Skip to main content

Full text of "Bulletin de la Société archéologique du Finistère"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  prcscrvod  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 

to  make  the  world's  bocks  discoverablc  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 

to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  the 

publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prcvcnt  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  lechnical  restrictions  on  automated  querying. 
We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  fivm  automated  querying  Do  nol  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogX'S  "watermark"  you  see  on  each  file  is essential  for  informingpcoplcabout  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countiies.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can'l  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.   Google  Book  Search  helps  rcaders 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  icxi  of  ihis  book  on  the  web 

at|http: //books.  google  .com/l 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  et  de  la  connaissance  humaine  et  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  maige  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  apparienani  au  domaine  public  et  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  sont  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  et  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.  Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 
dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  fins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  effet  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésitez  pas  à  nous  contacter  Nous  encourageons  pour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

A  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  français,  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  auteurs  et  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp:  //book  s  .google .  coïrïl 


fStLAS  VftlGHÏ  DONNINÛI 
f  HEQUIST  1 

JUNIVERSHY  oiMICHIGANi 


M. 


œSERAL  LIBRARY    .iii 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


(pli 

.FS  17 
Ai 
"S» 


BULLETIN 


,yGooglc 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


BULLETIN 


E  ARCHEOLOGIQUE 

DU  FINISTERE 


TOME     XXV 


1898 


QUIMPEH 

MPniMEHIlt   CH.   COTOKNEC,   PLACE  SAINT-COBENTIX.    54 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


,yGooglc 


nAAAV^^^.^VNA 


LISTE  GÉNÉRALE 

DES 

MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 

DU  FIinSTËRE  (Janvier  1898). 


Pr^xidPtits    i    ^Sr  I  Evèque  de  Quimper  et  de  Léon. 
JtZ?ut         M.  le  Préfet  du  Finistère, 
a  Honneur     (    ^^   aSTOR,  sénateur,  à  Paris  (M.  F.} 
^résident  :  M.  DU  CHATELUER,  château  de  Kernuz,  par 
Ponl-1'Abbé. 

M.  l'abbé  PEYRON,  chancelier-archiviste 

del'Évêché(M.  F.| 
M.  le  docteur  CORRE,  42,  rue  de  la  Mairie. 

à  Brest. 
M.  l'abbé  ABGRALL,  chanoine  honoraire. 
Vice-Président  honoraire  :  M.  TRÉVÉDY,  ancien  Président 
*  du  Tribunal  civil  de  Quimper. 

/  M.  BOURDE  DE  LA  ROGERIE,  archivisl*. 
I  M.  LE  BRAZ,  professeur  au  Lycée  de 
\  Quimper. 

Secrétaires.        M.    l'abbé    FAVÉ,    aumAnier   de  l'Asile 
/  Saint-Athanase. 

'    M.  JENKYN  JONES,  pasteur  de  l'Église 
réformée,  à  Quimper, 
mi'liolkécaire-Arckimste  :  M.  BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 

-  Auxiliaire:  M.  SALAUN. 

Trésorier:    M.  LE  MAIGRE,    directeur  de  la  Société  Le 
Finistère,  15,  rue  Royale,  à  Quimper. 

M .  V  signine  membre  [ondaleur. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


MM 

L'abbé  ABJEAN-UGUEN,  vicaire  à  Plouvien. 

Baron  D'AMPHERNET,  propriéUire  à  Versailles. 

L'abbé  ARHAN,  vicaire  à  Saint-Sauveur  de  Brest, 

ASHER,  libraire,  Unter  den  Linden,  13,  Berlin  (Prusse). 

Comte  AUDREN  DE  KERDREL,  château  de  Keruzoret,  par 
Landivisiau. 

AUDREN  DE  KERDREL,  maire  de  Lannilis, 

AVENEAU  DE  LA  GRANCIÈRE,  château  de  Moustoir-Lan, 
par  Pontivy. 

AVRIL  (Gustave),  2,  quai  de  l'Odet,  à  Quimper. 

LE  BAIL,  avocat  à  Quimper. 

BEAU,  directeur  du  Musée  de  Quimper,  membre  du  Conseil 
municipal. 

BÉZIERS  (René',  négociant  à  Douarnenez. 

BIGOT,  architecte  du  déparlement  [M.  F.). 

Le  comte  DE  BLOIS.  conseiller  général,  maire  deCoal-Méal. 

DU  BOIS  SAINT-SÉVRL\,  inspecteur  des  postes  à  Rennes. 

Le  comte  DE  BOISSIER,  à  Châleaulin. 

BONDUELLE, entrepreneur,  conseillergénèral, à  Concarneau. 

DE  LA  BORDERIE  (Arthur),  membre  de  l'Institut,  à  Vitré. 

Le  Marquis  DE  BREMOND  D'ARS  MIGRÉ,  conseiller  géné- 
ral du  Finistère,  président  honoraire  de  la  Société  archéo- 
logique de  Nantes,  au  château  de  la  Porte-Neuve,  près 
Pont- Aven. 

BREST  (le  Maire  de  la  ville  de  . 

BRIOTDE  LA  MALLERIE,ancien  maire  dePenhars(M.  K.). 

M.  GANET  (Georges),  à  Quimper. 

LE  GARGIIET,  percepteur  à  Audierne. 

Le  comte  DE  CARNÉ  (Edmond),  à  Quimper. 

DU  CASSEL,  au  château  de  la  Grivelliére,  par  Lassay 
(Mayenne). 

CAURANT,  ancien  député,  au  Faou. 

L'abbé  CÉVAER,  recteur  de  Combrit.  par  Pont-l'Abbé. 


n..,i,."r^,G00glc 


MM. 
DE  CHABRE,  avocal  à  Quiinper. 
Le  Marquis  DE  CHEFFONTAINES,  an  chAleau  de  Cheffon 

taines,  en  Clofiars,  par  Bénodet. 
CLARET  DE  LA  TOUCHE,    conlrùieur   des   Conlributions 

directes  à  Qu imper. 
DE  COETLOSQUET  (Maurice),  à  Hambervilliers  (Vosges) 
CORMIER,  juge  de  paix  à  Fouesnant. 
COSSET  (Louis),  notaire  à  VannPs. 
COTONNEC,  imprimeur  à  Qtiimper. 
DANILO,  négociant  à  Douarnenez. 
Le  Général  DARD,  24,  rue  de  l'Université,  h  Paris. 
DEYROLLE,  artisle-peintre  à  Concanieau. 
DUBREIL  (Charles),  juge  suppléant  au  Tribunal   civil    à 

Nantes. 
DU  CREST  DF,  VILLENEUVE,  à  Quimper. 
DULAU  et  C",  37,  Soho-Square,  Londres. 
L'abbé  EUZENOT,  recleur  de  Cléguérec  (Morbihan). 
Mademoiselle  FLEURY,  château  de  Poulguinan,  par  Quimper. 
L'abbé  FLOCH,  recteur  de  Locunolé,  par  Arzano. 
GAIDOZ,  direclenr  s  l'École  des  Hautes-Études,  22,  rue  Ser- 

vandoni,  Paris. 
GAVERAND,  juge  de  paix  à  Rennes. 
LE  GENDRE,  ancien  conseiller  de  préfecture,  à  Quimper. 
GRAVELOTTE,  étudiant  en   médecine,  à    Keradennec,   en 

Ei^ué-Armel,  par  Quimper. 
LE  GUAY,  ancien  juge  de  paix,  au  Cluyou,  en  Ergné-Gabéric. 
Le  Comte  DE  GUÉBRIANT,  conseiller  général,  maire  de 

Sainl-Pol-de-Léon. 
Le  vicomte  DE  GUERDAVID,  clitlteau  de  Keraël,  Giierlesquin. 
L'abbé  GUILLARD,  à  Quimper  (M.  F.) 
L'abbé  GUILLOTIN  DE  CORSON,  au  château  de  La  Noë.  par 

Bain-de  Bretagne  (Ille-et-Vilaine). 
LE  GUILLOU  DE  PENANROS  (Joseph),  à  Penfoënnec,  en 

Poullan. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


10 


MM. 

LE  GUILLOU  DE  PENANROS  (Théophile),  négociant  à 
Douarnenez. 

LEGUISQUET  (Stanislas),  à  Concarneau. 

LE  HARS (Théodore),  inembredu Conseil municipalàQuimper. 

HÉMON  (Louis),  député  du  Finistère,  à  Paris  (M.  F). 

HERVÉ,  commissaire  adjoint  de  la  marine,  en  retraite,  à  la 
Vicomte,  Plévenon,  par  Pléhérel  (C.-du-N.|- 

DE  JACQUELOT  DE  BOISROUVRAY  (Charles),  à  Quimper. 

M"'  la  comtessse  JÉGOU  DU  LAZ,  au  château  deKerloguen- 
nic,  en  Maêl-Carhaix  (C.-du-N.)- 

L'ahbé  JÉZËGOU,  vicaire  à  Ghàteaulin. 

L'abbé  JONCOUR.curé-doyen,dePlestin-les-Grèves(C.-du-N.l. 

Le  Comte  DE  KERANFLEC'H-KERNEZNE,  au  château  de 
Quélennec,  par  Mûr  (C.-du-N. j. 

Le  Vicomte  DE  KERGRIST,  au  château  deRohou,  enCarantec. 

DEKERJÉGU(James|,  député  du  Finistère,  à  Paris. 

Le  Vicomte  R.  DE  KERRET,  au  château  de  Qoillien,  com- 
mune de  Brasparis  iM.  F.). 

L'abbé  KERSIMON,  recteur  de  Ploumoguer,  par  Saint-Renan. 

L'abbé  KERUZEC,  vicaire  à  Combrit. 

DE  LËCLUSE  (Emmanuel),  à  Douarnenez. 

DE  LÉCLUSE-TRÉVOÉDAL  (Amédée),  industriel,  maire 
d'Audierne. 

DE  LÉCLUSE-TRÉVOÉDAL  (Emile),  à  Audierne. 

LEMOINE,  loti,  boulevard  Malesherbes.  Paris. 

LEPRINCE,  imprimeur,  Quimper. 

LORANS,  président  du  Tribunal  civil  de  Quimperlé  (M.  F.j. 

I^OROIS,  ancien  député,  à  Saint-Maurice,  Carnoët. 

Le  Commandant  LE  MAIGRE,  à  Fouesoanl. 

LUNVEN,  conseiller  général,  à  Carhaix. 

MALEN,  ancien  professeur,  à  Quimper  (M.  F.)- 

MALHERRE  DE  LA  ROISSIÈRE,  à  Ergué-Armel  fM.  F.). 

DE  MALHERBE,  agent  général  de  la  G'»  VUniun.  à  Quimper. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


11 


MM. 

L'abbé  MILLOUK,   ancien  aumônier  de  la  marine,  à  Plo- 

névez-Porzay. 
LE  MOALIGOU,  docteur-médecin  à  Quiiaperié. 
MORCRETTE,  ancien  chef  de  division  à  la  Préfecture. 
MOREAU  DE  LIZOREUX  (Stanislas,,  à  Quimper  iM-  F.}. 
MORLAIX  (le  bibliothécaire  de  la  ville  de). 
LE  NOBLE,  à  Qnimper. 
OHEIX  (Robert),  à  Savenay  |Loire-Inférieure|. 
PABAN,  rédacteur  en  chef  du  journal  Le  Finistère. 
L'abbé  PENNDU,  vicaire  de  Saint-Mathieu,  à  Morlaix, 
DU  PERRAY,  à  Quimper. 
Dorteur  PILVEN,  à  Quimper. 
POCQUART-KERVILER,   ingénieur  en  chef  des  ponts  et 

chaussées,  à  Saiut-Nazaire  (M.  F.). 
PORQUIKR  (Adolphe»,  maire  de  Quimper. 
DE  POULPIQUET  DE  BRESCANVEL  (Césaire),  au  château 

de  Tréfry,  par  Quéinénéven. 
PUIG  DE  RlTALONGi  (Gabriel},  31,  rue  Royale,  à  Tours 

|I  ndre-et- Loire) - 
E.  PUYO,  ancien  maire  de  Moriaix. 
Abbé  QUIDELLEUR,  chanoine  titulaire  de  la  Cathédrale, 

Quimper. 
DE  RAISMES,  ancien  sénateur,  au  château  du  Zachz,  en 

Guilligomarc'h. 
Comte  DE  RËALS,  au  chàleau  de  Toulancoat,  en  Rosnoën, 

par  Le  Faou. 
RICHARD  (Amédée),  receveur  de  l'enrefïistremeiit  en  retraite, 

à  Chàteauneuf-du-Faou  (M.  F.l. 
Comte  DE  ROSMORDUC,  au  manoir  de  Coairomarc'h,  par 

Plestin-les-Grcves  iC.-du-N.). 
ROUSSIN,  au  château  de  Keraval,  en  Plomelin  (M.  F.). 
LE  docteur  ROUXEAU  (Alfred),  ancien  interne  ries  hôpitaux 

de  Paris,  à  Nantes. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


12 


MM. 

ROY,  receveur  municipal  à  Quknper. 

DE  LA  SABLIÈRE,  au  château  de  Lanniron,  près  Quimper. 

Comte  DE  SAINT-LUC,  ancien  député  du  Finistère,  au  Guil- 

guiten,  en  Landudec. 
L'abbé  SALAUN,  chanoine  à  Quimper. 
SALZAC,  percepteur  à  Clisson  (Loire-Intérieure). 
SÉBILLOT  (Paul),  boulevard  Saint-Marcel,  80,  Paris. 
SOUDRY,  avoué  à  Quimper  (M.  F.). 
L'abbé  STÉPHAN,  recteur  de  Plounéour-Trez. 
QUIMPER  (te  Siipéi+eur  du  Grand-Séminairej. 
DE  TONQUÉDEC  (Henri;  à  Morlaix. 
L'abbé  TOULEMONT,  chanoine  à  Quimper. 
L'abbé  TRAON,  vicaire,  Pleyben. 
VELLY,  ancien  notaire,  à  Pleyben. 
VILLARD,  photographe  à  Quimper. 
DE  VILLIERS,  architecte,  Quimper. 
Vicomte  DE  VILLIERS  DU  TERRAGE,  inspecteur  général 

des  ponis  et  chaussées  en  retraite,  au  chAleau  de  Ker- 

minihi,  par  Rosporden, 
DE  VUILLEFROY  (Georges),  au  château  de  Kerbirinic,  en 

Gombrit. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Échanges  ou  Service  gratuit. 


Académie  des  Histoires  el  Anliiiuilés,  -A  Stockholm  (Suède). 

Annales  de  Bretagne,  Rennes. 

Bibliothèque  Nationale,  Paris. 

Bibliothèque  de  l'Institut  de  France. 

Bibliothèque  Mazarine. 

Dom  PLAINE,  bénédictin  à  Silos,  par  Bur^os  (Espagne). 

Secrélaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Inscriptions  el  Belles- 
Lettres,  à  Paris. 

Société  archéologique  d'HIppoiie  (Algérie;. 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  Amiens, 

Société  archéologique  de  Bordeaux. 

Société  archéologique  de  Bruxelles. 

Société  archéologique  de  Nantes. 

Société  archéolt^ique  d'IlIe-el-Vilaine,  Rennes. 

Société  d'Émulation  des  Côtes -du-Nord,  Sainl-Brieuc. 

Société  d'Études  historiques  et  géographique  de  Bretagne, 
73,  faubourg  de  Fougères,  Rennes. 

Société  archéologique  des  Gôtes-du-Nord,  Sainl-Brieuc. 

Le  Directeurde  la  Socié  té  Française  d'archéologie  à  Compiégne. 

Société  Polymatique  du  Morbihan,  à  Vannes. 
■  Société  académique  de  Brest. 

Le  Journal  des  Savants. 

Le  Directeur  du  Musée  ethnographique  du  Trocadéro,  28,  rue 
Mazarine,  Paris. 

Bibliothèque  communale  de  Quimper. 

Revue  historique  des  Provinces  de  l'Ouest,  rue  d'Argentré, 
Nantes. 

Société  d'Études  scientiliques  du  Finistère  à  Morlaix. 

Société  académique  d'Aix  (Bouches-du-Rhône). 


Dgilir^hyGoÔglC 


u 


Société  historique elarchéologiquedeCiiâleau-Thierry (Aisne). 

Société  académique  de  Saintes. 

Société  archéologique  de  Belfort. 

Société  archéologique  de  Saintes. 

Société  archéologique  d'Angers. 

Revue  des  Traditions  populaires.,  Paris. 

Revue  des  Sciences  naturelles,  14.  boulevard  Sainl-Germaio, 

Paris. 
Revue  de  Bretagne,  de  Vendée  et  d'Anjou,  1,  rue  Royale, 

Nantes. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


PROCÈS-VERBAUX 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SÉANCE  BU  27  JANVIER  1898 

Présidence  de  H.  le  Cbanolna  PBTRON,  Vice-Pr6sident 

Étaient  présents  :  MM.  le  chanoine  PEYHÛN, 
DU  CREST  DE  VILLENEUVE,  LE  MAIGRE, 
LEPRINCE,  FAVÉ,  BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 

M.  du  ChuteUier,  retenu  à  Carhaix  par  les  fouilles 
qu'il  fait  exécuter  dans  la  nécropole  de  l'ancienne 
cité  Romaine  recouverte  par  la  ville  actuelle,  exprime 
à  ses  collègues  tous  ses  regrets  rie  ne  pouvoir  assister 
à  la  séance  et  les  assure  du  plaisir  qu'il  aura  à  leur 
donner  prochainement  la  primeur  de  ses  découvertes. 

Ouvrages  reçus  pour  la  Bibliothèque  : 

Jean  Lemoine  :  La  révolte  dite  du  papier  timbré 
ou  des  bonnets  rouges  en  Bretagne  en  M7.0,  Paris  et 
Rennes,  1898,  in-8'. 

Bulletin  de  la  Société  académique  de  Brest, 
tome  XXII,  1896-1897. 

Journal  des  Savants,  n"  do  novembre  et  décembre 
1897. 

Revue  historique  de  l'Ouest,  n"  de  novembre  et 
décembre  1897. 

Bévue  populaire  des  Beaux- Arts,  n°du  1 1  décembre 
1897. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  de  deux 
membres  de  la  Commission  de  comptabilité  en 
remplacement  de  MM.  Guépin  et  Serrot,  décédés. 
MM.  du  Crest  de  Villeneuve  et  Leprince  sont  élus, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  Il  • 


M.  du  Cff)xt  de  ViU(fncni-(!  rend  c.ompto  de  TtHude 
(le  M.  Lemoine  sur  lali^'KoUc  du  pfipip.y  thnhrn.  Lo.-^ 
membres  présents  à  la  rôunion  s'associent  à  l'ologe 
qu'il  fait  do  ce  livre  excellent. 

M.  iabbé  F'avé  lit  ensuite  une  notice  sur  Un  procès- 
verbal  de.s  prééminences  et  droits  honorifiques  h 
Landréofirzec  et  à  Qiiillinen  en  If/tS,  et  le  mémoire 
de  M.  le  chanoine  Abgrall,  intitulé  :  Le  mobilier 
arlisliffue  des  églises  bretonnes. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures. 

La  Vice-Présidant, 

Chanoine  PEYRON. 
Le  ^ecrélnire, 
H.  BOUlïDB  DE  LA  RO(JERIE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


MELANGES  &  CdMI'TES-REBUS 


U  Sirsiti  dlti  II  Piplir  Tinlirt  oi  lis  Bmiits  Rbhih  »  Brettiu 

en  B75 

fXH     M.     J.     I.KMOINH. 


M  J.  Lemoiiie,  luul  liernièreiiieiit  encore  iireliivisle  du 
(tépartement  du  Kiiiislne  el  Fiésident  de  nolve  Société,  vietil 
de  réunir  en  un  volume  les  études  déjà  parues  dans  los 
Annales  de  Bretagne,  sous  œ  tilre:  »  La  Révolte  dite  du 
pallier  limbré  ou  des  Bonriels  rou^^es  en  Bretagne  en  1(17.')  n. 

M.  de  la  Borderie  avait  en  ISSidéjàpubl  é  un  récit  complet 
des  événements  de  la  haute  Bretagne,  mais  il  n'avait  pu  donner 
beaucoup  de  détails  sur  la  Jaci]uerie  <|ui  avait  ravagé  une 
partie  de  la  basse  Bretagne  à  la  même  époque.  Depuis  lors, 
certains  chercheurs  avaient  soulevé  un  coin  du  voile;  à 
M.  Lemoi  ne  était  réservée  la  bonne  fortune  de  mettre  la  main 
sur  des  documents  nouveaux  |iermeltaut  de  compléter  cette 
Iragiiiue  histoire.  Il  les  apporte  au  public  eu  les  faisant  pré- 
céder d'un  tableau  rapide  des  événements  tracé  de  main  de 
niattre. 

La  preiniàre  partie  :  Historique  des  événements,  est  divisée 
en  six  chapitres-. 

Lo  premier  traite  des  causes  l't  du  caractère  de  la  rérolle, 
,>l  de  l'élat  des  snurci's. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


IV 


Comme  causes,  M.  Lemoine  indique  d'abord  l'Êdil  de  IB73 
élablissanl  l'obligalion  du  papier  timbré,  ceux  de  1(>73  concer- 
nant la  marque  de  l'élaiti  et  le  monopole  du  tabac.  Ils  lui 
paraissent  expliquRr  suffisamment  les  séditions  de  Rennes  et 
de  Nantes  Pour  la  première  de  ces  villes  la  présence  des 
■  troupes.royales  dans  son  enceinte  privilégiée  portera  l'exas- 
pération à  son  comble.  Quant  au  soulèvement  des  paysans 
b  B  t  ,  il  en  trouve  d'autre^  causes  encore  dans  la  mul- 
pl  é  d  s  petites  juridictions  et  les  abus  commis  par  les 
jug  nf  eurs  et  gens  de  chicane.  Il  est  certain  que  l'exer- 
ce 1  la  j  istice  était  bien  compliqué,  fort  défeclueux,  et  que 
1  ntlu  es  l'entravaient  souvent.  M.  Lemoine  insiste  par- 
ticulièrement sur  les  vexations  I  abituelles  dontsoulTraienl  les 
paysans  de  la  part  de  leurs  seigneurs.  Il  appuie  cette  opinion 
sur  le  rapport  de  Charles  Colberl,  frère  du  ministre,  envoyé 
par  celui-ci  quelques  années  auparavant  pour  étudier  l'état 
de  la  province  qu'on  voulait  tondre  à  merei  en  raison  de  sa 
prospérité  connue. 

Nous  nous  permettrons  de  faire  beaucoup  de  réserves  sur 
les  allégations  de  Charles  <:»lbert,  notamment  en  ce  qui 
concerne  les  accusalinns  contre  ta  noblesse  bretonne. 
Nous  conviendrons  volontiers  <pie  certains  seigneurs  abu- 
saient de  la  corvée,  que  quelques-uns  avaient  des  habitudes 
d'intempérance,  mais  il  est  loujoui's  injuste  de  généraliser. 
Nous  savons  par  des  documenls  de  cette  époque  que  les  paysans 
cornouaillais,  presque  tous  colons  convenanciers,  étaient 
pour  la  plupart  cla:is  une  situation  aisée.  Enfin  nous 
connaissons  l'hostilité  des  Colbert  contre  les  privilèges  de  la 
Bretagne,  défendus  avec  àpretê  par  les  Etats,  et  conti'e  les 
idées  d'indépendance  qui  enqiécliaieiil  encore  à  celle  é(Kique 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


_   V  — 

îjfaiicoup  lie  genlilshimunes  de  servir  le  Hoi  de  l-'rance.  Le 
duc  de  Cliaulnes  parle  bien  aussi  de  la  hainp  des  paysans 
contre  leurs  seif^neurs,  mais  il  ne  pouvait  vis-à-vis  de  Colbert 
Irup  accuser  les  Edits  dont  celui-ci  élail  l'auteur.  Du  reste  il 
y  eut  en  somme  peu  de  manoirs  attaqués  par  les  paysans  i|ui 
visaient  encore  plus  les  vilies,  pillèrent  Cartiaix  etPontivy.  et 
s'apprêtaient  à  saccager  Quimper  et  Morlaix.  Une  lecture 
altentive  de  docnments  publiés  par  M.  Lemojne  nous  a 
confirmé  dans  ce  sentiment.  i)ui  est  celui  de  M.  de  ia  Bor- 
ilerie.  Les  paysans  virent  surtout  dans  les  genlilshommes  les 
agents  du  Roi  et  du  duc  de  Cliaulnes  et,  suivant  leur  langage, 
des  «  gabelenrs  »  Il  faut  remarquer  qne  certains  seigneurs 
maftrail^s  par  eux  étaient  notoirement  bienfaisants.  Notre 
conviction  est  que  la  révolte  assez  naturelle  contre  les  Rdits 
du  Roi  de  France  prit  les  proportions  d'une  Jacquerie  grâce  à 
la  surexcitation  de  tous  les  mécontentiîmenls  et  de  tous  les 
appétits  par  des  meneurs  qui  pensaieni  pouvoir  proliler  du 
liésordre. 

Comme  sources,  M.  Lemoine  indiijue  en  premier  lieu  l'ou- 
vrage de  M.  de  la  Borderie  ;  la  correspondance  administrative 
générale  u  à  laquelle,  dit-il,  se  trouvent  mêlés  à  des  titres 
divers  M,  Pomponne,  secrétaire  d'Etat  aux  Affaires  étrangères, 
qui  avait  dans  son  département  l'administration  de  la  provinw 
de  Bretagne  ;  Colberl  pour  les  affaires  de  police  el  l'application 
des  nouveaux  Edits  ;  Loiivois  et  Seignelay,  en  ce  qui  concerne  • 
la  répression  des  {roubles  »  ;  tes  comptes  et  délibérations  des 
villes  déjà  utilisés  par  M.  de  la  Borderie,  M.  Ropartz  et  M, 
Lu/el  ;  les  documenis  judiciaires  nombreux  et  déjà  coimus  e'i 
partie  par  les  soins  de  queiques  chercheurs  ;  certains  mémoi- 
res et  récits  contemporains. 


Dgilir^hyGOOglC 


VI   ■ 


Le  chapitre  second  nous  eiilretienl  des  premiers  troubles 
de  Iteniies  promptement  réprimés  gnlce  au  sang-froid  iX  à 
l'énergie  du  lils  du  gouverneur,  M.  de  Ooëtlogon,  qui,  en 
l'absence  de  son  père,  réunit  (|ueli|ues  gentilshommes  ^l 
dispersa  les  m'ïitins;  de  la  fermentation  de  SainL-Malo.  ui'i 
les  2.000  marins,  sur  le  point  de  partir  pour  Terre-Neuve 
allaient  commettre  les  plus  grands  désordres  sans  la  sagesse 
et  la  fermeté  de  l'évéque  de  Saint-Malo,  M.  de  Guémadeuc  : 
des  émeutes  de  Nantes,  de  cette  femme  appelée  l'Eveillonrn', 
t|iii  y  joua  un  rôle  ardent,  et  de  l'arrestation  de  l'évëtiue  île 
Nantes  par  les  émeuliers. 

Le  chapitre  troisième  nous  donne  des  détails  précis  sur  la 
répression  des  troubles  de  Nantes.  Le  duc  de  Ghaulnes  y 
arriva  le  22  mai,  avec  le  nouveau  gouverneur  de  cette  ville, 
le  marquis  de  Lavardin.  Des  troupes  assez  nombreuses  étaient 
attendues.  Nous  voyons  tout  de  suite  le  duc  de  Ghaulnes  atté- 
nuant dans  la  mesure  du  possible  la  rigueur  des  ordres  qu'il 
recevait  du  terrible  Louvois.  Dès  le  28  mai  tout  était  pacilié 
et  les  bureaux  des  commis  étaient  rouverts. 

Le  duc  se  rendit  ensuite  à  Rennes  et  les  troupes  commen- 
cèrent à  y  arriver,  mais  en  trop  petit  nombre.  Leur  présence 
exaspéra  toute  la  ville.  Le  duc  de  Ghaulnes  fut  insulté.  Sa 
femme  courut  de  vrais  dangers.  Il 'pouvait  appeler  les  troupes 
de  Nantes  et  rétablir  l'ordre  les  armes  à  la  main.  Il  est  cer- 
tain que  la  bourgeoisie  pactisait  avec  le  peuple.  G'eût  été  un 
vrai  massacre.  Le  duc  de  Ghaulnes  défendit  aux  soldats  de 
tirer,  supporta  toutes  les  insultes  et  préféra  temporiser.  Il 
résista  formellement  aux  ordres  de  la  Cour  remettant  à  une 
époque  où  l'importance  des  forces  ,dont  il  disposerait,  le 
dispenserait  de  verser  le  sang. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-   VII   — 

Dans  le  chapitre  (|ualrième,  nous  Irouvous  le  conimeiioe- 
ment  des  troubles  de  lasse  Brelagne.  le  récit  des  iricideals  i!p 
Chàleauliii  et  de  Guingamp,  du  sac  du  manoir  de  la  Bouexière 
où  les  paysans  recherchaient  les  gabeieurs,  la  fermentation 
des  environs  de  yuimper,  le  soulèvement  des  gens  de  Conibril , 
l'assassinat  de  M.  de  Kersataun.  M.  Lemoine  reconnaît  deux 
foyeis  d'insurrection  :  les  environs  de  Quimper  et  ceux  de 
Carliaix.  Il  nous  entielient  du  rôle  du  marquis  de  Nevel,  lieu- 
tenant du  Roi  en  remplacement  du  marquis  de  la  Coste, 
blessé  dans  l'émeute  de  Châteautin,  de  la  mission  du  Père 
Leforl,  supérieur  du  collège  des  jésuites  de  Quimper,  char^^é 
par  le  duc  de  Chaulnes  de  parcourir  les  paroisses  des  envi- 
rons de  Quimper  où  il  était  fort  connu  :  de  la  rédaction  de  ce 
yu'on  a  appelé  le  Code  paysan,  soMe  de  programme  des 
mutins  adopté  par  quatorze  paroisses  entre  Douarnenez  et 
Concarneau,  déjà  publié  par  M.  de  la  Boi-derie;  de  l'arrivée 
du  duc  de  Chaulnes  à  Port-Louis  et  de  quelques  troupes  à 
Quimperlé  dont  la  menace,  avec  l'action  du  marquis  de  Nevel . 
et  celle  du  Père  Lefort,  maintint  ta  basse  Cornouaille. 

Le  chapitre  cinquième  continue  l'historique  des  soulcve- 
inenls  de  la  Cornouaille  et  particulièrement  celui  des  événe- 
ments qui  ensanglantèrent  les  environs  de  Carhaix. 

M.  Lemoine  a  pu  enfin  nous  donner  une  véritable  biographie 
(lu  chef  des  révoltés,  Le  Balp,  sur  lequel  on  savait  si  peu  de 
cfiose  et  dont  la  mort  n'était  pas  connue.  Il  nous  peint  admi- 
rablement ce  jeune  notaire  royal  de  30  ans,  fils  d'un  meunier 
ruiné  et  voleur,  ayant  déjà  fait  toutes  sortes  de  métiers, 
commis  des  faux,  détenu  successivement  dans  les  prisons  de 
Morlaix  et  de  Carhaix,  mais  inlelligeni  et  énergique,  qui  avait 
pu  soulever  30.000  paysans  et  demeurer  maître  du  pays  peri- 


■yGooglc 


VIN 


liant  les  deux  mois  de  juillet  etd'aofiL  M  Lemoine  raconte 
successivement  les  iiillages  de  Carliaix,  le  sac  du  Kergoiîl,  les 
ravages  de  Gallac,  de  Latigoiinel,  rie  Maêl-Peslivien,  rie  Ker- 
Î(rist-Moeliou,  de  Pontivy,  de  Maël-Carhaix,  de  Lanveriegen 
et  Duault. 

Nous  sommes  arrivés  au  17  jiiillel.  A  Rennes  une  nouvelle 
sédition  agitait  la  ville.  Les  insur^iés  de  basse  Bretagne  clier- 
cliaienl  à  s'entendre  avec  les  Hollandais  dont  les  vaisseaux 
croisaient  sur  les  côtes.  La  sîluation  était  grave.  Mais  le  duc 
<le  Ciiaulnes  avait  en  ce  moment  sous  la  main  les  troupes 
iii>]il  il  avait  besoin  et  il  allait  marcher  sur  Carliaix  devenu  le 
yeul  foyer  de  l'insurrection.  .Auparavant  il  tenta  encore  d'a- 
paiser les  esprits  par  des  missions  religieuses  et  il  fut  ici 
secondé  par  le  saint  Père  Maunoir  ainsi  que  par  un  mission- 
naire envoyé  par  l'Evêque  rie  Saint-Malo  dont  le  nom  malheu- 
reusemenl  n'est  pas  donné  datts  la  correspondance  de  ce  prélat. 
Le  marquis  de  Nevet,  le  maripiis  rie  Montgaillard,  qui  habitait 
le  cbAleau  de  Tymeur  près  rie  Carhaix,  agissaient  également, 
lant  par  de  bonnes  paroles  qu'ils  faisaient  porter  aux  mutins 
i|u'en  cherchant  à  réunir  autour  d'eux  les  gentilshommes  de 
leur  région  pour  organiser  une  résistance.  L'un  et  l'autre 
entrèrent  même  en  relation  avec  Le  Balp  et  entravèrent 
plusieurs  fois  ses  projets.  Montgaillard  était  à  peu  près 
prisonnier  dans  son  chiSteau.  Le  Balp  avait  fait  prisonniers 
quelques  genlilhomuies  qu'il  avait  forcés  à  prendre  ries  habits 
de  paysan  et  qu'il  prétenriait  coniraindre  à  servir  de  clfefs  à 
ses  bandes.  Il  voulait  que  Montgaillard,  ancien  colonel  du 
régimentde  Champagne,  prit  le  commandement  pour  marcher 
sur  Morlaix.  .Montgaillard  malgré  ses  menaces  résistait.  Le 
Ralp,  furieux  de  ces  refus  et  d'avoir  été  plusieurs  fois  joué 


...Google 


IX 


par  lui,  atlait  le  taire  massacrer  ainsi  (|iip  son  frère,  quand 
ce  dernier,  saisissant  une  éfiée,  la  lui  passa  au  travers  du 
corps.  Des  paysans  du  Tymeur,  lidèles  à  leur  mailre,  se 
jetèretil  dans  ta  foule  des  mulins,  qui,  démoralisés  et  pris  de 
peur,  se  débandèrent.  Il  n'y  eut  point  de  combat  ni  de  mas- 
sacre de  paysans  ainsi  qne  l'ont  cru  certains  historiens. 
L'insurrection  étail  terminée,  mais  le  trouble  était  encore 
grand  partout. 

Les  crimes  commis  appelaient  nu  cbâlinieiU.  C'est  à  cette 
lâche  que  va  s'appliiguer  le  duc  de  Chaulnes. 

Le  chapitre  sixième  nous  donne  de  grands  détails  sur  la 
répression  et  l'amnislie.  M.  I.emoine  a  pris  à  ISchede  relia- 
bililer  le  duc  de  Chaulnes  accusé  jusqu'ici  de  froide  et  impi- 
toyable cruauté.  Madame  de  Sévigné,  par  .ses  plaisanteries 
d'un  goùl  douteux,  sur  les  chàliments  inlligés  aux  mutins, 
le  duc  de  Chaulnes  lui-même  dans  sa  correspondance  ont 
contribué  à  établir  cette  réputaiion  de  bourreau  sanguinaire. 
Nous  n'hésitons  pas  à  dire  que  nous  partageons  entièrement 
l'avis  de  M.  Lemoiue.  Le  duc  de  Chaulnes  était  dans  une 
situation  extrêmement  dilhcile  e:ilre  les  ordres  sévères  <'e 
Louvois,  la  nécessilê  de  punir  les  meneurs  et  celle  non  moins 
grande  d'apaiser  des  populations  à  la  tète  chaude,  très 
sure.xcitées,  que  des  rigueurs  inutiles  n'auraient  fait  qu'e.xas- 
pérer  davantage  Nous  avons  vu  les  mesures  conciliantes  qu'il 
prit  tout  d'abord  pour  amener  les  paroisses  à  déposer  les 
firmes  En  somme  la  répression  pour  celle-ci  consista  à  saisir 
les  armes,  à  descendre  les  cloches,  à  raser  quelques  clochers 
de  paroisses  plus  compromises  et  à  les  forcer  à  réparer  les 
dommages  causés.  Il  est  certain  qu'on  pendit  un  certain 
nombre  de  meneurs.  Mais  la  plupart  de  ceux-ci  passi'-rent  eji  ju- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


\ 


ji;eineiil  et  fiirenl  rii^iilim'enient  condiimnés  |)aj'  lu  i:oiii mission 
siu'ciale,  ([ue  prt'sidait  M.  di' Marillac,  ou  |iar  les  Inbunaux 
nn!i:iiiires.  Reanciiiip  (i'aiilrps  fiircnl  simplRiiieiil  pnvoyésaiix 
(jalùi'es.  Vraiiiienl  If  goiivenieiir  île  Brelagix;  |imir  le  Hoi  lie 
France  |i(»uvail-il  fain;  tiuiiiis  après  une  semblable  insurrec- 
lloi]  ?  Nous  avons  du  resle  un  lémoignage  irrécusable  dans 
le  justement  du  Père  Maiiiioir  ([iii  avait  assisté  cl  collaboré  à 
la  répression  elipii  écrivait:  "  J'admirai  dans  celle  expédilion 
la  clémence  el  la  fernielé,  la  justice  et  la  sa^iesse  de  M.  le  duc 
de  Cliaulnes  Je  compris  ijue  Dieu  communiquait  le  don  tie 
Conseil  à  ceux  (piH  destinait  au  commandement.  » 

La  ville  de  Rennes  fut.  en  revanclie,  cruellement  frappée. 
(i.OOO  hommes  de  troupe  roecupèrpiil  et  furent  logés  et  nourris 
chez  l'habitant  pendant  près  d'un  mois.  Le  faubourg  de  la  nie 
Haule,  principal  siège  des  émeutes,  fut  démoli  et  ses  babi- 
lanls  furent  chassés  de  la  ville.  Enlin,  le  Parlement  fut  e.\ilé 
à  Vannes  où  il  resta  de  longues  années.  On  comprend  facile- 
ment la  haine  Iraditionnelle  des  Rennais  contre  celui  qu'ils 
avaient  surnommé  le  «  gros  coelion  ». 

M  Lemoine  termine  par  ces  mots  tpii  résument  toute  sa 
pensée  sur  le  rôle  du  duc  de  Chaulnes.  "  Ainsi  donc,  au  bout 
de  i|ueh(ues  mois,  la  lran(|uillité  était  ilélinitivemeut  rétablie 
eu  BrelHfine,  l'aulorilé  du  Iloi  aiîermieet  l'exécution  des  nou- 
veaux Edils  assurée.  Pour  quiconcjue  a  suivi  avec  altenlion 
les  diverses  manifestations  de  celle  révolte,  il  est  impossi-ble 
de  ne  pas  reconnaître  les  ([ualités  déployées  par  le  duc  de 
Chaiilnes  en  ces  circonstances  et  la  gravité  des  maux  tpie  sa 
politique  prudente  el  ferme  sut  éviler  à  la  province  et  au 
rovaume  tout  entier,  n 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


xi 


LaiJeiixi('ii)i^|)c)rIJeilii  voluuiecoiilîeiil  les liociuneiils  classés 
en  trois  calt^gories,  d'après  leur  origine  eL  leui'  nature  :  cor- 
respondance, admiiiislralive  générale,  comptes  eldf'tlîbêralions 
des  villes,  documents  judiciaires,  mémoires  et  documents 
divers. 

La  première  catégorie  est  de  bi^aucoup  la  plus  importante 
et  contient  un  très  grand  nouihre  de  lettres  et  dép(K;hes. 
Toutes  sont  très  précieuses  et  précisent  neltenienl  les  rôles 
du  gouverneur,  des  agents  i|u'il  ei]ii)loie,  des  collaborateurs 
auxquels  il  fait  appel  ou  (|ui  lui  ollrent  leurs  services.  Citons 
en  particulier  la  dépêche  du  duc  de  Chaulnes  à  Colberl 
n"  LXXX,  la  lettre  de  l'intendant  de  la  marine  à  Brest,  du 
Seuil,  no  LXXXIV,  la  lettre  de  l'évéque  de  Sarnl-Malo  à  Gol- 
.bertn"XClIi. 

Dans  la  seconde  caté(;;orie  signalons  tout  ce  (|ui  concerne 
l'action  du  marquis  de  Monlj^aillard  et  la  mort  de  Le  Balp. 

Dans  la  troisième,  M.  Lemoine  cite  des  extraits  des  gazettes 
de  France,  d'Amsierdam,  de  Bruxelles  et  de  Londres  sur  les 
événements. 

On  ne  saurait  trop  féliciter  M,  Lenioine  d'avoir  pnilité  de  son 
trop  court  séjour  au.'î  archives  de  Quimper  pour  tnener  à  bien 
ce  travail  si  complet.  Il  a  jiu  dans  le  même  temps  retrouver 
au  ministère  de  la  guerre  et  à  la  Bibliothèque  nationale  un 
grand  nombre  de  documents  qui  n'étaient  pas  connus  et  qui 
lui  ont  permis,  en  complétant  l'histoire  des  événements,  de 
remettre  au  point  la  ligure  du  duc  de  Chaulnes  que  les  Bretons 
ne  sauraient  silrcment  porter  dans  leur  ci-ur,  mais  auquel  il 
faut  pourtant  rendre  justice. 

Les  qualités  littéraires  de  l'o'uvre  de  M.  Lemoine  ne  le 
cèdent  en  rien  à  sa  valeur  historique  et,  en  lui  rendant  hom- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  kll  - 

luii^fï,  tKitisH\|)riiiiuiis  lefeniii?  es)ioJr  que  suii  i-écenl  uttache- 
nienl  au  minisière  de  la  Guerre  lui  facilitera  de  nouveaux 
travaux  qui  coulirmeroDt  la  place  distinguée  prise  déjà  par 
lui  parmi  nos  jeunes  historiens. 

R.  DU  CREST  DE  VILLENEUVE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SEANCE  BU  24  FÉVRIER  1898 

Prâaideace  de  H.  P.  DU  OHATELUER,  Présideat. 

Étaient  présents  :  MM.  DU  GHATELLIER,  le 
chanoine  PEYRON,  LE  MAIGRE,  DU  CREST  DE 
VILLENEUVE,  le  chanoine  ABGRALL,  labbé  ^'AVÉ, 
l'abbé  KERUZEC,  JENKYN  JONES,  BOURDE  DE 
LA  ROGERIE. 

Publications  ofrertàs  à  la  Société  : 

Recueil  de  la  Commission  des  arts  et  monuments 
historiques  de  la  Charente-Inférieure  ;  bulletin  de 
janvier  1898. 

Revue  des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest;  bulletin 
de  mars-avril  1897. 

Annales  de  Bretagne;  numéro  de  janvier  1898. 

Société  d'Emulation  des  Côtes-du-Nord  ;  tome 
XXXV  (1897).  M.  Bourde  de  la  Rog^^rie  signale  à 
l'attention  des  membres  de  la  Société  plusieurs  études 
contenues  dans  ce  volume  qui  sont  intéressantes  pour 
l'histoire  du  Finistère,  P.  du  (Jhatellier  :  Exploration 
sur  les  montagnes  d'Arrhées  et  leurs  ramifications. 


.yGoogIc 


—  XIV  — 

p.  Hémon  :  La  Révolution  en  Bretagne.  Notes  et 
documents.  François  Ùelaizire  (suivi  de  notes  sur 
F.-M.  Allain  de  Launay  et  F.  Abgrall).  Soymoup  tle 
Ricci  ;  Répertoire  épigraphique  de  la  Bret&gne 
occidentale  et  en  particulier  des  Côtes-du-Nord. 
L'aateur  de  ce  dernier  travail  annonce  qu'il  le  com- 
plétera en  ce  qui  concerne  le  Finistère  par  une  note 
qui  doit  paraître  dans  un  an.  Il  est  à  souhaiter  qu'il 
reçoive  de  nos  confrères  les  communications  et  les 
observations  qu'il  demande  et  qui  lui  permettront  de 
dresser  un  répertoire  aussi  détaillé  et  aussi  complet 
pour  notre  département  que  pour  les  Côtes-du-Nord. 
M.  le  Président  donne  lecture  de  la  lettre  suivante 
de  M.  le  D'  A.  Corre  : 

Bresl,  le  9  février  inys. 

Monsieur  le  Président, 

L'êloignemenl  où  je  me  trouve  du  centre  de  la  Société  d'ar- 
chéologie ne  me  permet  pas  de  suivre  la  marcbe  de  ses  travaux 
avec  tout  le  S9in  et  l'intérêt  que  j'eusse  désiré  apporter  et 
tfiie  me  parait  comporter  la  foDction  de  vice- président. 

J'ai  donc  l'haiioeur  de  vous  prier  de  vouloir  bien  traiis- 
metlre  à  la  Société  ma  démission  de  vice-président,  en  même 
temps  que  je  remercie  mes  oûilégues  pour  l'honneur  qu'Hs 
o.il  daigné  me  faire  en  me  décernant  ce  titre. 


,yGooglc 


Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  ma 
cônsidéraittrti  très  distinguée, 

D^  A.  CORRE. 

Les  instances  les  plus  pressantes  tentées  auprès  de 
notre  collègue  pour  le  faire  revenir  sur  sa  déter- 
mination étant  restées  inutiles,  M.  du  Chatellier 
exprime  les  regrets  que  lui  cause,  ainsi  qu"à  nos 
eOnlVères,  cette  détermination.  M.  le  D""  COrre,  ajoule- 
t-il,  esl  l'uh  (ies  membres  les  plus  actifs  de  la  Société. 
La  pari  qu'il  a  prise  à  hos  discussions,  ses  intéfes- 
sântes  communications  insérées  dans  le  Biillelin  ont 
eu  la  plus  heureuse  influence  sur  le  développement 
de  la  Société  archéologique  du  Finistère.  En  l'élisant 
vice-président,  nos  confrères  avaient  voulu  lui  mar- 
quer leur  affection  et  leur  estime.  Tous  auraient  désiré 
qu'il  conservât  ce  litre  qu'il  méritait  si  bien. 

M.  (lu  Chatellier  propose  qu'en  témoignage  de  nos 
regrets  et  de  notre  constante  sympathie,  la  place  de 
vice -président  abandonnée  par  M.  le  D'  Corre  soit 
laissée  vacante.  M.  du  Crest  de  Villeneuve  appuie 
chaleureusement  cette  proposition  qui  est  adnlise  à 
l'unanimité. 

M.  le  h'  Cotre  conservant  le  titre  de  membre  de 
iiotre  Société,  M.  le  Président  espère  qu'il  voudra 
bien  nous  continuer  l'envoi  do  ses  communications  si 
appréciées  de  tous. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XVI  - 

M.  l'&bbé  Favé  lit  une  lettre  de  M.  le  Maire  de 
Carliaix  auquel  on  avait  transmis  le  vceu  émis  par  la 
Société  archéologique  dans  sa  séance  du  28  octobre 
1897.  M.  le  Maire  envoie  un  extrait  du  registre  des 
délibérations  du  Conseil  municipal,  séance  du  10 
février  1898  : 

"  M.  le  Maire  donne  leclure  au  Conseil  d'une  lettre  de  M. 
H  le  Secrétaire  de  la  Société  archéologique  du  département 
«  du  Finistère  et  d'un  extrait  du  Procès-Verbal  de  la  séance 
(1  de  cette  Société  tenue  le  28  octobre  18!)7,  demandant  que 
a  M.  le  Maire  de  Carhaix  veuille  bien  s'intéresser  à  la  eonser- 
(I  vation  de  la  section  d'aqueduc  qui  est  visible  du  côté  Est  de 
(1  la  ville  et  souhaitant  qu'une  grille  protégeât  ce  reste  curieux 
«  de  l'époque  romaine  contre  toute  dégradation  ou  accident 
<(  regrettable. 

H  Le  Conseil  reconnaissant  le  bien  fondé  du  vœu  émis  par 
<i  la  Société  archéologique  du  Finistère,  déclare  qu'il  consent 
(I  à  ce  qu'une  grille  soit  placée  près  de  l'aqueduc  en  question 
«  alin  de  le  proléger  contre  tout  accident,  mais  à  la  condition 
M  que  ladite  Société  participera  pour  moitié  dans  l'achat  et 
«  le  placement  de  cette  grille,  h 

M.  du  Chatellier  et  M.  le  cha.noine  f'eyron 
observent  que  les  ressources  de  la  Société  ne  lui  per- 
mettent pas  de  se  charger  de  cotte  dépense  et  proposent 
que  la  délibération  du  conseil  municipal  de  Carhaix 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  XVIl  — 

soit  transmise  à  la  Commission  des  monuments  histo- 
riques qui  sera  priée  de  contribuer  aux  frais  dont  la 
ville  de  Carhaix  ne  consent  pas  à  être  chargée  seule. 
Cette  proposition  est  acceptée. 

M.  du  Ci'est  de  Villeneuve  communique  au  nom 
de  la  Commission  de  comptabilité,  les  comptes  de  Wt 
Société  pour  l'année  1897.  (Annexe  au  Procès- Verbal.) 

M.  Itourde  de  la.  Rogerie  lit  ensuite  une  très  inté- 
ressante communication  de  M.  le  D''  Corre  :  /<es 
anciennes  corporations  brestoises  (suite),  les  maçon», 
les  charpentiers  et  lei  couvreurs. 

M.  du  Crest  de  Villeneuiie  lit  l'étude  de  M.  Tré- 
védy  :  Pont-iAbbé  et  Pont-Chateau  aux  Etats  de 
Bretagne, 

•W.  iabbé  Abgrall  continue  la  lecture  de  son 
mémoire  ;  Le  mobilier  artistique  des  églises  bre- 
tonnes. 

M.  du  Chatollier  lit  une  notice  de  M.  Aveneau  de 
la  Lîrancière  ;  Statuette  en  bronze  du  dieu  Pan, 
découverte  k  Elliant. 

M.  du  Chatellier  observe  que  l'on  ne  peut  fixer 
avec  certitude  le  nom  de  la  commune  où  a  été  trouvée 
cette  statuette.  Le  martihand  qui  a  dit  à  M.  de  la 
(jrancière  qu'elle  avait  été  découverte  à  Elliant  a 
aflîrmé  à  M.  du  Ghatellier  qu'elle  avait  été  trouvée 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XVI!  I  — 

à  lîrguç-ATniel  et  4   un    autrio   client   sur  le    Monl- 
Krttgy 

La  séance  e^t  lovée  «  ^inq  heufes. 

Le  Président, 
P.  hV  CHATELLIEH. 

Le  Socrétaire, 
II.  BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


InlnlnSiclIttini 

ul"|iRtorim:i34 
1  n  nlirl 


Société  ArefeéftIofTqBe  du  Pintstère 


Exercice  !»•« 


RECETTES, 

.  Colisations  des  Sociétaires  pour  189T  ....  13311  ii 

.  Reliqiwt  de  feiercic*  1896 1517  92 

.  Manitat  préfectoral.- ,  200  » 

.  Vente  de  3  tomes  des  bulletins 15  u 

,  Vente  de  2  collections  compTèties 148  » 

.  Vente  de  50  ca [aloses  à  0  fr.  75  :  37  &-.50  ; 
1  grande  photographie  2  fr.  75,  2  pe- 
tites Ifr.  75  :  3  fr.  50 43  7» 

.  Vente  de  2  cartulaîres 11  » 

.  Souscriptions  pour  le  buste  de  U.  LuesI 

(fin) 95  » 

.  Souscriptions  pour  le  buste  de  H.  de  la 

Villemarqué 548  » 

DÉPENSES. 

.  Port  de  collection  de  bulletins  à  M,  Loth  .  1  65 
.  Payé  à  M.  Beau,  directeur  du  musée,  pour 

transports  du  buste  de  M.  Luzel 7    m 

1.  Payé  à  M,  Hector  Lemaire,  commande  du 

buste  en  bronze  de  M.  Luzel 1500    » 

,.  Payé  à  M.  Le  Bras  pour  1000  plans  auto- 

grahiés 53    i> 

>.  Payé  traitement  1S97  à  H.  Salaân,  aide- 

biblioihécarre 60    » 

i.  Payé  à  H.  Le  Febvre,  libraire,  brochage 

de  65  bulletins  1897,  à  0  fr.  20 13    » 

'.  Payé   â  M.   Colonncc  pour   impressions 

diverses 1546  95 

I.  Payé  aux  concierges  pour  préparation  de 

la  salle  des  11  séances ' 11    n 

I.  Reteou  par  le  trésorier  pour  atTrancbisse- 

ment  de  lettres  et  bulletins 78  10 

I,  Retenu  par  le  trésorier  pour  ses  honoraires 

1897 200    H 

En  caisse  chez  le  trésorier 

Avoir  à  la  caUse  d'épargne 

Total  formaol  l'actif  de  la  Société 


.,Googlc 


Certillë  par  le  trésorier  soussigoê. 
Qiiimper,  ie  85  février  1898. 

Signé  :  A.  LE  MAIGRE. 

Vu  et  approuvé  par  les  membres  de  la  Commission  nommée  par 
le  bureau  pour  procéder  à  l'exaineu  de  la  Térificatiou  des  comptes 
de  H.  Le  Mai^,  trésorier  de  la  Société  arcbéologiqne  du  Finistère. 
Onimpef,  le  25  février  1898. 

Le  Préfident. 
Signé  :  DU  CHATELUER 
Lu  Membres  de  la  Communion, 
Signé  :   DU  CREST  DE  VILLENEUVE, 
A.  LE  BRAZ, 
LEPRINCE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SEANCE  DU  n  MARS  1898 

Présidence  de  H.  P.  DU  OHATELUBR,  Président. 


Étaient  présents  :  MM.  DU  CHATELLIKR  , 
PEYRON,  ABGRALL,  FAVp!,  DU  CREST  DE  VIL- 
LENEUVE, LE  MAIGRE,JENKINJONE^  BOURDE 
DE  LA  ROOERIE. 

Ouvrages  offerts  à  la  Société  : 

Annales  de  la.  Société  historique  et  archéologique 
■de  Château-Thierry,  année  1896. 

Journal  des  Savants,  fascicules  de  janvier  et  fé- 
vrier 1898. 

Bulletin  du  comité  dos  sociétés  des  beaux-art^ 
■des  départements,  1"  mars  1898. 

Le  Clocher  breton,  mars  1898. 

Annales  de  la  Société  archéologique  de  Bruxelles, 
tome  XII,  livraison  L 

Bulletin  de  laSociété  des  Antiquaires  de  Picardie, 
année  1897,  n°'  1  et  2. 

Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Stockholm, 
189 'i. 

Revue  historique  de  l'Ouest,  livraisons  de  janvier 
et  février  1898. 

Bulletin  archéologique  du  comité  des  travaux 
liistoriques  et  scientifiques,  année  1896,  3' livraison. 

Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Pi- 
cardie, tome  XIV  ;  cartulaire  du  chapitre  de  la  cathé- 
drale d  Amiens. 

Aveneau  de  la  Grancière  :  Lus  rouelles  gauloises  et 
les  Cusa'ioles  en  plomb  du  Morbihan  {mémoire  pré- 
senté au  Congrès  de  l'Association  bretonne  à  Rennes 
en  1897). 

A.  du  Chatellier  :  Evêché  et  ville  de  Kemper. 
Paris  1888,  in-f. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


M.  Bourde  de  ia  Bogerie  fait  remarquer  que  plU' 
Meurs  articles  publiés  dans  des  revues  étrangères  à  la 
Bretafrne  sont  cependant  utiles  à  consulter  pour  l'his- 
toire de  cette  province;  on  lira  avec  fruit  dans  les 
annales  de  la  sociét4  historique  de  Château-Thierry 
l'étude  de  M,  Moulin  sur  le  conirrès  archéologique  de- 
Morlaix  et  de  Brest  en  juin  1896  et  dans  lo  bulletin 
du  comité  des  travaux  historiques  le  rapport  de  M.  de 
Lastcyrie  sur  les  fouilles  de  Saint-Similien  de  Nantes, 
et  la  notice  de  M.  Maitrcsur  Téglise  de  Saint-Phi Ibert 
de  Grandiieu. 

M.  du  C/iaieliter  donne  lecture  du  passatre  suivant 
d'une  lettre  qu'il  a  reçue  de  notre  sympathique  col- 
lègue M.  1©  docteur  Corre  : 

((  ....  Je  crois  de  mon  devoir  de  vous  témoigner,  à  vous  et 
à  la  Société,  toute  ma  gratitude  pour  la  façon  dont  vous  avez 
bien  voulu  recevoir  ma  démission  de  vice-président. 

«  Non  certes,  je  ne  me  désintéresserai  point  de  la  Sociél*  ; 
je  serai  toujours  heureux  de  continuer  avec  tous  ses  membres 
des  relations  sympathiques.  » 

M.  du  Chatellier  et  ses  collègues  remercient  M.  le 
docteur  Corre  de  cette  nouvelle  as.suranco  de  son  con- 
cours. 

M.  du  C'-exl  de  Villeneui-n  rappelle  qu'au  mois  de 
novembre  1897,  la  Société  a  décidé  de  proposer  à  la 
Société  historique  et  archéologique  du  Maine  l'échange 
de  nos  publications.  Cette  demande  n'ayant  pas  reçu 
de  réponse,  M.  du  Crest  de  Villeneuve  propose  qu'on 
la  renouvelle  en  rappelant  à  la  Société  du  Maine  qu'ert 
1879  elle  nous   avait  adressé   une  demande  analogue. 

Cette  proposition  est  adoptée. 

M.  du  Chatellier  lit  une  lettre  de  M.  Cartailhau, 
,  demandant  des  renseignements  sur  des  vases  en  terre 
cuite  trouvés  dans  les  environs  de  Quimper  et  décrits 
dans  une  communication  adressée  au  Ministère  de 
l'Instruction  publique,  en  1874,  par  M.  le  docteur  de 
Gîrardot,  de  Nantes.  Ces  vases  étaient  à  cette  époque 
conservés  à  Lorient  chez  M,  Rustuel,  économe  de- 
l'hospice. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  xxin  - 

Aucun  (les  membres  présents  n'ayant  eu  uonnais- 
sanue  de  cette  découvi.Tte,  M.  Tabbé  Abgrall  veut  bien 
se  charger  de  rechercher  ce  queces  vases  sont  devenus. 

M.  du  Cre«t  de  Villeneui-e  qui  vient  de  procéder 
au  récolement  de  la  bibliothèque  de  la  Société  observe 
que  les  rayons  où  sont  placés  nos  volumes  sont 
devenus  insufTïsanIs.  La  Société  décide  <|u'tme  somme 
de  100  francs  sera  consacrée  à  l'aménasjement  ■d'un 
nouveau  corps  do  bibliothèque. 

M.  l'abbé  Goazifuen,  curé  doyen  de  PloBescat, 
présenté  par  MM.  les  chanoines  Ab^rall  et  Peyron, 
est  admis  comme  membre  de  la  Société. 

M.  du  Chatellier  lit  une  communication  de  M,  le 
comte  de  Kerdrel  : 

FOUILLE  D'UN  TUMULUS 
situé  dans  les  bois  de  Eeruzoret  (PlouTom). 


Ce  tumuliis  mesure  20  mètres  à  sa  base  sur  4  moires  de 
haut.  Au  mois  de  janvier  1898,  j'ai  pratiqué  dans  son  dia- 
mètre une  lai^c  tratichée  en  suivant  le  niveau  du  sol.  Près 
du  centre  ta  terre  fut  remplacée  par  .un  sable  blanchâtre, 
dans  lequel  la  bêche  enfonça  profondément  :  mais  nulle  trace 
de  dalle,  de  pierre  ou  de  construction  Après  avoir  fait  isoler 
cet  espace  sablé  qui  formait  un  rectangle  de  i  mètres  sur 
1  m.  30  environ,  je  lis  enlever  le  sable  avec  les  prtoutjons 
les  pjus  minutieuses.  Dans  cetle  fosse,  dont  les  terres  a  voi- 
sinantes constituaient  les  parois,  il  ne  se  présenta  rien  de 
remarquable  avant  d'avoir  atteint  une  profondeur  de  I  m.  61). 
Alors  le  sable  devint  noirâtre,  portant  des  traces  évidentes  de 
décompositions  animales.  Du  côlé  de  l'est,  je  recueillis  un 
débris  de  maxillaire  avec  les  dents  ;  a  sa  gauche,  11  petites 
pointes  en  sile.x,  très  régulièrement  taillées,  agglomérées 
comme  si  elles  s'étaient  détachées  d'un  faisceau;  à  droite 
trois  lames  en  bronze. 

Le  chef  auquel  a  été  consacrée  cette  sépulture  a  donc  été 
inhumé  dans  une  fosse  creusée  au  ras  du  sol  ;  près  de  sa  tète, 
orientée  vers  l'est,  ont  été  déposées  ses  armes,  puis  la  fosse- 
a  été  comblée  avec  un  sable  de  terre  dont  on  retrouve  dans 
les  environs  de  nombreuses  carrières.  Mais,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  la  pierre  n'a  pas  été  employée  pour  la 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


coiislruclion  de  ce  monumeul  H  un  sijnpiR  lertre  de  |i;aitoji  a 
[)i-otégé  pendanL  de  longs  siècles  les  restes  dit  lîuet'riei'  dont 
on  a  voulu  honorer  la  mémoire 

Comte  DK  KKRDREL. 

M.  du  Chatellier,  remerciant  M.  de  Kerdrel  (1«  son 
intéres-sante  communication,  observe  que  cette  sépul- 
ture est  d'une  constructiou  particulière.  Il  est  surpris 
que  le  corps  ne  fût  pas  protégé;  il  n'a  pas  été  trouvé 
de  piarres,  mais  peut-être  y  avait-il  des  madriers  qui 
empêchaient  leboulement  des  terres  supérieures 
comme  dans  le  tumulus  de  Kergoniou,  en  Guissény, 
qu'il  a  rouillé  avec  M.  Abf<call.  Les  traces  de  décom- 
position remarquées  par  M.  de  Kerdrel  pourraient  être 
des  traces  de  bois  décomposé. 

M.  de  Kerdrel  fait  don  de  deux  pointes  de  flècbe 
en  silex  el  d'un  fragment  de  lame  de  poignard  en 
bronze  trouvés  dans  cette  sépulture.  La  Société  vote 
des  remerciements  au  donateur  el  décide  que  ces 
.objets  seront  placés  en  dépôt  au  Musée  départemental 
d'archéologie. 

Lecture  est  ensuite  donnée  des  communications 
suivantes  : 

Droits  el  charges  d'un  grand  voyerde  CornouaUle 
à  la  fin  du  XVII"  siècle,  par  M.  Villiers  du  Terrage. 

Vieux  papiers,  par  M.  l'abbé  Favé. 

Une  montre  à  Saint-Renan,  54  août  1557. 

Pont-Chàteau  et  Ponl-iAbbé  ai ix  états  de'Bre- 
tagne  (suite),  par  M.  J.  Trévédy. 

La  séance  est  levée  à  'i  heures. 

Le  Président, 
V.  DU  CHATELLIER. 
l^e  Secrétaire, 
H.  BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SEANCE  DU  28  AVRIL  1898 


PrAsiâence  de  M.  P.  DU  CHATELUEÉt,  Président. 


Étaient  présents  :  MM.  les  chanoines  PEYRON  et 
TOULEMONT,  DU  CREST  DE  VILLENEUVE , 
JENKYNS  JONES,  Chanoine  ABGRALL,  LE  MAIGRE 
etFAVÉ. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  adopté 
sans  observation,  et  M.  le  Président  dépose  sur  lo 
bureau  les  publications  suivantes  : 

Annales  de  Bretagne,  livraison  d'avril. 

Annuaire  de  la.  Société  archéologique  de  Bruxelles., 
1898. 

La  Renaissance  des  Etudes  liturgiques,  par  M.  le 
chanoine  Ulysse  Chevalier.  (Congrc.s  scientifique  inter- 
national do  Fribourg  en  1897). 

Exploration  du  tumulus  de  Kerhué-Iims,  en 
Plonéour-Lanvern,  par  M.  P.  du  ChatcUier.  (Extrait 
des  Matériaux  pour  i histoire  primitive  et  naturelle 
de  l'homme,  recueillis  sous  la  direction  de  M.  Emile 
Cartailhao.) 

Dans  une  circulaire,  notre  confrère  M.  Le  Braz  fait 
appel  au  concours  sympathique  de  la  Société  pour 
mener  à  bonne  fin  une  œuvre  qu'il  a  entreprise  avec 
la  collaboration  et  l'adhésion  des  célébrités  de  la  Bre- 
tagne contemporaine.  Il  s'agit  de  monter  et  d'exécuter, 
pour  la  mi-août,  à  Ploujoan,   aux  portes  de  Morlaix. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XXVI  — 

le  Mystère  de  SaintGuénolé ;  un  vrai  mystère '}oaé 
par  les  descendants  et  disciples  des  anciens  acteurs 
du  Moyen-Age  retrouvés  au  pays  de  Tréguier. 

Sur  la  présentation  de  MM.  du  Cliatellier  etPeyron, 
M.  Georges  Guépin,  dp  Quimper,  est  admis  comme 
sociétaire. 

M.  Antoine  Favé,  au  nom  de  M.  Ulysse  Chevalier, 
chanoine  de  la  primaliale  de  Lyon,  demande  que  la 
Société  consente  à  faire  l'échange  avec  la  volumineuse 
publication  de  la  Société  que  léminent  paléographe 
dirige  sous  le  titre  de  Comilé  d'histoire  ecclésias- 
tique et  d'archéologie  religieuse  des  diocèses  de  Va- 
lence, Gap,  Grenoble  et  Viviers,  à  Romans,  L'é- 
change  est  vote  et  conformément  au  désir  de  M.  lo 
chanoine  U.  Chevalier,  il  lui  sera  expédié  les  années 
«coulées  de  notre  Bulletin  depuis  1886. 

A/,  du  Crest  de  Villeneuve  dépose  sur  le  bureau 
le  rapport  de  comptabilité-matière  de  la  Commission  des 
finances;  ce  document  sera  annexé  au  procès- verbal . 
Le  rapporteur  ayant  exposé  l'urgence  de  faire  un 
brochage  par  année  des  collections  du  Bulletin  men- 
suel de  nos  travaux,  la  Société  décide  que  ce  brochage 
doit  être  exécuté  dès  maintenant. 

Af.  du  Crest  de  Villeneuve  soumet,,  de  plus,  un 
devis  estimatif  des  frais  qu'amèneront  la  réfection  et 
l'établissement  d'étagères  à  la  bibliothèque  de  la 
Société  archéologique.  Ce  devis,  se  montant  à  103  fr., 
sera  contrôlé  par  notre  confrère  M.  Abgrall,  architecte, 
qui  voudra  bien  communiquer  son  appréciation. 

Af.  l'abbé  Faré  résume  en  quelques  mots  les  im- 
pressions qu'il  a  rapportées  du  Congrès  des  Sociétés 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XXVII  - 

iavantea  à  la  Sorbonne,  où  il  a  représente  notre  âbsû- 
ciation.  Il  promet  de  le»  développer  plus  au  long  dans 
un  mémoire  qui  sera  inscrit  h  Tordre  du  jour,  de  l'a 
prochaine  séance. 

M.  l'abbé  Abgraîl,  dans  une  visite  archéologique  à 
Trégont-Mab,  entre  Saint-Evarzcc  et  Ergué-Armel, 
a  eu  occasion  detudier,  dcbauchci-,  en  face  des  ma- 
tériaux recueillis  par  M.  Colomb,  un  plan  de  resti- 
tution du  cloitre  et  de  l'église  des  Cordeliers  de 
Quimper.  Cela  nous  vaut  une  intéressante  communi- 
cation qui  sera  insérée  comme  annexe  au  procès-verbal. 
La  Société  appuie  cordialement  le  vœu  que  M.  Abgrall 
adresse  à  notre  distingué  et  dévoué  confrère  M.  Ker- 
viler  :  celui  de  le  voir  opérer  la  résurrection,  le  sau-. 
vetage  intelligent  de  ces  restes  précieux  de  notre  archi- 
tecture locale. 

M.  le  chanoine  Peyron  lit  de  curieuses  recherches 
sur  les  ihaisons  prébendales  du  Chapitre  de  Cornouaille 
dans  la  ville-close  de  Quimper  ;  tout  en  constatant  la 
difHculté  grande  de  placer  la  maison  prébendale  de 
Lafldévennec,  avec  certitude,  il  fait,  pour  les  autres 
maisons,  sa  démonstration  sur  un  plan  dressé  par  lui 
avec  une  précision  topographique  parfaite.  M  M. du  Crest 
de  Villeneuve  et  Toulemont  échangent  quelques  éclair- 
cissements sur  cette  matière. 

Af .  du  Crest  de  Villeneuve  donne  lecture  de  la  suite 
du  travail  de  M.  le  président  Trévédy  concernant  les 
baronnies  do  Font-l'Abbé  et  de  Pont-Château. 

M.  le  Président  remercie  M.  Trévédy  de  son  inté- 
ressante communication  qui  sera  insérée  au  bulletin. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XXVIII  - 

M.  du  Chatellier  donno  connaissance  des  fouilles 
fructueuses  qu'il  a  pratiquées  à  Plonéour-Lanvcrn,  Il 
exhibe  deux  collections  fort  admirées  do  pointes  de 
flèches  en  silex.  La  Société,  félicitant  son  Président, 
]e  prie  de  vouloir  bien  faire  insérer  sa  communication 
au  Bulletin,  ainsi  que  le  plan  qu'il  a  dressé  à  Tocca- 
BÎon  d'une  de  ces  fouilles. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

Le  Président, 
P.  DU  CHATELLIER. 

Le  Secrétaire, 
Antoine  FAVÉ,  prêtre. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XXIX  - 
ANNEXE  AU  PROCÈS-VERBAL 


Messieurs, 

Votre  commission  des  comptes  s'est  occupée  de  la  vérifl- 
calion  de  ia  comptabilité-maliére  et  a  constaté  ce  qui  suit  : 
/°  Bulletins  de  la  Sociêtil. 
11  existait  aux  archives  39  collections  complètes.  Depuia  2 
ont  été  vendues,  1  a  été  offerte  à  M.  Loth,  doyen  de  la  Faculté 
des  lettres  de  Rennes.  Il  devrait  en  rester  36,  nous  n'en  avons 
trouvé  que  33.  Mais  il  y  a  lieu  de  supposer  qu'en  cherchant 
dans  les  livraisons  non  brochées,  on  pourra  en  établir  un 
plus  grand  nombre.  Il  serait,  pour  leur  conservation,  utile  de 
faire  brocher  celles  que  l'on  pourra  compléter  et  votre  com- 
mission émet  le  vœu  que  la  dépense  de  ce  brochage  soit  dès 
à  présent  décidée  par  la  Société. 

2'  Anciens  plans  de  Quimper. 

Le  compte  de  l'an  dernier  en  porte  121  existant  aux  archives. 

Il  n'y  en  a  que  120,  nous  supposons  qu'une  feuille  blanche 

qui  se  trouve  au  milieu  a  pu  être  prise  pour  un  pian. 

3^  Catalogues  du  Musée. 

A  la  clôture  du  dernier  exercice  il  en  existait  66  petit 

format.  Il  n'y  en  a  plus  que  38.  Il  en  a  été  vendu  28  dont  le 

prix  a  été  remis  par  le  gardien  à  votre  trésorier. 

Il  restait  l'an  dernier  2Si  catalogues  grand  format.  Il  en  a 
été  vendu  50.  Il  en  reste  214. 

4'  Photographies  du  Hîusée  ethnographique. 
Il  n'y  en  a  plus  entre  Ijs  mains  du  gardien  du  Musée. 
M.  Le  Bras,  libraire,  en  a  en  dépôt  3  grandes  collées,  8 
grandes  non  collées,  13  petites. 

5°  Cartulaires  de  Landéûennec. 
Le  Trésorier  a  entre  les  mains  4  exemplaires  sur  papier  de  ■ 
Hollande,  187  sur  papier  ordinaire.  2  de  ces  derniers,  qui 
font  la  différence  avec  les  189  existant  l'an  dernier,  ont  été 
vendus  dans  l'année  et  leur  prix  porté  en  recette. 
I.e  Vice-Président, 

P.  PEVRON,  Chanoine, 
La  Connnission  : 

E.  DU  CREST  DE  VILLENEUVE. 

LEPRINCE, 

A.  LE  BRAZ- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-XXX  - 

UÈmm  &  GOHPm-RGNDIlS 
UNE  PROMENADE  A  TBÉ60NT-MAB. 


Dans  une  noLice  insérée  au  Bulletin  de  notre  Société, 
volume  de  1883,  p.  199,  M,  Bigot,  ancien  architecte  diocésain, 
donne  la  description  de  l'église  et  du  cloître  des  Cordeliers  de 
Quimper  et  termine  son  mémoire  en  disant  que  les  matériaux 
efi  ont  été  acquis  par  M.  Colomb,  ancien  conseiller  de  préfec- 
ture, et  transportés  par  lui  dans  les  années  1842  et  1845  en 
se  propriété  de  Trégont-Mab,  où  ils  sont  complètement  oubliés 
et  ensevelis  sous  les  ronces  et  les  Toiles  herbes. 

Depuis  longtemps  j'avais  le  désir  d'aller  à  Trégonl-Mab  voir 
les  débris  de  ces  deux  vieux  monuments  du  Xllh  siècle  ;  dans 
le  courant  d'avril,  }'ai  pu  réaliser  ce  vœu,  en  compagnie  de 
noire  jeune  confrère  M.  Gravelotle.  Le  manoir  de  Trégont- 
Mab  est  situé  dans  la  commune  d'Ergué-Armel,  non  loin  de 
Saint-Evarzee,  entre  le  moulin  du  Lenn-Du  et  le  moulin  du 
Pont,  par  conséquenl  entre  la  route  de  Quimper  à  Concarneau 
et  la  roule  de  Quimper  à  Bénodet.  Il  doit  ce  nom  de  Trégont- 
Mab  [Trente  ^Is],  d'après  la  tradition,  à  ce  qu'une  des  châte- 
laines qui  l'habita  avait  trente  fils.  Un  jour  que  la  duchesse 
Anne,  dont  elle  avait  été  l'amie  d'enfance,  était  venue  la  voir 
en  sa  terre,  elle  la  pria  de  vouloir  bien  s'asseoir  à  sa  table  et 
de  prendre  un  repas  chez  elle.  La  duchesse  accepta,  mais  ù  la 
condition  que  ce  serait  un  repas  intime,  qu'il  ne  serait  fait 
aucune  invitation  chez  les  gentilshommes  du  voisinage  et  qu'il 
n'y  aurait  que  la  famille  seule.  En  entrant  dans  la  salle,  la 
duchesse  voit  une  immense  table  servie,  avec  trente-deux 
couverts;  elle  se  fâche  contre  la  châtelaine  et  lui  reproche 
d'avoir  fait  des  invitations  contre  sa  défense.  Mais,  duchesse,' 
j'ai  trente  lils,  et  tous  les  jours  leurs  trente  couverts  sont  mis, 
elnous  mangeons  en  famille.  On  dit  que  la  duchesse  fut  émer- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-veillée,  qu'elle  accorda  bon  nombre  de  privilèges  à  cette  légioh 
d'enfants  et  que  depuis  la  terre  a  gardé  le  nom  de  Trégont-Mab. 

Mais  nous  voilà  loin  de  nos  monuments. 

M.  Colomb  qui  avait  une  passion  pour  les  antiquités  el  les 
œuvres  d'art,  qui  a  passé  sa  vie  à  faire  une  foule  d'acquisi- 
tions, à  commencer  une  foule  d'œuvres  et  à  ne  jamais  rien 
terminer,  voulut  rétablir  chez  lui  l'église  des  Cordeliers,  du 
moins  en  partie,  et  cela  pour  servir  de  musée,  pour  loger  les 
nombreux  lableaux  anciens  qu'il  avait  collectionnés.  Mais  ce 
qu'il  construisit  n'était  qu'une  réduction  de  l'église  du  couvent 
de  Saint- François,  et  mesurait  à  peine  20  mètres  de  longueur 
au  lieu  des  40  que  M.  Bigot  attribue  à  l'édifice  primitif  ;  puis 
les  murs  n'ont  été  montés  qu'à  5  mètres,  la  porte  principale 
est  inachevée,  les  baies  des  fenêtres  sont  restées  à  mi-hau- 
teur, et  maintenant  de  grands  arbres  poussent  entre  ces  mu- 
railles et  finiront  par  en  faire  des  ruines  en  seconde  édition. 
On  ne  peut  cependant  se  défendre  d'admirer  la  belle  facture 
de  cette  construction,  les  pierres  de  parement  sont  si  fines  et 
si  bien  dressées  qu'on  les  dirait  taillées  d'hier  seulement. 

Celle  église  commencée  el  inachevée  se  trouve  à  l'ouest  de 
la  maison  d'habitation,  et  à  40  ou  50  mètres,  du  côté  de  l'est 
dans  un  bois  taillis,  on  esl  tout  surpris  de  voir  le  sol  jonché 
de  pierres  œuvrées  el  sculptées,  fûts  de  colonnes,  bases,  cha- 
piteaux, meneaux  de  fenêtres,  entre  lesquels  poussent  des 
plantes  el  de  vrais  buissons, 

La  première  chose  que  l'on  rencontre,  à  main  gauche  à 
l'entrée  du  sentier,  c'est  une  immense  fenêtre  déposée  et 
rangée  en  ordre  sur  le  gazon,  avec  ses  six  baies  de  O^S^j 
d'ouverture  el  son  magnifique  tympan  llamboyanl,  le  tout 
.mesurant  7  ou  8  mètres  de  hauteur.  En  suivant  le  sentier  on 
trouve  sur  la  gauche  bon  nombre  d'antres  fenêtres,  mais  de 
plus  petite  dimension,  et  offrant  dans  leurs  tympans  les 
dessins  variés  du  XIII»  et  du  XIV°  siècle,  trilobés,  quaire- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XXXH  — 

feuilles,  tels  qu'on  les  irouve  au  chœur  de  la  calhédraie  de 
Quimperetà  l'église  du  Cretsker,  à  Sainl-Pol-de-Léon. 

Sur  le  bord  même  du  senlier  on  voit  toute  une  série  de 
bases  de  colonneltes  et  de  cbapiteaux  avec  des  fûts  cylin- 
driques de  0™o4  de  longueur  sur  0™17  de  diamètre.  Ce  sont 
les  restes  de  l'aneien  cloître  dont  M.  Bigot  nous  a  laissé  un 
plan  et  qui  formait  un  rectangle  de  12  mètres  sur  20,  com- 
prenant en  tout  76  colonnes,  dont  quelques-unes  disposées  en 
groupes  de  trois  dans  les  angles. 

Ces  cbapiteaux  dans  leur  sculpture  simple  et  sobre  décèlent 
admirablement  l'art  du  XI1I«  siècle,  et  si  l'on  en  a  fait  une 
reproduction  dans  les  deux  petits  passages  couverts  de  la 
sacristie  de  la  cathédrale,  et  aussi  dans  l'arcature  qui  orne  la 
cour  de  l'évêché,  il  faut  reconnaître  que  la  palme  reste  au  vieux 
tailleur  de  pierres  qui  a  su  modeler  et  galber  ses  feuilles  col- 
lantes et  ses  crochets  bien  plus  harmonieusement  que  les  sculp- 
teurs de  notreépoque.  Pareilles  qualilèsel  mêmes  caractères  se 
retrouvent  dans  la  sculpture  végétale  de  l'abside  de  Bénodet. 

Disons  en  outre  que  tous' les  chapiteaux  du  cloître  des 
Cordeliers  ne  se  trouvent  pas  à  Trégont-Mab.  Il  en  existe 
cinq  ou  six  au  musée  de  Quimper  ;  dans  le  temps  on  en  voyait 
un  autre  à  la  maison  de  garde  du  château  de  Pralanras,  sans 
compter  qu'il  en  existe  une  dizaine  au  cimetière  de  Bodivil, 
en  Plomeiin,  où  ils  avaient  été  transportés  par  les  frères  Le 
Déan  ou  par  les  Basiard  de  Kerguiflinec.  Maintenant  cette 
propriété  de  Bodivit  appartient  à  M.  René  Pocquart-Kerviler, 
ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  à  Saint-Nazaire  ;  et 
comme  à  la  mort  de  M.  Colomb  il  est  devenu  aussi  acquéreur 
de  Trégont-Mab  il  lui  serait  possible  de  réaliser  le  projet  que 
cet  amateur  fantasque  et  incomplet  n'a  fait  qu'ébaucher  et 
ressusciter  dans  cette  campagne  la  vieille  église  de  Saint- 
François  de  Quimper  avec  son  joli  cloître  XIH«  siècle. 
J.-M.  ABGRALL, 

chanoine  honoraire. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SEANCE  DU  26  MAI  1898 


Prâsidence  de  M.  P.  DU  CHATELUER.  PrAsideat. 


Etaient  présents  :  MM.  DU  CRESÏ  DE  VILLE- 
ÎIEUVE ,  LEPRINCE ,  Chanoines  ABGRALL  et 
PEYRON,  LÉ  MAIGRE  et  FAVÉ. 

M.  Jenkyn  Jones  s'excuse  par  lettre  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance. 

Après  lecture  faite  du  procès-verbal  de  la  précé- 
dente réunion,  M,  le  Président  procède  au  dépouil- 
lement de  la  correspondance. 

La  Société  des  Bibliophiles  bretons  nous  commu- 
nique l'appel  qu'elle  fait  aux  Sociétés  littéraires  de  Bre- 
tagne à  l'effet  de  les  amener  à  prendre  part  à  un  concours 
■ouvert  à  l'occasion  du  Cinquantenaire  des  funérailles 
de  Chateaubriand.  Le  programme  indique  comme 
sujets  : 

Poésie  :  Un  poème  en  l'honneur  de  Chateaubriand. 

Prose  :  I.  Etudier  le  livre  VI  des  Martyrs.  (Ba- 
taille des  Romains  contre  les  Franks.) 

IL  Etudier  le  livre  X  des  Martyrs.  (L'épisode  do 
Velléda.) 

III.  Etude  historique  et  archéologique  sur  le  Châ- 
teau, la  Ville  et  la  Seigneurie  de  Combour. 

D'autre  part,  M.  le  comte  de  Marsy,  directeur  de 
la  Société  française  d'archéologie,  adresse  à  M  le 
Président  un  exemplaire  du  programme  du  Congrès 
archéologique  de  France,  qui  se  tiendra  à  Bourges 
du  6  au  12  juillet,  avec  prière  d'exprimer  à  notre 
Société  du  Finistère  le  désir  de  la  voir  représenlée  à 
Bourges  par  quelques-uns  de  ses  membres. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XXXIV  — 

Le  Président  dépose  sur  le  bureau  les  publications 
suivantes  : 

BuUelin  archéologique  du  Comité  des  travaux 
historiques,  année  1897,  1"  livraison. 

Hecueil  de  la  Commission  des  arts  et  monuments 
historiques  de  la  Charente- Inférieure,  avril  1898. 

Société  archéologique  de  Bordeaux,  T.  XXI,  4* 
trimestre. 

Journal  des  Savants,  livraisons  de  mars  et  d'avril. 

Bulletin  de  la  Société  d'études  historiques  et 
géographiques  de  Bretagne,  janvier-avril  1898. 

Bulletin  {n"  3)  de  (a  Société  d'émulation  des 
Côtes-du-Nord. 

Académie  d'Hippone,  réunion  du  31  mars  1898. 

Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  et  d'archéologie 
religieuse  des  diocèses  de  Valence,  Oap,  Grenoble 
et  Viviers,  janvier-juin  1898,  deux  fascicules. 

Dans  ces  différentes  publications  on  peut  signaler 
les  articles  suivants  : 

Journal  des  Savants,  d'avril  :  «  Le  système  de  In 
Tribu  »,  par  M.  II.  Dareste,  étude  où  le  docte  écri- 
vain nous  fait  connaître  l'ouvrage  de  Frédéric 
Seebohm  :  «  The  tribal  System  ».  C'est  un  tableau 
des  anciens  monuments  du  droit  Gallois  où  nous 
retrouvons  des  termes  qui  se  rapprochent  de  notre 
idiome  d"Armorique,  et  des  détails  qui  cadrent  avec  le 
peu  que  nous  savons  de  l'organisation  de  nos  anciens 
clans  ;  à  ce  titre,  Il  est  propre  à  intéresser  le  linguiste 
et  l'historien. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de- 
Bordeaux,  l'attention  est  attirée  par  trois  études  de 
Af.  François  Daleau,  dont  une  très  curieuse,  à  propos- 
des  cr  Gravures  sur  rocher  de  la  caverne  de  Pair- 
non-Pair  ». 

Dans  le  Bulletin  de  la  Charente-Inférieure,  nous-' 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  XXXV  — 

trouvons  (rintéressaiites  recherches  sur  «  Les  vieilles 
enseignes  à  Snintes  »,parM.Ch.  Dangibeaud,  recher- 
ches basées  sur  des  minutes  de  notaire  et  qui  montrent 
que  nous  pourrions  facilement  en  faire  autant  avec  les 
mêmes  moyens,  pour  relever  les  enseignes  d'autrefois 
dans  nos  localités  bretonnes. 

Le  Bulletin  de  la  Société  d'études  historiques  et 
géographiques  de  Bretagne,  qui  met  à  l'étude  le 
développement  de  son  format,  donne  une  analyse  cri- 
tique sur  la  Bretagne  (Die  BretagneJ,  de  M.  Rûti- 
meyer,  naturaliste  suisse  et  professeur  à  l'Université 
de  Bàle,  analyse  substantielle  et  savante  due  à  M.  A. 
Rainaud;  il  est  intéressant  de  relever  les  appréciations 
et  les  hypothèses  de  cet  étranger  concernant  nos 
monuments  mégalithiques. 

A  l'occasion  du  procès- verbal,  où  mention  est  faite 
d'une  communication  de  M,  le  chanoine  Abgrall  au 
sujet  des  matériaux  dispersés  d,u  cloître  et  de  l'église 
des  Oordoliars  de  Quiniper,  l'attention  de  la  Société 
est  appelée  sur  le  sort  des  trois  arcades  de  l'ancienne 
église  de  Penhars.  Elles  en  valent  !a  peine  ;  elles  se 
composent  de  piliers  formés  de  faisceaux  de  colonnetlos 
et  surmontés  de  chapiteaux  ayant  beaucoup  de  rap- 
port avec  ceux  de  la  nef  et  du  chœur  de  Pont-Croix, 
ce  qui,  ainsi  que  l'expose  M.  Abgrall,  les  reporterait 
à  la  fin  du  12*  siècle.  Sur  l'un  des  chapiteaux  on  peut 
reconnaître  une  fleur  de  lis  héraldique,  ornument  que 
l'on  retrouve  aussi  à  Pont-Croix,  à  Languidou  et  dans 
la  petite  chapelle  du  cimetière  de  Loctudy.  Les  archi- 
voltes à  plein  cintre  qui  les  surmontent  sont  aussi 
remarquables  par  leur  tracé  que  par  leurs  moulures. 
Lors  de  la  démolition  de  l'ancienne  église,  toutes  ces 
pièces  ont  été  démontées  avec  soin  et  déposées 
dans  le  jardin  du  presbytère,  dans  l'espoir  qu'elles 
seraient  remontées  un  jour,  comme  souvenir  de  l'ancien 


n,g,t,7.cbyG00glC 


édifice  et  comme  spécimen  d'art  religieux.  Elles 
attendent  depuis  longtemps  déjà  qu'on  a'occupe  d'elles 
et  qu'on  leur  donne  une  place  au  soleil. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  chanoine  Abgrall, 
appuyée  par  M.  du  Crest  de  Villeneuve,  la  Société  émet 
le  vœu  que  des  me.iures  soient  prises  par  qui  de  droit 
pour  que  ces  gracieuses  colonnes  soient  conservées  et 
relevées  en  lieu  convenable. 

M.  l'abbé  Fa.vê  expose  les  impressions  qu'il  a  rap- 
portées du  Congrès  de  la  Sorbonne  ;  il  profite  pour 
comparer  ce  qu'il  y  a  entendu  aux  études  consciencieuses 
et  solides  conservées  dans  la  collection  de  no.s  bulle- 
tins. 11  lit  ensuite  la  communication  qu'il  fit,  le  15 
avril,  à  la  section  d'Economie  politique,  en  réponse  à 
la  14*  question  du  programme:  «  Des  mesures  prises 
au  XVIII'  siècle  pour  le  traitement  des  aliénés.  » 

M.  du  Crest  de  Villeneuve  donne  lecture  de  la  .=uite 
de  l'important  travail  de  M.  le  président  Trévédy  sur 
"  Pont-Chàteau  et  Pont-l'Abbé  aux  Etats  de  Breta- 
gne »  ;  les  conclusions  en  sont  rigoureuses  et,  solidement 
établies,  fournissent  le  dernier  mot  sur  la  question. 

M.  du  Crest  de  Villeneuve,  dans  une  causerie 
nourrie  de  faits  intéres.sants,  fait  un  tableau  de  ce 
qu'étaient,  du  temps  de  nos  ducs,  la  marine  militaire 
et  la  marine  marchande.  Il  communique  des  détails 
relativement  peu  connus  sur  le  Droit  de  bris,  et  ter- 
mine sa  communication  par  l'histoire  du  convoi,  de 
son  organisation,  de  ses  privilèges  et  de  sos  services. 

La  séance  est  levée  à  4  heure.s. 


Le  Secrétaire, 
Antoine  FAVÉ,  prêtre. 


Le  Président, 
P.  DU  CHATELLIER. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SÉANCE  DU  30  JlIN  18 


Présidsnce  de  U.  P.  DU  CHATBLUER,  Préaideiit. 

Etaient  présents  :  MM.  DU  CREST  DE  VILLE- 
NEUVE, JENKYN  JONES,  Chanoines  TOULEMONT 
et  ABGRALL,  H.  BOURDE  DE  LA  ROGERIE,  LE 
MAIGRE,  A.  FAVÉ. 

Après  lecture,  le  procès-verbal  de  la  précédente 
séance  est  adopté  sans  observation. 

M.  du  Crest  de  Villeneuve  fait  hommage  à  la 
Bibliothèque  de  la  Société  archéolotfique  de  son 
«  Essai  historique  sur  la  défense  des  privilèges  de 
la  Bretagne  concernant  l'A^niraulé  ». 

M.  Aveneau  de  la  Grancière,  notre  confrère, 
envoie  aussi  un  extrait  de  l'importante  revue  l'An- 
thropologie, contenant  son  intéressant  travail  sur 
a  Le  bronze  dans  le  centre  de  la  Bretagne  Armo- 
rique  «  {fouilles  du  tumulus  à  enceintes  semi-circu- 
laires de  Saint-Fiacre,  canton  de  Baud). 

D'autre  part,  sont  parvenues  pour  la  Bibliothèque 
les  publications  suivantes  : 

Du  Ministère  de  l'Instruction  publique  :  Comité  dès 
travaux  historiques  et  scientifiques,  année  1897, 
2°  livraison  du  Bulletin  archéologique  et  du  Bulletin 
historique  ;  —  le  Bulletin  de  la  section  dos  sciences 
économiques  et  sociales. 

Annales  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles, 
avril  1898. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XXXVlll  - 

Bulletin,  du  comité  des  Sociétés  des  beaux-arts 
des  départements,  l"juin  1898. 

Mémoires  de  (a  Société  neufchàteloise,  1897. 

Bulletin  du  Congrès  archéologique  de  France  à 
Saintes  et  La.  Rochelle,  1894. 

Bulletin  du  Congrès  archéologique  de  France  à 
Clermond-Ferrand,  1895. 

Gazette  médicale,  n"  de  juin  1898. 

Lo  prospectus  recommandant  le  Sylloge  epigraphica 
orbis  Rom.ani,  de  M.  Hector  Ruggîero,  et  le  Dizio- 
nario  opigrafico  di  antichita  Romane,  sous  la  direc- 
tion du  même  auteur. 

Bulletin  de  la  Société  polymathique  du  Morbihan 
(séance  du  29  mars). 

Revue  historique  et  archéologique  du  Maine, 
année  1897,  2°  semestre. 

Revue  historique  de  l'Ouest,  mars-avril  1898. 

Bulletin  n"  k  de  la  Société  d'émulation  des  Côtes- 
du-Nord. 

Pendant  que  notre  vénéré  confrère,  Af.  le  président 
Trévédy,  fournit  à  nos  séances  et  à  notre  Bulletin 
l'apport  considérable  de  ses  recherches  et  de  ses 
discussions  critiques  sur  les  Baronnies  de  Bretagne, 
nous  le  voyons,  d'autre  part,  contribuer  à  l'ordre  du 
jour  de  la  Soci^t^  d'émulation  par  un  mémoire  Sur 
la  voie  romaine  de  Coz-Yeaudet  à  Aleth,  et  à  la 
rédaction  de  la  Revue  historique  de  l'Ouest  par  la 
2*  partie  d'un  appendice  fort  documenté  de  son  His- 
toire du  Comité  révolutionnaire  de  Quimper. 

Sur  la  présentation  de  MM.  P.  du  Chatellier,  pré- 
sident, et  du  Grest  de  Villeneuve,  M.  l'abbé  L.  Rol- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  XXXIX  — 

land,  aumônier  de  l'école  Saftite-Marie,  à  Quimper,  est 
reçu  membre  de  la  Société  archéologique. 

Le  bulletin  de  la  séance  du  29  mars  1898  de  la 
Société  polymaihique  du  Morbihan,  tenue  sous  la 
présidence  de  M.  de  Ciosmadeuc,  nous  transmet  une 
marque  de  confraternelle  sympathie  que  la  Société 
archéologique  est  heureuse  de  constater. 

En  effet,  nous  y  lisons  aux  communications  diverses 
que  M.  le  Président  rappelait  qu'à  la  séance  précé- 
dente il  avait  donné  lecture  d'une  lettre  du  vice- 
président  do  la  Société  archéologiqne  du  Finistère 
l'informant  que  les  membres  de  cette  Société  avaient 
l'intention  de  placer  un  buste  en  bronze  de  l'historien 
du  Chatellier  dans  la  salle  de  leurs  séances  et  espéraient 
voir  la  Société  polymatbique  prendre  part  à  cette 
souscription.  L'extrait  suivant  du  procès-verbal  in- 
dique quelle  suite  a  été  donnée  à  cette  communi- 
cation. 

Il  M.  le  Président  dit  que  le  vénérable  et  savant  du 
«  Chatellier  a  été  jusqu'à  sa  mort  membre  de  notre 
Cl  Société,  qu'il  s'est  toujours  intéressé  et  qu'il  a  pris 
"  part  à  nos  travaux.  On  n'a  pas  oublié  qu'une 
a  remarquable  étude  de  lui,  sur  les  Laënncc,  a  été 
Il  publiée  dans  nos  bulletins.  L'auteur  du  livre:  La 
Il  Révolution  en  Bretagne  a  été,  dans  notre  siècle, 
«  un  des  premiers  à  collectionner  les  documents  et  à 
H  les  utiliser  pour  écrire  l'histoire  de  son  pays.  —  A 
11  tous  ces  titres,  il  a  droit  à  l'hommaga  que  la  Société 
i(  du  Finistère  se  propose  de  lui  rendre,  et  la  Société 
«  polymatbique  s'empressera  certainement  de  s'y 
«  associer. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XL  - 

«  La  Société  polymathtque  du  Morbihan  approuve 
«  les  paroles  du  Président  et  vote  une  somme  de 
n  100  francs,  qu'elle  met  à  la  disposition  de  la  Société 
«  du  Finistère,  pour  contribuer  aux  frais  d'un  buste 
«  en  bronze  de  l'historien  du  Chatellier,  une  des 
«  célébrités  scientifiques  et  littéraires  de  la  Bretagne.  » 

La  Société  envoie  à  la  Société  polymalhique  du 
Morbihan  ses  remerciements  pour  cet  hommage  rendu 
à  la  mémoire  du  travailleur,  dont  les  recherches  et 
les  efforts  font  partie  du  patrimoine  de  nos  deux 
associations. 

M.  Massillon-Rouvet,  architecte,  élève  de  Viollet- 
Le-Duc,  correspondant  du  Ministère,  et  nos  savants 
confrères  de  Nevers  font  un  appel  énergique  au 
concours  des  sociétés  archéologiques  pour  obtenir  de 
la  direction  des  I3eaux-Arts  la  conservation  (Vun 
monument  du  plus  grand  intérêt  historique  pour  lu 
capitale  du  Nivernais.  11  sagit  d'empêcher  la  démo- 
lition i<  d'un  des  rares  exemples  qui  nous  restent  de 
H  la  construction  militaire  au  xii*  siècle  et  contem- 
«  porains  de  la  promulgation  des  franchises  muni- 
a  cipales  de  la  cité  en  1191  ».  Ce  monument  a  été 
mis  en  évidence  par  une  publication  subventionnée 
par  le  Ministère  et  le  Conseil  général  de  la  Nièvre. 
Ce  volume  richement  relié  a  été  olïert  au  Président 
de  la  République  avant  son  voyage  à  Nevers,  pir  la 
municipalité  actuelle  qui  se  désintéresse  par  trop 
de  la  conservation  de  ce  mur,  «  une  des  curiosités 

li  par  la  suite  seront  particulièrement  visitées 
r  les  étrangers  ».  Le  mur  à  conserver,  d'après  les 

■mes  même  de  la  pétition  rédigée  pour  être  adressée 


,y  Google 


—  XLI  — 

au  Ministère,  est  le  prolongement  d'un  «  mur  de 
«  refend  dans  l'Hôlel-de-Ville  :  il  ne  peut  donc 
«  empêcher  de  faire  les  ouvertures  destinées  à 
o  éclairer....  les  waterclnsets  qui  seront  créés  là, 
«  à  tous  les  étages  de  CHôtel-de~Ville.  » 

Les  membres  présents  à  la  séance  souscrivent  à  la 
pétition  et  signent  d'autant  plus  volontiers  que  nos 
Sociétés  départementales  doivent  s'animer  du  plus 
grand  et  du  plus  large  esprit  de  solidarité  et  se  porter 
secours  à  l'occasion  pour  disputer  aux  injures  du  temps 
6t  à  des  démolisseurs  inconscients,  ce  qui  reste  des 
monuments  du  passé.  Un  des  sociétaires  fait  observer 
que  ce  n'est  pas  seulement  à  Novers,  mais  même 
dans  notre  pays  qu'il  faut  se  tenir  en  éveil,  se  concerter, 
protester,  solliciter  l'intervention  de  l'Administration 
supérieure,  pour  ce  genre  de  sauvetage  dont  l'insuccès 
est  souvent  une  honte  pour  le  patriotisme  local.  Voyez 
ce  qui  arrive  pour  l'ancienne  église  de  Lambour  : 
sur  le  rapport  de  personnages  compétents,  sur  le  vœu 
manifesté  par  la  municipalité  de  Pont-l'Abbé,  elle  a 
été  classée  par  la  Commission  des  monuments  histo- 
riques. Les  Guides  et  (es  Itinéraires  se  feraient  une 
faute  grave  d'inexactitude  s'ils  n'en  signalaient  la 
vi.site  au  touriste  ;  et,  à  plusieurs  reprise.s,  nos 
confrères  ont  par  de  sérieuses  études  travaillé  à  mettre 
bien  en  vue  ce  gracieux  monument.  Pont-l'Abbé, 
déjà  dépossédé  du  beau  cloitre  des  Carmes  serait 
trop  à  plaindre  si  disparaissait,  abandonnée,  condam- 
née, sa  belle  église  de  Lambour.  Et  cependant 
Lambour  serait  en  voie  de  disparaître  si  on  ne  l'en- 
tretient. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  XLII  — 

A  titre  de  consultation,  M.  le  cha.noine  Abgrall 
veut  bien  fournir  quelques  détails  sur  cet  édifice,  sur 
son  clocher  découronné,  ainsi  que  les  deux  tourelles 
octogonales  qui  l'accompagnent  et  même  les  pinacles 
des  contreforts  qui  eu  ornent  la  base.  Après  avoir 
flétri,  en  bon  breton  qu'il  est,  ce  vandalisme  de 
Louis  XIV  qui,  au  moment  où  il  faisait  construire  les 
merveilles  de  Versailles  et  de  Marly,  s'acharnait  en 
Basse- Bretagne  à  décapiter  des  clochers  comme  ceux 
de  Lambour,  Combrit,  Languivoa,  pour  punir  la 
paysantaille  de  sa  résistance  dans  Taffaire  du  Papier 
timbré,  notre  confrère  nous  fait  voir,  avant  l'exécu- 
tion, celte  façade  de  Lambour  alors  si  belle  avec  son 
clocher  escorté  de  deux  tourelles,  la  galerie  en  loggia. 
qui  courait  à  sa  base,  sa  riche  porte  et  ses  deux  graves 
contreforts.  On  est  attiré  par  cette  façade  construite 
dans  le  beau  style  flamboyant  du  xv°  siècle,  et  frappé 
en  retour  par  la  constatation,  aux  bas-côtes  nord  et 
sud,  d'une  maçonnerie  do  la  période  romane  bien 
caractérisée.  Au  sud,  on  retrouve  encore  la  construc- 
tion gothique  :  d'abord  une  fenêtre  mutilée,  puis  un 
joh  porche  recouvert  d'une  voûte  très  gracieuse  dont 
la  clef  est  formée  par  un  écu?son  portant  la  rose  des 
Trimic.  A  l'intérieur,  l'édifice  est  composé  d'une  nef 
et  de  deux  bas-côtés,  dont  deux  branches  de  transept 
qui  forment  la  lettre  T  en  prolongeant  l'abside  par 
un  mur  droit.  La  nef  est  partagée  en  quatre  travées 
par  trois  colonnes  do  chaque  côté.  Après  avoir  décrit 
les  colonnes  et  les  chapiteaux,  M.  Abgrall  attire  l'at- 
tention sur  les  statues  d'un  fort  bon  travail  qui  ornent 
l'église. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  kLiii  - 

Nous  ne  pouvons  que  résumer  à  traits  rapides 
cette  exposition  faite  par  un  maître  entendu  en  la 
matière, 

La  Société  archéologique  du  Finistère  insiste  près 
de  la  Commission  des  monuments  historiques  pour  la 
conservation  de  cet  édifice  dont  la  solidité  est  deve- 
nue problématique  par  suite  de  l'état  de  la  charpente 
qui  est  ruinée,  de  la  toiture  qui  s'écroule,  des  murs 
qui,  par  suite,  menacent  de  tomber.  La  réfection  de 
la  charpente  s'impose  à  bref  délai  et,  par  cette  réfection 
à  faire  à  des  conditions  relativement  peu  onéreuses,  ta 
conservation  du  monument  sera  assurée. 

La  Société  archéologique  ne  pouvait  se  désintéresser 
de  l'avenir  d'un  monument  classé  sur  la  demande  de 
la  municipalité  et  après  une  enquête  qui  en  a  reconnu 
la  valeur;  aussi,  c'est  instamment  qu'elle  exprime  le 
présent  vœu  à  M.  le  ministre  des  Beaux-Arts,  En 
l'accueillant,  il  aura  tout  droit  à  la  gratitude  de 
quiconque  a  souci  de  la  conservation  des  restes  de 
l'art  ancien  en  Bretagne. 

La  Société  souhaite  l'insertion  au  Bulletin  de  la  liste 
des  monuments  historiques  classés  à  ce  jour  dans  le 
Finistère  ;  sati-ifaction  sera  donnée  à  cette  demande. 

M.  du  Crest  de  Villeneuve  donne  lecture  de  la  suite 
du  mémoire  de  M.  le  président  Trévédy  sur  les  liaron- 
nies  de  Pont-l'Abbé  et  de  Pont-Château. 

M.  P.  du  Chatellier  communique  à  la  Société  les 
résultats  d'une  enquête  archéologique  qu'il  fit  en  1896 
à  Plouescat.  Notre  Président  signale  que  s'il  trouva 
quelque  déception  d'un  côté,  d'un  autre  il  ne  perdit  pas 


,y  Google 


-  iCLtV  - 

son  temps,  et  qu'il  releva  de  beaux  monuments  mégali- 
thiques dans  l'anse  du  Kernic  :  monuments  qui  d'ici 
peu  d'années,  hélas  !  seront  ensevelis  sous  les  sables. 
La  séance  est  levée  à  4  beures. 

Le  Président, 
P.  DU  CHATELLIER 
Le  Secrétaire, 
Antoine  FAVÉ,  prêtre. 


ANNEXE  AU  PROCÈS-VERBAL 


Par  arrêté  du  13  juillet  dernier,  ont  été  classés  au  nombre 
des  Monuments  historiques  :  le  Vitrail  (1539)  de  la  chapelle 
absidale  de  l'église  de  La  Roche- Maurice,  et  le  Jubé  en  bois 
du  XVI»  siècle. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SEAnDD:!8  JUIWT  1898 

PrAsidence  de  M.  le  Y"  DE  VILiUEBS  DD  TERRAGB. 

Étaient  présents  ;  MM.  PEYRON,  ABGRÂLL,  LE 
MAIGRE,  FAVÉ,  JENKYN  JONES,  DE  VILLIERS 
DU  TERRAGE,  DU  CREST  DE  VILLENEUVE, 
.CEPRINCE,  BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 

M.  Villiers  du  Terrage,  doyçn  d'âge,  occupe  le 
fauteuil  de  la  présidence.  Il  donne  lecture  d'une  lettre 
■de  M.  du  Châtellier  qui  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister 
à  la  séance.  Il  rappelle  que  les  statuts  de  notre  Société 
établissent  que  le  bureau  doit  être  renouvelé  chaque 
année  à  la  séance  de  juillet  et  fait  en  conséquence 
procéder  aux  élections. 

M.  du  Châtellier  est  réélu  président  à  l'unanimité- 
MM.  les  chanoines  Peyron  et  Abgrall  sont  réélus  vice- 
présidents  ;  MM.  Favé,  Le  Braz,  Jenkyn  Jones,  Bourde 
-de  la  Rogerie  sont  nommés  secrétaires,  et  M.  Le 
Maigre  trésorier. 

M.  Bourde  de  la  Rogerie  lit  le  procès-verbal  de 
;ia  précédente  séance  qui  est  adopté. 

A  la  demande  de  M.  de  Villiers  du  Terrage,  M.  du 
Crest  de  Villeneuve  donne  les  renseignements  sui- 
vants sur  la  question  de  l'église  de  Lambourg  :  «  La 
fabrique  de  l'église  de  Pont-l'Abbé  a  voté  un  crédit, 
mais  le  Conseil  municipal  de  cette  ville  a  ajourné  sa 
décision.  Il  serait  fort  désirable  que  de  nouveaux 
délais  n'aggravassent  pas  la  situation  de  cet  intéres- 
^sant  monument  et  utile  d'appeler  l'attention  de  l'ad- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


ministration  préfectorale  et  de  la  commission  des- 
monuments historiques  sur  ces  déplorables  retards 
que  rien  ne  justifie,  la  fabrique  et  la  ville  ayant  toutes 
les  ressources  nécessaires.  Le  bureau  de  la  Société, 
reconstitué  aujourd'hui,  est  prié  de  faire  toutes  les 
démarches  à  cet  effet.  »  Les  membres  de  la  Société 
présents  à  la  réunion  remercient  M.  du  Crest  de 
Villeneuve  de  son  intéressante  publication  et  s'asso- 
cient au  vœu  qu'il  vient  de  formuler. 

M.  de  Villiers  du  Terrage  lit  une  letlre  du 
Président  et  des  membres  du  Comité  qui  s'est  cons- 
titué pour  célébrer  à  Saint-Malo  le  cinquantenaire  de 
la  mort  de  Chateaubriand.  Ce  Comité  demande  à 
notre  Société  de  bien  vouloir  contribuer  par  une 
souscription  à  supporter  les  frais  de  cette  solennité. 
Après  un  échange  d'observations  entre  MM.  du  Crest 
de  Villeneuve,  Peyron,  de  Villiers  du  Terrage,  les 
membres  de  la  Société  décident  qu'ils  ne  peuvent,  à 
leur  très  grand  regret,  accueillir  favorablement  cette 
demande.  Le  but  précis  de  la  Société,  qui  est  unique- 
ment l'étude  de  l'histoire  et  de  l'archéologie  et  les 
ressources  très  limitées  de  notre  budget  nous  imposent 
le  devoir  de  n'engager  aucune  dépense  qui  ne  soit  pas- 
prévue  par  les  statuts. 

Plusieurs  revues  ont  été  reçues  par  M.  le  Président 
depuis  la  dernière  séance  : 

Journal  des  Savants,  numéros  de  mai  et  juin  1898. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Nantes, 
tome  XXXVI  et  XXXVll  (années  1896,  1897). 

Revue  historique  de  l'Ouest,  livraison  de  mai  1898. 

Annales  de  Bretagne,  numéro  4,  juillet  1898. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  XLVII  — 

Une  lettre  de  M.  le  Préfet  du  Finistère  demande 
à  M.  le  Président  de  lui  fournir  sur  les  travaux  de 
la  Société  un  rapport  qu'il  soumettra  aux  membres 
du  Conseil  général.  M,  du  Chatellier,  réélu  Président, 
sera  prié  de  bien  vouloir  rédiger  ce  rapport. 

M.  Bourde  de  la  Rogerie  communique,  comme 
complément  à  la  liste  des  monuments  historiques 
insérée  dans  le  dernier  bulletin,  un  arrêté  ministériel 
en  date  du  25  juillet  qui  classe  les  verrières  anciennes 
de  la  chapelle  absldale  et  d'une  fenêtre  du  collatéral 
sud  dans  l'église  d'Ergué-Gabéric. 

M.  du  Crest  de  Villeneuve  lit  la  note  suivante 
de  M.  Trévédy  : 

((  Me  permette?.- vous  d'appeler  l'attention  de  la  Sociélt' 
sur  les  lec'hs  du  cimetière  de  Plogonnec?  il  y  en  a  là  une 
certaine  collection  que  l'on  chercherait,  je  crois,  vaini^ment 
ailleurs.  11  y  en  a  de  cannelés  qui  sont,  je  pense,  une 
contrefaçon  perfectionnée  de  vieux  lee'hs  du  iX"  siècle. 

H  Autres  desiderata. 

(I  Je  crois  avoir  si^înalé  à  M.  Le  Carguet  un  beau 
menhir  près  du  m6le  d'Audierne  disparu  aujourd'hui, 
mais  marqué  sur  le  cadastre  dans  le  champ  dit  de  ce 
nom,  champ  du  -aienkir.  J'ai  entendu  dire  qu'il  y  a  une 
trentaine  d'années  on  a  vu  dans  ce  champ  surtout  aux 
abords  du  menhir  une  énorme  quantité  de  dénis  humaines. 
Elles  doivent  y  être  encore.  Ne  verriez-vous  pas  un  intérêt 
à  vérifier  le  fait  ? 

H  J'ai  signalé  aussi  une  longue  inscription  sur  une 
pierre  du  pignon  de  la  chapelle  de  Sainte-Cécile,  route 
de  Briec.  L'inscription  intéressa  vivement  Luzel  auquel 
je  la  montrai.  Elle  est  renversée  et  nous  ne  pûmes 
songer  à  la  lire. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  XLVIII   - 

«  Il  y  a  au  Guelem,  mêmes  parages,  sur  l'ancienne 
voie  romaine,  une  borne  milHaire  enlRvée  du  Penity 
(ancien  embranchement  des  deux  voies  de  Brest  et  de 
Morlaix).  Brisée  en  trois,  elle  sert  de  poteaux  de  barrière. 
Elle  m'a  été  offerte  à  la  condition  de  donner  d'autres 
poteaux  en  granit.  Elle  doit  porter  une  inscription 
aujourd'hui  enterrée.  Elle  serait  bien  dans  votre  musée 
lapidaire  Si  j'étais  resté  à  Quimper,  je  l'aurais  réunie 
à  l'auguipèdp  du  Guelem. 

«  J'aurais  voulu  rechercher  aussi  les  débris  du  cavalier 
et  de  son  cheval  qui  doivent  être  dans  un  laïus  construit 
au  Guelem.  il    y  a  aujourd'hui  une  quinzaine  d'années.  » 

Lecture  est  ensuite  donnée  des  communications 
inscrites  à  Tordre  du  jour  : 

M.  l'abbé  Favé  :  Bourgeois  et  gens  de  métier  à 
Carhaix  {1610-ilOO). 

M.  du  Crest  de  Villeneuve  :  Pierre  tombaile 
découverte  en  l'église  de  Saint-Louis  à  Brest. 

M.  Bourde  de  la  Rogerie  :  Prise  de  Carliaix  en 
i590  (document  inédit). 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 

Le  Président, 
V  DE  VILHERS  DU  TERRAGE. 
Le  Secrétnire, 
H.  BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SEANCB  DU  25  AOOT  1898 


Présidence  de  H.  P.  DU  OHATELUEB,  Président 

Étaient  présents  :  MM.  les  Chanoines  PEYRON  et 
ABGRALL,  Vicomte  DE  VILLIERR  DU  TERRAOE, 
AVENEAU  DE  LA  GRANCIÈRE,,  liOURDE  DE  LA 
ROUERIE,  Abbé  ROLLAND,  LE  MAIGRE,  A.  PAVÉ, 

Après  la  lecture  du  procès- verbal,  adopté  sans 
observation,  M.  du  Cha-tellier ,  réélu  Président, 
adresse  à  ses  confrères  les  paroles  suivantes  : 

Messieurs, 

Permettez-moi  de  vous  remercier  de  la  liaute  marque  de 
sympathie  que  vous  m'avez  donnée  en  m'appelanlde  nouveau 
à  la  présidence  de  vos  séances.  J'en  suis  très  touché,  croyeT;- 
le  bien. 

H  m'est  particulièrement  agréable  de  rappeler  le  zèle  avec 
lequel  chacun  de  vous  a  apporté  ici  pendant  l'année  qui  vient 
de  s'écouler,  le  résultai  de  ses  recherches.  Vos  travaux 
assureni  à  notre  Société  un  des  premiers  rangs  parmi  les 
Sociétés  départementales  d'étude.  Je  ne  puis,  Messieurs, 
que  vous  demander  de  continuer  cet  empressement  auquel 
vous  ne  faillirez  pas,  j'en  suis  cerlain. 

Votre  cordialité  et  la  volonté  que  chacun  met  à  suivre 
le  cours  des  études  vers  lesquelles  il  se  sent  porté  me 
rendent  la  tâche  que  vous  m'avez  confiée  facile  et  nous 
permettra  d'arriver,  je  l'espère,  à  la  lin  de  l'année  que  nous 
commençons  avec  un  ensemble  de  communications  non  moins 
remarquables  que  celles  de  l'année  terminée. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-L- 

Que  ceux  de  nos  collègues  qui,  moins  heureux  que  tous. 
Messieurs,  ne  peuvent  assister  à  nos  séances,  me  laissent 
leur  demander  de  resserrer  les  liens  qui  les  unissent 
à  nous  en  nous  adressant  des  communications  qui  seront 
toujours  accueillies  avec  empressement.  N'ont-ils  pas,  du 
reste,  en  cela,  l'exemple  de  quelques-uns  des  membres  de 
cette  Société  qui,  par  leur  éloignement,  ne  peuvent  que 
rarement,  ou  même  jamais,  venir  s'asseoir  au  milieu  de 
nous,  dont  tes  travaux  remarquables  tiennent  une  grande 
place  dans  nos  bullelins.  J'espère  que.  répondant  à  mon 
appel,  ils  voudront  bien  le  suivre. 

Les  membres  présents  à  la  réunion  s'associent 
pleinement  à  ce  vœu  de  leur  Président. 

Sur  ta  présentation  de  M.  P.  du  Chatellier  et  de 
M.  le  chanoine  Peyron,  M.  labbé  Roull.  curë-archi- 
prètre  de  Saint-Louis,  de  Brest,  est  reçu  membre  de 
notre  Société. 

M.  le  Préskient  donne  ensuite  lecture  du  rapport 
annuel  qu'il  a  envoyé  à  M.  le  Préfet  du  Finistère, 
à  l'occasion  de  la  Session  d'Août  IS98  du  Conseil 
général,  sur  les  travaitx  de  la  Société  arcliêotogique 
pendant  l'année  1897.  Ce  document  sera  annexé  au 
présent  procès- ver  bal. 

.V.  l'abbé  Guiriec,  vicaire  à  Mellac,  a  fait  présenter 
par  M.  le  chanoine  Peyron  un  fragment  de  poterie 
samienne  recueilli  à  Feunteunyou  et  qu'il  veut  bien 
offrir  à  notre  Musée.  Des  remerciements  lui  sont  votés, 
ainsi  qu'à  M.  Peyron  qui  a  fait  ressortir  d'avantage, 
dans  un  bon  dessin,  les  traits  fort  classiques  de  cet 
intéressant  écbantillon  de  céramique  ancienne. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  LI  - 

M.  le  Président  communique  une  lettre  reçue  paP 
lui  de  son  confrère,  M.  le  chanoine  Pottier,  Président 
de  la  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne,  Il 
informe  notre  Association  que  nos  confrères  du  Midi 
doivent  nous  faire  \isite,  du  8  au  9  septembre,  et 
mettent,  souf  notre  patronage,  le  séjour  qu'il  doivent 
faire  à  Quimper. 

En  réponse  à  la  lettre  de  îil.  le  président  Pottier,  il 
est  déclaré  que  les  membres  disponibles  de  notre 
Société  se  tiendront,  à  la  date  indiquée,  à  l'entière 
disposition  de  leurs  confrères  du  Tarn-et-Garonne, 
pour  leur  faire  les  honneurs  de  Quimper  et  contracter 
avec  leur  Société  d'amicales  et  précieuses  relations 
bien  profitables  toujours  entre  les  associations  scien- 
tifiques de  la  province.  (1) 

Publications  déposées  sur  le  bureau  : 

Rapport  de  M.  l'archiviste  dépurtementcil  "présenté 
au  Conseil  général  du  Finistère,  dans  sa  session 
d'août  1898. 

Lettre  ouverte  à  M.  Loth,  doyen  de  la  Faculté  des 
Lettres  de  Rennes,  par  M.  du  Ohatellier. 

Revue  historique  de  l'Ouest,  juin-juillet  1898. 

Liste  des  membres  titulaires,  honorifiques  et  non 
résidants  du  comité  et  correspondants  du  Ministère  de 
l'Instruction  publique,  1898. 


(Ij  Les  excursionnistes  du  Tarn-ot-Garonne  ont  ('■tS  reçus  à  Quimper  et 
OD  trouvera  nnnexù  au  procès -ver  bal  un  rapport  sur  l'aecueil  qui  leur  a 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ui  — 

Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques  : 
diectnirs  prononcés  à  la  séance  générale  du  Cone:rès 
de  la  Sorbonne,  le  16  avril  1898,  par  M.  Darlu,  et  par 
M.  Alfred  Rambaud,  Ministre  de  l'Instruction  publique. 

Annales  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles, 
juillet^oclobre  1898. 

N"  de  juillet  et  d'août  de  la  Gazette  médicale. 

Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Picardie, 
année  1897,  n"  4. 

Recueil  de  la  Commission  des  Arts  et  Monuments 
.  historiques  de  la  Cliarente-Inférieure  et  Société 
archéologique  de  Saintes,  juillet  1898. 

JVf.  le  Président  donne  communication  d'une  lettre 
de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux-Arts  l'informant  que  la  réunion  annuelle  des 
Sociétés  savantes,  se  tiendra  à  Toulouse,  en  1899, 
pendant  la  semaine  de  Pâques.  Le  texte  des  mémoires 
présentés,  ou  l'analyse  de  leur  plan  et  sujet,  devra 
être  parvenu  au  5°  Bureau  de  la  Direction  de 
l'Enseignemeyit  supérieur,  avant  le  20  janvier  pro- 
chain. 

A  cette  lettre  étaient  joints  dix  exemplaires  du 
programme  que  M.  le  Président  met  à  la  disposition 
des  membres  de  la  Société. 

M.  Favé  donne  lecture  du  travail  de  M.  le  docteur 
Corre  sur  la  confrérie  de  Saint-EIme,  les  calfats  et 
charpentiers  de  Brest,  Des  remerciement  sont  adre-ssés 
à  l'auteur  de  ce  substantiel  mémoire. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LUI  — 

M.  le  vicomte  de  Villiers  du  Terrage  est  félicité 
par  ses  confrères  de  la  communication  fort  intéres- 
sanle  d'une  pièce  qu'il  a  découverte  a.  la  Bibliothèque 
nationale.  Ce  document  ouvre  la  voie  à  des  investi- 
gations laborieuses  et  est  rempli  de  renseignements 
d'un  grand  intérêt  local, 

M.  le  Président  lit  ensuite  des  notes  de  M.  du  Crest 
de  Villeneuve  sur  deux  pierres  tombales  conservées 
au  château  de  Kernuz.  Notre  confrère  y  apporte  un 
grand  talent  de  en  tique  et  son  érudition  héral- 
dique. Il  pose  des  jalons  pour  amener  sur  ce  sujet 
obscur,  des  conclusions  que  la  Société  attendra 
impatiemment. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Le  Président, 
P.  DU  CHATELLIER 
Le  Secrétaire, 
Antoine  FAVE,  prêtre. 


,yGooglc 


ANNEXE  AU  FBOCËS- VERBAL 


RAPPORT 

du  Président  au  Préfet  du   l-'inistère  sur  les  travaux 

de  la  Société  A  rchéologitjue  pendant  l'année  4897 . 


Monsieur  le  Préfet, 

Par  lettre  du  27  juillêl  dernier,  vous  voulez  bien  me 
demander  le  compte-rendu  des  travaux  de  la  Société  archéo- 
logique du  Finistère  pendant  l'année  1897,  pour  être  présenté 
au  Conseil  général.  Votre  demande  témoignant  l'intérêt  que 
vous  portez  à  notre  Société,  j'ai  l'honneur- de  vous  en 
remercier. 

Le  nombre  des  membres  de  notre  Société  est  de  cent 
trente-cinq  ;  c'est,  sans  contredit,  une  des  Sociétés  départe- 
mentales les  plus  nombreuses.  Leurs  noms  portés  sur  la  liste 
générale  de  ses  membres  vous  permettront  d'en  apprécier  la 
notoriété  et  le  mérite.  Vous  y  trouverez  les  noms  de  plusieurs 
Conseillers  généraux  du  département. 

En  outre  nous  échangeons  nos  publications  avec  trente- 
quatre  Sociétés  savantes,  parmi  lesquelles  sont  plusieurs 
Sociétés  étrangères  ayant  une  place  considérable  dans  le 
monde  savant. 

Nos  réunions  ont  lieu  une  fois  par  mois.  En  hiver  dans  une 
salle  de  la  Mairie,  mise  gracieusement  à  notre  disposition  par 
Monsieur  le  Maire  de  Quimper,  en  élé  dans  une  salle  du 
Musée. 

Après  chaque  séance  parait  un  buileliu  donnant  les  piocès- 
verbaux  et  les  lectures  faites  aux  séances. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LV  — 

Pour  que  vous  jugiez  de  l'importance  de  nos  iravaux,  il  me 
sudira,  Monsieur  le  Préfet,  de  vous  en  donner  l'énoncé  tel 
que  je  le  trouve  à  la  table  des  matières  du  volume  que  noire 
Société  a  publié  à  la  fin  de  l'année  1897. 

Table  des  pièces  annexées  aux  procès-verbaux  en  1897 

1'  Société  des  études  historiques  et  géographiques  en  Bretagne. 
2"  Généalogie  de  la  maison  de  Saisy  de  Kerampuil,  par  M"  la 

comlesse  de  Saisy. 
3*  La  poterie  aux  époques  préhistorique  et  gauloise  en  Armoriquc, 

par  M.  P.  du  Chalellier,  ouvrage  couronné  par  l'iDSIitut  de 

France,  au  concours  des  Antiquités  ualionales.  (Etude  critique 

sur  l'ouvrage  par  M.  le  docteur  A,  Corre.) 
4'  Rapport  de  la  Commission  de  comptabihié. 
5"  Graphium  trouvé  à  Tronoën,  en  Saint-Jean-TrolimoD,  note  de 

H.  P.  du  Chaleliier. 
6"  Explorations  sur  les  montagnes  d'Arrhces  et  leurs  ramilicatioDs, 

par  M.  du  Cliatellier.  (Etude  critique  sur  celte  publication  par 

M.  le  docieur  A  Corre.) 
7'  Communication  d'une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'Instniction 

publique,  relative  au  Congrès  de  la  Sorbonnc. 
8'  Notice  sur  une  slalueltc  Irouvf'e  à  Berrien  en  1861,  par  M.  P. 

du  Chaleliier. 

Table  des  mémoires  et  documents  publiés  en  1897 

I.  Les  anciennes  corporations  brestoises.  —   Les  chirurgiens 

et  les  apothicaires,  par  M.  le  docieur  A.  Corre. 
II.  L'abbaye  du  ûaoulas,  par  M,  le  chanoine  Peyron. 

III.  Corrections  et  additions  h  la  note  intitulée  u  Pèlerinage 

des  Sept-Saiuts  de  Bretagne  »,  par    M.   le  prësidenl 
Trévédy. 

IV.  Légendes  et  traditions  de  Bas  se -Bretagne  (suite),  Saint- 

Tugdual  pnpe,  par  M.  l'abbé  Antoine  Favé. 
V.  Charles  inédiles  de  Locroaria  de  Ouimper,  1022-1336,  par 

H.  Arthur  de  la  Bordcrie,  membre  de  l'Institut. 
VI.  L'abbaye  de  Daoulas  (suite),  par  M.  le  chanoine  Peyron. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


VII.  Alain  Je  GucDgat,  vice-amiral  de  Bretagoe,  1526,  par  H. 

E.  du  Cresl  de  Villeneuve. 
VIII.  Dcicumeats  sur  la  maiï^oD  du  Fou,  par  M.  E.  du  Cresl  de 
Villeneuve. 
IX.  Les  anciennes  cloches  de  paroisses  et  leurs  inscriplious, 
par  H.  A.  de  Bremond  d'Ars. 

X.  L'abbaye  de  Daouiss  (suite),  par  M.  le  chanoine  Peyron. 

XI.  Les  cnfeus  de  l'tïglise  de  Lociudy,  par  M.  G,  Puig. 

XIL  L'abbaye  de  Daoulas  (suite),  par  H.  le  cbanoîne  Peyron. 

XIII,  Note  sur  les  iuhumatious  de  laïques  dans  l'habit  religieux, 

par  M.  le  prcsideut  1.  Trcvédy. 

XIV.  L'ancienne  marine.  -   A  propos  ei  aiiloiir  d'une  lettre 

anonyme  écrile  à  M.  Hector,  chef  d!eseadre,  commau- 
dant  la  marine  à  Brest,  1780,  par  M,  le  docteur  A.  Corre. 

XV.  Noël,  par  M.  H.  Le  Carguel. 

XVI.  Sur  la  baronnie  de  Ponl-l'Abbé,  par  M.  le  présideiu  i. 

Trévédy. 
XVII.  Documents  relatifs  â  la  maison  du  Fou,  par  M.  E.  du  Cresl 

de  Villeneuve. 
Xvni,  L'abbaye  de  Daouln»  (suite),  par  M.  le  chansiue  Peyron. 

XIX.  Sur  la  baronnie  de  Poiit-l'Abbé  (suite),  par  M,  le  président 

J.  Trcvcily, 

XX.  L'Ile  de  Sein  aux  temps  préhisloriques,  par  M.  H.   Lo 

Carguel. 

XXI.  Les  grandes  époques  de  l'architecture  religieuse  eu  Basse- 

Bretagne,  par  M.  le  chanoine  Abgrall. 
XXII.  Séances  et  travaux  de  la  Société  archéologique  d'Ille  el- 

Vilaine  perdant  les  trois  derniùres  années,  par  M.  l'abbé 

Antoine  Favé. 
XXIII.-  Note  sur  l'église  de  Locludy  et  la  question  des  templiers, 

par  M.  E,  du  Crest  de  Villeneuve. 
XSIV.  Sur  la  baronnie  de  Ponl-l'Abbé  (snile  et  fin),  par  M.  le 

présideut  J.  Trévédy. 
XXV.  Le  souterrain  de  Rugéré  (Plouvorn,  Finistère),  par  M.  le 

comle  de  Kerdrel. 
XXVI.  L'abbaye  de  Daoulas  (suite  el  lin),  par  M.  le  chanoine 

Peyron. 


n;g,t,7.cbyGOOglC 


—  LVII  — 

XXVII.  Séances  el  travaux  de  la  Société  archéologique  de  Nantes 

pendant  les  trois  dernières  années,  par  H.  l'abbé  A. 

Favé 

XXVIII,  Analyse  du  brome  d'un  ceil  nrmoricain,  par  M,  le  docteur 

A.  Corre. 

XXIX.  Documents  relatifs  à  la  maison  du  Fou  (suite),  par  H.  E. 

du  Crest  de  Villeneuve 
XXX.  Documents  inédits  ,'vieux  papiers},  par  M.  l'abbé  A,  Favé, 

Tels  sont,  M.  le  Préfet,  les  titres  qui  reroinmandent 
la  Société  archéologique  du  département  du  Finistère, 
à  tous  ceux  qui  ont  souci  des  études  intellectuelles.  Ses  tra- 
vaux, justement  appréciés  du  monde  savant,  ne  peuvent 
manquer,  je  l'espère,  d'attirer  voire  atlention  bienveillante 
sur  elle,  ainsi  que  celle  de  MM.  les  Membres  du  Conseil 
général,  qui,  je  n'en  doute  pas,  lui  feront  une  part  dans  le 
budget  déparlemental. 

Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Préfet,  l'expression  de  ma 
consiâéraLJon  distinguée. 

/jt  PtésidenI  de  la  Société  archéologique  du  Finhtère. 
P.  DU  CHATELLIER, 

Laurt^al  de  l'InsLiluL, 

Kcrnu7,  £9  Juillet  ms. 


n,g,t,7.cbyGOOglC  


MELANGES  &  COMPTBS-RENDllS 


La  Société  Archéologique  de  Tarn-et-Garonne  à  Quimper 


Pendant  la  semaine  pascale  dernière,  à  la  Sorbonne,  au 
.moment  de  quitter  Paris,  je  recueillis  un  (i  Au  revoir  !  »  qui 
me  laissa  tout  pensif,  puis  sceptique  comme  l'on  se  trouve  Iops- 
qu'onentend  parler  deprojetd'une réalisation  problématique. 
M.  le  chanoine  Ulysse  Chevalier,  i'éminent  paléographe  et  le 
vieil  ami  de  M.  Léopold  Delisle  venait  de  me  dire  :  qu'  «  aux 
grandes  vacances  n,  ses  confrères  de  la  Société  archéologique 
de  Tarn-et-Garonne  seraient  venus  nous  faire  visite  à 
Quimper  et  qu'il  se  promettait  d'en  être.  Je  lis  part  à  nos 
confrères,  dès  mon  retour,  de  cet  agréable  propos,  de  ce 
projet  d'une  exécution  si  difficile. 

Après  tout  qu'un  Montalbanais  ballotté  par  les  exi- 
gences du  service  administratif  vienne  écbouer  sur  les 
bords  de  l'Odet,  passe  encore,  mais  ce  qui  dépassait  les 
bornes  de  notre  imagination,  c'était  de  nous  représenter 
à  l'esprit  une  collectivité  d'une  vingtaine  d'individus  vail- 
lants et  savants  venant  chez  nous,  de  là-bas,  alors  que 
Quimper  est  si  loin  de  Montauban.  Nous  Bas-Bretons,  nous 
ne  considérions  que  la  distance  de  Quimper  à  Montauban, 
tandis  que  nos  confrères  n'envisageaient  que  le  voyage  de 
Montauban  à  Quimper.  Il  est  vrai  que  le  point  de  vue  et  le 
point  de  départ  influent  fort  souvent  snr  les  décisions  humai- 
nes. Nos  confrères  du  Midi  avaient  pour  slimuler  les  limides 
et  les  indolents,  un  Président  infatigable  et  habile  à  planter 
du  cœur  au  ventre  des  autres,  selon  la  pittoresque  expression 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LIX  — 

de  nos  pères.  De  plus  celle  Sociélé  avait,  depuis  plusieurs 
années,  introduit  dans  son  programme  des  excursions  annuel- 
les d'éludés,  excursions  que  M.  le  clianoine  Potlier  qualifie 
très  heureusement  de  u  manœuvres  d'automne  »  de  la  savante 
compagnie  qu'il  préside. 

Le  28  juillet,  ce  dernier  adressait  à  ses  confrères  archéolo- 
gues une  invite  chaleureuse  à  s'entendre  pour.orienler  ces 
grandes  manœuvres  dans  la  direction  du  Nord-Ouest  de 
la  France.  Ce  document  était  rédigé  avec  un  entrain  admirable 
et  montrait  l'érudit  bien  connu  doublé  d'un  adepte  inspiré  du 
du  ((  gai  savoir  ».  Oyez  vous-mêmes  et  admirez  cet  appel 
empreint  d'un  cerlain  lyrisme. 

((  A  travers  la  Saintonge  et  l'A  unis,  disait-il,  nous  gagnerons 
H  la  Vendée,  avec  le  regret  de  ne  pouvoir  pénétrer  dans  le 
(i  Bocage.  Nous  allons  au  pays  des  Celles  et  des  Kymris, 
«  terre  de  la  fidélité, 


u  ]>eul-élre  réveillerons-nous  la  chanson  des  bardes  cndor- 
(  mis  auprès  des  vieux  dolmens  et  entendrons-nous  frémis- 
'  santés  les  harpes  suspendues  jadis  aux  portes  des  demeures, 
I  dans  les  bois  de  l'Armorique. 

«  Arrivant  en  vue  de  la  Normandie,  nous  n'hésiterons 
(  point  à  saluer  à  nouveau  le  Mont-Saint-Michel  et  Tombe- 
'  laine.  Qui  résisterait  à  l'attrait  de  »  la  Merveille  »,  de  la 
1  plus  grandiose  el  la  plus  intacte  des  œuvres  bénédictines  ? 

"  Tout  en  rencontrant,  pour  y  prier,  le  sanctuaire  de 
I  Sainte-Anne-d'Auray,  et,  pour  les  admirer,  plus  de  dix 
I  cathédrales,  des  églises  en  grand  nombre,  —  beaucoup  du 
I  XV«  siècle,  —  des  ossuaires,  des  calvaires,  vrais  mystères 
t  de  la  Passion  vivants  dans  la  pierre  et  faisant  défiler  toute 
i  la  Bretagne  du  XVI"  siècle;  tout  en  visitant  de  curieuses 
(  maisons,  des  palais,  des  forteresses  médiévales,  des  monu- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LX  — 

"  menls  mégalithiques,  des  ports  de  guerre,  de  riches  musées. 
Il  nous  suivrons  les  côtes  de  celle  lerre  de  granit,  qui  finit 
H  dans  l'Océan,  déchiquetée  en  immense  pronrontoire.  n 

En  août,  notre  Président  reçut  une  lettre  de  M.  Pottier, 
l'informant  de  l'arrivée  de  la  docte  caravane  pour  ie  vendredi 
!>  septembre.  Il  y  était  dit  de  façon  fort  aimable  :  u  Ce  sera 
une  vive  satisfaction  pour  nous  de  pouvoir  établir  des  rela- 
tions avec  des  archéologues  que  nous  regrettons  de  ne  pas 
mieuj!  connaître,  nos  sociétés  n'étant  pas  à  mon  grand 
regret  en  échange  de  publications.  J'espère  que  cette  lacune 
Sfira  comblée....  a 

Le  lundi  29  août,  eut  lieu  le  départ  de  Montaubao,  avec 
étapes  à  Angers,  Le  Mans,  Vitré,  Rennes,  Dol,  Saint-Malo, 
Dinan,  Morlâis,  Saint-Pol- de-Léon,  Brest. 

A  Dol,  quelques  excursionnistes  battirent  en  retraite  sur 
Monlauban  rappelés  par  des  affaires  urgentes  ou  harassés 
par  la  fatigue  d'i  voyage.  A  Brest,  M.  Poltier  avait  remanié 
son  plan,  à  cause  de  l'encombrement  où  allait  se  trouver 
Vannes  :  on  n'était  plus  sûr  de  s'assurer  des  logements, 
par  suite  des  grandes  manœuvres  de  la  Division  militaire. 
Nous  vîmes  donc  nos  confrères  de  Tarn-et-Garonne  arriver 
dès  le  jeudi  soir  au  lieu  de  vendredi  qu'ils  étaient  attendus. 
Le  télégramme  qui  nous  annonçait  cette  modification  au 
programme  primitif  nous  causa  une  vive  déception,  car  nous 
étions  ainsi  pris  au  dépourvu,  et  se  trouvait  nécessairement 
décommandée  la  soirée  que  nous  voulions  offrir  à  nos 
confrères  du  Midi  dans  une  des  salles  de  notre  Musée 
archéologique.  En  elTet,  d'accord  avec  notre  cher  Pré- 
sident, nous  nous  occupions  de  réunir  les  éléments  d'une 
réunion  intime  des  membres  des  deux  Sociétés  ;  au  pro- 
gramme :  causerie,  projections  et  musique  bretonne.  Notre 
confrère,  le  chanoine  Abgrall  qui  aime  la  Basse- Bretagne 
avec  une  ardeur  et  une  toi  qui  édifierait  même  un  mécréant, 
songeait  à  présenter  des  projections  lumineuses  des  plus 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  Lxl  - 

belles  richesses  monumentales  du  Finistère,  puis,  on  avait 
fait  choix  de  cinq  ou  six  mélodies  nationales  authentiques, 
vraiment  anciennes  et  vraiment  bretonnes  qui  eussent  été 
chantées  par  des  Bretons  tout  aussi  authentiques. 

El  hélas  !  nous  n'avons  pas  la  consolante  ressource  de  nous 
promettre  que  ce  sera  pour  une  autre  fois  ! 

En  tout  cas,  M.  le  président  Pottier  et  ses  compagnons, 
à  la  descente  du  dernier  train  venant  de  Brest,  le  jeudi 
8  septembre,  trouvèrent  pour  les  saluer  notre  vice-pré- 
sident, M.  le  chanoine  Peyron,  M.  H.  Bourde  de  la  Rogerie 
et  celui  qui  a  le  plaisir  de  rédiger  ce  compte-rendu.  On  se 
rendit  à  VHôtel  de  France,  où  à  la  hâte,  on  arrêta  les  détails 
du  programme  du  lendemain.  Nous  dûmes  nous  féliciter  et 
nous  réjouir  lorsque  nous  apprîmes  que  la  journée  devait 
s'inaugurer  par  une  visite  à  Kernuz. 

De  bon  matin,  on  prit  le  train  pour  Pont  l'Abbé  :  nous 
avions  fait  une  précieuse  recrue,  celle  du  susdit  chanoine 
Abgrall,  le  meilleur  mentor  dans  la  circonstance,  un  précieux 
dictionnaire  à  compulser  en  roule  pour  obtenir  tout  rensei- 
gnement précis,  exact  et  satisfaisant.  La  Basse-Bretagne, 
pendant  le  trajet,  fraternisa  sans  peine  avec  la  Gascogne,  et 
nous  constations  que  nos  confrères  gascons  sont  aussi  affables 
que  nos  compatriotes  bas-bretons,  à  l'occasion, 

A  la  gare  de  Pont-l'Abbé,  nous  voyons  notre  responsabilité 
de  guides  s'alléger  :  nous  reconnaissons  sur  le  quai  notre 
Président,  et  nous  nous  sentons  plus  forts,  mieux  armés, 
pour  ne  pas  tromper  la  confiance  de  nos  hôtes. 

Deux  voitures  attelées  de  rapides  trotteurs  nous  attendent. 
On  visite  l'église  des  Carmes  de  Pont-l'Abbé,  on  y  admire  sa 
magnifique  rosace,  mais  le  temps  presse  ;  il  faut  être  de  retour 
à  la  gare  pour  le  train  de  dix  heures  et  quelques  minutes. 

A  Kernuz.  nos  confrères  se  déclarent  émerveillés  par 
l'aspect  général  du  site  et  du  noble  manoir,  mais  surtout 
par  la  réception  cordiale  de  M,  du  Chatellier  qui  en  fait  les 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  LXïl  - 

honneurs.  [Is  sont  charmés  à  l'inspection  de  ce  musée  qui 
restera  la  gloire  des  deux  savants  bretons  qui  l'onl  fondC',  qui 
leur  méritera  toujours  la  reconnaissance  du  pays  à  l'histoire 
duquel  ils  ont  contribué  en  en  sauvant  les  documents. 

Chez  les  Anglo-Saxûns,  les  écoles  de  science  supérieure  sont 
installées  dans  de  luxuriantes  campagnes,  loin  du  tumulte 
des  villes.  A  Kernuz,  au  centre  de  ce  musée  si  complet, 
ne  manque-t-il  pas  une  chaire  d'enseignement,  et  dans 
cette  chaire  un  professeur,  pas  autre  que  M,  P.  du  Cha- 
tellier,  chargé  d'un  cours  de  Bretagne  préhistorique,  dont  il 
se  tirerait  à  l'admiration  de  tous,  grâce  à  ses  qualités  de  clarté 
et  de  précision  didactiques  ? 

Avec  une  compétence  consommée,  M.  le  chanoine  Pottier 
attire  l'atiention  sur  l'importance  capitale  des  principaux 
articles  de  ces  riches  collections,  et  établit  un  lumineux 
rapprochement  entre  eux  et  les  découvertes  et  trouvailles 
faites  dans  la  région  du  Sud-Ouest. 

Mais  il  est  temps  de  sonner  le  ralliement  et  nos  confrères 
du  Tarn-et-Garonne,  après  avoir  inscrit  leurs  noms  sur  le 
registre  ouvert  aux  visiteurs,  montent  en  voilures  pour 
reprendre  le  train,  accompagnés  de  notre  Président. 

Pendant  le  trajet  de  Pont-l'Abbé  à  QuiTiper,  on  s'entretient 
beaucoup  des  caractères  ethnographiques  curieux  du  costume 
et  du  type  d  bigouden  »  :  on  interroge,  on  rapproche  les 
renseignements  reçus  et  on  prend  force  notes  :  Le  bigouden, 
le  point  est  à  élucider,  est-il,  en  définitive,  un  descendant 
des  Phéniciens,  ou  bien  des  ircerm's, —  lisez  Auvergnats, 
ou  bien  encore  toute  autre  chose  ? 

A  la  gare  de  Quimper,  on  retrouve  M.  le  chanoine  Peyron 
qui  nous  conduit  directement  à  l'Evôché.  Après  les  saUits  et 
présentations.  Monseigneur  Valleau  adresse  aux  archéologues 
de  Ta rn-et- Garonne  d'aimables  souhaits  de  bienvenue.  Notre 
vénéré  Président  d'honneur,  qui  est  du  métier,  dirige 
lui-même  la  visite  à  travers  le  palais  épiscopal,  fournit  des 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  LÏCIli  — 

indications  et  des  appréciations  écoutées  avec  le  plus  vif 
intérêt.  Nos  confrères  de  Gascogne  parlent  sons  le  charme 
d'une  allabililé  dont  ils  se  promettent  de  garder  le  souvenir 
comme  un  des  meilleurs  de  leur  voyage  chez  nous. 

On  se  rend  ensuite  à  VHôtel  de  France  où  on  partage  un  Era- 
lernel déjeuner  assaisonné  de  bonnehumeuretarrosé  du  cidre 
du  pays,  que  quelques-uns  de  nos  hôtes  du  Midi  coupent  d'eau 
de  Seltz.  On  se  rassemble,  on  visite  le  musée  archéologique 
et  la  belle  galerie  de  tableaux  du  musée  communal.  On 
examine  ensuite  la  cathédrale,  en  détail,  sous  la  direction 
de  M.  l'abbé  Peyron,  comme  toujours,  le  plus  obligeant  des 
ciceroni  et  le  moins  rébarbatif  des  érudits. 

Après  avoir  parcouru  quelques  rues,  examiné  quelques 
vieilles  maisons  d'un  cachet  original,  on  est  de  retour  à 
l'Hôtel  pour  fermer  les  malles  et  boucler  les  valises. 

Vers  quatre  heures,  on  se  sépare  et  nous  souhaitons  bon 
voyage  à  ces  chers  confrères  de  Montauban,  dont  nous 
enregistrons  les  noms,  saut  erreur  : 

MM.  Fernand  Pottier,  président  de  la  Société  depuis  3t  ans; 
Mêla  de  Cabarieu,  ancien  sous-préfet  de  Brest,  vice-président  ; 
Dumas  de  Kauly,  archiviste  du  département  ;  Buscon,  avocat 
_au  barreau  de  Montauban  ;  de  Gastebois,  ancien  secrétaire 
général  de  la  préfecture  de  Toulouse  ;  le  baron  Yzarn  de  Cap- 
devllle  ;  Moron,  architecte  ;  le  docteur  Constans  ;  Arthur  de 
Costes  ;  Fourmant  ;  Barlhe  ;  Dulès  ;  l'abbé  Laborie,  professeur 
au  séminaire  ;  Vernhes. 

Quand  un  lils  de  notre  Armorique  part  aux  pays  lointains 
pour  défendre  l'honneur  du  drapeau,  au  moment  de  la  sépa- 
ration, il  a  le  cœur  gros  de  quitter  la  vieille  grand'mére  :  se 
verra-t-on  encore  V  Et  la  pauvre  aïeule  cassée  par  les  années, 
brisée  par  le  chagrin,  penchée  sur  l'épaule  de  son  pelit-fils  lui 
dit  ;  kenaw  !  au  revoir  1  hélas,  elle  ne  croit  pas  à  ce  bonbeur 
désormais,  en  ce  monde  qui  est  si  grand,  mais  elle  ajoute 
aussitôt  un  correctif  touchant  dans  sa  sublime  simplicité  : 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  txiV  - 

Kenaw...,  er  Baradox  1  Au  revoir...,  au  Paradis  ! 

Et  nous  aussi,  avons-nous  grand  espoir  de  nous  revoir  ici  V 
Voilà  pourquoi,  Messieurs  les  archéologues  de  Tarn-et- 
Garonne,  nous  vous  disons  :  Kenavo  er  Baradoz  ! 

Ce  vœu  est  émis  dans  la  langue  des  vieux  celles,  et  venu  du 
pays  des  Celtes,  il  vous  sera  agréable,  comme  une  gerbe 
d'ajonc  fleuri  et  de  bruyère  rapportée  du  pays  d'Armor. 

Abbé  Antoine  FAVÉ, 

Sea'étaire  de  la  Société  archéologique  du  Finistère. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SEANCE  DU  27  OCTOBRE  1898 


Pi-ésidence  de  M.  P.  DU  CHATELLIER,  Président. 

Étaient  présents  :  MM.  les  chanoines  PEYRON  et 
ABGRALL,  vicomte  DE  VILLIERS  DU  TERRAGE, 
abbéFAVÉ,  DU  CREST  DE  VILLENEUVE,  JENKYN 
JONES,  LE  MAIGRE. 

M.  Bourde  de  la,  Rogerie,  obligé  de  s'absenter  pour 
son  service,  s'excuse  par  lettre  de  ne  pouvoir  assister 
&  la  séance. 

Lecture  est  faite  du  procès-verbal  de  la  séance  du 
25  août  1898.  Celui-ci  est  adopté  sans  observation. 

M.  Vabbé  Favê  donne  lecture  du  compte-rendu  do 
la  visite  de  la  8ociété  archéologique  de  Montauban 
dans  le  courant  du  mois  de  septembre  dernier.  Cette 
Société,  qui  est  ainsi  entrée  en  relations  par  la  per- 
sonne de  plusieurs  de  ses  membres  les  plus  distingués 
avec  notre  Société,  a  demandé  l'échange  des  bulletins 
à  la  suite  de  cette  visite.  Elle  a  déjà  envoyé  ses  bul- 
letins de  1897.  Les  mêmes,  de  notre  Société,  devront 
lui  être  adressés. 

Publications  reçues  depuis  la  dernière  séance  : 

Bulletin  de  la  Société  scientifique  d'Aix. 

Histoire  du  Finistère  de  la  Formation  quater- 
naire à  la.  fin  de  l'ère  romaine,  par  le  baron  Halna 
du  Fretay  (offerte  par  l'éditeur,  M.  Leprince). 

Com.pte-rendu  de  La  réunion  du  30  juin  i898  de 
l'Académie  d'Hippone. 

Journal  des  Savants  (Juillet  et  Août  1898). 

Revue  historique  de  l'Ouest  (8*  et  9°  livraisons; 
Août  et  Septembre  1888). 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LXVl  — 

Bévue  de  l'Education  mnthématique. 

Gazette  médicale  (8  numéros). 

Bulletin  de  l'Amateur  du  lit'>re. 

Bulletin  n"  6  de  la  Société  d'émulation  des  Côtes- 
du-Nord. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  la 
Société  archéologique  de  Bruxelles  demandant  le  don 
de  la  première  partie  du  Cartulaire  de  La.ndévennec. 
Cette  Société  ayant  envoyé  elle-même  ses  propres 
publications,  l'envoi  du  Cartulaire  lui  sera  fait. 

M.  le  Président  lit  en.suite  une  lettre  de  M.  Tré- 
védy  annon^'ant  une  communication  sur  une  Ancienne 
maison  de  Qulmper  et  une  autre  sur  une  Trouvaille 
archéologique  faite  en  1385.  Pour  la  compléter  il 
aurait  besoin  de  savoir  la  date  de  la  loi  anglaise  qui 
attribue  à  la  Reine  les  sommes  et  trésors  trouvés  en 
terre.  M,  Jonkyn  .Tones,  consulté  à  ce  sujet,  ne  la 
connaît  pas,  mais  aura  l'obligeance  de  la  demander  à 
qui  droit  en  Angleterre, 

M.  l'abbé  Favé  donne  lecture  de  son  travail  sur  La 
classe  moyenne  et  le  menu  peuple  de  Carhaix,  de 
1670  à  1700. 

M.  du  Crest  de  Villeneuve  rend  compte  de  la  session 
du  Congrès  de  l'Association  bretonne  tenu  à  Vannes 
du  10  au  IG  octobre  dernier.  Le  vénérable  directeur 
de  l'Association,  M.  de  Kcrdrel,  a  présidé  avec  sa 
courtoisie  et  son  habiletée  accoutumées.  Un  public 
nombreux  et  brillant  s'est  pressé  à  toutes  les  réunions. 
Un  grand  nombre  de  travailleurs  avaient  apporté  ou 
envoyé   des   mémoires   de   grande   valeur.   On  a  eu  à 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LXVII  — 

regretter  malheureusement  l'absence  de  M.  de  la  Bor- 
derie  retenu  par  sa  santé  et  ses  immenses  travaux. 

Notre  Société  y  a  été  représentée  par  deux  de  ses 
membres  :  M.  Aveneau  de  la  Grancière  qui  a  lu  en 
partie  un  travail  assez  considérable  sur  L'Epoque  du 
bronze  où  il  a  réuni  avec  méthode  tout  ce  que  l'on 
sait  et  tout  ce  que  les  nombreuses  fouilles  ont  pu 
démontrer  depuis  quelques  années  ;  et  M.  le  chanoine 
Abgrall  qui  avait  envoyé  un  mémoire  d'une  forme 
aussi  alerte  que  pittoresque  sur  Les  costumes  de 
Basse- Bretagne  et  leur  variété.  Le  Congrès,  qui  a 
beaucoup  applaudi  ce  travail,  a  toutefois  regretté  que 
son  auteur  n'ait  pas  expliqué  le.s  raisons  de  ces  variétés 
multiples  et  a  formulé  le  vœu  de  lui  voir  traiter  cotte 
question,  posée  depuis  longtemps,  et  a  laquelle  il  est 
plus  à  même  que  tout  autre   de  donner  une  solution. 

La  question  de  la  conservation  de  la  langue  bre- 
tonne dans  les  écoles  et  par  les  écoles,  dont  l'Asso- 
ciation bretonne  se  montre,  si  soucieuse,  a  beaucoup 
occupé  le  Congrès.  M.  du  Crest  demandera  à  la 
Société  de  l'en  entretenir  complètement  dans  une  pro- 
chaine séance.  U  se  borne  à  mentionner  le  bon  vouloir 
de  certains  instituteurs  de"  notre  région,  et  particu- 
lièrement la  religieuse  directrice  de  l'école  des  filles 
de  Plonéour-Lanvern  à  laquelle  le  Con^rros  a  décerné 
une  médaille. 

L'Association  bretonne,  avant  de  se  séparer,  a 
répondu  à  la  demande  de  concours  qui  lui  avait  été 
adressée  par  notre  Société  pour  l'érection  du  buste  de 
M.  du  Chatellier.  M.  de  Kerdrel  a  fait  valoir  en  fort 
bons  termes  les  mérites  de  ce   savant  qui  fut  un   des 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—   LXVIII  — 

meilleurs  ouvriers  de  la  première  heure  en  Bretagne 
et  Tun  des  fondateurs  de  l'Association  bretonne.  Sur 
sa  proposition,  le  concours  a  été  voté  à  l'unanimité 
avec;  la  faculté  laissée  au  bureau  de  l'Association  d'en 
fixer  le  quantum  suivant  l'état  de  ses  finances. 

M.  le  f^résident  lit  une  notice  sur  la  pierre  gravée 
de  Kermaria,  en  Pont-1'Abbé.  La  lecture  terminée,  il 
dit  qu'il  a  tenu  à  donner  la  primeur  de  cette  commu- 
nication à  notre  Société.  Cette  pierre  sera  l'objet  de 
communications  semblables  dans  un  grand  nombre 
d'autres  sociétés  en  raison  de  son  importance.  La 
Société  d'anthropologie  de  Bruxelles  a  déjà  demandé  des 
photographies  en  priant  notre  Président  de  l'autoriser 
à  les  reproduire. 

M.  le  Président  lit  ensuite  une  lettre  du  XVII" 
siècle  adressée  par  le  marquis  de  Rosraadec  à  d'Hozier 
sur  un  tumulus  qu'il  avait  fouillé  près  du  château  de 
Kergournadech,  dont  il  était  seigneur. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2. 

Le  Président, 
P.  DU  CHATELLIER 

Pour  le  Secrétaire  empêché, 
E.  DU  GREST  DE  VILLENEUVE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SÉÂNGË  DU  24  NOVEMBRE  1898 


Présidence  de  M.  p.  DU  CHATELLIBR,  Président 

Etaient  présents  ;  MM.  du  CHATELLIER,  président, 
l'abbé  FAVÉ,  LE  BRAZ,  JENKYN  JONES,  les  cha- 
noines ABGRALL  et  PEYRON,  DU  CREST  DE 
VILLENEUVE,  LE  MAIGRE,  DE  VILLIERS  DU 
TERRAGE,  l'abbé  ROLLAND,  BOURDE  DE  LA 
ROGERIE. 

M.  le  Président  adresse,  au  nom  de  la  Société 
archéologique,  de  chaleureuses  félicitations  à  notre 
confrère  M.  Le  Braz  dont  le  beau  livre  Pâques  d'/s- 
lande  vient  d'être  couronné  par  l'Académie  française. 

M.  dû  Chatellier  lit  ensuite  une  lettre  des  mem- 
bres du  bureau  de  la  Commission  historique  du 
département  du  Nord  qui  demande  l'échange  de  nos 
publications.  Après  discussion,  la  proposition  est 
acceptée  ;  nos  bulletins  seront  adressés  à  la  Commis- 
sion historique  du  département  du  Nord  à  partir  de 
1899.  Elle  recevra  en  outre  quatre  volumes  choisis 
dans  notre  collection  en  échange  de  quatre  années  de 
ses  mémoires  que  cette  société  veut  bien  nous  proposer. 

M.  du  Chatellier  dépose  sur  le  bureau  les  volumes 
ou  fascicules  reçus  depuis  la  dernière  réunion. 

Bulletin  archéologique  du  comité  des  travaux 
historiques.  Année  li<97,  3°  livraison. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LXX  — 

Annales  de  Bretagne,  n"  de  novembre  1898. 

Bulletins  et  mémoires  de  la  Société  archéologique 
d'IUe-et-Vilaine,  tome  XXVII,  1898. 

Revue  historique  de  l'Ouest ,  n°  d'août-septembre 
1898. 

Six  numéros  de  la  Gazette  médicale. 

M.  de  Villiers  du  Terrage  lit  le  compte-rendu 
d'une  fouille  très  intéressante  qu'il  a  fait  exécuter  à 
Kerambriel,  en  ElHant. 

Sous  un  tumulus,  en  partie  aplani  par  des  labours 
successifs,  notre  honoré  confrère  a  rencontré  un 
monument  circulaire,  à  parois  maçonnées  en  pierres 
sèches.  Le  compte-rendu  de  cette  exploration,  accom- 
pagné d'une  photographie  donnant  une  vue  du  monu- 
ment, au  moment  de  sa  découverte,  a  vivement 
intéressé  tous  les  membres  présents  à  la  séance. 
Inséré  dans  notre  bulletin  il  sera  lu  avec  profit  par 
tous  ceux  qui  s'occupent  de  notre  archéologie  bre- 
tonne. 

Lecture  est  ensuite  donné  des  communications 
inscrites  à  l'ordre  du  jour. 

M.  Trévédy  :  Une  maison  de  la  rue  Saint-François 
(Lu  par  M.  du  Crest  de  Villeneuve). 

M.  Le  Carguet  :  Le  culte  du  soleil.  La  génération 
par  le  feu  (Polk  lore  du  Cap-Sizun  et  de  l'ile  de  Sein). 
(Lu  par  M.  Bourde  de  la  Rogerie). 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LXXI — 

L'intéressante  étude  de  M,  Le  Carguet  soulève 
quelques  objections  de  la  part  des  celtisanle  présents 
à  la  réunion.  D'après  M.  Le  Braz  le  mot  tantat  dési- 
gne la  «  flambée  »  du  feu  de  la  Saint-Jean  ;  an  naon 
est  un  mot  très  usuel  qui  signifie  «  les  âmes  ».  Le 
souvenir  des  mort»  est  partout  en  Basse-Bretagne  lié 
d'une  façon  très  étroite  aux  feux  de  la  Saint-Jean  et 
sufEt  généralement  pour  expliquer  les  différentes  cé- 
rémonies qui  y  sont  pratiquées.  Et  M.  Le  Braz  nous 
décrit  avec  sa  verve  habituelle  les  feux  qu'il  a  vus  au 
cours  ne  ses  pérégrinations  à  travers  la  Bretagne  : 
très  souvent  il  *  vu  jeter  des  pierres  dans  le  foyer 
pour  servir  de  sièges  aux  âmes  des  défunts.  A  Rou- 
doualec,  une  vieille  femme  lui  montra,  entassées  dans 
un  coin  de  sa  demeure,  toutes  les  pierres  qu'elle  avait 
ainsi  jetées  dans  les  feux  auxquels  elle  avait  assisté 
depuis  son  enfance  et  qu'elle  conservait  pieusement 
en  souvenir  des  parents  qui  étaient  venus  s'y  reposer. 

M.  Jenkyti  Jones  et  M.  Le  Braz  reconnaissent  d'ail- 
leurs que  plusieurs  des  cérémonies  décrites  avec 
tant  de  précision  par  M.  Le  Carguet  ont  disparu 
partout  ailleurs  que  dans  le  cap  Sizun.  Comme  il  est 
impossible  de  les  expliquer  par  la  pensée  de  la  mort, 
il  faut  supposer,  comme  l'auteur  l'a  fait,  que  l'on 
se  trouve  en  présence  des  rites  plus  ou  moins  modi- 
fiés d'une  religion  oubliée. 

M.    du    Chatellier    lit  un  passage  d'une  lettre  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


M,  Le   Carguct  qui   ajoute   de  nouveaux  renseigne- 
ments (1)  à  ceux  que  renferme  sa  notice. 

(1  Dans  le  Cap  je  n'ai  pas  trouvé  de  tracesd'Oneautre  céré- 
monie qui  existe  encore  dans  quelques  endroits,  surtout  dans 
le  Morbihan,  â  Baden  principalement  :  C'est  d'amener  les 
bestiaux  sous  Ins  feux  de  la  Saint-Jean  ;  la  fumée  de  ces  feux 
les  préserve,  dit-on,  des  maladies  et  des  loups. 

(1  A  Kerfeunleiin  et  à  Esquibien,  autrefois,  on  conservait 
les  lisons  ou  les  manches  des  torches  qui  avalent  servi  à  la 
procession  des  feux.  Je  n'ai  pu  savoir  pour  quel  motif,  ni 
quelles  étaient  leurs  verlus. 

((  Dans  le  Cap,  il  est  d'usage  aussi,  que  chaque  assistant 
jette  une  pierre  dans  le  bûcher,  avant  de  s'en  aller  :  les  morts 
viennent  se  réchauffer  sur  ces  pierres.  Celui  dont  la  pierre 
est  retournée  c'est  qu'un  de  ses  ancêtres  l'a  fait  et  l'appelle  : 
il  mourra  dans  l'année.  D'habitude  on  marque  les  pierres 
d'une  entaille  quelconque  afin  de  se  rendre  compte  si  elles 
ont  été  retournées.  Cii  usage  que  le  P.  Maunoir  a  constaté  en 
1643  existe  encore. 

H  L'usage  d'entourer  le  bficher  d'un  cercle  de  9  pierres  est 
tout  à  fait  distinct  du  précédent. 

H  Le  cercledu  feu  (kelc'han  tan},  sefaisailen  même  temps 
que  le  bûcher,  acuiil  qu'il  fut  allumé. 

i<  Au  contraire,  les  pierres  des  morts,  se  placent  quand 
tout  est  terminé  et  le  feu  presque  éteint.  Ces  pierres,  brdi- 
nairement.sonl  celles  sur  lesquelles  les  assistants  se  sont  age- 
nouillés ou  assis,  pendant  la  cérémonie.  En  se  retirant,  on 
les  jetle,  en  dedans  du  cercle,  sans  ordre  aucun,  mais  en 
ayant  bien  soin  iiue  t'entaille,  ou  la  marque  faite  à  la  pierre, 

(I)  Comptôlt'S  par  une  noLu  adrcss^'e  par  M.  Le  Carguet,  le  10  déeembrc. 


.yGoogIc 


--Ï  L-XXUl  — 

soit  apparente.  SI  le  cerble  db  feU  n'apasété  établi^  enniëme 
temps  que  le  bûcher,  —  ce  qui  est,  aujeurd'luii,  leoas  le  plus 
fréquent  et  donne  lieu  à  la  confusion  des  deux  rites,  —  on  dis- 
pose, aussi,  par  imitation  de  ce  qui  se  faisait  précédemment, 
ces  pierres,  en  rond,  autour  des  cendres.  Mais  alors,  leor  nom- 
bre, au  Heu  d'être  limité  à  neuf,  est  indéterminé. 

<(  La  pensée  des  choses  de  la  mort,  dans  le  Cap,  s'associe  à 
tous  les  actes  de  la  vie  humaine,  aux  réjouissnnces  principa- 
lement, il  est  donc  probable  qu'au  culte  ancien  du  soleil,  qui 
est  une  fête  de  joie,  on  a  adopté  le  souvenir  d'un  ancien 
culte  des  morts. 

i(  Du  reste,  la  fusion  de  deux  pratiques,  ou  croyances  an- 
ciennes, complètement  étrangères  l'une  à  l'autre,  pour  ne 
faire  actuellement  qu'un  tout,  se  rencontre  fréquemment. 

i(  Les  feux  de  la  Saint-Jean,  au  point  de  vue  catholique, 
ont  aussi  leurs  symboles  et  leurs  usages. 

«  Le  bûcher  représenterait  l'Evangile  qui  donne,  aussi,  la 
lumière  et  la  vie.  Les  brandons  allumés  à  ce  bûcher  et  se 
répandant  dans  la  campagne,  rappelleraient  la  diffusion  de 
l'Evangile  par  les  apdtres- 

Il  A  Saint-Jean,  en  Plouhinec,  on  vendait  autrefois  les  cen- 
dres au  profit  de  la  chapelle  du  saint  dont  on  voit  encore  les 
ruines  du  bord  de  la  rivière  d'Audierne,  près  de  Kersigneau. 
Ces  cendres  avaient  la  réputation  de  donner  les  plus  belles 
récoltes  et  se  vendaient  une  forte  somme  à  l'encan. 

«  Cette  coutume  se  retrouve  en  plusieurs  endroits,  par  exem- 
ple à  Guilers  près  Brest  ». 

Les  membres  de  la  Société  chargent  le  secrétaire 
d'exprimer  à  M.  Le  Carguet  leurs  remerciements 
pour  ses  communications  si  intéressantes. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  LXXIVt  — 

M.  l'abbé  Favé  continue  la  lecture  de  son  étude 
sur  la  milice  et  les  garnisons  au  pays  de  Carbaix 
sous  Louis  XIV. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 

Le  Président, 
P.  DU  CÏÏATELLIER. 

Le  Secrétaire, 
H.  BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SëâNGE  DU  29  DËGËMBRË  1898 


PrAsideiice  de  M.  P.  DU  OHATEIIXIER,  Prâsident 


Etaient  présents  :  MM.  DU  CHATELLIER,  prési- 
dent, les  chanoines  ABORALL  et  PEYRON,  LE 
MAIGRE,  DU  CREST  DE  VILLENEUVE,  JENKYN 
JONES,  les  abbés  FAVÉ,  ARHAN,  ROLLAND  et 
JÉZËGOU,  BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 

M.  Bourdp,  de  la  Rogerie  lit  le  procès-verbal  de  la 
dernière  séance  qui  est  adopté. 

M.  le  Président  lit  un  passaj^e  d'une  lettre  qui  lui  a 
été  adressée  par  M.  Le  Carguet  en  réponse  aux  objec- 
tions qu'a  soulevées  son  étude  sur  le  Culte  du  soleil. 
(Folk-lore  du  Cap-Sizun  et  de  Vile  de  Sein.J 

il  1"  Le  Tantitd,  mol  qui  se  termine  par  un  D  el  non  par  T, 
signilie  bien  le  feu,  la  llambée,  actuellement  ;  mais  autrefois 
il  signiliait  f/rand/pu  (voirie  dictionnaire  du  Père  Grégoire 
de  Rostrenen,  page  407,  édition  de  1732..  Ce  mol  est,  composé 
de  deux  autres  :  tan,  feu  et  tad,  père.  Voir  M.  de  la  Ville- 
marqué  dans  le  BarzazBreiz  ;arRannou,  les  séries),  ainsi  que 
M.  Henri  Martin  {Histoire  de  France,  4^  édition,  (T.I.  p.  71}. 

V  2"  Il  n'y  a  pas  de  rapprochement  possible  entre  les  mots  ; 
lin  nao,  les  neuf  ^{  anaon. 

«  Ce  dernier  mot  se  prononce  avec  la  derniéresyllabe  très 
.orlement  nasalisée  un  anan-on-n. 

11  Au  contraire  an  iitto,  (es  neu/'se  dit  avec  ta  lettre  il  dure  et 
soutenue.  Dans  l'arrondissement  de  Morlaix  cet  usage  existait 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LXXVl  - 

aassiaulourdes  feux  de  la  Saint-Jean, à  Plouigiieau  principa- 
lement. Mais  on  prononçail  an  «ô-iJO  avec  la  lettre  0  reten- 
tissante. Dans  le  Cap  el  à  Ponl-l'Abbé,  on  le  fait  rimer  avec 
brao  et  saio  :  donc,  pas  de  confusion  possible. 

Il  30  Le  sens  de  len  âmes  donné  au  mol  Anaon  n'esL  pas  com- 
plet. Il  signilîe  à  la  fois  le  corps,  l'âme  et  la  tombe:  tout  ce 
qui  reste  du  décédé  et  qui  est  la  propriété  des  parents.  Dans 
mon  service  j'ai  plus  de  vingt  fois  par  an  l'occasion  de  contrôler 
ce  sens,  » 

M.  le  f'résident  cléposo  les  volumo.s  et  revue.s  qui 
ont  été  envoyées  à  notre  société  : 

Ulysse  Chevalier.  L'abbaye  de  Silos,  s.  I.  n.  d. 
brochure  in-S"  (Hommage  do  l'auteur). 

Hugues  Vagany  :  Les  traductions  du  ps^autier  au 
XVI'  siècle.  Fribourg  1898,  brochure  in-8*  (Hommage 
de  l'auteur). 

Docteur  G.  de  Closmadeuc.  L'émigré  Gesril  du 
Paspeuetles  deux  frères  de  Guerry  :  Quiberoii  1795, 
Vannes  1898,  brochure  in-S*.  (Hommage  de  l'auteur). 

Mémoires  de  l'académie  de  .'V?i7ie.s.  Tome  XI  1897. 

Annalcfi  de  la.  Société  liit^torique  et  archéologi- 
que de  Château-Thierry.  Année  1897, 

Reoue  histori'jue  de  VOuast,  n"  de  novembre  1898. 

Recueil  de  la  Commissîort  des  monuments  hislo- 
r'.ques  de  /a  Charente.  N"  d'octobre  1898. 

Me'disiiie.  N"  d'octobre  1898. 

Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  et  d'archéologie 
religieuse  des  diocèses  de  Valence,  Gap,  Grenoble  et 
Viviers.  N""  de  septembre-décembre  1898. 

I}ulletin  de  la  Société  d'études  historiques  et  géo- 
graphiques de  Bretagne.  N"  d'octobre  1898. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  LXXVII  — 

Gazette  médicale.  N"'  de  novembre  et  de  décembre 
t898. 

Comité  des  ti-iiva.u.x  historiques.  Missions,  biblio- 
thèques, arcliives  :  bibtiogruptiie  des  publications. 
Paris,  1898,  in-8'. 

M.  Bourde  de  la  Rogerie  signale  ce  dernier  volume 
à  l'attention  de  ses  confrèpcs  :  on  y  trouve  la  liste 
très  complète  de  tous  les  inventaires  oflicielsd'aruliivos 
départementales,  communales  et  hospitaliôres,  des 
catalogues  des  manuscrits  des  bibliothèques  pu- 
bliques, etc. 

M.  le  Président  prononce  ensuite  les  paroles  sui- 
■   vantes  : 

((  Messieurs, 

«  Cette  année  la  mort  nousaenlfivé  pl(i:^iniirsc'i)ll('j;iiesaii\- 
(fuels  je  volts  demande  la  ijermission  d'adresser  un  dernier 
souvenir  en  celle  séance  de  lin  d'année. 

Il  Ce  sont  Messieurs  : 

Il  liené-VauricedeKertfl.  —  Né  en  ISItS.  il  nlilinl  en  ISIii 
de  s'embarquer,  à  filie  de  dessinateur,  sur  la  fréfiate  la  t'onr, 
rommandée  par  l'amiral  Kévrier  des  Poinles.  Au  cours  do 
celte  campajjne  il  lit.  avec  le  lieutenant  Henri  de  Kersaini, 
une  expédition  fort  intéressante  à  Quito.  La  guerre  avec  la 
Russie  ayant  été  déclarée  vers  celle  époque,  l'amiral  des 
Pointes  dirigea  son  escadre  vers  le  Kamtchatka  et  honibarda 
Pétropolowski.  Peu  après,  l'amiral  étant  mort,  il  fut  remplacé 
dans  son,commandement  par  l'amiral  Fouricbon.  R.  deKerrel 
revint  en  France. 

Il  A  partir  de  ce  moment,  il  se  iixa  auchAteau  de  Quillien. 
en  Brasparts,  et  ne  tarda  pas  à  se  marier.  Devenu  veuf,  t 
consacra  toute  son  activité  à  rédiication  de  ses  enfants  et: 


n,g,t,7.cbyGOOglC  __ 


—  Lxxvin  — 

faire  le  bien,  construisant  et  enlrelenant  des  écoles  et  répa- 
rant des  églises,  s'inléressani  à  la  conservation  de  nos  monu- 
ments mégalithiques,  ces  témoins  d'un  passé  bien  lointain,  il 
donna  un  généreux  exemple  en  meltanl  sous  la  protection  de 
notre  société  la  très  belle  allée  couverte  de  Brennilis,  rem- 
plissant en  cela  tes  inlenlions  supposées  de  son  frère  Cari, 
pnkédemmenl  décédé 

(1  Puig  de  Itilolongi.  Il  s'est  essayé  à  des  études  historiques 
(|ui,  vous  vous  le  rappelez,  ont  provoqué  quelques  judicieuses 
rectifications  au  sein  de  notre  société.  Les  travaux  de  ce  genre, 
on  ne  saurait  Irop  le  répéter,  doivent  rester  en  dehors  de  tout 
parti  pris  et  de  toute  partialité.  Notre  confrère,  enlevé  préma- 
turément, y  serait  sans  doute  arrivé  avec  le  calme  que  donnent 
les  années  tempérant  les  fougues  de  la  jeunesse.  Toutefois 
lions  trouvons  matière  à  louer  dans  quelques  uns  de  ses  essais. 

H  imédée  df  Lécluse-Trévoédal.  —  Durant  les  mandats 
électifs  qu'il  a  remplis,  comme  conseiller  général  et  comme 
maire  d'Audierne,  il  a  montré  un  réel  dévouementaux  intérêts 
de  ses  (ioncitoyens  qui  n'oublieront  pas  sa  conduite  généreuse 
pendant  les  épidémies  qui  ont  décimé  .\udierne  alors  qu'il 
était  maire. 

Edmond-. Varie-Ceorge"  lilanchet  de  la  Sablière  —  Maire  de 
Oouesnach,  aimé  de  ses  administrés,  cet  homme  de  bien, 
mort  jeune  encore,  dans  sa  '(6«  année,  laisse  le  deuil  dans 
t'àme  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu  D'une  grande  énergie,  il 
fut  un  vaillant  explorateur.  Le  cadre  restreint  de  cette  courle 
notice  ne  me  permet  pas  devons  tracer  ses  lointaines  expé- 
ditions, avec  les  détails  qu'elles  comportent,laisseï-moi  cepen- 
dant vous  en  dire  (luelcjues  mots, 

n  Kn  1880,  il  partit  avec  un  de  ses  parents  pour  r.\méri(iue. 
Débarqués  à  New-York,  les  charmes  de  la  grande  cité  commer- 
ciale et  de  la  vie  à  outrance  ne  les  retinrent  pas  longtemps. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  LXXIX  — 

Attirés  par  l'aUrait  de  l'inconnu,  ils  traversèrent  l'Amérique, 
visitant,  en  observateurs  sagaces,  toutce  qui  ayant  quelqu'in- 
térét  était  susceptible  de  les  arrêter.  Enfin,  s'embarquant  à 
Vancouver,  ils  se  rendirent  en  Alaska,  pays  peu  connu  à  cette 
époque  et  n'ayant  pas  encore  acquis  par  ses  mines  la  célé- 
brité qu'il  a  aujourd'hui  Ils  y  passèrent  quelques  semaines 
vivant  sous  la  tente  et  chassant  l'ours,  sport  qui  n'était  pas 
exempt  de  fortes  émotions.  En  revenant  vers  l'Europe,  de  la 
Sablière,  après  un  voyage,  non  sans  danger  sur  les  rapides 
de  la  Colombie,  parcourut  la  Floride. 

Il  A  peine  rentré  en  France,  son  activité  le  poussa  à  orga- 
niser une  nouvelle  expédition,  ayant  cette  fois  un  but  scien- 
tifique plus  marqué.  Il  partit  en  1880  avec  quatre  parents  ou 
amis  ayant  pour  objectif  l'ascension  du  monl  Saint-Elie. 
Malheureusement,  au  début  de  l'expédition,  un  grave  accident 
survenu  à  un  jeune  parent  i^ui  l'accompagnait  le  força  à  le 
ramener  en  France. 

(1  Voulant  se  dédommager  de  ce  retour  inopiné,  à  peine 
avait-il  touché  pied  à  Paris  qu'il  partit  pour  la  Suisse  ou  .attiré 
par  l'attrait  des  montagnes,  il  lit  l'ascension  du  Mont-Blanc, 
comme  avant  goût  de  celle  du  mont  Saint-Elie  qu'il  avait 
conservé  l'espoir  de  faire  l'année  suivante.  A  cet  effet,  pendant 
son  séjour  en  Suisse,  il  s'était  assuré  le  concours  d'un  guide 
expérimenté.  Mais  la  mort  de  son  jeune  parent  et  celle  de  son 
père  le  retinrent  au  milieu  des  siens  et  arrêtèrent  pour 
toujours  la  réalisation  de  ses  projets. 

H  Nous  conserverons  le  souvenir  de  ses  voyages  comme  un 
noble  exemple. 

«  Puissent  les  quel()ues  lignes  émues  que  nous  consacrons 
à  nos  collègues  disparus  adoucir  la  douleur  des  êtres  aimés 
qu'ils  ont  laissés  après  eux. 

(I  Enfin  il  est  encore  une  mort  qui  quoique  prévue  n'en  est 
pas  moins  douloureuse  pour  tous  c'est  celle  de  noire  vénère 


n,g,t,7.cbyGOOglC  — 


-  LXXX  - 

président  d'honneur,  Monseigneur  Henri-Victor-Félix  Val- 
leau,  évt^que  de  Quîniper  et  de  Léon. 

(I  Vous  savez  l'intérêt  qu'il  portail  à  notre  société  et  avec 
quel  plaisir  il  s'entretenait  de  nos  études,  apportant  dans  ta 
discussion  l'esprit  le  plus  libéral  et  le  plus  éclairé,  vous  savez 
aussi  (|ue  plusieurs  travaux  de  lui  portent  la  marque  d'une 
érudition  incontestable.  Vous  n'ignorez  pas  combien  il  aimait 
à  se  trouver  au  milieu  de  nous,  malheureusement  ses  diivoirs 
ëpiscopaux  ne  le  tui  permirent  pas  aussi  fréquemment  qu'il 
l'eut  voulu.  Vous  vous  souvenez  tous  de  l'alTabllitë  avec  la- 
fiuelle  il  présida  noire  séance  l'an  dernier  à  cette  époque,  nous 
ne  nous  doutions  pas  alors  qu'aujourd'hui  nous  aurions  la 
la  douleur  de  le  conduire  à  sa  dernière  demeure. 

«  Vous  penserez  avec  moi,  j'en  suis  certain,  messieurs,  que 
nous  lui  devons,  comme  dernier  hommage,  de  lever  la  séance 
en  signe  de  deuil,  n 

M  duChaleUieretM.  le  chanoine  Peyrofi  font  con- 
naître qu'ila  ont  reçu  de^  lettres  de  M.  Trévédy  et  de 
M.  le  docteur  Corro,  nos  anciens  vice-présidents, qui  leur 
expriment  la  part  qu'ils  prennent  au  chagrin  que  nous 
cause  la  mort  de  notre  très  regretté  président  d'hon- 
neur, 

La  proposition  de  M.  du  Chatellier  est  adoptée  à 
l'unanimité  et  la  séance  est  levée  à  trois  heures. 

Le  Président, 
V.  DU  CHATELLIER. 

Le  Secrétaire. 
II.  BOURDE  DE  LA  ROOERIE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


lÉMOIRES  ET  DOCUMENTS  INËDITS 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


,yGooglc 


LE  MOBIUGR  ARTISTIQUE  DES  ÉBLISES  BRETONNES 


Les  monuments  de  pierre,  églises,  chapelles,  clochers, 
porches,  etc.,  que  j'ai  meationnés  et  succinctement  décrits 
dans  une  notice  précédente,  ne  sont  pas  les  seules  choses 
qui  constituent  les  richesses  d'art  de  notre  Basse-Bretagne. 
Il  y  a  une  foule  d'autres  créations  qui  décèlent  le  talent  et 
le  génie  inventif  des  gens  de  métier  dans  le  temps  passé, 
et  qui  entrent  dans  le  mobilier  et  la  décoration  de  nos 
édifices  religieux.  Faisons-en  la  nomenclature  rapide  pour 
les  passer  ensuite  en  revue  et  en  faire  une  brève  description. 
Car  pour  un  travail  complet,  il  faudrait  établir  un  inventaire 
détaillé  de  tous  les  monuments  du  diocèse  en  décrivant  par 
le  menu  toutes  les  œuvres  qui  s'y  rattachent. 

Ce  qui  fait  l'objet  de  notre  étude  aujourd'hui,  ce  sont  ; 

Les  autels  et  retables.  Jubés,  chancels  et  clôtures  de 
chœurs,  stalles,  portes  sculptées,  chaires  à  prêcher,  poutres 
et  corniches  historiées,  statues,  groupes,  bas-reliefs,  niches 
à  volets,  sépulcres  de  N.  S.,  cuves  baptismales  et  baldaquins 
de  fonts-baptismaux,  tribunes  et  buffets  d'orgue,  bénitiers, 
tombeaux,  vitraux,  tableaux,  bannières,  croix  de  procession, 
calices  et  pièces  d'orfèvrerie,  châsses  et  reliquaires. 

Autels  et  retables. 

Si  nous  nous  occupons  d'abord  des  autels  en  pierre,  nous 
en  trouverons  assez  peu  qui  aient  été  conservés  ;  la  plupart 
ayant  été  remplacés  par  des  autels  en  bois  ou  englobés  dans 
des  coffres  de  cette  matière,  à  l'époque  o<i  est  intervenue  la 
mode  des  grands  retables  à  colonnes  inspirés,  semblerait-il, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


des  grandes  compositions  et  des  majestueux  frontispices 
^ravéa  en  tète  des  in-folio  édités  au  xvi'  et  au  xvit'  siècle. 
On  peut  citer  cependant  la  table  de  l'autel  de  la  chapelle 
absidale  de  la  cathédrale  de  Quimper,  portant  encore  une 
inscription  commémorative  de  sa  consécration  en  1295  par 
l'évéque  Alain  Rivelen  ;  l'autel  du  fond  du  chœur  de  la 
cathédrale  de  Saint-Pol,  avec  six  autres  rangés  à  l'extérieur 
de  la  clôture  du  chœur,  puis  deux  dans  la  première  chapelle 
latérale  du  côté  nord,  tous  du  xV  siècle.  Au  Folgoët  on  en 
compte  huit  d'une  très  grande  richesse  de  sculpture,  éga- 
lement du  XV'  siècle,  cinq  en  ligne  droite  adossés  au  mur 
oriental,  deux  sous  le  jubé,  et  un  aux  fonts-baptismaux.  Le 
maitre-autel  de  Goulven  est  remarquable  par  sa  large  frise 
feuillagée  et  par  la  banderolle  qui  court  sur  ses  arcatures. 
A  Melgven,  un  Joli  autel  en  granit  fin  de  Scaër  porte  cette 
inscription  ;  Lan.  mit.  UW  nH"""  IX.  (4489)  V.  et  D.  G.  le. 
Manchec.  p.  fist  faire,  ceste. 

Au  maître-autel  de  Penmarc'h  l'ancienne  table  est  con- 
servée, mesurant  5  mètres  de  longueur;  à  Saint-Jean- 
Balanan,  de  Plouvien,  on  a  déposé  il  y  a  quelques  aimées  la 
magnilique  table  du  maître-autel,  mesurant  4  mètres,  et 
servant  maintenant  de  degré  sous  la  balustrade.  Signalons 
encore  un  autel, sur  colonnettes,  du  xiV  ou  du  xv' siècle, 
dans  le  collatéral  midi  de  Pont-Croix,  et  un  autre  très 
simple,  du  xvii",  adossé  â  un  pilier  près  du  porche  dans 
l'église  de  Plougasnou  et  portant  cette  inscription  :  SANT  : 
SACRAMANT. 

Arrivant  aux  autels  et  retabies  en  bois,  il  faut  faire  observer 
qu'on  en  trouve  bien  peu  d'exemplaires  datant  de  l'époque 
gothique.  A  Goulven,  un  autel  latéral  porte  des  arcatures 
flamboyantes  et  des  bas-reliefs  dans  son  coffre  et  son  petit 
retable. 

Le  superbe  retable  de  Kerdévot  est  un  travail  dans  le 
style  du  xv«  siècle,  provenant  d'Anvers.   A  BrenniMs,  un 


,y  Google 


retable  d'autel  secondaire,  orné  de  scènes  de  l'h'stoire  de  la 
Sainte -Vierge,  a  tous  les  caractères  d'une  œuvre  de  la  fin 
de  la  période  ogivale,  malgré  les  cotonnettes  torses  du  xvii' 
siècle  dont  on  l'a  alTublé.  Il  en  est  de  môme  du  retable  de 
l'autel  de  N.  D.  à  Bodilis,  qui  formait  autrefois  une  grande 
nicfae  à  volets.  Egalement  le  retable  de  dix  mille  martyrs  de 
1  église  de  Crozon  garde  encore  un  reste  de  traditions 
gothiques. 

Mais  c'est  la  Renaissance,  le  règne  de  Louis  XIII  et  celui 
de  Louis  XIV  qui  nous  ont  légué  le  plus  d'œuvres  en  ce 
genre.  En  général  les  coffres  ou  tombeaux  d'autel  n'offrent 
rien  de  bien  important,  le  travail  s'y  résume  en  quelques 
panneaux  ornés  d'arabesques  et  encadrés  de  fortes  moulures. 
Toute  la  richesse  se  reporte  sur  les  gradins  et  spécialement 
les  retables  qui  sont  de  deux  sortes  :  les  uns  à  tourelles, 
pavillons  et  châtelets,  entourés  el  accostés  de  cariatides  ou 
de  colonnetl.es  torses  ou  cannelées,  avec  couronnement  de 
balustrades  à  fuseaux  et  de  lanternons  ;  les  autres  se  com- 
posant de  deux,  quatre,  six  ou  huit  grandes  colonnes  lisses 
ou  torses,  enguirlandées  de  branches  de  laurier  ou  de  pam- 
pres de  vigne,  encadrant  de  grands  bis-reliefs,  des  groupes 
ou  des  tableaux,  et  couronnées  par  des  frontons  variés  ou 
des  séries  de  niches  formant  deuxième  étage.  Quelquefois 
les  deux  genres  se  trouvent  alliés  ensemble,  le  petit  retable 
à  tourelles  est  circonscrit  ut  surmonté  par  les  grandes 
colonnes  ;  c'est  ce  qu'on  trouve  tout  spéciakment  à  Roscoff 
et  à  Saint-Jean-du-Doigt,  dans  cette  dernière  église  le 
travail  est  en  pierre  blanche  et  en  marbre. 

Les  principaux  retables  à  lourelles  qui  sont  à  citer  sont 
ceux  de  Ploaré,  Pleyben,  Loqueffret,  Landévennec,  Telgruc, 
Briec.  Elliant,  Kosporden,  Arzano,  Combrit,  Plougasnou, 
Locquénolé,  Bodilis,  Saint-Sauveur,  Ploudiry,  ce  dernier 
provenant  de  l'ancienne  chapelle  de  N.  D.  des  Portes  à 
Château  neuf. 


,yGooglc        — 


Les  grands  retables  à  colonnes  se  trouvent  à  la  cathédrale 
de  Saint-Pol-de-Léon,  à  N.  D,  du  Creisker,  Plougasnou, 
SHÏnt-Melaine  de  Morlaix,  Saînt-Thégonnec ,  Guidait, 
Guimiliau,  Lampaul,  Plouvorn,  Bodilis,  Comanna,  Sizun, 
Loc-Mélar,  Pioudiry,  Trémaouéazn,  Gouesnou,  Plabennec, 
Piouguerneau,  Brasparts.  Pleyben,  LoquelTret,  Rumengol, 
Le  Faou,  Lopérec,  Chapelle  de  Saint-Sébastten  en  Saint- 
Ségal,  DinéauU,  N.  D.  de  Châteaulin,  ^Sainte-Marie  de 
Ménez-Hom,  Argol,  Telgruc,  Locronan,  Pont-Croix, 
Beuzec-Cap-Sizun,  Saint-Tujean  en  Ppimelin,  Plouhinec, 
la  Trinité  de  Plozévet,  Penmarc'h,  Pont-l'Ahbé  et  Lambour, 
Rosgrand  près  Qui  m  perlé,  Saint- Maurice  de  Clohars- 
Carnoët  et  Saint-Philibert  de  Trégunc. 

Jubés. 

Lee  jubés,  grandes  galeries  transversales  en  pierre  ou  en 
bois,  posées  à  la  séparation  de  la  nef  et  du  chœur,  étaient 
autrefois  plus  nombreux  dans  nos  églises. 

L'histoire  de  nos  monuments,  des  traces  et  amorces 
restées  dans  ta  maçonnerie  indiquent  leur  existence  ancienne. 
C'eslainsiquenouspouvons  savoir  quel'on  construisit  un  jubé 
au  xvii'  siècle  à  l'entrée  du  chœur  de  la  cathédrale  de  Quim- 
per  pour  recevoir  le  reliquaire  du  bras  de  saint  Corentin.  Des 
escaliers  et  des  passages  nous  révèlent  qu'il  y  en  avait 
autrefois  à  la  cathédrale  de  Saint-Po)-de-Léon,  à  Sa'nt- 
Michel  de  Quimperlé,  à  N.  D.  de  Kerdévot  et  probablement 
à  Quilinen.  Désormais  il  n'en  reste  que  sept,  dont  deux  en 
pierre  et  cinq  en  bois. 

Le  jubé  du  Folgoët  est  la  merveille  de  la  sculpture  en 
pierre  dans  notre  pays.  Ces)  la  découpure  la  plus  fine  et  la 
plus  déliée  qui  ait  été  faite  dans  le  Kersanton,  formant  trois 
arcades  A  redents  et  guirlandes  qui  soutiennent  une  plate- 
forme entourée  d'une  galerie  à  arcatures  d'un  cflté  et  à 
quatre  feuilles  de  l'autre. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-    7  — 

Le  jubé  de  Lambader,  1481,  est  aus^i  Texpreseion  la  plus 
parfaite  du  travail  sur  bois.  Au  milieu  des  fantaisies  et  des 
enchevêtrements  les  plus  harmonieux  du  style  Hamboyant, 
on  y  trouve  déjà  deux  ou  trois  panneaux  qui  sont  absolument 
dans  le  génie  de  la  Renaissance, 

A  la  Roche-Maurice  nous  sommes  en  pleine  Renaissance 
ou  même  dans  le  style  Louis  XIII,  et  malgré  les  assertions 
de  M.  Léon  Palustre,  je  trouve  bien  peu  de  faiblesse  dans 
cette  œuvre;  j'y  reconnais  au  contraire  beaucoup  d'hahileté, 
de  correction  et  d'imagination. 

Pareilles  qualités  sont  à  louer  dans  le  jubé  de  Saiut- 
Herbot  qui  oiïre  un  plus  grand  développement,  vu  qu'il  se 
continue  sur  les  deux  cdtés  par  une  sorte  de  chance!  en 
clôture  fermant  le  chœur.  A  l'intérieur  est  une  série  de  quinze 
stalles  surmontées  d'un  dais  continu  faisant  saillie  de  0  m.  60, 
séparées  par  des  accoudoirs  très  épais  et  ayant  sous  les 
miséricordes  des  sujets  fort  bien  sculptés  et  tous  variés.  Il 
est  à  croire  que  cette  œuvre  est  à  peu  près  de  même  date 
que  les  vitraux  de  l'église,  c'est-A-dire  de  1556  environ. 

A  Berven  nous  trouvons  la  même  disposition  dans  l'en- 
semble, mais  pas  la  même  perfection  dans  le  travail.  Les 
arcatures  en  pierre  formées  de  colonnetles  cannelées,  qui 
ferment  le  chœur  par  devant,  ainsi  que  les  clàtures  de  bois 
des  deux  côtés,  sont  réellement  classiques,  mais  les  pan- 
neaux de  la  plate-forme  et  du  couronnement  sont  plus  incor- 
rects, ce  qui  n'empêche  pas  cette  œuvre  d'avoir  grand  air 
et  grande  valeur,  surtout  si  on  considère  les  stalles  qui  y 
sont  adossées  et  qui  sont  en  vérité  un  travail  d'un  excellent 
style,  grâce  aux  cariatides  genre  sphinx  qui  en  forment  les 
séparations. 

Le  jubé  de  Sainte-Croix  de  Quimperlé,  placé  maintenant 
contre  le  mur  occidental  de  la  nef,  terminé  en  1581  sous  le 
gouvernement  de  l'abbé  Daniel  de  Saînt-Alouarn,  est  un 
magnitique  ouvrage  en  pierre  de  Taillebourg,  où  l'on  trouve 


n,g,t,7.cbyGOOgIC 


toutes  les  finesses  et  toutes  les  ingéniosités  de  la  Renaissance, 
pilastres  couverts  d'arabesques  déliées,  chapiteaux,  bustes 
gracieux  de  cariatides,  niches  à  coquilles  couronnées  de 
dais  aux  pinacles  et  pyramidions  ajourés,  statuettes  et  ligu- 
rines,  dauphins  et  feuillages  d'un  gras  et  d'un  galbe  sur- 
prenants. 

Tout  près  de  Quimperlé,  dans  la  chapelle  du  château  do 
Rosgrand,  est  une  autre  œuvre  d'une  richesse  et  d'une 
perfection  étonnantes.  Faut-il  l'appeler  jubé  ou  simplement 
chance],  puisque  ce  n'est  qu'une  clôture  ou  cloison  ajoura  ? 
Ce  travail  en  chêne  sculplé  se  compose  d'un  soubassement, 
d'une  colonnade  et  d'un  entablement  formant  grande  frise 
et  double  cornichede  couronnement.  Chose  curieuse  et  assez 
ordinaire  à  cette  époque,  l'on  y, a  mêlé  d'une  manière 
ingénue  le  sacré  au  profane,  les  scènes  bibliques  aux  sujets 
mythologiques.  Sur  la  face  du  soubassement  on  voit  l'his- 
toire du  prophète  Jonas  et  celle  du  sacrifice  d  Abraham,  puis 
Mercure,  Diane,  une  foule  de  petits  génies,  faunes,  satyres 
et  nymphes;  de  l'autre  côté,  les  traits  de  force  de  Samson 
répondant  aux  travaux  d'Hercule.  La  colonnade  est  composée 
de  huit  colonnes  entourées  de  pampres  de  vignes  et  lauriers, 
et  de  huit  balustres  cannelés  ou  torses,  au  milieu  desquels 
se  trouvent  deux  statues  allégoriques  de  la  Justice  et  de 
l'Espérance.  Dans  la  frise,  encadrés  par  dix  cariatides  à 
gaines,  trois  grands  bas-reliefs  représentent  l'Adoration 
des  bergers,  l'Adoration  des  mages  et  ta  Présentation  atr 
temple.  Plus  haut,  au  milieu,  le  buste  du  Père-Eternel,  et 
entre  les  deux  corniches,  des  bustes  profanes. 

Chaucels  et  clôtures  de  chœur. 

Les  arcades  des  trois  travées  du  chœ8r  de  la  cathédrale 

de  Saint- Pot -de- Léon  sont  remplies  jusqu'à  trois  mètres  de 

hauteur  par  un  mur  plein  en  pierres  de  taille  auquel  sont 

adossés  tes  dais  des  slalle:^  du  côté  intérieur,  et,  qui  du  côté 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  9  — 

des  collatéraux,  se  trouve  orné  d'arcades  moulurées,  sous 
lesquelles  s'abritent  les  petits  autels  dont  il  a  été  déjà  parlé 
Un  point  à  noter  c'est  que,  au  bout  du  retable  de  deux  de 
ces  autels  sont  percées  deux  petites  meuitrières  biaises 
permettant  au  regard  de  plonger  sur  le  maître-autel  et  de 
suivre  la  marche  des  cérémonies  dans  le  chœur. 

Autour  du  sanctuaire  on  a  rétabli  une  clôture  en  colon- 
nettes  et  arcatures  de  Kersanton.  Si  elle  n'est  pas  la 
reproduction  exacte  de  l'ancienne  clôture,  elle  a  du  moins  le 
mérite  d'avoir  été  copiée  fidèlement  sur  celle  qui  existe 
encore  dans  l'église  de  La  Martyre. 

Au  Folgoët,  même  disposition  qu'à  Saint-PoI-de-Léon 
des  deux  côté  du  chœur,  sauf  l'absence  des  petits  autels, 
mais  les  arcades  donnant  sur  tes  collatéraux  sont  encore 
d'une  plus  grande  richesse. 

A  Lanmeur,  la  chapelle  des  fonts-baptismaux  est  fermée 
par  une  porte  et  une  fenesiration  flamboyantes  qui  formaient 
autrefois  l'entrée  du  chœur  dans  la  chapelle  de  Kernitroun, 

A  Plougasnou,  l'ancienne  porte  du  chœur  se  trouve  main- 
tenant à  l'entrée  de  la  jolie  chapelle  de  Kericuff. 

Non  loin  de  Plougasnou,  dans  la  paroisse  de  Guimaëc, 
se  trouve  une  chapelle  dédiée  à  NoIre-Dame-des-Joies,  perdue 
au  fond  d'une  campagne  ignorée.  Celte  chapelle  est  en 
quelque  sorte  remplie  de  belles  œuvres  d'art  tant  en  pein- 
tures qu'en  sculptures.  On  y  trouve  tout  spécialement  une 
clAlure  en  bois  fermant  le  chœur  de  trois  côtés  et  dont  les 
colonnèttes  sont  d'assez  mauvais  goût,  tordues  qu'elles  sont 
en  gros  tire-bouchons  ou  en  ressort  à  boudin  ;  mais  au-dessus 
règne  une  frise  Renaissance  de  la  plus  pure  beauté,  et  com- 
prenant une  vingtaine  de  panneaux  sculptés  et  découpés, 
formés  d'arabesques,  griffons,  génies  ailés  souillant  dans 
des  trompes,  etc.. 

Pour  finir  cette  série,  signalons  la  clôture  des  fonts- 
baptismaux  de  Brennilis,  toujours  dans  le  style  de  la  Renais- 


n,g,t,7.cbyGOOglÇ  — 


sance,   balustres  tournés  et  frise  recoupée  de  médaillons 
rehaussés  de  têtes  et  de  bustes. 

Stalles. 

Les  stalles  de  la  cathédrale  de  Saint-Pol,  au  nombre  de 
soixante-dix,  datent  de  l'épiscopat  de  Jean  de  Carman, 
ISO^-lSli,  et  de  celui  de  Guy  Le  Clerc.  1514-1523.  Quoi- 
qu'elles aient  été  faites  en  pleine  époque  de  la  Renaissance, 
elles  sont  en  très  pur  style  tlamboyant,  et  on  n'y  sent  en  rien 
l'iiiHueuce  de  la  nouvelle  école,  fjes  traditions  gothiques 
sont  absolument  vivaces  dans  le  dessin  d'ensenable,  les  beaux 
enroulements  des  deux  extrémités,  les  découpures  des  pan- 
neaux des  dosserets,  l'agencement  des  dais  qui  la  couronnent, 
les  petits  pinacles,  les  statuettes,  les  sujets  variés  et  bizarres 
des  accoudoirs  et  des  miséricordes.  J'ai  déjà  mentionné  les 
Stalles  de.Berven  et  de  Saint-Herbot  ;  je  pourrais  aussi 
indiquer  dans  l'église  de  Pont-Croix  quelques-uns  de  ces 
vieux  sièges  chassés  honteusement  du  chœur  depuis  de 
longues  années  et  mis  en  pénitence  le  long  de  quelque  mur 
de  bas -côté. 

A  Lampaul-Guimîltau.  quelques  vieilles  stalles  et  d'autres 
toutes  récentes,  faites  d'après  le  modèle  ancien,  sortent 
absolument  du  commun  grâce  aux  serpents  ou  monstres  qui 
leur  servent  d'accoudoirs,  aux  pieds  en  console  et  aux 
cariatides  qui  les  soutiennent  et  aussi  aux  médailons  et 
cartouches  qui  séparent  les  panneaux  du  dossier.  Tout  prés 
de  ces  stalles, aux  deux  extrémités  de  la  table  de  communion , 
il  faut  signaler  deux  griffons  ou  monstres  ailés  d'une  puis- 
sance extraordinaire  de  galbe  et  de  tournure. 

Les  mêmes  modèles  ont  été  imités  dans  le  chœur 
de  l'église  de  Saint-Thégonnec,  sans  atteindre  la  même 
correction  ;  mais  une  pièce  d'une  perfection  rare  qui  se 
trouve  dans  cette  église,  c'est  le  siège  triple  à  accoudoir  et 
dosseret  à  l'usage  du  célébrant  et  de  ses  assistants. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n  . 


Les  stalles  xvii^  siècle  de  Sainte-Croix,  de  Quimperlé, 
ont  été  éliminées  de  l'église  pour  dégager  les  ait^tures  de 
l'abside  ;  elles  ont  heureusement  trouvé  place  daas  le  chœur 
de  l'église  de  Riec. 

il  m'a  été  donné  de  voir  quelques-unes  des  vieilles  stalles 
de  Garhaix,  mais  c'était  chez  un  brocanteur  de  Morlaix. 
C'est  vraiment  dommage  qu'elles  ne  soient  pas  demeurées 
dans  leur  local  primitif,  car  ce  sont  des  œuvres  gotbiques 
d'un  aspect  réellement  monastique  et  dignes  de  cette  grave 
collégiale. 

Portos  sculptées. 

Quelques  églises  ont  encore  leurs  vieilles  portes  en  chêne 
datant  de  la  construction  de  l'édifice.  A  I.ampaul-Guimiliau 
les  cinq  portes  qui  donnent  sur  l'extérieur  forment  des  pan- 
neaux d'un  assemblege  ingénieux  et  solide,  elles  doivent 
remonter  à  1610  ou  1620,  La  porte  de  la  sacristie  est  de 
1679.  A  Locmélar,  la  porte  ouest  sous  le  clocher  est  couverte 
de  neuf  panneaux  sculptés  en  bas-reliefs  représentant  des 
scènes  de  la  Passion  de  N.-S.  et  datés  de  1577. 

Les  deux  portes  du  porche  de  Goueznou  doivent  remonter 
à  1664,  et  sont  décorées  d'entrelacs,  de  têtes,  de  chérubins, 
d'anges  drapes  portani  les  instruments  de  la  Passion,  et 
dans  les  petites  niches  du  haut  sont  logées  les  statuettes  de 
la  Sainte-Yierge  et  de  saint  Goueznou. 

Chaires  à  prêcher. 

Les  principales  à  citer  sont  celle  de  la  cathédrale  de 
Quimper,  donnant  en  différents  bas-reliefs  les  principaux 
épisodes  de  l'histoire  de  saint  Corenttn,  celle  de  Locronan 
dont  les  panneaux  retracent  la  légende  merveilleuse  du 
saint  patron,  A  Guimtliau  sont  représentés  les  quatre  évan- 
gélistes  avec  les  vertus  théologales  et  cardinales,  et  la  date 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  u  — 

de  1677.  A  Lampaiil,  les  quatre  évangélîstes  et  les  quatre 
grands  docteurs  d'Occident,  Saint-Thégonnec  a  les  mêmes 
représentations  en  huit  panneaux,  mais  dans  un  style  et 
dans  des  cadres  d'une  richesse  qu'on  n'a  jamais  pu  espérer 
de  surpasser. 

Poutres  et  corniches  historiées. 

Dans  nos  anciennes  églises  recouvertes  généralement  de 
voûtes  eu  bois,  il  y  a  profusion  de  poutres  apparentes  desti- 
nées à  empêcher  l'écartement  des  murs  et  l'effort  de  la 
charpente  poussant  au  vide.  Nulle  part  l'imagination  des 
sculpteurs  ne  aesl  donné  plus  libre  champ  que  dans  ces  pou- 
tres ou  tirants  et  dans  les  corniches  ou  sablières  qui  courent 
sous  les  lambris  en  berceau.  Les  poutres  généralement  sont 
saisies  à  leurs  extrémités  par  la  gueule  d'un  monstre  qui 
les  serre  entre  ses  grandes  dents.  A  Lampaul-Guimiliau,  la 
seule  qui  subsiste  a  sur  sa  face  huit  bas-reliefs  de  la  Passion 
et  sur  le  cdté  apposé  l'Annonciation  et  les  douze  sibylles. 
Au-dessus  est  N.-S.  en  croix  entre  la  Sainte-Vierge  et  saint 
Jean.  Autrefois  cette  église  avait  une  vingtaine  de  poutres 
sculptées,  ornées  de  torsades,  de  rosaces,  de  feuillages,  de 
rangs  de  perles  et  de  pointes  de  diamant  ;  et  les  sablières 
étaient  aussi  richement  travaillées.  Le  tout  a  disparu  lors 
de  la  réfection  de  la  charpente.  Signalons  rapidement  les 
poutres  et  sablières  de  Guimiliau,  Bodilis,  La  Martyre,  La 
Roche,  Goueznou,  Combrit,  Sainte-Marie  du  Ménez-Hom, 
la  chapelle  de  Sainl-Guénolé,  en  Ergué-Gabérîc.  Quelques- 
unes  de  ces  sablières  sont  datées  r  à  La  Roche,  on  Ut  : 
H  Rolland,  i359;  à  Goueznou  :  Cet.  édifice,  fut.  faict.  au. 
temps,  de.  M'.  G.  Tourance.  recl.  1615.  A  la  chapelle  de  la 
Véronique,  en  Bannalcc  :  /.  Prima,  le.  fa.  4605.  M.  Vincent. 
Le.  Maoat.  Et  pour  montrer  que  c'est  là  le  nom  du  charpen- 
tier ou  menuisier  qui  a  façonné  ces  bois,  il  a  figuré  une 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


hache  et  une  équerre  dans  un  cartouche  tenu  par  des  mou- 
tons, ce  qui  forme  des  armes  parlantes,  le  mol  breton 
maout  signiliant  mouton. 

J.-M.  ABGRALI,. 

Chanoire  honoraire. 
(A  suiore.) 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


II. 

UN  PROCÈS-VERBAL 
ta  irtttiHiHi  et  drilb  kinrïfifiB  i  biiftwi»  il  i  MItui  (IMI) 

PAK  M.  LABBB  FavB. 


Un  procès  était  pendant  au  Présitlial  entre  Ecuyer  Hervé 
de  Kerguélen,  S^  de  Kerlès,  son  tils  le  S'  de  Kerlaouénan, 
d'une  part  ;  et  Messine  Sébastien  Le  Becquer,  chanoine  de 
Cornouaille  et  Recteur  de  Kerfeunteun  (1).  Ce  dernier  avait, 
à  la  date  du  7  novembre  1648,  reçu  assignation  pour  se 
rencontrer  avec  la  partie  adverse,  à  l'Eglise  paroissiale  de 
Landrévarzec,  à  l'Eglise  trèviale  de  Qiiillinen  et  enfin  au 
Manoir  noble  de  Keranroc'h,  pour  y  faire  état  et  procès- 
verbal  des  droits  honorifiques  et  prééminences  que  la  famille 
de  Kerguélen  y  possédait. 

Le  rendez-vous  est  fixé  par  le  Siège  au  16  du  même 
mois  de  novembre,  A  dix  heures  du  matin,  au  bourg  de 
Landrévarzec.  Hervé  de  Kerguélen  se  met  en  mesure  d'y 
répondre  pour  ce  qui  le  concerne^  et  ce  jour,  vers  les 
huit  heures  du  matin,  il  se  présente  chez  le  Sénéchal 
Olivier  Salou,  seigneur  de  Toulgoat,  bien  que  l'on  fût 
au  mois  de  novembre,  sombre  et  brumeux.  De  Kerguélen 
s'est  au  préalable  muni  d'un  procureur,  M' Philippe  Pérard, 
requérant  le  premier  magistrat  a  qu'il  lui  plaise  vacquer 
1  audit  procès- ver  bal,  à  quoi  inclinant  »  celui-ci  convoque  à 
l'accompagner  Jacques  Du  HafTont,  avocat  du  Roi  ;  Yves 
LeMercier,procureurauPrésidial,  «  faisant  pour  Le  Greffier 

(I)  Nous  n'eD  avons  pu  découvrir  le  molil  dans  les  papiers  du  présidial 
de  Quimper. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


0  d'apeaux  et  de  luy  le  serment  prins  en  tel  cas  requis  et 
i  accoustumez  desdits  sieurs  de  Kerlaouénan  et  Pérard  son 
'  procureur  :  «  on  monte  à  cheval  et  Von  chevauche  jusqu'à 
l'entrée  du  cimetière  de  Latidrévarzec,  où  se  trouve  le  S'  de 
Kerlès  lequel  se  joint  à  son  fils  le  S'  de  Kerlaouénan  pour 
supplier  le  Sénéchal  de  remplir  sa  commission. 

Avant  toute  autre  procédure.  M'  Pérard  requiert  que  l'on 
vérifie  que  le  terme  fixé  de  dix  heures  du  matin  est  passé  ; 
le  fait  est  constaté  ■  par  l'inspection  du  soleil  et  l'attestation 
•  de  Messire  Jean  Donart  recteur  de  la  paroisse.  » 

Après  cette  expertise  sur  la  marche  du  soleil  confirmée 
par  la  haute  autorité  du  recteur  de  l'endroit,  il  restait  à 
constater  l'absence  du  recteur  de  Kerfeunteun  :  il  est  requis 
qu'il  soit  fait  appel  de  la  personne  de  messire  Sébastien  Le 
Becquer  :  Hervé  Le  Berre,  à  cet  effet  délégué,  t'adjure  s'il  est 
!à,  de  se  présenter  et  de  répondre.  Faute  d'écho  à  cette 
sommation,  il  ne  reste  qu'à  le  juger  défaillant,  '  son  dé- 
faut, vrai  sembla  blême  iit,  ne  devant  surprendre  personne, 
malgré  l'assignation  et  l'exploit  à  lui  signifié,  l'avant- 
veille,  14  du  môme  mois,  par  Farcy  général  et  d'armes. 
On  va  donc  passer  outre,  et  le  procureur  présente  ses 
conclusions  :  a  Ledit  Pérard  audit  nom  Soustien  Et  mest  En 
(  faict  quan  laditte  parroisse  Est  sitLuez  la  maison  Et  manoir 
«  noble  Et  seigneurialle  de  Keranroc'h  possédez  de  tous 
a  temps  par  Les  prédécesseurs  desdits  sieurs  de  Kerlès  et 
a  Kerlaouénan,  Gentilshommes  du  nom  et  Darmes  de  Ker- 
«  guellen,  auquel  manoir  Est  Leur  Souche  Entienne  Et 
«  maison  noble  primittifve  à  cause  de  Laquelle  Eux  Et  leurs 
(1  prédécesseurs  possèdent  Depuis  Les  deux  à  trois  cents  ans 
a  Et  de  tout  temps  Immémorial  Les  premières  prééminences 
«  Et  marque  honorifique  De  laditte  Eglise  paroissialle  de 
M  Landrévarzec  comme  armes  En  bosse  et  Yittres,  Tombes, 
a  Enfeus,  bancqs,  Ussières  funèbres  et  autres  marques  de 
'  fondateurs.  i 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


'  Les  ayants-droit  insistent  tout  particulièrement  sur 
le  caractère  de  temps  immémorial,  sur  u  les  deux  à 
1  trois  cents  ans  et  plus  »,  de  la  prescription  de  leurs 
prééminences  :  la  raison  en  est  facile  à  comprendre  et  se 
trouve  dans  une  note  sommaire  de  Poullain  du  Parc  (La 
coutume  de  ta  jurisprudence  coutumière  de  Bretagne  dans 
leur  ordre  naturel,  art.  2S2,  pp.  Ni-t4S.)  Pour  b  les  droits 
u  honoritiques  dans  les  Eglises  la  possession  n'en  peut  être 
«  suiTisante  que  lorsque  le  commencement  de  la  possession 
B  ne  paraissant  pas,  elle  fait  présumer  une  possession  immé- 
«  moriale  et  remontant  avant  l'ordonnance  de  1539  n. 

«  Justice  gist  en  formalitez  »,  répétait-on  autrefois,  au 
Palais.  Dans  le  Procès-verbal  que  nous  donnons  ici  on  voit 
ces  formalités  observées  avec  une  exactitude  pharisaique, 
on  les  voit  se  suivre  et  donner  l'illusion  de  la  vie,  d'une  vie 
qui  se  manifeste  par  la  succession  mouvementée  des  fonc- 
tions et  dès  actes 

La  copie  que  nous  possédons  de  ce  document  (Ij  est  de 
14  feuillets  fidèlement  collationnée,  le  5  avrfl  1732,  par 
les  notaires  des  Heguaires,  conformément  à  l'original 
conservé  es  mains  de  Hervé-Louis  de  Kerguélen,  che- 
valier seigneur  de  Keranroch  el  chevalier  des  ordres 
royaux,  militaires  et  hospitaliers  du  Mont-Carmel  et  de 
Saint-Lazare,  copie  prise  pour  le  compte  de  Bernard-Marie 
de  Kerguélen,  seigneur  de  Penanjeun,  fils  de  défunt  messire 
François-Marie  de  Kerguélen,  chevalier  de  l'ordre  militaire 
de  Saint-Louis. 

L'enquête  à  fin  de  procés-verbal  des  droits  honorifiques 
et  prééminences  est  entreprise  sans  désemparer,  après  les 
formalités  préliminaires  relatées  plus  haut.  Le  greffier  tend 
l'oreille  aux  déclarations  qui  sont  faites,  et  dictées  les 
enregistre  au  courant  de  la  plume. 
(1)  Cette  pièce  vient  d'être  versée  par  naus  aux  Archives  déparlemen- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  17  - 


1  Et  entrés  en  laditte  église  paroissiale  de  Landrévarzec, 
«  avons  Veus  qu'au  plus  hault  soufllcl  de  la  Grande  ViUre,  an 

•  pignon  oriental,  il  y  a  Un  Escusson  des  armes  du  roy.  Et 
«  nous  ont  lesdits  Kerguellen  fait  Voir  en  la  ditte  Vistre,  du 
«  costé  de  Levangille.  Un  Escusson  portant  d'azur  au  crois- 
«  sant  d'or,  laquelle  armoyrie  lesdits  Kerguellen  disent  Estre 
»  celles  de  la  terre  de  Penanjeun[,aunay,lhérittière  de  laquelle 
«  nommée  Blanchede  Laanay  fust  mariée  à  Escuyer  Guillaume 
«  Kerguellen,  seigneur  de  Keranrbc'h,  Tryaycul  et  T ryaeulle 
«  dudit  sieur  de  Kerlez  Kerguellen,  père  dudit  sieur  de  Ker- 
«  laouénau  Kerguellen.  Avons  Veu  au  cœur  de  laditte  Eglise, 

*  ducostédeLevangille,Un!jan(;qouaocoudouez((uelosdicts 
<•  Kerguellen  ont  soustenus  leur  appartenir  à  cause  de  la  terre 
t  de  Keranroc'h  ;  Et  audevaut  dudit  bancq  tirant  devers  L'ar- 
«  cade  qui  sépare  le  cœur  davec  la  chapelle  de  Ni)stre-Dame, 

'  "  qui  fait  Laisle  du  costé  de  Lévaugille,  nous  ont  lesdits  Ker- 
«  guellen  montrez  une  tumbe  [datte  armoyc  d'un  Escusson 
■■  empreint  de  trois  tasses  surmontées  de  quatre  Krmines  En 
«  cheff  ;  laquelle  Tumbe  n'est  Distante  du  Grand  autel  que  de 
«  trois  pieds  ou  environ  ;  Et  au  septentrion  de  laditte  Tumbe 
B  nous  ont  lesdits  Kerguellen  faits  encore  Voir  trois  autres 

0  tumbes  plattes  armoyée  et  s'entrejoignante,  la  première 
«  estante  sous  Larcade  qui  Sépare  le  cceur  de  laditte  chapelle 
«  de  ?Jostre-Damc,  est  armoyée  d'un  Escusson  en  bosse  em- 
«  preint  des  mesmes  fasses  et  Ermines  que  lesdits  Kerguellen 
■  soustiennent  Estre  les  Leurs,  et  les  Deux  autres  tumbes 
ti  aussy  armoyées  de  cinq  Escusaons  de  pareilles  armes  de 
«  trois  fasses  surmontées  dequatri'  Ermines  en  clioff  ;  laquelle 
a  chapelle  faitLaisle  de  l'Eglise  du  costé  de  Levangille,  Et  ne 
«  sont  lesdittes  tumhew  que  deaviron  deux  pieds  de  Lautel  de 

1  laditte  chapelle.  Lesdits  Kerguellen  soustiennent  es  très  pro- 
«  hibitives  aux  seigneurs  deKeranrûc'li;  requérantsqu'ilnous 
0  plaise  apurer  les  autres  marques  honorifiques  qui  s'y  trou- 
s  vent,  outre  Les  tumbes  armoyées  et  susmentionnées,  Et  nous 
Bulletin  archéol.  du  Fikistérb.—  Tohb  XXV.  iHémoiresj,     2 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


.  is  ■ 


«  ont  lesdits  Kerguellen  faitVoir  queLa  Vistrequieslaude- 
0  vant  de  Lautel  de  laditte  chapelle  est  composé  de  deux  jours 
«  au  passant  d'un  soufflet  qui  est  au  haut  d'ycelle  ;  auquel 
«  soufflet  nous  donnons  pour  reconnus  qu'il  y  a  un  Rscussou 
a  dargeant  à  trois  fasses  de  gueulle  surmontez  en  chef  de 
B  quatre  Ermînes  de  Sable,  ledit  Escusson  timbré  d'un  lieome 
B  à  costé  et  grillé  au  bourlet  componé  d'or,  Et  de  pourpre 
B  suportantponrsuivre  Une  teste  de  Lion  plain  lampassé  d'or, 
«  ledit  Escusson,  orné  de  Lambrequins  chargez  de  diverses 
«  alliances,  Entre  autres  dasur  à  trois  quintefeuilles  dargeant, 
B  que  lesdits  Kerguellen  ont  maintenus  estres  Les  armes  de  la 
"  seigneurye  de  Quistinit  appartenant  au  seigneur  baron  du 

*  Vieux  Chastel  et  des  Aubrays,  avec  autres  alliances  dazur  à 
B  Trois  Mains  dargeant  accompaigné  dun  fer  despieux  posé 
B  au  milieu  de  Lescusson,  laquelle  alliance  lesdits  Kerguellen 
«  ont  maintenu  estre  de  la  maison  de  Kervier,  Et  en  lautre 
«  Lambrequin  avons  Veus  pareillement  dazur  au  croissant 
<■  d*or,  que  lesdits  Kerguellen  ont  dit  Estre  Lalliance  de  ta 
«  maison  de  Penenjeun  Laulnay.  Et  en  la  mesme  Vîstre,  au 
a  hault  des  deux  jours  ou  passant  audessous  du  soufflet 
"  susmentionné,  avons  aussy  Veu  deux  Escussons,  au  pre- 
B  mier  qui  est  du  costé  de  Levangille,  est  Un  Escartelle  au 
«  premier  et  dernier  dargeant  à  ti-ois  fasses,  lesquelles  sur- 
t  montez  de  quatre  Ermines  de  sable,  au  second  et  trolsiesme 
a  dazur  h  trois  quintefeuilles  dargeant  et  au  second,  escusson, 
«  qui  est  du  costé  de  Lespitre,  Il  y  a  un  Escartelle  au  pre- 

0  mier  dargeant  à  trois  fasses  de  Gueulles  surmontez  de 

1  quatre  Ermiaes  de  Sable  au  second  dargeant,  partye  est 

•  coupé  d'un  fillet  de  Sable  et  cantonné  de  quatre  Loups  pas- 
0  sants  de  Sable  au  troisiesme  dazur  a  une  fasse  dargeant 
H  chargé  de  trois  Mollettes  de  Sable.  Ladite  fasse  accompa 
«  gnée  de  trois  Pommes  de  Pin  d'or,  au  quatriesme  dazur  au 
»  Dragon  aislé  d'or  qui  est  de  la  maison  de  Coëtninon  et  do 
t  Pont  Lez,  touttes  Lesquelles  armoyriea  lesdits  Kerguellen 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  i9  - 


•  soustiennent  estre  despendantes  de  la  terre  de  Keranroc"ti, 
B  et  appartenir  à  leurs  prédécesseurs  du  nom  et  d'armes  de 
e  Kerguelien  ; 

u  De  plus  avons  Veus  en  la  mesme  chapelle  quau  Corbeau 
«  qui  suportc  limage  de  Nostre-Dame  audessus  de  Lautel,  Il 
«  y  a  un  Escusson  eu  bosse  empreint  des  mesmes  fasses  et 
a  Ermines,  Et  que  Ion  a  mis  en  Coulleur  ainsi  qu'elles  ont 
a  esté  blasonnez  cydevant, 

«  Comme  aussy  en  la  mosme  chapelle  avons  Veiis  un  bancq 

•  que  lesdits  Kerguellen  ont  soutenu  estres  despendants  de 
11  laditte  terre  de  Keranroc'h  ;  Et  donnons  pour  reconnus  quen 
u  laditte  chapelle,  du  costédeLevangille,  il  ny  a  aucun  Escus- 
a  son  en  Vittre  ny  En  bosse,  ny  Enfeux  armoriez  nybancqs 
«  que  ceux  qui  ont  estes  mentionnés  eydessus  que  lesdits  Ker- 
11  guellen  ont  maintenuiis  Et  dit  leur  appartenir  à  cause  de 
«  laditte  terre  deKeranroc'h  ; 

«  Et  au  droit  de  In  ueff  du  crucifix  du  costé  du  septen- 
s  trion  avons  Veii  une  Vittre  costalle  qui  donne  jour  à  Lautel 

•  des  saints  Cosme  et  Damian,  Et  en  laditte  Vittre  un  Es- 
t  cusson  plain  des  mesmes  armes  de  Kerguellen,  à  Sçavoir 
K  dargeant  à  trois  fasses  de  gueutle  surmontez  en  cheff  de 
«  quattrc  Ermines  de  sable,  Et  finallement  lesdits  Kerguélen 

«  ont  fait  Voir  une  I.izière  funèbre  tant  tout  autour  du  hauit  * 

•  du  cœur  par  dedans  que  tout  autour  du  hault  de  la  neft 
«  aussy  par  dedans  Laditte  Eglise.  Et  pareille  Lizièrc  autour 

•  de  la  Chapelle  de  Nostre  Dame  du  Costé  de  Levangille, 
■  aussy  par  dedans  lesdittes  Lizières  semées  denviron  vingt 
a  deux  Escussons  paints  portant  chacuns  deux  à  trois  fasses 
H  de  gueulies  surmontés  de  quatre  Ermines  de  Sable  qui  sont 
«  les  armes  deadits  Kerguellen,  seigneurs  de  Keranroc'h  ; 

0  Et  de  plus  nous  ont  lesdits  Kerguellen  faits  remarquer 
V  que  dans  le  Bois  posez  sur  les  murailles  servant  de  Sablières 
«  audedans  dudit  cœur  II  y  a  deux  Kscussons  en  bosse  à 
>  sçavoir  un  à  chaque  costé,  Et  au  droit  des  deux  bouts  du 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


«  Orand  Antel  ;  Lesquels  deux  Eseussons  sont  Rmpreints  des 
•  mesmes  trois  fasses  Kt  quatre  Ermines  en  QielT;  Comme 
»  pareillement  nous  ont  lesdits  Kerguellen  faits  voir  deux 
u  autres  Plscussons  en  Bosse.  I.un  audessus  du  poisle  qui  est 
1  audessus  dudit  grand  autel  servant  de  elelf  à  la  Vouste  et 
«  Lambrissures  de  bois,  et  autre  escusson  au  mittant  du  liault 
B  dudict  I.ambrissage  et  Vouste  de  bois  dudit  Cœur  ;  lesquels 
n  deux  Kscussons  sont  pareillement  Empreints  des  dittes  trois 
«  fasses  surmontées  de  quatre  Krmines  en  chelT,  et  ayants 
"  sorlys  au  cimettière  hors  de  ladîle  Esglisse,  Lesdits  Ker- 
«  gucllen  nous  ont  montrez  un  Escusson  En  bosse  Et  reliefî 
«  En  la  première  pierre  du  Clicffron  du  pignon  occidental 
«  de  laditte  Esglisse  ducosté  méridionnal,  portant  les  mesmes 
a  trois  fasses  surmontées  de  quatre  Ermines  enchelT(jue 
u  lesdits  Kerguellen  ont  dit  pareillement  estre  Les  Leurs  ;  et 
«  audessus  de  La  porte  qui  est  au  pignon  occidental  De  laditte 
»  Eglisse  avons  aussy  Veiis  un  Escusson  en  bosse  Et  relieff 
■  portant  un  croissant  que  lesdits  Kerguellen  ont  dit  cslre 
H  les  eutiennes  armes  de  Pennanjeun  Laulnay  de  laquelle 
«  estoit  liéritlière  la  tnpayeulle  {sic)  dudit  sieur  de  Penan- 
a  jeun,  son  uepveu,  et  nous  ont  lesdits  Kerguellen  requis 
«  acte  que  lus  Eseussons  des  Kerguellen  qui  se  Voyent  en 
.  «  Bosse  au  Corbeau  qui  souslient  Limage  de  la  Vierge  Et  en 
u  la  pierre  du  Cheffron  du  pignon  occidental,  El  les  F.scus- 
«  sons  des  Kerguellen  qui  sont  aux  quatre  tumbes  et  aux 
a  boissages  de  leglisse  paroissaient  aussy  antiennes  que  le 
a  surplus  de  Léglise,  Et  que  les  autres  Eseussons  des  armes 
u  des  Kerguellen,  qui  sont  tant  aux  Vittres  qu'aux  Llzières 
«  suspéciliiez  paroissent  fort  antiennes,  Ce  que  nous  leurs 
"  avons  donné  pour  Véritable  ainsy  que  nous  avons  peu  re- 
«  marquer  par  l'inspection  desdits  Eseussons.    » 

Il  est  impossible  aujourd'hui  de  contrôler  les  données 
inscrites  dans  ce  procès-verbal  ;  l'Eglise  vue  par  les 
enquêteurs  de  1648  a  disparu  ;   rien  ne  la  rappelle,  pas  un 


,y  Google 


vestige  resté  comme  un  souvenir  à  déchiffriîr  ;  à  sa  place  se 
trouve  un  édifice  propret,  dans  le  style  employé  dans  les 
constructions  du  culte  entre  1830  et  1850. 

,  .    H. 

La  visite  à  l'église  de  I.andrévarzec  terminée,  accompa- 
gnons le  Sénéchal  au  manoir  de  Keranroc'h,  situé  à  deux 
kilomètres  bien  comptés  du  bourg,  mais  à  Keranroc'h. 
comme  au  bourg,  toute  trace  d'édifice  est  déblayée  :  nous  y  . 
trouvons  de  beaux  rocher^,  une  étendue  de  quarante  jour- 
naux de  bois  taillis,  une  maison  de  construction  très  récente, 
mais  rieu  de  l'ancienne  habitation  seigneuriale. 

Il  nous  souvient  avec  quel  enthousiasme  communicatif 
M.  le  comte  de  Marsy,  lors  du  Congrès  de  la  Société  française 
archéologique  tenu  à  Morlaix-Brest  (1896),  saluait  en  saint 
Jean-du-Doigt  le  type  idéal  d'une  église  de  Rasse-Bretagne 
avec  SCS  annexes  et  compléments  :  son  oratoire  extérieur, 
l'ossuaire,  la  fontaine,  etc..  .  La  description  qui  fut  faite 
de  Keranroc'h,  le  11}  novembre  1648,  par  celui  qui  tenait 
la  plume  ou  par  celui  (jui  dictait  la  minute,  dénote  et 
révèle  une  description  exacte  de  l'extérieur  d'un  manoir 
bas-breton  de  l'époque.  Le  rédacteur  du  procès-verbal 
s'y  laisse  prendre  par  la  beauté  des  détails  et  la  ma- 
je.ilé  de  l'ensemble.  S'il  s'y  connaît,  Keranroc'h  est  bel  et 
bien  un  beau  manoir,  imposant  par  son  aspect  antique,  sa 
cour  close,  son  grand  corps  de  logis  couvert  d'ardoises,  ses 
beaux  bois,  ses  belles  et  antiques  rabines,  ses  beaux  mou- 
lins, ses  dépendances  ! 

Ce  manoir  rentre  dans  la  catégorie  de  ces  édifices  et  terres 
dont  le  nom  désigne,  dit  M.  L.  Delisle,  (Classe  agricole, 
p.  213j,  0  l'ensemble  d'un  domaine  féodal  comprenant  l'habî- 
talion  des  seigneurs,  les  terres  non  fieffées  qu'il  exploite  lui- 
même  et  les  droits  dont  il  jouit  sur  les  terres  liefîées  à  ses 
vassaux  ».    Comme     renseignement  d'une  exactitude  chro- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  22  - 


noiogique  quelconque,  on  s'en  tient  toujours  au  terme  et  de 
tout  temps  immémorisl.  La  maison  du  manoir  et  les  logis 
y  attenant  sont  antiques,  mais  bien  plus  doivent  le  paraître 
a  les  divers  logements  ruinés  »  que  l'on  y  rencontre  autour  ; 
ruines  du  temps,  de  la  Ligue  ou 'souvenir  du  passage  des 
bandes  de  Jean  de  Plouyé  lorsqu'elles  allaient  se  faire  exter- 
miner à  Prat-arMill'Goff. 

L'orgueil  de  Keranroc'b,  ce  devait  être  ses  bois  et  ses 
hautes  futaies.  Autrefois,  il  n'y  avait  que  le  Roi  qui  eut  droit 
d'avoir  des  bois  de  haute  futaie  ;  s'il  octroyait  à  quelqu'autre 
permissiond'enavoir,  c'était  à  charge  qu'il  y  aurait  juridiction 
ou  sa  part  et  portion  dans  les  coupes.  Un  bois  dont  les  arbres 
avaient  de  soixante  à  cent  vingt  ans,  n'avait  droit  qu'au  titre 
de  jeune  lutaie  ;  la  haute  futaie  ne  comprenait  que  des  arbres 
vraiment  séculaires,  de  120  à  '200  ans  et  plus.  On  conçoit  que 
ce  détail  constitutif  d'un  manoir  seigneurial  tenait  au  cceur 
du  seigneur  et  était  pompeusement  relevé,  comme  il  est  fait 
dans  la  continuation  du  procès-verbal  (|ui  suit  : 

Il  Et  Ce  fait  Nous  ont  lesdits  Kergucllen  requis  de  nous 
1  transporter  Jusques  au  mamioir  de  Keranroch  distant  de 
u  ladille  paroisse  Denviron  Un  quart  de  lieue  pour  apurer  que 
a  ledit  Mannoir  qui  aparlient  à  leurs  prédécesseurs  et  aux 

•  Gentilshommes  du  nom  de  Kerguellen  de  tout  Temps  Immé- 
u  morial  Est  descorré  de  beau  b,)y  tant  de  hauste  fustaye  que 
«  de  taillifs  et  de  belles  et  antiennes  rabines,  de  beaux 
«  moulins  Et  de  plusieurs  appartenances  qui  Thémoigne  son 

0  auticquitté  Et  particulièrement  que  les  mesmes  armoyries 
H  de  Kerguellen  sy   trouvent   timt   en  bosse  quen  Vittres  ; 

■  Inclinants  à  laquelle  Heqnesto  [ions  nous  sommes  rendus 

■  audit  mannoir  de  Keranmch  sittuez  en  laditte  paroisse  de 

1  Landrévarzec  où   Es'ants  nous  avons  yeus   Une  Vieille 

•  Maison  à  Lanticque  C  luverte  DarJoises  aveq  Cour  Close  et 

a  divers  Logemens    ruine/,    et   hors  k  Cour  trois  maisons  ■ 
u  Servante  aux  fermiers  des  dittes  terres,  et  nous  oni  [ait  Voir 


,yGooglc 


—  2»  — 


a  Lesdits  Kerguellen  audit  mannoir  quelques  Esc 
«  bosse  et  aussy  en  Vittres  armoyez  des  dittes  fasses  Et 
CI  Rrmines  semblables  aux  Kscussons  que  nous  avons  remar- 
"  quezen-Ladiltefigliso  paroissiale  de  Landrévazec;  Comme 
a  aussy  avons  Veiis,  Une  grande  touffe  de  Bois  De  haute 
<i  futay  proche  ledit  Mannoir  Et  diverses  rabînes  que  sont 
a  aux  arrivez  de  ladîtte  mûison,  Un  bout  de  Lune  dycelles 
9  SontLesMoulinsendéppendants,ct  avons  aussy  Veùs  trois 
Il  bois  taillifs  juignant  ledit  bois  de  haute  futay  qui  au  tout 
v  peut  contenir  neulT  à  dix  Journaux  De  terres,  Et  La  nuit 
"  estante  survenue  nous  aurions  estez  contrainis  de  Prendre 
CI  nostre  Logement  audit  bourg  de  Landrévarzec  poury  passer 

I  La  nuit  et  renvoyer  i"!  demain  pour  continuer  ledit  Procès- 

II  Verbal.  » 

111. 
Le  lendemain  on  se  retrouve  à  l'Eglise  tréviale  de  Notre- 
Dame  lie  Quillinen,  aujourd'hui  dépendant  de  Landrévarzec  ; 
le  rédacteur  du  procès- verbal  n'est  pas  dépourvu  d'instinct 
esthétique  :  il  admire  à  bon  droit  ce  gracieux  éditice  construit 
vers  le  milieu  du  xvi'  siècle  dans  un  site  charmant  et  il 
exprime  son  appréciatiou  en  ces  termes  aussi  concis  que 
bien  sentis  ;  «  ou  estants  apons  donnez  pour  recognûs  que 
ce  liiditte  Esgiise  Eôt  superbement  biislye  de  pierres  de  taille  E 
«■  d' un  estruclure  somptueuse  tant  par  dehors  que  pur  dedans. B 
Il  se  rencontre  parfaitement  d'accord  avec  notre  confrère,  M 
rabboAbgrall,  qui  lui  aussi  admire  et  en  donne  les  motifs 
avec  plus  de  développement  et  sans  doute  plus  de  compétence 
quele  procès-verbal  de  1048.  Dans  son  mémoire  sur  les  a  Cha- 
pelles et  Calcaires  de  Saint-  Vénec  et  de  rvotre-t>ame  de  yw(- 
linen  »,  publié  dans  le  ISulletin  de  la  Société  archéologique  du 
Finistère,  en  i80:i,  il  nous  dit  :  «  La  chapelle  de  Quilinen 
"  présente  à  l'extérieur  une  ornementation  très  riche  du  côté 
«  de  l'abside  et  sur  la  façade  midi.  Le  côté  Est,  formé  par 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  24   — 

H  l'abside  et  le   transept  Nord,    est  percé  do  trois   belles 

■  fenêtres  et  appuyé  par  quati-o  cocitrefopts  surmontés  de 
u  pinacles  aigus,  hérissés  de  crosseltos.  Surin  façade  Sud  on 
B  trouve  trois  autres  jolies  fenûtres,  une  petite  porte  élé- 
«  gante;  deux  contreforts,  dont  l'un  très  massif,  renferme 
«  un  escalier  qui  desservait  autrefois  im  jubé  intérieur  et 
<  qui  sur  la  face  extérieure  contient  une  nicbe  renfeimant 

■  une  statue  de  saint  Pierre,  en  pierre  blanche,  maintenant 
a  dégradée.  »  C'est  donc  à  juste  titre  que  le  procés-verbal 
«  dit  que  laditte  Esglise  est  soiiiptuetisp  tant  par  dehors 
a  que  par  dedans  «. 

Après  s'èlre  arrêté  devant  lo  porche  ou  grande  arcade  enca- 
drant une  porte  géminée  ^t  avoir  salué,  dans  le  tympan,  une 
gracieuse  statue  de  la  Vierge  à  genoux,  l'abbo  Abgrall  nous 
montreàlinlérieur  l'agréable  étonnement  qui  attend  «levoya- 
B  geur  surpris  de  trouver  une  iirchitccture  riche  et  savante 
«  dans  la  partie  absidiale.  c'est-à-dire  une  travée  do  la  nef, le 

•  chœur  et  la  branciie  de  croix  qui  forme  l'unique  tran- 
a  sept  au  Nord.  Des  piliers  revêtus  de  colonncites  soutien- 

•  nent  des  arcades  ot  des  voiHos  élégantes,  recoupées  de 
«  nervures  moulurées.  Quatre  écussons  forment  les  clefs  à 

•  l'entrecroisement  de  ces  nervures  ». 

Ces  Kcussons  sont  relevés  de  façon  fort  compétente  dans 
l'enquête  menée  pour  dresser  le  procés-verbnl  des  droits 
honorifiques  :  nous  miLis  e!i  reuiultons  i\  lui  ;  ce  sont  les  seuls 
qui  restent  de  cette  pompeuse  énumération,  et  encore  sont  ils 
empâtés, encrassés  de  badigeon  !  Quant  aux  vitres  armoriées, 
aux  images  des  cavaliers  ot  denintsolles  agenouillés  décrits 
plus  bas.  ils  ont  complètement  disparu  ;  il  y  a  sept  ans 
environ,  un  brocanteur  en  emporlait  les  derniers  débris. 

Après  avoir  admirj  le  calvaire  situé  à  5  ou  0  mètres  au 
Sud-Est  de  l'Rgliso,  iidmicaljh'  par  le  groupement  si  habile 
des  personnages,  ayant  comme  base  deux  massifs  triangu- 
laires se  superposant  et  se  compiinélranl,  avec  culs  de  lampe 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  25  — 

en  cariatides,  forl  bien  expliqué  par  l'abbé  Abgroll,  nous 
nous  rei^donn  à  la  fontaine  située  à  40  mètres  au  Nord-Est 
de  l'abside.  Sur  la  façade  on  voit  trois  Ecussons  :  celui  du 
milieu  seul  est  en  bon  état  et  porte  le  croissant  des  Launay- 
Penanjeiin.  Notre  procès-verbal  no  parle  ni  de  la  fontaine 
ni  de  ses  nrmoiries  ;  il  est  probable  que  lors  de  sa  rédaction, 
elle  n'existait  pas  avec  l'édieule  qui  la  surmonte  sans  trace 
d'art.  Un  aveu  (de  1762)  des  terres  que  Bernard  Gabriel' 
chef  de  nom  et  d'armes  de  Kerguélen,  seigneur  de  l'enanjeun, 
Enseigne  des  vaisseaux  du  Hoy.  tient  sous  M"""  de  La 
Bédoyère  Dame  marquise  de  La  Roche  porte  i  «  plus  appar- 

0  tient  audit  seigneur  de  l'enanjeun  une  maison  et  courtil 
a  situés  proche  de  l'Eglise  de  Quillinen  et  kl  fontaine  dudit 
«  Quillinen  pour  payer  par  an  quatre  livres  dix  sols  de 

1  rente.  » 

Laissons  au  surplus  M.  le  sénécbal  continuer  l'état  des 
lieux  et  procéder  à  son  procès-verbal  et  commission. 

«  El  Le  Landeinain  Dix  Septiesme  Jour  de  novembre  mil 
"  sixceiitsquiir.niteEtbuit;  arrive?,  au  continuant  nostreditto 
»  (;ommisBion,  nous  nous  s^ommes  rendus  eu  suivant  lesdits 
a  Kepguellen  El  l'érard  en  Leglisse  Trodiale  de  nostre  dame 
"  de  Quillinen  paroisse  de  Briec,  distant  dudit  bourg  de 
u  LanJrévarzec  duo  quart  de  Lieu,  ou  Estants  avons  donnez 
"  pour  rei:o;jn:'ts  que  ladite  Esglise  Eut  Superbement  bastij  de 
»  pierre  de  taille  Et  d'une  Structure  Somptueuse  tant  par  de 
«  kors  que  par  dedans.  Et  avons  Veii  qu'au  premier  Soufflet 
«  de  !a  Grande  Vitre  audevant  du  grand  autel  au  pignon 
«  orrientaillyaUn  Escusson Chargé  des  armes  de Brelaigne, 
«  Et  plus  bas  trois  Escussons  des  armes  du  Seigneur  Marquis 
Il  de  Laroche  E',  an-dessous  dans  Lemcsme  Soufflet  avons 
"  Veûs  Trois  autres  Escussons,  Le  premier  qui  Est  du  Costé 
«  de  Lévangtlle  porte  dargenl  à  trois  fasses  de  Gueulles  Sur- 
«  montez  en  (Ihelî  de  quatre  Krmines  De  Sable  partyu  dazur 
a  a  trois  mains   d'argent  accompagné  tiun  fer  Despieux  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


«  mesme  posé  au  milieu  De  Lescu  quelesdits  Korguellen 
«  disent  Kstre  Les  armes  des  Seigneurs  de  Keranroc'h 
«  Et  do    Penanjeun   avec    lallîance   de  Kervier  ;  I,e  Second 

•  Ksciissoii  porLe  dazur  au  Croissant  Dor  partye  de  GuouUe 
«  a  six  aiiriellets  Dai-gent  quelesdits  Kerguellen  disent 
B  Kslre  Les  armes  d"un  seigneur  de  Penanjeun  du  nom  de 

0  Lauluay  avecq  lalliaui^e  de  Rocerf  Maison  très-antienne 
fi  appai'teiianle  a  présent  au  seigneur  marquis  du  Liscoët; 
«  Le  troisiesme  Escusson  est  dazur  au  croissant  dor 
a  partye  de  gueulle  abeisants  Et  Lozanges  dor  que  lesdits 

1  Kerguellen  ont  Dit  Estre  Les  armes  De  Ladite  maison 
B  de  l'enanjeun,  aveq  Lalliance  de  celle  du  Guermeur 
a  Coroar,  Et  uous  ont  lesdits  Kerguellen  fait  Voir  audevaiil 
1  dudit  grand  autel,  du  costé  de  Lespitre,  Un  bancq  à  deux 
"  accoudouer  Denviron  quatrepiedsEt  demy  deLongEt  deux 
K  El  demy  de  [,argeur,dans  Lequel  banq  sont  deux  Escussons 
K  En  bosse  Empreints  de  clmctin  Un  croissant,au  costé  Duquel 

•  banq  II  y  a  une  Tombe  ou  Est  aussy  Empreint  en  bosse  un 
B  Croissant  que  lesdits  Kerguellen  ont  dit  estru  les  armes  de 

•  Penanjeun  Laulnay,  Et  nous  estante  rendus  en  La  chapello 
»  qui  compose  une  aisle  ducœurdeladitteEsglisseduCosté 
B  de  Septentrion  et  de  Levangille  avons  Veiis  quil  y  a  deux 
u  Autels  En  Ladite  Chapelle  et  deux  Vittres  devant  Lesdits 
B  autels  en  Lune  desquelles  Vislres  à  scavoir  En  la  prochaine 

■  du  Coeur  de  Leglisse  II  y  a  trois  Soufflets  au 'premier,  Et 
1  -plus  haut  desquels  sont  les  armes  du  Seigneur  Marquis  de 
«  Laroche,  au  Second  Soufflet  qui  est  au  Second  rang  posé 
«  au  Costé  de  Levangille  est  un  Escusson  Escartellez  au  pre- 

■  mieretdernierdargeantàtrois  fasses deCueulles  surmontez 
B  de  quatre  Erminesde  Sable,  au  second  et  troisiesme  dazur 

•  à  trois  quintefeuilles  dargent.ot  au  troisiesme  Souftlet, qui 
a  estdu  Costé  de  l'Epistre  sous  les  arme^  plain  de  Kerguellen 
B  cydevanlbiazonnezau  bas  dclaquellt;  Vislre  dans  les  deux 
a  Jours  Et  passant  dont  Elle  est  composée  avons  Veiis  scavoir 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—   27  - 

I  En  la   passé  du  Coslé  de  Lepistre  un  Cavallier  armez  à 

■  genoux  Hn  fornic!  de  priant. portant  uneColtf;  sur  sou  habit 

■  de  gents  darmes.  Laquelle  cotte  darmes  est  armoyée  d'une 

•  Escartelle  desdiltes    armes  de  Kerguellen  et  de  Quistinil 

■  cydessus  btazoïiués,  ayant  ledit  Cavallier  Une  Damoiselle 
«  aussy  priante  portrait*  auprès   de  Luy,   Laquelle  porte 

■  Kn  Sa  robe  Les  armes  desdits  Kerguellen  aveq  Lalliance 
s  dazur  au  Croissaiit  Dor,  Laditte  Damoiselle  ayante  une 
a  Coeffure  d'une  figure  très  antienne  Et  anticque,  et  En 
"  La  Seconde  passe  Do  Laditte  Vistre,  du  costé  de  Lé- 
B  vangille   se   Voit  le  portrait   et   figure  d'un  autre  Caval- 

■  lier  armé  et  priant  à  genoux,  ayant  en  Sa  Cotte  d'armes 
n  Les  armes  plaiïi  de  Kerguellen  cydessus  blasonnesavec  Un 
«  Lambrecain  dazur  de  quattre  pieds,  Lesquels  deux  priants 

■  lesdJts  Kerguellen  soustiennent  avoir  esté  leurs  prédéces- 
B  seurs    seigneurs    de  Keranroc  h  et  De  l'enanjeun,  comme 

•  aussi  en  la  seconde  Vistre  De  Laditte  Chapelle.  Il  y  a  pareil- 
>  lement  trois  Siiulllets  au  plus  haut  desquels  sont  les  armes 

■  diidit  Seigneur  marquis  de  Laroche,  au  second  Soufflet  qui 

•  estauSecotid  rang  du  costé  de  Lévangilte  sont  les  armes  de 

■  l'eiianjeunLaulnayblasonnéscydevantpartyedazurautïrel- 
«  lier  dargeant,  et  au  troisiesme  Soufflet  qui  est  du  costé  de 

•  Lespilresontlesarmesdycelle  Maison  de  PenanjeunLaulnay 

•  partye  de  BiidiiecLamarehe,  qui  est  de  Gueulle  au  champ 

•  dargeant  et  au  bas  de  la  mesme  Vistre  II  y  a  deux  Jours  ou 
t  passés.  En  la  premièi-e  Kst  la  figure  duu  Cavallier  armé  et 
u  priant  à  genoux,  ayant  en  sa  Cotte  Dafmes  les  armoiryes 

■  duditPenanjeunLauluay  qui  sont  dazur  au  croissant  d'or  et 
«  auprès  de  Luy  est  le  portrait  dune  damoiselle  aussy  priante 

•  ayant  en  sa  robe  Lesdits  armes  de  l'enanjeun  Laulnay  avec 

•  lalliance  dazur  auGrellier  dargeant,  Et  en  la  Seconde  passé 
0  de  la  mesme  Vistre  du  costé  de  Levangille  avons  Veiis  la 
a  ligure  d'un  autre  Cavallier  armé  et  priant  à  genoux  portant 
«  en  Sa  Cotte  darmes  Les  armes  de  Penanjeun  Laulnay  Et 


n,g,t,7.cbïG00glc  


■  28  - 


B  aiiprèsdel.uy  est  le  portrait  Dune  demoiselle  portanlEiiSa 
»  robe  I.es  mesmes  armes  de  Penanjeun  Et  en  alliance  de  Gueu- 
«  lésa» Cheiïdargeant que  lesditsKerguellennousontditestre 
■-  les  armes  de  Bodriec   Lamarche,  Nous  ont  aussy  lesdits 

•  Kerguellen  fait  remarquer  Un  autel  au  costé  sopteiilrionnal 
a  de  la  mesme  Chapelle  desdié  à  Monsieur  Saint-Yves  aude- 
■  vattt  duquel  autel  Est  un  Escusson  en  bosse  Kseartellée  ou 
u  sont  Empreints  les  armes  plains  de  la  maison  dePenanjeun 
D  l.aunayaveqLalliancedeKervier.leEstantsaubasdeladitte 
«  Esglisse  nous  ont  lesdits  Kerguellen  montrez  une  Vistreau 
11  pignon  occidental  en  haut  de  laquelle  il  y  a  deux  soufflets 
<■  dapis  la  première  sous  les  armes  plains  de  Bretagne,  au 
»  second  sous  les  armes  de  France  et  de  Bretagne  En  alliance. 
«  Et  plus  bas  dans  Un  antre  soufflet  Les  armes  du  Seigneur 
«  marquis  de  Laroche,  et  audessous  Celles  de  la  maison  de 

•  Penanjeun  l.anlnay  blasonnés  cydevant,  partye  dor  à  la 
«  bande  Louange  de  gueulle  accompagné  au  second  quartier 
.  dun  chasteau  dazur  que  lesdits  Kerguellen  ont  dit  Estre 
«  (^alliance  de  la  maison  de  Pacarmon,  auquel  pignon  tirant 
"  Vers  le  septentrion  avons  Veiis Une  autreViltre  En  laquelle 
«  11  y  a  Un  Kscusson  desdittes  armes  de  Penanjeun  Laulnay 
11  blasonné  cydevant  sans  quen  Laditte  Vislre  11  y  Est  aucun 
a  autre  Escusson  ;  Et  Sortys  deladite  Eglise  nous  ont  lesdits 
<■  Kerguelen  aussi  fait  Voir  audessous  du  portai  occidental  Un 
H  Escusson  En  bosse  Et  relieff  Lequel  paroist  anticque  Et 
u  aussi  aiilien  que  Le  Surplus  de  Leglise  armoyez  dudit  Crois- 
«saut  quelesdits  "Kerguelen  ont  dit  Estre  Les  armes  dudit 
"  Penanjeun  Laulnuy,  Et  finalement  sur  le  portai  du  costé  du 
«  cimetière.  Vers  le  midy  avons  Veii  Un  Escusson  en  platte 

•  peinture  des  armes  dudtt  Penanjeun  Laulnay  Escartelle 
s  dazur  a  une  macle  d'or.  » 

!^s  opérations  sont  terminées,  mais,  solennellement  et 
instamment  lesdits  Kerguelen  proti^stent  encore  une  fois  que 
toutes  les  prééminences  relevées  el  enregistrées  sont  celles 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


de  Icurp  prédécesseurs  soigneurs  de  Keranroc'h  et  de  Penan- 
jeun  a  Desquels  Ils  sont  Issus  par  Succession  directe  comme 
a  Ils  Espèrent  le  faire  Voir  par  leurs  'l'ilres  et  ont  requis 
u  qu'ils  soit  ordonné  à  M'  Jean  Le  Cardinal  Matstre  peintre 
«.  de  faire.  Une  figure  de  Toutes  lesdites  armoyries  susmen- 
«  lionnées,  pour  Eslre  attaché  aa  Procès-Verbal  Et  servir 
•  pour  l'intelligence  plus  parfaite  des  choses.  » 

Maître  Jean  Le  Cardinal  prête  serment  de  se  bien  com- 
porter en  cette  affaire  et  d'y  mettre  tonte  diligence.  On 
appose  au  procès-verbal  dressé  sur  les  lieux  les  signatures 
des  ofTiciers  de  justice  et  témoins,  dont  M,  Jean  Donnarz, 
Recteur  de  Landrévarzec. 

En  marge  le  sénéelial  a  inscrit  les  taxes  à  payer  pour  ces 
deux  journées  de  vacation  :  soit  32  livres  reçues  ;  quittance 
de  même  somme  de  32  livres  payée  ii  l'Avocat  du  Roi,  et 
32  autres  livres  à  M.  Jean  Bougeant, 

Abbé  Antoink  FAVÉ. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


III. 

LES  ANCIENNES  CORPORATIONS  BRESTOISES 

s  Maçons,  les  Charpentiers  et  les  Couvreurs. 

,es  corporalions  de  maçons  et  de  charpentiers  comptaient 
ifi  parmi  leurs  membres  des  hommes  qui  méritaient  plus 
!  la  simple  qualification  d'ouvriers.  L'importance  des 
strnctions,  à  des  époques  où  l'on  élevait  une  aussi  prodi- 
\i6e  quantité  d'églises,  de  palais,  d'hôtels  particuliers,  et 
Ton  s'appliquait  à  faire  «  grand  »  et  «  solide  n  avec  la 
rre  cl  le  bois,  exigeait  chez  les  maîtres  des  connaissances 
iniques  approfondies.  Ils  n'étaient  pas  toujours  dirigés 

des  ingénieurs  et  des  architectes  ;  beaucoup  d'entre  eux 
reprenaient  des  travaux,  dans  lesquels  ils  suppléaient  aux 
;uls  de  la  science  théorique,  par  une  expérience  acquise 
[>rix  de  rudes  labeurs,  aussi  dans  un  long  apprentissage, 
se  transmettaient,  au  sein  des  professions,  des  formules 
les  procédés  reconnus  excellents  par  l'usage.  C'était,  si 
.  veut,  de  la  routine,  mais  de  la  bonne  routine  et  que 
fala  pas  toujours  le  savoir  raisonné  des  plus  savants 
imes.  Où  avaient  échoué  des  ingénieurs,  Richelieu  ne 
ignit  pas  d'employer  un  maitre-maçon  de  Paris,  Jean 
riau  :  ce  fut  celui-ci,  qui,  avec  Clément  Merseau, 
Dreux,  réussit  à  construire  la  fameuse  digue  de  La 
;heHe  (1).  Deux  siècles  et  demi  auparavant,  sous  Charles 

les  charpentiers  avaient  donné  la  mesure  de  ce  qu'ils 
vaientfaire,lors  des  préparatifs  de  la  descente  en  Angle- 
e,  par  la  construction  de  toutes  pièces  d'  a  une  villo 
Lative  u,   se  démontant   et  se   remontant  avec  la  plus 

Poucet,  Précii  historique  de  la  marine  rvyalt,  Paris,  t7tlO,  I.  97. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  3i  ■ 


grande  facilité,  î/art  des  voûtes,  celui  des  vustes  et  hardies 
charpentes  atteignirent  un  degré  de  perfecLion  (1)  qu'on  ne 
saurait  plus,  peut-être,  reproduire  aujourd'hui,  avec  les 
mêmes  matériaux  :  le  fer  a  certainement  contribué  fi  dimi- 
nuer le  rùle  de  la  pierre  et  du  bois  et,  dans  cette  transfor- 
mation, les  charpentiers  et  les  maçons  ont  éprouvé  une  sorte 
d'amuindrissement  professionnel. 

Mais  je  n'ai  point  à  écrire  l'histoire  générale  des  corpora- 
tions. Je  dois  strictement  limiter  mon  étude  tt  celles  de  la 
de  la  région  brestoise.  Sur  les  charpentiers,  les  maçons  et 
les  couvreurs,  je  n'ai  guère  rencontré  de  documents  aux 
archives  municipales  et  départementales.  Pas  une  ligne  qui 
les  concerne  dans  le  mémoire  de  Fleury  (2),  seulement  une 
mention  de  leurs  armoiries,  d'après  Levot  (3). 

Maçons  et  tailleurs  de  pierres  (4)  :  d'azur  à  2  règles  d'ar- 
gent passées  en  sautoir,  accompagnées  en  chefd'un  marteau 
de  tailleur  d'argent  emmanché  d'or,  aux  flancs  de  2  truelles 
de  même  et  en  pointe  d'un  niveau  aussi  d'or. 

(I)  Voir  MoDteil,  Vie  des  Fnmcais  de»  divtr»  état». 

(!)  Uiatoiit  des  corporations  des  art»  et  métier»  de  liretl.  Bu!,  de  la 
Soc.  acad.,  I"  série,  T.  III, 

(3'  Histoire  de  Brest,  III,  3tiî.  Levot  a  lui-même  <-mprunLé  le  tableau 
des  armoiries  corporatives  de  Brest  ù  ua  mémoire  de  M  P.  Delabigne- 
Villeneuve  (congrès  de  l'Association  liretoone  de  IS55). 

(S)  On  comprit  d'abord,  sous  les  noms  de  maçons  et  de  charpentiers,  des 
catégories  qui  s'aflirmèrent  très  distinctes,  vers  la  fin  du  15' siècle,  par 
leur  supériorité  scienlifique  et  artistique  :  il  y  eut  des  mafODS-architectes. 
des  maço  os-statu  a  ires,  des  maçon  s^tail  leurs  de  pierre  et  des  maçons- 
bàtissanl  ;  les  deux  derniers  groupes  demeurèrent  dans  la  corporation  ; 
il  y  eul  d'autre  part  des  charpentiers  sculpteurs  et  des  charpenlicrs  pro- 
prement dits  En  Bretagne,  on  sali  avec  quel  arl  la  pierre  [ut  sculptée 
par  d'humbles  ouvriers,  jusqu'en  des  époques  très  postérieures,  el  avee 
quelle  prutusion,  au  temps  de  Louis  XIV,  d'habiles  sculpteurs  sur  bois 
répandirent  sur  nos  vaisseaux  tes  décorations  les  plus  artistiques. 

H  convient  de  rapprocher  des  charpentiers  les  scieurs  de  long. 

Les  eharpeutiers  étaient  dits  de  la  grande  cognée,  les  menuisiers  étaient 
autrefois  appelés  charpentiers  de  la  petite  connit  :  les  uns  et  les  autres 
avaient  pour  patron  Saint-Joseph, 
Les  maçons  et  les  couvreurs  avaient  pour  patron  saint  Biaise. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  32  — 

charpentiers  :  d'argent  A  un  Saint-Joseph  de  carnation. 
Je  n'ai   relevé  Hucuae  adjonction  de  ]a  qiialitication  de 

charpentier  et  de  magon  sur  les  signatures  des  délégués  des 
corporations,  aux  jours  des  élections  de  maire  ;  ces  profes- 
sions ne  sont  pas  non  plus  représentées  à  la  réunion  des 
comités  permanents,  au  mois  d'aoïU  1789.  Mais  il  est  pro- 
bable qu'elles  se  dissimulaient  alors  sous  ie  titre  général 
d'entrepreneurs,  qui  ilaltait  mieux  la  vanité  des  parvenus  de 
chaque  catégorie.  D'ailleurs,  l'absence  de  statuts  particuliers 
permettait  aux  plus  avisés  et  aux  plus  riches  de  grouper, 
sous  leur  direction,  des  ouvriers  de  professions  diverses, 
appartenant  à  la  grande  catégorie  qu'on  a  appelée  depuis 
du  bâtiment. 

Cette  situation,  vers  l'époque  de  la  Kévolution,  semble 
avoir  éveillé  quelque  inquiétude  parmi  les  maçons. 

J'ai  découvert,  en  effet,  aux  archives  municipales  (I),  une 
«  pétition  des  maçons  de  Brest  â  MM.  les  maire  et  éche- 
vins  »,  pour  la  création  d'une  maitrise  ;  elle  est  signée  de 
deux  noms,  Lejeune  et  Leliévre.  Je  ne  crois  pas  inutile  de 
la  résumer  ici. 

B  I,a  liberté  de  l'homme  n'est  pas  le  désir  de  pouvoir 
utillement  faire  sa  seule  volonté,  mais  de  ne  point  sortir  des 
préceptes  établis,  de  s'y  conformer  en  tout  ;  cesser  de  le 
faire,  c'est  cesser  de  concourir  au  bien  particulier  ainsy 
qu'au  bien  général  »  [1  faut  des  loix  auxquelles  tous  se 
conforment. 

Depuis  que  Ton  bittit  à  Brest,  une  foule  d'abus  pernicieux 
se  sont  introduits.  Pour  le  bien  général  el  de  chacun,  il 
serait  nécessaire  d'établir  en  cette  ville  une  maitrise  de 
maçon.s,  à  l'instar  de  Paris  et  d'autres  villes  du  royaume. 
On  n'y  serait  reçu  «  que  lorsqu'on  aurait  donné  devant  des 
hommes  éclairés  et  dans  une  assemblée  publique,  des  preu- 

(I]  Ancien  fonds,  HH.  26. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  â3  - 

ves  sûres,  par  son  travail,  que  l'aspirant  à  la  maîtrise  est 
pourvu  des  talents  nécessaires  h  l'état  pour  lequel  il  se 
présente  ».  Ce  ne  serait  pas  assez  d'exiger  un  chef-d'œuvre, 
que  les  aspirants  «  pourraient  bien  faire  faire  par  d'autres  » . 
Il  faudrait  les  obliger  «.  de  travailler  publiquement  sous  les 
ordres  des  anciens  maîtres  ou  du  moins  d'un  de  ceuxquiont 
donné  des  preuves  de  leur  capacité,  pendant  l'espace  de 
deux  années  consécutives  »  ;  que  clioquc  maître  maçon  fut 
responsable  de  ses  ouvrages,  «  s'entend  pour  la  solidité 
de  la  construction  ». 

Après  le  chef-d'œuvre  fait  à  la  volonté  des  experts-jurés 
établis  dans  la  communauté,  ■  scavoir  d'un  sindic,  de  deux 
jurés  experts  maçons  et  d'otlioiers  de  l'hôtel  de  ville  »,  l'as- 
pirant, en  cas  de  réception,  aurait  une  somme  à  payer  pour 
l'obtention  de  sa  maîtrise.  On  ne  recevrait  à  maitrise  que 
des  habitants  de  cette  ville,  reconnus  u  pour  n'être  guidés 
que  par  la  probité  la  plus  vraie  ». 

L'institution  remédierait  à  nombre  d'abus,  qu'il  convient 
de  signaler.  Elle  garantirait  la  perfection  du  travail  aux 
particuliers  ;  ceux-ci,  prenant  un  ouvrier  quelconque,  au 
plus  bas  salaire,  sont  ordinairement  incapables  d'apprécier 
son  ouvrage.  Une  surveillance  éclairée  serait  avantageuse  à 
leurs  intérêts.  Les  maîtres  répondraient  de  la  bonne  exécu- 
tion des  travaux,  de  la  bonnequalité  des  matériaux  employés. 
Que  peut-on  attendre  «  d'ouvriers  qui  n'ont  ni  feu  ni  lieu, 
qui  viennent  des  campagnes  duperies  citoyens,  peu  instruits 
sur  cette  partie,  en  leur  faisant  payer  très  cher  ce  qui  sou- 
vent ne  doit  coûter  que  très-peu  ?  «  Les  prix  des  travaux 
étant  fixés,  la  tromperie  ne  pourrait  plus  avoir  lieu. 

La  sécurité  publique  gagnerait  à  la  création  d'une  telle 
maitrise  :  les  maîtres  se  conformeraient  aux  règles  de  la 
construction,  comme  aux  ordonnances  do  police  ;  au  lieu 
que  les  ouvriers,  venus  de  partout,  ne  le  peuvent  faire,  les 
ignorant. 

BOLLBTIN  AHCHâOL.'DU  FlHISTËRB.—  TOME  XXV,  [ HémOireS).       3 


D,g,l,7.cbyGOOglC 


—   34  — 

Et  les  pétitionnaires  concluent  : 

Pour  mettre  fin  à  tous  abus,  ii  convient  ■  d'établir  une 
maîtrise  de  maçons  à  Brest,  de  nommer  des  jurés  experts 
qui  seraient  chargés  avec  et  en  présence  de  commissaires 
nommés  par  MM.  les  maire  et  échevins,  pour  procéder  à  la 
formation  d'un  tableau  qui  rende  stables  les  prix  de  chaque 
nature  d'ouvrages,  faisant  partie  de  l'art  de  bâtir,  prix  que 
l'ou  ne  puisse  changer  qu'après  uu  mûr  examen  et  dont  les 
changements  soit  en  augmentation,  soit  en  diminution, 
soyent  rendus  publics  »  ;  —  de  ne  recevoir  pour  maîtres  que 
les  aspirants  reconnus  capables  ;  —  d'obliger  chaque  maître 
à  répondre  de  ses  ouvrages  «  au  moins  dans  l'an  et  jour 
pour  les  particuliers  et  quarante  ans  pour  les  édiPices  pu- 
blics s  ;  —  de  ne  point  permettre  aux  particuliers  d'employer 
des  ouvriers  non  admis  à  maitrise,  à  moins  cependant  qu'ils 
ne  fassent,  «  par  devant  les  jurés-experts  une  sommation  de 
prendre  sur  eux  tous  les  inconvénients  qui  viendraient  à  se 
présenter  et  n'aflirment  par  serment  qu'ils  font  bâtir  par 
eux-mêmes,  qu'au  préalable  ils  ne  paient  à  la  chambre  de 
maitrise  une  somme  de  200  livres  par  chaque  année  que 
durera  leur  bâtisse  ■,  qu'ils  ne  se  soumettent  en  outre  à  la 
visite  d'un  juré  en  charge  au  cours  de  la  construction  et 
répondent  de  tous  risques  au  point  de  vue  de  la  sécurité 
publique,  etc.  ;  —  que  le  nombre  des  maîtres  soit  fixé  à  dix 
au  plus  pour  la  ville  de  Brest  et  sa  banlieue. 

Les  documents  sont  aussi  rares  pour  les  couvreurs.  On 
relève  les  noms  de  quelques  maitres  au  bas  de  notes  de 
travaux  exécutés  pour  le  compte  de  particuliers  (1),  et  celui 
d'un  maître  couvreur,  Pougny,  figure  sur  la  liste  des  comités 
du  conseil  permanent  de  1789.  Mais  dans  une  pièce  imprimée, 
du  18  mars  de  la  môme  année,  le  nom  de  Pougny  est  compris 

(1)  Voir  mon  étude  sur  le»  compteide  M.  de  llalleroij.  Revue  de  Bretagne 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


r 


—  3S   — 

dans  un  groupe  de  signataires  qui  s'intitulent  <s  entrepre- 
neurs des  couvertures  en  ardoises  de  Brest  »  (1). 

Sous  Louis  XIV,  d'immenses  travaux  sont  exécutés  à 
Brest,  pour  former  un  arsenal  de  premier  ordre.  On  élève 
des  magasins  et  des  ateliers,  un  hôpital,  on  enserre  le  port 
entre  des  quais  magnifiques,  on  établit  des  cales  de  cons- 
truction et  de  radoub,  on  creuse  les  formes  de  Troulan  ; 
tout  un  système  de  fortifications  sort  des  plans  de  Vauban, 
et  une  cité  se  développe,  avec  des  églises  et  des  chapelles, 
des  couvents,  des  hôtels,  des  maisons  de  commerce  et  d'ha- 
bitation, selon  les  besoins  d'une  population  qui  s'agglomère. 
D'innombrables  ouvriers  furent  attirés  des  points  les  plus 
reculés  de  la  Bretagne  et  même  des  provinces  voisines  : 
terrassiers,  maçons,  charpentiers,  forgerons,  etc..  Après 
cette  époque  de  création,  les  travaux  éprouvèrent  nécessai- 
rement un  ralentissement;   néanmoins  ils  se  maintinrent  à 


(I)  Je  rappellerai  uae  curieuse  particularllé.  c 
D'après  la  très  ancienne  coutume  de  BreUgne.  celle  profession  est  regardée 
comme  infâme  (cb.  15)}  :  <  Ceux  sont  vjllains  nattes  de  quelconque 
lignaige  qu'ils  soient,  qui  s'entremettent  de  villains  métiers,  comme  Être 
toircbeiirs  de  cbevaux.  de  villaines  bâtes,  garsallles,  truendailles,  pendeurs 
de  larrons,  porteurs  de  palez  et  de  plateaux  en  tavernes,  crieurs  de  vin, 
cnreurs  de  chambres  coîes,  faiseurs  de  clochers,  couvreurs  de  pierres....  » 

HéviQ  [CimlamM  généralen  dupais  et  iluehé  de  Ii)ttai)nf.  Hennés,  \lih, 
I.  4G0)  tire  d'Arislole  la  raison  de  l'inlamie  •  des  couvreurs  de  cloi^hcr  ou 
d'ardoise  ■.  C'est  qu'ainsi  doivent  ^Ire  réputés, 

(}ui  lucelli  <^ausâ  magna  subeiint  discrimina. 

El,  en  ellet.  les  gens  de  telle  profession  jouent  leur  vie  pour  bien  peu 
de  cbose  !    Mais  combien  d'autres  également,  le  maçon,  le  marin,  le 

J'émettrai  une  autre  explication  J'ai  lu  quelque  pari  que  nos  jolis 
clochers  bretons  n'étalent  sans  doute  qu  une  réminiscence  d'archilccture 
orientale  ;  qu'à  leur  retour,  des  croisai  avaient  amené  en  Bretagne  des 
ouvriers  musulmans  [probablemenl  des  captifs),  liabiles  A  construire  des 
minarets,  et  que  ces  ouvriers  auraient  donné  ans  maijons-architeclea  de 
notre  région,  les  premières  le;;0D3  dans  ce  genre  de  construction.  La  répro- 
bation attachée  à  l'étal  de  captif  infidèle  n'aurail-elle  point  rejailli  sur 
toute  une  classe  de  professionnels,  obligée  d'abord  à  vivre  à  leur  contact 
et  à  s'iQstrulrt  de  ces  mécréants  ? 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  36  - 


un  degré  qui  comporta  l'exigence  presque  cootimie  de  nom- 
breux ouvriers.  Sous  Louis  XV,  on  creuse  les  formes  de 
Pontaniou  [1756-57),  on  bâtit  des  casernes  (1732-17CG)  el  un 
bagne  (1750-51),  on  construit  le  théâtre  de  la  marine  |17(iC), 
etc.  Sous  Louis  XVI,  on  recule  le  port  de  guerre  bien  au- 
delà  de  ses  premières  limites,  on  augmente  les  fortificatioDS, 
sur  les  plans  d'ingénieurs  militaires  et  du  marquis  de  ï^an- 
geron  (1).  Les  maçons,  les  charpentiers,  et,  dans  une 
moindre  proportion,  les  couvreurs  ne  cessèrent  donc  d'alfluer 
dans  la  ville  de  Brest.  Mais,  dans  chacune  de  ces  profes- 
sions, la  qualité  ne  répondit  point  à  la  quantité;  le  plus 
grand  nombre  devaient  être  moins  des  ouvriers,  très  dignes 
de  ce  nom,  que  des  journaliers,  et,  venus  de  pays  divers  plus 
ou  moins  éloignés,  de  valeur  et  d'intelligence  inégales,  sans 
attache  et  môme  sans  certitude  de  séjour  prolongé  sur  les 
lieux,  ils  étaient  incapables  de  s'organiser  en  corporations. 
Us  dépendaient  d'entrepreneurs,  précisément  intéressés  à  ne 
point  dépendre  eux-mêmes  de  jurandes  et  opposés,  sinon 
ouvertement,  du  moins  occultement,  à  la  création  de  celles- 
ci.  Toutefois,  il  y  eût  quelques  bons  ouvriers  de  chaque 
profession  qui  surent  se  faire  une  clientèle  civile,  indépen- 
dante, vécurent  sous  les  règles  traditionnelles  des  corpora- 
tions de  leurs  métiers,  prirent  même  le  titre  de  mattres  ; 
mais  ils  ne  semblent  pas  avoir  cherché  à  obtenir  des  statuts 
propres  (la  pétition  des  maçons,  très  tardive,  est  une 
démarche  isolée).  Eux-mêmes  d'ailleurs  devinrent  chargés 
d'entreprises  et  finirent  par  associer  leurs  intérêts  à  ceux 
des  gros  entrepreneurs,  sans  origine  professionnelle  définie, 
possédant  l'habitude  de  direction  de  persoimels  complexes 
et  assez  riches  pour  sulTire  à  de  fortes  avances,  qui  exécu- 
taient les  travaux  de  la  marine  et  de  la  ville. 

[{)  Voir  lii  nnic  que  j'ai  publiée  sur  un  Atlas  du  fonds  Lnngerun 
(bibliolliùque  communale  de  Brest),  dans  le  i'  bulletin  de  la  Société  des 
Etudes  liist.  el  géog.  de  Bretagne  (1W). 


,y  Google 


—  »7  — 

Le   seul  guide   à  consulter,   pour  se  faire  une  idée  des 

groupements  professionnels  dans  le  milieu,  en  l'absence  de 
documents  spéciaux,  cest  la  capitation.  Je  n'ai  eu  garde 
d'oublier  une  source  de  renseignements  aussi  précieuse. 
Mais,  pour  Brest,  elle  ne  permet  pas  d'arriver  à  un  résultat 
précis,  parce  que,  pour  les  charpentiers,  il  n'est  établi  aucune 
distinction  entre  ceux  du  bâtiment  et  ceux  de  marine,  de 
la  ville,  de  la  marine  de  commerce  et  de  l'arsenal.  Il  est 
évident  que  les  charpentiers  du  bâtiment  et  de  ville  ne  doi- 
vent comprendre  qu'une  très  minime  portion  des  ouvriers 
compris  sous  la  dénomination  générique. 

D'une  manière  générale,  le  taux  des  impositions  indique- 
rait, dans  l'ensemble  des  catégories,  une  moyenne  d'aisance 
très  satisfaisante.  Dès  le  17^  siècle,  les  salaires  de  ces  catégo- 
ries se  sont  élevés  :  à  Brest,  ils  oscillent  de  18  ou  20  sous  à 
30  sous  et  même  plus  (  1  )  ;  plusieurs  maîtres  retirent  d'entre- 
prises, des  bénéfices  plus  ou  moins  considérables,  et  sont 
propriétaires  des  immeubles  qu'ils  habitent. 

Voici  ce  que  j'ai  relevé  sur  les  rôles  de  la  capitation  rotu- 
rière de  Brest  de  l'année  1750,  sous  les  litres  professionnels 
qui  répondent  à  l'objet  de  ce  mémoire, 

a.  —  Du  côté  de  Brest,  répartis  principalement  dans  les 
quartiers  des  Sept-Saints  et  de  Keravel,  les  rôles  compren- 
nent : 

Charpentiers  ou  journaliers  charpentiers  imposés 
à  2  livres,  2  I.  10  et  2  1,  15 25 

Charpentiers  ou  journaliers  charpentiers  imposés 
à  .3  1.  et  ;n.  10 11 

Charpentiers  imposés  à  4  1,,  5  1.  et  0  1 9  (2) 

Contre-maîtres  charpentiers,  à  4  1.  et  6  1 4  (3) 

(l|  Le  salûirc  d'un  maçon  lilait  de  30  Ueniers  par  jour  un  été,  et  de  IK 
en  hiver,  au  14-  aitele  ;  de  7  à  10  sous,  au  1G'  siècle  ;  «iui  d'un  char- 
pentier, de  3!i  el  l'i  deniers,  au  U'  siécie. 

{l,  Un  a  1  compagnon. 

{3)  Un  dont  la  [crame  lient  une  aniterge. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Scieurs  de  long,  à  2  1.,  2  1.  10  et  4  1 4 

Maçons  et  journaliers  maçons,  à  2  1.  et  2  1.  10.  .  3 

Meitre-maçon,  à  4  i.  10 1 

Piqueurs  et  tailleurs  de  pierres,  à  2  1.,  3  I,  et4I.  8 

Couvreur  d'ardoise,  à  1  1 1 

Couvreurs  ou  journaliers  couvreurs,  à  1  1,  15, 

2  1.  et  3  1 4 

Couvreur,  à  6  1.  10 1  (1) 

Maîtres-couvreurs,  à  3  I.  10,  5  1.  et  6  1 3 

b.  —  Du  côté  de  Recouvrance,  disséminés  dans  les  di- 
verses rues,  mais  plus  particulièrement  dans  celles  du 
Petit-Moulin,  de  Bel-Air  et  de  Pontaniou  [où  il  y  a  plusieurs 
entrepreneurs)  : 

Charpentiers  imposés  de  1  livre  à  2  1.  10 29 

Charpentiers  imposés  de  3  1.  à  3  1.  15 220  (2} 

Charpentier  portionnaire  (3),   à3i 1 

Charpentiers  imposés  de  4  I.  à  5  1 14  (4} 

Charpentiers  imposés  à  6  1.,  81.  et  91 3(5) 

Contre-maîtres  charpentiers,  à  3  1.,  4 1,  et  4  1. 10.  6  (6) 

Contre- mai  très  charpentiers,  à  5  1.  et  6  1 3  (7) 

Maitres-charpentiers,  à  6  1.  et  8  1 2  (8) 

Scieurs  de  long  imposés  de  1  1.  Â  4  1 23 

Maçons  imposés  à  2  1.  5 2 

Piqueur  de  pierres,  à  3  1 1 

Couvreurs,  à  2  1.  et  4  1 2 


(I)  La  Femme  lient  une  tantine. 

li)  Ce  cbillre  prouve  qu'il  s'agit  surluut  ilc  ctia 

(3]  Jouissant  d'une  pension. 

(J)  Un  dont  la  [emme  tient  auberge. 

(5)  Un  dont  la  femme  tient  aubor^^e,  va  autre  | 
qu'il  habite. 

(6)  Un  avec  une  servante. 

(7)  Un  avec  une  servante. 

(8)  Un  propriétaire  de  la  maison  qu'il  liaLIle. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


J'intercalerai  ici  uu  document  inédit  très  intéressant, 
susceptible  de  donner  une  exacte  idée  du  prix  des  matériaux 
et  de  la  main-d'œuvre,  dans  les  grandes  constructions,  vers 
la  fin  du  17e  siècle.  C'est  le  devis  des  travaux  à  exécuter 
pour  la  construction  de  l'église  paroissiale,  d'après  les  plans 
de  l'architecte  Garangeau  (1). 

«  Devis  des  ouvrages  de  fouille  et  deblays  de  terre, 
maçonnerie,  sculture,  charpente  rie,  couverture,  menuiserie, 
serrurerie,  vitrerie,  plomberie,  gros  for  et  iiipresion  (sic), 
que  le  Roy  veut  et  ordonne  estre  fait  à  Brest  pour  la  cons- 
truction de  l'église  paroissialle,  laquelle  doibt  estre  située 
sur  la  hauteur  en  veue  du  port  et  de  la  rade  dans  le  lieu 
appelle  Keravel.  » 

L'église  doit  avoir  «  la  forme  d'une  croix  avec  quatre 
chapelles  dans  les  angles  de  la  croisée  dans  l'une  desquelles 
ou  fera  la  sacristie  i  ;  une  longueur  de  34  toises,  une  largeur 
de  7,  et,  «  dans  la  croisée  i,  une  longueur  de  18  toises  et 
et  une  largeur  de  (i  toises  4  pieds,  A  l'une  des  extrémités, 
au-dessus  de  la  principale  porte,  "  on  fera  deux  estages  de 
jubé....  sur  arcades  de  pierre  de  taille  dont  celle  du  milieu 
servira  à  porter  la  tour  du  clocher  o.  On  accédera  au  jubé 
par  2  escaliers  de  pierre  de  taille  à  vis.  L'église  pourra 
contenir  aisément  2900  personnes. 

«  On  ellevera  les  murs  de  7  toises  1/2  de  haut,  depuis  le 
rez -de -chaussée  du  dehors  jusques  au-dessus  de  l'entable- 
ment, au-dessus  duquel  commencera   la  voutte,   qui   sera 


(1j  Acte  paasé  par  devant  M'  Corre,  notaire  royot  â  Brest,  entre  l'en- 
Irepreneur  Perrot  el  l'intendaat  de  la  marine,  du  ->  jula  t6H7.  L'église 
deviiil  être  élevée  sur  In  montagne  Keravel.  Les  travaux  turent  inter- 
Tomjms  et  l'église  construite  à  proximité  du  séminaire  des  Jésuites,  sur 
l'en I platement  aclucl  de  l'église  Sainl-Louis  [les  plans  primilits  avaient 
été  un  peu  mndillùs)  Arcliives  municipales  de  Brest,  Fonds  tnodetne.  M, 
c;irU)D  de  l'église  Saint-Louis. 

Jusqu'alors  la  petite  église  des  Sepl-Saints  avait  tenu  lieu  d'égliïe 
paroissiale. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  40  — 

de  charpenterie  fsitle  en  ance  de  panier,  revestue  de  plan- 
ches par  le  dessous  ou  lambrissée  à  lattes,  jointures  recou- 
vertes avec  mortier  de  chaux  et  sable....  On  donnera  à  la 
face  du  portail  10  toises  4  pieds  de  large  et  9  toises  de  haut 
jusques  au-dessus  du  lîmpaii  du  premier  ordre,  allîn  de 
cacher  le  comble  de  l'église  »,  et  au-dessus  de  cette  hauteur 
on  commencera  I  élévation  de  la  tour  [celle-ci  doit  avoir 
18  toises  4  pied  de  haut). 

Fouilles  et  déblais. 

Les  lieux  aplanis,  »  on  fera  les  tranchées  des  rigolles 
pour  les  rendements  des  murs,  Jug<|ue  sur  le  bon  el  vif  fond 
et  de  5  pieds  de  large....  Ces  tranchées  estant  faittes  et  bien 
écaries,  on  les  remplira  de  bonne  et  solide  maçonnerie  de 
5  pieds  depois  (d'épaisseur)  à  la  réserve  de  celle  du  portail 
qui  aura  7  pieds  1/2...,  » 

[Suivent  les  détails  très  minutieux  de  la  disposition  des 
murs,  des  croisées,  des  retours  et  des  entablements.] 

C'est  la  pierre  de  taille  dite  de  Plouarzel  qui  doit  être  em- 
ployée, ou,  pour  les  «  piédroits  ii  (i),  appuis,  claveaux,  la 
pierre  de  Taillebourg  ou  de  Caen. 

[Suivent  les  détails  de  la  construction  du  portail  et  de  ta 
tour,  où  l'on  doit  ménager  l'emplacement  d'une  horloge 
a  dont  le  cadran  sera  vou  de  quatre  faces  n  ;  de  la  cons- 
truction du  jubé  el  des  escaliers,  elC] 

Le  chœur  sera  puvé  «  avec  careaux  de  pierre  de  Caen 
blancs  et  noirs  posés  en  lozanges....  Paver  le  reste  de 
l'église  el  chapelles  de  grandes  pierres  de  taille  en  forme 
de  tombe  posez  sur  forme  de  sable  le  plus  proprement  qu'il 
se  pourra.  Faire  les  'A  pérons  au  devant  des  portes  d'entrées 
comme  ils  paroissi'iit  sur  le  pliin  avec  grandes  pierres  de 
taille  de  Plouarzel....  " 

(1)  Jambages  rtes  porlc-s  et  dus  fenûln.'s. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  i\  ■ 


Charpenterie. 
a  Oii  fera  la  cUarpente  des  combles  suivant  les  prolTils 
garnie  de  fermes  espacées  à  10  pieds  de  dislance  les  unes 
des  autres,  icelles  garnies  de  jambes  de  force  ou  montans, 
de  leurs  grands  et  petits  entrait»,  poinçons  (1),  liens,  esse- 
liers,conlrcficlies,jambettes,  sept  cours  de  pannes  ou  sablières 
enlre  toize.,,.?  les  pannes  peuplées  de  chevrons,  coyaiix 
et....?  espacés  à  l'ordinaire  et  les  croupes  garnies  de  leurs 
aireliers,  coyers,  arbalestriers,  chevrons  de  croupes  et  les 
enrayeurs  de  fiernes,  le  tout  bien  assemblé  à  tenons  et  mor- 
taises et  des  longueurs  et  grosseurs  nécessaires  pour  la 
solidité  et  bonté  de  l'ouvrage  et  suivant  tes  eschantillons  et 
mémoires  qui  en  seront  donnés  par  l'ingénieur  conducteur. 
—  Du  dessus  de  l'entablement  au  dessoubs  du  grand  entrait 
on  reveslira  de  courbes  de  cliarpante  pour  recevoir  les 
lambris  qui  seront  assemblés  dans  les  sablières,  liens  et 
entraits,  et  on  les  espacera  de  2  pieds  en  2  pieds,  —  Faire 
le  befroy  des  cloches  (2)  de  bons  assemblages  de  bois  de 
chaisne  garny  de  pottcaux,  sablières,  croix  Saint-André..., 
Faire  les  planches  de  la  tour  et  du  jubé  avec  pareil  bois  et 
des  grosseurs  et  longueurs  nécessaires.  —  Tous  les  bois 
cy-dessus  seront  de  chaisne  bien  escary,  bon,  loyal  et  mar- 
chand, sans  aubiei'  considérable,  rouleure  ni  vanture.  » 

Courier  ture 
»  On  couvrira  tous  les  combles  de  bonne  ardoise  fine  et 
sans  tache,  bien  escarrée  par  le  dedans,  assise  sur  planches 

(i)  La  terme  est  un  assemb[af!i:  de  diarpenle,  fait  au  moins  de  3  forces 
ou  pièces  de  bois,  soutenues  et  rf'unieti  par  unematlresse  pièce  ou  entrail, 
et  portant  ie  pompon  ou  aiguiite,  pii'ce  dcboul,  destinée  à  l'assemblage  de 
mtiiiidi-es  pièces  ou  de  pièces  de  faite,  .le  suis  obliRC  de  renvoyer  aux 
dictionnaires  d 'a rciii lecture  pour  l'explication  des  autres  termes,  dont 
plusieurs  ont  disparu  de  la  lecbooli^ie. 

(!)  1^  beliroi  n'était  pas,  comme  on  ie  eruit  trop  gùnèralemejU,  la  tour 
i|UL  renfermait  les  eloches.  mais  la  charpente  qui  simicnail  ecllos-ci. 


,yGooglc 


i    I 


—  42  — 

de  sapin  resciées,  dont  on  garnira  tous  les  combles,  ces 
planclies  seront  bien  clouées  sur  les  chevrons  et  les  ardoises 
sur  les  planches  de  2  doux  chaquune,  observant  le  paveau 
il  l'ordinaire,  c'est-à-dire  qu'en  chacque  ardoise  soit  recou- 
verte des  troisquarts  de  sa  longueur  et  qu'il  ni  ait  que 
Vautre  quart  qui  paroisse,  » 

ilenuiserie. 
«  11  faudra  lambrisser  toulte  l'église  et  chapelles  avecq 
planches  de  Pruco  (1}  de  sapin  recioes  en  reignure  les  unes 
dans  les  autres  et  faire  les  planchers  des  jubés  avec  planches 
épaisses  aussi  en  reineure  et  blanchies  des  deux  coslées.  — 
Faire  la  menuizerie  des  cinq  tables  d'autels,  des  retables  et 
du  tabernacle  du  grand  autel  tous  ornés  de  colonnes,  pilas- 
tres, entablement,  frontons,  cadres  et  attique  au-dessus  ; 
faire  les  marchepieds,  gradins  et  crédences,  lambris  à  costé 
du  grand  autel  avec  pilastres  etcadre,  chaire  du  prédicateur, 
balustrades,  portes  d'entrées  et  porches,  le  tout  suivant  les 
dessins  et  devis  particuliers  qui  seront  faits,  s 

Gros  fers. 
a  On  garnira  tons  les  vitraux  de  l'église  de  châssis  dor- 
meurs de  gros  fer  plat  pour  recevoir  les  paneaux  de  verre 
qui  y  seront  posés  avec  des  liens  et  verges  pour  les  atacher. 
—  Les  aiguilles  des  combles  seront  garnies  de  bons  estriers 
de  fer  qui  embrasseront  les  entraits  et  boulonnés  par  le  haut 
avec  une  clavette  par  deriére....  « 

Plomberie. 

■  On  garnira  les  faites  des  combles  de  tables  de  plomb 
aïant  20  poulces  de  large  et  une  bonne  ligne  d'espais,  les 

noues  (2)  et  airetiers  aux  endroits  nécessaires  et  les  aiguil- 

(1)  De  Prusse.  On  llrnlt  beaucoup  de  buis  du  Nord. 
{■il   On   appelle   noue   l'endroit   où   deux  combles   se  joignent  en  angle 
rentrant. 


D,g,l,7.cbyGOOglC 


-  43  ' 


lettes  qui  sortiront  hors  les  combles,  de  vazes.  pieds  et  croix 
et  autres  amortissements  convenables  ;  garnir  pareillement 
les  poteaux  du  clocher  de  la  sacristie  d'une  lanterne  et  cor- 
niches là  où  il  sera  besoign,  o 

Sculpture. 
•  Faire  enfin  la  sculpture  des  armes  du  Roy  dans  le 
timpan  du  portail  de  l'é^lisei  de  deux  figures  aussi  de  pierre 
de  taille,  aussi  bien  que  les  testes  de  chérubins,  festons  et 
vazes,  même  la  sculpture  de  bois  des  chapiteaux  des  colon- 
nes et  pilastres,  des  festons,  modïlons  et  autres  ornements 
marqués  par  les  dessins.  • 

Conditions  du  loisé. 

L'entrepreneur,  dans  l'exécution  des  travaux,  se  confor- 
mera strictement  aux  plans  et  devis;  il  fournira  tous  les 
matériaux  nécessaires,  les  outils,  les  échaffaudages,  etc.  ; 
il  fera  travailler  sans  discontinuatiun  et  emploiera  un  nombre 
d'ouvriers  sullisant  pour  que  la  construction  soit  achevée 
dans  le  délai  prescrit. 

a  La  fouille,  deblays  des  terres,  sera  mesuré  à  la  toize 
cube  de  216  pieds 2  1. 

«  La  maçonnerie  de  tous  les  fondements  des 
mûrs  à  toize  quarrée  de  3f>  pieds  sur  leur  épais- 
seur, porté  par  le  devis 27 

«  La  maçonnerie  de  l'élévation  des  mûrs  au- 
dessus  desdils  fondements  suivant  le  devis,  aussi 
à  toize  quarrée,  mesuré  tant  plain  que  vuide,  la 
pierre  de  taille  comprise  et  sans  saillie,  archi- 
tecture ni  corps  comptés 51 

«  La  maçonnerie  de  la  face  du  portail,  tour, 
clocher  et  dôme,  aussi  des  épaisseurs  portées 
par  le  devis  et  sans  saillie  ni  architecture  comp- 
tées, comme  a  esté  dit,  aussi  à  toize  quarrée.  .  .     90 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  w  - 


a  Les  vouUea  de  piepre  de  taille  des  jubés  à 
fcoize  quarrée 41 

«  I.es  corniches  ou  entablements  du  dehors  et 
dedans  de  lej^lise  à  la  réserve  de  ceux  du  portail, 
à  toine  courante 15 

n  l.e  pavé  de  pierre  de  taille  à  toize  quarrée 
aussi  bien  que  les  pérons  et  marches  d'iceux.  ,  ,     24 

u  Les  escaliers  à  vis  seront  mesurés  A  toize  de 
hauteur  sur  leur  pourtour  tant  cages  que  marches.     90 

a  Le  bots  de  charpenterie  employé  et  mis  en 
œuvre  au  cent  de  pièces  aux  uz  et  coustumes  de 
Paris 380 

«  La  couverture  aussi  &  toize  quarrée  compris 
les  planches  reciées  servant  de  lattes  au-dessous.       9 1, 

u  Le  fer  non  limé  au  cent  pezant  mis  en  œuvre.     16 

"  Le  plomb  aussi  au  cent  pezant  mis  en  œuvre.     17  > 


D'A.  CORRE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


IV. 

PONT-CHATEAU  ET  PONT-L'ABBÉ 

AUX  Etats  de  Bretagne. 


On  lit  au  Dictionnaire  d'Ogée  fil!  p.  ;J67,  V"  Pont- 
Château]  : 

B  Pont-Cliâteau  est  une  seigneurie  considérable  <|ui 
envoie  aux  Etats,  comme  baronnie;  maïs  elle  n'a  qu'une 
seule  voix  avec  le  seigneur  de  Pont-l'Abbé.  a 

Une  voix  unique  aux  États  partagée  entre  deux  seigneurs  ! 
Voilà  qui  peut  sembler  singulier.  Peut-être  l'autour  donnera- 
t-il  l'explication  de  l'énigme  en  parlant  de  Pont-l'Abbé  î 
Voyons.... 

Au  mot  Pont-l'Abbé  {II.  p.  373),  on  lit  : 

«  La  seigneurie  de  Pont-l'Abbé  est  considérable  :  elle 
envoie  aux  Etats  ;  mais  elle  n'a  qu'une  voix  avec  celle  de 
Pont-Chèteau,  parce  que  les  deux  ensemble  ne  font  qu'une 
baronnie  qui  ont  {sic]  voix  à  l'alternative  »  (1). 

Nous  voilà  renseignés  !,..  La  phrase  est  irrégutière  ;  mais 
la  pensée  de  l'auteur  se  dégage  bien  clairement  :  c'est  assu- 
rément que  les  deux  seigneuries  ne  font  qu'une  baronnie  qui 
a  une  voix,  et  que  cbacune  des  seigneuries  exerce  alternati- 
vement ce  vote  unique. 

(1)  I  Une  baronnie  qui  ont  voix  à  l'alternative....  ■  Faui-il  lire  •  une 
baronnie  qui  a  voix  à  l'alternative  ?  •  Non.  Il  faut  sans  doute  compléter 
aïBsi  la  phrase  :  •  Une  baronnie  en  dtux  leigneuriu  qui  ont  voix  à 
l'alternative.  ■ 

Toutes  les  critiques  de  rédaction  que  l'on  adresse  i  Ogée  s'adreseent  en 
réalité  i  à  M  Grelier,  jeune  bomnic  de  vingt-cinq  ans.  maître  es  arts  en 
l'Université  de  Nantes  »  (note  d'Ogée  in  fine.  Nouv.  éd.  II.  8%^,  par  qui 
tut  rédigé  le  Diclionnaire.  A  vingt-cinq  ans,  on  ne  peut  avoir  ni  la 
sclenoe  al  la  luaiurilé  aécesaaires  à  un  tel  travail. 


...Google 


-  J6  - 

C'est  ainsi  que  la  phrase  a  été  comprise.  Mais,  comment 

ne  s'est-on  pas  fait  cette  objection  :  n  Deux  seigneuries  en 
diverses  mains  séparées  par  quarante  ou  cinquante  lieues  de 
distance  à  vol  d'oiseau  ne  faisant  qu'une  baronnie  et  ayant  à 
tour  de  rôle  la  voix  unique  de  la  baronnie.,..  est-ce  assez 
étrange  !  «  Non  :  cela  a  paru  tout  simple  â  l'éditeur  et  aux 
annotateurs  d'Ogée  en  1853  ! 

Ils  sD  sont  dit  peut-être  que  Ogée  écrivant  en  1775  n'avait 
pu  se  tromper,  puisque  de  visu  il  avait  pu  vérifier  le  fait, 
aussi  facilement  par  exemple  que  nous,  en  ce  moment,  nous 
pouvons  reconnaître  en  combien  de  circonscriptions  électo- 
rales se  divise  tel  arrondissement. 

Enfin,  de  nos  jours,  un  auteur  écrivant  sur  Ponl-l'Abbé  a 
copié  Ogée..,.  mais  non  sans  inquiétude,  La  preuve,  c'est 
((u'il  a  pris  soin  d'expliquer  comment  les  deux  seigneuries 
ne  formaient  qu'une  baronnie.  Lisons  plutôt  (i)  : 

«  La  baronnie  de  Pont  (l'Abbé}  envoyait  aux  États  ;  mais 
B  elle  n'avait  qu'une  voix  avec  celle  de  Pont-Château,  parce 
•  que  les  deux  ensemble  ne  formaient  qu'une  baronnie  ayant 
«voix  alternatives  {sic).  Nous  verrons  par  la  suite  jusqu'à 
a  quel  point  les  barons  de  Pont  élevèrent  leurs  prétentions  et 
«  comment,  petit  à  petit,  ils  arrivent  à  se  débarrasser  de  leurs 
«  compétiteurs.  » 

(I)  Les  Bigoudent.  189i  (p.  lïS).  Je  m'empresse  de  dire  que  l'auteur, 
M.  PuiR  de  Rilalongi,  n'a  pas  repruduil  ces  phrases  et  celles  qui  vont 
suivre  dans  une  brochure  qu'il  vient  de  publier  (janvier  1S98)  sous  ce 
litre  singulier  :  l£»  chtvatiers-hannerelx  (ie  Pont-l'Abbé.  J'avais  siKualË 
ces  phrases  malheureuses  à  ta  première  page  d'un  mémoire  Stir  la 
baronnie  de  Pont-VAbbé.  Celte  page,  lue  i  la  séance  de  la  Société  archéo- 
logique du  9D  juillet  dernier,  a  été  imprimée  dans  la  livraison  d'août 
distribuée  eu  septembre.  Dans  In  j/réface  des  Cheratien  batmereli..,.  M. 
Puig  proteste  que  ma  •  pseu do- rectification  qui  manque  de  clarté,  de 
préc's'on  et  su  t    1  de  u  t'      p  VI   ne  lui  apprend  rien  >  (p.  III . 

Cela  mpo  le  peu  Cp  qu  mpo  e  es  que,  dans  la  nouvelle  brochure. 
Il  n  es  p  us  ques  on  d  3  f  on  des  deux  baronnies  ni  Je  teun  voix 
attema     ts 

Ma  s  e  p  ses  ni  om  se  e  ne  sont  pas  désavouées  :  c'est 
pou  quo      faut    Q    gnae     e  reur  en  même  temps  que  l'erreur  d'Ogée. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Voilà  la  pensée  d'Ogée  neltemenl  exprimée,  mais  non 
expliquée.  Voici  l'explication  que  j'ai  annoncée  : 

P.  177.  «  C'est  par  cette  alliance  (le  mariage  de  Margue- 
n  rite  de  Rostrenen  avec  Pierre  Vllf  du  Pont-l'Abbé}  que  ces 
a  deux  importantes  seigneuries  se  trouvèrent  réunies  sous  le 
a  même  propriétaire,  et  probablement  aussi  que  la  seigneurie 
B  de  Pont-Château  se  trouva  liée  à  la  baponnift  de  Pont 
a  (l'Abbé)  de  façon  à  n'en  constituer  qu'une  seule,  ayant  voix 
s  alternatives  aux  États  de  Bretagne.  » 


Dans  les  lignes  qui  précèdent  nous  relevons  un  fait  cer- 
tain :  le  mariage  de  Marguerite  de  Rostreuen  faisant  passer 
la  seigneurie  de  Rosirenen  à  Pierre  VIIl,  baron  de  Pont- 
l'Abbé.  —  Toutes  les  autres  allirmations  sont  des  questions 
posées. 

i"  Est-il  vrai  que  la  baronnie  de  Pont  "  envoyât  (des 
députés)  aux  Etats  de  Bretagne  ?  o 

2°  Est-il  vrai  que  Pont-Cliàteau  ait  jamais  été  «  réuni 
dans  les  mêmes  mains  que  Pont-l'Abbé  de  sorte  que  les 
deux  baronnics  n'en  aient  plus  formé  qu'une  ?  » 

3°  Comment  cette  baronnie  unique  aurait-elle  eu  voix 
alternative  ?  —  Alternative  avec  qui  ? 

Il  faut  répondre  à  ces  questions  avec  preuves  à  l'appui. 
C'est  ce  que  nous  allons  faire. 

Le  travail  qui  va  suivre  contiendra  trois  parties. 

Dans  la  première  :  »  Succession  des  seigneurs  de  Pont- 
Château  et  Pont-l'Abbé  »,  il  sera  établi  que  les  deux  sei- 
gneuries n'ont  jamais  été  dans  les  mêmes  mains,  par  consé- 
quent qu'elles  n'ont  jamais  formé  une  baronnte  unique. 

Dans  la  seconde  :  «  Les  deux  baronnies  de  Pont-Château 
et  Pont-l'Abbé  aux  États  »,  il  sera  démontré:  1"  que  les 
baronnies  ne  députaient  pas  aux  États,  mais  que  les  barons 


^rK,COOglC 


il 


—  48  - 

y  assistaient  en  vertu  de  leur  droit  propre  ;  'i"  qu'il  n'y  a 
jamais  en  d'alternance  entre  les  deux  barons. 

Riifîn  dans  une  troisième  partie,  qui  sera  le  complément 
de  celte  étude,  je  rechercherai  le  rôle  non  des  deux  baron- 
iiies,  mais  des  deux  villes  aux  États  de  Bretagne. 

1"  Succession  des  seigDeurs  de  Pont-Cbâteau. 

Lu  seigneurie  de  Pont-Châtuau  (1)  était  située  dans  l'ancien 
évêclié  de  Nantes,  dans  l'arrondissement  actuel  de  Sainl- 
Nazaire.  Elle  s'étendait  sur  sept  paroisses,  et  comprenait 
plusieurs  fiefs  importants,  notamment  la  cliâtellenie  de 
Cambon  dont  relevait  la  seigneurie  de  Coislin.  Un  acte  de 
1455  que  nous  verrons  plus  loin  élève  le  revenu  à  environ 
huit  cents  livres,  à  peu  près  32.000  francs  de  noire  monnaie. 

Les  seigneurs  de  Pont-Château  apparaissent  au  conseil 
des  ducs  dès  tes  premières  années  du  xi'  siècle  ;  un  peu 
plus  lard,  ils  ont  le  titre  de  baron.  Nous  reviendrons  sur  ce 
point.  Qu'il  sullise  ici  de  constater  l'importance  ancienne  de 
la  seigneurie. 

Le  baron  de  Pont-Château  était  tenu  à  un  devoir  singulier 
avec  les  barons  de  Hetz,  Ancenis  et  Châleaubriant  :  il  devait 
porter  l'évéque  de  Nantes  «  à  sa  première  solennelle  entrée 
dans  sa  cathédrale  »,  Or,  le  17  août  1381,  le  duc  Jean  IV 
acquit  par  échange  la  liaronnie  de  Retz.  Kspérait-il  que  la 

(1  )  T^  seigneurie  cumpreaaDl  sept  paroisses  élait  sans  doute  plus  étendue 
que  le  canton  actuel  qui  n'en  conlieiil  que  cinq.  Du  reste  aucune  identité 
entre  la  seigneurie  et  le  canton  de  nos  jours.  Des  sept  paroisses  conipo!>ant 
la  seigneurie,  trois  :  QuiUi,  Cambon  et  La  Cliapelle  i.aunay  sont  du  canton 
de  Suvenay  ;  —  miiis  le  canton  de  Pont-CliHleau  a  les  deux  communes  de 
Saint-Joacliim  et  Crossac  qui  n'étaient  pas  de  la  seigneurie. 

Eu  UT'J,  Jean  II,  vicomle  de  Hohan,  indique  ainsi  les  limites  E.  et  0. 
des  deux  seigneuries  contiguts  de  Punt-Ctiàieau  et  Blain...,  i  el  contenant 
depuis  le  pont  du  château  de  la  Hoclie-Bernard  jusqu'à  Nantes....  * 
(Morice,  llist..  I  II.  cul.  CLXXX  à  CCLI.J  11  laut  sans  doute  entendre 
<  depuis  le  pont  du  château  de  la  Bretesctie,  cliel  lieu  de  La  Roche- 
Bernard,  jusqu'à  la  limite  du  regairu  de  Nantes  •,  Cf.  Géog.  féod.  de  M. 
de  la  Borderle.  Carte  et  p.  'J8-II9, 


n,g,i,.9cb,.G00glc 


dignité  ducnle  le  sauverait  de  son  devoir  comme  baron  ? 
Il  fut  bientôt  détrompé.  Le  duc  était  entré  en  possession 
le  25  mars  138'*  (n.  s.).  Le  29  mars,  l'évéque  Jean  de  Mon- 
trelais,  qui  n'attendait  apparemment  que  la  mise  en  posses- 
sion du  duc,  fit  savoir  à  celui-ci  par  lettre  qu'il  ferait  son 
entrée  le  jour  de  Pâques  fleuries  (dimanche  des  Rameaux) 
qui  était  le  3  avril  ;  et  le  requit  «  d"êlre  à  Nantes  person- 
nellement ce  jour  pour  faire  son  devoir  à  raison  de  la 
baronnie  de  Retz  (1)  ».  Le  duc  s'exécuta. 

J'ai  cru  pouvoir  conter  ici  cette  anecdote  parce  qu'elle 
peut  servir  à  expliquer  ce  que  nous  aurons  à  dire  plus  loin. 

Du  reste  je  n'ai  pas  à  Taire  l'histoire  de  Pont-Château.  Je 
me  propose  seulement  de  dresser  la  liste  de  ses  seigneurs. 
Or  la  voici  sans  interruption,  je  crois,  du  xi"  siècle  à  la  fin 

du  XVII*. 


Pont-Château  eut  d'abord  des  seigneurs  de  son  nom. 
Dès  les  premières  années  du  xi®  siècle  sinon  dans  le  x*, 

Jarnogon  apparaît  le  premier  ;  il  est  père  de  Daniel,  lequel 

lui-même  a  pour  fils  un  second  Jarnogon  (2).  Celui-ci  a  deux 

fds  (3)  : 

En  103!),  Daniel,  l'atné,  figure  dans  une  assemblée  tenue 

à  Redon  par  Alain  Fergent  ;  en  1110,  le  même  est  nommé 

au  nombre  des  barons  (4). 


(1)  Lob[neau,  lliil..  p.  445.840,  el  Pr.,  m.  l^tlre  de  Je:in  de  Monlrétaiç. 
Morice,  Pi-..  Il,  44H. 

(3)  C'est  sans  doute  ce  Jarnogon  [t  qu't^éc  mentionne  en  \0^  V' 
Pont-Châleau,  IJ.  :t67. 

(3)  L^s  indications  qui  suivent  sont  empruntées  à  l/)bineau.  Hiit.,  104 
i  Ï58  poMint.  Plusieurs  se  retrouvent  au  Calalo'jue  île»  ahbaijei  de  D. 
Morice.  HUt.  T  II.  notamment  Cl,  Cil,  Clll.  CVII.  CVIII,  CXE,  CXII  ... 
ËDlIn  quelques-unes  sont  empruntées  i  M.  de  la  Borderie  ;  Ut  neuf 
baron*  de  Bntajue  au  Ricueil  den  btasoia  lie  Bretagne. 

t^i;  (  Daoiel  fllius  Jarniguii  -.  Les  neuf  harom....  p,  XVII. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  SO  - 


En  1125-27,  Olivier,  son  frère  puiné,  ravage  l'abbaye  de 
Redon  et  fait  amende  honorable  (1). 

En  1148,  Daniel,  son  fils,  est  témoin  d'une  donation  de 
Conan  IH. 

Vers  1161,  le  même  et  son  fils  nommé  Olivier  sont  dits 
bienfaiteurs  de  l'abbaye  de  Blanche-Couronne. 

En  1203,  Eudon  est  un  des  barons  ligués  pour  venger  le 
meurtre  d'Arthur  (2).  En  1209,  le  même  part  pour  la  croi- 
sade contre  les  Albigeois,  et  assure  à  Blanche-Couronne  la 
u  possession  d'une  terre  donnée  par  son  père  Olivier  et  son 
aïeul  Daniel  ».  En  1214,  Eude  est  à  Bouvines  (3).  En  1219.  il 
part  pour  une  seconde  croisade  dans  le  midi  de  la  France. 
n  vivait  encore  en  1251  (4|. 

En  1258,  Constance,  sa  fille,  épouse  Olivier,  seigneur  de 
Clisson,  dit  le  Vieil,  qui  sera  le  bisaïeul  du  connétable  Oli- 
vier de  Clisson. 

Constance  était  veuve  de  Hervé,  seigneur  de  Blain,  dont 
elle  avait  deux  fils.  Olivier  Ht  la  guerre  au  duc  Pierre  de 
Dreux,  fut  vaincu  et  se  résigna,  en  février  1262,  à  accepter 
les  conditions  suivantes  :  il  se  démettrait  de  ses  biens  e  i 
faveur  de  son  fils  Olivier  te  jeune  {U'  du  nom)  ;  la  terre  de 
Pont-Chàteau  appartiendrait  aux  fils  du  seigneur  de  Blain  et 
à  leurs  hoirs.  11  faut  croire  que  ceux-ci  ne  laissèrent  d'autres 


(h  n  Oliverio  Punteasi  >    Les  neuf  baroni,  p.  XIX. 

(■»)  On  le  nomme  aussi  Etienne.  (Le  Bnud.  p.  2(10-510,)  l-es  neuj 
barom...  p.  XL.— Ce  nom  d'Elienne  resta  dans  la  maison  de  l*ont-Cliâleau. 
En  IJM  et  11)7.  Etienne  de  Pont-Château  et  Sibille.  sa  veuve,  étaient 
inhumés  au  couvent  Sainl-François  de  Quimper.  Hécrologts. 

3)  ■  Eudo  de  Ponte  >.  Liste  donnée  par  Hévin.  ConsuU.,  p.  638-03», 
d'après  du  Chesne,  el  par  M.  de  CoutTon  de  Kerdellec'h,  d'après  La  Roque 
{Chevalerie  bretonm.  p.  91.;  Mais  le  seigneur  de  Pont-l'Abbé  ne  ligure  pas 
sur  celte  liste . 

■  (4)  A  celte  date  Eudon  de  Pont-Château  tait  une  transaction  avec  l'abbé 
de  Saint-Gildas  des  Bois.  Morice,  llht.,  tl,  p.  CVIL  -.  Est-ce  le  mtme  que 
Eudon  de  \HVi  ou  bien  y  aurait-il  eu  deux  Eudon  l'un  après  l'autre  ? 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-Sj  - 

héritiers  que  leurs  frères  utérins,  puisque,  peu  après,  Pont- 
Chfktcau  se  retrouve  aux  mains  des  Clisson  (i). 

Olivier  II  était  mort  avant  1320. 

Olivier  III  son  fils  lui  succéda.  Il  fut  exécuté  à  Paris,  le 
2  août  1343,  laissant  son  héritage  à  son  fils  Olivier  IV,  le 
connétable. 

Celui-ci  maria  sa  fille  ainèe,  Béatrix,  à  Alain  de  Rohan, 
qui,  en  1396,  allait  devenir  vicomte  sous  le  nom  de  Alain 
VIII.  Il  assigna  en  partage  à  Béatrix  les  deux  tiers  de  ses 
immenses  possessions.  Pont-Château  et  Blain  entrèrent  ainsi 
dans  la  maison  de  Rolian,  à  la  mort  du  connétable  (1407)  ; 
et  l'héritier  principal  d'Alaia  VIII  et  de  Béatrix  les  recueillit 
à  la  mort  de  sa  mère. 

C'est  au  temps  d'Alain  IX  que  Pierre  II  réduisit  A  neuf 
les  nombreuses  baronnies  de  Bretagne.  Pont-Château  ne 
trouva  pas  place  sur  la  liste  privilégiée  et  descendit  ainsi  au 
rang  de  bannière.  Le  vicomte  de  Rohan  assistait  aux  États 
de  Vannes  de  1451,  où  cette  innovation  fut  proclamée.  Il  ne 
parait  pas  qu'il  ait  fait  aucune  protestation  non  plus  qu'aux 
Etats  de  1455.  Il  lui  sulfisait  apparemment  de  In  baronnie  de 
Léon  pour  laquelle  il  disputait  la  première  place  à  la 
baronnie  de  Vitré. 

Mais,  bien  que  Pont.Château  fui  destitué  des  droits  de 
baronnie,  l'usage,  comme  nous  allons  voir,  lui  en  continua 
le  titre. 

En  1455,  le  vicomte  Alain  était  veuf  de  Marguerite  de 

(1)  C'est  la  remarque  de  D.  Morice,  Hjs!.,  I,  19î. 

Ogée  écrit  (II,  p.  i6i  :  <  En  tii5  la  lerre  de  Ponl-CMleau  passa  à  la 
maison  de  Kobaa  d'où  sorlirenl  les  seigneurs  de  PoDVCIiàteau  •  Et  plus 
loio  :  •  En  r^90.  le  seigneur  de  Clisson  éUit  seigneur  de  Ponl-Cliàteau. 
Pierre  de  Rohan,  seigneur  de  PonL-Ctiiteau.  mourut  en  I5ltj....  >  Ainsi 
EN>nl-Cbâtean  aurait  passé  des  Rohan  aux  Clisson  pour  revenir  aux  Uohan. 
On  vient  de  voir  et  on  va  voir  combien  e'esl  inesacl, 

Ogée  n'est  pas  mieux  infonné  quand  il  écrit  II,  p.  .|71>  :  •  [>ont-l'Abbé 
passa  dans  le  xvi<  siècle  dans  h  maison  de  Rohan  et  de  celle-ci  dans  la 
(anillle  de  Richelieu.  • 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Bretagne,  fille  du  duc  Jean  IV,  et  de  Marie  de  Lorraine  dont 
il  avait  eu  un  fils  qui  fut  Jean  II  ;  il  épousa  en  troisiëmes 
noces  Perronnelle  de  Maillé,  cousine  germaine  de  la  duchesse 
Françoise  d'Amboisc.  Six  ans  plus  lard  (1462),  il  mourut 
laissant  à  sa  veuve  sept  enfants  dont  Vaine  se  nommait 
Pierre  et  dont  elle  fut  tutrice  (1) 

La  seigneurie  de  Pont-Château  ne  faisait  pas  partie  de  la 
succession  du  vicomte.  Aux  termes  de  son  contrat  de  mariage, 
cette  seigneurie  appartenait  à  sa  veuve. 

En  mariant  Perronnelle  de  Maillé  à  leur  oncle  par  alliance 
Alain  de  Rohan,  Pierre  II  et  la  duchesse  l'avaient  dotée  de 
14.000  écus  d'or,  plus  de  500.000  francs  de  notre  monnaie 
u  à  convertir  en  un  héritage  ».  Dans  son  contrat  de  mariage, 
Alain  IX  avait  donné  reçu  de  la  somme  et  offert  en  remploi 
Pont-Château  pour  un  revenu  de  800  livres,  environ  32.000 
francs  valeur  actuelle  (2). 

Perronnelle  était  morte  où  s'était  démise  de  Pont-Château 
en  faveur  de  son  fils  aîné  avant  la  fin  de  1484,  puisque  celui- 
ci  en  prend  le  titre  dans  un  acte  solennel  du  20  novembre 
de  cette  année. 

Cet  acte  est  son  contrat  de  mariaçe  (3).  Pierre  se  mariait 
richement  :  il  épousait  Jeanne  du  Perrier,  veuve  depuis 
1476  de  Jean  de  Laval,  baron  de  La  Roche-Bernard,  qui  lui 
avait  laissé  un  fils  ;  et  la  mort  de  son  père  Tristan  du 
Perrier  (1482)  venait  de  la  faire  comtesse  et  baronne  de 
Quintin.  Pierre  de  Rohan  pouvait  ainsi  au  nom  de  sa  femme 
siéger  an  banc  des  barons  ;  mais  cet  honneur  d'emprunt  ne 

(Ij  Morice.  Pr.,  Ul,  io,  —  90  mai  1463.  Perronnelle  épousa  depuis 
Hol.inil  de  Kastrenen  et  dul  ainsi  perdre  la  tutelle  <T.  A.  C.  cl).  6».) 

Je  dunnerni  ixa  jour  quelques  détails  sur  Roland  de  Roslrenen  qui  lie 
fui  pas,  comme  on  l'a  cru,  le  frère,  mais  le  neveu  de  Pierre  de  Boslrenen, 
le  lieutenant  du  connétable  de  Richemonl. 

[i]  Contrat  de  mariage,  10  février  14M  (U.iâ  n.  s.).  Morice,  Pr.,  Il 
IIUJ. 

Traité  de  mariage,  30  novembre  1484.  Morice,  /¥.,  III,  Ul. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  53  • 


lui  suffit  pas  ;  de  son  autorité  il  reprît  le  titre  de  baron  de 
Pont-Chàteau,  et  cette  usurpation  imitée  par  ses  successeurs 
fut,  comme  nous  le  verrons,  acceptée  on  tolérée. 


Pierre  de  Rohan  mourut  en  1518  ne  laissant  ni  enfant 
d'aucun  de  ses  trois  mariages,  ni  frères  ou  sœurs  germains 
habiles  à  lui  succéder.  Pont-Chàteau  passa  à  ses  héritiers 
de  l'estoc  maleriiet. 

Perronnelle,  sa  mère,  avait  eu  un  frère,  François  de 
Maillé,  mort  en  1501,  laissant  pour  principale  héritière  sa 
fille,  Françoise,  dame  de  Maillé  et  Benais.  En  l'année  1500, 
celle-ci  avait  épousé  (litles  de  Laval  (I"  du  nom),  seigneur 
de  Loué,  d'une  branche  cadette  :  elle  mourut  avant  1538  (1), 
laissant  un  fils  Gilles  (llj  qui  de  sa  mère  hérita  Pont-Château, 
et  le  transmit  à  sa  descendance  (2}. 

Nous  avons  nommé  plus  haut  la  seigneurie  de  Coislin, 
fief  dépendant  de  l'uni- Château.  En  1552,  René  du  Cambout 
avait  épousé  Françoise  Baye,  héritière  de  Coislin.  En  i(i25, 
leur  (ils  François,  grand  veneur  de  Bretagne,  devint  acqué- 
reur de  Pont-Chàteau.  En  1634,  son  fils  Pierre-César, 
général  des  Suisses  et  Grisons,  obtint  l'érection  en  marquisat 
de  Coislin  avec  annexion  de  la  chàtellenie  de  Cambon  et  de 
la  baronnie  de  Font-Château. 

(I)  Généalogie  exlraile  de  Morérj. 

Moréri  porte  le  décès  de  Françoise  à  1531.  Ij  semble  uii  peu  postérieur. 
Le  i'i  mars  I53ti,  le  Roi,  pojr  son  lils  le  daupbin,  duc  de  DrelOKne,  ■  fait 
don  du  ruchEiL  dit  pour  Pont-Château  par  le  décès  de  Françoise  de  Mnillé, 
dame  de  La  llenaite..  .  •  Morice,  /Y.,  111,  103>.  (Lu  Usnaste  est  une 
seigneurie  du  comié  de  Nantes  et  du  Poitou,  comprenant  25  paroissos,  cl 
qui  CD  lûKi  [ut  rÉunie  â  la  baronnie  de  Relz  pour  former  le  duclië  de 
Hel/.  [Géo'j.  fèod..  p.  IOi-lU:£.|  Il  semble  bien  qu'il  y  a  identité  entre 
Franijoisu  de  Maillé,  dame  de  la  Beonste,  et  Françoise,  dame  de  Bennis. 

(;)  M.  de  Couray  (V'  Poat-CItâUan,  II,  JIO)  dit  que  la  seigneurie  passa 
de  lii  maison  de  Laval  au.t  Chambres,  puis  par  acquM  aux  Camboul, 
T.  III,  p.  i53  ;  il  supprime  les  Chambres.  J'ai  suivi  celle  seconde  indicalion 
i-omine  corrigeant  la  première. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  54  - 

Vers  1642,  Armand,  fils  de  César,  était  devenu  acquéreur 
de  la  baroniiie  de  la  Roche-Bernard  ;  en  1663,  il  obtint 
l'érection  du  marquisat  en  duché  de  Coislin  avec  annexion 
de  la  Roche-Bernard  (1). 

Mais  marquis  et  ducs  de  Coislin  gardèrent  leurs  titres  de 
barons  de  Pont-Chôteau  et  de  La  Roche-Bernard  ;  et  ces 
titres  sont  rappelés  quand  ils  président  les  Etats  de  Bretagne 
en  1659,  1665,  1683  et  1693  [2}. 

M.  de  Courcy  indique  que  la  baronnie  passa  des  Coislin 
aux  Lorraine-Lambesc,  et  par  acquêt  en  1754  aux  Menou  (3). 
Le  dernier  des  barons  de  Pont-Château  fut,  si  je  suis  bien 
informé,  le  général  Menou,  qui  succéda  à  Klébep  en  Egypte, 
fut  contraint  de  capituler,  et  ne  rapporta  de  la  conquête  que 
le  titre  de  musulman  et  le  nom  d'Abdallah. 

J'ai  cru  pouvoir  arrêter  mon  étude  aux  Coislin.  Ce  que 
j'ai  dit  suffit  à  démontrer  que  dans  la  liste  des  seigneurs  de 
l*on[-Chàteau,  du  xi'  .'i  la  tin  du  xvii*  siècle,  il  n'y  a  place 
ni  pour  un  Rostrenen  ni  pour  un  seigneur  de  l'ont-l'Abbé. 

Donc  les  deux  seigneuries  de  l'ont-Chàteau  et  Pont-l'Abbé 
n'ont  jamais  4té  riktnies  dans  la  même  main. 

Mais  supposez  le  contraire,  serait-il  vrai,  comme  on  l'a 
dit,  que  par  leur  réunion  a  sous  le  même  propriétaire 
les  deux  baronnies  n'en  formaient  plus  qu'une  ;  —  élaicnt 
liées  de  façon  à  ne  constituer  qu'une  seule  baronnie  ?  » 

(I)  On  lit  danaOKée.  Art,  l'ont-CMUau,  II,  3fiiJ,  •  L'an  1625,  René  de 
Cambout,  marauts  de  Cnislln,  grand  mattre  des  eaux  et  forSisde  France, 
acquit  la  baronnie  de  Punt-Cliâteau.  a  Or  Ogée  avait  écrit  art.  Canton, 
l,  p.  133,  que  le  marquisat  de  Coislin  avail  été  érigé  en  \fâX.  —  C'est  la 

CF.  M  de  la  Borderie.  Géog.  fèod.,  p  U.S.  Il  donne  el  on  donne  souvent 
16fi1  pour  la  date  de  l'érection  du  marquisat  de  Coislin  :  voici  pourquoi  : 
Les  lettres  de  (634  ne  reçurent  pas  d'ex^ution.  En  décembre  IBSB,  Armand 
obtint  des  lettres  de  surannalion  enr^istrées  au  Parlement,  le  1 1  octobre 
16511,  et  â  la  Chambre  des  comptes  seulement  en  KKU.  Mais,  avant  même 
cet  enrcuistremcnt,  le  piitc'is- verbal  des  Etats  dunne  à  Armaud  le  lilru 
de  marquis.  Horice,  Pr.,  Il,  XXVI. 

(-!}  Morice,  II,  p.  XXXVI  et  XXXVII. 

(3)  Il  faut  lire,  je  crois,  t7ii.  Nous  vonons  cela  ptus  loin. 


■n,g,t,7.cbyGOOglC 


f 


—  55  — 

Pas  le  moins  du  monde  !  La  preuve  :  nous  venons  de  voir 
Pont-Chàteau  aux  mêmes  mains  que  Clisson  pendant  un 
siècle,  aux  mêmes  mains  que  les  vicomtes  de  Rohan  et  I.éon 
pendant  soixante  ans.  Est-ce  que  dans  cet  intervalle  la 
seigneurie  de  Pont-Château  n'a  pas  gardé  son  indivi- 
dualité ?  De  même  sera-t-il,  comme  nous  allons  voir,  des 
bai-onnies  qui  seront  réunies  môme  par  trois  dans  les  mêmes 

Rt  ce  n'est  pas  tout  !  Les  baronnies,  dit-on,  réunies  «  n"en 
formaient  plus  qu'une  ayant  voix  alternatives  (p.  126}  — 
constituaient  une  seule  baronnie  ayant  voix  alternatives  aux 
Etats».  (P.  177.) 

J'avoue  ne  pas  comprendre.  ..  S'il  n'y  a  plus  qu'une 
baronnie,  cette  baronnie  unique  a  une  voix,  mais  sans  par- 
tage avec  personne  ;  donc  sa  voix  ne  peut  être  alternative. 

L'exercice  alternatif  d'un  droit  quelconque  suppose  néces- 
sairement deux  possesseurs  de  ce  droit  :  donc,  en  l'espèce. 
comme  on  dit  au  palais,  pour  qu'il  puisse  être  question  de 
voix  alternative,  il  faut  deux  baronnies  émettant  à  tour  de 
rôle  uno  voix  unique. 

j'ajoute  que  par  deux  fois,  il  est  imprimé  voix  alternatives 
au  pluriel.  Qu'est-ce  à  dire  ?  Serait-ce  que  tes  voix  de  cha- 
cune des  deux  baronnies  autrefois  séparées  appartenaient  à 
la  baronnie  devenue  unique  ?...  J'aime  mieux  voir  dans  ces 
phrases  une  faute  d'impression  deux  fois  répétée. 

Mais  en  voilà  assez  et  trop  sur  ce  point...  Passons  et 
montrons  non  les  baronnies,  mais  —  ce  qui  n'est  pas  la  même 
chose   —  les  barons  de  Pont-Château  et  Pont-l'Abbé  aux 
Etats  de  Bretagne.  Nous  allons  les  voir  siéger  ensemble. 
J.  ÏRÉVÉDY, 
Ancien  h-ésidenl  du  Tribunal  civil  de  QuimiKi: 
(A  micre.} 


n..,i,."r^,G00glc 


STATUETTE  EN  BRONZE  W  DIEU   l'AN 

découverte  à  Elliant  (Finistère) 


Vers  le  milieu  de  l'année  1897,  dans  le  mois  de  mai  ou  de 
juin,  à  Ellianl,  prés  de  Quimper,  un  paysan  trouva  forluite- 
menl,  au  cours  de  ses  travaux,  une  staluelte  en  bronze 
représentant  le  dieu  Pan.  Très  intrigué  de  sa  découverte, 
soupçonnant  qu'il  tenait  là  un  objet  de  valeur,  il  prit  pour 
parti  de  se  taire  jusqu'au  jour  où  il  pourrait  en  tirer  un  bon 
profit.  Quelque  temps  après,  ayani,  sans  doute,  mûrement 
réfléchi,  protitant  d'une  foire  à  Quimper,  il  se  didgeail  au 
musée  delà  ville  d'un  pas  indécis,  —  tel  est  le  paysan  hrelon 
craignant  que  quelqu'un  ei.  particulière  me  iil  son  propriétaire 
sache  sa  bonne  aubaine  —  quand  avisant  la  boutique  d'un 
marchand  d'antiipiités,  il  y  entra  soNdisanI  pour  s'informer 
où  se  trouvait  le  musée,  mais  bien  plus  pour  connaître  la 
valeur  de  son  objet  avant  de  s'en  dessaisir. 

Notre  rusé  brelon  avait  à  faire  à  un  Breton  encore  plus 
malin  que  lui  qui,  de  suite,  llairatit  un  objet  rare,  n'en  ayant 
encore  jamais  vu  de  semblable,  fut  plein  d'arguments  défa- 
vorables  au  musée,  acceptant  les  lions  ou  n'achetant  qu'à 
des  prix  dérisoires  ;  il  lit  tant  et  si  bien  qu'il  finit  par  per- 
suader notre  homme  et  lui  acheta  la  statuette.  Puis,  en 
antiquaire  quelque  peu  dressé,  il  lit  tout  son  possible  pour 
savoir  le  nom  de  l'homme,  les  circonstances  de  la  découverte 
et  le  nom  du  village,  .'\utant  de  questions  auxquelles  il  ne  put 
obtenir  de  réponse.  Tout  ce  qu'il  put  savoir  c'est  que  la 
statuetle  avait  été  trouvée  à  f;ilianl,  canton  de  Rosporden 
(Finistère).  Le  costume  de  l'homme  contirmail,  du  resie, 
pleinement  la  chose. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  57  - 


A  quelque  temps  de  là,  passant  à  Quimper,  le  marchand 
nous  ayant  montré  la  statuette,  nous  t'avons  achetée  sans 
hésitation  la  trouvant  des  plus  intéressantes.  Elle  était  encore 
en  partie  recouverte  d'une  terre  jaune  argileuse,  et  sur  quel- 
ques endroits  on  voyait  les  frottements  auxquels  s'élait  livré 
l'inventeur,  pensant,  —  comme  toujours  —  que  cette  statuette 
pouvait  bien  être  en  or.  Malheureusement,  toutes  nos  recher- 
ches n'aboulireiU  point  à  faire  connaître  l'endroit  précis  de  la 
découverte  (I)  Le  paysan  ne  venant  que  rarementàQuimper, 
on  ignore  son  nom,  on  le  connaît  seulement  de  vue. 

Le  marchand,  que  nous  connaissons  depuis  longtemps, 
chez  lequel  nous  avons  parfois  acheté  des  objets  très  exacte- 
ment trouvés  dans  le  pays,  dont  nous  savions  la  découverte, 
n'avait  aucun  intérêt  à  nous  tromper  sur  l'identité  de  l'objet. 

Les  liffurines  en  bronze  découvertes  en  Bretagne  ne  sont 
pas  très  communes  (2). 

l^a  statuette  découverte  à  Elliant  comporte  bien  le  caractère 
d'animalité  altiibué  au  dieu  l'an.  Les  jambes  sont  celles  d'un 
bouc  ;  des  coriiCB  se  dressent  sur  un  front  étroit  et  fuyant,  à 
demi-couvert  d'une  chevelure  courte  et  crépue,  et  deux  mèches 
plus  épaisses  retombent  l'une  entre  les  cornes,  l'autre  sur  le 
ti'Onl.  Le  visage  a  l'expression  brutale  et  sauvage;  le  nez, 
aux  narines  ou\eiles  est  épate  ,  la  bouche  ouvei le  rieuse 
aux  lèvres  épaisses  et  sensuelles  laisse  von  la  rangée  des 
dénis  maxillaiies  supeneuis  le*;  jeux  \icieu\  sont  sur 
montés  d'arcades  souinlities  proéminentes,  le  visage  de 
notre  Pan  est  imberbe  l^e  toise  est  parfaitement  modèle    La 

(!)  I  J'ul  publiL  1  illiirc  devant  plusieurs  personne*  —  nous  ecnvaii 
le  curé  d'Eltinnt  iiiqucl  nous  nous  étions  également  adresse  puur  recher 
clier  t'inilividu  —  mais  ]i  ci  iin^  de  ne  poiiioir  jamais  j  réussir  Le 
paysan  est  peureux  'If  sa  niluie  •'t  rrninl  toujours  un  piège  Cet  homme 
a  dû  rendre  celle  statuette  eamui  en  l  icliLlle  comme  un  Iietre  pria  eu 
leniiis  prohibe   et  ne  ïoudra  pas  sl  drelarer    > 

(3)  M  le  Sliisee  aidirotojique  de  Quinipir  ni  r-eiui  de  la  Sx-iele  Pûhjma 
tliique  a  Vannes    ne  possèdent  de  staluellLs  du  dieu  Piiii 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  58  - 


-poitrine  esl  large,  les  seins  accenlués.  L'épine  dorsale,  bien 
indiquée,  se  continue  jusqu'à  la  petite  queue  relevée  en  tortille 
sur  le  rein  droit.  L'une  des  jambes,  la  gauche,  légèrement 
levée,  indique  qu'il  marche.  L'attitude  est  impudique.  En  un 
mot,  tous  les  détails  sont  traités  avec  beaucoup  de  soin. 

La  statuette  n'a  pas  été  fondue  d'un  seul  jet  ;  tout  le  corps 
est  d'u.i  seul  morceau,  y  compris  la  têle  et  les  jambes  ;  seuls, 
une  partie  des  bras  ont  été  coulés  séparément  et  étaient 
retenus  à  la  hauteur  des  seins  par  un  tenon  soudé,  sans  doute, 
dans  un  trou  praliiiué  dans  la  partie  du  bras  fondu  avec  le 
reste  du  corps.  On  remarque  encore  des  traces  de  soudure  au 
plomb  dans  le  trou  du  brasf,'auehe.  Malheureusement  le  bras 
droit  manque,  et  malgré  les  recherches  minutieuses  du  paysan 
dans  l'endroit  de  la  découverte,  il  n'a  pas  été  retrouvé.  Le 
bras  gauche  est  très  musculeux  ;  les  doigts  fermés  tiennent 
la  syrinx,  attribut  du  dieu  Pan.  Le  bras  gauche  trouvé 
détaché  de  la  statuette  a  été  ressoudé. 

La  hauteur  est  de  0  m.  17  des  pieds  à  l'extrémité  des 
cornes  ;  la  largeur,  aux  épaules,  de  0  m,  045.  La  patine,  d'un 
vert  brunâtre,  esl  oxydée  en  plusieurs  endroits.  Ces  traces 
d'oxydation  sont  naturellement  expliquées  par  un  litng  séjour 
dans  un  endroit  probablement  humide.  Elles  s'écrasent  sous 
le  doigt  et  n'ont  que  très  légèrement  entamé  la  patine.  En 
somme  la  conservation  en  esl  excellente. 

Pour  expliquer  la  présence  de  ce  bronze  romain  à  Elliant, 
—  car  malheureusement,  nous  le  répétons,  nous  ne  pouvons 
préciser  l'endroit  de  la  découverte  —  nous  pouvons  citer 
de  nombreuses  traces  de  l'occupation  romaine  L  est  ainsi  qu'à 
800  mètres  du  bourg,  on  remarque  une  borne  miliaire 
refouillce;  voie  de  Scaër  à  Stang-Askel  de  tn  s  nombreuses 
substruelions  couronnent  les  hauteui s  qui  dominent  le  camp 
romain  existant  sur  le  mamelon  boisi  di  Titanna  (!}.  En 

(1)  p.   DU   Chateli.ieh.   Les  é/ioques  préh 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  59  - 


descetidaiil  de  Tréanna  vers  la  rivière,  on  peut  voir,  dans  une. 
lande,  deux  butles  artilicielles  allongées.  Ciions  encore  dans 
les  bois  d'Elliant,  à  500  mètres  au  nord,  un  camp  quadran- 
guiaire,  avec  enceinte  élevée  en  pierres  sèclies  et  tours  ;  des 
substruclions  sur  les  bords  de  l'Odet,  près  du  Monsloir;  des  : 
débris  romains  de  toules  sortes  recueillis  au  bourg  même  (1). 
On  voit  que  c'est  chose  très  naturelle  que  la  trouvaille  d'une 
statuette  en  bronze  dans  ce  milieu  romain  si  bien  caractérisé. 
Parmi  les  statuettes  recueillies,  la  série  la  plus  abondante 
est  celle  des  images  mythologiques,  mais  les  chefs-d'œuvre 
sont  bien  rares.  La  plupart  des  figurines  fabriquées  pour 
satisfaire  la  dévotion  populaire  sont  d'un  style  lourd,  d'une 
facture  parfois  des  plus  médiocre  quand  l'image  n'est  même 
pas  presque  informe.  Le  dieu  Pan  que  nous  avons  le  plaisir 
de  présenter  ne  peut  se  comparer  à  ces  statuettes  communes. 
D'un  bon  slyle  de  l'époque  romaine,  sa  découverte  à  l'extré- 
mité de  la  presqu'île  Armoricaine,  le  rend  encore  plus  inté- 
ressant. 

AVENEAU  DE  LA  ORANCIÈRE. 


Chevalier,  1889,  Paris.  —  ■  Les  tuiles  et  débris  de  poterie,  IrouvÉs  dnns  un 
•  seul  champ  ont  servi  à  mactidamiser  un  chemin  vicinal  sur  plus  de 
<  101  mètres.  -  Ibidem,  p.  l'JI;.  —  M.  P.  dj  Cliateilier  possède  une 
amphore  trouvée,  en  1879,  dans  cet  élablissemeul. 

(1)    P.   DU   Chatellier,  Les   èpoquen  /Héhistarigues   et  ijaulom  dans  k 
FàiiHère,  p.  IW. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


LK  MOBILIER  ARTISTIQUE  DBS  ÉGLISES  BRETONNES 

(Suite) 


Statues,  coupes,  bas-reliefs,  niches  à  volets. 

S"il  est  facile  de  compter  les  œuvres  sculpturales  absolu- 
ment parfaites  comme  art  et  correction,  on  en  trouve  cepen- 
dant un  bon  nombre  qui  sont  d'un  style  excellent  et  offrent 
un  caractère  tout  particulier  digne  de  fixer  l'atteritiou  de 
l'archéologue.  Parfois  même  il  s'en  rencontre  que  ne  renie- 
raient point  les  meilleurs  maîtres  de  la  Renaissance  et  du 
Kvii*  siècle;  et  au  milieu  do  ces  productions  on  reconnaît 
des  parentés,  des  analogies  de  facture  indiquant  des  com- 
munautés d'origine  et  marquant  les  tendances  et  les  procédés 
des  différents  ateliers.  Il  sera  impossible  de  citer  tout  ce  que 
la  statuaire  a  laissé  de  remarquable  dans  nos  églises,  on  ne 
peut  que  signaler  les  pièces  les  plus  importantes  en  les 
classant  par  époques. 

Les  cinq  ou  six  statues  d'apûtres  des  deux  porches  de  la 
cathédrale  de  Saint-Pol  sont-elles  du  xiii'  ou  du  xiv'  siècle  V 
En  tout  cas,  ce  sont  les  plus  anciennes  du  pays.  Ensuite 
viennent  les  treize  statues  du  porche  des  apftlres  au  Folgoét, 
vraiment  belles  dans  leurs  draperies  aux  plis  abondants  et 
gracieux,  vraiment  nobles  et  impo.santes  avec  leurs  tôtes 
graves  et  austères.  Quelques-uns  disent  que  le  sculpteur 
Mtcliel  Colomb  a  travaillé  à  ces  statues.  Au  Folgoct  égale- 
ment on  doit  remarquer  la  Vierge  assise  de  la  fontaine,  le» 
quatre  anciennes  statues  de  l'intérieur  de  l'église  ;  saint 
Jean-Baptiste,  saint  Jean  révaugéliite,  sainte  Ca'.herine  et 
sainte  Marguerite  ;  puis  à  l'extérieur  la  statue  de  duc  Jean  V, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  «I 


le  groupe  de  l'Adoration  des  Mages  au  porche  ouest,  et  la 
statue  de  saint  Yves. 

Cette  statuaire  du  Folgoët  a  été  imitée  dans  bien  des 
porches  et  bien  des  églises,  mais  jamais  égalée  ;  il  faut 
cependant  reconnaître  quelques  ressouvenirs  heureux  dans 
la  Vierge  du  fond  du  porche  de  Trémaouézan,  au  porche  de 
La  Martyre,  à  Saint-Jean-Balanan,  en  Plouvlen,  à  N.-D.  de 
Quilinen,  en  Landrévarzec,  et  A  Saint-Laurent  de  Goulien, 
près  de  Pont-Croix. 

On  doit  signaler  dès  maintenant  la  statue  ouvrante  de 
N.-D.  du  Mur,  vénérée  à  Morlaix,  datant  très  probablement 
du  xiT'  siècle.  Les  draperies  du  corps  peuvent  s'ouvrir  à 
deux  battants,  pour  former  triptyque,  et  à  l'intérieur  se 
trouve  une  sculpture  représentant  la  Sainte-Trinité,  tandis 
que  sur  les  panneaux  latéraux  les  six  scènes  suivantes  sont  - 
figurées  en  tableaux  d'une  extrême  finesse  :  l'Annonciation, 
la  Nativité,  la  Présentation,  la  Flagellation,  la  Descente  aux 
Limbes  et  la  Résurrection. 

A  Bannalec  existe  une  statue  également  ouvrante,  mais 
du  xvii°  siècle  et  renfermant  en  bas-reliefs  ;  le  Baiser  de 
Judas,  la  Flagellation,  N.-S.  condamné  à  mort,  le  Portement 
de  la  Croix  et  le  Crucifiement.  Cette  statue  provient  de  la 
chapelle  de  Saint-Martin,  Loc-Marzin,  mais  se  trouve 
maintenant  dans  l'église  paroissiale. 

Comme  images  curieuses  on  peut  noter  les  Christs  en 
robe  rouge,  ou  N.-S.  on  croix,  vêtu  d'une  robe  longue,  à 
plis  serrés  et  sans  ceinture.  C'est  une  tradition  provenant 
delà  période  romane,  mais  les  exemplaires  que  nous  possé- 
dons maintenant  ne  datent  que  du  xvii'  siècle.  Il  y  en  a  un 
assez  beau,  couronne  en  tète,  à  la  cliapelte  Sainte-Anne,  d* 
Lampaul-Cuimiliau,  un  autre  A  la  chapelle  de  Christ,  en 
Guimaëc,  puis  dans  une  ferme  de  la  paroisse  de  Plouégat- 
Moysan  et  enfin  à  Sàinte-Croix  de  Quimperlé.  Les  deux  qui 
se  trouvent  à  Loc-Maria  de  Quimper  et  à  la  chapelle  de 


n,g,t,7.cbyG0ÔglC 


■  63  - 


l'évêché  ne  sont  que  des  copies  modernes,  II  y  a  quelque 
dix  ans,  on  pouvait  en  voir  un  fort  intéressant  à  la  chapelle 
de  Pont-Chrisl,  dans  la  paroisse  do  La  Roche,  tout  près  de 
Brézal  ;  il  est  devenu  maintenant  la  propriété  de  M.  Le 
Provost  de  Launay. 

Comme  statues  isolées,  on  pourroit  citer  spécialement 
N.-0,  de  Cléden-Poher,  Saint-Michel  et  Saint-Jean-Baptîste 
de  Lampaul-Guimiliau,  Saint-Hervé  de  Cluimiliau,  Saint- 
Yves  de  Peumerit,  Saint-Jacques  de  Pouldavid,  un  vieux 
Saint-Pierre  à  Plougasnou, le  Saint-Jean-Baptiste  du  porche 
de  Saint-Jean-du-Doigt,  et  quantité  d'autres. 

En  parlant  des  groupes,  nous  devons  mettre  en  premier 
lieu  ceux  de  la  Sainte-Trinité.  On  en  trouve  un  en  bois 
sculpté,  au  musée  de  Quimper,  offrant  tous  les  caractères 
du  xiii'  et  du  xiv"  siècle  et  qui  provient  de  la  cathédrale. 
Le  Père  et  le  Fils  sont  assis  sur  un  même  trône,  vêtus  de 
manteaux  ou  chapes  dont  les  draperies  se  confondent  pour 
couvrir  leurs  genoux  ;  le  Père  tient  la  boule  du  monde  et  le 
Fils  un  livre  ouvert  ;  au-dessus  d'eux  plane  le  Saint-Esprit  ; 
tout  autour,  dans  un  nimbe  de  nuages,  un  cercle  de  quatorze 
anges  adorent,  chantent  ou  jouent  de  différents  instruments 
de  musique. 

A  Loqueffret  se  retrouve  la  même  représentation  dans  une 
niche  à  volets,  mais  avec  plus  de  déploiement  encore, 
puisque,  outre  les  nombreux  anges  musiciens,  il  y  a  douze 
panneaux  de  bas-reliefs. 

On  peut  admirer  encore  de  beaux  groupes  de  la  Sainte- 
Trinité  à  Plougasnou,  à  Dinéault,  à  l'église  paroissiale  et  à 
la  chapelle  de  la  Trinité  de  Lampaul-Guimiliau  et  au  porche 
de  Clohars-Fouesnant. 

Les  groupes  de  sainte  Anne  instruisant  la  Sainte-Vierge 
sont  nombreux  dans  nos  églises,  mais  il  y  a  un  groupement 
plus  original  qui  se  trouve  aussi  dans  quelques-unes  :  c'est 
sainte  Anne  instruisant  ou  portant  la  Sainte-Vierge  qui  à 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


son  tour  porte  l'Enfant- Jésus.  Nous  pouvons  signaler  cet 
exemplaire  à  l.anriec,,  N.-D.  de  Châteaulin,  Lampaul- 
Guimiliau,  à  PIouégat-Guérand,  '  à  ta  chapelle  de  saint 
Diboan,  en  Tréméven,  etc. 

Le  sujet  de  la  Descente  de  croix  ou  de  Notre-Dame  de 
Pitié  a  donné  lieu  à  de  belles  œuvres  de  sculpture.  I.a  plus 
belle  représentation  de  cette  scène  se  trouve  à  l'église  de 
Pencran,  encadrée  dans  une  niche  à  feuillages  et  dessins 
flamboyants  ;  rien  n'égale  la  beauté  grave  et  la  douleur  des 
neuf  personnages  entourant  le  corps  inanimé  du  Sauveur 
reposant  sur  les  genoux  de  sa  mère.  La  date  de  1517  est 
gravée  au  bas  de  la  niche  et  l'on  peut  reporter  approxima- 
tivement à  la  même  époque  les  groupes  analogues  et  de 
même  caractère  que  l'on  voit  clans  les  églises  de  Bodilis, 
Lampaul,  Pont-Croix,  La  Forêt-Fouesnant,  Bénodet,  Qui- 
linen,  Plonévez-Porzay  et  dans  la  chapelle  des  Ursulinesde 
Quimper. 

La  Piéta  de  l'église  de  Ploéven  est  en  pierre  et  porte  celle 
inscription  : 
Maria.  Mater,  gratiœ.  tu.  nos.  ab.  koste. protège.  HVXLVII. 

Un  autre  groupe  commun  en  Bretagne  c'est  celui  de  saint 
Yves  entre  le  riche  et  le  pauvre.  Indiquons-le  spécialement 
à  la  Roche -Maurice,  à  Gouézec,  Pleyben,  Quilinen,  Saint- 
Vennec  de  Briec,  Lanmeur,  Goueznou  ;  il  écoule  la  supplique 
du  pauvre  et  repousse  la  pièce  d'or  que  lui  offre  le  riche. 

Je  ne  puis  résister  au  désir  de  citer  encore  te  joli  sainl 
Hubert  en  pierre,  en  costume  Henri  II,  qui  se  trouve.sur  te 
mur  d'enclos  du  presbytère  de  Casl,  agenouillé  et  tête 
découverte  devant  un  cerf  qui  se  montre  à  lui  avec  une  croix 
entre  les  deux  cornes.  Ses  deux  cliiens  mêmes  sont  en  arrêt 
et  comme  saisis  de  respect  à  la  vue  de  ce  prodige  ;  et  j'ajou- 
terai encore  l'admirable  saint  Sébastien  de  l'autel  latéral  de 
Guictan,  entre  deux  archers  qui  le  percent  de  leurs  flèches. 

En  abordant  les  bas-reliefs,  ne  convient-il  pas  d'examiner 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-64  - 

avant  tout  les  sculptures  en  albâtre  que  nous  possédons 
dans  quelques-unes  de  nos  églises  et  dans  nos  musées  ? 

A  Roscoiï  il  existe  sept  panneaux  différents,  réunis  en 
triptyque  el  retraçant  les  scènes  de  l'Annonciation,  —  Nati- 
vité, —  Flagellation,  —  Crucifiement,  —  Résurrection,  — 
Ascension  —  et  Descente  du  Saint-Esprit.  Au  rétable  de 
l'autel  des  Saiits-Anges  à  la  cathédrale  de  Quimper  se 
trouvent  des  statuettes  de  même  matière  et  de  même  travail 
provenant  de  Kerity-Penmarc'h.  C'est  de  là  que  vient  aussi 
la  grande  statue  en  albâtre  de  saint  Jean-Baptiste  placée 
dans  la  chapelle  des  fonts-baptîsniaux  de  la  même  cathédrale 
et  qui  a  son  analogue,  mais  en  plus  petites  dimensions,  dans 
la  chapelle  de  Saint-They  de  Cléden-Cap-Sizun. 

Ces  ouvrages  en  albâtre  se  retrouvent  encore  dans  quel- 
ques églises  du  littoral,  au  couvent  du  Carmel  de  Morlaix, 
aux  musées  de  Morlaix,  Quimper  et  Kernuz  ;  et  pour  être 
complet,  je  devrais  en  citer  deux  au  musée  de  Vannes,  cinq 
à  l'église  de  Saintc-Ave-du-Bas,  près  de  Vannes,  et  cinq 
autres  au  retable  de  l'autel  de  la  Vierge  à  la  basilique  de 
Sainte-Anne  d'Auray. 

De  quels  ateliers  sortent  ces  sculptures  naïves,  incor- 
rectes, mais  d'un  caractère  si  étrange  ?  On  a  beaucoup 
discuté  là-dessus.  Quelques-uns  leur  attribuent  une  origine 
espagnole,  d'autres  les  font  venir  d'Italie,  d'autres  du  Tyrol. 
A  voir  la  facture  des  personnages,  leurs  draperies  et  surtout 
quelques-unes  des  figures  qui  ont  toute  la  grâce  et  toute  la 
suavité  des  tableaux  des  primitifs  et  des  peintres  ombriens, 
on  serait  plus  porté  à  croire  que  leur  vraie  provenance  est 
l'Italie  avec  laquelle  nous  avions  des  rapports  commerciaux 
au  xv«  et  au  xvi'  siècle. 

Dans  les  autels  et  retables,  j'ai  déjà  mentionné  quelques 
bas-reliefs  gothiques,  comme  ceux  de  Goulven,  Brennilis, 
Bodilis.  Les  retables  de  la  Renaissance  el  du  xvii'  siècle  an 
contiennent  aussi  un  bon  n?inbre.  Car  S-Komple,  à  Bodilis, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-«i- 

au  retable  du  maUre-autel  sont  sculptés  cinq  tableaux  de 
toute  beauté  retraçant  le  SacriUce  d'Abraham,  la  PAque 
ancienne,  la  Manne,  les  Pains  de  proposition  donnés  à  David 
et  la  Dernière  Cène.  A  Lampaul-Guimillau,  on  trouve  la 
Nativité  de  la  Sainte- Vierge,  plusieurs  scènes  de  la  Passion, 
le  Martyre  de  saint  Miliau,  la  Chuté  des  Anges,  l'Enfance, 
la  Prédication  et  la  Mort  de  saint  Jean-Baptiste,  saint  Paul 
terrassé  sur  le  chemin  de  Damas,  puis  descendu  dan»  une 
corbeille  des  murs  de  cette  ville,  la  Pénitence  et  le  Cruci- 
fiement de  saint  Pierre,  les  Vertus  théologales,  des  Scènes 
de  la  Passion  sur  le  trel  ou  poutre  de  gloire  du  milieu  de  la 
nef,  et  au  revers  l'Annonciation  et  les  Douze  sibylles. 

A  la  tribune  des  orgues  de  Guimiliau  on  a  sculpté  une 
marche  triomphale,  puis  David  jouant  de  la  harpe  dansles 
jardins  de  son  palais,  et  sainte  Cécile  jouant  de  l'orgue, 
sans  compter  les  médaillons  des  évangélistes  et  les  repré- 
sentations des  vertus  théologales  et  cardinales  dans  la  cuve 
de  la  chaire  à  prêcher. 

Au  même  article,  il  convient  de  rattacher  les  scènes  de  la 
Passion  en  haut-relief  des  retables  de  Cléden-Poher,  Plourin- 
Morlaix,  Locquirec  et  des  chapelles  de  Christ  et  des  Joies, 
en  Guimaëc. 

Les  niches  à  volets  forment  comme  des  sortes  d'armoires 
contenant  des  statues  en  vénération,  fermées  par  des  vantaux 
qui  ne  s'ouvraient  qu'aux  grandes  fêtes  et  dont  les  panneaux 
étaient  couverts  de  scènes  sculptées  ou  peintes  retraçant  la 
légende  du  saint. 

On  en  voit  deux  très  belles  à  l'église  de  Saint- 'i'hégonnec, 
au-dessus  et  en  face  de  la  chaire,  avec  l'image  et  l'histoire 
du  saint  patron  et  de  N.-D.  de  Bon-Secours,  Deux  autres 
avec  peintures  fines  dans  l'abside  duJuc'h,  celle  de  la  Trinité, 
mentionnée  déjà  à  Loquelîret,  d'autres  à  Locquirec  et  aux 
chapelles  de  Christ  et  des  Joies,  en  Guimaëc,  de  Lannélec, 
Bdixbtik  abghïol.  du  Finistïu.—  Tou  XXV.  (Hémoirâs),     5 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


en  Pleyben,  de  Saint-Claude,  en  Plougastel-Daoulas,  et  au 
porche  de  Sa int-Jean-du- Doigt. 

Nous  devons  classer  dans  la  même  catégorie  le  grand 
retable  des  dix  mille  martyrs  de  l'église  de  Crozon,  puisque 
à  côté  du  corps  principal  de  ce  retable  se  trouvent  des 
panneaux  mobiles  couverts  des  diiTérentes  scènes  du  supplice 
de  ces  soldats  martyrs  dont  on  peut  trouver  l'histoire  dans 
les  grands  et  les  petits  Bollandistes  à  la  date  du  22  juin. 

Sépulcres  de  Notre-Seigneur. 

On  s'est  plu  au  moyen-âge  et  à  la  Renaissance  à  repré- 
senter la  Uise  au  tombeau.  A  la  cathédrale  de  Quimper, 
nous  possédons  une  copie  moderne  du  grand  sépulcre  de 
BiHirges,  qui  est  peut-être  celui  que  fit  exécuter  dans  son 
monastère  sainte  Jeanne  de  Valois,  fille  de  Louis  XI, 

Le  plus  ancien  du  pays  est  probablement  celui  de  Sainte- 
Croix  de  Quimperlé,  maintenant  dans  le  Jardin  de  la  cure. 
Les  personnages  sont  en  pierre  blanche,  ayant  sur  les 
bordures  de  leurs  vêtements  des  feuillages  brodés  avec  une 
extrême  finesse,  ou  leurs  noms  gravés  en  lettres  fleuries  : 
Joseph  ab  Arimatkea,  —  IVicodemus,  —  Abibon,  —  Gamaliet 
meus  dominus. 

De  la  même  époque,  c'est-à-dire  du  commencement  du 
xvi'  siècle,  doit  être  aussi  le  sépulcre  de  la  chapelle  de 
Coadry,  en  Scaër  ;  il  est  en  grande  vénération,  et  les  pèle- 
rins vont  baiser  les  plaies  du  Sauveur  :  An  Autrou  Christ. 

Les  deux  plus  beaux,  comme  importance  et  correction  de 
style,  sont  ceux  de  Saint-Thégonnec  et  de  Lampaul-Guimi- 
liau.  Dans  celui  de  Saint-Thégonnec,  on  remarque  tout 
particulièrement  la  Véronique,  la  Madeleine  et  un  ange 
pleurant  au  bord  du  tombeau.  A  Lampaul,  la  tête  et  le  torse 
de  Notre- Seigneur  sont  d'une  noblesse  sans  égale,  et  l'on  ne 
peut  se  défendre  d'admirer  l'expression  douloureuse  de  tous 
les  personnages  dont  les  yeux  sont  lîxés  sur  la  figure  ina- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■6*. 


nimée  du  Sauveur.  Ce  monument  est  en  pierre  blanche,  il 
est  signé  et  daté  :  ANTHOINE  :  FECIT  :  1676.  C'est  un 
des  rares  ouvrages  qui  portent  la  signature  du  sculpteur. 

Après  cela  nous  pouvons  nommer  les  sépulcres  de  Plou- 
guerneau,  de  Saint-Martin  de  Morlaix,  celui  de  Beuzec- 
Conq,  maintenant  au  musée  de  Kériolet  ;  puis  à  Rosporden, 
la  même  scène  en  bas-relief,  sous  l'autel  latéral  nord. 

Autrefois  à  la  ehapelle  du  Pénity  de  Quimper,  au  bord 
des  allées  de  Loc-Maria,  un  groupe  de  personnages  en  bois 
représentait  une  scène  de  la  passion  :  Notre- Seigneur  au 
milieu  des  bourreaux  et  des  pharisiens.  Un  groupe  semblable 
existe  encore  dans  la  chapelle  de  Langroas,  en  Cléden-Cap- 
Sizun. 

Caves  baptismales. 

Il  y  a  dans  la  cour  du  presbytère  de  Saint-Pol-de-Léon 
une  grande  cuve  de  granit  qui  se  trouvait  autrefois  à  l'inté- 
FÏeur  de  la  cathédrale  et  qui  a,  dit-on,  servi  à  administrer  le 
baptême  par  immersion,  lorsque  ce  rite  était  en  usage.  Je 
donne  cette  assertion  pour  ce  qu'elle  vaut,  et  elle  ne  manque 
pas  de  vraisemblance.  La  cuve  a  presque  la  forme  d'un 
demi-cercle  et  mesure  l  m.  57  sur  le  côté  qui  est  droit,  , 
1  m.  37  de  largeur  et  0  m.  50  de  profondeur. 

Parmi  les  cuves  qui  servent  encore  maintenant,  celles  de 
Saint-Jean-du-Doigt  et  de  Penmarc'h  sont  des  plus  anciennes 
et  des  plus  importantes.  Elles  doivent  dater  du  xv  siècle  ou 
des  premières  années  du  xvi^  et  présentent  autour  de  leurs 
vasques  une  frise  formée  de  feuillages  puissants,  d'anges  et 
de  lions  tenant  des  écussons. 

Au  Faou  il  y  a  une  décoration  de  phylactères  portant  des 
inscriptions  relatives  aux  quatre  fleuves  du  paradis  terrestre  : 

Phison,  c'est  celui  qui  environne  tonte  la  terre  de  Héeila, 
là  où  oroist  l'or.  (Serpent  avec  dard). 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


w  68  _ 

Gehon,  c'est  celui  qui  circuit  toute  la  terre  d'Ethiopie. 
(Lion). 

Tigris,  c'est  le  troisième  fleuve  qui  va  vers  l'Assyrie. 
(Cerf). 

Eupkrates,  c'est  le  quatrième  fleuve. 

La  cuve  de  Plougasnou  est  entourée  d'une  inscription 
gothique  qu'un  couvercle  en  bois  vient  malheureusement 
cacher  en  grande  partie. 

A  l'intérieur  est  une  cuve  en  plomb  ornée  en  guise  d'anses 
de  quatre  jolies  cariatides  féminines.  On  pourrait  croire  que 
ce  travail  est  de  la  Renaissance,  et  d'après  un  compte  de 
fabrique  il  remonte  au  commencement  du  xvn'  siècle. 

Les  fonts  de  Locmaria-Plouzané  sont  ornés  de  petits  bas- 
reliefs  gothiques  retraçant  des  scènes  de  la  vie  de  Notre- 
Seigneur. 

A  Lampaul-Guimiliau,  la  cuve  octogonale  est  décorée  de 
modillons,  de  moulures,  et  porte  cette  inscription  : 

F  :  F  :  LAVRENS  :  ROPARTZ  :  E  :  L  :  ABGRALL  : 
LORS  :  FABRICQVES  :  LAN  :  1651. 

A  Guiclan,  môme  travail  avec  l'inscription  : 

F  :  F  :  P  :  YVON  :  PICART  :  YVON  :  TANGVY  :  FA- 
BRIQVE  :  LAN  :  1658. 

Baldaquins  de  fonts-baptismaux. 
Pour  donner  plus  de  valeur  et  de  noblesse  aux  fonts 
baptismaux  et  peut-être  aussi  pour  rappeler  les  anciens 
baptistères  circulaires  ou  octogonaux,  on  a  élevé  au-dessus 
des  cuves  baptismales  des  baldaquins  tantôt  en  pierre, 
tantôt  en  bois,  formant  dômes  portés  sur  des  colonnes.  Nous 
trouvons  des  baldaquins  en  pierre  à  Comanna,  à  Bodilis  et 
à  I.a  Martyre,  le  dernier  portant  la  date  de  1635,  Le  joli 
petit  baldaquin  en  chêne  de  Saint-Melaine  de  Morlaix  est 
de  1660,  quoique  ses  sculptures  semblent  accuser  le  style 
Louis  XIII  ou  même  Henri  II.  Celui  de  Lampaul-Guimiliau 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


CROIX    DE   PLEYBER-CHRIST 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,i,.9ch,G00glc 


est  daté  de  1650,  et  ladmirable  baldaquin  de  Guimilîau,  le 
plus  bel  ouvrage  en  bois  qui  ait  été  fait  au  xvii»  siècle,  est 
de  1675,  l'année  de  la  révolte  du  papier  timbré.  La  description 
détaillée  de  cette  œuvre  exig;erait  plusieurs  pages. 

Tribunes  et  buffets  d'orgue. 

Une  partie  de  la  tribune  de  la  cathédrale  de  Saint-Pol  est 
gothique  flamboyant  ;  la  console  qu'on  y  a  ajoutée  ensuite 
est  du  xvii=  siècle.  Les  mêmes  panneaux  flamboyants  et 
d'une  gronde  richesse  se  retrouvent  dans  la  tribune  de 
Saint-Melaine  de  Morlaix  et  dans  celle  de  Goulven.  A 
Pont-Croix  nous  avons  des  panneaux  à  godrons,  séparés 
par  des  contreforts  ou  pinacles  très  sculptés  et  variés,  avec 
frises  de  feuillages  et  de  griffons  en  haut  et  en  bas. 

Toutes  les  autres  tribunes  remarquables  ainsi  que  les 
buiïets  d'orguq  sont  du  xvii'  siècle.  Quelques-unes  de  ces 
œuvres  sont  d'une  grande  richesse  par  leurs  panneaux, 
leurs  colonnettes,  leurs  bas-reliefs,  leurs  statuettes,  leurs 
consoles,  leurs  tourelles. 

Citons  Saint'Jean-du-Doigt  avec  tableau  représentant  le  roi 
David  jouant  de  la  harpe  et  sainte  Cécile  jouant  de  l'orgue  ; 
Ergué-Gabéric,  1650,  tableaux  d'anges  musiciens  ;  cathé- 
drale de  Quimper  ;  Pleyben,  Sizun,  Saiiit-Thégoniiec, 
Lampaul  et  Gutmiliau  dont  on  a  déjà  décrit. les  trois  beaux 
bas-reliefs.  ;  ;      ■ 

Bénitiers. 

Quelques-uns  des  bénitiers  de  nos  porches  et  de  nos 
églises  sont  de  vraies  œuvres  d'art.  A  la  période  flamboyante 
on  en  trouve  quelques-uns  de  bien  soignés,  comme  au 
porche  de  Saint-Jean-du-Doigt,  oi!i  le  dais  de  couronnement 
sert  de  piédestal  à  la  statue  du  Précurseur  ;  mais  c'est  à  la 
Renaissance  qu'on  leur  a  donné  le  plus  de  richesse.  On  les 
a  ornés  de  moulures,  de  feuillages,  d'oves,  de  rais  de  cœur, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  70  — 

et  les  dais  qui  les  surmontent  sont  accostés  de  petits  contre- 
forts entre  lesquels  viennent  faire  saillie  de  jolis  bustes 
crânement  coifTés  selon  la  mode  du  temps.  Très  souvent 
aussi  un  petit  ange  tient  un  goupillon  comme  pour  inviter 
les  lidèles  à  prendre  de  l'eau  bénite.  C'est  ce  que  l'on  trouve 
à  Saint-Thégonnec,  Guimiliau,  Landivisiau,  J^a  Roche- 
Maurice,  La  Martyre,  Landemeau.  A  Lampaul  il  y  a  une 
autre  particularité  :  deux  diables  sont  à  moitié  plongés  dans 
l'eau  bénite  et  se  débattent  avec  des  contorsions  que  l'on 
comprend  aisément. 

Je  pourrais  ajouter  à  cette  liste  de  bénitiers  en  pierre 
quelques  bénitiers  portatifs,  seatix  henoistiers,  en  bronze, 
particulièrement  celui  de  Loqueffret,  portant  en  relief  le 
nom  de  la  patronne  de  la  paroisse  :  SANCTA  GENOVEFA. 

Tombeaux. 

En  consultant  les  monographies  des  cathédrales  de 
Qutmper  et  de  Saint-Pol,  on  peut  se  rendre  compte  des 
tombeaux  d'évèques  et  de  chanoines  que  renferment  ces 
deux  églises.  Comme  tombeaux  de  saints  nous  devons 
signaler  ceux  de  saint  Gurloës  dans  la  crypte  de  Sainte- 
Croix  de  Quimperlé,  de  saint  Herbot,  dans  sa  chapelle  de 
Plonévez-du-Faou,  saint  Edern  à  Lannédern,  saint  Ronan  à 
Locronan,  saint  Jaona  dans  sa  chapelle  de  Plouvien,  et 
sainte  Nonne  dans  la  chapelle  du  cimetière  de  Dirinon  De 
plus,  dans  l'église  de  Plouvien,  la  tombe  de  messire  Laurent 
Benoit  Richard,  recteur  de  Centré  et  chanoine  de  Nantes. 
Ce  monument  porte  la  date  de  1535  et  provient  de  la 
chapelle  de  Tariec  dont  Laurent  Richard  était  un  des  fonda- 
teurs. Outre  la  tombe  de  saint  Gurloës,  la  crypte  de  Quim- 
perlé renferme  encore  celle  de  l'abbé  Henry  de  Lespervez, 
mort  en  1434. 

Puisqu'il  s'-agit  de  tombeaux,  il  n'est  pas  étranger  à  notre 
sujet  d'indiquer  les  quelques  sarcophages  en  pierre  connus 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  Tl  — 

dans  le  pays  :  d'abord  celui  de  Landeleau,  désigné  sous  le 
nom  de  Lit  de  Saint-Théleau,  et  dans  lequel  saint  Yves 
coucha  une  nuit,  à  son  passage  en  ce  pays,  par  esprit  de 
dévotion  et  de  mortification  ;  celui  de  Mahalon  ;  un  autre  à 
Lochrist-an-Izelvez,  contre  le  mur  nord  à  l'extérieur  ;  puis 
à  Plougonven,  prés  de  l'ossuaire,  el  à  la  chapelle  de  saint 
Rouan,  entre  Plozévet  et  Landudec  ;  le  sarcophage  de 
saint  Jaoua,  à  Plouvien,  dont  j'ai  fait  l'ouverture  le  17  août 
1897,  et  enfin  le  beau  sarcophage  sculpté,  orné  d'arcatures 
cintrées,  fleurs,  enroulements  et  croix  ancrée,  qui  se  trouve 
dans  le  bas-cdté  midi  de  la  cathédrale  de  Saint-Po).  D'après 
le  chanoine  Toussaint  de  Saint-Luc,  le  couvercle  aujour- 
d'hui disparu  portait  en  1664  cette  épitaphe  :  Hic  jacet 
Conanus  Britonum  rex.  Mais  au  lieu  d'être  le  cercueil  de 
Conan-Mériadec,  il  est  à  croire  que  c'est  le  tombeau  d'un 
Conan  qui  fut  évéque  de  Léon  dans  le  cours  du  xii°  siècle, 
d'après  M,  le  chanoine  Peyron. 

Vitraux. 

J'ai  publié  dans  le  Bulletin  de  notre  Société  archéologique 
du  Finistère,  année  1892,  p.  174,  la  liste  approximative  des 
anciens  vitraux  que  nous  possédons  encore  et  qui  sont  au 
nombre  de  110  ou  120.  Pour  ne  pas  faire  double  emploi, 
contentons-nous  de  rappeler  les  plus  importants  :  31  fenê- 
tres hautes  dans  la  cathédrale  de  Quimper,  2  à  Saint-Pol- 
de-Léon,  4  à  Guongat,  6  à  Plogonnec,  5  à  la  chapelle  de 
Kergoal  en  Quéménéven,  7  à  N.-D.  du  Cran  en  Spézet,  les 
deux  ni  ai  tresses-vitres  de  La  Roche-Maurice  et  de  Saint- 
Mathieu  de  Quimper,  faites  sur  les  mêmes  cartons,  ainsi 
que  celle  de  Tourc'h. 

Tableaux. 

Il  y  a  encore  dans  nos  églises  bon  nombre  de  vieux 
tableaux  ;  les  plus  remarquables  en  général  sont  ceux  du 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Rosaire,  comme  celui  de  PlougasDOU,  1668,  ceux  de  l,a 
Forêt-Fouesnant,  Querrien,  Locronan,  Ploaré,  Pont-Croix, 
et  le  tableau  votif  de  Penmarc'h. 

Bannières  et  croix  de  procession. 

11  faut  des  solennités  exceptionnelles,  comme  le  couron- 
nement de  N,-D.  du  Folgoët  ou  la  translation  des  reliques 
de  saint  Pol-de-Léoii,  pour  voir  réuuies  ensemble  de  nom- 
breuses bannières  et  croix  anciennes  ;  mais  c'est  un  coup 
d'œil  ravissant  pour  celui  qui  a  la  bonne  fortune  de  jouir  de 
ce  spectacle  que  de  voir  défiler  gravement  et  lentement  ces 
chefs-d'œuvre  de  broderie  et  d'orfèvrerie,  portés  par  les 
jeunes  gens  et  par  les  bommes  marquants  des  paroisses  qui 
en  sont  lîères  ajuste  titre.  Nos  vieilles  bannières  sonttoutes 
brodées  en  fils  d'or,  d'argent  et  de  soie,  elles  sont  couvertes 
de  semis  de  bouquels,  fleurons  et  rosaces  se  détachant  sur 
le  fond  et  encadrant  l'image  du  saint  patron.  Sur  les  côtés, 
des  arabesques  et  des  enroulements  de  fleurs  forment  des 
orfrois  ou  bordures  :  le  bas  est  découpé  en  lambrequins 
d'où  pendent  des  glands  en  franges  dorées  où  sont  cachées 
des  clochettes  qui  font  entendre  leurs  joyeux  tintements. 

Dix  ou  douze  paroisses  possèdent  encore  chacune  deux 
vieilles  bannières,  ce  sont  :  Goulven,  Guimiliau  1658, 
Lampaul,  Ploudiry,  Plougonven,  Plougourvest,  Plouguer- 
neau,  Ploumoguer,  Saint-Nic,  Tréflez. 

Les  croix  de  procession  sont  en  argent  ou  en  vermeil.  La 
plus  ancienne,  celle  de  Saint-Jenn-du-Doigt,  est  en  style 
François  1",  toute  couverte  do  fins  rinceaux  de  la  Renais- 
sance, avec  des  médaillons  à  l'extrémité  des  croisillons.  Les 
autres,  tout  en  offrant  des  variétés,  se  rapportent  au  même 
modèle  ;  les  tiges  sont  rondes  ou  octogonales  ;  aux  extré- 
mités il  y  a  de  grosses  boules  à  godrons  ou  à  rinceaux 
repoussés.  Le  nœud  au-dessous  des  pieds  du  Christ  est 
parfois   monumental,   entouré   de  contreforts  ou   pinacles 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  73  — 

entre  lesquels  sont  creusées  des  nichettes  abrilaHt  les  sta- 
tuettes des  apôtres,  l,<a  plupart  sont  accostées  de  bras  en 
console  supportant  les  statues  de  la  Sainte-Vierge  et  saint 
Jean. 

Voici  par  ordre  alphabétique  le  nom  des  paroisses  qui  ont 
encore  de  vieilles  croix,  avec  l'indication  de  celles  qui  sont 
datées  : 

Brennilis,  1650,  —  Carantec,  1652,  —  Gouesnac'h,  1691, 

—  Guengat,  1584,  —  Irviilac,  chapelle  de  Coat-Nann,  — 
Kerfeunteun,  1638,    •    L^innédern,  1620,  —  Mespaul,  1675, 

—  Pleuven,  —  Pleyber- Christ,  —  Plonévez-du-Faou,  — 
Plouénan,  —  Plougasnou,  —  Plougoulm,  1640,  —  Ploui- 
g^neau,  —  Ploumoguer,  —  Pont-Croix,  —  Saint-Yvi,  — 
Sa  int-Jean-du- Doigt, —  Saint-Servais,  —  Saint-Thégonnec, 
Trégunc,  1610. 

Calices  et  ostensoirs 

En  tête  citons  le  grand  calice  de  Sa  int-Jean-du- Doigt  qui 
mesure  0  m.  35  de  hauteur  et  0  m.  155  de  diamètre  à  la 
coupe.  Il  est  tout  ornementé  d'arabesques,  de  feuillages,  de 
dauphins,  de  cornes  d'abondance,  et  le  nccud  est  composé 
de  pinacles  et  de  niches  comme  ceux  des  croix  procession- 
nelles. La  paléne  a  0  m.  24  de  diamètre  et  porte  en  son 
milieu  un  admirable  émail  représentant  la  Nativité.  Il  y  a 
encore  à  Saint^Jean  un  petit  calice  gothique,  orné  de  petits 
émaux  sur  son  nœud. 

Les  autres  principaux  calices  sont  ceux  de  La  Forét- 
Fouesiiant,  Guengat,  Locronan,  Dirinon,  La  Roche,  La 
Martyre,  Ploudiry,  Plougasnou,  N.-D.  de  la  Victoire  à 
Cuburien,  près  Morlaix. 

De  jolis  ostensoirs  Louis  Xltl  existent  à  Plougasnou, 
Esquibien,  Locronan  et  à  l'Hôpital  de  Quîmper. 

L'église  d'Ergué-Gabéric  se  réjouît  de  posséder  de  fort 
belles  pièces  de  même  style  :   six  chandehers,  une  croix 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  74  — 

d'autel,  deux  lampes  et  un  encensoir  avec  sa  navette. 
Finissons  par  la  jolie  crosse  en  argent  qui  se  trouve  à 
Trégunc  et  qui  porte  cette  inscription  :  YVES.  DE.  ROCHE- 
ROVSK.  SIEVR.  DE.  PENANRVN.  EN.  LAN.  16ii.  A. 
BAILE.  CETE.  A.  NOTRE.  DAME.  DE.  KVEN. 

Reliquaires  et  ch&sses. 
Ce  sont  tantôt  des  bustes,  des  tètes  ou  des  bras  en  argent 
renfermant  des  membres  entiers  ou  de  simples  fragments, 
tantôt  de  petites  châsses  gothiques  ou  Renaissance  ;  parfois 
des  coffrets  en  bois  d'ébëne  rehaussés  de  placages  d'argent 
repoussé,  panneaux,  cartouches,  corniches,  cariatides.  Sans 
donner  d'autres  détails,  citons  les  paroisses  qui  sont  en 
possession  de  ces  châsses  et  reliquaires  :  Sa int-Jean-du- Doigt, 
Lanhouarneau,  Crozon,  Saint-Nic,  Locronan,  Ploaré,  Lan- 
nédern,  La  Marlyre,  La  Roche,  Sizun,  Loemélar,  Locquénolé, 
Landévennec,  Saint-Evarzec,  Retraite  de  Lesneven,  Retraite 
de  Quimperlé,  Saint-Maurice  de  Clohars-Carnoët. 

La  nomenclature  que  j'ai  voulu  faire  de  nos  richesses 
artistiques  est  loin  d'être  complète,  elle  donne  du  moins  une 
idée  des  objets  précieux  qui  nous  restent  encore  ;  pour  les 
décrire  en  détail  il  faudrait  dresser  un  inventaire  complet  de 
nos  églises  et  de  nos  chapelles  Faisons  un  vœu  en  terminant, 
souhaitons  que  ces  œuvres  d'art  qui  sont  un  trésor  pour 
notre  pays  ne  disparaissent  point,  ne  soient  jamais  aliénés 
pour  quelque  raison  que  ce  soit,  et  demeurent  encore  dans 
nus  églises  pendant  de  longs  siècles. 

J.-M.  ABGRALL, 

Chanoine  honoraire. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


PONT-CHATEAU  ET  PONT-LABBE 

AUX  Etats  de  Bretagne. 
(Suite). 


2»    PARTIE. 

Les  seigneurs  de  Pont-Ghà.teau  et  de  Font-l'Abbé 
aux  Etats  de  Bretagne. 

En  commençant  la  seconde  partie  de  cette  étude,  il  faut 
réfuter  cette  afTirmation  :  a  La  baronnie  de  Pont-Château  et 
«  la  baronnie  de  Pont-l'Abbé  envoyaient  aux  Etats.  *  En- 
voyer à  une  assemblée  quelconque,  c'est  y  nommer  des 
députés.  Voilà  donc  les  baronnies  transformées  en  corps 
électoraux  et  députant  aux  Etats,  comme  aujourd'hui  nos 
arrondissements  (au  moins  pour  le  moment)  députent  à  la 
Chambre  des  députés.  —  L'erreur  est  certaine. 

Les  baronnies  ne  députaient  pas  aux  Etats.  Le  baron  y 
siégeait  en  vertu  de  son  titre  de  baron,  A  l'ouverture  des 
Etats,  ou,  comme  on  disait,  du  Parlement  géTiéral,  le  duc 
faisait  «  appeler  aux  barons,  ■  et  chacun  répondait  à  l'appel 
du  nom  de  sa  baronnie.  Siéger  aux  Etats  n'était  pas  seule- 
ment une  faculté  et  un  droit  d'honneur,  c'était  un  devoir,  et 
l'absence  devait  ôtre  excusée  (i). 

Cela  dit, nous  pouvons  suivre  les  seigneurs  de  Pont-Château 
et  de  Pont-l'Abbé  aux  Etats  de  Bretagne,  et  nous  allons 

(1)  Od  peut  voir  aux  procès- ver  baux  des  Etats  des  excuses  présentées. 
Cf  notamment  les  procès-ïerhaax  de  IJSt,  1455,  li62,  Morice,  Pr.,  II, 
1564,  1673,  et  III,  G. 

Disons  pourtant  qu'on  ne  voit  pas  l'absence  d'un  baron  frappée  d'une 
peine,  comme  l'absence  d'un  seigneur,  mSme  baron,  appelé  en  qualité 
de  urgent-féodé  du  duc  :  son  gayt  de  sci^enlerie  (c'est-à-dire  le  IleF)  était 
saisi.  Exemples  et.  Etats  de  146S.  Morice,  Pr..  III,  \  et  a. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


reconnaitre  que,  bien  que  l'on  ait  dit,   il  n'y  eut  jamais 
d'alternative  entre  eux. 


Distin^ons  trois  périodes  : 

1"  Avant  la  déclaration  des  neuf  barounies  faite  par 
Pierre  II,  en  1451  ; 

2°  Pendant  les  règnes  de  Pierre  II,  Arthur  III  et  Fran- 
çois Il  ; 

3°  Sous  la  monarchie  Française. 

1"  Période 
Atant  la  déclaration  de  i45L 

Après  l'étude  que  M,  de  la  Borderie  a  consacrée  aux  Barons 
de  Bretagne,  il  faudra  une  foi  très  robuste  pour  croire  encore 
aux  neuf  anciennes  haronnies  de  Bretagne,  Noire  émioent 
confrère  a  dressé,  d'après  les  procès- verbaux  des  Etats,  une 
liste  de  cent  seigneuries  dont  les  possesseurs  étaient  barons 
des  ducs  prédécesseurs  de  Pierre  II  (1450-1457)  ;  et  il  a  soin 
de  nous  avertir,  bien  plus,  il  démontre  que  cette  liste  n'est 
pas  complète  (t). 

A  cette  époque,  en  effet,  tout  seigneur  relevant  proche- 
ment  du  duc  était  baron  du  duc,  cemme  le  seigneur  relevant 
d'un  suzerain  était  baron  de  ce  seigneur  (2).  Il  n'était  pas 
question  de  ces  quatre  hautes  Justices  que,  à  tort  ou  à  raison, 
Hévin   dit   «   nécessaires,   après   1451,   pour  composer  la 

(1)  Les  neufbarom  de  Bretagne,  Élude  imprimée  en  tête  du  Recueil  4a 
hkfom  (le  Drela^ne.  el  publiée  à  part  sous  le  litre  Elude  historique  sur 
k>  neuf  barotu  de  Pretagnt,  p.  L\XXI. 

('Z,  Sur  ce  point,  HévIn,  Quettîora  féodale;  p.  330,  n*  S. 

[[  dit  ailleurs  que  aaclenaemeDt  le  mot  baron  se  prenait  au  sens  de 
preeereu  —  p.  Il),  n'  27.  C'est  en  ce  sensque  Loblneau  écrit  <//i«(.,  p  136); 
•  Tous  les  grands  seigneurs  s'appelaient  (ëtaieal  nommés)  baj-oru  en 
ce  siècle  ■  le  XII'.  —  Lobineau  dit  ailleurs  :  •  ...  Baron  d'un  tel  seigneur... 
cela  veut  dire  seigneur  dont  le  liet  relève  d'un  seigneur  plus  considérable.  • 
llitt..  p    199    et  dans  les  Uruf  harom'.  le  §  IV  Intitulé  It*  baroiu  de» 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■7»- 


baronnie  (1).  Nombre  de  seigneurs  qualifiés  barons,  notam- 
ment les  sires  du  Pont-l'Abbé  et  de  Pont-Château,  n'avaient 
pas  ces  quatre  hautes  justices. 

D'autre  part  leur  titre  unique  faisait  tous  les  barons  égaux 
en  droits.  Il  n'y  avait  entre  eux,  que  leurs  llefs  fussent  plus 
ou  moins  étendus,  ni  ordre  ni  rang. 

—  Mais,  dira-t-on,  les  procès -verbaux  des  Etals  com- 
mencent toujours  la  liste  des  barons  par  les  plus  grands 
seigneurs  de  Bretagne  !  —  Sans  doute,  et  en  fait  c'est  tout 
simple  et  bien  facile  à  expliquer. 

Supposez  entrant  aux  Etats  le  comte  de  Penthièvre,  le 
vicomte  de  Rohan  et  de  Léon,  le  comte  de  Porhoët  surtout  s'il 
est  le  connétable  Clisson,  le  sire  de  Vitré  en  même  temps  sei- 
gneur de  Laval,  )e  sire  de  Montfort  en  même  temps  seigneur 
de  la  Roche-Bernard  et  Lohéac  ;  le  sire  de  Dinan-Monlafilant, 
seigneur  de  Chàteaubriant,  etc.;  le  sire  de  Rieux,  maréchal 
de  France,  seigneur  d'Ancenis,  Rochefort,  Donges,  Château- 
neuf  ;  d'autres  encore  pourvus  de  possessions  de  trente  et 
quarante  paroisses,  la  moitié  de  la  plupart  des  arrondisse- 
ments actuels  ;  comment  n'attire  raient- ils  pas  surtout  l'atten- 
tion et  ne  seraient-ils  pas  nommés  les  premiers  ?  Mais  le 
rang  que  le  nom  de  chacun  d'eux  occupe  sur  les  listes  des 
Etats  n'implique  aucun  droit  de  préséance. 

Ainsi  c'est  commettre  un  anachronisme  que  de  parler,  dès 
1365,  «  des  neuf  hauts  barons  de  Bretagne,  «  et  du  rang  de 
chacun  d'eux  aux  Etats  ;  c'est  une  erreur  que  de  réclamer 
pour  le  baron  de  Pont,  en  1386,  «  une  des  neuf  premières 
places  auprès  du  duc  ;  n  de  se  plaindre  pour  lui  d'une  injus- 
tice parce  qu'il  est. nommé  au  dixième  rang  en  1386  ;  de 
nous  montrer  cette  injustice  réparée,  et,  en  1387,  le  baron 


(t)  Id.  p.  171,  n*  I.  —  Celaa  pu  être  vrai  après  l'ordonnance  de  I57U 
eilé«  par  Héïin  {Qut$li<mi,  p.  SIO,  n*  3)  ;  mais  a'élail  pas  vrai  lors  des 
créations  de  lierre  [1  et  François  I[.  Ex.  Lanvaux  (1463). 


n,g,t,7.cbyGOOg1t^     ■ 


-  ?8  - 

occupant  la  cinquième  place  aux  Etals,  lorsque  en  réalité  îl 
est  encore  nommé  le  dixième  (i|. 

Et  de  quoi  le  baron  do  Pont  se  plaindrait-il  lorsque 
d'autres  sont  quelquefois  nommés  après  lui  dont  il  pourrait 
envier  la  puissance  et  l'illustration  ? 

La  vérité  est  que,  avant  1451,  les  deux  seigneurs  de 
Pont-Château  et  de  Pont-l'Abbé  siègent  aux  Etats  comme 
barons  et  que  leurs  noms  sont  compris  au  nombre  des  cent 
donnés  par  les  procès -verbaux.  Le  baron  de  Pont-ChSteau 
apparaît  le  premier  au  temps  d'Alain  Ferment  et  de  Conan 
III,  en  1110  et  1127;  le  baron  de  Pont-1'Abbé  est  nommé 
seulement  en  1303.  Les  deux  barons  siègent  ensemble  aux 
Etats  de  Vannes  où  la  noblesse  de  Bretagne  jure  de  venger 
l'assassinat  du  jeune  Arthur.  Ils  siégeront  ensemble  sous 
Jean  IV  et  Jean  V  (2). 

Ai-je  besoin  d'ajouter  que  à  cette  époque,  il  ne  peut  être 
question  entre  les  deux  barons  ni  de  compétition  ni  d'alter- 
native ? 

Mais  ne  croyez  pas  que  les  seigneurs  ayant  le  titre  do 
baron  fussent  tous  ensemble  présents  aux  Etats.  Ils  y  parais- 
sent de  moins  en  moins  nombreux  ;  à  la  fin  du  xiV  siècle, 
ils  sont  d'ordinaire  huit  ou  neuf  (3J.  Cette  circonstance  (si 
elle  ne  l'a  pas  fait  naître]  a  dû  accréditer  l'idée  populaire  dès 
cette  époque  que  les  barons,  pairs  laïques  du  duché,  étaient 

(I)  Chronicon  brioctn>€  dans  Morice,  Pr..  I.  W,  Je  relève  ces  erreurs 
duDS  Les  Chtvaiier»  bannereis,  p.  I1-I3-I-1. 

J'ai  à  présenter  sur  ce  poini  et  sur  quelques  autres  des  observations 
qui  exigeront  quelque  développement.  Je  les  réunis  dans  une  note  générale 
qui  viendra  k  la  IId  de  celle  seconde  partie. 

{ïj  A  remarquer  pourtant  que  le  baron  de  Panl-ChSleau  ne  Hgure  pas 
itommémad  aux  procès- verbaux  des  Etals.  A  celte  époque,  la  tuironnie 
est  représentée  par  Olivier  de  i:iJsson,  le  connétable  (I34I-I40T)  ;  après  lui 
par  son  gendre  Alain  Vlll  de  Rolian  du  chef  de  sa  femme  UlUMlit))  ; 
puis  par  le  llls  de  celui-ci,  Alain  [\  ^^^t■i•\if:±). 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ?B  - 

au  nombre  de  neuf,  comme  les  évèques  pairs  ecclésias- 
tiques (1).  Ce  point  admis,  il  ne  restait  qu'à  dresser  une 
liste  des  neuf  anciens  barons.  Ce  n'était  pas  diffieile  ;  el, 
deux  listes  furent  dressées,  à  peu  près  identiques,  et  qui 
distribuaient  les  baronnies  entre  les  plus  grands  seigneurs 
de  Bretagne. 

L'idée  des  neuf  anciennes  baronnies  eut  naturellement 
pour  patrons  les  possesseurs  des  baronnies  portées  sur  ces 
listes,  les  Rohan,  tes  Laval,  les  Rieux,  et  aussi  le  clergé  qui 
voyait  avec  satisfaction  le  nombre  des  barons  appelés  aux 
Etats  réduit  au  nombre  des  évèques  de  Bretagne.  Ce  n'est 
pas  tout  :  les  barons  anciens  qui  n'avaient  pas  trouvé  place 
sur  l'une  des  deux  listes  descendaient  au  rang  de  bannerets, 
et  étaient  parla  même  rapprochés  des  simples  seigneurs  (2|. 
Poorcette  rûson,  les  listes  furent  bien  accueillies  des  anciens 
banaerets  et  des  seigneurs  moindres.  Enfin  la  symétrie  que 
les  listes  établissaient  entre  les  barons  et  les  évèques  les 
faisait  bien  venir  des  gens  du  Tiers-Etat  [3}. 

Cette  imagination  (4)  avait  donc  pour  elle  toute  la  Bretagne, 
elle  eut  un  plein  succès  ;  et,  dès  1422,  te  duc  Jean  V  men- 
tioanut  dans  un  acte  ■  les  neuf  anciennes  baronnies  de 
"(5).  ■ 


(1)  et.  Enquitesw-Ies  droits  dneani  (1455)  Dépo^wns  de  témoins  dont 
im  aiMe  «tirais  bourgeois  âgés  de  GG,  70,  HO,  89  ans,  desquels  les  souvenirs 
remoQtenl  nui  premières  aanêes  du  sv"  siècle  et  au-delà.  Morice.  Pr.  [|. 
t6GM6G3-I6C5-lflfie. 

(i)  SiDoa  au  rang  de  simples  bacheliers,  comme  nous  le  verrons. 

(3)  M.  de  la  Borderie.  L.  IX.  —  Ces  idées  de  symétrie  Étaient  à  la 
mode  au  xv*  siècle.  —  L'Iiistorien  Le  Baud  dit  très  gravement  ;  •  Des  neuf 
évéchés,  trois  psj  lenl  la  langue  gajlique,  trois  la  langue  britannique,  Irais 
ont  niixl«menl  l'une  et  l'autre  langue...  .  —  i  Ces  neuf  églises  en  trois 
dillérences  >  donnent  à  la  Bretagne  «  semoiance  de  la  céleste  église  triom- 
phante, laquelle  a  neuf  ordres  trois  Fois  terués  par  hiérarchies  aveu 
diversité  de  locutions....  u  F.  5  et  19 

(4)  Hévin.  Question»...,  p.  330,  note  6  :  t  f^tte  invention  du  duc  Jean 
IV.  >  Il  serait  pl^s  exact  de  dire  :  du  lemps  du  duc  Jean  IV. 

(5)  Morice.  Pr.  Il  iliS.  I"  janvier  14Sï  (Ui3.  n.  s.).  -  n  Comme 
sa  baronnle  de  Roban  est  une  des  neuf  anciennes  baronoies  de  Bretagne.  > 


Dgilir^hyGOOglC 


—  80  — 

L'une  des  deux  listes  était  un  dicton  Utîn  et  rimé  pour 
aider  la  mémoire,  œuvre  sans  doute  d'un  clerc  qui  semble 
être  du  pays  nantais,  tant  il  taittar^ela  part  aux  seigneuries 
de  l'évêché  de  Nantes  !  La  seconde  liste  était  extraite,  disait- 
on,  dune  charte  d'Alain  Fergent  donnant  le  procès-verbal 
des  Etats  de  1087  (1)  ;  en  réalité  cette  liste  semble  l'œuvre 
d'un  clerc  dévoué  à  la  maison  de  Rohan  (2). 

Voici  du  reste  les  deux  listes  en  regard. 
Liste  du  dicton  latin.  Liste  de  la  charte. 

Avaugour  (Goello),  Avaugour, 

Léon,  Léon, 

Vitré,  Fougères, 

Fougères,  Vitré, 

Cbàteaub  riant,  Rohan, 

Retz,  Châteaubriant, 

Roche-Bernard,  Retz, 

Ancenis,  Le  Pont, 

Landebalum.  Roche-Bernard, 

Ancenis. 

Quelques  observations  : 

Landebalum  inscrit  sur  la  première  liste  est  le  nom  latin 
de  Lamballe,  capitale  du  comté  de  Penthièvre  détaché  du 


(i.)  Le  dictoD  lalin  se  irouve  avee  traduclioa  et  commentaire  dans  le 
■  mémoire  du  vicomte  de  Rolian  pour  sa  préséance  aux  Etals  ••  el  daas 
i'enqaéte  y  relative   U79  —  Morice.  Hial.  II.,  p  CLXX  el  CXCEV  (17|)  et 

La  charte  fausse  a  été  publiée  par  D.  Morice  Pr.  U,  préface  XXV,  note 
(extrait  du  Chrmici/n  briotense  lermioi^  en  1415)  et  par  d'Argentré  dans 
la  Deicriplion  du  pays  de  Brelagne,  t"  H1  r"  et  v*  et  Si  r'  et  v*.  Ed  de 
1588. 

D'AreeDtré  exprime  un  doute  motivé  sur  l'autlienllcilé  de  la  eharle 
F-  «a,  V-  D. 

Hévin  {QutUiont  fiodalet,  p.  <I3J,  n'  lij  appelle  la  eharle  •  une  marchan- 
dise de  conlrebunde.  ■>  Mais,  chose  assez  curieuse,  pins  haut  II  paraît 
l'admettre,  el  il  la  elle  p.  ^I,  n-37.  pour  l'interprétatton  du  mol  toron, 
el  p.  71,  n-  -i. 

n,g,t,7.cbyGOOglC 


-8J  - 

domaine   ducal    dés  1034,   et  auquel    convenait   l'épithète 

■  doyen  des  baronnies  ».  L'auteur  avait  employé  landeialum 
pour  la  rime,  au  lieu  de  Pentkevria  (  1 1 ,  la  partie  pour  le  tout. 
Cette  licence  poétique  allait  être  fatale  au  Penthièvre.  Au 
temps  où  le  dicton  parut,  de  graves  débats  s'agitaient  entre 
le  duc  Jean  V  et  Marguerite  de  Clisson,  comtesse  douairière 
de  Penthièvre...  Pour  ne  pas  donner  aux  Penthièvre  l'impor- 
tance de  baron,  la  politique  traduisit  £(inffe6a{um  par  Z.anvatu:> 
nom  d'une  mince  seigneurie  du  comté  de  Vannes  confisquée 
depuis  plus  de  deux  siècles  (2).  Ce  contre-sens  doublé  d'une 
erreur  historique  donna  à  Lanvaux  le  titre  de  «  doyen  des 
baronnies  de  Bretagne  »,  auquel  l'humble  seigneurie  n'avait 
jamais  prétendu  (3). 

La  seconde  liste  exclut  Landebalum  et  mentionne  Le  Pont  ; 
mais  la  charte  apocryphe  ajoute  :  ■  Quelques-uns  protestaient 

■  contre  Le  Pont  en  faveur  d'Ancenis  et,  pour  prévenir  toute 
0  discussion,  il  fut  décidé,  que,  pour  cette  fois,  le  seignear 
<  de  Pont  siégerait  avant  Ancenis,  et  qu'aux  prochains 
«  Etats  la  première  place  appartiendrait  à  Ancenis,  et  ainsi 

■  alternativement  jusqu'à  plus  ample  discussion  et  décision 
«  du  duc  ».  Ainsi,  d'après  la  charte,  le  duc  admet  procisotre- 
ment  Ancenis  et  le  Pont  ;  c'est-à-dire  que  provisoiretnent  la 
liste  des  baronnies  est  de  dix  au  lieu  de  neuf. 

Mais  l'admission  sur  la  liste  du  nom  de  Pont  soulève  une 
toute  autre  question  :  Deux  seigneuries  &  peu  près  d'égale 

(1)  Inde  Landebalum 
Decanus  est.  onmiuDi. 

(2)  [^nvaux  avait  été  coallsqué  par  Jean  1"  (le  Roux),  [Lobineau,  HM. 
p  2JH);  dunoé  en  grande  partie  à  l'abbaje  de  N.-D.  de  Laavaux,  fondée 
en  I1JH,  Mariée  (Hitt.,  II.,  CXLV),  par  les  anciens  seii^oeurs;  le  reste  fut 
donné  par  Jean  IV  (1 IH3)  i  Salnl-Michel-du-Cbamp  (la  Chartreuse  d'Auray)^ 
Au  XV'  ajècle,  H  ne  restait  de  Lanvaux  que  les  ruines  du  château.  CF.  H* 
de  la  Borderie,  Géog.  {iod.,  p.  114  —  et  iei  neuf  baroni,  p.  LXXV. 

(3)  Hais  titre  très  justement  donne  au  Pentblèvre  détaché  du  domaine 
ducal  dès  1034  Cf.  Géog.  [iod.,  p.  51  et  suiv. 

BuLunm  uiCHltOL.  du  PiHisTàfii.— Tohi  XXV,  (Mémoires).     6 


D,g,l,..cbyGOOglC 


importance  portent  le  nom  de  Pont  ;  savoir  Pont-Chûteau  el 
Pont-l'Abbé  (1)  ;  à  laquelle  des  deux  se  rapporte  l'indication 
de  la  charte  ? 

La  place  que  le  Pont  occupe  sur  la  liste  au  milieu 
de  seigneuries  de  l'évêché  de  Nantes  semble  désigner 
Pont-Château  ;  d'autre  part  (et  cette  raison  est  plus  grave) 
Pont-Château  est  entré  dans  la  maison  de  Kohan  par  suite 
du  mariage  d'Alain  VIII  avec  Béatrix  de  Clisson  (2j .  L'auteur 
de  la  liste  a  déjà  attribué  à  la  vicomte  de  Hoban  le  titre  de 
baronnie  que  le  vicomte  satisfait  de  sabaronnie  de  Léon  ne 
revendiquera  pas.  Pourquoi  n'attribuerait- il  pas  au  puissant 
vicomte,  le  plus  grand  seigneur  de  Bretagne,  une  troisième 
baronnie?...  La  maison  de  Laval  en  aura  bientôt,  comme 
nous  le  verrons,  davantage. 

D'ailleurs,  historiquement,  les  seigneurs  de  Pont-Château 
avaient  un  titre  de  préférence  sur  les  seigneurs  de  Pont- 
l'Abbé  :  ils  étaient  plus  anciens  ;  nous  les  avons  vus  siéger 
au  conseil  des  ducs  dès  le  xi'  siècle,  tandis  que  les  seigneurs 
de  Pont-l'Abbé  n'y  apparaissent  qu'au  xiii». 

Il  faut  remarquer  que,  sans  compter  Le  Pont,  toutes  les 
seigneuries  portées  sur  cette  liste,  sauf  les  deux  attribuées  à 
Rohan,  sont  en  Haute- Bretagne. 

EniSn,  pour  le  clerc  auteur  de  la  liste,  il  y  eut  peut  être  une 
autre  raison.  Nous  avons  dit  qu'au  Jour  de  son  entrée  solen- 
nelle l'évoque  de  Nantes  était  porté  par  les  seigneurs  de  Chà- 
teaubriant,  Retz,  Ancenis  et  Pont-Château  (3).  Le  clerc  a  mis 
les  trois  premiers  sur  sa  liste  des  barons.  N'est-il  pas  tout 
naturel  de  leur  adjoindre  le  seigneur  de  Pont-Château  ? 

(1)  Uue  Iroisième  iclBneurie,  Pont-Crolï  (Finistère'.  lurait  pu  élever  la 
même  prélenlion,  Pont-Croiï,  avec  son  etiâteau,  sa  ville,  seshujl  paraisses' 
avail  passé  avec  Tyvarlen  A  ta  Un  du  x:ii'  siècle  dans  la  maison  de 
Rosmadec  Uu  Hosmadec  obtint  l'ërectioDenniarquisatde  Kosmadect  (k)Hi 
—  Il  est  vrai  que  les  seigneurs  de  Ponl-Croix  ni  de  Tyvarlen  ne  tigurent 
dans  la  liste  des  ïcdI  anciens  barons. 

(î)  Ci-dessus,  p.  51. 

{V  Ci-dessus,  p.  al- 


n,g,i,.9ch,.G00glc 


Pour  nous,  il  y  a  toute  apparence  que  par  le  Pont  l'auteur 
de  la  charte  entendait  Pont-Château. 

Mais  reconnaissons  que  le  sire  de  Pont-l'Abbé  n'était  pas 
tenu  de  se  rendre  à  ces  raisons.  11  pouvait  protester  en  faveur 
de  sa  seigneurie  coiitre  Ancenis  et  Pont-Château  ;  en  sorte 
que,  au  lieu  de  neuf,  voilà  on^ce  bannières  bretonnes  pouvant 
trouver  dans  la  liste  de  la  prétendue  charte  du  xi«  siècle,  un 
titre  à  la  baronnie! 

Or  que  faut-il  pour  que  ces  compétitions  fassent  explosion  ? 

Un  acte  du  duc  qui,  déclarant  les  neuf  anciennes  baronnies, 

.  adopte  I»  liste  de  la  charte  à  laquelle  le  duc  Jean  Y  se 

référait,  en  1422,  quand  il  comptait  la  vicomte  de  Rohan  au 

nombre  des  neuf  anciennes  baronnies  (1). 

Or  le  duc  Pierre  II  va  proclamer  les  »  neuf  anciennes 
baronnies  ■  ;  mais  il  va,  s'il  est  permis  de  le  dire,  étouffer 
les  compétitions  dans  l'œuf.  Il  admet  la  liste  du  dicton  qui 
exclut  Le  Pont  au  profit  d'Ancenis. 

Et  le  choix  du  duc  se  justifiait  par  de  bonnes  raisons. 

La  charte  nommait  seulement  deux  baronnies  réunies  au 
domaine  ducal,  Avaugour  et  Fougères  ;  le  dicton  en  nomme 
une  troisième,  Lanvaux.  En  choisissant  la  liste  du  dicton, 
le  duc  ayant  à  compléter  le  nombre  neuf,  pourra  créer  trois 
baronnies  au  lieu  de  deux  D'autre  part,  cette  liste  excluant  > 
Le  Pont,  le  duc  est  sauvé  du  devoir  de  juger  entre  Ancenis 
que  tient  son  cousin  François,  sire  de  Rieux,  Pont-Château 
que  tient  son  oncle  par  alliance,  Alain  IX,  vicomte  de  Rohan 
et  Léon,  enfin  Pont-l'Abbé,  appartenant  â  Jean  du  Pont,  que 
son  mariage  avec  Marguerite,  héritière  de  Rostrenen  et  du 
Ponthou,  vient  de  faire  un  des  plus  puissants  seigneurs  de 
Basse-Bretagne  (1440), 

J.  TREVEDY, 
Ancien  Président  du  Tribunal  civil  de  Quimpa: 

(À  suivre.) 
(1)  ci-dessus  p.  79,  note  5. 


nigiti^rebyGoOi^lc 


.84- 


VHI. 


Droits  et  charges  d'un  grand  voyer  de  Goraoaaille 

A  LA  FIN  DC  XVn'  SIÈCLK. 


Les  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  l'ancienne  paroisse 
d'Elliant  m'ont  fait  connaître  un  document  émanant  d'un 
seigneur  de  Coetcanton  qui  eu  1686  litait  également  grand 
voyer  de  Cornouaille,  Il  paraît  Intéressant  de  publier  cette 
pièce  en  raison  des  renseignements  «{u'elle  fournit  sur  les 
fonctions  de  grand  voyer  qui  comprenaient  alors  la  percep- 
tion des  droits  d'octroi  à  Quimper. 

L'ancienne  seigneurie  de  Coetcanton,  bien  que  située  sur 
la  paroisse  de  Mclgven,  possédait  â  Rosporden  plusieurs 
maisons  ainsi  que  de  nombreux  domaines  et  des  redevances 
féodales  dans  la  paroisse  d'Elliant.  A  ce  titre  elle  jouissait 
de  prérogatives  importantes  dans  les  églises  et  chapelles  de 
cette  paroisse. 

Je  citerai  entre  autres  la  redevance  due  par  le  manoir  de 
Queroriou,  en  Eltiant,  maintenant  Kerriou,  en  Rosporden, 
dont  le  propriétaire  en  1686  était  Messire  François,  chef  de 
nom  et  d'armes,  chevalier  seigneur  baron  de  Kermeno, 
chastelain  de  Goarlot,  seigneur  de  Coatforn,  Querouriou, 
Qucrguennou,  Quermerien,  LoquengufT,  Querourchant,  la 
Villeneuve-Bohic,  etc.,  capitaine  pour  le  Roy  des  gentils- 
hommes de  l'arrière  ban  au  ressort  des  chastellenîes  de 
Conq-Fouesnant  et  Rosporden,  résidant  ordinairement  en 
son  manoir  de  Coatforn,  en  la  paroisse  de  Scaezre.  Ce  grand 
personnage  devait  par  an  de  chef  rente  au  seigneur  de 
Coatcanton  une  obole,  ce  qui  représenterait  aujourd'hui  un 
demi-centime  environ  si  on  estime  à  deux  francs  la  valeur 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  85  — 


à  cette  époque  de  la  livre  (moRRaie  de  compte).  Je  rappel- 
lerai que  la  livre  valait  20  sols,  le  sol  12  deniers,  le  denier 
2  oboles  ou  mailles. 

Toutes  ces  valeurs  n'étaient  pas  alors  représentées  dans 
la  monnaie  divisionnaire  en  circulation.  On  y  rencontrait 
surtout  les  pièces  en  cuivre  de  un  denier,  deux  deniers  ou 
double,  trois  deniers  ou  Hard  et  les  pièces  de  billon  de  quinze 
deniers  ou  trois  blancs  {!],  trente  deniers  ou  six  blancs.  Ce 
sont  précisément  ces  dernières  valeurs  ou  leurs  fractions  qui 
se  rencontrent  dans  le  tarif  des  droits  d'octroi  et  de  voirie 
perçus  par  le  grand  voyer  de  Cornouaille,  d'après  la  décla- 
ration que  j'ai  retrouvée. 

Je  dois  ajouter  que  cette  déclaration,  bien  que  remontant 
à  deux  siècles  seulement,  est  d'une  lecture  difficile  en  raison 
de  fautes  nombreuses  de  copie  et  d'orthographe  et  aussi  par 
suite  de  l'emploi  de  formes  vieillies  qui  sont  certainement 
la  reproduction  de  formules  beaucoup  plus  anciennes.  Kn 
voici  la  transcription  aussi  exacte  que  possible. 


Déclaration  et  Dénombrement  des  droicts  Seigneurials 
revenus  et  émolluments  attribués  et  consédés  par  le  Roy 
nostre  Sire  aux  Seigneurs  voyers  de  la  ville  de  Quimper'" 
et  fauxbourgs  et  compté  de  Cornouaille  que  Messire  Xphle 
Fouquet  chevaillier  Seigneur  compte  de  Challain  et  de  la 
Roche  d'Iré  en  Anjou  Seigneur  des  Cornetteryes,  Veilles  et 
Jumellayes  dans  le  Vendomois,  des  Cures,  bréon,  la  beschère 
et  Torigny  en  Bretaigne,  Evesché  de  Rennes,  de  Coetcanton, 
Penguilly  et  Quersaudy  dans  l'Evesché  de  Cornouaille, 
grand  voyer  de  Sa  Maiesté,  dans  la  dicte  Compté  de  Cor- 
nouaille, conseiller  du  Hoy  en  tous  ses  Conseils  d'Etat  et 
privé  et  Président  au  mortier  en  la  Cour  de  Parlement  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Brelaigne,  Capil&inc  des  chasses  et  plaisirs  de  sa  Maiesté 
dans  les  forêts  de  Rennes,  Sainct  Aubin  du  Cormier  et  de 
Liffré  et  Gouverneur  pour  sa  dicte  Maiesté  des  Villes  et 
chasleaux  de  Sainct  Aubin  du  Cormier  et  de  LifTré;  trontfl) 
et  possède  prochement  et  noblement  h  tiltre  de  foy  hommage 
obéissance  sans  aucun  debvoirs  de  rauhapt  et  soubz  son 
domaine  et  recepto  de  Quimper""  aux  charges  et  debvoips  cy 
dessus  et  autres  sy-apres  exprimées,  laquelle  déclaration 
Maistre  Louis  Le  beurier  sieur  de  Paluet  N"  Royal  par  la 
seneschaussee  de  Quimper""  résidant  au  lieu  de  Queranaon 
paroisse  de  Plougastel  Sainct  Germain  Evesché  de  Quim- 
per"°  fonde  en  procure  generalle  dudict  Seigneur  président 
de  Challain  grée  a  Rennes  le  treiziesme  de  Juin  dernier, 
signe  Xphle  Fouquet,  Buvetîer  et  René  Riou  nottaires  royaux 
à  Rennes. 

Fonrnlst  et  présente  au  Roy  en  vertu  de  ladite  procure 
devant  Messire  Dondel  chevaillîer  Seigneur  de  Pendreff 
conseiller  du  Roy  au  parlement  et  Maistre  ordinaire  en  la 
chambre  des  comptes  de  Bretaigne,  commissaire  nomme  par 
Arrcsl  du  Conseil  destat  et  lettres  patentes  de  Sa  Maiesté 
donnes  au  camp  devant  Ypres  le  dix-neuviesme  de  Mars  mil 
sixcents  soixante  et  dix  huict  pour  Reforma tion  des  domaines 
et  justices  de  sa  Maiesté  et  reffection  du  papier  terrier  au 
domaine  de  Quimper"",  Quimperle,  S'-Brieuc,  Cesson, 
Gouello,  Cliau-neuft  du  fou,  du  Huelgouat  et  I^andelleau, 
Mess"  les  Juges  de  la  Cour  et  siège  presidial  de  Quimper 
pour  satisfaire  aux  ordonnances  de  Messieurs  les  Commis- 
saires dabtées  du 

et  publyes  aux  prosnes  des  grandes  messes  des  paroisses  du 
ressort  de  la  dicte  Jurisdi-on  de  Quimper""  Lesquelles 
droicts  Seigneuriaux  et  debvoirs  de  voyrie,  consistent. 


(I)  Udc  nuire  pièce  meotionoe.  i,  tort,  comme  co- 
Marie  du  Boi^uétieaneuc  tille  de  Mci^sirc  Frani,-uii 
Seigneur  du  MioTen. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  87  — 

C'est-à-sçavoir,  tes  droicts  de  voyries  en  la  ville  et  faux- 
bourgs  de  Quimper""  (!},  comme  ensuict  : 

Qu'il  appartient  audict  sieur  voyer  et  doibt  prendre  et 
lever  sur  chacun  cheval  vandu  et  achepte  en  ladicte  ville  et 
fausbourgs  de  Quimper""  a  jours  de  foire,  huict  deniers  et 
a  autres  jours  sur  sepmaine  quatre  deniers, 

De  chacun  bœuif  ou  vaches  vandus  ou  acheptes  en 
ladicte  ville  et  fauxbourgs  a  jour  de  foire,  quatre  deniers,  et 
autres  jours  sur  sepmaine  deux  deniers  ;  plus  de  chacune 
chèvre  vandue  a  jours  de  foire  deux  deniers  et  a  autres  jours 
un  denier, 

ftem  de  chacun  porc  vandu  a  jour  de  foire,  deux  deniers 
et  a  autre  jour  un  denier  ;  plus  de  chacune  peau  de  bœuff, 
ou  vache  ou  d'autre  belle  qui  ne  sera  pas  tannée,  ou  qu'il 
sera  vandu  oull.re  le  prix  de  douze  deniers  il  appartient 
audict  voyer  a  jour  de  Foire  deux  deniers  et  a  autre  jour  un 
denier,  et  chacun  porc  salle  vandu  en  ladicte  ville  ou  faux- 
bourgs  a  jour  de  Foire  deux  deniers  et  a  autre  jour  un 
denier.  Item  de  chacune  guye  (2)  salle  vandue  en  ladicte 
ville  ou  foire  nn  denier  et  a  autre  jour  sur  sepmaine  maille, 
plus  sur  chacun  cent  de  fer  ou  dacier  qui  est  tire  et  porte 
hors  ladicte  ville  et  fauxbourgs  trois  deniers. 

Item  de  chacun  thonneau  de  vin  mené  hors  de  ladicte  ville 
quatre  deniers  et  est  appellée  l'antienne  coustume,  et  nul 
nen  est  franc,  plus  sur  chacune  huge  (3)  vandue  en  tadicte 
ville  a  jour  de  foire,  huict  deniers  et  a  autre  jour  sur  la  sep-  ■ 
niaine  quatre  deniers. 


(I)  Deux  arrâts  du  Conseil  d'Elat  en  daie  du  IQ  septembre  IG68  el  3 
jnin  1681,  que  M,  Trévédy  a  cités,  portent  au  nombre  des  dépanses  à 
la  charge  de  In  ville  de  Quimper  une  somme  de  150  livres  à  payer  à 
Fouquel  de  Chalain  tsic). 

(!)  Breton:  gwh,  truie,  peut-être  Rwik  pourkik  viande. 

(3)  Vieux  français:  Huche. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


s  sur  chacune  chareste  vandue  en  ladicte    ville  et 

Qurgs  a  jour  de  foire  huict  deniers  et  à  autre  jour 

î  deniers. 

n   sur  chacune  broueste  vandue  en  ladicte  ville  et 

ourgs,   k  jour  de  foire  quatre  deniers  et  à  autre  jour 

deniers. 

3  sur  chacun  somme  de  potz  de  terre  qui  est  dessandue 

ville  et  fauxbourgs,  a  jour  de  foire  deux  deniers  et 

t,  et  a  autres  jours,  deux  deniers  sans  pot. 

n  de  chacune  somme  de  fustes  de  bats  (1)  vendus  àjour 

re  deux  deniers,  et  sur  sepmaine  un  denier.  En  ouUro 

;ts  debvoirs  est  debue  et  chacun  est  debue  le  double 

■es  de  may  et  de  my-aoust  audict  voyer, 

s  la  traiziesme  partye  des  aulx,  oignons,  escuelles, 

salières  (7);  fuzeaux,  cuilliers,  paniers,  crubles,  saz, 

K,  fources,  fléaux,  pelles  non  ferronéesavecq  tout  boys 

•  el  faict  autour  quy  sont  establyes  a  vandre  en  la  dicte 

la  traiziesme  partye  en  appartient  audict  Voyer  s'ils 

stablys  en  ladicte  Ville  ou  es  fauxbourgs. 

1  sur  chacune  somme  de  vin  portées  hors  ladicte  Ville 

tbourgs  en  barils  sans  broge  (2|  une  maille,  et  de  via 

au  noqar  (3)  ne  doit  rien. 

1  sur  chacune  somme  de  sel  portée  hors  ladicte  Vilte 

xbourgs,  une  a  jour  de  chacune  foire  deux  deniers 

'  autre  jour  un  denier,  et  esdictes  deux  foires  de  my 

et  de  may  pour  chacun  cuir  tanné  quatre  deniers. 

1  sur  chacun  pallier  autrement  nommé  Colloen  (4)  en 

ire  et  les  cordonniers  qiiy  sera  assis  en  la  place  de  la 

^ille  par  chacune  veillée  de  Pasques  quatre  deniers. 

itons  pour  IIËnux. 

eax  Irangals:  Drocbe,  brocMier,  mettre  eu  perce 

eux  Irtinçais;  no«q,  baquel, 

retoD  :  golo,  paille. 


,y  Google 


-  s»  - 


Item  sur  chacque  estai  de  boucher  par  chacun  moys  de 
may  de  cousturae  nommée  Moutonaige  quatre  deniers. 

Item  sur  chacun  thonneau  de  fromant  et  autres  bleds  quatre 
mesures,  hors  ladîcte  ville  sept  deniers  et  maille. 

Item  sur  chacun  porc  que  l'on  tue  ou  même  hors  ladicte 
ville  un  denier  et  maille. 

Item  sur  chacun  thonneau  de  vin  arrivé  au  havre  de  ladicte 
ville  des  marchands  forains  six  deniers. 

Item  sur  chacun  cent  de  fer  et  acier  quy  est  descharge  ou 
dessanduen  ladicte  villedes  marchands  forains  deux  deniers 
«t  maille. 

Item  sor  ctracime  charge  de  sel  quy  est  deschargée  en 
tadicle  ville,  troys  minots  de  sel,  mais  les  marchands 
demeurants  en  ladicte  ville  sont  francs  dudict  debvoir  de  sel. 

ïHua  sur  chacun  batteau  quy  apporteront  poisson  a  la  dicte 
vUle  ou  buxbourgs  une  foys  Tan,  douze  deniers  ou  le  meil- 
t6u>  poiason  dudict  bateau  auprès  un  que  l'o  pescheur  sera 
tenu  choisir.  El  le  voyer  e  choisira  appres  une  foys  l'an  et 
est  au  choix  du  dict  voyer  de  prandre  le  dict  poisson  ou  tes 
douze  deniers. 

Item  sur  chacune  charge  de  sel  que  l'on  mesure  ou  quy  sera 
mesurée  en  la  dicte  ville  et  fausbourgs,  un  mînot  de  sel  et 
doibt  kdict  Voyer  bailler  ledict  minot  pour  mesurer  ledict 
sel  s'il  en  est  requis. 

Item  sur  chacun  pot  de  heure  vandu  en  ladicte  ville  a  jour 
de  foire  des  forains  un  denier  et  a  autre  jour  maille. 

Item  est  debue  et  appartient  audict  voyer  sur  une  Taillée 
que  Ion  faict  en  ladicte  ville  une  foys  l'an  quy  est  appellée 
la  taillée  de  may  quy  est  louée  par  chacun  an  par  le  sergent 
byé  de  l'Evesché  de  Cornouaille,  par  chacun  an  cincquante 
sols,  lequel  sergent  doibt  payer  audict  Voyer  les  dicta 
cincquante  sols. 

Item  doibt  avoir  ledict  Voyer  chacun  ban  d'hérittages 
qu'il  fera  douze  deniers. 


n,g,t,7.cbyGOOglC  


—  90  — 

Item  (le  chacun  adjournement  ou  exécution  de  juge  qu'il 
fera  en  la  dicte  ville  et  fauxbourgs  pour  les  y  demeurant 
quatre  deniers,  et  s'il  vand  les  gatges  exécutés,  il  doibt  avoir 
douze  deniers. 

Item  s'il  vat  hors  la  dicte  Ville  en  commisson,  il  doibt 
avoir  cincq  sols. 

Item  de  chacun  arrest  qu'il  fera  ledict  Voyer  aura  douze 
deniers. 

Plus  par  chacun  plegement,  douze  deniers,  oultre  s'il  en 
baille  collation,  elle  sera  paye  en  oultre. 

Item  ledict  Voyer  est  tenu  lever  et  cueillir  les  taux  de  la 
dicte  Cour  de  Quimper""  ou  bailliage  es  fins  et  mettes  (1)  de 
la  voyrie,  et  pour  son  sallaire,  il  en  doibt  avoir  le  septième 
partye. 

Item  doit  garderies  clelTs  des  prisons  de  la  dicte  Cour  avec 
les  prisonniers  quy  y  seront  mis,  et  doibt  avoir  de  chacun 
prisonnier  quy  y  sera  ferré  cincq  sols  et  de  ceux  quy  ne 
seront  point  ferrés  de  chacun  doibt  avoir  douze  deniers. 

Item  appartient  et  est  debue  au  dict  Voyer  sur  et  chacune 
personne  quy  labourera  et  cultivera  advoine  es  paroisses  de 
Sainct  Evarzec  et  Ergué  Arfel  et  Ergué  Gaberic  deux 
crubles  une  foys  l'an  d'advoine  grosse  et  ceux  quy  ne  labou- 
reront poinct  luy  doibvent  chacun  an  une  foys  quatre 
deniers  et  partant  ils  ne  doibvent  chacun  an  une  foys  que 
lesdicts  quatre  deniers.  Et  partant  ils  ne  doivent  payer  nulles 
coustuincs  es  foires  et  marchés  de  la  dicte  ville  pour  des 
choses  qu'ils  achepteront  pour  leur  provission  ou  qu'ils 
vendront  de  leur  provission. 

Pour  et  a  raison  desquels  droicts  et  voyeries  cy-dessus 
speciffies  ledict  Seigneur  Voyer  connoist  et  confesse  debvoir 
au  Roy  nostre  Sire  et  souverain  Seigneur  toutes  foys  et 

(I)  Latia  :  Fioes  el  metas,  limites. 


■yGooglc 


quaates  qu'il  sera  loge  en  ladicte  ville  de  Quimpor""  et  Sa 
Maiesté  y  sera  en  résidence  par  quinze  jours,  Ycelluy  sieur 
Voyer  est  tenue  par  chacune  nuict  fournir  a  Sa  dicte  Maieste 
six  torches,  cincq  flambeaus  pour  le  vin,  deux  flambeaus 
pour  la  table  de  Sa  dicte  Maieste,  un  mortier  pour  sa 
chambre,  vingt  picquels,  vingt  perches  et  vingt  menues 
chandelles  de  sire.  Et  par  chacun  matin  ledict  Voyer  dotbt 
aller  quérir  et  avoir  le  restant  des  dicts  luminaires  de  sire 
pour  les  raffraichir  pour  la  nuict  ensuivante,  et  ne  doibvent 
pas  lesdicts  luminaires  estre  portes  hors  le  logtsde  Sa  dicle 
Maieste  et  doibt  ledict  Voyer  commancer  et  fournir  de  la 
dicle  sire,  la  première  nuict  que  Sa  dicte  Maieste  arrivera 
en  ladicte  Ville,  et  parachever  la  qualorziesme  nuict,  et  le 
landemain  au  matin  ledict  Voyer  doibt  avoir  le  restant  des- 
dits luminaires. 

Item  doibt  ledict  Voyer  fournir  au  Seigneur  Evesque  de 
Cornouaille  la  sixiesme  partye  du  sel  qu'il  despensera,  luy 
estant  et  résidant  en  son  pallais  Espiscopal  en  ladicte  ville 
de  Quimper-Corentin. 

Item  est  tenu  ledict  sieur  Voyer  conduire  et  accompaigncr 
les  sieurs  Seneschal  et  baillifs  de  Cornouaille  durant  le 
temps  qu'ils  tiendront  les  plaids  ordinaires  de  Quimper"" 
Sçavoir  de  leurs  logeis  Jusqu'au  siège  Tribunal  et  icelluy 
lieu  Jusques  à  leurs  logeis  et  leur  bailler  en  jugement,  la 
verge  de  justice  en  la  manière  accoustumée. 

Item  doibt  ledict  sieur  Voyer  et  est  tenu  de  garder  les 
cleffs  des  prisons  de  ladicte  Cour  de  Quimper""  avec  les 
prisonniers  quy  seront  dedans,  et  ce  aux  despaaces  du 
recepveur  ordinaire  de  Sa  Maieste  leur  administrateur  des 
vivres  sellon  que  ledict  recepveur  baillera  au  désir  des 
ordonnances  de  Messieurs  les  juges  dudict  Siège  présidial 
de  Quîmper"",  Et  s'il  y  avoit  auchun  desdicts  prisonniers 
quyseroient  juges  et  condampnes  a  mort,  ledict  sieur  Voyer 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


en  aura  la  garde  de  l'heure  de  ladicte  condampnation  jusques 
BU  lendemain  après  et  non  pas  plus  longtemps  a  son  péril. 
Et  si  plus  longtemps  ils  restent  en  prison,  ce  ne  sera  pas 
au  péril  dudict  sieur  Voyer,  mais  aux  périls  et  danger  des 
héritiers  et  causeyants  de  Hervé  Querneach  lequel  en  doibt 
l'exécution  et  doibt  ledict  sieur  Voyer  conduire  lesdicts 
condamnés  à  mort  depuis  les  prisons  de  Sa  Maiesté,  jusques 
à  l'hospital  de  Sainte  Catherine  aux  fauxbourgs  de  la  rue 
Neulïve  et  les  doibt  laisser  en  iceluy,  et  n'est  pas  tesnu  de 
les  conduire  en  plus  large  détours  par  ce  que  les  hoirs  et 
causeyants  dudict  Hervé  Querneach  les  do ib vent  prendre  en 
iceluy  lieu  et  les  mener  ou  faire  mener  au  gibet  pour  en 
faire  l'exécution  laquelle  il  dotct  de  son  droict  d'héritage. 

Lesquels  droicts  de  voyeries  ci-dessus  mentionnes  et 
déclares  sont  escheus  et  advenus  audict  sieur  Président  de 
Chalain  advenant  des  successions  de  defTunct  autre  Messire 
Xphle  Fouquet  Chevalier  seigneur  de  Chalain  et  dame 
Moricette  de  Quersaudy  dame  desdicts  lieux  ses  pères  et 
mères,  décédés,  savoir,  son  père  puis  les  six  ans  et  sa  mère 
puis  lesdouzeans,  auxquels  ils  estoient  escheus  par  eschange 
entre  lesdtcls  feu  Seigneur  de  Chalain,  et  messire  René  de 
Botmeur  seigneur  dudict  lieu  et  de  Querobezan  par  contract 
d'eschange  passe  entreux  dabt  du  second  jour  de  décembre 
mil  six  cents  cinquante  et  deux.  Signe  Gouppil  et  Marchand 
nottaires  royaux  à  Concquerneau.  Auquel  Seigneur  de 
Botmeur  ils  estoient  aussi  advenus  pour  les  avoir  acquittée 
d'avecq  Messire  Jean  Querouarlz  Seigneur  dudict  lieu  auquel 
ils  avoient  été  précédemment  vendus  comme  il  est  plus 
amplement  faîct  mention  par  ledict  contract  d'eschange 
susdabt  y  recours. 

Pour  satisfaire  a  toutes  les  susdictea  redebvances  et  obli- 
gations portées  au  présent  adveu,  ledict  Lebeurier  audict 
nom  affecte  et  hipotheque  touts  et  chacuns  lesdicts  droits  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


_  99  - 

Voyer  sus-mentionnes,  fruicts  et  revenus  d'iceulx  pour  et 
estre  procède  suivant  les  ordonnances  royaux  et  coustumes 
de  ce  pays. 

Laquelle  présente  def:laration  ledict  sieur  de  Paluet  audict 
nom,  en  vertu  de  ladicte  procure  présent  en  sa  personne 
devant  nous  nottaire  royaux  à  Quimper-Corentin  avec  debue 
submission  et  jurée  alTinne  verittable  a  sa  connaissance 
donnant  pouvoir  a  Maistre  son  procureur 

au  dict  Siège  Presidial  de  Quimper  Corentin  chez  lequel  il 
nomme  domicilie  aux  fins  ci-dessus  représentées,  ladicte 
déclaration  devant  Messieurs  les  Commissaires,  en  recquerir 
acte  pour  icetle  estre  receue  et  insérée  au  papier  et  livre  de 
la  Reformation,  des  maisons,  terres,  fiefTs  et  herittages 
mouvants  de  sa  dicte  Maieste  sous  ledict  domaine  de 
Quimper  Corentin.  Ainsi  voullu,  promis,  juge,  grée, 
renonce,  condampne,  faict  et  rapporte  au  tablier  de  Cordon, 
nottaire  royal  sous  le  sign  dudict  sieur  Beurier  et  les 
nostres.  Ce  jour  second  aoust  mil  six  cents  quatre  vingts 
appres  midi. 

Ainsy  signé  :  Louis  Lebeurier  et  Yves  de  la  garde 
nottaire  royal  et  nous  François  Cordon  nottaire  royal 
registrateur 

CoUationné  à  l'original  par  moi  commis  greffier  de  la 
Heformation  soussignés. 

Signé  :  Boisquet. 

La  déclaration  qui  précède,  et  qui  est,  je  crois,  inédite, 
mentionne  des  détails  peu  connus  sur  l'organisation  admi- 
nistrative de  la  ville  de  Quimper  au  17"  siècle.  En  la  pu- 
bliant, j'ai  pensé  qu'elle  pourrait  servir  de  point  de  départ  à 
de  nouvelles  recherches  à  faire  dans  les  archives  de  cette 
ville. 

VILLIERS  DU  TERRAGE. 
Kerminlhy,  en  Bosporden,  Mara  ISStt. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


UNE  MONTRE  A  SAINT-HENAN 

««   Août  t»S1. 


En  1557,  les  Espagnols  et  surtout  les  Anglais  menaçaient  les 
côtes  de  Bretagne.  Le  18  avril  M.  de  Bouille  prévenait  le  duc 
d'Etampes  qu'une  grosse  armée  de  mer  était  prête  en  Angle- 
terre avec  des  vaisseaux  plats  et  tout  ce  qu'il  fallait  pour  faire 
une  descente  sur  les  côtes  normandes  et  bretonnes:  Sainl- 
Malo  notamment  était  très  menacé.  Le  26  mai  il  lui  faisait 
part  de  ses  craintes  pour  Brest  (1).  Ce  fut  au  Conqnet  qu'un 
an  plus  tard  se  porta  l'effort  des  Anglais  Une  enquête  publiée 
par  Dom  Morice  révèle  quels  affreux  ravages  ils  exercèrent 
dans  la  ville  et  les  campagnes  voisines;  leur  occupation, 
cependant,  fut  de  peu  de  durée  ;  Tanguy  du  Chatel,  sieur  de 
Kersymon,  gouverneur  de  Brest,  à  la  télé  de  gentilshommes 
et  d'Iiommes  de  troupe  rassemblés  dans  les  évéchés  voisins 
tailla  en  pièce  l'arrière-garde  et  força  toute  l'armée  à  se 
rembarquer.  Le  rassemblement  de  troupes  considérables  et 
bien  armées  sous  le  commandement  du  sieur  de  Kersymon 
était  dû  sans  doute  aux  mesures  qui  avaient  été  prises  depuis 
plusieurs  ann^s  pour  la  défense  du  littoral  et  surtout  à  l'or- 
donnauce  de  Henri  II  qui  réglementait  la  convocation  du  ban 
et  de  l'arrière-ban  (2  mai  1357). 

La  montre  tenue  à  Saint-Renan  le  24  août  1557,  que  nous 
publions,  fut-elle  passée  à  l'occasion  d'une  première  apparition 
des  Anglais?  Le  fut-elle  en  exécution  des  ordonnances  géné- 
rales du  Roi?  Nous  l'ignorons;  quoi  qu'il  en  soit,les33  hommes 
d'armes  et  les  281  archers,  qui  y  ligurèrent,  durent  se  trouver 
au  premier  rang  parmi  les  Bretons  qui  un  an  plus  tard  re- 

(t)  Voyeî  D.  Morice,  Pituva,  T.  IV. 


Dgilir^hyGOOglC 


—  95  — 

poussèrent  l'invasion  anglaise,  A  ce  titre  leurs  noms  mërilént 
d'être  conservés. 

Ce  document  inédit  fait  partie  des  archives  de  la  famille  de 
Penmarc'b,  conservées  au  château  de  Kerézélec.eiiTréflevenez, 
par  M.  de  l'Estang  du  Rusquec,  arrière  petit-tils  de  la  sœur 
aînée  du  dernier  baron  de  Penmarc'h,  mort  sans  postérité  le 
23  février  1804.  Ce  rûie  avait  dû  être  dressé  par  les  soins  du 
porte-enseigne  Alain  de  Penmarc'h,  troisième  baron  du  nom, 
alors  âgé  de  33  ans 

Ce  manuscrit  de  huit  feuillets,  papier,  assez  bien  conservé, 
porte  ce  qui  suit  : 

Rolle  des  nobles  subgecLz  aux  bans  et  aryere  ban  de  lesveche 
de  Léon  esleuz  a  tenir  garnyson  en  la  ville  de  Saint-Renan 
sur  lesquels  est  capitaine  le  seigneur  de  Kersymon  (1|.  da 
XXIIir->  jour  datiguste  mil  Y'  L  Vil. 

HOMMES   u'aRMES. 

Le  S'  de  Penmarch,  porte  enseigne. 

Le  S'  de  Lesizeur  |2). 

Le  S'  de  Kei^roazec, 

Le  S'  de  Kergounadec  (3]. 

(I)  Du  Chatel,  seigneur  de  Kersymon.  Noua  doBDons  le  nom  patrony- 
mique des  UoDinies  d'armes  qui  flguT«nl  dans  la  montre  sous  des  Tioms  de 
seigneuries  d'après  les  tilre«  des  archiTes  de  l>enmarc'(i,  l'armorlal  de 
Potier  de  Courcy,  etc. 

(î)  Jehan  de  Guioaznou,  S'  de  l*sii!eur,  oncle  d'Alain,  S'  de  Penraarc'li, 
portt  enseigne,  et  beau-père  1*  de  (iristolle  Gwion  fou  Gourioj,  S'  du 
Rouaïle.  2"  de  Noël  de  Kerguen,  sieur  dudii  lieu,  qui  figurenl  à  la  pré- 
sente montre  (prouvé  par  le  décret  de  mariage  conclu  entre  Framois 
Barbier,  sieur  de  Kerchoent,  fils  de  Louis,  sieur  de  Kerjehan,  et  Gullle- 
mette  de  Penmarc'b,  lille  d'Alain  et  de  Frau^oise  du  Parc,  l5Gâ-1564). 

(3)  M.  de  Courcy,  qui  avait  examiné  notre  document,  supposait  que  le 
S'  de  Kergounadec  était  Olivier  de  Coetquelven,  chevalier  de  l'ordre  en 
1532,  père  de  Jeanne  de  Kergounadec,  mariée  en  1530  à  Alain  de  Ker- 
coent  et  grand-père  d'Olivier  de  Kercoent,  chevalier  de  l'ordre  en  1557. 
Mats  le  sieur  de  tloetqnelven,  âgé  d'environ  77  ans,  était  trop  âgé 
pour  aller  a  la  guerre  en  1^7  :  il  s'agit  fort  probablement  de  son  gendre 
Alain  de  Kercoent,  sieur  de  Kergournadech,  mentionné  dans  le  décret  de 
mariage  précité  comme  étant  âgé  à  son  dire  de  50  ans. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Le  S'  de  Bresal. 

Le  S' de  Coetdelez  [i]. 

Le  S' de  LesquiHyou  (â). 

Le  S'  de  Measiean  (3). 

Le  S'deKerlech. 

Le  S'  de  Keryber  (4}. 

Le  S''  de  Kerguadiou. 

Le  Sf  de  Kersausen. 

Le  Sf  de  Kergoat. 

LeSr  de  Kerlean. 

Le  S' de  Ttionsilit  (">.. 

Le  Sr  de  KerouUas. 

Le  S'  de  Kergoft  (6). 

Le  S' de  Kerjehan  (7). 

Le  S' de  Penhoadie. 

Le  SfdeKerbicIS). 

Le  Sr  de  Kernechquerauit  (9). 

Le  S'  de  KerozaI  (10). 

Le  S''  de  Kerlozrec. 

Le  S'  du  Poulpry. 

Le  S'  de  Kerlyfyry. 

(1)  U  Ny. 

(2)'  M.  du  Cour«j  proposait  :  FraBfois  Kerguennee,  S*  de  Lesqaliloa. 
HaU  dons  son  nobiliaire  od  lil  (1"  éd.,  p.  319),  V*  Kei^ennec  ;  la 
branche  de  LesquiHyou  s'est  loodue  t>«r«  1540  dans  Le  Borgne. 

(3)  RIvoaten, 

(4)  RaDDoa. 

(5)  De  Kerlech,  S'  de  Tuonsîllt.  La  vicomte  de  Tuonsilll  qui,  apparlenall 
aux  Tonrnemine,  passa  aux  Kerlech  avanl  1534. 

(6)  Dérien. 
(Ti  Baitier. 
(8,  Auffroï- 

(U)  On  lit  dans  le  nobiliaire  de  H.  de  Courcy,  V  Crechqueraolt  : 
I  La  branche  ainée  loodue  en  1490  dans  Kerchoeoi  >.  Od  doit  donc  dire.... 
de  Kercoent  S'  de  Crechqueraull.  Le  litre  de  S'  de  IJrechqueraQil  se 
retrouve  dès  le  XVi'  sijvie  dans  la  branche  Kerhoent,  S'  du  Kerlan,  par. 
de  Saint-Thégonnce,  et  du  Squiriou,  par.  de  Brasparls. 

(10)  Lampîr. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Le  S'' de  Hanorgat  (1). 

Le  S' de  Kermoruz  (2). 

Le  S^de  Rambloch. 

Le  S' du  Rouazie  de  Cornoaille  (3). 

Le  S''  du  Houazie  de  Léon  (4). 

Le  S'  de  Kerantuon  |5'. 

Le  S' de  Kei^uen. 

Le  Si^  dti  Quenquis  présent  nionté  et  armé  a  deux  chevauk 

auquel  est  injoinct  fair  homme  d'armes  a  pajne  de  la 

saisie. 

AHCHIBHS. 

La  paroisne  de  Placonoelen. 
Guyomarche  le  VeyerS'  dePoulconcq. 
Guillaume  Mol,  S''  de  Hochdurant. 
Le  myneur  de  Malhurin  Mycliel. 
AraauUleDeauguer. 
Sébastien  Ponclin. 
François  BreDdegiie. 
Yvon  Kernaloux. 
Phelippe  Kerbryent. 
Mahe  le  Drenec  S'  de  Kerouzian. 
YvoQ  Riou  S'  de  Kermenec. 
Sébastien  Kerouarti. 
Robert  Boble. 
Jehan  le  Roux. 

Christofle  le  Gac  tenant  fye  noble. 
Lheritier  Guillaume  Goutechaven  tenant  fye  noble. 
Lucas  Kerouïian  tenant  fye  noble. 
Jacques  le  Barbu  tenant  fye  noble. 

(1)  Le  Moyoe. 
{i)  Peafentenyo. 
<3)  (Joetnempren. 
(4,  Uoutio. 
C5;  Kerouiéré. 
BULLBTIN  ARGHtOL.  DU  FlKlSTtBX.—  TOHB  XXV.  (HéraOireS).      7 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Le  myneur  de  Kermorvan. 
Guillaume  Mol,  S^  de  Kerjehan. 

Le  Sf  de  Kervynygan  |1}. 
Olivier  le  Dymoyne. 

Plœmogiier. 
Hervé  Portzmogner  S'  dudit  lieu. 
Goulhen  Lancelin  S'  de  Coetgarlz. 
Arnaull  Meastruz  S' de  Pouldu. 
Le  myneur  de  Keranguen. 
Bernard  Porizmoguer. 
Robert  Kersangily. 
Olivier  Coelnempren. 
CbrJstofle  Kergolleau. 
Guillaume  Kerannou. 
François  Kersulguen. 
François  Bernard  tenanl  fye  noble. 

Plœsane, 
Le  Sf  de  Poncilin. 
Jehan  Touronce  S' de  Coetmanach. 
François  Kergadiou  S''  de  Tuonabiban. 
Le  S'' de  Kerredec,  senechal  de  Brest  et  SainlHenan 
Hervé  du  Halegoet. 
Jehan  le  Roux. 
Yvonle  Tremen. 
Hamon  Corpel. 

Le  myneur  de  Olivier  Le  Heder. 
Jeban  Labbé. 
Guyomarcb  Jouhan. 
Robert  le  Run  tenant  fye  noble. 

(I)  llAlland. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  n  — 

Saincl-Henan. 
LeS''dePenanl)i)ecli  (1). 
François  Kermeallec. 
Guillaume  de  Saint-Do. 
L'héritier  Martin  le  Briz. 
L'héritier  de  Berlranne  Trehastel. 

Hytisac. 
Le  S'  du  Curu  [2]. 
Le  S'  de  Tresleon. 
Nycholas  Morvan  tenant  fye  noble. 

Quitbignori.   ' 
Mathurin  le  Rodellec. 

Ouiller. 
Henry  du  Val  S'  de  Penanticou, 

Plœrin. 
Jehan  Kermenou  S'  dudii  lieu. 
Yvon  Kerengar  S' dudit  lieu. 
Jehan  Kei^uadtou. 
Prigent  Kermenou. 
Jehan  Kerantlech. 
Le  S^de  Measdon  (3). 
François  le  Veyer. 
Guillaume  Kermeydic. 
Fyacre  le  Marec. 
Prigenl  Bohic. 
Guyon  Aultred. 

^  lanryoare.  ■ 

Jehan  Heussaiï. 

(I)  Dans  one  moatre  passée  en  \'aH  lli;jr<:  Gabriel  Jouhan,  S'  de 
Peaanec'h.  Mais  an  1)1  dans  Gourcy  c  Kernezoe  ;de)..  .'  S'  de  Peoanecli, 
par.  de  liai n[- Renan....  Jean  de  Keriiezne  épouse  vers  I5J6,  Marie  Jouhan, 
danw  de  E^nanecli.  >  C'esl  donc  probablement  an  Kernezne.  H'  de  Penanecli, 
qui  ligure  dans  notre  montre. 

(i)  De  EEerDezne. 

(3)  Jehan  Kerbescat  (moatre  de  tMi). 


n,g,t,7.cb,G00glc' 


-  *p«  - 

Pfcedi^mezeu. 
Le  S'  de  Keruzanan  (1). 
Olivier  Kerleeb  S^  de  Kerouanec 
Tanguy  de  St-Geznou. 
François  Lescazval. 
Bernard  Keruznou. 
Guillaume  le  Roz. 
Pierre  Lescazval. 
François  le  Goezoïi. 
Hervé  Millon. 

t.ampaulPi(Bdalmezeu. 
Le  S^  de  Reeeznou. 
Mychel  Teven. 

PUegiien. 
Le  S' de  Pencarvan  (2). 
Le  S' du  Bourch  (3). 
Hervé  Pezron. 

Sainct-Gouesnoa. 
Le  Sf  de  Kergroaz  (4). 
Le  niyneur  de  Jehan  Denys. 

Plœyron. 
LeS-'deKerbrederlS). 
Le  S'  de  Kerbeoch  (6). 
Maistre  Yves  Meudec. 
Yvon  Poulmic. 

Plœbennfr. 
Le  S'  de  Lanoster  lieutenant  de  Brest  et  St-Renan. 
Yvon  Fauc. 

(I)  Claude  [>i1f!aen  | montre  de  ITM), 

(i)  Hervé  le  Gall  (ibld). 

(3)  Lesven  ou  Lesgucn. 

(J)  Gouzillon. 

(5)  SalDl  Gouesnou. 

,6)  Mnlhéiou. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Yvon  leTarquel. 
Jacques  Boudic. 

tu  Forest. 
Le  S'  de  Measgral  (1). 

Lannytifs 
LeS'de  Kerouartz. 
Le  S'  de  Rascol  (2). 
Le  S'  de  Kerbabu  (3). 
Le  S'  de  Bergoel  (4). 
Anthoine  Campir. 
Jeban  ûuillou. 
Olivier  Audren. 
Maistre  Nycholas  Audren. 
Malstre  Yves  Touronce. 
L'heritiere  Vincent  Matliezou. 
François  Selveslre. 
L'héritière  Hervé  Keranrays. 

Landeda. 
Le  Sr  de  Tuomenec  (5]. 
L'heritiere  de  Maistre  François  Trevey 
L'héritier  de  Anthoine  Matezou. 
Jehan  Keranrays. 
Yvon  Audren. 
Guillaume  Kerouartz. 

PltBkerneau. 
Le  S'  de  Kerodern  (6). 
Le  Sf  de  Lesmeal  17), 
Le  S'  de  Lancelin, 
Le  Sr  de  Kei^ozquen. 

(1)  Celte  tanilte  a'eat  fondue  dans  PenfenUnvo  —  peul-être  avant  IHDT 
[î)  Keraldanel. 
Ci]  Bellingant. 

(4)  De  Bergoet  S'  dadil  liea  oa  de  KerouarU  S'  de  Bergoel. 

(5)  tiuillaume  Simon  {moDlre  de  1538). 

(6)  U  Noblelz. 

(7)  Prigent  Manéas. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  102  - 

Olivier  Parscau- 
Hervé  Fabert. 
Jehan  Marec. 
Gilles  Mazeas. 
Yvon  Tanguy. 
Maistre  Yves  Bilianjc. 
Tanguy  Abalan. 

Tremenech 
Olivier  Pascau  S'  de  Menan. 
Yvon  Locrenan. 

Plœyder. 
Le  S'  de  la  Bouxiere. 
Jehan  KergolT  S'  de  Penanlan. 
Jehan  le  Veyer. 
Yvon  de  Launay. 
Jehan  de  la  Veille  Vigne  (1). 
François  Lestevén. 
Tanguy  Tremasan. 
Robert  Mil  Ion. 
François  Gahart. 

(ioulhen  et  Treffks. 
Hervé  Coelhuon  (2). 
Olivier  de  la  Fosse  (3). 

PîouenoH  Strearlz. 
Olivier  Kerbiquet  S-"  de  Langonneau. 
Yvon  Manacli. 
Goulhen  Kerniillyau. 
Guillaume  Godec  tenant  tye  noble. 
lieHouan. 
Gabriel  Kersanguily  S'  de  Kerenes. 
Ëven  le  BaillilT. 

{1}  JehSD  Henr^, 
(î)  Hervé  David. 
(3)  De  la  Fosse,  sieur  dudil  lieu. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  i03  — 

Jeban  Kerouïere. 
Yvon  Denys. 
Benoyst  Le  Gual. 

Ploesynif  et  Sainct  Fregan 
Hervé  Le  Meascan. 
Cbristolle  Manyou. 
Rolland  du  Treffou. 
Yvon  Laurans. 
Valenlin  Millon. 

Hoedenyel 
Maislre  Jehan  le  Jar. 
Yvon  Kerdanyel. 
Benoyst  Maiieas. 
MahéMaczon. 
Gabriel  le  Jeune. 

Laurans  Berttiou  tenant  fye  noble. 
Guillaume  Bertou. 
Yvon  filz  Jacques  Raoul. 

Pbekerneau. 
Jeban  Kercozen. 

Tregarantec. 
François  Trevey. 

Kernouez. 
Le  S' de  Keranmeai  procureur  de  Brest  et  Saint-Renan 

Lesneven. 
Maistre  Tanguy  le  Melenec. 
Sébastien  le  Ros. 

Kernylys. 
Jeban  Kei^uen  (?). 

FAestre-:. 
Jeban  Duboys. 

Sainct  Siartin. 
Jehan' le  Borgne. 
Moricze  KerreU 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  t»i  - 

Pierre  le  Jeune. 
Tehan  Forget 
François  a  Noblet. 

TauUe 
Le  S'  de  la  MoLte  de  Taulle  (1). 
Gilles  le  Noyr. 
Guillaume  Guycaznou. 
Guillaume  Marée. 
Yvon  an  Helyas. 
Yves  de  la  Moite. 
Fyacre  Gueguen. 
Aullroy  Bygodou. 
Olivier  Mahé. 
Thomas  Plesournou. 
Yvon  Perrol. 

L'héritier  de  Yvon  Keraudy. 
Phelippe  Perrol. 
Yvon  le  Gouezou. 
Jehan  Nycholas  S''  de  Kerrautt. 
Aultre  Jehan  Nycholas. 
Loys  Collotin. 
Malslre  Jehan  le  Gaiieer. 
Charles  Coetquelven. 

Ploegber  S'  Egonnec. 
Jacques  de  la  Bouexière- 

Pioegoulm. 
Le  S'  de  Kerdenez. 
Jehan  de  Launay. 
Maistre  Jehan  le  Garo. 
François  Silguy. 
François  Helleau. 

I)  De  la  Molle,  sieur  dudil  lieu..,    rnndu  en  ir<<in  rtans  le  Ihircne  de 
squifflou  ■.  (Coureï,  tome  II.  p.  30B.| 


,y  Google 


-  105  ^ 

Sibiril. 
Guillaume  Kerozven. 

l'ioemorn 
LeSf  de  Keruzorel  (1|. 
MarcTuonhyrin. 

Hervé  Guermenguy.  ' 

Jacques  AulTret. 
Germain  Coetangars. 
Jehan  Coetangars. 
Maistre  Laurans  de  May. 
Hervé  Gahart. 
Yves  Kerouziach. 

Ploelan. 
Yvon  Nedelec. 
Le  S^  de  Lesarzien  (2). 
François  Kerouziil  S'  du  Coz  Kerou. 

Ploeneourest. 
L'herilière  de  Olivier  Cleheuc. 

l'iouenan. 
L'herilier  de  François  Kersausen. 
Le  S'' de  Lesploenan. 
Jacques  le  Senechal. 
Jehan  Kersauson,  a  présent  son  héritier. 
Fyacre  de  ia  Haye. 
Hamon  Guyomarch. 

Plouevede. 
Le  S''  du  Band. 

L'héritier  de  M«  Olivier  Guernysac. 
Jehan  Boutouillez  Sr  de  Kernoez 
Pierre  an  Hay  et  Marie  de  la  Korest  sa  mère, 

(1)  Le  Borgne. 

(ji  Le  Sénéchal,  La  branche  de  Lézérazien  se  fondit  dans  la  famille  de 
KerouarU  à  une  époque  probablement  poslévieiire  i*  ISr.7, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  los  — 

Treflauenan. 
François  Fouern  (?). 
Jehan  Coelnempren. 
Jehan  Coelangariz. 
Yvon  Coelnempren. 

Cleder 
Le  S'  de  Tuonjoly. 
Bernard  Peun(eunlenyou. 
L'heritiere  de  Jehan  Autlroy. 
François  Cozic. 

Hervé  Cadoux  tenant  fye  noble. 
Guillaume  Rosec  tenant  fye  noble. 

Ploezcut. 
Jehan  Kerscau. 
Le  Sr  de  S»  George. 
Yves  Kerbiguet. 
Le  S'  de  Lesmealchen. 
Maudet  Lambert. 
Dyder  Lesellec. 
Jehan  Cremeur. 
Yvon  Castel. 

Sainet  Yougay. 
Nycholaî  Josom. 

Lankouameau, 
Pierre  Bresal. 

Tanguy  Keronez  S''  de  Tuonfagan. 
Hervé  le  Fertz. 

<:uimiUyau. 
Le  S'  de  Penhoatuon. 
Tanguy  Kerouziil. 
Jeban  Guezenec. 
Jehan  Kersulguen. 

Comniaiia, 
Olivier  de  la  Bouxiere  S'  de  Keravel- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Suzun. 
François  le  Senechal  Lestremeral. 
Ploedyry. 
L'herilfir  de  Olivier  Guernysac  tenant  fye  noble. 

Ploezcat. 
Guillaume  Bresal. 
Hervé  Kerdenyei. 
Hervé  Bosec  tenant  fye  noble. 
L'héritier  de  Jehan  Guydon. 

Phetievez. 
Tanguy  Casielfeur. 
Le  filz  de  Tanguy  le  Veyer. 
François  Bihan  S'  de  Kerhellon. 
Les  héritiers  de  Goulhen  le  Maucazre. 
Christofle  TrelTmaugon. 
Yvon  Keryven. 
Hervé  Kerantlech. 
Guillaume  le  Lyourzou. 

Le  .Vynykif 
Le  sieur  de  Kereneec  (1). 
Maistre  Jeban  Kerennellen. 
Hervé  Ha  mon 
Hervé  Kerredan. 
Jehan  Kersausen. 

Hamon  Kerret,  a  présent  Gervays  Rochuel. 
Maistre  Guillaume  Kersangily. 
Le  sieur  de  Keranprat. 
Jean  Dencull  S' de  Praguyc. 
Jehan  Phelipes. 
Christian  Coelanlem. 
Hamon  Kerredan. 

{I)  ProbaUement  de  Kerscau  sieur  de  Kerenec 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  40«  — 

Maudet  du  Bot. 

Yves  Keranminou. 

François  le  Mercier. 

Hervé  Keronyant. 

Hervé  Kerredan. 

Le  liis  de  M*  Nyeholas  Kerhoant. 

François  Barvau. 

Alain  Thepaull  tenant  fye  noble. 

Jehan  )e  Gouezou. 

Llieritier  Guillaume  Denys. 

Gabriel  Syohan  tenant  fye  noble. 

Jeban  Syohan  tenant  fye  noble. 

BOURDE  DE  LA  ROGERIE. 


n,g,i,..cb,.G00glc 


VIEUX  PAPIERS 


Note  sur  la  chapelle  de  Bonne-Nouvelle,  en  Plonéour-Uanvern 


/.  Messire  Alain  Le  Goff. 

La  paroisse  de  Plonéour  possédait  trois  chapelles: 
Languivoa  (Languyvouez),  Bonne-Nouvelle  {ou  Saint-Julien 
le  Passeur)  el  Kernaeizan.  Sur  les  registres  des  baptêmes, 
mariages  el  sépultures,  les  prêtres  attachés  à  la  paroisse 
prennent  parfois  la  qualiflcation  de  chapelains  mais  sans 
spécifier  le  nom  des  chapelles  qu'ils  desservent.  En  1630,  nous 
trouvons  les  signatures  de  François  Le  ûoll  et  de  Guillaume 
Autret,  en  1632  celle  de  Jacques  Kerlaouénan,  en  1640,  celle  de 
Malhias  Seneschal,  suivies  du  titre  de  Chapelains  de  Plnnéour. 
Une  liste  dressée  récemment  (1j,  avec  une  patience  fort  louable, 
des  curés  el  chapelains  de  cette  paroisse,  doit  être  incomplète 
puisque  nous  n'y  trouvons  nulle  mention  de  trois  titulaires  de 
Bonne-Nouvelle  dont  nous  parlons  plus  bas. 

En  1659,  Messire  Alain  Le  Goff,  recteur  de  Plouhinec,  avait 
la  jouissance  et  bénétice  de  la  chapellenie  de  Saint-Julien, 
autrement  dit  Bonne-Nouvelle  :  en  novembre  de  cette  année, 
il  eut  à  remplir  les  formalités  de  bannies  et  d'adjudication  pour 
la  reconstruction  et  réparation  de  deux  maisons  dépendant  de 
la  chapelle  et  servant  de  logis  au  chapelain.  Nous  donnons  ici 
cettepiécequi,  outre  quelques  indications  personnelles,  montre 
ce  qu'étaient  les  formalités  d'adjudication  à  cette  époque, 
c'est-à-dire,  à  peu  de  chose  près,  ce  qu'elles  sont  aujourd'hui. 

(I)  Cet  élal  des  praires  de  Plonéour-Lanvern  rux  dinèreotes  époques  se 
trouve  dans  la  sacristie  de  cette  paroisse. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  HO  - 

«  Judiciellement  En  Laudience  de  la  Cour  et  Siège  prési- 
•  dial  à  Quimpt>r-Coranlin  a  Esté  de  La  pari  de  Maistre 
n  Pierre  David  procureur  de  messire  Alain  Le  GolT  preslre 
«  recteur  de  Ptozinec  et  Chapellaîn  de  Sainct  Jullien  en  la 
((  paroisse  de  Plonéour  autrement  Bonne  Nouvelle  présent  en 
((  personne  partant  par  M^-.  ..  advocat  Remontré  avoir  par 
fi  le  ministère  de  Maistre  René  Lahuec  buissier  faict  bannir 
i<  par  troys  jours  de  Dimanche  consécutifs  et  sans  Intervallf 
H  à  lissue  des  grands  messes  dictes  et  célébrées  au  Bourg 
i(  paroissial  de  Plonéour  le  Dimanche  second  aoustel  quin- 
[(  ziesme  jour  de  novembre  mil  six  cent  cinquante  et  neujT  et 
«  encore  le  Jeudy  dixneufliesme  dud.  moys  Icelluy  Lahuec 
I  huissier  auroit  repetté  lesd.  bannyes  par  la  Ville  du  Pont 
(  au  plus  fort  du  marché  qui  s'y  tenoit  lequel  jour  après  le 
(  bat  du  tambour  Et  atlin  que  personne  peut  prélandre 
I  ignorance  Iceluy  Lahuec  avoit  laisser  copie  par  aflixe  du 
i  procès-verbal  desd.  bannyes  au  portai  prin""  Entrée 
I  de  laq.  Eglise  de  Plonéour  que  au  pillier  et  bout  méri- 
.1  dional  de  la  halle  de  laq.  ville  du  Pont  et  donne  assi- 

<  gnation  à  tous  ceux  qui  voudront  Entreprendre  de  rebbatir 
I  les  maisons  ruinées  despendant  delad.  Chapellenie  tant 

<  des  murailles  boissages  que  couverture  de  rozeau  It^eable 

<  pour  le  cbapellain  Tel  qu'ils  ont  Estes  cy  devant  l'Une 

<  sitluée  prosche  delad.  Eglise  Et  l'autre  au  village  de 
1  Kerve.  en  ladite  paroisse  de  Plonéour  Le  Tout  au  diverct 
1  et    hûnnorables    Gentz    Arzel    Arhan,    Marguerite    Le 

(  BIlt  (?)  veuve  de  deflunct Cognus  et  Consanty  qu'ils 

»  Eussent  à  se  trouver  ce  jour  en  ceste  audience  ou  lesquelles 
i  Réparations  seront  adjugés  à  Estaincle  de  chandelle  au  plus 
(  ollranl  et  dernier  Enchérisseur  à  la  charge  à  Ladjudicataire 

<  ou  à  Ladjudicatrize  de  trouver  lesq.  maisonnages  linyes 

<  dans  trois  moys  après  laq.  adjudication  El  de  fournir  les 
(  mattériaux  requis  pour  ce  faire.  Et  pour  la  vériflicatioo  de 
t  sa  d°.  remontrance  leq.  David  aud.  nom  a  requis  la  Lecture 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


«  Estre  faicte  du  proeès-verbal  desq.  bannyes  Ce  qui  faict  a 
«  Esté  à  haut»  el  Inlelligible  voix.  Après  laquelle  lecture 
«  laicte  et  iinyes  a  Esté  le  serment  prinsdud.  Labuec,  huissier 
«  présent  en  personne  après  lui  avoir  faict  lever  la  main  et 
«  affirmé  avoir  faict  lesd.  bannyes  aux  jours,  lieux  et  Temps 
w  y  raportées  par  son  procès-verbal  de  bannyes.  Et  présent 
((  connu  avoir  esté  assisté  à  ce  faire  par  Jean  Daoulas  et 
«  Oliivier  Fraval  ses  Thesmoings  et  Records  lesquels  aussy 
K  présantz  en  leurs  personnes  Et  de  tceux  pareillem'  Leurs 
(1  serments  prins  après  avoir  faict  lever  leur  main  ont  diet  et 
(I  attestent  avoir  Estes  p""  el  assistans  leq.  Lahuec  huis- 
M  sier  à  Le  voir  f™  lesq.  bannyes  aux  jours  lieux  El  temps 
"  raporté  par  led  procès  Verbal  des  bannyes.  De  Toutquoy 
u  a  Esté  acte  dénoncé  Et  faict  demander  par  led.  Lahuec  qui 
fl  voudroit  Entreprendre  de  faire  lesd.  Réparations  Età  ceste 
«  fin  requérant  led.  David  avec  nous.  La  chandelle  allumée 
«  M'a  Jacques  Le  Stancg  a  faict  oflre  de  fair  faire  lesd.  répa- 
«  rations  pour  la  somme  de  neuf!  centz  livres  lad.  chandelle 
H  Estaincte  et  une  seconde  fois  réalumée  laq.  estaincle  sans 
«  aucune  offre  Et  une  troisiesme  réalumée  M"  Guill»  Ker- 
«  gaouen  a  faict  olïre  pour  buicts  centz  cinq"  livres,  Led. 
«  Le  Stang  pour  huict  centz  trente  livres,  laq.  chandelle 
«  Estaincle  Et  une  Quatriesme  réalumée  en  l'endr'  ledit 
Il  David  a  sommé  M^e  Nicolas  Le  Gac  procureur  desd.  Et 
Il  Leur  Consort  de  faire  Vall'  Lesq.  Réparations  De  quoy 
Il  a  Esté  El  pareill  acte  desnoncé  led.  Keryaouen  a  otlerl 
(  pour  la  somme  de  huict  centz  livras  lad.  chandelle  encore 
«  Estaincle  et  fcelle  pour  la  Cinquiesme  foys  réalumée  led. 
«  Le  Stang  a  offert  de  faire  lesd.  réparations  pour  la  somme 
<i  de  sept  cenlz  cinq"  livres  lad.  chandelle  pareillement  Es- 
(I  taincle  eticelle  pour  la  sixiesme  et  dernière  foys  réalumée 
(I  ledit  Keryaouen  a  oITert  de  faire  faire  lesd.  réparations  pour 
H  sept  centz  livres  sur  quoy  lad.  chandelle  Estaincte  sans  offre 
u  de  diminution,  en  conséquence  a  Esté  la  ferme  et  marché 


n,g,t,7.cbyGOOglC  


H  (le  faire  (aire  lesd.  réparations  adjugés  aud.  Keryaouen 
(I  pour  lad.  somme  de  Sept  centz  livres  Thournois  aux  mesmes 
i(  poincts  el  condilioos  que  par  les  bannyes  cydessus  spé- 
II  ciftiées,  faicl  et  expédiée  comme  dessus  en  Land"'  du  petit 
a  baieatt  de  la  cour  et  siège  présidial  de  Quimper  Corentin 
«  délivré  par  Mons'- le  Sénesctial  de  Cornouaille  el  Premier 
Il  Magistrat  au  t^iège  présantz  Messieurs  Les  Gentz  du  Roy 
H  dud.  Si^e,  le  Mercredy  vingt  et  neulBesme  jourde  novembre 
«  mil  six  centz  cinquante  et  neufl. 

Il  Signé  :  P.  Mercier,  Greffier.  » 

Le  30  Juin  1661,  Alain  Le  GofI,  résidant  ordinairement  au 
manoir  de  Lescongar,  en  Plouhinec,  faisait  un  contrat  d'acquêt 
avec  Jacques  Rochédou  ou  Roquédou,  sa  femme  et  consorts, 
d'héritages  écbus  aux  Billiec  de  la  succession  de  feu  Nicolas 
Billiec  el  de  Marguerite  Le  Follic,  soit  une  moitié  entière  du 
village  de  Keradennec  profité  par  Henri  Le  Ve[[y,plus  Keristin 
et  Kerbiquet,  pour  et  moyennant  la  somme  de  404  livres.  Ces 
terres  étaient  aux  issues  de  Lescongar  el  sous  le  prochain 
voisinage  du  logis  de  Messire  Le  Golf,  qui  avait  trouvé  l'oc- 
casion favorable  el  se  trouvait  en  possession  d'une  somme 
asseï^  considérable,  comme  l'exprime  une  des  clauses  du 
contrat-  «  Ledit  S'  Recteur  de  Plozinec,  chapelain  de  lad" 
(I  Eglise  de  Saint  Jullien,  déclare  faire  (cest  aquesti  des  der- 
u  niers  de  la  d»  Cbapalainie  a  eileescheus  et adveneus  pour  les 
«  causes  que  porte  le  transapt  du  douztesme  jour  d'avril  mil 
Il  fix  Centz  Suivante  Gr^  et  passé  entre  lui  et  Pierre  Cozic, 
«  mari  et  procureur  des  ;droits  de  Françoise  Arcban  sa 
«  femme.  »  Le  11  Juillet  suivant,  Messire  Vincent  Le  Coz, 
Recteur  de  Beuzec-Cap-Caval  se  portant  procureur  pour  Mes- 
sire Alain  Le  Goff,  prenait  possession  ;  le  24  novembre  M' 
Pierre  Lintier,  Receveur  du  Marquis  de  Mollae,  k  Pont-Croix, 
acquittait  «  M''  de  Plozynec  »  de  la  somme  de  30  livres  tour- 
nois pour  les  droits  dus  au  Marquisat  et  le  13  Janvier  1663, 


.yGoogIc 


—  H3  — 

chez  M'  Jean  Canévet,  au  bourg  de  Poulgoazec,  Alain  Le 
Golï  eRecLuait  le  paiement  entre  les  mains  des  vendeurs. 
Mais  il  ne  devait  pas  jouir  longtemps  de  cet  achat,  puisque 
cette  môme  année  t6C2,  il  quittait  Lescongar,  Plouhiaec, 
Bonne- Nouvelle,  ce  bas-monde,  en  un  mol,  après  une  existence 
bien  remplie. 

Sa  chapellenie  de  Plonéour  portail  deux  vocables:  Saint- 
Julien  etN.-D.  de  Bonne-Nouvelle;  dans  la  paroisse  qu'il 
gouvernail,  dans  l'agglomération  importante  de  Poulgoazec,  . 
il  retrouvait  une  chapelle,  aussi  sous  le  nom  de  Saint-Julien 
et  portant  un  second  vocable  :  celui  de  Hon  secours  «  Itron 
«  Varia  a  Zikourmad.  »  N'esl-ee  pas  lui  qui  aurait  pris 
l'initiative  d'associer,  là  aussi,  le  culte  delà  Mère  de  Dieu 
à  la  dévotion  à  saint  Julien  le  Passeur,  en  souvenir  de  sa 
chapelle  de  Plonéour?  Les  dates  permettent  de  le  supposer. 
2.  ilessire  René  Gautier. 

Décès  étant  survenu  à  vénérable  et  discret  Messire  Alain 
Le  Goft,  il  fallut  songer  à  lui  donner  un  successeur,  et  comme 
la  présentation,  à  titre  de  fondateurs,  appartenait  à  la  sei- 
gneurie de  Lescoulouarn,  Nicolas  de  Gouandour  et  son  fils 
choisirent  un  prêtre  du  diocèse  de  Vannes,  déjà  chapelain  de 
Saint-Adrien  ou  des  J/on'ons, chapelle  située  en  la  rue  de  Briec, 
aux  faubourgs  de  Quimper.  A  cet  effet,  on  dut  recourir  à  trois 
formalités  dont  nous  fournissons  ici  les  procès-verbaux  : 
présentation  par  les  seigneurs,  nomination  par  le  chapitre, 
installation  par  notaires. 

—  1.  ((  Ce  jour  saiziesme  octobre  mil  six  centz  soixante  et 
c  deux,  avant  midy,  devant  nous  no''<"dela  seiiescliausséede 
«  Quimper""  jur''"  des  regaires  de  Corn""'  avecque  debues 
B  soubmizon  y  jurée  ont  comparus  en  leurs  personnes  Messire 
8  Nicolas  de  Gouandour,  chevallier  seigneur  de  Kerorantin, 
«  Lesnarvor,  Marc'halac'h  et  autres  lieux,  et  Messire  Paul 
«  Gorgon  de  Gouandour,  baron  de  Lescoulouarn,  Plobanalec, 
BcLLKTis  AacaâoL.  DU  FisiSTÈQE.—  Io»B  XXV.  (M(!motres).     8 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


«  Cognas  et  aulres  lieux  estants  à  presant  en  ceste  ville  de 
H  Quimper""  lesquels  seigneur  de  Kerorantin  et  seigneur  de 
(I  Lescoulouarn  son  filz  aisné  principal  héritier  et  noble,  ayant 
«  Eu  advis  du  debcez  arrivé  à  deffuncl  vénérable  et  discret 
«  Mi'^  Allain  Le  GoR,  pb"^  et  recteur  de  Plozinec,  chappelain 
H  delà  chappellenye  de  Sainct-Jullien  autrem^  Bonnes-Nou- 
«  velles  Desservie  dans'  la  chapelle  de  Sainct-Jullien  en  la 
(1  parroisse  de  Plounéour,  ils  ont  droità  cause  de  ladicte  terre' 
«  elseigneuryc  de  Lescoulouarn  de  nommer  un  autre  en  sa 
a  place  pour  desservir  lad"  chapelenye  et  considérant  la  bonne 
flvye  et  mœurs  de  vénérable  personne  Mi'^  Renne  Gaultier 
((  ph<'e  ils  lont  nommé  el  présanté  à  Messieurs  les  nobles  et 
«  vénérables  et  discrets  chanoines  elchapitredud.  Cornouai"" 
«  lesquels  ils  suplient  luy  octroyer  la  colla""  de  lad"  chappe- 
«  lenye  à  la  charge  de  faire  ou  faire  taire  le  service  porté  par 
«  la  fondation  et  pour  la  présante  nomina""  présenter  à  mesd. 
«  sieurs  du  chapitre  et  sur  icelle  présente  toutle  expédition 
((  requise  lesd.  seigneurs  de  Kerorantin  et  de  Lescoulouarn 
«  ont  noraé  gréé  et  institué  à  leur  procureur  M' [ .  .....] 

a  auq.  ils  donnent  tout  pouvoir  requis  el  pertinant  ce  tou- 
«  chanL..., 

H  Faictet  gréé  aud.  Quimper"",  au  tablier  de  David  lun  des 
«  soubz"'=  notaires,  lesd.  jour  et  an.  » 

—  2,  H  Extrait  des  registres  duDéal  des  délibérations  capitu- 
aires  de  Messieurs  les  chanoines  du  chap"  de  Cornouaille, 
ol,  719,  recto. 

;  Ce  jour  de  lundy  saiziesme  octobre  mil  six  ceniz  soixante 
:t  deux,  en  chapitre  ou  estoienl  assemblez  capitulairement 
u  son  de  la  campanne  nobles  et  discrets  Messires  Jacques 
lu  Boixic  Trézorier,  chanoine,  Ollivier  du  Louet,  archidiacre 
te...  toutEph'"^  et  chanoines  capitulants  aux  lieu,  heure  et 
lanière  decoustume.  Lesquels  sieurs  chanoines  et  Chapitre 
yantsveu  larequeste  leur  présanlée  de  la  part  de  vénérable 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  1J3  —  ' 

«  personne  Mi^RennéGaiiUerpbi'fietracte  de  notnJnalion  et 

M  présentation  faict  de  sa  personne  pour  servir  la  chapeienyé 

■  «  de  Saincl-Jullien  paroisse  de  Plonéour  dabté  de  ce  jour 

«  debuement  signé  garanly  par  Messire  Nicolas  de  Gouandour* 

«  etc.,  et  Messire  Paul  Gorgon,  etc.,  auxquels  appartient 

«  lad.  présentation  à  cause  de  lad.  terre  et  seigneurerie  de 

«  Lescoulouarn,  ont  dun    commun  consantement  conlïeré 

a  lad.  chapelenle  aud.  sieur  Gaultier  pb"  vaccante  par  le 

n  debcez  de  feu  vénérable  et  discret  Mi«  Alain  Le  Goft, 

«  vivant  recteur  de  la  paroisse  de  Plouhiriec  et  paisible 

«  possesseur  de  lad.  chapclenie  à  la  charge  de  célébrer  ou 

«  faire  célébrer  les  messes  portées  par  le  contrat  de  fondation 

«  et  conserver  les  droicts  et  revenus  en  despendaots,  rac- 

H  quitter  les  aliénations  sy  aucunes  se  trouvent  estre  faioles, 

n  à  son  possible  avecq  pouvoirs  de  jouir  et  disposer  des 

K  fruicts  en  despendants,  luy  permettant  de  s'installer  en  la 

H  position  réelle,  actuelle  et  corporelle  par  le  premier  pbf«ou 

«  no'*aplicqueouecclicque(i|,  réquisition,  faict  en  chapitre, 

«  etc. 

n  Présants  Mi™  Isidore  Piriou,  sacriste,  et  François  Le 

«  Guen,  sergent  du  cœur,  ainsy  signé  :  Jacques  du  Boixic, 

«  Ollivier  du  Louet,  Georges  Férand,  Sébastien  LeBéguec, 

H  Guillaume  Bocou,  Sébastien  Gandon,  Bertrand  Goullay, 

n  Jan  Gentil,    Gilles  Mahieu,  de  Kcrgozon  et  Jullien  du 

«  Menez,  David,  secrétaire.  » 

~3.  Le  30  octobre  1662,deux  notaires  de  la  baronnie  de  Lfis- 
coullouarn,  l'un  résidant  à  Lambourg,  l'autre  au  lieu  de  Ker- 
ranroc'h,  G.BargainelJ.  Le  Tacren,  procèdent  à  l'installation 
ou  mieux  à  la  rédaction  du  procés-verbal  de  prise  de  posses- 
sion. Ils  accompagnent  M™  René  Gautier  à  l'église  o  de 
«  Monsieur  Sainct-Jullien,  «  oii  estant  »,  certilient-ils,  au 
B  devant  de  la  porte  et  entré  dicelle  nous  a  ledict  Gaulrer 

(l  Usez;  •  apostolique,  —  eccléjlustitgue,  > 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


«  apparu  lettre  de  nomination  à  fin  de  provision  en  la  cha- 
i(  pettenye  de  ladicte  chapelle  dépendante  de  la  maison  de 
((  Lcscoullouari)  dallé  du  saîziesme  du  présent  mois  avecq 
(i  les  lettres  de  présentation  collation  dudict  jour  désirant 
(I  sinstaler  en  la  pocession  dudict  béniflice  et  ses  despan- 
«  dances  en  vertu  des  dictes  provisions  et  ensuilte  pour  y 
n  parvenir  ayant  en  nostre  présance  entré  en  lad.  chappelle 
n  apprès  sestre  mis  à  genou  pour  dire  ses  prières  et  ayant 
t<  faict  orner  lautel  y  auroit  en  nostre  présance  dict  et  cellébré 
Il  la  messe  et  faict  tous  les  actes  requis  pour  procession 
t(  acquérir  en  pareil  bènéUce,  Et  ce  sans  trouble  nioposition 
t(  de  tout  quoy  lui  avons  décerné  acte  le  requérant  à  luy 
«  valloir  et  servir  ainsi  qu'il  voira. 

«  Signé  des  notaires,  de  René  Gautier  et  de  Louis  de  Ker- 
il  lenguy.  » 

René  Gautier  semble  résider  tantôt  à  Ploërduc  (1671),  à 
Inzinzac  (1672},  Saint-Jcan-Brevelay  (1673)  ;  sa  mère  demeu- 
rait à  Cléguérec,  son  frère  dans  la  paroisse  du  Mûr,  à  Saint- 
Gonnet  :  le  10  mars  1676,  il  mourut  en  la  ville  de  Vannes. 

Comme  chapelain,  des  Marions,  nous  le  trouvons  déposi- 
taire d'une  quittance  ainsi  conçue  : 
i(  J.  M.  J. 
H  Je  quj  soussigné  connois  avoir  receu  de  Michel  Le  FlOch 
i(  la  somme  de  3  livres  quinze  sols  a  valoir  a  sa  ferme  de 
<i  l'année  1669  pour  le  parc  quil  tient  en  ferme  pour  la  cbapcl- 
((  lainte  des  Marions. 
H  Faict  à  Kerper"",  ce  ï,"  juirel  1663. 

(I  Alain  Guillascer, 

«  prestre  Ind    u 

Au  sujet  son  administration  des  iotérÈts  de  Bonne-Nouvelle 
et  des  siens  propres,  nous  faisons  un  bref  inventaire  de  ses 
menus  papiers. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  iU  — 

—  Le  14  août  1664,  il  paie  la  somme  de  quarante  deux 

livres  pour  embellissement  et  restaurations  en  la  chapelle 
exécutés  par  R.  Plessix,  «  pour  avoir  paincl  le  crucifix  avec 
«  le  plaSond,  aussy  l'image  de  sainct  Cheltas  (saint  Gildas) 
«  et  les  gradins  sur  le  grand  autel  avec  deux  peLittes  images 
0  quy  sont  de  sur  dans  la  chapelle  de  Nostre  Dame  de  Bonnes 
«  Nouvelles  1), 

—  René  Gautier  installé  le  16  octobre  1662,  dès  le  30  du 
même  mois,  avait  fait  dresser  un  procès-verbal  ;(  pour  les 
0  indigences  de  réparations  à  ladilte  chapelle  ». 

—  Le  14  octobre  1664,  il  avait  payé  la  somme  de  15  livre» 
pour  le  ractial  acquis  au  marquis  de  Mollac  par  le  décès 
d'Alain  Le  Goff,  pour  les  héritages  de  Keradennec,  acquis  à  la 
chapelle  de  Bonne- Nouvel  le  parle  contrat  du  30  juin  1661. 

La  quittance  est  signée  de  Marje  Toulalan,  dame  de 
Rosmadec. 

—  Messire  Yves  Guézennec,  suppléant  du  chapelain  en 
son  service,  lui  délivre,  6  septembre  1665,  quittance  de  quinze 
livres  reçues  et  touchées  «  pour  avoir  servi  un  an  dans  la 
«  chapelle  de  Bonne-Nouvelle  ». 

—  Même  mois  et  an,  Yves  Guézennec  reçoit,  à  litre  de  ferme 
et  domaine  congéable  et  réparable,  une  déclaration  de  quelques 
terres  et  héritages  au  lieu  de  Keradennec,  fournie  par  Henri 
Le  Velly  qui  déclare  devoir  à  la  chapelle,  de  ferme  à  chaque 
Saint-Michel  de  septembre  2  combles  de  froment  scandille, 
2  combles  de  seigle,  2  combles  d'avoine  el  un  chappon, 

—  5  lévrier  1675.  —  Baillée  à  litre  de  simple  terme  d'une 
parée  de  terre  chaude  appelée  Corn-Bernard,  située  au-dessus 
du  bourg  de  Meillars,  consenlie  pour  neuf  ans  par  Messir£ 
Gautier,  demeurant  k  à  prés-ent  au  bourg  de  Ploërduc, 
Vannes  ;  el  W  Yves  Riou,  demeurant  au  Keridreu,  faubourg 
de  Pont-Croix,  à  Mode  Hémery,  pour  ce  dernier  en  payer 
par  an  et  à  chaque  Sainl-Michel  de  fernne,  aux  deux  bailleurs, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  us  - 

fi  moiiié  cnlre  eux,  deux  combles  de  seigle  et  supporter  toutes 
les  charges  qui  pourraient  être  sur  ledit  lieu. 

—  8  février  1071.  —  Accord  passé  entre  Messire  René 
Gautier  et  Messire  Alain  Calvez  :  ce  dernier  fournira  la  messe 
&  Bonne-Nouvelle  deux  fois  par  semaine,  le  dimanche  elle 
$amedi,  pour  et  moyennant  la  somme  de  trente  livres  par  an. 

—  Le  30  juin  1672,  R.  Gautier,  pour  lors  à  Inzinzac, 
évèché  de  Vannes,  afferme  la  dîme  de  sa  chapellenie,  pour 
trois  ans,  à  Maurice  Le  Brun  du  bourg  de  Plonéour,  pour  ce 
dernier  payer  à  chaque  fêle  de  la  Chandeleur,  la  somme  de 
33  livres  et  un  demi-comble  d'avoine,  payables  à  Henri 
Xhelgoualc'h,  de  Tycoët,  en  Plonéour. 

—  22  octobre  1673.  —  Procuration  délivrée  par  Messire 
René  à  son  frère  François  Gautier  pour  appeler  Maurice  Le 
Brun  et  Henry  Lhelgoualch  [L'Helgouarz]  el  consorts  à  four- 
nir aveu  des  terres  et  rentes  de  lâcha  pellenie,(ionl  ils  jouissent. 
11  délègue  de  plus  à  son  dit  frère,  tout  pouvoir  pour  recevoir 
paiement  des  renies  de  Plonéour  el  de  la  chapellenie  de  Saint- 
Adrien  ou  des  Marions,  à  Quimper.  La  procuration  est  datée 
i(  de  la  maison  presbjtérale  de  Saint-Jan  Brévelay  ». 

—  18  septembre  1673.  —  Requête  pour  Jean  Le  Coz  contre 
Maurice  Le  Coz  et  Henry  L'helgoualch  au  sujet  des  décimes 
de  Bonne-Nouvelle. 

—  22  octobre  1673.  —  Quittance  par  laquelle  René  Bobel, 
receveur  aKernalif  et  triennal  partculier  liéréditaiie  des 
décimes  du  diocèse  de  Quimper,  confesse  avoir  reçu  de  Michel 
Le  Floc'h  la  somme  de  9  livres  12  sols  pour  les  décimes  de  la 
chapellenie. 

—  20  mai  1073.  —  Bail  à  ferme  de  la  dime  de  Bonne- 
Nouvelle  fait  à  Pierre  Kerbreach  et  Guillaume  Le  Cochou,  de 

'Plonéour,  moyennant  30  livres  pour  cinq  années. 

—  Billet  par  lequel  René  Gaulier  piie  Mademoiselle  La 
Roche,  du  bourg  de  Plovan,  de  »  recevoir  de  Henry  Le  Velly 
(Va!y),  de  Keradennec,  à  chaque  an  à  la  Saint-Michel, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  H9  - 

i  combles  de  froment  scandilc,  S  combles  de  seigle,  2  combles 
foalés  d'avoine,  un  chappon  ou  13  livres  par  argent  de  Jan 
Lezauzivit  du  village  de  Kerislin,  en  l'Iouhinec,  un  demi- 
comble  de  seigle  ;  de  Mode  Hémerv,  du  Slivel,  en  Meylars, 
un  comble  et  demi  de  seigle:  «  Fail  à  Plounéour,  ce  jour 
«  vingt  uniesme  may  mil  six  cenl  soixante  et  quinze  ». 

—  Quittance  de  Dom  Augustin  Caivez  touchant  le  service 
de  Bonne-Nouvelle,  du  versement  à  lui  fait  par  Henri  Lhel- 
gouarc'h  de  Ty  Coël,  le  21  mai  1675,  de  ce  qui  lui  revenait. 

—  22  mars  1676.  —  Aveu  fourni  par  Henri  I.e  Velly,  de 
Keradennec,  en  l'Iouhiiiec,  en  son  nom  et  celui  de  Messire 
Gautier,  des  héritages  qu'ils  possèdent  par  moitié  n  soubz 
hault  et  puissant  seigneur  Messire  Sébastien,  chef  de  nom  et 
d'armes,  marquis  de  Rosmadec  et  de  Mottac,  gouverneur  pour 
Sa  Majesté  de  la  ville  et  chasteau  de  Nantes  »,  au  village  de 
Keradennec.  «  Debus  de  chefîerante  audicl  seigneur  marquis 
(I  de  Rosmadec  la  somme  de  quatres  deniers  monnays  et  un 
«  brasse  davoine  par  sa  paille  par  chacun  an  »,  —  a  lesdtcts 
«  hérittaiges  pouvant  valloir  par  chacun  an  de  ferme  par 
H  commune  année  la  somme  de  dix  huicl  livres  thournois.  » 

—  Le  10  mars  1676,  Messire  René  Gautier  mourait  en  la 
ville  de  Vannes. 

Le  20  avril  suivant,  devant  les  notaires  de  la  Cour,  de 
Guéméné,  Guillemelle  Corhel,  du  village  de  Saint-Yvan, 
paroisse  de  Cléguerec ,  veuve  d'Alain  Gautier,  mère  du 
défunt,  donne  procuration  à  son  autre  fils  François,  demeu- 
rant à  Saint-Gonnet,  paroisse  du  Mur,  de  recueillir  la  succes- 
sion à  Vannes  et  partout  ailleurs. 

—  Le  dernier  juin  1678,  —  François  Gautier,  du  village  de 
Lanrino,  trêve  de  Saint-Gonet,  paroisse  du  Mur,  donne  pro- 
cure à  dame  Françoise  du  Frenay,  dame  baronne  de  Lescou- 
louarn,  demeurant  à  présant  à  son  château  de  Lesnarvôr, 
paroisse  de  Plovan,  pour  faire  signifier  Henry  Lelgoualch, 
Maurice  Le  Brun,  Pierre  Kerbreacb  et  Guillaume  Le  Cochou 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


à  payer  ce  qu'ils  doivent  à  la  succession  de  feu  Messire  René 
Gautier. 


La  chapellenie  de  Bonne-Nouvelle  était  donc  sans  titulaire. 
On  se  mil  en  mesure  d'y  poun'oir,  comme  le  montrf  l'acte  du 
16  mai  1676  par  lequel  écuyer  Alain  du  Combout,  seigneur 
du  Letz,  Saint-Guennolay  et  autres  lieux,  demeurant  audit 
lieu  ds  Sainl-Guénolay,  paroisse  de  Saint-Michel  de  Quim- 
perlé,  donnait  procuration  à  sa  femme  dame  Marguerite  du 
Charbonnel  «  de  faire  et  agir  avec  Messire  Raoul  Gorgon  de 
Il  Oouandour,  etc.,  au  subjecl  d'une  proposition  qui  luy  a 
(i  faiot  ledit  seigneur  de  Lescoulouarn  de  grattitier  Jean- 
H  Baptiste  du  Combout  leur  fils  aîné  d'une  chapellainye 

a  eslanlo  en  sa  présentation,  situé  en  la  paroisse  de ,..  a 

Signé  :  Alain  du  Combout. 

Querbloux,  notaire  royal. 

—  Le  19  mai  1676,  par  suite  de  cette  procuration.  Il  fut 
reconnu  entre  les  parties  «  quoyque  avant  ce  jour  par  droict 
M  ceddé  entre  ledit  seigneur  de  Lescoulouarn  et  escuyer 
i(  Jean-Baptiste  du  Combout  touchant  la  pourvoyance  etia 
«  nomination  diceluy  à  ehapellaia  de  la  ctiapellenie  de 
M  Bonne-Nouvelle, il  est  expressément  raporté  qu'il  eustà  jouir 
((  des  aprësanldes  esmoluments  d'y  celle  et  mesme  ledit  du 
((  Combout  n'ayant  lage  suffisant  est  accordé  entreox  en 
((  fabveur  de  cestes  que  ledit  seigneur  de  Lescoulouarn. 
«  Cependant  jouira  et  disposera  de  ce  jour  jusqu'à  trois  ans 
(I  prochains  des  esmoluments  fruits  et  cueiliées  de  ladite 
((  chapellennie  et  y  faire  faire  les  services  nécessaires  et  les 
<i  continuera  jusque  audit  terme  parceque  ladite  dame  du  Lez 
u  promet  faire  cesles  rattifier  par  sondit  seigneur  mary,  etc.  » 
Signé  :  Marguerite  Catherine  de  Cherbonel, 
Paul  Gorgon  de  Gouandour, 
Françoise  du  I 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


<-  Le  30  mal  1677,  fut  conclu  l'arrangemenl  survanE  entré 
les  seigneurs  de  Lescoulouarn  et  Messire  François  Videlo^ 
curé  de  Tréogat  : 

n  Comme  lesquels  seigneur  el  dame  sont  fondés  et  obligé» 
<  à  fournir  un  prêtre  à  desservir  la  cbapellenle  de  Bonne- 

«  Nouvelle, esl  délaissé  et  baillé  par  cestes 

«  audit  Videlo,  prêtre,  pour  le  temps  de  deux  ans  commen- 
«  çantà  la  Saincl-Michel  prochaine  le  service  de  ladite  cba- 
«  pellenie  scavoir  quil  est  obligé  à  dire  et  célébrer  en  icelle 
a  chapelle  une  messe  tous  les  dimanches  et  fesles  gardées 
«  parcequen  fabveur  de  ce  que  dessus  pour  ledit  service  est 
«  accordé  entre  parties  la  somme  de  36  livres  par  an  avecq 
a  pouvoir  de  disposer  des  deniers  qu'ils  pouront  retirer  des 
«  offrandes  de  ladit«  chapelle.  En  payement'de  ladite  somme 
a  de  36  livres  lesdits  seigneur  el  dame  luy  font  aLtournancS 
H  du  fermier  de  ladisme  apartenant  à  ladite  chapelle  el  la 
«  parcellée  dy  celle  à  pouvoir  en  disposer  comme  bon  luy 
H  semblera  jusque  la  ooncurence  de  la  somme  de  30  livres  et 
«  luy  poieroril  ies  six  livres  restant  de  ladite  ferme  dans  le 
«  terme  de  la  Saint-Michel  sans  que  ledit  Videlo  p'"  soici 
u  obligé  à  aucune  réparation. 

Signé  :  François  Videlo. 

Françoise  du  Fresnay. 

Nous  n'en  savons  pas  plus  long  stir  la  succession  du  défunt 
Messire  René  Gautier. 

Dans  le  dépouillement  de  ces  menus-papiers,  on  trouve  leâ 
éléments  d'une  information  permettant  de  se  rendre  compte 
de  la  situation  du  rentier  de  la  Chapellenie  de  Bonne-Nouvelle, 
bénéfice,  semble-t-il,  fort  respectable. 

II. 
Un  déoretde  mariage  au  8ié»e  du  Quéménet,  1703. 

Cette  pièce  peut  offrir  un  intérêt  de  curiosité  par  le  défilé  des 
personnages  qui  intervinrent  au  conseil  de  famille  tenu  devant 


,yGooglc  


-  U3  - 

[fl  juridiction  du  Quéménet,  suit  en  leurs  propres  personnes, 
soit  parprocureurs.il  s'agissait  de  l'établissement  de  riiéri  liera 
du  Hilguy,  orpheline  de  père  et  mineure,  et  de  l'autorisera 
contracter  mariage  avec  Messire  Roger  Robert,  intendant  de 
la  marine  du  Roi  en  Bretagne.  Le  parti  était  très  sortable  au 
gréde  tous,  et  ceux  qui  voiraient  bien  le  reconnaître,  portaient 
les  plus  grands  noms  du  pays,  et,  dans  l'armée,  la  marine  et  la 
robe, occupaient  les  chairs  les  plus  brillantes.  C'était  le  vénéré 
évoque  de  Quimper,  oncle  delà  fiancée,  le  marquisdu  Gage,  le 
seigneur  de  Kerbaro,  le  marquis  de  Cbàleaureaaull,  vice- 
amiral  et  maréchal  de  France,  le  marquis  de  Locmaria,  lieu- 
tenant généra!  des  armées  du  Roi,  le  marquis  de  Carman,  le 
marquis  de  Coêllogon,  François-Hyacinthe  de  Visdelou,  gou- 
verneur de  Quimper,  etc.,  sans  compter  des  conseillers  au 
Parlement  I 

Mais  si  cette  pièce  éclaire  le  greffe  du  Q'jéménet  d'un 
reflet  du  Versailles  du  Grand-Roi,  elle  servit  plus  lard  aux 
hommes  d'affaires  pour  dresser  la  généalogie  de  haute  et  puis- 
sante dame  Louise-Marguerite  Iris  de  Lamarck,  fille  de  Marie- 
Hyacinthe  de  Visdelou  et  princesse  d'Aremberg,  et  établir  son 
abileté  à  succéder  à  la  comtesse  du  Gué  par  défaulde  descen- 
ants  directs  de  Jacques  de  Visdelou  (1594-1673).  Ils  y  trou- 
èrent la  justification  des  prétentions  de  la  princesse  avec  les 
idications  qui  devaient  les  guider  dans  leurs  investigations, 
ij'sque  la  nouvelle  mariée  de  février  1703  succombait"  le  7 
lai  1765,  quelques  mois  après  son  second  mari.  En  effet, 
irès  avoir  perdu  son  père  en  février  1696,  héritière  et  dame 
j  Hilguy,  Pralanroz,  Kervastaret  autres  lieux,  elle  épousa 
1  premières  noces  François  Roger  Robert,  intendant  de  la 
arine  en  Bretagne,  puis  Messire  Josselin,  chef  de  nom  et 
armes,  chevalier  seigneur  comte  du  Gué,  commandeur  de 
)rdre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis  et  lieutenant  général 
!S  armées  navales  de  Sa  Majesté  [1). 
[1)  La  future  avail  pour  lors  -!4  ans,  6lanl  aie  le  t'i  mars  168*. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  «3- 

Tout  en  donnant  copie  de  ce  document,  nous  dèvMftiuuS 
excuser  de  n'avoir  su  l'annoter;  cependant  on  recoonallra 
qu'il  est  propre  à  exciter  l'émulation  de  pallenls  cbereheur» 
et  d'amateurs  éclairés  des  généalogies  et  alliances  deâ  vieilles 
maisons  seigneuriales  de  Bretagne. 

1  ExlTuH  des  Registres  du  grefte  de  la  Jurlon  du  Marquisat 
de  Rosmadec  au  siège  de  Quèménet  à  Qulmper. 

«  Du  dix-ncufliesme  feuûrier  mil  sept  centz  huit  au  logix  et 
«  par  devant  nous  Raoul  Le  Pigeon  sieur  de  Villerauld  séné- 
H  chai  juge  de  la  cour  et  juridiction  du  Marquisat  de  Ros- 
«  madec  au  siégede  Quéménet  à  Quimper,  présent  le  sieur 
H  procureur  fiscal  ayant  avecq  nous  le  soussignant  greffier, 

H  Pour  parvenir  au  décret  de  mariage  dentre  Damoiselle  , 
c  Marie  Françoise  Visdelou  tille  mineure  et  unique  he"  du 
'0  deffunct  hault  et  puissant  seigneur  Me"  François  Visdelou 
n  chevalier  seigneur  chasielain  du  Hilguy  et  de  haute  et  puis- 
(1  santé  Dame  Suzanne  de  Plœuc  ses  père  et  mère  d'une  part 
«  et  Messire  François  Roger  Robert  chevalier  conseiller  du 
ft  Roy  en  ses  conseils  intendant  de  justice  police  et  finance 
fi  des  armées  navalles  de  Sa  Majesté  et  de  la  marine  en  Bre- 
«  tagne.  Ont  comparus  les  parents  cy-après, 
{(  Scauoir; 

fi  Monseigneur  lillustrissime  et  révérend issî me  Messire 
H  François  Hiacinlhe  de  Plœuc  seigneur  et  évêque  de  Quimper 
Il  et  comte  de  Cornoaille  conseiller  du  Roy  en  ses  conseils 
fl  demeurant  en  son  palais  épiscopal  en  cesle  ville  de  Quimper, 
«  oncle  germain  de  la  mineure  en  lestoc  ma'ernel, 

(i  Dame  Marie  tîourcun  veuûc  et  douarière  de  feu  hault  et 
«  puissant  seigneur  m™  René  de  Plœuc  vivant  chevalier  sei- 
«  gneurde  Kereharo,  ayeuie  maternelle  de  ladille  mineure, 
«  demeurant  en  son  hostel  en  ceste  ville  de  Quimper  parp  de 
«  Notre-Dame, 

«  Hault  et  puissant  seigneur  Charles  de  Cleuz  chevalier 
(1  seigneur  marquis  du  Gage  mari  et  procureur  des  droits  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  m  — 

a  Dame  Charlotte  Renée  de  Lesmô  sùn  épouse  steur  Dtértiie 
i(  de  lad^  Demoiselle  Marie  Françoise  Visdelou  de  présent  en 

«  celte  ville  de  Quimper. 

«  MessiRE  Vincent  de  Plœue  chevalier  seigneur  de  Kercharo, 
«  oncle  germain  de  lad^  mioeure  en  Lestoc  inaterûel,  de  prô- 
a  sent  en  cette  ville  de  Quimper, 

i(  Tous  LESQUELS  sont  unanimement  d'avis  que  ledit  ma- 
B  riage  soitdeeretté  de  justice  pour  estre  faicl  et  solemnisé 
[i  en  face  desglise  suivant  les  saintes  constitutions  canno- 
11  niques  et  ont  signés  ainsy  signé  sur  le  registre  Marie 
a  Gourcun,  Fr  :  Hy.  éveque  de  Quimper,  Jacques  Charles  de 
«  Cleuz,  Vincent  de  Plœuc. 

u  A  AUSSI  comparu  M^^  Sébastien  Chiron  se  porlant  pro-. 
a  cureiir  du  très  hault  et  très  puissant  seigneur  M''*  François 
M  de  Roussellet  marquis  de  Chateaurenault  chevalier  des 
u  ordres  du  Roy,  grand  croix  de  l'ordre  militaire  de  Saint 
«  Louis,  capitaine  général  des  armées  navallea  de  sa  majesté 
11  catholique  dans  les  mers  occidenlalles,  commandant  ppur 
Il  le  Roy  en  Rretagne,  vice-amiral  Et  marécbal  de  France, 
(1  père  et  garde  naturel  de  messieurs  ses  enfants  de  son  ma- 
a  riage  avec  delluncte  Dame  Renée  de  la  Porte  son  espouse 
«  parente  de  ladite  mineure  Dans  Lestoc  maternel. 

i(  De  haut  et  puissant  M'^  Louis  Françoise  du  Parc,  che- 
«  valier  seigneur  marquis  de  Locmaria  et  de  Guerrand  lieu- 
i(  tenant  général  des  armées  du  Roy  parent  au  cinquiesme 
i(  degré  en  l'estoc  paternel  de  ladile  mineure. 

Il  De  messire  Jan  Sébastien  de  Kergus  chevalier  seigneur 
11  de  Kerstang  conseiller  du  Roy  au  parlement  de  Bretagne 
11  mari  et  procureur  des  droits  de  Dame  Marie  Anne  Visdelou 
11  son  espouse  tante  germaine  de  ladite  mineure  en  l'estoc 
Il  paternel  (1). 

Il)  Mnrie  Aune  do  Vislelou,  du  c^iaF  da  Franjoisc  de  Kcrbicizec,  sa 
infrc.  avaUcu  les  terres  de  CoatFao  et  de  La  Moite,  dont  la  comtesse  du 
tiilé  niouml  propriétaire. 


n,g,t,7.cb,G00glc 


-  i-2i  - 

«  De  haut  et  puissant  M™  Alain  René  Bonnin,  chevaiier 
(1  seigneur  de  la  Viiie  bouquays  parant  au  qualriesme  degré 
«  en  l'estoc  paternel  de  ladite  mineure  (1). 

H  De  messire  Jan  du  Parc  chevalier  seigneur  de  Quercadou 
n  mari  et  proureur  des  droits  de  dame  personnelle  Angélique 
((  de  la  Villéon  son  épouse  tanle  de  ladite  mineure  en  lestoc 


«  De  plus  ledit  Chiron,  procureur  de  haut  et  puissant 
Il  seigneur  M^'  Henry  de  Maillé  et  de  la  Marche,  chevalier 
((  seigneur  marquis  de  Carman,  entien  banneret  de  Bretagne, 
H  protecteur  de  lesglise  cathédrale  de  Léon,  parent  de  ladite 
«  mineure  en  lestoc  maternel, 

«  De  haut  et  puissant  seigneur  M''"  Guy  marquis  de 
((  Coatlogon  baron  de  Piuîgriifet  procureur  général  sindic 
a  des  Estats  de  Bretagne  et  de  dame  Suzanne  Guyonia  mar- 
((  quise  de  Coellogon  son  épouse,  parente  de  ladite  damoiselle 
n  du  Hilguy  au  troisiesme  degré, 

«  De  Messiue  Maurice  Thépaull  seigneur  de  Trelïalegon 
«  parent  en  lestoc  maternel  àc.  ladite  demoiselle  mineure,  ' 

«  Lequel  Chiron  pour  et  au  nom  desdîts  seigneurs  parents 
«  tant  paternels  que  maternels  et  en  vertu  de  leurs  procura- 
«  lions  dattées  des  30  janvier,  i,  2,  3,  t,  5  el6  feuvrier 
«  1708,  deux  signées  et  quil  a  déposé  en  lendroict  au  greffe 
«  pour  y  avoir  recours  et  de  luy  chiffré,  a  déclaré  esire  davis 
i(  que  le  mariage  dont  il  est  question  soit  décretté  de  justice 
n  pour  estre  fait  et  solemnisé  en  face  desglize  suivant  les 
(i  formes  ordinaires  et  a  signé.  Ainsy  signé  Chiron  procureur. 

H  Après  quoy  sest  présenté  ladille  damoiselle  Marie- 
(I  Françoise  Vîsdelou  du  Hilguy  mineure  laquelle  interrogée 
«  a  déclaré  agréer  la   recherche  dudit  seigneur  Robert  et 

(I)  Par  nélËae  Visddou.  I<a  lamille  de  la  Vîlk'bauqua)'  était  ie  iosKlia 
et  LambïUe. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-lie- 

«  consentir  que  ledit  mariage  soit  décretté  de  justice  et  a 
«  signé  sous  lauthorité  descuier  Guillaume  Billoart  sieur 
u  de  Kervazégan  conseiller  secrétaire  du  Roy  maison  et 
u  couronne  de  France  aussy  présent  quelle  a  déclaré  choisir 
n  pour  son  curateur  au  lieu  et  place  du  sieur  de  Keranguen 
«  son  (1)  tuteur  onéraire  quy  est  présentement  en  la  ville 
«  d'Engoulesme.  Ainsi  signé  :  Marie-Françoise  Visdelou  et 


«  Du  vingtiesme  feuûrier  1708  continuation  du  présent 
u  comparant: 

u  A  COMPARU  d'abondance  ledit  Chiron  se  partant  aussy 
H  procureur  de  M"*  René  de  Plœuc  chevalier  seigneur  dudit 
«  lieu  lieulenantdesvaisseauxdu  Roy  capitaine  d'une  compa- 
n  gnie  franche  de  la  marine,  commandant  le  vaisseau  du  Roy 
((  le  Milfort  (?)  oncle  germain  ou  maternel  de  lad»  mineure, 

u  Et  de  Messire  François  Hiacinlhe  Visdelou,  chevalier 
«'seigneur  de  Bienassisel  autres  lieux  parant  du  tiers  au  quart 
«  desgré  au  paternel  de  ladite  miueure,  lequel  en  vertu  des 
((  procurations  desdils  seigneurs  de  Pœluc  et  de  Bienassis  des 
(1 ,30  janvier  et  18  feuùrier  1708  duement  garanties  déclare 
«  estre  davis  que  le  mariage  dentre  laditte  Damoiselle  du 
«  Hilguy  et  ledit  seigneur  Robert  soit  décrclté  de  justice  à  la 
«  manière  accoutumée  et  a  signé  et  déposé  ses  procures  au 
«  greffe  du  luy  chiffré.  Ainsi  signé  Chiron. 

H  Sur  quoy  ouv  le  procureur  fiscal  en  ses  conclusions 
fi  icelluy  le  consentant  et  ayant  égard  aux  avis  et  suffrages  des 
n  parents  cy-dessus  et  aux  procures  présentement  déposées 
((  par  ledit  Chiron  audit  nom. 

«  Avons  décretté  de  justice  le  mariage  dentre  ladiKe 
«  Demoiselle  Marie  Françoise  Visdelou  du  Hilguy  et  ledit 
«  Sieur  Robert  pour  estre  fait  et  solennisé  en  face  desglize 
u  suivantles  constitutions  canoniques  et  les  rëglemenls  de 

(I)  Julien  Lo  Mavfc, 


Dg'l,r™byGOOglC 


«  ce  diocèze.  Fail  et  arreslé  à  Quimper  lesdits  jour  et  an  que 
a  devant. 

n  Ainsy  signé  :  Hervieu,  procureur  fiscal. 
Le  Pigeon,  sénéchal, 
et  Le  Corre,  greffier,  a 

Ce  décret  de  justice  était  obtenu  le  20  février  1708,  le 
lendemain  même  il  recevait  son  effet:  (Cf.  Registres  delà 
Chandeleur.  1708.)  Messire  Robert,  fils  de  Messire  Claude 
Robert  et  de  dame  Magdeleine  Guyet,  avait  ses  papiers  en 
règle  (nous  résumons  le  procès-verbal  par  trop  verbeux 
du  rédacteur)  :  il  apportait  un  certilicat  d'une  publication  de 
ban  faite  sans  opposition,  à  la  grand'messe  du  12  février 
signé  de  Roignant,  recteur  de  Brest;  puis  une  dispense  de 
deux  autres  bannies  accordée  par  l'évêque  de  Léon  et  signé 
Leguillcher... 

n  Les  nopces  furent  célébrées  dans  la  chapelle  du  Palais 
.«  épiscopal  par  noble  et  vénérable  Messire  Guy  de  Lopriac, 
«  abbé  de  La  Chaume  et  Chanoine  de  lad.  cathédrale,  assiste 
n  de  Messire  Philippe  Guyomar  prestre  recteur  de  la  paroisse 
<■(  de  Nostre-Dame  de  la  Chandeleur  audiencier.  » 

Messire  Fr.  Hy.  de  Ptœuc,  évêque  de  Quimper,  oncle  de  la 
mariée,  ligure  au  Registre  avec  les  témoins,  parmi  lesquels 
dominent  les  noms  de  tantes,  cousines  et  amies  de  la  nouvelle 
dame  Robert. 

Citons  pour  mémoire  : 

Marie  Gorcun  de  Kharo,  Charlotte-Renée  de  Lémo  du  Gage, 
■Marie-Anne  de  Trial  de  Quercadou,  Marie  de  Plœuc, 
Mauricelte  de  Plœuc,  Marie-Josèphe  de  Plœuc,  Cbaries  de 
Cleuz,  —  Joachim  de  Riquor  (?),  Vincent  de  Plœuc,  Uené- 
Joseph  de  Plœuc,  —  Claude-Hyacinthe  de  Cleuz,  Marie 
Marquise  de  Cleuz,  Marie-Anne-Gabrielle  de  Cleuz,  Guy  de 
Lopriac  de  Coetmadeuc. 

Abbé  Antoine  FAVÉ. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


EXPLORATION 

des  tumulus  du  Fao-Youen  et  de  Cosmaner 

EN  Plonéour-Lakveb»  (Finistère] 


Ces  deux  Tumulus  situés  à  l'est  du  bourg  de  Plonéour 
sur  des  plateaux  élevés,  d'où  l'œil  embrasse  un  très  vaste 
horizon,  font,  avec  le  tumulus  de  Korhué-Bras,  dont  nous 
avons  publié  l'exploration  dans  Les  mat&iaux  pour  t'kistoire 
de  l'homme,  livraison  de  juillet  1880,  les  sommets  des  trois 
angles  d'un  triangle  isocèle  de  1500  mètres  de  côté. 

Tumulus  du  Fao-Youeji, 

Dans  une  parcelle  dépendant  du  village  de  Fao-Youen, 
dite  Ménez-Balanou,  située  à  400  métrés  au  nord-est  du 
village  et  à  300  mètres  eu  sud  de  la  route  de  Plonéour  k 
Quimper,  est  un  tumulus  de  50  mètres  de  diamètre  et  de 
2  m.  50  d'élévation  au-dessus  du  sol  environnant. 

Ayant  obtenu  l'autorisation  de  l'explorer,  le  5  octobre 
1897  je  me  rendis  sur  les  lieux  avec  mes  fouîlleurs.  Ouvrant 
à  sa  base  ouest  une  tranchée  de  4  mètres  de  large  allant  de 
l'ouest  à  l'est,  en  passant  par  le  centre,  nous  reconnaissons 
que  l'enveloppe  du  tumulus  est  faite  d'argile  compacte  mêlée 
de  nombreuses  parcelles  de  charbon  de  bois.  Dans  cette 
tranchée  nous  recueillons  deux  grossiers  éclats  de  silex  et 
quelques  percuteurs. 

A  un  mètre  sous  lo  sommet  du  tumulus  nous  constatons 
un  amoncellement  de  pierres  de  moyenne  taille,  paraissant 
jetées  sans  ordre,  formant  au  centre  du  tumulus  un  cône  de 
8  m.  50  de  diamètre  à  la  base,  au  milieu  duquel  nous  ren- 
controns la  sépulture  qu'il  enveloppe.  Ce  blocage  a  pour 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  129  — 

but  d'èmpécher  les  infiltrations  extérieures  de  pénétrer  dàn3 
le  caveau  funéraire  et  surtout  d'empêcher  l'écartement  de 
ses  parois  en  les  soutenant  par  côté. 

Les  pierres  du  blocage  enlevées,  nous  mettons  à  décou-< 
vert,  au  niveau  du  sol  environnant,  deux  grandes  dalles 
juxtapos(5es,  de  40  centimètres  d'épaisseur.  Elles  recouvrent 
la  chambre  funéraire,  dans  laquelle  nous  nous  introduisons 
en  retirant  quelques  pierres  de  sa  paroi  ouest.  De  forme  rec- 
tangulaire, elle  est  construite  en  pierres  maçonnées  à  sec. 
Quoique  ses  murailles  soient  en  mauvais  état,  il  n'y  a 
cependant  pas  pénétré  d'infiltralions. 

La  vidant  avec  soin,  nous  reconnaissons  que,  9ur  le  tuf, 
formant  le  sous-sol  des  terrains  avoisinants,  on  a  placé,  ft 
l'intérieur  du  caveau,  un  dallage  de  pierres  plates,  d'une 
épaisseur  variant  de  5  â  7  centimètres,  sur  lequel,  dans 
toute  la  longueur  et  sur  toute  la  largeur  de  la  chambre,  on 
8  étendu  une  couche  de  cendre  mêlée  de  restes  incinérés 
ayant  4  centimètres  d'épaisseur. 

Au  milieu  de  ceux-ci  nous  recueillons, àunmôtrederextré- 
mité  ouest  de  la  sépulture,  quatre  pointes  de  flèche  en  silex 
à  ailerons, finement  barbelées.  Continuant  à  relever  la  couche 
des  restes  incinérés,  en  nous  dirigeant  vers  l'extrémité  est 
du  caveau,  nous  en  recueillons  successivement  huit  autres, 
avant  d'arriver  au  centre,  ou  nous  trouvons  réunies  en 
groupe,  le  long  de  la  paroi  nord,  vingt  nouvelles  pointes  de 
flèche,  et,  le  long  de  la  paroi  sud,  deux  poignards  en  bron/e 
à  lame  plate  très  mince  décorée  de  deux  filets  sur  chaque 
bord.  Malheureusement  ces  lames  sont  réduites  à  l'état 
d'oxyde  blanc  et  nous  ne  pouvons  en  relever  que  quelques 
fragments.  Le  centre  de  la  sépulture  dépassé  nous  ne  rencon- 
trons plus,  sur  le  dallage,  que  des  restes  incinérés  saiis 
mobilier. 

La  chambre  funéraire  complètement  explorée,  nous  cons- 
tatons qu'elle  mesure  intérieurement  3  mètres  de  long  de 
BULLSTIH  ARCUÉDL.  DD  PlNISTËRB.—  TOUB  XXV.  (Ué(UOire»J.      9 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


l'est  à  l'ouest  sur  1  m.  05  de  large  du  nord  au  sud  et  1  m.  10 
de  profondeur  du  dallage  du  fond  au  plafond  qui,  ainsi  que 
nous  l'avons  précédemment  dit,  est  fait  par  deux  grandes 
dalles  juxtaposées  mesurant  à  l'intérieur  du  caveau,  celle  du 
bout  est  1  m.  25  de  l'est  à  l'ouest,  et  l'autre  1  m.  75. 

Sur  les  terres  du  Fao-Youen,  à  800  mètres  au  sud-ouest 
du  village,  dans  la  garenne  dite  Goarem-Billès,  est  un 
menhir,  aujourd'hui  renversé,  gisant  allongé  sur  le  sol  de 
l'ouest  à  l'est.  11  mesure  8  mètres  de  long  sur  2  m.  20  de 
large  et  a  60  centimètres  d'épaisseur  moyenne. 

L'excavation  que  nous  avons  pratiquée  à  sa  base  ne  nous 
a  rien  donné, 

A  100  mèlres  à  l'ouest  de  ce  menhir,  sur  les  terres  du 
même  village,  dans  une  parcelle  dite  Menez-Bourouic,  est 
un  petit  tumulus  de  10  mètres  de  diamètre  sur  1  mètre  de 
haut.  L'ayant  ouvert  nous  avons  reconnu  qu'il  recouvrait 
une  chambre  circulaire  à  ciel  ouvert  de  1  m.  75  de  diamètre 
intérieur  et  de  0  m.  70  de  profondeur,  à  parois  formées  par 
un  petit  mégalithe  de  1  m.  05  de  large,  fiché  en  terre,  et  par 
une  muraille  en  pierres  plates  maçonnées  à  sec.  Au  fond  de 
cette  petite  chambre  était  une  couche  d'argile  très  fine, 
épaisse  de  40  centimètres,  dont  la  surface,  calcinée  par  un 
feu  vif,  était  cuite,  comme  une  poterie,  sur  une  épaisseur  de 
12  centimètres.  Cette  chambre  était  sans  mobilier. 

Enfin  avant  de  quitter  le  Fao-Youen  disons  qu'en  faisant 
les  cultures  d'automne,  il  y  a  trois  ans,  on  rencontra,  à 
60  mètres  au  nord  du  tumulus  de  la  garenne  dite  Ménez- 
Balanou,  à  40  centimètres  sous  la  surface  du  sol,  un  petit 
coffre,  formé  par  quatre  pierres  posées  de  champ  en  terre, 
recouvert  par  une  cinquième,  dans  lequel  se  trouvaient 
quatre  urnes  en  terre  cuite  remplies  de  restes  incinérés  qui 
furent  brisées.  D'après  la  description  qui  m'en  a  été  faite 
par  l'inventeur,  elles  étaient  de  l'époque  de  l'occupatioa 
romaine, 


D,g,l,7.cbyGOOgIC 


•a 
I 

i 

I 


H 


I 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


tumulus  de  Cosmaner. 

À  300  métrés  au  sud-ouest  des  édifices  du  village  de 
Cosmaner,  dans  un  petit  taillis  dit  la  Gagnerie,  bien  caché 
aux  yeux  des  explorateurs,  était  un  petit  tumulus  de 
18  mètres  de  diamètre  sur  1  m.  50  de  haut.  Ouvert  par  son 
propriétaire,  en  avril  1807,  il  a  rencontré  au  centre,  au 
niveau  du  sol  environnant,  une  sépulture  à  parois  maçon- 
nées à  pierres  sèches,  orientée  est-ouest,  recouverte  d'une 
grande  dalle  ayant  2  m.  50  de  long  sur  2  métrés  de  large. 
Au  fond  de  cette  sépulture  était  un  plancher  en  bois  do 
chêne,  posé  sur  le  tuf  formant  le  sous-sol  environnant.  Les 
parois  de  la  sépulture  étant  démolies,  quand  nous  l'avons 
vue,  il  nous  est  impossible  d'en  donner  les  dimensions  inté- 


A  l'extrémité  est  du  caveau,  au  milieu  des  restes  incinérés, 
qui  en  recouvraient  le  fond,  l'inventeur  receutUit  vingt-cinq 
pointes  de  flèche  en  silex,  à  ailerons  et  à  pédoncule,  d'une 
fmesse  extraordinaire,  beaucoup  plus  élancées  que  celles  du 
Fao-Youen.  Vingt-et-une  sont  entre  nos  mains,  malheureu- 
sement de  celles-ci  cinq  seulement  sont  intactes.  Les  autres 
ont  été  plus  ou  moins  brisées  par  l'inventeur,  au  moment  de 
la  fouille.  Au  centre  de  la  chambre  funéraire  étaient  deux 
poignards  en  bronze  l'un  à  lame  plate,  l'autre  à  lame  épaisse 
renflée  au  centre.  L'une  et  l'autre  de  ces  lames  étaient  ornées 
de  filets  sur  les  bords  ;  réduites  à  l'état  d'oxyde  blanc  nous 
n'en  avons  que  quelques  fragments. 

Du  sommet  des  deux  tumulus  de  Cosmaner  et  de  Fao- 
Youen  on  voit,  à  1500  mètres,  celui  de  Kerhué-Bras  qui  nous 
a  donné  un  si  remarquable  mobilier. 

A  250  mètres  au  nord-est  des  édifices  de  Cosmaner  est  un 
camp  rectangulaire,  de  74  mètres  de  côté,  sur  56,  entouré 
d'un  double  parapet  de  1  m.  50  de  haut  sur  9  mètres  d'épais- 
eeur,  séparé  par  une  douve  de  10  à  12  mètres  de  large. 


n,git,7.cbyGOOglC 


L'intérieur  de  ce  camp  est  sous  culture  et  porte  le  nom 
de  Parc-ar-Hastel.  Le  long  de  son  parapet  nord  est  une 
bande  de  terrain  inculte  où  on  remarque  des  traces  d'an- 
ciennes habitations.  Dans  une  exploration  superlicielle, 
faite  dans  cette  partie  par  le  propriétaire,  il  a  recueilli  une 
fusaïole  et  quelques  fragments  de  poterie  Samienne. 

A  50  mètres  à  l'est  de  ce  camp,  dans  le  champ  dit  Parc- 
do  uar-dec- Bar,  on  trouve,  sous  la  surface  du  sol,  un  dallage 
qui  n'est  autre  qu'un  reste  de  la  voie  Romaine  allant  de 
Quimper  à  Tronoën  et  à  Kerity,  en  passant  par  Kerheuret 
en  Pluguffan,  et  par  Ker-Hastel,  en  Plonéour-Lanvern,  ou 
on  voyait  naguère  encore,  un  tronçon  de  voie  pavée  long  de 
200  mètres  sur  8  métrés  de  large. 

Dans  Parc-douar-dec-Bar  il  a  été  receuilli,  sur  le  bord: 
de  la  voie  Romaine,  une  meule  et  un  vase  en  terre  cuite  plein- 
de  restes  incinérés. 

P.  DU  CHATELUER. 

Kernui,  aTrll  1898. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


XII, 

PONT-CHATEAU  ET  PONT-L'ABBÉ 

AUX  Ktats  de  Bretagne. 

2*  PARTIE  f'Suîfe;. 


2'  PéniODE 
JSf«(s  de  {45i.  Règnes  de  Pierre  II,  Arthur  111,  François  II. 

Il  nous  faut  étudier  l'œuvre  de  Pierre  11  et  de  François  H. 
Notre  grand  Arthur,  le  connétable  de  Ricliemont,  qui  a 
régné  entre  eux,  fut  trop  occupé  de  guerre  ot  porta  trop  peu 
de  temps  la  couronne  ;  il  ne  changea  rien  en  ce  qui  concerne 
les  barons. 

Que  voulut  faire  et  que  fit  Pierre  II  ? 

On  a  écrit  :  "  La  mesure  prise  aux  États  de  Rennes  (lisez 
u  Vannes)  en  1451  s'imposait,  afin  de  bien  délimiter  l'ordre 
B  donné  aux  chevaliers  bannerets  dans  les  cérémonies 
Il  ducales  (1)  ».  C'est  considérablement  amoindrir — je  ne 
dis  pas  assez  —  c'est  absolument  méconnaître  l'œuvre  de 
Pierre  II."  Il  fit  tout  autre  chose.  Il  accomplit  une  révolution 
dans  lorgaiiisalion  nobiliaire.  Parmi  les  cent  seigneurs,  et 
plus,  ayant  litre  de  baron,  il  en  choisit  neuf  qu'il  éleva 
au-dessus  des  autres  seigneurs  bretons;  il  les  filles 
chefs  de  la  noblesse  de  Bretagne,  et  il  dit  aux  autres  : 
fl  Vous  descendrez  au  rang  de  bannerets  ou  même  de  sim- 
ples seigneurs  bacheliers  (2]. 

(1)  Chevalim  bannrreH,  p.  S,  Voir  noie  in  /in*. 

(2)  Des  seigneurs  s'étaient  éveillés  barons,  le  25  mai  li.'i',  qui  s'endor- 
mirent  l«  soir  simples  hachr'llers.  Exemple  :  les  seigneurs  de  la  Mnce  et 
(lu  Chastel.  Ils  avaient  siégé  comme  barons  sous  Jean  IV.  en  IJlK6el  13^7; 
et  leurs  sei;;neuries.  dilt's  hacMeiies,  furenl  éni;èes  en  bannières  par 
l'ierre  [I,  le  li  novembre  Hr.r>.  .Merice,  Pr.  mS-\m. 


D,g,l,7.cbyGOOglC 


-  ^35  - 

Pierre  lia  la  prétention  de  ne  pas  innover.  Il  est  convaincu 
que  ses  prédécesseurs ,  rois  ou  ducs,  ont  créé  les  baronnies 
dont  ils  ont  iixé  le  nombre  â  neuf.  En  ce  moment,  le  nombre 
est  réduit  â  six.  Pour  ramener  ce  nombre  à  neuf,  Pierre  11 
va  créer  les  trois  baronnies  de  Derval,  Maleslroit  et  Quintin 
qui  prendront  rang  après  les  six  autres  [19,  22,  23  mai 
1451)  (l). 

Le  24  mai,  le  duc  ouvre  les  Etats  à  Vannes  ;  et,  le  25,  les 
trois  nouveaux  barons,  Jean  de  Châteaugiron  et  de  Derval(2), 
grand  chambellan  héréditaire.  Jean  Raguenel,  sire  de  Ma- 
lestroit  et  Lai-gouet,  maréchal  de  Bretagne,  Tristan  du 
Perrier,  comte  de  Quintin,  prennent  place  au  banc  des 
barons. 

Trois  seulement  des  barons  anciens  sont  présents  :  ceux 
de  Léon,  Vitré,  Ancenis.  Vitré  est  représenté  par  Guy  (XIV| 
de  Laval,  héritier  présomptif  de  sa  mère,  comtesse  de  Laval 
et  «  baronnesse  de  Vitré  o.  Trois  noms  manquent,  le  procès- 
verbal  ne  mentionnant  que  les  barons  présents.  Mais  les  trois 
absents  sont  nommés  au  procès-verbal  des  Etats  de  1455  ; 
ce  sont  les  barons  de  Châteaubriant,  Retz  et  la  Roche- 
Bernard  (3). 

(I)  Mais  qu'on  le  remari|ue  :  Les  trois  nouvelles  baronnies  ne  rempla- 
çaient pas  Avaugour,  Fougères  et  L»nvaux  ;  le  duc  dit  expressément  que 
les  nouveaux  barons  prendront  assiette  au  rang  des  neuf  anciens  barons 
dont  la  prééminence  est  réservée.  Morlcc.  Pr.  11.  15130-1561. 

Il  ne  faut  donc  pas  dire  arec  le  P.  Toussaint  de  Saint-Luc  qu'Avaugour 
(ut  remplacé  par  Derval,  Fougères  par  Maieslroil,  Lanvaux  par  Quintin 
(V  partie,  table,  p.  1  et  i).  —  Les  lettres  de  création  données  (p.  i3-:^] 
n'indique  ni  pas  ces  remplacements. 

Les  baronnies  d'Avaugour  et  de  Lanvaux  furent  rétablies  par  François 
II,  Fougères  restant  déllniiivenient  au  domaine  ducal. 

(î]  Jean  de  Derval  (et  noQ  de  Laval.  Chevaliers  banneretu,  p.  5,  note  1.1 
—  Sa  femme,  Hélène  de  Laval,  était  Hlle  de  Guy  XIV,  comte  de  Laval,  et 
d'Isabelle  de  Bretagne,  sœur  de  Pierre  H.  C'est  â  eux  que  Pierre  1m  Baud 
présente  son  liisloire  dans  l'estampe  publiée  par  Lobipeau,  Hiat.  p.  8ÎÎ, 
el  Mortce,  Hisl.  II.  p.  215. 

(3)  Moricç,  Pr.  IL  1Ç7Ï. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Voici  donc  la  lïsle  des  neuf  baronnîes  dressée  par  Pierre 
II  :  Léon,  Vitré,  Châteauliriant,  Retz,  la  Roche-Bernard, 
Ancenis,  Derval,  Maleslroit,  Quintin. 

Les  six  premiers  noms  sont  empruntés  à  la  liste  du  dicton 
latin  sur  laquelle,  comme  nous  l'avons  vu,  Le  Pont  n'avait 
pas  place  (1)-. 

Mais  ces  neuf  baronnies,  chimère  avant  1451  (2),  ne  seront 
réalité  que  pendant  le  règne  de  Pierre  II  et  le  règne  trop 
court  d'Arthur  111.  Après  onze  années,  la  réalité  redeviendra 
chimère. 

Le  duc  Pierre  II  a  paru  se  préoccuper  surtout  de  rétablir 
le  nombre  des  neuf  baronnies.  François  II  semble  avoir 
d'autres  visées  et  leiiir  surtout  à  ce  que  le  banc  des  barons. 
Boit  garni.  Or,  aux  Etats  ouverts  par  lui  avec  tant  de  pompe 
à  Vannes,  en  juin  1462,  quatre  barons  seulement  sont  pré- 
sents, les  barons  de  Derval  et  de  Malestroit,  Jean  de  Laval, 
baron  de  la  Roche-Bernard,  et  son  père  Guy,  comte  de 
Laval,  répondant  pour  les  deux  baronnies  de  Vitré  et  Châ- 
teaubriant  (3). 

Le  duc  ne  peut  souiïrir  que  a  deux  baronnies  ainsi  réunies 
dans  une  seule  main  soient  réduites  en  un  seul  suppôt  et 
personnage  a  (4)  ;  c'est-à-dire  que  le  baron,  qui  ne  peut  sa 
dédoubler  pour  occuper  deux  sièges,  laisse  une  place  vide. 
C'est  à  cet  inconvénient  que  le  duc  prétend  porter  remède  |5). 


(1)    Dans   Ckefalieiii   lannereta,   p.   i,  on  Irouïe  une  liste  toute  autre. 
Noie  in  fine. 
(S)  L'expression  est  de  Lolilticnu. 

(3)  Guy  de  l^val,  avait  hÉritè  la  Hoche-Bernard  de  snn  aïeul  Raoul  de 
Montfort,  et  l'avait  donnée  au  second  fils  de  son  premier  nnariage,  JeaD. 

Les  autres  barons  sont  exeusés  :  le  baron  de  Léon  (Jean  1)  de  Kohan)  est 
mineur  ;  le  baron  d'Ancenis  [Jean  IV  de  Itteui)  est  mineur  ;  le  liaroa  de 
Relz  est  maliide;  le  baron  de  Qulnlin  (Tristan  du  Pcrrier)  est  à  Saiot- 
Jac(iues-en -Galice. 

(4)  Morice.  Pr.  III.  C. 

(.'))  Lettres  d'érection  de  CoëtmcD  et  de  la  Hunaudaye, G  septembre  1487. 
Morice,  Pr.  III,  5Ui. 


.yGoogIc 


-  J3T  - 

Rien  de  si  simple  !  Une  place  est  â  remplir  :  Il  faut  em- 
ployer le  moyen  que  le  comte  de  Laval  avait  proposé,  en 
1455,  quand  il  avait  présenté  un  procureur  pour  sa  femme 
baronne  de  Châteaubrianl!  (l)Mais  non  !  Comme  si  la  décision 
de  Pierre  II  repoussant  ce  procureur  avait  fondé  une  règle 
de  droit,  François  II  va  user  d'un  autre  moyen  :  il  va  créer 
une  baronnîe.  11  rétablît  la  baronnie  de  hanvaux  en  faveur 
du  maréchal  de  France  André  de  Laval,  illustre  sous  le  nom 
de  I.ohéac.  C'était  une  gloire  bretonne,  puisqu'il  était  né 
d'un  père  breton.  [Décembre  1463.)  (2) 

Jamais  place  au  banc  des  barons  ne  sera  plus  dignement 
occupée  ;  mais  le  rétablissement  de  Lanvaux  porte  à  dix  les 
neu/ baronnies  de  Bretagne.  En  effet,  la  situation  est  autre 
que  en  1451.  A  ce  moment,  Pierre  II  a  pu  créer  trois  ba 
ronnies  sans  excéder  le  nombre  de  neuf,  parce  que  trois 
baronnies  réunies  au  domaine  ducal  peuvent  être,  pour  un 
temps  au  moins,  considérées  comme  éteintes.  Pour  que 
François  II  puisse  créer  une  baronnie  sans  excéder  le  nombre 
neuf,  il  faudra  une  cause  d'extinction,  une  réunion  au  duché  ; 
mais  cette  extinction  ne  se  produira  que  vingt-trois  ans  plus 
tard  et  elle  sera  éphémère  (3). 

(1)  Morice,  ft-.  11.  1672. 

(î)  Le  uiaréch»!  de  lj)héac  avait  sii'aé  aui  Etats  comme  baron  de  Red 
du  chel  de  sa  femme  Marie  (le  Laval-Rcli,  fille  du  Irop  célèbre  maréchal 
de  Retz:  mais  elle  était  morte  en  U-OS,  sans  enFants  ;  la  Imronnie  avait 
pasié  à  René  de  Laval.  Irène  puinc  de  son  père;  et  le  maréchal  n'avait 
|ilus  place  au  banc  des  barons. 

Vingt-deut  ans  plus  lard,  retiré  à  Laval,  le  maréchal,  usé  par  les 
fatigues  de  la  guerre,  ne  venait  plus  aux  Etats,  où  il  avait  siégé  au- 
dessus  du  baron  de  Derval  (Lobineau,  IliH.  p.  GUO.ISans  enfants,  il 
avait  pour  héritier  présomptif  le  fils  aîné  de  son  frère,  François,  héritier  de 
la  baronnie  du  Vitré  (depuis  Guy  W).  Leduc  François  II  demanda  à  celui-ci 
sa  renonciation  à  Lanvaux  ;  et,  par  lettre  du  'ii  septembre  l48r>  iMorice.  Pt: 
III.  UO-8'2)  donna  la  survivance  de  Lanvaux  à  Louis  II  de  Guèmené- 
Rohan.  Le  marécbal  mourut  le  il  décembre  suivant.  Note  in  fine. 

(31  Je  veux  parler  de  la  conliscation  de  ta  baronnie  de  Léon  en  punition 
de  la  rébellion  da  vicomle  de  Rohan.  en  UsG. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Guy  de  Laval  avait  paru  en  1451  et  1455  aux  Elats  comme 
représentant  sa  mère  Anne,  baronne  de  Vilré  ;  mais  il  tenait 
la  baronnie  de  Cbâteaubriant  du  chef  de  sa  seconde  femme 
Françoise  de  Dinan.  Ne  pouvant  occuper  les  deux  sièges,  il 
présenta  le  comte  de  Gavre,  fils  aîné  de  son  premier  ma- 
riage, comme  procureur  de  sa  belle-mère  «  baronnesse  de 
Cbâteaubriant  ».  i  L'assiette  fut  refusée  au  comte  de  Gavre  ; 
mais  la  baronnesse  fut  excusée,  parce  que  son  mari  est 
présent  •  (t). 

Ce  n'est  pas  à  dire  que  la  baronne  de  Cbâteaubriant  est 
représentée  par. son  mari  présent;  non,  elle  est  considérée 
comme  absente,  mais   «  excusée  »,  parce  que  son  mari  qui 
siège  pour  Vilré  ne  peut  siéger  eu  même  temps  pour  Cbâ- 
teaubriant. ï.a  représentation  par  procureur  était  admise 
r  les  bannerets  (2)  :  pourquoi  ne  serait-elle  pas  admise 
r  les  barons  ?  Cette  décision  va  avoir  pour  conséquence 
uiae  du  principe  des  neuf  baronnies. 
e  duc   et  son  conseil  n'auraient-tls  pas   compris  que 
nction  d'une  baronnie  et  réunion  de  deux  baronnies  en  la 
te  main  ne  sont  pas  des  termes  synonimes  ?  On  ne  peut 
aginer  une  pareille  erreur  de  droit  comme  de  fait.  La 
lion  de  deux  baronnies  ne  produit  pas  lextinclion  de 
e  d'elles. 

a  réunion  de  deux  baronnies  est  un  fait  nécessairement 
sitoire;  la  création  d'une  baronnie  fonde  un  droit  per- 
lel.  En  droit,  il  y  aura  dix  baronnies  au  lieu  de  neuf  ;  et, 
•lit,  le  jour  où  la  réunion  cessera,  dix  barons  au  Heu  de 
'  pourront  siéger  ensemble.  Ainsi,  pour  prendre  un  exem- 
que  Françoise  de  Dinan  meure,  son  mari  le  comte  de 
al,  siégera  comme  baron  de  Vitré,  François,  fils  aîné  et 

Morice  Pr  H.  \iili. 

Exemples    Morice  l'r.  11.  1073. 


.yGoogIc 


-  U9  - 

héritier  de  Françoise  de  Dinan,  siégera  comme  baron  de 
Chàteaubriant  ;  et,  auprès  deux,  comme  baron  de Lanvaux, 
siégera  le  maréchal  de  Lohéac  :  que  les  autres  barons 
soient  présents,  il  y  aura  dix  sièges  occupés. 

En  1471,  une  nouvelle  réunion  se  produit.  Voilà  Françoise 
Raguenel,  femme  de  Jean  de  Rieux,  baron  d'Ancenis,  héri- 
tant de  son  père  la  baronnie  de  Malestroit  !  Le  duc  va-t'il 
laisser  passer  l'occasion  de  créer  une  baronnie  ?  On  le  dirait, . . 
mais  le  duc  attend  la  majorité  de  son  fils  naturel,  François  ; 
elle  arrive  en  1480,  et  le  duc  sempresse  de  rétablir  la  ba- 
ronnie d'Avaugour,  avec  le  titre  usurpé  de  première  baronnie 
de  Bretagne  ;  et,  dans  les  lettres  très  solennelles  qui  érigent 
Avaugour  et  portent  ainsi  le  nombre  des  baronnies  à  oiue, 
le  duc  prend  soin  de  rappeler  que  ses  prédécesseurs,  «  rois- 
ou  ducs,  ont  été  régis  en  ordre  et  police  de  neuf  prélats  et 
neuf  barons...  (1)  r 

En  1482,  nouvelle  réunion  :  Françoise  de  Rieux,  baronne 
de  Malestroit  par  la  mort  de  sa  mère,  hérite  l'année  suivante 
la  baronnie  de  Derval  de  sa  grandmère  maternelle  Gîlelte 
de  Derval  ;  et  elle  est  fiancée  à  François  de  Laval  qui  héri- 
tera Chàteaubriant  de  sa  mère  Françoise  de  Dinan. 

En  présence  de  cette  éventualité  (2),  le  duc  comptant  sur 
des  réunions  futures,  dont  l'une  se  fera  seulement  seize  ans 
plus  tard,  créa  deux  autres  baronnies,  La  llunaudaye  el 
Coëtmen  (1487). 

En  sorte  que,  à  la  mort  de  François  II,  qui  a  solennelle- 
ment proclamé  le  dogme  des  neuf  baronnies,  en  réalité  il 
y  en  a  treize  !  (3)  Savoir  : 

(1)  Lellrea  du  U  septembre  M80.  Mortcc  Ih:  lli,  3j8. 

{3)  Celte  cvenlUcililé  est  expressément  indi(|uée  dans  les  lettres  d'éreclion 
des  deux  baronnies  de  Lnètmcn  et  la  HunauiJiiye  :  Morlce,  /V.  III.  551-r>55. 
La  réunion  prévue  de  Quintin  à  La  Uuche-Bcrnard  se  tera.initls  seulement 
en  1504  aux  mains  (non  de  Prani-nts  nommé  pnr  erreur)  de  Nirolns  de 
l..aval,  HIs  de  Jean,  baron  de  la  Hiietie-Bernard.  et  de  Jeanne  du  Perrier, 
<,elle-ei,  veuve  de  Jean  de  Ijival  en  W.ii,  aujourd'iiui  (enimc  de  Pierre  de 
Hohan,  niourul  en  15UI. 

(3)  Je  souligne  les  cKations  de  Pierre  [I  et  François  11. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  m  - 

Àvaugour,  La  Roche-Bernard,      Quintiv, 

Léon,  Ancenis,  La  Hunaudaye, 

Vitré,  Lantaux,  Coëtmen, 

Cbâteaubrtant,     Deroal, 
ReU,  Ualestroit, 

Bans  compter  Fougères  qui  est  resté  dans  le  domaine  ducal  I' 
Nous  verrons  plus  tard  à  quelles  obstinées  réclamations 

donna  lieu  la  création  de  ces  deux  dernières  baronnies. 


Un  auteur  qui  rejette  l'autorité  de  Lobineau  et  de  D. 
Morice  môme  quand  ils  publient  des  actes  authentiques  (1), 
a  cherché  ailleurs  que  dans  leurs  histoires  ou  leurs  preuves 
la  liste  des  neuf  barons  de  Bretagne  ;  il  a  publié  une  liste 
inédite  jusqu'ici,  comprenant  dix  barons  au  lieu  deneu^,  sur 
laquelle  le  baron  de  Pont-l'Abbé  occupe  le  neuvième  rang  ; 
et  se  reportant  au  lendemain  des  Etats  de  1451,  l'auteur  dit" 
que  a  désormais  les  barons  de  Pont  figureront  sous  la  déno- 
mination de  haut  baron  ou  baron  ancien  »  (2). 

Deux  erreurs  certaines.  La  liste  est  erronée  :  ce  qui 
précède  démontre  l'inexactitude  de  cette  liste.  En  second 
lieu,  affirmer  qu'après  les  Ktats  de  1451  les  sires  de  Pont 
jusque  là  barons  furent  dits  barons  anciens  ou  hauts  barons 
est  une  autre  erreur,  dont  la  preuve  est  faite  par  les  sires  de 
Pont  eux-mêmes. 

Aux  Etats  de  1451,  1455  et  1402,  Jean  III  de  Pont  rt^pond 
à  l'appel  comme  banneret  ;  et,  en  1480,  son  fils  Pierre  n'a 
pas  et  ne  réclame  pas  d'autre  titre. 

11  nous  faut  suivre  Jean  III  et  Pierre  aux  Etats,  voir  le 
rôle  qu'ils  y  ont  joué,  rechercher  «  jusqu'à  quel  point  ils 

(1)  Les  Chevalier»  bamertU,  préface  V.  —  t  ..  .0.  Morice,  Lobineau,  le 
chanoine  Moreau...  :  je  les  ai  en  suspicion  plus  que  tous  aulres  parce 
qii'ila  ont  trop  tcril  pur  la  sénéralitÉ  pour  avoir  pu  approfondir  les  dé- 
tails ..  >  Voilà  un  Briet  dont  il  est  lacilc  de  ditendre  Moreau. 

(2)  Les  Ckevaliert  bannereis,  p.  4  et  5.  Ci-dessous,  note. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


«  élevèrent  leurs  prétentions  »,  et  reconnaître  si  et  comment 
V  ils  arrivèrent  petit  à  petit,  comme  on  l'a  écrit,  â  3e  débar- 

■  rasser  de  leurs  compétiteurs  (I).  ■ 

Les  anciens  barons  réduits  par  Pierre  II  au  rang  de  ban- 
nerets  se  résignèrent-ils  à  cette  diminution  de  dignité  ?  Le 
procès -verbal,  tel  qu'il  a  été  publié,  ne  mentionne  aucune 
protestation  (2).  Quelques-uns  exhalèrent  leur  mauvaise 
humeur  en  de  stériles  contestations  à  propos  de  leurs  places 
au  rang  des  bannerets. 

Parmi  eux  se  trouve  Jean,  sire  de  Pont-l'Abbé  et  Roslre- 
nen.  En  1451,  il  prétend  avoir  assiette  avant  le  vicomte  de 
Coëtmen  ;  le  duc  adjuge  la  premiè.-e  place  pour  ce  jour  eu 
sire  de  Pont-l'Abbé  ;  le  lendemain,  elle  appartiendra  au 
vicomte  de  Coëtmen,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  la  clôture  des 
Etats.  En  effet,  le  sire  du  Pont  parait  un  jour  Pavant-dernier 
sur  la  liste,  le  vicomte  de  Coëtmen  étant  le  dernier.  Le  len- 
demain, le  tour  est  changé  (3). 

La  décision  du  duc  ne  satisfait  ni  l'un  ni  Tajjtre  et  chacun 
fait  ses  réserves  dont  le  duc  donne  acte.  Quatre  ans  plus 
tard,  la  question  n'était  pas  jugée  ;  elle  débat  recommença  aux 
Etats  de  1455  (Vannes,  novembre).  Leduc  décida  que  le  sire 
de  Pont  siégerait  lo  premier,  et  le  sire  de  Coëtmen  après, 
sans  préjudice  de  leurs  droits  pour  cette  fois.  Ce  n'était  pas 
encore  une  décision  (4). 

Aux  Etats  de  Vannes  de  juin  1462,  Jean  de  Pont  allait  sou- 
lever une  bien  autre  question.  En  1420,  Charles  de  Rohan, 
sire  de  Guémné,  aviiit  obtenu  le  droit  de  porter  sur  un 
carreau  le  cercle  royal  du  duc.  Son  fils  et  héritier  était  mort 

(l)  £m  Digoudem,  p.  1Î5. 

{2)  Il  esl  vrai  que  Gilles  de  Tournemine,  baron  de  la  Hunaudaye.  qui 
prolestera  plus  lard  (IlSi),  était  malade  et  représenlé.  Morioo.  Pr.  Il,  1jU7. 
(3)  Morice  Pr.  II,  1565-IMIt. 
W  Morice  Pr.  11,  16?i-T8, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  \i2  — 

en  1457  ;  le  fils  de  celui-ci,  Louis  II,  était  mineur  et  trop 
jeune  pour  remplir  cet  office,  et  Jean,  sire  de  Pont,  son 

tuteur,  le  suppléa  (1).  Il  marcha  dans  le  cortège  portant  le 
cercle  royal  ;  en  séance,  il  se  tînt  auprès  du  duc. 

N'ayant  pas  siégé  au  banc  des  bannerets,  le  sire  de  Pont 
y  réserva  sa  place  pour  l'avenir,  ce  qui  était  de  droit.  Mais 
il  souleva  une  autre  prétention  ;  et  îl  avait  prémédité  cette 
réclamation,  puisqu'il  la  fit  appuyer  par  un  homme  de  loi. 
Appelé  au  rang  des  bannerets  après  le  sire  de  Clisson.  (que 
le  duc  tient),  et  les  8iresdeRochefort,MontaubanetGuémené, 
et  avant  les  sires  de  la  Ilunaudaye  et  de  Coëtmen  (2),  il  se 
mit  à  réclamer  la  première  place  que  prétendaient  aussi  les 
bannerets  de  la  Ilunaudaye  et  de  Coètmén  (3). 

Quelle  imprudence  !  Jean  de  Pont-l'Abbé  a  obtenu  pour 
son  fils  Pierre  enfant  la  main  de  sa  pupille  Hélène  de  Rohan  ; 
elle  est  à  la  disposition  de  son  aïeul  maternel,  Jean  de  Mon- 
tauban,  amiral  de  France.  Celui-ci  n'est  pas  présent  ;  mais 
comment  prcndra-t-il  les  prétentions  du  sire  de  Pont- 
r  Abbé  ?  (A| 

(1)  Il  s'fiRlt  de  Louis  II  de  Itohan.  plus  tard  |1485)  baron  de  I^nvaux  ; 
son  pËre  élait  mort  en  14<T.  Un  voit  que  Louis  II  se  maria  en  14.VÏ.  Il  ne 
peut  s'agir  que  du  contrnt  de  mariage,  puisque  son  pfres'Ëtant  marié  seu- 
lement en  iU3.  Louis  II  ne  pouvait  Hre  qu'un  entant.  Sa  sœur  Hélène. 
plus  jeune  que  lui,  avait,  été  de  mfine  llancËe  à  Pierre,  héritier  présomptif 
de  Hont-l'Atit»  en  Itvi,  et  en  lii>3,  on  arrêtait  les  derniers  accords  du 
mariage  encore  à  (aire  (Morice />r.  III,  41-13  )  Pierre  de  Pont,  seigneur 
de  Hnstrenen.  du  chel  de  sa  m'ire,  n'avait  pas  vingt  ans,  donc,  en  Mji,  il 
avait  onze  ans  au  plus. 

Louis  I"  avait  par  testament  donné  la  tutelle  de  ses  entants  au  sire  du 
Pont.  Sa  veuve,  Marie  de  Montauban.  autorisée  de  son  père  l'amiral  de 
France,  ta  rÉclania.  l..e  duc  Arthur  III,  par  ordonnance  du  3  juillet  1 1!)8, 
mainlint  le  lestamenl   Morice  h:  11,  1730-31-3;, 

(2)  Morice,  Tr.  III,  7. 

(3)  Morice   Pr.  III,  10  et  11. 

(4.)  Y  eut-il  quelque  dimcullé  entre  eux?  Il  semblerait  puisque  nous 
voyons  un  accord  intervenir  relativement  au  mariage  —  IS  juin  1463. 
Morice.  fr.  111,  4.|~4(.  Pierre  est  dit  sieur  de  Bostrenen,  du  clief  de  sa 
mère  morte  ea  1456.  (Mme  du  Laz.) 

Il  y  avait  eu  autreFois  une  grosse  querelle  entre  les  sires  de  la  Hunau- 
daye  elde  Rostrenen.  V.  Parlement  général  lenu  à  Rennes  par  Jean  IV  en 
mai  1381.  Morice.  t'r.  II,  45U-465.  Le  sire  de  la  Hunaudaye  avait  enfreint 
une  sauvegarde  accordée  par  Monsieur  (le  duc)  au  sire  de  Rostrenen  pour 
lui,  sa  ramlllc  et  ses  possessions.  Le  duc  renouvelle  la  sauvegarde  et  com- 
mande de  la  tenir.  —  160  bas  de  la  page,  4[ji  idem,  tS4  fia  du  1"  aliéoa 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  U3  - 

Quoiqu'il  en  soit,  les  dires  du  sire  de  Pont  soulevèrent  les 
protestations  de  ses  deux  compéUteurs  ;  en  même  temps 
celles  du  sire  de  Rieux  pour  sa  bannière  de  Rochefort,  du 
baron  de  Derval  pour  sa  bannière  de  Rougé,  du  baron  de 
Malestroit  pour  sa  bannière  de  Combourg...,  Le  duc  les 
renvoya  tous  se  pourvoir  en  Parlement  (l),  Jean  de  Pont 
allait  mourir  avant  que  la  question  fut  jugée  (2). 

En  septembre  1480,  les  Etats  siégeaient  à  Vannes  ;  ef 
Pierre,  sire  de  Pont  et  Roslreiien,  avait  répondu  comme  ban- 
neret.  Le  duc  résidait  près  de  la  ville,  au  manoir  de  l'Eslren- 
nic.  Les  Etals  députèrent  au  duc  pour  le  supplier  de  relever 
la  baronnie  d'Avaiigour,  première  baronnie  de  Bretagne,  di- 
sait-on (3),  en  faveur  de  son  fils  naturel  François  de  Bretagne, 
qu'il  a  déjà  (ait  seigneur  de  Clisson.  Les  députés  étaient 
quatre  évêques,  trois  abbés,  deux  barons  et  un  banneret, 
Pierre  de  Pont-l'Abbé.  Combien  cette  démarche  dût  coûter 
au  jeune  banneret  !  11  a  sans  doute  hérité  les  ambitieuses 
prétentions  de  son  père  ;  il  prétendait  passer  avant  le  sei- 
gneur de  Clisson  au  rang  des  bannerets,  et  il  va  supplier  le 
duc  de  faire  monter  le  sire  de  Clisson  au  rang  des  barons  ! 

(1)  Morice,  Pr.  II  .  tlO-!1  et  1^  Mais  Je  duc  ne  leur  interdil  pas  de 
paraître  aux  Etats  avant  d'avoir  un  arrêt.  V.  note  in  fine. 

(3)  A  quelle  date  mourut  Jenn  11  ?  On  a  dit  iiSO  en  se  fondant  sur 
deux  actes  donnés  par  D.  Morice.  Pr.  III.  339  et  3J3  :  — 21  scplembrc 
14S0  et  23  septembre.  La  date  du  premier  acte  où  comparait  Jean  est 
erronée.  —  En  ellet,  dès  1477,  entre  le  27  mai  et  le  II  juin,  on  voit  cilé 
le  «ire  du  l'ont  ef  de  Rostrenen.  iMorice,  Pi:  ILI.  3J3.)  C'est  rerla in enjent 
Pierre,  seigneur  de  Rostrenen  par  la  mort  de  sa  mère  en  IISG,  et 
seigneur  du  Pont  comme  héritier  de  son  père. 

(3)  Première. ■■  pourquoi  ?..,  Pas  parce  qu'elle  est  la  plus  ancienne.  Ce 
titre  appartient  à  Vitré  remontant  m\  premières  années  de  xi*  siècle, 
anlérieure  de  150  ans  à  t^oo,  Hef  donné  en  partage  au  cadet  de  la  maison 
de  lAin  en  1179,  —  M   de  la  Bordarie,  baronnies...  p.  LXXI,  note  3. 

Première,  sans  doute  pour  cette  raison  (il'imaginationi  empruntée  à  la 
charte,  ■  parce  que  le  seigneur  deseend  de  la  ligne  d'Audren,  roi  de 
Bretagne  •.  Très  mal  imaginé,  puisque,  deux  lignes  plus  bas,  l'auteur 
mettra  au  5'  rang,  après  Avaugour,  Léon,  Fougères,  Vilré,  le  seigneur 
de  Rohan  qu'il  dit  descendre  de  (ionan  lui-même.  Moricei  Pr,  11,  Prélace 
XXV,  noie. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  ^^^  - 

Maie  quel  crève-cœur  pour  lui,  lorsque,  sept  ans  plus  tard, 
le  duc  érigea  en  baroonies  les  seigneuries  de  deux  autres 
compétiteurs:  la  Huuaudaye  et  Coëtmen!  Et  il  lui  faut 
reconnaître  que  ces  deux  bannerets  ont  mérité  celte  faveur 
par  leur  fidélité  au  duc.  Quelle  folie  à  lui  d'avoir  suivi  dans 
leur  rébellion  le  vicomte  de  Rohan,  le  sire  de  Rieux  et  l'in- 
grat baron  d'Avaugour  !  Que  n'a-t-il  suivi  l'exemple  de  son 
neveu  Jean  de  Coëtmen  !  Sire  de  Pont  et  Rostreneu,  plus 
puissant  seigneur  que  Coëtmen,  il  serait  baron  de  Pont  (1). 

Hâtons-nous  de  dire  pourtant  que  le  sire  de  Pont-l'Abbé 
revenu  au  duc  réparait  noblement  ses  torts  en  tombant  avec 
flon  frère  Vincent  sous  la  bannière  bretonne  sur  le  champ 
de  bataille  de  Saint-Aubin-du- Cormier. 

Ainsi,dans  cette  seconde  période, la  rivalité  des  sires  dePont- 
Château  et  de  Pont-l'Abbé  n'apparaît  pas,  et  pour  une  bonne 
raison,  c'est  que  tous  les  deux  sont  descendus  ensemble  du 
banc  des  barons  à  celui  des  bannerets.  Les  procès-verbaux 
des  Etats  nous  montrent  le  sire  de  Pont-l'Abbé  élevant  la 
prétention  —  presque  ridicule  —  d'être  1g  premier  banneret 
deRretagne;  il  n'a  pas  pour  compétiteur  le  sire  de  Pont- 
Chàteau,  mais  surtout  les  bannerets  de  la  Hunaudaye  et  de 
Coëtmen  ;  et  ces  discussions  cessent  lorsque  ces  deux  ban- 
nerets passent  au  rang  des  barons.  La  défaite  de  Pont-l'Abbé 
est  entière. 

En  présence  de  ces  faits  comment  dire  :  «  Les  barons  de 
Pont  petit  à  petit  arrivèrent  à  se  débarrasser  de  leurs  com- 
pétiteurs? 0  Imagination  au  moins  pour  cette  période.... 
Voyons  la  suite.  J.  TRÉVÉDY, 

AïKien  Piéiidenl  du  Tribunal  cieil  de  Quimptr. 
(A  suture.) 

(1)  Au  mot  Trémeven  (II.  p.  9Ji),  Ogce  a  écrit  :  <  En  H97  (lire  HSl) 
Ir  terre  de  Co^lmen  [ut  ériRée  en  baronnie  par  le  duc  François  il  (qui 
Âuil  mort  en  1488]  en  faveur  de  Jean,  vicomte  de  Coëtmea,  époux  de 
Jeanne  du  Pont,  lllle  de  Pierre,  baron  du  Pont,  et  d'Hélène  de  Itoban.  > 
Jeanne  ëlail  siBur  de  Pierre  el  non  sa  Qile.  —  Cf.  sur  ce  point  la  ita- 
tvimie  de  Roairemn  par  la  CDiniesse  Jégou  da  Lai,  p.  îi  et  30. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


PONT-CHATEAU  ET  PONT-L'ABBE 

AUX  États  bb  Bretagne. 
2' PARTIE  fSMtïe;, 


3°  Période. 
Sous  la  Royauté,  (l)  —  ii9i-i789. 

Après  le  mariage  d'Anne  de  Bretagne,  ie  dévoûment 
marqué  à  la  duchesse  contre  le  Roi  devint  un  titre  à  la 
faveur  royale,  La  mort  de  Pierre  de  Pont-l'Abbé  sous  la 
bannière  bretonne  était  une  recommandation  pour  son  fils 
enfant.  Ajoutons  que  celui-ci  avait  pour  mère  Hélène  de 
Rohan-Guémené  (2)  ;  et  que  le  Roi  ne  pouvant  (et  pour  de 
trop  bonnes  raisons)  avoir  confiance  au  vicomte  de  Rohan, 
devait  chercher  à  détacher  du  vicomte  pour  se  les  attacher 
à  lui-même  les  seigneurs  de  la  maison  de  Rohan. 

En  décembre  1492,  Hélène  de  Rohan  demanda  au  Roi  le 
titre  de  baron  de  Pont  et  de  Rostrenen  pour  son  fils  Jean  et 
pour  sa  descendance,  Charles  VIII  accorda  la  demande  et  dit 
que  la  nouvelle  baronnio  prendrait  rang  après  celle  de 
Quintin,  c'est-à-dire  avant  les  baronnies  de  la  Hunaudaye  et 
Coëtmen  (3). 

On  pourrait  croire  que  ces  deux  barons  protestèrent  : 
toutefois  nous  n'avons  aucune  preuve  des  réclamations  de 

(i)  Plus  exactemenl  :  Dqmh  le  mariage  d'Anne  de  Bretagne  avec 
Charles  VIII. 

l^)  Serait-ce  à  cause  de  son  nom  qu'oa  a  imagiaé  que  FORt-l'Abbi 
passa  au  xv*  siËcle  dans  la  niaisun  de  Rohan  [et  de  celle-ci  dans  ia  laoïille 
de  Bichelieu,  7  ORèe,  II.  p.  474,  note. 

(3)  li  ne  faut  pas  oublier  que  les  rangs  d'Avaugour  (!},  fougères  (4;  el 
Lanvaux  (9),  avaient  été  réservés  par  Kerre  l[, 

La  baratmie  nouvelle  élait  ainsi  au  12'  rang,  cummc  nous  allons  voir, 
BULLBTiH  ABCHiOL.  DU  FiNiSTÈu.—  ToME  XXV.  (Mémoir«s).    10 


n,g,t,7.cb;.Googlc 


—  146  — 

Coetmeu  ;  La  Hunaudaye  protesta  à  l'assemblée  de  février 
1493.  Mais  les  Etats  s'empressèrent  d'admettre  les  lettres 
du  Roi  en  leur  teneur  ;  et  firent  placer  le  sire  du  Pont-l'Abbé 
après  le  liaron  de  Quintin,  on  réservant  les  preuves  que  la 
Hunaudayii  demandait  à  faire  (1).  Celui-ci  renouvela- t-il  ses 
réclamations  ?  Peut-être.  Du  moins  le  baron  de  Pont-l'Abbé 
crut-il  utile  d'obtenir  de  nouvelles  lettres.  Treize  ans 
plus  tard,  Louis  XII  et  Anne  de  Bretagne  lui  accor- 
dèrent des  lettres  conlirmatives  de  celles  de  décembre 
1492. 

Or,  un  temps  viendra  où  ces  lettres  royales  demandées  et 
reçues  comme  une  grâce  insigne  seront  dissimulées  par  le 
baron  comme  compromettantes.  Klles  sont  un  titre  trop 
jeune  ;  elles  ne  permettent  pas  au  baron  de  réclamer  une 
place  parmi  les  neuf  barons  anciens.  En  preuve  de  cette 
prétention,  il  invoquera  les  anciennes  assises  des  ducs, 
notamment  celle  d'Alain  Fergent  de  1087  (2)  ;  comme  si  la 
déclaration  de  Pierre  11  n'avait  pas  mis  A  néant  l'assise 
prétendue  de  1087  ;  comme  s'il  était  démontré  que  le  Pont 
nommé  en  1087  est  Pont-l'Abbé  et  non  Pont-Château  [3)  ! 

Quand  il  donnait  à  la  baronnïe  de  Pont-l'Abbé  la  première 
place  après  Quintin,  le  Koi  ne  tenait  pas  compte  des  der- 
nières créations  de  François  H  ;  mais  il  acceptait  sa  pensée 
en  ce  qui  touchait  l'effet  des  réunions  de  plusieurs  baroonies 
en  une  seule  main;  et,  comme  François  II,  il  faisait  échec  au 
principe  des  neuf  baronnies. 

(1)  Morice,  Pr.  III.  71U-750,  Nous  Q'avons  pas  les  lettres  de  li'Ji  ;  elles 
ne  sont  pas  relatées  in  extenso  dans  le  procès-verbal  rapporté,  el  nous 
n'avons  des  lettres  conRrniativKS  de  1505  ou  l.'ijG  que  cette  simple  note  ; 
1  Confirmation  du  Roy  des  uiandemeLil  et  (rèalion  du  feu  Roy  Cliarles  el 
de  la  Reine  du  titre  et  nom  de  baron  pour  Jean,  sire  de  Pcnl-l'Alil»^.  > 
Morice,  Pr.  III.  616. 

(1)  Aveu  de  Pont-l'Abbé  (1733)  au  début  —  M.  PuIr  (/,«  Biuoiideim. 
p.  \T1)  avait  Fait  allusion  à  ces  lettres  royales.  Il  n'en  est  plus  question 
dans  les  Chevaliers  bannerets.  V'  i'  ' 

{3)  Ci-dessus,  p.  81  el  sui< 


..Google 


-  ut  — 

Supprimons,  si  vous  voulez,  la  baronnie  de  Fougères  qui 
est  et  restera  au  domaine  ducal  ;  comptons  pour  une  les 
deux  baronnies  de  Maleslroit  et  de  Derval  pour  le  moment 
réunies  ;  Vitré  et  Châteaubriant  séparés  par  la  mort  de 
Guy  XIV  (en  1486)  comptent  désormais  pour  deux.  Ainsi 
Pont-l'Abbé  ne  vient  qu'à  la  onzième  place  dans  la  liste 
suivante  : 

1°  Avaugour,  2"  Léoq,  3°  Vitré,  (Fougères},  4°  ChSteau- 

briant,  5°  Retz,  6°  La  Roche-Bernard,  7°  Ancenis,  8°  Lan- 

vaux,  9°  Malestroit  et  Derval,  10°  Quintin,  11°  Pont-l'Abbé. 

Et  Pont-l'Abbé  n'aura  que  le  12°  rang  quand  Malestroit  et 

Derval  seront  séparés  :  ce  qui  ne  tardera  guère. 

Ajoutons  que  les  deux  baronnies  de  la  llunaudaye  et  Coët- 
men  que  le  Roi  semble  oublier  existent  et  réclameront  leufs 
places.  Le  nombre  des  baronnies  est  donc  de  14...  et  ce  n'est 
pas  tout. 

Voici  une  quinzième  baronnie  !  Nous  l'avons  vu,  Pont- 
Château  avait  eu  avant  1451,  ainsi  que  Pont-l'Abbé  et 
nombre  d'autre?  seigneuries,  le  titre  de  baronnie  (1}.  Comme 
Pont-l'Abbé,  Pont-Château  avait  été  réduit,  en  1451,  au  rang 
de  bannière  sans  qu'il  apparaisse  de  la  protestation  du  baron, 
en  même  temps  vicomte  de  Rohan  et  baron  de  Léon. 

Après  la  mort  du  vicomte  (1462),  Pont-Château  appartint 
à  sa  veuve  Perronnelle  de  Maillé  ;  et  par  la  mort  ou  la  démis- 
sion de  celle-ci  (vers  1479)  son  fils  aîné  Pierre  fut  seigneur 
de  Pont-Château.  Aussitôt  le  jeune  seigneur  se  para  du  titre 
de  baron  dans  les  actes  plus  solennels  (2).  Que  prétendait-il  ? 
Voyant  les  neuf  baronnies  dites  anciennes  déjà  au  nombre 
de  onze  en  1480,  espérait-il  créer  une  tradition  en  faveur 
de  Pont-Château?  Voulait-ii  simplement  rappeler  le  souve- 

(f)  Ci-dessus,  p.  i!t,  T8. 

(3)  Ci-dessus,  p  5î.  CF.  son  caairat  de  mariage  du  20  novembre  11S4 
rMorice  Pr.  III.  lil.)  —  Serment  sur  les  reliques  de  saint  Hervé,  23  mai 
1497.  (Mortce  Pr.  Ill,  788.  —Son  testament  lï-îi  Juin  1518.  MoricaPr. 
ill.  943.) 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  as  - 

nir  de  l'ancienne  dignité  de  sa  seigneurie  'f  Toujours  est-il 
que  cette  usurpation  de  titre  absolument  contraire  à  l'usage  (1  ) 
se  perpétua  après  lui  ;  et  que  ses  successeurs,  de  leur  aulo- 
rilé,  et  sans  intervention  du  Roi,  ajoutèrent  Pont-Château  à 
la  liste  des  n^w/"  baronnies  ! 

Chose  curieuse  !  Cette  usurpation  réussit.  Les  Etats  tolé- 
rèrent cette  violation  du  principe  des  neuf  baronnies  ;  et  la 
baronnie  de  Pont-Cliàteau,  qui  était  aiins  titre,  allait  survivre 
aux  baronnies  de  François  II,  même  aux  deux  dernières  que 
des  lettres  du  Roi  avaient  confirmées,  comme  nous  le  ver- 
rons. 

Bien  plus,  la  baronnie  sans  titre  prendra  rang  avant  les 
trois  baronnies  de  Pierre  II  et  avant  Pont-l'Abbc  ;  et  cette 
dernière  baronnie,  créée  pour  prendre  rang  après  Quintin, 
passera  avant  les  trois  baronnies  de  Pierre  li,  et  viendra  à 
la  huitième  place. 

Or  des  quinze  baronnies  que  nous  venons  de  nommer,  en 
14U2,  quatre  n'apparaissaient  plus  aux  Klats  au  milieu  du 
XVII*  siècle. 

Il  n'est  plus  question  de  Lanvaux  après  les  premières 
années  du  xvi'  siècle  (2). 

Après  avoir  présidé  les  Etats  en  1597  et  li)'J8,  Avaugour 
disparaît  (3). 


eux-mêmes  dans  les  acte:).  ■  Loblneau.  lliit. 

SMau  ne  porte  la  qualité  de  baron  qu'aucun  selpneur  as  s'appropriait  :  ce 
ne  fut  qne  dans  le  dernier  siËcle  (le  xvi')  qu'un  s'einliaronna,  de  même 
qu'en  celui-ci  (le  xvir')  on  s'est  emmarquise.  >  Hévin  écrivant  après  ICHj 
Ûueiifiom.  p.  81,  n-  27. 

(3)  La  baronnie  de  Lanvaut  dnnnâc  en  [Wi  .\  l^uis  Hl  de  llohan- 
Guémené,  amiral  da  Bretaf;ne  (l41)l',  ne  cqnsîslDll  guère  q'ie  dans  tes 
ruines  du  château  que  le  nouveau  naron  élall  autorisé  à  •  édiller  •. 
(Horice.  Pr.  Il[  i8!-4'il.l  [l  s'en  garda  i>ien.  Après  sa  mort  I  i()S',  son 
lils.  son  petit-lils.  comte  de  Montbazon,  son  arriére- pet) llils,  prince  de 
Guèmenè  elduc  de  Moutbazon,  morts  en  15Î7,  l.)'>7,  tlill,  ne  paraissent 
pas  avoir  réclamé  leur  prérogalive  de  baron 

(3)  Cependant  Claude  de  Bretagne  comte  de  Vertus  et  Goello  [qui  com- 
prend Avaugnur)  mort  en  l(i37,  prenait  encore  le  lilrc  d'Avaugour, 


n,g,t,7.cb;.GOOglC 


—  i^9  — 

Le  baron  de  la  Ilunaudaye  préside  en  1605  et  en  1610(1). 
En  1621,  il  prend  la  présidence  qu'il  cède  au  baron  de  Pont 
et  de  Coëtmcn  {2j.  Puis  l'opposition  des  Elats  aux  dernières 

créations  de  François  II  finit    par  en  avoir  raison au 

moins  pour  celte  époque.... 

Vers  le  même  temps,  en  1587,  Pout-l'Abbé  préside.  Le 
baron  est  alors  Toussaint  de  Beaumanoir,  vicomte  du  Besso. 
En  1590,  sa  fille  Hélène  hérite  la  baronnie,  et,  en  1021,  — 
comme  nous  venons  de  le  dire  —  les  Etats  sont  présidés  par 
son  second  mari,  Charles  de  Cossé,  marquis  d'Acigné,  ot.en 
même  (emps  baron  de  Coètmen. 

Jusqu'à  cette  époque  personne  ne  contestait  le  titre  de 
Pont-I'Abbé.  Mais,  un  peu  après,  Pont-Château  reparaît  aux 
Elats,  et  alors  commencent  des  débats  qui  s'assoupissent 
pour  reprendr,'  plus  tard  et  vont  durer  jusqu'en  1789. 

L'histoire  de  ces  débals  aurait  son  intérêt  ;  nous  ne  pou- 
vons en  dire  que  quelques  mots  ;  mais  nous  devons  montrer 
Pont-Château  et  Pont-I'Abbé  adversaires  l'un  de  l'autre  aux 
doux  derniers  siècles,  et  n'admettant  pas  comme  transaction 
l'alternance  dont  on  parle  aujourd'hui. 

La  seigneurie  de  Ponl-Chateau  avait  passé  par  acquêt  aux 
mains  de  René  du  Cambout,  soigneur  de  Coislin.  En  1624, 
Sun  fils  César  obtient  rérectiou  du  marquisat  da  Coislin  avec 
annexion  de  Pont-Chàteau  ;  mais  ce  titre  nouveau  ne  lui  suffit 
pas  et  il  réclame  sa  place  parmi  les  neuf  barons  —  ft  l'ex- 
clusion du  baron  de  Pont-I'Abbé. 

Il)  En  IfiU.).  c'est  René  de  Tournemjne,  baron  de  la  Uunaudaye.  premier 
mari  d'Hélène  de  Beaumanoir,  qui  lua,  en  combat  singulier  (décembre 
IGlHi),  Tuussainl  de  Guémadeuc,  cousia  de  sa  femme,  et  rcfut  de 
Guciiiiideuc  une  tilcssiire  dont  il  mourut  en  tévrier  IIMIS 

En  l(i|0,  te  haron  est  Sébastien,  marquis  de  Rosmadec. 

I  Sébastien  de  Itosmadec  (baroo  de  In  Hunaudayc)  présida  t'i 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  <50  — 

Pont-l'Abbé  était  alors  aux  mains  d'Hélène  de  Beautna- 
noir,  devenue  veuve,  qui  allait  mourir  abandonnée.  Comment 
ses  intérêts  furent-ils  défendus  ?  —  Bien  mal  assurément, 
puisque  la  demande  de  César  du  Cambout  fut  admise,  quand 
il  n'avait  pas  de  titre  !  Avant  1636,  il  avait  pris  possession 
de  la  place  de  baron  (1). 

Mais  Pont-l'Abbé  qui  avait  passé  à  Françoise  de  Guéma- 
deuc,  mariée  au  M"  de  Pont-Coorlay,  neveu  du  cardinal  de   , 
Richelieu,  ne  fut  pas  exclu  des  Etats  ;  et,  en  1651,  Charles 
de  Grossove,  comte  d'Orrouer,  second  mari  de  Françoise  de 
Guémadeuc,  les  présida  (2). 

Avant  cette  date,  vers  16^^,  Armand  du  Cambout,  fils  de 
César,  était  devenu  acquéreur  de  la  baronnie  de  la  Roche- 
Bernard  ;  en  1663,  il  allait  obtenir  l'érection  du  marquisat 
de  Coislin  en  duché  avec  annexion  de  la  Roche-Bernard. 
H  va  présider  les  Etats  en  1659  et  1665  ;  en  1683,  c'est 
Pierre,  marquis  de  Coislin,  qui  préside  (provisoirement)  ; 
en  1693,  c'est  Armand,  duc  de  Coislin  et  baron  de  la  Roche- 
Bernard  (3). 

Le  duc  de  Richelieu,  filsde  la  marquise  de  Pont-Courlay, 
baron  de  Pont-l'Abbé,  et  son  neveu  le  marquis  de  Richelieu, 
en  faveur  duquel  le  duc  se  démit,  siégèrent-ils  aux  Etats  ? 
C'est  ce  que  nous  ne  pouvons  dire.  En  1685,  la  baronnie 
passa  à  la  famille  d'Ernothon  anoblie  par  la  charge  de  secré- 

(I)  1  Entre  le  s'  baron  de  Ponl-Chaïleau  et  celui  de  Pont-l'Abbé  en 
■  Coraouaille,  il  y  a  dispute  à  qui  demeurera  ancien  baron  des  neuf  ;  el 
•  M.  dePoDt-Cbastcauen  a  fait  acte  du  possession,  Il  n'y  a  pas  luogteraps.i 
—  Cette  phrase  est  datée  de  1ij36.  —  /;inérai*j-«  en  'Iretagne  [p.  tlO ,  de 
Mieolas  du  Buisson- Au benel,  récemment  publié  par  la  Société  des  Jlibtio- 
philts  breton),  el  dont  la  publication  lait  grand  honneur  à  MM.  Maître 
et  de  Berthou. 

(3)  Pour  plus  de  détalls'sur  les  transmissions  de  Pont-l'Abbé,  on  peu! 
se  reporter  à  inoa  article  Sur  ta  baronnie  de  Pont-l'Ahbé,  Ilullelin  de  IKUT. 

(3)  En  sorle  que  l'on  peut  se  demander  si  les  marquis  puis  ducs  de 
Coislin  durenl  la  présidence,  en  IB;i9,  16^5,  lUKH  et  1G9J,  A  la  baronnie 
de  Pont-Chàleau  ou  à  celle  de  la  Roche- Bernard.  Il  est  probable  que  c'est 
à^ celle  dernière,  dont  le  titre  n'él^iil  pas  contestable. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


taire  du  Roi.  En  1746,  elle  était  aux  mains  de  Catherine 
d'Ernothon,  mariée  à  Louis  d'Argougcs,  marquis  de  Ranoes. 


Voici  vers  cette  époque  la  liste  et  Tordre  des  baronnies 
alors  au  nombre  de  onze  au  lieu  de  neuf....  et  se  disant 
toutes  des  neuf. 

l'Ijéon,  7°  Pont-Château, 

2»  Vitré,  8"  Pont-l'Abbé, 

3°  Châteaubriant,  9"  Derval, 

4°  Retz,  10"  Malestroit, 

5"  La  Roche-Bern,.rd,  11°  Quiotîn. 

6°  Ancenis, 

Or  le  rang  a  une  importance  majeure  que  voici  : 
Les  huit  premières  places  confèrent  une  prérogative  que 
n'ont  pas  les  trois  dernières  baronnies.  Les  barons  de  Léon 
et  de  Vitré  excluent  les  autres  de  la  présidence  des  Etats 
qu'ils  exercent  allernalivement,  l'un  à  une  session,  l'autre  à 
une  autre  (l).  Entre  les  six  possesseurs  des  six  baronnies  qui 
suivent  —  de  Châteaubriant  à  Pont-l'Abbé  (n°'  3  à  8)  — 
le  droit  de  présider  se  règle  par  l'ancienneté  personnelle  de 
chaque  baron  dans  sa  dignité.  Les  trois  derniers  barons 
(ceux  de  Pierre  II)  ne  viennent  qu'après  les  autres  et  dans 
l'ordre  des  dates  de  leur  création  en  1451  [2). 


(Ij  Personne  n'avait  osé  juger  la  question  de  préséance  pendante  depuis 
ûe»  siOcIcs  entre  les  deux  baronnies,  Léon  est  nommé  avant  Vitré  dans  la 
charte  prétendue  d'Alain  Fergent  et  dans  le  dicton  latin  devenu  la  liste 
otilclellc  do  Pierre  II.  Il  semble  cependant  que  si  aux  Etats  de  1^51,  Rohan 
cADtesta  la  préséance  au  tomte  de  Laval  pour  Vitré,  c'estquelecomte  n'était 
encore  qu'liérilicr  présamptit  de  Vitré.  La  date  d'ancienneté  était  pour 
Vitré  rcmonlanl  au  commencement  du  xr  siècle  :  Léon  n'élail  que  le 
partage  d'un  cadet  de  la  maison  de  Léon  en  1179  —Cf.  Morice,  Pr. 
II.  ir.81  —  el  lesA'eu/  Barons,  p.  I.XXI. 

{■2)  Je  ne  uientionne  pas  ici  la  siieeension  spéciale  aux  baronnies  dont  il 
sura  piirlé  plus  loin    Note  in  fiiu-. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


M.  de  Menou  venait  d'acquérir  Pont-Château  (1).  Il  pré- 
senta requête  aux  Etats  réclamant  «  les  honneurs  dus  à  l'un 
des  ueuf  anciens  barons  ».  Le  marquis  de  Kannes  fit  oppo- 
sition par  l'intermédiaire  de  M.  de  Plœuc  chargé  de  sa 
procuration.  Bien  que  ancienne  et  noble,  la  famille  de 
Menou  n'avait  pas  l'iniluence  des  marquis  puis  ducs  de 
Coislin  :  les  Etats  renvoyèrent  Â  la  commission  intermé- 
diaire. 

La  commission  laissa,  à  ce  qu'il  paraît,  sommeiller  l'af- 
faire. En  1760,  le  11  novembre,  les  Etats  chargèrent  l'abbé 
du  Laurans,  membre  de  la  commission,  de  faire  examen  des 
pièces.  En  1762,  le  rapporteur  déposa  son  mémoire  concluant 
contre  Pont-Château  ;  et  les  Etats  admettant  ces  conclusions 
repoussèrent  la  demande  de  M.  de  Menou. 

Le  marquis  de  Rannes  était  mort  en  1748,  et,  sans  atten- 
dre la  décision  des  Etats,  sa  veuve  avait  vendu  la  baronnie, 
le  9  septembre  1753,  à  Henri  Bande,  fils  d'un  secrétaire  du 
Roi  et  qui  n'avait  pas  encore  entrée  aux  Etats.  Il  mourut 
en  1757,  laissant  des  enfants  mineurs.  L'aîné  devenu  baron 
de  Pont-l'Abbé  moui'ut  en  tutelle  avant  le  mois  de  juin  1762, 
et  la  baronnie  passa  à  son  frère  Jean-Georges-Claude,  aussi 
mineur, qui  allait  le  dernier  porter  le  titre  de  baron  de  Pont. 

La  victoire  posthume  du  marquis  de  Rannes,  stérile  pour 
Pont-l'Abbé,  fut  peut-être  l'occasion  de  nouvelles  réclama- 
tions de  la  Hunaudaye  et  Coëtmen. 


(1)  M.  de  Courcy  dit  175*.  —  Plus  haul,  j'ai  proposé  de  lire  171i.  D'a- 
près rinvenlalre  sommaire  des  archives  de  laLoire-InFérieure.  il  faut  peut- 
être  lire (745. T.  II.  Série  C,  3388.  p.  303  en  léte  de  la  1"  colonne,—  Le 
mémoire  daté  de  174<)  commence  par  ces  mots  :  ■  Peu  M.  le  comte  de 
Menou,  paiseiseur  depuit  li-oit  ant  de  cette  baronnie,  supplia,  en  1740,  de 
le  mettre  en  possession  des  honneurs  dus  aux  anviens  barons  de  Bretagne. 
Instances  auxquelles  le  seigneur  de  Pont  l'Abbé  Qt  opposition.  • 

Sur  tous  les  débals  qui  vont  suivre  se  reporter  aux  cartons  C  S.'OO- 
3^91,  areh.  d'ille-et- Vilaine.  —  Il  ï  a  là  l'objet  d'une  curieuse  étude. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  <53  — 

Les  deux  seigneurs  avaient  imaginé  de  demander  au  Roi 
la  confirmation  des  lettres  du  duc  François  II  de  1487.  Le 
Roi  accorda  leur  demande  en  1739  ;  et  les  seigneurs  s'empres- 
sèrent de  présenter  les  lettres  aux  Etats  en  requérant  leur 
admission  «  aux  droits  et  privilèges  des  anciens  barons  ». 
Conformément  aux  conclusions  du  procureur  général  syndic, 
les  Etats  refusèrentrenregistrement  et  demandèrent  au  Roi  le 
retrait  des  lettres  (1).  Ceci  se  passait  en  1740-45,  versle  temps 
où  M.  de  Menou,  se  disant"  ancien  baron  de  Pont-Cliâteau  b, 
avait  afTaire  au  marquis  de  Rannes. 

Eq  1762,  les  seigneurs  de  la  Hunaudaye  et  de  Goëtmen 
n'avaient  pas  encore  obtenu  leur  admission  ;  mais  ils  n'en 
désespéraient  pas.  A  ce  moment,  le  seigneur  de  la  Hunau- 
daye était  Louis-Auguste  de  Rieux,  comte  de  Rieux,  marquis 
d'Assérac,  lieutenant  général  (2)  ;  et  le  marquis  de  Rougé, 
aussi  lieutenant  général,  était  seigneur  de  Coetmen  du  chef 
de  sa  femme,  dernière  héritière  de  sa  maison  (3).  Leur  cause 
était  commune  ;  ils  unîVent  leurs  efforts  ;  et  l'occasion  leur 
parut  favorable  ;  il  fallait  profiter  de  la  défaite  du  seigneur 
de  Pont-Châleau  et  de  Timpuissance  des  successeurs  du 
baron  de  Pont-l'Abbé. 

En  1762,  les  deux  seigneurs  renouvellent  les  réclamations 
de  1740.  Ils  sont  repoussés  ;   mais,  sans  se  décourager,  à 

(1)  Le  seigneur  de  CoèLmen  réclamant  rei:ourut  au  Canseil  d'Etat,  qui. 
très  embiirrassé,  semble-t-il,  rendit,  le  18  décembre  1715,  un  arrêt  <  en- 
joignant aux  barons  de  Bretagne  de  fomparaître  devant  lui  pour  faire 
connaître  leurs  intentions  en  ce  qui  conceinait  la  baronnie  de  Coëtinen.  • 
tArch  d'iile-et-Viiaioe.  C.  3;01.) 

(2)  En  1761,  il  avait  acquis  des  héritiers  de  Mlle  Danycan,  mariée  â 
Huchet  de  la  Bédoyère,  procureur  générât  au  parlement,  la  lerre  de  Rieux, 
érigée  au  litre  de  comté  (en  !Sli7)  pour  Henri  de  Guénégaud,  marquis 
de  Piancy,  garde  des  sceaun,  acquéreur  des  Lorraine-Elbœul,  descen- 
dants des  Rieux  (brandie  aio^fe].  Son  lils  Louis- François,  liéritier  en  1768, 
continua  les  réclamations  entamées  par  son  pore. 

(3)  Le  dernier  des  Coèimen  (branelie  cadeile)  avait  acquis  Cofimen  ^en 
1737)  des  La  Pierre  de  Taltiouet.  acquéreurs  des  NeufviUe  de  Vitleroy, 
successeurs  des  Cussé.  Coëtmen  passa  i  sa  ÛWe,  dame  de  Kougé  En  1775, 
Coëimen  était  à  son  lils,  mestre  de  camp.  —  Ogée.V  rrémecen,  ll.83i. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  454  — 

chaque  session,  jusqu'à  1772,  c'est-à-dire  au  moins  cinq 
autres  fois,  ils  persistent  à  réclamer  leur  titre  et  leurs  droits 
d'anciens  barons  (1{. 

Ce  n'est  pas  tout  :  animé  par  leur  exemple,  et  sans  avoir 
trouvé  le  titre  qu'il  n'eut  jamais,  Pont-Château  revient  à 
la  rescousse  en  1772  ;  et,  à  partir  de  cette  date,  les  Etats 
vont  à  chaque  session  entendre  et  repousser  les  requêtes  des 
trois  ohstinés  réclamants. 

La  question  était  singulièrement  posée.  Chacun  des  récla- 
mants revendiquait  «  les  droits  et  privilèges  de  baron  », 
comme  étant  a  l'un  des  neuf  barons  anciens  de  Bretagne  ». 
Or  la  retraite  d'Avaugour  et  de  Jjanvaux  avait  rétabli  la  liste 
des  six  barons  que  Pierre  II  avait  complétée  par  la  création 
de  Derval,  Malestroit  et  Quintin.  Le  baron  de  Pont-l'Abbé, 
auquel  les  Etats  avaient  donné  raison  contre  Pont-Château 
en  1762,  occupait  la  dixième  place.  La  liste  des  neuf  était 
donc  plus  que  complète.  Que  parlait-on  d'y  adjoindre  trois 
autres  noms? L'un  des  réclamants  n'avait  même  pas  le  titre 
d'érection  ;  les  deux  autres  produisaient  des  titres  posté- 
rieurs à  ceux  des  neuf  premiers  barons.  Pour  leur  faire 
place  fallait-il  éliminer  les  trois  barons  créés  par  Pierre  11 
et  en  plus  le  baron  do  Pont-l'Abbé  que  ses  lettres  plaçaient 
après  le  baron  de  Quintin  ? 

La  question  imprudemment  posée  soulevait  cette  objection 
et  devait  être  résolue  contre  les  réclamants.  Mais  ceux-ci 
avaient  attiré  l'attention  sur  le  nombre  des  neuf  baronnies  ; 
et  leur  réclamation  fut  fatale  à  Pont-l'Abbé. 

En  1779,  sans  que  d'ailleurs  il  apparaisse  d'une  délibé- 
ration des  Etats,  VAlmanach  de  Bretagne,  qui  avait  un  carac- 
tère semi-officiel,  publia  l'indication  qui  suit  :  "  Baronnies. 
«  II  n'y  en  a  que  neuf  en  Bretagne  et  l'on  ne  doit  pas  en 


(I)  Ogéo,  écrivant   en  P  a    conslale   le  dtbal   pu   ce 
Huoaudaïe.  •  La  Hunaudaje  (ut  érigce  en  baronnie     (1j8  )  Les  ElaU 
dispulenl  aujourd'hui  cette  prciogative    ■  \    PUdeln    1   2^9. 


n,g,i,.r,.h,G00glc 


—  455  — 

•  supposer  un  plus  grand  nombre.  Ces  baronnies  sont  : 
a  Léon,  Vitré,  Châteaubriant,  Retz,  La  Roche-Bernard, 
«  Ancenis,  Derval,  Malestroit,  Quintin  »  (!}. 

C'était  revenir  à  l'état  de  choses  créé  par  Pierre  II,  trois 
siècles  auparavant. 

II  n'est  plus  question  des  créations  de  François  11,  de  la 
création  de  Pont-1'Abbé  par  le  roi  Charles  VIII,  et  de  la 
création  de  Pont-Château  par  le  baron  lui-même. 

Il  n'apparaît  d'aucune  protestation  de  Pont-l'Abbé  ;  mais 
La  Hunaudaye,  Coètmen  et  Pont-Château  ne  tinrent  aucun 
compte  de  l'avis  ;  et  jusqu'en  1782  au  moins,  ils  continuèrent 
à  réclamer  les  droits  et  privilèges  des  neuf  anciens  barons. 

On  a  dit  que  «  des  deux  baronnies  de  Pont-Château  et 
Pont-l'Abbé  il  ne  restait  plus,  en  1789,  que  des  préten- 
tions «  (2).  Restait-il  même  des  prétentions  à  Pont-l'Abbé  ? 
N'est-ce  pas  simplement  à  titre  de  souvenir  que  le  rédacteur 
d'un  acte  donnait  à  Jean-Georges  Baude  le  titre  de  «  sei- 
gneur de  l'ancienne  baronnie  de  Pont,  première  et  seule 
baronnie  de  Cornouaille  ?  «  (3) 

Jean-Georges  Baude  aurait-il  marqué  ses  prétentions  en 
prenant  ce  titre  fastueux  dans  ses  aveux  au  Roi  ?  On  en  peut 
douter.  Mais  ce  qui  ne  peut  faire  de  doute,  c'est  que,  pas 
plus  qu'aucun  de  ses  prédécesseurs^  il  n'a  réclamé  le  titre 
récemment  imaginé  pour  lut  «  de  fondateur  et  non  de  préé- 
minencier  dans  la  cathédrale  de  Quimper  "  (4). 

Le  baron  ne  pouvait  prendre  ce  titre  contradictoire  :  il 
savait  que  le  fondateur  est  toujours  premier  prééminencier. 
Au  contraire,  il  réclamait  des  prééminences,  il  les  avait  ;  et 

(1)  l^s  Neuf  bai-onnUs,  p.  IV.  note  !, 

(2)  Annolaleur  d'OKéo  (dernior  ûliniia)   V"  Pont-l'Abbé.  II.  375. 

(3)  Areu  du  i  juillet  17S1  Hcmarqueî  que  le  titre  de  baron  dénié  par 
VAlmanach  de  Bi-etoyne  en  177!!  est  donné  A  Geoi^es  Baude  dans  la  liste 
des  émigrés.  —  Sur  la  bai-oitnie  de  l'ont-l'Abbé.  p.  410-ill,  Bulletin  de 
1807. 

(1]  Les  CUvaUen-Danneiels.  p.  1,  note  in  fim.. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  iU  — 

aujourd'hui  encore  en  entrant  dans  la  belle  église  nous 
voyons  briller  aux  vitres  de  la  nef  et  du  transept  l'écusson 
d'or  au  lion  de  gueules  des  barons  de  Pont-l'Abbé.  Quant 
au  litre  de  Fondateur,  comment  l'aurait-il  réclamé?  Ce  titre 
appartenait  sans  conteste  au  successeurdesducsde  Bretagne, 
Sa  Majesté  le  Roi  de  France  t 

Nous  avons  suivi  les  deux  baronnies  de  Pont-Château  et 
de  Pont-l'Abbé  aux  Etats  de  Bretagne,  aux  temps  antérieurs 
à  la  déclaration  de  Pierre  II,  touchant  les  «  neuf  anciennes 
baronnies,  »  ■  sous  les  règnes  de'Pierre  II  et  de  ses  deux 
successeurs,  —  sous  la  royauté  française. 

De  l'exposé  qui  précède  résultent  les  faits  suivants  : 

1"  Avant  1451,  jl  n'a  pu  se  produire  de  compétition  entre 
les  deux  barons  puisque  tous  les  deux  siégeaient  aux  Etats  ; 

2°  De  1451  à  la  fin  du  duché  de  Bretagne  de  même, 
puisque  les  deux  seigneurs  étaient  devenus  bannerets  ; 

3°  Sous  la  monarchie,  vers  1636,  l'usurpation  de  Pont- 
Château  fut  tolérée  ou  admise  par  les  Etats,  mais  Pont- 
l'Abbé  n'en  fut  pas  exclu  ;  et  les  deux  barons  siégèrent 
ensemble  ultérieurement  ; 

4°  Le  débat  s'engagea  plus  sérieusement  au  xviii=  siècle, 
quand  un  nouveau  seigneur  de  Pont-Chdteau  réclama  place 
aux  Etals  a  comme  un  des  neuf  anciens  barons  »  et  que  le 
baron  de  Pont-l'Abbé  s'opposa  à  cette  demande,  qui  fut 
repoussée  (1746-1762)  ; 

5°  Il  n'y  eut  jamais  alternance  de  siège  ni  de  voix  aux 
Etats  entre  les  deux  baronnies  ou  seigneuries. 

Cette  alternance  aurait-elle  existé  entre  les  villes  de  Pont- 
Château  et  Pont-l'Abbé  députant  aux  Etats  ?  C'est  ce  qu'il 
nous  fout  rechercher. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Dans  Les  Chevaliers  bannerets  du  Pont,  M.  Puig  publie 
sur  u  les  neuf  baronnies  de  Bretagne  »  et  sur  la  déclaration 
de  Pierre  II,  en  1451,  un  système  nouveau  qui  soulève  plus 
d'une  objection.  A  ce  propos,  j'ai  marqué  plusieurs  renvois 
dans  les  pages  qui  précèdent  :  je  vais  m'expliquer  sur  les 
points  signalés. 

Mais  auparavant  qu'une  double  observation  me  soit 
permise. 

M.  Puig  a  écrit  :  Préface  des  Chevaliers  bannerets,  p.  V}  : 
a  Je  ne  cite  qu'à  coup  sûr.  »  En  quoi  il  se  trompe,  comme 
nous  allons  voir.  Mais  combien  vérifier  ses  citations  est 
difficile  !  Il  aurait  voulu  (ce  qui  n'est  pas)  dérouter  ou  au 
moins  décourager  le  lecteur  qu'il  n'aurait  pas  fait  autre- 
ment. 

Que  de  renvois  énigmatiques  (2),  que  de  renvois  inexacts  ! 
Exemples  :  P.  10.  Renvoi  au  T.  VI  de  D.  Morice  :  or  Morice 
n'a  que  cinq  tomes  ainsi  numérotés,  1,  2  (ffisl.)  ;  1,  2,  a 
{Preuves).  —  P.  4.  «  Voir  l'acte  au  2'  vol.  de  l'histoire  de 
Bretagne,  p.  2«4.  »  Lisez  r  T.  Il  des  Preuves  de  D.  Morice. 
Préface,  p  XXV. 

[1;  C'esl  A  celte  note  qui;  se  râlèrent  les  renvois  indiqués  ci-dessus  aux 
pages  131,  136.  MO,  liti,  loi,  IJâ. 

{i)  J'appelle  énigmaliques  des  renvois  â  des  volumes  de  huit  et  neul 
cents  pages  sans  indication  de  la  page.  Ex.  :  D'Argentrë,  Histoire  de 
Bretagne  ;  Histoire  de  Bretagne  (sans  nom  d'auteur,  c'est  D.  Morice?,  liv. 
m,  liv.  IV;  —  et  les  citations  de  documents  sans  indication  du  lieu  où 
ils  se  trouvent,  comme  Mémoires  de  ilolac.  Mémoires  de  Tournemine, 
Archioei  du  CItàteau  de  Nantes,  llisl.  yen,  de  la  maiton  de  Léon,  Reg. 
originel  d'Olivier  de  Cosllogon,  etc.,  etc.  —  Heureusement  que  nombre  de 
ces  documents  se  trouvent  par  extraits  aux  Preuves  de  D.  Morice,  — 
Pourquoi  ne  pas  tout  simplement  citer  la  colonne  des  Premts  ?  De  même 
les  Comptes  de  cliancdlerîe  et  les  Itegistres  des  Etais  consultés  sans  doute 
aux  Preuves  de  D.  Morice . 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■   4ol 


Après  plusieurs  renvois  à  l'hisloire  de  D.  Morice,  on  lit 
p.  16  et  17,  ce  renvoi  i  "  Preuves  du  téme  XVIII....  du  tdme 
XIX  de  l'hisloire  de  Bretagne,  n  D.  Morice  n'a  pas,  comme 
Lobtneau,  distribué  ses  preuves  entre  les  livres  de  son 
histoire.  Nous  voilà  donc  renvoyés  à  Lobineau,  sans  autre 
indication  (1). 

P.  34.  L'auteur  cite  le  chanoine  Moreau  ;  mais  il  le  cite 
inexactement.  En  elTet  il  rapporte  au  temps  de  la  Ligue,  en 
1590,  l'invasion  de  Quimper  par  les  paysans  des  Montagnes 
noires.  Or  Moreau  fp.  15  et  10,  1"  édition)  rapporte  ce  fait 
à  1489  ou  1490,  date  exacte  (2). 

P.  38.  Kenvoî  à  D.  Morice,  p.  III  :  u  Journal  de  Jérôme 
d'Aradon,  i  organe  de  la  Ligne  à  Rennes  et  aux  environs.  « 
—  Quoi  !  Est-ce  que  le  seigneur  de  Quînipily,  gouverneur 
de  Hennebont,  publiait  un  journal  ofliciel  de  la  Ligue  à 
Rennes,  ville  fidèle  au  Roi  ?  —  Or  le  journal  d'Aradon 
a  été  publié  par  D.  Morice  dans  le  tome  II  de  son  Histoire 
parmi  les  suppléments  aux  Preuves  (p.  CCLVIIi  àCCLXXVl). 

La  phrase  est  empruntée  au  Journal  de  Jehan  Pichart, 
notaire  royal  et  procureur  au  Parlement  de  Rennes,  aucu- 
nement ligueur.  C'est  son  journal  que  Morice  a  publié  au 
tome  III  des  Preuves,  col.  1G95-1758.  (Voir  colonne  1742.) 

il)  Ail  lien  de  T.  XVIII  ne  laul-ll  pas  lire  XIV  ?  U  (ait  cité  (qui  o'a 
d'ailleurs  aucun  intérêt)  eal  de  1405.  Celle  dal«eat  comprise  au  livre  XIV-. 

(3)  11  est  imprimé  HS'3  ou  1430,  Faulc  d'impression  cerlalne.  La  dale 
est  1490  juillet  :  elle  est  donnée  par  le  comple  du  miseurde  Quimper 
(Arch.  du  Finistère,  série  F.;,  payant  des  travaux  importants  de  délense 
faits  par  la  ville.  —  Cf   ma  Promenmie  dans  Quimper,  p.  13  {1885'. 

A  la  mSnie  page  3i,  M  Puig  parle  de  Pont-l'Abbé  assiégé  par  l'armée 
royale  en  1588,  du  baron  de  Pont  (Toussaint  de  BeaumonoirJ  i  laissant  se 
rouiller  son  épée  de  ligueur,  -  liésilanl  à  prendre  parti  —  se  tenant  dans 
une  inaetiïité  d  pi  ble  en  159  •;  -  mais  (p.  37j  M.  Puig  se  démentant 
nous  montre  lleaumano  alTirmant  ardent  partisan  de  Henri   IV, 

suivant  le  prin  d  Domh  à  Ancenis,  blessé  et  mourant  de  sa  bles.sure.  > 
Ce  tait  est  pla  p  un  f  l  de  1597  ;  mais  (p,  3.1)  il  est  dit  que  Beau- 
manoir  mourut  le  1  n  ra  JU  Dale  vraie.—  Conclusion  ;  la  page  34  est 
i,  effacer  toute  enl  ère 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  <39  — 

Mais  voici  une  citation  qui  est  une  énigme.  P.  Puig  cite 
très  souvent  le  msct  {manuscrit}  de  Redon.  Qu'est-ce  que  ce 
manuscrit  ?  P.  8,  M.  Puig  s'explique  :  Manuscrit  du  monas- 
tère de  Sainte-Mélanie  de  lîedon.  Qu'est-ce  que  ce  monastère 
jusqu'ici  inconnu  ?  Tout  le  monde  connaît  l'illustre  abbaye 
Saint-Sauveur  de  Redon  ;  quel  rapport  entre  les  noms 
Saint-Sauveur  et  Sainte-Mélanie  ?  —  Mais  il  y  avait  à  Rennes 
la  célèbre  abbaye  de  Saint-Melaine.  M.  Puig  aurait-il 
vu  ce  manuscrit  cité  en  abrégé  :  Msct.  sanct.  Melan.  Ited.  1 
Aurait-il  traduit  Sainte-Mélanie  au  lieu  de  Saint-Melaine  ? 
et  aurail-il  interprété  le  mot  Redonensis  par  de  Redon, 
quand  il  veut  dire  de  Hennés  ?  De  Redon  se  dit  en  latin 
Rotkonensis  du  vieux  nom  du  lieu  Roton. 

Mais  autre  question  ?  Qu'est-ce  que  ce  manuscrit  de 
Saint-Melaine  de  Rennes  ?  (1)  Mystère  ! 

En  voilà  assez  pour  démontrer  que  M.  Puig  ne  cite  pas 
toujours  à  coup  sûr.  Nous  pourrions  multiplier  les  preuves 
do  ce  fait. 

Avant  de  citer  certains  passages  de  M.  Puig,  il  faut,  sous 
peine  de  n'être  pas  compris,  présenter  une  seconde  obser- 
vation. 

M.  Puig  emploie  comme  synonimes  les  mots  baron,  ban- 
neret  et  même  le  mot  bachelier. 


[1]  On  trouve  à  lit  table  alphabétique  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
nationale  :  •  Hétanie  S"  thistoiie  de  l'alibaye  ile>  •  N°  3!13.')f)  du  fonds 
français,  86  a  des  Blancs  Manteaux.  Ce  manuscrit  donne  (l"  1  à  bi)  une 
brève  histoire  (te  l'abbaye  Saint-SItlaine  de  Reanes  ;  mais  il  ne  contient 
que  71  (olios,  soit  li^  pages.  Or  M.  Puig  cile  les  pattes  STti  (p.  6^  373 
(p.  8),  -Sfii  (p.  9)  ;  donc  aucune  identité  entre  ce  manuscrit  et  la  pièce 

Aucun  rapport  non  plus  entre  le  manuscrit  cité  et  te  Cartiilaire  de  Salnt- 
Melaine.  Le  cartulaire  est  un  recueil  de  cbartes  des  xir  et  xtii*  siècles, 
'■  Iranscriplcs  l'an  de  grayce  mil  1res  cens  et  quarante  et  (|ualre  •.  Il 
contieol  2?G  feuillets.  Il  se  trouve  à  la  bibliothèque  de  Rennes  où  je  l'ai 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  160  — 

La  synonymie  des  deux  premiers  mots  s'allirine  même 
dans  le  titre  Les  chevaliers-bannerets.  Voilà  le  mot  baime- 
rets  employé  en  parlant  de  seigneurs  qui  tous,  sauf  un, 
Pierre  (1475-1487),  ont  eu  le  titre  de  barons  ;  et  M.  Puig 
donne  ce  litre  à  Ions  même  à  Pierre  [p.  19  et  21).  Donc  pour 
lui  baron  et  banneret  sont  synonimes  (1). 

Erreur  singulière  dont  la  lecture  d'un  seul  procès-verbal 
des  Etals  aurait  dA  sauver  M.  Puig  !  Le  duc  fait  appeler 
d'abord  aux  baront  et,  quand  ils  ont  pris  place,  il  fait 
appeler  atix  bannered  qui  ne  siègent  pas  au  banc  des 
barons. 

Autre  question  :  Les  seigneurs  de  Pont  barons  ou  banne- 
rets  étaient-ils  donc  tous  chevaliers  ?  Le  titre  chevaliers- 
bannerets  donnerait  ù  le  croire.  Or  des  24  chevaliers-ban- 
nerets  compris  dans  la  généalogie,  quinze  sont  postérieurs 
au  début  du  xvi*  siècle,  époque  où  Ton  n'arma  plus  de  che- 
valiers (2);  et  de  leur  neuf  prédécesseurs  un  au  moins  ne 
fut  qu'écuyer  (Geoffroy}  (3),  et  nous  n'en  trouvons  qu'un 

(t)  M.  Puig  nelienl  compte  ni  de  quelques  prérogatives  de  justice  appar- 
tenant aux  DaroDS  iieul«  comme  ies  patibulaires  à  lÙDOd,  la  c  connais- 
sance du  (eu  •  (ciiap.  I4>.  T  A  C  )  el  art  50  N.  C  ;  ni  surlout  —  ce 
qui  est  autreuieni  iraportani  —  de  l'allribution  à  l'ainè  de  la  baronnie 
entière  sauf  apanage  aux  cadets,  principe  posé  au  cliap.  ?09,  T.  A.  C.  et 
qui  est  resté  jusqu'à  la  fin  dans  i'ariicie  jV2  de  la  N.  C. 

Cr,  Duparc-Poullain.  Coulamu,  lli.  iiMl  et  suiv,  el  p.  306-307,  Coulume 
'abràeée,  —  et  surtout  la  très  curieuse  consultation  d'Hévin  (n-*  Set  suiv. 
p.  399  et  snivanles  des  Questions  fèodalet. 

(î)  Peut-être  laul-il  reculer  un  peu  cette  date  ?  Le  roi  François  l" 
voulut  être  armÉ  chevalier  par  Hayard,  au  lendemain  de  Marignan  (M 
septembre  1515)  Son  fils  Henri  II  fut  armé  étant  Itoi,  donc  après  1517. 

•  C'est,  dit  .M.  Coullon  de  Kerdeilec'h,  le  dernier  roi  armé  cnevalier.  • 

Le  savant  auteur  dit  aussi  Ip.  T3)  que,  ii  partir  de  cette  époque,  •  le 
litie  de  chevalier  est  sans  valeur  à  moins  qu'il  n'indique  un  cnevalier  de 
l'ordre  du  Boi  i  Cependant  on  voit  Henri  11,  par  lettres  de  mars  IS.ifi, 
créer  chevalier  Pierre  de  la  Marzelière  Morice,  Pr.  III.  1181);  et  d'Hozier 
explique  qu'il  s'aait  •  de  chevalerie  nnrc  et  simple  >.  CMaiAiers  dé  SaaU- 
Uiclitl.  p.  243. 

(3)  Traité  de  mariage  de  son  fils  avce  Mahaut  de  Léon,  13IS  (Morice. 
Pr.  IL  1^81.)  (lellruï  aurait  pu  prendre  le  titre  à'écuyer-banneitl  que  l'on 
rencontre  souvenu  Ex.  En  I  iOfi.  Jean  de  MonHort,  époux  d'Anne,  héritiers 
de  Laval,  et  ayant,  à  ce  titre,  pris  le  nom  de  Guy  (il  sera  Guy  Xllt',  a  le 
litre  i'écuyer-bannr.j-et  et  Tait  montre  de  quatre  chevaliers  bacheliers, 
douze  êcuyers,  etc. 


—  iu  — 

auquel  soit  donné  le  titre  de  chevalier  :  c'est  Hervé  IV,  tué 
à  Saint-James  de  Beuvron  en  1426  (1). 

C'est  qu'en  effet  le  titre  de  chevalier  purement  militaire  et 
personnel  ne  tient  aucunement  à  la  seigneurie. 

Le  titre  Les  cbevaliers-bannerets  est  donc  doublement 
inexact  et  est  fait  pour  surprendre  tout  lecteur  un  peu 
attentif. 

Mais  une  cause  de  surprise  non  moindre  c'est  l'emploi  du 
mot  bachelier  au  sens  de  baron  et  banneret. 

P.  13.  a  En  1386,  nous  trouvons  (le  baron  de  Pont) 
V  nommé  après  d'autres  gentilshommes  bacheliers.  »  — 
[D'autres....  c'est  dire  que  le  baron  de  Pont  lui-mâme  est 
bachelier  !)  —  Et  quels  sont  ces  autres  bacheliers  nommés 
avant  Pont-1'Abbé  ?  Voici  les  trois  premiers  : 

«  Le  vicomte  de  Rohan  et  Léon,  le  sire  de  Montfort  et 
s  la  Roche-Bernard,  le  sire  de  Rieux  et  d'Ancenis.  » 

Bacheliers,  ces  grands  seigneurs,  les  plus  puissants  de 
Bretagne  avec  le  sire  de  Laval,  sire  de  Vitré,  et  dont  les 
possessions  féodales  s'étendent  sur  178, 85,  64  paroisses  !  (2) 
Qu'est-ce,  auprès  de  ces  prétendus  bacheliers,  que  le  che- 
valier-banneret  ou  baron  de  Pont-l'Abbé  avec  ses  neuf 
paroisses  ?  [3j   En  réalité   les  neuf  prétendus  bacheliers 

(1)  Le  titre  de  miles  (chevalier)  lui  est  donné  dans  son  acie  d'obit  au 
nécrolc^  de  Salat-Pran(ois  de  Quimper. 

Selon  toute  apparence,  Hervé  III  que  M.  Puîg  appelle  le  plus  grand  de 
nos  barons)  n'étaii  pas  chevalier  en  13j5.  (Morice,  Pr.  I.  ISOi.) 

(2)  Ces  chiffres  sont  au-dessous  de  la  réalité.  Je  ne  puis  compter  que 
les  prïnàpaUa  seieneuries.  Ainsi  : 

\'  Jean  1  possèue  :  Rohan,  8|  paroisses;  l^on  et  annexes,  97;  en  tout 
178  paroisses. 

2*  Jean  11  de  Rieui,  maréchal  de  France,  seigneur  do  Rieux,  IS  pa- 
roisses, et  par  sa  femme,  Jeanne  de  Rochefort  (|374)  :  RocheCort,  14  pa- 
roisses ;  Ancenis,  19  ;  Ch&leauneuf,  î.")  ;  Donges,  i'î  ;  en  toDt  8j  paroisses. 

3'  Raoul  VIII,  seit;neur  de  MonlForl,  4U  paroisses  ;  et  par  sa  femme, 
Isabeau  de  Lohéac  iVitii)  :  La  Roche- Bernard,  H;  et  Lobéae,  10;  en  tout 
ôi  paroisses, 

(3'i  En  diaant  neu/' paroisses,  je  dis  trop. 

Les  neuf  paroisses  sur  lesquelles  le  baron  de  Pont  réclamait  la  supério- 
rité en  173^,  sont  comprises  aujourd'hui  dans  huit  communes  du  canton 
de  Pont-1'ADbé  cl  une  du  canton  de  Plogastel-Sainl-Germain.  En  13S<i,  le 
Def  de  Pont-1'Âbbé  était  moins  étendu. 

BaLLBTIN  ARCHâOL.  DU  FlNISTÈBK.— TOUB  XXV.  (HélUOireS].     11 

n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  462  — 

nommés  avant  le  sire  de  Pont  étaient,  en  1386,  barons  au 
même  titre  que  le  baron  de  Pont  ;  cinq  de  ces  neuf  sei- 
gneuries auront  titre  de  baronnies  aux  Etats  de  1451,  trois 
autres  seront  possédées  par  des  barons  ;  et  la  neuvième  (La 
Hunaudaye)  deviendra  baronnie,  en  1487,  avant  Pont- 
l'Abbé  (1). 

Donc,  à  partir  de  1451,  les  possesseurs  des  buit  premières 
seigneuries,  et,  à  partir  de  1487,  le  seigneur  de  la  Hunau- 
daye sont  appelés  aux  Etats  comme  barons,  c'est-à-dire, 
selon  la  pensée  de  Pierre  II,  comme  chefs  de  la  noblesse 
bretonne. 

Ces  observations  faites,  examinons  ce  que  M.  Puig  dit 
des  baronnies  de  Bretagne. 

M.  Puig  écrit  (p.  4)  :  «  Nous  ne  devons  pas  perdre  de  vue 
a  que  les  Etats  tenus  à  Rennes  (lire  Vannes}  en  1451,  furent 
a  les  premiers  où  l'on  commença  à  faire  mention  du  nombre 
a  fixe  et  du  rang  des  neuf  barons.  « 

Ainsi,  avant  1451,  il  n'était  question  ni  des  neuf  barons 
ni  du  rang  qu'ils  auraient  eu  entre  eux. 

C'est  très  bien  dit  !  Mais  la  recommandation  que  l'auteur 

(I)  Voici  les  neuf  seigneuries  dont  les  possesseurs  sont  nommés  en  I3â(i 
el  leur  situation  en  14^1.  —  Cinq  sont  nommémenl  baronnies;  trois 
appartiennent  ù  des  barons;    une  {Lx  Hunaudaye)  deviendra   luronuie 


Léon, 

1451  baronnie  au  v:comie  de  Rotian. 

Aûcenis, 

baronnie  au  sire  de  Rieui. 

Quintin, 

baronnie  au  sire  de  Quintin. 

Dervai, 

barounie  à  Jean  baron  de  Dervai. 

Malestroit, 

baronnie  â  Jean  de  Maleslrait. 

Montrort, 

à  la  baronne  de  Vitré,  comtesse  de  Laval. 

Beau  manoir. 

à  la  baronne  de  Chùleaubriant,  Françoise 

de  Dinan,  dame  de  Laval. 

Comboure, 

au  baron  de  Slaleslroil. 

a  manque  que  la  baronnie 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  ^63  — 

fait  au  lecteur,  Il  l'oublie  tout  aussitôt  :  il  écrit  cinq  lignes 
plus  bas. 

«  Précédemment  (avant  1451)  le  rang  attribué  à  la  ba- 
t  ronnie  de  Pont  était  sujet  à  des  fluctuations.  » 

Donc,  avant  1451,  la  baronnie  ds  Pont  et  de  même  les 
autres  avaient  chacune  un  rang.  Contradiction. 

Mais  combien,  avant  1451,  y  avait-il  de  baronnies  ? 

Quelques  lignes  plus  bas,  M.  Puig  répond  à  la  question  : 
il  cite  des  passages  du  manuscrit  de  Redon  qui  se  réfèrent  à 
des  chartes  (ou  assises)  de  1057  et  1087,  cette  dernière 
connue  sous  le  nom  de  Charte  d'Alain  Fergent  (1). 

M.  Puig  a  lu  la  charte  de  1087  dans  d'Argentré  et  dans 
D.  Morice,  puisqu'il  nous  renvoie  à  l'un  et  à  l'autre  |p.  4}. 
Il  a  cru  à  la  sincérité  de  cette  acte,  bien  que  la  main  du 
faussaire  s'y  révèle  maladroitement.  Or  la  charte  nous  donne 
les  noms  et  le  rang  de  neuf  baronnies,  et  les  voici  :  1°  Avau- 
gour,  2'  Léon,  3°  Fougères,  4"  Vitré,  5»  Rohan,  6°  Château- 
briant,  7°  Retz,  8°  Le  Pont,  9"  La  Roche- Bernard...  De  plus 
Ancenis  qui,  selon  quelques-uns,  devrait  excluant  le  Pont 
prendre  la  neuvième  place  (2). 

M.  Puig  admet,  comme  nous  verrons,  Ancenis  et  le  Pont; 
mais  lequel  ?  Pont-Château  ou  Pont-I'Abbé  ?  11  ne  se  pose 


(1)  M.  Puig  auraJl-il  vu  la  charte  de  1057  ?  J'en  doute  puisqu'il  oe  cite 
pas  l'aateur  qui  l'a  donnée.  C'est  Le  Baud  {llitt.  p.  S0l-30â). 

Le  Baud  intitule  ainsi  la  charte  :  ■  Acte  qui  est  rapporté  à  la  lin  d'un 
livre  manuscripl  contenant  les  anciennes  coustumes  de  Bretagne  et  appa- 
roist  escrit  il  y  a  plus  de  1 1  [  cents  ans.  > 

En  quoi  il  se  trompe.  Il  Écrivait  après  1498;  et  la  cliiuU  n'avait  pas 
deux  si,Ècles  d'existence.  La  preuve  c'est  qu'elle  donne  pour  baron  le  sire 
de  la  Roc  lie- Bernard  et  Lohéac  :  or  le  premier  qui  ait  pu  avoir  ce  double 
litre  est  Eudon  de  la  Hoche- Bernard  qui  Épousa  Hermine,  héritière  de 
LohÉac,  en  it%.  —  Voilà  la  marque  du  taux. 

Cette  charte  est  une  imitation  ou  traduction  de  la  charle  de  1087.  [Lei 
neuf  baronniei,  LXIII.)  ~  Les  deux  sont  presque  identiques.  En  1057,  le 
Pont  est  nomniÉ  le  ?■  ;  en  1037,  le  S*  ;  mais  toujours  au  milieu  des  baron- 
nies de  l'évtehè  de  Nantes,  et  en  concurrence  et  allernance  avec  Ancenis, 

[i)  NoDs  avons  donné  cette  liste  ci-dessus,  p.  8U. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^64  — 

pas  la  question  ;  pour  lui  le  Pont,  bien  que  nommé  au  milieu 
de  quatre  baronnies  du  pays  nantais,  est  de  toute  évidence 
Pont-l'Abbé. 

Voilà  donc  les  neuf  seigneuries  ùnumérées  en  1087,  au 
nombre  desquelles  Pont-l'Abbé,  et  leur  ordre  dans  lequel 
Pont-l'Abbé  tient  la  huitième  place.  Comment  donc,  l'auteur 
disait-il  tout  à  l'heure,  qu'il  n'était  pas  question  du  nombre 
et  du  rang  des  baronnies  avant  1451  ?...  Poursuivons.... 

P.  11,  M.  Puig  écrit  :  »  Le  baron  de  Pont  signe,  en  1365, 
comme  un  des  neuf  barons  de  Bretagne,  —  en  1366,  etc.  ». 

Imaginations  !  Lisez  les  textes,  vous  reconnaîtrez  aussitôt 
que  le  sire  de  Pont  comparaît  à  ces  actes  comme  seigneur 
de  Cornouaille,  au  même  titre  que  l'évéqve,  les  sires  de  Ros- 
madec  et  du  Juch  et  le  vicomte  du  Faou  (1). 

P.  13.  u  Son  titre  de  banneret  devait  le  placer  dans  les 
ï  neuf  premiers  barons  près  du  duc.  Or,  aux  Etats  de  1386, 
a  nous  le  trouvons  après  d'autres  gentilshommes  bacheliers, 
B  le  vicomte  de  Rohan  et  de  Léon....  le  sire  de  Rieux  et 
H  d'Ancenis....  b  II  ne  vient  qu'en  dixième  rang.  «  Le  haut 
"  baron  se  plaignit-il,  ou  le  duc  lui  rendit  volontairement 
a  (spontanément)  justice  ?...  Aux  Etats  de  1387à  Rennes  (2), 
B  nous  le  trouvons  mentionné  à  son  rang  de  banneret  ;  et  la 

(1)  Morice,  Pr.  I.  1603-lfiOi  et  suiï.  (Il  août  1365). 

M.  Pulg  dit  qu'il  signe  après  l'évÈque,  «  c'est-à-dire  deuxième  après  le 
duc.  t  C'est  vrai;  mais  pourquoi  7  Parce  que  les  signataires,  l'ëvêquc  de 
Cornouaille,  les  sires  de  Ponl,  de  Rosmadec,  du  .lucli,  le  vicomte  du  Faou, 
sont  rangËs  dans  l'ordre  géographique  de  leurs  possessions  maritimes  1 

M.  Puig  nous  montre  le  sire  de  l>ont  signant  comme  l'un  des  neuf 
hauts  barons  ces  actes  :  1°  Lettres  du  i9  lévrier  13jj  sur  les  fouaces. 
(Morice,  Pr.  1,  IIKW).  Erreur.  La  lellre  n'est  signée  que  pour  le  duc  en 
laveur  du  site  de  Laval  ;  —  3'  nouvel  impôt  sur  le  clergô  de  Cornouaille  ; 
—  •i"  droits  sur  tes  poissons,  Froments,  etc.  Ces  deux  actes  n'en  (ont  qu'un. 
(Morice,  Pr.  1  IliOJ-lGOi);  —  4"  lettres  données  à  rnijbè  de  Redon 
(Morice,  Pr.  I.  1008)  signées  par  le  duc  en  son  conseil.  —  Donc  l'acte  du 
11  aoQl  13G5  seul  porte  le  seing  du  sire  de  Ponl. 

(ï)  Lisez  Varmes.  Les  Etats  de  l4âT  sont  célèbres  :  ils  se  terminèrent 
par  l'attentai  du  duc  sur  le  connétable  de  Clisson. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  «5  — 

a  Chronique  de  Saint-Brieuc  le  place  après  le  sire  de 
a  Quintin....  »  A  quel  rang?  —  «  C'est-à-dire  au  cinquième 
«  rang.  *  (p.  4). 

Erreur  !  J'ai  sous  les  yeax  la.  Chronique  de  Saint-Brieuc 
[Pr.  1.  59)  :  Pont  l'Abbé  vient  après  Quintin  ;  mais  Quintin 
est  à  la  neuvième  place  et  non  plus  à  la  quatrième,  comme 
en  1386  :  donc  Pont-l'Abbé  est  encore  à  la  dixième  place. . 

P.  5.  u  Mais  depuis  la  donnée  de  ces  assises  (de  1057  et 
a  1087},  les  titulaires  de  ces  seigneuries  (les  neuf  baronntes 
«  nommées  dans  la  charte'de  1087}  avaient  rendu  des  ser- 
a  vices  plus  ou  moins  considérables,  dont  il  y  avait  à  tenir 
B  compte.  Le  droit  de  préséance  était  déplacé  ;  et  la  mesure 
a  prise  aux  Etats  de  Rennes  (lisez  Vannes)  en  1451  s'impo- 
«  sait  afin  de  bien  délimiter  l'ordre  donné  aux  chevaliers- 
a  bannerets  dans  les  cérémonies  ducales....  (1)  i  Toutefois 
«  le  duc  crut  utile  de  créer  les  trois  nouvelles  baronnies  de 
u  Derval,  Malestroit  et  Quintin....  (2) 

(I)  Chevaliefs-bannerels  —  lyoi»  «ouvelles  baronnies....  nouvelle  preuve 
de  la  sjnonjmie  dos  mois  banneyels  et  harons. 

(:2}  AI.  Puîg  a  mis  co  aotc  de  la  page  6  ce»  créatioDS  de  baronnies  : 

I  1"  Par  acte  du  10  mai  l-iâl,  eo  lavcar  de  Jean  de  Laval  (lisez  de 
Derval,  ; 

I  ^'  En  Faveur  de  Jean  île  Malestroit,  sire  de  Lar^l,  par  acte  du  21 
mai  H5\  ; 

•  3'  Eu  faveur  de  Tristan,  sire  comte)  de  Quîulin,  par  acte  du  SS 
(lisez  231  mal  1451  ; 

1  4'  Rétablisse menl  Je  h  baronnie  de  Lanvaux.  en  tavcur  d'André  de 
Laval,  sire  <el  maréchal)  de  Lobéau,  le  17  janvier  HSd,  lire  le  li  mars 
1*03.  {Lobineau,  llist..  p.  lilK),  et  Morice,  Pi:  III.  480.  note  marginale], 
!.£  4  janvier  U8ri  itiii  n.  s.),  le  duc  lait  don  à  Louis  de  Laval,  seigneur 
de  Chatillon,  du  radial  dû  à  raison  du  décès  de  son  frère  Lohéac.  (Lobi- 
neau,  llist.  p.  755.)  Il  était  donc  mort  avaol  le  17  janvier  1485  (I48G, 
D.  s..  La  baronnic  avait  été  du  consentement  de  Lobéac  transférée  â 
I^uis  II  de  Eoban,  sire  de  Guéméné,  par  acte  du  11  septembre  1485. 
iMorice,  l'r.  lU.  48ii)  La  date  donnée  par  M  Puig  (17  janvier  1485 
(1  tHO  n.  s  ]  est  celle  de  l'iiommage  tait  au  duc  par  le  nouveau  baron  ; 

<  5*  Erection  de  Coëtmen  le  5  septembre  1487  [lisez  ti  septembre)  ; 

(  (i"  Erection  de  la  Hunaudaj'e,  le  G  septembre. 

Les  deux  érectioni  sont  du  même  jour  ;  si  celle  de  Coëtmen  avait  été 
d'un  jour  antérieure,  le  due  n'aurait  pu  donner  le  pas  k  la  Hunaudaye 
sur  Coëtmen  (Morice,  M  111  .i.jl-i5.")) 

M.  Puig  a  omis  l'érection  d'Âvaugour.  dit  première  baronnie  de  Bre- 
tagne, par  acte  du  U  septembre  1  i«0.  (Morice,  l'r.  lll  368-370  )  Mai^  il 
nommera  cette  baronnie  un  peu  plus  loin  |p.  lU  et  ?<l) 

Voilà  bien  des  inexactitudes. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^66  — 

Voilà  qui  est  bien  clair  !  Pierre  II  n'a  qu'à  replacer  le 
droit  de  préséance,  à  établir  un  ordre  nouveau  entre  les 
baron  ni  es  ;  mais,  sauf  les  trois  «  qu'il  croit  devoir  créer  n, 
les  baronnies  ne  changeront  pas  et  resteront  au  nombre  de 
neuf,  au  nombre  desquels  Pont-l'Abbé. 

M,  Puig  va  nous  montrer  toute  autre  chose  ! 

P.  4.  tt  Voici,  d'après  plusieurs  documents  que  j'ai  con- 

■  suites  à  la  Bibliothèque  nationale,  un  abrégé  de  l'ordre 
1  de  préséance  accordé  aux  barons  du  Pont  aux  Etats...  ;  « 

■  les  neuf  barons  déclarés  anciens  sont  par  ordre  : 
Rochefort,  Monfort,  Ponl-1'Abbé, 
Ancenîs,                      Chastillon,  Pallais.(2},  » 
Derval  et  Rongé  (1),    Quintin, 

Montafilant,  Combour, 

Comptons  Derval  et  Rougé  pour  une  baronnie.  Voilà 
pourtant  (fii  baronnies  au  Heu  de  bcm/;  et,  de  toute  néces- 
sité, il  nous  faut  ajouter  à  cette  liste  déjà  trop  longue,  une 
des  trois  baronnies  créées  à  la  veille  des  Etats  de  1451, 
Malestroit.  Voilà  donc  onze  baronnies  au  lieu  de  neuf. 

Sur  cette  liste  figure  Châtillon  qui  ne  peut  être  que  Châ- 
tillon  en  Vendelars,  simple  châtellenie  sous  le  fief  de  Vitré  ; 
Châtillon  n'a  pas  été  baronnie  même  avant  1451.  Or,  laissant 
le  pas  à  Châtillon,  Pont-lAbbé  figure  en  rang  bien  modeste, 
le  neuvième. 

Encore  ce  rang  ne  lui  appartient-il  pas  !  D'après  ses  lettres 
d'érection,  Malestroit  a  rang  avant  Quintin  qui  précède 
Pont-l'Abbé.  Donc  l'addition  nécessaire  de  Malestroit  à  la 

(1)  Hougè  {.baroDDie  avant  1  'i5l),  fiel  de  la  baronnie  de  Châleaubriant 
(non  admise  pnr  M.  Puig)  ne  lui  plus  que  bannière  après  1451.  La  sei- 
gneurie passa  en  IllKI  à  Derval;  et  le  baron  de  Derval  réclame  poui 
Rougé  la  première  bannière,  en  contestant  ce  titre  à  Pont-l'Abbè,  Étals 
de  1462.  (Morice,  Pr.  III.  11.) 

(!)  Apparemment  le  Paltel,  aocienne  mais  médiocre  seigneurie  du  comlé 
de  Nantes,  baronnie  avant  lii!,  et  qui  est  entrée  dans  ta  composition  du 
marquisat  de  la  Galissonnière,  en  liiiS.  Oéog.  féod.  p.  10J. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  H7  — 

liste  recule  Pont-l'Abbé  au  onzième  rang.  —  Voilà  donc 
Pont- l'Abbé  exclu  des  neuf  baronnies  par  M.  Puig lui-même, 
comme  en  réalité  le  Pont  en  fut  exclu  par  Pierre  II  I 

Mais  le  seigneur  de  Pont-l'Abbé  aurait  mauvaise  grâce  à 
se  plaindre.  11  est  exclu  du  banc  des  barons  et  refoulé  au 
banc  des  bannerets  en  trop  bonne  compagnie,  avec  les  plus 
grands  seigneurs  de  Bretagne,  le  vicomte  de  Rohan  et  Léon, 
le  comte  de  Laval,  sire  de  Vitré  par  sa  mère  et  de  Ghâteau- 
briant  du  chef  de  sa  femme,  etc. 

I^a  vérité  est  que  sur  cette  liste,  sauf  les  trois  baronnies 
nouvelles  créées  par  Pierre  II,  il  ne  se  trouve  qu'une  seule 
baronnie,  Ancenis,  déclarée  ancienne  aux  Etats  de  1451. 

En  sorte  que  la  liste  donnée  par  M.  Puig  est  une  révéla- 
tion :  elle  dément  le  di':tum  latin  que  M.  Puig  ne  semble 
pas  connaître,  la  charte  d'Alain  Fergenten  vertu  de  laquelle 
Pont-l'Abbé  aurait  été  baronnie,  dès  1087,  enfin  la  décla- 
ration de  Pierre  H  en  1451. 

Qu'est-ce  donc  que  cette  liste  ?  C'est  une  liste  quelconque 
de  seigneurs,  barons,  bannerets  et  simples  châtelains,  qui 
semble  postérieure  à  l'année  1400,  date  de  la  réunion  pour 
un  temps  de  Derval  et  Rougé.  —  Non  !  cette  liste  a  été 
composée  par  M.  Puig  (lui-même  nous  l'apprend)  a  d'après 
plusieurs  documents  de  la  Bibliotbèqae  nationale.  » 

Quels  documents  ?  Nous  serions  curieux  de  les  connaître, 
non  pour  aller  les  consulter,  mais  pour  en  écarter  les  cher- 
cheurs que  nous  renverrions  aux  procès-verbaux  des  Etats 
de  1451  et  1455.  [Morice,  Pr.  11.  col,  1564  et  1670.) 

Cette  liste  est  une  nouvelle  surprise.  Combien  de  personnes 
en  Bretagne  qui  n'ont  jamais  ouvert  uue  histoire  de  Bre- 
tagne ont  entendu  pourtant  la  fable  des  neu/"  baron  nies  avant 
1451,  et  M.  Puig  dresse  une  liste  de  onze  !  Les  mêmes  ont 
entendu  parler  de  ce  procès  interminable  entre  les  deux 
!  Léon  et  de  Vitré,  à  propos  de  la  présidence 


D,g,l,..cbyGOOglC 


—  468  — 

des  Etats;  et  M,  Puig  n'admet  pas  les  seigneurs  de  Léoa 
et  de  Vitré  au  nombre  de  ses  anciens  barons  ! 

Et  quand  Pierre  II,  de  propos  délibéré,  et,  quatre  siècles 
et  demi  après  lui,  M.  Puig,  par  inadvertance,  ont  destitué  le 
seigneur  de  Pont  du  titre  de  baron  qu'il  avait  la  veille  des 
Etats  de  1451,  M.  Puig  écrit  (p.  5}  ;  «  De  là  cette  dénomi- 
u  nation  de  haut  baron  ou  baron  ancien,  sous  laquelle  figu- 
reront désormais  les  barons  de  Pont.  •> 

Eh  !  non  !  Et  c'est  le  seigneur  de  Pont  qui  dément  ici  M, 
Puig.  En  1451,  en  1455,  en  1462,  Jean  II  du  Pont  et  de  Rostre- 
nen  répond  à  l'appel  de  son  nom  comme  banneret  ;  il  se  met 
à  réclamer  avec  une  insistance  dign.;  d'une  meilleure  cause 
la  première  place  au  rang  des  bannerets  ;  et  il  meurt  sans 
l'avoir  obtenue.  Son  fils  Pierre  répond  aux  Etats  comme 
banneret  ;  et,  restant  banneret,  voit  monter  au  rang  des 
barons  trois  des  compétiteurs  de  son  père  à  la  première 
bannière,  François  de  Bretagne,  seigneur  de  Clisson,  devenu 
baron  d'Avaugour.  et  les  seigneurs  de  la  Hunaudaye  et  de 
Coëtmen  qui  vont  devenir  barons  (1). 

Et  la  preuve  authentique  de  son  erreur,  M.  Puig  doit  la 
voir  :  elle  est  dans  les  lettres  du  roi  Charles  VIII  sollicitées 
par  Hélène  de  Rohan,  veuve  de  Pierre,  et  érigeant  ta  ba- 
ronnie  en  faveur  de  son  fds,  en  1492.  On  ne  crée  pas  ce  qui 
existe  déjà  (1). 

Voilà  en  abrégé  ce  que  nous  avions  à  dire  de  la  théorie 
des  neui  baronnies  anciennes  de  Bretagne  inaugurée  par 


(1)  On  voit  eomhien  il  est  ineisct  de  dire  avec  Puig  (p.  4)  :  o  Tous  les 
barons  du  Pont  apportéreoi  lii  mâme  intraitable  ténacité  dans  la  revendi- 
cation de  ce  titre  {do  baron).  « 

(1)  H.  Puig  a  tait  allusion  â  cette  création  i  vers  1491  >,  dit  il,  page 
173  des  Bigoudens.  Dans  Lfi  çhevalierii  bannerels,  il  n'en  est  plus  (juesïion. 
—  M.  Puig  parle  de  l'acte  de  14U1  comme  d'une  sorte  de  confirmation  de 
la  baroQDle  :  il  s'agit  bien  d'une  ci-éalion  un  l'iDS.  Ci-dessus,  p.  lt(l. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^«9  — 

M.  Puig.  Mais  que  d'autres  erreurs  dans  \i:s  Chevalier s- 
bannerets  !...  Je  ne  signale  qu'un  point  : 

M.  Puig  a  écrit  dans  sa  préface  (p.  VIII)  ;  "  J'ai  tant  glané, 
a  tant  peiné,  que  je  défie  quiconque  de  pouvoir  refaire  une 
a  chronologie  (des  barons  de  Pont-I'Abbé)  plus  exacte  que 
«  celle  ci  après,..  » 

Nous  acceptons  le  déli  ;  et  un  jour  nous  proposerons  — 
avec   preuves  à  l'appui  —  quelques  rectifications  à  cette 


J.  TREVEDY, 

Ancien  Président  du  Tribunal  civil  d 
(A  suivre.) 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


XIV. 

LES  SÉANCES  DU  CONGRÈS  DE  1 8H  A  LA  SORBONNNE 

NOTES  ET  IMPRESSIONS 
PAH    l'abbé    Antoine    FAVÉ. 


Dès  le  18  avril,  un  chroniqueur  parisien  signalait  l'arrivée 
des  délégués  des  départements  :  i  Le  Congrès  des  Sociétés 
savantes  qui  vient  de  s'ouvrir,  disait-il,  fait  venir  à  Paris 
un  type  curieux,  bizarre  et  digne  d'observation  :  c'est  le 
savant  de  province  ».  Ce  bon  savant  qui  sait  que  s'il  vaut 
quelque  chose  c'est  précisément  parce  qu'il  aime  et  cherche 
à  mieux  connaître  sa  province,  payait  d'uu  sourire  de  bon  aloi 
le  spirituel  pastiche  de  M.  Le  Conte;  et  d'autre  part  se  dispo- 
sait à  applaudir  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  dans 
le  discours  de  clôtui'e,  le  remerciantd'être  venu  et  lui  faisant 
savoir,  avec  beaucoup  de  cordialité,  que  la  visite  serait  rendue. 
EnefTet,  M.  Rambaud  avait  à  annoncer  que  le  Congrès  annuel 
des  Sociétés  savantes  serait  désormais  appelé  improprement 
Congrès  de  la  Sorbonne,  puisque  ce  Congrès  se  tiendra  à 
l'avenir,  dans  une  des  villes  des  départements  :  de  la  Bretagne, 
de  Provence,  de  l'Artois,  de  la  Franche-Comté,  etc.,  et 
exceptionnellement  à  Paris,  comme  en  1900,  où  on  compte, 
paraît-il,  sur  nous,  comme  un  des  clous  de  la  future  Expo- 
sition. De  cet  acte  de  décentralisation  joint  au  fait  de  la 
restitution  de  nos  Universités  provinciales,  semble  ressortir 
l'exécution  d'un  plan  d'ensemble  de  réformes  fécondes  faites 
pour  amener  et  répandre  la  vitalité  scientifique  aux  extré- 
mités, au  lieu  de  la  refouler  et  de  l'accumuler  exclusivement 
dans  la  tête. 

Ces  généreuses  aspirations  se  faisaient  jour  dans  le 
discours  du  Président  de  la  séance  d'ouverture,  M.  Alexandre 


.D,g,l,..cbyGOOglC 


—  171  — 

Bertrand,  membre  de  l'Institut,  à  la  grande  satisfaction  du 
u  savant  de  province  a  :  «  L'intérêt  de  la  science  exige,  disait- 
«  il,  que  soient  resserrés  de  plus  en  plus  les  liens  qui  ratla- 
«  chent  Paris  aux  Sociétés  savantes  des  départements — Sans 
«  vos  savantes  recherches  dans  les  annales  locales,  sans  vos 
«  fouilles,  vos  explorations,  que  pourraient  les  savants  de 
a  cabinet  ?  Vous  leur  faites  connaître  tes  richesses  de  la 
«  France,  que,  sans  vous,  ils  ignoreraient.  C'est  grâce  à 
1  vous,  grâce  à  vos  efforts  incessants,  que  la  lumière  se  fait 
<  de  jour  en  jour  plus  éclatante  sur  les  premiers  temps  de 
a  notre  histoire  nationale. 

«  Comment  ne  seriez-vous  pas  les  bienvenus  ? 

«  L'année  dernière,  l'éminent  président  de  la  section 
«  d'histoire  retraçait,  ici  même,  un  tableau  saisissant  des 
n  travaux  accomplis  en  province,  depuis  un  demi-siècle, 
«  dans  l'ordre  de  l'histoire.  U  s'en  félicitait  au  nom  de  la 
«  France.  Permettez-moi  de  dire,  à  mon  tour,  que  la  France 
B  n'a  pas  lieu  d'être  moins  fière  de  ses  archéologues  que  de 
s  ses  archivistes.  Les  archives  que  contient  le  sol  sont  plus 
s  riches  encore  que  celles  de  nos  mairies,  de  nos  préfec- 
«  tures,  de  nos  archevêchés  et  de  nos  monastères.  La  source 
ï  en  est  inépuisable.  Or,  quels  progrès,  sous  ce  rapport, 
■  n'avons-nous  pas  faits,  grâce  à  vous,  depuis  cinquante 
o  ans  ?  j) 

M  Alexandre  Bertrand  insistait  avec  raison  sur  la  néces- 
sité de  dresser  scientiliqnement  et  de  publier  largement  des 
catalogues  de  ces  richesses  ;  elles  restent  parfois  improduc- 
tives, mais  souvent  par  suite  des  résistances  de  toutes  sortes 
auxquelles  se  heurtent  les  chercheurs  les  plus  autorisés. 


Cette  plainte  devait  se  faire  entendre  dès  la  première 
séance  de  la  section  d'histoire  et  de  philologie,  à  l'occasion 
de  la  5*  question  du  programme  ;  «  Indiquer  les  mesures  qui 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^72  — 

•  ont  pu  être  prises  dans  certains  départements  pour  assurer 
«  la  conservation  des  minutes  notariales  et  en  faciliter  les 
■  communications  demandées  en  vut  de  travaux  historiques,  n 

M.  Flour  de  Saint-Genis  exposa  dans  un  mémoire  lu  par 
M.  Léopold  Delisle,  président  de  la  section,  la  situation 
dans  la  Côte-d'Or  :  les  minutes  notariales  sont  une  source 
inépuisable  d'informations  exactes  ;  mais  souvent  elles  sont 
refusées  par  suite  d'ignorance,  d'indolence,  ou  par  le  scru- 
pule trop  exagéré  du  secret  professionnel.  Pour  M.  Flour 
de  Saint-Genis,  il  n'y  a  que  deux  remèdes  à  ces  difTicultés  : 
autoriser  te  maintien  des  anciennes  minutes  dans  les  études 
à  la  condition  d'en  donner  et  d'en  publier  les  inventaires 
détaillés  et  de  les  mettre  à  la  disposition  des  érudits  ;  ou 
bien  exiger  le  versement  sous  trois  mois,  aux  archives 
départementales,  des  minutes  antérieures  à  1790,  comme  le 
demandait  le  projet  de  loi  présenté  en  1893  par  M.  de 
Benoit. 

M.  Tlioison  fait  ressortir  l'intérêt  de  documents  impor- 
tants, historiques  et  financiers,  retrouvés  par  lui.  Où  ?  — 
dans  un  minutier  de  Nemours  ayant  servi  de  "  chemises  » 
à  d'autres  pièces  courantes  à  l'époque  de  la  Révolution. 

Une  discussion  prolongée  s'engage.  M.  Advielle  et  M. 
Vincent,  notaire  honoraire,  délégué  de  la  Société  archéolo- 
gique de  Touraine,  y  prennent  part.  On  fait  observer  que  le 
logement,  du  jour  au  lendemain,  des  innombrables  minutes 
notariales  exigerait,  au  bas  mot,  la  construction  de  900 
salles  ;  —  et  supposé  pratique  la  construction  de  ces  locaux, 
il  resterait  à  éviter  un  encombrement  qui  causerait  de 
longtemps  un  véritable  chaos. 

Le  digne  M.  Vincent,  notaire  honoraire,  ne  serait  pas  le 
dernier  à  reconnaître  la  valeur  inappréciable  de  ces  minutes 
notariales  :  il  en  sait  quelque  chose,  par  le  dépouillement 
qu'il  a  fait  lui-même  des  actes  de  son  ancienne  étude,  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ns  - 

1560  à  1790,  mais  il  ne  peut  admettre  que  l'on  acciiâê  de 
mauvais  vouloir  et  de  petitesse  de  vues  le  corps  des  tabel- 
lions qui,  aemble-t-il,  à  son  sens,  a  ce  privilège  avec  la 
femme  de  César,  de  ne  pouvoir  être  soupçonné.  M.  L. 
Delisle  résume  les  débats,  en  disant  que  tout  le  monde 
est  d'accord  pour  souhaiter  qu'il  soit  pris  des  mesures  à 
l'effet  de  rendre  accessibles  aux  travailleurs  les  dépôts  des 
notaires.  La  question  est  reprise  à  l'occasion  d'une  commu- 
nication de  M.  de  Gérin  sur  les  anciens  registres  paroissiaux 
de  Provence  de  1503  à  1790.  Il  signale  les  travaux  faits 
dans  cette  région  et  notamment  à  Aix,  Marseille,  Auriol,  et 
préconise  comme  moyen  de  conservation  de  ces  actes,  un 
système  de  transcription  sous  forme  de  tables. 

M.  Léon  Maître,  archiviste  de  la  Loire-Inférieure,  commu- 
nique au  Congrès  quatre  documents  de  grande  importance, 
dont  une  charte  de  676,  contenant  l'énuméralion  des  domaines 
donnés  à  saint  Philibert  de  Noirmoutiers,  et  un  diplôme  de 
Louis  Le  Débonnaire  et  de  Lothaire  autorisant  les  religieux 
de  Noirmoutiers  à  fortifier  leur  monastère.  Ces  pièces  ont 
été  retrouvées  chez  te  propriétaire  de  l'ancien  domaine 
du  prieuré  d'Amauld  (Maine-et-Loire).  M.  Maître  signale 
fortement  la  nécessité  pour  les  érudils,  de  pousser  leurs 
investigations  dans  les  archives  particulières  et  surtout 
dans  les  fonds  des  domaines  confisqués  sur  le  clergé. 

—  Dans  la  séance  du  14  avril,  M.  l'abbé  Marbot,  de 
l'Académie  d'Aix,  présentait  au  Congrès  une  note  sur  un 
cartulaire  arlésien,  qu'il  a  découvert,  formé  de  quarante- 
trois  chartes  relatives  à  ta  prébende  du  sacristain  du  cha- 
pitre d'Arles.  La  plus  ancienne  de  ces  chartes  est  de  1210, 
M.  Marbot  fait  remarquer  à  propos  de  cette  collection  dressée 
en  1775,  qu'en  la  moitié  du  dix-huitième  siècle,  on  a,  dans  le 
Midi,  collectionné  et  analysé  beaucoup  de  documents,  ce  qui 
semblerait  indiquer  un  pressentiment  de  la  dispersion  pro- 
chaine de  tant  d'archives.  Cette  observation  mérite  qu'on  s'y 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  474  - 

arrête.  Dans  tes  anciens  diocèses  de  Cornouaille  et  de  Léon, 
de  Léon  particulièrement,  on  se  préoccupa,  à  la  veille  de 
la  tourmente  révolutionnaire,  de  dresser  des  chartriers  et 
rentiers,  d'inventorier  les  documents  et  pièces  justificatives. 
Etait-ce,  dans  les  administrations,  un  progrès  des  habitudes 
d'ordre  et  d'exactitude,  ou  un  pressentiment  mystérieux  de 
l'orage  qui  allait  éclater  sur  la  vieille  France  ?  Toujours 
est-il  que  nous  relevons  des  traces  nombreuses  de  cette 
préoccupation  :  pour  mémoire,  nous  citerons  deux  exemples. 

Louis  Maufras  du  Châlellier,  né  en  1718,  quittait  de 
bonne  heure  l'évêché  d'Avranches  pour  venir  habiter  Rennes. 
Il  y  montrait  une  aptitude  extraordinaire  pour  les  études 
paléographiques  :  un  texte  qui  le  déroutait  ou  l'arrêtait, 
était  déclaré  indéchilTrable.  Il  mit  en  ordre  et  inventoria  les 
archives  de  la  riche  abbaye  de  Saint-Georges,  et  vint  à 
Saint-Pol,  à  la  prière  de  Mgr  de  la  Marche,  pour  remettre 
en  ordre  le  chartrier  du  diocèse.  Ce  fut  un  travail  de  2  ans, 
dont  le  résultat  fut  quatre  fort  volumes  in-V  ;  de  plus,  il 
classa  à  Landerneau,  les  titres  de  cette  communauté  poli- 
tique, en  153  pages  in-f"  à  2  marges  (1). 

Nous  voyons  ce  même  travail  de  conservation  et  de  pré- 
servation entrepris  dans  les  paroisses  rurales  elles-mêmes. 
Je  retrouve,  en  effet,  qu'en  1781,  le  29  juillet,  le  corps  poli- 
tique de  Plounéour-Trez  décidait  que  les  papiers  de  l'église 
seraient  inventoriés,  puis  transportés  au  presbytère  dans 
une  chambre  plus  propre  à  leur  conservation  et  aux  délibé- 
rations de  la  communauté.  Ce  ne  fut  qu'en  mai-juin  1783 
que  cette  décision  fut  mise  à  exécution  et  qu'on  en  chargea 
Messire  François  Raoul,  sieur  de  Kerlan,  faisant  fonction 
d'archiviste  de  l'évêché  de  Léon.  I, 'opération  fut  menée  de 
main  de  maître  ouvrier  :  elle  prit  du  temps,  exigeant 
patience  et  sagacité,  et  fut  payée  la  somme  de  207  livres. 

(1)  Bibliographie  bretonne  de  L«vot  :  an.  Du  Châlellier. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  175  — 

On  jugera  que  cette  mesure  était  heureuse,  qu'elle  est, 
somme  toute,  la  plus  pratique  à  prendre  à  l'égard  de  nos 
modestes  archives  locales,  paroissiales  ou  communales,  car, 
si  à  Plounéour,  ou  ailleurs,  les  actes  et  pièces  mentionnés 
dans  ces  inventaires  et  répertoires  ont  pu  disparaître,  pour 
cent  et  une  raisons  que  l'on  devine,  il  en  reste  un  duplicata 
authentique,  comme  la  photographie  d'une  preuve  écrite 
soumise  aux  assises  et  vérifié  à  dire  d'expert. 

Le  mardi  soir,  nous  avons  entendu  une  communication  de 
M.  Guesnonau  sujet  du  «  Livre  rouge  de  la  Yintained'Arras  b 
c'est-à-dire  de  la  «  Gueude  ou  Guilde  de  la  draperie  : 
foulons,  tisserands,  tondeurs  de  drap.  C'était  une  commis- 
sion technique  de  vingt  membres  chargés  par  délégation 
échevinale  de  faire  exécuter  les  règlements  du  métier  et 
d'en  appliquer  les  pénalités  :  ce  livre  comprend  cent  pièces 
diitérentes  et  doit  son  nom  à  sa  tranche  rouge. 

—  Aï.  le  comte  de  Loisne,  de  la  commission  départementale 
des  monuments  du  Pas-de-Calais,  exposa  le  résultat  de  ses 
recherches  sur  «  les  Baillis,  Gouverneurs  et  grands  Baillis 
de  Bélkune,  de  /270  à  il89  :  la  décadence  du  bailli  et  du 
baillage  rognés,  diminués,  dépouillés  de  toute  attribution 
militaire,  puis  financière,  d'où  des  conflits  d'attribution  et 
de  juridiction,  véritables  guêpiers  de  procès  interminables 
que  la  Révolution  devait  trancher  sans  appel. 

Ces  deux  travaux  sont  remarquables  par  une  méthode 
d'investigation  et  un  procédé  d'exposition  que  l'on  gagne  à 
voir  pratiquer  pour  apprendre  à  les  appliquer  utilement 
dans  le  même  genre  d'études  quand  l'occasion  se  trouve. 

Le  lendemain,  mercredi  13  avril,  JK.  Dast  Le  Vacher  de 
Boisville,  de  la  Société  des  archives  historiques  de  la  Gironde 
procédait  au  dépouillement  d'un  Registre  de  baptême  de  pro- 
testants de  Casteimoron  d'Agenais,  de  1634  à  1662,  soit 
pendant  une  période  de  28  ans,  comprenant  1393  actes,  que 
M.  de  Boisville  a  analysés  avec  une  rare  patience.  Les  noms 


^  à 


les  plus  communs  qu'il  relève  aont  Pierre  (999  fois),  Marie 
(886  fois)  Jean  (968  fois}.  Dans  fénumération  de  ces  prénoms 
nous  retenons  quetques-utis  dont  la  forme  cadre  assez  bien 
avec  nos  appellations  de  Basse-Bretagne  :  '  ainsi  Pkelip, 
Ouilhem,  Bertholomy,  Berthomieu,  Mathelin,  Peyronne  (notre 
Perrine},  MondetU  (sans  doute  diminutif  de  Raymonde), 
Marquise  (que  nous  avons  trouvé  assez  fréquemment  dans 
les  registres  paroissiaux  de  Cornouailie  d'il  y  a  deux  cents 

H-  Hauser,  professeur  de  la  Faculté  des  lettres  de  l'Uni- 
sité  de  Clermont,  a  entretenu  la  section  des  Suites  d'une 
grève  au  XVI'  siècle,  celle  qui  agita  l'imprimerie  parisienne  et 
lyonnaise  de  1539  à  1542  :  dans  cette  étude,  on  voit  naitre 
les  haines  socialistes  avec  la  même  phraséologie  qu'aujour- 
d'hui, y  compris  les  malédictions  d'usage  aux  exploiteurs  de 
la  sueur  du  peuple.  Mêmes  problèmes,  mêmes  organisations 
pour  l'attaque  et  pour  la  résistance  :  Nil  novi  sub  sole  ' 

M.  A.  Héron,  de  l'Académie  de  Rouen,  met  au  point, 
d'après  les  archives  du  Parlement  de  Normandie,  d'étranges 
méprises  de  la  part  de  quelques  érudits,  Furetières,  et 
d'après  lui,  Littré  lui-même,  qui  ont  dit  que  le  nom  de  drap 
du  sceau  venait  de  ce  qu'il  était  fabriqué  à  Usseau,  village 
situé  près  de  Carcassonne.  Or,  cette  localité  n'a  jamais 
existé  :  le  drap  du  sceau  était  une  fabrication  appartenant 
exclusivement  à  Rouen  et  avait  fait  l'objet  d'un  trafic  consi- 
dérable avec  le  Levant.  Morale  :  se  défier  des  dictionnaires 
y  compris  au  besoin,  celui  de  Larousse  ! 

M.  Georges  Musset,  de  la  Charente-Inférieure,  fait  une 
communication  sur  les  Pèlerinages  à  Satnt-Jacgues  de 
Compostelle  en  ce  qui  concerne  l'Aunis  et  la  Saintonge.  Nous 
en  avions  déjà  vu  les  grandes  lignes  dans  une  intéressante 
Etude  publiée  l'an  dernier  par  M.  Nicolai  dans  le  Bulletin  de 
la  Société  archéologique  de  Bordeaux  ;  nous  avons  regretté 
une  fois  de  plus  que  ce  travail  restât  à  faire  pour  les  pèleri- 


n,g,t,7.cbyG00glC 


nages  des  bas-bretons  à  Saint-Jacques  de  Galice,  car  pour 
notre  pays  nous  n'avons  encore  que  les  traditions  recueillies 
dans  la  Haute-Bretagne  par  M,  Gaidoz  et  la  Bévue  des  tradi- 
tions populaires.  Il  serait  à  désirer  que  l'on  put  faire  pour 
ce  pèlerinage,  autrefois  si  connu,  ce  que  M,  le  Président 
Trévédy  a  fait  pour  le  Pèlerinage  des  Sept  Saints  de  Bretagne. 

A  la  séance  de  l'après-midi,  nous  entendons  une  commu- 
nication que  le  R.  P.  CamOle  de  La  Croix  développe  avec  sa 
verve  ordinaire. 

n  signale  l'existence  d'une  chapelle  érigée  au  douzième 
siècle  dans  la  propriété  ancienne  de  Vernay,  distante  d'Er- 
vault  (Deux-Sèvres)  d'environ  1  kilomètre,  et  celle  de  doux 
couvercles  en  pierre  de  séputure  du  douzième  siècle.  Sur 
l'un  se  trouve  seulement  un  blason  et  sur  l'autre  un  blason 
semblable,  accompagné  d'une  épée  et  de  l'inscription 
suivante  : 

HIC   EXPECTO    BESVRECTIONl    (hESVBECTIONBM  ?j 
MOHTVORVM. 

Le  p.  de  la  Croix  présente  quelques  observations  sur  le 
blason,  l'épée  et  l'inscription.  Il  pense  que  ces  deux  sépul- 
tures, qui  se  trouvent  dans  une  chapelle  sous  le  vocable  de 
saint  Thomas  de  Cantorbéry,  pourraient  avoir  appartenu  aux 
deux  de  Broc,  excommuniés  par  l'archevêque  deux  jours 
avant  son  martyre,  II  fait  ensuite  appel  aux  savants  qui  par 
leurs  études  spéciales  sont  à  même  de  résoudre  le  problème, 
et  généreusement  il  met  à  leur  disposition  le  dossier  bien  do- 
cumenté qu'il  a  amassé  sur  la  question,  et  la  correspondance 
qu'il  a  entretenue  pour  arriver  à  des  éclaircissements,  avec 
nombre  d'érudits  et  les  bibliothécaires  du  British. 

Af.  Boucattte,  de  la  Lozère,  attire  l'attention  du  Congrès 
sur  un  manuscrit  inédit  des  archives  de  l'Hérault,  dont  le 
titre  général  est  :  '  Estât  du  domaine  et  des  propriétés  taii- 
lablesén  i6S5 d'après  le  registre  du  taillon,  ».  11  comprend  une 
liste  de  toutesles  communautés  réparties  entre  les  vingt-deux 
Bdllhtih  arcdéol.  dd  F [NisTfcBB.—  TouB  X£V.  (Uémoires).  12 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  478  - 

diocèses  civils  du  pays  de  Languedoc  •  avec  le  tariffe  et 
pesage  de  ce  que  chascun  lieu  porte  tous  les  ans  à  la  totalité 
de  l'imposition  ila  taillon  s.  On  reste  étonné  de  la  somme  de 
recherches  ardues  qu'il  faudrait  mettre  en  ligne  pour  recons- 
tituer imparfaitement  même,  dans  notre  département,  un 
document  aussi  important. 

Le  14  avril,  nous  entendons  jB.  le  chanoine  Calhiat  nous 
décrire  les  Superstitions  de  son  pays,  le  Tarn-et-Garonne  ; 
et  M.  Halberg,  professeur  à  l'Université  de  Toulouse,  exposer 
ses  Recherches  sur  le  fond  historique  de  certaines  légendes 
historiques  relatives  à  Strasbourg.  Son  but  est  d'éveiller 
l'attention  des  savants  et  des  curieux,  notamment  sur  cer- 
tains points  qui  peuvent  intéresser  plus  spécialement  notre 
patriotisme,  et  qui  sont  relatifs  aux  attaches  françaises  de 
Strasbourg.  En  voici  la  simple  énumération  :  1°  les  Stras- 
bourgeois  descendent  des  Ninivites,  comme  les  Francs  des 
Troyens  ;  2°  étymologies  du  nom  de  Strasbourg  ;  3°  prophé- 
ties sur  les  grandes  batailles  dont  Strasbourg  doit  être  le 
théâtre  ;  4°  évêques  français  ou  aquitains  de  Strasbourg  au 
septième  et  au  onzième  siècle  ;  5"  la  légende  de  Brutus  à 
Strasbourg  ;  6°  les  Flagellants  venus  de  France  au  quator- 
zième siècle  ;  7°  origine  des  Zigeuner  ou  Bohémiens  ;  8° 
invention  de  l'imprimerie  ;  9°  le  roi  de  France,  Henri  II, 
devant  Strasbourg  ;  10"  les  esprits  frappeurs  avant  la  Révo- 
lution française  ;  etc.,  etc. 

Le  soir,  la  présidence  revenait,  à  bon  droit,  à  M.  Aulard, 
puisque  la  séance  devait  être  occupée  par  les  questions  du 
programme  relatives  à  Vllistoire  de  la  Rétotution.  Après 
que  fut  épuisée  la  question  18=  :  a  Etudier  les  délibérations 
d'une  ou  de  plusieurs  municipalités  rurales  pendant  la 
Réoolution,  M.  Camille  Bloch,  archiviste  du  Loiret,  raconta 
les  opérations  préliminaires  d'une  réunion  électorale,  soit 
dans  la  circonscription,  soit  dans  la  ville  même  de  Clamecy  : 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^?9  -      • 

journée  électorale  agitée,  admirablement  décrite,  commencée 
à  neuf  heures  du  matin  et  close  à  minuit. 

La  section  d'histoire  et  de  linguistique  terminait  ses 
séances  le  jeudi  soir. 

A  la  section  d'Archéologie  nous  avons  avons  pu  connaître 
le  résultat  de  recherches  intéressantes  sur  les  sépultures 
"  anciennes  : 

If  Léon  Morel.  —  «  Fouilles  dans  les  cimetières  gaulois  de 
la  Marne,  u 

!U.  Barrière-Blary .  ~  «  Un  cimetière  de  l'époque  des 
Invasions  barbares  dans  le  Jura  - .  Le  président,  tout  en 
remerciant  le  rapporteur  de  cette  dernière  étude,  l'engageait 
à  faire  ressortir  davantage  les  différences  qu'il  a  pu 
constater  entre  les  cimetières  bourguignons  et  visigoths. 
*.  Léon  Coutil,  de  la  Société  normande  d'études  préhis- 
toriques, intéressa  la  section  par  un  inventaire  du  Mobilier 
funéraire  des  Véliocasses  (époque  préromaine].  II  a  recueilli 
dans  ses  fouilles  une  bonne  quantité  de  statues  très  frustes 
de  Vénus  en  terre  cujte  et  une  quantité  considérable 
d'oiseaux  en  poterie  ;  ce  dernier  détail  nous  rappelle  les 
coucous  en  terre  vernissée,  d'une  invention  qui  se  perd  dans 
la  nuit  des  temps,  instruments  de  musique  fort  rudimentaires 
aux  modulations  agrestes,  joie  des  enfants  et  amusements 
des  parents  et  qui  se  vendent  encore  dans  nos  pardons  de 
Basse-Bretagne. 

M.  Fillon,  de  la  Société  académique  de  Saint-Quentin, 
résume  une  notice  sur  une  balance  du  septième  siècle  troatée 
dans  le  cimetière  de  Vonteneourt  {Aisne);  les  pesons  en  étaient 
constitués  par  des  monnaies  romaines.  Le  Congrès  a  eu 
aussi  à  entendre  de  curieuses  communications  sur  la 
céramique  ;  citons  M.  Blanchet  :  les  ateliers  céramiques  dans 
la  Gaule  romaine;  M.  Louis  Bourrez:  la  poterie  gallo- 
romaine  en  Touraine  :  M.  Femrier,  professeur  au  collège 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


de  Dôle  :  sur  un  atelier  de  poterie  gallo-romaine  dilcouvert 
dans  le  Jura.  Il  nous  a  été  donné  plusieurs  renseignements 
importants  sur  les  voies  romaines  et  leur  dallage  retrouvé 
intact  dans  des  tourbières,  sur  des  lits  de  fascines,  notam~ 
ment  dans  le  pays  situé  entre  la  Prusse  rhénane  et  le  pays 
de  Liège.  (Communication  de  M.  de  Laigue,  correspondant 
du  ministère.) 

M.  Guignard  fait  connaître  la  découverte  d'une  cité  antique 
à  Averdon  (Loir-et-Cher},  mais  M.  Marcel  Imbert  feît 
remarquer  que  cette  station  n'est  pas  une  véritable  cité  et 
que  les  débris  recueillis  par  M.  Guignard  appartiennent  à 
des  époques  différentes.  Les  fouilles  que  le  P.  Camille  de  la 
Croix  a  faites  dans  l'Hypogée  païen  de  Louin  (Deux-Sèvres) 
ne  semblent  pas  offrir  des  résultats  aussi  hypothétiques  et 
aussi  contestés.  Cet  hypogée  rectangulaire  se  trouvait  à  5  m. 
au-dessous  du  sol  :  il  était  maçonné  et  enduit  avec  soiu  à 
l'intérieur.  La  porte  avait  été  murée  aussitôt  après  le  dépôt 
des  deux  cercueils  en  marbre  de  Saint-Béat  et  en  pierre  du 
pays.  L'un  des  cercueils  renfermait  le  corps  d'un  homme  et 
l'autre  celui  d'un  adolescent,  elles  squelettes  étaient  ren- 
fermés dans  des  cercueils  en  plomb  sans  ornements.  Après 
avoir  inhumé  les  corps,  le  caveau  avait  été  muré  et  un 
temple  de  forme  bizarre  avait  été  construit  au-dessus,  pour 
mieux  dissimuler  l'entrée  de  l'hypogée.  Le  plus  grand 
cercueil  renfermait  une  magnifique  urne  en  verre  blanc 
de  57  centimètres  de  hauteur.  Cette  curieuse  découverte  est 
unique  en  son  genre,  car  on  n'a  signalé  aucun  hypogée 
païen  en  France. 

Le  P.  Delattre  n'ayant  pu  venir  au  Congrès,  il  fut  lu  en 
son  nom  une  communication  sur  le  sable  aurifère  de  la  mer  à 
Carthage  et  sur  une  collection  de  plombs  à  inscriptions  r  ce 
sable  curieux  n'est  pas  chargé  de  pépites  et  de  paillettes,  mais 
de  petits  fragments  d'or  ouvré,  de  débris  de  bijoux  et  de 
parures,  de  balles  de  fronde  romaines,  de  plombs  ornés 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^81   — 

d'initiales  variées  et  même  de  sceaux  en  plomb  d'évéques  de 
Carthage.  M.  l'abbé  Sourîce  signale  du  sable  aurifère  du 
même  genre  à  Alexandrie  (Egypte)  :  ce  sable  est  ramassé 
mélangé  de  grenats  et  de  débris  de  parures  en  or  ;  les  indi- 
gènes exploitent  ces  fragments  en  passant  le  aable  après  les 
tempêtes.  Cette  observation  est  d'autant  plus  précieuse  à 
retenir  que  nous  voyons  chez  nous  ce  même  phénomène  d'un 
passé  pulvérisé  se  représenter  à  nos  yeux  en  mille  et  un 
débris,  comme  l'a  constaté  notre  confrère  if.  le  chanoine 
Abgrall  :  épingles  gauloises  en  bronze  dans  les  dunes  de 
Plouhinec. 

—  M.  l'abbé  Sourice,  professeur  au  collège  de  Saint-Pol- 
de-Léon,  qui  avait  appuyé  la  communication  du  P.  Delattre, 
a  passé  trois  ans  à  Alexandrie  ;  ill'a  étudiée  en  archéologue 
achevé  et  la  décrit  en  guide  sûr  de  lui-même,  comme  la 
veille,  il  l'avait  démontré  de  façon  fort  pertinente  dans  une 
belle  étude  sur  l'Acropole  d'Alexandrie,  le  serapeum  et  le 
quartier  égyptien  de  Rkacotis,  extrait  d'un  grand  ouvrage 
que  l'auteur  tient  en  préparation. 

Comme  breton,  c'est  avec  intérêt  que  nous  entendons 
M,  Caron  lire  une  notice  sur  les  titres  que  les  souverains 
de  Bretagne  prenaient  sur  leurs  monnaies.  La  hiérarchie 
des  titres  de  comte  et  de  duc  n'existait  pas  encore.  Ainsi, 
Jean  I"  prend  le  titre  de  e  cornes  o,  tandis  que  ses  prédé- 
cesseurs portaient  le  titre  de  duc.  Conan  I"  s'intitule  comte 
de  Rennes,  Geoffroy  prend  le  titre  de  dux  et  de  princeps 
dans  une  charte  de  1026.  Cette  observation  corrobore  les 
remarquables  travaux  de  M.  Longnon,  qui  désigne  toujours 
la  Bretagne  sous  le  nom  de  comté  dans  ses  cartes  si  utiles 
à  consulter  pour  connaître  l'état  de  la  France  au  douzième 
et  au  treizième  siècle. 

Il  va  sans  dire  que  dans  la  Section,  l'archéologie  monu- 
mentale avait  trouvé  d'éloquents  et  de  savants  interprètes  : 
M.   de  Lahondès  sur  les  églises  gothiques  de  l'Ariige,  et  if. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  iB2  — 

JVoel  Tkiotlier  sur  Yégtise  de  Cargy  (Saône-et- Loire},  et  sur- 
toal  M.  de  Rochemonteix  dans  un  beau  travail  d'ensemble  : 
Etude  sur  les  caractères  qui  distinguent  les  diwrses  écoles 
d'architecture  religieuse  à  l'époque  romane  dans  l'arrondis- 
sement de  Mauriac  (Cantal), 


Le  délégué  de  la  Socje/e  archéologique  du  Finistère  au 
Congrès  de  la  Sorbonne  en  1898  rapporte  ce  qui  l'a  frappé 

Parfois  il  s'est  dit,  en  toute  sincérité,  qu'il  occupait  un  rôle 
qui  eut  dû  être  réservé  à  plus  expert  que  lui  en  matière 
d'Archéologie  préhistorique  et  monumentale,  de  documents 
et  d'archives  tiisloriques,  et  il  regrettait,  pour  l'honneur  de 
notre  Société,  de  ne  voir  à  sa  place  nos  meilleurs,  certains 
confrères  dont  nous  sommes  liers  à  juste  titre. 

Le  cardinal  Maury  professait  que  lorsqu'il  lui  arrivait  de 
se  contempler  il  se  trouvait  peu  de  chose,  mais  quelque  chose 
considérable  quand  il  se  comparaît.  En  comparant 
que  fait  notre  Société  â  ce  que  produisent  les  Sociétés 
nilaires  réunies  à  Paris,  nous  avons  ressenti  une  plus 
ande  estime  do  sa  valeur.  La  collection  de  nos  Bulletins 
rivée  au  Tome  XXV',  chiffre  ordinal  qui  signale  les  Î5  ans 
:xistence  de  notre  Association,  vaut  à  elle  tout  seule  un 
ingrès  scientifique.  Outre  les  publications  qu'elle  renferme 
ncernant  le  champ  tracé  à  notre  activité,  l'Archéologie  et 
listoire,  elle  fournit  un  apport  appréciable  à  deux  autres 
ctions  :  l'Economie  politique  et  sociale  et  la  Géographie 
s  torique. 

— ■  Du  reste,  il  arrive  souvent  que  la  section  d'économie 
ilttique  et  sociale  inscrive  à  ses  ordres  du  jour  des  rappor- 
iirs  qui  ne  sont  que  de  modestes  historiens  constatant  les 
its  sociaux  et  économiques  dans  l'ancienne  France.  C'est 
ce  titre  que  nous  nous  sommes  trouvés  dans  cette  sectioD 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^83  — 

pour  répondre  à  la  question  14°  du  programme  :  «  Dês 
mesures  prises,  au  XYIIP  siècle,  pour  le  traitement  des 
aliénés.  » 

A  cette  même  section  se  rattachent  naturellement  des 
travaux  comme  ceux  de  M.  le  docteur  Corre,  qui  exigent 
l'expérience  de  l'historien  avec  les  qualités  spéciales  du 
sociologue  :  VlnslrucHon  publique  et  les  Ecoles  à  Brest  avant 
il 89;  ses  Recherches  sur  les  procédures  criminellei  en  Basse- 
Bretagne  au  X  VW  et  au  X  VIII"  siècle,  et  surtout  ce  travail  de 
longue  haleine,  si  exact,  si  documenté,  sur  les  «  Anciennes 
corporations  bresloises  ".  Citons  d'autres,  de  chez  nous,  au 
risque  d'oublier  les  meilleurs  : 

—  Le  major  Faty,  avec  son  étude  laborieuse  sur  u  les 
comptes  des  miseurs  de  la  ville  de  Quimper  »  ;  et  sa  belle 
monographie  des  a  hôpitaux  de  Quimper  avant  la  Révolution  n . 

—  Dans  le  même  ordre  d'idées,  M  le  Président  Trévédy 
avec  8  la  léproserie  de  Quimper  ». 

—  M.  le  Carguet  avec  ses  recherches  «  sur  les  épidémies 
dans  le  Cap-Sizun  -,  et  M .  le  chanoine  Peyron  sur  «  la  peste 

■  de  1659  à  Quimper  ». 

—  M.  Serret  nous  {ournissant  l'histoire  du  s  transfert  du 
bureau  des  toiles  de  Locrormn  »,  M.  Audran  étudiant  «  les 
foires  de  Quimperlé  k,  et  M.  le  chanoine  Peyron  <i  LaMartyre 
et  sa  foire  » . 

Et  disons,  qu'une  section  de  géographie  historique 
n'hésiterait  pas  à  recevoir  des  documents  comme  ceux 
qu'a  relevés  M.  Audran  concernant  «  te  domaine  du  Roi 
à  Quimperlé  »  ;  MM.  Hardouin  et  Le  Menn,  touchant  a  le 
domaine  ducal  à  Morlaix  et  à  Lanmeur  «,  sans  compter 
les  "  pêcheries  et  sècheries  de  Léon  et  de  ComouaUle  b  de  M. 
Trévédy,  travail  cadrant  avec  une  «  note  historique  sur  la 
pêche  du  hareng  et  de  la  morue  à  Dunkerque  »  par  M.  Finot, 
archiviste  du  Nord,  que  nous  avons  entendu  à  la  section  de 
géographie  du  Congrès. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  '184  — 

Notre  Société  est  riche  de  25  ans  de  travaux  appréciés, 
elle  a  bon  renom  par  le  monde  et  ce  n'est  pas  un  mince 
honneur  d'avoir  eu  celui  de  la  représenter.  ' 

Antoine  FAVÉ. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


XV. 

GRÈS  DES  Sociétés  Swantes  a  la  Sorboknb  1898 

0x1  d'Économie  polltiq.ue  et  sociale 

QUESTION    14»  DU    PnOGRAMMIl    : 

mesures  prises  en  Bretagne  au  XYIH*  siècle 
poar  le  traitement  des  Aliénés  » 

imuniquées  par  M.  Antoine  Favé,  secrétaire  de  la 
archéologique  du  Finistère,  aumônier  de  l'Asile 
tkanase. 

igrès  des  médecins  atténistes  tenu  à  Toulouse,  du 
It  1897,  M,  le  D'  Doutrebente,  directeur  de  l'Asile 

après  avoir  exposé  rapidement  les  elTorts  tentés 
)duirfi,  au  xviii"  siècle,  une  modification  profonde 
aitement  des  aliénés,  s'exprimait  dans  les  termes 
It  : 

.  Pinel  vint,  et  médecin  en  chef  de  Bicêtre  en  1792, 
sser  de  la  théorie  à  la  pratique  les  idées  philan- 
ues  de  l'époque  :  plus  de  chaînes,  plus  de  cachots 
plus  de  mauvais  traitements;  les  aliénés  eurent 
.  de  la  lumière  ;  il  organisa  des  promenades,  des 

de  travail  ;  il  institua  un  hon  régime  alimentaire  ; 
t  des  guérisons...  (1)  »  On  ne  pouvait  faire  une 
n,  plus  concise,  en  même  temps  que  complète  de 
i  Pinel,  de  sa  méthode  et  de  ses  résultats  :  «  il 
guérisons'.  »  Avant  lui,  toutefois,  on  se  préoccu- 
ort  des  aliénés  :   un  saint  Vincent  de  Paul,   un 

Is  du  Congrès,  1"  partie,  p.  219. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^86  — 

saint  Jean-de-Dieu,  et  bien  d'autres,  propagent  autour  d'eux, 
la  flamme  d'afTectiieuse  et  douce  pitié  qui  s  était  emparée  de 
leurs  grandes  âmes  ;  mais  du  progrès  de  ces  sentiments  de 
commisération,  on  ne  voit  pas  ressortir  une  méthode  scienti- 
fique de  traitement,  l'organisation  d'un  service  médical 
spécial.  Au  xvm^  siècle,  les  registres  des  Etats  de  Bretagne, 
les  arrêts  du  Parlement  de  la  province,  les  actes  du  pouvoir 
central,  altesteni  une  préoccupation,  une  bonne  volonté 
incontestable  pour  arriver  à  une  solution  des  difficultés 
sociales  en  matière  de  bienfaisance  et  d'assistance  publique. 
La  poussée  imprimée  à  l'opinion  se  traduit  par  des  projets 
de  règlements,  par  des  essais  d'exécution  que  viennent 
déconcerter  et  les  guerres,  et  l'état  précaire  des  ressources 
et  des  finances. 

De  ces  essais  d'amélioration  de  la  condition  des  malheu- 
reux, celui  qui  restele  plus  défectueux  c'est  celui  qui  concerne 
les  soins  adonner  aux  aliénés(l).Oncommençaitàconnaitre 
le  mal,  on  en  soupçonnait  le  remède,  l'attention  générale 
était  attirée  à  plusieurs  reprises  par  plusieurs  incidents 
éclatants  :  "  enfin  Pinel  vint  »,  —  c'est-à-dire,  comme 
Malherbe,  il  vint  à  son  heure.  Le  terrain  était  déblayé,  il 
avait  eu  ses  précurseurs,  et  s'il  fit  une  révolution  pour 
consacrer  dans  la  Loi  ce  principe  que  Xaliênéest  tin  malade, 
cette  révolution  était  la  résultante  des  aspirations  et  des 
efforts  de  ses  devanciers,  qu'il  concentra  et  réalisa  dans  son 
œuvre  impérissable 

En  1715,  l'indignation  des  ministres,  des  intendants,  éclata 
en  recevant  un  rapport  ofTiciel  sur  le  sort  des  malheureux 

(1)  M.  Vatran,  prnfessaur  d'histoire  au  IvcÉe  d'Aix,  ([Ui  a  examiné,  dons 
la  Section,  la  condition  des  aliénca  en  Provence,  conslale  la  mfme 
inCériorilè. 

•  Le  service  des  aliénés  ùLait  donc  anniRcrù  tout  traitement  scientifique, 
•  il  était  A  peine  tempéré  par  la  charité,  il  se  réduisait  à  un  ensemble  de 
1  mesures  de  police.  C'était  entre  les  divers  services  d'assistance,  celui  qui 
-  prolllail  le  moins  de  celte  philanthropie  agissiinle,  qui  est  la  caraclô- 
.  ristique  du  dix-huitième  siècle  >,  {Jout^nal  officiel  du  15  avril  1898  ) 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^87  — 

internés  à  Chàtimoîne.  Il  faut  en  lire  l'histoire  dans  la  belle 
élude  sur  la  Condition  des  aliénas,  publiée  en  1886,  par 
M.  Victor  du  Bled,  dans  la  Revue  des  l^eux- fondes.  «  On 
«  connaît,  dit-il,  la  désolante  description  de  la  mosquée  des 
«  fous,  au  Caire,  par  Horace  Vernet  Lisez  le  rapport  officiel 
"  de  1715  sur  cette  tour  Châtimoine  appelée  par  le  peuple 
a  la  tour  aux  fous,  vous  vous  convaincrez  que  cet  enter 
o  égale  en  horreur  s'il  ne  dépasse  celui  de  la  mosquée  du 
B  Caire.  »  Un  hrevet  royal  ordonne  la  démolition  de  cette 
tour  lugubre,  et  un  instant,  il  est  même  question  de  fonder 
dans  toutes  les  provinces,  des  établissements  d'aliénés  que 
le  Roi  prendra  à  sa  charge. 

Mais  le  progrès  se  fera  attendre  encore  «  une  vie  d'homme  ■ 

En  1781, parait-il,  Joseph  11  visitant  les  services  d'assistance 
et  les  hôpitaux,  à  Paris  et  en  France,  fit  des  observations  à 
son  beau-frère  sur  l'état  déplorable  où  il  trouvait  ces 
institutions.  Louis  XVI  étudia  la  situation  avec  Colombier, 
médecin  de  Charenton  et  inspecteur  général  des  prisons  et 
des  hôpitaux.  Sur  l'ordre  du  roi,  il  rédigea  une  instruction 
sur  le  service  des  aliénés,  la  manière  de  les  traiter  et  de  les 
gouverner,  la  nature  des  établissements  qui  leur  étaient 
destinés.  Ces  préceptes  forment  une  brochure  de  44  p, 
in-4*  qui  fut  envoyée  aux  généralités  avec  une  circulaire 
pressantla  diffusion  etl'exécution  des  înstructionsy  contenues. 

Voici  le  texte  de  la  circulaire  de  M  de  Galonné  conservée 
aux  archives  de  Rennes  (1)  : 

t  Paris.  15  juillet  1785. 

"  Monsieur,  j'ai  l'honneur  de  vous  envoier  50  exemplaires 
a  d'une  instruction  imprimée  par  ordre  et  aux  frais  du  gou- 
o  vernement  sur  la  manière  de  gouverner  et  de  traiter 
B  les  insensés  dans  les  hôpitaux  et  maisons  de  force  du 

(I)  Inlertdance  de  BretagTie  {C.  I2G8.)  M.  le  comte  de  Palys  a  bien  voulu 
me  procurer  ia  eopie  de  ces  deux  pièces  aux  archives,  avec  une  bien- 
veillaace  dont  je  garde  uoe  profonde  gratitude. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  as  — 

oyaume.  Je  vous  prie  de  la  répandre  dans  les  établisse- 
lents  de  ce  genre  qui  sont  dans  votre  généralité  et  de 
lire  connaître  aux  administrateurs  de  ces  établissements 
ue  l'intention  du  roy  est  que  l'on  s'y  conforme  autant  que 
is  lieux  et  les  circonstances  le  permettront.  Vous  voudrez 
ien  m'tnformer  de  tout  ce  qui  pourra  concerner  l'exé- 
ution  de  cette  instruction,  me  faire  part  des  observations 
ue  vous  pourriez  recevoir  à  ce  sujet  et  me  marquer  en 
léme  temps  ce  que  vous  en  penserez. 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  un  sincère  attachement, 
lonsieur,  v,  très  h.  et  tr.  ob.  s'. 

a    DE   CaLOSNE.    » 

.a  réponse  à  cet  envoi,  dont  il  nous  reste  un  brouillon 
1  signé,  mais  évidemment  du  subdélégué  Varin  du 
lombier,  porte  la  date  du  20  juillet  1785. 

M'.  J'ai  reçu  et  je  vais  faire  distribuer  dans  mon  dépar- 
ement les  exemplaires  de  l'instruction  que  vous  m'avez 
dressée  sur  la  manière  de  gouverner  et  de  traiter  les 
nsensés  dans  les  hôpitaux  et  maisons  de  force  du  royaume, 
lais  il  ne  faut  pas  espérer  que  cette  instruction  soit  pra- 
iquée  dans  tes  hôpitaux  de  Bretagne,  non  seulement  parce 
u'on  n'y  reçoit  presque  pas  de  fous,  mais  parce  qu'aucun 
le  ces  établissements  n'est  en  état  de  faire  les  dépenses  en 
âtiments  qui  seraient  nécessaires  pour  loger  et  traiter  les 
nsensés. 

Le  seul  dépôt  de  mendicité  de  Rennes  serait  susceptible, 
i  vous  le  jugez  à  propos,  de  l'agrandissement  et  de  la 
listribution  convenables  pour  une  entreprises!  charitable 
^t  si  utile.  Il  y  a  aujourd'hui  environ  50  fous  des  deux  sexes, 
■enfermés  dans  cette  maison.  Us  sont  détenus  dans  des 
;ases  pratiquées  autour  de  deux  cours,  où  on  leur  permet 
le  se  promener  lorsqu'ils  ne  sont  pas  furieux.  Mais  ces 
nalheureux  nourris  et  vêtus  pour  6  sols  par  jour  par  un 
intrepreneur  (!)  ne  sont  aucunement  soignés  et  ne  peuvent 


■yGooglc 


■  ^89  — 


■  «  l'être,  qu'autant  qu'il  plaira  au  roy  d'assigner  un  fonds 
K  <  suffisant  pour  cet  objet. 

■  «  L'instruction  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'en- 
f              «  voyer  senkble  annoncer  que  le  gouvernement  y  est  disposé, 

■  et  c'est,  en  effet,  le  seul  moyen  de  la  rendre  utile.  Je  vous 
»  prie  de  vouloir  bien  me  faire  connaître  vos  intentions  sur 
B  cet  objet  important. 

•  Je  suis  M.  avec  etc.,  etc....  « 

(Une  note  du  même  constate  l'envoi  de  l'Instruction  à 
Rennes,  Nantes,  Brest,  Morlaix,  Saint-Halo,  Dinan,  Lorient, 
Port-Loms.) 

Le  subdélégué  déclare  que  dans  les  hApitaux  de  Bretagne 
on  ne  reçoit  pas  «  presque  pas  de  faux  »,  mais  la  rélicence 
qu'il  introduit  dans  sa  déclaration  est  un  tant  soit  peu 
exagérée,  comme  on  le  verra  plus  bas. 

Quimper  n'avait  jamais,  jusqu'en  1750,  possédé  un  refuge 
pour  y  recueillir  les  aliénés.  C'est  seulement  à  cette  époque 
que  le  vénérable  évoque  Mgr  Farcy  de  Cuillé,  dont  le  nom 
est  à  signaler  pour  son  inépuisable  charité,  prenant  en  pitié 
ces  malheureux  privés  de  leur  raison,  souvent  abandonnés 
à  eux-mêmes  et  parfois  traités  avec  barbarie  par  des  enfants 
inconscients  ou  par  certaine  partie  de  la  population  qui  s'en 
faisait  un  amusement  aussi  inhumain  qu'odieux, résolut  de  leur 
procurer  un  asile.  Nous  l'apprenons  par  une  délibération  du 
Bureau  des  H6pitaux  du  SJuin  1759,  au  sujet  de  <  Cotlstrac- 
truction  de  loges  pour  les  insensés,  n 

•  Le  sieur  de  Trémaria,  administrateur  de  Saint- Antoine, 
«  a  remontré  que  Mgr  l'Evêque  de  Quimper  lui  a  remis  la 
•  somme  de  400  livres  pour  construire  trois  ou  quatre  loges 
a  pour  renfermer  les  fous  furieux  dans  l'enclos  de  l'hâpital, 

■  priant  messieurs  les  membres  du  bureau  de  lui  indiquer 
«  l'endroit  convenable  pour  établir  lesdites  loges  et  déli- 
a  bérer  à  ce  sujet.  Le  bureau  délibérant  sur  la  charité  de 
«  Mgr  l'Evêque  a  indiqué  pour  la  construction  desdites 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  490  — 

•  loges  l'appartement  au  rez-de-chaussée  du  pignoD  méri- 
u  dional  de  la  maison  neuve  de  l'hdpital  et  au  cas  que  ladite 
B  somme  de  400  livres  ne  serait  pas  suRisante  pour  cet 
Il  objet,  il  a  autorisé  l'administrateur  &  y  suppléer.  * 

Sur  des  réclamations  de  l'aumônier  peu  curieux  de  voir 
les  fous  dans  son  proche  voisinage,  les  loges  furent  placées 
au  côté  septentrional  »  au  lieu  du  méridional  du  bâtiment 
neuf.  >  (1) 

La  folie  relevait  si  peu  de  Ta  médecine,  semble-t-il,  que 
lorsque  Thémis  appelait  pour  la  forme  Esculape  en  coqbuI- 
tation,  celui-ci  saluait  en  protestant  de  son  incompétence. 
Les  formalités  de  la  séquestration  exigeaient  une  information 
sur  la  vie  et  mœurs  du  prévenu  ;  si  cette  enquête  concluait 
au  dérangemeat  d'esprit,  les  juges  ordonnaient  «  qu'il  fût 
a  renfermé  à  l'hApital  ou  dans  une  maison  de  force  pour  y 

•  être  traité  comme  les  antres  insensés  ».  Qui  prononce? 
Le  magistrat  ;  et  s'il  se  trouve  trop  souvent  des  erreurs 
judiciaires,  il  n'y  a  pas  de  faute  professionnelle  chez  le 
médecin  puisqu'il  se  désintéresse  dans  l'espèce  :  il  certifie 
tout  simplement  la  folie  et  proteste  qu'il  n'a  rien  pour  ce  cas 
spécial,  dans  sa  thérapeutique.  Il  demande  quelques  jours 
pour  tenir  le  patient  en  observation,  le  soigner,  le  purger, 
lui  administrer  évacuants,  sédatifs,  contrastiraulants,  anti- 
phlogistiques,  etc.,  puis  suffisamment  informé  par  les  obser- 
vations qu'il  a  faites,  il  déclare,  s'il  y  a  lieu,  son  malheureux 
client  fou,  radicalement  fou,  et  ce  qui  est  plus  terrible, 
incurable  :  en  vertu  d'un  certificat  médical,  celui-ci  ne  relève 
plus  de  la  médecine  mais  du  juge  de  police  1 

Corenline  Rivoal,  veuve  de  Jacques  Kerdravant,  dePont- 
l'Abbé,  a  perdu  son  mari.  Elle  en  a  contracté  un  tel  chagrin 
qu'elle  a  a  perdu  le  sens  o  ;  eHe  se  dépouille  de  ses  vêtements , 

(1)  Cf.  dans  le  T.  X  du  BiilUlin  de  ta  Société  arehéotoijiqiie  du  Finistère, 
t'Uiatoire  det  HùpHaus:  de  Quimper,  par  le  Major  Faty,  p.  iG2-4«3. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^9^  — 

elle  veut  se  détruire,  et  déjà  on  a  eu  toutes  les  peines  à 
l'arracher  à  un  four  allumé  où  elle  voulait  se  jeter.  Son 
gendre  et  son  fils  forment  contre  elle  une  demande  d'inter- 
diction, et  Hervé  Maubras,  chirurgien  juré  accompagné 
d'un  confrère,  est  délégué  aux  iins  de  fournir  à  l'appui  un 
certificat  de  visite,  le  30  août  1745. 

«  Avons  trouvé,  disent-ils,  ladite  Rivoal  accompagné  de 
«  plusieurs  particuliers  devant  lesquels  nous  l'avons  exa- 
«  minée,  touché  son  poux,  visitté  la  langue,  le  pallet,  les 
"  tempes,  et  ayant  remarqués  qu'elle  avoil  la  langue  couverte 
a  d'une  glutination  billieuse  aussi  bien  que  le  pallet,  le  poux 

•  et  les  tempes  fort  lents,  les  yeux  chargés,  égarés  et  en- 
s  flammés,  les  muscles  des  lèvres  et  la  langue  gonflée  et 
«  ternis  d'une  couleur  livide  avec  les  thégumen  du  visage 
fl  enflamé  ce  que  nous  estimons  estre  causé  par  une  révolution 
a  de  sang  et  de  billes,  qui  nous  paroist  estre  parvenu  d'un 
«  mouvement  de  collaire  et  de  chagrin  et  la  suppression  des 
«  menstrues,  lesquels  ayant  depuis  environ  quinze  jours  fait 
«  tomber  lad'  Rivoal  en  un  assoupissement  léthargie  avec 

•  contraction  des  yeux,  de  la  bouche,  perte  de  voix,  nous 
(  fait  connaître  que  le  cerveau  est  altéré  en  tous  ses  organes 
<c  par  la  grande  réplétion  du  sang  et  dhumeur  qui  ont  esté 
«  porté  au  sinus  de  la  dure-mère  et  aux  vesseaux,  comprimé 
a  les  substances  cervicales  et  médulaires  du  cerveau  et  du 
II  cervelet  ce  qui  trouble  la  distribution  et  fdtration  -des 
a  esprits  et  cause  la  pesanteur  de  teste,  distraction  et  actions 
«  involontaires,  imbécillité  et  démence  de  lad'  Rivoal  et  que 
u  nous  estimons  incurable  cy  sous  la  quinzaine  les  traite- 
'  ments  propres  et  convenablf-s  à  ce  mat  ne  peuoeni  rallier 
€  les  esprits  après  awir  dezemplis  les  organes  (1).  » 

Le  rôle  du  médecin  sera  terminé  sur  ce  certificat,  où,  avec 

[l)  Documents  de  crimiDologie  rétrospective  {Bretagne,  xvii*  et  xvni* 
siècles),  par  les  docleurs  Corre  et  Aubry,  pp.  7t-T3.  Nous  troiivacis  dans 
cette  précieuse  collection  deux  autres  spécimens  de  certificat  de  ce  genre. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  i92  — 

la  science  de  son  temps,  il  affirmera  a  priori  que  tout  cas 
d«  folie  est  incurable.  Celui  du  magistrat  commence,  ou 
plutôt  se  coDlinue  :  dans  sa  conduite  il  ne  se  préoccupera 
pas  du  malheureux  aliéné,  mais  exclusivement  de  la  sécurité 
publique  et  des  frais  qui  incomberont  à  la  société  si  la 
famille  n'assume  les  dépenses  afTérentes  à  l'internement. 

Kn  Bretagne,  le  règlement  du  19  avril  1723  pourvoit  en 
la  matière  en  ordonnant  le  transfert  des  fous  furieux  arrêtés 
dans  les  lieux  de  leur  origine,  pour  être  enfermés  aux  frais 
de  leurs  parents  jusqu'au  V  degré  inclusivement  ;  s'ils  n'ont 
pas  de  bien  :  à  défaut  de  parents,  aux  frais  des  paroisses. 
La  jurisprudence  postérieure  plus  sévère  encore  impose 
cette  contribution  aux  parents  jusqu'au  7*  degré  (2). 

Le  juge  de  police  ne  prend  pas  des  mesures  aussi  rigou- 
reuses à  l'égard  du  fou  tranquille,  de  l'idiot,  de  celui  que  la 
terminologie  marocaine  désigne  sous  le  nom  de  Bebloul 
(faible  d'esprit),  ou  M'kaboul  (dément  tranquille).  C'est 
l'innocent,  celui  qui  restera  toujours  enfant,  car  chez  lui 
pas  de  développement  mental  à  attendre  ou  à  provoquer, 
La  famille  ancienne  se  résignait,  et  —  ne  cherchons  pas  là 
d'arrière-penaées  de  superstitions,  —  elle  était  remplie  d'une 
touchante  commisération  pour  ce  pauvre  être  que  ce  serait 
lâcheté  de  maltraiter  puisqu'il  est  malheureux  et  ne  veut 
de  mal  à  personne  ! 

En  Basse- Bretagne,  l'idiot,  ce  débile,  ce  dégénéré,  il  y  a 
quelques  trente  ans  comme  il  y  a  deux  cents  ans,  vaguait 
en  liberté  :  à  l'heure  du  repas,  heure  que  son  instinct  règle 
avec  la  précision  d'un  chronomètre,  il  se  présente  en  toute 
maison  :  ne  pas  le  recevoir,  serait  s'aflicher  et  se  mettre  au 
ban  du  voisinage.   Le  dimanche,   à  la  procession,    dans 

(%)  Pothier   de  la  Germondaïe.    Introduction  au   Gouveroeraent  d«s 


n..,i,."rK,G00glc 


-  iéi 


l'église,  l'étranger  de  passage  s'étonne  de  le  voir  au  premier 
rang.  A  la  place  qu'il  a  choisie,  partout,  il  fait  acte  de  pos- 
session de  ses  franchises  :  on  ne  songe  à  l'en  empêcher  ; 
cela  porte  malheur  de  contrarier  l'innocent.  Parfois,  cepen- 
dant, des  parents  cupides  ont  pu  le  livrer  à  un  Barnum  de 
foire  et  d'assemblées  patronales  pour  l'adjoindre  à  cette 
immonde  bande  d'aveugles  apocryphes  ei  de  manchots 
artificiels  étalant,  le  long  des  chemins,  des  misères  à  faire 
frémir.  Dans  cette  Cour  des  Miracles,  Vinnocent  enjuponné; 
flanqué  d'une  vieille  mère  dolente  et  gémissante,  faisait 
bonne  recette  à  la  place  fixée  par  le  f  Capitaine»,  c'est-à-dire 
par  le  grand  chef  de  ces  bandes  vicieuses  et  déguenillées 
qui  faisaient,  peut-être,  la  poésie  de  nos  pardons,  mais  en 
étaient  une  plaie  morale. 

Cependant,  il  ne  faut  pas  croire  qu'avant  Pinel,  on  n'eût 
pas  en  Bretagne,  le  souci  de  placer  Vinnocent  en  lui  donnant 
les  bienfaits  de  la  colonie  familiale.  iS'ous  trouvons,  dans  nos 
archives  départementales,  les  traces  de  cette  préoccupation, 
comme  le  montre  la  convocation  suivante  du  13  avril  1766. 

Le  Général  delà  paroisse  deTiédarzec,  après  les  bannies 
d'usage  faites  par  le  Sergent  de  la  Juridiction  au  sortir  de 
la  grand'messe  donne  notification  en  vulgaire  langage 
breton  et  français  d  un  arrtté  de  la  Cour  qui  a  datme 
■  assignation  a  toun  ceux  ^ui  toudront  se  charger  de  la 
«  garde,  conservation  suffisance  et  entretiende  Jean  Guyomar, 
a  bâtard  et  imbécile  actuellement  détenu  aux  prisons  de 
«  Hennés.  poui  bP  tjouver  (te)  mercredi  prochain  46  de  ce 
v  mois  à  l'audience  des  Iteguaires  de  Tréguier  où  l'adjudi- 
«  cation  sera  faite  au  rabais  (!].  » 

C'est  déjà  la  mise  en  pratique  ou  traitement  dans  les  mai- 
sons particulières  qui  permet  de  remédier  à  l'encombrement 
progressif  des  asiles  et  qui  a  donné  des  résultats  remar- 

(I)  Documena  de  criminologie  rétrospective,  pp.  80-81. 
BoLurm  abchéou  du  Fikistèrb.—  Tovb  XXV,  (Hâmolresi.   13 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  Hi  - 

quables.  L'idiot  se  trouvait  dans  la  situation  des  enfants 
assistés  existant  aujourd'hui  en  France.  En  Ecosse,  on  a 
introdruit  cette  dilTérence  que  le  centrale  dépend  d'un  bureau 
central  au  lieu  d'une  préfecture,  qui  avec  ses  multiples  attri- 
butions a  une  surveillance  moins  rigoureuse  que  celle  exercée 
par  une  administration  particulière  et  de  tous  les  instants. 

C'était  le  système  de  Gheel  appliqué  et  suivi.  A  Gheel  une 
ordonnance  du  22Janvier  1754, dressée  par  lo  bailli  et  les  Eche- 
vins  se  plaint  des  désordres  et  de  mauvaise  tenue  provenant 
de  ce  que  les  nourriciers  laissent  leurs  aliénés  libres  «  de 
«  telle  sorte  qu'on  ne  puisse  plus  faire  distinction  entre  un 
«  homme  fou  et  un  homme  raisonnable,  et  cela  parce  que  les 
«  nourriciers  répondent  toujours:  Ah\  mon  fou  ou  com- 
«  mensal  n'est  pas  méchant,  il  ne  fait  du  mal  à  personne, 
€  c'est  le  meilleur  enfant  du  monde,  ou  d'autres  raisons  sem- 
«  blables.   s 

Comme  le  remarque  M.  Jules  Duval  :  (1)  •  l'amour-propre 
■  dubailliestévidemment  humilié  qu'on  ne  puisse  distinguer 
«  les  fous  des  raisonnables  :  justement,  ce  qui  est  l'honneur 
a  de  Gheel,  chrétiennement  et  médicalement  :  le  sens  reli- 
«  gieux  se  perdait,  et  le  sens  médical  n'était  pas  encore  lié  ». 

Telles  étaient  aussi  les  habitudes  et  la  condition  de  l'aliéné 
înolfensif,  non  dangereux,  en  Basse- Bretagne. 

Nous  fournissons  ici  quelques  notes  rapides  sur  deux 
hàpitaux  de  Bretagne  oft  l'on  internait  des  aliénés  :  Lanmeur 
et  Saint-Meen  de  Rennes. 

—  Lanmeur,  arrondissement  de  Morlaix,  anciennement 
enclave  de  Dôl,  oppidum  considérable,  était  le  centre  au 
Moyen-Age  d'une  des  grandes  maladreries  de  l'Ouest.  On 
y  relève  encore,  sur  la  route  de  Lannion,   à  un  kilomètre  de 

(I)  Gheei  ou  une  colonit  d'aliénés  viraol  eu  famille  el  en  libcrlé,  l81iT, 
pp.  23-34. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  m  — 

la  ville,  le  promenoir  des  lépreux.  Sur  un  espace  de  1.400 
mètres,  la  localité  n'était  qu'un  ensemble  de  constructioDS 
hospitalières  :  l'hôpital  proprement  dit,  l'hospice  des  vieil- 
lards, et  au  centre  sur  les  bords  d'un  fort  ruisseau  qui 
dévale  sous  l'église  paroissiale,  deux  corps  de  bâtiment 
aux  murs  épais,  aux  portes  et  fenêtres  solides  et  grillagées, 
contenant  encore  vingt  loges  tant  au  bas  qu'à  l'étage  supé- 
rieur. Le  Gouverneur  de  l'hôpital,  grand  et  notable  person- 
nage, habitait  un  manoir  à  proximité  [1}. 

A  Lanmeur,  on  ne  retrouve  pas  de  traces  de  chaînes 
rivées  dans  les  murs,  bien  qu'on  sache  très  bien  que  ces 
entraves  existaient  à  Lanmeur  comme  ailleurs,  ainsi  que 
nous  le  voyons  par  le  fait  suivant  ; 

Yves  Duval  était  un  névropathe,  un  détraqué  :  il  fait  tous 
les  métiers  excepté  celui  d'honnête  homme.  Parfois  marin, 
parfois  commis,  toujours  escroc,  il  ne  compte  plus  ses  dupes. 
Il  fait  le  désespoir  de  son  père  qui  use  sa  vie  à  réparer  les 
excentricités  de  son  fils.  Il  est  mis  en  correction  chez  les 
Récollets  de  l'Ile-Verte,  il  s'échappe  ;  onie  reprend.  Pour 
les  uns  c'est  un  vicieux,  pour  d'autres  il  est  fou  :  on  le  met 
à  Lanmeur,  mais  encore  une  fois  Yves  Duval  s'échappe,  et 
n'ayant  pu  se  débarrasser  de  ses  chaînes,  l'enfant  prodigue 
les  traîna  avec  lui  au  logis  paternel  (2}. 

Dans  la  région,  et  bien  au  loin,  Lanmeur  était  connu  et  on 
disait  être  envoyé  à  Lanmeur,  comme  on  dît  aujourd'hui  être 
envoyé  à  Charenton,  On  y  cultivait  semble-t-il  les  beaux- 
arts,  à  en  juger  par  un  portrait  de  P.  M.  Rumeur  fait  de 
lui-même  par  lui-même  au  moyen  d'un  miroir,  avec  un 
talent  de  hachures  et  autres  procédés  qui  fait  ressembler  ce 
portrait  à  une  eau-forte  de  grande  beauté.  Il  se  trouve  au 

(1)  Nous  espérons  pouvoir  revenir  sur  l'histoire  hospitalière  de  Lanmeur, 
quand  nous  aurons  réussi  à  nous  docamenler  plus  amplement, 

(2)  Criminologie,  p.  4U-415. 


n,g,t,7.cbyGOO^IC 


musée  de  Rennes,  avec  l'indication  ;  «  fait  en  4784,  à  l'hô- 
pital de  Lanmeitr.  ■> 


L'hôpital  de  Saint-Méen  fut  fondé  à  Rennes,  en  1627,  par 
Guillaume  Régnier,  marchand  de  cette  ville.  De  la  réponse 
faite  à  la  circulaire  de  M.  de  Calonne,  le  20  juillet  1785,  nous 
retenons  les  points  suivants.  A  Saint-Méen,  il  y  a  une  popu- 
lation aliénée  de  50  fous  logés  dans  des  cases  pratiquées 
autour  de  deux  cours  ;  ils  sont  nourris  et  vêtus  mcj-ennant 
fl  sous  par  jour,  par  un  entrepreneur. 

C'était  exactement  le  régime  des  prisons.  Que  valait 
l'entrepreneur  ?  en  tout  cas,  on  sait  ce  que  valait  l'entreprise 
pour  les  aliénés  :  «  Us  ne  sont  aucunement  soignés  et  ne 
«  peuvent  l'être  qu'autant  qu'il  plaira  au  Roy  d'assigner  des 
*  fonds  suffisants  ». 

Le  5  juillet  1776,  M.  Varindu  Colombier,  dans  une  lettre 
conservée  aux  archives  de  l'Intendance  de  Rennes  (sans 
adresse)  écrivait  : 

"  M,  le  gardien  de  la  maison  et  hospîlal  du  Tertre  de 
B  Joué  autrement  dît  Saint-Méen  est  venu  se  plaindre  de  ce 
«  que  hier  on  a  conduit,  sans  qu'il  ait  été  prévenu  et  sans 
«  qu'il  y  eut  de  place  le  S'  de  Domaigné,  gentilhome  venu 
M  de  la  province  d'Anjou,  en  vertu  d'ordre  du  Roy  du  mois 
9  de  novembre  dernier  contresigné  de  M  de  Lamoignon. 
a  Le  gardien  me  dit  avoir  été  fort  embarassé  qu'il  a  été 
«  obligé  d'en  retirer  d'autres  de  l'endroit  de  force  qui  ne 
B  sont  plus  en  siireté.  Il  vous  prie  d'engager  le  ministre  à 
B  ne  point  délivrer  les  ordres  du  Roy  que  les  familles  ne 
B  représentent  un  certi^eat  du  supérieur  qu'il  y  a  de  la  place 
a  et  que  ta  famille  s'est  arrangée  arec  lui.  Pareille  chose 
u  était  arrivée,  il  y  a  six  mois,  à  l'égard  du  S'  de  Catelinet 
n  du  Chesnay,  et  il  avait  eu  l'honneur  de  vous  écrire  à  ce 
I  sujet  ». 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  197  — 

Les  lettres  de  cachet  ne  tenaient  donc  aucun  compte  des 
encombrements  ni  dn  bon  ordre  de  l'administration.  En 
parcourant  les  inventaires  des  archives  des  différents  dépar- 
tements, on  voit  que  souvent  l'aliéné  était  dépaysé;  des 
Angevins  étaient  envoyés  en  Bretagne  et  des  Bretons  en 
Normandie.  Ainsi,  dans  l'Inventaire  des  Archives  de  La 
Manche,  on  voit  signaler  une  pièce  de  procédure  au  sujet  de 
sévices  graves  et  de  cruautés  exercées  sur  la  personne  d'un 
aliéné  gentilhomme  bas-breton.  On  arrivait  ainsi  à  dissi- 
muler le  malheur  et  les  misères  qui  venaient  frapper  une 
famille  dans  l'un  de  ses  membres. 

Antoine  FAVÉ, 
Prêtre. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


XL  VI. 

LISTE  DBS  MONUMENTS  HISTORIQUES 

DU      DÉPARTE  M  K  NX     DU      FINISTÈ 


1.  —  Monuments  mégalithiques. 

Camaret.  —  Alignements  situés  entre  la  pointe  du  Tou- 
linguet  et  celle  de  Penliir. 

Ploumoguer.  —  Dolmens  et  menhirs  de  la  pointe  de 
Kermorvan. 

Crozon.  —  Alignements  de  Landaoudec,  à  2  kilomètres 
au  nord  du  bourg  de  Crozon  et  à  200  mètres  à  l'est  de  la 
route  conduisant  de  Crozon  au  Fret.  Ce  monumont  se 
compose  d'alignements,  en  partie  détruits,  de  cromlec'lis  et 
d'un  dolmen. 

Vaste  sanctuaire  de  Kercolliioe'h,  connu  dans  le  pays 
sous  le  nom  de  Ty-ar-C'huré  (1). 

Goalven.  —  Dolmen  de  Tréguelc'hier. 

Landunvez.  —  Dolmen  et  menhir  d'Argenton 

Penmarc'h.  —  Menhir  de  Kerscael- 

Plouarzel.  —  Menhir  de  Kervéatou. 

Plounéour-Trez.  —  Deux  menhirs  de  Pontusval. 

Plourin-PIoudalmézeau.  —  Menhir  de  Korcadiou. 

Plozévet,  —  Menhir  des  Droits  de  l'Homme. 

II.  —  Monuments  antiques. 
Carhaîx.  —  Aqueduc. 

(1)  Acheté  en  1881  par  M.  Paul  du  Cliâtellier  pour  en  emiK-clier  la 
dcsiruction,  ce  munumcnt  unique  compose  d'aligncmcnLs,  de  croiulec'lis 
ovalalres  el  d'une  enceinte  carrée,  furniée  de  pierrLti  ddioul  avec  liiines 
mégalilhtques  à  l'Intérieur  sur  tuul  le  puiirtour  de  l'cncejnle.  a  été  etxlé. 
par  lui,  en  1807,  à  l'Etal,  au  prix  d'acquisiiion. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  199  — 

III.  —  Monuments  du  Moyen-Age,  de  la  Renaissance 
et  des  temps  modernes. 

Daoulas.  —  Eglise  et  cloître  de  l'ancienne  abbaye:  - 
Chapelle  Sainte-Anne. 

Folgoët  (Le}.  —  Eglise  ;  —  Prieuré. 

Goulven.  —  Eglise. 

Guerlesquin.  —  Prétoire, 

Lambader.  —  Eglise. 

I.anmeur.  —  Crypte  de  l'église. 

Locronan.  —  Eglise. 

Loctudy.  —  Eglise. 

Morlaix.  —  Maison  de  la  reine  Anne. 

Penmarc'h,  —  Eglise. 

Pleyben.  —  Eglise  ;  —  Calvaire. 

Plougaslel-Daoulas.  —  Calvaire. 

Plougonvelin.  —  Ruines  de  l'abbaye  de  Saint-Mathieu. 

Pont-Croix.  —  Eglise. 

Pont-l'Abbé.  —  Eglise  de  Lambour. 

Quimper.  —  Cathédrale  Saint-Corentin  ;  —  Eglise  de 
Loc-Maria. 

Quimperlé.  —  Eglise  Sainte-Croix. 

Roscoff.  —  Eglise. 

Saint-Jean-du-Doigt.  —  Eglise  ;  —  Fontaine. 

Saint-Jeaii-Trolimon.  —  Calvaire  de  Tronoën. 

Saint-Pol-de-Léon.  —  Cathédrale  ;  —  Eglise  Notre-Dame 
du  Creîsker. 

Saint-Thégonnec.  —  Eglise  ;   —  Calvaire  ;  —  Ossuaire. 

Sibiril.  —  Château  de  Kerouzéré. 

Sîzun.  —  Arc. 

IV.  —  Objets  mobiliers. 

Brennilis.  — Eglise  :  croix  processionnelle,  argent,  1650. 
Carantoc  — Eglise  :  croix  processionnelle,  argent,  1652. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  200  — 

Ergué-Gabéric,  —  Chapelle  de  Kerdévot  :  retable  en  bois 
doré,  travail  flamand,  xvi'  siècle,  hauteur  1  m.  70,  longueur 
3  m.  12. 

Forêl-Fouesnant  (La),' — Eglise  ;  calice  et  patère,  argent 
doré,  xvt^  siècle. 

Gouesnach.  —  Rglise  :  croix  processionnelle,  argent 
doré,  1691. 

Guengat. —  Eglise  :  croix  processionnelle,  argent  doré, 
1584  ;  —  Calice  et  patère,  argent  doré,  corn  m  en  ce  ment  du 
xvi'  siècle.  ■ 

Ile~de-Batz.  —  Eglise  :  étole  de  saint  Paul  de  Léon,  tissu 
oriental,  viii°  siècle,  longueur  2  m.  40. 

Kerfeunteun.  —  Eglise  :  croix  processionnelle,  argent, 
1638. 

Lannédern. —  Eglise  :  croix  processionnelle,  argent,  1620. 

Locronan.  —  Eglise  :  ostensoir,  argent  doré,  fin  du  xvi* 
siècle. 

Martyre  (La).  —  Eglise  :  Reliquamant  de  saint  Salomon, 
argent,  xvi"  siècle,  hauteur  0  m.  40,  longueur  0  m.  30. 

Mespaul.  —  Eglise  :  croix  processionnelle,  argent,  1675. 

Pleyber-Christ.  —  Eglise  :  croix  processionnelle,  argent 
doré,  XV i'  siècle. 

Plouénan.  —  Eglise  ;  croix  processionnelle,  argent  doré, 
XVI'  siècle. 

Plougasnou.  —  Eglise  i  croix  processionnelle,  argent, 
xvii°  siècle. 

Plougoulm.  —  Eglise  :  croix  processionnelle,  argent  doré, 
1640. 

Plouigneau.  —  Kglise  :  croix  processionnelle,  argent, 
XVI 1°  siècle. 

Plounévez-du-Faou.  —  Flglise  :  croix  processionnelli 
argent,  xvii'  siècle. 

Quéménéven.  —  Chapelle  de  Kcrgoat  :  vitraux,  xv 
siècle. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  201  — 

Quîmperlé.  —  Eglise  r  dyp tique-reliquaire,  cuivre  doré, 
1475. 

Roche-Maurice  (La).  —  Eglise  :  petite  chasse,  argent, 
xv«  siècle,  hauteur  0  m.  31,  longueur  0  m.  22. 

Roscoff. —  Eglise  :  bas-reliefs  d'albâtre  montés  en  retable, 
xvi^  sièle. 

Saint-Jean-du-Doigt.  —  Eglise  :  croix  processionnelle, 
en  argent  fondu  ciselé  et  doré,  du  xvi"  siècle  ;  —  Calice  et 
patère,  en  argent  doré  ciselé  et  gravé,  xvi'  siècle  ;  —  Calice 
et  patère,  en  argent  doré,  portant  sur  son  nœud  une  série  de 
petits  émaux  peints,  xvi°  siècle  ;  —  Bras-reliquaire  de  saint 
Maudet,  argent  sur  âme  de  bois,  xvi*  siècle,  hauteur 
0  m.  35  ;  —  Buste-reliquaire  de  saint  Maudet,  xv'  siècle  ;  — 
Reliquaire  du  doigt  de  saint  Jean,  xvi'  siècle. 

Saint-Pol-de-Léon.  —  Eglise  cathédrale  :  cloche  de 
saint  Pol,  bronze,  hauteur  0  m,  19. 

Saint-Thégonnec. —  Eglise  :  croix  processionnelle,  argent 
doré,  xvi°  siècle, 

ïrégiinc.  —  Eglise  :  croix  processionnelle,  argent  doré, 
1610  ;  —  crosse  abbatiale,  argent,  Kill. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


XLVII. 

POM-CHATEAU  ET  PONT-L'ABBE 

AUX  États  de  Bhetacnb. 

(Suite) 

3'    PARTIE. 
Les  villes  de  Pont-Ch&teau  et  Pont-l'Abbé  ans  Etats. 

Nous  avons  dit  que  les  baronnies  ne  députaient  pas  aux 
Etats,  les  barons  ayant  le  droit  et  le  devoir  d'y  siéger  en 
personne.  Au  contraire,  les  villes  ne  pouvaient  y  paraître 
que  par  députés  ;  mais  les  barons  ne  représentaient  pas  les 
villes  ;  et  nous  allons  voir  des  députés  de  villes  chefs-lieux, 
de  baronnies  sii'ger  aux  Etats  en  même  temps  que  les  barons 
leurs  seigneurs. 

Des  «  dix-sept  seigneuries  gratifiées  à  tort  ou  à  raison  du 
litre  d'ancienne  baronnie  de  Bretagne  ■  (l)  —je  ne  puis 
m'occuper  que  de  celles-là,  —  onze  avaient  pour  chefs-lieux 
les  villes  dont  elles  prenaient  le  nom  :  Ancenis,  Château- 
briant,  Derval,  Fougères,  La  Roche-Bernard,  Malestroit, 
Pont-Chàteau,  Pont-l'Abbé,  Quintin,  Rohan,  Vitré.  —  Le 
chef-lieu  de  Léon  était  Landerneau  ;  celui  d'Avaugour  le 
Goélo)  Chàtelaudren  ;  celui  de  Retz,  Machecoul.  Enfin 
Coëtmen,  La  Hunaudaye  et  Lanvuux  avaient  leurs  châteaux 
pour  chefs-lieux. 

Or  sur  les  quatorze  villes  ou  bourgades  chefs-lieux  de 
baronnies,  nous  en  verrons  onze,  parmi  lesquelles  de  très 
petites,  députant,  fut-ce  une  fois  ou  deux,  aux  Etats.  Trois 
d'entre  elles  seulement  n'apparaissent  pas  aux  listes  que 
nous  avons  pu  consulter. 

(I)  M.  dvla  Bordehe,  Lft  neuf  ba>-otu....  p.  IV. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Quand  nous  parlons  de  villes  députant  aux  Etats,  il  faut 
nous  entendre,  11  ne  s'agit  pas,  originairement  du  moins, 
de  communautés  urbaines,  que  nous  nommons  aujourd'hui 

communes  ou  municipalités.  La  députation  des  villes  aux 
Etats  de  Bretagne,  ou,  comme  on  disait  alors,  au  Parlement 
général  du  duc,  a,  pour  la  plupart  des  villes,  précédé  de  près 
d'un  siècle  la  naissance  des  communautés  bretonnes. 

Je  n'ai  pas  à  dire  l'établissement  de  ces  communautés. 
Comme  les  peuples  heureux,  cet  étahlissement  n'a  pas 
d'histoire.  En  Bretagne,  les  communautés  n'ont  pas  été 
comme  ailleurs  formées  par  la  violence,  en  vertu  de  chartes 
arrachées  aux  souverains.  Elles  ont  été  (et  c'est  un  titre 
d'honneur  pour  notre  pays)  ou  spontanément  créées  par  les 
ducs  ou  les  seigneurs  locaux,  ou  amiablemenl  accordées  par 
eux  à  la  demande  des  bourgeois.  Los  titres  de  concession, 
s'il  y  en  a  eu,  n'existent  plus  (1). 

La  première  communauté  est  celle  de  Guingamp,  ville 
principale  du  Penthièvre,  qu'on  voit  existante  au  milieu  du 
XIV'  siècle  et  qui  semble  bien  un  don  de  Charles  de  Blois  et 
de  Jeanne  de  Penthièvre.  «  Les  communautés  de  Nantes 
et  de  Rennes  furent  crééessous  Jean  V  ;  et,  vers  le  milieu 
du  xve  siècle,  presque  toutes  les  villes  de  Bretagne  jouis- 
saient d'institutions  analogues,  o  (2) 

|1)  La  Miiimunaulé  était  en  germe  dans  le  conseU  paroissial  que  nous 
Donimons  consett  de  fabrique  et  qui  (ut  appelé  en  Bretagne  le  général  de 
la  paroisse.  On  pourrait  presque  dire  que  la  communauté  n'a  été  que  le 
développement  du  couseil  de  la  paroisse.  {Sur  ce  point,  M.  de  (.'ourson . 
Prolégomènes  ilu  Cartulaire  de  liedon.)  De  là  certaincmenl  rbabilude  en 
certaines  coninionautés  de  délil»rer  à  l'église  vers  le  prune  de  la  jjrand' 
messe  sur  des  objets  absolument  étrangers  aux  intérêts  ecclésiastiques. 
(Ex.  :  Carhaix,  Itilu.]  En  d'autres  lieux,  les  communautés  délibèrent  dans 
une  dépendance  de  l'église,  comme  à  Quimper  à  l'église  du  Guéodet. 

J'ajoute  que  longtemps  avant  qu'il  fùl  question  de  communauté,  les 
bourgeois  des  villes  se  réunirent  pour  délibérer  sur  leurs  intérêts 
communs  de  commerce  et  d'industrie  et  faire  comme  ferait  de  nos  jours 
un  conseil  municipal,  par  exemple  nommer  des  mandataires  pour  défendre 
en  justice  les  InlértXs  du  •  commun  de  la  cité.  ..  (Ex,  Redon,  en  1?8'J.) 

(i)  M.  de  la  Bordcric  l4i  Brela'jne  aux  iterniers  siècles  du  Moyen  Age 
(conférences),  p.  7. 


n,g,t,7.cbyGOOg'IC 


—  201   — 

Mais  longtemps  avant,  on  voit  les  bourgeois  des  villes, 
c'est-à-dire  le  Tiers-Etat,  délibérer  au  Parlement  des  ducs 
avec  le  clergé  et  la  noblesse:  c'est  ce  que  montrent  les 
procès-verbaux  des  Etats  [1]. 

Le  premier  Parlement  général  a  où  il  est  parlé  en  termes 
exprès  des  villes  »  est  celui  tenu  à  Ploërmel  par  le  duc 
Arthur  II,  en  1309.  Ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  les  bour- 
geois entraient  pour  la  première  fois  au  Parlement  (2) 

Le  procès- verbal  du  Parlement  tenu  par  Jean  III  à  Rennes 
en  1315,  finit  par  ces  mots  :  a  Au  Parlement  ô  (avec)  solen- 
nité des  Trois-Etats  «  (3). 

Les  villes  représentées  dans  ces  deux  sessions  ne  sont 
pas  nommées.  Mais  voici  un  troisième  procès-verbal  où 
apparaissent  des  noms  de  villes.  11  est  du  13  novembre  1352. 
Il  s'agit  d'une  grave  affaire  :  l'envoi  d'ambassadeurs  en 
Angleterre  pour  traiter  du  mariage  du  fils  aîné  de  Jeanne 
de  Penthièvre  avec  une  fille  du  roi  d'Angleterre,  et  demander 
la  mise  en  liberté  de  Charles  de  Blois. 

Jeanne  de  Penlhièvre  convoque  à  Dinan  les  prélats, 
barons,  seigneurs,  et  villes  qui  lui  sont  fidèles.  Cette 
assemblée  réunie  par  celle  qui  pour  les  personnes  convo- 
quées est  la  duchesse  de  Bretagne  a  bien  le  caractère 
d'Etats  de  Bretagne.  Les  évêques  de  Saint-Brieuc,  Tréguier, 
Vannes,  Hennés,  Dol  et  Saint-Malo  sont  présents,  avec 
vingt-trois  seigneurs,   dix  abbés  et.  onze  villes,  savoir  : 

(I)  Quand  je  parie  dos  prûcia-verbaux  des  Elals,  je  me  réfère  aux  copies 
que  D.  Morice  a  imprimées,  et  qui  peut-être  sonl  malheureusement  abré- 
gées cumnie  beaucoup  des  actes  publiés  par  lui. 

(3)  En  parlant  ainsi  Lobineau  semble  dire  que  les  villes  avaient  eu  avant 
1309  entrée  au  Parlement.  D.  Morice  semble  penser  Je  même.  {Pr.  111. 
Préface,  p.  XV).  Disons  qu'elles  ne  pouvaient  y  siéger  lonijlemps  avanl, 
puisque  en  France  te  Tiers  n'est  entré  aux  Etals  généraux  qu'aux  der- 
nières années  du  xiii'  siècle. 

(3)  MoriM,  Pr.  I.  1252, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Rennes,  Nantes,  Dinan,  Morlaix  et  Quimper,  et  les 
villes  principales  du  Penthièvre  :  Lambalte,  Moncontour, 
Jugon,  Châtelaudren,  Guingarap,  La  Roche-Derrien.  Les 
bourgeois  et  habitants  des  villes  délibèrent,  donnent  leurs 
avis  et  «  font  apposer  les  sceaux  des  contrats  des  villes  » 
absolument  comme  les  prélats  et  les  seigneurs  (1). 

En  13fi4,  après  vingt  ans  de  guerre,  la  paix  se  fait.  La 
suprématie  de  l'autorité  ducale  est  établie  ;  mais  Jean  IV, 
devenu  plus  puissant  que  ses  prédécesseurs,  est  entraîné  à. 
des  dépenses  plus  considérables  (2).  Les  revenus  des  domaines 
ducaux  deviennnent  insulfisants  ;  il  faut  recourir  aux  contri- 
butions publiques  ;  ces  impositions  sont  de  deux  sortes  : 
l'impôt  direct,  connu  sous  le  nom  de  fouage  ;  l'impôt  indirect, 
c'est-à-dire  des  taxes  notamment  snr  la  vente  et  le  transport 
des  marchandises. 

Ces  impositions  doivent  être  votées  par  les  Trois-Etats  ; 
les  réunions  des  Etats  deviennent  plus  fréquentes  ;  et  on  peut 
conjecturer  que  le  nombre  des  villes  appelées  à  y  députer 
s'accroît  en  proportion.  La  participation  des  villes  au  gou- 
vernement et  à  l'administration  devient  ainsi  plus  active. 

L'importance  des  villes,  c'est-à-dire  du  Tiers-Etat  breton, 
n'avait  pas  échappé  à  la  sagacité  du  roi  Charles  V.  Dans  les 
graves  conseils  qu'au  moment  de  sa  mort  il  donna  à  ses 
frères,  je  relève  celui-ci  :  «  Le  duc  de  Bretagne  est  un 
homme  cauteleux  et  divers  et  il  a  toujours  été  plus  anglais 
que  français.  C'est  pourquoi  tenez  les  nobles  de  Bretagne  et 
les  bonnes  villes  en  amour.  Vous  lui  briserez  ainsi  ses  inten- 
tions ;  car  ils  m'ont  toujours  loyalement  servi  et  aidé  A  garder 


(1)  Morice,  Pr.  J.  148fi-87.  —  M.  Laronze,  Esiai  3ur  le  régime  muni- 
cipal en  Bretatjne,  elle  ces  Etats  comme  les  premiers  od  les  mandataires 
des  villes  paraissent  (p.  H).  Erreur  certaine....  et  qui  n'est  pas  la  seule 
du  volume.  CF.  Mes  Papeijauls  de  Bretagne  (1891). 

(2)  M.  de  la  Bordcrie.  —  La  Brelai/ne  aux  demiert  siècle)  du  Moyen- 
Ase.  p.  7. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  20fi  — 

et  défendre  mon  royaume  contre  les  ennemis  »  [1).  (16  sep- 
tembre 1380.) 

Sous  Jean  V,  en  décembre  1408,  à  l'assemblée  où  sont 
délibérées  tes  instructions  à  donner  aux  ambassadeurs  du 
duc  en  Bourgogne,  le  procès-verbal  nous  montre  a  les 
bonnes  villes  en  grand  nombre,  a  Par  malheur,  cette  pièce 
ne  nomme  pas  ces  bonnes  villes,  pas  plus  que  le  procès- 
verbal  de  la  tenue  de  1420, 

C'est  seulement  en  1422  que  nous  trouvons  à  l'assemblée 
des  Etats  traitant  avec  le  duc  de  Bourgogne  une  liste  des 
villes  :  encore  est-elle  incomplète  puisque  l'énumération 
finit  par  ces  mots  »  et  plusieurs  autres  bonnes  villes  »  (2|. 

Les  villes  dénommées  sont  au  nombre  de  quatorze  ;  figu- 
rent en  tête  les  chefs-lieux  des  neuf  villes  épiscopales, 
et  après  elles  :  Fougères,  Vitré,  Quimperlé,  Dinan, 
Morlaix. 

Vingt-trois  villes  sont  dénommées  au  procès-verbal  des 
Etats  de  1451  où  Pierre  II  proclama  la  liste  des  neuf  baron- 
nies.  Ces  villes  sont,  outre  les  neuf  villes  épiscopales,  les 
villes  principales  de  Bretagne  :  neuf  d'entr 'elles  sont  aujour- 
d'hui chefs-lieux  d'arrondissements,  savoir  :  Dinan,  Fou- 
gères, Guingamp,  Montfort.  Morlaix,  Ploërmel,  Quimperlé, 
Redon  et  Vitré.  Les  cinq  autres  villes  sont  Guérande,  Hen- 
nebont,  Josselin,  Lamballe,  Malestroit. 

Remarquez-le  :  cette  liste  est  complète  et  les  vingt-trois 
villes  ont  été  convoquées  :  la  preuve,  c'est  que  plusieurs 
n'ayant  pas  député  (Fougères,  Guérande,  Redon,  Saint- 
Malo)  sont  déclarées  défaillantes,  comme  les  seigneurs  qui 
ne  répondent  pas  à  l'appel  de  leurs  noms. 

Le  procès-verbal  des  Etats  de  1455  donne  la  liste  des 


(I)  GuiïOt.  —  Histoire  de  Frai 
(i)  Movice,  Pr.  II.  1137. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  207  — 

députés  de  25  villes  au  lieu  de  23  (1).  Ces  villes  sont  celles 
nommées  en  1461,  plus  Moncontour  et  Quintin  (2). 

Les  mêmes  vingt-cinq  villes  sont  appelées  à  l'ouverture 
solennelle  des  Etats  de  1462  (3). 

Ainsi,  23  villes  ont  été  convoquées  par  le  duc  aux  Etats 
de  1451,  25  sont  représentées  aux  Etats  de  1455;  les  mêmes 
sont  appelées  aux  Etats  de  1462.  Gomment  douter  qu'il  n'y 
eût  à  cette  époque  un  rôle  des  «  bonnes  villes  »  ayant 
entrée  aux  Etats  ? 

Constatons  que  Pont-Château  et  Pont-l'Abbé  n'étaient  pas 
sur  ce  rôle. 

Pour  la  fin  du  xV  siècle  et  la  première  moitié  du  xvi', 
nous  sommes  sans  renseignements  sur  le  nombre  et  les  noms 
des  villes  jusqu'à  l'année  1567  où  commence  la  collection 
des  procès- verbaux  des  Etats. 

Par  malheur  les  procès -ver  baux  du  xvi'  siècle  et  du 
commencement  du  xvii%  comme  ceux  dressés  de  1309  à  1455, 
ne  nomment  pas  toutes  les  villes  représentées;  et  les  listes 
se  terminent  par  des  etc.  D.  Morice  a  essayé  de  suppléer  à 
ces  lacunes  et  il  a  dressé  deux  listes  des  bonnes  villes  repré- 

(I)  Morioc,  Pr.  U.  I3J8  (i9.  Alain  Bouclisi-d  (folio  30.^,  V  Eil.  des  Bibl. 
Brelons)  donne  une  liste  de  18  noms  seulement,  omettant  Laniballe,  Vitré, 
Monlfort,  Maleslroit  el  Josselin. 

Le  comte  de  Lavai,  héritier  présomptif  de  sa  mère,  siège  comme  baron 
de  Vitré,  et  auprès  de  lui,  Olivier  de  Saînt-Melaine,  bourgeois  de  Vitré. 

(3;  Morice,  l'r:  II.  lijTI.  Le  procès-verbal  ne  donne  que  ii  noms  ;  mais 
cetuidelaviUede  Vannes,  où  se  tient  la  session,  est  certainement  à  ajouter. 

On  pourrait  dire  que  la  liste  n'est  pas  complète  et  que  le  procès-verbal 
ne  donne  que  les  noms  des  villes  représentées  en  passant  sous  silence  les 
villes  défaillantes  comme  Vannes  ;  mais  nous  allons  retrouver  le  nombre 
de  2j  villes. 

Le  baron  de  Vitré  et  les  nouveaux  barons  de  Maleslroit  (Jean  de  Derval) 
et  de  Quintin  (Jean  du  Perrier)  siègent,  et  en  même  temps  les  trois 
députés  de  Vitré,  Malestroit  et  Quintin,  Guillaume  du  Mars,  J.  Paindavoioe 
et  Pierre  Plufragan, 

(3)  Morice,  Pr.  III.  7-8.  Le  comte  de  Laval  baron  de  Vitré,  le  baron  de 
Malestroit  présents  avec  les  députés  des  deux  villes. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  2Ô8  — 

eentéee  aux  Elats  pendant  cette  période  :  la  première  com- 
prend les  villes  dont  il  a  retrouvé  les  noms  aux  registres 
des  Ëtats  avant  l'année  1600  ;  la  seconde  comprend  les  noms 
des  villes  qui  ont  député  entre  1600  et  1614.  En  comparant 
ces  deux  listes  avec  la  liste  des  25  villes  (de  1457  à  1462), 
on  éprouve  quelque  surprise.  D'après  D.  Morice,  huit  villes 
députant  au  milieu  du  xv'  siècle  n'auraient  plus  député 
avant  1614  :  ce  sout  Redon,  Montfort,  Lamballe,  Guérande, 
Malestroit,  Josselin,  Moncontour  et  Quintin.  En  revanche, 
on  voit  apparaître  à  la  première  liste  douze  villes,  à  la 
seconde  huit  villes  qui  ne  députaient  pas  en  1451-1462. 

Le  tableau  que  je  donne  à  la  fin  de  cette  étude  montrera 
ces  ditTéreuces  au  premier  coup  d'œil. 

Les  listes  de  D.  Morice  appellent  quelques  rectifications. 

La  première  liste  (villes  députant  entre  1567  et  1600) 
comprend  30  noms  (1).  Elle  omet  deux  villes  épis copales, 

(t)  Parmi  ces  noms  remarquons  celui  de  Saint-Renan.  S'agit-ll  de 
Saint-Renan  aujoard'tiui  cheMieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Brest, 
un  de  (jKranan,  commune  du  canton  de  Uhâteauliii  ?  Ces  deux  lieux  por- 
taient autrefois  le  nom  de  Saint-Henan  ou  Ronaii  (a) 

On  me  dit  ;  i  11  s'agit  de  Locronan.  La  Heine  Anne  avait  donné  à 
Locronan  le  titre  de  ville  avec  les  privilèges  attaeliês  à  ce  titre  (n)  ». 
Locronan  avait  acquis  par  ses  Fabriques  de  toiles  une  importance  indus- 
trielle que  Saint-Renan  n'eut  jamais  (c).  ■ 

—  Soit  '■  Mais  Saint-Renan  lut  cheF-lieu  de  la  justice  royale  du  bas 
l.éon.  Ce  siège  arec  celui  de  Brest  fui  uni  à  celui  de  Lesneven  par  l'édit 
de  i.hâteaubrianl  . octobre  I5lîri)  ;  rétabli  plus  tard,  il  lut  transporté  à 
Hrest,  mais  seulement  en  168i.  Nous  allons  voir,  en  IGli,  Sninl-Renan  et 
Brest  comptés  pour  une  seule  députation  aux  Etats.  Jusqu'à  preuve 
contraire,  et  pour  ces  raisons,  nous  pensons  que  c'est  Saint-Renan  et  non 
Locronan  qui  a  député  entre  I5(>7  et  16UU,  notamment  en  1578. 

(a)  En  breton  Saint-Renan  eiît  nommé  Locoman  ar  fana/  (Locronan  de 
la  boue),  et  Locronan  est  dit  Locomen  ehoal  Nevet  (Locronan  du  Iwis 
de  NevetJ.  Grégoire  de  Rostrenen.  L'auteur  uroteste  contre  l'assimilation 
de  Saint-Ronan  (en  latin  Htytiànus)  avec  Saint-René  (en  latin  Henalus). 

(b)  Ogée,  1.  5U,  La  date  de  l'acte  serait  de  1505,  lors  du  pèlerinage 
que  Ht  la  Reine  venant  de  Quimper  et  >  suivant  le  bord  de  la  mer  Jusques 
au  Potgouet  (Boucbard,  f"  tW,  v  BIbl.  Bretons),  c'est-àHlIre  passant  par 
Loctwutn.  Chateaulin,  Le  Faou.  Daoulas,  Landerneau.  La  Reine  tit  son 
entrée  à  Sain t-Pol-de- Léon  le  dernier  vendredi  d'août.  IMorice,  r^i'.  IIL  t«i9.) 

(c)  CI.  Bull,  de  la  Soc.  arch  ..  T  XXEI  (]»9K)  —  Un  Corsaire 
brtaloU  *ous  Loaii  XV,  par  le  !>■  Corre,  p.  Mi,  et  le  Bureau  <lei  toiles  de 
Locronan,  par  notre  regretté  confrère  Serret.  Le  tissage  des  toiles  à  voiles 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


\ 


.  —  209  — 

Dol  et  Saint-Brieuc,  dont  les  députés  siégeaient  en  1451  et 
1462;  comment  n'auraient- ils  pas  siégé  depuis  ?  Du  moins 
les  voyons-nous  siéger  en  1567.  La  liste  omet  en  outre 
Redon,  qui  a  député  en  1567;  Jugon,  députant  en  1578; 
Le  Conquet,  Paimpol,  Châtelaudren,  députant  en  1598  (1). 

Voilà  donc  sept  noms  à  ajouter  à  la  première  liste  qui 
comprendra  ainsi  37  noms. 

La  seconde  liste  donne  huit  noms  nouveaux  :  Le  Conquet, 
Pontivy,  Roscoff,  Machecoul,  Cliason,  Rhuys  (Sarzeau), 
Hédé,  La  Roche-Bernard.  Nous  avons  déjà  ajouté  Le  Conquet 
à  la  première  liste.  Il  nous  reste  seulement  sept  noms  à 
mettre  à  la  suite  des  37  ;  nous  arrivons  ainsi  au  chiffre  total 
de  44. 

Pont-Chàteau  et  Pont-l'Abbé  ne  figurent  pas  sur  les  listes 
de  D.  Morice  et  aucune  indication  ne  nous  permet  de  les  y 
ajouter. 

Mais  qu'on  ne  croie  pas  que  ces  44  villes  aient  député 
ensemble.  Elles  députent  comme  à  tour  de  rôle,  tantôt  les 
unes,  tantôt  les  autres,  sauf  sans  doute  les  grandes  villes. 
En  quel  nombre  les  villes  sonl-elles  représentées  à  chaque 
session  ?  C'est  ce  que  l'on  ne  peut  dire.  Les  procès -verbaux 
nomment  les  villes  des  députés  premiers  arrivés  et  ajoutent 
a  et  plusieurs  autres  n,  indication  qui  aiguise  la  curiosité 
mais  ne  la  satisfait  pas. 

Toutefois  on  peut  croire,  avec  D.  Morice,  que,  a  après 
l'édit  de  pacification  de  1598,  la  représentation  du  Tiers 
s'accrut  D  :  ainsi  en  1600,  22  villes  sont  nommées  ;  en  1608, 
23;  en  1613,  29;  en  1614,31. 

Cette  année  1614,  les  Etats  furent  assemblés  à  Nantes  en 
présence  du  Roi  et  de  la  Reine  mère.  Ils  demandèrent  qu'il 

(1)  Je  trouve  ces  indications  complémeataires  dans  le  1"  volume  de 
Recherche»  »ur  les  Etais  de  Bretagne,  du  regretté  du  Bouétiei  de  Keror- 
guen  (1S75). 

Bulletin  jiBCBdoi..  ne  Pimstàbi.—  Toub  XXV.  (Mémoires).   U 

n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  2^(^  — 

fût  dressé  un  rôle  des  villes  ayant  le  droit  de  députer.  Le 
28  août,  le  rôle  fut  arrêté. 

Il  comprit  44  villes  dont  quatre  assemblées  deux  par  deux 
ne  comptèrent  que  pour  deux  :  Brest  avec  Saint-Renan, 
Antrain  avec  Bazouges.  Les  villes  avaient  ainsi  42  voix  fl). 

Encore  une  fois  Pont-l'Abbé  et  Pont-Château  n'ont  pas 
trouvé  place  sur  la  liste  privilégiée.  Tout  espoir  semble 
perdu  pour  ces  deux  villes  puisque  les  Etats  supplient  le 
Roi  «  de  ne  pas  augmenter  »  le  nombre  des  villes  députant 
aux  Et^ts. 

Les  choses  restèrent  en  cette  situation  jusqu'en  1667. 
Le  6  juin  de  celte  année,  un  •arrêt  du  conseil  iixa  le  rôle  des 
communautés  ayant  la  députation.  La  liste  fut  quelque  peu 
modifiée  :  au  lieu  de  42  noms,  elle  n'en  comprend  que  36. 
Les  six  noms  supprimés  sont  ceux  de  Brest  et  Saint-Renan, 
Ch&teauhriant,  Clisson,  Douarnenez,  Machecoul,  Antrain  et 
Bazouges. 

Hâtons-nous  de  dire  que  Châteaubriant  et  Brest  recou- 
vrèrent aussitôt  leurs  places  ;  mais  les  quatre  autres  villes 
furent  définitivement  exclues  de  la  dépulation  [21.  Deux  des 

(I)  Voir  la  lisle'dans  Moriçf,  Pr.  III.  préfaïo,  p.  XVI.  —  Morice  dit 
1  qu'il  n'y  avail  rien  de  rég\é  là  dessus  >.  N'esL-ce  pas  un  peu  d'exai^é- 
ralion  ?  et  n'y  avait-il  pas  un  rùle  quelcanaue  ou  un  usage  dont  les  villes 
pouvaient  se  réclamer  comme  d'un  titre  à  la  députation.  En  l59tJ,  Redon 
se  plaint  de  n'avoir  pas  élè  appelé  aux  Et^ts.  M.  du  Bouâtiez,  1  p.  d. 

M  dn  Bouëtiez  n'a  pas  tenu  compte  de  la  fixation  du  rÛle  de  1g14  ;  et 
cette  omission  l'a  cnlralnË  dans  quelques  inexactitudes  de  détail.  Chose 
curieuse  !  l.es  villes  semblaient  tenir  au  droit  de  députer,  et  elles  n'en 
usent  pas.  Jamais  les  ii  villes  ne  sont  toutes  représentées  :  en  ItiM, 
:il  ;  en  IGI8.  29;  en  IC3I,  31  ;  en  1G3!),  31  ;  en  IG.S.  U;  en  1GG1,  31.— 
M.  du  Bouétiez,  I.  p.  GO  et  suiv 

(3)  L'omission  sur  la  liste  de  Drest  et  Cliàteaubriant  provient  sans  doute 
de  ce  que  les  deux  villes  n'avaient  pas  envoyé  les  pièces  établissant  leurs 
droits  aux  deniers  d'octroi. 

Douarnene;;  et  CMsson  seuls  proteslèrent.  M   du  Bouétiez,  I,  p.  72. 

On  peut  voir  les  singulières  péripéties  par  lesquelles  a  passé  la  dépu- 
lation de  Port-[^uls  dans  VlHitoire  de  la  foiulalton  de  LarieTil,  par  H. 
Jégou  ;  et  en  résumé  dans  les  Reckerchex....  de  H  du  Bouétiez,  I.  p.  71, 

Qu'il  nous  suffise  de  dire  qne  la  ville  autorisée  à  dépuler  dés  1«18,  ne 
députa  pas  ;  qu'en  ^è^'i,  en  I7t>;i,  elle  Fut  autorisée  de  nouveau  ;  mais  que, 

K)ur  diverses  causes,  son  député  n'obtint  l'entrée  des  Etats  que  cd  1770. 
était  temps  I 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  2H  — 

places  vacantes  furent  attribuées  à  Hédé  et  à  La  Roche- 
Bernard  ;  les  deux  autres  étalent,  parait-il,  réservées  pour 
le  Port-Louis  érigé  en  communauté  dès  1618,  etLorient, 
que  la  compagnie  des  Liides  venait  de  fonder  en  1666,  et  qui 
allait  obtenir  la  communauté  et  la  députation  aux  Etats  par 
lettres  de  1733. 

Le  nombre  de  quarante-deux  «  bonnes  villes  n  approuvé 
par  les  Etats  en  1614  était  ainsi  atteint,  et  il  est  resté  le 
même  jusqu'à  1789. 

On  voit  que  les  deux  villes  de  Pont-Château  et  Pont- 
l'Abbé  n'ont  pas  député  aux  Etats  :  par  conséquent  il  n'a 
jamais  été  question  entre  elles,  pas  plus  qu'entre  les  deux 
baron/nies,  de  voix  altemfilive. 

Ainsi  les  tarons  de  Pont-Château  et  Pont-l'Abbé  n'ont 
pas  siégé  alternativement  aux  Etals  de  Bretagne  ;  les  deux 
villes  n'y  ont  jamais  paru.  L'alternance  de  voix  entre  Pont- 
Château  et  Pont-l'Abbé  n'exista  jamais. 

C'est  une  légende....  que  la  démonstration  qui  précède  ne 
détruira  pas,  car  les  légendes  kistoritjîies  même  réfutées  ont 
la  vie  dure. 

Nous  avons  dit  (ci-dessus,  p.  202)  que  trois  villes  chefs- 
lieux  de  baronnies  n'avaient  pas  député  aux  Etats.  A  Pont- 
Château  et  Pont-l'Abbé,  il  faut  ajouter  Derval. 

On  trouvera  ci-après,  réunies  en  un  tableau  général,  cinq 
listes  des  villes  bretonnes  ayant  eu,  à  cinq  époques  depuis 
le  milieu  du  xv°  siècle,  la  députation  aux  Etats.  Les  noms 
des  villes  sont  rangés  par  départements  actuels. 

J.  TRÉVÉDY, 

Ancien  Prâident  du  Tributal  civil  de  Quimper. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


I 


=  1  IJI  il 

JSu    22'S    ex 


^   li   SS  i 


II  fil  III  ^    Il  II  il  i 


H     S, 


S       K       JS 


j    .Si  iï    .^A-^î 

s   .s  s  s  II  .si  s.a^^'? 

iïB.îi  -S"  ||.s.sli.i 

Itsea  33  isâ&ss^ 


I    .S-S   .1 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


_;ÏS»g-So,£S 


n  • 

s  I- 


■p  ga  I 


H 


.=  SêSs    =s= 


,a 

il 


s  g. 

^  i 
31 


ail    ëis  >^-i     s        LÉ"    7s 


J  .2 


âiS        Sastfi»> 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Quelques  monuments  de  la  commune  de  Plouescal 

(Finistère) 


Au  commencement  de  l'automne  de  1896,  notre  collègue 
M.  le  chanoine  Abgrall  me  parla  d'un  grand  tumulus  situé 
à  1500  mètres  au  nord-ouest  du  bourg  de  Plouescat.  Il  lui 
avait  été  signalé  par  M.  l'abbé  Picart  qui  le  croyait  intact. 

M.  le  curé  Goasguen  m'ayant  très  aimablement  offert 
l'hospitalité,  dans  les  premiers  jours  d  octobre  de  la  même 
année  je  me  rendis  à  Plouescat;  à  peine  arrivé,  il  voulut 
bien  m'accorapagner  chez  le  propriétaire  du  monument.  Il 
nous  reçut  le  mieux  du  monde  et,  nous  ayant  assuré  qu'il 
était  intact,  après  avoir  trinqué  au  succès  de  la  fouille,  il 
fut  convenu  que  le  lendemain  matin,  f>  octobre,  nous 
commencerions  l'exploration.  I,e  reste  de  la  soirée  fut 
employé  à  embaucher  quelques  travailleurs,  avec  lesquels 
le  lendemain  à  la  première  heure  nous  nous  dirigions, 
accompagné  de  notre  fouilleur,  vers  le  village  de  Kernéac'h 
sur  les  terres  duquel  se  dresse  le  tumulus,  il  300  mètres  au 
sud-ouest  des  édifices. 

En  arrivant  sur  les  lieux  nous  eûmes  un  grand  désappoin- 
tement, le  tumulus  avait  été  fouilléparune  large  excavation, 
en  forme  de  puits,  percée  au  sommet.  I.cs  fermiers  du  lieu 
interrogés  n'avaient  pas  connaissance  de  l'époque  de  cette 
fouille.  Elle  était  donc  ancienne.  Par  suite  nous  crûmes 
devoir  la  reprendre  espérant  tout  au  moins  constater  la 
nature  de  la  sépulture  intérieure,  ce  qui  ne  fut  pas  difTicilo. 
C'était  une  chambre  à  parois  maçonnées  6  pierres  sèches 
recouverte  par  une  voûte.  Sur  le  fond,  probablement  recou- 
vert d'un  plancher,  il  avait  élé  déposé  des  restes  incinérés 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  215  — 

dont  nous  avons  rencontré  des  traces.  Quel  mobilier  y 
trouva-t-on,  lors  de  la  première  fouille  ?  Nous  n'avons  pu 
le  savoir.  Quelles  él.aient  les  dimensions  de  la  chambre  ? 
Elle  était  trop  bouleversée  pour  pouvoir  le  dire. 

Quoique  peu  favorisé  par  le  temps,  qui  s'était  mis  à  la 
pluie,  nous  n'avons  pas  voulu  abandonner  ce  beau  tumulus, 
qui  a  37  mètres  de  diamètre  sur  8  mètres  de  haut,  sans 
tenter  une  nouvelle  exploration  dans  sa  partie  est,  qui  était 
absolument  intacte. 

A  cet  effet  nous  avons  ouvert  à  sa  base  une  tranchée  de 
4  mètres  de  large  allant  de  l'est  à  l'ouest,  en  passant  par  le 
centre,  dans  laquelle  nous  avons  recueilli  quelques  éclats 
de  silex  et  quelques  morceaux  d'une  poterie  très  grossière 
à  cassure  noire. 

Dans  cette  tranchée,  à  dix  mètres  cinquante  de  la  base 
du  tumulus,  nous  avons  rencontré  une  aire  circulaire  d'argile 
calcinée  de  2  m.  23  de  diamètre  et  de  2A  centimètres 
d'épaisseur,  dont  le  centre  était  à  2  mètres  sous  l'enveloppe 
du  tumulus,  sur  laquelle  était  étendue  une  couche  de  cendre 
de  22  centimètres  d'épaisseur,  mêlée  de  fragments  d'os 
brûlés  et  de  morceaux  de  charbon  de  bois.  Au-dessus  de 
cette  couche  de  restes  incinérés  était  une  enveloppe  protec- 
trice faite  de  gros  galets  de  la  côte,  dont  plusieurs  avaient 
subi  l'action  du  feu. 

Comme  on  le  voit,  nous  nous  sommes  trouvé  là  en  pré- 
sence d'une  sépulture  secondaire  à  incinération  faite  sur 
place,  chose  rare.  Constatation  nous  permettant  de  dire  que 
notre  visite  au  tumulus  violé  de  Kernéac'h  n'a  pas  été  inutile 
et  que  les  deux  journées  que  nous  avons  consacrées  à  son 
exploration  n'ont  pas  été  perdues. 

Pendant  ces  deux  jours,  les  visiteurs  ne  manquèrent 
pas  sur  les  lieux.de  la  fouille.  De  l'un  d'eux,  un  jeune  et 
aimable  docteur  du  bourg,  nous  apprtmes  que,  dans  l'anse 
do  Kernic,  on  voyait,  dans  la  grève,  les  restes  d'un  grand 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


monument  mégalithique.  En  rentrant  au  presbytère,  nou 
fimes  part  de  ce  dire  à  M.  l'abbé  Picart  qui,  avec  la  plu 
parfaite  complaisance,  fit  atteler  une  voiture  et.  malgré  I 
pluie  qui  nous  fouettait  le  visage,  poussée  par  un  fort  ven 
d'ouest,  nous  partîmes  à  sa  recherche. 

Placé  sur  la  grève,  au  sud  de  la  pointe  de  Kernic,  c 
vaste  monument,  aujourd'hui  complètement  ensablé,  visibl 
seulement  à  la  basse  mer,  est  perpendiculaire  à  la  côte  t 
orienté  sensiblement  est-ouest-  Nous  trouvant  sur  les  lieu 
au  moment  favorable,  c'est-à-dire  à  la  basse  mer,  noi: 
avons  pu  en  relever  le  plan  que  nous  donnons  ici.  La  situt 
tion  actuelle  de  ce  monument  prouve  l'affaissement  cens 
dérable  de  cette  partie  de  notre  littoral. 

En  jetant  les  yeux  sur  notre  plan,  on  voit  que  Tensemb 
de  ce  beau  monument  se  composait,  primitivement,  de  dei 
galeries  couvertes  parallèles,  dont  les  fables  n'existent  plu 
fermées  à  leurs  extrémités  par  des  mégalithes  en  travers, 
de  chambres  à  ciel  ouvert  dont  on  voit  encore  les  trac 
pour  trois  d'entre  elles.  D'ici  peu  d'années,  probablemer 
les  sables  s'amoncelant  sur  les  restes  de  cet  importa 
monument  d'une  époque  bien  lointaine,  en  auront  fait  disp 
raître  toute  trace. 

Ajoutons  à  cette  courte  note  que  dans  la  commune  > 
Plouescat  il  existe  : 

Un  menhir  de  5  mètres  do  haut  à  Lannerien,  à  2  kilom 
très  à  l'ouest  du  bourg  ; 

Un  menhir  de  7  mètres  de  haut  à  Kergouara,  au  nor 
nord-ouest  du  bourg.  Près  de  ce  monument  quelqu 
pierres  fichées  en  terre  semblent  être  les  restes  d'i 
cromlec'h  ; 

Près  de  la  ferme  de  Gorré-Ploué,  à  800  mètres  à  l'est  i 
bourg,  au  sud  de  la  route  menant  de  Plouescat  A  Saint-Pi 
un  autre  menhir,  de  4  m.  CD  de  haut,  accompagné  d'i 
dolmen  qui  a  été  exploré  ; 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,l,7.cbyGOOglC 


—  2(8  — 

Un  dolmen  à  Créarc'h-ar-Vrenn.  connu  sous  le  nom  de 
An-ty-Roc'h,  ouvert  à  l'est  ;  la  table  de  forme  ovale  repose 
sur  cinq  piliers; 

Un  autre  dolmen  renversé  près  du  chemin  conduisant  de 
Plouescat  à  Lochrist  ; 

Enfin,  dans  cette  commune,  en  1867,  il  fut  trouvé  uue 
cachette  de  fondeur  composée  de  haches  à  douille,  de  frag- 
ments de  haches  à  ailerons  et  de  fragments  d'épée,  le  tout 
en  bronze. 

P.  DU  Chatellier. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


BOURGEOIS  ET  GENS  DE  MÉTIERS  A  CARBAIX 

(1670-1700) 
I. 

Aux  foires  de  Carhaix. 


u  Carhaix  par  aa  position  ne  devrait  pas  être  délaissée  ; 
il  serait  important  d'y  placer  quelque  établissement  qui 
put  la  revivifier,  l'empêcher  d'être  un  désert  en  peu  de 
tems.  Ce  poste  militaire  est  de  la  plus  grande  importance; 
tout  le  monde  le  fuit  parce  qu'il  est  sans  ressources,  et 
peut-être  pour  éviter  l'esprit  détestable  de  chicane,  de 
division,  de  haine,  de  discorde,  dont  il  fut  de  tout  tems 
le  théâtre,  s  |1) 

Ainsi  l'écrivait  Cambry  en  1794.  , 

Cambry  était  un  esprit  porté  à  l'exagération  et  beaucoup 
de  ses  appréciations  lui  sont  restées  pour  compte.  I. a  der- 
nière partie  de  ce  jugement  outré  sur  la  patrie  de  La  Tour 
d'Auvergne  était  plus  difficile  à  justifier  qu'à  formuler, 

Carhaix  représentait  une  oille-type  d'avant  1789  :  son 
activité  commerciale,  son  cachet  militaire  restitué  par  la 
présence  de  garnisons  successives,  sa  vie  religieuse  avec 
ses  communautés  et  ses  confréries,  et  surtout  la  classe  de 
ses  gens  de  métiers  particulièrement  intéressants,  sont  des 
éléments  curieux  à  étudier.  Nombreux,  actifs,  ces  derniers 
économisent,  capitalisent  ;  et  nous  les  voyons,  par  une  sorte 
de  sélection,  avoir,  en  la  personne  de  leurs  petits  fils,  entrée 
aux  délibérations  de  la  communauté  de  ville  et  arriver  aux 
hauts  degrés  de  l'échelle  sociale. 

(!)  Cnmbry,  Voi/niic  ilans  k  Finistère,  édilion  1830,  p.  157, 


n,g,t,7.cb;G00glc 


-  230  — 

A  cause  de  ses  foires  connues  au  loin  (1),  Carhaix  se  devait 
d'être  en  mesure  pour  recevoir  les  gens  de  Normandie  et  de 
toute  la  Bretagne  qui  s'y  donnaient  rendez-vous  pour  trafi- 
quer. Les  Normands,  entr'autres,  beaux  mangeurs  et  ama- 
teurs de  confortable  devaient  y  chercher  de  quoi  répondre 
aux  exigences  d'une  vie  laborieuse  de  forains.  Ils  avaient 
chance  de  trouver  bonne  enseigne  et  chère  délicate,  soit 
chez  Jacques  Balleroy  ■  hoste  débitant  vin  et  citre  s,  soit 
chez  la  veuve  Le  Dréau,  dont  le  fils  Thomas  exerçait  la 
profession  de  boucher,  une  auberge  où  descendaient  les 
nobles  gens  ;  ou  bien  chez  Henri  Jaïïré  (JafTray),  a  hoste  débi- 
«  tant  vin  et  couvreur  »  à  Kergroaz,  ou  bien  encore  chez 
Jean  Fraval,  en  face  de  la  halle.  Braves  gens,  sans  doute, 
que  ces  Fraval  !  mais  un  peu  turbulents,  et  que  M.  le 
lieutenant  de  la  Cour  voyait  souvent  intervenir  dans  ses 
informations  d'offices  et  enquêtes  à  titres  variés  et 
différents.  :  deux  étaient  couvreurs  d'ardoises,  Hervé  et 
Guillaume  ;  Yves,  marchand  toilier,  vivait  avec  son  père,  et, 
probablement  gr&ce  à  sa  complaisance  et  son  honnêteté, 
était  souvent  prié  de  commissions  oflicieuses  pour  Gourin, 
Rostrenen  ou  autres  lieux,  où  ses  affaires  de  marchand  de 
toile  l'appelait. 

Sur  la  place  au  Charbon,  on  trouvait  encore  l'auberge  de 
Jacques  Hervy,  autrement  qualifié  M'  picoteur  de  pierres  ; 
dans  la  rue  des  Augusting,  celle  de  Jean  Pourcelet;  et  je 
ne  sais  plus  où,  l'auberge  du  Plat  d'estain;  ou  bien  encore 
la  Irattoria  de  Jean  Basset  «  traiteur  tenant  auberge  à 
a  Carbays  ;  d'autres  fois  qualifié  aux  registres  «  M"  Cuisi- 
■  nier  •  comme  son  autre  confrère  dans  l'art  des  Vatel,  M^ 
Sylvestre  Derrein. 

11  serait  surprenant  que  Carhaix  n'eut  pas  bonne 
boucherie  et  notables  bouchers  ayant  à  dix  lieues  à 
la  ronde  si  gras  pâturages  et    si    beaux    troupeaux  :    on 

(1)  Grandes  (oires  de  la  mi-car^me,  de  la  Sainl-Pierre  el  de  la  Toussaint. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


trouve  Jacques  Le  Borgne,  qui  a  épousé  une  fille  de  boucher, 
Estlennette  Dougedroat,  dont  le  frère  exerce  la  même  pro- 
fession ;  Yves  Le  Cantréat,  boucher  comme  son  père  et 
comme  son  cousin  Thomas  Le  Dréau  ;  Nicolas  Pennée,  et 
Mathieu  Thépault,  etc. 

Il  y  a  bien  encore  des  poissonniers,  vendeurs  de  «  viande 
«  de  carême  »  pour  les  jours  d'abstinence  :  Jacques  Le 
Pichon,  Guillaume  Blays,  Mathurin  Dubot,  de  la  rue  Neuve, 
François  Le  Roux. 

La  région  est  très  poissonneuse  :  mais  cela  ne  m'explique 
pas  un  article  assez  singulier  pris  à  charge  par  le  Trésorier 
de  la  confrérie  du  Rosaire  en  1718,  ainsi  conçu  (1}.  :  «  Reçu 
'  du  Fabrique  de  Glomel  pour  deux  limandes  :  S  livres  ?  ■ 

Guillaume  Martin  et  Jacques  Boulay  ■  maîtres  jardiniers  • 
vous  serviront  les  herbes  potagères  et  Jean  Nicol  «  marchand 
fruitier  ■  sera  à  vos  ordres  pour  votre  dessert  avec  M'  Paul 
Moussel,  (  paticier  a. 

Les  boulangers  en  boutique  sont  suffisamment  représentés  : 
Michel  Huby,  Péron  Le  Bourgis  (ou  Bourc'his),  Louis  Pri- 
gent,  de  la  rue  de  la  Fontaine-Blanche,  Jean  Toudic  «  bou- 
«  langer  de  sa  vaccation  »,  (2)  etc. 

M*  Pierre  L'A  voilée  est  ■  foumier  de  Carhays  n.  Son  four 
o  à  ban  ■  four  banal,  voit  s'ébaucher  des  querelles,  nattre 
des  rixes  qui  auront  leur  dénouement  devant  les  juges.  Si 
encore  ne  viennent  pas  se  grefTer  sur  elles  de  vieilles  ran- 
cunes et  de  nouvelles  provocations ! 

La  halle  et  le  four  à  ban  sont  la  scène  ordinaire  où  l'on 
prépare  de  la  besogne  aux  sergents  et  au  lieutenant  criminel. 
En  effet  on  y  voit  la  chronique  défrayée  par  des  exploits  comme 
ceux  dont  Jacques  Le  Dran  «  porteur  de  paste  au  four  » 

(1)  Archives  de  la  fabrique  de  Carlialx. 

(!)  Registres  paroissiaux  de  Saint-Trémeur. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  222  — 

témoigne  par  devant  la  Justice  pour  le  compte  de  «  Marye 
«  Brodron  boulangère  de  pain  blanc  auttortsée  de  Louis 
0  Huby  M'maroschalsoiimari  »  contre  «  Jeanne  Lo  Palmay 
a  aussy  boulangère  femme  de  René  Monniau  aussy  M= 
■1  mareschal  »  fl). 

L'époque  des  foires  amenait  du  nouveau  dans  Carhaix,  et 
spécialement  à  la  date  de  la  foire  de  la  mi-carême,  le  rôle 
dos  affaires  de  police  se  trouvait  notablement  chargé. 

Un  de  ces  incidents  de  foire,  qui  se  passait  en  1672  nous 
semble  digne  d'être  raconté  :  il  nous  met  au  courant  du 
règlement  de  la  halle  de  Carhaix,  et  nous  renseigne  sur 
l'origine  des  no'^bles  marchands  qui  venaient  à  ses  foires. 

Le  31  mars  1672  (2),  en  sa  maison  située  rue  du  Fil,  le 
sénéchal  Louis  de  la  Boissière  reçoit  à  8  heures  du  matin 
la  visite  de  M' Bonaventure  Mével  se  portant  procureur  pour 
damoiselle  Louise  Névez,  sous-fermière  des  halles  de  la 
ville,  11  remontra  au  premier  magistrat  assisté  du  procureur 
du  Roi  et  de  son  greffier  que  par  arrêt  de  la  cour,  du  24  mai 
1666,  il  est  «  enjoint  à  tous  marchands  forains,  tant  gros- 
«  siers  que  dettaillant  de  se  placer  aux  bouttiques  estants 
a  soubs  laditte  halle  aux  jours  de  marchés  et  de  foires  et 
ï  qu'inihibitions  et  deffanses  leurs  ayant  esté  faictes  de  se 
«  placer  aux  boutticques,  maisons  particulières,  et  aux 
H  propriettaires  desdites  maisons  de  les  y  recepvoir  à  paine 
«  de  cent  livres  d"amandes,  qu'au  préalable  touttes  les  bout- 
«  ticques  de  ladite  lialle  we  soient  plaines  et  occupées  ».  Les 
marchands  et  propriétaires  ne  tenant  nul  compte  de  ce 
règlement,  au  grand  préjudice  de  la  demoiselle  Névez  et  des 
"  revenus  que  doibt  produire  la  halle  à  Sa  Majesté  »,  la 
sous-fermière  en  a  fait  donner  connaissance  au  son  du  tam- 

(1)  Carliaix,  procédures  {29  novembre  tG89).   Archives  départenienteles. 
(%)  Archives  départe  mentales,  fond  de  Carhaix  :  Procédures  criminelles, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


bour  aux  carrefours  et  lieux  publics  par  le  ministère  de  M' 
Thomas  Rosselin,  général  et  d'armes,  et  la  veille,  et,  en 
plus,  le  jour  même  de  l'ouverture  de  la  présente  foire,  A 
cette  heure,  la  halle  reste  inhabitée  tandis  que  les  maisons 
B  circonvoisines  a  sont  remplies  de  marchands  et  de  mar- 
chandises. Le  procureur  requiert,  en  conséquence,  le  séné- 
chal d'aviser  et  pour  ce,  de  faire  une  descente  sur  les  lieux. 
Celui-ci  y  eonsentant  s'achemine  vers  la  halle,  où  arrivés, 
M.  Bonaventure  Mével  fait  vérifier  que  vingt-trois  boutiques 
restent  inoccupées,  tant  du  côté  qui  avoisine  la  boutique  de 
Thomas  Thépault,  que  de  l'autre  côlé,  tant  à  la  sortie  de  la 
halle  donnant  sur  la  rue  qui  conduit  à  Gourin  et  dans 
e  l'allée  des  Bouchers  ou  se  vandent  la  bure  et  berlinge  », 
qu'à  la  sortie  du  côté  de  la  rue  du  Pavé.  Puis  constatation 
faite  de  la  chose,  on  procède  à  la  visite  des  maisons  voisines. 
On  relève  une  boutique  occupée  délie  tueuse  ment  par  Germain 
Girard,  marchand  de  la  ville  de  Hennés  ;  deux  autres  par 
Nicolas  Harion,  marchand  de  la  ville  de  Guingamp  ;  une  autre 
par  Jan  tharet,  marchand  de  Nantes.  D'autres  sont  retenues 
par  le  sieur  Monier,  marchand  tapissier,  par  le  sieur  Le 
Scur,  par  Marin  Ckapron,  marchand  de  ville  de  Morlaix,  par 
Robert  Gelin,  marchand  de  la  ville  de  Falaise,  par  Isac  de 
l.yvet,  marchand  chapelier  de  Chatelavdren. 

La  suite  de  l'enquête  est  renvoyée  au  lendemain  et  ce 
jour,  1"  avril,  on  prend  en  contravention,  Jean  Pour- 
celet,  chapelier  de  Carhaix  ;  —  IHarye  Chapelain,  «  vendant 
des  chapeaiix  «,  qui  dit  «  estre  de  la  ville  de  Lamballe  *  ;  — 
Guillaume  Bénard,  tapissier  de  la  ville  de  Hennés  ;  — 
Ambroise  Lanoë,  «  marchand  grossier  de  la  ville  de  Moncon- 
tour  B  ;  —  Guillaume  Gobiche,  marchand  grossier  de  ta  ville 
de  Pontivy,  i  quy  a  dict  ne  pouvoir  estaler  soubz  la  halle  à 
«  raison  de  sa  grande  quantité  de  marchandises  ;  —  Philippe 
de  la  Lande,  marchand  de  Saint-Lo,  a  quy  a  dict  quil  y  a 
«  vingt  ans  quil  hante  et  vand  de  ses  marchandises  dans 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  224   — 

(  eesteville  sans  qu'il  ait  estalé.ny  pris  boutticque  en  la  halle.  >> 
Gaspar  Le  Seur,  marchand  de  drap  de  Vire,  en  IVormandie, 
—  ¥t)on  Mahé,  marchand  de  Guingamp,  —  Thomas  Bonner, 
marchand  de  Caen,  en  Normandie,  —  Louis  Le  Can,  delà 
ville  de  Caen,  qui  déclare  qu'il  n'a  pu  estaler  soubz  la  halle 
&  raison  qu'elle  n'est  pas  fermée. 

Nicolas  du  Hamel,  de  Saint-lo,  et  les  suivants  s'emparent 
de  cet  argument  :  la  halle  n'est  pas  close  ;  comme  le  font 
aussi  Guillaume  Floeh,  de  Morlaix  «  vendant  du  drap  d'An- 
(  gleterre  en  gros  »,  Guillaume  Querhuic,  de  Morlaix, 
I  vendant  aussi  des  marchandises  d'Angleterre  en  gros  », 
François  Quéméneur,  autre  Morlaisien,  vendeur  de  drap 
anglais  ;  —  Pierre  Servel,  marchand  mercier,  de  la  tille  de 
Lambaile. 

L'enquête  terminée  et  acte  donné  des  constatations  précé- 
dentes au  procureur  de  la  fermière,  demoiselle  Louise  Névez, 
qui  dépose  des  conclusions  aussitôt  acceptées,  Germain 
Girard  est  condamné  à  payer  à  ladite  Névez  la  somme  de 
48  livres  pour  le  louage  d'une  boutique  pendant  le  cours  de 
ceste  dite  foire  de  my-caresme  solidairement  avec  ledit  sieur 
et  dame  de  Belestre  (les  loueurs)  et  cent  litres  d'amande.  La 
sentence  est  identique  pour  tous  les  marchands  dont  il  est 
cas  plus  haut,  et  pour  les  propriétaires,  qui  représentaient 
des  personnages  notables  de  Carhaix.  La  sentence  est  portée 
dans  toute  sa  rigueur  a  nonobstant  opposition  ou  appellatîoa 
(  quelconque  eu  esgard  à  la  nature  du  faict  et  qu'il  est  ques- 
•  tion  de  deniers  royaulx.  >  —  «  Avons  permis  audit  Mével 

■  de  faire  arrester  et  séquestrer  les  marchandises  des  cy 
H  dessus   nommés  pour  assurance  du  payement  de  ceste 

■  somme  de  dix-huit  livres  et  amandes.  » 

Pour  l'avenir  satisfaction  était  donnée  aux  réclamations 
motivées  d'un  certain  nombre  des  condamnés. 

*  Au  regard  desdits  Lalande,  Bonner,  Can,  Duhamel, 
«  Floch,  Goasquer,  Querhuic  et  Quéméneur,  esgard  à  leur 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  225  — 

t  soutien  que  ladite  halle  n'est  close  avons  ordonné  qiu  la 
«  fermûre  la  fera  clore  en  sorte  que  lesdits  marchands  el 

0  leurs  marchandises  y  soient  en  seuretté  i . 

Signé  ;  de  la  lîoyssière,  séneschal, 
Philippe-Emmanuel  Olymant,  procureur  du  Roy, 
The  sa  net,  greffier, 
(taxé  dix  escus  pour  deux  jours  receus). 

Nous  trouvons  à  l'occasion  de  la  foire  de  mars  1675  (1), 
une  accusation  grave  de  saisie  arbitraire  portée  contre  un 
huissier  du  consulat  do  Morlaix,  au  préjudice  d'honorable 
marchande  Estiennette  Campîon,  espouse  et  séparée  de 
biens  de  Michel  Le  Baron,  de  la  ville  de  Morlaix. 

Les  termes  de  la  plainte,  du  29  mars,  nous  informent 
sufTisamment  de  ce  dont  il  est  cause  : 

■  Disant  ladite  Campion  questant  marchande  de  draps 
«  d'Angleterre  et  autres  marchandises,  elle  aurait  pris  une 
s  boutique  dans  la  halle  do  ceste  ville  et  commencé  à  débiter 
«  depuis  le  premier  jour  delà  présanle  foire  do  my-caresme, 

1  sans  aucun  trouble.  Et  ce  matin  environ  les  sept  à  huict 

■  heures  serait  arrivé  auprès  de  sa  boutique.  M"  Jan  Le 

■  Joyeu,  huissier  au  consuUat  de  Morlaix,  assisté  du  sieur 
a.  de  Kerroc'h  et  quatre  autres  personnes  à  elle  incognus, 
«  lesquels  sans  autre  forme  de  procès  se  sont  saisis  des 
a  marchandises  de  ladite  supliante  sans  luy  dire  la  cause 
"  si  non  que  ledit  Joyeu  a  déclaration  estre  saisy  avec 
«  pouvoir  sans  lavoir  apparu  ny  aucun  acte  et  jugement  ny 
s  non  plus  avoir  aulne  la  marchandise....  et  emporté  ladite 
<  marchandise  qui  valloit  plus  de  trois  mille  livres,  comme 
«  aussy  ce  qu'elle  avoit  receu  d'argent  qui  pouvait  eslre 
i  quatre  ou  cinq  cents  livres,  et  une  monstre  de  la  valleur  de 
«  plus  de  deux  cents  litres,  sans  aussy  avoir  escrit  ou  dellivré 
«  aucun  procès-verbal  desdites  marchandises,  et  comme  le 

(I)  Archives  du  Finislère,  Carbaix  procédures,  an  1675. 
Bulletin  aschéol.  du  FiKisTtiia,—  Tohk  XXV.  (Hémoires].   15 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  226  — 

I  suppliant  et  son  mari  ont  voullu  sopposer  à  l'enlèvement 
c  desdites  marchandises  et   argeant,  et  monstre,  jusqu'à 

■  avoir  eu  un  procès-terbal  ledit  Joyeu  aumi'f  mis  l'espée  à 

■  la  main  et  ledit  sieur  de  Kerroc'h  un  pislollet  pour  debvoir 

■  les  maltraicter,  et  l'auraient  effectivement  faict  sans  quils 

■  ont  pris  la  fuitte  et  que  les  autres  marchands  ont  empesché 
«  lesdits  Joyeu  et  Kerroch  de  les  maltraicter  sy  bien  que 
«  lesdits  suplianta  ne  sçavent  ce  que  sont  devenus  leurs 

■  marchandises  sinon  qu'ils  ont  appris  qu'elles  ont  este 
c  transportées  en  divers  lieux,  ce  qui  marque  que  ce  n'est 
«  pas  une  exécution  mais  un  enlèvement  extraordinaire  et 
s  qui  mérite  une  paine  et  des  dommages  et  intérests  ». 

Le  même  jour,  29  mars.  Le  Joyeux  peu  rassuré  sur  son  rôle 
dans  l'afTaire  adresse  une  supplique  pour  être  interrogé,  et 
prend  les  devants,  «  sans  préjudice  de  se  pourvoir  par  les 

■  voies  de  droits  pour  dommages  et  intérests  •>. 
Interrogé,  il  déclare  se  nommer  Jan  Le  Joyeux,  huissier 

audiencier  de  la  cour  du  consulat  de  Morlaix,  et  y  demeurer 
pue  Saint-Melaine,  et  être  âgé  de  42  ans.  Il  dépose  qu'il 
était  accompagné  de  M'  Berthélemy  Adelaine  et  de  Jacques 
Hellequiu,  sergents  royaux  u  et  Téaudés  »,  de  Jan  Stéphan 
et  de  Yves  Créachquillivic.  Sur  question,  Le  Joyeux  répond  ; 
—  «  Quil  estoit  porteur  d'une  requeste  présentée  par 
I  Jan  Le  Breton,  marchand  de  la  ville  de  Morlaix,  au  sieur 
«  juge  consul  dudit  Morlaix  et  de  luy  rèspondue  le  26'  de  ce 
«  mois  portant  permission  de  séquestrer  les  marchandises 

■  desdits  Baron  et  Cempion  faute  de  payement  de  la  somme 
«  de  neuf  centz  quatre-vingts  deux  livres  quils  doibvent  audit 
n  Breton.  »  —  De  plus  «  respond  que  voiant  que  lesdits  ne 
«  faisaient  aucun  estât  d'obéir  à  sa  sommation....  il  prist  et 

■  fist  prendre  à  sesdits  assistants  quelque  peu  de  marchan- 

■  dises  telles  quelles  sont  dénommées  dans  son  procés- 
•  verbal  ;  lesquelles  estoffes  il  fist  rendre  chez  la  veufve  du 
«  Dréau,  hostesse  de  ceste  ville  après  les  avoir  préalable- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  227  — 

>  ment  faict  autner  par  Marie  Douriguen,  marchande  dudit 
u  Morlaix.  »  Alors  une  bagarre  éclata,  et  il  fit  dresser 
procès-verbal  pour  prise  de  corps  contre  la  Campion  et  son 
mari,  mais  sans  que  iui  ni  personne  des  assistants  n'eut  tiré 
l'épée  on  montré  un  pistolet. 

Les  témoins  ont  été  frappés  surtout,  semble-t-it,  de 
l'extérieur  galant  de  l'huissier  morlaisien.  Le  premier 
à  déposer  est  honorable  marchand  Bernard  Boudier, 
demeurant  en  la  ville  de  Saint-Malo  :  <t  II  a  vu  un 
«  homme  habillé  de  gris  ayant  des  boutions  dkorpkayvrerie 
a  sur  son  justeaucorps  et  portant  une  espée  dargent  au 
a  costé  aborder  la  bouticqtte.  a  II  a  entendu  la  sommation, 
la  signification  du  séquestre  ;  puis  les  protestations  de 
la  Campion  exigeant  l'exhibition  d'un  jugement  quelconque. 
Alors,  un  des  assistants  de  l'huissier  a  pris  l'épée  que 
celui-ci  portait  au  côté  et  s'est  mis  à  «  jouer  du  «  moulinet 
o  pour  faire  retirer  les  marchands  qui  sestoient  aprosché 
o  deux.  » 

Le  second  témoin  fait  à  peu  de  choses  près  la  même  décla- 
ration. C'est  Jan  Bothorel,  facteur  chez  Nicollas  Chevallier, 
marchand  contrepoi'teur  de  la  ville  de  Quimper,  logé  chez 
la  veuve  Penguilly,  près  de  la  halle. 

Jacques  Saulnier,  marchand  contreporteur  aussi,  de  la 
ville  de  Nantes,  logé  chez  la  veuve  de  Jean  Fraval,  hôtesse 
de  la  rue  des  Augustina,  a  vu  «  emporter  des  brassées 
«  d'estoffes  par  trois  personnes  à  luy  inconnus  lun  desquels 
a  est  borgne.  »  Il  ne  les  vit  pas  aulner  et  ne  sait  pour  quelle 
fin  on  opérait  cette  saisie.  Le  quatrième  témoin  est  Charles 
Aimeras,  marchand  de  Rennes  :  Il  a  vu  lui  aussi  emporter 
les  brassées  d'étoffe  par  des  hommes  «  allant  vers  l'hôtellerie 
ou  pend  pour  enseigne  «  le  Chapeau-Rouge  «. 

Honorable  femme  Suzanne  Barré,  compagne  de  Jacques 
Joussiaume  sieur  du  Mouy,  marchands  de  Rennes,  a  remar< 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


que  le  «  chapeau  noir  bordé  d'argeanl  »  de  Joyeux,  et  assure 
avoir  vu  l'exhibition  de  pistolet  et  d'épée. 

Jan  Le  Sech,  couvreur  d'ardoises,  demeurant  paroisse  de 
Plouguer,  «  rue  du  Querguet  r  est  très  formel  contre  l'huis- 
sier ;  ainsi  que  le  huitième  interrogé  a  Antkoinne  Tirtn, 
■  marchand  de  la  ville  de  Crenaize  (?),  province  de  Lom- 
I  bardye  »,  qui  a  vu  dégainer  et  remarqué  les  a  cheveux 
•  frisés  »  de  M'  Le  Joyeux. 

Comment  se  termina  cette  affaire  qu'un  ofiicier  minis- 
tériel avait  engagée,  peut-être  trop  vigoureusement  ?  Nous 
n'avons  pu  en  trouver  )a  solution  définitive  rédigée  en  un 
bon  arrêt  de  la  cour  royale  de  Carhaix. 

L'année  suivante,  à  la  mi-carême  1676,  nous  retrouvons 
M'  Jan  Le  Joyeux  mêlé  à  une  de  ces  aventures  qui  signa- 
laient la  foire  et  devaient  mettre  le  lieutenant  du  siège  de 
Carhaix  sur  les  dents. 

Le  21  mars,  le  sieur  René  Després,  marchand  brodeur  à 
Paris,  mais  demeurant  à  Saint-Brieuc,  venu  pour  la  foire, 
dépose  une  plainte  contre  le  sieur  Jacques  Pupil,  marchand 
magazinier.  Ce  dernier,  et  son  associé  Thomas,  lui  aurait 
extorqué  l'acceptation  d'une  lettre  de  change  de  400  livres. 
La  veille,  à  5  heures  du  soir,  il  ne  perd  pas  de  temps,  il  se 
rend  chez  le  sieur  de  Pratmeur,  greffier  du  contrôle,  pour 
avoir  «  «?i  comparant  qu'il  avait  à  l'heure  qu'il  estait  devant 
B  M.  le  lieutenant  «.  Il  était  précisément  question  de  Pupil, 
qui  étant  survenu  traita  Després  de  fripon,  banquerou- 
tier, etc.,  d'où,  plainte,  ordre  d'informer  et  enquête  d'infor- 
mation doflice.  Le  premier  témoin,  nous  le  retrouvons,  c'est 
M' Jan  Le  Joyeux,  qui  s'intitule  cette  fois  sieur  de  la  Porte- 
Neuve,  toujours  huissier  audiencier  du  consulat  à  Morlaix, 
mais  toujours  aussi,  comme  l'année  précédente,  «  aagé 
«  d'environ  quarante-deux  ans  !  » 

Le  peu  de  détails  que  je  signale  au  sujet  de  la  foire  de  la 
(ni-caréme  suffît,  me  semble-t-il,  à  établir  que  l'on  ne  serait 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


pas  en  peine,  en  se  bornant  aux  seuls  acles  de  procédure 
passés  par  devant  le  lieutenant  du  Roi,  pourfaire  une  histoire 
des  foires  de  Corhaix,  si  fréquentées  et  aussi  souvent  mar- 
quées par  des  incidents  qui  devaient  faire  sensation  et  donner 
une  certaine  animation  à  la  vieille  cité,  qui  n'avait  rien  d'une 
ville  morte  :  au  contraire  ! 


Maréchaux  et  autres  ouvriers  du  marteau  de  la 
confrérie  de  Saint-Eloy,  à  Carhaix. 


Le  18  décembre  1*578,  en  la  chapelle  de  Monsieur  Sainct- 
Marc,  située  en  la  paroisse  de  Saint-Mathieu,  devant  notaires 
de  la  séuéchaussée  de  Quimper,  les  députés  de  la  frairie  de 
Saint-Eloy,  se  réunissaient  pour  aviser  aux  abus  qui  se 
glissaient,  notamment  «  depuis  les  cinq  ou  six  ans  n,  et  se 
peuvent  résumer  par  ces  mots  ;  Désormais  on  s'installe 
comme  on  veut  et  on  tient  boutique,  «  sans  avoir  souffert 
«  l'examen  et  fait  preuve  de  capacité,  ainsi  qu'il  s'observait 
«  anciennement  et  quil  sobserve  dans  les  frairies  desdits 
a  mestiers  établies  dans  les  autres  villes  du  royaume,  où  il 
«  y  a  police  et  maîtrise  desdits  métiers,  sous  prétexte  qu'il  se 
"  trouve  qu'il  n'y  a  pas  eu  des  statuts  de  ladite  frairie  qui 
B  ayent  été  rédigés  par  écrit,  consentis  par  MM.  les  gens  du 
»  Hoy,  autorisés  de  J/.1/.  les  juges  et  confirmés  par  le  liog.  o 
On  rédige  des  statuts  en  bonne  et  due  forme,  et  en  janvier 
1670  Guillaume  Bergeron,  dans  une  note  qui  accompagne 
le  texte,  fait  observer  au  sénéchal  que  les  statuts  primitifs 
furent  faits  en  1532,  approuvés  par  l'évoque  et  le  sénéchal, 
observés  jusqu'à  ces  derniers  temps  où  il  a  fallu  réunir  le 
chapitre  de  la  frairie  pour  revoir  les  statuts  et  se  pourvoir 
près  de  Sa  Majesté  pour  en  obtenir  l'entérinement  et  confirma- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  230  — 

tion.  Les  slatuts  de  Quimper  (1)  ne  comportent  pas  l'institu- 
tion d'une  simple  confrérie,  mais  bien  d'une  maîtrise,  dont  le 
règlement  deviendrait,  par  l'approbation  royale,  toidet'Etat 
et  appliquée  à  ce  titre  par  ses  agents,  comme  lettre   de  loi. 

Au  contraire,  les  statuts  de  Carhaix  présentés  en  24  articles 
à  l'approbation  de  Mgr  René  du  Louet,  en  IG'iS,  puis  de  rechef 
à  celle  de  Mgr  François  de  Coëtlogon,  l'^juillet  1678,  ne  sont 
pas  aussi  explicites  que  ceux  de  Quimper.  Pour  qui  le  voulait, 
il  y  avait  lieu  de  trouver  des  échappatoires,  de  ces  mailles  dans 
le  filet  par  lesquelles  on  peut  passer  et  éluder  des  règlements 
qui  ne  s'imposent  qu'à  ceux  qui  ont  la  bonne  volonté  de  les 
subir.  On  n'y  retrouve  pas  la  teneur  des  articles  1,  XIl,  XllI, 
XIX,  XX,  XXIll  et  XXV,  ni  ce  qui  concerne  l'Examen  des 
(ils  de  maîtres  (XXVI-XXXIIt),  et  VExamendes  compagnons 
(XXXIV-XLVl)i  c'est-à-dire  les  articles  organiques  de  la 
maîtrise  de  Quimper,  mais  seulement  les  dispositions  prises 
pour  l'institution  et  le  fonctionnement  d'une  frairie  ou 
confrérie;  soit  conditions  de  régie, des  deniers  et  res- 
sources de  l'association,  leur  application  aux  offices  de  la 
fraternité  et  aux  besoins  de  l'assistance  et  des  secours 
mutuels. 

Quand  on  entreprend  quelque  chose  de  bon  et  d'utile, 
on  a  dans  l'esprit  un  idéal  de  conception,  mais  dans 
l'exécution,  on  reste  toujours  au-dessous.  Au  dernier 
Congrès  de  l'Association  bretonne,  à  Quimper,  notre  savant 
vice-président  de  la  Société  archéologique.  M,  le  chanoine 
Peyron,  a  donné  les  statuts  bien  frappants  d'une  confrérie 
de  Saint-Ninian,  instituée  à  Roscoff,  au  commencement  du 
xvii'  siècle,  pour  la  suppression  des  procès  ou  moyen 
d'un  arbitrage  basé  sur  l'équité  et  le  sentiment  chré- 
tien ;  les  statuts  ont  été  rédigés,  la  société  a  été  fondée  ; 


n'insistez  pas  pour  savoir  si 


elle  a  fonctionné  ? 


(1)  CE.  Bulletiu  de  la  Sociélé  archéologi'!'"'  du  : 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  23^   — 

Ce  fut  une  belle  conception  aussi  des  ouvriers  frappant 
au  marteau  de  Carhalx  de  s'associer,  de  fonder  une  œuvre 
de  solidarité  puissante  et  agissante,  ayant  une  caisse  de 
famille  alimentée  par  les  cotisations  et  les  contributions  des 
membres  de  la  confrérie,  formant  une  vraie  famille,  où  tout 
besogneux  trouvât  aide  et  protection  contre  l'infortune  et 
les  cas  fortuits  ;  honorée  de  l'état  prospère  de  l'association 
et  fière  de  ses  manifestations  pieuses. 

Voici,  du  reste,  les  termes  des  »  statuts  de  la  Confrérie 
de  Saint-Eloy,  érigée  en  l'église  collégiale  de  Saint-Trémeur 
à  Carkaix  »  (1). 

Articles  que  prfoenl  par  devanl  Monseigneur  Mossire  René  du 
Louet  par  la  grâce  de  Dieu  et  du  Saint-Siège  Apostolique  evesqiie 
en  lévêché  de  Cornouaille,  Maurice  Jamet  cl  aémenl  Levicomie 
convenus  cl  dépulés  par  Jean  Jamet,  François  Cadrous,  Jean  Le 
HouJIec,  Gilles  KergofT,  RcDé  Laurans,  Nicolas  Le  Guillou,  Louis 
du  Bois,  Yvon  Le  Bartz  père  el  lils,  Jean  Pérot,  Nicolas  Postée, 
Jacques  et  Noël  Eslier,  Jean  et  Philippes  Bauuoir  père  et  fils,  et 
Jean  ,  louz  maisircs  de  leurs  mesliers  et  estatz  scavoir  : 

mareschaux,  selliers,  arineuriers,  clouliers,fourbisseurs,  coutelliers, 
serreuriers  et  autres  arts  frappant  au  marteau  pour  eslre  sous  le 
bon  plaisir  de  mon  dit  seigneur  admis  et  cstablis  en  llionneur  de 
Dieu  et  de  Monsieur  saint  Eloy  en  leglise  collégiale  de  Saint- 
Trémeur,  en  la  ville  de  Carhaix,  et  Être  perpétuellement  gardés  el 
observés  en  forme  quen  suici  : 

A  premier 

Suivant  la  première  institulion  el  fondation  de  ladite  confrérie 
qui  se  fera  le  jour  et  fesle  de  Monsieur  saint  Eloy,  en  juin  avec  tes 
cércmoDies  y  dénommées  ci-après. 

A  premier 

Four  le  Jour  de  Monsieur  saint  Eloy  et  que  le  jour  devant  qui 
est  la  veille  seront  dictes  les  vesprcs  avec  les  cérémonies  assistanls 
les  vénérables  chaDoines  et  supols  de  ladite  église  pour  les  salla- 

|1)  Archives  dn  Finistère. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  232  — 

riier  comme  il  appartienâra,  et  aussi  avec  sud  des  cloches  de 
ladite  église  pour  avertir  lesdils  confrères,  et  vespres  seront  dilles 
devant  lautel  et  image  de  Monsieur  saint  Eloy,  et  le  lendemain  jour 
saint  la  grande  messe  ditte  et  célébrée  sur  ledit  autel  avec  lei>dites 
cérémonies.  Les  vcspres  de  l'après  dinée  du  mesme  jour  avec  le 
chapelain,  diacres  portant  tuniques  et  ornements  pour  lesdits 
service  avec  le  son  des  cloches  dans  ledit  jour  et  durant  le  divin 
sacrifice. 

Le  lendemain  du  jour  de  Monsieur  saint  Eloy  les  confrères  feront 
dire  une  messe  de  basse  voix  pour  l'ame  des  detTuucIs  trépassez. 

Plus  les  abez  auront  soin  de  faire  allumer  quatre  grandes 
torches  portées  par  des  (1)  [  ] 

(2) 

(7)  Et  aussi  le  dimanche  précédant  du  jour  et  teste  de  Monsieur 

saint  Eloy  en  juin  lesdits  confrères  assistants  touu  ensemble  dans 
ladite  église  nommeront  et  députeront  pour  entrer  en  charge  deux 
des  ahtez  el  confrères  pour  servir  ladifo  confrérie  dan  en  un  ei 
presteront  le  sermeot  de  fidellement  s'acquitter  de  leurs  devoirs 
par  devant  Monsieur  le  vicaire. 

(8)  Lesdits  abbez  auront  une  boette  sur  laquelle  il  y  aura  deux 
serrures  et  deux  clefs,  chacun  gardera  la  sienne  el  sera  ladite 
boette  ouverte  au  jour  et  feste  de  Monsieur  saint  Eloy  pour  mettre 
les  aumânes  el  amandes  qui  se  trouveront. 

(9)  Pour  lesdils  coutrères  paieront  par  chacun  au  et  feste  de 
Monsieur  saint  Eloy  en  juin  pour  frérie  chacun  10  solz  et  faute  de 
ce  faire  ils  seront  exécutés  par  labhc  lequel  se  fera  assister  par  un 
des  confrères  servant  à  ladite  confrérie. 

(10)  Que  tous  autres  qui  auront  la  volonté  de  se  faire  euroller  en 
ladite  frérie  afm  d'avoir  |>art  aux  prières,  [tairont  trois  solz  pour 
la  première  année  el  les  autres  ensuivant  un  sol,  et  lesdits  abbeî 

{1)  Faul-il  lire  chanoines  ? 

(S)  Les  lignes  suivantes  sont  efTacées  considéra btemcnt  :  il  n'y  a  pas  de 
doute  qu'elles  ne  c«nliennent  des  instructions  miUutlUii  sur  le  nombre  des 
cierges  et  les  détails  prévus  pour  rcliansser  l'éclat  de  cérémonies  que  l'an 
veut  aussi  incomparables  que  (aire  se  peut. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


auront  le  soin  de  faire  un  livre  pour  enregistrer  iesdils  confrères 
de  ladite  frérie  et  aiilres  qui  se  iroiiYeront. 

(11)  Tous  gens  nouveaux  qui  ouvriront  boutique  estant  de  mes 
tier  ne  pourront  aucunement,  tenir,  ouvrir  n'y  travailler  que 
préablemenl  (sic).  Ils  ne  vienuent  trouver  lesdits  pères  abbez  et 
confrères  de  ladite  confrérie  et  paira  pour  son  entrée  la  somme  do 
vingt  livres  une  (ois  paie  et  une  livre  de  cire  h  In  frérie  dan  en  an 
au  profit  de  ladite  frérie  avec  le  devoir  el  coutume  aux  abbez  et 
frères  de  mestier  deiies. 

(12)  Et  pour  les  (lis  (fils)  des  maîtres  qui  ouvriront  boutique 
seront  tenus  paier  et  bailler  une  fois  payé  au  père  abbé  vingt  solz  . 
en  la  boette  et  une  livre  de  cire  cbacun  deux  une  fois  payée. 

(13)  Les  tilles  de  maîtres  qui  épouseront  gens  de  mestier  de 
ladite  frérie  pairont  soixante  sois  dans  la  boette  et  une  livre  de 
cire  à  labbé  de  ladite  frérie  aussi  une  fois  donnée  et  paironl  dan 
en  an  leur  frérie. 

(14)  S'il  y  a  aucun  malade  dudil  mestier  qui  n'auraient  le  moyen 
de  se  relever  et  nourrir  chacun  couple  d'hommes  et  femmes  mariés, 
bailleront  chaque  semaine  audit  malade  pendant  la  maladie  icelle 
somme  qui  sera  advisé  par  les  abbés  connaissans. 

(15)  Néantmoius  que  ledit  malade  nait  aucun  moyeu  sil  vient  a 
décéder  Iesdils  frères  seront  tenus  daller  k  son  enterremenl  et  faire 
dire  et  célébrer  lesdits  service  et  messe  cy-devani.  .  .  ,  Javec) 
le  luminaire  des  quatres  torches  au  plus  sil  se  trouve  et  six 
pillels et  aussi  ledit  frère  d'assister  chacun  deux  aux  enter- 
rements 'des  confrères  tant  riches  et  pauvres  faute  dy  assister 
pairont  chacun  desdils  défaillaus  cinq  solz  thournois  d'exdcutible 
par  lesdits  abbez  au  prolil  de  ladite  frérie 

(16)  Que  ceux  qui  auront  le  moyen  décédés  pairont  la  somme  de 
trante  solz  thournois  pour  le  service  qui  se  fera  a  son  enterremenl. 

(17)  Que  tous  autres  qui  ne  seront  de  la  confrérie  sils  désirent 
lesdites  torches  do  ladite  confrérie  pairnnl  dix  sols  monnoix  aux 
abbez  tournant  au  profit  do  ladite  frérie. 

(18)  Pour  tous  les  compaignons  dos  mestiers  de  ladite  frcrie  qui 
viendront  el  Iravaiileronl  chez  les  maistres  à  leur  entrée  paironl 
nu  sols   par  mois  el  pour  les  apprauiifs  qui  voudront  apjrendre 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  23<  — 

meslier  en  ladite  frcrie  paira  cbacun  deux  udc  lois  paytJ  traate  sols 
loururtis  ea  la  boëtle  et  une  livre  de  cire  à  la  chapelle  le  tout  an 
profil  de  la  frérie,  de  quoy  les  malslres  respooderool  de  chacun 

de  sou  serviteur  appraulif  et  pairont  en  leur  privé ladite 

somme. 

(19)  Et  pour  eux  marchands  qui  vaudenl  du  fer  en  boutique 
ouverte  eu  gros  ou  en  détail  en  ceste  ville  pairont  à  la  frérie  six 
sols  par  chacun  au  aux  abbez  à  chacun  jour  de  Housieur  saint 
Eloy  en'juin  exécutlble. 

(20)  Tous  autres  vendeurs  qui  viennent  de  dehors  comme  quin- 
quailleurs,  vendeurs  de  fer,  vendeurs  dassier,  serrurerie,  toute 
autre  sorte'  de  ferraille  pairont  chacun  cinq  sols  par  an  et  à  la  foire 
de  Saiut-Pierre  dexécutible  par  lesdits  abbez  au  protlt  de  ladite 
frérie  dan  en  an  faute  de  ce  faire  non  permis  de  destailler  leurs 
marchandises. 

(21)  Quil  soil  permis  aux  pitres  abbez  et  autres  flls  servant  la 
frérie  que  Irois  jours  auparavant  la  feste  daller  veiller  avec  leurs 
boëltcs  par  la  ville  comme  aussi  aux  grandes  foires  et  aux  petites 
foires  en  Ihonneur  de  Monsieur  saint  Eloy. 

(22)  Tous  lesquels  deniers  seront  emploies  a  lenlretenement  de 
la  frérie  comme  pour  payer  le  chapelain  et  autres  et  pour  avoir  le 
luminaire  recquis  et  mêmes  ornements  nécessaires  pour  les  services. 

(23)  De  tous  les  deniers  que  les  pères  abbez  recevront  seront 
tenus  rendre  compte  par  devant  Monseigneur  lEvesque  ou  ses 
commissaires,  lequel  examinera  lesdits  comptes. 

(24)  El  que  lesdits  abbés  et  les  frères  prendront  un  dit  chapelain  de 
ladvis  de  Monsieur  le  vicaire  et  non  autrement. 

Signé  à  l'original  par  Reué  du  Louet,  Ev.  de  Cornouaille,  et 
Georges  Ferrand,  promoteur  (1),  du  21  juillet  1643. 

Tel  était  le  programme,  mais  il  devait  se  buter  à  bien  des 
diflicultés  pour  être  réalisé  et  pratiqué. 


(I)  La  cope  que  posseden 
ebemln  et  d  I  ju  II  Ili7l 
François  de  Co  tlog  n 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Le  compte  de  1646  est  intéressant  d'autant  plus  qu'il  est  le 
premier  et  qu'il  doit  se  ressentir  de  la  ferveur  des  commen- 


Le  comptable  accepte  a  en  charge  la  somme  de  sept  livres 
«  reçus  de  René  Cadors,  Jean  Renaît,  Jacques  Eslier,  Nicolas 
ô  Le  Guïl,  Louis  Dubot,  Yves  Le  Bartz,  Jean  Perot,  Nicolas 
B  Postée,  Philippe  Baunoir,  Morice  Le  Bartz,  Julien  Brullé, 
B  Yves  Peloux,  Gilles  Lumeau,  Bastien  Laouénan  et  Jean 

«  Fraval desclarans  n'avoir  peu  se  faire  paier  par  les 

«  autres  ouvriers  du  dit  mestiers  qui  sont  Morize  Jamet, 
a  Jean  James  {lisez  Jamet],  Clément  Levicomte,  François 

•  Cadroux,  Gilles  Quergoff,  François  Bodin,  Noël  Eslier, 
"  Jacques  Du  Pont  ».  Soit  vingt-trois  confrères,  dont  buit 
se  montrent  rétifs  à  solder  toute  cotisation. 

En  1654,  le  comptable  Jean  Briatid  prend  charge  de  la 
somme  de  «  onze  livres  huit  sols  par  luy  tousckés  par  les 
H  confrères  marchands  que  débitans  en  la  ville  de  Carhais, 
«  mais  proteste  ne  répondre  d'avantage  n'ayant  rien  receu 
«  ni  touscké  non  plus  d'aucun  jeunes  maistres  pour  droict 
«  d'ouverture  de  boutique  ny  pareillement  d'aucun  compai- 

*  gnons  ny  apprantiff.  n 

En  1656,  lors  de  la  visite,  8  juillet.  Monseigneur  René  du 

■  Louet  fait  sommation  aux  comptables  de  Saint-Eloy  «  de 

«  verser  leur  reliquat  sous  huict  jours  et  auxquels  enjoignons 

u  de  poursuivre  les  précédents  fabriques  de  rendre  leurS 

«  comptes  si  faict  nont  do  jour  à  autre  ". 

En  1664,  M'  Jamet  encaisse  «  pour  droits  d'ouverture  de 
B  boutique  suivant  les  statuts  »  plusieurs  sommes  de  vingt 
licres,  de  Jacques  Esleir,  d'Alain  Lindivat,  de  Louis  Couppc, 
d'Yvon  Lostanlen  et  autres  ;  mais  en  retour  il  énumère  des 
frais  élevés  de  procédure  i  pour  requestes  aux  juges  du 
tt  siège  afin  de  contraindre  tous  battans  fer  ot  marchands 
B  forains  de  paier  ce  qu'ils  doivent  aux  fins  des  statuts  », 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  236  — 

En  1669,  trente-et-un  confrères  soldent  leur  frairie,  maip 
c'était, trop  souvent, un  grand  désagrément  pour  le  comptable 
sortant  de  charge  d'avoir  à  répondre  de  fonds  qu'il  n'avait 
pas  chance  de  toucher, ou  bien  de  faire  les  frais  de  procédure. 

Kn  164t>,  le  comptable  demande  «  décharge  de  la  somme 

0  de  20  livres  thournoîs  dus  par  maistre  Pierre  Chavario- 
"  armeuryer  «  condamné  par  la  Cour  de  Carhaix,  plus 
«  dix-sept  livres  tkournoy  dépensés  pour  procédures  sans 
n  eampramlre  les  paines  et  frais  de  sallaires  ».  Le  trésorier 
était  donc  exposé  aux  difficultés  épineuses  d'un  conten- 
tieux absorbant. 

Le  21  avril  1683,  par  devant  M'  Révault  et  Guillaume 
Gnillet,  notaires  royaux.  M"  Jan  Pourcelet,  Louis  Coupé, 
Gildas  Le  Postée,  Clément  Jamet,  Yves  Lostanlen,  Anthoyne 
Le  Gaillart.  Gilles  Guillou  et  autres  (ils  étaient  treize). 
«  Tous  maistres  mareschaulx,  celliers,  ceruriers  et  cloutîers 
"  de  ceste  ville  »  s'assemblent  pour  délibérer  sur  Testât  du 
procès  à  soutenir  «  obtenu  de  ce  dit  siège  le  vingt  et  sixiesme 
«  mars  dernier,  par  Yves  Perot  et  Marc  Le  Lay  en  quahté 
e  de  fabriques  et  Marguilliers  de  la  confrairie  de  sainct 
«  Eloy...  allencontre  de  François  Balleroy  dessus  l'appella- 
"  tion  d'icelle  par  ledit  Balleroy  interjettée  »  et  à  cet  effet,  ils 
donnent  procuration  à  Perot  et  à  Le  Lay  de  poursuivre 
l'affaire  et  le  paiement. 

D'autre  part,  nous  trouvons  aux  archives  du  Finistère, 
un  papier  cotté  «  escrit  de  réponse  des  fabriques   (Marc 

1  LelayetYvesPerrot)  demandeurs,  répondansaux  prétendus 
"  deffenses  de  Michel  Quémarec,  deffandeur  n.  (Juillet 
1683.) 

Ils  font  observer  au  siÈge  l'obligation,  d'après  les  statuts, 
à  tous  ceux  de  la  profession  qui  ouvrent  boutique  de  payer 
à  la  confrérie  «  vingt  livres  par  chaque  ouverture  de  boutique. 
•  Les  fabriques  ont  de  ooustume  et  sont  en  obligation  de 
0  déclarer  lorsqu'ijs  rendent  leurs  comptes  en  sortant  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  237  — 

u  leur  charge  de  fabrique  combien  ils  ont  receu  davec  les- 
0  dits  confrères  et  d'en  tenir  compte  à  celluy  qui  entre  en 
«  charge.  C'est  ce  qui  a  donné  lieu  aux  demandeurs  voians 
«  quàprez  avoir  examiné  le  compte  dudif  Quémarec  il  ne 
«  s'estoit  chargé  d'aucune  somme  touchée  desdits  confrères 
«  pour  le  droit  de  boutique,  n  Or  Michel  Quentric,  maréchal, 
lui  avait  payé  six  livres  à  valoir  à  ce  litre  :  or,  appelé  à  en 
rendre  raison,  il  fit  défaut  et,  après  plusieurs  contumaces,  il 
se  présenta  enlin  à  l'audience  du  28  mai.  La  Cour  ordonna 
à  Quémarec  de  réformer  son  compte.  Sur  cela  il  fit  un  écrit 
par  lequel  il  soutint  que  «  n'aiant  paie  que  douze  livres  au 

■  sieur  vicaire  de  Carhaix  pour  son  tiers  aux  offrandes,  il 
«  n'a  receu  que  trante  et  six  livres  d'offrandes  et  que  son 

•  compte  portant  cinquante  et  quatre  livres,  il  est  censé  que 
o  les  dix-huit  livres  restans  pour  faire  54  livres  sont  prove- 
u  nus  des  deniers  dudit  Quintric  et  des  offrandes  que  les 
a    confrère  ont  mis  dans  la  boette  le  lendemain  de  la  feste 

•  de  saint  Eloy.  » 

Les  demandeurs  voient  quelques  inconvénients  à  admettre 
ces  moyens  de  défense. 

«  11  n'est  pas  vray  que  le  sieur  vicaire  aie  prins  les  /2  livres 

■  pour  son  tiers  sur  36  livres  d'offrandes  et  il  se  peut  que 

•  lesdits  cinquante  et  quatre  livres  soient  provenus  d'of- 
«  fraudes  puisque  ledit  sieur  vicaire,  qui  est  généreux,  ne 
«  regarde  pas  de  si  près  avec  ladite  confrérie,  a  réglé  son 
a  tiers  tous  les  ans  depuis  les  dix  ans  derniers  à  douze  livres 
a  ainsi  qu'il  se  proune  par  les  comptes  précédents  et  posté- 
«  rieurs  à  cetluy  dudit  Quémarec.  Or,  on  ne  peut  dire  que 
B  les  offrandes  qui  proviennant  d'un  casuel  ou  de  la  libre 
a  volonté  d'un  chacun  soint  égalles  tous  les  ans.  j> 

Les  comptes  des  fabriques  de  Saint-ïrémeur,  du  Rosaire, 
de  la  paroisse  et  des  trêves  de  Saint-Quijeau  et  de  Tréfrévin 
en  font  foi  et  le  vicaire  n'en  disconviendrait  pas,  comme 
n'en  doutent  pas  les  demandeurs. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  238  — 

>  Outre,  continuent-ils,  outre  que  les  dix  huict  livres  (ju'il 

■  veut  imputer  à  la  recepte  qu'il  a  fait  des  deniers  de  la 

■  boëtto  et  davec  ledit  Quenlric,  peuvent  estre  provenus  de 
a  la  seulle  boette  puisque  louts  les  ans  chaque  confrère  est 
a  obligé  par  les  mêmes  [statuts]  de  paier  dix  sols  à  la  boette 
a  et  le  jour  de  la  foire  de  sa i net  Pierre  chaque  marchand 
a  forain  est  tenu  paier  cinq  sols  ausd.  fabriques.   » 

Et  sagement  ils  font  observer  encore  :  «  si  les  fabriques 
a  ne  marquent  pas  ce  qu'ils  touchent,  leurs  successeurs 
a  en  charge  ne  pourront  connoitre  ce  qui  sera  vraye  ni 
«  actioner  ceux  qui  sont  en  deffault  d'y  satisfaire  !  i 

Et  insistent-ils,  «  on  voirait  en  peu  ladite  confrérie  qui  est 
"  érigée  pour  la  gloire  de  Dieu  s'anéantir.  « 

Puis  avant  de  terminer,  les  demandeurs  sentent  le  besoin 
de  rectifier  une  assertion  toute  personnelle  du  défendeur  et 
qui  est  un  trait  de  mœurs  pris  sur  le  vif, 

a  Le  demandeur  a  allégué  avoir  paie  du  vin  et  de  la  bonne 
a  chère  aux  demandeurs  sous  prétexte  de  parler  d'accord. 
a  C'est  un  fait  qu'on  conteste  et  si  il  estait  question,  les 
«  demandeurs  prouveroint  que  le  deffandeur  avait  attiré  les 
«  demandeurs  en  un  cabaret  pour  s'accorder,  leur  offrit  pour 
a  six  livres  de  collation  et  se  retira  aprez  avoir  bien  bu  et 
"  bien  mangé  sans  rien  paie,  sur  ce  que  les  demandeurs  pér- 
it sistèrent  à  faire  paier  la  (abrice  et  quon  ne  pouvait  parler 
a  daucun  accommodement  qu'aprez  avoir  paie  l'Eglise,  n 

(Cette  réponse  est  signée  de  Toussaint  Le  Roux,  advocat 
en  la  Cour  :  Receu  trente  et  cinq  sols.} 

10  octobre  1687  ;  autre  différend  :  les  partis  sont  honnora- 
bles  gents  Mathurin  Daniel  et  René  Novo,  fabriques  de  la 
confrérie,  répondant  aux  écrits  de  défense  de  Guillaume  Le 
Dain,  de  Jean  Le  Rumon,  Louis  Huby,  Marc  Le  Lay  et 
Michel  Kermarec,  défendeurs,  qui  refusent  leur  droit  à  la 
confrérie  de  Saint-Rloy.  A  cette  réclamation  ces  derniers 
«  ont  fourni  écrit  de   deffanse  par  lequel  ils  soustiennent 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


a  que  la  demande  des  deffendeurs  n'est  pas  recepvable  par 
a  la  raison  quil  ny  a  nulle  maistrize  en  cette  ville  de  Carhais 
«  et  que  ce  n'est  qu'une  frérie  ou  il  est  libre  â  chacun  de  sy 

•  enroller  sans  quon  puisse  les  obliger  à  auchune  chose 
«  qu'à  leur  volonté  et  quon  ne  fera  pas  voir  aaclmnes  lettres 
H  pattantes  de  Sa  Majesté  qui  ayeot  esté  vériflîées  au  Par- 
»  lement  qui  fussent  le  fondement  de  ces  prétentions  et 
«  supposé  que  ladite  frérie  soit  en  droit  de  se  faire  payer 
«  par  chacun  sellier  et  mareschal  une  somme  d'argent  pour 
a  sa  réception,  il  y  a  plus  de  jour  et  an  quits  ont  ouvertz  de 

•  boutiques  et  ainsi  les  deux  sont  non  recepvables  à  leur 
«  demander  ce  qu'on  doit  payer  dans  le  jour  et  an.  » 

A  cette  fin  de  non  recevoir,  les  fabriques  répliquent,  glis- 
sant sans  trop  appuyer  :  «  premièrement  au  regard  de  la' 
«  maistrise  de  Carhais  qu'il  ne  s'agit  nullement  de  cela,  mais 
«  bien  d'effectuer  les  statuts  de  la  confrérie  de  Sainct-Eloy, 
a  laquelle  n'a  esté  établi  audit  Carhaix  quen  fabveur  des 
«  mareschaux,  scelliers,  cloustiers,  fourbisseurs,  coustflliers, 
«  si:ruriers  et  autres  de  l'art  frappant  au  marteau  »,  et  ils 
invoquent  victorieusement  l'article  11  des  statuts  (1). 

a  Quand  à  la  prescription  de  jour  et  an  que  les  deffandeurs 
(  allèguent  on  soustient  avecq  raison  quelle  n'a  pas  lieu 
î  pour  pouvoir  les  exempter  de  payer  le  contenu  et  une 

■  obligation  qui  ne  se  peut  prescrire  en  la  rencontre  que  par 
«  Trantrans  (sic)  à  compter  du  jour  ou  les  deffandeurs  ont 
a  ouverts  leurs  Bouticques  ny  quil  soit  besoign  de  faire  voir 
tt  auchunes  lettres  pattantes  de  Sa  Majesté  vériffiées  au  Par- 
ti lement  pour  soustenir  les  demandes  des  demandeurs,  puis- 
«  quelles  sont  fondées  sur  les  statuez  concédées  à  ladite 

■  frérie,  lesquels  ont  estes  duement  approuvées  rattilïiées  et 

■  corroborées  par  deffunct  Monseigneur  l'Evesque  de  Cor- 

■  nouaille  depuis  le  23'  juillet  1643,  mesme  l'Evesque  du 

■  présant  et  du  depuis  exécutées.  » 


(1)  Voir  plus  haut  les  statuts  de  Carhaix. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Les  demandeurs  servent  A  la  partie  adverse  un  argument 
ad  hominem  qui  est  de  bonne  guerre. 

—  Le  Lay  qui  fait  la  mauvaise  tête,  mais  n'a-t-il  pas  été, 
lui  aussi,  fabrique  de  Saînt-Eloy,  et  pendant  sa  charge, 
n'aurait-il  pas  fait  condamner  par  sentences  rendues  au  siège 

<  plusieurs  personnes  de  l'art  frappant  au  marteau  de  luy 

<  payer  le  mesme  droit  qu'on  lui  demande  aujourd'hui.  »  ? 
—  Mais,  oui,  notamment  François  Balleroy,  sellier. —  Et  lui- 
même,  pour  son  propre  compte,  n'a-t-il  pas  reconnu  devoir 
le  droit  lorsqu'il  a  payé  à  raloir  la  somme  de  cent  sols  ?  n  et    , 
»  ainsi  il  est  de  meschante  foy  de  vouUoir  insister  de  payer 

B  le  surplus  quy  est  de  quinze  livres  et  une  livre  de  cire 
«  dans  un  an  qu'il  doit  de  reste  à  ladite  frérye  ». 

—  Le  Dain  se  prétend  induement  taxé  ;  oui  «  sauf  correc- 
•  tion  1),  c'est-à-dire  s'il  peut  établir  «   qu'il  n'a  auchune 

■  boutique  ny  qu'il  doit  auchun  droit,  puisqu'il  est  constant 
o  qu'il  paye  une  somme  dargent  çmj/  est  six  Hères  par  an  à 
B  Louis  Le  Dain  son  frère  pour  le  laisser  travailler  dans  sa 

■  boutique  continuellement.  Cela  estant,  il  ne  peut  par  consé- 
«  quenl  se  dispenser  de  payer  »  soit  vingt  livres  et  une 
livre  de  cire  par  an. 

—  Quant  à  Kermarrec,  qui  a  payé  six  livres  à  valoir,  on 
le  reconnaît,  on  ne  lui  réclame  que  le  reste  ;  s'il  a  payé,  qu'il 
se  décide  enfin  à  fournir  son  acte  et  on  le  croira  (1). 

—  Nous  avons  trouvé  dans  les  archives  de  l'église  de 
Carhaix  un  bon  nombre  de  comptes  de  fabriques  qui  com- 
plètent d'une  façon  adéquate  la  collection  conservée  aux 
archives  départementales,  dont  le  premier  compte  est  pour 
1040  et  le  dernier,  il  nous  semble,  de  17H2. 

Dans  leur  façon  de  libeller  tes  profits  ou  dépenses  les 
fabriques  se  montrent  réfractaires  aux  règles  d'une  méthode 
uniforme  et  quelconque.  Tout  dépend  du  tempérament  et  de 
la  complexion   de   l'individu   comptable,   ou  de  celui  qui 

(1)  Cette  réplique  est  rédigée  et  signée  par  M*  RosseliD. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  2ii  — 

s  dresse  son  papier  >.  Nous  trouvons  donc  là  des  comptes 
scrupuleusement  présentés  et  préalablement  élaborés,  éplu- 
chés avec  un  luxe  de  détails  méticuleux  ;  dans  ce  genre 
rentrent  les  comptes  de  16^6, 1666,  et  notamment  la  période 
de  1690  à  1700;  nous  trouvons,  en  revanche,  le  comptable  à  la 
façon  de  Jean-Bart  [refit  tant  —  dépensé  tant],  qui  aligne 
deux  totaux  :  charge  et  décharge,  fait  une  soustraction 
et  obtient  le  chiffre  du  reliquat,  qu'il  présentera  à  son  suc- 
cesseur, à  sa  sortie  de  fonction. 

Rapidement,  et  par  suite  nous  exposant  à  ne  pas  être 
complets,  —  nous  allons  passer  en  revue  les  ressources 
accusées  par  ces  divers  comptes. 

Saint  Eloy  est  rentier  d'un  courlil  nommé  le  Courtil  de 
la  Coucc  jusqu'à  ce  qu'il  prit  le  nom  de  parc  de  Saint-Eloy. 
Il  est  dénommé  tantôt  courlil,  tantôt  parc,  et  le  compte  de 
1768  le  désigne  sous  le  nom  de  «  jardin  «,  toujours  au  prix 
invariable  de  six  livres. 

En  1661,  en  décédant  •  Messire  Guillaume  Kerhuon  sieur 
«  du  Stangier  et  prebtre  de  sou  vivant,  demeurant  dans  la 
«  ville  de  Kerhaës  n,  avait  abandonné  à  la  confrérie  ce 
courtil  pour  lors  affermé  neuf  livres  et  tenu  par  Yvon 
Le  Lay  sous  damoiselle  Marie  Huon  dame  de  Kerelian,  sœur 
unique  et  héritière  principale  dudit  sieur  du  Stangier.  En 
retour,  l'obligation  qui  grevait  cette  rente  était  «  deux 
•  tumbes  à  l'entrée  du  chœur  de  Saint-Trémeur,  et  un 
a  libéra  avec  de  profundis  à  basse  voix  après  toute  messe 
B  dite  dans  la  chapelle.  »  Le  compte  de  1670  porte  en  dé- 
charge l'exécution  d'une  de  ces  conditions  :  a  Au  fabrique 
«  de  saint  Trémeur  pour  le  droit  de  tumbe  de  deffunct  noble 

■  et  discret  Messire  Guillaume  Huon  sieur  du  Stangier,  cy 

■  5  sols  ». 

L'autre  source  de  revenus,  c'était  l'acquit  des  redevances 
dues  par  les  confrères. 
Bulletin  abchéol.  du  Fini3tbse.—  Toiu  XXV.  (Hémolras).   16 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  242  — 

Quelquefois,  pour  le  droit  d'ouverture  de  boutique,  ces 
confrères  payaient  leurs  vin^  livres  en  une  seule  fois  ;  d'au- 
tres fois, —  et  plus  souventes  fois,  par  accomptes  à  valoir 
sur  leur  acte  :  soit,  par  exemple,  trois  liores,  comme  Jacques 
Cam  (1664),  soit  30  sols,  comme  nous  le  voyons  par  le 
compte  de  1717  et  autres  années  avant  et  après. 

Un  autre  article  des  comptes  se  préoccupe  des  cinq  sols 
annuels  reçus  des  confrères  maréchaux,  cloutiers  et  serru- 
rier» :  par  exemple  dans  le  compte  de  1722  «  la  somme  de 
six  livres  onze  •  sols  que  (le  comptable)  a  reçu  des  mais- 
i  très  à  raison  de  cinq  sols  chacun  »  ;  ce  qui  nous  donne 
on  chiffre  de  26  confrères  effectifs. 

Autre  article  ;  la  somme  reçue  des  maistres  pour  la  messe 
de  la  fête,  à  raison  de  5  sols.  Le  compte  de  1721  les  énmère 
nommément  et  scrupuleusement,  ce  qui  nous  permet  de  les 
compter  à  cette  date  ;  ils  sont  au  nombre  de  trente  en 
comptant  les  veuves. 

Le  pain  béni  est  un  revenu  important  pour  la  confrérie, 
ainsi  que  la  torche  qui  sortait  pour  les  enterrements  :  *  receu 
■  pour  les  torches  de  lanterment  de  la  famé  de  M' Marc  Lo 
a  Lay,  cy  10  sols.  » 

■  Receu  pour  la  torche  de  lanterment  de  la  fille  de  M*  Paul 
.  LeGoff:  5  sols  (1717).  . 

•  Receu  de  différants  particulliers  vingt  et  un  sols  pour 
«  les  torches  lors  des  enterments  des  confrères  (1722).  » 

Le  comptable  de  1721  accuse  en  recette  «  pour  le  pain 
a  bénit  et  torche  de  diférents  particuliers  :  30  livres  10  sols.  • 

L'article  du  pain  bénit  nous  fournit  les  évaluations  sui- 
vantes ; 

1717.  «  Receu  le  jour  de  sainct  Eloy  pour  le  pain  béni  : 
<  7  livres  10  sols.  • 

«  Reçu  pour  le  bain  bénit  pour  toute  l'année,  19  livres, 
«  soit  26  livres  10  sols.  » 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  243  — 

1712:  «pour  la  distribution  du  pain   bénit:    53  livres 

<  18  sols.  » 

1768:  <  pour  pain  bénit  distribué  pendant  son  année  en 
■  charge,  50  livres,  a 

Autre  ressource  pour  alimenter  la  caisse  :  le  produit  des 
troncs  :  pendant  les  douze  premières  années  du  xviii'  siècle 
il  équivaut  à  4  livres  10  sols  par  deux  mois  en  moyenne. 

Autre  revenu  de  Saint-Eloy  :  les  offrandes  des  mar- 
chands forains  : 

Foire  de  Saint-Pierre  1683  :  reçu  et  louché  a  des  mar- 
t  chands  de  faucilles,  pelles  :  trante  deux  sols.  ■ 

«  De  deux  clouttierg  forains  :  dix  sols.  » 

La  foire  de  Saint-Pierre  rapporte  en  moyenne  8  livres  à 
la  frérie. 

Enfin  les  offrandes  et  oblations  recueillies  au  plat  ou  dans 
les  troncs  fournissent  une  moyenne  appréciable  oscillant  de 
32  à  44  livres. 

Parfois  le  comptable  enregistre  l'offrande  «  d'un  carlouron 
a  de  sire  »  (1646)  ou  «  la  charge  de  vingt  sols  reçu  pour  un 
a  pcttt  cocfeon  en  présent  de  Guillaume  Le  Moilic.  >  (1719} 

En  1720,  il  prend  à  charge  un  article  qu'il  désigne  par 
ces  mots  :  «  pour  l'augmentation  de  largent,  huit  livres  », 
donc  à  profil  ;  et  l'an  qui  suit  (1721),  il  remet  à  son  succes- 
seur son  reliquat,  une  somme  de  soixante  sept  livres  quatre 
sols  •  en  unze  escus  de  six  livres  en  pièces,  une  pièce  de 
n  quinze  sols  et  trois  sols  marcqués  et  de  deux  sols  et  six 
«  deniers  et  le  reste  en  pièce  de  six  deniers  •. 

La  quantité  de  cire  recueilli  pour  offrande  en  nature  parait 
très  considérable  :  du  reste,  les  confrères  ne  lésinaient  pas 
sur  la  consommation  et  ils  utilisaient  la  cire  brute  qu'ils 
recevaient  en  la  faisant  ouvrer. 

1717  :  «  Donné  le  jour  de  saint  Ëloi  pour  sierges  la  somme 

<  de  quatre  livres  quatre  sols. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  24*  — 

«  Pour  la  cire  pour  faire  des  sierges  la  somme  de  5  livres 
«  10  sols. 

«  Pour  façOD  des  cierges  —  une  livre  six  sols. 

•  Pour  de  la  poye  de  bourgoigne  la  somme  dsJrois  sols.  » 

Que  signifie  cet  article  ?  la  poix  de  Bourgogne  entrait-elle 
dans  la  confection  de  ce  luminaire  ?  peut-être  pour  enduire 
le  fîl  de  la  mèche  ? 

En  1716,  0  Y ouf ny  aux  fériés  de  Noël  pour  six  cierges: 

•  trois  livres.  > 

En  1721,  la  façon  des  cierges  se  monte  à  la  somme  de 
2  livres  8  sols. 

Pour  les  frais  de  lingerie  d'église,  nous  relevons  que  le 
blanchissage  des  nappes  d'autel  se  montent  à  10  sols  pour 
l'année  1716,  à  12  sols,  en  1720,  en  1721,  pour  les  «  raco- 
B  moder  et  les  blanchir,  40  sols  ».  - 

On  achète,  à  Morlaix,  des  fleurs  pour  garniture  de  l'autel  : 
la  dépense  en  1719  est  de  «  dis  francs  cy  10  livres,  n 

En  1683,  on  paie  «  pour  la  façon  de  deux  devant  d'autel, 
u  bazin,  galon,  fîl  et  coussinets,  neuf  livres  »,  et  on  fait 
l'acquisition  d'  «  une  couverture  jonne  pour  couvrir  lottel  ». 

Nous  avons  à  relever  les  dépenses  pour  réparations  et 
embellissement  de  la  chapelle  du  saint  patron. 

En  1647,  les  comptables  demandent  décharge  pour  avoir 
a  à  Michel  Soisson,  peintre,  paie  pour  Estoffure  et  peinture 
1  de  la  carré  de  leur  tableau,  avec  le  gradin  la  somme  de 
B  huit  livres  ». 

En  1654.  autre  demande  de  décharge  •>  pour  avoir  élolTé, 

•  redoré  les  trois  petites  images  de  Saint-Eloy,  de  la  somme 
«  de  qtiarante  sols  ».  C'était,  il  est  permis  de  le  supposer, 
des  statues  portatives  que  l'on  exposait  sur  la  place  les  jours 
de  foire,  comme  celle  de  saint  Pierre,  auprès  desquelles  se 
tenaient  les  trésoriers  de  la  confrérie,  et  que,  d'autre  part, 
on  portait  sur  un  brancard  aux  processions  solennelles. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  245  — 

Un  sculpteur  a  travaillé  au  rétable  ou  mieux,  sans  doute 
à  sa  restauration  ;  il  est  payé  de  son  labeur  partie  en 
nature,  comme  l'indique  l'article  suivant  des  comptes  de 
1366:  au  sieur  Dieulangar  pour  aider  aux  réparations 
mettant  le  rétable  en  place  baillé  auxartisaDs,  32  sois.  En 
clous  pour  attacher  ledit  retable,  12  sols.  En  une  carte 
lavabo  et  ("n  priticipio,  4  livres.  Le  comptable  demande 
décharge  «  pour  avoir  donné  au  sculpteur  à  valloir  au  rétable 
K  du  fil  estimé  la  somme  de  trente  huit  livres  ; 

—  'A  une  jille  pour  dévider  te  fil  et  pour  sa  nourriture 
a  durant  quatre  jours,  32  sols,  u 

Nous  avons  là  un  renseignement  sur  le  salaire  d'une 
ouvrière  â  Carhaix  en  1666,  et  le  détail  est  intéressant  à 
enregistrer  r  elle  est  payée  8  sols  parjours  ans  être  nourrie(l). 

En  1676,  le  trésorier  «  a  payé  à  M'  Laurens  LoUvier, 
Il  sculpteur  à  valoir  à  son  deub  pour  le  rétable  de  saint  Eloy 
0  la  somme  de  huit  livres.  » 

En  1682,  nous  trouvons  une  indication  sur  une  tendance 
qui  dénonce  la  décadence  du  goût  de  l'époque  :  la  manie 
d'aveugler  les  fenêtres  à  tort  et  à  travers  :  «  pour  boucher  ta 
a  place  de  la  ^/rande  vitre  entre  la  sacristie  et  le  cœur  de  saint 
B  Etoy,  3  livres,  » 

L'année  suivante,  la  décharge  porte  «  pour  étoffer  l'image 
"  de  saint  André  estant  dans  la  chapelle  de  Saint-Eloy, 
a  5  livres.   •> 

a  En  une  croix  toute  neufve  de  saint  André,  32  sols,  » 

e   En  quatre  pattes  pour  attacher  ladite  croix,  8  sols.  » 

<i  Pour  étoffer  l'image  de  sainte  Elysabeth,  4  livres 
1.  10  sols.  » 

En  1698  :  on  paie  a  30  sols  à  Jean  Richart,  vitrier,  pour 
(c  avoir  accommodé  la  vittre  du  costé  du  midy.  » 

(I)  Dans  les  comptes  de  1g  fabrli|ue 
jourDÉe  du  eliarpentier  soldée  à  1 
dalmreui'  8  sols. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  246  — 

Ed  1716,  nouvelles  réparations  en  deux  fois  dans  le  chœur 
de  la  chapelle  : 

■  Payé  au  massonminuzier  (sic)  pour  avoir  accomodé  le 
«  coeur  de  Saint-Eloy  :  6  sols.  » 

a  Pour  une  charetée  de  terre  jaune  :  10  sols.  » 

o  Pour  avoir  accomodé  la  grande  porte  du  cœur  de  Saint- 

•  Eloy  par  deux  fois  :  10  sols.  » 

B  Pour  avoir  noircy  le  chandelier  :  3  sols.  » 

Le  chandeher  et  non  un  chandelier,  était-il  celui  sur  lequel 
on  posait  un  cierge  conformément  à  l'article  15  des  statuts, 
dont  le  texte  est  effacé  en  partie,  mais  pas  assez  pour  qu'où 
ne  puisse  retrouver  une  ligne  où  il  est  dit  que  les  abbés 
prépareront  «  quatre  grands  cierges  11  ....  et  a  un  autre 
«  pour  lallumer  devant  le  c/iapefm  pendant  loffice  ?  » 

Logé  chez  saint  Trémeur,  le  bon  saint  Eloy  contribuait 
à  frais  communs  aux  grandes  réparations  de  l'église.  Exem- 
ples : 

1681  :  «  payé  à  maistre  Henry  Garnier,  fabrique  de  la 

•  collégiale  de  Saînt-Trémeup  pour  contribuer  à  l'entretien 
•i  de  la  couverture  de  ladite  église  :  3  livres  5  sols.  » 

En  1721,  le  comptable  paie  u  la  somme  de  cinquante  et 
tt  neuff  livres  au  sieur  PeréauU,  fabrique  du  grand  cœur  pour 
I  ayder  aux  réparations  de  l'église,  aux  fins  de  l'ordonnance 
«  de  Sa  Grandeur  du  20°  juin  signé  le  16  octobre  avec  la 
■  quittance  dudit  Pcréault  au  piez  du  10'  dudit  mois  1721,  n 

Saint  Eloy  était  solennisé  par  deux  pardons  :  en  juin,  le 
grand  pardon  ;  en  décembre,  la  fête  de  la  translation  de  ses 
reliques.  Le  lendemain,  Il  y  avait  messe  pour  les  défunts. 
Les  prêtres  touchaient  5  livres  pour  leur  présence.  Deux 
professionnels  en  harmonie  y  apportaient  leur  concours 
diversement  apprécié  et  payé  :  l'organiste  en  1645-46  touche 
pour  ses  vacations  la  somme  de  l'2  sols,  et  Jean  Quintou  le 
sonneur  de  cloches  reçoit  \i  sols.  Dans  le  compte  de  1C98, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  247  — 

l'organiste  n'a  plus  que  8  sols,  mais  en  revanche,  le  sonneur 
de  cloches  a  eu  de  l'avanccinent  et  il  émarge  pour  la  même 
somme  de  hutct  sols  au  lieu  de  trois,  tout  comme  l'organiste. 

Une  pièce  importante  dans  la  célébration  du  grand  pardon 
de  la  confrérie,  c'est  l'apparition,  la  bénédiction  et  la  distri- 
hution  du  gâteau  de  saint  Ëloy. 

En  1698,  le  gâteau  coûte  3  livres  2  sols.  En  1716, 
4  livres  ;  1720,  5  livres  ;  en  1721,  on  solde  «  pour 
"  façon  et  cuisson  du  gâteau,  5  livres  12  sole  ;  en  1722, 
«  6  livres  5  sols  2  deniers,  et  il  doit  avoir  les  dimensions 
«  d'une  roue  de  charette  n;  enfin,  dans  les  derniers  comptes, 
par  exemple  celui  de  1768,  il  est  marqué  •  12  livres  pour 
a  deux  gâteaux  à  bénir  le  jour  de  la  fette  de  saint  Eloy  b. 

Hélas  I  si  le  gâteau  développait  ses  proportions  et  même 
se  présentait  désormais  en  double  exemplaire,  s'il  coûtait 
plus  cher,  le  hudget  de  1768  n'indiquait  pas  que  la  confrérie 
progressât  en  prospérité  :  la  charge  est  de  57  livres  8  sols, 
la  décharge  de  37  livres  17  sols,  le  reliquat  accusé  est  de 
19  livres  II  sols.  On  est  loin  de  la  période  laborieuse,  conten- 
tieuse  des  commencements,  mais  loin  aussi  de  la  ferveur 
primitive  et  de  l'activité  jalouse  des  premiers  abbés  de  la 
fratrie  de  Saint-Eloy  à  Carhaix. 

Habent  sua  fata..  .  ! 

Abbé  Ant6ine  FAVÉ. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


PIERRE  TOMBALE 
découverte  à  Saint-Louis  de  Brest. 

Dernièrement,  en  réparant  le  dallage  du  chœur  de  l'église 
Saint-Louis  de  Brest,  on  a  levé  une  dalle  plus  grande  que 
les  autres,  et  on  a  découvert  que  c'était  une  ancienne  pierre 
tombale  portant  la  statue  d'un  homme  d'armes  (  1) ,  la  Tace  tour- 
née vers  le  sol.  Cette  découverte  a  causé  un  certain  émoi  et 
l'on  s'est  demandé  quel  était  le  guerrier  dont  on  retrouvait  la 
statue,  sinon  la  tombe,  puisque  Saint-Louîs  n'a  été  créé  et 
construit  que  dans  la  deuxième  moitié  du  xvu"  siècle,  et  d'oii 
cette  pierre  tombale  pouvait  provenir. 

M.  le  docteur  Marion,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Brest. 
m'écrivit  sur  le  champ  pour  me  signaler  la  trouvaille  et 
me  demander  si  je  pouvais  lui  donner  des  indications; 
cela  m'était  impossible  d'autant  plus  qu'il  ne  m'envoyait 
aucun  dessin.  Je  ne  pus  que  lui  recommander  de  fixer  la  date 
d'après  l'armure  et  surtout  d'étudier  le  blason  de  l'écu  s'il 
était  déchiffrable.  M,  Jourdan  de  la  Passardière,  héraldiste 
très  compétent,  s'en  était  déjà  occupé.  Il  arriva  vite  à  se  faire 
une  opinion. 

Je  ne  puis  mieux  faire  que  de  donner  une  analyse  du 
procès-verbal  de  la  séance  du  25  juillet  dernier  de  la  Société 
des  architectes  de  l'arrondissement  de  Brest  qui  contient  une 
description  complète  du  monument  et  les  conclusions  de 
M.  Jourdan  de  la  Passardière, et  dont  je  dois  la  communication 
à  l'obligeance  de  M.  le  docteur  Marion. 

(1)  Je  me  sers  à  dessein  de  l'expression  homme  d'armes.  Tous  les 
gentilshommes  ne  devcnaienl  pas  chevaliers;  il  s'en  lallail  de  beaucoup. 
De  grands  hommes  du  guerre,  commandant  des  compagoics  importantes, 
ne  (urenl  jamais  qu'écuyers.  Te)  fiil,  eroïims-noiis,  le  cas  de  fiilles  di' 
Tes  lie. 


,y  Google 


—  W9  — 


Les  opinions  émises  par  ces  messieurs  me  paraissent  très 
fondées  et,  jusqu'à  preuve  contraire,  je  considère  que  la 
pierre  tombale  découverte  à  Saint-Louis  est  bien  celle  de 
Gilles  de  Texiie  qui  fut  capitaine  de  Brest  do  1498  jusqu'en 
1514.  Quant  au  lieu  où  il  fut  inhumé,  aucun  document 
ne  nous  l'a  encore  appris,  maisj'inclinerais personnellement 
à  penser  que,  étant  mort  capitaine  du  château  de  Brest, Gilles 
de  Texiie  fut  inhumé  dans  la  chapelle  même  du  château  et 
que,  cette  chapelle  ayant  été  démolie  à  l'époque  où  l'on 
construisait  Saint-Louia,  cette  pierre  fut  portée  avec  beaucoup 
d'autres  dans  la  nouvelle  église.  A  cette  époque  personne 
ne  se  souciait  plus  du  vieux  capitaine  de  la  reine  Anne  et, 
comme  cela  s'est  rencontré  souvent  dans  d'autres  édifices, 
son  image  fut  retournée  vers  le  sol  sans  aucun  respect  pour 
sa  mémoire. 

Voici  d'abord  la  description  de  la  figure  telle  que  la  donne 
au  procès-verbal  M.  le  président  Chabal, 

La  dalle  est  en  Kersanton.  La  tête  est  nue.  Les  cheveux 
sont  longs.  Le  visage  est  rasé.  Deux  anges  soutiennent  un 
voile  sur  lequel  repose  la  tête.  L'armure  se  compose  d'un 
haubergeon  dont  les  mailles  apparaissent  au  cou  et  entre  les 
lassettes.  Les  jambes  sont  couvertes  par  les  cuissards  avec 
genouillères  articulées  et  les  grèves  en  deux  pièces.  La 
chaussure  est  celle  dite  pied  d'ours,  courte  et  large  à  l'extré- 
mité. Sur  la  cuirasse  une  cotle  d'armes  rembourrée,  courte 
avec  pèlerine.  Un  pli  de  cette  cotte  agrafé  par  un  bouton 
forme  la  manche.  Les  mains  sont  jointes.  Au  cûté  droit  de  la 
figure  sont  posés  un  casque  du  genre  armet  et  des  gantelets 
articulés.  Au  c6té  gauche  une  épée  droite,  large,  très  forte 
et  de  section  losangée  soutenue  par  deux  bélières.  Les  pieds 
sont  posés  sur  un  lion  qui  tient  entre  ses  pattes  de  devant  un 
écu  retourné  vers  la  tète  du  chevalier.  Cet  écu  porte  seule- 
ment uu  chef.  Toute  la  sculpture  est  assez  bien  exécutée  et, 
à  part  quelques  cassures,  dons  un  bel  état  de  conservation. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  250  — 

La  seule  inspection  de  l'armure  suffit  pour  démoDlrer 
qu'on  se  trouve  en  présence  d'un  homme  d'armes  ayant  vécu 
à  la  fin  du  xv°  siècle.  La  cotte  d'armes  serrée,  rembourrée 
et  courte  avec  pèlerine  avait  été  abandonnée  sous  Charles 
Vil  et  fut  reprise  sous  Louis  XI.  Les  solerets  à  large  extré- 
mité sont  particulièrement  très  caractéristiques  et  indiquent 
d'une  façon  irréfutable  que  le  personnage  n'est  pas  anté- 
rieur aux  dernières  années  du  xv'  siècle. 

La  chevelure  longue  date  encore  cette  statue.  Les  hommes 
d'armes  portèrent  les  cheveux  courts  jusque  vers  le  milieu 
du  XV'  sièle.  Sous  Louis  XI  et  Charles  VIII  tous  reprirent 
les  cheveux  longs. 

L'époque  étant  ainsi  fixée,  se  présente  la  question  de  savoir 
quel  est  le  personnage.  L'écu  seul  peut  nous  le  dire.  Il  est 
heureusement  assez  bien  conservé  pour  cela.  M.  Jourdan  de 
'a  Passardière  a  recherché  toutes  les  familles  bretonnes  qui 
ont  porté  un  écu  d'un  champ  plein  au  chef  également  plein. 

Je  crois  devoir  transcrire  littéralement  cette  partie  du 
procès-verbal  pleine  d'intérêt.  Elle  montre  avec  quel  soin 
M.  Jourdan  de  la  Passardière  a  étudié  la  question  et  avec 
quelle  netteté  et  quelle  force  il  précise  ses  conclusions. 

Le  président  invite  ensuile  M.  Jourdan  de  la  Passardière  à  expli- 
quer comment  il  est  arrivé  à  ideniifier,  d'une  manière  très  probable, 
la  statue  de  Sainl-Louls  avec  Gilles  de  TexuG. 

H.  Jourdan  de  la  Passardière  répond  que  le  nombre  des  familles 
qui  portent  pour  armes  un  champ  plein  surmonté  d'un  chef  plein 
est  assez  restreint. 

[1  ne  connsil  pour  i^  part  que  les  suivantes  : 

1.  Avaugour  :  d'argent  au  chef  de  guHuIes, 

2.  La  Foresl  :  d'argent  au  chef  de  sable, 

3.  La  Marche  :  de  gueules  au  chef  d'argent, 

4.  La  Hollen  :  d'argent  au  chef  de  sable, 

5.  Ouillou  :  d'argent  au  chef  de  sable, 

6.  Talboël  :  d'argent  au  chef  de  sable, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  251  — 

7.  Texiie  :  d'argent  au  chef  de  sinople, 

8.  Trëmaugon  ;  d'or  au  chef  d'azur. 
On  peut  éliminer  de  suite  : 

1.  Amugour,  rcprésenté'à  celte  époque  par  la  branche  de  Ker- 
groas,  qui  brisait  d'une  màcle.  (François  d'Avaugour  que  l'on  voit 
figurer  en  1489  dans  les  comptes  du  duché,  comme  capitaine  de 
40  lances,  est  le  comte  de  Vertus,  fils  naturel  de  François  II). 

2.  La  Forest,  représenté,  pour  la  Forest  d'Armaillé  par  Jacques, 
conseiller  à  la  Cour,  et  pour  la  Forest  en  Languidic  par  Louise, 
dernière  du  nom,  mariée  à  Tanguy  de  Kermavan. 

3.  Trémaugon,  en  Plounévez-Lochrist  (ne  pas  confondre  avec  le 
chevalier  de  ce  nom,  qui  portait  d'autres  armes),  famille  anoblie 
en  1467  en  la  personne  de  Goulven. 

■1  et  5.  La  MoUen  et  QuiHiou.  familles  peu  considérables  de 
Comouaille,  et  qui  u'ont  pas  marqué  dans  l'histoire  du  pays. 
Jehan  La  Molen  était  archer  en  Brigandine,  en  l'ISl. 

Il  reste  La  Marche,  Talhoët  et  Texûe. 

6.  La  Marche,  famille  importante  de  Comouaille,  dont  le  chef 
en  1431,  Anceau,  sieur  de  Bodriec,  marié  à  Constance  de  Botmeur, 
avait  accompagné  le  duc  Pierre  à  la  Cour  de  Bourges  en  1455  ;  il 
comparaissait  à  la  montre  de  1481  comme  homme  d'armes  à  deux 
chevaux. 

Son  flis  Guillaume  vivait  à  la  fin  du  xv*  siècle  ;  il  avait  épousé 
Marguerite  de  la  Villeneuve. 

Nous  ne  connaissons  aucun  document  rapportant  que  cette 
famille  ait  eu  des  attaches  du  o'iié  deBrest  à  l'époque  qui  nous  occupe. 

Talhoèl,  ancienne  famille  du  pays  de  Vannes,  dont  Guyon,  sieur 
de  Créminec,  que  l'on  trouve  en  1513,  capitaine  et  porte  enseigne 
de  Pierre  de  Poix,  baron  dn  Pont  et  de  Rostrenen. 

En  1526,  il  est  présent  à  une  enquête  sur  l'existence  de  la 
chambre  dos  comptes  de  Guéméné.  En  1527,  il  assiste  à  lé  curatelle 
de  Louis  de  Rohan,  sieur  de  Guéméné.  En  1529,  il  représente  M. 
de  Rohan  h  l'assemblée  de  la  noblesse  de  Bretagne  réunie  pour 
aviser  à  la  rançon  des  enfants  de  François  I".  (V.  Dom  Morice,  in, 
969-976-988.) 

Celte  Tamille  parait  s'âtre  conttnée  dans  son  pays  d'origine. 

8.  Enlin  Texûe,  famille  considérable  du  pays  de  Rennes,  origi- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  2S2  — 

naire  de  la  paroisse  de  Pacé,  dont  Gilles,  capitaine  de  Brest  m 
1498,  remplacé  dans  celle  charge  par  le  voyer  de  Tré^mar,  enlre 
1508  et  1516,  probablement  en  1516. 

La  conclusion  ne  paraît  pas  douteuse  :  les  probabilités  soni  pour 
Gilles  de  Texûe. 

Que  connall-ou  de  Gilles  de  TexQe  et  de  sa  famille  ? 

Peu  de  chose  :  voici  ce  que  rapporleni  à  ce  sujet  tes  Preuves  de 
l'histoire  de  Bretagne, 

—  Ed  1357,  OD  trouve  un  sauf  conduil  pour  Guillaume  de  Texue, 
chevalier,  «t  irois  écuyers.  (û.  Morice,  I.  1517). 

—  De  1371  à  1;Î80,  Robert  figure  comme  écuyer  dans  quaire 
montres  de  Du  Guesclia,  uue  montre  d'Eon  de  Baulon  à  DiDan,  et 
itae  montre  de  Robert  de  Guitlé  à  Paris.  (1.1651  52  58,  II.  186-256.) 

—  En  1414,  Alain,  écuyer,  avec  13  aulres  écuyers  de  sa  compa- 
gnie fait  partie  du  corps  de  3000  hommes  d'armes  et  1500  hommes 
de  Irait  sous  M.  de  Richement.  (II.  907.) 

—  En  1419,  Geffroy,  écuyer  de  la  retenue  du  maréchal  de  Dinan, 
a  sous  ses  ordres  Bonabes  el  Bertrand  de  Texiie,  aussi  écuyers,  et 
accompagne  avec  eux  le  comte  de  Richemonl  à  Angers. 

Bertrand,  qui  avait  suivi  le  duc  Jean  dans  son  voyage  à  Paris,  en 
avril  1418,  aux  gages  de  12  livres  pour  un  mois,  et  qui  servait 
aussi  dahs  la  retenue  de  Bertrand  de  Dinan,  s'arme  en  1420  pour 
le  recouvrement  du  duc,  el  ligure  encore  eu  1426  dans  une  montre 
de  Guy,  sire  de  Gavre.  (II.  917-1011-1105-1197.) 

Bonabes  prêle  serment  au  duc  en  1437.  (II.  1302.) 

—  En  1457,  on  trouve  Noël,  chevalier,  l'un  des  gens  d'armes  du 
maréchal  de  Ualcslroil.  En  1471,  il  est  lieutenant  de  Bertrand  du 
Parc  ;  en  1474  el  1477,  il  préside  en  celle  qualité  les  montres  de  Dinan. 

De  1480  à  1488,  il  est  capitaine  de  Hédé.  (II.  1728.  UI.  393-578.) 

—  Quant  à  Gilles  de  TexUe,  il  débute  en  1480  tomme  cousiilleur 
dans  la  compagnie  de  20  lances  et  30  archers  commandée  par 
Thomas  de  Kerazrel,  qui  devint  plus  lard,  en  1489,  capitaine  de  Brest. 

En  1486,  H  reçoit  mandement  de  rassembler  la  noblesse  et  de  la 
conduire  à  Clisson  pour  résister  aux  ennemis  du  duc. 

En  1488,  il  est  envoyé  en  mission  près  du  roi  de  France,  cl  il  est 
compris  dans  le  béguin  du  duc  François  II  pour  6  aunes  de  noir, 
pour  faire  robe  el  chai>eron. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  253  — 

En  1489,  il  est  cspttaiDe  de  20  hommes  d'armes. 

En  1495,  il  fallait  se  procurer  de  l'argent  pour  subvenir  h  la 
conquête  du  royaume  de  Naples  :  on  Tit  des  réductions  de  solde  el 
de  gages.  Un  étal  dressé  à  Lyon  porte  une  réduction  de  100  livres 
sur  ceux  de  Texûe, 

En  1498,  il  est  compris  au  béguin  de  Charles  VIII  pour  quatre 
aunes  de  drap  ooir.  Il  fait  partie  de  la  maison  de  la  Reine  aux 
gages  de  SOO  livres  et  figure  au  nombre  des  50  hommes  d'armes 
de  sa  garde,  sous  la  charge  du  seigneur  de  Maillé. 

Celle  même  année,  il  est  capitaine  de  20  hommes  d'armes  el  40 
archers  a  la  petite  paye,  et  pourvu  de  la  capitainerie  de  Bresl,  en 
remplacement  de  Guillaume Correl  ou  Carreau, 

Levol  (Hisloire  de  Bresl,  I.  44  et  suiv.j  a  donné  quelques  détails 
sur  ce  dernier  gouverneur;  mais  les  documents  lui  ont  manqué 
sur  celui  qui  nous  occupe. 

En  1501,  Gilles  de  Texûe  avait  800  livres  de  gages. 

En  1506,  il  figure  dans  les  comptes  du  duché  comme  écuyer 
d'écurie  de  la  Reine  Anne. 

En  1508,  il  avait  comme  lieutenant  à  Brest  Jeban  de  Saint- 
Hilaire.  (D.  Morice,  III.  390-540-605-714-753-793-804-856-877-889.) 

Son  décès  se  place  probablement  entre  cette  dernière  date  et 
1516,  époque  à  laquelle  Bertrand  Le  Vayer  de  Trégomar,  seigneur 
de  la  cour,  est  désigné  comme  capitaine  de  Brest  aux  gages  de 
700  livres.  (III.  889.) 

Gilles  de  Textle  est  mort  dans  son  lit.  C'est  du  moins  ce  que 
donne  à  penser  la  position  de  son  casque.  Certains  auteurs  rappor- 
tent en  effet  que  les  chevaliers  qui  perdaient  la  vie  sur  un  champ 
de  bataille  étaient  représentés  le  casque  en  tête  et  l'épée  en  mains. 

La  famille  de  Textlo  s'est  éteinte  au  xvr  siècle,  el  la  terre  de 
Textie  est  entrée  dans  la  famille  de  BrOllon  en  1570  à  la  suito  du 
mariage  de  Bonne  de  Texûe  avec  Pierre,  chevalier  de  l'ordre  de 
Roi,  veuf  de  Françoise  de  Sangay.  Sébastien  Brûllon,  sieur  de 
TexOe,  issu  de  ce  mariage,  épousa  en  1587  Claude  du  Chasiel,  et 
mourut  sans  postérité. 

On  s'est  demandé  comment  le  tombeau  d'un  capitaiae  de  Brest, 
étranger  au  pays  de  Léon,  décédé  près  de  200  ans  avant  l'inaugu- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  254  — 

ration  ie  SaiDl-Louis,  pouvait  se  trouver  dans  le  choeur  de  celte 
égliïie  occupaol  la  posilion  qui  a  failli  amener  sa  destruction. 

Pour  répondre  à  cette  question,  il  faut  attendre  de  nouvelles 
découvertes  ;  ce  que  l'on  admettra  volontiers,  c'est  que  la  pierre 
lumutaire  s'est  b'ouvée  à  portée  des  travaux  de  dallage  lorsqu'ils 
ODi  été  entrepris,  et  aussi  que  le  personnage  qu'elle  représente 
était  tombé  dans  l'oubli  et  ^e  trouvait  alors  sans  parenté  dans  le 
pays. 

D'après  M.  le  dianoine  Guillotin  de  Corson  dans  ses 
grandes  seigneuries  de  Bretagne,  Gilles  de  Texiie  muurut 
le  12  juillet  1514.  Sa  veuve,  Louise  de  Bintin,  lui  survécut 
jusqu'en  1518. 

En  résumé  nous  croyons  avec  M.  Juurdan  de  la  Passardière 
que  nous  sommes  bien  en  présence  de  la  pierre  tombale  de 
l'écuyer  de  la  reine  Anne,  du  vieux  serviteur  du  duc  François 
II  et  d'elle  même  aux  jours  agités  de  sa  jeunesse,  de  ce 
gentilhomme  Gdèle  et  dévoué  auquel  elle  confia  la  garde 
d'un  des  plus  beaux  joyaux  de  sa  couronne  ducale. 

Nous  adressons  toutes  nos  félicitations  à  notre  jeune  sœur, 
la  Société  des  Architectes  de  l'arrondissement  de  Brest,  (jui 
a  fait  œuvre  de  golit  artistique  et  de  religion  archéologique 
en  s'occupant  du  sauvetage  de  cet  intéressant  monument  de 
notre  histoire,  à  ceux  de  ses  membres  qui  l'ont  si  bien  étudié 
et  particulièrement  à  M.  Jourdan  de  la  Passardière  qui  a 
démontré  avec  des  arguments  si  puissants  que  nous  nous 
trouvions  bien  en  présence  du  monument  de  Gilles  de  Texûe. 

Je  prie  notre  Société  de  s'associer  aux  remerciements  dont 
je  me  fais  ici  l'interprète  auprès  de  M.  le  docteur  Marion  dont 
Vobligeanco  est  si  connue  et  qui  a  bien  voulu  nous  en  donner 
une  nouvelle  preuve  en  nous  tenant  au  courant  de  cette 
intéressante  découverte  et  en  nous  fournissant  toutes  les 
indications  qui  précèdent. 

E.  DU  CnEST  DE  Villeneuve. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


XLXLI. 

PRISE  DE  CARHAIX  EN  1590 


Les  archives  départementales  du  Finistère  se  sont  récem- 
ment enrichies  d'un  ceitain  nombre  de  documents  concernant 
la  ville  de  Carhatx,  le  papegaut,  l'entretien  de  l'horloge  et 
des  fontaines  municipales,  le  payement  des  gages  du  maitre 
d'école,  la  nomination  des  députés  aux  Elats,  elc.  |xvii'- 
xviii'  siècles).  Parmi  ces  titres  se  trouvait  la  pièce  que 
nous  publions  et  qui  semble  êlre  sortie  —  probablement  ô 
l'époque  de  la  Révolution  —  du  chartrier  des  représentants 
de  la  famille  Olymant  de  Kcrnegues. 

En  1737,  Charles- Joseph  Olymant,  maître  des  eaux  et 
forêts  de  Bretagne,  époux  de  Renée-Catherine  des  Cognets, 
voulut  faire  admettre  son  fils  Toussaint  parmi  les  pages  du 
Rot  ;  mais  il  se  trouva  fort  embarassé  quand  il  fallut  pro- 
duire des  titres  justificatifs  de  sa  noblesse  antérieurs  à  la  fin 
du  xvii'  siècle  (1).  A  cette  époque  en  effet  les  Olymant 
tenaient  un  rang  relativement  considérable  à  Carhaix,  mais 
n'étaient  pas  considérés  comme  nobles.  Dans  les  nombreux 
actes  concernant  Guillaume  Olymant,  greflier  de  Carhaix, 
René  Olymant,  bailli  des  juridictions  de  Landeleau  et  de 

(1)  Olï  ma  ni,  sieur  de  la  Ville  JaUrez  —  deKernegues,  Kernor,  Kerouno, 
par.  de  Plouguer  —  Carhaix  —  Kerdudal  —  Botivez,  par.  du  Faouet  — 
Goullo,  par.  de  Plouray  —  Kerdaalel.  Mainlenu  au  conseil  de  1717,  ressort 
de  Carbaix.  D'argent  à  i  (asces  de  i^ueules  au  chel  de  sable  qui  est  Kcr- 
negues. Guillaume,  greflier  de  Carhaix,  marié  en  1577  à  Catherine  dame 
deKernegues.  Charles  Joseph,  maître  des  eaux  el  [orèts  de  Bretagne 
coDOrmé  ou  anobli  en  1698  et  Renée-Catherine  des  Cognets  dont  Toussaint, 
page  du  Roi  en  1737.  La  Branche  de  Goullo,  (ondue  en  1613  dans  Rerv6 
René,  sieur  de  Launay,  débouté  à  l'Intendance  en  1701  (Potier  de  Courcy. 
Nob.  de  Bretagne,  3*  édition). 

Des  lettres  patentes  de  janvier  1076  autorisèrent  celte  tamllle  à  aban- 
donner son  nom  Olymant  pour  prendre  celui  de  Kernegues.  (Archives  du 
Finistère.  E.  6M,  38.) 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  258  — 

Châteauneuf,  Yves  Olymant,  recteur  de  Plouguer,  on  ne 
trouve  nulle  part  leur  nom  accompagné  du  litre  d'écuyer  ni 
môme  de  la  banale  qualification  de  noble  homme.  On  ne 
pouvait  l'avouer  à  d'Hozier  ;  au  contraire  on  voulut  lui  faire 
croire  que  les  anciens  parchemins  de  la  famille  avaient 
disparu  dans  l'incendie  de  Carhaix  en  1590.  Dans  ce  but 
deux  notaires  royaux  copièrent  des  passages  bien  choisis 
d'un  vieux  manuscrit  conservé  au  couvent  des  Augustios  de 
Carhaix  qui  relatait  les  malheurs  supportés  par  les  habitants 
de  cette  malheureuse  ville  pendant  les  guerres  de  religion. 
Ces  extraits  faits  dans  un  but  intéressé  ne  sont  malheureu- 
sement ni  très  considérables,  ni  peut-être  très  fidèles.  Les 
notaires  durent  faire  subire  certaines  modifications  au  texte 
qu'ils  copiaient;  nulle  part  ils  ne  mentionnèrent  la  qualité 
de  Guillaume  Olymant  qui  était  «  greffier  de  la  ville  »  jt). 
Cette  situation  modeste  cadrait  mal  avec  les  prétentions  de 
ses  descendants.  Ce  premier  travail  demeura  probablement 
dans  les  papiers  de  la  famille  ;  une  nouvelle  transcription 
fut  faite,  d'une  façon  tout  à  fait  fantaisiste  et  envoyée  à 
Paris  ;  elle  est  aujourd'hui  conservée  dans  l'ancien  cabinet 
des  titres  à  la  Bibliothèque  nationale  (1).  On  nous  montre  G. 
Olymant  bataillant  sur  la  brèche  et  coupant  la  main  droite 
de  Liscouet,  l'un  des  chefs  des  assaillants  (2),  on  ajoute  que 
a  ne  voulant  point  se  rendre  il  fut  fait  prisonnier  n  (?)  ; 
son  parent  René  Olymant  à  la  tête  de  400  cavaliers  combat 
jusqu'à  la   nuit  (3).   Ce   n'est  pas  en  ce  qui   concerne  la 

(1)  Le  chanoine  Moreau.  Histoire  de  ce  qui  s'est  passé  en  Brelagoe.  Ed. 
Le  Bastard  de  Mesmcur,  p.  85. 

{i)  L'existence  de  celte  copie  nous  a  été  révélée  par  la  mentloD  qu'en 
a  faile  Mme  la  comtesse  du  Laz  dans  son  1res  inléressanl  travail  sur 
Carhaix,  set  «Knaattres  et  ses  cbâteauj:  (Revue  de  Bretagne  et  Vendée,1898.) 

(3)  Le  chanoine  Moreau  attribue  ce  fait  d'arme  au  prélre  Linlonel.  Il 
ne  semble  pas  que  Guillaume  Olymant  ait  pris  une  pari  active  aui 
combats  de  Carhaii. 

(4)  D'Hozier  se  laisse  sans  doute  convaincre  puisque  le  jeune  Olymant 
(ut  admis  en  \Til  au  nombre  des  pages  (Potier  de  Courcy,  op.  cit.) 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  25*  -^ 

famille  Olymant  que  le  manuscrit  de  Quimper  et  encore 
moins  le  manuscrit  de  Paris  méritent  grande  confiance, 
mais  ils  permettent  d'ajouter  de  précieux  détails  au  récit 
cependant  si  détaillé  de  la  prise  de  Carhaix,  que  nous  a 
laissé  le  chanoine  Moreau. 

Le  manuscrit  sur  lequel  furent  faîtes  ces  copies  est  proba- 
blement perdu.  En  1737,  il  était  déjà  dans  le  plus  pitoyable 
état  B  la  couverture  usée   mangée  de  vers,    mites,   usée, 

rompue les  premières  pages  usées  de  vieillesse,  rongées 

et  effacées  par  la  poussière n  On  ne   pouvait  lire  le 

contenu  des  douze  premiers  feuillets.  Ensuite  commençait  . 
une  sorte  de  chronique  de  Carhaix  ;  au  folio  23  on  trouvait 
la  transcription  de  l'enquête  faite  en  mai  1591  par  Maurice' 
Bahezre,  conseiller  du  Roi  et  son  lieutenant  juge  ordinaire 
en  la  juridiction  de  Carhaix,  en  vertu  d'une  commission  du 
Conseil  d'Etat  et  des  finances  établi  àNantes  ;  le  récit  des  faits 
concernant  l'histoire  de  Carhaix  reprenait  au  folio  53  par  la 
mention  des  fêtes  célébrées  en  cette  ville,  le  12  octobre  1895, 
à  l'occasion  de  l'absolution  donnée  par  le  pape  à  Henri  IV. 
Ce  manuscrit  ne  semble  avoir  été  consulté  par  aucun  histo- 
rien à  moins  qu'on  ne  doive  le  reconnaître  dans  ce  mémoire 
manuscrit  cité  par  D.  Taillandier  (1)  comme  l'une  des  sources 
de  son  récit  de  la  prise  de  Carhaix. 

Dès  l'année  1588  les  habitants  de  Carhaix,  tous  bons 
catholiques  et  engagés  dans  l'Union,  avaient  dû  prendre 
quelques  mesures  pour  préserver  leur  ville  contre  les  attaques 
des  garnisons  protestantes  ou  royalistes  des  châteaux  voisins; 
Toussaint  de  Beaumanoir,  baron  du  Pont  et  de  Rostrenen, 
était  un  voisin  particulièrement  dangereux  (2). 

(1)  Histoire  de  Bretagne.  Tome  II,  page  338. 

(2)  Tous^iaiat  de  Beaumanoir  ne  lut  pas  l'instigateur  de  la  surprise  de 
Carhaix  du  5  septembre  1590  ;  il  était  mort  à  Rennes  le  17  mars  précé- 
dent et  ses  derniers  jours  avaient  Été  consacrés  au  siège  d'Aocenis  (Com- 
tesse du  Ltiz,  La  Baronnie  de  Rostrenen.  Vannes,  1892i. 

Bdixbtin  ARCuéoL,  DU  PiNisiÊBS.—  TOMS  XXV.  (MéiuoiresJ.    17 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  258  — 

Les  Carhaisiens  «  firent  à  grand  frais  faire  quelques  clô- 
tures en  la  dite  ville  et  prirent  les  armes  et  appellèrent  à 
leur  service  des  gens  de  guerre  qu'ils  soudoièrent  à  leurs 
frais  et  dépens  »  (1),  mais  une  pièce  de  mars  1501  nous 
apprend  de  quelle  façon  bizarre  et  imprudente  était  organisée 
la  défense  ;  a  Les  délibérations  concernant  les  affaires  de 
ladite  ville  estoicnt  faites  en  prosne  de  messe  ou  autres  lieux 
publicqs  où  mesme  les  étrangers  assistoient  et  en  avoîent  la 
congnoissance  de  quoy  a  procédé  le  moien  et  subject  de  la 
prinse  de  ladite  ville,  joinct  le  mespris  et  refus  que  fesoient 
_  aucuns  des  particuliers  et  gens  de  justice  de  participer  et 
assister    auxdictes    délibérations    et    assurer    rexécution 

d'icelles »  (2),  Ces  gens  de  justice  étaient  d'ailleurs  fort 

suspects  aux  ligueurs  :  le  20  février  1590,  Jérôme  d'Aradon 
écrivait  en  son  journal  :  «  Mon  frère  de  Camor  retourna  de 
Kerahèz  où  il  y  avoit  esté  pour  prendre  le  séneschal  et  pro- 
cureur de  Kerahèz  qui   étoient  du  party  des  Huguenots, 

nonobstant  qu'ils  avoient  signé  l'acte  d'Union le  jeudy 

xxii  dudit  mois  mondit  frère  de  Camors  s'en  alla  à  Venues 
et  mena  avec  lui  ledit  séneschal  de  Kerahèz  à  Venues.  » 

Les  royaux  connaissaient  le  mauvais  état  des  défenses 
de  Carhaix,  ils  savaient  aussi  que  le  4  septembre  1590,  la 
fille  de  Guillaume  Olymant,  greflier  de  la  ville,  devait  épouser 
Antoine  Silly,  de  Quimper.  Pour  cette  fête  tous  les 
parents,  tous  les  amis  de  Carhaix,  de  Quimper  et  des  châ- 
teaux voisins  devaient  apporter  leurs  «  plus  beaux  ameu- 

(1)  Ces  précauUoDS  n'étaient  pas  inutiles,  i  II  se  Faisoit  toujours  quelques 
charges  sur  Ees  paysans  de  Basse-Bretagne  qui  esluienl  en  grand  nombre 
eo  armes  et  le  sieur  du  Llscoei  en  delTil  plusieurs  comme  aussi  les  sieurs 
Kergomar,  Bastenay,  La  Treniblaye  et  Sarrouette  ;  la  guerre  était  fort 
agréable  en  ce  pays  là  pour  être  riche,  do  sorte  que  les  gens  de  guerre 
s'y  enrichirent  et  le  nommèrent  .ie  Petit  Pérou  (Journal  de  Jean  du  Mali: 
de  Monlmartin,  Histoire  de  Bretagne,  II,  232. 

(2)  Bequéle  présentée  aus  Etals  de  la  Ligne  en  mars  ll>9i  par  les  habi- 
tants de  Carhaix,  publiée  par  A.  de  Barthélémy.  Choix  de  documents 
inédits  sur  l'histoire  de  la  Ligue  en  Bretagne,  Nantes  1SS9. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  2à9  — 

bements  «,  leurs  plus  précieux  bijoux  soigneusement  cachés 
depuis  le  commencement  des  troubles  |1),  Il  y  avait  un 
riche  butin  à  faire.  Le  lendemain  des  noces  au  point  du  jour 
alors  que  les  habitants  sans  doute  quelque  peu  fatigués  des 
fêtes  de  la  veille  dormaient  encore,  l'ennemi  assaillit  le  mur 
de  l'enclos  des  Augustins  et  pénétra  dans  le  couvent  et  de 
là  dans  la  ville  sans  rencontrer  semble-t-ll  de  résistance.  II 
faut  lire  dansile  chanoine  Moreau  et  dans  la  relation 
anonyme  que  nous  publions  le  récit  de  tous  les  excès  qu'ils 
commirent.  En  vain  les  habitants  des  paroisses  voisines 
s'armaient  ;  les  bandes  indisciplinées  des  paysans  de  Pleyben, 
Plounévez-du-Faou,  Collorec,  Cléden,  Landeleau,  Plouyé, 
Huelgoat,  Châteauneuf,  Lennon,  Loqueffret,  Spézet,  Bras- 
part  vinrent  se  briser  contre  les  troupes  bien  aguerries  des 
vainqueurs  (2).  Les  royaux  cependant  ne  s'établirent  pas  à 
demeure  à  Carbaix.  En  1591,  Maurice  Bahezre,  lieutenant 
du  Roi  enlacourde  Carhaix  (3),  put  faire  une  enquête  et 
dresser  un  procès-verbal  constatant  les  ravages  causés  par 
l'invasion.  De  nombreux  témoins  furent  convoqués  et  racon- 
tèrent longuement  les  maux  qu'ils  avaient  soufferts.  Remar- 
quons qu'un  trait  semble  avoir  frappé  tout  spécialement  ces 
déposants  :  le  malheur  de  cette  pauvre  ville  devenue  déserte 
et  inhabitée  au  point  de  se  trouver  dénuée  de  tavernes  et 
hôtelleries  ! 

En  1592,  La  Fontenelle  vint  se  fixer  à  Carhaix  dans  la  col- 
légiale Saint- Trémeur  transformée  en  forteresse.  Le  séjour 

(I)  Le  chanoine  Moreau. 

l2]  Il  semble  quand  on  lit  le  chanoine  Moreau  que  la  prise  de  Carhalï, 
le  massacre  des  paysans  et  l'incendie  de  la  ville  se  passèrent  à  très  peu  de 
jours  d'inlervaiies.  Notre  documenl,  au  contraire,  établit  que  la  délaile 
des  habitants  de  Pleyben,  etc  ,  et  l'incendie  de  Carbaix,  eurent  lieu 
vers  la  ml-aovenubre,  c'est-à-dire  deux  mois  après  la  prise  de  la  ville 
(â  septembre). 

{3}  l£  30  aodl  1530,  Maurice  Babezre  avait  tait  une  enquête  du  ni£me 
genre  sur  le  pillage  par  du  Lisiïouet  du  cbâteau  de  Tymeur  apparteaaDl 
à  Vincent  de  PIibuc. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  260  — 

de  ce  soi-disant  catholique  ne  fut  sans  doute  pas  moins 
dommageable  à  ses  coreligionnaires  que  le  passage  de  leurs 
ennemis  déclarés.  La  ville  se  releva  très  lentement  de  ses 
ruines  :  en  1593  les  habitants  demandèrent  aux  Etats  de  la 
Ligue  des  exemptions  de  fouages  qu'ils  ne  purent  obtenir  [  i) 
et  jusqu'au  milieu  du  xvii'  siècle  on  les  vit,  écrasés  de 
dettes  et  d'impôts,  indiquer  l'incendie  de  1590  comme  la 
cause  de  la  décadence  de  leur  ville.  Au  nombre  des  maisons 
brûlées  se  trouvait  le  presbytère  ;  les  recteurs  durent  pen- 
dant longtemps  attendre  la  construction  d'un  nouveau  logis  : 
les  paroissiens  reconnaissaient  le  bien  fondé  des  réclama- 
mations,  mais  arguaient  toujours  de  leur  pauvreté  pour 
demander  des  délais  qui  se  prolongèrent  au  moins  pendant 
cinquante  ans.  En  1610,  le  recteur  Yves  Olymant  voulut  se 
faire  donner  quelques  meubles  :  «  3  charlitz  bois  de  chêne, 
un  buifet  pareil  bois,  ungne  paire  d'armoires,  2  coffres,  2 
tables  avec  leurs  escabeaux,  2  charniers  ».  Ces  prétentions 
étaient  modestes  ;  les  paroissiens  cependant  s'étonnèrent 
qu'il  leur  demandât  «  sy  grande  quantité  de  meubles  »  et 
offrirent  «  2  charlitz,  un  buffet,  un  coffre,  une  table  pour 
servir  à  la  cuisine  et  une  petite  table  pour  son  estudde,  un 
charnier  •>.  Force  fut  au  recteur  de  se  contenter  de  ce  mobi- 
lier d'anachorète  (2), 

Un  siècle  plus  tard  cependant  Carhaix  était  redevenu  la 
cité  commerçante  d'autrefois.  L'union  au  siège  de  Carhaix 
de  plusieurs  juridictions,  les  foires  importantes  et  très 
fréquentées  lui  avaient  redonné  une  véritable  prospérité 
qu'atteste  le  nombre  de  ces  tavernes  et  hostelleries  (3)  tant 
regrettées  des  déposants  de  1590  et  redevenues  plus  nom- 
breuses que  jamais. 


|1)  A,  de  BarthélÉmy,  Choix  dt  documents,  etc.,  page  'H. 

(3)  Archives  du  Finistère,  série  E,  Carhais. 

(3J  M.  TabM  FaTé  :  Bovrgeoi)  et  flens  île  méliet-  ù  CarbaU  (1670-17001. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Relation  de  la  prise  de  Cartiaix. 

Extrait  fidellement  collationné  et  tiré  d'un  vieux  manuscrit 

en  forme  de  registre  anciennement  relié,  réglé  et  millésimé, 
dont  la  couverture,  où  il  ne  reste  qu'un  petit  titre  de  par- 
chemin, se  trouve  mangée  de  vers,  mittes,  usée,  rompue  et 
en  partie  déchirée  et  les  premières  pages  se  trouvent  percées 
mangées  de  vers  et  usées  de  vieillesse  et  par  la  poussière, 
lequel  manuscrit  a  été  présenté  et  communiqué  à  nous 
soussignés  notaires  royaux  de  la  sénéchaussée  de  Carhaix 
par  le  révérend  Père  Buriot  actuellement  supérieur  du 
couvent  des  Augustins  de  cette  viUe  et  le  seul  religieux  y 
restant  à  présent  où  nous  n'avons  veu  dans  tout  ledit  manus- 
crit qu'une  écriture  ancienne,  que  celle  des  premiers  feuillets 
est  tellement  usée,  rongée  et  effacée  par  la  poussière  et 
moisissure  que  l'on  ne  peut  en  distinguer  les  caractères  et 
ce  qu'ils  portent,  qu'il  s'y  trouve  des  feuilles  déchirées  et 
enlevées  et  après  avoir  lu  et  examiné  ledit  manuscrit  avons 
veu  et  leu  ce  qui  suit  : 

Scawir  qu'au  é3'  feuillet  verso  et  au  i4''  recto  et  verso,  il 
est  expressément  inséré  et  écrit  (1)  qu3  Guillaume  Olymant, 
sieur  de  Launay,  fut  fait  prisonnier  de  guerre  lors  de  la 
prise  de  la  ville  de  Carhaix  par  les  troupes  des  sieurs  de  la 
Tremblay,  Liscoal,  Coalanroch  et  autres  le  mercredy  5° 
septembre  1590  par  ce  que  ledit  Guillaume  Olymant  et  les, 
habitants  de  la  ville  de  Carhaix  soustenoient  le  party  du  Roy 
Ilftnry  IV  et  qu'ils  avoient  jure  et  protesté  la  Sainte  Union 

(Il  M"  la  C"  du  Laz  n'a  donné  que  quelques  estrails  du  manuscrit 
conserve  a  Paris  (Bibliothèque  Nationale,  Fonds  Français,  32.3i1,  fol.  107 
et  suivants).  Nous  reproduisons  en  note  les  passages  qui  )«  trouvent  ea  cod- 
tradiclion  avec  le  manuscrit  de  Quimper  tel  que  celui-ci  :  i  i{  esf  eajn-es- 
xf  nient  ninrfiie  que  ledit  sieur  du  Liscouet  ayant  monlcù  la  brèche  y  perdit 
In  main  droite  qui  tut  coupée  par  le  sieur  G.  Olymant  de  I^unay,  ce  qui  mit 
lellemcnt  en  fureur  ledit  sieur  du  Liscotl  qu'il  mil  le  (eu  aus  quatre 
coins  de  la  ville  et  surtout  dans  la  maison  dudil  siuur  OtymanI  de 
Launay...  • 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


des  catholiques  par  le  commandement  et  suivant  Tédit  du 
defTunt  Roy  de  bonne  mémoire  Henry  tiers  de  ce  nom  sur  ce 
fait  au  mois  de  juillet  1588,  et  parce  qu'ils  n'avoient  voulu 
révoquer  ledit  serment  et  à  icelle  renoncer  après  le  décès  du 
seigneur  Roy  auroient  été  mal  voulus  par  ceux  qui  tenoient 
leçarti  contraire  à  ladite  Sainte  Union  (ce  sont  les  propres 
termes  rapportés  dans  ledit  manuscrit)  et  après  plusieurs 
menaces  et  entreprises  faites  contre  ladite  ville  de  Carbaix 
par  le  party  contraire,  enfin  ledit  mercredy  5'  septembre 
1590  environ  le  point  du  jour  et  un  peu  auparavant  M"  Gilles 
du  Drésit  et  Laurans  le  Goff,  corporaux,  elant  en  charge 
depuis  le  soir  précédent  fut  ladite  ville  surprise  par  lesdites 
troupes  au  nombre  de  quatre  à  cinq  cents  hommes  de  guerre 
sans  compter  les  laquais  et  goujats  et  après  avoir  pillé  et 
ravagé  tous  les  meubles  de  plusieurs  de  ladite  ville  et  entre 
autres  ceux  de  Guillaume  Olymant  comme  apparent  de  ladite 
ville,  qui  fut  conduit  au  château  de  Quintin  et  la  rançon 
dudit  Guillaume  Olymant  fut  taxée  et  arrêtée  à  quinze  cens 
écus  de  principal  et  trois  ocus  par  jour  pour  sa  dépense 
durant  son  emprisonnement  (ce  sont  les  propres  termes  rap- 
portés dans  ledit  manuscrit)  où  il  est  rapporté  ensuite  que 
la  rançon  de  Guillaume  Olymant  montant  à  la  somme  de 
i  quinze  cens  quatre  vingt  huit  écus  fut  payée  à  toute  rigueur 
le  dimanche  23*  jour  du  même  mois  de  septembre  et  par  ce 
moyen  ledit  Guillaume  Olymant  sortit  de  son  emprisonne- 
ment et  «m /o/i'o /î  recïo  et  verso  il  est  raporlé  que  les  de 
Ploeuc,  Blerrin,  Euzennou,  Lohou,  Cabornais,  Kerampuil, 
Baherre  et  antres  anciennes  maisons  et  familles  des  environs 
de  Carhaix  se  cotisèrent  et  firent  des  emprunts  pour  lever 
la  rançon  dudit  Olymant. 

Dans  ledit  manuscrit,  au  folio  3S  recto  et  verso,  il  est 
rapporté  au  procès-verbal  fait  par  Maurice  Bahere,  con- 
seiller du  roy  et  son  lieutenant  juge  ordinaire  en  la  jaridic- 
tion  de  Carhaix,  en  vertu  de  commission  de  messieurs  du 


,yGooglt: 


Conseil  d'Etat  et  des  Finances  établis  en  la  ville  de  Nantes 
en  datte  du  14  may  1591,  luy  adressée,  signé  Préehin,  pour 
informer  des  ravagements,  brulements,  rançonnementï, 
emports  de  lettres  de  la  trésorerie  de  ladite  ville  et  des  mai- 
sons des  particuliers,  des  greffiers  et  autres  dégâts  et  ruines 
faites  en  ladile  ville  de  Carhaix  et  sur  les  habitants  dudît 
Carhaix  parles  troupes  des  gens  de  guerre  depuis  le  commen- 
cement des  présents  troubles  et  principalement  depuis  la 
prise  de  ladite  ville  qui  fut  le  5  septembre  1590,  dans  lequel 
procès-verbal  il  est  rapporté  que  visitant  le  greffe  dudit 
Carhaix,  les  registres  estant  les  uns  en  déal,  les  autres  en 
feuillets  séparés  ont  été  gastés  par  la  fange,  rompus  et 
décbirés  {ce  sont  les  propres  termes  insérés  dans  ledit  ma- 
nuscrit) jusqu'à  la  déclaration  du  Roy  sur  l'observation  de 
l'édit  d'union  donné  en  janvier  1589  ; 

Au  foho  25,  verso,  il  est  fait  mention  d'une  lettre  escrite 
par  M.  de  la  Villejafîrez,  par  laquelle  il  menace  de  faire  la 
guerre  aux  habitans  de  Carhaix  à  deffaut  de  faire  rendre  le 
sieur  de  Launay  qui  étoit  Cuillaume  Olymant,  et  ses  deux 
laquais  lors  prisonniers  ;  (1) 

Au  folio  26,  verso,  du  même  manuscrit,  il  est  rapporté  que 
la  nuit  du  4  septembre  1590,  la  ville  de  Carhaix  fut  surprise, 
que  les  troupes  en  nombre  de  500  ou  environ  entrèrent  par 
les  jardins  du  couvent  des  Augustins,  pillèrent  et  ravagèrent 
ladite  ville,  rompirent  et  brisèrent  les  armoires  et  coffres 
des  particuliers  qu'ils  trouvèrent  fermés  même  ceux  de 
l'auditoire  et  cliambre  civile  de  ladite  ville  où  estoient  gardés 
les  lettres  des  privilèges,  les  comptes  dos  procureurs  syndics 
de  ladile  ville  et  autres  garants  et  enseignements  qui  ser- 

(I)  Il  ï  a  cerlainenient  ici  une  erreur:  La  Villejadrei  De  pouvait 
réclamer  aux  linbilants  de  Carlialx  G.  Olymaat  qu'il  avait  tait  prisonaier. 
I.n  version  du  manuscril  de  Paris  est  au  contraire  tri^s  compréhensible: 
(  Eosuitc  il  est  marqué  que  le  sieur  delà  Ville  Jatlré  menaça  les  habitants 
Je  CarliaL\,  à  défaut  de  la  cotthe  pour  ladite  raofon  dudit  sieur  Olymant 
et  de  ses  deux  laquais  prisoDuicrs  de  guerre...  •  Résumé  de  M**  du  Laz. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  284  — 

voient  pour  les  franchises,  libertés,  privilèges  de  joyaux 
d'armes  et  droit  de  papegauU.  desquels  les  habitants  de 
Carhaix  jouissent,  ont  été  jetées  sur  les  rues  et  frangés  (ce 
sont  les  propres  termes  insérés  dans  ledit  manuscrit]  ; 

Après  quoy  il  est  rapporté  au  folio  27  recto  dadit  manuscrit 
que  les  troupes  qui  entrèrent  dans  ladite  ville  tuèrent  et 
pendirent  même  jusqu'à  des  prestrcs,  embrasèrent  et  ruinè- 
rent la  ville  qui  devint  pauvre  et  presque  inhabitée; 

E(  au  folio  Î8,  il  est  rapporté  que  le  sieur  du  Liscoal 
ayant  eu  la  main  droite  coupée  les  troupes  mirent  le 
feu  au  milieu  et  aux  quatre  cornières  de  ladite  ville  et 
brûlèrent  grand  nombre  de  maisons  et  tous  les  biens  y 
estant,  enfoncèrent  et  brisèrent  tes  coffres  de  l'audiloire  de 
la  cour  de  Carhaix,  pillèrent  les  papiers  qui  y  étoient.  «  Et 
B  pour  servir  d'information  de  tout  ce  que  dessus.  Nous 
u  susdit  Bahère  avons  été  conduit  aux  quatre  portes  de 
a  ladite  ville,  et  ppemièroment  à  la  porte  de  Rennes  près 
a  d'une  maison  appartenant  à  Guillaume  Olymant,  sieur  de 
u  Launay,  et  avons  ensuite  .continué  à  visiter  les  autres 
«  portes  et  tour  de  ladite  ville  pour  en  examiner  les  dégâts.  » 

Et  au  folio  S4,  35,  36  recto  et  verso  dudit  manuscrit  est 
rapporté  la  déposition  de  Guillaume  Blaès,  notaire  royal  de 
la  juridiction  de  Carhaix,  âgé  de  57  ans,  qui  dépose  qu'in- 
continent après  le  commencement  des  présents  troubles 
commencés  en  France  en  l'an  1588,  le  sieur  baron  du  Pont 
qui  demeuroit  en  son  château  de  Rostrenen  à  quatre  lieues 
de  Carhaix  fut  un  des  premiers  qui  prit  les  armes  et  leva 
plusieurs  compagnies  pour  faire  In  guerre  au  pays  et  voulant 
réduire  à  sa  dévotion  les  habitants  de  Carhaix  qui  ne  vou- 
laient se  soumettre  audit  sieur  baron  du  Pont  firent  à  grands 
frais  faire  quelques  chtiures  en  ladite  ville  et  prirent  les 
armes  et  appellôrent  à  leur  service  des  gens  de  guerre  qu'ils 
soudoièrent  à  leurs  frais  et  dépens  jusqu'au  commencement 
du  mois  de  septembre  1590  que  ladite  ville  fut  prise  par  les 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  265  — 

troupes  des  garnisons  de  Quintin,  Moncontour,  Ro&trenen, 
conduites  par  les  sieurs  de  la  Tremblaye,  Liscoat,  Ville- 
jaffrez  et  autres  chefs,  où  la  ville  de  Carhaix  fut  prise  le  5 
septembre  1590  et  entièrement  ravagée  par  environ  500 
hommes  qui  y  entrèrent  et  y  beurent  tous  les  vins  qu'ils  y 
trouvèrent,  mangèrent  les  provisions,  bruslèrent  et  empor- 
tèrent tout  ce  qu'ils  peurenl  :  les  dites  troupes  étant  de 
rechef  venues  àCarhaix  au  mois  de  novembre  suivant  firent 
ravage  de  tout  ce  qu'elles  trouvèrent  de  reste  et  mirent 
encore  le  feu  dans  la  ville  et  ont  entr'autres  brulâ  deux 
maisons  audit  Guillaume  Olymant  avec  tout  ce  qui  y  étoit 
et  où  il  fut  commis  tant  de  meurtres,  bmlementz  et  ravage- 
ments  et  autres  actes  d'hostilités  qu'il  est  impossible  de  les 
particulariser. 

Au  folio  31  verso,  39,  40  recto  et  verso  se  trouvent  rap- 
portée la  déposition  de  Jean  Henry,  sergent  royal  de  la 
Juridiction  de  Carhaix,  Agé  de  27  ans,  qui  dépose  qu'au 
commencement  de  ces  guerres  civiles  il  a  veu  les  habitants 
de  Carhaix  baricader  et  clore  de  murailles  leur  ville  n'y 
laissant  que  quatre  portes  et  entrées  ot  faire  la  garde  ordi- 
naire dans  leur  ville  et  gager  ù  leurs  frais  des  gens  de 
guerre  jusqu'au  commencement  de  septembre  1590  que  la 
ville  fut  surprise  par  grand  nombre  de  gens  de  guerre 
conduits  par  les  sieurs  de  la  Tremblaye,  Liscoat,  Ville- 
jalîpez  et  autres,  où  les  troupes  commirent  de  grandes 
cruautés,  pendirent,  tuèrent  et  massacrèrent  partie  des 
habitants  jusqu'à  des  prostrés  et  mirent  le  feu  dans  plu- 
sieurs maisons,  dit  de  plus  que  les  mêmes  troupes  environ 
la  my-novembre  suivant  1590  retournèrent  audit  Carhaix, 
tuèrent  et  firent  mourir  plus  do  400  hommes  tant  gentils- 
hommes qu'autres  qui  se  présentèrent  pour  les  combattre, 
à  l'issue  duquel  combat  le  sieur  du  Liscoat  ayant  perdu  la 
main  droite,  en  colère,  fit  allumer  le  feu  et  brûler  les  meil- 
leures et  plus  apparentes  maisons  de  la  vitle,  entre  autres 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  266  — 

deux  audit  Guillaume  Olymant,  avec  tout  ce  qui  y  étoit,  ce 
qui  étonna  et  intimida  de  telle  façon  lesdits  habitants  qu'ils 
abandonnèrent  ladite  ville  et  se  retirèrent  pour  faire  leurs 
demeures  et  conserver  leurs  personnes  ailleurs,  partie  à 
Quimper,  les  autres  à  Morlaix,  Concarneau  et  d'autres  dans 
les  campagnes  et  forêts  d'Huelgoat.  de  manière  que  ladite 
ville  est  devenue  pauvre  et  déserte,  inbabitée  et  même  sans 
tavernes  ny  hôtelleries  n'ayant  aucune  asseurance  pour 
personne  spécialement  pour  les  gens  de  justice,  qui  n'osoîent 
l'exercer  parce  qu'on  rompît  deux  coffres  qui  étoient  dans  la 
chambre  criminelle  et  en  l'auditoire  de  la  ville  où  estoient 
les  lettres,  actes  concernant  la  communauté  de  ladite  ville 
et  ses  privilèges  qui  y  étoient  enfermez  et  firent  de  grands 
dégâts  tant  en  ladite  ville  que  dans  le  terroir  de  son  voi- 
sinné.  Ainsy  signé  :  i.  Henry. 

Au  folio  a,  i2  et  4S  verso  et  recto  du  même  manuscrit, 
il  est  rapporté  la  déposition  d'Hervé  Guillaume,  notaire  royal 
de  la  juridiction  de  Carhaix,  âgé  de  28  ans,  qui  dé poze  qu'en 
l'an  1590  au  mois  de  septembre  les  gens  de  guerre  conduits 
par  le  S"  du  Liscoat,  Tremblaye,  Villejaffrez  et  autres  sur- 
prirent la  ville  de  Carhaix,  la  pillèrent,  ravagèrent  et  brû- 
lèrent 22  maisons  de  ses  fauxbourgs,  firent  prisonniers  les 
plus  riches  et  notables  de  la  ville  qu'ils  transportèrent  les 
uns  aux  châteaux  de  Moncontour  et  les  autres  à  Quintin  où 
ils  furent  contraints  de  payer  rançon,  dit  de  plus  qu''environ 
la  Toussaint  dudit  an  1590  les  mêmes  gens  de  guerre,  au 
nombre  de  cinq  à  six  cent,  retournèrent  de  rechef  en  ladite 
ville  de  Carhaix  où  ils  ravagèrent  et  pillèrent  de  rechef  ladite 
ville  et,  lorsque  lesdites  gens  de  guerre  sortirent  de  Carhaix, 
ils  mirent  le  feu  aux  quatre  cornières  de  la  ville  où  entre 
autres  fut  brusiée  la  maison  dudit  Guillaume  Olymant, 
ce  qui  obligea  les  habitants  qui  purent  se  sauver  de  se 
retirer  à  Quimper,  Morlaix,  Concarneau  et  aux  champs, 
n'ayant  aucune  sûreté  ny  tranquillité,  en  ladite  ville  qui  est 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  -  267  — 

à  prézent  abandonnée  aux  gens  de  guerre  qui,  en  passant 
et  repassant,  beuvoient  et  mangeoient  à  discrétion  sans 
rien  payer,  ce  qui  obligea  les  principaux  de  ladite  ville 
jusques  aux  hôlelliers  et  taverniers  d'abandonner  leurs 
maisons,  de  façon  que  ladite  ville  est  à  présent  tellement 
dépourvu  de  tout  et  de  vin  que  l'on  est  obligé  d'en  aller 
chercher  à  plus  de  trois  lieues  pour  célébrer  les  messes. 
Ainsy  signé  H.  Guillaume. 

^w  lolio  44,  45,  46,  47  et  48  recto  et  verso  dudit  manuscrit 
se  trouve  rapportée  la  déposition  de  M'  Louis  Le  Boutch, 
prestre,  âgé  d'environ  52  ans,  qui  dépose  que  Carhaix  est 
une  des  villes  les  plus  fréquentée  et  renommée  de  la  Basse- 
Bretagne  à  cause  de  ses  grandes  foires,  des  marchands  qui 
y  abondent  de  toutes  parts  avec  toutes  sortes  de  marchan- 
dises, pour  quoi  il  y  a  eu  un  grand  nombre  de  taverniers  et 
bosteliers  ;  que  le  sieur  .baron  du  Pont,  qui  demeuroit  en 
son  château  de  Rostrenen,  ayant  pris  les  armes,  levé  plu- 
sieurs compagnies  de  gens  de  guerre  et  voulant  réduire  à  sa 
dévotion  la  ville  de  Carhaix,  les  habitants  appellôrenl  à  leur 
secours  des  gens  de  guerre  qu'ils  entreteuoient  à  leurs  frais 
et  dépens  et  fortifièrent  ladîle  ville,  mais  dit  qu'au  5  sep- 
tembre 1590  les  garnisons  de  Montcontour,  Corlay,  Quintin, 
Coplay  et  Rostrenen,  conduites  et  commandées  par  les  sieurs 
de  la  Tremblaye,  Liscoat,  Villejaffrez  et  quelques  autres, 
surprirent  la  ville  de  Carhaix  et  la  ravagèrent  entièrement, 
prirent  prisonniers  de  guerre  les  plus  notables  et  plus  riches 
qu'ils  conduisirent  à  Monconlour  et  Quintin,  massacrèrent 
et  tuèrent  plusieurs  liabitans,  beurent  et  mangèrent  toutes 
les  provisions  et  emportèrent  tous  les  meubles  qu'ils  purent, 
brûlèrent  grand  nombre  de  maisons,  intimidèrent  et  effrayè- 
rent en  telle  façon  le  surplus  des  habitants  qui  avoient 
quelques  biens,  qu'ils  se  sauvèrent,  les  riches  dans  les  villes 
et  les  pauvres  dans  les  champs  et  forôts,  les  gens  de  guerre  , 
vivant  â  discrétion  et  sans  rien  payer  ce  qui  obligea  jusques 


n,g,t,7.cbyG00glC 


—  268  — 

aux  hotelliers  et  taverniers  de  cesser  et  quitter  leurs  pro- 
fessions et  ce  qui  rendit  la  ville  si  pauvre  et  si  déserte  qu'il 
n'y  restait  plus  une  goutte  de  vin  et  qu'on  estoit  obligé  d'en 
aller  chercher  ailleurs  pour  dire  la  messe,  —  dépose  de 
plus  qu'au  mois  de  novembre  suivant,  les  mêmes  troupes 
entrèrent  dans  la  ville  de  Carhaix,  ravagèrent,  abhatirent 
et  ruinèrent  toutes  les  portes  et  delïenses  que  les  habitans 
de  Carhaix  avoient  fait  en  ladite  ville,  mirent  le  feu  en  un 
grand  nombre  des  plus  apparentes  et  plus  belles  maisons  et 
entre  autres  a  été  brûlée  la  maison  dudit  Olymant  de  façon 
qu'il  ny  avoit  assseurance  ny  seurelé  pour  personne  ny 
officiers  de  justice  qui  ne  l'administrèrent  que  rarement  et 
lorsqu'on  tenoil  l'audîance  l'on  faisoit  tenir  une  sentinelle 
au  guet  pour  découvrir  la  venue  des  gens  de  guerre  qui  se 
rendoient  lorsqu'on  pensoit  le  moins  à  Carhaix  pour  y  faire 
des  prisonniers  et  enlever  les  provisions  qu'ils  y  trouvoient 
sans  rien  payer  et  pour  piller  lesdits  habitants  —  dit  de  plus 
que  les  gens  de  guerre  ont  rompu,  déchiré  et  emporté  les 
archives  où  étoient  les  privilèges  anciens  et  garents  con- 
cernant les  joyaux  et  papegaultz  et  la  police  de  ladite  ville 
et  ont  bruslé  jusques  aux  boisages,  bulTets,  tables  et  autres 
meubles  qu'ils  trouvèrent  et  qu'ils  ne  pouvoient  emporter. 
Ainsi  signé  :  Boulch. 

Au  folio  48,  49,  50,  51,  52  et  53  sont  aussy  rapportées  les 
dépositions  d'Antoine  de  Rozcaere,  notaire  royal  de  la  juri- 
diction de  Carhaix,  Agé  de  37  ans,  de  Jean  de  Cabornais, 
âgé  de  38  ans,  qui  déposent  unanimement  que  les  troupes 
des  sieurs  du  Liscoat,  Tremblay,  Villejaffrez  et  autres  ayant 
surpris  la  ville  de  Carhaix  le  5  septembre  1590  la  pillèrent, 
la  ravagèrent  et  firent  des  prisonniers  de  guerre  qu'ils 
conduisirent  aux  châteaux  de  Montcontour  et  Quintin  aux- 
quels ils  firent  payer  rançon  pour  avoir  leurs  libertés, 
brûlèrent  partie  de  la  ville,  et  qu'au  mois  de  novembre 
suivant   1590  les  mêmes  troupes  retournèrent  à  Carliaix, 


n,g,t,7.cbyGOOgIC 


-  2eft- 

ftairent  de  la  piller  et  ravagèrent  jusque  aux  archives  et 
privilèges  qui  estoient  tant  dans  l'auditoire  que  dans  la 
chambre  criminelle,  beurent  et  mangèrent  les  provisions 
sans  rien  payer,  enlevèrent  tous  les  meubles  qu'ils  peurent 
et  brûlèrent  le  reste  ayant  mis  le  feu  aux  quatre  cornières 
de  la  ville  qui  devint  pauvre,  déserte.  Inhabitée  et  oii  il  ne 
se  trouvoit  pas  une  goutte  de  vin  pour  célébrer  la  messe  n'y 
estant  restés  que  de  pauvres  gens  —  disent  aussy  que  l'église 
collégiale  de  Sainl-Tremeup  fut  pillée  ainsy  que  les  croix 
d'argent,  les  calices  et  autres  ornements  d'église  jusqu'à  la 
Sainte  Hostie  qui  fut  jetée  de  la  custode,  pour  quoy  noble  et 
vénérable  Jean  de  la  Gareine,  chanoine  de  Cornoaille,  fut 
commis  par  Mgr  l'évoque  de  Cornoaille  pour  reconcilier  les 
églises  de  Carhaix  qui  avoient  été  polluées. 

Ce  sont  les  propres  termes  portes  par  ledit  manuscrit  où  il  est 
parléensuitedesdifférentes  reliques  qui  sont  dansladite  église, 
de  la  huile  du  Saint-Père  pour  les  confrères  du  Saint-Sacre- 
ment en  l'autel  nouveau  fondé  et  octroyé  en  l'église  collégiale 
de  Saint- Tremeur  en  la  ville  de  Carhaix  avec  les  indulgences 
y  attachées  (1),  —  où  il  est  encore  rapporté  les  différentes 
cérémonies  qui  eurent  lieu  à  Rome  au  mois  de  septembre 
1595  pour  l'absolution  accordée  par  le  Pape  à  Henry  IV  à  la 
prière  de  M.  du  Perron  comme  procureur  du  Roy  de  France 
et  de  Navarre  avec  M.  d'Ossat,  laquelle  absolution  fut 
adressée  à  M.  de  Saint-Luc,  lieutenant  du  Roy  en  son  armée 
de  Bretagne  étant  avec  ladite  armée  en  la  ville  de  Carhaix, 

'1)  L'Église  de  Saint-Tremeur  fui  pillée  avec  ses  oroemcnU,  et  la  sainte 
hostie  jel^  de  sa  custode,  dû  turenl  luées  et  prises  prisonnières  plus  de 
OIX)  |)ersonnes,  tant  gcntishommes  qu'autres  et  où  René  Oljinaut,  bailli 
des  juridictions  do  Gt)Steauneu[  el  de  Landeieau,  fut  fait  prisonnier  de 
guerre  et  it  lui  coûta  pour  sa  rançon  1300  écus  et  une  haquenée  blanche. 

f  Et  ledit  Olj'inant  s'estanl  sauvé  à  la  tête  de  4U0  chevaux  par  le 
Moustoir  tut  allaqué  par  les  troupes  dudit  sieur  du  Liscoèt,  et  se  battirent 
jusqu'à  la  nuit.  Ensuite  ledit  sieur  Olymant  se  relira  au  cbâteau  qui  y 
esloil  (*?)  •  Résumé  et  e:(lrait  du  manuscrit  de  Paris  publiés  par  M"  du 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  2Ï0  — 

le  jeudy  12  octobre  1595  jour  auquel  on  fit  un  feu  de  joye  à 
Carhaix. 

Et  plus  avons  vu  d'attache  audit  manuscrit  deux  actes  par 
originaux  passés  au  rapport  des  noltaires  royaux  de  Carhaix 
l'un  en  dalfe  du  16  mars  1600  et  l'autre  3  novembre  1601 
par  lesquels  Louis  Cochennec,  seigneur  du  Lescoat,  héritier 
de  M"  René  Euzennou  et  d"'  Gilctte  Cabornais  déclarent 
quitter  Guillaume  Olymant,  sieur  de  Launay,  demeurant  au 
manoir  de  Kernegues,  des  sommes  qu'ils  leur  avoient  prêtées 
en  1590  pour  payer  sa  rançon  lorsqu'il  fut  fait  prisonnier  de 
guerre  ;  les  deux  actes  ainsi  signés  :  Cochennec,  Cabornes. 

Je,  soussigné,  F.  Guillaume  Benriot,  actuellement  supé- 
rieur du  couvent  et  seul  religieux  y  étant  dans  le  couvent 
des  Augustina  de  cette  ville  de  Carhaix  déclare  que  la  pré- 
sente copie  a  été  fidellement  collationnée  et  tirée  par  extrait 
d'un  ancien  manuscrit  que  j'ay  communiqué  à  M' Kernegues 
En  foy  de  quoyj'ay  soussigné  à  Carhaix,  le  24  mai  1737, 
Signé  :  F,  Benriot. 

La  présente  copie  par  extrait  a  été  par  nous  notaires 
royaux  à  la  sénéchaussée  de  Carhaix  fidellement  tirée  et 
collationnée  sur  un  vieux  manuscrit  ainsi  et  tel  qu'il  est 
raporlé  dans  son  intituUé  après  l'avoir  leu,  confronté  et 
examiné  ledit  encien  manuscrit  avec  les  deux  actes  par 
originaux  mentionnés  à  la  fin  du  présent  extrait  et  qui  se 
trouvent  d'attache  audit  manuscrit  l'un  en  datte  du  16  mars 
1600  et  l'autre  acte  du  3  novembre  1601,  les  deux  passés  au 
rapport  de  G.  Morin  et  de  J.  Ausfres,  notaires  royaux,  les- 
dits  deux  actes  d'eux  signés  et  de  Cochennec  et  Cabornes, 
lequel  entier  manuscrit  nous  a  été  présenté  par  le  Révérend 

Père  Benriot etc 27  may  1737...    Signé  C.   Parault, 

notaire  royal.  Le  Bouedec,  notaire  royal.  Controllé  à  Car- 
haix le  29"  may  1737.  Receus  dix  huit  sols.  Signé  :  Faus- 
seaux. 


...Google 


-2»)  - 

Nous  Messire  Pierre-Alexandre  Uzîlle  de  KerveWs, 
conseiller  du  Roy  et  son  lieutenant  civil  et  criminel  en  la 
sénéchaussée  de  Carhaix,  certiflions  à  qui  il  appartiendra 
que  les  signes  de  l'autre  part  et  cy  dessus  sont  ceux  dudit 
Père  Beuriot,  religieus  augustin,  des  notaires  royaux,  etc.. 
29  mai  1737.  Signé  :  P.  A.  de  Kervelers  Uzille. 

Collationné  par  nous,  escuyer,  conseiller  du  Roy,  maison, 
couronne  de  France  et  de  ses  finances. 

Sainsok. 

A  cette  pièce  est  jointe  une  note  non  signée  dans  laquelle 
on  prie  M.  d'Hozier  «  de  vouloir  bien  faire  ses  observations 
et  attentions  que  si  M.  Kernègues  ne  produit  pas  beaucoup 
de  titres  antérieurs  à  1590  ce  défault  ne  vient  que  »  de 
l'incendie  de  sa  maison  attesté  par  la  pièce  produite. 

H.  Bourde  de  la  RoGEniE. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


xx_r. 

LES  ANCIENNES  CORPORATIONS  BRESTOISBS 


iMÊ  Charpentiers  et  les  Callata  de   marine. 
Im  Conirérie  de  Salnt-Elme. 


Ecrire  l'histoire  des  charpentiers  de  marine,  dans  un  de 
nos  grands  ports,  entraînerait  à  faire  celle  de  l'architecture 
navale  tout  entière,  et  je  ne  saurais  même  esquisser  un  pareil 
tableau,  sans  m'écarter  du  but  que  je  me  suis  imposé.  Je 
serai  néanmoins  forcé,  au  sujet  de  cette  catégorie  profession- 
nelle, d'entrer  dans  quelques  détails  généraux. 

Il  n'y  eût  pas  d'abord  de  distinction  précise  entre  les 
marines  marchande  et  militaire.  Lorsque  celle-ci  commençï 
à  s'organiser,  le  Roi  prît  ses  capitaines  «  entretenus  »  parmi 
les  hommes  qui  s'étaient  distingués  au  cours  de  navigations 
commerciales  ou  de  course  ;  de  même,  lorsqu'il  voulut  avoir 
des  arsenaux,  il  tira  des  constructeurs  de  la  corporation  des 
charpentiers  et  il  attacha  à  son  service  les  maîtres  les  plus 
réputés  dans  l'art,  en  France  et  à  l'étranger. 

Mais, de  très  bonne  heure, on  sentit  la  nécessité  d'assurer, 
pour  la  sécurité  de  la  navigation  et  des  intérêts  commerciaux, 
des  règles  dans  la  construction  des  navires,  de  former  une 
corporation  capable  de  les  appliquer  et  de  les  conserver  avec 
plus  d'intelligence  et  de  soin  que  par  le  passé.  A  des  époques 
où  le  navire  était  très  surchargé  «  dans  les  hauts  »,  très 
alourdi  par  de  puissantes  mâtures,  sans  protection  sur  ses 
flancs  par  l'absence  de  doublage,  il  fatiguait  beaucoup  à  la 
mer  ;  ses  membrures  se  disloquaient  trop  aisément  à  la  suite 
d'une  tempête  ;  il  se  laissait  pénétrer  par  l'eau  jusqu'à  som- 
brer, ou  de  manière  à  compromettre  la  cargaison  et  les 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  2ïà  - 

vivres,  en  même  temps  que  la  santé  des  équipages  ;  ses  bois 
pourrissaient  vite  et  trop  tôt  il  devenait  hors  d'usage.  On 
songea  donc  à  avoir  d'excellents  ouvriers  techniques,  et  pour 
la  charpenterie  et  pour  le  calfatage,  les  uns  destinés  aus  tra- 
vaux de  la  construction,  les  autres  aux  travaux  plus  humbles, 
mais  peut  être  non  moins  minutieux,  de  la  protection  exté-, 
rieure,  au  moyen  d'un  enduit  de  goudron. 

L'ordonnance  de  1584  (1)  s'est  occupée  de  bieo  déterminer 
les  obligations  et  la  situation  de  ces  catégories  : 

a  Art.  96.  Pour  obvier  aux  inconvéniens  que  jeunes  calfa- 
teurs  apportent  aux  navires,  y  aura  en  chacun  port  maîtrise 
de  charpenterie  et  calfaterie.Nul  n'y  pourra  estre  faict  maistre, 
qu'il  n'y  ait  esté  apprenty  trois  ans,  et  faict  chef  d'œuvre  en 
présence  des  maistres  et  gardes,  lesquels  y  seront  establis 
par  l'admirai  ou  son  commis,  es  lieux  où  tuy  ne  son  lieute-- 
naut  ne  pourroîent  vacquer  présens,  lesdils  maistres  et 
apprentis  feront  le  serment  accoustumé  :  et  ne  pourront  les 
apprentifs  besongner  aux  fonds  des  navires,  ains  aux  mortes 
œuvres  et  tillac.  Quand  les  fonds  se  prendront,  l'un  des 
gardes  du  mestier  y  sera  tenu  d'assister,  et  comme  le  calfat 
(calfatage)  se  fera,  le  descouvrira  pour  voir  s'il  yafaute.  Car 
s'il  s'y  en  trouve  par  après,  sera  puny  co  rpo  relie  me  nt  :  veu 
que  soubs  leur  fiance  tant  de  gens  hasardent  leur  vie.  Et  sera 
tenu  le  propriétaire  payer  ledit  garde  de  son  salaire,  à  raison 
de  sept  sols  tournois  pour  marée  (2),  ou  autre  somme  qui 
sera  arbitrée,  présens  les  eschevins,  bourgeois  ou  autres 
cognoissans,  que  l'admirai  y  mettra. 

«  Art.  97,  Pour  retrancher  le  salaire  de  ces  gens,  voulons 
qu'ils  soient  retranchez  par  l'admirai  ou  son  commis,  présens 


[[)  La  cûnférence  des  ordonnance»  royaux  psi  P.  Gaeaoyaei  L.  Cbtrondai 
Le  Caron,  p.  115. 

(ï)  Le.  navire  ëtaat  supposé  •  aballu  en  carËne  >  pour  le  caKaiage,  opé- 
ralioD  qui  s'exécutait  sur  des  cales  ou  des  lieux  que  la  marée  haute  recwi- 
vrait  :  de  là,  l'appréciation  de  la  durée  du  travail  et  des  visites  par  maréfe 
Bulletin  archéol.  du  Finistère.—  Xohb  XXV.  (Mémoires).  18 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  274  — 

Jeé  susdits,  ou  que  l'ancien  règlement  (pour  les  salaires)  soil 
gardé  (1)  scavoir  : 

«  Au  maistre  charpentier,  calfatcur,  conduisant  l'ouvrage, 
depuis  le  15*  janvier  jusques  au  15°  d'octobre  par  chacun 
jour  10  sols  tournois,  et  s'ils  besongnent  aux  marées,  pour 
chacune,  6  sols. 

s  A.  chacun  des  autres  charpentiers  et  calfateurs  7  sols 
par  jour  et  pour  marée  A  sols  6  deniers  tournois. 

B  A  chacun  apprenty  par  chacun  jour  3  sols  tournois. 

«  Et  depuis  le  15°  octobre  jusques  au  15"janvier,  au  maistre 
conduisant  l'oeuvre  8  sots  par  jour  et  pour  marée  6  sols. 

fl  A  chacun  desdits  maistres  charpentiers  6  sols  6  deniers 
par  jour,  et  par  marée  4  sols,  avec  défense  d'en  prendre  ou 
donner  davantage  que  la  taxe:  sur  peine  de  33  escus  un 
tiers  d'amende  applicable  moitié  à  l'accusateur,  moitié  à 
qui  il  appartiendra  et  à.  tenir  prison  jusques  à  plein  payement, 
nonobstant  appel  et  sans  préjudice  d'iceluy.  » 

Art.  98.  Les  charpentiers  peuvent  prendre  les  copeaux 
provenant  de  la  construction  et  du  radoub  des  navires. 

La  rareté  des  sujets  capables  d'entreprendre  les  métiers 
de  charpentier  et  de  calfat,  la  difTicutté  de  les  maintenir  trop 
étroitement  séparés  dans  le  plus  grand  nombre  des  localités, 
celle  de  les  assujettir  à  un  apprentissage  régulier,  avec  des 
maîtres  eux-mêmes  formés,  pour  la  plupart,  par  routine,  et 
dépourvus    de    connaissances    théoriques    réductibles    en 

(1)  Sans  parler  des  coutumes  locales,  il  y  avait  eu  des  règlements  con- 
cerDBDl  la  marine,  prooiuiguÉs  en  1517  et  1&J3.  La  Bretagne,  d'après  le 
contrat  de  rËunion  à  la  France,  conserva  ses  privilèges  ;  la  charge  d'amiral 
de  Bretagne  fut  maintenue,  non  toujours  sans  restrictions  ou  canlestallons, 
et,  de  fait,  seulement  iucraliïe  et  honorifique,  annexée  à  celle  de  gouver- 
neur de  la  province.  Dans  l'administration  des  adaires  maritimes,  la  Bre- 
tagne subit  nécessairement  l'influence  des  règleraen talions  générales.  Sous 
Louis  XIV,  malgré  Toclrol  d'une  ordonnance  spéciale,  ses  juridictions 
d'amirauté  basèrent  leur  exercice  sur  celle  de  f6Sl  Bien  entendu,  la 
marine  mllilaire,  dès  qu'elle  reçut  un  commencement  d'organisation,  releva 
13  à  tout  le  royaume. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  27h  — 

principes,  l'obligation  d'une  initiation  par  une  longue 
pratique  à  bord  des  vaisseaux  et  le  danger  de  confier  des 
travaux  de  fond  à  des  novices,  firent  qu'on  ne  tint  guère 
la  main  à  l'exécution  des  ordonnances  et  règlements  concer- 
nant la  maitrise  et  l'apprentissage  de  ces  métiers. (Vallin)  (1) 

On  évita  avec  soin  toute  mesure  de  gène  ou  de  contrainte, 
qui  eut  écarts  d'utiles  professions  des  individus  que  l'on 
cherchait  plutôt  à  encourager.  Par  ordonnance  de  1629, 
Louis  XIII  manifeste  l'intention  a  de  gager  50  maîtres  char- 
pentiers, pour  être  employés  à  la  construction  des  vaisseaux 
et  à  visiter  les  fonds  des  navires  qui  étoient  en  mer....  » 
Sous  Louis  XIV,  Colbert  ordonne  aux  intendants  des  porta 
de  rechercher  les  sujets  les  plus  capables  dans  chaque 
spécialité,  afin  de  les  attacher  au  service  du  Roi  ;  12  char- 
pentiers doivent  être  u  entretenus  »  dans  le  port  de  Brest. (2) 

C'est  alors  que  la  marine  s'organise  définitivement.  Celle 
de  guerre,  dont  Richelieu  a  ébauché  la  création,  prend  corps 
et  reçoit  une  base  solide  par  la  codification  d'une  importante 
série  de  règlements,  dans  l'ordonnance  de  1689  ;  celle  du 
commerce  a  déjà  reçu  la  sienne  par  l'ordonnance  du  mois 
d'août  1681. 

Personne  n'ignore  ce  que  fut  le  navire  de  guerre  d'au- 
trefois. L'architecture  navale  atteint,  sous  Louis  XIV, 
l'apogée  du  grandiose  et  du  beau  ;  la  citadelle  flottante  est 
non  seulement  une  œuvre  d'admirables  dispositions  pour 
l'attaque,  maïs  encore  une  œuvre  d'art  ;  charpentiers  et 
sculpteurs  ont  rivalisé  de  savoir,  d'ingéniosité,  d'audace  ou 
d'imagination  heureuses,  pour  lui  donner,  malgré  son  aspect 
formidable,  les  caractères  de  la  richesse  et  de  l'esthétique 
la  plus  rafiinée.  Ceux-là  qui  élèvent  sur  les  cales  et  livrent 

(1)  Vallin,  Nouveau  commentaire  à  l'ordonnance  de  la  ntan'ne  de  I68[. 
La  Rocbelle,  1766,  I.  &89-590. 

i)  Levot,  Histoire  de  Brest,  II.  ljj-156. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


J 


—  2t6  — 

à  l'Océan  de  si  merveilleux  monuments  sont  de  simples 
ouvriers,  du  moins  ne  sont-ils  pas  distingués  d'entro  les 
autres  classes  d'artisans.  Un  Puget  travaille  à  Toulon 
comme  sculpteur  du  Roi,  dans  l'arsenal  ;  à  Brest,  les  Hubac, 
les  Pangalo,  les  Hélie,  maîtres  charpentiers  du  Roi,  dirigent 
les  constructions.  11  a  fallu  presque  improviser  cet  important 
service.  Le  jeune  Hubac  (Etienne),  fils  de  Laurent,  «  maistre 
de  la  charpenterie  du  Roy  »,  sous  Mazarin,  a  été  envoyé  en 
Hollande  et  en  Angleterre  pour  y  étudier  a  los  différentes 
constructions  de  vaisseaux  »  (1),  Biaise  Pangalo  a  été  appelé 
de  l'étranger  (il  est  d'origine  italienne)  (2).  Et  la  théorie 
commence  à  s'enseigner  en  même  temps  que  ta  pratique. 
En  1680  (3),  Colbert  fait  allouer  des  fonds,  à  Brest,  «  pour 
l'établissement  d'une  école  où  serait  enseigné  la  théorie  de 
la  construction,  sur  le  même  plan  que  celles  où  se  donnaient 
les  leçons  de  canonnage  et  d'hydrographie  ;  un  charpentier 
devait,  moyennant  une  gratification  annuelle,  expliquercette 
théorie  aux  officiers  de  marine  »  (4). 

Les  maîtres  charpentiers  entretenus  jouissent  toutefois 
d'une  considération  particulière.  Mais  d'ordinaire,  chez  les 
meilleurs,  le  savoir  est  surtout  la  résultante  de  l'expérience 
et  de  la  routine.  Ce  ne  sera  pas  d'eux  que  viendront  les 
progrès,  ni  les  formules  écrites  de  l'art  des  constructions. 
Un  jésuite,  le  P.  Lboste,  donnera  le  premier  traité  de  cons- 
truction navale.  Les  perfectionnements,  les  transformations 
seront  amenés  sous  l'inspiration  d'officiers  ou  d'ingénieurs, 

(t)  Levot,  lliiloire  de  Vrest.  I.  131. 

(2)  Kerneis,  Bulletin  de  la  Sociélé  académique  de  Brut,  2"  s.,  XIH. 

(3)  Levot,  1,  c.  159. 

(4)  Quelques  années  plus  lard,  un  sieur  Gobert,  qu'on  Irouïe  désigné 
dans  la  corres[>andance  du  secrétaire  d'Etal  à  la  marine,  avec  l'intendanl 
du  département  de  Brest,  sous  les  noms  de  maître  et  d'ingénieur-construo- 
teur,  imagine  d'importantes  améliorations  dans  les  méthodes  de  conslruc 
tion.de  radoub,  etc.;  il  propose  l'usage  de  ■  courbes  de  fer  >  (ITOI);  mais 
le  tnîDlslre  se  dit  Informé  qu'elles  ont  été  <  invenUes  et  employées  avant 
lui  f.  Archivt»  de  l'oficienne  înten^nce  de  la  marine. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  277  — 

qui  ne  prendront  pas  de  si  tôt  une  place  spéciale  dans  les 
arsenaux.  Le  chevalier  Renau,  qui  va  rendre  les  bâtiments 
de  combat  moins  citadelles  et  plus  navires  aptes  à  la  mobilité, 
par  la  suppression  des  châteaus  de  poupe  et  de  proue, 
inventer  tes  galiotes  à  bombes,  dès  que  ses  travaux  ont 
appelé  sur  lui  l'attention,  accomplit  sa  carrière  dans  les 
rangs  des  officiers  de  vaisseau  (1).  Ceux-ci  sortent  de  l'espèce 
de  servage  dans  lequel  les  maintenaient  les  maîtres  char- 
pentiers, lorsqu'il  s'ag'  sa'   d    qu      'ons  de  construction  (2), 

{I)  Voir  Lapeyrouse-Bonfl      H  la  ne  françaiie,  II,  p.  1G9-18I. 

.2)  Vraiment,  ils  avaient  b   nq     q  n  de  se  montrer  fiers  d'eux- 

mêmes,  ces  maîtres,  devant  mp  de  leurs  œuvres    Le  navire, 

le  vaisseau  majestueux  de  1    p  poq     de  Louis  XiV,  est  peut-être 

le  plus  étonnant  spfcimen  d  h   n    o    Qu'on  réfléchisse  ù  ce  qu'il 

a  lallu  de  science  et  d'art,  l'une  snos  doute  aussi  étrangère  aux  recherches 
de  cabinet  que  l'autre  aux  initiations  d^s  écoles,  do  prétlslon  dans  la  main 
d'œuvre,  de  talent  dans  l'harmonisatioa  de  l'ensemble,  pour  accomplir  une 
de  CCS  merveilleuses  et  terribles  machines,  lançant  déjù  avec  leur  arliilerie, 
plus  de  fer  que  les  vaisseaux  de  Louis  XVI  (Guérin).  11  ï  a  lii  un  assem- 
b'age  de  centaines  et  de  centaines  de  pièces  de  bois,  courbes,  coudées, 
droites,  qui  se  réunissent,  se  eroiscnl,  s'arqueboulenl,  dans  tous  les  sens, 
impriment  aux  parties  toutes  les  formes,  au  tout  l'aspect  d'un  gigantesque 
bloc.  Ces  pièces,  pour  la  plupart  si  petites,  ont  produit  comme  un  monstre. 
V\  quelles  admirables  dispositions  pour  l'excellente  adaptation  des  forces, 
leur  association  dans  les  résistances  !  La  coque  doit  lutter  contre  les 
vagues. déchaînées;  la  mâlure  soutenir  l'énorme  elTort  des  vents  les  plus 
impétueux  ;  les  ponts  supporter  une  artillerie  considérable,  et,  aux  heures 
rie  combat,  la  mer,  le  vent,  les  Ébranlements  de  la  poudre,  les  chocs  des 
projectiles  s'unissent  dans  une  internale  ncljon  pour  disloquer  la  masse  ! 
Quel  respect  mérite  pourtant  une  routine  qui  a  pu  enfanter  de  pareilles 
dioses  !  Il  y  avait  bien  d'ailleurs  des  maîtres  à  l'intuition  géniale  et 
doués  pour  aider  au  progrès.  Toutefois,  il  est  certain  que  le  plus  grand 
nombre,  même  parmi  les  plus  intelligents,  en  raison  de  leur  éducation 
trop  exclusivement  ouvrière  et  limitée  à  la  construction,  étaient  Incapables 
d'entraîner  l'architecture  navale  en  des  voies  fertiles  de  transformations 
utilts.  Ils  ne  connaissaient  guère  la  navigation,  qui  apporte  la  connaissance 
des  conditions  à  réaliser  pour  l'obtention  de  la  plus  grande  vitesse,  non 
plus  la  science  de  a  r  c  qu  gt  ge  des  combinaisons  particulières  dans 
les  dispositions  des  nav  res  de  combat,  moins  encore  la  tactique,  et  n'ayant 
point  è  se  servir  des  Ds  u  nen  s  qu'ils  livraient,  â  les  ju^r  dans  l'action 
et  l'utilisation,  î  eussent  a  sse  i  marine  dans  une  sorte  de  stagnation, 
si  la  direction  ne  tu  venue  o  ommes  doués  k  la  fuis  de  connaissances 
théoriques  et  d'expé  ence  con  p  e  e 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  278  — 

et,  par  l'ordonnance  du  15  avril  1689,  un  conseil  de  marine, 
composé,  dans  les  arsenaux  du  Roi,  des  plus  éminents  per- 
sonnages de  l'épée  et  de  la  plume,  d'un  inspecteur  des  cons- 
tructions, d'  «  expérimentés  capitaines  ou  commissaires  », 
dirige  et  surveille  la  corporation  ;  il  approuve  ou  modifie  les 
devis  que  lui  soumettent  les  maîtres  charpentiers,  ordonne 
les  mesures  nécessaires  pour  les  mises  en  chantier,  apporte 
une  attention  vigilante  à  l'exécution  des  travaux.  On  établit 
des  types  de  vaisseaux,  dont  les  proportions  et  les  disposi- 
tions sont  arrêtées  avec  précision.  L'inspecteur  «  apprend 
aux  charpentiers  la  manière  d'en  faire  les  plans  et  profil, 
avant  que  d'en  commencer  la  construction,  alin  de  se  corriger 
des  défauts  qui  ont  été  trouvés  dans  ceux  qui  ont  été  cy-devant 
faits  et  de  pouvoir  fixer  des  règles  certaines...  [l)»I!reçoit 
les  nouveaux  projets  que  "  les  officiers  et  autres  »  proposent, 
et  «  en  envoie  avis  » ,  surveille  les  radoubs,  assiste  aux  récep- 
tions des  bois,  etc. 

Au-dessus  des  maîtres-charpentiers  constructeurs,  il  y  a 
désormais  use  direction ,  émanant  d'hommes  techniques, 
marins  ou  savants  ;  mais  il  n'y  aura  un  corps  d'ingénieurs- 
constructeurs  qu'à  partir  de  1765  (ordonnance  du  25  mars). 

Le  navire  de  guerre,  s'il  perd  de  son  aspect  imposant, 
acquiert  en  qualités  nautiques  (2).  La  frégate,  moins  coû- 

(Ij  On  construisait  très  vite  autrefois  et  l'on  estsurjiris  de  la  cétéritL> 
avec  laquelle  nos  chantiers  réparent  les  perles  des  plus  grandes  unités  de 
combat,  à  la  suite  de  désastres  comme  celui  de  La  Hougue.  Sous  Seianeliiy, 
c  on  vit  construire,  caréner,  gréer,  inâter  et  mettre  à  la  voile  en  9  neurcs 
de  temps,  à  Toulon,  uoe  (régate  de  M)  canons  ■.  ,GuÉrin,  llislaire  de  ta 
Marine,  III,  496].  Mais,  sans  donner  comme  un  exemple  ce  tonr  de  Force, 
évidemmeul  préparé  pour  complaire  â  un  ministre  dont  on  connaissait 
l'actlTlté  llévreusc,  je  rappellerai  qu'il  était  fréquent  d'assister,  dans  nos 
paris,  à  la  mise  en  chantier  et  à  l'armement  complet  d'un  vaisseau  dans 
te  cours  d'une  seule  année,  surtout  quand  tes  travaux  s'elTccluaient  soas 
i'œll  d'un  capitaine  vigilant,  tel  qu'un  Dugoav-Trouio .  Cette  rapidi lé 
avail  ses  inconvénients.  L'on  est  frappé  du  nombre  de  vaisseaux  ■  man- 
ques >.  qu'il  faut  modifier  après  coup  et  •  souiller  •,  mentionnés  dan» les 
correspondances  oUlcielles,  à  l'époque  de  Louis  XIV. 

{2J  Certains  perfectionnements  sont  très  tardifs:  le  doublage  en  cuivre 
n'est  appliqué  cbez  nous  que  sous  le  règne  de  Louis  \VI,  ver  la  Gd  de 
la  guerre  d'Amérique  et  par  imitation  de  lit  pratique  anglaise. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  279  — 

teuse  que  le  vaisseau,  plus  apte  à  la  guerre  de  croisière, 
aux  évolutions  rapides,  gagne  sur  le  vaisseau  un  terrain  que 
lui  a  fatalement  fait  perdre,  sous  Louis  XV,  l'abandon  du 
système  des  grandes  flottes.  Celui-ci,  néanmoins,  continue 
à  occuper  la  place  d'honneur  et  il  reparaîtra  plus  tard  en 
belle  et  honorable  ligne.  (1) 

Entre  temps,  l'art  du  constructeur  s'enrichit  de  traités, 
parmi  lesquels  il  convient  de  signaler  les  Ëlémens  de  l'archi- 
tecture navale  de  Duhamel  du  Monceau,  membre  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  1758;  le  Traité  sur  la  constraction  des 
vaisseaux  de  du  Maitz  de  Goimpy,  capitaine  de  vaisseau, 
membre  de  l'Académie  royale  de  marine,  1776. 

Les  charpentiers  sont  bien  ramenés  au  niveau  de  l'ouvrier  ; 
mais  ils  restent  des  ouvriers  d'élite,  avec  des  maîtres  expé- 
rimentés sur  les  moindres  détails  de  la  main-d'œuvre,  très 
considérés,  et  en  réalité  les  intermédiaires  obligés  entre  la 
tête,  d'où  sort  la  conception,  d'où  émane  l'ordre,  et  les  braa 
qui  exécutent. 

(I)  DaDS  un  compte  rendu  des  Mémoires  pour  l'hittoire  de*  scUncei  et 
des  fceaiM:  ar(ï  (Journal  de  Trévouï,  juillet  1748),  relal»  à  VEnai  tur  ta 
marineila  ancieta,  de  Dcslandes,  on  trouve  sous  la  rubrique  Le  port  d'un 
vaisseau,  quelques  lignes  qui  dnnnent  une  idée  curieuse  du  bâtiment  de 
guerre,  ïcrs  le  milieu  du  XVIll'  siècle.  ' 

Il  Lorsqu'uD  vaisseau  est  acbevé  de  construire  sur  le  chantier,  on  l« 
Ihucc  à  la  nier.  \ji  poids  de  ce  navire,  dénué  de  tous  agrès  et  apparaux 
(supposons  que  c'est  une  (régate  de  56  canons,  armée  pour  0  mois  de  cam- 
pat;ne),  pèse  410.111)1)  livres  (4ICI)  quintaux)  ou  SIU  tonneaux.  Les  agrès  et 
apparaux,  c'cst-it-djre  la  mâture  complète,  les  cordages  en  général,  les 
poulies,  voiles,  aueies,  les  canons,  boulets,  atlûts  garnis,  la  poudre,  la 
cbaloupe,  le  canot,  les  cuisines,  tours  et  potagers,  les  vivres  en  général, 
avec  Ml  tonneaux  d'eau,  le  poids  des  hommes  ijui  forment  l'équipage,  avec 
leurs  bardes  et  elTets  embarqués,  tout  cela  mis  ensemble  pèsera  enviroQ 
JTl.OUii  livres  ou  \S1  tonneaux.  Les  deux  poids,  celui  du  corps  du  vaisseau 
et  celui  tant  des  agrès  que  des  apparaux,  ne  sont  pas  ce  qu'on  entend  par 
le  port  d'un  navire.  Comme  le  soldat  romain  ne  se  croyait  paschargè  d'un 
poids  étranger,  lorsqu'il  ne  portail  que  sou  casque,  son  twuclier  et  ses 
autres  armes  odensives  et  detenslves,  c'était,  selon  lui,  autant  de  membres 
allachés  ù  son  corps;  ainsi  le  vaisseau  de  guerre  qui  n'a  que  son  artil- 
lerie, ses  voiles,  ses  mâts,  ses  munitions  de  guerre  et  de  bouche,  et  qui 
sort  du  port,  prêt  â  combattre  et  le  (eu  A  la  main,  n'est  pas  censé  éjre 
chaîné  ;  mais  la  Frégate  de  ij  canons  peut  encore  embarquer  350  tonneaux 
outre  tout  ce  qu'on  a  dit.  Ce  sont  ces  250  tonneaux,  pesant  500.000  livres 
(5UU0  quintaux),  qui  déterminent  le  port  de  ce  bâtiment.  > 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  280  — 

Quant  aux  calfats,  ils  n'ont  jamais  été  que  des  artisans. 
Leur  travail  est  ingrat  ;  il  n'est  point  des  plus  propres,  et 
l'homme  qui  s'y  livre  porte  ses"  noires  traces  à  ses  mains, 
Bur  ses  vêtements.  Mais  combien  utiles  sont  leurs  services, 
surtout  à  l'époque  où  l'on  ignore  le  doublage  métallique  ! 

Entre  ces  deux  catégories  vivent  les  perceurs,  qui  achèvent 
l'œuvre  du  charpentier  et  préparent  celle  des  calfats  ;  ils 
creusent  les  trous  de  chevillage,  qui  doivent  assurer  ta  soli- 
dité des  assemblages  et  que  les  calfats  auront  mission  de 
remplir,  à  grands  coups  de  maillet,  en  même  temps  qu'ils 
s'occuperont  de  bourrer  a  les  joints  »,  d'étoupe  goudronnée. 

A  terre,  dans  les  arsenaux,  les  maîtres  de  ces  professions 
jouissent  d'une  situation  relativement  très  enviahle  (ordon- 
nance de  1689,  liv.  12,  tit.  9).  Les  deux  premières  catégories 
fournissent  un  personnel  embarquant  qui,  à  bord,  a  l'assimi- 
lation des  officiers  mariniers  (ib.,  Hv.  1,  tit.  17). 

Un  arsenal  comme  celui  de  Brest  assurait  l'existence  de 
nombreuses  familles.  Les  salaires,  dans  chaque  profession, 
étaient  généralement  plus  forts  que  dans  la  ville,  et  l'autorité 
se  montrait  soucieuse  de  l'amélioration  matérielle  et  morale 
de  ses  plus  humbles  auxiliaires.  En  1785,  il  y  eut,  même 
dans  la  marine,  une  tentative  pour  une  mise  à  l'entreprise 
des  travaux,  à  accorder  de  préférence  à  des  associations 
d'ouvriers  jl). 

(I)  On  jugera  de  l'injporlanee  dos  travaux  à  enécuter  dans  l'arsenal  de 
Brest,  d'après  cette  liste  du  personnel  ouvrier  qui  s'y  trouvait  emplosÉ 
vers  1784.  (L'Espion  anglais.VW,  187)  : 
Charpentiers,  contre-maîtres,  ou-       Ofllciersinannlersel  matelots    893 

vriers  et  apprentis SOM       Avîrooniers 19 

Perceurs 25î       Poulieurs 40 

Journaliers 65i       Voiliers S3Ï 

Sculpteurs 16       Armuriers 106 


Menuisiers 3J0  Tonncliei 

Etoupiers 93  Cordiers 

Breyeurs  de  couleurs 80  Au  magasin  général .. 

Calfats 6Î2  Forçais  a  la  fatigue. . . 


En  tout  T.3U7  individus. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Les  charpentiers,  perceurs  et  calfats  de  l'arsenal  forment 
comme  une  aristocratie  dans  leurs  professions  respectives. 
Mais  la  marine  marchande  a  les  siens,  aussi  fort  estimés. 

Colbert,  qui  n'avait  jamais  perdu  de  vue  les  intérêts 
supérieurs  du  commerce,  Tune  des  fertiles  mamelles  de  la 
France,  selon  l'heureuse  expression  de  Sully,  n'avait  eu 
garde  d'oublier  de  réglementer  avec  minutie  la  marine 
destinée  à  les  représenter  et  à  les  soutenir,  à  l'occasion,  par 
les  expéditions  lointaines  de  négoce  ou  par  celles  de  course. 
L'ordonnance  de  1681  avait  même  précédé  la  codification 
des  ordonnances,  règlements  et  instructions,  sortis  de 
l'inspiration  de  l'illustre  ministre,  et  relatifs  à  la  marine 
militaire. 

Danscette  ordonnance  du  mois  d'août  1681,  la  construction 
et  le  radoub  des  navires  particuliers  sont  l'objet  de  prescrip- 
tions importantes  et  les  obligations  des  hommes  chargés  de 
leur  exécution  sont  nettement  tracées.  On  peut  dire  que  le 
titre  9  du  livre  2  est  un  équivalent  de  statuts  généraux  pour 
les  ouvriers  de  la  construction  : 

«  Art,  1'',  Les  métiers  de  charpentier,  calfateur  et  perceur 
de  navires,  pourront  être  ci-après  exercés  par  une  même 
personne,  nonobstant  tous  rôglemens  ou  statuts  contraires, 

«  Art.  2.  En  chaque  port,  ceux  qui  exerceront  les  métiers 
de  charpentiers  et  calfateurs,  s'assembleront  annuellement 
pour  élire  deux  jurés  ou  prud'hommes. 

a  Art.  3.  Les  jurés  ou  prud'hommes  feront  de  jour  à 
autre  visite  des  ouvrages  et  rapports  à  justice  des  abus  et 
mal-façons  qu'ils  reconnoitront  dans  les  constructions, 
radoub  et  calfat  (calfatage)  des  bâtimens, 

•  Art.  4.  Ceux  qui  auront  deux  ou  plusieurs  apprentifs, 
dans   les  lieux  où  il  y  aura  des  enfants  renfermés,  seront 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


tenus  d'en  prendre  un  de  l'hôpital,  auquel  les  directeurs 
fourniront  les  outils,  nourriture  et  vêtements  nécessaires.  (1) 

«  Art.  5.  L'apprentif  tiré  de  l'hôpital  sera  tenu, après  deux 
années  d'apprentissage,  de  servir  son  maître  pendant  unan, 
en  qualité  de  compagnon,  sans  autre  salaire  que  la  nourri- 
ture. 

«  Art.  6.  Les  apprentifs  ne  seront  tenus  de  prêter  aucun 
serment  en  justice,  pour  entrer  en  apprentissage,  de  payer 
aucun  droit,  ni  de  faire  aucun  banquet  (2)  ;  faisons  défenses 
d'en  exiger  d'eux,  à  peine  d'amende  arbitraire  et  de  restitu- 
tion du  quadruple,  o 


(1)  Vincent  de  Paul  avait  créé  une  œuvre  admirable  pour  le  sauvetage 
de  l'eDtance  abandonDÊe.  Mais  il  fallait  utiliser  cette  triste  population 
recueillie  dans  les  asiles  hospitaliers  et  sans  cesse  grandissante,  eo  même 
lemps  lui  trouver  une  direction  moralisatrice  par  le  travail.  On  songea 
à  envoyer  dans  les  ports  un  certain  nombre  de  ces  matbeureux  enfants 
pour  y  élre,  les  uns  embarqués  comme  mousses  à  bord  des  vaisseaux  du 
Roi,  les  autres  employés  dans  l'arsenal  en  qualité  d'apprentis  de  divers 
métiers,  l-a  correspondance  des  minislres  avec  les  intcEdants  prouve  qu'on 
oe  se  désintéressait  point,  en  haut  lieu,  du  sort  de  ces  pauvres  épaves.  En 
1692,  1691,  etc.,  des  bandes  d'entauts  (100,  120)  sont  dirigées  de  l'hfipital 
général  de  Paris  sur  Brest  ;  l'intendanl  se  plaint  de  leur  laible  constitution  ; 
le  ministre  s'inquiète  de  savoir  ce  que  sont  devenus  •  les  mousses,  s'ils  se 
font  à  la  mer,  s'il  en  meurt  beaucoup,  »  Arch.  de  i'anc.  intend,  de  Ut 
marine  de  Brest. 

(2)  Il  était  d'usage,  dans  un  grand  nombre  de  corporations,  d'e.tigcr  des 
nouveaux  admis  des  sommes  plus  ou  moins  lortes,  pour  payer  les  Irais 
d'agapes  confraternelles.  Cela  était  devenu  un  abus,  surtout  en  Bretagne, 
oij  ces  agapes  dégénéraient  en  beuveries  crapuleuses.  L'on  eut  grand  peine 
à  détruire  la  coutume.  En  HôO,  il  y  eut  à  cet  égard  un  arrêt  du  parle- 
ment de  Uennes,  rendu  sur  les  remontrances  du  procureur  généra!  du  Boi. 
La  Cour  estime  qu'on  exige  des  aspirants  ù  ta  maîtrise  de  trop  gros  pré- 
lèvemenls  ;  b  que  d'ailleurs  ces  dépenses,  qui  occasionnent  la  débauche  cl 
l'ivrognerie,  mettent  souvent  les  aspirants  hors  d'état  do  profiter  de  la 
maîtrise  à  laquelle  ils  ont  été  admis,  par  l'impossibilité  où  ils  sont  même 
de  se  pourvoir  d'outils  propres  à  la  profession  qu'ils  embrassent...  •  Elle 
•  faitexpressesinhibilionset  défenses,  à  tous  jurés  et  prévôts  des  ditlérentes 
communautés  etcorps  de  métiers  de  la  province  d'exiger  des  aspirants  à 
la  maîtrise  aucunes  sommes  d'argent  pour  dire  employées  aux  repas  el 
festins  de  réceptions. . .  ■ 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  283  — 

Là  où  les  charpentiers  et  calfats  ne  sont  pas  en  maîtrise, 
le  travail  des  ouvriers  forains,  c'est-à-dire   des  ouvriers 

étrangers  à  la  localité,  esl  autorisé  au  gré  des  armateurs, 
propriétaires,  capitaines  ou  patrons  de  navireSi  mais  à  la 
condition  que  «  l'ouvrage  soit  visité  par  les  jurés  du  lieu.  « 
La  corporation,  en  effet,  n'est  point  partout  organisée  en 
maîtrise,  qui  lui  confère  des  droits  exclusifs  ;  mais  dans  les 
villes  maritimes  où  elle  ne  l'est  pas,  comme  à  Brest,  elle  se 
règle,  jusqu'à  un  point,  sur  les  habitudes  observées  dans  les 
ports  où  elle  possède  maîtrise.  Dans  tous  les  cas,  elle  relève 
de  la  juridiction  d'amirauté. 

,  On  peut  regarder  comme  un  modèle  de  statuts,le  Règlement 
pour  les  calfats  de  Marseille,  du  23  novembre  1726  (1),  II  fut 
certainement  inspiré  par  des  traditions  en  vigueur  depuis 
une  époque  beaucoup  plus  reculée  et  qui,  sans  doute,  furent 
importées  à  Brest  par  des  ouvriers  des  ports  du  Levant.  Le 
Ponant,  à  l'époque  de  la  création  et  de  l'organisation  de  ses 
grands  arsenaux,  emprunta  maintes  fois  des  charpentiers- 
constructeurs  et  des  calfats  à  la  marine  marchande  du  Levant, 
et,  sur  les  rôles  d'équipages  des  navires  armés  en  course,  à 
Brest,  au  temps  de  Louis  XIV,  il  est  fréquent  de  relever  des 
homs  de  maîtres  de  ces  professions,  originaires  de  Marseille 
et  de  Toulon.  La  corporation  brestoise,  si  elle  ne  fut  point 
organisée  en  maîtrise,  paraît  bien  s'être  dirigée  d'après  des 
coutumes  en  honneur  sur  le  littoral  méditerronéîn,  et  ce  qui 
le  prouve  c'est  son  adoption  de  saint  Elme  pour  patron.  On 
sait  que  ce  saint  [2},  évéque  de  Formies,  martyrisé  sous 
Dioclétien,  comptait  (et  compte  encore)  de  fervents  dévots 
parmi  les  équipages  des  bâtiments  français  et  italiens  de 
la  Méditerranée  ;  les  phénomènes  lumineux  observés  au 
cours    d'états    atmosphériques,    précurseurs    des    orages, 


(  I  )  Il  est  anoexù  au  i\ouveau  commentaire  sur  l'oi-iloatuince  de  la  n 

de  16SJ  par  M"',  avocat  au  Parlement,  .M  ùrsci  Ile-Pari  s,  17K0,  I    Sd 

(S)  Saint  Eline  seiail  une  corru[)lioa  italienne  de  saint  Erasme. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


étaient  regardés  comme  des  avertissements  donnés  par  te 
saint  à  ses  fidèles  ;  aussi  l'invoquait-on  contre  les  dangers 
de  la  mer. 

Assez  nombreux  étaient  lea  membres  de  la  corporation  à 
Brest.  Le  commerce  maritime,  de  cabotage  et  même  de  long- 
cours,  avait  pris  de  bonne  heure,  dans  notre  ville,  un  déve- 
loppement important..  Aux  époques  de  course,  ses  opérations 
prenaient  encore  plus  d'activité  en  se  transformant,  La 
besogne  ne  manquait  point  pour  les  charpentiers  et  les 
calfats,  en  dehors  de  l'arsenal  du  Roi.  L'avant-port,  compris 
entre  l'embouchure  de  la  Penfeld  et  la  cale  de  l'ancienne 
intendance  (elle  répondait  à  peu  près  à  l'endroit  ou  débouche 
actuellement  la  porte  principale,  au  bas  de  la  grande  rue), 
regorgeait  de  bâtiments  particuliers  [1).  Les  gros  navires  de 
course  étaient  bien  construits  et  radoubés  dans  le  port  de 
guerre,  sur -l'autorisation  formelle  du  roi.  Mais  il  restait 
assez  de  travaux  à  accomplir,  avec  les  constructions  et  les 
radoubs  des  bâtiments  de  petit  et  moyen  tonnage,  pour 
occuper  un  grand  nombre  de  bras.  Ces  travaux  s'effectuaient 
presque  exclusivement  du  côté  de  Recouvrance  :  sur  la  grève 
de  Laninon,  Il  y  avait  des  chantiers  où  l'on  construisait 
jusqu'à  des  frégates,  et,  tout  contre  le  quai,  non  loin  de  la 
chapelle  de  Notre-Dame  (2),  dans  un  endroit  largement 
découvert  à  basse  marée,  était  la  Fosse,  ou,  par  monopole, 
le  maître  calfat  juré  recevait  les  navires  à  visiter,  à  réparer, 
à  radouber.  Pittoresque  était  ce  petit  point  de  la  cilé,  que  le 
voisinage  d'un  marché  et  celui  de  la  cale  du  passage   (3) 

(1)  Ce  qui  Ëtait  une  gène  pour  [es  mouvemeDls  du  port  de  guerre.  Aussi 
Vauban  avait-il  proposé  de  créer  un  pet  marchand  sous  le  Château,  vers 
lelieudePorstrem,  idée  qui  ne  fut  reprise  el  réalisée  que  sous  Napoléon  111' 

(3)  La  chapelle  de  Nolre-iiame,  très  anciennement  fondée  par  un  seigneur 
du  Chatel,  sous  le  vocable  de  Sainte-Catherine  et  conlipuë  à  uu  peUi 
hôpital, Ai'origine.  Recouvrance  s'appela  d'abord  le  bourg  Sainte  Catherine 
Levot,  Histoire  de  Uresl,  l.  W  et  suiv. 

\%}  La  communication  entre  Brest  el  Recouvrance  se  Faisait  aulretnis 
par  liateaui.  Le  pont-tournant,  comme  le  port  de  commerce,  date  du  règne 
de  Napoléon  IIL 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  2&3  — 

rendaient  encore  plus  animé.  A  la  chapelle,  on  allait  souvent 
prier  pour  les  marins  absents,  et,  au  retour  des  périlleux 
voyages,  plus  d'un,  qui  croyait  avoir  échappé  aux  naufrages 
ou  au  feu  de  l'ennemi,  grâce  à  de  puissantes  intervenlions 
célestes,  venait  déposer  un  ex-voto  ou  faire  brûler  un  cierge 
béni.  De  pauvres  échopes,  adossées  contre  les  murs, 
servaient  d'abri  à  des  gens,  exerçant  d'humbles  métiers  à 
l'usage  des  matelots.  Sur  le  quai,  des  amas  de  bois,  presque 
toujours,  quelque  chaloupe  ou  quelque  minuscule  navire  en 
construction  ;  en  contre-bas,  sur  la  Fosse,  des  bâtiments 
abattus  en  carène.  Une  acre  fumée,  l'odeur  du  goudron, 
mille  bruits  dans  l'air.  Auprès  d'une  immense  cuve,  placée 
sur  un  fourneau,  un  homme  agite  avec  une  longue  cuillère 
de  bois  la  braie  bouillante,  que  d'autres  vont  porter  aux 
calfatours  :  c'est  le  bouilleur  de  brai.  Les  calfats,  en  ligne 
serrée  sur  le  flanc  des  navires,  ici  font  résonner  en  cadence 
tes  lourds  maillets  de  bois  qui  forcent  le  ciseau  à  enfoncer 
l'étoupe  dans  les  jointures  ;  là  promènent  sur  les  parties 
achevées  un  long  balai  trempé  dans  ta  braie  liquide  ;  les  uns 
et  les  autres  exécutent  leur  besogne  avec  une  attention 
minutieuse,  presque  avec  amour,  et  c'est  peut-être  à 
l'extrême  soin  qu'ils  apportaient  dans  leur  tâche,  comme  si 
le  navire  était  pour  eux  une  sorte  de  chose  précieuse,  qu'ils 
durent  l'ironique  épithète  de  bijoutiers,  dans  l'ancienne 
marine  (et  combien  elle  contrastait  avec  leur  tenue  débraillée, 
malpropre,  telle  que  l'imposait  d'ailleurs  la  nature  de 
l'occupation,  rude  et  fatigante,  toute  imprégnante  de 
matière  noire  et  poisseuse).  Mais  voici  qu'on  crie,  que  l'on 
vocifère  :  on  s'insulte,  on  se  bat.  C'est  un  maître  charpentier 
jaloux,  qui,  arrêté  devant  le  »  travail  n  d'un  confrère,  plus 
heureux  que  lui  en  clientèle,  n'a  pas  assez  ménagé  ses 
critiques  :  sournoisement,  puis  d'une  façon  très  agressive, 
il  a  a  débiné  n  l'œuvre  ;  il  y  a  eu  verte  riposte,  et  puis  échange 
de  coups,  bientôt  interrompu  par  l'arrivée  d'un  sergent  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  286  — 

police  de  la  juridiction  de  l'amirauté,  a  garde  de  quai  ». 
Les  disputes  et  les  rixes  ne  manquent  pas  dans  cette  place 
où  s'entrecroisent  et  se  heurtent  tant  de  gens  au  caractère 
brutal.  Les  contestations  n'ont  plus,  entre  personnages 
bien  posés,  surtout  à  propos  de  la  visite  des  navires.  Cette 
formalité,  à  la  suite  de  nombreux  sinistres,  en  grande  partie 
dus  à  la  cupidité  des  armateurs  ou  à  la  négligence  des 
capitaines,  est  devenue  rigoureuse,  à  l'époque  de  Louis  XVI 
et  elle  soulève,  entre  les  intéressés  et  les  maîtres 
charpentiers- calfats  jurés,  plus  d'une  difficulté  qui  donne 
lieu  à  procédures. 

Dans  la  corporation,  les  salaires  sont  relativement  élevés. 
Il  est  facile  de  les  établir  d'après  les  notes  d'armements  et  de 
radoubs  qu'on  rencontre  en  grand  nombre  dans  les  dossiers 
du  greffe  de  l'amirauté.  Vers  le  milieu  du  xviii'  siècle,  la 
journée  est  de  26,  28  et  30  sous,  parfois  même  de  40,  pour 
les  ouvriers  et  les  maîtres  ;  des  apprentis  et  des  journaliers 
touchent  15  et  20  sous.  11  va  sans  dire  que  les  travaux  entre- 
pris à  forfait  ou  à  pris  débattus  par  les  maîtres  peuvent  leur 
rapporter  des  bénéfices  variables,  en  dehors  de  la  main 
d'œuvre  proprement  dite. 

Embarqués  (1),  les  charpentiers  et  les  calfats  ont  des 
salairesfixes,  généralement  un  peu  moindre,  mais  en  réalité 
ils  gagnent  davantage,  parce  qu'ils  ont  droit  à  la  ration  de 
mer  et  n'ont  pas  à  se  préoccuper  du  logement  (à  moins 
qu'ils  ne  laissent  derrière  eus  de  la  famille]  ;  de  plus,  en 
tenips  de  guerre,  ils  ont  droit  à  une  part,  une  part  et  demie, 
sur  les  prises. 

Sous  Louis  XIV,  les  salaires  de  ces  professions,  à  la  mer, 
à  bord  des  navires  particuliers,   sont  ordinairement  de  15,    / 
27,  33  livres  par  mois  ;  mais  on  relève  des  taus  plus  élevés  ' 

(Il  Le  règlement  pour  les  calfats  de  Marseille  (art.  3j)  oblige  les  ouvriers 
de  la  corporation  à  se  Faire  enregistrer  au  bureau  des  cliisscs  et  i.  produire 
cerliUcat  tle  cet  enregistrement  au  grefle  de  i'amirault. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  asy  - 

Gt  presque  toujours  en  faveur  de  charpentiers  (à  bord  de  la 
frégate  le  Saint-Hubert,  de  la  compagnie  royale  de  Saint- 
Domingue,  1707,  deux  charpentiers  touchent  45  et  47  livres, 
un  calfat  24  livres  ;  A  bord  du  vaisseau  le  Maure,  armé  pour 
la  côte  de  Guinée  et  Bueynos-Ayres,  1710,  un  maître 
charpentier  et  un  maître  calfat  louchent  38  livres). 

Sous  Louis  XV,  les  salaires  semblent  plus  oscillants.  A 
bord  de  ï Angélique,  allant  de  Brest  aux  iles  françaises 
d'Amérique,  1718,  lé  mai'tre  charpentier  reçoit  30  livres  par 
mois,  le  maitre  calfat  21  livres;  sur  l'^cAîife,  de  la  com- 
pagnie des  Indes  occidentales,  1721,  je  ne  trouve  indiqué 
que  le  salaire  d'un  aide-charpentier,  25  livres,  et  celui  d'un 
2'  maitre  calfat,  30  livres.  Mais  avec  la  guerre,  les  salaires 
montent  :  sur  ta  frégate  de  course  la  Gelinotte,  1761,  un 
maître  charpentier  a  72  livres  par  mois  (c'est  le  plus  fort 
salaire  attribué  aux  oiïiciers  mariniers),  un  calfat  seulement 
36  livres  ;  sur  une  feuille  de  salaires  payés  pour  des  travaux 
exécutés  à  bord  pendant  une  relâche,  je  trouve  des  journées 
de  calfat  à  1  liv.  10,  et  dé  maitre  calfat  à  3  livres  ;  de  plus, 
sur  une  petite  noie  de  travaux  de  calfatage,  le  maître  a 
porté,  en  sus  des  journées,  une  gratification  de  6  livres 
a  pour  le  rat  (petit  cierge)  au  profit  de  saint  Telme  (saint 
Elm&]  n,  le  patron  de  la  confrérie. 

Sous  Louis  XVI,  à  bord  de  VEmile,  de  Nantes,  chargé  à 
Brest  pour  le  compte  du  Roi,  à  destination  de  Rocheforl, 
1780,  un  charpentier  touche  par  mois  50  livres,  un  calfat 
45  livres  ;  sur  le  petit  corsaire  la  Marquise  d'Aubeterre, 
1779,  le  maître  charpentier  ne  reçoit  que  30  livres  (mais  il 
a  part  de  prises). 

Les  salaires  étant  déterminés  par  des  actes  d'engagement 
volontairement  souscrits,  n'ont  rien  de  fixe.  Ils  varient  aux 
diverses  époques,  selon  la  générosité  des  armateurs,  la 
concurrence  des  emplois  dans  les  professions,  les  circons- 
tances  de  paix  ou  de  guerre,  la  nature  et  la  durée  des 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


voyages,  la  participation  ou  la  non  participation  aux  profits 

de  certaines  expéditions,  etc.  En  somme,  ils  se  maintiennent 
assez  élevés,  surtout  pour  les  charpentiers.  C'est  que  le 
charpentier  preudà  bord  d'un  navire  une  grosse  importance  : 
sur  lui  repose,  dans  une  large  mesure,  la  conservation  du 
navire  ;  à  lui  de  parer  aux  avaries  graves  survenues  dans 
les  bois  ou  la  m&ture  par  accidents  de  mer  ou  de  combat, 
d'entretenir  en  bon  état  les  embarcations  ;  dans  les  heures 
critiques,  il  reste  dans  les  bas,  et,  avec  le  maitre  calfat, 
visite  attentivement  les  parois  au-dessous  de  la  ilotaison, 
pour  boucher  les  voies  d'eau.  A  terre,  il  établit  des  bara- 
quements temporaires,  soit  que  le  capitaine  ait  jugé  à 
propos  de  donner  aux  hommes  malades  ou  convalescents 
(les  moyens  de  rafraîchissement  préférables  à  ceux  du  bord, 
soit  qu'il  ait  à  organiser  un  trafic  d'échanges  ou  des  chasses 
(les  équipages  des  bâtiments  destinés  aux  îles  d'Amérique 
viennent  souvent  chasser  le  bœuf  sauvage,  sur  la  côte  ferme, 
et  y  préparer  des  salaisons,  qui  seront  vendues  pour  la 
nourriture  des  nègres  esclaves  ;  à  Terre-Neuve,  ils  s'insta- 
lenl  sur  le  rivage  pendant  une  partie  de  la  saison  de  pèche). 

Les  charpentiers  apportent  avec  eux  les  outils  de  leur 
profession.  L'armement  ne  leur  fournit  que  les  matières 
nécessaires  à  l'exécution  de  leurs  travaux.  Us  sont  plus 
encombrés,  dans  l'étroit  espace  qu'on  leur  accorde,  parleur 
outillage,  que  par  les  objets  de  reconfort,  le  linge  et  les 
vêtements.  On  ne  songe  guère  au  bien  être,  alors,  ni  même 
aux  plus  strictes  exigences  de  l'hygiène  individuelle.  On  ne 
lira  pas  sans  intérêt,  â  ce  propos,  l'inventaire  des  effets  d'un 
aide-charpentier,  décédé  à  bord  de  VAchille  (1722)  : 

a  Une  espèce  de  pied  de  Roy  (sic),  2  plombs,  1  tenaille, 
1  hcrminette,  32  fers  de  verlope,  10  vrilles,  7  couteaux  ou 
ciseaux  à  froid,  1  valet  d'établis,  7  tarières,  2  gouges,  2 
équerros,  1  bec  d'âne,  3  rabots,  2  compas,  2  scies  montées, 
1  fer  de  scie.... 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


a  C>  mains  de  papier,  1  ëcritoirc,  1  canif,  1  tabatière,  t 
boutoille,  1  peigne,  2  perruques  vieilles,  1  habit,  ^  culottes 
d'éLoffc  de  (il,  2  paires  de  bas,  '2  camisoles,  2  chemises, 
1  sac,  i  pistolet  façon  espagnole,  un  coffre..  . 

a  Un  billet  de  15  livres.  » 

Le  billet  est  une  dette  à  acquitter  à  un  camarade,  [.e 
coffre,  les  effets,  les  outils  ont  été  vendus  62  liv,  11  s. 


Quelques  détails  ne  seront  pas  déplacés,  ici,  sur  les  prix 
de  revient  des  constructions  et  des  radoubs. 

Aux  périodes  de  course,  quand  elles  étaient  heureuses, 
les  travaux  de  construction  allaient  moins,  sur  les  chantiers 
marchands,  que  ceux  de  radoubs;  car  les  armateurs  trou- 
vaient d  acheter  d'excellents  bâtiments  pris  sur  l'ennemi, 
tout  installés  et  pourvus  du  matériel  approprié,  pour  des 
sommes  très  inférieures  à  celles  qu"eul  exigé  une  cons- 
truction. 

Un  navire  de  course,  de  moyenne  force,  ne  cofltait  pas 
cependant  des  prix  très  élevés,  vers  la  fin  du  règne  de  Louis 
XIV. 

On  en  peut  juger  par  l'état  suivant,  relatif  à  une  petite 
frégate  construite  à  Laninon,  en  1711,  état  qui  a  été  soumis 
à  l'appréciation  d'un  expert,  «  le  S''  Hubac,  constructeur 
des  vaisseaux  du  Roy,  entretenu  à  Brest  n. 

ProporliOD  d'une  frégate  de  10  à  13  cannas  (la  Comtesse  d- 
l' Harteloire)  ; 

Longueur  de  l'élrave  à  l'élamboi,  59  pieds  ;  largeur  de  dehors 
en  dehors,  16  pieds  ;  hauteur  du  creux  à  ligne  droite,  8  pieds. 

Estât  de   la  dcpence  a   qnoy   pourra  monter  la  dite  iVëgate, 
scavoir  : 
Bois,  1800  pieds  cubes  (de  divers  fournisseurs)  : 

707  pieds  2/3  de  bois  cubes,  635  à  21  sols,  cy 762 1. 

72àl6sols,  cy 58      4  3. 

BULLBTIN  AKCHÉOL.  DQ  PlNISTÈRB.—  TOMB  XXV.  (HéOMires).     19 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-^  290  - 

942  pieds  l,/2  à  16  ^.  le  pied  cube.. . 

37  pieds  1/3  à  24  f.,  cy 

3  pieds  1,2  à  16  s  ,  cy 

27piedsï;2à  16  s 

3  pieds  1/2  à  18  s 

79  pieds  à  18  s 


250  piaoches  de  sapiu  pour  couvrir  la  chambre,  border 
entre  les  sabords  et  pour  la  menuiserie,  à  75  I.  le 

cent,  cy 187    10 

43  esparres  pour  acorer  cl  chafauder  (échaffaiider)  à 

15  s.  pièce 32      5 

1500  grenables  ou  chevilles  de  bois,  à  35  I.  le  m'  (le 

millier),  cy 37    10 

Fer  en  cheville  el  doux  de  toulte  sorte,  5  s.  la  livre. .  ti62    10 

1500  hvrcs  d'éloupes 65      5 

400  livres  debray  grasà27l.  lequintal(delOÛI.),cy.  108 

Journées  de  calfals  el  choffeurs  de  liray,  cy Sr50 

Journées  de  cliarponliers  et  perseurs 500 

Gardien  et  jouruallîers  pour  charroycr  les  bois 140 

Sciage  des  bois,  cy 200 

Menuiserie ; 90 

Sculpture,  cy 60 

Peinture,  fassoo  compriïe 

Masiure,  fasson  comprise,  cy 1025    90 

10  affûts  (de  canon)  à  7  I.  pièce,  cy 70    60 

2  pompes  garnies  de  leur  chopine  et  bringucballe. ...  16    70 

GraiiOicalion  au  coDstruclcur  de  la  frégale 300 


Total  du  corps  de  la  frégale  preste  à  recevoir 

ses  agrès 5437 1. 15  s. 


Sous  Louis  XVI,  les  prix  de  construction  ou  d'aclial  ont 
sensiblement  augmenté. 

Un  cotre  de  course,  la  Marquise  d'Aulieterre,  «  la  co(jue, 
construction  el  percé  à  16  canons,  ayant  72  pieds  de  long, 


,yGoogIc 


17  pieds  8  pouces  de  bau,  8  pieds  6  pouces  de  creux,  son 
pont  de  bout  en  bout  »  revient  à  9500  livres  (1779). 

Un  navire  de  même  type,  pris  suc  les  Anglais,  en  1781, 
le  Spy  [devenn  le  Basilic),  n'a  pourtant  été  vendu,  avec  •  ses 
agrès,  ustenciles  et  apparaux  n,  que  5750  livres.  Mais  un 
autre,  le  Hawk,  est  acheté  à  des  armateurs  de  Dunkerque 
par-Madame  Bertrand  Keranguen,  qui,  â  Brest,  dirige  une 
maison  de  négoce  et  arme  en  course  (1),  pour  la  somme  de 
10.800  livres  (il  s'appellera  désormais  le  La  Moite-Piquet). 

Les  devis  de  construction,  les  travaux  de  construction  et 
de  radoub  sont  soumis  à  l'examen  de  maitres-jurés,  d'autre 
part  appelés  à  visiter  les  navires  en  partance,  pour  s'assurer 
qu'ils  sont  bien  en  élat  d'entreprendre  une  navigation,  aussi 
à  donner  leur  avis  dans  les  questions  d'avaries  que  le 
tribunal  d'amirauté  a  à  juger. 

Le  maître  calfat  juré  a  le  monopole  exclusif  des  travaux 
de  réparation  et  de  radoub  exécutés  à  la  Fosse. 

On  conçoit  que  de  telles  fonctions  soient  recherchées,  et 
pour  ie  relief  qu'elles  confèrent  aux  individus,  et  pour  les 
prolits  qu'elles  leur  assurent.  Mais  elles  réclament  des  garan- 
ties d'expérience,  d'aptitudes  et  d'honorabilité  certaines. 
Les  maîtres  jurés  sont  «  reçus  »,  après  emjuéte,  par  les 
juges  de  l'amirauté. 

Le  maître  calfat  juré  de  la  Fosse,  à  Brest,  au  moment  de 
la  Révolution,  est  le  S'  Rohan.  Sur  sa  requête,  appuyée  de 
nombreux  certificats,  il  a  été  nommé  k  ces  fonctions,  par 
jugement  du  tribunal  d'amirauté  du  2  août  1777,  ainsi 
conçu  : 

a  Vu  par  uous,  Jérôme-Toussaint  Guîbert  de  h  Salle,  la  requêle 
nous  présentée  par  J-ian-Marie  Rohan,  de  Recouvrance,  mailre  calfat, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  292  — 

IcDdaDle  n  ce  (]u'il  nous  plat,  y  ayant  égaril,  et  aux  atleslnlions 
d'inlcIligcDce  et  capncilé  d'atlache  à  icelle,  le  commcllre  et  recevoir 
ea  qualjlii  du  mailre  calfal  el  priïposô  aux  carcnnes  p[  radniilis  des 
bâtiments  de  commerce  à  la  Fosse  el  lieu  destine  an  port  aux 
dites  opérations;  corlilicat  de  service  et  de  eapaciliï  dndit  Rnlinn, 
du  11'  septembre  1763,  cq  qualiié  de  calfnl  sur  la  praine  la 
Cristine,  signé  Monligny,  lieutenant  des  vaisseaux  du  Rei  et 
commoQctant  ladite  praiiie  ;  autre  ceriifical  de  service  du  8'  nov. 
1765,  en  qualité  d'aide-calfat  sur  la  Terpsicore,  commandée  par 
H.  de  Marclianville,  caiiiiainc  do  vaisseau,  signé  comte  de  Roqne- 
teuillo  el  Hocquarl,  iiilendanl  (1)  ;  autre  cerlilicat  de  service  et 
capacité  du  10'  mai  17()6,  cji  (jualiié  de  second  calfat  sur  la 
Terpsicore,  signé  Marclianville,  commandant  ladite  frégnte  ;  autre... 
du  23'  juillet  1767,  eu  qualité  d'aido-calfat  sur  la  llutte  la  Uuère, 
commandée  par  M.  le  chevalier  des  Roelics,' capitaine  de  vaisseau, 
signé  comte  de  Botinefeuille  et  llocrimrt,  inieudanl  ;  autre....  du 
12'  juillet  1769,  sur  i'Aurore,  commandée  par  M.  le  chevalier  de 
Ternay,  capitaine  de  vaisseau,  en  qualilô  d'aide-calfai,  signe  comte 
de  Roquefeuille  el  de  Clugny,  iuieudaul  (2)  ;  autre  en  ladite  qualité 
du  30  juillet  1769,  signé  le  chevalier  de  Ternay,  commandant  ladite 
corvette  r,lH'ore  ;  autre....  du  6'  aoust  1771,  en  qualité  d'aide- 
calfat  sur  le  Rossignol,  commandé  par  M.  de  la  Brisnlière,  iieuie- 
naui  de  vaisseau,  signé  comte  de  Roquereuillc  et  de  Clugny,  inlen- 
danl;  autre....  du  mois  de  mai  177i,  signé  le  chevalier  delà 
Brisolière,  commandant  ladite  corvette  le /lom^noi  ;  autre....  du 
29'  mal  1772,  eu  qualité  d'aide-calfat  sur  la  Folle,  commandée  par 
M.  Daché  (d'Aché),  lieutenant  de  vaisseau,  signé  comte  de  Roque- 
feuille  ei  Ruis  Embilo,  intendant  (3)  ;  autre.,.,  du  1"  iuin  1772, 
signé  le  chevalier  de  Ponlévez,  officier  de  laditle  frégatle  la  Folle  ; 
autre....  du  24'  mai  1773,  en  qualité  de  second  caffal  sur  le  Vail- 
lanl,  commandé  par  H.  de  la  Brisolière,  lieutenant  de  vaisseau, 

III  Ayinard-Jostpii  de  Unijucfuuil,  conimandaiil  de  la  marine;  Uoci|uart 
de  Champerny,  intendant  de  la  mariai',  ii  Brest- 

{i]  Culilcs  de  Clugnj',  baron  de  N'uis,  qui  a  remplacé  M.  ElwNiuart. 

|.t|  Intendant  à  Brest  depuis  le  mois  de  di''ceni1)re  1770,  d■ap^^s  M. 
(iuiclion  de  Grandponl,  les  fnkii'knls  ih  h  marine  au  jiorl  de  Ih-ext, 
Brest,  18W- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  293  — 


g  IdRuqfl-llREbt  I  d7 

I  J      g      i     I       I      d    B  ir        d    I  d  11   11  tl    I    C    (/     ( 
t          d            itbll^  llRqfll 

R        Ebl  ql       d  diri         ]A    ih  l    I 

dpMIRI        11         d  gécotd 

B     t,        11)    [  R      E    b  d     I        l  d    8     |l     b 

II  ^  é  I      1       I      JRI         m    d     M   1 1l    n  tl    Um 
jl  t  l  d     10       t  b      17  b  q     II      1    m      If  I 

I  [     Z  d    qi  d    pa    M   d    Ch  ir  I 

d        d  1   dO     11       (  )    t  R      E    I  t    d    I 

l  dld        b16        Id[l(]lld  If 

Ml  \     2  l    q  Hlmjdl 

d  I  d  I  d    B     l    —  l  m    i 

Il     II       aSjlIld  dHlcotdChlTtl 

t        t  g         1    t  I  d    t      I    II 

I        d        II  ^     *   g    fi  tldIBh 

(i   II   d  ir I        I        1  I     pi       t     m 

I        i  1 1    1        If  i  J        u     I     F  1  I        t 

IP    I    1  d    Sj    II  t  d  d    M    1    u   q        H     b   g 

d       I  I       t    I   fd  U  d  d 

R  I     1     —      l         (I  d        l      m        q 

I  d    R      I  1  d  1    1    l         d 

>         lllt         l(  Jl  IdBt) 

f         t   1     t  l  d  l        11  I    L       pi         d  AU 

S  »g    I  1  d    t  (3)  l    g    d         d  t 

I     1    d  t      I      t     I        II!      t     I  l        t   1  p 

1      g    iî       1  t  1  I     1  t  I  d    R 

^       t  IIP  I  d  t  J        U 

RI        I  I  If  1  d    I    t  I     t      I    IT  t  d    f 

If  |t  [pldlltpi 

I         t        I  l  d    t  I  U  p 

I  dbl  dll|dpt  11  p 

ql  f  IjliildRi         tlq         t 


I  < 


d       <1 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  294  — 

relatif  à  la  sûreté  de  ses  vaisseaux  et  au  bien  du  service  ;  et  à 
l'égard  des  contesta  lion  s  qui  pourroient  s'élever  pour  Taiis  de 
radoubs  et  aulres  ofTaires  conleElieuses  et  de  police  entre  ouvriers 
et  maîtres  de  bâtiiucuts  particuliers,  égalemeni  que  des  euii  L'|>riscs 
qui  pouroieut  être  formées  sur  les  ouvrages  à  faire  et  exécuter  par 
ledit  Rohan,  ce  deraier  cl  tous  autres  se  pourvoiroui  en  ce  siùga, 
à  qui  la  connoissance  eu  iippartieut,  confnnnémetit  à  l'ordonnance 
de  la  marine  de  1681,  arrêtf  et  règlemenls  en  cnnséquouee  ;  et  a 
ledit  Rohan  promis  ci  juré  par  serment  devant  dous,  ayant  la  maiu 
levée,  de  se  bien  et  fidellenient  componer  en  ses  fondions. 

R  ArrËlé  en  la  chambre  du  conseil  de  notre  auditoire,  ii  Brest, 
ce  jour  2  aousi  1777.  h  (1) 

Signé  :  Guibert  de  la  Salle. 

a  Scellé  à  Brest  lesdils  jour  et  au.  » 

Signé  :  Guibert  de  la  Salle,  commissaire  garde-seel. 

Malgré  que  le  noétierdeelinrpenlier  ne  soit  pas  en  jurande, 
à  Brest,  et  que  le  titre  de  maître  n'y  implique  pas  l'obliga- 
tion d'une  réception  spéciale,  il  semble  que  celle-ci  ait  été 
regardée  comme  une  marque  susceptible  d'augmenter  le 
prestige  d'un  sujet  dans  la  corporation  et  de  lui  faire 
conférer  certaines  préférences  de  l'auiorité  judiciaire,  dans 
les  cas  d'expertises  et  de  visites,  à  ccto  ou  à  défaut  des 
maîtres-jurés  en  litre.  On  en  peut  voir  la  preuve  dans  la 
requête  (2)  et  la  réception  du  S''  Bouguennec,  en  1781. 

Requête  à  M"  les  juges  royan.-;  de  l'amirauté  de  Brest. 


(1]  On  trouve  dans  les  complts-rejiiliis  du  conseil  (p'ni'ral  de  la  ffomniiuic 
de  Brest,  une  pùlilion  dnlœ  du  l'J  fi'ïriiT  I7U1>,  •  souscpiU;  do  jilusioiii's 
citoyens  notables,  tendant  ù  ce  i|iiu  lu  lii-u  connu  i  Itucouvranw  siius  lu 
nom  de  La  Fosse  soit  désormais  llbru  cl  (|uc  tous  les  orinatcurs  puls^'jit 
y  lalre  earOner  leurs  iinvlii-s  par  tels  iiialtres  char[ienllers  ut  calCiil^  qu'ils 
le  jugeront  convcniibli',  sans  être  conlraiiits  <li>  se  servir  du  minislèru  ilu 
S'' Rohan,  maître  enltiit  Jun'' de  ramiraiili' 1.  I«  niono|H)le  allait  liienliH 
disparaître  avec  l'aniiruiité  cl  les  jurandes. 

(2)  Documents  extraits,  comme  le  im'T.yein,  itw  ai-cliivea  de  r.iuiiraiilé 
de  Brest. 


'n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  295  — 

«  Sii|>plie  humblement  Jean  Bouguenoec,  mailre  chariienlier 
toDSInicleur  du  bâtiments  marchands, 

a  Disant  que  depuis  plusieurs  onndes  il  a  acquis  les  capacités  et 
connoissauces  nécessaires  pour  la  consirucilon  des  uavires  mar- 
chands. Pour  en  donner  des  preuves  au  siège,  Il  fournira  su 
soutien  de  la  présente  et  des  certificats  de  ses  ouvrages  pour  les 
navires  marchands  el  devis  pour  ceux  de  Sa  Majesté. 

H  Comme  le  suppliant  sait  qu'en  votre  siège,  messieurs,  il  n'y  a 
jusques  à  présent  aucun  maître  charpentier  constructeur  reçu,  il 
se  ilatie  que  vous  voudrez  hieu  le  recevoir  eu  celte  qualité  et  lui 
donner  votre  approbation.  Vous  sentez,  messieurs,  qu'eu  le  rece- 
vant par  votre  slcgo,  ce  ne  peut  à  l'avenir  faire  qu'une  personne 
de  conliance  soit  daus  les  opérations  qui  se  fout  devant  vous, 
comme  visite  et  inspection  de  navires,  lors  qu'il  vous  plaît  en  faire 
les  nominations,  ce  qui  devient  absolument  journellement  si  néces- 
saire que  dans  toutes  les  visites  de  navires  les  maîtres  charpentiers 
et  tous  autres  deviennent  des  plus  utiles,  ou  pour  la  condamnation 
d'un  navire  ou  pour  indiquer  les  réparations  à  y  faire  avant  d'en- 
treprendre un  voyage. 

«  Pour  prouver  de  ses  capacités  au  fait  de  la  construction,  il 
observe  que  si  dans  le  public  II  a  été  assez  heureux  pour  se  faire 
counaitru,  il  croit  que  d'un  autre  côté  les  certificats  dont  il  est 
muni  le  feront  ciiunoilre  par  votre  siège. 

a  Les  cinq  certillcats  des  sieurs  Guilhem,  Daniel,  Vvon,  Le  Gueu 
el  Riou-Kerallet  attestent  non  seulement  la  prohiié  du  suppliant, 
mais  eucore  la  grande  satisfaction  de  ces  bourgeois  d'avoir  été 
loiis  satisfiiils  des  ouvrages  disiribiiés  sous  la  conduite  du  suppliant. 

(i  Celui  dn  S'  Guignace,  Ingénieur- constructeur  en  chef  (1), 
donne  k's  qualités  nécessaires  an  suppliant  pour  remplir  la  place 
de  mnitre  charpeulier  constructeur,  ainsi  qu'il  ose  se  flatter  que 
vous  y  aurez  égard. 

a  Ij!  devis  et  conditions  pour  la  construction  de  4  gabarres  pour 
le  transport  des  bois  de  chauffage  el  de  construction  à  tirer  des 
environs  de  ladite  rade,  qu'il  a  passé  le  15  septembre  1778  avec 

(i)  Du  la  iiiiirinu  riiViilit.  On  va  voir  i[uu  Bougiiennec  a  uxùculé  dos 
Ifiiv.uix  |iuur  lu  tiiiiiiiti!  <1k  la  imirlni;';  maïs  pcut-ôtrc  nussi  avait  il  servi 
en  i|ualili'  <lu  cli3i'[H.'nlivr  dans  l'arsenal. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  296  — 

l'inlendant  de  la  mai'ine  en  ce  port,  prouve  bien  qu'il  a  exaclBineQl 

rempli  son  marché,  puisqu'il  est  approuvé  pnr  le  dernier  conseil 
de  la  marine  sous  l'approbation  de  H,  de  Sarline,... 

n  Si  toutes  ces  pièces  ne  prouvoienl  point  suflisammont  ses  capa- 
cités, il  en  joiudrait  encore  d'autres.... 

a  Mais  comme  le  suppliant  croit  avoir  depuis  longtemps  acijiiis 
la  capacité  de  la  construction,  il  se  flatle  qae  vous  y  aurez  égard, 
et  qu'il  vous  plaira  le  recevoir  dans  votre  siège, 

fl  Ce  considéré, 

M  Qu'il  vous  plaise,  messiturs,  voir  avec  la  présente  le  nombre 
de  12  pièces,  tant  certificats,  devis,  qu'autres,  justifiant  la  capacité 
du  suppliant  pour  la  construction  de  maître  marchand  charpeuiier 
des  navires  marchands  (sic),  y  ayant  égard,  le  recevoir  par  votre 
siège  en  ladite  qualité,  et  à  pouvoir  inspecter  tous  bàiimens  de 
commerce  destinés,  soit  au  petit  cabotage  ou  pour  le  lougcours,  fi 
la  charge  de  vous  en  donner  avis  et  de  se  conformer  aux  ordon 
nances  et  arrêts  rendus  pour  la  consiruciion  des  navires  uiarcliands 
et  d'en  faire  les  déclarations  en  votre  siège,  se  soumetlant  |)onr  cet 
effet  de  prt^ter  le  serment  requis  cl  de  faire  toutes  les  soumissions 
que  M.  l'avocat  et  procureur  du  Bdi  exigera  pour  sa  réception  et 
ferez  justice.  » 

Après  information  et  sur  les  conclusions  favorables  de 
l'avocat  et  procureur  du  Roi,  le  lieutenaut  général  du  siège 
de  l'amirauté  de  Brest  rend  une  sentence  de  réception  : 

((  Nous  lieutenaut  generd  su-dit  f■u^nnt  droit  en  lidile 
requête  égaid  ans  pitces  j  jomtes  lux  coucinsioiis  prepnntoiri'- 
de  I  avocat  et  procureur  du  Bov  de  uotie  avniit  fnire  droit  rendu 
en  cousequence  a  Imrormation  des  honnl^  vie  it  niam!>  du 
suphanl  et  auï  conclusions  deffinitives  dndil  s  ivocal  et  procureur 
du  Roy  a\oiis  reçu  et  nceions  ledit  Jeun  Biu^iicnnec  nnitre 
charpentier  constructeur  des  mvires  mnichinds  pour  eu  hdUe 
qualité  mspicter  tous  batimnis  di  comuicicu  destines  &u]t  au 
petit  cabotagi  ou  pout  k  loug  cours  parce  que  le  sup^ln  ji  ul 
pourri  s  immiscer  on  ricu  d  ms  k-,  ouvrigi  s  et  opéntious  ri  1  itne> 
à  celles  de  la  Fosse  conlîets  lu  seul  soin  du  S  Rnlnii  uniti 
charpentier  et  tnlfal  jiirt  du  ii  ^      t.t  qui!  piOleri  U  -■ciment 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  29T  — 

requis,  ce  qu'il  a  fait  en  l'eudroit  devaDl  nous,  ayaut  la  maio  levée 
à  la  HiaDJÈre  necoulumée,  el  à  la  charge  d'informer  le  siège  de 
l'âge,  qualité  des  bàlimues  desiinés  au  pelit  cabotage  el  graud 
cabotage,  et  parce  qu'il  op  pourra  cooslniire  ni  voir  construire  des 
bàlimeus  qu'au  préalable  il  n'en  soit  passé  déclaration  en  noire 
greffe  ;  ordouiions  à  tous  ceux  qui  lui  seront  subordonnés  de  le 
recoQDoitre  en  sadile  qualité  de  maître  cbarpeutier  couslructeur, 
de  lui  obéir  et  porter  respect  sous  les  peines  qui  écbéenl..,,  » 


Je  terminerai  celte  notice  par  le  récit  d'un  procès  très 
propre  à  éclairer  l'un  des  côtés  des  mœurs  corporatives, 
sous  l'ancien  régime. 

[,a  religiosité  dominait  autrefois  dans  les  esprits.  La 
croyance  était  la  base  de  la  morale,  de  la  vie  domestique 
comme  de  la  vie  publique,  et  le  catholicisme  étayait  les 
institutions  jusqu'à  se  coufondre,  dans  la  monarchie,  avec 
le  principe  de  la  iiatioualité.  Dans  le  peuple,  on  était  dévot, 
avec  une  bonne  foi  naïve  ;  il  n'y  avait  pas  d'association 
ouvrière  qui  n'abritât  ses  statuts  sous  un  saint  patron, .ne  fit 
intervenir  le  prêtre  dans  les  actes  tes  plus  solennels  de  sa 
modeste  existence,  ne  cherchât  à  assurer  même  à  ses  morts 
les  béuéfices  d'une  protection  tant  de  fois  invoquée  pour  le 
compte  des  vivants.  Et  c'était,  entre  corporations,  comme 
une  rivalité,  dans  la  manière  de  manifester  la  ferveur 
cultuelle.  Les  artisans,  pour  s'e  ni  retenir  dans  une  commu- 
nauté d'idées  forte,  cimentée  par  lo  caractère  religieux, 
formèrent  à  Brest,  à  l'instigation  el  tout  d'abord  sous  la 
direction  des  Jésuites,  une  grande  confrérie.  Mais  cela 
n'empêcha  pas  le  développement  de  confréries  particulières. 
Les  calfats,  très  nombreux  à  Recouvrance,  voulurent  avoir 
la  leur.  Ils  avaient,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  adopté 
pour  patron  un  saint  méridional,  saint  KIme  :  ce  fut  sous  son 
vocable  qu'ils  se  formèrent  en  confrérie,  cl,  à  un  moment 
oii  le  trésor  commun  se  trouva  assez  riche,  où  par  l'étal 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


d'aîsance  de  la  plupart  des  membres,  il  élait  facile  de  ^éa1i:^et 
des  contributions  volontaires  par  surcroît,  ils  n'hésitèrent 
|ias  à  se  payer  un  luxe,  d'ordinaire  réservé  aux  plus  riches 
maisons,  ci'lui  d'une  chapelle  et  d'un  lieu  de  sépulture 
réservés  à  leur  corporation,  dans  une  église  de  leur 
localité.  Naturellement,  ces  visées  un  tantinet  vaniteuses 
rencontrèrent  un  écho  bienveillant  auprès  des  ecclésiastiques 
appelés  à  en  retirer  quelque  avantage. 

Un  homme  charitable,  Tanguy  Ellez,  avait  légué  une 
maison  à  Recouvrance,  pour  loger  quatre  prêtres,  qui  don- 
neraient leurs  soins  aux  nécessiteux  et  desserviraient  k 
nouvelle  église  de  Saint-Sauveur  (terminée  en  1679)  (1). 
Une  confrérie  du  Rosaire  venait  d'être  établie  dans  cette 
église  et,  sans  doute,  elle  éveilla,  chez  les  calfats,  l'idée  de 
se  grouper  plus  étroitement,  sous  le  patronage  de  leur  saint 
d'adoption.  Ils  s'adressèrent  aux  prêtres  de  Saint-Sauveur  : 
on.  s'entendit  très  vite  et  l'on  signa  l'acte  que  je  vais 
rapporter  (2). 

i(  Au  nom  du  Vi-.re  et  du  Fils  et  du  Saînl-Esprlt,  anjourd'lnii  14 
juin  16S0,  avant  midy,  devant  nous,  uolaires  royaux  et  du  siège 
de  Bresl  et  Saint-Renan,  avec  soumission  à  icelluy,  ont  été  présaot 
personnellemeDl  vénérables  et  discrètes  personnes  inissire  Jeau 
Pelle,  Jean  Caoucé,  Jean  Jaouen  et  Marc  Perron,  prôiresdola 
communauté  ecclésiastique  du  bourg  de  Recouvrance,  paroisse  de 
Quilbignon,  diocèse  de  Léon,  vray  propriétaires  de  la  maison, 
nouvelle  cbapelle  de  Saint-Sauveur,  comme  il  est  porté  |)ar  l'acte 
de  donation  fait  aux  dits  sieurs  prêtres,  y  recours,  d'une  part,  et 
honorables  gens  Nicolas  Garnier,  Jacques  Guaval,  Noël  LazeDucc, 
Jean  Corps,  Laurent  Brélivet,  Louis  Le  Hiilour,  Noël  Sivinianl, 
Yves  Souliman,  Estienne  G.irnier,  Pierre  Gndiuner,  François  Le 

(1|  I*vol,  llisloiie  lie  llrest.  I.  ail.  l,Vi:lisc  fui  i^levi^e  des  ilenitrs  des 
tiabiLants.  Il  s'agit  ii:i  du  lu  |)r::iiiifTe  (-({lise  de  Sa  lut -Sauveur,  qui  eu 
l'iïalttù  {liait  plutôt  une  diapelle. 

[i)  Archives  muuidpales  de  Rrcst,  tonds  moderne,  M.  li.nsse  retiitive  a 
IVglise  de  SaiDi-Sauveur. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


GotiarEJD,  Jean  Collesn,  BerDard  Le  Gloanec,  Pierre  Teslard  et 
Nicolas  Kerveuuic,  mailres  alfats,  siiimlanl  laul  pour  eux  que  pour 
leurs  confrères  de  la  même  profession,  demeuraut  audit  Recou- 
vranc-e,  d'autre  Iparl),  enire  lesquels  soûl  arreslées  ies  condiiions 
qu'ensuivent,  scavoir  esl  : 

«  Lesdils  sieurs  prêtres  de  ladite  comniuDautéonl....  (?) consenlys, 
baillent,  ceddenl-  et  délaissent  à  promesse  de  garanlie  aux  dits 
calfats  pour  en  jouir  par  eux,  leurs  hoirs,  successeurs  ou  cau»e 
ayants  perpétuellement  une  chapelle  dans  ladite  église  de  Saint- 
Sauveur,  size  du  coslé  de  l'Epitre,  contenante  14  pieds  cl  demy  de 
long  et  7  et  demy  de  large  au  niveau  des  balustrades  de  l'autel, 
que  lesdils  galfais  ont  fait  faire  avec  un  tableau  repré:ienianl  saint 
Telme  au-dessus  dudit  autel,  à  toutle  faculté  de  faire  dans  toute 
l'estenduc  de  celte  chapelle  sépulture,  enterrement,  prières  et 
obsèques  funèbres  eux  et  leurs  dits  hoirs  et  successeurs,  lorsqu'ils 
jugeront  à  propos,  mettre  des  pierres  plates  lomballesdont  un  bout 
ne  sera  pas  plus  large  que  l'autre,  sans  néanimoins  placer  aucun 
banc,  aceoudoir,  chapelle  ardente  ui  autres  déco'inbremeuts  quel- 
conques, d'autant  que  les  dits  galfals  payeront  annuellement  aux 
dits  sieurs  praires  la  somme  de  6  livres  tournois  de  rente  à  com- 
mencer le  premier  payement  au  premier  jour  d'avril  prochain  et 
ainsy  couiiuuer  à  jamais,  oulro  lesdits  sieurs  prêtres,  s'obligent 
à  célébrer  et  desservir  sur  ledit  autel  une  messeàhasse  voix  tous  ies 
dimanches,  8  heures  du  jualiu,  pendant  l'an,  uussy  à  perpétuité  pour 
la  prospérité desd ils  gaifats.à  la  cbargequ'ils  payeront aiixdils  prëlrcs 
pour  iaditle  messe  selon  la  taxe  ào  rêvèquc.durant  laquelle  seulement 
leur  sera  loisible  de  faire  marcher  un  plat  atin  d'amasser  quelques 
ofljindts  pour  1  entretien  duilit  autel  et  chapelle  sans  les  pouvoir 
convenu  1  autft,  uaa^e  ny  à  faire  dire  des  messes,  aussy 
m  ircheri  lidit  phi  11  jour  ut  feste  de  saint  Telme  qui  se  solennise 
ordmiiienient  le  premier  jour  dudit  mois  d'avril,  sans  que  lesdits 
prêtres  puisscni  rien  prcUndre  aux  dites  oITrandes,  davantage 
lesdits  calfats  aiiinoncnt  par  donation  entre  vif  auxdlts  sieurs 
prêircs  li  somme  di  55a  livres  valoir  h  laquelle  iceux  sieurs  prêtres 
recnnnoisspul  et  confèrent  avoir  avant  ce  jour  receu  comptant 
desdits  g<dfats  couvt.rty  tt  employé  à  l'édiiTication  de  ladite  église 
210  livres,  le  surplus  qui  esl  ai5  livres,  lesdits  galfats  s'obligeul 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  3M  — 

p.nycr  aiixdits  sieurs  prêtres  la  moiiid  qui  est  157  I.  10  s.  le  12' 
décembre  prochain  el  le  restant  qui  est  pareilje  somma  aujourd'iiuy 
en  ua  an  sous  obligation  solidaire  de  tous  el  chacun,  leurs  biens 
meubles  et  immeubles  presant  et  à  venir  qu'ils  alTeclenl  el  hypo- 
tËquent  à  toutes  rigueurs  de  justice  sans  souimalion  precddeme, 
couditionoé  que  lesdJIs  gnlfals  ne  seront  obligés  à  jucune  répara- 
tiou  au  sujet  du  massounge,  boisage,  vitre  uy  loest  (toits)  sur 
laditte  chapelle,  à  quoy  lesdits  sieurs  prêtres  seront  tenus  ea  privés 
noms  et  que  lesdils  galfats  ne  pouront  faire  cellebrer  ladite  messe 
par  autre  que  par  tesdits  sieurs  prêtres  ou  de  leur  cousentemeDi....  » 

En  avril  1695,  le  recteur  de  Saint-Pierre-Quilbignon, 
dunt  la  paroisse  comprenait  alors  la  presque  lolalitû  do 
Recouvrance,  les  trésoriers  et  marguilliers  de  Saint-Sau- 
veur, où  l'on  a  organisé  une  fabrique,  stipulent  avec  les 
calfals  un  acte  confirmatif  du  précédent.  La  confrérie  remplit 
scrupuleusement  ses  obligations. 

■  Mais  les  recteurs  changent  et  si  les  calfats  n'entrevoyaient 
rien  -de  mieux  que  de  perpétuer  l'exe'culion  d'un  contrat, 
à  leurs  yeux  hors  de  toute  contestation,  des  intérêts 
collatéraux  s'agitaient  pour  les  entraver  dans  leur  pieuse 
dévotion. 

La  petite  chapelle  de  Notre-Dame,  sur  le  quai,  due  à  la 
piété  des  seigneurs  du  ChAtel,  et  qui,  pendant  longtemps, 
avait  suffi  à  une  population  très  restreinte,  avait  groupé 
autour  d'elle  des  habitants  jaloux  de  l'essor  de  la  nouvelle 
église,  et  que  la  discontinuation  des  offices  réguliers  à  leur 
portée  gênait  dans  leurs  habitudes.  Les  prêtres  el  les  sous- 
gouverneurs  attachés  à  la  chapelle  étaient  bien  davantage 
contrariés  d'être  réduits  à  un  rôle  de  second  plan  et  de 
perdre  les  bénéfices  d'un  casuel  qui  allaient  se  reporter  sur 
l'église  rivale.  Saint-Sauveur  pouvait  devenir  paroisse,  ce 
qui  ne  laissait  pas  d'inquiéter  Saint-Pierre.  Kt  de  fait,  la 
petite  église  primitive  de  Saint-Sauveur  fit  place  à  l'église 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


t 


—  30)  — 

actuelle,  achevée  en  1749,  et  consacrée  paroissiale  l'année 
suivante  (1). 

Au  cours  de  tiraillements  causés  par  des  intérêts  plus  ou 
moins  divergents,  la  confrérie  des  calfats  ne  jouit  point  avec 
tranquillité  des  prérogatives  qu'elle  avait  achetées  à  beaux 
déniera  comptants.  Même  on  oublia  l'acte  passé  avec  elle  ; 
on  lui  récusa  le  droit  d'occuper,  dans  la  nouvelle  église, 
aucune  place  tombale,  de  posséder  aucun  autel  particulier. 

De  là  procès  par  devant  le  Présidial  de  Quimper  (21 . 

Les  calfats  furent  déboutés  de  leurs  justes  réclamations 
(1764)  et  ils  eurent  à  payer  les  frais  de  procédure. 

La  corporation  avait  contribué,  par  son  initiative  et  par 
son  argent,  à  préparer  l'établissement  d'un  centre  paroissial 
à  Recouvrance  :  l'œuvre  ébauchée  par  les  a'ieux  devait,  à 
l'heure  de  sa  réussite,  tourner  à  la  confusion  des  ftls  et  des 
pelils-fils  ! 

Le  Sic  vos  non  vobis....  est  de  tous  les  temps  et  de  tous 
les  lieux  ! 

D'  A.  CORRE. 


|l)  I*ïot,  llisluire  de  Dresi,  I,  310. 

(i)  Archives  municipales  de  Brest,  ancien  tonds,  GG.  ci 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


LISTE  DE  FAMILLES  NOBLES 

Extraite  da  Compte  du  Recevaor  ducal  k  Quimper  en  1389 


[,a  collection,  dite  des  Blancs-Manteaux,  conservée  à  la 
Bibliothèque  Nationale,  est  une  source  inépuisable  de  ren- 
seiguements  pour  l'histoire  de  Bretagne  J'y  ai  dans  le 
cours  de  mes  recherches  trouvé  une  pièce  intéressante  au 
point  de  vue  des  personnes  nobles  qui,  iiabilant  Quimper 
en  1385,  furent  en  vertu  de  leur  noblesse  dispensées  de 
paiement  de  certaines  taxes. 

Cette  pièce  contenue  dans  le  registre  11531  est  une  copie 
du  17"  siècle,  qui  porte  le  titre  suivant  : 

"  Notes  inléressantcB  tirées  du  Trésor  de  la  Chambre  des 
«  Comptes  de  Bretagne,  tant  dans  les  plus  anciens  inven- 
B  taires  de  plusieurs  domaines  du  Roy,  que  dans  les  plus 
a  anciens  comptes  de  ces  mêmes  domaines.  i 

L'auteur  anonyme  de  ce  travail  ajoute  à  l'occasion  d'un  fait 
qu'il  lui  paraîtrait  utile  d'élucider,  o  On  pourrait  en  trouver 
«  la  preuve  dans  les  registres  de  la  maison  du  Duc  relatif 
«  aux  gages  ou  honoraires  de  ses  olliciers,  mais  ces  registres 
«  sont  en  nombres  immenses  et  sans  aucun  ordre,  et  oa 
«  serait  bien  du  temps  à  les  trouver  et  plus  encore  à  les 

Ces  registres  existent  peut-être  encore  à  Nantes  ;  en  tout 
cas,  ils  sont  peu  connus,  et  il  parait  utile  d'en  publier  quel- 
ques fragments  relatifs  à  la  Cornouaille. 

La  pièce  en  question  contient  des  extraits  des  comptes 
desreceveursducauxde  Rennes,  Morlaix-Lanveur,Lesneven, 
Quimper,   Saint-Brîeuo  et  Gouelo,  Chàteaulin  et  Fougères. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  m  — 

La  partie  relative  à  Quimper  commence  par  la  mention 
d'un  certain  nombre  de  minus,  aveux  et  déclarations  en 
date  de  1503,  1513,  1514,  1548,  1572,  1577,  1617,  1053  et 
1697.  Ils  sont  relatifs,  soit  au  manoir  noble  de  la  Villeneuve 
dans  la  trêve  de  Laugoleu,  paroisse  de  Briziac  (Briec),  soit 
à  la  Villeneuve  dépendant  de  la  seigneurie  du  Hesnant,  en 
Névez,  soit  à  la  Villeneuve,  en  Plomeur,  appartenant  à 
Messire  Guy  Autret,  chevalier  de  l'ordre  du  Roy,  seigneur 
de  Missirien  et  de  Lezergué. 

Suivent  do  nombreuses  mentions  relatives  à  la  saisie  des 
biens  de  Jehan  f.e  Pappe  qui,  accusé  de  meurtre  en  1385, 
avait  pu  s'échapper  de  la  prison  du  Duc  où  il  était  renfermé. 
Ces  biens,  mis  sous  séquestre,  étaient  situés  en  la  ville  de 
Kaerlouch  paroisse  de  Ploelré  (Ploaré)  ;  une  partie  «  était 
0  prise  du  sire  du  Juch  pour  labourer  à  la  tierce  (?)  gerbe,  n 

Au  compte  de  1403,  ontrouve  le  règlement  définitif  de  cette 
longue  afTaire,  mentionné  ainsi  qu'il  suit  : 

»  Le  receveur  (ducali  ne  se  charge  point  de  la  terre  de 
«  Jehan  Le  Pappe,  de  la  ville  de  Kerlouch,  en  la  paroisse 
«  de  Ploelre,  laquelle  était  en  la  main  de  Mgr  pour  aucune 
a  cause  criminelle  que  l'on  proposait  contre  ledit  Jehan, 
«  pour  ce,  il  a  été  jugé  et  délivré  et  ses  terres  délivrées 
■  audit  Jehan  par  vertu  de  lettre  Monseigneur  le  Duc  que 
n  Dieu  pardonne  en  datte  du  296  jour  de  may  1393  et  comme 
«  il  appert  par  un  procès  fait  es  héritage  de  Quimper 
«  Corantin  le  16*  jour  de  juillet  l'an  dessus  dit  et  par  autres 
«  procès  fait  es  dits  héritages  le  19'  jour  de  décembre 
«  l'an  1404.  » 

N*.  En  marge  est  mentionné  le  jugement  de  cet  article  en 
«  ces  termes  :  F.t  pour  que  le  receveur  a  apparu  par  procès 
tt  de  la  cour  de  Quimper-Coranlin  demeuré  au  sac  de  ce 
a  compte  que  cette  chose  était  mise  à  délivrance,  il  n'en 
«  sera  plus  chargé  ». 


,yGooglc 


Î01  - 


s  rece- 


Vienneijt  ensuite  diflérents  extraits  du  compte  des  r 
veurs  de  Quimper.  Nous  les  reproduisons  lextuellemeril  et 
dans  l'ordre  même  où  ils  se  trouvent  dans  le  manuscrit. 


Compte  de  1404  jusqu'en  1406  à  la  dépense  dudit  compte, 
au  7*  alinéa  du  fol....  V  est  écrit  : 

Item  se  décharge  fledit  receveur)  d'avoir  payé  à  Pierre  de 
Laval  lieutenant  de  Robert  Soryn,  trésorier  et  receveur 
général  de  '  Bretagne,  comme  il  appert  par  la  quittance 
dudit  Pierre  de  la  dette  du  14  octobe  1405,  de  30  Ib  (1). 

El  il  est  répété  plusieurs  fois  sous  le  simple  nom  dé 
Pierre  de  Laval. 

Compte  de  Jean  Lemercier,  receveur  depuis  le  25  août 
1385  jusqu'au  19  janvier  1386. 

Du  1'  folio,  recto,  aux  rentes  censives.  Item  pour  la 
maison  Jehan  Tlieppaut  6  s. 

Au  même  f"  v'itera  la  maison  Prallou  et  Jehan  Tlieppaut, 

3  8. 

Au  même  compte  Guillou  Tlieppaut pipe  froment. 

Compte   de   Guillaume   Kercaro,   receveur  de   Quimper, 

jusqu'au  10  janvier  1396. 

A  l'avant  d"'  folio,  verso,  est  écrit  mot  pour  mot  «  item 
B  paya  aud.  Morice  qui  Baillif  estoit  en  novembre  et  à  Alain 
■  Deiaroche  qui  est  présent  et  à  valoir  en  leurs  gages  pour 
0  ledit  office  pour  l'an  1396,  la  somme  de  30  Ib.  » 

Comp/e, dudit  Guillaume  Kercaro  depuis  le  20  octobre 
1398.  Au  5'  lolio,  verso,  avant  la  iin  dudit  compte,  l''' 
alinéa,  est  écirt  : 

(1)  Le3  valeurs  [lorlfes  dnns  ces  noto  sont  llKurées  par  des  abréïiaimna 
que  j'ai  eiu  |>(iuvoir  lire  fb  et  »  pour  livres  et  sols,  inuiinaics  Je  compte. 
[i  livres  de  Bretagne  valaient  5  livres  tournois.} 


n,g,t,7.cbyGOOglC_ 


■  Item  paya  à  Alain  de  la  Roche,  baillit  de  Cornouaille, 
«  pour  ses  gages  à  exercer  ledit  office  pour  l'an  1399.  Comme 
0  appert  par  sa  i:{uittance  du  26  octobre  audit  an  la  somme 
«  de  30  Ib,  c'est  pour  ses  gages  de  Van  1399.  » 

Compte  de  Bernardin  de  Castel,  receveur  de  Quimper,  de 
l'an  1396. 

Au  4'  folio,  r'  dudit  compte,  4'  alinéa,  est  écrit  : 

«  Mémoire  qu'il  ne  compte  pas  du  droit  du  voyer  de 

■  Quimper  Corenlîn  pour  ce  que  il  dit  que  Mgr  l'a  délivré  à 
«  Macé  de  la  Fouchaye  par  ces  lettres  dont  il  n'appert  aucune 
«  chose, si  est  enjoint  apparattreles  lettres  avant  la  conclusion 
9  de  ce  compte  ou  en  rendre  ».  Ensuite  est  écrit.  «  Il  a  apparu 
«  une  lettre  du  28  janvier  1596  par  laquelle  il  délivrait  ledit 
«  voyerage  audit  Macé  de  la  Fouchaye  ». 

Au  même  compte,  4°,  f°,  verso  avant  fe  dernier  2°  alinéa 
est  écrit  : 

a  Item  se  décharge  pour  une  quittance  de  Alain  de  la 
a  Roche  bailli!  de  Monseigneur,   du  20'  novembre  1397, 

■  par  vertu  du  mandement,  sur  ce,  audit  receveur  adresse 
a  30  Ib.  C'est  pour  ses  gages  d'être  bailly  de  l'an  1397.  » 

Compte  de  Jean  Lemercier,  receveur  de  Quimper,  depuis 
le  25  août  1385  jusqu'au  19  janvier  1386, 

A  commencer  au  31  î",  r"  dudit  compte. 

Après  compte  ledit  receveur  de  l'issue  par  mer  de  ladite 
ville,  depuis  ledit  Jour  25  aoust  1385  jusqu'au  19  janvier  1386, 
c'est  à  savoir  compte  25  Ib  d'yssue  pour  chacun  tonneau 
de  froment  et  d'autres  blés,  item  pour  chacun  tonneau  de 
poisson  38  Ib,  item  pour  chacun  tonneau  de  chair  38  Ib, 
item  pour  chacun  tonneau  de  salles  381b,  item  et  le  x°  des 
draps  et  du  linge,  etc. 

Ensuite  sont  les  noms  des  navires  ou  barques  entrés,  le 
nom  de  ceux  qui  y  avoient  des  marchandises,  la  qualité  de 
ces  marchandises  et  les  droits  qu'ils  ont  payés. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  306  — 

Et  les  noms  de  ceux  qui  n'avoient  rien  payé  parce  qu'ils 
étaient  nobles  et  qu'ils  déclaraient  que  les  danrées  étaient 
venus  pour  la  consommation  de  leurs  maisons. 

Ces  restrictions  sont  exprimées  en  ces  termes  :  Item  pour 
le  sire  de  Viez  Chastel,  2  tx  froment  que  rien  ne  paya 
parce  que  c'était  pour  son  factiz  et  sans  fait  de  marchandises 
si  comme  il  appert  par  relation  sur  ce  faite. 

Item  furent  chargés  2  tx  froment,  c'est  à  savoir,  l'un 
pour  Thepaut  Quistinic  et  l'autre  pour  Nicolas  Beloste  (?) 
qui  rien  n'en  payèrent  parce  c'était  pour  leur  factiz  et  de 
leurs  hostels  et  sans  fait  de  marchandises. 

Item  furent  chargiés  audit  vessel  les  blez  qui  s'ensuivent 
pour  les  personnes  dont  les  noms  s'ensuivent  qui  rien  ne 
payèrent  parce  qu'ils  sont  nobles  et  qu'ils  jurèrent  que 

c'était  pour  leur  factiz  et  pour 

de  leurs  hôtels  et  sans  faits  de  marchandises,  savoir  : 

Le  sire  du  Vieux-Chastel,  2  tx  froment. 

La  dame  de ,  3  tx  froment. 

Ensuite  les  noms  de  tous  les  autres  nobles  qui  n'ont  point 
payé  les  droits  : 

La  dame  de  Kaeranres. 

Maistre  Alain  Croezual, 

Jehan  de  la  Couldraye. 

Hervé  Kaerguegant  "  [!}. 

Le  sire  de  Treziguidi. 

Clémence,  la  fille  Robert  de  Coedele. 

Hervé  Kaerguegant  * 

Le  prieur  de  Locmaria. 

Monsieur  Eon  de  Treziguidi  *,  6  tx  d'orge. 

Daniel  de  Saint-Allouarn. 

Guillaume  de  Kaermabon. 

(t)  Les  pcrsoDnages  dont  les  doids  sont  accompagnés  d'une  astËrique  se 
trouveat  meationDès  dans  l'ouvrage  de  l.e  Men  sur  ia  calbédrale  de 
Qu  Imper. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  307  — 

Hervé  Lesongar. 

Yvon  Themos  (?) . 

Morice  Kaerminguy. 

Thépaut  Quisttnic. 

Jehanae  <lu  Juch,  dame  de  Nevet. 

Jehan  de  Langueoviz  * 

Maître  AlaiQ  Croezual. 

Maître  Mahieu. 

Jehaa  Le  Barbu. 

Le  sire  de  Tréziguidi. 

Pierre  Tregouret. 

Philippe  de  la  Forest. 

La  dame  du  Jucii. 

Maître  Richat  Cleve.  (?) 

Jacob  Ploeneiz. 

Monsieur  Hervé  de  Trévaloet. 

Mons''  Jehan  Le  Barbu. 

Henry  de  Treouret  et  Pierre  de  Treouret. 

Hervé  Kerguegant  ' 

Clémence  du  Menez  * 

Le  vicomte  du  Fou  • 

Maître  Jehan  Fraval  ;  N*  il  n'est  point  dit  qu'il  est  noble. 

Guiomarch  Lesnaragan. 

La  dame  du  Juch. 

Pierre  Lelau. 

Guezenec  Brîant. 

Jehan  Langueooez  * 

Guezenec  Berian. 

Daniel  Le  Dymana. 

Hervé  Paen, 

Charles  de  Kaeranres  pour  sa  dame,  l  tx  vin. 

Theppaut  Quistînic ,  1       id. 

La  dame  de  Kaeranres ,  2tx  id. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Le  sire  de  Tréstguidé  • 

Clémence  Quocecel  (?) 

Jehan  de  Langueouez  * 

Le  sire  de  Viez-Chastel. 

Le  prieur  de  Locmaria. 

Monsieur  Eon  Quelen. 

M""  de  Tyouaralen. 

Le  sire  de  Poulmic. 

Maître  Alain  CroezualT 

Geffroy  Morvan. 

Jehan  de  la  Conldraye. 

Hervé  Kaerguegant  * 

Henry  Cadoret. 

Mons'  Jehan  Dumur. 

Jehan  du  Bot  ou  Duvot. 

Guy  on  Le  Veir. 

Le  seigneur  du  Chastel. 

Mons'  Hervé  de  Saint-Goesnou. 

Bernard  Kaerourcuff. 

La  femme  Olivier  an  Beren. 

Daniel  de  Saint-Allouarn. 

Morice  Kaermin^y. 

Y  von  Themos. 

Guillaume  Kaernascao. 

Le  sire  de  Nevet. 

Theppaut  Quistinic. 

Maître  Alain  Croezual. 

Le  sire  du  Pont. 

Henry  de  Pen morvan. 

Guillaume  Tanguy . 

Guezenec  Berian. 

Maître  Mahieu. 

ThefTaine  de  la  Rue 

La  dame  daJuch. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Le  vicomte  du  Fou  * 

Maitre  Alain  Croezual,  procureur  de  mond  s' 

Jehan  du  Fou. 

Guy  du  Fou. 

Jehan  de  la  Couidraie. 

Le  sire  de  Foulmic  * 

Guillaume  Liscun. 

Pierre  du  Ster, 

Le  sire  de  Lanros. 

Compte  cotte  14,  de  1408  à  1410. 

Je  trouve  Messire  Yvon  de  Penguilly  et  Eléonore  sa  fille 
ont  possédé  des  revenus  à  Kerevenant,  en  la  paroisse  de 
Ploemerin.  On  trouve  cette  famille  dans  quantité  de  comptes, 
elle  paroit  fort  ancienne. 

Au  même  compte,  page  suivante,  aux  rachats,  il  y  est 
mention  de  celui  de  Nuz  Kernyvinen  et  de  Geffroy  son  fils 
qui  n'a  encore  payé  le  rachat  dudit  Nuz  son  père  et  auquel 
Geffroy  on  demande  lige. 

Article  suivant  : 

Rachat  deMavoy(?)deKepfora  aussi  non  payévùque  Guyon 
de  Kerfors  fils  de  ladite  Mavoy  n'avait  pas  fait  hommage  de 
la  terre  de  sa  dite  mère. 

Article  suivant  : 

N'est  pas  payé  non  plus  le  rachat  de  la  terre  Costiou 
Keranblouch  faite  d'hommage  que  Guiomarch  Keramblouc 
son  fils  n'avait  pas  fait. 

Après  le  rachat,  suivent  les  droits  sur  les  vins,  mais  où 
les  sires  du  Juch,  de  Nevet,  Henry  de  Kernech,  Messire  Jehan 
de  Lesperuez  le  jeune,  le  sire  du  Vieux-Chastel  et  Alain 
Lescauff  ne  payaient  pas  de  droits  pour  la  raison  qu'ils 
étaient  nobles  ainsi  que  maitre  Alain  Penqueleunec. 

Au  cinquième  d'  f"  v°  de  ce  compte  se,  trouve  6  tx  de 
vin  pour  Messire  Guillaume  de  la  Vîeuville,  exempts  de 
droits  par  ordre  du  duc. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  310  — 

Compte  de  1418  à  1420. 

Au  r°  du  3'  d"  fo  de  ce  compte,  chapitres  des  rachats  se 
trouve  celui  de  feue  dame  CatheriDe  de  Tuonguidy  décédée 
en  juin  1418. 

Celui  pour  les  terres  de  Guéguen  Kaerguegen  et  consorts 
en  la  paroisse  d'Ergué-Gabéric. 

Celui  des  terres  d'Yvon  Kerdilès  en  la  ville  de  Kerdiles, 
susditte  paroisse. 

Celui  de  Jehap  Kerpaen,  décédé  en  1418,  le  tiers  réservé 
à  sa  veuve. 

Compte  de  1415  à  1416  rendu  par  Jehan  de  Treanna 
receveur  de  Quimper. 

Reporte  le  rachat  du  sire  de  Guergorlay  qui  est  décédé 
outre  mer.  Le  tiers  réservé  à  la  dame  de  Laval  sa  veuve. 

Ce  rachat  est  considérable  et  porte  en  sous  rachatMessire 
Henry  du  Juch  et  quantité  d'autres  dans  les  paroisses  de 
Trégoures,  de  La«,  Scaer,  et  leurs  villages. 

Comptes  de  1429. 

Chapitre  des  mises. 

Au  verso  de  l'avant  i*'  feuillet  reporte  : 

Payé  à  Jehan  de  Kersaliou,  pour  le  temps  qu'il  avait  été 
à  Pontorson,  pour  le  duc,  la  somme  de  333  Ib  et  à  Jehan 
de  Tremedern. 

L'article  suivant  est  200  Ib  monnoie  payés  à  Messire 
Bertrand  de  Montbourcher,  capitaine  de  Saint-Aubin,  pour 
partie  de  sa  paye  et  des  gens  d'armes  dudit  Saint-Aubin, 
suivant  lettres  du  duc  du  16  septembre  1426. 

Compte  de  1429  à  1430,  chapitre  des  mises  on  trouve  : 

Payé  à  Alain  de  Rohan,  à  Messire  Guillaume  du  Cosker 
ou  Coskéric,  à  Jehan  et  Richard  de  Penguern,  à  Jehan  de 
Treal,  Henry  Tuonmelîn  écuyer  et  en  outre  de  laisser  jouir 
Messire  Guillaume  de  la  Viesville  du  droit  de  franchise,  le 
tout  par  mandement  du  duc. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  3H   — 

Payé  à  Hervé  Leny  séneschal  de  Cornouaille  en  1429  —  à 
maistre  Jehan  de  Coatanezre  son  bailIifT  —  à  Jehan  Dronyou 
soD  procureur 


C'est  ici  que  se  terminent  les  extraits  relatifs  à  la  recette 
de  Quimper. 

Je  n'ai  pu  réussir  à  déchiffrer  et  à  identifier  une  partie 
des  noms  qui  figurent  dans  la  liste  qui  précède,  car  l'ortho- 
graphe en  est  souvent  singulièrement  dénaturée.  Pour 
incomplète  qu'elle  soit,  cette  liste  n'en  est  pas  moins  intéres- 
sante, au  point  de  vue  des  familles  qui  jouissaient  en  1385 
des  privilèges  de  la  noblesse.  Le  nom  de  la  plupart  d'entre 
elles  se  retrouve  fréquemment  dans  les  Preuves  de  l'histoire 
de  Bretagne  par  Dom  Morice,  ainsi  que  dans  les  titres  des 
16"  et  17'  siècles,  mais  le  nombre  de  celles  qui  existent 
encore  à  la  fm  du  19°  siècle  est  certainement  bien  peu 
considérable. 

ViLLIERS  DU  TeBRAGE. 

KermJnlby,  en  Rosporden,  juillet  1898. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


PIERRE  GRAVEE  DE  KERMARU 

En  PONT-L'ABBÉ  (Finistère] 


Le  30  avril  i895,  en  défrichant  un  terrain,  jusque-là  resté 
inculte,  on  découvrit,  à  l'Ouest  des  édifices  de  Kermaria, 
sur  le  sommet  du  coteau  dominant,  au  Nord-Ouest,  l'estuaire 
qui  forme  aujourd'hui  le  port  de  Ponl-l'Abbé,  une  borne  en 
forme  de  pyramide,  à  base  et  à  sommet  arrondis,  dont  les 
quatre  faces  portent  des  sculptures.  L'inventeur  m'ayant 
fait  prévenir  de  sa  découverte,  je  me  rendis  immédiate- 
ment sur  les  lieux,  et,  après  en  avoir  fait  l'acquisition,  je 
la  fis  transporter  chez  moi,  où  elle  fait  aujourd'hui  partie  de 
mes  collections. 

Ij'ensemble  de  ce  petit  monument  a  83  centimètres  de 
hauteur  totale  et  0  m.  70  de  largeur  à  la  base,  la  partie 
sculptée  ayant  0  m.  50  de  haut. 

Les  sculptures  forment,  sur  chaque  face,  un  tableau 
limité,  en  haut  et  en  bas,  par  une  bande  sculptée  qui  entoure 
le  monument  sans  solution  de  continuité. 

Des  sculptures  qui  se  trouvent  sur  ce  monument  je  lus 
facilement  celles  des  deux  faces  1  et  II,  ainsi  que  celles  qui 
l'entourent  au  sommet  et  en  bas.  Mais  je  restais  indécis  sur 
l'interprétation  des  signes  sculptés  sur  les  deux  autres 
faces. 

Je  pris  le  parti  de  photographier  ses  quatre  faces  séparé- 
ment et  d'en  envoyer  des  épreuves  à  Messieurs  Alexandre 
Bertrand  et  Salomon  Reinacb.  Ils  me  répondirent  qu'ils  ne 
doutaient  pas  que  le  monument  fut  Gaulois  et  d'un  grand 
intérêt. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  3^3  — 

Je  n'en  doutais  pas  non  plus,  mais  je  n'apprenais  rien  sur 
les  signes  reproduits  sur  ses  faces  III  et  IV. 

A  la  session  du  Congrès  de  la  Société  française  d'archéo- 
logie, tenue  à  Morlaix  en  1896,  je  produisis  mes  photo- 
graphies et  je  lus  une  courte  note  expliquant  les  sculptures 
gravées  sur  les  faces  I  et  II  et  celles  limitant  les  tableaux 
sculptés  en  dessus  et  en  dessous  (1).  Je  fis  appel  à  la  perspi- 
cacité de  nos  collègues  au  sujet  des  lignes  représentés  sur 
les  laces  111  et  IV.  Mon  appel  resta  malheureusement  sans 
écho.  Force  me  fut  d'attendre  encore  avant  de  livrer  mon 
monument  à  la  publicité. 

Enfin  cette  année,  dans  le  courant  de  l'été,  j'eus  la  bonne 
fortune  d'avoir  la  visite  de  Monsieur  J  -F.  Hewitt,  ancien 
gouverneur  dans  l'Inde,  où  il  a  passé  la  plus  grande  partie 
de  sa  vie,  s'attachant  à  étudier  les  monuments  anciens  du 
pays  où  il  a  vécu,  et  la  religion  Hindoue  qui  n'a  plus  de 
mystères  pour  lui.  En  apercevant  mon  petit  monument, 
dressé  dans  le  vestibule  de  mon  habitation,  il  me  dit  que  sa 
rencontre  ici  était  d'or  pour  lui. 

A  son  retour  à  Bruxelles,  où  il  habite  une  partie  de 
l'année,  M.  Hewitt  m'envoya  une  très  savante  brochure 
extraite  du  bulletin  de  la  Société  d'anthropologie  de  cette 
ville,  intitulée  :  L'histoire  et  les  migrations  de  ta  croix  et  du 
sû-astika  «. 

Depuis  il  m'a  demandé  des  photographies  du  monument 
de  Kermaria.  Après  les  avoir  étudiées  à  loisir  il  m'a  écrit 
une  très  intéressante  lettre,  dans  laquelle,  ainsi  que  vous  le 
verrez  plus  bas,  il  me  donne  l'interprétation  des  signes 
gravés  sur  les  faces  HI  et  IV. 

Mais,  avant  d'étudier  les  sculptures  de  notre  monument, 
disons  quelques  mots  du  milieu  dans  lequel  il  a  été  trouvé. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  3U  — 

II  a  été  exhumé  à  cent  mètres  à  l'Ouest  des  édifices  de 
Kermaria,  dans  un  terrain  inculte.  Il  était  placé  à  peu  près 
au  centre  d'une  sorte  de  chaussée  de  deux  à  trois  mètres  de 
large,  empierrée  de  petites  pierres  non  taillées,  se  prolon- 
geant sur  une  vingtaine  de  mètres  suivant  une  ligne  Est- 
Ouest.  Le  monument  était  renversé,  la  face  I  contre  terre, 
si  bien  que  relevé  cette  face  regardait  le  soleil  levant. 

A  cent  mètres  à  l'Ouest  du  monument,  on  voit  un  petit 
tumulus  de  dix  mètres  de  diamètre  sur  un  mètre  de  hauteur. 
L'ayant  ouvert  en  1896,  nous  avons  rencontré  au  centre  un 
coffre,  formé  de  quatre  dalles  posées  de  champ  en  terre, 
recouvert  d'une  cinquième  dalle  affleurant  à  la  surface  du 
sol  environnant.  Ce  coffre,  mesurant  intérieurement  1  m.  40 
de  long  sur  0  m.  78  de  large  et  0  m.  40  de  profondeur,  était 
sans  dallage  au  fond.  Il  ne  renfermait  que  des  restes  inci- 
nérés et  quelques  éclats  de  silex  sans  caractère. 

A  400  mètres  à  l'Est  de  Kermaria  on  voit,  sur  les  terres 
de  Kerséoc,  au  sud  de  la  route  de  Combrit  à  Pont-I'Abbé, 
plusieurs  tumulus,  qui  ont  malheureusement  été  explorés 
à  une  époque  inconnue.  Toutefois  quelques  fragments  de 
poterie  et  la  structure  de  ces  monuments  me  font  penser 
qu'ils  remontent  A  l'époque  du  bronze.  A  cent  mètres  de 
ces  tumulus  on  remarque  des  traces  de  retranchements 
et  d'habitations  qui  semblent  indiquer  qu'il  y  a  eu  là  un 
centre  de  population  assez  important. 

Un  peu  plus  loin,  toujours  au  Sud  de  la  route  de  Combrit, 
dans  le  bois  de  Kerlouarn,  on  voit  également  des  traces 
de  retranchements  et  d'habitations,  ainsi  qu'au  Sud-Ouest 
de  Kergus. 

Comme  on  le  voit,  tout  le  coteau,  sur  le  sommet  duquel 
a  été  recueilli  le  monument  de  Kermaria,  a  été  occupé, 
à  une  époque  des  plus  reculées,  par  des  populations  très 
denses. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  315  — 

Ceci  dît,  décrivons  les  sculptures  gravées  sur  notre 
monument. 

Voici  ce  que  je  dis  en  1896  au  Congrès  de  Morlaix  sur 
les  gravures  relevées  sur  ses  faces  I  et  II. 

Face  I.  —  Des  cartouches  qui  décorent  ses  quatre  faces, 
celui  de  la  face  I  nous  montre  un  ornement  bien  connu,  le 
sû-astika  (1).  Celait,  chez  les  peuplades  primitives,  un  signe 
favorable  que  l'on  trouve  un  peu  partout  dans  le  monde 
connu  des  anciens  ;  en  Angleterre,  en  Gaule,  en  Italie,  dans 
la  vallée  du  Danube,  en  Scandinavie,  en  Grèce, en  Asie,  dans 
l'Inde  enfm  où  il  joue  un  rôle  considérable,  comme  nous 
allons  le  voir,  dans  la  plus  lointaine  antiquité  et  encore 
aujourd'hui. Toutefois  c'est  la  première  fois  que  le  sù-astika, 
dont  on  suit  la  traînée  de  l'Inde  jusqu'en  Gaule  par  la  vallée 
du  Danube  (2),  se  trouve  sur  un  monument  jusqu'au  fond  de 
la  Gaule.  Armoricaine.  A  ce  titre  déjà  la  pierre  gravée  de 
Kermaria  a  uns  importance  considérable. 

Le  sû-astika,  avec  ses  crochets  tournés  de  gauche  à 
droite,  porte  dans  la  religion  Hindoue  le  nom  de  sû-astika 
mâle  et  lorsqu'il  a  ses  crochets  tournés  de  droite  à  gauche, 
comme  sur  la  face  I  de  notre  monument,  le  nom  de 
sù-astika  femelle.  Dans  ce  cas  quelques-uns  l'appellent 
aussi  sauvas tika. 

Monsieur  Edward  Thomas  dit  en  parlant  du  sû-astika 
mâle  et  du  sauvastika  :  «  Autant  que  j'ai  pu  suivre  et  ratta- 
cher les  unes  aux  autres  les  manifestations  diverses  de  cet 
emblème,  toutes  et  chacune  s'expliquent  comme  une  concep- 
tion primitive  des  mouvements  solaires.  » 

Le  sû-aslika,  avec  ses  crochets  tournés  à  droite,  était  un 
vieil  emblème  chez  les  populations  Aryennes,  uu  symbole 

(1)  On  écrit  également  swaslika.  Dans  le  beau  livre  dernièrement  publie 
par  M.  Al.  Bertrand,  La  religion  de»  Gaulois,  Us  Druides  el  le  Druiaisme, 
on  trouve  trois  chapitres  consacrés  au  swastika  ou  croix  gammée. 

(3)  Koule  snivie  par  les  populations  primitives  qui  ont  Éiuigrâ  d'Orîeal  en 
Occident  jusqu'au  tond  de  l'Armorique,  emportant  avec  elles  les  croyances 
représentées  par  les  sculptures  gravées  sur  le  monument  de  Kermaria. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  316  — 

de  la  lumière,  de  la  vie,  de  la  santé,  de  la  richesse.  Il  était 
le  symbole  du  soleil  du  printemps,  par  opposition  au  soleil 
d'automne  représenté  par  le  sauvastika. 

Dans  son  travail  sur  le  sû-astika,  M.  Hewitt  nous  apprend 
que  les  marchands  de  l'Ouest  des  Indes  tracent,  encore 
aujourd'hui,  au  commencement  de  leurs  lettres  et  de  leurs 
factures,  le  signe  du  sû-astika  m&le,  l'oiseau  solaire  qui 
chaque  année  voyage  du  nord  au  sud,  entre  le  solstice  d'été 
et  le  solstice  d'hiver. 

Le  sA-astika  qui  est  peint  en  rouge  comme  ta  ligne  de 
Vasu  ou  de  Visbnu,  est,  nous  dit  M.  Hewitt,  le  signe  du  Dieu 
Gan-esh,  le  Seigneur  (iska)  du  pays  (gan|,  qui  est  aussi  le 
Dieu  du  nuage  pluvieux  de  la  mousson. 

Ces  mêmes  gens  emploient  aussi  le  sù-astika  femelle, 
peint  en  bleu  foncé,  la  couleur  du  Dieu  Nila,  qui  est  le  roi 
du  Sud  dans  le  Mahâbhârata.  On  le  retrouve  à  la  fin  de  leurs 
livres  de  comptes,  comme  le  signe  de  la  déesse  du  temps 
(Kala)  appelée  Kali,  la  déesse  noire  de  la  nuit. 

Ils  honorent  les  sû-astika  comme  les  emblèmes  du  soleil 
solsticial  et  croient  que  le  sû-astika  mâle,  symbole  des 
pluies  du  solstice  d'été,  porte  bonheur. 

D'après  M.  Hewitt,  le  sû-astika  tire  son  origine  de  la 
croix  de  Saint-André  ou  croix  de  l'oiseau  volant,  l'oiseau 
mère  de  la  mythologie  indienne.  Le  nom  du  signe  indique 
son  origine  indienne,  et  les  coutumes  attachées  à  ses  deux 
formes  dans  les  Indes  prouvent  qu'il  représente  la  course 
annuelle  du  soleil  dans  le  Ciel. 

Dans  la  mythologie  Hindoue,  Astîka  est  le  Dieu  qui  vint 
en  aide  à  Janemejaya,  fils  de  Parikshit,  dont  le  nom  signifie 
d  le  soleil  qui  fait  le  tour  du  Ciel  n,  quand  il  sacrifia  les 
Dieux  serpents,  les  Nagas.  L'histoire  de  ce  sacrifice  est 
dans  le  poème  épique  des  Hindous,  le  Mahâbhârata.  Il  y  est 
raconté  comment  Aslika  obtint  la  vie  du  serpent  Takshaka, 
le  frère  de  sa  mère,  dont  la  morsure  avait  tué  Parikshit.  Ce 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  317  — 

dernier  était  le  Dieu  soleil  gouvernant  l'année  de  l'étoile  à 
huit  rayons  (1). 

Les  deux  formes  du  sû-astika  sont  une  méthode  mythique 
pour  exprimer  que  les  adorateurs  de  l'Astika,  le  voyageur 
qui  parcourt  le  Ciel  à  travers  les  étoiles,  marquant,  d'après 
les  astronomes  des  Indes  et  de  Babylone,  les  points  des 
solstices  et  des  équinoxes,  commençaient  leur  année  au 
solstice  d'été,  c'est-à-dire  quand  le  soleil,  comme  les  pointes 
du  sù-astika  mftle,  tourne  vers  le  Sud,  et,  d'autre  part,  qu'ils 
ont  substitué  celle  manière  de  compter  le  temps  à  celle  des 
anciens  adorateurs  du  soleil,  étoile  du  jour,  dont  l'année 
commençait  au  solstice  d'hiver,  quand  le  soleil,  comme  les 
pointes  du  sA  astika  femelle,  tourne  vers  le  Nord. 

L'exactitude  de  cette  interprétation,  dit  M.  Hewitt,  appa- 
raît clairement  dans  l'histoire  du  Su,  mot  qui  en  sanscrit 
signifie  sève  de  la  vie. 

Face  U.  —  Les  sculptures  de  celte  face,  ainsi  que  je  l'ai 
dit  au  Congrès  de  Morlaix,  sont  la  représentation  de  l'Astika. 
Les  lignes  qui  forment  le  carré  indiquent  les  quatre  saisons 
de  l'année  solaire,  et  les  huit  rayons  à  l'intérieur  marquent 
les  huit  points  de  la  boussole  autour  desquels  le  soleil  par- 
court annuellement  la  voie  indiquée  par  les  étoiles,  qu'il 
rencontre  aux  solstices  et  aux  équinoxes. 

Ce  signe,  me  dit  M.  Hewitt,  qui  se  rangé  à  mon  inler- 
prétation.  est  le  signe  dessiné  sur  la  terre  par  la  charrue 
sacrée,  signe  au-dessus  duquel  fut  bâti  l'autel  du  Dieu  du 
soleil,  l'Oiseau  Su. 

Ayant  donné,  dès  1896,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire, 
l'interprétation  des  signes  gravés  sur  les  faces  I  et  II  de  la 
pierre  de  Kermaria,  je  cède  la  parole  à  Monsieur  Hewitt 
qui  est  versé,  comme  personne,  dans  la  connaissance  des 
mystères  de  la  religion  Hindoue,  qu'il  a  étudiée  sur  place, 

(t)  MatiâbMrata  adé  (AsUka),  IraducLion  de  Pratab  chandra  Roy. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  3*S 


vivant  au  milieu  des  tribus  de  l'Inde  les  plus  retirées,  chez 
lesquelles  sont  encore  conservées  les  traditions  primitives. 
Je  crois  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  reproduire  ici  la 
lettre  qu'il  m'a  écrite,  le  14  septembre  dernier,  ayant  sous 
les  yeux  les  photographies  des  quatre  faces  du  monument 
de  Kermaria.  Voici  cette  lettre  : 

Bruxelles,  U  septembre  1S93. 

«  Cher  Monsieur,  en  renlranl  hier  au  soir  d'un  voyage,  j'ai 
trouvé  voire  lettre  du  6  septembre  dont  je  vous  remercie  beaucoup. 
J'ai  sojgueuscmenl  examiné  les  photographies  de  la  pierre  de  votre 
vestibule  et  je  suis  convaincu  que  celle  pierre  esl  une  reproduclioD 
d'un  ancien  autel  phallique  des  Indes  qu'on  adore  encore  aujour- 
d'hui sous  le  nom  de  Liaga. 

H  Ce  Linga  est  une  reproduction  dans  la  mythologie  indienne  du 
dieu  Lamga  des  Akkadiens  de  la  Hésopolamie,  le  dieu  Lamek  des 
Bébreux,  mari  des  deux  épouses  Adah  et  Zillah  de  la  Genèse.  Ces 
noms  reproduisent  les  mois  Assyriens  u  edu  u  et  «  loillu  »,  l'obscu- 
rité et  l'ombre.  Ils  signilient  la  nuit  el  l'aube  ;  et  «  toillu  n  (l'aube) 
est  formé  des  deux  mois  Akkadiens  «  loir  »  le  serpent  et  a  lu  » 
race.  Ainsi  la  mère  de  l'aube  du  malin  primitif  élail  née  de  la  race 
du  serpent,  les  Nagas,  les  anciens  rois  Gonds  des  Indes.  El  le  mot 
Nagar,  que  les  Nagas  ont  adopté  comme  le  nom  de  lenr  père  (un 
mot  signiiiant  a  une  elle  u  el  o  la  charme  0  dans  la  langue  des 
Gonds)  est  aussi,  comme  le  D'  Sayce  l'a  prouvé,  une  forme  dialec- 
tique de  Lamga  ou  Linga.. 

((  Cet  autel  du  Linga  esl  plus  ancien  que  cela  dans  la  forme  d'une 
femme  el  l'autel  de  l'oiseau  volant  que  j'ai  décrit  dans  mon  élude 
sur  le  sû-astika.  Dans  les  instructions  données  pour  le  faire,  par 
le  varâka-mihira,  on  est  commandé  de  prendre  une  pierre  aussi 
longue  que  l'image  que  l'on  veut  faire.  On  la  divise  en  trois  parties  : 
la  première,  le  sommet,  doit  êU'e  rende.  La  seconde  aura  huit,  et 
la  troisième  quatre  calés.  Cette  forme  du  Linga  divisée  en  trois 
parties  est  déduite  d'une  forme  plus  ancienne,  dans  laquelle  le 
Linga  avait  deux  parties,  le  bout  rond  et  la  base  quadrangulaire. 

«  C'est  celte  forme  qui  est  reproduite  dans  votre  pierre.  Le 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  3*9  — 

sommet  rond,  marqué  avec  le  signe  X,  esl  le  bout  du  membre 
viril  du  dieu  créateur,  nomme  Narain,  ou  le  dieu  homme  (Nara). 
Ce  dieu  esl  le  mari  de  l'oiseau,  mère  du  soleil,  créant  la  vie  dans 
le  cours  de  l'année  de  deux  saisons  marquées  par  les  solstices 
d'hiver  et  d'été. 

«  Sur  les  quatre  faces  sont  dessinés  : 

fl  I.  —  Le  sû-astika  femelle. 

«  II.  —  Le  signe  de  l'Astika  a  huit  rayons. 

0  Ht.  —  Sur  cette  face  sont  représentés  les  quatre  feuilles  de 
l'arbre  sacré  Palâska,  né  de  la  plume  de  l'oiseau  mèretombaui  sur 
la  terre  avec  le  sang  de  la  blessure  faite  par  la  flèclie  du  dieu 
Krïshaoa,  le  dieu  de  l'arc-en-ciel.  Ce  dessin  marque  les  solstices 
auuuels  du  soleil. 

H  IV.  —  Le  dessin  de  cette  face  n'est  pas  aussi  clair  que  les 
autres  ;  mais  il  représente,  certainement,  la  croix  de  Saint-Georges, 
le  dieu  de  la  charrue,  le  dieu  laboureur  de  la  terre,  et  le  dieu  de 
l'année  des  équinoxes.  Je  crois  que  le  pillier  de  la  croix  donne  la 
tige  de  l'arbre  mère  de  la  vie.  Sur  le  côlé  droit  on  voit  une  branche 
de  cet  arbre  avec  ses  fruits  ronds.  La  face  IV  étant  à  côté  de  la 
face  lU,  celle  des  feuilles  de  l'arbre,  sa  position  fortitîe  cette  in'«r- 
prélalion.  Le  dessin  sur  le  côté  gauche  de  cette  face  est  moins 
clair.  » 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  le  sommet  du  monu- 
ment est  entouré  d'un  dessin  continue,  sorte  de  grecque 
dans  laquelle  on  retrouve  sans  peine  les  lignes  du  sû-astika 
femelle. 

Au-dessous  des  cartouches  gravés  sur  les  quatre  faces 
on  voit  un  dessin  continu,  dans  lequel  on  reconnaît  facile- 
ment le  signe  symbolique  en  forme  de  S,  si  commun  dans 
l'ornementation  à  l'époque  du  bronze.  Monsieur  Hewitt  y 
voit  le  serpent  père,  sous  la  forme  du  sû-astiska  mâle,  et 
ajoute,  dans  sa  lettre  du  14  septembre  dernier  :  «  Ce  système 
a  de  dessins  complète  le  tableau  de  la  descente  de  la  race 
«  humaine    de  Tarbre  mère   fécondé    par    l'oiseau    soleil 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


t  rêvant  sur  la  terre  ;  la  terre  est  l'autel  de  Dieu  selon  les 
1  BrAhmanes.  Cette  terre  est  décrite  par  l'asttka  à  huit 
«  rayons.  Le  soleil  mère  et  père.l'astika  de  l'oiseau  Su,  sont 
«  marqués  dessus  et  dessous  par  les  dessins  des  bordures 
■  où  l'on  trouve  le  sû-aslikafemelleausommetetlesu-astika 
«  mâle  au-dessous,  n 

■  Si  mon  interprétation  est  correcte,  vous  avez  dans  cette 
fl  pierre,  ajoute  M.  Hewitt,  une  histoire  merveilleuse  des 
»  religions  primitives  du  monde.  » 

Monsieur  Hewitt  m'a  prié  de  l'autoriser  à  publier,  le 
monument  de  Kermaria  par  la  lettre  qui  suit  : 

Bruxelles,  15  septembre  IS9S. 
H  Cher  Monsieur,  UoD^tieur  le  Secrélaire  de  la  Société  d'amhro- 
pologie  de  Bruxelles  m'a  prié  Je  décrire,  dans  le  bulletin  de  la 
Société,  voire  pierre  merveilleuse,  dont  vous  avez  bien  voulu 
m'envoyer  des  photographies.  Pouvez-vous  avoir  la  bonté  d'auto- 
riser la  Société  à  publier  des  gravures  de  vos  photographies  avec 
une  communication  de  moi. 
n  Agréez,  cher  Monsieur,  ma  considération  très  distinguée. 

((  J.-F.  HEWITT.  B 

Tenant  à  ce  que  le  monument  de  Kermaria  paraisse  tout 
d'abord  dans  notre  bulletin,  j'ai  voulu  dès  aujourd'hui. 
Messieurs,  vous  lire  ce  mémoire,  après  quoi  j'autoriserai 
M.  Hewitt,  que  je  remercie  ici  de  la  communication  qu'il 
a  bien  voulu  me  faire  à  son  sujet,  à  le  publier  ainsi  qu'il  le 
demande.  La  vulgarisation  de  la  borne  de  Kermaria,  dont 
l'intérêt  n'échappera  à  j)ersonne,  ne  peut,  en  effet,  que 
profiter  à  nos  études. 

P.  DU  CHATELLIER 

Kerouz,  septembre  (898. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Pierre  gravée  de  Kermaria^ 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Pierre  g:raTée  de  Kermaria. 

n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Pierre  g^ravée  de  Kermaria. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


D,g,l,.™byGOOglC 


Pierre  gravée  de  Kermaria. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  321   — 
XXIV. 


Fouille  d'uD  tamulns  à  Kergournadec  (Finistère) 

En  1638 


Mon  ami  M.  Emile  Cartailhac  qui  vient  de  terminer  le 
dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  dont  le  Ministre  do 
rinstpuclion  publique  l'avait  chargé,  Icavail  colossal  qui 
compte  plus  de  180CK)  fiches,  a  bien  voulu  m'envoyer  en 
communication  une  pièce,  intéressante  pour  noub,  qu'il  a 
trouvée  dans  les  Archfves  du  Ministère.   ' 

Voici  cette  pièce  : 

Lettre  a  d'Hozibr  A  Kergournadech  (Cléder), 

T.  1  (Cabinet  des  Titres),  ce  1  février.  1838. 

page  4H 

J'ay  à  vous  dire  comme  il  s'esi  trouvé  une  chose  merveilleuse 
dans  le  fond  d'tine  haulte  bulle  enviroiioËe  de  grands  rochers  qui 
est  située  au  milieu  de  la  rabine  que  je  vais  faire.  Lorstju'on  apla- 
HLSsail  cette  bulle,  on  a  découvert  une  forme  dt  sépulture  en  forme 
de  voûte,  loute  massonnée  autour  par  le  dedans,  ayant  de  profon- 
deur de  ras  de  terre  cinq  pieds,  trois  et  demy  de  largeur  et  huit  ■ 
grand  pieds  de  longueur  et  la  couverture  toute  d'une  seale  pier^e;■^ 
On  n'a  trouvé  dedans  q'u'une  manière  de  cendre  noire  espandue  au 
fond  tout  partout  à  l'épaisseur  d'un  teston,  deux  formes  de  lames 
de  cuivre  d'une  empare  de  long  et  de  trois  doigts  de  largeur,  toutes 
Touillées  et  mangées  de  crasse,  et  deux  petites  pièces  d'écaille  faites 
el  taillées  en  forme  de  pointe  pour  armer, des  flesches(l).  Al'euiour 
de  la  dite  sépulture  sous  six  pieds  de  hauteur  de  terres  qu'on  a 
remuées  pour  aplanir  ta  rabine  se  trouve  à  chaque  coupe  de  pelle 
qu'on  besche,  toutes  sortes  de  grains  cognoissants,  scavoir  :  fro- 
ment, seigle,  orge  el  avoyne,  et  sont  tous  brullés,  quoique  néant- 
moins  les  grains  paraissent  en  leur  entier,  et  quand  on  vient  à  les 

(I)  C'étaient  sans  doute  des  pointes  de  Hèche  en  silex 
ButXBTiK  utCHËOL.  DU  FiHiSTËRE.—  lOHB  XXV.  (Hémoifes).    31 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  322  — 

manier  ils  devieDoeui  tous  en  cendres.  Je  réserve  toutes  ces  pièces 
et  de  ces  grains  à  vous  faire  voir.  Oq  ne  sait  ce  que  cela  veut 
siguifier.  Ce  lieu  est  assez  visité  par  le  peuple.  On  ne  parle  que  de 
cela  CD  ce  caulou  ;  quoique  c'eu  soit,  je  ne  fais  pas  moins  para- 
ctiever  d'aplanir  ce  lieu  pour  rendre  parfaite  la  pièce  que  je  fais 
faire,  qui  sans  vaotlé  est  la  plus  belle  pièce  de  Bretagne  pour  une 
advenue. 

Nous  noua  sommes  demandé  quel  était  le  nom  du  proprié- 
taire de  Kergournadec  en  1638. 

Nous  espérions  que  le  propriétaire  actuel  de  cette  terre 
pourrait  nous  l'apprendre  ;  nous  lut  avons  écrit  à  cet  effet. 
Notre  espoir  a  été  déçu  :  les  titres  qu'il  possède  n'en  disent 
rien. 

C'est  notre  savant  collègue,  M.  Bourde  de  la  Rogerie, 
qui,  avec  sou  obligeance  habituelle,  nous  a  appris  que, 
selon  toute  vraisemblance,  l'auteur  delà  lettre  dont  je  viens 
de  vous  donner  connaissance  est  Sébastien  de  Rosmadec. 
Devenu  en  1613,  à  la  mort  de  son  père,  marquis  de  Molac, 
Tyvarlen,  Pont-Croix,  La  Chapelle,  etc.,  il  avait  épousé 
Renée  de  Kerhoant,  héritière  de  Kergournadec. 

Ce  Rosmadec-Molac-Kergournadec  était  sans  doute  un 
curieux  de  recherches  historiques,  me  dit  M.  de  la  Rogerie, 
car  il  fut  en  correspondance  avec  d'Hozier  au  sujet  de 
Vllistoire  de  Bretagne  que  publia  ce  dernier  en  1638  à  Paris. 

Messieurs,  en  remerciant  M.  Cartailhac  de  la  communi- 
cation qu'il  a  bien  voulu  nous  faire,  je  forme  les  voeux  les 
plus  vifs,  auxquels  vous  vous  associerez,  j'en  suis  certain, 
pour  que  son  importante  et  si  utile  publication.  Le  Diction- 
naire archéologique  de  la  Gaule,  soit  mise  sous  presse  sans 
retard. 

P.  DU  CHATELLIER. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


XIX 

BOURGEOIS  ET  GENS  DE  MÉTIERS  A  CARHAIX  rsuue/. 

1  «70- t  700    (I) 
III. 

La  Confrérie  de  Saint-Crépia. 

Corps  de  métiers  et  Artisans  :  Leur  part  d'honneurs 

et  de  charges  dans  l'église 

et  dans  la  répartition  de  l'impôt. 

Nous  ne  voyons  pas  officiellement  agrégés  à  la  fraire 
de  Saint-Eloi  les  quincailliers,  comme  Jacques  Eslier, 
de  la  rue  Neuve,  Estienne  Davagne,  maistre  pintier,  ni 
les  cloutiers  passés  maistres  ou  marchands  comme  René 
Pierre,  Adrîan  Milon,  Jean  Le  Scoul,  Gilles  Godin. 

Nous  comptons  au  moins  quatre  maîtres  armuriers  ;  M» 
Louis  Le  Dain,  Gildas  Le  Postée,  Julien  Le  Conte  et  Yves 
Le  Conte.  Les  marchands  poilîers  sont  au  nombre  respec- 
table, d'une  dizaine.  Ils  résident  près  de  la  porte  de  Motreff, 
comme  Martin  Baudry  et  Richard  Jourdren,  ou  à  la  porte  de 
Rennes  comme  Julien  Mauviel  et  Guillaume  Guern.  Jean 
Jourdren  se  qualifie  de  poilier  «  vendant  les  poilons, 
bassines  et  autres  marchandises  normandes  ». 

En  revanche,  tanneurs  et  cordonniers  lorment  une  frairie 
qui  offre  assez  de  surface  et  de  vitalité,  bien  qu  elle  ne  nous 
fournisse  pas  autant  de  documents  et  de  faits  notables  que  la 
frairie  de  Saint-Eloi,  En  effet,  nous  n'avons  pas  les  statuts 
de  la  confrérie  à  Carhaix  ;  nous  ne  possédons  pour  tout  docu- 
ment que  douze  comptes  :   ils   nous  permettent  toutefois 

(I)  Sources  consultées  ;  1°  B^istres  paroissiau)!  de  Saint-Trémeui-  el  de 
Plouguer  ;  —  S*  [>élibération5  de  la  communauté  de  ville  (du  l^juillel  1087 
au  30  mai  1694,  compostes  de  81  rollelsj.  et  archives  de  la  Fabrique.—  3' 
Série  B  (dod  classée),  Cour  royale  de  Carhaix.  Archives  départementales. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  324  — 

de  dresser  une  liste  des  fabriques  et  abbés  de  la  fraîrie  de 
Saint-Crépin  'saint  Cri  pin,  Crespin  et  Crespinien,  Crépaiii 
et  Crépiniain  ouCrespignant],  érigée  en  l'église  de  Plouguer. 

1696-97,  Nicolas  Yézéquel  et  Nicolas  Gaultier,  cordon- 
niers ;  — 1698-99,  Guillaume  Lohou,  tanneur  ;  — 1699-1700, 
Louis  Pré  et  Gildas  Jaffré  ;  —  1700,  Charles  Brionne  et 
Louis  Savin,  tanneurs  ;  —  1701,  François  Dalbé,  maître-cor- 
donnier ;  —  1702,  Jacques  Féno,  maître-cordonnier  ;  —  1703, 

Pierre  Jézéquel,  cordonnier  ; —  1710, 

Olivier  Le  Gros;  —  1711,  René  Le  Floch  ;  —  1712,  Maurice 
Le  Floch  ;  —  1713,  Maurice  Le  Goff  ;  —  1714,  Joseph  Carré; 

—  1719-20,  Laurant  Coze  ;  1720-21,  Philippe 

Jouan,  remplacé  par  Claude  Kermarec  en  1722.  Maurice  Le 
Goff  s'intitule  fabrique  et  abbé  de  la  fabrice  érigée  dans  la 
chapelle  du  Grand-Front,  joignant  la  vieille  église.  « 

De  1670  à  1700,  outre  ceux  dont  nous  écrivons  les  noms 
plus  haut  d'après  les  registres  paroissiaux,  nous  relevons, 
pour  Carhaix,  un  chiffre  d'une  trentaine  de  cordonniers  et 
de  quinze  tanneurs,  ce  qui  donnerait  pour  la  confrérie  de 
Saint-Crépin  un  recrutement  d'une  quarantaine  d'associés. 

Les  cordonniers  vivent  sur  un  bon  pied  de  fraternité  et 
acceptent  volontiers  le  parrainage  chez  voisin  du  même 
métier  ;  mais  la  franche  concorde  scellée  par  celte  alliance 
spirituelle  de  famille  à  famille,  semble-t-îl,  n'est  pas 
éternelle. 

Le  21  mars  1670  (1),  Gilles  Glezran  nomme  un  enfant  chez 
Alain  Le  Cam,  autre  cordonnier.  Hélas  !  quatre  ans  exacte- 
ment après,  le  20  mars  1674,  la  femme  de  Glezran,  Michelle 
Lhermite,  passait  près  du  père  du  filleul  de  son  mari,  Alain 
Le  Cam.  Celui-ci,  ombrageux,  interprète  à  ma!  un  sourire 
de  l'épouse  Glezran  :  «  Pourquoi  riez-vous?....  n  Echange  de 
gros  mots,  bagarre  et  blessures,  et  Glezran  de  faire  consigner 

■■■  "    ;islres  des  baplèmea  de  Saint-Trémeur,  1670.  ■ 


n,g,t,7.cbyGO0glC 


avec  soin,  sur  sa  plainte  à  la  justice  <  la  kaiiie  que  leur  porte 
de  longue  main  ledit  Le  Cam  ».  Il  est  à  présumer  que  cette 

hainen'avait  pas  quatreans  accomplis  etn'étaitpas  plus  vieille 
que  le  filleul  que  Glezran  tint  sur  les  fonts  en  mars  1670. 

Les  tanneurs  ont  leur  quartier  à  Tronglévian  et  se 
trouvent  naturellement,  par  suite  de  relations  quotidiennes 
appelés  à  être  parrains  chez  les  cordonniers,  leurs  confrères 
en  Saint-Crépin,  à  l'instar  d'autre  confrère  de  l'évesché  de 
Léon  (Ij  comme  Jean  Kernaon,  tanneur,  intervenant  pour 
un  baptême  chez  Louis  Duault,  cordonnier. 

Le  fabrique  et  J66^  de  la  frairie  de  Saint-Crépin  érigée 
en  l'église  paroissiale  de  Plouguer,  énumère  ainsi  pour  1696, 
les  ressources  de  l'association  : 

Le  reliquat  de  ses  prédécesseurs  :  soit  13  livres. 

Offrandes,  17  liv.  10  s,  —  vente  de  planches,  G  sols,  — 
des  maislres  de  la  frérie,  15  liv.  1  s  ,  —  pour  l'octave  de 
Claude  Guillou,  30  sols,  —  de  la  veuve  de  Claude  Guillou, 
30  sols,  —  pour  les  droits  de  la  frérie,  3  liv.  13  s.,  —  pour 
le  testament  de  Jean  JaiTray,  15  sols.  Il  consigne  un  autre 
détail  concernant  les  enterrements  où  l'on  envoie  la  torche, 
en  ville  :  1  liv  .  2  s.  6  deniers,  et  pour  avoir  envoyé  la  torche 
à  l'enterrement  du  défunt  curé:  i5  sots. 

En  1698,  les  oblations  u  dans  les  foires  et  marchés,  de  ceux 
du  dehors,  se  montent  à  iO  liv.  9  s. 

En  1701,  le  comptable  accuse  une  recette  de  23  livres 
pour  offrandes  plus  a  d'une  partye  des  confrères  de  la 
confrérie  7  liv  iO  s  ,  pour  raisons  de  questc  faite  parmi 
eux.  B —  En  1702,  l'abbé  a  reçu  des  confréries  la  somme  de 
25  liv.  15  s.,  et  pour  la  torche,  1  liv.  2  s.  6  d. 

Les  offrandes  ont  été  de  8  liv.  12  s. 

Le  compte  de  1712,  précise  mieux  le  détail  de  la  charge  : 
B  des  maîtres  taneurs  et  cordonniers  dit  avoir  recula  somme 
de  6  liv.  10  s.  B 

!)  Registres  paroissiaux,  1672. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  326  — 

Des  marchands  tanneurs  tant  pour  leur  livre  de  cire  que 
pour  leur  frérie  :  scavoir  à  la  foire  de  la  Toussaincts  :  8  liv. 
5  s.,  plus  pour  trois  livres  de  cire,  receu  de  trois  particul- 
liers  3  liv.  15  s. 

A  la  foire  de  la  My  Caresme,  aussy  de  marchands  tanneurs, 
receu  61.5  s. 

En  1719,  le  comptable  se  charge  de  la  somme  de  40  livres, 
reliquat  de  son  prédécesseur. 

17  liv.  16  s.  de  différants  particullierspour  leur  frérie. 

11  liv.  9  s.  pour  la  quotte  de  différants  particuUiers. 

3  liv.  5  s.  pour  la  torche  et  la  croix. 

Produit  du  tronc,  31  liv.  13  s.  9  d. 

0  Trouvé  dans  le  tronc  de  la  plasse  au  Cherbon,  1  liv.  2  s. 

«  Plus  resu  pour  logmentation  de  l'argent,  6  livres.  ■ 

D'après  ces  comptes,  nous  voyons  donc  quil  y  avait  au 
profit  de  saint  Crépin  un  tronc  sur  la  place  au  Charbon,  et 
que  les  deux  foires  de  la  Mi-Carême  et  de  la  Toussaint 
étaient  une  occasion  de  profit  pour  alimenter  la  confrérie, 
et  que  l'on  célébrait  deux  services  funèbres  par  an  et  une 
messe  tous  les  lundis. 

En  1696,  le  compte  lu  et  publié  au  prône  de  la  grand'- 
messe  de  Plouguer,  le  21  avril  1697,  signé  Le  Drogo,  prêtre, 
v,  p,  de  Carliaix,  enregistre  15  livres  payé  au  chapelain. 

3  liv.  10  s.  pour  l'allumage  ;  5  sols  pour  le  pied  d'un 
chandellier  ;  6  livres  poiir  les  deux  services. 

"  Pour  avoir  donné  à  disner  aux  prêtres  le  jour  de  Saint- 
Crépin,  3  livres,  a 

10  livres  pour  avoir  fait  peindre  saint  Crépin. 

121ivrespour  avoir  fait  accommoder  iapresse  (1)  de  saint 
Crépin. 

1098.  —  En  pain  à  champ,  10  sots. 

Au  sonneur  de  cloches,  10  sols. 

(1)  Ou  armoire 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


1700.  —  18  livres  données  au  sieur  curé  de  U  paroisse 
pour  avoir  desservi  la  messe  de  ladite  frérie  tous  les  lundya 


Si  nous  nous  en  référons  aux  registres  paroissiaux  de 
Carhaix  et  Plouguer  pour  faire  un  relevé  des  principaux 
corps  de  métiers,  nous  trouvons  au  fameux  i  Chapitre  des 
chapeaux  »  attribué  à  Arislote,  deux  Pourcelet  ;  Morice 
Pourcelet,  chappelier  de  la  rue  des  Augustins,  et  Jean  Pour- 
celet ;  François  Le  Dain,  Jean  Le  Tomin  et  Jean  Jégou,  tous 
maîtres  en  cette  profession. 

La  section  de  l'Habillement  se  trouve  représentée  par  une 
légion  de  eousturiers  et  de  maîtres  tailleurs  ;  de  ces  der- 
niers, citons  les  plus  notables  :  Jean  Costic,  Yves  Caro, 
Ollivier  Perceval,  Germain  Ftoc"h,  Guillaume  Le  Meur, 
marchand  tailleur,  Guillaume  Le  Ny,  René  Le  Goff,  Jean 
Le  Roux,  Claude  Le  Teste  ;  à  la  porte  de  MotrelT,  un 
Jégou  ;  à  la  rue  Neuve,  Jean  Mazé  et  Yves  Rivoal. 

Au  a  bâtiment  «,  nous  trouvons  comme  menuisiers  et 
charpentiers.  M"  Jacques  Lamoureux,  Jean  Le  Guen, 
Charles  François,  Martin  Rivoal,  Alain  Rivoal,  et  Michel  Le 
Madicq,  —  aliàs  Michel  Madec. 

Les  couvreurs  d'ardoises  sont  M"  Henry  Jaffray,  Henry 
Herviou,  Guillaume  Hervo,  Jean  Le  Seach  et  Hervé  Fraval. 

Les  notables  marchands  et  reconnus  tels  sont  i  M."  Jacques 
Marion,  Jacques  Addès,  Nouel  Beaupegard,  Joseph  Thépault, 
Jacques  Eslier,  Guillaume  Foucher,  Yves  Le  Gocq,  Olivier 
Maheu  {aliàs  Mahé)  Claude  Du  Val,  Joseph  Chevet,  et 
B  honorable  marchand  Thomas  d'Hépault,  fabricque  de 
lad.  église  de  Saint-Trémeur  (31  janvier  1672},  et  honorable 
marchand  Guillaume  Le  Moing,  fabrique  du  Rozaire  n 
(18M|  W- 

(i)  Reg.  paroissiaux  de  Salnl-Tn^meur. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  un  corps  de  métier 
considérable  en  lui-même  parce  qu'on  le  trouve  à  la  ligne  de 
dâmarcation  établie  entre  l'artisan  et  l'artiste,  entre  le 
manœuvre  plus  ou  moins  avisé  et  celui  qui, d'intuition, conçoit 
ce  qui  est  beau  et  noble. 

Les  peintres  et  sculptems  qui  ont  travaillé  dans  la  région 
de  Carhaix,  dans  ses  églises  et  oratoires,  de  1670  à  1700, 
étaient  maîtres  Charles  Henry,  Laurent  L'Olivier,  Pierre  Le 
Guern,  Thomas  du  Pays,  Anthoine  Lagarde,  Michel  Quérin, 
Charles  et  René  Le  Pouliquart,  tous  peintres  et  sculpteurs  : 
chose  frappante,  nous  ne  trouvons  qu'un  seul  menuisier  qui 
fut  en  même  temps  sculpteur  :  Sébastien  Morice. 

Ces  artistes  du  crû  et  du  terroir  arrivaient  à  une  époqne 
oi\  notre  art  religieux  était  frappé  des  premières  atteintes 
d'une  décadence  qui  devait  s'accentuer  rapidement. 

A  la  fin  du  xvii°  siècle,  commence  à  dominer  le  mau- 
vais goût  qui  fera  badigeonner  sottement  nos  sanctuaires, 
aveugler  ou  éborgner  les  fenêtres,  draper  et  orner  à  foison 
et  sans  compter  nos  autels  de  festons  et  d'astragales... 

Hélas  !  le  régne  de  Louis  xiii  avait  été  fécond  en  cons- 
tructions d'un  sens  catholique  et  il  semble  en  revanche  que 
l'époque  de  la  Déclaration  du  Clergé, de  1682, soit  le  point  de 
départ  d'une  intluence  nouvelle  et  funeste  à  l'art  religieux,  du 
moins  en  Basse-Bretagne. 

Un  nombre  indéfini  de  petits  métiers  représentaient  l'in- 
dustrie linière  et  chanvriére  dans  les  différents  quartiers  du 
pays.  Ces  modestes  artisans  qui  faisaient  souche  d'autres 
modestes  artisans  semblaient  avoir  élu  domicile  à  Plouguer, 
à  la  Magdelaine,  au  Pelit-Carhaix. 

Les  registres  paroissiaux  de  Saint-Trémeur  nous  fournis- 
^  sent  le  nom  de  quelques  uns  des  principaux  de  cette  o  voca- 
tion B  ;  Yves  Le  Lay,  Jean  Cuchucn  dict  Yan  Vras,  de  la 
Magdelaine  ;  Augustin  Le  Borgne,  de  Plouguer,  Bernard  Le 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Roux,  JeanAubry,  Mathieu  te  feui/aderfun nom prédestiné)(l) 
Jean  Rebours,  et  OlUvier  Laurans,  qualifié  du  titre  de 
Maistre  tessier,  etc.  Nous  trouvons  notables  marchands  de 
toile  comme  Marguerite  Troher  (ou  Troc'her),  —  de  famille 
cossue  et  fort  bien  dans  ses  affaires  et  qui  donna  un  chanoine 
à  la  collégiale,  devenu  plus  tard  recteur  de  Plovan  ;  Alain  Le 
Brognec,  Yves  Fraval,  Morice  Le  Louarn.... 

Travaillant  sur  le  vieux,  il  y  avait  bien  encore  d'autres 
personnages  industrieux,  comme  Jean  Le  Roux  jiillotier 
(pillaouer)  (1671}  et  Jean  Badin,  le  peletier  (1670]  qui  spécu- 
lait sur  les  peaux  de  lapins,  de  renards  et  des  fauves  de  la 
région. 

Une  plainte  adressée  aux  juges  de  Carhaix,  27  avril  1675, 
par  dame  Geneviève  Morin  épouse  dePierreVillerS'delver 
gidtgen,  maître  particulier  des  bois  et  forêts  de  Cornouaille, 
nous  informe  des  conditions  ordinaires  admises  entre 
le  tisserand  et  son  client,  et  les  prix  courants  d'exécution 
d'une  bonne  pièce  de  toile. 

La  digne  dame,  au  commencement  du  carême,  fournit  du 
fû  par  lui  ourdi  à  «  l'appelé  Morvan,  tissier  du  pays  de 
Léon,  reflugié  à  Trouglévian,  n  pour  lui  tisser  deux  pièces 
de  toile  de  lin,  l'une  de  n  cinquante  et  deux  aulnes  à  demi- 
aulne  de  laise,  et  l'autre  de  douze  aulnes  à  une  aulne  de 
laisse  n,  à  raison  de  3  sols  et  demi  pour  la  façon  de  celle  à 
petite  laise  et  unze  solz  six  deniers  pour  celle  à  grande 
laise.  Le  fil  fourni  en  grande  quantité  finit  par 
manquer.  Morvan  le  gaspille  et  fait  traîner  son  travail.  La 
dame,  fatiguée  d'attendre,  réclame  ce  qui  a  été  tissé.  Morvan 
se  fâche,  blasphème,  veut  frapper  la  dame  «  d'un  gros  os 
«  dont  il  se  sert  ordinairement  pour  polir  la  toile  «,  puis 
prend  un  bâton,  lorsque  la  dame  de  Kerguidigen  put  sortir 
et  prendre  la  fuite.  Elle  avait  déjà  envoyé  pour  faire  cette 

(1|  On  sait  qu'en  brelan  Gitijader  signilic  Ikieraml. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


réclamation  «  dom  Jean  Martin  n ,  prêtre,  et  Jean  Leguyader, 
marchand,  rue  du  Pavé,  qui  entendirent  le  tisserand  récla- 
mer douze  sols  pour  la  grande  pièce  et  quatre  pour  la  petite, 
et  jurant  o  qu'il  lauroit  plus  tôt  coupper  avec  une  hasche  en 
mille  morceaux  que  de  la  donner  sans  argent.  >  A  Gilles  Le 
Louarn,  cordonnier,  demeurante  Troglouvian,  rue  Couvé, 
il  fait  observer  que  la  dame  avait  fait  arrêter  son 
métier  depuis  deux  ou  trois  jours  ,  faute  d'avoir  fourni 
du  fil. 

Dans  sa  plainte,  dame  Geneviève  Morin  insiste  d'autant 
plus  qu'il  y  a  à  tenir  compte  de  a  l'insolvabilité  dudit  Mor- 
«  van  et  qu'il  menace  de  se  retirer  en  son  païs  et  emporter 
■  les  dictes  loilles  en  fraude  de  la  suppliante.  » 

Dom  Jean  Martin  nous  fournit  le  nom  de  cet  artisan  de 
complexion  irascible  «  l'appelé  Morvan  est  en  réalité  Morice 
Larheur.  11  est  à  croire  que  les  autres  tisserands  de  Carhaix 
réalisaient  les  conditions  de  leur  marché  d'une  façon  plus 
pacifique. 

Si  cet  incident  arriva,  près  des  esprits  mal  faits,  à  compro- 
mettre le  bon  renom  des  Léonards,  il  s'en  fallait  que  ce  bon 
renom  ne  fut  à  l'occasion  maintenu  et  prôné  par  des  témoi- 
gnages fort  estimables,  comme  le  montre  l'épisode  ci-des- 
sous exposé. 

Un  laboureur,  François  Philippe,  demeurant-  au  manoir 
de  Kermerc'bidy,  en  la  paroisse  de  Cloder,  au  diocèse  de 
Léon,  a  été  victime  du  vol  d'une  jument  de  cinq  ans,  «poil 
baye  noir  ayant  une  longue  marque  au  front  ",  lui  apparte- 
nant et  saisie  par  les  larrons  pendant  qu'elle  pâturait  à 
quelques  pas  de  son  logis.  La  bêle  ehevaUne  et  ses  ravisseurs 
ont  pris  la  route  de  Carhaix,  où  Philippe  vient  leur  donner 
la  chasse  afin  de  reprendre  son  bien.  Nous  ne  savons  l'issue 
de  ses  démarches,  mais  lui  et  ses  compagnons  étaient  munis 
de  fort  bons  témoignages  : 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


i°  Ils  possédaient  une  attestation  du  a  procureur  fiscal  et 
0  d'office  de  la  juridiction  des  baronyes  de  Kerouzéré  et  de 
a  Tronjoly  exercée  au  bourg  de  Plouescat  et  s'entendent  aux 
«  paroissesdudttPlouescal,CIéder,Sibiril  et  plusieurs  autres; 

2"  Le  certificat  suivant  :  a  En  qualité  de  recteur  de  la 
«  paroisse  de  Cléder,  en  Léon,  j'atteste  que  François  Phî- 
B  lippe  est  habitan  de  ma  paroisse  et  honneste  homme, 
s  auquel  on  a  volé  une  jument  pour  prouver  laquelle  il  a  prié 
«  Mathieu  Le  Ru,  Louys  Nédélec  et  Jean  Le  Ber,  toutz 
a  habitante  de  ladite  paroisse  et  personnes  irréprochabUs, 
a  en  tesmoinde  quoy. 

nJe  signe  ce  douxiesmejuin  mil  six  cents  scoissantequatre. 
a  P.  de  Kersainctgily, 
»  vicaire  général  et  recteur  de  Cléder.  n 

3*  Ils  étaient  chargés  de  plus  de  remettre  à  a  Monsieur 
du  Boas  en  sa  maison  de  Carahay  b,  la  lettre  suivante  : 

a  Monsieur.je  suis  bien  aise  de  trouver  cest  oquasîonpour 
8  meinformer  de  vos  nouvelles  et  vous  prier  en  mesme  temps 
«  d'une  grâce  qui  est  de  vouloir  bien  aider  le  porteur  de 
"  cette  lettre,  le  nommé  Le  Philip,  qui  est  natif  de  celte 
B  paroisse  de  Cléder,  qui  a  suivi  une  beste  chevalinne  que 
"  Ion  luy  a  voilé.  M.  le  procureur  du  Roy  la  faictarrester,  Il 
a  porte  avec  luy  un  sertificat  de  M.  le  recteur  de  Cléder 
«  pour  assurer  qu'i^  est  konnette  homme  et  nous  nan  encans 
a  pas  d'autre  en  Léon. 

0  Je  vous  prie  de  protéger  ce  pauvre  homme.  A  la  parille 
0  si  je  trouve  locasion  de  vous  randre  quelque  service,  non 
B  pas  à  la  parille,  car  on  Ira  pas  de  ce  pais  ûoler  des  che- 
a  oauxenvostrepais:  nons  sortie  konnette  Jans  Pardon  des 
a  painnes  que  ie  vous  cause  et  vous  pris  de  me  croare  que 
a  ce  vous  suis,  de  tout  mon  cœur.  Monsieur,  votre  très 
«  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

a  De  Saint-Gilles  Kersainot  Gily, 

«  A  Kergournadech,  le  12*  juin  1694,  n 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


S'il  6tait  difTicile  d'aspirer  à  la  charge  de  marguillier  de 
Saint-Trémeur  (1),  honneur  réservé  surtout  à  MM.  les 
ofTiciers  de  Justice  ou  autres  robins,  il  était  une  fonction 
accessible  à  l'homme  du  commun,  à  l'artisan  et  au  petit 
marchand.  En  dehors  des  confréries  corporatives  de  Saint- 
Eloi  et  de  Saint-Crépin,  on  pouvait  devenir  marguillier  de 
La  Magdeleine,  ou  bien  de  la  chapelle  de  Saint-Thomas. 

La  Magdeleine  n'est  plus  qu'un  souvenir,  un  nom  et  un 
emplacement  marqué  par  quelques  restes  de  murs.  Les 
rares  comptes  que  nous  possédons  de  cette  chapelle 
nous  fournissent  les  noms  de  quelques  marguilliers. 

1098-99,  Charles  Henry.  —  1700-1703,  René  Le  Poulicart, 
remplacé  par  Yves  Lohou.  —  Puis  les  comptes  manquent 
jusqu'en  1713  ;  René  Le  Bihan,  remplacé  par  son  beau-frère, 
Paul  Chuchuen,  maintenu  encore  en  1720. 

Ces  deux  derniers  étaient  tisserands,  et  probablement 
leurs  prédécesseurs  étaient  de  la  môme  profession. 

La  chapelle  de  La  Magdeleine  avait  comme  ressource 
principale  et  assurée  «  la  ferme  de  la  petite  prée  de  Lamag- 
dcleine  joignant  d'un  costé  la  rivière  de  La  Magde- 
leine.   » 

En  1698,  cette  pniirie  valait  9  livres  de  revenu  annuel, 
puis  elle  fut  affermée  ans  Révérands  Pères  Carmes  Des- 
chaux,de  la  ville  de  Carhaix,  moyennant  la  somme  de  10  livres 
10  sols,  puis  en  1713,  de  11  livres,  de  rente  foncière. 

Ce  sanctuaire  avait  de  plus  comme  occasion  de  rapport  ; 
le  petit  pardon  de  Saint-Germain,  en  mai,  le  pardon  du 
même  saint,  en  Juillet,  et  le  grand  pardon  de  La  Magdeleine. 
liC  produit  des  offrandes  des  pardons  et  des  troncs  semble 

(Ij  Nous  ne  citons  quu  puur  mi^inoirc  l'imporlaale  Confrérie  du  Rosaire, 
instiluoc  en  Uii7,  cl  que  nous  étudions,  ù  celle  heure,  dans  la  Semaine 
reliijieiise  'le  Qiiimper. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  333  — 

donner  une  moyenne  annuelle  de  10  1.  10  ou  5  s.  La  proces- 
sion du  Saint- Sacre  ment  s'y  rendait,  le  jour  du  Sacre,  et  les 
olTi-andes  des  fidèles  ce  jour  s'élèvent  à  une  somme  quel- 
conque variant  de  8  à  20  sols.  Le  marguillier  enregistrait 
d'autres  modiques  recettes:  1720 — b  Reçu  de  Magdeleine 
Derien  30  sols  donnés  par  Nicolas  Dérien,  par  testament  n  ; 

«  Receu  pour  vente  des  Emondures  des  arbres  du  cimetière 
la  somme  de  trente  sept  livres.  * 

Pour  cette  opération,  c'est-à-dire  «  pour  couper  et  émonder 
les  arbres  »,  le  comptable  avait  dû  débourser  3  livres. 

Les  dépenses  ordinaires  qu'il  avait  à  payer  comprennent 
le  tiers  du  vicaire  perpétuel,  les  décimes  et  la  capitation 
montant  à  environ  2  livres  10  sols,  plus  une  consommation 
de  cierges  et  bougies  de  2  livres,  et  3  ou  4  sols  de  blanchis- 
sage. 

Le  marguillier  a  toutefois  des  dépenses  plus  notables  à 
enregistrer. 

En  1698,  «  pour  avoir  doré  les  deux  chandeliers  quy  sont 
sur  le  balustre  et  la  carrée  au-dessus  de  l'autel. .      Slivres. 

0  Pourlajournée  de  deux  couvreurs  et  des  lattes     18  sols. 

•  Pour  la  figure  de  saint  Antlioine  de  Pade.  (sic)    15  livres. 

En  1700,  «  payé  pour  un  millier  d'ardoises  pour  couvrir 
l'esglise,  30  sols. 

■  Pour  le  charoy,  25  sols. 

«  Au  couvreur,  4  livres. 

«  Pour  des  clous,  25  sols.  » 

En  1713,  •  pour  faire  faire  une  barière  sur  le  cimetière, 
2  liv.  9  8.. 

En  1717,  autres  soucis  pris  de  la  couverture  de  la  cha- 
pelle, 4  livres  pour  ardoises  et  7  liv.  4  s.  aux  couvreurs,  et 
1  liv.  12  s.  aux  darbareurs  et  4  liv.  7  s.  de  clous. 

En  1718,  la  toiture  exige  encore  de  nouveaux  soins  : 

«  3  milliers  d'ardoises  6  livres,  chevrons  et  lattes  G  livres.  » 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  334  — 

On  retrouvera  avec  plaUir  le  prix  des  journées  d'ouvriers 
exactement  spécifié  : 

«  l'onnéaux  couvreurs  pour  44  journées,  à  raison  de  douze 
sols  par  jour,  S6  liv.  /2  s. 

«  Pour  une  journée  de  charpentier,  12  sols.  « 

En  1720,  le  comptable  eut  à  se  préoccuper  de  dépenses 
plus  artistiques  et  demande  a  décharge  de  la  somme  de 
vingt  et  quatre  livres  donné  au  sieur  Laporte  pour  tes  pein- 
tures qu'il  a  fait  en  ladtcte  chapelle  n. 

Les  marguilliers  de  Saint-Thomas,  au  petit  Carhais, 
paroisse  de  Plouguer,  avaient  une  comptabilité  moins  com- 
pliqué. Nous  possédons  cinq  comptes  concernant  celte  cha- 
pelle et,  sur  les  cinq  comptables,  nous  trouvons  Jean  Le 
Berre  et  Guillaume  Lohou,  marchands  tanneurs,  nous  igno- 
rons la  profession  des  autres. 

En  1697,  les  comptes  des  quatre  dernières  années  se 
montent  en  bloc  à  42  livres.  Le  vicaire  perpétuel  semble 
faire  parfois  remise  de  son  tiers.  Dans  les  testaments,  on 
n'oublie  pas  la  petite  chapelle  : 

1697.  —  Marie  Didel  lui  laisse  2  liv.  5  s  ,  et  Jean  Jaffray 
15  sols  ;  en  1700,  Marguerite  Gautier,  30  sols. 

De  ce  côté,  il  y  avait  d'autres  ressources,  à  en  juger  par 
la  décharge  demandée  par  le  marguillier  de  1697  d'une 
somme  de  6  livres  "  payée  pour  frais  d'un  testament  •>. 

D'autre  part,  celui  de  1700,  se  charge  des  ornements,  du 
calice  d'argent  et  du  reliquat  touché  d'Yves  Quéméneur, 
soit  :  63  livres. 

La  messe  était  célébrée  dans  la  chapelle  trois  fois  l'an  : 
«  le  jour  du  pardon,  le  dimanche  dans  l'octave  du  sacre  et 
le  jour  de  Saint- Thomas». 

Les  offrandes,  le  jour  du  pardon,  peuvent  s'élever  à  81iv., 
comme  en  1702,  où  un  mouton  offert  au  saint,  fut 
vendu  2  liv.  7  s.  6  d. 


D,g,l,..cbyGOOgIC 


—  335  — 

Les  comptables  paraissent  s'être  préoccupés  du  soin  de 
la  propreté  avec  un  scrupule  di^ne  des  ménagères  de 
Hollande. 

Dépense  de  ■  2  liv.  5  s.  en  chaux  pour  blanchir  l'Eglise   » 

Dépense  de  «  6  sols  en  savon  pour  blanchir  et  en  vin  pour 
la  messe.  » 

1718.  —  «  BlaiwAissage  pour  l'année  9  liv.  6  d.  » 

En  1711,  outre  les  articles  portés  ci-dessus,  on  voit  «  au 
sieur  vicaire  pour  droit  de  tiers  fixé  de  temps  immémorial, 
suivant  sa  quittance,  6  livres. 

•  Aux  jeunes  gents  qui  ont  portés  les  torches  et  la  croix  le 
jour  du  sacre  suivant  la  coustume  a  donné  un  pot  de  scidre  et 
pour  ce  kuict  sols.  » 

1713.  —  Le  comptable  demande  <■  décharge  de  la  somme 
de  13  livres  10  sols  pour  dorer  le  calice  à  Morlaix  n 

1718.  —  •  Pour  des  fleurs,  6  livres. 

"  A  Jean  Thomas  pour  une  trille  de  fer  pour  maistre  la 
bougie,  5  sols.   ■> 

1720.  —  B  A  Monsieur  Raoul,  chapelain  de  ladite  frairie, 
pour  une  année  de  servir  la  messe  la  somme  de  24  livres. 

<■  Plus  payé  pour  les  deux  services  à  Monsieur  le  vicquaire 
et  à  Messieurs  les  prestres  la  somme  de  30  livres  16  sols. 


Passe  encore  d'être  marguillîer  si  l'on  aime  les  distinc- 
tions honoriques  ou  si  on  a  profondément  ancrée  dans  le  coeur 
la  noble  volonté  de  se  dévouer  au  bien  public.  Passe  encore, 
quoique  la  responsabilité  du  fabrique  soit  grande  et  se  fasse 
sentir  lourde  et  inspirative,  lorsque  les  débiteurs  étaient 
mauvais  payeurs  et  que  le  malheureux  comptable  devait  faire 
les  avances  ou  risquer  sa  tranquillité  dans  «n  tas  de 
procès. 

C'est  autre  paire  de  manches  que  d'être  égailleuroa  asséeur 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  33fi- 


et  collecteur,  servitude  encore  plus  pénible  que  1 
dans  l'ancienne  garde  nationale. 

La  monarchie  pour  répartir  l'impôt  entre  les  contribuables 
avait  dû  faire  appel  à  ces  derniers.  Par  l'ordonnance  du  21 
novembre  1379,  Charles  V  fit  élire  les  asséeurs  et  les  collec- 
teurs des  aides  par  «  les  habitants  mêmes  des  villes  et  pa- 
u  roisses  ou  par  la  plus  saine  et  greigeure  partie,  tel  et 
«  tant  comme  bon  leur  semblera,  en  leur  périlz  ». 

Albert  Babean  {Le  village  sous  l'ancien  régime,  p.  240 
et  suiv.)  nous  renvoie  à  l'ouvrage  de  Boisguilbert  :  {Le  détail 
de  la  France  sous  le  règne  de  Louis  XIV)  pour  nous 
rendre  compte  de  la  partialité,  de  la  vénalité,  de  linca- 
pacité  que  montraient  souvent  ces  collecteurs  et  asséeurs. 
Boisguilbert  les  montre  déchargeant  les  parents  et  fer- 
miers des  seigneurs,  se  laissant  corrompre  par  les  riches, 
se  réunissant  au  cabaret,  pendant  trois  mois,  sans  rien  ter- 
miner et  soulevant  des  haines  et  des  récriminations. 

Lorsque  le  rôle,  ou  mandement  était  achevé  et  vérifié,  il 
était  publié  un  dimanche  à  l'issue  de  la  grand'messe,  afin 
que  nul  n'en  ignorât  le  contenu  :  publicité  nécessaire  pour 
empêcher  les  injustices  trop  graves  qui  auraient  pu  résulter 
de  taxes  fixées  sur  l'apparence  plutAt  que  d'après  la  réalité. 
L'égail  était  la  répartition  de  la  somme  portée  au  mandement 
sur  chaque  contribuable,  à  proportion  des  terres  roturières 
qu'il  possède  dans  une  paroisse  :  c'est  cette  proportion  qui 
doit  être  la  mesure  de  chaque  imposition. 

La  répartition  de  la  taille  nécessitait  quatre  opérations 
successives  r 

1"  Le  breteU  arrêté  au  conseil  du  Roi  fixe  le  montant  de 
l'impôt  à  percevoir  dans  chaque  généralité  ; 

2°  Les  commissions  distribuent  cet  impôt  par  élection, 
suivant  la  force  contributive  de  chacun  ; 

30  Les  Mandements  indiquent  à  quel  chiffre  il  s'élève  par 
chaque  paroisse  ; 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  337  — 

4o  Enfin,  les  rôles  déterminent  es  que  doit  payer  chaque 
contribuable.  Les  asséeurs  et  collecteurs  chargés  de  la  con- 
fection des  râles  sont  choisis  et  nommés  par  la  communauté. 

C'est  le  système  de  l'impôt  renouvelé  de  l'empire  romain, 
et  on  doit  se  rappeler  que  les  curiales  ou  décurions,  c'est-à- 
dire  les  membres  du  conseil  de  la  cité  étaient  forcés  de 
fournir  de  leur  fortune  et  deniers  propres  ce  qui  manquait 
à  la  réalisation  de  l'impôt.  Le  résultat  de  ces  mesures  fut 
qu'on  ne  trouvait  plus  de  curiales,  à  moins  qu'ils  n'y 
fussent  condamnés  par  une  sentence  impitoyable. 

A  ce  sujet,  ce  n'est  pas  M'  Guillaume  Le  Menez,  steur  de 
Kerdelleau,  syndic  de  la  ville  de  Carhaix,  qui  eut  affirmé 
que  sa  situation  de  magistrat  municipal  était  dépourvue  de 
désagréments. 

Comme  il  le  remontre  à  l'assemblée  du  14  mars  1690,(1)  le 
8  précédent,  il  voyait  arriver  chez  lui  M'  Alain  Horellou, 
huissier  à  Quimper,  pour  le  contraindre,  entant  que  syndic 
au  paiement  de  la  somme  de  95  liv.  16  s.  9  d.  pour  la  levée 
extraordinaire  des  fouages  du  mois  de  janvier  dernier.  Le 
syndic  dilt  le  supplier  de  suspendre  la  contrainte  et  se 
résigner  à  lui  payer  ses  vacations. 

Son  fils  François  ïrémeur,  son  successeur  à  la  charge  de 
miseur  de  la  communauté  de  Carhaix,  six  ans  plus  tard, 
devait  en  faire  la  dure  expérience  ;  et  au  souvenir  d'autres 
séditions,  demander  avec  supplication  aide  et  assistance 
a  contre  une  cédition  popullaire  »,  comme  on  le  voit  par  sa 
plainte  du  ll^septemhre  1696. — François-Trémeur  Le  Menez, 
sieur  de  Kerdelleau,  conseiller  du  Roy,  miseur  de  la  com- 
munauté de  Carhaix,  demande  au  siège  d'informer  sur  le 
sujet  de  sa  plainte.  Il  dit  a  qu'il  fait  la  recepte  de  la  taxe 
B  de  la  capitation  de  cette  ville ,  et  comme  le  nommé 
•  Guillaume  Jourdren ,  cabaretier  ,  ne  voulloit  pas  payer 
«  trois  livres  pour  le  second  terme  de  sa  capitation  avecq 

(1)  BegisLre  des  déliMratioDs  de  la  Communauté  de  Carbaix. 
BuLUTiN  ARCHÉoL.  DD  FmisTËHB.—  louB  XXV.  (Mémoires).   33 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


■  les  cinq  deniers  pour  livre,  ledit  Jourdren  se  serait  randu 

■  chez  luy  esmeu  de  collère  jurant  excécrablement  le  sainct 
a  nom  de  Dieu,  l'auroit  menacé  de  casser  sa  teste  ayant  une 

■  grosse  pierre  en  main,  et  qu"à  la  première  rencontre  il 
a  aurait  sa  vie,  et  qu'il  auroit  aussi  menasse  la  damoiselle 
•  de  Kerdelleau  sa  mère  de  luy  casser  les  denlz.  Ce  qui  fait 

■  quil  a  lieu  de  porter  sa  plainte  y  ayant  beaucoup  à 
«  craindre  que  sy  on  toUerent  ces  sortes  d'insultes  que  cela 
«  viendrait  d  une  cédition  popuUaire  contre  le  supliant  gui 

■  ne  fait  que  suivre  les  ordres  de  Sa  Maiesté.   • 

Si  tel  ne  voulait  pas  être  le  bouc  émissaire  sacrifié  aux 
nécessités  des  levées  des  deniers  royaux,  quelles  ne  devaient 
pas  être  les  répugnances  d'un  simple  artisan  chargé,  par 
ordre,  de  taxer  l'artisan,  son  voisin? 

L'ordonnance  du  21  novembre  1379  disait  fort  bien  que 
les  asséeurs  et  collecteurs  avaient  été  élus  «  en  leur  périlz  »  ; 
ces  élus  de  la  communauté  en  savaient  quelque  chose  et  on 
comprend  leur  répugnance  à  accepter  cette  corvée  qui,  s'ils 
étaient  droits  et  loyaux,  pouvait  donner  occasion  de  soup- 
çonner leur  droiture  et  loyauté  dans  la  répartition  qu'ils 
avaient  à  faire  de  la  levée  des  deniers,  c'était  encore  plus 
vrai  dans  une  pelite  ville  où  les  rancunes  et  les  rivalités 
ont  une  acuité  plus  grande  que  partout  ailleurs. 

JeanLaouénan,  de  Carhaix,  en  1674,  aurait  abondé  dans 
ce  sens.  En  effet,  cet  a  honorable  homme  >  venait  d'être 
proclamé,  en  compagnie  de  Gildas  Bocher  et  Pierre  Raoul, 
asséeur  des  Taillées  pour  le  terme  dejanvier  1675.  Ils  avaient 
dressé  leur  liste  pour  être  lue  comme  d'ordinaire,  à  l'issue 
de  la  grand' messe  •  en  l'église  cathédrale  de  M,  Sainct- 
Trémeur  ï.  Laouénan  vient  pour  se  resaisir  de  cette  pièce 
afin  de  l'envoyer  au  sieur  de  Kerdelleau,  syndic,  lorsqu'il  se 
voit  suivi  jusqu'à  la  porte  de  sa  maison,  rue  au  Fil,  par 
Jean  et  Richard  Jourdren,  père  et  fils,  et  Catherine  Thépaut, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


femme  de  Jean  Petit;  ceux-ci  le  traitent  «  en  plein  pavé  » 
de  voleur,  coquin,  larron  :  «  Ta  as  eu  du  vin  d'Espaigne  pour 
H  un  cheval  qui  a  esté  dérobé....  Et  sy  tu  sors  mes  huict 
«  nous  te  traicterons  sy  bien  à  coups  de  pierres  et  autrement 
1  que  tu  auras  bonne  souvenance  que  si  tu  ,Vets  jamais 
«  Taillée  comme  celle  que  tu  as  mis  tu  te  souviendras  1  •  La 
scène  se  continue  dans  un  langage  poissard  et  avec  des 
imprécations  quele  latin  lui-même  aurait  peine  à  reproduire. 

Dans  les  informations  d'offices,  24  décembre  1674,  lo 
bailli  messire  Jan  Hervé  recueille  ces  propos  d'une  manière 
plus  précise.  Jean  Jourdren  explique  sa  mauvaise  humeur, 
en  disant,  au  rapport  de  Jacques  Biron,  menuisier  :  '  Tu  es 
B  un  volleur  de  mavoir  mis  quarante  et  kuict  sols  dans  la 
«  taillée  avecq  mon  fils.  »  Lès  autres  témoins  déposent  dans 
le  même  sens  :  «  lesdicts  Jourdren,  Thépaul  et  fille  faîsoient 
«  cette  querelle  parce  que  ils  disoient  ils  awient  esté  trop 
«  taxés...  » 

Du  reste,  il  y  a  certaines  époques  plus  dilTiciles  que 
d'autres  où  ceux  qui  s'occupent  de  la  chose  publique  ressen- 
tent les  secousses  d'une  fermentation  populaire,  d'un  mécon- 
tentement qui  révèle  un  travail  mystérieux  de  l'opinion.  La 
corvée  devient  plus  insupportable,  les  charges  se  font  sentir 
plus  onéreuses,  ce  qui  fait  qu'un  beau  jour,  en  attendant  des 
manifestations  générales  comme  la  révolte  du  papier  timbré, 
on  voit  des  incidents  particuliers  comme  celui  que  signale  Jean 
Donval,  facteur  du  messager  de  la  ville  de  Rennes  à  Carhaix 
et  autres  villes  de  la  province.  (Plainte  du  27  îjiin  1673.) 
La  veille,  se  rendant  de  Carhaix  à  Rostrenen,  «  le  nommé 
Jean  Guéguen,  assisté  de  nombre  d'autres  personnes  travail- 
lant à  réparer  le  chemin  par  desça  une  lieu  de  Rostrenen, 
l'aurait  attaqué,  battu,  à  coups  de  tranches  et  pâlies  de  fer 

disant  ces  mots  :  Comment  b ,  tu  es  la  cause  que  nous 

sommes  obligés  de  réparer  les  chemins,  pourquoyil  faut  que 
tu  engouâtes  et  nous  te  baillions  eentx  coups  I  » 


n,g,t,7.cbyGOOglC. 


—  310  — 

Les  documents  de  la  Cour  de  Carhaix  (Arch,  du  Finistère) 
révèlent  un  état  d'etpril  rêootutionnaire,  une  poussée  de 
révolte  qu'enregistrent  des  dossiers  de  i  rébellion  »,  au 
jour  le  jour  :  une  répression  intelligente,  vigilante,  pouvait 
seule  empêcher  la .  Révolution  qui  existait  dans  les  esprits 
de  se  traduire  dans  les  faits. 

M.  J.  Lemoine  l'a  fort  bien  montré  dans  son  beau  travail 
sur  la  Récolte  du  papier  timbré. 


IV. 

Maîtres  d'école.  —  Chirugiens. 

Notaires  et  Procureurs. 

Commis   des   Aides   et   des   Devoirs. 


M.  l'abbé  P.  D.  Bernier,  Ch  IV  de  son  .  Essai  sur  le 
Tiers-Etat  rural  en  Basse-Normandie  »  dit  que  «  les  petits 
fonctionnaires  ruraux  sous  l'ancien  régime  sont  l'instituteur, 
le  chirurgien,  le  tabellion,  les  hommes  de  loi  et  leurs  agents, 
les  commis  des  aides  et  ceux  de  la  Gabelle  ». 

Ce  tableau  des  notabilités  rurales  s'applique  tout  aussi 
bien  aux  petites  et  môme  bonnes  villes,  d'avant  1789  :  là  se 
retrouve  une  hiérarchie  à  part,  sortie  du  peuple  et  restant  en 
rapport  journalier  avec  lui,  comme  une  émanation  et  une 
sélection  des  couches  profondes  du  Tiers-Etat. 

Les  doléances  de  la  communauté  de  Carhaix  (Reg.  des 
délib.  de  la  collégiale  de  Saint-Trémeur,  commencé  en 
178t!,  f"  10)(1),  portent,  art.  2,  des  Vœux  présentés  aux  Etats 
généraux,  «  qu'il  soit  établi  un  collège  en  ta  ville  de  Carhatx 
pour  l'éducation  de  lajeunesse  ». 

(I)  Assembli^  du  Ht  mars  1789. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


'  341  ■ 


Déjà  dans  la  délibération  de  l'Assemblée  de  ville,  du  12 
octobre  1690,  «  présidée  par  tf,  de  Pomereu,  commissaire  du 
«  Roy  »,  on  lit  sous  la  plume  du  syndic  :  '  De  plus  vous 
remontre  que  «  ladite  eommunauté  a  besoin  de  cotre  autto- 

•  rite  pour  entretenir  suioant  les  lettres  doctroy  de  sa 

•  if  a/esté  par  des  premières  eoneeasions,  les  deux  régents 
■  et  maistrei  d'eseolles  pour  l'instruction  des  enfanta  ou 
«  pauores  habitants  en  la  doctrine  chrétienne,  oous  sup- 
1  pliant  de  leur  accorder  tel  appoiniemeni  que  cous  juge  ret 
t  raisonnable  > 

Ce  qui  semble  hors  de  conteste,  c'est  que  les  habitants  de 
Carhaix  se  faisaient  un  point  d'honneur  de  fournir  au  peuple 
un  enseignement  public,  noble  volonté  souvent  contrariée 
par  les  circonstances  et  les  difficultés  financières  ;  noble 
volonté  qui  se  manifeste  depuis  bien  longtemps,  comme  le 
démontrent  les  efforts  tentés  dés  1606  et  1610,  pour  l'établis- 
sement fixe  et  définitif,  officiellement  garanti,  d'écoles  à  Car- 
haix. 

Des  documents  récemmment  déposés  aux  archives  dépar- 
tementales en  font  foi  et  leur  importance  est  telle  qu'ils 
valent  la  peine  d'être  étudiés  d'une  manière  plus  spéciale, 
toute  à  part,  comme  l'histoire  d'autres  notables  ;  l'organiste 
et  le  spécialiste  qui  présidait  aux  destinées  de  l'horloge  de 
la  Collégiale  de  Saint-Trémeur. 

Dans  cette  période  de  trente  ans  (1670-1700)  qui  nous 
occupe,  nous  relevons,  aux  registres  paroissiaux,  la  signa- 
ture de  trois  maîtres  d'école,  suivie  de  qualifications  plus 
ou  moins  pompeuses  :  Pierre  Jouannin  (1670],  Yves  Pellée 
(1679),  Pierre  Collet  (1680),  "  maîtres  enseignant  la  jeu- 
nesse, e  Dans  son  acte  de  décès,  du  3  juillet  1673,  M°  Pierre 
Jouannin  est  honoré  du  titre  de  «  maistre  eserivain  ensei- 
"  gnant  la  jeunesse.  » 

La  Faculté  et  l'art  de  guérir  a  saluberrima  Facaltas,  a 
e  on  disait  autrefois  dans  nos  Universités,  est  repré- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  342  — 

sentée  à  Carhaix  par  M^  Saurai  de  La  Marque,  maigtre  chi- 
rurgien, qui  jouit  de  la  plus  haute  honorabilité:  Julien  Le 
Clerc,  Claude  Vacher  (en  1684,  noble  homme  Maire  de  la 
communauté  de  Carhaix  et  en  1601,  doyen  des  chirurgiens 
de  Carhaix)  ;  M'  Pierre  Touchart  ;  M'  Guillaume  Le  Ter- 
millier;  M'  H.  Julien  Montforl  ■  chirurgien  et  commis  aux 
rapports  de  testendue  du  siège  de  Carhaix  et  des  sièges  de 
Gourin,  Chasteauneuf,  LandelleauetHuelgoët  «(1)  ;  Charles 
Touchart,  Guillaume  Fontaine  et  M°  Pierre  Yvon,  beau- 
frère,  par  Dame  Michel  Yvon,  de  Sauvât  de  Lamarque. 
Avec  un  appoint  de  rebouteurs  et  matronnes,  Carhaix  n'était 
pas  trop  dépourvu  de  gens  qui  se  dévouaient  à  la  conserva- 
tion ou  à  la  restauration  de  la  santé  publique. 

Le  corps  des  chirurgiens  de  Carhaix  honorablement 
étabhs,  pour  la  plupart,  jouissant  d'une  considération 
méritée  par  la  dignité  de  leur  vie,  était  dépareillé  par  quel- 
ques-uns de  ses  membres.  Par  exemple, Guillaume  Fontaine: 
quand  il  ne  traîne  pas  son  prochain  en  justice,  y  est  tratné 
lui-même  ;  il  semble  avoir  une  exagération  congénitale  de  la 
bossedela  combattivité.  Puis,  ce  qui  lui  était  contraire, 
il  rentrait  très  tard  dans  la  nuit,  ce  pouvait  lui  donner 
occasion  de  rencontrer  les  Thépault  :  et  alors,  rencontres, 
altercations  suivies  de  coups  et  assignations  où  le  malheureux 
s'entendait  traiter  sur  papier  timbré  de  frater  et  de 
<  soy  disant  chirugien  •  :  Archives  du  Finistère  ;  consul- 
ter les /'roMiures  cnmtneUes(1670-1680.)  Quand  il  avait  le 
dessous  il  était  "  plaintif  et  demandeur  »  ;  quand  il  avait  le 
dessus  il  lui  arrivait  d'être,  à  son  tour,  «  accusé  et  défen- 
deur. " 

Parfois  les  chirugiens  arrivaient  à  se  manger  entre 
eux,  sans  doute  sans  que  les  malades  ne  s'en  portassent 
plus  mal. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


343  — 

M'  Guillaume  Le  Termillier  se  maria  le  27  novembre 
1687  à  damotselle  Marie  Gloaguen,  d'une  famille  de  bons 
bourgeois  de  Carhaix.  Le  M"  chirurgien  juré  n'était  pas  de 
ces  professionnels  qui  livrent  les  secrets  de  l'art  à  un  rabais 
honteux,  comptant  se  raitrapper  sur  l'alTIuence  des  clients. 
Il  le  faisait  bien  voir  par  la  plainte  qu'il  déposait  à  la  Cour, 
le  27  juin  1690,  contre  M'  Pierre  Yvon  «  se  disant  chiru- 
gien.  »  A  cinq  heures  du  soir,  le  samedi  précédent,  Marie 
Jamet  femme  de  Trémeur  [..,]  boulanger  se  transporta  chez 
M'  Le  Termillier  pour  le  prier  d'aller  promptement  à  la 
geôle  pour  panser  et  médicamenter  son  mari  qui  avait  été 
blessé  au  genou.  Le  praticien  «  lui  mit  fjapareil  pourarres- 
ter  une  émorogie  de  sang,  s  Conformément  à  la  prière 
instante  du  patient,  Le  Termillier  se  présente,  le  lendemain, 
pour  lever  l'appareil  :  on  lui  dit  que  M°  Pierre  Yvon  était 
venu  vers  cinq  ou  six  heures  faire  un  pansement  après  avoir 
levé  l'appareil  alors  qu'il  fallait  le  laisser  en  place  au  moins 
vingt-quatre  heures  sans  le  toucher. 

Si  Le  Termillier  était  de  mauvaise  humeur,  ses  observa- 
tions firentsortir  Pierre  Yvon  de  son  caractère  :  il  était  porté, 
du  reste ,  à  la  violence  ;  la  plainte  ,  et  les  témoins  à 
charge  le  reconnaissent.  Il  y  eut  paroles  peu  mesurées, 
voies  de  fait ,  agression  et  tout  ce  qui  amène  une  plainte 
en  règle  à  la  justice. 

Le  Termillier,  qui  tient  à  nous  faire  connaître  son  confrère, 
tient  dans  sa  plainte  à  nous  démontrer  que  ce  délit  profes- 
sionnel n'est  pas  un  acte  isolé,  mais  la  conséquence  d'une 
façon  de  faire  qui  lui  est  coutumière. 

"  Et  qu'il  est  encore  vray  que  le  mois  dernier  une  femme 
riche  de  la  campagne  se  transporta  dans  la  boutique  dud. 
Le  Termillier  à  dessein  de  ^  faire  seigner  et  comme  ne 
voulaist  donner  que  deux  sols  six  deniers  votre  suppliant  ne 
voulut  pas  la  seigner  à  moins  d'avoir  cinq  sols,  et  e.stant  sur 
le  seuil  de  la  porte  dud.  Termillier,  led.  Yvon  l'appella  ce  qui 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  n*  — 

n'est  pas  permis  de  faire  l'un  au  préjudice  de  l'autre  et  la 
seigna  en  mesme  temps  pour  lad.  somme  de  deux  sols  six 
deniers  ».  En  opérant  la  saignée,  il  protesta  être  prêta  trai- 
ter tout  autre  au  prix  qui  lui  conviendrait:  «  ce  qui  est 
défendu  par  les  statuts  des  malstres  chirugiens  >. 

L'administration  centrale  eût  à  se  préoccuper  de  l'Assis- 
tance médicale  et  du  service  des  hôpitaux  de  Carliaix.  Nous 
avons  relevé,  à  ce  sujet,  sur  le  Registre  des  Délibérations  de 
la  Communauté,  les  dispositions  qui  suivent  : 

Àssembiie  de  vUle  du  19  mars  4689. 
«  Le  syudic  remontre  de  plus  que  le  sieur  Desbignon  BertheloI, 
docteur  médecin,  ayant  obtenu  un  arrêt  du  con^ieil  en  date  du  ]4' 
davrtl  1688,  suivant  délibéraiiou  de  ladicle  commuuaulié  qui  luy 
adjuge  une  somme  de  200  livres  sur  nos  deniers  dociroy  eu  consi- 
dération des  obligations  y  portées  ;  il  est  de  conséquance  que  led 
arresl  soit  levé  et  enregistré  sur  te  registre  de  lad.  communauté  â 
scavoir  si  le  sieur  Desbignon  veult  à  ladvenir  lexécutter  en  la 
forme,  ayant  aprins  quil  ne  le  pouvoit  faire  allandu  quel  s'est 
exiably  en  la  rille  de  Quimper  >. 

•  La  commimaulé, 

a  Sur  celte  reiliontrance  et  suivant  la  déclaration  dud.  BertheloI 
de  ne  pouvoir  rester  eu  cesle  ville,  ayant  faict  son  eslablissemeut 
à  Quimper,  la  eommunaulté  a  nommé  en.  son  lien  et  place  H' 
Claude  Vachet,  maître  chi  rugi  eu,  lequel  a  accepté  la  commission  aux 
coudiiLons  portées  par  led.  arresl  du  conseil,  lequel  sera  enregistré 
et  demeurera  loriginal  par  devant  led.  sieur  sindic 

Exiraict  des  registres  du  Conseil  d'Estat. 

•  Vu  "la  requesie  présentée  au  Roy  estant  en  son  conseil,  par  le 
sindic  de  la  ville  et  eommunaulté  de  Carhatx,  en  Bretagne,  quil  y  a 
dans  ceste  ville  deux  hospitaux,  lua  pour  les  pauvres  malades  qui 
est  gouvcruc  par  des  reliigieuses,  et  lautre  pour  les  pauvres  valides 
appelé  Ihospjlal  général,  lesquels  sont  dans  une  extrême  pauvreté 
et  à  tel  point  qui Is  non t  pas  le  moyen  davoirun  médecin,  qui  est  la 
chose  la  plus  nécessaire  aux  hospitaux  et  principalement  à  ceux  fondés 
pour  les  malades  ;  cest  pourquoy  c'est  un  des  plus  grands  biens 


n..,i,."rK,C0Oglc 


—  345  — 

que  l'oD  leur  puisse  procurer  et  à  toute  la  ville  esi  dengager  un 
habile  médecin  de  sy  establir  pour  secourir  les  malades  taal  riches 
que  pauvres,  la  communaulté  avoit  résnlûe  par  déllbéralion  du 
S"  novembre  16SS  d'arrester  le  sieur  Berteloi,  médecin  de  luniversité 
de  Reims,  qui  depuis  deux  ans  est  veou  demeurer  en  la  ville  de 
Carliais,  où  il  a  donné  de  grandes  marques  de  sa  sufQsanCe  capacité, 
de  son  zèle  et  affection  au  soulagemeul  des  malades  de  la  ville  et 
notarameol  des  pauvres  malades  des  deux  hospitaus,  quil  a 
secourus  par  les  soins  et  par  les  remèdes  qu'il  leur  a  donné,  mais 
daulanl  quon  ne  peut  lobliger  à  sestablir  loul  à  fait  en  cesEe  ville 
sans  luy  arresier  des  gages  raisonnables,  il  auroit  esté  présenté 
requesie  par  led.  sindic  aux  sieurs  commissaires  députés  par  Sa 
Maiesié  aux  Estais  tenus  à  Sainct-Brieuc,  lanoée  dernière,  pour. 
faire  pourvoir  ied  Berlhelol  d'une  pension  de  400  livres  par  chacun 
an  ou  à  prendre  sur  les  ocirois  et  revenus  patrimoniaux  de  la  ville, 
mais  celle  requeste  ayant  esté  renvoyée  à  Sa  Maiesié  par  ordon- 
nance du  17*  oclobre  1687,  le  sindic  se  seroit  retiré  par  devers  elle 
el  luy  auroil  remontré  que  la  ville  ou  communaulté  de  Carhaix  peut 
aisément  payer  cette  pension  aud.  sieur  Berlbelol,  sans  quelle  soit 
à  charge  au  public  dautanl  que  celle  communaulté  ne  doit  plus  rien 
que  toutes  ses  dettes  soûl  payées  el  que  ses  charges  ordinaires 
acquittées.  Il  restera  des  revenus  de  ses  octrois  et  deniers  patri- 
moniaux beaucoup  au  delà  pour  fournir  ceste  pension  à  quoy 
désirant  pourvoir,  ouy  le  rapport  et  toul  considéré  k  Roy  estant  en 
son  conseil  a  permis  el  permet  à  la  communaulté  de  Carhaix  de 
payer  par  chacun  an,  après  les  charges  ordinaires  acquilées  au 
sieur  Berihelol  la  somme  de  200  livres  de  gages  à  prendre  sur  les 
revenus  des  octroys  et  deniers,  patrimoniaux  a  commencer  du  1" 
jour  du  présent  mois  davril,  tant  et  si  longuement  quil  y  fera  sa 
résidance  el  quil  y  visitera  et  assistera  les  malades  à  condition 
quil  sera  tenu  de  tisiter  et  assister  de  ses  soins,  sans  autre 
rétribution,  tous  les  malades  des  deux  hospitaux  et  les  pauvres 
habitans  de  la  'ille  dans  taules  leurs  maladies.  Laquelle  somme 
de,deux  cents  litres  sera  adioalée  aux  charges  ordinaires  delà 
ville  parties  par  larrest  du  conseil  du  SS-  juin  16St. 

•  Fait  au  Conseil  d'Estal  du  Roy,  Sa  Haiesté  y  estant,  tenu  à 
Versailles,  le  14"  jour  avril  1688,  ainsy  signé  Colbert.  » 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  346  - 

I  y  avait  de  plus,  à  Carhaîx,  un  apothicaire, poitevin  d'ori- 
gine, qui,  ainsi  qu'on  le  verra  par  les  pièces  ci-dessous, 
après  avoir  commencé  ses  études  dans  son  pays,  vînt  les 
terminer  à  Morlaix. 

Timbre  de  la  GiniralUé  de  Poilien  («  juin  1680). 

0  Le  vJDgl-deux'  jour  de  juia  mil  six  cen  quatre-viugl,  après 
midi,  Q0U3  François  Ciiambault,  maistre  apothicaire,  demeurant  en 
la  ville  de  Cholet,  et  Jean  Daniel  émancipé  procédant  sous  l'auto- 
rité de  Perrine  Harolleau,  ma  (sk)  mère,  demeurant  à  Hauléon, 
soubz  signez  avons  fait  marchtS  d'apprantissage  et  convention  qui 
eusiiiveut  h  scavoir  moy  Chambault  ay  promis  et  moblige  d'ensei- 
gaer  auq.  Daniel  la  profession  et  lart  de  pharmatie  et  chirurgie  (1). 
Tel  que  maistre  peuvent  faire  sans  rien  lui  receler,  de  le  norir, 
blanchir  Uver  et  coucher.  Et  ce  pendant  le  temps  de  deux  années 
entières  et  consécutives  pour  commencer  au  jour  et  fesle  de  la 
saint  Jean-Baptiste  prochaine  et  nous  ay  promis  et  moblige  envers 
ledit  sieur  chambault  de  luy  obéir  ainsi  quapranti  sont  remis  Taire 
h  maisires  et  moblige  en  outre  de  luy  payer  ponr  leq.  aprautissage 
la  somme  de  quarante  ecus  en  aident.  Et  la  somme  de  dix  livres 
pour  épingles,  de  laq.  somme  moy  Daniel  may  présentement  délivré 
auq.  Chambault  la  somme  de  iranle  livres  six  sols  trois  deniers  que 
jay  cejourdbuy  receu  de  Jean  Daniel  mon  oncle  qui  me  deb voit  pour 
ma  part  ei  portion  de  cent  vingt  une  livres  cinq  sols  provenant  des 
successions  des  feus  Uathurin  Daniel  et  Perrine  Charon  mes  ayeuls 
suivant  lacté  passé  par  Cosncau,  notaire  à  Uauléon  le  quatorze  de 
may  mil  sis  cent  soixante  et  dix-sept.  Et  le  surplus  montant  cent 
livres,  il  en  recevra  quatre  vingt  dix  livres  des  Révérends  prieurs 
religieux  chanoines  de  labbaye  de  la  Saiule-Trinité  de  Hauléon 
d'huys  en  un  an,  et  dont  luy  mettray  le  billet  du  père  procureur 
diceile  abbaye  toutefois  et  quantes  au  regard  de  la  somme  de  dix 
livres  dans  un  mois  prochain  fait  à  Mauléon  en  double  sous  nos 
seings  privés  auq.  Mauléon  les  jours  et  en  que  dessus. 

«  Chambault,  Jean  Daniel.  »  (2) 

(t)  Le  mot  chiiiirgie  a  élu  ajouté  en  surcharge  dans  le  texte. 

;3j  I»  13  juillet  iciO^  M-  Ctiambautl  détivrait  à  son  apprenti  un  cerll- 
Hcat  constatant  (|ue  Jean  Daniel  l'a  fidèlement  servi  pendant  deux  ans. 
et  (|u'il  se  déclare  i  satisfaicl  île  na  amiliiille  et  da  payement.  • 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  34T  — 

Jean  Daniel, quatorze  ans  après, nous  apprend, 15  novembre 
1694,  dans  une  requête  au  Sénéchal,  que  par  arrest  de  a  la 
«  Cour  du  vingt-sixième  octobre  il  avoil  esté  envoyé  devant 
«  les  maistres  apothicaires  de  Morlaix  pour  procéder  à  ses 
interrogatoires  et  faire  les  autres  actes  requis  et  accous- 
tumés  n.Mais  voilà  qu'au  greffe  M°  Larcher  de  Kerincuft 
refuse  de  lui  rendre  cinq  pièces  qu'il  y  a  déposées,  dont 
a  les  attestations  des  services  signé  de  Chabrol,  apothicaire 
«  de  Madame  de  Guise,  de  Charmoy,  de  Bonnecampt  et 
«  Ollivier,  médecin  de  la  Marine  i>. 

Il  rentra  en  possession  de  ses  papiers  et  put  exercer  pour 
le  soulagement  de  l'humanité  souffrante. 

Les  nobles  [i)  se  rattachaient  par  quelques  points  à  l'aris- 
tocratie de  la  cité,  mais  ne  la  constituaient  pas  à  eux  seuls. 
Cette  association  se  composait  principalement  des  ofTiciers 
de  justice,  de  finances  ou  de  la  Maison  du  Roi,  qui  possé- 
daient leurs  charges,  et,  depuis  l'édit  de  la  Paulette,  les 
transmettaient  à  leur  famille.  Recrutés  parmi  les  marchands 
ou  les  praticiens  enrichis,  ils  se  regardaient  comme  supérieurs 
à  eux,  et,  détenant  une  partie  de  l'autorité,  luttaient  à  forces 
égales  contre  la  municipalité,  lorsqu'ils  ne  parvenaient  pas 
à  la  dominer  en  s'y  introduisant.  Ils  formaient  autant  de 
corps  qu'il  y  avait  de  juridictions  :  parlement,  chambre  des 
comptes,  grenier  à  sel,  droits  forains,  eaux  et  forêts  :  ilè 
avaient  autour  d'eux  la  elienlèle  nombreuse  et  active  des 
avocats,  des  procureurs,  des  notaires,  des  huissiers  et  des 
sergents.  Leur  réunion  formait  un  ensemble  redoutable, 
gui  pouvait  résister  aux  corporations  des  marchands  et  des 
artisans. 

B  L'acquéreur  n'avait  pas  toujours  l'argent  nécessaire 
pour  payer  sa  charge  ;  il  empruntait,  il  était  gêné,  il  s'effor- 

(i)  T.I,  p.  37  et  38.  La  ville  nous  l'Ancien  régime. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  348  — 

çait  de  vivre  aux  dépens  de  ses  concHoyeas.  «  Yotex,  dit  uq 
marchand  de  Reims,  en  parlant  des  gens  de  justice  d'E)per- 
nay,  ooist  combien  de  gens  à  ronger  un  ai,  à  »e  promener 
sous  la  halle,  à  parler  de  naaoïllea  et  à  chercher  à  manger 
comme  des  chenilles  (1|.  >  Mais  à  cdté  de  ces  gens  de  loi 
faméliques  se  trouvaient  les  représentants  de  familles 
locales,  qui  remplissaient  leur  cliarge  avec  honneur  et  dé- 
sintéressement, sans  autre  ambition  que  de  la  transmettre  à 
leurs  enfants. 

1  La  Bruyère  alTirme  qu'il  y  a  une  chose  que  Ton  n'a  jamais 
vue  sous  le  ciel,  et  que  selon  toutes  les  apparences  on  ne 
verra  jamais  :  c'est  une  petite  oille  qai  n'est  divisée  en 
aucuns  partis.  Les  officiers  de  justice  et  de  finances  y  sont 
même  divisés  entre  eux  ;  les  uns  sont  exemptés  de  tailles, 
tandis  que  les  autres  y  sont  soumis  comme  le  reste  des 
habitants.  Mais  d'ordinaire  les  procureurs,  les  notaires,  tes 
sergents,  qui  forment  la  clientèle  des  magistrats,  se  grou- 
pent autour  d'eux  dans  les  luttes  qu'ils  soutiennent  contre 
les  marchands  et  les  artisans.  » 

M.  Albert  Babeau  ,  auquel  on  peut  adresser  parfois  la 
critique  de  trop  généraliser,  a  crayonné  de  main  de  maître 
le  tableau  de  ces  ofiiciers  de  justice  et  de  finances  et  de  leur 
rôle  prépondérant,  encombrant,  dans  la  vie  d'une  ville  de 
province, 

A  Carhaix  ils  tiennent  le  haut  du  pavé  et  si  on  tente  de  les 
dénombrer,  on  se  décourage  bien  vite  après  s'être  mis  à  la 
lâche.  En  effet,  on  en  retrouve  à  tous  les  coins  où  s'embusque 
une  juridiction.  On  croit  en  avoir  fini  avec  eux,  que  l'on  voit 
surgir,  on  ne  sait  d'où,  un  officier  d'importance,  ou  un  déten- 
teur d'ofiice  subalterne  ;  c'est  «  un  controlleur  et  commis 
ancien  alternatif  traval  et  quetraval  des  consignations  de  la 
juridiction  n,  «  commise  la  marque  des  Imbotz  »  ou  »  à  la 

(I)  Oudart-Coquaull.  Mémoires  publiiïs  par  M-  Lariquet,  II,  p.  460,  cilë 
par  A.  Babeau. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  W8  — 

recepte  des  taux  et  amandes  de  la  juridiction  de  Carhais  n, 
ou  tous  autres.  Leurs  rangs  sont  si  denses,  si  serrés,  que 
l'on  arrive,  avec  une  inquiétude  bien  légitime,  à  se  demander 
comment  ces  gens  font  pour  vivre  :  ils  vivent  de  leurs 
offices,  il  est  vrai  ;  mais  comment  arrivent-ils  à  vivre  de 
leurs  offices/ 

Nous  trouvons  une  liste  officielle  d'une  partie  notable  de 
ces  gens  attachés  à  la  Cour  à  titre  de  notaires,  procureurs, 
huissiers,  sergents,  priseurs  et  arpenteurs  Elle  est  dressée 
parM'ThomasDondelet  datée  de  l'année  même  de  la  Révolte 
du  Papier  timbré,  si  bien  qu'on  y  voit  taxé  le  25  septembre 
1375  le  malheureux  Sébastien  Le  Balp,  tué  le  3  du  même 
mois,  par  Montgaillard,  au  château  du  Timeur. 

Thomas  Dondel,  escuyer  sieur  de  Brangolo,  conseiller  du  Roy, 
recepveur  des  Touaiges  et  autres  deniers  royaux  de  levesché  de 
Cornouaille,  auxcy  après  nommés,  procureurs,  noHaires,  huissiers, 
sergeaols,  priseurs  el  arpeaieurs  royaux  de  la  juridiction  royale  de 
Carhaix;  salut. 

Suivant  la  commission  à  nous  donnée  par  H.  d'Harouys, 
trésorier  des  Estais  de  Bretaigne  en  date  du  12"  mars  1675,  enre- 
gistré à  Quimper  ie  5'  avril  dernier,  au  greffe,  pour  les  taies  cy 
après,  nous  vous  mandons  que  vous  ayes  chacun  de  vous  à  nous 
payer  dans  nostre  bureau  ches  le  sieur  de  Champripault,  à  Quimper, 
en  un  seul  payement, dans  le  dixiesme  doolobre  prochain,  les  sommes 
auxquelles  tous  aviez  esté  taxés  pour  jouir  et  exercer  vosdîcts 
offices  suivanl  lordonnance  de  nosseigneurs  les  Estais  de  Bretaigne 
danfleur  dernière  assemblée  Ihenue  à  Vitré  en  1674. 

Les  procureurs,  notlaires,  huissiers  chacun  42  1. 13  s.  4  d. 

Les  huissiers  es  eaux  et  forests  el  sergeants  généraux  el  darmes 
à  chacun  34 1.  6  s.  8  d. 

Les  sergeants  royaux  à  chacun  16  I.  18  s.  4  d. 

Priseurs  et  arpenteurs  à  chacun  13  I.  16  s.  2  d. 

A  quoy  tous  ne  Tairez  faule  à  paine  désire  courus  contraint 
suivant  la  rigueur  des  ordonnances  et  comme  pour  les  propres 


■yGooglc 


—  850  — 

deniers  et  affaires  de  Sa  Maiesié.  A  HeDnebood,  te  26*  septembre 
1675.  Doudet. 

Suici  le  rolle  du  nom  des  officiers  de  la  jurisdiclioD  royale  de 
Carhaix.  Emplois  auxdicts  rolle  et  siibjets  à  ladicle  taxe 

//  procureurs,  —  Eslienue  Glaziou  ;  Pierre  André  ;  Christophe 
Rospabu;  Pierre  Tonneaux;  Claude  Guillou  :  Allain  Chauveau  ; 
Michel  Revaull;  Bouaveature  Uével  ;  Yves  DafTnel  ;  Charles 
Audry;  Henry  Garnicr. 

»S  notlaires  royaux  —  René  DalTuet  ;  Michel  Ferrée  ;  François 
Guillaume  ;  Ollivier  Lauzei  ;  Yves  Le  Boédec  ;  François  Larcher  ; 
Christophe  Rospabu  ;  Guillaume  Thépaut  ;  Yves  Bioual  ;  Sébastien 
Le  Balp  :  Henry  Le  Houllier  ;  Jan  Quéméneur  ;  Jan  Le  Put  ;  René 
du  Dréiit;  Guillaume  Quénemeur;Allain  Chauveau  ;  Claude  Dago m  ; 
Michel  Revaiilt  ;  Guillaume  Quillec  ;  Yves  Le  Délivre  ;  Gilles  Bocliez  ; 
Yves  Gulllou  ;  Mcollas  Lamotte  ;  Guillaume  Jouan  ;  Pierre  Connezre  ; 
Thomas  Guillou  ;  Jan  Thibault  ;  Mathieu  Le  Houx. 

Huissiers.  —  Thomas  Esmard  ;  Phelipe  Estienue. 

Huissiers  des  eaux  et  forests.—  Gilles  ïtenet  ;  Nieotlas  Destable  ; 
Jan  Fleury. 

Généraux  d'armes.  —  Thomas  Rosselin  ;  Ollivier  Renet. 

Sergents  royaux.  —  Jan  Le  Put  ;  Yves  Uarion  ;  Mathieu  Cauzic  ; 
François  Jan  ;  Pierre  Brassart. 

8t  priseurs  et  arpenteurs  (beaucoup  en  même  temps  notaires 
et  procureurs)  —  Le  sieur  de  La  Boiessière  Kervir  ;  le  sieur  de  La 
Vsreune  ;  le  sieur  de  La  Garenne  Bouday  ;  le  sieur  de  Keradennec 
Keretior  ;  le  sieur  de  Lcsîavel  Le  Coz  ;  escuyer  Yves  de  Suasse  ; 
escuyer  Phelipe  Emauuelde  Launay  ;  La  Roche-Huun;  François 
Bahezre,  etc 

Nous  ne  citons  de  ces  priseurs  et  arpenteurs  que  ceux 
dont  le  nom  semble  indiquer  une  supériorité  de  classe  ou 
noble  extraction. 

Dans  la  Déclaration  de  la  ville  de  Carkaix,  publiée  le  24 
septembre  1675,  A  la  suite  de  la  mort  du  notaire  Le  Balp  (1), 
nous  trouvons  comme  avocats  signataires  de  ce  document: 

(t)  La  rétioUe  dite  du  Papier  Timbré,  [inr  M.  J.l.eiQOinc,  p.  Ï69- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  35^  — 

F.  Gobert,  G.  Lozanne,  T.  Guillet,  J. -Joseph  Le  Gogai,  F. 
Touchart  et  autre  M°  Toucharl. 

Nous  devons  y  ajouter  Jan  Dupais. 

Dans  le  ressort  de  Garhaix  il  y  avait  un  nombre  très 
grand  de  justices  seigneuriales  qui  comportaient  nombre 
d'officiers  de  judioature.  Ces  juridictions  inférieures, 
souvent  odieuses  et  toujours  exposées  à  la  suspicion 
légitime  des  justiciables,  étaient  recherchées  ou  récusées 
d'après  les  craintes  ou  les  espérances  des  parties  engagées. 

Le  20  juillet  1700,  Guillaume-René  Dîeulangard,  premier 
huissier-audiencier,  dresse  un  procès-verbal  de  rébellion 
contre  Marguerite  Laurans,  veuve  de  Pierre  Raoul,  du 
Moustoir,  à  laquelle  il  vient  signifier  une  ordonnance  du 
procureur  du  Roi.  Celle-ci  refuse  de  le  suivre  et  répond  sans 
une  hésitation  a  qu'elle  ne  relève  pas  de  la  cour  royale,  mais 
bien  de  celle  de  Trébivan  n,  où,- sans  doute,  la  justice  se 
rendait  en  famille. 

Mais  la  cour  royale  était  obligée  d'évoquer  à  sa  barre 
nombre  d'affaires  qu'elle  retirait  à  cette  justice  boiteuse  et 
louche  de  petites  juridictions  locales  que  la  monarchie  elle- 
même  travailla  à  entraver,  à  éteindre,  en  attendant  une 
suppression  qui  aurait  été  effectuée,  même  sans  1789  ! 

La  pièce  suivante  montre  que  c'était  un  bien  à  souhaiter 
que  cette  disparition  définitive  d'une  institution  qui  ayant  pu 
rendre  des  services  n'était  plus  qu'une  occasion  d'abus. 

n  A  HoDsieur  le  sénéi^al  et  premier  tnagislrat  du  siège  royal  de 
Carhaix  supplye  humblemeni  Charles  Quilcuff,  pauvre  villageois 
de  la  paroisse  de  Plooévézel  ,  disant  que  sur  le  déDOncy 
quil  a  faict  aux  officiers  de  la  juridictiou  de  Rozquigeau  couirc 
Jacob  Bczegan,  Nicolas  Larhanlec,  Guillaume  Le  Bras  et  leurs  com- 
plices. Ils  auroienl  estes  décreltés  de  prinse  de  corps  avec  saisye 
et  annolation  de  biens  et  lesdicts  Larhanlec  et  Bras  emprisonnés  aux 
prisons  de  ce  siège,  et  quoy  qu'on  ait  ouy  en  charge  contre  eux, 
plus  de  quarante  tesmoingns,  lesdicts  ofQciers  de  Rozquigeau  les 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  352  — 

favorisans  avoiut  Dégligé  d'insbnire  leur  procès  à  raison  de  quoy 
et  de  ce  que  lesdicts  Bezegan  el  Larhantec  liental  comme  cU  pré- 
cidanl  U  peuple  en  subjectitm  par  le  port  d'armes,  El  quy  pour 
cause  dudict  denoncy  espient  et  rochercheot  le  temps  d'assassiner 
le  pauvre  suppliant,  —  il  a  esté  obligé  de  le  faire  entendre  en  la 
la  cour,  laquelle  par  arrest  du  vingt  et  neuriiesme  décembre  dernier 
a  esvoqué  l'iostance  criminelle  pendante  en  la  jurisdtction  dudict 
Rozquigeau  et  la  renvoyée  devant  vous  pour  esire  instmicle  et  jugée 
avec  toute  cognoissance  de  cause,  el  considérées  qu'il  vous  plaize. 
Monsieur,  voir  ledict  arrest  de  la  cour  à  ceste  attachée  et  en  consé- 
quance  recevoir  la  commission  portée  et  ce  faisant  ordonne  qu'à  la 
diligence  de  Monsieur  le  procureur  du  Roy  le  greffier  de  ladicle 
juridiction  de  Boiquigeau  sera  dès  ce  jour  et  autres  signifBé  pour 
dellivrer  et  mettre  au  greffe  de  ce  siège  toutes  les  charges  et  infor- 
mations crimiuellesfaictes  en  ladicte  juris[lictiOD  contre  lesd.  Bézé- 
gan,  Larhantec  el  Bras,  pour  passé  de  ce  estre  procédé  h  l'instruc- 
tion de  leur  procès  avec  fraicls  de  quy  il  appartiendra  attandu  la 
déclaration  qua  toujours  faict  ledicl  Quilcuff  de  n'entendre  ny  ne 
voulloir  eslre  en  aucune  manière  partye  auxdicts  accuzés  laquelle 
déclaration  il  repelle  encore  d'abondant  parle  présant  el  ferez  justice. 
7  mars  1672.  Signé  Thépaull,  grelBer. 

Ce  commandement  fut  signifié  le  2  mai  1672,  à  M'  Alain  Chau- 
veau,  greffier  de  la  juridiction  de  Rozquigeau,  par  U'  Ha  :  Bozic, 
sergeanl  royal. 

Les  juridictions  seigneuriales  relevant  de  la  cour  de  Car- 
haix  reçurent  un  coup  terrible  par  l'arrêt  de  la  Cour  du 
Parlement  de  Rennes  du  5  septembre  1708.  Leur  compétence 
était  réduite  à  son  minimum  par  l'évocation  au  siège  royal 
de  Carhaix  des  cas  royaux  tant  au  civil  qu'au  criminel.  L'ar- 
rêt concernant  la  cour  de  Lanuion,  etdont  les  dispositions 
étaient  étendues  au  siège  de  Carhaix,  énumérait  10  cas 
royaux  au  civil,  et  au  criminel  34,  et  «  tous  «  autres  cas 
royaux  dont  l'énamération  serait  trop  longue  ». 
Arrest  de  la  cour  de  parlement. 

0  Qui  déclare  l'arrest  du  5  Novembre" dernier  ;  rendu  pour  la  Juris- 
diction  Royale  de  Lannion  commun  pour  celle  de  Carhaii,  et  es 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


conséquence  conformément  à  iœlny,  hit  défense»  aux  Juens 
Subalternes  de  conaoistre  des  Cas  Royaux  sons  la  JoriadîMiQti  Rayate 
de  Carhaix  ;  leur  Ordonne  d'en  renvoyer  la  consoiaaaiioe  aux  Jagas 
dudil  Carhais,  à  peine  de  cassation  et  de  Dulltlé.  n 

Extrait  des  Registres  de  Parlement. 
H  Veu  par  la  Cour  la  Re^uesle  de  Jean  Ragoideau  de  la  Rasdiare. 
Conseiller  du  Roy,  Seneschal  de  Carhaix,  contenant  que  les  Juges 
el  Offlciers  qui  relevoient  «le  la  Jurisdiclion  Royale  de  CarbaUi 
atTectoient  contre  la  disposition  des  Ordonnances,  et  des  AirQSt  et 
Reglemens  de  la  Cour,  de  connolstre  des  Cas  Royaux,  quoyque 
la  connoissance  leur  en  esloit  interdite,  et  qu'ils  dCTOienl  renvojier 
ces  sortes  de  matières  devant  ledit  Seneschal  de  CgirhaiXt  auquel 
seul  la  connoissance  eu  apparienoitprivaUTemeQtaux  autres  Ju^es, 
Ce  dérèglement  avoil  donné  occasion  aux  Juges  Royaux  de  Lanuiou 
d'en  porter  leurs  plaintes  eu  la  Cour,  laquelle  par  son  Arrest  du 
cinquième  novembre  dernier,  avoit  Tait  défense  a,ux  Juges  Siit^l- 
lemes  de  connoislre  des  Cas  Royaux  sous  la  Jurisdiction  Royale  de 
Lannion  ;  leur  Ordonnoit  d'en  renvoyer  la  connoissance  aux  Juges 
de  Lannion,  à  peine  de  nullité  et  de  cassation  ;  et  auroit  permis  de 
faire  lire  ledit  Arrest  où  requis  seroit. 

a  A  ces  causes,  ledit  Exposant  requeroit  qu'U  pUt  à  ladite  Cear 
voir  attaché  ledit  Arresl,  et  en  conséqueuce  le  dédarer  eommoq 
pour  estre  observé  el  exécuté  dans  toute  fét^idue  du  rassort  d»  1« 
Jurisdiction  Royale  de  Carhaix,  el  en  conséquence  et  «Ktfwmémeat 
audit  Arrest  faire  défenses  aux  Juges  et  Officiers  sous  le  ceisort 
dudit  Carhaix,  de  conuoistre  des  Cas  Royaux,  sur  les  pçiues  y 
portées  ;  et  leur  enjoindre  d'en  renvoyer  sur  le  champ  la  connois- 
sance audit  Seneschal  de  Carbaix  :  et  afm  que  personne  n'eu 
ignore,  Ordonner  que  l'Arrest  qui  interviendroit  seroil  Id  et  publié 
a  l'Issue  des  Grandes  Messes  des  paroisses,  h  l'Audience  publique 
de  ladite  Jurisdiction  de  Carhaix,  el  aux  Audiences  des  Jurisdiclious 
qui  eu  relevoieut  :  Ladite  Requesie  signée  desdila  Raguldeau 
seneschal,  Jean-Joseph  Veller  procureur  du  Roy,  el  Le  Bretou  pp*- 
cureur  ;  Considéré. 

a  LaCouradeclarél'Arrestd'icelleduSNovembrâderaiar,  readu 
pour  la  Jurisdiclion  Royale  de  Lannion  commun  pour  celle  de 
BcuATiH  ABCHÉOL,  DU  FiNiSTËRB.—  ToMB  XXV.  (H^olres).    23 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Carbais,  ol  en  cooséquence  conrormëmeat  à  iceluy,  fait  défenses 
aus  Juges  Subalieroes  de  coaaoislre  des  Cas  Boyaux  sous  la  Juris- 
diction  Boyale  de  Carbais  ;  lear  Ordonne  d'ea  renvoyer  la  conuois- 
sance  aux  Juges  dudil  Carhaix,  à  peine  de  cassation  et  de  nullilé  : 
Et  à  ce  que  personne  n'en  ignore,  Ordonne  que  le  présent  Arrest 
sera  lu  et  publié  où  requis  sera.  Fait  en  Parlement  à  Rennes  le 
dnqniëme  Septembre  1708. 

a  Signé,  U.  Picquet.  » 
a  Lu  et  publié  à  l'Audience  publique  dudil  Carhaix  du  quio- 
lième  Novembre  1708,  tenuÈ  par  Monsieur  le  Senescbal  et  premler 
Magislral  dudil  Siège,  le  requérant  te  Procureur  du  Roy,  pour  estre 
exécuté  suivant  la  forme  et  teneur  ;  et  envoyé  aux  Jurisdlctions  et 
Paroisses  du  Ressort  dudit  Carhaix,  pour  y  estre  pareillement  lu  et 
ftubtié  afin  que  personne  n'en  ignore.  » 


M,  de  la  Villemarquéll)  fait  du  maltdtier  une  peinture 
saisissante.  «  Il  y  a,  dit-il,  trois  sortes  de  personnes, 
selon  un  ancien  proverbe  breton,  qui  n'arriveront  point 
au  paradis,  tout  droit  par  le  grand  chemin  ;  c'est  â 
savoir;  les  tailleurs  (sauf  votre  respect),  dont  il  faut  neuf 
pour  faire  un  homme,  qui  passent  leurs  journées  assis  et 
qui  ont  les  mains  blanches  ;  les  sorciers  qui  jettent  des 
sorte,  soufflent  le  mauvais  vent  et  ont  fait  un  pacte  avec  le 
diable  ;  les  maliôtiers  [les  percepteurs  des  contributions) 
qui  ressemblent  aux  mouches  aveugles,  lesquelles  sucent  le 
sang  des  béies. 

«  Le  maltôtier  est  d'ordinaire  querelleur,  banard,  bel 
«  esprit,  beau  parleur  ;  il  est  même  facétieux  et  assaisonne 
<  volontiers  de  gros  sel  ses  vexations  légales.  » 

Le  maltôtier  est  l'expression  la  plus  odieuse  du  fisc  et  de 
ses  agents  ;  c'est  l'aspect  la  plus  répugnant,  la  façon  d'être 
la  plus  antipathique  de  l'Administration  centrale.  Les  com- 

(f)  Banal  Breii;  p.  332  :  «  L'orpheline  de  Lannion.  • 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


mis  des  devoirs  font  bande  à  part,  une  classe  séparée  qui 
ne  saurait  trouver  ni  sympathie,  ni  autorité  morale.  Si  un 
de  ces  fonctionnaires  privilégiés,  —  généralement  étrangers 
au  pays,  —  est  bas-breton,  il  n'en  sera  que  plus  exécré.  La 
marque  et  les  droits  de  «  trop  bu  »  sont  des  tyrannies  que 
le  peuple  maudit.  Du  n  trop  bu  n,  il  faut  que  ces  mes 
sieurs  en  trouvent,  s'ils  veulent  mériter  de  l'avancement. 
Les  prétextes  pour  verbaliser  ne  manquent  pas  et  les 
bénéfices  des  prises  est  partagé  entre  les  employés  et  leurs 
supérieurs.  L'appât  du  gain  les  anime  et  étouffe  en  eux  toute 
pitié,  et  lorsque  l'indignation  populaire  éclate  en  rébellion, 
exaspérés  par  la  résistance,  par  la  haine  populaire,  ils 
deviennent  cruels  et  voient  rouge  ! 

Les  abus  de  pouvoir  relevés  à  leur  compta  expliquent  les 
actes  de  rébellion  et  de  rassemblements  armés  qui  accueil- 
laient leur  apparition  dans  un  quartier,  lorsque  s'élevait  le 
cri  d'alarme  :  Voilà  tes  maltoutiers  !  (1) 

Pierre  Derien,  13  février  1674,  hôte  à  Pont-Melvez,  était 
à  Rennes  pour  affaires  :  trois  records  opérant  pour  le  compte 
du  S' Le  Gac,  fermier  des  devoirs,  apportent  une  contrainte 
contre  Pierre  Derien  absent,  lis  exagèrent  les  ordres  qu'ils 
ont  reçus,  expulsent  la  femme  de  l'hôte  et  son  enfant,  brisent 
les  armoires,  s'emparent  de  l'argent, couchent  dans  la  maison, 
faisant  main  basse  sur  tous  les  comestibles  et  sur  le  vin,  et 
se  retirent,  après  ce  carnage,  laissant  la  clef  à  un  sergent  ; 
et  au  bout  d'une  douzaine  de  jours,  sans  une  formalité  de  jus- 
tice, ils  reviennent  et  emporteni  tout  ce  qu'il  y  avait  dans  la 
maison.  Le  3  mars,  le  sergent  pénètre  par  la  fenêtre  dans 
l'asile  qu'avait  trouvé  la  femme  Derien  ;  il  se  saisit  des  meu- 
bles  et  de  l'argent  qu'on  y  trouva.  De  ce   chef,  Derien 

(I)  Cf.  Le»  procédures  crimineltes  du  siège  de  Carkaix  :  les  officiers  de  la 
sénéchaussée  agissent  passivement  :  iis  poursuivent  mais  saos  conviction, 
et  on  voii  bien  qu'ils  n'ont  pas  un  entttousiasnie  outré  pour  la  Maltftle 
son  personnel  et  ses  procédés. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-    336   — 

réclame  des  juges  à  la  Cour  de  Rennes,  14  mars  1674,  et  il 
est  renvoyé  pour  demander  justice  et  réparation  devant 
la  Cour  royale  de  Carhaix. 

Nécessairement  la  fraude  devait  être  grande,  en  raison  de  la 
consommation  de  boissons  faite  dans  cette  région,  alors  conta- 
minée par  l'ivrognerie.  Si  on  examine  les  procédures  crimi- 
nelles de  Carhaix  :  plaintes,  interrogatoires  ou  informations 
d'office,  on  relèvera  trois  fois,  au  moins,  sur  cinq, 
l'ivresse  intervenant  comme  circonstance  du  crime  ou 
délit.  On  retrouve  invariablement  la  formule  «  esprina  de 
cm  *  pour  caractériser  l'état  mental  des  parties  ou  de  l'une 
d'elle,  qu'il  s'agisse  d'attentat  à  la  propriété,  à  la  vie  ou  à 
l'honneur. 

La  consommation  étant  grande  et  désordonnée,  la  fraude 
devait  se  faire  sur  une  grande  échelle  : 

La  pièce  suivante  nous  édifiera  à  ce  sujet  : 

H  HM.  les  juges  royaulx  de  Carhaix  supplie  humblement  noble 
homme  Jan  Le  Gouverneur  sieur  de  Cheduboir  faisant  pour  M'  Tho- 
mas Courtiu,  fermier  général  des  grands  et  pelîls  debvoirs  des 
estais  des  vins,  cildre  et  autres  breuvages  quy  se  débitent  au  bail- 
lage  de  cette  jurisdiction. 

«  Disant  que  quelque  chose  quil  aye  peu  faire  ny  les  veilles  et 
soigns  quil  se  soit  donnés  depuisquil  faicl  la  receple  desdi  ts  debvoirs  il 
luy  a  ^sté  impossible  de  pouvoir  empeseher  les  paroessiens  de  Scri- 
gnac  et  de  Poullaouen  particulièrement  de  frauder  et  débiter  des 
vins  tous  les  ans  entr'aulres  en  la  saizon  de  Carnaval,  quy  est  la 
saizon  ou  les  debvoirs  doibvent  plus  valloir  au  suppliant  par  le 
débit  que  feroient  les  cabaretliers  quy  débitent  dordinaire  auxdiles 
paroisses,  MaU  des  meschandz  et  matins  fraudeurs  prenenl  pied  et 
se  font  forz  de  cesle  saizon  pour  débiter  clandestinement,  partages 
entre  eux  et  vendre  à  vil  prix  à  potz  et  à  pinte  au  préjudice  des 
drojtï  de  Sa  Majesté  quy  véritablement  sont  tous  péris  et  ruinés, 
surlepied,  disent-ils,  quil  leur  est  permis  au  Carnaval  de  seresjonir 
et  festoyer  leurs  amys.  El  quoy  que  par  plusieurs  arrests  et  sen- 
tences lesdils  fraudeurs  ayant  esté  condemnés  pour  le  promp  débit 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  357  — 

partage  et  vente  qiiils  ont  ainsy  faict  des  vins  tons  tes  ans  avec  def- 
fense  de  récidiver,  ce  néautmoins  les  mesmes  fraudeurs  ont  encore 
en  la  salïon  du  Carnaval  dernier  débité  clandestinement  fraudé  et 
partagé  plus  de  quaire  vingtz  bariques  de  vin  par  contravenlion 
au  bail  général,  arresls  et  reglemeniz  et  sealences  donnés  vers  eux 
en  conséquence  en  ce  siège.  Ce  que  voyant  le  suppliant  s'est  veu 
obligé  de  faire  descendre  des  nottaires  royaulx  avec  ses  commis 
jurés  en  leurs  demeures  lorsquil  a  pu  sçavoir  quilz  acbetoient  des 
vins,  et  car  y  a  quelque  peu  de  temps  après  encore  faict  de  rescbeff 
descendre  ou  Ion  a  trouvé  les  fiitz  vides  et  les  vins  débitez  en  fort  peu 
de  jours  et  en  autre  partie  partagée.  Ce  quy  est  vérifié  et  prouve  à 
veue  d'œil  par  le  peu  despace  de  lemps  aucquel  ilsontfaictz  lesdilz 
debilz  par  les  procès- verbaux  desditz  commis  et  nottaires  en  dable 
des  vingt  et  troisiesme  febvrier,  buictiesme  mars  et  autres  jours 
suivanlz  (9  avril  1672). 

La  procédure  suivante  nous  montrera  les  maltôtiers  en 
campagne,  flanqués  de  leur  procureur  qui  ne  chômait  pas 
souvent  et  longtemps. 

Un  beau  dimanche  de  janvier  1675,  le  temps  vraisembla- 
blement était  exceptionnellement  beau  et  clément,  Yvon  Le 
Bihan,  maitre  tonnellier,  de  La  Magdelaine,  âgé  de  33  ans, 
prit  fantaisie  d'aller  du  côté  de  TronjollifT  faire  une  partie  de 
tidre. 

■  La  grand'messe  venait  de  finir  ;  il  rencontre  Pierre  Le 
Bras,  23  ans,  «  texier  ».  qui  venait,  portant  son  fusil,  a  affin 

■  de  tirer  avec  des  estourneaux  o,  puis  Pierre  Le  Brun,  com- 
pagnon-maréchal chez  Jean  Le  Rumen,  qui  parti  immé- 
diatement après  l'office  à  Saint- Trémeur,  allait  avec  Jean 
Le  Borgne  pour  se  rendre  chez  ce  dernier  à  Kergallet , 
afin  d'attacher  une  pièce  quelconque  à  une  armoire.  Yvon 
Le  Bihan,  homme  prévoyant,  avait  apporté  «  un  gobelet 
d'estain  dans  sa  poschette  «,  et  fait  venir  de  chez  Louise 
Guinigou  un  verre  et  un  buire  ou  pot  de  ».  sept  pintes  de 
eildre  à  un  sou.lt  la  pinte -^ .  Survinrent  de  plus  pour  prendre 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  358   — 

part  à  la  fôte  Jean  Bréal,  coutturier,  Jean  BrioDDfi,  boucher, 
et  Hervé  Fraval,  21  ans,  «  picotteur  de  pierre  »,Mathurin 
Lebideau,  17  ans,  compagnon  boucher,  et  Yves  Crec'hquil- 
livic,  44  ans:  celui-cieut  dû,  par  pudeur,  lui  pris  en  flagrant 
délit  contre  les  Devoirs,  taire  du  moins  sa  qualité  u  d'assis- 
tant au  Record  i  !  Tant  il  est  vrai  qu'à  Carhaix,  parun  cdté 
quelconque,  de  près  ou  de  loin,  ils  appartenaient  à  la  Justice 
ou  la  Finance ,  s'en  targuaient  avec  beaucoup  de  com- 
plaisance ;  déjà  mûrs  qu'ils  étaient  pour  le  fonctionnarisme. 

Nos  Epicuriens  dégustaient  leur  cidre  dans  un  parc 
nommé  Par-ar-Feunieun,  près  de  la  fontaine,  aux  doux  mur- 
mures de  la  source,  à  la  distance  de  150  pas  de  Tronjoliff, 
mais  les  commis  des  devoirs  surveillaient,  surprenaient  les 
délinquants.  Que  faire  avec  des  gens  qui  avouaient  et  avaient 
laconscience  tranquille,  puisqu'ils  avant  payé  ce  qu'on  leur 
avait  demandé?  Ils  avaient  fourni  toutefois  un  renseignement 
qui  ne  tomba  pas  à  terre  :  le  nom  de  leur  fournisseuse  : 
Louise  Guinnigou. 

On  se  rend  donc  à  Tronjoliff  pour  enquêter. 

Cette  fois,  en  compagnie,  sur  ordre  du  sénéchal,  de  Pierre 
André,  procureur,  on  donne,  victorieusement  «  pour  appuré 

■  qu'il  n'y  a  aucun  brandon,  feuillet  ny  enseigne  d'aucune 

■  hostelleruye  à  la  porte  au-dessus  ».  On  découvre,  dans  le 
cellier  cinq  fûts  dont  trois  pleins  de  cidre  ;  un  vide  etl'autre 
l'étant  d'un  demi  quart  :  «  l'on  a  fraîchement  tiré  du  cildre 
'«  par  picquets  outre  les  douvelles  d'une  barrique  sont  toutes 
«  raouillier  de  cildre  ».  Dans  la  chambre  au-dessus,  on 
trouve  un  fût  fraîchement  vidé,  et  en  bas,  un  baril  de  cinq 
ou  six  pots,  aussi  tout  humecté  «  et  paroist  avoir  sorti  du 
cildre  nouvellement  ». 

Les  réponses  de  la  veuve  et  de  ses  trois  filles  sont  iden- 
tiques comme  une  leçon  concertée  et  bien  apprise  :  Elles  ont 
fait  sept  barriques  de  cidre  :  «  vandu  une  à  honorable  femme 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  859  — 

Madellaine  Le  Brun,  liottesse  de  la  ville  de  Carhaix,  et  uDe 
autre  à  Nicollas  Floc'h.  geollier  des  prisons  du  siège,  pour 
la  somme  de  neuf  livres  la  baracque  à  eonditiona  de  bailler 
à  ladite  Guinitou  une  barieque  eide  sur  le  marché  :  reatent 
cinq  baricquea,  dont  une  est  en  perce  ». 

A  la  requête  du  procureur,  on  se  rend  au  manoir  de  Ke- 
rouriou  où  «  parlant  à  Marguerite  Lelan,  servante  domestique 
de  Mademoiselle  du  Hilly,  nous  a  diet  que  ladite  Guinigouet 
tes  enffenta  n'avaient  faiet  faire  que  quatre  barieques  de 
eildre  sur  la  fin  de  l'année.  »  Ce  témoignage  receuilli,  avec 
les  charges  relevées  plus  haut,  mettaient  les  commis  des 
devoirs  en  mesure  de  conclure,  sans  jugement  téméraire, 
qu'ils  avaient  mis  la  main  sur  un  débit  claudestin  et  de  faire 
procéder  en  conséquence  la  sénéchaussée  de  Carhaii,  et 
Louise  Guinigou  dut  savoir  ce  qu'il  en  coûtait  de  frauder  les 
commis. 

Nous  trouvons  peu  de  poursuites  pour  fraudes  sur  le  tabac, 
dans  la  période  qui  nous  occupe.  Citons  pour  mémoire  une 
contravention  constatée,  vers  midi,  le  19  septembre  1690,  à  la 
requête  de  M*  Nicolas  du  Plantier,  adjudicataire  général  de 
la  ferme  et  vente  exclusive  du  tabac  de  France,  un  jour  de 
marché  devant  la  boutique  de  Marie-Anne  Dupaïs  dite  Tra- 
guant.  Là  se  trouvait  un  homme  qui  vendait  de  la  «  chan- 
dellederozine  dansdeuxgrandspaniers  de  somme  »  :aufond 
d'une  poche  de  grosse  toile  dissimulée  dans  un  des  paniers, 
les  commis  ambulants  perquisitionnant  trouvèrent  un  reste 
>  de  rolle  de  tabac  anglois  non  plombé  ni  marqué  de  la  mar- 
u  que  ordinaire  dudit  Plantier.  b  Le  délinquant  est  séques- 
tré dans  les  prisons  de  Carhaix  «  pour  y  estre  nouri  au 
pain  du  Roy  n.  Il  déclare  se  nommer  François  Le  Borgne, 
dit  demeurer  au  bourg  de  Cléden,  puis  se  reprenant,  se 
déclare  de  Kergloff.  Interrogé  «  doù  il  prenoit  son  tabac  de 
fraude,   a  dit  quun  soldat  le  luy  avoit  vandu  ».  Le  tabac, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


pesant  deux  liTTeo,  fut  confisqué  ainsi  que  les  deux  paniers, 
un  petit  saa  de  sel  et  trois  paquets  de  •  chandelle  de 
rosiae  ». 

Le  16  juillet  1700,  nous  Uxtuvons  une  autre  contravention 
à  Kergrîst,  de  fraude  sur  des  tabacs  cachés  dans  une  écurie 
par  un  valet  domestique. 

Les  vins  doux  d'Espagne,  très  prisés  par  le  populaire,  et 
le  vin  d'Annis,  parvenaient  par  Morlaix  et  aussi  par  la  voie 
d'Hennebont. 

Ledncde  Cheulnes,  écrivant  de  Rennes,  le  30  jiiin  1675, 
A  CoIb«rt  [i)(  pour  presser  le  remboursement  des  avances 
qu'il  avait  faites  pour  le  service  du  Roi,  énuméraît  entre 
autres  dépenses  urgentes  qu'il  avait  dû  faire,  le  prix  de  cinq 
voyages  pour  des  Anglais  habitant  Morlaix,  envoyés  sur  les 
côtes  delà  Grande-Bretagne  pour  suivre,  dans  la  Manche, 
l«s  opératioae  de  l'escadre  de  Ruyter  ;  plue  «  toutes  les 
bateriee  qu'il  fit  faire  au  Conquet,  pour  la  defFense  de  deux 
descentes,,... /x>w  lea  traoaux  de  Brest,  lorsguestant pressé 
ée  tes  achever,  il  Jit  donner  an  extraordinaire  aux  tra- 
vaiitettrt  f  uij  y  fil  venir  deux  /hit  au  nombre  de  plus  dix 

mau  •. 

Cette  levée  de  terrassiers  et  de  gardes-côtes  avait  produit 
dans  la  Haute-Comouaille  un  trouble  profond,  dont  nous 
bvuvons  un  retentissement  dans  la  façon  dont  les  commis 
des  devoirs  furent  traités  à  cette  époque,  dans  la  surexci- 
tation qui  éclate  dans  les  faits  qui  motivèrent  tes  procédures 
suivantes. 

Ollivier  AUexandre  et  Pierre  Bruneau,  commis  jurés  de 
la  Marque,  faisant  pour  M°  Charles  Trépaigne,  fermier 
général  des  devoirs,  le  11, 12  et  13  juin  1C74,  font  leur  visite 

(1)  la  Révolu  dite  du  Papier  timbré,  par  M.  J.  Lemoine,  documeats, 
■p.  189. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


ordinaire  chez  les  hôtes  et  cabaretiers  de  la  ville  de  Carhaix 
et  bourgs  de  Ruergrouaa,  Poullahouen,  Saint-Udecq, 
Serinacq,  Bolazecq,  Ploura'h,  etc.  (en  tout  23  lieux  cités) , 
où,  disent-ils,  o  nons  naurions  trouvé  auchun  débit  ni  dimi- 
B  nution  de  leurs  vins  depuis  nostre  précédente  visite, 
tt  Ce  qui  nous  a  obligé  de  leur  demander  pourquoy  ils  ne 
a  débitoieut  pas,  ils  nous  aurotent  faict  réponse  que  nous 
«  devions  bien  scavoir  les  raisons  pourquoy  ils  ne  débitoient 
a  point  et  que  la  cause  est  de  ce  que  tous  les  gentilshommes 
«  habitants  et  la  plus  grande  partie  des  pej/sens  estaient 
1  ailes  à  Brest  les  uns  pour  travailler  aux  forteresses  et 
t  les  autres  pour  empescher  la  descente  des  Hollandais  sur 
e  les  castes  et  que  par  ces  moyens,  nous  paucionts  pas 
a  trawser  du  débit  et  que  laoenir  noua  entrouorions  encore 
<•  bien  moins,  puisque  tous  les  payssens  auraient  esté 
0  obligés  de  quitter  leur  travail  pour  aller  à  la  garde  aux 
a  costes  et  que  mesme  il  y  acoii  quantité  de  pauvres  gens 
a  qui  auraient  esté  obligés  de  vendre  la  plus  grande  partie 
«  de  leurs  hardes  pour  agetter  des  armes  et  quils  séthon- 
0  noint  de  ee  que  nous  allions  chez  eux.  ». 

Les  commis  retournent  le  7,  8  et  9  juillet  dans  les  mêmes 
23  localités  et  «  advertissent  tous  les  hostes  et  cabaratiers  de 
«  porter  de  l'argent  du  débit,  quils  ont  faict  pendant  le  quar- 
a  tier  d'avril  dernier  ».  Us  ne  rapportent  qu'une  réponse 
encore  plus  catégorique  :  u  Qu'ils  n'en  avoient  poinct 
u  et  que  touts  ce  qu'ils  en  avoient  leurs  mary  et 
enfant  lavoient  emporté  à  Brest  et  autres  endroits  où  ils 
u  estoiuts  à  faire  la  garde  depuis  plus  de  six  semaines  ou 
a  deux  mais,  et  que  sils  en  avaient  encore  qu'ils  aimeroint 
a  mieux  le  garder  que  de  le  donner  au  reeever  {sic),  et  qu'ils 
«  se  moequoint  de  tout  ce  qu'on  leur  pouvait  faire  et  que 
a  nous  ferionta  bien  mieux  d'aller  avec  leur  mary  garder 
a  les  costes  que  de  leur  demander  de  {argent  !  » 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Le  23  juillet,  daas  leur  procès-verbal  de  visite,  Jean 
Penost  et  Jean  Rebotier,  commis  de  la  Marque,  sous  le 
bailla^ede  Rostrenen,  enregistrent  la  même  note  :  ils  récla- 
ment dans  vingt-quatre  paroisses  -  des  cabaretiers  et  autres 
débiteurs  des  debvoirs  de  payer  ce  qu'ils  doivent  tant  du 
quartier  de  janvier  que  de  celuy  d'avril  i.  Ils  essuient  le 
même  refus  justifié  par  les  mômes  motifs,  sig-nifié  avec  la 
même  insistance,  et  »  qu'ils  ne  se  metioint  guère  en  peine 
■  de  menace  que  noua  les  faisions  de  les  faire  contrainte 
u  par  kuisaieret  que  noua  serions  bien  mieux  d'estre  aussy 
B  à  garder  les  eostes  que  d'estre  à  demander  de  largent  à 
•  des  gens  qui  n'en  aooint  poinet  ■  .' 

Ainsi  parlaient  les  femmes,  et  l'on  sait,  par  expérience, 
l'appoint  que  leur  passion  exaspérée  apporte  aux  chances 
d'une  révolte. 

Nicolas  Marion,  sergent  voyer  et  son  assistant  ont  reçu 
commandement  de  se  saisir  de  Guillaume  Savin,  accusé  de 
l'homicide  de  défunt  M'  Noél  Beauregard.  Ils  arrivent  à  cet 
effet  au  Roscoat,  en  Maël-Carhaix  :  les  parents  et  voisins 
s'ameutent,  et  détachent  les  chiens  ;  on  veut  casser  la  tête 
au  malheureuxsergent,maisundétailhorrible  nous  est  fourni 
parle  cahier  de  rép^^iïi'onstîfii/' Nicolas  Marion  (1)  et  de  son 
assistant  :  Une  de  ces  lemmes,  Catherine  Jourch,  disait  avec 
instance  à  la  femme  dudit  Savin  qui  portait  un  petit  enfant 
sur  le  bras,  o  égorger  et  teurire  le  col  à  son  enfen  afin  de 
trouver  occasion  de  fiiire  pendre  ces  voleurs  »! 

De tellesgens étaient  pourl'émeutedes recrues  implacables, 
prêtes  à  tout,  le  jour  où  le  mot  d'ordre  leur  aurait  été  donné, 
en  des  temps  de  calamités,  pour  faire  savoir  au  Roi 
dans  son  Louvre  que  là  où  il  n'y  a  rien,  le  prince  perd  ses 
droits. 

Abbé  Antoine  FAVÉ. 

(li  12,  13  et  14  dÈcemlire  1679.] 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  363  — 
XX.  V. 

LA.  MAISON  N"  17 

OB  LiA.  £IUE]    SAINT-FRANÇOIS 

DE   qriMPBR    (1) 


II  y  a  plus  de  deux  siècles,  la  maison  n"  17  rue  Saint-Fran- 
çois (maison  Le  HéDaR)  avait  le  même  aspect  qu'aujourd'hui. 
Une  entrée  unique  et  un  seul  escalier  donnaient  accès  à  deux 
appartements  absolument  distincts,  en  sorte  qu'un  acte  décrit 
ainsi  la  maison  :  u  Deux  maisons  s'entre-joignant  ouvrant  sur 
une  seule  porte  >  (1723).  D'autres  actes  distinguent  ces  »  deux 
maisons»,  qui  n'en  font  qu'une,  par  les  qualifications  la  petite, 
la  grande  maison. 

Avant  1677,  la  maison  entière  était  la  propriété  de  François 
Ranier,  docteur  en  médecine,  et  de  Jeanne  Poulain,  sa  femme. 
Le  22  juin  de  cette  année,  ils  la  vendirent,  pour  2840  livres, 
à  noble  homme  (2)  Germain  Pérard  et  à  sa  femme  Blanche 
Le  Dénie. 

Germain  Pérard  appartenait  à  une  famille  nouvelle  à 
Quimper.  Son  père,  le  premier  du  nom  que  j'aie  trouvé,  avait 
été  greffier  du  présidial  en  1639  et  années  suivantes.  L'acte 
d'acquêt  de  1677  qualifie  Pérard  sieur  de  Kerdula,  conseiller 
du  roi,  et  alloué  aux  juridictions  royales  de  Château neuf-du- 
Faou,  Huelgoat,  Landelleau  et  Gourin  (3).  M°>»  Pérard  était 

(1)  Ces  pages  ont  été  écrites  pcndaDt  le  séjour  de  l'anlenr  à  Quimper 
e'esi-à-dire  avant  1888. 

{%)  [l  est  iauliie,  je  pense,  de  rappeler  que  le  titre  de  noftlf  homme, 
puremeDt  bourgeois  i  cette  époque,  est  eictuBiF  de  la  noblesse. 

13)  Ces  quatre  déges  royaux  avaient  été  réunis  an  siège  de  Carbalx  par 
redît  de  ChÂteaubriant  (octobre  Iâ6&|  coaflrioaDt  les  lettres  patentes  de 
Troyea  (19  mars  1564).  Mais  les  quatre  sièges  {urenl  distraits  de  Car- 
balx  et  rétablis,  tomme  on  te  voit,  avant  1677.  Pour  plus  de  détails  :  CI. 
Orgamiation  judiciaire  de  Bretagne  avant  1790,  par  J  Trévédy.  —  Qu'on 
me  permette  de  renvoyer  à  quelques  unes  de  mes  brochures  relalives  à 
Quimper.  > 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  364  — 

de  cette  vieille  famille  boui^oise  qui  a  donné  à  Quimper 
nombre  d'aumânîers,  de  miseurs  et  de  procureurs  syndics  ; 
.  dont  l'un,  en  cette  dernière  qualité,  apposa  sa  signature 
auprès  de  celle  du  maréchal  d'Aumont  au  pied  de  la  capi- 
tulation du  10  octobre  1594.  (1) 

La  maison  coniiguè  vers  le  sud  appartenait  à  dame  Anne 
Cariou,  douairière  de  Kervazégan,  c'est-à-dire  veuve  de 
M.  Billoart,  sieur  deKervazégan.  En  1682,  il  s'éleva  entre 
M"«  de  Kervazégan  et  ses  nouveaux  voisins  une  difficulté  que 
termina  heureusement  l'arbitrage  de  Charles  Dondel,  écuyer, 
sieur  du  Parc  et  de  Trefïrelz,  sénéchal  et  premier  magistrat 
de  Cornouaille. 

Quand  Germain  Pérard  vint  habiter  cette  maison,  il  avait 
plusieurs  enfants,  entr'autres  une  fille,  Louise  Philippe,  déjà 
grande,  puisque,,  dix  ans  auparavant,  elle  avait  été  marraine. 
^me  Pérard,  à  peine  en  possession  de  la  maison,  mourut  ;  et 
Pérard  se  remaria  au  plus  tard  en  1680.  Le  4  février  1681,  sa 
femme,  Louise  Hennon,  lui  donna  un  fils  ;  en  1682,  un  autre 
fils  qui  mourut  peu  de  jours  après  sa  naissance;  enfin,  en 
1684  (21  avril),  une  fille  Marie-Anne-Agnès,  dont  le  nom 
mérite  d'être  conservé,  car  elle  a  été  une  des  bienfaitrices  de 
Quimper. 

Louise  Hennon  mourut  en  1687  (2)  ;  et,  le  26  août  1691, 
Germain  Pérard,  se  mariant  pour  la  troisième  fois,  épousa 
Jeanne  GeSroy,  veuve  de  Michel  Furie,  procureur  au  présidial, 
qui  l'avait  laissée  mère  avec  plusieurs  enfants.  L'année  sui- 
vante (21  août),  les  époux  faisaient  baptiser  un  tils  qui  eut 
pour  parrain  et  marraine  son  frère  utérin  Corentin-Michel 
Furie  et  sa  sœur  consanguine  Marie-Anne-Agnès.  L'année 
suivante  (8  juin  1693),  Pérard  mariait  sa  fille  du  premier 
mariage,  Louise  Philippe,  à  René  Guesdon,  sieur  de  Ker- 

{])  Cban.  Moreau,  Ligut  en  Bretagne,  p.  2!!!. 
(2)  Inbumallon  dans  le  chœur  des  cordellers. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


duallës,  qui  devint  plus  tard  conseiller  du  roi,  contrôleur  des 
deniers  patrimoniaux  et  d'octroi.  Les  années  suivantes,  le 
recteur  de  Saint-Julien  eûl  à  baptiser  allernalivemenl  des 
enfants  de  Germain  Pérard  (15  avril  1694  et  29  août  1696)  et 
ceux  de  sa  fille  (6  décembre  16dS  et  11  avril  1697). 

Germain  Pérard  mourut  le  7  oclobre  1697  et  fut  inhumé  aux 
Cordeliers.  L'acte  d'inhumation  lui  donne  le  titre  d'écuyer, 
qui  ne  lui  appartenait  pas. 

11  y  avait  ainsi  dans  la  maison  des  enfants  de  quatre 
mariages,  et  la  mort  de  Germain  Pérard  rompait  le  lien  qui 
les  unissait. 

Louise  Philippe  était  de  beaucoup  plus  âgée  que  sa  sœur 
Marie-Anne-Agnës,  qui  n'avait  que  treize  ans  :  mais,  bien  que 
les  meilleures  relations  existassent  entr'elles,.ce  n'est  pas 
dans  la  maison  de  sa  sœur  que  Marie  prit  asile  Elle  se  retira 
à  la  Terre-au-Duc  chez  Louis  Drouallen,  sieur  de  Kerdazan, 
son  oncle  et  tuteur  ;  et  c'est  là  que,  le  17  mars  1703,  elle  se 
maria.  Elle  donnait  sa  main  à  noble  homme  Charles  Florimond 
Cardé,  directeur  des  domaines  du  roi  en  l'évëchë  de  Cor- 
nouaille,  fils  d'autre  noble  homme  Charles  Cardé,  conseiller 
du  Roi  et  trésorier  du  sceau  de  la  chancellerie  de  Paris,  et  de 
dame  Marie-Magdeleine  de  Cussevé. 

Les  jeunes  époux  allèrent  habiter  la  paroisse  de  Saiot- 
Ronan  (rue  Obscure)  ;  et  c'est  là  que,  le  5  juillet  1704, 
naquit  une  première  fille  Louise-Marie,  qui  eut  pour  parrain 
Louis  Drouallen,  et  pour  marraine  Louise-Philippe  Pérard, 
dame  Guesdon. 

Avant  1704,  il  ne  restait  plus  d'autres  enfants  des  deux 
premiers  mariages  de  Germain  Pérard  que  ses  deux  filles,  Pt 
l'atnée  prend  le  titre  de  dame  de  Kerdula.  La  veuve  du  trui- 
siéme  mariage  habitait  avec  ses  enfants  la  petite  maison  com- 
prise dans  son  douaire. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Les  communautés  de  Germain  Pérard,  sa  succession  et  celles 
de  ses  enfants  successivement  décédés  ne  furent  réglées 
qu'en  1704.  La  liquidation  établit  la  dame  Gardé  créancière  ; 
et  la  grande  maison  ayant  été  mise  en  vente,  les  époux  Cardé 
en  demeurèrent  adjudicataires  pour  une  somme  à  valoir  sur  la 
succession  bénéficiaire  de  Pérard.  (Acte  du  24  mai,  prise 
de  possession  du  22  juin,  appropriement  du  24  novembre.)  — 
La  maison  était  alors  Thabilation  de  Rostang  Garnier,  avoca  t 
en  parlement. 

Au  commencement  de  l'année  1705,  les  époux  Cardé  habi- 
taient leur  maison  ;  et  c'est  là  que  naquirent  trois  enfants  : 
un  fils  (René-Corentin),  baptisé  le  10  juin  170Setmort  le  i'^ 
septembre  ;  une  fille  baptisée  le  17  juin  1706  et  morte  le  len- 
demain, et  enfin  une  autre  fille  Anne-Josépbe,  baptisée  le  27 
septembre  1707, 

Vers  cette  époque,  M.  Cardé  succéda  à  son  père  dans  ses 
charges  déconseiller  du  roi  au  parlement  et  de  trésorier  du 
sceau  de  la  Chancellerie.  De  ce  moment  les  r^istres  parois- 
siaux de  Quimper  ne  nous  montrent  plus  le  nom  de  Cardé 
avant  1715.  —  Nous  ne  pouvons  suivre  les  époux  Gardé  horsde 
Quimper  ;  nous  pouvons  dire  seulement  qu'après  leur  départ 
il  leur  naquit  un  fils,  CharlesJosepb-Pierre,  que  nous  retrou- 
verons plus  loin. 


La  petite  maison  avait  été,  à  ce  qu'il  paraît,  détachée  de  la 

(jrrande  entre  1704  el  1706,  car,  aux  premiers  mois  de  cette 

année,  nous  la  trouvons  dans  la  succession  vacante  de  la  fille 

du  docteur  Ranier. 

M.Ranier  était  mort  le  27  octobre  1687.  Sa  fille,  Marie- 

,  devenue  héritière  et  qualifiée  dame  de  Kervouar, 

3  19  février  1688,  François  Berthelot,  sieur  des 

(  docteur  médecin,  originaire  de  Fougères  et  habitué 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  M  — 

de  Carhaix  ».  Ea  épousaal  Mlle  Ranier,  il  prit  la  clientèle  de 
soQ  père,  s'établit  a  Quimper,  et  devint  médecin  de  ses  voisins 
les  cordeliers. 

Le  8  février  1693,  la  veuve  du  docteur  Ranier  fut  inhumée 
dans  leur  église  (1). 

Sa  fille,  la  dame  Berthelotfut  elle-même  inhumée  aux  Cor- 
deliers le  15  mai  i706.  Elle  était  morte  sans  enfants  (â),  el  il 
s'agissait  de  partager  les  biens,au  nombre  desquels  la  maison, 
entre  ses  héritiers  paternels  et  maternels. 

Chose  à  peine  croyable  pour  nous  I  on  imagine  de  parta- 
ger en  deux  lots  cette  maison  qui  ne  contient  guère  que  deux 
pièces  :  une  cuisine  en  bas,  une  chambre  en  haut.  La  cui- 
sine et  le  petit  cellier  sont  pour  la  succession;  la  chambre, 
l'entrée  et  l'escalier  sont  pour  les  héritiers  d'autre  part. 

Le  là  juin  1706,  la  succession  vacante  met  en  vente  sa 
part,  et  elle  est  acquise  par  Arnault  Lemarchant,  notaire  et 
procureur  au  présidial. 

Le  26  novembre  1709,  sa  Slle,  dame  Le  Rouyer,  la  revend 
à  Philippe  Le  Petton,  maître  tailleur,  et  à  sa  femme,  Jeanne 
Le  Goyer. 

Le  22  décembre  1710,  Le  Petton  meurt  et  est  inhumé  aux 
Cordeliers.  11  n'a  pas  d'enfants,  et  laisse  pour  héritière  sa 
mère,  Marguerite  Caro.  Sa  veuve  se  refuse  à  toute  liquidation 
de  communauté!  Pour  vaincre  sa  folle  résistance,  il  en  faut 
venir  au  séquestre  de  la  maison.  Enfin,  des  amis  intervien- 
nent et  amènent  les  parties  à  une  transaction.  Jeanne  Le 
Goyer  paiera  300  livres  à  sa  belle-mère  ;  elle  gardera  la 
maison;  et  la  guerre  sera  finie  (22  avril  1712.) 

(I)  Dans  la  plus  proche  tumbe  du  balustre,  du  câté  de  l'Épilre,  dan-^  la 
chapelle  de  la  Trinité,  •  environ  les  six  heures  du  soir  ■, 

(S)  SoD  mari  se  remaria  ;  il  épousa  Jeanne  PItouays,  d'une  famille  unie 
aux  Bougeant;  il  mourut  en  17'^  et  [ut  inhamé  aux  Cordeliera  ;  sa 
seconde  lemme  ?int  l'y  rejoindre  en  1727. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


Vers  cette  époque,  M"»  Cardé  devenue  veuve  revient  à 
son  berceau  avec  ses  deux  filles,  Louise  et  Anne-Josëphe,  et 
elle  babite  sa  maison.  L'entrée  et  l'escalier  lui  sont  communs 
avec  la  petite  maison.  Le  1«t  mars  1724,  M'^o  Cardé  acquiert 
la  partie  baute  de  cette  maison  devenue  la  propriété  d'Allaio 
Rocbel,  sieur  du  Verger,  et  de  Françoise  Olivo,  sa  femme, 
et,  le  23  novembre  de  la  même  année,  elle  acquiert  la  partie 
basse  de  la  veuve  Le  Petton.  La  voilà,  comme  avait  été  son 
père,  unique  propriétaire  des  deux  maisons. 

M»"  Cardé  a  pour  voisin  au  Sud  M.  Thérézîen,  sénéchal 
des  R^ires.  Pour  parer  è  je  ne  sais  quelle  difficulté, 
M"w  Cardé  convient  de  céder  à  M.  Thérézien  la  moitié  de  la 
petite  maison  coupée  de  haut  en  bas.  M.  Thérézien  paiera 
cette  fraction  de  maison  800  livres,  la  moitié  du  prix  dé- 
boursé par  M°"  Gardé  (6  février  1725).  —  Deux  experts,  au 
nombre  desquels  Augustin  Audouyn ,  sieur  de  Restinois, 
opèrent  ce  bizarre  partage  (17  avril  1727.) 


Quelques  années  auparavant,  l'année  même  où  elle  acqué- 
rait la  petite  maison.  M"»  Cardé  devenait  propriétaire,  entre 
le  chemin  du  Séminaire  (l'hospice  actuel)  et  la  rue  des  Re- 
gaires,  de  ta  maison  avec  jardin,  où  vingt-cinq  ans  plus  tard 
elle  installera  les  sœurs  du  Saint-Esprit.  Ses  vendeurs  sont 
Françoise  Le  Gubaêr,  d'une  vieille  famille  de  Quimper,  veuve 
de  François  Morin,  ancien  maire  de  la  ville  et  marchand  <  de 
draps  et  de  soyes  n,  et  les  enfants  issus  de  leur  mariage  :  l'un 
est  (1  juge  garde  de  la  monnaie  à  Tours  »,  l'autre  conseiller 
du  roi  au  présidial  de  Quimper ,  et  une  fille  est  veuve  de 
Prigent-Corentin  Gouesnou. 

Orpheline  à  treize  ans,  veuve  à  irenle-quatre,  M°i°  Cardé 
a  connu  le  malheur  et  n'est  pas  insensible  aux  peines 
et   aux   misères   des  autres.    EUe   est,    avec  ses   filles. 


n,g,i,..cb,.G00glc 


livrée  aux  œuvres  charitables.  L'ainée  des  deux  sœurs, 
Louise,  est  dame  de  la  charité.  Elle  meurt  à  irente-neuf  ans, 
générée  de  tous,  en  1743,  et  l'acte  d'inhumation,  dressé  le 
lendemain,  constate  l'affluence  qui  suivit  son  convoi  (1). 

Pendant  que  sa  mère  et  ses  sœurs  vivaient  ainsi  à  Quimper, 
Charles-Joseph-Pierre  Cardé  était  devenu  a  gentilhomme 
servant  de  Sa  Majesté  et  de  Mgr  le  Dauphin  i>,  et,  à  ce  titre, 
il  obtenait  des  lettres  de  noblesse  en  septembre  1743.  Moins 
de  quatre  ans  plus  tard,  il  revenait  à  Quimper  pour  mourir 
sous  la  bénédiction  de  sa  mëre,  le  16  mai  1747,  et  M^»"  Cardé, 
sexagénaire,  restait  seule  avec  sa  dernière  fille,  Anne-Josèphe. 
Nous  avons  tout  à  l'heure  donné  à  Louise  Cardé  le  titre  de 
dame  de  la  charité.  Ces  dames,  vivantdans  le  monde,  souvent 
épouses  et  mères,  étaient  distraites  de  la  visite  des  indigents 
malades  par  leurs  devoirs  de  famille.  C'est  pourquoi  saint 
Vincent  de  Paul  avait  créé  auprès  d'elles,  à  Paris,  les  Filles 
de  la  Charité  <\\ie  nous  vénérons  aujourd'hui  sous  le  nom  de 
Filles  de  Saint-  Vincent-de-Paul.  Les  mêmes  causes  faisaient 
souhaiter  à  Quimper  la  présence  de  personnes  qui  pussent 
donner  tout  leur  temps  à  la  visite  et  aux  soins  des  malades. 

Une  congrégation  vouée  à  ce  charitable  office  était  née  en 
Bretagne,  à  Plérin,  auprès  de  Saint-Brieuc,  en  1706.  La  fon- 
datrice, une  pauvre  V3uve,  Marie  Balavoine,  ne  s'est  proposé 
d'abord  que  de  faire  l'école  aux  enfants  pauvres  ;  puis  elle 
s'est  mise  avec  deux  ou  trois  pauvres  filles  à  visiter  les  ma- 
lades des  campagnes.  L'humble  congrégation  répond  aux 
besoins  de  toutes  les  paroisses  :  aussi  elle  prospère.  En  1733, 
elle  est  définitivement  fondée  et  approuvée  par  l'évèqoe  de 
Saint-Brieuc,  sous  le  nom  de  «  Congrégation  des  sœurs  du 
Saint-Esprit  n.  En  1747,  elle  avait  une  maison  dans  chacun 


(I)  Elle  fut  inhumée  dans  la  cilhiirtrale  devant  l'autel  iIli  Sicrd  ou  du 
Saint-Sacrement,  à  l'entrée  de  la  chapalle  aetnelle  des  Trépassés. 

BuLLHTiN  ARCHÉOL.  DU  FrNisTÈRB.— To.MB  XXV.  'Mémoiresl.    24 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  8Î0  — 

des  cinq  départements  découpés  depuis  dans  notre  ancienDC 
province.  En  1749,  l'évéque  appelle  les  sœurs  à  Quimper  (1). 

Trois  sœurs  arrivent  et,  par  acte  du  27  mars  1749,- 
M"  Cardé  leur  donne,  rue  du  Séminaire,  le  jardin  et  la  maison 
que  les  sœurs  du  Saint-Esprit  occupent  encore,  avec  une 
rente  de  450  livres  pour  leur  pension. 

Ce  don  ne  fut  pas  la  seule  bonne  œuvre  de  M""  Cardé  ;  mais 
ce  fut  la  principale  et  celle  qui  lui  donne  rang  parmi  les 
bienfaiteurs  de  notre  vieille  cité. 

Six  mois  après  (29  août)  elle  mourait,  et  u  illustrissime  et 
Il  révérendissime  seigneur  Annibal  de  Cuillé,  ëvëque  et  comte 
Il  de  Cornouaitle,  présidait  aux  obsèques  ».  L'évëque  avait 
voulu  donner  ainsi  un  dernier  et  éclatant  témoignage  de  sa 
vénération  à  la  bienfaitrice  des  pauvres. 

En  mourant,  et  pour  dernière  marque  d'affection,  M'û»  Cardé 
avait  laissé  aux  sœurs  le  crâne  de  sa  fille  Louise-Marie.  De 
nos  jours  encore,  les  sœurs  gardent  pieusement  celte  relique. 

Dix  ans  plus  tard,  le  4  juin  1758,  mourait  Marie-Josèphe 
Gardé  (2).  Elle  n'avait  pas  été  mariée;  elle  avait  une  fortune 
considérable,  puisque,  en  1750,  elle  est  la  plus  imposée 
de  tous  les  habitants  de  Quimper  sur  le  rôle  de  la  capitation 
bourgeoise  (3j.  Pourtant,  ses  héritiers  ne  se  présentaient  pas  et, 
le  9  décembre  1758.  le  présidial  dut  déclarer  la  succession 
vacante.  Les  publications  ordonnées  eurent  leur  eflet;  les 
héritiers  avertis  au  loin,  par  exempte  à  Semur  et  à 
Pontoise,  se  firent  connaître;  la  liquidation  suivit  et,  d'un 
commun  accord,  la  vente  de  la  maison  se  fit  le  15  mai  1759. 

(I)  Pour  plus  de  détails.  Cl.  Let  lœurt  du  Sainl-Eipril  à  Quimper,  par 
J.  TréTédy,  1888. 

{%)  Le  lendemain  ,  elle  fut  inhumée  dans  la  tombe  qui  avait  reçu  sa 
sieur  et  sa  mère,  et  de  ce  jour  (usqu'à  la  Révolution  une  messe  tut  dite 
chaque  année,  le  G  janvier,  pour  tes  membres  de  celle  lamille.  (Arch.  de 
l'Eyéché.  Obitualre). 

(3)  Elle  paie  250  livres;  les  plus  imposés  après  elle  n'en  paient  que  195 
et  180.—  Voir  Rôk  de  la  capitatim  à  Quimper  (IBSTS  par  J.  Trévédy. 


n,g,t,7.cbyGOOglC     ' 


Les  acquéreurs  furent  Joseph -Jacques-Sébastien  Gazon  et 
sa  femme,  Marie-Julienne  Mauic  ou  Mavic  (1). 

Joseph  Gazon  avait  le  titre  de  conseiller  du  roi  ;  il  avaitëté 
directeur  de  la  monnaieà  Rennes,et  était  receveur  des  fouages, 
vingtièmes  etcapitation  de  Cornouaille  (2i. 

Le  prix  est  de  6.013  livres  payées  comptant.  La  prise  de 
possession  suit,  le  6  juin,  l'appropriement,  le  28  septembre. 
M.  Gazon  est  un  homme  expéditif. 

La  propriété  est  bornée  vers  l'Est  par  le  jardin  d'une  mai- 
son ouvrant  place  Maubert  et  appartenant  à  M'"'  Kersulguen 
de  la  Villeneuve,  marquise  de  Tinténiac  ;  le  15  avril  1761, 
elle  permet  à  M.  Gazon  d'ouvrir  des  jours  sur  son  jardin. 

De  l'aulre  côté,  au  Sud,  le  mur  de  M°"  Bonaventure 
Thérésien  mariée  à  M.  Le  Dali  de  Kéréon  menace  ruine.  Le 
1"  septembre  de  la  même  année,  M.  Gazon  obtient  l'autorisa- 
tion d'assigner  en  réfection. 

Peu  après,  le  34  juin  1761,  les  époux  Gazon  devinrent  ac- 
quéreurs de  la  seigneurie  du  Plessix-Erguéavec  haute  justice, 
paroisse  d'Ergué- Armel.  Nous  parlerons  tout  à  l'heure  des 
droits  et  de  quelques  transmissions  de  cette  seigneurie. 

M.  Gazon  ne  jouit  pas  longtemps  de  ces  possessions  dqu- 
velles    Le  6  octobre  1766.  il  mourut  dans  sa  maison  (3)  ; 


(1)  La  dame  Gazon  est  aussi  oommÈe  Julie.  San  nora  est  écrit  d'abord 
Mauijc,  puis  Mavic  par  le  chanKemenl  de  l'ii  voyelle  en  u  consonnne  ou  u. 

l.'aDcienae  orthographe  Mauic  semble  la  bonne. 

(!)  L.es  époux  Gazon  demeuraient  alors  •  près  la  place  Saint-Coreatin. 
anciennement  Tour-du-Chatel,  paroisse  Notre-Dame  •  Auparavant  ils 
avalent  demeuré  (avant  171V,  place  Terre-au<Duc,  dans  la  maison  n*  \ 
actuelle  ,  au  premier  étage.  Cette  maison  appartenait  alorâ  à  Renée  Le 
Nobletz.  femme  de  M.  Le  BecdeliËvre  ,  premier  présidenl  de  la  Cour  des 
comptes  de  Bretagne.—  Voir  Une  Maison  de  la  place  Terre-au-Duc,  (lS9o|. 

|3)  Arch.  des  Regaires.  Inventaire  i.  7,  8  octobre  1766.  —  Nous  allons 
donner  d'autres  renseignements  sur  la  tamiJIe  Gazon  dans  l'étude  Intitulée 
Rolurieis  hauts  justiciers. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  372  - 

et  le  lendemain  ilfiit  inbufflé  â  la  cathédrale  dans  la  tombe 
élevée  du  Piessix-Ergué,  dans  la  chapelle  Saint-Christophe, 
contre  le  pilier  h  l'entrée  du  cbœur  à  gauche. 

Le  4  juin  1773,  la  maison  allait  être  vendue  de  nouveau 
par  Julie  Mavic,  veuve  «  communière  »  et  son  (ils  Joseph- 
Marie-Anne-Guillaume-Corentin,  seul  héritier,  déjà  marié  (Il 
juillet  1761)  à  Marie-Catherine  Bérolle.  (1) 

Les  acquéreurs  sont  M»  Guillaume-Michel  Audouyn,  s'  de 
Kerioer  (PluguSan),  conseillerdu  roi  au  présidial,etsa  femme 
Jeanne-Françoise  Droneau  qui  demeurent  rue  du  Collège.  Le 
prix  est  de  7.000  livres  et  la  vente  comprend,  est-il  dit,  «  les 
tapisseries  peintes,  les  hoiseries  et  armoires  d'attache.  » 

Mais  voilà  qu'avant  la  prise  de  possession,  les  29  et  30  aodt, 
les  époux  Audouyn  reçoivent  une  assignation  de  Jean  Gatien 
Roullin,  sieur  de  la  Barbinière,  et  de  sa  femme  Pierrette- 
Louise  Gazon  Celle-ci,  cousine  germaine  du  vendeur  de  la 
maison,  prétend  exercer  le  retrait /ijnoj/er:  c'est-à-dire  user 
de  la  faculté  accordée  par  la  Coutume  aui  parents  de  proche 
degré  de  retirer  l'héritage  des  mains  de  l'acheteur  en  rem- 
boursant le  prix  et  les  loyaux  coûts  du  contrat. 

On  dirait  que  le  conseiller  au  présidial  a  été  tenté  de  résister 
à  cette  demande,  car,  après  l'assignation,  il  se  hâte  de  se 
mettre  en  possession,  le  3  septembre.  Mais  le  droit  de  la 
retrayante  est  indiscutable.  Le  eonsetller  se  ravise  et  fait  sage- 
ment :  il  est  indemnisé  du  prix  et  de  toutes  impenses,  et  tout 
est  dit. 

M""  Roullin  n'était,  à  ce  qu'il  semble,  devenue  propriétaire 
de  la  maison  que  pour  la  vendre  dès  le  6  décembre  1777. 

Ses  acquéreurs  furent  k  Messire  César-François  Le  Gac  de 
Lansalut,  chevalier  de  Saint-Louis,  mestre  de  camp  (colonel) 

ui9,  dés  cette  Époque,  une  autre  maiaoD  â 


Dgilir^hyGOOglC 


—  373  — 

d'infanterie  et  sa  feinme,Caroline, princesse  de  Bavière  (Deux- 
PoDts),  comtesse  de  Sulzbach  (1). 

M.  et  M"^'  de  Lansalut  avaient  acquis  et  habitaient  le 
château  du  HilgQy  (Plogastel-Saint-Germainl.  C'est  sans  doute 
comme  pied  à  terre  qu'ils  acquéraient  la  maison  de  la  dame 
Roullin  La  princesse  la  trouva  peut-Ètre  un  peu  modeste. 
Quoiqu'il  en  soit,  dès  le  15  octobre  1779,  la  maison  était 
louée  à  M.  Mazé,  procureur  au  présidial  Le  20  décembre  de 
la  même  année ,  de  locataires,  les  époux  Mazé  devenaient 
propriétaires  de  la  maison,  qu'ils  payaient  la  somme  de 
8.800  livres  dont  3.800  versées  comptant  (2). 

Mais  la  maison  était,  paralt-il,  en  mauvais  état,  et  les  ven- 
deurs avaient  promis  certaines  réparations  avant  la  prise  de 
possession  ;  par  exemple,  ils  devaient  «  faire  les  bois  de  cinq 
fenêtres  dont  M. Mazé  devait  fournir  les  batans  (^>  n:  ils  devaient 
en  plus  «  donner  un  menuisier  pendant  huit  jours  pour  les 
réparations  de  détail  que  l'acheteur  jugera  à  propos  de  faire 
faire.  »  Quels  ennuis  ces  conditions  si  simples  allaient  causer 
à  ce  malheureux  chevalier  de  Lansalut!  Qu'on  en  juge  par 
ses  lamentations!  Il  écrit  le  l^r  janvier  1780  à  M.  Mazé  : 
«  Tout  est  malheur  I  Monsieur,  mes  menuisiers  viennent 
de  me  quitter.  Je  ne  puis  donc  songer  à  vous  les  envoyer, 
mais  faites  faire  vosfenètres  les  plus  pressées.  J'aurai  bien- 
tôt d'autres  menuisiers  et  leur  premier  ouvrage  sera  pour  vos 
fenêtres.  Le  morceau  de  bois  que  je  vous  avais  pris  est  tombé 
en  poussière  au  premier  effort  de  ma  scie  :  ce  qui  est  d'autant 
plus  étonnant  qu'il  paraissait  si  dur  qu'à  peine  la  hache  pou- 
vait l'entamer.  Tout  est  malheur,  comme  je  vous  le  disais  plus 

(I  Je  doaQerai  quelques  détails  sur  M.  el  M"  Le  Gac  de  Lansalut  dans 
U  Noie  sur  le  Hilyuy,  qui  va  suivre. 

(2]  La  maison  est  vendue  quitte  de  lods  et  ventes ,  C'est-à-dire  du  droit  de 
mutation  dû  au  seigneur.  C'est  la  première  vente  oâ  apparaisse  cette  cod- 

fSj  Lire  ballam.  M,  Mazé  fournissait  tes  baltans  ou  vantaux,  et  M  de 
■  Lansalut  devait  les  bois  le  (châssis,  l'encadremenl). 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—   374   — 

haut.  Mais  voilà  les  plus  petits  :  celui  qui  me  touche  le  plus 
c'est  que  j'ai  reçu  une  lettre.,.,  etc. 

«  Adieu,  monsieur  ;  portez-vous  bien.  Je  suis  avec  le  plus 
sincère  attachement  votre  très  humble  et  très  obéissant  servi- 
teur. Le  Ch"  de  Lausatul.  » 

Je  copie  jusqu'au  salut  qui  termine  cette  lettre  afin  de  don- 
ner un  exempte  de  ta  politesse  dont  usait  un  gentilhomme  en- 
vers un  bourgeois. 

Le  chevalier  de  Lansalut  remplaça  ce  bois  ensorcelé  qui  défie 
et  repousse  la  hache  et  s'évanouit  devant  la  scie  :  les  menui- 
siers revinrent,  les  réparations  se  firent,  et  les*  époux  Mazé 
entrèrent  en  possession  de  la  maison  le  10  avril  1780. 

Les  vœux  que  faisait  M.  de  Lansalut  pour  la  prospérité  de 
M.  et  &!■"«  Mazé  furent  exaucés.  De  procureur  au  présidial, 
M.  Mazé  devint  juge  au  tribunal  ;  d'heureuses  acquisitions 
augmentèrent  son  avoir  ;  et  à  leur  mort  en  1821,  M.  et  M'^'^ 
Mazé  laissèrent  une  fortune  à  partager  entre  leurs  deux  filles 
Louise-Marie-Emilie,  femme  de  M.  Louis-Marie  t^e  Bescond 
de  Coatpont,  et  Pauline,  morte  sans  alliance  à  Quimper.  C'est 
à  cette  dernière  qu'échut  la  maison  dont  nous  achevons  l'his- 
toire. 

En  1864  ou  63,  cette  maison  fut  acquise  par  M.  Le  HénafI, 
auquel  elle  appartient  encore.  (I) 

Qu'il  me  soit  permis  d'insister  sur  un  point  de  ma  narra- 
tion :  l'acquisition  par  M.  et  M™e  fîazon  de  la  terre  seigneu- 
riale de  Plessix-Ergué  ;  et  de  donner  quelques  renseignements 
sur  la  seigneurie  du  Hilguydont  le  chevalier  de  Lansalut  et  sa 
femme  la  princesse  de  Bavière  furent  possesseurs. 

J.  TRÉVÉDY, 

Ancien  l'réiident  ilu  Tribunal  civil  île  Quimper, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  375  — 
XXVI. 

LE  CULTE  DU  SOLEIL 

liA     eÉlVÉRATIOIV     PAR    Ij  E     FEU 

(Folek-lon  da  GapSizun  et  de  rita-da-Seln.) 

Les  feux  de  la  Saint-Jean  ramènent,  chaque  année,  le  sou- 
venir et  la  parodie  de  pratiques  anciennes  dont  le  sens  primi- 
tif s'est  effacé  et  le  mode  altéré. 

Dans  le  Cap-Sizua,  qui  a  vécu  longtemps  isolé,  presque 
sans  relations  avec  le  reste  de  la  contrée,  vivant  d'une 
existence  propre,  les  rites  primitifs  se  sont  perpétués  avec 
moins  d'altérations  ou  de  transformations  que  partout  ailleurs. 
Souvent,  autour  des  feux  de  la  St-Jean,  lorsque  le  bûcher 
était  près  de  s'éteindre  et  la  foule  retirée ,  nous  avons 
remarqué  des  personnes  âgées  survenir,  apportant  cha- 
cune sa  brindille  de  bois ,  attiser  à  nouveau  le  feu,  et, 
pleines  de  recueillement,  se  livrer  à  des  cérémonies  toutes 
différentes  des  farces  usuelles  qui  venaient  de  se  passer. 

Nous  avons  observé,  interrogé  ces  personnes  ;  nous  avons 
prolongé  notre  enquête  durant  plusieurs  années,  et  avons 
pu  reconstituer  en  partie  ces  rites,  tels  qu'ils  se  pratiquaient 
dans  l'ancien  temps. 
Voici  le  résultat  de  nos  recherches  : 
Le  bûcher  était  entouré  d'un  cercle  de  neu/"  pierres,  appelé 
Kelc'han  tdn,  le  cercle  du.  feu. 

On  l'allumait  en  nea/" endroits  différents,  en  commençant 
par  X'Orient. 

Aussitôt  que  la  flamme  s'élevait,  des  jeunes  gens,  armés 
de  torches  ou  de  tisons  pris  au  bûcher,  alternant  avec  des 
jeunes  filles,  les  cheveux  épars  sur  le  dos,  et  tenant  à  la  main 
une  tige  verte  d'orpin   (Sedum  latifolium),  défilaient  pro- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  376  — 

ceseionnellemeot,  devant  le  foyer,  en  faisant  trots  fois  neuf 
tùurs.  Nous  n'avons  pu  déterminer,  avec  certitude,  le  côté 
par  lequel  commençaient  îea  circonvolutions. 

Les  jeunes  filles  inclinaient,  au-dessus  du  feu,  les  tiges 
qu'elles  avaient  à  la  main,  tandis  que  les  jeunes  gens  agi- 
taient, au-dessus  de  ces  tiges,  leurs  torches  enflammées,  en 
décrivant  des  séries  de  (rois  cercles. 

Le  dernier  des  tours  achevé,  la  procession  s'arrêtait.  Les 
jeunes  gens  franchissaient,  en  sautant,  trois  fois,  le  foyer  ; 
puis,  s 'emparant  des  jeunes  filles,  les  balança  i  en  t  neuf  îois, 
au-dessus  du  feu,  en  faisant  l'invocation  :  —  <t  an  nao  !... 
an  nao  !.,.  an  nao  !...  » 

Les-jeunes  gens  se  répandaient  ensuite  à  travers  la  cam- 
pagne, décrivant,  avec  leurs  torches,  des  cercles  de  feu,  en 
criant,  à  tous  les  échos  :  —  «an  nao  !  .  an  nao  '...an  nao  ! . .  n 
pour  indiquer  que  le  rite  mystérieux  était  accompli. 

Les  jeunes  lilles,  au  contraire,  entraient  chez  elles,  pour 
accrocher,  aux  poutres,  les  tiges  qui  avaient  été  passées  au 
feu,  etquidevaienl,  comme  conséquence  de  ce  fait,  sans  terre, 
sans  eau,  suspendues  en  l'air,  croître,  fleurir  et  fructifier- 

A  rile-de-Sein,  on  allumait  (rots  (eux.  La  procession  des 
torches  se  faisait  au  déchal  de  la  mer,  à  l'extrémité  Est  de 
l'île,  en  inclinant  toujours  la  flamme  vers  l'orient.  Ces  feux 
exerçaient  une  influence  sur  les  éléments  ;  ils  ramenaient 
le  calme  sur  la  mer  et  dans  l'air,  pendant  leur  durée. 

Le  lendemain  des  feux  de  ta  Saint-Jean,  tout  travail  était 
interdit  aux  jeunes  filles,  même  le  travail  de  la  maison. 

Ces  cérémonies  sont  les  restes  du  culte  du  soleil,  ou  la 
génération  par  le  feu. 

Le  bûcher,  (â/iTAD,  le /"ew  père,  entouré  d'un  cercle  de  neuf 
pierres  et  s'allumant  à  l'est,  du  côté  où  le  soleil  se  lève,  c'est 
l'emblème  de  l'astre  qui  ranime  la  nature,  donne  le  germe 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  377  — 

La  plante  verte  qui  a  reçu,  par  le  feu,  ce  germe,  est  l'image 
de  la  terre,  de  la  nature,  fécondée  par  le  soleil. 

4m  nao,  les  neuf,  cest  le  nombre  des  mois  que  l'enfant  est 
porté  dans  le  sein  de  sa  mère  ;  l'espace  de  temps  que  la 
graine,  confiée  à  la  terre,  met  â  germer,  croître  et  fructifier. 

C'est  aussi  le  nombre  des  degrés  qui  constituent  la  famille 
indo-européenne,  (1)  comme  le  nombre  trois,  indiquant  celui 
des  degrés  de  parenté  en  ligne  directe  (2),  est  la  base  de 
cette  famille. 

Une  autre  cérémonie  qui  se  pratiquait  anciennement  à 
r  extrême  pointe  du  Raz  rappelle  également  ce  mythe. 

Après  qu'une  lande  était  défrichée  et  que  la  terre  avait 
reçu,  pour  la  première  fois,  la  semence,  les  laboureurs,  avant 
de  quitter  le  champ,  réunissaient,  en  faisceaux,  leurs  ins- 
truments, les  manches  fichés  en  ferre.  L'un  d'eux  se  hissait 
sur  les  fers,  et  debout,  tourné  vers  l'orienf,  prononçait  les 
mots  magiques  :  —  «  annao'...  annao\...annao\...  »,  qnî 
devaient  attirer  la  fécondation  sur  le  champ. 

Actuellement,  l'herbe  de  la  Saint-Jean  passe  pour  possé- 
der des  propriétés  merveilleuses  : 

Sortie  de  la  flamme  du  bûcher,  on  la  pose  toute  fumante, 
sur  la  figure,  pour  donner  la  clarté  aux  yeux,  fortifier  la  vue. 
C'est  un   signe  de   vie   dans  ta  maison  où  elle  croit  ;   un   . 
signe  de   mort,   avant  la  fin  de  l'année,  là  où  elle  se  flétrit, 
ou  tombe. 

Lumière  et  vie  !  toujours  l'ancien  culte  du  soleil. 

H.  LE  CARGUET. 


(1)  Trois  en  ligne  directe  ascendaQte,  trois  en  ligne  directe  descendante, 
,  trois  en  ligne  collatérale. 

(D'Arbois  de  Jubainville,  d'après  Leisl.  —  Revues  des  Iradltîons  popu 
'aires  -  1898  -  p.  Î92). 

(2)  Père,  grand 'père,  bisaïeul. 
(_  id  -  p.  289). 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


L\  MILICE  ET  LES  GARNISONS 

iD  PATS  DE  Gifiiiii  m  loms  HT 


I. 

I<ea  Cittutributiona    militairea  de   la   ville 

de  Cnrhaix 

et  le  logement  de«  troupes. 

Au  commencement  du  règne  de  Louis  Xllt,  la  France 
présentait  encore  le  spectacle  d'un  sol  hérissé  de  forteresses, 
villes  et  châteaux  aux  murs  crénelés  et  flanqués  de  tours. 
Pas  de  bourgade,  un  peu  importante,  qui  n'avait  sa  ceinture 
de  remparts  et  ses  portes  solides.  Derrière  les  remparts  des 
villes,  sous  la  voûte  de  leurs  portes,  les  bourgeois  armés  à 
l'intérieur  du  château,  en  cas  de  péril,  et  les  manants  assu- 
jettis au  droit  de  guet  et  de  garde,  veillent  à  sa  défense.  La 
décadence  des  milices  urbaines  commence  vers  le  milieu  du 
règne  de  Louis  XIV,  avec  le  démantèlement  des  villes  de 
l'intérieur.  La  ville  de  Carhaix,  dont  les  fortifications  avaient 
été  jalousées  par  beaucoup  de  cités  bretonnes,  la  ville  de 
Carhaix  qui  fut  prise  et  reprise  six  fois  consécutives,  tantôt 
par  un  parti,  tantôt  par  un  autre,  pendant  la  guerre  de  suc- 
cession de  Bretagne,  se  vit  déconronnée,  privée  de  son 
enceinte,  déchue  des  splendeurs  guerrières  des  anciens 
jours.  De  son  passé  de  ville  fortifiée,  elle  n'a  conservé, 
sous  Louis  XIV,  que  quelques  restes  de  murailles  éparses 
et  délimitant  à  peine  sa  vieille  enceinte  ;  en  plus  deux  portes  : 
la  porte  de  Rennes  et  la  porte  de  Motreff;  et  un  gou' 
verneur  :  Messire  Anne  de  La  Haye  (1),  seigneur  comte  de 

(1|  Demeuraot  eu  château  de  la  Haye,  paroisse  de  SaiDl-Hilaire,  évêehé 
de  Rennes,  il  intervient  avec  dame  Louise-/!  les  a  ndri  ne  de  Canaber,  sa 
lemrae,  dans  le  contrat  d'acquêt  de  la  maison  des  Carmes,  à  Carhaix, 
(i  iuillct  1U8T). 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  379  — 

La  Haye  Saint-Hilaire  !  Elle  voit  se  modifier  le  rôle  qu'elle 
devra  remplir  à  l'avenir,  pour  contribuera  défendre  l'intégrité 
du  territoire  du  royaume.  Carhaix  aura  à  subir  les  taxes 
militaires,  les  logements  de  troupes,  à  aviser  à  l'élection  et  au 
tirage  au  sort  de  la  milice  :  de  forteresse  il  est  devenu  une 
caserne  et  un  cantonnement  occupés,  tour  à  tour  ou  simul- 
tanément, par  les  compagnies  de  milice  de  Lenoncourt  et  du 
régiment  de  Carman,  les  soldats  Irlandais,  les  dragons  d'As- 
feld  et  les  compagnies  de  marine. 

Rien  ne  peut  mieux  faire  saisir  cet  aspect  de  la 
ville  et  des  charges  militaires  qui  l'accablent  que  les  Déli- 
bérations de  ta  eommunauté  de  Carhaix,  telles  que  nous  les 
retrouvons  dans  un  registre  de  ses  assemblées  ne  com- 
prenant malheureusement  qu'une  période  de  dix  ans  :  du 
i"  juillet  1687  au  30  mai  1697.  , 

■  Les  renseignements  que  nous  analysons,  ou  que  nous  ex- 
trayons de  ce  cahier  de  81  folios,  sont  des  documents  irrécu- 
sables, nous  présentant  au  jour  le  jour,  la  vie  municipale  aux 
prises  avec  les  difficultés  de  moments,  souvent  bien  graves 
dans  l'histoire  générale  de  la  patrie 


1"  juin  1789.  —  a  Le  S' sindic remontre  que  mondit  seigneur 

le  duc  de  Chaulnes  !uy  a  envoyé  un  ordre  du  24'  mai  dernier  qui 
ordonne  aux  syndic  et  habtttans  de  cette  ville  de  fournir  les  trois 
soldats  quOD  doit  à  la  compagnie  du  sieur  de  Boisglé,  bien  armés 
de  rusils,  dépées,  de  deux  chemises,  dune  cravatte  et  de  souliers  à 
chacun,  suppliant  la  communaullé  de  donner  un  prompte  ordre  pour 
le  fournissement  desq,  trois  soldats,  leurs  habillements,  armes  néces- 
saires et  largent  quti  sera  nécessaire  de  leur  fournir  pour  leur  con- 
duitte  au  camp  de  leur  capitaine.  » 

Il  est  donné  ordre  au  syndic  de  faire  toutes  avances  sur 
les  deniers  de  la  communauté  «  parce  qu"il  sera  faict  humble 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


supplique  à  mond.  seigneur  duc  de  Chaulnes  de  lavoir  pour 
agréable  ». 

22"  juin  1690.  —  m  De  la  pari  de  M'  Pierre  Le  Dissez  a  esté 
remoniré  quil  y  a  ordre  au  sieur  de  Querdetlau,  siDdic  de  la  corn- 
munaullé,  de  faire  des  logemens  pour  liiiict  compaguies  de  milice 
quy  doibveul  passer  eu  celte  ville  samedy  et  dimanclie  prochain 
pour  faire  lesq.  logement  et  il  est  nécessaire  de  nommer  des  per- 
sonnes de  lad.  coramunaullé  pour  les  signer  en  l'absence  dud.  siear 
sindic  (l).  Sur  laq.  rcmoutrance  il  a  esté  délibéré  que  pour  faire  lesq. 
logements  et  signer  les  billets  ont  estes  nommés  les  sieurs  de  Vil- 
laudré  el  de  Quergovin  et  Dissez  et  quîls  se  trouveront  chez  Mon- 
sieur le  séneschal  à  deux  heures  de  relevées  pour  faire  lesq.  billets.  » 

22"  décembre  1690.  -  b  Le  sindic  a  reçu  un  ordre  de  M.  de 
Pomereu  du  18  uovembre  dentier  «  pour  livrer  un  sixième  daug- 
menlalion  des  fouages  pour  la  subsistance  du  régiment  des  dragons 
de'Bretaigne  et  pour  le  payement  des  oBBciers  des  trois  régiments 
des  milices  de  ladicte  province,  n 

Dans  l'assemblée  du  6  février  1691,  le  syndic  Jacques 
Pourcelet,  S'  de  Maisonblanche,  dans  une  sixième  remori- 
trance,  expose  que  : 

«  Pour  faire  à  iadvenir  les  logements  des  gents  de  guerre  comme 
ils  doivent  esire  faits  et  pour  esviler  aux  embaras  et  contestations 
qui  peuvent  arriver  el  pour  le  soullagement  tant  des  troupes  que 
des  habitants  de  cette  ville,  il  requiert  qu'il  plaise  à  la  comnnaulté 
nommer  telles  nombres  de  personnes  quelle  avisera  pour  faire  les 
logements  dans  les  occasions  joinctement  avec  le  sindic.  » 

La  communauté  de  ville  en  conséquence  nomme  à  cet 
effet  Mons'  de  Pennanec  Le  Gogal,  Monsieur  de  PouUoudu, 
Monsieur  Vachet  et  Mons'  de  Villandré  conjoinctemenl  aveq 
led.  sindic. 

a  Et  travailleront  pour  ce  subjeci  les  uns  en  labsence  des  auUres, 
et  tous  ceux  qui  prétenderoni  des  exceptions  de  gentz  de  guerre 

(i)  Le  ayndlo  était  pour  lors  ù  la  tenue  des  EUts  de  la  proïinte. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


metlrernnt  les  titres  de  leurs  exemptions  enlre  les  maios  dudil 
siodic  pour  sur  iceux  recepvoir  les  ordres  de  mond.  seigneur  de 
Pomereu.  » 

Le  11  mai  1691,  le  syndic  requiert  l'assemblée  de  ville 
réunie  sous  la  présidence  du  sénéchal  :  il  a  reçu  uoe  lettre 
du  maréchal  d'Estrées  et  copie  d'  "  une  lettre  du  Royescrite 
au  camp  devant  Mons  le  10^  avril  dernier  ».  Par  ces  ordres 
un  Te  Deum  et  un  feu  de  joie  sont  demandés. 

La  communauté  décide  que  te  dimanche  suivant,  ces 
ordres  recevraient  toute  leur  exécution. 

Mais,  dans  l'assemblée  du  samedi  19,  le  syndic  re- 
montre avoir  tcçu  du  maréchal  d'Estrées  copie  de  la  lettre 
du  Roi  écrite  à  Versailles,  le  19  avril  1691,  avec  un  ordre  du 
maréchal  daté  de  Nantes,  8  mai,  <t  pour  faire  chanter  le 
Te  Deum  et  faire  allumer  des  feux  de  joy  dans  cette  ville 
suivant  la  vollonté  de  Sa  Majesté,  powr  la  prise  de  Mons.  » 
B  La  communauté  a  esté  d'advis  que  les  feux  de  joy  seront 
allumés  demain  prochain  à  lissue  des  vespres  après  que  le 
Te  Deum  aura  esté  chanté  &  la  manière  occoustumée  ou 
assisteront  tous  les  corps  tant  esclésiastiques  quauttres  con- 
formément à  la  vollonté  de  Sa  Majesté  n. 

Assemblée  du  5  décembre  1691.  —  «  Le  sieur  sindic  remonire 
avoir  receQ  des  ordres  de  monsieur  des  Grassières,  conseiller  du 
Roy  en  ses  conseils  el  inspecteur  général  de  la  niarinne,  daité  à 
Brest  le  30'  novembre  dernier  pour  leslabEissemeni  dun  corps  de 
garde  en  celte  ville  :  lequel  sera  fait  aux  frais  de  la  communaullé 
à  la  réserve  du  bois  et  do  la  chandelle  que  le  Etoy  fournira,  et 
comme  monsieur  Theus,  commissaire  ordinaire  de  la  marinue,  est 
venu  en  cette  ville  suivant  les  ordres  de  Mons'  des  Grassières  pour 
choisir  un  lieu  propre  pour  ledit  corps  de  garde  et  quil  a  destiné 
dans  la  maison  de  la  demoiselle  Dieulangard,  près  cle  la  principale 
place  de  celte  ville,  et  chargé  ledit  sieur  sindic  dy  faire  faire  des 
lils  de  camps  el  de  fournir  douie  paillases  et  vingt  el  deux  cou- 
vertures de  laine,  comme  aussi  deux  guéritles  pour  les  sentinelles. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


lëd.  steuF  stndic  prie  Messieurs  de  la  comtnunaullé  de  nommer  telles 
personnes  quilsjugeroDl  à  propos  pour  r^ler  avecq  lad.  demoiselle 
Dieulangard  le  louage  des  appanemenis  que  led.  sieur  Theus  a 
destiné  dans  lad.  maison  pour  le  corps  de  garde,  et  pour  y  loger 
les  bois,  fagots  et  charbons  que  Sa  Uajesté  y  fournira,  comme  aussy 
pour  traltler  avec  des  menusiers  et  charpenliers  pour  faire  les  lits 
decamps  et  guériites  ei  faire  lesd.  achaps  de  couvertures  et  paillasses 
nécessaires  au  corps  de  garde  i>. 

«  La  communaulté  délibéra  ut....  est  dadvis  que  Ion  paye  à  lad. 
demoiselle  Dieulangard  pour  led.  corps  de  garde  la  somme  de 
vingt  livres  par  mois,si  mieux  elle  uayme  faire  régler  lesd.  logements 
par  Messieurs  les  commissaires,  pour  laquelle /ournira  la  cbambre, 
greniers  et  lits  pour  lofficier  comme  aussy  est  la  communauté 
dadvis  de  donner  pour  chaque  guérîtle  douze  livres.  Laquelle  somme 
Trémeur  Le  Tallec  a  ofTerl  de  les  faire  et  atnsy,  pour  les  deux,  luy  a 
esté  adjugée  la  somme  de  vingt-quatre  livres  comme  estant  celluy 
qui  a  fait  la  condition  de  la  communaulté  meilleure,  et  pour  faire 
les  lits  de  camps  et  fournir  les  planches  nécessaires,  la  communaulté 
est  dadvis  de  donner  quarante  sols  par  douzaine  de  planches 
placée  sur  des  trétauts,  k  laquele  somme  Jacques  Biron  aussy 
menuisier  a  fait  offre  de  taire  lesd.  lits  cl  fournir  les  planches, 
parcequil  le  retirera  après  le  corps  de  garde  levés  et  quon  luy  four- 
nira les  clons  pour  attacher  les  planches  ;  lesqueles  led.  Biron 
rendera  au  sîndic  quy  sera  lors  eu  charge.  Pour  le  paiement  des- 
queles  sammes  ei  pour  les  achapts  des  couvertures  el  paillasses  se 
pourvoira  led,  sieur  sindic  vers  led.  sieur  Miseur  saisy  des  deniers 
dociroys  de  cete  communaulté  ». 

Le  syndic  ayant  reçu  ordre  du  commissaire  du  Roi  à  Brest, 
M.  de  Bouridal,  du  3  du  môme  mois  de  décembre,  au  sujet 
du  logement  de  deux  cents  cinquante  cavaliers  de  troupes 
irlandaises  [l],  et  fournissement  de  fourrages,  il  est  invité  par 
l'assemblée  de  ville  d'exécuter  ces  ordres,  et  au  cas  où  il 

(1)  Jacques  II  venait  de  quitter  Saint-Germain  pour,  vers  ta  Un  de 
décembre,  passer  la  revue  de  ses  troupes  en  quartiers  d'hiver  à  Saint- 
Brieuc,  Saint-Mato  et  Dinan, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


serait  utile  d'aller  à  Brest  s'entendre  avec  M.  deBouridai,  il 
est  autorisé  à  prendre  du  miseur  les  deniers  nécessaires, 

17  décembre  1691.  —  Le  syndic  notifie  quil  a  reçu  de 
Quimper  le  mandement 

«  pour  anssy  lever  sur  les  contribuables  aux  fouages  de  Carhaix 
le  diiL-huicliesme  d'uu  fouage  en  enlier,  nionlant  k  qiiatorse  sols 
huit  deniers  par  feux,  pour  le  paiement  et  appoinlemenl  des  oRlciers 
du  milice  et  la  double  paye  des  sergents  qui  sont  en-  la  province, 
comme  aussy  des  deux  sols  par  jour  pour  chacun  des  soldats  de 
celle  ville  et  dix-huit  livres  dix  sols  pourl'habillemeut  et  armement 
de  chacun  soldat  conformément  aux  règlements  du  29'  novembre 
1688  et  2-  octobre  dernier  o. 

Le  syndic  requiert  la  nomination  d'asséeurs  et  de  collec- 
teurs 

(1  pour  la  cueillette  de  ces  deniers,  mesme  pour  la  reslilution 
de  ceux  adcenus  par  led.  sieur  sindic  aux  "oldats  de  celle  ville 
desputs  le  f  jour  de  jannier  derni-r  stiioant  les  quittances  qu'il 
metiera  entre  les  mains  de  messieurs  les  esguailleurs  ». 

5  février  1692.  —  Nouveau  mandement  daté  du  1"  de  ce 
mois  pour  levée  de  taillées  «  pour  garnisons  entretenantes 
et  places  fortes  de  cette  province,  n 

28  juillet  1692.  —  «  Ce  jour  (après  le  départ  de  la  poste),  la 
veuve  du  sieur  du  Menez  de  Kerdelleau,  ancien  miseur  de  Carhaix, 
proleste  pour  répondre  el  déduire  les  raisons  pour  lesquelles  la 
communauté  a  été  dadvis  de  faire  loger  une  nuict  par  estapes  un 
officier  du  régiment  de  Lenoncourlen  la  maison  de  ladite  demoiselle. 

«  La  communaulté  ce  dellibérani  sur  lad  remonirauce  estdadvis 
que  led,  sieur  sindic  inITorme  monseigueur  le  marquis  de  Nointel 
que  les  raisons  pour  lesquelles  on  a  donne  son  logement  à  la  veuve 
dud.  sieur  de  Kerdelleau  sont  en  premier  lieu  parce  que  sur  sa 
démission  elle  a  faict  pourvoir  par  H.  le  genneral  Dondel  le  siciir 
de  Pennanguer  Le  Discz  en  lad.  charge  el  en  tous  les  honneurs, 
gages  et  privilèges  y  atlribués,  lequel  dit  Disez  a  esié  sur  ledit 
titre  exempté  de  logement;  en  second  lieu,  que  lad.  veuve  a  re- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  384  — 

DODcé  à  la  communaulé  de  son  mary,  peadaul  laquelle  M,  cbargs 
a  eslé  acquise,  et  en  troisième  lieu  quelle  eH  femme  marchande 
et  acluelkment  faisante  commerce  de  marchandise  de  draps  de 
layne  et  de  strye 

a  Et  que  bien  loin  que  lad.  communaullé  ayant  en  cella  faite  par 
tengence,  on  ne  la  fait  que  par  l'obéissance  aux  ordres  du  Roy  par  . 
ta  nécessité  de  loger  le  nombre  de  cinq  cents  hommes  dud.  régi- 
ment de  LeuoDcourt....,  déclarant  ce  uéanltmoins  se  référer  à  lad- 
venir  à  tout  ce  quil  plaira  à  mond.  seigneur  de  Noinlel  en  ordon- 

Jeudy  T  aoust  1698.  —  a  Le  sindic  réclame  le  remboursement 
de  la  somme  de  «  vingt  et  sis  livres  seize  sols  quil  auroit  payé 
aux  «  soldats  de  millice  diid,  Carhaix  pendant  quils  y  oui  estes  en 
quartier  dhyver  dernier,  suivant  les  quittances  quil  présente,  n 

17*  novembre  1692.  -  «  Le  sindic  expose  que  la  veille  il  a  reçu 
ordre  du  marquis  de  Nointel  pour  préparer  des  logements  à  cin- 
quante dragons  du  régiment  de  SUly  pour  y  prendre  leurs  quartiers 
d'hiver.  Le  commissaire  des  guerres,  mons'  Chenaye,  a  bien  expli- 
qué que,  pour  décharger  l'habitant,  il  y  auroit  à  leur  fournir,  dans 
les  maisons  disponibles,  que  le  lit  et  les  écuries.  Il  requiert  eu 
conséquence  que  l'on  nomme  «  des  personnes  intelligentes  »,  pour 
choisir  les  maisons  qui  aideront  à  faire  les  achats  de  foins  et 
d'avoines ,  pour  désigner  les  habitants  qui  fourniront  les  lits  et 
meubles  nécessaires,  etc.  )> 

La  communaulé  est  d'avis  a  que  l'on  se  serve  du  presbitaire 
dud.  Carhaix  comme  estant  actuellement  vide ,  saufT  au  cas  quil 
arrive  un  viqnaire  cy  apprÈs  a  estre  pourveu  pour  son  indemnité 
ou  logement  ainsy  quil  appartiendera ,  et  que  Ion  se  serve  des 
escuries  de  François  Mével  et  de  Jacques  Birou.  Il  sera  fait  un  estât 
des  personnes  qui  fourniront  les  lits  jusques  à  la  concurance  de 
vingt  et  six,  parceque  le  sieur  sindic  en  fera  aussy  faire  estât  pour 
en  charger  lofiBcier  et  les  rendre  de  la  mesme  manière  et  au  mesme 
estât,  comme  aussy  de  ce  qui  se  trouvera  dans  led.  presbitaire  (1) 

(t)  Délibriration  du  S  novembre  I6JJ  :  n  le  procureur  terrien  de  la  pa* 
rolsse  de  Plougner-Carhaix  requiert  la  coaiinunauLé  de  contribuer  aui 
l'éparatioBS  deinandi^cs  par  le  S'  viquaire  au  subject  de  son  presbitaire.  • 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


885  — 

et  pour  faire  Testai  coDcemaDl  le  founiissemeol  desdîts  lits,  a 
nomme  M"  Thomas  Esmarc,  Yves  Nozac'h  et  Ollivier  Reuel.  » 

n  Eu  second  lieu  le  syndic  remontre  a  qu'il  ne  lui  est  pds  possible 
dobijger  les  villageois  des  environs  de  cette  ville  de  voetturer  les 
malades  et  bagages  des  trouppes  qui  passent  par  cette  ville  quoique 
les  officiers  fassent  olTre  de  les  payer  suivant  tes  reigtements  et 
comme  il  aura  ce  jour  en  cette  ville  dix  compagnies  de  milices  du 
régiment  de  Lenoncourt  qui  obligeront  le  sindic  de  leur  /oumir 
cinii  ou  six  chareltes,  il  supplie  M"  de  la  communauUé  de  délibérer 
de  quelle  manière  on  poursuivera  lesd.  villageois  de  faire  lesd. 
voëstures  en  payant  » 

—  •  La  communauUé  est  dadvis  d'envoyer  des  garnisons  chez  les 
villageois  qui  reffuseront  de  fournir  les  charettes  et  harnois  néces- 
saires. .  .  auUres  qui  ont  fournis  les  dernières  années  ». 

22' novembre  1692. — Un  officier  dedragonsest venu  exprès 
visiter  les  logements  dans  la  maison  destinée  à  cette  fin,  <c  il 
a  trouvé  qu'il  y  avoit  trop  de  lits  dans  chaque  chambre, 
alors  qu'il  n'y  fallait  pas  plus  de  trois  lits  aveq  paillasces, 
couettes  de  pleumes,  traversins,  des  draps  et  couvertures  «. 
Il  a  réclamé  de  plus  une  maison  pour  loger  le  commandant, 
ses  officiers  et  équipages,  et  un  n  magasin  pour  mettre  les 
fouragqs  et  de  plus  de  payer  vingt  et  cinq  livres  pour  le  droict 
d'entrée  de  lad.  compaignieet  pareille  somme  pour  la  sortie  » . 

H  La  Communauté  décide  que  le  lieutenant  colonel  soit  logé  chez 
la  demoiselle  de  Villandré  et  ses  domestiques  dans  la  cuisine  et  le 
Cabinet  y  joignant,  et  le  reste  dans  une  chambre  chez  le  sieur 
Chenenu,  et  le  lieutenant  et  Cornet (1)  de  lad.  compaignie  chez  la 
demoiselle  Dieulangard,  le  maréchal  des  logis  chez  le  sieur  de  Poul- 
riou.  pour  le  logement  des  dragons  une  chambre  â  trois  lits  chez 
Hademolselle  Mesguen,  dans  celle  de  Louis  Fonteuay,  une  chambre' 
sur  le  devant  et  la  cuisine  en-dessous,  le  magasin  de  fourages  est 
indiqué  chez  Jan  Le  Boy.  Les  lits  qui  sont  supernumérairs  au  pres- 
byiaire  seront  transportés  dans  lesd.  maisons,  et  on   nommera 

(l|  Lisez  Comette. 
B0LLKTIN  ARCHÉLO,  DU  FiNISTÈHB.—  TOUB  XXV.  (HémoirOS).     35 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


d'autres  habitants  pour  founiir  d'autres  lits  :  trois  habitants  sont 
nommés  pour  visiter  et  faire  placer  ces  lils.  La  communaullé  nomme 
de  plus  des  égailleurs  et  collecteurs  pour  la  somme  du  droit  de  50 
livres  pour  entrée  ei  sortie,  et  marque  que  les  chevaux  et  équiiwges 
du  sieur  collonnel  seront  logés  dans  lescurie  de  la  maison  des 
Lavcnal  au  haull  de  la  rue  des  Àugustins  n. 


9*  feburier  1693.  —  Demande  par  le  S'  Rison,  fermier  des 
devoirs,  du  remboursement  d'une  somme  de  3,514  livres, 
avances  faites,  etc. 

o  La  commuaaulté  ce  délibérant  n'ayant  pas  de  fonds  pour  le 
payement  et  le  remboursement  de  la  somme  deubz  aud  S'  Rizon, 
consent  sous  le  bon  plaisir  du  Roy  et  de  mond.  seigneur  de  Noinlel 
que  les  articles  mentionnés  en  larresl  du  conseil  dn  22'  juin 
1681,  soint  reiraicts  pour  le  temps  de  trois  ans  senllement, 
scavoir  les  deux  cents  livres  attribuées  à  la  charge  de  conestable 
lapritmt  vacante  demeure  relranchi,  que  la  somme  de  SOO  litres 
attribué  au  médecin  par  arrest  du  conseil  du  14'  avril  1688  sont 
réduits  à  100  livres,  que  In  somme  de  33  licres  adjugé  au  gref- 
fier sera  réduite  à  13  livres  et  celle  de  30  lirres  pour  l^sonneur 
de  cloches  sera  retranché  pour  ledit  temps  parceque  le  herau  sera 
obligé  de  sonner  ta  campane  pour  les  assemblées  auquel  sera  payé 
la  somme  de  30  livres  sur  celte  de  36  licres  ;  la  somme  de  55  livres 
pour  lorloger  sera  réduite  à  30  livres;  la  somme  de  50  licres 
pour  lorganisie  attendu  quil  ni/  en  a  pas,  a  présent  retranché 
souffdla  rétablir  par  cy  apprès  quand  il  sen  troutera.  et  quon 
sescera  de  faire  les  parés  pendant  lesd.  trois  ans,  pour  lesquels 
estait  atribué  la  somme  de  cenlz  livres  par  an,  n 

l"  mars  1693.  —  La  communauté  vote  que  sur  la  somme 
de  36  livres  qui  est  demeuré  entre  les  mains  des  collecteurs 
il  sera  pris  18  liv.  10  s,  pour  être  employé  à  larmement  et 
habillement  d'un  soldat  de  milice  d'augmentation. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


21  mars  1693.  —  La  communauté  nomme  des  a 
collecteurs  à  l'occasion  d'un  maudement  : 

«  Pour  faire  asseoire  sur  les  habitans  coniribuables  aux  fouages 
ia  somme  île  61  sols  11  deniers  sur  chacuo  des  Teux  pour  la  levée 
des  garnisons  et  entreliens  des  places  ferles  de  celte  province  pen- 
dant laonée  présante,  et  en  outre  8  deniers  pour  livre  de  iad.  levée, 
scavoir  2  deniers  pour  le  recepveur  gennera  et  6  deniers  de  droits 
de  quittance.  » 

10°  décembre.  —  La  communauté  enregistre  un  arrêt  des 
états  de  Vannes  dressé  par  les  commissaires  du  Roi  : 

«  Ordonnanl  qu'il  ne  sera  fait  à  lavenîr  aucunes  dépulations 
pour  les  communaultés  de  ladite  province,  hors  la  ville  de  leur 
rasidaïuce  vers  les  personnes  constituées  en  digniiés,  soil  pour  les 
affaires  des  communaullés  ou  pour  leur  rendre  des  civilités, 
mesrae  pour  leurs  réceptions  k  leur  passage  dans  lesdites  villes, 
qu'ils  n'en  ayent  recett  une  permission  expresse  par  escril,  etc.  u 

16'  décembre  1692.  —  La  veille,  le  syndic  a  reçu  la  visite 
de  l'inspecteur  général  de  la  marine  :  il  exige  l'érection  d'un 
corps  de  garde,  des  guérittes  et  des  lits  de  camp  avec  des 
paillasses,  pour  deux  compagnies  de  marine  :  le  temps  pres- 
sant, le  corps  de  ville  invite  le  syndic  à  s'entendre  avec  les 
oliiciers,  à  chercher  une  maison  et  à  convenir  des  conditions 
avec  le  propriétaire, 

21'  décembre  1693.  -  «  H.  de  Carlaigny  (1)  depulté  par  Sa  Majesté 
pour  la  police  des  troupes  de  marrinnes  »,  a  choisi  pour  corps  de 
garde  les  deux  boutiques  «  apparlenanl  au  sieur  Drégan  sur  la  place 
principale  de  celte  ville  >.  Il  réclame  quon  y  fasse  faire  une  che- 
minée, des  li(s  de  camp,  deux  guérittes  et  un  râtelier.  ■ 

La  communauté  est  d'avis  que,  pour  les  boutiques  desti- 
nées pour  le  corps  de  garde,  il  soit  payé  au  S""  Drégan  sept 
livres  par  mots;  la  cheminée  sera  faite  par  Hervé  Fraval, 
magon,  pour  30  livres,  à  lui  de  fournir  pierre,  bois  et  tous 

(1)  Le  nom  est  ainsi  orthographié;  esl-ce  de  Kertanguy  qu'il  faut  lire? 


n,g,t,7.cbyGOOglC  


—  388  — 

les  matériaux  ;  et  de  «  rétablir  la  couverture  s,  les  lits  de 
camp  par  Jean  Le  Masson,  menuisier,  pour  10  livres,  «  à 
charge  de  fournir  les  boissages  nécessaires  >  ;  le  marché 
ayant  été  fait  au  rabais. 

23*  décembre  1693.  —  Le  syndic  a  reçu  un  mandement  de 
M.  de  Nointel,  en  date  du  12  novembre. 

a  Pour  lever  sur  les  coulribuables  aux  fouage^  un  soult  huit 
deniers  par  jour  pour  la  pari  et  porlion  que  Ion  doit  pour  le  soull 
par  jour  ordonné  pour  chaque  plasce  dofflcier  cavallier  el  dragons 
eblaut  en  quartier  eu  celte  province,  comme  aussy  pour  (ouruir  aux 
douze  compaignies  de  cavallerie  et  douze  autres  de  dragons^  de  dix 
jours  en  dix  jours  el  par  advence  la  quaotiié  d'une  ralion  el  deray 
de  fourage  par  jour  à  raison  de  quinze  livres  de  foins  ei  de  cinq 
hvres  de  pailles,  et  de  dix  huit  livres  de  foins  sans  pailles  au  chois 
de  ceux  qui  en  feront  la  fourniture,  et  des  deux  tiers  d'un  bois- 
seau advoine  par  ration  dont  les  vingt  et  quattre  boisseaux  font  le 
septier  mesure  de  parris,  dont  sera  remboursé  sur  le  pieds  de  cinq 
sols  par  chaque  ration  entière  par  le  trésorier  de  tex  Ira  ordinaire 
des  guerres,  el  le  surplus  du  prix  à  quoy  se  montera  lad.  ratioo  et 
demy  imposé  sur  les  contribuables  aux  fouagcs  de  cette  ville  par 
jour  pendant  centz  cinquante  jours  dud  quartier  dhyver,  el  sera 
led.  un  sols  huit  deniers  remis  entre  les  mains  du  S'  de  Chanri- 
pauU,  reccpveur  des  fouages  de  cette  esvéché  de  dix  [ours  en  dix 
jours  et  par  advance,  le  tout  suivant  et  conformément  à  l'ordon- 
nance». Notification  est  faite  d'un  autre  mandement  du  16  décembre, 
mettant  au  compte  des  mêmes  contribuables  aux  fouages  h  la 
somme  de  quatorze  sols  huit  deniers  pour  le  payement  et  appointe- 
ments des  officiers  des  trois  régiments  de  milice  de  cette  province 
et  la  double  paye  des  sergents,  conformément  aux  ralglemenls  du 
Roy  du  29  novembre  16S8  »  —  et  de  plus  de  la  «  somme  de  dix 
huit  livres  dix  sols  que  cette  paroisse  doit  fournir  pour  leur  habille- 
ment et  entretiens  outre  le  soult  pour  livres  pour  les  taxations  attri- 
bués par  ledit  du  mois  de  janvier  dernier.  » 

9'  janvier  1694.  —  «  De  la  part  du  S' sindie  a  esté  remontré  que 
Jan  Le  Nez  et  Jan  Petit,  collecteurs  des  deniers  et  taillées  imposées 
sur  les  contribuables  aux  fouages  dud.  Carhaix  veinrent  hier  au 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  889  — 

soir  dire  aud.  S' siodic  que  le  S'  de  Chsmpripaull  auroit  refuse  de 
recepvoir  d'eux  le  contenus  aux  rolles  qui  leurs  auroieut  esl^  remis 
entre  mains  fauie  de  payer  aussy  le  terme  du  mois  de  septembre 
dernier  et  pour  ce  auroit  vouUu  emprisonner  lesd.  sieurs.  Petit 
et  Jan  Durand,  leurs  consorts,  qui  e«(  demeuré  en  otage  aud, 
Quimper,  attendant  le  payement  dud.  terme  de  septembre  aveq 
les  inlirest  jusques  d  entier  solleclion  dud   terme  ». 

Le  syndic  déclare  qu'il  «  n'a  pas  été  resaisi  du  mandement  relatif 
à  la  levée  de  septembre  et  réclame  que  l'on  nomme  en  conséquence 
'  des  asséeurs  et  des  collecteurs.  ■ 

La  communauté  choisit  à  cet  effet  des  asséeurs  et  des  col- 
lecteurs, mais  stoïquement  ne  marque  aucune  préoccupation 
du  sort  du  pauvre  «  otage  n  qui  se  morfondait  dans  une 
pénible  attente  à  Quimper-Corentin. 

Les  impositions  s'accumulaient  et  à  peine  avait-on  le  temps 
de  les  enregistrer  qu'il  fallait  les  effectuer  i  à  Carhaix,  on  se 
fatiguait  et  on  opposait  une  dose  considérable  de  force  d'inertie 
aux  réquisitions  répétées  qui  y  parvenaient  chaque  semaine, 
si  bien  que  le  «  héro  m  avait  beau  clamer  et  la  campane  faire 
entendre  les  appels  les  plus  pressants,  la  communauté  ne 
pouvait  délibérer  par  défaut  de  délibérants. 

On  reçoit  signification  de  nouvelles  contributions  à  lever  au 
sujet  de  l'augmentation  d'un  quart  des  deniers  d'octroi  de  la 
communauté  <>  pour  faire  l'acquit  de  la  finance  des  taxes 
faittes  pour  les  charges  de  p'  du  Roy  et  greffier  de  lad. 
communauté  suivant  larrest  du  conseil  du  22  may  dernier.  > 

On  convoque  la  communauté  le  27  juillet  1692.  Or,  à 
cette  assemblée  nous  trouvons  le  sénéchal,  le  bailli,  le 
sindic,  le  procureur  du  Roi  et  le  greffier,  lesquels  rédigent 
la  protestation  suivante  : 

«  Nous  nous  sommes  trouvés  en  la  maison  de  ville  publique  dud. 
Carhaix.  et  attendus  que  les  babitlans  de  cette  ville  ce  sont  point 
trouvés  à  la  communaulté  après  avoir  esté  advertis  par  plusieurs 
ois  par  le  héros  et  par  le  son  de  la  campaue  à  la  manière  accous- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  3«0   — 

lumée,  nous  déclarons  nous  relire  à  leurs  périls  et  forlunnes  et 
prioDs  led.  sieur  sindîc  d'envoyer  la  présente  dellibération  à  mon- 
seigneur le  marquis  de  Nointel  affein  de  lesupliertrès  humblement 
de  faire  un  règlement  pour  obliger  les  liabilans  de  cette  ville  de  se 
trouver  aux  assemblées  de  lad.  communaullé  lorsquil  sagira  des 
affaires  du  Roy  et  de  lad.  communauté.  » 

Aux  assemblées  de  ville,  à  Carhaix,  on  ne  fut  ni  plus  fidèle 
ni  plus  exact,  et  l'on  entendit  bien  souvent  encore  le  syndic 
semoncer  les  absents  plus  nombreux,  hélas  !  que  les  présents 
aux  délibérations  de  la  communauté. 

Pour  les  logements  militaires,  la  ville  trouva  d'autres 
difficultés  de  la  pari  de  récalcitrants  prétendant  être 
exemptés  de  cette  charge.  En  tête  de  ces  protestataires  nous 
trouvons  la  dame  de  Kerellan  et  Claude  Le  Goacoin,  caba- 
retier.  Ils  en  avaient  référé  à  l'Intendant,  et  la  communauté, 
comme  on  peut  le  voir  plus  haut,  avait  décliné  toute  respon- 
sabilité dans  leur  imposition,  rejetant  la  faute,  s'il  y  en  avait, 
sur  les  asséeurs  et  collecteurs.  Dans  l'assemblée  du  samedi, 
27  février  1694,  après  d'amères  remontrances  et  instances 
désespérées  sur  le  paiement  des  contributions  à  lever,  le 
sénéchal  entretient  la  communauté  ; 

«  Qu'il  y  a  des  paniculiers  qui  prélandent  avoir  des  exemptions 
sans  les  avoir  fait  connoislre.  Mondil  S' te  sénéchal  a  interpellé  la 
communaullé  de  se  dellibércr  sur  lesd,  prétendues  exemptions, 
scavoir  pour  le  moulin  n  tan  du  petit  Carhaix  audelà  de  lafféage- 
meut  quy  se  paie  annuellement  au  Roy,  le  four  à  ban  de  celte 
ville,  sur  l'excédant  de  l'^ifféagemeut  quy  se  paye  annuellement  au 
Roy  :  comme  aussy  H'  le  lieutenant  de  celte  ville  publie  partout 
quil  a  des  exemptions  et  que  les  maisons  nobles  ne  doivent  pas  estre 
comprises  dans  lad.  répartition  :  scavoir  celle  ou  il  demeure  sittué 
au  millieu  de  cette  viDo  consistant  dans  un  grand  cerps  de  logis 
dont  partie  est  affermée  à  la  demoiselle  de  Kerellan  pour  la  somme 
de  cenls  livres,  court,  jardin,  collombier  ;  une  petite  maison  en 
despeudanl  affermée  à  M'  Guillaume  Fontaine  pour  la  somme  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  391  — 

trente  livres  et  nne  Torge  afTermée  à  Jan  Petit  pour  la  somme  de 
([uinze  livres,  plus  autre  maison  silluée  proche  la  porte  Motreff 
baslie  joiguaut  une  antienne  tourelle  de  guéritle  de  la  ville  alTerniée 
à  Claude  k  Goatoin  pour  la  somme  de  cents  vingt  et  trois  livres. 
Le  sénéchal  requiert  que  la  communauté  délibère  immé- 
diatement à  ses  risques  et  périls  et  se  retire  dans  la  chambre 
du  conseil.  La  communauté  s'engage  à  faire  agir  conformé- 
ment aux  instructions  reçues.  Qu'en  advint-il  ?  Le  registre 
des  délibérations  s'arrête  précisément  là.  En  tous  cas.  nous 
voyons  plus  tard  encore  la  famille  Claude  Le  Goacoïn  regimber 
et  refuser  de  soumettre  cette  contribution  et  cela,  sans  trop 
s'inquiéter  des  formes,  comme  on  pourra  le  voir.  Le  24  mai 
1701  (1),  Thomas  Emarc, syndic  de  Carhaix,donne  un  billet  à 
deux  soldats  de  la  compagnie  de  Berry  pour  aller  loger  chez 
le  «  gendre  de  Claude  Le  Goacoïn  o.  La  femme  Goacoin  en 
prit  une  telle  colère  qu'elle  pénètre  en  ouragan  dans  le  Cabi- 
net du  syndic  «  sans  avoir  esgard  au  respect  qu'elle  lui 
dehvoit  o.  Elle  demande,  avec  furie,  au  syndic  pourquoi  on 
avait  imposé  des  gens  de  guerre  à  son  gendre,  et  le  syndic 
de  répondre,  avec  douceur,  que  c'était  l'ordre  du  Roi,  Cette 
femme  alors  de  protester  a  quilavoitmenty,  quil  faisoit  cella 
par  son  caprice,  quil  estoit  un  coquin,  elc  i.  Celte  créature 
acariàtremenacelesyndicdesonmaria  qui l'au roi t repassé  ■ 
■  etquilauroitsuquelemploi  faire  de  sa  fourche  i.  Onditq'MC 
la  nuit  porte  conseil  :  quoiqu'il  en  soit,  le  lendemain  matin 
trouvant  la  dame  du  syndic  sortant  de  la  messe,  elle  l'in- 
sulte avec  la  dernière  vivacité,"  la  menaçant  même  de  mort  ». 
Thomas  Emarc  requiert  du  bailli  Ch.OlymanddeKernéguez 
un  châtiment  sévère  i  Après  le  permis  d'informer  de  ce  der- 
nier, nous  trouvons  la  mention  suivante  :  «  Je  déclare  me 
désister  de  ma  plainte  et  information  parce  qu'elle  ma  (ait  des 
excuses.  Signé  :  Emarc,  syndic. 

(I)  Plainte  du  ^  mal  1701. 


-    n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  892  — 

Que  s'était-il  donc  passé  ? 

Nous  découvrons  au  dos  de  la  plainte  du  syndic  de 
Carhaix,  les  annotations  suivantes  qui  ont  aussi  leur  élo- 
quence et  qui  en  disent  assez  long  dans  leur  concision, 

((  Claude  me  doit  pour  laccomodemenl  el  fraix  21  liv.  ce 
31  may  1701,  ayant  payé  10  liv.  à  Emarc  pour  laccomodemeut  et 
la  prison  de  la  femme  dud.  Goacoing  payé  Tors  cinquante  trois 
sols.  -  Le  13aousil702. 


Le  service  militaire  féodal  était  depuis  longtemps  tombé 
en  désuétude,  seuls  le  ban  et  l'arrière-ban  qui  appelaient  les 
nobles  et  les  possesseurs  de  ficfs  à  servir  le  Roi  en  temps  de 
guerre  furent  conservés  jusqu'à  la  fin  du  XVll'  siècle. 
Comme  le  dit  un  historien  (1)  «  l'époque  de  la  Chevalerie 
s'est  terminée  par  la  comédie  que  donnaient  les  levées  de  l'ar- 
rière-ban B. 

Dès  le  Xyi"  siècle,  on  dit  des  possesseurs  de  fiefs  de 
l'arrière-ban  qui  s'équipent  eux-mêmes  et  que  le  Roi  appelait 
sous  les  drapeaux  pour  un  temps  déterminé  :  »  c'est  pauvre 
chose  B  ;  (2)  cent  ans  plus  tard,  Vaubanles  appelle  «  les  plus 
méchantes  troupes  du  monde  n.  «  Si  quelques-uns  de  ces 
gentilshommes  ont  du  courage  et  de  la  bonne  volonté,  la 
plupart  sont  pauvres  et  mal  montés.  En  1G93,  ceux  de  l'Ile- 
de-France  se  rendent  à  la  Hougue  soit  sur  des  bidets,  soit 
par  le  messager.  »  C'est  chose  honteuse,  écrit  Matignon, 
»  que  le  mauvais  état  des  compagnies.  C'était  qui  d'ailleurs 
a  s'excusera  et  fera  valoir  ses  privilèges  ou  sa  misère  pour  ne 
B  point  partir,  et  ceux  qui  partent,  de  quelle  vanité,  de  quelle 
a  indiscipline,  de  quelle  inexpérience  ne  font-ils  pas  preuve  ? 
ce  Susceptibles,  querelleurs,  tapageurs,  ils  savent  mieux  déli- 

llj  La  vie  militaire  sous  l'iiDciea  régime.  —  Les  soldats  par  Alb. 
Babeau.  p.  23. 
(2}  Commeatalres  de  La  Noue. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


a  bérer  qu'obéir,  parader  OU  se  dérober  que  combattre.  «On 
se  garde  bien  de  les  mettre  sérieusement  en  ligne  dans  la  Cam- 
pagne de  1674,  et  selon  l'expression  d'un  des  leurs  (1)  «  on 
«  se  contente  de  les  montrer  à  l'ennemi  comme  des  marion- 
«  nettes  ». 

Le  noble  ne  joue  plus  de  rôle  dans  l'armée  que  lorsqu'il 
est  enrégimenté  et  qu'il  porte  l'épaulette  d'officier.   (2) 

Aussi,  il  nous  semble  que  la  convocation  du  ban  et  de 
l'arrière-ban,  en  1691,  ne  dut  pas  troubler  excessivement  les 
esprits  :  l'armée  déjà  devient  plus  militaire  en  même  temps 
que  la  nation  devient  moins  guerrière,  11  s'établit  une  grande 
différence  entre  le  civU  et  le  soldat  ;  et  cette  différence  en 
s'accusant  ne  fait  plus  prendre  au  sérieux  ces  débris,  survi- 
vants de  la  grande  époque  féodale,  ces  guerriers  intermittents 
dont  le  service  dure  à  peine  un  trimestre.  Nous  Usons  aux 
délibérations  de  la  communauté  de  Carhaix  (Assemblée  du 
29  mars  1691)  : 

<t  Hond.  sieur  le  sénéchal  ayant  te  jour  de  hier  receu  les  ordres 
du  Roy  pour  la  convocation  du  bi<n  et  arrierban  et  d'uoe  lettre  de 
Sa  Majesté  sur  ce  subject  aveq  un  aultre  lettre  de  Monsieur  le  maré- 
chal Destrés  du  14'  de  ce  mois  :  pour  lequel  subject,  il  a  fait  assem- 
bler la  comniunaulté  de  cette  ville  affln  de  faire  lire  lassemblée  de 
Nantes,  les  déclaratioûs  et  règiemenis  du  fett  roy  Louis  traize  des 
anaées  1635  et  1639,  la  déclaration  du  Roy  du  3'  feburier  dernier, 
la  lettre  de  Sa  Majesté  du  raesme  jour,  pour  advertir  tous  ceux  qui 
sont  subjects  audit  ban  et  arrierban  de  se  thenir  iocessammenl  prestz 
au  jour  et  lieux  qui  leur  seront  dessinées  à  ce  mellre  eu  armes, 
montés  et  esquipés  sellon  qui  sont  theuus  pour  le  service  de  Sa 
Majesté  conformément  aux  susd.  ordonnances,  attendus  mesme  que 
la  plus  part  des  habitants  de  celle  ville  tant  à  raison  de  leur  qualité 

(tl  Claude  Joly. 

(2)  et.  op.  cit.  p.  23-24. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


personnelle  que  des  flefTs  et  terres  nobles  quils  poscëdeni  sont 
obligés  de  servir  laDt  led.  ban  et  l'arrierbaa  conformément  h  linlen- 
tion  de  Sa  Majesté.  • 

Aux  archives  départementales  nous  avons  trouvé  la  décla- 
ration suivante,  adressée  par  Guillaume  de  Gouzillon  au 
sénéchal  de  Carhaix. 

Cette  pièce  nous  a  paru  intéressante  à  conserver  en  ce 
qu'elle  reproduit  les  états  de  service  d'un  ofRcier  cornette  de 
territoriale  à  cette  époque, 

«  Je  soubs  signe  Guillaume  Gouzillon,  escuyer,  sieur  de  Kervern, 
cornelle  de  la  compagnie  colonnelle  des  gentils  hommes  de  lévesché 
de  Tréguier,  Lorsque  les  officiers  furent  levés  ie  demeurois  au 
manoir  de  Kermeno,  parouesse  de  Plougouver  audil  évesché  de 
Tréguier,  et  avoir  servy  tout  lesté  de  lan  mil  six  centz  septenle  six, 
Nostre  cartier  estant  on  la  ilk  de  Ifsnecen,  ei  au  moys  doctobre 
mil  six  centz  quatre  vingt  huict  nous  pasames  en  reveue  à  Uorlaix 
devant  Uonsienr  le  marquis  de  La  Coste,  lieutenant  du  Roy,  autre 
reveue  que  nous  fismes  à  Belisle,  le  traiziesme  avril  mil  six  centz 
quatre  vingt  neuf  devant  Monsieur  de  Carsauson,  lieutenant-colonel 
du  régimenl,  et  aultres  reveues  du  ciuquiesme  juin  mil  six  centz 
quatre  vingt  dix  à  la  ville  de  Guingamp  devant  Monsieur  le  mar- 
quis de  La  Coste,  lieutenant  du  Roy.  Et  je  demeure  appréssnt  au 
lieu  noble  de  la  Garenne-KeranHecb,  paroisse  de  Pislivien,  évesché 
de  Comouaille,  soubï  le  ressort  de  la  cour  de  Carbaix,  déclare  pos- 
séder le  lieu  Qoble  de  la  Garenne  et  en  jouir  par  main  pouvant 
valloir  ta  somme  de  deux  centz  livres  par  chacun  an,  cbarges 
rabattues.  Laquelle  déclaration  j'alBrme  véritable  pour  eslre  fourny 
à  Monsieur  le  sénéchal  premier  juge  audit  siège  de  Carhaix  pour 
obéir  aux  ordres  du  Roy  et  ceux  de  mondit  sieur  le  séuéclial  com- 
missaire, ce  vingtiesme  avril  mil  six  centz  quatre  vingt  douze. 

«  Guillaume  Gouzillon,  escuyer.  » 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


_  395  — 
IL 

Iie«  fraude*  «t  réliellioiM  k  l'Accasion 

de  1*  milice. 

licrs  Dragons.  —  Hacolemeiit  et  recrutement. 

JHaraudeurs  et  déserteurs. 


Les  Cahiers  de  1789  enregistrent,  dans  tous  les  termes 
possibles,  le  sentiment  unanime  de  répulsion  qu'inspirait 
partout  le  service  de  la  milice,  ce  service  militaire  singuliè- 
rement restreint  et  limité,  surtout  si  on  le  compare  de  bonne 
foi  à  celui  qni  n'a  cessé  d'être  exigé  en  France,  depuis  1793. 

Le  cahier  d'Avron,  dans  la  sénéchaussée  d'Aix  [archives 
parlementaires.  T.  III.  7}  déclare  :  «  Il  est  injuste  de  forcer 
"  malgré  lui,  un  homme  à  embrasser  un  état  périlleux  o. 

C'était  le  sentiment  général  alors,  de  ces  populations  de 
France,  qui  par  suite  d'une  évolution  sociale  qu'il  serait  fort 
difiicile  d'analyser,  donnent  à  l'armée  ses  enfants  et,  sans 
marchander,  les  plus  belles  armées  de  leur  existence,  non  pas 
avec  résignation  mais  avec  le  sentiment  d'un  devoir  à  accom- 
plir dans  tout  ce  qu'il  a  de  noble  et  d'impératif,  de  raison- 
nable et  d'inévitable. 

Le  service  de  la  milice,  somme  toute,  et  c'est  là  qu'on 
comprend  moins  les  résistances,  était  assez  peu  pénible.  Il 
était  plus  nominal  que  réel  en  temps  de  paix.  Son  organisa- 
tion, variant  selon  les  temps,  ne  fut  qu'une  sorte  de  réserve 
territoriale  pour  l'armée  ;  troupes  sur  lesquelles  on  pouvait 
compter  pour  former  de  gros  bataillons  lorsqu'on  les  aurait, 
à  l'heure  du  combat, encadrées  dans  des  régiments  composés 
de  ces  soldats  de  métier  et  de  vocation  qui,  au  jour  où  tout 
semblait  perdu,  sauvaient  l'honneur  du  drapeau  et  les  desti- 
nées de  la  France. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  396  — 

Les  miliciens,  en  temps  de  ^erre,  étaient  envoyés  dans 
les  places  fortes  :  en  temps  de  paix,  ils  étaient  astreints  à 
des  revues  périodiques  de  peu  de  durée,  qui  ne  nuisaient  en 
rien  aux  travaux  des  champs.  Laissés  dans  leurs  foyers,  ils 
ne  pouvaient  quitter  leur  paroisse  pour  plus  de  deux  ou  trois 
jours  sans  permission,  ni  se  marier  sans  autorisation  de 
l'intendant  :  eu  revanche,  combien  de  contrevenants  ! 

C'est  Louvois  qui, en  1688,  établit  les  milices  :  le  recrute- 
ment eut  lieu  d'abord  par  voie  d'élection,  et  les  habitants 
réunis  en  assemblée  générale  étaient  appelés  à  désigner 
ceux  qui  devaient  en  faire  partie,  <t  en  la  forme  usitée  pour  la 
nomination  des  collecteurs  «.  Le  recensement  de  tous  les 
célibataires  de  la  paroisse  dont  la  taille  atteignait  au  moins 
cinq  pieds  de  hauteur,  était  fait  d'une  façon  sommaire  et 
était  lu,  au  sortir  de  la  grand'messe,parle  syndic  oulemar- 
gu  illier. 

L'élection  était  un  hommage  rendu  au  principe  d'après 
lequel  les  communautés  pourvoyaient  elles-mêmes  à  l'acquit- 
tement des  charges  qui  leur  étaient  imposées  :pourvu  qu'elles 
payassent,  on  leur  laissait  le  choix  du  mode  de  solution 
et  de  payement. 

Cette  méthode  ne  put  se  maintenir  :  les  nominations  don- 
naient lieu  à  tant  de  brigues,  de  marchés  et  d'abus  d'inlluen- 
ces,  que  pour  les  faire  cesser,  trois  ans  après  l'établissement 
de  la  milice,  le  tirage  au  sort  dut  être  substitué  è  l'élection. 
Ce  tirage  au  sort  qui  semblait  devoir  sauvegarder  les  dehors 
d'une  certaine  impartialité,  rencontra  encore  les  mêmes 
fraudes  :  les  exemptions  nombreuses,  mal  jnstifiées,  parfois 
d'une  iniquité  criante  que  nous  allons  énumérer. 

Nous  trouvons  d'abord  le  milicien  «  victime  du  sort  n ,  cher- 
chant à  corriger  sa  mauvaise  chance  par  des  moyens  abraca- 
dabrants :  par  substitution  d'un  autre  en  son  lieu  et  place,  par 
exemple. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


I,e  24  mai  1701,  Alain  Chevance  avec  son  fils  Henri,  de  la 
paroisse  de  Bothoa ,  requiert  plaintivimenl  du  bailli  de 
Carhaix  «  la  protection  et  sauvegarde  du  Roy  et  de  la  Jus- 
tice n  ,  contre  les  vengeances  et  rancunes  d'une  famille 
influente  de  cette  paroisse  de  Bothoa,  dont  les  membres  et 
alliés  en  sont  venus  à  des  voies  de  fait  très  graves  contre 
les  suppliants,  au  sortir  de  la  messe  matinale,  le  dimanche 
précédent,  à  Saint-Éloy.  D'où  venait  cet  acharnement?  — 
Hervé  Le  Bihan  était  un  des  soldats  de  milice  désignés  par 
le  sort:  c'est  contre  lui,  ses  deux  frères  et  une  demi-douzaine 
de  cousins  ou  cousines,  que  la  plainte  est  adressée. 

«  Los  jeunes  genls  de  la  paroisse  de  Bothoa,  ayani  esté  obligé  de 
tirer  au  sort  devnnl  vous  (le  bailly)  pour  fouruir  le  nombre  de  soldats 
de  [oellicc  a  quoy  elle  a  esté  fixé,  le  sort  serait  arrivé  à  Hervé  Le 
Bihan  en  son  absance,  et  lequel  ayant  esté  mandé  pour  prendre 
le  billet  de  «on  engagement  pour  laq  mellice  et  recevoir  sa  solde, 
leq.  Hervé  le  Bihan  voullant  user  de  surprise  au  lieu  de  se 
trouver  en  personne  fit  venir  devant  vous  ledit  Alain  quy  se 
faux  nomma,  ledit  Hervé  Le  Bihan  à  quy  le  sort  est  arrivé: 
lequel  n'estant  de  hauteur  pour  le  service  de  Sa  Maieslé,  (1)  et 
mesme  estant  informé  de  la  surprise  que  l'on  a  vouttu  vous  faire 
vous  renvoyale  lequel  Allain  Le  Biban  et  avés  maintenu  led  Hervé 
pour  soldat  estant  capable  de  servir.  » 

La  famille  Le  Bihan  soupçonne  véhémentement  les  Che- 
vance de  la  dénonciation  :  le  bailli,  Charles  Olymant  de. 
Kernéguez,  certainement  au  courant  de  cette  tentative  faite 
pour  le  berner,  devait  être  fort  bien  disposé  à  écouter  la 
prière  des  plaignants  réclamant  une  «  punition  exemplaire 
■  attendu  que  sy  lesd.  soldats  de  mellice  et  leurs  parants 
B  seroient  tollérés  à  faire  de  pareille  assassinats  et  désain 
a  préméditté,  ils  tiendraient  tout  le  peuple  en  subiection  I  » 

(1|  Ce  doit  Ctre  apparemmeoi  uq  courtaud,  loin  d'atteindre  la  taille  de 
cinq  pieds  au  mifâmum  exigés  pour  avoir  l'boa  neur  d'f  Ire  admis  au  service 
du  Roi. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


D'autre  part,  une  plainte  fort  bien  détaillée  nous  informe 
qu'à  Plouyé,  en  1693,  un  procureur  terrien  un  peu  industrieux 
pouvait  se  faire  des  revenus  au  moyen  d'exemptions  dolosives, 
s'il  s'entendait  à  favoriser  ce  jeu  de  passe-passe  et  de 
passe-droit,  où  il  pouvait  penser  que  l'on  n'aurait  vu  que 
du  feu.  La  plainte  de  Maurice  Le  Dantec  et  de  sa  femme 
jette  un  jour  peu  édifiant  sur  le  train  de  la  vie  municipale  à 
Plouyé. 

a  A  Monsieur  de  Pomereu,  intendant  de  la  province 
de  Bretagne, 

"  Vous  remontre  très  humblemenl  Maurice  Le  Dantec  et  Cathe- 
riae  Le  Lichou,  sa  femme,  pauvres  ménagers  et  paroissiens  de 
Plouyé. 

n  QulIs  sont  obligés  davoir  recours  à  vosire  justice  pour  tacher  de 
se  rédimer  de  l'oppression  que  leurs  fait  Guillaume  Riou,  procureur 
terrien  de  ladiile  paroisse. 

«  Lequel  par  ladvis  des  parroissiens  (en  aparanse)  prit  le  nommé 
Jean  Le  Louarn  fils  d'un  des  ricbes  paisants  de  la  parroisse  pour  le 
rendre  en  qualité  de  soldat  a  son  capitaine  dans  la  vîlle  de  Carhatx, 
mais  il  arriva  queslant  rendu  ans  fauxbourgs  de  laditte  ville,  il  le 
laissa  s'esvader  en  fabueur  de  la  somme  de  soixante  dix  escus  en 
sorte  que  depuis  on  ne  la  veu  dans  le  quanton, 

•  Que  le  dimanche  suivant  ayant  supposé  et  dit  auxdils  parroissiens 
que  ledit  Le  Louarn  luy  avoit  esté  hosté  à  lenlrée  dudit  Carhaix  par 
des  gens  inconnus,  il  nomma  en  son  lieu  et  place  pour  soldat  le 
nommé  Louis  Le  Caro  lun  des  ciuq  gar.;ons  en  tous  capable  de  ser- 
vir, du  plus  opulant  habitant  de  laditte  parroisse,  et  cela  prosnalle- 
menl,  quifust  trouvé  capable  et  agréé  par  te  gennéral  de  laditte 
parroisse,  mais  parceque  le  pure  de  Caro  finança  aussy  une  somme 
considérable  d'argent  audit  Riou  et  à  deux  o't  trois  autres  habi- 
tants de  laditte  paroisse,  ses  partisants,  cette  nomination  dudit 
Caro  quoyqne  publicque  et  noltoire  à  tous  les  parroissiens  na  point 
eu  deffecl. 

«  Ce  Caro  ayant  esté  ainsy  excusé  par  la  faveur  de  sa  bource, 
lequel  Riou  prit  et  arresta  dans  le  cimetière  dudit  Plouïé  le  mardy 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


douziesme  de  décembre  dernier  jour  de  feste  à  l'heure  de  la  grande 
messe  le  QOmmé  Guillaume  Cam  ausisy  fils  d'un  riche  liabîlant  de 
ladilie  parroisse.  disaol  quil  le  faisoit  de  lordre  du  gennéral  dé  lad. 
parroisse  parce  qu'il  avoil  esté  trouve  plus  capable  de  servir  en 
quallillé  de  soldat  pour  laditte  parroisse  que  ledit  Le  Louaru  et 
Caro  quy  avoient  esté  cotés  cy  devant  nommés,  mais  parceque 
aussy  ledit  Cam  finança  audit  Riou  el  à  ceux  de  sa  cabale,  ce  quils 
TOullureni  e^iiger  de  luy  d'argent,  on  ne  l'a  pas  non  plus  obligé  de 
servir  ou  ny  de  se  présenter  non  plus  pour  estre  enrollé. 

Ce  n'est  pas  là  tout,  car  ledit  Riou,  procureur  terrien  et  les 
"autres  de  sa  cabale  et  de  son  party  au  nombre  de  trois,  apprès 
avoir  ainsy  voilés  trois  familles  de  ladilie  parroisse  dans  le  particu- 
lier, il  a  bien  voulu  esercer  une  autre  vollerie  sur  tous  les  parrois- 
siens  dudit  Plouïé  en  gennéral  parceque  sous  prétexte  des  fraits 
quil  luy  avoit  convenu  faire  et  advances,  se  dlsoii  il,  pour  la  nomi-~ 
nation  desd.  Louarn,  Caro  et  Cam,  et  fournir  à  ce  qu'il  fallait  au 
soldat,  comme  chemises,  souliers,  habit,  chapeau  et  autres  néces- 
sités, il  avoit  de  son  auttorilé  privée  et  au  moyen  de  ses  cabalisles 
assis  une  cottisalion  par  forme  de  taillée  sur  le  gennéral  de  la  par- 
roisse de  la  somme  de  cinquante  cinq  escus  qu'il  a  réaumenl  et  de 
fait  touché  et  qu'estant  un  fait  publicq  et  une  contravention  for- 
melle à  vos  ordres,  mérite  d'eslre  réprimé  afin  que  pareils  abus 
soient  supprimés  pour  l'advenir  de  celte  paroisse  et  autres  voisines  » 
H  Apprès  quoy  ledit  Riou  se  rendit  dans  la  demeure  des  suplianls 
la  soirée  dudit  jour  h  minuict  accompagné  de  qualtre  de  ses  caba- 
lisles et  prirent  Jean  Le  Danlec,  leur  fds,  dans  sou  lit  el  le  menèrent 
avec  eux  au  bourg  dudit  Plouié,  et  le  lendemain  le  menèrent  à 
Carhaix  et  le  consiiluèrenl  prisonnier  aux  prisons  dudit  Carhaix  où 
il  est  depuis  et  prétendent  ly  retenir  pour  lobliger  de  marcher  en 
qualité  de  soldai  pour  laditte  paroisse  la  campaigoe  prochaine. 

H  C'est  de  la  prise  et  de  I  emprisonne  ment  de  leur  fils  et  du  pro- 
cédé hardy  et  violent  dudit  Riou  et  de  ceux  de  sa  caballe,  ses  com- 
plices, quesl  le  subject  de  plainte  des  pauvres  supltants.  Lesquels 
estants  a-igés  chacun  deux  de  soisante-cinq  ans,  et  partant  inca- 
pables de  se  gaigner  seroient  sur  la  fin  de  leurs  jours  réduits  à  la 
maadicilé  si  les  malversations  dudit  Riou  en  ceste  rencontre  estoient 


...Google 


—  400  — 

tollérées.  Car  U  ny  aurait  point  de  justice  que  plus  de  vingt 
familles  de  taditle  pavoise  plui  riclus  et  que  dans  chacune  délies 
Uy  a  pour  le  moins  trois  qualire  et  jusq-es  à  dncq  garçons,  tous 
capables  de  servir,  d'entre  Usqueh  sont  lesdils  Louam,  Caro  et 
Cam  soient  excusés  pahcb  qu'ils  sont  biches  et  qu'ils  ont  financé 
et  quoy  Uur  a  demandés  ce  que  ce  soit,  • 

A  Spézet  en  1700,  on  est  tout  aussi  hardi  et  ingénieux  : 
on  ne  songe  pas  pour  sauver  le  milicien  à  rayer  son  nom  de 
la  liste  des  vivants  ;  on  se  contente  de  le  rajeunir  de  deux  ans 
en  lui  fabriquant,  de  toutes  pièces,  un  acte  baptistaire  corres- 
pondant à  l'âge  qu'on  désirait  présenter  au  bailli  pour  in- 
firmer la  décision  du  sort.  Messire  Jean  Heydon,  l'intrépide 
recteur  de  Spézet,  se  charge  lui-même  de  nous  narrer  la 
chose  par  le  menu,  dans  la  plainte  qui  suit  aux  juges  de 
Carhaix. 

PlaiDie  du  8*  novembre  1700  de  noble  et  discret  messire  Jan 
Heydon  recteur  de  la  paroisse  de  Spéhet,  disent  que  le  danger  con- 
tinuel ou  il  se  trouve  de  délivrer  joumelement  des  extraits  depuis 
deux  registres  dans  lesquels  sont  compris  les  cahiers  baptistaires 
de  la  paroisse  pour  les  années  1671 ,  12,  73,  74,  l'obligent  de  veiller 
à  sa  sœurold  pour  obvier  à  la  délivrauce  des  quelques  faux  extraits 
dont  lesdits  registres  se  trouvent  confusément  remplis  surtout  au 
folio  44  recto  du  cahier  de  1673,  où  il  se  trouve  un  extrait  baptis- 
tère periJnement  faux  et  malicieusement  fabriqué  en  faveur  d'Yves 
Morvan  fils  Robert  et  de  Catherine  Pasquet,  le  tout  en  veu  d'obvier 
à  la  nomination  dud.  Mortan  choisi  pour  la  milice  danstamesme 
paroisse  et  cela  par  l'autorité  et  le  ministère  de  M"  Xfle  Boulic 
cy-devant  curé  de  la  inesme  paroisse  ri  de  Marie  Trédien  grefflire 
de  Spéhet  laquelle  a  souscrite  et  signée  ledit  extrait  et  faict  daller  et 
relater  du  saise  may  y£7J  quoique  par  le  cahier  baptistère  de  1671, 
folio  41  reclo,  il  se  trouve  un  autre  extraict  du  baptistère  dudit 
Yves  Morvan  en  dalle  du  5  mars  1672  signé  des  mesmes  Boulic 
et  Trédien, 

Ce  projet  de  fallise  se  trouve  enlierremenl  vérifie  par  la  veu  des 
deux  registres  dans  l'un  lesquels  led.  Yves  Morvan  était  en  aage 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  AM   — 

requis  par  la  déclaration  du  Roy  de  servir  dans  ses  troupes  de  mi- 
lice au  lieu  que  daos  lautre  registre  de  1673,  Il  se  trouvoit  mains 

aagë  duQ  an  et  hors  de  danger  d'estre  soldat. 

Le  suppliant  ne  veut  pas  entrer  cç>mme  partie  dans  une  poursuite  ; 
ce  qu'il  réclame  c'est  qu'on  lui  permette  de  déposer  au  greffe  du 
siège,  ses  registres  pour  quils  y  soient  «  vériftés.certés  et  examinés 
sauf  l'intervention  de  M.  le  procureur  du  Roy  pour  l'intéresl 
public  »  ;  donc  il  se  déclare  désaisi  de  ces  documents. 

Sur  ordouuance  du  sénéchal,  Jean  Raguideau,  le  procureur 
général  donne  acte,  le  même  jour  sauf  à  prendre  telles  conclusions 
qu'il  appartiendrait,  mais  l'affaire  fut  évoquée  au  parlemeni,  et  en 
voici  les  motifs. 

Les  iutéressés,  accusés  du  faux,  maistres  Pierre  el  René  Jonniaux 
et  la  femme  du  premier,  Marie  Trédien  oui  caballé,  entrepris  si  bien 
le  recieur  de  Spézet,  que  le  dimanche,  veille  de  la  ToussaincI 
dernière  ils  l'ont  empêché  de  remplir  ses  fonctions  curialea  ;  ils  ont 
suscité  de  faux  témoins  qui  ont  été  démentis.  Malgré  tout  à  Carhaii 
aucune  suite  n'est  donnée  a  l'affaire. 

«  Comme  led.  René  Jooneaux  lun  desdits  accusés  tant  de  crimes 
cy-dessus  que  de  l'effloration  d'une  pauvre  mineure  de  la  mesme 
paroisse,  a  toujours  esté  fortement  faoorisé  de  la  protection 
ordinaire  de  la  famille  dud.  substitut ,  le  suppliant  ne  peut 
espérer  d'agrément  en  la  juridiclion  royalle  de  Carhaix,  mais 
pluslosl  un  excès  de  fateitr  pour  lesd  accusés,  il  réclame  avec 
instanc*  l'autorité  souveraine  de  la  Cour,  u  II  supplie  donc  le  Par- 
lement de  Rennes  d'évoquer  ces  diverses  causes  devant  sa  Cour 
n  el  en  conséquence  faire  commandement  au  greffier  dud.  Carhaix 
de  rendre  incessament  au  greffe  criminel  de  la  Cour  tant  lesdites 
plaintes,  informations  en  conséquence  que  toutes  les  charges  résul- 
tantes desdites  instances,  raesme  la  requesle  et  les  registres  baptis- 
maux y  attachez  et  déposez  au  greffe  dud  Carhaix  et  tout  ce  quia 
esté  mis  et  observé  tant  de  la  part  dud.  suppliant  que  de  celle  de 
Marguerite  Bosser,  fllle  mineure,  pour  sur  la  plainte  de  tout  eslrc 
réglé  et  ordonné  ce  quil  appartiendra.  » 

Satisfaction  fut  donnée  au  recteur  de  Spézet  et  le  com- 
mandement de  la  Cour  fut  notitié  au  greffier  messîre  Jacques 
BcLUTiN  ABCHËLo.  DU  PiNiSTiHB.—  ToiiB  XXV.  (Mémoires).   S6 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  i02  — 

Larcher,  sieur  de  KerincufT  et  son  commis  M'  JeaD  Jourand 
Et  l'on  vit  bien  qu'il  y  avait  des  juges  ailleurs  qu'à  Berlin  ! 

Dans  cette  collection  variée  de  guerriers  malgré  eux  vou- 
lant se  soustraire  au  servicede  Mars  et  de  Bellonne,  nous  trou- 
vons le  milicien  qui,  désespérant  de  se  faire  porter  •  décédé  • 
sur  les  registres  du  bailli,  tente  du  moins  de  se  faire  passer 
pour  agonisant  et  prés  de  rendre  le  dernier  souffle.  La 
scène,  assez  macabre,  du  reste,  se  passe  à  Brasparts,  en 
1701,  et  est  empruntée  au  Cahier  des  Délibérations  du  gé- 
néral (1700-/735),  ainsi  qu'on  peut  le  lire,  à  la  date  du  31 
juillet  1700. 

«  Assemblée  eu  la  (^apelle  Sainte-Barbe,  tien  ordinaire  des  déli- 
bérations  a  été  délibéré  qu'attendu  que  le  nommé  Jacob  Le 

Paoule,  premier  nommé  des  trois  soldats  sur  lequelsle  sort  esi 
tombé  (à  l'endroit  de  la  dernière  convocation  faite  de  la  jeunesse  de 
la  paroisse  en  la  ville  du  Faou)  a  voulu  donner  à  croire  être  dé- 
tenu de  maladie  depuis  que  le  sort  lui  est  tombé,  s'étant  même 
fait  administrer  les  Saints-Sacrements,  Eucharistie  et  extrême- 
onction,  quoique  par  le  bruit  couiniun  el  relation  de  la  plus  part 
des  habillants  et  de  ses  pins  proche  voisins,  on  dit  que  sa  prétendue 
maladie  est  simulée  et  feinte,  sera  visité  de  jour  et  d'heure  h  autre 
è  la  diligence  el  frais  de  sou  père  el  autres  proches,  par  médecin 
ou  cbirugien  non  suspect,  ce  quil  sera  tenu  de  faire  ions  les  vingt 
quatre  heures,  au  défaut  sou  dil  père  sera  appréhendé  au  corps,  t> 

Le  8  septembre,  à  l'assemblée  du  général,  il  fut  déclaré 
que  •  la  fraude  et  feintise  »  étaient  dûment  constatées. 

Les  hommes  assujettis  au  tirage  recouraient  enfin  à  la 
mutilation  :  cette  opération  était  difficile  à  constater,  et  nous 
avouons  qu'au  cours  de  nos  recherches  nous  n'avons  pas 
trouvé  trace  d'informations  criminelles  à  ce  sujet,  La  fraude 
pouvait  se  dissimuler  si  bien,  sous  les  apparences  d'un  acci- 
dent fortuit,  que  les  présomptions  n'osaient  s'y  arrêter. 

Le  moyen  le  plus  élémentaire  de  se  soustraire  à  la  milice, 
c'était,  somme  toute,  la  fuite  pure  et  simple,  dans  une  mai- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  403  — 

son  amie  où  on  trouvait  hospitalité  et  grande  pitié,  et  oCi  l'on 
était  disposé  à  repousser,  au  profit  du  fuyard,  la  force  par 
la  force,  comme  l'indiquent  les  scènes  tumultueuses  que  nous 
rapportons  ci-après,  avec  les  circonstances  de  dépenses  faites 
pour  s'emparer  des  miliciens  récalcitrants. 


Un  cahier  d'informations  faites  par  le  bailli  de  Carhaix  au 
sujet  de  la  dépense  dans  les  paroisses  de  Duautt,  Plus- 
qitellee,  Plouyé,  Trébivan,  la  Feuillée  et  Plourarck,  par  des 
dragons  envoyés  en  garnisons  dans  lesd.  paroisses  pour 
faire  fournir  des  soldats  de  milice,  nous  édifiera  au  sujet  de 
ces  expéditions  dispendieuses  et  coûteuses  pour  ceux  qui 
avaient  à  en  solder  les  frais, 

—  Guillaume  Jannou,  hoste  débitant  vin  au  bourg  de 
Duault,  vers  minuit  et  demie,  le  4  avril  1696,  vit  arriver  chez 
lui  deux  dragons,  de  la  compagnie  de  Saint  Joary,  au  régi- 
ment d'Asfeld.en  quartier  à  Callac,  Ils  font  chercher  le  pro- 
cureur terrien  qui  arriva  en  compagnie  d'un  M'  Joachim  Le 
Lagot .  ces  derniers  furent  surpris  par  le  point  du  jour,  tenant 
tête  aux  deux  dragons, le  verre  en  main.  Pendant  leur  quatre 
jours  de  garnisons,  ils  burent  u  nuit  et  jour  »,  en  société 
d'autres  dragons  de  Callac  venus  les  voir  ;  le  14  avril,  deux 
autres  dragons  arrivent  en  garnison  et  firent  diner  avec  eux 
sept  des  notables  «  du  nombre  des  douze  hommes  nommés 
pour  faire  les  affaires  de  la  paroisse  n  !  Ils  réclamèrent  qu'on 
leur  fournit  «  des  confitures  sèches,  la  meilleure  viande  et 
le  meilleur  poisson  qu'il  y  avolt  dans  le  pals  n.  Ils  exigèrent 
de  plus  douze  livres  en  argent,  ce  qui  porta  la  dépense  à  la 
somme  de  cent  soixante  dix  livres  quatorze  sols  !  » 

A  Trébivan,  deux  dragons  se  présentent,  le  4  avril,  chez 
Joseph-Michel  Thépault,  hdtellier  :  ils  déclarent  venir  en 
garnison  au  sujet  delà  milice  etdemandent  àboireetàman- 


n.giti^.cbyGoOglc 


—  404  — 

ger.  On  leur  refuse  en  demandant  leur  ordre  de  service. 
Alors  ils  conduisent  la  femme  de  Thépault  au  presbytère 
où  on  trouve  le  lientenant  de  la  compagnie  et  le  maréchal  des 
logis  attablé  avec  le  recteur  qui  expliquent  que  ces  garnis- 
saires  doivent  vivre  à  discrétion  :  On  fait  chercher  le  procu- 
reur terrien  qui  tremble  peu  rassuré  sur  le  compte  de  la 
discrétion  de  ces  militaires  :  il  recommande  toutefois  la  plus 
grande  libéralité  à  leur  égard  et  prend  même  part  à  leurs 
libations. 

Le  pauvre  hAte  fait  s'assembler  ■  les  douze  hom- 
mes chargés  des  affaires  de  la  paroisse  ■>  et  tout  per- 
plexe, leur  demande  s'il  serait  payé  :  les  paysans  boivent 
avec  les  dragons  jusqu'à  trois  et  quatre  verres  de  vin  coup- 
sur-coup,  avec  a  les  principaux  de  la  paroisse  >>,si  bien  que  la 
note  à  payer  présentée  par  l'hûtelier  de  Trébivan  monte  à 
la  somme  de  cent  quarante  deux  livres  trente  sols,  dont  le 
procureur  terrien  a  payé  une  partie  ;  cela  pour  treize  jours 
d'une  hospitalité  qui  coûtait  peu  aux  dragons,  mais  dont  ils 
faisaient  part  large  et  généreuse  à  leurs  compagnons  d'armes 
du  Faouet  qui  venaient  les  voir  à  leurs  moments  perdus. 

S'il  faut  en  woire  Louise  L'Olivier,  hôtesse,  l'orgie  prit 
de  plus  formidables  proportions  à  Plourach.  —  Le  dimanche 
soir,  8  avril,  les  quatre  dragons  en  garnison  à  Plourach,  de 
la  compegnie  de  Sailly,  logés  chez  Thomas,  autre  hdtellier 
au  bourg,  vinrent  prendre  chez  Louise  L'Olivier  treize  bou- 
teilles de  vin,  les  dix  ou  onze  dragons  qui  se  trouvaient 
chez  Thomas  étaient  accompagnés  du  chirugien-major  ;  ils 
prirent  d'une  part  37  et  d'une  autre  38  pintes  de  vin,  et  20 
sols  de  tabac.  Le  30  avril,  le  s^  Rémy  lieutenant  de  la.  com- 
pagnie arrivé  au  bourg  avec  plusieurs  dragons  réquisitionne 
58  bouteilles  de  vin  et  à  diner  pour  «  deux  meneurs  de 
t  litières  qui  estoient  allés  quérir  les  dragons  blessés  et  de 
"  l'avoine  pour  les   chevaux,  n  Le   s' ,  Rémy  menaçait  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  405  — 

retourner  à  Carhaix  et  de  revenir  à  Plourach  •  avec  mil 

dragons  ».  Ayant  avisé  dans  le  pincitre  une  jument  pleine 
appartenant  à  l'hôtesse,  il  s'en  empara  pour  l'envoyer  chez 
Thomas,  a  pour  sûreté  des  quarante  sols  qu'il  disoit  être  dû 
par  jour  à  chacun  desd.  dragons  ».  La  jument  maltraitée  fit 
une  perte  :  la  note  à  payer  fut  en  tout  de  soixante  six  livres 
dix  sept  sols.  » 

A  Plouyé,  la  garnison  séjourne  douze  jours  a  beuvant  et 
mangeant  continuellement  s  :  Jeanne  Le  Cours  fut  forcée  de 
leur  donner  en  argent,  en  quatre  différentes  fois,  la  somme 
de  trente  quatre  livres  sept  sols,  «  et  ont  beu  et  mangé  chez 
elle  pour  cent  douze  livres  dix  neuf  sols  »,  ce  qui  fait  un 
total  de  cent  quarante  sept  livres  six  sots. 

Le  procureur  terrien,  le  fabrique  et  les  membres  du  corps 
politique  ont  bu  et  mangé  une  ou  deux  fois  avec  les  dragons, 
elle  cite  leurs  noms  de  façon  qu'on  puisse  avoir  recours  sur 
eux  pour  une  somme  à  déduire  et  payable  par  eux,  évaluée  à 
trente  livres. 

A  Plusquellec,  l'hôtelier  Jean  Rivoal  trouve  chez  les  dra- 
gons de  Saint-Joary  (du  quartier  de  Callac),  pendant  leurs 
six  jours  de  garnison,  et  la  même  voracité  et  la  même  soif 
inextinguible  :  aidés  de  leurs  camarades  venant  les  voir  de 
Callac,  ils  font  une  dépense  de  quatre  vingt  dix  huit  livres 
six  sols. 

Dans  les  Informations,  nous  voyons  intervenir  Françoise 
Lanhen  (?)  hôtesse  de  Plourach  qui  a  hébergé  quatre  dragons 
pendant  dix  jours  :  bombance  comme  ailleurs  avec  visite  des 
autres  dragons  de  Carhaix  et  de  Callac.  Deux  des  soldats 
ayant  été  blessés,  il  fallut  traiter  tes  chirugiensde  iacumpagnie 
de  Saitly  et  de  celle  de  Saint-Joary,  Montfort,  chirugien  de 
Carhaix  et  "  le  nommé  La  Sonde  se  disant  aussy  chirugien 
dud.  Callac.  »  La  note  à  payer  se  monte  à  cent  dix  neuf 
ti  vres  dix  sols  six  deniers,  mais  l'hôtesse  a  soin  de  déclarer 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  AOS   — 

que  le  »  vin  ayant  manqué  chez  elle  lesd.  dragons  en  allaient 
prendre  chez  Louise  LoUivier  aussy  hostesse  aud.  bourg  de 
Plourach.  « 

Cette  dépense  de  cent  dix  neuf  livres  dix  sols  dix  deniers, 
jointe  à  celle  faite  chez  Louise  L'OlIivier,  de  soixante  six 
livres  dix  sept  sols,  fournit  an  total  de  cent  quatre  vingt  six 
livres  sept  sols  dix  deniers  1 

A  La  Feuillée,  en  avril,  deux  dragons  de  la  compagnie  de 
Sailly,  «  nommés  Saint-Louis  et  La  Fontaine  »  se  présentent 
chez  l'hôte  Jean  Le  Dantec  :  par  la  déposition  de  ce  dernier 
on  verra  que  l'accueil  fait  aux  dragons  n'emprunta  rien  du 
caractère  d'une  calamité  publique.  II  semble  qu'il  était 
toujours  facile  de  s'entendre.  Si  le  soldat  recherché 
met  une  certaine  coquetterie  à  se  laisser  désirer,  aussitôt 
trouvé,  il  se  montre  de  bonne  composition  :  après  les  salu- 
tations usitées  en  bonne  compagnie,  il  présente  sa  mère,  sa 
belle-sœur,  ses  cousines,  se  confondant  en  excuses,  sur  la 
modicité  d'une  hospitalité  qui  se  ressentait  des  ingratitudes 
de  l'endroit  et  aussi  de  la  dislance  des  Montagnes  d'Arhées 
à  Versailles, 

Les  dragons  déclarent  à  l'hôtelier  «  quils  étoient  venus 
tenir  garnison,  faute  aux  paroissiens  de  la  Feuillée  d'avoir 
fourny  un  soldat  de  milice,  et  demandent  à  boire  et  à  manger 
et  à  luy  faire  parler  au  procureur  terrien,  et  le  lendemain 
matin,  le  procureur  terrien,  nommé  Salomon  Le  Bronnec, 
François  Bothorel,  fabrique,  arrivèrent  avec  lesd.  dragons 
et  demeurèrent  avec  eux  en  compagnie  de  Gilles  Tourtois, 
et  aprèi  moir  desjeuné,  allèrent  tous  de  compagnie  chercher 
le  soldat  de  milice,  nommé  Alain,  et  l'ayant  pris  ils  retour- 
nèrent tous  chez  le  diposant  (le  débitant)  et  beurent  conti- 
nuellement jusques  au  samedy  matin  quils  amenèrent  ledit 
soldat  d  Carhaix.  L'hôte  de  la  Feuillée  «  dit  que  la  mère 
dud.  soldat  venait  tous  les  jours  voir  son  fils,  laquelle  beuvoit 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  AOt  — 

et  mangeait  toutes  les  fois  quelle  y  venait  et  fut  accompagnée 
deux  ou  trois  fois  de  deux  cousines  aud.  soldat  et  de  sa  belk- 
sœur,  lesquelles  se  mettaient  aussy  à  table  et  mangeaient  avec 
lesd  dragons.  Et  nous  a  endore  dit  qu'Alain  Le  Fullou, 
Barnabe  Mével,  le  nommé  Grall,  de  Kerbron ,  M"  Henry 
Hamon,  Louis  Teurtroy,  et  M"  Jan  Pezron,  ont  aussy  beu 
bien  souvent  avec  lesd,  dragons,  aussy  bien  que  Noël  Mével 
et  Henry  Pichon,  de  manière  que  la  dépense  qui  a  esté  faite 
chez  luy  se  monte  à  soixante  quinze  livres  trois  sols.  » 

Nous  avons  parlé  plus  haut  de  l'expédition  des  dragons  à 
Plourach  i  elle  fut  tragique  et  les  soldats  de  Sailly  eurent  à 
y  subir  une  véritable  esuarmouche,  ainsi  qu'il  ressort  de 
l'înlerrogatoire  fait  par  te  sénéchal,  le  8  avril  1696,  en  la 
maison  de  Georges  Thomas,  hôtellier  au  bourg  de  Plourach. 
Le  6  de  ce  mois,  vers  huit  heures  du  matin,  le  procureur 
syndic  de  cette  paroisse  accompagné  d'un  notaire  et  de  cinq 
paysans  prièrent  le  premier  brigadier  de  la  compagnie  de 
venir  avec  eux  arrêter  le  soldat  de  milice  nommé  pour  leur 
paroisse  :  celui-ci  prit  trois  dragons  pour  escorte.  Arrivés 
au  domicile  du  réfractaire,  ils  trouvèrent  portes  closes.  Alors 
le  procureur  terrien  et  ses  témoins  les  conduisirent  à  Res- 
taubic,  où  il  y  avait  d'après  eux  «  des  bœufs  apfiartenant  ■ 
aud.  soldat  de  milice  ou  à  ses  parents  et  l'un  des  paysans  qui 
accompagnaient  le  procureur  entra  dans  l'eseurie  et  destacha 
quatre  beeuffs  qu'ils  sont  estants  mis  en  debvoir  de  les  con- 
duire avd.  bourg  ».  A  l'entrée  d'un  carrefour,  les  dragons 
reconnaissent  un  des  députés  qui  o  avoient  beu  avec  eux  le 
soir  précédent  »,  Une  trentaine  d'hommes  et  de  femmes  l'ac- 
compagnaient armés  de  fourches  de  fer,  de  tranches,  de 
faucilles,  de  fléaux,  etc.  :  les  femmes  se  précipitent  sur  un 
des  dragons,  Joachim  Noël,  et  une  grêle  de  pierres  accable 
l'escorte  de  toute  part.  Noël  reçoit  nn  coup  de  faucille  à  la 
main.  Deux  paysans  embusqués  derrière  un  fossé  portaient 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  40S  — 

chacun  un  fusil.  Un  autre  dragon  Jean  Le  Quellec,  tomba 
frappé  mortellement. 

La  lutte  avait  été  acharnée  eties  pièces  à  conviction  remises 
à  la  justice  donneront  à  le  comprendre  :  c'était  «  un  sabre 
sans  foureau  dont  le  bout  est  cassé,  et  sa  poignée  faussée  et 
tout  remply  de  terre,  un  fusil  dont  la  crosse  est  détachée  du 
canon,  le  reste  du  fusil  tout  cassé,  plus  un  autre  canon  de 
fusil  dont  toute  la  crosse  est  emportée  et  partie  des  fers  et  le 
canon  cassé.  Et  un  autre  bout  de  fusil  cassé  presque  par  la 
moytié  sans  crosse,  toutes  lesquelles  armes  avons  fait  dépo- 
ser au  greffe,  etc.  » 

Un  procès-verbal  de  r^ftefiion,  déposé  entre  les  mains  du 
sénéchal  pai*  M'  Philippe  Estienne,  huissier  audiencier,  le  6 
mai  1696,  nous  fournit  le  même  tableau  de  résistance  et  de 
sauvagerie  :  la  scène  se  passe  dans  la  trêve  de  Lanriven,  en 
la  paroisse  de  Bothoa. 

Aux  Ans  de  l'ordre  a  lui  donné  par  le  bailly  subdélégué  de  M.  de 
Noinlet,  commissaire  du  Roi,  de  se  transporter  avec  Joseph 
Leguyader,  trésorier  fabrique  et  procureur  Terrien  de  la  irfeve  de 
Lanriven,  paroisse  de  Bothoa,  pour  prendre  et  arrêter  «  les  nommés 
Charles  Lecolier,  Jan  Le  Pennerou,  Rolland  Le  Magoron,  emiens 
soldats  diterleurt,  a  scavoir  deux  d'entre  eux  ou,  à  leur  defîaul, 
deux  de  leurs  proches  parents  ».  —  H'  Philippe  Esiienne,  s'acquil- 
lanl  de  sa  commission,  se  saisit  de  la  personne  de  Claude  Le 
Uagorou,  frère  de  Rolland,  le  déserteur,  voyant  que  toutes  les 
perquisitions  étaient  iouliles.  Il  se  mellail  en  devoir  de  conduire  sa 
capture,  u  lorsqu'il  entendit  crier  de  force  de  loutle  part  que  grand 
0  amas  et  allluance  de  femmes,  filles  ou  garsons  faisait  relanlir  et 
a  saperceul  que  tous  les  habitants  de  tons  les  villages  circonvoisins 
venolent  à  la  traverse  des  champs  et  des  chemins  fondre  tant  sur 
luy  que  sur  ses  assistants,  et  le  procureur  lerien  et  le  sieur  du 
Tertre,  les  uns  armés  de  fourches,  les  autres  darmes  offansives  et 
antres  instruments  lesquels  ayant  entouré  le  supplyani  de  tout 
cotté  et  surioul  Henry  Uagorou  frère  dud.  Claude,  Yves  Sira  saisy 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


d'aoe  palle,  Yves  DauDÎel  et  son  valet  etpoil  blond  (sic)  saisy  dune 
fossille,  Rolland  Le  PouppoD,  Jean  Le  Rom,  François  Jolly,  filleur  de 
laine,  la  belie-Ûlte  de  Guillatime  Le  Heur,  la  servante  duq.  Yves 
Daniel,  soutenue  de  son  malKtre,  Marc  Le  Poupon  et  autres  des 
nomëes  et  accusez  auq.  procès- verbal,  auroient  mallraîlé  de  coup 
et  assaiigné  en  l'endroit  sans  que  la  prudance  de  rostre  tupiyant 
troca  le  secret  de  s'en  mettre  à  concert ....  El  comme  cest  attautat 
aux  ordres  de  Sa  Majesté,  ce  mérite  punition  exemplaire  >. 

Aux  portes  mêmes  de  Carhaix,  en  Plouguer,  nous  voyons 
en  1691  la  môme  rébellion,  et  c'est  le  sénéchal  lui-même, 
après  le  procureur  terrien  de  Carnoët  qui  constate  les  déser- 
tions croissantes  des  élus  de  la  milice. 

La  paroisse  de  Carnoët  avait  bien  désigné  Jean  Le  Razer, 
pour  soldat  de  la  milice  ;  il  ne  parut  point  à  la  revue  passée 
par  le  S' de  Plainville,  commissaire  des  guerres  de  la  pro- 
vince ;  le  procureur  terrien  sur  réquisition  répond  n'en  pou- 
voir fournir  d'autres  "  attandu  qu'aussy  last  qu'ils  sont  notn- 
«  mes  ils  se  cachent  et  reffugient  dans  les  paroisses  toisineg 
a  comme  a  fait  led.  Razer  en  la  maison  dud.  Jacquet  »,  «a 
village  de  la  Villeneuve,  paroisse  de  Plouguer- Carhaix.  Le 
Jour-même  de  la  revue,  15  mars  1691,  Jacques  Abiven,  nom- 
mé Basseville,  sergent  au  régiment  de  Carman,  de  la  compa- 
gnie du  S''  de  Boisglé,  prend  avec  lui  cinq  soldats  et  se  pré- 
sente à  la  Villeneuve,  vers  quatre  heures  de  l'après-midi. 
Là  on  s'empare  de  Razer  «  qui  est  un  jeune  garçon  fort  bien 
I  fait  et  capable  de  porter  les  armes  >.  Une  fois  en  route,  le 
réfractaire  crie  à  la  force  :  les  habitants  accourent,  s'élancent 
BuP  les  soldats,  les  menacent  de  leurs  fourches  et  de  leurs 
pelles,  si  bien  que  le  sergent  et  ses  camarades  durent  lâcher 
leur  capture  pour  sauver  leur  vie,  lapidés  qu'ils  étaient  par 
une  grêle  de  pierres  lancées  sur  eux  avec  accompagnement 
d'imprécations  de  la  plus  grande  violence. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


M.  le  chanoine  Peyron,  vice  président  de  la  Société  archéo- 
logique du  Finistère,  veut  bien  me  communiquer  un  docu- 
ment conservé  au  presbytère  de  Sainte-Croix  à  Quîmperlé. 
Cette  pièce  curieuse  en  elle-même  et  dans  sa  rédaction  est 
précieuse,  en  tant  qu'elle  est  un  démenti  de  plus  à  cette  asser- 
tion de  savants  dont  la  compétence  n'est  guère  contestée, 
prétendant  que  le  remplacement,  la  substitution  n'existait  pas 
sous  le  régime  de  la  milice  provinciale  (1).  Or,  le  cas  que  nous 
présentons  ici  est,  bel  et  bien,  un  cas  de  remplacement  agréé 
parle  capitaine  de  milice  et  souscrit  par  toute  une  paroisse. 

Le  premier  avril  1C96,  deux  notaires,  A  requête  de  Jean 
Le  Calvez  procureur  terrien  de  la  paroisse  de  Tréméven, 
arrivent  au  chef-lieu  de  cette  communauté  <  en  lendroit  du 
poste  communion  de  la  grande  messe  célébrée  par  M' le  R' 
de  Tréméven  ».  Avec  Yves  Tamic,  fabrique,  se  trouvèrent 
assemblés  nombre  de  paroissiens  «  faisant  le  corps  politique 
et  la  plus  saine  maire  voix  d'icelle  paroisse  »  :  vingt  cinq 
d'entre  eux  sont  désignés  par  leurs  noms. 

Le  procureur  terrien  remontre  ; 

Que  le  Roy  ayani  par  ses  édits  ordoné  que  lad.  paroisse  de  Tré- 
méven eut  fourni  un  soldai  pour  son  service  pendant  la  guerre, 
ce  quelle  a  falcl  tous  les  ans  depuis  le  comencement  des  guerres  ; 
mais  corne  le  nomé  Le  Driau  qui  éloit  allé  à  In  campagne  der- 
niirt  au  serrice  nous  le  comartdement  du  S'  Chefdnbois  capitaine 
de  milices  au  régiroenl  de  Guébriant  n>s(  menv  de  retour  de  lad 
campagne,  c'est  pourquoy  led.  S'  de  Chefdubois  de  lordrc  de  S.  M. 
auroit  ordoné  auxd  paroissiens  de  fournir  incessament  un  soldat 
pour  faire  en  leur  acquit  la  campagne  présente  Ainsi  led.  pro- 
cureur terrien  ayant  trouvé  le  nomé  Alain  Vosselain  de  la  me  du 

(1)  Tocquevîlle  et  Boutaric  ont    alIIrmË  d'une  manière  absolue  que  le 
remplacemenl  était  interdit  dans  les  milices, 
(fanoien  régime  p    120).  [InstituUons  mililairea  p  «4). 


,yGooglc 


—  m  — 

Goiréqner  dnd.  Quimperlé  présaot  en  personDe,  qui  s'est  volontier 
offert  d'aller  pour  lesd.  paroisniens  au  service  du  Boy  pour  le 
temps  de  trois  ans  en  faneur  de  4S  livres  par  an,  lequel  Vasseltn 
8  esté  mesme  agréé  par  Icd.  S'  Capilaine. 

Partant  led  Jan  Le  Calvez  a  requis  lesd.  paroissiens  de  délibérer 
ce  louchant  ou  de  nomer  liindentre  eux  pour  aller  audit  service, 
ou  bien  de  trouver  quelques  autres  personnes  capables  qui  veuille 
y  aller  à  meilleur  marché. 

Sur  quoy  lous  les  habitants  ce  délibérant  onl  unanimement 
demeuré  d'accord  avec  led.  Alain  Vasselin,  des  conditions  qui  suit: 
Scavoir  que  led .  Vassclin  promet  et  s'oblige  par  corps  et  sur  le 
gage  et  vente  de  lous  ses  biens  daller  au  service  de  Sa  Majesté 
pour  lesd.  paroissiens  de  Trémèven  sous  le  comanderoeni  du 
S'  de  Chefdubois  on  tel  autre  qui  sera  en  sa  place  et  aux  endroits 
et  lieux  où  requis  sera,  pendant  trois  ans  consécutifs  à  comencer 
la  prochaine  campagne.  Pourquoi  Taire  le  général  des  paroissiens 
de  Tréméïen  promettent  de  payer  aud.Vasselinlasometie  iSiiore* 
par  chacun  an  et  campagne  qui  sera  payable  le  jour  ou  celui  qui 
prendera  ladite  campagne,  et  pendant  trois  ans  à  comencer  cette 
année,  et  pourra  outre  led.  Vasselin  faire  deux  queates  par  an  : 
l'une  do  bled  el  l'autre  de  viande  parmi  lesd.  paroissiens  ou  chacun 
lui  donnera  sa  volonté  durand  lesd.  trois  ans.  Et  au  cas  où  par 
malheur  led.  Vasselin  revient  de  larmée  estropié  dans  un  étal  à  ne 
pouvoir  gagner  sa  vie,  dans  celte  occasion  pourra  led.  soldat  faire 
encore  une  qneste  par  an  daus  lad.  paroisse  pendant  quil  sera 
estropié  de  la  sorte  et  outre  aura  led.  soldat  tes  deux  solds  par 
jour  durant  le  quartier  dhiver  les  années  quil  fera  campagne. 

A  tout  ce  que  devant  faire,  fournir,  tenir  et  accomplir  se  sont 
lesdites  parties  obligés.  Alain  Vasselin,  a  signé,  mais  tous  les  autres 
ct-devant  només  h  la  réserve  du  S'  recteur  affirmant  ne  savoir 
signer,  et  doutant  que  lad.  paroisse  de  Trémèven  est  une  petite 
paroisse  champestre,  nous  n'avons  pas  pu  trouver  de  prudhom- 
mes  pour  signer  à  leur  requête  •. 

Alain  Vasselin,  de  la  rue  du  Gorréquer  à  Quimperlé, 
contracte  donc  un  engagement  volontaire  et  se  soumet  à 
une  véritable  adjudication  ;  mais  bien  avisé,  pour  qu'il  n'y 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  ^42  — 

ait  pas  mécompte,  il  prévoit  toutes  éventualités  possibles,  et  îl 
pose,  en  conséquence,  les  conditions  précitées  ;  lesquelles 
acceptées.  Sa  Majesté  n'aura  de  plus  fidèle  milicien  que  «  le 
soldat  de  Tréméven  ».  D'ailleurs,  au  moment  du  tirage  le 
milicien  recevait  d'ordinaire  de  la  communauté  ou  de  ses 
camarades  une  somme  d'argent  qu'en  cartains  pays  on  appe- 
lait eonvenîion.  Cette  indemnité  qui  avait  pour  objet  de  con- 
soler le  jeune  homme  sur  les  rigueurs  du  sort,  fut  tour-à- 
tour  interdite  et  tolérée  par  l'administration.  (1) 


La  chanson  gauloise  et  le  roman  plus  ou  moins  historique, 
nous  ont  familiarisés  avec  le  recruteur  du  Quai  de  la  Ferraille 
ou  d'ailleurs  ;  avec  le  racoleur  plus  ou  moins  délicat,  aveu  le 
soldat  maraudeur  et  le  déserteur  de  l'armée  du  bon  vieux 
temps. 

En  l'absence  d'actes  authentiques  d'engagements,  il  ne 
nous  reste  comme  source  d'informations  que  les  pièces  de 
procédures  criminelles  et  d'enquêtes  sur  des  tentatives  de  vol 
et  de  violence  que  le  roi  réprouvait  et  que  les  intendants 
recherchaient  avec  passablement  de  diligence  :  ce  sont  des 
faits  exceptionnels,  contrariant  ce  qui  était  l'état  normal  et 
régulier  de  la  société  et  des  individus,  et  ces  actes  se 
présentent  en  relief  par  là  même,  justement  qu'ils  ne  se 
produisent  pas  tous  les  jours.  C'est  ainsi  que  l'on  doit 
considérer  les  faits  que  nous  rapportons  plus  bas  touchant 
le  racolement  sous  Louis  XIV. 

En  1692,  comme  il  l'explique  dans  s.i  plainte  à  M.  de  Nointel, 
"  le  lundy  troisiesme  du  mois  de  novembre,  Jean  Le  Floch  fust  en 
K  la  ville  de  Carhaix,  à  la  foire  de  la  Toussaint  et  pour  y  acheter  des 
«  bestiaux  dont  il  faict  commerce.  Peu  de  temps  apprès  son  arrivée 
(1  en  la  ditte  ville,  il  fut  abordé  de  quatre  ou  cinq  soldats  qui  y  sont 

(t)  Balwau,  Ui  vie  ruruU  p.  293. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  UB  - 

«  en  gardier  dhyver  de  la  compagitie  donl  le  8'  de  la  GoDdiDJère 
n  est  Ijeuienani  Ils  furent  saisirent  \ei.  suppliant  au  corps  et  le 
Il  constituèrent  prisonnier  aux  prisous  dud.  Carhaix  où.  il  est 
a  depuis  desienu,  et  pour  prétester  à  celle  violence  ils  disoient  que 
H  le  suppliant  esloit  engagé  au  seroice  du  Roy,  ce  qui  est  souti£ 
«  correction,  ledit  Le  Fl-ch  contestant  formeilemenl  awir  jamais 
«  donné  son  consentement  à  aucun  engagement,  ny  avoir  parlé 
«  ny  en  aucune  sociiii  atec  lesdils  soldats  en  aucune  manière  que 
a  ce  soit...  Ce  qui  oblige  le  pauvre  suppliant  d'avoir  recours  à  vos- 
<  tre  aultorité  pour  loster  de  b  L^plivit^  où  il  est  réduicl  gui  est  un 
•  attentat  aux  ordres  du  Roy  qui  fait  deffense  à  tous  officiers 
fl  de  prendre  aucun  de  ses  subjects  par  force  pour  son  service.... 

Le  pauvre  villageois  supplie  le  s' de  la  Gondtnière  de  lui 
faire  ouvrir  les  portes  de  la  prison  :  il  lui  fait  sommation 
par  un  notaire  royal  :  le  lieutenant  n'en  fait  nul  cas.  Enfin,  le 
bailli  de  Carhaix  reçoit  de  l'intendant,  ordre  d'enquêter. 

Trois  témoins  comparaissent  et  attestent  aussi  vrai,  que 
le  pauvre  Floch  avait  reçu  des  coups  de  baguettes  sur  la 
tète,  de  la  part  des  cinq  soldats,  au  marché  au  blé  jwir,  que 
jamais  il  n'avait  été  question  de  son  engagement  au  service  du 
roi  et  du  S' de  La  Goadinière.  capitaine  d'une  compagnie  fran- 
che de  la  marine.  Sans  compter  le  greffier,  dans  cette  informa 
tionil  y  avait  Alain  Floch,  trois  témoins  assignés,  et  le  bailli  : 
sur  ces  cinq,  certes,  ce  n'était  pas  le  bailli  qui  en  était  le 
moins  convaincu  ! 

L'intendant  de  Bretagne,  du  reste,  comme  tous  les  inten- 
dants des  autres  provinces,  avait  une  terrible  expérience  de 
ces  racolements  violents  qui  rappelaient  le  système  d'enrô- 
lement de  la  presse,  jadis  employé  largement  dans  la  vieille 
Angleterre  et  dont  on  avait  fait  une  institution.  Aussi  ne 
dùt-il  pas  être  surpris  à  la  lecture  de  la  plainte  suivante  à 
lui  adressée,  vers  avril  1693,  par  deux  pauvres  diables  do 
Poullaouen  auxquels  survint  la  triste  aventure  qu'ils  i-acontent 
par  le  ministère  de  M°  Berthelot. 


.yGoogIc 


—  *u  — 

A  monsieur  le  marquis  de  Noiniel,  vous  remontrent  très  humble- 
ment Jau  Carrer  et  Jan  Fol,  hommes  tasriés  et  pauvres  laboureurs 
de  la  paroisse  de  Poulaotleu,  prés  Csrbaîx,  que  le  mardy  qualriesme 
mars  dernier,  estant  allés  à  la  Toire  de  Scrignac,  leq.  Carel  pour 
vendre  un  cheval  et  leq.  Fol  pour  acbepler  des  bœufs,  le  nommé 
Bevot,  soldat  de  milice  de  la  paroisse  de  fierien,  s'est  déguisé  sous 
un  habit  de  païsan,  Tut  avec  le  nommé  Pierre  Bothorel  marchander 
led.  cheval  et,  le  prix  fait  à  18  livres,  ce  soldat  disi  à  Carer  de  le 
suyvre  dans  i'hoslellerye  pour  recevoir  son  argent.  Y  allant,  ils 
firent  rencontre  duq  Fol,  quils  menèrent  avec  eux  ;  après  avoir 
tous  montés  dans  une  chambre  de  lad.  hostellerye,  ce  soldai  déguisé 
flst  au  moment  monler  le  sieur  de  Kermétec,  offlcier  de  milice, 
avec  quatre  soldats,  lesquels  mirent  l'épée  à  la  main  et  se  saisirent 
desq.  Carer  et  Fol  disant  qu'ils  vouloient  les  faire  marcher  au 
service  du  .roy,  quoyque  la  paroisse  de  Poulaoïlen  ayt  fourny  ses 
soldats  et  que  leq.  sieur  de  Kermélec  ne  soit  point  offlcier  de  ce 
quartier  là,  et  après  les  avoir  liés  ensemble  d'une  manière  la  plus 
cruelle  qui  ayt  jamais  esté,  ayant  les  bras  et  les  mains  liées  par 
derrière  en  des  gesnes  extraordinaires.  On  les  flst  sortir  dans  cet 
estât  de  lad.  hostellerye  escortés  tant  duq.  sieur  de  Kermélec  que 
du  sieur  Lanurien,  son  frère,  du  sieur  Chevallier  de  Kermur,  des 
soldats  et  autres  qui  svoient  les  uns  le  pistolet  à  la  main  et  les 
autres  l'épée  et  furent  conduits  chez  leq.  sieur  de  Lanurien  père, 
où  ils  restèrent  toute  la  nuit  sans  esire  déliés,  sans  boire  ny  manger. 

Le  Lendemain  5'  duq.  mois  leq  sieur  de  Kermélec  et  deux  soldats 
les  conduisirent  à  Horlaix  liés  et  garollés  sur  des  chevaux  chez 
le  S'  du  Runiou  auq.  on  les  rendit  pour  les  envoler  au  sieur  de  Coa- 
damour  son  frère  capitaine  au  régiment  de  Picardie. 

Le  6,  lt>Ll.  sieur  du  Runiou  et  ses  gens  les  menèrent  a  GuingampI, 
le  7,  led.  Carer  s'échapa  dud.  Guiugampt,  et  Fol  faisant  ses  com- 
plaintes, et  se  désespérant,  il  y  eut  un  cavallier  se  disant  capittaine 
qui  luy  demanda  ce  qui!  avoil  et  luy  ayant  compté  la  chose,  il  luy 
dist  que  cela  estait  contre  linUnlion  du  Roy,  et  qu'il  n'entendoit 
pas  quon  prist  ses  gem  par  force,  si  bien  que  parlant  au  sieur  du 
Runiou,  OQ  lui  dist  pour  toute  response  quil  failloit  quil  mar- 
ehast  ou  quil  eusl  donné  de  l'argent  de  manière  pour  acquérir  sa 
liberté  il  fut  obligé  de  consentir  à  un  acte  de  60  livres  payable  dans 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


quinze  jours  à  Uorlaix  chez  Madame  du  Buniou  sans  sçavoir  au 
profil  de  qui  il  sobligeoii,  el  croit  que  ce  fui  led.  sieur  du  BudÎou 
qui  signa  pour  luy,  au  moyen  de  quoy  led,  sieur  du  Buniou  luy 
donna  un  billet  de  congé  qu'il  réréra  fuit  à  Chaslelaudren  quoyque 
ce  lut  à  Guimgampt.  lequel  ayant  fait  lire  il  se  trouva  qu'il  ne  por- 
tait congé  que  jusqu'au  jour  de  Saint-Michel  proctiain,  mais  de 
retourner  pour  le  Taire  changer,  il  n'osa  de  crainte  d'essuyer  encore 
quelques  violences,  et  comme  on  les  menace  encore  de  les  faire 
marcher,  ils  ont  recours  à  vous,  Monseigneur,  et  suplient  vostre 
Grandeur  de  les  délivrer  de  toutes  ces  ifersécutions,  vous  priant  de 
considérer  qu'il  f-e  commet  xm*  infinUé  de  pareilles  actions  dans 
la  lias  e-Bretagne  par  les  foires  el  marchés  si  bien  que  s'il  n'y  est 
remédié  il  n'y  aura  plus  de  liberté  publique,  el  le  commerce 
demeurera  entièrement  ruiné. 

Les  suppliants  réclament  protection  et  justice  et  en  ce  cas,  ils 
se  déclarent  à  l'intendant  :  n  obligés  de  prie'  pour  sa  santé  et 
prospérité.  » 

Signé  :  BERTHEI.OT,  Procureur. 

Le  recrutement  trouvait  une  clientèle  moins  grincheuse 
et  mieux  préparée  à  ses  avances,  même  à  Carbaix. 

Nicolas  Marion  est  détenu  aux  prisons  de  la  ville  :  pour 
quelque  coup  de  tête,  sans  doute,  car  rien  n'indique^  le 
crime,  le  délit  ou  la  contravention  qui  le  prive  du  grand 
air  et  du  soleil  du  bon  Dieu.  Dans  sa  supplique  à  M.  le 
sénéchal,  il  se  pose  en  victime  de  la  malveillance  :  on  a 
enquêté,  mais  il  proleste  avec  fierté  qu'  u  il  ne  s'est  point 

•  trouvé  de  preuves  de  ses  mauvaises  vyes  ;  a  néantmointz, 

•  toujours  détenu  d,  il  apprend  «  qu'il  y  a  un  capitaine  de 
«  la  part  de  Sa  Haiesté  pour  lecer  des  soldats  de  ceste  pro- 
«  vince  pour  le  soustien  de  ses  armes  ».  Notre  paladin  Car- 
haisien  se  sent  transporté  d'une  noble  ardeur  pour  une  t«lle 
cause  et  le  déclare  au  sénéchal  :  *  //  désire  aussy  soubz  le  bon 
plaisir -i  de -vostre  jusliceestreenrolléaunombredel'undeux... 

•  En  ordonnant  luy  faire  ouverture  des  prisons  ou  il  est 

•  debtenu.  comme  dit-il,  et  ferez  bien  ». 


n,g,t,7.cbyC00glC 


—  416  — 

La  pétition  est  communiquée  au  procureur  du  Roy  et  ses 
conclusions  sont  favorables  :  u  Veu  la  requeste  cydessus  je 

■  consens  pour  le  Roy  que  les  portes  des  prisons  soient 
1  ouvertes  audit  Nicolas  Marion,  observant  ses  offres  et  les 
t  effectuant  et  payant  la  dépense  à  la  geotie.  > 

Faict  et  conclut  à  Carhaix,  ce  jour  2&«  mars  1672. 

Philippe-Emmanuel  Olymakt,  p'  du  Roy. 

La  supplique  est  signée  par  Marion  d'une  écriture  fort 
belle  et  espérimentée,  de  récriture  d'un  notaire  qui  écrit 
bien.  Il  ne  fut  pas  besoin  d'un  Homère  ou  d'un  Virgile  pour 
chanter  les  exploits  du  jeune  engagé  ;  à  peine  deux  ans 
après,  à  son  tour  il  mettait  les  gens  en  prison  et  on  le  vovait 
général  et  d'armes  de  la  juridiction  de  Carhaix.  Sa  carrière 
militaire  fut  donc  courte,  supposé  qu'elle  eAt  été  bien  écla- 
tante. 

C'est  nn  devoir  de  ne  pas  oublier  que  c'est  à  Louis  XIV 
que  revient  l'honneur  de  mettre  un  terme,  ou  du  moins  de 
le  tenter,  aux  exactions  des  troupes  dans  les  campagnes. 
<  Si  le  capitaine  vole  le  soldat,  disait  d'Assoucy,  cela  s'ap- 
s  pelait  le  tour  du  bâton  ;  le  soldat  volé  par  le  capitaine 

■  vole  le  paysan,  et  ce  vol  s'appelle  vivre  sur  le  bonhomme  ; 
•  la  paysan  volé  prend  tout  ce  qu'il  rencontre  dans  son  dé- 

■  sespoir,  et  ce  vol  s'appelle  droit  de  représailles  n 
Mauvaise  aventure  pour  le  pays  où  cantonnaient  des  dra- 
gons !  Rien  de  moins  rassurant  que  la  rencontre  d'un  de 
leurs  régiments.  Ils  faisaient  métier  de  détrousser  et  de  déva- 
liser les  voyageurs.  On  se  félicitait  lorsqu'ils  ne  s'attaquaient 
qu'aux  basses-cours  et  ne  tordaient  le  cou  qu'aux  poulets. 
Dans  ce  pays  de  Carhaix,  pays  de  maraude  s'il  en  fut  alors, 
on  n'avait  pas  lieu  de  s'étonner  de  ces  faits  et  gestes  de  ces 
dragons  entreprenant  la  capture  de  bœufs  ou  de  poros  ; 
c'était  entrer  dans  les  coutumes  du  pays  tel  que  nous  le 
représentent  les  pièces  d'archives. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-iii  - 

Un  seul  fait,  mais  souvent  reproduit,  nous  édifiera  à  ce 
sujet.  En  i674,M^  Jean-Denis  Voisin  raconte  qac,le  22  mars, 
qui  était  un  mercredi,  il  arrivait  au  Tymeup  pour  relever  des 
dègàtscommis  pargensduquartier.il  se  trouve  nezà  nez  avec 
neuf  bâtes  à  cornes  :  suivant  la  coutume  usitée,  il  veut  leur 
faire  faire  route  <  pour  les  emparquer  »  ;  mais  voici  comment 
on  récompense  sa  bonne  intention  :  vingt-cinq  paysans, 
s  tant  hommes  que  femmes  »,  de  fondre  sur  lui,  o  lesquels 
B  lui  ayant  demandé  ce  quils  vouloient,  ils  luy  répondirent 
•c  quils  vouloient  luy  donner  unu  pièce  d'argant  alTm  quil 
i  lessât  aller  lesd.  bestiaux  et  non  pas  en  donner  cognois- 
«  sance  de  la  prise  quils  en  avoient  faict  au  chasteau  du 
n  Thymeur  a.  11  refuse  et  il  va  s'en  dire  qu'il  fut  grièvement 
maltraité  et  puni  de  s'occuper  des  affaires  qui  ne  le  regar- 
daient pas. 

Dans  une  information  faite  par  le  sénéchal  (22  mai  1693), 
nous  trouvons  relatés  les  sinistres  exploits  de  dragons,  en  la 
trêve  de  Locarn,  paroisse  de  Duault. 

Anne  Conan,  veuve  de  Jean  Coz,  68  ans,  dépose  : 

«  Que  le  merwedy  avani  le  mardy  gras  dernier,  environ  deux 
heures  de  nuit,  estant  en  sa  demeure  avec  Auqc  Nédellec,  sa  petite 
fille  âgée  d'environ  quinze  ans,  arrivèrent  six  dragons,  deux  des- 
quels enirenl  en  sa  maison  apprès  avoir  dëlacbé  la  porte  par  force 
el  violence  de  sa  siluation  ordinnaire  et  les  quatre  autres  demeu- 
rèrent aux  environs  ;  du  nombre  desquels  le  témoin  ne  connaît 
que  le  nommé  Landrétet  dit  La  Plumme,  qui  luy  n  esté  ce  jour 
représenté  aux  prisons  de  celte  ville,  el  quelle  a  reconnu  pour  un 
Jesdils  dragons.  El  nous  a  dit  que  les  dragons  qui  entrèrent  en 
sadilo  demeure  enfoncèrent  sou  armoir  et  en  emportèrent  tout  ce 
quy  se  trouve  dedans,  tant  linges,  bardes  que  papiers  el  une  pièce 
de  tnillc  de  chanvre  deslouppe  de  iranle  aulnes.  Ce  que  lad.  Nédel- 
lec ayant  remarqué  et  s'estant  mis  à  crier,  l'un  des  dragons  lui  jeta 
une  de  ses  cbeinises,  et  lad.  témoin  voyante  aussi  que  lesd.  dragons 
pillaient  sa  maison  cria  à  la  force,  et  lad,  Nédellec  s'estant  eschappée 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


H9  - 

alla  chercher  Marie  JouaD,  demeurante  au  village  de  Peuchoai  (et 
autres  feDimes),  de  plus  elle  eutendit  plusieurs  fois  audit  Landrévet 
qui]  Tallait  violer  lad.  Nédellec  et  les  auirts  femmes  qui  se  trou- 
voieut,  et  pendant  la  nuit  lesd.  dragons  mangeoieat  tout  ce  quils 
trouvoient  en  cette  maison,  faisants  cuire  du  lart,  buvant  pres- 
que une  barrique  de  cidre,  et  laissant  couler  le  surplus  en  empor- 
tants deux  coste  de  larl,  deux  gros  plotoas  de  grusse  quon  appelle 
de  loing  et  tout  ce  quils  trouvoienl  à  leur  bien  sËanc«,  voulu  ent 

mesme  amener  les  bestiaux et  se  relirérent  en  le  point  du 

jour,  jurant  excicrabttmenl  le  naint  nom  de  Dieu  et  battirent 
cruelUment  fai  diposanle.  Dit  de  plus  quelle  s'adressa  au  sieur 
du  Gage,  lequel  escrivit  au  sieur  de  Sailly,  lieutenant-colonel  dudit 
régimant,  lequel  luy  promis  de  la  faire  payer  et  croit  en  sa  cons- 
cience que  la  perte  quelle  a  faite  peut  monlir  à  la  somme  de  cent 

vingt  livres,  sans  comprendre  la  perte  de  ses  papiers Adjoint 

qiton  la  voulu  forcer  de  donner  une  déclaration  comment  ell  ■ 
avoit  esté  satisfaite,  ce  quelle  eu  garde  de  faire,  n'ayant  jamai» 
rien  reçu.  • 

Les  autres  dépositions  ne  font  que  connrmer  ce  qu'avait 
dit  Anna  Conan  :  un  d'eux  confronté  avec  le  dragon  «  a 
reconnu  Landrévet  pour  estre  celuy  des  dragons  qui  parlait 
breton.  » 

D'autres  charges  sont  relevées  contre  ce  type  du  méchant 
maraudeur  :  délit  de  grivellerie  chez  les  hâtes  de  Carhaix, 
et  attaque  à  main  armée  avec  complicité  du  ■■  soldat  de  Mo- 
treff  n,  et  d'un  autre  de  même  acabit,  contre  des  charretiers 
transportant  du  viu  de  la  ville  de  Quimperlé. 

En  terminant  cette  étude  de  moeurs,  nous  présentons  un 
échantillon  du  Déserteur,  de  ce  fameux  déserteur  mis  tant  de 
fois  au  théâtre,  autant  de  fois  peut-être  qu'il  fut  mis  en  prison 
par  la  maréchaussée. 

Antoine  Ferrouillat  est  un  type  très  suggestif  du  Déserteur 
de  l'ancien  régime.  Le  10  janvier,  1700  il  se  trouve,  à  sa 
grande  surprise,  écroué  aux  prisons  de  Carhaix.  Natif  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


-  m  - 

Saint-Antoine,  diocèse  de  Vienne  en  Dauphiné,  âgé  de  vingt 
neul  ans.  sergent  de  marine  en  même  temps  que  «  peintn 
entoiles  en  forme  d'indienne  «,  au  cours  de  son  odyssée,  il 
rencontre  à  Saint-Malo,  Gilette  Marchand,  originaire  du 
diocèse  de  Saint-Brieuc  qui  l'accompagna.  A  Morlaix,  ils 
trouvent  une  jeune  fille,  Marie  Guyonic  et  lui  proposent  de 
lui  montrer  le  procédé  de  peintures  d'indiennes  ;  celle-ci  qui 
avait  perdu  son  père  depuis  dix  ans,  accepte,  entre  dans  ce 
'^aux  ménage  et  le  suit  à  Landerneau,  puis  à  Carhaix.  Subor- 
née par  Antoine  Ferrouîllat,  elle  exige  le  mariage  ;  il  refuse, 
s'opiniâtre  à  refuser,  puis,  après  des  réflexions,  sans  doute 
aussi  mûres  qu'elles  avaient  été  longues,  il  demande  la  main 
qui  lui  avait  donné  des  fers  et  il  est  délivré  en  même  temps 
et  de  sa  captivité  et  de  la  vie  commune  avec  Gilette  Mar- 
chand. Le  mariage  se  fit  le  28  juin  par  le  ministère  du  Rec- 
teur de  Saint-Quigeau  en  la  chapelle  estant  audit  auditoire, 
c'est-à-dire  dans  la  chapelle  St-Yves. 

Lorsque  Ferrouillat  comparut  pour  la  première  fois  devant 
le  juge,  après  avoir  décliné,  sa  profession  «  de  peintre 
de  toiles  en  forme  d'indienne  «  il  ajouta  avec  assurance  sa 
qualité  de  «  sergent  de  la  compagnie  de  Marine  du  sieur  Che- 
valier de  Langeron  n,  et  étant  depuis  trois  mois  en  cette 
ville.  Le  juge  lui  fit  observer  avec  surprise  que  s'il  était  ser- 
gent de  marine  il  devait  être  au  service.  Le  prévenu  lui  donna 
sans  hésiter  cette  réponse  a  qu'il  est  des  amis  du  chevalier 
"  Langeron  son  capitaine  et  son  frère  l'abbé,  quy  luy  permet 
•  daller  ou  bon  luy  semblera  ».  Le  juge  dut  sentir  croître 
son  étonnemeut  d'apprendre  que  le  chevalier  et  son  frère 
l'abbé  étaient  si  faciles  dans  le  choix  de  leurs  amis. 

On  pourra  lire  avec  intérêt  l'inventaire  des  meubles 
meublants  et  professionnels  de  ce  trio  nomade  (1). 

{I)  Deux  linceuls  servnnt  de  rideaux,  eldcux  aulres  linceuls  le  tout  en 
toile  de  Un,  avec  une  couverture  de  leine  blanche,  deux  oreillers  de  plumes 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  426  — 

En  compulsant  ces  docnmenfs  rétropectifs,  en  constatant 
les  terreurs  qui  s'emparaient  du  milicien  lorsqu'il  se  trou- 
vait, taiblc  et  ignorant,  en  présence  de  cet  inconnu 
insondable  où  le  sort  le  précipitait,  nous  revenait  à  la 
mémoire  une  lettre  fameuse  de  la  trop  spirituelle  marquise 
de  Sévigné. 

■  C'est  une  étrange  chose  que  de  voir  mettre  le  chapeau  à 

■  des  gens  qui  n'ont  jamais  eu  que  des  bonnets  bleus  sur  la 

•  tête  ;  ils  ne  peuvent  comprendre  l'exercice  ni  ce  qu'on  leur 
1  défend:quandilsavoient  leur  mousquet  sur  l'épaule,  et  que 
«  M.  de  Chaulnes  paraissait,  s'ils  voulaient  le  saluer  l'arme 

■  tombait  d'un  côté  et  le  chapeau  de  l'autre  ;  on  leur  a  dit 

■  qu'il  ne  fallait  point  saluer  ;  le  moment  daprès,  quand  ils 

•  étaient  désarmés,  s'ils  voyaient  passer  M.  de  Chaulnes, 


demy  catalolgne  de  leine,  un  vaissillier  à  i  planches  y  nyanl  un  plact.  une 
assiette,  une  pelKe  raazarine  el  deux  porte  placts,  3  quilliers  et  deux 
lourctiettcs  le  toul  dcstaio,  un  petit  chandelier  de  cuivre,  uae  tasse  de  verre 
el  deux  bouteilles  aussy  de  verres,  et  une  petite  flolle,  plus  deux  tables  et 
deux  ché^esde  (lovanjat)  et  deux  tablicii  faits  de  planche  p  t  Ile 
tattinfure,  une  petite  lasse  d'estain,  une  perre  de  soûl  t  pe       d 

batz  de  leine  bleuile  usage  de  lllles,  un  trepier,  une  gr  II  p  II    ù  f 

le  tout  de  ter,  un  petit  sotiHlet,  deux  bj^ules  de  farine  d    se  gle        d 
pochons,  4  rasoirs,  un  cadenat,  deux  perrcs  d'heures  d     t  I  t  R      ) 

d'argent,  un  estamy  de  cria  et  un  placl  de   terre,   deu     J  bel  I      d 

camelot,  l'autre  de   mousseline  noire,  denx  cruvattes  d  sel 

coelles,  deux  bonnets  de  nuit  à  home  dont  l'un  est  picq  é  m  h  i  d 
lllles.  i  manchettes,  un  tablier  à  QUe  de  loille  rayé  bl  H  l  l  bl 
destamine.  deux  vestes  à  home  dont  lun  noir  et  l'autre  bl  1 
ches,  autre  veste  couleur  noisette  ayant  ses  manches  u  q  11  it  h]  II  ëe 
un  corset,  un  poillon  de  cuivre,  Hl  pieuses  de  {mulielt)  de  bois  pour  impti- 
mer  la  'oilU.  un  petit  colTre  bahui  dans  lequel  il  y  a  soixante  et  dix  buit 
cscheux  de  Kl  de  lin  deslîÉ  y  comprins  celuy  qui  est  sur  le  dôvjdoué  et 
trois  [useanx  chargés  de  mesme  111  plus  unautr  polit  paquet  de  111  de  lin 
y  ayant  i  escheux  fil  de  Morlaix.  un  b.issin  d'airain  de  deux  scesux,  2 
buyes  a  eau,  une'deniie  pochée  de  cherlMn,  un  pistouet  avec  so  placque. 
De  plus  ayant  fait  ouverture  d'un  grand  coltre  bahut  estant  dans  ladite 
uhambre  y  ayant  remarqua  un  mirouerct  plusieurs  autres  nippes  l'on  lemié 


■n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  421   — 

1  ils  enfonçaient  leurs  chapeaux  avec  leurs  deux  mains  et 
<•  se  gardaient  bien  de  saluer.  On  leur  a  dit  que  lorsquils 
■  sont  dans  les  rangs,  ils  ne  doivent  aller  ni  à  droite  ni 
»  à  gauche  ;  ils  se  laissent  rouer,  l'autre  jour,  par  le  carosse 
a  de  madame  de  Chaulnes,  sans  vouloir  se  retirer  d'un  seul 
«  pas,  quoiqu'on  putdire.En^M,  ma  fille,  nos  Bas- Bretons  sont 

•  étranges,  et  je  ne  sais  comment  faisait  lier  trand  Duguesclin, 

•  pour  les  avoir  rendus,  en  son  temps,  les  meilleurs  soldats  de 
«  France.  « 

IjB  Bas-BretoD,  impressionnable  par  tempérament,  ne 
tremble  devant  le  péril  que  lorsqu'il  ne  voit  pas  en  face  :  si 
au  commencement  de  l'action,  il  hésite,  c'est  qu'il  est  le 
jouet  d'une  illusion  d'optique,  qui  peut  le  troubler  momenta- 
nément,mais  qui  disparaît  lorsqu'il  a  touché  le  danger,  qu'il 
s'en  est  rendu  compte,  qu'il  l'a  mesuré.  La  mort  ne  l'épou- 
vante pas  :  il  est  familiarisé  avec  elle  :  il  n'appréhende  que 
l'inconnu  el  ses  surprises.  Disons-le  avec  une  patriotique 
fierté,  dans  ce  milicien  trembleur,  dans  ce  paysan  dupé  par 
un  recruteur  peu  scrupuleux,  pris  de  force  môme,  il  y  avait 
un  soldat,  un  brave  soldat  :  il  sulfisait  de  l'en  tirer  par  une 
expérience  et  une  éducation  vraiment  militaires.  Assoupli, 
dressé,  entraîné  par  la  manœuvre  et  par  la  discipline,  atta- 
ché A  ses  chefs  qui  n'étaient  pas  des  soudards,  il  devient  ce 
soldat  patient,  obstiné,  plein  d'endurance  qui  avance  tou- 
jours et  ne  recule  jamais  quand  il  a  devant  les  yeux  l'exem- 
ple d'un  l.a  Tour-d'Auvergne  ou  d'un  général  Lambert,  deux 
glorieux  fils  de  la  ville  de  Carhaix,  ou  lorsqu'il  a  la  bonne 
fortune  de  suivre  un  Duguesclin. 

La  marquise  de  Sévigné  n'était  pas  bretonne  :  mais  nous, 
nous  savons  bien  -somment  faisait  Bertrand  Duguesclin  pour 
awir  rendu,  en  son  temps,  les  Bas-Bretons  les  meilleurs 
soldats  de  France  ! 

Abbé  Antoine  FAVÉ. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


XXIX, 

TUMULUS  ET  MONUMEINT  CIKCULAIKË 

De  KERAHBRICIUKIV,  en  Elliant 

La  commune  d'EUiant  n'est  pas  mentionnée  dans  les  listes 
detumuluspubliéesjusqu'icipourledépartement  du  Finistère. 
Elle  contient  peu  de  landes,  car  la  terre  y  est  généralement 
de  bonne  qualité  :  aussi  les  défrichements  et  le  labourage 
ont-îls  dû  niveler  et  faire  disparaître  beaucoup  de  monuments. 
Cependant  tous  n'ont  pas  été  détruits,  entre  autres  le  mur 
circulaire  de  Keranbriguen. 

La  butte  qui  le  recouvre  est  peu  saillante,  elle  a  la 
forme  d'une  calotte  spbérique  très  aplatie,  mais  je  n'y  ai  vu 
avec  quelque  certitude  un  ouvrage  préhistorique  que  cette 
année,  quand  après  une  récolte  d'avoine,  j'ai  pu  constater 
une  différence  très  sensible  entre  la  terre  dn  champ  et  celle 
de  la  butte. 

Le  tumulus  se  trouve  dans  un  champ  dit  Pare-an-GrigHen{l  ), 
dépendant  de  la  métairie  de  Keranbriguet),  en  Elliant,  Il  est 
contigu  à  l'ancienne  grande  route  de  Concarneau  à  Carhaix, 
chemin  qui  est  encore  connu  sous  te  nom  de  n  chemin  des 
Poissonniers  »  et  qui  sert  de  limite  aux  communes  d'Rlliant 
et  de  Rosporden.  Ce  tumulus  se  trouve  sur  un  point  culmi- 
nant coté  132  sur  la  carte  de  l'état-major,  à  égale  distance 
des  deux  villages  de  Keranbriguen  et  de  Kerzanner,  en 
Rosporden. 

Le  diamètre  de  la  butte  est  d'environ  30  mètres,  tandis 
que  la  hauteur  est  d'au  plus  60  centimètres.  Celte  forme  si 
aplatie  tient  évidemment  au  travail  répété  de  la  charrue. 

Après  quelques  sondages  qui  n'avaient  fourni  aucun  ren- 
seigoement  précis,  j'ai  commencé  les  fouilles  le  9  novembre, 

(I)  Krign,  sec,  aride  (Legonidec}, 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  423  — 

en  ouvrant  deux  tranchées  d'un  mètre  de  largeur  se  dirigeant 
vers  le  centre  du  moQument.Au  bout  d  une  heure, la  piochedes 
ouvriers  rencontra  à  moins  de  30  centimètres  de  profondeur 
et  dans  chacune  des  deux  tranchées  des  murs  en  pierres  sèches 
de  25  centimètres  d'épaisseur.  En  e^caminant  leur  direction 
j'ai  cru  reconnaître  un  arc  de  cercle  dont  il  était  possible  de 
déterminer  le  centre  et  la  circonférence.  Quelques  sondages 
rapidement  exécutés  ont  vérifié  cette  hypothèse  en  révélant 
l'existence  d'un  mur  circulaire  exactement  situé  au  centre  du 
tumulus  et  ne  présentant  aucune  lacune. 

Il  était  indiqué  de  poursuivre  les  recherches  en  déblayant 
jusqu'au  terrain  naturel,  d'abord  l'intérieur  de  cette  enceinte 
en  totalité,  puis  quelques  points  à  l'extérieur.  Ces  fouilles 
ont  donnée  lieu  aux  constatations  suivantes. 

Dans  la  partie  centrale  du  tumulus  le  sol  naturel  a  été 
primitivement  fouillé,  en  forme  d'une  fosse  à  peu  près  circu- 
laire de  7  à  8  mètres  de  diamètre.  La  profondeur  moyenne 
est  d'environ  70  centimètres,  et  elle  atteint  90  centimètres 
au  centre  du  tumulus  et  en  un  point  situé  à  l'extérieur  du 
cercle  et  à  l'Est.  Sur  ces  deux  points  il  y  a  des  traces  évi- 
dentes d'anciens  foyers. 

La  fosse  a  été  ensuite  remblayée  d'environ  25  centimètres 
pour  former  une  plate-forme  sensiblement  horizontale 
sur  laquelle  sont  établies  les  fondations  du  mur  circulaire. 
Le  remblai  de  cette  première  couche  est  formé  par  une  terre 
argileuse  que  l'on  retrouve  du  reste  dans  tout  le  corps  du 
tumulus  mélangée  de  charbons  et  de  débris  de  poterie. 

Le  mur  a  une  hauteur  assez  uniforme  de  60  centimètres, 
et  une  épaisseur  de  20  à  25  centimètres  à  sa  partie  supé- 
rieure qui  est  horizontale.  Il  est  formé  de  moellons  bruts 
qui  ne  présentent  aucune  trace  de  taille,  et  qui  sont  assez 
régulièrement  disposés, du  moins  àl'extérieur  ;  on  y  reconnaît 
l'intention  d'établir  un  parement  en  talus  donnant  de  ce  côté 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  4M  — 

au  mur  une  surépaisseur  de  25  à  30  centimètres.  A  l'intérieur 
la  surépaissenr  du  mur  est  très  irrégulère  et  dans  la  partie 
inférieure,  îl  n'y  a  aucune  trace  de  parement  :  par  contre  à 
la  partie  supérieure  se  trouvent  des  pierres  plates  posées 
de  champ  et  fortement  inclinées.  Elles  ne  reposent  pas  géné- 
ralement sur  le  mur,  mais  sur  un  remblai  de  40  centimètres 
d'épaisseur  ;  le  profit  transversal  adopté  pour  résister  à  la 
poussée  des  terres  s'expliquerait  et  serait  ainsi  très  rationnel. 

Le  mur  était  intact  quand  je  l'ai  fait  dégager  complètement  : 
car  il  ne  manquait  au  couronnement  que  deux  pierres  qui 
avaient  été  déplacées  cette  année  môme  par  la  charrue. 
Les  matériaux  qui  entrent  dans  la  composition  du  mur  pro- 
viennent très  probablement  d'un  coteau  situé  A  un  kilomètre 
au  Nord-Ouest.  11  n'y  a  aucune  apparence  de  mortier. 

Dans  toute  la  partie  du  tumulus  et  de  la  fosse  les  terres  ont 
présenté  le  même  caractère.  Plus  argileuse  que  dans  le  reste 
du  champ,  elles  renfermaient,  surtout  à  l'intérieur  du  cercle, 
en  proportion  plus  ou  moins  considérable  et  toujours  inti- 
mement mélangées,  des  fragments  de  charbon,  de  poteries' 
de  terre  brûlée  et  plus  rarement  des  cendres. 

Les  morceaux  de  charbon  avaient  fréquemment  conservé 
leurs  dimensions,  diamètre  de  2  centimètres  et  longueur  de 
5  à  6  centimètres,  terminés  par  des  sections  très  nettes.  Sur 
quelques  points  les  traces  de  charbons  étaient  plus  abon- 
dantes et  accompagnées  de  cendres.  A  un  moment,  j'ai- 
remarqué  au  fond  delà  fouille  trois  couches  minces  de  charbon 
et  de  terre  alternant  sur  une  hauteur  de  10  centimètres.  Les 
traces  de  foyers  étaient  plus  apparentes  également  sur  un 
point,  qui  est  situé  à  l'extérieur  et  à  l'Est  du  monument, 
point  que  j'ai  déjà  mentionne  en  raison  de  la  plus  grande 
profondeur  de  la  fouille. 

Les  fragments  de  poterie,  et  peut-être  d'argile  cuite, 
étaient  nombreux    et    en    général  de    dimension  insigni- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  -125  — 

fiunte.  Trois  morceaux  de  pâte  très  grossière  provenaieot 
du  goulot  d'anciens  vases. 

En  dehors  de  ces  débris,  je  n'ai  recueilli  que  trois  frag- 
ments de  silex  pyrom^ique,  dont  l'un  doit  être  classé  comme 
grattoir,  et  quelques  pierres  en  schiste  granitique  grossiè- 
rement taillées,  que  l'on  pourrait  assimiler  à  des  instruments 
des  époques  préhistoriques.  Malgré  l'examen  le  plus  minu- 
tieux, il  n'a  été  rencontré  aucune  trace  d'ossements  ou 
d'objets  métalliques. 

L'âge  et  la  destination  de  ce  monument  paraissent  difficiles 
à- déterminer,  et  son  ancienneté  relative  ne  peut  être  estimée 
que  par  comparaison  avec  d'autres  monuments  présentant 
quelques  points  de  ressemblance. 

Par  la  nature  et  le  mode  d'emploi  des  matériaux  on  peut 
rapprocher  le  mur  de  Kcranbriguen  des  murs  sous  tumulus 
de  Kervern,  en  Plozévet,  fouillés  par  M.  du  Chatellier,  qui 
contiennent  des  sépultures  par  incinération,  mais  ces  murs 
ont  en  réalité  la  forme  d'un  fer  à  cheval  très  fermé,  ce  qui 
indique  l'emplacement  de  l'entrée  et  par  suite  leur  caractère 
d'enceinte.  A  Keranbriguen,  tl  n'y  a  aucune  lacune 'dans  le 
mur. 

L'analogie  serait  plus  grande  avec  le  mur  circulaire  sous 
tumulus  de  Lann-Kerhan,  en  Saint-Philbert,  près  Carnac, 
fouillé  par  M.  Le  Rouzic  en  1897.  Celle  enceinte  a  un  dia- 
mètre de  7  mètres  50  sans  ouverture.  Le  mur,  qui  a  une 
hauteur  de  20  à  55  centimètres,  est  formé  de  pierres  gros- 
sières. Il  n'a  pas  de  parement  intérieur,  mais  le  parement 
extérieur  est  régulier.  M.  Le  Rouzic  ajoute  que  »  ce  pare- 
0  ment  paraît  être  maçonné  avec  du  mortier  ».  Les  terres  du 
tumulus  ont  présenté  comme  à  Keranbriguen  un  mélange 
intime  de  charbon  et  de  terre  brûlée,  des  traces  de  foyer  et 
nne  absence  presque  complète  de  meuus  objets.  A  l'intérieur 
du  monument,  le  remblai  repose  sur  une  couche  générale  de 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  428  — 

grosses  pierres,  qui  repose  elle-même  sur  une  couche  de 
terre  blanchâtre  de  25  centimètres  d'épaisseur  moyenne.  Un 
vase  en  terre  grossière  a  été  recueilli  à  85  centimètres  de 
profondeur.  On  est  donc  en  présence  d'une  sépulture  par 
incinération  sans  dolmen  et  bien  caractérisée.  Quant  à  son 
ancienneté,  elle  ne  saurait  être  très  grande  en  raison  de 
la  présence  de  mortier  dans  le  parement  du  mur. 

L'existence  de  murs  en  pierres  sèches  a  été  également  cons- 
tatée dans  le  Morbihan  à  plusieurs  reprises.  Quelques-uns 
sont  circulaires, d'autres,  décrits  en  1882  par  M.  l'abbé  Luco, 
se  présentaient  sous  la  forme  d'enceintes  quadrang^laires 
d'environ  35  mètres  sur  12  mètres,  qui  étaient  accompagnés 
de  menhirs  et  renfermaient  quelques  constructions  circu- 
laires :  mais  ces  constructions  avaient  la  forme  de  voûte  de 
80  centimètres  de  hauteur  et  4  mètres  de  diamètre,  et  elles 
ont  été  qualifiées  «  ruches  de  crémation  ». 

Jerappellerai  enfin  un  monument  découvert  par  M,  du  Cha- 
tellier  à  Kerbascat,  en  Tréguennec,  mur  circulaire  continu 
de  80  centimètres  de  hauteur  environ  et  de  6  mètres  30  de 
diamètre.  Ce  mur  n'a  pas  de  parement  à  l'intérieur  ;  le  pare- 
ment extérieur  présente  un  fruit  de  28  centimètres.  Ce  n'est 
pas  une  enceinte,  mais  un  véritable  mur  de  soutènement,  que 
motive  l'existence  d'une  plate-forme  intérieure  surélevée. 
Peut-être  était  ce  en  vue  de  l'accomplissement  de  certaines 
cérémonies  qui  auraient  suivi  l'incinération  des  corps  ou  des 
victimes.  Je  dois  ajouter  que  le  parement  extérieur  du  mur 
B  fait  en  pierres  plates  avec  un  très  grand  soin  et  par  rangs 
B  échantillonnés  n  indique  un  degré  de  civilisation  assez 
avancé,  ce  que  confirme,  d'ailleurs,  la  découverte  à  proximité 
d'une  urne  en  poterie  faite  à  la  main,  mais  d'une  pâte  fine  et 
élégamment  décorée.  M.  du  Chatellier  croit  ce  monument 
de  l'époque  gauloise,  avant  la  conquête. 

Le  mur  circulaire  de  Keranbriguen,  malgré  son  analogie 
sur  certains  points  avec  d'autres  monuments  dont  la  descrip- 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  427  — 

tion  a  été  publiée,  représente  un  type  dont  l'identique,  à  ma 
connaissance,  n'avait  pas  encore  été  rencontré.  J'ai  donc 
Jugé  nécessaire  d'en  signaler  l'existence  A  l'honorable 
Président  de  notre  Société  si  compétent  sur  tout  ce  qui  tou- 
che à  l'Archéologie  préhistorique.  Le  monument  était  alors 
dans  l'état  représenté  dans  la  photographie  qui  accompagne 
cette  note.  L'enceinte  avait  été  remblayée  complètement  à 
l'intérieur  en  laissant  seulement  à  découvert  la  rangée  de 
pierres  fortement  inclinées  qui  termine  le  mur. 

D'après  M.  du  Chatellier  qui  est  venu  sur  place  examioer 
le  monument,  ainsi  que  les  quelques  objets  recueillis  dans  les 
fouilles,  le  tumulus  et  le  mur  de  Keranbriguen  devraient  être 
considérés  comme  contemporains  du  commencement  de 
l'époque  du  bronze. 

VILLIERS  DU  TEKRAGE. 

Kermtniby,  en  Hosporden.  —  Décembre  I89S. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


—  4SS  — 

TABLE   DES   MATIÈRES 

DU   TOME  XXV 

PREMIÈRE    PARTIE 


Table  des  Proeès-Yerbaux  des  délibérations  de  la  Société 
Archéologique  da  Finistère  en  4898. 

Liste  des  Sociétairbs 1 

Echanges  ou  services  gratuits 13 

SÉANCE  DU  27  Janvier    [ 

MH.  DU  Crbst  de  Villeneuve  et  Lbprince  sont  élus  mem- 
bres de  la  CommissiOD  de  comptabilité. 

SÉANCE  DU  24  FÉVRIER XIII. 

DémissioD  de  H.  te  D"  Corre.  vice-président  de  la  Société. 
-  RépoDse  de  M.  le  Maire  de  Carhaix  au  vœu  émis  par 
la  Société  an  sujet  de  la  coDservation  de  l'aqueduc 
romala.  —  Observations  de  M.  du  Ckatellier  sur  une 
statuette  étudiée  par  H  Avbneau  de  la  Grahuêre. 
Séance  du  31  Uars XXI 

Demande  de  renseignements  faite  au  nom  de  H.  Cartailhac 
par  M.  DU  CHATENLiEn  sur  des  vases  en  lerre  cuite  trou- 
vés en  1874  dans  les  environs  de  Ouimpiîr.  —  Notice 
de  H.  le  comte  de  Kerdrel  sur  un  tumulus  situé  dans 
les  bois  de  Keruzoret  (Plouvorn)  ;  observations  de  H.  du 
Chatbllier:  don  fait  à  la  Société  par  M.  de  Kerdrel 
de  divers  objets  trouvés  dans  ce  tumulus. 
SÉANCE  DU  28  Avril XXV 

Admission  de  M.  Georges  Guëpin  comme  sociétaire.  - 
Echange  du  bulletin  avec  celui  du  Comité  d'histoire 
ecclésiastique  et  d'archéologie  religieuse  des  diocèses  de 
Valence,  Gap,  Grenoble  et  Viviers.  -  Dépôt  par  M.  dl' 
Cbest  de  Villeneuve  du  rapiiort  de  la  Commission  des 
Unances,  —  Devis  présenté  par  le  même  des  ft-ais  de 
réparation  des  étagâres  de  la  biblioltiëque.  —  Exhibition 
par  M,  DU  Chatbllier  do  pointes  de  Oèches  eu  silex 
trouvés  par  lui  à  Plonéour-Lauvern. 
SÉANCE  DU  26  Hat XXXIU 

La  Société  des  bibliophiles  bretons  communique  le  pro- 
gramme du  concours  ouvert  à  l'occasion  du  Cinquante- 
naire des  funéraillti  de  Chateaubriand.  —  Renseigne- 
ments donnés  par  N.  Abgball  au  sujet  de  trois  arcades 
de  l'aucienue  église  de  Penbars  ;  la  Société  émet  le  vœu 
que  ces  arcades  soient  conservées. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


SÉANCE  BU  30  Juin XXXVII 

Admission  de  M.  l'sbbé  Rolland  comme  membre  de  la 
Société.  —  CouIhbutioD  de  la  Sociélé  polymalhique  du 
UorbihaD  aux  frais  du  buste  de  M.  A.  du  Chatellieb, 
—  Pélilicm  des  arcbéologues  de  Nevers  demandant  In 
cuDservfilioD  d'un  mur  ancien  de  celte  ville.  -  Commu- 
nication sur  l'étal  de  l'église  de  Lambour  ;  notes  de  M, 
ÂBGBALL  sur  cet  édilice. 
SÉANCE  DU  28  Juillet XLV 

Election  des  membres  du  bureau.  -  Renseignements 
donnés  par  U.  du  Crest  de  Vili-bneuve  sur  la  question 
de  l'église  de  Lambour.  -  Communication  d'un  arrêté 
minlslériel  classant  comme  monument  historique  les  ver- 
rières d'Ergué-Gabéric.  -  Communications  de  M. Trévédy. 
SÉANCE  DU  25  Août XUX 

Discours  de  M.  du  Chatellier  réélu  président.  —  Admis- 
sion de  M.  l'abbé  Roull,  curé  de  Saint-Louis  de  Brest, 
comme  membre  de  la  Société.  —  M.  l'abbé  Guiriec 
donne  au  musée  un  Iragaient  de  poterie  sauiienne  trouvé 
à  Feunlenyou,  en  Mellac.  -  M.  du  Chatellier  lit  une 
lettre  annonçant  le  voyage  à  Ouimper  des  membres  de 
la  Société  archéologique  de  Tarn-el-Garonne.  ~  Com- 
munication du  pro^^ramme  du  Congrès  des  Sociétés 
savantes  qui  se  réunira  à  Toulouse  en  1899. 
SÉANCE  DU  27  Octobre LXV 

Envoi  de  la  première  partie  du  Cartulaire  de  Landévennec  ■ 
à  la  Société  archéologique  de  Bruxelles.  ■  M.  nu  Crest 
DE  Villeneuve  rend  compte  de  la  session  du  Congrès  de 
l'Association  bretonne  tenu  k  Vannes  {communications 
de  MH.  AvENEAU  de  la  GnANCiERE  et  Abgball.  —  Con- 
tributiou  de  l'Associnliou  bretonne  aux  frais  du  buste  de 
M.  A  nu  Chatellibr.  —  Notice  de  M.  Paul  du  Chatel- 
UER  sur  la  pierre  gravée  de  Kermaria,  en  Pont-l'Abbé. 
SÉANCE  DU  24  Novembre LXIX 

Félicitations  à  M  Le  Bbaz,  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, lauréat  de  l'Académie  française.  ~  Echange  du 
bulletin  et  des  publications  de  la  Commission  historique 
du  département  du  Nord.  —  Notes  de  U.  Le  Carguet  sur 
les  feus  de  la  Saint-Jean.  -  Observations  de  MM.  Le 
Uraz  et  Jenkïn  Jones, 

SÉANCE  DU  29   DÉCEMBRE LXXVII 

Notes  complémentaires  de  H.  Le  Carguet  sur  l'origine  des 
feux  de  la  Saint-Jean.  —  H.  le  Président  lit  une  notice 
nécrologique  sur  les  membres  de  la  Sociélé  décédés  dans 
le  courant  de  l'année  :  MM.  le  vicomte  de  Kerdrel,  Puig 

DE  RlTALONGI,  DE  LÉCLUSE-TbËVOÉDAL,  BLANCHET  DE  LA 

Sablière,  Ugr  VALLEAU,évêque  de  Quimper,  président 
d'bonneur  de  la  Société.—  La  séance  est  levée  en  signe 
de  deuil. 


n,g,t,7.cbyGOOglC 


DEUXIÈME    PARTIE 


Table  des  Pièces  annexées  aux  Procès-Verbaux  en  iS98. 


Pages 
La  ritolle  dite  du  Papier  timbré  ou  de*  bontuis  rouges 
en  Bretagne  en  1S7S,  par  H.  J.  Lehoine.  —  Comple- 

renda  par  H.  du  Crbst  de  Villbneuvb III 

Rapporl  de  la  Commission  de  comptabilité XIX,  XXIX 

Une  promenade  à  Trigonl-Mab.  par  M.  le  chanoine 
Abgràll IXX 

Classemeal  du  vitrail  et  du  jubé  de  la  Roche-Maurice  su 
nombre  des  monuments  historiques XLIV 

Rapport  du  Président  au  Préfet  du  Pinislëro  sur  les  travaux 
de  la  Société  pendant  l'année  1898 '....         LIV 

La  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garoune  à  Quimper 
en  1898,  par  M.  l'abbé  Antoine  Favé LVIII 


n,g,t,7.cbyGOOglC