'an 1625, René de
Cambout, marauts de Cnislln, grand mattre des eaux et forSisde France,
acquit la baronnie de Punt-Cliâteau. a Or Ogée avait écrit art. Canton,
l, p. 133, que le marquisat de Coislin avail été érigé en \fâX. — C'est la
CF. M de la Borderie. Géog. fèod., p U.S. Il donne el on donne souvent
16fi1 pour la date de l'érection du marquisat de Coislin : voici pourquoi :
Les lettres de (634 ne reçurent pas d'ex^ution. En décembre IBSB, Armand
obtint des lettres de surannalion enr^istrées au Parlement, le 1 1 octobre
16511, et â la Chambre des comptes seulement en KKU. Mais, avant même
cet enrcuistremcnt, le piitc'is- verbal des Etats dunne à Armaud le lilru
de marquis. Horice, Pr., Il, XXVI.
(-!} Morice, II, p. XXXVI et XXXVII.
(3) Il faut lire, je crois, t7ii. Nous vonons cela ptus loin.
■n,g,t,7.cbyGOOglC
f
— 55 —
Pas le moins du monde ! La preuve : nous venons de voir
Pont-Chàteau aux mêmes mains que Clisson pendant un
siècle, aux mêmes mains que les vicomtes de Rohan et I.éon
pendant soixante ans. Est-ce que dans cet intervalle la
seigneurie de Pont-Château n'a pas gardé son indivi-
dualité ? De même sera-t-il, comme nous allons voir, des
bai-onnies qui seront réunies môme par trois dans les mêmes
Rt ce n'est pas tout ! Les baronnies, dit-on, réunies « n"en
formaient plus qu'une ayant voix alternatives (p. 126} —
constituaient une seule baronnie ayant voix alternatives aux
Etats». (P. 177.)
J'avoue ne pas comprendre. .. S'il n'y a plus qu'une
baronnie, cette baronnie unique a une voix, mais sans par-
tage avec personne ; donc sa voix ne peut être alternative.
L'exercice alternatif d'un droit quelconque suppose néces-
sairement deux possesseurs de ce droit : donc, en l'espèce.
comme on dit au palais, pour qu'il puisse être question de
voix alternative, il faut deux baronnies émettant à tour de
rôle uno voix unique.
j'ajoute que par deux fois, il est imprimé voix alternatives
au pluriel. Qu'est-ce à dire ? Serait-ce que tes voix de cha-
cune des deux baronnies autrefois séparées appartenaient à
la baronnie devenue unique ?... J'aime mieux voir dans ces
phrases une faute d'impression deux fois répétée.
Mais en voilà assez et trop sur ce point... Passons et
montrons non les baronnies, mais — ce qui n'est pas la même
chose — les barons de Pont-Château et Pont-l'Abbé aux
Etats de Bretagne. Nous allons les voir siéger ensemble.
J. ÏRÉVÉDY,
Ancien h-ésidenl du Tribunal civil de QuimiKi:
(A micre.}
n..,i,."r^,G00glc
STATUETTE EN BRONZE W DIEU l'AN
découverte à Elliant (Finistère)
Vers le milieu de l'année 1897, dans le mois de mai ou de
juin, à Ellianl, prés de Quimper, un paysan trouva forluite-
menl, au cours de ses travaux, une staluelte en bronze
représentant le dieu Pan. Très intrigué de sa découverte,
soupçonnant qu'il tenait là un objet de valeur, il prit pour
parti de se taire jusqu'au jour où il pourrait en tirer un bon
profit. Quelque temps après, ayani, sans doute, mûrement
réfléchi, protitant d'une foire à Quimper, il se didgeail au
musée delà ville d'un pas indécis, — tel est le paysan hrelon
craignant que quelqu'un ei. particulière me iil son propriétaire
sache sa bonne aubaine — quand avisant la boutique d'un
marchand d'antiipiités, il y entra soNdisanI pour s'informer
où se trouvait le musée, mais bien plus pour connaître la
valeur de son objet avant de s'en dessaisir.
Notre rusé brelon avait à faire à un Breton encore plus
malin que lui qui, de suite, llairatit un objet rare, n'en ayant
encore jamais vu de semblable, fut plein d'arguments défa-
vorables au musée, acceptant les lions ou n'achetant qu'à
des prix dérisoires ; il lit tant et si bien qu'il finit par per-
suader notre homme et lui acheta la statuette. Puis, en
antiquaire quelque peu dressé, il lit tout son possible pour
savoir le nom de l'homme, les circonstances de la découverte
et le nom du village, .'\utant de questions auxquelles il ne put
obtenir de réponse. Tout ce qu'il put savoir c'est que la
statuetle avait été trouvée à f;ilianl, canton de Rosporden
(Finistère). Le costume de l'homme contirmail, du resie,
pleinement la chose.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 57 -
A quelque temps de là, passant à Quimper, le marchand
nous ayant montré la statuette, nous t'avons achetée sans
hésitation la trouvant des plus intéressantes. Elle était encore
en partie recouverte d'une terre jaune argileuse, et sur quel-
ques endroits on voyait les frottements auxquels s'élait livré
l'inventeur, pensant, — comme toujours — que cette statuette
pouvait bien être en or. Malheureusement, toutes nos recher-
ches n'aboulireiU point à faire connaître l'endroit précis de la
découverte (I) Le paysan ne venant que rarementàQuimper,
on ignore son nom, on le connaît seulement de vue.
Le marchand, que nous connaissons depuis longtemps,
chez lequel nous avons parfois acheté des objets très exacte-
ment trouvés dans le pays, dont nous savions la découverte,
n'avait aucun intérêt à nous tromper sur l'identité de l'objet.
Les liffurines en bronze découvertes en Bretagne ne sont
pas très communes (2).
l^a statuette découverte à Elliant comporte bien le caractère
d'animalité altiibué au dieu l'an. Les jambes sont celles d'un
bouc ; des coriiCB se dressent sur un front étroit et fuyant, à
demi-couvert d'une chevelure courte et crépue, et deux mèches
plus épaisses retombent l'une entre les cornes, l'autre sur le
ti'Onl. Le visage a l'expression brutale et sauvage; le nez,
aux narines ou\eiles est épate , la bouche ouvei le rieuse
aux lèvres épaisses et sensuelles laisse von la rangée des
dénis maxillaiies supeneuis le*; jeux \icieu\ sont sur
montés d'arcades souinlities proéminentes, le visage de
notre Pan est imberbe l^e toise est parfaitement modèle La
(!) I J'ul publiL 1 illiirc devant plusieurs personne* — nous ecnvaii
le curé d'Eltinnt iiiqucl nous nous étions également adresse puur recher
clier t'inilividu — mais ]i ci iin^ de ne poiiioir jamais j réussir Le
paysan est peureux 'If sa niluie •'t rrninl toujours un piège Cet homme
a dû rendre celle statuette eamui en l icliLlle comme un Iietre pria eu
leniiis prohibe et ne ïoudra pas sl drelarer >
(3) M le Sliisee aidirotojique de Quinipir ni r-eiui de la Sx-iele Pûhjma
tliique a Vannes ne possèdent de staluellLs du dieu Piiii
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ 58 -
-poitrine esl large, les seins accenlués. L'épine dorsale, bien
indiquée, se continue jusqu'à la petite queue relevée en tortille
sur le rein droit. L'une des jambes, la gauche, légèrement
levée, indique qu'il marche. L'attitude est impudique. En un
mot, tous les détails sont traités avec beaucoup de soin.
La statuette n'a pas été fondue d'un seul jet ; tout le corps
est d'u.i seul morceau, y compris la têle et les jambes ; seuls,
une partie des bras ont été coulés séparément et étaient
retenus à la hauteur des seins par un tenon soudé, sans doute,
dans un trou praliiiué dans la partie du bras fondu avec le
reste du corps. On remarque encore des traces de soudure au
plomb dans le trou du brasf,'auehe. Malheureusement le bras
droit manque, et malgré les recherches minutieuses du paysan
dans l'endroit de la découverte, il n'a pas été retrouvé. Le
bras gauche est très musculeux ; les doigts fermés tiennent
la syrinx, attribut du dieu Pan. Le bras gauche trouvé
détaché de la statuette a été ressoudé.
La hauteur est de 0 m. 17 des pieds à l'extrémité des
cornes ; la largeur, aux épaules, de 0 m, 045. La patine, d'un
vert brunâtre, esl oxydée en plusieurs endroits. Ces traces
d'oxydation sont naturellement expliquées par un litng séjour
dans un endroit probablement humide. Elles s'écrasent sous
le doigt et n'ont que très légèrement entamé la patine. En
somme la conservation en esl excellente.
Pour expliquer la présence de ce bronze romain à Elliant,
— car malheureusement, nous le répétons, nous ne pouvons
préciser l'endroit de la découverte — nous pouvons citer
de nombreuses traces de l'occupation romaine L est ainsi qu'à
800 mètres du bourg, on remarque une borne miliaire
refouillce; voie de Scaër à Stang-Askel de tn s nombreuses
substruelions couronnent les hauteui s qui dominent le camp
romain existant sur le mamelon boisi di Titanna (!}. En
(1) p. DU Chateli.ieh. Les é/ioques préh
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ 59 -
descetidaiil de Tréanna vers la rivière, on peut voir, dans une.
lande, deux butles artilicielles allongées. Ciions encore dans
les bois d'Elliant, à 500 mètres au nord, un camp quadran-
guiaire, avec enceinte élevée en pierres sèclies et tours ; des
substruclions sur les bords de l'Odet, près du Monsloir; des :
débris romains de toules sortes recueillis au bourg même (1).
On voit que c'est chose très naturelle que la trouvaille d'une
statuette en bronze dans ce milieu romain si bien caractérisé.
Parmi les statuettes recueillies, la série la plus abondante
est celle des images mythologiques, mais les chefs-d'œuvre
sont bien rares. La plupart des figurines fabriquées pour
satisfaire la dévotion populaire sont d'un style lourd, d'une
facture parfois des plus médiocre quand l'image n'est même
pas presque informe. Le dieu Pan que nous avons le plaisir
de présenter ne peut se comparer à ces statuettes communes.
D'un bon slyle de l'époque romaine, sa découverte à l'extré-
mité de la presqu'île Armoricaine, le rend encore plus inté-
ressant.
AVENEAU DE LA ORANCIÈRE.
Chevalier, 1889, Paris. — ■ Les tuiles et débris de poterie, IrouvÉs dnns un
• seul champ ont servi à mactidamiser un chemin vicinal sur plus de
< 101 mètres. - Ibidem, p. l'JI;. — M. P. dj Cliateilier possède une
amphore trouvée, en 1879, dans cet élablissemeul.
(1) P. DU Chatellier, Les èpoquen /Héhistarigues et ijaulom dans k
FàiiHère, p. IW.
n,g,t,7.cbyGOOglC
LK MOBILIER ARTISTIQUE DBS ÉGLISES BRETONNES
(Suite)
Statues, coupes, bas-reliefs, niches à volets.
S"il est facile de compter les œuvres sculpturales absolu-
ment parfaites comme art et correction, on en trouve cepen-
dant un bon nombre qui sont d'un style excellent et offrent
un caractère tout particulier digne de fixer l'atteritiou de
l'archéologue. Parfois même il s'en rencontre que ne renie-
raient point les meilleurs maîtres de la Renaissance et du
Kvii* siècle; et au milieu do ces productions on reconnaît
des parentés, des analogies de facture indiquant des com-
munautés d'origine et marquant les tendances et les procédés
des différents ateliers. Il sera impossible de citer tout ce que
la statuaire a laissé de remarquable dans nos églises, on ne
peut que signaler les pièces les plus importantes en les
classant par époques.
Les cinq ou six statues d'apûtres des deux porches de la
cathédrale de Saint-Pol sont-elles du xiii' ou du xiv' siècle V
En tout cas, ce sont les plus anciennes du pays. Ensuite
viennent les treize statues du porche des apftlres au Folgoét,
vraiment belles dans leurs draperies aux plis abondants et
gracieux, vraiment nobles et impo.santes avec leurs tôtes
graves et austères. Quelques-uns disent que le sculpteur
Mtcliel Colomb a travaillé à ces statues. Au Folgoct égale-
ment on doit remarquer la Vierge assise de la fontaine, le»
quatre anciennes statues de l'intérieur de l'église ; saint
Jean-Baptiste, saint Jean révaugéliite, sainte Ca'.herine et
sainte Marguerite ; puis à l'extérieur la statue de duc Jean V,
n,g,t,7.cbyGOOglC
- «I
le groupe de l'Adoration des Mages au porche ouest, et la
statue de saint Yves.
Cette statuaire du Folgoët a été imitée dans bien des
porches et bien des églises, mais jamais égalée ; il faut
cependant reconnaître quelques ressouvenirs heureux dans
la Vierge du fond du porche de Trémaouézan, au porche de
La Martyre, à Saint-Jean-Balanan, en Plouvlen, à N.-D. de
Quilinen, en Landrévarzec, et A Saint-Laurent de Goulien,
près de Pont-Croix.
On doit signaler dès maintenant la statue ouvrante de
N.-D. du Mur, vénérée à Morlaix, datant très probablement
du xiT' siècle. Les draperies du corps peuvent s'ouvrir à
deux battants, pour former triptyque, et à l'intérieur se
trouve une sculpture représentant la Sainte-Trinité, tandis
que sur les panneaux latéraux les six scènes suivantes sont -
figurées en tableaux d'une extrême finesse : l'Annonciation,
la Nativité, la Présentation, la Flagellation, la Descente aux
Limbes et la Résurrection.
A Bannalec existe une statue également ouvrante, mais
du xvii° siècle et renfermant en bas-reliefs ; le Baiser de
Judas, la Flagellation, N.-S. condamné à mort, le Portement
de la Croix et le Crucifiement. Cette statue provient de la
chapelle de Saint-Martin, Loc-Marzin, mais se trouve
maintenant dans l'église paroissiale.
Comme images curieuses on peut noter les Christs en
robe rouge, ou N.-S. on croix, vêtu d'une robe longue, à
plis serrés et sans ceinture. C'est une tradition provenant
delà période romane, mais les exemplaires que nous possé-
dons maintenant ne datent que du xvii' siècle. Il y en a un
assez beau, couronne en tète, à la cliapelte Sainte-Anne, d*
Lampaul-Cuimiliau, un autre A la chapelle de Christ, en
Guimaëc, puis dans une ferme de la paroisse de Plouégat-
Moysan et enfin à Sàinte-Croix de Quimperlé. Les deux qui
se trouvent à Loc-Maria de Quimper et à la chapelle de
n,g,t,7.cbyG0ÔglC
■ 63 -
l'évêché ne sont que des copies modernes, II y a quelque
dix ans, on pouvait en voir un fort intéressant à la chapelle
de Pont-Chrisl, dans la paroisse do La Roche, tout près de
Brézal ; il est devenu maintenant la propriété de M. Le
Provost de Launay.
Comme statues isolées, on pourroit citer spécialement
N.-0, de Cléden-Poher, Saint-Michel et Saint-Jean-Baptîste
de Lampaul-Guimiliau, Saint-Hervé de Cluimiliau, Saint-
Yves de Peumerit, Saint-Jacques de Pouldavid, un vieux
Saint-Pierre à Plougasnou, le Saint-Jean-Baptiste du porche
de Saint-Jean-du-Doigt, et quantité d'autres.
En parlant des groupes, nous devons mettre en premier
lieu ceux de la Sainte-Trinité. On en trouve un en bois
sculpté, au musée de Quimper, offrant tous les caractères
du xiii' et du xiv" siècle et qui provient de la cathédrale.
Le Père et le Fils sont assis sur un même trône, vêtus de
manteaux ou chapes dont les draperies se confondent pour
couvrir leurs genoux ; le Père tient la boule du monde et le
Fils un livre ouvert ; au-dessus d'eux plane le Saint-Esprit ;
tout autour, dans un nimbe de nuages, un cercle de quatorze
anges adorent, chantent ou jouent de différents instruments
de musique.
A Loqueffret se retrouve la même représentation dans une
niche à volets, mais avec plus de déploiement encore,
puisque, outre les nombreux anges musiciens, il y a douze
panneaux de bas-reliefs.
On peut admirer encore de beaux groupes de la Sainte-
Trinité à Plougasnou, à Dinéault, à l'église paroissiale et à
la chapelle de la Trinité de Lampaul-Guimiliau et au porche
de Clohars-Fouesnant.
Les groupes de sainte Anne instruisant la Sainte-Vierge
sont nombreux dans nos églises, mais il y a un groupement
plus original qui se trouve aussi dans quelques-unes : c'est
sainte Anne instruisant ou portant la Sainte-Vierge qui à
n,g,t,7.cbyGOOglC
son tour porte l'Enfant- Jésus. Nous pouvons signaler cet
exemplaire à l.anriec,, N.-D. de Châteaulin, Lampaul-
Guimiliau, à PIouégat-Guérand, ' à ta chapelle de saint
Diboan, en Tréméven, etc.
Le sujet de la Descente de croix ou de Notre-Dame de
Pitié a donné lieu à de belles œuvres de sculpture. I.a plus
belle représentation de cette scène se trouve à l'église de
Pencran, encadrée dans une niche à feuillages et dessins
flamboyants ; rien n'égale la beauté grave et la douleur des
neuf personnages entourant le corps inanimé du Sauveur
reposant sur les genoux de sa mère. La date de 1517 est
gravée au bas de la niche et l'on peut reporter approxima-
tivement à la même époque les groupes analogues et de
même caractère que l'on voit clans les églises de Bodilis,
Lampaul, Pont-Croix, La Forêt-Fouesnant, Bénodet, Qui-
linen, Plonévez-Porzay et dans la chapelle des Ursulinesde
Quimper.
La Piéta de l'église de Ploéven est en pierre et porte celle
inscription :
Maria. Mater, gratiœ. tu. nos. ab. koste. protège. HVXLVII.
Un autre groupe commun en Bretagne c'est celui de saint
Yves entre le riche et le pauvre. Indiquons-le spécialement
à la Roche -Maurice, à Gouézec, Pleyben, Quilinen, Saint-
Vennec de Briec, Lanmeur, Goueznou ; il écoule la supplique
du pauvre et repousse la pièce d'or que lui offre le riche.
Je ne puis résister au désir de citer encore te joli sainl
Hubert en pierre, en costume Henri II, qui se trouve.sur te
mur d'enclos du presbytère de Casl, agenouillé et tête
découverte devant un cerf qui se montre à lui avec une croix
entre les deux cornes. Ses deux cliiens mêmes sont en arrêt
et comme saisis de respect à la vue de ce prodige ; et j'ajou-
terai encore l'admirable saint Sébastien de l'autel latéral de
Guictan, entre deux archers qui le percent de leurs flèches.
En abordant les bas-reliefs, ne convient-il pas d'examiner
n,g,t,7.cbyGOOglC
-64 -
avant tout les sculptures en albâtre que nous possédons
dans quelques-unes de nos églises et dans nos musées ?
A Roscoiï il existe sept panneaux différents, réunis en
triptyque el retraçant les scènes de l'Annonciation, — Nati-
vité, — Flagellation, — Crucifiement, — Résurrection, —
Ascension — et Descente du Saint-Esprit. Au rétable de
l'autel des Saiits-Anges à la cathédrale de Quimper se
trouvent des statuettes de même matière et de même travail
provenant de Kerity-Penmarc'h. C'est de là que vient aussi
la grande statue en albâtre de saint Jean-Baptiste placée
dans la chapelle des fonts-baptîsniaux de la même cathédrale
et qui a son analogue, mais en plus petites dimensions, dans
la chapelle de Saint-They de Cléden-Cap-Sizun.
Ces ouvrages en albâtre se retrouvent encore dans quel-
ques églises du littoral, au couvent du Carmel de Morlaix,
aux musées de Morlaix, Quimper et Kernuz ; et pour être
complet, je devrais en citer deux au musée de Vannes, cinq
à l'église de Saintc-Ave-du-Bas, près de Vannes, et cinq
autres au retable de l'autel de la Vierge à la basilique de
Sainte-Anne d'Auray.
De quels ateliers sortent ces sculptures naïves, incor-
rectes, mais d'un caractère si étrange ? On a beaucoup
discuté là-dessus. Quelques-uns leur attribuent une origine
espagnole, d'autres les font venir d'Italie, d'autres du Tyrol.
A voir la facture des personnages, leurs draperies et surtout
quelques-unes des figures qui ont toute la grâce et toute la
suavité des tableaux des primitifs et des peintres ombriens,
on serait plus porté à croire que leur vraie provenance est
l'Italie avec laquelle nous avions des rapports commerciaux
au xv« et au xvi' siècle.
Dans les autels et retables, j'ai déjà mentionné quelques
bas-reliefs gothiques, comme ceux de Goulven, Brennilis,
Bodilis. Les retables de la Renaissance el du xvii' siècle an
contiennent aussi un bon n?inbre. Car S-Komple, à Bodilis,
n,g,t,7.cbyGOOglC
-«i-
au retable du maUre-autel sont sculptés cinq tableaux de
toute beauté retraçant le SacriUce d'Abraham, la PAque
ancienne, la Manne, les Pains de proposition donnés à David
et la Dernière Cène. A Lampaul-Guimillau, on trouve la
Nativité de la Sainte- Vierge, plusieurs scènes de la Passion,
le Martyre de saint Miliau, la Chuté des Anges, l'Enfance,
la Prédication et la Mort de saint Jean-Baptiste, saint Paul
terrassé sur le chemin de Damas, puis descendu dan» une
corbeille des murs de cette ville, la Pénitence et le Cruci-
fiement de saint Pierre, les Vertus théologales, des Scènes
de la Passion sur le trel ou poutre de gloire du milieu de la
nef, et au revers l'Annonciation et les Douze sibylles.
A la tribune des orgues de Guimiliau on a sculpté une
marche triomphale, puis David jouant de la harpe dansles
jardins de son palais, et sainte Cécile jouant de l'orgue,
sans compter les médaillons des évangélistes et les repré-
sentations des vertus théologales et cardinales dans la cuve
de la chaire à prêcher.
Au même article, il convient de rattacher les scènes de la
Passion en haut-relief des retables de Cléden-Poher, Plourin-
Morlaix, Locquirec et des chapelles de Christ et des Joies,
en Guimaëc.
Les niches à volets forment comme des sortes d'armoires
contenant des statues en vénération, fermées par des vantaux
qui ne s'ouvraient qu'aux grandes fêtes et dont les panneaux
étaient couverts de scènes sculptées ou peintes retraçant la
légende du saint.
On en voit deux très belles à l'église de Saint- 'i'hégonnec,
au-dessus et en face de la chaire, avec l'image et l'histoire
du saint patron et de N.-D. de Bon-Secours, Deux autres
avec peintures fines dans l'abside duJuc'h, celle de la Trinité,
mentionnée déjà à Loquelîret, d'autres à Locquirec et aux
chapelles de Christ et des Joies, en Guimaëc, de Lannélec,
Bdixbtik abghïol. du Finistïu.— Tou XXV. (Hémoirâs), 5
n,g,t,7.cbyGOOglC
en Pleyben, de Saint-Claude, en Plougastel-Daoulas, et au
porche de Sa int-Jean-du- Doigt.
Nous devons classer dans la même catégorie le grand
retable des dix mille martyrs de l'église de Crozon, puisque
à côté du corps principal de ce retable se trouvent des
panneaux mobiles couverts des diiTérentes scènes du supplice
de ces soldats martyrs dont on peut trouver l'histoire dans
les grands et les petits Bollandistes à la date du 22 juin.
Sépulcres de Notre-Seigneur.
On s'est plu au moyen-âge et à la Renaissance à repré-
senter la Uise au tombeau. A la cathédrale de Quimper,
nous possédons une copie moderne du grand sépulcre de
BiHirges, qui est peut-être celui que fit exécuter dans son
monastère sainte Jeanne de Valois, fille de Louis XI,
Le plus ancien du pays est probablement celui de Sainte-
Croix de Quimperlé, maintenant dans le Jardin de la cure.
Les personnages sont en pierre blanche, ayant sur les
bordures de leurs vêtements des feuillages brodés avec une
extrême finesse, ou leurs noms gravés en lettres fleuries :
Joseph ab Arimatkea, — IVicodemus, — Abibon, — Gamaliet
meus dominus.
De la même époque, c'est-à-dire du commencement du
xvi' siècle, doit être aussi le sépulcre de la chapelle de
Coadry, en Scaër ; il est en grande vénération, et les pèle-
rins vont baiser les plaies du Sauveur : An Autrou Christ.
Les deux plus beaux, comme importance et correction de
style, sont ceux de Saint-Thégonnec et de Lampaul-Guimi-
liau. Dans celui de Saint-Thégonnec, on remarque tout
particulièrement la Véronique, la Madeleine et un ange
pleurant au bord du tombeau. A Lampaul, la tête et le torse
de Notre- Seigneur sont d'une noblesse sans égale, et l'on ne
peut se défendre d'admirer l'expression douloureuse de tous
les personnages dont les yeux sont lîxés sur la figure ina-
n,g,t,7.cbyGOOglC
■6*.
nimée du Sauveur. Ce monument est en pierre blanche, il
est signé et daté : ANTHOINE : FECIT : 1676. C'est un
des rares ouvrages qui portent la signature du sculpteur.
Après cela nous pouvons nommer les sépulcres de Plou-
guerneau, de Saint-Martin de Morlaix, celui de Beuzec-
Conq, maintenant au musée de Kériolet ; puis à Rosporden,
la même scène en bas-relief, sous l'autel latéral nord.
Autrefois à la ehapelle du Pénity de Quimper, au bord
des allées de Loc-Maria, un groupe de personnages en bois
représentait une scène de la passion : Notre- Seigneur au
milieu des bourreaux et des pharisiens. Un groupe semblable
existe encore dans la chapelle de Langroas, en Cléden-Cap-
Sizun.
Caves baptismales.
Il y a dans la cour du presbytère de Saint-Pol-de-Léon
une grande cuve de granit qui se trouvait autrefois à l'inté-
FÏeur de la cathédrale et qui a, dit-on, servi à administrer le
baptême par immersion, lorsque ce rite était en usage. Je
donne cette assertion pour ce qu'elle vaut, et elle ne manque
pas de vraisemblance. La cuve a presque la forme d'un
demi-cercle et mesure l m. 57 sur le côté qui est droit, ,
1 m. 37 de largeur et 0 m. 50 de profondeur.
Parmi les cuves qui servent encore maintenant, celles de
Saint-Jean-du-Doigt et de Penmarc'h sont des plus anciennes
et des plus importantes. Elles doivent dater du xv siècle ou
des premières années du xvi^ et présentent autour de leurs
vasques une frise formée de feuillages puissants, d'anges et
de lions tenant des écussons.
Au Faou il y a une décoration de phylactères portant des
inscriptions relatives aux quatre fleuves du paradis terrestre :
Phison, c'est celui qui environne tonte la terre de Héeila,
là où oroist l'or. (Serpent avec dard).
n,g,t,7.cbyGOOglC
w 68 _
Gehon, c'est celui qui circuit toute la terre d'Ethiopie.
(Lion).
Tigris, c'est le troisième fleuve qui va vers l'Assyrie.
(Cerf).
Eupkrates, c'est le quatrième fleuve.
La cuve de Plougasnou est entourée d'une inscription
gothique qu'un couvercle en bois vient malheureusement
cacher en grande partie.
A l'intérieur est une cuve en plomb ornée en guise d'anses
de quatre jolies cariatides féminines. On pourrait croire que
ce travail est de la Renaissance, et d'après un compte de
fabrique il remonte au commencement du xvn' siècle.
Les fonts de Locmaria-Plouzané sont ornés de petits bas-
reliefs gothiques retraçant des scènes de la vie de Notre-
Seigneur.
A Lampaul-Guimiliau, la cuve octogonale est décorée de
modillons, de moulures, et porte cette inscription :
F : F : LAVRENS : ROPARTZ : E : L : ABGRALL :
LORS : FABRICQVES : LAN : 1651.
A Guiclan, môme travail avec l'inscription :
F : F : P : YVON : PICART : YVON : TANGVY : FA-
BRIQVE : LAN : 1658.
Baldaquins de fonts-baptismaux.
Pour donner plus de valeur et de noblesse aux fonts
baptismaux et peut-être aussi pour rappeler les anciens
baptistères circulaires ou octogonaux, on a élevé au-dessus
des cuves baptismales des baldaquins tantôt en pierre,
tantôt en bois, formant dômes portés sur des colonnes. Nous
trouvons des baldaquins en pierre à Comanna, à Bodilis et
à I.a Martyre, le dernier portant la date de 1635, Le joli
petit baldaquin en chêne de Saint-Melaine de Morlaix est
de 1660, quoique ses sculptures semblent accuser le style
Louis XIII ou même Henri II. Celui de Lampaul-Guimiliau
n,g,t,7.cbyGOOglC
CROIX DE PLEYBER-CHRIST
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,i,.9ch,G00glc
est daté de 1650, et ladmirable baldaquin de Guimilîau, le
plus bel ouvrage en bois qui ait été fait au xvii» siècle, est
de 1675, l'année de la révolte du papier timbré. La description
détaillée de cette œuvre exig;erait plusieurs pages.
Tribunes et buffets d'orgue.
Une partie de la tribune de la cathédrale de Saint-Pol est
gothique flamboyant ; la console qu'on y a ajoutée ensuite
est du xvii= siècle. Les mêmes panneaux flamboyants et
d'une gronde richesse se retrouvent dans la tribune de
Saint-Melaine de Morlaix et dans celle de Goulven. A
Pont-Croix nous avons des panneaux à godrons, séparés
par des contreforts ou pinacles très sculptés et variés, avec
frises de feuillages et de griffons en haut et en bas.
Toutes les autres tribunes remarquables ainsi que les
buiïets d'orguq sont du xvii' siècle. Quelques-unes de ces
œuvres sont d'une grande richesse par leurs panneaux,
leurs colonnettes, leurs bas-reliefs, leurs statuettes, leurs
consoles, leurs tourelles.
Citons Saint'Jean-du-Doigt avec tableau représentant le roi
David jouant de la harpe et sainte Cécile jouant de l'orgue ;
Ergué-Gabéric, 1650, tableaux d'anges musiciens ; cathé-
drale de Quimper ; Pleyben, Sizun, Saiiit-Thégoniiec,
Lampaul et Gutmiliau dont on a déjà décrit. les trois beaux
bas-reliefs. ; ; ■
Bénitiers.
Quelques-uns des bénitiers de nos porches et de nos
églises sont de vraies œuvres d'art. A la période flamboyante
on en trouve quelques-uns de bien soignés, comme au
porche de Saint-Jean-du-Doigt, oi!i le dais de couronnement
sert de piédestal à la statue du Précurseur ; mais c'est à la
Renaissance qu'on leur a donné le plus de richesse. On les
a ornés de moulures, de feuillages, d'oves, de rais de cœur,
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 70 —
et les dais qui les surmontent sont accostés de petits contre-
forts entre lesquels viennent faire saillie de jolis bustes
crânement coifTés selon la mode du temps. Très souvent
aussi un petit ange tient un goupillon comme pour inviter
les lidèles à prendre de l'eau bénite. C'est ce que l'on trouve
à Saint-Thégonnec, Guimiliau, Landivisiau, J^a Roche-
Maurice, La Martyre, Landemeau. A Lampaul il y a une
autre particularité : deux diables sont à moitié plongés dans
l'eau bénite et se débattent avec des contorsions que l'on
comprend aisément.
Je pourrais ajouter à cette liste de bénitiers en pierre
quelques bénitiers portatifs, seatix henoistiers, en bronze,
particulièrement celui de Loqueffret, portant en relief le
nom de la patronne de la paroisse : SANCTA GENOVEFA.
Tombeaux.
En consultant les monographies des cathédrales de
Qutmper et de Saint-Pol, on peut se rendre compte des
tombeaux d'évèques et de chanoines que renferment ces
deux églises. Comme tombeaux de saints nous devons
signaler ceux de saint Gurloës dans la crypte de Sainte-
Croix de Quimperlé, de saint Herbot, dans sa chapelle de
Plonévez-du-Faou, saint Edern à Lannédern, saint Ronan à
Locronan, saint Jaona dans sa chapelle de Plouvien, et
sainte Nonne dans la chapelle du cimetière de Dirinon De
plus, dans l'église de Plouvien, la tombe de messire Laurent
Benoit Richard, recteur de Centré et chanoine de Nantes.
Ce monument porte la date de 1535 et provient de la
chapelle de Tariec dont Laurent Richard était un des fonda-
teurs. Outre la tombe de saint Gurloës, la crypte de Quim-
perlé renferme encore celle de l'abbé Henry de Lespervez,
mort en 1434.
Puisqu'il s'-agit de tombeaux, il n'est pas étranger à notre
sujet d'indiquer les quelques sarcophages en pierre connus
n,g,t,7.cbyGOOglC
— Tl —
dans le pays : d'abord celui de Landeleau, désigné sous le
nom de Lit de Saint-Théleau, et dans lequel saint Yves
coucha une nuit, à son passage en ce pays, par esprit de
dévotion et de mortification ; celui de Mahalon ; un autre à
Lochrist-an-Izelvez, contre le mur nord à l'extérieur ; puis
à Plougonven, prés de l'ossuaire, el à la chapelle de saint
Rouan, entre Plozévet et Landudec ; le sarcophage de
saint Jaoua, à Plouvien, dont j'ai fait l'ouverture le 17 août
1897, et enfin le beau sarcophage sculpté, orné d'arcatures
cintrées, fleurs, enroulements et croix ancrée, qui se trouve
dans le bas-cdté midi de la cathédrale de Saint-Po). D'après
le chanoine Toussaint de Saint-Luc, le couvercle aujour-
d'hui disparu portait en 1664 cette épitaphe : Hic jacet
Conanus Britonum rex. Mais au lieu d'être le cercueil de
Conan-Mériadec, il est à croire que c'est le tombeau d'un
Conan qui fut évéque de Léon dans le cours du xii° siècle,
d'après M, le chanoine Peyron.
Vitraux.
J'ai publié dans le Bulletin de notre Société archéologique
du Finistère, année 1892, p. 174, la liste approximative des
anciens vitraux que nous possédons encore et qui sont au
nombre de 110 ou 120. Pour ne pas faire double emploi,
contentons-nous de rappeler les plus importants : 31 fenê-
tres hautes dans la cathédrale de Quimper, 2 à Saint-Pol-
de-Léon, 4 à Guongat, 6 à Plogonnec, 5 à la chapelle de
Kergoal en Quéménéven, 7 à N.-D. du Cran en Spézet, les
deux ni ai tresses-vitres de La Roche-Maurice et de Saint-
Mathieu de Quimper, faites sur les mêmes cartons, ainsi
que celle de Tourc'h.
Tableaux.
Il y a encore dans nos églises bon nombre de vieux
tableaux ; les plus remarquables en général sont ceux du
n,g,t,7.cbyGOOglC
Rosaire, comme celui de PlougasDOU, 1668, ceux de l,a
Forêt-Fouesnant, Querrien, Locronan, Ploaré, Pont-Croix,
et le tableau votif de Penmarc'h.
Bannières et croix de procession.
11 faut des solennités exceptionnelles, comme le couron-
nement de N,-D. du Folgoët ou la translation des reliques
de saint Pol-de-Léoii, pour voir réuuies ensemble de nom-
breuses bannières et croix anciennes ; mais c'est un coup
d'œil ravissant pour celui qui a la bonne fortune de jouir de
ce spectacle que de voir défiler gravement et lentement ces
chefs-d'œuvre de broderie et d'orfèvrerie, portés par les
jeunes gens et par les bommes marquants des paroisses qui
en sont lîères ajuste titre. Nos vieilles bannières sonttoutes
brodées en fils d'or, d'argent et de soie, elles sont couvertes
de semis de bouquels, fleurons et rosaces se détachant sur
le fond et encadrant l'image du saint patron. Sur les côtés,
des arabesques et des enroulements de fleurs forment des
orfrois ou bordures : le bas est découpé en lambrequins
d'où pendent des glands en franges dorées où sont cachées
des clochettes qui font entendre leurs joyeux tintements.
Dix ou douze paroisses possèdent encore chacune deux
vieilles bannières, ce sont : Goulven, Guimiliau 1658,
Lampaul, Ploudiry, Plougonven, Plougourvest, Plouguer-
neau, Ploumoguer, Saint-Nic, Tréflez.
Les croix de procession sont en argent ou en vermeil. La
plus ancienne, celle de Saint-Jenn-du-Doigt, est en style
François 1", toute couverte do fins rinceaux de la Renais-
sance, avec des médaillons à l'extrémité des croisillons. Les
autres, tout en offrant des variétés, se rapportent au même
modèle ; les tiges sont rondes ou octogonales ; aux extré-
mités il y a de grosses boules à godrons ou à rinceaux
repoussés. Le nœud au-dessous des pieds du Christ est
parfois monumental, entouré de contreforts ou pinacles
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 73 —
entre lesquels sont creusées des nichettes abrilaHt les sta-
tuettes des apôtres, l,<a plupart sont accostées de bras en
console supportant les statues de la Sainte-Vierge et saint
Jean.
Voici par ordre alphabétique le nom des paroisses qui ont
encore de vieilles croix, avec l'indication de celles qui sont
datées :
Brennilis, 1650, — Carantec, 1652, — Gouesnac'h, 1691,
— Guengat, 1584, — Irviilac, chapelle de Coat-Nann, —
Kerfeunteun, 1638, • L^innédern, 1620, — Mespaul, 1675,
— Pleuven, — Pleyber- Christ, — Plonévez-du-Faou, —
Plouénan, — Plougasnou, — Plougoulm, 1640, — Ploui-
g^neau, — Ploumoguer, — Pont-Croix, — Saint-Yvi, —
Sa int-Jean-du- Doigt, — Saint-Servais, — Saint-Thégonnec,
Trégunc, 1610.
Calices et ostensoirs
En tête citons le grand calice de Sa int-Jean-du- Doigt qui
mesure 0 m. 35 de hauteur et 0 m. 155 de diamètre à la
coupe. Il est tout ornementé d'arabesques, de feuillages, de
dauphins, de cornes d'abondance, et le nccud est composé
de pinacles et de niches comme ceux des croix procession-
nelles. La paléne a 0 m. 24 de diamètre et porte en son
milieu un admirable émail représentant la Nativité. Il y a
encore à Saint^Jean un petit calice gothique, orné de petits
émaux sur son nœud.
Les autres principaux calices sont ceux de La Forét-
Fouesiiant, Guengat, Locronan, Dirinon, La Roche, La
Martyre, Ploudiry, Plougasnou, N.-D. de la Victoire à
Cuburien, près Morlaix.
De jolis ostensoirs Louis Xltl existent à Plougasnou,
Esquibien, Locronan et à l'Hôpital de Quîmper.
L'église d'Ergué-Gabéric se réjouît de posséder de fort
belles pièces de même style : six chandehers, une croix
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 74 —
d'autel, deux lampes et un encensoir avec sa navette.
Finissons par la jolie crosse en argent qui se trouve à
Trégunc et qui porte cette inscription : YVES. DE. ROCHE-
ROVSK. SIEVR. DE. PENANRVN. EN. LAN. 16ii. A.
BAILE. CETE. A. NOTRE. DAME. DE. KVEN.
Reliquaires et ch&sses.
Ce sont tantôt des bustes, des tètes ou des bras en argent
renfermant des membres entiers ou de simples fragments,
tantôt de petites châsses gothiques ou Renaissance ; parfois
des coffrets en bois d'ébëne rehaussés de placages d'argent
repoussé, panneaux, cartouches, corniches, cariatides. Sans
donner d'autres détails, citons les paroisses qui sont en
possession de ces châsses et reliquaires : Sa int-Jean-du- Doigt,
Lanhouarneau, Crozon, Saint-Nic, Locronan, Ploaré, Lan-
nédern, La Marlyre, La Roche, Sizun, Loemélar, Locquénolé,
Landévennec, Saint-Evarzec, Retraite de Lesneven, Retraite
de Quimperlé, Saint-Maurice de Clohars-Carnoët.
La nomenclature que j'ai voulu faire de nos richesses
artistiques est loin d'être complète, elle donne du moins une
idée des objets précieux qui nous restent encore ; pour les
décrire en détail il faudrait dresser un inventaire complet de
nos églises et de nos chapelles Faisons un vœu en terminant,
souhaitons que ces œuvres d'art qui sont un trésor pour
notre pays ne disparaissent point, ne soient jamais aliénés
pour quelque raison que ce soit, et demeurent encore dans
nus églises pendant de longs siècles.
J.-M. ABGRALL,
Chanoine honoraire.
n,g,t,7.cbyGOOglC
PONT-CHATEAU ET PONT-LABBE
AUX Etats de Bretagne.
(Suite).
2» PARTIE.
Les seigneurs de Pont-Ghà.teau et de Font-l'Abbé
aux Etats de Bretagne.
En commençant la seconde partie de cette étude, il faut
réfuter cette afTirmation : a La baronnie de Pont-Château et
« la baronnie de Pont-l'Abbé envoyaient aux Etats. * En-
voyer à une assemblée quelconque, c'est y nommer des
députés. Voilà donc les baronnies transformées en corps
électoraux et députant aux Etats, comme aujourd'hui nos
arrondissements (au moins pour le moment) députent à la
Chambre des députés. — L'erreur est certaine.
Les baronnies ne députaient pas aux Etats. Le baron y
siégeait en vertu de son titre de baron, A l'ouverture des
Etats, ou, comme on disait, du Parlement géTiéral, le duc
faisait « appeler aux barons, ■ et chacun répondait à l'appel
du nom de sa baronnie. Siéger aux Etats n'était pas seule-
ment une faculté et un droit d'honneur, c'était un devoir, et
l'absence devait ôtre excusée (i).
Cela dit, nous pouvons suivre les seigneurs de Pont-Château
et de Pont-l'Abbé aux Etats de Bretagne, et nous allons
(1) Od peut voir aux procès- ver baux des Etats des excuses présentées.
Cf notamment les procès-ïerhaax de IJSt, 1455, li62, Morice, Pr., II,
1564, 1673, et III, G.
Disons pourtant qu'on ne voit pas l'absence d'un baron frappée d'une
peine, comme l'absence d'un seigneur, mSme baron, appelé en qualité
de urgent-féodé du duc : son gayt de sci^enlerie (c'est-à-dire le IleF) était
saisi. Exemples et. Etats de 146S. Morice, Pr.. III, \ et a.
n,g,t,7.cbyGOOglC
reconnaitre que, bien que l'on ait dit, il n'y eut jamais
d'alternative entre eux.
Distin^ons trois périodes :
1" Avant la déclaration des neuf barounies faite par
Pierre II, en 1451 ;
2° Pendant les règnes de Pierre II, Arthur III et Fran-
çois Il ;
3° Sous la monarchie Française.
1" Période
Atant la déclaration de i45L
Après l'étude que M, de la Borderie a consacrée aux Barons
de Bretagne, il faudra une foi très robuste pour croire encore
aux neuf anciennes haronnies de Bretagne, Noire émioent
confrère a dressé, d'après les procès- verbaux des Etats, une
liste de cent seigneuries dont les possesseurs étaient barons
des ducs prédécesseurs de Pierre II (1450-1457) ; et il a soin
de nous avertir, bien plus, il démontre que cette liste n'est
pas complète (t).
A cette époque, en effet, tout seigneur relevant proche-
ment du duc était baron du duc, cemme le seigneur relevant
d'un suzerain était baron de ce seigneur (2). Il n'était pas
question de ces quatre hautes Justices que, à tort ou à raison,
Hévin dit « nécessaires, après 1451, pour composer la
(1) Les neufbarom de Bretagne, Élude imprimée en tête du Recueil 4a
hkfom (le Drela^ne. el publiée à part sous le litre Elude historique sur
k> neuf barotu de Pretagnt, p. L\XXI.
('Z, Sur ce point, HévIn, Quettîora féodale; p. 330, n* S.
[[ dit ailleurs que aaclenaemeDt le mot baron se prenait au sens de
preeereu — p. Il), n' 27. C'est en ce sensque Loblneau écrit <//i«(., p 136);
• Tous les grands seigneurs s'appelaient (ëtaieal nommés) baj-oru en
ce siècle ■ le XII'. — Lobineau dit ailleurs : • ... Baron d'un tel seigneur...
cela veut dire seigneur dont le liet relève d'un seigneur plus considérable. •
llitt.. p 199 et dans les Uruf harom'. le § IV Intitulé It* baroiu de»
n,g,t,7.cbyGOOglC
■7»-
baronnie (1). Nombre de seigneurs qualifiés barons, notam-
ment les sires du Pont-l'Abbé et de Pont-Château, n'avaient
pas ces quatre hautes justices.
D'autre part leur titre unique faisait tous les barons égaux
en droits. Il n'y avait entre eux, que leurs llefs fussent plus
ou moins étendus, ni ordre ni rang.
— Mais, dira-t-on, les procès -verbaux des Etals com-
mencent toujours la liste des barons par les plus grands
seigneurs de Bretagne ! — Sans doute, et en fait c'est tout
simple et bien facile à expliquer.
Supposez entrant aux Etats le comte de Penthièvre, le
vicomte de Rohan et de Léon, le comte de Porhoët surtout s'il
est le connétable Clisson, le sire de Vitré en même temps sei-
gneur de Laval, )e sire de Montfort en même temps seigneur
de la Roche-Bernard et Lohéac ; le sire de Dinan-Monlafilant,
seigneur de Chàteaubriant, etc.; le sire de Rieux, maréchal
de France, seigneur d'Ancenis, Rochefort, Donges, Château-
neuf ; d'autres encore pourvus de possessions de trente et
quarante paroisses, la moitié de la plupart des arrondisse-
ments actuels ; comment n'attire raient- ils pas surtout l'atten-
tion et ne seraient-ils pas nommés les premiers ? Mais le
rang que le nom de chacun d'eux occupe sur les listes des
Etats n'implique aucun droit de préséance.
Ainsi c'est commettre un anachronisme que de parler, dès
1365, « des neuf hauts barons de Bretagne, « et du rang de
chacun d'eux aux Etats ; c'est une erreur que de réclamer
pour le baron de Pont, en 1386, « une des neuf premières
places auprès du duc ; n de se plaindre pour lui d'une injus-
tice parce qu'il est. nommé au dixième rang en 1386 ; de
nous montrer cette injustice réparée, et, en 1387, le baron
(t) Id. p. 171, n* I. — Celaa pu être vrai après l'ordonnance de I57U
eilé« par Héïin {Qut$li<mi, p. SIO, n* 3) ; mais a'élail pas vrai lors des
créations de lierre [1 et François I[. Ex. Lanvaux (1463).
n,g,t,7.cbyGOOg1t^ ■
- ?8 -
occupant la cinquième place aux Etals, lorsque en réalité îl
est encore nommé le dixième (i|.
Et de quoi le baron do Pont se plaindrait-il lorsque
d'autres sont quelquefois nommés après lui dont il pourrait
envier la puissance et l'illustration ?
La vérité est que, avant 1451, les deux seigneurs de
Pont-Château et de Pont-l'Abbé siègent aux Etats comme
barons et que leurs noms sont compris au nombre des cent
donnés par les procès -verbaux. Le baron de Pont-ChSteau
apparaît le premier au temps d'Alain Ferment et de Conan
III, en 1110 et 1127; le baron de Pont-1'Abbé est nommé
seulement en 1303. Les deux barons siègent ensemble aux
Etats de Vannes où la noblesse de Bretagne jure de venger
l'assassinat du jeune Arthur. Ils siégeront ensemble sous
Jean IV et Jean V (2).
Ai-je besoin d'ajouter que à cette époque, il ne peut être
question entre les deux barons ni de compétition ni d'alter-
native ?
Mais ne croyez pas que les seigneurs ayant le titre do
baron fussent tous ensemble présents aux Etats. Ils y parais-
sent de moins en moins nombreux ; à la fin du xiV siècle,
ils sont d'ordinaire huit ou neuf (3J. Cette circonstance (si
elle ne l'a pas fait naître] a dû accréditer l'idée populaire dès
cette époque que les barons, pairs laïques du duché, étaient
(I) Chronicon brioctn>€ dans Morice, Pr.. I. W, Je relève ces erreurs
duDS Les Chtvaiier» bannereis, p. I1-I3-I-1.
J'ai à présenter sur ce poini et sur quelques autres des observations
qui exigeront quelque développement. Je les réunis dans une note générale
qui viendra k la IId de celle seconde partie.
{ïj A remarquer pourtant que le baron de Panl-ChSleau ne Hgure pas
itommémad aux procès- verbaux des Etals. A celte époque, la tuironnie
est représentée par Olivier de i:iJsson, le connétable (I34I-I40T) ; après lui
par son gendre Alain Vlll de Rolian du chef de sa femme UlUMlit)) ;
puis par le llls de celui-ci, Alain [\ ^^^t■i•\if:±).
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ?B -
au nombre de neuf, comme les évèques pairs ecclésias-
tiques (1). Ce point admis, il ne restait qu'à dresser une
liste des neuf anciens barons. Ce n'était pas diffieile ; el,
deux listes furent dressées, à peu près identiques, et qui
distribuaient les baronnies entre les plus grands seigneurs
de Bretagne.
L'idée des neuf anciennes baronnies eut naturellement
pour patrons les possesseurs des baronnies portées sur ces
listes, les Rohan, tes Laval, les Rieux, et aussi le clergé qui
voyait avec satisfaction le nombre des barons appelés aux
Etats réduit au nombre des évèques de Bretagne. Ce n'est
pas tout : les barons anciens qui n'avaient pas trouvé place
sur l'une des deux listes descendaient au rang de bannerets,
et étaient parla même rapprochés des simples seigneurs (2|.
Poorcette rûson, les listes furent bien accueillies des anciens
banaerets et des seigneurs moindres. Enfin la symétrie que
les listes établissaient entre les barons et les évèques les
faisait bien venir des gens du Tiers-Etat [3}.
Cette imagination (4) avait donc pour elle toute la Bretagne,
elle eut un plein succès ; et, dès 1422, te duc Jean V men-
tioanut dans un acte ■ les neuf anciennes baronnies de
"(5). ■
(1) et. Enquitesw-Ies droits dneani (1455) Dépo^wns de témoins dont
im aiMe «tirais bourgeois âgés de GG, 70, HO, 89 ans, desquels les souvenirs
remoQtenl nui premières aanêes du sv" siècle et au-delà. Morice. Pr. [|.
t6GM6G3-I6C5-lflfie.
(i) SiDoa au rang de simples bacheliers, comme nous le verrons.
(3) M. de la Borderie. L. IX. — Ces idées de symétrie Étaient à la
mode au xv* siècle. — L'Iiistorien Le Baud dit très gravement ; • Des neuf
évéchés, trois psj lenl la langue gajlique, trois la langue britannique, Irais
ont niixl«menl l'une et l'autre langue... . — i Ces neuf églises en trois
dillérences > donnent à la Bretagne « semoiance de la céleste église triom-
phante, laquelle a neuf ordres trois Fois terués par hiérarchies aveu
diversité de locutions.... u F. 5 et 19
(4) Hévin. Question»..., p. 330, note 6 : t f^tte invention du duc Jean
IV. > Il serait pl^s exact de dire : du lemps du duc Jean IV.
(5) Morice. Pr. Il iliS. I" janvier 14Sï (Ui3. n. s.). - n Comme
sa baronnle de Roban est une des neuf anciennes baronoies de Bretagne. >
Dgilir^hyGOOglC
— 80 —
L'une des deux listes était un dicton Utîn et rimé pour
aider la mémoire, œuvre sans doute d'un clerc qui semble
être du pays nantais, tant il taittar^ela part aux seigneuries
de l'évêché de Nantes ! La seconde liste était extraite, disait-
on, dune charte d'Alain Fergent donnant le procès-verbal
des Etats de 1087 (1) ; en réalité cette liste semble l'œuvre
d'un clerc dévoué à la maison de Rohan (2).
Voici du reste les deux listes en regard.
Liste du dicton latin. Liste de la charte.
Avaugour (Goello), Avaugour,
Léon, Léon,
Vitré, Fougères,
Fougères, Vitré,
Cbàteaub riant, Rohan,
Retz, Châteaubriant,
Roche-Bernard, Retz,
Ancenis, Le Pont,
Landebalum. Roche-Bernard,
Ancenis.
Quelques observations :
Landebalum inscrit sur la première liste est le nom latin
de Lamballe, capitale du comté de Penthièvre détaché du
(i.) Le dictoD lalin se irouve avee traduclioa et commentaire dans le
■ mémoire du vicomte de Rolian pour sa préséance aux Etals •• el daas
i'enqaéte y relative U79 — Morice. Hial. II., p CLXX el CXCEV (17|) et
La charte fausse a été publiée par D. Morice Pr. U, préface XXV, note
(extrait du Chrmici/n briotense lermioi^ en 1415) et par d'Argentré dans
la Deicriplion du pays de Brelagne, t" H1 r" et v* et Si r' et v*. Ed de
1588.
D'AreeDtré exprime un doute motivé sur l'autlienllcilé de la eharle
F- «a, V- D.
Hévin {QutUiont fiodalet, p. <I3J, n' lij appelle la eharle • une marchan-
dise de conlrebunde. ■> Mais, chose assez curieuse, pins haut II paraît
l'admettre, el il la elle p. ^I, n-37. pour l'interprétatton du mol toron,
el p. 71, n- -i.
n,g,t,7.cbyGOOglC
-8J -
domaine ducal dés 1034, et auquel convenait l'épithète
■ doyen des baronnies ». L'auteur avait employé landeialum
pour la rime, au lieu de Pentkevria ( 1 1 , la partie pour le tout.
Cette licence poétique allait être fatale au Penthièvre. Au
temps où le dicton parut, de graves débats s'agitaient entre
le duc Jean V et Marguerite de Clisson, comtesse douairière
de Penthièvre... Pour ne pas donner aux Penthièvre l'impor-
tance de baron, la politique traduisit £(inffe6a{um par Z.anvatu:>
nom d'une mince seigneurie du comté de Vannes confisquée
depuis plus de deux siècles (2). Ce contre-sens doublé d'une
erreur historique donna à Lanvaux le titre de « doyen des
baronnies de Bretagne », auquel l'humble seigneurie n'avait
jamais prétendu (3).
La seconde liste exclut Landebalum et mentionne Le Pont ;
mais la charte apocryphe ajoute : ■ Quelques-uns protestaient
■ contre Le Pont en faveur d'Ancenis et, pour prévenir toute
0 discussion, il fut décidé, que, pour cette fois, le seignear
< de Pont siégerait avant Ancenis, et qu'aux prochains
« Etats la première place appartiendrait à Ancenis, et ainsi
■ alternativement jusqu'à plus ample discussion et décision
« du duc ». Ainsi, d'après la charte, le duc admet procisotre-
ment Ancenis et le Pont ; c'est-à-dire que provisoiretnent la
liste des baronnies est de dix au lieu de neuf.
Mais l'admission sur la liste du nom de Pont soulève une
toute autre question : Deux seigneuries & peu près d'égale
(1) Inde Landebalum
Decanus est. onmiuDi.
(2) [^nvaux avait été coallsqué par Jean 1" (le Roux), [Lobineau, HM.
p 2JH); dunoé en grande partie à l'abbaje de N.-D. de Laavaux, fondée
en I1JH, Mariée (Hitt., II., CXLV), par les anciens seii^oeurs; le reste fut
donné par Jean IV (1 IH3) i Salnl-Michel-du-Cbamp (la Chartreuse d'Auray)^
Au XV' ajècle, H ne restait de Lanvaux que les ruines du château. CF. H*
de la Borderie, Géog. {iod., p. 114 — et iei neuf baroni, p. LXXV.
(3) Hais titre très justement donne au Pentblèvre détaché du domaine
ducal dès 1034 Cf. Géog. [iod., p. 51 et suiv.
BuLunm uiCHltOL. du PiHisTàfii.— Tohi XXV, (Mémoires). 6
D,g,l,..cbyGOOglC
importance portent le nom de Pont ; savoir Pont-Chûteau el
Pont-l'Abbé (1) ; à laquelle des deux se rapporte l'indication
de la charte ?
La place que le Pont occupe sur la liste au milieu
de seigneuries de l'évêché de Nantes semble désigner
Pont-Château ; d'autre part (et cette raison est plus grave)
Pont-Château est entré dans la maison de Kohan par suite
du mariage d'Alain VIII avec Béatrix de Clisson (2j . L'auteur
de la liste a déjà attribué à la vicomte de Hoban le titre de
baronnie que le vicomte satisfait de sabaronnie de Léon ne
revendiquera pas. Pourquoi n'attribuerait- il pas au puissant
vicomte, le plus grand seigneur de Bretagne, une troisième
baronnie?... La maison de Laval en aura bientôt, comme
nous le verrons, davantage.
D'ailleurs, historiquement, les seigneurs de Pont-Château
avaient un titre de préférence sur les seigneurs de Pont-
l'Abbé : ils étaient plus anciens ; nous les avons vus siéger
au conseil des ducs dès le xi' siècle, tandis que les seigneurs
de Pont-l'Abbé n'y apparaissent qu'au xiii».
Il faut remarquer que, sans compter Le Pont, toutes les
seigneuries portées sur cette liste, sauf les deux attribuées à
Rohan, sont en Haute- Bretagne.
EniSn, pour le clerc auteur de la liste, il y eut peut être une
autre raison. Nous avons dit qu'au Jour de son entrée solen-
nelle l'évoque de Nantes était porté par les seigneurs de Chà-
teaubriant, Retz, Ancenis et Pont-Château (3). Le clerc a mis
les trois premiers sur sa liste des barons. N'est-il pas tout
naturel de leur adjoindre le seigneur de Pont-Château ?
(1) Uue Iroisième iclBneurie, Pont-Crolï (Finistère'. lurait pu élever la
même prélenlion, Pont-Croiï, avec son etiâteau, sa ville, seshujl paraisses'
avail passé avec Tyvarlen A ta Un du x:ii' siècle dans la maison de
Rosmadec Uu Hosmadec obtint l'ërectioDenniarquisatde Kosmadect (k)Hi
— Il est vrai que les seigneurs de Ponl-Croix ni de Tyvarlen ne tigurent
dans la liste des ïcdI anciens barons.
(î) Ci-dessus, p. 51.
{V Ci-dessus, p. al-
n,g,i,.9ch,.G00glc
Pour nous, il y a toute apparence que par le Pont l'auteur
de la charte entendait Pont-Château.
Mais reconnaissons que le sire de Pont-l'Abbé n'était pas
tenu de se rendre à ces raisons. 11 pouvait protester en faveur
de sa seigneurie coiitre Ancenis et Pont-Château ; en sorte
que, au lieu de neuf, voilà on^ce bannières bretonnes pouvant
trouver dans la liste de la prétendue charte du xi« siècle, un
titre à la baronnie!
Or que faut-il pour que ces compétitions fassent explosion ?
Un acte du duc qui, déclarant les neuf anciennes baronnies,
. adopte I» liste de la charte à laquelle le duc Jean Y se
référait, en 1422, quand il comptait la vicomte de Rohan au
nombre des neuf anciennes baronnies (1).
Or le duc Pierre II va proclamer les » neuf anciennes
baronnies ■ ; mais il va, s'il est permis de le dire, étouffer
les compétitions dans l'œuf. Il admet la liste du dicton qui
exclut Le Pont au profit d'Ancenis.
Et le choix du duc se justifiait par de bonnes raisons.
La charte nommait seulement deux baronnies réunies au
domaine ducal, Avaugour et Fougères ; le dicton en nomme
une troisième, Lanvaux. En choisissant la liste du dicton,
le duc ayant à compléter le nombre neuf, pourra créer trois
baronnies au lieu de deux D'autre part, cette liste excluant >
Le Pont, le duc est sauvé du devoir de juger entre Ancenis
que tient son cousin François, sire de Rieux, Pont-Château
que tient son oncle par alliance, Alain IX, vicomte de Rohan
et Léon, enfin Pont-l'Abbé, appartenant â Jean du Pont, que
son mariage avec Marguerite, héritière de Rostrenen et du
Ponthou, vient de faire un des plus puissants seigneurs de
Basse-Bretagne (1440),
J. TREVEDY,
Ancien Président du Tribunal civil de Quimpa:
(À suivre.)
(1) ci-dessus p. 79, note 5.
nigiti^rebyGoOi^lc
.84-
VHI.
Droits et charges d'un grand voyer de Goraoaaille
A LA FIN DC XVn' SIÈCLK.
Les recherches que j'ai entreprises sur l'ancienne paroisse
d'Elliant m'ont fait connaître un document émanant d'un
seigneur de Coetcanton qui eu 1686 litait également grand
voyer de Cornouaille, Il paraît Intéressant de publier cette
pièce en raison des renseignements «{u'elle fournit sur les
fonctions de grand voyer qui comprenaient alors la percep-
tion des droits d'octroi à Quimper.
L'ancienne seigneurie de Coetcanton, bien que située sur
la paroisse de Mclgven, possédait â Rosporden plusieurs
maisons ainsi que de nombreux domaines et des redevances
féodales dans la paroisse d'Elliant. A ce titre elle jouissait
de prérogatives importantes dans les églises et chapelles de
cette paroisse.
Je citerai entre autres la redevance due par le manoir de
Queroriou, en Eltiant, maintenant Kerriou, en Rosporden,
dont le propriétaire en 1686 était Messire François, chef de
nom et d'armes, chevalier seigneur baron de Kermeno,
chastelain de Goarlot, seigneur de Coatforn, Querouriou,
Qucrguennou, Quermerien, LoquengufT, Querourchant, la
Villeneuve-Bohic, etc., capitaine pour le Roy des gentils-
hommes de l'arrière ban au ressort des chastellenîes de
Conq-Fouesnant et Rosporden, résidant ordinairement en
son manoir de Coatforn, en la paroisse de Scaezre. Ce grand
personnage devait par an de chef rente au seigneur de
Coatcanton une obole, ce qui représenterait aujourd'hui un
demi-centime environ si on estime à deux francs la valeur
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 85 —
à cette époque de la livre (moRRaie de compte). Je rappel-
lerai que la livre valait 20 sols, le sol 12 deniers, le denier
2 oboles ou mailles.
Toutes ces valeurs n'étaient pas alors représentées dans
la monnaie divisionnaire en circulation. On y rencontrait
surtout les pièces en cuivre de un denier, deux deniers ou
double, trois deniers ou Hard et les pièces de billon de quinze
deniers ou trois blancs {!], trente deniers ou six blancs. Ce
sont précisément ces dernières valeurs ou leurs fractions qui
se rencontrent dans le tarif des droits d'octroi et de voirie
perçus par le grand voyer de Cornouaille, d'après la décla-
ration que j'ai retrouvée.
Je dois ajouter que cette déclaration, bien que remontant
à deux siècles seulement, est d'une lecture difficile en raison
de fautes nombreuses de copie et d'orthographe et aussi par
suite de l'emploi de formes vieillies qui sont certainement
la reproduction de formules beaucoup plus anciennes. Kn
voici la transcription aussi exacte que possible.
Déclaration et Dénombrement des droicts Seigneurials
revenus et émolluments attribués et consédés par le Roy
nostre Sire aux Seigneurs voyers de la ville de Quimper'"
et fauxbourgs et compté de Cornouaille que Messire Xphle
Fouquet chevaillier Seigneur compte de Challain et de la
Roche d'Iré en Anjou Seigneur des Cornetteryes, Veilles et
Jumellayes dans le Vendomois, des Cures, bréon, la beschère
et Torigny en Bretaigne, Evesché de Rennes, de Coetcanton,
Penguilly et Quersaudy dans l'Evesché de Cornouaille,
grand voyer de Sa Maiesté, dans la dicte Compté de Cor-
nouaille, conseiller du Hoy en tous ses Conseils d'Etat et
privé et Président au mortier en la Cour de Parlement de
n,g,t,7.cbyGOOglC
Brelaigne, Capil&inc des chasses et plaisirs de sa Maiesté
dans les forêts de Rennes, Sainct Aubin du Cormier et de
Liffré et Gouverneur pour sa dicte Maiesté des Villes et
chasleaux de Sainct Aubin du Cormier et de LifTré; trontfl)
et possède prochement et noblement h tiltre de foy hommage
obéissance sans aucun debvoirs de rauhapt et soubz son
domaine et recepto de Quimper"" aux charges et debvoips cy
dessus et autres sy-apres exprimées, laquelle déclaration
Maistre Louis Le beurier sieur de Paluet N" Royal par la
seneschaussee de Quimper"" résidant au lieu de Queranaon
paroisse de Plougastel Sainct Germain Evesché de Quim-
per"° fonde en procure generalle dudict Seigneur président
de Challain grée a Rennes le treiziesme de Juin dernier,
signe Xphle Fouquet, Buvetîer et René Riou nottaires royaux
à Rennes.
Fonrnlst et présente au Roy en vertu de ladite procure
devant Messire Dondel chevaillîer Seigneur de Pendreff
conseiller du Roy au parlement et Maistre ordinaire en la
chambre des comptes de Bretaigne, commissaire nomme par
Arrcsl du Conseil destat et lettres patentes de Sa Maiesté
donnes au camp devant Ypres le dix-neuviesme de Mars mil
sixcents soixante et dix huict pour Reforma tion des domaines
et justices de sa Maiesté et reffection du papier terrier au
domaine de Quimper"", Quimperle, S'-Brieuc, Cesson,
Gouello, Cliau-neuft du fou, du Huelgouat et I^andelleau,
Mess" les Juges de la Cour et siège presidial de Quimper
pour satisfaire aux ordonnances de Messieurs les Commis-
saires dabtées du
et publyes aux prosnes des grandes messes des paroisses du
ressort de la dicte Jurisdi-on de Quimper"" Lesquelles
droicts Seigneuriaux et debvoirs de voyrie, consistent.
(I) Udc nuire pièce meotionoe. i, tort, comme co-
Marie du Boi^uétieaneuc tille de Mci^sirc Frani,-uii
Seigneur du MioTen.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 87 —
C'est-à-sçavoir, tes droicts de voyries en la ville et faux-
bourgs de Quimper"" (!}, comme ensuict :
Qu'il appartient audict sieur voyer et doibt prendre et
lever sur chacun cheval vandu et achepte en ladicte ville et
fausbourgs de Quimper"" a jours de foire, huict deniers et
a autres jours sur sepmaine quatre deniers,
De chacun bœuif ou vaches vandus ou acheptes en
ladicte ville et fauxbourgs a jour de foire, quatre deniers, et
autres jours sur sepmaine deux deniers ; plus de chacune
chèvre vandue a jours de foire deux deniers et a autres jours
un denier,
ftem de chacun porc vandu a jour de foire, deux deniers
et a autre jour un denier ; plus de chacune peau de bœuff,
ou vache ou d'autre belle qui ne sera pas tannée, ou qu'il
sera vandu oull.re le prix de douze deniers il appartient
audict voyer a jour de Foire deux deniers et a autre jour un
denier, et chacun porc salle vandu en ladicte ville ou faux-
bourgs a jour de Foire deux deniers et a autre jour un
denier. Item de chacune guye (2) salle vandue en ladicte
ville ou foire nn denier et a autre jour sur sepmaine maille,
plus sur chacun cent de fer ou dacier qui est tire et porte
hors ladicte ville et fauxbourgs trois deniers.
Item de chacun thonneau de vin mené hors de ladicte ville
quatre deniers et est appellée l'antienne coustume, et nul
nen est franc, plus sur chacune huge (3) vandue en tadicte
ville a jour de foire, huict deniers et a autre jour sur la sep- ■
niaine quatre deniers.
(I) Deux arrâts du Conseil d'Elat en daie du IQ septembre IG68 el 3
jnin 1681, que M, Trévédy a cités, portent au nombre des dépanses à
la charge de In ville de Quimper une somme de 150 livres à payer à
Fouquel de Chalain tsic).
(!) Breton: gwh, truie, peut-être Rwik pourkik viande.
(3) Vieux français: Huche.
n,g,t,7.cbyGOOglC
s sur chacune chareste vandue en ladicte ville et
Qurgs a jour de foire huict deniers et à autre jour
î deniers.
n sur chacune broueste vandue en ladicte ville et
ourgs, k jour de foire quatre deniers et à autre jour
deniers.
3 sur chacun somme de potz de terre qui est dessandue
ville et fauxbourgs, a jour de foire deux deniers et
t, et a autres jours, deux deniers sans pot.
n de chacune somme de fustes de bats (1) vendus àjour
re deux deniers, et sur sepmaine un denier. En ouUro
;ts debvoirs est debue et chacun est debue le double
■es de may et de my-aoust audict voyer,
s la traiziesme partye des aulx, oignons, escuelles,
salières (7); fuzeaux, cuilliers, paniers, crubles, saz,
K, fources, fléaux, pelles non ferronéesavecq tout boys
• el faict autour quy sont establyes a vandre en la dicte
la traiziesme partye en appartient audict Voyer s'ils
stablys en ladicte Ville ou es fauxbourgs.
1 sur chacune somme de vin portées hors ladicte Ville
tbourgs en barils sans broge (2| une maille, et de via
au noqar (3) ne doit rien.
1 sur chacune somme de sel portée hors ladicte Vilte
xbourgs, une a jour de chacune foire deux deniers
' autre jour un denier, et esdictes deux foires de my
et de may pour chacun cuir tanné quatre deniers.
1 sur chacun pallier autrement nommé Colloen (4) en
ire et les cordonniers qiiy sera assis en la place de la
^ille par chacune veillée de Pasques quatre deniers.
itons pour IIËnux.
eax Irangals: Drocbe, brocMier, mettre eu perce
eux Irtinçais; no«q, baquel,
retoD : golo, paille.
,y Google
- s» -
Item sur chacque estai de boucher par chacun moys de
may de cousturae nommée Moutonaige quatre deniers.
Item sur chacun thonneau de fromant et autres bleds quatre
mesures, hors ladîcte ville sept deniers et maille.
Item sur chacun porc que l'on tue ou même hors ladicte
ville un denier et maille.
Item sur chacun thonneau de vin arrivé au havre de ladicte
ville des marchands forains six deniers.
Item sur chacun cent de fer et acier quy est descharge ou
dessanduen ladicte villedes marchands forains deux deniers
«t maille.
Item sor ctracime charge de sel quy est deschargée en
tadicle ville, troys minots de sel, mais les marchands
demeurants en ladicte ville sont francs dudict debvoir de sel.
ïHua sur chacun batteau quy apporteront poisson a la dicte
vUle ou buxbourgs une foys Tan, douze deniers ou le meil-
t6u> poiason dudict bateau auprès un que l'o pescheur sera
tenu choisir. El le voyer e choisira appres une foys l'an et
est au choix du dict voyer de prandre le dict poisson ou tes
douze deniers.
Item sur chacune charge de sel que l'on mesure ou quy sera
mesurée en la dicte ville et fausbourgs, un mînot de sel et
doibt kdict Voyer bailler ledict minot pour mesurer ledict
sel s'il en est requis.
Item sur chacun pot de heure vandu en ladicte ville a jour
de foire des forains un denier et a autre jour maille.
Item est debue et appartient audict voyer sur une Taillée
que Ion faict en ladicte ville une foys l'an quy est appellée
la taillée de may quy est louée par chacun an par le sergent
byé de l'Evesché de Cornouaille, par chacun an cincquante
sols, lequel sergent doibt payer audict Voyer les dicta
cincquante sols.
Item doibt avoir ledict Voyer chacun ban d'hérittages
qu'il fera douze deniers.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 90 —
Item (le chacun adjournement ou exécution de juge qu'il
fera en la dicte ville et fauxbourgs pour les y demeurant
quatre deniers, et s'il vand les gatges exécutés, il doibt avoir
douze deniers.
Item s'il vat hors la dicte Ville en commisson, il doibt
avoir cincq sols.
Item de chacun arrest qu'il fera ledict Voyer aura douze
deniers.
Plus par chacun plegement, douze deniers, oultre s'il en
baille collation, elle sera paye en oultre.
Item ledict Voyer est tenu lever et cueillir les taux de la
dicte Cour de Quimper"" ou bailliage es fins et mettes (1) de
la voyrie, et pour son sallaire, il en doibt avoir le septième
partye.
Item doit garderies clelTs des prisons de la dicte Cour avec
les prisonniers quy y seront mis, et doibt avoir de chacun
prisonnier quy y sera ferré cincq sols et de ceux quy ne
seront point ferrés de chacun doibt avoir douze deniers.
Item appartient et est debue au dict Voyer sur et chacune
personne quy labourera et cultivera advoine es paroisses de
Sainct Evarzec et Ergué Arfel et Ergué Gaberic deux
crubles une foys l'an d'advoine grosse et ceux quy ne labou-
reront poinct luy doibvent chacun an une foys quatre
deniers et partant ils ne doibvent chacun an une foys que
lesdicts quatre deniers. Et partant ils ne doivent payer nulles
coustuincs es foires et marchés de la dicte ville pour des
choses qu'ils achepteront pour leur provission ou qu'ils
vendront de leur provission.
Pour et a raison desquels droicts et voyeries cy-dessus
speciffies ledict Seigneur Voyer connoist et confesse debvoir
au Roy nostre Sire et souverain Seigneur toutes foys et
(I) Latia : Fioes el metas, limites.
■yGooglc
quaates qu'il sera loge en ladicte ville de Quimpor"" et Sa
Maiesté y sera en résidence par quinze jours, Ycelluy sieur
Voyer est tenue par chacune nuict fournir a Sa dicte Maieste
six torches, cincq flambeaus pour le vin, deux flambeaus
pour la table de Sa dicte Maieste, un mortier pour sa
chambre, vingt picquels, vingt perches et vingt menues
chandelles de sire. Et par chacun matin ledict Voyer dotbt
aller quérir et avoir le restant des dicts luminaires de sire
pour les raffraichir pour la nuict ensuivante, et ne doibvent
pas lesdicts luminaires estre portes hors le logtsde Sa dicle
Maieste et doibt ledict Voyer commancer et fournir de la
dicle sire, la première nuict que Sa dicte Maieste arrivera
en ladicte Ville, et parachever la qualorziesme nuict, et le
landemain au matin ledict Voyer doibt avoir le restant des-
dits luminaires.
Item doibt ledict Voyer fournir au Seigneur Evesque de
Cornouaille la sixiesme partye du sel qu'il despensera, luy
estant et résidant en son pallais Espiscopal en ladicte ville
de Quimper-Corentin.
Item est tenu ledict sieur Voyer conduire et accompaigncr
les sieurs Seneschal et baillifs de Cornouaille durant le
temps qu'ils tiendront les plaids ordinaires de Quimper""
Sçavoir de leurs logeis Jusqu'au siège Tribunal et icelluy
lieu Jusques à leurs logeis et leur bailler en jugement, la
verge de justice en la manière accoustumée.
Item doibt ledict sieur Voyer et est tenu de garder les
cleffs des prisons de ladicte Cour de Quimper"" avec les
prisonniers quy seront dedans, et ce aux despaaces du
recepveur ordinaire de Sa Maieste leur administrateur des
vivres sellon que ledict recepveur baillera au désir des
ordonnances de Messieurs les juges dudict Siège présidial
de Quîmper"", Et s'il y avoit auchun desdicts prisonniers
quyseroient juges et condampnes a mort, ledict sieur Voyer
n,g,t,7.cbyGOOglC
en aura la garde de l'heure de ladicte condampnation jusques
BU lendemain après et non pas plus longtemps a son péril.
Et si plus longtemps ils restent en prison, ce ne sera pas
au péril dudict sieur Voyer, mais aux périls et danger des
héritiers et causeyants de Hervé Querneach lequel en doibt
l'exécution et doibt ledict sieur Voyer conduire lesdicts
condamnés à mort depuis les prisons de Sa Maiesté, jusques
à l'hospital de Sainte Catherine aux fauxbourgs de la rue
Neulïve et les doibt laisser en iceluy, et n'est pas tesnu de
les conduire en plus large détours par ce que les hoirs et
causeyants dudict Hervé Querneach les do ib vent prendre en
iceluy lieu et les mener ou faire mener au gibet pour en
faire l'exécution laquelle il dotct de son droict d'héritage.
Lesquels droicts de voyeries ci-dessus mentionnes et
déclares sont escheus et advenus audict sieur Président de
Chalain advenant des successions de defTunct autre Messire
Xphle Fouquet Chevalier seigneur de Chalain et dame
Moricette de Quersaudy dame desdicts lieux ses pères et
mères, décédés, savoir, son père puis les six ans et sa mère
puis lesdouzeans, auxquels ils estoient escheus par eschange
entre lesdtcls feu Seigneur de Chalain, et messire René de
Botmeur seigneur dudict lieu et de Querobezan par contract
d'eschange passe entreux dabt du second jour de décembre
mil six cents cinquante et deux. Signe Gouppil et Marchand
nottaires royaux à Concquerneau. Auquel Seigneur de
Botmeur ils estoient aussi advenus pour les avoir acquittée
d'avecq Messire Jean Querouarlz Seigneur dudict lieu auquel
ils avoient été précédemment vendus comme il est plus
amplement faîct mention par ledict contract d'eschange
susdabt y recours.
Pour satisfaire a toutes les susdictea redebvances et obli-
gations portées au présent adveu, ledict Lebeurier audict
nom affecte et hipotheque touts et chacuns lesdicts droits de
n,g,t,7.cbyGOOglC
_ 99 -
Voyer sus-mentionnes, fruicts et revenus d'iceulx pour et
estre procède suivant les ordonnances royaux et coustumes
de ce pays.
Laquelle présente def:laration ledict sieur de Paluet audict
nom, en vertu de ladicte procure présent en sa personne
devant nous nottaire royaux à Quimper-Corentin avec debue
submission et jurée alTinne verittable a sa connaissance
donnant pouvoir a Maistre son procureur
au dict Siège Presidial de Quimper Corentin chez lequel il
nomme domicilie aux fins ci-dessus représentées, ladicte
déclaration devant Messieurs les Commissaires, en recquerir
acte pour icetle estre receue et insérée au papier et livre de
la Reformation, des maisons, terres, fiefTs et herittages
mouvants de sa dicte Maieste sous ledict domaine de
Quimper Corentin. Ainsi voullu, promis, juge, grée,
renonce, condampne, faict et rapporte au tablier de Cordon,
nottaire royal sous le sign dudict sieur Beurier et les
nostres. Ce jour second aoust mil six cents quatre vingts
appres midi.
Ainsy signé : Louis Lebeurier et Yves de la garde
nottaire royal et nous François Cordon nottaire royal
registrateur
CoUationné à l'original par moi commis greffier de la
Heformation soussignés.
Signé : Boisquet.
La déclaration qui précède, et qui est, je crois, inédite,
mentionne des détails peu connus sur l'organisation admi-
nistrative de la ville de Quimper au 17" siècle. En la pu-
bliant, j'ai pensé qu'elle pourrait servir de point de départ à
de nouvelles recherches à faire dans les archives de cette
ville.
VILLIERS DU TERRAGE.
Kerminlhy, en Bosporden, Mara ISStt.
n,g,t,7.cbyGOOglC
UNE MONTRE A SAINT-HENAN
«« Août t»S1.
En 1557, les Espagnols et surtout les Anglais menaçaient les
côtes de Bretagne. Le 18 avril M. de Bouille prévenait le duc
d'Etampes qu'une grosse armée de mer était prête en Angle-
terre avec des vaisseaux plats et tout ce qu'il fallait pour faire
une descente sur les côtes normandes et bretonnes: Sainl-
Malo notamment était très menacé. Le 26 mai il lui faisait
part de ses craintes pour Brest (1). Ce fut au Conqnet qu'un
an plus tard se porta l'effort des Anglais Une enquête publiée
par Dom Morice révèle quels affreux ravages ils exercèrent
dans la ville et les campagnes voisines; leur occupation,
cependant, fut de peu de durée ; Tanguy du Chatel, sieur de
Kersymon, gouverneur de Brest, à la télé de gentilshommes
et d'Iiommes de troupe rassemblés dans les évéchés voisins
tailla en pièce l'arrière-garde et força toute l'armée à se
rembarquer. Le rassemblement de troupes considérables et
bien armées sous le commandement du sieur de Kersymon
était dû sans doute aux mesures qui avaient été prises depuis
plusieurs ann^s pour la défense du littoral et surtout à l'or-
donnauce de Henri II qui réglementait la convocation du ban
et de l'arrière-ban (2 mai 1357).
La montre tenue à Saint-Renan le 24 août 1557, que nous
publions, fut-elle passée à l'occasion d'une première apparition
des Anglais? Le fut-elle en exécution des ordonnances géné-
rales du Roi? Nous l'ignorons; quoi qu'il en soit,les33 hommes
d'armes et les 281 archers, qui y ligurèrent, durent se trouver
au premier rang parmi les Bretons qui un an plus tard re-
(t) Voyeî D. Morice, Pituva, T. IV.
Dgilir^hyGOOglC
— 95 —
poussèrent l'invasion anglaise, A ce titre leurs noms mërilént
d'être conservés.
Ce document inédit fait partie des archives de la famille de
Penmarc'b, conservées au château de Kerézélec.eiiTréflevenez,
par M. de l'Estang du Rusquec, arrière petit-tils de la sœur
aînée du dernier baron de Penmarc'h, mort sans postérité le
23 février 1804. Ce rûie avait dû être dressé par les soins du
porte-enseigne Alain de Penmarc'h, troisième baron du nom,
alors âgé de 33 ans
Ce manuscrit de huit feuillets, papier, assez bien conservé,
porte ce qui suit :
Rolle des nobles subgecLz aux bans et aryere ban de lesveche
de Léon esleuz a tenir garnyson en la ville de Saint-Renan
sur lesquels est capitaine le seigneur de Kersymon (1|. da
XXIIir-> jour datiguste mil Y' L Vil.
HOMMES u'aRMES.
Le S' de Penmarch, porte enseigne.
Le S' de Lesizeur |2).
Le S' de Kei^roazec,
Le S' de Kergounadec (3].
(I) Du Chatel, seigneur de Kersymon. Noua doBDons le nom patrony-
mique des UoDinies d'armes qui flguT«nl dans la montre sous des Tioms de
seigneuries d'après les tilre« des archiTes de l>enmarc'(i, l'armorlal de
Potier de Courcy, etc.
(î) Jehan de Guioaznou, S' de l*sii!eur, oncle d'Alain, S' de Penraarc'li,
portt enseigne, et beau-père 1* de (iristolle Gwion fou Gourioj, S' du
Rouaïle. 2" de Noël de Kerguen, sieur dudii lieu, qui figurenl à la pré-
sente montre (prouvé par le décret de mariage conclu entre Framois
Barbier, sieur de Kerchoent, fils de Louis, sieur de Kerjehan, et Gullle-
mette de Penmarc'b, lille d'Alain et de Frau^oise du Parc, l5Gâ-1564).
(3) M. de Courcy, qui avait examiné notre document, supposait que le
S' de Kergounadec était Olivier de Coetquelven, chevalier de l'ordre en
1532, père de Jeanne de Kergounadec, mariée en 1530 à Alain de Ker-
coent et grand-père d'Olivier de Kercoent, chevalier de l'ordre en 1557.
Mats le sieur de tloetqnelven, âgé d'environ 77 ans, était trop âgé
pour aller a la guerre en 1^7 : il s'agit fort probablement de son gendre
Alain de Kercoent, sieur de Kergournadech, mentionné dans le décret de
mariage précité comme étant âgé à son dire de 50 ans.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Le S' de Bresal.
Le S' de Coetdelez [i].
Le S' de LesquiHyou (â).
Le S' de Measiean (3).
Le S'deKerlech.
Le S' de Keryber (4}.
Le S'' de Kerguadiou.
Le Sf de Kersausen.
Le Sf de Kergoat.
LeSr de Kerlean.
Le S' de Ttionsilit (">..
Le Sr de KerouUas.
Le S' de Kergoft (6).
Le S' de Kerjehan (7).
Le S' de Penhoadie.
Le SfdeKerbicIS).
Le Sr de Kernechquerauit (9).
Le S' de KerozaI (10).
Le S'' de Kerlozrec.
Le S' du Poulpry.
Le S' de Kerlyfyry.
(1) U Ny.
(2)' M. du Cour«j proposait : FraBfois Kerguennee, S* de Lesqaliloa.
HaU dons son nobiliaire od lil (1" éd., p. 319), V* Kei^ennec ; la
branche de LesquiHyou s'est loodue t>«r« 1540 dans Le Borgne.
(3) RIvoaten,
(4) RaDDoa.
(5) De Kerlech, S' de Tuonsîllt. La vicomte de Tuonsilll qui, apparlenall
aux Tonrnemine, passa aux Kerlech avanl 1534.
(6) Dérien.
(Ti Baitier.
(8, Auffroï-
(U) On lit dans le nobiliaire de H. de Courcy, V Crechqueraolt :
I La branche ainée loodue en 1490 dans Kerchoeoi >. Od doit donc dire....
de Kercoent S' de Crechqueraull. Le litre de S' de IJrechqueraQil se
retrouve dès le XVi' sijvie dans la branche Kerhoent, S' du Kerlan, par.
de Saint-Thégonnce, et du Squiriou, par. de Brasparls.
(10) Lampîr.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Le S'' de Hanorgat (1).
Le S' de Kermoruz (2).
Le S^de Rambloch.
Le S' du Rouazie de Cornoaille (3).
Le S'' du Houazie de Léon (4).
Le S' de Kerantuon |5'.
Le S' de Kei^uen.
Le Si^ dti Quenquis présent nionté et armé a deux chevauk
auquel est injoinct fair homme d'armes a pajne de la
saisie.
AHCHIBHS.
La paroisne de Placonoelen.
Guyomarche le VeyerS' dePoulconcq.
Guillaume Mol, S'' de Hochdurant.
Le myneur de Malhurin Mycliel.
AraauUleDeauguer.
Sébastien Ponclin.
François BreDdegiie.
Yvon Kernaloux.
Phelippe Kerbryent.
Mahe le Drenec S' de Kerouzian.
YvoQ Riou S' de Kermenec.
Sébastien Kerouarti.
Robert Boble.
Jehan le Roux.
Christofle le Gac tenant fye noble.
Lheritier Guillaume Goutechaven tenant fye noble.
Lucas Kerouïian tenant fye noble.
Jacques le Barbu tenant fye noble.
(1) Le Moyoe.
{i) Peafentenyo.
<3) (Joetnempren.
(4, Uoutio.
C5; Kerouiéré.
BULLBTIN ARGHtOL. DU FlKlSTtBX.— TOHB XXV. (HéraOireS). 7
n,g,t,7.cbyGOOglC
Le myneur de Kermorvan.
Guillaume Mol, S^ de Kerjehan.
Le Sf de Kervynygan |1}.
Olivier le Dymoyne.
Plœmogiier.
Hervé Portzmogner S' dudit lieu.
Goulhen Lancelin S' de Coetgarlz.
Arnaull Meastruz S' de Pouldu.
Le myneur de Keranguen.
Bernard Porizmoguer.
Robert Kersangily.
Olivier Coelnempren.
CbrJstofle Kergolleau.
Guillaume Kerannou.
François Kersulguen.
François Bernard tenanl fye noble.
Plœsane,
Le Sf de Poncilin.
Jehan Touronce S' de Coetmanach.
François Kergadiou S'' de Tuonabiban.
Le S'' de Kerredec, senechal de Brest et SainlHenan
Hervé du Halegoet.
Jehan le Roux.
Yvonle Tremen.
Hamon Corpel.
Le myneur de Olivier Le Heder.
Jeban Labbé.
Guyomarcb Jouhan.
Robert le Run tenant fye noble.
(I) llAlland.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— n —
Saincl-Henan.
LeS''dePenanl)i)ecli (1).
François Kermeallec.
Guillaume de Saint-Do.
L'héritier Martin le Briz.
L'héritier de Berlranne Trehastel.
Hytisac.
Le S' du Curu [2].
Le S' de Tresleon.
Nycholas Morvan tenant fye noble.
Quitbignori. '
Mathurin le Rodellec.
Ouiller.
Henry du Val S' de Penanticou,
Plœrin.
Jehan Kermenou S' dudii lieu.
Yvon Kerengar S' dudit lieu.
Jehan Kei^uadtou.
Prigent Kermenou.
Jehan Kerantlech.
Le S^de Measdon (3).
François le Veyer.
Guillaume Kermeydic.
Fyacre le Marec.
Prigenl Bohic.
Guyon Aultred.
^ lanryoare. ■
Jehan Heussaiï.
(I) Dans one moatre passée en \'aH lli;jr<: Gabriel Jouhan, S' de
Peaanec'h. Mais an 1)1 dans Gourcy c Kernezoe ;de).. .' S' de Peoanecli,
par. de liai n[- Renan.... Jean de Keriiezne épouse vers I5J6, Marie Jouhan,
danw de E^nanecli. > C'esl donc probablement an Kernezne. H' de Penanecli,
qui ligure dans notre montre.
(i) De EEerDezne.
(3) Jehan Kerbescat (moatre de tMi).
n,g,t,7.cb,G00glc'
- *p« -
Pfcedi^mezeu.
Le S' de Keruzanan (1).
Olivier Kerleeb S^ de Kerouanec
Tanguy de St-Geznou.
François Lescazval.
Bernard Keruznou.
Guillaume le Roz.
Pierre Lescazval.
François le Goezoïi.
Hervé Millon.
t.ampaulPi(Bdalmezeu.
Le S^ de Reeeznou.
Mychel Teven.
PUegiien.
Le S' de Pencarvan (2).
Le S' du Bourch (3).
Hervé Pezron.
Sainct-Gouesnoa.
Le Sf de Kergroaz (4).
Le niyneur de Jehan Denys.
Plœyron.
LeS-'deKerbrederlS).
Le S' de Kerbeoch (6).
Maistre Yves Meudec.
Yvon Poulmic.
Plœbennfr.
Le S' de Lanoster lieutenant de Brest et St-Renan.
Yvon Fauc.
(I) Claude [>i1f!aen | montre de ITM),
(i) Hervé le Gall (ibld).
(3) Lesven ou Lesgucn.
(J) Gouzillon.
(5) SalDl Gouesnou.
,6) Mnlhéiou.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Yvon leTarquel.
Jacques Boudic.
tu Forest.
Le S' de Measgral (1).
Lannytifs
LeS'de Kerouartz.
Le S' de Rascol (2).
Le S' de Kerbabu (3).
Le S' de Bergoel (4).
Anthoine Campir.
Jeban ûuillou.
Olivier Audren.
Maistre Nycholas Audren.
Malstre Yves Touronce.
L'heritiere Vincent Matliezou.
François Selveslre.
L'héritière Hervé Keranrays.
Landeda.
Le Sr de Tuomenec (5].
L'heritiere de Maistre François Trevey
L'héritier de Anthoine Matezou.
Jehan Keranrays.
Yvon Audren.
Guillaume Kerouartz.
PltBkerneau.
Le S' de Kerodern (6).
Le Sf de Lesmeal 17),
Le S' de Lancelin,
Le Sr de Kei^ozquen.
(1) Celte tanilte a'eat fondue dans PenfenUnvo — peul-être avant IHDT
[î) Keraldanel.
Ci] Bellingant.
(4) De Bergoet S' dadil liea oa de KerouarU S' de Bergoel.
(5) tiuillaume Simon {moDlre de 1538).
(6) U Noblelz.
(7) Prigent Manéas.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 102 -
Olivier Parscau-
Hervé Fabert.
Jehan Marec.
Gilles Mazeas.
Yvon Tanguy.
Maistre Yves Bilianjc.
Tanguy Abalan.
Tremenech
Olivier Pascau S' de Menan.
Yvon Locrenan.
Plœyder.
Le S' de la Bouxiere.
Jehan KergolT S' de Penanlan.
Jehan le Veyer.
Yvon de Launay.
Jehan de la Veille Vigne (1).
François Lestevén.
Tanguy Tremasan.
Robert Mil Ion.
François Gahart.
(ioulhen et Treffks.
Hervé Coelhuon (2).
Olivier de la Fosse (3).
PîouenoH Strearlz.
Olivier Kerbiquet S-" de Langonneau.
Yvon Manacli.
Goulhen Kerniillyau.
Guillaume Godec tenant tye noble.
lieHouan.
Gabriel Kersanguily S' de Kerenes.
Ëven le BaillilT.
{1} JehSD Henr^,
(î) Hervé David.
(3) De la Fosse, sieur dudil lieu.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— i03 —
Jeban Kerouïere.
Yvon Denys.
Benoyst Le Gual.
Ploesynif et Sainct Fregan
Hervé Le Meascan.
Cbristolle Manyou.
Rolland du Treffou.
Yvon Laurans.
Valenlin Millon.
Hoedenyel
Maislre Jehan le Jar.
Yvon Kerdanyel.
Benoyst Maiieas.
MahéMaczon.
Gabriel le Jeune.
Laurans Berttiou tenant fye noble.
Guillaume Bertou.
Yvon filz Jacques Raoul.
Pbekerneau.
Jeban Kercozen.
Tregarantec.
François Trevey.
Kernouez.
Le S' de Keranmeai procureur de Brest et Saint-Renan
Lesneven.
Maistre Tanguy le Melenec.
Sébastien le Ros.
Kernylys.
Jeban Kei^uen (?).
FAestre-:.
Jeban Duboys.
Sainct Siartin.
Jehan' le Borgne.
Moricze KerreU
n,g,t,7.cbyGOOglC
- t»i -
Pierre le Jeune.
Tehan Forget
François a Noblet.
TauUe
Le S' de la MoLte de Taulle (1).
Gilles le Noyr.
Guillaume Guycaznou.
Guillaume Marée.
Yvon an Helyas.
Yves de la Moite.
Fyacre Gueguen.
Aullroy Bygodou.
Olivier Mahé.
Thomas Plesournou.
Yvon Perrol.
L'héritier de Yvon Keraudy.
Phelippe Perrol.
Yvon le Gouezou.
Jehan Nycholas S'' de Kerrautt.
Aultre Jehan Nycholas.
Loys Collotin.
Malslre Jehan le Gaiieer.
Charles Coetquelven.
Ploegber S' Egonnec.
Jacques de la Bouexière-
Pioegoulm.
Le S' de Kerdenez.
Jehan de Launay.
Maistre Jehan le Garo.
François Silguy.
François Helleau.
I) De la Molle, sieur dudil lieu.., rnndu en ir<<in rtans le Ihircne de
squifflou ■. (Coureï, tome II. p. 30B.|
,y Google
- 105 ^
Sibiril.
Guillaume Kerozven.
l'ioemorn
LeSf de Keruzorel (1|.
MarcTuonhyrin.
Hervé Guermenguy. '
Jacques AulTret.
Germain Coetangars.
Jehan Coetangars.
Maistre Laurans de May.
Hervé Gahart.
Yves Kerouziach.
Ploelan.
Yvon Nedelec.
Le S^ de Lesarzien (2).
François Kerouziil S' du Coz Kerou.
Ploeneourest.
L'herilière de Olivier Cleheuc.
l'iouenan.
L'herilier de François Kersausen.
Le S'' de Lesploenan.
Jacques le Senechal.
Jehan Kersauson, a présent son héritier.
Fyacre de ia Haye.
Hamon Guyomarch.
Plouevede.
Le S'' du Band.
L'héritier de M« Olivier Guernysac.
Jehan Boutouillez Sr de Kernoez
Pierre an Hay et Marie de la Korest sa mère,
(1) Le Borgne.
(ji Le Sénéchal, La branche de Lézérazien se fondit dans la famille de
KerouarU à une époque probablement poslévieiire i* ISr.7,
n,g,t,7.cbyGOOglC
— los —
Treflauenan.
François Fouern (?).
Jehan Coelnempren.
Jehan Coelangariz.
Yvon Coelnempren.
Cleder
Le S' de Tuonjoly.
Bernard Peun(eunlenyou.
L'heritiere de Jehan Autlroy.
François Cozic.
Hervé Cadoux tenant fye noble.
Guillaume Rosec tenant fye noble.
Ploezcut.
Jehan Kerscau.
Le Sr de S» George.
Yves Kerbiguet.
Le S' de Lesmealchen.
Maudet Lambert.
Dyder Lesellec.
Jehan Cremeur.
Yvon Castel.
Sainet Yougay.
Nycholaî Josom.
Lankouameau,
Pierre Bresal.
Tanguy Keronez S'' de Tuonfagan.
Hervé le Fertz.
<:uimiUyau.
Le S' de Penhoatuon.
Tanguy Kerouziil.
Jeban Guezenec.
Jehan Kersulguen.
Comniaiia,
Olivier de la Bouxiere S' de Keravel-
n,g,t,7.cbyGOOglC
Suzun.
François le Senechal Lestremeral.
Ploedyry.
L'herilfir de Olivier Guernysac tenant fye noble.
Ploezcat.
Guillaume Bresal.
Hervé Kerdenyei.
Hervé Bosec tenant fye noble.
L'héritier de Jehan Guydon.
Phetievez.
Tanguy Casielfeur.
Le filz de Tanguy le Veyer.
François Bihan S' de Kerhellon.
Les héritiers de Goulhen le Maucazre.
Christofle TrelTmaugon.
Yvon Keryven.
Hervé Kerantlech.
Guillaume le Lyourzou.
Le .Vynykif
Le sieur de Kereneec (1).
Maistre Jeban Kerennellen.
Hervé Ha mon
Hervé Kerredan.
Jehan Kersausen.
Hamon Kerret, a présent Gervays Rochuel.
Maistre Guillaume Kersangily.
Le sieur de Keranprat.
Jean Dencull S' de Praguyc.
Jehan Phelipes.
Christian Coelanlem.
Hamon Kerredan.
{I) ProbaUement de Kerscau sieur de Kerenec
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 40« —
Maudet du Bot.
Yves Keranminou.
François le Mercier.
Hervé Keronyant.
Hervé Kerredan.
Le liis de M* Nyeholas Kerhoant.
François Barvau.
Alain Thepaull tenant fye noble.
Jehan )e Gouezou.
Llieritier Guillaume Denys.
Gabriel Syohan tenant fye noble.
Jeban Syohan tenant fye noble.
BOURDE DE LA ROGERIE.
n,g,i,..cb,.G00glc
VIEUX PAPIERS
Note sur la chapelle de Bonne-Nouvelle, en Plonéour-Uanvern
/. Messire Alain Le Goff.
La paroisse de Plonéour possédait trois chapelles:
Languivoa (Languyvouez), Bonne-Nouvelle {ou Saint-Julien
le Passeur) el Kernaeizan. Sur les registres des baptêmes,
mariages el sépultures, les prêtres attachés à la paroisse
prennent parfois la qualiflcation de chapelains mais sans
spécifier le nom des chapelles qu'ils desservent. En 1630, nous
trouvons les signatures de François Le ûoll et de Guillaume
Autret, en 1632 celle de Jacques Kerlaouénan, en 1640, celle de
Malhias Seneschal, suivies du titre de Chapelains de Plnnéour.
Une liste dressée récemment (1j, avec une patience fort louable,
des curés el chapelains de cette paroisse, doit être incomplète
puisque nous n'y trouvons nulle mention de trois titulaires de
Bonne-Nouvelle dont nous parlons plus bas.
En 1659, Messire Alain Le Goff, recteur de Plouhinec, avait
la jouissance et bénétice de la chapellenie de Saint-Julien,
autrement dit Bonne-Nouvelle : en novembre de cette année,
il eut à remplir les formalités de bannies et d'adjudication pour
la reconstruction et réparation de deux maisons dépendant de
la chapelle et servant de logis au chapelain. Nous donnons ici
cettepiécequi, outre quelques indications personnelles, montre
ce qu'étaient les formalités d'adjudication à cette époque,
c'est-à-dire, à peu de chose près, ce qu'elles sont aujourd'hui.
(I) Cet élal des praires de Plonéour-Lanvern rux dinèreotes époques se
trouve dans la sacristie de cette paroisse.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- HO -
« Judiciellement En Laudience de la Cour et Siège prési-
• dial à Quimpt>r-Coranlin a Esté de La pari de Maistre
n Pierre David procureur de messire Alain Le GolT preslre
« recteur de Ptozinec et Chapellaîn de Sainct Jullien en la
(( paroisse de Plonéour autrement Bonne Nouvelle présent en
(( personne partant par M^-. .. advocat Remontré avoir par
fi le ministère de Maistre René Lahuec buissier faict bannir
i< par troys jours de Dimanche consécutifs et sans Intervallf
H à lissue des grands messes dictes et célébrées au Bourg
i( paroissial de Plonéour le Dimanche second aoustel quin-
[( ziesme jour de novembre mil six cent cinquante et neujT et
« encore le Jeudy dixneufliesme dud. moys Icelluy Lahuec
I huissier auroit repetté lesd. bannyes par la Ville du Pont
( au plus fort du marché qui s'y tenoit lequel jour après le
( bat du tambour Et atlin que personne peut prélandre
I ignorance Iceluy Lahuec avoit laisser copie par aflixe du
i procès-verbal desd. bannyes au portai prin"" Entrée
I de laq. Eglise de Plonéour que au pillier et bout méri-
.1 dional de la halle de laq. ville du Pont et donne assi-
< gnation à tous ceux qui voudront Entreprendre de rebbatir
I les maisons ruinées despendant delad. Chapellenie tant
< des murailles boissages que couverture de rozeau It^eable
< pour le cbapellain Tel qu'ils ont Estes cy devant l'Une
< sitluée prosche delad. Eglise Et l'autre au village de
1 Kerve. en ladite paroisse de Plonéour Le Tout au diverct
1 et hûnnorables Gentz Arzel Arhan, Marguerite Le
( BIlt (?) veuve de deflunct Cognus et Consanty qu'ils
» Eussent à se trouver ce jour en ceste audience ou lesquelles
i Réparations seront adjugés à Estaincle de chandelle au plus
( ollranl et dernier Enchérisseur à la charge à Ladjudicataire
< ou à Ladjudicatrize de trouver lesq. maisonnages linyes
< dans trois moys après laq. adjudication El de fournir les
( mattériaux requis pour ce faire. Et pour la vériflicatioo de
t sa d°. remontrance leq. David aud. nom a requis la Lecture
n,g,t,7.cbyGOOglC
« Estre faicte du proeès-verbal desq. bannyes Ce qui faict a
« Esté à haut» el Inlelligible voix. Après laquelle lecture
« laicte et iinyes a Esté le serment prinsdud. Labuec, huissier
« présent en personne après lui avoir faict lever la main et
« affirmé avoir faict lesd. bannyes aux jours, lieux et Temps
w y raportées par son procès-verbal de bannyes. Et présent
(( connu avoir esté assisté à ce faire par Jean Daoulas et
« Oliivier Fraval ses Thesmoings et Records lesquels aussy
K présantz en leurs personnes Et de tceux pareillem' Leurs
(1 serments prins après avoir faict lever leur main ont diet et
(I attestent avoir Estes p"" el assistans leq. Lahuec huis-
M sier à Le voir f™ lesq. bannyes aux jours lieux El temps
" raporté par led procès Verbal des bannyes. De Toutquoy
u a Esté acte dénoncé Et faict demander par led. Lahuec qui
fl voudroit Entreprendre de faire lesd. Réparations Età ceste
« fin requérant led. David avec nous. La chandelle allumée
« M'a Jacques Le Stancg a faict oflre de fair faire lesd. répa-
« rations pour la somme de neuf! centz livres lad. chandelle
H Estaincte et une seconde fois réalumée laq. estaincle sans
« aucune offre Et une troisiesme réalumée M" Guill» Ker-
« gaouen a faict olïre pour buicts centz cinq" livres, Led.
« Le Stang pour huict centz trente livres, laq. chandelle
« Estaincle Et une Quatriesme réalumée en l'endr' ledit
Il David a sommé M^e Nicolas Le Gac procureur desd. Et
Il Leur Consort de faire Vall' Lesq. Réparations De quoy
Il a Esté El pareill acte desnoncé led. Keryaouen a otlerl
( pour la somme de huict centz livras lad. chandelle encore
« Estaincle et fcelle pour la Cinquiesme foys réalumée led.
« Le Stang a offert de faire lesd. réparations pour la somme
<i de sept cenlz cinq" livres lad. chandelle pareillement Es-
(I taincle eticelle pour la sixiesme et dernière foys réalumée
(I ledit Keryaouen a oITert de faire faire lesd. réparations pour
H sept centz livres sur quoy lad. chandelle Estaincte sans offre
u de diminution, en conséquence a Esté la ferme et marché
n,g,t,7.cbyGOOglC
H (le faire (aire lesd. réparations adjugés aud. Keryaouen
(I pour lad. somme de Sept centz livres Thournois aux mesmes
i( poincts el condilioos que par les bannyes cydessus spé-
II ciftiées, faicl et expédiée comme dessus en Land"' du petit
a baieatt de la cour et siège présidial de Quimper Corentin
« délivré par Mons'- le Sénesctial de Cornouaille el Premier
Il Magistrat au t^iège présantz Messieurs Les Gentz du Roy
H dud. Si^e, le Mercredy vingt et neulBesme jourde novembre
« mil six centz cinquante et neufl.
Il Signé : P. Mercier, Greffier. »
Le 30 Juin 1661, Alain Le GofI, résidant ordinairement au
manoir de Lescongar, en Plouhinec, faisait un contrat d'acquêt
avec Jacques Rochédou ou Roquédou, sa femme et consorts,
d'héritages écbus aux Billiec de la succession de feu Nicolas
Billiec el de Marguerite Le Follic, soit une moitié entière du
village de Keradennec profité par Henri Le Ve[[y,plus Keristin
et Kerbiquet, pour et moyennant la somme de 404 livres. Ces
terres étaient aux issues de Lescongar el sous le prochain
voisinage du logis de Messire Le Golf, qui avait trouvé l'oc-
casion favorable el se trouvait en possession d'une somme
asseï^ considérable, comme l'exprime une des clauses du
contrat- « Ledit S' Recteur de Plozinec, chapelain de lad"
(I Eglise de Saint Jullien, déclare faire (cest aquesti des der-
u niers de la d» Cbapalainie a eileescheus et adveneus pour les
« causes que porte le transapt du douztesme jour d'avril mil
Il fix Centz Suivante Gr^ et passé entre lui et Pierre Cozic,
« mari et procureur des ;droits de Françoise Arcban sa
« femme. » Le 11 Juillet suivant, Messire Vincent Le Coz,
Recteur de Beuzec-Cap-Caval se portant procureur pour Mes-
sire Alain Le Goff, prenait possession ; le 24 novembre M'
Pierre Lintier, Receveur du Marquis de Mollae, k Pont-Croix,
acquittait « M'' de Plozynec » de la somme de 30 livres tour-
nois pour les droits dus au Marquisat et le 13 Janvier 1663,
.yGoogIc
— H3 —
chez M' Jean Canévet, au bourg de Poulgoazec, Alain Le
Golï eRecLuait le paiement entre les mains des vendeurs.
Mais il ne devait pas jouir longtemps de cet achat, puisque
cette môme année t6C2, il quittait Lescongar, Plouhiaec,
Bonne- Nouvelle, ce bas-monde, en un mol, après une existence
bien remplie.
Sa chapellenie de Plonéour portail deux vocables: Saint-
Julien etN.-D. de Bonne-Nouvelle; dans la paroisse qu'il
gouvernail, dans l'agglomération importante de Poulgoazec, .
il retrouvait une chapelle, aussi sous le nom de Saint-Julien
et portant un second vocable : celui de Hon secours « Itron
« Varia a Zikourmad. » N'esl-ee pas lui qui aurait pris
l'initiative d'associer, là aussi, le culte delà Mère de Dieu
à la dévotion à saint Julien le Passeur, en souvenir de sa
chapelle de Plonéour? Les dates permettent de le supposer.
2. ilessire René Gautier.
Décès étant survenu à vénérable et discret Messire Alain
Le Goft, il fallut songer à lui donner un successeur, et comme
la présentation, à titre de fondateurs, appartenait à la sei-
gneurie de Lescoulouarn, Nicolas de Gouandour et son fils
choisirent un prêtre du diocèse de Vannes, déjà chapelain de
Saint-Adrien ou des J/on'ons, chapelle située en la rue de Briec,
aux faubourgs de Quimper. A cet effet, on dut recourir à trois
formalités dont nous fournissons ici les procès-verbaux :
présentation par les seigneurs, nomination par le chapitre,
installation par notaires.
— 1. (( Ce jour saiziesme octobre mil six centz soixante et
c deux, avant midy, devant nous no''<"dela seiiescliausséede
« Quimper"" jur''" des regaires de Corn""' avecque debues
B soubmizon y jurée ont comparus en leurs personnes Messire
8 Nicolas de Gouandour, chevallier seigneur de Kerorantin,
« Lesnarvor, Marc'halac'h et autres lieux, et Messire Paul
« Gorgon de Gouandour, baron de Lescoulouarn, Plobanalec,
BcLLKTis AacaâoL. DU FisiSTÈQE.— Io»B XXV. (M(!motres). 8
n,g,t,7.cbyGOOglC
« Cognas et aulres lieux estants à presant en ceste ville de
H Quimper"" lesquels seigneur de Kerorantin et seigneur de
(I Lescoulouarn son filz aisné principal héritier et noble, ayant
« Eu advis du debcez arrivé à deffuncl vénérable et discret
« Mi'^ Allain Le GoR, pb"^ et recteur de Plozinec, chappelain
H delà chappellenye de Sainct-Jullien autrem^ Bonnes-Nou-
« velles Desservie dans' la chapelle de Sainct-Jullien en la
(1 parroisse de Plounéour, ils ont droità cause de ladicte terre'
« elseigneuryc de Lescoulouarn de nommer un autre en sa
a place pour desservir lad" chapelenye et considérant la bonne
flvye et mœurs de vénérable personne Mi'^ Renne Gaultier
(( ph<'e ils lont nommé el présanté à Messieurs les nobles et
« vénérables et discrets chanoines elchapitredud. Cornouai""
« lesquels ils suplient luy octroyer la colla"" de lad" chappe-
« lenye à la charge de faire ou faire taire le service porté par
« la fondation et pour la présante nomina"" présenter à mesd.
« sieurs du chapitre et sur icelle présente toutle expédition
(( requise lesd. seigneurs de Kerorantin et de Lescoulouarn
« ont noraé gréé et institué à leur procureur M' [ . .....]
a auq. ils donnent tout pouvoir requis el pertinant ce tou-
« chanL...,
H Faictet gréé aud. Quimper"", au tablier de David lun des
« soubz"'= notaires, lesd. jour et an. »
— 2, H Extrait des registres duDéal des délibérations capitu-
aires de Messieurs les chanoines du chap" de Cornouaille,
ol, 719, recto.
; Ce jour de lundy saiziesme octobre mil six ceniz soixante
:t deux, en chapitre ou estoienl assemblez capitulairement
u son de la campanne nobles et discrets Messires Jacques
lu Boixic Trézorier, chanoine, Ollivier du Louet, archidiacre
te... toutEph'"^ et chanoines capitulants aux lieu, heure et
lanière decoustume. Lesquels sieurs chanoines et Chapitre
yantsveu larequeste leur présanlée de la part de vénérable
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 1J3 — '
« personne Mi^RennéGaiiUerpbi'fietracte de notnJnalion et
M présentation faict de sa personne pour servir la chapeienyé
■ « de Saincl-Jullien paroisse de Plonéour dabté de ce jour
« debuement signé garanly par Messire Nicolas de Gouandour*
« etc., et Messire Paul Gorgon, etc., auxquels appartient
« lad. présentation à cause de lad. terre et seigneurerie de
« Lescoulouarn, ont dun commun consantement conlïeré
a lad. chapelenle aud. sieur Gaultier pb" vaccante par le
n debcez de feu vénérable et discret Mi« Alain Le Goft,
« vivant recteur de la paroisse de Plouhiriec et paisible
« possesseur de lad. chapclenie à la charge de célébrer ou
« faire célébrer les messes portées par le contrat de fondation
« et conserver les droicts et revenus en despendaots, rac-
H quitter les aliénations sy aucunes se trouvent estre faioles,
n à son possible avecq pouvoirs de jouir et disposer des
K fruicts en despendants, luy permettant de s'installer en la
H position réelle, actuelle et corporelle par le premier pbf«ou
« no'*aplicqueouecclicque(i|, réquisition, faict en chapitre,
« etc.
n Présants Mi™ Isidore Piriou, sacriste, et François Le
« Guen, sergent du cœur, ainsy signé : Jacques du Boixic,
« Ollivier du Louet, Georges Férand, Sébastien LeBéguec,
H Guillaume Bocou, Sébastien Gandon, Bertrand Goullay,
n Jan Gentil, Gilles Mahieu, de Kcrgozon et Jullien du
« Menez, David, secrétaire. »
~3. Le 30 octobre 1662,deux notaires de la baronnie de Lfis-
coullouarn, l'un résidant à Lambourg, l'autre au lieu de Ker-
ranroc'h, G.BargainelJ. Le Tacren, procèdent à l'installation
ou mieux à la rédaction du procés-verbal de prise de posses-
sion. Ils accompagnent M™ René Gautier à l'église o de
« Monsieur Sainct-Jullien, « oii estant », certilient-ils, au
B devant de la porte et entré dicelle nous a ledict Gaulrer
(l Usez; • apostolique, — eccléjlustitgue, >
n,g,t,7.cbyGOOglC
« apparu lettre de nomination à fin de provision en la cha-
i( pettenye de ladicte chapelle dépendante de la maison de
(( Lcscoullouari) dallé du saîziesme du présent mois avecq
(i les lettres de présentation collation dudict jour désirant
(I sinstaler en la pocession dudict béniflice et ses despan-
« dances en vertu des dictes provisions et ensuilte pour y
n parvenir ayant en nostre présance entré en lad. chappelle
n apprès sestre mis à genou pour dire ses prières et ayant
t< faict orner lautel y auroit en nostre présance dict et cellébré
Il la messe et faict tous les actes requis pour procession
t( acquérir en pareil bènéUce, Et ce sans trouble nioposition
t( de tout quoy lui avons décerné acte le requérant à luy
« valloir et servir ainsi qu'il voira.
« Signé des notaires, de René Gautier et de Louis de Ker-
il lenguy. »
René Gautier semble résider tantôt à Ploërduc (1671), à
Inzinzac (1672}, Saint-Jcan-Brevelay (1673) ; sa mère demeu-
rait à Cléguérec, son frère dans la paroisse du Mûr, à Saint-
Gonnet : le 10 mars 1676, il mourut en la ville de Vannes.
Comme chapelain, des Marions, nous le trouvons déposi-
taire d'une quittance ainsi conçue :
i( J. M. J.
H Je quj soussigné connois avoir receu de Michel Le FlOch
i( la somme de 3 livres quinze sols a valoir a sa ferme de
<i l'année 1669 pour le parc quil tient en ferme pour la cbapcl-
(( lainte des Marions.
H Faict à Kerper"", ce ï," juirel 1663.
(I Alain Guillascer,
« prestre Ind u
Au sujet son administration des iotérÈts de Bonne-Nouvelle
et des siens propres, nous faisons un bref inventaire de ses
menus papiers.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- iU —
— Le 14 août 1664, il paie la somme de quarante deux
livres pour embellissement et restaurations en la chapelle
exécutés par R. Plessix, « pour avoir paincl le crucifix avec
« le plaSond, aussy l'image de sainct Cheltas (saint Gildas)
« et les gradins sur le grand autel avec deux peLittes images
0 quy sont de sur dans la chapelle de Nostre Dame de Bonnes
« Nouvelles 1),
— René Gautier installé le 16 octobre 1662, dès le 30 du
même mois, avait fait dresser un procès-verbal ;( pour les
0 indigences de réparations à ladilte chapelle ».
— Le 14 octobre 1664, il avait payé la somme de 15 livre»
pour le ractial acquis au marquis de Mollac par le décès
d'Alain Le Goff, pour les héritages de Keradennec, acquis à la
chapelle de Bonne- Nouvel le parle contrat du 30 juin 1661.
La quittance est signée de Marje Toulalan, dame de
Rosmadec.
— Messire Yves Guézennec, suppléant du chapelain en
son service, lui délivre, 6 septembre 1665, quittance de quinze
livres reçues et touchées « pour avoir servi un an dans la
« chapelle de Bonne-Nouvelle ».
— Même mois et an, Yves Guézennec reçoit, à litre de ferme
et domaine congéable et réparable, une déclaration de quelques
terres et héritages au lieu de Keradennec, fournie par Henri
Le Velly qui déclare devoir à la chapelle, de ferme à chaque
Saint-Michel de septembre 2 combles de froment scandille,
2 combles de seigle, 2 combles d'avoine el un chappon,
— 5 lévrier 1675. — Baillée à litre de simple terme d'une
parée de terre chaude appelée Corn-Bernard, située au-dessus
du bourg de Meillars, consenlie pour neuf ans par Messir£
Gautier, demeurant k à prés-ent au bourg de Ploërduc,
Vannes ; el W Yves Riou, demeurant au Keridreu, faubourg
de Pont-Croix, à Mode Hémery, pour ce dernier en payer
par an et à chaque Sainl-Michel de fernne, aux deux bailleurs,
n,g,t,7.cbyGOOglC
- us -
fi moiiié cnlre eux, deux combles de seigle et supporter toutes
les charges qui pourraient être sur ledit lieu.
— 8 février 1071. — Accord passé entre Messire René
Gautier et Messire Alain Calvez : ce dernier fournira la messe
& Bonne-Nouvelle deux fois par semaine, le dimanche elle
$amedi, pour et moyennant la somme de trente livres par an.
— Le 30 juin 1672, R. Gautier, pour lors à Inzinzac,
évèché de Vannes, afferme la dîme de sa chapellenie, pour
trois ans, à Maurice Le Brun du bourg de Plonéour, pour ce
dernier payer à chaque fêle de la Chandeleur, la somme de
33 livres et un demi-comble d'avoine, payables à Henri
Xhelgoualc'h, de Tycoët, en Plonéour.
— 22 octobre 1673. — Procuration délivrée par Messire
René à son frère François Gautier pour appeler Maurice Le
Brun et Henry Lhelgoualch [L'Helgouarz] el consorts à four-
nir aveu des terres et rentes de lâcha pellenie,(ionl ils jouissent.
11 délègue de plus à son dit frère, tout pouvoir pour recevoir
paiement des renies de Plonéour el de la chapellenie de Saint-
Adrien ou des Marions, à Quimper. La procuration est datée
i( de la maison presbjtérale de Saint-Jan Brévelay ».
— 18 septembre 1673. — Requête pour Jean Le Coz contre
Maurice Le Coz et Henry L'helgoualch au sujet des décimes
de Bonne-Nouvelle.
— 22 octobre 1673. — Quittance par laquelle René Bobel,
receveur aKernalif et triennal partculier liéréditaiie des
décimes du diocèse de Quimper, confesse avoir reçu de Michel
Le Floc'h la somme de 9 livres 12 sols pour les décimes de la
chapellenie.
— 20 mai 1073. — Bail à ferme de la dime de Bonne-
Nouvelle fait à Pierre Kerbreach et Guillaume Le Cochou, de
'Plonéour, moyennant 30 livres pour cinq années.
— Billet par lequel René Gaulier piie Mademoiselle La
Roche, du bourg de Plovan, de » recevoir de Henry Le Velly
(Va!y), de Keradennec, à chaque an à la Saint-Michel,
n,g,t,7.cbyGOOglC
- H9 -
i combles de froment scandilc, S combles de seigle, 2 combles
foalés d'avoine, un chappon ou 13 livres par argent de Jan
Lezauzivit du village de Kerislin, en l'Iouhinec, un demi-
comble de seigle ; de Mode Hémerv, du Slivel, en Meylars,
un comble et demi de seigle: « Fail à Plounéour, ce jour
« vingt uniesme may mil six cenl soixante et quinze ».
— Quittance de Dom Augustin Caivez touchant le service
de Bonne-Nouvelle, du versement à lui fait par Henri Lhel-
gouarc'h de Ty Coël, le 21 mai 1675, de ce qui lui revenait.
— 22 mars 1676. — Aveu fourni par Henri I.e Velly, de
Keradennec, en l'Iouhiiiec, en son nom et celui de Messire
Gautier, des héritages qu'ils possèdent par moitié n soubz
hault et puissant seigneur Messire Sébastien, chef de nom et
d'armes, marquis de Rosmadec et de Mottac, gouverneur pour
Sa Majesté de la ville et chasteau de Nantes », au village de
Keradennec. « Debus de chefîerante audicl seigneur marquis
(I de Rosmadec la somme de quatres deniers monnays et un
« brasse davoine par sa paille par chacun an », — a lesdtcts
« hérittaiges pouvant valloir par chacun an de ferme par
H commune année la somme de dix huicl livres thournois. »
— Le 10 mars 1676, Messire René Gautier mourait en la
ville de Vannes.
Le 20 avril suivant, devant les notaires de la Cour, de
Guéméné, Guillemelle Corhel, du village de Saint-Yvan,
paroisse de Cléguerec , veuve d'Alain Gautier, mère du
défunt, donne procuration à son autre fils François, demeu-
rant à Saint-Gonnet, paroisse du Mur, de recueillir la succes-
sion à Vannes et partout ailleurs.
— Le dernier juin 1678, — François Gautier, du village de
Lanrino, trêve de Saint-Gonet, paroisse du Mur, donne pro-
cure à dame Françoise du Frenay, dame baronne de Lescou-
louarn, demeurant à présant à son château de Lesnarvôr,
paroisse de Plovan, pour faire signifier Henry Lelgoualch,
Maurice Le Brun, Pierre Kerbreacb et Guillaume Le Cochou
n,g,t,7.cbyGOOglC
à payer ce qu'ils doivent à la succession de feu Messire René
Gautier.
La chapellenie de Bonne-Nouvelle était donc sans titulaire.
On se mil en mesure d'y poun'oir, comme le montrf l'acte du
16 mai 1676 par lequel écuyer Alain du Combout, seigneur
du Letz, Saint-Guennolay et autres lieux, demeurant audit
lieu ds Sainl-Guénolay, paroisse de Saint-Michel de Quim-
perlé, donnait procuration à sa femme dame Marguerite du
Charbonnel « de faire et agir avec Messire Raoul Gorgon de
Il Oouandour, etc., au subjecl d'une proposition qui luy a
(i faiot ledit seigneur de Lescoulouarn de grattitier Jean-
H Baptiste du Combout leur fils aîné d'une chapellainye
a eslanlo en sa présentation, situé en la paroisse de ,.. a
Signé : Alain du Combout.
Querbloux, notaire royal.
— Le 19 mai 1676, par suite de cette procuration. Il fut
reconnu entre les parties « quoyque avant ce jour par droict
M ceddé entre ledit seigneur de Lescoulouarn et escuyer
i( Jean-Baptiste du Combout touchant la pourvoyance etia
« nomination diceluy à ehapellaia de la ctiapellenie de
M Bonne-Nouvelle, il est expressément raporté qu'il eustà jouir
(( des aprësanldes esmoluments d'y celle et mesme ledit du
(( Combout n'ayant lage suffisant est accordé entreox en
(( fabveur de cestes que ledit seigneur de Lescoulouarn.
« Cependant jouira et disposera de ce jour jusqu'à trois ans
(I prochains des esmoluments fruits et cueiliées de ladite
(( chapellennie et y faire faire les services nécessaires et les
<i continuera jusque audit terme parceque ladite dame du Lez
u promet faire cesles rattifier par sondit seigneur mary, etc. »
Signé : Marguerite Catherine de Cherbonel,
Paul Gorgon de Gouandour,
Françoise du I
n,g,t,7.cbyGOOglC
<- Le 30 mal 1677, fut conclu l'arrangemenl survanE entré
les seigneurs de Lescoulouarn et Messire François Videlo^
curé de Tréogat :
n Comme lesquels seigneur el dame sont fondés et obligé»
< à fournir un prêtre à desservir la cbapellenle de Bonne-
« Nouvelle, esl délaissé et baillé par cestes
« audit Videlo, prêtre, pour le temps de deux ans commen-
« çantà la Saincl-Michel prochaine le service de ladite cba-
« pellenie scavoir quil est obligé à dire et célébrer en icelle
a chapelle une messe tous les dimanches et fesles gardées
« parcequen fabveur de ce que dessus pour ledit service est
« accordé entre parties la somme de 36 livres par an avecq
a pouvoir de disposer des deniers qu'ils pouront retirer des
« offrandes de ladit« chapelle. En payement'de ladite somme
a de 36 livres lesdits seigneur el dame luy font aLtournancS
H du fermier de ladisme apartenant à ladite chapelle el la
« parcellée dy celle à pouvoir en disposer comme bon luy
H semblera jusque la ooncurence de la somme de 30 livres et
« luy poieroril ies six livres restant de ladite ferme dans le
« terme de la Saint-Michel sans que ledit Videlo p'" soici
u obligé à aucune réparation.
Signé : François Videlo.
Françoise du Fresnay.
Nous n'en savons pas plus long stir la succession du défunt
Messire René Gautier.
Dans le dépouillement de ces menus-papiers, on trouve leâ
éléments d'une information permettant de se rendre compte
de la situation du rentier de la Chapellenie de Bonne-Nouvelle,
bénéfice, semble-t-il, fort respectable.
II.
Un déoretde mariage au 8ié»e du Quéménet, 1703.
Cette pièce peut offrir un intérêt de curiosité par le défilé des
personnages qui intervinrent au conseil de famille tenu devant
,yGooglc
- U3 -
[fl juridiction du Quéménet, suit en leurs propres personnes,
soit parprocureurs.il s'agissait de l'établissement de riiéri liera
du Hilguy, orpheline de père et mineure, et de l'autorisera
contracter mariage avec Messire Roger Robert, intendant de
la marine du Roi en Bretagne. Le parti était très sortable au
gréde tous, et ceux qui voiraient bien le reconnaître, portaient
les plus grands noms du pays, et, dans l'armée, la marine et la
robe, occupaient les chairs les plus brillantes. C'était le vénéré
évoque de Quimper, oncle delà fiancée, le marquisdu Gage, le
seigneur de Kerbaro, le marquis de Cbàleaureaaull, vice-
amiral et maréchal de France, le marquis de Locmaria, lieu-
tenant généra! des armées du Roi, le marquis de Carman, le
marquis de Coêllogon, François-Hyacinthe de Visdelou, gou-
verneur de Quimper, etc., sans compter des conseillers au
Parlement I
Mais si cette pièce éclaire le greffe du Q'jéménet d'un
reflet du Versailles du Grand-Roi, elle servit plus lard aux
hommes d'affaires pour dresser la généalogie de haute et puis-
sante dame Louise-Marguerite Iris de Lamarck, fille de Marie-
Hyacinthe de Visdelou et princesse d'Aremberg, et établir son
abileté à succéder à la comtesse du Gué par défaulde descen-
ants directs de Jacques de Visdelou (1594-1673). Ils y trou-
èrent la justification des prétentions de la princesse avec les
idications qui devaient les guider dans leurs investigations,
ij'sque la nouvelle mariée de février 1703 succombait" le 7
lai 1765, quelques mois après son second mari. En effet,
irès avoir perdu son père en février 1696, héritière et dame
j Hilguy, Pralanroz, Kervastaret autres lieux, elle épousa
1 premières noces François Roger Robert, intendant de la
arine en Bretagne, puis Messire Josselin, chef de nom et
armes, chevalier seigneur comte du Gué, commandeur de
)rdre royal et militaire de Saint-Louis et lieutenant général
!S armées navales de Sa Majesté [1).
[1) La future avail pour lors -!4 ans, 6lanl aie le t'i mars 168*.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— «3-
Tout en donnant copie de ce document, nous dèvMftiuuS
excuser de n'avoir su l'annoter; cependant on recoonallra
qu'il est propre à exciter l'émulation de pallenls cbereheur»
et d'amateurs éclairés des généalogies et alliances deâ vieilles
maisons seigneuriales de Bretagne.
1 ExlTuH des Registres du grefte de la Jurlon du Marquisat
de Rosmadec au siège de Quèménet à Qulmper.
« Du dix-ncufliesme feuûrier mil sept centz huit au logix et
« par devant nous Raoul Le Pigeon sieur de Villerauld séné-
H chai juge de la cour et juridiction du Marquisat de Ros-
« madec au siégede Quéménet à Quimper, présent le sieur
H procureur fiscal ayant avecq nous le soussignant greffier,
H Pour parvenir au décret de mariage dentre Damoiselle ,
c Marie Françoise Visdelou tille mineure et unique he" du
'0 deffunct hault et puissant seigneur Me" François Visdelou
n chevalier seigneur chasielain du Hilguy et de haute et puis-
(1 santé Dame Suzanne de Plœuc ses père et mère d'une part
« et Messire François Roger Robert chevalier conseiller du
ft Roy en ses conseils intendant de justice police et finance
fi des armées navalles de Sa Majesté et de la marine en Bre-
« tagne. Ont comparus les parents cy-après,
{( Scauoir;
fi Monseigneur lillustrissime et révérend issî me Messire
H François Hiacinlhe de Plœuc seigneur et évêque de Quimper
Il et comte de Cornoaille conseiller du Roy en ses conseils
fl demeurant en son palais épiscopal en cesle ville de Quimper,
« oncle germain de la mineure en lestoc ma'ernel,
(i Dame Marie tîourcun veuûc et douarière de feu hault et
« puissant seigneur m™ René de Plœuc vivant chevalier sei-
« gneurde Kereharo, ayeuie maternelle de ladille mineure,
« demeurant en son hostel en ceste ville de Quimper parp de
« Notre-Dame,
« Hault et puissant seigneur Charles de Cleuz chevalier
(1 seigneur marquis du Gage mari et procureur des droits de
n,g,t,7.cbyGOOglC
- m —
a Dame Charlotte Renée de Lesmô sùn épouse steur Dtértiie
i( de lad^ Demoiselle Marie Françoise Visdelou de présent en
« celte ville de Quimper.
« MessiRE Vincent de Plœue chevalier seigneur de Kercharo,
« oncle germain de lad^ mioeure en Lestoc inaterûel, de prô-
a sent en cette ville de Quimper,
i( Tous LESQUELS sont unanimement d'avis que ledit ma-
B riage soitdeeretté de justice pour estre faicl et solemnisé
[i en face desglise suivant les saintes constitutions canno-
11 niques et ont signés ainsy signé sur le registre Marie
a Gourcun, Fr : Hy. éveque de Quimper, Jacques Charles de
« Cleuz, Vincent de Plœuc.
u A AUSSI comparu M^^ Sébastien Chiron se porlant pro-.
a cureiir du très hault et très puissant seigneur M''* François
M de Roussellet marquis de Chateaurenault chevalier des
u ordres du Roy, grand croix de l'ordre militaire de Saint
« Louis, capitaine général des armées navallea de sa majesté
11 catholique dans les mers occidenlalles, commandant ppur
Il le Roy en Rretagne, vice-amiral Et marécbal de France,
(1 père et garde naturel de messieurs ses enfants de son ma-
a riage avec delluncte Dame Renée de la Porte son espouse
« parente de ladite mineure Dans Lestoc maternel.
i( De haut et puissant M'^ Louis Françoise du Parc, che-
« valier seigneur marquis de Locmaria et de Guerrand lieu-
i( tenant général des armées du Roy parent au cinquiesme
i( degré en l'estoc paternel de ladile mineure.
Il De messire Jan Sébastien de Kergus chevalier seigneur
11 de Kerstang conseiller du Roy au parlement de Bretagne
11 mari et procureur des droits de Dame Marie Anne Visdelou
11 son espouse tante germaine de ladite mineure en l'estoc
Il paternel (1).
Il) Mnrie Aune do Vislelou, du c^iaF da Franjoisc de Kcrbicizec, sa
infrc. avaUcu les terres de CoatFao et de La Moite, dont la comtesse du
tiilé niouml propriétaire.
n,g,t,7.cb,G00glc
- i-2i -
« De haut et puissant M™ Alain René Bonnin, chevaiier
(1 seigneur de la Viiie bouquays parant au qualriesme degré
« en l'estoc paternel de ladite mineure (1).
H De messire Jan du Parc chevalier seigneur de Quercadou
n mari et proureur des droits de dame personnelle Angélique
(( de la Villéon son épouse tanle de ladite mineure en lestoc
« De plus ledit Chiron, procureur de haut et puissant
Il seigneur M^' Henry de Maillé et de la Marche, chevalier
(( seigneur marquis de Carman, entien banneret de Bretagne,
H protecteur de lesglise cathédrale de Léon, parent de ladite
« mineure en lestoc maternel,
« De haut et puissant seigneur M''" Guy marquis de
(( Coatlogon baron de Piuîgriifet procureur général sindic
a des Estats de Bretagne et de dame Suzanne Guyonia mar-
(( quise de Coellogon son épouse, parente de ladite damoiselle
n du Hilguy au troisiesme degré,
« De Messiue Maurice Thépaull seigneur de Trelïalegon
« parent en lestoc maternel àc. ladite demoiselle mineure, '
« Lequel Chiron pour et au nom desdîts seigneurs parents
« tant paternels que maternels et en vertu de leurs procura-
« lions dattées des 30 janvier, i, 2, 3, t, 5 el6 feuvrier
« 1708, deux signées et quil a déposé en lendroict au greffe
« pour y avoir recours et de luy chiffré, a déclaré esire davis
i( que le mariage dont il est question soit décretté de justice
n pour estre fait et solemnisé en face desglize suivant les
(i formes ordinaires et a signé. Ainsy signé Chiron procureur.
H Après quoy sest présenté ladille damoiselle Marie-
(I Françoise Vîsdelou du Hilguy mineure laquelle interrogée
« a déclaré agréer la recherche dudit seigneur Robert et
(I) Par nélËae Visddou. I<a lamille de la Vîlk'bauqua)' était ie iosKlia
et LambïUe.
n,g,t,7.cbyGOOglC
-lie-
« consentir que ledit mariage soit décretté de justice et a
« signé sous lauthorité descuier Guillaume Billoart sieur
u de Kervazégan conseiller secrétaire du Roy maison et
u couronne de France aussy présent quelle a déclaré choisir
n pour son curateur au lieu et place du sieur de Keranguen
« son (1) tuteur onéraire quy est présentement en la ville
« d'Engoulesme. Ainsi signé : Marie-Françoise Visdelou et
« Du vingtiesme feuûrier 1708 continuation du présent
u comparant:
u A COMPARU d'abondance ledit Chiron se partant aussy
H procureur de M"* René de Plœuc chevalier seigneur dudit
« lieu lieulenantdesvaisseauxdu Roy capitaine d'une compa-
n gnie franche de la marine, commandant le vaisseau du Roy
(( le Milfort (?) oncle germain ou maternel de lad» mineure,
u Et de Messire François Hiacinlhe Visdelou, chevalier
«'seigneur de Bienassisel autres lieux parant du tiers au quart
« desgré au paternel de ladite miueure, lequel en vertu des
(( procurations desdils seigneurs de Pœluc et de Bienassis des
(1 ,30 janvier et 18 feuùrier 1708 duement garanties déclare
« estre davis que le mariage dentre laditte Damoiselle du
« Hilguy et ledit seigneur Robert soit décrclté de justice à la
« manière accoutumée et a signé et déposé ses procures au
« greffe du luy chiffré. Ainsi signé Chiron.
H Sur quoy ouv le procureur fiscal en ses conclusions
fi icelluy le consentant et ayant égard aux avis et suffrages des
n parents cy-dessus et aux procures présentement déposées
(( par ledit Chiron audit nom.
« Avons décretté de justice le mariage dentre ladiKe
« Demoiselle Marie Françoise Visdelou du Hilguy et ledit
« Sieur Robert pour estre fait et solennisé en face desglize
u suivantles constitutions canoniques et les rëglemenls de
(I) Julien Lo Mavfc,
Dg'l,r™byGOOglC
« ce diocèze. Fail et arreslé à Quimper lesdits jour et an que
a devant.
n Ainsy signé : Hervieu, procureur fiscal.
Le Pigeon, sénéchal,
et Le Corre, greffier, a
Ce décret de justice était obtenu le 20 février 1708, le
lendemain même il recevait son effet: (Cf. Registres delà
Chandeleur. 1708.) Messire Robert, fils de Messire Claude
Robert et de dame Magdeleine Guyet, avait ses papiers en
règle (nous résumons le procès-verbal par trop verbeux
du rédacteur) : il apportait un certilicat d'une publication de
ban faite sans opposition, à la grand'messe du 12 février
signé de Roignant, recteur de Brest; puis une dispense de
deux autres bannies accordée par l'évêque de Léon et signé
Leguillcher...
n Les nopces furent célébrées dans la chapelle du Palais
.« épiscopal par noble et vénérable Messire Guy de Lopriac,
« abbé de La Chaume et Chanoine de lad. cathédrale, assiste
n de Messire Philippe Guyomar prestre recteur de la paroisse
<■( de Nostre-Dame de la Chandeleur audiencier. »
Messire Fr. Hy. de Ptœuc, évêque de Quimper, oncle de la
mariée, ligure au Registre avec les témoins, parmi lesquels
dominent les noms de tantes, cousines et amies de la nouvelle
dame Robert.
Citons pour mémoire :
Marie Gorcun de Kharo, Charlotte-Renée de Lémo du Gage,
■Marie-Anne de Trial de Quercadou, Marie de Plœuc,
Mauricelte de Plœuc, Marie-Josèphe de Plœuc, Cbaries de
Cleuz, — Joachim de Riquor (?), Vincent de Plœuc, Uené-
Joseph de Plœuc, — Claude-Hyacinthe de Cleuz, Marie
Marquise de Cleuz, Marie-Anne-Gabrielle de Cleuz, Guy de
Lopriac de Coetmadeuc.
Abbé Antoine FAVÉ.
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EXPLORATION
des tumulus du Fao-Youen et de Cosmaner
EN Plonéour-Lakveb» (Finistère]
Ces deux Tumulus situés à l'est du bourg de Plonéour
sur des plateaux élevés, d'où l'œil embrasse un très vaste
horizon, font, avec le tumulus de Korhué-Bras, dont nous
avons publié l'exploration dans Les mat&iaux pour t'kistoire
de l'homme, livraison de juillet 1880, les sommets des trois
angles d'un triangle isocèle de 1500 mètres de côté.
Tumulus du Fao-Youeji,
Dans une parcelle dépendant du village de Fao-Youen,
dite Ménez-Balanou, située à 400 métrés au nord-est du
village et à 300 mètres eu sud de la route de Plonéour k
Quimper, est un tumulus de 50 mètres de diamètre et de
2 m. 50 d'élévation au-dessus du sol environnant.
Ayant obtenu l'autorisation de l'explorer, le 5 octobre
1897 je me rendis sur les lieux avec mes fouîlleurs. Ouvrant
à sa base ouest une tranchée de 4 mètres de large allant de
l'ouest à l'est, en passant par le centre, nous reconnaissons
que l'enveloppe du tumulus est faite d'argile compacte mêlée
de nombreuses parcelles de charbon de bois. Dans cette
tranchée nous recueillons deux grossiers éclats de silex et
quelques percuteurs.
A un mètre sous lo sommet du tumulus nous constatons
un amoncellement de pierres de moyenne taille, paraissant
jetées sans ordre, formant au centre du tumulus un cône de
8 m. 50 de diamètre à la base, au milieu duquel nous ren-
controns la sépulture qu'il enveloppe. Ce blocage a pour
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 129 —
but d'èmpécher les infiltrations extérieures de pénétrer dàn3
le caveau funéraire et surtout d'empêcher l'écartement de
ses parois en les soutenant par côté.
Les pierres du blocage enlevées, nous mettons à décou-<
vert, au niveau du sol environnant, deux grandes dalles
juxtapos(5es, de 40 centimètres d'épaisseur. Elles recouvrent
la chambre funéraire, dans laquelle nous nous introduisons
en retirant quelques pierres de sa paroi ouest. De forme rec-
tangulaire, elle est construite en pierres maçonnées à sec.
Quoique ses murailles soient en mauvais état, il n'y a
cependant pas pénétré d'infiltralions.
La vidant avec soin, nous reconnaissons que, 9ur le tuf,
formant le sous-sol des terrains avoisinants, on a placé, ft
l'intérieur du caveau, un dallage de pierres plates, d'une
épaisseur variant de 5 â 7 centimètres, sur lequel, dans
toute la longueur et sur toute la largeur de la chambre, on
8 étendu une couche de cendre mêlée de restes incinérés
ayant 4 centimètres d'épaisseur.
Au milieu de ceux-ci nous recueillons, àunmôtrederextré-
mité ouest de la sépulture, quatre pointes de flèche en silex
à ailerons, finement barbelées. Continuant à relever la couche
des restes incinérés, en nous dirigeant vers l'extrémité est
du caveau, nous en recueillons successivement huit autres,
avant d'arriver au centre, ou nous trouvons réunies en
groupe, le long de la paroi nord, vingt nouvelles pointes de
flèche, et, le long de la paroi sud, deux poignards en bron/e
à lame plate très mince décorée de deux filets sur chaque
bord. Malheureusement ces lames sont réduites à l'état
d'oxyde blanc et nous ne pouvons en relever que quelques
fragments. Le centre de la sépulture dépassé nous ne rencon-
trons plus, sur le dallage, que des restes incinérés saiis
mobilier.
La chambre funéraire complètement explorée, nous cons-
tatons qu'elle mesure intérieurement 3 mètres de long de
BULLSTIH ARCUÉDL. DD PlNISTËRB.— TOUB XXV. (Ué(UOire»J. 9
n,g,t,7.cbyGOOglC
l'est à l'ouest sur 1 m. 05 de large du nord au sud et 1 m. 10
de profondeur du dallage du fond au plafond qui, ainsi que
nous l'avons précédemment dit, est fait par deux grandes
dalles juxtaposées mesurant à l'intérieur du caveau, celle du
bout est 1 m. 25 de l'est à l'ouest, et l'autre 1 m. 75.
Sur les terres du Fao-Youen, à 800 mètres au sud-ouest
du village, dans la garenne dite Goarem-Billès, est un
menhir, aujourd'hui renversé, gisant allongé sur le sol de
l'ouest à l'est. 11 mesure 8 mètres de long sur 2 m. 20 de
large et a 60 centimètres d'épaisseur moyenne.
L'excavation que nous avons pratiquée à sa base ne nous
a rien donné,
A 100 mèlres à l'ouest de ce menhir, sur les terres du
même village, dans une parcelle dite Menez-Bourouic, est
un petit tumulus de 10 mètres de diamètre sur 1 mètre de
haut. L'ayant ouvert nous avons reconnu qu'il recouvrait
une chambre circulaire à ciel ouvert de 1 m. 75 de diamètre
intérieur et de 0 m. 70 de profondeur, à parois formées par
un petit mégalithe de 1 m. 05 de large, fiché en terre, et par
une muraille en pierres plates maçonnées à sec. Au fond de
cette petite chambre était une couche d'argile très fine,
épaisse de 40 centimètres, dont la surface, calcinée par un
feu vif, était cuite, comme une poterie, sur une épaisseur de
12 centimètres. Cette chambre était sans mobilier.
Enfin avant de quitter le Fao-Youen disons qu'en faisant
les cultures d'automne, il y a trois ans, on rencontra, à
60 mètres au nord du tumulus de la garenne dite Ménez-
Balanou, à 40 centimètres sous la surface du sol, un petit
coffre, formé par quatre pierres posées de champ en terre,
recouvert par une cinquième, dans lequel se trouvaient
quatre urnes en terre cuite remplies de restes incinérés qui
furent brisées. D'après la description qui m'en a été faite
par l'inventeur, elles étaient de l'époque de l'occupatioa
romaine,
D,g,l,7.cbyGOOgIC
•a
I
i
I
H
I
n,g,t,7.cbyGOOglC
tumulus de Cosmaner.
À 300 métrés au sud-ouest des édifices du village de
Cosmaner, dans un petit taillis dit la Gagnerie, bien caché
aux yeux des explorateurs, était un petit tumulus de
18 mètres de diamètre sur 1 m. 50 de haut. Ouvert par son
propriétaire, en avril 1807, il a rencontré au centre, au
niveau du sol environnant, une sépulture à parois maçon-
nées à pierres sèches, orientée est-ouest, recouverte d'une
grande dalle ayant 2 m. 50 de long sur 2 métrés de large.
Au fond de cette sépulture était un plancher en bois do
chêne, posé sur le tuf formant le sous-sol environnant. Les
parois de la sépulture étant démolies, quand nous l'avons
vue, il nous est impossible d'en donner les dimensions inté-
A l'extrémité est du caveau, au milieu des restes incinérés,
qui en recouvraient le fond, l'inventeur receutUit vingt-cinq
pointes de flèche en silex, à ailerons et à pédoncule, d'une
fmesse extraordinaire, beaucoup plus élancées que celles du
Fao-Youen. Vingt-et-une sont entre nos mains, malheureu-
sement de celles-ci cinq seulement sont intactes. Les autres
ont été plus ou moins brisées par l'inventeur, au moment de
la fouille. Au centre de la chambre funéraire étaient deux
poignards en bronze l'un à lame plate, l'autre à lame épaisse
renflée au centre. L'une et l'autre de ces lames étaient ornées
de filets sur les bords ; réduites à l'état d'oxyde blanc nous
n'en avons que quelques fragments.
Du sommet des deux tumulus de Cosmaner et de Fao-
Youen on voit, à 1500 mètres, celui de Kerhué-Bras qui nous
a donné un si remarquable mobilier.
A 250 mètres au nord-est des édifices de Cosmaner est un
camp rectangulaire, de 74 mètres de côté, sur 56, entouré
d'un double parapet de 1 m. 50 de haut sur 9 mètres d'épais-
eeur, séparé par une douve de 10 à 12 mètres de large.
n,git,7.cbyGOOglC
L'intérieur de ce camp est sous culture et porte le nom
de Parc-ar-Hastel. Le long de son parapet nord est une
bande de terrain inculte où on remarque des traces d'an-
ciennes habitations. Dans une exploration superlicielle,
faite dans cette partie par le propriétaire, il a recueilli une
fusaïole et quelques fragments de poterie Samienne.
A 50 mètres à l'est de ce camp, dans le champ dit Parc-
do uar-dec- Bar, on trouve, sous la surface du sol, un dallage
qui n'est autre qu'un reste de la voie Romaine allant de
Quimper à Tronoën et à Kerity, en passant par Kerheuret
en Pluguffan, et par Ker-Hastel, en Plonéour-Lanvern, ou
on voyait naguère encore, un tronçon de voie pavée long de
200 mètres sur 8 métrés de large.
Dans Parc-douar-dec-Bar il a été receuilli, sur le bord:
de la voie Romaine, une meule et un vase en terre cuite plein-
de restes incinérés.
P. DU CHATELUER.
Kernui, aTrll 1898.
n,g,t,7.cbyGOOglC
XII,
PONT-CHATEAU ET PONT-L'ABBÉ
AUX Ktats de Bretagne.
2* PARTIE f'Suîfe;.
2' PéniODE
JSf«(s de {45i. Règnes de Pierre II, Arthur 111, François II.
Il nous faut étudier l'œuvre de Pierre 11 et de François H.
Notre grand Arthur, le connétable de Ricliemont, qui a
régné entre eux, fut trop occupé de guerre ot porta trop peu
de temps la couronne ; il ne changea rien en ce qui concerne
les barons.
Que voulut faire et que fit Pierre II ?
On a écrit : " La mesure prise aux États de Rennes (lisez
u Vannes) en 1451 s'imposait, afin de bien délimiter l'ordre
B donné aux chevaliers bannerets dans les cérémonies
Il ducales (1) ». C'est considérablement amoindrir — je ne
dis pas assez — c'est absolument méconnaître l'œuvre de
Pierre II." Il fit tout autre chose. Il accomplit une révolution
dans lorgaiiisalion nobiliaire. Parmi les cent seigneurs, et
plus, ayant litre de baron, il en choisit neuf qu'il éleva
au-dessus des autres seigneurs bretons; il les filles
chefs de la noblesse de Bretagne, et il dit aux autres :
fl Vous descendrez au rang de bannerets ou même de sim-
ples seigneurs bacheliers (2].
(1) Chevalim bannrreH, p. S, Voir noie in /in*.
(2) Des seigneurs s'étaient éveillés barons, le 25 mai li.'i', qui s'endor-
mirent l« soir simples hachr'llers. Exemple : les seigneurs de la Mnce et
(lu Chastel. Ils avaient siégé comme barons sous Jean IV. en IJlK6el 13^7;
et leurs sei;;neuries. dilt's hacMeiies, furenl éni;èes en bannières par
l'ierre [I, le li novembre Hr.r>. .Merice, Pr. mS-\m.
D,g,l,7.cbyGOOglC
- ^35 -
Pierre lia la prétention de ne pas innover. Il est convaincu
que ses prédécesseurs , rois ou ducs, ont créé les baronnies
dont ils ont iixé le nombre â neuf. En ce moment, le nombre
est réduit â six. Pour ramener ce nombre à neuf, Pierre 11
va créer les trois baronnies de Derval, Maleslroit et Quintin
qui prendront rang après les six autres [19, 22, 23 mai
1451) (l).
Le 24 mai, le duc ouvre les Etats à Vannes ; et, le 25, les
trois nouveaux barons, Jean de Châteaugiron et de Derval(2),
grand chambellan héréditaire. Jean Raguenel, sire de Ma-
lestroit et Lai-gouet, maréchal de Bretagne, Tristan du
Perrier, comte de Quintin, prennent place au banc des
barons.
Trois seulement des barons anciens sont présents : ceux
de Léon, Vitré, Ancenis. Vitré est représenté par Guy (XIV|
de Laval, héritier présomptif de sa mère, comtesse de Laval
et « baronnesse de Vitré o. Trois noms manquent, le procès-
verbal ne mentionnant que les barons présents. Mais les trois
absents sont nommés au procès-verbal des Etats de 1455 ;
ce sont les barons de Châteaubriant, Retz et la Roche-
Bernard (3).
(I) Mais qu'on le remari|ue : Les trois nouvelles baronnies ne rempla-
çaient pas Avaugour, Fougères et L»nvaux ; le duc dit expressément que
les nouveaux barons prendront assiette au rang des neuf anciens barons
dont la prééminence est réservée. Morlcc. Pr. 11. 15130-1561.
Il ne faut donc pas dire arec le P. Toussaint de Saint-Luc qu'Avaugour
(ut remplacé par Derval, Fougères par Maieslroil, Lanvaux par Quintin
(V partie, table, p. 1 et i). — Les lettres de création données (p. i3-:^]
n'indique ni pas ces remplacements.
Les baronnies d'Avaugour et de Lanvaux furent rétablies par François
II, Fougères restant déllniiivenient au domaine ducal.
(î] Jean de Derval (et noQ de Laval. Chevaliers banneretu, p. 5, note 1.1
— Sa femme, Hélène de Laval, était Hlle de Guy XIV, comte de Laval, et
d'Isabelle de Bretagne, sœur de Pierre H. C'est â eux que Pierre 1m Baud
présente son liisloire dans l'estampe publiée par Lobipeau, Hiat. p. 8ÎÎ,
el Mortce, Hisl. II. p. 215.
(3) Moricç, Pr. IL 1Ç7Ï.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Voici donc la lïsle des neuf baronnîes dressée par Pierre
II : Léon, Vitré, Châteauliriant, Retz, la Roche-Bernard,
Ancenis, Derval, Maleslroit, Quintin.
Les six premiers noms sont empruntés à la liste du dicton
latin sur laquelle, comme nous l'avons vu, Le Pont n'avait
pas place (1)-.
Mais ces neuf baronnies, chimère avant 1451 (2), ne seront
réalité que pendant le règne de Pierre II et le règne trop
court d'Arthur 111. Après onze années, la réalité redeviendra
chimère.
Le duc Pierre II a paru se préoccuper surtout de rétablir
le nombre des neuf baronnies. François II semble avoir
d'autres visées et leiiir surtout à ce que le banc des barons.
Boit garni. Or, aux Etats ouverts par lui avec tant de pompe
à Vannes, en juin 1462, quatre barons seulement sont pré-
sents, les barons de Derval et de Malestroit, Jean de Laval,
baron de la Roche-Bernard, et son père Guy, comte de
Laval, répondant pour les deux baronnies de Vitré et Châ-
teaubriant (3).
Le duc ne peut souiïrir que a deux baronnies ainsi réunies
dans une seule main soient réduites en un seul suppôt et
personnage a (4) ; c'est-à-dire que le baron, qui ne peut sa
dédoubler pour occuper deux sièges, laisse une place vide.
C'est à cet inconvénient que le duc prétend porter remède |5).
(1) Dans Ckefalieiii lannereta, p. i, on Irouïe une liste toute autre.
Noie in fine.
(S) L'expression est de Lolilticnu.
(3) Guy de l^val, avait hÉritè la Hoche-Bernard de snn aïeul Raoul de
Montfort, et l'avait donnée au second fils de son premier nnariage, JeaD.
Les autres barons sont exeusés : le baron de Léon (Jean 1) de Kohan) est
mineur ; le baron d'Ancenis [Jean IV de Itteui) est mineur ; le liaroa de
Relz est maliide; le baron de Qulnlin (Tristan du Pcrrier) est à Saiot-
Jac(iues-en -Galice.
(4) Morice. Pr. III. C.
(.')) Lettres d'érection de CoëtmcD et de la Hunaudaye, G septembre 1487.
Morice, Pr. III, 5Ui.
.yGoogIc
- J3T -
Rien de si simple ! Une place est â remplir : Il faut em-
ployer le moyen que le comte de Laval avait proposé, en
1455, quand il avait présenté un procureur pour sa femme
baronne de Châteaubrianl! (l)Mais non ! Comme si la décision
de Pierre II repoussant ce procureur avait fondé une règle
de droit, François II va user d'un autre moyen : il va créer
une baronnîe. 11 rétablît la baronnie de hanvaux en faveur
du maréchal de France André de Laval, illustre sous le nom
de I.ohéac. C'était une gloire bretonne, puisqu'il était né
d'un père breton. [Décembre 1463.) (2)
Jamais place au banc des barons ne sera plus dignement
occupée ; mais le rétablissement de Lanvaux porte à dix les
neu/ baronnies de Bretagne. En effet, la situation est autre
que en 1451. A ce moment, Pierre II a pu créer trois ba
ronnies sans excéder le nombre de neuf, parce que trois
baronnies réunies au domaine ducal peuvent être, pour un
temps au moins, considérées comme éteintes. Pour que
François II puisse créer une baronnie sans excéder le nombre
neuf, il faudra une cause d'extinction, une réunion au duché ;
mais cette extinction ne se produira que vingt-trois ans plus
tard et elle sera éphémère (3).
(1) Morice, ft-. 11. 1672.
(î) Le uiaréch»! de lj)héac avait sii'aé aui Etats comme baron de Red
du chel de sa femme Marie (le Laval-Rcli, fille du Irop célèbre maréchal
de Retz: mais elle était morte en U-OS, sans enFants ; la Imronnie avait
pasié à René de Laval. Irène puinc de son père; et le maréchal n'avait
|ilus place au banc des barons.
Vingt-deut ans plus lard, retiré à Laval, le maréchal, usé par les
fatigues de la guerre, ne venait plus aux Etats, où il avait siégé au-
dessus du baron de Derval (Lobineau, IliH. p. GUO.ISans enfants, il
avait pour héritier présomptif le fils aîné de son frère, François, héritier de
la baronnie du Vitré (depuis Guy W). Leduc François II demanda à celui-ci
sa renonciation à Lanvaux ; et, par lettre du 'ii septembre l48r> iMorice. Pt:
III. UO-8'2) donna la survivance de Lanvaux à Louis II de Guèmené-
Rohan. Le marécbal mourut le il décembre suivant. Note in fine.
(31 Je veux parler de la conliscation de ta baronnie de Léon en punition
de la rébellion da vicomle de Rohan. en UsG.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Guy de Laval avait paru en 1451 et 1455 aux Elats comme
représentant sa mère Anne, baronne de Vilré ; mais il tenait
la baronnie de Cbâteaubriant du chef de sa seconde femme
Françoise de Dinan. Ne pouvant occuper les deux sièges, il
présenta le comte de Gavre, fils aîné de son premier ma-
riage, comme procureur de sa belle-mère « baronnesse de
Cbâteaubriant ». i L'assiette fut refusée au comte de Gavre ;
mais la baronnesse fut excusée, parce que son mari est
présent • (t).
Ce n'est pas à dire que la baronne de Cbâteaubriant est
représentée par. son mari présent; non, elle est considérée
comme absente, mais « excusée », parce que son mari qui
siège pour Vilré ne peut siéger eu même temps pour Cbâ-
teaubriant. ï.a représentation par procureur était admise
r les bannerets (2) : pourquoi ne serait-elle pas admise
r les barons ? Cette décision va avoir pour conséquence
uiae du principe des neuf baronnies.
e duc et son conseil n'auraient-tls pas compris que
nction d'une baronnie et réunion de deux baronnies en la
te main ne sont pas des termes synonimes ? On ne peut
aginer une pareille erreur de droit comme de fait. La
lion de deux baronnies ne produit pas lextinclion de
e d'elles.
a réunion de deux baronnies est un fait nécessairement
sitoire; la création d'une baronnie fonde un droit per-
lel. En droit, il y aura dix baronnies au lieu de neuf ; et,
•lit, le jour où la réunion cessera, dix barons au Heu de
' pourront siéger ensemble. Ainsi, pour prendre un exem-
que Françoise de Dinan meure, son mari le comte de
al, siégera comme baron de Vitré, François, fils aîné et
Morice Pr H. \iili.
Exemples Morice l'r. 11. 1073.
.yGoogIc
- U9 -
héritier de Françoise de Dinan, siégera comme baron de
Chàteaubriant ; et, auprès deux, comme baron de Lanvaux,
siégera le maréchal de Lohéac : que les autres barons
soient présents, il y aura dix sièges occupés.
En 1471, une nouvelle réunion se produit. Voilà Françoise
Raguenel, femme de Jean de Rieux, baron d'Ancenis, héri-
tant de son père la baronnie de Malestroit ! Le duc va-t'il
laisser passer l'occasion de créer une baronnie ? On le dirait, . .
mais le duc attend la majorité de son fils naturel, François ;
elle arrive en 1480, et le duc sempresse de rétablir la ba-
ronnie d'Avaugour, avec le titre usurpé de première baronnie
de Bretagne ; et, dans les lettres très solennelles qui érigent
Avaugour et portent ainsi le nombre des baronnies à oiue,
le duc prend soin de rappeler que ses prédécesseurs, « rois-
ou ducs, ont été régis en ordre et police de neuf prélats et
neuf barons... (1) r
En 1482, nouvelle réunion : Françoise de Rieux, baronne
de Malestroit par la mort de sa mère, hérite l'année suivante
la baronnie de Derval de sa grandmère maternelle Gîlelte
de Derval ; et elle est fiancée à François de Laval qui héri-
tera Chàteaubriant de sa mère Françoise de Dinan.
En présence de cette éventualité (2), le duc comptant sur
des réunions futures, dont l'une se fera seulement seize ans
plus tard, créa deux autres baronnies, La llunaudaye el
Coëtmen (1487).
En sorte que, à la mort de François II, qui a solennelle-
ment proclamé le dogme des neuf baronnies, en réalité il
y en a treize ! (3) Savoir :
(1) Lellrea du U septembre M80. Mortcc Ih: lli, 3j8.
{3) Celte cvenlUcililé est expressément indi(|uée dans les lettres d'éreclion
des deux baronnies de Lnètmcn et la HunauiJiiye : Morlce, /V. III. 551-r>55.
La réunion prévue de Quintin à La Uuche-Bcrnard se tera.initls seulement
en 1504 aux mains (non de Prani-nts nommé pnr erreur) de Nirolns de
l..aval, HIs de Jean, baron de la Hiietie-Bernard. et de Jeanne du Perrier,
<,elle-ei, veuve de Jean de Ijival en W.ii, aujourd'iiui (enimc de Pierre de
Hohan, niourul en 15UI.
(3) Je souligne les cKations de Pierre [I et François 11.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- m -
Àvaugour, La Roche-Bernard, Quintiv,
Léon, Ancenis, La Hunaudaye,
Vitré, Lantaux, Coëtmen,
Cbâteaubrtant, Deroal,
ReU, Ualestroit,
Bans compter Fougères qui est resté dans le domaine ducal I'
Nous verrons plus tard à quelles obstinées réclamations
donna lieu la création de ces deux dernières baronnies.
Un auteur qui rejette l'autorité de Lobineau et de D.
Morice môme quand ils publient des actes authentiques (1),
a cherché ailleurs que dans leurs histoires ou leurs preuves
la liste des neuf barons de Bretagne ; il a publié une liste
inédite jusqu'ici, comprenant dix barons au lieu deneu^, sur
laquelle le baron de Pont-l'Abbé occupe le neuvième rang ;
et se reportant au lendemain des Etats de 1451, l'auteur dit"
que a désormais les barons de Pont figureront sous la déno-
mination de haut baron ou baron ancien » (2).
Deux erreurs certaines. La liste est erronée : ce qui
précède démontre l'inexactitude de cette liste. En second
lieu, affirmer qu'après les Ktats de 1451 les sires de Pont
jusque là barons furent dits barons anciens ou hauts barons
est une autre erreur, dont la preuve est faite par les sires de
Pont eux-mêmes.
Aux Etats de 1451, 1455 et 1402, Jean III de Pont rt^pond
à l'appel comme banneret ; et, en 1480, son fils Pierre n'a
pas et ne réclame pas d'autre titre.
11 nous faut suivre Jean III et Pierre aux Etats, voir le
rôle qu'ils y ont joué, rechercher « jusqu'à quel point ils
(1) Les Chevalier» bamertU, préface V. — t .. .0. Morice, Lobineau, le
chanoine Moreau... : je les ai en suspicion plus que tous aulres parce
qii'ila ont trop tcril pur la sénéralitÉ pour avoir pu approfondir les dé-
tails .. > Voilà un Briet dont il est lacilc de ditendre Moreau.
(2) Les Ckevaliert bannereis, p. 4 et 5. Ci-dessous, note.
n,g,t,7.cbyGOOglC
« élevèrent leurs prétentions », et reconnaître si et comment
V ils arrivèrent petit à petit, comme on l'a écrit, â 3e débar-
■ rasser de leurs compétiteurs (I). ■
Les anciens barons réduits par Pierre II au rang de ban-
nerets se résignèrent-ils à cette diminution de dignité ? Le
procès -verbal, tel qu'il a été publié, ne mentionne aucune
protestation (2). Quelques-uns exhalèrent leur mauvaise
humeur en de stériles contestations à propos de leurs places
au rang des bannerets.
Parmi eux se trouve Jean, sire de Pont-l'Abbé et Roslre-
nen. En 1451, il prétend avoir assiette avant le vicomte de
Coëtmen ; le duc adjuge la premiè.-e place pour ce jour eu
sire de Pont-l'Abbé ; le lendemain, elle appartiendra au
vicomte de Coëtmen, et ainsi de suite jusqu'à la clôture des
Etats. En effet, le sire du Pont parait un jour Pavant-dernier
sur la liste, le vicomte de Coëtmen étant le dernier. Le len-
demain, le tour est changé (3).
La décision du duc ne satisfait ni l'un ni Tajjtre et chacun
fait ses réserves dont le duc donne acte. Quatre ans plus
tard, la question n'était pas jugée ; elle débat recommença aux
Etats de 1455 (Vannes, novembre). Leduc décida que le sire
de Pont siégerait lo premier, et le sire de Coëtmen après,
sans préjudice de leurs droits pour cette fois. Ce n'était pas
encore une décision (4).
Aux Etats de Vannes de juin 1462, Jean de Pont allait sou-
lever une bien autre question. En 1420, Charles de Rohan,
sire de Guémné, aviiit obtenu le droit de porter sur un
carreau le cercle royal du duc. Son fils et héritier était mort
(l) £m Digoudem, p. 1Î5.
{2) Il esl vrai que Gilles de Tournemine, baron de la Hunaudaye. qui
prolestera plus lard (IlSi), était malade et représenlé. Morioo. Pr. Il, 1jU7.
(3) Morice Pr. II, 1565-IMIt.
W Morice Pr. 11, 16?i-T8,
n,g,t,7.cbyGOOglC
— \i2 —
en 1457 ; le fils de celui-ci, Louis II, était mineur et trop
jeune pour remplir cet office, et Jean, sire de Pont, son
tuteur, le suppléa (1). Il marcha dans le cortège portant le
cercle royal ; en séance, il se tînt auprès du duc.
N'ayant pas siégé au banc des bannerets, le sire de Pont
y réserva sa place pour l'avenir, ce qui était de droit. Mais
il souleva une autre prétention ; et îl avait prémédité cette
réclamation, puisqu'il la fit appuyer par un homme de loi.
Appelé au rang des bannerets après le sire de Clisson. (que
le duc tient), et les 8iresdeRochefort,MontaubanetGuémené,
et avant les sires de la Ilunaudaye et de Coëtmen (2), il se
mit à réclamer la première place que prétendaient aussi les
bannerets de la Ilunaudaye et de Coètmén (3).
Quelle imprudence ! Jean de Pont-l'Abbé a obtenu pour
son fils Pierre enfant la main de sa pupille Hélène de Rohan ;
elle est à la disposition de son aïeul maternel, Jean de Mon-
tauban, amiral de France. Celui-ci n'est pas présent ; mais
comment prcndra-t-il les prétentions du sire de Pont-
r Abbé ? (A|
(1) Il s'fiRlt de Louis II de Itohan. plus tard |1485) baron de I^nvaux ;
son pËre élait mort en 14<T. Un voit que Louis II se maria en 14.VÏ. Il ne
peut s'agir que du contrnt de mariage, puisque son pfres'Ëtant marié seu-
lement en iU3. Louis II ne pouvait Hre qu'un entant. Sa sœur Hélène.
plus jeune que lui, avait, été de mfine llancËe à Pierre, héritier présomptif
de Hont-l'Atit» en Itvi, et en lii>3, on arrêtait les derniers accords du
mariage encore à (aire (Morice />r. III, 41-13 ) Pierre de Pont, seigneur
de Hnstrenen. du chel de sa m'ire, n'avait pas vingt ans, donc, en Mji, il
avait onze ans au plus.
Louis I" avait par testament donné la tutelle de ses entants au sire du
Pont. Sa veuve, Marie de Montauban. autorisée de son père l'amiral de
France, ta rÉclania. l..e duc Arthur III, par ordonnance du 3 juillet 1 1!)8,
mainlint le lestamenl Morice h: 11, 1730-31-3;,
(2) Morice, Tr. III, 7.
(3) Morice Pr. III, 10 et 11.
(4.) Y eut-il quelque dimcullé entre eux? Il semblerait puisque nous
voyons un accord intervenir relativement au mariage — IS juin 1463.
Morice. fr. 111, 4.|~4(. Pierre est dit sieur de Bostrenen, du clief de sa
mère morte ea 1456. (Mme du Laz.)
Il y avait eu autreFois une grosse querelle entre les sires de la Hunau-
daye elde Rostrenen. V. Parlement général lenu à Rennes par Jean IV en
mai 1381. Morice. t'r. II, 45U-465. Le sire de la Hunaudaye avait enfreint
une sauvegarde accordée par Monsieur (le duc) au sire de Rostrenen pour
lui, sa ramlllc et ses possessions. Le duc renouvelle la sauvegarde et com-
mande de la tenir. — 160 bas de la page, 4[ji idem, tS4 fia du 1" aliéoa
n,g,t,7.cbyGOOglC
- U3 -
Quoiqu'il en soit, les dires du sire de Pont soulevèrent les
protestations de ses deux compéUteurs ; en même temps
celles du sire de Rieux pour sa bannière de Rochefort, du
baron de Derval pour sa bannière de Rougé, du baron de
Malestroit pour sa bannière de Combourg..., Le duc les
renvoya tous se pourvoir en Parlement (l), Jean de Pont
allait mourir avant que la question fut jugée (2).
En septembre 1480, les Etats siégeaient à Vannes ; ef
Pierre, sire de Pont et Roslreiien, avait répondu comme ban-
neret. Le duc résidait près de la ville, au manoir de l'Eslren-
nic. Les Etals députèrent au duc pour le supplier de relever
la baronnie d'Avaiigour, première baronnie de Bretagne, di-
sait-on (3), en faveur de son fils naturel François de Bretagne,
qu'il a déjà (ait seigneur de Clisson. Les députés étaient
quatre évêques, trois abbés, deux barons et un banneret,
Pierre de Pont-l'Abbé. Combien cette démarche dût coûter
au jeune banneret ! 11 a sans doute hérité les ambitieuses
prétentions de son père ; il prétendait passer avant le sei-
gneur de Clisson au rang des bannerets, et il va supplier le
duc de faire monter le sire de Clisson au rang des barons !
(1) Morice, Pr. II . tlO-!1 et 1^ Mais Je duc ne leur interdil pas de
paraître aux Etats avant d'avoir un arrêt. V. note in fine.
(3) A quelle date mourut Jenn 11 ? On a dit iiSO en se fondant sur
deux actes donnés par D. Morice. Pr. III. 339 et 3J3 : — 21 scplembrc
14S0 et 23 septembre. La date du premier acte où comparait Jean est
erronée. — En ellet, dès 1477, entre le 27 mai et le II juin, on voit cilé
le «ire du l'ont ef de Rostrenen. iMorice, Pi: ILI. 3J3.) C'est rerla in enjent
Pierre, seigneur de Rostrenen par la mort de sa mère en IISG, et
seigneur du Pont comme héritier de son père.
(3) Première. ■■ pourquoi ?.., Pas parce qu'elle est la plus ancienne. Ce
titre appartient à Vitré remontant m\ premières années de xi* siècle,
anlérieure de 150 ans à t^oo, Hef donné en partage au cadet de la maison
de lAin en 1179, — M de la Bordarie, baronnies... p. LXXI, note 3.
Première, sans doute pour cette raison (il'imaginationi empruntée à la
charte, ■ parce que le seigneur deseend de la ligne d'Audren, roi de
Bretagne •. Très mal imaginé, puisque, deux lignes plus bas, l'auteur
mettra au 5' rang, après Avaugour, Léon, Fougères, Vilré, le seigneur
de Rohan qu'il dit descendre de (ionan lui-même. Moricei Pr, 11, Prélace
XXV, noie.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- ^^^ -
Maie quel crève-cœur pour lui, lorsque, sept ans plus tard,
le duc érigea en baroonies les seigneuries de deux autres
compétiteurs: la Huuaudaye et Coëtmen! Et il lui faut
reconnaître que ces deux bannerets ont mérité celte faveur
par leur fidélité au duc. Quelle folie à lui d'avoir suivi dans
leur rébellion le vicomte de Rohan, le sire de Rieux et l'in-
grat baron d'Avaugour ! Que n'a-t-il suivi l'exemple de son
neveu Jean de Coëtmen ! Sire de Pont et Rostreneu, plus
puissant seigneur que Coëtmen, il serait baron de Pont (1).
Hâtons-nous de dire pourtant que le sire de Pont-l'Abbé
revenu au duc réparait noblement ses torts en tombant avec
flon frère Vincent sous la bannière bretonne sur le champ
de bataille de Saint-Aubin-du- Cormier.
Ainsi,dans cette seconde période, la rivalité des sires dePont-
Château et de Pont-l'Abbé n'apparaît pas, et pour une bonne
raison, c'est que tous les deux sont descendus ensemble du
banc des barons à celui des bannerets. Les procès-verbaux
des Etats nous montrent le sire de Pont-l'Abbé élevant la
prétention — presque ridicule — d'être 1g premier banneret
deRretagne; il n'a pas pour compétiteur le sire de Pont-
Chàteau, mais surtout les bannerets de la Hunaudaye et de
Coëtmen ; et ces discussions cessent lorsque ces deux ban-
nerets passent au rang des barons. La défaite de Pont-l'Abbé
est entière.
En présence de ces faits comment dire : « Les barons de
Pont petit à petit arrivèrent à se débarrasser de leurs com-
pétiteurs? 0 Imagination au moins pour cette période....
Voyons la suite. J. TRÉVÉDY,
AïKien Piéiidenl du Tribunal cieil de Quimptr.
(A suture.)
(1) Au mot Trémeven (II. p. 9Ji), Ogce a écrit : < En H97 (lire HSl)
Ir terre de Co^lmen [ut ériRée en baronnie par le duc François il (qui
Âuil mort en 1488] en faveur de Jean, vicomte de Coëtmea, époux de
Jeanne du Pont, lllle de Pierre, baron du Pont, et d'Hélène de Itoban. >
Jeanne ëlail siBur de Pierre el non sa Qile. — Cf. sur ce point la ita-
tvimie de Roairemn par la CDiniesse Jégou da Lai, p. îi et 30.
n,g,t,7.cbyGOOglC
PONT-CHATEAU ET PONT-L'ABBE
AUX États bb Bretagne.
2' PARTIE fSMtïe;,
3° Période.
Sous la Royauté, (l) — ii9i-i789.
Après le mariage d'Anne de Bretagne, ie dévoûment
marqué à la duchesse contre le Roi devint un titre à la
faveur royale, La mort de Pierre de Pont-l'Abbé sous la
bannière bretonne était une recommandation pour son fils
enfant. Ajoutons que celui-ci avait pour mère Hélène de
Rohan-Guémené (2) ; et que le Roi ne pouvant (et pour de
trop bonnes raisons) avoir confiance au vicomte de Rohan,
devait chercher à détacher du vicomte pour se les attacher
à lui-même les seigneurs de la maison de Rohan.
En décembre 1492, Hélène de Rohan demanda au Roi le
titre de baron de Pont et de Rostrenen pour son fils Jean et
pour sa descendance, Charles VIII accorda la demande et dit
que la nouvelle baronnio prendrait rang après celle de
Quintin, c'est-à-dire avant les baronnies de la Hunaudaye et
Coëtmen (3).
On pourrait croire que ces deux barons protestèrent :
toutefois nous n'avons aucune preuve des réclamations de
(i) Plus exactemenl : Dqmh le mariage d'Anne de Bretagne avec
Charles VIII.
l^) Serait-ce à cause de son nom qu'oa a imagiaé que FORt-l'Abbi
passa au xv* siËcle dans la niaisun de Rohan [et de celle-ci dans ia laoïille
de Bichelieu, 7 ORèe, II. p. 474, note.
(3) li ne faut pas oublier que les rangs d'Avaugour (!}, fougères (4; el
Lanvaux (9), avaient été réservés par Kerre l[,
La baratmie nouvelle élait ainsi au 12' rang, cummc nous allons voir,
BULLBTiH ABCHiOL. DU FiNiSTÈu.— ToME XXV. (Mémoir«s). 10
n,g,t,7.cb;.Googlc
— 146 —
Coetmeu ; La Hunaudaye protesta à l'assemblée de février
1493. Mais les Etats s'empressèrent d'admettre les lettres
du Roi en leur teneur ; et firent placer le sire du Pont-l'Abbé
après le liaron de Quintin, on réservant les preuves que la
Hunaudayii demandait à faire (1). Celui-ci renouvela- t-il ses
réclamations ? Peut-être. Du moins le baron de Pont-l'Abbé
crut-il utile d'obtenir de nouvelles lettres. Treize ans
plus tard, Louis XII et Anne de Bretagne lui accor-
dèrent des lettres conlirmatives de celles de décembre
1492.
Or, un temps viendra où ces lettres royales demandées et
reçues comme une grâce insigne seront dissimulées par le
baron comme compromettantes. Klles sont un titre trop
jeune ; elles ne permettent pas au baron de réclamer une
place parmi les neuf barons anciens. En preuve de cette
prétention, il invoquera les anciennes assises des ducs,
notamment celle d'Alain Fergent de 1087 (2) ; comme si la
déclaration de Pierre 11 n'avait pas mis A néant l'assise
prétendue de 1087 ; comme s'il était démontré que le Pont
nommé en 1087 est Pont-l'Abbé et non Pont-Château [3) !
Quand il donnait à la baronnïe de Pont-l'Abbé la première
place après Quintin, le Koi ne tenait pas compte des der-
nières créations de François H ; mais il acceptait sa pensée
en ce qui touchait l'effet des réunions de plusieurs baroonies
en une seule main; et, comme François II, il faisait échec au
principe des neuf baronnies.
(1) Morice, Pr. III. 71U-750, Nous Q'avons pas les lettres de li'Ji ; elles
ne sont pas relatées in extenso dans le procès-verbal rapporté, el nous
n'avons des lettres conRrniativKS de 1505 ou l.'ijG que cette simple note ;
1 Confirmation du Roy des uiandemeLil et (rèalion du feu Roy Cliarles el
de la Reine du titre et nom de baron pour Jean, sire de Pcnl-l'Alil»^. >
Morice, Pr. III. 616.
(1) Aveu de Pont-l'Abbé (1733) au début — M. PuIr (/,« Biuoiideim.
p. \T1) avait Fait allusion à ces lettres royales. Il n'en est plus question
dans les Chevaliers bannerets. V' i' '
{3) Ci-dessus, p. 81 el sui<
..Google
- ut —
Supprimons, si vous voulez, la baronnie de Fougères qui
est et restera au domaine ducal ; comptons pour une les
deux baronnies de Maleslroit et de Derval pour le moment
réunies ; Vitré et Châteaubriant séparés par la mort de
Guy XIV (en 1486) comptent désormais pour deux. Ainsi
Pont-l'Abbé ne vient qu'à la onzième place dans la liste
suivante :
1° Avaugour, 2" Léoq, 3° Vitré, (Fougères}, 4° ChSteau-
briant, 5° Retz, 6° La Roche-Bernard, 7° Ancenis, 8° Lan-
vaux, 9° Malestroit et Derval, 10° Quintin, 11° Pont-l'Abbé.
Et Pont-l'Abbé n'aura que le 12° rang quand Malestroit et
Derval seront séparés : ce qui ne tardera guère.
Ajoutons que les deux baronnies de la llunaudaye et Coët-
men que le Roi semble oublier existent et réclameront leufs
places. Le nombre des baronnies est donc de 14... et ce n'est
pas tout.
Voici une quinzième baronnie ! Nous l'avons vu, Pont-
Château avait eu avant 1451, ainsi que Pont-l'Abbé et
nombre d'autre? seigneuries, le titre de baronnie (1}. Comme
Pont-l'Abbé, Pont-Château avait été réduit, en 1451, au rang
de bannière sans qu'il apparaisse de la protestation du baron,
en même temps vicomte de Rohan et baron de Léon.
Après la mort du vicomte (1462), Pont-Château appartint
à sa veuve Perronnelle de Maillé ; et par la mort ou la démis-
sion de celle-ci (vers 1479) son fils aîné Pierre fut seigneur
de Pont-Château. Aussitôt le jeune seigneur se para du titre
de baron dans les actes plus solennels (2). Que prétendait-il ?
Voyant les neuf baronnies dites anciennes déjà au nombre
de onze en 1480, espérait-il créer une tradition en faveur
de Pont-Château? Voulait-ii simplement rappeler le souve-
(f) Ci-dessus, p. i!t, T8.
(3) Ci-dessus, p 5î. CF. son caairat de mariage du 20 novembre 11S4
rMorice Pr. III. lil.) — Serment sur les reliques de saint Hervé, 23 mai
1497. (Mortce Pr. Ill, 788. —Son testament lï-îi Juin 1518. MoricaPr.
ill. 943.)
n,g,t,7.cbyGOOglC
— as -
nir de l'ancienne dignité de sa seigneurie 'f Toujours est-il
que cette usurpation de titre absolument contraire à l'usage (1 )
se perpétua après lui ; et que ses successeurs, de leur aulo-
rilé, et sans intervention du Roi, ajoutèrent Pont-Château à
la liste des n^w/" baronnies !
Chose curieuse ! Cette usurpation réussit. Les Etats tolé-
rèrent cette violation du principe des neuf baronnies ; et la
baronnie de Pont-Cliàteau, qui était aiins titre, allait survivre
aux baronnies de François II, même aux deux dernières que
des lettres du Roi avaient confirmées, comme nous le ver-
rons.
Bien plus, la baronnie sans titre prendra rang avant les
trois baronnies de Pierre II et avant Pont-l'Abbc ; et cette
dernière baronnie, créée pour prendre rang après Quintin,
passera avant les trois baronnies de Pierre li, et viendra à
la huitième place.
Or des quinze baronnies que nous venons de nommer, en
14U2, quatre n'apparaissaient plus aux Klats au milieu du
XVII* siècle.
Il n'est plus question de Lanvaux après les premières
années du xvi' siècle (2).
Après avoir présidé les Etats en 1597 et li)'J8, Avaugour
disparaît (3).
eux-mêmes dans les acte:). ■ Loblneau. lliit.
SMau ne porte la qualité de baron qu'aucun selpneur as s'appropriait : ce
ne fut qne dans le dernier siËcle (le xvi') qu'un s'einliaronna, de même
qu'en celui-ci (le xvir') on s'est emmarquise. > Hévin écrivant après ICHj
Ûueiifiom. p. 81, n- 27.
(3) La baronnie de Lanvaut dnnnâc en [Wi .\ l^uis Hl de llohan-
Guémené, amiral da Bretaf;ne (l41)l', ne cqnsîslDll guère q'ie dans tes
ruines du château que le nouveau naron élall autorisé à • édiller •.
(Horice. Pr. Il[ i8!-4'il.l [l s'en garda i>ien. Après sa mort I i()S', son
lils. son petit-lils. comte de Montbazon, son arriére- pet) llils, prince de
Guèmenè elduc de Moutbazon, morts en 15Î7, l.)'>7, tlill, ne paraissent
pas avoir réclamé leur prérogalive de baron
(3) Cependant Claude de Bretagne comte de Vertus et Goello [qui com-
prend Avaugnur) mort en l(i37, prenait encore le lilrc d'Avaugour,
n,g,t,7.cb;.GOOglC
— i^9 —
Le baron de la Ilunaudaye préside en 1605 et en 1610(1).
En 1621, il prend la présidence qu'il cède au baron de Pont
et de Coëtmcn {2j. Puis l'opposition des Elats aux dernières
créations de François II finit par en avoir raison au
moins pour celte époque....
Vers le même temps, en 1587, Pout-l'Abbé préside. Le
baron est alors Toussaint de Beaumanoir, vicomte du Besso.
En 1590, sa fille Hélène hérite la baronnie, et, en 1021, —
comme nous venons de le dire — les Etats sont présidés par
son second mari, Charles de Cossé, marquis d'Acigné, ot.en
même (emps baron de Coètmen.
Jusqu'à cette époque personne ne contestait le titre de
Pont-I'Abbé. Mais, un peu après, Pont-Château reparaît aux
Elats, et alors commencent des débats qui s'assoupissent
pour reprendr,' plus tard et vont durer jusqu'en 1789.
L'histoire de ces débals aurait son intérêt ; nous ne pou-
vons en dire que quelques mots ; mais nous devons montrer
Pont-Château et Pont-I'Abbé adversaires l'un de l'autre aux
doux derniers siècles, et n'admettant pas comme transaction
l'alternance dont on parle aujourd'hui.
La seigneurie de Ponl-Chateau avait passé par acquêt aux
mains de René du Cambout, soigneur de Coislin. En 1624,
Sun fils César obtient rérectiou du marquisat da Coislin avec
annexion de Pont-Chàteau ; mais ce titre nouveau ne lui suffit
pas et il réclame sa place parmi les neuf barons — ft l'ex-
clusion du baron de Pont-I'Abbé.
Il) En IfiU.). c'est René de Tournemjne, baron de la Uunaudaye. premier
mari d'Hélène de Beaumanoir, qui lua, en combat singulier (décembre
IGlHi), Tuussainl de Guémadeuc, cousia de sa femme, et rcfut de
Guciiiiideuc une tilcssiire dont il mourut en tévrier IIMIS
En l(i|0, te haron est Sébastien, marquis de Rosmadec.
I Sébastien de Itosmadec (baroo de In Hunaudayc) présida t'i
n,g,t,7.cbyGOOglC
— <50 —
Pont-l'Abbé était alors aux mains d'Hélène de Beautna-
noir, devenue veuve, qui allait mourir abandonnée. Comment
ses intérêts furent-ils défendus ? — Bien mal assurément,
puisque la demande de César du Cambout fut admise, quand
il n'avait pas de titre ! Avant 1636, il avait pris possession
de la place de baron (1).
Mais Pont-l'Abbé qui avait passé à Françoise de Guéma-
deuc, mariée au M" de Pont-Coorlay, neveu du cardinal de ,
Richelieu, ne fut pas exclu des Etats ; et, en 1651, Charles
de Grossove, comte d'Orrouer, second mari de Françoise de
Guémadeuc, les présida (2).
Avant cette date, vers 16^^, Armand du Cambout, fils de
César, était devenu acquéreur de la baronnie de la Roche-
Bernard ; en 1663, il allait obtenir l'érection du marquisat
de Coislin en duché avec annexion de la Roche-Bernard.
H va présider les Etats en 1659 et 1665 ; en 1683, c'est
Pierre, marquis de Coislin, qui préside (provisoirement) ;
en 1693, c'est Armand, duc de Coislin et baron de la Roche-
Bernard (3).
Le duc de Richelieu, filsde la marquise de Pont-Courlay,
baron de Pont-l'Abbé, et son neveu le marquis de Richelieu,
en faveur duquel le duc se démit, siégèrent-ils aux Etats ?
C'est ce que nous ne pouvons dire. En 1685, la baronnie
passa à la famille d'Ernothon anoblie par la charge de secré-
(I) 1 Entre le s' baron de Ponl-Chaïleau et celui de Pont-l'Abbé en
■ Coraouaille, il y a dispute à qui demeurera ancien baron des neuf ; el
• M. dePoDt-Cbastcauen a fait acte du possession, Il n'y a pas luogteraps.i
— Cette phrase est datée de 1ij36. — /;inérai*j-« en 'Iretagne [p. tlO , de
Mieolas du Buisson- Au benel, récemment publié par la Société des Jlibtio-
philts breton), el dont la publication lait grand honneur à MM. Maître
et de Berthou.
(3) Pour plus de détalls'sur les transmissions de Pont-l'Abbé, on peu!
se reporter à inoa article Sur ta baronnie de Pont-l'Ahbé, Ilullelin de IKUT.
(3) En sorle que l'on peut se demander si les marquis puis ducs de
Coislin durenl la présidence, en IB;i9, 16^5, lUKH et 1G9J, A la baronnie
de Pont-Chàleau ou à celle de la Roche- Bernard. Il est probable que c'est
à^ celle dernière, dont le titre n'él^iil pas contestable.
n,g,t,7.cbyGOOglC
taire du Roi. En 1746, elle était aux mains de Catherine
d'Ernothon, mariée à Louis d'Argougcs, marquis de Ranoes.
Voici vers cette époque la liste et Tordre des baronnies
alors au nombre de onze au lieu de neuf.... et se disant
toutes des neuf.
l'Ijéon, 7° Pont-Château,
2» Vitré, 8" Pont-l'Abbé,
3° Châteaubriant, 9" Derval,
4° Retz, 10" Malestroit,
5" La Roche-Bern,.rd, 11° Quiotîn.
6° Ancenis,
Or le rang a une importance majeure que voici :
Les huit premières places confèrent une prérogative que
n'ont pas les trois dernières baronnies. Les barons de Léon
et de Vitré excluent les autres de la présidence des Etats
qu'ils exercent allernalivement, l'un à une session, l'autre à
une autre (l). Entre les six possesseurs des six baronnies qui
suivent — de Châteaubriant à Pont-l'Abbé (n°' 3 à 8) —
le droit de présider se règle par l'ancienneté personnelle de
chaque baron dans sa dignité. Les trois derniers barons
(ceux de Pierre II) ne viennent qu'après les autres et dans
l'ordre des dates de leur création en 1451 [2).
(Ij Personne n'avait osé juger la question de préséance pendante depuis
ûe» siOcIcs entre les deux baronnies, Léon est nommé avant Vitré dans la
charte prétendue d'Alain Fergent et dans le dicton latin devenu la liste
otilclellc do Pierre II. Il semble cependant que si aux Etats de 1^51, Rohan
cADtesta la préséance au tomte de Laval pour Vitré, c'estquelecomte n'était
encore qu'liérilicr présamptit de Vitré. La date d'ancienneté était pour
Vitré rcmonlanl au commencement du xr siècle : Léon n'élail que le
partage d'un cadet de la maison de Léon en 1179 —Cf. Morice, Pr.
II. ir.81 — el lesA'eu/ Barons, p. I.XXI.
{■2) Je ne uientionne pas ici la siieeension spéciale aux baronnies dont il
sura piirlé plus loin Note in fiiu-.
n,g,t,7.cbyGOOglC
M. de Menou venait d'acquérir Pont-Château (1). Il pré-
senta requête aux Etats réclamant « les honneurs dus à l'un
des ueuf anciens barons ». Le marquis de Kannes fit oppo-
sition par l'intermédiaire de M. de Plœuc chargé de sa
procuration. Bien que ancienne et noble, la famille de
Menou n'avait pas l'iniluence des marquis puis ducs de
Coislin : les Etats renvoyèrent  la commission intermé-
diaire.
La commission laissa, à ce qu'il paraît, sommeiller l'af-
faire. En 1760, le 11 novembre, les Etats chargèrent l'abbé
du Laurans, membre de la commission, de faire examen des
pièces. En 1762, le rapporteur déposa son mémoire concluant
contre Pont-Château ; et les Etats admettant ces conclusions
repoussèrent la demande de M. de Menou.
Le marquis de Rannes était mort en 1748, et, sans atten-
dre la décision des Etats, sa veuve avait vendu la baronnie,
le 9 septembre 1753, à Henri Bande, fils d'un secrétaire du
Roi et qui n'avait pas encore entrée aux Etats. Il mourut
en 1757, laissant des enfants mineurs. L'aîné devenu baron
de Pont-l'Abbé moui'ut en tutelle avant le mois de juin 1762,
et la baronnie passa à son frère Jean-Georges-Claude, aussi
mineur, qui allait le dernier porter le titre de baron de Pont.
La victoire posthume du marquis de Rannes, stérile pour
Pont-l'Abbé, fut peut-être l'occasion de nouvelles réclama-
tions de la Hunaudaye et Coëtmen.
(1) M. de Courcy dit 175*. — Plus haul, j'ai proposé de lire 171i. D'a-
près rinvenlalre sommaire des archives de laLoire-InFérieure. il faut peut-
être lire (745. T. II. Série C, 3388. p. 303 en léte de la 1" colonne,— Le
mémoire daté de 174<) commence par ces mots : ■ Peu M. le comte de
Menou, paiseiseur depuit li-oit ant de cette baronnie, supplia, en 1740, de
le mettre en possession des honneurs dus aux anviens barons de Bretagne.
Instances auxquelles le seigneur de Pont l'Abbé Qt opposition. •
Sur tous les débals qui vont suivre se reporter aux cartons C S.'OO-
3^91, areh. d'ille-et- Vilaine. — Il ï a là l'objet d'une curieuse étude.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— <53 —
Les deux seigneurs avaient imaginé de demander au Roi
la confirmation des lettres du duc François II de 1487. Le
Roi accorda leur demande en 1739 ; et les seigneurs s'empres-
sèrent de présenter les lettres aux Etats en requérant leur
admission « aux droits et privilèges des anciens barons ».
Conformément aux conclusions du procureur général syndic,
les Etats refusèrentrenregistrement et demandèrent au Roi le
retrait des lettres (1). Ceci se passait en 1740-45, versle temps
où M. de Menou, se disant" ancien baron de Pont-Cliâteau b,
avait afTaire au marquis de Rannes.
Eq 1762, les seigneurs de la Hunaudaye et de Goëtmen
n'avaient pas encore obtenu leur admission ; mais ils n'en
désespéraient pas. A ce moment, le seigneur de la Hunau-
daye était Louis-Auguste de Rieux, comte de Rieux, marquis
d'Assérac, lieutenant général (2) ; et le marquis de Rougé,
aussi lieutenant général, était seigneur de Coetmen du chef
de sa femme, dernière héritière de sa maison (3). Leur cause
était commune ; ils unîVent leurs efforts ; et l'occasion leur
parut favorable ; il fallait profiter de la défaite du seigneur
de Pont-Châleau et de Timpuissance des successeurs du
baron de Pont-l'Abbé.
En 1762, les deux seigneurs renouvellent les réclamations
de 1740. Ils sont repoussés ; mais, sans se décourager, à
(1) Le seigneur de CoèLmen réclamant rei:ourut au Canseil d'Etat, qui.
très embiirrassé, semble-t-il, rendit, le 18 décembre 1715, un arrêt < en-
joignant aux barons de Bretagne de fomparaître devant lui pour faire
connaître leurs intentions en ce qui conceinait la baronnie de Coëtinen. •
tArch d'iile-et-Viiaioe. C. 3;01.)
(2) En 1761, il avait acquis des héritiers de Mlle Danycan, mariée â
Huchet de la Bédoyère, procureur générât au parlement, la lerre de Rieux,
érigée au litre de comté (en !Sli7) pour Henri de Guénégaud, marquis
de Piancy, garde des sceaun, acquéreur des Lorraine-Elbœul, descen-
dants des Rieux (brandie aio^fe]. Son lils Louis- François, liéritier en 1768,
continua les réclamations entamées par son pore.
(3) Le dernier des Coèimen (branelie cadeile) avait acquis Cofimen ^en
1737) des La Pierre de Taltiouet. acquéreurs des NeufviUe de Vitleroy,
successeurs des Cussé. Coëtmen passa i sa ÛWe, dame de Kougé En 1775,
Coëimen était à son lils, mestre de camp. — Ogée.V rrémecen, ll.83i.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 454 —
chaque session, jusqu'à 1772, c'est-à-dire au moins cinq
autres fois, ils persistent à réclamer leur titre et leurs droits
d'anciens barons (1{.
Ce n'est pas tout : animé par leur exemple, et sans avoir
trouvé le titre qu'il n'eut jamais, Pont-Château revient à
la rescousse en 1772 ; et, à partir de cette date, les Etats
vont à chaque session entendre et repousser les requêtes des
trois ohstinés réclamants.
La question était singulièrement posée. Chacun des récla-
mants revendiquait « les droits et privilèges de baron »,
comme étant a l'un des neuf barons anciens de Bretagne ».
Or la retraite d'Avaugour et de Jjanvaux avait rétabli la liste
des six barons que Pierre II avait complétée par la création
de Derval, Malestroit et Quintin. Le baron de Pont-l'Abbé,
auquel les Etats avaient donné raison contre Pont-Château
en 1762, occupait la dixième place. La liste des neuf était
donc plus que complète. Que parlait-on d'y adjoindre trois
autres noms? L'un des réclamants n'avait même pas le titre
d'érection ; les deux autres produisaient des titres posté-
rieurs à ceux des neuf premiers barons. Pour leur faire
place fallait-il éliminer les trois barons créés par Pierre 11
et en plus le baron do Pont-l'Abbé que ses lettres plaçaient
après le baron de Quintin ?
La question imprudemment posée soulevait cette objection
et devait être résolue contre les réclamants. Mais ceux-ci
avaient attiré l'attention sur le nombre des neuf baronnies ;
et leur réclamation fut fatale à Pont-l'Abbé.
En 1779, sans que d'ailleurs il apparaisse d'une délibé-
ration des Etats, VAlmanach de Bretagne, qui avait un carac-
tère semi-officiel, publia l'indication qui suit : " Baronnies.
« II n'y en a que neuf en Bretagne et l'on ne doit pas en
(I) Ogéo, écrivant en P a conslale le dtbal pu ce
Huoaudaïe. • La Hunaudaje (ut érigce en baronnie (1j8 ) Les ElaU
dispulenl aujourd'hui cette prciogative ■ \ PUdeln 1 2^9.
n,g,i,.r,.h,G00glc
— 455 —
• supposer un plus grand nombre. Ces baronnies sont :
a Léon, Vitré, Châteaubriant, Retz, La Roche-Bernard,
« Ancenis, Derval, Malestroit, Quintin » (!}.
C'était revenir à l'état de choses créé par Pierre II, trois
siècles auparavant.
II n'est plus question des créations de François 11, de la
création de Pont-1'Abbé par le roi Charles VIII, et de la
création de Pont-Château par le baron lui-même.
Il n'apparaît d'aucune protestation de Pont-l'Abbé ; mais
La Hunaudaye, Coètmen et Pont-Château ne tinrent aucun
compte de l'avis ; et jusqu'en 1782 au moins, ils continuèrent
à réclamer les droits et privilèges des neuf anciens barons.
On a dit que « des deux baronnies de Pont-Château et
Pont-l'Abbé il ne restait plus, en 1789, que des préten-
tions « (2). Restait-il même des prétentions à Pont-l'Abbé ?
N'est-ce pas simplement à titre de souvenir que le rédacteur
d'un acte donnait à Jean-Georges Baude le titre de « sei-
gneur de l'ancienne baronnie de Pont, première et seule
baronnie de Cornouaille ? « (3)
Jean-Georges Baude aurait-il marqué ses prétentions en
prenant ce titre fastueux dans ses aveux au Roi ? On en peut
douter. Mais ce qui ne peut faire de doute, c'est que, pas
plus qu'aucun de ses prédécesseurs^ il n'a réclamé le titre
récemment imaginé pour lut « de fondateur et non de préé-
minencier dans la cathédrale de Quimper " (4).
Le baron ne pouvait prendre ce titre contradictoire : il
savait que le fondateur est toujours premier prééminencier.
Au contraire, il réclamait des prééminences, il les avait ; et
(1) l^s Neuf bai-onnUs, p. IV. note !,
(2) Annolaleur d'OKéo (dernior ûliniia) V" Pont-l'Abbé. II. 375.
(3) Areu du i juillet 17S1 Hcmarqueî que le titre de baron dénié par
VAlmanach de Bi-etoyne en 177!! est donné A Geoi^es Baude dans la liste
des émigrés. — Sur la bai-oitnie de l'ont-l'Abbé. p. 410-ill, Bulletin de
1807.
(1] Les CUvaUen-Danneiels. p. 1, note in fim..
n,g,t,7.cbyGOOglC
— iU —
aujourd'hui encore en entrant dans la belle église nous
voyons briller aux vitres de la nef et du transept l'écusson
d'or au lion de gueules des barons de Pont-l'Abbé. Quant
au litre de Fondateur, comment l'aurait-il réclamé? Ce titre
appartenait sans conteste au successeurdesducsde Bretagne,
Sa Majesté le Roi de France t
Nous avons suivi les deux baronnies de Pont-Château et
de Pont-l'Abbé aux Etats de Bretagne, aux temps antérieurs
à la déclaration de Pierre II, touchant les « neuf anciennes
baronnies, » ■ sous les règnes de'Pierre II et de ses deux
successeurs, — sous la royauté française.
De l'exposé qui précède résultent les faits suivants :
1" Avant 1451, jl n'a pu se produire de compétition entre
les deux barons puisque tous les deux siégeaient aux Etats ;
2° De 1451 à la fin du duché de Bretagne de même,
puisque les deux seigneurs étaient devenus bannerets ;
3° Sous la monarchie, vers 1636, l'usurpation de Pont-
Château fut tolérée ou admise par les Etats, mais Pont-
l'Abbé n'en fut pas exclu ; et les deux barons siégèrent
ensemble ultérieurement ;
4° Le débat s'engagea plus sérieusement au xviii= siècle,
quand un nouveau seigneur de Pont-Chdteau réclama place
aux Etals a comme un des neuf anciens barons » et que le
baron de Pont-l'Abbé s'opposa à cette demande, qui fut
repoussée (1746-1762) ;
5° Il n'y eut jamais alternance de siège ni de voix aux
Etats entre les deux baronnies ou seigneuries.
Cette alternance aurait-elle existé entre les villes de Pont-
Château et Pont-l'Abbé députant aux Etats ? C'est ce qu'il
nous fout rechercher.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Dans Les Chevaliers bannerets du Pont, M. Puig publie
sur u les neuf baronnies de Bretagne » et sur la déclaration
de Pierre II, en 1451, un système nouveau qui soulève plus
d'une objection. A ce propos, j'ai marqué plusieurs renvois
dans les pages qui précèdent : je vais m'expliquer sur les
points signalés.
Mais auparavant qu'une double observation me soit
permise.
M. Puig a écrit : Préface des Chevaliers bannerets, p. V} :
a Je ne cite qu'à coup sûr. » En quoi il se trompe, comme
nous allons voir. Mais combien vérifier ses citations est
difficile ! Il aurait voulu (ce qui n'est pas) dérouter ou au
moins décourager le lecteur qu'il n'aurait pas fait autre-
ment.
Que de renvois énigmatiques (2), que de renvois inexacts !
Exemples : P. 10. Renvoi au T. VI de D. Morice : or Morice
n'a que cinq tomes ainsi numérotés, 1, 2 (ffisl.) ; 1, 2, a
{Preuves). — P. 4. « Voir l'acte au 2' vol. de l'histoire de
Bretagne, p. 2«4. » Lisez r T. Il des Preuves de D. Morice.
Préface, p XXV.
[1; C'esl A celte note qui; se râlèrent les renvois indiqués ci-dessus aux
pages 131, 136. MO, liti, loi, IJâ.
{i) J'appelle énigmaliques des renvois â des volumes de huit et neul
cents pages sans indication de la page. Ex. : D'Argentrë, Histoire de
Bretagne ; Histoire de Bretagne (sans nom d'auteur, c'est D. Morice?, liv.
m, liv. IV; — et les citations de documents sans indication du lieu où
ils se trouvent, comme Mémoires de ilolac. Mémoires de Tournemine,
Archioei du CItàteau de Nantes, llisl. yen, de la maiton de Léon, Reg.
originel d'Olivier de Cosllogon, etc., etc. — Heureusement que nombre de
ces documents se trouvent par extraits aux Preuves de D. Morice, —
Pourquoi ne pas tout simplement citer la colonne des Premts ? De même
les Comptes de cliancdlerîe et les Itegistres des Etais consultés sans doute
aux Preuves de D. Morice .
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ 4ol
Après plusieurs renvois à l'hisloire de D. Morice, on lit
p. 16 et 17, ce renvoi i " Preuves du téme XVIII.... du tdme
XIX de l'hisloire de Bretagne, n D. Morice n'a pas, comme
Lobtneau, distribué ses preuves entre les livres de son
histoire. Nous voilà donc renvoyés à Lobineau, sans autre
indication (1).
P. 34. L'auteur cite le chanoine Moreau ; mais il le cite
inexactement. En elTet il rapporte au temps de la Ligue, en
1590, l'invasion de Quimper par les paysans des Montagnes
noires. Or Moreau fp. 15 et 10, 1" édition) rapporte ce fait
à 1489 ou 1490, date exacte (2).
P. 38. Kenvoî à D. Morice, p. III : u Journal de Jérôme
d'Aradon, i organe de la Ligne à Rennes et aux environs. «
— Quoi ! Est-ce que le seigneur de Quînipily, gouverneur
de Hennebont, publiait un journal ofliciel de la Ligue à
Rennes, ville fidèle au Roi ? — Or le journal d'Aradon
a été publié par D. Morice dans le tome II de son Histoire
parmi les suppléments aux Preuves (p. CCLVIIi àCCLXXVl).
La phrase est empruntée au Journal de Jehan Pichart,
notaire royal et procureur au Parlement de Rennes, aucu-
nement ligueur. C'est son journal que Morice a publié au
tome III des Preuves, col. 1G95-1758. (Voir colonne 1742.)
il) Ail lien de T. XVIII ne laul-ll pas lire XIV ? U (ait cité (qui o'a
d'ailleurs aucun intérêt) eal de 1405. Celle dal«eat comprise au livre XIV-.
(3) 11 est imprimé HS'3 ou 1430, Faulc d'impression cerlalne. La dale
est 1490 juillet : elle est donnée par le comple du miseurde Quimper
(Arch. du Finistère, série F.;, payant des travaux importants de délense
faits par la ville. — Cf ma Promenmie dans Quimper, p. 13 {1885'.
A la mSnie page 3i, M Puig parle de Pont-l'Abbé assiégé par l'armée
royale en 1588, du baron de Pont (Toussaint de BeaumonoirJ i laissant se
rouiller son épée de ligueur, - liésilanl à prendre parti — se tenant dans
une inaetiïité d pi ble en 159 •; - mais (p. 37j M. Puig se démentant
nous montre lleaumano alTirmant ardent partisan de Henri IV,
suivant le prin d Domh à Ancenis, blessé et mourant de sa bles.sure. >
Ce tait est pla p un f l de 1597 ; mais (p, 3.1) il est dit que Beau-
manoir mourut le 1 n ra JU Dale vraie.— Conclusion ; la page 34 est
i, effacer toute enl ère
n,g,t,7.cbyGOOglC
— <39 —
Mais voici une citation qui est une énigme. P. Puig cite
très souvent le msct {manuscrit} de Redon. Qu'est-ce que ce
manuscrit ? P. 8, M. Puig s'explique : Manuscrit du monas-
tère de Sainte-Mélanie de lîedon. Qu'est-ce que ce monastère
jusqu'ici inconnu ? Tout le monde connaît l'illustre abbaye
Saint-Sauveur de Redon ; quel rapport entre les noms
Saint-Sauveur et Sainte-Mélanie ? — Mais il y avait à Rennes
la célèbre abbaye de Saint-Melaine. M. Puig aurait-il
vu ce manuscrit cité en abrégé : Msct. sanct. Melan. Ited. 1
Aurait-il traduit Sainte-Mélanie au lieu de Saint-Melaine ?
et aurail-il interprété le mot Redonensis par de Redon,
quand il veut dire de Hennés ? De Redon se dit en latin
Rotkonensis du vieux nom du lieu Roton.
Mais autre question ? Qu'est-ce que ce manuscrit de
Saint-Melaine de Rennes ? (1) Mystère !
En voilà assez pour démontrer que M. Puig ne cite pas
toujours à coup sûr. Nous pourrions multiplier les preuves
do ce fait.
Avant de citer certains passages de M. Puig, il faut, sous
peine de n'être pas compris, présenter une seconde obser-
vation.
M. Puig emploie comme synonimes les mots baron, ban-
neret et même le mot bachelier.
[1] On trouve à lit table alphabétique des manuscrits de la Bibliothèque
nationale : • Hétanie S" thistoiie de l'alibaye ile> • N° 3!13.')f) du fonds
français, 86 a des Blancs Manteaux. Ce manuscrit donne (l" 1 à bi) une
brève histoire (te l'abbaye Saint-SItlaine de Reanes ; mais il ne contient
que 71 (olios, soit li^ pages. Or M. Puig cile les pattes STti (p. 6^ 373
(p. 8), -Sfii (p. 9) ; donc aucune identité entre ce manuscrit et la pièce
Aucun rapport non plus entre le manuscrit cité et te Cartiilaire de Salnt-
Melaine. Le cartulaire est un recueil de cbartes des xir et xtii* siècles,
'■ Iranscriplcs l'an de grayce mil 1res cens et quarante et (|ualre •. Il
contieol 2?G feuillets. Il se trouve à la bibliothèque de Rennes où je l'ai
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 160 —
La synonymie des deux premiers mots s'allirine même
dans le titre Les chevaliers-bannerets. Voilà le mot baime-
rets employé en parlant de seigneurs qui tous, sauf un,
Pierre (1475-1487), ont eu le titre de barons ; et M. Puig
donne ce litre à Ions même à Pierre [p. 19 et 21). Donc pour
lui baron et banneret sont synonimes (1).
Erreur singulière dont la lecture d'un seul procès-verbal
des Etals aurait dA sauver M. Puig ! Le duc fait appeler
d'abord aux baront et, quand ils ont pris place, il fait
appeler atix bannered qui ne siègent pas au banc des
barons.
Autre question : Les seigneurs de Pont barons ou banne-
rets étaient-ils donc tous chevaliers ? Le titre chevaliers-
bannerets donnerait ù le croire. Or des 24 chevaliers-ban-
nerets compris dans la généalogie, quinze sont postérieurs
au début du xvi* siècle, époque où Ton n'arma plus de che-
valiers (2); et de leur neuf prédécesseurs un au moins ne
fut qu'écuyer (Geoffroy} (3), et nous n'en trouvons qu'un
(t) M. Puig nelienl compte ni de quelques prérogatives de justice appar-
tenant aux DaroDS iieul« comme ies patibulaires à lÙDOd, la c connais-
sance du (eu • (ciiap. I4>. T A C ) el art 50 N. C ; ni surlout — ce
qui est autreuieni iraportani — de l'allribution à l'ainè de la baronnie
entière sauf apanage aux cadets, principe posé au cliap. ?09, T. A. C. et
qui est resté jusqu'à la fin dans i'ariicie jV2 de la N. C.
Cr, Duparc-Poullain. Coulamu, lli. iiMl et suiv, el p. 306-307, Coulume
'abràeée, — et surtout la très curieuse consultation d'Hévin (n-* Set suiv.
p. 399 et snivanles des Questions fèodalet.
(î) Peut-être laul-il reculer un peu cette date ? Le roi François l"
voulut être armÉ chevalier par Hayard, au lendemain de Marignan (M
septembre 1515) Son fils Henri II fut armé étant Itoi, donc après 1517.
• C'est, dit .M. Coullon de Kerdeilec'h, le dernier roi armé cnevalier. •
Le savant auteur dit aussi Ip. T3) que, ii partir de cette époque, • le
litie de chevalier est sans valeur à moins qu'il n'indique un cnevalier de
l'ordre du Boi i Cependant on voit Henri 11, par lettres de mars IS.ifi,
créer chevalier Pierre de la Marzelière Morice, Pr. III. 1181); et d'Hozier
explique qu'il s'aait • de chevalerie nnrc et simple >. CMaiAiers dé SaaU-
Uiclitl. p. 243.
(3) Traité de mariage de son fils avce Mahaut de Léon, 13IS (Morice.
Pr. IL 1^81.) (lellruï aurait pu prendre le titre à'écuyer-banneitl que l'on
rencontre souvenu Ex. En I iOfi. Jean de MonHort, époux d'Anne, héritiers
de Laval, et ayant, à ce titre, pris le nom de Guy (il sera Guy Xllt', a le
litre i'écuyer-bannr.j-et et Tait montre de quatre chevaliers bacheliers,
douze êcuyers, etc.
— iu —
auquel soit donné le titre de chevalier : c'est Hervé IV, tué
à Saint-James de Beuvron en 1426 (1).
C'est qu'en effet le titre de chevalier purement militaire et
personnel ne tient aucunement à la seigneurie.
Le titre Les cbevaliers-bannerets est donc doublement
inexact et est fait pour surprendre tout lecteur un peu
attentif.
Mais une cause de surprise non moindre c'est l'emploi du
mot bachelier au sens de baron et banneret.
P. 13. a En 1386, nous trouvons (le baron de Pont)
V nommé après d'autres gentilshommes bacheliers. » —
[D'autres.... c'est dire que le baron de Pont lui-mâme est
bachelier !) — Et quels sont ces autres bacheliers nommés
avant Pont-1'Abbé ? Voici les trois premiers :
« Le vicomte de Rohan et Léon, le sire de Montfort et
s la Roche-Bernard, le sire de Rieux et d'Ancenis. »
Bacheliers, ces grands seigneurs, les plus puissants de
Bretagne avec le sire de Laval, sire de Vitré, et dont les
possessions féodales s'étendent sur 178, 85, 64 paroisses ! (2)
Qu'est-ce, auprès de ces prétendus bacheliers, que le che-
valier-banneret ou baron de Pont-l'Abbé avec ses neuf
paroisses ? [3j En réalité les neuf prétendus bacheliers
(1) Le titre de miles (chevalier) lui est donné dans son acie d'obit au
nécrolc^ de Salat-Pran(ois de Quimper.
Selon toute apparence, Hervé III que M. Puîg appelle le plus grand de
nos barons) n'étaii pas chevalier en 13j5. (Morice, Pr. I. ISOi.)
(2) Ces chiffres sont au-dessous de la réalité. Je ne puis compter que
les prïnàpaUa seieneuries. Ainsi :
\' Jean 1 possèue : Rohan, 8| paroisses; l^on et annexes, 97; en tout
178 paroisses.
2* Jean 11 de Rieui, maréchal de France, seigneur do Rieux, IS pa-
roisses, et par sa femme, Jeanne de Rochefort (|374) : RocheCort, 14 pa-
roisses ; Ancenis, 19 ; Ch&leauneuf, î.") ; Donges, i'î ; en toDt 8j paroisses.
3' Raoul VIII, seit;neur de MonlForl, 4U paroisses ; et par sa femme,
Isabeau de Lohéac iVitii) : La Roche- Bernard, H; et Lobéae, 10; en tout
ôi paroisses,
(3'i En diaant neu/' paroisses, je dis trop.
Les neuf paroisses sur lesquelles le baron de Pont réclamait la supério-
rité en 173^, sont comprises aujourd'hui dans huit communes du canton
de Pont-1'ADbé cl une du canton de Plogastel-Sainl-Germain. En 13S<i, le
Def de Pont-1'Âbbé était moins étendu.
BaLLBTIN ARCHâOL. DU FlNISTÈBK.— TOUB XXV. (HélUOireS]. 11
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 462 —
nommés avant le sire de Pont étaient, en 1386, barons au
même titre que le baron de Pont ; cinq de ces neuf sei-
gneuries auront titre de baronnies aux Etats de 1451, trois
autres seront possédées par des barons ; et la neuvième (La
Hunaudaye) deviendra baronnie, en 1487, avant Pont-
l'Abbé (1).
Donc, à partir de 1451, les possesseurs des buit premières
seigneuries, et, à partir de 1487, le seigneur de la Hunau-
daye sont appelés aux Etats comme barons, c'est-à-dire,
selon la pensée de Pierre II, comme chefs de la noblesse
bretonne.
Ces observations faites, examinons ce que M. Puig dit
des baronnies de Bretagne.
M. Puig écrit (p. 4) : « Nous ne devons pas perdre de vue
a que les Etats tenus à Rennes (lire Vannes} en 1451, furent
a les premiers où l'on commença à faire mention du nombre
a fixe et du rang des neuf barons. «
Ainsi, avant 1451, il n'était question ni des neuf barons
ni du rang qu'ils auraient eu entre eux.
C'est très bien dit ! Mais la recommandation que l'auteur
(I) Voici les neuf seigneuries dont les possesseurs sont nommés en I3â(i
el leur situation en 14^1. — Cinq sont nommémenl baronnies; trois
appartiennent ù des barons; une {Lx Hunaudaye) deviendra luronuie
Léon,
1451 baronnie au v:comie de Rotian.
Aûcenis,
baronnie au sire de Rieui.
Quintin,
baronnie au sire de Quintin.
Dervai,
barounie à Jean baron de Dervai.
Malestroit,
baronnie â Jean de Maleslrait.
Montrort,
à la baronne de Vitré, comtesse de Laval.
Beau manoir.
à la baronne de Chùleaubriant, Françoise
de Dinan, dame de Laval.
Comboure,
au baron de Slaleslroil.
a manque que la baronnie
n,g,t,7.cbyGOOglC
- ^63 —
fait au lecteur, Il l'oublie tout aussitôt : il écrit cinq lignes
plus bas.
« Précédemment (avant 1451) le rang attribué à la ba-
t ronnie de Pont était sujet à des fluctuations. »
Donc, avant 1451, la baronnie ds Pont et de même les
autres avaient chacune un rang. Contradiction.
Mais combien, avant 1451, y avait-il de baronnies ?
Quelques lignes plus bas, M. Puig répond à la question :
il cite des passages du manuscrit de Redon qui se réfèrent à
des chartes (ou assises) de 1057 et 1087, cette dernière
connue sous le nom de Charte d'Alain Fergent (1).
M. Puig a lu la charte de 1087 dans d'Argentré et dans
D. Morice, puisqu'il nous renvoie à l'un et à l'autre |p. 4}.
Il a cru à la sincérité de cette acte, bien que la main du
faussaire s'y révèle maladroitement. Or la charte nous donne
les noms et le rang de neuf baronnies, et les voici : 1° Avau-
gour, 2' Léon, 3° Fougères, 4" Vitré, 5» Rohan, 6° Château-
briant, 7° Retz, 8° Le Pont, 9" La Roche- Bernard... De plus
Ancenis qui, selon quelques-uns, devrait excluant le Pont
prendre la neuvième place (2).
M. Puig admet, comme nous verrons, Ancenis et le Pont;
mais lequel ? Pont-Château ou Pont-I'Abbé ? 11 ne se pose
(1) M. Puig auraJl-il vu la charte de 1057 ? J'en doute puisqu'il oe cite
pas l'aateur qui l'a donnée. C'est Le Baud {llitt. p. S0l-30â).
Le Baud intitule ainsi la charte : ■ Acte qui est rapporté à la lin d'un
livre manuscripl contenant les anciennes coustumes de Bretagne et appa-
roist escrit il y a plus de 1 1 [ cents ans. >
En quoi il se trompe. Il Écrivait après 1498; et la cliiuU n'avait pas
deux si,Ècles d'existence. La preuve c'est qu'elle donne pour baron le sire
de la Roc lie- Bernard et Lohéac : or le premier qui ait pu avoir ce double
litre est Eudon de la Hoche- Bernard qui Épousa Hermine, héritière de
LohÉac, en it%. — Voilà la marque du taux.
Cette charte est une imitation ou traduction de la charle de 1087. [Lei
neuf baronniei, LXIII.) ~ Les deux sont presque identiques. En 1057, le
Pont est nomniÉ le ?■ ; en 1037, le S* ; mais toujours au milieu des baron-
nies de l'évtehè de Nantes, et en concurrence et allernance avec Ancenis,
[i) NoDs avons donné cette liste ci-dessus, p. 8U.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^64 —
pas la question ; pour lui le Pont, bien que nommé au milieu
de quatre baronnies du pays nantais, est de toute évidence
Pont-l'Abbé.
Voilà donc les neuf seigneuries ùnumérées en 1087, au
nombre desquelles Pont-l'Abbé, et leur ordre dans lequel
Pont-l'Abbé tient la huitième place. Comment donc, l'auteur
disait-il tout à l'heure, qu'il n'était pas question du nombre
et du rang des baronnies avant 1451 ?... Poursuivons....
P. 11, M. Puig écrit : » Le baron de Pont signe, en 1365,
comme un des neuf barons de Bretagne, — en 1366, etc. ».
Imaginations ! Lisez les textes, vous reconnaîtrez aussitôt
que le sire de Pont comparaît à ces actes comme seigneur
de Cornouaille, au même titre que l'évéqve, les sires de Ros-
madec et du Juch et le vicomte du Faou (1).
P. 13. u Son titre de banneret devait le placer dans les
ï neuf premiers barons près du duc. Or, aux Etats de 1386,
a nous le trouvons après d'autres gentilshommes bacheliers,
B le vicomte de Rohan et de Léon.... le sire de Rieux et
H d'Ancenis.... b II ne vient qu'en dixième rang. « Le haut
" baron se plaignit-il, ou le duc lui rendit volontairement
a (spontanément) justice ?... Aux Etats de 1387à Rennes (2),
B nous le trouvons mentionné à son rang de banneret ; et la
(1) Morice, Pr. I. 1603-lfiOi et suiï. (Il août 1365).
M. Pulg dit qu'il signe après l'évÈque, « c'est-à-dire deuxième après le
duc. t C'est vrai; mais pourquoi 7 Parce que les signataires, l'ëvêquc de
Cornouaille, les sires de Ponl, de Rosmadec, du .lucli, le vicomte du Faou,
sont rangËs dans l'ordre géographique de leurs possessions maritimes 1
M. Puig nous montre le sire de l>ont signant comme l'un des neuf
hauts barons ces actes : 1° Lettres du i9 lévrier 13jj sur les fouaces.
(Morice, Pr. 1, IIKW). Erreur. La lellre n'est signée que pour le duc en
laveur du site de Laval ; — 3' nouvel impôt sur le clergô de Cornouaille ;
— •i" droits sur tes poissons, Froments, etc. Ces deux actes n'en (ont qu'un.
(Morice, Pr. 1 IliOJ-lGOi); — 4" lettres données à rnijbè de Redon
(Morice, Pr. I. 1008) signées par le duc en son conseil. — Donc l'acte du
11 aoQl 13G5 seul porte le seing du sire de Ponl.
(ï) Lisez Varmes. Les Etats de l4âT sont célèbres : ils se terminèrent
par l'attentai du duc sur le connétable de Clisson.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— «5 —
a Chronique de Saint-Brieuc le place après le sire de
a Quintin.... » A quel rang? — « C'est-à-dire au cinquième
« rang. * (p. 4).
Erreur ! J'ai sous les yeax la. Chronique de Saint-Brieuc
[Pr. 1. 59) : Pont l'Abbé vient après Quintin ; mais Quintin
est à la neuvième place et non plus à la quatrième, comme
en 1386 : donc Pont-l'Abbé est encore à la dixième place. .
P. 5. u Mais depuis la donnée de ces assises (de 1057 et
a 1087}, les titulaires de ces seigneuries (les neuf baronntes
« nommées dans la charte'de 1087} avaient rendu des ser-
a vices plus ou moins considérables, dont il y avait à tenir
B compte. Le droit de préséance était déplacé ; et la mesure
a prise aux Etats de Rennes (lisez Vannes) en 1451 s'impo-
« sait afin de bien délimiter l'ordre donné aux chevaliers-
a bannerets dans les cérémonies ducales.... (1) i Toutefois
« le duc crut utile de créer les trois nouvelles baronnies de
u Derval, Malestroit et Quintin.... (2)
(I) Chevaliefs-bannerels — lyoi» «ouvelles baronnies.... nouvelle preuve
de la sjnonjmie dos mois banneyels et harons.
(:2} AI. Puîg a mis co aotc de la page 6 ce» créatioDS de baronnies :
I 1" Par acte du 10 mai l-iâl, eo lavcar de Jean de Laval (lisez de
Derval, ;
I ^' En Faveur de Jean île Malestroit, sire de Lar^l, par acte du 21
mai H5\ ;
• 3' Eu faveur de Tristan, sire comte) de Quîulin, par acte du SS
(lisez 231 mal 1451 ;
1 4' Rétablisse menl Je h baronnie de Lanvaux. en tavcur d'André de
Laval, sire <el maréchal) de Lobéau, le 17 janvier HSd, lire le li mars
1*03. {Lobineau, llist.. p. lilK), et Morice, Pi: III. 480. note marginale],
!.£ 4 janvier U8ri itiii n. s.), le duc lait don à Louis de Laval, seigneur
de Chatillon, du radial dû à raison du décès de son frère Lohéac. (Lobi-
neau, llist. p. 755.) Il était donc mort avaol le 17 janvier 1485 (I48G,
D. s.. La baronnic avait été du consentement de Lobéac transférée â
I^uis II de Eoban, sire de Guéméné, par acte du 11 septembre 1485.
iMorice, l'r. lU. 48ii) La date donnée par M Puig (17 janvier 1485
(1 tHO n. s ] est celle de l'iiommage tait au duc par le nouveau baron ;
< 5* Erection de Coëtmen le 5 septembre 1487 [lisez ti septembre) ;
( (i" Erection de la Hunaudaj'e, le G septembre.
Les deux érectioni sont du même jour ; si celle de Coëtmen avait été
d'un jour antérieure, le due n'aurait pu donner le pas k la Hunaudaye
sur Coëtmen (Morice, M 111 .i.jl-i5."))
M. Puig a omis l'érection d'Âvaugour. dit première baronnie de Bre-
tagne, par acte du U septembre 1 i«0. (Morice, l'r. lll 368-370 ) Mai^ il
nommera cette baronnie un peu plus loin |p. lU et ?<l)
Voilà bien des inexactitudes.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^66 —
Voilà qui est bien clair ! Pierre II n'a qu'à replacer le
droit de préséance, à établir un ordre nouveau entre les
baron ni es ; mais, sauf les trois « qu'il croit devoir créer n,
les baronnies ne changeront pas et resteront au nombre de
neuf, au nombre desquels Pont-l'Abbé.
M, Puig va nous montrer toute autre chose !
P. 4. tt Voici, d'après plusieurs documents que j'ai con-
■ suites à la Bibliothèque nationale, un abrégé de l'ordre
1 de préséance accordé aux barons du Pont aux Etats... ; «
■ les neuf barons déclarés anciens sont par ordre :
Rochefort, Monfort, Ponl-1'Abbé,
Ancenîs, Chastillon, Pallais.(2}, »
Derval et Rongé (1), Quintin,
Montafilant, Combour,
Comptons Derval et Rougé pour une baronnie. Voilà
pourtant (fii baronnies au Heu de bcm/; et, de toute néces-
sité, il nous faut ajouter à cette liste déjà trop longue, une
des trois baronnies créées à la veille des Etats de 1451,
Malestroit. Voilà donc onze baronnies au lieu de neuf.
Sur cette liste figure Châtillon qui ne peut être que Châ-
tillon en Vendelars, simple châtellenie sous le fief de Vitré ;
Châtillon n'a pas été baronnie même avant 1451. Or, laissant
le pas à Châtillon, Pont-lAbbé figure en rang bien modeste,
le neuvième.
Encore ce rang ne lui appartient-il pas ! D'après ses lettres
d'érection, Malestroit a rang avant Quintin qui précède
Pont-l'Abbé. Donc l'addition nécessaire de Malestroit à la
(1) Hougè {.baroDDie avant 1 'i5l), fiel de la baronnie de Châleaubriant
(non admise pnr M. Puig) ne lui plus que bannière après 1451. La sei-
gneurie passa en IllKI à Derval; et le baron de Derval réclame poui
Rougé la première bannière, en contestant ce titre à Pont-l'Abbè, Étals
de 1462. (Morice, Pr. III. 11.)
(!) Apparemment le Paltel, aocienne mais médiocre seigneurie du comlé
de Nantes, baronnie avant lii!, et qui est entrée dans ta composition du
marquisat de la Galissonnière, en liiiS. Oéog. féod. p. 10J.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— H7 —
liste recule Pont-l'Abbé au onzième rang. — Voilà donc
Pont- l'Abbé exclu des neuf baronnies par M. Puig lui-même,
comme en réalité le Pont en fut exclu par Pierre II I
Mais le seigneur de Pont-l'Abbé aurait mauvaise grâce à
se plaindre. 11 est exclu du banc des barons et refoulé au
banc des bannerets en trop bonne compagnie, avec les plus
grands seigneurs de Bretagne, le vicomte de Rohan et Léon,
le comte de Laval, sire de Vitré par sa mère et de Ghâteau-
briant du chef de sa femme, etc.
I^a vérité est que sur cette liste, sauf les trois baronnies
nouvelles créées par Pierre II, il ne se trouve qu'une seule
baronnie, Ancenis, déclarée ancienne aux Etats de 1451.
En sorte que la liste donnée par M. Puig est une révéla-
tion : elle dément le di':tum latin que M. Puig ne semble
pas connaître, la charte d'Alain Fergenten vertu de laquelle
Pont-l'Abbé aurait été baronnie, dès 1087, enfin la décla-
ration de Pierre H en 1451.
Qu'est-ce donc que cette liste ? C'est une liste quelconque
de seigneurs, barons, bannerets et simples châtelains, qui
semble postérieure à l'année 1400, date de la réunion pour
un temps de Derval et Rougé. — Non ! cette liste a été
composée par M. Puig (lui-même nous l'apprend) a d'après
plusieurs documents de la Bibliotbèqae nationale. »
Quels documents ? Nous serions curieux de les connaître,
non pour aller les consulter, mais pour en écarter les cher-
cheurs que nous renverrions aux procès-verbaux des Etats
de 1451 et 1455. [Morice, Pr. 11. col, 1564 et 1670.)
Cette liste est une nouvelle surprise. Combien de personnes
en Bretagne qui n'ont jamais ouvert uue histoire de Bre-
tagne ont entendu pourtant la fable des neu/" baron nies avant
1451, et M. Puig dresse une liste de onze ! Les mêmes ont
entendu parler de ce procès interminable entre les deux
! Léon et de Vitré, à propos de la présidence
D,g,l,..cbyGOOglC
— 468 —
des Etats; et M, Puig n'admet pas les seigneurs de Léoa
et de Vitré au nombre de ses anciens barons !
Et quand Pierre II, de propos délibéré, et, quatre siècles
et demi après lui, M. Puig, par inadvertance, ont destitué le
seigneur de Pont du titre de baron qu'il avait la veille des
Etats de 1451, M. Puig écrit (p. 5} ; « De là cette dénomi-
u nation de haut baron ou baron ancien, sous laquelle figu-
reront désormais les barons de Pont. •>
Eh ! non ! Et c'est le seigneur de Pont qui dément ici M,
Puig. En 1451, en 1455, en 1462, Jean II du Pont et de Rostre-
nen répond à l'appel de son nom comme banneret ; il se met
à réclamer avec une insistance dign.; d'une meilleure cause
la première place au rang des bannerets ; et il meurt sans
l'avoir obtenue. Son fils Pierre répond aux Etats comme
banneret ; et, restant banneret, voit monter au rang des
barons trois des compétiteurs de son père à la première
bannière, François de Bretagne, seigneur de Clisson, devenu
baron d'Avaugour. et les seigneurs de la Hunaudaye et de
Coëtmen qui vont devenir barons (1).
Et la preuve authentique de son erreur, M. Puig doit la
voir : elle est dans les lettres du roi Charles VIII sollicitées
par Hélène de Rohan, veuve de Pierre, et érigeant ta ba-
ronnie en faveur de son fds, en 1492. On ne crée pas ce qui
existe déjà (1).
Voilà en abrégé ce que nous avions à dire de la théorie
des neui baronnies anciennes de Bretagne inaugurée par
(1) On voit eomhien il est ineisct de dire avec Puig (p. 4) : o Tous les
barons du Pont apportéreoi lii mâme intraitable ténacité dans la revendi-
cation de ce titre {do baron). «
(1) H. Puig a tait allusion â cette création i vers 1491 >, dit il, page
173 des Bigoudens. Dans Lfi çhevalierii bannerels, il n'en est plus (juesïion.
— M. Puig parle de l'acte de 14U1 comme d'une sorte de confirmation de
la baroQDle : il s'agit bien d'une ci-éalion un l'iDS. Ci-dessus, p. lt(l.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^«9 —
M. Puig. Mais que d'autres erreurs dans \i:s Chevalier s-
bannerets !... Je ne signale qu'un point :
M. Puig a écrit dans sa préface (p. VIII) ; " J'ai tant glané,
a tant peiné, que je défie quiconque de pouvoir refaire une
a chronologie (des barons de Pont-I'Abbé) plus exacte que
« celle ci après,.. »
Nous acceptons le déli ; et un jour nous proposerons —
avec preuves à l'appui — quelques rectifications à cette
J. TREVEDY,
Ancien Président du Tribunal civil d
(A suivre.)
n,g,t,7.cbyGOOglC
XIV.
LES SÉANCES DU CONGRÈS DE 1 8H A LA SORBONNNE
NOTES ET IMPRESSIONS
PAH l'abbé Antoine FAVÉ.
Dès le 18 avril, un chroniqueur parisien signalait l'arrivée
des délégués des départements : i Le Congrès des Sociétés
savantes qui vient de s'ouvrir, disait-il, fait venir à Paris
un type curieux, bizarre et digne d'observation : c'est le
savant de province ». Ce bon savant qui sait que s'il vaut
quelque chose c'est précisément parce qu'il aime et cherche
à mieux connaître sa province, payait d'uu sourire de bon aloi
le spirituel pastiche de M. Le Conte; et d'autre part se dispo-
sait à applaudir M. le Ministre de l'Instruction publique, dans
le discours de clôtui'e, le remerciantd'être venu et lui faisant
savoir, avec beaucoup de cordialité, que la visite serait rendue.
EnefTet, M. Rambaud avait à annoncer que le Congrès annuel
des Sociétés savantes serait désormais appelé improprement
Congrès de la Sorbonne, puisque ce Congrès se tiendra à
l'avenir, dans une des villes des départements : de la Bretagne,
de Provence, de l'Artois, de la Franche-Comté, etc., et
exceptionnellement à Paris, comme en 1900, où on compte,
paraît-il, sur nous, comme un des clous de la future Expo-
sition. De cet acte de décentralisation joint au fait de la
restitution de nos Universités provinciales, semble ressortir
l'exécution d'un plan d'ensemble de réformes fécondes faites
pour amener et répandre la vitalité scientifique aux extré-
mités, au lieu de la refouler et de l'accumuler exclusivement
dans la tête.
Ces généreuses aspirations se faisaient jour dans le
discours du Président de la séance d'ouverture, M. Alexandre
.D,g,l,..cbyGOOglC
— 171 —
Bertrand, membre de l'Institut, à la grande satisfaction du
u savant de province a : « L'intérêt de la science exige, disait-
« il, que soient resserrés de plus en plus les liens qui ratla-
« chent Paris aux Sociétés savantes des départements — Sans
« vos savantes recherches dans les annales locales, sans vos
« fouilles, vos explorations, que pourraient les savants de
a cabinet ? Vous leur faites connaître tes richesses de la
« France, que, sans vous, ils ignoreraient. C'est grâce à
1 vous, grâce à vos efforts incessants, que la lumière se fait
< de jour en jour plus éclatante sur les premiers temps de
a notre histoire nationale.
« Comment ne seriez-vous pas les bienvenus ?
« L'année dernière, l'éminent président de la section
« d'histoire retraçait, ici même, un tableau saisissant des
n travaux accomplis en province, depuis un demi-siècle,
« dans l'ordre de l'histoire. U s'en félicitait au nom de la
« France. Permettez-moi de dire, à mon tour, que la France
B n'a pas lieu d'être moins fière de ses archéologues que de
s ses archivistes. Les archives que contient le sol sont plus
s riches encore que celles de nos mairies, de nos préfec-
« tures, de nos archevêchés et de nos monastères. La source
ï en est inépuisable. Or, quels progrès, sous ce rapport,
■ n'avons-nous pas faits, grâce à vous, depuis cinquante
o ans ? j)
M Alexandre Bertrand insistait avec raison sur la néces-
sité de dresser scientiliqnement et de publier largement des
catalogues de ces richesses ; elles restent parfois improduc-
tives, mais souvent par suite des résistances de toutes sortes
auxquelles se heurtent les chercheurs les plus autorisés.
Cette plainte devait se faire entendre dès la première
séance de la section d'histoire et de philologie, à l'occasion
de la 5* question du programme ; « Indiquer les mesures qui
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^72 —
• ont pu être prises dans certains départements pour assurer
« la conservation des minutes notariales et en faciliter les
■ communications demandées en vut de travaux historiques, n
M. Flour de Saint-Genis exposa dans un mémoire lu par
M. Léopold Delisle, président de la section, la situation
dans la Côte-d'Or : les minutes notariales sont une source
inépuisable d'informations exactes ; mais souvent elles sont
refusées par suite d'ignorance, d'indolence, ou par le scru-
pule trop exagéré du secret professionnel. Pour M. Flour
de Saint-Genis, il n'y a que deux remèdes à ces difTicultés :
autoriser te maintien des anciennes minutes dans les études
à la condition d'en donner et d'en publier les inventaires
détaillés et de les mettre à la disposition des érudits ; ou
bien exiger le versement sous trois mois, aux archives
départementales, des minutes antérieures à 1790, comme le
demandait le projet de loi présenté en 1893 par M. de
Benoit.
M. Tlioison fait ressortir l'intérêt de documents impor-
tants, historiques et financiers, retrouvés par lui. Où ? —
dans un minutier de Nemours ayant servi de " chemises »
à d'autres pièces courantes à l'époque de la Révolution.
Une discussion prolongée s'engage. M. Advielle et M.
Vincent, notaire honoraire, délégué de la Société archéolo-
gique de Touraine, y prennent part. On fait observer que le
logement, du jour au lendemain, des innombrables minutes
notariales exigerait, au bas mot, la construction de 900
salles ; — et supposé pratique la construction de ces locaux,
il resterait à éviter un encombrement qui causerait de
longtemps un véritable chaos.
Le digne M. Vincent, notaire honoraire, ne serait pas le
dernier à reconnaître la valeur inappréciable de ces minutes
notariales : il en sait quelque chose, par le dépouillement
qu'il a fait lui-même des actes de son ancienne étude, de
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ns -
1560 à 1790, mais il ne peut admettre que l'on acciiâê de
mauvais vouloir et de petitesse de vues le corps des tabel-
lions qui, aemble-t-il, à son sens, a ce privilège avec la
femme de César, de ne pouvoir être soupçonné. M. L.
Delisle résume les débats, en disant que tout le monde
est d'accord pour souhaiter qu'il soit pris des mesures à
l'effet de rendre accessibles aux travailleurs les dépôts des
notaires. La question est reprise à l'occasion d'une commu-
nication de M. de Gérin sur les anciens registres paroissiaux
de Provence de 1503 à 1790. Il signale les travaux faits
dans cette région et notamment à Aix, Marseille, Auriol, et
préconise comme moyen de conservation de ces actes, un
système de transcription sous forme de tables.
M. Léon Maître, archiviste de la Loire-Inférieure, commu-
nique au Congrès quatre documents de grande importance,
dont une charte de 676, contenant l'énuméralion des domaines
donnés à saint Philibert de Noirmoutiers, et un diplôme de
Louis Le Débonnaire et de Lothaire autorisant les religieux
de Noirmoutiers à fortifier leur monastère. Ces pièces ont
été retrouvées chez te propriétaire de l'ancien domaine
du prieuré d'Amauld (Maine-et-Loire). M. Maître signale
fortement la nécessité pour les érudils, de pousser leurs
investigations dans les archives particulières et surtout
dans les fonds des domaines confisqués sur le clergé.
— Dans la séance du 14 avril, M. l'abbé Marbot, de
l'Académie d'Aix, présentait au Congrès une note sur un
cartulaire arlésien, qu'il a découvert, formé de quarante-
trois chartes relatives à ta prébende du sacristain du cha-
pitre d'Arles. La plus ancienne de ces chartes est de 1210,
M. Marbot fait remarquer à propos de cette collection dressée
en 1775, qu'en la moitié du dix-huitième siècle, on a, dans le
Midi, collectionné et analysé beaucoup de documents, ce qui
semblerait indiquer un pressentiment de la dispersion pro-
chaine de tant d'archives. Cette observation mérite qu'on s'y
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 474 -
arrête. Dans tes anciens diocèses de Cornouaille et de Léon,
de Léon particulièrement, on se préoccupa, à la veille de
la tourmente révolutionnaire, de dresser des chartriers et
rentiers, d'inventorier les documents et pièces justificatives.
Etait-ce, dans les administrations, un progrès des habitudes
d'ordre et d'exactitude, ou un pressentiment mystérieux de
l'orage qui allait éclater sur la vieille France ? Toujours
est-il que nous relevons des traces nombreuses de cette
préoccupation : pour mémoire, nous citerons deux exemples.
Louis Maufras du Châlellier, né en 1718, quittait de
bonne heure l'évêché d'Avranches pour venir habiter Rennes.
Il y montrait une aptitude extraordinaire pour les études
paléographiques : un texte qui le déroutait ou l'arrêtait,
était déclaré indéchilTrable. Il mit en ordre et inventoria les
archives de la riche abbaye de Saint-Georges, et vint à
Saint-Pol, à la prière de Mgr de la Marche, pour remettre
en ordre le chartrier du diocèse. Ce fut un travail de 2 ans,
dont le résultat fut quatre fort volumes in-V ; de plus, il
classa à Landerneau, les titres de cette communauté poli-
tique, en 153 pages in-f" à 2 marges (1).
Nous voyons ce même travail de conservation et de pré-
servation entrepris dans les paroisses rurales elles-mêmes.
Je retrouve, en effet, qu'en 1781, le 29 juillet, le corps poli-
tique de Plounéour-Trez décidait que les papiers de l'église
seraient inventoriés, puis transportés au presbytère dans
une chambre plus propre à leur conservation et aux délibé-
rations de la communauté. Ce ne fut qu'en mai-juin 1783
que cette décision fut mise à exécution et qu'on en chargea
Messire François Raoul, sieur de Kerlan, faisant fonction
d'archiviste de l'évêché de Léon. I, 'opération fut menée de
main de maître ouvrier : elle prit du temps, exigeant
patience et sagacité, et fut payée la somme de 207 livres.
(1) Bibliographie bretonne de L«vot : an. Du Châlellier.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 175 —
On jugera que cette mesure était heureuse, qu'elle est,
somme toute, la plus pratique à prendre à l'égard de nos
modestes archives locales, paroissiales ou communales, car,
si à Plounéour, ou ailleurs, les actes et pièces mentionnés
dans ces inventaires et répertoires ont pu disparaître, pour
cent et une raisons que l'on devine, il en reste un duplicata
authentique, comme la photographie d'une preuve écrite
soumise aux assises et vérifié à dire d'expert.
Le mardi soir, nous avons entendu une communication de
M. Guesnonau sujet du « Livre rouge de la Yintained'Arras b
c'est-à-dire de la « Gueude ou Guilde de la draperie :
foulons, tisserands, tondeurs de drap. C'était une commis-
sion technique de vingt membres chargés par délégation
échevinale de faire exécuter les règlements du métier et
d'en appliquer les pénalités : ce livre comprend cent pièces
diitérentes et doit son nom à sa tranche rouge.
— Aï. le comte de Loisne, de la commission départementale
des monuments du Pas-de-Calais, exposa le résultat de ses
recherches sur « les Baillis, Gouverneurs et grands Baillis
de Bélkune, de /270 à il89 : la décadence du bailli et du
baillage rognés, diminués, dépouillés de toute attribution
militaire, puis financière, d'où des conflits d'attribution et
de juridiction, véritables guêpiers de procès interminables
que la Révolution devait trancher sans appel.
Ces deux travaux sont remarquables par une méthode
d'investigation et un procédé d'exposition que l'on gagne à
voir pratiquer pour apprendre à les appliquer utilement
dans le même genre d'études quand l'occasion se trouve.
Le lendemain, mercredi 13 avril, JK. Dast Le Vacher de
Boisville, de la Société des archives historiques de la Gironde
procédait au dépouillement d'un Registre de baptême de pro-
testants de Casteimoron d'Agenais, de 1634 à 1662, soit
pendant une période de 28 ans, comprenant 1393 actes, que
M. de Boisville a analysés avec une rare patience. Les noms
^ à
les plus communs qu'il relève aont Pierre (999 fois), Marie
(886 fois) Jean (968 fois}. Dans fénumération de ces prénoms
nous retenons quetques-utis dont la forme cadre assez bien
avec nos appellations de Basse-Bretagne : ' ainsi Pkelip,
Ouilhem, Bertholomy, Berthomieu, Mathelin, Peyronne (notre
Perrine}, MondetU (sans doute diminutif de Raymonde),
Marquise (que nous avons trouvé assez fréquemment dans
les registres paroissiaux de Cornouailie d'il y a deux cents
H- Hauser, professeur de la Faculté des lettres de l'Uni-
sité de Clermont, a entretenu la section des Suites d'une
grève au XVI' siècle, celle qui agita l'imprimerie parisienne et
lyonnaise de 1539 à 1542 : dans cette étude, on voit naitre
les haines socialistes avec la même phraséologie qu'aujour-
d'hui, y compris les malédictions d'usage aux exploiteurs de
la sueur du peuple. Mêmes problèmes, mêmes organisations
pour l'attaque et pour la résistance : Nil novi sub sole '
M. A. Héron, de l'Académie de Rouen, met au point,
d'après les archives du Parlement de Normandie, d'étranges
méprises de la part de quelques érudits, Furetières, et
d'après lui, Littré lui-même, qui ont dit que le nom de drap
du sceau venait de ce qu'il était fabriqué à Usseau, village
situé près de Carcassonne. Or, cette localité n'a jamais
existé : le drap du sceau était une fabrication appartenant
exclusivement à Rouen et avait fait l'objet d'un trafic consi-
dérable avec le Levant. Morale : se défier des dictionnaires
y compris au besoin, celui de Larousse !
M. Georges Musset, de la Charente-Inférieure, fait une
communication sur les Pèlerinages à Satnt-Jacgues de
Compostelle en ce qui concerne l'Aunis et la Saintonge. Nous
en avions déjà vu les grandes lignes dans une intéressante
Etude publiée l'an dernier par M. Nicolai dans le Bulletin de
la Société archéologique de Bordeaux ; nous avons regretté
une fois de plus que ce travail restât à faire pour les pèleri-
n,g,t,7.cbyG00glC
nages des bas-bretons à Saint-Jacques de Galice, car pour
notre pays nous n'avons encore que les traditions recueillies
dans la Haute-Bretagne par M, Gaidoz et la Bévue des tradi-
tions populaires. Il serait à désirer que l'on put faire pour
ce pèlerinage, autrefois si connu, ce que M, le Président
Trévédy a fait pour le Pèlerinage des Sept Saints de Bretagne.
A la séance de l'après-midi, nous entendons une commu-
nication que le R. P. CamOle de La Croix développe avec sa
verve ordinaire.
n signale l'existence d'une chapelle érigée au douzième
siècle dans la propriété ancienne de Vernay, distante d'Er-
vault (Deux-Sèvres) d'environ 1 kilomètre, et celle de doux
couvercles en pierre de séputure du douzième siècle. Sur
l'un se trouve seulement un blason et sur l'autre un blason
semblable, accompagné d'une épée et de l'inscription
suivante :
HIC EXPECTO BESVRECTIONl (hESVBECTIONBM ?j
MOHTVORVM.
Le p. de la Croix présente quelques observations sur le
blason, l'épée et l'inscription. Il pense que ces deux sépul-
tures, qui se trouvent dans une chapelle sous le vocable de
saint Thomas de Cantorbéry, pourraient avoir appartenu aux
deux de Broc, excommuniés par l'archevêque deux jours
avant son martyre, II fait ensuite appel aux savants qui par
leurs études spéciales sont à même de résoudre le problème,
et généreusement il met à leur disposition le dossier bien do-
cumenté qu'il a amassé sur la question, et la correspondance
qu'il a entretenue pour arriver à des éclaircissements, avec
nombre d'érudits et les bibliothécaires du British.
Af. Boucattte, de la Lozère, attire l'attention du Congrès
sur un manuscrit inédit des archives de l'Hérault, dont le
titre général est : ' Estât du domaine et des propriétés taii-
lablesén i6S5 d'après le registre du taillon, ». 11 comprend une
liste de toutesles communautés réparties entre les vingt-deux
Bdllhtih arcdéol. dd F [NisTfcBB.— TouB X£V. (Uémoires). 12
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 478 -
diocèses civils du pays de Languedoc • avec le tariffe et
pesage de ce que chascun lieu porte tous les ans à la totalité
de l'imposition ila taillon s. On reste étonné de la somme de
recherches ardues qu'il faudrait mettre en ligne pour recons-
tituer imparfaitement même, dans notre département, un
document aussi important.
Le 14 avril, nous entendons jB. le chanoine Calhiat nous
décrire les Superstitions de son pays, le Tarn-et-Garonne ;
et M. Halberg, professeur à l'Université de Toulouse, exposer
ses Recherches sur le fond historique de certaines légendes
historiques relatives à Strasbourg. Son but est d'éveiller
l'attention des savants et des curieux, notamment sur cer-
tains points qui peuvent intéresser plus spécialement notre
patriotisme, et qui sont relatifs aux attaches françaises de
Strasbourg. En voici la simple énumération : 1° les Stras-
bourgeois descendent des Ninivites, comme les Francs des
Troyens ; 2° étymologies du nom de Strasbourg ; 3° prophé-
ties sur les grandes batailles dont Strasbourg doit être le
théâtre ; 4° évêques français ou aquitains de Strasbourg au
septième et au onzième siècle ; 5" la légende de Brutus à
Strasbourg ; 6° les Flagellants venus de France au quator-
zième siècle ; 7° origine des Zigeuner ou Bohémiens ; 8°
invention de l'imprimerie ; 9° le roi de France, Henri II,
devant Strasbourg ; 10" les esprits frappeurs avant la Révo-
lution française ; etc., etc.
Le soir, la présidence revenait, à bon droit, à M. Aulard,
puisque la séance devait être occupée par les questions du
programme relatives à Vllistoire de la Rétotution. Après
que fut épuisée la question 18= : a Etudier les délibérations
d'une ou de plusieurs municipalités rurales pendant la
Réoolution, M. Camille Bloch, archiviste du Loiret, raconta
les opérations préliminaires d'une réunion électorale, soit
dans la circonscription, soit dans la ville même de Clamecy :
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^?9 - •
journée électorale agitée, admirablement décrite, commencée
à neuf heures du matin et close à minuit.
La section d'histoire et de linguistique terminait ses
séances le jeudi soir.
A la section d'Archéologie nous avons avons pu connaître
le résultat de recherches intéressantes sur les sépultures
" anciennes :
If Léon Morel. — « Fouilles dans les cimetières gaulois de
la Marne, u
!U. Barrière-Blary . ~ « Un cimetière de l'époque des
Invasions barbares dans le Jura - . Le président, tout en
remerciant le rapporteur de cette dernière étude, l'engageait
à faire ressortir davantage les différences qu'il a pu
constater entre les cimetières bourguignons et visigoths.
*. Léon Coutil, de la Société normande d'études préhis-
toriques, intéressa la section par un inventaire du Mobilier
funéraire des Véliocasses (époque préromaine]. II a recueilli
dans ses fouilles une bonne quantité de statues très frustes
de Vénus en terre cujte et une quantité considérable
d'oiseaux en poterie ; ce dernier détail nous rappelle les
coucous en terre vernissée, d'une invention qui se perd dans
la nuit des temps, instruments de musique fort rudimentaires
aux modulations agrestes, joie des enfants et amusements
des parents et qui se vendent encore dans nos pardons de
Basse-Bretagne.
M. Fillon, de la Société académique de Saint-Quentin,
résume une notice sur une balance du septième siècle troatée
dans le cimetière de Vonteneourt {Aisne); les pesons en étaient
constitués par des monnaies romaines. Le Congrès a eu
aussi à entendre de curieuses communications sur la
céramique ; citons M. Blanchet : les ateliers céramiques dans
la Gaule romaine; M. Louis Bourrez: la poterie gallo-
romaine en Touraine : M. Femrier, professeur au collège
n,g,t,7.cbyGOOglC
de Dôle : sur un atelier de poterie gallo-romaine dilcouvert
dans le Jura. Il nous a été donné plusieurs renseignements
importants sur les voies romaines et leur dallage retrouvé
intact dans des tourbières, sur des lits de fascines, notam~
ment dans le pays situé entre la Prusse rhénane et le pays
de Liège. (Communication de M. de Laigue, correspondant
du ministère.)
M. Guignard fait connaître la découverte d'une cité antique
à Averdon (Loir-et-Cher}, mais M. Marcel Imbert feît
remarquer que cette station n'est pas une véritable cité et
que les débris recueillis par M. Guignard appartiennent à
des époques différentes. Les fouilles que le P. Camille de la
Croix a faites dans l'Hypogée païen de Louin (Deux-Sèvres)
ne semblent pas offrir des résultats aussi hypothétiques et
aussi contestés. Cet hypogée rectangulaire se trouvait à 5 m.
au-dessous du sol : il était maçonné et enduit avec soiu à
l'intérieur. La porte avait été murée aussitôt après le dépôt
des deux cercueils en marbre de Saint-Béat et en pierre du
pays. L'un des cercueils renfermait le corps d'un homme et
l'autre celui d'un adolescent, elles squelettes étaient ren-
fermés dans des cercueils en plomb sans ornements. Après
avoir inhumé les corps, le caveau avait été muré et un
temple de forme bizarre avait été construit au-dessus, pour
mieux dissimuler l'entrée de l'hypogée. Le plus grand
cercueil renfermait une magnifique urne en verre blanc
de 57 centimètres de hauteur. Cette curieuse découverte est
unique en son genre, car on n'a signalé aucun hypogée
païen en France.
Le P. Delattre n'ayant pu venir au Congrès, il fut lu en
son nom une communication sur le sable aurifère de la mer à
Carthage et sur une collection de plombs à inscriptions r ce
sable curieux n'est pas chargé de pépites et de paillettes, mais
de petits fragments d'or ouvré, de débris de bijoux et de
parures, de balles de fronde romaines, de plombs ornés
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^81 —
d'initiales variées et même de sceaux en plomb d'évéques de
Carthage. M. l'abbé Sourîce signale du sable aurifère du
même genre à Alexandrie (Egypte) : ce sable est ramassé
mélangé de grenats et de débris de parures en or ; les indi-
gènes exploitent ces fragments en passant le aable après les
tempêtes. Cette observation est d'autant plus précieuse à
retenir que nous voyons chez nous ce même phénomène d'un
passé pulvérisé se représenter à nos yeux en mille et un
débris, comme l'a constaté notre confrère if. le chanoine
Abgrall : épingles gauloises en bronze dans les dunes de
Plouhinec.
— M. l'abbé Sourice, professeur au collège de Saint-Pol-
de-Léon, qui avait appuyé la communication du P. Delattre,
a passé trois ans à Alexandrie ; ill'a étudiée en archéologue
achevé et la décrit en guide sûr de lui-même, comme la
veille, il l'avait démontré de façon fort pertinente dans une
belle étude sur l'Acropole d'Alexandrie, le serapeum et le
quartier égyptien de Rkacotis, extrait d'un grand ouvrage
que l'auteur tient en préparation.
Comme breton, c'est avec intérêt que nous entendons
M, Caron lire une notice sur les titres que les souverains
de Bretagne prenaient sur leurs monnaies. La hiérarchie
des titres de comte et de duc n'existait pas encore. Ainsi,
Jean I" prend le titre de e cornes o, tandis que ses prédé-
cesseurs portaient le titre de duc. Conan I" s'intitule comte
de Rennes, Geoffroy prend le titre de dux et de princeps
dans une charte de 1026. Cette observation corrobore les
remarquables travaux de M. Longnon, qui désigne toujours
la Bretagne sous le nom de comté dans ses cartes si utiles
à consulter pour connaître l'état de la France au douzième
et au treizième siècle.
Il va sans dire que dans la Section, l'archéologie monu-
mentale avait trouvé d'éloquents et de savants interprètes :
M. de Lahondès sur les églises gothiques de l'Ariige, et if.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— iB2 —
JVoel Tkiotlier sur Yégtise de Cargy (Saône-et- Loire}, et sur-
toal M. de Rochemonteix dans un beau travail d'ensemble :
Etude sur les caractères qui distinguent les diwrses écoles
d'architecture religieuse à l'époque romane dans l'arrondis-
sement de Mauriac (Cantal),
Le délégué de la Socje/e archéologique du Finistère au
Congrès de la Sorbonne en 1898 rapporte ce qui l'a frappé
Parfois il s'est dit, en toute sincérité, qu'il occupait un rôle
qui eut dû être réservé à plus expert que lui en matière
d'Archéologie préhistorique et monumentale, de documents
et d'archives tiisloriques, et il regrettait, pour l'honneur de
notre Société, de ne voir à sa place nos meilleurs, certains
confrères dont nous sommes liers à juste titre.
Le cardinal Maury professait que lorsqu'il lui arrivait de
se contempler il se trouvait peu de chose, mais quelque chose
considérable quand il se comparaît. En comparant
que fait notre Société â ce que produisent les Sociétés
nilaires réunies à Paris, nous avons ressenti une plus
ande estime do sa valeur. La collection de nos Bulletins
rivée au Tome XXV', chiffre ordinal qui signale les Î5 ans
:xistence de notre Association, vaut à elle tout seule un
ingrès scientifique. Outre les publications qu'elle renferme
ncernant le champ tracé à notre activité, l'Archéologie et
listoire, elle fournit un apport appréciable à deux autres
ctions : l'Economie politique et sociale et la Géographie
s torique.
— ■ Du reste, il arrive souvent que la section d'économie
ilttique et sociale inscrive à ses ordres du jour des rappor-
iirs qui ne sont que de modestes historiens constatant les
its sociaux et économiques dans l'ancienne France. C'est
ce titre que nous nous sommes trouvés dans cette sectioD
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^83 —
pour répondre à la question 14° du programme : « Dês
mesures prises, au XYIIP siècle, pour le traitement des
aliénés. »
A cette même section se rattachent naturellement des
travaux comme ceux de M. le docteur Corre, qui exigent
l'expérience de l'historien avec les qualités spéciales du
sociologue : VlnslrucHon publique et les Ecoles à Brest avant
il 89; ses Recherches sur les procédures criminellei en Basse-
Bretagne au X VW et au X VIII" siècle, et surtout ce travail de
longue haleine, si exact, si documenté, sur les « Anciennes
corporations bresloises ". Citons d'autres, de chez nous, au
risque d'oublier les meilleurs :
— Le major Faty, avec son étude laborieuse sur u les
comptes des miseurs de la ville de Quimper » ; et sa belle
monographie des a hôpitaux de Quimper avant la Révolution n .
— Dans le même ordre d'idées, M le Président Trévédy
avec 8 la léproserie de Quimper ».
— M. le Carguet avec ses recherches « sur les épidémies
dans le Cap-Sizun -, et M . le chanoine Peyron sur « la peste
■ de 1659 à Quimper ».
— M. Serret nous {ournissant l'histoire du s transfert du
bureau des toiles de Locrormn », M. Audran étudiant « les
foires de Quimperlé k, et M. le chanoine Peyron <i LaMartyre
et sa foire » .
Et disons, qu'une section de géographie historique
n'hésiterait pas à recevoir des documents comme ceux
qu'a relevés M. Audran concernant « te domaine du Roi
à Quimperlé » ; MM. Hardouin et Le Menn, touchant a le
domaine ducal à Morlaix et à Lanmeur «, sans compter
les " pêcheries et sècheries de Léon et de ComouaUle b de M.
Trévédy, travail cadrant avec une « note historique sur la
pêche du hareng et de la morue à Dunkerque » par M. Finot,
archiviste du Nord, que nous avons entendu à la section de
géographie du Congrès.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— '184 —
Notre Société est riche de 25 ans de travaux appréciés,
elle a bon renom par le monde et ce n'est pas un mince
honneur d'avoir eu celui de la représenter. '
Antoine FAVÉ.
n,g,t,7.cbyGOOglC
XV.
GRÈS DES Sociétés Swantes a la Sorboknb 1898
0x1 d'Économie polltiq.ue et sociale
QUESTION 14» DU PnOGRAMMIl :
mesures prises en Bretagne au XYIH* siècle
poar le traitement des Aliénés »
imuniquées par M. Antoine Favé, secrétaire de la
archéologique du Finistère, aumônier de l'Asile
tkanase.
igrès des médecins atténistes tenu à Toulouse, du
It 1897, M, le D' Doutrebente, directeur de l'Asile
après avoir exposé rapidement les elTorts tentés
)duirfi, au xviii" siècle, une modification profonde
aitement des aliénés, s'exprimait dans les termes
It :
. Pinel vint, et médecin en chef de Bicêtre en 1792,
sser de la théorie à la pratique les idées philan-
ues de l'époque : plus de chaînes, plus de cachots
plus de mauvais traitements; les aliénés eurent
. de la lumière ; il organisa des promenades, des
de travail ; il institua un hon régime alimentaire ;
t des guérisons... (1) » On ne pouvait faire une
n, plus concise, en même temps que complète de
i Pinel, de sa méthode et de ses résultats : « il
guérisons'. » Avant lui, toutefois, on se préoccu-
ort des aliénés : un saint Vincent de Paul, un
Is du Congrès, 1" partie, p. 219.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^86 —
saint Jean-de-Dieu, et bien d'autres, propagent autour d'eux,
la flamme d'afTectiieuse et douce pitié qui s était emparée de
leurs grandes âmes ; mais du progrès de ces sentiments de
commisération, on ne voit pas ressortir une méthode scienti-
fique de traitement, l'organisation d'un service médical
spécial. Au xvm^ siècle, les registres des Etats de Bretagne,
les arrêts du Parlement de la province, les actes du pouvoir
central, altesteni une préoccupation, une bonne volonté
incontestable pour arriver à une solution des difficultés
sociales en matière de bienfaisance et d'assistance publique.
La poussée imprimée à l'opinion se traduit par des projets
de règlements, par des essais d'exécution que viennent
déconcerter et les guerres, et l'état précaire des ressources
et des finances.
De ces essais d'amélioration de la condition des malheu-
reux, celui qui restele plus défectueux c'est celui qui concerne
les soins adonner aux aliénés(l).Oncommençaitàconnaitre
le mal, on en soupçonnait le remède, l'attention générale
était attirée à plusieurs reprises par plusieurs incidents
éclatants : " enfin Pinel vint », — c'est-à-dire, comme
Malherbe, il vint à son heure. Le terrain était déblayé, il
avait eu ses précurseurs, et s'il fit une révolution pour
consacrer dans la Loi ce principe que Xaliênéest tin malade,
cette révolution était la résultante des aspirations et des
efforts de ses devanciers, qu'il concentra et réalisa dans son
œuvre impérissable
En 1715, l'indignation des ministres, des intendants, éclata
en recevant un rapport ofTiciel sur le sort des malheureux
(1) M. Vatran, prnfessaur d'histoire au IvcÉe d'Aix, ([Ui a examiné, dons
la Section, la condition des aliénca en Provence, conslale la mfme
inCériorilè.
• Le service des aliénés ùLait donc anniRcrù tout traitement scientifique,
• il était A peine tempéré par la charité, il se réduisait à un ensemble de
1 mesures de police. C'était entre les divers services d'assistance, celui qui
- prolllail le moins de celte philanthropie agissiinle, qui est la caraclô-
. ristique du dix-huitième siècle >, {Jout^nal officiel du 15 avril 1898 )
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^87 —
internés à Chàtimoîne. Il faut en lire l'histoire dans la belle
élude sur la Condition des aliénas, publiée en 1886, par
M. Victor du Bled, dans la Revue des l^eux- fondes. « On
« connaît, dit-il, la désolante description de la mosquée des
« fous, au Caire, par Horace Vernet Lisez le rapport officiel
" de 1715 sur cette tour Châtimoine appelée par le peuple
a la tour aux fous, vous vous convaincrez que cet enter
o égale en horreur s'il ne dépasse celui de la mosquée du
B Caire. » Un hrevet royal ordonne la démolition de cette
tour lugubre, et un instant, il est même question de fonder
dans toutes les provinces, des établissements d'aliénés que
le Roi prendra à sa charge.
Mais le progrès se fera attendre encore « une vie d'homme ■
En 1781, parait-il, Joseph 11 visitant les services d'assistance
et les hôpitaux, à Paris et en France, fit des observations à
son beau-frère sur l'état déplorable où il trouvait ces
institutions. Louis XVI étudia la situation avec Colombier,
médecin de Charenton et inspecteur général des prisons et
des hôpitaux. Sur l'ordre du roi, il rédigea une instruction
sur le service des aliénés, la manière de les traiter et de les
gouverner, la nature des établissements qui leur étaient
destinés. Ces préceptes forment une brochure de 44 p,
in-4* qui fut envoyée aux généralités avec une circulaire
pressantla diffusion etl'exécution des înstructionsy contenues.
Voici le texte de la circulaire de M de Galonné conservée
aux archives de Rennes (1) :
t Paris. 15 juillet 1785.
" Monsieur, j'ai l'honneur de vous envoier 50 exemplaires
a d'une instruction imprimée par ordre et aux frais du gou-
o vernement sur la manière de gouverner et de traiter
B les insensés dans les hôpitaux et maisons de force du
(I) Inlertdance de BretagTie {C. I2G8.) M. le comte de Palys a bien voulu
me procurer ia eopie de ces deux pièces aux archives, avec une bien-
veillaace dont je garde uoe profonde gratitude.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- as —
oyaume. Je vous prie de la répandre dans les établisse-
lents de ce genre qui sont dans votre généralité et de
lire connaître aux administrateurs de ces établissements
ue l'intention du roy est que l'on s'y conforme autant que
is lieux et les circonstances le permettront. Vous voudrez
ien m'tnformer de tout ce qui pourra concerner l'exé-
ution de cette instruction, me faire part des observations
ue vous pourriez recevoir à ce sujet et me marquer en
léme temps ce que vous en penserez.
J'ai l'honneur d'être avec un sincère attachement,
lonsieur, v, très h. et tr. ob. s'.
a DE CaLOSNE. »
.a réponse à cet envoi, dont il nous reste un brouillon
1 signé, mais évidemment du subdélégué Varin du
lombier, porte la date du 20 juillet 1785.
M'. J'ai reçu et je vais faire distribuer dans mon dépar-
ement les exemplaires de l'instruction que vous m'avez
dressée sur la manière de gouverner et de traiter les
nsensés dans les hôpitaux et maisons de force du royaume,
lais il ne faut pas espérer que cette instruction soit pra-
iquée dans tes hôpitaux de Bretagne, non seulement parce
u'on n'y reçoit presque pas de fous, mais parce qu'aucun
le ces établissements n'est en état de faire les dépenses en
âtiments qui seraient nécessaires pour loger et traiter les
nsensés.
Le seul dépôt de mendicité de Rennes serait susceptible,
i vous le jugez à propos, de l'agrandissement et de la
listribution convenables pour une entreprises! charitable
^t si utile. Il y a aujourd'hui environ 50 fous des deux sexes,
■enfermés dans cette maison. Us sont détenus dans des
;ases pratiquées autour de deux cours, où on leur permet
le se promener lorsqu'ils ne sont pas furieux. Mais ces
nalheureux nourris et vêtus pour 6 sols par jour par un
intrepreneur (!) ne sont aucunement soignés et ne peuvent
■yGooglc
■ ^89 —
■ « l'être, qu'autant qu'il plaira au roy d'assigner un fonds
K < suffisant pour cet objet.
■ « L'instruction que vous m'avez fait l'honneur de m'en-
f « voyer senkble annoncer que le gouvernement y est disposé,
■ et c'est, en effet, le seul moyen de la rendre utile. Je vous
» prie de vouloir bien me faire connaître vos intentions sur
B cet objet important.
• Je suis M. avec etc., etc.... «
(Une note du même constate l'envoi de l'Instruction à
Rennes, Nantes, Brest, Morlaix, Saint-Halo, Dinan, Lorient,
Port-Loms.)
Le subdélégué déclare que dans les hApitaux de Bretagne
on ne reçoit pas « presque pas de faux », mais la rélicence
qu'il introduit dans sa déclaration est un tant soit peu
exagérée, comme on le verra plus bas.
Quimper n'avait jamais, jusqu'en 1750, possédé un refuge
pour y recueillir les aliénés. C'est seulement à cette époque
que le vénérable évoque Mgr Farcy de Cuillé, dont le nom
est à signaler pour son inépuisable charité, prenant en pitié
ces malheureux privés de leur raison, souvent abandonnés
à eux-mêmes et parfois traités avec barbarie par des enfants
inconscients ou par certaine partie de la population qui s'en
faisait un amusement aussi inhumain qu'odieux, résolut de leur
procurer un asile. Nous l'apprenons par une délibération du
Bureau des H6pitaux du SJuin 1759, au sujet de < Cotlstrac-
truction de loges pour les insensés, n
• Le sieur de Trémaria, administrateur de Saint- Antoine,
« a remontré que Mgr l'Evêque de Quimper lui a remis la
• somme de 400 livres pour construire trois ou quatre loges
a pour renfermer les fous furieux dans l'enclos de l'hâpital,
■ priant messieurs les membres du bureau de lui indiquer
« l'endroit convenable pour établir lesdites loges et déli-
a bérer à ce sujet. Le bureau délibérant sur la charité de
« Mgr l'Evêque a indiqué pour la construction desdites
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 490 —
• loges l'appartement au rez-de-chaussée du pignoD méri-
u dional de la maison neuve de l'hdpital et au cas que ladite
B somme de 400 livres ne serait pas suRisante pour cet
Il objet, il a autorisé l'administrateur & y suppléer. *
Sur des réclamations de l'aumônier peu curieux de voir
les fous dans son proche voisinage, les loges furent placées
au côté septentrional » au lieu du méridional du bâtiment
neuf. > (1)
La folie relevait si peu de Ta médecine, semble-t-il, que
lorsque Thémis appelait pour la forme Esculape en coqbuI-
tation, celui-ci saluait en protestant de son incompétence.
Les formalités de la séquestration exigeaient une information
sur la vie et mœurs du prévenu ; si cette enquête concluait
au dérangemeat d'esprit, les juges ordonnaient « qu'il fût
a renfermé à l'hApital ou dans une maison de force pour y
• être traité comme les antres insensés ». Qui prononce?
Le magistrat ; et s'il se trouve trop souvent des erreurs
judiciaires, il n'y a pas de faute professionnelle chez le
médecin puisqu'il se désintéresse dans l'espèce : il certifie
tout simplement la folie et proteste qu'il n'a rien pour ce cas
spécial, dans sa thérapeutique. Il demande quelques jours
pour tenir le patient en observation, le soigner, le purger,
lui administrer évacuants, sédatifs, contrastiraulants, anti-
phlogistiques, etc., puis suffisamment informé par les obser-
vations qu'il a faites, il déclare, s'il y a lieu, son malheureux
client fou, radicalement fou, et ce qui est plus terrible,
incurable : en vertu d'un certificat médical, celui-ci ne relève
plus de la médecine mais du juge de police 1
Corenline Rivoal, veuve de Jacques Kerdravant, dePont-
l'Abbé, a perdu son mari. Elle en a contracté un tel chagrin
qu'elle a a perdu le sens o ; eHe se dépouille de ses vêtements ,
(1) Cf. dans le T. X du BiilUlin de ta Société arehéotoijiqiie du Finistère,
t'Uiatoire det HùpHaus: de Quimper, par le Major Faty, p. iG2-4«3.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^9^ —
elle veut se détruire, et déjà on a eu toutes les peines à
l'arracher à un four allumé où elle voulait se jeter. Son
gendre et son fils forment contre elle une demande d'inter-
diction, et Hervé Maubras, chirurgien juré accompagné
d'un confrère, est délégué aux iins de fournir à l'appui un
certificat de visite, le 30 août 1745.
« Avons trouvé, disent-ils, ladite Rivoal accompagné de
« plusieurs particuliers devant lesquels nous l'avons exa-
« minée, touché son poux, visitté la langue, le pallet, les
" tempes, et ayant remarqués qu'elle avoil la langue couverte
a d'une glutination billieuse aussi bien que le pallet, le poux
• et les tempes fort lents, les yeux chargés, égarés et en-
s flammés, les muscles des lèvres et la langue gonflée et
« ternis d'une couleur livide avec les thégumen du visage
fl enflamé ce que nous estimons estre causé par une révolution
a de sang et de billes, qui nous paroist estre parvenu d'un
« mouvement de collaire et de chagrin et la suppression des
« menstrues, lesquels ayant depuis environ quinze jours fait
« tomber lad' Rivoal en un assoupissement léthargie avec
• contraction des yeux, de la bouche, perte de voix, nous
( fait connaître que le cerveau est altéré en tous ses organes
<c par la grande réplétion du sang et dhumeur qui ont esté
« porté au sinus de la dure-mère et aux vesseaux, comprimé
a les substances cervicales et médulaires du cerveau et du
II cervelet ce qui trouble la distribution et fdtration -des
a esprits et cause la pesanteur de teste, distraction et actions
« involontaires, imbécillité et démence de lad' Rivoal et que
u nous estimons incurable cy sous la quinzaine les traite-
' ments propres et convenablf-s à ce mat ne peuoeni rallier
€ les esprits après awir dezemplis les organes (1). »
Le rôle du médecin sera terminé sur ce certificat, où, avec
[l) Documents de crimiDologie rétrospective {Bretagne, xvii* et xvni*
siècles), par les docleurs Corre et Aubry, pp. 7t-T3. Nous troiivacis dans
cette précieuse collection deux autres spécimens de certificat de ce genre.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- i92 —
la science de son temps, il affirmera a priori que tout cas
d« folie est incurable. Celui du magistrat commence, ou
plutôt se coDlinue : dans sa conduite il ne se préoccupera
pas du malheureux aliéné, mais exclusivement de la sécurité
publique et des frais qui incomberont à la société si la
famille n'assume les dépenses afTérentes à l'internement.
Kn Bretagne, le règlement du 19 avril 1723 pourvoit en
la matière en ordonnant le transfert des fous furieux arrêtés
dans les lieux de leur origine, pour être enfermés aux frais
de leurs parents jusqu'au V degré inclusivement ; s'ils n'ont
pas de bien : à défaut de parents, aux frais des paroisses.
La jurisprudence postérieure plus sévère encore impose
cette contribution aux parents jusqu'au 7* degré (2).
Le juge de police ne prend pas des mesures aussi rigou-
reuses à l'égard du fou tranquille, de l'idiot, de celui que la
terminologie marocaine désigne sous le nom de Bebloul
(faible d'esprit), ou M'kaboul (dément tranquille). C'est
l'innocent, celui qui restera toujours enfant, car chez lui
pas de développement mental à attendre ou à provoquer,
La famille ancienne se résignait, et — ne cherchons pas là
d'arrière-penaées de superstitions, — elle était remplie d'une
touchante commisération pour ce pauvre être que ce serait
lâcheté de maltraiter puisqu'il est malheureux et ne veut
de mal à personne !
En Basse- Bretagne, l'idiot, ce débile, ce dégénéré, il y a
quelques trente ans comme il y a deux cents ans, vaguait
en liberté : à l'heure du repas, heure que son instinct règle
avec la précision d'un chronomètre, il se présente en toute
maison : ne pas le recevoir, serait s'aflicher et se mettre au
ban du voisinage. Le dimanche, à la procession, dans
(%) Pothier de la Germondaïe. Introduction au Gouveroeraent d«s
n..,i,."rK,G00glc
- iéi
l'église, l'étranger de passage s'étonne de le voir au premier
rang. A la place qu'il a choisie, partout, il fait acte de pos-
session de ses franchises : on ne songe à l'en empêcher ;
cela porte malheur de contrarier l'innocent. Parfois, cepen-
dant, des parents cupides ont pu le livrer à un Barnum de
foire et d'assemblées patronales pour l'adjoindre à cette
immonde bande d'aveugles apocryphes ei de manchots
artificiels étalant, le long des chemins, des misères à faire
frémir. Dans cette Cour des Miracles, Vinnocent enjuponné;
flanqué d'une vieille mère dolente et gémissante, faisait
bonne recette à la place fixée par le f Capitaine», c'est-à-dire
par le grand chef de ces bandes vicieuses et déguenillées
qui faisaient, peut-être, la poésie de nos pardons, mais en
étaient une plaie morale.
Cependant, il ne faut pas croire qu'avant Pinel, on n'eût
pas en Bretagne, le souci de placer Vinnocent en lui donnant
les bienfaits de la colonie familiale. iS'ous trouvons, dans nos
archives départementales, les traces de cette préoccupation,
comme le montre la convocation suivante du 13 avril 1766.
Le Général delà paroisse deTiédarzec, après les bannies
d'usage faites par le Sergent de la Juridiction au sortir de
la grand'messe donne notification en vulgaire langage
breton et français d un arrtté de la Cour qui a datme
■ assignation a toun ceux ^ui toudront se charger de la
« garde, conservation suffisance et entretiende Jean Guyomar,
a bâtard et imbécile actuellement détenu aux prisons de
« Hennés. poui bP tjouver (te) mercredi prochain 46 de ce
v mois à l'audience des Iteguaires de Tréguier où l'adjudi-
« cation sera faite au rabais (!]. »
C'est déjà la mise en pratique ou traitement dans les mai-
sons particulières qui permet de remédier à l'encombrement
progressif des asiles et qui a donné des résultats remar-
(I) Documena de criminologie rétrospective, pp. 80-81.
BoLurm abchéou du Fikistèrb.— Tovb XXV, (Hâmolresi. 13
n,g,t,7.cbyGOOglC
— Hi -
quables. L'idiot se trouvait dans la situation des enfants
assistés existant aujourd'hui en France. En Ecosse, on a
introdruit cette dilTérence que le centrale dépend d'un bureau
central au lieu d'une préfecture, qui avec ses multiples attri-
butions a une surveillance moins rigoureuse que celle exercée
par une administration particulière et de tous les instants.
C'était le système de Gheel appliqué et suivi. A Gheel une
ordonnance du 22Janvier 1754, dressée par lo bailli et les Eche-
vins se plaint des désordres et de mauvaise tenue provenant
de ce que les nourriciers laissent leurs aliénés libres « de
« telle sorte qu'on ne puisse plus faire distinction entre un
« homme fou et un homme raisonnable, et cela parce que les
« nourriciers répondent toujours: Ah\ mon fou ou com-
« mensal n'est pas méchant, il ne fait du mal à personne,
€ c'est le meilleur enfant du monde, ou d'autres raisons sem-
« blables. s
Comme le remarque M. Jules Duval : (1) • l'amour-propre
■ dubailliestévidemment humilié qu'on ne puisse distinguer
« les fous des raisonnables : justement, ce qui est l'honneur
a de Gheel, chrétiennement et médicalement : le sens reli-
« gieux se perdait, et le sens médical n'était pas encore lié ».
Telles étaient aussi les habitudes et la condition de l'aliéné
înolfensif, non dangereux, en Basse- Bretagne.
Nous fournissons ici quelques notes rapides sur deux
hàpitaux de Bretagne oft l'on internait des aliénés : Lanmeur
et Saint-Meen de Rennes.
— Lanmeur, arrondissement de Morlaix, anciennement
enclave de Dôl, oppidum considérable, était le centre au
Moyen-Age d'une des grandes maladreries de l'Ouest. On
y relève encore, sur la route de Lannion, à un kilomètre de
(I) Gheei ou une colonit d'aliénés viraol eu famille el en libcrlé, l81iT,
pp. 23-34.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- m —
la ville, le promenoir des lépreux. Sur un espace de 1.400
mètres, la localité n'était qu'un ensemble de constructioDS
hospitalières : l'hôpital proprement dit, l'hospice des vieil-
lards, et au centre sur les bords d'un fort ruisseau qui
dévale sous l'église paroissiale, deux corps de bâtiment
aux murs épais, aux portes et fenêtres solides et grillagées,
contenant encore vingt loges tant au bas qu'à l'étage supé-
rieur. Le Gouverneur de l'hôpital, grand et notable person-
nage, habitait un manoir à proximité [1}.
A Lanmeur, on ne retrouve pas de traces de chaînes
rivées dans les murs, bien qu'on sache très bien que ces
entraves existaient à Lanmeur comme ailleurs, ainsi que
nous le voyons par le fait suivant ;
Yves Duval était un névropathe, un détraqué : il fait tous
les métiers excepté celui d'honnête homme. Parfois marin,
parfois commis, toujours escroc, il ne compte plus ses dupes.
Il fait le désespoir de son père qui use sa vie à réparer les
excentricités de son fils. Il est mis en correction chez les
Récollets de l'Ile-Verte, il s'échappe ; onie reprend. Pour
les uns c'est un vicieux, pour d'autres il est fou : on le met
à Lanmeur, mais encore une fois Yves Duval s'échappe, et
n'ayant pu se débarrasser de ses chaînes, l'enfant prodigue
les traîna avec lui au logis paternel (2}.
Dans la région, et bien au loin, Lanmeur était connu et on
disait être envoyé à Lanmeur, comme on dît aujourd'hui être
envoyé à Charenton, On y cultivait semble-t-il les beaux-
arts, à en juger par un portrait de P. M. Rumeur fait de
lui-même par lui-même au moyen d'un miroir, avec un
talent de hachures et autres procédés qui fait ressembler ce
portrait à une eau-forte de grande beauté. Il se trouve au
(1) Nous espérons pouvoir revenir sur l'histoire hospitalière de Lanmeur,
quand nous aurons réussi à nous docamenler plus amplement,
(2) Criminologie, p. 4U-415.
n,g,t,7.cbyGOO^IC
musée de Rennes, avec l'indication ; « fait en 4784, à l'hô-
pital de Lanmeitr. ■>
L'hôpital de Saint-Méen fut fondé à Rennes, en 1627, par
Guillaume Régnier, marchand de cette ville. De la réponse
faite à la circulaire de M. de Calonne, le 20 juillet 1785, nous
retenons les points suivants. A Saint-Méen, il y a une popu-
lation aliénée de 50 fous logés dans des cases pratiquées
autour de deux cours ; ils sont nourris et vêtus mcj-ennant
fl sous par jour, par un entrepreneur.
C'était exactement le régime des prisons. Que valait
l'entrepreneur ? en tout cas, on sait ce que valait l'entreprise
pour les aliénés : « Us ne sont aucunement soignés et ne
« peuvent l'être qu'autant qu'il plaira au Roy d'assigner des
* fonds suffisants ».
Le 5 juillet 1776, M. Varindu Colombier, dans une lettre
conservée aux archives de l'Intendance de Rennes (sans
adresse) écrivait :
" M, le gardien de la maison et hospîlal du Tertre de
B Joué autrement dît Saint-Méen est venu se plaindre de ce
« que hier on a conduit, sans qu'il ait été prévenu et sans
« qu'il y eut de place le S' de Domaigné, gentilhome venu
M de la province d'Anjou, en vertu d'ordre du Roy du mois
9 de novembre dernier contresigné de M de Lamoignon.
a Le gardien me dit avoir été fort embarassé qu'il a été
« obligé d'en retirer d'autres de l'endroit de force qui ne
B sont plus en siireté. Il vous prie d'engager le ministre à
B ne point délivrer les ordres du Roy que les familles ne
B représentent un certi^eat du supérieur qu'il y a de la place
a et que ta famille s'est arrangée arec lui. Pareille chose
u était arrivée, il y a six mois, à l'égard du S' de Catelinet
n du Chesnay, et il avait eu l'honneur de vous écrire à ce
I sujet ».
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 197 —
Les lettres de cachet ne tenaient donc aucun compte des
encombrements ni dn bon ordre de l'administration. En
parcourant les inventaires des archives des différents dépar-
tements, on voit que souvent l'aliéné était dépaysé; des
Angevins étaient envoyés en Bretagne et des Bretons en
Normandie. Ainsi, dans l'Inventaire des Archives de La
Manche, on voit signaler une pièce de procédure au sujet de
sévices graves et de cruautés exercées sur la personne d'un
aliéné gentilhomme bas-breton. On arrivait ainsi à dissi-
muler le malheur et les misères qui venaient frapper une
famille dans l'un de ses membres.
Antoine FAVÉ,
Prêtre.
n,g,t,7.cbyGOOglC
XL VI.
LISTE DBS MONUMENTS HISTORIQUES
DU DÉPARTE M K NX DU FINISTÈ
1. — Monuments mégalithiques.
Camaret. — Alignements situés entre la pointe du Tou-
linguet et celle de Penliir.
Ploumoguer. — Dolmens et menhirs de la pointe de
Kermorvan.
Crozon. — Alignements de Landaoudec, à 2 kilomètres
au nord du bourg de Crozon et à 200 mètres à l'est de la
route conduisant de Crozon au Fret. Ce monumont se
compose d'alignements, en partie détruits, de cromlec'lis et
d'un dolmen.
Vaste sanctuaire de Kercolliioe'h, connu dans le pays
sous le nom de Ty-ar-C'huré (1).
Goalven. — Dolmen de Tréguelc'hier.
Landunvez. — Dolmen et menhir d'Argenton
Penmarc'h. — Menhir de Kerscael-
Plouarzel. — Menhir de Kervéatou.
Plounéour-Trez. — Deux menhirs de Pontusval.
Plourin-PIoudalmézeau. — Menhir de Korcadiou.
Plozévet, — Menhir des Droits de l'Homme.
II. — Monuments antiques.
Carhaîx. — Aqueduc.
(1) Acheté en 1881 par M. Paul du Cliâtellier pour en emiK-clier la
dcsiruction, ce munumcnt unique compose d'aligncmcnLs, de croiulec'lis
ovalalres el d'une enceinte carrée, furniée de pierrLti ddioul avec liiines
mégalilhtques à l'Intérieur sur tuul le puiirtour de l'cncejnle. a été etxlé.
par lui, en 1807, à l'Etal, au prix d'acquisiiion.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 199 —
III. — Monuments du Moyen-Age, de la Renaissance
et des temps modernes.
Daoulas. — Eglise et cloître de l'ancienne abbaye: -
Chapelle Sainte-Anne.
Folgoët (Le}. — Eglise ; — Prieuré.
Goulven. — Eglise.
Guerlesquin. — Prétoire,
Lambader. — Eglise.
I.anmeur. — Crypte de l'église.
Locronan. — Eglise.
Loctudy. — Eglise.
Morlaix. — Maison de la reine Anne.
Penmarc'h, — Eglise.
Pleyben. — Eglise ; — Calvaire.
Plougaslel-Daoulas. — Calvaire.
Plougonvelin. — Ruines de l'abbaye de Saint-Mathieu.
Pont-Croix. — Eglise.
Pont-l'Abbé. — Eglise de Lambour.
Quimper. — Cathédrale Saint-Corentin ; — Eglise de
Loc-Maria.
Quimperlé. — Eglise Sainte-Croix.
Roscoff. — Eglise.
Saint-Jean-du-Doigt. — Eglise ; — Fontaine.
Saint-Jeaii-Trolimon. — Calvaire de Tronoën.
Saint-Pol-de-Léon. — Cathédrale ; — Eglise Notre-Dame
du Creîsker.
Saint-Thégonnec. — Eglise ; — Calvaire ; — Ossuaire.
Sibiril. — Château de Kerouzéré.
Sîzun. — Arc.
IV. — Objets mobiliers.
Brennilis. — Eglise : croix processionnelle, argent, 1650.
Carantoc — Eglise : croix processionnelle, argent, 1652.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 200 —
Ergué-Gabéric, — Chapelle de Kerdévot : retable en bois
doré, travail flamand, xvi' siècle, hauteur 1 m. 70, longueur
3 m. 12.
Forêl-Fouesnant (La),' — Eglise ; calice et patère, argent
doré, xvt^ siècle.
Gouesnach. — Rglise : croix processionnelle, argent
doré, 1691.
Guengat. — Eglise : croix processionnelle, argent doré,
1584 ; — Calice et patère, argent doré, corn m en ce ment du
xvi' siècle. ■
Ile~de-Batz. — Eglise : étole de saint Paul de Léon, tissu
oriental, viii° siècle, longueur 2 m. 40.
Kerfeunteun. — Eglise : croix processionnelle, argent,
1638.
Lannédern. — Eglise : croix processionnelle, argent, 1620.
Locronan. — Eglise : ostensoir, argent doré, fin du xvi*
siècle.
Martyre (La). — Eglise : Reliquamant de saint Salomon,
argent, xvi" siècle, hauteur 0 m. 40, longueur 0 m. 30.
Mespaul. — Eglise : croix processionnelle, argent, 1675.
Pleyber-Christ. — Eglise : croix processionnelle, argent
doré, XV i' siècle.
Plouénan. — Eglise ; croix processionnelle, argent doré,
XVI' siècle.
Plougasnou. — Eglise i croix processionnelle, argent,
xvii° siècle.
Plougoulm. — Eglise : croix processionnelle, argent doré,
1640.
Plouigneau. — Kglise : croix processionnelle, argent,
XVI 1° siècle.
Plounévez-du-Faou. — Flglise : croix processionnelli
argent, xvii' siècle.
Quéménéven. — Chapelle de Kcrgoat : vitraux, xv
siècle.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 201 —
Quîmperlé. — Eglise r dyp tique-reliquaire, cuivre doré,
1475.
Roche-Maurice (La). — Eglise : petite chasse, argent,
xv« siècle, hauteur 0 m. 31, longueur 0 m. 22.
Roscoff. — Eglise : bas-reliefs d'albâtre montés en retable,
xvi^ sièle.
Saint-Jean-du-Doigt. — Eglise : croix processionnelle,
en argent fondu ciselé et doré, du xvi" siècle ; — Calice et
patère, en argent doré ciselé et gravé, xvi' siècle ; — Calice
et patère, en argent doré, portant sur son nœud une série de
petits émaux peints, xvi° siècle ; — Bras-reliquaire de saint
Maudet, argent sur âme de bois, xvi* siècle, hauteur
0 m. 35 ; — Buste-reliquaire de saint Maudet, xv' siècle ; —
Reliquaire du doigt de saint Jean, xvi' siècle.
Saint-Pol-de-Léon. — Eglise cathédrale : cloche de
saint Pol, bronze, hauteur 0 m, 19.
Saint-Thégonnec. — Eglise : croix processionnelle, argent
doré, xvi° siècle,
ïrégiinc. — Eglise : croix processionnelle, argent doré,
1610 ; — crosse abbatiale, argent, Kill.
n,g,t,7.cbyGOOglC
XLVII.
POM-CHATEAU ET PONT-L'ABBE
AUX États de Bhetacnb.
(Suite)
3' PARTIE.
Les villes de Pont-Ch&teau et Pont-l'Abbé ans Etats.
Nous avons dit que les baronnies ne députaient pas aux
Etats, les barons ayant le droit et le devoir d'y siéger en
personne. Au contraire, les villes ne pouvaient y paraître
que par députés ; mais les barons ne représentaient pas les
villes ; et nous allons voir des députés de villes chefs-lieux,
de baronnies sii'ger aux Etats en même temps que les barons
leurs seigneurs.
Des « dix-sept seigneuries gratifiées à tort ou à raison du
litre d'ancienne baronnie de Bretagne ■ (l) —je ne puis
m'occuper que de celles-là, — onze avaient pour chefs-lieux
les villes dont elles prenaient le nom : Ancenis, Château-
briant, Derval, Fougères, La Roche-Bernard, Malestroit,
Pont-Chàteau, Pont-l'Abbé, Quintin, Rohan, Vitré. — Le
chef-lieu de Léon était Landerneau ; celui d'Avaugour le
Goélo) Chàtelaudren ; celui de Retz, Machecoul. Enfin
Coëtmen, La Hunaudaye et Lanvuux avaient leurs châteaux
pour chefs-lieux.
Or sur les quatorze villes ou bourgades chefs-lieux de
baronnies, nous en verrons onze, parmi lesquelles de très
petites, députant, fut-ce une fois ou deux, aux Etats. Trois
d'entre elles seulement n'apparaissent pas aux listes que
nous avons pu consulter.
(I) M. dvla Bordehe, Lft neuf ba>-otu.... p. IV.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Quand nous parlons de villes députant aux Etats, il faut
nous entendre, 11 ne s'agit pas, originairement du moins,
de communautés urbaines, que nous nommons aujourd'hui
communes ou municipalités. La députation des villes aux
Etats de Bretagne, ou, comme on disait alors, au Parlement
général du duc, a, pour la plupart des villes, précédé de près
d'un siècle la naissance des communautés bretonnes.
Je n'ai pas à dire l'établissement de ces communautés.
Comme les peuples heureux, cet étahlissement n'a pas
d'histoire. En Bretagne, les communautés n'ont pas été
comme ailleurs formées par la violence, en vertu de chartes
arrachées aux souverains. Elles ont été (et c'est un titre
d'honneur pour notre pays) ou spontanément créées par les
ducs ou les seigneurs locaux, ou amiablemenl accordées par
eux à la demande des bourgeois. Los titres de concession,
s'il y en a eu, n'existent plus (1).
La première communauté est celle de Guingamp, ville
principale du Penthièvre, qu'on voit existante au milieu du
XIV' siècle et qui semble bien un don de Charles de Blois et
de Jeanne de Penthièvre. « Les communautés de Nantes
et de Rennes furent crééessous Jean V ; et, vers le milieu
du xve siècle, presque toutes les villes de Bretagne jouis-
saient d'institutions analogues, o (2)
|1) La Miiimunaulé était en germe dans le conseU paroissial que nous
Donimons consett de fabrique et qui (ut appelé en Bretagne le général de
la paroisse. On pourrait presque dire que la communauté n'a été que le
développement du couseil de la paroisse. {Sur ce point, M. de (.'ourson .
Prolégomènes ilu Cartulaire de liedon.) De là certaincmenl rbabilude en
certaines coninionautés de délil»rer à l'église vers le prune de la jjrand'
messe sur des objets absolument étrangers aux intérêts ecclésiastiques.
(Ex. : Carhaix, Itilu.] En d'autres lieux, les communautés délibèrent dans
une dépendance de l'église, comme à Quimper à l'église du Guéodet.
J'ajoute que longtemps avant qu'il fùl question de communauté, les
bourgeois des villes se réunirent pour délibérer sur leurs intérêts
communs de commerce et d'industrie et faire comme ferait de nos jours
un conseil municipal, par exemple nommer des mandataires pour défendre
en justice les InlértXs du • commun de la cité. .. (Ex, Redon, en 1?8'J.)
(i) M. de la Bordcric l4i Brela'jne aux iterniers siècles du Moyen Age
(conférences), p. 7.
n,g,t,7.cbyGOOg'IC
— 201 —
Mais longtemps avant, on voit les bourgeois des villes,
c'est-à-dire le Tiers-Etat, délibérer au Parlement des ducs
avec le clergé et la noblesse: c'est ce que montrent les
procès-verbaux des Etats [1].
Le premier Parlement général a où il est parlé en termes
exprès des villes » est celui tenu à Ploërmel par le duc
Arthur II, en 1309. Ce qui ne veut pas dire que les bour-
geois entraient pour la première fois au Parlement (2)
Le procès- verbal du Parlement tenu par Jean III à Rennes
en 1315, finit par ces mots : a Au Parlement ô (avec) solen-
nité des Trois-Etats « (3).
Les villes représentées dans ces deux sessions ne sont
pas nommées. Mais voici un troisième procès-verbal où
apparaissent des noms de villes. 11 est du 13 novembre 1352.
Il s'agit d'une grave affaire : l'envoi d'ambassadeurs en
Angleterre pour traiter du mariage du fils aîné de Jeanne
de Penthièvre avec une fille du roi d'Angleterre, et demander
la mise en liberté de Charles de Blois.
Jeanne de Penlhièvre convoque à Dinan les prélats,
barons, seigneurs, et villes qui lui sont fidèles. Cette
assemblée réunie par celle qui pour les personnes convo-
quées est la duchesse de Bretagne a bien le caractère
d'Etats de Bretagne. Les évêques de Saint-Brieuc, Tréguier,
Vannes, Hennés, Dol et Saint-Malo sont présents, avec
vingt-trois seigneurs, dix abbés et. onze villes, savoir :
(I) Quand je parie dos prûcia-verbaux des Elals, je me réfère aux copies
que D. Morice a imprimées, et qui peut-être sonl malheureusement abré-
gées cumnie beaucoup des actes publiés par lui.
(3) En parlant ainsi Lobineau semble dire que les villes avaient eu avant
1309 entrée au Parlement. D. Morice semble penser Je même. {Pr. 111.
Préface, p. XV). Disons qu'elles ne pouvaient y siéger lonijlemps avanl,
puisque en France te Tiers n'est entré aux Etals généraux qu'aux der-
nières années du xiii' siècle.
(3) MoriM, Pr. I. 1252,
n,g,t,7.cbyGOOglC
Rennes, Nantes, Dinan, Morlaix et Quimper, et les
villes principales du Penthièvre : Lambalte, Moncontour,
Jugon, Châtelaudren, Guingarap, La Roche-Derrien. Les
bourgeois et habitants des villes délibèrent, donnent leurs
avis et « font apposer les sceaux des contrats des villes »
absolument comme les prélats et les seigneurs (1).
En 13fi4, après vingt ans de guerre, la paix se fait. La
suprématie de l'autorité ducale est établie ; mais Jean IV,
devenu plus puissant que ses prédécesseurs, est entraîné à.
des dépenses plus considérables (2). Les revenus des domaines
ducaux deviennnent insulfisants ; il faut recourir aux contri-
butions publiques ; ces impositions sont de deux sortes :
l'impôt direct, connu sous le nom de fouage ; l'impôt indirect,
c'est-à-dire des taxes notamment snr la vente et le transport
des marchandises.
Ces impositions doivent être votées par les Trois-Etats ;
les réunions des Etats deviennent plus fréquentes ; et on peut
conjecturer que le nombre des villes appelées à y députer
s'accroît en proportion. La participation des villes au gou-
vernement et à l'administration devient ainsi plus active.
L'importance des villes, c'est-à-dire du Tiers-Etat breton,
n'avait pas échappé à la sagacité du roi Charles V. Dans les
graves conseils qu'au moment de sa mort il donna à ses
frères, je relève celui-ci : « Le duc de Bretagne est un
homme cauteleux et divers et il a toujours été plus anglais
que français. C'est pourquoi tenez les nobles de Bretagne et
les bonnes villes en amour. Vous lui briserez ainsi ses inten-
tions ; car ils m'ont toujours loyalement servi et aidé A garder
(1) Morice, Pr. J. 148fi-87. — M. Laronze, Esiai 3ur le régime muni-
cipal en Bretatjne, elle ces Etats comme les premiers od les mandataires
des villes paraissent (p. H). Erreur certaine.... et qui n'est pas la seule
du volume. CF. Mes Papeijauls de Bretagne (1891).
(2) M. de la Bordcrie. — La Brelai/ne aux demiert siècle) du Moyen-
Ase. p. 7.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 20fi —
et défendre mon royaume contre les ennemis » [1). (16 sep-
tembre 1380.)
Sous Jean V, en décembre 1408, à l'assemblée où sont
délibérées tes instructions à donner aux ambassadeurs du
duc en Bourgogne, le procès-verbal nous montre a les
bonnes villes en grand nombre, a Par malheur, cette pièce
ne nomme pas ces bonnes villes, pas plus que le procès-
verbal de la tenue de 1420,
C'est seulement en 1422 que nous trouvons à l'assemblée
des Etats traitant avec le duc de Bourgogne une liste des
villes : encore est-elle incomplète puisque l'énumération
finit par ces mots » et plusieurs autres bonnes villes » (2|.
Les villes dénommées sont au nombre de quatorze ; figu-
rent en tête les chefs-lieux des neuf villes épiscopales,
et après elles : Fougères, Vitré, Quimperlé, Dinan,
Morlaix.
Vingt-trois villes sont dénommées au procès-verbal des
Etats de 1451 où Pierre II proclama la liste des neuf baron-
nies. Ces villes sont, outre les neuf villes épiscopales, les
villes principales de Bretagne : neuf d'entr 'elles sont aujour-
d'hui chefs-lieux d'arrondissements, savoir : Dinan, Fou-
gères, Guingamp, Montfort. Morlaix, Ploërmel, Quimperlé,
Redon et Vitré. Les cinq autres villes sont Guérande, Hen-
nebont, Josselin, Lamballe, Malestroit.
Remarquez-le : cette liste est complète et les vingt-trois
villes ont été convoquées : la preuve, c'est que plusieurs
n'ayant pas député (Fougères, Guérande, Redon, Saint-
Malo) sont déclarées défaillantes, comme les seigneurs qui
ne répondent pas à l'appel de leurs noms.
Le procès-verbal des Etats de 1455 donne la liste des
(I) GuiïOt. — Histoire de Frai
(i) Movice, Pr. II. 1137.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 207 —
députés de 25 villes au lieu de 23 (1). Ces villes sont celles
nommées en 1461, plus Moncontour et Quintin (2).
Les mêmes vingt-cinq villes sont appelées à l'ouverture
solennelle des Etats de 1462 (3).
Ainsi, 23 villes ont été convoquées par le duc aux Etats
de 1451, 25 sont représentées aux Etats de 1455; les mêmes
sont appelées aux Etats de 1462. Gomment douter qu'il n'y
eût à cette époque un rôle des « bonnes villes » ayant
entrée aux Etats ?
Constatons que Pont-Château et Pont-l'Abbé n'étaient pas
sur ce rôle.
Pour la fin du xV siècle et la première moitié du xvi',
nous sommes sans renseignements sur le nombre et les noms
des villes jusqu'à l'année 1567 où commence la collection
des procès- verbaux des Etats.
Par malheur les procès -ver baux du xvi' siècle et du
commencement du xvii% comme ceux dressés de 1309 à 1455,
ne nomment pas toutes les villes représentées; et les listes
se terminent par des etc. D. Morice a essayé de suppléer à
ces lacunes et il a dressé deux listes des bonnes villes repré-
(I) Morioc, Pr. U. I3J8 (i9. Alain Bouclisi-d (folio 30.^, V Eil. des Bibl.
Brelons) donne une liste de 18 noms seulement, omettant Laniballe, Vitré,
Monlfort, Maleslroit el Josselin.
Le comte de Lavai, héritier présomptif de sa mère, siège comme baron
de Vitré, et auprès de lui, Olivier de Saînt-Melaine, bourgeois de Vitré.
(3; Morice, l'r: II. lijTI. Le procès-verbal ne donne que ii noms ; mais
cetuidelaviUede Vannes, où se tient la session, est certainement à ajouter.
On pourrait dire que la liste n'est pas complète et que le procès-verbal
ne donne que les noms des villes représentées en passant sous silence les
villes défaillantes comme Vannes ; mais nous allons retrouver le nombre
de 2j villes.
Le baron de Vitré et les nouveaux barons de Maleslroit (Jean de Derval)
et de Quintin (Jean du Perrier) siègent, et en même temps les trois
députés de Vitré, Malestroit et Quintin, Guillaume du Mars, J. Paindavoioe
et Pierre Plufragan,
(3) Morice, Pr. III. 7-8. Le comte de Laval baron de Vitré, le baron de
Malestroit présents avec les députés des deux villes.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 2Ô8 —
eentéee aux Elats pendant cette période : la première com-
prend les villes dont il a retrouvé les noms aux registres
des Ëtats avant l'année 1600 ; la seconde comprend les noms
des villes qui ont député entre 1600 et 1614. En comparant
ces deux listes avec la liste des 25 villes (de 1457 à 1462),
on éprouve quelque surprise. D'après D. Morice, huit villes
députant au milieu du xv' siècle n'auraient plus député
avant 1614 : ce sout Redon, Montfort, Lamballe, Guérande,
Malestroit, Josselin, Moncontour et Quintin. En revanche,
on voit apparaître à la première liste douze villes, à la
seconde huit villes qui ne députaient pas en 1451-1462.
Le tableau que je donne à la fin de cette étude montrera
ces ditTéreuces au premier coup d'œil.
Les listes de D. Morice appellent quelques rectifications.
La première liste (villes députant entre 1567 et 1600)
comprend 30 noms (1). Elle omet deux villes épis copales,
(t) Parmi ces noms remarquons celui de Saint-Renan. S'agit-ll de
Saint-Renan aujoard'tiui cheMieu de canton de l'arrondissement de Brest,
un de (jKranan, commune du canton de Uhâteauliii ? Ces deux lieux por-
taient autrefois le nom de Saint-Henan ou Ronaii (a)
On me dit ; i 11 s'agit de Locronan. La Heine Anne avait donné à
Locronan le titre de ville avec les privilèges attaeliês à ce titre (n) ».
Locronan avait acquis par ses Fabriques de toiles une importance indus-
trielle que Saint-Renan n'eut jamais (c). ■
— Soit '■ Mais Saint-Renan lut cheF-lieu de la justice royale du bas
l.éon. Ce siège arec celui de Brest fui uni à celui de Lesneven par l'édit
de i.hâteaubrianl . octobre I5lîri) ; rétabli plus tard, il lut transporté à
Hrest, mais seulement en 168i. Nous allons voir, en IGli, Sninl-Renan et
Brest comptés pour une seule députation aux Etats. Jusqu'à preuve
contraire, et pour ces raisons, nous pensons que c'est Saint-Renan et non
Locronan qui a député entre I5(>7 et 16UU, notamment en 1578.
(a) En breton Saint-Renan eiît nommé Locoman ar fana/ (Locronan de
la boue), et Locronan est dit Locomen ehoal Nevet (Locronan du Iwis
de NevetJ. Grégoire de Rostrenen. L'auteur uroteste contre l'assimilation
de Saint-Ronan (en latin Htytiànus) avec Saint-René (en latin Henalus).
(b) Ogée, 1. 5U, La date de l'acte serait de 1505, lors du pèlerinage
que Ht la Reine venant de Quimper et > suivant le bord de la mer Jusques
au Potgouet (Boucbard, f" tW, v BIbl. Bretons), c'est-àHlIre passant par
Loctwutn. Chateaulin, Le Faou. Daoulas, Landerneau. La Reine tit son
entrée à Sain t-Pol-de- Léon le dernier vendredi d'août. IMorice, r^i'. IIL t«i9.)
(c) CI. Bull, de la Soc. arch .. T XXEI (]»9K) — Un Corsaire
brtaloU *ous Loaii XV, par le !>■ Corre, p. Mi, et le Bureau <lei toiles de
Locronan, par notre regretté confrère Serret. Le tissage des toiles à voiles
n,g,t,7.cbyGOOglC
\
. — 209 —
Dol et Saint-Brieuc, dont les députés siégeaient en 1451 et
1462; comment n'auraient- ils pas siégé depuis ? Du moins
les voyons-nous siéger en 1567. La liste omet en outre
Redon, qui a député en 1567; Jugon, députant en 1578;
Le Conquet, Paimpol, Châtelaudren, députant en 1598 (1).
Voilà donc sept noms à ajouter à la première liste qui
comprendra ainsi 37 noms.
La seconde liste donne huit noms nouveaux : Le Conquet,
Pontivy, Roscoff, Machecoul, Cliason, Rhuys (Sarzeau),
Hédé, La Roche-Bernard. Nous avons déjà ajouté Le Conquet
à la première liste. Il nous reste seulement sept noms à
mettre à la suite des 37 ; nous arrivons ainsi au chiffre total
de 44.
Pont-Chàteau et Pont-l'Abbé ne figurent pas sur les listes
de D. Morice et aucune indication ne nous permet de les y
ajouter.
Mais qu'on ne croie pas que ces 44 villes aient député
ensemble. Elles députent comme à tour de rôle, tantôt les
unes, tantôt les autres, sauf sans doute les grandes villes.
En quel nombre les villes sonl-elles représentées à chaque
session ? C'est ce que l'on ne peut dire. Les procès -verbaux
nomment les villes des députés premiers arrivés et ajoutent
a et plusieurs autres n, indication qui aiguise la curiosité
mais ne la satisfait pas.
Toutefois on peut croire, avec D. Morice, que, a après
l'édit de pacification de 1598, la représentation du Tiers
s'accrut D : ainsi en 1600, 22 villes sont nommées ; en 1608,
23; en 1613, 29; en 1614,31.
Cette année 1614, les Etats furent assemblés à Nantes en
présence du Roi et de la Reine mère. Ils demandèrent qu'il
(1) Je trouve ces indications complémeataires dans le 1" volume de
Recherche» »ur les Etais de Bretagne, du regretté du Bouétiei de Keror-
guen (1S75).
Bulletin jiBCBdoi.. ne Pimstàbi.— Toub XXV. (Mémoires). U
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 2^(^ —
fût dressé un rôle des villes ayant le droit de députer. Le
28 août, le rôle fut arrêté.
Il comprit 44 villes dont quatre assemblées deux par deux
ne comptèrent que pour deux : Brest avec Saint-Renan,
Antrain avec Bazouges. Les villes avaient ainsi 42 voix fl).
Encore une fois Pont-l'Abbé et Pont-Château n'ont pas
trouvé place sur la liste privilégiée. Tout espoir semble
perdu pour ces deux villes puisque les Etats supplient le
Roi « de ne pas augmenter » le nombre des villes députant
aux Et^ts.
Les choses restèrent en cette situation jusqu'en 1667.
Le 6 juin de celte année, un •arrêt du conseil iixa le rôle des
communautés ayant la députation. La liste fut quelque peu
modifiée : au lieu de 42 noms, elle n'en comprend que 36.
Les six noms supprimés sont ceux de Brest et Saint-Renan,
Ch&teauhriant, Clisson, Douarnenez, Machecoul, Antrain et
Bazouges.
Hâtons-nous de dire que Châteaubriant et Brest recou-
vrèrent aussitôt leurs places ; mais les quatre autres villes
furent définitivement exclues de la dépulation [21. Deux des
(I) Voir la lisle'dans Moriçf, Pr. III. préfaïo, p. XVI. — Morice dit
1 qu'il n'y avail rien de rég\é là dessus >. N'esL-ce pas un peu d'exai^é-
ralion ? et n'y avait-il pas un rùle quelcanaue ou un usage dont les villes
pouvaient se réclamer comme d'un titre à la députation. En l59tJ, Redon
se plaint de n'avoir pas élè appelé aux Et^ts. M. du Bouâtiez, 1 p. d.
M dn Bouëtiez n'a pas tenu compte de la fixation du rÛle de 1g14 ; et
cette omission l'a cnlralnË dans quelques inexactitudes de détail. Chose
curieuse ! l.es villes semblaient tenir au droit de députer, et elles n'en
usent pas. Jamais les ii villes ne sont toutes représentées : en ItiM,
:il ; en IGI8. 29; en IC3I, 31 ; en 1G3!), 31 ; en IG.S. U; en 1GG1, 31.—
M. du Bouétiez, I. p. GO et suiv
(3) L'omission sur la liste de Drest et Cliàteaubriant provient sans doute
de ce que les deux villes n'avaient pas envoyé les pièces établissant leurs
droits aux deniers d'octroi.
Douarnene;; et CMsson seuls proteslèrent. M du Bouétiez, I, p. 72.
On peut voir les singulières péripéties par lesquelles a passé la dépu-
lation de Port-[^uls dans VlHitoire de la foiulalton de LarieTil, par H.
Jégou ; et en résumé dans les Reckerchex.... de H du Bouétiez, I. p. 71,
Qu'il nous suffise de dire qne la ville autorisée à dépuler dés 1«18, ne
députa pas ; qu'en ^è^'i, en I7t>;i, elle Fut autorisée de nouveau ; mais que,
K)ur diverses causes, son député n'obtint l'entrée des Etats que cd 1770.
était temps I
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 2H —
places vacantes furent attribuées à Hédé et à La Roche-
Bernard ; les deux autres étalent, parait-il, réservées pour
le Port-Louis érigé en communauté dès 1618, etLorient,
que la compagnie des Liides venait de fonder en 1666, et qui
allait obtenir la communauté et la députation aux Etats par
lettres de 1733.
Le nombre de quarante-deux « bonnes villes n approuvé
par les Etats en 1614 était ainsi atteint, et il est resté le
même jusqu'à 1789.
On voit que les deux villes de Pont-Château et Pont-
l'Abbé n'ont pas député aux Etats : par conséquent il n'a
jamais été question entre elles, pas plus qu'entre les deux
baron/nies, de voix altemfilive.
Ainsi les tarons de Pont-Château et Pont-l'Abbé n'ont
pas siégé alternativement aux Etals de Bretagne ; les deux
villes n'y ont jamais paru. L'alternance de voix entre Pont-
Château et Pont-l'Abbé n'exista jamais.
C'est une légende.... que la démonstration qui précède ne
détruira pas, car les légendes kistoritjîies même réfutées ont
la vie dure.
Nous avons dit (ci-dessus, p. 202) que trois villes chefs-
lieux de baronnies n'avaient pas député aux Etats. A Pont-
Château et Pont-l'Abbé, il faut ajouter Derval.
On trouvera ci-après, réunies en un tableau général, cinq
listes des villes bretonnes ayant eu, à cinq époques depuis
le milieu du xv° siècle, la députation aux Etats. Les noms
des villes sont rangés par départements actuels.
J. TRÉVÉDY,
Ancien Prâident du Tributal civil de Quimper.
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Quelques monuments de la commune de Plouescal
(Finistère)
Au commencement de l'automne de 1896, notre collègue
M. le chanoine Abgrall me parla d'un grand tumulus situé
à 1500 mètres au nord-ouest du bourg de Plouescat. Il lui
avait été signalé par M. l'abbé Picart qui le croyait intact.
M. le curé Goasguen m'ayant très aimablement offert
l'hospitalité, dans les premiers jours d octobre de la même
année je me rendis à Plouescat; à peine arrivé, il voulut
bien m'accorapagner chez le propriétaire du monument. Il
nous reçut le mieux du monde et, nous ayant assuré qu'il
était intact, après avoir trinqué au succès de la fouille, il
fut convenu que le lendemain matin, f> octobre, nous
commencerions l'exploration. I,e reste de la soirée fut
employé à embaucher quelques travailleurs, avec lesquels
le lendemain à la première heure nous nous dirigions,
accompagné de notre fouilleur, vers le village de Kernéac'h
sur les terres duquel se dresse le tumulus, il 300 mètres au
sud-ouest des édifices.
En arrivant sur les lieux nous eûmes un grand désappoin-
tement, le tumulus avait été fouilléparune large excavation,
en forme de puits, percée au sommet. I.cs fermiers du lieu
interrogés n'avaient pas connaissance de l'époque de cette
fouille. Elle était donc ancienne. Par suite nous crûmes
devoir la reprendre espérant tout au moins constater la
nature de la sépulture intérieure, ce qui ne fut pas difTicilo.
C'était une chambre à parois maçonnées 6 pierres sèches
recouverte par une voûte. Sur le fond, probablement recou-
vert d'un plancher, il avait élé déposé des restes incinérés
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 215 —
dont nous avons rencontré des traces. Quel mobilier y
trouva-t-on, lors de la première fouille ? Nous n'avons pu
le savoir. Quelles él.aient les dimensions de la chambre ?
Elle était trop bouleversée pour pouvoir le dire.
Quoique peu favorisé par le temps, qui s'était mis à la
pluie, nous n'avons pas voulu abandonner ce beau tumulus,
qui a 37 mètres de diamètre sur 8 mètres de haut, sans
tenter une nouvelle exploration dans sa partie est, qui était
absolument intacte.
A cet effet nous avons ouvert à sa base une tranchée de
4 mètres de large allant de l'est à l'ouest, en passant par le
centre, dans laquelle nous avons recueilli quelques éclats
de silex et quelques morceaux d'une poterie très grossière
à cassure noire.
Dans cette tranchée, à dix mètres cinquante de la base
du tumulus, nous avons rencontré une aire circulaire d'argile
calcinée de 2 m. 23 de diamètre et de 2A centimètres
d'épaisseur, dont le centre était à 2 mètres sous l'enveloppe
du tumulus, sur laquelle était étendue une couche de cendre
de 22 centimètres d'épaisseur, mêlée de fragments d'os
brûlés et de morceaux de charbon de bois. Au-dessus de
cette couche de restes incinérés était une enveloppe protec-
trice faite de gros galets de la côte, dont plusieurs avaient
subi l'action du feu.
Comme on le voit, nous nous sommes trouvé là en pré-
sence d'une sépulture secondaire à incinération faite sur
place, chose rare. Constatation nous permettant de dire que
notre visite au tumulus violé de Kernéac'h n'a pas été inutile
et que les deux journées que nous avons consacrées à son
exploration n'ont pas été perdues.
Pendant ces deux jours, les visiteurs ne manquèrent
pas sur les lieux.de la fouille. De l'un d'eux, un jeune et
aimable docteur du bourg, nous apprtmes que, dans l'anse
do Kernic, on voyait, dans la grève, les restes d'un grand
n,g,t,7.cbyGOOglC
monument mégalithique. En rentrant au presbytère, nou
fimes part de ce dire à M. l'abbé Picart qui, avec la plu
parfaite complaisance, fit atteler une voiture et. malgré I
pluie qui nous fouettait le visage, poussée par un fort ven
d'ouest, nous partîmes à sa recherche.
Placé sur la grève, au sud de la pointe de Kernic, c
vaste monument, aujourd'hui complètement ensablé, visibl
seulement à la basse mer, est perpendiculaire à la côte t
orienté sensiblement est-ouest- Nous trouvant sur les lieu
au moment favorable, c'est-à-dire à la basse mer, noi:
avons pu en relever le plan que nous donnons ici. La situt
tion actuelle de ce monument prouve l'affaissement cens
dérable de cette partie de notre littoral.
En jetant les yeux sur notre plan, on voit que Tensemb
de ce beau monument se composait, primitivement, de dei
galeries couvertes parallèles, dont les fables n'existent plu
fermées à leurs extrémités par des mégalithes en travers,
de chambres à ciel ouvert dont on voit encore les trac
pour trois d'entre elles. D'ici peu d'années, probablemer
les sables s'amoncelant sur les restes de cet importa
monument d'une époque bien lointaine, en auront fait disp
raître toute trace.
Ajoutons à cette courte note que dans la commune >
Plouescat il existe :
Un menhir de 5 mètres do haut à Lannerien, à 2 kilom
très à l'ouest du bourg ;
Un menhir de 7 mètres de haut à Kergouara, au nor
nord-ouest du bourg. Près de ce monument quelqu
pierres fichées en terre semblent être les restes d'i
cromlec'h ;
Près de la ferme de Gorré-Ploué, à 800 mètres à l'est i
bourg, au sud de la route menant de Plouescat A Saint-Pi
un autre menhir, de 4 m. CD de haut, accompagné d'i
dolmen qui a été exploré ;
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,l,7.cbyGOOglC
— 2(8 —
Un dolmen à Créarc'h-ar-Vrenn. connu sous le nom de
An-ty-Roc'h, ouvert à l'est ; la table de forme ovale repose
sur cinq piliers;
Un autre dolmen renversé près du chemin conduisant de
Plouescat à Lochrist ;
Enfin, dans cette commune, en 1867, il fut trouvé uue
cachette de fondeur composée de haches à douille, de frag-
ments de haches à ailerons et de fragments d'épée, le tout
en bronze.
P. DU Chatellier.
n,g,t,7.cbyGOOglC
BOURGEOIS ET GENS DE MÉTIERS A CARBAIX
(1670-1700)
I.
Aux foires de Carhaix.
u Carhaix par aa position ne devrait pas être délaissée ;
il serait important d'y placer quelque établissement qui
put la revivifier, l'empêcher d'être un désert en peu de
tems. Ce poste militaire est de la plus grande importance;
tout le monde le fuit parce qu'il est sans ressources, et
peut-être pour éviter l'esprit détestable de chicane, de
division, de haine, de discorde, dont il fut de tout tems
le théâtre, s |1)
Ainsi l'écrivait Cambry en 1794. ,
Cambry était un esprit porté à l'exagération et beaucoup
de ses appréciations lui sont restées pour compte. I. a der-
nière partie de ce jugement outré sur la patrie de La Tour
d'Auvergne était plus difficile à justifier qu'à formuler,
Carhaix représentait une oille-type d'avant 1789 : son
activité commerciale, son cachet militaire restitué par la
présence de garnisons successives, sa vie religieuse avec
ses communautés et ses confréries, et surtout la classe de
ses gens de métiers particulièrement intéressants, sont des
éléments curieux à étudier. Nombreux, actifs, ces derniers
économisent, capitalisent ; et nous les voyons, par une sorte
de sélection, avoir, en la personne de leurs petits fils, entrée
aux délibérations de la communauté de ville et arriver aux
hauts degrés de l'échelle sociale.
(!) Cnmbry, Voi/niic ilans k Finistère, édilion 1830, p. 157,
n,g,t,7.cb;G00glc
- 230 —
A cause de ses foires connues au loin (1), Carhaix se devait
d'être en mesure pour recevoir les gens de Normandie et de
toute la Bretagne qui s'y donnaient rendez-vous pour trafi-
quer. Les Normands, entr'autres, beaux mangeurs et ama-
teurs de confortable devaient y chercher de quoi répondre
aux exigences d'une vie laborieuse de forains. Ils avaient
chance de trouver bonne enseigne et chère délicate, soit
chez Jacques Balleroy ■ hoste débitant vin et citre s, soit
chez la veuve Le Dréau, dont le fils Thomas exerçait la
profession de boucher, une auberge où descendaient les
nobles gens ; ou bien chez Henri Jaïïré (JafTray), a hoste débi-
« tant vin et couvreur » à Kergroaz, ou bien encore chez
Jean Fraval, en face de la halle. Braves gens, sans doute,
que ces Fraval ! mais un peu turbulents, et que M. le
lieutenant de la Cour voyait souvent intervenir dans ses
informations d'offices et enquêtes à titres variés et
différents. : deux étaient couvreurs d'ardoises, Hervé et
Guillaume ; Yves, marchand toilier, vivait avec son père, et,
probablement gr&ce à sa complaisance et son honnêteté,
était souvent prié de commissions oflicieuses pour Gourin,
Rostrenen ou autres lieux, où ses affaires de marchand de
toile l'appelait.
Sur la place au Charbon, on trouvait encore l'auberge de
Jacques Hervy, autrement qualifié M' picoteur de pierres ;
dans la rue des Augusting, celle de Jean Pourcelet; et je
ne sais plus où, l'auberge du Plat d'estain; ou bien encore
la Irattoria de Jean Basset « traiteur tenant auberge à
a Carbays ; d'autres fois qualifié aux registres « M" Cuisi-
■ nier • comme son autre confrère dans l'art des Vatel, M^
Sylvestre Derrein.
11 serait surprenant que Carhaix n'eut pas bonne
boucherie et notables bouchers ayant à dix lieues à
la ronde si gras pâturages et si beaux troupeaux : on
(1) Grandes (oires de la mi-car^me, de la Sainl-Pierre el de la Toussaint.
n,g,t,7.cbyGOOglC
trouve Jacques Le Borgne, qui a épousé une fille de boucher,
Estlennette Dougedroat, dont le frère exerce la même pro-
fession ; Yves Le Cantréat, boucher comme son père et
comme son cousin Thomas Le Dréau ; Nicolas Pennée, et
Mathieu Thépault, etc.
Il y a bien encore des poissonniers, vendeurs de « viande
« de carême » pour les jours d'abstinence : Jacques Le
Pichon, Guillaume Blays, Mathurin Dubot, de la rue Neuve,
François Le Roux.
La région est très poissonneuse : mais cela ne m'explique
pas un article assez singulier pris à charge par le Trésorier
de la confrérie du Rosaire en 1718, ainsi conçu (1}. : « Reçu
' du Fabrique de Glomel pour deux limandes : S livres ? ■
Guillaume Martin et Jacques Boulay ■ maîtres jardiniers •
vous serviront les herbes potagères et Jean Nicol « marchand
fruitier ■ sera à vos ordres pour votre dessert avec M' Paul
Moussel, ( paticier a.
Les boulangers en boutique sont suffisamment représentés :
Michel Huby, Péron Le Bourgis (ou Bourc'his), Louis Pri-
gent, de la rue de la Fontaine-Blanche, Jean Toudic « bou-
« langer de sa vaccation », (2) etc.
M* Pierre L'A voilée est ■ foumier de Carhays n. Son four
o à ban ■ four banal, voit s'ébaucher des querelles, nattre
des rixes qui auront leur dénouement devant les juges. Si
encore ne viennent pas se grefTer sur elles de vieilles ran-
cunes et de nouvelles provocations !
La halle et le four à ban sont la scène ordinaire où l'on
prépare de la besogne aux sergents et au lieutenant criminel.
En effet on y voit la chronique défrayée par des exploits comme
ceux dont Jacques Le Dran « porteur de paste au four »
(1) Archives de la fabrique de Carlialx.
(!) Registres paroissiaux de Saint-Trémeur.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 222 —
témoigne par devant la Justice pour le compte de « Marye
« Brodron boulangère de pain blanc auttortsée de Louis
0 Huby M'maroschalsoiimari » contre « Jeanne Lo Palmay
a aussy boulangère femme de René Monniau aussy M=
■1 mareschal » fl).
L'époque des foires amenait du nouveau dans Carhaix, et
spécialement à la date de la foire de la mi-carême, le rôle
dos affaires de police se trouvait notablement chargé.
Un de ces incidents de foire, qui se passait en 1672 nous
semble digne d'être raconté : il nous met au courant du
règlement de la halle de Carhaix, et nous renseigne sur
l'origine des no'^bles marchands qui venaient à ses foires.
Le 31 mars 1672 (2), en sa maison située rue du Fil, le
sénéchal Louis de la Boissière reçoit à 8 heures du matin
la visite de M' Bonaventure Mével se portant procureur pour
damoiselle Louise Névez, sous-fermière des halles de la
ville, 11 remontra au premier magistrat assisté du procureur
du Roi et de son greffier que par arrêt de la cour, du 24 mai
1666, il est « enjoint à tous marchands forains, tant gros-
« siers que dettaillant de se placer aux bouttiques estants
a soubs laditte halle aux jours de marchés et de foires et
ï qu'inihibitions et deffanses leurs ayant esté faictes de se
« placer aux boutticques, maisons particulières, et aux
H propriettaires desdites maisons de les y recepvoir à paine
« de cent livres d"amandes, qu'au préalable touttes les bout-
« ticques de ladite lialle we soient plaines et occupées ». Les
marchands et propriétaires ne tenant nul compte de ce
règlement, au grand préjudice de la demoiselle Névez et des
" revenus que doibt produire la halle à Sa Majesté », la
sous-fermière en a fait donner connaissance au son du tam-
(1) Carliaix, procédures {29 novembre tG89). Archives départenienteles.
(%) Archives départe mentales, fond de Carhaix : Procédures criminelles,
n,g,t,7.cbyGOOglC
bour aux carrefours et lieux publics par le ministère de M'
Thomas Rosselin, général et d'armes, et la veille, et, en
plus, le jour même de l'ouverture de la présente foire, A
cette heure, la halle reste inhabitée tandis que les maisons
B circonvoisines a sont remplies de marchands et de mar-
chandises. Le procureur requiert, en conséquence, le séné-
chal d'aviser et pour ce, de faire une descente sur les lieux.
Celui-ci y eonsentant s'achemine vers la halle, où arrivés,
M. Bonaventure Mével fait vérifier que vingt-trois boutiques
restent inoccupées, tant du côté qui avoisine la boutique de
Thomas Thépault, que de l'autre côlé, tant à la sortie de la
halle donnant sur la rue qui conduit à Gourin et dans
e l'allée des Bouchers ou se vandent la bure et berlinge »,
qu'à la sortie du côté de la rue du Pavé. Puis constatation
faite de la chose, on procède à la visite des maisons voisines.
On relève une boutique occupée délie tueuse ment par Germain
Girard, marchand de la ville de Hennés ; deux autres par
Nicolas Harion, marchand de la ville de Guingamp ; une autre
par Jan tharet, marchand de Nantes. D'autres sont retenues
par le sieur Monier, marchand tapissier, par le sieur Le
Scur, par Marin Ckapron, marchand de ville de Morlaix, par
Robert Gelin, marchand de la ville de Falaise, par Isac de
l.yvet, marchand chapelier de Chatelavdren.
La suite de l'enquête est renvoyée au lendemain et ce
jour, 1" avril, on prend en contravention, Jean Pour-
celet, chapelier de Carhaix ; — IHarye Chapelain, « vendant
des chapeaiix «, qui dit « estre de la ville de Lamballe * ; —
Guillaume Bénard, tapissier de la ville de Hennés ; —
Ambroise Lanoë, « marchand grossier de la ville de Moncon-
tour B ; — Guillaume Gobiche, marchand grossier de ta ville
de Pontivy, i quy a dict ne pouvoir estaler soubz la halle à
« raison de sa grande quantité de marchandises ; — Philippe
de la Lande, marchand de Saint-Lo, a quy a dict quil y a
« vingt ans quil hante et vand de ses marchandises dans
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 224 —
( eesteville sans qu'il ait estalé.ny pris boutticque en la halle. >>
Gaspar Le Seur, marchand de drap de Vire, en IVormandie,
— ¥t)on Mahé, marchand de Guingamp, — Thomas Bonner,
marchand de Caen, en Normandie, — Louis Le Can, delà
ville de Caen, qui déclare qu'il n'a pu estaler soubz la halle
& raison qu'elle n'est pas fermée.
Nicolas du Hamel, de Saint-lo, et les suivants s'emparent
de cet argument : la halle n'est pas close ; comme le font
aussi Guillaume Floeh, de Morlaix « vendant du drap d'An-
( gleterre en gros », Guillaume Querhuic, de Morlaix,
I vendant aussi des marchandises d'Angleterre en gros »,
François Quéméneur, autre Morlaisien, vendeur de drap
anglais ; — Pierre Servel, marchand mercier, de la tille de
Lambaile.
L'enquête terminée et acte donné des constatations précé-
dentes au procureur de la fermière, demoiselle Louise Névez,
qui dépose des conclusions aussitôt acceptées, Germain
Girard est condamné à payer à ladite Névez la somme de
48 livres pour le louage d'une boutique pendant le cours de
ceste dite foire de my-caresme solidairement avec ledit sieur
et dame de Belestre (les loueurs) et cent litres d'amande. La
sentence est identique pour tous les marchands dont il est
cas plus haut, et pour les propriétaires, qui représentaient
des personnages notables de Carhaix. La sentence est portée
dans toute sa rigueur a nonobstant opposition ou appellatîoa
( quelconque eu esgard à la nature du faict et qu'il est ques-
• tion de deniers royaulx. > — « Avons permis audit Mével
■ de faire arrester et séquestrer les marchandises des cy
H dessus nommés pour assurance du payement de ceste
■ somme de dix-huit livres et amandes. »
Pour l'avenir satisfaction était donnée aux réclamations
motivées d'un certain nombre des condamnés.
* Au regard desdits Lalande, Bonner, Can, Duhamel,
« Floch, Goasquer, Querhuic et Quéméneur, esgard à leur
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 225 —
t soutien que ladite halle n'est close avons ordonné qiu la
« fermûre la fera clore en sorte que lesdits marchands el
0 leurs marchandises y soient en seuretté i .
Signé ; de la lîoyssière, séneschal,
Philippe-Emmanuel Olymant, procureur du Roy,
The sa net, greffier,
(taxé dix escus pour deux jours receus).
Nous trouvons à l'occasion de la foire de mars 1675 (1),
une accusation grave de saisie arbitraire portée contre un
huissier du consulat do Morlaix, au préjudice d'honorable
marchande Estiennette Campîon, espouse et séparée de
biens de Michel Le Baron, de la ville de Morlaix.
Les termes de la plainte, du 29 mars, nous informent
sufTisamment de ce dont il est cause :
■ Disant ladite Campion questant marchande de draps
« d'Angleterre et autres marchandises, elle aurait pris une
s boutique dans la halle do ceste ville et commencé à débiter
« depuis le premier jour delà présanle foire do my-caresme,
1 sans aucun trouble. Et ce matin environ les sept à huict
■ heures serait arrivé auprès de sa boutique. M" Jan Le
■ Joyeu, huissier au consuUat de Morlaix, assisté du sieur
a. de Kerroc'h et quatre autres personnes à elle incognus,
« lesquels sans autre forme de procès se sont saisis des
a marchandises de ladite supliante sans luy dire la cause
" si non que ledit Joyeu a déclaration estre saisy avec
« pouvoir sans lavoir apparu ny aucun acte et jugement ny
s non plus avoir aulne la marchandise.... et emporté ladite
< marchandise qui valloit plus de trois mille livres, comme
« aussy ce qu'elle avoit receu d'argent qui pouvait eslre
i quatre ou cinq cents livres, et une monstre de la valleur de
« plus de deux cents litres, sans aussy avoir escrit ou dellivré
« aucun procès-verbal desdites marchandises, et comme le
(I) Archives du Finislère, Carbaix procédures, an 1675.
Bulletin aschéol. du FiKisTtiia,— Tohk XXV. (Hémoires]. 15
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 226 —
I suppliant et son mari ont voullu sopposer à l'enlèvement
c desdites marchandises et argeant, et monstre, jusqu'à
■ avoir eu un procès-terbal ledit Joyeu aumi'f mis l'espée à
■ la main et ledit sieur de Kerroc'h un pislollet pour debvoir
■ les maltraicter, et l'auraient effectivement faict sans quils
■ ont pris la fuitte et que les autres marchands ont empesché
« lesdits Joyeu et Kerroch de les maltraicter sy bien que
« lesdits suplianta ne sçavent ce que sont devenus leurs
■ marchandises sinon qu'ils ont appris qu'elles ont este
c transportées en divers lieux, ce qui marque que ce n'est
« pas une exécution mais un enlèvement extraordinaire et
s qui mérite une paine et des dommages et intérests ».
Le même jour, 29 mars. Le Joyeux peu rassuré sur son rôle
dans l'afTaire adresse une supplique pour être interrogé, et
prend les devants, « sans préjudice de se pourvoir par les
■ voies de droits pour dommages et intérests •>.
Interrogé, il déclare se nommer Jan Le Joyeux, huissier
audiencier de la cour du consulat de Morlaix, et y demeurer
pue Saint-Melaine, et être âgé de 42 ans. Il dépose qu'il
était accompagné de M' Berthélemy Adelaine et de Jacques
Hellequiu, sergents royaux u et Téaudés », de Jan Stéphan
et de Yves Créachquillivic. Sur question, Le Joyeux répond ;
— « Quil estoit porteur d'une requeste présentée par
I Jan Le Breton, marchand de la ville de Morlaix, au sieur
« juge consul dudit Morlaix et de luy rèspondue le 26' de ce
« mois portant permission de séquestrer les marchandises
■ desdits Baron et Cempion faute de payement de la somme
« de neuf centz quatre-vingts deux livres quils doibvent audit
n Breton. » — De plus « respond que voiant que lesdits ne
« faisaient aucun estât d'obéir à sa sommation.... il prist et
■ fist prendre à sesdits assistants quelque peu de marchan-
■ dises telles quelles sont dénommées dans son procés-
• verbal ; lesquelles estoffes il fist rendre chez la veufve du
« Dréau, hostesse de ceste ville après les avoir préalable-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 227 —
> ment faict autner par Marie Douriguen, marchande dudit
u Morlaix. » Alors une bagarre éclata, et il fit dresser
procès-verbal pour prise de corps contre la Campion et son
mari, mais sans que iui ni personne des assistants n'eut tiré
l'épée on montré un pistolet.
Les témoins ont été frappés surtout, semble-t-it, de
l'extérieur galant de l'huissier morlaisien. Le premier
à déposer est honorable marchand Bernard Boudier,
demeurant en la ville de Saint-Malo : <t II a vu un
« homme habillé de gris ayant des boutions dkorpkayvrerie
a sur son justeaucorps et portant une espée dargent au
a costé aborder la bouticqtte. a II a entendu la sommation,
la signification du séquestre ; puis les protestations de
la Campion exigeant l'exhibition d'un jugement quelconque.
Alors, un des assistants de l'huissier a pris l'épée que
celui-ci portait au côté et s'est mis à « jouer du « moulinet
o pour faire retirer les marchands qui sestoient aprosché
o deux. »
Le second témoin fait à peu de choses près la même décla-
ration. C'est Jan Bothorel, facteur chez Nicollas Chevallier,
marchand contrepoi'teur de la ville de Quimper, logé chez
la veuve Penguilly, près de la halle.
Jacques Saulnier, marchand contreporteur aussi, de la
ville de Nantes, logé chez la veuve de Jean Fraval, hôtesse
de la rue des Augustina, a vu « emporter des brassées
« d'estoffes par trois personnes à luy inconnus lun desquels
a est borgne. » Il ne les vit pas aulner et ne sait pour quelle
fin on opérait cette saisie. Le quatrième témoin est Charles
Aimeras, marchand de Rennes : Il a vu lui aussi emporter
les brassées d'étoffe par des hommes « allant vers l'hôtellerie
ou pend pour enseigne « le Chapeau-Rouge «.
Honorable femme Suzanne Barré, compagne de Jacques
Joussiaume sieur du Mouy, marchands de Rennes, a remar<
n,g,t,7.cbyGOOglC
que le « chapeau noir bordé d'argeanl » de Joyeux, et assure
avoir vu l'exhibition de pistolet et d'épée.
Jan Le Sech, couvreur d'ardoises, demeurant paroisse de
Plouguer, « rue du Querguet r est très formel contre l'huis-
sier ; ainsi que le huitième interrogé a Antkoinne Tirtn,
■ marchand de la ville de Crenaize (?), province de Lom-
I bardye », qui a vu dégainer et remarqué les a cheveux
• frisés » de M' Le Joyeux.
Comment se termina cette affaire qu'un ofiicier minis-
tériel avait engagée, peut-être trop vigoureusement ? Nous
n'avons pu en trouver )a solution définitive rédigée en un
bon arrêt de la cour royale de Carhaix.
L'année suivante, à la mi-carême 1676, nous retrouvons
M' Jan Le Joyeux mêlé à une de ces aventures qui signa-
laient la foire et devaient mettre le lieutenant du siège de
Carhaix sur les dents.
Le 21 mars, le sieur René Després, marchand brodeur à
Paris, mais demeurant à Saint-Brieuc, venu pour la foire,
dépose une plainte contre le sieur Jacques Pupil, marchand
magazinier. Ce dernier, et son associé Thomas, lui aurait
extorqué l'acceptation d'une lettre de change de 400 livres.
La veille, à 5 heures du soir, il ne perd pas de temps, il se
rend chez le sieur de Pratmeur, greffier du contrôle, pour
avoir « «?i comparant qu'il avait à l'heure qu'il estait devant
B M. le lieutenant «. Il était précisément question de Pupil,
qui étant survenu traita Després de fripon, banquerou-
tier, etc., d'où, plainte, ordre d'informer et enquête d'infor-
mation doflice. Le premier témoin, nous le retrouvons, c'est
M' Jan Le Joyeux, qui s'intitule cette fois sieur de la Porte-
Neuve, toujours huissier audiencier du consulat à Morlaix,
mais toujours aussi, comme l'année précédente, « aagé
« d'environ quarante-deux ans ! »
Le peu de détails que je signale au sujet de la foire de la
(ni-caréme suffît, me semble-t-il, à établir que l'on ne serait
n,g,t,7.cbyGOOglC
pas en peine, en se bornant aux seuls acles de procédure
passés par devant le lieutenant du Roi, pourfaire une histoire
des foires de Corhaix, si fréquentées et aussi souvent mar-
quées par des incidents qui devaient faire sensation et donner
une certaine animation à la vieille cité, qui n'avait rien d'une
ville morte : au contraire !
Maréchaux et autres ouvriers du marteau de la
confrérie de Saint-Eloy, à Carhaix.
Le 18 décembre 1*578, en la chapelle de Monsieur Sainct-
Marc, située en la paroisse de Saint-Mathieu, devant notaires
de la séuéchaussée de Quimper, les députés de la frairie de
Saint-Eloy, se réunissaient pour aviser aux abus qui se
glissaient, notamment « depuis les cinq ou six ans n, et se
peuvent résumer par ces mots ; Désormais on s'installe
comme on veut et on tient boutique, « sans avoir souffert
« l'examen et fait preuve de capacité, ainsi qu'il s'observait
« anciennement et quil sobserve dans les frairies desdits
a mestiers établies dans les autres villes du royaume, où il
« y a police et maîtrise desdits métiers, sous prétexte qu'il se
" trouve qu'il n'y a pas eu des statuts de ladite frairie qui
B ayent été rédigés par écrit, consentis par MM. les gens du
» Hoy, autorisés de J/.1/. les juges et confirmés par le liog. o
On rédige des statuts en bonne et due forme, et en janvier
1670 Guillaume Bergeron, dans une note qui accompagne
le texte, fait observer au sénéchal que les statuts primitifs
furent faits en 1532, approuvés par l'évoque et le sénéchal,
observés jusqu'à ces derniers temps où il a fallu réunir le
chapitre de la frairie pour revoir les statuts et se pourvoir
près de Sa Majesté pour en obtenir l'entérinement et confirma-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 230 —
tion. Les slatuts de Quimper (1) ne comportent pas l'institu-
tion d'une simple confrérie, mais bien d'une maîtrise, dont le
règlement deviendrait, par l'approbation royale, toidet'Etat
et appliquée à ce titre par ses agents, comme lettre de loi.
Au contraire, les statuts de Carhaix présentés en 24 articles
à l'approbation de Mgr René du Louet, en IG'iS, puis de rechef
à celle de Mgr François de Coëtlogon, l'^juillet 1678, ne sont
pas aussi explicites que ceux de Quimper. Pour qui le voulait,
il y avait lieu de trouver des échappatoires, de ces mailles dans
le filet par lesquelles on peut passer et éluder des règlements
qui ne s'imposent qu'à ceux qui ont la bonne volonté de les
subir. On n'y retrouve pas la teneur des articles 1, XIl, XllI,
XIX, XX, XXIll et XXV, ni ce qui concerne l'Examen des
(ils de maîtres (XXVI-XXXIIt), et VExamendes compagnons
(XXXIV-XLVl)i c'est-à-dire les articles organiques de la
maîtrise de Quimper, mais seulement les dispositions prises
pour l'institution et le fonctionnement d'une frairie ou
confrérie; soit conditions de régie, des deniers et res-
sources de l'association, leur application aux offices de la
fraternité et aux besoins de l'assistance et des secours
mutuels.
Quand on entreprend quelque chose de bon et d'utile,
on a dans l'esprit un idéal de conception, mais dans
l'exécution, on reste toujours au-dessous. Au dernier
Congrès de l'Association bretonne, à Quimper, notre savant
vice-président de la Société archéologique. M, le chanoine
Peyron, a donné les statuts bien frappants d'une confrérie
de Saint-Ninian, instituée à Roscoff, au commencement du
xvii' siècle, pour la suppression des procès ou moyen
d'un arbitrage basé sur l'équité et le sentiment chré-
tien ; les statuts ont été rédigés, la société a été fondée ;
n'insistez pas pour savoir si
elle a fonctionné ?
(1) CE. Bulletiu de la Sociélé archéologi'!'"' du :
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 23^ —
Ce fut une belle conception aussi des ouvriers frappant
au marteau de Carhalx de s'associer, de fonder une œuvre
de solidarité puissante et agissante, ayant une caisse de
famille alimentée par les cotisations et les contributions des
membres de la confrérie, formant une vraie famille, où tout
besogneux trouvât aide et protection contre l'infortune et
les cas fortuits ; honorée de l'état prospère de l'association
et fière de ses manifestations pieuses.
Voici, du reste, les termes des » statuts de la Confrérie
de Saint-Eloy, érigée en l'église collégiale de Saint-Trémeur
à Carkaix » (1).
Articles que prfoenl par devanl Monseigneur Mossire René du
Louet par la grâce de Dieu et du Saint-Siège Apostolique evesqiie
en lévêché de Cornouaille, Maurice Jamet cl aémenl Levicomie
convenus cl dépulés par Jean Jamet, François Cadrous, Jean Le
HouJIec, Gilles KergofT, RcDé Laurans, Nicolas Le Guillou, Louis
du Bois, Yvon Le Bartz père el lils, Jean Pérot, Nicolas Postée,
Jacques et Noël Eslier, Jean et Philippes Bauuoir père et fils, et
Jean , louz maisircs de leurs mesliers et estatz scavoir :
mareschaux, selliers, arineuriers, clouliers,fourbisseurs, coutelliers,
serreuriers et autres arts frappant au marteau pour eslre sous le
bon plaisir de mon dit seigneur admis et cstablis en llionneur de
Dieu et de Monsieur saint Eloy en leglise collégiale de Saint-
Trémeur, en la ville de Carhaix, et Être perpétuellement gardés el
observés en forme quen suici :
A premier
Suivant la première institulion el fondation de ladite confrérie
qui se fera le jour et fesle de Monsieur saint Eloy, en juin avec tes
cércmoDies y dénommées ci-après.
A premier
Four le Jour de Monsieur saint Eloy et que le jour devant qui
est la veille seront dictes les vesprcs avec les cérémonies assistanls
les vénérables chaDoines et supols de ladite église pour les salla-
|1) Archives dn Finistère.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 232 —
riier comme il appartienâra, et aussi avec sud des cloches de
ladite église pour avertir lesdils confrères, et vespres seront dilles
devant lautel et image de Monsieur saint Eloy, et le lendemain jour
saint la grande messe ditte et célébrée sur ledit autel avec lei>dites
cérémonies. Les vcspres de l'après dinée du mesme jour avec le
chapelain, diacres portant tuniques et ornements pour lesdits
service avec le son des cloches dans ledit jour et durant le divin
sacrifice.
Le lendemain du jour de Monsieur saint Eloy les confrères feront
dire une messe de basse voix pour l'ame des detTuucIs trépassez.
Plus les abez auront soin de faire allumer quatre grandes
torches portées par des (1) [ ]
(2)
(7) Et aussi le dimanche précédant du jour et teste de Monsieur
saint Eloy en juin lesdits confrères assistants touu ensemble dans
ladite église nommeront et députeront pour entrer en charge deux
des ahtez el confrères pour servir ladifo confrérie dan en un ei
presteront le sermeot de fidellement s'acquitter de leurs devoirs
par devant Monsieur le vicaire.
(8) Lesdits abbez auront une boette sur laquelle il y aura deux
serrures et deux clefs, chacun gardera la sienne el sera ladite
boette ouverte au jour et feste de Monsieur saint Eloy pour mettre
les aumânes el amandes qui se trouveront.
(9) Pour lesdils coutrères paieront par chacun au et feste de
Monsieur saint Eloy en juin pour frérie chacun 10 solz et faute de
ce faire ils seront exécutés par labhc lequel se fera assister par un
des confrères servant à ladite confrérie.
(10) Que tous autres qui auront la volonté de se faire euroller en
ladite frérie afm d'avoir |>art aux prières, [tairont trois solz pour
la première année el les autres ensuivant un sol, et lesdits abbeî
{1) Faul-il lire chanoines ?
(S) Les lignes suivantes sont efTacées considéra btemcnt : il n'y a pas de
doute qu'elles ne c«nliennent des instructions miUutlUii sur le nombre des
cierges et les détails prévus pour rcliansser l'éclat de cérémonies que l'an
veut aussi incomparables que (aire se peut.
n,g,t,7.cbyGOOglC
auront le soin de faire un livre pour enregistrer iesdils confrères
de ladite frérie et aiilres qui se iroiiYeront.
(11) Tous gens nouveaux qui ouvriront boutique estant de mes
tier ne pourront aucunement, tenir, ouvrir n'y travailler que
préablemenl (sic). Ils ne vienuent trouver lesdits pères abbez et
confrères de ladite confrérie et paira pour son entrée la somme do
vingt livres une (ois paie et une livre de cire h In frérie dan en an
au profit de ladite frérie avec le devoir el coutume aux abbez et
frères de mestier deiies.
(12) Et pour les (lis (fils) des maîtres qui ouvriront boutique
seront tenus paier et bailler une fois payé au père abbé vingt solz .
en la boette et une livre de cire cbacun deux une fois payée.
(13) Les tilles de maîtres qui épouseront gens de mestier de
ladite frérie pairont soixante sois dans la boette et une livre de
cire à labbé de ladite frérie aussi une fois donnée et paironl dan
en an leur frérie.
(14) S'il y a aucun malade dudil mestier qui n'auraient le moyen
de se relever et nourrir chacun couple d'hommes et femmes mariés,
bailleront chaque semaine audit malade pendant la maladie icelle
somme qui sera advisé par les abbés connaissans.
(15) Néantmoius que ledit malade nait aucun moyeu sil vient a
décéder Iesdils frères seront tenus daller k son enterremenl et faire
dire et célébrer lesdits service et messe cy-devani. . . , Javec)
le luminaire des quatres torches au plus sil se trouve et six
pillels et aussi ledit frère d'assister chacun deux aux enter-
rements 'des confrères tant riches et pauvres faute dy assister
pairont chacun desdils défaillaus cinq solz thournois d'exdcutible
par lesdits abbez au prolil de ladite frérie
(16) Que ceux qui auront le moyen décédés pairont la somme de
trante solz thournois pour le service qui se fera a son enterremenl.
(17) Que tous autres qui ne seront de la confrérie sils désirent
lesdites torches do ladite confrérie pairnnl dix sols monnoix aux
abbez tournant au profit do ladite frérie.
(18) Pour tous les compaignons dos mestiers de ladite frcrie qui
viendront el Iravaiileronl chez les maistres à leur entrée paironl
nu sols par mois el pour les apprauiifs qui voudront apjrendre
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 23< —
meslier en ladite frcrie paira cbacun deux udc lois paytJ traate sols
loururtis ea la boëtle et une livre de cire à la chapelle le tout an
profil de la frérie, de quoy les malslres respooderool de chacun
de sou serviteur appraulif et pairont en leur privé ladite
somme.
(19) Et pour eux marchands qui vaudenl du fer en boutique
ouverte eu gros ou en détail en ceste ville pairont à la frérie six
sols par chacun au aux abbez à chacun jour de Housieur saint
Eloy en'juin exécutlble.
(20) Tous autres vendeurs qui viennent de dehors comme quin-
quailleurs, vendeurs de fer, vendeurs dassier, serrurerie, toute
autre sorte' de ferraille pairont chacun cinq sols par an et à la foire
de Saiut-Pierre dexécutible par lesdits abbez au protlt de ladite
frérie dan en an faute de ce faire non permis de destailler leurs
marchandises.
(21) Quil soil permis aux pitres abbez et autres flls servant la
frérie que Irois jours auparavant la feste daller veiller avec leurs
boëltcs par la ville comme aussi aux grandes foires et aux petites
foires en Ihonneur de Monsieur saint Eloy.
(22) Tous lesquels deniers seront emploies a lenlretenement de
la frérie comme pour payer le chapelain et autres et pour avoir le
luminaire recquis et mêmes ornements nécessaires pour les services.
(23) De tous les deniers que les pères abbez recevront seront
tenus rendre compte par devant Monseigneur lEvesque ou ses
commissaires, lequel examinera lesdits comptes.
(24) El que lesdits abbés et les frères prendront un dit chapelain de
ladvis de Monsieur le vicaire et non autrement.
Signé à l'original par Reué du Louet, Ev. de Cornouaille, et
Georges Ferrand, promoteur (1), du 21 juillet 1643.
Tel était le programme, mais il devait se buter à bien des
diflicultés pour être réalisé et pratiqué.
(I) La cope que posseden
ebemln et d I ju II Ili7l
François de Co tlog n
n,g,t,7.cbyGOOglC
Le compte de 1646 est intéressant d'autant plus qu'il est le
premier et qu'il doit se ressentir de la ferveur des commen-
Le comptable accepte a en charge la somme de sept livres
« reçus de René Cadors, Jean Renaît, Jacques Eslier, Nicolas
ô Le Guïl, Louis Dubot, Yves Le Bartz, Jean Perot, Nicolas
B Postée, Philippe Baunoir, Morice Le Bartz, Julien Brullé,
B Yves Peloux, Gilles Lumeau, Bastien Laouénan et Jean
« Fraval desclarans n'avoir peu se faire paier par les
« autres ouvriers du dit mestiers qui sont Morize Jamet,
a Jean James {lisez Jamet], Clément Levicomte, François
• Cadroux, Gilles Quergoff, François Bodin, Noël Eslier,
" Jacques Du Pont ». Soit vingt-trois confrères, dont buit
se montrent rétifs à solder toute cotisation.
En 1654, le comptable Jean Briatid prend charge de la
somme de « onze livres huit sols par luy tousckés par les
H confrères marchands que débitans en la ville de Carhais,
« mais proteste ne répondre d'avantage n'ayant rien receu
« ni touscké non plus d'aucun jeunes maistres pour droict
« d'ouverture de boutique ny pareillement d'aucun compai-
* gnons ny apprantiff. n
En 1656, lors de la visite, 8 juillet. Monseigneur René du
■ Louet fait sommation aux comptables de Saint-Eloy « de
« verser leur reliquat sous huict jours et auxquels enjoignons
u de poursuivre les précédents fabriques de rendre leurS
« comptes si faict nont do jour à autre ".
En 1664, M' Jamet encaisse « pour droits d'ouverture de
B boutique suivant les statuts » plusieurs sommes de vingt
licres, de Jacques Esleir, d'Alain Lindivat, de Louis Couppc,
d'Yvon Lostanlen et autres ; mais en retour il énumère des
frais élevés de procédure i pour requestes aux juges du
tt siège afin de contraindre tous battans fer ot marchands
B forains de paier ce qu'ils doivent aux fins des statuts »,
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 236 —
En 1669, trente-et-un confrères soldent leur frairie, maip
c'était, trop souvent, un grand désagrément pour le comptable
sortant de charge d'avoir à répondre de fonds qu'il n'avait
pas chance de toucher, ou bien de faire les frais de procédure.
Kn 164t>, le comptable demande « décharge de la somme
0 de 20 livres thournoîs dus par maistre Pierre Chavario-
" armeuryer « condamné par la Cour de Carhaix, plus
« dix-sept livres tkournoy dépensés pour procédures sans
n eampramlre les paines et frais de sallaires ». Le trésorier
était donc exposé aux difficultés épineuses d'un conten-
tieux absorbant.
Le 21 avril 1683, par devant M' Révault et Guillaume
Gnillet, notaires royaux. M" Jan Pourcelet, Louis Coupé,
Gildas Le Postée, Clément Jamet, Yves Lostanlen, Anthoyne
Le Gaillart. Gilles Guillou et autres (ils étaient treize).
« Tous maistres mareschaulx, celliers, ceruriers et cloutîers
" de ceste ville » s'assemblent pour délibérer sur Testât du
procès à soutenir « obtenu de ce dit siège le vingt et sixiesme
« mars dernier, par Yves Perot et Marc Le Lay en quahté
e de fabriques et Marguilliers de la confrairie de sainct
« Eloy... allencontre de François Balleroy dessus l'appella-
" tion d'icelle par ledit Balleroy interjettée » et à cet effet, ils
donnent procuration à Perot et à Le Lay de poursuivre
l'affaire et le paiement.
D'autre part, nous trouvons aux archives du Finistère,
un papier cotté « escrit de réponse des fabriques (Marc
1 LelayetYvesPerrot) demandeurs, répondansaux prétendus
" deffenses de Michel Quémarec, deffandeur n. (Juillet
1683.)
Ils font observer au siÈge l'obligation, d'après les statuts,
à tous ceux de la profession qui ouvrent boutique de payer
à la confrérie « vingt livres par chaque ouverture de boutique.
• Les fabriques ont de ooustume et sont en obligation de
0 déclarer lorsqu'ijs rendent leurs comptes en sortant de
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 237 —
u leur charge de fabrique combien ils ont receu davec les-
0 dits confrères et d'en tenir compte à celluy qui entre en
« charge. C'est ce qui a donné lieu aux demandeurs voians
« quàprez avoir examiné le compte dudif Quémarec il ne
« s'estoit chargé d'aucune somme touchée desdits confrères
« pour le droit de boutique, n Or Michel Quentric, maréchal,
lui avait payé six livres à valoir à ce litre : or, appelé à en
rendre raison, il fit défaut et, après plusieurs contumaces, il
se présenta enlin à l'audience du 28 mai. La Cour ordonna
à Quémarec de réformer son compte. Sur cela il fit un écrit
par lequel il soutint que « n'aiant paie que douze livres au
■ sieur vicaire de Carhaix pour son tiers aux offrandes, il
« n'a receu que trante et six livres d'offrandes et que son
• compte portant cinquante et quatre livres, il est censé que
o les dix-huit livres restans pour faire 54 livres sont prove-
u nus des deniers dudit Quintric et des offrandes que les
a confrère ont mis dans la boette le lendemain de la feste
• de saint Eloy. »
Les demandeurs voient quelques inconvénients à admettre
ces moyens de défense.
« 11 n'est pas vray que le sieur vicaire aie prins les /2 livres
■ pour son tiers sur 36 livres d'offrandes et il se peut que
• lesdits cinquante et quatre livres soient provenus d'of-
« fraudes puisque ledit sieur vicaire, qui est généreux, ne
« regarde pas de si près avec ladite confrérie, a réglé son
a tiers tous les ans depuis les dix ans derniers à douze livres
a ainsi qu'il se proune par les comptes précédents et posté-
« rieurs à cetluy dudit Quémarec. Or, on ne peut dire que
B les offrandes qui proviennant d'un casuel ou de la libre
a volonté d'un chacun soint égalles tous les ans. j>
Les comptes des fabriques de Saint-ïrémeur, du Rosaire,
de la paroisse et des trêves de Saint-Quijeau et de Tréfrévin
en font foi et le vicaire n'en disconviendrait pas, comme
n'en doutent pas les demandeurs.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 238 —
> Outre, continuent-ils, outre que les dix huict livres (ju'il
■ veut imputer à la recepte qu'il a fait des deniers de la
■ boëtto et davec ledit Quenlric, peuvent estre provenus de
a la seulle boette puisque louts les ans chaque confrère est
a obligé par les mêmes [statuts] de paier dix sols à la boette
a et le jour de la foire de sa i net Pierre chaque marchand
a forain est tenu paier cinq sols ausd. fabriques. »
Et sagement ils font observer encore : « si les fabriques
a ne marquent pas ce qu'ils touchent, leurs successeurs
a en charge ne pourront connoitre ce qui sera vraye ni
« actioner ceux qui sont en deffault d'y satisfaire ! i
Et insistent-ils, « on voirait en peu ladite confrérie qui est
" érigée pour la gloire de Dieu s'anéantir. «
Puis avant de terminer, les demandeurs sentent le besoin
de rectifier une assertion toute personnelle du défendeur et
qui est un trait de mœurs pris sur le vif,
a Le demandeur a allégué avoir paie du vin et de la bonne
a chère aux demandeurs sous prétexte de parler d'accord.
a C'est un fait qu'on conteste et si il estait question, les
« demandeurs prouveroint que le deffandeur avait attiré les
« demandeurs en un cabaret pour s'accorder, leur offrit pour
a six livres de collation et se retira aprez avoir bien bu et
" bien mangé sans rien paie, sur ce que les demandeurs pér-
it sistèrent à faire paier la (abrice et quon ne pouvait parler
a daucun accommodement qu'aprez avoir paie l'Eglise, n
(Cette réponse est signée de Toussaint Le Roux, advocat
en la Cour : Receu trente et cinq sols.}
10 octobre 1687 ; autre différend : les partis sont honnora-
bles gents Mathurin Daniel et René Novo, fabriques de la
confrérie, répondant aux écrits de défense de Guillaume Le
Dain, de Jean Le Rumon, Louis Huby, Marc Le Lay et
Michel Kermarec, défendeurs, qui refusent leur droit à la
confrérie de Saint-Rloy. A cette réclamation ces derniers
« ont fourni écrit de deffanse par lequel ils soustiennent
n,g,t,7.cbyGOOglC
a que la demande des deffendeurs n'est pas recepvable par
a la raison quil ny a nulle maistrize en cette ville de Carhais
« et que ce n'est qu'une frérie ou il est libre â chacun de sy
• enroller sans quon puisse les obliger à auchune chose
« qu'à leur volonté et quon ne fera pas voir aaclmnes lettres
H pattantes de Sa Majesté qui ayeot esté vériflîées au Par-
» lement qui fussent le fondement de ces prétentions et
« supposé que ladite frérie soit en droit de se faire payer
« par chacun sellier et mareschal une somme d'argent pour
a sa réception, il y a plus de jour et an quits ont ouvertz de
• boutiques et ainsi les deux sont non recepvables à leur
« demander ce qu'on doit payer dans le jour et an. »
A cette fin de non recevoir, les fabriques répliquent, glis-
sant sans trop appuyer : « premièrement au regard de la'
« maistrise de Carhais qu'il ne s'agit nullement de cela, mais
« bien d'effectuer les statuts de la confrérie de Sainct-Eloy,
a laquelle n'a esté établi audit Carhaix quen fabveur des
« mareschaux, scelliers, cloustiers, fourbisseurs, coustflliers,
« si:ruriers et autres de l'art frappant au marteau », et ils
invoquent victorieusement l'article 11 des statuts (1).
a Quand à la prescription de jour et an que les deffandeurs
( allèguent on soustient avecq raison quelle n'a pas lieu
î pour pouvoir les exempter de payer le contenu et une
■ obligation qui ne se peut prescrire en la rencontre que par
« Trantrans (sic) à compter du jour ou les deffandeurs ont
a ouverts leurs Bouticques ny quil soit besoign de faire voir
tt auchunes lettres pattantes de Sa Majesté vériffiées au Par-
ti lement pour soustenir les demandes des demandeurs, puis-
« quelles sont fondées sur les statuez concédées à ladite
■ frérie, lesquels ont estes duement approuvées rattilïiées et
■ corroborées par deffunct Monseigneur l'Evesque de Cor-
■ nouaille depuis le 23' juillet 1643, mesme l'Evesque du
■ présant et du depuis exécutées. »
(1) Voir plus haut les statuts de Carhaix.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Les demandeurs servent A la partie adverse un argument
ad hominem qui est de bonne guerre.
— Le Lay qui fait la mauvaise tête, mais n'a-t-il pas été,
lui aussi, fabrique de Saînt-Eloy, et pendant sa charge,
n'aurait-il pas fait condamner par sentences rendues au siège
< plusieurs personnes de l'art frappant au marteau de luy
< payer le mesme droit qu'on lui demande aujourd'hui. » ?
— Mais, oui, notamment François Balleroy, sellier. — Et lui-
même, pour son propre compte, n'a-t-il pas reconnu devoir
le droit lorsqu'il a payé à raloir la somme de cent sols ? n et ,
» ainsi il est de meschante foy de vouUoir insister de payer
B le surplus quy est de quinze livres et une livre de cire
« dans un an qu'il doit de reste à ladite frérye ».
— Le Dain se prétend induement taxé ; oui « sauf correc-
• tion 1), c'est-à-dire s'il peut établir « qu'il n'a auchune
■ boutique ny qu'il doit auchun droit, puisqu'il est constant
o qu'il paye une somme dargent çmj/ est six Hères par an à
B Louis Le Dain son frère pour le laisser travailler dans sa
■ boutique continuellement. Cela estant, il ne peut par consé-
« quenl se dispenser de payer » soit vingt livres et une
livre de cire par an.
— Quant à Kermarrec, qui a payé six livres à valoir, on
le reconnaît, on ne lui réclame que le reste ; s'il a payé, qu'il
se décide enfin à fournir son acte et on le croira (1).
— Nous avons trouvé dans les archives de l'église de
Carhaix un bon nombre de comptes de fabriques qui com-
plètent d'une façon adéquate la collection conservée aux
archives départementales, dont le premier compte est pour
1040 et le dernier, il nous semble, de 17H2.
Dans leur façon de libeller tes profits ou dépenses les
fabriques se montrent réfractaires aux règles d'une méthode
uniforme et quelconque. Tout dépend du tempérament et de
la complexion de l'individu comptable, ou de celui qui
(1) Cette réplique est rédigée et signée par M* RosseliD.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 2ii —
s dresse son papier >. Nous trouvons donc là des comptes
scrupuleusement présentés et préalablement élaborés, éplu-
chés avec un luxe de détails méticuleux ; dans ce genre
rentrent les comptes de 16^6, 1666, et notamment la période
de 1690 à 1700; nous trouvons, en revanche, le comptable à la
façon de Jean-Bart [refit tant — dépensé tant], qui aligne
deux totaux : charge et décharge, fait une soustraction
et obtient le chiffre du reliquat, qu'il présentera à son suc-
cesseur, à sa sortie de fonction.
Rapidement, et par suite nous exposant à ne pas être
complets, — nous allons passer en revue les ressources
accusées par ces divers comptes.
Saint Eloy est rentier d'un courlil nommé le Courtil de
la Coucc jusqu'à ce qu'il prit le nom de parc de Saint-Eloy.
Il est dénommé tantôt courlil, tantôt parc, et le compte de
1768 le désigne sous le nom de « jardin «, toujours au prix
invariable de six livres.
En 1661, en décédant • Messire Guillaume Kerhuon sieur
« du Stangier et prebtre de sou vivant, demeurant dans la
« ville de Kerhaës n, avait abandonné à la confrérie ce
courtil pour lors affermé neuf livres et tenu par Yvon
Le Lay sous damoiselle Marie Huon dame de Kerelian, sœur
unique et héritière principale dudit sieur du Stangier. En
retour, l'obligation qui grevait cette rente était « deux
• tumbes à l'entrée du chœur de Saint-Trémeur, et un
a libéra avec de profundis à basse voix après toute messe
B dite dans la chapelle. » Le compte de 1670 porte en dé-
charge l'exécution d'une de ces conditions : a Au fabrique
« de saint Trémeur pour le droit de tumbe de deffunct noble
■ et discret Messire Guillaume Huon sieur du Stangier, cy
■ 5 sols ».
L'autre source de revenus, c'était l'acquit des redevances
dues par les confrères.
Bulletin abchéol. du Fini3tbse.— Toiu XXV. (Hémolras). 16
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 242 —
Quelquefois, pour le droit d'ouverture de boutique, ces
confrères payaient leurs vin^ livres en une seule fois ; d'au-
tres fois, — et plus souventes fois, par accomptes à valoir
sur leur acte : soit, par exemple, trois liores, comme Jacques
Cam (1664), soit 30 sols, comme nous le voyons par le
compte de 1717 et autres années avant et après.
Un autre article des comptes se préoccupe des cinq sols
annuels reçus des confrères maréchaux, cloutiers et serru-
rier» : par exemple dans le compte de 1722 « la somme de
six livres onze • sols que (le comptable) a reçu des mais-
i très à raison de cinq sols chacun » ; ce qui nous donne
on chiffre de 26 confrères effectifs.
Autre article ; la somme reçue des maistres pour la messe
de la fête, à raison de 5 sols. Le compte de 1721 les énmère
nommément et scrupuleusement, ce qui nous permet de les
compter à cette date ; ils sont au nombre de trente en
comptant les veuves.
Le pain béni est un revenu important pour la confrérie,
ainsi que la torche qui sortait pour les enterrements : * receu
■ pour les torches de lanterment de la famé de M' Marc Lo
a Lay, cy 10 sols. »
■ Receu pour la torche de lanterment de la fille de M* Paul
. LeGoff: 5 sols (1717). .
• Receu de différants particulliers vingt et un sols pour
« les torches lors des enterments des confrères (1722). »
Le comptable de 1721 accuse en recette « pour le pain
a bénit et torche de diférents particuliers : 30 livres 10 sols. •
L'article du pain bénit nous fournit les évaluations sui-
vantes ;
1717. « Receu le jour de sainct Eloy pour le pain béni :
< 7 livres 10 sols. •
« Reçu pour le bain bénit pour toute l'année, 19 livres,
« soit 26 livres 10 sols. »
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 243 —
1712: «pour la distribution du pain bénit: 53 livres
< 18 sols. »
1768: < pour pain bénit distribué pendant son année en
■ charge, 50 livres, a
Autre ressource pour alimenter la caisse : le produit des
troncs : pendant les douze premières années du xviii' siècle
il équivaut à 4 livres 10 sols par deux mois en moyenne.
Autre revenu de Saint-Eloy : les offrandes des mar-
chands forains :
Foire de Saint-Pierre 1683 : reçu et louché a des mar-
t chands de faucilles, pelles : trante deux sols. ■
« De deux clouttierg forains : dix sols. »
La foire de Saint-Pierre rapporte en moyenne 8 livres à
la frérie.
Enfin les offrandes et oblations recueillies au plat ou dans
les troncs fournissent une moyenne appréciable oscillant de
32 à 44 livres.
Parfois le comptable enregistre l'offrande « d'un carlouron
a de sire » (1646) ou « la charge de vingt sols reçu pour un
a pcttt cocfeon en présent de Guillaume Le Moilic. > (1719}
En 1720, il prend à charge un article qu'il désigne par
ces mots : « pour l'augmentation de largent, huit livres »,
donc à profil ; et l'an qui suit (1721), il remet à son succes-
seur son reliquat, une somme de soixante sept livres quatre
sols • en unze escus de six livres en pièces, une pièce de
n quinze sols et trois sols marcqués et de deux sols et six
« deniers et le reste en pièce de six deniers •.
La quantité de cire recueilli pour offrande en nature parait
très considérable : du reste, les confrères ne lésinaient pas
sur la consommation et ils utilisaient la cire brute qu'ils
recevaient en la faisant ouvrer.
1717 : « Donné le jour de saint Ëloi pour sierges la somme
< de quatre livres quatre sols.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 24* —
« Pour la cire pour faire des sierges la somme de 5 livres
« 10 sols.
« Pour façOD des cierges — une livre six sols.
• Pour de la poye de bourgoigne la somme dsJrois sols. »
Que signifie cet article ? la poix de Bourgogne entrait-elle
dans la confection de ce luminaire ? peut-être pour enduire
le fîl de la mèche ?
En 1716, 0 Y ouf ny aux fériés de Noël pour six cierges:
• trois livres. >
En 1721, la façon des cierges se monte à la somme de
2 livres 8 sols.
Pour les frais de lingerie d'église, nous relevons que le
blanchissage des nappes d'autel se montent à 10 sols pour
l'année 1716, à 12 sols, en 1720, en 1721, pour les « raco-
B moder et les blanchir, 40 sols ». -
On achète, à Morlaix, des fleurs pour garniture de l'autel :
la dépense en 1719 est de « dis francs cy 10 livres, n
En 1683, on paie « pour la façon de deux devant d'autel,
u bazin, galon, fîl et coussinets, neuf livres », et on fait
l'acquisition d' « une couverture jonne pour couvrir lottel ».
Nous avons à relever les dépenses pour réparations et
embellissement de la chapelle du saint patron.
En 1647, les comptables demandent décharge pour avoir
a à Michel Soisson, peintre, paie pour Estoffure et peinture
1 de la carré de leur tableau, avec le gradin la somme de
B huit livres ».
En 1654. autre demande de décharge •> pour avoir élolTé,
• redoré les trois petites images de Saint-Eloy, de la somme
« de qtiarante sols ». C'était, il est permis de le supposer,
des statues portatives que l'on exposait sur la place les jours
de foire, comme celle de saint Pierre, auprès desquelles se
tenaient les trésoriers de la confrérie, et que, d'autre part,
on portait sur un brancard aux processions solennelles.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 245 —
Un sculpteur a travaillé au rétable ou mieux, sans doute
à sa restauration ; il est payé de son labeur partie en
nature, comme l'indique l'article suivant des comptes de
1366: au sieur Dieulangar pour aider aux réparations
mettant le rétable en place baillé auxartisaDs, 32 sois. En
clous pour attacher ledit retable, 12 sols. En une carte
lavabo et ("n priticipio, 4 livres. Le comptable demande
décharge « pour avoir donné au sculpteur à valloir au rétable
K du fil estimé la somme de trente huit livres ;
— 'A une jille pour dévider te fil et pour sa nourriture
a durant quatre jours, 32 sols, u
Nous avons là un renseignement sur le salaire d'une
ouvrière â Carhaix en 1666, et le détail est intéressant à
enregistrer r elle est payée 8 sols parjours ans être nourrie(l).
En 1676, le trésorier « a payé à M' Laurens LoUvier,
Il sculpteur à valoir à son deub pour le rétable de saint Eloy
0 la somme de huit livres. »
En 1682, nous trouvons une indication sur une tendance
qui dénonce la décadence du goût de l'époque : la manie
d'aveugler les fenêtres à tort et à travers : « pour boucher ta
a place de la ^/rande vitre entre la sacristie et le cœur de saint
B Etoy, 3 livres, »
L'année suivante, la décharge porte « pour étoffer l'image
" de saint André estant dans la chapelle de Saint-Eloy,
a 5 livres. •>
a En une croix toute neufve de saint André, 32 sols, »
e En quatre pattes pour attacher ladite croix, 8 sols. »
<i Pour étoffer l'image de sainte Elysabeth, 4 livres
1. 10 sols. »
En 1698 : on paie a 30 sols à Jean Richart, vitrier, pour
(c avoir accommodé la vittre du costé du midy. »
(I) Dans les comptes de 1g fabrli|ue
jourDÉe du eliarpentier soldée à 1
dalmreui' 8 sols.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 246 —
Ed 1716, nouvelles réparations en deux fois dans le chœur
de la chapelle :
■ Payé au massonminuzier (sic) pour avoir accomodé le
« coeur de Saint-Eloy : 6 sols. »
a Pour une charetée de terre jaune : 10 sols. »
o Pour avoir accomodé la grande porte du cœur de Saint-
• Eloy par deux fois : 10 sols. »
B Pour avoir noircy le chandelier : 3 sols. »
Le chandeher et non un chandelier, était-il celui sur lequel
on posait un cierge conformément à l'article 15 des statuts,
dont le texte est effacé en partie, mais pas assez pour qu'où
ne puisse retrouver une ligne où il est dit que les abbés
prépareront « quatre grands cierges 11 .... et a un autre
« pour lallumer devant le c/iapefm pendant loffice ? »
Logé chez saint Trémeur, le bon saint Eloy contribuait
à frais communs aux grandes réparations de l'église. Exem-
ples :
1681 : « payé à maistre Henry Garnier, fabrique de la
• collégiale de Saînt-Trémeup pour contribuer à l'entretien
•i de la couverture de ladite église : 3 livres 5 sols. »
En 1721, le comptable paie u la somme de cinquante et
tt neuff livres au sieur PeréauU, fabrique du grand cœur pour
I ayder aux réparations de l'église, aux fins de l'ordonnance
« de Sa Grandeur du 20° juin signé le 16 octobre avec la
■ quittance dudit Pcréault au piez du 10' dudit mois 1721, n
Saint Eloy était solennisé par deux pardons : en juin, le
grand pardon ; en décembre, la fête de la translation de ses
reliques. Le lendemain, Il y avait messe pour les défunts.
Les prêtres touchaient 5 livres pour leur présence. Deux
professionnels en harmonie y apportaient leur concours
diversement apprécié et payé : l'organiste en 1645-46 touche
pour ses vacations la somme de l'2 sols, et Jean Quintou le
sonneur de cloches reçoit \i sols. Dans le compte de 1C98,
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 247 —
l'organiste n'a plus que 8 sols, mais en revanche, le sonneur
de cloches a eu de l'avanccinent et il émarge pour la même
somme de hutct sols au lieu de trois, tout comme l'organiste.
Une pièce importante dans la célébration du grand pardon
de la confrérie, c'est l'apparition, la bénédiction et la distri-
hution du gâteau de saint Ëloy.
En 1698, le gâteau coûte 3 livres 2 sols. En 1716,
4 livres ; 1720, 5 livres ; en 1721, on solde « pour
" façon et cuisson du gâteau, 5 livres 12 sole ; en 1722,
« 6 livres 5 sols 2 deniers, et il doit avoir les dimensions
« d'une roue de charette n; enfin, dans les derniers comptes,
par exemple celui de 1768, il est marqué • 12 livres pour
a deux gâteaux à bénir le jour de la fette de saint Eloy b.
Hélas I si le gâteau développait ses proportions et même
se présentait désormais en double exemplaire, s'il coûtait
plus cher, le hudget de 1768 n'indiquait pas que la confrérie
progressât en prospérité : la charge est de 57 livres 8 sols,
la décharge de 37 livres 17 sols, le reliquat accusé est de
19 livres II sols. On est loin de la période laborieuse, conten-
tieuse des commencements, mais loin aussi de la ferveur
primitive et de l'activité jalouse des premiers abbés de la
fratrie de Saint-Eloy à Carhaix.
Habent sua fata.. . !
Abbé Ant6ine FAVÉ.
n,g,t,7.cbyGOOglC
PIERRE TOMBALE
découverte à Saint-Louis de Brest.
Dernièrement, en réparant le dallage du chœur de l'église
Saint-Louis de Brest, on a levé une dalle plus grande que
les autres, et on a découvert que c'était une ancienne pierre
tombale portant la statue d'un homme d'armes ( 1) , la Tace tour-
née vers le sol. Cette découverte a causé un certain émoi et
l'on s'est demandé quel était le guerrier dont on retrouvait la
statue, sinon la tombe, puisque Saint-Louîs n'a été créé et
construit que dans la deuxième moitié du xvu" siècle, et d'oii
cette pierre tombale pouvait provenir.
M. le docteur Marion, bibliothécaire de la ville de Brest.
m'écrivit sur le champ pour me signaler la trouvaille et
me demander si je pouvais lui donner des indications;
cela m'était impossible d'autant plus qu'il ne m'envoyait
aucun dessin. Je ne pus que lui recommander de fixer la date
d'après l'armure et surtout d'étudier le blason de l'écu s'il
était déchiffrable. M, Jourdan de la Passardière, héraldiste
très compétent, s'en était déjà occupé. Il arriva vite à se faire
une opinion.
Je ne puis mieux faire que de donner une analyse du
procès-verbal de la séance du 25 juillet dernier de la Société
des architectes de l'arrondissement de Brest qui contient une
description complète du monument et les conclusions de
M. Jourdan de la Passardière, et dont je dois la communication
à l'obligeance de M. le docteur Marion.
(1) Je me sers à dessein de l'expression homme d'armes. Tous les
gentilshommes ne devcnaienl pas chevaliers; il s'en lallail de beaucoup.
De grands hommes du guerre, commandant des compagoics importantes,
ne (urenl jamais qu'écuyers. Te) fiil, eroïims-noiis, le cas de fiilles di'
Tes lie.
,y Google
— W9 —
Les opinions émises par ces messieurs me paraissent très
fondées et, jusqu'à preuve contraire, je considère que la
pierre tombale découverte à Saint-Louis est bien celle de
Gilles de Texiie qui fut capitaine de Brest do 1498 jusqu'en
1514. Quant au lieu où il fut inhumé, aucun document
ne nous l'a encore appris, maisj'inclinerais personnellement
à penser que, étant mort capitaine du château de Brest, Gilles
de Texiie fut inhumé dans la chapelle même du château et
que, cette chapelle ayant été démolie à l'époque où l'on
construisait Saint-Louia, cette pierre fut portée avec beaucoup
d'autres dans la nouvelle église. A cette époque personne
ne se souciait plus du vieux capitaine de la reine Anne et,
comme cela s'est rencontré souvent dans d'autres édifices,
son image fut retournée vers le sol sans aucun respect pour
sa mémoire.
Voici d'abord la description de la figure telle que la donne
au procès-verbal M. le président Chabal,
La dalle est en Kersanton. La tête est nue. Les cheveux
sont longs. Le visage est rasé. Deux anges soutiennent un
voile sur lequel repose la tête. L'armure se compose d'un
haubergeon dont les mailles apparaissent au cou et entre les
lassettes. Les jambes sont couvertes par les cuissards avec
genouillères articulées et les grèves en deux pièces. La
chaussure est celle dite pied d'ours, courte et large à l'extré-
mité. Sur la cuirasse une cotle d'armes rembourrée, courte
avec pèlerine. Un pli de cette cotte agrafé par un bouton
forme la manche. Les mains sont jointes. Au cûté droit de la
figure sont posés un casque du genre armet et des gantelets
articulés. Au c6té gauche une épée droite, large, très forte
et de section losangée soutenue par deux bélières. Les pieds
sont posés sur un lion qui tient entre ses pattes de devant un
écu retourné vers la tète du chevalier. Cet écu porte seule-
ment uu chef. Toute la sculpture est assez bien exécutée et,
à part quelques cassures, dons un bel état de conservation.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 250 —
La seule inspection de l'armure suffit pour démoDlrer
qu'on se trouve en présence d'un homme d'armes ayant vécu
à la fin du xv° siècle. La cotte d'armes serrée, rembourrée
et courte avec pèlerine avait été abandonnée sous Charles
Vil et fut reprise sous Louis XI. Les solerets à large extré-
mité sont particulièrement très caractéristiques et indiquent
d'une façon irréfutable que le personnage n'est pas anté-
rieur aux dernières années du xv' siècle.
La chevelure longue date encore cette statue. Les hommes
d'armes portèrent les cheveux courts jusque vers le milieu
du XV' sièle. Sous Louis XI et Charles VIII tous reprirent
les cheveux longs.
L'époque étant ainsi fixée, se présente la question de savoir
quel est le personnage. L'écu seul peut nous le dire. Il est
heureusement assez bien conservé pour cela. M. Jourdan de
'a Passardière a recherché toutes les familles bretonnes qui
ont porté un écu d'un champ plein au chef également plein.
Je crois devoir transcrire littéralement cette partie du
procès-verbal pleine d'intérêt. Elle montre avec quel soin
M. Jourdan de la Passardière a étudié la question et avec
quelle netteté et quelle force il précise ses conclusions.
Le président invite ensuile M. Jourdan de la Passardière à expli-
quer comment il est arrivé à ideniifier, d'une manière très probable,
la statue de Sainl-Louls avec Gilles de TexuG.
H. Jourdan de la Passardière répond que le nombre des familles
qui portent pour armes un champ plein surmonté d'un chef plein
est assez restreint.
[1 ne connsil pour i^ part que les suivantes :
1. Avaugour : d'argent au chef de guHuIes,
2. La Foresl : d'argent au chef de sable,
3. La Marche : de gueules au chef d'argent,
4. La Hollen : d'argent au chef de sable,
5. Ouillou : d'argent au chef de sable,
6. Talboël : d'argent au chef de sable,
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 251 —
7. Texiie : d'argent au chef de sinople,
8. Trëmaugon ; d'or au chef d'azur.
On peut éliminer de suite :
1. Amugour, rcprésenté'à celte époque par la branche de Ker-
groas, qui brisait d'une màcle. (François d'Avaugour que l'on voit
figurer en 1489 dans les comptes du duché, comme capitaine de
40 lances, est le comte de Vertus, fils naturel de François II).
2. La Forest, représenté, pour la Forest d'Armaillé par Jacques,
conseiller à la Cour, et pour la Forest en Languidic par Louise,
dernière du nom, mariée à Tanguy de Kermavan.
3. Trémaugon, en Plounévez-Lochrist (ne pas confondre avec le
chevalier de ce nom, qui portait d'autres armes), famille anoblie
en 1467 en la personne de Goulven.
■1 et 5. La MoUen et QuiHiou. familles peu considérables de
Comouaille, et qui u'ont pas marqué dans l'histoire du pays.
Jehan La Molen était archer en Brigandine, en l'ISl.
Il reste La Marche, Talhoët et Texûe.
6. La Marche, famille importante de Comouaille, dont le chef
en 1431, Anceau, sieur de Bodriec, marié à Constance de Botmeur,
avait accompagné le duc Pierre à la Cour de Bourges en 1455 ; il
comparaissait à la montre de 1481 comme homme d'armes à deux
chevaux.
Son flis Guillaume vivait à la fin du xv* siècle ; il avait épousé
Marguerite de la Villeneuve.
Nous ne connaissons aucun document rapportant que cette
famille ait eu des attaches du o'iié deBrest à l'époque qui nous occupe.
Talhoèl, ancienne famille du pays de Vannes, dont Guyon, sieur
de Créminec, que l'on trouve en 1513, capitaine et porte enseigne
de Pierre de Poix, baron dn Pont et de Rostrenen.
En 1526, il est présent à une enquête sur l'existence de la
chambre dos comptes de Guéméné. En 1527, il assiste à lé curatelle
de Louis de Rohan, sieur de Guéméné. En 1529, il représente M.
de Rohan h l'assemblée de la noblesse de Bretagne réunie pour
aviser à la rançon des enfants de François I". (V. Dom Morice, in,
969-976-988.)
Celte Tamille parait s'âtre conttnée dans son pays d'origine.
8. Enlin Texûe, famille considérable du pays de Rennes, origi-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 2S2 —
naire de la paroisse de Pacé, dont Gilles, capitaine de Brest m
1498, remplacé dans celle charge par le voyer de Tré^mar, enlre
1508 et 1516, probablement en 1516.
La conclusion ne paraît pas douteuse : les probabilités soni pour
Gilles de Texûe.
Que connall-ou de Gilles de TexQe et de sa famille ?
Peu de chose : voici ce que rapporleni à ce sujet tes Preuves de
l'histoire de Bretagne,
— Ed 1357, OD trouve un sauf conduil pour Guillaume de Texue,
chevalier, «t irois écuyers. (û. Morice, I. 1517).
— De 1371 à 1;Î80, Robert figure comme écuyer dans quaire
montres de Du Guesclia, uue montre d'Eon de Baulon à DiDan, et
itae montre de Robert de Guitlé à Paris. (1.1651 52 58, II. 186-256.)
— En 1414, Alain, écuyer, avec 13 aulres écuyers de sa compa-
gnie fait partie du corps de 3000 hommes d'armes et 1500 hommes
de Irait sous M. de Richement. (II. 907.)
— En 1419, Geffroy, écuyer de la retenue du maréchal de Dinan,
a sous ses ordres Bonabes el Bertrand de Texiie, aussi écuyers, et
accompagne avec eux le comte de Richemonl à Angers.
Bertrand, qui avait suivi le duc Jean dans son voyage à Paris, en
avril 1418, aux gages de 12 livres pour un mois, et qui servait
aussi dahs la retenue de Bertrand de Dinan, s'arme en 1420 pour
le recouvrement du duc, el ligure encore eu 1426 dans une montre
de Guy, sire de Gavre. (II. 917-1011-1105-1197.)
Bonabes prêle serment au duc en 1437. (II. 1302.)
— En 1457, on trouve Noël, chevalier, l'un des gens d'armes du
maréchal de Ualcslroil. En 1471, il est lieutenant de Bertrand du
Parc ; en 1474 el 1477, il préside en celle qualité les montres de Dinan.
De 1480 à 1488, il est capitaine de Hédé. (II. 1728. UI. 393-578.)
— Quant à Gilles de TexUe, il débute en 1480 tomme cousiilleur
dans la compagnie de 20 lances et 30 archers commandée par
Thomas de Kerazrel, qui devint plus lard, en 1489, capitaine de Brest.
En 1486, H reçoit mandement de rassembler la noblesse et de la
conduire à Clisson pour résister aux ennemis du duc.
En 1488, il est envoyé en mission près du roi de France, cl il est
compris dans le béguin du duc François II pour 6 aunes de noir,
pour faire robe el chai>eron.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 253 —
En 1489, il est cspttaiDe de 20 hommes d'armes.
En 1495, il fallait se procurer de l'argent pour subvenir h la
conquête du royaume de Naples : on Tit des réductions de solde el
de gages. Un étal dressé à Lyon porte une réduction de 100 livres
sur ceux de Texûe,
En 1498, il est compris au béguin de Charles VIII pour quatre
aunes de drap ooir. Il fait partie de la maison de la Reine aux
gages de SOO livres et figure au nombre des 50 hommes d'armes
de sa garde, sous la charge du seigneur de Maillé.
Celle même année, il est capitaine de 20 hommes d'armes el 40
archers a la petite paye, et pourvu de la capitainerie de Bresl, en
remplacement de Guillaume Correl ou Carreau,
Levol (Hisloire de Bresl, I. 44 et suiv.j a donné quelques détails
sur ce dernier gouverneur; mais les documents lui ont manqué
sur celui qui nous occupe.
En 1501, Gilles de Texûe avait 800 livres de gages.
En 1506, il figure dans les comptes du duché comme écuyer
d'écurie de la Reine Anne.
En 1508, il avait comme lieutenant à Brest Jeban de Saint-
Hilaire. (D. Morice, III. 390-540-605-714-753-793-804-856-877-889.)
Son décès se place probablement entre cette dernière date et
1516, époque à laquelle Bertrand Le Vayer de Trégomar, seigneur
de la cour, est désigné comme capitaine de Brest aux gages de
700 livres. (III. 889.)
Gilles de Textle est mort dans son lit. C'est du moins ce que
donne à penser la position de son casque. Certains auteurs rappor-
tent en effet que les chevaliers qui perdaient la vie sur un champ
de bataille étaient représentés le casque en tête et l'épée en mains.
La famille de Textlo s'est éteinte au xvr siècle, el la terre de
Textie est entrée dans la famille de BrOllon en 1570 à la suito du
mariage de Bonne de Texûe avec Pierre, chevalier de l'ordre de
Roi, veuf de Françoise de Sangay. Sébastien Brûllon, sieur de
TexOe, issu de ce mariage, épousa en 1587 Claude du Chasiel, et
mourut sans postérité.
On s'est demandé comment le tombeau d'un capitaiae de Brest,
étranger au pays de Léon, décédé près de 200 ans avant l'inaugu-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 254 —
ration ie SaiDl-Louis, pouvait se trouver dans le choeur de celte
égliïie occupaol la posilion qui a failli amener sa destruction.
Pour répondre à cette question, il faut attendre de nouvelles
découvertes ; ce que l'on admettra volontiers, c'est que la pierre
lumutaire s'est b'ouvée à portée des travaux de dallage lorsqu'ils
ODi été entrepris, et aussi que le personnage qu'elle représente
était tombé dans l'oubli et ^e trouvait alors sans parenté dans le
pays.
D'après M. le dianoine Guillotin de Corson dans ses
grandes seigneuries de Bretagne, Gilles de Texiie muurut
le 12 juillet 1514. Sa veuve, Louise de Bintin, lui survécut
jusqu'en 1518.
En résumé nous croyons avec M. Juurdan de la Passardière
que nous sommes bien en présence de la pierre tombale de
l'écuyer de la reine Anne, du vieux serviteur du duc François
II et d'elle même aux jours agités de sa jeunesse, de ce
gentilhomme Gdèle et dévoué auquel elle confia la garde
d'un des plus beaux joyaux de sa couronne ducale.
Nous adressons toutes nos félicitations à notre jeune sœur,
la Société des Architectes de l'arrondissement de Brest, (jui
a fait œuvre de golit artistique et de religion archéologique
en s'occupant du sauvetage de cet intéressant monument de
notre histoire, à ceux de ses membres qui l'ont si bien étudié
et particulièrement à M. Jourdan de la Passardière qui a
démontré avec des arguments si puissants que nous nous
trouvions bien en présence du monument de Gilles de Texûe.
Je prie notre Société de s'associer aux remerciements dont
je me fais ici l'interprète auprès de M. le docteur Marion dont
Vobligeanco est si connue et qui a bien voulu nous en donner
une nouvelle preuve en nous tenant au courant de cette
intéressante découverte et en nous fournissant toutes les
indications qui précèdent.
E. DU CnEST DE Villeneuve.
n,g,t,7.cbyGOOglC
XLXLI.
PRISE DE CARHAIX EN 1590
Les archives départementales du Finistère se sont récem-
ment enrichies d'un ceitain nombre de documents concernant
la ville de Carhatx, le papegaut, l'entretien de l'horloge et
des fontaines municipales, le payement des gages du maitre
d'école, la nomination des députés aux Elats, elc. |xvii'-
xviii' siècles). Parmi ces titres se trouvait la pièce que
nous publions et qui semble êlre sortie — probablement ô
l'époque de la Révolution — du chartrier des représentants
de la famille Olymant de Kcrnegues.
En 1737, Charles- Joseph Olymant, maître des eaux et
forêts de Bretagne, époux de Renée-Catherine des Cognets,
voulut faire admettre son fils Toussaint parmi les pages du
Rot ; mais il se trouva fort embarassé quand il fallut pro-
duire des titres justificatifs de sa noblesse antérieurs à la fin
du xvii' siècle (1). A cette époque en effet les Olymant
tenaient un rang relativement considérable à Carhaix, mais
n'étaient pas considérés comme nobles. Dans les nombreux
actes concernant Guillaume Olymant, greflier de Carhaix,
René Olymant, bailli des juridictions de Landeleau et de
(1) Olï ma ni, sieur de la Ville JaUrez — deKernegues, Kernor, Kerouno,
par. de Plouguer — Carhaix — Kerdudal — Botivez, par. du Faouet —
Goullo, par. de Plouray — Kerdaalel. Mainlenu au conseil de 1717, ressort
de Carbaix. D'argent à i (asces de i^ueules au chel de sable qui est Kcr-
negues. Guillaume, greflier de Carhaix, marié en 1577 à Catherine dame
deKernegues. Charles Joseph, maître des eaux el [orèts de Bretagne
coDOrmé ou anobli en 1698 et Renée-Catherine des Cognets dont Toussaint,
page du Roi en 1737. La Branche de Goullo, (ondue en 1613 dans Rerv6
René, sieur de Launay, débouté à l'Intendance en 1701 (Potier de Courcy.
Nob. de Bretagne, 3* édition).
Des lettres patentes de janvier 1076 autorisèrent celte tamllle à aban-
donner son nom Olymant pour prendre celui de Kernegues. (Archives du
Finistère. E. 6M, 38.)
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 258 —
Châteauneuf, Yves Olymant, recteur de Plouguer, on ne
trouve nulle part leur nom accompagné du litre d'écuyer ni
môme de la banale qualification de noble homme. On ne
pouvait l'avouer à d'Hozier ; au contraire on voulut lui faire
croire que les anciens parchemins de la famille avaient
disparu dans l'incendie de Carhaix en 1590. Dans ce but
deux notaires royaux copièrent des passages bien choisis
d'un vieux manuscrit conservé au couvent des Augustios de
Carhaix qui relatait les malheurs supportés par les habitants
de cette malheureuse ville pendant les guerres de religion.
Ces extraits faits dans un but intéressé ne sont malheureu-
sement ni très considérables, ni peut-être très fidèles. Les
notaires durent faire subire certaines modifications au texte
qu'ils copiaient; nulle part ils ne mentionnèrent la qualité
de Guillaume Olymant qui était « greffier de la ville » jt).
Cette situation modeste cadrait mal avec les prétentions de
ses descendants. Ce premier travail demeura probablement
dans les papiers de la famille ; une nouvelle transcription
fut faite, d'une façon tout à fait fantaisiste et envoyée à
Paris ; elle est aujourd'hui conservée dans l'ancien cabinet
des titres à la Bibliothèque nationale (1). On nous montre G.
Olymant bataillant sur la brèche et coupant la main droite
de Liscouet, l'un des chefs des assaillants (2), on ajoute que
a ne voulant point se rendre il fut fait prisonnier n (?) ;
son parent René Olymant à la tête de 400 cavaliers combat
jusqu'à la nuit (3). Ce n'est pas en ce qui concerne la
(1) Le chanoine Moreau. Histoire de ce qui s'est passé en Brelagoe. Ed.
Le Bastard de Mesmcur, p. 85.
{i) L'existence de celte copie nous a été révélée par la mentloD qu'en
a faile Mme la comtesse du Laz dans son 1res inléressanl travail sur
Carhaix, set «Knaattres et ses cbâteauj: (Revue de Bretagne et Vendée,1898.)
(3) Le chanoine Moreau attribue ce fait d'arme au prélre Linlonel. Il
ne semble pas que Guillaume Olymant ait pris une pari active aui
combats de Carhaii.
(4) D'Hozier se laisse sans doute convaincre puisque le jeune Olymant
(ut admis en \Til au nombre des pages (Potier de Courcy, op. cit.)
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 25* -^
famille Olymant que le manuscrit de Quimper et encore
moins le manuscrit de Paris méritent grande confiance,
mais ils permettent d'ajouter de précieux détails au récit
cependant si détaillé de la prise de Carhaix, que nous a
laissé le chanoine Moreau.
Le manuscrit sur lequel furent faîtes ces copies est proba-
blement perdu. En 1737, il était déjà dans le plus pitoyable
état B la couverture usée mangée de vers, mites, usée,
rompue les premières pages usées de vieillesse, rongées
et effacées par la poussière n On ne pouvait lire le
contenu des douze premiers feuillets. Ensuite commençait .
une sorte de chronique de Carhaix ; au folio 23 on trouvait
la transcription de l'enquête faite en mai 1591 par Maurice'
Bahezre, conseiller du Roi et son lieutenant juge ordinaire
en la juridiction de Carhaix, en vertu d'une commission du
Conseil d'Etat et des finances établi àNantes ; le récit des faits
concernant l'histoire de Carhaix reprenait au folio 53 par la
mention des fêtes célébrées en cette ville, le 12 octobre 1895,
à l'occasion de l'absolution donnée par le pape à Henri IV.
Ce manuscrit ne semble avoir été consulté par aucun histo-
rien à moins qu'on ne doive le reconnaître dans ce mémoire
manuscrit cité par D. Taillandier (1) comme l'une des sources
de son récit de la prise de Carhaix.
Dès l'année 1588 les habitants de Carhaix, tous bons
catholiques et engagés dans l'Union, avaient dû prendre
quelques mesures pour préserver leur ville contre les attaques
des garnisons protestantes ou royalistes des châteaux voisins;
Toussaint de Beaumanoir, baron du Pont et de Rostrenen,
était un voisin particulièrement dangereux (2).
(1) Histoire de Bretagne. Tome II, page 338.
(2) Tous^iaiat de Beaumanoir ne lut pas l'instigateur de la surprise de
Carhaix du 5 septembre 1590 ; il était mort à Rennes le 17 mars précé-
dent et ses derniers jours avaient Été consacrés au siège d'Aocenis (Com-
tesse du Ltiz, La Baronnie de Rostrenen. Vannes, 1892i.
Bdixbtin ARCuéoL, DU PiNisiÊBS.— TOMS XXV. (MéiuoiresJ. 17
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 258 —
Les Carhaisiens « firent à grand frais faire quelques clô-
tures en la dite ville et prirent les armes et appellèrent à
leur service des gens de guerre qu'ils soudoièrent à leurs
frais et dépens » (1), mais une pièce de mars 1501 nous
apprend de quelle façon bizarre et imprudente était organisée
la défense ; a Les délibérations concernant les affaires de
ladite ville estoicnt faites en prosne de messe ou autres lieux
publicqs où mesme les étrangers assistoient et en avoîent la
congnoissance de quoy a procédé le moien et subject de la
prinse de ladite ville, joinct le mespris et refus que fesoient
_ aucuns des particuliers et gens de justice de participer et
assister auxdictes délibérations et assurer rexécution
d'icelles » (2), Ces gens de justice étaient d'ailleurs fort
suspects aux ligueurs : le 20 février 1590, Jérôme d'Aradon
écrivait en son journal : « Mon frère de Camor retourna de
Kerahèz où il y avoit esté pour prendre le séneschal et pro-
cureur de Kerahèz qui étoient du party des Huguenots,
nonobstant qu'ils avoient signé l'acte d'Union le jeudy
xxii dudit mois mondit frère de Camors s'en alla à Venues
et mena avec lui ledit séneschal de Kerahèz à Venues. »
Les royaux connaissaient le mauvais état des défenses
de Carhaix, ils savaient aussi que le 4 septembre 1590, la
fille de Guillaume Olymant, greflier de la ville, devait épouser
Antoine Silly, de Quimper. Pour cette fête tous les
parents, tous les amis de Carhaix, de Quimper et des châ-
teaux voisins devaient apporter leurs « plus beaux ameu-
(1) Ces précauUoDS n'étaient pas inutiles, i II se Faisoit toujours quelques
charges sur Ees paysans de Basse-Bretagne qui esluienl en grand nombre
eo armes et le sieur du Llscoei en delTil plusieurs comme aussi les sieurs
Kergomar, Bastenay, La Treniblaye et Sarrouette ; la guerre était fort
agréable en ce pays là pour être riche, do sorte que les gens de guerre
s'y enrichirent et le nommèrent .ie Petit Pérou (Journal de Jean du Mali:
de Monlmartin, Histoire de Bretagne, II, 232.
(2) Bequéle présentée aus Etals de la Ligne en mars ll>9i par les habi-
tants de Carhaix, publiée par A. de Barthélémy. Choix de documents
inédits sur l'histoire de la Ligue en Bretagne, Nantes 1SS9.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 2à9 —
bements «, leurs plus précieux bijoux soigneusement cachés
depuis le commencement des troubles |1), Il y avait un
riche butin à faire. Le lendemain des noces au point du jour
alors que les habitants sans doute quelque peu fatigués des
fêtes de la veille dormaient encore, l'ennemi assaillit le mur
de l'enclos des Augustins et pénétra dans le couvent et de
là dans la ville sans rencontrer semble-t-ll de résistance. II
faut lire dansile chanoine Moreau et dans la relation
anonyme que nous publions le récit de tous les excès qu'ils
commirent. En vain les habitants des paroisses voisines
s'armaient ; les bandes indisciplinées des paysans de Pleyben,
Plounévez-du-Faou, Collorec, Cléden, Landeleau, Plouyé,
Huelgoat, Châteauneuf, Lennon, Loqueffret, Spézet, Bras-
part vinrent se briser contre les troupes bien aguerries des
vainqueurs (2). Les royaux cependant ne s'établirent pas à
demeure à Carbaix. En 1591, Maurice Bahezre, lieutenant
du Roi enlacourde Carhaix (3), put faire une enquête et
dresser un procès-verbal constatant les ravages causés par
l'invasion. De nombreux témoins furent convoqués et racon-
tèrent longuement les maux qu'ils avaient soufferts. Remar-
quons qu'un trait semble avoir frappé tout spécialement ces
déposants : le malheur de cette pauvre ville devenue déserte
et inhabitée au point de se trouver dénuée de tavernes et
hôtelleries !
En 1592, La Fontenelle vint se fixer à Carhaix dans la col-
légiale Saint- Trémeur transformée en forteresse. Le séjour
(I) Le chanoine Moreau.
l2] Il semble quand on lit le chanoine Moreau que la prise de Carhalï,
le massacre des paysans et l'incendie de la ville se passèrent à très peu de
jours d'inlervaiies. Notre documenl, au contraire, établit que la délaile
des habitants de Pleyben, etc , et l'incendie de Carbaix, eurent lieu
vers la ml-aovenubre, c'est-à-dire deux mois après la prise de la ville
(â septembre).
{3} l£ 30 aodl 1530, Maurice Babezre avait tait une enquête du ni£me
genre sur le pillage par du Lisiïouet du cbâteau de Tymeur apparteaaDl
à Vincent de PIibuc.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 260 —
de ce soi-disant catholique ne fut sans doute pas moins
dommageable à ses coreligionnaires que le passage de leurs
ennemis déclarés. La ville se releva très lentement de ses
ruines : en 1593 les habitants demandèrent aux Etats de la
Ligue des exemptions de fouages qu'ils ne purent obtenir [ i)
et jusqu'au milieu du xvii' siècle on les vit, écrasés de
dettes et d'impôts, indiquer l'incendie de 1590 comme la
cause de la décadence de leur ville. Au nombre des maisons
brûlées se trouvait le presbytère ; les recteurs durent pen-
dant longtemps attendre la construction d'un nouveau logis :
les paroissiens reconnaissaient le bien fondé des réclama-
mations, mais arguaient toujours de leur pauvreté pour
demander des délais qui se prolongèrent au moins pendant
cinquante ans. En 1610, le recteur Yves Olymant voulut se
faire donner quelques meubles : « 3 charlitz bois de chêne,
un buifet pareil bois, ungne paire d'armoires, 2 coffres, 2
tables avec leurs escabeaux, 2 charniers ». Ces prétentions
étaient modestes ; les paroissiens cependant s'étonnèrent
qu'il leur demandât « sy grande quantité de meubles » et
offrirent « 2 charlitz, un buffet, un coffre, une table pour
servir à la cuisine et une petite table pour son estudde, un
charnier •>. Force fut au recteur de se contenter de ce mobi-
lier d'anachorète (2),
Un siècle plus tard cependant Carhaix était redevenu la
cité commerçante d'autrefois. L'union au siège de Carhaix
de plusieurs juridictions, les foires importantes et très
fréquentées lui avaient redonné une véritable prospérité
qu'atteste le nombre de ces tavernes et hostelleries (3) tant
regrettées des déposants de 1590 et redevenues plus nom-
breuses que jamais.
|1) A, de BarthélÉmy, Choix dt documents, etc., page 'H.
(3) Archives du Finistère, série E, Carhais.
(3J M. TabM FaTé : Bovrgeoi) et flens île méliet- ù CarbaU (1670-17001.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Relation de la prise de Cartiaix.
Extrait fidellement collationné et tiré d'un vieux manuscrit
en forme de registre anciennement relié, réglé et millésimé,
dont la couverture, où il ne reste qu'un petit titre de par-
chemin, se trouve mangée de vers, mittes, usée, rompue et
en partie déchirée et les premières pages se trouvent percées
mangées de vers et usées de vieillesse et par la poussière,
lequel manuscrit a été présenté et communiqué à nous
soussignés notaires royaux de la sénéchaussée de Carhaix
par le révérend Père Buriot actuellement supérieur du
couvent des Augustins de cette viUe et le seul religieux y
restant à présent où nous n'avons veu dans tout ledit manus-
crit qu'une écriture ancienne, que celle des premiers feuillets
est tellement usée, rongée et effacée par la poussière et
moisissure que l'on ne peut en distinguer les caractères et
ce qu'ils portent, qu'il s'y trouve des feuilles déchirées et
enlevées et après avoir lu et examiné ledit manuscrit avons
veu et leu ce qui suit :
Scawir qu'au é3' feuillet verso et au i4'' recto et verso, il
est expressément inséré et écrit (1) qu3 Guillaume Olymant,
sieur de Launay, fut fait prisonnier de guerre lors de la
prise de la ville de Carhaix par les troupes des sieurs de la
Tremblay, Liscoal, Coalanroch et autres le mercredy 5°
septembre 1590 par ce que ledit Guillaume Olymant et les,
habitants de la ville de Carhaix soustenoient le party du Roy
Ilftnry IV et qu'ils avoient jure et protesté la Sainte Union
(Il M" la C" du Laz n'a donné que quelques estrails du manuscrit
conserve a Paris (Bibliothèque Nationale, Fonds Français, 32.3i1, fol. 107
et suivants). Nous reproduisons en note les passages qui )« trouvent ea cod-
tradiclion avec le manuscrit de Quimper tel que celui-ci : i i{ esf eajn-es-
xf nient ninrfiie que ledit sieur du Liscouet ayant monlcù la brèche y perdit
In main droite qui tut coupée par le sieur G. Olymant de I^unay, ce qui mit
lellemcnt en fureur ledit sieur du Liscotl qu'il mil le (eu aus quatre
coins de la ville et surtout dans la maison dudil siuur OtymanI de
Launay... •
n,g,t,7.cbyGOOglC
des catholiques par le commandement et suivant Tédit du
defTunt Roy de bonne mémoire Henry tiers de ce nom sur ce
fait au mois de juillet 1588, et parce qu'ils n'avoient voulu
révoquer ledit serment et à icelle renoncer après le décès du
seigneur Roy auroient été mal voulus par ceux qui tenoient
leçarti contraire à ladite Sainte Union (ce sont les propres
termes rapportés dans ledit manuscrit) et après plusieurs
menaces et entreprises faites contre ladite ville de Carbaix
par le party contraire, enfin ledit mercredy 5' septembre
1590 environ le point du jour et un peu auparavant M" Gilles
du Drésit et Laurans le Goff, corporaux, elant en charge
depuis le soir précédent fut ladite ville surprise par lesdites
troupes au nombre de quatre à cinq cents hommes de guerre
sans compter les laquais et goujats et après avoir pillé et
ravagé tous les meubles de plusieurs de ladite ville et entre
autres ceux de Guillaume Olymant comme apparent de ladite
ville, qui fut conduit au château de Quintin et la rançon
dudit Guillaume Olymant fut taxée et arrêtée à quinze cens
écus de principal et trois ocus par jour pour sa dépense
durant son emprisonnement (ce sont les propres termes rap-
portés dans ledit manuscrit) où il est rapporté ensuite que
la rançon de Guillaume Olymant montant à la somme de
i quinze cens quatre vingt huit écus fut payée à toute rigueur
le dimanche 23* jour du même mois de septembre et par ce
moyen ledit Guillaume Olymant sortit de son emprisonne-
ment et «m /o/i'o /î recïo et verso il est raporlé que les de
Ploeuc, Blerrin, Euzennou, Lohou, Cabornais, Kerampuil,
Baherre et antres anciennes maisons et familles des environs
de Carhaix se cotisèrent et firent des emprunts pour lever
la rançon dudit Olymant.
Dans ledit manuscrit, au folio 3S recto et verso, il est
rapporté au procès-verbal fait par Maurice Bahere, con-
seiller du roy et son lieutenant juge ordinaire en la jaridic-
tion de Carhaix, en vertu de commission de messieurs du
,yGooglt:
Conseil d'Etat et des Finances établis en la ville de Nantes
en datte du 14 may 1591, luy adressée, signé Préehin, pour
informer des ravagements, brulements, rançonnementï,
emports de lettres de la trésorerie de ladite ville et des mai-
sons des particuliers, des greffiers et autres dégâts et ruines
faites en ladile ville de Carhaix et sur les habitants dudît
Carhaix parles troupes des gens de guerre depuis le commen-
cement des présents troubles et principalement depuis la
prise de ladite ville qui fut le 5 septembre 1590, dans lequel
procès-verbal il est rapporté que visitant le greffe dudit
Carhaix, les registres estant les uns en déal, les autres en
feuillets séparés ont été gastés par la fange, rompus et
décbirés {ce sont les propres termes insérés dans ledit ma-
nuscrit) jusqu'à la déclaration du Roy sur l'observation de
l'édit d'union donné en janvier 1589 ;
Au foho 25, verso, il est fait mention d'une lettre escrite
par M. de la Villejafîrez, par laquelle il menace de faire la
guerre aux habitans de Carhaix à deffaut de faire rendre le
sieur de Launay qui étoit Cuillaume Olymant, et ses deux
laquais lors prisonniers ; (1)
Au folio 26, verso, du même manuscrit, il est rapporté que
la nuit du 4 septembre 1590, la ville de Carhaix fut surprise,
que les troupes en nombre de 500 ou environ entrèrent par
les jardins du couvent des Augustins, pillèrent et ravagèrent
ladite ville, rompirent et brisèrent les armoires et coffres
des particuliers qu'ils trouvèrent fermés même ceux de
l'auditoire et cliambre civile de ladite ville où estoient gardés
les lettres des privilèges, les comptes dos procureurs syndics
de ladile ville et autres garants et enseignements qui ser-
(I) Il ï a cerlainenient ici une erreur: La Villejadrei De pouvait
réclamer aux linbilants de Carlialx G. Olymaat qu'il avait tait prisonaier.
I.n version du manuscril de Paris est au contraire tri^s compréhensible:
( Eosuitc il est marqué que le sieur delà Ville Jatlré menaça les habitants
Je CarliaL\, à défaut de la cotthe pour ladite raofon dudit sieur Olymant
et de ses deux laquais prisoDuicrs de guerre... • Résumé de M** du Laz.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 284 —
voient pour les franchises, libertés, privilèges de joyaux
d'armes et droit de papegauU. desquels les habitants de
Carhaix jouissent, ont été jetées sur les rues et frangés (ce
sont les propres termes insérés dans ledit manuscrit] ;
Après quoy il est rapporté au folio 27 recto dadit manuscrit
que les troupes qui entrèrent dans ladite ville tuèrent et
pendirent même jusqu'à des prestrcs, embrasèrent et ruinè-
rent la ville qui devint pauvre et presque inhabitée;
E( au folio Î8, il est rapporté que le sieur du Liscoal
ayant eu la main droite coupée les troupes mirent le
feu au milieu et aux quatre cornières de ladite ville et
brûlèrent grand nombre de maisons et tous les biens y
estant, enfoncèrent et brisèrent tes coffres de l'audiloire de
la cour de Carhaix, pillèrent les papiers qui y étoient. « Et
B pour servir d'information de tout ce que dessus. Nous
u susdit Bahère avons été conduit aux quatre portes de
a ladite ville, et ppemièroment à la porte de Rennes près
a d'une maison appartenant à Guillaume Olymant, sieur de
u Launay, et avons ensuite .continué à visiter les autres
« portes et tour de ladite ville pour en examiner les dégâts. »
Et au folio S4, 35, 36 recto et verso dudit manuscrit est
rapporté la déposition de Guillaume Blaès, notaire royal de
la juridiction de Carhaix, âgé de 57 ans, qui dépose qu'in-
continent après le commencement des présents troubles
commencés en France en l'an 1588, le sieur baron du Pont
qui demeuroit en son château de Rostrenen à quatre lieues
de Carhaix fut un des premiers qui prit les armes et leva
plusieurs compagnies pour faire In guerre au pays et voulant
réduire à sa dévotion les habitants de Carhaix qui ne vou-
laient se soumettre audit sieur baron du Pont firent à grands
frais faire quelques chtiures en ladite ville et prirent les
armes et appellôrent à leur service des gens de guerre qu'ils
soudoièrent à leurs frais et dépens jusqu'au commencement
du mois de septembre 1590 que ladite ville fut prise par les
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 265 —
troupes des garnisons de Quintin, Moncontour, Ro&trenen,
conduites par les sieurs de la Tremblaye, Liscoat, Ville-
jaffrez et autres chefs, où la ville de Carhaix fut prise le 5
septembre 1590 et entièrement ravagée par environ 500
hommes qui y entrèrent et y beurent tous les vins qu'ils y
trouvèrent, mangèrent les provisions, bruslèrent et empor-
tèrent tout ce qu'ils peurenl : les dites troupes étant de
rechef venues àCarhaix au mois de novembre suivant firent
ravage de tout ce qu'elles trouvèrent de reste et mirent
encore le feu dans la ville et ont entr'autres brulâ deux
maisons audit Guillaume Olymant avec tout ce qui y étoit
et où il fut commis tant de meurtres, bmlementz et ravage-
ments et autres actes d'hostilités qu'il est impossible de les
particulariser.
Au folio 31 verso, 39, 40 recto et verso se trouvent rap-
portée la déposition de Jean Henry, sergent royal de la
Juridiction de Carhaix, Agé de 27 ans, qui dépose qu'au
commencement de ces guerres civiles il a veu les habitants
de Carhaix baricader et clore de murailles leur ville n'y
laissant que quatre portes et entrées ot faire la garde ordi-
naire dans leur ville et gager ù leurs frais des gens de
guerre jusqu'au commencement de septembre 1590 que la
ville fut surprise par grand nombre de gens de guerre
conduits par les sieurs de la Tremblaye, Liscoat, Ville-
jalîpez et autres, où les troupes commirent de grandes
cruautés, pendirent, tuèrent et massacrèrent partie des
habitants jusqu'à des prostrés et mirent le feu dans plu-
sieurs maisons, dit de plus que les mêmes troupes environ
la my-novembre suivant 1590 retournèrent audit Carhaix,
tuèrent et firent mourir plus do 400 hommes tant gentils-
hommes qu'autres qui se présentèrent pour les combattre,
à l'issue duquel combat le sieur du Liscoat ayant perdu la
main droite, en colère, fit allumer le feu et brûler les meil-
leures et plus apparentes maisons de la vitle, entre autres
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 266 —
deux audit Guillaume Olymant, avec tout ce qui y étoit, ce
qui étonna et intimida de telle façon lesdits habitants qu'ils
abandonnèrent ladite ville et se retirèrent pour faire leurs
demeures et conserver leurs personnes ailleurs, partie à
Quimper, les autres à Morlaix, Concarneau et d'autres dans
les campagnes et forêts d'Huelgoat. de manière que ladite
ville est devenue pauvre et déserte, inbabitée et même sans
tavernes ny hôtelleries n'ayant aucune asseurance pour
personne spécialement pour les gens de justice, qui n'osoîent
l'exercer parce qu'on rompît deux coffres qui étoient dans la
chambre criminelle et en l'auditoire de la ville où estoient
les lettres, actes concernant la communauté de ladite ville
et ses privilèges qui y étoient enfermez et firent de grands
dégâts tant en ladite ville que dans le terroir de son voi-
sinné. Ainsy signé : i. Henry.
Au folio a, i2 et 4S verso et recto du même manuscrit,
il est rapporté la déposition d'Hervé Guillaume, notaire royal
de la juridiction de Carhaix, âgé de 28 ans, qui dé poze qu'en
l'an 1590 au mois de septembre les gens de guerre conduits
par le S" du Liscoat, Tremblaye, Villejaffrez et autres sur-
prirent la ville de Carhaix, la pillèrent, ravagèrent et brû-
lèrent 22 maisons de ses fauxbourgs, firent prisonniers les
plus riches et notables de la ville qu'ils transportèrent les
uns aux châteaux de Moncontour et les autres à Quintin où
ils furent contraints de payer rançon, dit de plus qu''environ
la Toussaint dudit an 1590 les mêmes gens de guerre, au
nombre de cinq à six cent, retournèrent de rechef en ladite
ville de Carhaix où ils ravagèrent et pillèrent de rechef ladite
ville et, lorsque lesdites gens de guerre sortirent de Carhaix,
ils mirent le feu aux quatre cornières de la ville où entre
autres fut brusiée la maison dudit Guillaume Olymant,
ce qui obligea les habitants qui purent se sauver de se
retirer à Quimper, Morlaix, Concarneau et aux champs,
n'ayant aucune sûreté ny tranquillité, en ladite ville qui est
n,g,t,7.cbyGOOglC
- - 267 —
à prézent abandonnée aux gens de guerre qui, en passant
et repassant, beuvoient et mangeoient à discrétion sans
rien payer, ce qui obligea les principaux de ladite ville
jusques aux hôlelliers et taverniers d'abandonner leurs
maisons, de façon que ladite ville est à présent tellement
dépourvu de tout et de vin que l'on est obligé d'en aller
chercher à plus de trois lieues pour célébrer les messes.
Ainsy signé H. Guillaume.
^w lolio 44, 45, 46, 47 et 48 recto et verso dudit manuscrit
se trouve rapportée la déposition de M' Louis Le Boutch,
prestre, âgé d'environ 52 ans, qui dépose que Carhaix est
une des villes les plus fréquentée et renommée de la Basse-
Bretagne à cause de ses grandes foires, des marchands qui
y abondent de toutes parts avec toutes sortes de marchan-
dises, pour quoi il y a eu un grand nombre de taverniers et
bosteliers ; que le sieur .baron du Pont, qui demeuroit en
son château de Rostrenen, ayant pris les armes, levé plu-
sieurs compagnies de gens de guerre et voulant réduire à sa
dévotion la ville de Carhaix, les habitants appellôrenl à leur
secours des gens de guerre qu'ils entreteuoient à leurs frais
et dépens et fortifièrent ladîle ville, mais dit qu'au 5 sep-
tembre 1590 les garnisons de Montcontour, Corlay, Quintin,
Coplay et Rostrenen, conduites et commandées par les sieurs
de la Tremblaye, Liscoat, Villejaffrez et quelques autres,
surprirent la ville de Carhaix et la ravagèrent entièrement,
prirent prisonniers de guerre les plus notables et plus riches
qu'ils conduisirent à Monconlour et Quintin, massacrèrent
et tuèrent plusieurs liabitans, beurent et mangèrent toutes
les provisions et emportèrent tous les meubles qu'ils purent,
brûlèrent grand nombre de maisons, intimidèrent et effrayè-
rent en telle façon le surplus des habitants qui avoient
quelques biens, qu'ils se sauvèrent, les riches dans les villes
et les pauvres dans les champs et forôts, les gens de guerre ,
vivant â discrétion et sans rien payer ce qui obligea jusques
n,g,t,7.cbyG00glC
— 268 —
aux hotelliers et taverniers de cesser et quitter leurs pro-
fessions et ce qui rendit la ville si pauvre et si déserte qu'il
n'y restait plus une goutte de vin et qu'on estoit obligé d'en
aller chercher ailleurs pour dire la messe, — dépose de
plus qu'au mois de novembre suivant, les mêmes troupes
entrèrent dans la ville de Carhaix, ravagèrent, abhatirent
et ruinèrent toutes les portes et delïenses que les habitans
de Carhaix avoient fait en ladite ville, mirent le feu en un
grand nombre des plus apparentes et plus belles maisons et
entre autres a été brûlée la maison dudit Olymant de façon
qu'il ny avoit assseurance ny seurelé pour personne ny
officiers de justice qui ne l'administrèrent que rarement et
lorsqu'on tenoil l'audîance l'on faisoit tenir une sentinelle
au guet pour découvrir la venue des gens de guerre qui se
rendoient lorsqu'on pensoit le moins à Carhaix pour y faire
des prisonniers et enlever les provisions qu'ils y trouvoient
sans rien payer et pour piller lesdits habitants — dit de plus
que les gens de guerre ont rompu, déchiré et emporté les
archives où étoient les privilèges anciens et garents con-
cernant les joyaux et papegaultz et la police de ladite ville
et ont bruslé jusques aux boisages, bulTets, tables et autres
meubles qu'ils trouvèrent et qu'ils ne pouvoient emporter.
Ainsi signé : Boulch.
Au folio 48, 49, 50, 51, 52 et 53 sont aussy rapportées les
dépositions d'Antoine de Rozcaere, notaire royal de la juri-
diction de Carhaix, Agé de 37 ans, de Jean de Cabornais,
âgé de 38 ans, qui déposent unanimement que les troupes
des sieurs du Liscoat, Tremblay, Villejaffrez et autres ayant
surpris la ville de Carhaix le 5 septembre 1590 la pillèrent,
la ravagèrent et firent des prisonniers de guerre qu'ils
conduisirent aux châteaux de Montcontour et Quintin aux-
quels ils firent payer rançon pour avoir leurs libertés,
brûlèrent partie de la ville, et qu'au mois de novembre
suivant 1590 les mêmes troupes retournèrent à Carliaix,
n,g,t,7.cbyGOOgIC
- 2eft-
ftairent de la piller et ravagèrent jusque aux archives et
privilèges qui estoient tant dans l'auditoire que dans la
chambre criminelle, beurent et mangèrent les provisions
sans rien payer, enlevèrent tous les meubles qu'ils peurent
et brûlèrent le reste ayant mis le feu aux quatre cornières
de la ville qui devint pauvre, déserte. Inhabitée et oii il ne
se trouvoit pas une goutte de vin pour célébrer la messe n'y
estant restés que de pauvres gens — disent aussy que l'église
collégiale de Sainl-Tremeup fut pillée ainsy que les croix
d'argent, les calices et autres ornements d'église jusqu'à la
Sainte Hostie qui fut jetée de la custode, pour quoy noble et
vénérable Jean de la Gareine, chanoine de Cornoaille, fut
commis par Mgr l'évoque de Cornoaille pour reconcilier les
églises de Carhaix qui avoient été polluées.
Ce sont les propres termes portes par ledit manuscrit où il est
parléensuitedesdifférentes reliques qui sont dansladite église,
de la huile du Saint-Père pour les confrères du Saint-Sacre-
ment en l'autel nouveau fondé et octroyé en l'église collégiale
de Saint- Tremeur en la ville de Carhaix avec les indulgences
y attachées (1), — où il est encore rapporté les différentes
cérémonies qui eurent lieu à Rome au mois de septembre
1595 pour l'absolution accordée par le Pape à Henry IV à la
prière de M. du Perron comme procureur du Roy de France
et de Navarre avec M. d'Ossat, laquelle absolution fut
adressée à M. de Saint-Luc, lieutenant du Roy en son armée
de Bretagne étant avec ladite armée en la ville de Carhaix,
'1) L'Église de Saint-Tremeur fui pillée avec ses oroemcnU, et la sainte
hostie jel^ de sa custode, dû turenl luées et prises prisonnières plus de
OIX) |)ersonnes, tant gcntishommes qu'autres et où René Oljinaut, bailli
des juridictions do Gt)Steauneu[ el de Landeieau, fut fait prisonnier de
guerre et it lui coûta pour sa rançon 1300 écus et une haquenée blanche.
f Et ledit Olj'inant s'estanl sauvé à la tête de 4U0 chevaux par le
Moustoir tut allaqué par les troupes dudit sieur du Liscoèt, et se battirent
jusqu'à la nuit. Ensuite ledit sieur Olymant se relira au cbâteau qui y
esloil (*?) • Résumé et e:(lrait du manuscrit de Paris publiés par M" du
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 2Ï0 —
le jeudy 12 octobre 1595 jour auquel on fit un feu de joye à
Carhaix.
Et plus avons vu d'attache audit manuscrit deux actes par
originaux passés au rapport des noltaires royaux de Carhaix
l'un en dalfe du 16 mars 1600 et l'autre 3 novembre 1601
par lesquels Louis Cochennec, seigneur du Lescoat, héritier
de M" René Euzennou et d"' Gilctte Cabornais déclarent
quitter Guillaume Olymant, sieur de Launay, demeurant au
manoir de Kernegues, des sommes qu'ils leur avoient prêtées
en 1590 pour payer sa rançon lorsqu'il fut fait prisonnier de
guerre ; les deux actes ainsi signés : Cochennec, Cabornes.
Je, soussigné, F. Guillaume Benriot, actuellement supé-
rieur du couvent et seul religieux y étant dans le couvent
des Augustina de cette ville de Carhaix déclare que la pré-
sente copie a été fidellement collationnée et tirée par extrait
d'un ancien manuscrit que j'ay communiqué à M' Kernegues
En foy de quoyj'ay soussigné à Carhaix, le 24 mai 1737,
Signé : F, Benriot.
La présente copie par extrait a été par nous notaires
royaux à la sénéchaussée de Carhaix fidellement tirée et
collationnée sur un vieux manuscrit ainsi et tel qu'il est
raporlé dans son intituUé après l'avoir leu, confronté et
examiné ledit encien manuscrit avec les deux actes par
originaux mentionnés à la fin du présent extrait et qui se
trouvent d'attache audit manuscrit l'un en datte du 16 mars
1600 et l'autre acte du 3 novembre 1601, les deux passés au
rapport de G. Morin et de J. Ausfres, notaires royaux, les-
dits deux actes d'eux signés et de Cochennec et Cabornes,
lequel entier manuscrit nous a été présenté par le Révérend
Père Benriot etc 27 may 1737... Signé C. Parault,
notaire royal. Le Bouedec, notaire royal. Controllé à Car-
haix le 29" may 1737. Receus dix huit sols. Signé : Faus-
seaux.
...Google
-2») -
Nous Messire Pierre-Alexandre Uzîlle de KerveWs,
conseiller du Roy et son lieutenant civil et criminel en la
sénéchaussée de Carhaix, certiflions à qui il appartiendra
que les signes de l'autre part et cy dessus sont ceux dudit
Père Beuriot, religieus augustin, des notaires royaux, etc..
29 mai 1737. Signé : P. A. de Kervelers Uzille.
Collationné par nous, escuyer, conseiller du Roy, maison,
couronne de France et de ses finances.
Sainsok.
A cette pièce est jointe une note non signée dans laquelle
on prie M. d'Hozier « de vouloir bien faire ses observations
et attentions que si M. Kernègues ne produit pas beaucoup
de titres antérieurs à 1590 ce défault ne vient que » de
l'incendie de sa maison attesté par la pièce produite.
H. Bourde de la RoGEniE.
n,g,t,7.cbyGOOglC
xx_r.
LES ANCIENNES CORPORATIONS BRESTOISBS
iMÊ Charpentiers et les Callata de marine.
Im Conirérie de Salnt-Elme.
Ecrire l'histoire des charpentiers de marine, dans un de
nos grands ports, entraînerait à faire celle de l'architecture
navale tout entière, et je ne saurais même esquisser un pareil
tableau, sans m'écarter du but que je me suis imposé. Je
serai néanmoins forcé, au sujet de cette catégorie profession-
nelle, d'entrer dans quelques détails généraux.
Il n'y eût pas d'abord de distinction précise entre les
marines marchande et militaire. Lorsque celle-ci commençï
à s'organiser, le Roi prît ses capitaines « entretenus » parmi
les hommes qui s'étaient distingués au cours de navigations
commerciales ou de course ; de même, lorsqu'il voulut avoir
des arsenaux, il tira des constructeurs de la corporation des
charpentiers et il attacha à son service les maîtres les plus
réputés dans l'art, en France et à l'étranger.
Mais, de très bonne heure, on sentit la nécessité d'assurer,
pour la sécurité de la navigation et des intérêts commerciaux,
des règles dans la construction des navires, de former une
corporation capable de les appliquer et de les conserver avec
plus d'intelligence et de soin que par le passé. A des époques
où le navire était très surchargé « dans les hauts », très
alourdi par de puissantes mâtures, sans protection sur ses
flancs par l'absence de doublage, il fatiguait beaucoup à la
mer ; ses membrures se disloquaient trop aisément à la suite
d'une tempête ; il se laissait pénétrer par l'eau jusqu'à som-
brer, ou de manière à compromettre la cargaison et les
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 2ïà -
vivres, en même temps que la santé des équipages ; ses bois
pourrissaient vite et trop tôt il devenait hors d'usage. On
songea donc à avoir d'excellents ouvriers techniques, et pour
la charpenterie et pour le calfatage, les uns destinés aus tra-
vaux de la construction, les autres aux travaux plus humbles,
mais peut être non moins minutieux, de la protection exté-,
rieure, au moyen d'un enduit de goudron.
L'ordonnance de 1584 (1) s'est occupée de bieo déterminer
les obligations et la situation de ces catégories :
a Art. 96. Pour obvier aux inconvéniens que jeunes calfa-
teurs apportent aux navires, y aura en chacun port maîtrise
de charpenterie et calfaterie.Nul n'y pourra estre faict maistre,
qu'il n'y ait esté apprenty trois ans, et faict chef d'œuvre en
présence des maistres et gardes, lesquels y seront establis
par l'admirai ou son commis, es lieux où tuy ne son lieute--
naut ne pourroîent vacquer présens, lesdils maistres et
apprentis feront le serment accoustumé : et ne pourront les
apprentifs besongner aux fonds des navires, ains aux mortes
œuvres et tillac. Quand les fonds se prendront, l'un des
gardes du mestier y sera tenu d'assister, et comme le calfat
(calfatage) se fera, le descouvrira pour voir s'il yafaute. Car
s'il s'y en trouve par après, sera puny co rpo relie me nt : veu
que soubs leur fiance tant de gens hasardent leur vie. Et sera
tenu le propriétaire payer ledit garde de son salaire, à raison
de sept sols tournois pour marée (2), ou autre somme qui
sera arbitrée, présens les eschevins, bourgeois ou autres
cognoissans, que l'admirai y mettra.
« Art. 97, Pour retrancher le salaire de ces gens, voulons
qu'ils soient retranchez par l'admirai ou son commis, présens
[[) La cûnférence des ordonnance» royaux psi P. Gaeaoyaei L. Cbtrondai
Le Caron, p. 115.
(ï) Le. navire ëtaat supposé • aballu en carËne > pour le caKaiage, opé-
ralioD qui s'exécutait sur des cales ou des lieux que la marée haute recwi-
vrait : de là, l'appréciation de la durée du travail et des visites par maréfe
Bulletin archéol. du Finistère.— Xohb XXV. (Mémoires). 18
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 274 —
Jeé susdits, ou que l'ancien règlement (pour les salaires) soil
gardé (1) scavoir :
« Au maistre charpentier, calfatcur, conduisant l'ouvrage,
depuis le 15* janvier jusques au 15° d'octobre par chacun
jour 10 sols tournois, et s'ils besongnent aux marées, pour
chacune, 6 sols.
s A. chacun des autres charpentiers et calfateurs 7 sols
par jour et pour marée A sols 6 deniers tournois.
B A chacun apprenty par chacun jour 3 sols tournois.
« Et depuis le 15° octobre jusques au 15"janvier, au maistre
conduisant l'oeuvre 8 sots par jour et pour marée 6 sols.
fl A chacun desdits maistres charpentiers 6 sols 6 deniers
par jour, et par marée 4 sols, avec défense d'en prendre ou
donner davantage que la taxe: sur peine de 33 escus un
tiers d'amende applicable moitié à l'accusateur, moitié à
qui il appartiendra et à. tenir prison jusques à plein payement,
nonobstant appel et sans préjudice d'iceluy. »
Art. 98. Les charpentiers peuvent prendre les copeaux
provenant de la construction et du radoub des navires.
La rareté des sujets capables d'entreprendre les métiers
de charpentier et de calfat, la difTicutté de les maintenir trop
étroitement séparés dans le plus grand nombre des localités,
celle de les assujettir à un apprentissage régulier, avec des
maîtres eux-mêmes formés, pour la plupart, par routine, et
dépourvus de connaissances théoriques réductibles en
(1) Sans parler des coutumes locales, il y avait eu des règlements con-
cerDBDl la marine, prooiuiguÉs en 1517 et 1&J3. La Bretagne, d'après le
contrat de rËunion à la France, conserva ses privilèges ; la charge d'amiral
de Bretagne fut maintenue, non toujours sans restrictions ou canlestallons,
et, de fait, seulement iucraliïe et honorifique, annexée à celle de gouver-
neur de la province. Dans l'administration des adaires maritimes, la Bre-
tagne subit nécessairement l'influence des règleraen talions générales. Sous
Louis XIV, malgré Toclrol d'une ordonnance spéciale, ses juridictions
d'amirauté basèrent leur exercice sur celle de f6Sl Bien entendu, la
marine mllilaire, dès qu'elle reçut un commencement d'organisation, releva
13 à tout le royaume.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 27h —
principes, l'obligation d'une initiation par une longue
pratique à bord des vaisseaux et le danger de confier des
travaux de fond à des novices, firent qu'on ne tint guère
la main à l'exécution des ordonnances et règlements concer-
nant la maitrise et l'apprentissage de ces métiers. (Vallin) (1)
On évita avec soin toute mesure de gène ou de contrainte,
qui eut écarts d'utiles professions des individus que l'on
cherchait plutôt à encourager. Par ordonnance de 1629,
Louis XIII manifeste l'intention a de gager 50 maîtres char-
pentiers, pour être employés à la construction des vaisseaux
et à visiter les fonds des navires qui étoient en mer.... »
Sous Louis XIV, Colbert ordonne aux intendants des porta
de rechercher les sujets les plus capables dans chaque
spécialité, afin de les attacher au service du Roi ; 12 char-
pentiers doivent être u entretenus » dans le port de Brest. (2)
C'est alors que la marine s'organise définitivement. Celle
de guerre, dont Richelieu a ébauché la création, prend corps
et reçoit une base solide par la codification d'une importante
série de règlements, dans l'ordonnance de 1689 ; celle du
commerce a déjà reçu la sienne par l'ordonnance du mois
d'août 1681.
Personne n'ignore ce que fut le navire de guerre d'au-
trefois. L'architecture navale atteint, sous Louis XIV,
l'apogée du grandiose et du beau ; la citadelle flottante est
non seulement une œuvre d'admirables dispositions pour
l'attaque, maïs encore une œuvre d'art ; charpentiers et
sculpteurs ont rivalisé de savoir, d'ingéniosité, d'audace ou
d'imagination heureuses, pour lui donner, malgré son aspect
formidable, les caractères de la richesse et de l'esthétique
la plus rafiinée. Ceux-là qui élèvent sur les cales et livrent
(1) Vallin, Nouveau commentaire à l'ordonnance de la ntan'ne de I68[.
La Rocbelle, 1766, I. &89-590.
i) Levot, Histoire de Brest, II. ljj-156.
n,g,t,7.cbyGOOglC
J
— 2t6 —
à l'Océan de si merveilleux monuments sont de simples
ouvriers, du moins ne sont-ils pas distingués d'entro les
autres classes d'artisans. Un Puget travaille à Toulon
comme sculpteur du Roi, dans l'arsenal ; à Brest, les Hubac,
les Pangalo, les Hélie, maîtres charpentiers du Roi, dirigent
les constructions. 11 a fallu presque improviser cet important
service. Le jeune Hubac (Etienne), fils de Laurent, « maistre
de la charpenterie du Roy », sous Mazarin, a été envoyé en
Hollande et en Angleterre pour y étudier a los différentes
constructions de vaisseaux » (1), Biaise Pangalo a été appelé
de l'étranger (il est d'origine italienne) (2). Et la théorie
commence à s'enseigner en même temps que ta pratique.
En 1680 (3), Colbert fait allouer des fonds, à Brest, « pour
l'établissement d'une école où serait enseigné la théorie de
la construction, sur le même plan que celles où se donnaient
les leçons de canonnage et d'hydrographie ; un charpentier
devait, moyennant une gratification annuelle, expliquercette
théorie aux officiers de marine » (4).
Les maîtres charpentiers entretenus jouissent toutefois
d'une considération particulière. Mais d'ordinaire, chez les
meilleurs, le savoir est surtout la résultante de l'expérience
et de la routine. Ce ne sera pas d'eux que viendront les
progrès, ni les formules écrites de l'art des constructions.
Un jésuite, le P. Lboste, donnera le premier traité de cons-
truction navale. Les perfectionnements, les transformations
seront amenés sous l'inspiration d'officiers ou d'ingénieurs,
(t) Levot, lliiloire de Vrest. I. 131.
(2) Kerneis, Bulletin de la Sociélé académique de Brut, 2" s., XIH.
(3) Levot, 1, c. 159.
(4) Quelques années plus lard, un sieur Gobert, qu'on Irouïe désigné
dans la corres[>andance du secrétaire d'Etal à la marine, avec l'intendanl
du département de Brest, sous les noms de maître et d'ingénieur-construo-
teur, imagine d'importantes améliorations dans les méthodes de conslruc
tion.de radoub, etc.; il propose l'usage de ■ courbes de fer > (ITOI); mais
le tnîDlslre se dit Informé qu'elles ont été < invenUes et employées avant
lui f. Archivt» de l'oficienne înten^nce de la marine.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 277 —
qui ne prendront pas de si tôt une place spéciale dans les
arsenaux. Le chevalier Renau, qui va rendre les bâtiments
de combat moins citadelles et plus navires aptes à la mobilité,
par la suppression des châteaus de poupe et de proue,
inventer tes galiotes à bombes, dès que ses travaux ont
appelé sur lui l'attention, accomplit sa carrière dans les
rangs des officiers de vaisseau (1). Ceux-ci sortent de l'espèce
de servage dans lequel les maintenaient les maîtres char-
pentiers, lorsqu'il s'ag' sa' d qu 'ons de construction (2),
{I) Voir Lapeyrouse-Bonfl H la ne françaiie, II, p. 1G9-18I.
.2) Vraiment, ils avaient b nq q n de se montrer fiers d'eux-
mêmes, ces maîtres, devant mp de leurs œuvres Le navire,
le vaisseau majestueux de 1 p poq de Louis XiV, est peut-être
le plus étonnant spfcimen d h n o Qu'on réfléchisse ù ce qu'il
a lallu de science et d'art, l'une snos doute aussi étrangère aux recherches
de cabinet que l'autre aux initiations d^s écoles, do prétlslon dans la main
d'œuvre, de talent dans l'harmonisatioa de l'ensemble, pour accomplir une
de CCS merveilleuses et terribles machines, lançant déjù avec leur arliilerie,
plus de fer que les vaisseaux de Louis XVI (Guérin). 11 ï a lii un assem-
b'age de centaines et de centaines de pièces de bois, courbes, coudées,
droites, qui se réunissent, se eroiscnl, s'arqueboulenl, dans tous les sens,
impriment aux parties toutes les formes, au tout l'aspect d'un gigantesque
bloc. Ces pièces, pour la plupart si petites, ont produit comme un monstre.
V\ quelles admirables dispositions pour l'excellente adaptation des forces,
leur association dans les résistances ! La coque doit lutter contre les
vagues. déchaînées; la mâlure soutenir l'énorme elTort des vents les plus
impétueux ; les ponts supporter une artillerie considérable, et, aux heures
rie combat, la mer, le vent, les Ébranlements de la poudre, les chocs des
projectiles s'unissent dans une internale ncljon pour disloquer la masse !
Quel respect mérite pourtant une routine qui a pu enfanter de pareilles
dioses ! Il y avait bien d'ailleurs des maîtres à l'intuition géniale et
doués pour aider au progrès. Toutefois, il est certain que le plus grand
nombre, même parmi les plus intelligents, en raison de leur éducation
trop exclusivement ouvrière et limitée à la construction, étaient Incapables
d'entraîner l'architecture navale en des voies fertiles de transformations
utilts. Ils ne connaissaient guère la navigation, qui apporte la connaissance
des conditions à réaliser pour l'obtention de la plus grande vitesse, non
plus la science de a r c qu gt ge des combinaisons particulières dans
les dispositions des nav res de combat, moins encore la tactique, et n'ayant
point è se servir des Ds u nen s qu'ils livraient, â les ju^r dans l'action
et l'utilisation, î eussent a sse i marine dans une sorte de stagnation,
si la direction ne tu venue o ommes doués k la fuis de connaissances
théoriques et d'expé ence con p e e
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 278 —
et, par l'ordonnance du 15 avril 1689, un conseil de marine,
composé, dans les arsenaux du Roi, des plus éminents per-
sonnages de l'épée et de la plume, d'un inspecteur des cons-
tructions, d' « expérimentés capitaines ou commissaires »,
dirige et surveille la corporation ; il approuve ou modifie les
devis que lui soumettent les maîtres charpentiers, ordonne
les mesures nécessaires pour les mises en chantier, apporte
une attention vigilante à l'exécution des travaux. On établit
des types de vaisseaux, dont les proportions et les disposi-
tions sont arrêtées avec précision. L'inspecteur « apprend
aux charpentiers la manière d'en faire les plans et profil,
avant que d'en commencer la construction, alin de se corriger
des défauts qui ont été trouvés dans ceux qui ont été cy-devant
faits et de pouvoir fixer des règles certaines... [l)»I!reçoit
les nouveaux projets que " les officiers et autres » proposent,
et « en envoie avis » , surveille les radoubs, assiste aux récep-
tions des bois, etc.
Au-dessus des maîtres-charpentiers constructeurs, il y a
désormais use direction , émanant d'hommes techniques,
marins ou savants ; mais il n'y aura un corps d'ingénieurs-
constructeurs qu'à partir de 1765 (ordonnance du 25 mars).
Le navire de guerre, s'il perd de son aspect imposant,
acquiert en qualités nautiques (2). La frégate, moins coû-
(Ij On construisait très vite autrefois et l'on estsurjiris de la cétéritL>
avec laquelle nos chantiers réparent les perles des plus grandes unités de
combat, à la suite de désastres comme celui de La Hougue. Sous Seianeliiy,
c on vit construire, caréner, gréer, inâter et mettre à la voile en 9 neurcs
de temps, à Toulon, uoe (régate de M) canons ■. ,GuÉrin, llislaire de ta
Marine, III, 496]. Mais, sans donner comme un exemple ce tonr de Force,
évidemmeul préparé pour complaire â un ministre dont on connaissait
l'actlTlté llévreusc, je rappellerai qu'il était fréquent d'assister, dans nos
paris, à la mise en chantier et à l'armement complet d'un vaisseau dans
te cours d'une seule année, surtout quand tes travaux s'elTccluaient soas
i'œll d'un capitaine vigilant, tel qu'un Dugoav-Trouio . Cette rapidi lé
avail ses inconvénients. L'on est frappé du nombre de vaisseaux ■ man-
ques >. qu'il faut modifier après coup et • souiller •, mentionnés dan» les
correspondances oUlcielles, à l'époque de Louis XIV.
{2J Certains perfectionnements sont très tardifs: le doublage en cuivre
n'est appliqué cbez nous que sous le règne de Louis \VI, ver la Gd de
la guerre d'Amérique et par imitation de lit pratique anglaise.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 279 —
teuse que le vaisseau, plus apte à la guerre de croisière,
aux évolutions rapides, gagne sur le vaisseau un terrain que
lui a fatalement fait perdre, sous Louis XV, l'abandon du
système des grandes flottes. Celui-ci, néanmoins, continue
à occuper la place d'honneur et il reparaîtra plus tard en
belle et honorable ligne. (1)
Entre temps, l'art du constructeur s'enrichit de traités,
parmi lesquels il convient de signaler les Ëlémens de l'archi-
tecture navale de Duhamel du Monceau, membre de l'Aca-
démie des sciences, 1758; le Traité sur la constraction des
vaisseaux de du Maitz de Goimpy, capitaine de vaisseau,
membre de l'Académie royale de marine, 1776.
Les charpentiers sont bien ramenés au niveau de l'ouvrier ;
mais ils restent des ouvriers d'élite, avec des maîtres expé-
rimentés sur les moindres détails de la main-d'œuvre, très
considérés, et en réalité les intermédiaires obligés entre la
tête, d'où sort la conception, d'où émane l'ordre, et les braa
qui exécutent.
(I) DaDS un compte rendu des Mémoires pour l'hittoire de* scUncei et
des fceaiM: ar(ï (Journal de Trévouï, juillet 1748), relal» à VEnai tur ta
marineila ancieta, de Dcslandes, on trouve sous la rubrique Le port d'un
vaisseau, quelques lignes qui dnnnent une idée curieuse du bâtiment de
guerre, ïcrs le milieu du XVIll' siècle. '
Il Lorsqu'uD vaisseau est acbevé de construire sur le chantier, on l«
Ihucc à la nier. \ji poids de ce navire, dénué de tous agrès et apparaux
(supposons que c'est une (régate de 56 canons, armée pour 0 mois de cam-
pat;ne), pèse 410.111)1) livres (4ICI) quintaux) ou SIU tonneaux. Les agrès et
apparaux, c'cst-it-djre la mâture complète, les cordages en général, les
poulies, voiles, aueies, les canons, boulets, atlûts garnis, la poudre, la
cbaloupe, le canot, les cuisines, tours et potagers, les vivres en général,
avec Ml tonneaux d'eau, le poids des hommes ijui forment l'équipage, avec
leurs bardes et elTets embarqués, tout cela mis ensemble pèsera enviroQ
JTl.OUii livres ou \S1 tonneaux. Les deux poids, celui du corps du vaisseau
et celui tant des agrès que des apparaux, ne sont pas ce qu'on entend par
le port d'un navire. Comme le soldat romain ne se croyait paschargè d'un
poids étranger, lorsqu'il ne portail que sou casque, son twuclier et ses
autres armes odensives et detenslves, c'était, selon lui, autant de membres
allachés ù son corps; ainsi le vaisseau de guerre qui n'a que son artil-
lerie, ses voiles, ses mâts, ses munitions de guerre et de bouche, et qui
sort du port, prêt â combattre et le (eu A la main, n'est pas censé éjre
chaîné ; mais la Frégate de ij canons peut encore embarquer 350 tonneaux
outre tout ce qu'on a dit. Ce sont ces 250 tonneaux, pesant 500.000 livres
(5UU0 quintaux), qui déterminent le port de ce bâtiment. >
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 280 —
Quant aux calfats, ils n'ont jamais été que des artisans.
Leur travail est ingrat ; il n'est point des plus propres, et
l'homme qui s'y livre porte ses" noires traces à ses mains,
Bur ses vêtements. Mais combien utiles sont leurs services,
surtout à l'époque où l'on ignore le doublage métallique !
Entre ces deux catégories vivent les perceurs, qui achèvent
l'œuvre du charpentier et préparent celle des calfats ; ils
creusent les trous de chevillage, qui doivent assurer ta soli-
dité des assemblages et que les calfats auront mission de
remplir, à grands coups de maillet, en même temps qu'ils
s'occuperont de bourrer a les joints », d'étoupe goudronnée.
A terre, dans les arsenaux, les maîtres de ces professions
jouissent d'une situation relativement très enviahle (ordon-
nance de 1689, liv. 12, tit. 9). Les deux premières catégories
fournissent un personnel embarquant qui, à bord, a l'assimi-
lation des officiers mariniers (ib., Hv. 1, tit. 17).
Un arsenal comme celui de Brest assurait l'existence de
nombreuses familles. Les salaires, dans chaque profession,
étaient généralement plus forts que dans la ville, et l'autorité
se montrait soucieuse de l'amélioration matérielle et morale
de ses plus humbles auxiliaires. En 1785, il y eut, même
dans la marine, une tentative pour une mise à l'entreprise
des travaux, à accorder de préférence à des associations
d'ouvriers jl).
(I) On jugera de l'injporlanee dos travaux à enécuter dans l'arsenal de
Brest, d'après cette liste du personnel ouvrier qui s'y trouvait emplosÉ
vers 1784. (L'Espion anglais.VW, 187) :
Charpentiers, contre-maîtres, ou- Ofllciersinannlersel matelots 893
vriers et apprentis SOM Avîrooniers 19
Perceurs 25î Poulieurs 40
Journaliers 65i Voiliers S3Ï
Sculpteurs 16 Armuriers 106
Menuisiers 3J0 Tonncliei
Etoupiers 93 Cordiers
Breyeurs de couleurs 80 Au magasin général ..
Calfats 6Î2 Forçais a la fatigue. . .
En tout T.3U7 individus.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Les charpentiers, perceurs et calfats de l'arsenal forment
comme une aristocratie dans leurs professions respectives.
Mais la marine marchande a les siens, aussi fort estimés.
Colbert, qui n'avait jamais perdu de vue les intérêts
supérieurs du commerce, Tune des fertiles mamelles de la
France, selon l'heureuse expression de Sully, n'avait eu
garde d'oublier de réglementer avec minutie la marine
destinée à les représenter et à les soutenir, à l'occasion, par
les expéditions lointaines de négoce ou par celles de course.
L'ordonnance de 1681 avait même précédé la codification
des ordonnances, règlements et instructions, sortis de
l'inspiration de l'illustre ministre, et relatifs à la marine
militaire.
Danscette ordonnance du mois d'août 1681, la construction
et le radoub des navires particuliers sont l'objet de prescrip-
tions importantes et les obligations des hommes chargés de
leur exécution sont nettement tracées. On peut dire que le
titre 9 du livre 2 est un équivalent de statuts généraux pour
les ouvriers de la construction :
« Art, 1'', Les métiers de charpentier, calfateur et perceur
de navires, pourront être ci-après exercés par une même
personne, nonobstant tous rôglemens ou statuts contraires,
« Art. 2. En chaque port, ceux qui exerceront les métiers
de charpentiers et calfateurs, s'assembleront annuellement
pour élire deux jurés ou prud'hommes.
a Art. 3. Les jurés ou prud'hommes feront de jour à
autre visite des ouvrages et rapports à justice des abus et
mal-façons qu'ils reconnoitront dans les constructions,
radoub et calfat (calfatage) des bâtimens,
• Art. 4. Ceux qui auront deux ou plusieurs apprentifs,
dans les lieux où il y aura des enfants renfermés, seront
n,g,t,7.cbyGOOglC
tenus d'en prendre un de l'hôpital, auquel les directeurs
fourniront les outils, nourriture et vêtements nécessaires. (1)
« Art. 5. L'apprentif tiré de l'hôpital sera tenu, après deux
années d'apprentissage, de servir son maître pendant unan,
en qualité de compagnon, sans autre salaire que la nourri-
ture.
« Art. 6. Les apprentifs ne seront tenus de prêter aucun
serment en justice, pour entrer en apprentissage, de payer
aucun droit, ni de faire aucun banquet (2) ; faisons défenses
d'en exiger d'eux, à peine d'amende arbitraire et de restitu-
tion du quadruple, o
(1) Vincent de Paul avait créé une œuvre admirable pour le sauvetage
de l'eDtance abandonDÊe. Mais il fallait utiliser cette triste population
recueillie dans les asiles hospitaliers et sans cesse grandissante, eo même
lemps lui trouver une direction moralisatrice par le travail. On songea
à envoyer dans les ports un certain nombre de ces matbeureux enfants
pour y élre, les uns embarqués comme mousses à bord des vaisseaux du
Roi, les autres employés dans l'arsenal en qualité d'apprentis de divers
métiers, l-a correspondance des minislres avec les intcEdants prouve qu'on
oe se désintéressait point, en haut lieu, du sort de ces pauvres épaves. En
1692, 1691, etc., des bandes d'entauts (100, 120) sont dirigées de l'hfipital
général de Paris sur Brest ; l'intendanl se plaint de leur laible constitution ;
le ministre s'inquiète de savoir ce que sont devenus • les mousses, s'ils se
font à la mer, s'il en meurt beaucoup, » Arch. de i'anc. intend, de Ut
marine de Brest.
(2) Il était d'usage, dans un grand nombre de corporations, d'e.tigcr des
nouveaux admis des sommes plus ou moins lortes, pour payer les Irais
d'agapes confraternelles. Cela était devenu un abus, surtout en Bretagne,
oij ces agapes dégénéraient en beuveries crapuleuses. L'on eut grand peine
à détruire la coutume. En HôO, il y eut à cet égard un arrêt du parle-
ment de Uennes, rendu sur les remontrances du procureur généra! du Boi.
La Cour estime qu'on exige des aspirants ù ta maîtrise de trop gros pré-
lèvemenls ; b que d'ailleurs ces dépenses, qui occasionnent la débauche cl
l'ivrognerie, mettent souvent les aspirants hors d'état do profiter de la
maîtrise à laquelle ils ont été admis, par l'impossibilité où ils sont même
de se pourvoir d'outils propres à la profession qu'ils embrassent... • Elle
• faitexpressesinhibilionset défenses, à tous jurés et prévôts des ditlérentes
communautés etcorps de métiers de la province d'exiger des aspirants à
la maîtrise aucunes sommes d'argent pour dire employées aux repas el
festins de réceptions. . . ■
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 283 —
Là où les charpentiers et calfats ne sont pas en maîtrise,
le travail des ouvriers forains, c'est-à-dire des ouvriers
étrangers à la localité, esl autorisé au gré des armateurs,
propriétaires, capitaines ou patrons de navireSi mais à la
condition que « l'ouvrage soit visité par les jurés du lieu. «
La corporation, en effet, n'est point partout organisée en
maîtrise, qui lui confère des droits exclusifs ; mais dans les
villes maritimes où elle ne l'est pas, comme à Brest, elle se
règle, jusqu'à un point, sur les habitudes observées dans les
ports où elle possède maîtrise. Dans tous les cas, elle relève
de la juridiction d'amirauté.
, On peut regarder comme un modèle de statuts,le Règlement
pour les calfats de Marseille, du 23 novembre 1726 (1), II fut
certainement inspiré par des traditions en vigueur depuis
une époque beaucoup plus reculée et qui, sans doute, furent
importées à Brest par des ouvriers des ports du Levant. Le
Ponant, à l'époque de la création et de l'organisation de ses
grands arsenaux, emprunta maintes fois des charpentiers-
constructeurs et des calfats à la marine marchande du Levant,
et, sur les rôles d'équipages des navires armés en course, à
Brest, au temps de Louis XIV, il est fréquent de relever des
homs de maîtres de ces professions, originaires de Marseille
et de Toulon. La corporation brestoise, si elle ne fut point
organisée en maîtrise, paraît bien s'être dirigée d'après des
coutumes en honneur sur le littoral méditerronéîn, et ce qui
le prouve c'est son adoption de saint Elme pour patron. On
sait que ce saint [2}, évéque de Formies, martyrisé sous
Dioclétien, comptait (et compte encore) de fervents dévots
parmi les équipages des bâtiments français et italiens de
la Méditerranée ; les phénomènes lumineux observés au
cours d'états atmosphériques, précurseurs des orages,
( I ) Il est anoexù au i\ouveau commentaire sur l'oi-iloatuince de la n
de 16SJ par M"', avocat au Parlement, .M ùrsci Ile-Pari s, 17K0, I Sd
(S) Saint Eline seiail une corru[)lioa italienne de saint Erasme.
n,g,t,7.cbyGOOglC
étaient regardés comme des avertissements donnés par te
saint à ses fidèles ; aussi l'invoquait-on contre les dangers
de la mer.
Assez nombreux étaient lea membres de la corporation à
Brest. Le commerce maritime, de cabotage et même de long-
cours, avait pris de bonne heure, dans notre ville, un déve-
loppement important.. Aux époques de course, ses opérations
prenaient encore plus d'activité en se transformant, La
besogne ne manquait point pour les charpentiers et les
calfats, en dehors de l'arsenal du Roi. L'avant-port, compris
entre l'embouchure de la Penfeld et la cale de l'ancienne
intendance (elle répondait à peu près à l'endroit ou débouche
actuellement la porte principale, au bas de la grande rue),
regorgeait de bâtiments particuliers [1). Les gros navires de
course étaient bien construits et radoubés dans le port de
guerre, sur -l'autorisation formelle du roi. Mais il restait
assez de travaux à accomplir, avec les constructions et les
radoubs des bâtiments de petit et moyen tonnage, pour
occuper un grand nombre de bras. Ces travaux s'effectuaient
presque exclusivement du côté de Recouvrance : sur la grève
de Laninon, Il y avait des chantiers où l'on construisait
jusqu'à des frégates, et, tout contre le quai, non loin de la
chapelle de Notre-Dame (2), dans un endroit largement
découvert à basse marée, était la Fosse, ou, par monopole,
le maître calfat juré recevait les navires à visiter, à réparer,
à radouber. Pittoresque était ce petit point de la cilé, que le
voisinage d'un marché et celui de la cale du passage (3)
(1) Ce qui Ëtait une gène pour [es mouvemeDls du port de guerre. Aussi
Vauban avait-il proposé de créer un pet marchand sous le Château, vers
lelieudePorstrem, idée qui ne fut reprise el réalisée que sous Napoléon 111'
(3) La chapelle de Nolre-iiame, très anciennement fondée par un seigneur
du Chatel, sous le vocable de Sainte-Catherine et conlipuë à uu peUi
hôpital, Ai'origine. Recouvrance s'appela d'abord le bourg Sainte Catherine
Levot, Histoire de Uresl, l. W et suiv.
\%} La communication entre Brest el Recouvrance se Faisait aulretnis
par liateaui. Le pont-tournant, comme le port de commerce, date du règne
de Napoléon IIL
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 2&3 —
rendaient encore plus animé. A la chapelle, on allait souvent
prier pour les marins absents, et, au retour des périlleux
voyages, plus d'un, qui croyait avoir échappé aux naufrages
ou au feu de l'ennemi, grâce à de puissantes intervenlions
célestes, venait déposer un ex-voto ou faire brûler un cierge
béni. De pauvres échopes, adossées contre les murs,
servaient d'abri à des gens, exerçant d'humbles métiers à
l'usage des matelots. Sur le quai, des amas de bois, presque
toujours, quelque chaloupe ou quelque minuscule navire en
construction ; en contre-bas, sur la Fosse, des bâtiments
abattus en carène. Une acre fumée, l'odeur du goudron,
mille bruits dans l'air. Auprès d'une immense cuve, placée
sur un fourneau, un homme agite avec une longue cuillère
de bois la braie bouillante, que d'autres vont porter aux
calfatours : c'est le bouilleur de brai. Les calfats, en ligne
serrée sur le flanc des navires, ici font résonner en cadence
tes lourds maillets de bois qui forcent le ciseau à enfoncer
l'étoupe dans les jointures ; là promènent sur les parties
achevées un long balai trempé dans ta braie liquide ; les uns
et les autres exécutent leur besogne avec une attention
minutieuse, presque avec amour, et c'est peut-être à
l'extrême soin qu'ils apportaient dans leur tâche, comme si
le navire était pour eux une sorte de chose précieuse, qu'ils
durent l'ironique épithète de bijoutiers, dans l'ancienne
marine (et combien elle contrastait avec leur tenue débraillée,
malpropre, telle que l'imposait d'ailleurs la nature de
l'occupation, rude et fatigante, toute imprégnante de
matière noire et poisseuse). Mais voici qu'on crie, que l'on
vocifère : on s'insulte, on se bat. C'est un maître charpentier
jaloux, qui, arrêté devant le » travail n d'un confrère, plus
heureux que lui en clientèle, n'a pas assez ménagé ses
critiques : sournoisement, puis d'une façon très agressive,
il a a débiné n l'œuvre ; il y a eu verte riposte, et puis échange
de coups, bientôt interrompu par l'arrivée d'un sergent de
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 286 —
police de la juridiction de l'amirauté, a garde de quai ».
Les disputes et les rixes ne manquent pas dans cette place
où s'entrecroisent et se heurtent tant de gens au caractère
brutal. Les contestations n'ont plus, entre personnages
bien posés, surtout à propos de la visite des navires. Cette
formalité, à la suite de nombreux sinistres, en grande partie
dus à la cupidité des armateurs ou à la négligence des
capitaines, est devenue rigoureuse, à l'époque de Louis XVI
et elle soulève, entre les intéressés et les maîtres
charpentiers- calfats jurés, plus d'une difficulté qui donne
lieu à procédures.
Dans la corporation, les salaires sont relativement élevés.
Il est facile de les établir d'après les notes d'armements et de
radoubs qu'on rencontre en grand nombre dans les dossiers
du greffe de l'amirauté. Vers le milieu du xviii' siècle, la
journée est de 26, 28 et 30 sous, parfois même de 40, pour
les ouvriers et les maîtres ; des apprentis et des journaliers
touchent 15 et 20 sous. 11 va sans dire que les travaux entre-
pris à forfait ou à pris débattus par les maîtres peuvent leur
rapporter des bénéfices variables, en dehors de la main
d'œuvre proprement dite.
Embarqués (1), les charpentiers et les calfats ont des
salairesfixes, généralement un peu moindre, mais en réalité
ils gagnent davantage, parce qu'ils ont droit à la ration de
mer et n'ont pas à se préoccuper du logement (à moins
qu'ils ne laissent derrière eus de la famille] ; de plus, en
tenips de guerre, ils ont droit à une part, une part et demie,
sur les prises.
Sous Louis XIV, les salaires de ces professions, à la mer,
à bord des navires particuliers, sont ordinairement de 15, /
27, 33 livres par mois ; mais on relève des taus plus élevés '
(Il Le règlement pour les calfats de Marseille (art. 3j) oblige les ouvriers
de la corporation à se Faire enregistrer au bureau des cliisscs et i. produire
cerliUcat tle cet enregistrement au grefle de i'amirault.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— asy -
Gt presque toujours en faveur de charpentiers (à bord de la
frégate le Saint-Hubert, de la compagnie royale de Saint-
Domingue, 1707, deux charpentiers touchent 45 et 47 livres,
un calfat 24 livres ; A bord du vaisseau le Maure, armé pour
la côte de Guinée et Bueynos-Ayres, 1710, un maître
charpentier et un maître calfat louchent 38 livres).
Sous Louis XV, les salaires semblent plus oscillants. A
bord de ï Angélique, allant de Brest aux iles françaises
d'Amérique, 1718, lé mai'tre charpentier reçoit 30 livres par
mois, le maitre calfat 21 livres; sur l'^cAîife, de la com-
pagnie des Indes occidentales, 1721, je ne trouve indiqué
que le salaire d'un aide-charpentier, 25 livres, et celui d'un
2' maitre calfat, 30 livres. Mais avec la guerre, les salaires
montent : sur ta frégate de course la Gelinotte, 1761, un
maître charpentier a 72 livres par mois (c'est le plus fort
salaire attribué aux oiïiciers mariniers), un calfat seulement
36 livres ; sur une feuille de salaires payés pour des travaux
exécutés à bord pendant une relâche, je trouve des journées
de calfat à 1 liv. 10, et dé maitre calfat à 3 livres ; de plus,
sur une petite noie de travaux de calfatage, le maître a
porté, en sus des journées, une gratification de 6 livres
a pour le rat (petit cierge) au profit de saint Telme (saint
Elm&] n, le patron de la confrérie.
Sous Louis XVI, à bord de VEmile, de Nantes, chargé à
Brest pour le compte du Roi, à destination de Rocheforl,
1780, un charpentier touche par mois 50 livres, un calfat
45 livres ; sur le petit corsaire la Marquise d'Aubeterre,
1779, le maître charpentier ne reçoit que 30 livres (mais il
a part de prises).
Les salaires étant déterminés par des actes d'engagement
volontairement souscrits, n'ont rien de fixe. Ils varient aux
diverses époques, selon la générosité des armateurs, la
concurrence des emplois dans les professions, les circons-
tances de paix ou de guerre, la nature et la durée des
n,g,t,7.cbyGOOglC
voyages, la participation ou la non participation aux profits
de certaines expéditions, etc. En somme, ils se maintiennent
assez élevés, surtout pour les charpentiers. C'est que le
charpentier preudà bord d'un navire une grosse importance :
sur lui repose, dans une large mesure, la conservation du
navire ; à lui de parer aux avaries graves survenues dans
les bois ou la m&ture par accidents de mer ou de combat,
d'entretenir en bon état les embarcations ; dans les heures
critiques, il reste dans les bas, et, avec le maitre calfat,
visite attentivement les parois au-dessous de la ilotaison,
pour boucher les voies d'eau. A terre, il établit des bara-
quements temporaires, soit que le capitaine ait jugé à
propos de donner aux hommes malades ou convalescents
(les moyens de rafraîchissement préférables à ceux du bord,
soit qu'il ait à organiser un trafic d'échanges ou des chasses
(les équipages des bâtiments destinés aux îles d'Amérique
viennent souvent chasser le bœuf sauvage, sur la côte ferme,
et y préparer des salaisons, qui seront vendues pour la
nourriture des nègres esclaves ; à Terre-Neuve, ils s'insta-
lenl sur le rivage pendant une partie de la saison de pèche).
Les charpentiers apportent avec eux les outils de leur
profession. L'armement ne leur fournit que les matières
nécessaires à l'exécution de leurs travaux. Us sont plus
encombrés, dans l'étroit espace qu'on leur accorde, parleur
outillage, que par les objets de reconfort, le linge et les
vêtements. On ne songe guère au bien être, alors, ni même
aux plus strictes exigences de l'hygiène individuelle. On ne
lira pas sans intérêt, â ce propos, l'inventaire des effets d'un
aide-charpentier, décédé à bord de VAchille (1722) :
a Une espèce de pied de Roy (sic), 2 plombs, 1 tenaille,
1 hcrminette, 32 fers de verlope, 10 vrilles, 7 couteaux ou
ciseaux à froid, 1 valet d'établis, 7 tarières, 2 gouges, 2
équerros, 1 bec d'âne, 3 rabots, 2 compas, 2 scies montées,
1 fer de scie....
n,g,t,7.cbyGOOglC
a C> mains de papier, 1 ëcritoirc, 1 canif, 1 tabatière, t
boutoille, 1 peigne, 2 perruques vieilles, 1 habit, ^ culottes
d'éLoffc de (il, 2 paires de bas, '2 camisoles, 2 chemises,
1 sac, i pistolet façon espagnole, un coffre.. .
a Un billet de 15 livres. »
Le billet est une dette à acquitter à un camarade, [.e
coffre, les effets, les outils ont été vendus 62 liv, 11 s.
Quelques détails ne seront pas déplacés, ici, sur les prix
de revient des constructions et des radoubs.
Aux périodes de course, quand elles étaient heureuses,
les travaux de construction allaient moins, sur les chantiers
marchands, que ceux de radoubs; car les armateurs trou-
vaient d acheter d'excellents bâtiments pris sur l'ennemi,
tout installés et pourvus du matériel approprié, pour des
sommes très inférieures à celles qu"eul exigé une cons-
truction.
Un navire de course, de moyenne force, ne cofltait pas
cependant des prix très élevés, vers la fin du règne de Louis
XIV.
On en peut juger par l'état suivant, relatif à une petite
frégate construite à Laninon, en 1711, état qui a été soumis
à l'appréciation d'un expert, « le S'' Hubac, constructeur
des vaisseaux du Roy, entretenu à Brest n.
ProporliOD d'une frégate de 10 à 13 cannas (la Comtesse d-
l' Harteloire) ;
Longueur de l'élrave à l'élamboi, 59 pieds ; largeur de dehors
en dehors, 16 pieds ; hauteur du creux à ligne droite, 8 pieds.
Estât de la dcpence a qnoy pourra monter la dite iVëgate,
scavoir :
Bois, 1800 pieds cubes (de divers fournisseurs) :
707 pieds 2/3 de bois cubes, 635 à 21 sols, cy 762 1.
72àl6sols, cy 58 4 3.
BULLBTIN AKCHÉOL. DQ PlNISTÈRB.— TOMB XXV. (HéOMires). 19
n,g,t,7.cbyGOOglC
-^ 290 -
942 pieds l,/2 à 16 ^. le pied cube.. .
37 pieds 1/3 à 24 f., cy
3 pieds 1,2 à 16 s , cy
27piedsï;2à 16 s
3 pieds 1/2 à 18 s
79 pieds à 18 s
250 piaoches de sapiu pour couvrir la chambre, border
entre les sabords et pour la menuiserie, à 75 I. le
cent, cy 187 10
43 esparres pour acorer cl chafauder (échaffaiider) à
15 s. pièce 32 5
1500 grenables ou chevilles de bois, à 35 I. le m' (le
millier), cy 37 10
Fer en cheville el doux de toulte sorte, 5 s. la livre. . ti62 10
1500 hvrcs d'éloupes 65 5
400 livres debray grasà27l. lequintal(delOÛI.),cy. 108
Journées de calfals el choffeurs de liray, cy Sr50
Journées de cliarponliers et perseurs 500
Gardien et jouruallîers pour charroycr les bois 140
Sciage des bois, cy 200
Menuiserie ; 90
Sculpture, cy 60
Peinture, fassoo compriïe
Masiure, fasson comprise, cy 1025 90
10 affûts (de canon) à 7 I. pièce, cy 70 60
2 pompes garnies de leur chopine et bringucballe. ... 16 70
GraiiOicalion au coDstruclcur de la frégale 300
Total du corps de la frégale preste à recevoir
ses agrès 5437 1. 15 s.
Sous Louis XVI, les prix de construction ou d'aclial ont
sensiblement augmenté.
Un cotre de course, la Marquise d'Aulieterre, « la co(jue,
construction el percé à 16 canons, ayant 72 pieds de long,
,yGoogIc
17 pieds 8 pouces de bau, 8 pieds 6 pouces de creux, son
pont de bout en bout » revient à 9500 livres (1779).
Un navire de même type, pris suc les Anglais, en 1781,
le Spy [devenn le Basilic), n'a pourtant été vendu, avec • ses
agrès, ustenciles et apparaux n, que 5750 livres. Mais un
autre, le Hawk, est acheté à des armateurs de Dunkerque
par-Madame Bertrand Keranguen, qui, â Brest, dirige une
maison de négoce et arme en course (1), pour la somme de
10.800 livres (il s'appellera désormais le La Moite-Piquet).
Les devis de construction, les travaux de construction et
de radoub sont soumis à l'examen de maitres-jurés, d'autre
part appelés à visiter les navires en partance, pour s'assurer
qu'ils sont bien en élat d'entreprendre une navigation, aussi
à donner leur avis dans les questions d'avaries que le
tribunal d'amirauté a à juger.
Le maître calfat juré a le monopole exclusif des travaux
de réparation et de radoub exécutés à la Fosse.
On conçoit que de telles fonctions soient recherchées, et
pour ie relief qu'elles confèrent aux individus, et pour les
prolits qu'elles leur assurent. Mais elles réclament des garan-
ties d'expérience, d'aptitudes et d'honorabilité certaines.
Les maîtres jurés sont « reçus », après emjuéte, par les
juges de l'amirauté.
Le maître calfat juré de la Fosse, à Brest, au moment de
la Révolution, est le S' Rohan. Sur sa requête, appuyée de
nombreux certificats, il a été nommé k ces fonctions, par
jugement du tribunal d'amirauté du 2 août 1777, ainsi
conçu :
a Vu par uous, Jérôme-Toussaint Guîbert de h Salle, la requêle
nous présentée par J-ian-Marie Rohan, de Recouvrance, mailre calfat,
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 292 —
IcDdaDle n ce (]u'il nous plat, y ayant égaril, et aux atleslnlions
d'inlcIligcDce et capncilé d'atlache à icelle, le commcllre et recevoir
ea qualjlii du mailre calfal el priïposô aux carcnnes p[ radniilis des
bâtiments de commerce à la Fosse el lieu destine an port aux
dites opérations; corlilicat de service et de eapaciliï dndit Rnlinn,
du 11' septembre 1763, cq qualiié de calfnl sur la praine la
Cristine, signé Monligny, lieutenant des vaisseaux du Rei et
commoQctant ladite praiiie ; autre ceriifical de service du 8' nov.
1765, en qualité d'aide-calfat sur la Terpsicore, commandée par
H. de Marclianville, caiiiiainc do vaisseau, signé comte de Roqne-
teuillo el Hocquarl, iiilendanl (1) ; autre cerlilicat de service et
capacité du 10' mai 17()6, cji (jualiié de second calfat sur la
Terpsicore, signé Marclianville, commandant ladite frégnte ; autre...
du 23' juillet 1767, eu qualité d'aido-calfat sur la llutte la Uuère,
commandée par M. le chevalier des Roelics,' capitaine de vaisseau,
signé comte de Botinefeuille et llocrimrt, inieudanl ; autre.... du
12' juillet 1769, sur i'Aurore, commandée par M. le chevalier de
Ternay, capitaine de vaisseau, en qualilô d'aide-calfai, signe comte
de Roquefeuille el de Clugny, iuieudaul (2) ; autre en ladite qualité
du 30 juillet 1769, signé le chevalier de Ternay, commandant ladite
corvette r,lH'ore ; autre.... du 6' aoust 1771, en qualité d'aide-
calfat sur le Rossignol, commandé par M. de la Brisnlière, iieuie-
naui de vaisseau, signé comte de Roquereuillc et de Clugny, inlen-
danl; autre.... du mois de mai 177i, signé le chevalier delà
Brisolière, commandant ladite corvette le /lom^noi ; autre.... du
29' mal 1772, eu qualité d'aide-calfat sur la Folle, commandée par
M. Daché (d'Aché), lieutenant de vaisseau, signé comte de Roque-
feuille ei Ruis Embilo, intendant (3) ; autre.,., du 1" iuin 1772,
signé le chevalier de Ponlévez, officier de laditle frégatle la Folle ;
autre.... du 24' mai 1773, en qualité de second caffal sur le Vail-
lanl, commandé par H. de la Brisolière, lieutenant de vaisseau,
III Ayinard-Jostpii de Unijucfuuil, conimandaiil de la marine; Uoci|uart
de Champerny, intendant de la mariai', ii Brest-
{i] Culilcs de Clugnj', baron de N'uis, qui a remplacé M. ElwNiuart.
|.t| Intendant à Brest depuis le mois de di''ceni1)re 1770, d■ap^^s M.
(iuiclion de Grandponl, les fnkii'knls ih h marine au jiorl de Ih-ext,
Brest, 18W-
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 293 —
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n,g,t,7.cbyGOOglC
— 294 —
relatif à la sûreté de ses vaisseaux et au bien du service ; et à
l'égard des contesta lion s qui pourroient s'élever pour Taiis de
radoubs et aulres ofTaires conleElieuses et de police entre ouvriers
et maîtres de bâtiiucuts particuliers, égalemeni que des euii L'|>riscs
qui pouroieut être formées sur les ouvrages à faire et exécuter par
ledit Rohan, ce deraier cl tous autres se pourvoiroui en ce siùga,
à qui la connoissance eu iippartieut, confnnnémetit à l'ordonnance
de la marine de 1681, arrêtf et règlemenls en cnnséquouee ; et a
ledit Rohan promis ci juré par serment devant dous, ayant la maiu
levée, de se bien et fidellenient componer en ses fondions.
R ArrËlé en la chambre du conseil de notre auditoire, ii Brest,
ce jour 2 aousi 1777. h (1)
Signé : Guibert de la Salle.
a Scellé à Brest lesdils jour et au. »
Signé : Guibert de la Salle, commissaire garde-seel.
Malgré que le noétierdeelinrpenlier ne soit pas en jurande,
à Brest, et que le titre de maître n'y implique pas l'obliga-
tion d'une réception spéciale, il semble que celle-ci ait été
regardée comme une marque susceptible d'augmenter le
prestige d'un sujet dans la corporation et de lui faire
conférer certaines préférences de l'auiorité judiciaire, dans
les cas d'expertises et de visites, à ccto ou à défaut des
maîtres-jurés en litre. On en peut voir la preuve dans la
requête (2) et la réception du S'' Bouguennec, en 1781.
Requête à M" les juges royan.-; de l'amirauté de Brest.
(1] On trouve dans les complts-rejiiliis du conseil (p'ni'ral de la ffomniiuic
de Brest, une pùlilion dnlœ du l'J fi'ïriiT I7U1>, • souscpiU; do jilusioiii's
citoyens notables, tendant ù ce i|iiu lu lii-u connu i Itucouvranw siius lu
nom de La Fosse soit désormais llbru cl (|uc tous les orinatcurs puls^'jit
y lalre earOner leurs iinvlii-s par tels iiialtres char[ienllers ut calCiil^ qu'ils
le jugeront convcniibli', sans être conlraiiits <li> se servir du minislèru ilu
S'' Rohan, maître enltiit Jun'' de ramiraiili' 1. I« niono|H)le allait liienliH
disparaître avec l'aniiruiité cl les jurandes.
(2) Documents extraits, comme le im'T.yein, itw ai-cliivea de r.iuiiraiilé
de Brest.
'n,g,t,7.cbyGOOglC
— 295 —
« Sii|>plie humblement Jean Bouguenoec, mailre chariienlier
toDSInicleur du bâtiments marchands,
a Disant que depuis plusieurs onndes il a acquis les capacités et
connoissauces nécessaires pour la consirucilon des uavires mar-
chands. Pour en donner des preuves au siège, Il fournira su
soutien de la présente et des certificats de ses ouvrages pour les
navires marchands el devis pour ceux de Sa Majesté.
H Comme le suppliant sait qu'en votre siège, messieurs, il n'y a
jusques à présent aucun maître charpentier constructeur reçu, il
se ilatie que vous voudrez hieu le recevoir eu celte qualité et lui
donner votre approbation. Vous sentez, messieurs, qu'eu le rece-
vant par votre slcgo, ce ne peut à l'avenir faire qu'une personne
de conliance soit daus les opérations qui se fout devant vous,
comme visite et inspection de navires, lors qu'il vous plaît en faire
les nominations, ce qui devient absolument journellement si néces-
saire que dans toutes les visites de navires les maîtres charpentiers
et tous autres deviennent des plus utiles, ou pour la condamnation
d'un navire ou pour indiquer les réparations à y faire avant d'en-
treprendre un voyage.
« Pour prouver de ses capacités au fait de la construction, il
observe que si dans le public II a été assez heureux pour se faire
counaitru, il croit que d'un autre côté les certificats dont il est
muni le feront ciiunoilre par votre siège.
a Les cinq certillcats des sieurs Guilhem, Daniel, Vvon, Le Gueu
el Riou-Kerallet attestent non seulement la prohiié du suppliant,
mais eucore la grande satisfaction de ces bourgeois d'avoir été
loiis satisfiiils des ouvrages disiribiiés sous la conduite du suppliant.
(i Celui dn S' Guignace, Ingénieur- constructeur en chef (1),
donne k's qualités nécessaires an suppliant pour remplir la place
de mnitre charpeulier constructeur, ainsi qu'il ose se flatter que
vous y aurez égard.
a Ij! devis et conditions pour la construction de 4 gabarres pour
le transport des bois de chauffage el de construction à tirer des
environs de ladite rade, qu'il a passé le 15 septembre 1778 avec
(i) Du la iiiiirinu riiViilit. On va voir i[uu Bougiiennec a uxùculé dos
Ifiiv.uix |iuur lu tiiiiiiiti! <1k la imirlni;'; maïs pcut-ôtrc nussi avait il servi
en i|ualili' <lu cli3i'[H.'nlivr dans l'arsenal.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 296 —
l'inlendant de la mai'ine en ce port, prouve bien qu'il a exaclBineQl
rempli son marché, puisqu'il est approuvé pnr le dernier conseil
de la marine sous l'approbation de H, de Sarline,...
n Si toutes ces pièces ne prouvoienl point suflisammont ses capa-
cités, il en joiudrait encore d'autres....
a Mais comme le suppliant croit avoir depuis longtemps acijiiis
la capacité de la construction, il se flatle qae vous y aurez égard,
et qu'il vous plaira le recevoir dans votre siège,
fl Ce considéré,
M Qu'il vous plaise, messiturs, voir avec la présente le nombre
de 12 pièces, tant certificats, devis, qu'autres, justifiant la capacité
du suppliant pour la construction de maître marchand charpeuiier
des navires marchands (sic), y ayant égard, le recevoir par votre
siège en ladite qualité, et à pouvoir inspecter tous bàiimens de
commerce destinés, soit au petit cabotage ou pour le lougcours, fi
la charge de vous en donner avis et de se conformer aux ordon
nances et arrêts rendus pour la consiruciion des navires uiarcliands
et d'en faire les déclarations en votre siège, se soumetlant |)onr cet
effet de prt^ter le serment requis cl de faire toutes les soumissions
que M. l'avocat et procureur du Bdi exigera pour sa réception et
ferez justice. »
Après information et sur les conclusions favorables de
l'avocat et procureur du Roi, le lieutenaut général du siège
de l'amirauté de Brest rend une sentence de réception :
(( Nous lieutenaut generd su-dit f■u^nnt droit en lidile
requête égaid ans pitces j jomtes lux coucinsioiis prepnntoiri'-
de I avocat et procureur du Bov de uotie avniit fnire droit rendu
en cousequence a Imrormation des honnl^ vie it niam!> du
suphanl et auï conclusions deffinitives dndil s ivocal et procureur
du Roy a\oiis reçu et nceions ledit Jeun Biu^iicnnec nnitre
charpentier constructeur des mvires mnichinds pour eu hdUe
qualité mspicter tous batimnis di comuicicu destines &u]t au
petit cabotagi ou pout k loug cours parce que le sup^ln ji ul
pourri s immiscer on ricu d ms k-, ouvrigi s et opéntious ri 1 itne>
à celles de la Fosse conlîets lu seul soin du S Rnlnii uniti
charpentier et tnlfal jiirt du ii ^ t.t qui! piOleri U -■ciment
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 29T —
requis, ce qu'il a fait en l'eudroit devaDl nous, ayaut la maio levée
à la HiaDJÈre necoulumée, el à la charge d'informer le siège de
l'âge, qualité des bàlimues desiinés au pelit cabotage el graud
cabotage, et parce qu'il op pourra cooslniire ni voir construire des
bàlimeus qu'au préalable il n'en soit passé déclaration en noire
greffe ; ordouiions à tous ceux qui lui seront subordonnés de le
recoQDoitre en sadile qualité de maître cbarpeutier couslructeur,
de lui obéir et porter respect sous les peines qui écbéenl..,, »
Je terminerai celte notice par le récit d'un procès très
propre à éclairer l'un des côtés des mœurs corporatives,
sous l'ancien régime.
[,a religiosité dominait autrefois dans les esprits. La
croyance était la base de la morale, de la vie domestique
comme de la vie publique, et le catholicisme étayait les
institutions jusqu'à se coufondre, dans la monarchie, avec
le principe de la iiatioualité. Dans le peuple, on était dévot,
avec une bonne foi naïve ; il n'y avait pas d'association
ouvrière qui n'abritât ses statuts sous un saint patron, .ne fit
intervenir le prêtre dans les actes tes plus solennels de sa
modeste existence, ne cherchât à assurer même à ses morts
les béuéfices d'une protection tant de fois invoquée pour le
compte des vivants. Et c'était, entre corporations, comme
une rivalité, dans la manière de manifester la ferveur
cultuelle. Les artisans, pour s'e ni retenir dans une commu-
nauté d'idées forte, cimentée par lo caractère religieux,
formèrent à Brest, à l'instigation el tout d'abord sous la
direction des Jésuites, une grande confrérie. Mais cela
n'empêcha pas le développement de confréries particulières.
Les calfats, très nombreux à Recouvrance, voulurent avoir
la leur. Ils avaient, ainsi que je l'ai dit plus haut, adopté
pour patron un saint méridional, saint KIme : ce fut sous son
vocable qu'ils se formèrent en confrérie, cl, à un moment
oii le trésor commun se trouva assez riche, où par l'étal
n,g,t,7.cbyGOOglC
d'aîsance de la plupart des membres, il élait facile de ^éa1i:^et
des contributions volontaires par surcroît, ils n'hésitèrent
|ias à se payer un luxe, d'ordinaire réservé aux plus riches
maisons, ci'lui d'une chapelle et d'un lieu de sépulture
réservés à leur corporation, dans une église de leur
localité. Naturellement, ces visées un tantinet vaniteuses
rencontrèrent un écho bienveillant auprès des ecclésiastiques
appelés à en retirer quelque avantage.
Un homme charitable, Tanguy Ellez, avait légué une
maison à Recouvrance, pour loger quatre prêtres, qui don-
neraient leurs soins aux nécessiteux et desserviraient k
nouvelle église de Saint-Sauveur (terminée en 1679) (1).
Une confrérie du Rosaire venait d'être établie dans cette
église et, sans doute, elle éveilla, chez les calfats, l'idée de
se grouper plus étroitement, sous le patronage de leur saint
d'adoption. Ils s'adressèrent aux prêtres de Saint-Sauveur :
on. s'entendit très vite et l'on signa l'acte que je vais
rapporter (2).
i( Au nom du Vi-.re et du Fils et du Saînl-Esprlt, anjourd'lnii 14
juin 16S0, avant midy, devant nous, uolaires royaux et du siège
de Bresl et Saint-Renan, avec soumission à icelluy, ont été présaot
personnellemeDl vénérables et discrètes personnes inissire Jeau
Pelle, Jean Caoucé, Jean Jaouen et Marc Perron, prôiresdola
communauté ecclésiastique du bourg de Recouvrance, paroisse de
Quilbignon, diocèse de Léon, vray propriétaires de la maison,
nouvelle cbapelle de Saint-Sauveur, comme il est porté |)ar l'acte
de donation fait aux dits sieurs prêtres, y recours, d'une part, et
honorables gens Nicolas Garnier, Jacques Guaval, Noël LazeDucc,
Jean Corps, Laurent Brélivet, Louis Le Hiilour, Noël Sivinianl,
Yves Souliman, Estienne G.irnier, Pierre Gndiuner, François Le
(1| I*vol, llisloiie lie llrest. I. ail. l,Vi:lisc fui i^levi^e des ilenitrs des
tiabiLants. Il s'agit ii:i du lu |)r::iiiifTe (-({lise de Sa lut -Sauveur, qui eu
l'iïalttù {liait plutôt une diapelle.
[i) Archives muuidpales de Rrcst, tonds moderne, M. li.nsse retiitive a
IVglise de SaiDi-Sauveur.
n,g,t,7.cbyGOOglC
GotiarEJD, Jean Collesn, BerDard Le Gloanec, Pierre Teslard et
Nicolas Kerveuuic, mailres alfats, siiimlanl laul pour eux que pour
leurs confrères de la même profession, demeuraut audit Recou-
vranc-e, d'autre Iparl), enire lesquels soûl arreslées ies condiiions
qu'ensuivent, scavoir esl :
« Lesdils sieurs prêtres de ladite comniuDautéonl.... (?) consenlys,
baillent, ceddenl- et délaissent à promesse de garanlie aux dits
calfats pour en jouir par eux, leurs hoirs, successeurs ou cau»e
ayants perpétuellement une chapelle dans ladite église de Saint-
Sauveur, size du coslé de l'Epitre, contenante 14 pieds cl demy de
long et 7 et demy de large au niveau des balustrades de l'autel,
que lesdils galfais ont fait faire avec un tableau repré:ienianl saint
Telme au-dessus dudit autel, à toutle faculté de faire dans toute
l'estenduc de celte chapelle sépulture, enterrement, prières et
obsèques funèbres eux et leurs dits hoirs et successeurs, lorsqu'ils
jugeront à propos, mettre des pierres plates lomballesdont un bout
ne sera pas plus large que l'autre, sans néanimoins placer aucun
banc, aceoudoir, chapelle ardente ui autres déco'inbremeuts quel-
conques, d'autant que les dits galfals payeront annuellement aux
dits sieurs praires la somme de 6 livres tournois de rente à com-
mencer le premier payement au premier jour d'avril prochain et
ainsy couiiuuer à jamais, oulro lesdits sieurs prêtres, s'obligent
à célébrer et desservir sur ledit autel une messeàhasse voix tous ies
dimanches, 8 heures du jualiu, pendant l'an, uussy à perpétuité pour
la prospérité desd ils gaifats.à la cbargequ'ils payeront aiixdils prëlrcs
pour iaditle messe selon la taxe ào rêvèquc.durant laquelle seulement
leur sera loisible de faire marcher un plat atin d'amasser quelques
ofljindts pour 1 entretien duilit autel et chapelle sans les pouvoir
convenu 1 autft, uaa^e ny à faire dire des messes, aussy
m ircheri lidit phi 11 jour ut feste de saint Telme qui se solennise
ordmiiienient le premier jour dudit mois d'avril, sans que lesdits
prêtres puisscni rien prcUndre aux dites oITrandes, davantage
lesdits calfats aiiinoncnt par donation entre vif auxdlts sieurs
prêircs li somme di 55a livres valoir h laquelle iceux sieurs prêtres
recnnnoisspul et confèrent avoir avant ce jour receu comptant
desdits g<dfats couvt.rty tt employé à l'édiiTication de ladite église
210 livres, le surplus qui esl ai5 livres, lesdits galfats s'obligeul
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 3M —
p.nycr aiixdits sieurs prêtres la moiiid qui est 157 I. 10 s. le 12'
décembre prochain el le restant qui est pareilje somma aujourd'iiuy
en ua an sous obligation solidaire de tous el chacun, leurs biens
meubles et immeubles presant et à venir qu'ils alTeclenl el hypo-
tËquent à toutes rigueurs de justice sans souimalion precddeme,
couditionoé que lesdJIs gnlfals ne seront obligés à jucune répara-
tiou au sujet du massounge, boisage, vitre uy loest (toits) sur
laditte chapelle, à quoy lesdits sieurs prêtres seront tenus ea privés
noms et que lesdils galfats ne pouront faire cellebrer ladite messe
par autre que par tesdits sieurs prêtres ou de leur cousentemeDi.... »
En avril 1695, le recteur de Saint-Pierre-Quilbignon,
dunt la paroisse comprenait alors la presque lolalitû do
Recouvrance, les trésoriers et marguilliers de Saint-Sau-
veur, où l'on a organisé une fabrique, stipulent avec les
calfals un acte confirmatif du précédent. La confrérie remplit
scrupuleusement ses obligations.
■ Mais les recteurs changent et si les calfats n'entrevoyaient
rien -de mieux que de perpétuer l'exe'culion d'un contrat,
à leurs yeux hors de toute contestation, des intérêts
collatéraux s'agitaient pour les entraver dans leur pieuse
dévotion.
La petite chapelle de Notre-Dame, sur le quai, due à la
piété des seigneurs du ChAtel, et qui, pendant longtemps,
avait suffi à une population très restreinte, avait groupé
autour d'elle des habitants jaloux de l'essor de la nouvelle
église, et que la discontinuation des offices réguliers à leur
portée gênait dans leurs habitudes. Les prêtres el les sous-
gouverneurs attachés à la chapelle étaient bien davantage
contrariés d'être réduits à un rôle de second plan et de
perdre les bénéfices d'un casuel qui allaient se reporter sur
l'église rivale. Saint-Sauveur pouvait devenir paroisse, ce
qui ne laissait pas d'inquiéter Saint-Pierre. Kt de fait, la
petite église primitive de Saint-Sauveur fit place à l'église
n,g,t,7.cbyGOOglC
t
— 30) —
actuelle, achevée en 1749, et consacrée paroissiale l'année
suivante (1).
Au cours de tiraillements causés par des intérêts plus ou
moins divergents, la confrérie des calfats ne jouit point avec
tranquillité des prérogatives qu'elle avait achetées à beaux
déniera comptants. Même on oublia l'acte passé avec elle ;
on lui récusa le droit d'occuper, dans la nouvelle église,
aucune place tombale, de posséder aucun autel particulier.
De là procès par devant le Présidial de Quimper (21 .
Les calfats furent déboutés de leurs justes réclamations
(1764) et ils eurent à payer les frais de procédure.
La corporation avait contribué, par son initiative et par
son argent, à préparer l'établissement d'un centre paroissial
à Recouvrance : l'œuvre ébauchée par les a'ieux devait, à
l'heure de sa réussite, tourner à la confusion des ftls et des
pelils-fils !
Le Sic vos non vobis.... est de tous les temps et de tous
les lieux !
D' A. CORRE.
|l) I*ïot, llisluire de Dresi, I, 310.
(i) Archives municipales de Brest, ancien tonds, GG. ci
n,g,t,7.cbyGOOglC
LISTE DE FAMILLES NOBLES
Extraite da Compte du Recevaor ducal k Quimper en 1389
[,a collection, dite des Blancs-Manteaux, conservée à la
Bibliothèque Nationale, est une source inépuisable de ren-
seiguements pour l'histoire de Bretagne J'y ai dans le
cours de mes recherches trouvé une pièce intéressante au
point de vue des personnes nobles qui, iiabilant Quimper
en 1385, furent en vertu de leur noblesse dispensées de
paiement de certaines taxes.
Cette pièce contenue dans le registre 11531 est une copie
du 17" siècle, qui porte le titre suivant :
" Notes inléressantcB tirées du Trésor de la Chambre des
« Comptes de Bretagne, tant dans les plus anciens inven-
B taires de plusieurs domaines du Roy, que dans les plus
a anciens comptes de ces mêmes domaines. i
L'auteur anonyme de ce travail ajoute à l'occasion d'un fait
qu'il lui paraîtrait utile d'élucider, o On pourrait en trouver
« la preuve dans les registres de la maison du Duc relatif
« aux gages ou honoraires de ses olliciers, mais ces registres
« sont en nombres immenses et sans aucun ordre, et oa
« serait bien du temps à les trouver et plus encore à les
Ces registres existent peut-être encore à Nantes ; en tout
cas, ils sont peu connus, et il parait utile d'en publier quel-
ques fragments relatifs à la Cornouaille.
La pièce en question contient des extraits des comptes
desreceveursducauxde Rennes, Morlaix-Lanveur,Lesneven,
Quimper, Saint-Brîeuo et Gouelo, Chàteaulin et Fougères.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— m —
La partie relative à Quimper commence par la mention
d'un certain nombre de minus, aveux et déclarations en
date de 1503, 1513, 1514, 1548, 1572, 1577, 1617, 1053 et
1697. Ils sont relatifs, soit au manoir noble de la Villeneuve
dans la trêve de Laugoleu, paroisse de Briziac (Briec), soit
à la Villeneuve dépendant de la seigneurie du Hesnant, en
Névez, soit à la Villeneuve, en Plomeur, appartenant à
Messire Guy Autret, chevalier de l'ordre du Roy, seigneur
de Missirien et de Lezergué.
Suivent do nombreuses mentions relatives à la saisie des
biens de Jehan f.e Pappe qui, accusé de meurtre en 1385,
avait pu s'échapper de la prison du Duc où il était renfermé.
Ces biens, mis sous séquestre, étaient situés en la ville de
Kaerlouch paroisse de Ploelré (Ploaré) ; une partie « était
0 prise du sire du Juch pour labourer à la tierce (?) gerbe, n
Au compte de 1403, ontrouve le règlement définitif de cette
longue afTaire, mentionné ainsi qu'il suit :
» Le receveur (ducali ne se charge point de la terre de
« Jehan Le Pappe, de la ville de Kerlouch, en la paroisse
« de Ploelre, laquelle était en la main de Mgr pour aucune
a cause criminelle que l'on proposait contre ledit Jehan,
« pour ce, il a été jugé et délivré et ses terres délivrées
■ audit Jehan par vertu de lettre Monseigneur le Duc que
n Dieu pardonne en datte du 296 jour de may 1393 et comme
« il appert par un procès fait es héritage de Quimper
« Corantin le 16* jour de juillet l'an dessus dit et par autres
« procès fait es dits héritages le 19' jour de décembre
« l'an 1404. »
N*. En marge est mentionné le jugement de cet article en
« ces termes : F.t pour que le receveur a apparu par procès
tt de la cour de Quimper-Coranlin demeuré au sac de ce
a compte que cette chose était mise à délivrance, il n'en
« sera plus chargé ».
,yGooglc
Î01 -
s rece-
Vienneijt ensuite diflérents extraits du compte des r
veurs de Quimper. Nous les reproduisons lextuellemeril et
dans l'ordre même où ils se trouvent dans le manuscrit.
Compte de 1404 jusqu'en 1406 à la dépense dudit compte,
au 7* alinéa du fol.... V est écrit :
Item se décharge fledit receveur) d'avoir payé à Pierre de
Laval lieutenant de Robert Soryn, trésorier et receveur
général de ' Bretagne, comme il appert par la quittance
dudit Pierre de la dette du 14 octobe 1405, de 30 Ib (1).
El il est répété plusieurs fois sous le simple nom dé
Pierre de Laval.
Compte de Jean Lemercier, receveur depuis le 25 août
1385 jusqu'au 19 janvier 1386.
Du 1' folio, recto, aux rentes censives. Item pour la
maison Jehan Tlieppaut 6 s.
Au même f" v'itera la maison Prallou et Jehan Tlieppaut,
3 8.
Au même compte Guillou Tlieppaut pipe froment.
Compte de Guillaume Kercaro, receveur de Quimper,
jusqu'au 10 janvier 1396.
A l'avant d"' folio, verso, est écrit mot pour mot « item
B paya aud. Morice qui Baillif estoit en novembre et à Alain
■ Deiaroche qui est présent et à valoir en leurs gages pour
0 ledit office pour l'an 1396, la somme de 30 Ib. »
Comp/e, dudit Guillaume Kercaro depuis le 20 octobre
1398. Au 5' lolio, verso, avant la iin dudit compte, l'''
alinéa, est écirt :
(1) Le3 valeurs [lorlfes dnns ces noto sont llKurées par des abréïiaimna
que j'ai eiu |>(iuvoir lire fb et » pour livres et sols, inuiinaics Je compte.
[i livres de Bretagne valaient 5 livres tournois.}
n,g,t,7.cbyGOOglC_
■ Item paya à Alain de la Roche, baillit de Cornouaille,
« pour ses gages à exercer ledit office pour l'an 1399. Comme
0 appert par sa i:{uittance du 26 octobre audit an la somme
« de 30 Ib, c'est pour ses gages de Van 1399. »
Compte de Bernardin de Castel, receveur de Quimper, de
l'an 1396.
Au 4' folio, r' dudit compte, 4' alinéa, est écrit :
« Mémoire qu'il ne compte pas du droit du voyer de
■ Quimper Corenlîn pour ce que il dit que Mgr l'a délivré à
« Macé de la Fouchaye par ces lettres dont il n'appert aucune
« chose, si est enjoint apparattreles lettres avant la conclusion
9 de ce compte ou en rendre ». Ensuite est écrit. « Il a apparu
« une lettre du 28 janvier 1596 par laquelle il délivrait ledit
« voyerage audit Macé de la Fouchaye ».
Au même compte, 4°, f°, verso avant fe dernier 2° alinéa
est écrit :
a Item se décharge pour une quittance de Alain de la
a Roche bailli! de Monseigneur, du 20' novembre 1397,
■ par vertu du mandement, sur ce, audit receveur adresse
a 30 Ib. C'est pour ses gages d'être bailly de l'an 1397. »
Compte de Jean Lemercier, receveur de Quimper, depuis
le 25 août 1385 jusqu'au 19 janvier 1386,
A commencer au 31 î", r" dudit compte.
Après compte ledit receveur de l'issue par mer de ladite
ville, depuis ledit Jour 25 aoust 1385 jusqu'au 19 janvier 1386,
c'est à savoir compte 25 Ib d'yssue pour chacun tonneau
de froment et d'autres blés, item pour chacun tonneau de
poisson 38 Ib, item pour chacun tonneau de chair 38 Ib,
item pour chacun tonneau de salles 381b, item et le x° des
draps et du linge, etc.
Ensuite sont les noms des navires ou barques entrés, le
nom de ceux qui y avoient des marchandises, la qualité de
ces marchandises et les droits qu'ils ont payés.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 306 —
Et les noms de ceux qui n'avoient rien payé parce qu'ils
étaient nobles et qu'ils déclaraient que les danrées étaient
venus pour la consommation de leurs maisons.
Ces restrictions sont exprimées en ces termes : Item pour
le sire de Viez Chastel, 2 tx froment que rien ne paya
parce que c'était pour son factiz et sans fait de marchandises
si comme il appert par relation sur ce faite.
Item furent chargés 2 tx froment, c'est à savoir, l'un
pour Thepaut Quistinic et l'autre pour Nicolas Beloste (?)
qui rien n'en payèrent parce c'était pour leur factiz et de
leurs hostels et sans fait de marchandises.
Item furent chargiés audit vessel les blez qui s'ensuivent
pour les personnes dont les noms s'ensuivent qui rien ne
payèrent parce qu'ils sont nobles et qu'ils jurèrent que
c'était pour leur factiz et pour
de leurs hôtels et sans faits de marchandises, savoir :
Le sire du Vieux-Chastel, 2 tx froment.
La dame de , 3 tx froment.
Ensuite les noms de tous les autres nobles qui n'ont point
payé les droits :
La dame de Kaeranres.
Maistre Alain Croezual,
Jehan de la Couldraye.
Hervé Kaerguegant " [!}.
Le sire de Treziguidi.
Clémence, la fille Robert de Coedele.
Hervé Kaerguegant *
Le prieur de Locmaria.
Monsieur Eon de Treziguidi *, 6 tx d'orge.
Daniel de Saint-Allouarn.
Guillaume de Kaermabon.
(t) Les pcrsoDnages dont les doids sont accompagnés d'une astËrique se
trouveat meationDès dans l'ouvrage de l.e Men sur ia calbédrale de
Qu Imper.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 307 —
Hervé Lesongar.
Yvon Themos (?) .
Morice Kaerminguy.
Thépaut Quisttnic.
Jehanae <lu Juch, dame de Nevet.
Jehan de Langueoviz *
Maître AlaiQ Croezual.
Maître Mahieu.
Jehaa Le Barbu.
Le sire de Tréziguidi.
Pierre Tregouret.
Philippe de la Forest.
La dame du Jucii.
Maître Richat Cleve. (?)
Jacob Ploeneiz.
Monsieur Hervé de Trévaloet.
Mons'' Jehan Le Barbu.
Henry de Treouret et Pierre de Treouret.
Hervé Kerguegant '
Clémence du Menez *
Le vicomte du Fou •
Maître Jehan Fraval ; N* il n'est point dit qu'il est noble.
Guiomarch Lesnaragan.
La dame du Juch.
Pierre Lelau.
Guezenec Brîant.
Jehan Langueooez *
Guezenec Berian.
Daniel Le Dymana.
Hervé Paen,
Charles de Kaeranres pour sa dame, l tx vin.
Theppaut Quistînic , 1 id.
La dame de Kaeranres , 2tx id.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Le sire de Tréstguidé •
Clémence Quocecel (?)
Jehan de Langueouez *
Le sire de Viez-Chastel.
Le prieur de Locmaria.
Monsieur Eon Quelen.
M"" de Tyouaralen.
Le sire de Poulmic.
Maître Alain CroezualT
Geffroy Morvan.
Jehan de la Conldraye.
Hervé Kaerguegant *
Henry Cadoret.
Mons' Jehan Dumur.
Jehan du Bot ou Duvot.
Guy on Le Veir.
Le seigneur du Chastel.
Mons' Hervé de Saint-Goesnou.
Bernard Kaerourcuff.
La femme Olivier an Beren.
Daniel de Saint-Allouarn.
Morice Kaermin^y.
Y von Themos.
Guillaume Kaernascao.
Le sire de Nevet.
Theppaut Quistinic.
Maître Alain Croezual.
Le sire du Pont.
Henry de Pen morvan.
Guillaume Tanguy .
Guezenec Berian.
Maître Mahieu.
ThefTaine de la Rue
La dame daJuch.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Le vicomte du Fou *
Maitre Alain Croezual, procureur de mond s'
Jehan du Fou.
Guy du Fou.
Jehan de la Couidraie.
Le sire de Foulmic *
Guillaume Liscun.
Pierre du Ster,
Le sire de Lanros.
Compte cotte 14, de 1408 à 1410.
Je trouve Messire Yvon de Penguilly et Eléonore sa fille
ont possédé des revenus à Kerevenant, en la paroisse de
Ploemerin. On trouve cette famille dans quantité de comptes,
elle paroit fort ancienne.
Au même compte, page suivante, aux rachats, il y est
mention de celui de Nuz Kernyvinen et de Geffroy son fils
qui n'a encore payé le rachat dudit Nuz son père et auquel
Geffroy on demande lige.
Article suivant :
Rachat deMavoy(?)deKepfora aussi non payévùque Guyon
de Kerfors fils de ladite Mavoy n'avait pas fait hommage de
la terre de sa dite mère.
Article suivant :
N'est pas payé non plus le rachat de la terre Costiou
Keranblouch faite d'hommage que Guiomarch Keramblouc
son fils n'avait pas fait.
Après le rachat, suivent les droits sur les vins, mais où
les sires du Juch, de Nevet, Henry de Kernech, Messire Jehan
de Lesperuez le jeune, le sire du Vieux-Chastel et Alain
Lescauff ne payaient pas de droits pour la raison qu'ils
étaient nobles ainsi que maitre Alain Penqueleunec.
Au cinquième d' f" v° de ce compte se, trouve 6 tx de
vin pour Messire Guillaume de la Vîeuville, exempts de
droits par ordre du duc.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 310 —
Compte de 1418 à 1420.
Au r° du 3' d" fo de ce compte, chapitres des rachats se
trouve celui de feue dame CatheriDe de Tuonguidy décédée
en juin 1418.
Celui pour les terres de Guéguen Kaerguegen et consorts
en la paroisse d'Ergué-Gabéric.
Celui des terres d'Yvon Kerdilès en la ville de Kerdiles,
susditte paroisse.
Celui de Jehap Kerpaen, décédé en 1418, le tiers réservé
à sa veuve.
Compte de 1415 à 1416 rendu par Jehan de Treanna
receveur de Quimper.
Reporte le rachat du sire de Guergorlay qui est décédé
outre mer. Le tiers réservé à la dame de Laval sa veuve.
Ce rachat est considérable et porte en sous rachatMessire
Henry du Juch et quantité d'autres dans les paroisses de
Trégoures, de La«, Scaer, et leurs villages.
Comptes de 1429.
Chapitre des mises.
Au verso de l'avant i*' feuillet reporte :
Payé à Jehan de Kersaliou, pour le temps qu'il avait été
à Pontorson, pour le duc, la somme de 333 Ib et à Jehan
de Tremedern.
L'article suivant est 200 Ib monnoie payés à Messire
Bertrand de Montbourcher, capitaine de Saint-Aubin, pour
partie de sa paye et des gens d'armes dudit Saint-Aubin,
suivant lettres du duc du 16 septembre 1426.
Compte de 1429 à 1430, chapitre des mises on trouve :
Payé à Alain de Rohan, à Messire Guillaume du Cosker
ou Coskéric, à Jehan et Richard de Penguern, à Jehan de
Treal, Henry Tuonmelîn écuyer et en outre de laisser jouir
Messire Guillaume de la Viesville du droit de franchise, le
tout par mandement du duc.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 3H —
Payé à Hervé Leny séneschal de Cornouaille en 1429 — à
maistre Jehan de Coatanezre son bailIifT — à Jehan Dronyou
soD procureur
C'est ici que se terminent les extraits relatifs à la recette
de Quimper.
Je n'ai pu réussir à déchiffrer et à identifier une partie
des noms qui figurent dans la liste qui précède, car l'ortho-
graphe en est souvent singulièrement dénaturée. Pour
incomplète qu'elle soit, cette liste n'en est pas moins intéres-
sante, au point de vue des familles qui jouissaient en 1385
des privilèges de la noblesse. Le nom de la plupart d'entre
elles se retrouve fréquemment dans les Preuves de l'histoire
de Bretagne par Dom Morice, ainsi que dans les titres des
16" et 17' siècles, mais le nombre de celles qui existent
encore à la fm du 19° siècle est certainement bien peu
considérable.
ViLLIERS DU TeBRAGE.
KermJnlby, en Rosporden, juillet 1898.
n,g,t,7.cbyGOOglC
PIERRE GRAVEE DE KERMARU
En PONT-L'ABBÉ (Finistère]
Le 30 avril i895, en défrichant un terrain, jusque-là resté
inculte, on découvrit, à l'Ouest des édifices de Kermaria,
sur le sommet du coteau dominant, au Nord-Ouest, l'estuaire
qui forme aujourd'hui le port de Ponl-l'Abbé, une borne en
forme de pyramide, à base et à sommet arrondis, dont les
quatre faces portent des sculptures. L'inventeur m'ayant
fait prévenir de sa découverte, je me rendis immédiate-
ment sur les lieux, et, après en avoir fait l'acquisition, je
la fis transporter chez moi, où elle fait aujourd'hui partie de
mes collections.
Ij'ensemble de ce petit monument a 83 centimètres de
hauteur totale et 0 m. 70 de largeur à la base, la partie
sculptée ayant 0 m. 50 de haut.
Les sculptures forment, sur chaque face, un tableau
limité, en haut et en bas, par une bande sculptée qui entoure
le monument sans solution de continuité.
Des sculptures qui se trouvent sur ce monument je lus
facilement celles des deux faces 1 et II, ainsi que celles qui
l'entourent au sommet et en bas. Mais je restais indécis sur
l'interprétation des signes sculptés sur les deux autres
faces.
Je pris le parti de photographier ses quatre faces séparé-
ment et d'en envoyer des épreuves à Messieurs Alexandre
Bertrand et Salomon Reinacb. Ils me répondirent qu'ils ne
doutaient pas que le monument fut Gaulois et d'un grand
intérêt.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 3^3 —
Je n'en doutais pas non plus, mais je n'apprenais rien sur
les signes reproduits sur ses faces III et IV.
A la session du Congrès de la Société française d'archéo-
logie, tenue à Morlaix en 1896, je produisis mes photo-
graphies et je lus une courte note expliquant les sculptures
gravées sur les faces I et II et celles limitant les tableaux
sculptés en dessus et en dessous (1). Je fis appel à la perspi-
cacité de nos collègues au sujet des lignes représentés sur
les laces 111 et IV. Mon appel resta malheureusement sans
écho. Force me fut d'attendre encore avant de livrer mon
monument à la publicité.
Enfin cette année, dans le courant de l'été, j'eus la bonne
fortune d'avoir la visite de Monsieur J -F. Hewitt, ancien
gouverneur dans l'Inde, où il a passé la plus grande partie
de sa vie, s'attachant à étudier les monuments anciens du
pays où il a vécu, et la religion Hindoue qui n'a plus de
mystères pour lui. En apercevant mon petit monument,
dressé dans le vestibule de mon habitation, il me dit que sa
rencontre ici était d'or pour lui.
A son retour à Bruxelles, où il habite une partie de
l'année, M. Hewitt m'envoya une très savante brochure
extraite du bulletin de la Société d'anthropologie de cette
ville, intitulée : L'histoire et les migrations de ta croix et du
sû-astika «.
Depuis il m'a demandé des photographies du monument
de Kermaria. Après les avoir étudiées à loisir il m'a écrit
une très intéressante lettre, dans laquelle, ainsi que vous le
verrez plus bas, il me donne l'interprétation des signes
gravés sur les faces HI et IV.
Mais, avant d'étudier les sculptures de notre monument,
disons quelques mots du milieu dans lequel il a été trouvé.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 3U —
II a été exhumé à cent mètres à l'Ouest des édifices de
Kermaria, dans un terrain inculte. Il était placé à peu près
au centre d'une sorte de chaussée de deux à trois mètres de
large, empierrée de petites pierres non taillées, se prolon-
geant sur une vingtaine de mètres suivant une ligne Est-
Ouest. Le monument était renversé, la face I contre terre,
si bien que relevé cette face regardait le soleil levant.
A cent mètres à l'Ouest du monument, on voit un petit
tumulus de dix mètres de diamètre sur un mètre de hauteur.
L'ayant ouvert en 1896, nous avons rencontré au centre un
coffre, formé de quatre dalles posées de champ en terre,
recouvert d'une cinquième dalle affleurant à la surface du
sol environnant. Ce coffre, mesurant intérieurement 1 m. 40
de long sur 0 m. 78 de large et 0 m. 40 de profondeur, était
sans dallage au fond. Il ne renfermait que des restes inci-
nérés et quelques éclats de silex sans caractère.
A 400 mètres à l'Est de Kermaria on voit, sur les terres
de Kerséoc, au sud de la route de Combrit à Pont-I'Abbé,
plusieurs tumulus, qui ont malheureusement été explorés
à une époque inconnue. Toutefois quelques fragments de
poterie et la structure de ces monuments me font penser
qu'ils remontent A l'époque du bronze. A cent mètres de
ces tumulus on remarque des traces de retranchements
et d'habitations qui semblent indiquer qu'il y a eu là un
centre de population assez important.
Un peu plus loin, toujours au Sud de la route de Combrit,
dans le bois de Kerlouarn, on voit également des traces
de retranchements et d'habitations, ainsi qu'au Sud-Ouest
de Kergus.
Comme on le voit, tout le coteau, sur le sommet duquel
a été recueilli le monument de Kermaria, a été occupé,
à une époque des plus reculées, par des populations très
denses.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 315 —
Ceci dît, décrivons les sculptures gravées sur notre
monument.
Voici ce que je dis en 1896 au Congrès de Morlaix sur
les gravures relevées sur ses faces I et II.
Face I. — Des cartouches qui décorent ses quatre faces,
celui de la face I nous montre un ornement bien connu, le
sû-astika (1). Celait, chez les peuplades primitives, un signe
favorable que l'on trouve un peu partout dans le monde
connu des anciens ; en Angleterre, en Gaule, en Italie, dans
la vallée du Danube, en Scandinavie, en Grèce, en Asie, dans
l'Inde enfm où il joue un rôle considérable, comme nous
allons le voir, dans la plus lointaine antiquité et encore
aujourd'hui. Toutefois c'est la première fois que le sù-astika,
dont on suit la traînée de l'Inde jusqu'en Gaule par la vallée
du Danube (2), se trouve sur un monument jusqu'au fond de
la Gaule. Armoricaine. A ce titre déjà la pierre gravée de
Kermaria a uns importance considérable.
Le sû-astika, avec ses crochets tournés de gauche à
droite, porte dans la religion Hindoue le nom de sû-astika
mâle et lorsqu'il a ses crochets tournés de droite à gauche,
comme sur la face I de notre monument, le nom de
sù-astika femelle. Dans ce cas quelques-uns l'appellent
aussi sauvas tika.
Monsieur Edward Thomas dit en parlant du sû-astika
mâle et du sauvastika : « Autant que j'ai pu suivre et ratta-
cher les unes aux autres les manifestations diverses de cet
emblème, toutes et chacune s'expliquent comme une concep-
tion primitive des mouvements solaires. »
Le sû-aslika, avec ses crochets tournés à droite, était un
vieil emblème chez les populations Aryennes, uu symbole
(1) On écrit également swaslika. Dans le beau livre dernièrement publie
par M. Al. Bertrand, La religion de» Gaulois, Us Druides el le Druiaisme,
on trouve trois chapitres consacrés au swastika ou croix gammée.
(3) Koule snivie par les populations primitives qui ont Éiuigrâ d'Orîeal en
Occident jusqu'au tond de l'Armorique, emportant avec elles les croyances
représentées par les sculptures gravées sur le monument de Kermaria.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 316 —
de la lumière, de la vie, de la santé, de la richesse. Il était
le symbole du soleil du printemps, par opposition au soleil
d'automne représenté par le sauvastika.
Dans son travail sur le sû-astika, M. Hewitt nous apprend
que les marchands de l'Ouest des Indes tracent, encore
aujourd'hui, au commencement de leurs lettres et de leurs
factures, le signe du sû-astika m&le, l'oiseau solaire qui
chaque année voyage du nord au sud, entre le solstice d'été
et le solstice d'hiver.
Le sA-astika qui est peint en rouge comme ta ligne de
Vasu ou de Visbnu, est, nous dit M. Hewitt, le signe du Dieu
Gan-esh, le Seigneur (iska) du pays (gan|, qui est aussi le
Dieu du nuage pluvieux de la mousson.
Ces mêmes gens emploient aussi le sù-astika femelle,
peint en bleu foncé, la couleur du Dieu Nila, qui est le roi
du Sud dans le Mahâbhârata. On le retrouve à la fin de leurs
livres de comptes, comme le signe de la déesse du temps
(Kala) appelée Kali, la déesse noire de la nuit.
Ils honorent les sû-astika comme les emblèmes du soleil
solsticial et croient que le sû-astika mâle, symbole des
pluies du solstice d'été, porte bonheur.
D'après M. Hewitt, le sû-astika tire son origine de la
croix de Saint-André ou croix de l'oiseau volant, l'oiseau
mère de la mythologie indienne. Le nom du signe indique
son origine indienne, et les coutumes attachées à ses deux
formes dans les Indes prouvent qu'il représente la course
annuelle du soleil dans le Ciel.
Dans la mythologie Hindoue, Astîka est le Dieu qui vint
en aide à Janemejaya, fils de Parikshit, dont le nom signifie
d le soleil qui fait le tour du Ciel n, quand il sacrifia les
Dieux serpents, les Nagas. L'histoire de ce sacrifice est
dans le poème épique des Hindous, le Mahâbhârata. Il y est
raconté comment Aslika obtint la vie du serpent Takshaka,
le frère de sa mère, dont la morsure avait tué Parikshit. Ce
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 317 —
dernier était le Dieu soleil gouvernant l'année de l'étoile à
huit rayons (1).
Les deux formes du sû-astika sont une méthode mythique
pour exprimer que les adorateurs de l'Astika, le voyageur
qui parcourt le Ciel à travers les étoiles, marquant, d'après
les astronomes des Indes et de Babylone, les points des
solstices et des équinoxes, commençaient leur année au
solstice d'été, c'est-à-dire quand le soleil, comme les pointes
du sù-astika mftle, tourne vers le Sud, et, d'autre part, qu'ils
ont substitué celle manière de compter le temps à celle des
anciens adorateurs du soleil, étoile du jour, dont l'année
commençait au solstice d'hiver, quand le soleil, comme les
pointes du sA astika femelle, tourne vers le Nord.
L'exactitude de cette interprétation, dit M. Hewitt, appa-
raît clairement dans l'histoire du Su, mot qui en sanscrit
signifie sève de la vie.
Face U. — Les sculptures de celte face, ainsi que je l'ai
dit au Congrès de Morlaix, sont la représentation de l'Astika.
Les lignes qui forment le carré indiquent les quatre saisons
de l'année solaire, et les huit rayons à l'intérieur marquent
les huit points de la boussole autour desquels le soleil par-
court annuellement la voie indiquée par les étoiles, qu'il
rencontre aux solstices et aux équinoxes.
Ce signe, me dit M. Hewitt, qui se rangé à mon inler-
prétation. est le signe dessiné sur la terre par la charrue
sacrée, signe au-dessus duquel fut bâti l'autel du Dieu du
soleil, l'Oiseau Su.
Ayant donné, dès 1896, ainsi que je viens de le dire,
l'interprétation des signes gravés sur les faces I et II de la
pierre de Kermaria, je cède la parole à Monsieur Hewitt
qui est versé, comme personne, dans la connaissance des
mystères de la religion Hindoue, qu'il a étudiée sur place,
(t) MatiâbMrata adé (AsUka), IraducLion de Pratab chandra Roy.
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ 3*S
vivant au milieu des tribus de l'Inde les plus retirées, chez
lesquelles sont encore conservées les traditions primitives.
Je crois ne pouvoir mieux faire que de reproduire ici la
lettre qu'il m'a écrite, le 14 septembre dernier, ayant sous
les yeux les photographies des quatre faces du monument
de Kermaria. Voici cette lettre :
Bruxelles, U septembre 1S93.
« Cher Monsieur, en renlranl hier au soir d'un voyage, j'ai
trouvé voire lettre du 6 septembre dont je vous remercie beaucoup.
J'ai sojgueuscmenl examiné les photographies de la pierre de votre
vestibule et je suis convaincu que celle pierre esl une reproduclioD
d'un ancien autel phallique des Indes qu'on adore encore aujour-
d'hui sous le nom de Liaga.
H Ce Linga est une reproduction dans la mythologie indienne du
dieu Lamga des Akkadiens de la Hésopolamie, le dieu Lamek des
Bébreux, mari des deux épouses Adah et Zillah de la Genèse. Ces
noms reproduisent les mois Assyriens u edu u et « loillu », l'obscu-
rité et l'ombre. Ils signilient la nuit el l'aube ; et « toillu n (l'aube)
est formé des deux mois Akkadiens « loir » le serpent et a lu »
race. Ainsi la mère de l'aube du malin primitif élail née de la race
du serpent, les Nagas, les anciens rois Gonds des Indes. El le mot
Nagar, que les Nagas ont adopté comme le nom de lenr père (un
mot signiiiant a une elle u el o la charme 0 dans la langue des
Gonds) est aussi, comme le D' Sayce l'a prouvé, une forme dialec-
tique de Lamga ou Linga..
(( Cet autel du Linga esl plus ancien que cela dans la forme d'une
femme el l'autel de l'oiseau volant que j'ai décrit dans mon élude
sur le sû-astika. Dans les instructions données pour le faire, par
le varâka-mihira, on est commandé de prendre une pierre aussi
longue que l'image que l'on veut faire. On la divise en trois parties :
la première, le sommet, doit êU'e rende. La seconde aura huit, et
la troisième quatre calés. Cette forme du Linga divisée en trois
parties est déduite d'une forme plus ancienne, dans laquelle le
Linga avait deux parties, le bout rond et la base quadrangulaire.
« C'est celte forme qui est reproduite dans votre pierre. Le
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 3*9 —
sommet rond, marqué avec le signe X, esl le bout du membre
viril du dieu créateur, nomme Narain, ou le dieu homme (Nara).
Ce dieu esl le mari de l'oiseau, mère du soleil, créant la vie dans
le cours de l'année de deux saisons marquées par les solstices
d'hiver et d'été.
« Sur les quatre faces sont dessinés :
fl I. — Le sû-astika femelle.
« II. — Le signe de l'Astika a huit rayons.
0 Ht. — Sur cette face sont représentés les quatre feuilles de
l'arbre sacré Palâska, né de la plume de l'oiseau mèretombaui sur
la terre avec le sang de la blessure faite par la flèclie du dieu
Krïshaoa, le dieu de l'arc-en-ciel. Ce dessin marque les solstices
auuuels du soleil.
H IV. — Le dessin de cette face n'est pas aussi clair que les
autres ; mais il représente, certainement, la croix de Saint-Georges,
le dieu de la charrue, le dieu laboureur de la terre, et le dieu de
l'année des équinoxes. Je crois que le pillier de la croix donne la
tige de l'arbre mère de la vie. Sur le côlé droit on voit une branche
de cet arbre avec ses fruits ronds. La face IV étant à côté de la
face lU, celle des feuilles de l'arbre, sa position fortitîe cette in'«r-
prélalion. Le dessin sur le côté gauche de cette face est moins
clair. »
Comme nous l'avons dit plus haut, le sommet du monu-
ment est entouré d'un dessin continue, sorte de grecque
dans laquelle on retrouve sans peine les lignes du sû-astika
femelle.
Au-dessous des cartouches gravés sur les quatre faces
on voit un dessin continu, dans lequel on reconnaît facile-
ment le signe symbolique en forme de S, si commun dans
l'ornementation à l'époque du bronze. Monsieur Hewitt y
voit le serpent père, sous la forme du sû-astiska mâle, et
ajoute, dans sa lettre du 14 septembre dernier : « Ce système
a de dessins complète le tableau de la descente de la race
« humaine de Tarbre mère fécondé par l'oiseau soleil
n,g,t,7.cbyGOOglC
t rêvant sur la terre ; la terre est l'autel de Dieu selon les
1 BrAhmanes. Cette terre est décrite par l'asttka à huit
« rayons. Le soleil mère et père.l'astika de l'oiseau Su, sont
« marqués dessus et dessous par les dessins des bordures
■ où l'on trouve le sû-aslikafemelleausommetetlesu-astika
« mâle au-dessous, n
■ Si mon interprétation est correcte, vous avez dans cette
fl pierre, ajoute M. Hewitt, une histoire merveilleuse des
» religions primitives du monde. »
Monsieur Hewitt m'a prié de l'autoriser à publier, le
monument de Kermaria par la lettre qui suit :
Bruxelles, 15 septembre IS9S.
H Cher Monsieur, UoD^tieur le Secrélaire de la Société d'amhro-
pologie de Bruxelles m'a prié Je décrire, dans le bulletin de la
Société, voire pierre merveilleuse, dont vous avez bien voulu
m'envoyer des photographies. Pouvez-vous avoir la bonté d'auto-
riser la Société à publier des gravures de vos photographies avec
une communication de moi.
n Agréez, cher Monsieur, ma considération très distinguée.
(( J.-F. HEWITT. B
Tenant à ce que le monument de Kermaria paraisse tout
d'abord dans notre bulletin, j'ai voulu dès aujourd'hui.
Messieurs, vous lire ce mémoire, après quoi j'autoriserai
M. Hewitt, que je remercie ici de la communication qu'il
a bien voulu me faire à son sujet, à le publier ainsi qu'il le
demande. La vulgarisation de la borne de Kermaria, dont
l'intérêt n'échappera à j)ersonne, ne peut, en effet, que
profiter à nos études.
P. DU CHATELLIER
Kerouz, septembre (898.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Pierre gravée de Kermaria^
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,t,7.cbyGOOglC
Pierre g:raTée de Kermaria.
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,t,7.cbyGOOglC
Pierre g^ravée de Kermaria.
n,g,t,7.cbyGOOglC
D,g,l,.™byGOOglC
Pierre gravée de Kermaria.
n,g,t,7.cbyGOOglC
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 321 —
XXIV.
Fouille d'uD tamulns à Kergournadec (Finistère)
En 1638
Mon ami M. Emile Cartailhac qui vient de terminer le
dictionnaire archéologique de la Gaule, dont le Ministre do
rinstpuclion publique l'avait chargé, Icavail colossal qui
compte plus de 180CK) fiches, a bien voulu m'envoyer en
communication une pièce, intéressante pour noub, qu'il a
trouvée dans les Archfves du Ministère. '
Voici cette pièce :
Lettre a d'Hozibr A Kergournadech (Cléder),
T. 1 (Cabinet des Titres), ce 1 février. 1838.
page 4H
J'ay à vous dire comme il s'esi trouvé une chose merveilleuse
dans le fond d'tine haulte bulle enviroiioËe de grands rochers qui
est située au milieu de la rabine que je vais faire. Lorstju'on apla-
HLSsail cette bulle, on a découvert une forme dt sépulture en forme
de voûte, loute massonnée autour par le dedans, ayant de profon-
deur de ras de terre cinq pieds, trois et demy de largeur et huit ■
grand pieds de longueur et la couverture toute d'une seale pier^e;■^
On n'a trouvé dedans q'u'une manière de cendre noire espandue au
fond tout partout à l'épaisseur d'un teston, deux formes de lames
de cuivre d'une empare de long et de trois doigts de largeur, toutes
Touillées et mangées de crasse, et deux petites pièces d'écaille faites
el taillées en forme de pointe pour armer, des flesches(l). Al'euiour
de la dite sépulture sous six pieds de hauteur de terres qu'on a
remuées pour aplanir ta rabine se trouve à chaque coupe de pelle
qu'on besche, toutes sortes de grains cognoissants, scavoir : fro-
ment, seigle, orge el avoyne, et sont tous brullés, quoique néant-
moins les grains paraissent en leur entier, et quand on vient à les
(I) C'étaient sans doute des pointes de Hèche en silex
ButXBTiK utCHËOL. DU FiHiSTËRE.— lOHB XXV. (Hémoifes). 31
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 322 —
manier ils devieDoeui tous en cendres. Je réserve toutes ces pièces
et de ces grains à vous faire voir. Oq ne sait ce que cela veut
siguifier. Ce lieu est assez visité par le peuple. On ne parle que de
cela CD ce caulou ; quoique c'eu soit, je ne fais pas moins para-
ctiever d'aplanir ce lieu pour rendre parfaite la pièce que je fais
faire, qui sans vaotlé est la plus belle pièce de Bretagne pour une
advenue.
Nous noua sommes demandé quel était le nom du proprié-
taire de Kergournadec en 1638.
Nous espérions que le propriétaire actuel de cette terre
pourrait nous l'apprendre ; nous lut avons écrit à cet effet.
Notre espoir a été déçu : les titres qu'il possède n'en disent
rien.
C'est notre savant collègue, M. Bourde de la Rogerie,
qui, avec sou obligeance habituelle, nous a appris que,
selon toute vraisemblance, l'auteur delà lettre dont je viens
de vous donner connaissance est Sébastien de Rosmadec.
Devenu en 1613, à la mort de son père, marquis de Molac,
Tyvarlen, Pont-Croix, La Chapelle, etc., il avait épousé
Renée de Kerhoant, héritière de Kergournadec.
Ce Rosmadec-Molac-Kergournadec était sans doute un
curieux de recherches historiques, me dit M. de la Rogerie,
car il fut en correspondance avec d'Hozier au sujet de
Vllistoire de Bretagne que publia ce dernier en 1638 à Paris.
Messieurs, en remerciant M. Cartailhac de la communi-
cation qu'il a bien voulu nous faire, je forme les voeux les
plus vifs, auxquels vous vous associerez, j'en suis certain,
pour que son importante et si utile publication. Le Diction-
naire archéologique de la Gaule, soit mise sous presse sans
retard.
P. DU CHATELLIER.
n,g,t,7.cbyGOOglC
XIX
BOURGEOIS ET GENS DE MÉTIERS A CARHAIX rsuue/.
1 «70- t 700 (I)
III.
La Confrérie de Saint-Crépia.
Corps de métiers et Artisans : Leur part d'honneurs
et de charges dans l'église
et dans la répartition de l'impôt.
Nous ne voyons pas officiellement agrégés à la fraire
de Saint-Eloi les quincailliers, comme Jacques Eslier,
de la rue Neuve, Estienne Davagne, maistre pintier, ni
les cloutiers passés maistres ou marchands comme René
Pierre, Adrîan Milon, Jean Le Scoul, Gilles Godin.
Nous comptons au moins quatre maîtres armuriers ; M»
Louis Le Dain, Gildas Le Postée, Julien Le Conte et Yves
Le Conte. Les marchands poilîers sont au nombre respec-
table, d'une dizaine. Ils résident près de la porte de Motreff,
comme Martin Baudry et Richard Jourdren, ou à la porte de
Rennes comme Julien Mauviel et Guillaume Guern. Jean
Jourdren se qualifie de poilier « vendant les poilons,
bassines et autres marchandises normandes ».
En revanche, tanneurs et cordonniers lorment une frairie
qui offre assez de surface et de vitalité, bien qu elle ne nous
fournisse pas autant de documents et de faits notables que la
frairie de Saint-Eloi, En effet, nous n'avons pas les statuts
de la confrérie à Carhaix ; nous ne possédons pour tout docu-
ment que douze comptes : ils nous permettent toutefois
(I) Sources consultées ; 1° B^istres paroissiau)! de Saint-Trémeui- el de
Plouguer ; — S* [>élibération5 de la communauté de ville (du l^juillel 1087
au 30 mai 1694, compostes de 81 rollelsj. et archives de la Fabrique.— 3'
Série B (dod classée), Cour royale de Carhaix. Archives départementales.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 324 —
de dresser une liste des fabriques et abbés de la fraîrie de
Saint-Crépin 'saint Cri pin, Crespin et Crespinien, Crépaiii
et Crépiniain ouCrespignant], érigée en l'église de Plouguer.
1696-97, Nicolas Yézéquel et Nicolas Gaultier, cordon-
niers ; — 1698-99, Guillaume Lohou, tanneur ; — 1699-1700,
Louis Pré et Gildas Jaffré ; — 1700, Charles Brionne et
Louis Savin, tanneurs ; — 1701, François Dalbé, maître-cor-
donnier ; — 1702, Jacques Féno, maître-cordonnier ; — 1703,
Pierre Jézéquel, cordonnier ; — 1710,
Olivier Le Gros; — 1711, René Le Floch ; — 1712, Maurice
Le Floch ; — 1713, Maurice Le Goff ; — 1714, Joseph Carré;
— 1719-20, Laurant Coze ; 1720-21, Philippe
Jouan, remplacé par Claude Kermarec en 1722. Maurice Le
Goff s'intitule fabrique et abbé de la fabrice érigée dans la
chapelle du Grand-Front, joignant la vieille église. «
De 1670 à 1700, outre ceux dont nous écrivons les noms
plus haut d'après les registres paroissiaux, nous relevons,
pour Carhaix, un chiffre d'une trentaine de cordonniers et
de quinze tanneurs, ce qui donnerait pour la confrérie de
Saint-Crépin un recrutement d'une quarantaine d'associés.
Les cordonniers vivent sur un bon pied de fraternité et
acceptent volontiers le parrainage chez voisin du même
métier ; mais la franche concorde scellée par celte alliance
spirituelle de famille à famille, semble-t-îl, n'est pas
éternelle.
Le 21 mars 1670 (1), Gilles Glezran nomme un enfant chez
Alain Le Cam, autre cordonnier. Hélas ! quatre ans exacte-
ment après, le 20 mars 1674, la femme de Glezran, Michelle
Lhermite, passait près du père du filleul de son mari, Alain
Le Cam. Celui-ci, ombrageux, interprète à ma! un sourire
de l'épouse Glezran : « Pourquoi riez-vous?.... n Echange de
gros mots, bagarre et blessures, et Glezran de faire consigner
■■■ " ;islres des baplèmea de Saint-Trémeur, 1670. ■
n,g,t,7.cbyGO0glC
avec soin, sur sa plainte à la justice < la kaiiie que leur porte
de longue main ledit Le Cam ». Il est à présumer que cette
hainen'avait pas quatreans accomplis etn'étaitpas plus vieille
que le filleul que Glezran tint sur les fonts en mars 1670.
Les tanneurs ont leur quartier à Tronglévian et se
trouvent naturellement, par suite de relations quotidiennes
appelés à être parrains chez les cordonniers, leurs confrères
en Saint-Crépin, à l'instar d'autre confrère de l'évesché de
Léon (Ij comme Jean Kernaon, tanneur, intervenant pour
un baptême chez Louis Duault, cordonnier.
Le fabrique et J66^ de la frairie de Saint-Crépin érigée
en l'église paroissiale de Plouguer, énumère ainsi pour 1696,
les ressources de l'association :
Le reliquat de ses prédécesseurs : soit 13 livres.
Offrandes, 17 liv. 10 s, — vente de planches, G sols, —
des maislres de la frérie, 15 liv. 1 s , — pour l'octave de
Claude Guillou, 30 sols, — de la veuve de Claude Guillou,
30 sols, — pour les droits de la frérie, 3 liv. 13 s., — pour
le testament de Jean JaiTray, 15 sols. Il consigne un autre
détail concernant les enterrements où l'on envoie la torche,
en ville : 1 liv . 2 s. 6 deniers, et pour avoir envoyé la torche
à l'enterrement du défunt curé: i5 sots.
En 1698, les oblations u dans les foires et marchés, de ceux
du dehors, se montent à iO liv. 9 s.
En 1701, le comptable accuse une recette de 23 livres
pour offrandes plus a d'une partye des confrères de la
confrérie 7 liv iO s , pour raisons de questc faite parmi
eux. B — En 1702, l'abbé a reçu des confréries la somme de
25 liv. 15 s., et pour la torche, 1 liv. 2 s. 6 d.
Les offrandes ont été de 8 liv. 12 s.
Le compte de 1712, précise mieux le détail de la charge :
B des maîtres taneurs et cordonniers dit avoir recula somme
de 6 liv. 10 s. B
!) Registres paroissiaux, 1672.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 326 —
Des marchands tanneurs tant pour leur livre de cire que
pour leur frérie : scavoir à la foire de la Toussaincts : 8 liv.
5 s., plus pour trois livres de cire, receu de trois particul-
liers 3 liv. 15 s.
A la foire de la My Caresme, aussy de marchands tanneurs,
receu 61.5 s.
En 1719, le comptable se charge de la somme de 40 livres,
reliquat de son prédécesseur.
17 liv. 16 s. de différants particullierspour leur frérie.
11 liv. 9 s. pour la quotte de différants particuUiers.
3 liv. 5 s. pour la torche et la croix.
Produit du tronc, 31 liv. 13 s. 9 d.
0 Trouvé dans le tronc de la plasse au Cherbon, 1 liv. 2 s.
« Plus resu pour logmentation de l'argent, 6 livres. ■
D'après ces comptes, nous voyons donc quil y avait au
profit de saint Crépin un tronc sur la place au Charbon, et
que les deux foires de la Mi-Carême et de la Toussaint
étaient une occasion de profit pour alimenter la confrérie,
et que l'on célébrait deux services funèbres par an et une
messe tous les lundis.
En 1696, le compte lu et publié au prône de la grand'-
messe de Plouguer, le 21 avril 1697, signé Le Drogo, prêtre,
v, p, de Carliaix, enregistre 15 livres payé au chapelain.
3 liv. 10 s. pour l'allumage ; 5 sols pour le pied d'un
chandellier ; 6 livres poiir les deux services.
" Pour avoir donné à disner aux prêtres le jour de Saint-
Crépin, 3 livres, a
10 livres pour avoir fait peindre saint Crépin.
121ivrespour avoir fait accommoder iapresse (1) de saint
Crépin.
1098. — En pain à champ, 10 sots.
Au sonneur de cloches, 10 sols.
(1) Ou armoire
n,g,t,7.cbyGOOglC
1700. — 18 livres données au sieur curé de U paroisse
pour avoir desservi la messe de ladite frérie tous les lundya
Si nous nous en référons aux registres paroissiaux de
Carhaix et Plouguer pour faire un relevé des principaux
corps de métiers, nous trouvons au fameux i Chapitre des
chapeaux » attribué à Arislote, deux Pourcelet ; Morice
Pourcelet, chappelier de la rue des Augustins, et Jean Pour-
celet ; François Le Dain, Jean Le Tomin et Jean Jégou, tous
maîtres en cette profession.
La section de l'Habillement se trouve représentée par une
légion de eousturiers et de maîtres tailleurs ; de ces der-
niers, citons les plus notables : Jean Costic, Yves Caro,
Ollivier Perceval, Germain Ftoc"h, Guillaume Le Meur,
marchand tailleur, Guillaume Le Ny, René Le Goff, Jean
Le Roux, Claude Le Teste ; à la porte de MotrelT, un
Jégou ; à la rue Neuve, Jean Mazé et Yves Rivoal.
Au a bâtiment «, nous trouvons comme menuisiers et
charpentiers. M" Jacques Lamoureux, Jean Le Guen,
Charles François, Martin Rivoal, Alain Rivoal, et Michel Le
Madicq, — aliàs Michel Madec.
Les couvreurs d'ardoises sont M" Henry Jaffray, Henry
Herviou, Guillaume Hervo, Jean Le Seach et Hervé Fraval.
Les notables marchands et reconnus tels sont i M." Jacques
Marion, Jacques Addès, Nouel Beaupegard, Joseph Thépault,
Jacques Eslier, Guillaume Foucher, Yves Le Gocq, Olivier
Maheu {aliàs Mahé) Claude Du Val, Joseph Chevet, et
B honorable marchand Thomas d'Hépault, fabricque de
lad. église de Saint-Trémeur (31 janvier 1672}, et honorable
marchand Guillaume Le Moing, fabrique du Rozaire n
(18M| W-
(i) Reg. paroissiaux de Salnl-Tn^meur.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Nous ne pouvons passer sous silence un corps de métier
considérable en lui-même parce qu'on le trouve à la ligne de
dâmarcation établie entre l'artisan et l'artiste, entre le
manœuvre plus ou moins avisé et celui qui, d'intuition, conçoit
ce qui est beau et noble.
Les peintres et sculptems qui ont travaillé dans la région
de Carhaix, dans ses églises et oratoires, de 1670 à 1700,
étaient maîtres Charles Henry, Laurent L'Olivier, Pierre Le
Guern, Thomas du Pays, Anthoine Lagarde, Michel Quérin,
Charles et René Le Pouliquart, tous peintres et sculpteurs :
chose frappante, nous ne trouvons qu'un seul menuisier qui
fut en même temps sculpteur : Sébastien Morice.
Ces artistes du crû et du terroir arrivaient à une époqne
oi\ notre art religieux était frappé des premières atteintes
d'une décadence qui devait s'accentuer rapidement.
A la fin du xvii° siècle, commence à dominer le mau-
vais goût qui fera badigeonner sottement nos sanctuaires,
aveugler ou éborgner les fenêtres, draper et orner à foison
et sans compter nos autels de festons et d'astragales...
Hélas ! le régne de Louis xiii avait été fécond en cons-
tructions d'un sens catholique et il semble en revanche que
l'époque de la Déclaration du Clergé, de 1682, soit le point de
départ d'une intluence nouvelle et funeste à l'art religieux, du
moins en Basse-Bretagne.
Un nombre indéfini de petits métiers représentaient l'in-
dustrie linière et chanvriére dans les différents quartiers du
pays. Ces modestes artisans qui faisaient souche d'autres
modestes artisans semblaient avoir élu domicile à Plouguer,
à la Magdelaine, au Pelit-Carhaix.
Les registres paroissiaux de Saint-Trémeur nous fournis-
^ sent le nom de quelques uns des principaux de cette o voca-
tion B ; Yves Le Lay, Jean Cuchucn dict Yan Vras, de la
Magdelaine ; Augustin Le Borgne, de Plouguer, Bernard Le
n,g,t,7.cbyGOOglC
Roux, JeanAubry, Mathieu te feui/aderfun nom prédestiné)(l)
Jean Rebours, et OlUvier Laurans, qualifié du titre de
Maistre tessier, etc. Nous trouvons notables marchands de
toile comme Marguerite Troher (ou Troc'her), — de famille
cossue et fort bien dans ses affaires et qui donna un chanoine
à la collégiale, devenu plus tard recteur de Plovan ; Alain Le
Brognec, Yves Fraval, Morice Le Louarn....
Travaillant sur le vieux, il y avait bien encore d'autres
personnages industrieux, comme Jean Le Roux jiillotier
(pillaouer) (1671} et Jean Badin, le peletier (1670] qui spécu-
lait sur les peaux de lapins, de renards et des fauves de la
région.
Une plainte adressée aux juges de Carhaix, 27 avril 1675,
par dame Geneviève Morin épouse dePierreVillerS'delver
gidtgen, maître particulier des bois et forêts de Cornouaille,
nous informe des conditions ordinaires admises entre
le tisserand et son client, et les prix courants d'exécution
d'une bonne pièce de toile.
La digne dame, au commencement du carême, fournit du
fû par lui ourdi à « l'appelé Morvan, tissier du pays de
Léon, reflugié à Trouglévian, n pour lui tisser deux pièces
de toile de lin, l'une de n cinquante et deux aulnes à demi-
aulne de laise, et l'autre de douze aulnes à une aulne de
laisse n, à raison de 3 sols et demi pour la façon de celle à
petite laise et unze solz six deniers pour celle à grande
laise. Le fil fourni en grande quantité finit par
manquer. Morvan le gaspille et fait traîner son travail. La
dame, fatiguée d'attendre, réclame ce qui a été tissé. Morvan
se fâche, blasphème, veut frapper la dame « d'un gros os
« dont il se sert ordinairement pour polir la toile «, puis
prend un bâton, lorsque la dame de Kerguidigen put sortir
et prendre la fuite. Elle avait déjà envoyé pour faire cette
(1| On sait qu'en brelan Gitijader signilic Ikieraml.
n,g,t,7.cbyGOOglC
réclamation « dom Jean Martin n , prêtre, et Jean Leguyader,
marchand, rue du Pavé, qui entendirent le tisserand récla-
mer douze sols pour la grande pièce et quatre pour la petite,
et jurant o qu'il lauroit plus tôt coupper avec une hasche en
mille morceaux que de la donner sans argent. > A Gilles Le
Louarn, cordonnier, demeurante Troglouvian, rue Couvé,
il fait observer que la dame avait fait arrêter son
métier depuis deux ou trois jours , faute d'avoir fourni
du fil.
Dans sa plainte, dame Geneviève Morin insiste d'autant
plus qu'il y a à tenir compte de a l'insolvabilité dudit Mor-
« van et qu'il menace de se retirer en son païs et emporter
■ les dictes loilles en fraude de la suppliante. »
Dom Jean Martin nous fournit le nom de cet artisan de
complexion irascible « l'appelé Morvan est en réalité Morice
Larheur. 11 est à croire que les autres tisserands de Carhaix
réalisaient les conditions de leur marché d'une façon plus
pacifique.
Si cet incident arriva, près des esprits mal faits, à compro-
mettre le bon renom des Léonards, il s'en fallait que ce bon
renom ne fut à l'occasion maintenu et prôné par des témoi-
gnages fort estimables, comme le montre l'épisode ci-des-
sous exposé.
Un laboureur, François Philippe, demeurant- au manoir
de Kermerc'bidy, en la paroisse de Cloder, au diocèse de
Léon, a été victime du vol d'une jument de cinq ans, «poil
baye noir ayant une longue marque au front ", lui apparte-
nant et saisie par les larrons pendant qu'elle pâturait à
quelques pas de son logis. La bêle ehevaUne et ses ravisseurs
ont pris la route de Carhaix, où Philippe vient leur donner
la chasse afin de reprendre son bien. Nous ne savons l'issue
de ses démarches, mais lui et ses compagnons étaient munis
de fort bons témoignages :
n,g,t,7.cbyGOOglC
i° Ils possédaient une attestation du a procureur fiscal et
0 d'office de la juridiction des baronyes de Kerouzéré et de
a Tronjoly exercée au bourg de Plouescat et s'entendent aux
« paroissesdudttPlouescal,CIéder,Sibiril et plusieurs autres;
2" Le certificat suivant : a En qualité de recteur de la
« paroisse de Cléder, en Léon, j'atteste que François Phî-
B lippe est habitan de ma paroisse et honneste homme,
s auquel on a volé une jument pour prouver laquelle il a prié
« Mathieu Le Ru, Louys Nédélec et Jean Le Ber, toutz
a habitante de ladite paroisse et personnes irréprochabUs,
a en tesmoinde quoy.
nJe signe ce douxiesmejuin mil six cents scoissantequatre.
a P. de Kersainctgily,
» vicaire général et recteur de Cléder. n
3* Ils étaient chargés de plus de remettre à a Monsieur
du Boas en sa maison de Carahay b, la lettre suivante :
a Monsieur.je suis bien aise de trouver cest oquasîonpour
8 meinformer de vos nouvelles et vous prier en mesme temps
« d'une grâce qui est de vouloir bien aider le porteur de
" cette lettre, le nommé Le Philip, qui est natif de celte
B paroisse de Cléder, qui a suivi une beste chevalinne que
" Ion luy a voilé. M. le procureur du Roy la faictarrester, Il
a porte avec luy un sertificat de M. le recteur de Cléder
« pour assurer qu'i^ est konnette homme et nous nan encans
a pas d'autre en Léon.
0 Je vous prie de protéger ce pauvre homme. A la parille
0 si je trouve locasion de vous randre quelque service, non
B pas à la parille, car on Ira pas de ce pais ûoler des che-
a oauxenvostrepais: nons sortie konnette Jans Pardon des
a painnes que ie vous cause et vous pris de me croare que
a ce vous suis, de tout mon cœur. Monsieur, votre très
« humble et très obéissant serviteur.
a De Saint-Gilles Kersainot Gily,
« A Kergournadech, le 12* juin 1694, n
n,g,t,7.cbyGOOglC
S'il 6tait difTicile d'aspirer à la charge de marguillier de
Saint-Trémeur (1), honneur réservé surtout à MM. les
ofTiciers de Justice ou autres robins, il était une fonction
accessible à l'homme du commun, à l'artisan et au petit
marchand. En dehors des confréries corporatives de Saint-
Eloi et de Saint-Crépin, on pouvait devenir marguillier de
La Magdeleine, ou bien de la chapelle de Saint-Thomas.
La Magdeleine n'est plus qu'un souvenir, un nom et un
emplacement marqué par quelques restes de murs. Les
rares comptes que nous possédons de cette chapelle
nous fournissent les noms de quelques marguilliers.
1098-99, Charles Henry. — 1700-1703, René Le Poulicart,
remplacé par Yves Lohou. — Puis les comptes manquent
jusqu'en 1713 ; René Le Bihan, remplacé par son beau-frère,
Paul Chuchuen, maintenu encore en 1720.
Ces deux derniers étaient tisserands, et probablement
leurs prédécesseurs étaient de la môme profession.
La chapelle de La Magdeleine avait comme ressource
principale et assurée « la ferme de la petite prée de Lamag-
dcleine joignant d'un costé la rivière de La Magde-
leine. »
En 1698, cette pniirie valait 9 livres de revenu annuel,
puis elle fut affermée ans Révérands Pères Carmes Des-
chaux,de la ville de Carhaix, moyennant la somme de 10 livres
10 sols, puis en 1713, de 11 livres, de rente foncière.
Ce sanctuaire avait de plus comme occasion de rapport ;
le petit pardon de Saint-Germain, en mai, le pardon du
même saint, en Juillet, et le grand pardon de La Magdeleine.
liC produit des offrandes des pardons et des troncs semble
(Ij Nous ne citons quu puur mi^inoirc l'imporlaale Confrérie du Rosaire,
instiluoc en Uii7, cl que nous étudions, ù celle heure, dans la Semaine
reliijieiise 'le Qiiimper.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 333 —
donner une moyenne annuelle de 10 1. 10 ou 5 s. La proces-
sion du Saint- Sacre ment s'y rendait, le jour du Sacre, et les
olTi-andes des fidèles ce jour s'élèvent à une somme quel-
conque variant de 8 à 20 sols. Le marguillier enregistrait
d'autres modiques recettes: 1720 — b Reçu de Magdeleine
Derien 30 sols donnés par Nicolas Dérien, par testament n ;
« Receu pour vente des Emondures des arbres du cimetière
la somme de trente sept livres. *
Pour cette opération, c'est-à-dire « pour couper et émonder
les arbres », le comptable avait dû débourser 3 livres.
Les dépenses ordinaires qu'il avait à payer comprennent
le tiers du vicaire perpétuel, les décimes et la capitation
montant à environ 2 livres 10 sols, plus une consommation
de cierges et bougies de 2 livres, et 3 ou 4 sols de blanchis-
sage.
Le marguillier a toutefois des dépenses plus notables à
enregistrer.
En 1698, « pour avoir doré les deux chandeliers quy sont
sur le balustre et la carrée au-dessus de l'autel. . Slivres.
0 Pourlajournée de deux couvreurs et des lattes 18 sols.
• Pour la figure de saint Antlioine de Pade. (sic) 15 livres.
En 1700, « payé pour un millier d'ardoises pour couvrir
l'esglise, 30 sols.
■ Pour le charoy, 25 sols.
« Au couvreur, 4 livres.
« Pour des clous, 25 sols. »
En 1713, • pour faire faire une barière sur le cimetière,
2 liv. 9 8..
En 1717, autres soucis pris de la couverture de la cha-
pelle, 4 livres pour ardoises et 7 liv. 4 s. aux couvreurs, et
1 liv. 12 s. aux darbareurs et 4 liv. 7 s. de clous.
En 1718, la toiture exige encore de nouveaux soins :
« 3 milliers d'ardoises 6 livres, chevrons et lattes G livres. »
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 334 —
On retrouvera avec plaUir le prix des journées d'ouvriers
exactement spécifié :
« l'onnéaux couvreurs pour 44 journées, à raison de douze
sols par jour, S6 liv. /2 s.
« Pour une journée de charpentier, 12 sols. «
En 1720, le comptable eut à se préoccuper de dépenses
plus artistiques et demande a décharge de la somme de
vingt et quatre livres donné au sieur Laporte pour tes pein-
tures qu'il a fait en ladtcte chapelle n.
Les marguilliers de Saint-Thomas, au petit Carhais,
paroisse de Plouguer, avaient une comptabilité moins com-
pliqué. Nous possédons cinq comptes concernant celte cha-
pelle et, sur les cinq comptables, nous trouvons Jean Le
Berre et Guillaume Lohou, marchands tanneurs, nous igno-
rons la profession des autres.
En 1697, les comptes des quatre dernières années se
montent en bloc à 42 livres. Le vicaire perpétuel semble
faire parfois remise de son tiers. Dans les testaments, on
n'oublie pas la petite chapelle :
1697. — Marie Didel lui laisse 2 liv. 5 s , et Jean Jaffray
15 sols ; en 1700, Marguerite Gautier, 30 sols.
De ce côté, il y avait d'autres ressources, à en juger par
la décharge demandée par le marguillier de 1697 d'une
somme de 6 livres " payée pour frais d'un testament •>.
D'autre part, celui de 1700, se charge des ornements, du
calice d'argent et du reliquat touché d'Yves Quéméneur,
soit : 63 livres.
La messe était célébrée dans la chapelle trois fois l'an :
« le jour du pardon, le dimanche dans l'octave du sacre et
le jour de Saint- Thomas».
Les offrandes, le jour du pardon, peuvent s'élever à 81iv.,
comme en 1702, où un mouton offert au saint, fut
vendu 2 liv. 7 s. 6 d.
D,g,l,..cbyGOOgIC
— 335 —
Les comptables paraissent s'être préoccupés du soin de
la propreté avec un scrupule di^ne des ménagères de
Hollande.
Dépense de ■ 2 liv. 5 s. en chaux pour blanchir l'Eglise »
Dépense de « 6 sols en savon pour blanchir et en vin pour
la messe. »
1718. — « BlaiwAissage pour l'année 9 liv. 6 d. »
En 1711, outre les articles portés ci-dessus, on voit « au
sieur vicaire pour droit de tiers fixé de temps immémorial,
suivant sa quittance, 6 livres.
• Aux jeunes gents qui ont portés les torches et la croix le
jour du sacre suivant la coustume a donné un pot de scidre et
pour ce kuict sols. »
1713. — Le comptable demande <■ décharge de la somme
de 13 livres 10 sols pour dorer le calice à Morlaix n
1718. — • Pour des fleurs, 6 livres.
" A Jean Thomas pour une trille de fer pour maistre la
bougie, 5 sols. ■>
1720. — B A Monsieur Raoul, chapelain de ladite frairie,
pour une année de servir la messe la somme de 24 livres.
<■ Plus payé pour les deux services à Monsieur le vicquaire
et à Messieurs les prestres la somme de 30 livres 16 sols.
Passe encore d'être marguillîer si l'on aime les distinc-
tions honoriques ou si on a profondément ancrée dans le coeur
la noble volonté de se dévouer au bien public. Passe encore,
quoique la responsabilité du fabrique soit grande et se fasse
sentir lourde et inspirative, lorsque les débiteurs étaient
mauvais payeurs et que le malheureux comptable devait faire
les avances ou risquer sa tranquillité dans «n tas de
procès.
C'est autre paire de manches que d'être égailleuroa asséeur
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 33fi-
et collecteur, servitude encore plus pénible que 1
dans l'ancienne garde nationale.
La monarchie pour répartir l'impôt entre les contribuables
avait dû faire appel à ces derniers. Par l'ordonnance du 21
novembre 1379, Charles V fit élire les asséeurs et les collec-
teurs des aides par « les habitants mêmes des villes et pa-
u roisses ou par la plus saine et greigeure partie, tel et
« tant comme bon leur semblera, en leur périlz ».
Albert Babean {Le village sous l'ancien régime, p. 240
et suiv.) nous renvoie à l'ouvrage de Boisguilbert : {Le détail
de la France sous le règne de Louis XIV) pour nous
rendre compte de la partialité, de la vénalité, de linca-
pacité que montraient souvent ces collecteurs et asséeurs.
Boisguilbert les montre déchargeant les parents et fer-
miers des seigneurs, se laissant corrompre par les riches,
se réunissant au cabaret, pendant trois mois, sans rien ter-
miner et soulevant des haines et des récriminations.
Lorsque le rôle, ou mandement était achevé et vérifié, il
était publié un dimanche à l'issue de la grand'messe, afin
que nul n'en ignorât le contenu : publicité nécessaire pour
empêcher les injustices trop graves qui auraient pu résulter
de taxes fixées sur l'apparence plutAt que d'après la réalité.
L'égail était la répartition de la somme portée au mandement
sur chaque contribuable, à proportion des terres roturières
qu'il possède dans une paroisse : c'est cette proportion qui
doit être la mesure de chaque imposition.
La répartition de la taille nécessitait quatre opérations
successives r
1" Le breteU arrêté au conseil du Roi fixe le montant de
l'impôt à percevoir dans chaque généralité ;
2° Les commissions distribuent cet impôt par élection,
suivant la force contributive de chacun ;
30 Les Mandements indiquent à quel chiffre il s'élève par
chaque paroisse ;
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 337 —
4o Enfin, les rôles déterminent es que doit payer chaque
contribuable. Les asséeurs et collecteurs chargés de la con-
fection des râles sont choisis et nommés par la communauté.
C'est le système de l'impôt renouvelé de l'empire romain,
et on doit se rappeler que les curiales ou décurions, c'est-à-
dire les membres du conseil de la cité étaient forcés de
fournir de leur fortune et deniers propres ce qui manquait
à la réalisation de l'impôt. Le résultat de ces mesures fut
qu'on ne trouvait plus de curiales, à moins qu'ils n'y
fussent condamnés par une sentence impitoyable.
A ce sujet, ce n'est pas M' Guillaume Le Menez, steur de
Kerdelleau, syndic de la ville de Carhaix, qui eut affirmé
que sa situation de magistrat municipal était dépourvue de
désagréments.
Comme il le remontre à l'assemblée du 14 mars 1690,(1) le
8 précédent, il voyait arriver chez lui M' Alain Horellou,
huissier à Quimper, pour le contraindre, entant que syndic
au paiement de la somme de 95 liv. 16 s. 9 d. pour la levée
extraordinaire des fouages du mois de janvier dernier. Le
syndic dilt le supplier de suspendre la contrainte et se
résigner à lui payer ses vacations.
Son fils François ïrémeur, son successeur à la charge de
miseur de la communauté de Carhaix, six ans plus tard,
devait en faire la dure expérience ; et au souvenir d'autres
séditions, demander avec supplication aide et assistance
a contre une cédition popullaire », comme on le voit par sa
plainte du ll^septemhre 1696. — François-Trémeur Le Menez,
sieur de Kerdelleau, conseiller du Roy, miseur de la com-
munauté de Carhaix, demande au siège d'informer sur le
sujet de sa plainte. Il dit a qu'il fait la recepte de la taxe
B de la capitation de cette ville , et comme le nommé
• Guillaume Jourdren , cabaretier , ne voulloit pas payer
« trois livres pour le second terme de sa capitation avecq
(1) BegisLre des déliMratioDs de la Communauté de Carbaix.
BuLUTiN ARCHÉoL. DD FmisTËHB.— louB XXV. (Mémoires). 33
n,g,t,7.cbyGOOglC
■ les cinq deniers pour livre, ledit Jourdren se serait randu
■ chez luy esmeu de collère jurant excécrablement le sainct
a nom de Dieu, l'auroit menacé de casser sa teste ayant une
■ grosse pierre en main, et qu"à la première rencontre il
a aurait sa vie, et qu'il auroit aussi menasse la damoiselle
• de Kerdelleau sa mère de luy casser les denlz. Ce qui fait
■ quil a lieu de porter sa plainte y ayant beaucoup à
« craindre que sy on toUerent ces sortes d'insultes que cela
« viendrait d une cédition popuUaire contre le supliant gui
■ ne fait que suivre les ordres de Sa Maiesté. •
Si tel ne voulait pas être le bouc émissaire sacrifié aux
nécessités des levées des deniers royaux, quelles ne devaient
pas être les répugnances d'un simple artisan chargé, par
ordre, de taxer l'artisan, son voisin?
L'ordonnance du 21 novembre 1379 disait fort bien que
les asséeurs et collecteurs avaient été élus « en leur périlz » ;
ces élus de la communauté en savaient quelque chose et on
comprend leur répugnance à accepter cette corvée qui, s'ils
étaient droits et loyaux, pouvait donner occasion de soup-
çonner leur droiture et loyauté dans la répartition qu'ils
avaient à faire de la levée des deniers, c'était encore plus
vrai dans une pelite ville où les rancunes et les rivalités
ont une acuité plus grande que partout ailleurs.
JeanLaouénan, de Carhaix, en 1674, aurait abondé dans
ce sens. En effet, cet a honorable homme > venait d'être
proclamé, en compagnie de Gildas Bocher et Pierre Raoul,
asséeur des Taillées pour le terme dejanvier 1675. Ils avaient
dressé leur liste pour être lue comme d'ordinaire, à l'issue
de la grand' messe • en l'église cathédrale de M, Sainct-
Trémeur ï. Laouénan vient pour se resaisir de cette pièce
afin de l'envoyer au sieur de Kerdelleau, syndic, lorsqu'il se
voit suivi jusqu'à la porte de sa maison, rue au Fil, par
Jean et Richard Jourdren, père et fils, et Catherine Thépaut,
n,g,t,7.cbyGOOglC
femme de Jean Petit; ceux-ci le traitent « en plein pavé »
de voleur, coquin, larron : « Ta as eu du vin d'Espaigne pour
H un cheval qui a esté dérobé.... Et sy tu sors mes huict
« nous te traicterons sy bien à coups de pierres et autrement
1 que tu auras bonne souvenance que si tu ,Vets jamais
« Taillée comme celle que tu as mis tu te souviendras 1 • La
scène se continue dans un langage poissard et avec des
imprécations quele latin lui-même aurait peine à reproduire.
Dans les informations d'offices, 24 décembre 1674, lo
bailli messire Jan Hervé recueille ces propos d'une manière
plus précise. Jean Jourdren explique sa mauvaise humeur,
en disant, au rapport de Jacques Biron, menuisier : ' Tu es
B un volleur de mavoir mis quarante et kuict sols dans la
« taillée avecq mon fils. » Lès autres témoins déposent dans
le même sens : « lesdicts Jourdren, Thépaul et fille faîsoient
« cette querelle parce que ils disoient ils awient esté trop
« taxés... »
Du reste, il y a certaines époques plus dilTiciles que
d'autres où ceux qui s'occupent de la chose publique ressen-
tent les secousses d'une fermentation populaire, d'un mécon-
tentement qui révèle un travail mystérieux de l'opinion. La
corvée devient plus insupportable, les charges se font sentir
plus onéreuses, ce qui fait qu'un beau jour, en attendant des
manifestations générales comme la révolte du papier timbré,
on voit des incidents particuliers comme celui que signale Jean
Donval, facteur du messager de la ville de Rennes à Carhaix
et autres villes de la province. (Plainte du 27 îjiin 1673.)
La veille, se rendant de Carhaix à Rostrenen, « le nommé
Jean Guéguen, assisté de nombre d'autres personnes travail-
lant à réparer le chemin par desça une lieu de Rostrenen,
l'aurait attaqué, battu, à coups de tranches et pâlies de fer
disant ces mots : Comment b , tu es la cause que nous
sommes obligés de réparer les chemins, pourquoyil faut que
tu engouâtes et nous te baillions eentx coups I »
n,g,t,7.cbyGOOglC.
— 310 —
Les documents de la Cour de Carhaix (Arch, du Finistère)
révèlent un état d'etpril rêootutionnaire, une poussée de
révolte qu'enregistrent des dossiers de i rébellion », au
jour le jour : une répression intelligente, vigilante, pouvait
seule empêcher la . Révolution qui existait dans les esprits
de se traduire dans les faits.
M. J. Lemoine l'a fort bien montré dans son beau travail
sur la Récolte du papier timbré.
IV.
Maîtres d'école. — Chirugiens.
Notaires et Procureurs.
Commis des Aides et des Devoirs.
M. l'abbé P. D. Bernier, Ch IV de son . Essai sur le
Tiers-Etat rural en Basse-Normandie » dit que « les petits
fonctionnaires ruraux sous l'ancien régime sont l'instituteur,
le chirurgien, le tabellion, les hommes de loi et leurs agents,
les commis des aides et ceux de la Gabelle ».
Ce tableau des notabilités rurales s'applique tout aussi
bien aux petites et môme bonnes villes, d'avant 1789 : là se
retrouve une hiérarchie à part, sortie du peuple et restant en
rapport journalier avec lui, comme une émanation et une
sélection des couches profondes du Tiers-Etat.
Les doléances de la communauté de Carhaix (Reg. des
délib. de la collégiale de Saint-Trémeur, commencé en
178t!, f" 10)(1), portent, art. 2, des Vœux présentés aux Etats
généraux, « qu'il soit établi un collège en ta ville de Carhatx
pour l'éducation de lajeunesse ».
(I) Assembli^ du Ht mars 1789.
n,g,t,7.cbyGOOglC
' 341 ■
Déjà dans la délibération de l'Assemblée de ville, du 12
octobre 1690, « présidée par tf, de Pomereu, commissaire du
« Roy », on lit sous la plume du syndic : ' De plus vous
remontre que « ladite eommunauté a besoin de cotre autto-
• rite pour entretenir suioant les lettres doctroy de sa
• if a/esté par des premières eoneeasions, les deux régents
■ et maistrei d'eseolles pour l'instruction des enfanta ou
« pauores habitants en la doctrine chrétienne, oous sup-
1 pliant de leur accorder tel appoiniemeni que cous juge ret
t raisonnable >
Ce qui semble hors de conteste, c'est que les habitants de
Carhaix se faisaient un point d'honneur de fournir au peuple
un enseignement public, noble volonté souvent contrariée
par les circonstances et les difficultés financières ; noble
volonté qui se manifeste depuis bien longtemps, comme le
démontrent les efforts tentés dés 1606 et 1610, pour l'établis-
sement fixe et définitif, officiellement garanti, d'écoles à Car-
haix.
Des documents récemmment déposés aux archives dépar-
tementales en font foi et leur importance est telle qu'ils
valent la peine d'être étudiés d'une manière plus spéciale,
toute à part, comme l'histoire d'autres notables ; l'organiste
et le spécialiste qui présidait aux destinées de l'horloge de
la Collégiale de Saint-Trémeur.
Dans cette période de trente ans (1670-1700) qui nous
occupe, nous relevons, aux registres paroissiaux, la signa-
ture de trois maîtres d'école, suivie de qualifications plus
ou moins pompeuses : Pierre Jouannin (1670], Yves Pellée
(1679), Pierre Collet (1680), " maîtres enseignant la jeu-
nesse, e Dans son acte de décès, du 3 juillet 1673, M° Pierre
Jouannin est honoré du titre de « maistre eserivain ensei-
" gnant la jeunesse. »
La Faculté et l'art de guérir a saluberrima Facaltas, a
e on disait autrefois dans nos Universités, est repré-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 342 —
sentée à Carhaix par M^ Saurai de La Marque, maigtre chi-
rurgien, qui jouit de la plus haute honorabilité: Julien Le
Clerc, Claude Vacher (en 1684, noble homme Maire de la
communauté de Carhaix et en 1601, doyen des chirurgiens
de Carhaix) ; M' Pierre Touchart ; M' Guillaume Le Ter-
millier; M' H. Julien Montforl ■ chirurgien et commis aux
rapports de testendue du siège de Carhaix et des sièges de
Gourin, Chasteauneuf, LandelleauetHuelgoët «(1) ; Charles
Touchart, Guillaume Fontaine et M° Pierre Yvon, beau-
frère, par Dame Michel Yvon, de Sauvât de Lamarque.
Avec un appoint de rebouteurs et matronnes, Carhaix n'était
pas trop dépourvu de gens qui se dévouaient à la conserva-
tion ou à la restauration de la santé publique.
Le corps des chirurgiens de Carhaix honorablement
étabhs, pour la plupart, jouissant d'une considération
méritée par la dignité de leur vie, était dépareillé par quel-
ques-uns de ses membres. Par exemple, Guillaume Fontaine:
quand il ne traîne pas son prochain en justice, y est tratné
lui-même ; il semble avoir une exagération congénitale de la
bossedela combattivité. Puis, ce qui lui était contraire,
il rentrait très tard dans la nuit, ce pouvait lui donner
occasion de rencontrer les Thépault : et alors, rencontres,
altercations suivies de coups et assignations où le malheureux
s'entendait traiter sur papier timbré de frater et de
< soy disant chirugien • : Archives du Finistère ; consul-
ter les /'roMiures cnmtneUes(1670-1680.) Quand il avait le
dessous il était " plaintif et demandeur » ; quand il avait le
dessus il lui arrivait d'être, à son tour, « accusé et défen-
deur. "
Parfois les chirugiens arrivaient à se manger entre
eux, sans doute sans que les malades ne s'en portassent
plus mal.
n,g,t,7.cbyGOOglC
343 —
M' Guillaume Le Termillier se maria le 27 novembre
1687 à damotselle Marie Gloaguen, d'une famille de bons
bourgeois de Carhaix. Le M" chirurgien juré n'était pas de
ces professionnels qui livrent les secrets de l'art à un rabais
honteux, comptant se raitrapper sur l'alTIuence des clients.
Il le faisait bien voir par la plainte qu'il déposait à la Cour,
le 27 juin 1690, contre M' Pierre Yvon « se disant chiru-
gien. » A cinq heures du soir, le samedi précédent, Marie
Jamet femme de Trémeur [..,] boulanger se transporta chez
M' Le Termillier pour le prier d'aller promptement à la
geôle pour panser et médicamenter son mari qui avait été
blessé au genou. Le praticien « lui mit fjapareil pourarres-
ter une émorogie de sang, s Conformément à la prière
instante du patient, Le Termillier se présente, le lendemain,
pour lever l'appareil : on lui dit que M° Pierre Yvon était
venu vers cinq ou six heures faire un pansement après avoir
levé l'appareil alors qu'il fallait le laisser en place au moins
vingt-quatre heures sans le toucher.
Si Le Termillier était de mauvaise humeur, ses observa-
tions firentsortir Pierre Yvon de son caractère : il était porté,
du reste , à la violence ; la plainte , et les témoins à
charge le reconnaissent. Il y eut paroles peu mesurées,
voies de fait , agression et tout ce qui amène une plainte
en règle à la justice.
Le Termillier, qui tient à nous faire connaître son confrère,
tient dans sa plainte à nous démontrer que ce délit profes-
sionnel n'est pas un acte isolé, mais la conséquence d'une
façon de faire qui lui est coutumière.
" Et qu'il est encore vray que le mois dernier une femme
riche de la campagne se transporta dans la boutique dud.
Le Termillier à dessein de ^ faire seigner et comme ne
voulaist donner que deux sols six deniers votre suppliant ne
voulut pas la seigner à moins d'avoir cinq sols, et e.stant sur
le seuil de la porte dud. Termillier, led. Yvon l'appella ce qui
n,g,t,7.cbyGOOglC
— n* —
n'est pas permis de faire l'un au préjudice de l'autre et la
seigna en mesme temps pour lad. somme de deux sols six
deniers ». En opérant la saignée, il protesta être prêta trai-
ter tout autre au prix qui lui conviendrait: « ce qui est
défendu par les statuts des malstres chirugiens >.
L'administration centrale eût à se préoccuper de l'Assis-
tance médicale et du service des hôpitaux de Carliaix. Nous
avons relevé, à ce sujet, sur le Registre des Délibérations de
la Communauté, les dispositions qui suivent :
Àssembiie de vUle du 19 mars 4689.
« Le syudic remontre de plus que le sieur Desbignon BertheloI,
docteur médecin, ayant obtenu un arrêt du con^ieil en date du ]4'
davrtl 1688, suivant délibéraiiou de ladicle commuuaulié qui luy
adjuge une somme de 200 livres sur nos deniers dociroy eu consi-
dération des obligations y portées ; il est de conséquance que led
arresl soit levé et enregistré sur te registre de lad. communauté â
scavoir si le sieur Desbignon veult à ladvenir lexécutter en la
forme, ayant aprins quil ne le pouvoit faire allandu quel s'est
exiably en la rille de Quimper >.
• La commimaulé,
a Sur celte reiliontrance et suivant la déclaration dud. BertheloI
de ne pouvoir rester eu cesle ville, ayant faict son eslablissemeut
à Quimper, la eommunaulté a nommé en. son lien et place H'
Claude Vachet, maître chi rugi eu, lequel a accepté la commission aux
coudiiLons portées par led. arresl du conseil, lequel sera enregistré
et demeurera loriginal par devant led. sieur sindic
Exiraict des registres du Conseil d'Estat.
• Vu "la requesie présentée au Roy estant en son conseil, par le
sindic de la ville et eommunaulté de Carhatx, en Bretagne, quil y a
dans ceste ville deux hospitaux, lua pour les pauvres malades qui
est gouvcruc par des reliigieuses, et lautre pour les pauvres valides
appelé Ihospjlal général, lesquels sont dans une extrême pauvreté
et à tel point qui Is non t pas le moyen davoirun médecin, qui est la
chose la plus nécessaire aux hospitaux et principalement à ceux fondés
pour les malades ; cest pourquoy c'est un des plus grands biens
n..,i,."rK,C0Oglc
— 345 —
que l'oD leur puisse procurer et à toute la ville esi dengager un
habile médecin de sy establir pour secourir les malades taal riches
que pauvres, la communaulté avoit résnlûe par déllbéralion du
S" novembre 16SS d'arrester le sieur Berteloi, médecin de luniversité
de Reims, qui depuis deux ans est veou demeurer en la ville de
Carliais, où il a donné de grandes marques de sa sufQsanCe capacité,
de son zèle et affection au soulagemeul des malades de la ville et
notarameol des pauvres malades des deux hospitaus, quil a
secourus par les soins et par les remèdes qu'il leur a donné, mais
daulanl quon ne peut lobliger à sestablir loul à fait en cesEe ville
sans luy arresier des gages raisonnables, il auroit esté présenté
requesie par led. sindic aux sieurs commissaires députés par Sa
Maiesié aux Estais tenus à Sainct-Brieuc, lanoée dernière, pour.
faire pourvoir ied Berlhelol d'une pension de 400 livres par chacun
an ou à prendre sur les ocirois et revenus patrimoniaux de la ville,
mais celle requeste ayant esté renvoyée à Sa Maiesié par ordon-
nance du 17* oclobre 1687, le sindic se seroit retiré par devers elle
el luy auroil remontré que la ville ou communaulté de Carhaix peut
aisément payer cette pension aud. sieur Berlbelol, sans quelle soit
à charge au public dautanl que celle communaulté ne doit plus rien
que toutes ses dettes soûl payées el que ses charges ordinaires
acquittées. Il restera des revenus de ses octrois et deniers patri-
moniaux beaucoup au delà pour fournir ceste pension à quoy
désirant pourvoir, ouy le rapport et toul considéré k Roy estant en
son conseil a permis el permet à la communaulté de Carhaix de
payer par chacun an, après les charges ordinaires acquilées au
sieur Berihelol la somme de 200 livres de gages à prendre sur les
revenus des octroys et deniers, patrimoniaux a commencer du 1"
jour du présent mois davril, tant et si longuement quil y fera sa
résidance el quil y visitera et assistera les malades à condition
quil sera tenu de tisiter et assister de ses soins, sans autre
rétribution, tous les malades des deux hospitaux et les pauvres
habitans de la 'ille dans taules leurs maladies. Laquelle somme
de,deux cents litres sera adioalée aux charges ordinaires delà
ville parties par larrest du conseil du SS- juin 16St.
• Fait au Conseil d'Estal du Roy, Sa Haiesté y estant, tenu à
Versailles, le 14" jour avril 1688, ainsy signé Colbert. »
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 346 -
I y avait de plus, à Carhaîx, un apothicaire, poitevin d'ori-
gine, qui, ainsi qu'on le verra par les pièces ci-dessous,
après avoir commencé ses études dans son pays, vînt les
terminer à Morlaix.
Timbre de la GiniralUé de Poilien (« juin 1680).
0 Le vJDgl-deux' jour de juia mil six cen quatre-viugl, après
midi, Q0U3 François Ciiambault, maistre apothicaire, demeurant en
la ville de Cholet, et Jean Daniel émancipé procédant sous l'auto-
rité de Perrine Harolleau, ma (sk) mère, demeurant à Hauléon,
soubz signez avons fait marchtS d'apprantissage et convention qui
eusiiiveut h scavoir moy Chambault ay promis et moblige d'ensei-
gaer auq. Daniel la profession et lart de pharmatie et chirurgie (1).
Tel que maistre peuvent faire sans rien lui receler, de le norir,
blanchir Uver et coucher. Et ce pendant le temps de deux années
entières et consécutives pour commencer au jour et fesle de la
saint Jean-Baptiste prochaine et nous ay promis et moblige envers
ledit sieur chambault de luy obéir ainsi quapranti sont remis Taire
h maisires et moblige en outre de luy payer ponr leq. aprautissage
la somme de quarante ecus en aident. Et la somme de dix livres
pour épingles, de laq. somme moy Daniel may présentement délivré
auq. Chambault la somme de iranle livres six sols trois deniers que
jay cejourdbuy receu de Jean Daniel mon oncle qui me deb voit pour
ma part ei portion de cent vingt une livres cinq sols provenant des
successions des feus Uathurin Daniel et Perrine Charon mes ayeuls
suivant lacté passé par Cosncau, notaire à Uauléon le quatorze de
may mil sis cent soixante et dix-sept. Et le surplus montant cent
livres, il en recevra quatre vingt dix livres des Révérends prieurs
religieux chanoines de labbaye de la Saiule-Trinité de Hauléon
d'huys en un an, et dont luy mettray le billet du père procureur
diceile abbaye toutefois et quantes au regard de la somme de dix
livres dans un mois prochain fait à Mauléon en double sous nos
seings privés auq. Mauléon les jours et en que dessus.
« Chambault, Jean Daniel. » (2)
(t) Le mot chiiiirgie a élu ajouté en surcharge dans le texte.
;3j I» 13 juillet iciO^ M- Ctiambautl détivrait à son apprenti un cerll-
Hcat constatant (|ue Jean Daniel l'a fidèlement servi pendant deux ans.
et (|u'il se déclare i satisfaicl île na amiliiille et da payement. •
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 34T —
Jean Daniel, quatorze ans après, nous apprend, 15 novembre
1694, dans une requête au Sénéchal, que par arrest de a la
« Cour du vingt-sixième octobre il avoil esté envoyé devant
« les maistres apothicaires de Morlaix pour procéder à ses
interrogatoires et faire les autres actes requis et accous-
tumés n.Mais voilà qu'au greffe M° Larcher de Kerincuft
refuse de lui rendre cinq pièces qu'il y a déposées, dont
a les attestations des services signé de Chabrol, apothicaire
« de Madame de Guise, de Charmoy, de Bonnecampt et
« Ollivier, médecin de la Marine i>.
Il rentra en possession de ses papiers et put exercer pour
le soulagement de l'humanité souffrante.
Les nobles [i) se rattachaient par quelques points à l'aris-
tocratie de la cité, mais ne la constituaient pas à eux seuls.
Cette association se composait principalement des ofTiciers
de justice, de finances ou de la Maison du Roi, qui possé-
daient leurs charges, et, depuis l'édit de la Paulette, les
transmettaient à leur famille. Recrutés parmi les marchands
ou les praticiens enrichis, ils se regardaient comme supérieurs
à eux, et, détenant une partie de l'autorité, luttaient à forces
égales contre la municipalité, lorsqu'ils ne parvenaient pas
à la dominer en s'y introduisant. Ils formaient autant de
corps qu'il y avait de juridictions : parlement, chambre des
comptes, grenier à sel, droits forains, eaux et forêts : ilè
avaient autour d'eux la elienlèle nombreuse et active des
avocats, des procureurs, des notaires, des huissiers et des
sergents. Leur réunion formait un ensemble redoutable,
gui pouvait résister aux corporations des marchands et des
artisans.
B L'acquéreur n'avait pas toujours l'argent nécessaire
pour payer sa charge ; il empruntait, il était gêné, il s'effor-
(i) T.I, p. 37 et 38. La ville nous l'Ancien régime.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 348 —
çait de vivre aux dépens de ses concHoyeas. « Yotex, dit uq
marchand de Reims, en parlant des gens de justice d'E)per-
nay, ooist combien de gens à ronger un ai, à »e promener
sous la halle, à parler de naaoïllea et à chercher à manger
comme des chenilles (1|. > Mais à cdté de ces gens de loi
faméliques se trouvaient les représentants de familles
locales, qui remplissaient leur cliarge avec honneur et dé-
sintéressement, sans autre ambition que de la transmettre à
leurs enfants.
1 La Bruyère alTirme qu'il y a une chose que Ton n'a jamais
vue sous le ciel, et que selon toutes les apparences on ne
verra jamais : c'est une petite oille qai n'est divisée en
aucuns partis. Les officiers de justice et de finances y sont
même divisés entre eux ; les uns sont exemptés de tailles,
tandis que les autres y sont soumis comme le reste des
habitants. Mais d'ordinaire les procureurs, les notaires, tes
sergents, qui forment la clientèle des magistrats, se grou-
pent autour d'eux dans les luttes qu'ils soutiennent contre
les marchands et les artisans. »
M. Albert Babeau , auquel on peut adresser parfois la
critique de trop généraliser, a crayonné de main de maître
le tableau de ces ofiiciers de justice et de finances et de leur
rôle prépondérant, encombrant, dans la vie d'une ville de
province,
A Carhaix ils tiennent le haut du pavé et si on tente de les
dénombrer, on se décourage bien vite après s'être mis à la
lâche. En effet, on en retrouve à tous les coins où s'embusque
une juridiction. On croit en avoir fini avec eux, que l'on voit
surgir, on ne sait d'où, un officier d'importance, ou un déten-
teur d'ofiice subalterne ; c'est « un controlleur et commis
ancien alternatif traval et quetraval des consignations de la
juridiction n, « commise la marque des Imbotz » ou » à la
(I) Oudart-Coquaull. Mémoires publiiïs par M- Lariquet, II, p. 460, cilë
par A. Babeau.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— W8 —
recepte des taux et amandes de la juridiction de Carhais n,
ou tous autres. Leurs rangs sont si denses, si serrés, que
l'on arrive, avec une inquiétude bien légitime, à se demander
comment ces gens font pour vivre : ils vivent de leurs
offices, il est vrai ; mais comment arrivent-ils à vivre de
leurs offices/
Nous trouvons une liste officielle d'une partie notable de
ces gens attachés à la Cour à titre de notaires, procureurs,
huissiers, sergents, priseurs et arpenteurs Elle est dressée
parM'ThomasDondelet datée de l'année même de la Révolte
du Papier timbré, si bien qu'on y voit taxé le 25 septembre
1375 le malheureux Sébastien Le Balp, tué le 3 du même
mois, par Montgaillard, au château du Timeur.
Thomas Dondel, escuyer sieur de Brangolo, conseiller du Roy,
recepveur des Touaiges et autres deniers royaux de levesché de
Cornouaille, auxcy après nommés, procureurs, noHaires, huissiers,
sergeaols, priseurs el arpeaieurs royaux de la juridiction royale de
Carhaix; salut.
Suivant la commission à nous donnée par H. d'Harouys,
trésorier des Estais de Bretaigne en date du 12" mars 1675, enre-
gistré à Quimper ie 5' avril dernier, au greffe, pour les taies cy
après, nous vous mandons que vous ayes chacun de vous à nous
payer dans nostre bureau ches le sieur de Champripault, à Quimper,
en un seul payement, dans le dixiesme doolobre prochain, les sommes
auxquelles tous aviez esté taxés pour jouir et exercer vosdîcts
offices suivanl lordonnance de nosseigneurs les Estais de Bretaigne
danfleur dernière assemblée Ihenue à Vitré en 1674.
Les procureurs, notlaires, huissiers chacun 42 1. 13 s. 4 d.
Les huissiers es eaux et forests el sergeants généraux el darmes
à chacun 34 1. 6 s. 8 d.
Les sergeants royaux à chacun 16 I. 18 s. 4 d.
Priseurs et arpenteurs à chacun 13 I. 16 s. 2 d.
A quoy tous ne Tairez faule à paine désire courus contraint
suivant la rigueur des ordonnances et comme pour les propres
■yGooglc
— 850 —
deniers et affaires de Sa Maiesié. A HeDnebood, te 26* septembre
1675. Doudet.
Suici le rolle du nom des officiers de la jurisdiclioD royale de
Carhaix. Emplois auxdicts rolle et siibjets à ladicle taxe
// procureurs, — Eslienue Glaziou ; Pierre André ; Christophe
Rospabu; Pierre Tonneaux; Claude Guillou : Allain Chauveau ;
Michel Revaull; Bouaveature Uével ; Yves DafTnel ; Charles
Audry; Henry Garnicr.
»S notlaires royaux — René DalTuet ; Michel Ferrée ; François
Guillaume ; Ollivier Lauzei ; Yves Le Boédec ; François Larcher ;
Christophe Rospabu ; Guillaume Thépaut ; Yves Bioual ; Sébastien
Le Balp : Henry Le Houllier ; Jan Quéméneur ; Jan Le Put ; René
du Dréiit; Guillaume Quénemeur;Allain Chauveau ; Claude Dago m ;
Michel Revaiilt ; Guillaume Quillec ; Yves Le Délivre ; Gilles Bocliez ;
Yves Gulllou ; Mcollas Lamotte ; Guillaume Jouan ; Pierre Connezre ;
Thomas Guillou ; Jan Thibault ; Mathieu Le Houx.
Huissiers. — Thomas Esmard ; Phelipe Estienue.
Huissiers des eaux et forests.— Gilles ïtenet ; Nieotlas Destable ;
Jan Fleury.
Généraux d'armes. — Thomas Rosselin ; Ollivier Renet.
Sergents royaux. — Jan Le Put ; Yves Uarion ; Mathieu Cauzic ;
François Jan ; Pierre Brassart.
8t priseurs et arpenteurs (beaucoup en même temps notaires
et procureurs) — Le sieur de La Boiessière Kervir ; le sieur de La
Vsreune ; le sieur de La Garenne Bouday ; le sieur de Keradennec
Keretior ; le sieur de Lcsîavel Le Coz ; escuyer Yves de Suasse ;
escuyer Phelipe Emauuelde Launay ; La Roche-Huun; François
Bahezre, etc
Nous ne citons de ces priseurs et arpenteurs que ceux
dont le nom semble indiquer une supériorité de classe ou
noble extraction.
Dans la Déclaration de la ville de Carkaix, publiée le 24
septembre 1675, A la suite de la mort du notaire Le Balp (1),
nous trouvons comme avocats signataires de ce document:
(t) La rétioUe dite du Papier Timbré, [inr M. J.l.eiQOinc, p. Ï69-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 35^ —
F. Gobert, G. Lozanne, T. Guillet, J. -Joseph Le Gogai, F.
Touchart et autre M° Toucharl.
Nous devons y ajouter Jan Dupais.
Dans le ressort de Garhaix il y avait un nombre très
grand de justices seigneuriales qui comportaient nombre
d'officiers de judioature. Ces juridictions inférieures,
souvent odieuses et toujours exposées à la suspicion
légitime des justiciables, étaient recherchées ou récusées
d'après les craintes ou les espérances des parties engagées.
Le 20 juillet 1700, Guillaume-René Dîeulangard, premier
huissier-audiencier, dresse un procès-verbal de rébellion
contre Marguerite Laurans, veuve de Pierre Raoul, du
Moustoir, à laquelle il vient signifier une ordonnance du
procureur du Roi. Celle-ci refuse de le suivre et répond sans
une hésitation a qu'elle ne relève pas de la cour royale, mais
bien de celle de Trébivan n, où,- sans doute, la justice se
rendait en famille.
Mais la cour royale était obligée d'évoquer à sa barre
nombre d'affaires qu'elle retirait à cette justice boiteuse et
louche de petites juridictions locales que la monarchie elle-
même travailla à entraver, à éteindre, en attendant une
suppression qui aurait été effectuée, même sans 1789 !
La pièce suivante montre que c'était un bien à souhaiter
que cette disparition définitive d'une institution qui ayant pu
rendre des services n'était plus qu'une occasion d'abus.
n A HoDsieur le sénéi^al et premier tnagislrat du siège royal de
Carhaix supplye humblemeni Charles Quilcuff, pauvre villageois
de la paroisse de Plooévézel , disant que sur le déDOncy
quil a faict aux officiers de la juridictiou de Rozquigeau couirc
Jacob Bczegan, Nicolas Larhanlec, Guillaume Le Bras et leurs com-
plices. Ils auroienl estes décreltés de prinse de corps avec saisye
et annolation de biens et lesdicts Larhanlec et Bras emprisonnés aux
prisons de ce siège, et quoy qu'on ait ouy en charge contre eux,
plus de quarante tesmoingns, lesdicts ofQciers de Rozquigeau les
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 352 —
favorisans avoiut Dégligé d'insbnire leur procès à raison de quoy
et de ce que lesdicts Bezegan el Larhantec liental comme cU pré-
cidanl U peuple en subjectitm par le port d'armes, El quy pour
cause dudict denoncy espient et rochercheot le temps d'assassiner
le pauvre suppliant, — il a esté obligé de le faire entendre en la
la cour, laquelle par arrest du vingt et neuriiesme décembre dernier
a esvoqué l'iostance criminelle pendante en la jurisdtction dudict
Rozquigeau et la renvoyée devant vous pour esire instmicle et jugée
avec toute cognoissance de cause, el considérées qu'il vous plaize.
Monsieur, voir ledict arrest de la cour à ceste attachée et en consé-
quance recevoir la commission portée et ce faisant ordonne qu'à la
diligence de Monsieur le procureur du Roy le greffier de ladicle
juridiction de Boiquigeau sera dès ce jour et autres signifBé pour
dellivrer et mettre au greffe de ce siège toutes les charges et infor-
mations crimiuellesfaictes en ladicte juris[lictiOD contre lesd. Bézé-
gan, Larhantec el Bras, pour passé de ce estre procédé h l'instruc-
tion de leur procès avec fraicls de quy il appartiendra attandu la
déclaration qua toujours faict ledicl Quilcuff de n'entendre ny ne
voulloir eslre en aucune manière partye auxdicts accuzés laquelle
déclaration il repelle encore d'abondant parle présant el ferez justice.
7 mars 1672. Signé Thépaull, grelBer.
Ce commandement fut signifié le 2 mai 1672, à M' Alain Chau-
veau, greffier de la juridiction de Rozquigeau, par U' Ha : Bozic,
sergeanl royal.
Les juridictions seigneuriales relevant de la cour de Car-
haix reçurent un coup terrible par l'arrêt de la Cour du
Parlement de Rennes du 5 septembre 1708. Leur compétence
était réduite à son minimum par l'évocation au siège royal
de Carhaix des cas royaux tant au civil qu'au criminel. L'ar-
rêt concernant la cour de Lanuion, etdont les dispositions
étaient étendues au siège de Carhaix, énumérait 10 cas
royaux au civil, et au criminel 34, et « tous « autres cas
royaux dont l'énamération serait trop longue ».
Arrest de la cour de parlement.
0 Qui déclare l'arrest du 5 Novembre" dernier ; rendu pour la Juris-
diction Royale de Lannion commun pour celle de Carhaii, et es
n,g,t,7.cbyGOOglC
conséquence conformément à iœlny, hit défense» aux Juens
Subalternes de conaoistre des Cas Royaux sons la JoriadîMiQti Rayate
de Carhaix ; leur Ordonne d'en renvoyer la consoiaaaiioe aux Jagas
dudil Carhais, à peine de cassation et de Dulltlé. n
Extrait des Registres de Parlement.
H Veu par la Cour la Re^uesle de Jean Ragoideau de la Rasdiare.
Conseiller du Roy, Seneschal de Carhaix, contenant que les Juges
el Offlciers qui relevoient «le la Jurisdiclion Royale de CarbaUi
atTectoient contre la disposition des Ordonnances, et des AirQSt et
Reglemens de la Cour, de connolstre des Cas Royaux, quoyque
la connoissance leur en esloit interdite, et qu'ils dCTOienl renvojier
ces sortes de matières devant ledit Seneschal de CgirhaiXt auquel
seul la connoissance eu apparienoitprivaUTemeQtaux autres Ju^es,
Ce dérèglement avoil donné occasion aux Juges Royaux de Lanuiou
d'en porter leurs plaintes eu la Cour, laquelle par son Arrest du
cinquième novembre dernier, avoit Tait défense a,ux Juges Siit^l-
lemes de connoislre des Cas Royaux sous la Jurisdiction Royale de
Lannion ; leur Ordonnoit d'en renvoyer la connoissance aux Juges
de Lannion, à peine de nullité et de cassation ; et auroit permis de
faire lire ledit Arrest où requis seroit.
a A ces causes, ledit Exposant requeroit qu'U pUt à ladite Cear
voir attaché ledit Arresl, et en conséqueuce le dédarer eommoq
pour estre observé el exécuté dans toute fét^idue du rassort d» 1«
Jurisdiction Royale de Carhaix, el en conséquence et «Ktfwmémeat
audit Arrest faire défenses aux Juges et Officiers sous le ceisort
dudit Carhaix, de conuoistre des Cas Royaux, sur les pçiues y
portées ; et leur enjoindre d'en renvoyer sur le champ la connois-
sance audit Seneschal de Carbaix : et afm que personne n'eu
ignore, Ordonner que l'Arrest qui interviendroit seroil Id et publié
a l'Issue des Grandes Messes des paroisses, h l'Audience publique
de ladite Jurisdiction de Carhaix, el aux Audiences des Jurisdiclious
qui eu relevoieut : Ladite Requesie signée desdila Raguldeau
seneschal, Jean-Joseph Veller procureur du Roy, el Le Bretou pp*-
cureur ; Considéré.
a LaCouradeclarél'Arrestd'icelleduSNovembrâderaiar, readu
pour la Jurisdiclion Royale de Lannion commun pour celle de
BcuATiH ABCHÉOL, DU FiNiSTËRB.— ToMB XXV. (H^olres). 23
n,g,t,7.cbyGOOglC
Carbais, ol en cooséquence conrormëmeat à iceluy, fait défenses
aus Juges Subalieroes de coaaoislre des Cas Boyaux sous la Juris-
diction Boyale de Carbais ; lear Ordonne d'ea renvoyer la conuois-
sance aux Juges dudil Carhaix, à peine de cassation et de nullilé :
Et à ce que personne n'en ignore, Ordonne que le présent Arrest
sera lu et publié où requis sera. Fait en Parlement à Rennes le
dnqniëme Septembre 1708.
a Signé, U. Picquet. »
a Lu et publié à l'Audience publique dudil Carhaix du quio-
lième Novembre 1708, tenuÈ par Monsieur le Senescbal et premler
Magislral dudil Siège, le requérant te Procureur du Roy, pour estre
exécuté suivant la forme et teneur ; et envoyé aux Jurisdlctions et
Paroisses du Ressort dudit Carhaix, pour y estre pareillement lu et
ftubtié afin que personne n'en ignore. »
M, de la Villemarquéll) fait du maltdtier une peinture
saisissante. « Il y a, dit-il, trois sortes de personnes,
selon un ancien proverbe breton, qui n'arriveront point
au paradis, tout droit par le grand chemin ; c'est â
savoir; les tailleurs (sauf votre respect), dont il faut neuf
pour faire un homme, qui passent leurs journées assis et
qui ont les mains blanches ; les sorciers qui jettent des
sorte, soufflent le mauvais vent et ont fait un pacte avec le
diable ; les maliôtiers [les percepteurs des contributions)
qui ressemblent aux mouches aveugles, lesquelles sucent le
sang des béies.
« Le maltôtier est d'ordinaire querelleur, banard, bel
« esprit, beau parleur ; il est même facétieux et assaisonne
< volontiers de gros sel ses vexations légales. »
Le maltôtier est l'expression la plus odieuse du fisc et de
ses agents ; c'est l'aspect la plus répugnant, la façon d'être
la plus antipathique de l'Administration centrale. Les com-
(f) Banal Breii; p. 332 : « L'orpheline de Lannion. •
n,g,t,7.cbyGOOglC
mis des devoirs font bande à part, une classe séparée qui
ne saurait trouver ni sympathie, ni autorité morale. Si un
de ces fonctionnaires privilégiés, — généralement étrangers
au pays, — est bas-breton, il n'en sera que plus exécré. La
marque et les droits de « trop bu » sont des tyrannies que
le peuple maudit. Du n trop bu n, il faut que ces mes
sieurs en trouvent, s'ils veulent mériter de l'avancement.
Les prétextes pour verbaliser ne manquent pas et les
bénéfices des prises est partagé entre les employés et leurs
supérieurs. L'appât du gain les anime et étouffe en eux toute
pitié, et lorsque l'indignation populaire éclate en rébellion,
exaspérés par la résistance, par la haine populaire, ils
deviennent cruels et voient rouge !
Les abus de pouvoir relevés à leur compta expliquent les
actes de rébellion et de rassemblements armés qui accueil-
laient leur apparition dans un quartier, lorsque s'élevait le
cri d'alarme : Voilà tes maltoutiers ! (1)
Pierre Derien, 13 février 1674, hôte à Pont-Melvez, était
à Rennes pour affaires : trois records opérant pour le compte
du S' Le Gac, fermier des devoirs, apportent une contrainte
contre Pierre Derien absent, lis exagèrent les ordres qu'ils
ont reçus, expulsent la femme de l'hôte et son enfant, brisent
les armoires, s'emparent de l'argent, couchent dans la maison,
faisant main basse sur tous les comestibles et sur le vin, et
se retirent, après ce carnage, laissant la clef à un sergent ;
et au bout d'une douzaine de jours, sans une formalité de jus-
tice, ils reviennent et emporteni tout ce qu'il y avait dans la
maison. Le 3 mars, le sergent pénètre par la fenêtre dans
l'asile qu'avait trouvé la femme Derien ; il se saisit des meu-
bles et de l'argent qu'on y trouva. De ce chef, Derien
(I) Cf. Le» procédures crimineltes du siège de Carkaix : les officiers de la
sénéchaussée agissent passivement : iis poursuivent mais saos conviction,
et on voii bien qu'ils n'ont pas un entttousiasnie outré pour la Maltftle
son personnel et ses procédés.
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 336 —
réclame des juges à la Cour de Rennes, 14 mars 1674, et il
est renvoyé pour demander justice et réparation devant
la Cour royale de Carhaix.
Nécessairement la fraude devait être grande, en raison de la
consommation de boissons faite dans cette région, alors conta-
minée par l'ivrognerie. Si on examine les procédures crimi-
nelles de Carhaix : plaintes, interrogatoires ou informations
d'office, on relèvera trois fois, au moins, sur cinq,
l'ivresse intervenant comme circonstance du crime ou
délit. On retrouve invariablement la formule « esprina de
cm * pour caractériser l'état mental des parties ou de l'une
d'elle, qu'il s'agisse d'attentat à la propriété, à la vie ou à
l'honneur.
La consommation étant grande et désordonnée, la fraude
devait se faire sur une grande échelle :
La pièce suivante nous édifiera à ce sujet :
H HM. les juges royaulx de Carhaix supplie humblement noble
homme Jan Le Gouverneur sieur de Cheduboir faisant pour M' Tho-
mas Courtiu, fermier général des grands et pelîls debvoirs des
estais des vins, cildre et autres breuvages quy se débitent au bail-
lage de cette jurisdiction.
« Disant que quelque chose quil aye peu faire ny les veilles et
soigns quil se soit donnés depuisquil faicl la receple desdi ts debvoirs il
luy a ^sté impossible de pouvoir empeseher les paroessiens de Scri-
gnac et de Poullaouen particulièrement de frauder et débiter des
vins tous les ans entr'aulres en la saizon de Carnaval, quy est la
saizon ou les debvoirs doibvent plus valloir au suppliant par le
débit que feroient les cabaretliers quy débitent dordinaire auxdiles
paroisses, MaU des meschandz et matins fraudeurs prenenl pied et
se font forz de cesle saizon pour débiter clandestinement, partages
entre eux et vendre à vil prix à potz et à pinte au préjudice des
drojtï de Sa Majesté quy véritablement sont tous péris et ruinés,
surlepied, disent-ils, quil leur est permis au Carnaval de seresjonir
et festoyer leurs amys. El quoy que par plusieurs arrests et sen-
tences lesdils fraudeurs ayant esté condemnés pour le promp débit
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 357 —
partage et vente qiiils ont ainsy faict des vins tons tes ans avec def-
fense de récidiver, ce néautmoins les mesmes fraudeurs ont encore
en la salïon du Carnaval dernier débité clandestinement fraudé et
partagé plus de quaire vingtz bariques de vin par contravenlion
au bail général, arresls et reglemeniz et sealences donnés vers eux
en conséquence en ce siège. Ce que voyant le suppliant s'est veu
obligé de faire descendre des nottaires royaulx avec ses commis
jurés en leurs demeures lorsquil a pu sçavoir quilz acbetoient des
vins, et car y a quelque peu de temps après encore faict de rescbeff
descendre ou Ion a trouvé les fiitz vides et les vins débitez en fort peu
de jours et en autre partie partagée. Ce quy est vérifié et prouve à
veue d'œil par le peu despace de lemps aucquel ilsontfaictz lesdilz
debilz par les procès- verbaux desditz commis et nottaires en dable
des vingt et troisiesme febvrier, buictiesme mars et autres jours
suivanlz (9 avril 1672).
La procédure suivante nous montrera les maltôtiers en
campagne, flanqués de leur procureur qui ne chômait pas
souvent et longtemps.
Un beau dimanche de janvier 1675, le temps vraisembla-
blement était exceptionnellement beau et clément, Yvon Le
Bihan, maitre tonnellier, de La Magdelaine, âgé de 33 ans,
prit fantaisie d'aller du côté de TronjollifT faire une partie de
tidre.
■ La grand'messe venait de finir ; il rencontre Pierre Le
Bras, 23 ans, « texier ». qui venait, portant son fusil, a affin
■ de tirer avec des estourneaux o, puis Pierre Le Brun, com-
pagnon-maréchal chez Jean Le Rumen, qui parti immé-
diatement après l'office à Saint- Trémeur, allait avec Jean
Le Borgne pour se rendre chez ce dernier à Kergallet ,
afin d'attacher une pièce quelconque à une armoire. Yvon
Le Bihan, homme prévoyant, avait apporté « un gobelet
d'estain dans sa poschette «, et fait venir de chez Louise
Guinigou un verre et un buire ou pot de ». sept pintes de
eildre à un sou.lt la pinte -^ . Survinrent de plus pour prendre
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 358 —
part à la fôte Jean Bréal, coutturier, Jean BrioDDfi, boucher,
et Hervé Fraval, 21 ans, « picotteur de pierre »,Mathurin
Lebideau, 17 ans, compagnon boucher, et Yves Crec'hquil-
livic, 44 ans: celui-cieut dû, par pudeur, lui pris en flagrant
délit contre les Devoirs, taire du moins sa qualité u d'assis-
tant au Record i ! Tant il est vrai qu'à Carhaix, parun cdté
quelconque, de près ou de loin, ils appartenaient à la Justice
ou la Finance , s'en targuaient avec beaucoup de com-
plaisance ; déjà mûrs qu'ils étaient pour le fonctionnarisme.
Nos Epicuriens dégustaient leur cidre dans un parc
nommé Par-ar-Feunieun, près de la fontaine, aux doux mur-
mures de la source, à la distance de 150 pas de Tronjoliff,
mais les commis des devoirs surveillaient, surprenaient les
délinquants. Que faire avec des gens qui avouaient et avaient
laconscience tranquille, puisqu'ils avant payé ce qu'on leur
avait demandé? Ils avaient fourni toutefois un renseignement
qui ne tomba pas à terre : le nom de leur fournisseuse :
Louise Guinnigou.
On se rend donc à Tronjoliff pour enquêter.
Cette fois, en compagnie, sur ordre du sénéchal, de Pierre
André, procureur, on donne, victorieusement « pour appuré
■ qu'il n'y a aucun brandon, feuillet ny enseigne d'aucune
■ hostelleruye à la porte au-dessus ». On découvre, dans le
cellier cinq fûts dont trois pleins de cidre ; un vide etl'autre
l'étant d'un demi quart : « l'on a fraîchement tiré du cildre
'« par picquets outre les douvelles d'une barrique sont toutes
« raouillier de cildre ». Dans la chambre au-dessus, on
trouve un fût fraîchement vidé, et en bas, un baril de cinq
ou six pots, aussi tout humecté « et paroist avoir sorti du
cildre nouvellement ».
Les réponses de la veuve et de ses trois filles sont iden-
tiques comme une leçon concertée et bien apprise : Elles ont
fait sept barriques de cidre : « vandu une à honorable femme
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 859 —
Madellaine Le Brun, liottesse de la ville de Carhaix, et uDe
autre à Nicollas Floc'h. geollier des prisons du siège, pour
la somme de neuf livres la baracque à eonditiona de bailler
à ladite Guinitou une barieque eide sur le marché : reatent
cinq baricquea, dont une est en perce ».
A la requête du procureur, on se rend au manoir de Ke-
rouriou où « parlant à Marguerite Lelan, servante domestique
de Mademoiselle du Hilly, nous a diet que ladite Guinigouet
tes enffenta n'avaient faiet faire que quatre barieques de
eildre sur la fin de l'année. » Ce témoignage receuilli, avec
les charges relevées plus haut, mettaient les commis des
devoirs en mesure de conclure, sans jugement téméraire,
qu'ils avaient mis la main sur un débit claudestin et de faire
procéder en conséquence la sénéchaussée de Carhaii, et
Louise Guinigou dut savoir ce qu'il en coûtait de frauder les
commis.
Nous trouvons peu de poursuites pour fraudes sur le tabac,
dans la période qui nous occupe. Citons pour mémoire une
contravention constatée, vers midi, le 19 septembre 1690, à la
requête de M* Nicolas du Plantier, adjudicataire général de
la ferme et vente exclusive du tabac de France, un jour de
marché devant la boutique de Marie-Anne Dupaïs dite Tra-
guant. Là se trouvait un homme qui vendait de la « chan-
dellederozine dansdeuxgrandspaniers de somme » :aufond
d'une poche de grosse toile dissimulée dans un des paniers,
les commis ambulants perquisitionnant trouvèrent un reste
> de rolle de tabac anglois non plombé ni marqué de la mar-
u que ordinaire dudit Plantier. b Le délinquant est séques-
tré dans les prisons de Carhaix « pour y estre nouri au
pain du Roy n. Il déclare se nommer François Le Borgne,
dit demeurer au bourg de Cléden, puis se reprenant, se
déclare de Kergloff. Interrogé « doù il prenoit son tabac de
fraude, a dit quun soldat le luy avoit vandu ». Le tabac,
n,g,t,7.cbyGOOglC
pesant deux liTTeo, fut confisqué ainsi que les deux paniers,
un petit saa de sel et trois paquets de • chandelle de
rosiae ».
Le 16 juillet 1700, nous Uxtuvons une autre contravention
à Kergrîst, de fraude sur des tabacs cachés dans une écurie
par un valet domestique.
Les vins doux d'Espagne, très prisés par le populaire, et
le vin d'Annis, parvenaient par Morlaix et aussi par la voie
d'Hennebont.
Ledncde Cheulnes, écrivant de Rennes, le 30 jiiin 1675,
A CoIb«rt [i)( pour presser le remboursement des avances
qu'il avait faites pour le service du Roi, énuméraît entre
autres dépenses urgentes qu'il avait dû faire, le prix de cinq
voyages pour des Anglais habitant Morlaix, envoyés sur les
côtes delà Grande-Bretagne pour suivre, dans la Manche,
l«s opératioae de l'escadre de Ruyter ; plue « toutes les
bateriee qu'il fit faire au Conquet, pour la defFense de deux
descentes,,... /x>w lea traoaux de Brest, lorsguestant pressé
ée tes achever, il Jit donner an extraordinaire aux tra-
vaiitettrt f uij y fil venir deux /hit au nombre de plus dix
mau •.
Cette levée de terrassiers et de gardes-côtes avait produit
dans la Haute-Comouaille un trouble profond, dont nous
bvuvons un retentissement dans la façon dont les commis
des devoirs furent traités à cette époque, dans la surexci-
tation qui éclate dans les faits qui motivèrent tes procédures
suivantes.
Ollivier AUexandre et Pierre Bruneau, commis jurés de
la Marque, faisant pour M° Charles Trépaigne, fermier
général des devoirs, le 11, 12 et 13 juin 1C74, font leur visite
(1) la Révolu dite du Papier timbré, par M. J. Lemoine, documeats,
■p. 189.
n,g,t,7.cbyGOOglC
ordinaire chez les hôtes et cabaretiers de la ville de Carhaix
et bourgs de Ruergrouaa, Poullahouen, Saint-Udecq,
Serinacq, Bolazecq, Ploura'h, etc. (en tout 23 lieux cités) ,
où, disent-ils, o nons naurions trouvé auchun débit ni dimi-
B nution de leurs vins depuis nostre précédente visite,
tt Ce qui nous a obligé de leur demander pourquoy ils ne
a débitoieut pas, ils nous aurotent faict réponse que nous
« devions bien scavoir les raisons pourquoy ils ne débitoient
a point et que la cause est de ce que tous les gentilshommes
« habitants et la plus grande partie des pej/sens estaient
1 ailes à Brest les uns pour travailler aux forteresses et
t les autres pour empescher la descente des Hollandais sur
e les castes et que par ces moyens, nous paucionts pas
a trawser du débit et que laoenir noua entrouorions encore
<• bien moins, puisque tous les payssens auraient esté
0 obligés de quitter leur travail pour aller à la garde aux
a costes et que mesme il y acoii quantité de pauvres gens
a qui auraient esté obligés de vendre la plus grande partie
« de leurs hardes pour agetter des armes et quils séthon-
0 noint de ee que nous allions chez eux. ».
Les commis retournent le 7, 8 et 9 juillet dans les mêmes
23 localités et « advertissent tous les hostes et cabaratiers de
« porter de l'argent du débit, quils ont faict pendant le quar-
a tier d'avril dernier ». Us ne rapportent qu'une réponse
encore plus catégorique : u Qu'ils n'en avoient poinct
u et que touts ce qu'ils en avoient leurs mary et
enfant lavoient emporté à Brest et autres endroits où ils
u estoiuts à faire la garde depuis plus de six semaines ou
a deux mais, et que sils en avaient encore qu'ils aimeroint
a mieux le garder que de le donner au reeever {sic), et qu'ils
« se moequoint de tout ce qu'on leur pouvait faire et que
a nous ferionta bien mieux d'aller avec leur mary garder
a les costes que de leur demander de {argent ! »
n,g,t,7.cbyGOOglC
Le 23 juillet, daas leur procès-verbal de visite, Jean
Penost et Jean Rebotier, commis de la Marque, sous le
bailla^ede Rostrenen, enregistrent la même note : ils récla-
ment dans vingt-quatre paroisses - des cabaretiers et autres
débiteurs des debvoirs de payer ce qu'ils doivent tant du
quartier de janvier que de celuy d'avril i. Ils essuient le
même refus justifié par les mômes motifs, sig-nifié avec la
même insistance, et » qu'ils ne se metioint guère en peine
■ de menace que noua les faisions de les faire contrainte
u par kuisaieret que noua serions bien mieux d'estre aussy
B à garder les eostes que d'estre à demander de largent à
• des gens qui n'en aooint poinet ■ .'
Ainsi parlaient les femmes, et l'on sait, par expérience,
l'appoint que leur passion exaspérée apporte aux chances
d'une révolte.
Nicolas Marion, sergent voyer et son assistant ont reçu
commandement de se saisir de Guillaume Savin, accusé de
l'homicide de défunt M' Noél Beauregard. Ils arrivent à cet
effet au Roscoat, en Maël-Carhaix : les parents et voisins
s'ameutent, et détachent les chiens ; on veut casser la tête
au malheureuxsergent,maisundétailhorrible nous est fourni
parle cahier de rép^^iïi'onstîfii/' Nicolas Marion (1) et de son
assistant : Une de ces lemmes, Catherine Jourch, disait avec
instance à la femme dudit Savin qui portait un petit enfant
sur le bras, o égorger et teurire le col à son enfen afin de
trouver occasion de fiiire pendre ces voleurs »!
De tellesgens étaient pourl'émeutedes recrues implacables,
prêtes à tout, le jour où le mot d'ordre leur aurait été donné,
en des temps de calamités, pour faire savoir au Roi
dans son Louvre que là où il n'y a rien, le prince perd ses
droits.
Abbé Antoine FAVÉ.
(li 12, 13 et 14 dÈcemlire 1679.]
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 363 —
XX. V.
LA. MAISON N" 17
OB LiA. £IUE] SAINT-FRANÇOIS
DE qriMPBR (1)
II y a plus de deux siècles, la maison n" 17 rue Saint-Fran-
çois (maison Le HéDaR) avait le même aspect qu'aujourd'hui.
Une entrée unique et un seul escalier donnaient accès à deux
appartements absolument distincts, en sorte qu'un acte décrit
ainsi la maison : u Deux maisons s'entre-joignant ouvrant sur
une seule porte > (1723). D'autres actes distinguent ces » deux
maisons», qui n'en font qu'une, par les qualifications la petite,
la grande maison.
Avant 1677, la maison entière était la propriété de François
Ranier, docteur en médecine, et de Jeanne Poulain, sa femme.
Le 22 juin de cette année, ils la vendirent, pour 2840 livres,
à noble homme (2) Germain Pérard et à sa femme Blanche
Le Dénie.
Germain Pérard appartenait à une famille nouvelle à
Quimper. Son père, le premier du nom que j'aie trouvé, avait
été greffier du présidial en 1639 et années suivantes. L'acte
d'acquêt de 1677 qualifie Pérard sieur de Kerdula, conseiller
du roi, et alloué aux juridictions royales de Château neuf-du-
Faou, Huelgoat, Landelleau et Gourin (3). M°>» Pérard était
(1) Ces pages ont été écrites pcndaDt le séjour de l'anlenr à Quimper
e'esi-à-dire avant 1888.
{%) [l est iauliie, je pense, de rappeler que le titre de noftlf homme,
puremeDt bourgeois i cette époque, est eictuBiF de la noblesse.
13) Ces quatre déges royaux avaient été réunis an siège de Carbalx par
redît de ChÂteaubriant (octobre Iâ6&| coaflrioaDt les lettres patentes de
Troyea (19 mars 1564). Mais les quatre sièges {urenl distraits de Car-
balx et rétablis, tomme on te voit, avant 1677. Pour plus de détails : CI.
Orgamiation judiciaire de Bretagne avant 1790, par J Trévédy. — Qu'on
me permette de renvoyer à quelques unes de mes brochures relalives à
Quimper. >
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 364 —
de cette vieille famille boui^oise qui a donné à Quimper
nombre d'aumânîers, de miseurs et de procureurs syndics ;
. dont l'un, en cette dernière qualité, apposa sa signature
auprès de celle du maréchal d'Aumont au pied de la capi-
tulation du 10 octobre 1594. (1)
La maison coniiguè vers le sud appartenait à dame Anne
Cariou, douairière de Kervazégan, c'est-à-dire veuve de
M. Billoart, sieur deKervazégan. En 1682, il s'éleva entre
M"« de Kervazégan et ses nouveaux voisins une difficulté que
termina heureusement l'arbitrage de Charles Dondel, écuyer,
sieur du Parc et de Trefïrelz, sénéchal et premier magistrat
de Cornouaille.
Quand Germain Pérard vint habiter cette maison, il avait
plusieurs enfants, entr'autres une fille, Louise Philippe, déjà
grande, puisque,, dix ans auparavant, elle avait été marraine.
^me Pérard, à peine en possession de la maison, mourut ; et
Pérard se remaria au plus tard en 1680. Le 4 février 1681, sa
femme, Louise Hennon, lui donna un fils ; en 1682, un autre
fils qui mourut peu de jours après sa naissance; enfin, en
1684 (21 avril), une fille Marie-Anne-Agnès, dont le nom
mérite d'être conservé, car elle a été une des bienfaitrices de
Quimper.
Louise Hennon mourut en 1687 (2) ; et, le 26 août 1691,
Germain Pérard, se mariant pour la troisième fois, épousa
Jeanne GeSroy, veuve de Michel Furie, procureur au présidial,
qui l'avait laissée mère avec plusieurs enfants. L'année sui-
vante (21 août), les époux faisaient baptiser un tils qui eut
pour parrain et marraine son frère utérin Corentin-Michel
Furie et sa sœur consanguine Marie-Anne-Agnès. L'année
suivante (8 juin 1693), Pérard mariait sa fille du premier
mariage, Louise Philippe, à René Guesdon, sieur de Ker-
{]) Cban. Moreau, Ligut en Bretagne, p. 2!!!.
(2) Inbumallon dans le chœur des cordellers.
n,g,t,7.cbyGOOglC
duallës, qui devint plus tard conseiller du roi, contrôleur des
deniers patrimoniaux et d'octroi. Les années suivantes, le
recteur de Saint-Julien eûl à baptiser allernalivemenl des
enfants de Germain Pérard (15 avril 1694 et 29 août 1696) et
ceux de sa fille (6 décembre 16dS et 11 avril 1697).
Germain Pérard mourut le 7 oclobre 1697 et fut inhumé aux
Cordeliers. L'acte d'inhumation lui donne le titre d'écuyer,
qui ne lui appartenait pas.
11 y avait ainsi dans la maison des enfants de quatre
mariages, et la mort de Germain Pérard rompait le lien qui
les unissait.
Louise Philippe était de beaucoup plus âgée que sa sœur
Marie-Anne-Agnës, qui n'avait que treize ans : mais, bien que
les meilleures relations existassent entr'elles,.ce n'est pas
dans la maison de sa sœur que Marie prit asile Elle se retira
à la Terre-au-Duc chez Louis Drouallen, sieur de Kerdazan,
son oncle et tuteur ; et c'est là que, le 17 mars 1703, elle se
maria. Elle donnait sa main à noble homme Charles Florimond
Cardé, directeur des domaines du roi en l'évëchë de Cor-
nouaille, fils d'autre noble homme Charles Cardé, conseiller
du Roi et trésorier du sceau de la chancellerie de Paris, et de
dame Marie-Magdeleine de Cussevé.
Les jeunes époux allèrent habiter la paroisse de Saiot-
Ronan (rue Obscure) ; et c'est là que, le 5 juillet 1704,
naquit une première fille Louise-Marie, qui eut pour parrain
Louis Drouallen, et pour marraine Louise-Philippe Pérard,
dame Guesdon.
Avant 1704, il ne restait plus d'autres enfants des deux
premiers mariages de Germain Pérard que ses deux filles, Pt
l'atnée prend le titre de dame de Kerdula. La veuve du trui-
siéme mariage habitait avec ses enfants la petite maison com-
prise dans son douaire.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Les communautés de Germain Pérard, sa succession et celles
de ses enfants successivement décédés ne furent réglées
qu'en 1704. La liquidation établit la dame Gardé créancière ;
et la grande maison ayant été mise en vente, les époux Cardé
en demeurèrent adjudicataires pour une somme à valoir sur la
succession bénéficiaire de Pérard. (Acte du 24 mai, prise
de possession du 22 juin, appropriement du 24 novembre.) —
La maison était alors Thabilation de Rostang Garnier, avoca t
en parlement.
Au commencement de l'année 1705, les époux Cardé habi-
taient leur maison ; et c'est là que naquirent trois enfants :
un fils (René-Corentin), baptisé le 10 juin 170Setmort le i'^
septembre ; une fille baptisée le 17 juin 1706 et morte le len-
demain, et enfin une autre fille Anne-Josépbe, baptisée le 27
septembre 1707,
Vers cette époque, M. Cardé succéda à son père dans ses
charges déconseiller du roi au parlement et de trésorier du
sceau de la Chancellerie. De ce moment les r^istres parois-
siaux de Quimper ne nous montrent plus le nom de Cardé
avant 1715. — Nous ne pouvons suivre les époux Gardé horsde
Quimper ; nous pouvons dire seulement qu'après leur départ
il leur naquit un fils, CharlesJosepb-Pierre, que nous retrou-
verons plus loin.
La petite maison avait été, à ce qu'il paraît, détachée de la
(jrrande entre 1704 el 1706, car, aux premiers mois de cette
année, nous la trouvons dans la succession vacante de la fille
du docteur Ranier.
M.Ranier était mort le 27 octobre 1687. Sa fille, Marie-
, devenue héritière et qualifiée dame de Kervouar,
3 19 février 1688, François Berthelot, sieur des
( docteur médecin, originaire de Fougères et habitué
n,g,t,7.cbyGOOglC
— M —
de Carhaix ». Ea épousaal Mlle Ranier, il prit la clientèle de
soQ père, s'établit a Quimper, et devint médecin de ses voisins
les cordeliers.
Le 8 février 1693, la veuve du docteur Ranier fut inhumée
dans leur église (1).
Sa fille, la dame Berthelotfut elle-même inhumée aux Cor-
deliers le 15 mai i706. Elle était morte sans enfants (â), el il
s'agissait de partager les biens,au nombre desquels la maison,
entre ses héritiers paternels et maternels.
Chose à peine croyable pour nous I on imagine de parta-
ger en deux lots cette maison qui ne contient guère que deux
pièces : une cuisine en bas, une chambre en haut. La cui-
sine et le petit cellier sont pour la succession; la chambre,
l'entrée et l'escalier sont pour les héritiers d'autre part.
Le là juin 1706, la succession vacante met en vente sa
part, et elle est acquise par Arnault Lemarchant, notaire et
procureur au présidial.
Le 26 novembre 1709, sa Slle, dame Le Rouyer, la revend
à Philippe Le Petton, maître tailleur, et à sa femme, Jeanne
Le Goyer.
Le 22 décembre 1710, Le Petton meurt et est inhumé aux
Cordeliers. 11 n'a pas d'enfants, et laisse pour héritière sa
mère, Marguerite Caro. Sa veuve se refuse à toute liquidation
de communauté! Pour vaincre sa folle résistance, il en faut
venir au séquestre de la maison. Enfin, des amis intervien-
nent et amènent les parties à une transaction. Jeanne Le
Goyer paiera 300 livres à sa belle-mère ; elle gardera la
maison; et la guerre sera finie (22 avril 1712.)
(I) Dans la plus proche tumbe du balustre, du câté de l'Épilre, dan-^ la
chapelle de la Trinité, • environ les six heures du soir ■,
(S) SoD mari se remaria ; il épousa Jeanne PItouays, d'une famille unie
aux Bougeant; il mourut en 17'^ et [ut inhamé aux Cordeliera ; sa
seconde lemme ?int l'y rejoindre en 1727.
n,g,t,7.cbyGOOglC
Vers cette époque, M"» Cardé devenue veuve revient à
son berceau avec ses deux filles, Louise et Anne-Josëphe, et
elle babite sa maison. L'entrée et l'escalier lui sont communs
avec la petite maison. Le 1«t mars 1724, M'^o Cardé acquiert
la partie baute de cette maison devenue la propriété d'Allaio
Rocbel, sieur du Verger, et de Françoise Olivo, sa femme,
et, le 23 novembre de la même année, elle acquiert la partie
basse de la veuve Le Petton. La voilà, comme avait été son
père, unique propriétaire des deux maisons.
M»" Cardé a pour voisin au Sud M. Thérézîen, sénéchal
des R^ires. Pour parer è je ne sais quelle difficulté,
M"w Cardé convient de céder à M. Thérézien la moitié de la
petite maison coupée de haut en bas. M. Thérézien paiera
cette fraction de maison 800 livres, la moitié du prix dé-
boursé par M°" Gardé (6 février 1725). — Deux experts, au
nombre desquels Augustin Audouyn , sieur de Restinois,
opèrent ce bizarre partage (17 avril 1727.)
Quelques années auparavant, l'année même où elle acqué-
rait la petite maison. M"» Cardé devenait propriétaire, entre
le chemin du Séminaire (l'hospice actuel) et la rue des Re-
gaires, de ta maison avec jardin, où vingt-cinq ans plus tard
elle installera les sœurs du Saint-Esprit. Ses vendeurs sont
Françoise Le Gubaêr, d'une vieille famille de Quimper, veuve
de François Morin, ancien maire de la ville et marchand < de
draps et de soyes n, et les enfants issus de leur mariage : l'un
est (1 juge garde de la monnaie à Tours », l'autre conseiller
du roi au présidial de Quimper , et une fille est veuve de
Prigent-Corentin Gouesnou.
Orpheline à treize ans, veuve à irenle-quatre, M°i° Cardé
a connu le malheur et n'est pas insensible aux peines
et aux misères des autres. EUe est, avec ses filles.
n,g,i,..cb,.G00glc
livrée aux œuvres charitables. L'ainée des deux sœurs,
Louise, est dame de la charité. Elle meurt à irente-neuf ans,
générée de tous, en 1743, et l'acte d'inhumation, dressé le
lendemain, constate l'affluence qui suivit son convoi (1).
Pendant que sa mère et ses sœurs vivaient ainsi à Quimper,
Charles-Joseph-Pierre Cardé était devenu a gentilhomme
servant de Sa Majesté et de Mgr le Dauphin i>, et, à ce titre,
il obtenait des lettres de noblesse en septembre 1743. Moins
de quatre ans plus tard, il revenait à Quimper pour mourir
sous la bénédiction de sa mëre, le 16 mai 1747, et M^»" Cardé,
sexagénaire, restait seule avec sa dernière fille, Anne-Josèphe.
Nous avons tout à l'heure donné à Louise Cardé le titre de
dame de la charité. Ces dames, vivantdans le monde, souvent
épouses et mères, étaient distraites de la visite des indigents
malades par leurs devoirs de famille. C'est pourquoi saint
Vincent de Paul avait créé auprès d'elles, à Paris, les Filles
de la Charité <\\ie nous vénérons aujourd'hui sous le nom de
Filles de Saint- Vincent-de-Paul. Les mêmes causes faisaient
souhaiter à Quimper la présence de personnes qui pussent
donner tout leur temps à la visite et aux soins des malades.
Une congrégation vouée à ce charitable office était née en
Bretagne, à Plérin, auprès de Saint-Brieuc, en 1706. La fon-
datrice, une pauvre V3uve, Marie Balavoine, ne s'est proposé
d'abord que de faire l'école aux enfants pauvres ; puis elle
s'est mise avec deux ou trois pauvres filles à visiter les ma-
lades des campagnes. L'humble congrégation répond aux
besoins de toutes les paroisses : aussi elle prospère. En 1733,
elle est définitivement fondée et approuvée par l'évèqoe de
Saint-Brieuc, sous le nom de « Congrégation des sœurs du
Saint-Esprit n. En 1747, elle avait une maison dans chacun
(I) Elle fut inhumée dans la cilhiirtrale devant l'autel iIli Sicrd ou du
Saint-Sacrement, à l'entrée de la chapalle aetnelle des Trépassés.
BuLLHTiN ARCHÉOL. DU FrNisTÈRB.— To.MB XXV. 'Mémoiresl. 24
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 8Î0 —
des cinq départements découpés depuis dans notre ancienDC
province. En 1749, l'évéque appelle les sœurs à Quimper (1).
Trois sœurs arrivent et, par acte du 27 mars 1749,-
M" Cardé leur donne, rue du Séminaire, le jardin et la maison
que les sœurs du Saint-Esprit occupent encore, avec une
rente de 450 livres pour leur pension.
Ce don ne fut pas la seule bonne œuvre de M"" Cardé ; mais
ce fut la principale et celle qui lui donne rang parmi les
bienfaiteurs de notre vieille cité.
Six mois après (29 août) elle mourait, et u illustrissime et
Il révérendissime seigneur Annibal de Cuillé, ëvëque et comte
Il de Cornouaitle, présidait aux obsèques ». L'évëque avait
voulu donner ainsi un dernier et éclatant témoignage de sa
vénération à la bienfaitrice des pauvres.
En mourant, et pour dernière marque d'affection, M'û» Cardé
avait laissé aux sœurs le crâne de sa fille Louise-Marie. De
nos jours encore, les sœurs gardent pieusement celte relique.
Dix ans plus tard, le 4 juin 1758, mourait Marie-Josèphe
Gardé (2). Elle n'avait pas été mariée; elle avait une fortune
considérable, puisque, en 1750, elle est la plus imposée
de tous les habitants de Quimper sur le rôle de la capitation
bourgeoise (3j. Pourtant, ses héritiers ne se présentaient pas et,
le 9 décembre 1758. le présidial dut déclarer la succession
vacante. Les publications ordonnées eurent leur eflet; les
héritiers avertis au loin, par exempte à Semur et à
Pontoise, se firent connaître; la liquidation suivit et, d'un
commun accord, la vente de la maison se fit le 15 mai 1759.
(I) Pour plus de détails. Cl. Let lœurt du Sainl-Eipril à Quimper, par
J. TréTédy, 1888.
{%) Le lendemain , elle fut inhumée dans la tombe qui avait reçu sa
sieur et sa mère, et de ce jour (usqu'à la Révolution une messe tut dite
chaque année, le G janvier, pour tes membres de celle lamille. (Arch. de
l'Eyéché. Obitualre).
(3) Elle paie 250 livres; les plus imposés après elle n'en paient que 195
et 180.— Voir Rôk de la capitatim à Quimper (IBSTS par J. Trévédy.
n,g,t,7.cbyGOOglC '
Les acquéreurs furent Joseph -Jacques-Sébastien Gazon et
sa femme, Marie-Julienne Mauic ou Mavic (1).
Joseph Gazon avait le titre de conseiller du roi ; il avaitëté
directeur de la monnaieà Rennes,et était receveur des fouages,
vingtièmes etcapitation de Cornouaille (2i.
Le prix est de 6.013 livres payées comptant. La prise de
possession suit, le 6 juin, l'appropriement, le 28 septembre.
M. Gazon est un homme expéditif.
La propriété est bornée vers l'Est par le jardin d'une mai-
son ouvrant place Maubert et appartenant à M'"' Kersulguen
de la Villeneuve, marquise de Tinténiac ; le 15 avril 1761,
elle permet à M. Gazon d'ouvrir des jours sur son jardin.
De l'aulre côté, au Sud, le mur de M°" Bonaventure
Thérésien mariée à M. Le Dali de Kéréon menace ruine. Le
1" septembre de la même année, M. Gazon obtient l'autorisa-
tion d'assigner en réfection.
Peu après, le 34 juin 1761, les époux Gazon devinrent ac-
quéreurs de la seigneurie du Plessix-Erguéavec haute justice,
paroisse d'Ergué- Armel. Nous parlerons tout à l'heure des
droits et de quelques transmissions de cette seigneurie.
M. Gazon ne jouit pas longtemps de ces possessions dqu-
velles Le 6 octobre 1766. il mourut dans sa maison (3) ;
(1) La dame Gazon est aussi oommÈe Julie. San nora est écrit d'abord
Mauijc, puis Mavic par le chanKemenl de l'ii voyelle en u consonnne ou u.
l.'aDcienae orthographe Mauic semble la bonne.
(!) L.es époux Gazon demeuraient alors • près la place Saint-Coreatin.
anciennement Tour-du-Chatel, paroisse Notre-Dame • Auparavant ils
avalent demeuré (avant 171V, place Terre-au<Duc, dans la maison n* \
actuelle , au premier étage. Cette maison appartenait alorâ à Renée Le
Nobletz. femme de M. Le BecdeliËvre , premier présidenl de la Cour des
comptes de Bretagne.— Voir Une Maison de la place Terre-au-Duc, (lS9o|.
|3) Arch. des Regaires. Inventaire i. 7, 8 octobre 1766. — Nous allons
donner d'autres renseignements sur la tamiJIe Gazon dans l'étude Intitulée
Rolurieis hauts justiciers.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 372 -
et le lendemain ilfiit inbufflé â la cathédrale dans la tombe
élevée du Piessix-Ergué, dans la chapelle Saint-Christophe,
contre le pilier h l'entrée du cbœur à gauche.
Le 4 juin 1773, la maison allait être vendue de nouveau
par Julie Mavic, veuve « communière » et son (ils Joseph-
Marie-Anne-Guillaume-Corentin, seul héritier, déjà marié (Il
juillet 1761) à Marie-Catherine Bérolle. (1)
Les acquéreurs sont M» Guillaume-Michel Audouyn, s' de
Kerioer (PluguSan), conseillerdu roi au présidial,etsa femme
Jeanne-Françoise Droneau qui demeurent rue du Collège. Le
prix est de 7.000 livres et la vente comprend, est-il dit, « les
tapisseries peintes, les hoiseries et armoires d'attache. »
Mais voilà qu'avant la prise de possession, les 29 et 30 aodt,
les époux Audouyn reçoivent une assignation de Jean Gatien
Roullin, sieur de la Barbinière, et de sa femme Pierrette-
Louise Gazon Celle-ci, cousine germaine du vendeur de la
maison, prétend exercer le retrait /ijnoj/er: c'est-à-dire user
de la faculté accordée par la Coutume aui parents de proche
degré de retirer l'héritage des mains de l'acheteur en rem-
boursant le prix et les loyaux coûts du contrat.
On dirait que le conseiller au présidial a été tenté de résister
à cette demande, car, après l'assignation, il se hâte de se
mettre en possession, le 3 septembre. Mais le droit de la
retrayante est indiscutable. Le eonsetller se ravise et fait sage-
ment : il est indemnisé du prix et de toutes impenses, et tout
est dit.
M"" Roullin n'était, à ce qu'il semble, devenue propriétaire
de la maison que pour la vendre dès le 6 décembre 1777.
Ses acquéreurs furent k Messire César-François Le Gac de
Lansalut, chevalier de Saint-Louis, mestre de camp (colonel)
ui9, dés cette Époque, une autre maiaoD â
Dgilir^hyGOOglC
— 373 —
d'infanterie et sa feinme,Caroline, princesse de Bavière (Deux-
PoDts), comtesse de Sulzbach (1).
M. et M"^' de Lansalut avaient acquis et habitaient le
château du HilgQy (Plogastel-Saint-Germainl. C'est sans doute
comme pied à terre qu'ils acquéraient la maison de la dame
Roullin La princesse la trouva peut-Ètre un peu modeste.
Quoiqu'il en soit, dès le 15 octobre 1779, la maison était
louée à M. Mazé, procureur au présidial Le 20 décembre de
la même année , de locataires, les époux Mazé devenaient
propriétaires de la maison, qu'ils payaient la somme de
8.800 livres dont 3.800 versées comptant (2).
Mais la maison était, paralt-il, en mauvais état, et les ven-
deurs avaient promis certaines réparations avant la prise de
possession ; par exemple, ils devaient « faire les bois de cinq
fenêtres dont M. Mazé devait fournir les batans (^> n: ils devaient
en plus « donner un menuisier pendant huit jours pour les
réparations de détail que l'acheteur jugera à propos de faire
faire. » Quels ennuis ces conditions si simples allaient causer
à ce malheureux chevalier de Lansalut! Qu'on en juge par
ses lamentations! Il écrit le l^r janvier 1780 à M. Mazé :
« Tout est malheur I Monsieur, mes menuisiers viennent
de me quitter. Je ne puis donc songer à vous les envoyer,
mais faites faire vosfenètres les plus pressées. J'aurai bien-
tôt d'autres menuisiers et leur premier ouvrage sera pour vos
fenêtres. Le morceau de bois que je vous avais pris est tombé
en poussière au premier effort de ma scie : ce qui est d'autant
plus étonnant qu'il paraissait si dur qu'à peine la hache pou-
vait l'entamer. Tout est malheur, comme je vous le disais plus
(I Je doaQerai quelques détails sur M. el M" Le Gac de Lansalut dans
U Noie sur le Hilyuy, qui va suivre.
(2] La maison est vendue quitte de lods et ventes , C'est-à-dire du droit de
mutation dû au seigneur. C'est la première vente oâ apparaisse cette cod-
fSj Lire ballam. M, Mazé fournissait tes baltans ou vantaux, et M de
■ Lansalut devait les bois le (châssis, l'encadremenl).
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 374 —
haut. Mais voilà les plus petits : celui qui me touche le plus
c'est que j'ai reçu une lettre.,., etc.
« Adieu, monsieur ; portez-vous bien. Je suis avec le plus
sincère attachement votre très humble et très obéissant servi-
teur. Le Ch" de Lausatul. »
Je copie jusqu'au salut qui termine cette lettre afin de don-
ner un exempte de ta politesse dont usait un gentilhomme en-
vers un bourgeois.
Le chevalier de Lansalut remplaça ce bois ensorcelé qui défie
et repousse la hache et s'évanouit devant la scie : les menui-
siers revinrent, les réparations se firent, et les* époux Mazé
entrèrent en possession de la maison le 10 avril 1780.
Les vœux que faisait M. de Lansalut pour la prospérité de
M. et &!■"« Mazé furent exaucés. De procureur au présidial,
M. Mazé devint juge au tribunal ; d'heureuses acquisitions
augmentèrent son avoir ; et à leur mort en 1821, M. et M'^'^
Mazé laissèrent une fortune à partager entre leurs deux filles
Louise-Marie-Emilie, femme de M. Louis-Marie t^e Bescond
de Coatpont, et Pauline, morte sans alliance à Quimper. C'est
à cette dernière qu'échut la maison dont nous achevons l'his-
toire.
En 1864 ou 63, cette maison fut acquise par M. Le HénafI,
auquel elle appartient encore. (I)
Qu'il me soit permis d'insister sur un point de ma narra-
tion : l'acquisition par M. et M™e fîazon de la terre seigneu-
riale de Plessix-Ergué ; et de donner quelques renseignements
sur la seigneurie du Hilguydont le chevalier de Lansalut et sa
femme la princesse de Bavière furent possesseurs.
J. TRÉVÉDY,
Ancien l'réiident ilu Tribunal civil île Quimper,
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 375 —
XXVI.
LE CULTE DU SOLEIL
liA eÉlVÉRATIOIV PAR Ij E FEU
(Folek-lon da GapSizun et de rita-da-Seln.)
Les feux de la Saint-Jean ramènent, chaque année, le sou-
venir et la parodie de pratiques anciennes dont le sens primi-
tif s'est effacé et le mode altéré.
Dans le Cap-Sizua, qui a vécu longtemps isolé, presque
sans relations avec le reste de la contrée, vivant d'une
existence propre, les rites primitifs se sont perpétués avec
moins d'altérations ou de transformations que partout ailleurs.
Souvent, autour des feux de la St-Jean, lorsque le bûcher
était près de s'éteindre et la foule retirée , nous avons
remarqué des personnes âgées survenir, apportant cha-
cune sa brindille de bois , attiser à nouveau le feu, et,
pleines de recueillement, se livrer à des cérémonies toutes
différentes des farces usuelles qui venaient de se passer.
Nous avons observé, interrogé ces personnes ; nous avons
prolongé notre enquête durant plusieurs années, et avons
pu reconstituer en partie ces rites, tels qu'ils se pratiquaient
dans l'ancien temps.
Voici le résultat de nos recherches :
Le bûcher était entouré d'un cercle de neu/" pierres, appelé
Kelc'han tdn, le cercle du. feu.
On l'allumait en nea/" endroits différents, en commençant
par X'Orient.
Aussitôt que la flamme s'élevait, des jeunes gens, armés
de torches ou de tisons pris au bûcher, alternant avec des
jeunes filles, les cheveux épars sur le dos, et tenant à la main
une tige verte d'orpin (Sedum latifolium), défilaient pro-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 376 —
ceseionnellemeot, devant le foyer, en faisant trots fois neuf
tùurs. Nous n'avons pu déterminer, avec certitude, le côté
par lequel commençaient îea circonvolutions.
Les jeunes filles inclinaient, au-dessus du feu, les tiges
qu'elles avaient à la main, tandis que les jeunes gens agi-
taient, au-dessus de ces tiges, leurs torches enflammées, en
décrivant des séries de (rois cercles.
Le dernier des tours achevé, la procession s'arrêtait. Les
jeunes gens franchissaient, en sautant, trois fois, le foyer ;
puis, s 'emparant des jeunes filles, les balança i en t neuf îois,
au-dessus du feu, en faisant l'invocation : — <t an nao !...
an nao !.,. an nao !... »
Les-jeunes gens se répandaient ensuite à travers la cam-
pagne, décrivant, avec leurs torches, des cercles de feu, en
criant, à tous les échos : — «an nao ! . an nao '...an nao ! . . n
pour indiquer que le rite mystérieux était accompli.
Les jeunes lilles, au contraire, entraient chez elles, pour
accrocher, aux poutres, les tiges qui avaient été passées au
feu, etquidevaienl, comme conséquence de ce fait, sans terre,
sans eau, suspendues en l'air, croître, fleurir et fructifier-
A rile-de-Sein, on allumait (rots (eux. La procession des
torches se faisait au déchal de la mer, à l'extrémité Est de
l'île, en inclinant toujours la flamme vers l'orient. Ces feux
exerçaient une influence sur les éléments ; ils ramenaient
le calme sur la mer et dans l'air, pendant leur durée.
Le lendemain des feux de ta Saint-Jean, tout travail était
interdit aux jeunes filles, même le travail de la maison.
Ces cérémonies sont les restes du culte du soleil, ou la
génération par le feu.
Le bûcher, (â/iTAD, le /"ew père, entouré d'un cercle de neuf
pierres et s'allumant à l'est, du côté où le soleil se lève, c'est
l'emblème de l'astre qui ranime la nature, donne le germe
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 377 —
La plante verte qui a reçu, par le feu, ce germe, est l'image
de la terre, de la nature, fécondée par le soleil.
4m nao, les neuf, cest le nombre des mois que l'enfant est
porté dans le sein de sa mère ; l'espace de temps que la
graine, confiée à la terre, met â germer, croître et fructifier.
C'est aussi le nombre des degrés qui constituent la famille
indo-européenne, (1) comme le nombre trois, indiquant celui
des degrés de parenté en ligne directe (2), est la base de
cette famille.
Une autre cérémonie qui se pratiquait anciennement à
r extrême pointe du Raz rappelle également ce mythe.
Après qu'une lande était défrichée et que la terre avait
reçu, pour la première fois, la semence, les laboureurs, avant
de quitter le champ, réunissaient, en faisceaux, leurs ins-
truments, les manches fichés en ferre. L'un d'eux se hissait
sur les fers, et debout, tourné vers l'orienf, prononçait les
mots magiques : — « annao'... annao\...annao\... », qnî
devaient attirer la fécondation sur le champ.
Actuellement, l'herbe de la Saint-Jean passe pour possé-
der des propriétés merveilleuses :
Sortie de la flamme du bûcher, on la pose toute fumante,
sur la figure, pour donner la clarté aux yeux, fortifier la vue.
C'est un signe de vie dans ta maison où elle croit ; un .
signe de mort, avant la fin de l'année, là où elle se flétrit,
ou tombe.
Lumière et vie ! toujours l'ancien culte du soleil.
H. LE CARGUET.
(1) Trois en ligne directe ascendaQte, trois en ligne directe descendante,
, trois en ligne collatérale.
(D'Arbois de Jubainville, d'après Leisl. — Revues des Iradltîons popu
'aires - 1898 - p. Î92).
(2) Père, grand 'père, bisaïeul.
(_ id - p. 289).
n,g,t,7.cbyGOOglC
L\ MILICE ET LES GARNISONS
iD PATS DE Gifiiiii m loms HT
I.
I<ea Cittutributiona militairea de la ville
de Cnrhaix
et le logement de« troupes.
Au commencement du règne de Louis Xllt, la France
présentait encore le spectacle d'un sol hérissé de forteresses,
villes et châteaux aux murs crénelés et flanqués de tours.
Pas de bourgade, un peu importante, qui n'avait sa ceinture
de remparts et ses portes solides. Derrière les remparts des
villes, sous la voûte de leurs portes, les bourgeois armés à
l'intérieur du château, en cas de péril, et les manants assu-
jettis au droit de guet et de garde, veillent à sa défense. La
décadence des milices urbaines commence vers le milieu du
règne de Louis XIV, avec le démantèlement des villes de
l'intérieur. La ville de Carhaix, dont les fortifications avaient
été jalousées par beaucoup de cités bretonnes, la ville de
Carhaix qui fut prise et reprise six fois consécutives, tantôt
par un parti, tantôt par un autre, pendant la guerre de suc-
cession de Bretagne, se vit déconronnée, privée de son
enceinte, déchue des splendeurs guerrières des anciens
jours. De son passé de ville fortifiée, elle n'a conservé,
sous Louis XIV, que quelques restes de murailles éparses
et délimitant à peine sa vieille enceinte ; en plus deux portes :
la porte de Rennes et la porte de Motreff; et un gou'
verneur : Messire Anne de La Haye (1), seigneur comte de
(1| Demeuraot eu château de la Haye, paroisse de SaiDl-Hilaire, évêehé
de Rennes, il intervient avec dame Louise-/! les a ndri ne de Canaber, sa
lemrae, dans le contrat d'acquêt de la maison des Carmes, à Carhaix,
(i iuillct 1U8T).
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 379 —
La Haye Saint-Hilaire ! Elle voit se modifier le rôle qu'elle
devra remplir à l'avenir, pour contribuera défendre l'intégrité
du territoire du royaume. Carhaix aura à subir les taxes
militaires, les logements de troupes, à aviser à l'élection et au
tirage au sort de la milice : de forteresse il est devenu une
caserne et un cantonnement occupés, tour à tour ou simul-
tanément, par les compagnies de milice de Lenoncourt et du
régiment de Carman, les soldats Irlandais, les dragons d'As-
feld et les compagnies de marine.
Rien ne peut mieux faire saisir cet aspect de la
ville et des charges militaires qui l'accablent que les Déli-
bérations de ta eommunauté de Carhaix, telles que nous les
retrouvons dans un registre de ses assemblées ne com-
prenant malheureusement qu'une période de dix ans : du
i" juillet 1687 au 30 mai 1697. ,
■ Les renseignements que nous analysons, ou que nous ex-
trayons de ce cahier de 81 folios, sont des documents irrécu-
sables, nous présentant au jour le jour, la vie municipale aux
prises avec les difficultés de moments, souvent bien graves
dans l'histoire générale de la patrie
1" juin 1789. — a Le S' sindic remontre que mondit seigneur
le duc de Chaulnes !uy a envoyé un ordre du 24' mai dernier qui
ordonne aux syndic et habtttans de cette ville de fournir les trois
soldats quOD doit à la compagnie du sieur de Boisglé, bien armés
de rusils, dépées, de deux chemises, dune cravatte et de souliers à
chacun, suppliant la communaullé de donner un prompte ordre pour
le fournissement desq, trois soldats, leurs habillements, armes néces-
saires et largent quti sera nécessaire de leur fournir pour leur con-
duitte au camp de leur capitaine. »
Il est donné ordre au syndic de faire toutes avances sur
les deniers de la communauté « parce qu"il sera faict humble
n,g,t,7.cbyGOOglC
supplique à mond. seigneur duc de Chaulnes de lavoir pour
agréable ».
22" juin 1690. — m De la pari de M' Pierre Le Dissez a esté
remoniré quil y a ordre au sieur de Querdetlau, siDdic de la corn-
munaullé, de faire des logemens pour liiiict compaguies de milice
quy doibveul passer eu celte ville samedy et dimanclie prochain
pour faire lesq. logement et il est nécessaire de nommer des per-
sonnes de lad. coramunaullé pour les signer en l'absence dud. siear
sindic (l). Sur laq. rcmoutrance il a esté délibéré que pour faire lesq.
logements et signer les billets ont estes nommés les sieurs de Vil-
laudré el de Quergovin et Dissez et quîls se trouveront chez Mon-
sieur le séneschal à deux heures de relevées pour faire lesq. billets. »
22" décembre 1690. - b Le sindic a reçu un ordre de M. de
Pomereu du 18 uovembre dentier « pour livrer un sixième daug-
menlalion des fouages pour la subsistance du régiment des dragons
de'Bretaigne et pour le payement des oBBciers des trois régiments
des milices de ladicte province, n
Dans l'assemblée du 6 février 1691, le syndic Jacques
Pourcelet, S' de Maisonblanche, dans une sixième remori-
trance, expose que :
« Pour faire à iadvenir les logements des gents de guerre comme
ils doivent esire faits et pour esviler aux embaras et contestations
qui peuvent arriver el pour le soullagement tant des troupes que
des habitants de cette ville, il requiert qu'il plaise à la comnnaulté
nommer telles nombres de personnes quelle avisera pour faire les
logements dans les occasions joinctement avec le sindic. »
La communauté de ville en conséquence nomme à cet
effet Mons' de Pennanec Le Gogal, Monsieur de PouUoudu,
Monsieur Vachet et Mons' de Villandré conjoinctemenl aveq
led. sindic.
a Et travailleront pour ce subjeci les uns en labsence des auUres,
et tous ceux qui prétenderoni des exceptions de gentz de guerre
(i) Le ayndlo était pour lors ù la tenue des EUts de la proïinte.
n,g,t,7.cbyGOOglC
metlrernnt les titres de leurs exemptions enlre les maios dudil
siodic pour sur iceux recepvoir les ordres de mond. seigneur de
Pomereu. »
Le 11 mai 1691, le syndic requiert l'assemblée de ville
réunie sous la présidence du sénéchal : il a reçu uoe lettre
du maréchal d'Estrées et copie d' " une lettre du Royescrite
au camp devant Mons le 10^ avril dernier ». Par ces ordres
un Te Deum et un feu de joie sont demandés.
La communauté décide que te dimanche suivant, ces
ordres recevraient toute leur exécution.
Mais, dans l'assemblée du samedi 19, le syndic re-
montre avoir tcçu du maréchal d'Estrées copie de la lettre
du Roi écrite à Versailles, le 19 avril 1691, avec un ordre du
maréchal daté de Nantes, 8 mai, <t pour faire chanter le
Te Deum et faire allumer des feux de joy dans cette ville
suivant la vollonté de Sa Majesté, powr la prise de Mons. »
B La communauté a esté d'advis que les feux de joy seront
allumés demain prochain à lissue des vespres après que le
Te Deum aura esté chanté & la manière occoustumée ou
assisteront tous les corps tant esclésiastiques quauttres con-
formément à la vollonté de Sa Majesté n.
Assemblée du 5 décembre 1691. — « Le sieur sindic remonire
avoir receQ des ordres de monsieur des Grassières, conseiller du
Roy en ses conseils el inspecteur général de la niarinne, daité à
Brest le 30' novembre dernier pour leslabEissemeni dun corps de
garde en celte ville : lequel sera fait aux frais de la communaullé
à la réserve du bois et do la chandelle que le Etoy fournira, et
comme monsieur Theus, commissaire ordinaire de la marinue, est
venu en cette ville suivant les ordres de Mons' des Grassières pour
choisir un lieu propre pour ledit corps de garde et quil a destiné
dans la maison de la demoiselle Dieulangard, près cle la principale
place de celte ville, et chargé ledit sieur sindic dy faire faire des
lils de camps el de fournir douie paillases et vingt el deux cou-
vertures de laine, comme aussi deux guéritles pour les sentinelles.
n,g,t,7.cbyGOOglC
lëd. steuF stndic prie Messieurs de la comtnunaullé de nommer telles
personnes quilsjugeroDl à propos pour r^ler avecq lad. demoiselle
Dieulangard le louage des appanemenis que led. sieur Theus a
destiné dans lad. maison pour le corps de garde, et pour y loger
les bois, fagots et charbons que Sa Uajesté y fournira, comme aussy
pour traltler avec des menusiers et charpenliers pour faire les lits
decamps et guériites ei faire lesd. achaps de couvertures et paillasses
nécessaires au corps de garde i>.
« La communaulté délibéra ut.... est dadvis que Ion paye à lad.
demoiselle Dieulangard pour led. corps de garde la somme de
vingt livres par mois,si mieux elle uayme faire régler lesd. logements
par Messieurs les commissaires, pour laquelle /ournira la cbambre,
greniers et lits pour lofficier comme aussy est la communauté
dadvis de donner pour chaque guérîtle douze livres. Laquelle somme
Trémeur Le Tallec a ofTerl de les faire et atnsy, pour les deux, luy a
esté adjugée la somme de vingt-quatre livres comme estant celluy
qui a fait la condition de la communaulté meilleure, et pour faire
les lits de camps et fournir les planches nécessaires, la communaulté
est dadvis de donner quarante sols par douzaine de planches
placée sur des trétauts, k laquele somme Jacques Biron aussy
menuisier a fait offre de taire lesd. lits cl fournir les planches,
parcequil le retirera après le corps de garde levés et quon luy four-
nira les clons pour attacher les planches ; lesqueles led. Biron
rendera au sîndic quy sera lors eu charge. Pour le paiement des-
queles sammes ei pour les achapts des couvertures el paillasses se
pourvoira led, sieur sindic vers led. sieur Miseur saisy des deniers
dociroys de cete communaulté ».
Le syndic ayant reçu ordre du commissaire du Roi à Brest,
M. de Bouridal, du 3 du môme mois de décembre, au sujet
du logement de deux cents cinquante cavaliers de troupes
irlandaises [l], et fournissement de fourrages, il est invité par
l'assemblée de ville d'exécuter ces ordres, et au cas où il
(1) Jacques II venait de quitter Saint-Germain pour, vers ta Un de
décembre, passer la revue de ses troupes en quartiers d'hiver à Saint-
Brieuc, Saint-Mato et Dinan,
n,g,t,7.cbyGOOglC
serait utile d'aller à Brest s'entendre avec M. deBouridai, il
est autorisé à prendre du miseur les deniers nécessaires,
17 décembre 1691. — Le syndic notifie quil a reçu de
Quimper le mandement
« pour anssy lever sur les contribuables aux fouages de Carhaix
le diiL-huicliesme d'uu fouage en enlier, nionlant k qiiatorse sols
huit deniers par feux, pour le paiement et appoinlemenl des oRlciers
du milice et la double paye des sergents qui sont en- la province,
comme aussy des deux sols par jour pour chacun des soldats de
celle ville et dix-huit livres dix sols pourl'habillemeut et armement
de chacun soldat conformément aux règlements du 29' novembre
1688 et 2- octobre dernier o.
Le syndic requiert la nomination d'asséeurs et de collec-
teurs
(1 pour la cueillette de ces deniers, mesme pour la reslilution
de ceux adcenus par led. sieur sindic aux "oldats de celle ville
desputs le f jour de jannier derni-r stiioant les quittances qu'il
metiera entre les mains de messieurs les esguailleurs ».
5 février 1692. — Nouveau mandement daté du 1" de ce
mois pour levée de taillées « pour garnisons entretenantes
et places fortes de cette province, n
28 juillet 1692. — « Ce jour (après le départ de la poste), la
veuve du sieur du Menez de Kerdelleau, ancien miseur de Carhaix,
proleste pour répondre el déduire les raisons pour lesquelles la
communauté a été dadvis de faire loger une nuict par estapes un
officier du régiment de Lenoncourlen la maison de ladite demoiselle.
« La communaulté ce dellibérani sur lad remonirauce estdadvis
que led, sieur sindic inITorme monseigueur le marquis de Nointel
que les raisons pour lesquelles on a donne son logement à la veuve
dud. sieur de Kerdelleau sont en premier lieu parce que sur sa
démission elle a faict pourvoir par H. le genneral Dondel le siciir
de Pennanguer Le Discz en lad. charge el en tous les honneurs,
gages et privilèges y atlribués, lequel dit Disez a esié sur ledit
titre exempté de logement; en second lieu, que lad. veuve a re-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 384 —
DODcé à la communaulé de son mary, peadaul laquelle M, cbargs
a eslé acquise, et en troisième lieu quelle eH femme marchande
et acluelkment faisante commerce de marchandise de draps de
layne et de strye
a Et que bien loin que lad. communaullé ayant en cella faite par
tengence, on ne la fait que par l'obéissance aux ordres du Roy par .
ta nécessité de loger le nombre de cinq cents hommes dud. régi-
ment de LeuoDcourt...., déclarant ce uéanltmoins se référer à lad-
venir à tout ce quil plaira à mond. seigneur de Noinlel en ordon-
Jeudy T aoust 1698. — a Le sindic réclame le remboursement
de la somme de « vingt et sis livres seize sols quil auroit payé
aux « soldats de millice diid, Carhaix pendant quils y oui estes en
quartier dhyver dernier, suivant les quittances quil présente, n
17* novembre 1692. - « Le sindic expose que la veille il a reçu
ordre du marquis de Nointel pour préparer des logements à cin-
quante dragons du régiment de SUly pour y prendre leurs quartiers
d'hiver. Le commissaire des guerres, mons' Chenaye, a bien expli-
qué que, pour décharger l'habitant, il y auroit à leur fournir, dans
les maisons disponibles, que le lit et les écuries. Il requiert eu
conséquence que l'on nomme « des personnes intelligentes », pour
choisir les maisons qui aideront à faire les achats de foins et
d'avoines , pour désigner les habitants qui fourniront les lits et
meubles nécessaires, etc. )>
La communaulé est d'avis a que l'on se serve du presbitaire
dud. Carhaix comme estant actuellement vide , saufT au cas quil
arrive un viqnaire cy apprÈs a estre pourveu pour son indemnité
ou logement ainsy quil appartiendera , et que Ion se serve des
escuries de François Mével et de Jacques Birou. Il sera fait un estât
des personnes qui fourniront les lits jusques à la concurance de
vingt et six, parceque le sieur sindic en fera aussy faire estât pour
en charger lofiBcier et les rendre de la mesme manière et au mesme
estât, comme aussy de ce qui se trouvera dans led. presbitaire (1)
(t) Délibriration du S novembre I6JJ : n le procureur terrien de la pa*
rolsse de Plougner-Carhaix requiert la coaiinunauLé de contribuer aui
l'éparatioBS deinandi^cs par le S' viquaire au subject de son presbitaire. •
n,g,t,7.cbyGOOglC
885 —
et pour faire Testai coDcemaDl le founiissemeol desdîts lits, a
nomme M" Thomas Esmarc, Yves Nozac'h et Ollivier Reuel. »
n Eu second lieu le syndic remontre a qu'il ne lui est pds possible
dobijger les villageois des environs de cette ville de voetturer les
malades et bagages des trouppes qui passent par cette ville quoique
les officiers fassent olTre de les payer suivant tes reigtements et
comme il aura ce jour en cette ville dix compagnies de milices du
régiment de Lenoncourt qui obligeront le sindic de leur /oumir
cinii ou six chareltes, il supplie M" de la communauUé de délibérer
de quelle manière on poursuivera lesd. villageois de faire lesd.
voëstures en payant »
— • La communauUé est dadvis d'envoyer des garnisons chez les
villageois qui reffuseront de fournir les charettes et harnois néces-
saires. . . auUres qui ont fournis les dernières années ».
22' novembre 1692. — Un officier dedragonsest venu exprès
visiter les logements dans la maison destinée à cette fin, <c il
a trouvé qu'il y avoit trop de lits dans chaque chambre,
alors qu'il n'y fallait pas plus de trois lits aveq paillasces,
couettes de pleumes, traversins, des draps et couvertures «.
Il a réclamé de plus une maison pour loger le commandant,
ses officiers et équipages, et un n magasin pour mettre les
fouragqs et de plus de payer vingt et cinq livres pour le droict
d'entrée de lad. compaignieet pareille somme pour la sortie » .
H La Communauté décide que le lieutenant colonel soit logé chez
la demoiselle de Villandré et ses domestiques dans la cuisine et le
Cabinet y joignant, et le reste dans une chambre chez le sieur
Chenenu, et le lieutenant et Cornet (1) de lad. compaignie chez la
demoiselle Dieulangard, le maréchal des logis chez le sieur de Poul-
riou. pour le logement des dragons une chambre â trois lits chez
Hademolselle Mesguen, dans celle de Louis Fonteuay, une chambre'
sur le devant et la cuisine en-dessous, le magasin de fourages est
indiqué chez Jan Le Boy. Les lits qui sont supernumérairs au pres-
byiaire seront transportés dans lesd. maisons, et on nommera
(l| Lisez Comette.
B0LLKTIN ARCHÉLO, DU FiNISTÈHB.— TOUB XXV. (HémoirOS). 35
n,g,t,7.cbyGOOglC
d'autres habitants pour founiir d'autres lits : trois habitants sont
nommés pour visiter et faire placer ces lils. La communaullé nomme
de plus des égailleurs et collecteurs pour la somme du droit de 50
livres pour entrée ei sortie, et marque que les chevaux et équiiwges
du sieur collonnel seront logés dans lescurie de la maison des
Lavcnal au haull de la rue des Àugustins n.
9* feburier 1693. — Demande par le S' Rison, fermier des
devoirs, du remboursement d'une somme de 3,514 livres,
avances faites, etc.
o La commuaaulté ce délibérant n'ayant pas de fonds pour le
payement et le remboursement de la somme deubz aud S' Rizon,
consent sous le bon plaisir du Roy et de mond. seigneur de Noinlel
que les articles mentionnés en larresl du conseil dn 22' juin
1681, soint reiraicts pour le temps de trois ans senllement,
scavoir les deux cents livres attribuées à la charge de conestable
lapritmt vacante demeure relranchi, que la somme de SOO litres
attribué au médecin par arrest du conseil du 14' avril 1688 sont
réduits à 100 livres, que In somme de 33 licres adjugé au gref-
fier sera réduite à 13 livres et celle de 30 lirres pour l^sonneur
de cloches sera retranché pour ledit temps parceque le herau sera
obligé de sonner ta campane pour les assemblées auquel sera payé
la somme de 30 livres sur celte de 36 licres ; la somme de 55 livres
pour lorloger sera réduite à 30 livres; la somme de 50 licres
pour lorganisie attendu quil ni/ en a pas, a présent retranché
souffdla rétablir par cy apprès quand il sen troutera. et quon
sescera de faire les parés pendant lesd. trois ans, pour lesquels
estait atribué la somme de cenlz livres par an, n
l" mars 1693. — La communauté vote que sur la somme
de 36 livres qui est demeuré entre les mains des collecteurs
il sera pris 18 liv. 10 s, pour être employé à larmement et
habillement d'un soldat de milice d'augmentation.
n,g,t,7.cbyGOOglC
21 mars 1693. — La communauté nomme des a
collecteurs à l'occasion d'un maudement :
« Pour faire asseoire sur les habitans coniribuables aux fouages
ia somme île 61 sols 11 deniers sur chacuo des Teux pour la levée
des garnisons et entreliens des places ferles de celte province pen-
dant laonée présante, et en outre 8 deniers pour livre de iad. levée,
scavoir 2 deniers pour le recepveur gennera et 6 deniers de droits
de quittance. »
10° décembre. — La communauté enregistre un arrêt des
états de Vannes dressé par les commissaires du Roi :
« Ordonnanl qu'il ne sera fait à lavenîr aucunes dépulations
pour les communaultés de ladite province, hors la ville de leur
rasidaïuce vers les personnes constituées en digniiés, soil pour les
affaires des communaullés ou pour leur rendre des civilités,
mesrae pour leurs réceptions k leur passage dans lesdites villes,
qu'ils n'en ayent recett une permission expresse par escril, etc. u
16' décembre 1692. — La veille, le syndic a reçu la visite
de l'inspecteur général de la marine : il exige l'érection d'un
corps de garde, des guérittes et des lits de camp avec des
paillasses, pour deux compagnies de marine : le temps pres-
sant, le corps de ville invite le syndic à s'entendre avec les
oliiciers, à chercher une maison et à convenir des conditions
avec le propriétaire,
21' décembre 1693. - « H. de Carlaigny (1) depulté par Sa Majesté
pour la police des troupes de marrinnes », a choisi pour corps de
garde les deux boutiques « apparlenanl au sieur Drégan sur la place
principale de celte ville >. Il réclame quon y fasse faire une che-
minée, des li(s de camp, deux guérittes et un râtelier. ■
La communauté est d'avis que, pour les boutiques desti-
nées pour le corps de garde, il soit payé au S"" Drégan sept
livres par mots; la cheminée sera faite par Hervé Fraval,
magon, pour 30 livres, à lui de fournir pierre, bois et tous
(1) Le nom est ainsi orthographié; esl-ce de Kertanguy qu'il faut lire?
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 388 —
les matériaux ; et de « rétablir la couverture s, les lits de
camp par Jean Le Masson, menuisier, pour 10 livres, « à
charge de fournir les boissages nécessaires > ; le marché
ayant été fait au rabais.
23* décembre 1693. — Le syndic a reçu un mandement de
M. de Nointel, en date du 12 novembre.
a Pour lever sur les coulribuables aux fouage^ un soult huit
deniers par jour pour la pari et porlion que Ion doit pour le soull
par jour ordonné pour chaque plasce dofflcier cavallier el dragons
eblaut en quartier eu celte province, comme aussy pour (ouruir aux
douze compaignies de cavallerie et douze autres de dragons^ de dix
jours en dix jours el par advence la quaotiié d'une ralion el deray
de fourage par jour à raison de quinze livres de foins ei de cinq
hvres de pailles, et de dix huit livres de foins sans pailles au chois
de ceux qui en feront la fourniture, et des deux tiers d'un bois-
seau advoine par ration dont les vingt et quattre boisseaux font le
septier mesure de parris, dont sera remboursé sur le pieds de cinq
sols par chaque ration entière par le trésorier de tex Ira ordinaire
des guerres, el le surplus du prix à quoy se montera lad. ratioo et
demy imposé sur les contribuables aux fouagcs de cette ville par
jour pendant centz cinquante jours dud quartier dhyver, el sera
led. un sols huit deniers remis entre les mains du S' de Chanri-
pauU, reccpveur des fouages de cette esvéché de dix [ours en dix
jours et par advance, le tout suivant et conformément à l'ordon-
nance». Notification est faite d'un autre mandement du 16 décembre,
mettant au compte des mêmes contribuables aux fouages h la
somme de quatorze sols huit deniers pour le payement et appointe-
ments des officiers des trois régiments de milice de cette province
et la double paye des sergents, conformément aux ralglemenls du
Roy du 29 novembre 16S8 » — et de plus de la « somme de dix
huit livres dix sols que cette paroisse doit fournir pour leur habille-
ment et entretiens outre le soult pour livres pour les taxations attri-
bués par ledit du mois de janvier dernier. »
9' janvier 1694. — « De la part du S' sindie a esté remontré que
Jan Le Nez et Jan Petit, collecteurs des deniers et taillées imposées
sur les contribuables aux fouages dud. Carhaix veinrent hier au
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 889 —
soir dire aud. S' siodic que le S' de Chsmpripaull auroit refuse de
recepvoir d'eux le contenus aux rolles qui leurs auroieut esl^ remis
entre mains fauie de payer aussy le terme du mois de septembre
dernier et pour ce auroit vouUu emprisonner lesd. sieurs. Petit
et Jan Durand, leurs consorts, qui e«( demeuré en otage aud,
Quimper, attendant le payement dud. terme de septembre aveq
les inlirest jusques d entier solleclion dud terme ».
Le syndic déclare qu'il « n'a pas été resaisi du mandement relatif
à la levée de septembre et réclame que l'on nomme en conséquence
' des asséeurs et des collecteurs. ■
La communauté choisit à cet effet des asséeurs et des col-
lecteurs, mais stoïquement ne marque aucune préoccupation
du sort du pauvre « otage n qui se morfondait dans une
pénible attente à Quimper-Corentin.
Les impositions s'accumulaient et à peine avait-on le temps
de les enregistrer qu'il fallait les effectuer i à Carhaix, on se
fatiguait et on opposait une dose considérable de force d'inertie
aux réquisitions répétées qui y parvenaient chaque semaine,
si bien que le « héro m avait beau clamer et la campane faire
entendre les appels les plus pressants, la communauté ne
pouvait délibérer par défaut de délibérants.
On reçoit signification de nouvelles contributions à lever au
sujet de l'augmentation d'un quart des deniers d'octroi de la
communauté <> pour faire l'acquit de la finance des taxes
faittes pour les charges de p' du Roy et greffier de lad.
communauté suivant larrest du conseil du 22 may dernier. >
On convoque la communauté le 27 juillet 1692. Or, à
cette assemblée nous trouvons le sénéchal, le bailli, le
sindic, le procureur du Roi et le greffier, lesquels rédigent
la protestation suivante :
« Nous nous sommes trouvés en la maison de ville publique dud.
Carhaix. et attendus que les babitlans de cette ville ce sont point
trouvés à la communaulté après avoir esté advertis par plusieurs
ois par le héros et par le son de la campaue à la manière accous-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 3«0 —
lumée, nous déclarons nous relire à leurs périls et forlunnes et
prioDs led. sieur sindîc d'envoyer la présente dellibération à mon-
seigneur le marquis de Nointel affein de lesupliertrès humblement
de faire un règlement pour obliger les liabilans de cette ville de se
trouver aux assemblées de lad. communaullé lorsquil sagira des
affaires du Roy et de lad. communauté. »
Aux assemblées de ville, à Carhaix, on ne fut ni plus fidèle
ni plus exact, et l'on entendit bien souvent encore le syndic
semoncer les absents plus nombreux, hélas ! que les présents
aux délibérations de la communauté.
Pour les logements militaires, la ville trouva d'autres
difficultés de la pari de récalcitrants prétendant être
exemptés de cette charge. En tête de ces protestataires nous
trouvons la dame de Kerellan et Claude Le Goacoin, caba-
retier. Ils en avaient référé à l'Intendant, et la communauté,
comme on peut le voir plus haut, avait décliné toute respon-
sabilité dans leur imposition, rejetant la faute, s'il y en avait,
sur les asséeurs et collecteurs. Dans l'assemblée du samedi,
27 février 1694, après d'amères remontrances et instances
désespérées sur le paiement des contributions à lever, le
sénéchal entretient la communauté ;
« Qu'il y a des paniculiers qui prélandent avoir des exemptions
sans les avoir fait connoislre. Mondil S' te sénéchal a interpellé la
communaullé de se dellibércr sur lesd, prétendues exemptions,
scavoir pour le moulin n tan du petit Carhaix audelà de lafféage-
meut quy se paie annuellement au Roy, le four à ban de celte
ville, sur l'excédant de l'^ifféagemeut quy se paye annuellement au
Roy : comme aussy H' le lieutenant de celte ville publie partout
quil a des exemptions et que les maisons nobles ne doivent pas estre
comprises dans lad. répartition : scavoir celle ou il demeure sittué
au millieu de cette viDo consistant dans un grand cerps de logis
dont partie est affermée à la demoiselle de Kerellan pour la somme
de cenls livres, court, jardin, collombier ; une petite maison en
despeudanl affermée à M' Guillaume Fontaine pour la somme de
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 391 —
trente livres et nne Torge afTermée à Jan Petit pour la somme de
([uinze livres, plus autre maison silluée proche la porte Motreff
baslie joiguaut une antienne tourelle de guéritle de la ville alTerniée
à Claude k Goatoin pour la somme de cents vingt et trois livres.
Le sénéchal requiert que la communauté délibère immé-
diatement à ses risques et périls et se retire dans la chambre
du conseil. La communauté s'engage à faire agir conformé-
ment aux instructions reçues. Qu'en advint-il ? Le registre
des délibérations s'arrête précisément là. En tous cas. nous
voyons plus tard encore la famille Claude Le Goacoïn regimber
et refuser de soumettre cette contribution et cela, sans trop
s'inquiéter des formes, comme on pourra le voir. Le 24 mai
1701 (1), Thomas Emarc, syndic de Carhaix,donne un billet à
deux soldats de la compagnie de Berry pour aller loger chez
le « gendre de Claude Le Goacoïn o. La femme Goacoin en
prit une telle colère qu'elle pénètre en ouragan dans le Cabi-
net du syndic « sans avoir esgard au respect qu'elle lui
dehvoit o. Elle demande, avec furie, au syndic pourquoi on
avait imposé des gens de guerre à son gendre, et le syndic
de répondre, avec douceur, que c'était l'ordre du Roi, Cette
femme alors de protester a quilavoitmenty, quil faisoit cella
par son caprice, quil estoit un coquin, elc i. Celte créature
acariàtremenacelesyndicdesonmaria qui l'au roi t repassé ■
■ etquilauroitsuquelemploi faire de sa fourche i. Onditq'MC
la nuit porte conseil : quoiqu'il en soit, le lendemain matin
trouvant la dame du syndic sortant de la messe, elle l'in-
sulte avec la dernière vivacité," la menaçant même de mort ».
Thomas Emarc requiert du bailli Ch.OlymanddeKernéguez
un châtiment sévère i Après le permis d'informer de ce der-
nier, nous trouvons la mention suivante : « Je déclare me
désister de ma plainte et information parce qu'elle ma (ait des
excuses. Signé : Emarc, syndic.
(I) Plainte du ^ mal 1701.
- n,g,t,7.cbyGOOglC
— 892 —
Que s'était-il donc passé ?
Nous découvrons au dos de la plainte du syndic de
Carhaix, les annotations suivantes qui ont aussi leur élo-
quence et qui en disent assez long dans leur concision,
(( Claude me doit pour laccomodemenl el fraix 21 liv. ce
31 may 1701, ayant payé 10 liv. à Emarc pour laccomodemeut et
la prison de la femme dud. Goacoing payé Tors cinquante trois
sols. - Le 13aousil702.
Le service militaire féodal était depuis longtemps tombé
en désuétude, seuls le ban et l'arrière-ban qui appelaient les
nobles et les possesseurs de ficfs à servir le Roi en temps de
guerre furent conservés jusqu'à la fin du XVll' siècle.
Comme le dit un historien (1) « l'époque de la Chevalerie
s'est terminée par la comédie que donnaient les levées de l'ar-
rière-ban B.
Dès le Xyi" siècle, on dit des possesseurs de fiefs de
l'arrière-ban qui s'équipent eux-mêmes et que le Roi appelait
sous les drapeaux pour un temps déterminé : » c'est pauvre
chose B ; (2) cent ans plus tard, Vaubanles appelle « les plus
méchantes troupes du monde n. « Si quelques-uns de ces
gentilshommes ont du courage et de la bonne volonté, la
plupart sont pauvres et mal montés. En 1G93, ceux de l'Ile-
de-France se rendent à la Hougue soit sur des bidets, soit
par le messager. » C'est chose honteuse, écrit Matignon,
» que le mauvais état des compagnies. C'était qui d'ailleurs
a s'excusera et fera valoir ses privilèges ou sa misère pour ne
B point partir, et ceux qui partent, de quelle vanité, de quelle
a indiscipline, de quelle inexpérience ne font-ils pas preuve ?
ce Susceptibles, querelleurs, tapageurs, ils savent mieux déli-
llj La vie militaire sous l'iiDciea régime. — Les soldats par Alb.
Babeau. p. 23.
(2} Commeatalres de La Noue.
n,g,t,7.cbyGOOglC
a bérer qu'obéir, parader OU se dérober que combattre. «On
se garde bien de les mettre sérieusement en ligne dans la Cam-
pagne de 1674, et selon l'expression d'un des leurs (1) « on
« se contente de les montrer à l'ennemi comme des marion-
« nettes ».
Le noble ne joue plus de rôle dans l'armée que lorsqu'il
est enrégimenté et qu'il porte l'épaulette d'officier. (2)
Aussi, il nous semble que la convocation du ban et de
l'arrière-ban, en 1691, ne dut pas troubler excessivement les
esprits : l'armée déjà devient plus militaire en même temps
que la nation devient moins guerrière, 11 s'établit une grande
différence entre le civU et le soldat ; et cette différence en
s'accusant ne fait plus prendre au sérieux ces débris, survi-
vants de la grande époque féodale, ces guerriers intermittents
dont le service dure à peine un trimestre. Nous Usons aux
délibérations de la communauté de Carhaix (Assemblée du
29 mars 1691) :
<t Hond. sieur le sénéchal ayant te jour de hier receu les ordres
du Roy pour la convocation du bi<n et arrierban et d'uoe lettre de
Sa Majesté sur ce subject aveq un aultre lettre de Monsieur le maré-
chal Destrés du 14' de ce mois : pour lequel subject, il a fait assem-
bler la comniunaulté de cette ville affln de faire lire lassemblée de
Nantes, les déclaratioûs et règiemenis du fett roy Louis traize des
anaées 1635 et 1639, la déclaration du Roy du 3' feburier dernier,
la lettre de Sa Majesté du raesme jour, pour advertir tous ceux qui
sont subjects audit ban et arrierban de se thenir iocessammenl prestz
au jour et lieux qui leur seront dessinées à ce mellre eu armes,
montés et esquipés sellon qui sont theuus pour le service de Sa
Majesté conformément aux susd. ordonnances, attendus mesme que
la plus part des habitants de celle ville tant à raison de leur qualité
(tl Claude Joly.
(2) et. op. cit. p. 23-24.
n,g,t,7.cbyGOOglC
personnelle que des flefTs et terres nobles quils poscëdeni sont
obligés de servir laDt led. ban et l'arrierbaa conformément h linlen-
tion de Sa Majesté. •
Aux archives départementales nous avons trouvé la décla-
ration suivante, adressée par Guillaume de Gouzillon au
sénéchal de Carhaix.
Cette pièce nous a paru intéressante à conserver en ce
qu'elle reproduit les états de service d'un ofRcier cornette de
territoriale à cette époque,
« Je soubs signe Guillaume Gouzillon, escuyer, sieur de Kervern,
cornelle de la compagnie colonnelle des gentils hommes de lévesché
de Tréguier, Lorsque les officiers furent levés ie demeurois au
manoir de Kermeno, parouesse de Plougouver audil évesché de
Tréguier, et avoir servy tout lesté de lan mil six centz septenle six,
Nostre cartier estant on la ilk de Ifsnecen, ei au moys doctobre
mil six centz quatre vingt huict nous pasames en reveue à Uorlaix
devant Uonsienr le marquis de La Coste, lieutenant du Roy, autre
reveue que nous fismes à Belisle, le traiziesme avril mil six centz
quatre vingt neuf devant Monsieur de Carsauson, lieutenant-colonel
du régimenl, et aultres reveues du ciuquiesme juin mil six centz
quatre vingt dix à la ville de Guingamp devant Monsieur le mar-
quis de La Coste, lieutenant du Roy. Et je demeure appréssnt au
lieu noble de la Garenne-KeranHecb, paroisse de Pislivien, évesché
de Comouaille, soubï le ressort de la cour de Carbaix, déclare pos-
séder le lieu Qoble de la Garenne et en jouir par main pouvant
valloir ta somme de deux centz livres par chacun an, cbarges
rabattues. Laquelle déclaration j'alBrme véritable pour eslre fourny
à Monsieur le sénéchal premier juge audit siège de Carhaix pour
obéir aux ordres du Roy et ceux de mondit sieur le séuéclial com-
missaire, ce vingtiesme avril mil six centz quatre vingt douze.
« Guillaume Gouzillon, escuyer. »
n,g,t,7.cbyGOOglC
_ 395 —
IL
Iie« fraude* «t réliellioiM k l'Accasion
de 1* milice.
licrs Dragons. — Hacolemeiit et recrutement.
JHaraudeurs et déserteurs.
Les Cahiers de 1789 enregistrent, dans tous les termes
possibles, le sentiment unanime de répulsion qu'inspirait
partout le service de la milice, ce service militaire singuliè-
rement restreint et limité, surtout si on le compare de bonne
foi à celui qni n'a cessé d'être exigé en France, depuis 1793.
Le cahier d'Avron, dans la sénéchaussée d'Aix [archives
parlementaires. T. III. 7} déclare : « Il est injuste de forcer
" malgré lui, un homme à embrasser un état périlleux o.
C'était le sentiment général alors, de ces populations de
France, qui par suite d'une évolution sociale qu'il serait fort
difiicile d'analyser, donnent à l'armée ses enfants et, sans
marchander, les plus belles armées de leur existence, non pas
avec résignation mais avec le sentiment d'un devoir à accom-
plir dans tout ce qu'il a de noble et d'impératif, de raison-
nable et d'inévitable.
Le service de la milice, somme toute, et c'est là qu'on
comprend moins les résistances, était assez peu pénible. Il
était plus nominal que réel en temps de paix. Son organisa-
tion, variant selon les temps, ne fut qu'une sorte de réserve
territoriale pour l'armée ; troupes sur lesquelles on pouvait
compter pour former de gros bataillons lorsqu'on les aurait,
à l'heure du combat, encadrées dans des régiments composés
de ces soldats de métier et de vocation qui, au jour où tout
semblait perdu, sauvaient l'honneur du drapeau et les desti-
nées de la France.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 396 —
Les miliciens, en temps de ^erre, étaient envoyés dans
les places fortes : en temps de paix, ils étaient astreints à
des revues périodiques de peu de durée, qui ne nuisaient en
rien aux travaux des champs. Laissés dans leurs foyers, ils
ne pouvaient quitter leur paroisse pour plus de deux ou trois
jours sans permission, ni se marier sans autorisation de
l'intendant : eu revanche, combien de contrevenants !
C'est Louvois qui, en 1688, établit les milices : le recrute-
ment eut lieu d'abord par voie d'élection, et les habitants
réunis en assemblée générale étaient appelés à désigner
ceux qui devaient en faire partie, <t en la forme usitée pour la
nomination des collecteurs «. Le recensement de tous les
célibataires de la paroisse dont la taille atteignait au moins
cinq pieds de hauteur, était fait d'une façon sommaire et
était lu, au sortir de la grand'messe,parle syndic oulemar-
gu illier.
L'élection était un hommage rendu au principe d'après
lequel les communautés pourvoyaient elles-mêmes à l'acquit-
tement des charges qui leur étaient imposées :pourvu qu'elles
payassent, on leur laissait le choix du mode de solution
et de payement.
Cette méthode ne put se maintenir : les nominations don-
naient lieu à tant de brigues, de marchés et d'abus d'inlluen-
ces, que pour les faire cesser, trois ans après l'établissement
de la milice, le tirage au sort dut être substitué è l'élection.
Ce tirage au sort qui semblait devoir sauvegarder les dehors
d'une certaine impartialité, rencontra encore les mêmes
fraudes : les exemptions nombreuses, mal jnstifiées, parfois
d'une iniquité criante que nous allons énumérer.
Nous trouvons d'abord le milicien « victime du sort n , cher-
chant à corriger sa mauvaise chance par des moyens abraca-
dabrants : par substitution d'un autre en son lieu et place, par
exemple.
n,g,t,7.cbyGOOglC
I,e 24 mai 1701, Alain Chevance avec son fils Henri, de la
paroisse de Bothoa , requiert plaintivimenl du bailli de
Carhaix « la protection et sauvegarde du Roy et de la Jus-
tice n , contre les vengeances et rancunes d'une famille
influente de cette paroisse de Bothoa, dont les membres et
alliés en sont venus à des voies de fait très graves contre
les suppliants, au sortir de la messe matinale, le dimanche
précédent, à Saint-Éloy. D'où venait cet acharnement? —
Hervé Le Bihan était un des soldats de milice désignés par
le sort: c'est contre lui, ses deux frères et une demi-douzaine
de cousins ou cousines, que la plainte est adressée.
« Los jeunes genls de la paroisse de Bothoa, ayani esté obligé de
tirer au sort devnnl vous (le bailly) pour fouruir le nombre de soldats
de [oellicc a quoy elle a esté fixé, le sort serait arrivé à Hervé Le
Bihan en son absance, et lequel ayant esté mandé pour prendre
le billet de «on engagement pour laq mellice et recevoir sa solde,
leq. Hervé le Bihan voullant user de surprise au lieu de se
trouver en personne fit venir devant vous ledit Alain quy se
faux nomma, ledit Hervé Le Bihan à quy le sort est arrivé:
lequel n'estant de hauteur pour le service de Sa Maieslé, (1) et
mesme estant informé de la surprise que l'on a vouttu vous faire
vous renvoyale lequel Allain Le Biban et avés maintenu led Hervé
pour soldat estant capable de servir. »
La famille Le Bihan soupçonne véhémentement les Che-
vance de la dénonciation : le bailli, Charles Olymant de.
Kernéguez, certainement au courant de cette tentative faite
pour le berner, devait être fort bien disposé à écouter la
prière des plaignants réclamant une « punition exemplaire
■ attendu que sy lesd. soldats de mellice et leurs parants
B seroient tollérés à faire de pareille assassinats et désain
a préméditté, ils tiendraient tout le peuple en subiection I »
(1| Ce doit Ctre apparemmeoi uq courtaud, loin d'atteindre la taille de
cinq pieds au mifâmum exigés pour avoir l'boa neur d'f Ire admis au service
du Roi.
n,g,t,7.cbyGOOglC
D'autre part, une plainte fort bien détaillée nous informe
qu'à Plouyé, en 1693, un procureur terrien un peu industrieux
pouvait se faire des revenus au moyen d'exemptions dolosives,
s'il s'entendait à favoriser ce jeu de passe-passe et de
passe-droit, où il pouvait penser que l'on n'aurait vu que
du feu. La plainte de Maurice Le Dantec et de sa femme
jette un jour peu édifiant sur le train de la vie municipale à
Plouyé.
a A Monsieur de Pomereu, intendant de la province
de Bretagne,
" Vous remontre très humblemenl Maurice Le Dantec et Cathe-
riae Le Lichou, sa femme, pauvres ménagers et paroissiens de
Plouyé.
n QulIs sont obligés davoir recours à vosire justice pour tacher de
se rédimer de l'oppression que leurs fait Guillaume Riou, procureur
terrien de ladiile paroisse.
« Lequel par ladvis des parroissiens (en aparanse) prit le nommé
Jean Le Louarn fils d'un des ricbes paisants de la parroisse pour le
rendre en qualité de soldat a son capitaine dans la vîlle de Carhatx,
mais il arriva queslant rendu ans fauxbourgs de laditte ville, il le
laissa s'esvader en fabueur de la somme de soixante dix escus en
sorte que depuis on ne la veu dans le quanton,
• Que le dimanche suivant ayant supposé et dit auxdils parroissiens
que ledit Le Louarn luy avoit esté hosté à lenlrée dudit Carhaix par
des gens inconnus, il nomma en son lieu et place pour soldat le
nommé Louis Le Caro lun des ciuq gar.;ons en tous capable de ser-
vir, du plus opulant habitant de laditte parroisse, et cela prosnalle-
menl, quifust trouvé capable et agréé par te gennéral de laditte
parroisse, mais parceque le pure de Caro finança aussy une somme
considérable d'argent audit Riou et à deux o't trois autres habi-
tants de laditte paroisse, ses partisants, cette nomination dudit
Caro quoyqne publicque et noltoire à tous les parroissiens na point
eu deffecl.
« Ce Caro ayant esté ainsy excusé par la faveur de sa bource,
lequel Riou prit et arresta dans le cimetière dudit Plouïé le mardy
n,g,t,7.cbyGOOglC
douziesme de décembre dernier jour de feste à l'heure de la grande
messe le QOmmé Guillaume Cam ausisy fils d'un riche liabîlant de
ladilie parroisse. disaol quil le faisoit de lordre du gennéral dé lad.
parroisse parce qu'il avoil esté trouve plus capable de servir en
quallillé de soldat pour laditte parroisse que ledit Le Louaru et
Caro quy avoient esté cotés cy devant nommés, mais parceque
aussy ledit Cam finança audit Riou el à ceux de sa cabale, ce quils
TOullureni e^iiger de luy d'argent, on ne l'a pas non plus obligé de
servir ou ny de se présenter non plus pour estre enrollé.
Ce n'est pas là tout, car ledit Riou, procureur terrien et les
"autres de sa cabale et de son party au nombre de trois, apprès
avoir ainsy voilés trois familles de ladilie parroisse dans le particu-
lier, il a bien voulu esercer une autre vollerie sur tous les parrois-
siens dudit Plouïé en gennéral parceque sous prétexte des fraits
quil luy avoit convenu faire et advances, se dlsoii il, pour la nomi-~
nation desd. Louarn, Caro et Cam, et fournir à ce qu'il fallait au
soldat, comme chemises, souliers, habit, chapeau et autres néces-
sités, il avoit de son auttorilé privée et au moyen de ses cabalisles
assis une cottisalion par forme de taillée sur le gennéral de la par-
roisse de la somme de cinquante cinq escus qu'il a réaumenl et de
fait touché et qu'estant un fait publicq et une contravention for-
melle à vos ordres, mérite d'eslre réprimé afin que pareils abus
soient supprimés pour l'advenir de celte paroisse et autres voisines »
H Apprès quoy ledit Riou se rendit dans la demeure des suplianls
la soirée dudit jour h minuict accompagné de qualtre de ses caba-
lisles et prirent Jean Le Danlec, leur fds, dans sou lit el le menèrent
avec eux au bourg dudit Plouié, et le lendemain le menèrent à
Carhaix et le consiiluèrenl prisonnier aux prisons dudit Carhaix où
il est depuis et prétendent ly retenir pour lobliger de marcher en
qualité de soldai pour laditte paroisse la campaigoe prochaine.
H C'est de la prise et de I emprisonne ment de leur fils et du pro-
cédé hardy et violent dudit Riou et de ceux de sa caballe, ses com-
plices, quesl le subject de plainte des pauvres supltants. Lesquels
estants a-igés chacun deux de soisante-cinq ans, et partant inca-
pables de se gaigner seroient sur la fin de leurs jours réduits à la
maadicilé si les malversations dudit Riou en ceste rencontre estoient
...Google
— 400 —
tollérées. Car U ny aurait point de justice que plus de vingt
familles de taditle pavoise plui riclus et que dans chacune délies
Uy a pour le moins trois qualire et jusq-es à dncq garçons, tous
capables de servir, d'entre Usqueh sont lesdils Louam, Caro et
Cam soient excusés pahcb qu'ils sont biches et qu'ils ont financé
et quoy Uur a demandés ce que ce soit, •
A Spézet en 1700, on est tout aussi hardi et ingénieux :
on ne songe pas pour sauver le milicien à rayer son nom de
la liste des vivants ; on se contente de le rajeunir de deux ans
en lui fabriquant, de toutes pièces, un acte baptistaire corres-
pondant à l'âge qu'on désirait présenter au bailli pour in-
firmer la décision du sort. Messire Jean Heydon, l'intrépide
recteur de Spézet, se charge lui-même de nous narrer la
chose par le menu, dans la plainte qui suit aux juges de
Carhaix.
PlaiDie du 8* novembre 1700 de noble et discret messire Jan
Heydon recteur de la paroisse de Spéhet, disent que le danger con-
tinuel ou il se trouve de délivrer joumelement des extraits depuis
deux registres dans lesquels sont compris les cahiers baptistaires
de la paroisse pour les années 1671 , 12, 73, 74, l'obligent de veiller
à sa sœurold pour obvier à la délivrauce des quelques faux extraits
dont lesdits registres se trouvent confusément remplis surtout au
folio 44 recto du cahier de 1673, où il se trouve un extrait baptis-
tère periJnement faux et malicieusement fabriqué en faveur d'Yves
Morvan fils Robert et de Catherine Pasquet, le tout en veu d'obvier
à la nomination dud. Mortan choisi pour la milice danstamesme
paroisse et cela par l'autorité et le ministère de M" Xfle Boulic
cy-devant curé de la inesme paroisse ri de Marie Trédien grefflire
de Spéhet laquelle a souscrite et signée ledit extrait et faict daller et
relater du saise may y£7J quoique par le cahier baptistère de 1671,
folio 41 reclo, il se trouve un autre extraict du baptistère dudit
Yves Morvan en dalle du 5 mars 1672 signé des mesmes Boulic
et Trédien,
Ce projet de fallise se trouve enlierremenl vérifie par la veu des
deux registres dans l'un lesquels led. Yves Morvan était en aage
n,g,t,7.cbyGOOglC
— AM —
requis par la déclaration du Roy de servir dans ses troupes de mi-
lice au lieu que daos lautre registre de 1673, Il se trouvoit mains
aagë duQ an et hors de danger d'estre soldat.
Le suppliant ne veut pas entrer cç>mme partie dans une poursuite ;
ce qu'il réclame c'est qu'on lui permette de déposer au greffe du
siège, ses registres pour quils y soient « vériftés.certés et examinés
sauf l'intervention de M. le procureur du Roy pour l'intéresl
public » ; donc il se déclare désaisi de ces documents.
Sur ordouuance du sénéchal, Jean Raguideau, le procureur
général donne acte, le même jour sauf à prendre telles conclusions
qu'il appartiendrait, mais l'affaire fut évoquée au parlemeni, et en
voici les motifs.
Les iutéressés, accusés du faux, maistres Pierre el René Jonniaux
et la femme du premier, Marie Trédien oui caballé, entrepris si bien
le recieur de Spézet, que le dimanche, veille de la ToussaincI
dernière ils l'ont empêché de remplir ses fonctions curialea ; ils ont
suscité de faux témoins qui ont été démentis. Malgré tout à Carhaii
aucune suite n'est donnée a l'affaire.
« Comme led. René Jooneaux lun desdits accusés tant de crimes
cy-dessus que de l'effloration d'une pauvre mineure de la mesme
paroisse, a toujours esté fortement faoorisé de la protection
ordinaire de la famille dud. substitut , le suppliant ne peut
espérer d'agrément en la juridiclion royalle de Carhaix, mais
pluslosl un excès de fateitr pour lesd accusés, il réclame avec
instanc* l'autorité souveraine de la Cour, u II supplie donc le Par-
lement de Rennes d'évoquer ces diverses causes devant sa Cour
n el en conséquence faire commandement au greffier dud. Carhaix
de rendre incessament au greffe criminel de la Cour tant lesdites
plaintes, informations en conséquence que toutes les charges résul-
tantes desdites instances, raesme la requesle et les registres baptis-
maux y attachez et déposez au greffe dud Carhaix et tout ce quia
esté mis et observé tant de la part dud. suppliant que de celle de
Marguerite Bosser, fllle mineure, pour sur la plainte de tout eslrc
réglé et ordonné ce quil appartiendra. »
Satisfaction fut donnée au recteur de Spézet et le com-
mandement de la Cour fut notitié au greffier messîre Jacques
BcLUTiN ABCHËLo. DU PiNiSTiHB.— ToiiB XXV. (Mémoires). S6
n,g,t,7.cbyGOOglC
— i02 —
Larcher, sieur de KerincufT et son commis M' JeaD Jourand
Et l'on vit bien qu'il y avait des juges ailleurs qu'à Berlin !
Dans cette collection variée de guerriers malgré eux vou-
lant se soustraire au servicede Mars et de Bellonne, nous trou-
vons le milicien qui, désespérant de se faire porter • décédé •
sur les registres du bailli, tente du moins de se faire passer
pour agonisant et prés de rendre le dernier souffle. La
scène, assez macabre, du reste, se passe à Brasparts, en
1701, et est empruntée au Cahier des Délibérations du gé-
néral (1700-/735), ainsi qu'on peut le lire, à la date du 31
juillet 1700.
« Assemblée eu la (^apelle Sainte-Barbe, tien ordinaire des déli-
bérations a été délibéré qu'attendu que le nommé Jacob Le
Paoule, premier nommé des trois soldats sur lequelsle sort esi
tombé (à l'endroit de la dernière convocation faite de la jeunesse de
la paroisse en la ville du Faou) a voulu donner à croire être dé-
tenu de maladie depuis que le sort lui est tombé, s'étant même
fait administrer les Saints-Sacrements, Eucharistie et extrême-
onction, quoique par le bruit couiniun el relation de la plus part
des habillants et de ses pins proche voisins, on dit que sa prétendue
maladie est simulée et feinte, sera visité de jour et d'heure h autre
è la diligence el frais de sou père el autres proches, par médecin
ou cbirugien non suspect, ce quil sera tenu de faire ions les vingt
quatre heures, au défaut sou dil père sera appréhendé au corps, t>
Le 8 septembre, à l'assemblée du général, il fut déclaré
que • la fraude et feintise » étaient dûment constatées.
Les hommes assujettis au tirage recouraient enfin à la
mutilation : cette opération était difficile à constater, et nous
avouons qu'au cours de nos recherches nous n'avons pas
trouvé trace d'informations criminelles à ce sujet, La fraude
pouvait se dissimuler si bien, sous les apparences d'un acci-
dent fortuit, que les présomptions n'osaient s'y arrêter.
Le moyen le plus élémentaire de se soustraire à la milice,
c'était, somme toute, la fuite pure et simple, dans une mai-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 403 —
son amie où on trouvait hospitalité et grande pitié, et oCi l'on
était disposé à repousser, au profit du fuyard, la force par
la force, comme l'indiquent les scènes tumultueuses que nous
rapportons ci-après, avec les circonstances de dépenses faites
pour s'emparer des miliciens récalcitrants.
Un cahier d'informations faites par le bailli de Carhaix au
sujet de la dépense dans les paroisses de Duautt, Plus-
qitellee, Plouyé, Trébivan, la Feuillée et Plourarck, par des
dragons envoyés en garnisons dans lesd. paroisses pour
faire fournir des soldats de milice, nous édifiera au sujet de
ces expéditions dispendieuses et coûteuses pour ceux qui
avaient à en solder les frais,
— Guillaume Jannou, hoste débitant vin au bourg de
Duault, vers minuit et demie, le 4 avril 1696, vit arriver chez
lui deux dragons, de la compagnie de Saint Joary, au régi-
ment d'Asfeld.en quartier à Callac, Ils font chercher le pro-
cureur terrien qui arriva en compagnie d'un M' Joachim Le
Lagot . ces derniers furent surpris par le point du jour, tenant
tête aux deux dragons, le verre en main. Pendant leur quatre
jours de garnisons, ils burent u nuit et jour », en société
d'autres dragons de Callac venus les voir ; le 14 avril, deux
autres dragons arrivent en garnison et firent diner avec eux
sept des notables « du nombre des douze hommes nommés
pour faire les affaires de la paroisse n ! Ils réclamèrent qu'on
leur fournit « des confitures sèches, la meilleure viande et
le meilleur poisson qu'il y avolt dans le pals n. Ils exigèrent
de plus douze livres en argent, ce qui porta la dépense à la
somme de cent soixante dix livres quatorze sols ! »
A Trébivan, deux dragons se présentent, le 4 avril, chez
Joseph-Michel Thépault, hdtellier : ils déclarent venir en
garnison au sujet delà milice etdemandent àboireetàman-
n.giti^.cbyGoOglc
— 404 —
ger. On leur refuse en demandant leur ordre de service.
Alors ils conduisent la femme de Thépault au presbytère
où on trouve le lientenant de la compagnie et le maréchal des
logis attablé avec le recteur qui expliquent que ces garnis-
saires doivent vivre à discrétion : On fait chercher le procu-
reur terrien qui tremble peu rassuré sur le compte de la
discrétion de ces militaires : il recommande toutefois la plus
grande libéralité à leur égard et prend même part à leurs
libations.
Le pauvre hAte fait s'assembler ■ les douze hom-
mes chargés des affaires de la paroisse ■> et tout per-
plexe, leur demande s'il serait payé : les paysans boivent
avec les dragons jusqu'à trois et quatre verres de vin coup-
sur-coup, avec a les principaux de la paroisse >>,si bien que la
note à payer présentée par l'hûtelier de Trébivan monte à
la somme de cent quarante deux livres trente sols, dont le
procureur terrien a payé une partie ; cela pour treize jours
d'une hospitalité qui coûtait peu aux dragons, mais dont ils
faisaient part large et généreuse à leurs compagnons d'armes
du Faouet qui venaient les voir à leurs moments perdus.
S'il faut en woire Louise L'Olivier, hôtesse, l'orgie prit
de plus formidables proportions à Plourach. — Le dimanche
soir, 8 avril, les quatre dragons en garnison à Plourach, de
la compegnie de Sailly, logés chez Thomas, autre hdtellier
au bourg, vinrent prendre chez Louise L'Olivier treize bou-
teilles de vin, les dix ou onze dragons qui se trouvaient
chez Thomas étaient accompagnés du chirugien-major ; ils
prirent d'une part 37 et d'une autre 38 pintes de vin, et 20
sols de tabac. Le 30 avril, le s^ Rémy lieutenant de la. com-
pagnie arrivé au bourg avec plusieurs dragons réquisitionne
58 bouteilles de vin et à diner pour « deux meneurs de
t litières qui estoient allés quérir les dragons blessés et de
" l'avoine pour les chevaux, n Le s' , Rémy menaçait de
n,g,t,7.cbyGOOglC
- 405 —
retourner à Carhaix et de revenir à Plourach • avec mil
dragons ». Ayant avisé dans le pincitre une jument pleine
appartenant à l'hôtesse, il s'en empara pour l'envoyer chez
Thomas, a pour sûreté des quarante sols qu'il disoit être dû
par jour à chacun desd. dragons ». La jument maltraitée fit
une perte : la note à payer fut en tout de soixante six livres
dix sept sols. »
A Plouyé, la garnison séjourne douze jours a beuvant et
mangeant continuellement s : Jeanne Le Cours fut forcée de
leur donner en argent, en quatre différentes fois, la somme
de trente quatre livres sept sols, « et ont beu et mangé chez
elle pour cent douze livres dix neuf sols », ce qui fait un
total de cent quarante sept livres six sots.
Le procureur terrien, le fabrique et les membres du corps
politique ont bu et mangé une ou deux fois avec les dragons,
elle cite leurs noms de façon qu'on puisse avoir recours sur
eux pour une somme à déduire et payable par eux, évaluée à
trente livres.
A Plusquellec, l'hôtelier Jean Rivoal trouve chez les dra-
gons de Saint-Joary (du quartier de Callac), pendant leurs
six jours de garnison, et la même voracité et la même soif
inextinguible : aidés de leurs camarades venant les voir de
Callac, ils font une dépense de quatre vingt dix huit livres
six sols.
Dans les Informations, nous voyons intervenir Françoise
Lanhen (?) hôtesse de Plourach qui a hébergé quatre dragons
pendant dix jours : bombance comme ailleurs avec visite des
autres dragons de Carhaix et de Callac. Deux des soldats
ayant été blessés, il fallut traiter tes chirugiensde iacumpagnie
de Saitly et de celle de Saint-Joary, Montfort, chirugien de
Carhaix et " le nommé La Sonde se disant aussy chirugien
dud. Callac. » La note à payer se monte à cent dix neuf
ti vres dix sols six deniers, mais l'hôtesse a soin de déclarer
n,g,t,7.cbyGOOglC
— AOS —
que le » vin ayant manqué chez elle lesd. dragons en allaient
prendre chez Louise LoUivier aussy hostesse aud. bourg de
Plourach. «
Cette dépense de cent dix neuf livres dix sols dix deniers,
jointe à celle faite chez Louise L'OlIivier, de soixante six
livres dix sept sols, fournit an total de cent quatre vingt six
livres sept sols dix deniers 1
A La Feuillée, en avril, deux dragons de la compagnie de
Sailly, « nommés Saint-Louis et La Fontaine » se présentent
chez l'hôte Jean Le Dantec : par la déposition de ce dernier
on verra que l'accueil fait aux dragons n'emprunta rien du
caractère d'une calamité publique. II semble qu'il était
toujours facile de s'entendre. Si le soldat recherché
met une certaine coquetterie à se laisser désirer, aussitôt
trouvé, il se montre de bonne composition : après les salu-
tations usitées en bonne compagnie, il présente sa mère, sa
belle-sœur, ses cousines, se confondant en excuses, sur la
modicité d'une hospitalité qui se ressentait des ingratitudes
de l'endroit et aussi de la dislance des Montagnes d'Arhées
à Versailles,
Les dragons déclarent à l'hôtelier « quils étoient venus
tenir garnison, faute aux paroissiens de la Feuillée d'avoir
fourny un soldat de milice, et demandent à boire et à manger
et à luy faire parler au procureur terrien, et le lendemain
matin, le procureur terrien, nommé Salomon Le Bronnec,
François Bothorel, fabrique, arrivèrent avec lesd. dragons
et demeurèrent avec eux en compagnie de Gilles Tourtois,
et aprèi moir desjeuné, allèrent tous de compagnie chercher
le soldat de milice, nommé Alain, et l'ayant pris ils retour-
nèrent tous chez le diposant (le débitant) et beurent conti-
nuellement jusques au samedy matin quils amenèrent ledit
soldat d Carhaix. L'hôte de la Feuillée « dit que la mère
dud. soldat venait tous les jours voir son fils, laquelle beuvoit
n,g,t,7.cbyGOOglC
— AOt —
et mangeait toutes les fois quelle y venait et fut accompagnée
deux ou trois fois de deux cousines aud. soldat et de sa belk-
sœur, lesquelles se mettaient aussy à table et mangeaient avec
lesd dragons. Et nous a endore dit qu'Alain Le Fullou,
Barnabe Mével, le nommé Grall, de Kerbron , M" Henry
Hamon, Louis Teurtroy, et M" Jan Pezron, ont aussy beu
bien souvent avec lesd, dragons, aussy bien que Noël Mével
et Henry Pichon, de manière que la dépense qui a esté faite
chez luy se monte à soixante quinze livres trois sols. »
Nous avons parlé plus haut de l'expédition des dragons à
Plourach i elle fut tragique et les soldats de Sailly eurent à
y subir une véritable esuarmouche, ainsi qu'il ressort de
l'înlerrogatoire fait par te sénéchal, le 8 avril 1696, en la
maison de Georges Thomas, hôtellier au bourg de Plourach.
Le 6 de ce mois, vers huit heures du matin, le procureur
syndic de cette paroisse accompagné d'un notaire et de cinq
paysans prièrent le premier brigadier de la compagnie de
venir avec eux arrêter le soldat de milice nommé pour leur
paroisse : celui-ci prit trois dragons pour escorte. Arrivés
au domicile du réfractaire, ils trouvèrent portes closes. Alors
le procureur terrien et ses témoins les conduisirent à Res-
taubic, où il y avait d'après eux « des bœufs apfiartenant ■
aud. soldat de milice ou à ses parents et l'un des paysans qui
accompagnaient le procureur entra dans l'eseurie et destacha
quatre beeuffs qu'ils sont estants mis en debvoir de les con-
duire avd. bourg ». A l'entrée d'un carrefour, les dragons
reconnaissent un des députés qui o avoient beu avec eux le
soir précédent », Une trentaine d'hommes et de femmes l'ac-
compagnaient armés de fourches de fer, de tranches, de
faucilles, de fléaux, etc. : les femmes se précipitent sur un
des dragons, Joachim Noël, et une grêle de pierres accable
l'escorte de toute part. Noël reçoit nn coup de faucille à la
main. Deux paysans embusqués derrière un fossé portaient
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 40S —
chacun un fusil. Un autre dragon Jean Le Quellec, tomba
frappé mortellement.
La lutte avait été acharnée eties pièces à conviction remises
à la justice donneront à le comprendre : c'était « un sabre
sans foureau dont le bout est cassé, et sa poignée faussée et
tout remply de terre, un fusil dont la crosse est détachée du
canon, le reste du fusil tout cassé, plus un autre canon de
fusil dont toute la crosse est emportée et partie des fers et le
canon cassé. Et un autre bout de fusil cassé presque par la
moytié sans crosse, toutes lesquelles armes avons fait dépo-
ser au greffe, etc. »
Un procès-verbal de r^ftefiion, déposé entre les mains du
sénéchal pai* M' Philippe Estienne, huissier audiencier, le 6
mai 1696, nous fournit le même tableau de résistance et de
sauvagerie : la scène se passe dans la trêve de Lanriven, en
la paroisse de Bothoa.
Aux Ans de l'ordre a lui donné par le bailly subdélégué de M. de
Noinlet, commissaire du Roi, de se transporter avec Joseph
Leguyader, trésorier fabrique et procureur Terrien de la irfeve de
Lanriven, paroisse de Bothoa, pour prendre et arrêter « les nommés
Charles Lecolier, Jan Le Pennerou, Rolland Le Magoron, emiens
soldats diterleurt, a scavoir deux d'entre eux ou, à leur defîaul,
deux de leurs proches parents ». — H' Philippe Esiienne, s'acquil-
lanl de sa commission, se saisit de la personne de Claude Le
Uagorou, frère de Rolland, le déserteur, voyant que toutes les
perquisitions étaient iouliles. Il se mellail en devoir de conduire sa
capture, u lorsqu'il entendit crier de force de loutle part que grand
0 amas et allluance de femmes, filles ou garsons faisait relanlir et
a saperceul que tous les habitants de tons les villages circonvoisins
venolent à la traverse des champs et des chemins fondre tant sur
luy que sur ses assistants, et le procureur lerien et le sieur du
Tertre, les uns armés de fourches, les autres darmes offansives et
antres instruments lesquels ayant entouré le supplyani de tout
cotté et surioul Henry Uagorou frère dud. Claude, Yves Sira saisy
n,g,t,7.cbyGOOglC
d'aoe palle, Yves DauDÎel et son valet etpoil blond (sic) saisy dune
fossille, Rolland Le PouppoD, Jean Le Rom, François Jolly, filleur de
laine, la belie-Ûlte de Guillatime Le Heur, la servante duq. Yves
Daniel, soutenue de son malKtre, Marc Le Poupon et autres des
nomëes et accusez auq. procès- verbal, auroient mallraîlé de coup
et assaiigné en l'endroit sans que la prudance de rostre tupiyant
troca le secret de s'en mettre à concert .... El comme cest attautat
aux ordres de Sa Majesté, ce mérite punition exemplaire >.
Aux portes mêmes de Carhaix, en Plouguer, nous voyons
en 1691 la môme rébellion, et c'est le sénéchal lui-même,
après le procureur terrien de Carnoët qui constate les déser-
tions croissantes des élus de la milice.
La paroisse de Carnoët avait bien désigné Jean Le Razer,
pour soldat de la milice ; il ne parut point à la revue passée
par le S' de Plainville, commissaire des guerres de la pro-
vince ; le procureur terrien sur réquisition répond n'en pou-
voir fournir d'autres " attandu qu'aussy last qu'ils sont notn-
« mes ils se cachent et reffugient dans les paroisses toisineg
a comme a fait led. Razer en la maison dud. Jacquet », «a
village de la Villeneuve, paroisse de Plouguer- Carhaix. Le
Jour-même de la revue, 15 mars 1691, Jacques Abiven, nom-
mé Basseville, sergent au régiment de Carman, de la compa-
gnie du S'' de Boisglé, prend avec lui cinq soldats et se pré-
sente à la Villeneuve, vers quatre heures de l'après-midi.
Là on s'empare de Razer « qui est un jeune garçon fort bien
I fait et capable de porter les armes >. Une fois en route, le
réfractaire crie à la force : les habitants accourent, s'élancent
BuP les soldats, les menacent de leurs fourches et de leurs
pelles, si bien que le sergent et ses camarades durent lâcher
leur capture pour sauver leur vie, lapidés qu'ils étaient par
une grêle de pierres lancées sur eux avec accompagnement
d'imprécations de la plus grande violence.
n,g,t,7.cbyGOOglC
M. le chanoine Peyron, vice président de la Société archéo-
logique du Finistère, veut bien me communiquer un docu-
ment conservé au presbytère de Sainte-Croix à Quîmperlé.
Cette pièce curieuse en elle-même et dans sa rédaction est
précieuse, en tant qu'elle est un démenti de plus à cette asser-
tion de savants dont la compétence n'est guère contestée,
prétendant que le remplacement, la substitution n'existait pas
sous le régime de la milice provinciale (1). Or, le cas que nous
présentons ici est, bel et bien, un cas de remplacement agréé
parle capitaine de milice et souscrit par toute une paroisse.
Le premier avril 1C96, deux notaires, A requête de Jean
Le Calvez procureur terrien de la paroisse de Tréméven,
arrivent au chef-lieu de cette communauté < en lendroit du
poste communion de la grande messe célébrée par M' le R'
de Tréméven ». Avec Yves Tamic, fabrique, se trouvèrent
assemblés nombre de paroissiens « faisant le corps politique
et la plus saine maire voix d'icelle paroisse » : vingt cinq
d'entre eux sont désignés par leurs noms.
Le procureur terrien remontre ;
Que le Roy ayani par ses édits ordoné que lad. paroisse de Tré-
méven eut fourni un soldai pour son service pendant la guerre,
ce quelle a falcl tous les ans depuis le comencement des guerres ;
mais corne le nomé Le Driau qui éloit allé à In campagne der-
niirt au serrice nous le comartdement du S' Chefdnbois capitaine
de milices au régiroenl de Guébriant n>s( menv de retour de lad
campagne, c'est pourquoy led. S' de Chefdubois de lordrc de S. M.
auroit ordoné auxd paroissiens de fournir incessament un soldat
pour faire en leur acquit la campagne présente Ainsi led. pro-
cureur terrien ayant trouvé le nomé Alain Vosselain de la me du
(1) Tocquevîlle et Boutaric ont alIIrmË d'une manière absolue que le
remplacemenl était interdit dans les milices,
(fanoien régime p 120). [InstituUons mililairea p «4).
,yGooglc
— m —
Goiréqner dnd. Quimperlé présaot en personDe, qui s'est volontier
offert d'aller pour lesd. paroisniens au service du Boy pour le
temps de trois ans en faneur de 4S livres par an, lequel Vasseltn
8 esté mesme agréé par Icd. S' Capilaine.
Partant led Jan Le Calvez a requis lesd. paroissiens de délibérer
ce louchant ou de nomer liindentre eux pour aller audit service,
ou bien de trouver quelques autres personnes capables qui veuille
y aller à meilleur marché.
Sur quoy lous les habitants ce délibérant onl unanimement
demeuré d'accord avec led. Alain Vasselin, des conditions qui suit:
Scavoir que led . Vassclin promet et s'oblige par corps et sur le
gage et vente de lous ses biens daller au service de Sa Majesté
pour lesd. paroissiens de Trémèven sous le comanderoeni du
S' de Chefdubois on tel autre qui sera en sa place et aux endroits
et lieux où requis sera, pendant trois ans consécutifs à comencer
la prochaine campagne. Pourquoi Taire le général des paroissiens
de Tréméïen promettent de payer aud.Vasselinlasometie iSiiore*
par chacun an et campagne qui sera payable le jour ou celui qui
prendera ladite campagne, et pendant trois ans à comencer cette
année, et pourra outre led. Vasselin faire deux queates par an :
l'une do bled el l'autre de viande parmi lesd. paroissiens ou chacun
lui donnera sa volonté durand lesd. trois ans. Et au cas où par
malheur led. Vasselin revient de larmée estropié dans un étal à ne
pouvoir gagner sa vie, dans celte occasion pourra led. soldat faire
encore une qneste par an daus lad. paroisse pendant quil sera
estropié de la sorte et outre aura led. soldat tes deux solds par
jour durant le quartier dhiver les années quil fera campagne.
A tout ce que devant faire, fournir, tenir et accomplir se sont
lesdites parties obligés. Alain Vasselin, a signé, mais tous les autres
ct-devant només h la réserve du S' recteur affirmant ne savoir
signer, et doutant que lad. paroisse de Trémèven est une petite
paroisse champestre, nous n'avons pas pu trouver de prudhom-
mes pour signer à leur requête •.
Alain Vasselin, de la rue du Gorréquer à Quimperlé,
contracte donc un engagement volontaire et se soumet à
une véritable adjudication ; mais bien avisé, pour qu'il n'y
n,g,t,7.cbyGOOglC
— ^42 —
ait pas mécompte, il prévoit toutes éventualités possibles, et îl
pose, en conséquence, les conditions précitées ; lesquelles
acceptées. Sa Majesté n'aura de plus fidèle milicien que « le
soldat de Tréméven ». D'ailleurs, au moment du tirage le
milicien recevait d'ordinaire de la communauté ou de ses
camarades une somme d'argent qu'en cartains pays on appe-
lait eonvenîion. Cette indemnité qui avait pour objet de con-
soler le jeune homme sur les rigueurs du sort, fut tour-à-
tour interdite et tolérée par l'administration. (1)
La chanson gauloise et le roman plus ou moins historique,
nous ont familiarisés avec le recruteur du Quai de la Ferraille
ou d'ailleurs ; avec le racoleur plus ou moins délicat, aveu le
soldat maraudeur et le déserteur de l'armée du bon vieux
temps.
En l'absence d'actes authentiques d'engagements, il ne
nous reste comme source d'informations que les pièces de
procédures criminelles et d'enquêtes sur des tentatives de vol
et de violence que le roi réprouvait et que les intendants
recherchaient avec passablement de diligence : ce sont des
faits exceptionnels, contrariant ce qui était l'état normal et
régulier de la société et des individus, et ces actes se
présentent en relief par là même, justement qu'ils ne se
produisent pas tous les jours. C'est ainsi que l'on doit
considérer les faits que nous rapportons plus bas touchant
le racolement sous Louis XIV.
En 1692, comme il l'explique dans s.i plainte à M. de Nointel,
" le lundy troisiesme du mois de novembre, Jean Le Floch fust en
K la ville de Carhaix, à la foire de la Toussaint et pour y acheter des
« bestiaux dont il faict commerce. Peu de temps apprès son arrivée
(1 en la ditte ville, il fut abordé de quatre ou cinq soldats qui y sont
(t) Balwau, Ui vie ruruU p. 293.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— UB -
« en gardier dhyver de la compagitie donl le 8' de la GoDdiDJère
n est Ijeuienani Ils furent saisirent \ei. suppliant au corps et le
Il constituèrent prisonnier aux prisous dud. Carhaix où. il est
a depuis desienu, et pour prétester à celle violence ils disoient que
H le suppliant esloit engagé au seroice du Roy, ce qui est souti£
« correction, ledit Le Fl-ch contestant formeilemenl awir jamais
« donné son consentement à aucun engagement, ny avoir parlé
« ny en aucune sociiii atec lesdils soldats en aucune manière que
a ce soit... Ce qui oblige le pauvre suppliant d'avoir recours à vos-
< tre aultorité pour loster de b L^plivit^ où il est réduicl gui est un
• attentat aux ordres du Roy qui fait deffense à tous officiers
fl de prendre aucun de ses subjects par force pour son service....
Le pauvre villageois supplie le s' de la Gondtnière de lui
faire ouvrir les portes de la prison : il lui fait sommation
par un notaire royal : le lieutenant n'en fait nul cas. Enfin, le
bailli de Carhaix reçoit de l'intendant, ordre d'enquêter.
Trois témoins comparaissent et attestent aussi vrai, que
le pauvre Floch avait reçu des coups de baguettes sur la
tète, de la part des cinq soldats, au marché au blé jwir, que
jamais il n'avait été question de son engagement au service du
roi et du S' de La Goadinière. capitaine d'une compagnie fran-
che de la marine. Sans compter le greffier, dans cette informa
tionil y avait Alain Floch, trois témoins assignés, et le bailli :
sur ces cinq, certes, ce n'était pas le bailli qui en était le
moins convaincu !
L'intendant de Bretagne, du reste, comme tous les inten-
dants des autres provinces, avait une terrible expérience de
ces racolements violents qui rappelaient le système d'enrô-
lement de la presse, jadis employé largement dans la vieille
Angleterre et dont on avait fait une institution. Aussi ne
dùt-il pas être surpris à la lecture de la plainte suivante à
lui adressée, vers avril 1693, par deux pauvres diables do
Poullaouen auxquels survint la triste aventure qu'ils i-acontent
par le ministère de M° Berthelot.
.yGoogIc
— *u —
A monsieur le marquis de Noiniel, vous remontrent très humble-
ment Jau Carrer et Jan Fol, hommes tasriés et pauvres laboureurs
de la paroisse de Poulaotleu, prés Csrbaîx, que le mardy qualriesme
mars dernier, estant allés à la Toire de Scrignac, leq. Carel pour
vendre un cheval et leq. Fol pour acbepler des bœufs, le nommé
Bevot, soldat de milice de la paroisse de fierien, s'est déguisé sous
un habit de païsan, Tut avec le nommé Pierre Bothorel marchander
led. cheval et, le prix fait à 18 livres, ce soldat disi à Carer de le
suyvre dans i'hoslellerye pour recevoir son argent. Y allant, ils
firent rencontre duq Fol, quils menèrent avec eux ; après avoir
tous montés dans une chambre de lad. hostellerye, ce soldai déguisé
flst au moment monler le sieur de Kermétec, offlcier de milice,
avec quatre soldats, lesquels mirent l'épée à la main et se saisirent
desq. Carer et Fol disant qu'ils vouloient les faire marcher au
service du .roy, quoyque la paroisse de Poulaoïlen ayt fourny ses
soldats et que leq. sieur de Kermélec ne soit point offlcier de ce
quartier là, et après les avoir liés ensemble d'une manière la plus
cruelle qui ayt jamais esté, ayant les bras et les mains liées par
derrière en des gesnes extraordinaires. On les flst sortir dans cet
estât de lad. hostellerye escortés tant duq. sieur de Kermélec que
du sieur Lanurien, son frère, du sieur Chevallier de Kermur, des
soldats et autres qui svoient les uns le pistolet à la main et les
autres l'épée et furent conduits chez leq. sieur de Lanurien père,
où ils restèrent toute la nuit sans esire déliés, sans boire ny manger.
Le Lendemain 5' duq. mois leq sieur de Kermélec et deux soldats
les conduisirent à Horlaix liés et garollés sur des chevaux chez
le S' du Runiou auq. on les rendit pour les envoler au sieur de Coa-
damour son frère capitaine au régiment de Picardie.
Le 6, lt>Ll. sieur du Runiou et ses gens les menèrent a GuingampI,
le 7, led. Carer s'échapa dud. Guiugampt, et Fol faisant ses com-
plaintes, et se désespérant, il y eut un cavallier se disant capittaine
qui luy demanda ce qui! avoil et luy ayant compté la chose, il luy
dist que cela estait contre linUnlion du Roy, et qu'il n'entendoit
pas quon prist ses gem par force, si bien que parlant au sieur du
Runiou, OQ lui dist pour toute response quil failloit quil mar-
ehast ou quil eusl donné de l'argent de manière pour acquérir sa
liberté il fut obligé de consentir à un acte de 60 livres payable dans
n,g,t,7.cbyGOOglC
quinze jours à Uorlaix chez Madame du Buniou sans sçavoir au
profil de qui il sobligeoii, el croit que ce fui led. sieur du BudÎou
qui signa pour luy, au moyen de quoy led, sieur du Buniou luy
donna un billet de congé qu'il réréra fuit à Chaslelaudren quoyque
ce lut à Guimgampt. lequel ayant fait lire il se trouva qu'il ne por-
tait congé que jusqu'au jour de Saint-Michel proctiain, mais de
retourner pour le Taire changer, il n'osa de crainte d'essuyer encore
quelques violences, et comme on les menace encore de les faire
marcher, ils ont recours à vous, Monseigneur, et suplient vostre
Grandeur de les délivrer de toutes ces ifersécutions, vous priant de
considérer qu'il f-e commet xm* infinUé de pareilles actions dans
la lias e-Bretagne par les foires el marchés si bien que s'il n'y est
remédié il n'y aura plus de liberté publique, el le commerce
demeurera entièrement ruiné.
Les suppliants réclament protection et justice et en ce cas, ils
se déclarent à l'intendant : n obligés de prie' pour sa santé et
prospérité. »
Signé : BERTHEI.OT, Procureur.
Le recrutement trouvait une clientèle moins grincheuse
et mieux préparée à ses avances, même à Carbaix.
Nicolas Marion est détenu aux prisons de la ville : pour
quelque coup de tête, sans doute, car rien n'indique^ le
crime, le délit ou la contravention qui le prive du grand
air et du soleil du bon Dieu. Dans sa supplique à M. le
sénéchal, il se pose en victime de la malveillance : on a
enquêté, mais il proleste avec fierté qu' u il ne s'est point
• trouvé de preuves de ses mauvaises vyes ; a néantmointz,
• toujours détenu d, il apprend « qu'il y a un capitaine de
« la part de Sa Haiesté pour lecer des soldats de ceste pro-
« vince pour le soustien de ses armes ». Notre paladin Car-
haisien se sent transporté d'une noble ardeur pour une t«lle
cause et le déclare au sénéchal : * // désire aussy soubz le bon
plaisir -i de -vostre jusliceestreenrolléaunombredel'undeux...
• En ordonnant luy faire ouverture des prisons ou il est
• debtenu. comme dit-il, et ferez bien ».
n,g,t,7.cbyC00glC
— 416 —
La pétition est communiquée au procureur du Roy et ses
conclusions sont favorables : u Veu la requeste cydessus je
■ consens pour le Roy que les portes des prisons soient
1 ouvertes audit Nicolas Marion, observant ses offres et les
t effectuant et payant la dépense à la geotie. >
Faict et conclut à Carhaix, ce jour 2&« mars 1672.
Philippe-Emmanuel Olymakt, p' du Roy.
La supplique est signée par Marion d'une écriture fort
belle et espérimentée, de récriture d'un notaire qui écrit
bien. Il ne fut pas besoin d'un Homère ou d'un Virgile pour
chanter les exploits du jeune engagé ; à peine deux ans
après, à son tour il mettait les gens en prison et on le vovait
général et d'armes de la juridiction de Carhaix. Sa carrière
militaire fut donc courte, supposé qu'elle eAt été bien écla-
tante.
C'est nn devoir de ne pas oublier que c'est à Louis XIV
que revient l'honneur de mettre un terme, ou du moins de
le tenter, aux exactions des troupes dans les campagnes.
< Si le capitaine vole le soldat, disait d'Assoucy, cela s'ap-
s pelait le tour du bâton ; le soldat volé par le capitaine
■ vole le paysan, et ce vol s'appelle vivre sur le bonhomme ;
• la paysan volé prend tout ce qu'il rencontre dans son dé-
■ sespoir, et ce vol s'appelle droit de représailles n
Mauvaise aventure pour le pays où cantonnaient des dra-
gons ! Rien de moins rassurant que la rencontre d'un de
leurs régiments. Ils faisaient métier de détrousser et de déva-
liser les voyageurs. On se félicitait lorsqu'ils ne s'attaquaient
qu'aux basses-cours et ne tordaient le cou qu'aux poulets.
Dans ce pays de Carhaix, pays de maraude s'il en fut alors,
on n'avait pas lieu de s'étonner de ces faits et gestes de ces
dragons entreprenant la capture de bœufs ou de poros ;
c'était entrer dans les coutumes du pays tel que nous le
représentent les pièces d'archives.
n,g,t,7.cbyGOOglC
-iii -
Un seul fait, mais souvent reproduit, nous édifiera à ce
sujet. En i674,M^ Jean-Denis Voisin raconte qac,le 22 mars,
qui était un mercredi, il arrivait au Tymeup pour relever des
dègàtscommis pargensduquartier.il se trouve nezà nez avec
neuf bâtes à cornes : suivant la coutume usitée, il veut leur
faire faire route < pour les emparquer » ; mais voici comment
on récompense sa bonne intention : vingt-cinq paysans,
s tant hommes que femmes », de fondre sur lui, o lesquels
B lui ayant demandé ce quils vouloient, ils luy répondirent
•c quils vouloient luy donner unu pièce d'argant alTm quil
i lessât aller lesd. bestiaux et non pas en donner cognois-
« sance de la prise quils en avoient faict au chasteau du
n Thymeur a. 11 refuse et il va s'en dire qu'il fut grièvement
maltraité et puni de s'occuper des affaires qui ne le regar-
daient pas.
Dans une information faite par le sénéchal (22 mai 1693),
nous trouvons relatés les sinistres exploits de dragons, en la
trêve de Locarn, paroisse de Duault.
Anne Conan, veuve de Jean Coz, 68 ans, dépose :
« Que le merwedy avani le mardy gras dernier, environ deux
heures de nuit, estant en sa demeure avec Auqc Nédellec, sa petite
fille âgée d'environ quinze ans, arrivèrent six dragons, deux des-
quels enirenl en sa maison apprès avoir dëlacbé la porte par force
el violence de sa siluation ordinnaire et les quatre autres demeu-
rèrent aux environs ; du nombre desquels le témoin ne connaît
que le nommé Landrétet dit La Plumme, qui luy n esté ce jour
représenté aux prisons de celte ville, el quelle a reconnu pour un
Jesdils dragons. El nous a dit que les dragons qui entrèrent en
sadilo demeure enfoncèrent sou armoir et en emportèrent tout ce
quy se trouve dedans, tant linges, bardes que papiers el une pièce
de tnillc de chanvre deslouppe de iranle aulnes. Ce que lad. Nédel-
lec ayant remarqué et s'estant mis à crier, l'un des dragons lui jeta
une de ses cbeinises, et lad. témoin voyante aussi que lesd. dragons
pillaient sa maison cria à la force, et lad, Nédellec s'estant eschappée
n,g,t,7.cbyGOOglC
H9 -
alla chercher Marie JouaD, demeurante au village de Peuchoai (et
autres feDimes), de plus elle eutendit plusieurs fois audit Landrévet
qui] Tallait violer lad. Nédellec et les auirts femmes qui se trou-
voieut, et pendant la nuit lesd. dragons mangeoieat tout ce quils
trouvoient en cette maison, faisants cuire du lart, buvant pres-
que une barrique de cidre, et laissant couler le surplus en empor-
tants deux coste de larl, deux gros plotoas de grusse quon appelle
de loing et tout ce quils trouvoienl à leur bien sËanc«, voulu ent
mesme amener les bestiaux et se relirérent en le point du
jour, jurant excicrabttmenl le naint nom de Dieu et battirent
cruelUment fai diposanle. Dit de plus quelle s'adressa au sieur
du Gage, lequel escrivit au sieur de Sailly, lieutenant-colonel dudit
régimant, lequel luy promis de la faire payer et croit en sa cons-
cience que la perte quelle a faite peut monlir à la somme de cent
vingt livres, sans comprendre la perte de ses papiers Adjoint
qiton la voulu forcer de donner une déclaration comment ell ■
avoit esté satisfaite, ce quelle eu garde de faire, n'ayant jamai»
rien reçu. •
Les autres dépositions ne font que connrmer ce qu'avait
dit Anna Conan : un d'eux confronté avec le dragon « a
reconnu Landrévet pour estre celuy des dragons qui parlait
breton. »
D'autres charges sont relevées contre ce type du méchant
maraudeur : délit de grivellerie chez les hâtes de Carhaix,
et attaque à main armée avec complicité du ■■ soldat de Mo-
treff n, et d'un autre de même acabit, contre des charretiers
transportant du viu de la ville de Quimperlé.
En terminant cette étude de moeurs, nous présentons un
échantillon du Déserteur, de ce fameux déserteur mis tant de
fois au théâtre, autant de fois peut-être qu'il fut mis en prison
par la maréchaussée.
Antoine Ferrouillat est un type très suggestif du Déserteur
de l'ancien régime. Le 10 janvier, 1700 il se trouve, à sa
grande surprise, écroué aux prisons de Carhaix. Natif de
n,g,t,7.cbyGOOglC
- m -
Saint-Antoine, diocèse de Vienne en Dauphiné, âgé de vingt
neul ans. sergent de marine en même temps que « peintn
entoiles en forme d'indienne «, au cours de son odyssée, il
rencontre à Saint-Malo, Gilette Marchand, originaire du
diocèse de Saint-Brieuc qui l'accompagna. A Morlaix, ils
trouvent une jeune fille, Marie Guyonic et lui proposent de
lui montrer le procédé de peintures d'indiennes ; celle-ci qui
avait perdu son père depuis dix ans, accepte, entre dans ce
'^aux ménage et le suit à Landerneau, puis à Carhaix. Subor-
née par Antoine Ferrouîllat, elle exige le mariage ; il refuse,
s'opiniâtre à refuser, puis, après des réflexions, sans doute
aussi mûres qu'elles avaient été longues, il demande la main
qui lui avait donné des fers et il est délivré en même temps
et de sa captivité et de la vie commune avec Gilette Mar-
chand. Le mariage se fit le 28 juin par le ministère du Rec-
teur de Saint-Quigeau en la chapelle estant audit auditoire,
c'est-à-dire dans la chapelle St-Yves.
Lorsque Ferrouillat comparut pour la première fois devant
le juge, après avoir décliné, sa profession « de peintre
de toiles en forme d'indienne « il ajouta avec assurance sa
qualité de « sergent de la compagnie de Marine du sieur Che-
valier de Langeron n, et étant depuis trois mois en cette
ville. Le juge lui fit observer avec surprise que s'il était ser-
gent de marine il devait être au service. Le prévenu lui donna
sans hésiter cette réponse a qu'il est des amis du chevalier
" Langeron son capitaine et son frère l'abbé, quy luy permet
• daller ou bon luy semblera ». Le juge dut sentir croître
son étonnemeut d'apprendre que le chevalier et son frère
l'abbé étaient si faciles dans le choix de leurs amis.
On pourra lire avec intérêt l'inventaire des meubles
meublants et professionnels de ce trio nomade (1).
{I) Deux linceuls servnnt de rideaux, eldcux aulres linceuls le tout en
toile de Un, avec une couverture de leine blanche, deux oreillers de plumes
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 426 —
En compulsant ces docnmenfs rétropectifs, en constatant
les terreurs qui s'emparaient du milicien lorsqu'il se trou-
vait, taiblc et ignorant, en présence de cet inconnu
insondable où le sort le précipitait, nous revenait à la
mémoire une lettre fameuse de la trop spirituelle marquise
de Sévigné.
■ C'est une étrange chose que de voir mettre le chapeau à
■ des gens qui n'ont jamais eu que des bonnets bleus sur la
• tête ; ils ne peuvent comprendre l'exercice ni ce qu'on leur
1 défend:quandilsavoient leur mousquet sur l'épaule, et que
« M. de Chaulnes paraissait, s'ils voulaient le saluer l'arme
■ tombait d'un côté et le chapeau de l'autre ; on leur a dit
■ qu'il ne fallait point saluer ; le moment daprès, quand ils
• étaient désarmés, s'ils voyaient passer M. de Chaulnes,
demy catalolgne de leine, un vaissillier à i planches y nyanl un plact. une
assiette, une pelKe raazarine el deux porte placts, 3 quilliers et deux
lourctiettcs le toul dcstaio, un petit chandelier de cuivre, uae tasse de verre
el deux bouteilles aussy de verres, et une petite flolle, plus deux tables et
deux ché^esde (lovanjat) et deux tablicii faits de planche p t Ile
tattinfure, une petite lasse d'estain, une perre de soûl t pe d
batz de leine bleuile usage de lllles, un trepier, une gr II p II ù f
le tout de ter, un petit sotiHlet, deux bj^ules de farine d se gle d
pochons, 4 rasoirs, un cadenat, deux perrcs d'heures d t I t R )
d'argent, un estamy de cria et un placl de terre, deu J bel I d
camelot, l'autre de mousseline noire, denx cruvattes d sel
coelles, deux bonnets de nuit à home dont l'un est picq é m h i d
lllles. i manchettes, un tablier à QUe de loille rayé bl H l l bl
destamine. deux vestes à home dont lun noir et l'autre bl 1
ches, autre veste couleur noisette ayant ses manches u q 11 it h] II ëe
un corset, un poillon de cuivre, Hl pieuses de {mulielt) de bois pour impti-
mer la 'oilU. un petit colTre bahui dans lequel il y a soixante et dix buit
cscheux de Kl de lin deslîÉ y comprins celuy qui est sur le dôvjdoué et
trois [useanx chargés de mesme 111 plus unautr polit paquet de 111 de lin
y ayant i escheux fil de Morlaix. un b.issin d'airain de deux scesux, 2
buyes a eau, une'deniie pochée de cherlMn, un pistouet avec so placque.
De plus ayant fait ouverture d'un grand coltre bahut estant dans ladite
uhambre y ayant remarqua un mirouerct plusieurs autres nippes l'on lemié
■n,g,t,7.cbyGOOglC
— 421 —
1 ils enfonçaient leurs chapeaux avec leurs deux mains et
<• se gardaient bien de saluer. On leur a dit que lorsquils
■ sont dans les rangs, ils ne doivent aller ni à droite ni
» à gauche ; ils se laissent rouer, l'autre jour, par le carosse
a de madame de Chaulnes, sans vouloir se retirer d'un seul
« pas, quoiqu'on putdire.En^M, ma fille, nos Bas- Bretons sont
• étranges, et je ne sais comment faisait lier trand Duguesclin,
• pour les avoir rendus, en son temps, les meilleurs soldats de
« France. «
IjB Bas-BretoD, impressionnable par tempérament, ne
tremble devant le péril que lorsqu'il ne voit pas en face : si
au commencement de l'action, il hésite, c'est qu'il est le
jouet d'une illusion d'optique, qui peut le troubler momenta-
nément,mais qui disparaît lorsqu'il a touché le danger, qu'il
s'en est rendu compte, qu'il l'a mesuré. La mort ne l'épou-
vante pas : il est familiarisé avec elle : il n'appréhende que
l'inconnu el ses surprises. Disons-le avec une patriotique
fierté, dans ce milicien trembleur, dans ce paysan dupé par
un recruteur peu scrupuleux, pris de force môme, il y avait
un soldat, un brave soldat : il sulfisait de l'en tirer par une
expérience et une éducation vraiment militaires. Assoupli,
dressé, entraîné par la manœuvre et par la discipline, atta-
ché A ses chefs qui n'étaient pas des soudards, il devient ce
soldat patient, obstiné, plein d'endurance qui avance tou-
jours et ne recule jamais quand il a devant les yeux l'exem-
ple d'un l.a Tour-d'Auvergne ou d'un général Lambert, deux
glorieux fils de la ville de Carhaix, ou lorsqu'il a la bonne
fortune de suivre un Duguesclin.
La marquise de Sévigné n'était pas bretonne : mais nous,
nous savons bien -somment faisait Bertrand Duguesclin pour
awir rendu, en son temps, les Bas-Bretons les meilleurs
soldats de France !
Abbé Antoine FAVÉ.
n,g,t,7.cbyGOOglC
XXIX,
TUMULUS ET MONUMEINT CIKCULAIKË
De KERAHBRICIUKIV, en Elliant
La commune d'EUiant n'est pas mentionnée dans les listes
detumuluspubliéesjusqu'icipourledépartement du Finistère.
Elle contient peu de landes, car la terre y est généralement
de bonne qualité : aussi les défrichements et le labourage
ont-îls dû niveler et faire disparaître beaucoup de monuments.
Cependant tous n'ont pas été détruits, entre autres le mur
circulaire de Keranbriguen.
La butte qui le recouvre est peu saillante, elle a la
forme d'une calotte spbérique très aplatie, mais je n'y ai vu
avec quelque certitude un ouvrage préhistorique que cette
année, quand après une récolte d'avoine, j'ai pu constater
une différence très sensible entre la terre dn champ et celle
de la butte.
Le tumulus se trouve dans un champ dit Pare-an-GrigHen{l ),
dépendant de la métairie de Keranbriguet), en Elliant, Il est
contigu à l'ancienne grande route de Concarneau à Carhaix,
chemin qui est encore connu sous te nom de n chemin des
Poissonniers » et qui sert de limite aux communes d'Rlliant
et de Rosporden. Ce tumulus se trouve sur un point culmi-
nant coté 132 sur la carte de l'état-major, à égale distance
des deux villages de Keranbriguen et de Kerzanner, en
Rosporden.
Le diamètre de la butte est d'environ 30 mètres, tandis
que la hauteur est d'au plus 60 centimètres. Celte forme si
aplatie tient évidemment au travail répété de la charrue.
Après quelques sondages qui n'avaient fourni aucun ren-
seigoement précis, j'ai commencé les fouilles le 9 novembre,
(I) Krign, sec, aride (Legonidec},
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 423 —
en ouvrant deux tranchées d'un mètre de largeur se dirigeant
vers le centre du moQument.Au bout d une heure, la piochedes
ouvriers rencontra à moins de 30 centimètres de profondeur
et dans chacune des deux tranchées des murs en pierres sèches
de 25 centimètres d'épaisseur. En e^caminant leur direction
j'ai cru reconnaître un arc de cercle dont il était possible de
déterminer le centre et la circonférence. Quelques sondages
rapidement exécutés ont vérifié cette hypothèse en révélant
l'existence d'un mur circulaire exactement situé au centre du
tumulus et ne présentant aucune lacune.
Il était indiqué de poursuivre les recherches en déblayant
jusqu'au terrain naturel, d'abord l'intérieur de cette enceinte
en totalité, puis quelques points à l'extérieur. Ces fouilles
ont donnée lieu aux constatations suivantes.
Dans la partie centrale du tumulus le sol naturel a été
primitivement fouillé, en forme d'une fosse à peu près circu-
laire de 7 à 8 mètres de diamètre. La profondeur moyenne
est d'environ 70 centimètres, et elle atteint 90 centimètres
au centre du tumulus et en un point situé à l'extérieur du
cercle et à l'Est. Sur ces deux points il y a des traces évi-
dentes d'anciens foyers.
La fosse a été ensuite remblayée d'environ 25 centimètres
pour former une plate-forme sensiblement horizontale
sur laquelle sont établies les fondations du mur circulaire.
Le remblai de cette première couche est formé par une terre
argileuse que l'on retrouve du reste dans tout le corps du
tumulus mélangée de charbons et de débris de poterie.
Le mur a une hauteur assez uniforme de 60 centimètres,
et une épaisseur de 20 à 25 centimètres à sa partie supé-
rieure qui est horizontale. Il est formé de moellons bruts
qui ne présentent aucune trace de taille, et qui sont assez
régulièrement disposés, du moins àl'extérieur ; on y reconnaît
l'intention d'établir un parement en talus donnant de ce côté
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 4M —
au mur une surépaisseur de 25 à 30 centimètres. A l'intérieur
la surépaissenr du mur est très irrégulère et dans la partie
inférieure, îl n'y a aucune trace de parement : par contre à
la partie supérieure se trouvent des pierres plates posées
de champ et fortement inclinées. Elles ne reposent pas géné-
ralement sur le mur, mais sur un remblai de 40 centimètres
d'épaisseur ; le profit transversal adopté pour résister à la
poussée des terres s'expliquerait et serait ainsi très rationnel.
Le mur était intact quand je l'ai fait dégager complètement :
car il ne manquait au couronnement que deux pierres qui
avaient été déplacées cette année môme par la charrue.
Les matériaux qui entrent dans la composition du mur pro-
viennent très probablement d'un coteau situé A un kilomètre
au Nord-Ouest. 11 n'y a aucune apparence de mortier.
Dans toute la partie du tumulus et de la fosse les terres ont
présenté le même caractère. Plus argileuse que dans le reste
du champ, elles renfermaient, surtout à l'intérieur du cercle,
en proportion plus ou moins considérable et toujours inti-
mement mélangées, des fragments de charbon, de poteries'
de terre brûlée et plus rarement des cendres.
Les morceaux de charbon avaient fréquemment conservé
leurs dimensions, diamètre de 2 centimètres et longueur de
5 à 6 centimètres, terminés par des sections très nettes. Sur
quelques points les traces de charbons étaient plus abon-
dantes et accompagnées de cendres. A un moment, j'ai-
remarqué au fond delà fouille trois couches minces de charbon
et de terre alternant sur une hauteur de 10 centimètres. Les
traces de foyers étaient plus apparentes également sur un
point, qui est situé à l'extérieur et à l'Est du monument,
point que j'ai déjà mentionne en raison de la plus grande
profondeur de la fouille.
Les fragments de poterie, et peut-être d'argile cuite,
étaient nombreux et en général de dimension insigni-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— -125 —
fiunte. Trois morceaux de pâte très grossière provenaieot
du goulot d'anciens vases.
En dehors de ces débris, je n'ai recueilli que trois frag-
ments de silex pyrom^ique, dont l'un doit être classé comme
grattoir, et quelques pierres en schiste granitique grossiè-
rement taillées, que l'on pourrait assimiler à des instruments
des époques préhistoriques. Malgré l'examen le plus minu-
tieux, il n'a été rencontré aucune trace d'ossements ou
d'objets métalliques.
L'âge et la destination de ce monument paraissent difficiles
à- déterminer, et son ancienneté relative ne peut être estimée
que par comparaison avec d'autres monuments présentant
quelques points de ressemblance.
Par la nature et le mode d'emploi des matériaux on peut
rapprocher le mur de Kcranbriguen des murs sous tumulus
de Kervern, en Plozévet, fouillés par M. du Chatellier, qui
contiennent des sépultures par incinération, mais ces murs
ont en réalité la forme d'un fer à cheval très fermé, ce qui
indique l'emplacement de l'entrée et par suite leur caractère
d'enceinte. A Keranbriguen, tl n'y a aucune lacune 'dans le
mur.
L'analogie serait plus grande avec le mur circulaire sous
tumulus de Lann-Kerhan, en Saint-Philbert, près Carnac,
fouillé par M. Le Rouzic en 1897. Celle enceinte a un dia-
mètre de 7 mètres 50 sans ouverture. Le mur, qui a une
hauteur de 20 à 55 centimètres, est formé de pierres gros-
sières. Il n'a pas de parement intérieur, mais le parement
extérieur est régulier. M. Le Rouzic ajoute que » ce pare-
0 ment paraît être maçonné avec du mortier ». Les terres du
tumulus ont présenté comme à Keranbriguen un mélange
intime de charbon et de terre brûlée, des traces de foyer et
nne absence presque complète de meuus objets. A l'intérieur
du monument, le remblai repose sur une couche générale de
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 428 —
grosses pierres, qui repose elle-même sur une couche de
terre blanchâtre de 25 centimètres d'épaisseur moyenne. Un
vase en terre grossière a été recueilli à 85 centimètres de
profondeur. On est donc en présence d'une sépulture par
incinération sans dolmen et bien caractérisée. Quant à son
ancienneté, elle ne saurait être très grande en raison de
la présence de mortier dans le parement du mur.
L'existence de murs en pierres sèches a été également cons-
tatée dans le Morbihan à plusieurs reprises. Quelques-uns
sont circulaires, d'autres, décrits en 1882 par M. l'abbé Luco,
se présentaient sous la forme d'enceintes quadrang^laires
d'environ 35 mètres sur 12 mètres, qui étaient accompagnés
de menhirs et renfermaient quelques constructions circu-
laires : mais ces constructions avaient la forme de voûte de
80 centimètres de hauteur et 4 mètres de diamètre, et elles
ont été qualifiées « ruches de crémation ».
Jerappellerai enfin un monument découvert par M, du Cha-
tellier à Kerbascat, en Tréguennec, mur circulaire continu
de 80 centimètres de hauteur environ et de 6 mètres 30 de
diamètre. Ce mur n'a pas de parement à l'intérieur ; le pare-
ment extérieur présente un fruit de 28 centimètres. Ce n'est
pas une enceinte, mais un véritable mur de soutènement, que
motive l'existence d'une plate-forme intérieure surélevée.
Peut-être était ce en vue de l'accomplissement de certaines
cérémonies qui auraient suivi l'incinération des corps ou des
victimes. Je dois ajouter que le parement extérieur du mur
B fait en pierres plates avec un très grand soin et par rangs
B échantillonnés n indique un degré de civilisation assez
avancé, ce que confirme, d'ailleurs, la découverte à proximité
d'une urne en poterie faite à la main, mais d'une pâte fine et
élégamment décorée. M. du Chatellier croit ce monument
de l'époque gauloise, avant la conquête.
Le mur circulaire de Keranbriguen, malgré son analogie
sur certains points avec d'autres monuments dont la descrip-
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 427 —
tion a été publiée, représente un type dont l'identique, à ma
connaissance, n'avait pas encore été rencontré. J'ai donc
Jugé nécessaire d'en signaler l'existence A l'honorable
Président de notre Société si compétent sur tout ce qui tou-
che à l'Archéologie préhistorique. Le monument était alors
dans l'état représenté dans la photographie qui accompagne
cette note. L'enceinte avait été remblayée complètement à
l'intérieur en laissant seulement à découvert la rangée de
pierres fortement inclinées qui termine le mur.
D'après M. du Chatellier qui est venu sur place examioer
le monument, ainsi que les quelques objets recueillis dans les
fouilles, le tumulus et le mur de Keranbriguen devraient être
considérés comme contemporains du commencement de
l'époque du bronze.
VILLIERS DU TEKRAGE.
Kermtniby, en Hosporden. — Décembre I89S.
n,g,t,7.cbyGOOglC
— 4SS —
TABLE DES MATIÈRES
DU TOME XXV
PREMIÈRE PARTIE
Table des Proeès-Yerbaux des délibérations de la Société
Archéologique da Finistère en 4898.
Liste des Sociétairbs 1
Echanges ou services gratuits 13
SÉANCE DU 27 Janvier [
MH. DU Crbst de Villeneuve et Lbprince sont élus mem-
bres de la CommissiOD de comptabilité.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER XIII.
DémissioD de H. te D" Corre. vice-président de la Société.
- RépoDse de M. le Maire de Carhaix au vœu émis par
la Société an sujet de la coDservation de l'aqueduc
romala. — Observations de M. du Ckatellier sur une
statuette étudiée par H Avbneau de la Grahuêre.
Séance du 31 Uars XXI
Demande de renseignements faite au nom de H. Cartailhac
par M. DU CHATENLiEn sur des vases en lerre cuite trou-
vés en 1874 dans les environs de Ouimpiîr. — Notice
de H. le comte de Kerdrel sur un tumulus situé dans
les bois de Keruzoret (Plouvorn) ; observations de H. du
Chatbllier: don fait à la Société par M. de Kerdrel
de divers objets trouvés dans ce tumulus.
SÉANCE DU 28 Avril XXV
Admission de M. Georges Guëpin comme sociétaire. -
Echange du bulletin avec celui du Comité d'histoire
ecclésiastique et d'archéologie religieuse des diocèses de
Valence, Gap, Grenoble et Viviers. - Dépôt par M. dl'
Cbest de Villeneuve du rapiiort de la Commission des
Unances, — Devis présenté par le même des ft-ais de
réparation des étagâres de la biblioltiëque. — Exhibition
par M, DU Chatbllier do pointes de Oèches eu silex
trouvés par lui à Plonéour-Lauvern.
SÉANCE DU 26 Hat XXXIU
La Société des bibliophiles bretons communique le pro-
gramme du concours ouvert à l'occasion du Cinquante-
naire des funéraillti de Chateaubriand. — Renseigne-
ments donnés par N. Abgball au sujet de trois arcades
de l'aucienue église de Penbars ; la Société émet le vœu
que ces arcades soient conservées.
n,g,t,7.cbyGOOglC
SÉANCE BU 30 Juin XXXVII
Admission de M. l'sbbé Rolland comme membre de la
Société. — CouIhbutioD de la Sociélé polymalhique du
UorbihaD aux frais du buste de M. A. du Chatellieb,
— Pélilicm des arcbéologues de Nevers demandant In
cuDservfilioD d'un mur ancien de celte ville. - Commu-
nication sur l'étal de l'église de Lambour ; notes de M,
ÂBGBALL sur cet édilice.
SÉANCE DU 28 Juillet XLV
Election des membres du bureau. - Renseignements
donnés par U. du Crest de Vili-bneuve sur la question
de l'église de Lambour. - Communication d'un arrêté
minlslériel classant comme monument historique les ver-
rières d'Ergué-Gabéric. - Communications de M. Trévédy.
SÉANCE DU 25 Août XUX
Discours de M. du Chatellier réélu président. — Admis-
sion de M. l'abbé Roull, curé de Saint-Louis de Brest,
comme membre de la Société. — M. l'abbé Guiriec
donne au musée un Iragaient de poterie sauiienne trouvé
à Feunlenyou, en Mellac. - M. du Chatellier lit une
lettre annonçant le voyage à Ouimper des membres de
la Société archéologique de Tarn-el-Garonne. ~ Com-
munication du pro^^ramme du Congrès des Sociétés
savantes qui se réunira à Toulouse en 1899.
SÉANCE DU 27 Octobre LXV
Envoi de la première partie du Cartulaire de Landévennec ■
à la Société archéologique de Bruxelles. ■ M. nu Crest
DE Villeneuve rend compte de la session du Congrès de
l'Association bretonne tenu k Vannes {communications
de MH. AvENEAU de la GnANCiERE et Abgball. — Con-
tributiou de l'Associnliou bretonne aux frais du buste de
M. A nu Chatellibr. — Notice de M. Paul du Chatel-
UER sur la pierre gravée de Kermaria, en Pont-l'Abbé.
SÉANCE DU 24 Novembre LXIX
Félicitations à M Le Bbaz, chevalier de la Légion d'hon-
neur, lauréat de l'Académie française. ~ Echange du
bulletin et des publications de la Commission historique
du département du Nord. — Notes de U. Le Carguet sur
les feus de la Saint-Jean. - Observations de MM. Le
Uraz et Jenkïn Jones,
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE LXXVII
Notes complémentaires de H. Le Carguet sur l'origine des
feux de la Saint-Jean. — H. le Président lit une notice
nécrologique sur les membres de la Sociélé décédés dans
le courant de l'année : MM. le vicomte de Kerdrel, Puig
DE RlTALONGI, DE LÉCLUSE-TbËVOÉDAL, BLANCHET DE LA
Sablière, Ugr VALLEAU,évêque de Quimper, président
d'bonneur de la Société.— La séance est levée en signe
de deuil.
n,g,t,7.cbyGOOglC
DEUXIÈME PARTIE
Table des Pièces annexées aux Procès-Verbaux en iS98.
Pages
La ritolle dite du Papier timbré ou de* bontuis rouges
en Bretagne en 1S7S, par H. J. Lehoine. — Comple-
renda par H. du Crbst de Villbneuvb III
Rapporl de la Commission de comptabilité XIX, XXIX
Une promenade à Trigonl-Mab. par M. le chanoine
Abgràll IXX
Classemeal du vitrail et du jubé de la Roche-Maurice su
nombre des monuments historiques XLIV
Rapport du Président au Préfet du Pinislëro sur les travaux
de la Société pendant l'année 1898 '.... LIV
La Société archéologique de Tarn-et-Garoune à Quimper
en 1898, par M. l'abbé Antoine Favé LVIII
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