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DU
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IR È GHj E M E 2ST T
ART. ier. — Il est fondé, à Liège, une Société d'art et d'histoire
du diocèse de Liège,
ART. 2. — Cette Société a pour but d'aider à la conservation et
de propager la connaissance de tout ce qui peut intéresser l'histoire
et Fart religieux du diocèse de Liège.
ART. 3. — Elle comprend des membres d'honneur, des membres
actifs, des membres correspondants et des membres associés.
ART. 4. — Les membres d'honneur sont ceux auxquels ce titre
a été décerné en reconnaissance de leur haut patronage ou d'émi-
nents services.
ART. 5. — Les membres actifs sont ceux qui s'engagent à
apporter un concours régulier à l'œuvre de la Société ; ils seront au
nombre de trente-un au plus, élus par leurs collègues et auront
seuls voix délibérative dans les réunions.
ART. 6. — Les membres correspondants sont choisis parmi les
personnes qui auront rendu, ou se montreraient disposées à rendre
des services particuliers à la Société. Us peuvent assister à ses réu-
nions avec voix consultative. C'est parmi eux que seront, de préfé-
rence, choisis les membres actifs.
ART. 7. — Les membres associés collaborent à l'œuvre par le
payement de leur cotisation; ils reçoivent toutes les publications de
la Société, des facilités d'accès à ses collections, et le droit d'obtenir
les renseignements qui pourraient les intéresser sur les objets dont
s'occupe l'Association.
— VI —
ART. 8. — En entrant dans la Société tous les membres s'en-
gagent à observer ses Statuts et à payer une cotisation annuelle, de
1 5 francs pour les membres actifs; de 10 francs pour les correspon-
dants et les associés.
ART. 9. — La Société se divise en deux sections : la section
d'art et la section d'histoire.
ART. 10. — Chacune de ces sections nomme son Président et
son Secrétaire et peut se réunir à part pour traite» des questions qui
font plus spécialement l'objet de ses études.
ART. 11. — La Société sera administrée par un Bureau composé
d'un Président, de deux ou trois Vice-Présidents, de deux Secré-
taires, d'un Trésorier, d'un Conservateur, d'un Bibliothécaire et
des Dignitaires qu'elle jugerait utile de leur. adjoindre.
ART. 12. — La Société a pour Président d'honneur Monseigneur
l'Evêque de Liège, et pour Président effectif 'le membre désigné
par Monseigneur l'Evêque. Les Présidents de section remplissent
les fonctions de Vice-Présidents de la Société, et prendront rang
d'après la date de leur élection ; les Secrétaires sont ceux des
sections ; le Trésorier et les autres dignitaires sont nommés par
l'Assemblée générale pour un terme de cinq ans, comme les Vice-
Présidents et les Secrétaires.
ART. 1 3. — La Société s'assemble en réunion plénière pour pro-
céder aux élections nécessaires, régler son budget et prendre toutes
les décisions concernant l'œuvre entière ; la première de ces réunions
se tiendra obligatoirement chaque année dans le mois de janvier et
il y sera fait un rapport sur l'exercice écoulé.
ART. 14. — La Société poursuit son but : i° en traitant, soit
en section, soit en Assemblée générale, les questions relatives à ce
but ; 20 en éditant un Bulletin et des publications spéciales ; 3° en
organisant un Musée diocésain ; 40 en fournissant à ses membres
les indications historiques et artistiques réclamées d'elle.
ART. i5. — Le Bulletin paraîtra sous la direction des délégués
de la Société; chaque auteur aura droit à cinquante tirés à part de
tout travail inséré dans le Bulletin.
ART. 16. — Le Musée sera composé d'objets authentiques et
de reproductions exactes, choisis parmi les plus anciens ou les plus
recommandables par leur valeur artistique.
-**-
TABLEAU
Dis
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
0
PRÉSIDENT D'HÇNNEUR
Sa Grandeur Monseigneur DOUTRELOUX, évêque de Liège.
MEMBRES D'HONNEUR
Baron BÉTHUNE D'iDEWALLE, président de la Gilde de Saint-
Thomas et de Saint-Luc, à Gand.
Monseigneur CARTUYVELS, vice-recteur de l'Université catholique
de Louvain.
M. ESSENWEIN, directeur du Musée germanique, à Nuremberg.
Baron KERVYN DE LETTENHOVE, président de la Commission
royale d'histoire, à Bruxelles.
M. Auguste REICHENSPERGER, membre du Parlement allemand,
à Cologne.
M. REUSENS, chanoine et professeur d'archéologie à l'Université
catholique de Louvain.
M. James WEALE, archéologue, à Londres.
Le Révérendissime Abbé de Maredsous.
— VIII —
CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ
Président, Monseigneur RUTTEN, vicaire-général de
Sa Grandeur Monseigneur TEvêque de
Liège.
Vice-Présidents, MM. Jules HELBIG.
Godefroid KURTH.
Membres, Gustave FRANCOTTE.
Joseph DEMARTEAU.
Secrétaire, Paul MAES.
Trésorier, Jules FRÉSART.
Conservateur, le chanoine DUBOIS.
Bibliothécaire, Henri FRANCOTTE.
MEMBRES ACTIFS
SECTION D'ART
MM. DUBOIS, chanoine, place Saint- Paul, à Liège.
Gustave FRANCOTTE, avocat, rue Forgeur, 16, id.
Jules FRÉSART, banquier, rue Sœurs-de-Hasque, id.
Jules HELBIG, artiste peintre, rue de Joie, id.
Edmond Jamar, architecte, place Saint-Pierre, id.
Pascal LOHEST, rue Fusch, 38, id.
Chevalier Oscar SCHAETZEN, membre de la Chambre des
Représentants, à Tongres.
Camille SlMONIS, rue Chevaufosse, à Liège.
THIMISTER, chanoine, place Saint-Lambert, 3, id.
Charles WlLMART, rue Rouveroy, id.
Fernand WlLMART, abbé, rue Chaussée-des-Prés, id.
Joseph WlLMOTTE, artiste-orfèvre, boulevard de la Sauve-
nière, id.
— IX —
SECTION D'HISTOIRE
MM. Eugène BACHA, docteur en philosophie, place de l'Univer-
sité, à Liège.
Chevalier Camille DE BORMAN, conseiller provincial, place
Saint-Jean, id.
Stanislas BORMANS, membre de l'Académie, administrateur-
inspecteur de l'Université, place Cockerill, id.
Chevalier Adrien DE CORSWAREM, membre de la Chambre
des Représentants, à Hasselt.
DARIS, chanoine et professeur d'histoire au Séminaire, à
Liège.
DELMER, bibliothécaire à l'Université.
Joseph DEMARTEAU, rédacteur en chef de la Galette de
Liège.
Révérend Père Charles DESMEDT, bollandiste, à Bruxelles.
Henri FRANCOTTE, professeur à l'Université, boulevard
Frère-Orban, 47, à Liège.
Godefroid KURTH, professeur à l'Université, rue Rou-
veroy, 6, id.
Léon LAHAYE, archiviste, à Namur.
Comte DE LIMMINGHE, à Gesves (province de Namur).
Paul MAES, bibliothécaire-adjoint à l'Université.
Amédée DE RYCKEL, avocat, boulevard de la Sauvenière,
à Liège.
Emile SCHOOLMEESTERS, doyen de Saint- Jacques, place
Saint-Jacques, 6, id.
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM. CEYSSENS, curé à Dalhem.
CHRISTIAENS-VANDERRYST, entrepreneur, à Tongres.
G. CLOES, fils, avocat, rue Rouveroy, à Liège.
Louis CRAHAY, conseiller à la Cour de cassation, à Bru-
xelles.
— X —
MM. DANIELS, abbé, château de Vogelsanck, à Zolder.
DEHIN, frères, fabricants, rue Agimont, 39, à Liège.
DUGUET, avocat, rue Paul Devaux, id.
GlLISSEN, abbé, rue Mathieu Laensberg, id.
Alphonse GràNDMONT, avocat, à Taormina.
DE GROUTARS, chanoine et professeur à l'Université de
Louvain.
HABETS, conservateur des archives, à Maestricht.
HENROTTE, chanoine, hôpital de Bavière, à Liège.
Philippe DE LlMBOURG, à Theux.
Louis LlBBRECHT, avocat, rue Sainte-Véronique, 3o, à Liège.
Léon NAVEAU, docteur en droit, château de Bommers-
hoven (Tongres).
Edmond NlFFLE, avocat, à Namur.
Emile Picard, avocat, rue Tôurnant-Saint*Paul, à Liège.
Edouard PONCELET, attaché aux Archives de l'Etat, quai
de l'Industrie, id.
Révérend Père Recteur du Collège Saint-Servais, id.
Jean RENIER, professeur, à Verviers.
Gustave RUHL, avocat, rue des Augustins, à Liège.
F. TROISFONTAINES, avocat, rue Sainte- Véronique, id.
Lambert VANDRIKEN, avocat, à Lexhy.
VAN ORMELINGEN, curé, à Neer-Repen.
MEMBRES ASSOCIÉS
MM. Remy ANGENOT, rue Duvivier, 22, à Liège.
Toussaint BECO, étudiant, rue des Célestines, id.
Adolphe BERLEUR, ingénieur, rue Saint- Laurent, 17, id.
Baron Charles DE BLANCKART-SURLET, château de Lexhy.
Révérend Père BLÉROT, supérieur des Pères Rédemptoristes,
à Liège.
Alexandre BOUVY, avocat, quai des Tanneurs, id.
f
— XI —
MM. BRUIENNE, vicaire à Sainte- Véronique, à Liège.
Louis DE BUGGENOMS, avocat, rue Fusch, id.
Léon COLLINET, avocat, boulevard Piercot, 20, id.
COEMANS, notaire, à Saint-Trond.
COUCLET, graveur, rue Pont-d'Ile, 28, à Liège.
Alexandre CRAHAY, artiste-peintre, rue Pierreuse, 111, id.
Guillaume DALLEMAGNE, rue Darchis, id.
Louis DEMARTEAU, libraire, rue de l'Official, 2, id.
Léonce DlGNEFFE, rue Louvrex, 85, id.
Maximilien DOREYE, avocat, avenue d'Avroy, id.
DEFIZE, curé de Sainte-Croix, cloîtres Sainte-Croix, id.
Baron Paul DE FAVEREAU, rue Bonne-Fortune, 3, id.
DE FlZENNE, architecte, à Meersen (Limbourg-Hollandais).
Baron DU FONTBARÉ, bourgmestre de Fumai, quai de
Maestricht, 16, à Liège.
FROMENT, architecte, rue Saint-Laurent, id.
Gaillard, curé de Geer.
Comte DE GELOÊS D EYSDEN, au château d'Eysden.
GlLlS, curé de Grand-Axhe.
Ferdinand GONNE, avocat, place de la Cathédrale, à Liège.
HEUSCHEN, chanoine, rue de l'Evêché, id.
E. JACQUES, curé de Saint-Pierre, à Huy.
JOSEFF, doyen de Saint-Martin, à Liège.
P. KERCKOFFS, professeur à l'Ecole normale de Saint-
Trond*.
LACROIX, doyen de Saint-Barthélemi, à Liège.
LAENEN, curé de Berg, près de Tongres.
Clément LÉONARD, négociant, rue Souverain- Pont, 9, à
Liège.
Henri-Robert LE PAS, à Verviers.
Paul LOHEST, ingénieur, rue de l'Evêché, à Liège.
Charles LOOMANS, professeur à l'Université, rue Beckman,
20, id.
— XII —
MM. MAES, doyen de Peer.
Célestin MARÉSAL, rue des Augustins, à Liège.
MOMMEN, chanoine et professeur au Séminaire de Liège.
MEYERS, chanoine et curé de Saint-Jean, à Liège.
Baron MlSSON, château de Vieux- Waleffes.
OSTERATH, peintre-verrier, à Tilff.
PEETERS, doyen de Tongres.
PlROTTE, entrepreneur, rue Sœurs-de-Hasque, à Liège.
Baron DE PlTTEURS DE BUD1NGEN, rue Louvrex, id.
POLUS, doyen en retraite, à Looz.
RACHELS, doyen de Hasselt.
Comte Théodore DE RENESSE, Schoonbeek par Beverts.
RUBENS, curé de Saint-Denis, à Liège.
SCHOOLMEESTERS, chanoine, rue des Célestines, i3, id.
SWENNEN, curé de Millen, près de Tongres.
J. SCHEEN, curé à Bloirs, Glons.
THONNAR, rentier, boulevard de la Sauvenière, à Liège.
Chevalier Xavier DE THEUX, au château de Montjardin.
G. ULENS, abbé, château de Rockendael, Saint-Trond.
Charles VAN DEN BERG, notaire, boulevard de la Sauve-
nière, 38, à Liège.
VAN WlNTERSHOVEN, vicaire à Saint-Christophe, id.
Baron DE VlLLENFAGNE, château de Vogelsanck, à Zolder.
WARZÉE, doyen de Hannut.
WAUTERS-CLOES, tanneur, quai des Tanneurs, à Liège.
WEYEN, curé de Kinroy.
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d'une Charte ♦
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A PROPOS DU MAREOLT
D'UNE CHARTE DE 741
« Anno Domini DCCXLV0..., » dit la Chronique
de Saint-Trond (*), « Robertus cornes vel dux Hasba-
» nie... ad monasterium hoc venit, et Sancto-Trudoni
» allodium suum Dung cum aliis adjacentibus villis,
» Halen, Scaffen, Velpem, Merhout, ac universis here-
» ditatibus, campis, silvis, pratis, piscariis, aqueducti-
» bus et wariscapiis, cum reliquis juribus, curtibus et
» casis, liberaliter contulit. »
Puis elle cite la charte donnée à cette occasion et où
les biens sont désignés comme suit : « Dungo... tam
» ipsum locum quam reliquas villas vel loca ad supra-
» dictum locum de mea possessione pretitulata (2),
» scilicet Halon, Scafnis, Felepa et Marholt... Ista loca
» sunt in pago Hasbaniensi et Mansuarinsi. »
M. Piot dans le Cartulaire de Saint-Trond (3),
donne ce texte: « ... Halen, Scafnis, Felepa et Ma-
» reolt. Ista loca sunt in pago Hasbaniense et Masua-
» rinse. »
(i) T. II, p. 108. Nous citons la belle édition de M. le chevalier C. de
Borman (Bibliophiles Liégeois).
(2) Spectantes? se demande M. Daris.
(3) T. 1, p. 2. M. Piot a suivi une copie du temps reposant aux
archives du royaume à Bruxelles.
I
— 2 —
Se basant sur l'analogie des deux noms Mareolt de
la charte et Meerhout, village de la province d'Anvers,
il dit en note qu'il s'agit de la donation de cette localité
du canton de Moll.
M. de Borman consigne cette interprétation sans la
discuter.
M. le chanoine Daris (4) dit ce qui suit : « Les vil-
» lages de Donc, Haelen, Schaffen et Velpen sont assez
» connus et ils sont certainement situés dans la Hes-
» baye. Quant à Marholt, M. Piot pense que c'est
» Meerhout, dans la province d'Anvers, au canton de
» Moll. »
Le savant professeur ajoute : « Le pagus Masua-
» rinsis n'est guère connu. Au reste, l'original de cette
» charte est perdu et la plupart des copies diffèrent
» entre elles. »
Ces lignes laissent percer au moins un doute sur
l'identité de Meerhout et de Marholt. Et ce n'est guère
étonnant : il est difficile d'appliquer à Meerhout pro-
vince d'Anvers les détails donnés par la charte sur la
position du Mareolt, ainsi que ceux fournis par la
Chronique.
M. Piot lui-même, dans sa belle étude sur les anciens
pagi de la Belgique (2), abandonne son explication du
Cartulaire. « Tessenderloo, Vorst, Eynthout, Meer-
» hout, Mol, Rethy, Arendonck et Raevels étaient, »
dit-il, « des localités comprises dans le petit Pagus de
» la Toxandrie. » Et plus loin, à propos du Pagus
Masuarinsis : « Quant à Meerhout, village sis dans
» l'archidiaconé de la Toxandrie, il était compris dans
» le grand Pagus de ce nom (3). »
M&r De Ram écrit ce qui suit dans son Synopsis
Actorum Ecclesiae Antwerpiensis (p. 280) : « Sub no-
(1) Eglises, t. IX, p. 12.
(2) Dans les Mémoires de V Académie de Belgique, 1871. L'édition
du Cartulaire date de 1870.
(3) Les anciens Pagi, pp. 82 et 86.
— 3 —
» mine Marholt intelligitur vicus territorii Sichenensis
» quem postea Meerhout dixerunt, quique ad gentem
» Nassoviam pertinuit. » Il ajoute que, d'après Albéric
de Doust, en 1234 Arnoul de Wesemael et son épouse
Imaina firent don au monastère de Linter de soixante
bonniers situés dans leur domaine de Meerhout et
qu'ainsi le patronat de l'église passa à l'abbaye de
Linter.
Il y a ici confusion manifeste. Si Mareolt ou Meer-
hout eût été un vicus du territoire de Sichem il ne
saurait être question de celui-là dans une donation
faite par Arnoul de Wesemael : ce seigneur n'ayant
jamais rien eu de commun avec le territoire de Sichem.
D un autre côté si ce Meerhout appartenait au terri-
torium de Sichem il ne s'agirait certainement pas du
village de Meerhout canton de Moll.
Mais il y a autre chose : ce nest pas Arnoul de
Wesemael qui, en 1234, donne l'église de Meerhout à
l'abbaye de Linter. En 1229 « Henri de Meerhout, che-
» valier, fils de Thierry nommé communément Hane-
» grève » reporte entre les mains du duc Henri de
Brabant « l'église de Meerhout avec la dîme et tous les
» biens qu'il tient là en fief du duc (1). » Ceci prouve
tout simplement que c'était le duc de Brabant qui pos-
sédait le patronat de l'église de Meerhout ainsi que la
dîme du lieu et en disposait comme d'un fief. Or, si
dans la charte de 741 il se fut agi du village de Meer-
hout qui nous occupe, l'abbaye de Saint-Trond en
aurait sans aucun doute possédé le patronat et la dîme ;
(1) « Henricus, dei gratia dux Loth... Accedens ad praesentiam
» nostram Henricus miles de Meerhout filius Theodorici qui vulgariter
» Hanegrave cognominatur ecclesiam de Meerhout ac decimam etomnia
» bona quae ibidem de nobis tenuit in feodum in manus nostras ad opus
» ecclesiae de Valle Virginum reportavit, et nos... liberaliter et abso-
» lute contulimus... Huic facto interfuerunt Godefridus de Perweis,
» Arnoldus de Wesemale... Acta sunt haec apud Furam anno Domini
» 1 229 feria proxima post Laetare Jérusalem. » L'acte est imprime dans
Bets, Geschiedenis van Oplinter, d après le Cartulaire de l'abbaye.
— 4 —
et si dans la suite l'abbaye eût été dépossédée par le duc
de Brabant, le chroniqueur de Saint-Trond nous en
aurait certainement informés, comme il nous a infor-
més des autres déprédations commises par les grands
au préjudice de l'abbaye.
Notons que dans l'acte de 1229 Arnoul de Wesemael
intervient comme témoin ; ce qui peut jusqu'à un cer-
tain point peut-être expliquer la confusion dont nous
parlions plus haut.
Nous concluons de tout ceci que l'abbaye de Saint-
Trond ne posséda jamais le droit de patronage de
l'église de Meerhout, ce qui est très important pour la
suite de cette petite étude.
Dans sa monographie de Montenaken le docteur
Kempeneers (i) cite la charte de 741, et explique le texte
comme suit: « Halen, Schafnis (Schaffen), Felepa
» (Velpen, hameau sous Halen), Marholt (Meerhout
» situé avec Schaffen sur la rive gauche du Demer, sous
» Diest). »
D abord Meerhout et Schaffen sont situés sur la
rive droite du Demer et Meerhout est distant du Demer
de trois lieues.
« Sous Diest. » Nous connaissons sous Diest un
ruisseau qui s'appelle le Meerbeek, et sur lequel est
situé Assent, le Hasnoch d'une charte de 838 (s), mais
il n'existe sous Diest aucun lieu-dit Meerhout.
Voici, d'après les précieux manuscrits du Pension-
naire van Zurpele (3) les lieux-dits ou plutôt les hameaux
(1) Deoude Vrijheid Montenaken, t. II, p. 347, note 1 (a).
(2) Cartulaire de Saint-Trond, t. I, p. 5.
(3) Godefroid-Jean van Zurpele descendait d'une ancienne famille
de Chevalerie, tirant son nom d'un lieu-dit à Zeelhem. Il naquit à
Diest (i65o) et y mourut (1707) après avoir pris ses licences à Louvain et
rempli les fonctions de secrétaire et pensionnaire de sa ville natale,
ainsi que celles de conseiller- receveur du roi d'Angleterre (prince
d'Orange et par là seigneur de Diest). Il laissa des mémoires très inté-
ressants dont une partie, comprenant les Coutumes de Diest a été éditée
dans les Coutumes de Brabant.
— 5 —
du Pays de Diest : Du côté du Hageland : Weelaer,
Beylaer, Stryrode, Pedele, Ter Bost, Brouxbergen,
Liebroeck, Papenbroeck, Meerbeeck, Langrode, Rey-
rode, Ten Berghe, Ten Venue et Roeterehove. — Du
côté de la Campine : Molenstede, Rode, Schoonaerde,
Schaffen, He\e, Blanclaer, Kelbergen, Père, Ingelbeeck
et Bercht.
D'après tout ce qui précède nous croyons être en
droit de dire que toutes les explications données jus-
qu'ici du Mareolt de 741 sont inadmissibles.
Nous en proposons une nouvelle.
Il y a quelque temps nous avons eu la bonne
fortune de mettre la main sur un vieux registre aux
cens et rentes de l'église de Donck et qui présente le
plus grand intérêt pour la topographie locale. Ce docu-
ment porte la suscription suivante :
a Register ghecopieert door Mr Peter Renart Bachelier inde
Godtheyt en pastoor in Donck uyt een ander oudt register gemaeckt
door Hendrick van Surpel en Hendrick van Linter mombaerts der
Fabrycke van Donck ïn jaere dusent vier hondert en vyffenvyftich
in junio, vande renten cynsen pachten competerende de vroorsc,
fabrycke en kercke van onse lieve Vrouwe van Donck (1). »
Dans ce registre nous avons fait la connaissance
d'un lieu-dit Meerhout, Meerot, situé à Donck même.
Ce lieu-dit est parfaitement connu sous ce nom des
habitants de l'endroit et des documents contemporains
en font foi (2).
(1) ce Registre copié par Maître Pierre Renart, bachelier en théologie
» et curé de Donck, hors d'un autre vieux registre fait par Henri van
» Surpel et Henri van Linter mambours de la fabrique de Donck en
» Tannée 1455 en juin, contenant les rentes, .cens et fermages compétant
» la prédite fabrique et église de Notre-Dame à Oonck. » La copie a été
faite vers 1610; en deux endroits (pp. 48 et g3) elle est certifiée exacte par
le notaire P. van Kelcteren. Le registre contient, outre les cens et rentes,
deux ou trois actes passés devant le curé Renart (var. Renaerdts, Renarts).
(2) Voici par exemple une mention prise dans le Manuael der Ker-
kelijke inkomsten van de gemeijnti Donck voor hetjaer 1824: « Vier
» en dertig vierkante roeden 6 roeden land op het Meerhout onder
» Donck. »
— 6 —
C'est ce Meerhout, Meerot divisé en Groot-Meerhout
et Klein-Meerhout que nous regardons comme le
Mareolt de la charte de 741.
Voici quelques extraits du registre en question :
(Page 23) « Item Wilbrordt Bogaerts vyff stuyvers van drie
zillen landts gheleghen opt cleyn Meerhout, regenoten het gasthuys
van Halen ter eenderzyde, de kinderen Herman Hermans Hendrick
Broeders ter ander zyde en die ghemeyn heyde ten derde zyde
v. st. »
(Page 3o) « Item soo heeft noch de fabrycke der kercke van
Donck anderhalff zille landts geleghen opt Meerhoudt aen die
heyde op die een syde, Herman van Hameyen op die twede syde,
Aert Otten op die derde zyde, en Reynier vander Noot opdie vierde
syde. »
(Page 33) « Item soo heeft de fabryke voorse, een vaet korens
erffelyck aen en op een zille wynnens landts toebehorende Reyneren
Wiggers gheleghen op het yseren velt by die Sittert, en dit vaet
rogghe heffet de persoon van Donck van anniversarien van lant
geheten dat Merhot voorse. »
(Page 48) « Item Loyck Jannes heeft gelaten der kercke van
Donck tôt reparatie van wyn en broode op seeckere panden iij zillen
geheten te Meerot regenoot gemeyn hey Mariken Hermans, dat
gasthuys van Halen en hôëfn (i) onder hoff van Donck welck
daer die kercke ghiechte en goeyinge aff heeft ïn selvenhoff voorse. »
Donc voilà parfaitement constatée l'existence d'un
Meerot, Meerhot, Meerhout à Donck ; et tous ceux qui
sont un tant soit peu au courant des transformations
des noms propres de lieux flamands reconnaîtront dans
ces dénominations l'ancienne forme Mar(e)olt.
Nous avons dans les extraits donnés plus haut un
renseignement précieux sur la position de ce Meerot :
il touchait au lieu-dit Heyde. Or ce lieu-dit est parfai-
tement connu et se trouve même indiqué sur nos cartes
militaires.
De plus le peuple de nos jours connaît encore le
Meerot et désigne de ce nom tous les terrains situés
(1) Hôëfn « hoefende, ressortissant à la Cour de...
— 7 —
dans l'angle formé par la route de Diest à Hasselt et le
chemin empierré vers Rummen (i) ; ces terrains il les
appelle le Groot-Meerhout et cette dénomination est
consignée dans des documents modernes ; le registre de
1455 cite un Klein-Meerhout touchant à la Heyde.
De tout ceci nous concluons que le Meerhout com-
prenait plus minusve tout le terrain marqué sur notre
carte par des diagonales, et que c'est là qu'il faut cher-
cher le Mareolt de 741.
Mais on objectera que puisque l'église de Donck est
bâtie là, ce n'est pas le Mareolt qu'il faut chercher là,
mais bien le Dungo.
Cette difficulté n'en est pas une : le vieux Donck
primitif et son église, la « basilica » du vme siècle, ne
se trouvaient pas où se trouvent le centre actuel du
village et l'église actuelle.
Voici des détails sur cette vieille église et ce Donck
primitif puisés à des sources authentiques (2).
D'après la charte de 741 la basilica existait déjà.
Adélard II (io55-io82) la fit reconstruire : « Aeccle-
» siae quas per abbatiam novas edificavit, seu quas
» reedificari ex parte juvit sunt in Dunch (3). »
La chronique nous donne une description détaillée
du vieux Donck, au XIIe siècle : « Ecclesia de Dunch
» duas tantum libras solvebat in anno ; locus in quo
» stat solitarius est et amenus, utpote circumfluente
» eum aqua navigifera, et arcentibus ab eo latis palu-
» dibus omnem viam, excepta una, studio potius quam
» natura facta. In hoc videlicet loco prêter aecclesiam
» ab omni edificio vacuo, quia alias non habebam,
(1) Voyez la carte explicative.
(2) Je laisse de côté l'étymologie de Dungo, le Donck flamand
actuel, qui signifie un endroit bas, marécageux et qui dans les composés
a la même signification que le mot usuel Broek (Beerbroek = Beeren-
donck). Cette signification seule nous dit que Donck n'est pas à trouver
là où s'élève l'église actuelle, mais près des cours d'eau le Démer, La
Herck, etc., vers Linckhout.
(3) Chronique de Saint-Trond, t. I, p. 20.
— 8 —
» domum contraxi dominicalem et horreum claustru-
» lumque satis aptum composui juxta aecclesiam, in-
» tusque et foris officinas coenobitis necessarias (a). »
Remarquons le latis paludibus vérifiant le nom de
Donck ; ensuite le locus... ab omni edificio vacuus
donne encore un argument pour une « villa adjacens...
» Mareolt, » près de Donck, comme Velpen l'était éga-
lement.
La via una studio potius quant natura facta quelle
était-elle ? Est-ce le chemin de terre longeant la ferme
de l'abbaye ? Ou bien est-ce la digue passant un peu
plus au Nord et dont une partie existe encore (*) ? Je ne
saurais le dire ; d'après le passage de la Chronique que
nous citerons plus bas on inclinerait pour la première
hypothèse. En tout cas il est certain que primitivement
la « basilica » de Donck servait d'église à tout le pays
d'alentour.
Il restait alors (au XIIe siècle) à Donck un moine
desservant l'église, et d'autres confrères s'occupant peut-
être de défrichements ou de culture. La chronique fait
suivre la description ci-dessus du règlement intervenu
entre le desservant et ses confrères (3).
La maison occupée par les religieux était en 1255
assez spacieuse pour que l'abbé put s'y réfugier avec
sa communauté, afin de se soustraire aux révoltés de
Saint-Trond (4).
En 1291 l'abbé Guillaume de Mechlinia (1277-1297)
(1) T. I, pp. 160 et 161.
(2) La partie de cette digue du côté de Halen s'appelait et s'appelle
encore le Moster-Dyk (corruption de Munster- M onster-Dyk, digue du
monastère) ; celle du côté de Herck le Halbeker Dyk, de l'ancienne
Cour de Halbeek.
(3) T. I, p. 161.
(4) Comme le texte de la Chronique est peu connu nous le transcri-
vons : « Dominus abbas veritus adhuc insultum eorum, ad eu ri a m nos-
» tram Dune proxima die sancti Johannis baptistae sequente (25 juin)
» confugit; ubi eciam plures seniorum, vel ut ferebatur totus conventus,
» subsecutus fuit, usque dum oppidanorum sevicia quievit » (T. II,
p. 204).
— 9 —
reconstruisit à neuf la résidence de Donck, et ayant
creusé un nouveau lit pour la Herck il en fit une cein-
ture pour la Cour et relia par une digue les terres
basses à l'église (i).
En i3o3 et en i323 les religieux se réfugièrent de
nouveau à Donck ; mais en cette dernière année,
comme le séjour se prolongea pendant quatorze mois,
plusieurs tombèrent malades « à cause de l'insalubrité
» de l'air (2). »
En 1329 l'abbé Adam d'Ordange (1297-1330) fit
agrandir la Cour de Donck et y érigea une espèce de
retranchement (3).
Comme on peut le voir sur la carte explicative
toutes ces constructions s'élevaient près de l'ancienne
église de l'ancien Donck et celle-ci était située au delà
(1) a Anno Domini M° CC° XCI° idem abbas Willelmus construxit
» de novo in allodio nostro de Dungh aulam pulcram cum suis appendi-
» ciis, et fluvii Herke, que tantum post nansionem preterfiuxit, effosso
» novo alveo, totam illam curiam intra prsefatam Herkam conclusit, que
» nuncusque per dikum, quo de campestribus ad ecclesiam transitur,
» non cessât preterfluere » (T. II, p. 222).
(2) « Sub hac et aliorum perturbationum ingruentia conventus totus
n exivit de claustro relinquens opidum, et venit ad nostram mansionem
» apud Dungh, juxta abbatem Adam ibidem moram facientem. Ubi cum
» continue moraretur per menses ferme xiiij, plurcs ex nostris dominis
n et confratribus propter aeris inconvenientiam egrotabant » (T. II,
p. 254).
(3) « Ipse eciam fecit aulam mansionis nostre apud Dungh prolon-
» gari versus orientem, quantum ad unius arcus colligaturam. Qui
» etiam domum fortalicii ibidem... afundis erexit» (T. II, p. 268).
De toutes ces résidences spacieuses il ne reste absolument rien que
les fondements et les souterrains ; mais on peut parfaitement, par les
accidents de terrain , se rendre un compte exact de l'emplacement des
bâtiments ainsi que des fossés qui les entouraient. La ferme de l'abbaye
existant encore est de construction plus récente ; autrefois contre le
bâtiment de ferme étaient adossés d'un côté la brasserie, de l'autre un
logis de maître ou plutôt un logis de seigneur. Ce dernier est en voie de
démolition et du Paenhuys ou Brasserie il n'existe plus rien. Mais la
ferme a encore grand aspect. Au-dessus de la porte d'entrée sont
sculptées les armoiries de l'abbé Amand Vander Eycken (1730-1751):
d* (argent) à trois glands (au naturel), tiges et feuilles de (sinople).
Dev.se : Crescit amando.
2
— 10-
de la Herck. Jusque il y a une vingtaine d'années son
emplacement était marqué par un reste de forte maçon-
nerie formant un coin d'édifice, et que les habitants de
l'endroit désignaient sous le nom de Stomp (Bloc).
Ce n'est qu'au milieu du siècle passé que l'on songea
à reconstruire une église dans un endroit mieux appro-
prié aux besoins des habitants. Le retard apporté à
cette construction peut facilement s'expliquer par le
fait de la proximité des églises de Halen, de Herck, de
l'ermitage de Rynrode, de l'abbaye de Rothem, bâties
dans le cours des siècles.
Nous avons trouvé la supplique adressée à l'évêque
par le curé G.-R. Voskens (*) à l'effet de pouvoir bâtir ;
cette supplique est apostillée par le Vicaire-Général
Stoupy, le 10 novembre 1750.
Voici ce document :
Reverendissime ac Illustrissime Domine Vicarie-Generalis
Leod. Dioec.
Cum ecclesia parochialis pagi de Donck jam a multis annis
propter inundantiam aquarum fuerit inaccessibilis, ut certo de
(1) Il y eut deux curés de ce nom à Donck. Ils appartenaient à la
famille Voskens de Hasselt. Voici leur épitaphe telle que je lai transcrite
en 1889 :
Sincère et caute
a° 1744 21 januarii
OBHT Rdûs Dnûs
joannes reinerus
Voskens Hassellensis
hujus parochiae
pastor zelosissimus
Cui SUCCEDEN (S) RÔÛS DnÛS
godefridus reinerus
Voskens ejus germanus
Primum. hujus chori pavihentum
et sepulturam poni curavtt
obht a° i761 6 jan
R. I. P.
L'inscription est surmontée des armoiries des Voskens : Burelé
(d'or et de gueules) de dix pièces, au chef parti, à dextre de (sinople) à
deux renards affrontés (au naturel), à senestre d' (argent) à trois fusées
de (gueules).
— 11 —
necessitate constet edificandi novam ecclesiam, et revçrendissimus
Dominus abbas Sancti Trudonis sit intentionis edificandi novam,
in loco magis congruo dictas communitatis , hinc infrascriptus
humillime supplicat ut reverendissimus ac illustrissimus Dominus
aliquem deputare dignetur et locus in quo edificabitur nova ecclesia
benedicatur ut cadavera secundum ritum romans ecclesiae terras
mandare valeam. Quod faciendo sum omni submissione et reve-
rentia.
G.-R. VOSKENS, pastor pagi de Donck.
(Apostille). Deputamus oratorem ad petitam benedictionem
faciendam petitamque in decenti et commodo loco edificandi
novam ecclesiam concedimus sic ut in ea non celebretur sine
speciali licentia serenissimae suas Eminentiae Episcopi et Principis
nostri Leodiensis 10 novembris 1750.
ED. STOUPY, vicarius-generalis.
L'église fut achevée peu de temps après ; elle porte
au-dessus de la porte d'entrée les armoiries de l'abbé
Jos. Van Herck (1751-1780) et voici trois notes relatives
à la pose de la première pierre, à la bénédiction de
l'église et à sa consécration ; elles sont extraites du
registre paroissial de l'époque :
1752 die décima 3tia aprilis benedixi primarium lapidem in
ecclesiae fundamentis positum per reverendum admodum dominum
Placidum Ausloos religiosum presbyterum Sti Trudoms tempore
reverendissimi Josephi van Herck ejusdem Abbatiae Abbatis.
G.-R. VOSKENS, pastor in Donck.
Anno 1752 die i8brU benedixi novam Ecclesiam nostram qua
die primum célébra vi sacrum.
G.-R. VOSKENS, pastor in Donck.
1753 7 8bri* consecrata est Ecclesia per reverendissimum Domi-
num Jacquet Episcopum Hipponensem.
VOSKENS, pastor.
Concluons.
Mareolt existe sur le territoire de la commune
actuelle de Donck. Sa distance de l'église primitive de
Donck est telle que le terrain ainsi désigné pouvait au
— 42 —
VIIIe siècle former une pilla adjacens à Donck, de même
que Velpen.
La position de Mareolt est parfaitement indiquée
par les textes anciens que nous avons publiés et par
la dénomination actuelle de Meerhout dérivée régu-
lièrement en passant par les formes Marolt, Marot,
Meerot.
Donc le Mareolt de la charte de 741 n est pas le
village de Meerhout actuel situé en plein pagus Taxan-
driae mais bien l'ancien lieu-dit Meerhout situé sur le
territoire de Donck en plein pagus Hasbaniae.
L'abbé Polyd. DANIELS.
PAROISSE DE VISÉ
INTRODUCTION
Tout le monde reconnaît que la paroisse de Visé est,
au point de vue historique, une des plus intéressantes
du diocèse.
L'amateur d'histoire et d'objets d art énumère avec
plaisir les nombreux souvenirs qui s'attachent à cette
ville et admire sa belle et vieille châsse de saint Hade-
lin et pourtant personne n'avait songé à réunir ces
souvenirs, à décrire la vie de ces vieilles institutions et à
faire connaître ces richesses artistiques.
On ne doit pas s'en étonner. Une histoire locale doit
être faite sur les lieux mêmes, et au premier abord la
composition d'une histoire de Visé paraît une besogne
si vaste et si difficile, qu'on comprend facilement que
personne n'ait songé à l'entreprendre.
Le nombre et la variété des institutions qui lui
donnent un plus grand intérêt, rendaient l'entreprise
moins aisée. L'éparpillement des archives dans diffé-
rents locaux de Visé et de Liège, la disparition de beau-
coup de documents importants rendaient la tâche plus
difficile. Enfin l'absence presque complète de rensei-
gnements concernant Visé dans les historiens de l'an-
cien pays de Liège, était capable de décourager celui
qui aurait voulu s'en occuper.
— 14 —
Ces difficultés nous auraient arrêté également si les
bienveillants encouragements et les conseils pratiques
de quelques amis de l'histoire liégeoise n'avaient vaincu
nos hésitations. Qu'il nous soit permis de leur exprimer
ici toute notre reconnaissance.
A laide de leurs gracieuses et précieuses indications
nous avons pu consulter les principaux ouvrages qui
s'occupent de l'histoire de Visé et dont voici la nomen-
clature :
Histoire de la bonne ville de Visé (i), parue dans
le Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, première
année, pages 349 à 400. Ce travail, qui a les défauts des
autres ouvrages du même auteur, — surtout la légèreté
et la partialité, — n'est pas une véritable histoire de
Visé. 11 comprend un court exposé de son organisation
politique et judiciaire en 1789, la nomenclature des
principaux faits de son histoire civile et politique et une
étude plus complète du régime communal visétois à
travers les siècles. Les erreurs et les appréciations par-
tiales y sont nombreuses ; nous en avons relevé un cer-
tain nombre.
Un abrégé de la pie de saint Hadelin, publié en
1788, à l'occasion du jubilé de quatre cent cinquante
ans de la translation du chapitre de Saint-Hadelin à
Visé.
Les Arbalétriers et les Arquebusiers de Visé, par
J. Mathieu, publié également dans le Bulletin de lins-
titut archéologique liégeois, année 1871. Cette mono-
graphie est assez incomplète et parfois inexacte. Nous
lavons refaite dans un travail sur La compagnie des
Arbalétriers de Visé, qui a paru dans la Galette de Liège.
Outre ces ouvrages spéciaux nous avons consulté les
meilleurs historiens du pays de Liège : Daris, Histoire
du diocèse et de la principauté de Liège, aux XVe, XVIe,
XVIIe et xvme siècles ; Bouille, Fisen, Chapeauville,
Jean d'Outre-Meuse, de Gerlache, etc.
(1) Par M. F. Henaux.
— 45 —
Pour la partie biographique, nous nous sommes
servi du Miroir des nobles, de Hemricourt; de la Bio-
graphie liégeoise, de Bec-de- Lièvre ; de L. Depaige,
Introduction à la correspondance de R. Fr. de Sluse ;
Charles de Linas, Exposition rétrospective de Liège,
1881 ; Jos. Demarteau, A travers l'exposition de l'art
ancien au pays de Liège ; Reusens, Catalogue de la
même exposition, nous ont guidé dans le chapitre con-
sacré à la châsse de saint Hadelin et aux autres anti-
quités visétoises.
Nous avons encore puisé à différentes autres sources,
que nous indiquons à l'occasion.
Les documents manuscrits que nous avons explorés
sont :
Les archives de l'église de Visé, qui se composent
d'une minime partie des anciennes archives de la collé-
giale de Saint-Hadelin et de la cure de Visé. Elles
comprennent environ vingt-cinq registres, parmi les-
quels on trouve un registre aux contrats contenant des
actes assez importants que nous citerons, trois registres
des prévôts, qui donnent la liste de ces dignitaires ainsi
que leurs droits, revenus et privilèges, un registre-réper-
toire renfermant le catalogue des anciennes archives,
les autres de moindre intérêt. Quelques parchemins et
quelques liasses ont été conservés. La plupart con-
cernent le moulin banal, le couvent des Récollets, ou
des procès du chapitre. Le plus intéressant de ces docu-
ments est lacté de translation du chapitre à Visé en
i338. Ce parchemin, muni du sceau d'Adolphe de la
Mark, a été exposé à Liège en 1 88 1 .
Pendant l'émigration en 1797 les chanoines empor-
tèrent à Bonn ce que leurs archives renfermaient de
plus précieux. Une partie de ces documents doit se
trouver encore en Allemagne ; deux copies d actes du
XIVe siècle nous sont parvenues de la part d'un prêtre
allemand.
Les archives de l'Hôtel de ville de Visé, qui com-
— 16 —
prennent une trentaine de registres : les uns concer-
nant les privilèges, les métiers ou les pauvres de Visé,
les autres contenant les décisions de la Cour de justice
et du magistrat. Le plus ancien remonte à 1460.
Les archives de l'Ecole moyenne de l'Etat consis-
tant dans les papiers provenant du collège de l'Oratoire
et du couvent des Sépulcrines.
Les archives des Arbalétriers et des Arquebusiers
que les deux compagnies ont mises gracieusement à
notre disposition.
Les archives de V Etat à Liège, possèdent une grande
quantité de registres de la Cour de justice de Visé et de
registres aux recès du magistrat. Nous y avons surtout
consulté un registre de la cathédrale de Saint- Lambert
(stock de Hesbaye, 1346) donnant Ténumération des
biens et revenus de la cathédrale à Visé ; un stock de
la collégiale de Sainte-Croix fournissant des renseigne-
ments semblables, de même qu'un registre de Tordre
des chevaliers de Malte concernant le Temple et les
autres biens que cet ordre possédait à Visé.
De plus nous avons cherché à réunir les vieux sou-
venirs et les anciennes légendes visétoises en consultant
ceux qui étaient le plus à même de nous renseigner.
Les résultats de ces différentes recherches ont été
condensés dans ce travail, que nous présentons à la
bienveillante appréciation du lecteur.
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE
LE VISÉ D'AUTREFOIS.
« Il est peu de situations, » dit Saumery, « plus
» agréables que celles de Viset. La Meuse y roule des
» flots majestueux dans un lit spacieux et découvert,
» elle y forme de belles isles, modèles de la fertilité que
» procure un fleuve aux pays qu'il arrose. La fertile
» vallée, ou celui-ci serpente, a près d'une lieu de lar-
— 17 —
» geur en cet endroit et paraît elle-même une grande
» ville par la largeur et la quantité des villages qui s y
» trouvent rassemblés.
» Entre de semblables objets qu'on se peigne un
» groupe de jolis édifices, disposés en amphithéâtre,
» telle est la ville de Viset, composée de plusieurs rues
» droites, larges et parallèles à la rivière avec des tra-
» verses qui en font la communication. Les bâtiments
» en sont beaux et bien réglés ; ils annoncent une opu-
» lence que soutient également la fertilité du pays,
» l'humeur industrieuse de ses habitants et l'heureuse
» situation de cette ville pour le commerce (\). »
Cet extrait nous donne une idée générale du Visé
d'autrefois, que nous tâcherons de compléter à l'aide
des souvenirs et autres renseignements que nous avons
pu recueillir.
Si l'on fait abstraction du nouveau quartier de la
station, la ville avait anciennement à peu près l'étendue
qu elle a de nos jours.
Comme toutes les autres villes et bourgs, Visé était
entouré de remparts. Ceux-ci longeaient l'église au Sud,
suivaient à l'Est le tracé de la promenade qui a con-
servé leur nom ; près de la porte de Mouland, ils pre-
naient la direction de la Meuse par la rue actuelle du
Pont. Un mur en pierres, construit à quelques mètres
du fleuve, fermait la ville de ce côté sur toute sa
longueur.
Quand on voulait mettre la ville en état de défense
on remplissait les fossés des remparts avec l'eau de la
Fontaine.
Différentes portes et quelques postiches étaient pra-
tiqués dans les remparts et livraient accès à la ville.
La porte de Souvreit ou d'Argenteal et celle de
Lorette, appelée autrefois porte de Dalhem ou du Mar-
cheït, étaient flanquées de tourelles.
(i) Saumery, Les délices du pays de Liège.
3
— 18 —
Celle de Mouland avait la forme d'un grand pos-
tiche, d où lui venait le nom de porte Postiche.
Une autre porte, dite de Saint- Lambert, se trouvait
anciennement du côté de la station et conduisait à l'an-
cien pont et à la voye de Treit (Maestricht).
Après la reconstruction des remparts on laissa un
espace libre entre la Meuse et le nouveau mur, dans
l'entre-temps aussi l'ancien pont avait disparu, la porte
Saint-Lambert perdit ainsi son utilité ; aussi les Visétois
demandèrent en 1543 de pouvoir la boucher ou dimi-
nuer (1).
Du côté de la Meuse se trouvait dans la rue de l'Eau
une porte qui changea plusieurs fois de nom. Ancien-
nement on l'appelait porte de l'Arche ou des Arbalé-
triers, plus tard porte à l'Eau. Dans ce même mur se
trouvaient différents postiches établis par la ville au
Plétrou et dans leurs propriétés par les particuliers
avec l'autorisation du magistrat. Une des attributions
du secrétaire ou garde de la ville était de serreir et
desserreir les portes publiques à l'heure voulue et de
veiller à ce que les postiches des particuliers fussent
également fermés quand le règlement l'exigeait. Ce fonc-
tionnaire touchait de ce chef en i557 un traitement de
12 florins (2).
L'église avait aux différentes époques les formes que
nous décrirons plus tard.
Le cimetière se trouvait près de l'église et compre-
nait la majeure partie de la Grand' Place actuelle. Il
était clôturé d'une haie vive d'abord, d'un mur dans la
suite.
Dans le voisinage du chœur, il y avait un puits
public, dont l'usage fut interdit il y a environ deux
siècles par mesure d'hygiène et qu'on a retrouvé il y a
quelques années.
(1) Analectes pour Vhist. eccl.y t. VI.
(2) Archives de la ville.
— 19 —
La place du Marché, assez vaste dans le temps, per-
dit de son étendue à mesure que le marché diminua en
importance.
Le quartier de la ville près du cimetière et de la
place du Marché était exempt de la juridiction civile et
portait le nom d'encloîtres ; il comprenait les habita-
tions des membres du chapitre qui y vivaient séparé-
ment, de ses hebdomadaires et autres employés.
La rue Haute avec la rue actuelle du Collège,
appelée rue des Religieuses aux XVIIe et XVIIIe siècles,
est désignée dans les anciens registres sous le nom de
rue tendante de porte postiche à Marcheit. Dans le
temps elle n'avait pas l'issue vers les remparts qu'on y
a pratiquée depuis.
Vers 1750, on y construisit le collège des Oratoriens
sur l'emplacement d'une grande court ou ferme. Au
siècle précédent, le couvent des Sépulchrines y avait
pris la place de plusieurs habitations particulières, dont
une appartenant à un membre de la famille de Sluse.
La rue du Perron, au XIVe sièle la rue Bonne, et les
différentes ruelles, qui lui sont parallèles, reliaient,
comme de nos jours, la rue Haute à la rue Basse et à
celle des Récollets.
A l'endroit où se trouve maintenant l'hôtel de ville
se dressait avant 1600 le perron visétois, emblème des
franchises et des libertés de la ville. Ce perron, qui
datait probablement de 1425, — année où Jean de
Heynsberg accorda des privilèges aux Visétois — donna
à l'ancienne rue Bonne son nom actuel.
Le nom de rue Basse est assez récent. C'était jadis
« la rue tendante de Perron à porte de Souvreit, »
comme la rue des Récollets « tendait de Perron à l'hos-
» pital Saint-Nicoleie . » Cette dernière rue n'avait pas
dans le temps son issue actuelle vers la station.
Dans cette partie de la ville s'élevait ïhospital de
Saint-Nicoleie, qui, en 1738, fut transformé en écoles
d'humanités. Un peu plus loin, du côté de la Meuse, à
— 20 —
lentrée du pont actuel, on trouvait la tour VEvesque,
prison du prince, dans laquelle, d après une tradition,
le sanglier des Ardennes aurait été enfermé avant d être
conduit à Maestricht. Les terrains voisins restèrent assez
longtemps à 1 état de waide ou prairie. Plus tard on y
construisit le couvent des Récollets.
Evidemment, dans le temps, Visé n'avait pas au
même degré que de nos jours, le cachet de propreté qui
le distingue. Son pavage a dû se faire lentement. Les
fermes, assez nombreuses alors en ville, occasionnaient
un charriage et un passage de bétail continuels dans
les rues et y étalaient parfois des tas de fumier et
d'immondices, qui provoquèrent plus d'une fois des
règlements communaux.
Les maisons devaient avoir l'aspect de leur époque.
Saumery les dit « belles et bien réglées, annonçant
» l'opulence des habitants. » M. Henaux les décrit
comme « petites et peu élégantes. » Notons à ce sujet
que le premier les avait vues de ses propres yeux et
ajoutons que les vieilles habitations, qui sont encore
nombreuses à Visé, témoignent en faveur de son appré-
ciation.
Les plus anciennes d'entre elles étaient, assez sou-
vent, construites en bois et en briques et avaient des
étages en saillie sur la rue. Celles de la fin du XVIIe et
du XVIIIe siècles sont presque toutes en pierres et pré-
sentent, comme encadrement des portes et fenêtres, une
ornementation simple, droite et symétrique.
Toutes avaient de grandes fenêtres dont les quatre
ou six compartiments, séparés par de gros croisillons
immobiles, en bois au xvie siècle, en pierres dans la
suite, étaient garnis de petits carreaux à couleur ver-
dâtre, fixés au moyen de plomb.
Sans doute parce que l'usage des stores et ri-
deaux était moins fréquent, les fenêtres étaient presque
toujours garnies de persiennes, dont on voit encore
quelques gonds. Nous ne savons quelle était la forme
— 21 —
de ces persiennes pour les maisons riches. Pour les
habitations moyennes et pauvres elles consistaient en
quelques planches assez mal agencées ; les dernières de
celles-ci ont disparu il y a à peine deux ans.
Le faubourg de Souvré n avait pas sa voie de Liège.
I! se composait des maisons longeant la route qui par-
tait de la porte d'Argenteau et allait à Malconvat,
maintenant la vallée des Soupirs. Les hauteurs de ce
quartier étaient déjà au XIVe siècle couvertes de vignobles.
Quelques fours à chaux existaient de ce côté au moins
au XVe. Peu à peu cette industrie et l'établissement de
la nouvelle route et du chemin de fer ont enlevé une
partie des rochers, qui, antérieurement, s'avançaient
jusqu'au bord de la Meuse.
Devant-le-Pont avait pour la construction des ba-
teaux un chantier très connu.
Dans le voisinage de la ville étaient éparpillées
quelques fermes : celle du Temple qui subsiste tou-
jours ; celles de Waidrée, de Hurbize, etc., qui ont
disparu.
Au lieu des belles routes reliant maintenant Visé
aux localités voisines, il y avait alors les voyes de
Feneur, de Dalhem, de Mons et Mouland, qui, des
portes, gagnaient les hauteurs par des ravins tortueux
et rocailleux, de vrais Paradis des cKvaux, comme nos
ancêtres appelaient les moins praticables d'entre elles.
La population de la ville, qui devait etfe en rapport
avec l'étendue de la localité, semble n'avoir jamais été
plus forte qu elle n'est de nos jours. D après un auteur
du siècle dernier, la peste de 1578 y fit jusqu'à deux
mille cinq cents victimes. Ce chiffre doit être exagéré:
rien ne semble le justifier. En tous cas, à partir de
cette époque, Visé ne compta jamais plus de trois mille
habitants.
La culture des champs et de la vigne occupait une
partie de la population ; le commerce, quelques petites
industries et les nombreux établissements religieux
— 22 —
qu'on trouvait alors à Visé donnaient des moyens
d'existence à l'autre.
Aux XVIIe et xvme siècles Visé était le séjour de
quelques familles riches et nobles. Le lieutenant-bailli
de la vallée de la Meuse, les drossards de Hermalle et
de Noorbeek y résidaient.
Visé était compté parmi les bonnes villes du pays
de Liège, il envoyait des délégués aux Etats et subissait
les vicissitudes de fortune par lesquelles passait la prin-
cipauté.
1.
NOM ET HISTORIQUE DE VISÉ.
LE NOM DE VISÉ.
Le plus ancien document, qui cite le nom de Visé
est l'acte de partage des fils de Charlemagne en 870, où
il est dit : « Liugas quodde iste parte est Mosae etper-
» tinet ad Veosatum. » Dans la suite ce nom prend
différentes formes : on trouve Visetum, Visatum, Vie-
satum, Velsatum, Viosatum, Wiosatum,Wisatum. Par-
fois même il subit des métamorphoses bizarres et s'écrit
Wegesar, Gvegesat ou Vogesatum.
Hemricourt et Jean d'Outremeuse écrivent Viseit
ou Vieseit. Cette forme resta assez longtemps. Mais
pour éviter toute confusion entre la ville de Visé et le
village de Wezet près de Maestricht, qui en latin
s'écrivait également Visetum, on ajoute au premier
nom supra Mosam, sur Meuse, et au second, ad cam-
pos, Veld wezet.
Plus tard, après 1600, la terminaison romane eit
se changea en ê. Confraterniteit devint confraternité,
Viseit devint Visé.
De nos jours Visé se dit en flamand Weçet. Il en était
déjà ainsi en i5oo : l'oiseau du collier des Arbalétriers,
qui date de cette époque, porte l'inscription von We\et
bin. Dans des registres du xvie siècle on trouve Mark-
- 23 —
Weçet, Visé-Marché, en opposition avec Veldn>e\et,
Visé-Campagne,
Quelle est dans ces formes multiples, celle qui se
rapproche le plus du nom primitif? En d'autres mots,
quelle est l'origine du nom Visé?
Deux opinions, défendues par des hommes compé-
tents, se trouvent ici en présence.
M. Kurth, le savant professeur de l'Université de
Liège, dit que dans cette question il faut se tenir à la
forme la plus ancienne, dont les autres ne sont que des
altérations. Cette forme, Veosat, n'admet aucune inter-
prétation germanique ni latine, donc elle doit être
celtique; on ignore sa signification.
Contrairement à cette opinion, M. l'abbé Habets,
de Maestricht, donne au nom de Visé une origine
tudesque. D'après lui Veosatum ne serait qu'une des
multiples transformations que les temps ont fait subir
au mot tudesque Wiese.
Voici une considération en faveur de cette seconde
interprétation.
A trois lieues de la ville se trouve le village fla-
mand Veldwezelt ou Veldwezet, qui anciennement
s'appelait Visetum comme Visé et qui porte encore le
nom We^et que les flamands du voisinage donnent à
notre ville.
Toutes les localités voisines ont des noms d'une
origine germanique.
Dans Dalhem elle est manifeste.
Bombaye vient par diverses transformations de
Bolbeek.
Berneau, jadis Biernawe, a une terminaison alle-
mande fort commune qu'on retrouve même dans Mes-
chawe (Mesch), nom du village hollandais voisin de
Berneau.
Le nom Erkenteil du xnc siècle s'est lentement
métamorphosé et est devenu Argenteau.
Richelle(Rickela, au XIe siècle), avec des allures aussi
— 24 —
françaises que celles cTArgenteau pourrait bien avoir la
même origine que Ryckel, près de Saint-Trond. C'est
tellement vrai que M. Ralhenbeeck, dans son Histoire
de Dalhem, confond les deux localités et place à tort le
berceau de Denys-le-Chartreux dans le pays de Visé.
Hallembaye ne devrait-il pas son nom à son ruis-
seau, comme Bombaye et Nordebaye (Noorbeek)?
Enfin tous les étymologistes admettent une origine
franque pour les noms de Herstal et de Hermalle.
Si toutes les localités voisines de Visé ont des noms
tudesques, on doit être porté à admettre la même ori-
gine pour le nom de cette ville.
Cette considération, qui donne quelque probabilité
à la seconde opinion, est cependant loin de résoudre
la question, d'autant plus que l'origine tudesque ren-
contre plus d'une difficulté ; ainsi le / que Ton retrouve
dans toutes les anciennes formes ne s'explique que très
difficilement, dans l'hypothèse que Visétum et Viseit
viendraient du mot Wiese.
A ce propos on doit dire comme pour beaucoup de
questions semblables : Adhuc sub judice lis est.
HISTORIQUE DE LA VILLE DE VISÉ.
Jean d'Outremeuse, qui joint de temps en temps à
ses qualités d'historien et de rimeur, celle de conteur de
fables, fait remonter l'origine de Visé à une haute anti-
quité. Cette ville aurait été fondée, d'après lui, long-
temps avant l'ère chrétienne, par un Cédros, roi de
Tongres et aurait porté dans le commencement le nom
de Campaderine ou Taxandrine.
Hubert Thomas, dans ses de Tungris Commen-
taria, prétend que le pont sur la Meuse, dont parle
Tacite, aurait été établi à Visé et non pas à Maestricht
comme on le croit communément.
Le même auteur croit aussi à la haute antiquité de
Visé et à l'importance qu'il aurait eu autrefois. 11 en
— 25 —
voit une preuve dans les ruines que Ton trouvait encore
de son temps (1541) près de la ville.
Bouille avance la même assertion mais avec fort peu
d'assurance. « On tient, » dit-il, « que les anciennes
» ruines de la ville de Visé, furent réparées sur la fin
» du siècle précédent et que ses vieux fondements
» témoignent qu elle a été beaucoup plus ample qu'on
» ne la voit de nos jours. »
M. Henaux, qui cite ces différents auteurs, produit
des extraits de documents visétois de i5go, où il est
question de « vieilles et novelles fermeté^ » de « vieux
» et noveaux murailles. » Il termine en disant que « la
» critique historique n'oserait écarter ces traditions sur
*> l'étendue et l'antiquité de Visé et qu'il faudrait des
» fouilles pour juger de leur degré de véracité. »
Nous pensons que l'on peut, sans fouilles préalables,
rejeter ces opinions comme peu fondées.
Il ne reste dans les annales de la principauté aucune
trace de cette importance. Dans toute l'histoire de Liège,
Visé n'occupe qu'une place peu considérable. Ses rem-
parts ne datent que de i33o, ses privilèges de 1425.
Avant 1600 il n'y avait pas même d'hôtel de ville. Tout
cela prouve que Visé n'a jamais eu l'importance qu'on
voudrait lui attribuer.
Quant aux ruines dont parlent les auteurs cités, il
s'agit évidemment des anciens remparts détruits par
Charles-le-Téméraire en 1466 et qui furent lentement
reconstruits au siècle suivant. Ces anciens remparts
longeaient la Meuse. Les nouveaux étaient construits à
quelque distance du fleuve. De là ces ce jpuides places
» extantes entre les vieux et noveaux murailles » qui
se trouvaient toutes dans le voisinage du P lé trou et de
la Tour VEvesque. Si donc Visé a perdu en étendue ce
fut du côté de la Meuse et de ce côté il n'a pu perdre
beaucoup.
Si l'on ne peut admettre ces vieilles traditions, il est
probable que Visé existait longtemps avant Charlemagne
— 2G —
et il est certain que, sous cet empereur, il acquit cette
importance relative qu'on ne peut lui dénier sous les
descendants de ce prince.
D'après les chroniqueurs du moyen âge, Visé de-
vrait son église et sa foire à Berthe, fille de Charle-
magne, et son pont à Ogier-le-Danois, ministre du grand
Charles.
Sans doute il serait hardi d'accepter comme vraies
toutes ces traditions avec leurs détails, mais il serait
encore plus téméraire de ne pas reconnaître un fond de
vérité dans leur ensemble.
Visé avait un atelier monétaire des rois carlovin-
giens au VIIIe siècle, un marché florissant avant l'an
1000, son pont remonte à une haute antiquité; les
traditions attribuent ces institutions à Charlemagne ou
à sa fille. On peut donc dire avec assurance que Visé
doit une partie de son importance à ces personnages.
Cette importance était telle alors, qu'on le cite dans
l'acte de partage de 870, entre Charles-le-Chauve et
Louis-le-Débonnaire.
« A cette époque Visé était une bourgade libre,
» c'est-à-dire qu'il relevait directement du domaine
» royal et ne dépendait d'aucun seigneur, » dit M. He-
naux (1).
En 983 il fut donné en fief par l'empereur d'Alle-
magne Otton à l'Eglise de Liège qui y exerçait depuis
les droits seigneuriaux de l'époque. Cette donation fut
confirmée plus tard, en 1070, par l'empereur Henri,
successeur d'Otton. Ces actes de faveur des empereurs
allemands envers l'Eglise de Liège expliquent com-
ment Visé fit partie de la principauté alors que les loca-
lités voisines appartenaient au duché de Limbourg.
Visé fut, en 1106, le théâtre d'une bataille mémo-
rable dans l'histoire de l'Allemagne, parce qu'elle fut
un des derniers épisodes de la longue guerre des inves-
(1) Bulletins de l'Institut archéoL liégeois, t. I, p. 374.
— 27 —
titures qui désola l'empire germanique au commence-
ment du XIIe siècle.
Le vieil empereur Henri IV s'était réfugié à Liège.
Son fils, Henri V, voulut l'y surprendre à la tête d'une
forte armée. Bientôt il arriva à Visé. Entre-temps les
adhérents de Henri IV, le duc de Lorraine, le comte
de Namur, etc., étaient venus se ranger avec les Lié-
geois à côté de leur vieux suzerain et marchaient sur
Visé à la rencontre des troupes allemandes.
La bataille s'engagea sur la rive gauche du fleuve.
L'armée de Henri V attirée dans une embuscade, dut
battre en retraite et regagna en désordre le pont qui
s'écroula sous le poids des fuyards. Ceux-ci furent pré-
cipités dans le fleuve et essayèrent de passer la Meuse
à la nage, mais beaucoup d'entre eux y périrent. Les
chroniqueurs rapportent que les victimes furent au
nombre de cinq cents.
Vers le milieu du siècle suivant, les Templiers
vinrent s'établir au-dessus de Visé à l'endroit qui porte
encore le nom de leur ordre. Ils y restèrent jusqu'à leur
suppression. Le temple de Visé, comme tous les biens
des Templiers, passa aux chevaliers de Malte.
On ne sait pour quels motifs la cathédrale de Liège
échangea, en i3io, la justice de Visé, contre le bourg
d'Amay, qui appartenait au prince-évêque.
M. Henaux attribue cette permutation à des mésin-
telligences, qui auraient existé entre le chapitre cathé-
dral et les Visétois. Mais les preuves dont il appuie son
assertion sont telles qu'elles ne démontrent que son désir
de mettre les seigneurs ecclésiastiques en conflit avec
leurs sujets.
A partir de cette époque Visé fit partie de la prin-
cipauté; l'évêque nomma les membres de la Cour de
justice et exerça le pouvoir politique ; la cathédrale resta
seigneur ecclésiastique et conserva jusqu'à la révolution
les droits de patronage.
Vingt ans plus tard, vers i33o, Visé fut fortifié et
— 28 —
depuis lors on commence à l'appeler oppidum ou oppi-
dulum (i).
En i338 Adolphe de la Mark y transféra la commu-
nauté fondée à Celles par saint Hadelin. Jusqu'alors le
chapitre ne comprenait que douze membres ; à l'occa-
sion de cette translation Tévêque créa en sa faveur huit
prébendes nouvelles.
Les disciples de saint Hadelin emportèrent avec
eux les précieuses reliques de leur fondateur renfermées
dans la magnifique châsse, que les amateurs admirent
encore dans l'ancienne collégiale de Visé.
La seconde moitié du XIVe siècle fut assez orageuse
pour les Visétois.
Renaud, seigneur d'Argenteau, établit en 1347 un
droit de péage pour les bateaux qui, faisant le service
entre Liège et Visé, passaient sous son château-fort. Ce
droit faisait tort au commerce des deux villes. Les Lié-
geois réclamèrent et, voyant que leurs réclamations
restaient sans succès, ils vinrent assiéger le château et
le démolirent de fond en comble. Les Visétois semblent
avoir pris part à ces hostilités. Longtemps, les seigneurs
d'Argenteau leur gardèrent rancune. Pour ce motif « on
» dressa, en i38o, du consentement de l'évêque et du
» chapitre, un pont en bois à Visé pour être plus à
» portée de secourir les habitants de cette ville contre
» les courses de la garnison d'Argenteau (2). »
Quelques années avant, en 1376, dans la lutte du
prince-évêque, Jean d'Arckel, contre ses sujets révoltés,
Visé fut attaqué par les troupes allemandes du prince.
Mais les assaillants furent repoussés par les habitants
et les Liégeois accourus à leur secours.
La ville fut moins heureuse en i3g6. Le dernier
jour du mois de janvier de cette année une troupe de
Gueldrois, sous la conduite du comte de Meurs, esca-
(1) Bulletins de l'Institut archéoL liégeois, t. I, p. 376.
(2) Bouille, t. I, p. 423.
— 29 —
ladèrent les murailles de la ville sur l'heure de minuit,
surprirent les habitants dans leur sommeil, pillèrent
les maisons et y mirent le feu, puis se retirèrent emme-
nant plusieurs bourgeois comme prisonniers.
M. Henaux, qui recherche les occasions de noircir
les princes-évêques, attribue ce désastre des Visétois à la
mauvaise foi du prince Jean de Bavière. « Jean sans
» Pitié, » dit-il, « faisait la paix avec les états du pays
» et en secret il excitait ses bandes armées à continuer
» les hostilités (4). »
Pour appuyer cette assertion plus que hasardée,
l'auteur cite un texte de Zantfliet où il n'est nullement
question du prince (2).
D après Bouille, Jean de Bavière ne mérite pas ce
reproche. « Le prince, » dit cet historien, « accourut à
» Visé à la tête de ses gens de guerre, mais les ennemis
» étaient déjà bien loin. Le peuple en murmura, vou-
» lant donner à entendre que ce coup ne s'était pas fait
» à Tinsu du prince et témoignant d'en vouloir à sa
» personne. Mais il le prévint en se justifiant devant
» lui par serment et le murmure cessa (3). »
Pour M. Henaux les soupçons du peuple sont fon-
dés et un serment n'a aucune valeur du moment qu'il
s'agit de nuire à la réputation d'un évêque.
En 1425, Jean de Heynsberg accorda aux Visétois
une charte de privilèges. La constitution communale
qu'elle consacre, aurait déjà existé longtemps aupara-
vant, d'après M. Henaux. « Ce ne fut, » dit-il, « que le
» 9 avril de cette année que les bourgeois la consi-
» gnèrent dans une charte, qu'ils firent confirmer le
» même jour par le prince. »
Ici encore l'auteur de l'Histoire du pays de Liège
montre 1' « esprit de système » dont l'accusait une com-
mission de l'Académie royale et que M. de Gerlache a
(1) Bulletins de l'Institut archéol. liégeois, t. I, p. 368.
(2) Bulletins de l'Institut archéol. liégeois, t. I, p. 368.
(3) Bouille, t. I, p. 441.
— 30 —
si bien fait ressortir dans son Rapport sur un mémoire
concernant la constitution de l'ancien pays de Liège.
D'après M. Henaux, dans tous ses ouvrages, les
droits et les privilèges des villes viendraient non pas
du prince mais du peuple lui-même et les princes-
évêques n'auraient eu d'autres pouvoirs que ceux que
leur aurait accordés la volonté populaire, ou qu'ils au-
raient usurpés au détriment de la constitution liégeoise.
Le texte de la charte de Jean de Heynsberg semble
contraire à cette opinion de M. Henaux. Il s'agit d'un
régime tout nouveau, établi par le prince, à la demande
des bourgeois, pour remédier à certains abus existants
et pour contribuer ainsi au bien de la ville.
D'ailleurs il semble que le magistrat accordé aux
Visétois par la charte, n'a pas existé avant cette époque.
Dans plusieurs documents importants du xivc siècle,
il est parlé de la communauté des bourgeois sans faire
allusion aux bourgmestres et jurés, tandis que dans les
documents postérieurs à 1425 le magistrat agit toujours
au nom de la généralité des habitants.
Visé eut sa part dans les luttes héroïques et malheu-
reuses du pays de Liège contre Charles-le-Téméraire et
dans les désastres dont elles furent suivies. Une attaque
des Visétois contre Dalhem, qui faisait partie de l'ancien
duché de Limbourg et relevait ainsi de la Bourgogne,
fut expiée par la prise et la destruction de la ville, la dé-
molition de ses remparts, la confiscation de ses biens et
privilèges (î).
Les droits et franchises des Visétois leur furent
restitués en 1477; quelques années avant, ils avaient
racheté de Louis de Bourbon leurs biens communaux
confisqués par le Téméraire.
Dans les premières années du XVIe siècle, le chapitre
de Saint-Hadelin éleva le vaste et magnifique chœur
de l'église, dont des constructions postérieures et le
(1) « La ville fut arsc et destructe, » disent d'anciens documents.
— 31 —
vandalisme de la renaissance ont détruit la beauté et la
majesté primitives.
Pendant cette époque, qui fut pour l'Europe entière
une période de troubles religieux et politiques, la prin-
cipauté de Liège jouit d'une paix relative, grâce à deux
de ses plus grands évêques Erard de la Mark et Gérard
de Groesbeek. Visé eut sa part dans les bienfaits de ces
deux épiscopats.
Le chœur de son église avait été construit vers
i5io, la nef droite fut réédifiée plus tard, les remparts
furent rétablis et le projet fut formé de bâtir un hôtel
de ville.
L antique marché de Visé était complètement tombé ;
les évêques accordèrent aux Visétois des privilèges pour
lui rendre une certaine vogue.
Les luttes religieuses de l'époque n'y eurent qu'un
faible écho.
Ce siècle aurait été une époque de restauration pour
la ville si la peste de 1578 n'était venue la menacer une
seconde fois, d'une complète destruction.
Sous les princes de Bavière, qui se succédèrent sur
le siège épiscopal de Liège, au XVIIe siècle, Visé fut leur
ville de prédilection, à tel point que leurs adversaires
lui donnèrent le nom de Chiroux-ville . Bien souvent
on y signale leur présence. En 1648, Ferdinand y
résida assez longtemps et y convoqua même les Etats
du Pays.
Cette bienveillance procura à plusieurs Visétois des
fonctions élevées dans l'armée impériale et dans l'ordre
ecclésiastique. Peut-être même peut-on lui attribuer
rétablissement, à Visé, des différentes communautés
religieuses, qui s'y érigèrent pendant ce siècle.
En 1616 des religieuses Sépulchrines du couvent
des Bons Enfants de Liège y jetèrent les fondements de
la maison qui sert maintenant d'école moyenne et
y ouvrirent une école pour filles et un pensionnat.
Les Récollets vinrent à Visé en 1646.
— 32 —
A la fin du siècle, les Carmes obtinrent l'autorisation
de s'établir à Devant-le-Pont.
Entre-temps, Visé avait vu naître les deux de Slusc,
les plus illustres de ses enfants et, en 1612, on avait
pu mettre à exécution le projet de construction de
l'hôtel de ville.
La fin du XVIIe siècle fut moins paisible et plus
malheureuse pour Visé. Une seconde fois, en 1667, la
peste vint enlever une partie considérable de ses habi-
tants.
Pendant les guerres de Louis XIV contre les Pro-
vinces Unies, Visé eut, comme toute la principauté, à
supporter de grands frais et de fortes exactions. Ses
remparts furent encore démolis. Ces guerres et les luttes
intestines, qui désolèrent la principauté vers 1680, ame-
nèrent la ruine des finances de la ville et des abus dans
l'administration communale.
Pour ces motifs Maximilien-Henry donna à la ville,
en t685, un nouveau règlement concernant les élections
et les pouvoirs du magistrat. Ce règlement restreignit
les libertés communales. M. Henaux, qui ne connaît
que les droits du peuple et qui ne trouve le bonheur
des populations que dans l'intégrité de leurs franchises,
le juge détestable et tyrannique. « Ce qui restait des
» vieilles franchises, » dit-il, « devint insuffisant pour
» mettre les bourgeois à l'abri de l'arbitraire des offi-
» ciers de police judiciaire du prince. La liberté indi-
» viduelle, qui était garantie à Visé, comme dans les
» autres localités du pays, de la façon la plus efficace et
» la plus énergique, cessa peu à peu d'être respectée (1). »
A l'appui de ces assertions M. Henaux cite un con-
flit qui surgit entre le mayeur, officier de la police judi-
ciaire et les bourgmestres, à propos d'une question
de liberté individuelle et dans lequel le prince désavoua
son agent.
(1) Bulletins de V Institut archéol . liégeois, t. I, p. 393.
— 33 —
Quand on voit les bourgmestres défendre les droits
de leurs concitoyens et le prince-évêque leur donner
gain de cause, on doit convenir que ce fait est un argu-
ment peu sérieux pour prouver que « la liberté indivi-
duelle cessa peu à peu detre respectée. »
Le nouveau mode d'élection rencontra d'abord une
certaine opposition, mais bientôt il remit la paix dans
la ville et l'ordre dans les finances. Les anciens droits,
plus étendus, devaient naturellement être regrettés par
une partie de la bourgeoisie ; pour satisfaire les désirs
de ses sujets, le prince introduisit, en 1719, quelques
changements au règlement de i685.
En 1737 les Pères Récollets ouvrirent une école
d'humanités. La ville avait mis à leur disposition le
local de l'ancien hôpital de Saint-Nicolas. Le collège
des Récollels fut remplacé, en 1750, par celui des Ora-
toriens, dû à la générosité du baron Gilles-Albert de
Villenfagne.
La paix dont la ville avait joui pendant la première
moitié de ce siècle continua à régner pendant la seconde.
Elle ne fut troublée qu'un instant par la célèbre cause
de Sartorius.
C'était le calme qui précède l'orage. La révolution
liégeoise, ayant à sa tête trois anciens élèves des Orato-
riens de Visé, attira sur notre pays la domination fran-
çaise qui, à Visé, comme partout ailleurs, amena la
destruction de toutes les vieilles institutions.
II.
LA PAROISSE, L'ÉGLISE ET LES CURÉS.
La paroisse de Visé est fort ancienne. D'après la tra-
dition, nous l'avons vu, sa première église aurait été
construite par Berthe, fille de Charlemagne. Indépen-
damment de cette tradition, nous avons d'autres preuves
de la haute antiquité de Visé comme paroisse.
En i338, l'église de Visé possédait des biens consi-
5
— 34 —
dérables. De ses revenus on dote trois prébendes cano-
nicales et le restant suffit comme subsistance du pléban
ou curé. La possession de biens considérables est pour
les églises du temps passé un indice d'une origine
ancienne, à moins que cette possession ne se justifie
par une forte donation plus récente. La tradition ne
rapporte à ce sujet que des dons faits à l'église de Visé
par Charlemague ou par Berthe.
Le titre d'église-mère et le nombre ou l'importance
des succursales et chapelles dépendantes attestent encore
l'ancienneté d'une paroisse ; et cette preuve est bien
manifeste pour Visé.
Un acte de i339 (i) dit : « Parochus habebit jura
» parochialia a Parochianis de Viseto et appendiciarum
» ejus et habebit anniversaria dictae ecclesiae Visetensis
» tam in Viseto quam in Dalhem. » La ville de
Dalhem dépendait donc, à cette époque, de la cure de
Visé. Quand on se rappelle l'ancienneté et l'importance
de cette localité, qui, au XIe siècle, était le chef-lieu d'un
comté indépendant, on est convaincu que cette relation
entre Visé et Dalhem devait remonter bien loin et que,
par conséquent, Visé devait exister comme paroisse
depuis un temps immémorial.
Cette dépendance de Dalhem de la paroisse de Visé
a continué jusque vers 1600. Dans un ancien registre
des revenus de la cure (i58i), on dit encore : « Pleba-
» nia Visetensis cum appendicibus Dolhen et Monse. »
En 1616, on ne parle plus de Dalhem, on dit : « La
» Plébanie de Visé et V appendice de Monse. » La sépa-
ration de Dalhem doit donc être placée entre ces deux
dates (2).
Toutefois il resta jusqu'à la Révolution française des
traces de cet ancien état de choses. Le pléban de Visé
(1) Archives de la paroisse.
(2) D'après un registre de l'église de Dalhem cette séparation ne
devint définitive qu'en 1618.
— 35 —
nommait les curés de Dalhem de concert avec le magis-
trat de celte ville.
Chaque année, à un jour déterminé, le curé et les
paroissiens de Dalhem se rendaient processionnelle-
ment, croix en tête, à leur ancienne église-mère et fai-
saient à cette occasion, à l'autel paroissial, une offrande
pour le curé de Visé. Le curé de Dalhem venait aussi
chaque année, à Visé, recevoir les Saintes Huiles des
mains du pléban.
Le hameau de Mons, entre Visé et Bombaye, était
un autre appendice de la paroisse de Visé. Mais cette
dépendance présentait un caractère particulier. Mons
appartenait alternativement, une année à Visé et l'autre
à Bombaye. Le curé qui desservait le hameau, recevait
de ce chef cinq muids d'épeautre.
Devant-le-Pont a toujours dépendu de Visé et non
de Lixhe, ni de Haccourt, comme on Ta cru. En 1256
il existait une vieille contestation entre le chapitre de la
cathédrale et le curé de Visé, concernant leurs droits
respectifs pour la perception de la grosse dîme. Dans
une charte du 25 février de cette année le chapitre fait
savoir que le différend est aplani et que, d'après les
conventions faites, il continuera à lever la dîme sur la
rive droite de la Meuse tandis que le curé recevra celle
de la rive gauche, près de Lixhe. Comme on ne peut
supposer que le curé ait joui de ce droit en dehors
de sa paroisse, on doit admettre que Devant-le-Pont
dépendait alors de Visé. Les registres des derniers
siècles prouvent que l'ancien état de choses n'a pas
été changé.
Toutefois, il semble qu'une partie de Devant-le-Pont
a dépendu de Hermalle. Nous avons trouvé des indica-
tions comme celle-ci : « N... de Devant-le-Pont, pa-
» roisse de Hermalle. »
Le doyenné rural de Maestricht portait auxne siècle
le nom de concilium Visetense.
Ainsi, en 1143, un acte par lequel la cure de Breust
— 36 —
est incorporée à la collégiale Saint-Martin de Liège est
approuvé par un « Joannes decanus, » et les « Fratres
» concilii Visetensis Guaço, Gulielmus et Lambert us »
et un autre acte de 1164 est adressé par l'archidiacre
Alexandre aux « fratres capituli nostri de Viseto. »
Quelques années plus tard on rencontre « concilium
» trajectense (*). »
A part la charte de 1256, dont nous avons parlé, nous
n'avons trouvé aucun document concernant la paroisse
de Visé pendant le XIIIe siècle.
Jusqu'au commencement du siècle suivant, l'église
de Visé était régie par le droit commun ecclésiastique
du pays de Liège. Comme ecclesia intégra, elle payait
l'intégralité des droits épiscopaux et archidiaconaux.
Elle dépendait du doyenné rural de Maestricht et de
larchidiaconat de Hesbaye. Quand l'église cathédrale
échangea en 1 3 10 la justice de Visé contre celle d'Amay,
elle conserva son droit de patronage sur la paroisse.
A ce titre, le chapitre de Saint-Lambert présentait le
curé ou investitus qui était agréé et installé par l'archi-
diacre, elle percevait la grosse dîme et devait de ce chef
entretenir le vaisseau de l'église, fournir la cloche banale
et procurer au curé le nécessaire d'autel pour la célé-
bration de la Sainte Messe. L'investit avait l'adminis-
tration dçs biens de cure. Ceux de la fabrique ou du
luminaire, comme on disait alors, étaient sans doute
régis par les mambours paroissiaux.
La translation du chapitre de Saint-Hadelin à Visé,
changea en partie cet état de choses et créa, pour la
paroisse, une situation particulière qui persévéra, avec
de légères modifications, jusqu'à la Révolution fran-
çaise.
Par un document du 10 juillet i338 (2), Adolphe
de la Mark transfère le chapitre de Saint-Hadelin à
Visé.
(1) Habets, Geschiedenis van het Bisdom Roermond, 1. 1, p. 420.
(2) Archives de l'église.
— 37 —
Du consentement de l'archidiacre de Hesbaye et du
chapitre de Saint- Lambert, dont les droits furent con-
servés, il assigne aux chanoines de Celles l'église parois-
siale de Visé, qui fut, par le fait même, élevée au rang
de collégiale. « Ecclesiam parochialem de Viseto de
» consensu capituli nostri necnon de consensu archi-
» diaconi Perchevalli de Carreto et de consensu Pétri
« de Viseto, Investiti, qui eam ad praesens tenet,
» eidem collegio incorporamus et annectimus eam in
» collegiatam ecclesiam erigentes et illam ei libertatem,
» quam aliae ecclesiae (collegiatae) dioecesis Leodiensis
» habere noscuntur tribuentes. »
De tous les biens et revenus de l'église l'Evêque créa
trois nouvelles prébendes, en réservant une part suffi-
sante au pléban ou curé, qui aurait à exercer les fonc-
tions pastorales. Le . chapitre de Saint-Lambert ne
pourrait présenter comme curé qu'un candidat ayant
reçu la prêtrise, ou disposé à la recevoir dans le cours
de l'année. L'archidiacre, à qui le candidat devait être
présenté, l'agréait et l'installait.
« Ordinamus ut de reditibus universis et obven-
» tionibus dictae ecclesiae de Viseto trium praeben-
» darum sacerdotalum corpora sint fundata et una
» investitura ad quam sacerdos idoneus vel qui infra
» annum ad sacerdotium promoveatur, dicto archidia-
» cano per ipsum instituendus praesentetur qui curam
» animarum habeat parochiae, reservata sibi de reddi-
» tibus et obventionibus dictae ecclesiae congrua por-
» tione. » Cette part devait être taxée plus tard par
l'archidiacre et le chapitre.
Le curé de Visé, de ce temps, Petrus de Urso, est
nommé chanoine et chantre du chapitre.
Dans une lettre (i) du 4 août de cette année l'archi-
diacre Percheval de Carreto renouvelle son consente-
ment tout en réservant certains droits.
(1) Archives de la paroisse.
— 38 —
L'église restera paroissiale et aura un curé soumis
à la juridiction archidiaconale.
Le curé et les recteurs de tous les autels ou béné-
fices existant alors dans la paroisse devront être pré-
sentés à l'archidiacre et institués par lui. Il en sera de
même des recteurs d'autels, qui seraient fondés à l'ave-
nir dans la paroisse mais hors de l'église. Le curé, les
bénéficiers, tous les clercs et laïques de la paroisse
seront soumis à la juridiction épiscopale et archidia-
conale à l'exception des chanoines, de leurs serviteurs
et des élèves de leurs écoles. Tous ceux qui assistaient
au synode tenu dans l'église de Visé, y prendront part
comme par le passé.
Le prévôt et le chapitre payeront les trois quarts
des droits épiscopaux et archidiaconaux : à savoir le
cathedratecum et Vobsonium. Le pléban ou recteur de
l'église payera l'autre quart.
Le pléban aura le droit de présenter les bénéficiers
qui sont à la nomination de l'archidiacre.
A l'aide de ce passage nous pourrons plus tard déter-
miner le degré d'ancienneté des différents bénéfices.
Le 4 août suivant (133g), Adolphe, du consente-
ment de Magister Johannis Micerio (ou Nucerio), suc-
cesseur de Percheval, arrête les bases d'après lesquelles
aura lieu la fondation de trois prébendes et de la plé-
banie.
Les revenus et fruits de l'église de Visé étaient
fixés à deux cents muids d'épeautre, mesure de Liège.
Soixante-dix de ces muids seront attribués à la cure,
les autres serviront à la formation des canonicats.
Les revenus de la plébanie consistaient en vingt
muids dus à la cure par le chapitre de Saint-Lambert,
propriétaire de la grosse dîme, vingt muids provenant
des anniversaires fondés dans l'église de Dalhem et
enfin de trente autres muids, revenus présumés des
droits d'étole à Visé et dans les dépendances.
Quant aux anniversaires fondés dans l'église-mère,
— 39 —
les chanoines devront les exonérer à raison des biens de
fondation leur attribués.
Les fondations de messes, qui pourraient être créées
à l'avenir, seront censées faites en faveur du chapitre, à
moins que le fondateur n'ait manifesté sa volonté de
les voir exonérées par le pléban.
Cet arrangement explique la disparition des vieilles
fondations.
Les titres d'une partie de ces fondations disparurent
dans le cours des temps et dans les guerres et autres
désastres qui fondirent sur la ville.
Les chanoines pour satisfaire aux obligations qu'ils
avaient contractées, avaient chargé, déjà au XVIIe siècle,
un de leurs hebdomadaires de célébrer pour eux le
nombre voulu de services.
A la Révolution française les biens des collégiales
furent pour la plupart confisqués et vendus. On ne
rendit que ceux des fondations, dont on put produire
les titres et ainsi un grand nombre de ces anniversaires
disparurent.
Une autre considération explique le même fait.
Des revenus de fondations consistaient en rentes
dues par des communes ou des particuliers. Or, plus
d'une fois, les rentes se perdirent à cause de l'insolva-
bilité des débiteurs. Un fondateur pour prévenir la
perte de l'anniversaire qu'il avait l'intention de fonder,
stipule que la rente constituée à cet effet, resterait irré-
vocablement attachée à une maison. Quelque temps
après, l'habitation fut, dans une tempête, tellement en-
dommagée, que pour prévenir l'anéantissement complet
de la rente, on fut forcé de vendre l'immeuble.
Les habitants de Visé étaient-ils opposés à l'établis-
sement du chapitre dans leur ville?
Un document du 2 mars 1340 réglant les rapports
entre le chapitre et les paroissiens porte le titre de trans-
action (1). Cette transaction suppose-t-elle une opposition
(1) Archives de l'église.
— 40 —
antérieure de la part des bourgeois ou contient-elle seule-
ment un arrangement nécessaire entre les deux parties?
On ne saurait le dire.
Dans cet accord conclu entre le prévôt et le cha-
pitre d'une part et « la communauté délie ville et tous
» les parochains de l'église de Visé, » de l'autre, on règle
toutes les questions « délie thour, des clocques, des
» semitiers, de l'encloîstre à faire, des accens, de lumi-
» naire, des blocques, des bardequins, délie fabrique, de
» pléban et de marguillier délie dite église et de toute
» autre chose dont matière de contendre ou débats
» pouvoit ou pourroit naistre, »
Il est décidé qu'en cas de travaux à faire à la tour
« les parochains deveront à leurs fraix et despens payer
» et livrer toute la matière à l'ouvrage nécessaire et le
» chapitre louera et payera les ouvriers. »
On détermine à qui incombe l'entretien des cloches
et l'usage que peuvent en faire les bourgeois. Si le cha-
pitre veut placer de nouvelles cloches et si pour « les
» apoincter falloit faire plus fort bellefroid ce devrat
» estre faict au despens dudit chapitre. »
« Le marlier délie paroisse aurat une clef de mos-
» tier (église), pour y entrer quand métier serat par
» nuict et par jour pour avoir les sacrements de la
» Sainte Eglise et faire le nécessaire délie paroisse et
» devrat aussi le dit marlier dormir en l'engliese pour
» ladite église aider mieux à warder. » Ce passage nous
fait connaître l'origine et l'usage d'une vieille ouverture
de cheminée en forme d'ogive, ainsi que d'une petite
fenêtre pratiquée dans le mur de l'église dans le voisi-
nage de la tour. Là se trouvait sans doute la chambre
où logeait le marlier.
Dans le cas ou le chapitre voudrait construire des
encloistres ou autrement il devra laisser un terrain
suffisant à Vaytre (cimetière), et si plus tard, après ces
constructions le cimetière devait être agrandi, il devra
procurer terre béniste suffisante là-joindante.
— 41 —
Toutes les rentes et tous les biens du luminaire de
l'église « seront et appartiendront au dit chapitre lequel
» chapitre en devrat faire le luminaire de la dite église
* et deverat aussi ledit chapittre aux pauvres de la
» paroisse pour qui on -le demanderat et qui autre
» luminaire n'auroit et" à qui nécessité serat a son obit
» de livrer quatre chandelles quand on ferat le service
» ainsi qu'accoustumé est. Item deux chandelles a
» l autel du pléban pour chanter messe et une tortiez
» (cierge) à l'honneur de Dieu.
» Doivent avoir les paroichiens un pléban au lieu
» de Vestij, qui en la dite église de Visé porterat la cure
» des paroissiens ainsy que Vestij soloit faire et les
» paroichiens deveront faire envers lui tout ce qu'ils
» devaient faire à leur Vestij. Lequel pléban et les
» paroissiens esliront le marlier délie paroiche.
» Plus avant ne pourront et ne deveront les parois-
» siens demander rien à Moustier aux rentes ne autres
» biens de Moustier fors ce que dit est.
» Sans ce que le pléban ait calice, messe, brévaire,
» livre ornement et toute autre chose que le Vestij avait
» de part le patron et paroichiens de l'église pour exerci-
» ter sa cure et ce a-t-il perpétuellement deseurdit. Aussi
» le deverat-on tenir en paix sur les pétitions de deux
» muyds de spelte dont ils sont convenus envers Hen-
» rotte Magrande, couvreur de Liège à sa vie pour de-
» tenir la couverture délie thour et des accincts (nefs). »
Il avait été convenu en outre que le chœur de
l'église serait réservé au chapitre et que le vaisseau ser-
virait pour la paroisse. L'autel paroissial était établi
près du chœur du côté de Xintroït.
Ces différents accords réglaient les droits et les de-
voirs respectifs du chapitre, du pléban et des parois-
siens. Ils expliquent un fait étrange au premier abord :
l'absence complète dans les archives visétoises de tout
registre concernant la fabrique d'église et de toute men-
tion de mambours de la paroisse.
6
— 42 —
Tous les biens de l'église et des fondations sont cédés
au chapitre. Celui-ci est chargé de les administrer et
de faire les fournitures pour le culte. Il n y eut donc ni
biens de fabrique proprement dits, ni mambours pour
les administrer.
Avec le temps, il est vrai, il se forma, à la suite de
quelques donations, un certain nombre de biens de
cure et de fondations dont le pléban seul eut l'admi-
nistration (4).
Dans les statuts particuliers de la collégiale de Visé
confirmés par Englebert de la Mark se trouvent quel-
ques articles réglant les relations entre le chapitre et
le curé au point de vue paroissial. En voici deux :
ART. 17. Ordinamus prœterea et praecipimus plebano dictas
ecclesiae quicumque pro tempore fuerit ex nunc et in antea inter
matutinas decantatas et pulsum primas ut ita tempestive officium
suum celebret quatenus conventus in prima et aliis horis canonicis
minime turbetur et possit impediri quodque moretur et habeat
domicilium infra immunitatem claustri chorumque cum superpel-
liceo et almutia, habituque decenti frequentet.
ART. 18. Item statuimus quod de cœtero prima et secunda
die nativitatis Domini, necnon die Paschae, Parascevae et vigilia
Paschae et Pentecostis, fontium sacrarum benedictio et regeneratio
conventualiter sicut in secundariis ecclesiis praedictis celebretur.
Grâce à tous ces statuts, accords et transactions
déterminant les attributions de chacun, la concorde
semble avoir régné pendant longtemps dans la paroisse ;
du moins n'avons-nous trouvé aucune trace d'un conflit
sérieux pendant les premiers siècles de l'existence des
chanoines à Visé.
Un nouvel état de choses se produisit au XVIe siècle
(1) D'après un registre du pléban Radoux les recettes ordinaires de la
cure de Visé montaient de son temps à :
(en nature) : 69 1/2 muids d'épeautre.
2 chapons.
(en espèces) : 11 fl. bb. 06 d. f. et 23 pattars.
Dans ces sommes étaient compris les revenus des anniversaires.
— 43 —
et amena des effets moins favorables pour la conserva-
tion de Tordre et de la paix.
Pierre Slenaken fut dans la première partie du
XVIe siècle successivement bénéficier, pléban, chanoine
et doyen dans l'église de Visé. Avec l'autorisation du
Pape, il cumula assez longtemps les fonctions de pléban
avec celles de chanoine.
Plus tard, un canonicat fut ajouté définitivement à
la plébanie.
Le document suivant de i588 nous permet de fixer
à peu près la date et le motif de cet arrangement :
Joannes Oerbach, abbas sœcularis, consentit ut praebenda a se
conferenda, quam possidet D. et M. Guilhelmus Piretius uniatur
et incorporetur plebaniae Visetensi ut — quod deest ipsius juste
competentiae — suppleatur. Vicissim ne ipse suive successores hinc
dispendium seu diminutionem in suis collationibus patiantur Rdi et
O*1 D. Decanus et capitulum Leod. concesserunt ut primas prae-
benda? dictae ecclesiae collegiatae Visetensis vacaturae alias ad suam
collationem pertinentis collatio sit pênes dictum R. D. abbatem et
suos successores (i).
A partir de ce moment les curés de Visé portent le
titre de chanoine et pléban. Cette combinaison devait
plus tard donner lieu à de sérieux et regrettables
conflits.
Le pléban, indépendant dans ses fonctions pasto-
rales, était soumis au chapitre comme chanoine. De cette
situation devait naître des difficultés à une époque où
le clergé secondaire et le clergé séculier étaient égale-
ment jaloux de leurs droits et privilèges et où régnait
une véritable rivalité entre ces deux corps. Ces conflits
se produisirent d'autant plus facilement que les accords
et arrangements faits à l'occasion de la translation du
chapitre à Visé laissaient encore un vaste champ aux
discussions et aux contestations.
Aussi voyons-nous, aux siècles suivants, de grands
(i) Archives de l'église.
— 44 —
procès entre le chapitre et les curés Radoux, Mouton et
Herman, déférés aux Cours ecclésiastiques de Liège, au
nonce à Cologne et même portés en appel jusqu'à Rome.
Ces différends, dans lesquels les paroissiens prenaient
le parti de leur curé, exercèrent une funeste influence
sur l'esprit de la population et provoquèrent parfois une
hostilité ouverte des bourgeois contre les chanoines.
A côté de ces faits regrettables on est heureux de
constater le zèle avec lequel tous les plébans, sauf un
peut-être, se sont acquittés de leurs devoirs pastoraux.
Dans les registres de la paroisse, tenus avec le plus
grand soin, on constate que le nombre des personnes
décédées sans avoir été administrées est infiniment petit
et ne comprend que des cas de morts subites ou acci-
dentelles ; même dans les cas de maladies contagieuses
et pendant les pestes qui désolèrent plusieurs fois Visé
tous mouraient munis des sacrements. Quand des
troupes prenaient leur quartier d'hiver dans la ville, les
plébans cherchaient à régulariser les unions illégitimes
contractées par les militaires ; il y eut même des soldats
protestants qui se convertirent pendant leur séjour
dans la paroisse.
Des confréries du saint Rosaire et du saint Sacre-
ment ont été établies il y a deux ou trois siècles.
Alternativement des Pères Récollets et Dominicains
venaient prêcher les stations du carême et de l'àvent.
Cet usage existait déjà en 1600. Assez souvent on eut
comme prédicateurs les hommes les plus distingués de
ces ordres ; ainsi le Père Mathias Hauzeur qui se dis-
tingua par ses écrits et ses conférences dans la lutte
contre le protestantisme, vint prêcher plusieurs carêmes
dans la collégiale de Visé.
Après l'établissement des Récollets à Bolland, chaque
samedi, un de ces religieux vint pour entendre les con-
fessions et prêcher le dimanche.
A partir de l'époque où une prébende avait été unie
à la plébanie, les curés eurent un vice-pléban qui les
— 45 —
assistait ou les remplaçait dans l'accomplissement de
leurs fonctions. Ces vice-plébans ou vicaires payés par
le curé, étaient généralement logés chez lui. Plusieurs
d entre eux exercèrent en même temps les fonctions de
notaire apostolique.
Quoique chanoines, les plébans continuèrent à faire
partie du concile de Maestricht. Pierre Pironnet, un
des derniers curés de Visé avant la Révolution fran-
çaise, fut même doyen de cette chrétienté'.
Pendant la Révolution les chanoines, y compris le
pléban d'Aoust, durent s'expatrier ; un chanoine et
quelques religieux qui avaient continué à résider à Visé
administrèrent la paroisse autant que les circonstances
le permettaient.
Celle-ci ne comprit plus, après le concordat de 1802,
que le territoire de la commune de Visé. Depuis lors,
la partie située sur la rive droite de la Meuse a été
érigée en la paroisse de Devant- le- Pont.
L'ÉGLISE.
Adont vint la Berthaine erant a grant exploit
La filhe Charlemagne qui sainte vie usoit
Drois a Viseit sur Mœuze et là edefioit
Une mult belle englieze que consacreir voloit
En honneur sain Martin ensiment le revoit
Ly papes y allât le concielhe y minnoit
Et 17 jours de May après le benissoit
Autretans de pardons qu'à Tongres a Viseit oit
Or escuteis après par le Dieu u on croit
Charles amat Viseit, grande rente y assennoit
Pour l'honneur de sa filhe que la soy reclusoit
Puis y fut enterrée la damme quant mourroit
Mult de miracles Diex pour son amour faisoit
Et le roy Charlemagne a Viseit confermoit
Une foure u màrcheit qui grandement valoit
Par le corps saint Hilaire.
Dans ce langage rimé, aussi simple que naïf, Jean
d'Outremeuse nous a conservé les principales traditions
concernant l'origine de Visé et de son église. Berthe,
— 46 —
fille de Charlemagne, aurait vécu en recluse près de
cette église bâtie par ses soins. Elle aurait même été
ensevelie dans ce monument de sa pénitence et de sa
piété. Le pape Léon III aurait consacré le temple à
saint Martin de Tours, le saint populaire des Gaules.
Enfin Charlemagne aurait richement doté la première
église de Visé.
Ces traditions, nous lavons déjà dit, doivent avoir
un fond de vérité ; mais on n'oserait leur attribuer une
fort grande valeur sur l'unique témoignage de Jean
d'Outremeuse qui, dans le même passage, confond
saint Hadelin avec saint Hilaire.
L'histoire (\) nous apprend que Berthe, fille de Char-
lemagne, eut une jeunesse assez déréglée et que le com-
plice de ses désordres finit ses jours dans la retraite et
la pénitence. Pourquoi Berthe, la fille du grand empe-
reur chrétien, n'aurait-elle pas fait comme celui dont
elle avait partagé les fautes ?
A cette époque où de fortes passions s'unissaient
souvent dans un même cœur à une foi vive et ardente,
une vie de pénitence expiait d'ordinaire une jeunesse
passée dans le désordre.
La tradition du temps de Jean d'Outremeuse l'affir-
mait, une légende visétoise le prétendait également.
Fisen se demande pourquoi saint Léon a pu consa-
crer l'église d'un endroit si peu important que Visé. La
tradition de Berthe, dont sans doute il n'a pas eu con-
naissance, aurait pu lui expliquer ce mystère.
M. Henaux est porté à croire qu'il y a eu confusion
pour ce fait dans les vieilles traditions et que Berthe, la
fondatrice de 1 église de Visé, est Berthe aux longs pieds,
la mère et non la fille de Charlemagne. La raison qu'il
allègue semble assez concluante : la fille de Charle-
magne, Berthe, naquit vers 783 ; or il semble peu pro-
bable, après ce que nous avons dit de sa jeunesse, que
(1) Henrion, Histoire de l'église.
— 47 —
déjà vers 800 elle ait bâti une église et commencé sa
vie de pénitence.
Comme on le voit la question est loin d être claire.
Il en est de même de la consécration de cette église par
le pape saint Léon III ; ici cependant on trouve plus de
traces du fait. La tradition devait être plus connue des
anciens auteurs, qui tous la rapportent.
Dans le document de la translation du chapitre de
Saint-Hadelin à Visé (i338), on affirme le fait sans la
moindre hésitation : « Ipsa nempe ecclesia (Visetensis)
» tali merito praerogativa honoris est exaltanda quam
» olîm Domini Leonis Papae necnon magnifici régis
» Caroli atque Patriarcharum, Archiepiscoporum ,
» Episcoporum et aliorum Praelatorum ac Principum
» secularium post consecrationem ecclesiae Aquensis
» eodem anno factam, praesentia visitavit, quam idem
» summus Pontifex praedictis patriarchis, etc., sibi tune
» assistentibus consecravit multisque indulgentiarum
» et aliarum gratiarum dotibus cumulavit. » Il y est
même dit qu'en mémoire de cette consécration et pour
gagner les faveurs accordées par le Pape à l'église pour
le jour de sa dédicace, on célébrait cette fête depuis un
temps immémorial, le 17 mai, avec éclat et au milieu
d'un grand concours de peuple. « Cujus rei gestae devo-
» tio populi christiani jam perpetuavit memoriam, qui
» illuc singulis annis in festo Dedicationis ecclesiae
» praefatae catervatim ruunt pro hujusmodi tam magnis
» indulgentiis promerendis. » Ainsi à cette époque per-
sonne ne doutait de la réalité du fait.
D'après M. Henaux cette consécration ne pourrait
pas même être sujette à discussion. Cet auteur cite en
effet une lettre de saint Ludger, évêque de Munster,
mort en 809, dans laquelle ce saint prélat affirme
avoir été témoin de la consécration des églises de Visé
et de Tongres et fixe l'année de cet événement en 799.
Malheureusement cette lettre, dont l'authenticité est
déjà suspecte à cause de cette date 799, est rangée dans
— 48 —
les Opéra spuria de saint Ludger par Mabillon (Patro-
logie de Migne), dont on ne saurait contester l'autorité
en cette matière.
La tradition rapporte également la consécration de
l'église Notre-Dame de Tongres par le pape saint Léon.
M. Thys [\) l'admet pour cette ville sans la moindre
hésitation .
A première vue on serait porté à croire que, dans ce
cas, comme dans beaucoup d'autres, le temps, l'igno-
rance et la vanité de l'esprit local ont attribué à diffé-
rents endroits un fait historique unique, d'autant plus
que l'on revendique pour une église de Huy le même
honneur que pour les deux autres. Toutefois, en exami-
nant les dates, on trouve que les deux traditions se sou-
tiennent et se fortifient.
L'église de Tongres a été, d après les vieux auteurs,
consacrée le 9 mai. A Visé on célébrait de tout temps
la fête de la dédicace le 17 du même mois. Les deux
cérémonies auraient donc eu lieu pendant le même
voyage.
Si l'ensemble de ces considérations ne nous donne
pas la certitude d'un document authentique, on y
trouve cependant des motifs pour considérer la tradi-
tion comme fondée.
Les annalistes placent en 799 la date de cet événe-
ment. Dans les archives tongroises on fixe Tannée 804
et il semble que cette dernière opinion doive être pré-
férée. En 799, le pape Léon III ne resta que huit jours
à Aix-la-Chapelle et à l'aide des actes émanés de lui pen-
dant son voyage on peut reconstituer son itinéraire et
voir qu'il n'a pas passé par le pays de Liège.
Lors de sa seconde visite à Aix-la-Chapelle il resta
plus longtemps dans cette cité. De là, il se rendit à
Quercy-sur-Oise et on trouve un laps de temps assez
considérable entre son séjour dans ces deux villes. Dans
ce voyage il semble avoir dû passer par le pays de
(1) Thys, Monographie de l'église Notre-Dame de Tongres, p. 25.
— 49 -
Liège ; peut-être a-t-il résidé à Jupille avec Charle-
magne et alors on s'explique parfaitement qu'il ait con-
sacré une église voisine construite par la mère ou la
fille de son illustre hôte.
Jean d'Outremeuse dit encore que Charlemagne a
richement doté l'église de Visé. Ici le chroniqueur ne
peut avoir fait qu'une erreur de nom. Nous l'avons vu,
l'église de Visé possédait en i338 des biens considé-
rables. Sans doute les collégiales avaient à cette époque
de grands biens, mais Visé n'était jusqu'alors qu'une
simple église paroissiale et quand on voit le revenu des
autres églises de ce rang en des siècles postérieurs, on
trouve que le revenu de deux cents muids est énorme.
Des dons successifs ordinaires n'auraient pu constituer
cette possession. On ne peut donc attribuer cette
richesse qu'à une munificence royale comme celle que
la tradition rapporte à Charlemagne.
Ajoutons qu'on attribue également à Charlemagne et
à sa fille l'origine du marché de Visé, qui était floris-
sant au Xe siècle et celle de son pont, qui s'écroula en
1 106, et Ton ne doutera plus des bienfaits que Visé doit
au grand empereur et à sa fille Berthe.
Inutile de dire qu'il ne reste plus rien de cette mult
belle englie\e. Qui sait si, en 881, elle n'a pas subi le
sort funeste de ces nombreux édifices religieux et civils,
qui disparurent pendant l'invasion des Normands dans
le pays?
A partir de ce moment on ne trouve plus aucune
indication sur l'église de Visé jusqu'en *338. Quelle était-
elle à cette époque?
Les seules parties qui en restent, la tour et les
colonnes, semblent appartenir à l'architecture romane
ou dater de l'époque de transition entre le style roman
et ogival. Les ouvertures du beffroi ont un aspect indé-
cis ; les unes annoncent le plein-cintre, les autres pré-
sentent des ogives mal ébauchées. Un contre-fort plat
adossé aux côtés Sud-Est de la tour rappelle Tarchitec-
— 50 —
ture romane, il en est de même des grosses colonnes du
vaisseau, qui n'ont rien de l'aspect léger et élancé du
style gothique.
Jadis la nef du milieu n'avait pas son exhaussement
actuel en disproportion avec les colonnes. Le toit
n'avait qu'un versant continu. Son faîte restait en-
dessous des ouvertures du beffroi. Les bas-côtés, au
moins celui du côté de l'épitre, n'avaient pas la largeur
actuelle, mais celle qu'il a conservée près de la tour. Le
transept paraît avoir été assez considérable; du côté Sud
il présente encore un pan de mur, qui semble avoir fait
partie de l'ancien édifice. Quant au chœur on ne peut
que se le représenter en proportion avec le corps de
l'église, donc moins vaste et moins élevé que celui qui
existe actuellement.
De cet ancien bâtiment on a reconstruit successive-
ment les diverses parties dans le style des différentes
époques et ainsi s'est formé cet ensemble bizarre et varié
qui caractérise l'église de Visé.
Le chœur ancien construit pour les besoins de la
paroisse, devait nécessairement mettre à l'étroit un cha-
pitre de vingt membres sans compter les hebdoma-
daires, suppôts et choraux. D'ailleurs ses proportions
étaient bien modestes pour une collégiale. Les cha-
noines devaient donc, dès leur venue à Visé, songer à
son agrandissement. Ont-ils dû, faute de ressources,
remettre la réalisation de ce désir pendant deux siècles?
On ne le sait.
Toujours est-il que le chœur actuel avec ses pro-
portions majestueuses et son style ogival assez pur ne
date que du commencement du XVIe siècle.
En 1499, le doyen Nicolas Sarrazin laissa en mou-
rant au chapitre deux cents muids héritables. Fit-il ce
legs pour assurer la construction d'un nouveau chœur?
On pourrait le croire, car vingt ans plus tard l'ouvrage
était achevé.
Jadis ses fenêtres étaient, au dire d'Abry, garnies de
— 51 —
magnifiques vitraux (4). Ils ont disparu en 1602 par la
construction de la sacristie actuelle, qui exigeait la fer-
meture des fenêtres du côté Sud et par l'apparition des
autels en arc de triomphe, que la renaissance a placés
dans tant de chœurs gothiques.
De ces vitraux il ne reste plus que la partie supé-
rieure de celui de la fenêtre absidale où Ton voit les
armoiries d'Erard de la Mark, qui était évêque de Liège
à 1 époque de la construction du chœur.
Vers le milieu du XVIe siècle, la nef droite tombait
en ruines. Elle se trouvait, dit un document de
l'époque, dans un tel état de délabrement qu'elle exci-
tait la risée des étrangers. Après de longs pourparlers
le chapitre de Saint-Hadelin et le magistrat tombèrent
d'accord pour faire les réparations nécessaires ; ils réso-
lurent même d'élargir l'église de ce côté de cinq à six
pieds sur la plus grande partie de sa longueur, ce qui
explique la largeur moins forte de l'église près de la
tour, où l'on a conservé les dimensions primitives. La
ville intervint pour 100 dalers et s'engagea à faire
démolir les anciennes murailles et à faire charrier les
matériaux par corvées. Le reste des frais incomba au
chapitre.
La sacristie actuelle fut construite, nous l'avons dit,
en 1602; elle devait servir en même temps de vestiaire
et de salle capitulaire. Les belles boiseries qui la gar-
nissent datent probablement de cette époque.
En 1670 on adossa contre le transept Sud une
petite sacristie à l'usage du curé et de l'autel paroissial.
Les anciennes fenêtres de cet appendice contiennent
encore les armoiries des bourgmestres de cette année
parmi lesquels un de Sluse.
La nef gauche fut-elle détruite en 1719 par un
incendie, comme le veut une vieille tradition, ou me-
naçait-elle ruine à son tour ? A cette date le chanoine
tréfoncier de Stembier, abbé séculier de Visé, la fit
(1) Abry, Les hommes illustres de la nation liégeoise.
— 52 —
reconstruire ainsi que le transept. Les fenêtres de la nef
droite étaient ogivales ; afin de conserver la symétrie on
adopta le même type pour la nouvelle construction et
ainsi se fait-il qu'on trouve des ogives dans une cons-
truction de la renaissance.
Quelques années plus tard, en 1749, le plafond
(c'est le terme employé) de la grande nef devait être
renouvelé. Cet ouvrage incombait au chapitre de Saint-
Lambert, propriétaire de la grosse dîme. Les chanoines
de Visé voulurent profiter de cette occasion pour don-
ner plus d'élévation à la nef et atténuer ainsi, autant
que possible, la disproportion que présentait un chœur
fort haut à côté d'un vaisseau très bas. Ils s'engagèrent
à intervenir dans la dépense pour une somme de 5, 000
florins, à condition qu'on construisît la nef telle qu'on
la voit maintenant.
Depuis i338 les chanoines occupaient le chœur de
l'église, le vaisseau servait pour la paroisse. Les deux
parties étaient séparées, dit Saumery, « par une belle
» tribune bordée d'une balustrade de marbre et sou-
» tenue de deux autels de différentes espèces de
» marbre (1). » Ces autels, qui existent encore, furent
placés par le chanoine de Stembier lorsqu'il fit réparer
la nef gauche et le transept.
Différents autres autels étaient adossés aux colonnes,
et firent donner aux arcades le nom de chapelles. A la
première colonne du côté de l'Evangile, près du monu-
ment élevé à ses parents par le chanoine de Sluse, se
trouvait l'autel de Saint-Pierre et de Saint-Paul. Dans
cette chapelle fut enterré le célèbre Visétois, auprès de
ses père et mère comme il en avait manifesté le désir.
L'ancienne collégiale de Visé était pavée de pierres
tombales, comme toutes les églises de cette époque. De
ces modestes monuments il ne reste que ceux qui furent
placés à la mémoire du doyen Sarrazin et du pléban
Pironnet et un troisième digne dune mention spéciale.
(1) Saumery, Les délices du pays de Liège.
Cette pierre placée sur la tombe de Denys de Charneux
et de son épouse dame Catherine Pernode, renferme
dans un médaillon en marbre blanc les bustes en relief
des deux époux, exécutés avec une finesse et une ex-
pression remarquables. Les autres pierres ont disparu
pendant les différentes reconstructions et réparations
de l'église. Heureusement on retrouve dans d'anciens
recueils un certain nombre d'inscriptions lapidaires
visétoises.
Près de l'entrée du chœur se trouvaient les bancs du
magistrat et des échevins.
La chaire de vérité, qui jadis était placée contre la
seconde colonne, pourrait bien être le cadeau magni-
fique qui fut fait à 1 église, en 1788, à l'occasion du
jubilé de saint Hadelin, par le baron de Geyr, abbé
séculier de Visé.
« Les orgues, » dit encore Saumery, « sont au fond
» de la nef dans une seconde tribune que soutiennent
» des colonnes de l'ordre toscan. » On ne sait pas à
quelle date furent placées les premières orgues dans
l'église de Visé. Un vieux manuscrit dit qu'elles furent
établies par la ville et que les chanoines devaient payer
l'organiste au service du chapitre et de la paroisse.
Vers i65o Herman de Charneux en fit faire de
neuves. Un écusson aux armoiries du donateur fut
placé au-dessus de l'instrument et y est encore de nos
jours.
Les deux colonnes dont parle Saumery ont disparu.
Dans la tour sont suspendues les neuf cloches qui cons-
tituent la vieille « joyeuse sonnerie de Saint-Martin. »
Au dire des Visétois les cloches de Visé sont très vieilles
et la sonnerie de Saint-Martin serait aussi joyeuse qu'an-
cienne. De fait, la tour de Visé était garnie en 1340 de
plus d'une cloche, puisque dans la transaction, dont
nous avons parlé, il est question des chèques.
La cloche banale ou de Saint-Lambert, livrée par
le chapitre de la cathédrale en qualité de gros décima-
— 54 —
teur, fut refondue en 1628, comme l'indique l'inscrip-
tion qu elle porte. Une seconde cloche date de la même
année. Outre celles-ci, il y avait à cette époque quatre
vieilles cloches qui, à leur tour, furent en 1644, refon-
dues et remplacées par sept nouvelles.
Voici le contrat passé à ce sujet entre le chapitre et
la ville d une part et maître Roch Grognart, fondeur de
cloches et bourgmestre de Liège, de l'autre.
Maître Roch Grognart s'engage à livrer sept cloches du ton
de mi, fa, sol, la, si, ut, ré, pour les accorder avec les deux autres
grosses cloches qui sont dans la tour de l'église au ton de ut et ré.
Ces cloches seront de bon métal au dire des connaisseurs.
Comme le ré qui est dans la tour n'est pas tout à fait juste, ledit
Grognart sera tenu de le mettre à son vrai ton et d'accorder les
neuf cloches. On lui payera pour la façon de chaque centaine de
livres de métal i3 fl. bb. Le chapitre et le magistrat lui livreront
les quatre vieilles cloches ; à ce métal il ajoutera l'airain voulu pour
la confection des neuves. Pour chaque livre à fournir il recevra
8 */2 pattars bb.
Le chapitre devait payer une moitié des frais, la
ville l'autre.
D'après les comptes de maître Grognart les quatre
vieilles cloches pesaient 5,i52 livres plus 40 \j* livres
de paillettes. Les sept nouvelles 3,i63 livres plus 117 4/2
livres de paillettes. Le chapitre et le magistrat lui
payèrent 1,240 florins, 10 patars et 18 deniers.
L'ancien ré n'est pas encore juste ; à l'intérieur il
porte des traces de coups de marteau, témoignage évi-
dent des vains efforts de maître Grognart.
Sous la Révolution française les cloches de Visé
>
furent soustraites aux perquisitions des pillards de la
République. Les paroissiens les avaient cachées dans la
grange de l'ancienne ferme Deherve située dans la rue
Haute. Remontées à leur ancienne place après le réta-
blissement du culte, elles ne cessent depuis lors d égayer
les fêtes visétoises par leur mélodieuse et joyeuse son-
ner ie.
5o
Terminons ce chapitre consacré à l'église de Visé en
exprimant le vœu de voir bientôt son ancien et magni-
fique chœur rendu à son état primitif.
LES CURÉS OU PLÉBANS.
Anciennement on désignait les curés sous le nom
(^investit ou vestii. Petrus de Urso, curé de Visé à
l'époque de la translation du chapitre de Saint-Hadelin
à Visé est toujours qualifié de ce titre. Depuis lors les
curés portèrent le nom de pléban, comme tous les
prêtres qui remplissaient les fonctions pastorales dans
une collégiale.
Nous trouvons peu de renseignements concernant
les curés de Visé antérieurs à i5oo.
Rappelons qu'en 1 256 l'investit de Visé, dont le nom
ne nous est pas connu, eut un procès à soutenir contre
le chapitre de la cathédrale au sujet du droit sur la dîme
et encore qu'un Gerardus qu'on dit plebanus de Viseto
était « decanus concilii trajectensis. »
Quant à Petrus de Urso, investit à l'époque de la
translation, nous avons dit plus haut tout ce que les
archives nous apprennent à son sujet.
A partir de cette époque jusqu'à la date de i52o
nous n'avons pas trouvé d'autres traces des plébans de
Visé que les seuls noms de Nicolas Henget et Ulricus
de Fossis, qui nous sont parvenus dans une copie d'un
vieux registre des anniversaires de la collégiale. Ce
registre ne donne même aucune indication concernant
le temps où ils vécurent.
Pierre Slenacken, fils du bonnier (fermier) de la
court de Waidrée, était en i5n recteur-résident de
l'autel de Saint-Pierre et Saint- Paul, érigé dans la
collégiale de Visé ; il commença à cette date un registre
des revenus de ce bénéfice qu'on retrouve dans les
archives de la paroisse. En i5i4 il fut nommé pléban
et conserva cette fonction jusqu'en i552. Entre-temps
il avait été nommé chanoine (i 533). Il résigna sa cure
— 5G —
en i552 quand il fut nommé doyen du chapitre. Ce
pléban semble avoir exercé une grande et heureuse
influence sur ses paroissiens. Vers i55o des difficultés
existaient entre les bourgeois de Visé et les propriétaires
du moulin banal ; elles prirent fin à la suite d'un nou-
veau règlement dressé par Slenacken et accepté par les
deux parties. Ce fut sans doute aussi grâce à ses efforts
que le chapitre obtint le concours du magistrat pour la
reconstruction de la nef droite de l'église.
Il eut comme successeur Cloes Emont (i552-i57o),
(alias Nicolaus Emani de Moelinghen, Mouland).
Cloes Emont était en même temps recteur de l'autel de
Saint-Jean- Baptiste qu'il résigna librement en i558. Ce
curé a laissé beaucoup à désirer ou bien a eu de grandes
difficultés avec ses paroissiens. D'après une note d un
ancien document c'était « un curé intrus, qui fut em-
» mené et emporta les registres de la cure dressés par
» lui ; » d'après une autre note « D. Nicolaus Emani,
» qui fuit pastor ab anno i553 non fecit registrum et e
» pastoratu expulsus est. » Pendant ce temps nous
trouvons la présence à Visé d'un vice-pléban. Plus
d'une fois aussi nous rencontrons le doyen Slenacken
comme administrateur de la paroisse.
Ce malheureux état persista, on ne sait pour quels
motifs, jusqu'en 1570 et prit fin par la nomination de
Franche Franchoy (Franciscus Francisci) 1570- i58i.
De ce curé nous ne connaissons encore que le nom qui
a été conservé par des extraits de ses registres.
Guillaume Piret ou Piretii succéda à Franche
Franchoy en i58i. Les plus anciens registres parois-
siaux conservés à l'hôtel de ville sont écrits de sa main.
Les premiers sont assez mal tenus ; mais bientôt on y
trouve une régularité et un ordre parfaits. Sous ce
pléban l'appendice de Dalhem fut séparé de la paroisse
de Visé et un canonicat fut uni à la plébanie. A partir
de ce moment les curés s'intitulent canonicus et pie-
battus. Guillaume Piret mourut en 1616, il légua 6 flo-
- 57 —
rins brabant de rente à la messe du Saint-Sacrement,
1 daler pour son anniversaire et 2 dalers pour les
pauvres qui y assisteraient.
Son successeur Hubert Radoux eut un pastorat
long et agité (1616-1667).
La mère du chanoine Jeghers, directeur des Sépul-
crines, qui demeurait près de son fils, mourut vers
1628. Ses obsèques furent célébrées par le doyen du
chapitre et son enterrement eut lieu dans les cloîtres
des religieuses sans aucune autorisation du pléban.
Le curé Radoux vit dans ce fait un attentat à ses
droits pastoraux contre lequel il protesta vivement. Le
chapitre prit fait et cause pour son doyen et son prévôt.
Le fond du débat était les droits respectifs du
chapitre et du pléban au point de vue paroissial. Le
pléban se prétendit indépendant du chapitre et muni de
tous les droits de curé. Le chapitre de son côté, se fonda
sur le titre de collégiale dont jouissait l'église et sur
l'annexion de l'église au chapitre pour soutenir qu'il
disposait de l'autorité pastorale et que le pléban n'était
que son vicaire.
De cette question naquirent d'autres difficultés. Les
deux parties s'arrogèrent le droit de nommer les prédi-
cateursdes stations de l'avent et du carême, de conduire
les processions, etc. L'affaire fut déférée d'abord devant
le juge ecclésiastique de Liège, ensuite devant le nonce
de Cologne et même portée jusqu'à Rome. A la fin les
deux parties se lassèrent et des circonstances favorables
aidant, il intervint en i632 un arrangement dans lequel
on réserva la question de principe.
Vers cette époque Visé eut à souffrir pendant plu-
sieurs années des ravages dune maladie contagieuse,
qu'on appelait peste et qui était accompagnée d'une
forte dyssenterie. En 1634 il y eut un jour jusqu'à
quatre morts. Le curé se conduisit dans cette circons-
tance avec le même zèle qui trente ans plus tard devait
l'emporter au tombeau.
8
— 58 —
Radoux avait appelé souvent des Pères Récollets du
couvent de Bolland pour l'aider dans l'administration
de sa paroisse. Il dut donc voir avec plaisir l'établisse-
ment à Visé dune maison de passage de religieux de
cet ordre. Toutefois, plus tard, quand il fut question
d'agrandir le couvent, il s'y opposa parce que, disait-il,
une église conventuelle éparpillerait la vie paroissiale et
la présence d'un nombre plus considérable de religieux
d'un ordre mendiant serait une charge pour ses parois-
siens. L'évêque députa un de ses conseillers qui pro-
posa un arrangement, approuvé des deux parties.
Une nouvelle peste plus terrible que celle de 1634
se déclara en 1667. Le vicaire, que Radoux avait à son
service, fut pris d'une telle frayeur que son curé dut
administrer lui-même tous les paroissiens. Le vieux
prêtre mourut victime de son dévouement. D'abord il
fut enterré au cimetière, mais, plus tard, malgré les pro-
testations des bourgmestres, le chapitre, plus soucieux
d'honorer son zèle que de veiller aux lois de l'hygiène,
fit exhumer le cadavre et lui donna une sépulture plus
honorable dans l'église.
Dès l'apparition de l'épidémie, la plupart des cha-
noines s'étaient réfugiés à Liège. Les Pères Récollets
trouvaient, avec raison, que dans ces circonstances les
devoirs pastoraux incombaient au chapitre qui reven-
diquait le titre de parochus habitualis et le droit de
remplir les onera magis honorabilia de curé.
Alors un jeune chanoine, neveu du curé Radoux,
animé du même courage et du même esprit de dévoue-
ment que son oncle, se chargea de cette besogne devant
laquelle les autres reculaient.
Voici comment il raconte cet épisode, certainement
le plus terrible de sa vie.
Hubert Radoux pasteur et chanoine de Visé, est mort de la
peste s'estant retiré dans ma maison pour éviter l'infection de la
sienne et je l'ai administré de tous les sacrements de notre mère
la sainte Eglise, comme aussi après sa mort tous les pestiférés, le
— 59 —
chapelain refusant de faire ce debvoir et les Récollets ayant été
requis par le magistrat l'ont refusez absolument, j'ai été obligé par
charité de l'entreprendre. Ma servante mourut également de peste.
Après sa mort j'ai été obligé de quitter ma maison et je m'ay retiré
dans une hutte sur le haut de la ville au commencement de la voie
de Richelle, d'où j'ay continué à administrer et j ay été obligé de
rentrer souvent dans ma dite maison infectée pour y prendre et
reposer le saint Sacrement de l'Eucharistie et les saintes Huiles à
cause que je n'osay fréquenter l'église ny jamais je nay sceu obtenir
un lieu décent pour les y placer.
Pour donner une idée de l'intensité de ce fléau, il
suffira de dire qu'un grand nombre de cadavres furent
enterrés dans les champs ou le long des chemins.
Le jeune chanoine, qui se distingua dans ces cir-
constances, s'appelait Hubert Radoux comme son oncle
et devint plus tard écolâtre et doyen du chapitre.
Mathias Libotte (1667-1686) eut, comme curé,
une existence moins longue, mais aussi troublée que
son prédécesseur.
Pendant la plus grande partie de son pastorat, Visé
servit chaque année de quartier d'hiver aux troupes
françaises ou hollandaises, qui occupaient notre pays
durant les guerres de Louis XIV. La présence de ces
troupes exerça la plus funeste influence sur la popula-
tion. Les registres de ce temps contiennent de longues
nomenclatures de crimes et attestent les ravages moraux
que peut faire une soldatesque effrénée au milieu d'une
population honnête. Le pléban Libotte, qui dut lui-
même quitter Visé pendant trois mois pour se sous-
traire aux menaces d'une troupe hollandaise, fit tous
ses efforts pour remédier à ce triste état de choses ;
grâce à son zèle beaucoup de militaires régularisèrent
les unions illicites, qu'ils avaient contractées à Visé et
ailleurs.
A la fin de son existence, en 1684 et i685, il vit sa
paroisse livrée aux troubles et aux violences de deux
partis locaux qui commirent les plus grands excès.
Ce pléban construisit en 1670 la petite sacristie à
— 60 —
l'usage de la paroisse ; il inséra dans ses registres pa-
roissiaux des notes très intéressantes concernant l'his-
toire de Visé à cette époque. D'après une de ces notes
nous pouvons affirmer que si Louis XIV ne fixa pas
son quartier général à Visé pendant tout le siège de
Maestricht, il résida du moins pendant plusieurs jours
à Devant-le-Pont dans le courant de Tannée 1672 et
vint encore s'y établir plus tard.
Nous n'avons rien trouvé touchant la mort de ce
pléban, qui eut comme successeur :
Sigisfroid- Joseph Mouton (1686-1720). Celui-ci
était liégeois d'origine et appartenait à une famille im-
portante de la ville. Il était fils de J.-B. Mouton, capi-
taine de Sa Majesté catholique et de Marie Célestine,
fille du seigneur Crespin de Massillon, jadis bourg-
mestre de la cité de Liège.
Ce curé eut de nouvelles difficultés avec ses con-
frères de Saint-Hadelin concernant les droits respectifs
du chapitre et de la plébanie. Ces difficultés prirent
même des proportions considérables. Mouton qui,
comme Radoux, prétendait être indépendant du cha-
pitre et ne relever que de l'archidiacre sut intéresser
celui-ci à sa cause.
Les chanoines, de leur côté, voyant l'archidiacre
prendre fait et cause pour le pléban, firent appel aux
églises secondaires du diocèse pour qu'elles les sou-
tinssent dans la défense des droits de leur ordre contre
les prétendues atteintes du clergé séculier.
Différents incidents regrettables signalèrent ce triste
conflit.
L'archidiacre de Hesbaye (Michel Clerx) voulut
user du droit réservé par son prédécesseur Perche-
val de Carreto dans son approbation à l'acte d'éta-
blissement du chapitre de Visé. Accompagné du pléban,
des bourgmestres et d'une grande partie de la popula-
tion, il se présenta à la porte de l'église pour faire la
Visitation canonique du vaisseau et des autels y établis.
— 61 —
Les chanoines refusèrent d'ouvrir et ce ne fut que par
la force et malgré les protestations du chapitre qu'il
parvint à entrer.
Entre-temps la cause avait été déférée au tribunal
du conservateur des privilèges du clergé secondaire au
pays de Liège, à celui du nonce de Cologne et portée
jusqu'à Rome devant la cour dite signaturœ justitiœ.
Ce procès commencé en 1698 ne se termina qu'en
1704; il absorba pendant ces années une grande partie
du temps du curé, qui dans ces circonstances se fit rem-
placer par un vice-pléban et par des religieux.
Après des luttes longues et dispendieuses, les deux
parties à bout de forces et de ressources acceptèrent un
modus vivendi où elles réservèrent leurs droits res-
pectifs.
Dans son testament, le pléban Mouton laissa à la
confrérie du Saint-Sacrement « une maison extante
» dans la rue allant de la maison de ville aux Pères
» Récollets et à ses successeurs pour s'en servir, à la
» paroisse, un calice, des burettes avec plat en argent
» et un missel. » La garniture de ce missel portant le
nom du donateur, se trouve encore dans l'église de Visé.
Jean-Jacques Herman (1720-1753) était, pensons-
nous, liégeois d'origine comme son prédécesseur ; les
immeubles, qu'il possédait à Liège, nous permettent de
le croire.
Le pléban Mouton prouva sa dévotion particulière
envers la sainte Eucharistie en laissant une maison à
la confrérie instituée en son honneur. Son successeur
semble avoir été animé des mêmes sentiments de piété.
Pour que le saint Viatique fût porté avec plus de
solennité aux malades, il obtint que des confrères du
Saint-Sacrement l'accompagnassent dans cette circons-
tance, le flambeau à la main. Il acquit des flambeaux
et fit construire une armoire pour les remiser. Seule-
ment il avait oublié ou négligé de demander l'autori-
sation du chapitre pour le placement de cette armoire
— 62 —
dans l'église. D'où procès entre le pléban et le chapitre
devant le doyen Gillis de Saint-Martin (Liège), délégué
pour connaître de ces causes. Le juge approuva les
pieuses intentions du curé, et proposa un arrangement
qui fut accepté.
Ces longues et regrettables difficultés entre le cha-
pitre et les plébans prouvent jusqu'à quel point les deux
parties étaient jalouses de conserver leurs droits et pré-
rogatives respectifs. Elles montrent que cet axiome :
« Une once de jurédiction vaut mieux que dix livres
» dor, » inséré dans un ancien registre du chapitre,
était pris au sérieux par les chanoines de Visé.
Le pléban Herman institua les pauvres de Visé
héritiers universels de sa fortune qui paraît avoir été
assez considérable. Il n'imposa d'autre charge à la
mense des pauvres que celle de faire célébrer chaque
année l'anniversaire du testateur ; ce qui se fait encore
de nos jours.
Pierre Pironnet (1753-1783). Pour faire connaître
ce pléban, qui était originaire d'Oupeye, il suffira de
copier l'inscription de sa pierre sépulcrale placée près
de l'autel de Notre-Dame dont il fut recteur.
Ci-bas git le corps de très-révérend monsieur Pierre Pironnet élu
prévôt de cette église et archidiacre du district de Celles en 1760,
doyen du concile de Maestric en 1743, chanoine-curé de Visé,
licentié en droit protonotaire apostolique, recteur de cet autel
de Notre-Dame, promu de la cure d'Heure à celle de Visé l'an
1753. Il a réparé la maison pastorale, donné et décoré l'autel et
la sacristie d'ornements bienfaiteur de la Vierge du Rosaire et
des Pauvres. Lequel ayant fondé son anniversaire à Oupey,
Heure et dans cette église est décédé le dernier de sa famille, le
14 février 1789, âgé de 85 ans.
Des dons qu'il fit à l'église, il reste la statue de la
Vierge et le trône sur lequel on la porte à la proces-
sion, ainsi qu une chape violette aux armoiries du
donateur.
Augustin- Joseph d'Aoust (1783-1797), natif de Fon-
- 63 —
taine-l'Evêque (Hainaut), était supérieur du collège des
Oratoriens de Visé lorsque P. Pironnet résigna en sa
faveur sa cure et son canonicat.
Le 22 mai 1797 d'Aoust fut déclaré destitué de ses
fonctions pastorales par le gouvernement français parce
qu'il avait refusé de prêter le serment constitutionnel.
Il émigra en Allemagne. Après la tourmente révolu-
tionnaire il se retira à Sprimont et à Liège près de sa
soeur, qui avait épousé un de Macar.
Pendant la Révolution, la paroisse fut administrée
par deux Pères Récollets, un Carme et le chanoine
Pesser. Les offices religieux se firent quand les circons-
tances le permettaient, dans la chapelle des Sépul-
crines et dans l'église des Carmes de Devant-le-Pont,
la collégiale ayant été fermée parce que le curé avait
refusé de prêter le serment.
Le père Delhez, récollet, qui avait pris une large
part à l'administration de la paroisse pendant ces temps
troublés, devint vicaire de Visé après le concordat de
1802 et laissa par son testament aux pauvres de Visé
sa part de l'ancien couvent et à l'église paroissiale celle
des ornements et des vases sacrés.
111.
LE CHAPITRE DE SAINT-HADELIN.
Saint Hadelin, disciple de saint Remacle, qui
vivait au VIIe siècle, s'était retiré dans une vallée soli-
taire et sauvage à quelque distance de Dinant et y avait
construit un petit oratoire et une cellule. Dans cette
nouvelle Thébaïde, il se livrait comme les Pères du
désert, au service de Dieu par la prière et la pratique
de la pénitence. Bientôt des compagnons vinrent se
joindre au pieux ermite et ainsi se forma insensiblement
la communauté de Celles. Les douze membres qui la
composaient vivaient d'après les constitutions de saint
Benoît. A leur tête se trouvait un prévôt, qui était
— 64 —
chargé de la conduite des âmes tant de ses confrères
que des habitants du district de Celles. Comme toutes
les institutions monastiques de ce temps, le chapitre de
Saint-Hadelin avait son école déjà avant sa translation
à Visé. Dans l'acte de i338, qui le transfère à cet
endroit, il est fait mention d'Alexandre de Dopdia, sco-
lasticus. Un des huit abbés séculiers, qui furent établis
dans la principauté de Liège, portait le titre d'abbé de
Celles. En cette qualité, il était le protecteur de la com-
munauté. En i338 l'abbé se nommait Levoldus de
Norhof. Le prévôt s'appelait Libertus de Serain.
Comme la plupart des monastères le faisaient au
moyen âge, les religieux de Celles avaient choisi parmi
les seigneurs du voisinage des voués pour maintenir
leurs droits et veiller au temporel de leur église. Ceux-
ci, au lieu de protéger la communauté, comme c'était
leur devoir, en devinrent les premiers persécuteurs ; ils
s'érigèrent en maîtres, bientôt en tyrans et dépouil-
lèrent d'une manière atroce leurs pacifiques bienfai-
teurs de leurs droits et de leurs biens (i).
Un document (2) antérieur à i338 contient un
arrangement proposé par Demacerus, officiai à Liège,
et Southerus, chevalier seigneur de Bicelos pour ter-
miner les difficultés existant à cette date entre le cha-
pitre et Jacques seigneur de Celles. Les arbitres recon-
naissent à la communauté certains droits dans le bois
voisins de Maimont (Meamons); ils lui attribuent la
moitié des amendes pour la justice de Lavis et obligent
leur seigneur à restituer aux religieux tout ce qu'il
avait perçu outre ses droits. Ils décident que les droits
de main-morte et de forumatagia (tonlieu), appartien-
dront à part égale au chapitre et au seigneur. Ils con-
damnent Jacques de Celles à reconstruire une partie du
refectorium du couvent qu'il avait sans doute détruit, etc.
(1) Abrégé de la vie de Saint-Hadelin, p. 23.
(2) Une copie incomplète de ce document m'a été remise par M. le
chanoine Heuschen, qui l'avait trouvée en Allemagne.
— 65 —
Cette pièce nous donne une idée des vexations aux-
quelles la communauté était exposée. Nous ne savons
si cet arbitrage rendit pour quelque temps la paix aux
disciples de saint Hadelin. Toujours est-il que pour
les soustraire à d'incessantes persécutions, levêque
Adolphe de la Mark résolut, en i338, de les transférer
dans la petite ville de Visé, où, dit lacté de transla-
tion, ils pourront librement se livrer au service de
Dieu et où ils pourront, à cause de la situation de l'en-
droit, s'étendre au point de vue temporel. « Ubi ad
» serviendum deo vacare valeant ubi etiam propter
» ipsius loci convenientem et bonum situm multo am-
» plius... se in temporalibus poterunt dilatare. »
L'évêque assigna aux chanoines de Celles l'église
paroissiale de Visé qu'il éleva à la dignité de collégiale
et à laquelle il conféra toutes les libertés et toutes les
prérogatives des églises secondaires du pays de Liège,
a Collegium canonicorum ad ecclesiam de Viseto su-
» pra Mosam transferimus, dictamque ecclesiam paro-
» chialem de Viseto eidem collegio incorporamus et
» annectimus eam in collegiatam ecclesiam erigentes
» et illam ei libertatem, quam aliœ ecclesiae diœcesis
» Leodiensis habere noscuntur, tribuentes. »
Adolphe de la Mark ne se contenta pas de ce témoi-
gnage de bienveillance envers la pieuse communauté.
Il créa en sa faveur huit nouvelles prébendes, ce qui
porta le nombre des canonicats à vingt.
Trois de ces nouvelles prébendes furent constituées,
nous l'avons vu, de la majeure partie des revenus de
l'église de Visé. Comme la cathédrale de Saint-Lambert
avait le droit de patronage sur cette église, elle obtint
également le droit de collation de ces trois canonicats :
« Quarum quidem trium praebendarum collationem
» eidem capitulo nostro Leodiensi ratione juris patro-
» natus, quod in ipsa ecclesia habere dignoscitur,
» volumus esse perpetuo reservatam. »
Les biens de cinq capellanies, celle de Sainte-Wal-
9
— 66 —
burge (Ans), deux de Fosses, celle d'Antgarden et une
cinquième, celle de Lovenjoul, qui étaient à la colla-
tion du prince-évêque, servirent à fonder les cinq autres
prébendes. L'évêque se réserva la nomination à ces
canonicats. Plus tard cependant, on ne sait pour quels
motifs, le droit de conférer la prébende fondé avec les
biens de la chapelle de Sainte- Walburge fut dévolu au
coste de Saint- Pierre à Liège.
Tous les biens de ces chapelles furent attribués au
chapitre, qui par le fait même assumait les droits et les
charges de ces bénéfices. La même condition avait été
formulée par rapport à Celles et à ses dépendances.
Dans la constitution de ces nouvelles prébendes on
trouve l'origine du droit à la dime qu'avait le chapitre
dans différentes localités et le droit de patronage qu'il
exerçait sur les églises de ces endroits.
Ainsi le chapitre possédait la dime de Goirhé, entre
Devant-le-Pont et Lixhe. Celle-ci avait été cédée au
curé par une charte de 1256, citée plus haut et passa
au chapitre par l'acte de i338.
De tous ces revenus on devait créer vingt prébendes
de valeur égale. Toutefois on attribua aux différents
dignitaires du collège une part plus forte en rapport
avec l'importance de leur charge.
Dans lacté de translation, Adolphe de la Mark
astreint les chanoines à la résidence personnelle :
« polamus ut ad personalem residentiam teneantur. »
Souvent on dérogea à cette loi, pour les chanoines qui
continuaient leurs études à Louvain ou ailleurs, comme
pour ceux qui, après avoir obtenu un placitum absentiœ,
se rendaient, pour un motif quelconque, à Rome ou
dans d'autres villes.
Par une lettre (4) du 4 août i338 l'archidiacre de
Hesbaye, Percheval de Carreto, donne son consente-
ment à l'installation du chapitre à Visé, tout en reven-
(1) On trouve dans les archives de la paroisse les originaux ou des
copies de ces documents.
— 67 —
diquant, comme nous l'avons dit, le caractère paroissial
de l'église et en réservant par là ses droits propres et
ceux du curé.
L'année suivante (7 juillet), Adolphe de la Mark
détermine la part des revenus de 1 église qui servira
à la constitution des trois prébendes et celle qui servira
de dot à la plébanie. Il indique encore les droits excep-
tionnels dont devait jouir l'investit Petrus de Urso.
En accordant à l'église de Visé le titre de collégiale,
lëvêque lui avait reconnu les prérogatives des églises de
ce rang et en même temps le droit d'établir un cloître
avec les immunités y afférentes. La transaction de 1340
entre la ville et le chapitre, dont nous avons déjà parlé,
montre qu'à cette date les cloîtres n'existaient pas
encore, mais parle du projet qu'on avait de les cons-
truire. « Quelconque ouvrage que ledist prévost et cha-
» pitre fassent dhor en avant enthour ladite église s'en
» soit en encloistres ou aultrement, si pour grande
» gelée on ne pouvoist bonnement fosser a le dist aytre
» le chapitre devra livrer terre au corps dans leurs
» encloistres sous toit couvert, et encore les encloistres
» qui serat faites de l'aytre par les chanoines appartien-
» dront au dict chapitre qui devera les détenir à son
» bon plaisir. » Ce projet ne semble pas avoir été exé-
cuté ; nulle part nous n avons trouvé aucune trace de
cloîtres.
Il n'en est pas moins vrai que le chapitre obtint,
le i3 juillet i35y, d'Englebert de la Mark, succes-
seur d'Adolphe, la désignation du terrain réservé à la
communauté et comme tel jouissant de l'immunité
claustrale.
Les indications de ce document nous permettent de
déterminer à peu près l'étendue de ce territoire exempt.
Nous savons qu'il était compris d'un côté entre l'église
et les portes de Dalhem et d'Argenteal. Au Nord, c'est-
à-dire du côté de la ville, il s'étendait jusqu'à la ruelle
Rasquinrqy, appelée anciennement ruelle Walbi, dont
— 08 —
une moitié était soumise à la juridiction ordinaire,
l'autre à celle du prévôt.
D'après les statuts du chapitre les chanoines ainsi
que le pléban devaient habiter sur le terrain claustral.
Les maisons y situées qui n'étaient pas occupées
par un chanoine ou un de leurs chapelains ne jouis-
saient pas de l'immunité. Le prévôt avait la juridiction
et la police de tout le territoire exempt ; à certaines
dates, les chanoines avaient même un mayeur pour
exercer la police au nom du prévôt.
Comme tous les endroits exempts, les cloîtres étaient
inaccessibles aux agents judiciaires du prince et sous-
traits aux perquisitions des bourgmestres. Un coupable
ne pouvait y être arrêté légalement que par le prévôt ou
d'après ses ordres. Chaque fois qu'un officier quel-
conque enfreignit leur droit, le chapitre et le prévôt
protestèrent vivement.
Il existe encore à Visé de vieux souvenirs de cette
immunité claustrale. Dans le temps, ai-je entendu dire,
une partie de la ville appartenait au prince-évêque,
l'autre à l'Autriche. Un criminel parvenait-il à gagner
le territoire voisin, il échappait aux poursuites des
agents de son prince.
Comme tous les chapitres des églises secondaires,
celui de Saint-Hadelin avait à Visé sa cour des tenants,
qui exista jusqu'à la Révolution française. Nous n'a-
vons retrouvé aucun registre de cette cour, que nous ne
connaissons que par les nominations des tenants consi-
gnées dans les procès-verbaux des réunions capitulaires.
Muni de ces privilèges des églises secondaires, le
chapitre de Visé vivait d'après les statuts généraux des
collégiales du pays de Liège. Il avait en outre des
règles particulières approuvées par Englebert de la
Mark. Voici celles que nous avons pu retrouver :
ART. 3. — Item statuimus et praecipimus omnibus et sin-
gulis canonicis et aliis beneficiatis dictas ecclesiae quatenus ad
horas tam nocturnas quam diurnas diligenter conveniant et in illis
— 69 —
cantando et legendo prout officium exegerit persévèrent, qui autem
négligentes fuerint in praedictis illis, distributionibus ad eas horas
destinatis, careant ea vice.
ART. 14. — Item praecipimus ut nullus canonicus deserviat
altari in ecclesia absentis rectoris sed decanus et capitulum provi-
deant de persona sufficienti, qui altaribus absentium rectorum
deserviat celebrando, legendo, cantando et omnia faciendo ad
quae rector altaris si praesens esset et resideret teneretur ; cui deser-
vienti pro labore suo fructus integri ipsius per capitulum et deca-
num ministrentur.
ART. 17. — Item ordinamus praeterea et praecipimus plebano
dictae ecclesiae quicunque pro tempore fuerit ex nunc et in antea
inter matutinas decantatas et pulsum primas ut ita tempestive
officium suum celebret quatenus conventus in prima et aliis horis
minime turbetur et posset impediri. Quodque moretur et habeat
domicilium infra immunitatem claustri, chorumque et ecclesiam
cum superpelliceo et almutia, habituque decenti frequentet.
ART. 18. — Item quod de coetero prima et secunda die
nativitatis Domini necnon die Paschae, Parasceve et vigilia Paschae
et Pentecostes fontium sacrorum Benedictio et Regeneratio con-
ventualiter sicut in secundariis ecclesiis celebretur.
ART. 37. — Item in virtute sanctae obedientiae injungimus
decano et canonicis praedictis omnibus et singulis, quatenus ipse
decanus in correctione subditorum non typo rancoris vel invidiae
vel favoris sed zelo accensus justitiae procédât secundum consue-
tudinem secundarium ecclesiarum ; canon ici vero, odio, gratia,
favore postpositis in correctione hujus modi ipsi decano fideliter
assistant et cooperentur ad executionis et justitiae complementum
et ne de caeteris verbis vel factis objurgentur vel obloquantur ad
invicem, tu mentiris, vel similia verba injuriosa hinc inde profe-
rendo, qui vero contrarium fecerit refectorio sit et maneat tamdiu
privatus quoadusque quaerulanti injuriato ad decretum capituli
idoneam prastiterit emendam.
Le nombre des prébendes avait été porté à vingt en
i338. Nous avons vu quels étaient les collateurs des
huit canonicats établis à cette date. Les douze anciens
restèrent, comme par le passé, à la collation de l'abbé
séculier.
Plus tard la législation canonique réserva quelques
droits de collation au pape et à l'université de Louvain.
Les empereurs d'Autriche également donnèrent à des
— 70 —
protégés des preces primante, qui leur conférèrent un
certain droit à la première prébende vacante. Assez
souvent les canonicats passèrent dune main à l'autre
par voie de résignation : alors, dans le plus grand
nombre des cas, le résignataire devait garantir une pen-
sion à son résignateur.
Il n'était pas requis d'être prêtre ni même d'avoir
reçu un ordre majeur pour devenir chanoine. Ainsi le
baron de Sluse, frère du cardinal et du mathématicien
était pourvu d'un canonicat avant d'être entré dans les
ordres, au temps où il étudiait le droit à Louvain. Plus
tard il renonça à son projet d'embrasser la carrière
ecclésiastique et se maria. On pourrait dire que dans
certains cas les prébendes servaient de bourses d'étude
aux jeunes chanoines. Sartorius était chanoine-chantre
et n'avait reçu que le diaconat.
Quelques bénéficiaires de la collégiale devinrent
dans la suite membres du chapitre. Un Jean Proisme,
qui enseignait le latin à l'écolâtrie figure plus tard
comme prêtre et chanoine. Parfois même, rarement
cependant, nous trouvons des curés du voisinage dans
le sein de la communauté.
A la tête de ce petit collège se trouvaient différents
chefs et dignitaires, qui tous, à l'exception de l'abbé
séculier, devaient être élus parmi les membres du cha-
pitre.
l'abbé séculier.
Depuis l'institution des abbés séculiers, un de ceux-
ci portait le titre d'abbé de Celles, plus tard de Visé. Ce
dignitaire devait être choisi parmi les chanoines tréfon-
ciers de Saint-Lambert. Il avait, nous l'avons vu, la
collation des douze anciennes prébendes qui existaient
déjà à Celles. Comme protecteur ou patron du chapitre
il devait défendre ses intérêts auprès du prince-évêque
et parmi ses confrères de la cathédrale. Il ne s'occupait
pas de la direction ou des affaires intérieures de la com-
— 71 —
munauté. Son titre n était pas seulement honorifique,
il lui valait les dîmes de Fooz, Boisselles, etc., qui en
1794 rapportaient 1,600 florins.
Voici les noms de quelques abbés séculiers qui nous
sont parvenus. Levoldus de Norhof intervient en 1 338
comme signataire de l'acte de translation du chapitre.
Ensuite nous avons retrouvé dans le registre de vieux
anniversaires dont nous avons parlé, les noms de
Arnoldus à Mirode9Joannes de Zanctis et Hermannus
a Zanctis, qui doivent avoir existé avant i55o. Le der-
nier de ces trois abbés avait, entre autres fondations,
laissé quatre setiers d'épeautre aux écoliers pauvres de
la ville. Petrus à Cortembach mourut en 1572. Plus
haut nous avons déjà cité un acte de Joannes Oerbach,
abbé séculier en i588. Un de ses premiers successeurs
Joannes Damen à Mirlo décéda en 1622.
Bientôt nous trouvons cette charge occupée par le
célèbre chanoine Jean de Chokier- Sur let. « Ce savant
» homme, » dit Bec de Lièvre (Bibliographie liégeoise,
t. I, p. 43i), « s'appliqua particulièrement à la jurispru-
» dence ; il était très versé dans les antiquités grecques
» et romaines et l'histoire des anciens peuples. Il aimait
» avec passion les belles lettres et encourageait avec
» ardeur ceux de ses compatriotes qui s'y adonnaient.
» Ce goût pour la littérature n'empêcha pas Jean de
» Chokier d'étudier à fond les Saintes Ecritures et les
» Pères. Pascal, dans ses lettres provinciales, le place
» parmi les auteurs amis des Jésuites, qui ont enseigné
» une morale relâchée. »
Bec de Lièvre énumère treize de ses ouvrages trai-
tant la plupart des questions de morale et de droit
canon. Jean de Chokier mourut en 1660. On trouve
son portrait dans la collection Duriau du Val-Dieu.
Jean Ernest, baron de Surlet-Chokier, neveu du
précédent, lui succéda dans la charge d'abbé séculier.
Celui-ci se distingua autant par sa piété et sa magnifi-
cence que son oncle par son savoir. Liège lui doit la
— 72 —
Maison des Incurables et celles des Filles Repenties. Il
est mort vers i683.
Un de ses premiers successeurs, le chanoine de
Stembier, fit reconstruire comme on a vu, en 1719, la
nef gauche et le transept de l'église et plaça les deux
autels en marbre, qu'on y voit encore,
Max. -Henri-Joseph baron de Geyr de Schweppen-
bourg était, en 1788, abbé séculier du chapitre et
avait comme coadjuteur dom Charles, baron de Boos
de Waldeck. A l'occasion du grand jubilé de 1788 le
baron de Geyr « voulut contribuer à rendre cette solen-
» nité des plus brillantes par un présent que sa pieuse
» générosité vient de faire et qui mérite tous nos éloges
» et toute notre connaissance » dit l'auteur dune bro-
chure parue à l'occasion de cette fête religieuse.
Le dernier abbé séculier de Visé fut Jean-Pierre-
Louis, baron de Sluse de Beurs, chancelier de la princi-
pauté et grand prévôt de la cathédrale, qui mourut à
Francfort pendant l'émigration.
Les chanoines demandèrent et obtinrent du pape
l'autorisation de remettre à des temps meilleurs l'élection
de son successeur, qui n'eut pas lieu à cause de la sup-
pression des collégiales.
LE PRÉVÔT.
Pendant l'existence du chapitre à Celles, le prévôt
exerçait seul l'autorité dans la communauté dont l'abbé
séculier était le patron ou protecteur.
D'après une déclaration faite en 1341, la fonction de
prévôt comportait les charges suivantes.
Ce dignitaire était tenu à la résidence personnelle,
qu'il jurait le jour de son admission.
Aux principales fêtes il devait faire l'office de célé-
brant pour le chant des heures ; ces fêtes étaient celles
de Noël, de l'Epiphanie, de la Purification, de Saint-
Hadelin, de l'Annonciation, de Pâques, de l'Ascension,
— 73 —
de la Dédicace, de la Pentecôte, du Saint -Sacrement, de
l'Assomption, de saint Remacle, de la Nativité de la
sainte Vierge, de la Toussaint, auxquelles on ajouta à
Visé, celles de la translation de saint Hadelin et de saint
Martin. Il était obligé d'officier les trois derniers jours
de la Semaine Sainte, le jour des Cendres et le jour des
Ames. Il faisait encore la procession le dimanche des
Rameaux et bénissait les fonts la veille de la Pente-
côte. A ses frais il devait « tenere seu celebrare et exer-
» cere jurisdictionem Sancti Synodi et cœtera facere
» quœ antiquitus sunt et fuerunt in talibus consueta
» quolibet anno Dominica in passione Domini apud
» Cellas. »
Au prévôt incombait le soin de veiller à la conser-
vation des droits spirituels et temporels de l'église de
Celles et de ses dépendances. Pour pouvoir mieux
remplir ce devoir il devait tenir un cheval prêt à servir
pour le cas de besoin. Si le prévôt ne pouvait pas faire
les démarches exigées par l'intérêt de la communauté,
le cheval devait être à la disposition du délégué choisi
par le chapitre. Chaque année le jour de Pâques le
prévôt devait donner au réfectoire un repas à toute la
communauté : aux chanoines, chapelains, choraux et
écoliers. Ce repas devait consister en un potage, un
plat de porc ou de mouton, un plat de bœuf et un
autre de gibier ou de veau préparé aux épices ou au
vin. Pour le dessert il y avait du fromage et pendant
tout le repas le bon vin ne devait pas manquer.
En 1340, Adolphe de la Mark créa dans la commu-
nauté la fonction de doyen à laquelle il attribua une
partie des charges du prévôt.
Les prévôts, soucieux de conserver les prérogatives
et les droits de leur dignité, avaient soin de les consigner
dans leurs registres où ils marquaient également les
principaux faits de leur existence.
Les plus anciens de ces documents ont disparu : les
trois derniers, marqués des numéros 18, 19 et 20 nous
10
— 74 —
restent. Le premier de ceux-ci fut commencé en 1695
parle prévôt Jean Lambertin. Nous nous contenterons
d'extraire de ces registres les droits et revenus de la
prévôté et la liste des prévôts commencée par Jean
Lambertin et continuée par ses successeurs ; faisons
remarquer en passant que ces documents contiennent
de nombreux détails très intéressants concernant l'his-
toire de Celles et des paroisses voisines.
A Visé, le prévôt avait la juridiction et le dominium
des encloîtres. Il y établissait un mayeur pour recher-
cher ceux qui s'y rendaient coupables de quelques
délits, et lui-même les jugeait. Les sentences trouvées
dans les registres de la prévôté ne présentent aucun
caractère de sévérité.
Le prévôt de Visé conserva son titre et les attribu-
tions de prévôt de Celles. Comme tel, il était curé de
Celles et se faisait remplacer dans cette fonction par un
vice-prévôt choisi parmi les trois vicaires attachés à
l'ancienne collégiale de Saint-Hadelin. Il était en même
temps doyen rural et archidiacre de tout le district de
Celles, qui comprenait la paroisse de Foy-Notre-Dame,
celle de Hulsonneau, etc. Parfois il faisait lui-même les
visites archidiaconales, les installations des curés et
chapelains ; le plus souvent il déléguait à cet effet le
vice-prévôt.
Les principaux revenus attachés à la prévôté consis-
taient dans la jouissance de la maison prévotale (aux
deux derniers siècles la maison de pierres), moyennant
la charge de payer cinq muids d epeautre au chapitre et
l'obligation dune messe par mois à l'autel privilégié, et
dans les droits qu'il percevait comme curé, doyen rural
et archidiacre de la paroisse et du district de Celles,
parmi lesquels celui de la sépulture des ecclésiastiques
comprenant 2 florins d'or, plus le bréviaire et le surplis
du défunt.
Assez bien de revenus de la prévôté avaient été
perdus. Jean Lambertin dit que dans le temps ils mon-
— 75 —
taient à soixante muids et, ajoute-t-il, ecce nunc quant
tenues ! Cette perte des biens avait été causée par la
négligence de quelques prévôts, comme Lambertin a
soin de le noter dans la liste de ses prédécesseurs.
Voici cette liste, telle qu'on la trouve dans son
registre et complétée par les prévôts postérieurs.
Joannes de Hubines, i323.
Libertus de Serain, i338.
Bartholomaeus, i36o.
Henricus Peston, 1 364.
Joannes de Puchey, curatus de Moulant, 141 5.
Joannes de Borloe ou de Bra, 1420- 1429.
Hubert us de Brust, 1454.
Mathias ab Hamalia, ab 1454, ad 1 5 18. Hic fuit praepositus
per annos 57, qui propter terras dotales tam vili proetio alienatas
a suis successoribus inculpatur.
Michael Ride, ab anno i5io, ad i53o. Vir fuit in propugnan-
dis praepositurae juribus strenuus ipsius registrum continet plura
nota tu digna.
Sebastianus Lambertin, ad usque 1 55 1 , fuit insimul curatus
in Lixhe, hujus tempore quidam fuerunt correcti pro excessibus
commissis in claustris.
Quirinus Gisberti, ad usque 1 56o.
Joannes Gosuini, ad usque j 577, fuit curatus de Bassenge.
Cornélius van de Weldt, usque 1 593.
Anthonius Froidmont, J. U. L., 1600.
Hubertus Stevartius, J. U. L., 1607, hic, abdicata praeposi-
tura, intravit congregationem ordinis oratorii ; crux argentea quae
praefertur in supplicationibus ab eo donata fuit capitulo cum
minoribus argenteis candelabris.
Lambertus Jeghers, i638, vir fuit doctus, quondam lector theo-
logiae in monasterio Lobbiensi, coenobii virginum hujus oppidi
promotor et primus director de praepositura bene meritus (\).
Nicolaus Requile, 1647, curatus etiam Del Naye (Lanaye) sus-
tinuit lidem contra capitulum pro jure archidiaconali in ecclesia
ipsa de Celles.
Eustachius Lambertin, i656, hic anno aetatis suae ymo propter
vocis excellentiam in Hispaniis ad aulam Philippe II, transporta-
tatus, post modum collegii regii Duacensis alumnus, tandem prae-
(1) Le prévôt Jeghers était auteur de plusieurs ouvrages de piété,
composés probablement pour la communauté qu'il dirigeait.
- 76 —
benda Andennensi et castrali benefîcio de Bovigne ab ipso rege pro-
visus : musicis ecclesiae nostrae auctor fuit, donavitque ecclesiae
par candelabrorum exargento cum aliis ornamentis pluribus (l).
Ogerus Ogier, 1691.
Joannes Lambertin, ad usque Deo placuerit, 17 10. Jurium
praepositurae acerrimus defensor, non solum multa utilia praepo-
siturae perquisivit et in hoc registro recollegit sed etiam in morte
sua plura in augmentum dotationis legavit.
Fransciscus Defrance, 1720, vir pacifiais.
Mathias Labbeye, 1740.
Joannes Laurentius Gentis, 1747.
Balthasar de Ryckel, 1760.
Petrus Pironnet, 1789, plebanus Visetensis et decanus concilii
Trajectensis.
Jacobus Paulus Bettonville, fuit ultimus praepositus insignis
ecclesiae collegiatae Visetensis, obiit in Canne anno 1802.
LE DOYEN.
La dignité de doyen, nous l'avons vu, fut instituée
en 1340 par un acte d'Adolphe de la Mark, cité plu-
sieurs fois dans un ancien registre, disparu sans doute
pendant l'émigration.
Le doyen était le véritable supérieur de la commu-
nauté. Il veillait à l'observation des statuts, dirigeait et
avertissait à l'occasion les membres du chapitre. En
partage avec le prévôt, il célébrait les offices dans les
grandes circonstances. Il exonérait les anniversaires. Il
convoquait les réunions capitulaircs et les présidait.
Il était en même temps recteur de l'autel de Saint-
Nicolas, établi jadis dans l'hôpital de ce nom, puis
transféré à l'église et annexé au décanat. A ce titre il
était de droit membre de la merise des communs
pauvres et de l'hospital.
En outre de sa prébende il jouissait des revenus de
l'autel Saint-Nicolas et d'une partie de la maison de
pierres. D'après certains documents, il aurait même
joui d'une double prébende.
(i) Ce fut lui sans doute qui composa le chant pour l'office propre
de saint Hadclin, qu'on conserve encore à Visé.
— 77 —
Le premier doyen du chapitre fut Petrus de Urso,
investit de Visé en i338.
Il y eut au XIVe siècle plusieurs chanoines de ce
nom. Tous laissèrent pour leurs anniversaires des
rentes ou biens qu'ils possédaient à Jemeppe. Si Ion
pouvait établir que la famille Béer de Jemeppe y est
fort ancienne, on pourrait croire que les de Urso s'y
rattachaient.
Un de ses premiers successeurs fut Louis Print, fils
de Printe de Warancelle, chevalier voué de Nivelles et
d'une fille du Seigneur de Navagne. Déjà doyen en
1377 H ne mourut qu'en 1406. Il employa une partie de
ses biens situés à Haccourt, Lixhe et Mouland à fonder
dans la collégiale de Visé le bénéfice de sainte Marie.
Le recteur de ce bénéfice devait être résident d'après les
termes de son testament ; en cas de non-résidence les
revenus devaient retourner au chapitre. Cette clause
donna lieu à plus d'une difficulté.
Pour le commencement du XVe siècle nous avons
retrouvé les noms des doyens suivants :
A myl de Trajecto, en ?
Adam de Monte ou de Mons, fils de Clous de Mons,
échevin de Visé, dont le père occupait une grosse ferme
située près de la Tour l'Evêque, en ?
Jean Goelet, en 1430.
Bastien de Viseit, en 1444, qui joua un rôle assez
important sous lepiscopat de Jean de Heinsberg. En
1440 il survint un gros différend entre les bourgeois de
Maestricht et les chanoines de Saint-Servais. Bastien de
Viseit fut député auprès du prince-évêque pour plaider
la cause de ces derniers. Deux ans plus tard il fut
encore envoyé à Bruxelles auprès du prince-évêque et
du duc de Bourgogne, pour la même question, qu'il
parvint à arranger. En 1444, Bastien, qui avait été
nommé dans l'intervalle chanoine de Saint-Denys, à
Liège, représenta Jean de Heinsberg à une assemblée
— 78 —
des églises secondaires. Bientôt après il accompagna
son prince dans un voyage que celui-ci entreprit en
Orient (4).
Un des principaux bienfaiteurs du chapitre fut
Cloes ou Nicolas Sarrasin, déjà chanoine avant 1467 et
mort comme doyen en 1499. D'après son testament, ses
revenus montaient à quatre cents muids d'épeautre. Il
en laissa deux cents au chapitre avec la charge de chan-
ter annuellement deux anniversaires à chacun desquels
devait se faire une distribution de cinquante muids aux
seuls chanoines présents. Il légua vingt muids à l'autel
des Saints-Pierre et Paul. Par ce testament le chapitre
entra en possession d un tiers du moulin de Devant-le-
Pont. Sa pierre tombale existe à l'église de Visé. Voici
son inscription :
Rvs dns Nicola8 Serazin hjs
ecclesie decanus sepultus relqt
eidem ce modios speltae hereditarie
altari S. Pauli xx modios.
ad orandum pro se et suis
parentibus
obiit A0 MCCC1C die VII* mensis maii.
Son successeur immédiat, Cloes Hannot, originaire
de Thimister, mourut en i5o5.
Sous le doyen suivant, Theodoric de Litnborgh, fut
construit le chœur de l'église de Visé. Une pierre sépul-
crale qu'on y trouvait jadis portait cette inscription :
Theodoricus de Limborgh
hujus ecclesiae decanus
et hujus novi chori primus erector
obiit 26 aprilis 1 524.
Cloes Proidhomme fut doyen de 1524 à i538. Le
nom de son successeur nous est inconnu.
(1) Jean de Stavelot, pp. 452, 526 et 532.
— 79 —
Pierre Slenacken, que nous avons déjà rencontré,
devint doyen en i552 et mourut en 1576.
Puis successivement : Jean Purnode, mort en i586 ;
Jean Kamps, 1602 ; Wilhelmus à Moelinghen, i6o5 ;
Laurent Purnode, 1640.
Le doyen suivant fut Jean Waltheri a Castro, frère
de Walther Waltheri, secrétaire des brefs du pape Clé-
ment IX et oncle maternel des de Sluse. Ce fut lui pro-
bablement qui soigna la première éducation littéraire
de ses neveux et leur procura les prébendes du chapitre
de Saint-Hadelin, dont ils ont joui pendant leurs études
à Louvain. Le 17 février 1667 il mourut à Liège où les
chanoines s étaient retirés à cause de la peste qui régnait
à Visé.
Jean Germeau, élu dans les mêmes circonstances,
remplit les fonctions de doyen jusqua sa mort arrivée
en 1676.
Son successeur Hervianus fit don à l'église d'un
magnifique missel orné de plaques d'argent, il existe
encore. Une des plaques porte l'inscription :
D. O. M.
dédit Jacobus
Hervianus hujus
ecclesiae Visetensis
canonicus et
decanus anno
1687.
Guillaume-François de Sluse, doyen de 1698 à 1726
fut un des fondateurs de la chapelle de Lorette.
Les doyens suivants n'ont guère laissé de traces
dans les archives qui nous sont parvenues. Guillaume
Pauli, mort le 18 novembre 1739; Jean Lecocq, le
2 mars 1773; Jean-Jacques Schuermans, 1780; Eus-
tache de Ryckel, 1783 ; Urbain-Joseph JDodémont,
1796 ; Joiris.
Anciennement les doyens occupaient une maison
— 80 —
claustrale quelconque. La maison de pierres, propriété
du baron Pierre-Louis de Sluse, fut acquise en 1686
par le chapitre ; en 1694, pour la faire servir de de-
meure au doyen et au prévôt, on y ajouta la partie
plus moderne en style renaissance. Alors aussi, selon
toutes apparences, on bâtit la tour contiguë, jadis sur-
montée d une flèche, qui figurait le droit seigneurial du
chapitre.
L'ÉCOLÂTRE.
L'écolâtre était dans le temps chargé de l'enseigne-
ment dans 1 école collégiale. Plus tard l'instruction était
donnée sous ses auspices par un ou deux instituteurs. A
partir de ce moment il se contenta d'exercer les fonc-
tions de secrétaire et d'archiviste, qui lui valurent le
droit à la dîme de Foy-Notre-Dame évaluée à 275 flo-
rins vers la fin du siècle dernier. Remarquons, à ce
sujet, que l'écolâtre et les autres dignitaires dont nous
avons parlé devaient acquitter les charges qui incom-
baient à tous les possesseurs de dîmes.
En 1364 un conflit surgit entre le chapitre et l'abbé
séculier Herman de Zanctis, qui, tous deux, préten-
daient avoir le droit de conférer l'écolâtrie. Les parties
choisirent comme arbitres les chanoines Wilhelm dit
Boilailbe, linguae doctorem majoris, et Jean Hincmal,
doyen de Sainte-Croix à Liège. Le chapitre s'engage à
accepter la décision arbitrale sous peine d'excommuni-
cation pour chacun de ses membres, de suspension pour
la communauté, d'interdit pour son église et dune
somme de 2 florins à payer à la partie adverse (î). Les
arbitres semblent s'être prononcés en faveur des cha-
noines, car plus tard nous les voyons élire les écolâtres
parmi les membres de la communauté.
L'écolâtre Guillaume Lecoq met en tête de son
premier registre des actes et décrets capitulaires, toutes
(1) D'après une copie très défectueuse d'un parchemin retrouvé en
Allemagne.
— 8i —
les formalités de son élection. Comme ces formalités
étaient les mêmes pour toute élection des dignitaires,
nous croyons devoir en donner une idée.
Le 21 mars 1721, le doyen charge le bastonarias de
convoquer tous les chanoines à une réunion capitu-
laire, le lendemain, après la grand'messe pour fixer le
jour de l'élection d'un nouvel écolâtre.
Le bastonarius donne le soir même une attestation
d'avoir convoqué tous les chanoines, tant ceux qui
habitent en ville que ceux qui demeurent sur les
encloîtres.
A l'assemblée capitulaire du 22, les chanoines fixent
la journée du 3i mars pour l'opération électorale et
décident que les publications et citations d'usage seront
faites dans le plus bref délai .
Le lendemain le bastonarius convoque tous les cha-
noines à domicile, et le surlendemain il affiche la publi-
cation ordinaire advalvas de la cathédrale de Liège et
de la collégiale de Visé.
Le 3i, les chanoines capitulairement assemblés
dans leur local ordinaire (la sacristie actuelle), décident
d'abord qu'ils veulent procéder à l'élection « per viam
» quasi Spiritus Sancti seu per unanimem consen-
» sum ; » de nos jours on dirait par acclamation. A
l'unanimité, ils élisent Guillaume Lecoq qui accepte.
Le doyen demande à l'assemblée s'il lui plaît que
le résultat de l'élection soit publié. Les assistants ré-
pondent : « Placet. » Alors, d'après la formule d'usage,
le président proclame l'élection de Guillaume Lecoq,
d'abord devant le chapitre, puis à l'église devant le
public.
Avant de lever la séance, le doyen invite les con-
frères à la réception de l'élu le lendemain après la messe
pour les défunts.
Le bastonarius convoque encore individuellement
les chanoines à cette réunion.
A l'heure fixée les chanoines se trouvent réunis dans
11
— 82 —
leur salle capitulaire ; le doyen comme président dé-
clare aux confrères que le chanoine Lecoq demande à
être admis dans la possession réelle et corporelle de
l'écolâtrie avec ses droits et annexes, et annonce à 1 élu
que la communauté, en conséquence de l'élection de la
veille, est disposée à le recevoir, « juribus t amen, jura-
» mento, statut is et consuetudinibus ecclesiae salvis. »
Le récipiendiaire s'agenouille devant le doyen et dans
cette attitude fait le serment d'usage, puis il verse entre
les mains du compteur les droits dus au chapitre ; alors
il est reçu définitivement par la tradition du livre des
décrets du chapitre, de la plume et de l'encre.
Le nouvel écolâtre commença l'exercice de ses fonc-
tions en inscrivant dans son registre les procès-verbaux
que nous venons de résumer.
Guillaume Lecoq remplit avec zèle les devoirs de sa
charge de 1721 à 1771. A l'âge de quatre-vingt-sept ans
il copia encore un immense registre de documents où
nous avons puisé la plus grande partie des renseigne-
ments que nous avons pu donner sur la paroisse et le
chapitre de Visé.
Un registre répertoire des archives de la collégiale
prouve que les écolâtres conservaient avec soin et clas-
saient avec ordre les documents qui leur étaient confiés.
Choisis parmi les membres les plus intelligents et les
plus instruits de la communauté, les écolâtres arri-
vaient assez souvent aux fonctions de prévôt ou de
doyen.
LE CHANTRE.
Le chantre, dont le nom indique les fonctions, rece-
vait quinze muids en-dessus de sa prébende.
Deux chantres seulement méritent une mention
spéciale.
Le chantre Jean Biocquerie fit don à l'église du
buste en argent de saint Hadelin et du lutrin en laiton,
dont nous parlerons au chapitre des antiquités de 1 église.
— 83 —
Le chanoine Sartorius acquit une triste réputation
dans un procès retentissant qui dura huit ans et dont la
polémique contemporaine s est encore occupée; pour
ces motifs, nous croyons devoir nous arrêter quelque
peu à cette cause célèbre.
Le chanoine Sartorius était fils d'un honorable
négociant visétois, échevin et ancien bourgmestre qui
demeurait dans la rue Haute. II avait plusieurs frères,
dont un avocat, et un autre nommé Henri, commis à
Liège. Le chanoine n'avait pas reçu la prêtrise, il n'était
que diacre.
A la même époque (1770), habitait dans la rue du
Perron, une autre famille honorable, les Warrimont,
qui se composait de la mère veuve et ses trois filles.
Dans le courant de Tannée 1771 on répétait dans le
public que la demoiselle Madeleine Warrimont allait
devenir mère, et tout le monde attribuait cette situation
à Henri Sartorius.
Le 20 décembre, au matin, des habitants de Souvré
retirèrent de la Meuse un cadavre de jeune fille ; un
médecin constata que la jeune femme, enceinte depuis
plusieurs mois, avait été assassinée. On reconnut en elle
Madeleine Warrimont.
Les habitants de Visé s'émurent vivement de ce
crime atroce. La foule, comme toujours, cherchait à
découvrir l'auteur du forfait et les motifs du meurtre.
Dès le premier abord les soupçons tombèrent sur
Henri Sartorius, le séducteur présumé de la malheu-
reuse Madeleine. On commentait la coïncidence de son
retour à Visé, la veille, avec le moment de l'assassinat.
On rappelait son caractère dur et brutal. D'autres récits
compromettants vinrent se joindre à ces soupçons et
bientôt l'opinion public désignait le jeune Sartorius
comme l'auteur du crime.
Il n'entre pas dans notre plan de reproduire tous les
détails de l'instruction judiciaire à laquelle donna lieu
la mort tragique de Madeleine Warrimont.
— 84 —
La famille Sartorius et surtout l'avocat, frère de
Henri et du chanoine, firent tous les efforts pour pré-
server leur nom du déshonneur.
Le procès traîna en longueur : seulement en février
1773 un décret de prise de corps fut lancé contre Henri
Sartorius, un de ses cousins et un domestique de la
famille, accusés de complicité dans l'affaire. Un des
accusés François Giet, fut immédiatement arrêté;
l'autre, Hennet, qui avait pris la fuite, fut arrêté plus
tard ; tous deux furent mis à la question. Les tortures
arrachèrent à Hennet des aveux qu'il rétracta en partie.
Henri Sartorius, pour pouvoir mieux se défendre, se
constitua prisonnier.
L'affaire n'avançait guère. Giet et Hennet moururent
en prison. Au commencement de 1777, la cause de l'in-
culpé semblait perdue. Les efforts de l'avocat Sartorius
restèrent sans résultat, les preuves produites par lui en
faveur de son frère furent déclarées inadmissibles.
C'est alors que la famille Sartorius imagina Tunique
moyen qui restait d'arracher l'accusé à une condamna-
tion certaine. Le nom du chanoine Sartorius avait été
prononcé plus d'une fois dans le cours du procès ; on
avait rappelé qu'on l'avait vu se promener avec Made-
leine, en compagnie de son frère Henri, qu'il commu-
niquait avec les Warrimont par les jardins des deux
familles, qui se joignaient. Un témoin avait même
déposé avoir vu le chanoine Sartorius à Souvré le soir
du crime. Mais le public semble n'avoir ajouté aucune
importance à ces détails. Le mayeur de Visé, Bou-
houlle, soutenait que « Henri, depuis quinze jours
» après le meurtre en était resté le seul famé et que cette
» famé n'accusait d'autre que lui et qu'elle était fixée
» sur lui seul (1). »
Toutefois l'instruction avait tenu compte de ces
bruits. Les quelques restes du dossier de l'affaire, qu'on
(1) Mémoire de Vavocat Sartorius à Messieurs les Echevins de la
justice de Liège, 1779, p. 146.
— 85 —
conserve au dépôt des archives de Liège, contiennent
une déposition de Hennet, mis à la question. D'après
cette déposition, arrachée par la torture, le chanoine
aurait été avec lui un des complices. Mais, après la
question, Hennet nia toute participation au crime, de
manière que cette accusation, dictée par les souffrances,
perdait toute créance comme venant de quelqu'un qui
n'avait eu aucune connaissance personnelle de l'attentat.
Ce fut donc sans aucun doute, parce qu'on n'avait
pas de preuves suffisantes de sa complicité, que le cha-
noine ne fut pas inquiété au cours du procès.
Dans ces circonstances, au moment où tout espoir
de sauver son frère semblait perdu, le chanoine fit, le
i3 mars 1777, par devant notaire, une déclaration dans
laquelle il s'avoue le séducteur et l'unique assassin de
Madeleine Warrimont. Il donne à ce sujet des détails
circonstanciés qui ne devaient laisser aucun doute aux
juges de Henri. Il remet cette pièce à son frère l'avocat,
puis disparaît pour toujours.
La déclaration du chanoine ne produisit pas l'effet
désiré. Les juges n'y virent qu'une dernière manœuvre
de l'avocat pour arracher son frère au supplice. Le
procès continua et la condamnation allait être pro-
noncée. L'avocat Sartorius essaya un suprême effort, il
composa un mémoire pour établir l'innocence du pri-
sonnier et l'adressa à Messieurs les Echevins de la jus-
tice souveraine de la cité et pays de Liège. La conviction
des magistrats n'en fut pas ébranlée: le 27 février 1779
ils prononcèrent contre Henri Sartorius une sentence
de mort, qui fut exécutée à Visé, au lieu du crime,
le 3 mars suivant.
Dans le courant de cette année, deux brochures
concernant l'affaire Sartorius furent publiées à Liège
avec la fausse rubrique « Londres. » Toutes deux sont
devenues fort rares. L'une contient le mémoire de
l'avocat Sartorius, avec des observations ajoutées sans
doute par les juges; l'autre contient le récit détaillé du
— 86 —
crime et du procès. « La seconde, » dit M. Juste dans
une brochure dont nous allons parler, « fut publiée en
» différentes langues, en haine des privilèges des ecclé-
» siastiques sous l'ancien régime. » Ces deux lignes
nous disent assez dans quel esprit elle fut écrite.
Le souvenir de l'affaire Sartorius commençait à se
perdre, même à Visé, lorsque M. Juste, l'historien aux
opinions variables, la remit au jour dans sa brochure
de propagande contre la justice des princes-évêques de
Liège. Dans cet écrit, il ne cherche qu a rendre le cha-
noine Sartorius coupable pour pouvoir accuser les
princes-évêques et leur justice. M. Demarteau, dans une
verte réplique, a fait ressortir les procédés, peu histo-
riques et peu loyaux de cette brochure et nous a donné
ainsi une idée de la justice de M. Juste dans cette affaire.
11 y a quelques mois, M. Fréson, conseiller à la cour
d'appel de Liège et ancien procureur du roi, a rapporté
ce fait dans une étude juridique publiée par le Journal
de Liège. Loin de partager lavis de son corréligionnaire
politique, M. Juste, ce jurisconsulte semble reconnaître
l'innocence du chanoine. « A son avis, cette confession
» tardive (du chanoine) n'était qu'une nouvelle ma-
» nœuvre de l'avocat Sartorius pour sauver son frère
» Henri. Et la preuve, c'est que les échevins de Liège
» n'attribuèrent pas d'autre importance à ce document,
» qu'à ceux qui avaient été produits antérieurement. »
Cette fameuse déclaration, au lieu d'être un aveu
complet des turpitudes et du crime du chantre Sarto-
rius, ne constituerait qu'un acte d'un dévouement
héroïque mais irréfléchi, par lequel celui-ci sacrifiait sa
réputation et salissait sa robe religieuse pour arracher
un frère coupable à la honte du gibet.
PRINCIPAUX EMPLOYÉS.
Le chapitre avait à son service un homme de loi qui
remplissait le rôle dejiscus. Il n'avait pas seulement à
s'occuper des litiges du chapitre avec des particuliers,
— 87 —
parfois il devait instruire pour le doyen des causes
contre les confrères soupçonnés ou coupables de quel-
que délit.
En 1695, deux chanoines qui, depuis quelque temps
vivaient en mésintelligence, furent accusés par la rumeur
publique de s'être battus en duel au fusil dans la cam-
pagne. Dans le rapport d'une enquête dont il avait été
chargé, le fiscus Coelen conclut à la culpabilité des
accusés. Ceux-ci sont cités devant la communauté et
parviennent après de longs débats à prouver leur inno-
cence, qui fut pleinement reconnue car, peu de temps
après, un des deux, Guillaume- François de Sluse, fut
élu doyen.
Deux hebdomadaires (prêtres), des suppôts et des
choraux assistaient les chanoines dans la célébration
et le chant des offices. Les hebdomadaires avaient
presque toujours juridiction et étaient alors les confes-
seurs de la communauté.
Un récepveur ou compteur gérait les finances du
chapitre. Dans le temps c'était toujours un chanoine,
parfois le doyen qui remplissait cette fonction, plus
tard elle fut confiée à des laïques. Le compteur ne pou-
vait faire aucune dépense sans Tordre du chapitre ou
du doyen. Deux fois par an, aux réunions capitulaires
du lendemain de la Saint-Hadelin et de la Saint-Jean,
il devait présenter les tableaux complets de ses recettes
et dépenses.
En dehors de ces deux assemblées plus importantes,
le chapitre se réunissait encore chaque samedi et chaque
fois que le doyen jugeait à propos de convoquer la com-
munauté pour une cause urgente. Pour que ces séances
extraordinaires fussent légales, il fallait que tous les cha-
noines y fussent invités la veille par le bastonarius juré.
BIENS ET REVENUS.
Du vivant de saint Hadelin sa communauté avait
déjà acquis quelques biens, grâce aux libéralités de
— 88 —
Pépin de Herstal, de 1 evêque de Liège et à la donation
de la noble Guiza (i). Un empereur d'Allemagne du
nom de Henri lui accorda différents droits : « dédit
» tnonetam cum foro et mensuris villae Cellensis. » En
reconnaissance de cette donation, les chanoines faisaient
chaque année la commémoraison du défunt un jour de
la seconde semaine du mois .d'octobre (2).
Peu à peu ses biens augmentèrent. En i338 les cha-
noines possédaient la dîme de Celles, de Franchimont
et de différentes localités voisines telles que Hulson-
neau, Nettines, Foy-Notre-Dame, Gendron, Tressogne,
Conjoux, Fooz, Scy, Haversin, etc. Une partie de ces
revenus devait servir à l'établissement de trois vicaires
perpétuels à Celles, le reste fut conservé par le chapitre
après sa translation à Visé. L'établissement de huit
nouvelles prébendes, fait à cette occasion, donna aux
chanoines de Saint- Hadelin une partie des biens de
l'église de Visé, entr 'autres la petite dîme de la ville et
la grosse dîme de Goirhé (Devant-le-Pont). Au chapitre
furent alors incorporées cinq cappelanies avec leurs
biens. Ces biens étaient le sixième de la grosse dîme
d'Ans et la petite dîme tout entière, celle de Lovenjoul
(près de Louvain), Antgarder, etc. Dans la suite le cha-
pitre acquit aux environs de Visé plusieurs rentes et
immeubles, tantôt par voie de donation (comme celle
du doyen Sarrazin, qui fut la plus importante), tantôt
par voie d'achat et de fondation d'anniversaire.
Voici comment les revenus de la collégiale de Visé
se réparti ssaient d'après un tableau dressé en suite de
l'arrêté du 22 vendémiaire an IV :
/ Rentes du chapitre . . 43 1 muids d'épeautre.
^ [ Rentes pour anniversaire. 44 »
Rentes ) r -, - — :n£—
< Total : 475 »
eti Errants §
e ' f Le chapitre devait. . . 32 »
\ Restaient : 443 »
(1) Abrégé de la vie de saint Hadelin.
(2) Vieux registre des anniversaires de la collégiale.
— 89 —
Rentes ( Rentes du chapitre . . 2 aimes.
en vins. [ Rentes pour fondations . 1/2 »
Rentes ( Rentes du chapitre . . 3,375 florins.
en espèces. \ Rentes pour fondations . i,652 »
La dîme des localités, où le chapitre la percevait,
montait à 11, 225 florins; celle de l'abbé séculier, 1,600
florins ; celle de l'écolâtre, 237 florins; celle du prévôt,
280 florins.
Le muid d'épeautre était évalué à 16 florins. De
manière que le revenu global du chapitre (non com-
prises les rentes en vins), était de :
6,768 florins pour rentes en nature.
pour rentes en espèces,
produit de la dîme,
revenu de l'abbé,
revenu du prévôt,
revenu de l'écolâtre.
Total
Un autre tableau donne les charges du chapitre
consistant en rentes, tailles, contributions, traitements
du personnel, qui montent à 3,oo5 florins. Si à cette
somme on joint les revenus de l'abbé séculier, on voit
que pour les vingt chanoines, il restait moins de 20,000
florins, soit moins de 1 ,000 florins par chanoine, y com-
pris le casuel des anniversaires.
Les immeubles que le chapitre possédait à Visé à
titre de propriété, et comme biens de fondation, avaient
une contenance totale de seize bonniers, six verges
grandes et quatorze verges petites. Dans ces immeubles
n'étaient pas comprises les maisons des chanoines, qui
généralement leur appartenaient à titre personnel.
Le chapitre louait au plus oflrant la recette de ses
dîmes pour un terme d'une ou plusieurs années. Cette
location était annoncée par voie d'affiches dans l'endroit
même et dans les localités voisines.
Voici dans quelles conditions la petite dîme de Visé
12
4,027
»
11,225
»
i,652
»
280
»
275
»
24,227
florins.
— 90 —
et la grosse dîme de Goirhé (Devant-le-Pont) furent
louées pour Tannée 1760-61. L'obtenteur doit fournir
une caution par acte réalisé, il doit payer dans les trois
jours le vin de stuit, la cire, 1 écu au receveur du cha-
pitre et 1 florin à son bastonier; en cas de grêle ou
autres dégâts, il obtiendra une remise déterminée par le
chapitre. Les rendeurs se réservent la confirmation de
la reprise et la pénultième hausse oblige en cas que le
dernier renchérisseur serait récusé. Le repreneur doit
se servir de la grange du chapitre située dans la ruelle
du Packhouse et payer de ce chef 20 florins.
Ceux qui doivent un arrérage pour les dîmes des
années précédentes, ne seront pas admis à hausser à
moins que, au préalable, ils ne soldent leur compte.
La location se faisait à la cire, ou chandelle ardente.
Pour la dîme de Visé le vin de stuit et les frais à payer
au delà de l'assise sont fixés à 100 florins brabant.
L'assise ou mise à prix est de 5o florins brabant; on
ne peut hausser que par 5 florins. Un Thomas Maes
reste adjudicataire à la quinzième hausse, au prix de
125 florins, faisant avec le vin de stuit et les frais, 225
florins.
Les deux dîmes de Goirhé, mises à prix à 100 flo-
rins, plus 80 florins pour vin de stuit et 20 florins de
frais pour cire, etc., restèrent à la vingt-sixième hausse
de 5 florins. Elle revint donc de 3oo à 33o florins
brabant.
Assez souvent les chapitres des églises secondaires
ont été jugés défavorablement ; on se demande jusqu'à
quel point ce jugement général est vrai pour le chapitre
de Visé.
Nous rappelons d'abord ce que nous avons dit du
chantre Sartorius. Nous ajoutons que le chanoine
Magnée, oubliant son caractère sacerdotal, embrassa
avec ardeur les idées révolutionnaires de 89 et s'enrôla
même dans le corps des patriotes franchimontois. Plus
d'une fois aussi les chanoines regardèrent comme lettres
— 91 —
mortes les articles de leurs statuts qui interdisaient la
chasse et l'entrée des cabarets. Nous regrettons surtout
les tristes dissensions, qui existèrent longtemps entre le
chapitre et les plébans ; mais nous proclamons aussi
hautement que c'est là tout ce que nous avons trouvé à
leur charge dans toute leur existence à Visé.
D'un autre côté le peu que nous avons rapporté des
principaux dignitaires de la collégiale, permet de dire
que beaucoup d'entre eux employaient une partie de
leurs biens à faire des fondations pieuses, à l'entretien
de leur église et à son ameublement.
D'autres se distinguaient par leur désintéressement
ou leur charité. Le prévôt Jeghers exerça gratis pen-
dant vingt-quatre ans les fonctions de directeur des
Sépulcrines. Un autre chanoine laissa, par son testa-
ment, une somme assez considérable destinée à conti-
nuer à perpétuité, après sa mort, les distributions qu'il
avait l'habitude de faire de son vivant.
Si donc on doit déplorer quelques rares défaillances,
si l'on doit regretter le soin excessif avec lequel le corps
entier défendit parfois ses droits, il faut reconnaître
aussi, que dans le chapitre de Visé, la généralité est
sans reproche et que beaucoup de ses membres se dis-
tinguèrent par leurs vertus.
LES BÉNÉFICES.
Dans la collégiale de Visé, comme dans toutes les
églises avant la révolution, existaient des fondations
appelées bénéfices ou autels.
Le bénéficiaire ou recteur célébrait à un autel érigé
par le fondateur en l'honneur de quelque saint, le
nombre de messes fixées par la volonté du testateur, le
plus souvent une ou deux par semaine. Il avait l'admi-
nistration et percevait les revenus des biens de la fon-
dation. La collation des bénéfices de l'église de Visé
appartenait au curé et au chapitre. D'après l'acte de
— 92 —
translation (i338) cité plus haut, le pléban conférait les
bénéfices existants avant cette date. Ceux-ci. et aient au
nombre de deux, celui de Notre-Dame et celui de Saint-
Jean-Baptiste. Assez souvent le curé ou son vicaire
étaient recteurs d'un de ces autels. Le pléban Pironnet
était recteur de celui de Notre-Dame.
L'autel de Notre-Dame fut fondé vers le milieu du
xnie siècle par « Wathiers fis jadis Monsengneur
» Pieron Carot, chevalier et dame Sophie sa femme,
» qui laissât une amoine de diz et neuf boniers de terre
» peu plus ou peu moins, lisquels gisent en terroirs de
» Viseit. Sires Gilles, capellans, dédit à teit ki siet en
» l'église de Viseit rend en 1297 ces biens a Saingnour
» délie maison de Temples de Viseit à condition de
» payer à cet autel chaque année 3o muids de spelte(i). »
L'origine du bénéfice de Saint-Jean-Baptiste, ainsi
que ses revenus, nous sont inconnus.
Quatre autels, fondés après i338, étaient à la colla-
tion du chapitre ; ceux de Saints-Pierre et Paul, de
Tous les Saints, de Saints-Georges et Sébastien et de
Sainte-Catherine.
La nomination à ces bénéfices ne se faisait pas par
la communauté, mais par le chanoine tournaire (turna-
rius), c'est-à-dire par celui qui, pendant la semaine du
décès d'un bénéficier, avait son tour de porter chappe.
D'après le même arrangement, se faisaient aussi les
nominations des suppôts, choraux et tenants du cha-
pitre à Visé, ainsi que celles des mayeurs et échevins
des justices de Franchimont, etc., dépendantes des
seigneurs chanoines de Visé.
Le nouveau bénéficiaire payait un droit au chapitre.
Le doyen l'installait d'après les usages du temps,
en présence d'un notaire public qui, séance tenante,
dressait procès-verbal de ce qui venait de se passer.
L'institution se faisait par la tradition du missel et du
(1) Volume manuscrit, in-folio, n° 188 de la bibliothèque publique de
Liège, cite par Henaux, Bull, de V Institut archéol. liégeois, t. I,p. 340.
— 93 —
calice, par la prise de possession de l'autel dont il tou-
chait les quatre coins. Le récipiendaire prêtait le ser-
ment suivant :
Ego, N..., juro quod obediens ero domino decano et capitulo
hujus venerabilis ecclesiae.
Item juro quod personaliter residebo in altari meo, secundum
mores et consuetudines ecclesiarum secundarum Leodiensium, nisi
mecum per capitulum fuerit dispensatum, videlicet cum toga et
superpelliceo.
Item juro quod bona et reditus altaris ad quod sum admissus
pro posse meo manu tenebo et quod de perd i ta si quae fuerint pro
viribus meis recuperare conabor.
Sic me adjuvet Deus et S. Evangelia (i).
D'après les règles donc le bénéficiaire devait être
résident. Toutefois le chapitre accordait assez souvent
des placita absentiae, moyennant un droit proportionné
aux revenus du bénéfice et alors il faisait exonérer les
charges de la fondation par un de ses chanoines ou
hebdomadaires.
Simon Libotte, d'abord chanoine à Aix-la-Chapelle,
puis curé à Eben-Emael, était recteur de l'autel Sainte-
Catherine et payait 10 florins pour une année d'absence.
Parfois les bénéficiaires n'avaient pas encore reçu la
prêtrise.
L'autel de Sainte-Catherine fut fondé, comme nous
lavons vu, en 1466, par le doyen Louis Print. La plu-
part des biens de ce bénéfice étaient situés à Mouland.
Celui de Saints-Pierre et Paul fut fondé par Liber-
tus de Meersen, chanoine et écolâtre en i363. De peu
de revenus au commencement, il semble avoir été
augmenté par un autre écolâtre, Alexandre de Lopardia.
Du temps de Nicolas Sarrazin il rapportait vingt muids.
Ce revenu doublé par une donation de ce doyen dont
nous avons déjà parlé, consistait en rentes sur diffé-
rentes terres situées aux environs de Visé, du côté de
Berneau et sur la route de Feneur.
(1) Extractum ex statutis capituli Visetensis (manuscriptis).
— 94 —
Le bénéfice de Tous les Saints sur lequel nous
n'avons aucun renseignement et enfin celui des Saints-
Georges et Sébastien dont le revenu était de quarante
muids et dont le titulaire était obligé à dire cent quatre
messes.
Il y avait encore une fondation dite des miches
messes (missarum micharum), ou bénéfice de Saint-
Hadelin et de Sainte-Anne, quoique ce ne fût pas un
véritable bénéfice, puisque les chanoines et hebdoma-
daires en déchargaient alternativement les messes. Cette
fondation avait été faite par Elisabeth, veuve de Jean
Lemaire de Hermalle, vers Tannée i5i5.
Anciennement, d'après un arrangement entre le
chapitre et un boulanger, les revenus en grains du béné-
fice étaient remis à ce dernier, et les chanoines, qui
avaient exonéré les charges de la fondation, recevaient
leur honoraire en pains ou miches ; de là le nom de
miches messes. Entre autres traces de cet arrangement,
nous trouvons dans le registre répertoire dont nous
avons déjà parlé, le titre suivant d'un contrat de ce
genre : « Instrumentum quo arrendatur Francisco
» nolis pistori officium pinsandi panem missarum mî-
» charum quae deliberantur cuique Domino illas cele-
» branti cum conditionibus plurimis ibi insertis A°
» 1548. » Plus tard cet arrangement fut supprimé et
les miches messes devinrent une fondation ordinaire.
L'autel de Saint-Nicolas établi jadis à l'hôpital,
avait été, on la vu, incorporé au décanat.
Tous les bénéfices furent supprimés par la Révolu-
tion française et leurs biens confisqués.
IV.
AUTRES INSTITUTIONS RELIGIEUSES
DE LA PAROISSE.
Dans le cours des temps, diverses institutions reli-
gieuses et monastiques furent établies à Visé. Quelques-
unes disparurent il y a des siècles, la plupart existèrent
— 95 —
jusqu'à la Révolution française. Nous les ferons con-
naître successivement en suivant Tordre chronologique
de leur origine.
LE TEMPLE (l).
Les templiers, qui selon les circonstances portaient
robe de moine ou armure de chevalier, vinrent à Visé
vers le milieu du XIIIe siècle. Wathier Carot, chevalier,
et dame Soffie, sa femme, leur firent don de la maison
ou du manoir qu'ils possédaient sur la hauteur voisine
de la ville et qui, depuis lors, a toujours porté le nom
de Temple. L'existence de ces moines-militaires ne fut
pas de longue durée dans leur nouveau séjour. Leur
ordre fut supprimé en i3i2 et leurs biens attribués aux
chevaliers de Saint-Jean, appelés plus tard chevaliers
de Malte.
Dans une nouvelle intitulée le Templier de Visé,
M. Marcellin Lagarde place son sujet au moment où le
vieux manoir va perdre ses seigneurs militaires. Il fait
disparaître le Temple dans un vaste brasier allumé par
le désespoir d'un novice amoureux. Cette œuvre d'ima-
gination, lue par un assez grand nombre de Visétois, a
donné naissance à une légende toute moderne, qui re-
présente les templiers comme livrés à la débauche et
rapporte la destruction tragique de leur maison. Bien
souvent les vieilles traditions et les anciennes légendes
ont fourni des sujets à nos romanciers et à nos auteurs
de nouvelles ; les romans historiques pourraient bien, à
leur tour, créer de belles mais fausses traditions.
L'ordre de l'hôpital de Saint-Jean était déjà en pos-
session du temple en i3i8. Les nouveaux propriétaires
n'habitèrent jamais leur domaine de Visé. En 1 3 1 8 ils le
louèrent « à nos bons foiables et amis homme révèrent
» monsigneur Wautier condit de Le Sauth, chevalier
» et ma dame Penthecoste sa femme pour tenir et
(i) V. .F. Henaux, Le Temple de Visé dans le Bull, de VInstitut
archéol. liégeois, t. I, p. 338.
— 96 —
» avoir tout le cours de leurs dois vies et dou dierain
» vivant dious dois. » Plus tard « la dite maison et
» court fut baillé et octroyé... à noble homme messire
» Adam de Kerckem, chevalier (i). » Déjà en i5oo ce
n'étaient plus des seigneurs, mais de simples fermiers
qui occupaient l'ancien Temple et qui, sans doute, lais-
saient tomber en ruines le vieux manoir. Maintenant il
n'en reste plus le moindre vestige, quoique M. Henaux
dise « qu'il est toujours debout. » A côté de la ferme
actuelle il y a un légumier de forme carrée, entouré
d'un fossé qui pourrait bien être l'emplacement du don-
jon des templiers. Le bâtiment de ferme, qui porte tou-
jours le nom de Temple, a été construit à différentes
époques du XVIIe et xvme siècle. Il comprenait jadis
une chapelle dédiée à Saint- Eloi, qui a donné son nom
à la voie de Saint-Eloi, conduisant à la campagne dans
la direction de Bombaye. L'ancienne statue de saint
Eloi de cette chapelle, se trouve maintenant dans celle
de Mons.
Ce qui frappe dans l'histoire du Temple c'est que de
i5oo jusqu'à la révolution, deux familles seulement, les
Slenacken, puis les Dodémont, occupèrent cette ferme
des seigneurs de Malte. Ce fait montre quelques bons
côtés de l'ancien régime : la bonne entente entre les sei-
gneurs et leurs locataires, la longévité des familles et la
stabilité des fortunes.
Les biens de l'ancien Temple, devenus la propriété
de la commanderie de Villers-Ie-Temple, consistaient
en 94 bonniers et 14 verges grandes de terre, situés
en grande partie entre le Temple et Bridgebook, 26
muids d'épeautre de trécens, 71 sols et 7 deniers de
cens, 69 chapons et 2 poules. Avant 1467 le Temple
possédait encore dans la ville quelques maisons, qui
furent détruites à cette date par les troupes de Charles-
(1) Document cité par Henaux, Bull, de V Institut archéoL liégeois,
t. I, p. 341.
— 97 —
le-Téméraire (i). D'autre part le Temple devait diffé-
rentes redevances à la cathédrale de Saint-Lambert, à
l'autel de Notre-Dame établi dans l'église de Visé, etc.
Le Temple fut vendu comme bien national sous la
Révolution française.
LES SÉPULCRINES.
« Le 24 février 1616 s'est commencée la fondation
» du nouveau couvent du Saint-Sépulcre en la ville de
» Viset sur Meuse, pays de Liège, et ce par la permis-
» sion de son Alteze Serenissime Ferdinant de Bavière
» et son vicaire au diocèse de Liège, le sieur Chapea-
» ville. Les religieuses qui ont commencé ceste fondation
» sont sortie de la maison du Saint-Sépulcre en la ville
» de Liège proche l'église Saint-Hubert. La supérieure
« se nommoit Anne Stapelle, la 2mc sœur Marie Dif-
» fuy et la 3me estant une donate se nommoit sœur
» Catherine Lathomi et la 4me estoit une sœur laije
» nommée sœur Marie Thour, toute 4 Liégeoise de
» nation (2). »
Ces quatre Sépulcrines avaient acheté un terrain
dans la rue actuelle du Collège, qui alors s'appelait rue
tendante de la porte postiche au marchettet qui bientôt
reçut le nom de rue des Religieuses.
Pendant la construction du nouveau couvent les
Sépulcrines s'installèrent dans des locaux provisoires et
y ouvrirent, d'après le but de leur ordre, un pensionnat
et un externat pour la jeunesse de Visé.
( 1 ) Registre de la commanderie de Villers-le- Temple, aux archives
de l'Etat à Liège.
(2) Publications de la Société historique et archéologique du duché
de Limbourgy t. VI .
Extrait d'un registre intitulé : Livre des privilèges de V Ordre du
Sépulcre de Hasselt, recueilli par la révérende mère Hélène d'Enkevaert
et la supérieure sœur Marie de Liverlo, Tan i652, cité par M. Daris,
dans son étude sur l'Ordre du Saint-Sépulcre au diocèse de Liège. Hélène
d'Enkevaert et Marie de Liverlo étaient deux anciennes religieuses de
Visé qui commencèrent les maisons de Maestricht et de Hasselt.
13
— 98 —
Anne Stapel sut donner à sa jeune institution une
grande ampleur et une étonnante prospérité. Avec les
ressources dont elle disposait à son arrivée et avec les
secours qu'elle sut se procurer, elle fit construire en
quelques années tous les locaux qui abritent maintenant
l'école moyenne de l'Etat à Visé. La chapelle, qui sert
de salle de distribution des prix, fut construite en 1617.
Sa porte extérieure présente un curieux ensemble de
simplicité et d'originalité : elle est surmontée des armoi-
ries du prince-évêque, et ornée de plusieurs écussons
aux armes de la ville, des de Sluse, etc. Une inscription
rappelle la date et les noms des bourgmestres de cette
année. Saumery, dans les Délices du pays de Liège,
admire la beauté de cette chapelle. « Sa voûte de stuc, »
dit-il, « est un chef-d'œuvre de délicatesse et de goût. »
Une épaisse couche de plâtre, la couvre depuis des
années, mais ne cache pas complètement les gracieux
dessins qui la décorent. Une tour légère et élégante,
bâtie en 1623, surmonte l'édifice et lui enlève quelque
peu de cette austère gravité qui caractérise l'ensemble
des constructions.
La première supérieure des religieuses du Saint-
Sépulcre déploya dans la conduite de sa communauté,
les qualités dont elle avait donné des preuves dans
l'établissement de sa maison. L'ordre et la régularité
qu'elle y faisait régner, éclatent dans les registres des
recettes et des dépenses du couvent tenu par la sœur
économe avec le plus grand soin. S'ils ne sont pas
dressés d'après les règles de la comptabilité moderne,
ils nous permettraient cependant de refaire exactement
les comptes annuels du couvent.
Grâce à cette bonne direction, la jeune communauté
ne cessa de prospérer. Le nombre des religieuses s'était
accru rapidement. Bientôt le couvent de Visé put
songer à l'établissement de nouvelles maisons. « Hors
» de la susditte maison de Viset sont sorties le 6 août
» J622 sœur Marie Diffuys et sœur Catherine Difluys
— 99 —
» et sœur Odile Doupey et sœur Marie Francotte et
» sont aller commencer la belle fondation d'un cou-
» vent de Tordre du Saint-Sépulcre en la ville de
» Charleville, diocèse de Rheims (1). »
Quatre ans plus tard Anne Stapel put fournir des
religieuses pour deux nouvelles communautés, celle
d'Aix-la-Chapelle, qui eut pour première supérieure
sœur Clémence d'Ombrez, native de Visé, et celle de
Maestricht.
L'établissement de la maison de Maestricht se fit à
la demande et aux frais de la gouvernante Isabelle.
« Celle-ci arriva le 27 juillet 1627 en cette ville, accom-
» pagnée de plusieurs religieuses de la communauté de
» Visé, les installa solennellement dans la partie du
» couvent, qui se trouvait déjà achevée et leur procura
» dans la suite les moyens de continuer la construc-
» tion du couvent et de l'église (2). » Hélène d'Encke-
vaert, sœur du feld-maréchal de l'empire Adrien
d'Enckevaert, et cousine germaine de saint Jean Berch-
mans, en fut la première supérieure ; parmi les reli-
gieuses qu'elle avait amenées de Visé se trouvait une
Visétoise du nom de Marie Wathelet (3).
Anne Stapel dirigea pendant vingt-six ans la maison
qu'elle avait fondée, comme le dit l'inscription de sa
pierre tombale conservée dans les cloîtres de l'école
moyenne :
Icy repose i** mère s. Anne
Stapel, premier prieuses de ce
couvent decedee le 19 xbre 1642
ayant régente ceste maison
26 ans.
Elle avait été puissamment secondée dans ses efforts
et ses entreprises par le chanoine Lambert Jeghers,
prévôt du chapitre de Visé, qui, nous l'avons dit, com-
(1) Registre précité.
(2) Annuaire de la province de Limbourg, année i83i.
(3) Registre précité.
— 400 —
posa plusieurs ouvrages de piété à l'usage de la com-
munauté dont il était le directeur. Jeghers fut enterré
dans le couvent. Voici son épitaphe :
A mémoire de R. seign.
Lambert Jeghers vivant
chanoine prevost de
Vise premier directeur
et confesseur de céans
laquelle charge il a
exerce par charité Tespa
ce de 24 ans et est decede
le 5 de janvier r 640 âge de
70 ans. priez Dieu pr son ame.
Les religieuses venues à Visé sous la conduite
d'Anne Stapel étaient connues sous différentes dénomi-
nations. Parfois on les désignait sous le nom de reli-
gieuses des bons enfants (i) ; parfois sous celui de cha-
noinesses du Saint-Sépulcre. Le plus souvent on les
appelait Sépulcrines : c'est ce nom qui a été conservé
jusqu'à nos jours.
Prospère dès le commencement, la maison resta
digne de son début; en i656, elle établit une nouvelle
dépendance à Jupille. L'école et le pensionnat con-
tinuèrent à donner l'éducation à un nombre assez
considérable de jeunes filles. Le noviciat ne cessa de
recevoir de nombreuses postulantes ; un tableau de
population du XVIIe siècle accuse une communauté de
quarante religieuses. Des demoiselles des meilleures
familles de Visé y prirent le voile et s'y consacrèrent au
service de Dieu et à l'instruction de la jeunesse. Leurs
dots et les fondations faites en faveur du couvent
accrurent sa fortune immobilière, qui constitue main-
tenant la dotation de l'école moyenne. Quand, en 1797,
les ordres monastiques et les congrégations religieuses
(1) A cause du couvent des Bons Enfants de Liège dont elles étaient
sorties.
— 101 —
furent supprimés dans notre pays par le régime répu-
blicain, les Sépulcrines échappèrent à redit de suppres-
sion, à cause du caractère de communauté enseignante
de leur maison.
Une tradition rapporte à ce sujet que la supérieure,
mère Leroux, se présenta devant l'empereur Napoléon
de passage dans notre pays et obtint de lui le maintien
de son établissement. Cette tradition est évidemment
fausse dans ses détails, mais donne une idée des efforts
et des démarches que fit cette supérieure pour conser-
ver l'existence de la communauté. La mère Leroux,
connue depuis sous le nom de dame Leroux, continua
jusque bien avant sous le régime hollandais à instruire
la jeunesse de Visé avec les dernières survivantes de ses
religieuses. De vieilles Visétoises, qui l'ont eue comme
maîtresse, en parlent encore avec respect et reconnais-
sance.
LES RÉCOLLETS (l).
Déjà avant i6oo, des Pères Récollets et Dominicains
venaient alternativement à Visé prêcher les stations du
Carême et de l'A vent.
En 1624, un couvent de Récollets avait été établi à
Bolland. « Des religieux de Bolland se rendaient tous
» les samedis à Visé pour y entendre les confessions et
» y prêcher le lendemain la parole de Dieu. Le magis-
» trat de la ville, appréciant l'utilité de leurs travaux les
» autorisa, le 18 juin i638, à y établir une communauté
» de leur ordre. Cette communauté ne fut dans le
» principe qu'une dépendance du couvent de Bolland.
» Le chapitre provincial tenu à Namur, en 1646, la
» rendit indépendante de ce dernier (2). »
Le premier établissement des Pères Récollets avait
été très favorablement accueilli par le clergé, le magis-
(i) Archives de la paroisse.
(1) Dans, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège au XVII*
siècle, t. II, p. 346.
— 102 —
trat et le peuple. La décision qui le déclara indépen-
dant du couvent de Bolland ne rencontra de résistance
que de la part de la communauté-mère, qui voulait con-
server ses droits sur la maison de Visé.
De i63g à i65o, les Pères Récollets occupèrent une
habitation provisoire. Le 3o septembre i65o, la première
pierre du nouveau couvent fut posée en présence des
bourgmestres et de toutes les notabilités de la ville. On
n'acheva d'abord, faute de ressources, qu'une partie
des bâtiments. Différentes personnes généreuses, entre
autres la noble Marie-Sibylle de Plettemberck, dame de
la Rochette, contribuèrent par leurs dons à l'érection
de l'édifice.
Pendant ces temps troublés par les guerres entre
l'Espagne et les Provinces unies, les pays d'Outre-Meuse
furent longtemps occupés par les troupes hollandaises.
Le régime protestant y rendit alors bien difficile l'exer-
cice du culte catholique. Aussi voit-on les habitants
des localités voisines accourir en grand nombre à Visé,
chez les Pères Récollets, pour y remplir leurs devoirs
religieux. Dans le cours d'une année il y eut quatorze
mille communions. Ces motifs déterminèrent beaucoup
de notables Visétois et de seigneurs voisins à promettre
leur généreux concours pour l'érection d'une église spa-
cieuse, qui remplacerait la chapelle provisoire. Ce pro-
jet, si peu sujet à critique à première vue, rencontra
une assez vive résistance de la part du chapitre, du
pléban et du magistrat.
Le chapitre et le pléban craignaient que la nouvelle
église conventuelle n'attirât un trop grand nombre de
personnes aux offices religieux et ne nuisît ainsi à la vie
paroissiale. De plus, disaient-ils, les droits de l'église
paroissiale pourraient souffrir dans les questions d'ob-
sèques ou d'enterrements. Ils jugeaient enfin avec le
magistrat que, après la construction de l'église, le
nombre des religieux pourrait augmenter et devien-
drait ainsi une charge pour la ville.
— 103 —
Dans leur réponse, les Pères Récollets font valoir les
services religieux qu'ils rendent à Visé et aux environs.
Ils citent le nombre des communions annuelles faites
dans leur chapelle. Ils rappellent qu'en 1648 Ferdinand
de Bavière y communia deux fois pendant son séjour à
Visé à l'occasion de la Portioncule. Ils ajoutent qu'ils
ne vont à la collecte du pain en ville qu'une fois tous
les quatre mois. En ce moment, disent-ils encore, dix-
sept Visétois sont religieux dans des couvents de leur
ordre. Enfin, ils s'obligent à ne pas dépasser le nombre
treize pour les religieux résidents. Ce dernier engage-
ment brisa l'opposition du magistrat.
Le prince-évêque envoya alors son conseiller, le
chanoine René de Sluse, originaire de Visé, pour exa-
miner l'affaire et en faire rapport. L'envoyé épiscopal
parvint à faire accepter un arrangement, qui régla la
question des offices, des prédications, des sépultures et
obsèques et qui aplanit ainsi toutes les difficultés. Cet
accord fut approuvé par le prince qui, en môme temps,
autorisa la maison à édifier l'église conventuelle. Les
fondements du nouveau temple furent jetés en 1662,
La principale bienfaitrice des Pères Récollets, en cette
circonstance, fut encore la dame de la Rochette, qui
leur fit un don de 2,000 florins. Toutes les notabilités
du pays contribuèrent généreusement à l'exécution de
cette pieuse entreprise. Parmi les bienfaiteurs citons
l'abbé du Val-Dieu, Simon Ranst, licencié es droits,
qui donna six beaux arbres pour faire des sommiers ;
M. de Sarolay de Cheratte qui fournit des pierres, de
la chaux et des briques; la famille de Charneux, etc. ;
chaque pontonnier de Visé fournit un chêne pour
sommier. La nouvelle église fut consacrée à sainte
Marie-Madeleine et les armoiries de la principale bien-
faitrice furent placées au haut du chœur.
En 1681, on acheva les bâtiments du couvent grâce
à la libéralité de Bartholomé de Charneux, bourgmestre
de Visé et receveur général de Son Altesse. Pour perpé-
- 104 —
tuer le souvenir de ce bienfait, les Pères Récollets firent
placer dans la façade du nouvel édifice une pierre avec
l'inscription suivante :
Honorable Bartholomé
de Charneux escuyer
seigneur de Warsage
fondateur de ce couvent.
Cette pierre surmonte maintenant la porte princi-
pale d'une maison bâtie sur l'emplacement de l'an-
cienne église conventuelle.
Les Pères Récollets continuèrent à se livrer avec zèle
aux devoirs de leur ministère à Visé et aux alentours.
Ils instituèrent dans leur église une confrérie du Tiers-
Ordre de Saint-François sous le patronage de la bien-
heureuse Rose de Lima.
En 1737, ils ouvrirent une école d'humanités qui
fut fermée à l'arrivée des Oratoriens en 1750.
Le prince-évêque Charles d'Oultremont, choisit le
père Hamoir, gardien du couvent vers 1775, comme
son confesseur et examinateur synodal, et prouva ainsi
la haute estime qu'il avait pour les religieux visétois.
En 1796, le couvent fut supprimé et vendu. Quel-
ques religieux le rachetèrent au prix de 8,65o florins
au moyen des bons qui leur furent accordés par le
gouvernement. Le père Delhez, qui administra la
paroisse en l'absence du curé d'Aoust émigré, et qui
devint plus tard vicaire de Visé, légua sa part dans
l'immeuble au bureau de bienfaisance.
Plus tard l'ancien couvent fut acheté par une
société, qui y installa une fabrique de sucre après
avoir abattu l'église. Maintenant il sert d'habitation
particulière.
L'ancien couvent formait un carré, dont l'habitation
actuelle de M. Max Horion constituait le côté occi-
dental. L'église à une nef, dans le genre de celle des
Récollets de Saint-Trond, formait le côté oriental et
— 105 —
longeait la rue actuelle. La maison habitée par M. le
docteur Labeye est bâtie sur remplacement du parvis,
qui donnait accès à l'église et aux cloîtres. On voit
encore dans la façade de cette maison, au-dessous de
la pierre, dont nous parlions tout à l'heure, les restes
de la porte d'entrée du parvis.
LES CONCEPTIONN1STES.
« La communauté des Conceptionnistes établie au
» faubourg d'Amercœur en 1643 se divisa en deuxpar-
» ties en 1681. Six d'entre elles allèrent s'établir à Visé.
» Leur principale bienfaitrice fut Marguerite Gangeur,
» veuve de Jean de Stenval, un des commissaires de la
» cité. Cette nouvelle communauté n'y prit pas grande
» consistance : aussi demanda-t-elle, en 1691, à pouvoir
» s'établir à Liège. Plusieurs chanoines du chapitre
» émirent l'avis qu'il valait mieux que les Concep-
» tionnistes de Visé rentrassent dans leur ancien cou-
» vent et se réunissent à leurs anciennes consœurs.
» Toutefois, le 9 mai, il les autorisa à s'établir en
» Bêche à Liège, sous condition de vendre leur im-
» meuble de Visé à un séculier (1). »
On n'a pas gardé le moindre souvenir de ce cou-
vent. D'après un acte des archives de la ville, qui ne
fait que le mentionner, il devait se trouver près des rem-
parts, du côté de la Chinstrée.
LES CARMES DE DEVANT-LE-PONT.
« Les Carmes déchaussés, qui avaient obtenu de
» l'empereur d'Allemagne l'autorisation d'établir un
» nouveau couvent de leur ordre dans la principauté
» de Liège, s'adressèrent d'abord au chapitre (de la
» cathédrale) qui leur refusa son consentement. Après
» bien des instances, ils obtinrent les permissions
(1) Daris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège au XV11*
siècle, t. II, p. 23o.
14
- 106 —
» nécessaires pour s'établir à Visé Devant-le-Pont (le
» 2 mars et 6 avril 1691) mais sous les conditions sui-
» vantes :
» Ils feront le catéchisme aux enfants ;
» Ils prêcheront les dimanches et jours de fêtes ;
» Ils s'abstiendront de quêter;
» Ils ne pourront acquérir ni rentes foncières, ni
» biens fonds autres que l'emplacement du couvent ;
» Ils rempliront les charges de la donation leur faite
» par la veuve du commissaire Honlet ;
» Ils fixeront le nombre de leurs religieux 'd'après
» les revenus de cette donation.
» Les Carmes se conformèrent à ces conditions et
» s'établirent à Devant-le-Pont (1). »
Ils y construisirent un vaste couvent où ils instal-
lèrent leur noviciat et une église conventuelle, simple
mais élégante, qui fut jusqu'à la révolution française
l'église habituelle des Visétois de Devant-le-Pont.
Nous n'avons rien trouvé concernant l'existence des
Carmes dans cette nouvelle maison.
Le gouvernement vendit l'enclos comprenant un
bonnier quatorze verges. Le père Thonnard le racheta
au prix de 17,325 livres. Depuis il passa à des particu-
liers. Le couvent a été converti en maisons. L'ancienne
église conventuelle, acquise par la ville, fut rendue au
culte et devint paroissiale en 1842.
La bibliothèque des Carmes doit avoir été assez
riche. A la fin de Tannée 1798, l'administration du dé-
partement de POurthe « informée qu'il en existait
» encore des restes considérables à Visé chargea Simon
» Pirnea de les saisir et de les faire transporter à
» Liège (2). »
(1) Daris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège au XVII*
siècle, t. II, p. 238.
(2) Daris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège au XVII*
siècle, t. III, p. 25o.
— 107 —
LES ORATORIENS.
L'établissement des Pères Oratoriens à Visé est de
date assez récente.
En 1750, Gilles-Lambert de Villenfagne, seigneur
de Vogelsanck, offrit de leur fournir une maison pour
l'érection d'un collège. Le chapitre de la cathédrale
donna son consentement le 14 octobre 1750 sous la con-
dition que les religieux ne seraient jamais à charge au
public. L'évêque érigea l'établissement le 7 janvier 1751.
Le généreux donateur avait acheté pour l'installation
du futur collège, un bâtiment de ferme dite la grande
courte qui était situé dans la rue appelée alors des
Religieuses; il fournit en outre aux Oratoriens 6,000
florins pour frais d'établissement.
« Cette nouvelle maison d'éducation devint, » dit
M. Henaux, ce la meilleure du pays ; » plus loin au
chapitre écoles, nous aurons l'occasion d'en parler
encore.
Plus d'une fois il fut question, à Visé comme ail-
leurs, de souterrains secrets reliant les différentes mai-
sons religieuses d'une localité. Les adversaires des
ordres monastiques affirment, avec un sourire signifi-
catif, que ces souterrains établissaient des moyens de
communication entre les couvents d'hommes et de reli-
gieuses. A Visé, ils auraient réuni la maison des Sépul-
crines à celle des Récollets. Voici en quoi consistaient
dans cette ville ces voies secrètes et mystérieuses!
En 1755, la ville accorda aux Oratoriens l'autorisa-
tion de construire un égout pour conduire les immon-
dices de leur établissement jusqu'à la Meuse. Elle mit
comme condition que « les Pères enseigneront gratis
» 1 école française pour les enfants de la ville et du
» faubourg, qu'ils admettront au muséum les étudiants
» de la ville aux conditions qui existent pour le collège
» des Oratoriens à Thuin (1). »
(1) Archives de l'école moyenne de l'Etat à Visé.
— 408 —
Cet égout, partant du pensionnat, traversait tout le
jardin de l'établissement et passait sous la rue des
Récollets, au point de sa jonction avec celle de l'Eau,
et arrivait ainsi à la Meuse.
Plus tard, en 1769, les Sépulcrines constatant les
avantages d'un égout en voulurent doter leur établisse-
ment. Elles achetèrent le droit de construire un raccor-
dement avec celui des Oratoriens.
Ainsi ces tunnels mystérieux, qui auraient caché les
plus grandes horreurs, n'étaient que de vulgaires égouts!
Un des derniers supérieurs du collège, le père
d'Aoust, devint, nous l'avons dit, pléban de Visé en
1783.
La maisons des Oratoriens fut vendue par le do-
maine. La tradition rapporte que les acheteurs retrou-
vèrent le prix du bâtiment en vendant le plomb et les
ferrailles de l'édifice. Il ne reste plus que le nom de cet
établissement.
Les Pères de l'Oratoire n'étaient pas riches. En ville,
ils possédaient leur collège avec jardin et deux cours,
une pour les pensionnaires et une pour les externes ;
hors des murs, un jardin de cinq verges plus un autre
terrain de dix-sept verges. Par contre, ils avaient à
payer des rentes sélevant à environ 5oo florins (\). On
ne dira pas que ces moines nageaient dans l'abondance !
LE REFUGE DU VAL-DIEU (2).
Anciennement, en temps de guerre, les habitants du
plat pays se réfugiaient dans les villes pour y mettre à
l'abri des troupes leurs personnes et leurs biens les plus
précieux. Plusieurs édits des princes-évêques ont réglé
les obligations des villageois d'alentour qui venaient
chercher un abri dans la ville de Visé. C'était à Visé
que les religieux du Val-Dieu venaient s'établirent lors-
(i) Archives de l'école moyenne de l'Etat à Visé.
(2) Historique du Val-Dieu, par J.-S. Renier.
— 409 —
qu'ils ne se croyaient plus en sûreté dans leur couvent.
Vers i63o, ils y acquirent une maison qui leur servit
de refuge dans ces circonstances. Michel de Vervier,
ou à Vervia, abbé du Val-Dieu de 1622 à 1639, et ori-
ginaire de Visé, semble n'avoir pas été étranger à la
création de cette retraite en ce lieu. En i635, un
ministre calviniste qui avait été fait prisonnier et était
détenu à Namur, n ayant pas été relaxé à la demande
du gouverneur hollandais de Limbourg, l'abbé à Ver-
via fut enlevé de son couvent et conduit à Maestricht.
Les religieux se retirèrent alors dans leur refuge de Visé.
Cette retraite existait donc déjà à cette date.
Plus tard, en i655, on l'agrandit ou on en acheta une
autre, car l'abbé Ranst vendit des terres pour 700 flo-
rins afin de faire servir cet argent pour le refuge de
Visé. En 1661 la moitié du bâtiment menaçait ruine et
fut reconstruite. En i6g5, un échange de terrain fut fait
entre l'abbaye et M. de Charneux, seigneur de Her-
malle, pour l'agrandissement de l'édifice. Ce refuge fut
vendu en 1704. Il était situé rue Basse du côté de la
Meuse à l'opposite du jardin du presbytère actuel.
LA CHAPELLE DE LORETTE.
Au commencement du XVIIe siècle on vit s'élever
sur divers point du diocèse, notamment à Cortenbosch,
à la Sarte et ailleurs de petits sanctuaires consacrés à
la mère de Dieu.
Tout sanctuaire dédié à Marie est pour le fidèle un
objet de vénération. Dans ses peines et ses afflictions le
chrétien aime à se prosterner devant l'image de la
Vierge et implore avec confiance la protection de celle
qui est appelée le Secours des chrétiens. Situées le plus
souvent dans un endroit solitaire, ces chapelles répon-
daient mieux que nos églises à ce besoin de silence et
de solitude qu'éprouve l'âme pieuse ou malheureuse
pour l'épanchement de sa piété et de sa douleur ; aussi
devinrent-elles bientôt l'objet du respect des fidèles et
— 110 —
le rendez-vous de nombreux pèlerins. De nouveaux
sanctuaires surgirent bientôt en d'autres endroits. Vers
la fin du siècle, ils reçurent souvent une forme particu-
lière et furent consacrés à Marie sous le vocable de
Notre-Dame de Lbrette.
A cette époque il y avait des communications fré-
quentes entre le clergé de notre diocèse et la ville de
Rome. Pour le clergé de Visé, ces relations s'expliquent
par la présence dans la capitale du monde chrétien de
Walter Walteri, des de Sluse, etc. Dans les voyages
en Italie, personne n'oubliait de visiter le sanctuaire de
Lorette et de vénérer la maison de Nazareth miracu-
leusement transportée dans cet endroit. La vue de la
maison habitée jadis par le Fils de Dieu fait homme,
et par sa divine mère devait laisser dans l'esprit et le
cœur de saints et ineffaçables souvenirs. Plus d'un
voyageur voulut, au retour de ces pèlerinages, cons-
truire une chapelle qui lui rappellerait le vénéré sanc-
tuaire et que pour ce motif il consacrait à Notre-Dame
de Lorette. Telle est l'origine des ermitages du Huls-
berg près de Looz, de Bolderberg près de Hasselt et
aussi celle de la chapelle de Lorette de Visé.
A la suite d'un de ces voyages en Italie, le chanoine
Pellenbrouck communiqua à quelques confrères et
amis le projet qu'il avait formé d'élever à la gloire de la
Vierge une chapelle qui serait la reproduction de la
maison de Nazareth. Cette proposition trouva bon
accueil auprès de plusieurs d'entre eux. Une pétition fut
adressée au magistrat à l'effet d'obtenir un subside pour
l'exécution de l'entreprise. Le 21 novembre 1681, le
conseil vota la résolution suivante : « La mesme le con-
» seil at recessé (décidé) sur requeste présentée par le
» sr chanoine Pellenbrouck, Sluse (le chanoine G.-Fr.
» de Sluse, qui devint plus tard doyen du chapitre) et
» autres personne dévouées pour l'érection de nre Dame
» de Lorette scavoir d'une chapelle de leur donner
» pour seconder leurs bons desseins trengte un pata-
— 111 —
» cons pour achever ladite érection de la chapelle (4). »
Le projet ne fut exécuté qu'en 1684, comme le
montre la date que Ton voit au-dessus de la porte du
petit oratoire. Les motifs de ce retard doivent être
recherchés dans les guerres et les luttes civiles qui
désolèrent la principauté et la ville à cette époque. Les
pieux fondateurs de la chapelle, lui donnèrent les
dimensions et les dispositions de la maison de Naza-
reth. L'autel adossé à un grillage rappelle modestement
celui beaucoup plus riche de Lorette. Les nuances
rouges et vertes des murs du vénéré sanctuaire furent
conservées. Enfin dans des cavités pratiquées dans les
parois on voulut imiter la maison de la Sainte-Famille
jusque dans ses moindres détails.
La statue de la Vierge, qu on voit encore mainte-
nant dans la chapelle, a une origine un peu plus ré-
cente. Elle porte la date de 1698. Jadis elle était peinte
en noir, comme beaucoup de vierges de cette époque.
Ce ne fut que dans le courant de ce siècle qu elle reçut
la couleur de chair. Cette transformation donna lieu
à des troubles sérieux, dont les vieux Visétois gardent
encore le souvenir,
La chapelle était-elle à l'origine entourée d'un bois?
On est porté à le croire. Dans un acte de 1703, on parle
d'un mariage entre deux Visétois, qui fut célébré par
un chanoine dans la chapelle de Notre-Dame au Bois.
Or il semble assez peu probable que la chapelle en
question soit celle de Notre-Dame au Bois d'Argenteau.
Dès l'abord, les fondateurs de la chapelle avaient
obtenu du supérieur de l'ordre des Carmes, l'autorisa-
tion d'y établir une confrérie de Notre-Dame du mont
Carmel. Le document qui accorda cette autorisation
est d'autant plus intéressant pour les Visétois qu'il
relate un décret du pape Clément X écrit de la main
ou sous la dictée de G. de Sluse, alors secrétaire des
5
ru WU3 ta. uis,ia^ ut; vj. u^ uiuot, aiuia dccicianw uls
(1) Registre aux recès, archives de l'hôtel de ville. Le patacon valait
fr. 08.
— 112 —
brefs. La confrérie avait été érigée sous la condition
que, si une maison des Carmes venait à être établie
dans un rayon de trois milles de la chapelle, elle
devrait y être transférée. Cette condition se vérifia en
1691 et la confrérie fut établie à Devant-le-Pont. Depuis
on n'en trouve plus de trace à Lorette.
Dès le début aussi la chapelle fut enrichie d'indul-
gences, par le nonce d'abord, par le pape dans la suite ;
une indulgence plénière pouvait y être gagnée aux
principales fêtes de Marie, des indulgences partielles à
chaque visite qu'on y faisait. Ces faveurs ne furent
chaque fois accordées qu'à terme, de manière qu'elles
n'existent plus.
Plus tard, en 1738, un chanoine obtint pour la cha-
pelle une relique des cheveux de la sainte Vierge, qu'on
conserve encore dans l'église primaire de Visé et qu'on
y expose à la vénération des fidèles, le jour de l'As-
somption.
On s'explique ainsi facilement comment la chapelle
est devenue l'objet de la vénération des Visétois, et un
lieu de pèlerinage très fréquenté. Maintenant encore on
y voit arriver, pendant Tannée entière, de nombreux
pèlerins. Le i5 août surtout, la chapelle est visitée par
des milliers de fidèles, qui y viennent implorer la protec-
tion de Notre-Dame de Lorette. De nombreux ex-voto
garnissent les murs du petit oratoire et témoignent de
la reconnaissance de ceux qui y ont obtenu des faveurs
par l'intercession de Marie. L'opinion publique parle
de grâces nombreuses et variées dues à Marie.
A côté de la plupart des vieilles chapelles se trouvait
un ermitage. L'ermite, gardien de l'oratoire, était tenu
anciennement à dire journellement certaines prières. Il
portait le costume suivant, prescrit par une ordonnance
épiscopale : « chapeau sans capuche, barbe, habits
» comme ceux des Franciscains, mais plus courts,
» ceinture de cuir, bas et souliers (4). » Le but de cette
(1) Manigart, t. III, p. 161.
— 113 —
ordonnance était d'éviter toute confusion entre le cos-
tume des Pères Récollets et celui des ermites.
Insensiblement le pèlerinage de Lorette avait pro-
voqué la foire du i5 août, qui plus tard mérita l'atten-
tion des républicains français. L'administration cen-
trale de Liège décida, le 1 1 août 1798, « que la foire de
» Visé qui sous l'ancien régime avait lieu le i5 du mois
» d'août à l'ermitage de Lorette se tiendrait à l'avenir
» le 28 thermidor de chaque année au centre de la
» commune. » A ses yeux l'ancien emplacement près
de l'ermitage « contribuait à entretenir les préjugés
» superstitieux des habitants ignorants et était propre à
» servir de rendez -vous à une foule de fanatiques qui
» sous prétexte de religion cherchaient à avilir les ins-
» titutions républicaines (*). »
Malgré les agents de la grande République le pèle-
rinage de Lorette existe toujours et la foire se tient,
chaque année, le i5 août, près de la chapelle.
Le temps n'a apporté qu'un changement à Lorette,
il a donné un costume bourgeois aux successeurs des
ermites de jadis. La chapelle est toujours un objet de
profonde vénération pour les Visétois et un but de pèle-
rinage pour de nombreux étrangers.
V.
ENSEIGNEMENT ET CHARITÉ.
L'ENSEIGNEMENT A VISÉ.
Comme partout ailleurs l'enseignement a été à Visé,
jusqu'à la Révolution française, essentiellement reli-
gieux et entièrement ecclésiastique.
Il nous serait aisé de faire une histoire hypothétique
des écoles de Visé au moyen âge. Nous rappellerions
les capitulaires de Charlemagne concernant les écoles
(1) Darîs, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège au XV1I°
siècle, t. III, p. 216.
15
— 114 —
dans les paroisses et le grand zèle de cet empereur pour
la diffusion de l'instruction ; ensuite nous indiquerions
les relations de Charlemagne et de Berthe avec Visé
et de là nous conclurions avec plus ou moins de pro-
babilité à l'existence d'une école paroissiale dans une
bien haute antiquité ; tout cela ne reposerait sur aucun
document et serait un travail d'imagination plutôt que
d'histoire.
Disons donc que nous ne savons rien à ce sujet jus-
qu'à la translation du chapitre à Visé, et ajoutons que,
si antérieurement il y a eu des écoles, elles avaient un
caractère essentiellement paroissial et ne dépendaient
nullement de la communauté des bourgeois ; l'absence
complète de toute allusion à ces établissements dans la
transaction de 1340 entre le chapitre et la ville le prouve
clairement.
A côté de la collégiale de Saint-Hadelin, comme
près de toutes les autres, on trouvait déjà à Celles et
plus tard à Visé une école latine. La fonction de sco-
lasticus, qui existait avant 1 338, en est une première
preuve. La lettre de l'archidiacre (4 août i338) qui
exempte les « scolares scolas collegii ibidem frequen-
» tantes » de la juridiction archidiaconale atteste l'éta-
blissement d'une école collégiale à Visé, dès l'arrivée
du chapitre.
L'écolâtre était à la tête de ces écoles. Cette fonction
lui valait, nous l'avons vu, la dîme de Notre-Dame de
Foy. Si dans le principe il enseignait lui-même, dans
la suite il se déchargeait de la besogne sur les ludi ma-
gistri, qu'il dirigeait. Il prétendait même au monopole
de renseignement. Pendant les luttes entre le chapitre
et les plébans, un de ces derniers ouvrit une école. Les
chanoines y virent une atteinte au droit de leur con-
frère, l'écolâtre, et protestèrent. Le programme de cet
établissement devait être le même que celui des autres
écoles de collégiales. Il devait donc comprendre les élé-
ments du latin. Le certificat suivant, trouvé dans les
— 115 —
archives de la paroisse, ne laisse aucun doute à ce
sujet :
Ego infrascriptus testor ingenuum ac probum adolescentem
Nicolaum Gilet capacem et sufficienti latinitate praeditum, qui
tonsuram obtineat clericalem.
Datum Viseti ad Mosam, hac i8a Martii anno humanae salutis
repara tae 16800.
JOANNES PROISME,
Venerabilis Capituli Viset.
Ludi magister.
Quand on considère la pléiade de savants origi-
naires de Visé et des environs, les Walthery, de Sluse,
Cachard de Risack, de Charneux, de Froidmont, qui
se distinguèrent au xvne siècle, et qui pour la plupart
ont dû fréquenter les écoles latines de Visé et y
puiser les principes de leur science, on ne peut douter
de la valeur des études qu'on y faisait.
L'instruction des enfants pauvres était l'objet de la
sollicitude des chanoines. Nous en trouvons un témoi-
gnage bien évident dans le testament du chanoine-
chantre Jean de Ongeer, mort vers 1600, qui laissa au
chapitre une rente annuelle de douze setiers d'épeautre,
destinés à être distribués en pain aux écoliers pauvres
pendant le carême.
Dans une lettre de 1690 le magistrat écrit au cha-
pitre « que les bourgeois envoient leurs enfants aux
» écoles non tant pour apprendre les lettres (?) qu'à
» servir Dieu. » On y voit encore que l'usage de la
baguette, inconnu maintenant partout ailleurs que dans
la savante Allemagne, était en vigueur comme moyen
de correction.
D'après un arrangement du même siècle, la com-
mune payait un subside de 5o florins au sous-maitre.
Les instituteurs apprenaient également le chant aux
choraux de la collégiale et trouvaient dans ce travail un
supplément à leur modeste traitement.
En 1616, comme nous l'avons vu, les Sépulcrines
vinrent s'établir à Visé. Depuis lors, elles y eurent un
— 116 —
pensionnat et un externat. Le nombre des pension-
naires semble n'avoir pas dépassé la quarantaine. Il
nous a été impossible de fixer celui des externes et
d'avoir des renseignements sur l'instruction donnée.
A côté de nombreuses fondations pieuses, il y en
avait une au capital de 4,772 florins de Liège, faite par
un seigneur de Mheer, pour l'enseignement de la jeu-
nesse. Pendant la Révolution française les chanoinesses
du Saint-Sépulcre continuèrent à habiter leur couvent
et à se vouer à l'enseignement de la jeunesse. L'institu-
tion prit fin par la mort des dernières survivantes
d'entre elles, vers la fin du régime hollandais (1825).
Les Pères Récollets, établis à Visé depuis i638, y
ouvrirent en 1737, d'après les conseils du prince-évêque
Georges-Louis de Berghes, une école d'humanités, pour
la jeunesse de Visé et des environs. La ville leur céda
l'ancien hôpital de Saint-Nicolas situé près du couvent
et les aida à restaurer le vieux bâtiment pour en faire
des écoles. Une partie de cet édifice existe encore : c'est
la maison portant le millésime 1738 qui se trouve à l'ex-
trémité Nord de la rue des Récollets. Les religieux
choisirent comme patron de l'établissement saint An-
toine de Padoue, ce grand saint et savant professeur
de leur ordre. Ils placèrent au-dessus de la porte prin-
cipale une pierre de taille avec ce chronogramme :
COLLEGIUM DIVI ANTONII
erIgebatUr JUVentUtI (4).
L'école d'humanités des Pères Récollets fut fermée en
1750, quand les Pères Oratoriens vinrent s'établir à Visé.
Le baron Gilles-Albert de Villenfagne de Vogelsanck
fut le généreux fondateur de ce nouvel établissement.
Les Oratoriens, qui appartenaient à un ordre ensei-
gnant, organisèrent des cours complets dans leur nou-
(1) Cette pierre sert maintenant de marche d'escalier dans l'ancienne
maison.
— 117 —
veau collège. Ils établirent une école française et un
muséum (classes d'humanités) qui comprenait la dialec-
tique. Ils avaient annexé un pensionnat à leur établis-
sement et avaient ouvert également des écoles domini-
cales pour adultes. En retour de quelques faveurs
accordées par le magistrat, ils s'étaient engagés « à en-
» seigner gratis l'école française aux enfants de la
» ville et du faubourg » et à admettre au muséum les
jeunes gens de la ville à des conditions très avanta-
geuses. Plus tard, ils prirent encore l'engagement de
donner l'enseignement gratuit aux enfants étrangers
qui restaient en ville chez des parents, ou qui avaient
été mis en échange chez des bourgeois.
M. Henaux (i) qui naturellement ne reconnaît au-
cune importance aux collèges de l'ancien régime, dit
que celui de Visé « mérite seul un souvenir. L'un des
» professeurs qui était par hasard (sic) passionné pour
» la poésie française en inspira le goût à quelques-uns
» de ses élèves et notamment à Reynier, Bassenge,
» Henkart, Villenfagne et de Trappe. » II nous semble
qu'un petit établissement qui, en quelques années, pro-
duisit une demi-douzaine d'hommes distingués dans
la littérature liégeoise, mérite mieux qu'un souvenir
donné à un professeur, poète par hasard.
Le collège de Visé était dans tout le pays en haute
estime. Ses primus étaient reçus en triomphe comme
ceux de Louvain. « Le jeune Henkart (2) qui devait
» plus tard jouer un rôle important dans la Révolution
» liégeoise avec ses amis de collège (du collège de Visé)
» Bassenge et Reynier, obtint à seize ans le premier
» prix de rhétorique malgré ses nombreux concurrents.
» A son retour à Liège, un grand concours de compa-
» triotes vinrent à sa rencontre et le ramenèrent en
» triomphe dans la ville où il fut reçu cordialement
» par le prince-évêque. »
(1) Constitution de l'ancien pays de Liège, p. 176.
(2) Bec-de- Lièvre, t. II, p. 659.
— 118 —
Cette réputation du collège ne fit que s'accroître
quand on vit les trois anciens élèves, dont nous venons
de citer les noms, à la tête de la Révolution liégeoise.
En travaillant à l'annexion de la principauté à la Répu-
blique française, ils provoquèrent la suppression de la
maison où ils avaient reçu leur instruction. A côté de
ces futurs républicains liégeois quelques Visétois prirent
au collège le goût de la poésie. C'est à eux qu'on doit
les chansons des Arbalétriers, dont M. Mathieu (î) fait
remonter l'origine à une trop haute antiquité.
D'après la tradition, le collège des Oratoriens aurait
été l'école de tous les arts. On trouve à l'église de Visé
des messes en plain-chant manuscrites, que les amateurs
disent magnifiques et qui auraient été composées par
deux Pères Oratoriens du nom de Damance et Dumont.
Le sentiment musical des Visétois, reconnu par tous,
serait donc dû en partie à la collégiale, qui a toujours
eu des choraux et une petite maîtrise et aux Pères Ora-
toriens qui, sans doute, communiquèrent à leurs élèves
le goût de la musique comme celui de la poésie.
Ces quelques observations nous donnent une idée
de l'enseignement à Visé aux différentes époques. Il fut
toujours entre des mains religieuses ou ecclésiastiques et
la ville n'y contribua que par quelques légers subsides
accordés à un instituteur de l'école collégiale et par une
faveur quelconque, un terrain ou un vieil hôpital
qu'elle céda pour une construction scolaire. A la fin
du siècle dernier l'enseignement primaire était tout à
fait gratuit pour tous les garçons et il semble l'avoir
toujours été pour les pauvres. Des avantages matériels,
des distributions régulières de secours avaient été fon-
dées dans le but évident de stimuler la classe pauvre
à envoyer ses enfants à l'école. La fondation faite en
faveur de l'instruction des filles nous fait supposer que
la gratuité existait également à 1 école des Sépulcrines
pour la partie la moins aisée de la population.
(1) Mathieu, Les arbalétriers et les arquebusiers de Visé.
— 419 —
L'organisation et la méthode devaient être de leur
temps. La fréquentation des classes était probablement
moins longue et moins régulière que de nos jours, parce
que anciennement les relations sociales et commerciales
faisaient moins, que de nos jours, sentir le besoin de
l'instruction.
De là l'explication partielle de ces statistiques qui
donnent une proportion assez forte d'illettrés même
pour Visé où les écoles ne faisaient pas défaut. Ainsi,
en 1721, sur quatre chefs de la compagnie des arbalé-
triers, trois ne savaient pas signer. Il est vrai que ces
chefs avaient passé leur jeunesse au milieu d'une période
désastreuse pour Visé, la peste de 1667, les guerres de
Louis XIV et les luttes intestines de Maximilien-Henri
contre ses sujets.
En 1788, sur onze locataires du chapitre, neuf
savaient écrire. Une des deux illettrées était une
femme d'un âge assez avancé. Nous mentionnons ce
détail parce qu'il nous permet d'ajouter une observa-
tion qui pourrait être utile dans l'appréciation des an-
ciennes statistiques sur le degré d'instruction. Alors,
comme maintenant encore à la campagne, l'usage de
l'écriture était peu fréquent, de manière que des per-
sonnes ayant appris à lire et à écrire dans leur jeunesse,
perdaient insensiblement l'habitude d'écrire et après
quelque temps se croyaient même incapables de signer
convenablement. Alors, plus que de nos jours, le
nombre de ceux qui ne savaient pas écrire 'surpassait
celui de ceux qui ne savaient pas lire.
Visé aurait-il eu, au XVIe et XVIIe siècle, sa chambre
de rhétorique comme la plupart des villes de la Bel-
gique? Le texte suivant d'un registre de i58o de l'hôtel
de ville semble le dire :
Avons nous, burghemestres, jurez et conseil de la ville de Visé
octroyé et accordé à quelque notable quantité de jouvenceaux de
la ville suivant leur requête a nous présentée de pouvoir pour
l'instruction de la jeunesse montrer exemplairement la comédie
— 120 —
ou histoire de l'enfant prodigue en la meilleure forme et couleure
que faire soy polrat pour subvention de leurs despens de grâce
espéciale 4 fl. bb. — a0 1 58o.
Ajoutons, pour être complet, que le Jansénisme qui
s'était introduit au xvine siècle dans le diocèse de
Liège, semble ne pas avoir trouvé d'adhérents à Visé.
Nous avons trouvé dans les registres de la collégiale
deux déclarations par lesquelles le chapitre tout entier
adhère aux bulles pontificale^ condamnant les doc-
trines de 1 evêque d'Ypres. Il exige même que ceux qui
dépendaient de lui, comme hebdomadaires ou bénéfi-
ciers, fassent une déclaration semblable.
LES ÉTABLISSEMENTS DE CHARITÉ.
La charité chrétienne, toujours ingénieuse et féconde,
multiplie et varie ses œuvres d'après les besoins des mal-
heureux. Déjà, à une époque reculée du moyen âge,
pour soulager la misère des indigents, elle avait établi
dans toutes les villes et dans tous les villages, les menses
des pauvres dont les biens étaient administrés et dis-
tribués par des mambours, qu'élisait la communauté.
Plus tard, dans beaucoup d'endroits, elle érigea le
long des grands chemins ou dans le voisinage des
églises paroissiales des hospices ou hospitales, destinés
à recevoir et héberger les pauvres étrangers, voyageurs,
pèlerins ou autres sans asile ou sans ressources.
Ces hospices étaient tenus par un hospitalier, qui
occupait la maison et soignait les hôtes. Près de chaque
établissement de ce genre se trouvait une chapelle ou
un oratoire, consacré le plus souvent à saint Nicolas,
patron des voyageurs et doté ordinairement d'un autel
ou bénéfice. À côté de quelques hôpitaux se trouvait
également un puits ; une pinte en étain, attachée au
moyen d une chaîne, était toujours remplie d'eau à l'in-
tention des passants altérés [\).
(1) Habets, Geschiedenis van het bisdom Roermondy p. 346.
- 121 —
Quand, au retour des croisades, la lèpre fit son
apparition dans nos contrées, la charité éleva et dota
des hospices particuliers pour les malheureux atteints
de cette hideuse maladie. Ces léproseries que le peuple
appelait maladeries (en wallon de Visé maladreies)
furent établies en pleine campagne, loin des habitations,
pour arrêter autant que possible les funestes atteintes
de ce mal contagieux. Pour mieux prouver la charité
de l'Eglise à regard des malheureux lépreux, les lois
ecclésiastiques du diocèse de Liège chargeaient les
doyens ruraux du placement de ces malades dans les
léproseries et, en cas de mort, de leurs obsèques et de
leur enterrement (i).
La paroisse de Visé était jadis richement dotée de
ces différentes institutions de charité. Mentionnons
d abord un hospitale de Saint-Lambert, qui, situé à la
Chinstrée, avait déjà perdu sa destination au XIVe siècle
et nous est connu uniquement par des citations comme
celle-ci « une court et assise appeleit d'anchienneteit
» Thospitale de Lambert. » Outre cet établissement
dont la nature et le but ne se devinent guère, Visé
avait sa « mense des communs pauvres, son hospitale
» de Saint-Nicolas et sa maladreie. »
La maladreie se trouvait dans la campagne de
Devant-le-Pont, dans la direction de Hallembaye. Les
vieux Visétois se rappellent encore le temps où Ton
appelait al maladreie, la ferme qui se trouve au delà du
canal près du pont de Hallembaye. Dans un registre
de 1 346 (2) il est question de la maison délie maladreie
et toutes les terres voisines sont désignées sous le lieu
dit al maladreie. C'est tout ce que nous avons trouvé
concernant la léproserie visétoise ; son origine, son
organisation, comme aussi l'époque où elle perdit sa
destination nous sont inconnues.
(1) Sohet, Instituts, t. I, p. 89.
(2) Archives de la cathédrale de Saint-Lambert, Stock de Hesbaye,
au dépôt des archives de l'Etat à Liège.
16
— 422 —
Le nom de Yhospital de Saint-Nicolas et tout ce que
nous en dirons prouvent que cet établissement était
destiné à héberger les pauvres voyageurs. Toutefois,
il est probable qu'à l'occasion il servait aussi d'asile
aux indigents visétois, d'autant plus que ses biens et
ceux de la mense des pauvres se trouvaient confondus
et qu'une seule administration était à la tête des deux
institutions.
L'origine de cet hospital se perd encore pour nous
dans la nuit des temps. Il était situé à l'extrémité nord
de la rue actuelle des Récollets, désignée jadis comme
rue tendante de Peron à l'hospitale. A cet établissement
était annexé un auteit ou bénéfice, dit également de
Saint-Nicolas. Une court ou assise du recteur de cet
autel joignait l'hospice, ce qui nous permet de croire
qu'il comprenait également une chapelle. Ce bénéfice
de Saint-Nicolas fut, nous l'avons vu, transféré à
l'église et incorporé au décanat. Cette translation doit
remonter à la création de la dignité de doyen par
Adolphe de la Mark ou bien à l'époque de Louis de
Bourbon, qui régla une question concernant le béné-
fice de Saint-Nicolas et le décanat.
Les plus anciens registres concernant la mense des
pauvres et l'hôpital de Saint-Nicolas remontent à i5oo.
A cette époque déjà, les biens des deux institutions
étaient réunis et administrés par les mêmes mambours.
Ce bureau administratif comprenait des membres de
droit et des membres électifs. Le doyen du chapitre en
était membre de droit comme recteur de l'autel de
Saint-Nicolas. Nous voyons figurer à chaque séance
le pléban ou le vice-pléban; les maîtres (bourgmestres)
y assistent également ; ce qui nous permet de croire que
ces différentes personnes étaient toutes mambours de
droit de par leurs fonctions. Le bureau comprenait en
outre un ou plusieurs jureis (membres du magistrat)
probablement désignés par voie d'élection. Enfin, un
dernier mambour était élu hors du conseil pour un
— 123 —
terme indéterminé et remplissait les fonctions de rece-
veur et distributeur des revenus des communs pauvres
et de Yhospitale.
Généralement on désigne sous le nom de mambours,
tous ceux qui participaient anciennement à l'adminis-
tration des biens des pauvres. A Visé, il n'en était pas
ainsi, le receveur seul portait ce nom et est toujours
seul désigné comme tel. Le service de la bienfaisance
comprenait, en i53o, « l'entretien de l'hospitale de
» Saint-Nicoleie et l'assistance des communs pauvres
» de Visé. »
L'hospitale Saint-Nicoleie n'avait pas les propor-
tions et le confortable des hospices modernes.
Un inventaire dressé le 7 février 1524 montre qu'il
comprenait deux compartiments : l'un pour les hommes,
l'autre pour les femmes. Chaque compartiment con-
tenait trois lits. Le mobilier ne consistait qu'en des
objets de literies et des ustensiles de cuisine, plus deux
tableaux, l'un de la Vierge, l'autre de Saint-Nicolas. Un
hospitalier ou une hospitalière dirigeait l'établissement
et constituait tout le personnel de service.
V hospitalier, à son entrée en fonction, faisait ser-
ment « d'estre fidelle et de rendre bon compte de ce qui
» est à l'hospital partenant. » Chaque fois qu'un nouvel
hospitalier entrait en fonctions, le bureau dressait un
inventaire de tout ce qui se trouverait à son usage ;
l'inventaire était complété à chaque achat d'un objet
quelconque. Au départ ou au décès du fonctionnaire,
on constatait si tous les objets renseignés étaient encore
à l'établissement.
Ainsi, le i3 janvier 1601, « déclarât Jehenne espeuze
» à Gérard le Peneur gisant malade en son lit avoir en
» sa puissance tous tels meubles qui sont déclarées en
» la Visitation faite du temps de Conrad Pellencop le
» 28 d'Aoust 1597. *
Le 25 janvier, « après le trépas de Jehenne Simon
» Hardy, comme mambour des communs pauvres et
— 124 —
» hospitale comparut pour faire Visitation à la requeste
» de Hubert del Bise, » nommé hospitalier.
L'hôpital absorbait une partie des revenus des com-
muns pauvres. Le reste était distribué par le receveur
d'après les avis de ses collègues. Certaines distributions
devaient être faites à jour fixe et aux huys (portes) des
pauvres, c est-à-dire à domicile.
Les revenus des pauvres et de l'hôpital n'étaient
pas énormes. Ils consistaient comme l'indique l'en-tête
d'un registre de 1 533, « en rentes héritaibles et autres
» revenuz en espaulte, poix, navette, cens et chapons
» comme en schledaige comme aultrement apparte-
» nantes tant aux communs pauvres délie ville de Viseit
» sur Moeuse comme à l'hospital de Monseigneur
» Saint Nicoleit, situeit audit Viseit, escheus aile S.
» Andreit et S. Estienne suyvant. »
Chaque année à une réunion générale, qui le plus
souvent se tenait chez le doyen du chapitre, le receveur
rendait compte de sa gestion.
Nous n'avons pas trouvé le détail de ses dépenses.
En i555, la recette totale était de 202 florins 18 aidans
i5 scelins 4 */« deniers. L'économie n'était pas incon-
nue à ces administrateurs du temps passé et certaine-
ment les besoins étaient moins considérables que de
nos jours, car les dépenses ne montent pour cette année
qu'à 179 florins 8 aidans 4 4/2 deniers.
Remarquons cependant qu'à cette époque l'argent
avait une valeur plus grande qu'aujourd'hui.
Une partie des revenus des pauvres consistait en
rentes héritables, le reste provenait de la location de
biens immeubles légués à l'institution.
Ces immeubles étaient loués avec toute la publicité
et toutes les garanties exigées en pareils cas par nos lois
modernes.
Ainsi, « l'an i556 le i3 Décembre jour dymengue
» à la messe de la Paroiche par Renchon le Parmentier
» sergeant de la court et justice de Vise publiet comme
— 125 —
» est accoustume que mardi prochain en la maison
» notre maître Gérard Bork situé endit Visé Ton rende-
» rat a stuit (bail) les terres pertenantes auz povres
» dédit Visé. »
Le i5, la location eut lieu devant les bourgmestres
et jurés et le compteur (receveur) des pauvres. Les
terres furent louées pour un stuit de neuf ans. Tous les
locataires étaient obligés de fournir une caution.
On l'a dit souvent et rien n'est plus vrai, surtout
pour Visé : tous les biens des bureaux de bienfaisance
proviennent de fondations inspirées par la charité
chrétienne et presque toujours faites par des prêtres.
Les noms des deux anciens hospices de Visé et le
bénéfice annexé à l'un deux, nous disent assez quel
esprit avait présidé à leur fondation et nous font deviner
quels étaient les fondateurs.
Différents chanoines léguèrent aux pauvres de Visé
des sommes assez considérables. Nous citons quelques-
uns de ces legs qui présentent un caractère particulier.
Le doyen Sarazin leur donna des biens qui étaient
sans doute en proportion avec l'importance considé-
rable de sa fortune.
En 1 545, Gilles Stassins, prêtre et chanoine de Saint-
Hadelin à Visé laisse « à la mousnie des pauvres gens
» de Visé et délie paroiche d'icelle 5 muyds de spaulte
» heritauble a prendre et à avoir de an en an et à tou-
» jioux hériditaiblement sur la maison pour iceuz
» muyds a distribuer et dès partir tous les vendredis
» de quaresme a traize pouvres personnes et manaiges
» a chascun une miche de pain dune 11. pesant et
» ung herang et une pinte de poids pour le potaige et
» s'il y a reste il faudra continuer les vendredis après
» Pâques. *>
Les conditions dans lesquelles la distribution devait
être faite prouvent bien que cette générosité était gui-
dée par l'esprit de charité chrétienne.
Le chanoine Gentis (originaire de Visé, croyons-nous)
— 126 —
de la cathédrale de Liège, lègue en i653, « aux pauvres
» a naistre et demeurant à Visé un muid annuel ; » en
outre, « 20 fl. bb. de rente a condition que les légats
» cy dessus se distribueront auz pauvres bourgeois
» de Visé accablez de maladies ou de nécessitez. » Les
mambours de l'hôpital de Visé sont chargés de veiller
que la distribution se fasse.
On a souvent cité Tévêque Georges-Louis de Berghes,
instituant les pauvres de Liège ses héritiers universels.
Le curé Herman, de Visé, en a fait autant. Après quel-
ques legs à des parents et à ses serviteurs, il dit dans
son testament daté de 1752 : « Quant au résidu de tous
» mes biens cens, et rentes meubles et immeubles
» droits, crédits et actions je laisse le tout au registre
» ou a la recepte des communs pauvres de Visé, les-
» quels j'institue mes héritiers universels à charge que
» le dit registre ou receveur et administrateurs desdits
» pauvres devra ou devront faire chanter et célébrer
» chaque année et a toujours pour le repos de mon
» âme une grande messe anniversaire. »
Henry Lembor, chanoine et écolâtre de Sainte-
Croix à Liège donne, en 1758, aux pauvres de Visé,
une maison qu'il possédait à Devant-le-Pont et dont
la vente produisit la somme bien respectable pour ce
temps de 1720 florins Brabant.
Le dernier pléban de Visé mort dans la ville, Pierre
Pironnet, est nommé dans son épitaphe grand bienfai-
teur des pauvres.
Parfois les testateurs prescrivaient des distribu-
tions à faire pendant leurs obsèques ou leurs anniver-
saires.
Le pléban G. Piret (i588) lègue 1 daler pour son
anniversaire et 2 dalers pour être distribués pendant
l'office.
— 127 —
VI.
LES CONFRÉRIES, COMPAGNIES ET MÉTIERS.
L'association, sous toutes ses formes, était un des
caractères de l'ancien régime. L'esprit moderne a isolé
l'individu dans la commune et l'Etat. Anciennement
les individualités étaient groupées dans les corporations,
qui sauvegardaient leurs droits et leurs intérêts.
L'association prenait des noms différents suivant le
genre des personnes, qui la composaient et le but
qu'elles poursuivaient.
Comprenait-elle des chrétiens, qui se réunissaient
sous le patronage d'un saint, dans un but religieux, on
l'appelait confrérie.
Des bourgeois se groupaient-ils pour l'exercice des
armes, bien utile dans ces temps souvent troublés par
les guerres ou les luttes civiles, la société prenait le
nom de compagnie ou de gilde.
Quand les villes obtinrent des privilèges de leur
prince, les bourgeois furent classés en différentes caté-
gories, plus ou moins nombreuses, d'après l'importance
de la localité, pour prendre leur part à la direction des
affaires, par l'élection du magistrat, etc. Ce classement
se fit d'après les professions des habitants, ce qui donna
le nom de métiers aux différents groupes. A Visé, l'asso-
ciation existait sous ces différents aspects.
LES CONFRÉRIES (i).
La plus ancienne des confréries qui ont existé dans
l'église de Visé doit être celle du Saint Rosaire.
Dans une lettre d'un Père Dominicain au chapitre
de Visé, datée de i632, il rappelle qu'un religieux de
son ordre y avait érigé cette confrérie il y a de bien
longues années.
(i) Archives de la paroisse.
— 128 —
L autel de Notre-Dame placé au sommet de la nef
gauche portait la statue de la confrérie ; quand, en 1719,
les autels du vaisseau de l'église furent renouvelés on
plaça dans le rétable de celui de Notre-Dame, un
tableau représentant saint Dominique recevant le cha-
pelet de Marie. Cette confrérie était administrée par le
pléban, l'écolâtre et deux mambours.
Avant 1640, elle faisait célébrer chaque samedi une
messe à l'autel de la Sainte- Vierge. Plus tard un con-
frère lui fit un legs considérable avec la clause de faire
dire cette messe à perpétuité. D'autre donations lui
furent encore faites. Les capitaux des confréries pro-
venant de ces legs ou d'autres sources devaient être
appliqués à l'achat de rentes sur des particuliers ou
même sur des communes ; c'est ainsi que la confrérie
du Saint Rosaire avait à sa suppression, sous la révo-
lution française, une rente assez considérable sur la
commune de Mheer.
Les revenus de la confrérie consistaient dans le
produit de ces rentes et du tronc de Notre-Dame du
Rosaire, ainsi que dans les cotisations des membres.
Déjà en 1642, elle avait dans la chapelle de tous les
Saints, une armoire propre où « estait conservée l'image
» de la Vierge avec ses ornements et joyaux. » Elle
contribuait à célébrer avec éclat les fêtes de la sainte
Vierge et ses membres assistaient avec flambeau à la
procession qui se faisait tous les premiers dimanches
du mois à l'intérieur de l'église.
Lors de sa visite dans notre diocèse, en 161 3, le nonce
de Cologne, Antoine Albergati, y institua la confrérie du
Saint Sacrement dont les membres devaient veiller à
l'entretien du tabernacle et accompagner le Saint Sacre-
ment lorsqu'il était porté en procession ou aux malades.
La confrérie fut aussi établie dans un grand nombre
de paroisses et y contribua à entretenir la dévotion en-
vers cet auguste mystère (1).
(1) Dans, Histoire de Liège.
- 129 —
Nous ne savons à quelle date elle fut érigée à Visé.
Mais certainement elle ne tarda guère à s'y établir.
En 1688, elle commença à faire chanter tous les
jeudis une messe du vénérable Saint Sacrement. Une
fondation couvrait une partie des frais. Une collecte
faite pendant la messe suppléait à ce qui manquait.
La confrérie avait comme directeurs le pléban et les
deux bourgmestres. Ceux-ci désignaient un compteur qui
faisait les recettes. Un calice acheté par les confrères et
portant les armes de Visé ainsi que les noms des bourg-
mestres de Tannée, servait pour la célébration de la
messe du vénérable.
En 1719, la confrérie augmenta le nombre de ses
flambeaux et se procura une armoire pour les conser-
ver. Sans l'autorisation du chapitre, elle la fit placer au
fond de l'église. Les chanoines virent dans ce fait une
atteinte à leur droit. La question fut déférée au doyen
Gillis de Saint-Martin, député à cet effet par le nonce
ou le Souverain Pontife. Le juge se prononça en faveur
de la confrérie. Car « pour donner parition au décret
» de Monsieur le doyen de Saint-Martin comme juge
» délégué en date du 26 janvier 1720, le doyen et cha-
» pitre à cet effet capitulairement assemblés ont désigné
» pour l'armoir en question en entrant dans l'église à .
» main gauche contre la muraille entre les bancs et la
» porte et cela jusqu'à décision du principal, protestant
» bien expressément de ne vouloir rien préjudicier à
» leurs droits. 8 août 1720 (î). » On ne sait si le procès
traîna encore après cette décision. En tout cas, il avait
absorbé tous les biens de la confrérie, qui tomba peu
de temps après son succès.
En 1755, Pierre Pironnet « proposa aux confrères
» du Saint- Rosaire de s'associer tant pour accompa-
» gner le très-saint Sacrement aux processions que le
» Viatique aux malades avec obligation pour les
» hommes de payer un florin par an. Laquelle pro-
(1) Archives de la paroisse.
17
— 130 —
» position fut acceptée par la majeure partie de la
» paroisse. Mais comme l'entretien des flambeaux dé-
» passait le produit du nombre des associés, le sexe
» féminin s'associa à la dite confrérie parmi payant
» 5 sous par an : ce qui suppléa au déficit et a fait
» que la dite association a eu lieu jusqu'à présent (*). »
C est-à-dire en 1783.
De la sorte Pierre Pironnet rétablit la confrérie du
Saint Sacrement parmi les confrères du Saint Rosaire.
La nouvelle association ainsi constituée prospéra sous
la direction de ce zélé pléban, qui pendant son pléba-
nat lui fit don de divers objets évalués à 1247 florins.
Cette générosité lui valut dans son épitaphe le titre de
bienfaiteur de la confrérie du Saint Rosaire.
Le chantre Jean Blocquerie avait légué une cer-
taine somme, qui devait servir à faire chanter, chaque
année, une messe en musique le jour de la Sainte-
Cécile. Cette donation provoqua l'institution de la con-
frérie de Sainte-Cécile, qui comprenait les choraux,
chantre et organiste du chapitre et de la paroisse et
avait pour but de contribuer, par la musique, à don-
ner plus d'éclat aux fêtes religieuses.
Le gouvernement républicain décréta la dissolution
des confréries et confisqua leurs biens.
LES COMPAGNIES DES ARBALÉTRIERS
ET DES ARQUEBUSIERS (2).
La compagnie des arbalétriers ou de Saint-Georges,
ainsi que celle des arquebusiers ou de Saint-Martin,
furent établies dans le but de défendre la ville contre
les agressions d'aventuriers ou de gens de guerre. Plus
tard, quand la sécurité du pays se trouva plus assurée
et quand les gildes devinrent impuissantes en présence
(i) Archives de la paroisse.
(2) Cf. Mathieu, Les arbalétriers et les arquebusiers de Visé; He-
naux, La bonne ville de Visé; J. C, La compagnie des arbalétriers
de Visé; les archives des deux compagnies.
— 131 —
de troupes régulières, les compagnies devinrent des
sociétés de tir bourgeoises où le maniement des armes
servait de passe-temps et d'agrément.
La plus ancienne des deux compagnies, celle des
arbalétriers, remonte, d'après la tradition, jusqu'à i3io.
L'existence de sociétés semblables dans des localités de
l'importance de Visé est la preuve la plus sérieuse que
nous ayions trouvée à l'appui de cette assertion.
En tout cas, l'existence des arbalétriers avant 1440
est incontestable. En juin 1441, ils prirent part à Liège
à un concours d'arbalétriers, qui réunit toutes les socié-
tés de la principauté.
En 1467, nous les trouvons comme auteurs princi-
paux de l'attaque des Visétois contre Dalhem et de l'in-
cendie de la tour de Bombaye où les fuyards s'étaient
réfugiés. Ce fait barbare provoqua la prise de Visé par
les Bourguignons et amena la suppression de la com-
pagnie avec la destruction de ses archives et privilèges.
Avant i5oo elle s'était réorganisée.
Le magistrat lui rendit en i5oi ses anciens revenus
qui consistaient dans la gabelle des bières brassées à
l'étranger et dans le loyer des barques marchandes qui
faisaient un service régulier entre Visé, Liège et Maes-
tricht.
Le peu que nous savons de l'histoire des arbalé-
triers au XVIe siècle nous permet de croire qu'ils eurent,
pendant cette période, une existence assez paisible. A
cette époque nous voyons dans les rangs de la compa-
gnie des chanoines et doyens du chapitre ; plus tard on
ne les y trouve plus. Déjà alors, sans doute, les défenses
des chefs religieux leur interdisaient de prendre part
aux exercices et aux fêtes de ces sociétés, à cause des
abus qui pouvaient en résulter.
En 1579, ^a compagnie des arquebusiers surgit à côté
de celle des arbalétriers. Elle fut établie « à l'honneur
» et louange de Dieu omnipotent, de la Vierge sacrée
» sa mère et de Monsieur S. Martin pour servir au
— 132 —
» salut, garde, tuition et fortification de la dite ville et
» dépendance (\). »
Les deux sociétés avaient la même organisation, les
mêmes exercices et les mêmes fêtes. Tout nouvel arba-
létrier ou arquebusier était solennellement reçu dans
le corps. A son entrée, il payait un droit de 4 florins
d'après le règlement des confrères de Saint-Georges, de
3 florins 20 aidans d après celui des confrères de Saint-
Martin. Des deux côtés on prêtait serment de fidélité
au prince et à la compagnie.
Les statuts des deux compagnies prescrivaient l'ex-
clusion des membres indignes ou rebelles aux chefs
et interdisaient, sous peine d'amende, les blasphèmes
et les paroles injurieuses pendant les exercices.
Arbalétriers et arquebusiers devaient s'exercer au
tir; les arbalétriers, tous les dimanches depuis la Saint-
Georges jusqu'à la Pentecôte ; les arquebusiers, une
fois par quinzaine, depuis le mois de mai jusqu'en
septembre. Ils avaient des champs de tir séparés appe-
lés trairies ; celui des arbalétriers se trouvait dans le
voisinage de la porte de Mouland, celui des arquebu-
siers était situé, à la fin du siècle dernier, sur rem-
placement des anciens fossés de la ville du côté Est,
La principale fête des sociétés était celle du tir à
l'oiseau royal. Pour les arbalétriers elle se faisait le
lundi de la Pentecôte ; pour les arquebusiers, le
dimanche de la Sainte Trinité. Celui qui tirait l'oiseau
était roi pour l'année et portait comme tel le collier
avec l'oiseau ou papegaie, dans toutes les solennités de
la compagnie. Le roi des arbalétriers recevait en outre
un Saint-Georges en médaillon d'argent qu'il devait
porter au cou, sa vie durant, dans toutes les fêtes et
marches. Nous croyons retrouver de ces Saint-Georges
dans les médaillons qui garnissent le milieu des pla-
cards donnés en i585 et i588 par les rois Jacques
Libotte et Henri Hubert pour orner la chaîne du col-
(1) Mathieu, Arbalétriers et arquebusiers de Visé, p. 27, annexe I.
— 133 —
lier royal. Le roi était pendant Tannée de sa royauté un
des chefs de la compagnie. Si on avait la chance d'être
roi trois fois de suite, on était proclamé empereur.
Les deux compagnies assistaient à la procession en
grande tenue, 1 epée au côté, l'arquebuse ou le mous-
queton au bras. Pendant les bénédictions, ils saluaient
le Saint Sacrement par des décharges.
Les confrères de l'arbalète et de l'arquebuse célé-
braient leurs, fêtes patronales avec solennité. Ils assis-
taient en corps à la grand'messe et allaient à l'offrande
en exécutant cette marche grave et originale, qui frappe
encore l'étranger témoin pour la première fois de ce
spectacle. Les fêtes des sociétés se terminaient par de
joyeuses agapes.
La ville avait accordé aux deux compagnies des reve-
nus pour couvrir une partie de leurs frais. Les arbalé-
triers jouissaient jadis, ainsi que nous lavons déjà dit,
du produit de la gabelle des bières étrangères et de la
location des barques marchandes. Les arquebusiers
avaient obtenu un terrain communal situé près du
temple, qui porte encore le nom d'enclos des arque-
busiers.
A partir de 1611, en compensation des anciens
droits dont ils furent privés, le magistrat paya aux deux
sociétés un subside de cinquante pièces de 100 florins
qui leur fut tour à tour retiré et rendu.
Les droits d'entrée et de sortie, les amendes et les co-
tisations, établis d'après les besoins et les circonstances,
suppléèrent à l'insuffisance du subside de la ville.
Ces petits corps étaient gouvernés par des chefs,
tous électifs à l'exception du roi. Le capitaine, élu à vie,
était le véritable chef de la compagnie : il la comman-
dait et la dirigeait dans ses exercices de tir, à la proces-
sion et ailleurs.
L'enseigne, portait fièrement le drapeau de Saint-
Martin ou de Saint-Georges aux armes de la ville et du
prince.
— 134 —
Deux mayeurs maintenaient le bon ordre et faisaient
l'office des commissaires de nos sociétés actuelles.
D'après les anciens règlements les confrères devaient,
sous peine d'amende, se rendre à l'appel de leur capi-
taine chaque fois que la présence de la compagnie était
nécessaire pour la police ou la sécurité de la ville.
L'article 9 du règlement des arquebusiers leur pres-
crivait même d'avoir « en leur endroit provision d'une
» */a bl. de poudre et d'une livre de balles pour le
» moins, afin que si quelque affaire survenais ils
» pussent se trouver preste et bien à point devers le
» capitaine et officiers pour la défense et tuition de
» laditte ville de Visé. »
Cette ordonnance, qui probablement existait aussi
pour les arbalétriers, explique comment à Visé les
meurtres se commettaient toujours à l'aide d'armes à
feu, comme l'attestent les vieux registres de décès.
Les deux règlements établissaient encore qu'au dé-
cès d'un arbalétrier ou d'un arquebusier, la compagnie
devait faire célébrer pour le défunt un service auquel
tous les confrères assistaient.
Pendant les premières années, après l'établissement
des arquebusiers, une rivalité assez vive semble avoir
existé entre les deux compagnies. Cette disposition des
esprits pourrait bien avoir eu pour motif les reve-
nus plus considérables que la ville payait aux arba-
létriers. Au commencement du XVIIe siècle, le magis-
trat, composé d'arquebusiers, s'appuyant sur certaines
clauses de l'acte de donation de i5oi, voulut retirer ce
subside aux arbalétriers. Il invoqua auprès du prince-
évêque l'état des finances de la ville, le petit nombre
des confrères de Saint-Georges, les opinions hérétiques
manifestées par quelques-uns d'entre eux, et enfin les
services si peu considérables rendus pour des revenus
si grands. Ernest de Bavière se laissa persuader et cassa
les arbalétriers par un mandement du 3 décembre i6o3.
Huit ans plus tard, l'ancienne compagnie fut réta-
— 135 —
blie par un décret du prince-évêque daté du 25 juin
1611 ; seulement, elle ne rentra pas dans ses anciens
droits sur les barques marchandes et la gabelle des
bières ; elle dut se contenter d'un subside égal à celui
des arquebusiers, qui fut d'abord de 5o, puis de 100
florins.
A partir de ce moment les deux sociétés mises
sur un pied d'égalité pour les faveurs du magistrat,
semblent avoir vécu dans la meilleure entente. Si par-
fois, des disputes éclataient entre arbalétriers et arque-
busiers, les chefs cherchaient à étouffer ces germes de
discorde. Ils tiraient l'oiseau à la même perche, frater-
nisaient et s'offraient mutuellement le vin d'honneur à
l'occasion de leurs fêtes. En 1709, les chefs des deux
compagnies s'unirent pour obtenir le paiement de leur
subside, que le magistrat leur refusait.
On aurait donc tort de prétendre, comme MM.
Henaux et Mathieu, que les deux compagnies repré-
sentaient l'une l'aristocratie, l'autre la démocratie et que
des luttes continuelles, parfois sanglantes, existaient
entre elles. M. Henaux dit encore que les arquebusiers
étaient hostiles aux princes-évêques. Dans l'histoire
des compagnies nous n'avons trouvé qu'une manifes-
tation des sentiments des deux compagnies envers leur
prince. C'était lors d'une des visites de Ferdinand de
Bavière à Visé. Le magistrat avait convoqué la garde
bourgeoise pour la réception du chef de l'Etat. Arba-
létriers et arquebusiers préférèrent se grouper sous les
drapeaux de Saint-Georges et de Saint-Martin, pour
témoigner l'attachement de leurs compagnies envers
leur souverain.
Les deux vieilles sociétés n'ont donc pas provoqué,
comme pourraient le faire croire les travaux de MM.
Henaux et Mathieu, des luttes et des discordes dans le
sein de la ville. Anciennement, elles contribuèrent à la
défense de la localité ; plus tard elles donnèrent à leurs
membres le moyen de passer agréablement et honnête-
— 136 —
ment les loisirs du dimanche, et entretinrent entre eux
l'union et la concorde.
Supprimées sous le régime despotique de la révolu-
tion française, les deux sociétés se reformèrent dès i8o3.
De nos jours encore elles existent pleines de vie et
puisent surtout leur force dans leurs anciens souvenirs.
LES MÉTIERS (i).
D après M. Henaux (t) « la division du peuple en
» métiers devait être fort ancienne. » Il cite un record
de Tan 1397, qui montrerait déjà « des vignerons en cor-
» poration. » Ce record de la justice de Viseit contient
le jugement d'un procès entre « nous singneurs de vene-
» rauble capitle de Liège d'une part et les viniers ven-
» dant vin a broke en la dite ville de Viseit d'autre part,
» à cause et question des foraiges des vins que nous
» dis singneurs du Capitle reclamoient et demandoient
» à avoir a viniers deseurdit ; » et la cour décide que
le chapitre a droit « sour chascun tonneal de vin a deux
» fons a deux stiers de vin à la mesure de Viseit. »
Ce document prouve que les viniers étaient assez
nombreux à cette époque à Visé et que dans cette affaire
ils s'étaient unis pour défendre ce qu'ils croyaient leur
droit commun. Mais il ne démontre aucunement que
le métier des vignerons, qui comprenait plusieurs autres
catégories de bourgeois, fut organisé à cette date tel
que nous le verrons plus tard, dans un but politique et
électoral.
Comme nous l'avons déjà dit on ne parle pas de
magistrat ni de métiers dans deux affaires importantes,
— la transaction avec le chapitre, en 1340, et le procès
du moulin banal, en i365, — que la communauté
eut à traiter dans le cours de ce siècle. De là nous
concluons que les métiers et le magistrat n'existaient
(1) Les archives de la ville de Visé.
(2) M. Henaux, La bonne ville de Visé,
— 137 —
pas encore de ce temps et ne furent établis qu a la
suite des privilèges accordés à la ville par Jean de
Heinsberg.
Le 9 avril 1429, ce prince-évêque accorda aux Visé-
tois une charte de privilèges « sur la supplication par
» eulx pour ce à nous faicte. » Il y dit que : « Ayons
» nostre grâce de eux assister et concéder choise qui
» puist leur proufïiter et aider à l'enforchier (la ville)
» et tenir en puissance honneur et bon gouernement.
» Avons a yaux donnet accordet et concedet et par ces
» présentes donons ... — Que doresenavant ils usent et
» puisent user de status entre yeux et avoir franchiese
» de faire maistres et jureis en nostre dite ville pour
» eulx et nostre dite ville regier et mettre à bon gover-
» ne ment. »
A cette époque le magistrat, composé des maistres
et jureis, était élu par la généralité des habitants divi-
sés en catégories appelées métiers. L'établissement du
magistrat entraînait donc à Visé l'organisation des
métiers.
Le nombre de ces classes de bourgeois fut de trois.
On leur donna le nom du métier le plus important qui
en faisait partie.
Le métier des cherwiers comprenait : les cherwiers,
le moulnier, les boulangiers, les brasseurs, les reven-
deurs de grains, les mingnons, les voiltiers et les Pot
de steniers.
A bon mestier des neaveurs debvoient appartenir :
les neaveurs, les pexheurs, les mâchons, les chaffor-
niers, les pontonniers. Ce métier portait quelquefois le
nom de métier des chafforniers.
Enfin le bon mestier des vignerons se composait :
des vignerons ou viniers, des mercheniers ou mar-
chands de selz, des parmentiers, des corbesiers gobe-
liers, des drapiers et teschiers, des retondeurs, des re-
vendeurs de biers, des manovriers, des scryniers, des
cherpentiers, des mangons, des chapliers, des covreurs,
18
— 438 —
des plukleurs, des porteurs de sacke, des tanneurs, des
tindeurs, des cuveliers, des chirurgiens, des poindeurs,
des banceliers et croisiers.
Tout étranger qui venait s établir à Visé devait faire
acqueste ou relief d'un des trois métiers et payer de ce
chef un droit qui varia avec le temps.
Un étranger qui épousait une Visétoise et voulait
habiter la ville, devait faire relief d'un métier ; de
même, le fils d'un bourgeois ayant quitté la ville pour
s'établir ailleurs. Tous les autres étrangers devaient
faire acqueste d'un métier. Vacqueste entraînait des
frais plus considérables que le relief. On pouvait payer
la plaine raete des frais ou par annuités.
En i555, V acquérant payait 10 florins d'or à parta-
ger suivant certaines règles entre les trois métiers; en
outre certains droits au greffier de la ville, et aux clers
et parle{ du métier.
Le relevant payait 3 florins et les droits des fonc-
tionnaires.
L'étranger, qui ne voulait acquérir un métier était
poursuivi et en cas de non payement, banni de la
ville.
Chaque métier avait à sa tête deux gouverneurs,
élus pour un an, le mardi avant la fête du Saint Sacre-
ment. Les gouverneurs ne pouvaient pas faire partie
du magistrat, mais représentaient leur métier auprès
de lui et veillaient à ce que les intérêts de la ville et
de leurs commettants fussent sauvegardés. Le jour du
vénérable, avant la grand'messe, les élus prêtaient ser-
ment devant les maîtres et jurés de remplir fidèlement
les devoirs de leur charge. Le bourgeois choisi comme
gouverneur ne pouvait renoncer à son mandat que du
consentement de ses électeurs. En 1547, un des élus
offre une aime de bière pour qu'on nomme un autre
gouverneur à sa place.
Les gouverneurs des trois métiers assistaient à la
procession pour y représenter leur corporation. Ils y
— 139 —
portaient un flambeau acheté aux frais de la corpo-
ration.
Chaque métier élisait tous les ans al Saint-Remy
deux jureis. Ces six jureis formaient le magistrat, avec
les deux maistres désignés par le conseil de Tannée
précédente.
Anciennement les métiers se réunissaient pour dis-
cuter les affaires communales d'une certaine impor-
tance; en 1527, il fut convenu que désormais ces
assemblées générales n'auraient plus lieu et que les gou-
verneurs agiraient au nom de ceux qui les avaient élus
sans consultation préalable.
Lorsque en 1467 Visé fut privé de ses privilèges, les
métiers avaient été dissous. Ils furent reconstitués en
1477 quand ces privilèges furent rendus par Louis de
Bourbon. Depuis lors ils fonctionnèrent régulièrement,
avec quelques modifications dans leur règlement, jus-
qu'en i685.
A cette date, Maximilien-Henri de Bavière introdui-
sit à Visé un nouveau mode d'élection pour les maistres
et jureis, dans lequel les métiers n'avaient aucune part.
Leurs gouverneurs même furent nommés par le magis-
trat et ne jouirent plus d'aucune influence politique,
mais se meslèrent seulement du gouvernement des
mestiers.
A partir de ce moment les métiers perdirent leur
caractère propre et n'existèrent plus guère que par tra-
dition, pour inscrire dans leurs cadres les nouveaux
habitants de la ville et pour débattre les intérêts de l'une
ou l'autre classe d'artisans qui en faisait partie.
Toutefois, en 1725, on les vit revivre sous une autre
forme dans les six chambres dites des composants.
Celles-ci comprenaient chacune quinze personnes, dési-
gnées pour la première fois par le prince-évêque ; elles
jouissaient, en fait d'élection et de contrôle du magis-
trat, d'une partie des prérogatives des métiers.
— 140 —
VIL-
LE MOULIN BANAL DE VISÉ A DEVANT-LE-PONT.
Le droit de banalité était un des privilèges de l'an-
cien régime supprimés par la Révolution française
comme odieux et tyranniques, mais ressuscites depuis
sous les noms plus modernes de monopoles, de taxes
d'abattoir et autres.
Ce droit s'incarnait particulièrement dans le moulin
banal. Nous n'avons ici ni à rechercher l'origine de la
banalité ni à prouver sa justice. Disons cependant que,
d'après les apparences, les seigneurs du moyen âge
pourraient bien avoir établi ces usines, comme on disait
jadis, pour l'usage de leurs vassaux, à condition que
ceux-ci s'engageassent à ne s'adresser pour la mouture
de leurs grains qu'au moulin de leur localité ou ban.
Le moulin banal de Visé était situé entre Hermalle
et Devant- le- Pont, sur la rive gauche du ruisseau VAa%,
près de l'endroit où celui-ci déverse son eau dans la
Meuse. L'origine de ce moulin se perd dans la nuit des
temps.
Au début il avait comme unique propriétaire la
cathédrale de Saint- Lambert de Liège, qui avait sur
Visé des droits seigneuriaux.
En 1232 l'ancien moulin tombait en ruines. Le
chapitre de Saint- Lambert céda le vieux bâtiment avec
le droit de banalité à un Bastianus de Visé moyennant
une rente héréditaire de 20 solidi.
La propriété du moulin resta assez longtemps à des
seigneurs et notables bourgeois de Visé ou des environs.
En 1367, il appartenait « a honorables personnes,
» Madame Marie des Temples femme jadis à Monsr
» Waultier délie Sause (del Saulx) le joesne cheva-
» lier, Johan dit Forgon de Lexhe, Gerar del Loye et
» Armil fil jadis Wilhelm de Weis escuwir. » Plus
tard, la cathédrale Saint-Lambert rentra dans la pos-
— 141 —
session d'un tiers du moulin ; peut-être les propriétaires
cédèrent-ils cette part pour racheter la vieille rente de
20 solidi.
Vers 1475, Nicolas Sarrazin, doyen du chapitre de
Saint-Hadelin de Visé, acquit à titre personnel un autre
tiers du moulin à la suite de différents achats faits à
des copropriétaires ou parchonniers comme on disait
alors.
En 1481, nous trouvons comme propriétaires de l'im-
meuble, la cathédrale de Liège, le doyen Sarrazin et
Jacquemin de Crissegnée, chacun pour un tiers.
Le chapitre de Saint-Lambert resta dans la posses-
sion de sa part jusqu'à la Révolution française.
Nicolas Sarrazin laissa en mourant la plus grande
partie de sa fortune au chapitre de Visé et celui-ci con-
serva sa part du moulin jusqu'à sa suppression.
Le troisième tiers passa, par voie d'achat et d'héré-
dité, à différentes familles du pays de Liège. Vers 1520
il appartenait à Jehan de Lemborgh, seigneur d'Oupeye
et de Vivegnis, échevin de Liège ; plus tard il passa aux
de Walcourt, de Lovinfosse, de Saulcy, etc.
L'acte de cession de 1232 mentionne simplement
Ja banalité du moulin et dit que les fautes commises
contre le droit par le meunier ou les manants, seront
poursuivies par le mayeur et punies par la Cour éche-
vinale.
« Tous les mansonniers (manants) seront tenus
» comme auparavant d'aller moudre au moulin banal,
» si quelqu'un d'entre eux forfait à ce devoir Bastianus
» ou son représentant en donnera avis au mayeur (villi-
» eus) de Visé, et celui-ci fera condamner (corrigere)
» le coupable par la Cour échevinale (per scabinos). Le
» meunier ne tirera aucun profit de l'amende, celle-ci
» sera mise à la disposition du représentant du chapitre
» à Visé (in usus praepositi vel obedientiarii de Viseto
» ex parte ecclesiae convertetur). Bastianus, de son
» côté, ne suscitera ni au chapitre ni aux manson-
— 142 —
» niers aucune inquiétude ou molestation. S'il manque
» à une de ces obligations le chapitre pourra le punir
» dans les biens qu'il tient de celui-ci. »
Des documents plus récents nous donneront une
idée plus claire des lois qui régissaient les rapports des
habitants du ban avec le moulin banal.
En 1367, les mansonniers de Visé contestèrent aux
propriétaires du moulin le droit à la banalité. Ils se
proclamèrent francs sous ce rapport.
Le procès fut d'abord déféré à la Cour de Justice de
Visé. Les bourgeois prétendirent que c'était librement
qu'ils avaient toujours moulu à Devant-le-Pont et non
par ban. Ils offrirent de produire des témoins, qui
attesteraient leur droit. La Cour leur donna gain de
cause.
Les propriétaires interjetèrent appel auprès de la
Haute Cour de Justice de Liège et prétendirent que tous
les manants étaient tenus d'aller moudre à leur moulin,
à l'exception des prestres, canoines, chevaliers, escu-
wirs et clerqs notore\ exempts par la loi générale du
pays. Ils alléguèrent à leur tour l'antique possession,
qu'ils prouvèrent par différents faits, attestant la bana-
lité, enfin ils exhibèrent « en signe de prouvance des
» lettrez anchiennes scellées de vénérable chapitre de
» Liège par lesquelz ilz tenoient en masure le molin, le
» stal, le biez et le droiture de ban. » Ces pièces, sans
doute l'acte de 1232, furent reconnues authentiques. La
Cour réforma le jugement de la Justice de Visé.
Le moulin fut déclaré banal « les manants et sur-
» céans de Viseit sont tenus de moulre par ban a tel
» molaige et tout ensy qu'il at esté useit de temps pas-
» seit. — Les héritiers (propriétaires) et leurs hoires
» (successeurs) doient bien et suffisamment détenir le
» mollin et ses appendices. Parquoy les dits surceans
» et masvyrs nen soient aulcunement endomagiez par
» leur deffaulte. Le mollin doit estre chascun an une
» fois ou deux visente (visité) par les eschevins de Viseit
— 143 —
» ou par les jureis d'eauwe (inspecteurs des eaux sous
» les ordres de la Haute Cour de Liège) affin qu'ils soit
» détenus en la manière devant escripte et les mesures
» justifies (vérifiées) ensy qu'il est accoustumé.
» S'il advenait que le mollin fuist en si mal point
» quil ne powist délivrer ceulx de ban adont en cesly
» cas poroient chil (ceux) que delivreis ne seraient Rai-
» sonablement aller moulre aultre part juxes a tant que
» le dis mollins seroit remis en bon estât.
» Mais se aulcuns des sourceans alloit moulre aul-
» tre part sains quil ne peresist mie en detenaige (sans
» qu'il eut conduit son grain au moulin) dédit mollin
» et rapporteis fuist de teil meffait aile justice de Viseit
» teis surceans seront encheus (encourront) et a teins
» (seront atteints) d'une amende de 7 solz de bonne
* monnoie qui serat convertie en aouwe (sera donnée)
» de celuy cuy (a qui) loy le donnerat. Li héritiers ne
» leurs moulners ne poroient en la dite amende deman-
» der droiture nulle. »
Le document cité renferme encore d'autres détails
concernant le fonctionnement de ce moulin banal.
C'était al plait général^ que les échevins visitaient le
moulin et vérifiaient les mesures; de ce chef ils tou-
chaient une indemnité.
« Tos les maswirs (bourgeois) dévoient xhanner
» (curer) chascun an al S. Remy, quand besoins estoit
» le biez de mollin aile requeste de moulnier et tint
» (tous) le defallans estoient chascons deaz (d'eux) atains
» (atteint d'une amende) de dois (deux) deniers de bonne
» monnoie. — Quand le meunier ne pouvait discom-
» breir (desservir) les sourceans le moulnier melnoient
» moulre par conqueste aultre part les masvyrs et ny
» osoient aller sains son Gongier (permission). »
Les manants devaient faire moudre al molaige
comme useit estoit de temps passeit : mais on ne ne dit
pas au quantième ; seulement nous savons qu'en 1480
on moulait comme jadis au seizième.
— 444 —
Ce jugement établit la banalité du moulin, mais ne
prévint pas de nouvelles difficultés.
Vers i535, les bourgeois contestent de nouveau le
caractère banal du moulin ; ils nient le droit et disent en
outre que le moulin ne se trouve pas dans les conditions
voulues pour les servir convenablement.
Après de longs débats devant la Cour de Liège et
les Etats, l'ancien droit est reconnu par la généralité
des bourgeois assemblés sur le cimetière de l'église, et
les bourgmestres sont députés pour faire connaître cette
décision à la Cour de Liège. Le 6 décembre i535 celle-
ci réserve le second point et condamne les deux parties
a porter ses frais et despens.
La seconde question était de la compétence des voir-
jurés deau. Ces fonctionnaires avaient dans leurs attri-
butions de visiter les moulins banaux et de trancher les
difficultés qui pouvaient surgir entre les propriétaires
ou leurs meuniers et les bourgeois au sujet de la marche
du moulin et du service des eaux.
Le 14 mars i536, quatre voir-jurés viennent inspec-
ter le moulin et ses appendices en présence des repré-
sentants des deux parties. Ils jugent Yusine insuffisante
surtout en temps de fortes eaux.
Ils ordonnent donc à la correction de leurs chieff
(les échevins de Liège) que les ventas et xhorres (écluses
et canaux de dérivation) établis sur le ruisseau soient
enlevés ou bouchés, que le biez soit élargi et les rives
exhaussées ; que les harna\ soient également relevés et
les cheneaux renouvelés et agrandis ; qu'enfin, diffé-
rentes autres améliorations soient encore effectuées.
Les bourgeois se plaignaient de ce que le moulin ne
pouvait les desservir en temps de hautes eaux ; les voir-
jurés jugent qu'il faut établir un nouvel harnaz dont la
roue prendrait leau par en bas ce qui la mettrait hors
le danger d'être inondée.
Dans le courant de l'été les propriétaires firent exé-
cuter les travaux indiqués.
— 145 —
Le 25 novembre, les voir-jurés viennent inspecter
l'ouvrage, font marcher les différentes tours du moulin
avec forte et petite eau et déclarent que rétablissement
est en état de desservir le ban. Ils adressent un rapport
dans ce sens aux échevins de Liège, leur chieff.
La Cour, après avoir « iceluy bien et long viseté
» et la matière débattue par plusieurs fois dit et jugea
» en rechargeant les dis jureis en leur absence quelle
» demeure enttièrement emprès de leur rapport. »
Ainsi fut terminée l'affaire.
Dans la suite, de petites contestations surgirent en-
core, de temps à autre, entre le meunier et ses clients.
Pour bien de paix et afin d'avoir et entretenir
amour et concorde, Pierre Slenaken, doyen du cha-
pitre de Visé (1552-1576), rédigea avec les bourgmestres
un règlement, qui, après quelques modifications, fut
accepté par les trois propriétaires. En voici les disposi-
tions principales :
Les meuniers, sa femme et ses serviteurs prêteront serment de
moudre aussi prqfitablement que pour eux mesmes.
Le meunier aura une nacelle et un attelage suffisant pour bien
desservir ses clients.
Chacun sera servi à son tour sans préférence.
Le grain sera moulu dans les 24 heures, autrement le bourgeois
pourra aller à un autre moulin.
Les habitants du ban doivent être servis avant les étrangers.
Ceux qui vont moudre ailleurs sans motif seront passibles d'une
amende de 2 1 aidans. Leur mouture sera confisquée au profit du
meunier.
Si le meunier est en défaut on pourra le faire condamner à
payer l'amende et à réparer tout dommage.
Si un meunier étranger se permet de venir chercher le grain
sur le ban, le meunier de Visé, son varlet (serviteur) ainsi que le
sergeant pourront prendre et constituer en ferme des bourg-
mestres, le cheval, harna\ et grain pour en avoir le meunier ses
intérêts et le sergeant F amende à l'ordonnance de la justice.
A la suite de ces arrangements, le moulin cessa pen-
dant longtemps d'être une cause de contestations.
19
— 146 —
Vers 1680 cependant, de nouvelles difficultés allaient
se produire. La cause fut, cette fois, indépendante de
la volonté des parties.
On ne sait pour quels motifs les eaux du ruisseau
devinrent tout à coup moins fortes. Les meuniers de
Haccourt et d'Oupeye constatèrent la même diminution
et en attribuèrent la cause aux chaleurs excessives des
étés précédents.
Le moulin se trouva de nouveau impuissant à des-
servir tous les bourgeois et la banalité allait se perdre
par le fait, quand les propriétaires imaginèrent d'établir
sur la Meuse un moulin sur barques, qui suppléerait à
l'insuffisance de l'autre.
Le projet fut exécuté, mais ce nouveau genre de
moulin ne doit pas avoir réussi, car un certain nombre
d'années après, moulin et barques furent vendus.
On ignore ce que firent alors les propriétaires pour
servir convenablement le ban et conserver le droit de
banalité.
Les seigneurs-propriétaires louèrent leur moulin
pour des stuits (termes) de trois, six ou neuf ans. Le plus
ancien acte de bail date de i52i.
Le loyer était alors « de 3g muyds de moulture me-
» sure de Viseit bonne et laiale et telle le dit mollin lui
» wangnera (gagnera) sans fraude a payer et livrer pour
» une tierche parte à Viseit et pour les autres deux
» tierches partes sur les greniers desdits parchonniers
» aux frais despens, costes dudit accenseur (locataire)
» de quinzaine à quinzaine ou de mois à mois ainsy
» que d'anchienneteit il ast esté accoustumeit et az con-
» dition que ledit accenseur doit entretenir à ses
» propres frais costes et despens ledit mollin en tel estât
» quil lui at esté delivreit comme par la Visitation
» appert et le laisser en bon point et en lestât quil lat
» pris — et pourront les dites parties renoncher sil leur
» plaist à ceste présente accense endedans le commen-
» chement de la troisième année dédit stuit pourveu
— 147 —
» que la partie renonchante serat tenu de le laisser sca-
» voir a lautre partie par signification quelle en ferat
» ung demy an avant le cop (?) — et se ledit accenseur
» estoit négligent ou défaillant de faire tout ce que dit
» est les seigneurs pourront en telle cas leurs mains
» remectre audit mollin et en disposer a leur meilheur
» proffit sains contredit dudit Balduyn (meunier) et
» nonobstante la présente accense.
» Touttes lesquelles choeses le souventdit accenseur
» promist par sa foi créante en lieu de serrement sti-
» pulant et acceptant sur peyne d exiodcation (?) et obli-
» gation de tous ses biens meubles et immeubles et
» héritai blés présents et advenir de faire tenir et
» accomplir. En renonchant pour ce a touttes et singu-
» lieres exceptions et deflensions de droit de loy de fait
» et par especial au droit disant générale revendication
» non valloir se lespiciale ne précède (?). »
Les actes de bail postérieurs sont les mêmes pour le
fond. Seulement nous voyons le loyer augmenter à la
suite des travaux opérés en i53j et vers 1620.
En 1667 il était de 117 muyds de wassen.
A chaque entrée et sortie de locataire se faisait une
Visitation et extimation du moulin et de tous ses acces-
soires par des experts, le plus souvent des meuniers,
choisis par les parties. Si Ton constatait que les objets
mis à la disposition du meunier avaient perdu de leur
valeur pendant son bail, il devait payer une indemnité.
Trouvait-on, au contraire, qu'il avait pendant son
séjour amélioré l'immeuble et son mobilier, les pro-
priétaires remboursaient le locataire pour toutes les
améliorations faites de leur gré.
Tout nouveau meunier devait fournir une caution
ou segurté suffisante. Ne présentait-il pas par lui-même
des moyens suffisants de solvabilité, un de ses proches
se portait garant pour le locataire.
Généralement, les meuniers n'occupaient pas long-
temps le moulin de Devant-le-Pont. Les nombreuses
— 148 —
difficultés des propriétaires avec les habitants du ban
et les contestations fréquentes entre meuniers et bour-
geois furent sans doute la cause de ces changements de
locataires.
Les bourgeois, eux, semblent avoir généralement
subi la banalité avec regret.
Tantôt ils contestent le droit, tantôt ils prétendent
que le moulin ne remplit pas les conditions des moulins
banaux ; à d'autres moments ils se plaignent des procé-
dés du meunier et demandent que le moulin ne soit plus
loué qu'à des Visétois. Ils emploient différents strata-
gèmes pour se soustraire à la banalité. Un instant, tous
les bourgeois vont chercher leurs pains à Maestricht
pour ne pas aller moudre au moulin et le magistrat est
forcé de défendre cette importation pour sauvegarder
l'ancien droit des propriétaires.
Cette opposition se comprend ; la banalité était une
charge bien onéreuse, car la suppression de ce droit fit
baisser le loyer du moulin en 1796 à la moitié de ce
qu'il était auparavant. Le moulin fut vendu au prix
de 100,000 francs.
VIII.
PERSONNAGES HISTORIQUES VISÉTOIS.
LES SEIGNEURS DE VISEIT
ET DU RIVAGE DE VISEIT, ETC. [i).
Dans le Miroir des nobles de Hemricourt, nous trou-
vons quelques indications concernant les seigneurs et
chevaliers visétois de son temps. Nous y ajoutons des
renseignements puisés ailleurs, surtout dans YHistoire
du Limbourg, par Emst.
La famille de Viseit portait de gueules billetées d'ar-
gent avec lion d or.
En i25i, un Franck de Viseit, peut-être de cette
(1) Hemricourt, Miroir des nobles; Emst, Histoire du Limbourg.
— 149 —
famille, était échevin de la ville de Liège. Il y provo-
qua une émeute qui força l'évêque Henri de Gueldre
à se réfugier à Namur.
En 1268, un Gisebertus de Wise (probablement
Viseit), est signataire, avec d'autres parents et vassaux
de Waleran IV, d'un traité conclu par le comte de
Limbourg, captif à Cologne, avec les bourgeois de
cette ville.
Le premier seigneur de Viseit, dont parle Hemri-
court, fut un fils de Breton le Vieux de Waroux, « bon
» escuyer, nommé le vieux Renier de Viseit. » Celui-ci
entra sans doute par son mariage, dont Hemricourt ne
parle pas, dans la possession du titre de Viseit et du
château de Dalhem. Le châtelain de Dalhem, vassal du
duc de Brabant, embrassa chaudement la cause de son
suzerain dans la guerre de succession à laquelle donna
lieu la mort d'Ermengarde de Limbourg. Le sire Con-
rad de Lontzen, sénéchal de Limbourg et partisan du
comte Renaud de Gueldre, étant venu attaquer Dalhem,
fut repoussé par Renier, atteint à Warsage, vaincu et
fait prisonnier.
L'année suivante, 1285, le comte de Luxembourg
s'était emparé du château de Fraipont, qui aupara-
vant était entre les mains de partisans du duc de Bra-
bant. Renier marcha contre l'envahisseur et le força
à abandonner le fort. Cette seigneurie lui fut sans
doute donnée dans la suite par le duc de Brabant,
car nous verrons un de ses descendants seigneur de
Fraipont avec les armes de Viseit. Le même Renier
se trouva encore à côté de Jean le Victorieux à la
bataille de Woeringen. Il y avait amené une des plus
fortes bannières, composée surtout de gens du comté
de Dalhem.
Renier le Vieux eut un fils nommé Renier comme
son père. Celui-ci était maréchal de l'évêché de Liège
et fut tué pendant la guerre des Awans et des Waroux,
par Monsieur Ameil de Hohgnoul et ses complices,
— 150 —
lesquels furent poursuivis si chaudement « qu'ils furent
» assiégez et brûlez dans l'église de xMelin. »
Renier le Jeune avait épousé une fille d'Ulric de
Bombaye; de cette épouse il eut un fils, aussi nommé
Renier, qui en conservant les armes de Viseit prit le
titre de Fraipont. Il en eut en outre deux filles : l'une
mariée à Renaud Ier d'Argenteau, devint mère de ce
valeureux Renaud II qui, en i328, contribua beau-
coup à la victoire d'Adolphe de la Marck au Thier de
Nierbonne et qui, en 1347, v^ son château attaqué et
démoli par les Liégeois.
La famille de Viseit se perpétua dans la suite sous
le nom de Fraipont.
Les du Rivage de Viseit portaient d'azur à la bande
d'argent, armes adoptées par la ville de Visé. On ne
sait que fort peu de chose concernant cette famille.
La fille aînée de Breton le Jeune de Waroux, frère de
Renier le Vieux de Visé épousa « Monsieur Conrard
» du Rivage de Viseit. » De ce mariage naquirent
différentes filles qui eurent une nombreuse postérité
énumérée par Hemricourt. Cet auteur ne parle d'au-
cun fils de Conrad ; peut-être mourut-il sans descen-
dance mâle, peut-être aussi ses fils succombèrent-ils
dans la guerre des Awans et des Waroux où tant de
chevaliers périrent et à laquelle les Rivage de Viseit
prirent part comme alliés des Waroux.
Les délie Sasse ou de la Saulx des Temples. Le
Temple de Visé, donné aux chevaliers de Malte après
la suppression des Templiers, fut en 1 3 1 8 loué par le
grand-maître Jean des Saumes à Wauthier de la Saulx
chevalier. Ce Wauthier ou Wathi, qui avait les armes
de mortier d'azur à une bande ondée d'argent, avait
épousé dame Penthecoste, sœur de Jean le Vieux de
Rouveroy, de la branche des Lexhy et Hozemont.
Leur fils Wathi le Jeune épousa une fille du bon
Monsieur Renar d'Argenteau, qui fit la guerre à ceux
de Liège. Il mourut jeune encore; son épouse se con-
— 151 —
sacra entièrement à l'éducation de ses deux filles et elle
habita toute sa vie le Temple de Visé, d'où lui vint le
nom de Dame du Temple, comme le dit Hemricourt.
Laînée de ses filles épousa en premières noces un
chevalier du nom de Daniel de Palant et en secondes
noces Robert d'Arckel, dit de Rynswauld, l'un des plus
puissants seigneurs du comté de Looz.
La seconde eut comme mari Adam de Kerkem,
gentilhommme de l'Etat noble du pays de Liège et
comté de Looz (\).
Les Neavaigne. Au temps de Hemricourt, il exis-
tait encore près de Visé, la famille des chevaliers de
Neavaigne qui portait une croix d'argent sur fond
d'azur. Cette famille était alliée aux Fraipont et aux
Printe, voués de Nivelle. Elle semble avoir disparu de
bonne heure.
En dehors des familles nobles, dont nous venons
de parler et qui ne nous sont connues que par l'ou-
vrage de Hemricourt, Visé n'a guère fourni comme
personnages historiques, que des ecclésiastiques.
Le premier de ceux-ci, dans l'ordre chronologique,
fut Antoine Ghénart (2), théologien distingué, né à Visé
vers l'an i522. Il fut chanoine et vice-doyen de l'église
cathédrale Saint-Lambert et inquisiteur de la foi. Il
assista au Concile de Trente avec Guillaume de Poi-
tiers, prévôt de la même église. Sa charité envers les
pauvres le fit beaucoup regretter après sa mort. On
doit en grande partie à ses soins l'édition du Maître
des sentences, imprimée à Louvain en 1 545.
(1) V. pour ces deux seigneurs, Le livre des fiefs du comté de Loo\y
par M. le chevalier de Borman.
Dans le volume (XXXXI) de la cour féodale (i365-i378), greffe Ste-
phany on trouve: « Adam van Kerkeheym, filius naturalis dm Henrici
» van Ordinghen, fait relief à Straten en i365. » Cet Adam fils de Henri
van Ordinghen (dit de Kerkem) serait-il un autre que le mari de Cathe-
rine de la Saulx; ou Hemricourt aurait-il voulu légitimer sa naissance?
(2) Bec-de- Lièvre, Biographie liégeoise, t. I, p. 285.
— 452 —
On lui doit aussi : i° Manipulus curatorum a Gui-
done de Monte-Rocherii '. Adjunctus est ritus celebrandi
sanctaemissaeofficium juxta morem dioecesis Leodien-
sis ; 2° Hildeberti Cenomanensis episcopi poëma de
officio missae, Anvers, 1570, in-12.
Le 25 août 1594, Antoine Ghénart vint à Visé pour
exercer ses fonctions d'inquisiteur. Un nommé Pierre
Tiernagan était accusé comme suspect d'hérésie. Il fit
une profession de foi catholique devant Ghénart et fut
déclaré non coupable (4).
Michel à Ver via ou de Vervier, trente- sixième abbé
du Val-Dieu jouit, de son vivant, d une certaine répu-
tation à cause des événements dans lesquels il se trouva
engagé.
Né à Visé (on ne sait à quelle date) il fut élu abbé
du Val-Dieu en 1622. Sa nomination fut agréée par le
roi d'Espagne et il fut consacré par l'abbé du Val-Saint-
Lambert, suffragant du prince-évêque. Le nouvel abbé
fut chargé par le chancelier du Brabant de la réforme
du monastère, au spirituel et au temporel, et de la cons-
truction des bâtiments nécessaires pour interdire l'en-
trée des cloîtres aux séculiers.
De Vervier se trouva intimement mêlé aux événe-
ments qui désolèrent le pays d'Outre-Meuse à cette
époque. En 1628, il fut député par les Etats du pays de
Dalhem pour représenter au gouverneur des Pays-Bas
l'état excessif des charges leur imposées pour l'entretien
des garnisons. Quatre ans plus tard, il protesta contre
les exactions que le prince de Nassau, gouverneur de la
province, fit subir au pays conquis par les Hollandais
et contre l'exclusion de l'état ecclésiastique de l'assem-
blée de Limbourg. En i636, le ministre calviniste Du-
moulin avait été arrêté et était détenu à Namur; par
représailles, le gouverneur fit arrêter l'abbé du Val-Dieu
et l'emprisonna à Maestricht pendant un an et demi
(1) Archives de la paroisse.
— 153 —
jusqu'à ce que les religieux eussent racheté sa liberté
par une forte rançon. On trouve deux de ses portraits
dans la série des abbés qu'on conserve au Val-Dieu.
C'est à lui probablement que le monastère devait le
premier établissement d'un refuge pour les religieux
à Visé (i).
LES DE SLUSE.
Les de Sluse furent certainement les Visétois qui,
par leur science et par les hautes fonctions dont ils
furent honorés, donnèrent le plus d'éclat et de réputa-
tion à leur ville natale.
Vers i53o, un Renard de Sluse, tindeur, vint s'établir
à Visé et y devint le chef d'une grande et influente
famille. Un de ses descendants Renaud de Sluse, notaire
et greffier de Visé, épousa le 9 octobre 1620 Catherine
Plorar, dite Waltheri, fille de Walther Plorar plusieurs
fois bourgmestre de Visé et d'Hélène Straven, dite du
Chasteau ou a Castro.
Catherine Plorar ou Waltheri avait deux frères,
hommes également distingués et qui tous deux avaient
embrassé l'état ecclésiastique. L'un Jean Waltheri ou
a Castro fut chanoine, puis doyen de la collégiale de
Visé ; l'autre Walthère Waltheri fut docteur en droit
et devint prélat domestique et secrétaire des brefs des
papes Innocent X et Alexandre VII.
Walthère Waltheri était à Rome, comme ses neveux
dont nous nous occuperons bientôt, un protecteur
dévoué des jeunes artistes liégeois qui allaient se per-
fectionner dans la capitale du monde chrétien, alors
aussi la capitale des arts. « Il avait fait» dit Abry, « son
» apprentissage (à Rome) sous M. de la Sauvenière,
» son parent (qui était également de Visé). On peut
» dire de lui qu'il a été le plus grand protecteur qui fut
» jamais des Liégeois de tous caractères. Le peintre
» Jacques Damerier lui dédia une douzaine de vases
(i) Revnier, Histoire du Val-Dieu.
20
— 154 —
» en témoignage de l'affection qu'il avait pour un
» patron si élevé de la nation liégeoise (i). »
Du mariage de Renaud de Sluse et de Catherine
Plorar, naquirent trois fils qui se distinguèrent égale-
ment dans des sphères différentes. René-François de-
vint chanoine de Saint-Lambert et se fit une grande
réputation par la variété de ses connaissances et surtout
par sa grande science des mathématiques. Jean-Gual-
thier exerça les plus hautes fonctions à la cour romaine
et fut créé cardinal. Pierre-Louis devint membre du
conseil privé du prince-évêque de Liège et fut élevé par
l'empereur Léopold au rang de libre baron du Saint-
Empire.
RENÉ-FRANÇOIS DE SLJJSE (2).
René-François naquit à Visé le 2 juillet 1622. On ne
sait rien de certain concernant sa jeunesse. Tout nous
permet de croire cependant qu'il reçut les premiers élé-
ments de sa vaste science, aux écoles latines de la col-
légiale de Visé, dont son oncle Jean Waltheri était cha-
noine et plus tard doyen. M. Monchamp croit que Sluse
a fait sa philosophie chez les Jésuites anglais de Liège ;
c'est là probablement aussi qu'il fit ses humanités.
A 1 âge de seize ans, il se rendit à l'université de
Louvain qu'il fréquenta pendant quatre ans, de i638 à
1642. De là il se rendit à Rome où il suivit les cours
de l'université de la Sapience et obtint l'année suivante
le diplôme de docteur en droit. Dans la suite, il conti-
nua à se livrer avec ardeur à l'étude. Ses lettres le
montrent voyage<ant à travers l'Italie, parcourant les
plus riches bibliothèques et consultant leurs ouvrages
les plus rares.
( 1 ) Les hommes illustres de la nation liégeoise.
(2) Lepaige, Correspondance de René-François de Sluse, introduc-
tion ; Un géomètre belge au XVII6 siècle, dans la revue Ciel et Terre,
2e série, t. II, 1887; Abbé Monchamp, Histoire du Cartésianisme en
Belgique; Gilbert, Revue des questions scientifiques, t. XIX, p. 141 ;
Félix van Hulst, René Sluse, Liège, 1842.
— 155 —
Déjà à Rome, René-François de Sluse s'était acquis
une réputation de savant. Un ami de Gassendi écrit en
i65i (de Sluse n'avait pas encore trente ans à cette date)
au célèbre philosophe, à propos d'un de ses ouvrages :
« Votre philosophie vient d'entrer dans Rome ; les plus
» doctes personnages l'ont reçu avec honneur et placée
» dans le temple de la Minerve de Phidias. François
» Sluse, de Liège, homme très versé dans les sciences
» et les langues, géomètre excellent, s'en délecte telle-
» ment qu'il professe la plus grande admiration pour
» les talents de Gassendi, dans toutes les réunions
» intimes qu'il a avec les savants qui lui ressemblent.
» Il espère un jour faire la connaissance personnelle
» de celui qu'il ne connaît jusqu'ici que per spéculum
» et in cenigmate (i). »
Après sept ans de séjour à Rome, il revint à Liège
occuper à la cathédrale de Saint-Lambert un cano-
nicat dont le pape Innocent X venait de disposer en
sa faveur. Le prince et ses confrères surent apprécier
ses vastes connaissances ; ils lui soumirent les ques-
tions les plus difficiles, le chargèrent des missions les
plus délicates, entre autres celle de régler l'établisse-
ment des Pères Récollets à Visé. En 1666, il devint
abbé d'Amay ; vers le même temps, il fut nommé
par le chapitre membre du Conseil ordinaire. Au dire
d'Abry (2), il aurait même été chancelier du prince-
évêque.
Malgré des occupations si diverses et des fonctions
si importantes, il ne cessa de développer encore ses
connaissances si variées et si vastes qui, déjà à Rome,
avaient donné de l'éclat à son nom et l'avaient mis
depuis en relation avec les plus grands savants de
l'Europe. M. Lepaige l'appelle : « mathématicien de
» premier ordre, linguiste consommé, historien de mé-
» rite, physicien, chimiste et botaniste à ses heures. »
(1) Cité dans V Histoire du Cartésianisme en Belgique.
(2) Les hommes illustres de la nation liégeoise.
— 156 —
Ses lettres tantôt en français, tantôt en latin, sont
émai liées de nombreuses citations grecques et hébraïques.
Il parle de manuscrits arabes qu'il a consultés. Ses his-
toriens vantent ses connaissances des langues orientales
et rapportent que le pape l'employait à traduire les
lettres qu'il recevait des évêques d'Arménie. Sa langue
de prédilection était le latin ; il écrivit même deux dis-
sertations pour faire valoir l'excellence de cet idiome au
moment où le génie du XVIIe siècle commençait à subs-
tituer le français au latin comme langue scientifique.
L'histoire, surtout l'histoire de son pays de Liège,
était une de ses études favorites. Il reste de lui deux
dissertations sur deux points très controversés de notre
histoire : De tempore et causa martyrii B. Lamberti
Tungrensis et Dissertatio de sancto Seruatio, episcopo
Trajectensi. « Ces travaux, » dit M. Lepaige, « con-
» servent toute leur valeur même à notre époque où
» les sciences historiques ont été en quelque sorte
» renouvelées. »
De Sluse suivit avec intérêt la controverse philoso-
phique que provoqua de son temps l'apparition du sys-
tème de Descartes. Dans ses lettres, il parle souvent
avec éloge du philosophe français. Il avait même fait
des démarches auprès d'un de ses amis pour l'amener
à s'occuper de l'édition du Traité de l'homme par l'au-
teur du cartésianisme. Toutefois, il ne fut pas un admi-
rateur enthousiaste de la doctrine cartésienne. « Je l'es-
» time, » dit-il en parlant de Descartes, « je l'estime un
» grand homme, mais je ne prétends pas le faire passer
» pour irrépréhensible. » Ces mots résument son opi-
nion dans cette matière et autorisent M . Monchamp à
donner de Sluse, dans ce grand débat philosophique,
comme un représentant du parti éclectique.
Toutefois, la science qui occupa le plus notre
illustre Visétois et qui contribua le plus à sa gloire,
furent les mathématiques. M. Lepaige traite, avec sa
grande compétence, des travaux mathématiques de
— 157 —
de SI use. « L'importance des travaux de notre savant, »
dit-il en commençant, « apparaîtra clairement par la
» manière dont ils furent accueillis, par le jugement
» qu'ont porté sur leur auteur les géomètres contempo-
» rains et ceux, plus rapprochés de nous, qui se sont
» attachés de préférence à développer les méthodes
» nouvelles dont s'est enrichie la science. »
Sa réputation comme mathématicien l'avait mis en
relation avec tous les grands savants qui illustrèrent
son époque. Le grand Pascal, le célèbre hollandais
Huygens et l'anglais Oldenbourg, lui exposaient dans
leur correspondance leurs problèmes et leurs difficultés
et applaudissaient à ses recherches et à ses découvertes.
L'italien Pacichelli lui donne le titre d'Oracol de Paesi
Bassi. Huygens, dans une lettre à son ami Oldenbourg,
appelle de Sluse « le plus savant et le plus modeste des
» géomètres qu'il connaisse. » Oldenbourg de son côté,
insère avec bonheur dans le Bulletin de la société de
sapants, qu'il publiait à Londres, les lettres scienti-
fiques de Sluse qu'il appelle, avec Huygens, deux des
meilleurs mathématiciens de l'Europe. Sur la proposi-
tion de ce célèbre Anglais, notre Visétois fut nommé
membre de la savante société anglaise. Un autre savant
mathématicien parle des progrès que de Sluse fit faire
à l'algèbre.
La plupart de ses recherches se trouvent dans la cor-
respondance publiée par M. Lepaige et dans les articles
insérés dans la Revue d'Oldenbourg. Il ne publia qu'un
ouvrage, intitulé Mesolabum, qui lui valut les éloges
de tous les géomètres. « Nul doute, » dit encore M.
Lepaige, « que transporté sur un autre théâtre à Paris,
» à Londres, à Leyde, à La Haye, Sluse n'eut atteint
» les plus hautes destinées. »
Une activité aussi dévorante devait nécessairement
miner la santé la plus robuste. Dès 1684, sentant sa fin
approcher, il fit son testament dans lequel il exprima
la volonté d'être enterré à Visé à côté de ses parents
158 —
auxquels sa piété filiale avait érigé le monument qu'on
y voit encore.
Il mourut le 19 mars de l'année suivante. Sur sa
tombe on plaça cette épitaphe, faite par lui-même :
Adsta viator, non labore inutili
Titulum sepulchri curiosus ut legas
Quod nunc es me olim fuisse cogita
Mortalitatis involutum fluctibus
Ambigua, laeta, tristia expertum diu
Donec quietis, quem vides, reperi locum
Quod sum mémento te quoque futurum brevi
Mortis tropheum, vile spolium temporis,
Putredinis foetorem et escam vermium
Haec mente volve et sortis humanae memor
Aeternitatis ut beatae particeps
Tecum esse merear, numen aeternum roga.
Renatus Franciscus de Sluse
Canonicus Leodiensis, abbas Amaniensis
Serenissimi Principis Consiliarius
Ne a parentibus suis
Quos pio semper amore dilexit
Seperaretur in morte
Hic una cum iliis exspectare voluit
Beatam resurrectionem.
Depositus est in pace
Anno MDCLXXXV
Mense martii die XIX.
Vixit annos LXII menses VII dies XVII
Requiescat in pace.
Cette pierre tombale a disparu. Les Visétois ont
tenu à élever à la mémoire de leur illustre concitoyen
un modeste monument qui, sur une plaque de marbre
blanc, rappelle le souvenir du chanoine de Sluse et de
son frère le cardinal.
On trouve son portrait, m'a-t-on dit, dans les quel-
ques exemplaires qui restent de son Mesolabum.
Jadis, il se trouvait également dans la collection Duriau
du Val-Dieu, mais il en a disparu. Chaque année on
chante encore dans l'église de Visé l'anniversaire du
chanoine de Sluse, ainsi que celui de son frère.
— 159 —
LE CARDINAL DE SLUSE («)•
Jean-Gualthier de Sluse naquit à Visé en 1626.
Il fut appelé à Rome par Walthère du Château, son
oncle, secrétaire des brefs et de la chambre du pape
Alexandre VII et qui était un des plus zélés protecteurs
des Liégeois qui allaient étudier les beaux arts à Rome.
Sluse s'y fit bientôt remarquer par sa science et par
son ardeur infatigable pour l'étude et le travail. Clé-
ment IX le reçut au nombre de ses prélats domes-
tiques ; il succéda ensuite aux emplois de son oncle.
Le pape l'honora de la plus intime confiance et le con-
sulta dans les affaires les plus importantes. Innocent X
le décora du chapeau de cardinal le 2 septembre 1686.
Il imita son oncle dans son inclination à obliger ses
compatriotes et il se faisait un plaisir de répandre ses
faveurs sur ceux que le désir de s'instruire et de se
perfectionner appelaient en Italie.
Sa trop grande application aux devoirs de sa charge
et à l'étude, jointe à sa complexion délicate, avança la
fin de ses jours. Il mourut le 7 juillet 1687 à l'âge de
cinquante-neuf ans : c'est le dernier Liégeois qui ait été
décoré de la pourpre romaine. L almanachde Mathieu
Laensbergh (2) s'exprime ainsi à son sujet : « Le car-
» dinal de Sluse mourut à Rome dans sa cinquante-
» neuvième année, après une longue indisposition,
a universellement regretté tant à cause de son savoir
» extraordinaire, que de sa piété et de toutes les grandes
» qualités qui lui avaient attiré depuis trente ans l'es-
» time des papes et de toute la cour romaine et qui
» depuis son élévation au cardinalat l'avaient fait con-
» sidérer comme un des principaux ornements du
» Sacré-Collège. »
(1) Nous copions ici la notice de Bec-de- Lièvre, Biographie liégeoise,
t. II, p. 296, à laquelle nous ajoutons quelques détails.
(2) De Tan 1688. Alors et longtemps après, tous les almanachs de
Mathieu Laensbergh offraient un précis historique des principaux évé-
nements de l'année (de Villenfagne, Mélanges).
— 160 —
Gualthier de Sluse remplit longtemps avec exacti-
tude et beaucoup d'intelligence le poste important de
secrétaire des brefs. Les brefs qu'il a dressés sont d'un
style vif et montrent combien il était versé dans la
discipline de l'Eglise, l'Ecriture sainte et les Saints
Pères. Quelque recommandable qu'il fut par les qua-
lités de l'esprit, il l'était davantage par celles du cœur.
Détaché des richesses, il se contenta de son patrimoine
et des revenus de sa charge et refusa constamment tout
bénéfice. 11 laissa une superbe collection de livres dont
le catalogue, qui a été imprimé (Rome, 1690, cinq
volumes in-40, avec le portrait du cardinal), est encore
aujourd'hui recherché par les amateurs.
L'abbé Bouxhon,de Saint-Jacques, qui vivait alors,
dit dans son curieux journal manuscrit en latin, qu'on
eut quelque soupçon que le cardinal de Sluse mourut
empoisonné ; son billet mortuaire même donne lieu
à ce soupçon, puisqu'après avoir dit qu'il succomba
plutôt sous le poids des grands travaux qu'il rendit à
l'église que sous celui de l'âge, on ajoute : « aut aliquo
» alio morbo oppressus (t). »
« On ne prétend pas faire ici son éloge, » dit de lui
Abry ; « il faudrait un volume pour traiter de ses belles
» qualités qui l'ont fait admirer des Italiens et bien
» plus réclamer de ses compatriotes auxquels il n'a
» jamais refusé de secours qu'il répandait avec profu-
» sion. Il n'y a guère de cardinaux qu'il n'ait égalé,
» surpassé même en magnificence, en meubles, en
» peintures et en livres dont il a cumulé une si grande
» quantité de tous pays qu'il est presqu'incroyable (î). »
En rapprochant ces lignes de ce que nous avons dit
de Walthère Waltheri et de René- François de Sluse à
Rome, on peut se former une idée de l'éclat que ces
trois Visétois ont jeté sur la patrie liégeoise et des ser-
vices qu'ils ont rendus aux jeunes peintres de l'école de
(1) Bec-de-Lièvre, t. II, p. 296.
(2) Les hommes illustres de la nation liégeoise*
— 161 —
Liège. Ce serait même une page bien intéressante de
l'histoire liégeoise et bien glorieuse pour les de Sluse,
que celle qui raconterait leur vie à Rome et leurs rap-
ports avec les nombreux Liégeois, hommes de distinc-
tion et de talents, qui s'y trouvaient de leur temps.
Abry lève un coin du voile qui couvre cette partie
si brillante et si peu connue de la vie de nos illustres
Visétois. Après avoir parlé de la protection accordée
par le cardinal à ses compatriotes, il ajoute : « Entre
» les Liégeois, qui ont excellé à Rome, il s'en trouve
» une quantité qu'on ne pourrait pas ici mémorer, qui
» ont donné des marques notables de leurs beaux
» génies et qui se sont aussi considérablement élevés ;
» entre lesquels les Oranus d'Heure, les Vivarii, les
» Fisen, Fayn et autres, qui ont été auditeurs et créés
» chevaliers romains entre lesquels quelques-uns d'iceux
» auraient mérité le chapeau rouge si l'envie ne les en
» eût empêché l'un l'autre. Il y a encore un Emerix,
» un Motmans, Hinnisdael, etc. » Puis il consacre
quelques mots à l'un de ces Liégeois formés à l'école du
Mécène visétois, « Guillaume de Fayn, gentilhomme
» romain, lequel s'était grandement distingué à Rome
» dans ses charges très éminentes par lesquelles il au-
» rait pu arriver à un très haut degré d'honneur, lequel
» ayant pris résolution de se rendre en son pays natal
» et repassant par Milan (où restait alors le peintre
» Simon Damerier ou Damry) s'accomoda d'une bonne
» partie de peintures du dit Damerier et d'autres, les-
» quelles ont servi favorablement à cette belle maison
» de campagne qu'il bâtit au-dessus de Jupille, qu'on
» nomme à Faynbois (î). »
Espérons pour l'honneur du pays de Liège et de
la ville de Visé, que ces deux belles figures des de
Sluse, dont l'une a été mise en lumière par les travaux
de M. Lepaige, paraîtront un jour dans tout l'éclat de
leur gloire et de leurs vertus ; alors on comprendra
(i) Les hommes illustres de la nation liégeoise.
21
— 162 —
la joie avec laquelle l'élévation au cardinalat de Gual-
thier fut accueillie par les Liégeois, ses compatriotes.
A cette occasion le père Carme Herman a S* Bar-
bara (Guillaume Héris) de Liège composa son Carmelo-
Parnassus in xenium oblatus Eminent. ac Révérend.
D. Joanni Gualterio Slusio Leodienst, S. R. Ecclesiae
Cardinali, 1687 (4). « Ce titre, » dit M. de Villenfagne
d'ingihoul (a), « annonce que ce livre est consacré
» presqu'entièrement à chanter les vertus du cardinal
» de Sluse. En effet, le père Herman le lui dédie et
» cherche, dès les premières pages, à remplir la tâche
» qu'il sest imposée. Une bonne partie des pièces de
» ce volume sont en vers latin. Parmi ces pièces il y
» en a quelques unes, qui sont vraiment originales, on
» y trouve des distiques, des chronographes simples et
» acrostiques, un poëme de cent vers, adressé au car-
» dinal de Sluse, dont la première de chaque mot est
» un S, etc. » Pour donner une idée de ce livre et de
l'enthousiasme qui lavait inspiré, nous copions l'acros-
tiche en chronogrammes suivant :
«-nnoCentII XI LaVDetVr VIr IntïMVs
oMnIbVs eX CorDe eXaLtetVr honorIbVs
>Dest sVIs praeCLarVs VIrtVtVM thesaVrVs
2*obILe eXVrgIt pVrpVratorVM DeCVs
25egotIorVM praeCLarVs atqVe StrenVVs eXpbDItor
mX s Va sapIentIa noVVs saLoMon VoCanDVs
ggpeCVLVM bXIstIt DIVInae JVstItIae
oaVDIVM VrbIs et eXpeCtata VoLVptas.
<erVs praeLatVs DoCtorqVe eXIMIVs.
>DMIrabILIs VIrtVtIs VIVIDVs arChetIpVs
rvCIDIssIMVs eXIstIt UrbIs et orbIs phœbVs
hVtVs atqVe VerVs DepreCantIVM asILVs
mXeMpLar DeCVsqVe Verae VIrtVtIs.
pcoMAE reLVCet VnVs phaebVs Vers DIVInVs
~n rebVs DIffICILIbVs eXpeDIenDIs strbnVVs
<<VLtV graVItate atqVe sVo CanDore roManIs gratVs.
coeCretarIVs eMerItVs, praesVL qVoqVe VenbranDVs
(1) On trouve un exemplaire de ce livre curieux à la bibliothèque de
l'université de Liège.
(a) Mélanges historiques et littéraires, p. 3o8.
— 163 —
xLVsIVs VIsetanorVM eXtat DeCVb
rEGlADVM VbrVs patronVs sVàeqVe VrbIs protbCtor
<erVs MVnDo peLICanVs atqVe PhoenIX.
qoIbI VnI sabVVs CaeterIs VaLDe MItIs et sVaVVs.
-oannes oVaLterIVs sLVsIVs sIbI et roMULIDIs bonVs.
<3RA LVX DoCtorVM VI Vît.
goanCtae sbDIs eMbrItVs eXtat prabLatVs bonVsqVb patronVs
»
carDInaLIVM Veste pVrpVrea eXornatVs
>ssIDV[s DIgnVs LaVDIbVs aC VarIIs honorIbVs
PoMab et VnDeqVaqVe LUCet VIrtVtIbVs.
OoMestICVs prabLatVs noVItbrqVb pVrpVratVs
~n MVLtIs DIVtVrnIs CVrIab neootIIs VersatVs
58oWs eXtat CarDInaLIVM thesaVrVs
>pVd ITaLos eXtraneosqVe VerVs aMICVs
rVX ebVronVM proprIaeqVb DbCVs patrïab
-n CVrIa oVat sLVsIUs VrbIs et orbIs proDIoIVM
wapIentIab cabLbstIs DIVInaeqVe thronVs eXIMIVs
LVX DVX MICVI
A la mort du cardinal, le baron de Sluse, lui fit
élever dans l'église del Anima à Rome, un monument
qui existe encore. La collection Duriau contient une
gravure de ce monument. Il se compose d une arcade
plein cintre dont la clef de voûte, recouverte du cha-
peau de cardinal porte les armoiries des de Sluse. Le
cardinal est représenté assis derrière une table, un livre
à la main, dans l'attitude de la méditation. Une dra-
perie qui retombe de la table porte l'inscription sui-
vante :
D. O. M.
Joanni Gualteri Slusio Leodiensi
S. R. E. Diacono Cardinali
Animi atque cordis dotibus cumulatissimo
Moribus, sapientia, pietate praestantissimo
Largitate in egenos, beneficentia in omnes effusissimo
Cujus
Doctrinae instructissima bibliotheca
Prudentiae difficillima munia
Meritorum eminentissima dignitas
Pêne impar argumentum
Studium vero commune bonum
Purpura commune gaudium
— 164 —
Obitus commune detrimentum
Prope supra fidem et exemplum
extitere
Vixit annos LIX menses V dies XXIX
Obiit a. JE. C. MDCLXXXV1I nonis Julii
Fratri amantissimo monumentum
P. C.
Petrus Aloysius Slusius S. R. I.
liber Baro, Dominus de Bihain
Heribronval. Serm0 Principi Electori
Colonien. a Consiliis.
La même collection contient un portrait gravé du
cardinal, avec cette note manuscrite : « Après avoir
» fait la philosophie et la théologie il étudia la jurispru-
» dence et y fit de tels progrès que le docteur Sanvorst
» (de Louvain?) en lui donnant le bonnet de docteur
» dans un âge peu avancé lui prédit qu'il ferait un jour
» belle figure dans l'Eglise et qu'il en serait une des
» principales colonnes. »
Un autre portrait sur toile du cardinal, provenant
de la collection de M. Stiels, ancien doyen de Visé,
appartient maintenant aux Sœurs de Notre-Dame de
cette ville. Celui-ci diffère assez bien de la gravure du
Val-Dieu et doit représenter le cardinal à une autre
période de sa vie. Le peintre lui donne sur cette toile
les armes d'une autre branche des de Sluse qui portait
d'argent à la croix de gueules. Cette méprise nous porte
à croire que ce portrait est une copie exécutée à une
époque plus récente où l'on confondait déjà les armoi-
ries des deux branches.
LE BARON PIERRE-LOUIS DE SLUSE.
Le troisième fils de Renaud de Sluse eut d'abord,
comme ses frères, l'intention d'entrer dans les ordres.
En i65i, son frère René-François résigna en sa faveur
le canonicat qu'il avait dans l'église de Visé. Plus tard
il renonça à la carrière ecclésiastique et se maria.
- 465 —
Il étudia à Louvain et fut reçu licencié en droit.
Il devint successivement seigneur de Bihain, Houp-
pertingen, Gothem, chevalier de Tordre de Saint-
Etienne de Toscane. L'empereur d'Autriche lui ac-
corda le droit de noblesse et le titre de libre baron
de l'empire. Les princes-évêques Maximilien-Henry
de Bavière et Jean-Louis d'Elderen le nommèrent
membre de leur conseil privé.
A l'occasion de la mort de son frère le cardinal, un
poète italien lui adressa cet épigramme latin (<).
De tribus praestantiss. fratribus Slusiis
Abb. Card. defunctis
Et Bar. superstite ac domus repara tore.
Très fratres natura dédit de sanguine lecto
Slusiadum, sed mors carpsit acerba duos
Posterior superest sed non virtute peractis
Posterior, quamvis par fuit absque pari.
Ponantur nimii gemitus ; caruisse duobus
Si fuit in satis sic caruisse juvat
Extgit hoc ordo, fraterque hoc gaudet uterque
Nam simul inde redux alter et alter erit.
Le vœu de ce poète se réalisa jusqu'à un certain point.
Parmi les descendants du baron de Sluse, on ren-
contre des bourgmestres et des échevins de la ville de
Liège et le dernier prévôt de la cathédrale et chancelier
de la principauté, Jean-Pierre-Louis baron de Sluse de
Beurs qui fut aussi le dernier abbé séculier du chapitre
de Visé.
Cette illustre famille s'éteignit dans la personne de
la baronne de Stembier de Wideux, née baronne de
Sluse de Houppertingen, décédée le 17 février i835.
»
LES DE CHARNEUX ET DE REQUILÉ.
A côté des de Sluse existaient à Visé deux autres
familles, les de Charneux et les de Requilé, qui, sans
(1) Recueil héraldique des bourgmestres de Liège.
— 466 —
arriver à la célébrité de la première, fournirent cepen-
dant quelques hauts dignitaires à la principauté et des
personnages d'une certaine notoriété à l'histoire. A ces
deux titres, elles méritent une courte notice.
Les de Charneux. Au commencement du XVIIe
siècle deux frères et un neveu du nom de des Marets,
vinrent successivement s'établir à Visé. Ils devinrent
les chefs de trois familles qui, toutes trois, pendant une
existence d'une centaine d'années, y jouèrent un rôle
prépondérant et laissèrent en s'éteignant de grands sou-
venirs et des preuves encore évidentes de leur muni-
ficence.
Originaires du lieu dit aux Marais, près de Sou-
magne, les des Marets prétendaient descendre de l'an-
cienne famille des de Charneux, qui figure dans le
Miroir des nobles. Les revers de la fortune et le temps
leur avaient fait perdre leur rang et leur nom d'autre-
fois. Dans la première moitié du XVIIe siècle, les des
Marets parvinrent à se relever de leur état de déchéance.
La fortune leur revint, plusieurs d'entre eux arrivèrent
à des positions assez élevées et se rendirent même utiles
au prince-éveque. Grâce sans doute à ces circonstances
ils obtinrent, en i655, de l'empereur Frédéric III un
diplôme (\) qui reconnaît leur haute antiquité et les
services rendus par eux au pays, et leur permet de
reprendre le nom et les armes des de Charneux avec
le titre d'écuyer. M. Bec-de-Lièvre se trompe donc
quand il attribue cette mutation de nom au juriscon-
sulte de Charneux, dont nous parlerons bientôt, et qui
à cette époque, n'avait pas encore vu le jour. Le même
auteur fait encore erreur, croyons-nous, quand il dit
que ce changement eut lieu à la suite de la décapita-
tion d un membre de la famille condamné par cause
de trahison (2).
Le chef de la première branche de cette famille à
( 1 ) Archives de l'Etat, Liège. Conseil privé : Diplômes impériaux.
(2) Biographie liégeoise, t. II, p. 443.
— 167 —
Visé fut Denys des Marets-de Charneux, époux de dame
Catherine Pernode, dont la magnifique pierre tombale
se trouve encore dans l'église de Visé.
Un de ses fils alla s'établir à Verviers et y devint
l'auteur d'un rameau important, qui fournit dans la
suite plusieurs bourgmestres à cette ville et donna le
jour au jurisconsulte Denis de Charneux, auquel
M. Bec -de -Lièvre consacre une courte biographie
émaillée de plusieurs erreurs.
Un second fils s'établit comme avocat à Liège et fut
appelé à la charge de conseiller du prince-évêque en
son conseil privé. De lui descendent les de Charneux
d'Ohar et le chanoine Pierre-Ernest de Charneux, qui
était un des membres les plus distingués du chapitre
de Saint-Lambert, auxvme siècle.
Un troisième fils, Herman, fut chanoine à Visé et
donna à l'église les nouvelles orgues dont nous avons
parlé ; il mérita par sa générosité le titre de bienfaiteur
de la paroisse qu'on lui donne dans son acte de décès.
Herman des Marets, d'abord mayeur, puis lieute-
nant-bailli à Visé, fut le père d'une seconde famille de
de Charneux. Sa veuve fit cadeau à l'église d'un ciboire
dont nous parlerons au chapitre suivant.
Parmi leurs descendants, nous trouvons Jean-
Jacques de Charneux, chanoine au chapitre de Saint-
Adalbert à Aix-la-Chapelle dont il devint vice-prévôt
et son frère Henri, professeur et recteur de l'université
de Louvain.
Ce dernier était né à Visé en 1644. Il étudia la phi-
losophie à Louvain. Au concours de i663, il obtint la
troisième place comme élève de la pédagogie du collège
du Porc. Après avoir terminé ses études théologiques,
il enseigna pendant quelque temps la rhétorique au
collège de la Sainte-Trinité. Bientôt (en 1668) une
chaire de philosophie lui fut confiée dans l'établisse-
ment où il étudiait cette science. Quatre ans plus tard,
il fut nommé président du collège liégeois de Louvain,
— 168 —
Malgré la besogne que lui donnait la direction de cette
institution, il se prépara au grade de docteur en théo-
logie, qu'il obtint en 1680. Nommé professeur royal
de théologie il fut deux fois, en i683 et en 1698, recteur
de l'université. 11 mourut à l'âge de cinquante-sept ans
et fut enterré dans le chœur de l'église de Saint- Pierre
à Louvain (i). Dans l'affaire du Jansénisme qui, pen-
dant cette époque, préoccupa si vivement les esprits,
surtout à Louvain, il se rangea du côté des défenseurs
de YAugustinus comme l'avaient fait les de Froidmont
et les Pontanus, originaires comme lui du pays de Visé.
A la mort du lieutenant-bailli Herman des Marets
son neveu Barthélémy, fils de Pierre, échevin de Liège
et plus tard lieutenant-gouverneur du marquisat de
Franchimont et mayeur héréditaire de Fléron, lui
succéda. Le nouveau lieutenant-bailli devint par son
mariage avec la sœur de l'abbé du Val-Dieu, Michel
à Vervia, le fondateur de la troisième famille des de
Charneux.
Barthélémy était bourgmestre en 1648, lorsque
Ferdinand de Bavière, revenu d'Allemagne pour apai-
ser les troubles des Ghiroux et des Grignoux, vint s'éta-
blir à Visé et y convoqua à deux reprises les Etats du
pays. Le 10 du mois d'août de cette année, le prince-
évêque voulut faire son entrée dans la cité; arrivé à
Herstal avec une suite nombreuse, il envoya le bourg-
mestre des Marets à Liège pour sonder les dispositions
du peuple à son égard. Le député fut fort mai reçu :
il fut même l'objet de menaces et dut s'en retourner
sur l'heure. Le dévouement dont des Marets avait fait
preuve en cette circonstance fut doublement récom-
pensé : par sa nomination comme receveur général de
son Altesse et par le diplôme impérial, qui conféra à sa
famille le droit de noblesse et le nom de de Charneux.
Barthélémy de Charneux, écuyer et receveur, devint
(1) Daris, Histoire de la principauté et du diocèse de Liège au
XVII9 siècle.
— 469 —
dans la suite seigneur de Warsage. Il fut un des prin-
cipaux bienfaiteurs des Pères Récollets lorsque ceux-ci
voulurent achever leur couvent. En signe de recon-
naissance, les religieux placèrent dans la façade de
leur maison la pierre dont nous avons parlé et qui
contient, avec les armes des de Charneux, les princi-
paux titres du généreux donateur.
Des enfants de Barthélémy, un fils devint chanoine
à Saint-Gilles à Liège et deux autres embrassèrent la
carrière des armes. L'un, Jean, servit dans l'armée de
son Altesse Electorale de Cologne et parvint au grade
de major. En 1670, il était commandant du fort d'Ar-
genteau, de manière que ce fut peut-être lui qui défen-
dit le château, lorsqu en 1673 il fut bombardé, pris et
démoli par les troupes de Louis XIV. Son frère,
Maximilien- Henry, avait pris service dans l'armée de
l'empereur d'Autriche et devint capitaine. Quoique
mariés, tous deux moururent sans postérité.
Un seul fils de Barthélémy eut des enfants ; et encore
l'unique enfant qui survécut, un garçon, entra dans la
Compagnie de Jésus, de manière que cette branche
des de Charneux s'éteignit comme les deux autres au
commencement du xvme siècle. Ses biens passèrent
aux enfants de Guillaume de Requilé, qui avait épousé
Marguerite de Charneux, fille de Barthélémy.
Les Requilé, plus tard de Requilé étaient alliés,
comme nous venons de le voir, aux de Charneux ; ils
l'étaient également aux de Sluse. Guillaume Requilé,
le premier de la famille à Visé, avait épousé Ailide, la
fille du Vieux Renard Sluse que nous avons rencontré
à l'origine des de Sluse. C'était un homme actif; à
la profession de commerçant, il joignait les fonctions
d'échevin de la Cour de justice de Visé et de receveur
du chapitre de Saint- Hadelin.
Un fils de Guillaume et d' Ailide, portant le nom
de son père, mourut en 1607 comme chanoine de la
collégiale de Visé. Son canonicat fut conféré à son frère
22
— 470 —
Nicolas, déjà curé à Lanaye, qui obtint une dispense
du pape pour pouvoir posséder ces deux bénéfices.
Nicolas Requilé mourut comme prévôt du chapitre de
Visé en 1647.
Un frère des deux chanoines, Renaud, s'établit à
Liège comme avocat et fut bailli des chanoines de
Saint-Pierre.
Parmi ses descendants on trouve Pierre-Godefroid
de Requilé, écolâtre, puis doyen de la collégiale de
Notre-Dame à Tongres.
Une fille de Renaud, Ailide, est citée dans le Recueil
héraldique des bourgmestres de Liège, comme aïeule
du bourgmestre de 1725, Michel-Joseph de Grady.
Jacques Requilé, échevin et greffier de la Cour de
justice, perpétua à Visé le nom de sa famille. De ses
nombreux enfants deux seulement parvinrent à l'âge
adulte: une fille, Reine, qui épousa l'avocat Jean Plé-
nus Aphernon, plus tard conseiller et auditeur de Sa
Majesté catholique à Limbourg et à Navagne et un
fils, Guillaume, docteur en droit, que nous avons déjà
rencontré comme mari de Marguerite de Charneux.
Guillaume Requilé et Marguerite de Charneux
eurent douze enfants. Plusieurs moururent en bas âge.
Deux devinrent chanoines : l'un à Saint-Léonard à
Liège, l'autre à Saint-Servais à Maestricht.
Nous ne nous occuperons que de Jean-Ernest et
de Bartholomé qui tous deux embrassèrent la carrière
des armes.
Jean-Ernest servit dans l'armée de Sa Majesté le roi
d'Espagne. Dans le cours de ses expéditions, il se maria
à Venlo, où il s'établit dans la suite. Un de ses fils fut
greffier du Conseil de la province de Gueldre ; un autre,
officier dans l'armée des Provinces-Unies ; une fille
avait épousé Nicolas Elias et figure dans le Recueil
héraldique des bourgmestres de Liège.
Bartholomé Requilé passa successivement dans les
armées de l'empereur d'Autriche, de Maximilien-Henri
- 171 —
de Bavière, de son successeur Clément-Joseph et même
de Louis XIV. Il se distingua dans une petite bataille
livrée à Eckeren, près d'Anvers. Il devint colonel, reçut
le titre de chevalier et obtint la croix de Saint- Louis.
Pendant quelque temps il fut gouverneur de la ville de
Bonn. De son mariage avec Jeanne de Fraikin il eut
deux fils : Guillaume-François, qui devint échevin et
bourgmestre de Maestricht, où il s'était établi et Maxi-
milien-Henri-Daniel, qui avait épousé une fille de Guil-
laume de Blockhouse, ancien bourgmestre de Liège.
Un fils de Maximilien-Henri-Daniel, qui, lui aussi,
avait pris la carrière des armes, mourut colonel en
Bohême. Une sœur de ce dernier s'était mariée à son
cousin germain, Maure, fils du bourgmestre de Maes-
tricht. De ce mariage naquirent deux filles, mariées
l'une à un Fouarge, l'autre à un Dodémont ; avec elles
disparurent vers i83o les derniers représentants de
cette ancienne famille visétoise.
Au partage des biens, qui suivit leur décès, la
famille Horion de Visé eut dans sa part la belle collec-
tion de portraits de famille, qui appartient maintenant
à M. le docteur Horion de Liège. On y trouve les
portraits de plusieurs de Charneux et de Requilé, dont
il est question dans ces courtes notices.
Comme plusieurs autres théologiens du pays de
Visé, Joseph- Dieudonné Cachard de Rissac acquit une
certaine célébrité à cause de ses opinions jansénistes et
des difficultés quelles lui attirèrent. Bachelier en théo-
logie de l'université de Louvain, il devint curé dans
le Tournaisis. Ses idées hétérodoxes l'obligèrent à se
retirer à Douai, puis à Paris, où il mourut en 1763
laissant plusieurs volumes manuscrits. Son enterre-
ment fut l'occasion d'une imposante manifestation des
adhérents aux doctrines de Jansénius (1).
Visé fournit, dans l'abbé B. de Saive, au célèbre
(1) Bec-de-Lièvre, t. II, p. 441, passim.
— 172 —
abbé de Feller 1 un de ses principaux collaborateurs
au Dictionnaire historique et au Journal historique et
littéraire. De Saive est l'auteur de plusieurs ouvrages
anonymes, entre autres d'une Géographie classique et
d'une édition revue de la Géographie universelle du
P. BuflSer, publiées l'une en 1784, l'autre en 1786 (i).
En 1826, mourut Laurent Lefebvre, jeune peintre
élève de David, né à Visé et qui se fit remarquer par
plusieurs ouvrages qui promettaient un talent distin-
gué, s'il n'avait été victime dune mort prématurée que
l'on attribua principalement à un travail excessif qui
avait épuisé ses forces.
On distingue parmi les compositions de ce jeune ar-
tiste le portrait en pied du roi des Pays-Bas. Ce tableau
largement peint est d'un bel effet et d'une touche moel-
leuse, le dessin en est très correct et la pose pleine de
noblesse. Lefebvre avait fait une étude particulière du
style de Rubens et de Paul Véronèse; il reproduisait
avec succès les principales qualités de ces grands
maîtres (2).
Le portrait du roi Guillaume Ier ainsi que celui de
la reine, son épouse, sont au musée de peinture de la
ville de Liège (nos 98 et 99). On connaît également de
Lefebvre un beau portrait de la célèbre Catalani, can-
tatrice italienne.
IX.
OBJETS D'ART ET D'ANTIQUITÉ.
LA CHASSE DE SAINT HADELIN (3).
« La châsse de saint Hadelin » dit Téminent ar-
chéologue français, Charles de Linas, « est un monu-
(i) Ulysse Capitaine, Recherches historiques et bibliographiques sur
les journaux et les écrits périodiques liégeois, p. 107.
(2) Bec-de-Lièvre, t. II, p. 687.
(3) Charles de Linas, Exposition rétrospective d'art, Liège, 1881 ;
Chanoine Reusens, Catalogue officiel de l'exposition de 1881; Jos.
Demarteau, A travers l'exposition de l'art ancien au pays de Liège.
— 173 —
» ment hors ligne, témoignage irrécusable de la hauteur
» de conception et de l'habileté pratique que les cise-
» leurs du pays de Liège possédaient à l'aube du XIIe
» siècle. » Elle a la forme d'un sarcophage à toit aigu,
long de 1 m. 5o, large deo m. 34, haut de om. 54. Elle
est en argent, dorée en partie et chargée de quelques
ornements brun et or. La pièce est incomplète, elle ne
comprend que les quatre faces, flancs et pignons ; les
deux versants du toit, s'ils ont jamais existé, ont disparu
pendant la Révolution française. Chaque flanc com-
prend quatre tableaux en bas reliefs, séparés par des fûts
cylindriques et représentant les faits les plus marquants
de la vie du saint. Deux plates-bandes, l'une brune avec
ornementation or, l'autre or avec inscriptions brunes
encadrent les tableaux ; les inscriptions de la seconde
donnent le sens des sujets. Des légendes repoussées
dans le champ de chaque tableau nous font connaître
les principaux personnages. Les sujets des petites faces
sont symboliques : des inscriptions or et brun nous
révèlent également leur signification.
M. de Linas donne une description complète de
toutes les parties, avec les légendes et les inscriptions
de chaque sujet. Nous la [reproduisons presqu' intégra-
lement.
« Première face, n° 1. Miracle de la colombe. Ha-
» delin étendu par terre, dort profondément ; sur sa tête
» plane une colombe nimbée (le Saint-Esprit) au milieu
» de nuages d'où sort une main rayonnante. Remacle,
» tenant un livre, est assis en face de son disciple; derrière
» lui un moine debout. Légende de bordure: Ipsa. co-
» lumba. docet. meritis. quitus, ipse. refulget. Inscrip-
» tions du champ : S. Remaclus, S. Hadelinus. » Saint
Remacle et saint Hadelin firent un pèlerinage à Rome
au tombeau des apôtres Saint-Pierre et Saint- Paul. Re-
venant de leur voyage, Hadelin, un jour s'était endormi
sur la dure, accablé de fatigue et de sommeil. Pendant
qu'il dormait, son compagnon, qui veillait près de lui,
— 174 —
vit une colombe d'une extrême blancheur apparaître
au-dessus de Hadeiin et étendre les ailes pour en cou-
vrir sa tête. Quand le saint se fut réveillé son maître
lui demanda s'il n'avait pas eu une vision pendant
son sommeil. Hadeiin avoua avoir eu l'apparition
d'une colombe et en demanda l'explication. Remacle
lui dit alors que Dieu avait voulu manifester la sain-
teté de son serviteur, il lui conseilla en conséquence
de ne plus retourner à Stavelot, mais d'établir lui-même
une nouvelle communauté dans un endroit qu'il lui
désignait. Hadeiin se retira dans une solitude, près de
Dinant. Tel est l'événement, rapporté par la tradition,
que donne cetta scène.
C'est à cause de ce fait que l'on représente toujours
saint Hadeiin muni de son bâton de voyageur et
accompagné d'une colombe. La main rayonnante qui
reparaît dans chaque scène, représentant un fait mira-
culeux, figure la toute-puissance divine.
A la suite de cet événement Hadeiin se retira, nous
l'avons vu, dans un étroit vallon près de Dinant. Il y
établit un oratoire dans le creux d'un rocher et cons-
truisit comme il put une cellule au pied de la mon-
tagne. Ses mortifications et ses vertus lui attirèrent
bientôt des disciples qui vinrent se mettre sous sa direc-
tion. Chaque ermite eut sa modeste habitation : l'agglo-
mération de ces cellules donna plus tard à l'endroit le
nom de Celles.
Le n° 2 représente une réception de disciples. « La
» scène se passe dans un lieu planté d'arbres, proche
» d'une église en style roman ; trois personnages dont
» l'un s'incline vers Hadeiin, se montrent à droite du
» tableau; le saint qu'un religieux accompagne, reçoit
» les nouveaux arrivants. Vires, dat. famulis. sancti.
» benedictiopatris. » L'église représentée par ce tableau,
ne serait-elle pas une reproduction de l'église romane
de Celles démolie seulement depuis quelques années?
La réputation de Hadeiin attira à Celles un grand
— 175 —
nombre de visiteurs de toutes conditions. Pépin de
Herstal, lui-même voulut voir le saint solitaire. Il se
rendit près de lui avec une suite nombreuse et profita
de cette circonstance pour donner au pieux cénobite
quelques terres des environs. Cette visite de Pépin de
Herstal fournit le sujet du n° 3 « Le puissant maire du
» palais, escorté de six guerriers, dont un écuyer tenant
» par la bride le cheval de son maître, porte les regalia
» brodés du XIIe siècle ; une flatterie posthume à
» l'adresse de ses héritiers lui a décerné la couronne
» et le globe crucigère. Hadelin, suivi d'un acolythe,
» fléchit le genou devant son illustre visiteur et montre
» le diplôme qu'il vient d'en recevoir. Paret. Pippinus
» decernit. jus. Hadelinus. S. Hadelinus. Pippinus :
» Rex. » Tous les tableaux nous donnent les costumes
de cette époque reculée ; celui-ci reproduit parfaite-
ment les costumes princiers et militaires de ce temps.
— « Pépin étale le costume princier : manteau retenu
» par une agrafe, tunique garnie par le bas de riches
» broderies, ceinture enrichie de pierres précieuses, et
» bottines elles-mêmes surmontées d'une sorte de col-
» lier de perles. Les hommes d'armes sont couverts
» des pieds au-dessus de la tête par une cotte de maille
» tombant jusqu'aux genoux : c'est sous ce costume
» que les soldats de Guillaume le Conquérant se ren-
» dirent maîtres de l'Angleterre et les croisés de Gode-
» froid des murs de Jérusalem (i). »
Quoique bien loin de lui, Hadelin ne pouvait oublier
son ancien maître; plus d'une fois sans doute il se ren-
dit à Stavelot pour recevoir ses précieux enseignements.
C'est une de ces visites que nous donne le n° 4. « Visite
» à Stavelot. Hadelin et deux moines implorent la
» bénédiction de Remacle assis sur un siège arrondi
» et godronné; près de l'abbé, on voit trois religieux,
» dont le plus en évidence tient un stylet à écrire et un
(i) Jos. Demarteau, A travers l'exposition de l'art ancien au pays
de Liège, p. 86.
— 176 —
registre. Le fond à gauche est occupé par les cons-
tructions romanes du monastère. Virtutum. meritis.
crescit. subjectio. mitis. S. Hadelinus. S. Remaclus. »
Pour perpétuer le souvenir de ces relations de leurs
saints fondateurs, deux chanoines de Saint-Hadelin
allaient tous les ans à Stavelot le jour de Saint-
Remacle pour y chanter les répons en chappe. Deux
religieux de Stavelot venaient faire la même chose le
3 février, jour de Saint-Hadelin ; cette louable cou-
tume a été interrompue par les guerres (4). »
Dieu manifesta la sainteté de son serviteur Hadelin
en accordant à ses prières des faveurs miraculeuses, les
trois tableaux suivants donnent trois miracles obtenus
de Dieu par le saint religieux de Celles. « Seconde face
y> n° i. Miracle de Franchimont. Le pays étant affligé
» par une extrême sécheresse qui avait tari les fontaines,
» ses habitants recoururent à l'homme de Dieu, pour
» obtenir de leau. Hadelin, dans l'attitude de la prière,
» plante son bâton (un tau) en terre et fait jaillir une
» source abondante ; une main divine issant d'un
» nuage, projette trois rayons lumineux sur le saint, A
» gauche des gerbes entassées et quatre faucheurs ; l'un
» porte une faucille, un second va se désaltérer, les
» gestes de tous expriment l'admiration. Mens. orat.
» munda nec. fit. mora prosilit. unda. S. Hadelinus.
» messores. Fons factus. » Cette scène, ainsi que la sui-
vante, sont d'après M. de Linas, le dernier mot d'un
talent parvenu à son apogée. Une fontaine à Franchi-
mont portait encore au siècle dernier le nom de saint
Hadelin, à qui elle devrait, d'après la tradition, son
origine merveilleuse. Peut-être ce nom a-t-il été con-
servé jusqu'à nos jours?
« N° 2. Guérison dune muette à Dînant. Hadelin
» appuyé sur une crosse très basse en forme de T, con-
» temple la malheureuse qui implore sa pitié. Trois
(1) Abrégé de la vie de saint Hadelin, 1788.
— 177 —
» personnages apparaissent à gauche. Ils joignent leurs
» supplications à celles de la dame prosternée ; au som-
» met du tableau une main rayonnante. La robe de
» l'infirme est ornée de limbes gemmées et de para-
» gaudes perlés ; des broderies rehaussent les tuniques
» des hommes. Corde, preces. solvit. et. linguae. vin-
» cula. resolvit. S. Hadelinus. Muta. Populus. » Ce qui
frappe le plus dans ce tableau, c'est l'expression éner-
gique donnée à la muette, agenouillée aux pieds de
Hadelin.
Les deux dernières scènes présentent des particula-
rités sur lesquelles il nous faudra revenir plus tard.
M. de Linas y observe une faiblesse relative et dit
que l'influence byzantine y est notoire. Les inscriptions
du champ sont d'un autre genre, donc aussi d'une autre
époque.
« N° 3. Résurrection de Gui\a. Au milieu d'une
» chambre nue, la morte couchée dans un lit placé sur
» le sol, tend à Hadelin le gant, symbole de la dona-
» tion, qu'elle lui fait de ses biens. En arrière du saint,
» un groupe de cinq personnages; on en compte sept;
» vraisemblablement des parents auprès de Guiza. Jam
» defuncta. manum. tendit. — non. sit tibi. vanum.
» — S. Hadelinus. — Turma fidelium — Gui\a de-
» functa. »
Pour l'intelligence de ce tableau nous raconterons
brièvement le fait qu'il représente. Une riche dame des
environs de Celles, nommée Guiza ou Wikza, avait une
haute idée de la sainteté de Hadelin. Guiza était deve-
nue malade et ses parents l'importunaient pour avoir
ses biens ; elle résista à leurs sollicitations et demanda à
voir le cénobite de Celles, à qui elle voulait laisser son
héritage. Elle mourut avant son arrivée; mais, aussitôt
qu'il approche du lit de la trépassée, Guiza ouvre les
yeux, lève la main et lui présente ses gants. Par cet acte
elle le constituait son héritier. La donation d'un bien
se faisait, en effet, de ce temps, par la tradition d'un
23
— 478 —
épi, d un gazon, d'un gant, etc. Les biens de la dame
consistaient, d'après la tradition, dans la seigneurie de
Scoville. Remarquons encore que dans ce bas-relief la
puissance divine, qui opère le miracle, n'est pas sym-
bolisée par la main rayonnante.
Le dernier tableau représente les obsèques de saint
Hadelin. « Le corps du saint enveloppé d'un linceul
» marqué d'une croix à la poitrine, repose sur un sar-
» cophage fenestré darcatures en plein cintre : à la tête
» et aux pieds six clercs en vêtements liturgiques. Deux
» parfont l'ensevelissement, trois portent des croix sta-
» tionales, l'encensoir et le bénitier; le prêtre officiant
» tient le rituel et le goupillon. Huit spectateurs sans
» rôle marqué assistent en outre à la cérémonie. //.
» felix. anima, sursum. cum. corpus, ad. ima. Transi-
» tus Sancti Hadelini. » D'autres parties de la châsse
nous donnent une idée des costumes de l'époque ; ici
on trouve une reproduction exacte du mobilier d'église
de ce temps. L'encensoir et les croix stationales res-
semblent entièrement aux croix et aux encensoirs ro-
mans, dont quelques échantillons ont été conservés
jusqu'à nos jours.
Comme on le voit, la châsse reproduit, gravée sur
le métal, la partie la plus intéressante de la vie de saint
Hadelin.
Les pignons, nous l'avons dit, contiennent des sujets
symboliques. Un des deux réprésente le Christ debout,
couronnant saint Remacle et saint Hadelin dans la
même attitude à côté de lui. En-dessous de la scène on
voit les noms des deux saints. Une légende en bordure
donne le sens du sujet : « Victores mundi preclaros
» laude triumphi. Hos diadema cluens circumdat ver-
» tice candens (a). » L'autre petite face contient le Christ
vainqueur. « Il est imberbe, sa tête est ceinte du nimbe
(i) Dans une des réparations qu'a subies la châsse, une partie de
l'inscription qui devait orner un des pignons, a été, comme le fait
remarquer M. Demarteau, appliquée sur l'autre.
— 179 —
» crucifère, son costume consiste en une courte tunique
» sous une cotte de maille et un paludamentum (man-
» teau). La main droite s'appuie sur une longue hampe,
» la gauche tient un livre ouvert aux feuillets illustrés
» de Y alpha et de Voméga, l'aspic et le basilic, foulés
» par le Sauveur, se débattent en vain sous le talon qui
» les écrase. » En-dessous : « Dns potens in prelio; »
autour : « Belliger insignis tibi sic b as i lise us et aspis
» subdolus atque leo subeunt rex in cruce passo. »
Tous les auteurs qui se sont occupés de la châsse
de Saint-Hadelin sont unanimes à reconnaître sa haute
valeur artistique. Nous avons déjà donné quelques
appréciations de M. de Linas. M. le chanoine Reu-
sens, professeur d'archéologie à l'université de Louvain,
dit « quelle est un chef-d'œuvre de ciselure en ronde
» bosse. » Il ajoute « qu'il est extrêmement rare de
» rencontrer des hauts reliefs de cette époque, présen-
» tant autant de correction dans le dessin, de mouve-
» ment dans les scènes et de talent dans le groupement
» des personnages (i). » Enfin, M. Jos. Demarteau
n'hésite pas à dire que, malgré l'absence de certaines
parties et le délabrement des autres, « elle est, pour les
» archéologues, la pièce capitale de la partie religieuse
» de l'exposition (2). »
Ces auteurs sont aussi d'accord pour placer au xic
ou xne siècle la date à laquelle la châsse aurait été fabri-
quée, mais ils tombent dans une assez grande divergence
d'opinion pour l'ordre chronologique dans lequel les
différentes parties auraient été exécutées.
D'après M. de Linas « les flancs dus à un premier
» artiste, ont été l'objet d'un long enfantement, » leurs
plus anciens tableaux seraient Guiza et les obsèques,
les derniers auraient été achevés en 1125 ou environ.
« Un second orfèvre cisela les pignons et peut-être le
(1) Reusens, Catalogue officiel de l'exposition de 1881,
(2) Jos. Demarteau, A travers l'exposition de l'art ancien.
— 180 —
» toit perdu ; la peinture des légendes, les accessoires,
» l'ajustage définitif des membres, doivent remonter à
» n5o. »
M. Reusens considère « les petites faces comme
» plus anciennes que les longs côtés; elles pourraient
» bien remonter au milieu du XIe siècle, si pas plus
» haut encore. Pour les autres parties de la châsse les
» lettres accusent le XIIe siècle. »
M. Demarteau est du même avis : * Une première
» main, au début du XIe siècle, aurait ciselé les petites
» faces ou pignons, la deuxième, dans le suivant sans
» doute, aurait traité les reliefs des longs côtés et l'or-
» nementation générale. »
Après avoir reproduit ces opinions diverses, que
les auteurs appuyent de considérations tirées du carac-
tère épigraphique des légendes et de la ciselure plus ou
moins rude et archaïque des figures, nous nous permet-
trons d'ajouter quelques réflexions qui nous sont venues
en étudiant la châsse.
Les deux scènes de Guiza et des obsèques se res-
sentent de l'influence byzantine, ce qui, aux yeux de
M. de Linas atteste qu'elles sont plus anciennes. Les
inscriptions de leur légende sont différentes aussi et
accusent également l'antériorité des sujets. Enfin tous
les tableaux, qui contiennent un fait miraculeux,
figurent la puissance divine par une main rayonnante,
la scène de Guiza seule n'a pas cette représentation
symbolique. Cette triple différence semble incompatible
avec l'hypothèse d'un seul auteur pour tous les tableaux
des deux flancs.
La forme archaïque des pignons, la faiblesse d'exé-
cution des obsèques et de Guiza, ainsi que leur épigra-
phie plus ancienne, l'influence byzantine que M. de
Linas reconnaît pour un des pignons et pour les deux
dernières scènes semblent donner quelque raison à
l'hypothèse d'un même auteur pour ces différentes par-
tics et d'un second pour les autres. Les preuves qu'on
- 181 -
tire des caractères épigraphiques des bordures ne sem-
blent guère consistantes, il paraît assez probable que
ces détails ont été exécutés en dernier lieu par une
même main. M. de Linas explique parfaitement la dif-
férence des légendes des pignons et des flancs, par le
manque d'espace pour les premières.
Dans le plus ancien registre de la prévôté, qui nous
soit parvenu, on rencontre, à la première page, la copie
« d'un mémoire très ancien en latin, très difficile à
» lire (i) » qui fut trouvé dans la châsse lorsqu'on l'ou-
vrit en 1413. En voici le texte :
Ossa Beatissimi Hadelini confessons jacent in isto pheretro et
fuerunt posita et clausa in hoc lôco anno doicae incarnationis sep-
tingentesimo quarto indictionequarta décima quinta calendas Junii.
Noa autem hominum qui interfuerunt Watonis episcopus, Beronis
abbas, Joes praepositus, Amandus custos, Larifridus, decanus sta-
bulensis cum capilo et conventu eccliae Cellens.
D'après les anciens chanoines de Visé (2) ce « mé-
» moire » date de 704 ; il aurait donc été fait à l'occa-
sion de l'élévation des reliques de saint Hadelin sur les
autels, quelques années après la mort du saint. Or, cette
interprétation est impossible ; à cette date saint Hubert
était évêque et les dignités énumérées dans le billet
n'existaient pas encore toutes à cette époque. Watho, ou
Wazon, évêque vers 1040, fut témoin du fait, dont on
voulut conserver le souvenir. Quel est cet événement
assez important pour appeler la présence d'un évêque?
Ne serait-ce peut-être pas le placement des reliques dans
la nouvelle châsse « jacent in isto pheretro? » Et aurait-
on par les mots : « fuerunt posita et clausa in hoc loco
» anno 704 » voulu rappeler l'élévation du saint sur
les autels? Mais dans cette hypothèse, on se trouve
devant une nouvelle difficulté. Dans la liste des doyens
de Stavelot, on ne rencontre pas Larifridus, contempo-
(1) Abrégé de la vie de saint Hadelin, 1788.
(a) Abrégé de la vie de saint Hadelin, 1788.
— 182 —
rain de Wazon. Le seul doyen dont le nom ressemble à
celui du « mémoire » est Lanfridus, qui vécut vers 700.
Le texte ne peut donc pas être authentique. A nos
yeux il donne, concernant les reliques et la châsse, la
tradition très ancienne du chapitre, mais déjà fort alté-
rée à l'époque où il fut écrit, et même tellement altérée,
qu'elle confondait deux faits distants de plusieurs siècles.
Si peu exacte quelle soit, cette tradition fait intervenir
levêque Wazon dans un événement important de l'his-
toire des reliques de saint Hadelin. Pourquoi, encore
une fois, cet événement ne serait-il pas le placement
des restes du saint dans la châsse nouvelle?
D'après M. de Linas « les flancs auraient été l'objet
» d'un long enfantement et cependant leurs derniers
» tableaux auraient été achevés en 1125. » M. Reusens
dit que les petits côtés pourraient bien remonter au
milieu du XIe siècle. M. Demarteau est du même avis.
En présence de ces affirmations et des hésitations
et des contradictions des auteurs, la tradition qui met
Wazon, mort vers io5o, en contact avec les reliques de
saint Hadelin dans un moment solennel, acquiert une
certaine vraisemblance, et Ton est porté à admettre que
la châsse fut achevée pour la plus grande partie du
moins, sous le pontificat de ce prince-évêque.
On n'arrivera peut-être jamais à déterminer exacte-
ment l'époque qui nous donna ce chef-d'œuvre. Quant
aux artistes, auteurs de cette merveille, on peut suppo-
ser avec raison que la châsse de Visé, comme la cuve
baptismale de Saint-Barthélémy à Liège, qui date de la
même époque, est l'œuvre de ces maîtres célèbres qui
donnèrent à la ville de Dinant, voisine de Celles, une
si grande réputation artistique.
La châsse de saint Hadelin a toute une histoire :
faite pour la communauté de Celles, elle fut transférée
à Visé en i338. En 1467, les chanoines de Visé pré-
voyant une attaque de la ville par les troupes de
Charles-le-Téméraire, mirent la châsse à l'abri dans
— 183 —
la forteresse cTArgenteau ; malheureusement celle-ci fut
à son tour assiégée et prise d'assaut. La châsse fit partie
du butin des Bourguignons, qui la transportèrent à
Liège. Elle allait être envoyée dans les Etats du Té-
méraire, lorsque les chanoines parvinrent par leurs
supplications à fléchir le gouverneur que le duc avait
laissé à Liège. Celui-ci, après avoir fait ouvrir le reli-
quaire, le renvoya à Visé. Ces faits ont donné lieu à
une opinion erronée d'après laquelle la châsse aurait
été cachée au château d'Argenteau pendant la Révolu-
tion française : cette erreur est le résultat d'une confu-
sion de dates. En i6y5, en présence des menaces des
troupes hollandaises de Maestricht, les chanoines se
réfugièrent à Liège avec les restes de leur saint fonda-
teur qu'ils déposèrent dans l'église de Saint-Barthélémy.
Ils y restèrent pendant trois mois. Sous la domination
française du siècle dernier, les reliques de saint Hade-
lin furent cachées à Visé, d'après les uns dans le double
plafond d'une maison de la rue Haute, d'après d'autres
dans le fenil d'une ferme qui existait alors dans la
même rue.
La conservation intacte de la châsse, comme de la
plus grande partie des reliques qu'elle contient, s'ex-
plique par la piété profonde dont elles furent entourées
par les disciples de saint Hadelin. Ce ne fut que dans
des circonstances tout à fait exceptionnelles qu'ils se
permirent d'ouvrir le précieux coffre.
La châsse était restée fermée pendant plus de deux
siècles, lorsque, en 1696, les religieux d'Orval deman-
dèrent une relique du saint pour le couvent qu'ils ve-
naient de fonder à Cugnon, dans l'endroit que Hadelin
avait sanctifié par les plus austères pénitences. Le cha-
pitre accueillit cette demande et résolut d'ouvrir le reli-
quaire.
Le prévôt Jean Lambertin rapporte le fait en ces
termes : « Secretissime, missa conventuali finita caplum
» intravimus instrumentisque necessariis per confratres
- 184 —
» comparatis luminaribusque accensis ea qua potui-
» mus devotione, feretrum aperuimus, quod ab anno
» 1467 manserat clausum. Primo intuitu apparebant
» linteamina alba plura, primum circumvolutum ex-
» traxi, in quo erant quaedam vestes valde tritae et
» laceratae ex serico contextae, quas putavimus tuni-
» cam aut casulam in quibus sacrum corpus fuerat
» inhumatum deinde duobus aliis linteaminibus expli-
» catis patebant ossa sacra non solum intégra et solida,
» verum quasi recentiora, quibus per aliquod spatium
» reverenter et cum summo gaudio consideratis, de-
» sumpta fuit una costula praetacto monasterio mit-
» tenda per unum suorum religiosorum , sacerdote
» comité il li adjuncto, cum capituli diplomate super
» hoc confecto, sigillato et signato ad perpetuam rei
» memoriam (i). »
On croit généralement que la châsse avait jadis un
toit à deux versants, en argent, d'un travail semblable
à celui des faces, et Ton dit que cette partie du chef-
d'œuvre disparut, on ne sait comment, pendant la
Révolution française ; il se pourrait bien qu'ici les
archéologues accusent la Révolution d'une faute artis-
tique quelle n'a pas commise. Dans le registre du
prévôt Lambertin, que nous citions plus haut, on lit
qu'en 1696, une dame avait l'intention « exornandi
« cooperturam feretri panno pretioso » et plus tard,
(le caractère est différent), sans doute après la confec-
tion de l'ornement, on ajoute « ex holoserico coloris
» rubri, aureis fimbriis circumdato. » Il semble que
cette draperie devait servir plutôt à remplacer qu'à
cacher une partie du reliquaire.
La piété dont les chanoines entouraient leur pré-
cieux trésor, nous dit assez qu'ils n'accordaient que
rarement des reliques de leur saint patron.
Un bras avait été détaché déjà à Celles pour l'abbaye
(1) Archives de la paroisse.
- 48î>-
de Stavelot, où saint Hadelin avait vécu avec saint
Remacle. Humbrecourt, qui leur fit rendre la châsse
en 1467, obtint des chanoines une partie de l'autre
bras. Quelques autres reliques furent accordées à l'église
de Celles, à la cathédrale et à l'église des Dominicains
à Liège, dans laquelle Charles-le-Téméraire avait fait
déposer le reliquaire.
En 1413, du consentement de l'évêque, on tira de
la châsse la tête du saint avec un corporal, dont il
s'était servi, pour la placer dans un buste séparé (1).
Ce buste, moins riche sans doute, fut remplacé en 1654
par celui en argent, qui existe encore et dont nous par-
lerons plus loin.
Le jubilé de saint Hadelin, célébré en 1888, nous a
permis de contempler et de vénérer les reliques du saint.
Dans le buste on a retrouvé avec le corporal dont
nous parlions tout à l'heure, toute l'ossature de la tête,
sauf la mâchoire inférieure. Le crâne a conservé toute
sa solidité et sa dureté, les parties inférieures plus
tendres ont souffert davantage et s'émiettent lentement,
la mâchoire supérieure conserve encore une dent en
bon état. Contrairement à la croyance générale des
Visétois, la châsse contenait une quantité considérable
de reliques : on y a remarqué quelques ossements des
bras et jambes, plus des côtes, doigts et autres osselets.
A côté de ces reliques précieuses se trouvaient des
objets, qui, d'après une tradition constante, ont appar-
tenu au saint. Ce sont un peigne liturgique, une étole, un
corporal et les gants que Guiza donna à saint Hadelin.
Le peigne, en ivoire jauni par le temps, mesure
12 centimètres de long sur 10 centimètres de large.
Il est double, d'un côté plus fin que de l'autre. Le
milieu est sculpté sur les deux faces d'une façon simple
mais gracieuse. Chaque face comprend trois globes
reliés et encadrés par des ornements très simples. Les
(1) Abrégé de la vie de saint Hadelin, 1788.
24
- 186 —
trois globes d'un côté contiennent des croix pattées; les
deux globes extrêmes de l'autre côté entourent des croix
semblables, celui du milieu représente la colombe,
symbole de saint Hadelin.
L'étole est un tissu en soie long de 1 m. 5o, large de
4 1/2 centimètres. Le fond du tissu est blanc; les orne-
ments sont d une couleur pourpre et représentent des
dessins réguliers encadrant des fleurs et des monstres
fantastiques. Si nous ne craignions d'être trop hardi,
nous dirions que c est un tissu byzantin. Les franges
très riches sont en fils d'or et de pourpre.
Le corporal en toile est usé, gris et tacheté.
Les gants sont en peau de chamois et ont en lon-
gueur 33 centimètres ; leur forme montre qu'ils étaient
destinés à couvrir la main et une partie de l'avant-bras.
Des connaisseurs pourraient, par une étude détaillée
de ces objets, ajouter à la tradition une nouvelle preuve
de leur authenticité : nous nous contenterons de leur
seule inspection pour les considérer comme des raretés
archéologiques et de la seule tradition pour les accepter
comme reliques.
Les Visétois ont, de tout temps, vénéré les restes
précieux de saint Hadelin et invoqué sa puissante pro-
tection.
Lorsqu'en 1675, les chanoines, après leur fuite à
Liège, ramenèrent le corps du saint en triomphe, « il fut
» reçu en procession solennelle au fauxbourg de Sou-
» vré, où le peuple assemblé pour le recevoir, rendit
» des actions de grâces à Dieu jusques dans l'Eglise,
» pendant que les principaux de la ville, qui s'empres-
» soient d'avoir l'honneur de le porter tour-à-tour mar-
» quoient leur zèle et leur piété par leurs exclamations :
» les feux de joie et le bruit des armes retentissait de
» toute part (*). »
Sous la Révolution française, les Visétois parvinrent
(1) Abrégé de la vie de saint Hadelin 9 1788.
— 187 —
à soustraire la châsse aux perquisitions des républicains
et, immédiatement après la paix religieuse rétablie, la
rapportèrent solennellement à 1 église.
Nous ne parlerons pas du jubilé de 1888, dont les
Visétois, qui en furent témoins, garderont un impéris-
sable souvenir.
Cette dévotion envers saint Hadelin a toujours été
accompagnée dune grande confiance dans sa puissante
protection. Des faits comme celui-ci, relaté dans un re-
gistre de l'écolâtre Guillaume Lecoq, à la date d'octobre
1730, étaient bien capables de l'entretenir et de la forti-
fier. Un certain « Borret, marchant, demeurant proche
» du pont des Arches à Liège avoit deux jeunes enfants
» tellement perclus qu'il les falloit continuellement por-
» ter ne pouvant marcher ni aucunement se tenir de-
» bout sur icelles, il eut recours à S. Hadelin, notre
» bienheureux patron, par une neuvaine qu'il fit faire
» à l'honneur de ce saint pendant laquelle on apportoit
» à l'église tous les jours les enfants sus-dits, à peine la
» neuvaine fut finie, qu'ils ont récupéré la force dans
» leurs jambes et ont ensuite marché comme s'ils na-
» voient jamais rien eut et c'est pour cette grâce du ciel
» qu'il nous a fait présent d'un très beau et entier orne-
» ment de damas vert pour la messe consistant en cha-
» subie, tunique, dalmatique et devant d'autel avec
» toutes autres choses, qui en dépendent. »
L'église de Visé possède encore deux ornements
verts assez anciens ; un des deux est peut-être le cadeau
de reconnaissance du marchand liégeois.
En outre de la châsse, dont nous venons de parler,
l'église de Visé possède encore différents objets anciens,
qui passent assez inaperçus parce qu'ils se trouvent à
côté d'une véritable merveille artistique. Nous les clas-
serons par ordre de matières, en plaçant chaque fois
en premier lieu ce qui a paru à l'exposition rétrospec-
tive de 1 88 1 .
— 188 —
Orfèvrerie. i° Buste ou chef de saint Hadelin, en
argent repoussé et ciselé. Il repose sur un dé octogone
allongé, dont chaque côté est couvert d'une plaque
d'argent, percée, au centre, d'une ouverture elliptique
servant d'habitacle à des reliques.
Le saint est représenté revêtu du costume abbatial.
La tête, dont les carnations sont peintes, porte une cou-
ronne composée de rosaces d'argent avec boutons d'or.
Inscriptions : R. D. JOES. BLOCQUERIE. HUJUS ECCL*
CANC. CANTOR. PBR. JUBILARIUS. D. D. AN° l654- Le
donateur, revêtu de la chape et portant le bâton dit
de saint Hadelin, surmonté de la colombe symbolique,
est représenté agenouillé et de très petite taille, sur le
devant, au bas du buste (4).
Longueur de la base 64 centimètres, hauteur 70
centimètres.
Ce buste renferme le chef de saint Hadelin, qu'on
voit dans une ouverture pratiquée au milieu de la ro-
sace qui couvre la tête du buste.
20 Lutrin pélican en laiton. L'oiseau a trois petits
à ses pieds. Les deux bandes sur lesquelles repose direc-
tement le livre sont travaillées à jour : la supérieure a
pour motifs deux Jmonstres affrontés ; l'inférieure des
ornements flamboyants. Ce lutrin est placé sur un pié-
destal carré en marbre.
La plinthe cafrée porte les armes du donateur avec
ces mots : d. petrvs. rochart. canonic. et. can-
TOR HVJVS ECCLIE ME DEDIT ET FIERI FECIT ANNO
i5gi.
Hauteur 80 centimètres, largeur 83 centimètres.
3° Lutrin ou estapliel en laiton, ayant une base
carrée; la tige en forme de balustre terminée par une
statuette de la Vierge avec l'Enfant entourée d'une au-
réole rayonnante. Le pupitre est découpé à jour. L'ins-
cription de la plinthe dit: ad majorem dei gloriam.
(1) Reusens, Catalogue officiel de V exposition de Î881.
— 189 —
D. JOES BLOCQUERIE CANONICVS ET CANTOR HVJVS
ECCLESLE POSVIT A0 DNI 1Ô23.
Ce lutrin et le buste de saint Hadelin, dons du
même chanoine, sont des témoignages manifestes de
sa foi et de sa munificence.
Hauteur 1 m. 18.
40 Deux plateaux en cuivre ou laiton repoussé et
ciselé, d'un travail assez délicat. Les ornementations
sont de leur époque. Inscription : Jacques piron
OVRii 1699.
5° Pyxide en argent pour porter le Saint Sacre-
ment aux infirmes, pédiculée, à formes quadrangu-
laires, le couvercle représentant une pyramide à base
carrée. Les ornements consistent en arabesques. Ins-
cription : donne, pour dieu. 1619.
6° Ciboire en argent repoussé et ciselé. Pied rond ;
coupe décorée de feuillages et de rinceaux. Le cou-
vercle ornementé de la même manière est surmonté
d'une couronne ajourée au milieu de laquelle se dresse
une croix mobile. Inscriptions : ad usum altaris
PAROCH. VISET. DlA CATH. LIBOT. RELICTA. HERMANI
DE MARETS. PRAETORIS VISETENSIS. DEDIT. PLEBANO
VISETEN. AD OPUS SUAE PAROCHIAE. IN MEMORIA
PETRI. SUI FILI1. A° 1643.
Sculpture. L'église de Visé n'est guère riche en
fait de sculptures anciennes.
Nous avons déjà parlé des boiseries de la sacristie,
de même que du médaillon de la pierre tombale de
Denys de Charneux qui pour la sculpture constitue ce
qu'on y trouve de meilleur. Le monument en marbre
élevé par le chanoine de Sluse à la mémoire de ses
parents est d'une grande faiblesse d'exécution. Il repré-
sente saint Martin donnant l'aumône à un estropié.
La statue se trouve placée dans une arcature en style
renaissance. Au-dessous du monument se trouve l'ins-
cription suivante, que de Sluse avait composée :
— i90 —
S. Martino epo
hujus oppidi tutelari
et memoriae
parentum suorum. dilec. desider.
Renati de Sluse hujus oppidi Graffarii et
Catharinae Walteri conjugum
Renatus Franciscus de Sluse
canonicus Leod. abbas Ammaniensis
h. m. t. e. c.
vixit ille A. LXXXI. M. II. D.XX.
obiit XIV oct M. DC. LXXII.
haec vero A. LXXVIII. M. IIII. D. XV.
obiit XXX may M. DC. LXXIII.
La chaire de vérité paraît appartenir au siècle der-
nier. Elle est d'un travail assez délicat. D'après une
tradition cette chaire et celle de l'église Notre-Dame à
Maestricht seraient du même sculpteur, qui ne fit que
ces deux ouvrages et mourut misérablement.
Peinture. On trouve dans l'église de Visé une dou-
zaine de tableaux anciens, qui, au dire des connais-
seurs, sont de peu de valeur.
Sceaux. Quelques parchemins de l'église, prove-
nant de l'ancien chapitre, ont gardé leurs sceaux. Le
mieux conservé et le plus intéressant est celui d'Adolphe
de la Mark, i338, qui se trouvait à l'exposition liégeoise
de 1881. Un autre, plus petit, attaché à un document
de 1371 pourrait bien être celui de Jean d'Arckel. Quel-
ques fragments nous permettent de reconstituer en par-
tie l'ancien sceau de l'église de Visé : forme elliptique,
grandeur moyenne. Saint Hadelin debout en costume
monastique occupe le champ. Légende : SIGILLUM (ou
sic secr) eccl. viset.
L'étude de quelques autres sceaux de moindre im-
portance ne serait pas sans intérêt pour les amateurs
de la sphragistique.
Reliques. Outre les restes insignes de saint Hade-
lin, on trouve encore dans l'église de Visé, quelques
reliques bien précieuses.
— 491 —
Une parcelle de la vraie croix, vénérée comme
authentique, mais dont nous ignorons la provenance.
Une relique ex crinibus B. M. V. envoyée de Rome
en 1737 à Gérard Sacré par son frère Joseph-Marie,
religieux Chartreux dans un couvent romain. Gérard
Sacré en fit don à la chapelle de Lorette où elle fut
exposée à la vénération des fidèles avec l'autorisation
du vicaire-général de Rougrave. Maintenant elle est
déposée à 1 église où elle est vénérée le i5 août.
Différentes autres reliques sont encore conservées
dans la base du buste de saint Hadelin ou dans des
reliquaires séparés. Une de celles qui sont contenues
dans le buste demande un mot d'explication ; elle est
désignée sous cette forme : de lacté B. M. V. ; une tra-
duction littérale de ces mots donnerait un sens impos-
sible. « Ces parcelles proviennent, » dit un auteur fran-
çais, « d'une pierre située près de la maison de Naza-
» reth, sur laquelle, d'après la tradition, la sainte Vierge
» s'asseyait souvent pour allaiter l'enfant Jésus. »
Les deux compagnies des arbalétriers et des arque-
busiers ont été assez heureuses pour conserver les an-
ciens colliers ou garlandes que les rois du tir portaient
comme insignes aux grandes fêtes de la société.
Ces deux joyaux se composaient anciennement d'un
oiseau ou papegay (du flamand papegaai, perroquet)
en argent qu'on suspendait au cou au moyen d'une
chaîne également en argent.
« L'oiseau des arbalétriers semble, » dit M . Reusens,
« remonter à la fin du XVe siècle; » il porte autour du
cou un collier avec l'inscription : von Weset bin, en
lettres gothiques, et tient dans le bec une petite arbalète.
Celui des arquebusiers, un peu plus gros que le
premier, lui ressemble assez bien. M. Reusens le fait
également remonter au XVe siècle, ce qui est peu pro-
bable puisque cette compagnie ne fut établie qu'en 1579.
Le roi des arbalétriers recevait le jour du tir un
Saint-Georges de la valeur de 3 florins Brabant qu'il
— 192 —
devait porter au cou, sa vie durant, a temps de la trai-
rie et a Sacrement. Un roi des arbalétriers eut l'idée
de fixer son Saint-Georges sur la chaîne du collier
au moyen d'un médaillon portant le Saint-Georges au
milieu et une inscription au bord. Plusieurs rois imi-
tèrent cet exemple, la compagnie elle-même ajouta
quelques médaillons et ainsi la chaîne se trouva après
quelque temps chargée de quinze médaillons. Quatorze
de ceux-ci restent encore. Le plus ancien a été enlevé ;
on a fixé le Saint-Georges (de 1572) sur une croix pattée
moderne. Cette décoration appelée crachat du roi fut
ainsi arrangée au commencement de ce siècle, pour
être portée par le roi du tir comme les Saint-Georges
l'avaient été par ses devanciers.
Le collier des arquebusiers s'est formé de la même
manière. Nous croyons inutile de donner une descrip-
tion détaillée de ces placards ; on peut la trouver dans
la brochure de M. Mathieu, Les arbalétriers et les
arquebusiers de Visé, page 24.
La compagnie des arbalétriers possède en outre
quatre vieilles arbalètes de luxe couvertes de plaques
d'ivoire gravées. Une porte le nom de « duc d'Albe. »
Elle fut donnée à la compagnie par le gouverneur
espagnol qui, en i568, vint à Visé et assista à un tir
à l'oiseau organisé en son honneur.
La ville de Visé, elle aussi, est propriétaire de
quelques objets intéressants. Ils ont été déposés au
musée provincial et les principaux ont figuré à l'ex-
position liégeoise : ce sont deux sceaux de la ville
en argent, dont le plus grand date de 1704, et deux
clefs en argent ciselé, attachées par une chaînette et
portant toutes les deux, l'inscription : LA VILLE de
visé 1574.
Quelques particuliers possèdent d'anciens portraits :
citons ceux d'un de Walef, de Maximilien de Char-
neux, du cardinal de Sluse, etc.
— 103 —
X.
COMMERCE ET INDUSTRIE.
D'après la tradition, la foire de Visé doit son origine
à Charlemagne ou à sa fille; en tout cas elle est fort
ancienne. M. Demarteau dit que « vers 85o, Visé est
» signalé comme un marché important (4). » En 983
l'empereur Othon II accorda à l'église de Liège le droit
de tonlieu de cette foire « mercati teloneum in villa
» Viesato ex coemptione animalium vel ex omni génère
» tam vestium quam ferri et metallorum (2). » Ces mots
nous donnent une idée de l'importance de ce marché,
importance qu'il conserva pendant deux siècles. D'après
une légende, rapportée dans les Gesta Pontificum Léo-
diensium, les moines de Saint-Laurent envoyèrent, en
io3o, un des leurs à la foire de Visé, pour y acheter
le drap nécessaire au couvent. Vers 1200 le marché de
Visé commença à perdre de sa vogue (3). La meilleure
explication de ce fait pourrait bien se trouver dans
l'importance qu'avaient acquise alors les deux villes
de Maestricht et de Liège qui devenaient des centres
d'une activité et d'un commerce dont la petite ville de
Visé devait souffrir. Peut-être aussi le tonlieu que les
seigneurs d'Eisden et d'Argenteau établirent sur les
bateaux passant devant leurs seigneuries, nuisit-il à la
foire de Visé en entravant les relations. Enfin la dispa-
rition du pont de Visé, au commencement du XIIe siècle,
peut avoir contribué à cette déchéance parce que la
voie de Tongres à Aix-la-Chapelle par Visé cessa d'être
un chemin de grande communication à la suite de ce
désastre.
Plus tard les Visétois essayèrent à différentes re-
prises de restaurer leur antique marché ; ils obtinrent
(1) Jos. Demarteau, A travers l'exposition de l'art ancien, p. 58.
(2) Amplissima collectio, t. I, p. 532.
(3) Henaux, Bulletin de l'Institut archéologique, t. I, p. 365.
25
— 194 —
même à cet effet des privilèges des princes-évêques
Erard de la Mark et Georges d'Autriche.
Voici ce que porte le privilège du premier, daté de
1534:
D'après l'humble supplication de nos tres-chiers et bien aimez
burghemestrez etc de Viseit que du passeit Ton y solloit tenir chas-
cun mercredej de lan marchie et environ lascension notre seigneur
une grande feste marchande durante plusieurs jours ; mais que les-
dis marchié et feste sont presque amuncilées (annihilées ?) et hors
mémoire d'hommes. Le prince, pour sur ce pourveoir, désirant le
bien, proffitz, utilité des susdits suppliants ensemble l'honneur,
augmentation et fortification de la dite ville — establit et ordonne
renouvant et remettant le marchié de chascun mercredy de lan et
deux festes et foires franches. Il fixe la première desdites festes à la
feste de la présentation de Notre-Dame a mois de novembre et la
deuxième le lundi devant le dimanche laetare en quaresme. — Afin
ung chascun se puisse franchement trouver es dites deux festes et
mercredi en nostre ville et haulteur dicelle et hanter venir et séjour-
ner, demourer et fréquenter aller et retourner il donne a ung chas-
cun et a tous bon, franc ferme et loyal saulff conduit de ce faire
lespace durant desdits mercredis et desdites festes et foires et des-
jours devant et après incontinent précédents et ensuyants, sains a
iceulx ny a aulcun deulx faire mettre ne donner, ny en biens, bes-
tialz ou aultres marchandises et denrées quelconcques empesche-
ments arrest ou destourbier aulcun — reserve touttes fois et excepte
nos ennemis et ceulx de nos pays et aultres attains et infectez de
villain cas et cas de crime et de hérésie.
En 1546, Georges d'Autriche confirme ces privilèges
accordés par son prédécesseur « reservant en ce son
» droit, haulteur et prééminence, » celles de l'église de
Liège et les privilèges de la cité et des autres bonnes
villes du pays.
Grâce à ces faveurs le marché de Visé reprit une
certaine vie; en i55o, le doyen Slenaken inscrivit une
recette sous la date du jour du marché. Toutefois,
loin de retrouver la vie florissante de jadis, il recom-
mença bientôt à languir et les appels et les proclama-
tions des Visétois ne purent lui rendre son importance
passée.
— 195 —
Plus tard, le pèlerinage de Lorette donna lieu à une
foire qui se tenait près de la chapelle le i5 août. Cette
foire, si modeste quelle fût, attira, nous l'avons vu,
l'attention et les défenses du gouvernement républicain.
Les Visétois ont voulu, ces dernières années, faire
revivre leur antique marché. Mais hélas! leurs efforts
sont vains ; jamais il ne sera que l'ombre de ce qu'il
a été.
Visé fut cependant toujours un petit centre de com-
merce où les habitants des villages voisins venaient
s'approvisionner et vendre une partie des produits de
leur culture.
Dans les anciens registres nous trouvons assez sou-
vent;la profession de marchand.
Le tableau des métiers et des différentes professions
qui ressortissaient de chacun d'eux, indique comme
commerçants : « les revendeurs de grains, les viniers,
» les marchands de selz et les revendeurs de bières,
» ou cabaretiers. »
Les revendeurs de grains s'attirèrent, en 1679, un
mandement spécial du prince-évêque : Visé avait une
ancienne mesure particulière plus petite que celle de
Liège d'un quart de setier sur le muid. Alors, comme de
nos jours, le commerce avait ses trucs. Les marchands
de Visé achetaient leurs grains à Liège et ailleurs à la
mesure de Liège et les revendaient chez eux à la mesure
de Visé. Des bourgeois réclamèrent contre ce procédé
auprès du prince Maximilien-Henri de Bavière, qui
ordonna l'usage unique de la mesure de Liège et voulut
que toute mesure fut « deuement apaillée par l'apail-
» leur sermenté et scellée par la marque de la ville
» sous les peines et amandes accoustumées en pareil
» cas contre les contra venteur s (4). »
Déjà longtemps avant, en i3g7, les « viniers ven-
» dant vin a broke en la ville de Viseit » avaient eu des
(1) Edits et ordonnances, publiés par Polain.
— 196 —
difficultés avec le chapitre de la cathédrale « à cause et
» question des foraiges des vins que les dis singneurs
» du Capitle reclamoient. » La Cour de justice déclara
« salver et warder que les dis seigneurs avoient et avoir
» dévoient tous chascun tonneal de vins à deux fonds
» que les dis viniers venderont a broke deux setiers de
» vins à la mesure de Viseit (i). » Le vin dont il s'agit
ici, était un vin du pays qu'on cultivait dans les en-
virons de la ville.
Le commerce du sel doit avoir eu à Visé une cer-
taine importance. Il y avait différents impôts ou gabelles
sur cette marchandise, celles du mesurage du sel et de
son brisage. Un briseur sermenté gagnait à ce métier
de chascune charrée de sel 4 pattars.
La ville mettait à la disposition des commerçants
des balances et poids publics.
Un service régulier de neffs ou barques marchandes
établi déjà au XVe siècle entre Visé, Liège et Maestricht,
facilitait les relations commerciales (9).
Au dire de M. Delvaux (3) les fritures doie, qui
donnent encore une certaine réputation à Visé, « se
» transportèrent ci -devant dans des pots jusqu'en
» Russie. » L'élevage et le commerce des oies pourrait
être bien ancien à Visé. Dans un registre de i52o on
parle d'un pré aux oies (gan\en tveide) situé entre Visé
et Mouland. Un règlement communal du 14 octobre
1634 interdit temporairement aux habitants d'avoir
oisons et canards vagabonds ; il leur ordonne de s'en
défaire dans les trois jours sous peine de 6 florins
d'amende et de la confiscation des bêtes.
INDUSTRIE.
La plus ancienne industrie visétoise, dont parle
l'histoire, est celle de son atelier monétaire. D'après
(1) Document cite par Henaux, Bulletin, t. I, p. 382.
(2) La compagnie des arbalétriers de Visé, par J. C.
(3) Dictionnaire géographique de la province de Liège, t. I, p. 442.
— 197 —
M- Henaux, l'atelier de Visé était déjà en pleine activité
sous les rois des deux premières races. On possède des
deniers de Charles-le-Chauve (875-877) et de Louis-le-
Bègue frappés à Visé. Certaines de ces pièces ont :
« d'un côté le monogramme de l'empereur Charles-le-
» Chauve et à l'entour le nom de Louis, roi de Lotha-
» ringie hludovicus REX; l'autre côté offrait une croix
» entourée des mots in vico viosato (a). »
La collection Ulysse Capitaine exposée à Liège en
1881 contient deux deniers d'argent de Theoduin de
Bavière (1048-75) et trois autres de Henri de Jauche,
prévôt de Saint- Lambert (1 171), frappés à Visé.
Vers la même époque il y avait à Visé un lorennier
(sellier) fameux, dont parle Hemricourt dans son Mi-
roir des nobles de Hesbaye : « Ors a voit achely temps
» on proid'homme lorennier demourans a Viseit sour
>i Mouse, quy faisoit selles et lorens et poindoit bla-
» sons de toutes maniers, quy astoit mult accointez
» des nobles de ce Pays par son service (2). »
On rapporte que le plomb, qui servit à couvrir
l'église de Saint-Servais à Maestricht, fut extrait dans
le pays de Visé. A Visé même il existait, au XVIe siècle,
des souvenirs de mines de métaux. Dans un acte de
location de cette époque, des biens communaux situés
aux fosses de Malconvat sont loués sous la réserve que
si on y trouve des minerais de plomb, d'alun, etc., ces
mines devront être exploitées au profit de la ville ; de
fait, il existe encore dans le voisinage de Malconvat
un terrain vague appelé aux aluneries contenant des
déchets de fabrication. Seulement on ne sait pas à
quelle époque l'alun a été extrait dans les terrains
voisins. « Je ne sais, » dit Richard Courtois, « s'il n'y
» a pas eu d'ancienne exploitation (de schistes alumi-
» neux) près de Visé. Il y a existé du moins une an-
» cienne et grande exploitation de sulfure de plomb,
(1) Henaux, Bulletin de V Institut archéologique, t. I, p. 362.
(2) Hemricourt, Miroir des nobles, p. 4.
— 198 —
» nommée souffrerie. Le nom, qu'a conservé le fau-
» bourg dit de Soufré, joint au reste du terrain exploité,
» le prouverait assez (i). »
Les fours à chaux constituent une industrie visé-
toise fort ancienne. Les plus vieux registres des métiers,
datant de 1470, mentionnent déjà les chafforniers (du
mot wallon chaffor qui signifie four à chaux). Ils de-
vaient même former à cette époque une corporation
assez considérable, car le métier des neaveurs porta
de ce temps le nom de métier des chafforniers. Les
fours à chaux, que nous voyons continuellement en
activité dans le cours des siècles, ont dû enlever une
partie considérable des rochers de Souvré qui, dans le
temps, venaient jusqu'au bord de la Meuse. D'après les
apparences il y aurait eu également des fours à chaux
dans le vallon de Malconvat.
Déjà au xivc siècle, si pas avant, la vigne était cul-
tivée aux environs de Visé, sur les côtes de Souvré, de
Malconvat et de Hurbize. On y récoltait le vin blanc
et rouge. Un des plus grands vignobles sur les hau-
teurs de Malconvat appartenait au chapitre de Saint-
Hadelin et portait le nom de vignes des seigneurs de
Visé. Les chanoines le louaient pour un terme indé-
terminé et levaient de ce chef, comme rentes, des ton-
neaux de vin.
Plus tard, quand les relations commerciales du pays
avec l'étranger prirent une plus grande extension, on
négligea la culture de la vigne, qui à Visé devait donner
un vin de qualité médiocre.
U agriculture occupait anciennement à Visé un
grand nombre de bras. La dénomination d'un des trois
métiers, celui des cherwiers (laboureurs) le dit assez.
En outre des fermiers du Temple et de Wadrée, on
trouvait dans la ville même assez bien d'agriculteurs.
Le collège des Oratoriens fut bâti, nous l'avons vu, sur
(1) Recherches sur la statistique etc., de la province de Liège, par
Richard Ctfurtois, Verviers, 1828.
— 409 —
remplacement d'une grande cour ou ferme. Les deux
principaux cafés de la rue Haute remplacent d'an-
ciennes habitations de fermier. Ailleurs on trouvait en-
core, il y a quelques années, dans les façades, des traces
de portes de granges et d'écuries. La plus grosse maison
du faubourg de Souvré, habitée par les de Réquilé,
comprenait également des dépendances de ferme.
L'agriculture semble avoir eu à cette époque un
caractère spécial que lui ont fait perdre les facilités
des relations modernes ; elle était plus universelle, on
cultivait sur place tout ce que demandaient les besoins
locaux ; ainsi le houblon nécessaire aux brasseries de
Visé était récolté dans le voisinage de la ville. La mul-
tiplicité des champs de houblon a fait donner aux
jardins le nom de houblonnières qu'ils ont conservé
jusqu'à nos jours. La fromagerie de ce temps donnait
un produit, le fromage de brebis, inconnu actuelle-
ment, mais qu'on voyait figurer avec honneur aux
banquets des anciennes fêtes visétoises.
A Devant-le-Pont, existait une industrie particu-
lière : la construction des bateaux. Pendant les trois
derniers siècles, les chantiers visétois étaient toujours
en activité. Ils fournissaient les bateaux à tous les bate-
liers de la Meuse depuis Liège jusqu'à Ruremonde.
Certains registres de la Cour échevinale sont remplis
de transactions entre pontonniers et bateliers concer-
nant la livraison des bateaux. Cette industrie, qui fai-
sait la prospérité de Devant-le-Pont, est en train de
disparaître depuis l'apparition des bateaux en fer.
Outre ces industries importantes, on trouvait à
Visé toutes les professions que créent les besoins de la
vie. Les tableaux des métiers renseignent les drapiers
teschiers (tisserands), qui faisaient sans doute la concur-
rence aux fabriques de Dalhem ; les chapliers qui jadis
comme aujourd'hui étaient assez nombreux à Visé ; les
tindeurs (teinturiers) parmi lesquels on trouve l'auteur
des de Sluse, qui vint s'installer à Visé. Ajoutons-y les
— 200 —
mâchons, scryniers, charpentiers, tanneurs, poindeurs
(peintres), banseliers, etc.
Les journées des ouvriers n'étaient, anciennement,
guère aussi fortes que de nos jours.
Dans un état de dépenses faites pour les réparations
du moulin banal de Devant-le-Pont en 1604, nous
trouvons :
Une journée de charpentier 18.71/2 patars = 1 fr. 66.
Une journée de maçon avec aide 1 fl. bb. 4/2 = 2 fr. 70.
Une course à Liège 10 patars = o fr. 60.
Les frais de constructions ne devaient donc pas être
aussi considérables qu'à notre époque, d'autant plus
que les matériaux coûtaient moins cher :
Le muid de chaux revenait à 3 fr. 60.
Les briques au 1000 4 fr. o5.
Le transport de 1000 briques de Liège à Visé
par barque o fr. 60.
Cependant les maisons étaient modestes, parce que
l'argent était rare.
XI.
TOPONYMIE VISÉTOISE.
Au commencement de cette notice, nous avons
donné les anciens noms des principales rues et places
de Visé ; dans ce chapitre nous parlerons des ruelles et
lieux-dits de la ville et nous ferons la toponymie aussi
complète que possible de la campagne visétoise. Pour
cette dernière partie nous utiliserons surtout les ren-
seignements trouvés dans un registre de 1346 (Stock de
Hesbaye, archives de la cathédrale de Saint-Lambert)
déposé aux archives de l'Etat à Liège.
Les encloîtres du chapitre de Visé, sur lesquelles se
trouvaient les habitations des chanoines s'étendaient,
nous l'avons vu, depuis la rue Basse jusqu'à la place
— 201 —
du Marché. On désignait sous le nom de Hautes
Encloîtres, la partie plus élevée, voisine de la place
du Marché ; la partie inférieure, située entre l'ancien
cimetière et la rue Basse, portait le nom de Basses
Encloîtres ; de là le nom de Basses ou Bases, qu'a con-
servé le voisinage du presbytère. La ruelle qui relie
les Basses à la ruelle Rasquin-le-Roy s'appelait ruelle
du Cimetière, parce qu'elle conduisait également au
cimetière.
La ruelle Rasquin-le-Rqy, qui servait de limite au
terrain soumis à la juridiction du prévôt, portait jadis
le nom de Rue Walbi. Son nom actuel lui vient sans
doute d'un de ces Rasquin, qui figurent sur la liste des
rois des arbalétriers. Rasquin-le-Roy seraient ses nom
et surnom, qu'il aurait laissés à la ruelle dans laquelle
il habitait.
Le point de jonction de la rue du Perron et de la
rue Haute était connu sous le terme très commun et
bien facile à expliquer de Tochet; parfois aussi le même
endroit s'appelait à V Agace à cause d'une maison voi-
sine, qui portait une pie comme enseigne.
La rue parallèle à la rue du Perron, qui longe l'école
moyenne du côté de lëglise portait le nom de rue du
Packhouse, dont l'origine tudesque est évidente et qui
s'explique par la présence d'un Pakhuis, magasin ou
dépôt. C'était dans ce Packhouse, que, selon toutes les
apparences, étaient transportées et mesurées les mar-
chandises soumises à l'impôt et que se faisaient le mesu-
rage et le brisage du sel, au moyen des balances et
poids publics, dont nous parlions plus haut, ht pack-
house aurait donc été un véritable entrepôt de douane;
au siècle dernier le packhouse se trouvait dans la rue
de l'Eau.
La partie de la ville, comprise entre l'école moyenne
et la rue du Pont s'appelle encore Chinstrée, comme il
y a des siècles. On trouve des Chinstrée à Liège, Dal-
hem, Blegny, etc. ; d'où l'on peut conclure que l'étymo-
26
— 202 —
logie, rue des Chiens (Juifs), donnée à ce nom par M.
Henaux, est impossible. Pour le même motif, on ne
peut admettre celle donnée par M. Gobert, dans ses
études sur les Rues de Liège. Une enseigne : au chien
aurait pu donner son nom à une rue dans une ville,
mais on ne peut accepter cette hypothèse lorsqu'on
trouve le même nom dans plusieurs localités.
Si nous avions la conviction que ce nom ne se
rencontre que dans le pays de Liège et de Visé, nous
serions portés à admettre une origine germanique
pour la première partie Chin, comme pour la seconde
stre'e, (straat, rue), et alors nous chercherions à con-
naître les étymologies que les savants néerlandais don-
nent aux noms de deux villages hollandais : Schinveld
et Schinnen.
Une ruelle de la Chinstrée, celle qui conduit de la
porte de Mouland à la rue des Récollets, s'appelait
anciennement Charnalle ruelle. Depuis, le voisinage
du couvent des Sépulcrines lui a fait prendre le nom
de rue des Religieuses.
La rue de l'Eau, comme la Porte qui s'y trouvait
jadis, doivent leur dénomination à leur situation près
de la Meuse. Jusqu'il y a quelques années, la rue de
l'Eau avait sa fête particulière à la Saint-Lambert.
Quand oh se rappelle qu'une des deux portes, qui au-
paravant donnaient accès au bord du fleuve, s'appelait
porte Saint-Lambert, on s'explique facilement pour-
quoi les habitants de ce quartier ont fixé leur fête à
cette date.
Quatre petites ruelles relient la rue de l'Eau à celle
des Récollets ; elles portaient habituellement les noms
d'habitants de maisons voisines de leur entrée. Un de
ces noms s'est conservé et rappelle un drame lugubre.
Au siècle dernier, le passeur d'eau Thomé habitait à
l'entrée de la dernière de ces ruelles du côté de la sta-
tion et lui avait donné son nom. Thomé avait un fils
qui l'aidait dans son état. Le jeune passeur d'eau avait
— 203 —
eu des relations coupables avec une fille de Visé, qui
allait devenir mère. Il voulut cacher sa faute par un
nouveau crime. Un soir sa complice s'était rendue à
Devant-le-Pont ; Thomé qui remplaçait son père, la
reprit dans sa nacelle. Arrivé au milieu de la Meuse,
il la précipite dans les flots et, pour étouffer ses cris
de détresse, il l'assomme à coups de perche -ferrée.
Le coupable fut arrêté, condamné à mort et exécuté
sur la place du marché.
N'oublions pas le Plétrou (plein-trou) dont le nom
est fort ancien, et qui avait un postiche dans les rem-
parts.
Pour la campagne, plus encore que pour la ville,
on verra que les lieux-dits doivent d'ordinaire leur
origine à une particularité locale, effet du hasard ou
de la main de l'homme. Ainsi la belle plaine entre Visé
et Mouland doit son nom de Waidrée ou Wadrée, aux
prairies ou waides qu'on y voyait jadis comme de nos
jours. Une de ces prairies portait au XVIe siècle, le
nom de gan\en weide (pré aux oies).
Le nom de Wadrée était ajouté à tout ce qui se
trouvait dans le voisinage de ces prairies. Il y avait
la ferme de Wadrée, le rivulus ou petit ruisseau de
Wadrée, qui prenait sa source aux fontaines du tiers
voisin et se jetait dans la Meuse après un cours de
quelques centaines de mètres ; de ce petit ruisseau il ne
reste plus d'autres vestiges qu'un terrain marécageux.
La partie de la plaine qui longeait la Meuse s'appe-
lait en Brousse. Par Brousse on arrivait bientôt au
manoir de ceux de Nayvangne, qui plus tard fut
transformé en un fort par les Espagnols. De Navagne
sortit une partie des troupes qui assassinèrent le bourg-
mestre de Liège, Lamelle. En 1675, Navagne fut pris
et démoli par les troupes de Louis XIV.
Entre Navagne et Mouland se trouvent les terres
dites de Sainte-Croix, parce que anciennement elles
appartenaient à l'église Sainte- Croix de Liège. Ces
— 204 —
terres, comprenant une superficie d'un peu plus de
vingt-sept bonniers, furent données à cette église par
Notger. Les empereurs Henri (en ioo5) et Adolphe (en
1292) confirmèrent la donation. Les chanoines retirèrent
de ce bien, en 1420, un revenu annuel de 76 muids
d'épeautre, 5o chapons, 4 sols forts et un vieil écu.
Dans les anciens documents les terres de Sainte-Croix
sont désignées sous le nom de Halteriana ou Halte-
rina (i).
Il y a quelques années seulement on donnait encore
le nom de Henriterre à une partie de cette campagne.
Henriterre serait-il une altération de Halterina, ou l'in-
verse serait- il vrai ?
La campagne de Wadrée était traversée dans toute
sa longueur par la voie de Trecht ou Maestricht. Diffé-
rentes cherravoies la sillonnaient en tous sens : telles
la voie del teste de cheva et la voie del Moxhe. On y
trouvait, en outre des habitations déjà citées, la cour
de ceux del Loye et la cour de ceux del Moxhe, dite
aussi Moxhe hâve. Cette dernière dénomination, rap-
prochée des noms de Meschawe et Biernawe, porte
à croire que la terminaison awe dans ces deux noms
n'est autre que le mot hâve correspondant au mot
flamand hoeve, qui signifie cour ou ferme.
Il semble que c'est également dans la plaine de Wa-
drée qu'on doit placer les lieux-dits aile Tassenier et
açMarlires de Mqylant, dont on a perdu tout souvenir.
La pente douce, qui relie la plaine de Wadrée à
la campagne de Berneau, ne présentait pas à cette
époque l'aspect qu elle a de nos jours ; les dénomina-
tions, que nous donnerons, le prouvent assez (*).
Presque tous les terrains en pente portaient an-
ciennement le nom de triscus, qui se transforme en
terixhe, trixhe, tiers. Ces formes se sont conservées
dans le langage populaire ; un tiers signifie une pente ;
( 1 ) Archives de Sainte- Croix, chartes, f° 6. Archives de l'Etat à Liège.
(2) Registre de la Cathédrale, Stock de Hesbaye, cité plus haut.
— 205 —
un trixhe un terrain vague, inculte. Comme la terre
arable était moins rare à cette époque et les pentes
moins propres à l'exploitation, on comprend que c'est
plus tard seulement que la charrue a sillonné les pentes
et transformé en beaux champs les trixhes, situés entre
Visé et Mouland.
Vers i35o, on trouvait encore des bruyères en cet
endroit : ultra mericam, derrière les bruyères, dit le
vieux registre que nous citons. Au delà de ces bruyères
se trouvait une croix ad crucem sanct. Quand on se
rappelle le soin avec lequel on réparait jadis les
anciennes croix des campagnes, on est porté à croire
que le Christ qui se trouve à l'entrée de Mouland tient
l'emplacement de la croix qui nous occupe (4).
Toute la pente s'appelait trixhe deWadrée, mais on
y distinguait les lieux-dits à Wapleu (?) as scaveies, à
cause des excavations qu'on y trouvait ; le tiers Saint-
Nicolas (près du collège Saint-Hadelin), qui appar-
tenait à l'autel Saint-Nicolas de Haccourt ; enfin le
trixhe del perire ou à la pierreuse qui devait sans
doute son nom à des carrières.
Au-dessus des trixhes se trouvaient des Weristalpa
ou Werixhas, terrains vagues et pâturages, auxquels
conduisait un chemin, qui plus tard prit le nom de
Gole\. Entre la ville et le trixhe del perire (in exitu
ville de Viseto in Ioco dicto devant le perire contra
muros) s'établit plus tard la trairie ou le champ de tir
des arbalétriers.
Les jardins voisins de la ville avaient anciennement,
nous avons dit pourquoi, le nom de houblonnières,
qu'ils ont conservé jusqu'à nos jours.
« Visé » dit M. Henaux, « était traversé, paraît-il,
» par une voie qui d'Aix-la-Chapelle, conduisait à
» Tongres; à Tongres surtout, selon Hubert Thomas:
» Habuit pontem lapideum, quo iter erat ad Tungros.
. (1) Cette dénomination pourrait aussi désigner les terres de Sainte-
Croix.
— 206 —
» Une des portes de Tongres se nomme encore porte
» de Visé (i). »
L'assertion de M. Henaux doit être vraie, car en
i35o le chemin de Visé à Berneau s'appelait encore
voie d'Ais. Le tiers par lequel montait cette route, por-
tait le nom trixhe de Gibet. Jadis, quand la peine de
mort était souvent appliquée, chaque bailli ou dros-
sard avait dans son voisinage son échafaud, son gibet.
De préférence, on établissait les potences dans les lieux
élevés, d'où, visibles à tous, elles inspiraient au peuple
le respect de la loi par la crainte du châtiment. Le
gibet du lieutenant-bailli de Visé se trouvait non loin
de la Fontaine, près d'un vieux chêne qui a disparu
depuis quelques années.
Pour aller de la porte de Lorette au trixhe du Gibet,
on passait par la taillerie et le fond de Wanse. A la
baillerie on voit encore une grosse maison aux fenêtres
antiques, dont l'aspect nous annonce qu'elle était jadis
habitée par un personnage important. Le nom de l'en-
droit et le voisinage du gibet, portent à croire que
c'était la résidence des lieutenants-baillis de Visé et de
la vallée de la Meuse.
Un sentier dit de Hannines longe cette maison et
gravit le trixhe de Temples. Pour arriver au Temple,
on pouvait encore prendre le grand chemin qui partait
de Importe de Marcheit et, se bifurquant sur la hauteur,
donnait les voies de Dalhem et de Feneur. Près de là
on construisit plus tard la chapelle de Lorette. Là se
trouvait également Venclos des arquebusiers. Une cha-
pelle établie dans les dépendances du temple et dédiée
à saint Eloy, donna son nom au chemin qui, de la
ferme, gagne la campagne dans la direction de Bom-
baye. Dans la même campagne, on rencontrait encore
la vette (verte) voie, via virida et la Moxhe haye près
de la route de Feneur.
(i) Henaux, Bulletin de V Institut archéologique, t. I.
— 207 —
Les autres indications locales pour le plateau entre
Visé et Dalhem proviennent souvent d'un arbre,
li quarreit Tilliou, ou d'une croix légendaire, li creu\
di Renar, dont nous parlerons encore.
Un ravin profond et sauvage, formé par des dispo-
sitions géologiques ou creusé par les eaux, relie la cam-
pagne de Dalhem au faubourg de Souvré. Dans le lan-
gage du XIIe et XIIIe siècle, on donnait à ces accidents
de terrain, les noms de Xhaveies, Xhorres et Roua. Les
deux dernières formes se sont conservées, mais com-
mencent à disparaître devant des dénominations plus
récentes. Ainsi l'entrée du ravin du côté de la cam-
pagne a, pendant quelque temps, porté le nom aux
aluneries, à cause d'une fabrique d'alun qui s'y trouvait
jadis et dont on voit encore des traces. Maintenant on
l'appelle généralement aux genêts, grâce aux plantes
qui la couvrent au printemps d'un tapis vert et or.
Le fond du ravin, sombre et mystérieux, endroit bien
disposé pour les rêveries et les légendes, a reçu d'un
promeneur sentimental le nom moderne de vallée des
soupirs. Quand on s'engage dans la vallée des soupirs
du côté de Souvré, on voit bientôt un sentier étroit et
rocailleux grimper sur le tiers dans la direction de
Richelle. Cet endroit nous rappelle le passeur d'eau
Thomé, dont il porte le nom.
Un des Visétois, qui avait assisté à l'exécution de
Thomé, avait pris en ce moment solennel la résolution
de faire dire une messe pour le repos de l'âme du sup-
plicié.
Un soir, qu'il revenait de Richelle par la campagne
solitaire, il se rappelle sa promesse, qu'il avait négligé
de remplir. L'esprit tout occupé du drame dont il
avait été spectateur, il s'engage dans le profond sentier,
que les taillis et les arbres rendaient encore plus téné-
breux et plus sombre. Tout à coup il croit voir le
spectre du meurtrier se dresser devant lui et il croit
entendre une voix plaintive lui rappeler sa promesse
— 208 —
et lui reprocher sa négligence. Plus mort que vif, le
malheureux regagna sa demeure. Dès le lendemain, il
exécuta sa promesse ; il fit même plus : il fit placer une
croix mortuaire à l'entrée du sentier, où il avait vu la
terrible apparition.
Telle est d'après la légende l'origine du Christ qui
se trouve dans la vallée des soupirs.
A gauche de la vallée des soupirs, en venant de
Souvré on trouve le lieu dit Maicoviec, jadis Malcon-
vat, en 1346 Maconvau^.
C'était au pied du tiers de Malconvat que se dres-
sait la perche où les compagnies visétoises tiraient
chaque année l'oiseau royal. Au XVIe siècle on y voyait
d'anciennes fosses et la tradition rapportait que jadis
on y avait extrait différents minerais. La hauteur de
Malconvat ainsi que celle voisine de Hurbize étaient
aux XIVe et XVe siècles couvertes de vignes.
Un extrait de Richard Courtois, donné plus haut,
contient tout ce que nous savons du faubourg de Sou-
vré, dont le bout extrême était connu sous le nom a
Chaffbr, à cause des fours à chaux qu'on y voyait dans
le temps comme maintenant.
C'est près du premier four à chaux, que le jeune
Sartorius commit son crime. Au-dessus des fours à
chaux se trouvaient jusqu'au XVIe siècle, les hautes
bruyères.
Le registre, que nous avons déjà cité, renferme
également quelques lieux-dits de Devant-le-Pont. Le
terme Goirhé semble parfois désigner toute la campagne
de Devant-le-Pont, parfois comprendre celle située
entre cet endroit et Hallembaye.
Les deux ruisseaux \Aa\ et de Hallembaye (Halen-
bache, en 1346) donnaient aux terres, qu'ils limitent,
le nom Entre dois Ris.
Près du canal, à côté du ruisseau de Hallembaye,
se trouvait la Maladreie, qui communiquait son nom
à un terrain voisin, en gonche al maladreie; pas loin
— 209 —
de là il y avait le hout des Maries. Les objets les moins
importants servaient à désigner différents endroits.
Ainsi on rencontrait des terrains dits sous le grand
reyna (borne), a\ tilias de Lixhe, a frqyneal, al spinet,
a tierneal desus le Spinet, au saule près de la voie
de Hallembaye. Enfin nous avons trouvé le terme al
Goffe qui sans doute indiquait un endroit situé près
de la Meuse.
Ce tableau, si incomplet qu'il soit, nous donne une
idée de l'utilité de la toponymie, tant recommandée par
M. Kurth.
La recherche des lieux-dits de Visé nous a révélé
l'existence de la léproserie, d'une voie de communica-
tion entre Visé et Aix-la-Chapelle, l'existence du gibet ;
elle nous donne une idée de l'aspect de certaines cam-
pagnes au XIVe siècle. Combien de précieux rensei-
gnements nous donnerait un glossaire toponymique
complet !
XII.
VARIA.
Dans ce dernier chapitre, nous réunissons quelques
faits et détails trop minimes pour être traités séparé-
ment et pourtant trop intéressants pour être négligés.
Exploit d'une Visétoise en 1376. Au commence-
ment de ce travail nous avons vu que le 27 avril 1376,
la ville de Visé fut attaquée par des troupes allemandes
du prince-évêque et que les bourgeois se défendirent en
cette circonstance avec tant de courage que les assail-
lants furent obligés de battre en retraite.
Au dire de Fisen (1) ce fut une jeune Visétoise qui,
dans ce combat, décida de la victoire. Déjà, la ban-
nière ennemie était plantée sur les remparts, lors-
qu'une jeune fille, qui avait pris une part active à la
défense, l'enleva et par cet acte de courage amena la
(1) Fisen, Hist. Eccl. Leod., t. II, p. i35.
27
— 210 —
défaite des adversaires. Le lendemain, de nombreux
Visétois accompagnèrent leur héroïne à Liège pour
offrir son glorieux trophée à Notre-Dame dans l'église
Cathédrale.
Les ponts de Visé. Nous avons cité au commence-
ment de ce travail l'opinion de Hubert Thomas, qui
croit que le pont, jeté sur la Meuse par les Romains
dans le voisinage de Tongres et cité par Tacite dans
un de ses ouvrages, n'aurait pas été construit à Liège
ni à Maestricht comme on le pense communément,
mais à Visé. Nous avons dit également qu'un pont en
pierres y fut établi du temps de Charlemagne. Ce pont,
reliant les voies de Visé à Tongres et de Visé à Aix-
la-Chapelle, disparut en 1106 pendant la bataille entre
Henri IV et Henri V. Dans la suite les Visétois recons-
truisirent leur pont, qui malheureusement fut, en i3oo,
emporté par les inondations comme ceux de Huy, etc.
Vers le milieu du xive siècle, Visé était sans cesse
en butte aux attaques des seigneurs d'Argenteau. Pour
permettre aux Liégeois de porter secours aux Visétois,
un nouveau pont fut jeté sur la Meuse en i38o ;
celui-ci encore fut emporté par les glaçons en 1408.
A partir de ce moment la ville n'eut pendant long-
temps que des nacelles ou barques pour communiquer
avec Devant-le-Pont.
Dans un règlement de i55o, il est dit que le meunier
du moulin banal doit avoir une nacelle pour conduire
et reconduire le grain des bourgeois de Visé.
Au XVIIe siècle le chapitre de la cathédrale cons-
truisit un pont sur bac que s ou barques pour relier la
rive droite de la Meuse à l'îlot qui se trouve dans le
fleuve vis-à-vis de Visé ; le passage de l'îlot à la rive
gauche continuait à se faire en barquette. Le droit de
péage fut loué au profit de la cathédrale.
Ce pont sur barques, qui figure sur un levé de plan
fait pour l'instruction de l'affaire Sartorius et conservé
aux archives de Liège, fut enlevé par le courant à la
— 211 —
fin du XVIIIe siècle. La tradition, d'après laquelle
Du mou riez aurait détruit le dernier pont de Visé pour
couper le passage de la Meuse aux Autrichiens, doit
donc être considérée comme dénuée de fondement.
En été, en temps de basses eaux, on remarque
encore dans la Meuse des endroits où le courant est
brisé par des vestiges d'un des vieux ponts de Visé.
Droits féodaux de la Cathédrale Saint- Lambert à
Visé, au moyen âge. En g83, l'empereur Othon donna
Visé et ses dépendances en fief à l'église de Liège (1).
Les différents droits sont concédés « ad honorem et
» usum ecclesiae Leodiensis in jus et domina-
» tionem episcopi Leodiensis et ministrorum ejus. »
D'après cette donation l'église de Liège entra en pos-
session des droits suivants : « anniversarium mercati
» telonium, totum et ad integrum — quidquid ex
» reditu napium, vel ex jure forali vel ex districtu
» judiciali possit provenir e. »
En 1070, Henri IV confirma de nouveau à l'église
de Liège la possession de Visé avec les droits de juri-
diction, de tonlieu, monnaye, etc., spécifiés dans le
diplôme de Henri II, en date du 10 juin 1006.
Ces documents prouvent que Visé était un véritable
fief accordé à l'église de Liège et que celle-ci y exerçait
tous les droits seigneuriaux de l'époque. La seigneurie
ecclésiastique, ou le droit de patronage, annexée sans
doute déjà alors au patronage laïc, passa par le fait
au même patron. Le droit de tonlieu de la foire de
Visé fut cédé par Notger à l'église Saint-Jean-1'Evan-
géliste qu'il venait de construire. Les autres droits res-
tèrent à l'église dé Liège. C est comme seigneur tem-
porel que la cathédrale de Liège nomma jusqu'à i3io
les mayeurs et échevins de la Cour de justice de Visé ;
à partir de cette date ce droit passa au prince-évêque.
Au même titre elle avait le droit de relief et les
(1) Amplissima collectio, t. I, p. 532.
1
— 212 —
amendes, qui, en i35o, étaient évalués à 3 marcks; le
droit de pêche, loué 12 marcks; le droit de four, c'est-
à-dire deux miches par four, soit 40 solidis par an ; un
droit sur la brassine et la pente des bières, estimé à
4 solidis ; de même un droit sur le forage et le passage
du vin; le droit de banalité pour son moulin.
Elle avait droit au poisson royal, c'est-à-dire que
quiconque prenait un poisson royal, comme saumon
ou lamproie, lui en devait le tiers ; et si elle voulait
acheter le poisson à un prix raisonnable, elle devait
avoir*la préférence à tout autre.
Elle avait droit à un péage pour le passage de la
Meuse; quand il n'y avait pas de pont, elle affermait le
passage sur barques. Au temps où il y avait un pont,
elle louait le péage. Ainsi quand en t38o, Arnould de
Homes et les Trois-Etats avaient fait « construire un
» pont sur la Meuse à Visé ou d'ancienneté le chapitre
» avait droit de passage par bâches que par ponton-
» bateau, il a cédé le droit de percevoir le péage
» moyennant 10 royaux d'or à payer chaque année et
» à condition que les membres du chapitre et leurs
» gens pourront passer sur le pont sans payer. » Il est
ajouté que si le pont venait à être détruit, le chapitre
recouvrerait le droit qu'il avait avant sa construction,
de placer des bateaux pour le passage d'eau (4).
Comme seigneur ecclésiastique, la cathédrale pos-
sédait la grosse dîme de Visé et avait le droit de nom-
mer le- curé de Visé, mais à ce titre aussi lui incom-
baient les charges des propriétaires de grosses dîmes.
Le chapitre de la cathédrale possédait (2) en outre
à Visé des terres, cens et rentes assez considérables. Sur
la rive droite de la Meuse, il y avait cinquante bon-
niers de terre arable et huit verges grandes de pré, rap-
portant soixante-quatre muids d'épeautre ; sur la rive
gauche, en Goirhé, soixante-cinq bonniers engagés (?)
(1) Cartulaire de Saint-Lambert, publié par Schoonbroodt, n° 876.
(2) En i35o, d'après le registre Stock de Hesbaye, cité.
— 213 —
à Wauthier del Sauze et au seigneur de Salzinnes, qui
de ce chef payaient quarante-six muids d'avoine, deux
muids de seigle et 32 sols 10 deniers de bonne monnaie,
soit, par bonnier, huit dosins et demi d'avoine, DD.
dosin de seigle et 6 deniers de bonne monnaye. Douze
autres bonniers de terre lui rapportaient une rente de
seize muids d'épeautre.
Enfin il percevait des cens sur la ferme du Temple,
sur les biens du chapitre, des bénéfices de Notre-Dame
et de Saint-Jean-Baptiste, etc. Les cens du Temple
montaient à 5o sols.
Une court des tenants, établie par le chapitre,
jugeait les contestations qui pouvaient surgir au sujet
de ces droits et biens. Généralement la plupart des
tenants étaient de notables visétois. Des bourgeois du
voisinage, de Haccourt, etc., faisaient partie de cette
cour.
Comme le chapitre de Liège possédait les droits
seigneuriaux sur Visé, on se demande comment deux
familles nobles, ont porté les titres de Visé et du Rivage
de Visé.
Désignation des vents en vieux langage visétois.
Le vent du Sud est désigné sous le nom générique de
vint (vent) ; le vent d'Ouest s'appelle vint de Haccou
(Haccourt); le vent du Nord bîhe de Campenne (Cam-
pine) d'où l'on peut conclure que, dans le temps, le
Limbourg hollandais comme le Nord du Limbourg
belge portaient pour les Visétois le nom de Campenne ;
le vent d'Est se dit bîhe d'Aoghe (Aix-la-Chapelle),
ce qui nous donne un nouvel indice des relations
qui jadis existaient entre notre ville et celle d'Aix-la-
Chapelle.
La complainte de Sartorius. Nous avons retrouvé
une copie, défectueuse il est vrai, de la complainte
qui fut composée à l'occasion de l'exécution de Henri-
Eustache Sartorius. Jadis on la chantait dans tout le
— 214 —
pays de Visé. Nous croyons qu'elle pourra intéresser
ceux qui font des recherches sur les vieilles chansons
populaires.
Mademoiselle Warlimont
Etait une fille d'un grand renom.
Je l'ai fréquenté
Bien deux ans, chose assurée ;
Je lui dis souvent
« Allez, bel enfant
Nous nous marierons
Allez, je suis bon garçon, »
Après l'avoir conversé
Je lai abusé.
La fille lui dit un jour :
« Henri sans détour
Il nous faut marier
Je ne peux plus me cacher
Dedans ma maison
On me fait affront
Qu'est-ce qu'on dira
Si on voit tout cela
Je n'y verse que des pleurs
Pense à mon malheur. »
« Tout est décidé au curé
Il nous faut aller
Publier un ban
Pour dimanche assurément
Si j'ai trop tardé
D'avoir accordé
A vos sentiments
J'en suis fâché à présent
Allons un peu promener
Puis nous irons parler. »
Un peu écarté
De la ville de Visé
Auprès d'un bosquet
Je lui dit : « Belle, s'en est fait
Il te faut mouri
Pense que ta vie
Aujourd'hui n'est plus rien. »
Ma bajonette à la main
Je lui foure dans le sein
Oh 1 quel cruel dessein.
— 215 —
« Eh! toi, cruel Henri !
Tu me veux faire mouri
Et ce pauvre innocent
Que je porte dans mes flancs.
Dieu à mon secours
C'est mon dernier jour
Et ce pauvre innocent
Qui n'a reçu aucun sacrement.
Sainte Vierge de Dieu à ce moment
Baptisez mon enfant ! »
Loin de m'attendrir
Lorsqu'entendois ses cris
Avec mon couteau
Je la réduis au tombeau
Croyant de cacher
Ma grande cruauté
Oui, je lai trainé
Dans la Meuse je l'ai jeté
Tenant un de mes boutons
La belle se coule au fond
Je me suis retourné
En croyant de cacher
Ma grande cruauté
La fille on a retrouvé
L'on m'a soupçonné
C'est la vérité !
Hardi comme un lion
Je me suis rendu en prison
Croyant par mon esprit
De me sauver la vie.
Si j'avais bien su
Que cela serait venu
D'être renfermé
Six ans, chose bien assurée
Dedans la prison
Pour ma noire action
Je me serais sauvé
J'avais eu du temps assez
Mais Dieu a bien voulu
Que je serais connu.
Me voilà donc condamné
Que je serai tenaillé
Sujet à briser
De la roue expirer.
— 21G —
Dieu à ce moment
Quel cruel tourment
C'est pour mes péchés
Que je m'en vais essuier.
O ciel! quel cruel tourment
Pour mes pauvres parents.
Les fouas. La coutume d'allumer des feux de joie
(foua), aux jours de fête et dans les grandes circons-
tances, est très ancienne à Visé. En 1675, quand la
châsse de saint Hadelin fut ramenée de Liège, le
peuple manifesta sa joie par ses chants, par le bruit des
armes et aussi par les feux de joie (4).
De nos jours encore on voit à Visé aux soirs de cer-
taines fêtes d'immenses brasiers illuminer les différents
quartiers de la ville. Une foule joyeuse danse autour
des fouas en riant et en chantant et prouve ainsi que
ces vieux fouas sont de vrais feux de joie.
L'histoire de l'ordre du Saint-Sépulcre par le cha-
noine Lambert Jeghers. Ce petit livre, datant de 1626,
le plus ancien probablement qui ait été écrit à Visé,
porte le titre suivant : « La gloire de Tordre canonial
*> régulier du S. Sépulcre Hierosolimitain de N. S.
» Jésus-Christ tirée du tombeau d'oubliance par Lam-
» bert Jeghers, prevôst etc. » Le seul exemplaire,
qu'on en retrouve, fait partie de la belle bibliothèque
de Mme Gustave Francotte. Le chanoine Jeghers donne
d'abord l'histoire du Saint-Sépulcre et de l'ordre, qui
fut institué en son honneur et pour sa garde. Par des
considérations plus spécieuses qu'historiques il fait re-
monter l'origine de cette institution religieuse jusqu'aux
apôtres. Il parle ensuite de sa translation en Europe
et de son établissement dans le diocèse de Liège. Les
derniers chapitres de cette petite histoire s'occupent de
l'habit des Sépulcrines, de leur règle et de leurs exer-
cices spirituels. Quelques extraits nous donneront une
(1) Abrégé de la vie de saint Hadelin, 1788.
— 217 —
idée de Tordre du Saint-Sépulcre et du style de l'his-
torien.
La maison de Liège, est la quarriere ou roc d'où ont esté tail-
lées les pierres fondamentales et angulaires de celle de Viseit.
Cette fondation fut tres-agreable au Magistrat et Bourgeoisie
de la ville, qui voyent en ces Dames un flambeau de dévotion,
pour la conduite et instruction des Dames et filles du lieu.
Le costume des religieuses est blanc et noir ; — le voil blanc
et noir dont l'un représente la pureté virginale et innocence de vie
et l'autre la divine protection et umbrage de ses ailes ; — l'anneau
qui est la marque des espousailles célestes de ces filles avec Jésus
Christ. Une chaussure neufve leur est donnée à la vestition pour
dire que leurs affections, qui sont les pas de l'âme, doivent estre
tout autres qu'elles n'ont esté auparavant.
Le signe caractéristique de l'habit de cet ordre était
la croix à deux traverses, dite de Jérusalem. Cette croix
était l'emblème des Sépulcrines. Portée en pleine poi-
trine, en étofte rouge sur fond blanc, elle faisait recon-
naître la chanoinesse du Saint-Sépulcre, comme les
nombreuses doubles croix, qu'on voit sur les murs de
l'école moyenne de Visé, accusent la destination pri-
mitive du bâtiment.
Cette Croix est rouge? La Croix fut teinte et empourprée du
sang de l'Agneau. Ou cela veut dire, que la charité, dont les
lampes sont lampes de feu et de flammes, est celle qui en cet
endroit a placé la Croix.
Adjoustons les deux cordons rouges, qui sont au manteau, en
mémoire des cordes dont il fut lié lors de sa flagellation et cruci-
fixion. Mais que voulez-vous de plus naif que les cinq nœuds qui
sont comme cinq bouttons es dictes cordes ? A vostre advis ne vous
remettent-ils pas en mémoire les cinq playes du Rédempteur.
La vie (de Tordre) a esté mixte roulante sur ces deux pôles de
l'action et de la contemplation. Au demeurant les Filles font autant
et plus que les autres religieuses de quelque ordre qu'elles soient ;
celles font les vœux essentiels solemnellement sous ceste forme de
parolles.
O Seigneur je m'offre moy-mesme et tout ce qui est à moy a
vostre divine maiesté et promet de demeurer en cet ordre canonial
du S. Sépulchre de mon Seigneur Jésus-Christ de Jérusalem, sous
28
— 218 —
la règle S. Augustin et garder la pauvreté, chasteté obédience et la
closture perpétuelle tous les jours de ma vie.
Elles gardent la vie commune, n'ont point de propre, chantent
et récitent les heures canoniales, sont de bonne odeur au peuple et
au clergé.
Quant aux exercices spirituels voicy les dévotes et exemplaires
processions qui se font aux jours de Dimenches et Festes princi-
pales : Voicy les Stations ores au S. Sépulchre, tantost au mont de
Calvaires puis au jardin des Olives et de la mont de Syon enfin en
la vallée de Josaphat. A raison dequoy les anciennes ordonnances
de l'ordre veullent que les monastères et églises soient basties en
modelle de celle du S. Sépulcre afin de pouvoir faire les proces-
sions et que es Cloistres soient représentez le sépulchre, la crèche
de Bethléem, Bethanie, le mont de Calvaire, de Syon, la vallée de
Josaphat etc. Tout devait rappeler aux religieuses le sépulchre glo-
rieux du Sauveur.
Là sont leurs Portiques, leurs Louvres, leurs Escu riais, —
leurs sérails, la est gisante toute leur gloire, là aboutissent leurs
méditations et contemplations. En signe et preuve de quoy les
samedy elles chantent une antienne lugubre au Sépulcre de Jesus-
Christ et le dimenche matin un cantique d'allégresse.
La seconde partie de l'opuscule contient les bulles
d'approbation et les faveurs accordées aux Sépulcrines
par les chefs de l'Eglise.
LÉGENDES VISÉTOISES.
Le moine de Saint- Laurent au marché de Visé.
« Vers l'an io3o les moines de Saint-Laurent à Liège
» étaient si pauvres qu'ils n'avaient pas le moyen de
» s'acheter des frocs. Saint Wolbodon, l'un des bien-
» faiteursdu monastère, apparut à l'abbé et lui conseilla
» d'envoyer le frère Renouard au marché de Visé, où
» quelqu'un lui donnerait le drap dont il avait besoin.
» Plein d'espoir, le frère se mit en route de bon matin
» pour Visé. Gomme il était depuis longtemps déjà sur
» le marché, un inconnu lui demanda ce qui l'y avait
» amené. J'ai été envoyé, dit-il, par saint Wolbodon,
» afin d'acheter des étoffes pour les frères, mais leur
» prix est si élevé que je ne pourrai m'acquitter de ma
— 219 —
» commission. L'inconnu parut s'émouvoir à cette
» nouvelle et aussitôt, tirant de son escarcelle 60 sous
» de bonne monnaie, il les compta dans la main du
» moine, qui eut au delà de ce qu'il lui fallait pour
* faire son emplette (*). »
Li creu{ di Renar. Quand le promeneur prend à
Lorette l'ancienne voye de Dalhem, il s'engage bientôt
dans un profond ravin coupé au milieu de la cam-
pagne par un carrefour solitaire. Dans cet endroit
mystérieux, on n'entend que le léger bruissement du
vent dans le feuillage de quelques peupliers altiers. Ce
carrefour a sa légende, une légende bien terrible, qui
en écartait autrefois tous les poltrons.
Chaque année, disait-on jadis sous les grandes che-
minées visétoises, le jour de Noël, à minuit juste, un
renard tout noir apparaissait au milieu de la croix de
ce carrefour. Celui qui présentait à cet être mystérieux
une poule aussi noire que le renard, obtenait en retour
un moyen magique de se procurer de l'argent à volonté.
Un jour, un jeune téméraire voulut tenter l'aventure.
Le lendemain on le trouva mort à quelque distance
du carrefour.
Le jeune homme, ajoutait-on, avait sans doute
refusé de livrer son âme au démon, qui l'avait étranglé
dans sa rage.
Selon l'usage du temps une croix fut placée à l'en-
droit où le cadavre fut trouvé. Telle est selon la
légende l'origine d'une vieille croix aux inscriptions
gothiques, qui se trouve à quelque distance du carre-
four, à moitié enfouie sous terre.
Cette croix et cette légende doivent être très an-
ciennes, car déjà dans des registres du XVIe siècle, on
parle comme nous l'avons vu, de li creu{ di Renar.
La colombe de Sartorius. Lorsque le jeune Sarto-
rius, l'auteur de l'assassinat de la demoiselle de Warri-
(1) Henaux, p. 364; d après Chapcauville, t. I, p. 269.
— 220 —
mont, fut exécuté à Visé, une colombe blanche, dit la
légende, vint planer au-dessus de sa tête, et prouva
ainsi l'innocence du condamné.
Cette légende, toute récente, puisque l'exécution eut
lieu en 1779, doit provenir d une erreur populaire, qui
introduisit le fait de la colombe apparue à saint Hade-
lin, patron de Visé, dans la cause célèbre de Sartorius.
Des confusions de ce genre se rencontrent assez
souvent dans les légendes populaires. En voici un
exemple pris à Visé même.
Jadis, on y trouvait entre la ville et la Meuse une
fontaine, qui a disparu lors de la construction du che-
min de fer Liége-Maestricht. On ne sait pourquoi on
l'appelait la fontaine de Saint- Hadelin et on lui attri-
buait le fait du miracle de Franchimont dont nous
avons parlé. Or saint Hadelin ne fut jamais à Visé
durant sa vie.
La justice à Visé. M. Henaux a donné, dans son
Histoire de la bonne ville de Visé, l'organisation de
notre ancienne Cour de 'Justice.
« Celle-ci était composée de sept échevins à la
» nomination du prince, d un greffier et de quatre ser-
» géants (huissiers et agents) au choix de la Cour.
» Le mayeur, officier également nommé par le
» prince, présidait la Cour. Il ne délibérait pas avec
» elle pour rendre le jugement, mais c'était lui qui en
» poursuivait l'exécution. Cette Cour statuait sur toutes
» les affaires civiles, on appelait de ses jugements aux
» tribunaux de la capitale. En matière criminelle, elle
» connaissait de tous les délits qui n'emportaient pas
» une amende excédant cinq florins d'or (3o fr. 5o).
» Toute sentence qui condamnait à une plus forte
» amende ou à une peine afflictive, devait être révisée
» et approuvée par le tribunal des échevins de Liège.
» Aucune sentence ne pouvait être prononcée si
» quatre échevins, le mayeur et le greffier n'étaient
» présents.
— 221 —
» Pour la décision des procès la Cour observait le
» droit municipal qui lui était propre et les coutumes
» et usages communs à tout le pays (4). »
Le terrain des encloîtres du chapitre était exempt
de la juridiction séculière, le mayeur ou ses agents ne
pouvaient donc y exercer leurs fonctions sans l'autori-
sation du prévôt.
L'ancien perron et plus tard le péristyle de fhôtel
de ville avaient comme privilège de mettre les cou-
pables à l'abri des poursuites des agents de la police
judiciaire.
A Visé comme ailleurs dans le pays de Liège,
pauvre homme dans sa maison était roy, nul n'avait
le droit d'y entrer de force que le bourgmestre muni
de ses clefs magistrales.
La liberté individuelle était garantie à Visé par des
coutumes parfois bizarres. En i636, les secrétaires
(agents de police) de la ville vinrent un jour déclarer à
la cour de justice « de n'avoir pu appréhender Halen
» de Borre et son espeuze convaincus (condamnés) ce
» qu'ils n'ont pu faire aile demande de Macka à cause
» qu'ils n'ont pu trouver le dit Halen hors leur maison
» et que le mercredi Ton ne peut en cette ville appré-
» hender personne pour conviction personnelle n'ayant
» su aussi trouver aulcun meuble partenant à dit
» Halen pour en faire l'exécution à raison que dans
» cette ville l'on ne peut painer et exécuter dans les
» maisons pour cause de franchises (2). »
Police sanitaire. Nous avons vu que plus d'une
fois la ville fut affligée de maladies contagieuses. L'au-
torité, dans ces circonstances, ne restait pas aussi inac-
tive qu'on pourrait le croire.
Voici le résumé d'une publication ou mandement
fait au-devant du perron ou maison de ville de Visé le
14 octobre 1634, alors que la peste y faisait de nom-
(1) Bulletin de V Institut archéologique, t. I.
(2) Archives de la ville.
— 222 —
breuses victimes; on verra qu'il diffère assez bien des
mesures de police sanitaire de nos jours.
i° Il est défendu d'avoir des conins (lapins) oisons, canards,
chats et chiens vagabonds. On doit s'en défaire dans les trois jours
sous peine de 6 fl. d'amende et confiscation des bêtes. Il est défendu
également de laisser courir par la ville pourceaux, truies et cochons.
2° Tout le monde est tenu de faire connaître les contraventions
à cet article.
3° Il est défendu de laisser voler en liberté des pigeons sous
peine de confiscation. Autorisation pour chacun de les tuer.
4° Il est ordonné à tous d'ôter les cendres et ordures, qui se
trouvent devant les maisons.
5° Ceux qui sont en communication avec les malades ne
peuvent être en relation avec les autres bourgeois sous peine d'être
bannis ou de subir une autre peine arbitraire.
6° Les morts doivent être enterrés après 1 1 heures du soir et les
malades transportés également après cette heure.
7° Ceux qui ont soigné des malades hors de la ville ne peuvent
y rentrer pendant 5o jours.
8° Défense de transporter des meubles hors des maisons infec-
tées.
9° Défense de vendre de vieux habits.
io° Défense aux hôteliers de recevoir des étrangers non munis
d'un certificat constatant qu'il n'y a pas de danger d'infection à
craindre de leur part. Ces mêmes hôteliers devront également
remettre les noms des étrangers qui logent dans leurs maisons (4).
La cuisine. Les deux listes suivantes de comestibles
achetés pour un dîner gras et un dîner maigre de la
compagnie des arbalétriers en 1600, nous donnent une
idée de la bonne cuisine bourgeoise de ce temps.
Le dîner gras comprenait comme viandes : du
mouton, du veau, du bœuf, de la viande salée (conser-
vée), au jambon, du chapon et du pigeon. Il y avait du
pain de froment et de wassen (seigle). Le pain cons-
tituait une partie notable du repas et remplaçait sans
doute les pommes de terre et d'autres légumes, que Ton
voit sur les tables de nos jours.
Comme légumes on ne parle que de jottes (choux)
( i ) Archives de la ville.
— 223 —
salades et bonnes herbes. Les épiceries consistaient en
sucres, corentines, prunes et huile d'olipe.
Peu de vin mais de la bière en abondance.
Au dîner maigre apparaissent Yaburdon, le stock-
visch, les bockhoux, des poissons de la Meuse et des
poissons de mer, bien délicats sans doute, car ils
étaient très chers, que Ton s était procurés à Maestricht.
Les poissons étaient rôtis à l'huile ; toutefois le
beurre, à bon marché, était employé à profusion, qua-
torze livres pour une fête.
Les œufs, qui n'avaient aucune valeur de ce temps,
n'étaient pas plus ménagés. On en cassa un cent et un
demi-quarteron pour le même repas.
C'était là, le dîner de fête. La cuisine ordinaire
évidemment était moins riche. Un acte de bail de i533
nous montre que, à cette date, l'usage du pain blanc
était moins commun que de nos jours. « Le meunier, »
dit ce document, « payera en moulture de frument, de
» wassen ou de spelte et non d'aultre moulture partant
» que l'orge, favette, de poiz et de veche est inconve-
» nant et nuysible az gens de non labure comme az
» nobles et az gens denglieze (î). »
Il faut croire que de ce temps les estomacs étaient
plus robustes que de nos jours.
D'un autre côté il semble que la consommation de
la viande était alors plus grande qu'aujourd'hui. Le
tableau suivant le prouve à l'évidence.
En i636 à la suite des guerres, le magistrat établit
un impôt sur la boucherie à raison de :
5 florins pour un bœuf.
3 » » vache.
2 » » génisse ou bœufflet.
i » » mouton ou brebis.
io aidans » veau.
5 » » agneau.
(i) Archives de la paroisse.
— 224 —
La recette de cet impôt fut mise en accense et rap-
porta à la ville un revenu annuel de 2,713 florins Bra-
bant (4).
Pour que X accense ur ne restât pas en déficit, il fallait
que chaque semaine on tuât quatre têtes de chacune
de ces catégories de bêtes. Une partie assez considé-
rable de ces viandes devait nécessairement aller sur la
table de l'ouvrier, car à cette époque Visé était moins
important que de nos jours. D'ailleurs si l'ouvrier
d'alors mangeait du moins bon pain que de nos jours,
parce que la culture du froment était moins répandue
et le pain de qualité inférieure moins déprécié, son
salaire, relativement plus élevé que le prix des objets
de consommation, lui permettait de réaliser facilement
le vœu de Henri IV, qui voulait que tous ses sujets
pussent le dimanche mettre leur poule au pot. Vers
1600 une journée de maçon ou de charpentier comptée
à 1 fl. 7 4/2 patars ou 1 fr. 66 valait le tiers d'un veau
qui coûtait 4 florins, ou dix livres de chaire de bœuf à
3 patars la livre. Ajoutons que la livre de beurre reve-
nait à 4 4/2 patars ou 25 centimes, que les œufs étaient
à moins de 1 centime la pièce. L'hectolitre de wassen
ne valait qu'environ 6 francs (2).
La situation matérielle de l'ouvrier était donc à cette
époque meilleure que celle que lui a faite le progrès
moderne. Si parfois la famine a fait de nombreuses vic-
times c'est parce que en cas de non-réussite des grains,
la pomme de terre ne remplaçait pas le pain et l'impor-
tation ne comblait pas l'insuffisance des récoltes.
Louis XIV à Visé. Le curé Libotte consigna dans
son registre des baptêmes et des décès les faits les plus
saillants du séjour de Louis XIV à Visé. Ces notes
nous ont paru assez intéressantes pour être copiées ici
littéralement.
( 1 ) Archives de la ville.
(2) Ces chiffres sont calculés d'après le tableau des menus de dîners
dont nous avons parlé plus haut et qui a paru avec les dépenses dans
Y Etude sur les arbalétriers de Visé.
— 225 —
Le 24 May mourut un cavalier francois lequel estant à l'armée
de Lowis quatorsiemme composée de quatre vingt mille hommes,
qui ravagèrent dans l'espace des dix jours toute notre campagne et
le roy pour touts ces domages ne rendit par l'entremise du cardinal
de Bouillon que mille patagons.
Le 14e sept, mourut un soldat francois lequel estant devenu
malade à Visé et désirant d'aller prendre l'air estant arrivé au bout
de Souvré trouvât quelques soldats qui se disoient hollandois, les-
quels lui ayant fait quitter ses habits lui cassèrent misérablement la
cervelle.
Le 23 Fev. 1673 mourut Jean-Baptiste Schifflet lequel comme
il m'a dit estoit fils de Constantins Schifflet, professeur royal dans
l'université de Doolh dans la franche Comté de Bourgogne.
Le 3o Mai mourut Caterinne Waltery. Relicte Renault de
Sluse (mère des deux de Sluse). Sa sépulture au soir le 3 ie et le 17
Juillet ses exêques qui furent différées à raison des guerres et du
siège de Maestricht qui fut investie le 5 Juin et le dernier ditto ren-
due par composition.
Le 16 Mai 1674 Le château d'Argenteau fut siégé par les troupes
francoises qui venoient de la Hollande au nombre de 1 5 à 16 milles
hommes, lequel ayant esté battu par deux pièces de cannon l'espace
de 3o heures ou bien d'un jour et deux nuits se rendit par compo-
sition la deuxième nuit à minuit le maréchal de Beelfond Général
des dites troupes y envoyât de la garnison francoise et fut par 3
minnes au dedans et 1 au dehors démoli le 5 juin suivant.
Le 19 Mai Le fort de Naivagne fut siégé par les mesmes
trouppes et ayant soutenu le dimanche lundi et mardi jusqu'au soir
se rendit par composition avec la perte de fort peu de personnes le
22 dito et quelques semaines par après demoly avec l'assistance des
paysans circonvoisins.
Le 28 Janvier 1675 est venu à Visé le comte de Straadt, gouver-
neur de Maestricht, accompagné de 2000 francois et ayant été con-
duit à la maison de Ville par nos bourgmestres qui estoient
Ernotte Laurent le jeune et Pier Rivez ledit gouverneur dit qu'il
avoit ordre de son roy de démanteler Visé, nonobstant toutes les
remonstrances possibles lui faites laissât 1000 soldats qui commen-
cèrent le 29 ditto à nous quitter nos murailles, qui avoient subsis-
tez plus de trois cents ans, dans plusieurs autres dangers. Us
rompirent ensuite nos portes, barrières et Risteaux qu'ils bruslèrent.
Le 11 Juin 1675 ayant fait passer environ i5ooo hommes d'in-
fanterie et de cavalerie leau à Chainie vint avec le rest de son armée
qui estoit encorde 1 5 à 16 mille hommes camper sur la montagne
depuis Haccourt jusqu'à Lyctenbergh se dispersant parmy touts les
29
— 226 —
villages circonvoisins comme Heur, Eben, Emal, Hallembaye, Hac-
court, Nay, Nivelle auquel lieu s'estant arrestéz l'espace de neuf
jours et ruinez entièrement la campagne et maisons, tandis que
les dits 1 5 milles assiégèrent Lymborgh : et le 19e ditto le Roy avec
son armée descendit de ladite montagne et passât le pont qui estoit
dressé entre Lixhe et Nivelle et vint camper au Neufchateau ou
Aubin ayant dispersé son armée dans les villages et campagnes cir-
convoisins comme Bombaye, Mexhax (Mesch), Mons, Fouron etc et
le 20 ditto qui estoit l'octave du S. Sacrement Lymborgh après le
siège de 7 jours se rendit par composition et le 23 le roy décampât
après avoir ruinez toute notre campagne et les campagnes et les
maisons des villages susdits repassât la Meuse au mesme pont et
s'allât camper encore à Devant-le-Pont et logat dans la maison
d'Ant. Houbbart une nuict ou il y avait logé l'an 1672 12 jours de
là il s'en allât camper vers Tongres, cette mesme nuict logat la
garnison de Lymbourg dans les faux bourgs à Souvré qui descen-
dit le lendemain à Ruremonde.
7 Avril 1676 Eodem die reversus sum Leodio post exilium
trium mensium quod coactus fui sustinere cum coeteris canonicis
ob exactiones Hollandorum Hasseletum occupantium. Promiserant
quidem consules notri sollicitaturos se apud commissarium proesi-
dii proedicti pro mea libéra tio ne sed nihil effecerunt excusantes
sese postea super impotentia sua et urbis nimis gravatae egestate,
proinde coactus fui remanere Leodii usque dum reliqui canonici
post summam 1000 fl. bb. oblatam reverterentur.
26 Aoust 1676. Le prince d'Orange avec ses alliez d'Allemagne,
les Osnabrug, Lunebourg, Neubourg ayant siégé l'espace de 7
semaines la ville de Maestricht fut obligé le 27 la nuict à lever
le siège pour l'arrivée de l'armée francoise conduite par le maréchal
de Scomberg, composée de 3oooo hommes qui causèrent grands
dommages au voisinage.
Une anecdote de Louis XIV à Visé. Pendant son
séjour à Devant-le-Pont, ma raconté un représentant
d une vieille famille visétoise, Louis XIV invita un jour à
sa table quelques notabilités de la ville. Tout fiers qu'ils
fussent de prendre part à un dîner royal nos principaux
Visétois n'étaient guère à Taise en présence du Roi-
soleil. Autant que les circontances le permettaient ils
se conformaient au proverbe : le silence est d'or. Ce-
pendant un d'entre eux, un membre du magistrat dit-on,
voulut placer son petit mot. Tout à coup, le verre en
— 227 —
main, il s'adresse au roi et lui dit le plus correctement
possible : « Sire, si nous buvâmes. » Louis XIV, prend
son verre en souriant et dit à ses convives : « Oui, si
» nous buvâmes à la santé des Visétois. » Le mot du
notable Visétois fit fortune à la cour; longtemps on s'en
servit comme invitation à boire : « Si nous buvâmes
» à la santé des Visétois. »
DOCUMENTS D'HISTOIRE LIÉGEOISE
Le manuscrit 10898-952 de la Bibliothèque royale
est un manuscrit historique précieux, sur lequel l'atten-
tion ne s'est pas portée encore.
C'est un volume de 221 feuillets, sur papier, d'une
écriture de la première moitié du XVIe siècle, qui
contient les copies de cinquante-quatre documents
curieux, relatifs pour la plupart à l'histoire liégeoise.
Il paraît être l'œuvre d'un érudit liégeois du xvie
siècle, amateur de raretés, qui se préoccupait d'enri-
chir sa bibliothèque des plus importants documents
de l'histoire locale.
•
Si l'on remarque que la plupart des pièces du vo-
lume sont transcrites d'originaux, qui certainement se
conservaient au xvic siècle aux archives de la Cathé-
drale à Liège, on n'aura nulle difficulté à admettre
que l'auteur est quelque membre du haut clergé, qui
devait à ses fonctions ou à son autorité d'avoir accès
au dépôt secret des archives épiscopales (4).
Il serait intéressant de connaître l'histoire du ma-
lt) Cette supposition se trouve confirmée par cette note en tête de la
pièce 37me, p. 172 du manuscrit : « Concordia inter episcopum et prela-
» tos ecclesie Leodiensis cum universitate Lovaniensi quae est in archivs
» nre leod deposita. »
29'
\
\
>
— 230 —
nuscrit et de pouvoir le suivre dans ses voyages.
Malheureusement, les données manquent.
Ce qu'on peut dire, c'est qu'au XVIIIe siècle, il devint
la propriété de la Bibliothèque de Bourgogne, à laquelle
il fut cédé par un de ses bibliothécaires. Une main
du temps, apparemment celle d'un employé du dépôt,
inscrivit sur une tablette, aujourd'hui accolée au vo-
lume : Bibliothecarius cessit in perpetuum Bibliothecœ
Regiœ Bruxellensi. On peut conjecturer que son entrée
à la Bibliothèque est postérieure à l'année 1746, époque
à laquelle, nombre de nos manuscrits furent trans-
portés à Paris. Quand ils en revinrent en 1770, ils
étaient porteurs d'une annotation commémorative de
leur déplacement qui ne figure pas dans notre volume.
Quoi qu'il en soit, il fut compris dans la masse
de documents expédiés à Paris en 1796. Semblable
à celle des manuscrits saisis alors, sa reliure française,
en veau racine, nous fournit la preuve qu'il passa
vingt années à Paris, y revêtit un jour l'uniforme des
livres de la Bibliothèque impériale, — dos de basane
rouge, au chiflre de l'Empereur, — puis en 181 5 il fut
réintégré à sa place primitive à la Bibliothèque royale
de Bruxelles, où la main d'un habile relieur fit dispa-
raître les marques napoléoniennes.
C'est là tout ce que l'on peut dire de l'histoire de
ce volume. Mieux qu'une notice imparfaite, le dépouil-
lement du manuscrit en fera connaître et apprécier la
valeur. Quelques-unes des pièces qu'il contient ont été
publiées par de Ram, dans ses Documents pour servir
à l'histoire des troubles de la principauté de Liège au
XVe siècle; presque toutes les autres sont inédites.
Eugène BACHA.
— 231 —
MUSCRIT 10838-952 DE LA BIBLIOTHÈQUE ROYALE
Johannis XXIII. Cessio patatui cum aliquibus actis Ms.f.s* 7<
in concilio Constantiensi (i).
— Ego papa Johannes XX[III] propter quietem tocius populi
christianis profiteor, spondeo et promitto... — ... presentis sis-
matis.
Cf. Mansi, Collect. Concilior. t. XXVII, p. 867.
— Johannes episcopus servus servorum Dei... Universitati ves-
trae... — Datum Lopfenberch, basiliensis diocesis, 1 i* nonas aprilis
pontificatus nostri anno tertio, f. de monte policiamo.
— Décréta et diffinita per sacrum concilium constantiae in f. 5r
prima sessione...
— Décréta et diffinita in seconda sessione... f- 5»
— Copia littere quam in crastino beati benedicti misit papa f. 6r
domino Régi Romanorum post suum discessum de Constancia.
Carissime fili... — Datum in Schafhusa die vicesima prima
raartii XI II Ie decimo quinto.
Publiée par Mansi, /. c.fp. 5jj.
— Quarta sessio que observata fuit in ecclesia cathedrali... f.6r7r
— ... sub sigillo quatuor prelatorum quatuor notarium prece-
dencium.
Innocentii VII . Bulla pro absolutione Episcopi, cleri f. 7r 9*
ac populi Leodiensis qui se subtraxerant ab obedientia
Bonifatii IX, praedecessoris, eosque ad suam recipiens.
Data Viterbii VI. non. 8brU pontificatus sui anno primo.
1404.
— Innocentais... Patet minarum... — ... Datum et actum
Viterbii VI nonas octobris pontificatus nostri anno primo.
Bulle inédite. — Cf. Bormans, Notice d'un Car tu la ire du clergé
secondaire de Liège; Bulletin de la Commission royale d'histoire,
& série, t. XIV, p. 358, n° 61, déclaration du clergé de Liège, 1400,
24 mars.
(1) Nous donnons les analyses de la table qui se trouve en tête du
volume.
— 232 —
Ms.f.9'11' Gregorii XII. bulla qua Joanni Bavaro Electo Léo-
diensi concedit facultatem privandi J>eneficiis omnes
ecclesiasticos sibi rebelles. Data Romae 4 Idus aprilis
pontificatus anno primo. 14°7-
— Gregorius episcopus... Dilecto filio Johanni electo Leodiensi
s. et a. b. Si culpe crudelitas... — Datum Rome apud Sanctum
Petrum 4** Idus aprilis anno primo.
Bulle inédite. — Cf. Baronius, Ann. Eccles., t. XXVII, p. i86,
Bulle à relu de Liège datée du 3 des ides d'avril et Bormans, L c.f
p. 35i, n° 63, Bulle du 12 septembre 1407.
f. 44* 4» Sententia dicti Joannis Electi Leodiensis, qua, vi~
gore Bullae supradictae, per.promotorem suum pluri-
mos tatn cathedralis quam aliarum Ecclessiarum sibi
adversarios praebendis aliisque beneficiis privavit. Data
vigesima decembris. 1408.
— In causa inquisicionis summarie que coram nobis Johanne
de Bavaria Dei gratia electo Leodiensi per litteras apostolicas sanc-
tissimi in Christo patris ac domini nostri domini Gregorii, divina
providentia pape duodecimi... — (alia manu). Datum die jovis
XX»*Xbri-XIIIIc. VIII.
Bulle inédite. — Cf. Bormans, /. c.9p. 35ç, n° 64, déclaration du
clergé secondaire, 12 octobre 1408.
f. 4* 43* Alexandri V bulla ratas habentis privationes edio
tas confirmantisque collationes novas per dictum Jo-
hannem Electum Leodiensi factas. Data Pisis, non.
julii pontificatus anno primo. 1409.
Alexander episcopus servus servorum dei ad futuram rei memo-
riam. ... Humilibus supplicum votis... — Datum Pisis nonas Julii
pontificatus nostri anno primo.
Bulle inédite. — Cf. Bormans, Notice d'un cartulaire du clergé
secondaire de Liège, Bulletin de la Commission royale d histoire,
t. XIV, p. 35ç.
— 233 —
Designatio 12 dierum veneris per annum jejunandis Ms. f. 1&
proetc...
— Isti sunt dies veneris spéciales quos omnes primi debent
jejunare in pane et aqua. Ego Clemens papa romanus notifico
quod... — ... Hii sunt dies veneris duodecim cum magna reve-
rentia christianis sunt observanda. Oportet nos in sextis feriis plus
quam in ceteris diebus jejunare, etc.
Inédit.
Versus quidam flandrici compositi tempore Belli f. i& u*
inter Francigenos et neapolitanos. M94-
— Waer blieft hy compt hy oft nyet...
Hac contentus eris sorte data miseris (1).
Poème inédit. — Cf. Baronius, Ann. Eccles., anno 1494, p. 21 7 sq.
Caroli Francorum régis declaratio, pro expeditione f. w 45*
adversus Turcas suscipienda data regni anno i2mo Flo-
rentiae. 1494-
— Karolus Dei gratia Francorum rex universis christi fidelibus
présentes litteras inspecturis. Zelum fidei catholice... — ... Datum
florencie die vicesima secunda mensis novembris anno 94 regni
nostri anno duodecimo.
Cf. Baronius, Ann. Eccles., anno 1494, p. 219, n° 19. ... Cum enim
Me (rex Francorum) palam jactaret, restituto G allie ce genti neapoli-
tano regno, adversus Turcas se arma versurum...
Machometis littera flandrice scripta Sanctissimo. f. /$• 46*
i5oi.
— Machomethere derTorken... — ... Ghegeven in onser Ke-
selycker stat Constantinopel.
Lettre inédite. — Cf. Baronius, Ann. Eccles., anno i5oi, p. 3?i9
n* 19.
(1) Les six derniers vers sont séparés des autres par le mot ; notate.
— 234 —
Ms. f. 46* Pauca quaedam abbreviata historiae Leodiensis, cum
prognosticatis Régi Francise Carol:. Script. Romae.
1423.
— Anno MCCO et XII0 (sic), capta fuit civitas leodii a Hen-
rico duce brabantie et hugone episcopo fugato, et sequenti anno
idem hugo obtinuit bellum contra ducem in custodia de stepe...
— Pronosticata régis francorum. Karolus filius ludovici ex
natione... — ... Scriptum in anno XI II Ie vicesimo tertio, etc.
Rome factum.
Fragment inédit.
f. 47' 70'
Liber ordinarius Ecclesiae Leodiensis ostendens
qualiter legatur et cantetur per totum annum in offi-
ciis tam de tempore quam de festis per Dominum Jodo-
cum Parion.
— In nomine Domini amen. Incipit liber ordinarius ostendens
qualiter legatur et cantetur per totum anni circulum in ecclesia
leodiensi tam de tempore quam de festis in officiis divinis diurnis
atque nocturnis. Et est sciendum quod adventus donûni semper
advenit in dominica quae est propinquior... — ... Per dominum
Judocum Parion sunt predicta ordinata.
Traité inédit. — L'auteur Josse Parion est inconnu.
/. 74r blanc
f. 74*
en marge :
Auctores
— Notate
Qui tacitus ardet magis uritur
Semper moritur et nunquam mortuus est qui amat
Omnia vicit amor et nos cedamus amori
Ignis ille furor nescit habere modum
Verba puellarum foliis leviora caducis.
f. 7» blanc
f. 7* 74*
Sixti quarti bulla circa resignationes beneficiorum
data V kal. octobris ac publicata Romae 27* ejusdem
mensis pontificatus anno decimo. 1481.
Lecta et publicata fuit bulla immédiate infrascripta Rome in
caméra apostolica die XXVII mensis octobris anni a nativitate do-
mini XI II Ie octogesimi pontificatus Sixti quarti anno decimo.
— 235 —
Sixtus... Sicut bonus pastor... — Datum Rome apud Sanctum
Petrum anno incarnationis dominice millesimo quadringetesimo
octagesimo quinto kalendas octobris pontificatus nostri anno de-
cimo. Finis bulle.
Bulle inédite, suivie de quelques vers flamands. Ms. f. 74*
Ordinarius Ecclesiae Leodiensis de Festis, finitus f.7&406*
et completus per manus Adae de J unccis décima martii.
1489.
— Dicto de tempore, sequitur de sanctis et primo sciendum
est quod... — ... Et sic est finis per manus Ade de Junctis.
De la même main : Et sciendum est quod ecclesie et civitas f. 40S*
consueverunt facere très processiones cum forticiis... (notes histo-
riques).
— Explicit ordinarius Ecclesie Leodiensis finitus et completus f. 406*
per manus Ade de Junctis anno domini XI II Ie LXXX nono mensis
mardi die décima, etc.
Copie de l'autographe d'Adam de Junctis. Traité inédit. Cest la
suite du Liber ordinarius, cité plus haut, de Josse Parion.
Douce lignes d annales liégeoises (A lia manu). f. 406'
Tractatus de horis canonicis (premissa tabula Al- f. 406* 4*4*
berti de Ferrariis, juris utriusque doctorisj.
Die ultima martii. 1489.
— Tabula composita a Domino Alberto de ferrariis utriusque f. 406* 408*
juris, doctore de Placentia, super infrascripto opusculo : De horis
canonicis.
— Incipit tractatus de horis canonicis. Materiam horarum quas f. 408*
canonicas appellamus sub brevi stilo divina opitulante gracia trac-
tandam assumpsi ego Albertus de Ferrariis de placentia juris
utriusque doctor quamvis indignus, dicta quoque doctorum in hac
materia scribentium in unum redigere curavi et que collecta erant
in hoc opusculo inserui et materiam amplificavi... — ... Explicit
libellus de horis dicendis anno domini XI II Ie LXXXIX mensis
mardi die ultima.
Traité inédit.
- 236 -
m», f. 4%ù* m* J uramentum Fiscalium et advocatorum curiae Leo-
diensis.
— J uramentum fiscalium. Juro quod fidelis ero et obediens do-
mino nostro leodiensi episcopo...
— J uramentum advocatorum. Juro quod Domino episcopo leo-
diensi et ejus officiali ero fidelis et obediam... — In ejus locum me
scienter subrogari non permittans, etc.
f. *%* 15* Statuta provincialia Coloniensia, acta in concilio
cxvmcxxvui pr0vinciali celebrato de consensu et consilio inter alios
adulphi episcopi Leodiensis procuratorum. Die ultima
octobris. i322.
Descriptaque manu supra memorati Adae de Junc-
tis, i5 septembris. 1489.
f. iii* 4%1* Tabula statutorum provincialium coloniensium. De injectioni-
bus manuum in clericos vel ecclesiasticas personas... — ... Explicit
tabula statutorum provincialium.
f. J2& — Henricus, dei gracia sancte Coloniensis ecclesie archiepis-
copus, sacri imperii per Italiam archichancelarius, sacro presenti
provinciali concilio ad perpetuam rei memoriam rei publice curam
gerentibus illud... — ... Expliciunt statuta provincialia coloniensia
per manus Ade de Junctis scripta anno XI II Ie LXXX nono mensis
septembris die XV.
Les statuts du Concile provincial de Cologne ont été publiés par
Hartçheim, Concilia Germaniœ, t. IV, p. 282.
f. 45* Quidam lamentatur suam amore alterius captam
sed gaudet se habere socios licet ignorare velint.
Heu michi que quondam dulcis que cordis arnica
Femina decepit quis modo tutus erit.
Poème inédit, suivi de quelques vers flamands.
f.43&mr Convention en langue flamande touchant Maes-
tricht faite entre le duc de Bourgogne et les Liégeois
le 28 août... 1448.
— 237 —
Ter dachvaert ghehouden XXVIII* augusti XI II Ie XLVIII
jaer... — ... aldus geteykent. 1. Wachelgem. Wa. de. Ser00, suivi
d'une note flamande.
Charte inédite. — Le titre flamand de cette pièce, est : Uoverdrach
ghehouden van wat poenten men daghen mach tôt Ludick die ingeseten
in Brabant. (Test une convention sur les points au sujet desquels il est
permis d'assigner en justice devant Vofficialité de Liège les habitants du
Brabant compris dans le ressort du diocèse de Liège.
Littera remissionis in favorem Leodiensium per Ms. f. m*
Mariam Burgundiae ac Brabantiae ducissam.
Flandrice data 19 martiis. !476.
Publié par de Ram, Analecta Leodiensia, p. 623; cf. Schoonbroodt,
Inventaire... des chartes de Saint-Lambert, Liège, Desoer, i863, p. 34Jy
n° 1074, le même acte en roman.
Causae sex quibus probari praetenditur D. Wilhel- f.m*44*
mum de Marcka récépissé mercedem quam ipsius pec-
cata meruerant.
— Ex causis que inferius notantur constat satis luculenter ober-
rare leodienses plurimos qui excecati non pertimescunt proprium
eorum calumniari et accusari dominum ex quo diebus istis novis-
simis promisit cum lege et justicia dominum Willelhmum de Mar-
cha eam recipere mercedem quam peccata ipsius meruerunt sepis-
sime.
Prima causa. Si spacio longiori potuisset... — ... illos interfe-
cisset veluti lettera ibidem lacius déclarât.
Pièce inédite.
Sixti III. brève seu monitorium contra Arember- f.usi47r
gios patriae Leodiensis post occisum episcopum Ludo-
vicum de Bourbon occupatores ac depraedatores, avec
une autre pièce en flamend touchant les dits d'Arem-
berg.
Publié par de Ram Analecta Leodiensia, pp. J25-j36.
30
- 238 —
Ms.f.447r447* Deken ende Capitel van Ludick den wael geminden burge-
meestern, gesworen ende Raet der stat van beringhen onssern gue-
den vrunden. Besonder gemynde... — ... stats Ludik des XII*
dachs der maent van januaris int jaer XI II Ie ende LXXXIX.
f. U8r 450* Davidis de Burgundia episcopi trajectensis processus
seu monitorium vigore litterarum apostolicarum de
data 4t0 idus julii 1488 pro Joanne de Horne episcopo
Leodiensi adversus eosdem Arembergios ubi dicitur
eosdem detinere injuste ducatum Bulloniensem et alia.
Publié par de Ram, Analecta Leodiensiatp. 834.
f. 454r 45* Alberti Saxoni Ducis epistola ad Burgimagistros et
scabinos oppidi Lovaniensis cum responsione eorum-
dem. i3 augusti. 1489.
Lettres inédites. — Cf. Proost, Table chronologique des Bulletins
de la Commission royale d'histoire, pp. 72-75.
f. 4$* Ceremoniae in consignatione pilei et ensis Philippe
Burg. duci.
Venerabilis Domine Hadriane cum eritis ad viam... — ... una
vobiscum associet ducem ad palacium residencie sue.
Pièce inédite.
f. 45& Mandatum Johannis Hornœi, episcopi leodiensis
curiam spiritualem, a se in Diest translatam, resti-
tuentis Lovanium ad id requisiti per Maximilianum
Rom. Regem Philippumque ejus natum 29 8bril 1491.
Johannes de Hoerne episcopus leodiensis dux bullonensis et
cornes loessensis universis présentes litteris visuris lecturis et audi-
turis salutem in domino sempiternam. Cum nos divisionem que
in lovaniensi et bruxellensi et aliis patrie brabantie oppidis... —
... Datum anno a nativitate domini XI II 1e nonagesimo primo
mensis octobris die vicesima nona.
— 239 —
Ms. f. 1 oo blanc
Complainte imprimée de Marguerite d'Autriche, f. 1S4
fille du dit Maximilien, se trouvant renvoiée par le
Roy de France Charles VIII à la cour duquel elle
avait été eslevée pour être son épouse.
Donques et pourtant toy Charles Régnant.
Je te ordonne et baille.
Xylographe, fragment. — Cf. ms. 11182, de la Bibliothèque royale
de Bruxelles, p. 2. Cy commence ung petit traittiet nouvellement fait
et composé appelle H malheur de France. — P. 8. Comment Raison re-
montre au Roy de France le péril et dangier là ou il se est mis et
boute par avoir delaissiet laitance qui estoit entre luy laigle et le lyon
par le moyen de la très noble et renommée fleur Madame Marguerite.
Alexandri VI papae brevia data Rome 22 octobris f.455ri$7*
1492 Philippo archid. Austriae, Alberto duci Saxoniae,
Francisco de Busluyden preposito Leodiensi, et plu-
ribus aliis, addita responsione dicti Philippi archi-
ducis. M92.
Brève misse per sanctissum dominum d. Alexandrum hujus
nominis sextum anno XI II Ie XC tertio (sic).
— Venerabili fratri episcopo leodiensi. Venerabilis frater salu-
tem, etc. Audivimus et quidera invitis auribus... — ... Datum
Rome etc. die XXIIa octobris 1492 anno primo.
— Dilecto filio nobili viro philippo archiduci Austrie, burgon-
die, brabantie etc. duci... Dilectefili salutem et auctoritatem sancte
apostolice sedis in suis dominiis et. .. — ... Datum Rome ut supra.
— Dilecto filio nobili viro Alberto duci Saxonie.
Dilecte fili salutem, etc., intelligimus te per carissimum in
Christo filium nostrum Maximilianum... — ... Datum Rome ut
supra.
— Dilecto filio francisco de buscheyden preposito Leodiensi...
— ... Datum Rome ut supra.
— Dilectis filiis parcensis et affliguensis monasteriorum abba-
tibus et eorum cuilibet. Dilecti filii salutem, etc.. Quum hoc audi-
mus de vobis... — ... Datum Rome ut supra.
— Dilecto filio Johanni Carondebet cancellario austriae bour-
gondie, etc.. Dilecti fili salutem etc, audivimus etquidem... — ...
Dilecti filii salutem etc. quum nostra et universa ecclesie dei auc-
toritas... Datum Rome ut supra.
— 240 —
— Dilecto filio Johanni de Houthem cancellario brabancie.
Dilecte fili salutem, etc. Crebris tam fisci curie nostre querelis...
— ... Datum Rome ut supra.
— Dilectis filiis gentibus cancellarie consilii ducatus brabantie.
Dilecte filii salutem, etc., sicutpro certo didicimus... — ... Datum
Rome ut supra.
— Dilecto filio Engelberto, comiti de Nassone... — ... Dilecte
fili salutem etc. nimium ut variis ad nos perfertur... — ... Datum
Rome ut supra.
— Dilecto filio Johanni de bergis domino de Waleyn equiti...
— ... Dilecte fili salutem etc non modicum et multimodis... — ...
Datum Rome ut supra.
— Responsio Ducis philippi. Sanctissime pater clementissime
domine, post desideratissima beatorum pedum oscula. Quia sanc-
titati vestre suggestum est, etc...
E. v[estrœ\ s[anctitatis] devotus filius Philippus archidux aus-
trie burgondie dux, cornes flandrie, hollandie, Zeellandie, etc.
BaroniustAnn. Eccles., anno 1492, p. 194, publie le bref £ Alexandre
VI à r archiduc Philippe. — // note que le pape adressa plusieurs invi-
tations de ce genre à des princes chrétiens, et que ces lettres se trouvent
à la Vaticane, ms. n° 36i, inscript. Leodium, p. 3ç3 sq. Elles sont iné-
dites, et nous en avons ici le texte.
Ms.f.458r459' Alexandri ejusdem bulla contra impedientes execu-
tionem citationum et apostolicarum (confirmatoria
bullae Innocentii VIII date V kal. februar. 1491). Data
IX kal. januarii. H92-
En marge: édita est, t. /, Bullairii Rom. éd. Lugd. an1 1692, p. 461.
f. 459*460* Mahometis Turcarum imperatoris littera flan-
drice scripta Philippo Duci Burgundiae ac Régi cas-
tellae, etc. 26 octobris. i5o5.
Ich Machomet bij der genaden des groiten Gods... — ... in
octobri ghescreven in Albrav...
Lettre inédite.
f. 460* blanc
f. 464* 464* Ludovici de Bourbon Leodiensis episcopi litterae
— 241 —
in jucundo suo adventu concessae clero saecundario
Leodiensi. 26 octobris. 1456.
Publié par de Ram, Analecta Leodiensi a, p. 420.
Nicolai V papae bulla conservatoria eidem clero Ms. f. 46*
concessa 4 id. octobris. 1451.
Nicolaus episcopus servus servorum Dei, dilectis filiis abbatibus
monasterii sancti Laurentii extra muros leodienses, et sanctorum
apostolorum Coloniensis ac sancti Johannis Trajectensis ecclesia-
rum decanis salutem et apostolicam benedictionem. Quid refrige-
fiente cantate... — ... Datum Rome apud sanctum Petrum anno
incarnationis dominice M0 quadringentesimo quinquagesimo primo
pontificatus nostri anno quinto.
Publié par de Ram, Analecta Leodiensia, pp. 401-404.
Sixti IV papae extensio supramemoratae conservato- f. 465* 46*
rie, data 7 kal. novembris. H73-
Publié par de Ram, Analecta Leodiensia,p. 604.
Ejusdem confirmatio privilegiorum dicti cleri se- f.46i*4$5*
cundarii Leodiensis in forma gratiosa expedita III non.
decembris. H72*
Publiée par de Ram, Analecta Leodiensia,p. 612.
Pii II papae Bulla alternativae dispositionis benefi- f. 465* 467*
ciorum vacantium in diocesi Leodiensi data XIII kal.
februar. 1458.
Publiée par de Ram, Analecta Leodiensia, p. 435.
Ludovici de Bourbon episcopi Leodiensis littera, f. 467* 469*
— 242 —
clero secundario privilégia a se concessa confirmantis.
Data Leodii 1 februarii. 147&*
Publiée par de Ram, Analecta Leodiensia, p. 6ij.
Ms.f.m*4f* Nicolai V Bulla reformationis Ecclesiarum secun-
diarium data XIV kal. novembris pontificatus anno
quinto. 1451.
Publiée par de Ram, Analecta Leodiensia, p. 404.
f. 17» 174* Concordia episcopi et praelatorum Leodii cum uni-
versitate Lovaniensi, auctoritate Eugenii quarti data
Romae IV kal. augusti pontificatus ejus anno primo.
1431.
Concordia inter episcopum et prelatos ecclesie leodiensis cum
universitate Lovaniensi quae est in archivs nre leod deposita.
Eugenius episcopus servus servorum Dei ad perpetuam rei
memoriam. Licet suscepti cura regiminis... — ... Datum Rome
apud Sanctum Petrum anno incarnationis dominice millesimo
quadringetesimo tricesimo primo, quarto kalendas augusti pontifi-
catus nostri anno primo.
Publiée dans les Placcaerten... van Brabant. Antwerpen 1648 ',
t. /, pp. 88-go.
f. 174' 179* Pœma fiandricum de archiduco Philippo et Mar-
gareta ejus sorore aliaque eadem lingua composita.
— Dye sceydinghe van den edelen aertshertoghe Philippus van
oesteryck, Brabant etc. ende van synder sustere die schone Mar-
griete a0 XCVI0.
Hoc groten blyscap in liefs vergaren es...
Ick bevele u allen Gods moder ghebenedyt.
— Anno XI II Ie XCVII hoc dat vrou Margriete hertoghe Phi-
lips suster in Spaengien ontfanghen was.
Had ick nu die pœtelicke ghedachten...
— 243 —
Dwelck hem wil jonnen die mœder ons heeren.
— Die entfaukenisse des tshertoghen in die stadt van Gientte.
Verhaecht u Vlaendren int ghemeene...
Ende met u Heere leven en sterven.
— Hoe hertoghe Philips te Brugghe ontfanghen werdt.
Hoe Brugghe bedruck was voorleden... — ...
Schoonder willecom en sagic nye gebueren, etc., etc.
Epistola Liberti Biricensis episcopi ad archiepisco- Af*. f. 479*48*'
pos et episcopos Coloniensis Moguntinensis Treviren-
sis, Leodiensis, Cameracensis, Trajectensis, Monas-
teiriensis et Osnabugensis super regimen ecclesiastico-
rum.
Hoc ego confeci brève sed feret alter honorem.
Sic vos non vobis mellificatis apes.
Sic vos non vobis fertis ad aratra bones. . .
Sic vos non vobis nidificatis aves.
Sic vos non vobis ghyr cumulatis opes.
Quum vero durissimum judicium erit hiis qui praesunt et po-
tentes... — ... locupletis episcopi et potentes quantocius occurant.
Traditio Rosae facta D. archiduci Austriae ex com- f. 48*
missione Alexandri VI papae anno. 1498.
— Accipe rosam de manibus... unus in secula seculorum...
— ... finis oracionis.
— Letare igitur princeps... — ... ecclesia percipiet.
Bulla ejusdem Alexandri pro insinuatione jubilœi f. 48*
proximi data pridie id. april. pontificatus anno VIt0.
1498.
Alexander episcopus servus servorum dei ad futuram rei memo-
riam Consueverunt romani pontifices... — ... Datum Rome apud
sanctum Petrum anno incarnationis dominice millesimo quadrin-
— 244 —
getesimo nonagesimo octavo, pridie idus aprilis pontificatus nostri
anno sexto : sic signatur. (Signatures).
Bulle inédite.
Ms.f.483*i86* Informatio pro negociis transmittendis per cancel-
lariam etc. quibus expensis expediantur id est : pretium
omnigeneris dispensationum.
— Sequuntur négocia occurentia communiter in regno anglie.
Brevis informacio pro negociis transmittendis per cancellariam
expediendis et quibus expensis expedicentur... Et primo pro una
dispensa tione... — ... Sufficit fides sigilli custodis.
£487*488* Alexandri VI. Brève ad Carolum VIII francorum
regem quo huic praecipit ut intra g dies Italia discedat
alioquin 2oma die sexti coram se in publico consistorio
compareat ad videndum declarari ipsum incurcisse
pœnas et censuras quae singulis annis in cœna Domini
publicantur. Datum Romae nonas Augusti pontificatus
anno tertio. H95-
Brève missum per ponteficem Régi francie. Carissimo in Christo
filio nostro Carolo francorum Régi Christianissimo. Carissime
in Christo fili noster salutem etc. Dum inperscrutabili... — ...
Datum Rome etc. nonas augusti anno 3°.
Inédite. — Cf. Baronius, Ann. Eccles., anno 1495, p. 236.
f. 488» 490* Lamentatio Monialium partim latino partim flan-
drice per M. Wilbrordium Mathei metrice facta.
1504.
— Monicelle incarcerate.
Syn wy gheweest over meinich jaer.
Nunc erimus in libertate.
Monicelle incarcerate
Finis.
Poème inédit
— 245 —
Magnificat ghemoralizert op den tyt van nu me- Ms. f. iw 49s*
trice.
Magnificat nu die sulcke seere.
In secula seculorum amen.
Poème inédit
Johannis Hoiygne panegyris heroica hecatestica in f. 49**49**
electione D. Erhardi de Marcka, Eburonum praesulis,
praeeunte stemmate singulari insignium familiae ejus.
Dum varios hominum casus dum mille tumultus.
Aurea tranquilli revehit qui tempora secli.
V.p. 248, le texte de ce poème.
Eustachii Nivarii canonici Leodiensis oratio ha- f. 49$* 49*
bita Romae coram Julio II, p. M. cum litteris ejus
Johannis Pino, tolosano, et responsis hujus ad Niva-
rium legatum illustrissimi Electi Leodiensis. i5o6.
— Clarissimi viri Eustachii Nivarii canonici leodiensis oratio
habita Rome coram Julio secundo Romano pontefice maximo.
Eustachius Nivarius Canonicus leodiensis doctissimo et eru-
ditissimo viro Johanni Pino tolosano s. d. Miror quod tu... — ...
Vale. Rome XIX maii M. XVe sexti.
— Jo. Pinus tolosanus Eustachio Nivario illustrissimi principis
episcopi leodiensis legato s. d. p.
Accepi humanissimas litteras... — ...Vale, Bononie XIX junii.
— Eustachii de Nivahis canonici leodiensis revendissimi et
illustrissimi domini et electi, insignis ecclesie leodiensis, una cum
Simone de Juliaco preposito sancti Dyonisii leodiensis oratoris ad
Julium II pontificem maximum pro agendis gratiis de propensis-
sima confirma tionis gratia oratio.
Ut devotissimi humillimi et obedientes S. V. filii... — ... Nes-
toreos impleat annos. Dixi.
— Sequuntur que a priore detracta fuerant oratione, ob summi
pontificis graves illius diei curas, habito postea loco et tempore
dicta sunt.
Haud equidem facile... — ... gratum exhibere.
Inédites. — Sur Eustache de Nivariis, Vojr. de Theux, Le chapitre
de Saint-Lambert, t. II, p. 3ao.
31
— 246 —
M$.f.498r499r Eugenii IV, bulla circa collationes praebendarum
S. Materni ac parvae mensae aliorumque beneficiorum
in cathedrali leodiensi ad prœpositum et decanum spec-
tantes. Data Romae 8 id. octobris pontificatus anno
XVI. 1446.
— Eugenius episcopus servus servorum dei. Dilecto filio ab-
bati monasterii sancti Laurentii extra et prope muros leodienses.
Sal. et ap. benedictionem In ter cetera cordis nostri desiderabilia...
— ... Datum Rome apud sanctum Petrum anno incarnationis
dominice miilesimo quadringentesimo quadragesimo sexto octavo
idus octobris pontificatus nostri anno sexto decimo.
Bulle inédite.
f.499* Pii II bulla confirmatoria praecedentis data Senis
III kal. Martii pontificatus anno primo. 1458.
— Pius episcopus servus servorum Dei ad perpetuam rei me-
moriam. Cunctis orbis ecclesiis... — ... Datum Senis, anno in-
carnationis dominice miilesimo, quadringentesimo quinquagesimo
octavo. III0 kalendarum martii, pontificatus nostri anno primo.
Bulle inédite. — Cf. Bormans, Notice d'un cartulaire du clergé
secondaire de Liège, Bulletin de la Commission royale d'histoire,
3e série, t. XIV, p. 366, d'autres bulles de cette époque.
f.%04* Sixti IV bulla confirmans privilégia Cathedrali
Leodiensi per Eugenium quartum 7 id. aprilis 1432,
et per Pium secundum i3 kal. febr. concessa, novaque
eidem adjiciens data 9 januarii pontificatus anno 9.
1479.
Publiée par de Ram, Analecta Leodiensia, p. 6Sç.
f. îos* %4Z* Rescreyn van twee Pateren die reformeeren voyd-
den wen nonnen-clœster metrice et alia ejusdem ma-
ter iœ.
f, sos* — Twee paters d'een out d'ander jonck van jaren.
Segghende pater vertrect quia nolimus vos.
— 247 —
— Eyn refereyn van den ghelasman van Gent. Ms. f. 206*
Als ik ben reysende op ende neder.
Dits te Ghendt ghesciet voerwaer.
Inédite,
Julii II Bulla generalis interdicti per totum Fran- f.sis*
cie Regnum ac translationis nundinarum ex Lugduno
ad civitatem Gebenensem data i3 augusti pontificat us
anno nono. i5i2.
Bulla interdicti generalis in universo regno francie et transla- .
tionis nundinarum ex lugduno ad civitatem Gebenensem ex causis
in bulla contentis.
Julius episcopus servus servorum dei ad fut. rei memoriam. Ad
reprimendum nepharios conatus... — ... Datum Rome apud sanc-
tum petrum anno incarnationis domini XVcXII. XIIIa augusti
pontificatus nostri anno nono. Baltasar tuerdus.
Editée, cf. BaroniuSy Ann. Eccles., anno 1S12, p. 604.
Van quayden Tonghen; pœma Flandricum. f.$46*%4&
Poème inédit.
Publicatio jubilaei anni i525 per Clementem VII f.%i&*w
ordinati facta de mandato Erardi a Marka 24 augusti
(lire, 10 augusti). 1524.
Erardus de Marcha miseratione divina sancte romane ecclesie
tituli sancti gregorii presbiter cardinalis... Universis et singulis
I archidiaconis, abbatibus. . . — Sanctissimus Dominus noster. . . — ...
Datum Huy sub anno a nativitate dominice XVe vicicsimo quarto
mensis augusti die décima (sic).
Trois poèmes et deux pièces indéterminées en flamand. f. 24 T9 224'
— 248 —
POÈME DE JEAN HOINGNE
EN L'HONNEUR D'ERHARD DE LA MARCK (i).
Jean Hoingne est un personnage resté inconnu dont
l'existence nous est révélée par le poème que nous pu-
blions. Son nom n'est cité nulle part; Van der Meer
qui composa au siècle dernier une Bibliothèque des
écrivains liégeois (2), l'ignore totalement. La pièce que
voici, laisse entrevoir qu'il était membre du clergé de
Liège. Peut-être se confond-il avec ce Jean Hongne (3),
chapelain, qui fut témoin de l'acte d'accord passé en
1466 entre Louis de Bourbon et le clergé liégeois et
que nous retrouvons chanoine (4) en 1482, présent à
la protestation du chapitre de Saint-Lambert contre
l'interdit de Liège. Son poème est un panégyrique.
Tout porte à croire que c'est une allocution adressée
au prince-évêque au cours des fêtes qui saluèrent son
entrée à Liège (s). Sa date de composition se trouve
ainsi fixée à l'an i5o6.
IN ELECTIONEM DIVI ERHARDI DE MARCHA,
EBURONUM PRESULIS PANEGYRIS
HEROICA HECATOSTICA (6) JOHANNIS HOINGNE.
Dum varios hominum casus, dum mille tumultus
Intueor mundi, rerum dum pondero sortes
Atque vices, nil stare diu, sed turbine quodam
Cuncta rapi, movet ambiguam dubitacio mentem
In diversa trahens, certa ne Deus ratione
Inferiora regat, potius ve sinat sua quemque
Fata sequi, vel fortune permittat habenas.
Ista michi falso quamvis sit opinio visa
(i) Cf. p. 245.
(2) Manuscrit de la Bibliothèque royale de Bourgogne, n° 17639.
(3) de Ram, Documents pour servir à rhistoire des troubles, etc.,
p. 555.
(4) Ibidem 9 p. 698.
(5) Cf. Chapeaville, Gesta pontificum, t. III, p. 236.
(6) De cent vers.
— 249 —
Sepe probabilior, tandem obtinuit tamen illa
Verior atque animo insedit sentencia, nutu
Omnia divino moderatis omnia certis
Legibus astringi, constare suis quoque causis
Quod mihi nobilium celebrata electio nuper
Presulis Eburonum facile persuasit et omnem
Hanc mentis nebulam causasque errons abegit.
Ecquis enim superum non consultasse tonantem
Paci magnanime videat gentis leodine
Rébus et afflictis longam statuisse quietem
Cum tôt tantarumque virum prefecerit illi
Virtutum nulli génère ac probitate sequundum.
Si genus et proavos, primaque ab origine stema
Queris, ab cura deductam nobilitatem
Oris honos, morum spécimen, reverentia vultus
Gracia sermonis totisque decentia membris.
Cuncta venustatis prolem testancia, deinde
Relligio et pietas, simul experiencia rerum
Multarum, atque animus prastanti in corpore prestans
Inprimis liquide troiana insignia monstrant.
Sunt qui se claro superesse ab jasone jactant
Et phrixi ostentat (sic) spoliata in colchide sacra
Aurea torquato pendencia vellera collo
Hec si non ab re est, nec ego ratione vacare
Crediderim quod de Marcha domus inclita semper
Arma solet patula suspendere ab ilice sub qua
Porca solo recubet parvos enixa suillos (i).
Ista quidem proavum referunt insignia Iulum
Nempe hiis omnibus post mille pericula rerum
Eros Anchisiades belli finemque laborum
Et proprias meruit sedes et régna latina
Arma quibus rutulum vicit certamina Turnum
Aurea glandifera in quercu citherea locavit
Alba sub ilicibus terdenos ubere fétus
Sus refovens humili desulcavit scrobe vallum
Urbis condende multos ubi sceptra per annos
Julia progenies tenuit romana propago
Denique munimen, generosaque pectoris arma
Atque insigne decus clypei de Marcha (ubi blando
(1) Au bas de la page 193 verso, en regard de ce poème, se trouve un
dessin assez grossièrement fait, figurant les armes des Lamarck appen-
dues à un chêne d'où sort un ange aux ailes éployées ; sous l'arbre, une
truie avec ses petits, parmi les glands.
— 250 —
Axdens terribiiisque leo mansuescit in auro
Invictusque adamas inter placidos amethistos
Mulctetur) (i) romanum animum fultus retegunt qui
Indomitas vires miti clementia, et equa
Justicia trutina valeat cohibere, nec ullis
Fortune insidiis a stabilitate moveri
Pontefice in tanto, celeberrima stirpis avite
Nomina sint licet hune animi tamen intima virlus
Doctrina splendor rerum prudentia summa
Et probitatis amor, sancteque modestie vite
Illustrant magis et fàma super ethera tollunt
Hune nulle fugiunt artes, nullumque deeorum
Quicquid magnifico ingenio studiosa vetustas
Excoluit, vel que nobis imitanda reliquit
Quicquid et efflati divino numine va tes
Gravis meonides nosterque maro eecinere
Quicquid Aristoteles Samiusque senex docuere
Atque solone gravi melius rigidoque lycurgo
Quid fa s, quidve nefas probet atque vetet quid uterque
Jus statuât, quid divine sacra pagina legis
Spondeat hic penitus meminitque et calle ad ungem
Adde quod eloquii comi gravitate disertus
Oreque mellifluo nec ei cui cesserat olim
Atticus Echines nec facundo Ciceroni
Cedat et intensos valeat pacare tyrannos
Pro libitoque iterum frigentem accendere Martem
Sed quid ego frustra tanti preconia conor
Texere pontificis, nam si mihi divus Apollo
Ingenium aspiret, dulces mihi verba camene
Suppeditent, sacrumque inflamment corde furorem
Ante dies mihi defuerit quam copia laudis
Quin vos, Piérides, viridanti tempora lauro
Cingite, solemnes festis celebrate triumphos
Carminibus vobis jam sepe vocatus Apollo
Vester adest, studiis jamtandem premia vestris
Et méritas certaminibus sperate coronas
Vos quoque felicis tanto sub principe clari
Eburones, animo tristes deponite curas
Seva paludamenta roga mutate sagumque
(i) D'après Rietstap, Armoriai général, V° Lamarck, le blason de la
famille des Lamarck était d'or à la face échiquée d'argent et de gueule
de trois tires, augmenté plus tard d'un lion naissant de gueule, armé et
lampassé d'azur, mouvant de la face.
— 251 —
Purpura, et in falces diros conflate mucrones
Juppiter omnipotens olim miseratus acerbos
Attrite casus patriae, lacrimandaque fata
Eterne pepigit vobiscum fédéra pacis
Pontificem vobis tanta probitate verendum
Qui dédit atque ducem, cujus pia jussa sequenti
Commoda presentis capiatis, de optima vite
Premia venture per secula cuncta beati
Plausibus ergo tuum letis venerare parentem
Vocibus ingeminans, faustis Leodina juventus
Vivat, jovivat superet quoque nestoris annos
Nobilis Erhardus de Marcha presul honoris
Vivat, jovivat mentis post fata superstes
Aurea tranquilli revehit qui tempora secli.
♦■•»+
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Règlement de la Société V
Tableau des membres de la Société VII
NOTICES ET MÉMOIRES
I. A propos du Mareolt, d'une charte de 741, par l'abbé
Polyd. Daniels 1
II. Paroisse de Visé, par l'abbé J . CEYSSENS, vicaire à Visé. 1 3
Introduction i3
Chapitre préliminaire. Le Visé d'autrefois. . . 16
I. Nom et historique de Visé 22
1 . Le nom de Visé 22
2. Historique de la ville de Visé 24
II. La paroisse, l'église et les curés 33
1. La paroisse 33
2. L'église 45
3. Les curés ou plébans 55
III. Le Chapitre de Saint- Hadelin 63
1 . L'abbé séculier 70
2. Le prévôt 72
3. Le doyen 76
4. L'écolâtre 80
5. Le chantre 82
6. Principaux employés 86
7. Biens et revenus 87
8. Les bénéfices 91
IV. Autres institutions religieuses de la paroisse . . 94
1 . Le Temple 95
2. Les Sépulcrines 97
32
— 254
Pages
OI
o5
o5
3. Les Récollets
4. Les Conceptionnistes
5. Les Carmes de Devant-le-Pont
6. Les Oratoriens ♦. 107
7. Le refuge du Val-Dieu 108
8. La chapelle de Lorette 109
V. Enseignement et chanté n3
1 . L'enseignement à Visé 1 1 3
2. Les établissements de charité 120
VI. Les confréries, compagnies et métiers .... 127
1 . Les confréries 1 27
2. Les compagnies des arbalétriers et des arquebu-
siers i3o
3. Les métiers i36
VIL Le moulin banal de Visé à Devant-le-Pont . . 140
VIII. Personnages historiques visétois 148
1 . Les seigneurs de Viseit et du Rivage de Viseit,etc. 148
2. Les de Sluse 1 53
a) René-François de Sluse 1 54
b) Le cardinal de Sluse 159
c) Le baron Pierre-Louis de Sluse .... 164
3. Les de Charneux et de Réquilé i65
IX. Objets d'art et d'antiquité 172
X. Commerce et industrie 193
1. Commerce 193
2. Industrie 196
XI. Toponymie visétoise 200
XII. 1. Varia 209
2. Légendes visétoises 218
III. Documents d'histoire liégeoise, par EUGÈNE BACHA. 229
-*-
TABLE ALPHABÉTIQUE
Adélard II, abbé de Saint-Trond, 7.
Aix-la-Chapelle. Le pape Léon III
visite cette ville, 47, 48. — Cou-
vent de Sépulcrines, 97.
Aibergati (Antoine), nonce de Co-
logne, 128.
Alexandre, archidiacre, 36. — V,
pape, 232. — VI, pape, 239-244.
Amandus, custos, 181.
Amqy (le bourg d')f 27, 36.
Ans (la dîme d'), 66, 88.
Antgarden (la dîme d'), 66, 88.
Aoust (Augustin-Joseph d'), supérieur
du collège des Oratoriens à Visé
et curé de la paroisse, 45, 62, 63,
104.
Aphernon (Jean Plenus), avocat, con-
seiller et auditeur de S. M. C,
170.
Arckel (Jean d'), prince-évêque de
Liège, 28. — Robert, dit de Ryns-
wauld, 1 5 1 .
Aremberg (la famille d*), 237, 238.
Ariennes (le sanglier des), 20.
Arendonck, 2.
Argenteal, V. Argenteau.
Argenteau (porte d') à Visé, 17, 21,
67. — Nom primitif de cette loca-
lité, 23, 24. — Le château assiégé
par les Français, 225.
Argenteau (la famille d'). Renaud Ier,
i5o. — Renaud II, 28, i5o. —
Renar, i5o.
Assent, 4.
Ausloos (Placide), religieux de Saint-
Trond, 11.
Autels, V. Saint-Hadelin.
Autriche, 68. Les empereurs, 69.
Autriche (Georges d1), donne des pri-
vilèges aux Visétois, 194. — Mar-
guerite, 239, 242. — Philippe,
238-243. — Maximilien, empereur
d'Allemagne, 238, 239.
Bartholomaeus, prévôt de la collé-
giale de Visé, 75.
Bassenge, étudie au collège des Pères
Oratoriens à Visé, 117.
Bastianus de Visé,Y. ce dernier mot.
Bavière (les princes de), évêques de
Liège, 3i. — Jean, 29, 232. —
Ferdinand, 3i, 97, io3. — Maxi-
milien-Henri, 32, 119, 1 3g, 195. —
Ernest, 134, i35. — Théoduin, 197.
Beelfond (de), général français, 225.
Béer (la famille), à Jemeppe, 77.
Beerbroek, 7.
— 254 —
3. Les Récollets 101
4. Les Conceptionnistes io5
5. Les Carmes de Devant-le-Pont io5
6. Les Oratoriens «.107
7. Le refuge du Val-Dieu 108
8. La chapelle de Lorette 109
V. Enseignement et charité ii3
1 . L'enseignement à Visé 1 1 3
2. Les établissements de charité 120
VI. Les confréries, compagnies et métiers .... 127
1 . Les confréries 1 27
2. Les compagnies des arbalétriers et des arquebu-
siers i3o
3. Les métiers i36
VII. Le moulin banal de Visé à Devant-le-Pont . . 140
VIII. Personnages historiques visétois 148
1 . Les seigneurs de Viseit et du Rivage de Viseit,etc. 148
2. Les de Sluse i53
a) René-François de Sluse 1 54
b) Le cardinal de Sluse 159
c) Le baron Pierre-Louis de Sluse .... 164
3. Les de Charneux et de Réquilé i65
IX. Objets d'art et d'antiquité 172
X. Commerce et industrie 193
1. Commerce 193
2. Industrie 196
XL Toponymie visétoise 200
XII. 1. Varia 209
2. Légendes visétoises 218
III. Documents d'histoire liégeoise, par EUGÈNE BACHA. 229
j
1
— 257 —
ïachard, V. Rissac.
ïampaderine, ancien nom de Visé
d'après la légende, 24.
Zampine (la), hameaux du pays de
Diest, situés du côté de la Cam-
pine, 5.
Zcurmes (Les Pères) à Devant-le-
Pont, io5, 106. — Ils s'y établissent
32, 106. Ils font les offices pa-
roissiaux dans leur église pendant
la révolution française, 63.
Carondebet (Jean), chancelier d'Au-
triche, 237.
Carot (Pieron),92. — Wathier, et sa
femme Sophie, fondateurs de Tau-
tel de Notre-Dame à l'église de
Visé, 92. Ils sont les principaux
bienfaiteurs du couvent des Tem-
pliers à Visé, 95.
Carreto (Percheval de), archidiacre
de Hesbaye, donne son consente-
ment à ce que l'église de Visé soit
élevée au rang de collégiale, 37, 60,
66.
Castro (a), V. Waltheri et Straven.
Cedros, roi de Tongres, 24.
Celles. Le Chapitre, 28, 64, 65 ;
fondé parSaint-Hadelin, 63. Diffi-
cultés avec les seigneurs de Celles,
64, 65. — Il est transféré à Visé,
37, 65. — L'abbé, 70. — Le pré-
vôt, 72. — Le curé et les trois vi-
caires, 74. — Les dîmes, 88. Voir
aussi Saint-Hadelin.
Chapeaville, grand vicaire de Liège,
permet aux Sépulcrines de s'établir
à Visé, 97.
Charlemagne, bienfaiteur de l'église
de Visé, 34, 45, 46, 49. Ses capi-
tulaires, 1 1 3. — Ses relations avec
Visé, 1 14. Il institue la foire à Visé,
193.
Charles (le Téméraire), prend et dé-
truit la ville de Visé, 25, 3o, 96,
97, i83, — VIII, roi de France,
233, 234, 239, 244.
— (le Chauve), deniers de ce prince
frappés à Visé, 197.
Ckarleville, près de Rheims, possède
un couvent de l'ordre du Saint-
Sépulcre, 99.
Charneux (de). N., seigneur de Her-
malle, 109. — d'Ohar, 167. — • Fa-
mille distinguée de Visé, 1 15. No-
tice sur cette famille, 165-169 5
elle s'établit à Visé, 166. — Denys
des Marets-de Charneux, époux
de Catherine Pernode à côté de
laquelle il gît à la collégiale de
Visé, 53, 167, 189. — Denis, ju-
risconsulte, 167. — N., avocat à
Liège et conseiller intime du
prince-évêque, 167. — Pierre- Er-
nest, chanoine de Saint-Lambert,
167. — Herman, chanoine à Visé,
donne à l'église collégiale de nou-
velles orgues, 53, 167. — Jean-
Jacques, chanoine et vice-prévôt
de Saint-Adalbert à Aix-la-Cha-
pelle, 167. — Henri, frère du pré-
cédent, professeur et recteur de
l'université de Louvain, 167; il est
enterré dans l'église de Saint-Pierre
à Louvain, 168. — Barthélémy,
dit de Maret, seigneur de Warsage,
fils de Pierre, échevin de Liège,
lieutenant-gouverneur de Franchi-
mont, mayeur de Fléron, épousa
la sœur de Michel a Vervia, abbé
de Val-Dieu, 168; il était bourg-
mestre de Visé et receveur-général
du prince-évêque, io3, 168; grand
bienfaiteur des Pères Récollets,
io3, 169. Il avait entre autres
quatre enfants :
i° Barthélémy, chanoine de
Saint-Gilles à Liège, 169.
20 Jean, major dans l'armée de
— 258 —
1 électeur de Cologne, 169.
3° Maximilien-Henri, capitaine
dans l'armée impériale, 169.
40 Marguerite, épouse de Guil-
laume de Requilé, 169, 170.
Château (du), V. Waltheri etStraven.
Cheratte (de), V. de Sarolay.
Chinstrée, partie de la ville de Visé,
io5, 201 ; étymologie du nom,
202.
Chiroux-ville, surnom de Visé, 3 1 .
Chokier-Surlet (Jean de), abbé sécu-
lier de Visé, 71. — Jean- Ernest,
neveu du précédent, également ab-
bé séculier de Visé, 71 .
Clément X (le pape), accorde aux
Pères Carmes l'autorisation d éta-
blir une confrérie de Notre-Dame
du Mont-Carmel à Visé, 1 1 1, 233,
247.
Clerx (Michel), archidiacre de Hes-
baye, 60.
Coelen, fiscus du Chapitre de Saint-
Hadelin à Visé, 87.
Compagnies (les), V. Visé.
Conceptionnistes (l'ordre des), s'éta-
blit à Visé, io5 ; il retourne à
Liège, ibid.
Confréries (les), V. Visé.
Conjoux, la dîme est possédée par le
Chapitre de Saint-Hadelin, 88.
Constance (le concile de), 23 1.
Cortembach (Petrus a), abbé séculier
de Visé, 71.
Cortenbosch (la chapelle de), 109.
Crissigné (Jacquemin de), 141.
Cugnon (le couvent de), i83.
Dalhem, près de Visé. Il fait partie
de l'ancien Limbourg, 3o. — Il
dépend de la cure de Visé, 34, 35.
Les anniversaires de l'église servent
de revenus à la plébanie de Visé,
38. Il est séparé de l'église de Visé,
56. — Les Visétois l'attaquent, 3o,
1 3 1 . — Le châtelain est vassal du
duc de Brabant, 149. Conrad de
Lontzen l'attaque, il est vaincu et
fait prisonnier, 149.
Dalhem (la voie de), 21. La porte, à
Visé, 17, 67.
Damance (le Père), oratorien, 118.
Damen a Miro (Jean), abbé séculier
de Visé, 71.
Damerier (Jacques), peintre, i53,
161.
Defrance (François), prévôt de la
collégiale de Visé, 76.
Deherve, ferme à Visé, 54.
Delhe\ (le Père), récollet, vicaire de
Visé, 63, 104.
Demacerus, officiai de Liège, 64.
Demer (le), rivière, 4, 7.
Denjrs-le-Chartreux, 24.
Descartes, 175.
Devant-le~Pont, dépendance de Visé,
35 ; il est érigé en paroisse, 44; les
Pères Carmes y sont établis, 32,
63, 106; Louis XIV y passe quel-
ques jours, 60. — Le moulin banal,
140-148; les propriétaires de ce
moulin, 78, 140, 141; le droit de
banalité, 140, 142; ce droit est
contesté par les mansonniers de
Visé, 142 ; procès entre ceux-ci et
les propriétaires, 142-144. — Rè-
glement du moulin, 145. — Le plus
ancien acte de bail concernant ce
moulin, 146, 147.
Diest, 4, 7; le pays, 4, 5.
Diffujrs (Marie et Catherine), sépul-
crines à Visé, 98.
Dînant, 63.
Dodémont (Urbain-Joseph), doyen
de la collégiale de Visé, 79. — La
famille occupe la ferme des cheva-
liers de Malte, 96; elle est alliée à
la famille de Réquilé, 171.
Dolhen, V. Dalhem.
— 259 —
Dominicains (les Pères) prêchent le
carême à Visé, 44, 101.
Donc, 2, 5-12. — L'église, 7-12. —
Résidence de l'abbaye de Saint-
Trond, 8, 9.
Dopdia (Alexandre de), écolâtre du
chapitre de Celles, 64.
Doust (Albéric de), 3.
Dumont (le Père), oratorien, 1 18.
Dumourieç, 211.
Dung, 1.
Dungo, 1 , 7.
Duriau (la collection), i63.
Elias (Nicolas), épouse N. de Ré-
quilé, 170.
Elisabeth, femme de Jean Lemaire
de Hermalle, fondatrice des béné-
fices de Saint- Hadelin et de Sainte-
Anne à Visé, 94.
Eloi (la chapelle de Saint-) à Visé, 96.
Emani de Moelinghen (Nicolas), V.
Emont.
Emerix, 161.
Emont (Clœs), alias Nicolaus Emani
de Moelinghen, curé de Visé, 56.
Enclottres (hautes et basses), parties
de la ville de Visé, 201.
Enkevaert (Hélène d'), sépulcrine à
Visé, commence une maison à
Maestricht et à Hasselt, 97, 99.
— Adrien, feld-maréchal de l'em-
pire, 99.
Erkenteil, nom primitif d'Argenteau,
23.
Espagne (1'), ses guerres avec les Pro-
vinces-Unies, 102.
Eugène IV (le pape), 243, 246.
Eycken (Amand van der), abbé de
Saint-Trond,9; ses armoiries, ibid.
Eynthout, 2.
Fayn (Guillaume de), gentilhomme
romain, 161.
Eaynbois (château de), 161.
, Felepa, 1 , 4.
Feller (l'abbé de), son dictionnaire,
172.
Feneur, 21, 93.
Ferariis (Albert de), 235.
Filles repenties (Maison des), à Liège,
due à la libéralité de Jean-Ernest,
baron de Surlet-Chokier, 71 , 72.
Fisen, 161.
Fondations, V. Bénéfices.
Foo\ (les dîmes de), 71, 88.
Fosses. (les capellanies de), 66.
Fossis (Ulric de), pléban ou curé de
Visé, 53.
Fouarge (la famille), 171.
Fojr -Notre-Dame. La paroisse fait
partie du doyenné de Celles, 74. —
La dîme, 80, 88, 1 14.
Fraikin (Jeanne de), 171.
Fraipont (la famille de), 1 5o, 1 5 1 .
Franche Franchqy(Frau\ciscus Fran-
cisa), curé de Visé, 56.
Franchimont (la dîme de), 88. — La
justice, 92. — La ville possède une
fontaine de saint Hadelin, 176.
François, 94.
Francotte (Marie), sépulcrine à Visé,
99.
Frédéric III (l'empereur), accorde le
titre decuyeraux des Marets, 166.
Froidmont (la famille de), 11 5, 168.
— Anthonius, prévôt de la collé-
giale de Visé, 75.
Fur a, 3.
Gangeur ( Marguerite ) , principale
bienfaitrice des Conceptionnistes
à Visé, io5.
Gassendi, 1 55.
Gendron (la dîme de), 88.
Gentis (Jean- Laurent), chanoine de
Saint-Lambert et prévôt de la col-
légiale de Visé, 76, 125.
Ger ardus, pléban de Visé, 55.
Germeau (Jean), doyen de la collé-
giale de Visé, 79.
— 260 —
Geyr deSchtveppenbourg{MaiX'Hen-
ri-Joseph, baron de), abbé séculier
de Visé, 76, 125.
Ghenart (Antoine), théologien distin-
gué, né à Visé, chanoine et vice-
doyen de la cathédrale de Saint-
Lambert, inquisiteur de la foi ; il
assiste au Concile de Trente, 1 5 1 ,
l52.
Giet (François), 84.
Gilet (Nicolas), 1 1 5.
Gilles, chapelain de Visé, 92.
Gillis de Saint-Martin, 62, 129.
Gisberti (Quirinus), prévôt de la col-
légiale de Visé, 75.
Goelet (Jean), doyen de la collégiale
de Visé, 77.
Goirhé (la dîme de), 66, 88, 90, 212.
Gosuini (Joannes), curé de Bassenge,
prévôt de la collégiale de Visé ,75.
Grady (Michel- Joseph de), bourg-
mestre de Liège, 170.
Grégoire XII (le pape), 232.
Groesbeek (Gérard de), prince-évêque
de Liège, 3i.
Grognart (Roch), fondeur de cloches
et bourgmestre de Liège, 54.
Gua\o, frater concilii visetensis, 36.
Gueldre (Henri de), doit se réfugier
à Namur, 149. — Renaud, 149.
Guifa, 88, 177.
Gulielmus, frater concilii visetensis,
36.
Gvegesat, 22.
H accourt, 33, 77, 146.
Hadelin (bénéfices et autels à la col-
légiale de Saint-), 91-94. — Obli-
gations des bénéficiaires, 91. —
Collation, ibid. — Le bénéfice de
Notre-Dame, 92, 97 ; celui de
Saint-Jean-Baptiste, 92 ; celui de
Saint- Hadelin et de Sainte-Anne,
94
Les autels des Saints-Pierre et
Paul, 92 ; de Tous les Saints, 92,
94 ; des Saints-Georges et Sébas-
tien, 92, 94 ; de Sainte-Catherine,
92, 93 ; de Notre-Dame, 97 ; de
Saint-Nicolas, 94, 96.
Hadelin (Chapitre de Saint-), 14,1 5,
63, 94. — Sa translation de Celles
à Visé, 28, 36, 47, 55, 64, 65, 66,
67. — Il construit le chœur de
l'église de Visé, 3o. — 11 élargit
l'église, 5 1 . — Difficultés avec les
seigneurs de Celles, 64, 65 ; avec
le curé de Visé, 57, 60, 62 ; avec
l'abbé, 80. — L'école du Chapitre,
64, 1 14. — L'abbé de Celles, pro-
tecteur du Chapitre, 64. — Immu-
nité claustrale, 67, 68. — Cour des
tenants du Chapitre, 68. — Privi-
lèges du Chapitre, 68. — Règles
particulières, 68, 69. — Prébendes,
65, 67 ; Adolphe de la Marck crée
huit nouvelles prébendes, ibid. —
Droit de collation, 65, 66, 67, 69,
70. — Conditions requises pour
être chanoine, 70; résidence per-
sonnelle des chanoines, 66. —
L'abbé séculier, 70, 71 , 72 ; liste des
abbés, 71, 72. — Le prévôt, 72-
76 ; ses devoirs et ses droits, 72-
74; ses revenus, 74, 75. Liste des
prévôts, 75-80. — Le doyen, 76-
80; ses droits et ses obligations,
76 ; ses revenus, 77. Liste des
doyens, 77, 80. — L'écolâtre, 80-
82 ; ses charges et ses droits, 80.
— Le chantre, 82-86 ; ses fonc-
tions et ses revenus, 82. — Le fis-
cus, 86, 87; ses fonctions, ibid. —
Les hebdomadaires, 87. — Le re-
ceveur ou compteur, 87. — Les
biens et revenus du Chapitre, 66,
87-91. Les dîmes de Celles, de
Franchimont et des différentes lo-
calités voisines, 88; de Visé, 88,
— 264 —
90; de Goirhé, 66, 88, 90; d'Ans,
88; de Lovenjoul, etc., 88. — Les
immeubles, 89; le vignoble sur
Malconvat, 198.
Madelin (la châsse de Saint-), i3, i5,
28, 172-187. — Descriptions de la
châsse, 173-187. — Légendes et
inscriptions, ibid. ; miracle de la
colombe, 173, 174; une réception
de disciples, 174-176; miracle de
Franchimont, 176; guérison d'une
muette à Dinant, 176, 177; résur-
rection de Guiza, 177-180; les
obsèques de saint Hadelin, 178,
179.
Hageland (le), 5.
Halbeker-dyk, 8.
Haîen de Borre, 221.
Halen, 1, 2, 4, 6, 8, 10.
Hallembqye, 24, 121, 208.
Halon, 1.
Halteriana (les), terres de Sainte-
Croix de Liège situées près de Visé,
204.
Hamalia (Mathias ab), prévôt de la
collégiale de Visé, 75.
Hameyen (Herman van), 6.
Hamoir (le Père), récollet de Visé,
examinateur synodal de Liège, 104.
Hanegreve, 3.
Hannines (le sentier de), près de
Visé, 206.
Hannot (Cloes), doyen de la collégiale
de Visé, 78.
Hardy (Jean-Simon), mambour de
l'hôpital de Saint-Nicolas à Visé,
123.
Hasnoch, 4.
Hasselt, 7.
Hauteur (Mathias), 44.
Haversin, 88.
Heinsberg (Jean de), prince-évêque
de Liège, 19, 29, 3o, 77, 137.
Henget (Nicolas), pléban de Visé, 53.
Henkart, étudie au collège des Ora-
toriens à Visé, 117.
Hennet, prétendu complice de Sar-
torius, 84, 85.
Henri IV (l'empereur), 26, 27, 88.
— Henri V, 27. — Archevêque de
Cologne, 236. — Duc de Brabant,
234.
Henrotte Magrande, 41.
Herck (la), rivière, 7, 9, 10.
Herck (l'église de), 10.
Herck (Joseph van), abbé de Saint-
Trond, 1 1 .
Heris (Guillaume), dit Herman a
sancta Barbara, carme, 162.
Hermalle, 22, 24, 36, 140.
Herman (Jean-Jacques), curé de Visé,
44, 6 1 f 62 ; il institue les pauvres de
Visé ses héritiers universels, 126.
Hermans (Herman), 6. — Marie, 6.
Herstal, 24.
Hervianus (Jacques), doyen de la
collégiale de Visé, 70.
Hesbaye (la), 1,2, 12. — L'archidia-
conat, 36, 37.
Hesbqye (Robert, comte ou duc de
la), 1.
Heure (d'), V. Oranus.
He\ey hameau du pays de Diest, 5.
Heydet 6, 7.
Hiiaire (saint), 45, 46.
Hincmal (Jean), doyen de Sainte-
Croix à Liège, 80.
Hinisdael, 161.
Hohgnoul (Ameil de) tue Renier de
Viseit pendant la guerre des Awans
et des Waroux, 149.
Hoigne (Jean), 245, 248.
Honlet, 106.
Horion (la famille), 171.
Homes (Arnould de), prince-évêque
de Liège, 212. — Jean, 238.
Houbbart (Antoine) a l'honneur de
recevoir Louis XIV, 226.
33
— 262 —
Houthem (Jean de), 240.
Ho\émont, i5o.
Hubert (l'église de Saint-) à Liège,
97. — Henri, roi des arbalétriers
de Visé, i32.
Hubines (Jean de), prévôt de Saint-
Hadelin, 75.
Hugues de Châlons, prince-évêque
de Liège, 234.
Hulsonneau, 74, 88.
Hurbi\e, ferme de Visé, 2 1 .
Hujr, 48.
Huygens, ibj.
Imaina, épouse d'Arnoul de Wese-
mael, 3.
Incurables (maison des), à Liège, due
à la libéralité de Jean-Ernest, ba-
ron de Surlet-Chokier, 72.
Ingelbeeck, 5.
Innocent VII (le pape), 23 1 .
Isabelle (la gouvernante), 99.
Jacques, seigneur de Celles, 64.
Jacquet, évêque d'Hippone, consacre
l'église de Donck, 1 1 .
Jauches (Henri de), prévôt de Saint-
Lambert, 197.
Jean, prévôt de Stavelot, 181 .
Jean-sans-Pitié, V. Jean de Bavière.
Jean, doyen de Saint-Martin à Liège,
36.
Jean-le-Victorieux, se distingue à la
célèbre bataille deWoeringen, 149.
Jean XXIII (le pape), 23 1.
Jean (chevaliers de Saint-), 16, 27, 95.
Jeghers (Lambert), prévôt de la collé-
giale de Visé, 57, 75, 91, 99; au-
teur de l'histoire de l'ordre du Saint-
Sépulcre ; analyse de cet ouvrage,
216-218.
Je henné f épouse de Gérard le Peneur,
123.
Jemeppe, 77.
Joins, doyen delà collégiale de Visé,
79-
Jules II (le pape), 245, 247.
Juliers (Simon de), doyen de la col-
légiale de Saint-Denis à Liège, 245.
Juncis (Adam de), 235, 236.
Jupille, 49 ; les Sépulcrines s'y éta-
blissent, 100.
Kamps (Jean), doyen de la collégiale,
de Visé, 79.
Kelbergen, 5.
Kelcteren (P. van), notaire, 5.
Kerckem (Adam de), épousa Cathe-
rine de la Saulx, 96, 1 5 1 . — Adam,
fils naturel de Henri van Ordingen,
i5i.
Klein-Meerhout, V. Meerhout.
Labbeye (Mathias), prévôt de la col-
légiale de Visé, 76.
Lambert (la cathédrale de Saint-),
16, 27; propriétaire du moulin de
Devant-le-Pont, 140, 141. — Le
Chapitre, 36, 37, 38, 52, 70, 97.
Lambert (l'hôpital de Saint-) à Visé,
121.
Lambertin (Jean), prévôt de la collé-
giale de Visé, 74, 75, 76, i83. —
Sébastien, prévôt de la même col-
légiale, 75. — Eustache, ibid.
Lambertus, frater concilii visetensis,
36.
Langrode, hameau du pays de Diest,
5.
Larifridus, doyen de Stavelot, 181.
Laruelle, bourgmestre de Liège, 2o3.
Lathomi (Catherine), sépulcrine à
Visé, 97.
Laurent (les moines de Saint-) vont à
la foire de Visé, 193 ; légende con-
cernant ces moines, 218, 219.
Laurent (Ernotte), bourgmestre de
Visé, 225.
Lavis, 64.
Lecocq (Jean), doyen de la collégiale
de Visé, 79. — Guillaume, éco-
lâtre de Visé, 80, 81, 82, 187.
— 263 —
Lefebvre (Laurent), peintre, né à
Visé, 172.
Lemaire (Jean), de Hermalle, 94.
Lembor (Henry), chanoine et éco-
lâtre de Sainte- Croix à Liège,
126.
Léon III (le pape), 46, 47, 48.
Leroux (dame), supérieure des Sé-
pulcrines à Visé, 10 1.
Lexhe (Johan dit Forgon de), 140.
LerA^(de), i5o.
Libert, évêque de Barut, 243.
Libotte (Mathias), curé de Visé, 59.
— Simon, chanoine d'Aix-la-Cha-
pelle, curé d'Emael et recteur de
l'autel de Sainte-Catherine à Visé,
93. — Jacques, roi des arbalétriers
à Visé, i32. — Catherine, épouse
de Herman de Marets, 189.
Liebroeck, hameau du pays de Diest,
5.
Liège, i3, 25, 27, 28, 44, 48,49, 57,
58, 61, 63, 68,71, 81,88, 93, 97.
Limbourg (le duché de), 26. — La
ville se rend aux Français, 226.
Limbourg (Théodoric de), doyen de
la collégiale de Visé, 78. — Jean,
seigneur d'Oupey et de Vivegnis,
échevin de Liège, 141. — Ermen-
garde, 149.
Linckhout, 7.
Linter (le monastère de), 3.
Linter (Henri de), 5.
Liverlo (Marie de), sépulcrineà Visé,
fondatrice des couvents à Maes-
tricht et à Hasselt, 97.
Lixhe, 77. — La dîme, 35, 66.
Lobbes, j5.
Lont\en (Conrad de), sénéchal de
Limbourg, 149.
Lopardia (Alexandre de), écolâtre de
Visé, 93.
Lopfenberch, 23 1.
Lorette (chapelle de), à Visé. Notice
sur ce sanctuaire, 109-1 13. — Son
ermitage, 112, 11 3.
Lorraine (le duc de), 27. — Henri, 3.
Louis, roi de France, 234.
Louis-le-Débonnaire, 26.
Louis XIV, 32, 59, 60, 119. Il s'ar-
rête à Visé, 224-227. Une anec-
dote de ce prince à Visé, 226, 227.
Louvain (l'université de), 69, 79, 238.
Lovenjoul, la Capellanie, 66 ; la
dîme, 88.
Lovin fosse (de), 141.
Loy (Gérard del), 140.
Ludger (saint), évêque de Munster,
47, 48.
Luxembourg (le comte de), s'empare
du château de Fraipont, 149.
Macar (de), 63.
Macka, 221.
Maes (Thomas), 90.
Maestricht, 20, 22, 24, 236. — Le
doyenné rural, 35, 36, 45. — Diffé-
rend entre les bourgeois et les cha-
noines de Saint-Servais, 77. — Les
Sépulcrines de Visé y fondent une
maison, 99.
Magné, chanoine de la collégiale de
Visé, 90.
Magrande (Henrotte), 41.
Mahomet, 233, 240.
Maimont, 64.
Malconvat, près de Visé, 197.
Malte, V. chevaliers de Saint-Jean.
Marcheit (porte du) à Visé, 17.
Marets (des). Cette famille se fixe à
Visé, 166. — Denys, 167. — Her-
man, mayeur et lieutenant-bailli à
Visé, 167, 168. — Barthélémy dit
de Charneux, 168. — Herman,
époux de Catherine Libotte, 189.
Pierre, 189. V. aussi Charneux.
Mark (Adolphe de la) ; son sceau,
i5 ; il transfère le Chapitre de
Saint-Hadelin de Celles à Visé
— 254
3. Les Récollets
4. Les Conceptionnistes
5. Les Carmes de Devant-le-Pont
6. Les Oratoriens •.
7. Le refuge du Val-Dieu
8. La chapelle de Lorette
V. Enseignement et charité
1 . L'enseignement à Visé
2. Les établissements de charité
VI. Les confréries, compagnies et métiers . . . .
1 . Les confréries
2. Les compagnies des arbalétriers et des arquebu-
siers
3. Les métiers
VIL Le moulin banal de Visé à Devant-le-Pont . .
VIII. Personnages historiques visétois
1 . Les seigneurs de Viseit et du Rivage de Viseit,etc.
2. Les de Sluse
a) René-François de Sluse
b) Le cardinal de Sluse
c) Le baron Pierre-Louis de Sluse ....
3. Les de Charneux et de Réquilé
IX. Objets d'art et d'antiquité
X. Commerce et industrie
1 . Commerce
2. Industrie
XI. Toponymie visétoise
XII. 1. Varia
2. Légendes visétoises
III. Documents d'histoire liégeoise, par EUGÈNE BACHA.
01
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27
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65
72
93
93
96
200
209
218
229
•t-
TABLE ALPHABÉTIQUE
Adélard II, abbé de Saint-Trond, 7.
Aix-la-Chapelle. Le pape Léon III
visite cette ville, 47, 48. — Cou-
vent de Sépulcrines, 97.
Albergati (Antoine), nonce de Co-
logne, 128.
Alexandre, archidiacre, 36. — V,
pape, 232. — VI, pape, 239-244.
Amandus, custos, 181.
Amay (le bourg d*), 27, 36.
Ans (la dîme d'), 66, 88.
Antgarden (la dîme d'), 66, 88.
Aoust (Augustin-Joseph d*), supérieur
du collège des Oratoriens à Visé
et curé de la paroisse, 45, 62, 63,
104.
Aphernon (Jean Plenus), avocat, con-
seiller et auditeur de S. M. C,
170.
Arckel (Jean d'), prince-évêque de
Liège, 28. — Robert, dit de Ryns-
wauld, 1 5 1 .
Aremberg (la famille d'), 237, 238.
Ardennes (le sanglier des), 20.
Arendonck, 2.
Argenteal, V. Argenteau.
Argenteau (porte d') à Visé, 17, 21,
67. — Nom primitif de cette loca-
lité, 23, 24. — Le château assiégé
par les Français, 225.
Argenteau (la famille d'). Renaud Ier,
i5o. — Renaud II, 28, i5o. —
Renar, i5o.
Assent, 4.
Ausloos (Placide), religieux de Saint-
Trond, 11.
Autels, V. Saint-Hadelin.
Autriche, 68. Les empereurs, 69.
Autriche (Georges d'), donne des pri-
vilèges aux Visétois, 194. — Mar-
guerite, 239, 242. — Philippe,
238-243. — Maximilien, empereur
d'Allemagne, 238, 239.
Bartholomaeus, prévôt de la collé-
giale de Visé, 75.
Bassenge, étudie au collège des Pères
Oratoriens à Visé, 117.
Bastianus de Visé, Y. ce dernier mot.
Bavière (les princes de), évêques de
Liège, 3i. — Jean, 29, 232. —
Ferdinand, 3i, 97, io3. — Maxi-
milien-Henri, 32, 119, 139, 195. —
Ernest, 1 34, 1 3 5 . — Théoduin, 1 97.
Beelfond (de), général français, 225.
Béer (la famille), à Jemeppe, 77.
Beerbroek, 7.
262 —
Houthem (Jean de), 240.
Hoçémont, i5o.
Hubert (l'église de Saint-) à Liège,
97. — Henri, roi des arbalétriers
de Visé, i32.
Hubines (Jean de), prévôt de Saint-
Hadelin, 75.
Hugues de Châlons, prince-évêque
de Liège, 234.
Hulsonneau, 74, 88.
Hurbi\e, ferme de Visé, 2 1 .
Huy, 48.
Huygens, iSj.
Imaina, épouse d'Arnoul de Wese-
mael, 3.
Incurables (maison des), à Liège, due
à la libéralité de Jean-Ernest, ba-
ron de Surlet-Chokier, 72.
Ingelbeeck, 5.
Innocent VII (le pape), 23 1 .
Isabelle (la gouvernante), 99.
Jacques, seigneur de Celles, 64.
Jacquet, évêque d'Hippone, consacre
l'église de Donck, 1 1 .
Jauches (Henri de), prévôt de Saint-
Lambert, 197.
Jean, prévôt de Stavelot, 181 .
Jean-sans-Pitié, V. Jean de Bavière.
Jean, doyen de Saint- Martin à Liège,
36.
Jean-le- Victorieux, se distingue à la
célèbre bataille deWoeringen, 149.
Jean XXIII (le pape), 23 1.
Jean (chevaliers de Saint-), 16, 27, 95.
Jeghers (Lambert), prévôt de la collé-
giale de Visé, 57, 75, 91, 99; au-
teur de l'histoire de l'ordredu Saint-
Sépulcre ; analyse de cet ouvrage,
216-218.
Jehenne, épouse de Gérard le Peneur,
123.
Jemeppe, 77.
Joiris, doyen delà collégiale de Visé,
79-
Jules II (le pape), 245, 247.
Juliers (Simon de), doyen de la col-
légiale de Saint-Denis à Liège, 245.
Juncis (Adam de), 235, 236.
Jupille, 49; les Sépulcrines s'y éta-
blissent, 100.
Kamps (Jean), doyen de la collégiale,
de Visé, 79.
Kelbergen, 5.
Kelcteren (P. van), notaire, 5.
Kerckem (Adam de), épousa Cathe-
rine de la Saulx, 96, 1 5 1 . — Adam,
fils naturel de Henri van Ordingen,
i5r.
Klein-Meerhout, V. Meerhout.
Labbeye (Mathias), prévôt de la col-
légiale de Visé, 76.
Lambert (la cathédrale de Saint-),
16, 27; propriétaire du moulin de
Devant-le-Pont, 140, 141. — Le
Chapitre, 36, 37, 38, 52, 70, 97.
Lambert (l'hôpital de Saint-) à Visé,
121.
Lambertin (Jean), prévôt de la collé-
giale de Visé, 74, 75, 76, i83. —
Sébastien, prévôt de la même col-
légiale, 75. — Eustache, ibid.
Lambertus, frater concilii visetensis,
36.
Langrode, hameau du pays de Diest,
5.
Larifridus, doyen de Stavelot, 181 .
Laruelle, bourgmestre de Liège, 2o3.
Lathomi (Catherine), sépulcrine à
Visé, 97.
Laurent (les moines de Saint-) vont à
la foire de Visé, 193; légende con-
cernant ces moines, 218, 219.
Laurent (Ernotte), bourgmestre de
Visé, 225.
Lavis, 64.
Lecocq (Jean), doyen de la collégiale
de Visé, 79. — Guillaume, éco-
lâtre de Visé, 80, 81, 82, 187.
257
Zachardy V. Rissac.
Zampaderine, ancien nom de Visé
d'après la légende, 24.
Campine (la), hameaux du pays de
Diest, situés du côté de la Cam-
pine, 5.
Carmes (Les Pères) à Devant-le-
Pont, io5, 106. — Ils s'y établissent
32, 106. Ils font les offices pa-
roissiaux dans leur église pendant
la révolution française, 63.
Carondebet (Jean), chancelier d'Au-
triche, 237.
Corot (Pieron),92. — Wathier, et sa
femme Sophie, fondateurs de Tau-
tel de Notre-Dame à l'église de
Visé, 92. Ils sont les principaux
bienfaiteurs du couvent des Tem-
pliers à Visé, 95.
Carreto (Percheval de), archidiacre
de Hesbaye, donne son consente-
ment à ce que l'église de Visé soit
élevée au rang de collégiale, 37, 60,
66.
Castro (a), V. Waltheri et Straven.
Cedros, roi de Tongres, 24.
Celles. Le Chapitre, 28, 64, 65 ;
fondé par Saint- Hadelin, 63. Diffi-
cultés avec les seigneurs de Celles,
64, 65. — Il est transféré à Visé,
37, 65. — L'abbé, 70. — Le pré-
vôt, 72. — Le curé et les trois vi-
caires, 74. — Les dîmes, 88. Voir
aussi Saint-Hadelin.
Chapeaville, grand vicaire de Liège,
permet aux Sépulcrines de s'établir
à Visé, 97.
Charlemagne, bienfaiteur de l'église
de Visé, 34, 45, 46, 49. Ses capi-
tulâmes, 1 13. — Ses relations avec
Visé, 1 14. Il institue la foire à Visé,
193.
Charles (le Téméraire), prend et dé-
truit la ville de Visé, 25, 3o, 96,
97, i83, — VIII, roi de France,
233, 234, 239, 244.
— (le Chauve), deniers de ce prince
frappés à Visé, 197.
Charleville, près de Rheims, possède
un couvent de l'ordre du Saint-
Sépulcre, 99.
Charneux (de). N., seigneur de Her-
malle, 109. — d'Ohar, 167. — - Fa-
mille distinguée de Visé, 1 15. No-
tice sur cette famille, 165-169 ;
elle s'établit à Visé, 166. — Denys
des Marets-de Charneux, époux
de Catherine Pernode à côté de
laquelle il gît à la collégiale de
Visé, 53, 167, 189. — Denis, ju-
risconsulte, 167. — N., avocat à
Liège et conseiller intime du
prince-évêque, 167. — Pierre- Er-
nest, chanoine de Saint-Lambert,
167. — Herman, chanoine à Visé,
donne à l'église collégiale de nou-
velles orgues, 53, 167. — Jean-
Jacques, chanoine et vice-prévôt
de Saint-Adalbert à Aix-la-Cha-
pelle, 167. — Henri, frère du pré-
cédent, professeur et recteur de
l'université de Louvain, 167; il est
enterré dans l'église de Saint-Pierre
à Louvain, 168. — Barthélémy,
dit de Maret, seigneur de Warsage,
fils de Pierre, échevin de Liège,
lieutenant-gouverneur de Franchi-
mont, mayeur de Fléron, épousa
la sœur de Michel a Vervia, abbé
de Val-Dieu, 168; il était bourg-
mestre de Visé et receveur-général
du prince-évêque, io3, 168; grand
bienfaiteur des Pères Récollets,
io3, 169. Il avait entre autres
quatre enfants :
i° Barthélémy, chanoine de
Saint-Gilles à Liège, 169.
20 Jean, major dans l'armée de
— 258 —
1 électeur de Cologne, 169.
3° Maximilien-Henri, capitaine
dans l'armée impériale, 169.
40 Marguerite, épouse de Guil-
laume de Requilé, 169, 170.
Château (du), V. Waltheri etStraven.
Cheratte (de), V. de Sarolay.
Chinstrée, partie de la ville de Visé,
io5, 201 ; étymologie du nom,
202.
Chiroux-ville, surnom de Visé, 3 1 .
Chokier-Surlet (Jean de), abbé sécu-
lier de Visé, 71. — Jean- Ernest,
neveu du précédent, également ab-
bé séculier de Visé, 71.
Clément X (le pape), accorde aux
Pères Carmes l'autorisation d éta-
blir une confrérie de Notre-Dame
du Mont-Carmel à Visé, 1 1 1 , 233,
247.
Clerx (Michel), archidiacre de Hes-
baye, 60.
Coelen, fiscus du Chapitre de Saint-
Hadelin à Visé, 87.
Compagnies (les), V. Visé.
Conceptionnistes (l'ordre des), s'éta-
blit à Visé, io5 ; il retourne à
Liège, ibid.
Confréries (les), V. Visé.
Conjoux, la dîme est possédée par le
Chapitre de Saint-Hadelin, 88.
Constance (le concile de), 23 1.
Cortembach (Petrus a), abbé séculier
de Visé, 7 1 .
Cortenbosch (la chapelle de), 109.
Crissigné (Jacquemin de), 141.
Cugnon (le couvent de), i83.
Dalhem, près de Visé. Il fait partie
de l'ancien Limbourg, 3o. — Il
dépend de la cure de Visé, 34, 35.
Les anniversaires de l'église servent
de revenus à la plébanie de Visé,
38. Il est séparé de l'église de Visé,
56. — Les Visétois l'attaquent, 3o,
i3i. — Le châtelain est vassal du
duc de Brabant, 149. Conrad de
Lontzen l'attaque, il est vaincu et
fait prisonnier, 149.
Dalhem (la voie de), 21. La porte, à
Visé, 17, 67.
Damance (le Père), oratorien, 118.
Damen a Miro (Jean), abbé séculier
de Visé, 71.
Damer ier (Jacques), peintre, i53,
161 .
Defrance (François), prévôt de la
collégiale de Visé, 76.
Deherve, ferme à Visé, 54.
Delhe\ (le Père), récollet, vicaire de
Visé, 63, 104.
Demacerus, officiai de Liège, 64.
Demer (le), rivière, 4, 7.
Denys-le-Chartreux, 24.
Descartes, 175.
Devant -le- Pont , dépendance de Visé,
35 ; il est érigé en paroisse, 44; les
Pères Carmes y sont établis, 32,
63, 106; Louis XIV y passe quel-
ques jours, 60. — Le moulin banal,
140-148; les propriétaires de ce
moulin, 78, 140, 141 ; le droit de
banalité, 140, 142; ce droit est
contesté par les mansonniers de
Visé, 142 ; procès entre ceux-ci et
les propriétaires, 142-144. — Rè-
glement du moulin, 145. — Le plus
ancien acte de bail concernant ce
moulin, 146, 147.
Diest, 4, 7; le pays, 4, 5.
Diffuys (Marie et Catherine), sépul-
crines à Visé, 98.
Dînant, 63.
Dodémont (Urbain-Joseph), doyen
de la collégiale de Visé, 79. — La
famille occupe la ferme des cheva-
liers de Malte, 96; elle est alliée à
la famille de Réquilé, 171.
Dolhent V. Dalhem.
— 259 —
Dominicains (les Pères) prêchent le
carême à Visé, 44, 101.
Donc, 2, 5-12. — L'église, 7-12. —
Résidence de l'abbaye de Saint-
Trond, 8, 9.
Dopdia (Alexandre de), écolâtre du
chapitre de Celles, 64.
Doust (Albéric de), 3.
Dumont (le Père), oratorien, 1 18.
Dumourie\, 21 1.
Dung, 1.
Dungo, 1 , 7.
Dur iau (la collection), i63.
Elias (Nicolas), épouse N. de Ré-'
quilé, 170.
Elisabeth, femme de Jean Lemaire
de Hermalle, fondatrice des béné-
fices de Saint-Hadelinet de Sainte-
Anne à Visé, 94.
Eloi (la chapelle de Saint-) à Visé, 96.
Emani de Moelinghen (Nicolas), V.
Emont.
Emerix, 161.
Emont (Cloes), alias Nicolaus Emani
de Moelinghen, curé de Visé, 56.
Encloîtres (hautes et basses), parties
de la ville de Visé, 201.
Enkevaert (Hélène d'), sépulcrine à
Visé, commence une maison à
Maestricht et à Hasselt, 97, 99.
— Adrien, feld-maréchal de l'em-
pire, 99.
Erkenteil, nom primitif d'Argenteau,
23.
Espagne (F), ses guerres avec les Pro-
vinces-Unies, 102.
Eugène IV (le pape), 243, 246.
Eycken (Amand van der), abbé de
Saint-Trond,9; ses armoiries, ibid.
Eynthout, 2.
Fayn (Guillaume de), gentilhomme
romain, 161.
Faynbois (château de), 161.
Felepa, 1 , 4.
Feller (l'abbé de), son dictionnaire,
172.
Feneur, 21, 93.
Ferariis (Albert de), 235.
Filles repenties (Maison des), à Liège,
due à la libéralité de Jean-Ernest,
baron de Surlet-Chokier, 7 1 , 72.
Fisen, 161.
Fondations, V. Bénéfices.
Foo{ (les dîmes de), 71, 88.
Fosses. (les capellanies de), 66.
Fossis (Ulric de), pléban ou curé de
Visé, 53.
Fouarge (la famille), 171.
Fqy-Notre-Dame. La paroisse fait
partie du doyenné de Celles, 74. —
La dîme, 80, 88, 1 14.
Fraikin (Jeanne de), 171.
Fraipont (la famille de), 1 5o, 1 5 1 .
Franche Franchqy (Franciscus Fran-
cisa), curé de Visé, 56.
Franchimont (la dîme de), 88. — La
justice, 92. — La ville possède une
fontaine de saint Hadelin, 176.
François, 94.
Francotte (Marie), sépulcrine à Visé,
99.
Frédéric III (l'empereur), accorde le
titre decuyeraux des Marets, 166.
Froidmont (la famille de), 11 5, 168.
— Anthonius, prévôt de la collé-
giale de Visé, 75.
Fur a, 3.
Gangeur (Marguerite), principale
bienfaitrice des Conceptionnistes
à Visé, io5.
Gassendi, 1 55-
Gendron (la dîme de), 88.
Gentis (Jean- Laurent), chanoine de
Saint-Lambert et prévôt de la col-
légiale de Visé, 76, 125.
Gerardus, pléban de Visé, 55.
Germeau (Jean), doyen de la collé-
giale de Visé, 79.
— 260 —
Geyr deSchweppenbourg(MsLX'Hen-
ri-Joseph, baron de), abbé séculier
de Visé, 76, 125.
Ghenart (Antoine), théologien distin-
gué, né à Visé, chanoine et vice-
doyen de la cathédrale de Saint-
Lambert, inquisiteur de la foi ; il
assiste au Concile de Trente, i5i,
l52.
Giet (François), 84.
Gilet (Nicolas), 11 5.
Gilles, chapelain de Visé, 92.
Gillis de Saint-Martin, 62, 129.
Gisberti (Quirinus), prévôt de la col-
légiale de Visé, 75.
Goelet (Jean), doyen de la collégiale
de Visé, 77.
Goirhé (la dîme de), 66, 88, 90, 212.
Gosuini (Joannes), curé de Bassenge,
prévôt de la collégiale de Visé , 75.
Gradjr (Michel- Joseph de), bourg-
mestre de Liège, 170.
Grégoire XII (le pape), 232.
Groesbeek (Gérard de), prince-évêque
de Liège, 3 1 .
Grognart (Roch), fondeur de cloches
et bourgmestre de Liège, 54.
Gua\o, frater concilii visetensis, 36.
Gueldre (Henri de), doit se réfugier
à Namur, 149. — Renaud, 149.
Gui\a, 88, 177.
Gulielmus, frater concilii visetensis,
36.
Gvegesat, 22.
Haccourt, 33, 77, 146.
Hadelin (bénéfices et autels à la col-
légiale de Saint-), 91-94. — Obli-
gations des bénéficiaires, 91. —
Collation, ibid. — Le bénéfice de
Notre-Dame, 92, 97 ; celui de
Saint-Jean-Baptiste, 92 ; celui de
Saint- Hadelin et de Sainte-Anne,
94.
Les autels des Saints-Pierre et
Paul, 92 ; de Tous les Saints, 92
94 ; des Saints-Georges et Sébas-
tien, 92, 94 ; de Sainte-Catherine
92, 93 ; de Notre-Dame, 97 ; dflj
Saint-Nicolas, 94, 96. |
Hadelin (Chapitre de Saint-), I4,i5t
63, 94. — Sa translation de Celles
à Visé, 28, 36, 47, 55, 64, 65, 66,
67. — Il construit le chœur de
l'église de Visé, 3o. — 11 élargit
l'église, 5i. — Difficultés avec les
seigneurs de Celles, 64, 65 ; avec
le curé de Visé, 57, 60, 62 ; avec
l'abbé, 80. — L'école du Chapitre,
64, 114. — L'abbé de Celles, pro-
tecteur du Chapitre, 64. — Immu-
nité claustrale, 67, 68. — Cour des
tenants du Chapitre, 68. — Privi-
lèges du Chapitre, 68. — Règles
particulières, 68, 69. — Prébendes,
65, 67 ; Adolphe de la Marck crée
huit nouvelles prébendes, ibid. —
Droit de collation, 65, 66, 67, 69,
70. — Conditions requises pour
être chanoine, 70; résidence per-
sonnelle des chanoines, 66. —
L'abbé séculier, 70, 7 1 , 72 ; liste des
abbés, 71, 72. — Le prévôt, 72-
76 ; ses devoirs et ses droits, 72-
74; ses revenus, 74, 75. Liste des
prévôts, 75-80. — Le doyen, 76-
80; ses droits et ses obligations,
76 ; ses revenus, 77. Liste des
doyens, 77, 80. — L'écolâtre, 80-
82 ; ses charges et ses droits, 80.
— Le chantre, 82-86 ; ses fonc-
tions et ses revenus, 82. — Le fis-
cus, 86, 87; ses fonctions, ibid. —
Les hebdomadaires, 87. — Le re-
ceveur ou compteur, 87. — Les
biens et revenus du Chapitre, 66,
87-91. Les dîmes de Celles, de
Franchimont et des différentes lo-
calités voisines, 88; de Visé, 88,
— 264 —
90; de Goirhé, 66, 88, 90; d'Ans,
88; de Lovenjoul, etc., 88. — Les
immeubles, 89; le vignoble sur
Malconvat, 198.
Hadelin (la châsse de Saint-), 1 3, 1 5,
28, 172-187. — Descriptions de la
châsse, 173-187. — Légendes et
inscriptions, ibid. ; miracle de la
colombe, 173, 174; une réception
de disciples, 174-176; miracle de
Franchimont, 176; guérison d'une
muette à Dinant, 176, 177; résur-
rection de Guiza, 177-180; les
obsèques de saint Hadelin, 178,
179.
Hageland (le), 5.
Halbeker-dyk, 8.
Halen de Borre, 221.
Halen, 1, 2, 4, 6, 8, 10.
Hallembqye, 24, 121, 208.
Halon, 1.
Halteriana (les), terres de Sainte-
Croix de Liège situées près de Visé,
204.
Hamalia (Mathias ab), prévôt de la
collégiale de Visé, 75.
Hameyen (Herman van), 6.
Hamoir (le Père), récollet de Visé,
examinateur synodal de Liège, 104.
Hanegreve, 3.
Hannines (le sentier de), près de
Visé, 206.
Hannot (Cloes), doyen de la collégiale
de Visé, 78.
Hardy (Jean-Simon), mambour de
l'hôpital de Saint- Nicolas à Visé,
123.
Hasnoch, 4.
Hasselt, 7.
Hauteur (Mathias), 44.
Haversin, 88.
Heinsberg (Jean de), prince-évêque
de Liège, 19, 29, 3o, 77, 137.
Henget (Nicolas), pléban de Visé, 53.
Henkart, étudie au collège des Ora-
toriens à Visé, 117.
Hennet, prétendu complice de Sar-
torius, 84, 85.
Henri IV (l'empereur), 26, 27, 88.
— Henri V, 27. — Archevêque de
Cologne, 236. — Duc de Brabant,
234.
Henrotte Magrande, 41.
H erck (la), rivière, 7, 9, 10.
Herck (l'église de), 10.
Herck (Joseph van), abbé de Saint-
Trond, 1 1 .
Heris (Guillaume), dit Herman a
sancta Barbara, carme, 162.
Hermalle, 22, 24, 36, 140.
Herman (Jean-Jacques), curé de Visé,
44, 6 1 , 62 ; il institue les pauvres de
Visé ses héritiers universels, 126.
Hermans (Herman), 6. — Marie, 6.
Herstal, 24.
Hervianus (Jacques), doyen de la
collégiale de Visé, 70.
Hesbqye(\a), 1,2, 12. — L'archidia-
conat, 36, 37.
Hesbaye (Robert, comte ou duc de
la), 1.
Heure (d'), V. Oranus.
He\e% hameau du pays de Diest, 5.
Heyde, 6, 7.
Hilaire (saint), 45, 46.
Hincmal (Jean), doyen de Sainte-
Croix à Liège, 80.
Hinisdael, 161.
Hohgnoul (Ameil de) tue Renier de
Viseit pendant la guerre des Awans
et des Waroux, 149.
Hoigne (Jean), 245, 248.
Honlet, 106.
Horion (la famille), 171.
Homes (Arnould de), prince-évêque
de Liège, 212. — Jean, 238.
Houbbart (Antoine) a l'honneur de
recevoir Louis XIV, 226.
33
TABLE DES MATIÈRES
Règlement de la Société V
Tableau des membres de la Société VII
NOTICES ET MÉMOIRES
I. A propos du Mareolt, d'une charte de 741, par l'abbé
Polyd. Daniels 1
II. Paroisse de Visé, par l'abbé J . CEYSSENS, vicaire à Visé. 1 3
Introduction i3
Chapitre préliminaire. Le Visé d'autrefois. . . 16
I. Nom et historique de Visé 22
1 . Le nom de Visé 22
2. Historique de la ville de Visé 24
II. La paroisse, l'église et les curés 33
1. La paroisse 33
2. L'église 45
3. Les curés ou plébans 55
III. Le Chapitre de Saint- Hadelin 63
1 . L'abbé séculier 70
2. Le prévôt 72
3. Le doyen 76
4. L'écolâtre 80
5. Le chantre 82
6. Principaux employés 86
7. Biens et revenus 87
8. Les bénéfices 91
IV. Autres institutions religieuses de la paroisse . . 94
1 . Le Temple 95
2. Les Sépulcrines 97
32
ï
— 254 —
Pa*ea
3. Les Récollets ioi
4. Les Conceptionnistes io5
5. Les Carmes de Devant-le-Pont io5
6. Les Oratoriens «.107
7. Le refuge du Val-Dieu 108
8. La chapelle de Lorette 109
V. Enseignement et charité 1 1 3
1 . L'enseignement à Visé 1 1 3
2. Les établissements de charité 120
VI. Les confréries, compagnies et métiers .... 127
1. Les confréries 127
2. Les compagnies des arbalétriers et des arquebu-
siers i3o
3. Les métiers i36
VIL Le moulin banal de Visé à Devant-le-Pont . . 140
VIII. Personnages historiques visétois 148
1 . Les seigneurs de Viseit et du Rivage de Viseit,etc. 148
2. Les de Sluse i53
a) René-François de Sluse 1 54
b) Le cardinal de Sluse 159
c) Le baron Pierre-Louis de Sluse .... 164
3. Les de Charneux et de Réquilé i65
IX. Objets d'art et d'antiquité 172
X. Commerce et industrie 193
1. Commerce 193
2. Industrie 196
XL Toponymie visétoise 200
XII. 1. Varia 209
2. Légendes visétoises 218
III. Documents d'histoire liégeoise, par EUGÈNE BACHA. 229
4-
TABLE ALPHABÉTIQUE
Adélard II, abbé de Saint-Trond,7.
Aix-la-Chapelle. Le pape Léon III
visite cette ville, 47, 48. — Cou-
vent de Sépulcrines, 97.
Albergati (Antoine), nonce de Co-
logne, 128.
Alexandre, archidiacre, 36. — V,
pape, 232. — VI, pape, 239-244.
Amandus, custos, 181.
Amay (le bourg d'), 27, 36.
Ans (la dîme d'), 66, 88.
Antgarden (la dîme d'), 66, 88.
Aoust (Augustin-Joseph d'), supérieur
du collège des Oratoriens à Visé
et curé de la paroisse, 45, 62, 63,
104.
Aphernon (Jean Plenus), avocat, con-
seiller et auditeur de S. M. C,
170.
Arckel (Jean d'), prince-évêque de
Liège, 28. — Robert, dit de Ryns-
wauld, 1 5 1 .
Aremberg (la famille d'), 237, 238.
Ardennes(le sanglier des), 20.
Arendonck, 2.
Argenteal, V. Argenteau.
Argenteau (porte d') à Visé, 17, 21,
67. — Nom primitif de cette loca-
lité, 23, 24. — Le château assiégé
par les Français, 225.
Argenteau (la famille d'). Renaud Ier,
i5o. — Renaud II, 28, i5o. —
Renar, i5o.
Assent, 4.
Ausloos (Placide), religieux de Sain t-
Trond, 11.
Autels, V. Saint-Hadelin.
Autriche, 68. Les empereurs, 69.
Autriche (Georges d'), donne des pri-
vilèges aux Visétois, 194. — Mar-
guerite, 239, 242. — Philippe,
238-243. — Maximilien, empereur
d'Allemagne, 238, 239.
Bartholomaeus, prévôt de la collé-
giale de Visé, 75.
Bassenge, étudie au collège des Pères
Oratoriens à Visé, 117.
Bastianus de Visé,V. ce dernier mot.
Bavière (les princes de), évêques de
Liège, 3i. — Jean, 29, 232. —
Ferdinand, 3i, 97, io3. — Maxi-
milien-Henri, 32, 119, 139, 195. —
Ernest, 134, i35. — Théoduin, 197.
Beelfond (de), général français, 225.
Béer (la famille), à Jemeppe, 77.
Beerbroek, 7.
— 256 —
Beerendonck, 7.
Bénéfices, V. Saint-Hadelin.
Benoît (saint). Le Chapitre de Saint-
Hadelin suit ses constitutions, 63.
Bercht, hameau du pays de Diest, 5.
Berghe (ten), hameau du pays de
Diest, 5.
Berghes (Georges- Louis de), prince-
évêquede Liège, 116, 126. — Jean,
seigneur de Waleyn, 240.
Berneau, village près de Visé, 23, 93.
Beronis, abbé de Saint-Hadelin, 181.
Berthe, fille de Charlemagne, grande
bienfaitrice de Visé, 26, 33, 34,45,
46, 49, 1 14.
Bettonville (Jacques -Paul), dernier
prévôt de la collégiale de Visé, 76.
Bejrlaer, hameau du pays de Diest,
5.
Biernawe, V. Berneau.
Bise (Hubert del), 1 24.
Blanclaer, hameau du pays de Diest,
5.
Blockhouse (Guillaume de), bourg-
mestre de Liège, 171.
Blocquerie (Jean), chantre de la col-
légiale de Visé, 82; il fonde une
messe en musique le jour de la
Sainte-Cécile, i3o; donateur du
chef de Saint-Hadelin et d'un lu-
trin, 188, 189.
Bogaerts (Willebrord), 6.
Boilailbe (Wilhelm dit), chanoine, 80.
Bolbeek, V. Bombay.
Bolland, village près de Visé, 58,
ioi, 102, 144.
Boisselles (les dîmes de), 71.
Bombay, village près de Visé, 23,
24, 35, 96. — Incendie de la tour,
1 3 1 .
Bombay (Ulric de), i5o.
Boniface IX (le pape), 23 1 .
Bonn. Les archives de l'église de Visé
y sont emportées, i5.
Bons-Enfants, V. Sépulcrines.
Boos de Waldeck (Charles, baroi
de), coadjuteur de l'abbé séculiei
de Visé, 72.
Bork (Gérard), 125.
Borloe ou de Bra (Jean de), prévôJ
de la collégiale de Visé, 75.
Borret, 187.
Bost (Ter), hameau du pays de Diest,
5.
Bovigne, 76.
Bouhoulle, mayeur de Visé, 84.
Bouillon (le duché de), 238.
Bourbon (Louis de), prince-évêque
de Liège, 3o, 122, 129, 237, 24.0,
241, 248.
Bourgogne (la), 3o.
Bourgogne (le duc de), 236. —
Marie, 237. — David, évêque
d'Utrecht, 238.
Bourguignons (les), prennent Visé,
i3i.
Bouxhon, abbé de Saint-Jacques à
Liège, 160.
Bra (de), V. Borloe.
Brabant (Henri, duc de), 3, 4. —
N., 149.
Breton le Vieux de Waroux, 149. —
Le Jeune de Waroux, i5o; sa fille
aînée épouse Conrad du Rivage de
Viseit, i5o.
Breust (la cure de), incorporée à la
collégiale de Saint-Martin à Liège,
37, 38.
Bridgebook, dépendance de Visé, 96.
Broek, 7.
Brousse (en), plaine près de Visé,
2o3.
Brouxbergen, hameau du pays de
Diest, 5.
Brust (Hubert de), prévôt de la col-
légiale de Visé, 75.
Busluyden (François de), prévôt de
Liège, 239.
— 257 —
Packard, V. Rissac.
lampaderine, ancien nom de Visé
d'après la légende, 24.
ïampine (la), hameaux du pays de
Diest, situés du côté de la Cam-
pine, 5.
Zarmes (Les Pères) à Devant-le-
Pont, io5, 106. — Ils s'y établissent
32, 106. Ils font les offices pa-
roissiaux dans leur église pendant
la révolution française, 63.
Carondebet (Jean), chancelier d'Au-
triche, 237.
Carot (Pieron),92. — Wathier, et sa
femme Sophie, fondateurs de l'au-
tel de Notre-Dame à l'église de
Visé, 92. Ils sont les principaux
bienfaiteurs du couvent des Tem-
pliers à Visé, 95.
Carreto (Percheval de), archidiacre
de Hesbaye, donne son consente-
ment à ce que l'église de Visé soit
élevée au rang de collégiale, 37, 60,
66.
Castro (a), V. Waltheri et Straven.
Cedros, roi de Tongres, 24.
Celles. Le Chapitre, 28, 64, 65 ;
fondé parSaint-Hadelin, 63. Diffi-
cultés avec les seigneurs de Celles,
64, 65. — Il est transféré à Visé,
37, 65. — L'abbé, 70. — Le pré-
vôt, 72. — Le curé et les trois vi-
caires, 74. — Les dîmes, 88. Voir
aussi Saint-Hadelin.
Chapeaville, grand vicaire de Liège,
permet aux Sépulcrines de s'établir
à Visé, 97.
Charlemagne, bienfaiteur de l'église
de Visé, 34, 45, 46, 49. Ses capi-
tulaires, 1 13. — Ses relations avec
Visé, 1 14. Il institue la foire à Visé,
193.
Charles (le Téméraire), prend et dé-
truit la ville de Visé, 25, 3o, 96,
97, i83, — VIII, roi de France,
233, 234, 239, 244.
— (le Chauve), deniers de ce prince
frappés à Visé, 197.
Charleville, près de Rheims, possède
un couvent de l'ordre du Saint-
Sépulcre, 99.
Charneux (de). N., seigneur de Her-
malle, 109. — d'Ohar, 167. — Fa-
mille distinguée de Visé, n 5. No-
tice sur cette famille, 165-169 ;
elle s'établit à Visé, 166. — Denys
des Marets-de Charneux, époux
de Catherine Pernode à côté de
laquelle il gît à la collégiale de
Visé, 53, 167, 189. — Denis, ju-
risconsulte, 167. — N., avocat à
Liège et conseiller intime du
prince-évêque, 167. — Pierre-Er-
nest, chanoine de Saint-Lambert,
167. — Herman, chanoine à Visé,
donne à l'église collégiale de nou-
velles orgues, 53, 167. — Jean-
Jacques, chanoine et vice-prévôt
de Saint-Adalbert à Aix-la-Cha-
pelle, 167. — Henri, frère du pré-
cédent, professeur et recteur de
l'université de Louvain, 167; il est
enterré dans l'église de Saint-Pierre
à Louvain, 168. — Barthélémy,
dit de Maret, seigneur de Warsage,
fils de Pierre, échevin de Liège,
lieutenant-gouverneur de Franchi-
mont, mayeur de Fléron, épousa
la sœur de Michel a Ver via, abbé
de Val-Dieu, 168; il était bourg-
mestre de Visé et receveur-général
du prince-évêque, io3, 168; grand
bienfaiteur des Pères Récollets,
io3, 169. Il avait entre autres
quatre enfants :
i° Barthélémy, chanoine de
Saint-Gilles à Liège, 169.
20 Jean, major dans l'armée de
258 —
rélecteur de Cologne, 169.
3° Maximilien-Henri, capitaine
dans Tannée impériale, 169.
40 Marguerite, épouse de Guil-
laume de Requilé, 169, 170.
Château (du), V. Waltheri et Straven.
Cheratte (de), V. de Sarolay.
Chinstrée, partie de la ville de Visé,
io5, 201 ; étymologie du nom,
202.
Chiroux-ville, surnom de Visé, 3 1 .
Chokier-Surlet (Jean de), abbé sécu-
lier de Visé, 71. — Jean- Ernest,
neveu du précédent, également ab-
bé séculier de Visé, 71.
Clément X (le pape), accorde aux
Pères Carmes l'autorisation d'éta-
blir une confrérie dé Notre-Dame
du Mont-Carmel à Visé, ni, 233,
247.
Clerx (Michel), archidiacre de Hes-
baye, 60.
Coelen, fiscus du Chapitre de Saint-
Hadelin à Visé, 87.
Compagnies (les), V. Visé.
Conceptionnistes (l'ordre des), s'éta-
blit à Visé, io5 ; il retourne à
Liège, ibid.
Confréries (les), V. Visé.
Conjoux, la dîme est possédée par le
Chapitre de Saint-Hadelin, 88.
Constance (le concile de), 23 1.
Cortembach (Petrus a), abbé séculier
de Visé, 7 1 .
Cortenbosch (la chapelle de), 109.
Crissigné (Jacquemin de), 141.
Cugnon (le couvent de), i83.
Dalhem, près de Visé. Il fait partie
de l'ancien Limbourg, 3o. — Il
dépend de la cure de Visé, 34, 35.
Les anniversaires de 1 église servent
de revenus à la plébanie de Visé,
38. Il est séparé de l'église de Visé,
56. — Les Visétois l'attaquent, 3o,
1 3 1 . — Le châtelain est vassal du
duc de Brabant, 149. Conrad de
Lontzen l'attaque, il est vaincu et
fait prisonnier, 149.
Dalhem (la voie de), 21. La porte, à
Visé, 17, 67.
Damance (le Père), oratorien, 118.
Damen a Miro (Jean), abbé séculier
de Visé, 7 1 .
Damerier (Jacques), peintre, 1 53 ,
161.
Defrance (François), prévôt de la
collégiale de Visé, 76.
Deherve, ferme à Visé, 54.
Delhe\ (le Père), récollet, vicaire de
Visé, 63, 104.
Demacerus, officiai de Liège, 64.
Demer (le), rivière, 4, 7.
Denys-le-Chartreux, 24.
Descartes, 175.
Devant-le-Pont, dépendance de Visé,
35; il est érigé en paroisse, 44; les
Pères Carmes y sont établis, 32,
63, 106; Louis XIV y passe quel-
ques jours, 60. — Le moulin banal,
140-148; les propriétaires de ce
moulin, 78, 140, 141 ; le droit de
banalité, 140, 142; ce droit est
contesté par les mansonniers de
Visé, 142; procès entre ceux-ci et
les propriétaires, 142-144. — Rè-
glement du moulin, 145. — Le plus
ancien acte de bail concernant ce
moulin, 146, 147.
Diest, 4, 7; le pays, 4, 5.
Diffuys (Marie et Catherine), sépul-
crines à Visé, 98.
Dînant, 63.
Dodémont (Urbain-Joseph), doyen
de la collégiale de Visé, 79. — La
famille occupe la ferme des cheva-
liers de Malte, 96; elle est alliée à
la famille de Réquilé, 171.
Dolhen, V. Dalhem.
— 259 —
Dominicains (les Pères) prêchent le
carême à Visé, 44, 101.
Donc, 2, 5-i2. — L'église, 7-12. —
Résidence de l'abbaye de Saint-
Trond, 8, 9.
Dopdia (Alexandre de), écolâtre du
chapitre de Celles, 64.
Doust (Albéric de), 3.
Dumont (le Père), oratorien, 1 18.
Dumourie\, 211.
Dung, 1.
Dungo, 1,7.
Duriau (la collection), i63.
Elias (Nicolas), épouse N. de Ré-'
quilé, 170.
Elisabeth, femme de Jean Lemaire
de Hermalle, fondatrice des béné-
fices de Saint-Hadelinet de Sainte-
Anne à Visé, 94.
Eloi (la chapelle de Saint-) à Visé, 96.
Emani de Moelinghen (Nicolas), V.
Emont.
Emerix, 161.
Emont (Cloes), alias Nicolaus Emani
de Moelinghen, curé de Visé, 56.
Encloîtres (hautes et basses), parties
de la ville de Visé, 201.
Enkevaert (Hélène d'), sépulcrine à
Visé, commence une maison à
Maestricht et à Hasselt, 97, 99.
— Adrien, feld-maréchal de l'em-
pire, 99.
Erkenteil, nom primitif d'Argenteau,
23.
Espagne (Y), ses guerres avec les Pro-
vinces-Unies, 102.
Eugène IV (le pape), 243, 246.
Eycken (Amand van der), abbé de
Saint-Trond, 9 ; ses armoiries, ibid.
Eynthout, 2.
Fayn (Guillaume de), gentilhomme
romain, 161.
Faynbois (château de), 161.
Felepa, 1 , 4.
Feller (l'abbé de), son dictionnaire,
172.
Feneur, 21, 93.
Ferariis (Albert de), 235.
Filles repenties (Maison des), à Liège,
due à la libéralité de Jean-Ernest,
baron de Surlet-Chokier, 7 1 , 72.
Fisen, 161.
Fondations, V. Bénéfices.
F 001 (les dîmes de), 71, 88.
Fosses. (les capellanies de), 66.
Fossis (Ulric de), pléban ou curé de
Visé, 53.
Fouarge (la famille), 171.
Fqy -Notre-Dame. La paroisse fait
partie du doyenné de Celles, 74. —
La dîme, 80, 88, 1 14.
Fraikin (Jeanne de), 171.
Fraipont (la famille de), i5o, 1 5 1 .
Franche Franchoy (Franciscus Fran-
cisa), curé de Visé, 56.
Franchimont (la dîme de), 88. — La
justice, 92. — La ville possède une
fontaine de saint Hadelin, 176.
François, 94.
Francotte (Marie), sépulcrine à Visé,
99.
Frédéric III (l'empereur), accorde le
titre decuyeraux des Marets, 166.
Froidmont (la famille de), 11 5, 168.
— Anthonius, prévôt de la collé-
giale de Visé, 75.
Fur a, 3.
Gangeur ( Marguerite ) , principale
bienfaitrice des Conception nis tes
à Visé, io5.
Gassendi, i55.
Gendron (la dîme de), 88.
Gentis (Jean- Laurent), chanoine de
Saint- Lambert et prévôt de la col-
légiale de Visé, 76, 125.
Ger ardus, pléban de Visé, 55.
Germeau (Jean), doyen de la collé-
giale de Visé, 79.
1
— 260 —
Geyr deSchn>eppenbourg(MaX'Hen-
ri-Joseph, baron de), abbé séculier
de Visé, 76, 125.
Ghenart (Antoine), théologien distin-
gué, né à Visé, chanoine et vice-
doyen de la cathédrale de Saint-
Lambert, inquisiteur de la foi ; il
assiste au Concile de Trente, 1 5 1 ,
l52.
Giet (François), 84.
Gilet (Nicolas), 11 5.
Gilles, chapelain de Visé, 92.
Gillis de Saint-Martin, 62, 129.
Gisberti (Quirinus), prévôt de la col-
légiale de Visé, 75.
Goelet (Jean), doyen de la collégiale
de Visé, 77.
Goirhé(lsi dîme de), 66, 88, 90, 212.
Gosuini (Joannes), curé de Bassenge,
prévôt de la collégiale de Visé ,75.
Grady (Michel- Joseph de), bourg-
mestre de Liège, 170.
Grégoire XII (le pape), 232.
Groesbeek (Gérard de), prince-évêque
de Liège, 3 1 .
Grognart (Roch), fondeur de cloches
et bourgmestre de Liège, 54.
Guaço, frater concilii visetensis, 36.
Gueldre (Henri de), doit se réfugier
à Namur, 149. — Renaud, 149.
Gui\ay 88, 177.
Gulielmus, frater concilii visetensis,
36.
Gvegesat, 22.
Haccourt, 33, 77, 146.
Hadelin (bénéfices et autels à la col-
légiale de Saint-), 91-94. — Obli-
gations des bénéficiaires, 91. —
Collation, ibid. — Le bénéfice de
Notre-Dame, 92, 97 ; celui de
Saint-Jean-Baptiste, 92 ; celui de
Saint- Hadelin et de Sainte- Anne,
94.
Les autels des Saints-Pierre et
Paul, 92 ; de Tous les Saints, 92,
94 ; des Saints-Georges et Sébas-
tien, 92, 94 ; de Sainte-Catherine,
92, 93 ; de Notre-Dame, 97 ; de
Saint-Nicolas, 94, 96.
Hadelin (Chapitre de Saint-), 14, i5,
63, 94. — Sa translation de Celles
à Visé, 28, 36, 47, 55, 64, 65, 66,
67. — Il construit le chœur de
l'église de Visé, 3o. — 11 élargit
l'église, 5 1 . — Difficultés avec les
seigneurs de Celles, 64, 65 ; avec
le curé de Visé, 57, 60, 62 ; avec
l'abbé, 80. — L'école du Chapitre*
64, 1 14. — L'abbé de Celles, pro-
tecteur du Chapitre, 64. — Immu-
nité claustrale, 67, 68. — Cour des
tenants du Chapitre, 68. — Privi-
lèges du Chapitre, 68. — Règles
particulières, 68, 69. — Prébendes,
65, 67 ; Adolphe de la Marck crée
huit nouvelles prébendes, ibid. —
Droit de collation, 65, 66, 67, 69,
70. — Conditions requises pour
être chanoine, 70; résidence per-
sonnelle des chanoines, 66. —
L'abbé séculier, 70, 71 ,72 ; liste des
abbés, 71, 72. — Le prévôt, 72-
76 ; ses devoirs et ses droits, 72-
74; ses revenus, 74, 75. Liste des
prévôts, 75-80. — Le doyen, 76-
80; ses droits et ses obligations,
76 ; ses revenus, 77. Liste des
doyens, 77, 80. — L ecolâtre, 80-
82 ; ses charges et ses droits, 80.
— Le chantre, 82-86 ; ses fonc-
tions et ses revenus, 82. — Le fis-
cus, 86, 87; ses fonctions, ibid.—
Les hebdomadaires, 87. — Le re-
ceveur ou compteur, 87. — Les
biens et revenus du Chapitre, 66,
87-91. Les dîmes de Celles, de
Franchimont et des différentes lo-
calités voisines, 88; de Visé, 88,
— 261 —
90; de Goirhé, 66, 88, 90; d'Ans,
88 ; de Lovenjoul, etc., 88. — Les
immeubles, 89; le vignoble sur
Malconvat, 198.
Hadelin (la châsse de Saint-), i3, i5,
28, 172-187. — Descriptions de la
châsse, 173-187. — Légendes et
inscriptions, ibid. ; miracle de la
colombe, 173, 174; une réception
de disciples, 174-176; miracle de
Franchimont, 176; guérison d'une
muette à Dinant, 176, 177; résur-
rection de Guiza, 177-180; les
obsèques de saint Hadelin, 178,
179.
Hageland (le), 5.
Halbeker-dyk, 8.
Halen de Borre, 221.
Halen, 1, 2, 4, 6, 8, 10.
Hallembaye, 24, 121, 208.
Halon, 1.
Halteriana (les), terres de Sainte-
Croix de Liège situées près de Visé,
204.
Hamalia (Mathias ab), prévôt de la
collégiale de Visé, 75.
Hameyen (Hennan van), 6.
Hamoir (le Père), récollet de Visé,
examinateur synodal de Liège, 104.
Hanegreve, 3.
Hannines (le sentier de), près de
Visé, 206.
Hannot (Cloes), doyen de la collégiale
de Visé, 78.
Hardy (Jean-Simon), mambour de
l'hôpital de Saint- Nicolas à Visé,
123.
Hasnoch, 4.
Hasselt, 7.
Hauteur (Mathias), 44.
Haversin, 88.
Heinsberg (Jean de), prince-évêque
de Liège, 19, 29, 3o, 77, 137.
Henget (Nicolas), pléban de Visé, 53.
Henkart, étudie au collège des Ora-
toriens à Visé, 117.
Hennet, prétendu complice de Sar-
torius, 84, 85.
Henri IV (l'empereur), 26, 27, 88.
— Henri V, 27. — Archevêque de
Cologne, 236. — Duc de Brabant,
234.
Henrotte Magrande, 41.
Herck (la), rivière, 7, 9, 10.
Herck (l'église de), 10.
Herck (Joseph van), abbé de Saint-
Trond, 11.
Heris (Guillaume), dit Herman a
sancta Barbara, carme, 162.
Hermalle, 22, 24, 36, 140.
Herman (Jean-Jacques), curé de Visé,
44, 61 , 62 ; il institue les pauvres de
Visé ses héritiers universels, 126.
Hermans (Herman), 6. — Marie, 6.
Herstal, 24.
Hervianus (Jacques), doyen de la
collégiale de Visé, 70.
Hesbajre (la), 1,2, 12. — L'archidia-
conat, 36, 37.
Hesbaye (Robert, comte ou duc de
la), 1.
Heure (d'), V. Oranus.
Heçe, hameau du pays de Diest, 5.
Heyde, 6, 7.
Hilaire (saint), 45, 46.
Hincmal (Jean), doyen de Sainte-
Croix à Liège, 80.
Hinisdael, 161.
Hohgnoul (Ameil de) tue Renier de
Viseit pendant la guerre des Awans
et des Waroux, 149.
Hoigne (Jean), 245, 248.
Honlet, 106.
Horion (la famille), 171.
Homes (Arnould de), prince-évêque
de Liège, 212. — Jean, 238.
Houbbart (Antoine) a l'honneur de
recevoir Louis XIV, 226.
33
— 262 —
Houthem (Jean de), 240.
Ho\émont, i5o.
Hubert (l'église de Saint-) à Liège,
97. — Henri, roi des arbalétriers
de Visé, i32.
Hubines (Jean de), prévôt de Saint-
Hadelin, 75.
Hugues de Châions, prince-évêque
de Liège, 234.
H ul sonne au, 74, 88.
Hurbi\e, ferme de Visé, 2 1 .
Hujr, 48.
Huygens, 157.
Imaina, épouse d'Arnoul de Wese-
mael, 3.
Incurables (maison des), à Liège, due
à la libéralité de Jean-Ernest, ba-
ron de Surlet-Chokier, 72.
Ingelbeeck, 5.
Innocent VII (le pape), 23 1 .
Isabelle (la gouvernante), 99.
Jacques, seigneur de Celles, 64.
Jacquet, évêque d'Hippone, consacre
l'église de Donck, 1 1 .
Jauches (Henri de), prévôt de Saint-
Lambert, 197.
Jean, prévôt de Stavelot, 181 .
Jean-sans-Pitié, V. Jean de Bavière.
Jean, doyen de Saint-Martin à Liège,
36.
Jean-le- Victorieux, se distingue à la
célèbre bataille deWoeringen, 149.
Jean XXIII (le pape), 23 1.
Jean (chevaliers de Saint-), 16, 27, 95.
Jeghers (Lambert), prévôt de la collé-
giale de Visé, 57, 75, 91, 99; au-
teur de l'histoire de l'ordre du Saint-
Sépulcre ; analyse de cet ouvrage,
216-218.
Je henné, épouse de Gérard le Peneur,
123.
Jemeppe, 77.
Joiris, doyen delà collégiale de Visé,
79-
Jules II (le pape), 245, 247.
Juliers (Simon de), doyen de la col-
légiale de Saint-Denis à Liège, 245.
Juncis (Adam de), 235, 236.
Jupille, 49 ; les Sépulcrines s'y éta-
blissent, 100.
Kamps (]ea.n), doyen de la collégiale,
de Visé, 79.
Kelbergen, 5.
Kelcteren (P. van), notaire, 5.
Kerckem (Adam de), épousa Cathe-
rine de la Saulx, 96, 1 5 1 . — Adam,
fils naturel de Henri van Ordingen,
i5i.
Klein-Meerhout, V. Meerhout.
Labbeye (Mathias), prévôt de la col-
légiale de Visé, 76.
Lambert (la cathédrale de Saint-),
16, 27; propriétaire du moulin de
Devant-le-Pont, 140, 141. — Le
Chapitre, 36, 37, 38, 52, 70, 97.
Lambert (l'hôpital de Saint-) à Visé,
121.
Lambertin (Jean), prévôt de la collé-
giale de Visé, 74, 75, 76, i83. —
Sébastien, prévôt de la même col-
légiale, 75. — Eustache, ibid.
Lambertus, frater concilii visetensis,
36.
Langrode, hameau du pays de Diest,
5.
Larifridus, doyen de Stavelot, 181.
Laruelle, bourgmestre de Liège, 2o3.
Lathomi (Catherine), sépulcrine à
Visé, 97.
Laurent (les moines de Saint-) vont à
la foire de Visé, 193; légende con-
cernant ces moines, 218, 219.
Laurent (Ernotte), bourgmestre de
Visé, 225.
Lavis, 64.
Lecocq (Jean), doyen de la collégiale
de Visé, 79. — Guillaume, éco-
lâtre de Visé, 80, 81, 82, 187.
— 263 —
Lefebvre (Laurent), peintre, né à
Visé, 172.
Lemaire (Jean), de Hermalle, 94.
Letnbor (Henry), chanoine et éco-
lâtre de Sainte- Croix à Liège,
126.
Léon III (le pape), 46, 47, 48.
Leroux (dame), supérieure des Sé-
pulcrines à Visé, 101 .
Lexhe (Johan dit Forgon de), 140.
LejcAp (de), i5o.
Libert, évêque de Barut, 243.
Libotte (Mathias), curé de Visé, 59.
— Simon, chanoine d'Aix-la-Cha-
pelle, curé d'Emael et recteur de
1 autel de Sainte-Catherine à Visé,
93. — Jacques, roi des arbalétriers
à Visé, i32. — Catherine, épouse
de Herman de Marets, 189.
Liebroeck, hameau du pays de Diest,
5.
Liège, i3, 25, 27, 28, 44, 48,49, 57,
58, 61, 63, 68, 71, 81, 88, 93, 97.
Limbourg (le duché de), 26. — La
ville se rend aux Français, 226.
Limbourg (Théodoric de), doyen de
la collégiale de Visé, 78. — Jean,
seigneur d'Oupey et de Vivegnis,
échevin de Liège, 141. — Ermen-
garde, 149.
Linckhout, 7.
Linter (le monastère de), 3.
Linter (Henri de), 5.
Liverlo (Marie de), sépulcrineà Visé,
fondatrice des couvents à Maes-
tricht et à Hasselt, 97.
Lixhe,yy. — La dîme, 35, 66.
Lobbes, 75.
Lont\en (Conrad de), sénéchal de
Limbourg, 149.
Lopardia (Alexandre de), écolâtre de
Visé, 93.
Lopfenberch, 23 1.
Lorette (chapelle de), à Visé. Notice
sur ce sanctuaire, 109-1 13. — Son
ermitage, 112, 11 3.
Lorraine (le duc de), 27. — Henri, 3.
Louis, roi de France, 234.
Louis-le-Débonnaire, 26.
Louis XIV, 32, 59, 60, 119. Il s'ar-
rête à Visé, 224-227. Une anec-
dote de ce prince à Visé, 226, 227.
Louvain (l'université de), 69, 79, 238.
Lovenjoul, la Capellanie, 66 ; la
dîme, 88.
Lovin fosse (de), 141 .
Loy (Gérard del), 140.
Ludger (saint), évêque de Munster,
47,48.
Luxembourg (le comte de), s'empare
du château de Fraipont, 149.
Macar (de), 63.
Macka, 221.
Maes (Thomas), 90.
Maestricht, 20, 22, 24, 236. — Le
doyenné rural, 35, 36, 45. — Diffé-
rend entre les bourgeois et les cha-
noines de Saint-Servais, 77. — Les
Sépulcrines de Visé y fondent une
maison, 99.
Magné, chanoine de la collégiale de
Visé, 90.
Magrande (Henrotte), 41.
Mahomet, 233, 240.
Maimont, 64.
Malconvat, près de Visé, 197.
Malte, V. chevaliers de Saint-Jean.
Marcheit (porte du) à Visé, 17.
Marets (des). Cette famille se fixe à
Visé, 166. — Denys, 167. — Her-
man, mayeur et lieutenant-bailli à
Visé, 167, 168. — Barthélémy dit
de Charneux, 168. — Herman,
époux de Catherine Libotte, 189.
Pierre, 189. V. aussi Charneux.
Mark (Adolphe de la) ; son sceau,
i5 ; il transfère le Chapitre de
Saint-Hadelin de Celles à Visé
264 —
28, 36, 65 ; il crée huit nouvelles
prébendes à l'église de Visé, 65 ; il
astreint les chanoines de Visé à la
résidence personnelle, 66 ; il déter-
mine les revenus et les droits de
la plébanie de Visé, 67 ; il crée la
dignité de doyen au Chapitre de
Visé, 73, 76, 122 ; sa victoire au
Thier de Nierbonne, i5o, 236.
— Erard, 3i ; on voit ses armoiries
à la fenêtre absidale de 1 église de
Visé, 5 1 ; il donne des privilèges
aux Visétois, 194, 245, 247, 249.
— Englebert, confirme les statuts de
la collégiale de Visé, 42 ; il donne
au Chapitre de Visé l'immunité
claustrale, 67. — Règles particu-
lières du Chapitre approuvées par
ce prince, 68, 69.
— Guillaume, 237.
Mark-Weret, 22, 23.
Mareolt (à propos de ce lieu), 1-12.
Marholt, 1, 2, 3, 4.
Martin (saint), 45, 46.
Martin (la collégiale de Saint-), 36.
Massillon (Crespin de), bourgmestre
de Liège, 60. — Marie Célestine,
fille du précédent, 60.
Mansuarinsis (le pagus), 1,2.
Mathei (Willebrord), 244.
Mechlinia (Guillaume de), abbé de
Saint-Trond, 8, 9.
Meerbeeck (le), ruisseau près de
Diest, 4.
Meerbeeck, hameau du pays de
Diest, 5.
Meerot, 5, 6.
Meersen (Libert de), chanoine et
écolâtre de Visé, 93.
Mheer (le seigneur de), 116. — Le
village, 128.
Merhout, 1-12. — Henri de Mer-
hout, 3. — Thierry, 3.
Mesch ou Meschawe, 23.
Métiers (les), à Visé, V. Visé.
Meurs (le comte de), 28.
Micerio, V. Nucerio.
Mirode (Arnoldus a), abbé séculier
de Visé, 71.
Molenstede, hameau du pays de
Diest, 5.
Moll, 2, 3.
Mons (Adam de), doyen de la collé-
giale de Visé, 77. — Clous, éche-
vin de Visé, père du précédent,
77-
Monse, hameau de Visé, 34, 96.
Monte (de), V. de Mons.
Moster-Dyck, 8.
Motmans, 161.
Mouland, village près de Visé, 17,
l8> 75> 77» 93-
Mouland (la porte de), à Visé, 18.
Moulinghen (Wilhelmus a), doyen
de la collégiale de Visé, 79.
Moustier, 41.
Mouton (Sigisfroid-Joseph), curé de
Visé, 44, 60, 61. — Jean- Baptiste,
capitaine de Sa Majesté catho-
lique, 60.
Namur, on y tient un Chapitre pro-
vincial, 10 1. — Le comte de Na-
mur, 101.
Nassau (de), i52. — Englebert, 240.
Nassovia, 3.
Navagne, 77 ; le château assiégé par
les Français, 225 ; il se rend, ibid.
Nazareth, 110, m.
Neavaigne (les chevaliers de), i5i.
Le château, 2o3.
Nettines, 88.
Nicolas V (le pape), 241, 242.
Nicolas (l'hôpital de Saint-), à Visé,
19, 33, 76, 94, 1 16 ; notice sur cet
hôpital, 122-125.
Nicolas (l'autel de Saint-), à Visé,
76, 94-
Nivarre (Eustache de), chanoine de
— 265 —
l'église de Saint-Jean-FEvangéliste
à Liège, 245.
Noorbeek (le village de), en wallon
Nordebaye, 22, 24.
Noot (Reynier van der), 6.
Norhof (Levoldus de), abbé séculier
de Celles, 64, 71.
Normands (les), 49.
Nucerio (Jean de), archidiacre de
Hesbaye, 38.
Oerbach (Jean), abbé séculier de
Visé, 43, 71.
Ogier-le-Danois, 26. — Ogerus, pré-
vôt de la collégiale de Visé, 76.
Oldenburg, \5y.
Ombre\ (Clémence d'), native de Visé,
première supérieure du couvent
des Sépulcrines à Aix-la-Chapelle,
99.
Ongeer (Jean de), chanoine-chantre
de Visé, 11 5.
Orange (le prince d'), roi d'Angle-
terre et seigneur de Diest, 4. —
Il assiège la ville de Maestricht,
226.
Oranus (d'Heure), 161.
Oratoriens (les), 107, 108; ils s'éta-
blissent à Visé, 107, 116. Leur
collège, 16, 19, 33, 107, 116, 117,
118. Leurs prétendus souterrains
secrets, 107.
Ordange (Adam d'), abbé de Saint-
Trond, 9.
Otten (Aert), 6.
Otton (l'empereur), 26.
Oultremont (Charles d'), 104.
Oupey (Odile d'), sépulcrine à Visé,
99.
Oupey (le village d'), 62 ; son mou-
lin, 146.
Outre-Meuse (le pays d'), 102.
Pacichelli, \bj.
Packhouse (rue du), à Visé, 201.
Padoue (saint Antoine de). Le col-
lège des Pères Récollets de Visé
lui est dédié, 1 16.
P ail and (Daniel de), 1 5 1 .
Papenbroeck, hameau du pays de
Diest, 5.
Parion (Josse), 234, 235.
Pascal, 157.
Pauli (Guillaume), doyen de la col-
légiale de Visé, 79.
Pedele, hameau du pays de Diest, 5.
Pellenbrouck, chanoine de Visé, 1 10.
Pellencop (Conrad), 123.
Peneur (Gérard le), 123.
Penthecoste, femme de Wautier de
le Sauth, 95.
Pépin de Herstal, 88 ; il visite saint
Hadelin à Celles, 175.
Percheval, V. Carreto.
Père, hameau du pays de Diest, 5.
Pernode (Catherine), épouse de De-
nys de Charneux, 53, 167.
Perron (rue du), à Visé, 201.
Perweis (Godefroid de), 3.
Pesser, chanoine de Visé, 63.
Peston (Henri), prévôt de la collé-
giale de Visé, 75.
Philippe II, 75.
Pie II (le pape), 241 , 246.
Pierre (la collégiale de Saint-), à
Liège, 66.
Pinus (Jean), de Toulouse, 245.
Piret (Guillaume), curé de Visé, 43,
56, 126.
Pirnea (Simon), 106.
Piron (Jacques), 189.
Pironnet (Pierre), curé de Visé, pré-
vôt de la collégiale, doyen du Con-
cile de Maestricht et archidiacre de
Celles, 45, 62, 63, 76, 126, 129,
i3o. — Son épitaphe, 62.
Pise, 232.
Plétrou(le), 25.
Plettemberck (Marie -Sibylle de),
dame de la Rochette, 102, io3.
1
— 266 —
Plorar (Walther), bourgmestre de
Visé, épousa Hélène Straven, dite
du Chasteau ou a Castro, 1 53. —
Catherine, fille des précédents, dite
Waltheri, épousa Renard de Sluse,
i53, 190; sa mort, 225. — V. aussi
Waltheri.
Poitiers (Guillaume de), prévôt de la
cathédrale de Liège, assiste au
Concile de Trente, 1 5 1 .
Pontanus, 168.
Postiche, porte de Visé, 18.
Printe de Warancelle (N. de), voué
de Nivelles, 77, i5i. — Louis, fils
du précédent, doyen de la collé-
giale de Visé, 77 ; fondateur de
l'autel de Sainte-Catherine à Visé,
93.
Proidhomme (Cloes), doyen de la
collégiale de Visé, 78.
Proisme (Jean), chanoine de Visé, 70,
n5.
Provinces- Unies (les), 32.
Puchey (Jean de), prévôt de la collé-
giale de Visé et curé de Mouland,
75.
Purnode (Jean et Laurent), doyen de
la collégiale de Visé, 79.
Querçy-sur-Oise, le pape Léon III
s'y rend, 48.
Radoux (Hubert), curé de Visé, 42,
44, 57, 58, 60. — Hubert, neveu
du précédent, écolâtre et doyen de
la collégiale de Visé, 59.
Raevelst 2.
Ranst (Simon), abbé du Val -Dieu,
bienfaiteur du couvent des Récol-
lets à Visé, io3, 109.
Rasquin-le-Rqy (rue de), à Visé, 67,
201. — Famille de Visé, 201.
Récollets (les Pères) prêchent le ca-
rême à Visé, 61 , 63 ; ils se fixent à
Boland, 44, à Visé, 101. Ils cons-
truisent à Visé un nouveau cou-
vent, 102, et ouvrent une école
d'humanités, 33, 104, 116; ils re-
fusent d'administrer les malades
pestiférés, 58, 59. Leur suppres-
sion, 104.
Remacle (saint), 63, 173, 174.
Renart (Peter), curé de Donck, 5.
Renchon le Parmentier, 124.
Requilé (la famille de), 1 69-171. —
Guillaume se fixe à Visé, 169 ; il
devient échevin de la Cour de jus-
tice de Visé et receveur du Chapitre
de Saint-Hadelin, ibid.; il épouse
Ailide, fille du Vieux Renard Sluse,
ibid. Ses enfants :
i° Guillaume, chanoine de la
collégiale de Visé, ibid.
20 Nicolas, curé de Lanay, pré-
vôt du Chapitre de Saint-Hadelin,
75, 170.
3° Renaud, avocat, bailli des
chanoines de Saint-Pierre à Liège,
170.
40 Ailide, 170.
— Pierre-Godefroid, écolâtre, doyen
de Notre-Dame à Tongres, 170. —
Jacques, échevin et greffier de la
Cour de justice à Visé, ibid. ; il
avait entre autres deux enfants :
i° Reine, qui épousa Jean Ple-
nus Aphernon.
20 Guillaume, docteur en droit,
époux de Marguerite de Charneux,
169, 170, dont il eut douze enfants,
parmi lesquels : i° N., chanoine à
Saint- Léonard, à Liège, 1 70 ; 20 N. ,
chanoine à Saint-Servais, à Maes-
tricht, ibid.; 3° Jean-Ernest, qui
se maria à Venlo et s'établit dans
la Gueldre, ibid. ; il eut deux fils et
une fille qui épousa Nicolas Elias,
ibid. ; 40 Bartholomé, colonel im-
périal, gouverneur de Bonn, époux
de Jeanne de Fraikin, dont il eut :
\
— 267 —
i° Guillaume-François, échevin et I
bourgmestre de Maestricht, 171 ;
20 Maximilien-Henri-Daniel, époux
d'une fille de Guillaume de Block-
house, bourgmestre de Liège, ibid. ,
dont il eut un fils, colonel en
Bohême et une fille mariée à
Maure de Réquilé, fils du bourg-
mestre de Maestricht, dont deux
filles: a) N., épouse Fouarge;
b) N., épouse Dodémont, 171. —
L'habitation de cette famille, 199.
Rethy, 2.
Reynier, étudia au collège des Ora-
toriens à Visé, 1 17.
Reyrode, hameau du pays de Diest,
5.
Richelle, 23, 59.
Ride (Michael), prévôt de la collégiale
de Visé, 75.
Rissac (Joseph- Dieudonné, Cachard
de), né à Visé, bachelier en théolo-
gie, curé dans le Tournaisis, 171.
— La famille, 1 1 5.
Rivage (du), V. Viseit.
Rivé (Pierre), bourgmestre de Visé,
225.
Rochart (Pierre), chanoine et chantre
de la collégiale de Visé, 188.
Rode, hameau du pays de Diest, 5.
Rœterchove, hameau du pays de
Diest, 5.
Rome, 44, 57, 61, 66, 1 10.
Rothem (l'abbaye de), 10.
Rougrave (le vicaire-général), 191.
Rummen, 7.
Ryckel, 24.
Ryckel (Balthasar de), prévôt de la
collégiale de Visé, 76. — Eustache,
doyen de la collégiale de Visé, 79.
Rynrode (l'ermitage de), 10.
Sacré (Gérard), 191. — Joseph-Marie,
chartreux à Rome, ibid.
Saint-Trond, V. Trond.
Saive (l'abbé B. de), originaire de
Visé, auteur de plusieurs ouvrages,
171-172.
Salfinnes (le seigneur de), 21 3.
Sarolay de Cheratte (de), bienfaiteur
des Récollets à Visé, io3.
Sarrasin (Nicolas), doyen de la collé-
giale de Visé, 5o, 52, 78, 88, 93,
125, 141.
Sartorius, chanoine- chantre de Visé;
son procès, 33, 83-86. — Henri-
Eustache, frère du chanoine, 83-86.
— L'avocat, ibid.
Sartorius (la colombe de), légende
visétoise, 219, 220.
Sarte (chapelle de la), 109.
Sasse (délie), V. Saulx.
Saulçy (la famille de), 141 .
Saulx des Temples (Wauthier de la),
épousa dame Penthecoste, sœur de
Jean le Vieux de Rouveroy, 95,
i5o, 2i3. — Wathi le Jeune, fils
des précédents, épousa Marie, fille
de Renar d'Argenteau, dite Dame
du Temple, 140, i5o, i5i ; ils
eurent deux filles, Tune épousa a)
Daniel de Paland, b) Robert d'Ar-
ckel dit de Rynswauld ; l'autre
épousa Adam de Kerkem, i5i.
Saumes (Jean des), grand-maître des
Templiers, i5o.
Sauvenière (M. delà), 1 53.
Saxe (Albert duc de), 239.
Scaffen, 1, 2, 3, 4.
Scafnis, 1, 4.
Schaffhouse, 23 1.
Schifflet (Jean- Baptiste), 225. — Con-
stantin, père du précédent, ibid.
Schoenaerde, hameau du pays de
Diest, 5.
Schuermans (Jean -Jacques), doyen
de la collégiale de Visé, 79.
Scomberg (de), général français, 226.
Scy, 88.
— 268 —
Sépulcre (les chanoinesses du Saint-),
V. Sépulcrines.
Sépulcrines (les religieuses), à Visé,
16, 19, 3i, 57, 63. — Notice sur
ces religieuses, 97, 11 5. — Leur
pensionnat, 97, 116. — Leur ex-
ternat, 116.
Serain (Libert de), prévôt de Celles,
64, 75.
Servais (les chanoines de Saint-), à
Maestricht, 77.
Sichem, 3.
Sittert, 6.
Sixte III (le pape), 237.
Sixte IV (le pape), 234, 235, 241,
246.
Slenaken (Pierre), doyen de la collé-
giale de Visé, 43, 55, 56, 79, 145,
194. — La famille occupe la ferme
des chevaliers de Malte à Visé, 96.
Sluse (Renard de), s'établit à Visé,
1 53. — Ailide, fille du précédent,
épousa Guillaume Réquilé, 169.
— Renaud, notaire et greffier de
Visé, épousa Catherine Plorar,
dite Waltheri, i53, 190; dont i°
René-François, chanoine de Saint-
Lambert, abbé d'Amay, 1 54-1 58,
190; 20 Jean Gualthier, cardinal,
154, 160-164; 3° Pierre- Louis,
conseiller privé du prince-évêque
de Liège, 154, 164, i65. — De
Houppertingen, i65. — Le mo-
nument de la famille à l'église de
Visé, 189, 190.
Sophie, dame du chevalier Wathiers
Carot, 92 ; elle fait des donations
au Temple à Visé, 95.
Southerus, seigneur de Bicelos, 64.
Souvré, faubourg de Visé, 21, 83, 84,
198.
Souvreit (la porte de), à Visé, 17.
Sprimont, 63.
Stapelle (Anne), fondatrice des Sé-
pulcrines à Visé, 97, 98, 99, 100.
Stassens (Gilles), chanoine de Visé,
125.
Stembier, tréfoncier, abbé séculier
de Visé, 5i, 52, 72.
Stembier de Wideux (la baronne),
i65.
Stenval (Jean de), io5.
Stevartius (Hubertus), prévôt de la
collégiale de Visé, 75.
Stiels, doyen de Visé, 164.
Stomp, 10.
Stoupy, vicaire-général de Visé, 1 o,
1 1.
Straad (le comte de), gouverneur de
Maestricht, 225.
Straven (Hélène), dite du Chasteau
ou à Castro, fille de Walther Plo-
rar, 1 53.
Stryrode, hameau du pays de Diest,
5.
Surpel (Hendrick van), 5.
Taxandrie (le pagus), 2, 12.
Taxandrine, 24.
Temple (le), V. Templiers.
Temples (Marie des), épouse de
Waultier del Saulx, 140.
Templiers (les), 27, 92. — Ils s'éta-
blissent à Visé, 95-97. — Leur
ferme, 98.
Tessenderloo, 1.
Thimister, 78.
Thomé, passeur d'eau à Visé, 202,
2o3, 207.
Thonnard (le Père), carme déchaussé
à Liège, 106.
Thour (Marie), sépulcrine à Visé,
97-
Thuin, possède un collège de l'Ora-
toire, 107.
Tiernagan (Pierre), accusé d'hérésie,
l52.
Tongres, 24, 45, 47. — La collé-
giale, 48.
— 269 —
Trajecto (Amyl de), doyen de la col-
légiale de Visé, 77.
Trappe (de), étudie au collège des
Oratoriens à Visé, 1 17.
Treit (voie de), route près de Visé, 18.
Tressogne, 88.
Trond (Saint-), 1, 3, 4, 8, n, 24.
Urso (Petrus de), curé de Visé, et
doyen du Chapitre de Saint-Hade-
lin, 37, 55, 67, 77.
Val-Dieu. Les religieux ont un refuge
à Visé, 108, 119.
Valle-Virginum, 3.
Veldjveçet, 22, 23.
Velpem, i, 2, 4, 8, 12.
Venne (ten), hameau du pays de
Diest, 5.
Veosat, forme du nom de Visé, 23.
— Veosatum, ibid.
Vervia, V. Vervier.
Verrier (Michel de), abbé du Val-
Dieu, 109, 168. — Notice sur sa
vie, i52.
Vilîenfagne (de), étudie au collège
des Oratoriens à Visé, 117. —
Gilles-Albert, seigneur de Vogel-
sanck, bienfaiteur des Oratoriens
à Visé, 33, 107, 1 16.
VilIers-le-Templet 96.
Visé, 11-227. Les archives de la
paroisse et de la ville, i5, 16. —
Toponymie de la ville, 200-202.
— Les portes, 17, 18. — Les ponts,
210. — Le cimetière, 18. — Le
perron, 18. r— Les quartiers, les
rues, les faubourgs et les lieux-dits,
19-21, 200-202. — La population,
21. Les différents noms, 22, 23.
Etymologie du nom, 24. — His-
torique de la ville, 24-33. Son
origine, 24-26. — Fief de l'église
de Liège, 26. Droits féodaux de la
cathédrale de Saint- Lambert, 211.
Le poisson royal, 212. Le droit
de péage, 28 et 212. Les dîmes,
212. La cour des tenants, 21 3.
— La justice, 27, 220, 221. — Les
fortifications et les remparts, 17,
18, 25, 27, 28, 3o, 3i, 32. — Ba-
taille de Visé, 26, 27. — Destruc-
tion et pillage, 28, 29, 3o, 32. Ex-
ploit d'une Visétoise, 209. — Pri-
vilèges, droits et franchises, 19,
25, 29-33, 194. — La peste, 21,
3i, 32, 57-59. Police sanitaire,
221, 222. — Règlement concer-
nant les élections, 32, 33. — To-
ponymie de la campagne, 203-209.
Les plaines, les sentiers, les routes,
les ruisseaux, etc., 203-209. Les
fermes, 21, 198.
— La paroisse, 33-45. Son origine,
33, 34. Dépendances, 34, 35, 36.
— L'église, 26, 3o, 3 1, 45-55. Son
origine, 33, 34, 46, 47, 48. Les re-
venus, 33, 34, 37, 38, 39, 41, 42.
Les succursales, 34, 35, 36. Les
cloches, 53-55. L'administration
des biens de la fabrique, 36. —
Les confréries, 1 27- 1 3o : du Tiers-
Ordre dans l'église des Récollets,
104 ; de Notre-Dame du Mont-
Carmel dans la chapelle de Lorette,
m ; du Saint- Rosaire, 127, 128;
du Saint- Sacrement, 128, 129; de
Sainte-Cécile, 1 3o. — Les compa-
gnies : des arbalétriers, i3o-i36;
des arquebusiers, ibid. — Les
métiers, 136-149; des cherwiers,
1 37 ; des neaveurs, 1 37 ; des vigne-
rons, 137, 1 38 ; obligation d'en
faire partie, i38 ; règlement, i38;
obligations et privilèges, i38, 139.
— L'église devient collégiale, 37.
Les curés ou plébans, 55-58. Col-
lation de la cure, 36, 37. — Diffi-
cultés entre le curé et le Chapitre,
57, 60-62. — Le Chapitre de
34
— 260 —
Geyr deSchweppenbourg(Max-Hen-
ri-Joseph, baron de), abbé séculier
de Visé, 76, 125.
Ghenart (Antoine), théologien distin-
gué, né à Visé, chanoine et vice-
doyen de la cathédrale de Saint-
Lambert, inquisiteur de la foi ; il
assiste au Concile de Trente, 1 5 1 ,
l52.
Giet (François), 84.
Gilet (Nicolas), 11 5.
Gilles, chapelain de Visé, 92.
Gillis de Saint-Martin, 62, 129.
Gisberti (Quirinus), prévôt de la col-
légiale de Visé, 75.
Goelet (Jean), doyen de la collégiale
de Visé, 77.
Goirhé(la dîme de), 66, 88, 90, 212.
Gosuini (Joannes), curé de Bassenge,
prévôt de la collégiale de Visé, 75.
Grady (Michel- Joseph de), bourg-
mestre de Liège, 170.
Grégoire XII (le pape), 232.
Groesbeek (Gérard de), prince-évêque
de Liège, 3 1 .
Grognart (Roch), fondeur de cloches
et bourgmestre de Liège, 54.
Gua\o, frater concilii visetensis, 36.
Gueldre (Henri de), doit se réfugier
à Namur, 149. — Renaud, 149.
Guiça, 88, 177.
Gulielmus, frater concilii visetensis,
36.
Gvegesat, 22.
Haccourt, 33, 77, 146.
Hadelin (bénéfices et autels à la col-
légiale de Saint-), 91-94. — Obli-
gations des bénéficiaires, 91. —
Collation, ibid. — Le bénéfice de
Notre-Dame, 92, 97 ; celui de
Saint-Jean-Baptiste, 92 ; celui de
Saint- Hadelin et de Sainte- Anne,
94.
Les autels des Saints-Pierre et
Paul, 92; de Tous les Saints, 92,
94 ; des Saints-Georges et Sébas-
tien, 92, 94 ; de Sainte-Catherine,
92, 93 ; de Notre-Dame, 97 ; de
Saint-Nicolas, 94, 96.
Hadelin (Chapitre de Saint-), 14,1 5,
63, 94. — Sa translation de Celles
à Visé, 28, 36, 47, 55, 64, 65, 66,
67. — Il construit le chœur de
l'église de Visé, 3o. — Il élargit
l'église, 5 1 . — Difficultés avec les
seigneurs de Celles, 64, 65 ; avec
le curé de Visé, 57, 60, 62 ; avec
l'abbé, 80. — L'école du Chapitre»
64, 114. — L'abbé de Celles, pro-
tecteur du Chapitre, 64. — Immu-
nité claustrale, 67, 68. — Cour des
tenants du Chapitre, 68. — Privi-
lèges du Chapitre, 68. — Règles
particulières, 68, 69. — Prébendes,
65, 67 ; Adolphe de la Marck crée
huit nouvelles prébendes, ibid. —
Droit de collation, 65, 66, 67, 69,
70. — Conditions requises pour
être chanoine, 70; résidence per-
sonnelle des chanoines, 66. —
L'abbé séculier, 70, 7 1 , 72 ; liste des
abbés, 71, 72. — Le prévôt, 72-
76 ; ses devoirs et ses droits, 72-
74; ses revenus, 74, 75. Liste des
prévôts, 75-80. — Le doyen, 76-
80; ses droits et ses obligations,
76 ; ses revenus, 77. Liste des
doyens, 77, 80. — L'écolâtre, 80-
82 ; ses charges et ses droits, 80.
— Le chantre, 82-86 ; ses fonc-
tions et ses revenus, 82. — Le fis-
eus, 86, 87; ses fonctions, ibid. —
Les hebdomadaires, 87. — Le re-
ceveur ou compteur, 87. — Les
biens et revenus du Chapitre, 66,
87-91. Les dîmes de Celles, de
Franchimont et des différentes lo-
calités voisines, 88; de Visé, 88,
— 264 —
90; de Goirhé, 66, 88, 90; d'Ans,
88; de Lovenjoul, etc., 88. — Les
immeubles, 89; le vignoble sur
Malconvat, 198.
H ode lin (la châsse de Saint-), i3, i5,
28, 172-187. — Descriptions de la
châsse, 173-187. — Légendes et
inscriptions, ibid. ; miracle de la
colombe, 173, 174; une réception
de disciples, 174-176; miracle de
Franchimont, 176; guérison d'une
muette à Dinant, 176, 177; résur-
rection de Guiza, 177-180; les
obsèques de saint Hadelin, 178,
179.
Hageland (le), 5.
Halbeker-dyk, 8.
Halen de Borre, 22 1 .
Halen, 1, 2, 4, 6, 8, 10.
Hallembaye, 24, 121, 208.
Halon, 1.
Halteriana (les), terres de Sainte-
Croix de Liège situées près de Visé,
204.
Hamalia (Mathias ab), prévôt de la
collégiale de Visé, 75.
Hameyen (Herman van), 6.
Hamoir (le Père), récollet de Visé,
examinateur synodal de Liège, 104.
Hanegreve, 3.
Hannines (le sentier de), près de
Visé, 206.
Hannot (Cloes), doyen de la collégiale
de Visé, 78.
Hardy (Jean-Simon), mambour de
l'hôpital de Saint- Nicolas à Visé,
123.
Hasnoch, 4.
Hasselt, 7.
Hauteur (Mathias), 44.
Haversin, 88.
Heinsberg (Jean de), prince-évêque
de Liège, 19, 29, 3o, 77, 137.
Henget (Nicolas), pléban de Visé, 53.
Henkart, étudie au collège des Ora-
toriens à Visé, 117.
Hennet, prétendu complice de Sar-
torius, 84, 85.
Henri IV (l'empereur), 26, 27, 88.
— Henri V, 27. — Archevêque de
Cologne, 236. — Duc de Brabant,
234.
Henrotte Magrande, 41.
Herck (la), rivière, 7, 9, 10.
Herck (l'église de), 10.
Herck (Joseph van), abbé de Saint-
Trond, 11.
Heris (Guillaume), dit Herman a
sancta Barbara, carme, 162.
Hermalle, 22, 24, 36, 140.
Herman (Jean-Jacques), curé de Visé,
44, 6 1 , 62 ; il institue les pauvres de
Visé ses héritiers universels, 126.
Hermans (Herman), 6. — Marie, 6.
Herstal, 24.
Hervianus (Jacques), doyen de la
collégiale de Visé, 70.
Hesbaye (la), 1,2, 12. — L'archidia-
conat, 36, 37.
Hesbaye (Robert, comte ou duc de
la), 1.
Heure (d'), V. Oranus.
He\et hameau du pays de Diest, 5.
Heyde, 6, 7.
Hilaire (saint), 45, 46.
Hincmal (Jean), doyen de Sainte-
Croix à Liège, 80.
Hinisdael, 161.
Hohgnoul (Ameil de) tue Renier de
Viseit pendant la guerre des Awans
et des Waroux, 149.
Hoigne (Jean), 245, 248.
Honlet, 106.
Horion (la famille), 171.
Homes (Arnould de), prince-évêque
de Liège, 212. —Jean, 238.
Houbbart (Antoine) a l'honneur de
recevoir Louis XIV, 226.
33
— 262 —
Houthem (Jean de), 240.
Ho\émont, i5o.
Hubert (l'église de Saint-) à Liège,
97. — Henri, roi des arbalétriers
de Visé, i32.
Hubines (Jean de), prévôt de Saint-
Hadelin, 75.
Hugues de Châlons, prince-évêque
de Liège, 234.
Hulsonneau, 74, 88.
Hurbi\e, ferme de Visé, 2 1 .
Huy, 48.
Huygens, i5j.
Imaina, épouse d'Arnoul de Wese-
mael, 3.
Incurables (maison des), à Liège, due
à la libéralité de Jean-Ernest, ba-
ron de Surlet-Chokier, 72.
Ingelbeeck, 5.
Innocent VII (le pape), 23 1 .
Isabelle (la gouvernante), 99.
Jacques, seigneur de Celles, 64.
Jacquet, évêque d'Hippone, consacre
l'église de Donck, 1 1 .
Jauches (Henri de), prévôt de Saint-
Lambert, 197.
Jean, prévôt de S tavelot, 181.
Jean-sans-Pitié, V. Jean de Bavière.
Jean, doyen de Saint-Martin à Liège,
36.
Jean-le-Victorieux, se distingue à la
célèbre bataille deWoeringen, 149.
Jean XXIII (le pape), 23 1.
Jean (chevaliers de Saint-), 16, 27, 95.
Jeghers (Lambert), prévôt de la collé-
giale de Visé, 57, 75, 91, 99; au-
teur de l'histoire de l'ordre du Saint-
Sépulcre ; analyse de cet ouvrage,
216-218.
Jehenne, épouse de Gérard le Peneur,
123.
Jemeppe, 77.
Joiris, doyen delà collégiale de Visé,
79-
Jules II (le pape), 245, 247.
Juliers (Simon de), doyen de la col-
légiale de Saint-Denis à Liège, 245.
Juncis (Adam de), 235, 236.
Jupille, 49 ; les Sépulcrines s'y éta-
blissent, 100.
Kamps (Jean), doyen de la collégiale,
de Visé, 79.
Kelbergen, 5.
Kelcteren (P. van), notaire, 5.
Kerckem (Adam de), épousa Cathe-
rine de la Saulx, 96, 1 5 1 . — Adam,
fils naturel de Henri van Ordingen,
i5i.
Klein-Meerhout, V. Meerhout.
Labbeye (Mathias), prévôt de la col-
légiale de Visé, 76.
Lambert (la cathédrale de Saint-),
16, 27; propriétaire du moulin de
Devant-le-Pont, 140, 141. — Le
Chapitre, 36, 37, 38, 52, 70, 97.
Lambert (l'hôpital de Saint-) à Visé,
121.
Lambertin (Jean), prévôt de la collé-
giale de Visé, 74, 75, 76, i83. —
Sébastien, prévôt de la même col-
légiale, 75. — Eustache, ibid.
Lambertus, frater concilii visetensis,
36.
Langrode, hameau du pays de Diest,
5.
Larifridus, doyen de Stavelot, 181.
Laruelle, bourgmestre de Liège, 2o3.
Lathomi (Catherine), sépulcrine à
Visé, 97.
Laurent (les moines de Saint-) vont à
la foire de Visé, 193; légende con-
cernant ces moines, 218, 219.
Laurent (Ernotte), bourgmestre de
Visé, 225.
Lavis, 64.
Lecocq (Jean), doyen de la collégiale
de Visé, 79. — Guillaume, éco-
lâtre de Visé, 80, 81, 82, 187.
— 263 —
Lefebvre (Laurent), peintre, né à
Visé, 172.
Lemaire (Jean), de Hermalle, 94.
Lembor (Henry), chanoine et éco-
lâtre de Sainte- Croix à Liège,
126.
Léon III (le pape), 46, 47, 48.
Leroux (dame), supérieure des Sé-
pulcrines à Visé, 101.
Lexhe (Johan dit Forgon de), 140.
Lexky(de), i5o.
Libert, évêque de Barut, 243.
Libotte (Mathias), curé de Visé, 59.
— Simon, chanoine d'Aix-la-Cha-
pelle, curé d'Emael et recteur de
l'autel de Sainte-Catherine à Visé,
93. — Jacques, roi des arbalétriers
à Visé, i32. — Catherine, épouse
de Herman de Marets, 189.
Liebrœck, hameau du pays de Diest,
5.
Liège, i3, 25, 27, 28, 44,48,49, 57,
58, 61, 63, 68, 71, 81, 88, 93, 97.
Limbourg (le duché de), 26. — La
ville se rend aux Français, 226.
Limbourg (Théodoric de), doyen de
la collégiale de Visé, 78. — Jean,
seigneur d'Oupey et de Vivegnis,
échevin de Liège, 141. — Ermen-
garde, 149.
Linckhout, 7.
Linter (le monastère de), 3.
Linter (Henri de), 5.
Liverlo (Marie de), sépulcrineà Visé,
fondatrice des couvents à Maas-
tricht et à Hasselt, 97.
Lixhe, 77. — La dîme, 35, 66.
Lobbes, j5.
Lont\en (Conrad de), sénéchal de
Limbourg, 149.
Lopardia (Alexandre de), écolâtre de
Visé, 93.
Lopfenberch, 23 1.
Lorette (chapelle de), à Visé. Notice
sur ce sanctuaire, 109-1 13. — Son
ermitage, 112, 11 3.
Lorraine (le duc de), 27. — Henri, 3.
Louis, roi de France, 234.
Louis-le-Débonnaire, 26.
Louis XIV, 32, 59, 60, 119. Il s'ar-
rête à Visé, 224-227. Une anec-
dote de ce prince à Visé, 226, 227.
Louvain (l'université de), 69, 79, 238.
Lovenjoul, la Capellanie, 66 ; la
dîme, 88.
Lovin fosse (de), 141.
Loy (Gérard del), 140.
Ludger (saint), évêque de Munster,
47, 48.
Luxembourg (le comte de), s'empare
du château de Fraipont, 149.
Macar (de), 63.
Macka, 221.
Maes (Thomas), 90.
Maestricht, 20, 22, 24, 236. — Le
doyenné rural, 35, 36, 45. — Diffé-
rend entre les bourgeois et les cha-
noines de Saint-Servais, 77. — Les
Sépulcrines de Visé y fondent une
maison, 99.
Magné, chanoine de la collégiale de
Visé, 90.
Magrande (Henrotte), 41.
Mahomet, 233, 240.
Maimont, 64.
Malconvat, près de Visé, 197.
Malte, V. chevaliers de Saint-Jean.
Marcheit (porte du) à Visé, 17.
Marets (des). Cette famille se fixe à
Visé, 166. — Denys, 167. — Her-
man, mayeur et lieutenant-bailli à
Visé, 167, 168. — Barthélémy dit
de Charneux, 168. — Herman,
époux de Catherine Libotte, 189.
Pierre, 189. V. aussi Charneux.
Mark (Adolphe de la) ; son sceau,
1 5 ; il transfère le Chapitre de
Saint-Hadelin de Celles à Visé
SOCIÉTÉ D'ART ET D'HISTOIRE
DU
DIOCESE DE LIEGE
BULLETIN
DE LA
IÎTÊ D'ART ET D'HISTOIRE
DU
DIOCÈSE DE LIÈGE
TOME 'Vil
LIÈGE
L. GRANDMONT-DONDERS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
tt — RUE VINAVB-D'ir.E — «
1892
RÈGLEMENT
ART. ier. — Il est fondé, à Liège, une Société d'art et d'histoire
du diocèse de Liège.
ART. 2. — Cette Société a pour but d'aider à la conservation et
de propager la connaissance de tout ce qui peut intéresser l'histoire
et l'art religieux du diocèse de Liège.
ART. 3. — Elle comprend des membres d'honneur, des membres
actifs, des membres correspondants et des membres associés.
ART. 4. — Les membres d'honneur sont ceux auxquels ce titre
a été décerné en reconnaissance de leur haut patronage ou d'émi-
nents services.
ART. 5. — Les membres actifs sont ceux qui s'engagent à
apporter un concours régulier à l'œuvre de la Société ; ils seront au
nombre de trente-un au plus, élus par leurs collègues et auront
seuls voix délibérative dans les réunions.
ART. 6. — Les membres correspondants sont choisis parmi les
personnes qui auront rendu, ou se montreraient disposées à rendre
des services particuliers à la Société. Ils peuvent assister à ses réu-
nions avec voix consultative. C'est parmi eux que seront, de préfé-
rence, choisis les membres actifs.
ART. 7. — Les membres associés collaborent à l'œuvre par le
payement de leur cotisation ; ils reçoivent toutes les publications de
la Société, des facilités d'accès à ses collections, et le droit d'obtenir
les renseignements qui pourraient les intéresser sur les objets dont
s'occupe l'Association.
— VI —
ART. 8. — En entrant dans la Société tous les membres s'en-
gagent à observer ses Statuts et à payer une cotisation annuelle,
de i5 francs pour les membres actifs; de 10 francs pour les corres-
pondants et les associés.
ART. 9. — La Société se divise en deux sections : la section
d'art et la section d'histoire.
ART. 10. — Chacune de ces sections nomme son Président et
son Secrétaire et peut se réunir à part pour traiter des questions qui
font plus spécialement l'objet de ses études.
ART. 11. — La Société sera administrée par un Bureau composé
d'un Président, de deux ou trois Vice-Présidents, de deux Secré-
taires, d'un Trésorier, d'un Conservateur, d'un Bibliothécaire et
des Dignitaires qu'elle jugerait utile de leur adjoindre.
ART. 12. — La Société a pour Président d'honneur Monseigneur
l'Evêque de Liège, et pour Président effectif le membre désigné
par Monseigneur l'Evêque. Les Présidents de section remplissent
les fonctions de Vice-Présidents de la Société, et prendront rang
d'après la date de leur élection ; les Secrétaires sont ceux des
sections ; le Trésorier et les autres dignitaires sont nommés par
l'Assemblée générale pour un terme de cinq ans, comme les Vice-
Présidents et les Secrétaires.
ART. 1 3. — La Société s'assemble en réunion plénière pour pro-
céder aux élections nécessaires, régler son budget et prendre toutes
les décisions concernant l'œuvre entière; la première de ces réunions
se tiendra obligatoirement chaque année dans le mois de janvier et
il y sera fait un rapport sur l'exercice écoulé.
ART. 14. — La Société poursuit son but : i° en traitant, soit
en section, soit en Assemblée générale, les questions relatives à ce
but ; 20 en éditant un Bulletin et des publications spéciales ; 3° en
organisant un Musée diocésain ; 40 en fournissant à ses membres
les indications historiques et artistiques réclamées d'elle.
ART. i5. — Le Bulletin paraîtra sous la direction des délégués
de la Société; chaque auteur aura droit à cinquante tirés à part de
tout travail inséré dans le Bulletin.
ART. 16. — Le Musée sera composé d'objets authentiques et
de reproductions exactes, choisis parmi les plus anciens ou les plus
recommandables par leur valeur artistique.
-w-
TABLEAU
DBS
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
PRÉSIDENT D'HONNEUR
Sa Grandeur Monseigneur DOUTRELOUX, évêque de Liège.
MEMBRES D'HONNEUR
Baron BÉTHUNE dTdewàLLE, président de la Gilde de Saint-
Thomas et de Saint- Luc, à Gand.
Monseigneur CARTUYVELS, vice-recteur de l'Université catholique
de Louvain.
M. ESSENWEIN, directeur du Musée germanique, à Nurem-
berg.
M. Auguste REICHENSPERGER, membre du Parlement allemand,
à Cologne.
M. REUSENS, chanoine et professeur d'archéologie à l'Université
catholique de Louvain.
M. James WEALE, archéologue, à Londres.
Le Révérendissime Abbé de Maredsous.
1
— VIII —
CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ
Président, Monseigneur RUTTEN, vicaire-général de
Sa Grandeur Monseigneur TEvêque de
Liège.
Vice-Présidents, MM. Jules HELBIG.
Godefroid KURTH.
Membres, Gustave FRANCOTTE.
Joseph DEMARTEAU.
Secrétaire, Paul MAES.
Trésorier, Gustave RUHL.
Conservateur, le chanoine Léon DUBOIS.
Bibliothécaire, Henri FRANCOTTE.
MEMBRES ACTIFS
SECTION D'ART
MM. Léon DUBOIS, chanoine, place Saint-Paul, 5, à Liège.
Gustave FRANCOTTE, avocat, rue Forgeur, 18, id.
Jules FRÉSART, banquier, rue Sœurs-de-Hasque, 9, id.
Jules HELBIG, artiste peintre, rue de Joie, 16, id.
Edmond JAMAR, architecte, place Saint-Pierre, 19, id.
Pascal LOHEST, rue Fusch, 42, id.
Chevalier Oscar SCHAETZEN, membre de la Chambre des
Représentants, à Tongres.
Camille SlMONIS, rue Chevaufosse, 14, à Liège.
THIMISTER, chanoine, place Saint- Lambert, 3, id.
Charles WlLMART, rue Rouveroy, 4, id.
Fernand WlLMART, abbé, boulevard Saucy, 25, id.
Joseph WlLMOTTE, artiste-orfèvre, boulevard de la Sauve-
nière, 112, id.
— IX —
SECTION D'HISTOIRE
MM. Eugène BACHA, docteur en philosophie, place de l'Univer-
sité, 6, à Liège.
Chevalier Camille DE BORMAN, membre de la Députation
permanente du Limbourg, place Saint-Jean, 29, id.
Stanislas BORMANS, membre de l'Académie, administrateur-
inspecteur de l'Université, place Cockerill, 1, id.
DARIS, chanoine et professeur d'histoire au Séminaire de
Liège.
DELMER, bibliothécaire à l'Université, thier de la Fon-
taine, 27, à Liège.
Joseph Demarteau, rédacteur en chef de la Galette de
Liège.
Révérend Père Charles DESMEDT, bollandiste, à Bruxelles.
Henri FRANCOTTE, professeur à l'Université, boulevard
Frère-Orban, 47, à Liège.
Godefroid KURTH, professeur à l'Univçrsité, rue Rou-
veroy, 6, id.
Léon Lahaye, archiviste, à Namur.
Paul MAES, bibliothécaire-adjoint à l'Université, rue de
Bruxelles, 10, à Liège.
Amédée DE RYCKEL, avocat, boulevard de la Sauvenière,
72, id.
Gustave RUHL, avocat, rue des Augustins, 33, id.
Emile SCHOOLMEESTERS, doyen de Saint-Jacques, place
Saint-Jacques, 6, id.
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM. CEYSSENS, curé à Dalhem.
CHRISTIAENS-VANDERRYST, entrepreneur, à Tongres.
G. CLOES, fils, avocat, rue Rouveroy, 1, à Liège.
DANIELS, abbé, château de Vogelsanck, à Zolder.
DEHIN, frères, fabricants, rue Agimont, 39, à Liège.
DELAVEUX, avocat, boulevard Piercot, 12, id.
— X —
MM. DUGUET, avocat, rue Paul Devaux, i, à Liège.
GlLISSEN, abbé, rue Mathieu Laensberg, 5o, id.
Alphonse GRANDMONT, avocat, à Taormina.
DE GROUTARS, chanoine et professeur à l'Université de
Louvain.
HABETS, conservateur des archives, à Maestricht.
HENROTTE. chanoine, hôpital de Bavière, à Liège.
Louis LlBBRECHT, avocat, rue Sainte- Véronique, 3o,
à Liège.
Philippe DE LlMBOURG, à Theux.
Léon NAVEAU, docteur en droit, château de Bommers-
hoven, Tongres.
Edmond NlFFLE, avocat, à Namur.
Emile PICARD, avocat, rue Tournant-Saint-Paul, 6, à Liège.
Edouard PONCELET, attaché aux Archives de l'Etat, quai
de l'Industrie, id.
Révérend Père Recteur du Collège Saint-Servais, id.
Jean RENIER, professeur, à Verviers.
F. TROISFONTAINES, avocat, rue Sainte-Véronique, 8, à
Liège.
Lambert VANDRIKEN, avocat, à Lexhy.
Van ORMELINGEN, curé, à Neer-Repen.
J.-P. WALTZING, professeur à l'Université, rue Duvivier,
19, à Liège.
MEMBRES ASSOCIÉS
MM. Remy ANGENOT, rue Duvivier, 22, à Liège.
BALAU, curé de Pepinster.
Toussaint BECO, étudiant, rue des Célestines, à Liège.
Adolphe BERLEUR, ingénieur, rue Saint- Laurent, 17, id.
Baron Charles DE BLANCKART-SURLET, château de Lexhy.
Révérend Père BLÉROT, supérieur des Pères Rédemptoristes,
à Liège.
— XI —
MM. Alexandre BOUVY, avocat, quai de l'Abattoir, 37, à Liège.
Louis DE BUGGENOMS, avocat, rue de la Paix, id.
COEMANS, notaire, à Saint-Trond.
Léon COLLINET, avocat, boulevard Piercot, 20, à Liège.
Guillaume DALLEMAGNE, rue Darchis, 33, id.
DEFIZE, curé de Sainte-Croix, cloîtres Sainte-Croix, id.
Louis DEMARTEAU, libraire, rue del'Official, 2, id.
DEPAQUIER, curé de Solières (Huy).
Maximilien DOREYE, avocat, rue de Joie, i5o, à Liège.
Baron Paul DE FAVEREAU, rue Bonne-Fortune, 3, id.
DE FlZENNE, architecte, à Meersen (Limbourg-Hollandais).
Baron DU FONTBARÉ, bourgmestre de Fumai, quai de
Maestricht, 16, à Liège.
FROMENT, architecte, rue Saint- Laurent, 71, id.
Gaillard, curé de Geer, Waremme.
Comte DE GELOÊS D'EYSDEN, au château d'Eysden.
GlLIS, curé de Grand-Axhe, Waremme.
Ferdinand GONNE, avocat, place de la Cathédrale, 3, à
Liège.
HEUSCHEN, chanoine, rue de l'Evêché, 10, id.
E. JACQUES, curé de Saint-Pierre, à Huy.
JOSEFF, doyen de Saint-Martin, à Liège.
P. KERCKOFFS, professeur à l'Ecole normale de Saint-
Trond.
LACROIX, doyen de Saint-Barthélemi, à Liège.
LAENEN, curé de Berg, Tongres.
Clément LÉONARD, négociant, rue Souverain-Pont, 9, à
Liège.
Henri-Robert LE PAS, à Verviers.
Paul LOHEST, ingénieur, rue Rouveroy, à Liège.
Charles LOOMANS, professeur à l'Université, rue Beckman,
20, id.
MAES, doyen de Peer.
— XII —
MM. Célestin MARÉSAL, rue des Augustins, 23, à Liège.
MEYERS, chanoine et curé de Saint-Jean, id.
MOMMEN, chanoine et professeur au Séminaire de Liège.
DE NECKERE, château de Beaumont, lez-Liége.
OSTERATH, peintre-verrier, à Tilff.
PEETERS, doyen de Tongres.
PlROTTE, entrepreneur, rue Sœurs-de-Hasque, 3o,à Liège.
Baron DE PlTTEURS DE BUDINGEN, sénateur, rue Lou-
vrex, 77, id.
POLUS, doyen en retraite, à Looz.
PONCELET, directeur de la Société Y Imprimerie liégeoise,
rue Naimette, 5, à Liège.
RACHELS, doyen de Hasselt.
Comte Théodore DE RENESSE, à Schoonbeek, Beverst.
RUBENS, chanoine et curé de Saint-Denis, à Liège.
SCHOOLMEESTERS, chanoine, rue des Célestines, i3, id.
J. SCHEEN, curé à Boirs, Glons.
STOUREN, curé à Olne, Nessonvaux.
SWENNEN, curé de Millen, Tongres.
Chevalier Xavier DE THEUX, château de Montjardin.
THONNAR, rentier, boulevard de la Sauvenière, i35, à
Liège.
G. ULENS, abbé, château de Rockendael, Saint-Trond.
Charles VAN DEN BERG, notaire, boulevard de la Sauve-
nière, 1 38, à Liège.
Baron DE VlLLENFAGNE, château de Vogelsanck, à Zolder.
VAN WlNTERSHOVEN, vicaire à Saint-Christophe, à Liège.
WEYEN, curé de Kinroy, Maeseyck.
•f-
LA
PREMIÈRE ÉGLISE DE LIEGE
L'ABBAYE DE NOTRE-DAME
Lettre à M. Godefroid KURTH
PRÉSIDENT DE LA SECTION D'HISTOIRE
DE LA
Société d'Art et d'Histoire du diocèse de Liège
« Notre-Dame et saint Lambert! »
(Devise et cri de guerre det Litgeoii).
Monsieur le Président,
Dans une de ces causeries familières, qui font l'agré-
ment et l'utilité pratique des réunions. de la Section
d'histoire de notre Société, j'avais relevé quelques faits
qui autorisent, suivant moi, les Liégeois à penser que
le plus ancien oratoire élevé en leur ville fut une cha-
pelle de la Vierge Marie.
Je n'ai pas eu l'heur d'amener tous ceux qui m'écou-
taient à partager sur ce point une croyance qui ne
repose, d'ailleurs, que sur des présomptions, des induc-
tions et des textes plus ou moins discutables. Votre
adhésion entre autres a fait défaut à divers points de
ma thèse. Vous m'engagez cependant à reprendre cette
thèse, et, parce qu'en lui-même le problème est de
ceux qu'il y aurait profit pour l'histoire à s'efforcer de
— 2 —
résoudre, et, parce qu'en le discutant, j'ai du moins,
pensez-vous, dissipé Terreur dans laquelle nos écrivains
nationaux ont versé jusqu'à ce jour, en confondant
une institution abolie chez nous au xme siècle, l'antique
abbaye de Notre-Dame, avec cette église baptismale
de Notre-Dame-aux-Fonts, fermée seulement par la
Révolution française.
Je défère à votre appel, mon cher Président, et
voici ce que je vais tâcher d'établir :
Une petite église, vraisemblablement paroissiale,
existait au hameau de Liège avant la fin du VIIe siècle,
avant le martyre de saint Lambert.
C'est cinq cents ans plus tard qu'on a commencé à
prétendre que cette église était une chapelle des saints
Cosme et Damien.
Il y a bien plus de raison de croire qu'elle était
dédiée à Notre-Dame, et pour justifier cette croyance,
on peut invoquer : le fait que si la cathédrale de cette
ville a été, peu après Tan mil, dédiée à la mère de
Dieu autant et plus qu'à saint Lambert, cette double
dédicace ne répondait pas seulement au double patro-
nage sous lequel était placé le diocèse, mais aussi à
une situation et à des traditions locales plus anciennes;
l'existence jusqu'au XIIIe siècle de l'abbaye de Notre-
Dame de Liège, l'antiquité de cette institution, son
rétablissement après les pillages normands, l'impor-
tance de ses revenus et des charges attachées à la
fonction d'abbé ; la haute position, l'influence et les
œuvres de ceux qui se succédèrent dans cette dignité ;
la façon dont on constitua, au moyen de ses pré-
bendes, ce collège des chanoines dits de Saint-Materne
rattaché, pour le service du culte, au chapitre même
de Saint-Lambert; enfin, après la suppression de
l'abbatialité, le caractère et l'étendue des attributions
dont héritèrent soit le prévôt de Saint-Lambert, soit
l'église baptismale et archidiaconale de Notre-Dame-
aux-Fonts.
— 3 —
Notre-Dame et saint Lambert est le cri national
de nos pères. C'est aussi l'indication, dans Tordre le
plus vraisemblable, des deux premiers sanctuaires édi-
fiés à Liège.
I.
QUE LA PLUS ANCIENNE ÉGLISE DE LIÈGE
NE FUT PAS SAINT-LAMBERT.
Nous serons d'accord en commençant pour recon-
naître que le premier oratoire de Liège ne fut pas Saint-
Lambert.
La source la plus sûre pour l'histoire du saint de
ce nom est la biographie écrite par un contemporain ;
la version la plus digne de foi de cette biographie est
celle que nous trouvons dans un manuscrit, contem-
porain aussi, manuscrit du vu Ie siècle, conservé à la
Bibliothèque nationale de Paris. Je vous dois d'en avoir
pu reconnaître l'importance et publier le texte, pour les
Bibliophiles liégeois et les amis de notre histoire. D'a-
près ce texte, quand saint Lambert se trouve à Liège,
Leodium, où le martyre viendra l'atteindre, il y habite
non de passage ou par hasard, mais chez lui, à demeure,
au sein d'une vraie communauté, avec une réunion
assez considérable formée de ses neveux, de clercs, de
disciples et de serviteurs. Un de ceux-ci fait même la
garde chaque nuit pour la sécurité des autres. Chaque
nuit aussi, tous interrompent leur sommeil pour aller
chanter l'office ensemble. On les sait si nombreux, que
pour triompher d'eux par surprise, les assassins du
martyr arrivent avec toute une petite armée, disposée
en plusieurs corps (i).
Ce séjour d'un évoque dans un humble hameau
n'était pas une exception pour le temps, ni une nou-
veauté pour saint Lambert : les historiens et les poètes
(i) « Vidit turbam multam hostile exercitu venientem per turmas et
» cuneos » (Saint Théodard et saint Lambert, p. 162).
_ 4 -
de l'époque mérovingienne, Grégoire de Tours et For-
tunat par exemple, mentionnent et décrivent fréquem-
ment des maisons de campagne d'évêque ; Lambert
lui-même avait été élevé à Wintershoven, une obscure
bourgade du pays tongrois, à l'école de Landoald, au
milieu d'une petite colonie de saints. Liège avait peut-
être remplacé Wintershoven, comme école épiscopale,
— nous dirions aujourd'hui comme petit séminaire ; la
communauté de Leodium aurait été, dans son isole-
ment, ce qu'est encore aujourd'hui Saint-Roch pour
notre diocèse.
Séminaire, maison de plaisance ou l'un et l'autre à
la fois, Leodium, pour recevoir l'évêque et sa suite, et
pour leur permettre de célébrer les saints offices, devait
avoir son église, l'avait peut-être depuis trente ans
qu'y venait saint Lambert ; car on évalue à ce temps
la durée de son épiscopat, et vous savez qu'à peine
nommé évêque, peut-être un peu avant, c'est à Leo-
dium qu'il avait ramené le corps de son maître et pré-
décesseur, saint Théodard, tué dans le Biwalt par des
brigands.
Nous avons pour garants de cette translation, d'abord
l'affirmation de l'auteur de la vie de saint Théodard ;
et j'espère avoir prouvé, ailleurs (i), que cet auteur est
l'un de nos plus sûrs historiens du Xe siècle, Hérigère ;
— ensuite ce fait que les restes mortels de saint Théo-
dard n'ont jamais reposé autre part qu'en notre ville.
Saint Hubert, en effet, quand il quitta Maestricht pour
Liège, n'emporta de là que le corps de saint Lambert,
il laissa les autres trésors sacrés du diocèse aux églises
maestrichoises : elles les conservent encore. Si donc
nous trouvons ici les reliques de Théodard, si le bio-
graphe contemporain de saint Lambert emploie même
le pluriel pour parler des « pontifes et martyrs » dont
(i) Saint Théodard et saint Lambert, vies anciennes publiées par
Joseph Demarteau, rédacteur en chef de la Galette de Liège, p. 10.
— 5 —
Liège garde le tombeau (4), c'est que Liège possédait
ces restes de saint Théodard avant que n'y vînt saint
Hubert, puisqu'on ne connaît de ces reliques que la
translation faite par saint Lambert.
Pourquoi ce dernier, d'autre part, avait-il choisi
Leodium pour recevoir les dépouilles de son maître ?
Peut-être parce que Théodard lui-même avait habité,
aimait Leodium ; et peut-être parce qu'on l'y enterrait,
comme d'usage pour les évêques du temps, dans une
église, auprès d'une communauté érigées par lui.
A supposer ces conjectures aussi peu fondées qu'elles
sont vraisemblables, encore reste-t-il absolument certain
qu'au temps de saint Lambert, un oratoire était élevé
à Liège pour les offices épiscopaux et j'imagine aussi
pour les besoins religieux de ce groupe de hameaux,
dont plus tard la réunion devait former la grande ville :
Leodium, Publemont, la Sauvenière, Avroy, etc., où
les relations contemporaines de saint Lambert et de
saint Hubert nous font voir qu'il y avait à la fois des
habitants assez nombreux, pêcheurs, agriculteurs, fer-
ronniers peut-être, parmi eux plusieurs aveugles, de
petites gens et des notables, senior es loci.
Quelle apparence qu'un évêque, si plein de zèle,
eût laissé sans église et sans clergé un lieu ainsi habité,
lieu de son séjour fréquent et de l'inhumation de son
prédécesseur ? Point d evêque en ce temps qui ne fût
inhumé dans une église !
Je n'ai pas besoin d'ajouter que l'oratoire où venait
officier saint Lambert devait avoir un autre patron
que lui-même. Ce qui n'est pas moins certain, c'est
que le saint ne fut pas martyrisé dans cet oratoire, et
que la première église bâtie à Liège en son honneur ne
remplaça pas cette première chapelle.
Sans doute, le texte du biographe contemporain ne
(1) « ... Cum nusquam ad presulum et martyrum tumbam hodie ces-
» sant fieri signa » (Saint Théodard et saint Lambert, p. 64).
— 6 —
mentionne pas directement l'existence de cette chapelle.
Il fait mieux : il la rend incontestable par les détails
qu'il donne de la dernière nuit du martyr. Il ne nous
dit pas si elle faisait partie du même ensemble de bâti-
ments que l'habitation du saint : il fait voir qu'elle
n'était pas dans le logis particulier de l'évêque. Lambert
se lève au milieu de cette nuit et s'en va, solitaire,
poursuivre presque jusqu'à l'aurore ses oraisons et le
chant des psaumes, ce qui ne se faisait vraisemblable-
ment pas sur le seuil d'un dortoir. A l'approche de
l'aube, il revient à son habitation, et frappant du bâton
à la porte du dortoir de ses disciples, il les fait lever
pour les matines (1). L'office achevé, il revient de nou-
veau dans l'habitation : reversus est domum, et se dis-
pose à prendre quelque repos dans sa chambre à cou-
cher. C'est dans cette chambre qu'on accourt l'avertir
de l'approche des assassins, de Dodon et de sa troupe ;
c'est là qu'au saut du lit, pieds nus, son premier mou-
vement est de saisir une arme, pour vendre chèrement
sa vie ; le second, de la rejeter pour attendre le mar-
tyre (2). Quand ses neveux ont repoussé la première
attaque des assaillants, c'est dans cette chambre qu'ils
reviennent le trouver, qu'il les engage à accepter la
mort en expiation de leurs péchés ; dans cette chambre
qu'à leur demande, il ouvre son psautier pour y trouver
(1) « Tune adveniens vir Dei landebertus pontifex in villa jam dicta
» leodio, circa mediam noctem sicut solebat exsurgens solitarius ibat in
» nocturno ad orationem devotus totam spem suam domno committens,
» psalmorumque cantus vigiliarum que studio prope ad lucis ortum
» orando usque perduxit. Postea vero veniens, tangens quem manu tenc-
» bat fuste ostium camerae appelans discipulos dixit : « Expergiscemini
» et levate jam adpropinquat et hora est ut psallamus domino in matuti-
» num lasiitiae. » Elevatis que fratribus... una cum illis domino matuti-
» num redit obsequia. Officio que peracto et cursu expleto reversus
» domum et ... ad lectum vadens cupiebat quiescere paululum » (Saint
Théodard et saint Lambert, p. 161).
(2) « Pontifex nec in sopore conversus adhuc expectabat felice somno
» dormire ... sed hoc audito nuntio velocissime surgens, discalceatis pedi-
» bus, fortissimus prœliator, adprehenso gladio, in manibus suis ut contra
» hostes suos pugnaturus accederet. Sed Christus, etc. » (Idem, p. 162).
— 7 —
l'annonce tout ensemble de son martyre et de la ven-
geance divine ; c'est de cette chambre qu'il fait sortir
tout le monde, pour s'y prosterner sur le sol et attendre,
les bras en croix, le coup suprême des bourreaux ; c'est
en grimpant enfin sur la toiture de cette chambre à
coucher, qu'un de ses assassins découvre le pontife et
l'immole (î).
L'habitation où le saint logeait avec ses disciples, et
dans cette habitation, sa chambre particulière ; voilà
donc, — et non pas un oratoire, — le théâtre sacré du
martyre. Tout cela, mon cher Président, vous-même
l'avez déjà mis en lumière dans votre Etude critique
sur saint Lambert et son premier biographe (p. 54).
Inutile d'insister.
Encore qu'il eût été parlé par les agresseurs d'incen-
dier l'habitation de l'évêque, elle ne fut pas détruite;
on ne voit pas même quelle ait été pillée par les bour-
reaux ; son lit, son peigne même s'y retrouvent : la
chapelle voisine, à plus forte raison, a dû être plus
respectée que le logis de la victime. Les assassins, le
pontife égorgé, n'avaient pas tardé à s'éloigner, puis-
que aussitôt après, ceux des fidèles de la petite commu-
nauté qui avaient échappé au massacre venaient rele-
ver le corps du saint et l'emportaient, par barque, à
Maestricht. Là, ce corps est déposé dans le sépulcre
du père même de l'évêque.
Bientôt pourtant les prodiges commencent à Liège,
non pas dans l'oratoire du lieu, mais dans la chambre
à coucher où le saint a péri (2). Cette chambre res-
(1) « His dictis, omnibus ex cubiculo ejectis, prostravit se terne,
» extensis brachiis in cruce, orationem fundens cum lacrymis. Et subito
» pervenerunt carnifices, ingressi sunt domum, interfecerunt in ore
» gladii omnes quos ibidem invenerunt. Unus autem ex ipsis ferens
» (scandens) super tectum cubiculi ubi sanctus dei or abat, in ictu teli
» jaculavit eum » (Saint Théodard et saint Lambert , p. i65).
(2) « Infra cubiculum ubi sanctus Dei felicem fudit cruorem lumi-
» naria ex divina accensa potentia, resplendebant crebrius ita ut omnis
» do m us illa tota refulgeret » (Idem, p. 167).
— 8 —
plendit d'un tel éclat dans la nuit, que la maison tout
entière en semble illuminée. Un peigne y est resté,
précieux peigne liturgique sans doute, qu'une femme
ose s'approprier : une vision et un châtiment miracu-
leux obligent la voleuse à restituer.
Une autre vision avertit un aveugle liégeois du nom
de Baldigisle, daller nettoyer cette chambre ; il y re-
trouve la vue ! Un second aveugle, Raganfroid, reçoit
le même avis, et celui-là, non moins miraculeusement
guéri, s'est, dès ce jour, nous dit le narrateur contem-
porain, constitué le gardien du lieu sacré (i).
Jusqu'ici, non seulement tout nous montre que le
pontife n'a péri ni dans un oratoire ni devant n'importe
quel autel, mais rien n'apparaît encore d'une église
dédiée à saint Lambert. C'est à la suite de ces merveil-
leuses guérisons, que les populations entourent d'une
vénération croissante l'endroit sanctifié par l'effusion
du sang du martyr et commencent à jeter les fonde-
ments d'une église en son honneur (*). Une jeune fille
étrangère, du nom d'Ode, aveugle aussi, se fait con-
duire à Liège, y recouvre la vue à la seule approche
du « lieu saint » : la maison de l'évêque assassiné. Ce
prodige pousse les fidèles à redoubler d'efforts pour
achever l'église en construction (3). Mais rien, absolu-
ment rien ne permet de croire que ce temple s'élève en
remplacement d'un autre; on ne voit pas même qu'il
occupe la place de la chambre à coucher, objet de la
vénération populaire. Il semble plutôt résulter du texte
(1) « Baldigislus ... amonitus fuit per visum ut surgeret et exscoparet
» locum diligenter ubi vir Dei interfectus fuerat... Raganfridus admonitus
» in sommis exnundare locum ... Sanus demum ad ipsa loca non destitit
» servire » (Saint Théodard et saint Lambert, p. 168).
(2) « Et jam cum basilicam populus ibidem cœpisset fundare, audita
» miracula per universam terrain ... omnis populus laudes dabat deo »
(Idem, p. 168).
(3) « Itaque ex hoc amplius concurrebant mixtus vulgus utriusque
» sexus, senes et parvuli basilicam in honore ipsius sancti œdificare
» quœ> auxiliante Domino, velociter consummata est » (Idem, p. 169).
— 9 —
qu'il faut distinguer de la basilique nouvelle le lieu du
martyre, lieu où l'on installe et vénère, en attendant
d'autres reliques (1), le lit soigneusement orné du pon-
tife, comme cela s'était fait peu auparavant à Nivelles
pour sainte Gertrude.
Plus tard, saint Hubert ramène de Maestricht à
Liège, treize ans après l'assassinat, les reliques de son
maître et prédécesseur (a) : c'est bien dans cette nou-
velle église, qui sera et restera Saint-Lambert ou,
comme l'écrit le biographe contemporain de saint Hu-
bert, basilicam sancti martyris Lamberti, qu'il vient
les déposer.
Liège, à l'arrivée de saint Hubert, comptait incon-
testablement deux églises : l'oratoire où saint Lambert
avait officié, vraisemblablement église paroissiale de
Leodium, et l'église que l'on venait d édifier en son hon-
neur, où l'on allait conserver les reliques du martyr.
Hubert en ajouta une troisième en construisant Saint-
Pierre.
Si trois églises pour une localité aussi peu considé-
rable que Liège à cette date, peuvent surprendre quel-
qu'un, ce ne sera pas vous qui savez ce qu'était alors
une église, et comment il ne se fonda presque pas en
(i) L'auteur contemporain mentionne, en effet, trois manifestations
de la foi populaire, après le miracle dont Ode a été gratifiée : i° l'achève-
ment de l'église de Saint-Lambert à Liège même ; 2° l'érection d'une cha-
pelle commémorative au lieu, proche de Liège, où ce miracle s'était
produit (la tradition a toujours indiqué Sainte-Walburge) ; 3° l'ornemen-
tation du lit du saint dans le lieu du martyre : « Similiter ubi virgo
» lumen ex fi de recepit, basilica in ejus nomine constructa et assidue
» veneranda et jam fidèles timentes Deum composuere lectum et fabri
» arte ornaverunt illud et posuerunt in loco ubi jaculatus fuerat. »
(2) « Port haec turba universa cum sancto pervenit ad locum opta-
n tum. Audito psallentio magno exierunt obviam omnes habitatores loci
» illius, gaudentes et exultantes, susceperunt eum et dignum ei prœpa-
» raverunt mausolium in quo opère copiosa mole auri et argenté mirabile
» fabricatum super corpus ejus posuerunt ... ibi que urbana ut decebat
» composita venerabili memoria servatur amplius cotidie veneranda »
(Saint Théodard et saint Lambert, p. 173).
2
— 10 —
ce temps d'établissement religieux qui n'en comptât
plusieurs.
Ce que les écrivains de l'époque décorent du nom
de basilique n'était, le plus souvent, qu'un pauvre petit
oratoire, dont ne s'accommoderait plus la moindre de
nos congrégations : dimensions fort modestes, architec-
ture plus modeste encore : on peut s'en faire une idée
par la crypte, retrouvée naguère, sous l'église de Saint-
Servais, à Maestricht. Un siècle après le martyre de
saint Lambert, le tout puissant Charlemagne, ne pourra
élever dans notre diocèse, à Aix-la-Chapelle, une véri-
table église, qu'en en faisant apporter les matériaux soit
des ruines romaines de Trêves, soit d'au delà des monts
d'Italie!
De cette impuissance de l'architecture du VIe au
VIIIe siècle, vint l'habitude de suppléer par le nombre
à l'exiguïté des églises. Là où quelque communauté
gardait le corps d'un saint, il devint presque d'usage de
construire au moins trois de ces églises : l'une où les
pèlerins allaient vénérer les restes du saint, où les ma-
lades se faisaient porter, passaient même la nuit couchés
sur un grabat devant la châsse ou le tombeau; une
autre, réservée aux offices des prêtres et clercs chargés
du service religieux ; une autre enfin qui servait d'église
paroissiale pour l'administration des sacrements aux
fidèles du lieu, à quoi Ton joignait parfois une qua-
trième, chapelle sépulcrale.
Vous savez comme moi, mon cher Président, que
saint Amand avait édifié deux couvents, plusieurs
églises au village de Gand pagum Gandavum, et qu'à
Elnone, où il s'en fut mourir, on en comptait au moins
trois : Saint-Pierre, Saint-André et celle qui prit de lui
son nom de Saint-Amand, parce qu'après avoir enterré
l'apôtre dans l'oratoire de Saint-Pierre, sanctuaire des
religieux fort peu vaste et où ne pouvaient être admises
les femmes, il fallut, pour ne point gêner la célébration
des offices, d'une part, et pour répondre de l'autre à
— 41 —
l'affluence des fidèles, transférer les reliques du fonda-
teur dans une chapelle plus large et accessible à tous (1).
Saint Remacle, non content de juxtaposer à peu de
distance ses deux couvents de Malmedy et de Stavelot,
avait, dans cette dernière localité, élevé pour ses moines
une église de Saint-Pierre, et tout près de celle-ci un
oratoire de Saint-Martin, où il fut enterré, jusqu'à ce
que son troisième successeur transférât ses reliques dans
l'église conventuelle, près de laquelle devait s'élever en-
suite l'église paroissiale dédiée à saint Sébastien (2).
De même avaient fait d'autres fondateurs de la
même époque, saint Ursmer à Lobbes, où proche de
l'église de Saint-Pierre, généralement réservée aux reli-
gieux, il érige l'église paroissiale de la Vierge Marie (3);
et plus loin sainte Aldegonde, à Maubeuge, où elle bâtit
tout ensemble une église monastique dédiée à la Vierge
et aux saints Pierre et Paul, une église paroissiale dont
elle assura la dotation et qu'elle avait dédiée à saint
Quentin, enfin une église de Saint-Maurice, à la fois
chapelle particulière de l'abbesse, des sœurs converses
et des gens de service (4).
A Nivelles, on comptait déjà, du temps de saint
Hubert, pour le moins quatre églises : Saint-Pierre, où
furent déposées sainte Gertrude, sa mère sainte Itte, et
celle qui succéda la première à Gertrude, l'abbesse
Wulfetrude; Saint-Paul, où l'on avait placé le lit de
Gertrude, comme une précieuse relique; Sainte-Marie
où la communauté célébrait ses offices, enfin la qua-
trième, élevée en l'honneur même de la fondatrice, peu
de temps après sa mort (5).
(1) Ghesq., Acta Sanctorum Belgii, t. IV, pp. 266 et 273.
(2) Idem, t. III, pp. 453, etc.
(3) Lobbes, par l'abbé Vos, t. I, p. 91.
(4) Ghesq., Acta Sanctorum Belgii, t. IV, p. 302; Analectes de Lou-
vain, t. II, p. 49.
(5) Voir la vie contemporaine de sainte Gertrude, dans les Monumenta
historiœ germaniœ ; Scriptorum rerum merovingicarum, t. II, pp. 437,
46 c, 466 et 474.
— 42 —
A Andenne, c'était bien mieux : sainte Begge, la
sœur de Gertrude, la diocésaine et la contemporaine de
saint Lambert, y avait, pour un seul couvent, et pour
une petite localité, élevé à la fois sept églises qu'on y
vit subsister jusqu'au siècle passé. Et cette septaine
d'églises pour une seule personne, voire pour une
seule institution religieuse, n'était pas une exception :
sainte Berte, non contente de donner trois églises à
son couvent de Blangy, en Artois, avait tenu à en bâtir
sept autres en l'honneur de saint Martin (*). Sainte
Salaberge, abbesse de Saint-Jean-de-Laon, morte en
655, en avait, comme sainte Begge, construit sept pour
un seul monastère de religieuses (2).
Dans notre diocèse, autour de Notre-Dame de Huy,
se dressaient plusieurs petites églises dont l'origine se
perd dans l'obscurité des temps mérovingiens. Que
voyons-nous alors aux portes de Liège? D'un côté, le
village de Herstal a déjà sous le pontificat de saint
Hubert, son église paroissiale de Notre-Dame, et sa
chapelle commémorative d'un miracle de saint Lam-
bert. De l'autre, Chèvremont réunit dans l'enceinte forti-
fiée qui couronnait sa montagne, une église de Notre-
Dame encore, une église de Saint-Jean et un troisième
sanctuaire.
Il n'y avait donc rien d'extraordinaire à ce que
Liège où les évoques du diocèse allaient définitivement
s'installer, Liège, où les pèlerins affluaient de plus en
plus au tombeau d'un martyr, eut comme tant d'autres
localités moins importantes, ses trois basiliques : une
église pour ce tombeau, pour ces pèlerins et pour les
ecclésiastiques, fratres, chargés de recevoir ceux-ci et
de veiller au culte de celui-là; une église pour servir
de cathédrale, et j'incline à penser que cette cathédrale
fut d'abord Saint- Pierre, où nous voyons célébrer les
(1) Ghesq., Acta Sanctorum Belgii, t. VI, p. 568.
(2) M igné, Patrologie latine, t. CLVI, p. 1004.
— 13 —
funérailles de saint Hubert ; une église enfin pour le ser-
vice paroissial, pour l'administration des sacrements,
notamment de ces baptêmes solennels des grandes fêtes
de l'année auxquels on verra Charlemagne assister dans
notre diocèse, au témoignage d'une lettre adressée par
lui à notre évêque Gerbald, et où il interrogeait les par-
rains sur le Pater et le Credo (i) : l'existence de cette
première église paroissiale de Liège semble d'autant
plus certaine que nous n'avons pas le moindre indice
que Saint-Lambert ou Saint-Pierre aient jamais tenu
lieu de paroisse.
Sans doute, une basilique de Sainte-Marie n'est
mentionnée ni dans la lettre de Charlemagne à Ger-
bald : — l'empereur n'indique pas la localité où il a
fait la constatation dont il se plaint; — ni dans les vies
contemporaines de saint Hubert et de saint Lambert.
Sous le pontificat du premier, il n'y avait à Liège qu'un
seul oratoire : à quoi bon le désigner par un nom de
patron ? Quant à saint Hubert, son plus ancien bio-
graphe ne nous nomme que la basilique qu'il avait aidé
à fonder : Saint-Lambert, et celle que seul il avait édi-
fiée, Saint-Pierre; mais il ne nous dit pas que Liège
n'en comptait pas d'autres, ni que Hubert les ait visitées
toutes, quand, averti de sa fin prochaine, l'évêque va
prier au sépulcre de son prédécesseur, et se recomman-
der aux pieux souvenirs des gardiens, puis désigne, dans
la basilique de Saint- Pierre, dans sa fondation, l'en-
droit où il désire être enterré (2).
Les textes les plus anciens démontrent donc l'exis-
tence d'un oratoire antérieure Saint- Lambert et à Saint-
Pierre. On ne peut opposer à l'attribution du patronage
(i) Mon, SS.t t. I, p. 241.
(2) « Ad basilicam sancti martyris Landberti quam ipse paraverat
» veniens, diutissime ad orationem ad ejus tumbam immoratur ... Deinde
» progressus ad aliam basilicam, quam in honore apostolorum ipse
» condiderat, orando visitaret ... » (Ch. de Smedt, Acta sancti Huberti,
pp. 45 et 48).
— 44 —
de sainte Marie à cette chapelle aucun document pri-
mitif. Il n'y a contre elle que la légende tard venue,
d'après laquelle ce premier oratoire de Liège aurait
été consacré aux saints Cosme et Damien. Voyons ce
que vaut cette légende.
II.
QUE LA PREMIÈRE ÉGLISE DE LIÈGE N'A PAS ÉTÉ
UN ORATOIRE DES SAINTS COSME ET DAMIEN.
Ce qu'ont répété à l'envi, sans jamais remonter à la
source de leur récit, les historiens liégeois des derniers
siècles, c'est que le premier oratoire érigé sur le sol de
Liège, fut un oratoire des saints Cosme et Damien : il
avait été, nous disent-ils, élevé par saint Monulphe,
évêque de ce diocèse; vers 558, ce saint avait été, à la
vue du val solitaire encore de la Légia, le prophète
du martyre de saint Lambert et des grandeurs de la
ville à venir, et avait construit soit sur l'emplacement,
soit comme monument de sa prophétique vision, cette
chapelle commémorative que la cathédrale de Saint-
Lambert devait remplacer un jour.
Cette légende, pour poétique qu'elle soit, ne peut
être acceptée par la critique.
Liège, en effet, a ses historiens dès le jour où un
évêque vient y mourir : ce sont les biographes contem-
porains des saints Lambert et Hubert.
Eh bien, ces biographes, et après eux les chroni-
queurs du VIIIe et du IXe siècles, le continuateur de
Fredegaire, les auteurs des annales du règne de Char-
lemagne, nous parlent bien de l'église de Saint-Lambert ;
pas un mot d'un oratoire des saints Cosme et Damien.
Cet oratoire n'est pas plus connu de Tévêque de Liège
Etienne qui, au début du Xe siècle, remit en meilleur
latin la biographie primitive de saint Lambert, et
rédigea le premier office du patron national, ni du
I
i
— 15 —
poète monastique Hucbald qui, à l'occasion de cet
office peut-être, traduisit en vers l'histoire de saint
Lambert.
A la fin du même siècle, le propre secrétaire de
Notger, Térudit et laborieux Hérigère, nous donne la
première histoire suivie de nos évêques, y recueille tout
ce qu'on peut savoir deux, de saint Monulphe entre
autres, y note avec soin l'existence, à Huy, d'une autre
chapelle, moins importante, des mêmes saints Cosme
et Damien, où l'évêque Jean l'Agneau fut inhumé. Au
milieu du XIe siècle, le chanoine Anselme, le Hari-
gère de Wazon, reprend et poursuit l'histoire de nos
évêques. Moins de cinquante ans après lui, l'écrivain
qui fut le plus instruit de son époque en matière histo-
rique et le plus prisé des chroniqueurs du moyen âge,
Sigebert de Gembloux, rédige, d'après tout ce qu'on
connaît alors de sources historiques, deux vies de saint
Lambert. Eh bien, Etienne, Hucbald, Hérigère, An-
selme, Sigebert, pas plus que les biographes ou les
annalistes leurs devanciers ou leurs contemporains,
n'ont connu quoi que ce soit de la prétendue vision
de saint Monulphe, n'ont soupçonné l'existence d'un
ancien oratoire des saints Cosme et Damien dans cette
ville où cet oratoire devait être le monumental sou-
venir d'un miracle, où tous les amours-propres étaient
intéressés à en rappeler l'existence, et où tant d'écri-
vains apportaient tout leur zèle à relever les souvenirs
du passé, à noter le moindre détail à la gloire du
patron du diocèse !
Il faut, pour que nous entendions une première fois
— plus de cinq cents ans après l'épiscopat de saint Mo-
nulphe — raconter sa prophétique aventure, il faut
qu'un étranger nous arrive de France, le pays des beaux
parleurs et des romanciers. Cet étranger est le prêtre
Joconde (î). 11 n'a fait que traverser notre diocèse ; il
•
(i) Histoire littéraire, t. VIII, p. 342 ; Mon. SS.9 t. XII, p. 86.
— 1G —
en écrit vers 1088 au plus tôt, en se qualifiant lui-même
d'homo alienus ; on peut juger de ses connaissances par
les confusions qu'il fait entre Charlemagne et Charles
Martel ; de sa crédulité, par la naïveté avec laquelle il
professe que saint Servais était le parent de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ; de son jugement, par ses admira-
tions pour le très misérable empereur Henri IV, et par
la facilité avec laquelle il range parmi nos évêques légi-
times, en le notant d'un éloge sans réserve, ce Phara-
mond, prélat intrus par qui saint Lambert avait été
sept ans injustement dépouillé de l'autorité épiscopale.
« Homme crédule à l'excès », disent de lui les sa-
vants Bénédictins de YHistoire littéraire de la France,
« sans goût, sans discernement, sans connaissance
» de l'antiquité, défaut qui lui ont fait épouser des
» fables les plus insipides et les plus grossières. » Ce
qu on a publié de lui au sujet de saint Servais est rem-
pli, ajoutent-ils, « d'anachronismes et d absurdités. De
» sorte qu'on le prendrait volontiers non pour un
» roman, parce que la vraisemblance n'y est pas même
» gardée, mais pour un amas de fables extravagantes. »
Son docte éditeur allemand, dans les Mottumenta, n'en
parle pas autrement.
Vbilà cependant l'écrivain qui, le premier, nous a
conté cette vision à la suite de laquelle saint Monulphe,
averti des futures grandeurs de l'obscur hameau de
Liège, y aurait édifié cette chapelle des saints Cosme et
Damien. L'amour-propre national et l'amour populaire
du merveilleux trouvaient trop bien leur compte dans
cette histoire pour n'avoir pas plaisir à la reproduire :
Sigebert qui, cependant, semble avoir connu quelque
chose de ces récits et fait quelques emprunts à Joconde
sur d'autres points, où sans doute il croyait pouvoir
le suivre, Sigebert s'est gardé de rien lui emprunter
de ce conte. Mais, dès la première moitié du XIIe siècle,
ua nouveau biographe de saint Lambert, le chanoine
Nicolas, s'est plu à le reproduire : tous les suivants
— 17 —
l'ont imité, et ainsi est-on venu à donner cette histo-
riette pour une sorte de tradition nationale.
Le témoignage de Nicolas, que les chartes de Saint-
Lambert attestent avoir été membre de ce chapitre, de
1118 à 1145, et qui dédia son œuvre à Wéric, abbé de
Liessies, au diocèse de Cambrai, de 1124 à 1147, n'était
pas cependant pour donner plus de crédit à ce qu'il
accepte soit d après les écrits d'auteurs fidèles qu'il ne
nous fait d ailleurs pas connaître, soit d'après une tra-
dition orale, relatu majorum, que cinq siècles et demi
avaient pu rendre fort infidèle. C'est précisément en
alléguant ce que raconte l'antiquité et ce qu'apprennent
des écrits de pères, dont il n'indique pas les noms, qu'il
nous rapporte l'incident de la prophétie de Monulphe
et de l'érection d'une chapelle des saints Cosme et
Damien (i). Lui-même convient qu'il n'insère ces dé-
tails que pour augmenter la vénération des Liégeois
envers leur patron, et malheureusement nous le pre-
nons plus dune fois en flagrant délit d'arrangement des
faits, en vue de cette édification sans doute : il donne,
par exemple, pour disciple à saint Lambert, vers 690,
cette sainte Ode d'Amay, morte et enterrée avant l'an
636. Un respect mal entendu pour la gloire de son
héros, lui fait supprimer, dans la narration de ses der-
niers instants, la mention, répétée par toutes les narra-
tions antérieures, du premier mouvement de l'évêque
à l'approche des bourreaux : le saint commença par
saisir une arme pour charger ses assassins. Nicolas
veut aussi, contrairement à tous ses devanciers, que
les neveux du saint se soient laissé égorger sans défense.
Bien plus, c'est de lui que nous tenons cette fabuleuse
histoire d'un ange portant à Rome la nouvelle de l'as-
sassinat, et du pape Sergius reconnaissant et sacrant
miraculeusement, à l'instant même, Hubert comme
successeur de Lambert ; c'est lui aussi qui, le premier,
(1) Chapeaville, Gesta Pontificum Leodiensium, t. I, p. 400.
3
— 18 —
contre tous les textes anciens, modifie le théâtre du
martyre, et au lieu de placer celui-ci dans la chambre
du pontife, le transporte, bon gré mal gré, dans l'ora-
toire dédié à des saints dont nul n'avait rien dit avant
le trop inventif Joconde (î).
Cette pieuse légende de la prophétie, occasion de
l'érection d une chapelle, manque si bien de point de
départ certain, que Gilles d'Orval, au siècle suivant,
nous en donne deux versions, pour une (2), et deux
versions contradictoires en des détails essentiels : car
dans l'une, il fait proférer l'annonce des grandeurs de
Liège par saint Monulphe, des bords de la Meuse, dans
un voyage de Maestricht à Dînant, à l'aspect de ce val
charmant, sauvage et inconnu pour le prélat où celui-ci
est arrivé sans en connaître le nom ; dans l'autre, il la
lui fait prononcer aux bords de l'Ourthe, à Vaux, en
descendant de la montagne de Chèvremont, à côté d une
chapelle érigée là aux saints Cosme et Damien, et à
la suite de l'apparition d'une croix miraculeuse sur le
vallon lointain de Liège. Le premier récit ne dit rien
de cette croix merveilleuse, occasion et justification de
la prophétie, le second rien de cette chapelle en mé-
moire de laquelle le problématique oratoire des saints
Cosme et Damien aurait été érigé sur le sol liégeois !
Une version veut qu'à côté de cet oratoire, Monulphe
ait élevé une maison épiscopale ; l'autre ne lui fait
construire au pied levé, et consacrer aussitôt, dans le
court espace d'une halte de cavaliers en voyage, qu'une
chapelle solitaire. Celle-là ajoute, comme complé-
ment, que le Publémont dut son nom à un romain
du temps d'Auguste ; celle-ci achève l'histoire de Mo-
nulphe en contant, qu'au moment de mourir, il aurait
prêché le jugement dernier à tout son peuple, trois jours
(1) « At electus Dei sacerdos Lambertus ante aîtare sanctorum mar-
ri tyrum Cosmœ etDamiani, martyr mox ipsefuturus, in modum crucis
» se prostraverat ... » Chapeaville, t. I, p. 405.
(2) Mon. SS., t. XXV, pp. 27 et 58.
— 19 —
durant et sans relâche : per triduum sine intermissione !
On peut juger par là du sens critique ou de la
valeur d'informations de ce Gilles d'Orval, de ce Nico-
las, de ce Joconde, les premiers à nous donner, sept,
six, cinq siècles au plus tôt après l'événement, les saints
Cosme et Damien, comme les patrons de la première
chapelle liégeoise.
A la légende de saint Monulphe, vous ne croyez
pas plus que moi, mon cher Président. Aussi je passe
à la plus forte objection que vous puissiez me faire :
l'autel et la chapelle des saints Cosme et Damien sont
mentionnés, à plusieurs reprises, dans la version publiée
par le docte Chapeaville, en 1612, de la vie primi-
tive de saint Lambert, vie que l'éditeur attribuait à
Godeschalc, diacre de Liège au temps de Charlemagne.
Il se peut que Godeschalc ait, en effet, mis en meil-
leur latin, avant Etienne, la vie primitive, contempo-
raine du glorieux martyr. Chapeaville, en tout cas,
déclare avoir reproduit sans y rien changer deux très
anciens manuscrits, l'un de Saint-Lambert, l'autre de
Saint-Laurent (*).
Devant l'attestation d'un éditeur aussi digne de foi,
il faut admettre sans hésiter qu'il a toujours fidèlement
reproduit soit l'un, soit l'autre de ces deux textes, celui
sans doute qui lui semblait le meilleur. Chapeaville
toutefois ne nous dit pas s'ils étaient absolument sem-
blables; il ne distingue pas ce qui vient de l'un de ce
qui vient de l'autre; il ne nous indique surtout pas de
quelle époque dataient ces manuscrits très anciens. Au
XVIIe siècle, n'a-t-on pas qualifié de la sorte, à l'occa-
sion, tout ce qui provenait d'avant la Renaissance? Les
manuscrits invoqués étaient-ils antérieurs au pillage
de Liège de 1468, ou n'avaient-ils été copiés qu'après?
(1) « Desumpsimus hase scripta Godeschalci ex duobus vetustissimis
» manuscriptis codicibus, uno Ecclesiae sancti Lamberti Leodiensis; altero
» monasterii sancti Laurentii propre Leodium, nulla styli mutatione
» facta » (Chapeaville, Gesta Pontificum Leodiensium , t. I, p. 32i>.
— 20 —
Etaient-ils purs de toute interpolation? Aucune main
plus récente n'avait-elle prétendu compléter, par une
ajoute, le premier texte authentique? Il faut bien con-
venir que nous n'en savons rien, et que, dès lors, ni
l'attestation donnée par Chapeaville de l'antiquité géné-
rale du monument, ni ce fait qu'il l'avait reproduit sans
rien changer au style, ne suffisent pour nous imposer la
certitude que la mention des saints Cosme et Damien
n'a pas été intercalée soit par une correction posté-
rieure à celles du copiste, soit par ce copiste même, s'il
a pris la plume après l'écrit de Joconde.
Plus d'un détail de cette version de Chapeaville me
semble, je l'avoue, trahir des connaissances, une rhéto-
rique, un vocabulaire, une tournure d'esprit philoso-
phique moins anciens que le vme siècle, en contradic-
tion avec la simplicité narrative du récit primitif.
Un contemporain de saint Lambert nous aurait-il,
comme cette version, décrit l'habitation du saint à la
façon d'une forteresse du moyen âge? Se serait-il livré
aux considérations émises à propos d'une apparition de
croix ou aux jeux de mots où se plaît cette version
pour expliquer les hautes ambitions du bourreau qui se
jucha sur la toiture afin d'atteindre sa victime?
Ce contemporain aurait-il imaginé la petite disser-
tation, chapitre IX de cette version, dans laquelle on
établit que ce n'est pas les lieux, mais les auteurs d'un
crime qu'il convient de réprouver?
Aurait-il surtout songé à opposer petites chapelles
à grandes églises (i), alors qu'on ne connaissait chez
nous rien de ces vastes temples sortis seulement de
(i) « Illic, non in spatiosis edibus aut operosis œdibus, sed in parva;
» vilis que clausurae ecclesia, sanctorum Cosmos et Damiani, insistebat
» orationi, certus non minus fructuosam esse orationem, in his angustis
» quam in capacibus magna? et principalis ecclesiœ. Quod enim tempo-
» raie est ampla et profusa et lata requirit, quia voluptas mundi parvita-
» tem et mediocritatem refugit, et quod spirituale est omnia œqua lance
» metitur, quia in spatiosis non plus dilatatur et in angustis non plus
» coarctatur » (Chapeaville, Gesta Pontificum Leodiensium, t. I, p. 366).
— 21 —
notre sol après Charlemagne ? Cette description d'habi-
tation et ces considérations d'architecture trahissent une
époque où Ton ne se contentait plus du rez-de-chaussée
des villas romaines, et où les collégiales romanes avaient
succédé aux petits oratoires mérovingiens.
Un contemporain de saint Lambert ou un écrivain
du siècle suivant ne pouvaient connaître non plus les
développements que le culte et la popularité du martyr
allaient donner à l'obscur hameau de Leodium ; cette
version parle de son grand renom avec une certitude
qu'on n'a pu acquérir avant les jours de Notger (i).
Autres différences notables entre la version préten-
dument primitive de Chapeaville, et celle dont nous
possédons le texte authentique soit à Paris, dans le
manuscrit du VIIIe siècle, soit dans les vieilles copies
qu'éditèrent Mabillon et les Bollandistes. Ce manuscrit
et ces éditions ne nous donnent point le nom du père
de saint Lambert ; la version de Chapeaville nous
apprend qu'il s'appelait Aper, ce que personne n'avait
écrit avant Sigebert de Gembloux, à la fin du XIe ou
dans les premières années du XIIe siècle.
. D'après ces manuscrits de Paris, de Mabillon et
des Bollandistes, l'un des miracles qui signalèrent la
translation des restes du saint de Maestricht à Liège se
produisit à Herstal ; la version de Chapeaville le fait
arriver à Hermalle, comme Sigebert encore avait été
le premier à le rapporter, — par erreur, puisque l'écri-
vain contemporain affirme, lui, qu'on éleva une église
en l'honneur du saint partout où s'était produit un
miracle — et qu'il n'y a pas trace d'une église de ce
genre à Hermalle.
La version de Chapeaville commet enfin l'incontes-
table erreur de faire sortir le saint de sa chambre pour
l'envoyer mourir dans le prétendu oratoire des saints
(i) a Mox ad villamparvi adhuc nominis nec minorisvero meriti, sed
» magnum nomen et magnum meritum ex triumpho et corpore sancti
» Lamberti paulo plus promerituram » (Chapeaville, t. I, p. 336).
— 22 —
Cosme et Damien. Devant tous les témoignages con-
traires des textes authentiques, ne serait-ce pas assez
pour faire refuser toute valeur à celui-ci ?
Ce texte que Chapeaville nous donne pour du Go-
deschalc, ne peut donc être qu'une revision plus tardive
du récit primitif, re vision interpolée après et d'après le
récit de Joconde, de Sigebert et du chanoine Nicolas,
lequel composa son travail au plus tard dans le second
quart du XI Ie siècle.
Aussi j'ai vainement cherché dans le relevé que les
savants Bollandistes ont fait des manuscrits hagiogra-
phiques de nos grandes bibliothèques belges, une copie
de cette version qui fut antérieure au siècle de Joconde
et de Nicolas : les plus anciennes sont du XIIe.
S'il s'en rencontrait une seule, de date antérieure à
Joconde, portant mention dans son texte de l'oratoire
des saints Cosme et Damien, je n'aurais qu'à m'incliner,
mais jusque-là, vous me permettrez de constater, n'est-
ce pas, que les manuscrits authentiques font défaut
pour nous renseigner une chapelle des saints Cosme et
Damien à Liège au temps de saint Lambert.
J'ai déjà rappelé que tous les historiens du saint de
Liège et du diocèse pendant les quatre siècles qui sui-
vent le martyre, les biographes et annalistes contempo-
rains, l'évêque Etienne, le poète Hucbald, l'historien
Hérigère, son continuateur Anselme se sont accordés à
ne dire mot d'une chapelle dédiée à ces saints, comme
à placer l'immolation du pontife dans sa chambre à
coucher. Après eux, Sigebert, le plus laborieux et le
plus savant de nos chroniqueurs, est le premier à nous
parler d'une biographie ou plutôt d'une revision bio-
graphique due à Godeschalc : il discute même le texte
de Godeschalc à propos des causes du martyre, et Sige-
bert cependant, qui n'a laissé perdre aucun détail des
relations antérieures et prétend parfois les compléter,
Sigebert s'abstient également de toute mention d'un
oratoire des saints Cosme et Damien dans les deux
— 23 —
rédactions (4) qu'il a faites de la vie et de la mort du
glorieux pontife. N'est-ce pas décisif pour établir qu'il
y a interpolation dans le texte de Chapeaville?
Le chanoine Nicolas, l'écrivain du XIIe siècle, reste
donc pour moi, jusqu'à preuve du contraire, le premier
qui ait donné pour théâtre à un martyre de la fin du
VIIe, un oratoire des saints Cosme et Damien au lieu
de la chambre à coucher de saint Lambert. Qu'il ait
été entraîné à cette erreur, d'un côté par ce qu'un pieux
romancier, Joconde, avait conté trente ou quarante ans
auparavant, de la vision et de la chapelle de saint
Monulphe, et, d'un autre côté, par ce fait que bien
longtemps après le martyre, peut-être après la recons-
truction et l'agrandissement de l'église Saint-Lambert
par Notger et Baldric, un autel aux deux saints frères
étrangers se trouvait élevé sur le lieu du martyre, lieu
englobé alors dans le nouveau temple, voici ce qui me
semble acquis : ou la version de Chapeaville est la
vraie version primitive, et il faut croire en ce cas que
cette version ne nous est parvenue que dans une copie
datant au plus du XIIe siècle et qu'aucun des histo-
riens liégeois qui, pendant cinq siècles, ont écrit sur
nos évêques et sur nos saints, absolument aucun ne l'a
connue, pas plus ceux qui l'ont cru traduire soit en
vers, soit en prose, que ceux qui ont cru la résumer
ou la développer soit dans leurs récits, soit dans les
offices liturgiques; ou bien cette version de Chapea-
ville est interpolée ; nous pouvons alors nous en rap-
porter à l'unanimité de ces historiens, aux manuscrits
authentiques les plus anciens conservés dans nos biblio-
thèques et, par suite, ne plus faire état de ce qu'une
biographie éditée en 1612 nous raconte d'un oratoire
des saints Cosme et Damien.
Il n'y a pas à le contester toutefois : on n'a pu
perdre à Liège le souvenir précis du lieu où le grand
(1) Migne, Patrologie latine, t. CLX, pp. 759 à 810.
— 24 —
martyr avait succombé, ni faire erreur en désignant
comme ce lieu, la partie de la Cathédrale où, après Tan
mil, nous retrouvons positivement une chapelle des
saints Cosme et Damien. La plus ancienne mention
faite d un autel de ces saints dans cette Cathédrale est
celle du continuateur de Sigebert, l'abbé Anselme de
Gembloux, qui, notant les événements de son temps,
raconte qu'en 1117, peu avant que Nicolas ne prit la
plume, un coup de foudre vint, pendant un orage ter-
rible, frapper un clerc occupé à lire à Fautel des saints
Cosme et Damien (4). Cet auteur n'indique pas en quel
endroit de la Cathédrale était érigé cet autel.
Mais si depuis lors la tradition n'a point varié, en
donnant remplacement de cette chapelle pour le lieu
du martyre, c'est une preuve de plus que l'érection de
cette chapelle est postérieure d'assez bien à la mort de
saint Lambert, puisque l'endroit où il fut égorgé n'était
certainement pas un oratoire, mais sa chambre à cou-
cher, et que nous avons vu les fidèles vénérer ce lieu,
y transporter son lit, des miraculés veiller à son entre-
tien, indépendamment de l'érection du second oratoire
de Liège, celui de Saint-Lambert.
Quand changea-t-on cecubiculum en oratoire? Fut-
ce seulement lorsque l'évêque Notger reconstruisit vers
l'an mil, l'ensemble des édifices qu'on n'avait qu'in-
complètement relevé depuis les invasions des Nor-
mands, ensemble qui comprenait l'église de Notre-
Dame-aux- Fonts, baptistère de la cité, le palais épis-
copal et la cathédrale Saint- Lambert ? On sait que sa
reconstruction agrandit beaucoup cette Cathédrale. Il
ne serait donc pas impossible qu'il aurait alors seule-
ment érigé dans ce nouveau temple une chapelle des
(1) « 11 17. Fulmen a parte aquilonali ingrediens quemdam clericum
» rétro altare sanctorum Cosme et Damiani in pulpito legentem et
» alterum ante crucifixum orantem, tertium de scriptorio ecclesie proxi-
» mo egredientem in ipso ecclesie ingressu extinxit» (M igné, Patrologie
latine, t. CLX, p. 242).
— 25 —
saints Cosme et Damien. Ces saints, au temps des
Othon, étaient encore tout particulièrement vénérés à
Rome où trois églises leur avaient été dédiées : Notger,
qui fit de longs séjours dans la ville éternelle, en au-
rait pu rapporter leur culte à Saint-Lambert de Liège,
comme il rapporta dans son église de Saint-Jean, celui
de saint Vincent et des saints Fabien et Sébastien ;
comme l'archevêque-duc saint Brunon avait, peu au-
paravant, introduit à Cologne, notre métropole, dans ce
monastère de saint Pantaléon où il voulut être enterré,
cette même dévotion aux deux saints de Cilicie; comme
Prague dut peut-être de les adopter pour patrons au
saint évêque Adalbert, compagnon de Notger à Rome.
Faudrait-il plutôt s'en rapporter à la version de
Gilles d'Orval, au sujet du culte des deux saints frères
à Chèvremont, et croire que Notger aurait relevé à
Liège leur autel qu'on avait dû renverser à Chèvre-
mont, tout comme il aurait relevé, en construisant
Saint- Jean, une autre église du même saint détruite
avec la périlleuse forteresse?
Rien n'empêche de reporter plus haut que Notger
l'apparition du culte des saints Cosme et Damien sur
remplacement du lieu du martyre de saint Lambert :
on n'avait pas pour eux moins de vénération dans nos
régions au temps des rois mérovingiens qu'au temps
des Othon. Nous avons vu l'un des prédécesseurs de
Lambert, saint Jean l'Agneau, se faire enterrer, vers
l'an 647, sur le rocher de la forteresse de Huy dans un
oratoire dédié aux deux saints. Un autre et plus célèbre
évêque, le père de l'histoire de France, Grégoire de
Tours, rapporte que, de son temps déjà, l'intercession
des deux saints médecins était pour les malades un des
meilleurs moyens d'obtenir guérison et que beaucoup
avaient reçu d eux en vision l'indication de ce qu'il y
avait à faire pour recouvrer la santé (1). Un détail de
(1) Mon. SS., t. I, p. 553.
— 26 —
la dévotion que Grégoire professait pour les saints
Cosme et Damien est intéressant à relever : il avait
retrouvé dans son église de Tours des reliques de divers
martyrs, entre autres de ceux-ci : « C'est dans la cellule
» de saint Martin, nous dit-il, contiguë à son église
» même, que je plaçai ces reliques des martyrs Cosme
» et Damien (i). »
Cette cellule de saint Martin était le petit réduit où
le célèbre apôtre habitait proche de sa Cathédrale, lors-
qu'il demeurait dans sa ville épiscopale. Pourquoi un
des successeurs de saint Lambert n aurait-il pas fait à
Liège, pour le cubiculum du martyr, ce que Grégoire
avait fait à Tours pour la cellula du thaumaturge, en
transformant en chapelle ce logis révéré, ainsi qu'on le
fait encore de nos jours des chambres où ont vécu, où
sont morts des saints ou des princes t
Les restes mortels du martyr qu'on avait retrouvés
intacts, ayant été déposés sans qu'on en distrayât rien
dans la basilique de Saint-Lambert, on n'avait pu con-
sacrer au culte sa chambrette qu'en y déposant d'autres
reliques, en donnant à cet oratoire un autre patron. Le
choix de Cosme et Damien pour le patronage de ce nou-
vel oratoire eût été d'autant plus naturel, qu'ils étaient
déjà honorés dans notre pays, implorés aussi pour la
guérison des maux dont on venait demander délivrance
à saint Lambert, et que leur fête, célébrée le 27 sep-
tembre, suivait de tout près l'octave du saint liégeois.
Rien ne se comprend mieux, dès lors, que la confu-
sion amenée dans l'esprit des populations par la coïnci-
dence de ces deux cultes : voyant honorer Cosme et
Damien dans le lieu que le martyr avait consacré par
l'effusion de son sang, elles auront tout naturellement
pensé que l'autel érigé après sa mort avait été le témoin
même de cette mort, et pour faire concorder l'histoire
(1) « In celltila sancti Martini ecclesiae ipsi contigua sanctorum
» Cosmae et Damiani martyrum reliquias posui » Historia francorum
(Ibidem, p. 448).
— 27 —
avec cette croyance, les écrivains liégeois, à commencer
par Nicolas, auront changé le caractère du lieu du mar-
tyre et, petit à petit, auront accrédité, en justification
de ce changement, la prophétique aventure et la légen-
daire construction prêtées à saint Monulphe.
On finit même si bien, non seulement à Liège, mais
à l'étranger, par unir l'immolation de saint Lambert au
souvenir des saints médecins de Cilicie, qu'à Rouen,
par exemple, saint Lambert était, par suite de sa pré-
tendue mort devant leur autel, révéré comme patron
lui-même, à leur place, des chirurgiens, dentistes, ban-
dagistes et sages-femmes (i)!
Quoi qu'il en soit, les indications de la topographie
peuvent aider ici à confirmer les déductions de l'his-
toire. Liège est née au pied du Publémont « in nova
» valle juxta Leodium, » comme le porte une vieille
mention du martyre de saint Lambert (2).
Ce Publémont, descendant des hauteurs qu'occupent
aujourd'hui Saint-Martin et Sainte-Croix, venait, en
s'abaissant, expirer au bas de ce que nous nommons
aujourd'hui degrés de Saint-Pierre, Haute-Sauvenière,
et, entre la Sauvenière et ces degrés, le lieu de ren-
contre de la place Saint- Lambert et de la place Verte,
coin du café Charlemagne. Là s'étendait, entre la côte
et la Meuse, une petite plaine bornée d'un côté par la
montagne, de l'autre, à gauche, en descendant de cette
montagne, par la rivelette de la Légia qui, débouchant
du vallon de Saint-Séverin, obliquait entre le pied du
Publémont et le territoire de Saint -Servais, et se
dirigeait vers le fleuve en traversant le futur marché ;
à droite, un embranchement de la Meuse servait de
limite, en faisant le coude aux pieds de la Sauvenière;
en face, le cours même de la Meuse. C'est dans cette
petite plaine que s'élevait, protégée par la montagne,
la villa de l'évêque.
(1) Voy. O. Lacroix, Les corporations de Rouen.
(2) Acta Sanctorum Belgii, t. VI. Sainte Ode.
— 28 —
En rapprochant la topographie actuelle du plan
terrien que nous avons gardé de l'ancienne cathédrale
de Saint- Lambert, remplacée partiellement aujourd'hui
par la place du même nom, il est facile de constater que,
d'après la tradition liégeoise et d'après l'emplacement
du vieux chœur, à l'entrée de cette Cathédrale, c'est assez
bien au lieu devenu le point central de la place actuelle
que le saint fut martyrisé, par conséquent qu'il avait
son habitation. Notre-Dame-aux- Fonts était sise un
peu plus vers l'Orient, sur la droite de cette habitation,
en face de ce qui est devenu la rue Gérarderie. La pre-
mière église bâtie en l'honneur de saint Lambert a dû
être construite en avant de cette habitation, soit entre
Notre-Dame et l'emplacement du futur palais des
princes-évêques, ou plus près du confluent de la Légia
et de la Meuse, puisque ce ne put être que cette Légia
qui, changée par les pluies en torrent impétueux, em-
porta en 858, au rapport de Prudence de Troyes, jus-
qiïà Saint-Lambert, pour les précipiter dans le fleuve,
édifices, bêtes et gens (*).
On a déjà rappelé combien étroites étaient les églises
au début du VIIIe siècle : celle-ci, commencée d'enthou-
siasme dans un hameau sans ressources, par un petit
groupe d'habitants, avant que saint Hubert vînt s'y
fixer ou y apportât les reliques de son prédécesseur, ne
pouvait être un monument bien solide ni bien impor-
tant, puisque cet Hubert crut devoir ériger, à ses côtés
mêmes, une autre église, celle de Saint-Pierre. La façon
dont l'édifice avait été construit, les pèlerinages dont
cet édifice devint le but, les premiers développements de
Liège durent rendre nécessaire un agrandissement de
Saint-Lambert, au plus tard dans le temps où Charle-
magne et sa cour vinrent y solenniser les grandes fêtes
de l'Eglise. Est-ce alors ou un peu après que l'on a enclos
dans ce temple agrandi, le lieu du martyre du saint?
(i) Mon. SS.t t. I, p. 452.
— 29 —
Toujours est-il qu'un siècle après, nous voyons, par
un acte de novembre g32, dont l'historien Anselme
nous a conservé le texte, 1 evêque Richaire ériger dans
l'église de Saint-Lambert une chapelle de la Sainte-
Trinité (4). La version donnée de cet acte, dans le
recueil de Chapeaville, mentionne expressément que
l'autel en fut érigé sur le lieu de sépulture du saint, sur
le tombeau où se gardaient ses reliques (2). Nous savons,
d'autre part, que jusqu'après Chapeaville, un autel de
la Trinité, Notre-Dame et saint André se dressait dans
la chapelle qu'il appelle des saints Cosme et Damien ;
brisé par la chute d'une fenêtre, cet autel n'en fut
enlevé qu'après 1646, et le chapitre (3), pour obtenir
l'approbation nécessaire du légat du Pape, alléguait
que le lieu du martyre était devenu trop étroit pour
les cérémonies que l'on y devait faire : grand'messe,
réception de serment des bourgmestres, etc. La cha-
pelle des saints Cosme et Damien du XIIe siècle et
des suivants, la chapelle mortuaire de saint Lambert,
n'était encore au Xe, après Richaire, que le sanctuaire
de la Sainte Trinité.
Cela cadrerait, en tous cas, avec le nom de pieux
chœur qu'elle reçut aussi dans la suite, après que Not-
ger, renouvelant et agrandissant encore Saint-Lambert,
et reportant le nouveau chœur plus avant, vers l'Orient,
n'eut plus fait de Yancien chœur qu'une sorte d'abside
d'entrée, entre les tours, comme il s'en érigeait beau-
coup alors, à preuve encore Sainte-Croix chez nous, le
dôme de Trêves et maintes autres églises romanes des
bords du Rhin.
(1) « Curavimus quoddam oratorium in ecclesia sancti Lantberti
» struere » (Mon. SS., t. VII ; Anselme, § 21).
(2) « In ecclesia sancti Lantberti super sepulturae ejus locum altare »
(Chapeaville, Gesta Pontificum Leodiensium, t. 1, p. 171).
(3) Stan. Bormans, Conclusions capitulaires , 1646.
— 30 —
III.
DE L'ANTIQUITÉ DU CULTE DE NOTRE-DAME
A LIÈGE.
Une église existait à Liège, avant le martyre du
patron du diocèse ; on ne peut la confondre ni avec
celle qui, bâtie après ce martyre, devint la cathédrale
de Saint-Lambert, ni avec Saint-Pierre, fondation de
saint Hubert, ni avec la chapelle consacrée beaucoup
plus tard aux saints Cosme et Damien, sur remplace-
ment précis de la chambre à coucher où le saint évêque
avait péri. Sous quel patronage était donc placée cette
église primitive? Il n'y en a point qui soit aussi nette-
ment indiqué que celui de Notre-Dame.
Quelle bonne fortune, mon cher Président, et peut-
être quelle lumière décisive pour nous éclairer sur les
premières origines de Liège, s'il vous était donné, dans
vos recherches, de ramener au jour le texte disparu
de ce privilège que le roi d'Austrasie, Clovis III, dut
délivrer, entre 691 et 695, à l 'évêque Lambert, sur la
demande même du prélat, pour garantir l'immunité et
les possessions de Sainte-Marie. Nicolas, notre histo-
rien du deuxième quart du XIIe siècle, Nicolas, qui
semble avoir vu la pièce et paraît en citer quelques
mots, parfaitement en rapport avec les formules du
VIIe siècle, Nicolas nous affirme qu'on en avait, jusqu'au
temps où il écrivait, gardé le texte chez nous : apud
nos: « De quelle estime et de quelle autorité le bienheu-
» reux Lambert jouit auprès du prince, écrit-il, on
» peut s'en rendre compte lorsque l'on voit le même
» pacifique souverain l'appeler non seulement évêque,
» mais son père et homme apostolique, dans le privilège
» octroyé, à la demande même du saint prélat, pour
» garantir l'immunité et les possessions de l'église de
» sainte Marie, toujours vierge. C'est sous le nom et en
» l'honneur de Notre-Dame, qu'en ce temps florissait
— 31 —
» à Maestricht, après Tongres, certaine dignité de la
» chaire pontificale. Ce privilège, il n'y a pas de doute
» qu'il s'est conservé chez nous jusqu a ce jour (1). »
Dans ce qu'ajoute Nicolas à sa mention du sujet de
la charte, il en parle, on l'entend, comme si elle se rap-
portait à la cathédrale de Notre-Dame de Maestricht,
encore héritière en fait, au temps de saint Lambert, de
Notre-Dame de Tongres. Cette interprétation de la
pièce citée appartient visiblement à l'historien. Si pour-
tant le chei nous, Vapud nos de Nicolas, si l'indication
du lieu où se conservait cette charte désignait non pas
Maestricht, mais Liège, comme il eût été naturel de la
part d'un Liégeois, attaché au service d'une église lié-
geoise, ne serait-on pas autorisé à croire que ce docu-
ment concernait une église, liégeoise aussi, l'église de
Sainte-Marie et non pas le diocèse même i Entre les
diplômes donnés plus tard en faveur de la cathédrale
de Saint-Lambert, les plus vieux qui soient venus jus-
qu'à nous datent du IXe siècle ; ils visent les privilèges
antérieurs, délivrés par d'autres souverains : Pépin,
Charles, Louis, Lothaire, privilèges perdus aujour-
d'hui pour nous. Comment donc ne trouve-t-on dans
ces pièces du IXe siècle, nulle mention du diplôme de
Clovis III? Comment, s'il se fût agi dans ce diplôme de
l'église diocésaine, de la Cathédrale, et non d'une autre
fondation ecclésiastique, comment les évêques qui ob-
tinrent pour cette Cathédrale les diplômes postérieurs
à celui de Clovis, n auraient-ils pas fait rappeler une
pièce aussi importante, conservée parmi nous, le titre
(i) « Quantœ autem existimationis et authoritatis beatus Lambertus
» apud regem fuerit, manifeste patet; cum eum idem paciticus rex, non
» solum episcopum, sed et patrem, et apostolicum virum appellet in eo
» privilegio, quod promulgavit, ipso sancto praesule petente, pro immu-
» nitate et possessionibus ecclesiœ sanctœ Mariœ perpetuœ virginis, in
» cujus nomine et honore, eo tempore Trajecti vigebat, post Tungris,
» quaedam dignitas pontificalis cathedra?. Quod privilegium usque hodie
» apud nos conservari non dubium est » (Nicolas. Gesta sancti Lam-
bertiy Chapea ville, t. I, p. 38o.
— 32 —
primitif le plus intéressant ? Nous aurons l'occasion de
constater plus loin l'existence d'une communauté de
Sainte- Marie, distincte du chapitre de Saint-Lambert :
ne fut-ce pas son titre de fondation ou Tune des pièces
de sa dotation, que ce diplôme de Clovis 111?
Au surplus, à qui appartenait cette villa de Léo-
dium où le saint a péri, surpris par ses assassins au
milieu de cette communauté religieuse, de ses neveux,
de ses disciples et de ses gens, non loin de la première
chapelle liégeoise où il avait accoutumé d'officier avec
eux?
11 y avait déposé les restes de son prédécesseur, ce
qui donne à croire que ce prédécesseur avait pu en être
le fondateur, le propriétaire au moins, et que cette cha-
pelle était bien aussi ancienne que ce dépôt. Lambert
s'y trouve en tous cas chez lui, il y habite, y pontifie,
y commande en seigneur et maître. Ses successeurs
en font autant, sans qu'il soit besoin d'un titre nou-
veau pour leur permettre de disposer de toutes choses
à Liège, réserves faites de certains droits de l'abbé de
Sainte-Marie : si saint Hubert, au dire du biographe
contemporain de saint Lambert, tient à s'entendre avec
les seniores loci, les maîtres de l'endroit, lorsqu'il y
ramène de Maestricht à Leodium les restes du martyr,
c'est, ce semble, pour prendre leur avis au sujet de la
cérémonie de la translation. La construction de Saint-
Pierre, le fait incontesté qu'il a donné aux habitants
de Liège leurs premières lois, leurs premiers magistrats,
leurs poids et leurs mesures, atteste que sous la garan-
tie de l'immunité déjà signalée ce territoire relève bien
du pontife, ou plutôt, doit appartenir à l'église, au
diocèse, dont le pontife se trouve la personnification.
Or, si l'on peut contester aisément la prétention de
Tongres d'avoir vu s'élever dans ses murs le premier
temple dédié à la mère de Dieu de ce côté des Alpes,
on ne contestera pas que ce diocèse eut pour première
cathédrale Notre-Dame de Tongres, pour deuxième,
— 33 —
non point Saint-Servais, mais Notre-Dame de Maes-
tricht, bref, que jusqu'au temps où le nom de saint
Lambert tut associé dans ce patronage à celui de la
Vierge, la patronne du diocèse, dès ce temps-là, c'est
Notre-Dame. Propriété des évèques ou de leur diocèse,
Leodium était par là même propriété de Notre-Dame :
c'est donc sous le patronage de Notre-Dame qu'abs-
traction faite de toute autre donnée historique, il est le
plus vraisemblable qu'a été placée la première église,
la paroisse naissante de Liège.
Et s'il n'en avait pas été ainsi, en un temps où il
était d'usage fréquent de consacrer l'église d'une pa-
roisse nouvelle, au patron de l'institution dont relevait
ce territoire, à une époque où les sanctuaires de notre
pays, qui durent leur construction à saint Lambert et
à saint Hubert, furent placés sous l'invocation ou de
saint Pierre ou, surtout, de Notre-Dame, comment
expliquer que, par une exception unique, pour une
ville de cette importance, Liège, dans la suite, aurait
grandi, multiplié ses éditices religieux, sans en placer
aucun sous le patronage spécial, unique de Notre-
Dame.* Comment expliquer en outre, et c'est un point
sur lequel il sera revenu, que nous trouvions plus tard,
en tête des paroisses de Liège, par ordre d'ancienneté
comme par ordre de prépondérance, l'église de Notre-
Dame-aux-Fonts ?
Si peu que nous sachions de l'histoire de Liège au
temps de saint Lambert et de saint Hubert, nous en
savons moins encore pour leurs premiers successeurs
jusqu'à la lin du règne de Charlemagne. 11 ne semble
pas qu'au cours du siècle et demi qui sépare la mort
de saint Hubert de la destruction de Liège par les
Normands, en 881, la petite ville se soit fort déve-
loppée : rien n'indique du moins qu'on y aurait élevé
une église de plus. Et comme on ne voit pas que
Saint-Lambert ni Saint-Pierre aient jamais servi au
culte paroissial, comme Liège ne compta un second
5
— 3i —
baptistère qu'après que Notger l'eut établi dans ce
quartier de l'île où il érigea l'église de Saint-Jean, il
est permis de croire que, pendant un long temps,
Notre-Dame est restée Tunique paroisse de Leodium,
« l'église baptismale » comme celles dans lesquelles le
grand empereur demandait à notre évêque Gerbald de
faire annoncer prières et processions pour les néces-
sités du temps.
Je sais qu'après le pontificat de saint Hubert, au
cours du vme siècle et même d une partie du IXe, les
documents ne nomment qu'une église à Liège : celle
de Saint-Lambert. Si Notre-Dame n est pas mentionnée
dans les pièces venues à nous de cette époque, Saint-
Pierre ne l'est pas non plus, dont nul pourtant ne
peut contester l'existence affirmée par le biographe
d'Hubert.
Je n'ignore pas que, dans la suite, le nom de Sainte-
Marie n'est souvent ajouté à celui du martyr, n'est
parfois même employé seul que pour désigner le même
temple de Saint-Lambert. Mais il faut prendre tous ces
noms aux sens divers que leur attribua chaque siècle.
Après Charlemagne seulement, pendant l'épiscopat
de Walcand, nous trouvons Notre-Dame associée par-
fois, puis de plus en plus, au martyr dans ce patro-
nage de l'église Cathédrale (1). Serait-ce que jusqu'alors
(i) Grimoald est tué en 713, « in basilica sancti Lantberti martyris »
(Annales de Metj, Mon. SS., t. 1, p. 322). Charlemagne célèbre la fête de
Pâques, « apud sanctum Lantbertum in vico leodico » (Idem, 1. 1, p. 148;.
Eginhard appelle Liège le bourg public, « ubi sanctus Lantbertus corpore
» requiescit» (Idem, t. XV, p. 25 1). Dans son récit de la translation du
corps de saint Hubert, de Liège à Andage, le contemporain, Jonas, parle
des nobles venus là, « ex monasterio Sancti Lantberti » et du transport
qu'on fit des reliques, « in beau Lantberti ecclesiam » (Idem, idem,
p. 235). Notons ici que dans les Annales du ix* siècle attribuées à Hinc-
mar, on ne nomme parfois notre évêque Francon que « episcopus sancti
» Lantberti » (Migne, Patrologie latine9 t. CXXV, p. 1224), que dans
les Annales de Fulda, du même siècle, pour désigner Liège, lieu d'une
rencontre de rois, on écrit simplement : « apud sanctum Lantbertum »
(Mon. SS., t. I, p. 388) et que saint Lambert est encore nommé seul
— 35 —
Maestricht, restée en fait plus considérable que Liège,
serait demeurée en droit la ville épiscopale du diocèse
et que le transfert définitif du siège pontifical dans le
bourg moins important de Liège, aurait coïncidé avec
le séjour du célèbre empereur dans notre diocèse, aurait
suivi peut-être les agrandissements que, selon toute
apparence, il fallut faire à Saint-Lambert, quand il y
venait célébrer les grandes fêtes chrétiennes, ou peut-
être enfin concordé avec la translation à Andage des
restes de saint Hubert ?
Tout cela pourrait se soutenir, à la condition de
produire des preuves, et les preuves manquent jusqu'ici.
En réalité, on n'a pas le moindre indice ni d'un acte
quelconque qui aurait déclaré l'église de Maestricht
déchue de son rang de cathédrale pour élever un temple
liégeois à cet honneur, comme on n'en a pas d'un acte
antérieur qui aurait fait passer officiellement la cathé-
drale de Tongres à Maestricht. Ces transferts, autant
qu'il est permis d'en juger par le manque ou le silence
absolu des documents sur ce point et par similitude,
ces transferts semblent s'être effectués lentement, s'être
trouvés faits accomplis à la longue, sans décision offi-
cielle, sans pièce authentique ou cérémonie spéciale
pour en prendre acte.
Une translation solennelle de ce genre eût été d'au-
tant plus surprenante au cours des temps mérovingiens
à l'an mil et peut-être après, que l'église cathédrale
n'était pas alors comme de nos jours tel sanctuaire
unique, exclusivement réservé à l'évêque. A Rome, les
fonctions les plus importantes des souverains pontifes
s'accomplissaient en diverses basiliques. Dans nos ré-
gions, la Cathédrale se trouvait le sanctuaire où le
pontife établissait son siège et présidait aux cérémonies
dans la fondation d'une chapelle de la Trinité, par l'évêque Richaire, le
16 novembre 9J2 : « Curavimus quoddam oratorium in ecclesia sancti
» Lantberti struere » (Mon. SS.t t. VII ; Anselme, § 21). Mais les copies
de ce testament diffèrent assez dans les manuscrits.
— 3G —
sacrées, tantôt ici, tantôt là dans la ville où il résidait
d'ordinaire, voire dans quelque autre possession de
son église. Les dernières fonctions que l'évêque de
Liège, Wazon, put remplir avant de mourir, en 1048,
furent, au témoignage d'Anselme, la célébration des
fêtes de saint Pierre et de saint Paul, non pas à Saint-
Lambert, mais dans les collégiales placées sous le
patronage des deux apôtres. Au Xe siècle, en actant
dans une charte de 907 que le monastère de Sainte-
Marie et de Saint-Lambert était la résidence principale
de l'évêque, domus principalis, ne faisait-on pas assez
entendre déjà qu'il en avait d'autres? Si donc on veut
bien se souvenir qu'en ces temps-là, différentes églises
d'un diocèse pouvaient en être également les cathé-
drales, on s'expliquera mieux que des souverains aient
même parlé, comme d'une seule église, de Sainte-
Marie de Tongres et de Saint- Lambert de Liège, ou
de Sainte-Marie de Liège et de Sainte-Marie de Huy.
La désignation est des plus nette dans le diplôme
par lequel Charles le Gros donne Madières, le 26 juin
884, à Sainte-Marie et Saint-Lambert, de l'église de
Tongres ou de Liège : « ad partent sanctœ Mariœ,
» sanctique Lamberti ecclesiœ tungrensis vel leodien-
» sis (\). » Elle ne l'est pas moins dans un diplôme du
i5 novembre 889, de l'empereur Arnould, donation de
l'abbaye de Lobbes, « tant à l'église tongroise de la
» bienheureuse Mère de Dieu, qu'à l'église liégeoise
» du saint martyr Lambert (2). »
On sait que l'empereur Othon II eut à confirmer la
donation de Huy faite à Notger par saint Ansfried.
N'est-il pas intéressant de noter à ce sujet que cette
confirmation fut octroyée à « Notger, évêque des Ton-
» grois et des Liégeois, pour lui et pour ses succes-
» seurs, appelés à desservir Sainte-Marie et Saint-
(1) Cartulaire de Saint-Lambert, p. 6.
(2) Mon. diplom.
— 37 —
» Lambert, sancte Marie sancto que Lamberto desser-
» vituris » et surtout, qu'en rappelant les largesses des
souverains précédents, l'acte impérial porte qu'elles
ont été faites à « l'église Sainte-Marie, établie soit à
» Liège, soit à Huy(\), » comme si la possession sem-
blable de ces pays, par Notre-Dame, en eût d'avance
assuré l'union et l'unité?
Ce qu'il importe de noter, c'est qu'au vmc siècle et
après, ces mentions de titres patronymiques de sanc-
tuaires, fût-ce à propos d'évèque, correspondaient à des
églises réelles (2). C'est ainsi que dans un placite de 775,
où l'on voit un évêque de Paris revendiquer une pro-
priété pour sa cathédrale, celle-ci est désignée sous le
triple nom de Casa sanctœ Mariœ et sancti Stephani,
et sancti Germani, l'église de Sainte-Marie, de Saint-
Etienne et de Saint-Germain, trois édifices très distincts
qui formaient alors à la fois la triple cathédrale de
Paris (3) : Saint-Germain existe encore à présent et
Saint-Etienne ne disparut qu'au xiiic siècle, quand,
pour remplacer deux édifices trop étroits par la splen-
dide basilique qui est aujourd'hui Notre-Dame de
(1) « Notgerus Tungrentium vel Leodiensium episcopus ut ei vel suc-
» cessoribus suis sancte Marie, sancto que Lamberto desservituris ...
» et quia quod reliquum erat regise ditionis, ... munificentia regum vel
» imperatorum predecessorum nostrorum Ecclesiœ sanctœ Mariœ Léo-
» dio vel Hoio positae jam cesserat » (Cartulaire de Saint-Lambert, p. 21).
(2) « Conformément à l'antique usage, » écrit Quicherat dans la
Bibliothèque de V école des chartes, t. I, 6° série, p. 55 1, « le siège épis-
» copal de Paris fut établi, non pas dans une église unique, mais dans
» plusieurs églises à la fois; en d'autres termes, la Cathédrale fut d'abord
» un corps composé de plusieurs membres et le nombre de ces membres
» paraît avoir varié selon les temps. Il consistait encore au xe siècle dans
» l'union de Saint-Etienne et de Notre-Dame ... Des actes de la fin du
» viu* siècle dénomment Notre-Dame, Saint-Etienne, Saint-Germain
» (le vieux), Saint- Marcel, Saint-Cloud, c'est-à-dire des basiliques situées
» hors de la cité aussi bien que dans la cité ; et dans les unes comme
» dans les autres, se célébraient les services fondés près la mère église;
» dans les unes comme dans les autres, l'évêque séjournait, officiait,
» trônait suivant sa convenance ou suivant les besoins de son ministère.»
(3) Mabillon, De re diplomatica, p. 498.
— 38 —
Paris, l'évêque Maurice de Sully réunit en un seul
temple l'ancienne Notre-Dame et sa voisine de Saint-
Etienne. Ce que Saint- Etienne avait été jusque-là près
de Notre-Dame à Paris, Notre-Dame l'était à Liège,
lavait été, devait le rester jusqu a la fin du XVIIIe siècle,
à côté de Saint-Lambert.
Au temps de Charlemagne, c'était encore par l'évêque
que le baptême s'administrait aux fêtes solennelles.
Sainte-Marie, le baptistère de Liège, pouvait donc être
alors, ne fut-ce qu'à ce titre, la cathédrale liégeoise.
Quantité d'abbés dirigeaient alors plusieurs monas-
tères à la fois : pourquoi nos évêques n auraient-ils pas
pris le titre de plusieurs cathédrales ?
Rien n'empêche d'entendre en ce sens la donation
par laquelle Louis le Débonnaire dédommage l'évêque
Walcand des générosités que ce prélat avait faites au
monastère renaissant de Saint- Hubert, et nous laisse
de la sorte la plus ancienne mention venue jusqu'à
nous de l'union de Sainte-Marie et de Saint-Lambert,
en ces termes patronymiques, « partibus sanctœ Ma-
» riœ et sancti Lamberti (<). »
C'est dans le même sens, que pour indiquer le voi-
sinage d'une propriété de la Cathédrale diocésaine, le
prêtre Oduin, dans l'acte de la donation faite par lui,
en 824, à l'abbaye de Stavelot, déclare que la manse de
Navania, en Condroz, l'objet de ce cadeau, est sise
« inter confines sanctœ Mariœ et sancti Lamberti (2). »
Donation est faite de Theux, par Zwentibold, le
8 octobre 898, à la sainte Eglise en l'honneur de la
bienheureuse Vierge Marie et de ïillustre martyr du
Christ Lambert, établie à Liège, église à laquelle pré-
side le vénérable évêque Francon : « Largimur eccle-
» siœ sanctœ in honore beatœ Mariœ, et preclari
» Christi martyris Lamberti Leodio constitutif cui
(1) Mon, SS.9 t. VIII, p. 571.
(2) Ritze, Urkunden, p. 6.
— 39 —
» prœsidet Franco venerabilis episcopus(\); » Fosses est
donné le 26 octobre 907, par Louis, roi de Germanie,
au même évêque Etienne, ou plutôt au monastère de
Sainte-Marie et de Saint-Lambert, où se trouve établie
la maison principale de Tépiscopat. « Donavimus ad
» monasterium sanctœ Mariœ et sancti Lamberti ubi
» illius episcopii domus est principalis (2). »
Le 18 janvier 908, le roi Louis confirme les biens
de l'église de Liège « pour l'amour de Dieu, de sainte
» Marie et de saint Lambert (3); » et le 25 août 915,
une forêt, dépendance de Theux, est pareillement oc-
troyée par le roi Charles, « partibus sancte Dei geni-
» tricis Marie almique martyris Lamberti (4). » De
même, Malines et Hastières, sont, entre 908 et 915,
offerts par le roi Charles, « à sainte Marie et saint
» Lambert (5). »
L'évêque Eracle se titre, en 961, évêque de l'église
liégeoise de la sainte Vierge Marie et du saint martyr
» Lambert. « Sanctœ Mariœ virginis sanctique mar-
» tyris Christi Lamberti, leodiensis ecclesiœ episco-
» pus (e). » Tous ces textes peuvent tout aussi bien,
et parfois mieux, s'entendre de deux églises que d'une
seule. On voit, dans l'acte souscrit par Eracle à Cologne,
le 2 juin 965, que c'était en l'honneur de la Mère de
Dieu et de saint Lambert qu'il se proposait de recons-
truire sa Cathédrale, où s'élève aujourd'hui Saint-
Martin : « In honore beatissime Dei genitricis et vir-
» ginis Marie, sanctique Lamberti pontificis (7). »
Notger dans la qualification qu'il se donne et dans
le double patronage sous lequel il maintint cette Cathé-
(1) Car tu la ire de Saint-Lambert, p. 9.
(2) Ernst, Histoire du Limbourg, t. VI, p. 91 ; Cartulaire de Saint*
Lambert, p. 1 1 .
(3) Cartulaire de Saint-Lambert, p. 12.
(4) Idem, p. 14.
(5) Idem, p. 16.
(6) Amplissima collectio, t. II, p. 48.
(7) Ernst, Histoire du Limbourg, t. VI, p. 95.
— 40 —
drale reconstruite, Notger n'a donc fait que suivre les
traditions de son prédécesseur immédiat, et des docu-
ments plus anciens : « Notger, écrira-t-il de lui-même,
» avant 982, à l'abbé Womar de Gand, Notger que
» Ton qualifie évêque, bien qu'il ne soit que le servi-
» teur indigne de Sainte-Marie et de Saint-Lambert,
» quant acsi indignum sancte Marie sancti que Lam-
» berti mancipium prœdicant (4) ; » ou bien, en ioo5,
dans lacté impérial de saint Henri, confirmatif de la
fondation de Sainte-Croix : Notger évêque, proviseur
et gardien de l'église de Sainte-Marie et du saint martyr
Lambert : « Ecclesiœ sanctœ Marie sanctique Lam-
» berti martyr is provisor et eus t os (2). »
A partir de Notger toutefois, il n'y a plus à douter
que l'expression « l'église de Sainte- Marie et de Saint-
» Lambert, » ne caractérise plus tant l'agglomération
d'édifices religieux divers, le monastère à plusieurs
églises où levêque de Liège avait son siège, que le
temple unique et principal reconstruit par Notger et
dont nous savons positivement qu'il fut placé, celui-là,
sous le double patronage de Notre-Dame et de Saint-
Lambert.
Anselme, qu'un élève de Notger, le pieux Wazon,
avait pu renseigner sur le grand homme, le chroni-
queur Anselme désigne bien sous le nom de maison de
Sainte-Marie et de Saint-Lambert l'unique Cathédrale :
ainsi, dira-t-il de Francon, enterré dans cette cathé-
drale, que la maison de sainte Marie et de saint Lam-
bert nous garde ses dépouilles. « Domus sanctœ Ma-
» riœ et sancti Lamberti, terrœ creditos ejus servat
» cineres. » C'est dans le même sens qu'il rapportera
de Notger qu'il renouvela la maison de sainte Marie
et de saint Lambert (3), « domum sancte Mariœ et
» sancti Lamberti... renovavit, » et qu'il* ajoutera du
(1) Mon. SS.9 t. XV, p. 601.
(2) Idem, Diplom.
(3) Migne, Patrologie latine, t. CXXXIX, p. io3.
— il —
successeur de Notger, Baldric, qu'il fit la dédicace
<* de cette maison de sainte Marie et de saint Lam-
» bert (i). »
Mais nul écrivain ancien n'a mieux mis cela en
lumière que ce biographe anonyme du XIe siècle, dont
vous venez si heureusement, mon cher Président, de
reconstituer l'oeuvre à l'aide des extraits de Gilles d'Or-
val. C'est à propos de la construction d'une autre église,
Saint-Jean-en-Ile :
« Cette église de l'apôtre de la charité qu'aima le
» plus le Christ, nous dit-il, Notger l'édifia dans la
» partie la plus élevée de l'Ile, juste bien en face de ce
» temple de saint Lambert, consacré principalement
» à Ihonneur de Marie toujours Vierge. De la sorte,
» le fils donné à la Vierge, dans le testament suprême
» de la Croix, devait conserver toujours la vue de la
» Mère du Christ et le saint gardien de Notre-Dame se
» trouver lui-même gardé par la Vierge (2). »
Dès Notger, dans le langage des documents offi-
ciels, empereurs, pontifes, chapitres, historiens, bienfai-
teurs, correspondants ou chanoines de Saint-Lambert,
tendent de plus en plus à désigner cette Cathédrale
sous les noms de Sainte-Marie et Saint -Lambert :
« ecclesiœ sanctœ Mariœ sanctique Lamberti, » disent
également l'empereur Othon en 987, l'empereur Henri
en 1006, l'empereur Conrad en 1024 (3)- Un autre
Henri donne, en 1040, la Hesbaye « leodiensi ecclesiœ
» in honore Dei sanctœ genitricis ac preciosissimi
» Lamberti martyris constructœf » et le quatrième
(1) Migne, Patrologie latine, t. CXXXIX, p. io3.
(2) « Nam hanc ecclesiam propter dilectionem apostoli a Christo am-
» plius dilecti et a Christian is amplius diligendi in editiori loco insulae et
» directo ante faciem constituit ecclesie sancti Lamberti, que principa-
» liter consecrata est ad titulum semper virginis Mariœ ut filius depu-
» tatus Virgini a Christo summo testamento in cruce matris sue semper
» profectum habeat divina constitutione et custos Virginis custodiatur a
» Virgine » (Mon. SS., t. XXV, p. 59).
(3) Cartulaire de Saint- Lambert, pp. 22, 26 et 3o.
6
— 42 —
du nom ratifie, en 1071, Tinféodation du Hainaut
« sanctœ Mariœ, sanctoque Lamberto, » comme Fré-
déric confirmera, en n55, les possessions « beatœ
» Mariœ, preciosique martyris Lamberti. » C'est à
Y église de Sainte-Marie et de Saint- Lambert, qu'Er-
mengarde fait cadeau de Waremme en 1079 (*)ï cest
pour elle que levêque Obert acquiert Couvin, le 14
juin 1096; levêque Rodolphe Herstal, en 1171 ; c'est
à elle que Godefroid de Bouillon avait cédé son châ-
teau avant de partir pour la croisade ; pour elle encore
que Tévêque Henri II déclarait, en 1154, avoir acquis
d'autres possessions (2).
Le chanoine Anselme termine sa relation des mi-
racles du martyr par une prière patriotique à la Vierge
et finit son livre en rappelant aux autres églises du
diocèse leur devoir envers leur mère. « Matrem suam
» ecclesiam, scilicet sancte Marie, sanctique Lam-
» berti. »
Le moine de Saint- Hubert, auteur de la très inté-
ressante chronique de ce monastère, connue sous le
nom de Cantatorium, nomme 1 église de Liège : « la
» libre et glorieuse église de Sainte-Marie et de Saint-
» Lambert (3) ; » l'avoué de cette église se qualifie, dès
le XIe siècle, « advocatus sanctœ Mariœ et sancti
» Lamberti (4). »
Les membres du Chapitre ne se désignaient pas
autrement. Elbert se disait, en io85, « serf de Sainte-
» Marie et de Saint-Lambert » (Cartulaire de Saint-
Lambert), Vers 1119, le doyen Raimbauld, dans la
dédicace de son livre sur la vie canonicale, se nomme
« Reymbaldus sanctœ Mariœ, sanctique Lamberti ec-
» clesiœ humilis filius (5). » En 1116, Frédéric se titrait
(1) Cartulaire de Saint-Lambert, pp. 32, 37, 38 «77.
(2) Idem, pp. 47, 73 et 89.
(3) Mon. SS.f t. VIII, p. 602.
(4) Détail relevé par M. le chevalier Camille de Borman.
(5) Ernst, Histoire du Limbourg, t. II, p. 3n.
— 43 —
« prévôt de Sainte-Marie et de Saint-Lambert. » Son
successeur de n36, le prévôt Steppo se dit : « per Dei
» misericordiam sanctœ Mariœ sanctique Lamberti
» prepositus ; » l'archidiacre Alexandre, en 1147,
« archidiaconus et prepositus ecclesiœ sanctœ Mariœ
» virginis, sanctique Lamberti (i). »
Un acte de l'évêque Alberon, de 1139, est passé
« Leodio, in capitolio sanctœ Mariœ sanctique Lam-
» berti; » les lettres du Chapitre à l'abbé Wibald, en
1148, ont pour entête: « Domino Wibaldo humilis
» sanctœ Mariœ, sanctique Lamberti conventus » —
et la réponse de Wibald est adressée au doyen et « om-
» nibus ecclesiœ sanctœ Mariœ sanctique Lamberti
» canonicis. »
L'autel principal de cette Cathédrale n'est pas dési-
gné autrement que le Chapitre ne se désigne : l'un des
biographes de saint Bernard nous relate, par exemple,
les miracles du saint en 1 147, « après la célébration de
» la messe à l'autel de la bienheureuse Marie et de saint
» Lambert dans la grande église (s). »
On en était venu à croire, comme le rapporte le
prieur Hugues, dans son Histoire de la fondation de
Lobbes, que Saint- Lambert avait même été d'abord
une église de Notre-Dame où le martyr avait presque
usurpé la place de la Mère de Dieu (3).
L'évêque Obert avait été inhumé, nous dit son his-
torien, dans le chœur inférieur, c'est-à-dire dans celui
de la Vierge Marie (4), et nos divers chroniqueurs
monastiques, Reiner, Gilles d'Orval, Rupert, signalent
(1) Miraeus, Opéra diplomatica, t. III, p. 710.
(2) « Cum ad altare béate Marie sanctique Lamberti in majori eccle-
» sia pater sanctus missarum solemnia celebrasset ... » (Mon, SS.t
t. XXV, p. io5).
(3) « Leodii enim ecclesia habetur in honore beatae Mari se virginis,
» sed dignitatem obtinuit memoria sancti Lamberti martyris » (Idem,
t. XIV, p. 542).
(4) « In choro inferiori, scilicet sanctœ Dei genitricis Mariae » (Idem,
t. XXV, p. 94).
— 44 —
à l'envi ce détail de l'incendie qui, en ii85, détruisit la
plus grande partie des reconstructions de Notger, la
Cathédrale entière, un seul autel excepté ; « Le princi-
» pal autel, celui de la Mère de Dieu, resta intact. La
» flamme ne put entamer ce que protégeait une telle
» patronne. Celle-ci n'a-t-elle pas d'ailleurs miraculeu-
» sèment conservé sa propre église paroissiale (1). »
Aussi, quand en i25o, l'archevêque de Rouen, légat
du Saint-Siège, consacra le grand autel de la Cathé-
drale restaurée, devant le roi Guillaume, ce fut « à la
» bienheureuse Marie, toujours Vierge et au saint mar-
» tyr Lambert » qu'il la dédia (2).
Il y aurait donc mauvais gré à ne pas en convenir :
il n'est pas toujours facile de reconnaître dans nos
documents les plus anciens ou nos plus anciens écri-
vains, à quoi se rapportent les mentions faites, à pro-
pos de Liège, de Y église de Notre-Dame. Ce terme
église désigne parfois le diocèse même, et comme notre
diocèse eut pour première et constante patronne Notre-
Dame, église de Sainte-Marie peut signifier, dans ce
sens : diocèse de Tongres, de Maestricht ou de Liège.
Au cours du Xe siècle, il arriva même qu'on omettra
le nom de Saint-Lambert, dans l'indication de l'église
diocésaine. Ainsi Othon Ier, en 952, parle du siège
de Liège, en le dotant de Maeseyck, comme s'il était
seulement dédié à Marie toujours Vierge : « tradi-
» dimus ad leodicensem sedem, in honore semper
» virginis Mariœ dedicatam quoddam monasterium
» Eeche vocatum (3). »
L'église de Liège se désignait parfois elle-même par
(1) « Principale tamen altare, quod est sanctae Dei genetricis, mansit
» intemeratum. Non enim potuit temerare flamma, quod tanta voluit
» conservare patrona. Nonne et ipsam suam mirabiliter conservavit eccle-
» siam parochialem i » (Reiner de Saint-Laurent, M igné, Patrologie
latine, t. CCIV, p. 154).
(2) Hocsem dans Chapeaville, t. II, p. 277.
(3) Mon. 55., p. 236; Car tulaire de Saint-Lambert \ p. 17.
— 45 —
le seul nom de Sainte- Marie. Telle est du moins
l'adresse donnée par levêque Wazon (î), à l'envoi du
secours qu'il fit parvenir à l'église ruinée de Verdun.
« Sainte-Marie de Liège envoie 5o livres de deniers à
» Sainte-Marie de Verdun, moitié pour ses chanoines,
» nos frères, moitié pour la réparation du sanctuaire.
» Sancta Maria leodiensis mittit ... Sanctœ Mariœ
» Virdunensi (s). »
L'expression d'église de Sainte-Marie peut en outre,
à Liège même, désigner soit le Chapitre de la Cathé-
drale, corps ecclésiastique qui se plaça sous le patro-
nage de la Vierge en même temps que de saint Lambert,
soit deux édifices très divers: l'église Cathédrale dédiée
à Notre-Dame et à Saint- Lambert, et la petite église
baptismale de la Vierge, édifiée à côté de Saint-Lam-
bert, comme Tétait à Trêves, joignant la Cathédrale,
cette église de Notre-Dame à la fois distincte et voisine
de cette Cathédrale.
Chez nous, aussi, Notre-Dame-aux-Fonts s'éleva
toujours à côté de Saint-Lambert, fut toujours, pour
les regardants, comprise dans l'agglomération que for-
mait le monastère ou l'ensemble des constructions de
Saint-Lambert, et de cette complication des noms, des
(1) Migne, Patrologie latine, t. CXL1I, p. 743.
(2) Note de numismatique. Me sera-t-il permis de tirer de ce fait que
la Cathédrale de Liège finit par être principalement dédiée à sainte Marie,
en même temps qu'à saint Lambert, une conclusion un peu à l'écart de
mon sujet, bonne néanmoins à noter en passant? Nos numismates se
sont fait une sorte de loi d'attribuer à la ville de Huy ou à d'autres villes
que Liège, dotées comme Huy d'une église de Notre-Dame, les mon-
naies de notre pays où ne se voit que la représentation d'une église de
la Vierge. Plusieurs de nos princes-évêques cependant, et de ceux par-
fois dont le règne fut assez long, Raoul de Zahringhen, Albert de Cuyck,
Hugues de Pierpont, par exemple, n'ont pas laissé de monnaie à l'effigie
de saint Lambert. Faudrait-il attribuer à un autre lieu que leur capitale,
toutes celles de leurs monnaies qui nous offrent la reproduction d'un
temple de Notre-Dame, et ne conviendrait-il pas plutôt d'examiner si
certaines pièces liégeoises ne désignent pas notre Cathédrale, comme le
faisait le diplôme d'Othon ou la lettre de Wazon même, en ne mention-
nant ou ne représentant qu'une église de Sainte- Marie?
— 46 —
édifices et des institutions sont venues bien des confu-
sions qu'il n'est pas toujours aisé de faire cesser.
Admettons même que dans tous les textes produits
jusqu'ici, il ne s'en rencontre pas un qui se puisse
appliquer à l'église particulière de Notre-Dame, et
qu'il faille tous les entendre, en dépit des raisons de
similitude, de circonstances ou de leur sens le plus
naturel, soit comme une désignation du diocèse seule-
ment, soit comme l'indication du temple plus connu
sous le nom de Saint-Lambert ; il n'en resterait pas
moins certain qu'à côté de Saint- Lambert on cons-
tate l'existence, antérieure à l'invasion normande, d'un
sanctuaire et d'une communauté importante. Ce sanc-
tuaire n'eut jamais d'autre patronne que la Vierge et
devait demeurer le baptistère de la Cité; cette commu-
nauté et son chef devaient garder dans la ville entière
les privilèges d'une église primaire et de l'autorité
archidiaconale.
On sait cependant quelle importance eut de bonne
heure la basilique de Saint-Lambert : élevée par l'accord
de saint Hubert, des habitants de Leodium et des pre-
miers pèlerins qu'y amenèrent les miracles arrivés sur
le théâtre sacré du martyre, elle fut dès sa construction
ce qui caractérisait Liège pour l'étranger, au point que
le nom de son patron faillit devenir celui de la localité
« ad sanctum Lambert um. » Dès l'abord, elle se trouva
la grande église. Le collège de ses chanoines devint le
sénat de la principauté, jouit seul du droit de choisir
nos princes, gouverna le pays à leur place, pendant
la vacance du trône. Comment cette toute puissante
Cathédrale aurait-elle laissé dans la ville même où elle
régnait de si particulières attributions au sanctuaire
obscur et pauvre de Sainte-Marie, sinon par respect
pour des droits antérieurs, parce qu'à Liège Sainte-
Marie était l'aînée de Saint- Lambert, et la première
paroisse de la localité?
— 47 —
IV.
LES ABBÉS DE NOTRE-DAME DE LIÈGE.
Voici cependant que les Normands se jettent sur le
pays de Liège. Reginon nous les montre à Elsloo en
881 et dès leur première et impétueuse incursion, dé-
vastant tout ce qui les entoure, ils livrent à l'incendie
la cité de Liège, la place forte de Maestricht et la ville
de Tongres. Les annales de Hincmar nous les font
voir détruisant tout ensemble les palais royaux d'Entre-
Meuse et Rhin et tous les établissements religieux du
diocèse de Tongres : « omniaque monasteria parochia-
» rum tungrensis. »
Liège, avant leur approche, avait vu princes et
grands tenir conseil dans nos murs, moins pour leur
résister que pour préparer la fuite. Son évêque Francon
fut de ceux qui contribuèrent le plus à leur infliger la
défaite finale ; aussi put-il trouver un tombeau dans
cette cathédrale de Sainte-Marie et de Saint-Lambert,
qui avait été sans doute, après la libération du pays,
le premier temple qu'on releva tant bien que mal à
Liège. Restauration incomplète et provisoire sans
doute : plus de vingt ans après ce désastre, un pieux
écrivain rapportait comme un miracle de saint Lam-
bert que la neige ayant pénétré par toutes les fenêtres
dans l'église du saint, les voiles seuls qui recouvraient
sa châsse n'en furent pas couverts (i) et moins d'un
siècle après les Normands, Eracle devra projeter l'érec-
tion d'une Cathédrale nouvelle, Notger exécuter le des-
sein d'Eracle.
L'œuvre de réparation commencée par Francon se
poursuivit sous ses deux successeurs et pour ce qui
(1) « Nivium enormis exuberantia, prout totum erat patulum fenes*
» tris affluens, nihil penetralium nisi tantum ejus sandalia dimisit ino-
» periens » (Vie en vers de saint Lambert et documents du Xe siècle,
publiés par J. Demarteau, p. i3).
— 48 —
regarde notre sujet, le texte le plus intéressant à rele-
ver est un passage des Gesta abbreviata d'Orval, com-
posés au temps où le même Gille y préparait sa
compilation.
« Celui-ci, » dit-on de Richaire, « reconstruisit
» dans son diocèse, comme ses prédécesseurs Etienne
» et Francon, de nombreuses églises détruites par les
» Normands, et dont les abbés, moines et nonnes
» avaient été mis à mort. Ils y établirent des neu-
» vaines de clercs, entre lesquels ils décidèrent qu'il
» y en aurait un qui prendrait la direction et prési-
» derait, présent ou absent, à l'hospitalité et ils lui don-
» nèrent le nom d'abbé, pour empêcher de se perdre
» de vieilles institutions de la piété. Noms de ces
» abbayes : la première est celle de Liège, de Sainte-
» Marie et de Saint-Lambert. Deuxième, de Sainte-
» Marie, de Sainte-Renile et de Sainte-Herlinde, de
» Maeseyck. Troisième, de Sainte-Marie, de Saint-
» Georges et de Sainte-Ode, d'Amay. Quatrième, de
» Sainte-Marie et de Saint-Domitien, de Huy. Cin-
» quième, de Sainte-Marie et de Saint-Sévère, de
» Meffe. Sixième, Sainte-Marie, de Ciney. Septième,
» Sainte-Marie et Saint-Hadelin, de Celles. Huitième,
» Sainte-Marie, de Dinant. Neuvième, Sainte-Marie,
» de Namur. Dixième, Sainte-Marie, Saint-Pierre et
» Saint-Bertuin, de Malonne. Onzième, Sainte-Marie
» et Saint-Pierre, d'Aine. Douzième, Sainte-Marie et
» Saint-Théodard, de Thuin. Treizième, Sainte-Marie
» et Saint- Rombauld, de Malines, au diocèse de Cam-
» brai. Ces abbés sont appelés chapelains de Tévêque,
» et doivent avec lui, chacun son mois, séjourner et
» chanter les heures (i). »
(i) « Richarius ... Hic reedificavit per dyocesim suam sicut et prede-
» cessores sui Stephanus et P'ranco, plures ecclesias a Normannis destruc-
» tas, interfectis abbatibus, monachis et monialibus. In quibus novenos
» constitucrunt clericos, inter quos unum statuerunt, qui curam gereret
» et hospitalitatem, tam presens, quam absens exhiberet, ipsumque abba-
— 49 —
Ce texte n'aurait pas de valeur décisive en lui-même,
s'il ne datait que du temps de Gilles, du milieu du XIIIe
siècle. Mais il semble bien être une simple transcription
d'annotations antérieures. Nul ne sait mieux que vous,
mon cher Président, que le recueil entier de Gilles n'est
qu'une mosaïque formée d extraits de ce genre d'auteurs
plus anciens ; vous-même avez pu en tirer toute une
histoire de Notger, du XIe siècle. Les restaurations de
ces treize établissements sont attribuées, dans ce pas-
sage, à nos trois évêques du début du Xe siècle, sans
déterminer nettement la part de chacun ; ce vague n'est
assurément pas une raison de croire que la liste donnée
ait été rédigée par un contemporain de ces évêques.
D'autres détails, par contre : la mention des patrons
primitifs de Malonne ou d'Amay ; celle de cette abbaye
de Saint-Sévère à Meffe, qui a pris fin sous Henri de
Leyen, en 1149, un siècle avant Gilles dOrval, voilà
ce qui plaide pour l'ancienneté de ce passage ; de plus,
ce que nous connaissons de l'histoire, soit des établisse-
ments religieux cités dans cette liste, soit des chapelains
de l'évêque, témoigne de l'exactitude de l'auteur.
Sans doute, dans la nomenclature de ces abbayes ou
collégiales, le nom de la sainte Vierge est chaque fois cité
le premier, et c'est après celui-là qu'apparaissent ceux
d'autres patrons spéciaux de la localité; puis, comme
on n'en donne pas d'autre que celui de Notre-Dame
pour Ciney, Dinant et Namur, l'ajoute du nom de
Saint-Lambert à la mention de Yabbaye liégeoise de
Notre-Dame, pourrait amener à se demander, à pre-
mière vue, si ce n'est point simplement de la cathédrale
de Saint-Lambert qu'il est question dans ce passage. Ce
serait s'abuser que le croire : nous trouverons nombre
de mentions d'un abbé liégeois de Sainte-Marie, jamais
» tem vocaverunt, ne an tiqua devotio deperiret. Nomina abbatiarum
» Prima Leodiensis, sancte Marie, sanctique Lamberti ... Hii abbates
» dicuntur capellani episcopi et per menses singulos debent cum eo esse
» et horas decantare » (Mon. SS.t t. XXV, p. i3o).
— 50 —
d un abbé de Saint-Lambert ; l'abbaye de Notre-Dame
eut pendant plusieurs siècles, comme nous Talions voir,
des dignitaires, des attributions, des biens distincts de
ceux de la Cathédrale et l'autonomie de l'abbaye ressor-
tira même de ce fait que si elle fut quelques fois dirigée
par un dignitaire du chapitre de Saint- Lambert, d'autres
fois ce fut par le chef d'une autre collégiale.
Entre ces abbés de Sainte-Marie, le plus ancien
dont le nom soit venu jusqu'à nous est peut-être ce
Guntrannus (i) qui souscrit, avec Tunique qualification
à! abbé, après le prévôt de Saint- Lambert, avant le
coste et les archidiacres, à cet acte du icr juillet 961,
par lequel Tévêque de Liège, Eracle, consensu fidelium,
octroie, en Basse-Sauvenière, un refuge aux moines de
Stavelot.
Le second est un personnage plus connu et qui
devint dans le diocèse, au temps de Tévêque Théoduin,
le plus important après Tévêque : il s'appelait Bozon
et semble avoir appartenu au pays de Huy, peut-être
à quelque noble famille de cette région ; du moins y
possédait-il des biens et fut-il à la fois abbé de Sainte-
Marie à Liège et restaurateur de Notre-Dame de Huy.
Huy lui dut en tous cas sa nouvelle église de Notre-
Dame, le relèvement de sa collégiale et vraisembla-
blement quelque chose au moins de ses premières
franchises. Fisen et les auteurs du Gallia christiana
veulent qu'il soit mort vers 1044 (2). Il semble bien
cependant que ce soit lui que nous voyons souscrire
au rang d'honneur à toutes les chartes de Théoduin
qui intéressent Huy, donations de cet évêque à la col-
légiale où il choisit son tombeau, libertés accordées la
même année aux bourgeois de Huy (3), cadeau fait à la
même église de Talleu d'Ulbeck en 1067, privilèges
(1) Martène, Amplissima collectio, t. II ; Bertholet, Histoire du
Luxembourg, t. II, app. 89.
(2) Gallia christiana, t. III, p. 396; Fisen, anno 1044.
(3) Miraeus, Opéra diplomatica, t. I, pp. 68 et 352.
— 51 —
octroyés aux brasseurs hutois en 1068 (i). Théoduin,
en achevant la grande église de Huy, n'avait fait que
compléter l'œuvre de Bozon : la paternité de celui-ci
ressort à la fois de la mention inscrite au livre des
anniversaires de cette église : « Commémoraison du
» seigneur Boçon, archidiacre, père de ce lieu, » et de
ce fait relaté par Gilles d'Orval et par les chroniqueurs
hutois : qu'au milieu du chœur de l'église relevée par
Bozon, et où il avait porté à quinze le chiffre de ces
chanoines, rétablis au nombre de neuf après les inva-
sions normandes, s'élevait le tombeau du fondateur
Bo\on, abbé de Sainte- Marie, à Liège (2).
Il ne paraît pas avoir toujours aussi bien usé de sa
haute position et s'il est vrai, comme une lettre de
Grégoire VII le donne à croire, d'après Herman de
Metz, que l'entourage de Théoduin doit être rendu res-
ponsable des actes de simonie reprochés par le Pape
au clergé liégeois, cette simonie avait peut-être servi
à payer la restauration de Notre-Dame de Huy (3).
Un historien de Stavelot nous a conservé le récit
des hardies et victorieuses démarches que vinrent faire
à Liège, auprès de l'empereur Henri IV, qui s'y trouvait
alors, l'abbé et les moines de Stavelot, contre la supré-
matie desquels s'étaient insurgés ceux de Malmedy :
on y voit qu'en ce temps-là Bozon était le bras droit
et, de fait, l'actif coadjuteur, l'inspirateur et le repré-
sentant ordinaire de Théoduin, infirme et fort âgé (4).
De même, quand l'abbé de Saint- Hubert, comme
le raconte le chroniqueur monastique contemporain
du célèbre cloître ardennais, se rendit à Liège, pour
(1) Cartulaire de Huy, Bulletin de la Commission d histoire, 4* série,
t. I, pp. 94 et 98.
(2) Mon. SS.t t. VIII, pp. 577, 58o, 584, 585 et 5g5; t. XXV, pp. 17,
78 et i3i; Incunabula Ecclesiœ Hoyensis, p. 11.
(3) Cauchie, La querelle des investitures dans les diocèses de Liège
et de Cambrai, t. I, p. 26.
(4) Triumphus sancti Remacli, Chapeaville, t. II, p. 5i5.
— 52 —
faire reconnaître par Théoduin le privilège que Gré-
goire VII avait octroyé, le 29 avril 1073, à cette abbaye.
« Celui-ci, » Théoduin, nous dit-on, « accablé par la
» vieillesse, avait confié à Bozon la conduite de toutes
» les affaires de son diocèse, » et Bozon aurait fait
montre, à l'égard de Saint- Hubert, de dispositions fort
vindicatives et de sentiments fort peu romains. Bozon
ne jouit pas cependant d'un moindre crédit sous le suc-
cesseur de Théoduin, sous Henri de Verdun. Le même
chroniqueur de Saint-Hubert, mentionne que Bozon
était alors abbé aussi de Sainte-Marie à Huy, que son
neveu Lambert y remplissait les fonctions d'adminis-
trateur suprême et y rendait la justice (<).
Cette situation, en ce qui regarde Bozon, semble
avoir dû prendre fin au plus tard en 1078. Du moins,
un acte de cette année-là, de levêque Henry, acte
de libéralité envers la collégiale de Saint- Barthélémy,
nous renseigne-t-il sur une opposition faite et des
droits maintenus par l'abbé liégeois de Sainte-Marie,
et si cet abbé se trouve être, comme il est vraisem-
blable, celui qui souscrit à cette charte avec le titre
d'archidiacre et d'abbé, sans mention de siège, le rem-
plaçant de Bozon était alors l'abbé Godeschalc (2).
Godeschalc ne dut pas occuper longtemps cette
dignité. Un autre archidiacre, Théoduin, souscrit en
1092, en se qualifiant abbas (3), à la fondation de
Flône; en 1099, en se titrant abbas sanctœ Marice (4),
à un jugement par lequel le prince-évêque Obert sta-
tuait sur un différend survenu entre le chapitre de
Saint-Martin et celui de Sainte-Croix.
Nous en savons plus long d'un cinquième, l'abbé
Hellin ; les célèbres fonts baptismaux de Lambert Pa-
tras, sont restés jusqu'à nos jours le monument de ses
(1) Mon. SS.t t. VIII, loc. cit.
(2) Daris, Notices, t. VI, Cartulaire de Saint-Barthélémy.
(3) Mirœus, Opéra diplomatica, t. III, p. 309.
(4) De Theux, Chapitre de Saint-Lambert, charte 19.
— 53 —
artistiques libéralités pour son église de Notre-Dame ;
une charte, dont le manuscrit 833 de l'Université de
Liège, collection formée par H. Van den Bergh, nous
a gardé la copie (4), nous montre Hellin et deux prêtres
de sa communauté, Etienne et Thierry, « annuente
» Hellino abbati de Sancta Maria cum suis presbyteris
» Theoderico et Stefano, » intervenant à l'acte de do-
nation de l'église de Saint-Léonard à Liège au monas-
tère de Saint-Jacques. Hellin souscrit, avec sa qualité
d'abbé de Sainte-Marie, à une autre charte du même
prince-évêque, délivrée en 1111, au sujet de Lixhe en
faveur de Saint- Paul (2), et comme abbé encore, en
1116, à une autre de Frédéric, prévôt de Saint-Lam-
bert (a). Deux ans après, en 1118, Hellin mourait à
Rome, et celui de ses collègues du chapitre de Saint-
Lambert, qui, dans sa chronique locale en vers latins
de dix syllabes, nous a gardé sur cet abbé d'intéressants
renseignements, déplore comme un jour de misère ou
de calamité, celui où périt le noble abbé Hellin.
Ce poète décrit la fameuse cuve baptismale, l'œuvre
de dinanderie qui, conservée de nos jours encore à
Saint-Barthélémy, continue d'y faire l'admiration des
artistes et des archéologues. Il rappelle les travaux hy-
drauliques entrepris par Hellin pour amener les eaux
alimentaires sur le marché de Liège ; l'hôpital qu'il
acheva ou restaura dans les cloîtres de Saint- Lambert,
et où il fonda une messe quotidienne ; les bâtiments,
granges ou greniers dont il enrichit les cloîtres; l'aspect
princier de ces constructions. On avait alors oublié à
Liège, ajoute le poète, les réunions synodales annuelles
du clergé. Hellin se trouvait-il le chef en notre ville de
la fraction la plus fidèle à soutenir les droits du Pape
et de l'église romaine, en face d'un évêque trop com-
plaisant pour le pouvoir impérial et qui, à diverses
(1) Catalogue, p. 471.
(2) Thimister, Cartulaire de Saint-Paul, p. 3.
(3) Bormans et Schoolmeesters, Cartulaire de Saint-Lambert, p. 5i.
— 54 —
reprises, avait vu la résistance des abbés et des sei-
gneurs les plus attachés au Pape lui susciter de grands
embarras dans ces synodes? Toujours est-il que Hellin
se rendit à Rome pour provoquer la restauration des
synodes, mais qu'après un an de séjour et de démarches,
l'affaire n'était point finie, quand la fièvre emporta le zélé
prélat : Liège n'eût plus qu'à le pleurer et le regretter,
nous dit son contemporain, comme un autre Wazon(4).
Ce que ne rappelle pas le poète, c'est que l'abbé Hel-
lin avait été aussi le fondateur de la confrérie de Saint-
Luc, établie entre une trentaine de prêtres, pour la
sépulture des pauvres et le soulagement de leurs âmes.
Ce même poète nous fait connaître le successeur
donné bientôt après à Hellin dans l'abbatiat de Sainte-
Marie. Siefrid dont le nom se rencontre dès 1107, sans
mention de titre dans une charte d'Obert pour An-
denne, et apparaît avant celui même de l'abbé Hellin,
à la suite de ceux des archidiacres dans la pièce de 1111
relative à Saint-Paul, Siefrid, à ce que nous apprend
le poète, était un vaillant encore : deux fois il avait eu
à supporter l'épreuve de l'exil ; les tribulations avaient
épuré l'or de sa vertu. Liège avait ouvert son sein à
celui qu'avait repoussé un peuple à dure cervelle, qu'on
ne nous désigne pas autrement, — le peuple gantois
peut-être, si ce Siefrid était le même chanoine de Liège
qui rédigea, le 12 juin 1073, une déclaration relative
à la translation des reliques de Sainte- Pharaïlde à
Gand. A Liège, il gagna bientôt la popularité de son
prédécesseur : soutien des veuves, appui des orphelins,
unissant le courage du lion à la douceur de l'agneau,
l'abbé Siefrid excella tout ensemble, nous dit-on (2), à
refréner l'orgueil des superbes, et à pardonner à ceux
qui ne persévéraient pas dans le mal.
(1) Chronica lobbiensia et Chronicon rytmicum, édition des Biblio-
philes liégeois, p. 164; Mon. SS., t. XII, p. 419.
(2) Baron Misson, Chapitre <f Ancienne, p. 289 ; Chronicon rytmi-
cum, p. 170;
— 55 —
Plus tard la dignité de doyen de Saint- Lambert
vint s'ajouter pour Siefrid à celle d'abbé de Sainte-
Marie : on croit qu'il mourut vers ii25.
Vingt ans après, c'est dans un acte épiscopal relatif
à l'église de Cornillon (i), qu'entre la signature d'un
prévôt et celle du doyen de Saint- Paul à Liège, nous
rencontrons celle d'un Ulric, abbé de Sainte-Marie,
le même Wéric peut-être qui, Tan suivant, quittait
toutes ses dignités ecclésiastiques pour suivre saint
Bernard à Citeaux et devenir l'un des plus zélés lieu-
tenant du grand conquérant monastique.
En 1154, nous retrouvons, inscrit le second, entre
deux noms d'archidiacres, sur une charte de levêque
de Liège Henri II, relative à l'église de Flône, un nom
d'abbé de Sainte-Marie; c'est le nom d'Amalric (2). Est-
ce du même Amalricus archidiaconus et abbas que fut
signée vingt-deux ans après celle de Raoul de 1176 (3)?
A cette époque, il est fort malaisé de distinguer entre
les nombreux Amaury, membres du chapitre de Saint-
Lambert.
Toujours est-il, qu'en 1173, un autre qu'Amalricus
est abbé de Sainte-Marie, ainsi qu'il appert d'une dona-
tion faite cette année-là aux religieux hospitaliers (4) ;
c'est l'archidiacre Henri qui signe alors, comme il le
fera en 1181, dans une pièce relative à Waremme (5),
et, le 28 mars 1182, dans une charte en faveur d'Aine,
abbas de San et a -Maria ou Sanctœ-Mariœ. C'est le
même que nous voyons dans d'autres pièces, soit se
qualifier seulement abbas en 1178 (6), soit unir son
titre d'abbé de Sainte-Marie à celui de doyen de Saint-
(1) Bulletin de V Institut archéologique liégeois, t. IX, p. 337.
(2) « Amalricus abbas Sanctas Marias » de Theux, charte 72.
(3) Bulletin de V Institut archéologique liégeois, t. IX, p. 344.
(4) Bulletin de la Société d'art et d'histoire, Schoolmeesters, Regesta
de Raoul de Zahringhen, p. i56.
(5) Notice sur Waremme, par A. de Ryckel, p. i3.
(6) Car tu lai re de Saint-Lambert, p. 98.
— 56 —
Paul en 1 178 encore, et en 1 182 (\). D'après un ancien
livre d'anniversaires, c'est en 1184 qu'il est mort en
possession de ces deux titres.
Quel fut son successeur immédiat à l'abbaye ?
Nous ne pouvons que constater que dès l'an 1200 au
moins (î), le doyen Henri de Saint-Paul se trouve rem-
placé, comme abbé de Notre-Dame, par le doyen de
Saint-Lambert, Walther ou Gauthier de Ravenstein,
de Chavenci ou de Caverchin. Nous aurons à revenir
sur la première réorganisation qu'il introduit à cette
date dans son abbaye ; notons seulement à cette page
qu'elle était trop complète, cette réorganisation, pour
être l'œuvre d'un homme entré de la veille en fonc-
tions. D'autres documents nous font voir que Walther
de Ravenstein avait été archidiacre dès 1 1 92, écolâtre
en 1197 (3); doyen de Saint-Lambert l'an suivant (4),
il souscrivit, à ce titre, un acte d'Albert de Cuyck en
faveur d'Heylissem. 11 joint à la mention de son déca-
nat et de son archidiaconat celle de sa dignité d'abbé
dès l'an 1200, notamment en i2o3 (5), et la com-
mémoraison faite de lui dans les livres de l'hôpital
Saint-Mathieu à la Chaîne, nous montre qu'il suivit
les traditions généreuses des Bozon et des Hellin ses
devanciers : « L'an du Seigneur 1207, mourut le 22
» novembre, Walther, doyen et abbé de Sainte-Marie,
» en l'église de Liège, qui institua dans la dite église
» dix chanoines en l'honneur de saint Materne, et fut
» le fondateur de cet hôpital (ô). »
Le doyen Gauthier eut pour successeur, comme
abbé de Sainte-Marie, le seul dignitaire du chapitre de
(1) Cartulaire de Saint-Paul, p. i3.
(2) Cartulaire de Saint-Lambert, p. 121.
(3) Analectes de Louvain, t. VIII.
(4) Ibidem, t. VI.
(5) Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. IX, pp. 349 et 35o.
(6) Daris, Notices, t. IV, p. 206, H Hôpital Saint- Mathieu à la
Chaîne ; Stéphany, Mémoires pour servir à l'histoire monastique du
pays de Liège, p. 87.
— 57 —
Saint-Lambert qui fut au-dessus de lui, Jean d'Eppes,
prévôt de la Cathédrale de 1202 à 1229; on le voit se
qualifier abbas Sancte Marie dans des pièces de 120g
et 1223, où il confirme la réorganisation de Gauthier et
ajoute un onzième chanoine au dix institués par son pré-
décesseur (i). Jean d'Eppes ne quitta tout ensemble, en
i23o, les dignités de prévôt de Saint-Lambert et d'abbé
de Sainte-Marie, que pour remplacer, sur le trône épis-
copal de Liège, son oncle Hugues de Pierpont.
Par une coïncidence curieuse son héritier -à la
charge abbatiale devait 1 être ensuite à l'épiscopat et à
la principauté. Cet héritier n abandonna, en effet, ses
fonctions d abbé que pour devenir évêque de Langres,
puis son évêché français que pour monter au trône de
Saint- Lambert, et se trouver chez nous le prince-évêque
Robert de Torote : il avait été, avant cela, son con-
temporain Gilles d'Orval en fait foi, notre dernier
abbé de Sainte-Marie (2).
Si incomplète que soit la nomenclature que l'on
vient de dresser de ces abbés, elle permet du moins de
se faire une idée de la place importante qu'ils ont tenue
à Liège, du Xe au XIIIe siècle.
Rétablie par l'évêque après la défaite des Nor-
mands, et comme restauration d'une institution déjà
antique de la piété des ancêtres, cette dignité d abbé
de Sainte-Marie était à la collation de cet évêque ; elle
est de celles, qui sont des chapellenies du chef du dio-
cèse et pour lesquelles les statuts donnés en 1203 au
clergé liégeois par le légat du Pape, Guy de Preneste,
réservent à 1 évêque le droit de nomination. En outre,
et c'est une preuve de plus de l'importance de cette
charge, ces statuts stipulent que ces dignités abbatiales
ne pourront être conférées qu'à des chanoines de la
Cathédrale.
(1) Cartulaire de Saint-Lambert, pp. 162 et 201.
(2) Mon. SS>, t. XXV, p. 127.
8
— 58 —
Celui qui est honoré de celle-ci prend, d'après
Tordre des signatures relevées dans les chartes du
temps, le pas sur la plupart de ses collègues du cha-
pitre de Saint-Lambert. Il signe parfois après les archi-
diacres, plus souvent parmi eux, d'autre fois à leur
tête, immédiatement à la suite de l'évêque, toujours
en rang d'honneur.
Il est archidiacre lui-même; il peut être, en même
temps qu'abbé de Sainte-Marie, doyen d'une autre
église, comme l'abbé Henri le fut à Saint-Paul; il peut
arriver même comme Siefrid et Gauthier de Ravens-
tein, à l'honneur du grand décanat de la Cathédrale,
ou comme Jean d'Eppes à celui de la prévôté, la plus
haute prélature de Liège après le pontificat princier :
les deux derniers titulaires de Sainte-Marie, n'ont même
abandonné la crosse abbatiale que pour prendre Tépis-
copale. La grandeur des constructions érigées par les
plus connus de ces abbés, à Liège ou à Huy, l'impor-
tance des fondations religieuses ou hospitalières établies
par les Bozon, les Hellin, les Gauthier, donnent à croire
que cette dignité était réservée à la grande fortune ou
qu'elle la procurait. On a vu l'influence qu'elle valait
à ses dépositaires auprès des évêques et du clergé, Tin-
dépendance et la haute position qu'elle leur assurait.
Comment ne pas conclure, de ce chef seul, à Tantiquité
de l'institution dont ils étaient les régents? Comment
s'expliquer leurs privilèges, en regard de la puissance
du chapitre de Saint-Lambert, autrement que par l'an-
tériorité de ces privilèges sur ceux de la Cathédrale :
parce que Notre-Dame les faisait bénéficier ainsi de
son droit d'aînesse ?
V.
ATTRIBUTIONS DE NOTRE-DAME DE LIÈGE.
Il ne sera pas sans intérêt de rappeler de quelle
manière acheva de disparaître, par l'arrivée de Robert
— 50 —
de Torote à Tépiscopat, une abbaye dont les prében-
diers étaient déjà tous passés, dès Pabbatiat de Gauthier,
dans le chapitre de la Cathédrale. Mais avant de nous
arrêter aux détails de cette disparition, disons quelles
avaient été les attributions de Notre-Dame de Liège.
C'était un vaste territoire que celui que nous voyons
soumis à sa juridiction, si loin que nous puissions
remonter dans notre passé religieux : il s'étendait sur
la plus grande partie de ce qui constitue de nos jours
la ville de Liège : depuis, ce qui devait devenir les
quartiers de Sainte- Walburge et Sainte-Foi, jusqu'à ce
qui devait être Saint-Jacques.
L'évêque Henry de Verdun, pour assurer leur pro-
vision de vin aux frères ou chanoines de Saint-Barthé-
lemy, leur donne, en 1078, sur les coteaux liégeois qui
se prolongent vers Sainte-Walburge, des vignes qu'il
avait reçues de ses prédécesseurs ou fait planter lui-
même : il ne parvient pas, tout évêque qu'il est, à
obtenir que la dîme en soit abandonnée par Sainte-
Marie à ses protégés de Saint-Barthélémy : il lui faut
ordonner à ceux-ci de reconnaître, par un payement
annuel, les droits antérieurs de l'abbé de la vieille com-
munauté sur les biens mêmes de 1 évêque (i).
L'approbation de l'abbé Hellin et de ses deux prêtres
de Sainte-Marie, permet seule, en 1112, à un autre
évêque, et non des plus scrupuleux, Obert, de donner
l'église de Saint-Léonard au couvent de Saint-Jacques,
la libérant de la sujétion dans laquelle, nous dit l'acte
même de libération, les autres chapelles de Liège sont
placées à l'égard de leur église-mère, de Sainte-Marie.
« Liberam feci ab omi subjectione quae ceterœ capellœ
» subjacent matri Ecclesiœ Sanctœ Mariœ (2). »
(1) Daris, Notices, t. VI, p. i83. « ... Sed cum abbas de Sancta Maria
» nollet de eis décimas dare, et rustici nollent vinum fratribus et abbati
» duos denarios, in festivitate sancti Remigii pro decimis solvere, precepi
» fratribus ut ipsi solverent ex sua parte ...»
(2) Manuscrit 833, fol. j8, à la Bibliothèque de l'Université de Liège
(Van den Bergh). Catalogue, p. 471.
— 60 —
Et lorsque l'évêque Raoul de Zahringhen règle en
1 187 les obligations du curé de Saint-Remy lez Saint-
Jacques, les premiers appelés à souscrire aux arrange-
ments pris, sont encore les prêtres de Sainte-Marie.
Celle-ci est si bien reconnue pour Féglise-mère de
Liège, qu'au xvie siècle même, nous entendrons, le
8 avril 1592, le chapitre de Saint- Lambert rappeler,
par une conclusion capitulaire formelle, aux collé-
giales de Saint-Martin, Saint-Paul, Sainte-Croix, Saint-
Jean, Saint-Barthélémy, quelles « sont obligées, sui-
» vant l'antique usage, de visiter à certaines époques
» leur église-mère, Notre-Dame-aux-Fonts (\). »
Nous avons vu l'abbé Hellin passer une année à
Rome, comme représentant du clergé liégeois, pour y
négocier une réformation religieuse et le rétablissement
de ces synodes qu'on reprochait à l'évêque Obert de
ne pas tenir assez régulièrement.
L'intervention de l'abbé de Sainte-Marie, au sujet
de ces synodes, est d'autant plus naturelle que c'était,
non pas à la Cathédrale, mais en son église, qu'ils se
tenaient, — sans doute encore comme dans l'église-
mère. — Ainsi voyons-nous qu'un accord conclu entre
notre évêque Théoduin et l'évêque d'Utrecht pour
renouveler un arrangement paroissial pris entre leurs
prédécesseurs, Baldric de Liège et Adelbold, a été signé
le 3o octobre 1057, en V église de Sainte- Marie, par
tous les membres tant clercs que laïcs du synode, et a
été officiellement publié dans cette église par lecture
donnée au clergé et au peuple (2).
Aux termes du diplôme de 1208 de Philippe, roi
des Romains, c'est le privilège de tous les bourgeois
de Liège de ne pouvoir être cités et excommuniés que
par le synode, pour certains cas déterminés, et cela en
(1) Bormans, Conclusions capitulaires de Saint-Lambert, anno 1592.
(2) Miraeus, Opéra diplomatie a % t. IV, p. 349; Cartulaire de Saint-
Lambert, p. 33.
— 61 —
ïéglise de Sainte-Marie (i). De même, d'après la sen-
tence arbitrale, rendue en i23o, sur un différend pen-
dant entre l'évêque et les chanoines de sa Cathédrale,
c'est à Y abbé de Liège, à l'abbé de Notre-Dame, puis
aux curés, qu'il appartient d'exécuter en ville les sen-
tences d'excommunication édictées par le chapitre de
la Cathédrale lui-même, contre les malfaiteurs dont
il avait à se plaindre (2). Tant il est vrai que l'abbé
de Notre-Dame avait été, dès les temps primitifs, le
curé primaire de Liège, le chef du clergé paroissial de
la Cité !
L'éloge que nous avons entendu un poète local du
XIIe siècle, nous faire de la façon dont Siefrid, après
son élévation à la charge d abbé de Notre-Dame, châ-
tiait l'orgueil des uns et pardonnait au repentir des
autres ne permet pas de refuser à cette fonction les pré-
rogatives d'une magistrature répressive. Ces préroga-
tives passèrent dans la suite, comme on le verra, au
grand prévôt, et c'est en vertu de cette transmission
sans doute que celui-ci en vint à exercer dans la Cité
une police morale, une sorte de justice de paix, un pou-
voir correctionnel, dont la lettre du prévôt de 134g sur
les rixes des femmes, suffirait à nous donner la preuve
pittoresque.
Comment donc toutes ces attributions n'auraient-
elles pas été dès l'abord réservées, comme elles le furent
en partie après le xine siècle, aux dignitaires de Saint-
Lambert, à « la grande église » ainsi qu'on disait dès
lors, si Sainte-Marie n'avait déjà eu ses droits acquis
quant fut bâti Saint-Lambert ?
(1) <* Civis leodiensis, sive vir vel femina non débet citari, neque ex-
» communicari ad sanctam Mariam, nisi per synodalium sententiam, nisi
» contingat culpam talem esse unde synodales non debeant judicare. »
(2) « Capitulum amodo liberam habeat potestatem excommunicandi
» malefactores suos et interdicendi terras eorum et quod possunt sen-
» tentias hujusmodi executioni demandare in civitate per abbatem leo-
» diensis ecclesiae et plebanos civitatis ; extra civitatem per archidiaconos
» vel presbiteros sive decanos ...» (Cartulaire de Saint-Lambert, p. 3oi).
— 62 —
Sainte-Marie n'était point seulement la paroisse
de Liège par excellence; elle était aussi le sanctuaire
de la paix, et le temple conservateur de la propriété
libre, le lieu sacré où venaient s'apaiser les discordes
et se transmettre solennellement les patrimoines indé-
pendants.
On sait que pour arrêter ces guerres privées qui
désolaient alors nos régions, 1 evêque Henri le Pacifique
constitua, le 27 mars 1082, pour ses sujets et pour les
princes les plus notables du pays, un célèbre tribunal
de paix : c'est à Sainte-Marie que ce tribunal tenait ses
audiences, à la porte de Sainte-Marie que se faisaient
au son de la cloche du ban, de huitaine en huitaine,
la citation à comparoir adressée sept fois aux prévenus
défaillants, à Sainte-Marie que s'exécutait la condam-
nation qui comprenait excommunication et bannisse-
ment et c'est assisté de l'élite de sa noblesse et de son
clergé, en tête duquel l'archidiacre de Liège — l'abbé
de Sainte-Marie — que l'évêque rendait l'arrêt sans
appel. Pour les jugements le siège de l'évêque se dressa
d'abord dans le temple, à la place même où l'on enterra,
en 1281, ne pouvant ou ne voulant pas l'inhumer dans
sa Cathédrale mise en interdit, le prince-évêque Jean
d'Enghien (i), plus tard ce fut parfois au dehors de
l'église, mais à l'abri de ses murs encore et, suivant
l'expression consacrée, « entre Sainte-Marie et Saint-
» Lambert (2). »
Au XVe siècle cependant, des actes authentiques
étaient encore passés : « Che fut fait et convenanchié,
» en l'église parochial N-D az Fons a Liège, en lieu
» condist : ou monsseigneur siet al Paix (3). »
(1) « In ecclesia sanctse Maria; sub muro ad latus quo pacis judi-
» cio prœsidere soient episcopi tumulatur » (Chapeaville, Gesta Ponti-
ficum Leodiensium, t. II, p. 3n; Mathias de Lewis, Ckronicon, p. 79).
(2) Daris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège, t. I,
p. 408.
(3) Convenances et testaments, aux archives de l'Etat à Liège, p. 433.
— 63 —
On ne rendait pas à Notre-Dame que les arrêts
d'arbitrage du tribunal de paix ; d'autres arrangements
y étaient souscrits : ceux-là, par exemple, qui déga-
geaient les citoyens de lien de dépendance à l'égard
d'un domaine ou d'un seigneur. Aussi, sera-ce là que,
le 20 février 1211, Walther, l'avoué de Châtelet, vien-
dra faire acter, in judicio pacis, les franchises qu'il
accorde à Châtelet et à Pont-de-Loup : justice indé-
pendante, exemption de tailles, suppression de main-
morte et le reste (t).
Le lieu où se tenaient ces séances pacificatrices ou
libératrices et ces synodes à la fois civils et religieux,
qui devaient devenir les journées d'Etats de la princi-
pauté, le baptistère où se conservaient les titres de légi-
time descendance, cette première église de Liège était en
quelque sorte désignée, pour servir de local aux assises
de la Cour allodiale, cour d'enregistrement des trans-
missions de la propriété libre au pays de Liège.
Que cette Cour soit sortie directement des synodes,
du tribunal de paix, ou simplement de l'affluence qu'a-
menaient ces assemblées, et de la facilité qu'elles
offraient aux grands propriétaires d'y passer les actes
qui réclamaient, comme ces transmissions, la présence
d'un certain nombre de leurs pairs, toujours est-il que
c'est à Sainte-Marie que nous voyons s'effectuer ces
transmissions et mentionner dès le XIIIe siècle, qu'elles
s'y font conformément à d'antiques usages.
En 1204, une église cédée aux Prémontrés de Liège
leur est remise symboliquement « entre Sainte-Marie
» et Saint-Lambert (2). »
Ebroin de Fléron, en qui un acte de 1208 nous fait
voir le président même de la Cour allodiale (3), veut
céder en 1207 son alleu de Hunbroux et d'Alleur aux
monastères d'Aine et du Val-Saint-Lambert. « Cet
(1) Daris, Notices, t. XII, p. 61.
(2) Bulletin de V Institut archéologique liégeois, t. IX, p. 35o.
(3) Bormans, Les seigneuries allodiales du pays de Liège, p. 7.
— 64 —
» alleu, » — ainsi s'exprime le prince Hugues de Pier-
pont, dans sa charte (1) signée de trois archidiacres,
trois chanoines, trois nobles et trois bourgeois, —
« cet alleu, Ebroin le remit d abord dans nos mains,
» à titre d'aumône, puis suivant Tordre et les cou-
» tûmes, ce fut devant ses pairs qu'il l'affecta aux dits
» monastères, par donation régulière et solennelle,
» entre l'église de la bienheureuse Vierge et l'église du
» bienheureux Lambert, au lieu où il est coutume
» d'effectuer toute donation d'alleu (2). »
Ces cérémonies ne sont-elles, comme on la prétendu,
que le maintien d'anciens usages francs? On ne sera que
plus frappé de les voir se produire à Sainte-Marie, car
si la formule consacrée fut à Liège pendant des siècles :
« entre Sainte-Marie et Saint-Lambert, » c'est que
l'église même de Notre-Dame avait bien été la première
enceinte réservée à la passation de ces actes. Avant de
remettre symboliquement dans les mains de 1 evêque
les alleux, objets de la transmission, ce fut sur l'autel
de la Vierge qu'on les déposa, et les membres mêmes
du chapitre de la Cathédrale n'en usèrent pas à cet
égard d'autre façon que les propriétaires laïcs.
Ainsi, en io85, un certain Elbert, attaché au ser-
vice de la grande église et qui se qualifie « serf de
» Sainte-Marie et de Saint- Lambert, » obtient des
membres du Chapitre, « ses seigneurs et maîtres, » un
alleu qu'ils venaient d'acquérir à Liers; il en obtient de
l'évêque Henri un autre, tout proche d'Ans. Eh bien,
c'est sur l'autel de Sainte-Marie devant les seigneurs et
frères du Chapitre, nombre de gens de la famille de
l'église et d'hommes libres que l'évêque commence par
(1) Analectes de Louvain, 1. 1, p. 363.
(2) « Hoc allodium prius quidem nomine elemosine in manus nos-
» tros reportavit prefatus Ebroinus, postea vero inter ecclesiam béate
» Marie et ecclesiam beati Lamberti, in loco ubi allodiorum solet fir-
» mari donatio, ordine et consuetudine, qua debuit, coram paribus suis
» predictis monasteriis, légitima donatione illud solemniter aflfaitavit. »
— 05 —
déposer symboliquement sa donation, « posuit terrain
» illam super altare Sanctœ Mariœ ut esset fratribus
» in allodium, mihi vero in hereditatem... Inde accepi
» donum in capitulo (\). » C'est donc bien de l'autel de
Sainte-Marie que le bénéficiaire reçoit cet alleu pour
lui et pour ses héritiers, en retour de quoi il établit
certaines fondations religieuses, à desservir à l'autel
même de Notre-Dame.
A l'origine, comme on le voit, l'acte de la transmis-
sion de biens ou de droits effectuée à Sainte-Marie,
était délivré par l'intéressé même ou par l'évêque. Dès
la première moitié du XIIIe siècle, à la suite peut-être
des changements dont nous aurons à parler, l'usage
s'établit de réserver au chef du clergé de cette église, la
charge d'authentiquer, par l'apposition de son sceau, le
document qu'on vient de dresser « entre Notre-Dame
» et SaintrLambert. » En 1220, « Noé sacer dos et inves-
» titus sancte Marie (2), » souscrit le premier, avant tous
autres prêtres et témoins, à un acte de la Courallodiale.
Dès i25o, au plus tard, comme on peut le voir par une
pièce de cette date du Cartulaire d'Aine, le principal
desservant de Sainte-Marie, donne acte de la transmis-
sion par document écrit et scellé de son sceau, et le
même Cartulaire (3) nous présente peu de temps après,
en 1266, un acte semblable, rédigé en français, comme
tous ceux de cette Cour le sont dès lors : il est délivré
et scellé par « maistre Jehan li Coies, archiprestres et
» chanoines de Saint-Pierre à Liège (4). »
Le principal desservant de Notre-Dame continua,
dès lors, d'être sous ce nom d'archiprêtre de Liège,
(1) Bormans et Schoolmeesters, Cartulaire de Saint-Lambert, p. 43.
(2) Daris, Notices, t. IV, p 96.
^3; Devillers, Cartulaire d'Aine, chartes n08 25i et 254.
(4) Voici la tin d'un acte de cette cour, du dimanche devant la Saint-
Pierre, 1280, que nous avons sous les yeux : <c Et nos Renirs, archiprestes
» de Liège, a la requeste des homes délie Chise-Dieu desordis, avons
» pend ut à ces presens lettres nostre ppre saïal en tesmoignage de
» veriteit. »
9
- m —
en vertu même de ses fonctions religieuses, membre
de droit de la Cour allodiale ; du moins l'apposition
de son sceau fut-elle nécessaire pour valider les actes
de cette Cour. En 1403, la Modération de la paix des
seiçe, constate déjà l'ancienneté de l'usage établi sur ce
point ; l'article 34 de cette paix, prescrit aux membres
de la Cour de sceller leurs pièces du sceau d'icelle,
« avec le sceau de ïarchiprêtre de Liège, comme d'an-
» tiquité (4). »
Le régent de Notre-Dame en serait-il venu, en l'ab-
sence sans doute des membres de la compagnie, à
passer parfois en son propre nom, ces actes de donation
ou de transmission de biens allodiaux ? Toujours est-il
qu'un record du 18 octobre i658, rappela qu'il n'avait
point ce droit, mais qu'il lui appartenait d'apposer son
sceau sur les actes (2). Il garda jusqu'au dernier jour
de la principauté cette prérogative de chancellerie allo-
diale, en même temps que l'honneur d'être le doyen,
premier en titre, du clergé paroissial de la ville entière,
ou comme le portait son nom : « Xarchiprêtre de
Liège, » nom significatif et privilège qui ne s'explique-
raient guère si son église n'avait été la première et
générale paroisse du Liège primitif.
VI.
SUPPRESSION DE L'ABBAYE DE NOTRE-DAME.
D'autres que l'archiprêtre de Sainte-Marie devaient
recueillir une part des attributions de l'abbaye et de
l'abbé de Notre-Dame, et c'est ici que nous aurons,
nous reportant au début du XIIIe siècle, à rappeler
(1) Art. 34 : ce Allewens jugans entre Sainte-Marie et Saint- Lambert :
» Et useront en leur office d'un common sealt aveucques le seal de!
» archeprestre de Liège, comme d'antiquisteit at useit de teiles lettres a
» saieler... lequeil archeprestre ne porat demander pour son seal que un
» viez gros tant seulement » (Coutumes du pays de Liège, t. II, p. 119).
(2) Bormans, Les seigneuries allodiales du pays de Liège, pp, 12 et i3.
- 67 -
comment disparurent, dans la première moitié de ce
siècle, et l'abbaye et l'abbé.
Il avait déjà fallu, dès le milieu du XIIe siècle, sup-
primer un autre de ces Collèges rétablis, comme Notre-
Dame, au Xe siècle, aussitôt après le départ des Nor-
mands : l'ancienne abbaye de Saint-Sévère à Meffe,
qui ne comptait plus qu'un seul clerc, quand, en 1149,
l'éveque Henri de Leyen finit par la remettre aux
Bénédictins de Saint-Laurent.
Cinquante ans de plus ne rendirent pas la situation
meilleure à Liège pour l'abbaye de Notre-Dame. La
fin du XIIe siècle surtout avait été désastreuse. Aux
frontières de la principauté, de fréquentes hostilités
mettent de plus en plus le pays liégeois en lutte avec
le Brabant, préludes d'une invasion qui devait amener
le sac de Liège de 1212. A l'intérieur, les élections de
prince-évêque sont chaque fois l'occasion de compéti-
tions ardentes, malaisées à éteindre : l'éveque Albert de
Louvatn périt assassiné à Rheims ; Albert de Cuyck et
Hugues de Pierpont ont, pour se faire reconnaître, à
triompher de vives résistances. Discordes dans l'Eglise
où la simonie et le relâchement des mœurs avaient
provoqué les accusations excessives et les révoltes de
Lambert-le- Bègue et de ses pareils ; discordes aussi
dans la capitale et les principales villes où des libertés
communales naissantes sortent de cruels déchirements.
On voit même à Liège le clergé lutter contre le peuple
soutenu par son évêque, comme à Huy le prince contre
les bourgeois.
Ajoutez à cela que l'incendie de l'an 11 85 avait
réduit en cendres tout le cœur de la capitale : la
cathédrale, le palais et plusieurs églises voisines, qu'il
fallait rebâtir; ajoutez que de l'an ug5 à 1197 la
famine avait désolé le pays. Ajoutez qu'à l'approche
d'un siècle, qui allait être celui de l'organisation des
corps de métiers, les développements mêmes de l'in-
dustrie et du commerce avaient pu, comme nous le
- 68 —
voyons parfois de nos jours, diminuer la valeur de ces
revenus de la propriété rurale, dotation de toutes les
institutions religieuses. Les éléments les plus divers
contribuaient de la sorte à multiplier les abus et aggra-
ver la crise.
Cette crise, l'abondance de la foi et de la sainteté
du siècle de sainte Julienne devait en triompher chez
nous ; ces abus, l'Eglise les déraciner. On les a fort exa-
gérés sans doute dans les relations d'après coup, dans
cette vie notamment d'Odile et de l'abbé Jean son fils,
pieux roman dont un maître vénéré, M. le chanoine
Daris, a depuis longtemps fait ressortir les inexac-
titudes (i). Impossible cependant de ne point constater
la nécessité de la réforme par le zèle même de réfor-
mateurs, en tête desquels viennent se placer les envoyés
du Pape. Impossible de ne pas reconnaître tout d'a-
bord la décadence à Liège de l'abbaye de Notre-Dame.
Des neuf ecclésiastiques établis là, au Xe siècle,
sous la conduite de labbé, nous n'en retrouvons plus
que trois au début du XIIe. La charte d'Obert de 1112,
par laquelle l'église Saint-Léonard est soustraite à
l'obédience de Notre-Dame, pour être remise aux
moines de Saint-Jacques, n'est délivrée par cet évêque
que de l'assentiment de l'abbé Hellin et de ses deux
prêtres : « annuente Hellino, cutn suis presbyteris
» Theoderico et Stephano. » A la fin du même siècle,
un acte de 1 178 ne mentionne plus que deux prêtres de
Sainte-Marie : l'abbé Henri et Henri de Hasselart (a).
En 1187, dans la pièce par laquelle Raoul de Zahrin-
ghen fixe les obligations du curé de Saint-Remy, il ne
paraît plus qu'un prêtre de Sainte-Marie: « Z>. Juliani
» presbyteri Sanctœ-Mariœ, » et les considérations
alléguées par l'abbé Gauthier pour justifier sa réforme
radicale constateront, qu'en effet, de la fondation pri-
(1) Daris, Notices, t. IV, p. 161.
(2) Borroans et Schoolmeesters, Car tulaire de Saint-Lambert, p. 98.
— 69 —
mitive, Sainte-Marie, comme Saint-Sévère de Mefle
en 1149, n'a gardé qu'un seul prêtre pour suffire aux
charges de la communauté (1).
D'après l'auteur inconnu de la vie d'Odile et du petit
abbé Jean, on en serait venu à Liège au XIIe siècle,
à ce point d'oubli des lois de l'Eglise, qu'un boucher
aurait mis aux enchères, en plein marché, des bénéfices
ecclésiastiques. Le point de départ ou le prétexte de ces
accusations trop générales, ne serait-ce pas bien ce qui
ne s'était que trop réellement passé pour les prébendes
de Notre-Dame?
C'est l'abbé même qui nous le certifie, les prébendes
des neuf clercs réunis dans l'abbaye après l'invasion
normande, avaient été subdivisées entre un nombre
beaucoup plus grand, toujours croissant de bénéfi-
ciaires, et nul de ceux-ci ne pouvant en vivre, elles
ne s'étaient plus trouvées que de petites aubaines que
les laïcs, les moins dignes d'en jouir, se partageaient
sans souci d'en exonérer les charges.
Le chef de l'abbaye toutefois occupait en vertu de
cette dignité même, et par les hautes fonctions qu'il y
joignait si souvent, une place trop importante, celle-là,
pour qu'on put en réduire les attributions. L emiette-
ment ou la disparition de celles de ses subordonnés
n'avait pu que fortifier sa prépondérance et l'amener à
retenir pour lui de plus en plus de ces revenus dont à
peu près tous les autres mésusaient : l'abbaye avait fini
par n'être plus guère représentée que par ses abbés.
On a vu comment plusieurs de ceux-ci surent du
moins employer ces ressources pour le bien, en bonnes
et grandes œuvres. Une réforme n'en était pas moins
nécessaire, urgente, au moment où Hugues de Pier-
pont fut appelé à succéder à Albert de Cuyck sur le
trône épiscopal et princier. Nous allons assister à cette
réforme.
(1) Bormans et Schoolmeesters, Cartulaire de Saint- Lambert, p. 121.
.— 70 —
L'initiative en doit-elle être attribuée au nouvel
évêqueî La réorganisation achevée, nous entendrons
Hugues proclamer quelle émana de lui pour grande
part, et lorsqu'il s'agira de lui trouver un tombeau
dans la Cathédrale, le premier endroit où Ton ouvrira
sa fosse sera cette chapelle même de Saint- Materne
dont il avait consacré l'autel, érigé comme le monu-
ment de cette réorganisation (i).
De même cependant que les premiers documents
qui nous font connaître cette réforme, l'épitaphe de
l'abbé Gauthier fait honneur à celui-ci de la fondation
nouvelle, et peut-être ne serait-il que juste de réserver
une part de l'initiative aux légats du Saint-Siège.
Quoiqu'il en soit, les privilèges de l'abbé de Sainte-
Marie, Tindépendance et l'autorité dont il jouissait à
tant d'égards faisaient en quelque sorte une loi de con-
venance à ses supérieurs de lui laisser le mérite de
prendre les devants et la charge de triompher des diffi-
cultés du chemin. Gauthier de Ravenstein était d'ail-
leurs mieux en position que personne d'opérer une
réforme qui intéressait à la fois les deux institutions
dont il réunissait la direction dans ses mains : son
abbaye en décadence, et ce chapitre de Saint-Lambert
dont il était le doyen, chapitre où il fallait alors tout à
la fois relever l'église et les cloîtres incendiés, et réta-
blir la régularité du service religieux.
Gauthier n'hésita point à reconnaître que ses prédé-
cesseurs non seulement n'avaient point réprimé les
abus, mais d'année en année s'étaient fait, au détriment
de leurs subordonnés, la part trop belle dans les reve-
nus de l'abbaye. Une restitution s'imposait de sa part,
comme une réforme aux autres. Fort de l'appui de
l'évêque, des archidiacres et du chapitre de Saint-
Lambert, l'abbé doyen, assisté d'un certain nombre de
notables, réunit les bénéficiaires de ces petites pré-
(1) Mon. SS., t. XXV, p. 122.
- 71 —
bendes tombées en mains trop nombreuses, si peu
dignes et si peu capables. Il leur fit comprendre ce que
la situation offrait d'incorrect et approuver son dessein :
tous se prêtèrent à résigner ces parts minimes de béné-
fices dont ils ne remplissaient, dont ils ne pouvaient
même remplir les charges. De tout cela, Gauthier
constitua dix canonicats pour cette église de la bien-
heureuse Vierge Marie « déchue à ce point d'abandon,
» nous dit-il, qu'à peine avait-elle gardé un seul et
» unique vicaire. » L'abbé conféra ces dix canonicats
à autant d'hommes instruits et de bonnes mœurs, avec
charge de célébrer offices de jour et de nuit dans cette
église de Notre-Dame. Il ne réserva, pour lui et pour
ses successeurs, que le privilège de conférer ces cano-
nicats suivant que les titulaires viendraient à décéder ;
il défendit aux confrères de rien exiger du nouveau
chanoine soit avant, soit après sa réception, mais
laissa leur Chapitre absolument libre de porter l'élu de
ses membres aux fonctions de prévôt, doyen, chantre,
scolastique, camérier, coste ou carillonneur. Aucun
d eux ne pouvait désormais occuper un autre canoni-
cat à Liège, ou devait, s'il l'acceptait, résigner celui de
Sainte-Marie. Gauthier — et c'est ici qu'interviennent
indirectement les restitutions de l'abbé — Gauthier per-
cevait entre autres, à ce titre, des revenus en nature et
en argent sur des propriétés en dehors de Liège. Ces
propriétés, détail intéressant à relever en faveur de
l'antiquité de l'abbaye, se trouvaient précisément dans
cette partie du diocèse où s'était étendue d'abord la
civilisation romaine, dans cette Hesbaye où les fonda-
teurs de la maison peppinnienne avaient possédé de
grands domaines : l'abbé renonce, à peu d'exceptions
près, pour en faire la dotation des nouveaux cha-
noines, à tout ce qui lui revenait de ce domaine, dîmes,
cens et rentes, en espèces ou en nature, à Villers-
l'Evêque, et dans ses dépendances Naveroulle, Frères
ou Freeren, Thys ou Tilice, Tongres, Lantin, les
— 72 —
Awirs. « Pour observer toutes les formalités prescrites
» à ce sujet et ne rien oublier de leurs détails, j'ai
» reporté, » ajoute-t-il, « ces possessions, en même
» temps que l'évêque de Liège Hugues, qui, lui aussi,
» y a mis la main, sur 1 autel de Sainte-Marie, et de
» là, j ai institué les dits chanoines possesseurs et
» maîtres (i). »
Peu de temps après la passation de cet acte de res-
tauration de l'antique chapitre de Notre-Dame, le légat
du Pape, Guy de Preneste, arrivait à Liège au com-
mencement de Tan 1201 et approuvait formellement,
au nom du Saint-Père, la nouvelle répartition de pré-
bendes et Tinstitution des dix canonicats de Sainte-
Marie, « établie par notre vénérable frère Hugues,
» évêque de Liège, et notre cher fils Walter, doyen de
» Saint-Lambert et abbé de Sainte-Marie. » Ce n'était
pourtant qu'une première et incomplète esquisse de la
réorganisation qui allait se poursuivre.
Trois ans n étaient point passés que la situation dé-
plorable dans laquelle l'incendie, les troubles civils, les
guerres, les pertes de toutes sortes et de fâcheux abus,
avaient réduit l'église de Saint-Lambert, et le zèle sans
doute de l'envoyé du Pape, décidèrent l'abbé-doyen à
compléter son œuvre. Dans un acte nouveau, passé
avec la même solennité que le précédent et devant des
témoins plus nombreux encore, en tête desquels le
légat lui-même du Pape, il reproduit les considérants
de sa première réforme, ses donations, son institution
des dix chanoines, et ajoute que ces canonicats ne
pourront être conférés qu'à des clercs irrévocablement
entrés dans les ordres, au moins par le sous-diaconat.
Il réserve formellement derechef à l'abbé de Sainte-
Marie le droit de conférer ces dix offices, mais voici le
changement le plus important : c'est dans le chapitre
de Saint-Lambert, ou plutôt dans le service de cette
(1) Bormans et Schoolmeesters, Cartulaire de Saint-Lamberty p. 122.
- 73 -
église, et non plus dans celui de Sainte-Marie, qu'en-
treront les nouveaux chanoines : ils devront, de même
que les autres clercs de Saint-Lambert, obéir au doyen,
assister aux offices de jour et de nuit, suppléer, dans
ces offices, de préférence aux vicaires, les chanoines
absents. En cas d'infraction, c est au chapitre de Saint-
Lambert qu'il appartiendra désormais de les juger sui-
vant les règles de l'institution ; à ce Chapitre aussi de
les protéger et de faire respecter leurs droits.
L'abbé de Sainte-Marie qui les choisira aura donc
à les présenter au grand doyen de Saint- Lambert : à
celui-ci de les installer au chœur de la Cathédrale au-
dessus des simples vicaires ou bénéficiers, au rang des
deux chapelains impériaux, tout proche des chanoines
mêmes de Saint- Lambert. Un nom nouveau est par
suite donné aux dix institués de Gauthier ; leur appli-
quer le titre de chanoines de Sainte-Marie eût prêté
à confusion, puisque Notre-Dame et saint Lambert
étaient déjà les patrons des chanoines proprement dits
de Saint-Lambert. L abbé doyen se souvint-il à ce
moment que toutes nos plus anciennes églises de la
Vierge revendiquaient saint Materne pour fondateur ?
Attribuait-on peut-être alors à ce saint Materne la
construction de notre plus vieille église, Notre-Dame
de Liège? Ce fut en tous cas sous le patronage du pre-
mier évangélisateur connu de nos régions que Gauthier
plaça ses dix chanoines de Notre-Dame transférés à
Saint-Lambert, et qu'il fit d'eux ce qu'on appela, dès
lors, le chapitre de Saint- Materne. Pendant quelque
temps, en effet, comme le prouvent les chartes les plus
anciennes de ce nouveau corps ecclésiastique (4), on
ne manqua pas, à l'étranger surtout, de donner à ses
membres le double nom, qui rappelait leur origine et
leur réformation, de « chanoines de Sainte-Marie et
de SainUMaterne ; » bientôt toutefois l'usage s'établit
(1) Cartulaire de Saint-Lambert, p. 161.
lu
— 74 —
de n'employer plus, pour les désigner, que le titre de
« chanoines de Saint- Materne, » et c'est sous cette
appellation qu'ils devaient se perpétuer jusqu'aux abo-
litions édictées par la Révolution française.
Comme suite de cette institution sans doute, un
autel en l'honneur de saint Materne avait été érigé dans
une chapelle de la Cathédrale ; levêque Hugues l'avait
bénit, et le souvenir de ce prélat resta si bien attaché à
cette fondation qu'on a vu qu'après sa mort, avant de
se décider à l'inhumer au lieu d'honneur de la Cathé-
drale, sur l'emplacement sacré par le sang du martyr,
ce fut dans la chapelle et devant l'autel de saint Ma-
terne, qu'on voulut creuser la tombe où devait reposer
Hugues de Pierpont.
Le légat Guy de Preneste ne manqua point de con-
firmer au nom du Saint-Siège, l'institution à la réorga-
nisation solennelle de laquelle il avait assisté en per-
sonne et il suffit de parcourir les statuts que le même
mois, et peut-être le même jour, dans la même réunion,
il donnait au clergé de la Cathédrale (i), pour constater
que ce transfert à Saint-Lambert du chapitre de Notre-
Dame avait pour but de concourir à l'établissement
d'une réforme plus générale. Ces statuts interdisent
entre autres soit de donner voix délibérative aux cha-
noines qui ne sont pas dans les ordres, soit de diviser
un canonicat entre plusieurs prébendiers ; ils stipulent
qu'on rétablira dans leur intégrité les canonicats dont
les revenus auraient été fractionnés, et ce dernier point
est même de ceux que le légat prescrit de rappeler à
tous dans la réunion solennelle du synode annuel ;
ils visent surtout à assurer dans le Chapitre la célébra-
tion de la messe quotidienne et l'assistance aux offices
du chœur, à quoi venaient s'employer précisément les
chanoines de Saint-Materne ; ils réservent même à ces
derniers, en même temps qu'aux deux chapelains im-
(i) Car tul aire de Saint- Lambert, p. i32.
— 75 —
périaux et aux prêtres du chapitre de Saint-Lambert
proprement dits, le privilège de célébrer la messe des
grandes fêtes au maître-autel de la Cathédrale.
En vertu de ces dispositions, le chapitre de Notre-
Dame avait vécu (<); il ne subsistait plus de l'antique
abbaye que son nom et l'abbé. Ce nom même ne devait
point tarder à disparaître à son tour. Mais avant de
passer à l'exposé de cette dernière disparition, il n'est
peut-être pas inutile de constater un fait encore : c'est
que, dans toutes les pièces relatives à ces transforma-
tions, si l'on voit bien que l'abbaye ainsi réformée est
une institution fort antique, nulle mention n'est faite
de ceux qui l'avaient fondée. Tandis que nous connais-
sons soit par des actes authentiques, soit par les rela-
tions de vieux auteurs, les fondateurs, l'origine de tous
les autres monastères, de toutes les autres collégiales de
Liège, ces titres ou ces affirmations de contemporains
nous manquent pour Notre-Dame. N'est-ce point que
Notre-Dame existait chez nous avant cette histoire
locale, qu'on n'y vit naître qu'après le martyre et dans
la première biographie de saint Lambert?
VII.
SUPPRESSION DES ABBÉS DE NOTRE-DAME.
L'abbatiat de Notre-Dame ne fut pas supprimé par
le transfert de ses prébendiers à Saint-Lambert. Les
statuts de Guy de Preneste, qui font mention de ces
chanoines de Saint-Materne, réservent formellement le
(i) Le Cartulaire de Saint-Lambert, publié par MM. Bormans et
Schoolmeesters mentionne (p. 214) un seul incident qui pourrait se ratta-
cher à l'arrangement pris au sujet des petites prébendes par la réunion
desquelles l'abbé Gauthier avait constitué la dotation des chanoines de
Saint-Materne. C'est un procès relatif à de petites prébendes sur lesquelles
un certain Magister prétendait conserver certain droit, procès qui fut
terminé entre 1225 et 1229, par une transaction et le paiement d'une cer-
taine somme au réclamant.
— 7G —
droit de l'évêque de nommer aux abbayes qui sont ses
chapellenies, et rien n'indique qu'on ait songé alors à
supprimer cette dignité d'abbé, pour Notre-Dame.
Les pièces du temps continuèrent encore pendant
plus d'un quart de siècle à mentionner Vabbé ou Yab-
baye ; l'église dont ils portaient le titre restait le baptis-
tère de la cité, la paroisse primaire de la ville, le siège
du synode et de tribunaux ecclésiastiques ou civils
importants, et le prêtre appelé à la desservir, sous le
nom même d'archiprêtre, n'était toujours que le vicaire
des abbés. Celui de ces abbés qui, pour affermir l'insti-
tution des chanoines de Saint-Materne venait de se dé-
pouiller d'une part notable des revenus que ses prédé-
cesseurs avaient de plus en plus monopolisés, le doyen
Gauthier de Ravesteyn, ne se contenta point d'assurer
par cette fondation le service du culte à Saint-Lambert,
sortant des ruines de l'incendie ; il y assura en même
temps le service de la charité, en établissant ou plutôt
en rétablissant (4) et développant dans les cloîtres un
hôpital, qui prit, du patron de sa chapelle, le nom de
saint Mathieu. C'est à cet hôpital que l'abbé de Sainte-
Marie avait destiné la plus grande partie de ce qu'il
s'était réservé de rentes en nature : pois et paille, dans
les propriétés de Viliers-l'Evêque (2).
Peut-être, en s employant de la sorte, en employant
une part de ses revenus abbatiaux, comme son succes-
seur continuera de le faire (3), à relever et subventionner
l'hôpital, l'abbé de Sainte-Marie revenait simplement
à l'accomplissement de la fonction que ses plus anciens
prédécesseurs avaient eu à remplir à Liège, comme il
avait été rappelé quand on releva l'abbaye après l'ex-
(1) L'acte le plus ancien que nous ayons sur cet hôpital, nous vient
du légat Guy, 25 janvier 1204, et prouve qu'avant les générosités dont
il y est parlé, cette maison possédait déjà terrains et revenus (Cartulaire
de Saint- Lambert, p. 139).
(2) Cartulaire de Saint- Lambert, p. 162.
(3) Ibidem.
— 77 -
pulsion des Normands et qu'on y mit neuf clercs, sous
la direction de l'abbé, « qui curant gereret et hospitali-
» tatem exhiber et (a). »
Quoiqu'il en soit, lorsque Gauthier mourut, le 22
novembre 1207, c'est devant l'autel de la chapelle de
cet hôpital de Saint-Mathieu, aux cloîtres de la cathé-
drale, qu'on l'enterra sous une pierre qui rappelait que
l'abbé de Sainte-Marie avait été le fondateur de cet
asile (2).
L'envoyé du Saint- Père, Guy de Preneste, avait
cependant poursuivi son œuvre de réformation :
après l'hôpital des cloîtres et les prébendiers de Saint-
Materne, les chanoines mêmes de Saint-Lambert. En
1204, — et ce fut dans les premiers temps de l'année,
si Ton peut s'en rapporter à Tordre suivi dans ses anno-
tations par le chroniqueur liégeois contemporain, le
moine Renier de Saint-Jacques, — le chapitre de la
cathédrale procéda, sous l'inspiration du légat, à une
répartition nouvelle des prébendes de Saint-Lambert.
Divers accommodements aboutirent à faire attribuer
au prévôt, comme dotation de sa dignité, le bien im-
portant de Pont-de-Loup, à charge par ce dignitaire
de payer chaque année sur les revenus de ce bien,
18 marcs à huit de ces chanoines : arrangement pro-
visoire toutefois, car dès cette date aussi, la suppression
même de la prévoté se trouvait résolue (3), et il était
entendu que cette dotation de Pont-de-Loup viendrait
tout entière, dans l'avenir, renforcer celle des canonicats
(1) Mon. SS., t. XXV, p. i3o.
(2) « Anno Domini MCCVII obiit XXII die mensis novembris bon»
» mémorise Galterus, decanus et abbas sanctae Marias de ecclesia leo-
f* diensi qui instituit in dicta ecclesia X canonicos in honore beati Ma-
» terni, ac fundator hujus hospitalis » (Daris, Notices, t. IV, p. 207.
Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XI, p. 233).
(3) « Canonici sancti Lamberti possessiones Ecclesia?, mediante Car-
» dinali et episcopo assentiente, inter se dividunt et prœpositum desti-
» tuunt » Annales sancti Jacobi, anno 1204 (Cartulaire de Saint-
Lambert, chartes du Chapitre, p. i5o, et de Jean d'Eppes, i23o, p. 267).
— 78 —
trop mal pourvus de Saint-Lambert : la mesure, d'ail-
leurs, ne devait s'exécuter qu'après la mort ou le dé-
placement du titulaire.
Ce titulaire de la prévôté était alors Jean d'Eppes
que son oncle, Hugues de Pierpont, semble avoir élevé
à cette charge dès le début d'un grand épiscopat, tandis
que le nouveau pontife avait encore à lutter, pour se
faire reconnaître comme évêque, contre une partie du
Chapitre : nous voyons du moins Jean d'Eppes, sous-
crire dès 1 202 à des actes publics, avec ce titre de pré-
vôt (1) : il ne l'abandonnera que pour recueillir plus
tard, après le décès de son oncle Hugues, le titre même
d'évêque de Liège. Mais il devait, avant celle-là, béné-
ficier d'une autre succession.
A la mort de l'abbé doyen Gauthier, ses deux fonc-
tions n'échurent pas à un seul héritier : Thierry, pré-
vôt de l'église Saint-André de Cologne, lui succéda
comme doyen de Saint-Lambert. Comme abbé de
Sainte-Marie, ce fut le prévôt de Liège, Jean d'Eppes
ou « Jean li prevos » comme le porte la dernière signa-
ture et le premier mot de français que l'on trouve, en
1 220, dans une charte liégeoise (2). C'est d'ailleurs de
Jean d'Eppes aussi que nous devait venir, en 1233, le
premier document officiel de notre histoire, complète-
ment rédigé en français.
Dès 1209, le nouvel abbé de Notre-Dame s'était fait
un devoir de confirmer, comme tel, les fondations de
son prédécesseur (3), d'abandonner comme celui-ci, à
l'hôpital Saint-Mathieu, ce qui lui revenait encore en
pois et en paille à Villers-l'Evêque. Complétant cette
œuvre, en mai 1226, il était le premier à autoriser à
titre de seigneur « domini nostri » les chanoines de
Saint-Materne à racheter, au prix de 35 marcs liégeois,
une fois payé à l'hôpital, l'obligation qu'il leur avait
(1) X. de Theux, Chapitre de Saint-Lambert.
(2) Cartulaire de Saint-Lambert, p. 194.
(3) Ibidem, p. 162.
— 79 —
imposée de prélever chaque année, pour cet établisse-
ment sur leurs revenus de Villers sept muids de pois
et sept charretées de paille («). Il ne fut point non plus
étranger sans doute ni à l'extension donnée, en I2i5,
par un de ses collègues en archidiaconat, Ludolphe,
aux revenus des chanoines de Saint- Materne dans
cette propriété de Villers (2), ni à leur installation, en
Gérardrie, dans deux maisons du chapitre de Saint-
Lambert (3), auxquelles un chanoine de cette église
ajoutait l'an suivant, en 1221, une moitié de son ver-
ger (4). En 1223, Jean d'Eppes fondait lui-même un
nouveau canonicat de Saint- iMaterne, le onzième (5), et
lui attribuait, comme dotation, avec l'approbation de
1 evêque et du chapitre de la Cathédrale, puis du légat
du Pape, les revenus de 1 église de Gelinden, qui
appartenaient au fondateur, à titre d'abbé de Sainte-
Marie (6).
Il n'eût, comme on sait, à délaisser abbaye et pré-
vôté que pour monter au trône épiscopal, où les vœux
unanimes du clergé, de la noblesse et du peuple l'appe-
lèrent à succéder immédiatement à son oncle Hugues
de Pierpont (7) et son élection du 24 mai 1 229, ne put
qu'être facilitée par cet arrangement de 1204, en vertu
duquel l'élévation du prévôt à l'épiscopat, en amenant
la suppression de la prévôté, assignait désormais dans
la Cathédrale le premier rang à l'élu non plus de
l'évêque, mais des chanoines, au doyen tenu jusqu'à
cette époque au second et amenait, en outre, le par-
tage entre les chanoines des revenus de la prévôté.
(1) Cartulaire de Saint-Lambert, p. 217.
(2) Ibidem, p. 180.
(3) Ibidem, p. 186.
(4) Ibidem, p. 197.
(5) Ibidem, p. 201.
(6) Ibidem, pp. 203 et 208.
(7) « Ab universo clero, a ducibus et comitibus et nobilibus, a militi-
» bus et plebeis, absque ullius contradictione eligitur » (Annales sancti
Jacobi, édition des Bibliophiles liégeois, p. 146).
— 80 —
Un nouveau légat du Pape cependant était alors
envoyé dans nos provinces : c'était Otton, cardinal
diacre de Saint-Nicolas in carcere Tulliano. Arrivé à
Liège en février i23o, il y trouva la prévôté supprimée,
mais il estima devoir la rétablir. En considération de
nous ne savons quelle importante affaire, à laquelle
était intéressé le Saint-Siège au fort de la lutte contre
Frédéric Barberousse, Otton rétablit la charge de pré-
vôt pour la conférer au primecier de Metz, Jacques,
frère du duc de Lorraine et parent de Jean d'Eppes (i).
Les chanoines de Saint- Lambert se prêtèrent-ils
de bonne grâce à cet arrangement, ou firent-ils entendre
quelques réclamations? Il n'était que juste, en tous cas,
de ne point les dépouiller irrémissiblement du supplé-
ment de ressources que le légat précédent avait jugé
nécessaire à la dignité de leurs fonctions et qu'il avait
entendu leur garantir. Le nouveau nonce le comprit :
lui-même sollicita du prince-évêque une réorganisation
dernière dont l'initiative revenait d'autant plus naturel-
lement au pontife que c'était à lui qu'il appartenait de
conférer l'abbaye. Le légat lui proposa de remplacer,
comme institution à sacrifier aux chanoines, la prévôté
par l'abbaye de Notre-Dame, sauf à réserver les droits
acquis des titulaires en possession : Jacques de Lorraine
d'une part prévôt de Saint-Lambert et de l'autre, le
chanoine Robert de Torote, qui venait de succéder à
Jean d'Eppes dans l'abbaye. L'évêque agréa la propo-
sition et nous expose dans une pièce datée de Huy,
23 mai i23o, toute l'économie de cette combinaison (s).
Répondant donc, y dit-il en somme, aux intentions
(i) Cartulaire de Saint-Lambert, p. 267. — J'avais pris copie de ces
pièces au Liber cartarum de Saint- Lambert, dans le dessein de les éditer
comme annexe à ce travail. On les trouvera dans la publication si soignée
que font de ce Cartulaire MM. Bormans et Schoolmeesters, à qui j'ex-
prime ici mes vifs remerciements pour l'obligeance avec laquelle les
épreuves de leur travail ont été mises à ma disposition et ont ainsi faci-
lité le mien.
(2) Cartulaire de S ainU Lambert, p. 267.
— 81 —
du légat à qui nous avons toujours tenu à témoigner
notre déférence, et attentifs à ce qui peut être utile à la
grande église, objet constant de notre affection spéciale,
nous avons jugé devoir accorder ce qu'on nous deman-
dait et voici ce que nous avons arrêté : Du jour où le
prévôt Jacques viendra soit à décéder, soit à se démettre
de sa prévôté, les profits attachés à celle-ci et la totalité
de ses revenus, le bien de Pont-de-Loup avec tous ses
appendices, entreront dans le patrimoine commun des
chanoines, pour en être le produit distribué entre ceux
de ces chanoines présents aux offices quotidiens, sui-
vant qu'il avait été réglé précédemment par le Chapitre
même. Les honneurs et la juridiction de la prévôté, la
justice de la Sauvenière, hommage de fiefs, tels que
nous les avons possédés nous-mêmes, ajoute l'évêque,
lorsque nous occupions cette dignité, continueront
toutefois d'appartenir à cette prévôté. Mais tout cela
viendra s'adjoindre aux attributions de l'abbé Robert,
si c'est celui-ci qui survit au prévôt Jacques. En ce
cas, Robert abandonnera ce nom d'abbé pour prendre
celui de prévôt : les profits, rentes et juridiction, hon-
neurs et charges de l'abbaye, ne lui resteront pas moins
acquis pour en jouir désormais lui et ses successeurs,
sous le nom de prévôté. Ce qui disparaîtra, en tous cas,
dans cette fusion et par le fait de ce transfert de revenus,
ce sera le nom même de l'abbaye : il en sera décidé-
ment éteint, car s'il arrivait que ce fut l'abbé Robert
qui mourût avant le prévôt Jacques ou abandonnât sa
fonction n'importe de quelle manière, l'arrangement
stipulé n'en sera pas moins exécuté : l'ensemble des
biens et rentes de la prévôté Pont-de-Loup et ses ap-
pendices, entreront dès ce jour aussi dans l'avoir com-
mun des chanoines. La juridiction de la prévôté, avec
ses attributions actuelles continuera d'appartenir au
prévôt Jacques et à ses successeurs. Mais en même
temps lui seront dévolus les profits, revenus, juridic-
tion, charges et honneurs de l'abbatiat, et sous le nom
n
- 82 —
de prévôté, il en jouira en remplacement des biens de
Pont-de-Loup, cédés aux chanoines. De ce jour aussi
tomberont comme il a été dit les noms d abbé et d ab-
baye, tandis que la prévôté, avec sa dotation nouvelle,
subsistera toujours sous son nom.
Il eût été difficile, on le voit, de prévoir plus minu-
tieusement toutes les éventualités.
Le prévôt, Jacques de Lorraine, demanda au légat (i),
le 11 septembre i23o, de ratifier ces arrangements,
et, comme l'envoyé du Pape lardait peut-être à cou-
ronner, par son approbation, une réorganisation que
lui-même avait provoquée, le Chapitre insista dans le
même sens et chargea deux de ses membres de lui por-
ter ces instances épistolaires. Otton y répondit de
Trêves (2), le 20 janvier i23i: en vue du bien de l'église
et de la bonne entente entre les membres du Chapitre,
il confirmait la suppression de Xabbaye de Sainte-
Marie de Liège, dans les conditions indiquées.
Deux mois et demi après, en avril de la même
année, le Chapitre de Cologne et l'archevêque de ce
siège, métropolitain de Liège, apportaient, par acte
public, leur approbation à l'arrangement arrêté par
Jean d'Eppes pour l'abbaye, la prévôté et le quartier
de la Sauvenière (3).
Le pape Grégoire IX enfin le rendit définitif, cet
accommodement, par la bulle de ratification adressée
le 23 décembre i23i, au doyen et au chapitre de Liège :
du jour donc où le chanoine Robert viendra soit à
décéder, soit à résigner cet office habituellement appelé
Y abbaye, celle-ci aura cesser d'exister ; ses attribu-
tions, sa dotation passeront au prévôt, et la dotation
de la prévôté aux chanoines de la Cathédrale dans la
mesure de leur présence au chœur (4).
(1) Cartulaire de Saint- Lambert, p. 269.
(2) Ibidem, p. 278.
(3) Ibidem, pp. 280 et 281.
(4) Ibidem, p. 291.
— 83 —
A la date où le Souverain- Pontife prononçait le
dernier mot de l'autorité suprême, le nom de l'abbaye
allait, conformément à ces arrangements mêmes, dis-
paraître définitivement. L'abbé Robert, dont on avait
prévu avec tant de détail, le décès ou la résignation,
Robert de Thorote, frère du bailli de Champagne et
de l'évêque de Verdun, fut, en 1232, appelé au siège
épiscopal de Langres, et du jour de son acceptation, le
titre d'abbé tombait, la dotation de ce titre se partageait
entre les chanoines de la Cathédrale et le prévôt de
celle-ci unissait aux prérogatives de sa charge, celles de
l'abbatiat supprimé de Notre-Dame.
Par une rencontre curieuse cependant, l'évêque de
Langres ne devait point mourir parmi l'épiscopat fran-
çais. A la mort du prince-évêque Jean d'Eppes (2 mai
1238), le choix de son successeur donna lieu derechef
à de fâcheuses divisions. Les uns élurent Othon de la
Marck ou d'Eberstein; les autres, un candidat plus
digne, Guillaume de Savoie. L'empereur se prononça
pour le premier; le pape pour le second, qui malheu-
reusement mourut en Italie avant d'avoir pu prendre
possession d'un siège qu'occupait induement son rival.
L'élection du successeur de Guillaume dut donc se
faire en dehors du territoire occupé par l'intrus, sous
la présidence du légat : le choix des chanoines qu'il
avait convoqués à cette fin auprès de lui, en France
même, se porta d'autant plus aisément sur le prélat
français dont ils avaient pu sans doute apprécier la
valeur, #alors qu'il remplissait parmi eux les fonctions
archidiaconales d'abbé de Sainte-Marie; ils élurent
l'évêque Robert de Thorote (1). Celui-ci, cédant aux
désirs du légat, quitta Langres pour Liège, comme
huit ans auparavant il avait quitté Liège pour Langres.
(1) « Fuerat siquidem iste Robertus quondam cannonicus Sancti
» Lamberti et abbas Sanctse Mariée Leodiensis quod est quidam magnae
» dignitatis titulus in majore ecclesia » (iEgidius Aureae, Mon. SS.,
t. XXV, p. 127).
— 84 —
Ce nouveau pontificat devait durer peu d'années : il
valut du moins à Robert, de rencontrer sainte Julienne,
et, sur les instances de celle-ci, de se trouver, parmi les
évêques du monde catholique, le premier à célébrer
cette Fête-Dieu, dont l'institution, étendue bientôt après
à la chrétienté tout entière, reste ainsi dans l'histoire
la meilleure gloire du dernier abbé de Notre-Dame
de Liège.
Telle est, mon cher Président, autant qu'on peut la
reconstituer dans une première étude, l'histoire des
abbés de Sainte-Marie. Elle ne fait pas voir seulement
combien importante était la fonction occupée du Xe au
XIIIe siècle par tant d'hommes de mérite; et qui, pré-
vôts, doyens, fondateurs de grandes œuvres, coadju-
teurs d'évêques, évêques eux-mêmes, tinrent une si
grande place dans la principauté. L'étendue et la
variété de leurs attributions, le nombre des autorisa-
tions et des approbations dont on crut devoir s'entourer
soit pour transférer à Saint-Lambert les prébendiers de
Notre-Dame, soit pour fondre l'abbatiat dans la pré-
vôté, tout jusqu'au lointain mystérieux dans lequel se
dérobe à nos yeux l'origine de cette institution, tout
dans son histoire, n'est-il pas de nature à nous con-
vaincre que Liège n'eut pas d'institution plus ancienne I
VIII.
L'ÉGLISE ET LE CLERGÉ DE NOTRE-DAME
AUX-FONTS.
Que devinrent, après la suppression de l'abbaye,
l'église et le clergé de Notre-Dame-aux-Fonts?
On se souvient qu'en même temps qu'il relevait
dans des proportions plus vastes, Saint- Lambert, ses
cloîtres, ses dépendances et le palais épiscopal, Notger
avait aussi reconstruit de fond en comble, l'église pa-
roissiale de Sainte-Marie; de quoi l'on a pris souvent
— 85 —
occasion dans la suite, de lui en attribuer, à tort, la
fondation première (\). L'humble sanctuaire devait
durer plus longtemps que la grande basilique notgé-
rienne à l'ombre de laquelle il s'abritait. Des processions
spéciales s'y rendaient en des occasions solennelles
pour implorer l'intercession de la Mère de Dieu. Ainsi
voyons-nous les moines de Stavelot, lorsqu'ils assiègent
si hardiment, en 1071, avec les reliques de saint Re-
macle, l'empereur Henri IV au palais de Liège; pro-
mener le cortège de leurs supplications publiques de
la crypte de Saint-Lambert, dans l'église de Notre-
Dame, et déposer dans celle-ci la châsse du patron au
nom duquel ils réclamaient justice (2).
Le grand incendie de n85 l'épargna, comme par
miracle : poussées sans doute par le vent d'Est, les
flammes semblent s'être jetées de la Cathédrale sur les
bâtiments adjacents, sur le palais du prince et sa cha-
pelle des Onze-mille- Vierges ; elles avaient gagné jus-
qu'à la collégiale de Saint-Pierre et l'église de Saint-
Clément et Saint-Trond aux pieds du Publémont. Resté
intact au sein des flammes, seul debout au milieu des
ruines (3), le petit temple de Sainte- Marie dut se retrou-
ver alors, pour quelques années au moins, la véritable
Cathédrale. Sa conservation paraissait aux contempo-
rains le témoignage merveilleux de la protection de la
Vierge pour la Cité dont elle était la première patronne.
Aussi est-ce là que, lors d'un pèlerinage solennel fait
peu après à Liège par les Hutois, avec les reliques de
leur saint Do'mitien, on réunit la châsse du patron de
Huy, et celle du grand martyr liégeois (4).
Un martyrologe de Munsterbilsen, que l'on croit de
(1) Mon. SS., t. XXV, p. 58.
(2) Chapeaville, Gesta Pontificum Leodiensium, t. II, pp. 55 1 et 562.
(3) « Nonne et ipsa ( Dei genitrix) suam mirabiliter conservavit ecele-
» siam... Ma tamen ecclesia, refugientibus et torpentibus flammis intacta
» perstitit et illaesa » (JEg\d. Aureaev., Mon. SS., t. XXV, p. m).
(4) Lamberti parvis Annales (édit. des Bibliophiles liégeois), p. 43.
— 86 —
la seconde moitié du XIIe siècle, mentionne une transla-
tion du corps de saint Lambert faite le 24 décembre
« de l'église de Sainte-Marie dans la crypte, et la con-
» sécration, ce même jour, de la crypte à tous les
» saints (1). » A moins de se rapporter à la reconstruc-
tion de la Cathédrale par Notger, cette translation ne
peut être que celle qui, après la restauration de Saint-
Lambert, à la suite de l'incendie de 11 85, ramena, de
Notre-Dame, dans la chapelle souterraine de la nou-
velle Cathédrale, les reliques du patron national.
On ne s'étonnera pas, qu'en 1212, alors que cette
restauration ne pouvait être achevée, au moins pour
l'ameublement du temple, les pillards brabançons se
soient attachés surtout à dépouiller l'église, vraisem-
blablement mieux garnie, de Notre-Dame. Un d'entre
eux ne craignit même pas de répandre sur le sol les
hosties consacrées, pour s'approprier le vase qui les
contenait (s).
On ne sait pas bien, quand, dans la suite, Sainte-
Marie fut rebâtie; mais il n'y a pas à douter qu'elle
occupait, dès lors, l'emplacement qu'elle devait garder
jusqu'à son dernier jour : son entrée du moins s'ouvrait
encore au xvme siècle, comme nous le voyons au
commencement du XIIIe, sur le portail même de Saint-
Lambert (3).
Les derniers dessins qui nous restent de Saint-
Lambert, nous font voir ce qu'était Sainte-Marie auprès
de la grande Cathédrale et nous montrent que la petite
église paroissiale n'avait plus rien gardé, quand elle fut
abattue, des caractères de l'architecture romane des
jours de Notger. Faut-il prendre pour l'époque de sa
restauration, la fin du XIVe siècle, alors qu'on y apporta
(1) Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XII, p. 33.
(2) Mon. SS.t t. XXV, p. 176.
(3) « Fatigatus tandem pervenit ad porticum an te ostium eedesias
» sanctae Maris » (Chapeaville, Gesta Pontificum Leodiensium, t. I,
p. i%6 ; Mon. 55., t. XXV, p. 42).
— 87 —
la cloche d'Eicke, et que Ton commença d'y enterrer
des bourgmestres, comme en témoignaient les plus
vieilles pierres sépulcrales du lieu? Faut-il reculer
cette restauration jusqu'aux derniers temps de la pé-
riode ogivale ? Les plus vieux vitraux du sanctuaire
dataient du milieu du XVIe siècle, et c'est au commen-
cement du suivant, le 14 juin 1623, que le chapitre de
Saint-Lambert décidait (i) la démolition d une bou-
tique, aux abords du portail de la Cathédrale, pour
permettre l'érection du petit portique, en toiture à double
versant, qui devait servir d'entrée à Notre-Dame (2).
À s'en rapporter aux rares dessins qui nous en sont
restés, et aux notes et souvenir des Liégeois qui l'avaient
connue à la fin du XVIIIe siècle, Notre-Dame se trou-
vait établie un peu en contrebas de Saint- Lambert, à la
droite de la Cathédrale, entre le portail d'entrée de
l'Est, et la grande tour du chœur de cette Cathédrale.
Un étroit jardin longeait celle-ci ; entre ce jardin et
Notre-Dame-aux-Fonts, s'étendait le cimetière de la
petite paroisse (3).
Le chœur s'éclairait de trois fenêtres ornées de
vitraux : la principale offrait l'image et les quartiers de
1 evêque Robert de Berghes en prière devant la Vierge :
elle devait donc dater de i557 à 1564 ; les vitraux d'une
autre représentaient les trois vertus de foi, d'espérance
(1) Bormans, Conclusions capitulaires, anno 1623.
(2) Si Notre-Dame-aux-Fonts devait se relever aujourd'hui dans son
emplacement et ses proportions d'autrefois, c'est au bas de la place Saint-
Lambert, dans la partie de la voie pavée entre les lignes du tram et les
maisons, à quelques mètres seulement de celles-ci qu'elle réapparaîtrait,
son porche d'entrée en face de la librairie Desoer, son vaisseau se pro-
longeant vers TorL-nt, et le chœur venant se terminer, presque en face,
en deçà de Souverain-Pont. Voir le plan terrier de Saint- Lambert, page
73, du volume des Conférences de la Société d'Art et d? Histoire sur la
Révolution française au pays de Liège, 1889.
(3) C'est dans ce cimetière qu'en 1299 on enterra les malheureux tués
à Bleret et à Pousset, et de la tombe desquels on ne put éloigner leurs
chiens (Hocsem; Chapeaville, Gesta Pontificum Leodiensium, t. II,
p. 333).
— 88 —
et de charité ; ceux de la troisième rappelaient l'artis-
tique et patriotique souvenir de cette paix de Cateau-
Catnbresis qui avait valu au pays de Liège la restitu-
tion de Bouillon et d'autres places de notre frontière
française : Ton y voyait réunies, par un étrange con-
traste pour un vitrail d'église, les figures d'Elisabeth
d'Angleterre et du roi Philippe II avec celles du roi
Henri II et de l'empereur Ferdinand Ier (4).
Le vaisseau de l'église lui-même était percé de trois
fenêtres d'un côté, trois fenêtres de l'autre: toutes étaient
décorées de vitraux du xvie siècle, représentant des
scènes du Nouveau Testament, don d'un grand prévôt
de la noble maison de Bocholt. Au fond de l'église,
où le jubé portait des orgues de Bernard Picard, trois
fenêtres ogivales géminées prenaient jour dans la
façade ; au-dessus de la fenêtre centrale on remarquait
de l'extérieur un trio de minces baies en lancettes ;
elles occupaient le haut du fronton que surmontait un
bout de tour carrée, coiffée elle-même d'une petite
flèche aiguë. La cloche principale de cette tour, venait,
disait-on, de la ville de Maeseyck : enlevée au cours
de l'expédition des Liégeois contre le comte de Gueldre
en 1397, elle avait été emportée par le métier des
febvres, et donnée par celui-ci à 1 église de la Corpo-
ration.
A Notre-Dame, en effet, outre les autels fondés de
la Vierge, de sainte Caherine, des saints Simon et
Désir, de saint Laurent et de sainte Agathe, on remar-
quait celui de saint Eloy : la plus vieille paroisse de
Liège était en même temps le siège religieux de sa plus
importante corporation industrielle, celle de nos vieux
ferronniers. Et par une rencontre non moins intéres-
sante, c'était aussi dans le plus vieux temple de la
Cité qu'était érigée, — humble pierre d'attente pour le
(1) Del vaux, Mémoires manuscrits sur r histoire de Liège, t. II, p. 75,
à la Bibliothèque de l'Université de Liège.
— 89 —
monument dogmatique de l'avenir : la confrérie lié-
geoise de l'Immaculée Conception.
Un plafond de bois cachait la voûte de l'église :
Gilles Delcour, le frère du célèbre sculpteur, l'avait, à
la fin du xvne siècle, décoré de ses peintures. Le
maître-autel était orné d'une Assomption de Bertholet,
d'une Conception plutôt, cadeau du commissaire de
Harenne; et le chœur offrait, en regard d'une autre
Assomption, de Carlier, un saint Charles Borromée en
prière au milieu des pestiférés donné par Charles de
Coninx, chanoine de Saint-Martin (4). C'est ce tableau
qu'emportèrent les spoliateurs de 1792, et qui, après
avoir occupé quelque temps une place d'honneur dans
les musées de Paris, fut rendu, en 181 5, à la nouvelle
Cathédrale de Liège.
Outre les célèbres fonts baptismaux de Hellin et de
Lambert Patras, devenus de nos jours le joyau artis-
tique de Saint-Barthélémy, Notre-Dame-aux- Fonts ren-
fermait une chaire de vérité sculptée par Werburc.
Son pavé ne se composait guère que de pierres sépul-
crales, sous les sculptures et les inscriptions desquelles
reposaient de nombreux Liégeois, dignitaires de l'église,
nobles, simples bourgeois, le peintre la Fabrique,
inhumé là en i'/33, et dix bourgmestres de Liège ense-
velis pour la plupart à côté de leur femme ou de leurs
parents. Ces bourgmestres étaient Goeswin de Fié-
malle, mort en i386; Gilles de Mollin, en 1424; Gé-
rard Tollet, en 1494; Mathieu de Tongres; Onufride
de Celliers, en 153g ; Henri Haweal; deux Jean Piteit,
en i55i et en 1578; Jean de Soheit, en 1571; enfin
l'auteur des Nobles devant les tribunaux, le bourg-
mestre Jean-François de Malte, décédé en 1703 (2).
(1) J. Helbig, Histoire de la peinture liégeoise, p. i83.
(2) Recueil héraldique des bourgmestres de Liège, pp. 88, i33, 164,
219, 247, 23i, 258, 278, 280, 284, 285, 3oo, 497, 5o2, 52i, 529, 533 et 534;
Van den Steen, La Cathédrale de Saint- Lambert, p. i35, etc. ; Delvaux,
manuscrit cité, t. II, p. 75.
12
— 90 —
La Révolution ne devait pas traiter mieux que des
dépouilles d'évêques, ces derniers ossements de magis-
trats populaires : leurs pierres tombales furent brisées,
réduites en chaux dans le four établi au milieu des
ruines, ou employées aussi à réparer des murs d'eaux,
à combler un vieux canal ; quant aux ossements, ils
durent passer sous la meule avec les os de ces princes-
évêques que ces magistrats communaux avaient aimés
ou combattus, et le tout servit à fournir du salpêtre aux
soldats de la République libératrice.
L'humble église elle-même, profanée par les emplois
les plus sacrilèges, mais qu'on n'avait pas abattue à
cause des habitations adossées à ses murailles, ne devait
pas être définitivement plus épargnée que le grand mo-
nument national dont elle avait partagé la fortune. En
1798, ce que les pillages avaient laissé de mobilier à
Notre-Dame avait été vendu, pour la somme de 622
francs. L'église restait sous séquestre. Accueillant les
propositions de l'administration de Liège, une loi du
i3 février 1801, vint octroyer à la Ville le terrain occupé
par les dernières ruines de la Cathédrale et par Notre-
Dame-aux-Fonts, à la condition, pour la commune,
de se charger de déblayer celui-là et de démolir celle-ci.
Un an après rien n'était fait ; aussi le 16 février 1802,
le maire était-il officiellement invité à prendre les me-
sures nécessaires pour la démolition de Notre-Dame-
aux-Fonts et des baraques ou maisons attenantes (4).
L edilité finit par s'exécuter. Au cours des dévas-
tations précédentes, les cadavres trop peu consumés
qu'on avait rencontrés dans les monuments ou le sous-
sol de la Cathédrale, avaient été entassés dans de
grandes fosses creusées au cimetière de Notre-Dame-
aux-Fonts : terres, pierres, restes mortels furent indif-
féremment enlevés et servirent à remblayer soit des
(1) Van den Steen, ouvrage cité; Mémorial de la ville de Liège,
p. 222.
— 91 —
excavations formées par la Meuse dans ses murs d'eau
négligés, soit celles qui se trouvaient au quartier d'Ou-
tremeuse.
Avec l'église furent abattues les constructions qui
l'entouraient et qui s'adossaient au vieux baptistère,
ou s'alignaient entre cette petite église et la grande
tour de Saint-Lambert, les unes établies au niveau du
cimetière, d autres plus bas, sur la rue. Aux pieds de
celles-ci s'ouvraient de petites boutiques dans les-
quelles, dès le XVIIe siècle, s'installaient des marchands
d'oranges.
Les plus notables de ces constructions formaient ce
qu'un acte de 1475 appelait « les démorages des archi-
» prêtre et pleban délie église Notre-Dame-aux-Fonts,
» joindant al arvol dessous la tour Saint-Lambert,
» d'une part et, d'autre part, az grez de la dite
» église (1). »
On se souvient que Gauthier de Ravesteyn, le fon-
dateur du chapitre de Saint-Materne, invoquait comme
un des motifs principaux de sa réforme, ce fait qu'on
en était venu, d'abus en abus, à n'avoir plus qu'un
vicaire pour desservir Notre-Dame. Réorganisateur si
zélé du culte dans la Cathédrale, et jusque dans l'hôpi-
tal des cloîtres, encouragé tout particulièrement d'ail-
leurs par un nonce préoccupé d'assurer mieux chez
nous l'administration des paroisses qui relevaient des
collégiales liégeoises, l'abbé-doyen Gauthier n'a pu
manquer de reconstituer autant qu'il en était besoin, le
service sacerdotal du baptistère et de la plus ancienne
paroisse de Liège ; tout au moins d'attacher deux
prêtres à ce service. Aussi voyons-nous, dès le XIIIe
siècle, apparaître à Sainte-Marie ce desservant princi-
pal, qui prend le nom d'archi prêtre de Liège et souscrit,
avec ce titre, aux actes de la Cour allodiale. Un autre
viendra le seconder qui, plus spécialement chargé de
(1) Archives de TEtata Liège, échevins, reg. 35, fol. 282.
— 92 —
l'administration paroissiale, recevra le nom de pléban,
parfois de curé, plebanus et pastor, dira-t-on en 1765,
comme on disait, en 1224, sacerdos et investitus. Tous
deux resteront, jusqu'à la fin, les élus du prévôt, suc-
cesseur lui-même, pour leur conférer ces fonctions, des
anciens abbés de Notre-Dame.
Jusqu'au dernier jour, d'ailleurs, l'archiprêtre de
Notre-Dame devait demeurer le chef du Concile, de la
réunion des trente-deux curés de la ville, ou, comme il
signe, par exemple, dans les pièces adressées au pape
au sujet de l'élection du prince d'Outremont en 1763 :
« Concilii postorum leodiensiutn decanus et archipres-
» byter nostrœ Dominée. » Et cette qualification n'était
pas qu'un vain honneur : l'archiprêtre exerçait véri-
tablement les fonctions de doyen de ce clergé parois-
sial, et de président effectif des réunions de ce Concile.
Le local officiel de ces réunions joignait même à la
fois son habitation et l'église dont ce local dépendait,
comme on le voit par un acte de 1688 : « maison située
» sous la chambre des S2 pasteurs de N.-D., join-
» dant vers l'église aux degrés de la maison de l'archi-
» prêtre, vers le marché aux boutiques de la Rose, et
» derrière à Notre-Dame (i). »
Là tout près se trouvait le plus ancien siège de la
justice échevinale et par suite du plus ancien conseil de
la Cité : ce conseil aussi n aurait-il pas commencé par
n'être qu'une institution de Notre-Dame, et n'est-ce pas
du sol du domaine de la Vierge, sous la protection
des immunités de l'Eglise, qu'ont germé, poussé nos
premières franchises communales?
A la longue d'autres églises de Liège avaient obtenu
le droit de posséder aussi des fonts baptismaux comme
Sainte- Marie : c'avait été d'abord Saint- Adalbert pour
le quartier de l'Ile; plus tard Sa int-Jean- Baptiste dans
(1) Je dois l'indication de ce détail et de quelques autres de ce chapitre
à l'obligeance de M. Thcod. Gobert, auteur des Rues de Liège,
— 93 —
le quartier Hors-Château; plus tard enfin, sur la rive
gauche de la Légia, Saint-Servais, à la fin du xvie
siècle.
Notre-Dame-aux- Fonts n'en restait pas moins, par
excellence, le baptistère de la ville. Les vieux registres,
gardés par son clergé, constituaient l'état civil et le livre
d'or des citoyens liégeois. Les grandes familles de la
Cité, alors même qu'elles l'eussent pu faire ailleurs,
tenaient à honneur de voir administrer le sacrement
de l'initiation chrétienne à leurs nouveaux-nés, dans
le sanctuaire historique de Notre-Dame-aux-Fonts ;
Tévêque, jusqu'aux derniers temps, quand il baptisait
ne le faisait qu'en ce sanctuaire. C'est là aussi que ces
grandes familles aimaient à faire célébrer les mariages
de leurs membres, et de là que, mourants, la plupart
des Liégeois recevaient l' Extrême-Onction.
De même qu'aucune des collégiales de la Cité ne
pouvait, dit-on, mettre ses cloches en branle chaque
jour, avant que celles de Saint-Lambert ne se fussent
fait entendre : de même nulle des paroisses n'avait à
commencer la sonnerie de ses offices, avant que le
signal ne fut parti du petit clocher de Notre-Dame : à
celle-ci de déterminer les heures paroissiales de la
ville entière (a).
En vertu d'un usage plus surprenant pour nous, et
qui témoignait une fois de plus du caractère d'église-
mère qu'avait Notre-Dame à Liège, c'était à l'entrée du
chœur de celle-ci que se présentaient soudain, à quel-
que quartier qu'ils appartinssent, les fiancés au mariage
desquels lçs parents s'étaient opposés par des consi-
dérations d'antipathie, d'âge ou de rang. Au moment
où Tarchiprêtre ou le pléban arrivaient à l'autel pour
y accomplir une fonction sacrée, ces fiancés décla-
raient à haute voix, devant tous, qu'ils se prenaient
pour époux : le prêtre, témoin forcé de leur union, ne
(i) Delvaux, manuscrit cité.
— 94 —
pouvait se refuser à leur en donner acte, sauf aux
parents à intervenir, en certain cas, pour empêcher la
vie en commun de mariés trop jeunes (\).
On ne reviendra pas sur cet autre privilège de
Notre-Dame d'être le siège de plusieurs de nos plus
importants tribunaux. Quand même ils ne se tenaient
pas à la lettre dans cette église, mais « entre Notre-
» Dame et Saint- Lambert » le porche de la Cathédrale
qu'ils occupaient semblait encore lui être commun avec
la petite église. Le tribunal s'installait alors sur un
grand pallier au haut de la première volée des marches
de pierre, qui, derrière la porte d'entrée, conduisaient à
Saint- Lambert : les statues, si remarquablement sculp-
tées, qui décoraient cette porte, la suite et l'élévation
de ces larges marches, le dais majestueux de ces belles
voûtes ogivales devaient faire un cadre artistique pitto-
resque et solennel aux délibérations de ces tribunaux
où 1 évêque siégeait, en pontife, entouré des dignitaires
de son clergé, de sa noblesse et de l'administration de
sa capitale. Le portail de Saint-Lambert n'était cepen-
dant plus, dans cette circonstance, qu'un prolongement
de Sainte-Marie, et les juges n'avaient d'autres cloches
d'appel que celles de cette église. C'est ce que nous
attestent à la fois nos écrivains judiciaires de la fin du
XIVe siècle : « Monseigneur de Liège, » dit Jacques de
Hemricourt, en son Patron del temporaliteit (a), « Mon-
» singnor de Liège et nul autre que lui ne peut siéger
» au tribunal de paix à Liège en l'église Notre-Dame,
» près de la grande église de Liège, et non autrepart, le
» samedi et nul autre jour. » De même pour le tribunal
de l'Anneau du palais : « Quand les enquêtes seront
» faites, les enquêteurs les devront clore, sceller et
» rapporter en main de celui qui gardera la parole de
» Monseigneur, lequel les devra remettre pour le juge-
(1) Van den Steen, ouvrage et page cités.
(2) Raikem et Polain, Coutumes du pays de Liège, t. I, p. 275.
— 95 —
» ment à rendre, à quelque prud'homme sans suspi-
» cion, et celui-ci les devra ouvrir par devant l'assem-
» blée des hommes de Monseigneur en la dite église de
» Notre-Dame et non autrepart (1). »
De même pour la condamnation des contumaces,
qui ne peut être rendue qu après sept sommations,
comme le rappelle Jean d'Outremeuse : « Mais à la
» septième il convient en rester là. Alors doit-on les
» cloches de Notre-Dame sonner ; un homme procla-
» meur jure doit monter à l'autel et doit prononcer que
» l'accusé est fors-jugé, » jugé par contumace («).
Le lieu ou Tévêque se plaçait dans ces cérémonies,
était celui où nous avons vu inhumer dans l'église, les
restes mortels de Jean d'Enghien : il semblait donner
une authenticité plus puissante aux conventions qu'on
y passait : « Che fut fait et covenanchié, » lit-on, par
exemple, dans un acte du XVe siècle, « en ïéglise paro-
» chial N-D a\ forts à Liège en lieu condist ou Mons-
» seigneur siet al Paix (3). »
Au premier rang des juges de ce tribunal de paix,
au-dessus de l'archiprêtre et du pléban de Sainte-Marie
un autre dignitaire demeura jusqu'à la fin le régent
suprême de cette église : c'était celui qui, en sa qualité
d'héritier des anciens abbés conférait à l'élu de son choix
archipresbytérat et plébanie, tout en conservant pour
le ressort entier de la ville, à titre toujours d'héritier de
ces abbés, les attributions des archidiacres : c'était le
grand prévôt de Saint-Lambert. Il ne serait pas sans
intérêt de relever le détail des luttes qu'il eut à soutenir,
à ce titre, contre cette autorité communale qui se subs-
titua de plus en plus dans la commune de Liège aux
vieux pouvoirs issus de la possession du sol liégeois
par la communauté religieuse des premiers jours. Ces
(1) Idem, p. 275.
(2) Jean d'Outremeuse, t. IV, p. 275.
(3) Archives de r Etat à Liège, convenances et testaments, p. 433.
— 96 —
recherches nous conduiraient trop loin et ne sont pas
strictement nécessaires pour justifier la thèse ici déve-
loppée. Tout diminué qu'il fut, ce pouvoir du prévôt
conserva quelques-unes de ses attributions jusqu'au der-
nier jour de la principauté. Un autre usage, qui ne prit
fin qu'avec elle, fut celui qui avait fait de l'archiprêtre
de Notre-Dame le garde-sceau de la Cour allodiale.
Plus n'est besoin non plus d'y revenir, pour vous
le demander une fois encore, mon cher Président :
les attributions caractéristiques de cette église, de son
clergé et de l'héritier de ses abbés, ces privilèges judi-
ciaires, baptismaux, matrimoniaux de Notre-Dame-
aux-Fonts, cette primauté de sonnerie et cette juridic-
tion archidiaconale et décanale pourraient-ils s'expli-
quer mieux que par ce fait que cette église était à Liège
la mère de toutes les autres ?
IX.
NOTRE-DAME ET SAINT-LAMBERT.
Seriez-vous tenté de m'objecter que si l'on ne peut
contester à Sainte-Marie l'honneur d'être la plus an-
cienne paroisse de Liège, si toutes ses sœurs ont reconnu
ce droit d'aînesse, ou plutôt de maternité, il n'est pas
prouvé jusqu'ici que Saint-Lambert l'ait également re-
connu : la paroisse de la Vierge n'aurait-elle pu être, de
bonne heure, une sorte de succursale détachée de la
Cathédrale primitive ?
S'il ne restait que cette objection à résoudre pour
emporter votre conviction, mon cher Président, je ne
désespérerais pas d'en achever la conquête.
Au surplus, nous en conviendrons sans peine, il
n'est pas aisé de distinguer au premier coup d'oeil pro-
mené sur le vieux Liège, au temps le plus ancien, les
limites du domaine de Saint-Lambert et de celui de
Notre-Dame.
— 97 —
Vous aurez remarqué pourtant, dans les arrange-
ments qui réglèrent la transformation de l'antique
abbaye sous Jean d'Eppes, les mentions répétées de la
Sauvenière, et vous ne l'ignorez, certes, pas : la Sau-
venière était alors une de ces localités autonomes,
comme le furent Avroy, Fragnée ou d autres, dont la
fusion dans l'agglomération liégeoise, devait former
lentement la grande ville.
Le diplôme donné le 23 décembre 1 107 par l'em-
pereur Henri V, en faveur des immunités des personnes
ecclésiastiques à Liège, avait nettement stipulé que le
pouvoir séculier de la Cité, n'aurait nul droit d'inter-
venir dans la Sauvenière — à la différence de Liège
même — si ce n'est contre les larrons et dans les cas
soit d'emploi de fausses mesures, soit de ces troubles
publics particulièrement graves, appelés stuer et burines.
En ce qui concerne le cens des habitations, impôt ou
rente, il en sera jugé, ajoute l'acte impérial, par le cha-
noine auquel il appartient : les chartes postérieures
nous ont fait voir que ce chanoine était le prévôt —
l'administrateur du temporel — du chapitre de Saint-
Lambert (4).
La Sauvenière conserva cette autonomie, quelque
temps encore après la fusion de l'abbaye et de la pré-
vôté. Aussi l'article 77 du Pawelhars, met-il en scène
un certain « Johan jadit de Harsta, borgeois délie
» Sablenier (2) » et vers 1324 encore, le Liber officiorum
Ecclesiœ leodiensis, continue de mentionner pour un
dîner obligatoire le bailli de la Sauvenière : « Villicus
» de Sabuleto cum sua uxore, » et les droits du coste
(1) « 5. Si autera non claustralis sedis, sed mansionarie terre domus
» fuerint, ipsas domos spoliandi, obserandi, habitatores capiendi jus erit
» forensi potestati; excepta Sabulonaria, in qua forensis potestas nullum
» jus nisi in latronibus, in falsis mensuris, in seditionibus quas vulgo
» stuer et burine dicimus, judicandis; de censu auteni domorum et lite
» finium terre, canonicus cujus ea fuerit judicabit » (Raikem, Coutumes
de Liège, t. I, p. 334).
(2) Raikem, Coutumes de Liège, t. I, p. 98.
13
— 98 —
sur ce mayeur : « Super villicatum de Sabuleto sex-
» tarium vini et quatuor capones (\). »
La Sauvenière, en réalité, ne fut réunie à la ville
de Liège qu'en vertu de l'article 25 de la Paix des
clercs, traité solennel conclu le 7 août 1287, entre la
commune et les autorités religieuses. Cette annexion
fut même alors payée par la ville 3oo marcs, comme
un véritable achat de territoire fait à la prévôté, qui
conserve d'ailleurs dans le quartier cens, rentes et pri-
vilèges pareils à ceux que gardent les échevins de
Liège (2). On eut soin de stipuler, dans l'article sui-
vant, que les habitants de la Sauvenière ne pourraient
être imposés par leurs nouvelles autorités communales
qu a l'avenant des autres quartiers de la ville, et que
la grande église se réservait le droit de ne laisser user
que comme il lui plairait de la place « entre le pont
» d'Ilhe et la maison Mailhar délie Salvenier, » mai-
son sise en la Basse-Sauvenière.
Ce quartier de la Sauvenière, alors beaucoup plus
étendu que de nos jours, comprenait la plus grande
partie du Publémont, en montant jusqu'à Saint-Martin
au moins et en descendant jusqu'à la Meuse qui lon-
geait alors le pied de la Sauvenière, de Roland gouffre
au Pont-d'Ile. Ne ressort-il pas des pièces citées, qu'à
l'origine, il n'était compris ni au civil, ni au religieux
dans la localité de Liège proprement dit, et que cepen-
dant il formait le patrimoine propre de Saint- Lambert?
(1) Cité par F. H en aux, Bulletin de P Institut archéologique lié-
geois, t. IV, p. 164.
(2) a 25. Délie Salvenier est-il accordeit en teile manière que cilh
» délie Salvenier seront à tous frais délie vilhe et seront de teile jurisdio
» tion et de teile justiche comme li aultres bourgeois ; et parmi chu, nous
» le vilhe de Liège devons donner IIIe mars liégeois qui seront en la
» disposicion de prevost et de l'englieze, et ne doit plus li prevost avoir
» en le Salvenier que chose que li esquevins de Liège gardent et ses cens
» et ses rentes ; et parmi chu doit avoir C mars de ligois ou C souldées
» de terre par an, de queils C mars ou C souldées de terre par an cilz de
» Liège ont asseis fait, et nous li prevost et li englieze nous en tenons bin
» payez » (Raikem, Coutumes de Liège, t. 1, p. 400).
— 99 —
Géré, — grâce au privilège d'une antique immunité
sans doute, — par l'administrateur même de Saint-
Lambert, son prévôt, il lui devait cens, rentes, hom-
mages et recevait de lui protection et justice. Le prévôt
y garda même jusqu'à la Révolution française la nomi-
nation des curés de Saint-Michel et de Saint-Nicolas-
aux-Mouches.
Vers Tan mil déjà, quand Notger veut, au haut de
la Sauvenière, faire ériger une église sur l'emplacement
redoutable où un seigneur puissant projetait d'élever
un château-fort, n'est-ce pas au plus ancien prévôt dont
le nom soit venu jusqu'à nous, au prévôt Robert, qu'il
fait prendre l'initiative de la construction (<)? On sait
les difficultés que le prédécesseur immédiat de Notger,
Tévêque Eracle, eut avec les habitants de Liège (2). On
sait même qu'il projeta de transférer sur un tout autre
emplacement que l'ancien, et la cathédrale et le palais
qu'il avait à reconstruire : ce fut sur la Sauvenière
qu'il s'établit lui-même ; à son extrémité qu'il com-
mença de bâtir l'église qui ne devint pas la Cathédrale,
comme il l'avait projeté en 965 (3), mais la basilique de
Saint-Martin ; et sur les flancs de la Sauvenière aussi
qu'il concéda en 961, aux moines de Stavelot, le terrain
que ceux-ci sollicitaient de lui pour s'y ménager un
refuge (4). L'évêque saint Hubert le premier n'avait-il
pas choisi, pour y ériger son monastère de Saint-
Pierre, le pied du même Publémont ; n'avait-il pas dû
s'entendre pour ramener les restes de saint Lambert au
lieu de son martyre avec les seniores loci (5) ? Devant
ces indices et ces faits n'est-on pas autorisé à penser que
si le chapitre de Saint- Lambert et nos plus anciens
(i) « Accersito archidiacono , eidemque majoris aecclesiœ praepo-
» sito, nomine Rotberto » (Anselme, édition Koepke; Migne, Patrologie
latine, t. CXXXIX, p. 1098).
(2) Anselme, Ibidem, p. 1088.
(3) Martène, Amplissima collectio, t. VII, p. 54.
(4) Ibidem, t. II, p. 47.
(5) Acta sanctorum novembris, t. I.
— too —
fondateurs d'églises collégiales ne purent se donner un
patrimoine territorial ou ériger des fondations tout à fait
indépendantes que dans cette partie de la future grande
ville, c'est que le reste relevait d'une autre autorité reli-
gieuse et temporelle, formait le domaine dune autre ins-
titution antérieure à Saint-Lambert?
Cette institution, impossible de la retrouver ailleurs
que dans Notre-Dame de Liège! Pas la moindre trace
dans la première enceinte de Leodium d'une autre
église peu connue, d'une autre communauté que celle-
là ! La seule fondation dont on ait parlé, — tardive-
ment, — la chapelle des saints Cosme et Damien, par
là-même qu'elle fut toujours donnée pour le lieu précis
du martyre de saint Lambert, n'a pu être l'église où il
allait prier en dehors de son habitation. Cette chapelle
de saint Cosme, quand nous en constatons l'existence,
n'a jamais, à aucun moment, rien d'une paroisse, rien
d'une communauté ecclésiastique, ni desservants, ni
dotation, ni juridiction quelconque. Une légende d'a-
près coup a pu seule présenter cette chapelle, qu'aucun
document ne prouve avoir existé en dehors de la Cathé-
drale, comme plus ancienne que le saint en l'honneur
duquel cette Cathédrale fut érigée.
Tout nous ramène ainsi, lorsque nous recherchons
la première église de Liège, à celle dont la sainte
patronne partage, du plus loin, avec le saint martyr, le
culte de nos aïeux ; à l'abbaye que nous avons vu rele-
ver la première, après les destructions des Normands :
« Prima leodiensis sancte Marie; » au sanctuaire qui
conserva le baptistère de Liège et l'état civil de ses
citoyens, abrita la Cour allodiale et l'état civil des pro-
priétés libres, les synodes épiscopaux, le tribunal de
paix de l'évêque et le tribunal des juges ecclésias-
tiques ; à cette paroisse primaire dont la juridiction
archidiaconale s'étendait à toute la ville, excepté d'abord
la Sauvenière, domaine particulier de Saint-Lambert,
— à cette église-mère enfin, si bien reconnue telle par
— 101 —
nos plus vieilles collégiales, — que toutes lui devaient à
ce titre l'hommage de certaines visites annuelles.
Rien de plus caractéristique à ce sujet que cette
décision, prise par le chapitre même de Saint- Lambert,
dans sa réunion du 8 avril i5g2, décision à laquelle il
a déjà été fait allusion.
Les collégiales de Saint-Martin, Saint-Paul, Sainte-
Croix, Saint-Jean, Saint-Barthélémy, ayant omis de se
conformer à l'usage, le chapitre de la Cathédrale les
fait rappeler à Tordre par les prévôts respectifs, et leur
fait transmettre, d'après les chartes de Saint-Lambert,
les articles d'un antique règlement, dont les dispositions
avaient été confirmées comme très anciennes déjà, leur
dit-il, par un bref du pape Clément III.
Ce pape, dont le court pontificat ne s'étendit que
du 20 décembre 1187 au 27 mai 1191, avait donc
expressément constaté et confirmé, dès la fin du xne
siècle, l'usage et l'obligation des collégiales de Liège,
de rendre processionnellement, à certaines époques et
jours déterminés, « visite à leur mère, l'église de Notre-
» Dame,. c'est-à-dire de Notre-Dame-aux- Fonts (i). »
N'aurions-nous point conservé les clausulœ approu-
vées par Clément III et visées dans ces conclusions?
Copie en avait été, en i5g2, envoyée pour rappel aux
(1) « VIII april 1592. Cum quinque ecclesiae sancti Martini scilicet,
» sancti Pauli, Crucis, Joannis et Bartholomei ex antiquissima et per
» sanctissimum dominum Papam Clementem tertium confirmata consue-
» tudine, consueverint et teneantur matrem suam ecclcsiam Diva? Maria?
» scilicet ad fontes, et hanc certis statutis diebus et tempo ri bus visitare,
» prout certae clausulae ex libris cartarum hujus venerandi capituli de-
» sumptae, ac dicta confirmatio Papae démentis tertii in hoc capitulo
» lectae, id fieri debere arguunt, dictas autem ecclesiae seu illorum ali-
» quae in eo jam aliquoties defectuosae extiterint, résolu tu m fuit copias
» dictarum clausularum et confirmationis reverendis et gcnerosis domi-
» nis praepositis ecclesiarum sanctorum Martini et Joannis, simul et
» ecclesia rum sancti Pauli et Joannis (sic) ac domino Gennaert tradi de-
» bere, fine et effectu ut singuli sua capitula seriomoneantut officiosuo,
» melius quam hactenus fecerunt, satisfaciant. — Traditae fuerunt per
» me singuli s copias » (Date indiquée. Conclusions capitulaires, aux
archives de l'Etat à Liège).
— 102 —
prévôts des collégiales en cause, mais par une coïnci-
dence fâcheuse, les procès-verbaux de la plupart de
ces collégiales sont perdus à cette date ; les autres ne
font point, que Ton sache, mention de l'incident.
Nous trouvons bien, à la fin du premier volume
du recueil de Chapeaville, recueil dont on sait que le
chapitre de Saint-Lambert a surveillé de fort près la
composition (4), nous trouvons bien une sorte de mé-
moire qu'on nous donne comme une ajoute de Gilles
d'Orval, et qui détaille les visites que les collégiales
liégeoises doivent à « leur église-mère, cest-à-dire
» Sainte-Marie et Saint-Lambert. » Cette note a été
rédigée en faveur de la grande église, pour établir les
droits du chapitre et du doyen de celle-ci à 1 égard
de ces collégiales, et, dans ces indications, on semble
avoir confondu à plaisir ce qui regardait Saint- Lambert,
et ce qui pouvait concerner Notre-Dame-aux-Fonts.
Il en ressort qu'à certaines fêtes, Noël, Pâques,
Pentecôte, saint Lambert, Dédicace des églises, Puri-
fication, Ascension et Toussaint, les cinq collégiales
de Saint-Martin, Saint-Paul, Sainte-Croix, Saint-Jean
et Saint- Barthélémy, devaient se faire représenter soit
par une partie ou par l'ensemble de leurs écoliers, leur
maîtrise, soit par certaines délégations de chanoines ou
les deux à la fois ; les obligations des deux autres collé-
giales de Saint-Pierre et de Saint-Denis étaient sem-
blables, quoique un peu moindres. 11 en ressort surtout
que ces visites consistaient partie en processions, et
en actes de présence qui devaient se faire parfois à
Sainte-Marie, « ad fontes. »
On ne saurait, sans autres éléments, faire la part
exacte de la seule église de Sainte-Marie dans ces pro-
cessions. Mais une pièce même de Clément III est de
nature à nous éclairer, dans une phrase qu'on n'avait
pas assez remarquée, et comme cette pièce est la seule
(i) Bormans, Conclusions capitulaires.
— 403 —
de ce pape, relative à ce sujet, que nous trouvions
dans ces livres de chartes de Saint- Lambert, invoqués
par le Chapitre en 1592, c'est bien la substance de nos
clausulœ qui nous est donnée dans la lettre pontificale
du 14 avril 1189.
Clément III, dans cette lettre, ^adressant à Albert
de Rethel, prévôt de la Cathédrale et peut-être abbé
de Sainte-Marie à cette date, confirme d'abord à l'église
de Liège quelques-unes de ses possessions, sans doute
en ce moment-là plus menacées, plus contestées, et
confirme surtout « la liberté ou le privilège dont jouit
» Saint- Lambert de n être pas soumise envers la mère
» église aux mêmes obligations que les sept autres col-
» légiales en ce qui regarde soit l'hommage de déférence
» des sept collégiales de la même cité, soit les stations
y> qu elles ont à faire auprès de leur mère église, à
» Noël, à la purification de la Bienheureuse Vierge
» Marie, aux Rameaux, à Pâques, à l'Ascension, à la
» Pentecôte et en d'autres solennités (la fête de saint
» Lambert ?) comme elles l'ont fait depuis cent ans et
» plus et le font régulièrement à présent (1). » Il n'y a
plus à douter après cela que dès le XIIe siècle, on consi-
dérait comme une des prérogatives les plus antiques à
Liège, le droit de Sainte- Marie de recevoir cet hom-
mage filial de nos plus puissantes collégiales et que
(1) On avait jusqu'ici interprété ce texte comme une indication des
obligations des collégiales envers Saint- Lambert, mais en le rapprochant
des termes de la décision capitulaire de 1592, où il est si nettement
indiqué que l'église de Sainte-Marie est Notre- Dame -aux- Fonts, il
devient manifeste que l'acte pontifical ne confirme pas un droit, mais une
exemption du chapitre de Saint- Lambert : « Clemens episcopus servus
» servorum Dei dilectis filiis Alberto praeposito et capitulo Leodiensis
» ecclesiae... Libertatem quoque et prerogativam Leodiensis ecclesise de
» obsequio septem ecclesiarum canonicarum in eadem civitate et statio-
» nibus ad matrem ecclesiam in Natali, in purificatione Beats Mariée,
» in ramis palmarum, in pascha, in Ascencione, in Henthecoste, et aliis
» solemnitatibus sicut centum annis et amplius fecerunt et hodie incunc-
» tanter faciunt ... auctoritate apostolica confirmamus » (Cartulaire de
Saint-Lambert, p. m).
— 104 —
c'était par une faveur unique que le chapitre même de
Saint- Lambert avait pu se soustraire à cette obligation.
Il est intéressant de rapprocher ce texte de ce fait,
qu'à Huy, le 21 septembre u3o, lors de la consécra-
tion de la maison de Neufmoustier, pour régler la
situation de la communauté nouvelle en regard du
premier temple de la cité de Pierre l'Ermite, l'évêque
déclara simplement établir Neufmoustier en face de
Notre-Dame de Huy, dans la condition des églises de
Liège, en face de leur église-mère (1).
Il est intéressant aussi de noter cet usage qu'obser-
vait au siècle passé le chapitre de la Cathédrale, d'aller
au jour des morts faire en procession une solennelle
prière, non pas au cimetière de Saint-Lambert, mais
à celui de Sainte-Marie, à l'ossuaire qui, formé dos et
de crânes desséchés réunis en forme de Calvaire, s'éle-
vait contre le chœur même de l'église de Notre-Dame-
aux- Fonts (2).
Que cet usage se rattache ou non à ceux dont
Clément III relevait la haute antiquité; que les sept
collégiales aient ou non transformé en visites à Saint-
Lambert celles qu'originairement elles devaient à Sainte-
Marie, qu'on puisse ou non rattacher à l'exemption
maintenue par Clément III le texte déjà cité, où le
contemporain de ce pape, Hugues de Lobbes, montrait
Saint-Lambert se substituant à Liège comme église
principale à Notre-Dame ; il n'y a plus à le contester
en présence de l'interprétation officielle donnée en i5g2
à la lettre de Clément III, et en présence du texte
même de cette lettre papale rappelée encore dans le
(1) « Feci eam liber am cum toto claustro et situ ta m in decimatione
» quam in ceteris exactionibus. Remota itaque omni occasione contro-
» versie, concordie et mu tue invicem dilectionis gratia, decrevi, ut eccle-
» sia béate Marie mater, ista esset tilia, ita videhcet ut idem Jus et privi-
» legium sub ipsa matre haberet in suo ordine, quod ecclesie quœ sunt
» Leodii sub sua matre retinent » (Gilles d'Orval, ajoute de Tinterpola-
teur hutois, Mon. SS., t. XXV, p. 100).
(2) Van den Steen, La Cathédrale de Saint-Lambert, p. 75.
— 105 —
bref de i23o, de Grégoire IX (4), au chapitre de Saint-
Lambert : jusqu'à la fin du XVIe siècle, au moins, ce
fut une tradition admise dans ce Chapitre que 1 église-
mère, à Liège, était Notre-Dame, et que mère elle était,
pour la Cathédrale elle-même, au point qu'il avait
fallu l'intervention de la plus haute autorité de l'Eglise
pour exempter les tout-puissants chanoines, électeurs
du prince et sénat de la principauté, du devoir de re-
connaître plusieurs fois par an, la suzeraineté religieuse
de leur humble voisine. Est-ce assez clair?
Sans doute, à moins de produire au débat des do-
cuments décisifs, inconnus ou perdus jusqu'ici, on ne
dissipera jamais toutes les obscurités qui entourent les
premiers commencements de Leodium, mais à travers
les brouillards qui nous dérobent cette naissance du
VIIe siècle, brouillards semblables à ceux qui cou-
vraient là, dans la nuit du 17 septembre, la marche
criminelle des assassins du bienheureux Lambert, ne
vous semble-t-il pas, mon cher Président, que nous
pouvons distinguer du moins quelques vagues con-
tours, et, si humble qu'il soit, le premier sanctuaire
du hameau nouveau-né?
N'avez-vous pas déjà remarqué comment, sous
l'action providentielle, les fondations religieuses de
cette race de Pépin et d'Arnulphe, qui devait nous
donner Charlemagne, se rapprochent de plus en plus,
pendant ce vne siècle, du val où le sang de saint Lam-
bert devait faire lever, lui, la grande cité wallonne?
Les cloîtres des filles du vieux Pépin, de Gertrude
de Nivelles et de Begge d'Andenne, sont dotés, pour
bonne part, avec leurs patrimoines hesbignons. Plus
près de nous, Ode a élevé, sur les bords de la Meuse,
la communauté religieuse d'Amay ; saint Arnulphe que
le moyen âge a voulu croire, — et rien n'empêche de
partager sa foi, — le fils de cette sainte Ode, Arnulphe
(1) Carlulaire de Saint-Lambert, p. 263.
14
— 106 —
et Clodulphe, ont établi proche de ces localités ton-
groises que nous avons vu fournir la dotation de Sainte-
Marie de Liège, la communauté pieuse, le cloître hos-
pitalier de Russon (i) ; après eux, Pépin de Herstal
assure mieux encore cette communauté de Russon.
Plus près de nous, n'est-ce pas, ce semble, des libéra-
lités de Grimoald que saint Remacle a reçu, pour son
monastère de Stavelot, le territoire de Horion?
Plus près de nous encore, à l'extrémité du vallon
sauvage où viendra se développer Liège, Chèvremont
s'élève, communauté religieuse du même caractère,
sous le patronage de Notre-Dame, institution au moins
aussi ancienne et plus chère encore à la famille caro-
lingienne (2). A l'autre extrémité de Liège, c'est Jupille,
séjour du second des Pépin, qui garde dans son église
patronale de Saint-Amand le souvenir d'un de ces
apôtres épiscopaux, les mieux accueillis dans cette
famille des Pépin ; c'est Herstal, où Charles Martel et
ses successeurs viendront établir leur princière rési-
dence, proche d'une autre église de Notre-Dame. Ainsi
le domaine pippinien entoure sur la droite du fleuve,
de Chèvremont ou d'Angleur à Herstal le futur terri-
toire liégeois ; sur l'autre rive il le borne encore à
Herstal et vers la Hesbaye. Comment, ce voyant, ne
pas se demander si Liège a pu être autre chose, qu'un
fragment démembré de ce grand patrimoine carolin-
gien qui l'enserrait de toutes parts ? Alors que tous
les plus anciens établissements religieux d'alentour se
trouvent ainsi venir d'ancêtres de Charlemagne, quelle
plus vraisemblable origine aurait pu avoir cette com-
munauté primitive de Leodium voisine de leurs rési-
dences ?
Là, saint Lambert, rétabli par l'un d'eux sur son
siège épiscopal, vivait, commandait, séjournait, offi-
(1) Mon, Diplom. reg. Germaniœ, t. I, pars secunda, p. i83.
(2) Jos. Demarteau, Notre-Dame de Chèvremont, p. 23.
— 107 —
ciait, entouré de disciples et serviteurs ; là il avait
déposé les restes mortels de son prédécesseur saint
Théodard (4) ; c'est vraisemblablement pour cette com-
munauté, qu'au rapport du chanoine Nicolas, il avait
obtenu ces privilèges dont la trace se retrouve dans la
juridiction des abbés de Sainte- Marie, sur le territoire
liégeois, de Herstal à Angleur ?
A la lueur fugitive, mais suffisante, ce me semble,
qui se détache du choc de ces détails et de ceux recueil-
lis ci-dessus, le territoire de Liège m'apparaît, à tra-
vers les brumes de sa première histoire, partagé en
deux domaines sacrés.
Celui de Notre-Dame, la paroisse primitive, est le
plus ancien et le plus grand ; c'est dans la plaine du
fond de la vallée qu'il s'étend, le long de la Meuse.
Distrait du vaste patrimoine des ancêtres carolingiens,
octroyé par un Pépin, Grimoald, Ansegise, ou par
quelque princesse de leur maison, à saint Amand, à
saint Remacle ou à saint Théodard, il a dû son église
au plus tard à celui de ces pontifes dont il eût à garder
le tombeau.
L'autre domaine joint celui de Notre-Dame : com-
prenant un territoire moins fertile et plus restreint dans
ses limites, puisqu'il s'est formé le second, au vu Ie
siècle seulement, peut-être même tiré de l'autre, c'est
sur la montagne inculte, sur le Publémont ou mont
public, sur le vrai Leodium ce semble, qu'il s'étend
principalement : il vient s'arrêter au bas de la Sau-
venière, à ce bras de Meuse qui sépare Liège de l'île
dont il sera réservé à Notger de faire un troisième
quartier de la cité : c'est le domaine nouveau de l'église
et des frères de Saint- Lambert, qui deviendront le
chapitre de la Cathédrale. Le pouvoir de celle-ci ira
toujours si bien croissant, qu'elle finira par absorber,
(i) Jos. Demarteau, Vie de saint Théodard, par Herigère, pp. 26,
32 et 46.
— 108 —
comme nous l'avons vu, dotations, prébendes, juri
tion, l'abbé, le nom même de l'abbaye de Notre-Dai
Elle n'a que trop longtemps, trop complètement
oublier l'autre !
Rendons sa place à chacun : ni le temple natioj
du martyr, ni le Chapitre de ses tréfonciers n'y
dront rien de leur gloire religieuse, de leurs privilq
princiers. La ville y gagnera d'avoir eu pour bero
son baptistère même et d'être née sous le patrom
premier de la mère de Dieu.
Ce tableau est-il trop conjectural encore? Ces a
clusions, à défaut de s'appuyer sur un texte abso]
ment décisif, n'ont-elles pas pour elles, autant que
le crois, de justes présomptions, de précieux indi(
toutes les vraisemblances? J'espère au moins, m«
cher Président, qu'il ressortira de cette étude,
vous comme pour moi, que l'église de Sainte-Mai
fut, dans Tordre des temps, la première église de Liq
Nos pères, dans leurs monuments, faisaient bien
représenter leur cité par la colonne de pierre élevai
fièrement la croix, entre saint Lambert, d'une part,
sainte Marie, de l'autre. Ensemble Notre-Dame et'
saint Lambert avaient fondé Liège ; ensemble ils la
devaient protéger pour jamais et c'est bien à l'autel de ]
la Vierge, que le pontife avait été prendre, dans la nuit
du martyre, le courage de mourir triomphant pour
nous garder l'Evangile et pour fonder la patrie.
Joseph DEMARTEAU.
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HISTOIIUS
DE
L'ANCIEN BAN D'OLNE
ET DE
LA DOMINATION DES CALVINISTES
DANS CE TERRITOIRE (i)
AVANT- PROPOS
DESCRIPTION DE LA COMMUNE ACTUELLE D'OLNE
Olne est une des plus importantes communes rurales
de l'arrondissement de Verviers. Elle est bomée : au
Nord, par Soumagne et Ayeneux; à l'Est, par Xhende-
lesse et Soiron ; au Sud, par Cornesse, Fraipont et
Nessonvaux ; à l'Ouest, par Forêt et Magnée.
(i) Manuscrits et ouvrages cités dans cette notice :
Les cent vingt cinq registres de la Cour de justice du ban dOlne, au
dépôt des archives à Liège ;
Les registres de la Cour féodale et allodiale de Dalhem, au dépôt des
archives à Liège ;
Une liasse sur Saint-Hadelin ; les Rendages d'Olne, etc., au dépôt des
archives à Liège ;
Comptes des drossarts de Dalhem (reg. 13,146 et 13,147 de la Chambre des
comptes), à Bruxelles ;
Archives de la Cure d'Olne, divisées en cinq recueils ;
Deux registres du curé Delva ;
Archives du consistoire réformé, provenant de la mortuaire de Pauline
Régnier ;
13
— 110 —
La superficie en est de 1,541 hectares dont environ
la moitié en terres labourables ; l'autre moitié en prés,
pâtures et vergers.
La population dépasse 3,3oo habitants.
Les principaux hameaux sont : Froidbermont,
Bois d'Olne, Vaux-sous-Olne, Haute-Rafhay, Basse-
Rafhay, Hansez, Gélivaux, Saint- Hadelin, Faweux,
Riessonsart.
Topographie. Il est peu d'endroits où la nature
ait tracé plus de marques distinctives et propres à fixer
une situation. Rivière, ruisseaux, sources, vallons,
Archives des barons cTOlne, au château de Baarlo, en Hollande;
Christ Quix, Codex diplomaticus Aquensis, deux volumes, bibliothèque
du Séminaire de Liège ;
M. S. Ernst, Codex diplomaticus Limburgensis, formant le tome VI de
Y Histoire du duché de Limbourg ;
J. Dans, Histoire de la principauté et du diocèse de Liège, depuis 1724,
quatre volumes;
J. Daris, trois articles, publiés dans les Analectes pour servir à rhistoire
de Belgique 9 tome XI V ;
Ant. Delva, curé d'Olne, Le noviciat réformé, etc., se trouve dans la
bibliothèque de l'Université de Liège;
L. Crahay, Coutumes des Pays d*Outremeuse ;
Chev. de Harenne, Le château de la Rochette et ses seigneurs;
E. Poswick, Histoire de la Noblesse limbourgeoise ;
G. Nautet, Notices historiques sur r ancien pays de Liège;
H. Delvaux, Dictionnaire des communes de la province de Liège;
D. Lenoir, Histoire de la réformation dans ranci en pays de Liège;
Lebrun, Journal général de F Europe, année 1790, bibliothèque de
TUniversité de Liège;
X. X., Grand Calendrier de Hervé, années 1792 et 1794, bibliothèque
de l'Université de Liège ;
Desoer, Ancienne Galette de Liège, années 1792 et 1793 ; bibliothèque
de l'Université de Liège;
Divers, Quelques passages de Namèche, Le Fort, Hénaux, Bormans.
Avis. Dans le but de mettre cette notice à la portée des lecteurs de
toute condition, nous avons retranché du texte les citations en langues
anciennes ou étrangères ; ces citations se trouvent en notes au bas des
pages, où nous avons également indiqué nos sources, sauf le cas où
celles-ci se trouvent suffisamment désignées dans le récit lui-même. En
outre, nous avons transcrit quelques documents intéressants, que nous
publions en appendice à la fin de ce travail.
— 111 —
gorges, montagnes, curiosités naturelles, tout s'y ren-
contre (i).
Transportons-nous d'abord sur les bords de la
Vesdre, qui nous sert de limite du côté Sud. Cette
rivière commence à toucher la commune d'Olne un
peu au-dessous de la filature de Goffontaine, à l'em-
bouchure d'un petit ruisseau nommé Ry de la saute.
Supposons que, au lieu de n'avoir qu'un mince
filet d'eau, cette rivière soit navigable et que nous
puissions à partir de ce point la descendre en nacelle :
à notre gauche, nous aurons la commune de Frai-
pont ; à notre droite, une montagne de notre com-
mune, escarpée, vraiment inaccessible, couverte de
bois-taillis, nommée Nairheid.
Nous continuons de descendre la Vesdre le long de
cette montagne; nous passons à côté de la grande fila-
ture de Gomélevay, puis nous trouvons une grosse
pierre qui sert de séparation entre Olne et Nessonvaux.
Ici la Vesdre quitte notre commune, dont nous ces-
sons, sur l'espace d'un kilomètre, de côtoyer le terri-
toire. Nous avons à notre droite Nessonvaux qui est
borné au Sud par la Vesdre et des trois autres côtés
par la commune d'Olne, dans le sein de laquelle Nes-
sonvaux forme comme une vaste échancrure.
Nous passons sous deux ponts et près d'un moulin
important; à une centaine de mètres au-dessous de ce
moulin, à un endroit où se trouvait autrefois un orme,
nous touchons de nouveau le territoire d'Olne, que
nous avons à notre droite et que nous côtoyons dere-
chef sur l'espace de près de trois kilomètres.
Nous y voyons successivement le hameau de Moi-
rivaux, la montagne de Coucoutnont, en forme de pain
de sucre, le vallon des Cheraux, puis la haute mon-
tagne de Hanse\.
Nous avons toujours à gauche la commune de
(i) Ce passage est du Grand Calendrier de Hervé, année 1794, où se
trouve une description d'Olne dont nous avons largement profité.
— 112 —
Fraipont, dont nous rasons le chef-lieu. Un peu au-
dessous de la Basse-Fraipont, on a exécuté, lors de la
construction du chemin dé fer, une dérivation de la
Vesdre; c'est l'ancien lit qui sert de limite; nous avons
donc sur notre gauche un lambeau de notre territoire.
A droite, nous continuons de côtoyer la longue mon-
tagne appelée Heid de Hanse{ ; nous arrivons au ha-
meau nommé la Vanne au Troo\\ et à l'embouchure
du ruisseau des Chinaux, la Vesdre quitte définitive-
ment notre commune ; non loin de là se trouve là sta-
tion du Trooç.
Quittons maintenant notre nacelle et remontons un
pittoresque vallon, le long du ruisseau des Chinaux
qui sépare les tefritoires d'Olne et de Forêt. Plus haut,
ce vallon s'élargit et devient une belle vallée très bien
cultivée, au- milieu de laquelle nous traversons le ha-
meau de Gélivaux. Continuons de monter, hâtons-
nous de traverser une campagne fertile et arrivons au
hameau de Hanseç. Reposons-nous ici, nous sommes
sur un petit plateau d'où nous découvrons un pano-
rama splendide.
Après avoir plongé, dans la profonde vallée de Nes-
sonvaùx, nos regards découvrent, sur la montagne qui
nous fait face de l'autre côté, le clocher de l'église
d'Olne et mesurent l'énorme circuit que doivent faire
les habitants de Hansez pour se rendre, à travers la
campagne, à leur église paroissiale.
Au lieu de faire ce circuit et de suivre la route vers
Olne, nous préférons aller visiter une autre partie de
la commune.
Nous descendons une pente rapide nommée Thier
de Hanses dans la direction de Nessonvaux; c'est seu-
lement à côté de l'église de cette localité que nous quit-
tons le territoire de notre commune, car toute cette
montagne fait partie d'Olne. En dessous de l'église
nous trouvons la grand'route, que nous suivons dans
la direction de Vaux.
— 113 —
A un endroit nommé Tonvoye se trouve la limite
de Nessonvaux. Ici s'ouvre un long et pittoresque val-
lon, au fond duquel coule le ruisseau de Soiron ; re-
montons ce vallon, c est une agréable promenade et
nous serons ici en pleine commune d'Olne.
Nous trouvons partout de verdoyantes prairies en-
trecoupées parfois de bosquets, de bois taillis. Sur
notre gauche nous avons les hameaux de Tancrê et de
F*roidbermont ; à droite, plus étendu et plus disséminé,
celui du Bois-cTOlne, dominé par le Nairheid dont
nous admirions tantôt l'autre versant au-dessus de la
Vesdre.
Dans cette vallée de Soiron, que nous remontons,
viennent déboucher quatre vallons secondaires : celui
de la Vaussalle, qui se dirige vers les Fosses, près du
village ; ceux de Tancré et de Nectinry, qui montent
vers Froidbermont et celui de Longbur, qui va se
perdre dans la campagne dans la direction de la
Haute-Rafhay. Au fond de ces vallons coulent de
maigres ruisseaux, qui disparaissent en partie dans des
chantoires [\) et se dessèchent complètement en été ; il
faut excepter la fontaine de Tancré qui ne tarit jamais
et dont les eaux, au témoignage du célèbre médecin
Chrouet, doivent être citées parmi les plus salubres du
pays (2).
Nous voici de retour à Vaux-sous-Olne , vallée
dont une grande partie appartient à Nessonvaux. Nous
y voyons un ruisseau important, dont nous parlerons
tout à l'heure, car il est une des curiosités naturelles
de notre commune. Vers le haut de cette vallée nous
voyons s'ouvrir trois ravins pittoresques, dont les deux
supérieurs, nommés Lutuvaux et Chefoux, nous con-
duisent non loin du village.
Le centre de la commune, comprenant le chef-lieu,
(i) Gouffre; dans le pays on dit agolina.
(2) W. Chrouet, De la connaissance des eaux minérales, Liège, 1729.
Cette citation est tirée du Grand Calendrier de Hervé, année 1794.
— 114 —
les Fosses et le Rafhay, est la partie la moins acciden-
tée : c est un vaste plan incliné vers le midi, arrondi en
forme de croupe et sillonné seulement par le petit ravin
de la Falize près du village.
Reposons-nous maintenant, car il nous a fallu une
journée entière pour parcourir et étudier toute cette
partie de notre commune ; nous devons prendre des
forces avant d'entreprendre l'étude de la section de
Saint-Hadelin.
Transportons-nous à l'extrémité de la commune ;
de là, nous nous dirigerons vers le centre. Le voyageur
qui descend à la station de Fléron et suit la vieille
chaussée vers Soumagne arrive en dix minutes près de
la limite de notre commune, à un endroit nommé Hot-
ton, éloigné d'une grosse lieue du village d'Olne. Je dis
qu'il arrive près de la limite, car celle-ci ne touche en
aucun endroit à la chaussée de Liège à Aix-la-Chapelle,
mais ne s'en écarte que d'une cinquantaine de mètres
et lui reste constamment parallèle sur un espace de
plus d'un kilomètre. Singulière délimitation qui entraîne
cette anomalie que des maisons situées près de l'église
d'Ayeneux appartiennent à la commune d'Olne. Cette
partie Nord-Ouest de notre territoire forme un plateau
considérable, incliné au midi et très fertile, au milieu
duquel sont situés les hameaux de Faweux et de Ries-
sonsart. Ce plateau appartient, pour ainsi dire, à une
autre région que la partie centrale de la commune,
dont il est séparé par une vallée profonde et pittoresque,
arrosée par le ruisseau de Soumagne.
Ce ruisseau prend naissance près de Hervé, arrose
Soumagne, fait mouvoir plusieurs moulins et une fila-
ture à la Neuville, et descend vers la Vesdre par les
fonds de Forêt.
Toute cette vallée est appelée à un grand avenir
au point de vue commercial et industriel, car elle ne
peut tarder à devenir un moyen de communication
entre le pays de Hervé et la vallée de la Vesdre.
J
— H5 —
L'église de Saint-Hadelin est pittoresquement située
sur un rocher d'où elle domine la vallée ; à celle-ci
viennent aboutir deux vallons profonds et boisés dont
l'un, le Magnétrooi, sépare Olne de Magnée et l'autre,
nommé la Basse, remonte vers la campagne entre
Faweuxet Riessonsart.
Terminons cette topographie en faisant remarquer
que le point le moins élevé de toute la commune est à
la Vanne au Trooz, où il n'y a que g3 mètres au-dessus
de l'océan. Le point le plus élevé, dans une prairie, à
la Bouteille, près de la route de Xhendelesse, est à 275
mètres; il y a donc une différence de niveau de 182
mètres. Notons encore quelques altitudes : Nairheid
est à 260 mètres, Hansez à 255 mètres, Riessonsart à
226 mètres et le village d'Olne, près de l'église, à 223
mètres au-dessus du niveau de la mer.
La plus grande longueur de la commune, de Hot-
ton au Ry de la Saute est de deux lieues ; la plus petite
largeur, de Froidheid à Rafhay-Soumagne, par le til-
leul, n'est que d'un kilomètre.
Curiosités naturelles. De ce nombre est une
fontaine qu'on appelait autrefois Ry de Rode et dont
les eaux n'apparaissent à la surface que sur un faible
espace. C'est probablement le même ruisseau qui se
perd dans un pré à la Basse-Xhendelesse. Il sort de
terre au Nord du village, parcourt le ravin de la
Fali\et arrose une tannerie et va se perdre de nouveau
sous un rocher près de l'ancienne brasserie banale
d'Olne. Un kilomètre plus bas, à Vaux, il reparaît de
nouveau, si fort et si abondant qu'il fait mouvoir plu-
sieurs moulins et usines. Le ruisseau de Soiron dispa-
raît de la même façon dans une chantoire près de
Tancré.
Une curiosité de même nature, mais plus remar-
quable à cause du grand volume d'eau, se voit près de
Saint-Hadelin. Le ruisseau de Soumagne va s'y perdre
sous un rocher un peu plus bas que la filature, pour
— m —
reparaître au-dessus d'un moulin, dans les Fonds de
Forêt.
Non loin de là, presque au commencement du
vallon de Magnétrooz est une galerie naturelle, qui
semble avoir été percée dans le rocher et qui d'un
bout à l'autre forme une rue longue de 3oo pieds,
large de 20, haute de 40. Cette merveille qu'on dirait
l'œuvre des Titans, mériterait d'être visitée par les
touristes.
Nature du terrain. Il serait à désirer que la
carte géologique de notre pays fut achevée ; elle nous
ferait connaître la superposition des terrains dans notre
commune et les richesses minérales qu'elle contient.
Tout ce que nous pouvons dire, c'est que toute la sec-
tion de Saint-Hadelin et une partie du Rafhay appar-
tient au terrain houiller proprement dit et que presque
tout le reste de la commune est compris dans le calcaire
carbonifère. Il y a toutefois des roches de grès non cal-
caires dans la ligne de collines qui s'élèvent au-dessus
de la Vesdre et M. Destinez a trouvé des psammites du
Condro{ dans le bois de Longbur.
Ces grès et ces psammites semblent se rattacher au
système dévonien de l'Ardenne.
Productions naturelles. On cultive dans cette
commune le froment, l'épeautre, le seigle, l'orge,
l'avoine, les fourrages. La culture des chardons pour
la préparation du drap, autrefois considérable, est
presque abandonnée de nos jours.
Une moitié du territoire est couverte de belles et
verdoyantes prairies. Les essences qui dominent dans
les bosquets et bois-taillis sont le chêne, la charmille,
le coudrier.
La profondeur de la couche végétale varie beau-
coup; dans quelques endroits elle est presque nulle;
dans d'autres elle n'est que de 10 à 20 centimètres, et
dans les meilleures terres elle va jusqu'à 5o centimètres.
— 117 —
La flore est excessivement variée : elle ne se dis-
tingue guère de celle de la vallée de la Vesdre (1), mais
compte quelques plantes propres au pays de Hervé.
Industrie. L'agriculture et la fabrication des ca-
nons de fusil forment les deux principales branches
d'industrie ; la fabrication des clous est pour ainsi dire
entièrement abandonnée. On trouve aussi dans notre
commune des fours à chaux, des carrières, des moulins
à farine, deux filatures, un lavoir à laine, une tanne-
rie, une fabrique de liqueurs, etc.
Il y a beaucoup de cordonniers et de maçons. Plu-
sieurs fermiers s'occupent du commerce des chevaux
de trait.
Foires : le i5 avril et le quatrième lundi d'octobre.
Agglomérations. Routes. Outre le village d'Olne,
qui est régulier et bien bâti, il n'y a dans la commune
que trois agglomérations : celle de Vaux, celle de Saint-
Hadelin et celle de Riessonsart. L'aspect de la com-
mune est riche et prospère ; les nombreuses habita-
tions y sont bâties en pierres et en briques. Les toits
sont couverts en ardoises ou en tuiles. Les toits en
chaume sont excessivement rares et nous ne croyons
pas qu'il y reste une seule maison en bois et argile.
Ce qui a contribué tout particulièrement à produire
cette aisance et cette prospérité, c'est l'excellence de la
voirie. Le village d'Olne est traversé par la route de
l'Etat de Nessonvaux à Micheroux. Trois autres routes
partent du village : celle qui se dirige vers Xhendelesse
par la Bouteille; celle qui se dirige vers Froidbermont
par les Fosses; et celle qui conduit à Ayeneux par
Saint-Hadelin. A cette dernière viennent se raccorder
plusieurs autres routes : aux Six-Chemins, la route
de Forêt avec embranchements vers Hansez et vers
Gélivaux ; à Sdint-Hadelin, la route du Rafhay vers
(i) A consulter, Flore de la vallée de la Vesdre, par J. Michel, de
Fraipont.
IG
— 148 —
Soiron; sur le Faweux, une route vers Riessonsart et
une route vers le Fond-de-Gotte.
Il ne nous reste qu'à ajouter la route de la Vesdre,
un petit bout de route à la Falize près du village et un
tronçon qui conduit au moulin de Saint-Hadelin, pour
donner une idée complète de la voirie dans notre com-
mune. La section de Saint-Hadelin et celle du Bois-
d'Olne laissent encore à désirer sous le rapport des
voies de communication.
Culte et Instruction. La commune d'Olne est
divisée en deux paroisses : Olne et Saint-Hadelin.
L église d'Olne, telle qu'elle est aujourd'hui, date au
moins de trois époques différentes, car elle a été
reconstruite en 1584, en i653 et en 1761. La tour
date de 1584.
L'église de Saint-Hadelin est, de temps immémo-
rial, un but de pèlerinage très suivi ; elle est insuffi-
sante pour la paroisse.
Très peu d'enfants sont privés du bonheur de l'ins-
truction dans la commune d'Olne, qui possède plusieurs
écoles officielles; il y a de plus une école libre à Saint-
Hadelin.
I.
L'ANCIEN BAN D'OLNE, SES LIMITES,
SON IMPORTANCE, ETC.
Pour la facilité de nos lecteurs, nous croyons utile
de donner quelques détails préliminaires sur l'ancien
ban d'Olne, en d'autres termes, de faire une description
sommaire de ce territoire tel qu'il était lors de la sup-
pression de l'ancien régime en 1794.
L'ancienne Cour de justice d'Olne exerçait sa juri-
diction sur un territoire qui coïncidait à peu près avec
la commune actuelle, et qui était appelé le ban d'Olne.
Cependant un des hameaux de notre commune,
nommé encore maintenant le Fief, ne faisait pas partie
— 119 —
du ban d'OIne, mais constituait la seigneurie de Mont-
Saint -Hadelin, et dépendait de la principauté de Sta-
velot; cette petite localité qui ne comprenait que treize
ou quatorze maisons, possédait une Cour de justice.
Ajoutons qu'une partie du hameau de Vaux-sous-
Olne a été longtemps un objet de contestation entre le
seigneur d'OIne et le prince-évêque de Liège (\) ; il en
est de même du hameau de Riessonsart.
Sauf ces deux exceptions, les limites du ban d'OIne
coïncidaient avec la commune actuelle ; ce ban faisait
partie du comté de Dalhem, qui était un des quatre
pays d'Outremeuse, et dépendait originairement du
duché de Brabant (2).
Le ban d'OIne ne touchait cependant, par aucune
de ses limites, au reste du comté de Dalhem : c'était
une enclave (3).
Abstraction faite du petit territoire du Mont-Saint-
Hadelin, voici quelles étaient les limites du ban
d'OIne :
Au Sud, séparée d'OIne par la Vesdre, se trouvait
la seigneurie de la Haute-Fraipont, dépendant du
prince-abbé de Stavelot.
Plus vers l'Ouest, notre ban touchait à une partie
importante du pays de Liège, le bailliage d'Amercœur
ou de Jupille, dans lequel était comprise la seigneurie
(1) Grand Calendrier de Hervé, année 1794.
(2) Les pays d'Outremeuse étaient : Dalhem, Rolduc, Fauquemont et
le duché de Limbourg. Conquis au xni* siècle par le duc de Brabant, ils
furent appelés pays d'Outremeuse, étant de l'autre côté de ce fleuve par
rapport au Brabant. Il est faux de dire que le comté de Dalhem ait jamais
fait partie du duché de Limbourg, car les quatre pays étaient distincts
l'un de l'autre. Mais il est vrai qu'au xvme siècle, la partie autrichienne
des pays d'Outremeuse a été réunie sous le nom de province de Lim-
bourg. — N. B. Ne pas confondre avec la province belge actuelle de ce
nom, qui ne renfermeras une seule commune ayant appartenu à l'ancien
duché de Limbourg (Crahay, Coutumes d'Outremeuse, préface).
(3) Nous ne parlons pas dans cette notice de quelques fiefs de peu
d'importance que Tévêque de Liège possédait au ban d'OIne (Cour féodale
de Liège).
— 120 —
de la Basse-Fraipont et une partie de celle de La
Rochette.
Deux autres parties de la principauté de Liège bor-
naient notre territoire à l'Ouest et au Nord : lavouerie
de Fléron et le ban de Soumagne.
Enfin, à l'Est, nous trouvons la baronnie de Soiron,
dépendance du duché de Limbourg.
Nous avons négligé de mentionner au Sud le terri-
toire de Nessonvaux qui n'était qu'une enclave faisant
partie de l'avouerie de Fléron.
Comme tout le pays d'Outremeuse, Olne faisait
partie, sous le rapport spirituel, du diocèse de Liège;
à ce point de vue, il dépendait de l'archidiaconé de
Condroz et du doyenné de Saint-Remacle au pont
d'Amercœur.
La paroisse d'Olne était plus étendue que le ban
de ce nom ; elle s'étendait sur les territoires de Mont-
Saint-Hadelin et de Nessonvaux, et avant l'érection
de la paroisse de Fraipont, en 1788, elle comprenait
la Basse-Fraipont. Même après la séparation de ce
dernier hameau, il y avait encore jusque quatre et
même cinq prêtres attachés à l'église d'Olne (i).
Notre église était remarquable au siècle dernier par
plusieurs monuments qui ont disparu depuis : au mi-
lieu du chœur il y avait une épitaphe en pierre avec
les armes de l'empereur au milieu et celles de quatre
évêques de Liège sur les quatre coins ; à côté, il y avait
la pierre sépulcrale de messire Pierre-Mathieu d'Olne,
chevalier du Saint-Empire (2).
Jusqu'en 1790 un ministre était à la tête de la com-
munauté calviniste d'Olne. Il occupait le presbytère et
était assisté d'un lecteur-instituteur. Le ministre, les
deux anciens et les deux diacres formaient le consis-
toire. Les diacres étaient spécialement chargés du soin
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 63.
(2) Ibidem, doc. 70.
— 121 —
des pauvres, et nous avons appris que les revenus de
la diaconie étaient de quelques centaines de florins
qui furent confisqués, en 1802, au profit du bureau de
bienfaisance.
Olne était une seigneurie. Le seigneur nommait les
sept échevins ou juges de la Cour de justice, le fores-
tier, le greffier, les procureurs. Il établissait aussi un
officier-bailli tant pour les causes civiles que crimi-
nelles, et deux assoïeurs, c'est-à-dire des agents chargés
de régler le prix du pain, de la viande et de la bière (4) ;
enfin un chirurgien assermenté.
Contrairement à la coutume suivie dans les autres
bans du pays, le seigneur ne nommait pas le mayeur ;
cette charge était héréditaire et constituait un véritable
fief du comté de Dalhem.
Nous nous efforcerons, dans cette notice, de retra-
cer exactement les franchises communales dont le
peuple d'Olne jouissait depuis le xvic siècle, et les luttes
ardentes auxquelles donna lieu l'élection des deux com-
mis ou bourgmestres du ban d'Olne.
Le Grand Calendrier de Hervé de Tannée 1794,
cite le village d'Olne comme un des plus beaux du
pays. Déjà à cette époque, toutes les maisons étaient
construites en pierres ou en briques, couvertes en
ardoises ou en tuiles, rarement en chaume, rangées
très régulièrement et en forme de rue sur un roc qui
lui servait de pavé, en sorte qu'il ressemblait plus à
une ville qu'à un village.
L'industrie et le commerce étaient florissants : à
cette époque, Olne était un petit centre ; on y tenait
tous les lundis un marché très suivi, et il y avait dans
le village plusieurs négociants très respectables et dont
le débit ne le cédait guère à ceux de la ville. Cette pros-
périté devait recevoir, cinquante ans plus tard, un rude
( 1 ) Cour cTOlne, vol. XXIV, fol. 160 v°. Pour les autres fonctionnaires,
voir notre chapitre IV.
— 122 —
coup par rétablissement du chemin de fer, qui devait
faire refluer vers la vallée de la Vesdre le commerce et
l'industrie; ne nous plaignons pas toutefois, le bien
général doit faire oublier quelques désavantages parti-
culiers.
Plusieurs habitants d'Olne s'occupaient à la clou-
terie, et dans les communes environnantes beaucoup
de familles travaillaient pour les maîtres-cloutiers
d'Olne. En 1792, le gouvernement venait d'autoriser
rétablissement d'une nouvelle fenderie dans la paroisse
d'Olne (i). Nous ignorons l'emplacement de cette fen-
derie, et il est douteux qu'elle ait jamais été construite,
tant étaient profondes les commotions politiques de
l'époque.
Il y avait une papeterie à Saint-Hadelin.
Avec la clouterie, l'agriculture était la principale
branche d'industrie, mais elle était encore bien arrié-
rée ; la culture des chardons pour la fabrication du drap
était une des plus prospères.
Le manque de bonnes voies de communications
était la principale cause de la situation précaire de
l'agriculture : on ne voyait partout que des chemins
étroits, profondément encaissés, mal entretenus et sil-
lonnés d'ornières profondes. Le principal de ces che-
mins était la vieille voie de Liège à Verviers qui pas-
sait sur le Rafhay et séparait le ban d'Olne d'avec le
territoire de Soumagne et la vouerie de Fléron; une
partie de ce chemin existe encore et passe devant l'an-
cienne brasserie du Rafhay ; on l'appelle encore voie
de Liège.
Un autre chemin important à cette époque, quoique
mal entretenu, était celui d'Olne vers Soumagne; il
était qualifié de chemin royal. Nous ne devons pas
oublier le chemin très fréquenté appelé VArdenoise
(1) Grand Calendrier de Hervé, année 1792, p. 35. Une fenderie est
une usine où on prépare les barres pour la fabrication des clous.
— 123 —
voie (4), qui venait de Fléron, côtoyait le Mont-Saint-
Hadelin et se dirigeait vers l'Ardenne par Hansez,
Haute-Fraipont et Banneux; pour faciliter ce trajet,
on avait établi un pont sur la Vesdre devant Frai pont.
On parlait beaucoup, à la fin du siècle dernier, de
la construction d'une grande chaussée de Hervé vers
la France (*). Elle devait passer par Olne, et le com-
merce de cette localité en aurait reçu un singulier
accroissement ; c'étaient là des projets que la Révo-
lution française et la conquête du pays devaient faire
oublier.
La Vesdre était Tunique rivière; elle formait au
Midi la limite du ban d'Olne qu'elle séparait des prin-
cipautés de Liège et de Stavelot. Le manque de routes
convenables était cause qu'on se servait de ce petit
cours d'eau pour le transport des marchandises; le
curé Arnotte raconte (3) qu'on y chargeait et déchargeait
du fer en barres, des clous, des canons et toutes es-
pèces de denrées. Cela pourra sembler étonnant quand
on considère le maigre filet d'eau qu'on appelle aujour-
d'hui la Vesdre, mais il ne faut pas oublier qu'à cette
époque, la contrée beaucoup plus boisée qu'aujourd'hui
entretenait beaucoup mieux l'humidité du sol, et que
l'eau de la rivière n'était pas entièrement accaparée
comme aujourd'hui par les besoins de l'industrie dans
l'agglomération verviétoise.
La Vesdre était autrefois extrêmement poisson-
neuse ; aussi le droit de pêche dans les eaux de cette
rivière donna-t-il lieu à bien des usurpations, des con-
testations et des procès dont nous rendrons compte
plus loin.
(1) Cour d'Olne, vol. XLVII, fol. 68. Elle se nommait ainsi parce
qu'elle se dirigeait vers l'Ardenne.
(2) Grand Calendrier de Hervé, année 1792, p. 60.
(3) Archives pastorales, coll. III, doc. 70.
— 124 —
II.
L'ORIGINE D'OLNE ET SON HISTOIRE
AU XI» ET AU XII* SIÈCLE.
Le village d'Olne existait-il l'an mille après Jésus-
Christ ? Nous en doutons, et s'il existait, il devait être
bien peu important, car l'empereur Henri II ayant
fondé la collégiale de Saint-Adalbert à Aix-la-Chapelle,
et voulant enrichir cette institution, lui donna les vil-
lages de Soiron et de Soumagne, avec toute la contrée
environnante, sans faire aucune mention d'Olne (*).
Or, il est bien certain que le territoire d'Olne était
compris dans cet acte de munificence envers la col-
légiale.
La chose ne nous paraît pas douteuse, car Olne a
toujours depuis lors appartenu à cette collégiale (2) et
des documents postérieurs font mention de cette dona-
tion de saint Henri comme ayant eu pour objet la
contrée qui fut nommée plus tard le ban d'Olne. Ainsi
les chanoines de Saint-Adalbert, parlant d'Olne dans
des actes publics, ont eu soin de rappeler qu'ils tenaient
cette possession de saint Henri le fondateur de leur
Chapitre; de plus, ils affirment que l'église d'Olne a été
bâtie sur l'ordre de ce même saint empereur (3).
Ce doit être aussi d'après des documents authen-
tiques que Warnot de Belleflamme, curé d'Olne en
(1) « Villas quoque Soron et Solmaniam in pago Lewa in comitatu...
» sitas ad usum fratrum Aquisgrani in capellà sorum martyrum Adalberti
» et Hermetis habitantium concedimus... »(Ernst, Codex diplomaticus ,
t. VI, p. 99); Christ. Quix, dans son Histoire dAix> t. I, p. 46, traduit
in pago Lewa par in Lutticher Gau : dans le pays de Liège.
(2) Du moins depuis iio3, date du diplôme de Henri V dont nous
parlons plus loin (Ernst, t. VI, p. 1 15).
(3) Archives pastorales, coll. II, doc. 10. Concession d'une relique de
saint Sébastien ; il y est question de : « praetacta? ecclesiae de Ulnà, olim
» a smo imperatore Henrico exstructae et a multis sseculis ecclesiae nostrac
» unitœ... » (Cf. Archives de Liège, Liasse sur Saint-Hadelin, n° 12,
p. 2).
— 125 —
1542, a écrit l'histoire de cette donation avec beaucoup
de détails très précis, dont aucun n'est en contradiction
avec les renseignements plus anciens que nous possé-
dons (\).
Remarquons que d'après les paroles de Warnot et
des chanoines, la donation susdite a été faite en même
temps que la fondation du Chapitre. On ne peut donc
pas dire qu'Olne ait été donné plus tard et séparément ;
du reste, comment expliquer qu'il ne reste absolument
aucune trace de cette prétendue donation qui aurait eu
pour objet le seul territoire d'Olne?
Nous affirmons donc, comme un fait historique-
ment certain, qu'en ioo5 l'empereur Henri II a donné
le territoire d'Olne à la collégiale de Saint-Adalbert à
Aix, et qu'à cette époque l'église a été bâtie.
Nous ajoutons comme un fait probable que les
populations jusqu'alors disséminées sont venues se
grouper autour du nouveau temple et ont formé le vil-
lage d'Olne. Ce n'est pas là une simple hypothèse
dépourvue de toute valeur historique; en effet, Olne
n'existait probablement pas avant ioo5, puisque Soiron
et Soumagne sont seuls nommés dans le diplôme im-
périal, tandis qu'il est certain que le territoire de notre
commune était compris dans cet acte de royale muni-
ficence.
Quoi qu'il en soit, le village d'Olne existait au com-
mencement du XIIe siècle (2); au xme, il dépassait en
importance celui de Soumagne, et nous apprenons que
l'église de cette dernière localité dépendait de celle
d'Olne (3).
(1) Voy. Appendice, n° II. A consulter aussi Delva, Postillon divin,
p. 339.
(2) Il est cité dans la sentence de Henri V : « parochia Olne quse sita
» est in pago Ardenne, » citée dans Quix, t. I, p. 53, et copiée par Ernst,
Codex diplomaticus limburgensis, p. 1 i5.
(3) « Henricus, Dei gratia, Leodiensis episcopus ... cum nos olim
n collationem junspatronatus ecclesise de Olne, cui filialis ecclesia de
» Soumagne... » (Archives pastorales , coll. II, doc. 2).
— 12G —
L'endroit où le village fut construit était-il planté
d'aulnes, et faut-il attribuer à la présence de ces arbres
le nom qui fut donné à notre localité? La chose n'est
pas impossible, car autrefois on écrivait Aulne et non
pas Olne.
La donation faite par saint Henri aux chanoines de
Saint-Adalbert ne les a pas rendus seulement seigneurs,
mais véritables souverains du territoire d'Olne. Plus
tard, menacés dans leurs droits, ils ont protesté que pri-
mitivement ils avaient le droit de souveraineté sur la
terre d'Olne, que celle-ci de sa nature était terre impé-
riale ne relevant que de leur Chapitre (i).
Dans toute la suite de cette histoire cette assertion
se confirmera : nous verrons le Chapitre, deux siècles
plus tard, céder aux comtes de Dalhem ce droit de sou-
veraineté sur notre territoire, et le comte de Dalhem
dépouiller les chanoines de tous leurs droits seigneu-
riaux, hormis de leurs revenus fonciers.
Véritables seigneurs et souverains d'Olne, les cha-
noines de Saint-Adalbert étaient trop éloignés et trop
faibles pour administrer par eux-mêmes cette pos-
session.
Ils déléguèrent leurs pouvoirs à un seigneur voisin,
qui était chargé de protéger par la force des armes les
possessions et les revenus de l'église Saint-Adalbert,
ainsi que le prêtre envoyé à Olne, les vassaux et le
peuple tout entier.
Ce défenseur portait le nom de voué (2).
Plusieurs des voués d'Olne furent de puissants sou-
verains ; ainsi presque tous les ducs de la Basse-Lotha-
ringie paraissent avoir été voués ou protecteurs des
possessions du Chapitre Saint-Adalbert à Olne et aux
environs. Le plus célèbre d'entre eux, Godefroid de
Bouillon l'était en 1095. A cette époque, une lutte san-
(1) Voy. Appendice, n° III.
(2) Dans le record transcrit à la fin de cette notice, il est nommé
vowé; en latin on disait vocatus ou advocatus ; on dit aussi avoué.
— 127 —
glante avait éclaté entre les sujets du Chapitre et ceux
de l'abbaye de Stavelot, qui possédait le territoire de
Mont-Saint-Hadelin. Par suite de l'intervention de
Godefroid et d'Albert de Namur, voué de Saint-Hade-
lin, le différend fut tranché par un combat singulier
entre un champion d'Olne et celui de Saint-Hadelin;
ce dernier fut vainqueur et le prince-abbé de Stavelot
le récompensa par le don d'une terre ; l'acte de donation
est contenu dans une charte qui nous a fait connaître
l'épisode ci-dessus (i).
On peut constater par cette même charte l'antiquité
du droit de souveraineté que possédaient les abbés de
Stavelot sur le fief de Mont-Saint-Hadelin.
Un des principaux devoirs du voué était de réunir
trois fois par an le peuple d'Olne en un plaid général,
d entendre les plaintes de chacun des manants et de
faire justice (2). Le peuple de son côté devait obéir au
voué du Chapitre et lui payer ses droits, qui étaient
pour chaque plaid général : douze muids de seigle, plus
trente muids d'avoine, huit porcs, quatre pourceaux,
huit brebis, trente-six poulets et quinze sous pour le
vin (3).
Malheureusement des abus ne tardèrent pas à s'in-
troduire : le voué nommé par le Chapitre ne se crut
plus obligé de se transporter à Olne ; chargé proba-
blement de plusieurs autres voueries et semblables
dignités, il se contentait d'en percevoir les revenus
et envoyait des sous-voués chargés d'administrer à sa
(1) Nous n'avons pas vu la charte elle-même, mais un résumé dans le
Registre archivai des barons d'Olne à Baarlo.
(2) Voy. plus loin à notre chapitre IV de plus amples détails sur les
plaids généraux.
(3) Voy. S. -P. Ernst, Codex diplomaticus limburgensis, p. 11 5 :
« Taie est autem servitium quod ei debetur in tribus generalibus placitis
» perannum, XII mald. tritici, et XXX et I mald. avens, VIII porci et
» IIII porcelii, VIII friskingœ ovinae, XXX et VI pulli, XV solidi ad
» vinum. »
— 128 —
place. Ceux-ci loin de protéger le peuple l'accablaient
d'injustices et de mauvais traitements (i).
C'est ainsi qu'en no3 Giselbert de Gronsveld (2)
étant voué ou protecteur d'Olne, le peuple accablé
d'extorsions par les sous-voués de ce dernier, envoya
des députés à Aix où l'empereur Henri V tenait une
cour plénière.
Introduits en présence du prince par Thierry, pré-
vôt de Saint- Adalbert, ils exposèrent leurs griefs. L'em-
pereur décida qu'après le duc de Limbourg, protecteur
naturel de toute la contrée, les habitants d'Olne n'au-
raient plus qu'un seul voué; qu'ils devaient le recevoir
chaque année en trois plaids généraux et lui payer les
droits accoutumés. Il défendit à Giselbert de Gronsveld,
le voué légitime, de nommer des sous-voués et d'exiger
dans les plaids des droits contre la justice. Il pouvait
seulement envoyer à Olne de simples messagers, payés
par lui. Quant aux criminels, le voué ne pouvait plus
les punir à sa fantaisie, mais il devait les faire juger par
un Conseil (3). Ne serait-ce pas l'origine du tribunal
des échevins?
Ce décret est daté des Ides d'août 1 io3 à Aix-la-
Chapelle. On remarque que l'empereur y parle de la
paroisse d'Olne, située en Ardennes, probablement
parce que la forêt d'Ardenne s'étendait alors jusqu'à
Olne. Ceci n'a rien d'étonnant, car aujourd'hui encore
on peut dire que cette forêt s'étend au Nord jusqu'à
la Vesdre.
(1) « Familia S11 Adalberti de parochia Olne ... ad nostrum auxilium
» confugit, verbera, rapinas et multas injurias a sub advocatis eis illatas
» nobis deploravit » (Ernst, Codex dipiomaticus limburgensis, p. 1 15).
(2) La charte dit de Grules, voir Ernst à la même page. Dans les
vieux documents en latin, c'est toujours par ce nom de Grules qu'on dé-
signe Gronsveld, terre immédiate de l'empire située non loin de Maes-
tricht (Registre archivai de Baarlo).
Ci) « Si vero aliquis pro culpa ab advocato deprehensus fuerit, consi-
» lio ministrorum débet eum tractare, non denitus confundere » (Ernst,
Codex dipiomaticus limburgensis, t. I, p. n5).
— 129 —
Ernst, dans son Histoire du Limbourg (\) fait men-
tion d'une autre opinion que les Olnois préféreront :
c'est que Olne n'est placé en Ardenne que par une
erreur ou une distraction du rédacteur des diplômes
impériaux; il cite plusieurs autres faits semblables : le
pape Adrien IV en ii5g place la ville d'Aix en Ar-
denne; et en 1216, Honorius III y met l'abbaye du
Val-Dieu.
Namèche, dans l'Histoire nationale, nous fournit
une explication plus rationnelle (2) : le duché de Lim-
bourg était parfois appelé duché' cfArdenne, et nous
voyons saint Albert de Louvain, évêque de Liège,
désigner son oncle Henri le Vieux, duc de Limbourg,
par le titre de duc d'Ardenne. Or, les ducs de Lim-
bourg se disaient souverains de tout le pays jusqu'à
la Meuse (3).
Les XIe et XIIe siècles ont été par excellence les
siècles de la chevalerie, époque brillante par les
prouesses, la valeur militaire, les hauts faits d'armes,
mais encore plus triste à cause des guerres intestines,
des brigandages et des assassinats.
C'était le peuple des villages qui souffrait le plus
des terribles luttes entre les châtelains. Thierry de
Houffalize, homme libre qui, vers 1190, était voué
d'Olne ne put se défendre contre les attaques de ses
adversaires: il fut dépouillé de sa charge; le peuple
fut rançonné et les chanoines de Saint-Adalbert es-
suyèrent de grandes pertes dans leurs biens (4).
(1) Ernst, Codex diplomaticus limburgensis, t. I, p. 323.
(2) Histoire nationale, t. IV, p. 445. dans une note.
(3) Ernst admet cette souveraineté sur une partie du comté de Dalhem ;
mais après la bataille de Wœringen, le souverain et le feudataire se con-
fondirent dans la personne du duc de Brabant.
(4) «... Vobis etiam districte praecipimus ut virum nobilem Walera-
» mum de Montjoie ex parte nostra efficaciter inducatis quatenus ipse
» deponat et emendet gravem injuria m ... quam prsedicta nostra ecclesia
» B(i Adalberti sustinet in bonis suis apud Olne et Sorun ...» (Quix,
Codex diplomaticus Aquensis, t. II, p. 97).
— 130 —
Les adversaires de Thierry devaient être puissants,
car il ne fallut rien moins que l'intervention de l'empe-
reur Henri VI pour faire rétablir le voué ainsi que le
Chapitre dans leurs droits.
A la demande de Henri, Waleran, seigneur de
Montjoie, prince de la famille ducale de Limbourg, fit
au nom du duc son maître une expédition à Olne pour
rétablir Tordre et punir les usurpateurs.
Thierry de Houffalize resta seul maître de la voue-
rie d'Olne, qu'il céda plus tard en fief à un certain
Wagger (1) qui, en 1197, avec d'autres chevaliers, suivit
le valeureux Waleran de Limbourg et Conrad, arche-
vêque de Mayence, dans la croisade qu'ils entreprirent
dans le but de reprendre Jérusalem (2). En effet, le bruit
de la mort de Saladin avait ranimé la confiance des
chrétiens, et leur avait inspiré l'espoir de récupérer la
ville sainte.
Une nombreuse armée s'assembla en Allemagne, et
le prince limbourgeois en fut un des principaux chefs.
II se couvrit de gloire dans cette expédition, mais Jéru-
salem ne put être reprise à cause des dissensions entre
les chrétiens.
Notre modeste localité eut aussi quelque part à
cette expédition, puisque, comme nous venons de le
dire, parmi les compagnons de Waleran se trouvait
Wagger, auquel Thierry de Houffalize avait cédé en
fief la vouerie d'Olne. Pour se procurer l'argent néces-
saire à son équipement et à son voyage, Wagger céda
en gage pour la somme de 3i marcs la vouerie d'Olne
et de Soiron à son frère Wigger et à Conrad, prévôt de
Saint-Adalbert. Il se réserva la faculté de la dégager
(1) « Postea vero Aquis in domo mea Waggerus per manu m domini
» sui Theodorici de Hyfalis prœdictam advocatiam in pignore mihi po-
» suit ...» (Ernst, Codex diplomaticus limburgensis, p. 161; J. Daris
(d'après Quix), Analectes, t. XIV, p. 338).
(2) Cette croisade se place entre la troisième et la quatrième croisade
générale.
— 131 -
deux ans après son départ, et ensuite après chaque an-
née révolue.
Il y eut donc, Tan 1197 et les années suivantes,
deux seigneurs qui possédèrent en commun la vouerie
d'Olne; il est probable que le seul Wigger résida dans
cette localité, car il remplaçait son frère et il dut pro-
mettre à Conrad, son collègue, de ne rien innover dans
la vouerie sans le consentement de celui-ci (1).
L'histoire ne nous apprend pas si Wagger revint
de la Terre-Sainte, ni s'il rentra en possession du ban
d'Olne.
Les voués ou avoués avaient l'habitude à cette
époque d'usurper les droits seigneuriaux aux dépens du
seigneur véritable, surtout si celui-ci n'était qu'un corps
d'ecclésiastiques ou de religieux (2) ; cependant les cha-
noines de Saint- Adalbert parvinrent à se maintenir en
possession de tous leurs droits à Olne pendant deux
siècles et demi. Ainsi nous les voyons donner en fief
un moulin banal situé à Vaux-sous-Olne. En 1224,
ceux qui le détenaient refusèrent de payer la redevance
entière due' au Chapitre (3). Le différend finit par être
soumis au jugement du Souverain-Pontife qui désigna
des arbitres pour examiner et trancher la question. Ces
arbitres furent le doyen et des chanoines de l'église
royale de Notre-Dame d'Aix. Ils citèrent à leur tribu-
nal les Olnois récalcitrants ; ceux-ci n'ayant point obéi
à cette injonction, furent excommuniés (4).
(1) « Wiggerus autem socius meus hoc fideliter promisit, quod in
» avocatia niehil sine consilio meo statuet vel ordinabit » (Ernst, Codex
diplomaticus limburgensisfp. i6i).
(2) Voy. Namèche ou Ernst, au xne siècle.
(3) « Decanus cantor et canonici judices a domino papa delegati
» notum fecimus omnibus ... quod cum altercatio esset de molendino
» vallis de Olne, parochiae de Olne ...» (Archives pastorales, coll. II,
doc. 1, copie).
(4) w Qui citati isti et de gratia iterum atque iterum nec venerunt nec
» pro se miserunt, unde eos pro contumacia excommunicavimus ... »
(Ibidem).
— 132 —
Ils furent relevés de l'excommunication lorsqu'ils
eurent envoyé deux d entre eux, Libert et Everard, pour
s'entendre avec le Chapitre; les juges délégués parle
pape terminèrent le différend en fixant la somme que
les détenteurs du moulin devaient payer annuellement
au doyen de Saint-Adalbert.
Il est souvent question à cette époque de ce moulin
de Vaux-sous-Olne. En 1243, Erenfried, doyen de
Saint-Adalbert, possédait la moitié de ce moulin ; il
prit l'autre moitié en location de concert avec un cer-
tain Bopo du Chêne d'Olne (\). Quelques années plus
tard, le même Erenfried assigna ce moulin comme
garantie d'un anniversaire qu'il avait fondé pour Béa-
trice, dame de Soiron (*).
Ces détails sur le moulin nous ont fait empiéter
quelque peu sur la seconde période de notre histoire,
que nous allons aborder.
III.
LA SEIGNEURIE DU BAN D'OLNE
EST CÉDÉE AUX COMTES DE DALHEM.
OLNE AU XIII' SIÈCLE.
Les chanoines de Saint-Adalbert ne pouvaient pas
conserver plus longtemps ce droit de souveraineté qui
leur était préjudiciable, car ils ne pouvaient pas le
défendre contre des voisins puissants et turbulents.
Parmi ces derniers nous devons compter les ducs de
Limbourg qui, loin de protéger les biens ecclésiastiques
enclavés dans les limites de leur duché, profitaient au
contraire de leur voisinage pour les piller et les ravager
sans cesse. Warnot de Belleflamme nous raconte que
(1) « Cuidam Bovo dicto de quercu de Hone » (Quix, Codex diplo-
maticus Aquensis, vol. II, p. m, n° 164).
(2) Ibidem, t. II, p. 117, n° 168. Cette charte dit Vaux-sous-Soiron,
mais on veut dire évidemment Vaux-sous-Olne.
— 133 —
les Olnois étaient continuellement molestés et rançon-
nés par les troupes 1 imbourgeoises (\).
Nous avons déjà constaté le caractère de véracité
du récit de Warnot, et ce qu'il nous dit ici est singu-
lièrement confirmé par ce que l'histoire nous raconte (*)
de l'humeur guerrière des derniers ducs de Limbourg
surtout de Henri le Vieux et de son fils Waleran III.
En conséquence, le Chapitre résolut de se choisir
un défenseur tellement puissant qu'il n'eût plus rien à
craindre de personne.
Il y avait alors en Belgique un prince pacifique qui
travaillait uniquement au bonheur de ses sujets : c'était
Henri II surnommé le Magnanime, duc de Brabant;
durant tout son règne il ne fit qu'une seule guerre, et le
résultat en fut des plus avantageux pour lui : il fit en
1238 la conquête du comté de Dalhem (3), qui depuis
lors est toujours resté uni au duché de Brabant.
Ce fut ce prince que les chanoines de Saint- Adalbert
choisirent, vers 1240, pour voué et défenseur perpétuel
de leur terre d'Olne. En échange de la protection qu'il
leur promit, ils s'engagèrent à lui payer chaque année,
hors de leurs dîmes, douze muids et quatre setiers
d'épeautre, et six muids d'avoine, mesure liégeoise (4).
(1) « Porro dicti canonici, ut suorum subditorum bellicis calamitatibus
» incessanter a duce Limburgensi oppressorum quieti et tranquillitati
» consulerent, et ab indebitis eos molestiis et vexationibus liberos redde-
» rent ...» (Archives pastorales, coll. II, doc. 5).
(2) Namèche, Histoire nationale, t. IV, pp. 444 à 457.
l3) Ibidem, t. IV, p. 556. Cest toujours le comte de Dalhem qui a
été reconnu comme souverain à Olne, comme s'il n'avait pas eu d'autre
qualité.
(4) «... Circà annum Domini millesimum ducentesimum quadrage-
» simum, eumdem in suorum subditorum advocatum ob crebras Limbur-
» gensium incursiones assumpserunt, eique ob id quotannis numerare ...
» cum certis quibusdam minutis Juribus quœ scabini supràdicti adhuc
» hodiè recordantur, duodecim modios spelte pactus et mensurae leo-
» diensis, cum quatuor sextariis consimilibus atque octo modios avenae
» mensurœ aquensis efficientes sex modios pactus leodiensis, spontè se
» obligarunt et ultra dederunt » (Récit deWarnot, Archives pastorales,
coll. II, doc. 5). 13
— 134 —
Les termes dont se sert Warnot de Belleflamme
n'indiquent pas, il est vrai, une translation du pouvoir
souverain sur notre ban, mais les chanoines de Saint-
Adalbert ont eux-mêmes reconnu que le comte de Dal-
hem est devenu, par suite de cette cession, véritable
souverain d'Olne(i).
Il n'y a donc pas de doute quant à la souveraineté.
Mais est-il certain que les chanoines ont cédé aussi les
droits seigneuriaux proprement dits, notamment le
droit d'établir une cour de justice t
F.-A. Arnotte répond (2) affirmativement : « En
» 1240, le Chapitre de Saint-Adalbert céda potestatem
» gladii et jurisdictionem à Henri II duc de Brabant,
» se réservant la juridiction foncière, le passage de la
» rivière de Vesdre, les poids et mesures et la dîme
» dudit Olne, n'y ayant cependant pas une cour fon-
» cière ni tenans ...»
Nous ne savons où Arnotte a puisé ces détails si
précis. Il semble reproduire quelque vieux document
latin, car il croit nécessaire de citer littéralement les
mots essentiels que le registre archivai de la cure re-
produit également.
Cette opinion est conforme au texte du plus ancien
de nos records : « Item ont lesdits signeurs d'One
» donné à ung comte de Dolhen le hauteur dudit
» ban (3) ... » Aussi le comte de Dalhem est-il dans la
suite nommé seigneur hautain du ban d'Olne.
Le comte de Dalhem était en môme temps duc de
Brabant ; c'est pourquoi nous voyons plusieurs fois
dans la suite Olne figurer dans des écrits publics comme
faisant partie du duché de Brabant.
Les règnes si paisibles de Henri II et de son fils
Henri III ne manquèrent pas d'amener une période
(1) Voy. Appendice, n° III.
(2) Archives pastorales .coll. III, doc. 70.
(3) Voy. au Chapitre suivant, le commentaire sur le record des statuts
et privilèges du ban d'Olne.
— 135 —
de tranquillité relative pour les habitants si longtemps
éprouvés de la seigneurie d'Olne.
Toute relation n'avait pas cessé entre les Olnois et
le duc de Limbourg; ceux-ci qui possédaient plusieurs
seigneuries sur les bords de la Vesdre et de l'Ourthe,
revendiquaient un certain droit de souveraineté sur
ces rivières (i) jusqu'à leur embouchure ; par là même,
ils avaient le devoir de s'y rendre de temps à autre
pour empêcher les usurpations et assurer le libre exer-
cice de la pêche sur tout le cours de ces rivières (2).
Or les gens d'Olne devaient pendant une nuit hé-
berger le duc avec sa suite lorsqu'il entreprenait une
de ces expéditions. Il s'éleva une contestation entre les
habitants et le Chapitre de Saint-Adalbert sur le point
de savoir qui devait supporter les frais de ce logement.
Le duc de Limbourg, Waleran IV, dans une charte du
5 avril 1263, décide que le Chapitre en paiera la moitié,
et les habitants l'autre moitié (3).
Nous avons dit que le Chapitre de Saint-Adalbert
entretenait à ses frais un prêtre à Olne ; on comprendra
que nous ne puissions citer le nom de tous les desser-
vants à cette époque reculée. En 1224 nous voyons le
nommé H. Remfroid, curé d'Olne et de Soiron (*), figu-
rer comme témoin dans l'accord conclu entre le Cha-
pitre et les meuniers de Vaux-sous-Olne. Il y avait donc
(1) Au moins sur la Vesdre, d'après Ernst, Histoire du Limbourg,
t. I, p. 60.
(2) « Walraraus dux Limburgensis notum facimus universis quod
» dum nos proficisci contingit super Weseram et Urtam ad expediendam
» aquam de indebitis piscaturis et aliis occupationibus minus justis, nobis
» ac nostre comitive debentur expense unius noctis apud One ...» (Ernst,
Codex diplomaticus limburgensis, p. 263).
(3) « Nos facta diligenti inquisitione et investigatione, invenimus de
» bona veritate seniorum et fîdelium terre nostre dictos decanum et capi-
» tulum teneri tantum ad dimidietatem dictarum expensarum, et homines
y> dicte parochie ad residuam dimidietatem » (Ibidem).
(4) « Testes hujus facii sunt Waltherus cantor, H. Remfroid inves-
» titus de Olne et Soron ...» (Chirographus fidei, Archives pastorales,
coll. II, doc. 1).
— 13(3 —
en ce moment un seul prêtre pour Olne et Soiron réu-
nis; mais en 1264 il y en avait un pour Olne seul. Il
est cité dans une charte de 1 evêque de Liège, Henri de
Gueldres, et son nom était Nicolas, d après le chanoine
Quix (i) qui a transcrit cette pièce.
En vertu de cette sentence de Henri de Gueldres le
Chapitre avait à fournir au curé pour sa subsistance :
une portion congrue de 10 marcs liégeois, les offrandes
des fidèles et la dotation de la cure consistant en terres
arables, prés, chapons et bière, le tiers de la petite dîme
et dix muids de la grosse dîme, partie d'épeautre, par-
tie d'avoine (*).
Ces prés et ces terres arables, cités en 1264 comme
dotation de la cure, étaient-ils ces mêmes biens de cure,
adjacents au presbytère et dont les curés ont joui jus-
qu'en 1878 i Nous le pensons, et nous ferons remarquer
à ce propos queWarnot parle aussi des prairies (prœdia)
qui ont été comprises dans la donation faite autrefois
par Henri II au Chapitre de Saint-Adalbert ; dans cette
supposition, ces biens de cure seraient donc aussi an-
ciens que l'église elle-même.
En 1291, un certain Richald était curé d'Olne ; il
était en même temps doyen du concile de Saint-
Remacle-au-Pont ; il prit en location, des mains du
Chapitre, les dîmes d'Olne et de Soiron, pour la
somme de 22 marcs de Liège, payables à Pâques et
à la Saint- Remy (a). A cette époque, le Chapitre était
(1) Quix, Codex diplomaticus Aquensis, t. II, p. i3i, cité par
J. Daris. Une copie de ce diplôme, qui se trouve dans les archives de la
cure, porte le nom de Richald au lieu de Nicolas.
(2) « ... Decanus quoque et capitulum ecclesiœ S1' Adalberti Ri chai do
» sacerdoti ejusdem ecclesiœ... assignaient portionem competentem va-
» lentemque deeem marcis leodiensibus, silicet oblationes et ea quae ad
» altaria ipsa et ex ipsis altaribus spectant et proveniunt, res dotales nos-
» tri rectoratus de One, et de fructibus jacentibus tam in terris arabilibus
» quam in pratis ...» (Archives pastorales, coll. II, doc. 2).
(3) « Universis ad quos présentes litterœ pervenerint, nos Richaldus
» investitus de Olne, decanus ecclesiœ Sli Remacli leod. notum facimus
— 137 —
toujours regardé comme seigneur d'Olne, c'est pour-
quoi on ne parle pas de la dîme, mais de la redevance
seigneuriale ou census. Richald déclare dans cet acte
qu'il accepte la dîme aux mêmes conditions que Jean
de Sieudelaii l'avait autrefois obtenue. Cette manière
de s'exprimer nous fait croire que ce Jean de Sieudelaii
pourrait bien être un des prédécesseurs de Richald.
IV.
ORGANISATION DU BAN D'OLNE
A PARTIR DU XIV SIÈCLE.
LE FORESTIER, LE MAYEUR, LA JUSTICE, ETC.
Trois fois par an le peuple d'Olne était convoqué
et réuni en un plaid général, dans lequel les échevins
ou juges de la Cour de justice proclamaient les droits
et les devoirs de chacun. C'était comme un code élé-
mentaire, que plus tard on recueillit par écrit et qu'on
a appelé record. Nous avons transcrit le plus ancien
de nos records (î), nous en avons arrangé méthodique-
ment les dispositions, combinées avec celles d'autres
records, et nous les avons complétées au moyen de nos
archives et des commentaires d'hommes compétents (a);
nous sommes arrivés ainsi à pouvoir donner une idée
de l'organisation du ban d'Olne à partir du XIVe siècle;
cette organisation s est en partie modifiée plus tard par
suite des changements politiques.
» et fatemur quod nos à viris venerabilibus dno decano et capitulo ecclesiae
» B. Adalberti Aquen. census eosdem de Soron videlicet et deOlnequem-
» admodum Johannes de Sieudelaii aliquando eosdem census in pacto
» habere consueverat, pro 22 marcis leod... in pactum recipimus ad
» 4 annos ... » (Christ. Quix, Codex diplomaticus Aquensis, t. II, p. 164.
n° 242).
(1) Nous avons transcrit en appendice, d'après M. J. Daris, celui qui
se trouve dans le vol. CXXV de la Cour d'Olne. MM. Crahay et Casier,
dans les Coutumes d'Outremeuse, en ont transcrit un autre qui est du
xvie siècle.
(2) Surtout de MM. Crahay et Casier, Coutumes d'Outremeuse.
— 138 —
Droits et Devoirs du Chapitre. Les échevins
proclamaient que le Chapitre de Saint-Adalbert à Aix
était seigneur tréfoncier du ban d'OIne. Il avait donc
droit, de la part de ceux qui exploitaient le sol, à une
redevance annuelle, ce fut cette redevance, pensons-
nous, qui plus tard fut appelée dîme. En revanche, le
Chapitre était tenu de remplir les obligations suivantes :
entretenir à Olne un prêtre pour le service divin; lui
fournir les ornements nécessaires; veiller à la conser-
vation et à l'entretien de l'église; fournir une grosse
cloche dite décimale ou de la dîme, et la faire sonner;
livrer les animaux reproducteurs, placer deux barrières
aux deux extrémités du village, et payer les échevins
pour les services qu'ils rendaient dans la perception de
la dîme.
Droits et Devoirs du Comte de Dalhem.
Celui-ci était le véritable seigneur-souverain d'OIne,
en vertu de la cession lui faite par les chanoines en
1240. Il devait leur procurer, ainsi qu'aux habitants,
pleine sécurité contre toutes les attaques, brigandages,
extorsions tant du dehors que du dedans (i). Il devait
protéger les personnes et les biens, dût-il pour cela
employer la force armée. En revanche, les chanoines
devaient annuellement lui payer, hors de la dîme, les
muids d epeautre et d'avoine énumérés au chapitre
précédent ; en outre ils lui devaient 60 gros ou 2 marcs
de bonne monnaie et vingt-quatre poules, fournies par
les habitants pour l'usage des bois et des aisances ou
biens communaux.
De leur côté, les manants avaient à payer au comte
de Dalhem 8 1/2 marcs. Les 8 marcs étaient pour le
comte lui-même; le 1/2 marc pour les échevins et le
forestier, car ceux-ci devaient aider le receveur dans
la perception de l'impôt. La perception devait se faire
(1 ) « De tonte et de robe et de mâle accesse » (Voy. Appendice, n° I).
— 130 —
vers la Saint-Remy, et être annoncée un ou deux
dimanches à l'avance.
Du Forestier. Les records l'appellent : garde héré-
ditaire des forêts et des eaux (t) ; le titre de sa fonction
indique assez les devoirs qu'il avait à remplir. Cette
charge ne resta pas longtemps héréditaire.
Le forestier était payé en partie par le Chapitre et
en partie par les habitants : les chanoines lui payaient
annuellement un muid d'avoine pour les services qu'il
leur rendait dans le ban d'Olne; chacun des habitants,
les échevins exceptés, lui payait un pain et une poule.
Toutes les poules n'étaient pas pour le forestier ; il
devait réserver les vingt-quatre dues au comte de Dal-
hem, comme nous l'avons dit plus haut. Il existait une
singulière coutume, quant à la manière de faire parve-
nir les vingt-quatre poules à Dalhem ; une terre du
ban d'Olne nommée en Agostrée était frappée de cette
servitude : celui qui en était possesseur était tenu de
conduire ou de faire conduire à Dalhem les volailles
du comte.
Les habitants de trois hameaux ne payaient ni le
•pain ni la poule au forestier, mais un setier comble (2)
d'avoine au receveur du Chapitre; ces trois hameaux
étaient Froidbermont, Gélivaux et Martinmont.
Du Mayeur. Le mayeur était le président du tri-
bunal des échevins; il dirigeait les débats mais n'avait
pas droit de suffrage.
C'était le mayeur qui était chargé de rechercher
l'auteur d'un méfait et d'instruire la cause ; à ce titre il
commandait le forestier. Devant la Cour il semonnait
les échevins, cest-à-dire les mettait au courant de tous
les détails de la cause. Il interrogeait l'accusé et les
(1) « Fouesty hirtable de bois et de awe » (Voy. Appendice, n° I).
(2) « Réservez Freubimont, Gélivaux et Martinmont lesquelles trois
» villes chascune doit à charier deseur escript ung rez styr d'avoine »
(Ibidem).
— 140 —
témoins. Enfin, c'était encore le mayeur qui était
chargé d'exécuter la sentence prononcée par les écbe-
vins. Les insignes du mayeur, dans certaines circons-
tances solennelles, étaient la verge ou baguette (t).
Remarquons toutefois que le mayeur n'avait pas
juridiction dans les causes criminelles. S'il s'agissait de
quelqu'un qui avait forfaict le corps, c'est-à-dire perpé-
tré un attentat contre la vie d une personne, le mayeur |
devait le livrer au voué du comte de Dalhem, qui le i
faisait juger par la Haute-Cour de cette ville (s).
Il en fut ainsi jusqu'en 155g. Alors Olne devint
une seigneurie particulière et le seigneur d'Olne obtint
la basse, moyenne et haute juridiction. Les échevins
de notre Cour de justice purent alors juger les causes
criminelles; mais les attributions du mayeur ne furent
pas pour cela augmentées, car le seigneur nommait un
officier-bailli pour les causes criminelles et civiles.
La charge de mayeur était héréditaire. Aussi finit-
elle par tomber dans des mains incapables et même en
quenouille (3). Le mayeur se fit alors remplacer par un
lieutenant-mayeur. Cette charge héréditaire était un
véritable fief du comté de Dalhem. Or, comme chaque
nouveau mayeur était obligé de relever le fief et de
prêter serment de fidélité au souverain, nous avons pu
découvrir le nom de plusieurs des mayeurs : Johan fils
de Willeame était mayeur en 1426 (4) ; Tachin de Trem-
bleur releva la mayeurie le 28 mai 1479 (s) Wilhem
van Scoppem vers i5oo ; Adrien de Fraipont le 6 no-
(1) Cour d'Olne, vol. IX, au i3 mai 1680; vol. XXVIII, fol. 189.
(2) « Se ly fais est criminel ou tiel de quoy il ait forfaict le corps, ly
» mair le doit livrer à vowé en quel lieux que luy plaist dedens sa haul-
» teur » (Voy. Appendice, n° I).
(3) En 1794 le mayeur héréditaire était Mlle Nizet, par droit féodal ; le
substitut-mayeur M. VritholT (Grand Calendrier de Hervé, de 1794).
Nous ne parlons pas ici de l'obligation qui fut imposée aux mayeurs
catholiques, vers 1660, d'employer un lieutenant-mayeur réformé.
(4) Le Fort, 20 série, t. XIX, fol. 307.
(5) Bruxelles, Chambre des comptes, reg. 13,146, fol. 104 v°.
— 141 —
vembre i5 17 (1); Mathieu Nizet vers 1600; Everard
Nizet, fils de Mathieu, le 20 décembre 1623 (a) et
depuis lors les Nizet, de père en fils, jusqua la Révo-
lution française.
»
Des Echevins. On nommait ainsi les sept juges
de la Cour de justice du ban d'Olne. La présence de
ces sept juges n était pas strictement requise, car nous
avons trouvé des sentences prononcées par quatre,
voire même par trois echevins.
Outre leur charge de juges, les echevins avaient des
fonctions à remplir dans certaines ventes publiques,
dans la perception de la taille ou de la dîme, dans la
visite des cadavres en cas de mort par accident (3), etc.
Le père et le fils, l'oncle et le neveu, deux frères,
deux cousins ne pouvaient être echevins en même
temps. Plus tard les Calvinistes obtinrent dispense de
cette prohibition par égard pour leur petit nombre.
C'était le seigneur qui nommait les echevins en
observant les prohibitions susdites; il avait du reste
une grande latitude dans le choix à faire : ainsi les
illettrés n'étaient pas exclus, et nous voyons des eche-
vins de la Cour d'Olne, incapables de signer leur
nom, se contenter de marquer d'une croix le bas des
actes (4).
Une fois nommés, les echevins étaient inamovibles
et ne pouvaient être révoqués que pour une cause légi-
time et par décret du juge (»).
Les echevins étaient payés au moyen des amendes.
Le mayeur y avait aussi sa part, double de celle de
chaque échevin.
(1) Bruxelles, Chambre des comptes, reg. 13,146, fol. 252.
(2) Ibidem, reg. 13,147, fol. 220.
(3) Cour <TOlney vol. XXIV, fol. i93 v°.
(4) Archives pastorales, coll. II, doc. 3ia : « Heuskin -j* eschevin
» d'Olne ne sçachant escrire. »
(5) On verra, notamment dans notre chapitre XV II, que les réformés
se soucièrent peu de cela.
19
— 142 —
De la Cour de Justice. Elle était composée du
mayeur et des sept échevins ou juges ; ces derniers
avaient seuls droit de suffrage. La Cour siégeait tous
les quinze jours dans un local qui lui était fourni par
la communauté du ban d'Olne (\). Ce local s'appelait
le consistoire scabinal.
Toute personne arrêtée ou accusée d'un crime avait
le droit d'être jugée d'après les lois ou coutumes du
ban d'Olne, l'accusateur fût-il noble (2). Ces coutumes
devaient être suivies dans l'interrogatoire de l'accusé
et des témoins. Mis par le mayeur au courant de
tous les détails de la cause, ayant assisté à tous les
débats, les échevins pouvaient prononcer la sentence
immédiatement si leur conviction était formée (3);
sinon la cause était tenue en délibéré.
Ce ne fut qu'après i55g que la Cour d'Olne siégea
dans les causes criminelles. Les justiciables pouvaient
appeler d'une sentence de cette Cour à la Haute-Cour
de Dalhem.
Une petite Cour de justice siégeait sur le fief, pour
les habitants du territoire de Mont-Saint- Hadèlin ;
on appelait de ce tribunal à la Souveraine-Cour de
Stavelot.
Des Plaids généraux. On désignait sous ce nom
des assises solennelles présidées par le seigneur ou son
envoyé, et dans lesquelles les vassaux assemblés étaient
admis à exposer leurs griefs ou à répondre aux accu-
sations produites contre eux. Ces assises avaient un
caractère administratif en même temps qu'un caractère
judiciaire. Les échevins avaient coutume d'y rappeler
les droits et les devoirs de chacun : aussi bien ceux des
seigneurs ou des fonctionnaires que ceux des simples
manants ou masuyrs.
(1) Cour d'Olne, vol. XXIX, fol. 86 et 124.
(2) « Soit sieur soit aultre » (Voy. Appendice, n° I).
(3) « Se ly eschevins est sage » (Ibidem).
— 143 —
Dans le principe, ces réunions étaient tenues en
plein air, sous des arbres ou à l'abri de quelque grand
orme (<); mais au xvne et au xvme siècle elles se
tenaient au local ordinaire de la justice, et ne différaient
des plaids de quinzaine qu'en ce que tous les Olnois
pouvaient librement s'y faire entendre.
Anciennement, le comte de Dalhem envoyait ex-
pressément un voué pour tenir les plaids généraux ;
mais d'après un record du XVIe siècle (2) le mayeur les
tint dans la suite.
A Olne, les plaids généraux avaient lieu trois fois
par an : le deuxième lundi après les Rois; le deuxième
lundi après Quasimodo et le deuxième lundi après la
Saint-Remy. On les annonçait à l'église deux dimanches
consécutifs, et le mayeur devait veiller (3) à cette publi-
cation.
Il en était ainsi au xvie siècle, mais plus ancienne-
ment, le voué envoyé par le comte de Dalhem, faisait
simplement, dès son arrivée, assembler le peuple par
le forestier; alors il demandait si quelqu'un des habi-
tants avait à se plaindre du voué, du mayeur, des
échevins, du forestier ou de quelqu'un des habitants.
Il déclarait qu'il était là pour redresser les torts et
punir ceux qui se seraient conduits contrairement aux
lois du pays (*). Il arrivait que le mayeur n'avait pas
des forces suffisantes pour mettre à exécution une sen-
tence prononcée, car les coupables se défendaient quel-
quefois; dans ce cas, c'était au voué qu'incombait le
devoir d'amener une troupe assez forte pour faire res-
pecter les décisions de la justice.
(1) Crahay, Coutumes d'Où tremeuse y préface, p. xi.
(2) Record d'Olne du xvi° siècle, transcrit par Crahay, même ouvrage
p. 148.
(3) Voy. le même Record, dans Crahay, Coutumes d'Où tremeuse.
(4) « Sy yat homme nez femme qui soit déplaindans de mair, de
» fouesty, des eschevins, de vouwé, de renty, de masuyr de l'ung à
» l'autre qui soient mynez four del loi du pays, ilh siet là pour le radre-
» chier» (Voy. Appendice, n° I).
— 144 —
Police des Eaux. Une partie de la rivière de
Vesdre appartenait à la seigneurie d'Olne. On tirait
une ligne imaginaire au milieu du lit de la rivière en
suivant son cours, et la moitié qui coulait le long du
ban d'Olne (1) appartenait à cette seigneurie. La pêche
était affermée à deux pêcheurs et le revenu en était pour
le prévôt de Saint-Adalbert, qui devait donner chaque
année un poisson au mayeur d'Olne, un au forestier et
un à chacun des échevins, pour reconnaître leurs ser-
vices dans la surveillance de la rivière. Ces poissons
devaient être d'une longueur de trois pieds entre la tête
et la queue («).
Les locataires de la pêche étaient chargés par le
prévôt de livrer ces poissons : c'était une des condi-
tions de la location. Ils devaient les fournir pendant
l'A vent, ou sinon ils devaient payer la valeur de pois-
sons pareils selon le prix qu'on en donnait au marché
de Liège pendant le même Avent.
Si d'autres que les deux locataires usurpaient le
droit de pêche, le forestier devait les conduire à Olne
devant les échevins, qui les condamnaient à l'amende.
Il s'agit ici de la pêche en grand et en vue de faire le
commerce de poissons, car notre vieux record nous
apprend qu'il était permis aux Olnois de pêcher en la
dite rivière pour la nourriture de leur famille (3).
De la Brasserie banale. Le seigneur devait veil-
ler à ce qu'il y eût à Olne une brasserie banale, c'est-
à-dire à l'usage des habitants du ban ; ceux-ci devaient
en tout temps pouvoir y trouver de la boisson froide
ou chaude, mais ils ne pouvaient sous aucun prétexte
acheter de la bière ailleurs qu'à la brasserie banale.
(1) « Dechy enmy leawe » (Voy. Appendice, n° I).
(2) « Del longueche de trois pieds entre le cowe et le tieste » (Ibi-
dem).
(3) « Les masuwir du dit ban doient pexhier en la dite eyave pour eux
» aiedier et nien vendre » (Ibidem).
— Ii5 —
Le mayeur devait y envoyer parfois deux assoieurs
pour estimer la valeur de la bière et en fixer le prix. Si
la bière venait à faire défaut en un jour de fête, on
devait le lendemain si c'était un jour ouvrable, rebou-
ter les feux dès le point du jour.
Si une femme en travail d'enfant n'avait pas de
quoi acheter à boire, elle faisait porter un objet en
garantie à la brasserie, et on était obligé de lui faire
crédit jusqua ses relevailles (t), après lesquelles elle
devait payer dans les trois jours.
Tout Olnois pouvait brasser de la bière chez lui,
mais seulement pour l'usage domestique, car il ne
pouvait revendre que celle achetée à la brasserie ba-
nale (*) ; quand il y prenait douze quartes de bière il
avait droit à la treizième gratis, et dans son commerce
il pouvait percevoir un bénéfice de 2 deniers sur
chaque quarte.
Des Moulins banaux. Il devait toujours y avoir
au ban d'Olne deux moulins banaux et dans chaque
moulin deux meuniers assermentés, deux vans et un
crible et les mesures de capacité : setier, demi-setier,
pollengnou, etc.
Un habitant du ban d'Olne avait toujours la préfé-
rence au moulin banal : si des étrangers étaient arrivés
avant lui, il avait le droit de faire moudre son grain
avant eux tous ; le mayeur avait la préférence sur tous
les autres : il faisait passer son grain sur la meule après
celui qui s'y trouvait à son arrivée et il ne payait que la
moitié du droit.
Avant de se servir du moulin, tout habitant pouvait
faire relever la meule et la nettoyer ; de même après
avoir moulu son grain, il pouvait de nouveau faire
relever la meule et nettoyer le moulin, afin d'avoir
(1) « Et ly bresseur ly doit croir tout son païen lit durant » (Voy.
Appendice, n° I).
(a) Cour d'Olne, vol. XXI, fol. 102.
— 14(5 —
toute sa farine et rien que sa farine. Si l'un des mou-
lins venait à se briser, les Olnois se servaient de l'autre ;
si aucun des deux n'était en état, ils s'adressaient au
mayeur pour faire moudre en dehors de ce ban.
Avaient-ils à se plaindre des meuniers? C'est encore
au mayeur qu'ils devaient faire connaître leurs griefs,
et ce fonctionnaire pouvait visiter le moulin et punir
les meuniers s'il y avait lieu. En dehors de ce cas, le
mayeur pouvait toujours trois fois par an visiter cha-
cun des deux moulins; pour chaque visite il avait droit,
de la part de chaque moulin, à un gâteau d'un setier
d'épeautre. Chaque nouveau meunier devait aussi ce
gâteau à l'occasion du serment qu'il avait à prêter lors
de son arrivée.
Mouches a Miel. Si quelqu'un trouvait un essaim,
il avait droit à la moitié de la valeur de cet essaim,
n'importe où il le trouvait. Le mayeur et le dîmeur
du Chapitre se partageaient l'autre moitié. Le posses-
seur du sol sur lequel l'essaim avait été trouvé n'avait
droit à rien.
Terrains communaux. Si un arbre venait à tom-
ber sur un chemin ou une terre d'aisance, la moitié de
sa valeur était pour le mayeur, l'autre moitié pour le
receveur ou dîmeur du Chapitre.
Des Chevaux de Trait. Le seigneur d'Olne avait
établi à son profit une taxe de deux setiers d'avoine sur
chaque cheval de trait. Comme les échevins étaient
chargés d'assurer la perception de cette taxe, chacun
d'eux recevait de ce chef la taxe d'un cheval, c'est-à-dire
deux setiers d'avoine.
Nous ne parlons pas ici des bourgmestres ou commis
du ban d'Olne ; cette institution ne remontant qu au
XVIe siècle, sera bientôt l'objet d'un chapitre spécial.
— 147 —
V.
LE BAN D'OLNE SOUS LES MAISONS
DE BOURGOGNE ET D'AUTRICHE (1384-1559).
Nous avons vu comment la seigneurie d'Olne tom-
ba au XIIIe siècle au pouvoir du comte de Dalhem.
Celui-ci étant en même temps duc de Brabant, notre
localité suivit désormais les destinées de ce duché qui
passa avec les autres provinces belges à la maison de
Bourgogne, puis à celle d'Autriche dont une branche
régna plus tard sur l'Espagne et hérita de notre pays.
Pendant toute cette période, c'était donc le souve-
rain des Etats belges qui, en sa qualité de comte de
Dalhem, était seigneur direct du ban d'Olne; il exerçait
les prérogatives attachées à cette qualité par l'intermé-
diaire d'un voué. Ordinairement, c'était le châtelain ou
haut-drossart de Dalhem qui prenait cette qualité de
voué d'Olne; ainsi en 1453 un nouveau mesurage
ayant été fait pour fixer la délimitation entre le ban
d'Olne et le bailliage d'Amercœur, on y cite le châte-
lain de Dalhem comme voué d'Olne, représentant le
comte de Dalhem (i).
Plus tard, on parle cependant d'un certain Simon
Symkea ou Symkeau qui était voué d'Olne sans être
châtelain de Dalhem (2). Ce Symkea était en même
temps mayeur du Mont-Saint-Hadelin, territoire dé-
pendant de la principauté de Stavelot; il percevait
donc les amendes des deux territoires; après lui, son
fils, Symkea le jeune, agissait de même ; cela occa-
sionna une confusion de juridiction et fut cause que
plus tard le seigneur d'Olne éleva des prétentions sur
le Mont-Saint-Hadelin (3).
(1) Liège, Liasse sur Saint-Hadelin, n° 6. Ce mesurage était nommé
cerquemenage.
(2) Ibidem, n° 20 v°.
(3) Ibidem, n°» 12, 18, 19, 20 et suiv.
— 148 —
Sous Charles-Quint, il n'est pas souvent question
d'un voué d'Olne, et nous voyons le mayeur intervenir
dans des affaires qui jusqu'alors avaient été réservées
au voué ou représentant du comte de Dalhem ; ainsi,
en i53i, le mayeur ordonna, au nom du souverain,
un cerquemenage général, et y présida (i); nous savons
déjà que c'était le mayeur, au XVIe siècle, qui tenait les
plaids généraux; il avait même le pouvoir, en cas
d'empêchement, de changer l'époque de ces plaids,
pourvu qu'il les fit annoncer à l'église deux dimanches
consécutifs (2).
Voilà comment s'exerça pendant cette période, le
pouvoir seigneurial; nous reprenons maintenant l'ex-
posé des faits.
Un sage a dit : heureux les peuples qui n'ont pas
d'histoire ; si nous pouvions appliquer cette sentence à
notre modeste localité, nous serions amenés à conclure,
que nos ancêtres vécurent heureux pendant tout le XIVe
siècle, car l'histoire ne nous apprend presque rien qui
les concerne.
A cette époque, les chanoines de Saint-Adalbert
avaient conservé plusieurs vestiges de leur ancienne
puissance, notamment le droit de pêche dans la Vesdre ;
en 1399 le Chapitre céda à Tristant, seigneur de Frai-
pont, pour lui et ses vassaux, la faculté de pêcher dans
cette rivière, dans toute sa largeur, depuis le Ry de la
Saute jusqu'au Ry des Chinaux. Tristant et ses succes-
seurs étaient tenus au tribut annuel d'un poisson au
mayeur d'Olne, d'un au forestier et d'un à chaque éche-
vin ou juge. D'après cet accord, on ne pouvait pêcher
dans la Vesdre que pendant le jour, et seulement des
(1) Cour d'Olne, vol. XVIII, fol. 180 v°, où Guillaume d'Olne rap-
pelle ce fait dans son procès contre H. Dejong.
(2) « Se at il la puissance de relaxer et rcvocquer une qu insaine ou
» deux jusques a tant qu'il euisse le temps et Topportunitté de les ten-
» nir » (Voy. Crahay, Coutumes des Pays dOutremeuse, Record d'Olne,
p. 148).
— 149 —
poissons assez grands pour qu'on ne pût pas les cacher
complètement dans sa main fermée (1).
Le XVe siècle fut plus agité et plus funeste à nos
ancêtres que le précédent : ils eurent surtout à souffrir
de la guerre entre les Liégeois et Philippe de Bour-
gogne, notre souverain.
En 1464 les Liégeois chassèrent leur évêque Louis
de Bourbon et au mois d'avril 1465, ils élurent à sa
place le jeune Marc de Bade, sous la protection du
marquis de Bade son frère. Aidés par les troupes alle-
mandes amenées par les princes badois, ils se mirent
en campagne en septembre 1465, dévastèrent le pays
de Hervé, brûlèrent le château de Dalhem et mirent le
siège devant Limbourg dont ils tentèrent en vain de
s'emparer.
Or de nombreux Olnois firent, dans ces circons-
tances, cause commune avec les Liégeois. De ce nom-
bre était Watele de Freubemont ou Froidbermont,
échevin d'Olne qui, par serment, promit obéissance au
marquis de Bade, se joignit aux Liégeois, assista avec
eux au siège de Limbourg et se rendit coupable de
diverses déprédations. Pris par Frédéric de Withem,
châtelain de Dalhem et enfermé par lui, il aurait peut-
être payé de sa tête sa félonie, si Pierre van Thielt,
haut fonctionnaire du duc n'était venu le délivrer de
sa captivité (2).
Vers le même temps, Frédéric de Withem s'empara
(1) « Ni prendre poisson dont le teste ne le cowe pier four de poigne »
(Dalhem, carton).
(2) « Van Watele de Freubemont, scepenen te Oens die meynedich
» tsegen mynen voirscreven genedigen heere den mercgrave metten
» Luykeneren den eedt gedaen hadde ende met voer Lymborch ende
» anders geroeft ende gelegen, daer omme hy te Daelhem gevangen was
» ende naden lantrecht daer omme lyffe ende goet verboert soude heb-
» ben ... ende want meester Peter van Thielt met zekere bevele van
» mynen genedigen heere te Dalhem ko m en is ende heeft die voirscreven
» Watelet uit die gevanckenisse gehaelt ...» (Bruxelles, Chambre des
comptes, reg. 13,146, p. -jZ).
20
— 450 —
de plusieurs autres Olnois qui s'étaient également unis
aux Liégeois et avaient fait serment au marquis de
Bade. Tels étaient : Jean Buyskin et Reyner Giele,
échevins d'Olne, Wygier de Boy, Everard de Som-
mage, Denys de Freubemont, Leclerc d'Olne, tous
manants de ce ban et par conséquent sujets révol-
tés du duc de Bourgogne dans les terres duquel ils
avaient pillé, saccagé et incendié (4). Ils avaient notam-
! ment aidé à détruire et à brûler le château de Dalhem
i
| avec ses dépendances et plusieurs autres maisons.
Pris par Frédéric de Withem et emmenés par lui, ils
auraient payé cher leur rébellion, si après la soumis-
sion des Liégeois ils n'avaient reçu un appointement
de Guy de Brimeu, seigneur de Hambercourt, en
vertu duquel ils furent rendus à la liberté et délivrés
de toute poursuite.
Peut-être aussi Frédéric de Withem exagérait-il
les fautes de ces Olnois? Ce zélé châtelain nous ap-
prend dans une autre relation que Jean Postel, curé
d'Olne et maître Jean Stoep s'intéressèrent également
à leur sort et intercédèrent pour eux auprès du gou-
vernement (2).
Comme toujours, les plus pauvres et les plus hum-
bles payèrent pour les autres; de ce nombre furent un
certain Grand-Heinry; Jean de Hermael; Denys, le
maréchal d'Olne; Mathoné, charpentier au même lieu,
homme pauvre et boiteux ; Stassele Rifla et les deux
fils de Maroye, servante du pléban d'Olne, qui tous
furent aussi accusés d'avoir fait serment au marquis
de Bade, d'avoir pillé, ravagé et incendié les biens et
les immeubles des sujets du duc, de concert avec les
( 1 ) a Ende meer andere die desgelyx viande tsegen raynen genedigen
» heere... metten Luykeneren ommegckeert gewest syn ende den merc-
» grave van Baden den eedt gedaen hadden ende in myns voirscreven
» genedigen heeren lant geroeft, gescandt, ende gebrand ...» (Bruxelles,
Chambre des comptes, reg. 13,146, p. 74).
(2) Ibidem, reg. 13,146, p. 84.
— 151 —
Liégeois. Pris par Frédéric de Withem, ils ne furent
relâchés que moyennant le payement d'une forte
amende (<).
Il en fut de même de Olivier de Sommage, qui
avait suivi l'expédition de Hervé, et avait pris part
au vol des cloches ainsi qu au meurtre de plusieurs
habitants du ban de Hervé (2).
Philippe le Bon, notre duc, étant mort en 1467,
son fils Charles le Téméraire continua la guerre contre
les Liégeois. En 1468, il prit la ville de Liège et la
détruisit de fond en comble ; le souvenir de cette fatale
issue de la lutte est resté vivace dans nos populations
et le dévouement des six cents Franchimontois l'a ren-
due célèbre.
Un habitant du ban d'Olne, nommé Jean de Han-
chey ou Hansez, fut accusé en 1471 d'avoir donné
l'hospitalité à des Liégeois fugitifs. Il dut, pour ce
grand crime, payer une grosse amende à Frédéric
de Withem (3).
Un autre Olnois, nommé Hèry Lambrion, se ren-
dit coupable de faits beaucoup plus odieux. Il se plai-
gnait d'avoir été plus que les autres manants, ran-
çonné par les Liégeois pendant la guerre, et prétendait
que ses compatriotes devaient les désintéresser. Il alla
jusqu'à leur enlever leurs vaches et d'autres bestiaux,
déclarant n'agir que d'après les ordres de Frédéric
de Withem. En cela Lambrion mentait et le drossart,
l'ayant appris, se mit en colère contre lui, le fit arrêter
et mettre en prison ; il ne le relâcha que moyennant
(1) Bruxelles, Chambre des comptes, reg. 13,146, pp. 72 et 73.
(2) « Van Olivier de Sommage die desgelyx in myns genedigen heren
» lant te Hervé gebrandt hadde ende die clocken aldaer helpen nemen
» ende myns vurscreven genedigen heren onderseten mede doot helpe
» slaen ...» (Ibidem, p. 72).
(3) « Van Jan de Hanchey van dat hy befaempt was dat hy myns ge-
» nedigen heren vianden fugitive Luykere opgehaldt soude hebben ...»
(Ibidem, p. 119).
- 152 —
le payement dune amende de 3o florins du Rhin (4).
Ce dernier fait prouve que malgré les nombreux
partisans qu'ils avaient à Olne, les Liégeois n'épar-
gnèrent pas notre territoire, lors de l'expédition, déjà
mentionnée par nous, qu'ils firent en 1465 dans le pays
de Hervé.
D'après les historiens de la principauté (s), ils sor-
tirent par la porte de Cornillon et se répandirent comme
un ouragan sur le ban de Hervé qui fut ravagé de fond
en comble ; les églises furent profanées, pillées et brû-
lées, les villages incendiés, les bestiaux volés et les
habitants, sans distinction d'âge ni de sexe, impitoya-
blement massacrés.
Les habitants du ban d'Olne se trouvaient sur le
passage de ces hordes dévastatrices, ils étaient les
sujets du mortel ennemi des Liégeois. Il est donc cer-
tain qu'ils ont eu leur part dans la calamité. Mais dans
quelle mesure ont-ils souffert? Aucun témoignage ne
nous éclaire sur ce point.
Warnot de Belleflamme lui-même, notre historien,
ne nous dit pas un mot de ces événements politiques
si rapprochés de lui.
Outre des renseignements précieux sur l'histoire
d'Olne au moyen âge, ce prêtre distingué ne nous a
laissé qu'une courte notice dans laquelle il nous fait
connaître plusieurs des curés ses prédécesseurs.
Il nous apprend que très souvent les titulaires de la
cure ne résidaient pas dans la paroisse, et qu'ils admi-
nistraient celle-ci par des délégués. Le premier curé
(1) « Heiry Lambrion die zekere onderseten van Oens nader pays
» ende orloge vad Luydick hadde doen commeren ende angesproken
» voer zekere scade die hy in den orloge gehadt hadde, siggende dat hem
» die Luykeneren seuldich waeren ende vervolgede der omme mynshe-
» ren onderseten, nemende der alTkoy ende beesten onder schyn ende
» bevele dat hem heer Fredcrich van Witthem bevolen soude hebben ... »>
(Bruxelles, Chambre des comptes, reg. 13,146, p. io3).
(2) Voy. Henaux; de Gerlache; Nautet, t. I, p. 368.
— 153 —
qu'il cite est Jean Postelf dit aussi Jean de Fléron (4),
qui résida au milieu de ses ouailles, et administra
régulièrement sa paroisse de 1454a 1483 ; nous lavons
vu intervenir en faveur de plusieurs de ses paroissiens
enlevés et emprisonnés par Frédéric de Withem.
Vers 1482, Jean Postel négocia avec Nicolas Ro-
hault, recteur de la chapelle des Lépreux à Spijx, pour
l'échange de leurs bénéfices. Il s'agit probablement de
Spiexhe près de Theux; dans cette supposition il y
aurait eu à Spiexhe une léproserie dont Postel serait
devenu le directeur spirituel après son départ d'Olne.
Louis de Bourbon, évêque de Liège, s'adressa aux cha-
noines de Saint-Adalbert, collateurs de la cure d'Olne,
pour les prier d'agréer cet échange. Ce prélat semble
avoir beaucoup désiré de placer Postel à la tête de
cette léproserie située dans sa principauté, car maître
Arnold de Ghenyck, qu'il envoie à Aix auprès du
Chapitre, était le même qui avait négocié l'échange
en question (2).
Nicolas Rohault, le nouveau curé, était de nationa-
lité française ; il rçe résida pas à Olne, mais se fit rem-
placer par un vicaire. Il en fut de même de son suc-
cesseur, Réginald Estuart, également Français, qui
mourut en i5o8.
Toussaint de Noirfalize entra en fonctions la même
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 5, où se trouvent les autres cités
par Warnot.
(2) « Ludovicus de Bourbon, eps Leodiensis dux Bullonensis et
» cornes Lossensis : Fidèles nobis in Christo dilecti. Cum certe nuper sit
» concepta permutatio inter Arnoldum de Ghenyck procuratorem Ma-
» gistri Johannis Postel rectoris parochialis ecclesiœ de Olne nostrae
» diœcesis ex una et fidelem nostrum computatorum magistrum Nico-
» laum Rohault rectorem capellee leprosorum in Spijx ex nostrae dioece-
» sis partibus ex altéra, quae quidem permutatio absque consensu vestro
» pro dicta ecclesia de Olne, cujus collatio et permutatio ad vos pertinere
» dignoscitur, suum debitum sortiri non potest effectum mittimus in
» praesentiarum fidem nostrum magistrum Arnoldum de Ghenyck prae-
» dictum desingulis instructum ... » (Quix, Codex diplomaticus Aquen-
sis, t. I, p. 53, n° 79).
— 154 —
année comme curé d'Olne et pendant plus de trente ans
demeura continuellement au milieu de ses ouailles,
qu'il put ainsi prémunir contre les hérésies naissantes
de Luther et de Calvin.
Thierry Warnot de Belleflamme, notre historien,
devint lui-même curé d'Olne en 1542; il était maître
ès-arts et licencié en droit; on l'intitule même avocat
liégeois. Il fut nommé, pensons-nous, à cette cure par
la faculté des Arts de Louvain, qui avait le privilège,
dans certains cas, de conférer des bénéfices réservés au
pape, mais seulement à des maîtres ès-arts (4). Plu-
sieurs curés furent nommés de la sorte, en vertu de la
réservation papale; les autres furent nommés par le
collateur ordinaire le Chapitre de Saint- Adalbert. War-
not a fait sculpter une pierre commémorative de son
entrée à Olne ; ce petit monument, assez remarquable
et parfaitement conservé, se trouve actuellement dans
le mur de la sacristie d'Olne.
Dès son arrivée, Thierry de Belleflamme fit recons-
truire la maison pastorale; la paroisse fut troublée,
sous l'administration de ce curé, par tes meurtres et les
brigandages de l'assassin Olnois Bastin Monnet, qui
fut condamné à mort par la Cour de Dalhem et exécuté
en 1548 (2).
Le successeur de Warnot, le révérend Baudouin
Bodeçon, fit en 1584 reconstruire l'église en partie;
la date se trouve encore inscrite sur une pierre de la
tour. Baudouin eut à soutenir, relativement à la dîme,
un procès et de longues difficultés que nous exposerons
au chapitre suivant.
(1 ) Au chapitre XI nous expliquerons plus amplement ce privilège,
d'après M. J. Daris.
(2) Bruxelles, Chambre des comptes, reg. 13,146, pp. 69! et suiv.,
Warnot a inscrit au catalogue des défunts « le révd Baudouin le Mares-
» chai, premier recteur de l'autel des Su Sébastien et Nicolas de i52i à
» i55i » (Voy. Sommier, p. 221).
— 155 —
VI.
LA DIME D'OLNE ET LE PROCÈS DU CURÉ BODEÇON
RELATIF A LA DIME.
Avant d'exposer les démêlés judiciaires du curé
Bodeçon, nous croyons utile de donner quelques expli-
cations sur la dîme d'Olne.
La dîme, au moyen âge, était la dixième partie des
récoltes que dans certaines contrées les fidèles cédaient
aux ministres des autels pour subvenir à leur subsis-
tance. Cependant des seigneurs laïcs ont souvent pos-
sédé des dîmes, soit à la suite d'une usurpation, soit à
cause du patronage d'une église et d'une concession
faite par le clergé.
A Olne, l'origine de la dîme nous paraît avoir été
celle-ci : les chanoines de Saint-Adalbert ayant en
1240 cédé la souveraineté du ban d'Olne au comte de
Dalhem, restèrent seigneurs t réfonciers de cette terre et
en cette qualité avaient droit, de la part des occupants
du sol, à une redevance foncière annuelle, ou cens sei-
gneurial (1); mais les chanoines finirent par ne plus
être considérés comme les véritables seigneurs, et alors
cette redevance prit le nom de dîme ; au XVIe siècle, on
ne disait jamais autrement.
La dîme se percevait en nature, et on distinguait la
grosse et la menue dîme. La grosse dîme était la
dixième partie des grosses récoltes, c'est-à-dire de celles
qu'on obtenait sur des terres travaillées à l'aide de che-
vaux, comme les blés, les avoines, les fourrages. La
menue dîme était celle qu'on prélevait sur des terres
travaillées à la main, à laide de la bêche ou de la
pioche ; telle était la dîme des jardins potagers.
Les définitions qui précèdent se fondent sur la
signification du mot dîme, qui veut dire dixième
(1) Voir le record du xive siècle à la fin de ce travail.
— 150 —
partie ; mais dans la pratique, il en était autrement ;
ainsi à Olne le cultivateur conservait pour lui-même
dix parts de la récolte et ne laissait pour la dîme que
la onzième partie (*).
En vertu d'une concession du Chapitre, les curés
prédécesseurs de Baudouin de Bodeçon jouissaient
d'un tiers de la grosse dîme et de la menue entière ; ils
percevaient aussi la dîme entière des nopales, c'est-
à-dire des terres nouvellement défrichées, la première
année qu'elles étaient mises à labour (2).
Les curés d'Olne jouissaient aussi de la dîme entière
d'une terre appelée Morivaux, située près de la Vesdre
à l'extrémité du ban.
A la fin du XVIe siècle les chanoines cédèrent en
location leur part de la dîme à un certain Jehan de
Jonegueau. Or, au mois d'août 1590, ce Johan usurpa
à son profit une partie de la dîme des terres dites
novales et une partie de celle de Morivaux, menaçant
même d'en faire davantage à l'avenir. Baudouin de
Bodeçon ne pouvant obtenir satisfaction du Chapitre,
présenta le 2 octobre suivant, une requête au Souve-
rain-Conseil de Brabant, dans laquelle il protesta que
ses prédécesseurs depuis plus de quarante ans avaient
joui de l'entièreté des dîmes en question.
Le 16 octobre, un officier ou huissier vint à Olne
pour prendre connaissance des faits produits dans la
requête du curé. Ayant constaté l'ancienneté de la pos-
session de ce dernier, et ayant instruit le fait de l'usur-
pation, cet officier somma Jehan de Jonegueau d'avoir
à restituer les dîmes enlevées et à réparer le dommage
causé (s).
(1) Cour (TOlne, reg. XXII, fol. 191.
(2) P. Dcns, dans sa Théologie, t. IV, p. 98, appelle novales les
dîmes de cette catégorie. Le Souverain-Conseil de Brabant appelle ainsi
les terres où ces dîmes étaient perçues. D'après Dens, les novales et la
menue dîme étaient de droit pour le curé, mais il ne faut pas oublier
qu'à Olne le Chapitre prétendait être le véritable curé.
(3) « Le iome jour dédit mois entre septs et huits heures trouvé au
— 157 —
Le procès se termina par une sentence du 6 juillet
1594 que le Souverain-Conseil prononça en faveur du
curé, lui adjugeant la dîme entière des novales, et de
la terre de Morivaux, et condamnant le Chapitre à
cesser et à réparer ï attentat commis et en outre aux
dépens du procès (ï).
Cette décision, on le voit, était tout en faveur du
curé Bodeçon; ce dernier conserva ses avantages jus-
qu'à sa mort : un record de la justice d'Olne, en date
du i3 octobre i6o3, en fait foi (2). Néanmoins le Cha-
pitre n'avait pas déposé les armes ; il n'attendait qu'une
occasion favorable pour recommencer les hostilités.
Puisque nous en avons l'occasion, nous exposerons
dès maintenant en peu de mots les événements relatifs
à la dîme jusqu'au curé Delva. Jean-Baudouin de Tilia
qui en 1606 obtint la cure au concours (3), resta vrai-
semblablement en possession paisible de la dîme pas-
torale, mais sous son successeur Jean Cloquier (4), qui
était déjà curé en 161 5, le Chapitre parvint à obtenir
du Souverain -Pontife des bulles qui incorporaient la
cure d'Olne à la mense du Chapitre (5). Dans ces bulles
on donne à Cloquier la qualification de vicaire du
Chapitre.
» sdt villaige d'Olne ens lieux contentieux, assavoir al Haye à Réol appe-
» lée Terre novallc, au Sar et à la terre de Noirveaux et après que par
» information par lui prinsse, lui estait apparu de la possession vel quasi
» desdte* dismes de tous fruicts appelées Novalles ..., etc. »
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 6.
(2) Ce record est cité dans la supplique du curé Wilkin au Chapitre
(Ibidem, coll. III, doc. 28).
(3) J. Daris, dans les Analectes pour servir à l'histoire de Belgique ,
t. XIV, p. 352.
(4) Delva dépeint en ces termes le caractère de son prédécesseur :
« ... unum scio, Revdum dominum parochum Clockier vertisse hos red-
» ditus in suos usus, sed îs fuit satis simplex in suis et rotundus ...»
(Voy. Sommier, p. 221). 11 s'agit des rentes fondées pour l'autel de la
Sainte Vierge.
(5) Historique de la question dans la supplique du curé Wilkin
(Archives pastorales, coll. III, doc. 28).
21
— 158 —
Toutefois, comme les chanoines, conformément aux
anciens records, devaient entretenir le prêtre d'OIne,
ils conclurent avec Jean Cloquier une transaction par
laquelle ils lui assignèrent les biens et revenus sui-
vants : la maison pastorale, avec un verger de deux
bonniers et demi, libre de toute charge de la dîme;
un bonnier de terre arable située sur les Triexhes; la
menue dîme de Falhe\\ diverses rentes, montant à
soixante-cinq muids d'épeautre, provenant en partie de
la fondation d'anniversaires et en partie du bénéfice
de Saint-Hadelin, qui fut réuni à la cure; 60 florins à
payer annuellement par le dîmeur du Chapitre, etc.
De son côté, le curé renonça à sa part de la dîme et
s'engagea à ne plus créer de difficultés aux chanoines
de Saint-Adalbert (*). La transaction fut approuvée par
le pape Innocent X, le 19 décembre 1645.
Antoine Delva, successeur de Cloquier, sut faire
rendre à la cure ses anciens avantages; c'est ce qu'on
verra plus loin.
Les chanoines, trop éloignés d'OIne, ne pouvaient
par eux-mêmes prélever la dîme; le payement de cette
redevance se faisait en nature à l'époque des récoltes, et
souvent il y avait contestation de la part de l'un ou
l'autre des habitants (2).
Pour échapper à ces tracasseries, les chanoines
avaient coutume de céder la dîme en location pour un
terme de trois ans, par un bail ou contrat en bonne et
due forme (3). Le locataire ou dîmeur obtenait le droit
de prélever la dîme, contre le versement annuel de la
somme stipulée dans le bail; il était tenu en outre
d'exonérer les charges ordinaires de la dîme, telles que
(1) La transaction est rappelée dans la bulle d'Innocent X (Archives
pastorales, coll. IV, p. 24).
(2) Voy. dans les Registres de la Cour d'OIne, passim, de nombreux
exemples, notamment vol. XXVIII, fol. 40 et vol. XXXIII, fol. 6.
(3) Voy. des spécimens de bail : Archives pastorales, coll. II, doc. 8
et 9; coll. III, doc. 8 et 14.
— 159 —
les dépenses du culte, l'entretien de l'église, la cloche
décimale, etc. (i).
La dîme d'Olne fut louée, pendant presque un
siècle à la famille Wilkin, qui était à cette époque une
des plus riches et des plus honorables du ban d'Olne.
VIL
LES FRANCHISES COMMUNALES D'OLNE: LES DEUX
BOURGMESTRES, LES RÉGLEURS, LE COLLECTEUR
DES TAILLES, LA RÉGENCE.
Vers i55o, nous commençons à trouver dans nos
annales plusieurs mentions de certaines franchises ou
libertés communales; cela nous engage à interrompre
notre récit pour en dire un mot.
Nos ancêtres jouissaient déjà, il y a près de quatre
siècles, des libertés dont nous sommes si fiers et ils
pratiquaient le système électoral le plus large; ainsi, à
Olne, on élisait dans des assemblées populaires, non
seulement les magistrats communaux, mais les vicaires,
les marguillers et en général tous ceux qui étaient rétri-
bués par la communauté.
Nous ne parlerons pas ici de ces assemblées popu-
laires qui se tenaient à l'église (2) et avaient pour but,
tantôt l'élection des fonctionnaires de l'église, tantôt la
discussion des comptes des mambours.
Les principales assemblées populaires étaient celles
qui se tenaient dans le consistoire scabinal et avaient
surtout pour but l'élection des magistrats communaux.
Les premiers magistrats communaux étaient les
deux commis ou bourgmestres ; ils étaient élusensemble
pour deux ans et étaient rééligibles (3) ; pour être élu
(1) Voy. chap. IV, devoirs du Chapitre.
(2) Archives pastorales, coll. III, doc. 5, 29 et 33. Les mambours
étaient nommés par le curé (Voy. Sommier, p. 2 1 5).
(3) Cour d'Olne, vol. XIV, au 17 décembre 1767.
— 160 —
bourgmestre, il fallait être manant d'Olne (i), savoir lire
et écrire (*) et n'exercer aucune charge incompatible,
comme celle de mayeur ou de collecteur des tailles (3).
On avait coutume de choisir les bourgmestres parmi
les habitants les plus aisés. De 1661 à 1673 on ne put
élire que des réformés; plus tard, on nomma un catho-
lique et un réformé. Qui était électeur? Etaient-ce seu-
lement les principaux adhérités (4), ainsi que le prétend
le registre archivai des barons d'Olne? Nous croyons
que tout adhérité ou propriétaire jouissait de ce privi-
lège et nous nous fondons sur le nombre des électeurs :
ainsi à l'élection de 1751, il y eut au moins cent qua-
rante électeurs présents (5).
Les attributions des commis étaient multiples. Une
des plus importantes était l'administration des aisances
ou biens communaux. Les terrains de cette catégorie
étaient très étendus à Olne : les plus stériles servaient
à l'usage commun des habitants qui en tiraient des
pierres, de l'argile ou de la marne (ô) ; les plus fertiles
étaient cédés en location au plus offrant. La plus an-
cienne de ces adjudications inscrite dans les registres
des Rendages d'Olne est de Tannée i55o, où nous
voyons onze parcelles cédées pour un terme de vingt-
sept ans ; d'autres étaient louées pour quarante-deux,
pour soixante-dix ou même pour cent années.
Les bourgmestres intervenaient aussi dans la vente
des terrains communaux. La vente d'une parcelle devait
être décidée dans une assemblée de la communauté,
octroyée par le souverain, affichée et non frappée d'op-
(1) Sur la présentation des bourgmestres la Cour admettait à la ma-
nandise les jeunes gens et les nouveaux venus.
(2) A partir de 1679, Cour d'Olne, vol. XIV, fol. i5.
(3; Ce point ne fut introduit qu'en 1755 et ne fut pas toujours ob-
servé.
(4) Ceux qui possédaient au moins quinze bonniers (Archives de
Baarlo).
(5) Cour d'Olne, vol. XXXII, fol. 276.
(6) Ibidem, vol. XVII, au ieP juin 1700.
— 101 —
position, effectuée dans une adjudication publique,
proclamée et enregistrée par la justice; enfin, approuvée
par le Haut-Drossart de Dalhem (1).
Les commis faisaient aussi des acquisitions au nom
de la communauté, lorsque l'utilité en avait été démon-
trée au souverain et l'autorisation octroyée par lui (2).
Ils faisaient aussi réparer les chemins et sur leur de-
mande les échevins frappaient d'une amende les rive-
rains négligents (3). Ils s'adressaient aussi à la justice
contre les manants en retard de payer les tailles (4).
Nous touchons ici à une autre attribution impor-
tante des bourgmestres : ils étaient chargés de répartir
les tailles en toute équité, en tenant compte de la for-
tune immobilière de chacun. Pour leur faciliter cette
besogne, les adhérités ou propriétaires étaient obligés
de faire sous serment des déclarations qu'on appelait
rapports et par lesquels ils faisaient connaître le
nombre et l'étendue de leurs immeubles (5). Chaque
année devait se faire une nouvelle répartition des
tailles, parce que les besoins actuels du souverain
étaient la mesure de ïayde ou aide qu'il réclamait des
Etats. La part de chaque commune était fixée par
une députation émanant de tous les bans du pays,
et chaque année les manants d'Olne envoyaient un
député à Y Etat de Dalhem (ô).
Comme les bourgmestres ne restaient que deux ans
en fonctions, ils étaient souvent novices dans leur ges-
tion et devaient s'estimer heureux d'être aidés dans la
répartition des tailles par les régleurs ou régents. En
effet, les habitants de chaque hameau choisissaient un
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 45, pp. 4 et suiv.
(2) Acquisition de la brasserie banale; Cour d'Olne, vol. XXXIV,
fol. 93.
(3) Ibidem, vol. XXX, fol. 140.
(4) Ibidem, vol. VII, au 3o janvier 1675.
(5) Voy. les registres des Rapports éCOlne, aux archives de Liège.
(6) Archives pastorales, coll. II, doc. 7; Delva, Noviciat réformé,
t. I, p. 4, sur Jean Wilkin.
— 162 —
régleur chargé d'évaluer la valeur des immeubles en
vue de fixer l'assiette de l'impôt (*); avant d'entrer en
fonction, les régleurs prêtaient serment en mains du
mayeur (a). Il y eut parfois de grandes discussions sur
l'étendue des pouvoirs des régleurs, mais outre leur
mission relative aux tailles, on leur reconnaissait le
privilège d'examiner les comptes des commis à l'expi-
ration de leurs pouvoirs, et celui d'aider les commis
dans l'examen des comptes du collecteur des tailles.
Ce dernier emploi était conféré par une adjudica-
tion publique au rabais : celui qui offrait de lever les
tailles au plus bas prix était déclaré adjudicataire (s).
Seulement il devait verser une caution (4) et ne conser-
vait sa charge que pendant trois années à l'expiration
desquelles avait lieu une nouvelle adjudication.
La régence d'Olne était formée par la réunion des
régleurs et des bourgmestres avec la Cour de justice.
De tout temps le mayeur a eu le droit de convoquer
la régence ; mais au seigneur seul appartenait le droit
de convoquer une assemblée générale de toute la com-
munauté (5).
Pour compléter cette notice sur nos anciennes fran-
chises communales, il nous reste à dire que dans des
cas difficiles, les principaux adhérités étaient invités à
se réunir avec la régence afin de donner leur avis, et
que le seigneur était le protecteur naturel de la commu-
nauté. Il en était parfois aussi l'exploiteur : ainsi nous
voyons la commune d'Olne fournir un local à la Cour
(1) Voy. sur les régleurs : Cour d'Olne, vol. X, au 6 décembre i683;
et surtout vol. XIII, fol. 102; vol. XIX, au 8 juin 1705 et vol. XL, au 10
septembre 1770.
(2) Cour d'Olne, vol. XIX, au 8 juin 1705.
(3) Ibidem, vol. XXXVIII, fol. 3q, où Simar Spirlet offre de les lever
à 2 %.
(4) Ibidem, vol. XXXV, au 27 septembre 1760. Le collecteur allait à
domicile. En résumé, les manants déclaraient, les régleurs évaluaient,
les commis répartissaient et le collecteur percevait.
(5) Ibidem, vol. XVII, au Ier juin 1700.
— 463 —
de justice, dont le seigneur était maître absolu et dont
seul il profitait, jouissant des confiscations et d'une
grande partie des amendes. A partir de 1735, les éche-
vins exigèrent deux chambres pour les séances de la
justice, et les bourgmestres en louèrent deux chez Jean
Arnotte au village (i).
VIII.
LA SEIGNEURIE D'OLNE SOUS WARNIER DE GULPEN
ET SES SUCCESSEURS (1559-1640).
La seconde moitié du XVIe siècle inaugure pour
le ban d'Olne 1ère des seigneurs particuliers. Ceux
dont il est question dans ce chapitre sont désignés
dans nos archives par le titre de seigneurs gagiérs,
parce que la seigneurie ne leur était pas cédée défini-
tivement, mais leur était seulement engagée.
Warnier de Gulpen était depuis longtemps seigneur
de la Rochette et avoué héréditaire de Fléron (2), lors-
que le i5 mai i55g il fit l'acquisition de la seigneurie
d'Olne en l'acceptant comme gage de la somme mo-
dique de 1880 florins (3) qu'il avait prêtée au Gouver-
nement de Philippe II. Il ne possédait donc la sei-
gneurie qu'à titre précaire, et le roi était libre de la
récupérer quand il voulait.
De Gulpen, résidant à proximité de ce ban, admi-
nistra lui-même sa nouvelle possession ; aussi ne sera-
t-il plus désormais question d'un voué d'Olne. Le sei-
gneur obtint le droit d'établir en notre ban une Cour
de justice ayant haute, moyenne et basse juridiction ;
elle pouvait donc siéger dans les causes criminelles,
qui auparavant devaient être déférées à la Cour de
Dalhem.
(1) Cour d'Olne, vol. XXIX, fol. 86 et 124.
(2) Voy. chevalier de Harenne, La Rochette et ses seigneurs, p. 87.
<3; Bruxelles, Chambre des comptes, reg. 13,146, p. 865.
— 164 —
Warnier de Gulpen éleva des prétentions sur la
souveraineté du petit territoire de Mont-Saint-Hadelin,
qui dépendait de la principauté de Stavelot. Il y était
poussé par le mayeur et les échevins d'Olne, qui pré-
tendaient avoir juridiction sur ce fief dont le seigneur
était alors Gilson de Rahier (i).
Sommé par Gilson d'avoir à établir le fondement
de ses prétentions, de Gulpen envoya au seigneur de
Saint-Hadelin un mémoire dans lequel il donnait dif-
férentes preuves à l'appui de sa thèse. Gilson transmit
ce mémoire à Simon Symkeau le jeune, mayeur établi
par lui sur le Fief. Le 20 février i56i Symkeau écrivit
à son maître une réfutation complète des idées émises
par Warnier; il établissait longuement dans cette lettre
que le Mont-Saint-Hadelin était indépendant du sei-
gneur de notre ban ; il cite notamment la coutume des
manants de ce fief de mettre en tête de leurs actes im-
portants ces mots : « de par Dieu, Monsieur Saint-
» Hallin et l'abbé de Stavelot (2). »
Gilson semble avoir tenu bonne note de cette dé-
monstration, et n'avoir admis en rien les prétentions
du sire de la Rochette, car quelques années plus tard
il cède à son fils Cristophe : « ledit plein fief, tous
» et quelconques leurs droits, clain et action qu'ils
» ont et leur compète az hauteur, seigneurie, cour,
» semonce, jugement et autres biens de Soumagne-
» Saint-Hallnt (3). »
(1) Voici la liste des seigneurs connus de Saint-Hadelin : en i357,
Colas ou Colard fils Colas fait relief; en i385, Rigaux de Fléron ; en
1441, Marie de Beaurieux ; en 1443, Johan de M an y de Dommartin ;
en 1483, Anzaul fils de Johan, wastart de] Rochette ; en i5o9, Michel
Merlot; en 1 53g, Gilson de Rahier; en 1571, Cristophe de Rahier; en
1590, Thierry Camerling ; en 1598, Jean Curtius ; vers 1620, Pierre
Curtius ; en 1640, Anne-Marie Curtius ; vers 1680, Louis Wilroet ;
vers 1700 et depuis, les barons d'Olne (Archives de Liège, Liasse sur
Saint-Hadelin, rassemblée par Ed. Poncelet).
(2) Dépôt des archives de Liège, Liasse sur Saint-Hadelin, n° 12.
(3) Ibidem, n° i3. On disait souvent : Soumagne-Seint-Hadelin. Le
— 105 —
Après quoi Cristophe de Rahier relève le dit fief
de l'abbé de Stavelot, comte de Manderscheidt, sans
aucune mention du seigneur d'Olne.
Ce qui précède n est que le premier épisode de cette
querelle, qui dura presque un siècle et sur la suite de
laquelle nous renseignerons nos lecteurs.
Warnier de Gulpen ne jouit que pendant cinq ans
de la possession de sa terre d'Olne. Il mourut en 1364,
laissant un testament pour lequel il avait obtenu l'oc-
troi royal le i3 septembre de cette même année.
Par ce testament il lègue le ban d'Olne à Guillaume
de Ruysschenberg mari de sa fille Marguerite, à con-
dition qu'il donnera la somme de 1000 florins à sa ser-
vante Catherine, fille d'Antoine d'Elheure, au profit
des quatre enfants naturels qu'il avait eus de cette
dernière (i).
Ce legs jette un triste jour sur la conduite privée
de Warnier de Gulpen qui mourut à la fin de l'année
1564 et fut enterré dans l'église de Forêt, près de Mar-
guerite d'Argenteau, son épouse, décédée en i538.
Guillaume de Ruysschenberg, le nouveau seigneur,
étant fort occupé dans ses autres possessions, nous
connaissons peu d'actes de lui relatifs à notre localité.
Il mourut en 1 586, mais son épouse, Marguerite de
Gulpen, lui survécut assez longtemps; elle figure dans
un acte du 5 octobre 1594, par lequel elle accorde à
Lina Piron, de Vaux-sous-Olne, le droit de faire une
dérivation au bief du moulin dit du ban de Soiron,
situé sur notre territoire, et ce moyennant le paiement
annuel de 2 patars (2); les seigneurs d'Olne n'oublièrent
*
même recueil contient (n° 11) un record de la Cour de Stavelot, sur les
droits de relief, de transport, de main -morte, etc., que le seigneur pou-
vait exiger des surcéants de son fief de Mont-Saint-Hadelin. Exemple :
quand quelqu'un quittait le fief, il devait au seigneur le treizième denier
de tout ce qu'il emportait, sans compter ce qui revenait à la Cour.
(1) Chevalier de Harenne, La Rochette et ses seigneurs, p. 92.
(2) Cour d'Olne, reg. XIX, acte du 2(> mai 1704.
tu
— 466 —
pas dans la suite de réclamer le paiement de cette
modique redevance. Marguerite mourut le 2 février
i6o3 et fut enterrée dans l'église de Forêt à côté de
son mari (*).
Remarquons en passant que sous les trois seigneurs
gagiers, la Cour de justice du ban d'Olne ne resta pas
inoccupée ; elle était le seul tribunal qui dépendît en-
tièrement des puissants seigneurs de la Rochette ; solli-
citée par eux, elle porta souvent des sentences en leur
faveur sans s'inquiéter si la cause était de son ressort
et si l'accusé était justiciable d'Olne.
Jean de Ruysschenberg, fils et héritier de Guil-
laume, s'absenta du pays pendant plusieurs années; il
abandonna l'administration de ses seigneuries à sa
mère, Marguerite de Gulpen.
Après son retour il renouvela les anciennes préten-
tions de Warnier de Gulpen sur le fief de Mont-Saint-
Hadelin, et soutint que ce fief était mouvant et dépen-
dant de la seigneurie d'Olne ; mais Ruysschenberg avait
affaire à forte partie, le Mont-Saint-Hadelin ayant été
acheté en 1 5g8 à Thierry Camerling, pour la modique
somme de 800 florins, par Jean Curtius, bourgeois de
Liège, homme riche et influent (2).
C'est ce redoutable adversaire que le châtelain de la
Rochette ne craignit pas d'attaquer ; à sa demande, le
mayeur et les échevins d'Olne firent une enquête pour
démontrer que les habitants de Saint-Hadelin avaient
toujours dépendu du ban d'Olne. Ils constatèrent que
les surcéants de ce petit territoire avaient obéi de tout
temps au son de la cloche d'Olne; qu'ils s'étaient ren-
dus aux plaids-généraux et y avaient joui des mêmes
privilèges que les Olnois ; qu'ils avaient usé des aisances
ou biens communaux du ban d'Olne, etc. (3). Cette en-
quête eut lieu le 4 mai 1599.
(1) Chevalier de Harenne, La Rochette et ses seigneurs, p. 104.
(2) Liasse sur Saint-Hadelin, n° 17.
(3) Ibidem, n° 18.
— 167 —
Servais Hannotte, mayeur de la Cour du Fief, fit
une contre-enquête à la demande de Curtius, pour faire
ressortir la complète indépendance du Mont-Saint-
Hadelin vis-à-vis d'Olne. Parmi les arguments pro-
duits, on remarque celui-ci : les habitants de Saint-
Hadelin jouissaient à Liège de la franchise de l'octroi,
tandis que ceux d'Olne ne jouissaient pas de ce privi-
lège ; donc le fief avait toujours été considéré comme
terre impériale (i).
La justice d'Olne voulut imposer des taxes aux
soixante ou soixante-dix habitants du Mont-Saint-
Hadelin, et voulut les forcer de contribuer aux frais
des patrouilles établies pour assurer la sécurité des
manants. Comme protestation, Jean Curtius envoya
le 12 mai 1599 une lettre au Haut-Drossart de Dal-
hem, pour le prier de morigéner les officiers de la
Cour d'Olne, et de laisser tranquilles les habitants du
Mont-Saint- Hadelin, ce dernier territoire étant un
plein-fief relevant du prince-abbé de Stavelot ; Curtius
ajoutait que si ses vassaux avaient été autrefois con-
traints d'obéir à la justice d'Olne, cette violence ne
pouvait préjudicier à ses droits ni à ceux de son sou-
verain (2).
La lutte entre Jean de Ruysschenberg et Curtius
eut des épisodes plus dramatiques, qui sont racontés
par l'historien des seigneurs de la Rochette (3). Jean
Curtius mourut vers 1620. Son second fils, Pierre
Curtius, lui succéda comme seigneur du Mont-Saint-
Hadelin, et repoussa avec la même énergie que son
père les prétentions de Jean de Ruysschenberg. Le
26 janvier 1621, il envoya à Mont-Saint- Hadelin le
nommé Gérard Xhéneumont, notaire public impérial.
(1) Liasse sur Saint- Hadelin, n° 20. Hannotte avait déjà fait une
enquête sous Camerling, le 27 avril 1596 (Ibidem, n° 16).
(2) Ibidem, n° 19.
(3) Chevalier de Harenne, La Rochette et ses seigneurs, pp. m et
suiv.
— 108
Celui-ci assembla les habitants autour du Tilleul, sur
« la gi~ande et éminente place » et leur donna lecture
d'un mandement de leur seigneur Pierre Curtius par
lequel celui-ci leur défendait de reconnaître « autre
» seigneur et justicier que lui. » Lecture faite, le man-
dement fut attaché par des clous au dit Tilleul. C'est
dans cette forme que se notifiaient toutes les ordon-
nances du seigneur aux manants de Mont-Saint-
Hadelin (î). Le 5 juin suivant, Pierre Curtius défendit
à la Cour du Fief de donner copie d'aucun acte à la
demande du châtelain de la Rochette ; dans cette pièce
il se qualifie seigneur d'Oupie, Hermée et Soumagne-
Saint-Hadelin (2).
Comme le litige portait sur la question de souve-
raineté, le procès se poursuivit entre Ruysschenberg
et le prince de Stavelot (3).
Peu de temps avant sa mort, le seigneur de notre
ban devint créancier d'un capital de 800 patacons,
dus par la communauté d'Olne ; ce capital n'était pas
encore remboursé en 1684 ; comme on le voit, déjà
à cette époque les communes contractaient des em-
prunts (*).
Jean de Ruysschenberg mourut en i638. Le 10 oc-
tobre i63g, Alexandre baron de Cortenbach, proche
parent du défunt, fit relief de la terre d'Olne (s).
Cependant Cortenbach n'eut jamais que le titre de
seigneur parce que Sibylle de Plettenberg, veuve du
précédent seigneur, conservait, en vertu de son contrat
de mariage, l'usufruit des seigneuries d'Olne et de la
Rochette (e).
Pierre Curtius ne tarda pas à suivre son adversaire
(1) Liasse sur Saint- Hadelin, n° 22.
(2) Ibidem , n° 24.
(3) Ibidem, n° 23.
(4) Cour d'Olne, reg. X, au 3i juillet 1684.
(5) Bruxelles, Chambre des comptes, reg. 13,147, fol. 314 v°.
(6) Chevalier de Harenne, La Rochette et ses seigneurs, p. i52.
— im —
dans la tombe : il mourut en 1640, laissant la terre de
Saint-Hadelin à Anne-Marie Curtius sa fille mineure.
H.-V. Curtius, seigneur d'Aaz, frère et tuteur d'Anne-
Marie, refusa au nom de cette dernière de faire le relief
de la seigneurie, à cause du procès encore indécis avec
le seigneur gagier du ban d'Olne ; il promet toutefois
de faire le relief réclamé quand on lui aura remboursé
les dépenses faites par sa famille dans le dit procès,
mais il proteste contre le droit de main-morte, trop
élevé vu la minime valeur du fief, qui n'est que de
700 à 800 florins (\).
A sa majorité, en 1645, An ne- Marie fut pressée de
faire le relief de sa seigneurie ; elle ne s'y refusa plus,
le procès contre le sire de la Rochette étant terminé :
« pendant quel temps, dit-elle, le s8r de Ruissenberg
» est venu à mourir, et la terre d'Olne a été désengagée
» des mains de sa relicte, et ce procès qui n'était que
» pure vexation a été amorti ... (2). » C'est le cas de dire
que le combat finit faute de combattants.
Nous avons insisté sur cette correspondance d'Anne-
Marie Curtius et de son frère pour faire connaître
l'époque approximative où l'engagère du ban d'Olne a
pris fin. Cette époque va de 1641 à 1644. Ayant fait
ainsi retour à la couronne, la seigneurie fut vendue
définitivement en 1644. C'est ce que nous verrons
bientôt.
IX.
PREMIÈRE APPARITION DES RÉFORMÉS
A OLNE (i632). JEAN WILKIN.
Pendant que Jean de Ruisschenberg était encore
seigneur d'Olne, le ban de ce nom fut envahi par les
troupes hollandaises.
(1) Liasse sur Saint- Hadelin, n08 28 et 29.
(2) Ibidem, n° 3i.
— 170 —
En i632, le prince Frédéric d'Orange, second fils
de Guillaume le taciturne, vint mettre le siège devant
Maestricht et s'en empara à la barbe de trois armées
ennemies.
Peu après les Hollandais s'emparaient de Dalhem,
Hervé, Limbourg et de tout le pays d'Outremeuse,
qu'ils considéraient comme une dépendance de Maes-
tricht ; la conquête en fut achevée le 8 septembre (i).
Leur premier soin fut d'y établir le culte calviniste :
ils espéraient, en changeant la religion des habitants
des pays d'Outremeuse, les détacher plus facilement
de leur souverain légitime (2).
Cette première apparition des protestants ne dura
que trois ans : en i635 le sort de la guerre replaça le
pays d'Outremeuse sous la domination de l'Espagne.
Nous ne savons si un ministre protestant vint
s'établir à Olne pendant ces trois années. Un auteur
calviniste (3) semble le dire, car il affirme qu'en i635
l'Espagne s'empressa « d'éteindre les petites lumières
» évangéliques qui avaient commencé à briller » dans
nos contrées. Toutefois, cette assertion ne nous paraît
pas fondée, et nous ne devons pas lui donner plus
d'importance qu'à celle, absolument erronée, qui se
trouve énoncée dans la phrase suivante. En effet l'au-
teur ajoute que les églises protestantes supprimées
« persistèrent à maintenir la foi dans le sanctuaire
» inviolable des cœurs, attendant qu'un pouvoir plus
» humain leur en laissât la liberté. » Cette assertion
n'est certainement pas exacte en ce qui concerne notre
localité, car, dans la suite, Olne a été pendant plus
d'un siècle au pouvoir des protestants, et nous consta-
(1) Crahay, Coutumes d'Outremeuse, préface. Toutefois, le chevalier
de Harenne, La Rochette et ses seigneurs, p. 146, dit que Dalhem fut
pris en 1629.
(2) G. Nautet, Notices sur V ancien pays de Liège, t. II, p. 249.
(3) D. Lenoir, Histoire de la réformation dans Vancien pays de
Liège, p. 322.
— 171 —
tons que la plupart des Olnois sont constamment res-
tés fidèles à la foi catholique. Il est donc faux qu'ils
aient jamais eu d'attachement intérieur à l'hérésie et
qu'ils aient attendu un « pouvoir plus humain » pour
se hâter d embrasser la réforme.
Plusieurs habitants d'Olne se distinguèrent par
leur opposition à l'hérésie de Calvin. Le plus notable
d'entre eux fut Jean Wilkin, époux de Jeanne de
Grandry, qui fut plusieurs fois bourgmestre du ban
d'Olne (4) et député par ses concitoyens à l'Etat de
Dalhem (2). Il se distingua déjà sous le curé Jean Clo-
quier, mais nous ne connaîtrions presque rien de lui
s'il n'était devenu l'ami d'Antoine Delva et si, rempli
d'admiration pour les vertus de ce pasteur dévoué, il
ne s était attaché à sa personne tout en lui rendant des
services signalés.
C'est ainsi que nous le voyons fournir pour Delva
une caution de 600 florins en garantie d'une dette
que celui-ci avait contractée pour la libération de
quatre prisonniers de Xhoris, son village natal, em-
menés par le colonel Rheins de l'armée française (3).
Aussi Delva l'honora-t-il de son amitié ; il le dési-
gna pour tenir sur les Fonts-Baptismaux Antoine de
Bléron son neveu (i). Plus tard il le nomma sur-
veillant pour la construction de la nouvelle église de
Froidheid, et lui confia l'argent qu'il avait collecté
pour cette entreprise (5). Enfin il le favorisa d'un legs
considérable dans son testament, ne prévoyant pas
que Wilkin le précéderait de plusieurs années dans
la tombe (ô). Dans ses écrits il l'appelle « un homme
(1) Registre de Delva, p. 3o; Archives pastorales, coll. II, doc. 24,
sur l'adresse.
(2) Le Noviciat réformé y t. I, p. 4, se trouve à l'Université de Liège.
(3) Registre de Delva, pp. 44 et 3i 7.
(4) Ibidem, p. 3o.
(5) Ibidem, p. 35o.
(f» Ibidem, p. 199.
— 172 —
» grandement estimé en ce ban » et ailleurs « un rusé
» controversiste. » 11 raconte qu'un jour un nommé
Quedrick, chirurgien, protestant hollandais établi à
Olne, voulut l'attaquer en matière de religion et eut
lieu de s'en repentir (i). Car Wilkin se moqua de la
prétention des protestants de vouloir être apostoliques,
tandis qu'ils ne font rien comme les apôtres le faisaient.
Prenant un exemple, Wilkin fit remarquer à son
contradicteur que quand un protestant est malade, ses
coreligionnaires nont garde d'appeler le prêtre pour
l'oindre de l'huile sacrée. Agir ainsi est pour eux une
superstition, en quoi ils ne sont guère apostoliques, car
c'est un apôtre, c'est saint Jacques qui, dans uneépître,
recommande aux fidèles de veiller à ce que les malades
reçoivent ce sacrement. Wilkin cita les paroles de
l'apôtre et Quedrick, ne s'avisant point de nier l'au-
thenticité de 1 epître, ne sut que répondre. Pendant sa
longue carrière, Wilkin fut locataire de la dîme, et son
fils le fut après lui, mais son petit-fils Jacques Wilkin
fut supplanté par Herman Dejong qui offrit une sur-
enchère. Le dernier membre connu de cette famille a
été Clément Wilkin, curé d'Olne.
Rentrés sous la domination du roi d'Espagne, en
i635, les Olnois purent espérer de jouir de quelque
tranquillité; cet espoir dut s'affermir en i638 à la
mort de Jean de Ruysschenberg, leur turbulent sei-
gneur, et surtout lorsque sa famille fut dépouillée de
la seigneurie, l'engagère ayant pris fin. Cependant, le
calme ne se rétablit pas tant que dura la guerre entre
Philippe IV, notre souverain, et les Hollandais ; ainsi
ces derniers envahirent de nouveau le comté de Dalhem
en 1644 (2). Cette même année est mémorable dans nos
annales à un autre titre : la seigneurie fut définitive-
ment vendue à un seigneur particulier, ainsi que nous
allons le voir.
(1) Le Postillon divin, p. 296, 011 se trouve toute la discussion.
(2) Crahay, Coutumes cCOutremeusey préface, p. in.
I. jïrmoiries des barons d' ©Ine.
II. Jiceau de la Cour de justice duband'Ulne $ jMalbertJJ. lanni done ).
IH.Jfceau de l'ancienne paroisse d'Mne.représentanl $'- Sébastien .
rcjfceau du consistoire protestant d'01ne.([j[rch.paslor,coll.lll,docA8.
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— 173 —
X.
GUILLAUME DE ROYER, PUIS LES DEUX DE TILL
SEIGNEURS DOLNE (DEPUIS 1644).
Philippe IV, notre souverain, ayant besoin d'argent
pour les guerres qu'il soutenait, avait chargé de Mello,
gouverneur des Pays-Bas, de vendre des seigneuries
jusqua concurrence de la somme qui lui était néces-
saire (4).
Le 27 février 1644, de Mello vendit la seigneurie
d'Olne au colonel Guillaume de Royer, seigneur de
Lensse et de Roisseau, commandant d'un régiment
d'infanterie liégeoise au service du roi d'Espagne. Dans
l'acte de vente sont énumérés les revenus de la seigneu-
rie ; on se garda bien d'oublier les vingt-quatre poules
que les manants devaient chaque année au seigneur.
La seigneurie fut vendue avec la haute, moyenne
et basse juridiction ; le seigneur pouvait donc établir
une Cour de justice aussi bien pour les causes crimi-
nelles que pour les causes civiles et les simples délits ;
comme conséquence, de Royer obtenait le droit de
nommer tous les fonctionnaires de la justice, le mayeur
excepté ; celui de dresser le gibet et d'employer les ins-
truments de torture ; celui de percevoir les amendes et
la valeur des biens confisqués ; en échange de ses pré-
rogatives seigneuriales, le colonel dut verser la somme
de 1 3,200 livres, faire hommage de la seigneurie et
relever le fief comme de coutume (2).
Il lui était défendu de revendre la terre d'Olne à
une ville, à un couvent, à un hospice ou à d'autres
mainmortes.
L'histoire ne nous dit rien de Guillaume de Royer
ni de ses actes en qualité de seigneur d'Olne ; du reste
il ne résidait pas dans cette terre dont il se contentait
(1) Introduction de l'acte de vente.
(2) L'original de cet acte de vente se trouve à Baarlo.
23
— 174 —
de percevoir les revenus. Saumerey raconte (\) que le
sieur Royer se substitua le sieur Voiron, par qui la sei-
gneurie fut transmise à Pierre-Mathieu d'Olne, che-
valier du Saint-Empire. La première affirmation est
exacte : un certain Voiron a été seigneur d'Olne, car
nous lisons dans les comptes du baron de Lamargelle,
drossart de Dalhem, que le 3 mars i652, Jean Wilkin
d'Olne releva la dite seigneurie au nom de ce sieur
Voiron (2).
La seconde affirmation de Saumerey semble à pre-
mière vue erronée puisqu'il y a eu au moins cinq sei-
gneurs entre de Royer et les barons d'Olne. Mais elle
peut encore être exacte en ne tenant pas compte des
usurpateurs : Voiron, seigneur légitime dépossédé par
les Hollandais peut parfaitement avoir vendu à Pierre-
Mathieu ses droits éventuels à la terre d'Olne, cest-
à-dire pour le cas où celle-ci serait récupérée par le
roi d'Espagne.
Mais nous devons faire abstraction ici de la ques-
tion de légitimité : nous constatons que de fait, déjà en
1657, la seigneurie était possédée par un protestant,
Jean-Guillaume de Till, qui était en même temps
drossart du pays de Fauquemont et ne vint jamais
résider à 01 ne.
Gomme nous l'exposerons plus amplement au cha-
pitre suivant, notre localité venait de tomber au pou-
voir des Hollandais calvinistes ; et le seigneur ne
nomma jamais que des protestants aux fonctions pu-
bliques ; il priva même de leurs charges les fonction-
naires catholiques en possession (3).
Le mayeur Gilles-Mathieu Nizet était catholique et
ne pouvait être privé de sa fonction qui était hérédi-
taire; mais de Till lui défendit de l'exercer. Nizet se fit
(1) Délices du pays de Liège, art. Olne9 1. III, p. 265.
(2) Bruxelles, Chambre des comptes, reg. 13,147, fol. 435.
(3) J. Dans, Analectes pour servir à l'histoire de Belgique, t. XIV,
p. 354.
— 175 —
alors remplacer par un réformé, combinaison qui fut
agréée par le Souverain Conseil de Brabant malgré le
seigneur qui s'y opposait (1).
De Till se garda bien de renouveler contre Anne-
Marie Curtius, dame de Saint-Hadelin, le procès que
Jean de Ruysschenberg avait intenté au père de cette
dernière ; il reconnut donc en fait que le Mont-Saint-
Hadelin était indépendant du ban d'Olne. En revanche
il veilla à ce que les manants du Fief ne retirassent
aucune utilité de la seigneurie d'Olne, et défendit sévè-
rement aux Olnois de faire moudre leurs grains au
moulin de Saint-Hadelin; il fît même poursuivre ceux
qui n'obtempéraient point à ses ordres (2); il protégeait
ainsi ses propres intérêts et les droits de banalité du
moulin de Vaux-sous-Olne.
De Till prit quelques sages mesures en faveur de
la communauté ; il fit publier un règlement contre le
maraudage et le vagabondage (3) et un autre en faveur
de la distribution égale des tailles ou impôts entre les
citoyens. A cet effet il nomma lui-même deux régleurs
pour chaque hameau, leur fit prêter serment et leur fit
faire une estimation exacte et consciencieuse des im-
meubles, sous peine d'une amende de 20 réaux pour
chaque régleur en défaut d obéir (4).
Si grand amateur qu'il fût de la justice distributive,
de Till ne dédaignait pas, à l'occasion, de pressurer
cette même communauté et de remplir son escarcelle
en ruinant les pauvres manants du ban ; ainsi il se
fit remettre par la commune la somme de 1,000 écus
comme remboursement des frais qu'il avait effectués en
faisant exécuter un mesurage complet de la seigneurie
d'Olne à l'effet d'en connaître les limites exactes (5).
(1) Cour d'Olne, reg. III, au 23 juillet et au 24 septembre i663.
(2) Ibidem, reg. I, fol. 33.
(3) Archives des barons d'Olne, à Baarlo.
(4) Cour d'Olne, reg. II, au 4 mai 1661.
(5) Ce fait est rappelé au vol. XVIII de la Cour d'Olne, fol. 190 v°.
Le mesurage de la délimitation s'appelait cerquemenage.
— 17(5 —
Ce mesurage remit au jour une vieille discussion
relative aux limites de notre ban du côté de Soumagne,
village de la principauté de Liège. Les deux territoires
étaient séparés par le chemin royal du Rafhay qu'on
appelait communément voie de Liège ; ce chemin était
très large, et le gouvernement du prince-évêque en dis-
putait la possession au gouvernement hollandais alors
maître du ban d'Olne.
L'accord entre les deux gouvernements fut conclu
en ces termes :
« Les Etats- Généraux auront deux tiers du chemin
» royal de Raxheveau (*), tendant de Liège vers Soiron,
» en largeur, à prendre du côté d'Olne et sa dite
» Altesse (2) l'autre tiers du côté de Soumagne jusques
» aux aisances ci-devant vendues par ceux dudit Olne
» joignant vers Olne au chemin de Soiron auxquelles
» aisances les subjets d'Olne auront accès par la juri-
» diction dudit Olne pour en tirer leurs commodités,
» la séparation de quoi devra se faire par mesureurs à
» choisir des deux côtés en mesurant depuis les haies
» d'Olne jusqu'aux haies de Soumagne, et ensuite les
» sujets de part et d'autre y planteront arbres et pierres
» limitrophes avec les armes des deux princes ... (3). »
Jean-Guillaume de Till étant mort en 1667, Gilbert
son fils et héritier exerça les droits de seigneur d'Olne ;
il est cité (4) pour la première fois en cette qualité le
28 septembre 1667. Il vendit la seigneurie à Daniel de
Buirette, bourgeois de Maestricht, le 6 octobre 1668.
Lorsque ces événements se passèrent, les Hollan-
dais étaient maîtres d'Olne depuis de longues années.
Nous devons donc faire un pas en arrière et reprendre
(1) Rafhay.
(2) Le prince-évêque de Liège était titulé : Son Altesse Sérénissime
et Celsissime.
(3) Cette pièce a été transcrite par J. Daris, A n aie c tes pour servir à
r histoire de Belgique, t. XIV, p. 354.
(4) Cour d'Olne, reg. V, à la date indiquée.
— 177 —
l'histoire de l'invasion et des luttes religieuses qu elle
amena. Commençons par faire connaître le principal
héros de ces luttes.
XI.
DELVA ET SES PREMIERS ÉCRITS
CONTRE LES PROTESTANTS.
CAUSES DE L'INVASION (1646-1656).
L'homme dont nous allons faire la biographie a été
la plus grande figure de l'histoire d'Olne. Au jugement
de ses contemporains, Delva fut l'Athanase du Lim-
bourg, une lumière de l'église dans le pays wallon. On
a coulé en bronze bien des figures qui sont de chétive
apparence si on les compare à ce prêtre du XVIIe siècle.
Antoine Delva ou Delvaux était né à Xhoris, dans
la principauté de Stavelot, vers 1602. Sa famille devait
être riche, car il nous parle plusieurs fois dans ses mé-
moires de notables biens patrimoniaux qu'il dépensa
presque entièrement pour la bonne cause. Il fit ses
études à l'Université, alors si célèbre, de Louvain, y
devint maître-ès-arts, et fut peu après nommé curé à
Olne par cette même faculté, en vertu d'un privilège
qu'elle avait obtenu du pape (1).
Ce fut en 1646 que Delva devint curé d'Olne, et il
occupa cette fonction pendant trente-deux ans. Faire
le récit de ce qui s'est passé pendant cette longue ad-
ministration est une tâche relativement aisée pour l'his-
torien. Delva a beaucoup écrit, et ce sont ses écrits qui
nous serviront de guide, tant ceux qu'il a fait imprimer
(1) « La faculté des Arts de l'Université de Louvain avait reçu le pri-
» vilège de conférer les bénéfices réservés au pape, mais seulement à
» des maîtres- es- arts, pendant les mois de janvier et de novembre des
» années impaires et pendant le seul mois de novembre des années paires.
» L'ancien privilège accordé par les papes à la faculté des Arts avait été
» restreint dans ces termes pour le diocèse de Liège par Paul V, le
» Ier décembre 1616 » (Daris, Histoire du diocèse, t. I, p. 5).
— 178 —
que ceux qui, restés simples manuscrits, sont conser-
vés dans nos archives.
Dès son arrivée dans la paroisse, il trouva de quoi
exercer son activité : « Pour la maison pastorale, je
» l'ai trouvée en pauvre équipage et ruineuse de toute
» part ; j'ai fait du reste rétablir à mes frais la porte et
» les étables (i). »
Ce ne fut que plusieurs années plus tard qu'il fit
agrandir le presbytère en y ajoutant une aile de bâti-
ments pour y faire un salon (2). Dans l'entre-temps il
s'efforçait de rentrer en possession de la portion de la
dîme qui appartenait autrefois au curé. Il attaqua donc
le Chapitre de Saint-Adalbert devant le Souverain-
Conseil de Brabant (a). Le procès se termina par un
accord conclu le 29 août 1648 et par lequel Delva
récupérait un tiers de la grosse dîme et deux tiers de
la menue. C'étaient, à peu de chose près, les mêmes
avantages dont avaient joui ses prédécesseurs avant
Cloquier (i).
Ce ne fut pas toutefois sans peine ni sans frais que
Delva obtint ce résultat : « Si les pasteurs d'Aulne mes
» successeurs prétendent de mes hoirs (5) quelque lésion
» ou intérêt, qu'ils considèrent que pour réunir au
» pastorat la troisième partie de la dîme grosse et deux
» tierces de la menue, j'ai exposé plus de 3,ooo florins
» et enfin accordé avec le chapitre amiablement, je
» suis demeuré en possession paisible desdites dîsmes,
» horsmis que l'Hollandois m'a inquiété durant le dif-
» férent sur ce pays (6). »
Ayant obtenu ces avantages, Delva crut pouvoir
renoncer au bénéfice de Saint-Hadelin, réuni à la cure
(1) Registre de Delva, p. 10.
(2) Ibidem, p. 41.
(3) Analyse de pièces faite par le curé Arnotte, Archives pastorales,
coll. III, doc. 71.
(4) Ceux-ci avaient la menue entière. V. plus haut, chapitre VI.
(5) Héritiers.
(6) Registre de Delva, p. 10.
— 179 —
sous le curé Cloquier. Par un accorddu 27octobre i652,
il céda au révérend vicaire Thomas Collard, desservant
de cette chapelle, une rente annuelle de 120 florins
brabant hors de ce bénéfice, et employa le reste à l'en-
tretien de la chapelle et du pont (\).
L'année suivante, levêque ordonna la séparation
complète de ce bénéfice d avec la cure d'Olne (2) ; le
prêtre bénéficier continua de seconder Delva en qua-
lité de vicaire.
Malgré son procès, Delva avait conservé de bonnes
relations avec le Chapitre de Saint-Adalbert. Celui-ci
possédait une relique insigne : un bras entier du saint
martyr Sébastien ; le curé d'Olne demanda et obtint
une parcelle de cette relique. La lettre de concession
est datée du 25 juillet i65i, et contient un magnifique
éloge de notre zélé pasteur (3).
Le 19 mars i653, Delva eut la douleur de perdre
sa mère qui habitait avec lui : « Le jour de Saint Joseph
» décéda Idelette de Bléron, ma pieuse mère... et fut
» honorablement ensépulturée. Elle gît devant le chœur
» de l'église d'Olne, du côté de l'évangile, devant la
» porte du balustre ou treillis (4). »
A son arrivée dans la paroisse, Delva avait été
vivement ému à la vue du délabrement de l'église.
Il songea à la reconstruire : du vieux sanctuaire il ne
laissa subsister que le chœur et les murs de la tour :
« Le onzième de janvier i653, dit-il dans son journal,
» j'ai commencé à préparer les matériaux pour la nef
» de 1 église d'Olne, lesquels j'ai payé partie d'aumône,
» partie de rentes d'église. Elle aura environ quarante-
» cinq pieds d'étendue, deux allées collatérales égales ;
» quatre verrières à un côté, quatre à l'autre ; au mi-
» lieu de la nef quatre grandes arcades égales à celle
(1) Registre de Delva, p. i5.
(2) J. Daris, Analectes, t. XIV, p. 363.
(3) Voy. pièces justificatives, n° IX.
(4) Registre de Delva, p. i5.
— 480 —
» du chœur. Le parvis sera édifié contre la tour et les
» fonds de l'autre côté de même structure ; le tout à la
» gloire de Dieu, de la glorieuse Vierge Marie et de
» S* Sébastien notre patron (\). » L'église a conservé
jusque maintenant la disposition qu'elle reçut alors ;
dans la reconstruction de 1761 on changea seulement
la place de la porte d'entrée.
Il fallut une grande énergie à Delva pour mener
ces travaux à bonne fin, car il était déjà harcelé par
les protestants hollandais. Voici à quelle occasion ils
purent s'introduire à Olne :
La paix de Westphalie, conclue en 1648, reconnut
l'indépendance des Provinces -Unies ou Hollande (2)
mais elle laissa indécise la possession du comté de
Dalhem.
Les Hollandais interprétèrent en leur faveur le
traité de paix et envoyèrent dans nos contrées des
troupes sous la protection desquelles les réformés purent
organiser des prêches sur tous les points du pays.
Un ministre nommé Chrouet vint s'établir à Olne
dès 1649. M était né à Spa d'une famille honorable. Sa
mère était restée catholique fervente mais Remacle
Chrouet, son père, se laissa gagner par le ministre
Hotton, devint un protestant acharné et envoya son
fils étudier à la célèbre académie de Genève.
. Ce fils, le ministre Henri Chrouet, n'était pas vio-
lent de sa nature. C'était, dit Delva, son principal
adversaire, un homme très honnête et de bonne con-
versation. Il fit son premier baptême à Olne le 20 juin
1649 î H vivait encore en 1680, où nous le voyons
assister au synode d'Anvers et apposer avec ses con-
frères sa signature au bas de la profession de foi des
églises prétendument réformées des Pays-Bas.
(1) Registre de Delva, p. 33o.
(2) Nous appellerons hollandais les habitants des Provinces-Unies,
quoique à la rigueur ce nom ne s'applique qu a ceux d'une partie de cette
république.
— 181 —
Nous tenons ces détails de l'historien protestant
D. Lenoir (\) qui se trompe cependant sur un point :
c'est quand il prétend que, dès 1649, Chrouet se trou-
vait déjà en possession du presbytère d'Olne et de ses
dépendances, y compris trois hectares de terrain. Ce
ne fut que treize ans plus tard, le icr mai i663, que
Delva fut expulsé de son presbytère; avant 1661 la
situation des réformés était précaire : ils avaient à
craindre que notre contrée ne fut rendue au roi d'Es-
pagne en sa qualité de comte de Dalhem. Ce ne fut
donc qu'après que le traité de 1661 eût définitive-
ment cédé la possession de notre territoire aux Hol-
landais que ceux-ci osèrent employer la violence et
exiler le curé.
Ils avaient obtenu toutefois dès 1649 l'usage simul-
tané de l'église. Celle-ci devint commune aux deux
cultes ; mais nous ignorons si des heures déterminées
furent assignées dès lors à chaque culte, comme elles
le furent dans la suite (2).
Delva comprit combien était grand le danger que
courait la foi du peuple, alors que l'hérésie était libre-
ment prêchée jusque dans le sanctuaire. Aussi eut-il
soin d'éclairer ses ouailles, dès le principe, sur les
points de la doctrine catholique battus en brèche par
les protestants, de les mettre en garde contre la fal-
sification de la parole de Dieu, et contre les inter-
prétations fallacieuses et erronées. Ce fut là le sujet
de toutes ses instructions, car il déclare qu'il a été
six ans à suer pour forcer le ministre à rendre raison
de sa croyance (3).
Celui-ci, ne se sentant pas de force, évitait les con-
troverses et gardait un silence prudent, lorsqu'une
circonstance imprévue fit éclater tout à coup la lutte
(1) Histoire de la Réformation dans Y ancien pays de Liège, Bru-
xelles, 1861, p. 323.
(2) Voy. plus loin chapitre XV.
(3) Commencement du Noviciat réformé.
24
— 182 -
entre les deux champions. Voici ce qui les mit aux
prises (4) :
En i655, la peste infestait plusieurs villes de Hol-
lande, et des habitants de nos contrées qui, pour cause
de religion, s'étaient retirés dans notre pays, durent
fuir devant la contagion. De ce nombre furent un
honorable habitant de Stembert, nommé Jean Legrand-
henri, et sa femme originaire de Fraipont, tous deux
de religion calviniste, qui ayant entendu parler de
l'étonnant succès avec lequel le récollet Louis Preu-
mont, de Verviers, combattait les réformés de Hodi-
mont, commencèrent à douter de la vérité de leur
croyance calviniste, et vinrent trouver ce célèbre pré-
dicateur qui crut ne pouvoir mieux faire que de les
envoyer à Olne, où il y avait un curé et un ministre,
et où ils pouvaient plus facilement entendre le pour
et le contre en matière de foi.
Delva, pour les convaincre, mit par écrit cinq thèses
avec promesse que, si le ministre Chrouet pouvait se
justifier sur ces cinq articles, il paierait au dit ministre
la somme de 200 patacons, à condition que le ministre
ferait la promesse réciproque.
Legrandhenri et sa femme, munis de cet écrit,
allèrent trouver Chrouet ; celui-ci se garda bien de
contester les cinq thèses et de les combattre ; il ne
l'essaya même pas, mais il écrivit cinq nouvelles
thèses où il disait en substance que la religion ro-
maine, telle quelle existe de nos jours, ne date que
du temps de la papesse Jeanne, vers l'an 85o. Il con-
clut de la même façon que Delva, en lui promettant
aussi 200 patacons s'il pouvait se justifier sur ces cinq
articles.
Chrouet cherchait à esquiver le débat ; Delva ce-
pendant le prit au mot et écrivit une réfutation com-
(1) Tout l'épisode qui va suivre est la reproduction résumée du récit
de Delva, dans le Noviciat réformé, t. II, p. 87 et suiv. Cet ouvrage se
trouve à la bibliothèque de l'Université de Liège, n° 636.
— 183 —
plète de ces cinq nouvelles thèses (i). Dans cet écrit, il
réfute de main de maître la fable ridicule de la papesse
Jeanne, tant par le silence des historiens du IXe siècle,
que par les contradictions de ceux qui, quatre cents
ans plus tard, ont raconté cette absurde historiette (2).
Il prouve par de nombreuses citations que l'église
romaine tenait, avant le IXe siècle, la même croyance
qu'aujourd'hui, notamment sur les points contestés
par Luther et Calvin. Il le somme, en finissant, de lui
compter à l'instant les 200 patacons promis. Cet écrit
est daté du 1 1 août i655.
Chrouet trouva naturellement des raisons pour se
soustraire au paiement en question ; mais du moins, le
curé avait obtenu ce résultat : de le faire sortir du si-
lence obstiné qu'il gardait depuis six ans. Encouragé par
ce succès, il alla plus loin. Il s'engagea publiquement
dans un sermon à compter au ministre la somme de
200 patacons s'il pouvait trouver un seul point de sa
profession de foi écrit mot pour mot dans la Bible. Il
le promettait, à condition que le ministre s'engagerait
publiquement par une promesse analogue.
Chrouet ne pouvait plus reculer : il craignait que
son silence ne fît une impression défavorable sur le
peuple ; de plus il était pressé de répondre par quelques
Hollandais hérétiques réfugiés à Olne à cause de la
contagion qui régnait dans leur pays. En conséquence,
il fit afficher à la porte du cimetière d'Olne un défi au
curé dans la forme suivante :
Antoine Delva, curé d'Olne, ayant promis en ses écrits et ses
sermons de compter deux cents patacons au ministre s'il peut
prouver un seul point controversé de sa religion contre l'église
romaine par la sainte Ecriture, Henri Chrouet, ministre du
(1) Cet opuscule est reproduit dans le Noviciat réformé, t. II, pp.
94 et suiv.
(2) Nous passons sous silence d'autres arguments : notamment l'im-
possibilité, eu égard à la série ininterrompue et la succession immédiate
des papes de cette époque.
— 184 —
S1 Evangile à Olne, accepte l'offre du curé, et par la présente le
somme de consigner l'argent promis entre les mains de Jean
Wilkin, manant d'Olne, ou donner sur le lieu (à la place) bour-
geois suffisamment répondant en huit jours, à faute de quoi le
ministre sera obligé d'agir contre le susdit curé par toute voie
de droit qu'il trouvera convenir.
Henri CHROUET.
M. D. S. E.
A Olne, le 4 septembre i655.
Delva ne pouvait accepter le défi dans ces condi-
tions. Les Hollandais hérétiques avaient tout à dire à
Olne, et dès que le ministre, même sans raison, se
serait permis de chanter victoire, ils auraient sans
scrupule confisqué les 200 patacons au profit de ce
dernier. Il s'agissait pour Delva d'éviter ce danger. Il
rédigea une nouvelle affiche par laquelle il acceptait la
proposition de Chrouet, mais à condition que celui-ci
déposerait la même somme entre les mains du comte
de Grobendonck, gouverneur de Limbourg ; de la
sorte, on allait combattre à armes égales.
Le ministre d'Olne, sortant du prêche avec les
siens, prit lecture de ce billet, et s'adressant à Jean
Wilkin, député du ban d'Olne à l'Etat de Dalhem, lui
demanda : « Voulez-vous répondre de la somme de
» 200 patacons pour le curé d'Olne? » Wilkin répon-
dit : « Oui, dès que vous aurez livré la même somme
» aux mains du gouverneur de Limbourg. »
De cela, le ministre ne voulait pas entendre parler.
Quelqu'un fit remarquer à Delva que le moyen par
lui proposé n'était pas entièrement pratique, que les
deux endroits, Olne et Limbourg, étaient trop éloignés
l'un de l'autre, et que chacun des deux adversaires
devait craindre de déposer son argent le premier, de
peur qu'il ne fût confisqué avant que l'autre n'eût dé-
posé le sien.
Delva reconnut que cette remarque était juste, et
il proposa de suite à Welt Potheuk, un des réformés
réfugiés à Olne, de déposer de part et d'autre l'argent
>l
— 185 —
entre les mains de la même personne mais sur un ter-
ritoire neutre.
Ils choisirent de commun accord la ville de Ver-
viers, en la principauté de Liège, et convinrent de
verser de part et d'autre l'argent entre les mains de
Jacquemin Pirotte, marchand au dit lieu.
Welt en informa le ministre. Celui-ci demanda à
réfléchir et le lendemain fit connaître au curé que,
réflexion faite, il ne pouvait donner suite à ce projet.
Ceci donna lieu à « la protestation solennelle du
» curé (ÏOlne prêchée publiquement aux peuples cir-
» convoisins, assemblés à Olne, et affichée à la porte
» de V église dudit lieu. »
Cet écrit est du 12 septembre i655 (<).
Chrouet sentit qu'il aurait l'air de reculer s'il s'en
tenait là. Il écrivit à Pirotte pour lui demander s'il
répondait pour le curé d'Olne. Pirotte répondit :
« Oui, il y a chez moi un homme envoyé par Ant.
» Delva, chargé de verser les 200 patacons en même
» temps que vous verserez les vôtres, si tel est votre
» bon plaisir. »
Nous ne pouvons reproduire ici la longue corres-
pondance qui s'échangea entre Chrouet, Pirotte et
Delva, et qui est exposée au long dans le Noviciat
réformé (2). Contentons-nous de dire que les deux
lutteurs se défiaient trop l'un de l'autre pour risquer
légèrement leur argent, et qu'il leur fut impossible de
sentendre sur la manière de le déposer.
Après bien des démarches, Chrouet prit le parti le
plus facile : il passa outre et annonça par affiches qu'il
ferait la preuve annoncée au prêche le dimanche 26 sep-
tembre à 10 heures.
Protestation de Delva : « ce n'est pas au prêche,
» où personne autre que le ministre ne peut parler;
(i) Le Noviciat réformé y t. I, p. 5.
(2) Ibidem, t. I, pp. 11 etsuiv.
— 186 —
» c'est en public, après affiches, après le dépôt des deux
» cents patacons, que la preuve doit se faire, et avec
» l'enregistrement des raisons de part et d'autre. »
Ces paroles figurent sur une affiche du 25 sep-
tembre.
Le prêche eut lieu ; Chrouet prit pour texte : « Tu
» ne te feras pas d'idole taillée » (Exode, 20) et pro-
nonça contre le culte des images un discours assez
long qu'il fit imprimer, et qui donna lieu à plusieurs
réponses des théologiens catholiques, comme nous ver-
rons plus loin.
Le lendemain, 27 septembre, Chrouet eut l'audace
d'envoyer au curé Welt Potheuk, bourgeois de Leyde
et deux témoins, pour retirer les 200 patacons promis,
attendu qu'il avait fourni la preuve demandée et que
nul n'avait contredit. Delva se mit à rire, disant que le
ministre était par trop naïf de demander l'argent sans
avoir déposé le sien et sans avoir affiché la preuve.
Ayant appris de Welt et de ses amis le sujet du discours
prononcé par Chrouet, il s'efforça de leur faire com-
prendre la vraie signification du passage de l'exode
relatif au culte des images.
Le lendemain, on pouvait lire l'affiche suivante sur
la porte du cimetière d'Olne :
Welt Potheuk, Gavar et Plaisant, gens de'putés le 27 courant
par le ministre vers le pasteur d'Aulne, pour avoir d'icelui paie-
ment des deux cents patacons en question, apprennent à leur
grande confusion, devant tout le monde, de leurs yeux propres...
comment sans honte et sans conscience le ministre trompe le
simple monde et à tort prétend deux cents patacons pour un tas
de mensonges.
Donné à Olne, ce 28 septembre i655.
Ant. DELVA, pasteur d'Aulne.
« Dieu soit loué, le renard s'est fait prendre à ses
» propres pièges, il est tombé dans les filets qu'il a
— 187 —
» tendus pour autrui (\). » C'est par cette réflexion que
Delva termine le récit de cette escarmouche.
XII.
PREMIÈRES SUITES DE L'INVASION HOLLANDAISE.
NOUVEAUX ÉCRITS DE DELVA (i656-i663).
Nous devons interrompre le récit de cette polémique
pour dire quelques mots de la conduite des Hollandais
envahisseurs envers les catholiques du ban d'Olne.
La seigneurie était, comme on Ta vu, tombée au
pouvoir d un protestant, Jean-Guilleaume de Till, gou-
verneur du pays de Fauquemont. Celui-ci ne nomma
plus que des réformés aux emplois publics.
Plusieurs fonctionnaires furent même destitués et
remplacés par des calvinistes (2). Tels furent lofficier-
bailli Jacques Coulot ; 1 echevin Wathelet Nizet et le
greffier Hennekin Sévery, dont la place fut confiée à
des hommes agréables à nos maîtres d'alors.
La dîme, qui était une institution religieuse et avait
pour but l'entretien des ministres du culte, ne pouvait
trouver grâce devant les envahisseurs. Aussi fut-elle
confisquée vers Tannée i655. Le locataire de la dîme,
Jean Wilkin et les chanoines de Saint- Adalbert ne ces-
sèrent dès lors de protester auprès des députés des
Provinces-Unies à Maestricht (3). Ceux-ci répondirent
que les chanoines seraient libres de jouir de leurs an-
ciens droits, mais à condition de verser la somme de
600 florins annuellement pour l'entretien d'un ministre
à Olne.
Les chanoines adressèrent alors au gouvernement
des Provinces-Unies une supplique (4) dans laquelle ils
(1) Le Noviciat réformé y t. I, p. 21.
(2) J. Daris, Analectes, t. XIV, p. 354.
(3) Padborch et Donder, Archives pastorales, coll. II, doc. 1 3 et 16;
Registre de Delva, pp. 23 et 25.
(4) Voy. Pièce justificative, n° III.
— 188 —
représentaient que suivant les records les plus anciens
de la justice locale ils étaient seulement obligés de toute
ancienneté d'entretenir un prêtre catholique, et de pour-
voir aux frais du culte ; que partant, il était souveraine-
ment injuste de les forcer à entretenir un prédicant de la
religion réformée et d'exiger pour cela la somme de 600
florins qu'ils n'ont jamais donnée à aucun prêtre d'Olne.
On remarquera l'appel à l'empereur qui se trouve
à la fin de la supplique, et la menace que font les cha-
noines de reprendre le droit de souveraineté du ban
d'Olne, qu'ils n'ont cédé aux comtes de Dalhem que
pour être protégés par ceux-ci.
S'ils avaient pu reprendre ce droit de souveraineté,
ils auraient en effet rompu tout lien de dépendance
d'avec les maîtres du comté de Dalhem, les Hollandais;
ils n'auraient dépendu que de l'empereur. Menace
vaine et illusoire ! Ce n'est pas pour la terre d'Olne que
Ferdinand III aurait repris les armes et troublé la paix
européenne, à peine rétablie par la paix de Westphalie.
Les Hollandais le savaient et ne cédaient pas. Les
chanoines se virent obligés d'intenter un procès en
Hollande aux receveurs des biens ecclésiastiques pour
l'affranchissement de la dîme d'Olne. Le Chapitre et
le curé soutinrent ce procès à frais communs et le curé
y assista tant en son nom personnel qu'au nom du
Chapitre (i).
Le procès se termina par un accord conclu à Maes-
tricht le 10 août i656 en ces termes : « Nous les dépu-
» tés du Conseil d'Etat des Pays-Bas confédérés, et les
» députés des chanoines de Saint-Adalbert, ayant con-
» féré ensemble, avons résolu que les mêmes chanoines
» remettront annuellement et provisoirement entre les
» mains du régisseur des biens ecclésiastiques, pour
» un prédicant, la somme de 3oo florins hollandais (2). »
(1) Registre de Delva, pp. 23 et 25.
(2) Voy. Archives pastorales, coll. II, doc. 14. Les paroles citées
sont une traduction du flamand.
— 189 —
Cet accord ne distingue pas entre la dîme pastorale
et la dîme capitulaire, parce que le Chapitre revendi-
quait la dîme entière, se réservant d'abandonner au
curé sa part accoutumée (t).
L'accord ne parle pas non plus des trois bonniers
de prairie qui étaient une dépendance de la cure (2).
Il se trouva quelqu'un à Olne qui voulut en profi-
ter : c'était ce même Welt Potheuk, riche bourgeois de
Leyde, dont nous avons déjà parlé ; il se vanta d'avoir
reçu en location du gouvernement hollandais les sus-
dites prairies, et il menaça le curé de lui faire restituer
les fruits par lui perçus. Ces faits devinrent l'objet d'une
nouvelle supplique des chanoines (3). Après avoir ex-
posé la question, ceux-ci concluent : « C'est pourquoi
» les remontrants supplient vos Hautes Seigneuries
» d'ordonner au dit Welt Potheuk de désister desdites
» menaces et de laisser au présent et dorénavant les-
» dits pasteur et décimateur tranquilles dans la percep-
» tion des fruits perçus et à percevoir desdits douai rs
» en conformité dudit contrat. »
Ils obtinrent cette fois gain de cause, et on laissa le
curé jouir en paix de son douair pendant quelques
années.
Delva ne paraît pas s'être occupé beaucoup de ces
démêlés ; en revanche il défendait vaillamment la foi
de son troupeau contre les mensonges si habiles des
hérétiques.
Les écrits et les sermons ne lui suffisaient pas ; il
sut pénétrer jusqu'au milieu du prêche des réformés,
et couvrir le ministre de honte et de confusion devant
tout le monde. Ce ne fut sans doute pas par lui-même
(1) Comme en justice les décisions s'enchaînent et comme l'une
entraîne l'autre, l'accord de 1 656 fut cause que soixante ans plus tard
(en 1715) le curé Jacques Prayon perdit sa part de la dîme dans un procès
avec le Chapitre, qui posséda désormais la dîme entière.
(2) Ces prairies étaient alors appelées le douaire du curé.
(3) Voy. Archives pastorales, coll. II, doc. i5.
2.-1
— 190 —
qu'il le fit, mais par un jeune homme, presque par un
enfant : « Qu'est-il besoin, s'écrie-t-il (*), de prêtres et
» de moines pour les combattre, quand il ne faut que
» des enfants pour les rendre muets ? »
Voici comment Delva raconte la chose. Un jeune
homme de dix-huit ans, François Closet, né à Lam-
bermont, apprenait un métier à Hodimont chez un
certain Warnier, protestant fanatique. Celui-ci s'effor-
çait par tous les moyens de le détourner de sa croyance
catholique. Il lui disait parfois : « Je t'assure que si tu
» veux une seule fois venir avec moi à Olne pour en-
» tendre Chrouet, tu n'iras plus jamais à la messe. »
Ennuyé des instances de son patron, le jeune Closet
finit par céder, du moins en apparence, et le dimanche
suivant, il accompagna son maître à Olne, où il rendit
d'abord visite au curé Delva. Quand il fut arrivé au
prêche, le ministre, entouré de plusieurs anciens et
dignitaires de son culte, s'empressa de lui demander :
« Etes-vous enfin résolu de quitter la religion romaine?
» — Oui, répondit le jeune homme, si on peut m'en
» montrer une meilleure. — Vous pouvez m'interroger,
» répondit le ministre, je suis ici pour vous montrer
» tout ce que vous voudrez. » Là-dessus Closet accepta
une Bible de la main du ministre et indiquant dans la
profession de foi qui se trouvait en tête du volume la
réponse à cette question : « Qu'est-ce qu'un sacre-
» ment? » il demanda au ministre dans quel endroit
de la Bible cette définition se trouvait en termes exprès.
C'était prendre le taureau par les cornes, car les réfor-
més prétendent ne rien admettre qui ne se trouve mot
pour mot dans les Saintes Ecritures.
Le ministre voulut biaiser et passer à un autre pas-
sage plus important selon lui. Closet ne voulut rien en-
tendre et insista pour avoir l'explication demandée.
(i) Le Noviciat réformé, t. II, p. 107. L'anecdote est racontée aussi
par D. Lenoir, Histoire de la Réformation dans l'ancien pays de Liège,
p. 33o.
1
J
— loi —
Il passa ensuite aux paroles suivantes de la profes-
sion de foi qui sont : « Nous croyons que les sacre-
» ments sont ajoutés à la parole de Dieu pour plus
» ample confirmation et pour nous être un gage de la
» grâce de Dieu. » Il demanda derechef: « Dites-moi,
» je vous prie, où cela se trouve en termes exprès dans
» la Sainte Ecriture? »
Mais ici le ministre se fâcha : « Vous récitez, s'écria-
» t-il, une leçon apprise par cœur; vous avez été ins-
» truit et dressé par quelque moine ! »
Tous les assistants s'unissant au ministre voulurent
se jeter sur le jeune homme et lui faire un mauvais
parti. Mais Closet se retira promptement, non sans
avoir dit à Warnier son patron : « Notre maître, ce
» n est pas là ce que vous m'aviez promis. » Puis il
salua la troupe et s'en alla.
Les catholiques firent imprimer l'histoire de cette
escarmouche et en félicitèrent l'auteur. Chrouet ne
trouva rien à répondre et se contenta de dire, pour
couvrir sa défaite, qu'il ne voulait pas avoir affaire à
des enfants.
Pour se donner un semblant de victoire sur les ca-
tholiques, il fit répandre à profusion un opuscule qu'il
avait fait imprimer. C'était la reproduction de son
prêche du 26 septembre i655 sur le culte des images.
Le titre en était : Sermon servant de preuve à plusieurs
points de la religion catholique controversés contre
V église romaine, prêché en ï église d? Aulne par H.
Chrouet, ministre du Saint Evangile (i).
On remarquera cette prétention, commune à tous
les écrivains protestants du XVIIe siècle, au titre de
catholiques, par opposition à celui de romains ou de
papistes, qu'ils nous octroyaient volontiers.
Delva répondit à cette brochure par l'opuscule sui-
vant : Préservatif antidotal d Antoine Delva, pasteur
( 1 ) Tiré du livre de D. Lenoir, Histoire de la Réformation dans
V ancien pays de Liège»
— 193 —
d'Aulne, contre la dyssenterie des mensonges, calom-
nies et changements de bible publiés par H. Chrouet.
Peu après, dans le but de défendre un des points
de la doctrine catholique les plus attaqués il publia :
Du purgatoire : la pitoyable voix de Rama, l'Eglise
catholique, apostolique et romaine, la belle Rachel...,
etc., par A ntoine Delva, cure'd'Olne, contre H. Chrouet,
ministre de Calvin (\).
Delva ne fut pas seul à combattre les erreurs de
Chrouet. Le sermon de celui-ci, publié en brochure,
dut faire quelque sensation, car un nouvel adversaire
parut bientôt pour le combattre : ce fut le Père d'As-
troy, récollet du couvent de Liège, qui mit au jour le
livre suivant : Antidote catholique, présenté à Mr* du
duché de Limbourg et autres pays dOultremeuse, par
Barthélémy d'Astroy, contre le venin des hérésies et
des mensonges prêches par le Sr Henri Chrouet, pré-
tendu ministre d'Olne (*).
Dans la dédicace, il félicite les habitants de nos
contrées d'être restés fidèles à la foi catholique ; il
rappelle la conférence de Limbourg entre les docteurs
des deux cultes et appelle cette conférence : la tombe
des protestants. Il attaque surtout certains prédicants
réformés qui s'étaient introduits sans aucun droit
dans des églises catholiques, comme notre Chrouet,
comme aussi Goflfard, franciscain défroqué devenu
ministre de Dalhem. Ce dernier avait été, pendant
vingt-deux ans, missionnaire catholique : fit corruptio
optimi pessima (3).
Chrouet répondit par une brochure dont nous
n'avons pu retrouver le titre, et d'Astroy lui répliqua
( 1 ) Ces deux ouvrages ont complètement disparu ; nous en citons les
titres d'après J. Daris, Analectes, t. XIV, p. 353.
(2) Ce titre et les détails qui suivent sur les livres des Pères d'Astroy
et Preumont sont aussi extraits du livre de D. Lenoir.
(3) Delva parle aussi de ce Goflfard dans Le Noviciat réformé, t. II,
p. 11.
— 193 —
encore cette fois par les Rapproches du ministre Chrouet
aux véritables sentiments de l'Eglise romaine {\). Il
nous y apprend que Chrouet lui semble revenir peu à
peu au catholicisme, ce qu'il attribue aux prières de la
mère du ministre ; celle-ci venait de rendre le dernier
soupir dans le sein de l'église catholique comme une
véritable sainte.
Chrouet fut combattu aussi par le Père Louis Preu-
mont, récollet du couvent de Verviers, dans l'écrit
suivant : Réponse par L. Preumont au sermon du
26 septembre 16SS. Il y prouve que les bibles protes-
tantes sont falsifiées aux endroits controversés.
Le discours du ministre d'Olne avait ainsi fait sur-
gir trois champions de la cause catholique. Il s'efforça
de répondre à tous les trois par une même brochure :
Défense d'un sermon prêché dans V église dOlne...
contre trois libelles satyriques.
Preumont et Delva ne voulurent pas laisser le der-
nier mot au prédicant Olnois. Le premier fit paraître
peu après : Le tombeau de Henri Chrouet, ministre
de la religion prétendue réformée à Olne, Liège, i656.
Ce livre est dédié à Ferdinand de Lynden, gouverneur
du marquisat de Franchimont (2) en récompense de la
protection que ce dernier accordait aux couvents des
Récollets à Verviers et à Bolland.
Il y a dans cet écrit un passage curieux. Un prêtre
avait l'année précédente, à Sart lez-Spa, guéri un dé-
moniaque et chassé le démon. S'adressant à Chrouet,
Preumont lui dit en substance : cherchez-moi dans le
territoire d'Olne un semblable démoniaque et quand
vous l'aurez trouvé, faites-moi le savoir, alors nous
irons ensemble devant ce possédé. Et moi le premier,
m'adressant au démon, je lui commanderai de sortir
de cet homme et j'ajouterai : si ma religion romaine
(1) Rapproches, c'est-à-dire commencements de retour.
(2) Partie de la Principauté de Liège, qui comprenait : Theux, Ver-
viers, Stembert, Jalhay, Ensival, Spa, Sart, Andrimont et Drolenval.
— 194 —
n'est pas la vraie, je te permets, Satan, d'entrer dans
mon corps, de le torturer et de l'anéantir. Je parlerai
ainsi, mais le démon n'en fera rien, car la foi catho-
lique est la seule vraie. Oui, je parlerai de la sorte,
mais c'est à la condition qu'à ton tour, ô Chrouet, tu
t'adresses à l'esprit mauvais, lui permettant, si ta
croyance n'est pas la vraie, d'entrer dans ton corps, de
le torturer et l'anéantir. Mais tu ne le feras pas, car tu
sais dans le fond de ton cœur que ta croyance n'est
que mensonge et fausseté.
D. Lenoir, l'historien protestant de cette polémique,
ajoute : « On comprend combien des arguments de
» cette sorte devaient produire d'impression sur les
» multitudes (4). »
Preumont transcrit dans son livre diverses appro-
bations. Celle de Thomas de Blistein, curé de Ver-
viers, mérite d'être connue : « C'est dans ce tombeau, »
dit-il, « que gît honteusement confondu et abattu,
» Henri Chrouet, ministre d'Olne, duquel il ne se relè-
» vera jamais. »
Ce fut en 1657 que Delva publia le premier volume
de son plus bel ouvrage: Le Noviciat réformé dressé à
Olne par le ministre de Calvin, battu en brèche par
Delva pasteur d'Olne au terroir de Dalhem, pays
d Oultremeuse . La seconde partie fut publiée en i658.
Le Noviciat est le principal ouvrage de Delva et
c'est celui où il fait surtout preuve de son talent, tant
par la force du raisonnement que par la vivacité et
l'agrément du style. Le but était de donner une dé-
monstration claire des points controversés : l'authen-
ticité des Saintes Ecritures, le culte des images, la
Sainte Eucharistie, la Sainte Messe, la confession, le
purgatoire, etc.
Nous ne pouvons résister au désir d'en citer quelques
extraits. Chrouet avait reproché au curé de célébrer le
(1) D. Lenoir, Histoire de la Réformation dans Vancien pays de
Liège f p. 340.
— 195 —
culte en latin ; d'autre part il lui reprochait de prêcher
en wallon. La réponse de Del va est des plus adroites :
L'Eglise Romaine fait son office public en langue
romaine et universelle ... En toute nation qui est
sous le soleil, il y en a qui entendent le latin, et
pour cela l'église romaine a voulu que son office soit
fait en cette langue connue de toutes sortes de nations
du monde, afin que l'antiquité de cette langue mar-
quât l'antiquité de sa doctrine et de sa créance. La
doctrine de Calvin était nouvelle et pour cela on a
choisi les langues les plus nouvelles pour en servir
de marque ... Et je m'étonne que le ministre fait ici
son office public en langue française puisque ici à
Olne nous ne sommes point français mais wallons,
et parlons ici une langue fort différente du français.
Le Français qui vient en ce pays pense qu'on y
parle le meilleur grec d'Attique et n'entend pas plus
ce que signifient wahai, ohai, crama, ecnèe, qu'il
n'entend le terme le plus reculé du grec ou de l'hé-
breu ... C'est en vain que Chrouet a été envoyé en
France pour apprendre le français et en est revenu
si glorieux qu'il n'emploie à rien tant d'encre qu'à
décrier le patois du curé d'Olne. En quoi il se con-
damne de sa propre bouche, car si le curé parle son
patois en ses offices publics de prédication et autres,
sans doute il parle une langue que le peuple com-
prend ; s'il parle français il parle une langue que le
peuple n'entend pas (quelle contradiction). Si le curé
parle latin, Chrouet ne le peut souffrir [lui] qui fait
passer en maxime qu'il faut faire l'office public en
langue connue du peuple; s'il parle en son patois et
en langue connue du peuple, Chrouet lui saute au
collet et l'appelle barbare en son langage, parce qu'il
ne parle pas français à gens qui n'entendent point le
français (4). »
(1) Le Noviciat réformé, t. I, pp. 35o à 352,
— 196 —
Chrouet s'était moqué de la récitation des heures
canoniques, particulièrement de la récitation nocturne
dans certains couvents. Après avoir démontré l'anti-
quité et les avantages de cette récitation, l'auteur ajoute
ironiquement : « Il est vrai que c'était une chose bien
» pénible pour les pauvres ministres chargés d'une
» femme et d'une quantité d'enfants, de se lever la
» nuit pour psalmodier et méditer les louanges de
» Dieu avec de saints religieux, et renoncer aux aises
» de leur corps non sans mécontentement de leurs
» femmes ... Et pour cette cause, je veux bien avouer
» qu'ils ont fait chose profitable à leur corps et agréable
» à leur femme que d'abolir tant de longs et pénibles
» offices (1). »
Plus loin, nous apprenons qu'outre Chrouet, des
apôtres ou prédicants hollandais étaient venus à Olne.
Seulement c'étaient de singuliers personnages : « J'ai
» vu céans à Olne qu'un ministre venait de Maestricht
» pour faire et administrer la Cène en une façon fort
» étrange : il était monté sur un bon cheval, sa femme
» en croupe, l'épée au côté, la botte cornue au pied,
» les éperons dorés et un habit à la mode. Tout le
» monde voyant ce nouvel apôtre se mit à rire ...
» disant que sans autre preuve il était aisé de voir que
» cet homme n'était pas apostolique, ce qui le fâcha
» tellement qu'il s'en alla avec menaces (s). »
Delva se plaint aussi, en termes assez crus, de la
conduite indécente des réformés à l'église d'Olne :
« Qu'aurait dit saint Paul s'il avait vu de ses yeux ces
» gens malhonnêtes lâcher leurs eaux dans le lieu saint
» et parfois décharger leurs ordures dans nos cime-
» tières, sur la tête même de leurs pères, comme j'ai
» vu faire ici à Olne. Ne voila-t-il pas des anniversaires
» bien puants? Ne sont-ce pas des cérémonies vilaines
» dignes des reproches du ministre d'Olne pour des
(i) Le Noviciat réformé, p. 356.
(2) Ibidem, p. 543.
— 107 —
» gens qui ayant, en leur vie tourné la face et le visage
» à leurs pères, leur tournent, après la mort, sous
» correction, honteusement le ... (\). » Il nous est im-
possible de finir la citation ; mais telle qu'elle est, elle
suffit pour faire constater que Delva ne dédaignait pas,
à l'occasion, la gauloiserie. Il parlait latin avec des
mots français et n'avait pas encore lu ce précepte de
Boileau son contemporain :
Le latin dans les mots brave l'honnêteté
Mais le lecteur français veut être respecté.
XIII.
EXIL DE DELVA. LE POSTILLON DIVIN (i663-i669).
Le 21 décembre 1661 est une date décisive et fatale
dans l'histoire d'Olne. Les pourparlers entre les am-
bassadeurs du roi d'Espagne et ceux des Provinces-
Unies se terminèrent ce jour-là par un traité en vertu
duquel le comté de Dalhem était partagé entre ces deux
puissances.
Pour notre malheur, Olne échut aux Hollandais.
Leur usurpation était ainsi consacrée, et l'on put s'at-
tendre de leur part à toutes les violences.
Le ier mai i663, Delva fut expulsé de son pres-
bytère et forcé de sortir du ban d'Olne (2).
Nous disons : forcé de sortir, en ce sens qu'il ne
pouvait plus y remplir ses fonctions pastorales sans
être frappé des peines les plus graves. Personnelle-
ment, il conserva la liberté de circuler dans toute sa
paroisse. Delva nous a fait connaître exactement sa
situation dans un de ses écrits, dont nous citerons, à la
fin de ce chapitre, des passages concluants à cet égard.
(1) Le Noviciat réformé, p. 547.
(2) « Decreto statuum Hollandise pulsus sum et coactus egredi de
» domo pastorali et adeo etiam de ban no ulnensi » (Sommier de Delva,
p. 219),
20
— 198 —
Le gouvernement hollandais ne se contenta pas
d'expulser Delva de sa maison pastorale, il s'occupa
aussi de lui couper les vivres et força le Chapitre de
Saint-Adalbert à conclure un nouvel accord, daté du
24 juin i663, où il est stipulé que le Chapitre n'aura
plus rien à prétendre ni à la maison pastorale ni aux
trois bonniers et demi de prairie adjacente, ni à la
terre des Trixhes, lesquels biens sont réservés exclusi-
vement à la République. Après avoir élevé la rede-
vance annuelle des chanoines du chef de la dîme à
5oo florins, argent de Hollande, les députés du Conseil
d'Etat ajoutent : « Bien entendu toutefois que ceux
» du Chapitre demeureront encore jouissant de la
» petite dîme, laquelle soûlait (avait coutume) compé-
» ter auparavant au pasteur dans le ban d'Olne ... (4). »
Bref, on lui ôta toutes ses ressources et on s'efforça
»
de mettre les chanoines dans l'impossibilité de lui
venir en aide.
Nous devons rendre toutefois cette justice au Cha-
pitre : bien qu'il n'eût conclu l'accord que pour sauver
les dîmes de la confiscation et les conserver pour des
temps meilleurs et, bien qu'il n'en perçût aucun profit,
il n'abandonna pas le curé, mais lui conserva en
grande partie ses anciens avantages, ainsi que nous
l'apprenons par les lettres du doyen Rimberg à Jean
Wilkin (2). Sans cela, le zélé pasteur eût été réduit à la
mendicité (3).
Forcé de quitter le ban d'Olne, Delva ne dut pas
pour cela abandonner son troupeau, car Vaux-sous-
Olne, où il se retira, ainsi que Nessonvaux et Basse-
Fraipont, faisaient partie de la paroisse d'Olne et ceux
du ban de ce nom, à raison de la proximité, pouvaient
facilement rejoindre leur pasteur.
(1) Archives pastorales, coll. IV, doc. 27.
(2) Ibidem, coll. II, doc. 22, 23 et 24.
(3) A moins, bien entendu, qu'il n'eût gardé de ses biens patri-
moniaux.
— 1!H) —
Dépendances de la vouerie de Fléron, les deux
hameaux de Vaux et Nessonvaux faisaient partie de la
Principauté de Liège ; Delva s'y trouvait donc dans
une complète sécurité.
Il espérait, du reste, que la Providence le ramène-
rait bientôt dans sa maison pastorale. Ainsi, nous
lisons dans ses mémoires (i) qu'il ne vendit pas son
bétail et, le 6 décembre suivant, il indemnisa le nommé
Nicolas Xhardé, dans les prairies duquel ce bétail
avait été placé pendant tout l'été.
Ce fut au même Nicolas Xhardé qu'il emprunta
une grange, qu'il fit aménager pour y célébrer le Saint
Sacrifice, et y remplir tous les devoirs pastoraux. Dès
le premier dimanche, les paroissiens arrivèrent en foule
de tous les hameaux (*) pour entendre la Sainte Messe
dans ce temple improvisé, où on se trouvait cependant
comme en plein air (a).
Pierre Antoine, autre habitant de Vaux, céda en
location à Delva une maison que celui-ci occupa pen-
dant tout le temps de son exil, même après qu'il eût
bâti une église à Froidheid (a).
Pendant ce temps, les Hollandais avaient installé
au presbytère le prédicant Chrouet, qui percevait
aussi un traitement de l'Etat. Il obtint même la jouis-
sance des prairies et autres biens de la cure moyennant
un fermage de u3 florins qu'il devait payer au rece-
veur du gouvernement (5).
Il s éleva une difficulté au sujet des contributions
de guerre et autres taxes qui devaient être réparties
entre les habitants d'après l'importance de leurs biens.
(1) Registre de Delva, p. 43.
(2) « Resedique in Valle sub Ulna et in Stabulo quod fuit Nicolaï
» Xhardé missam feci et pastoralia omnia officia, concurrente undiqua
» que populo, -a prima Maii qua egressus sum » (Sommier de Delva,
p. 219).
(3) Archives pastorales , coll. II, doc. 18.
(4) Registre de Delva, pp. 43, 46 et 57.
(5) Archives pastorales, coll. IV, doc. 26.
— 200 -
Qui devait payer les taxes de la cure ? Etait-ce le pré-
dicant, le Chapitre ou l'Etat lui-même qui devait sup-
porter cette chargea
Les députés du comté de Dalhem tentèrent de l'en-
dosser au Chapitre. Celui-ci envoya à La Haye Jean
Wilkin, son dîmeur, pour y défendre les chanoines.
Nous ne savons quelle fut la décision prise (i).
Delva, de son côté, ne se reposait pas à Vaux.
Tantôt il soignait ses paroissiens attaqués par une
peste qui faisait de nombreuses victimes (2) ; tantôt il
se rendait à Xhoris et à Stavelot pour soutenir les
intérêts de sa famille (3) ; tantôt il s'occupait de payer
la rançon de quatre habitants de Xhoris pris pendant
la guerre par le colonel Rheins, de l'escadron du
baron de Lanaux. Il emprunta dans ce but la somme
de 600 florins. Jean Wilkin cautionna pour le curé et,
par ses soins, l'affaire fut arrangée le 4 juin 1664(4).
C'était, comme on le voit, un homme d'une grande
activité. N'oublions pas qu'il écrivait alors un de
ses plus grands ouvrages de polémique contre les
protestants. En effet, il publia en 1666 : Le Postillon
divin portant aux réformés la pure parole de Dieu..,
par Ant. Delva pasteur d'Aulne contre les ministres
d'Hollande.
. Dans cet ouvrage, il prouve par des arguments
solides que la vraie parole de Dieu, soit que nous en
considérions la lettre, soit que nous en cherchions l'in-
terprétation, ne se trouve pas dans les Bibles des
hérétiques, mais uniquement dans l'Ecriture Sainte
telle qu'elle est conservée par l'église catholique.
Nous trouvons dans ce livre des renseignements
précieux sur la situation de Delva à l'époque de son
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 21.
(2) Sommier de Delva, p. 227; Nautet parle aussi de cette peste dans
ses Notices historiques, t. II, p. 368.
(3) Registre de Delva, pp. 32 3 et suiv.
(4) Ibidem, pp. 44 et 317.
— 30 1 —
exil : il ne pouvait remplir les fonctions de son minis-
tère dans le ban d'Olne, car l'administration des sacre-
ments, non admis par la Réforme, était sévèrement
punie. Nous en voyons une preuve dans la discussion
entre Jean Wilkin et le chirurgien Quedrick : « Si
» quelque prêtre, s'écrie Wilkin, était trouvé oignant
» d'huile quelque malade, vous le saisiriez d'abord et
» le mettriez en prison, en sorte que loin de faire
» comme ont fait les apôtres, vous faites tout le con-
» traire de ce que les apôtres ont ordonné (*). »
D'autre part nous voyons le dévoué pasteur, pen-
dant son exil, circuler librement dans toute sa paroisse
sans être inquiété par les Hollandais. Ainsi, au mois
de juillet qui suivit son expulsion, il vint au village
d'Olne et même au presbytère pour un entretien avec
le ministre.
Nous laissons la parole à l'auteur en supprimant
seulement quelques détails inutiles à notre but : « Ce
fut cela qui nous mit aux prises avec le même
Chrouet, le troisième jour de juillet i663, en sa mai-
son à Aulne. Car, comme un renégat de Liège se
vantait que le prédicant Chrouet ne leur enseignait
que la pure parole de Dieu, en souriant doucement
je luy répartis : Loin de là, mon enfant, dis-je, il ne
vous enseigne pas même un mot de la pure parole
de Dieu. Et je m'accorde à me rendre à lui, fis-je,
s'il peut prouver que la Bible de Genève ... soit con-
forme à l'original grec et hébreux qui va en l'église
catholique de tout temps. A quoi ce renégat : Et
moi, Monsieur, dit-il, je veux me rendre à vous si
le sieur Chrouet ne peut se justifier de ce côté, tant
seulement, couchez-moi cela par écrit ... je le lui
donnai par écrit, et il s'en alla. Huit à dix jours
après je sommai mon renégat de me rendre réponse
( i ) Le Postillon divin, p. 443 ; au chapitre XV nous verrons que dès
Tan i656, l'administration du mariage était sévèrement interdite aux
prêtres catholiques.
— 202 —
» ... il tira hors de sa poche le même billet que je lui
» avais donné, ayant en bas ces mots de la main du
» prédicant : Le curé de Vaux (ainsi me baptisait-il
» par moquerie) ne sait ni grec ni hébreux, partant ne
» peut-on lui donner la preuve qu'il demande. — Ne
» savais-je pas bien, mon ami, lui dis-je, que Chrouet
» n'était pas si sot que d accepter ? Monsieur, dit le
» renégat, vous n'oseriez dire cela à lui-même. Ecoute,
» mon ami, lui dis-je, ma langue est aussi hardie que
» ma plume, tant seulement, tiens-moi compagnie, et
» sur le champ nous voilà à la maison du ministre,
» qui descendit à son cabinet, et nous ayant salués,
» ce renégat fit plainte sur ce que je lavais appelé
» en pleine rue : Brebis rogneuse d'une Bible rogneuse
» et d'une doctrine rogneuse ... (i). »
Le ministre voulut avoir raison de ces paroles et,
sur cela, s'engagea la discussion, qui dura depuis une
heure jusque six heures du soir.
Ce ne fut pas la seule rencontre de Delva avec le
ministre, car il nous apprend que le prédicant Chrouet
ne sut jamais se dépêtrer d'une objection qu'il lui fit
en présence de Messieurs de Dalhem et de Maestricht
devant la brasserie banale d'Olne (2). Chrouet préten-
dait que les images défendues au chapitre XX de l'exode
étaient les images taillées telles que celles de Jésus-
Christ et de la Sainte Vierge qui se trouvent dans nos
églises. A quoi Delva objectait : donc le veau d'or
des Israélites ne devait pas être défendu, car c'était un
ouvrage de fonte. Oui, répondit le prédicant, seule-
ment il y avait quelque sculpture à raison de laquelle
il était défendu; mais il ne put montrer à quel endroit
de la bête était cette sculpture, à la tête ou à là queue,
et il resta honteux et confus.
Plus loin, Delva se moque agréablement des pré-
(1) Le Postillon divin, p. 358; nous avons quelque peu rajeuni l'or-
thographe.
(2) Ibidem, p. 25.
— 203 —
tendus réformés qui, disait-il, brisaient les christs et
les statues des saints comme objets d'indignes supers-
titions, tandis qu'ils étaient eux-mêmes les gens les
plus superstitieux qu'on puisse trouver, car en fouil-
lant le sol du ban d'Olne dans tous ses coins et recoins
pour en extraire le fer, le plomb et les autres minéraux,
ils se servaient d'une sorte de baguette divinatoire pour
découvrir à quel endroit il y avait du minerai (î).
Dans le but de mettre cette notice à la portée de
tous, nous avons, dans nos citations de Delva, rem-
placé par quelques points les longueurs trop fasti-
dieuses de sa narration, surtout quand elles renferment
des expressions surannées.
Ici, on pourrait se demander comment il se fait
que le français de Delva soit si en retard sur son
siècle, et son style si en arrière de celui de Boileau,
Bossuet, et autres écrivains de cette grande époque
littéraire i Nous répondrons : Pour un motif bien
simple ; la langue française était alors presque incon-
nue en Belgique, et nous savons que Delva était obligé
de prêcher en wallon. Lui et Chrouet étaient à peu
près les seuls qui pussent converser en français, dans
nos environs. Olne était alors si loin de Paris !
On n'étudiait cette langue que dans les collèges, de
la même façon qu'on y apprend aujourd'hui les langues
anciennes ou étrangères. Or, Delva avait étudié vers
i635, et ses professeurs de français ne pouvaient l'avoir
appris qu'au commencement de ce siècle. Aussi le
français de Delva est-il presque aussi vieux que celui
de saint François de Sales, qui écrivait vers 1610,
mais qui, quoique évêque de Genève, vivait en France
et participait au mouvement littéraire de ce pays.
(1) Le Postillon divin, p. 293.
— 204 —
XIV.
DELVA CONSTRUIT UNE ÉGLISE A FROIDHEID.
SON RETOUR ET SA MORT (1669-1678).
Delva avait espéré d abord que son exil ne durerait
pas longtemps; mais comme la situation malheureuse
de sa paroisse menaçait de se prolonger indéfiniment, il
résolut d'y mettre fin en bâtissant une nouvelle église.
Il chercha un emplacement avantageux.
Si nous jetons les yeux sur la carte des communes
d'Olne et de Nessonvaux, nous remarquerons que
celle-ci s'avance et pousse une pointe vers le centre de
notre commune. C'est dans ce coin du territoire de
Nessonvaux, près de Froidheid, que Delva résolut de
bâtir cet édifice. Comme ce territoire faisait partie de la
principauté de Liège, on y était à l'abri des Hollandais ;
en outre, remplacement choisi était parfaitement au
centre de la paroisse, telle qu'elle était alors délimitée.
Laissons maintenant la parole à notre vaillant dé-
fenseur de la foi : « Lan 1669, pour qu après ma
» mort, la paroisse ne reste pas sans église paroissiale,
» au grand préjudice des âmes et de la sainte Foi, je
» me sois résolu de dresser une église paroissiale vis-
» à-vis de Freuhez (Froidheid) ; jaçoit que je n'avais
» ni sold ni maille, j'ai adressé deux requêtes, une en
» latin au clergé de Liège, une en français pour les
» paroissiens (1). »
La circulaire que Delva adressa en latin au clergé
de Liège est très remarquable par son éloquence; nous
ne pouvons en donner ici qu'une pâle analyse (2).
Il commence en rappelant que depuis déjà cinq
ans, il est expulsé de son église paroissiale et du ban
d'Olne, et que pendant tout ce temps le vrai Dieu n'a
eu pour autel qu'une crèche, et pour temple qu'une
(1) Sommier de Delva, p. 349.
(2) Voy. Archives pastorales, coll. II, doc. 18,
— 205 —
écurie. Et quelle écurie! Une espèce de hangar où l'on
est en partie préservé de la pluie et de la neige, mais
où le vent et la tempête entrent par tous les côtés. On
n'a pas, en effet, fait de murs tout à l'entour pour per-
mettre à un plus grand nombre de personnes d'assister
au Saint Sacrifice. Beaucoup de fidèles se tiennent en
plein air, exposés à l'inclémence de la saison, les
genoux dans la boue. Il y a là des vieillards, des
infirmes, des malades, des pauvres mal habillés ou
presque nus. Il y en a du ban d'Olne, il y en a du pays
de Liège. Et tous sont restés si tenaces dans la profes-
sion de leur foi que le pasteur n'a eu à déplorer la
perte d'aucune de ses ouailles; non, pas une n'est tom-
bée dans Thérésie, malgré les efforts de l'ennemi. L'élo-
quent pasteur expose la nécessité où il se trouve de
recourir à la générosité du clergé liégeois pour bâtir
une église quelconque, si modeste qu elle soit, pour que
son peuple se trouve au moins à couvert. « Quelle
» honte, dit-il, pour les catholiques, de n'avoir pas un
» lieu convenable pour abriter le vrai Dieu, et quelle
» joie pour l'hérésie à la vue de notre impuissance ! »
Delva n'eut qu'à se féliciter des résultats de sa
requête ; il s'en réjouit dans les termes suivants :
« Le révérend prélat de Saint-Laurent m'a donné
» 8 patacons et demi, que j'ai mis en mains de Servais
» de Brust, mambour de l'église pour lors.
» Le révérend clergé de Liège m'a accordé 100
» pistoles sur ma requête; j'en ai levé 1,200 florins
» une première fois, que j'ai mis en mains de Jean
» Wilkin, mambour constitué pour régler l'ouvrage
» selon l'adresse de sa prudence et direction.
» Son Excellence Mme de Grobendonck {*) m'a
» accordé douze chênes en ses bois. Baudouin Spirlet,
» meunier à Vaux, m'en a donné un ... (a). »
Suivent quelques autres dons.
(1) Epouse du gouverneur de Limbourg.
(2) Sommier de Delva, p. 35o.
27
— 20G —
On mit bientôt la main à l'œuvre, et Delva s'em-
presse de nous l'apprendre dans les lignes suivantes :
« Le 24 avril 1670, le révérend abbé de Beaurepart
» a mis la première pierre de la nouvelle église au
» haut du val (i). Le lundi ensuivant on a commencé
» à maçonner.
» Le 16 juillet 1670 fut achevée la muraille de la
» nouvelle église d'Aulne par Laurent Lemoine, Jean
» Mairlot, Jean le Toxhelet, avec deux assistants (2). »
L'église fut rapidement achevée et elle fut ouverte
au public dès 1671 , mais ce ne fut que soixante ans plus
tard qu'elle fut consacrée par M6r Gillis, évêque d'Ami-
zon, suffragant de Liège (3).
Les paroissiens de Delva s'y retrouvaient à peu près
au complet, chaque dimanche, pendant que l'église du
village, qu'il avait réédifiée à tant de frais, servait au
culte des hérétiques.
Toutes les autorités du pays de Liège avaient aidé
Delva dans son entreprise. M. de Beauregard, haut-
officier de la vouerie de Fléron, réquisitionna même
les habitants de Vaux et de Nessonvaux pour l'établis-
sement d'un cimetière à construire près de la nouvelle
église, les menaçant de les châtier en toute rigueur s'ils
refusaient d'y travailler selon le désir du curé (4). Cepen-
dant, bien que l'archidiacre du Condroz eût accordé la
permission d'établir ce cimetière, nous ne pensons pas
qu'il fut alors construit, à cause des événements poli-
tiques qui amenèrent le retour du curé dans sa maison
pastorale.
Pendant qu'on bâtissait l'église de Froidheid, celle
de Saint-Hadelin, située dans la petite seigneurie de
Mont-Saint-Hadelin, fut, par un surcroît d'infortune,
(1) Froidheid est situé au-dessus de Vaux, sur le prolongement de la
même vallée, à dix minutes d'Olne.
(2) Sommier de Delva, p. 35o.
(3) Archives pastorales, coll. IV, doc. i3.
(4) Ibidem, coll. II, doc. 19.
— 207 —
presque entièrement détruite par un ouragan (i). Pour
la rebâtir, le révérend vicaire Thomas Collard collecta
dans tous les environs, mais n'ayant pu recueillir les
fonds nécessaires, il dut limiter la dépense, et se con-
tenter d'un toit en chaume. Ceci n'eut lieu que vers
1676, date qui se trouve encore inscrite au-dessus de la
porte d'entrée de l'église. Delva intervint du reste dans
la reconstruction, car nous lisons dansunde ses registres
manuscrits : « Le 25 octobre 1676, Ton a contracté que
» l'on donnera à Orban Cortée pour le cheptage (2)
» de Saint-Hadelin, 28 patacons et une tonne de
» bière (3). »
Delva était un homme infatigable. Dans le temps où
il érigeait sa nouvelle église paroissiale, il s'occupait
encore d'un ouvrage de controverse.
Ce fut en 1673 que parut ce livre écrit en latin et
intitulé: Muscipula. N'en ayant pas retrouvé un seul
exemplaire, nous ne pouvons en donner des extraits,
ce que nous regrettons, car le titre seul est remarquable
et annonce un livre intéressant. En voici la traduc-
tion : Souricière ancienne et nouvelle des hérétiques
anciens et nouveaux, c'est-à-dire méthode par laquelle
on prend ceux qui prennent les autres, si évidemment
qu'ils ne peuvent se cacher, si efficacement qu'ils ne
peuvent échapper, au moyen des règles suivies par les
Saints-Pères ... (4).
Le but de l'auteur était probablement de prouver,
qu'en fait d'hérésies, il n'y a rien de nouveau sous le
soleil, et que pour réfuter les protestants, on n'a qu'à
(1) Registre archivai de V église Saint-Hadelin.
(2) Ouvrage du charpentier dans une bâtisse.
(3) Sommier de Delva, p. 35i.
(4) « Veterum et novorum haereticorum muscipula vêtus et nova, id
» est, uni versas theologise controverse modus et forma, qua capiuntur
» illi qui capiunt alios, tam evidenter ut non lateant, tam efficaciter ut
» non évadant, per régulas sanctorum, quoscollegit et sequitur Antonius
» Delva Xhorisiensis contra ministros Hollandiae, pastor in Ulna »
(Copié de J. Daris, Analectes, t. XIV, p. 353).
— 208 —
relire les Saints-Pères et répéter, les arguments par
lesquels ils combattaient les hérétiques des premiers
siècles.
Pendant que Delva se tenait ainsi sur la brèche, la
Providence semblait le prendre en pitié et se préparait
à le ramener dans sa maison pastorale.
Le roi de France Louis XIV, désireux de se venger
de la Hollande qui lavait mis en échec en 1667, déclara
la guerre à cette petite, mais vaillante nation.
En 1672, son armée s'empara de Maestricht et de
tout le pays environnant. Le marquis du Monceau fut
nommé gouverneur et intendant pour les pays d'Outre-
meuse. En prenant possession de son poste, il envoya
une circulaire à tous les curés pour leur commander,
au nom du Roi, de rentrer dans leurs paroisses. Delva
ne pouvait souffrir d'être mis sur le même pied que les
autres pasteurs qui avaient abandonné leur troupeau ;
aussi s cmpressa-t-il de répondre par la lettre suivante :
Remontre humblement Antoine Delva, pasteur du ban d'Aulne
au comté de Dalhem qu'il a tenu sus (combattu) le plus grand con-
cours des hérétiques du pays de Dalhem vingt-trois ans en ça, avec
la privation de tous ses biens pastoraux, ayant même été chassé de
son église et de sa maison pastorale neuf ans entiers, nonobstant
quoi il n'a pas quitté sa paroisse, mais il est resté pasteur d'icelle et
y a maintenu ses ouailles de douze villages sous les haies et dans
les étables à toute injure du temps, en un coin de la terre de Liège
courant au centre de sa paroisse, où à présent il a édifié une église
nouvelle d aumônes ramassées ça et là (1).
Comme il entend que Sa Majesté commande à tous pasteurs de
rentrer en leurs paroisses, il prie d'être tenu pour diligent puisqu'il
n'est pas sorti de la sienne, et qu'il est prêt de rentrer même dans
sa maison pastorale s'il plait à Monsieur le Marquis au blanc de
cette [lettre], lui en marger le commandement.
Ainsi supplie ... (s).
Le vendredi 9 juin 1673, Delva se présenta au pres-
(1) Nous nous sommes permis ici une interversion pour rendre cette
phrase intelligible.
(2) Archives pastorales, coll. II, doc. 25.
— 209 —
bytère devant le ministre Chrouet, et lui commanda de
sortir le lendemain, car il se proposait de venir avec ses
effets pour prendre possession de sa maison.
Chrouet lui demanda de lui montrer Tordre écrit en
vertu duquel il se permettait de parler ainsi en maître,
mais Delva lui répondit qu'il était inutile d'épiloguer,
car chacun reprend son bien où il le trouve, et il pré-
tendait reprendre le sien (i).
Le lendemain samedi, le curé ne rentra pas encore
dans la maison pastorale, mais ses paroissiens esca-
ladèrent l'église à laide d'échelles, et s'en rendirent
maîtres pour les offices du dimanche.
Le 10 juin, le ministre abandonna le presbytère
et alla protester devant la Justice de la violence qui
lui était faite (2). Cette plainte n eut naturellement au-
cune suite.
Rentré dans la jouissance de tous ses droits, Delva
mit la main à l'œuvre pour réparer les ruines accumu-
lées par tant de secousses violentes. On se tromperait
toutefois bien fort si Ton s imaginait qu'il passa tran-
quillement les dernières années de sa vie; ce furent au
contraire des années bien malheureuses pour le pasteur
et les ouailles. Nous aurons bientôt l'occasion de donner
plus de détails sur ces temps calamiteux, en traitant à
part l'histoire de la seigneurie. Nous y verrons ce que
les Olnois eurent à endurer de la part des différentes
armées qui envahirent le territoire, et notamment les
fortes contributions de guerre qu'ils durent payer (3).
Contentons-nous de dire ici que le Chapitre de
Saint- Adalbert et le curé furent imposés au-dessus de
ce qu'ils avaient coutume de payer en pareil cas.
Le doyen Rimberg s'en plaint dans une lettre à Jean
Wilkin (4) et le curé vint protester devant la Cour de
(1) Cour de justice d'Olnc, vol. VI, au 10 juin 1673.
(2) Ibidem, au 12 juin 1673.
(3) Voir notre chapitre XVII.
(4) Archives pastorales, coll. II, doc. 24.
— 210 —
justice contre la taxation arbitraire des commis; il offrit
même de payer autant que les trois moulins ensemble,
mais cela ne fut pas admis (<).
Il y eut probablement d'autres réclamations, car la
Cour de justice ayant conféré avec les bourgmestres,
publia un arrangement daté du 18 octobre 1674, par
lequel elle indiquait la part du chapitre, du mayeur, du
curé et du prédicant calviniste dans les contributions
de guerre (2).
Delva n'ayant pu payer sa part, les bourgmestres
prirent leur recours au Souverain-Conseil (3) de Maes-
tricht, et affirmèrent que la part du curé pour les quatre
années écoulées s'élevait à 1,864 florins, somme énorme
pour ce temps-là. Le Conseil apostilla sa réponse au bas
de la supplique des bourgmestres :
La Cour ordonne au curé d'Olne de payer dans la huitaine aux
suppliants sa quote des contributions et autres taxes, suivant le
règlement ci-mentionné, jusques au ier jour de l'an 1676.
Fait en Conseil de Sa Majesté à Maestricht le 22 février 1677 (4).
Delva ne nous apprend pas comment il s'est tiré d'af-
faire. Comme on le voit, il a eu à souffrir des déboires
et des tracasseries jusque dans ses derniers moments.
Dieu voulait sans doute le purifier par l'épreuve, afin
que le moment de sa mort fût celui de sa glorification.
Il avait eu la douleur, vers 1675, de perdre Jean
Wilkin, son meilleur ami et conseiller; il comptait bien
peu lui survivre, car dans son testament du 20 juillet
1669, il lui avait légué une brasserie dont il était pro-
priétaire (s).
(1) Cour de justice <TOlnet reg. VII, au 18 octobre 1674. Les trois
moulins sont les deux moulins banaux d'Olne, situés à Vaux, et celui du
ban de Soiron situé sur le territoire d'Olne près de Nessonvaux.
(2) Archives pastorales, coll. II, doc. 26.
(3) Ce Souverain-Conseil avait été organisé par les Français pour le
Brabant, le Limbourg et les trois pays d'Outremeu9e.
(4) Archives pastorales, coll. II, doc. 27.
(5) Registre de Delva, p. 199.
— 211 —
Lui-même rendit son âme à Dieu le 20 octobre
1678. Il reçut sa sépulture dans le chœur de l'église
d'Olne, et, en 1864, on pouvait encore lire son épi-
taphe, qui résumait admirablement la carrière de ce
digne prêtre (\).
Les adversaires de Del va eux-mêmes ont rendu
hommage à cet homme de bien : de l'aveu de Chrouet,
il fut un écrivain aussi élégant qu'érudit, et un théo-
logien aussi subtil que bien préparé par l'étude des
livres saints.
Cequi dut assombrir les derniers moments de Delva,
ce fut la certitude que de nouveaux malheurs allaient
fondre sur son troupeau.
XV.
PERSÉCUTION DES CATHOLIQUES EN VIOLATION
DES TRAITÉS.
Le 10 août 1678, la paix avait été conclue et signée
dans la ville de Nimègue entre le roi de France et les
Provinces- Unies.
Un article de ce traité rendait aux Hollandais les
territoires qu'ils possédaient avant la guerre : Olne et
plusieurs autres communes du comté de Dalhem leur
furent ainsi de nouveau livrées.
Mais un autre article de ce traité stipulait que la
religion catholique serait librement exercée, que les
églises seraient réservées à notre culte, et que les ecclé-
siastiques conserveraient leurs biens (2).
Malheureusement, ces stipulations ne furent pas
( 1 ) Cette pierre tombale fut détruite dans une restauration de l'église ;
on y lisait cette épitaphe : « Fuit Antonius Delva ex agro Xhoriensi per
» academiam Lovaniensem pastor in Ulna ab anno 1646 ad annum 1678 ;
» inter sacros hujus œdis parietes restitit Calvinismo, jacet hic non invi-
» tas, non ignarus ... »
(2) Archives pastorales, coll. Il, doc. 29; c'est une copie d'une partie
du traité.
— 212 —
observées : dès l'an 1679, ^es Hollandais oublieux de
leurs promesses, se saisirent des biens-fonds des églises
et confisquèrent les revenus des ecclésiastiques.
Ils prirent possession de notre église pour y faire
leur prêche; ils autorisèrent l'exercice du culte catho-
lique depuis le matin jusqua neuf heures et l'y inter-
dirent depuis neuf heures jusque midi sous peine de
25 florins d'amende.
Ils défendirent les processions, usurpèrent le droit
de sonner les cloches, et revendiquèrent le monopole
des sépultures, car ils prétendaient procéder aux funé-
railles des catholiques eux-mêmes aussi bien dans les
églises que dans les cimetières (i).
Ils remirent en vigueur le règlement du 28 mars i656
sur le mariage et s'attribuèrent la bénédiction de toutes
les unions, même entre parties catholiques. Voici le
texte d'un des articles : « Que nuls ecclésiastiques ro-
» mains ou de quelque autre secte, de quel nom elles
» peuvent être nommées, ne s'avancent, de fiancer,
» espouser ou respouser quelqu'un, sous peine, la pre-
» mière fois, que le lieu de leur résidence leur sera
» interdit, et s'ils tirent quelque aliment du pays, iJs en
» seront déchus, et la seconde fois bannis de nos terres
» pour toujours (2). »
En 1684, nos nouveaux maîtres défendirent l'admi-
nistration publique des sacrements.
En i685, ils prohibèrent les écoles catholiques.
Enfin ils s'emparèrent de tous les biens et revenus
des ecclésiastiques réduisant les prêtres à vivre d'au-
mônes (3).
Comme on le voit, les catholiques étaient mis hors
la loi. A partir de i685, ils ne purent plus aspirer à
aucune fonction publique rétribuée; on peut s'en con-
vaincre par la lecture du serment que devaient prêter
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 28.
(2) Ibidem, coll. I, doc. 3o et coll. II, doc. 11.
(3) Ibidem, coll. II, doc. 28.
— 213 —
les échevins de la Cour de justice du ban d'Olne, et
dont voici le passage principal : « Nous promettons et
» jurons qu'étant et demeurant de la vraie religion chré-
» tienne réformée, nous demeurerons fidèles aux Etats-
» généraux des Provinces- Unies..., en outre, que nous
» protégerons et défendrons de tout temps les inhabi-
» tants ... et nommément les prédicant, lecteur, recteur,
» marguillier, maître d'école et autres personnes delà
» vraie religion chrétienne réformée (1). »
Le peuple d'Olne gémit secrètement et étouffa ses
plaintes, n'osant les faire éclater au grand jour de peur
de rendre son sort encore plus rigoureux.
Ce fut seulement plusieurs années plus tard, à l'oc-
casion du Congrès des puissances européennes à Aix-
la-Chapelle que les habitants d'Olne osèrent élever la
voix et confier la défense de leurs intérêts au prince-
évêque de Liège, « à cet effet, disaient-ils, que notre
» sainte religion puisse s'exercer sans empêchement,
» que nos prêtres soient exempts de la judicature
» laïque, nos curés et nos ecclésiastiques restitués dans
» leurs biens (2). » •
C'est une chose remarquable que les sectaires, avec
tous les moyens dont ils disposaient, aient obtenu si
peu d'apostasies dans le ban d'Olne.
A part les quelques familles qui abjurèrent la foi
catholique dans les premières années de l'invasion, on
peut dire que la secte ne recruta plus de nouveaux
adhérents. Le ministre Lenoir, qui a consulté à ce
sujet les archives de l'église réformée de Hodimont, ne
cite que le seul Jean Andrès du ban d'Olne, lequel
apostasia en 1693 (3).
La persécution rendit les catholiques plus vaillants
(1) Archives pastorales, coll. I, doc. 106 ; ce serment se trouve au
long dans les Registres de la Cour.
(2) Ibidem, coll. II, doc. 3o.
(3) D. Lenoir, Histoire de la Réformation dans l'ancien pays de
Liège.
28
— 214 —
dans la défense de leur foi : les écrits de Delva nous
ont appris que les premiers protestants qui vinrent à
Olne insultaient volontiers les catholiques et tournaient
leurs croyances en dérision. Il n'en fut plus ainsi dans
la suite, et nous voyons des réformés rétracter ou dé-
savouer publiquement leurs insultes.
Voici ce que nous lisons dans les archives de la jus-
tice d'Olne : « Le nommé Jean Thomsin, faisant pro-
» fession de la religion réformée à Olne, ayant appris
» par le bruit public qu'il est accusé d'avoir dit au
» sujet des hosties de 1 église romaine des paroles inso-
» lentes au dernier point, qui choqueraient l'honnêteté
» et la pudeur à les prononcer seulement, et telles qu'il
» mériterait la censure même de ceux de sa religion,
» s'il les avait dites comme on les rapporte, les désa-
» voue publiquement comme fausses et malicieusement
» inventées contre lui (1). »
D'autre part, nous lisons dans le même recueil que
les calvinistes déposèrent une plainte contre des insultes
dont ils disaient être l'objet de la part des catholiques.
Ceux-ci avaient osé, avant la fin du prêche, sonner les
cloches pour la messe basse qui se célébrait à midi ;
de plus, ils entraient à 1 église avant que tous les réfor-
més ne fussent sortis, et rencontrant ces derniers dans
la porte, ils ne craignaient pas de les toucher du
coude en passant. Pour éviter de nouveaux conflits,
et pour surveiller l'entrée et la sortie de l'église, de
Buirette, seigneur d'Olne, ordonna, le 9 octobre 1686,
au sergent ou forestier de s'y trouver tous les jours de
prêche (*).
L'archidiacre du Condroz, ayant fait à cette époque
une visite de l'église d'Olne, en a écrit une relation dans
laquelle il récapitule toutes les confiscations accomplies
par les protestants.
Non seulement les revenus de la cure et des fon-
(1) Cour de justice d'Olne, vol. XVII, au 17 décembre 1699.
(2) Ibidem, vol. XLVI (rôles d'office), au 12 octobre 1686.
— 215 —
dations, mais ceux de la fabrique avaient été confis-
qués par les Hollandais. Il en était de même du béné-
fice de Saint-Sébastien, dont l'autel se trouvait dans
la petite nef du côté de lepître. Ce bénéfice avait
été conféré pour la dernière fois par Delva au révé-
rend François de Brust, mais depuis la confiscation
l'office n'en était plus célébré ; il n'a jamais été rétabli
depuis (1).
Les protestants avaient respecté les fondations faites
en faveur des pauvres ; les revenus en étaient peu con-
sidérables et étaient administrés par deux mambours
désignés par le curé (*).
Dans le rapport de l'archidiacre, il est fait mention
d'une école paroissiale. Les institutions de ce genre
ayant été supprimées, il ne peut être question que de
l'école de Froidheid, située en dehors du ban d'Olne
et fréquentée par les enfants du village (3).
Nous verrons bientôt que les vicaires de Froidheid,
de Saint-Hadelin et de Basse-Fraipont tenaient des
écoles. Ils se faisaient parfois remplacer par des laïcs,
et l'archidiacre exige que ces instituteurs, avant d'être
admis à enseigneur la religion, fassent une profession
de foi devant le curé de la paroisse.
A cause des protestants, il n'y avait pas, dans notre
église, de lumière devant le Saint Sacrement.
La situation des catholiques, telle que nous l'avons
décrite dans ces dernières pages, s'est maintenue pen-
dant toute la période hollandaise ; nous devons main-
tenant reprendre notre narration.
(1) La relation de l'archidiacre a été transcrite par J. Daris, Analectes,
t. XIV, p. 344.
(2) Sommier de Delva, p. 21 5.
(3) Archives pastorales, coll. V, doc. 45.
— 216 —
XVI.
LA PAROISSE D'OLNE A LA FIN DU XVII' SIÈCLE.
BAUDOUIN SPIRLET.
A la mort de Delva, son beau-frère et héritier Mar-
tin Louys, le curé de Soiron, Ramai, et le curé d'Ensi-
val, Baudouin Spirlet, écrivirent une lettre commune
au révérend Herman de Stockem, archidiacre du Con-
droz, pour obtenir la nomination de Jacques Prayon,
vicaire de Delva, en qualité de vice-curé jusque la
Saint-Jean de 1679 (i).
Cette demande leur fut accordée. Avant l'expiration
des pouvoirs de Prayon, les chanoines de Saint-Adal-
bert nommèrent à la cure d'Olne le prêtre Henri
Abinden, né à Helchteren, village de la partie flamande
de la principauté de Liège (2).
Le nouveau pasteur ne put jouir de la maison pas-
torale, dans laquelle le prédicant Chrouet était déjà
réinstallé ; il dut se réfugier à Froidheid, probablement
dans la maison occupée autrefois par Antoine Delva ;
il y était encore au 18 juin i683 (3).
Les supérieurs d' Abinden l'obligèrent toutefois à
aller faire les principaux offices pastoraux dans l'église
d'Olne ; jugeant avec raison qu'on devait céder le
moins possible à l'hérésie et la combattre sur son
propre terrain, ils forcèrent Abinden à accepter les
heures indiquées par les réformés pour l'exercice du
culte catholique à l'église paroissiale : les fidèles de-
vaient quitter 1 église à neuf heures, et vers midi, lors-
que le prêche des hérétiques était terminé, on disait
encore une messe basse (4).
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 3ic.
(2) Il signait son nom Van den Eynden, mais la coutume était de dire
Abinden.
(3) Cour de justice d'Olne, vol. XLVI (rôles d'office), à cette date.
(4) Archives pastorales, coll. III, doc. 2 5.
— 217 —
Ce fut vers la fin du mois de septembre 1679, un
dimanche, que le curé Abinden alla pour la première
fois célébrer la sainte messe dans l'église d'Olne. Sous
le prétexte qu'il n'était pas reconnu par leur gouverne-
ment, les Hollandais le firent poursuivre par de Bui-
rette, seigneur du lieu, mais ce dernier le laissa libre
sur sa déclaration qu'il avait dit la messe, non comme
curé, mais comme prêtre de passage (1).
Abinden célébra, depuis lors, tous les offices solen-
nels dans l'église d'Olne ; il dut pour cela agir avec une
grande prudence, car la liberté du culte était fort res-
treinte et la transgression des règlements civils punie de
l'exil ou d'autres peines sévères. Ainsi, le prédicant
Chrouet prétendait avoir droit au monopole des inhu-
mations, et le curé devait éluder les règlements civils
pour donner la sépulture religieuse aux catholiques.
Pour se tirer d'affaires, il avait l'intention de mettre à
exécution le projet conçu par Delva et approuvé par
Farchidiacre du Condroz, à savoir : de construire un
cimetière près de l'église de Froidheid, et de faire dans
celle-ci les cérémonies funèbres.
Les habitants du village s'opposaient à ce projet, et
les deux commis ou bourgmestres, au nom de la com-
munauté, envoyèrent une protestation au baron de
Surlet, grand-vicaire de Liège, qui, le 16 novembre
1681, leur écrivit la réponse suivante :
Messieurs,
C'est un abus de dire qu on ait donné à votre pasteur la per-
mission de faire un cimetière près de la neuve église ; il sait au
contraire les admonestations bien sérieuses qu'on lui a faites de
dire la sainte messe et de faire les autres fonctions pastorales dans
la vieille église le plus assidûment que faire se pourrait, pendant
quel temps il ferait aussi bien de chercher condition ailleurs,
comme chose qui servirait tant à sa propre satisfaction qu'à celle
delà communauté ... (2).
( 1) Cour de justice d'Olne, vol. XLVI (rôles d'office), au 26 septembre
1679.
(2) Archives pastorales, coll. II, doc. 33.
— 218 —
Abinden resta à son poste, et nous pouvons consta-
ter qu'il avait conservé l'estime et l'amour de ses parois-
siens qui firent pour lui de grands sacrifices. Comme
nous l'exposerons bientôt, les Olnois durent fournir
vers l'année 1690 de grosses contributions de guerre
aux armées françaises; la part du curé fut évaluée à la
somme de 594 florins 12 patars. Or, le 23 décembre
1692, les commis et les principaux habitants eurent
une entrevue avec Abinden au consistoire, entrevue
dans laquelle ils décidèrent que « en considération que
» iceluy est privé de la maison pastorale, et qu'il a été
» forcé de se pourvoir d'autre, il a été convenu pour
» son désintéressement, et en considération des services
» qu'il rend audit ban, de lui déduire la somme de
» 480 florins ... (<). »
Abinden devait à cette époque avoir quitté Froid-
heid et être venu s'établir près de son église parois-
siale, mais nous n'avons pu découvrir la date exacte
de son départ.
La nouvelle église bâtie à Froidheid ne devint pas
pour cela inutile : elle servit aux habitants de Vaux et
Nessonvaux qui y remplirent leurs devoirs religieux.
A partir de 1691, un prêtre nommé Renier Ziane vint
résider près de cette chapelle et y remplit pendant près
de trente-cinq ans les fonctions d'un zélé vicaire, non
seulement les dimanches et fêtes, mais aussi pendant la
semaine, au grand avantage et à la consolation des
fidèles de cette partie de la paroisse (â).
Le curé avait appelé auprès de lui son neveu Jean
Abinden, qui était prêtre. Le dimanche, il l'envoyait à
la Basse-Fraipont pour y dire la messe (s). Le vicaire
Jacques Prayon avait auparavant, pendant plusieurs
années, rendu le même service (4).
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 36.
(2) Ibidem, coll. V, doc. 33.
(3) Ibidem, doc. 5.
(4) Ibidem, doc. 5bi«.
— 219 —
La messe fut célébrée d'abord dans la maison de
Jean Cornet, manant de Fraipont; en 1698, une cha-
pelle fut construite par les soins de Jean Abinden, qui
fit des collectes dans ce but, et fut aidé par les libéralités
de trois des principaux habitants et de l'évêque de
Liège, Joseph-Clément de Bavière, qui donna l'em-
placement : un terrain communal nommé LesPlaces(\).
Cette chapelle ne fut qu'un simple oratoire, car elle
ne fut pas bénie, et Ton ne pouvait y dire la messe sans
une autorisation spéciale de l'évêque, autorisation qui
devait être renouvelée tous les sept ans sur la demande
des habitants (2). Il y eut toujours depuis lors à la
Basse- Fraipont des vicaires chargés de prêcher, d'ad-
ministrer les sacrements et de tenir une école.
Le jeune Abinden avait décliné les offres qui lui
furent faites par les habitants de Vaux et de Nesson-
vaux pour une placedeprêtre-marguillier-instituteur(3);
il agréa plus tard les propositions des habitants de
Saint-Hadelin et alla remplir les fonctions de vicaire
dans la chapelle de ce nom (4).
Henri Abinden mourut en 1699. Il avait eu, sur la
fin de sa vie, des difficultés avec Abel de Lambermont,
ministre d'Olne, et fut forcé de satisfaire aux exigences
de ce dernier (5).
Nous ne pouvons terminer l'histoire religieuse d'Olne
au XVIIe siècle, sans dire un mot d'un des plus nobles
enfants de notre localité.
Baudouin Spirlet était fils d'un meunier de Vaux-
sous-Olne (6). Il se distingua tellement par son intelli-
gence, qu'Antoine Delva le jugea digne d'être envoyé à
l'Université de Louvain, où il conquit le grade de
1) Archives pastorales, coll. II, doc. 26.
2) Ibidem,
3) Ibidem, coll. II, doc. 37.
4) Registre archivai de r église Saint-Hadelin.
5) Cour de justice d'Olne, vol. XIV, fol. 93.
6) Son père était Baudouin Spirlet, son frère Franck Spirlet.
— 220 —
maître ès-arts. Devenu prêtre, il fut pendant dix ans
vicaire-marguillier à Olne (1). En 1675, il fut promu à
la cure d'Ensival par suite de la résignation faite en
sa faveur par le curé Olivier Polis (2).
Il conserva d'intimes relations avec Antoine Delva,
qui lui laissa par son testament la moitié de ses livres,
à condition de prier Dieu pour l'âme du testateur (3).
Nous avons déjà rapporté son intervention à Olne après
la mort de son illustre ami.
En 1700, Baudouin Spirlet fut élu doyen du Concile
de Saint- Remacle-au- Pont par ses collègues les curés
de ce Concile ; il exerça cette nouvelle fonction tout en
restant curé d'Ensival. En sa qualité de doyen, il orga-
nisa une collecte en faveur de l'église de Froidheid,
dont le toit menaçait ruine et était en partie détruit (4).
Nous ne devons pas nous étonner de son zèle pour cette
chapelle, qu'il avait fréquentée dans sa jeunesse. Ce
prêtre distingué mourut à Ensival le ier février 1713.
XVII.
LA SEIGNEURIE SOUS LES BUIRETTE (1668-1694).
LES MAUX DE LA GUERRE.
Pour la facilité du lecteur, nous avons réuni dans
les chapitres précédents ce qu'on pourrait appeler notre
histoire religieuse au XVIIe siècle. Nous devons mainte-
nant retourner sur nos pas, et reprendre l'histoire de
la seigneurie au point où nous l'avons laissée. La sei-
gneurie fut achetée le 6 octobre 1668 par Daniel Bui-
rette à Gilbert, fils et héritier de Jean-Guillaume de
Thill, de son vivant seigneur d'Olne (5).
Daniel Buirette était bourgeois de Maestricht, et y
(1) Cour de justice d Olne, vol. VIII, au 24 mai 1677.
(2) Archives de V église d'Ensival.
(3) Registre de Delva, p. 199.
(4) Archives pastorales , coll. V, doc. 27».
(5) La Cour d'Olne écrivait toujours de Buirette.
— 221 —
résidait habituellement ; cependant on doit conclure de
certains passages de notre Cour, qu'il vint parfois
résidera Olne dans une maison qu'il acheta Tan 1674,
par devant cette même Cour.
Avec la seigneurie, il avait acquis le droit de nom-
mer les fonctionnaires de la justice, le mayeur excepté;
il eut à ce sujet de graves difficultés avec les hollandais;
ceux-ci disposaient des échevinages en maîtres absolus
et le pouvoir du seigneur se trouvait réduit à rien.
Le 5 mars 1671, le sieur A. Martini, procureur-
général de Brabant, vint à Olne, fit assembler la
justice, et en vertu d'une résolution prise en 1666
par les Etats-Généraux, déposa les échevins Wathelet
Nizet et Henri Heuskin. Il alléguait qu'il y avait en
ce ban assez de personnes faisant profession de la
religion réformée; qu'il fallait donc observer les ordon-
nances souveraines et remercier les romains, comme
il disait (1).
De Buirette remarqua que les Hollandais qui appli-
quaient en toute rigueur celles des ordonnances qui
favorisaient la religion réformée, négligeaient de faire
observer d'autres points très importants. Il assembla
les échevins le 28 juillet 1671 et leur rappela qu'ils
étaient obligés d'habiter dans le ressort de la Cour (2).
Or, plusieurs des échevins protestants résidaient dans
d'autres territoires, au détriment de la justice et au
grand désavantage des habitants; protégés en haut lieu,
les échevins ne tinrent aucun compte des observations
de leur chef.
Les bruits d'une guerre prochaine circulaient en ce
moment, et de Buirette établit à Olne un corps de
veilleurs pour assurer la tranquillité publique. 11 leur
promit un drapeau, et leur ordonna d obéir à Henri
Wilkin, qu'il avait nommé capitaine (3).
(1) Cour cTOlne, vol. VI, au 5 mars 1671.
(2) Ibidem, au 28 juillet 1671.
(3) Ibidem.
5fc>
— 222 —
Il était temps, car la guerre éclata en 1672. Nous
avons déjà vu comment Louis XIV attaqua la Hol-
lande et s'empara de Maestricht ; à la fin de cette
année le ban d'Olne fut occupé par un détachement
de l'armée française.
L'invasion nous valut, il est vrai, le retour de
Delva, mais de combien de maux ne fut-elle pas accom-
pagnée !
La population d'Olne souffrit énormément : elle
fut réellement saignée à blanc par les contributions de
guerre : pendant les seules années 1672 et 1673, les
Olnois durent payer en contributions de guerre à l'ar-
mée du roi de France la somme de 10,822 florins.
Pendant le même laps de temps, ils durent encore
fournir à cette armée trois mille trois cent une rations
en nature, tant pour les hommes que pour les che-
vaux, et la valeur totale en fut de 4,961 florins et
demi.
Enfin ils durent livrer un nombre considérable de
pièces de bétail, pour la valeur de 5,425 florins (4).
La situation empira encore vers la fin de l'année
1673, car le i3 octobre l'Espagne déclara la guerre à la
France, et les habitants des provinces belges furent les
premières victimes du conflit. Aussi vit-on beaucoup
de gens émigrer vers la principauté de Liège, qui était
pays neutre ; Verviers reçut un tel nombre de Lim-
bourgeois que les rues en furent encombrées (2). Un
détachement de l'armée espagnole traversa le territoire
d'Olne et nous imposa une contribution de guerre de
9,759 florins et 10 patars (3).
Pour comble d'infortune, l'empereur intervint dans
la lutte et une division de l'armée allemande, com-
mandée par le comte de Sauche, se dirigea sur Galoppe
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 26.
(2) Ces faits sont tirés de Namèche ; celui concernant Verviers, de
Nautet, Notices historiques, t. II, p. 332.
(3) Archives pastorales, coll. II, doc. 26.
— 223 —
et Dalhem et de là sur Chênée pour se rendre aux
Pays-Bas, et là opérer sa jonction avec les Espagnols
et les Hollandais; les Impériaux passèrent donc dans
le voisinage d'Olne, dont les habitants durent leur
fournir douze vaches (i).
Plusieurs furent ruinés par ces exécutions multi-
pliées ; nous avons vu que le curé Delva se trouva hors
d état de payer et que les tracasseries dont il fut l'objet
avancèrent sa mort.
Finalement les Français furent les plus forts et occu-
pèrent le pays pendant six années.
Les échevins établis par les Hollandais s étant éloi-
gnés avec ces derniers, l'intendant du Monceau, qui
gouvernait les pays d'Outremeuse au nom du roi de
France, écrivit le 3 avril 1674 une lettre à Daniel de
Buirette pour lui ordonner de réorganiser la justice à
Ol ne, et de nommer des personnes capables professant
la religion catholique et résidant dans ce ban; sans
quoi il se verrait obligé, disait-il, de faire lui-même ces
nominations d office (2).
De Buirette s'exécuta : il vint à Olne le 5 mai sui-
vant et réorganisa la justice d'après les ordres de l'in-
tendant français (3).
Les catholiques ne jouirent pas longtemps de leur
triomphe; la paix de Nimègue nous ayant rendus à la
Hollande, les anciens échevins furent rappelés et trois
nouveaux furent nommés d'office par les commissaires
de Maestricht.
Le lieutenant-mayeur (4) ne voulut pas les admettre
au serment sans y être autorisé par le seigneur du lieu,
qui finit par donner son consentement, tout en pro-
testant dans les termes suivants : « Le seigneur de ce
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 26.
(2) Cour d'Olne, vol. VI, au 5 mai 1674.
(3) Même séance.
(4) Le mayeur Nizet, étant catholique, n'était plus admis à l'exercice
de sa charge et se faisait remplacer par un calviniste, Gilles André.
— — ^4 y — —
» lieu, ayant appris que Mathieu Nizet, Jean-Grégoire
» et Pierre Quedricq, seraient pourvus de commissions
» d'échevins ..., signées de Messeigneurs Verbolt et
» Werkendam ..., dernièrement commissaires déci-
» seurs députés de leurs hautes puissances (4) à Maes-
» tricht, comme estant de la religion réformée au lieu
» de ceux qui estaient de la religion romaine et qu'en
» vertu des dites commissions, ils voudraient être
» admis au consistoire scabinal (2), ledit seigneur
» déclare sous protestation de ne vouloir déroger
» au droit de collation qui lui appartient incontes-
» tablement en vertu de ses lettres patentes d'achat ;
» déclare de consentir par respect à telle admission,
» pourvu que lesdits prénommés passent le serment
» prescrit par leurs hautes puissances, qui leur sera
» prélu (3). »
Tous ces changements ne pouvaient être que nui-
sibles, aussi le seigneur reçut-il bientôt des récla-
mations au sujet de la mauvaise administration de la
justice (4).
Il vint à Olne le 19 mai 1682, et constata le bien-
fondé des plaintes qu'il avait reçues. En effet, aucun
juge ou échevin ne résidait dans ce ban : les uns
étaient éloignés d'une lieue et demie; d'autres de trois
lieues; d'autres même de six lieues. Rarement la Cour
était en nombre, et jamais les manants ne pouvaient
obtenir la présence d'un juge pour les cas urgents,
comme les reliefs à faire en cas de succession, et les
testaments en cas de maladie (s).
Pour obvier à cette situation, de Buirette nomma
deux échevins surnuméraires, catholiques de religion
et résidant à Olne : Wathelet Nizet et Pierre Pétry.
(1) On titulait ainsi les Etats-Généraux de Hollande.
(2) Tribunal des échevins.
(3) Cour cTOlne, vol. IX, au 17 mars 1681.
(4) Ibidem, vol. X, au 29 septembre 1681.
(5) Ibidem, au 19 mai 1682.
— 225 —
Nécessité n a pas de loi : les Hollandais furent obligés
de ronger leur frein et d'accepter cette transaction de-
venue nécessaire.
Le petit nombre des réformés occasionna une autre
amélioration dans la situation des catholiques. Avant
l'invasion française de 1672, les deux commis ou
bourgmestres devaient être de la religion réformée :
l'un devait faire partie du tribunal des échevins, l'autre
était pris parmi les simples manants (i). A partir de
1678, il y eut un bourgmestre de chacun des deux
cultes : un catholique et un réformé.
Nous n'avons pas parlé d'un long procès que
Daniel de Buirette soutint contre Jean-Philippe de
Calwaert, seigneur de Fraipont et d'autres lieux.
Celui-ci, en vertu d'un accord conclu eh 1399 entre
le Chapitre de Saint-Adalbert et Tristant, seigneur
de Fraipont, prétendait avoir le droit de pêcher dans
la rivière de Vesdre, aussi loin que s'étendait la
juridiction d'Olne («). De Buirette qui lui contestait
ce droit, n'hésita pas à le faire attraire devant les
tribunaux. Ce procès se termina par une sentence
de la Haute Cour de Dalhem, du 25 octobre 1678,
qui déclarait le seigneur de notre ban mal fondé
et non recevable dans son action et le condamnait aux
dépens (3).
Il était entendu que le seigneur de Fraipont restait
obligé de payer annuellement le tribut d'un poisson à
chacun des officiers de la Cour d'Olne, comme sire
Tristant l'avait promis ; et que le seigneur d'Olne res-
tait maître de la pêche dans une partie de la Vesdre ;
cette partie fut cédée en location le 22 avril 1684, au
nommé Christian Cornet, pour 16 florins annuellement
et dix livres de belles truites (4).
(1) Cour d'Olne, vol. VI, au 28 juillet 1671.
(2) Registres de la Cour féodale et allodiale de Dalhem, carton.
(3) Ibidem, reg. V.
(4) Cour d'Olne, vol. X, au 3o juin 1681.
— 226 —
Daniel de Buirette était mort à la fin de 1682 ;
il fut remplacé par son fils Daniel-Albert de Buirette
qui releva le fief devant le gouverneur de Dalhem le
4 janvier i683 (4).
Ce jeune seigneur se donna beaucoup de peine pour
faire observer la justice distributive dans la perception
des tailles ; dans ce but il réorganisa l'institution des
régleurs et surveilla leur gestion (2). Daniel-Albert doit
être décédé vers Tannée 1688, car dans les années sui-
vantes on voit figurer en tête des actes le nom de sa
mère Anne-Marie de Freisheim, qui administrait à la
place de son fils puiné Jean de Buirette.
La situation de fortune de la famille de Buirette
n'était pas brillante, et le moment vint où ses créan-
ciers furent autorisés à faire mettre en vente la seigneu-
rie d'Olne, qui fut achetée par le baron G. dOlne (a).
L'administration de la veuve Buirette avait duré
environ quatre ans; elle fut troublée par des calamités
qui méritent une attention particulière.
XVIII.
DÉVASTATION DU BAN D'OLNE
PAR L'ARMÉE FRANÇAISE (1689-1694).
Le roi de France Louis XIV s'engagea, en 1689,
dans une nouvelle guerre contre l'Allemagne et la Hol-
lande. Les habitants du ban d'Olne, qui se souvenaient
des horreurs de la guerre précédente, résolurent de
travailler à leur sécurité par tous les moyens en leur
pouvoir. Une troupe de veilleurs fut instituée, et un
hangar situé à l'entrée du village devant la brasserie
(1) Registres de la Cour féodale et allodiale de Dalhem, reg. XXVII,
à cette date.
(2) Cour d'Olne, vol. X, au 6 décembre i683, au 21 avril 1684 et au
19 mars i685.
(3) Registres de la Cour féodale et allodiale de Dalhem9 reg. V, au
3o décembre 1694.
— 227 —
banale, fut destiné à servir de refuge à ces défenseurs
du repos public (î).
Le but de l'organisation de ces corps de veilleurs
n'était pas d'écarter l'ennemi ou de lutter contre lui,
mais de protéger les habitants et leurs biens contre les
bandes de maraudeurs et de pillards qui, à cette
époque, suivaient toujours les armées.
L'année 1689 se passa assez tranquillement, mais
au commencement de 1690 une armée française, com-
mandée par le marquis de Boufflers, traversa le pays
pour aller assiéger la ville de Liège. Un fort détache-
ment de cette armée vint camper au ban d'Olne dans
les champs de Thillot (2). Nous ne savons quels sont
les champs ainsi désignés, peut-être est-ce la campagne
du Tilleul ? Dieu sait pour quelle somme on dut ap-
provisionner cette armée de vivres et de munitions de
toutes sortes.
Lorsque toute cette troupe ennemie fut partie dans
la direction de Liège, des bandes de fourrageurs
vinrent différentes fois s'approvisionner dans nos cam-
pagnes. Un jour qu'une semblable troupe de fourra-
geurs, partie du camp des Français établi près de la
Chartreuse s'avançait vers le ban d'Olne, le nommé
Herman Dejong, propriétaire de la brasserie banale,
homme très rusé, alla à leur rencontre près du hameau
des Trois-Chênes et s'offrit à eux pour leur servir de
guide. Mais au lieu de les conduire vers le ban d'Olne
comme ils le désiraient, il les mena à un endroit nom-
mé les deux tilleuls dans la vouerie de Fléron, de sorte
que les Français, mis au courant de l'expédient em-
ployé contre eux, furent très irrités et déclarèrent que
si jamais ils retrouvaient cet homme, ils l'assomme-
(1) Tous ces renseignements sont tirés des pièces du procès entre
Dejong et G. d'Olne, notamment Archives pastorales, coll. II, doc. 38,
43 et 45.
(2) Archives pastorales, coll. II, doc. 38. Voir dans les historiens
liégeois, le bombardement de Liège par l'armée de Boufflers, en mai 1690,
— 228 —
raient. Dejong se vanta de cette aventure et voulut en
tirer parti comme d'un service rendu à la chose pu-
blique ; c'est pourquoi des habitants des Trois-Chênes
vinrent plus tard, à sa demande, témoigner de la vérité
du fait en question (1).
On aurait pu croire que l'armée française s'étant
éloignée, nos ancêtres n'avaient plus rien à craindre.
Au contraire ! Il est impossible de dire toutes les cala-
mités qu'ils eurent à endurer.
Chaque année vint augmenter leurs infortunes.
En 1691, c'était la garnison française de Dinant
qui, voulant se venger de quelques exécutions faites
par les alliés, vint enlever à Olne des hommes et des
chevaux. Singulières représailles, qui s'exerçaient sur
des populations innocentes et inoffensives, dont l'unique
crime était d'avoir même plus de sympathies pour les
Français que pour leurs adversaires (à).
En 1692, au mois de janvier ou de février, c'étaient
des habitants d'Olne qui étaient mis à mort devant la
maison de Léonard Renkin ; cet homme devait avoir
encouru l'inimitié des Français, car une troupe de
leurs soldats, après avoir passé la nuit à Olne, alla vers
la demeure de ce particulier pour la piller ou la raser.
Quelques Olnois voulurent témérairement empêcher
cette exécution, ce qui causa la mort de plusieurs d'entre
eux ; on ne dit pas combien il y en eut de tués (3).
Quelque temps après, c'étaient des bataillons fran-
çais qui venaient se faire héberger dans le village. Le
brasseur Herman Dejong était l'un des bourgmestres
à cette époque et la communauté d'Olne dut lui payer
tous les rafraîchissements qu'il prétendait avoir fournis
aux troupes étrangères. Il y en eut, en un seul jour,
pour 3oo florins et davantage (4).
(1) Archives pastorales , coll. II, doc. 43bl\
(2) Ibidem, doc. 43, p. 3.
(3) Cour d'Olne, vol. XIV, fol. i3.
(4) Archives pastorales, coll. II, doc. 43, p. 5.
— 229 —
En i6g3, c'était une partie de la garnison de La-
roche qui, pour motif de représailles, vint à Olne enle-
ver le docteur Chrouet, Franck, Spirlet, André Gillet,
André son fils et plusieurs autres, dont il fallut dans
la suite payer chèrement la rançon (\).
Le ban d'Olne était fort exposé à de semblables re-
présailles parce qu'il appartenait aux Hollandais, les
pires ennemis de la France, et qu'il était dans ce pays
une des premières possessions hollandaises qui se pré-
sentaient aux coups de l'ennemi ; aussi eut-il encore
plus tard la visite des garnisons de Namur et de
Mézières (2).
La troupe qui envahit notre territoire en i6g3 était
composée d'une foule de vauriens mercenaires qui par-
coururent tout le pays pendant deux années sous la
conduite du capitaine Lamouche. En effet, les histo-
riens disent que ce Lamouche commandait une partie
de la garnison de Laroche (3).
Ce même capitaine fut, quelques mois plus tard,
le héros d'une aventure que nous croyons devoir rap-
porter : il se trouvait le 17 mai 1694 dans nos envi-
rons, lorsqu'il apprit la présence à Soumagne.de vingt-
deux soldats hollandais de la garnison de Maestricht.
Il s'élança aussitôt vers ce village à la tête de sa
troupe qui fut renforcée en chemin par celle du fameux
Cadet, espèce de brigand originaire de Tignée. Saisis
de frayeur, les vingt-deux soldats hollandais se réfu-
gièrent dans la tour de 1 église reconstruite seulement
depuis quelques années. Lamouche ne s'amusa pas à
parlementer, mais fit de suite allumer sous la tour un
grand feu qui se communiqua avec rapidité à tout
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 43, p. 3.
(2) Cour cTOlne, vol. XXI, fol. 5i. La garnison de Dinant revint
aussi Tan 1694. Voy. Ibidem, vol. XIV, au 3i décembre 1694.
(3) Voy. les historiens liégeois à cette époque. Pour le fait de Sou-
magne, cf. Nautet, Notices historiques sur l'ancien pays de Liège,
t. III, p. 20.
30
— 230 —
l'édifice : celui-ci fut réduit en cendres, et il n'en resta
que les murailles. Quant aux Hollandais, ils ne pé-
rirent pas tous : seize d'entre eux, voyant le danger
approcher, se laissèrent choir sur le toit de 1 église en
prenant soin d'amortir leur chute au moyen des cordes
du clocher. Là ils implorèrent la pitié de Lamouche
qui leur fît quartier; les six autres périrent misérable-
ment dans les flammes.
Lamouche s'était mis à la solde de la France. Un
beau jour il déserta le service de cette puissance et se
vendit aux Hollandais. S'étant peu après approché de
Maestricht, alors occupé par les Français, il fut surpris
par la garnison de cette ville et pendu immédiatement
sur le marché.
Nous avons voulu transcrire ici quelques faits
précis et certains qui sont de nature à donner une
juste idée des exactions dont nos ancêtres furent vic-
times de la part des belligérants; mais on comprendra
qu'il doit y avoir une foule de faits semblables dont
nous n'avons pas connaissance, parce que aucun con-
temporain n'a pris soin d'en écrire une chronique
détaillée.
Dans ces temps calamiteux, les plus pauvres étaient
le moins à plaindre, car les pillages et les brigandages
continuels enlevaient aux gens aisés le plus clair de
leur fortune et les quelques lambeaux qu'ils parve-
naient à dérober aux regards de l'ennemi étaient bien-
tôt le prétexte de nouvelles contributions de guerre.
Nos ancêtres eurent aussi souvent à loger des
troupes; ainsi, en 1693, au mois d'avril, un bataillon
vint se loger à Olne et aux environs, et les cavaliers
du régiment de Brandebourg allèrent se cantonner à
Hansez et à Gélivaux (4).
De grosses difficultés surgirent entre les divers ha-
meaux du ban d'Olne au sujet de la répartition des
(1) Cour cTOlne, vol. XIV, fol. 45.
— 231 —
frais occasionnés tant par les représailles que par le
logement des troupes étrangères.
Ainsi, ceux de Hansez et de Gélivaux demandèrent
une diminution dans le paiement de leurs taxes person-
nelles, en compensation des pertes subies dans leurs
récoltes par le cantonnement des troupes susdites.
Ceux de Saint- Hadelin et de Riessonsart protestèrent
contre cette demande, prétendant qu'ils n'avaient ja-
mais été eux-mêmes indemnisés en pareille circons-
tance, et qu'ils étaient même plus à plaindre que ceux
de Hansez et de Gélivaux, car à eux on n'aurait pas
pu enlever du grain ou de l'avoine, ils n'en avaient
pas récolté du tout à cause du passage des troupes (\).
Pour donner plus de force à leur opposition, les
habitants de Saint-Hadelin et de Riessonsart présen-
tèrent aussi leur note d'anciennes pertes subies par
eux; il en était qui remontaient à 1672.
En présence de ces récriminations, la Cour de jus-
tice ne put procéder à la répartition des taxes person-
nelles ; elle s'en justifie par la déclaration suivante :
Les lieutenant-maveur et échevins de cette cour es-
tant ce mesme jour assemblés à eflfect de procéder
outre aux taxes personnelles, en suite des réquisi-
tions en faites de la part des commis modernes de
ce ban et publications ensuivies, et comme sur
mésintelligence apportée par d'aucuns des princi-
paulx aussi y assemblés ... qu'ils ne sont d'accord
en- fait au regard de certaine exécution faite de la
part des Hollandais en l'an 1672, ni des représailles
arrivées l'an 1691 au lieu d'Olne, mesme pour les
logements des cavaliers de Brandebourg qui ont
logé à Gélivaux et Hancé, ni mesme par la dernière
représaille faite par la garnison de Laroche l'an der-
nier et de celle de Dinant cette année, ce qui a causé
» n'avoir passé outre aux dites répartitions. C'est
(1) Cour (TOlne, vol. XIV, fol. 75.
ov>
» pourquoi ils déclarent de protester comme par cette
» ils protestent n'être et n'y aller de leur faute, comme
» aussi de tous dommaiges et intérests en résul-
» tants ... («). »
Ces difficultés ne purent être aplanies tant que la
veuve Buirette administra, la seigneurie d'Olne. GuiU
leaume d'Olne ayant acquis la seigneurie donna tous
ses soins à cette affaire et parvint à l'arranger comme
nous verrons bientôt.
XIX.
LES D'OLNE ET LE CHATEAU DE FROIDBERMONT.
Comme la famille des barons d'Olne a possédé la
seigneurie d'Olne pendant tout un siècle (1694-1794)
nous avons cru utile de donner quelques détails sur
l'histoire de cette famille dans les siècles précédents (2).
Les d'Olne font remonter l'origine de leur famille
aux anciens voués héréditaires du ban d'Olne (3).
Saumerey dit qu'ils habitaient le château de Froid-
bermont au XIVe siècle déjà (4).
Car Froidbermont était un véritable château : le
principal corps-de-logis, qui fut démoli en 1806, était
considérable à en juger par le temps employé à sa des-
truction, par les frais occasionnés par la démolition,
et par le prix de vente des matériaux. La ferme actuelle
a été, pensons-nous, construite sur les fondements de
cette antique demeure.
Propriétaires du domaine de Froidbermont, les
d'Olne, même avant d'être seigneurs du ban d'Olne,
jouissaient de droits seigneuriaux : ils possédaient plu-
(1) Cour d'Olne, au 3i décembre 1694.
(2) On peut lire dans le bel ouvrage de M. Poswick sur la Noblesse
limbourgeoise, la généalogie complète de la famille des barons d'Olne.
(3) Cette assertion et plusieurs qui suivent, sont tirées du Registre
archivai du château de Baarlo.
(4) Les délices du pays de Liège, t. III, p. 265.
— 233 —
sieurs dîmes, un moulin banal, une brasserie banale,
le droit de chasse et le droit de pêche dans leurs terres.
Us étaient considérés comme nobles et étaient alliés
avec plusieurs familles nobles : les de Presseux, les
Hannotte, etc. Si nous en croyons le Registre archivai
de la famille, les d'Olne possédaient de temps immé-
morial les domaines de Vaux et de Hansez. Suivant
la coutume du temps, ceux d entre eux qui héritèrent
de ces fiefs prirent le nom de ces terres, comme Jean
de Vaux, Everard de Hanse\. D'après cette opinion,
c'est une branche de la famille des d'Olne qui aurait
été pendant plusieurs générations, en possession de la
dignité de mayeur héréditaire du ban d'Olne; c'est
ainsi que Bodechon de Vaux l'était en i3g3 ; son fils,
Renard de Vaux, figure dans plusieurs actes au com-
mencement du xve siècle, et plus tard Everard de
Hansez jouissait de la même dignité ; Tachin de
Trembleur l'obtint ensuite en 1478 et les Nizet au
commencement du XVIIe siècle (4).
La branche aînée conserva le nom dOlne et resta
en possession du domaine de Froidbermont. Wathieu
de Freubiemont ou Froidbermont, nommé aussi Wa-
thieu d'Olne, sire de Freubiemont, est cité dans une
foule de documents entre 1450 et 1478. Il fut proprié-
taire de la brasserie banale d'Olne; il épousa Margue-
rite de Wodomont dont il eut beaucoup d'enfants par-
mi lesquels Jean de Vaux qui vendit la brasserie
banale.
Wathieu de Freubiemont a-t-il été le même que ce
Wathele de Freubemont, qui en 1465 trahit son sou-
verain et s'allia contre lui avec les Liégeois? La ques-
tion demeure indécise.
Nous ne possédons aucun détail sur l'histoire des
(1) Voy. dans notre chapitre IV, la liste des mayeurs, tirée de la
Chambre des comptes, à Bruxelles. Nous n'y trouvons ni les de Vaux ni
les de Hanseç, mais cela ne prouve rien, car cette liste ne donne aucun
nom antérieur à 1478.
— 234 —
seigneurs de Froidbermont jusqu'à Pierre- Mathieu
d'Olne dont il est question à partir de 1662, et qui ser-
vit dans l'armée allemande ; il fut nommé chevalier
du Saint-Empire et colonel d'infanterie au service de
Sa Majesté Impériale et Royale Léopold d'Autriche.
Pierre-Mathieu et son frère Servais-Mathieu d'Olne
reçurent les premiers par diplôme impérial le droit de
porter le titre de baron, pour eux et leurs descendants.
Ils prétendirent aussi au droit exclusif de porter le
nom dOlne avec la particule et firent porter défense
à leurs cousins et autres collatéraux d'écrire leur nom
autrement que Dolne. Le nommé Mathieu-Michel
Dolne, ayant écrit son nom avec la particule, les
(fOlne de Froidbermont déposèrent contre lui une
plainte en justice et produisirent le diplôme de l'em-
pereur Léopold (1).
Saumerey (2) se trompe lorsqu'il dit que Pierre-
Mathieu dOlne acquit la seigneurie en 1668. Pierre-
Mathieu n'a jamais été seigneur de ce ban, et la sei-
gneurie d'Olne fut seulement acquise en 1694 par son
fils le baron Guillaume dOlne.
Fidèle à la coutume suivie par ses prédécesseurs,
Pierre-Mathieu, par son testament du 25 février 1692,
disposa que le domaine de Froidbermont devait rester
dans sa famille, et que celui de ses fils qui l'obtiendrait
devrait payer une rente aux autres enfants (3).
Nous terminerons cette notice sur les d'Olne en
faisant remarquer que les droits seigneuriaux dont ils
jouissaient à Froidbermont ne les exemptaient pas de
contribuer aux charges de la communauté d'Olne; en
revanche ils possédaient aussi les droits attachés à la
manandise et ne dédaignaient pas d'accepter les fonc-
tions soit électives, soit salariées de ce ban.
(1) Cour fOlne, vol. XXIV, fol. 216 v°.
(2) Les délices du pays de Liège y t. III, p. 26 5.
(3) Cour d'Olne, vol. XVII, en janvier 1700.
— 235 —
Cette dernière considération et le métier de ban-
quier exercé par Guillaume dCOlne ont été cause que
pendant longtemps nous avions regardé les cTOlne
comme de simples roturiers qui enrichis au XVIIe siècle
avaient acheté d'abord le titre de baron, puis la sei-
gneurie. Mais les arguments que les dOlne produisent,
dans leur Registre archivai de Baarlo, à l'appui de
l'antiquité de leur blason, nous ont semblé très sérieux,
et nous n'avons pas hésité à en donner ici un aperçu ;
le lecteur jugera.
XX.
GUILLAUME DOLNE, SEIGNEUR DE CE BAN.
SES PREMIERS ACTES (1694-1703).
Guillaume cTOhie, fils de Pierre-Mathieu <XOlne
et époux de Christine de Jennet, acheta à la veuve
de Daniel de Buirette, le 3o décembre 1694, pour
la somme de 34,000 florins, la seigneurie d'Olne avec
une maison d'habitation sise dans le village du même
nom (\).
Outre son domaine de Froidbermont, Guillaume
possédait une résidence à Liège dans la paroisse de
Saint-Georges (s).
11 y exerçait le commerce de la banque, si nous en
croyons la qualification qu'on lui donne en tête de
lacté de vente ; cela nous explique son opulence extra-
ordinaire pour ce temps-là chez un noble de la cam-
pagne. 11 avait déjà à cette époque plusieurs enfants
mariés : l'un, nommé Lambert, était seigneur de Ti-
hange et de la Neuville ; un autre, nommé Guillaume-
Philippe est, du vivant de son père, désigné par le titre
de seigneur de Saint-Hadelin ; une de ses filles avait
marié, le 8 mai 1690, le bourgmestre de Liège, Jean-
(1) Cour de Dalhem, vol. V.
(2) Archives pastorales , coll. II, doc. 46*»*.
— 230 —
Hubert de Tignée. Une autre de ses filles était religieuse
et il avait deux fils chanoines à Liège (\).
Un des premiers actes de Guillaume d'Olne fut de
calmer les dissensions qui avaient éclaté entre les
divers hameaux de la commune au sujet des dommages
causés par la guerre.
Il réunit toute la communauté en assemblée géné-
rale et proposa de répartir les indemnités également
entre tous les hameaux, et de les mettre à charge des
trois pays d'Outremeuse qui étaient Dalhem, Fauque-
mont et Rolduc (2).
Cette proposition fut acceptée et le baron s'employa
de toutes ses forces au service de la communauté :
d'abord il obtint l'élargissement de Chrouet, docteur
en médecine, et des autres prisonniers ; ensuite, il
obtint des trois pays d'Outremeuse que les habitants
d'Olne seraient dédommagés des pertes subies (3). Pour
arriver à ce résultat, il dut faire beaucoup de dé-
marches. Il eut bientôt l'occasion de rendre de nou-
veaux services à ses subordonnés : il s'était lié d'amitié
avec Bouffiers et avec d'autres généraux français, à
tel point que par eux, il avait obtenu pour lui et ses
successeurs, la croix de chevalier de l'ordre de Saint-
Michel (4). Il mit à profit ces relations amicales en
faveur des habitants d'Olne. Ceux-ci furent, grâce à
lui, exemptés des rations, corvées et rafraîchissements
qui étaient toujours exigés par les armées belligérantes ;
en d'autres occasions, il empêcha les troupes ennemies
de prendre leurs quartiers dans ce ban ; il continua à
interposer ses bons offices jusqu'à la fin de la guerre,
c'est-à-dire jusqu'en 1697 (s).
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 48. Le seigneur d'Olne avait
acheté la seigneurie de Saint-Hadelin, sans que nous puissions préciser
Ja date.
(2) Cour d'Olne, reg. XIV, au 7 mars 1695.
(3) Archives pastorales, coll. II, doc. 43.
(4) Archives des barons d'Olne, à Baarlo.
(5) Archives pastorales, coll. II, doc. 43.
— 237 —
Peu accoutumés à être traités de la sorte, les habi-
tants d'Olne ne surent comment témoigner leur recon-
naissance ; réunis aux plaids-généraux, le 3o janvier
1696, ils se mirent à délibérer sur la meilleure manière
de témoigner leur reconnaissance, et convinrent que
chaque hameau désignerait deux personnes pour for-
mer une commission. Les délégués offrirent au sei-
gneur une rémunération de 1 ,000 écus comme marque
de gratitude (i).
En achetant la seigneurie d*01ne, Guillaume avait
acquis le droit de pêche dans la rivière de Vesdre. Or
le seigneur de Fraipont, Jean- Philippe de Calwaert,
exerçait la pêche dans cette rivière comme s'il en était
le seul maître.
Le 16 août 1697, le seigneur d'Olne fit mettre arrêt
par la Cour de ce ban sur les biens que de Calwaert
possédait dans notre territoire, et fit intimer ordre à
son adversaire d'avoir à cesser la pêche dont il abu-
sait (2).
La violence appelle la violence. Le 9 mai suivant,
le seigneur de Fraipont fit arrêter à la vanne de Nes-
sonvaux les nommés François Lagarde et Jean Lelahy
pêcheurs assermentés du seigneur d'Olne, et les fit
emprisonner à son château de la Haute-Fraipont,
pendant dix jours, sans les avoir interrogés et sans
avoir observé aucune formalité de procédure. Il les
laissa sortir le 19 mai après leur avoir fait signer un
accommodement contre lequel ils protestèrent dans la
suite, comme ayant été forcés et contraints.
Voici, du reste, les principaux passages de la rela-
tion qu'ils firent de leur captivité devant les échevins
d'Olne : « Par devant nous la haute cour et justice
» d'Olne, comparut Jean Burguin lequel a déclaré
» sous son serment preste en nos mains que le neu-
» vième courant, montant la rivière de Vesdre sur
(1) Cour d'Olne, reg. XV, au 3o janvier 1696.
(2) Ibidem, au 10 avril 1C07.
31
— 238 —
» une nacelle avec François Lagarde et Jean le Lahy,
» pour venir sur le ban d'Olne, ils auraient été arres-
» tés à la hamende de la venne de Nessonvaux de la
» part de Monsr le baron de Fraipont avec leur barque
» et filet, et esté mené dans une taverne chez le nommé
» S1 Martin; que le soir ils furent conduits au château
» ... ou ayant logé ... ayant le sieur baron menacé et
» fait appeler le mayeur pour leur faire mettre les fers
» aux pieds et aux mains, afin, comme le comparant
» croit, de les intimider et déconcerter, menaçant
» même de les faire fouetter et donner la marque par
» les mains du bourreau, et mesme de les mettre au
» pain et à l'eau ; et le mardi environ les neuf heures
» du soir il les fit mettre dans un cachot en forme de
» cave, lieu fort humide et malsain, ou il n y avait ni
» fenêtre, créneau, ni aucune ouverture pour tirer de
» l'air ou de la clarté, que par la porte qu'on tenait
» fermée, où ils demeurèrent jusques vers les neuf à
» dix heures du matin, hormis qu'il en laissa sortir
» ledit déclarant pour escrire au seigneur d'Olne, ce
» qu'il fit en sa présence sous promesse qu'il lui lais-
» serait voir la réponse, ne laissant ledit baron entrer
» personne pour leur parler ... et faisant mesme visi-
» ter les linges et les hardes qu'on leur apportait,
» crainte qu'il n'y eut quelque lettre ... (1). »
Le procès se termina par une transaction conclue
entre les deux seigneurs le 18 novembre 1698. Celui
d'Olne obtint le droit exclusif de pêcher depuis l'em-
bouchure du ruisseau de Havegné jusqu'à la limite de
la seigneurie de Forêt près du Trooz ; celui de Frai-
pont obtint le même droit en amont jusqu'à la limite
de sa juridiction ; mais il devait payer le saumon an-
nuel à chacun des fonctionnaires de la Cour d'Olne;
il fut même condamné par cette même Cour à payer
le saumon qu'il avait négligé de fournir depuis 1674;
(1) Cour (TOlne, reg. XVI, fol. 5.
— 239 —
il accepta de faire ce paiement à condition d'être main-
tenu désormais dans la possession paisible du droit de
pêche (î).
Guillaume d'Olne avait entrepris ce procès dans
son propre intérêt ; il en engagea un autre pour dé-
fendre les intérêts de la communauté, dont il s'était
constitué le 'défenseur.
Un des principaux habitants d'Olne était en ce
temps-là Herman Dejong, ancien bourgmestre et pro-
priétaire de la brasserie banale. C'était un homme in-
telligent, mais retors qui, sous Daniel de Buirette et
sa veuve, tranchait du maître et profitait de toute
occasion pour s'enrichir aux dépens de la commu-
nauté. Ainsi il avait usurpé, vers l'an 1690, une parcelle
d'aisance dans la Falize derrière sa brasserie, sans ob-
server les formalités usitées pour l'achat des biens
communaux, et malgré les réclamations de plusieurs
des habitants qui avaient besoin de la Falize pour con-
duire leur bétail à l'abreuvoir (2).
Ce même Dejong avait été élu le 24 juin 1692
bourgmestre du ban d'Olne, et on l'accusait d'avoir
mal versé dans sa gestion, et de s'être fait rembourser
par la commune des dépenses non justifiées (3).
En tout dernier lieu il s'était permis de convertir
en maison d'habitation pour son propre usage, le han-
gar qui avait été construit devant sa brasserie pour ser-
vir d'abri au corps des veilleurs en temps de guerre.
Guillaume d'Olne le fit assigner le 17 juillet 1702 pour
l'obliger à démolir cette maison et à rétablir la liberté
du chemin (4), cela fit naître une discussion intéressante.
Herman Dejong dénia au seigneur le droit de s oc-
(1) La transaction se trouve transcrite Cour d'Olne, reg. XXVI,
fol. 227 ; la sentence pour le paiement du saumon, Ibidem, reg. XVI,
fol. 1 12 et 123.
(2) Archives pastorales, coll. II, doc. 45, p. 8.
(3) Cour d'Olne, vol. XVIII, fol. 194.
(4) Ibidem, fol. 87.
— 240 —
cuper des affaires de la communauté, et se fit délivrer
des records par trois Cours de justice du pays attestant
que les commis et les manants des divers bans gouver-
naient leurs communes et en disposaient indépendam-
ment du seigneur (i). Le baron répondit que si un
simple manant peut s'opposer à l'aliénation dune par-
celle d'aisance, le seigneur ne peut avoir \in moindre
droit, lui qui représente le roi et a plus d'autorité sur
les communes qu'aucun autre (2).
Dejong prétendit aussi que s'il retirait quelque
avantage de la communauté ce n'était que juste, à
cause des grands services qu'il avait rendus à la chose
publique ; que le baron d'Olne, sans avoir rendu les
mêmes services, avait bien exigé de la communauté
une rémunération de 1,000 écus. L'argument était
singulier dans la bouche d'un homme qui le premier
avait proposé de présenter à Guillaume d'Olne ce
témoignage de reconnaissance (3).
Ce dernier obtint des principaux habitants d'Olne
une déclaration solennelle par laquelle ils témoi-
gnaient que les 1 ,000 écus avaient été offerts par eux
librement et spontanément, comme une faible compen-
sation des bienfaits signalés qu'ils avaient reçus de
Guillaume d'Olne : « ... Etant informés du procédé
» que Herman de Jong fait à Monsieur Guillaume
» d'Olne seigneur dudit ban d'Olne dans le procès
» qu'il soutient contre iceluy dit seigneur, même qu'il
» a venu jusques là que de lui faire reproche des hon-
» nêtetés et reconnaissances faites pour respect des
» devoirs par lui rendus pour la communauté dudit
» Olne, voir même jusques à quelques livres de beurre
» fournis à sa cuisine, chose fort vilaine et odieuse ...
» ont déclaré de désapprouver et ne consentir au pro-
» cédé dudit de Jong en aucune manière ... déclarant
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 42.
(2) Ibidem, doc. 45, p. 2.
(3) Ibidem, doc. 43, p. 2.
— 241 —
» de plus que depuis que ledit seigneur d'Olne a eu
» acheté cette terre, de bien savoir qu'il a pris et
» prend les intérêts de la communauté comme les
» siens propres ... déclarant ... en avoir ressenti et
» ressentir journellement les avantages par les exemp-
» tions de rafraichissement des parties, logement,
» fourragement, représailles ... (i). »
Toute cette querelle si acharnée n eut qu'un maigre
résultat : Herman Dejong conserva la parcelle de ter-
rain dans la Falize ; il dédommagea seulement la com-
munauté pour avoir empiété sur son terrain devant la
brasserie et paya la faible somme de 66 florins pour
l'apurement de ses comptes de commis (2).
Les soins qu'il donna à cette affaire retinrent-ils à
Olne notre vigilant seigneur ? Ou fut-il retenu par la
construction de sa nouvelle demeure ? En tout cas, il
ne paraît pas avoir passé à Liège l'hiver de 1702-1703,
car nous voyons le 12 mars le révérend curé Prayon
demander la permission de faire célébrer la sainte
Messe dans le château de Froidbermont, à cause de
la difficulté des chemins et dans l'intérêt de la santé
de Christine de Jennet, la châtelaine du lieu (3).
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 40. Nous avons un peu rajeuni
l'orthographe de cette pièce qui fut rédigée par le notaire Pétry et signée
par : Henri Heuskin, Hendrick Georis, Warnier Chrouet, docteur en
médecine, Gille André, lieutenant-mayeur, Léonard Mathieu, Michel
Moyse, Jacques Wilkin, Denis Nizet, H.-J. de Lincé, Henri Nizet,
mayeur héréditaire, Hubert Del vaux, Simon Nizet, Thoumas Wathy,
Henri Collin, Nicolas Remy, Henri Rahier, Jean Gilman et Michel
Remy.
(2) Cour cTOlne, vol. XVIII, fol. 216. La maison subsiste encore, et
est occupée par un maréchal-ferrant. La pièce de terre doit être celle
située près de la chantoire du Ry de Rode, sous la brasserie. Voy. Ibi-
dem, vol. XXXIV, fol. 93, l'acte de vente de la brasserie avec la par-
celle susdite.
(3) Archives pastorales, coll. II, doc. 44. Froidbermont n'est pas
nommé, mais tout indique qu'il s agit de cette maison seigneuriale.
— 242 —
XXI.
GUILLAUME UOLNE BATIT LE NOUVEAU CHATEAU.
SES DERNIÈRES ANNÉES ET SA MORT (1703-1716).
Ce fut en 1703 que Guillaume d'Olne commença
la construction du nouveau château. Il acheta dans ce
but des prairies situées au-dessus du village, dans un
endroit alors nommé Au bout.
La façade de cet édifice fut bâtie vers le nord, à
l'opposé du village et cette disposition, qui semble sin-
gulière aujourd'hui, était parfaitement justifiée à cette
époque, car toutes les communications avec l'étranger
se faisaient par la voie de Liège qui passait sur le
Rafhay. La famille dOlne et les invités, venant de
Liège, arrivaient directement devant la porte du châ-
teau. Celle-ci fut flanquée de deux tours avec des
dômes en forme de cloches ; elle donnait entrée sur
une cour carrée au fond de laquelle fut établi le bâti-
ment principal.
Sur la façade de celui-ci, Guillaume fit construire
un beau perron double avec deux paliers et une rampe
en fer. En haut de la façade fut sculptée Y aulne, l'em-
blème traditionnel de la localité. Les parties de Tinté-
rieur qu'il fit décorer avec le plus de goût sont la cha-
pelle et un salon situé à l'étage, remarquable par un
plafond cintré en stuc, qui représente en relief les
quatre saisons.
Le bâtiment lui-même a été gâté de nos jours, car
les belles croisées divisées par des meneaux en pierres
de taille, ont été remplacées par de grandes fenêtres
sans caractère.
On a supprimé de nos jours aussi le beau jardin
du château qui s'étendait sur tout l'espace compris
entre l'édifice et le village ; il était partagé en trois ter-
rasses et orné de bassins, de grillages, de jets d'eau,
dont l'effet était magnifique, si nous en croyons Sau-
— 243 —
merey (i). Les terrasses communiquaient entre elles
par des escaliers ; la troisième située près du village,
servait de bordure à un étang ou vivier assez étendu.
Ajoutons que le fondateur n'épargna la dépense
dans aucune des parties de cet édifice, qui était certai-
nement une des maisons seigneuriales les plus magni-
fiques du pays.
La construction de ce château dura plusieurs années
et le baron fut aidé dans ce travail par plusieurs ma-
nants d'Olne qui fournirent leurs chevaux pour con-
duire les matériaux jusqu'à pied d'oeuvre. Or le sei-
gneur avait des ennemis, et ceux-ci, parmi lesquels Her-
man Dejong, répandirent le bruit que le baron avait
transgressé les lois du pays en exigeant des corvées.
A la demande de Guillaume d'Olne, les manants
déclarèrent devant la justice qu'ils avaient fait ces cor-
vées volontairement et de leur propre mouvement pour
témoigner leur reconnaissance des bons offices et des
bienfaits que le seigneur leur rendait en toute occa-
sion (2).
Le i5 février 1704, ce dernier fit afficher une décla-
ration datée de Froidbermont par laquelle il notifiait
à tous qu'il n'exigeait de corvée de personne et qu'il
poursuivrait quiconque oserait affirmer le contraire (3).
Vers ce temps, Guillaume commença un long pro-
cès contre André le moisne pour le forcer à donner sa
démission d'échevin ou juge, car il était neveu d'un
autre échevin et fils du lieutenant-mayeur (4).
Le seigneur ne put avoir gain de cause contre cette
famille qui était protestante et défendue en haut lieu.
Du reste, si la coutume d'Olne ne permettait pas à
deux proches parents d'être échevins en même temps,
d'autre part les lois de la Néerlande défendaient aux
(1) Les délices du pays de Liège ; t. III, p. 266.
(2) Cour d'Olne, vol. XVIII, fol. 240.
(3) Ibidem, fol. 243.
(4) Ibidem, fol. 234.
— 244 —
catholiques d exercer cette charge. La République te-
nait beaucoup à ce que cette dernière défense fut res-
pectée, et elle dispensait volontiers ses fonctionnaires
des autres qualités prescrites.
En ce moment, on était au plus fort de la guerre
que soutenait Louis XIV au sujet de la succession
d'Espagne. Lié d'amitié avec plusieurs généraux fran-
çais, Guillaume sut détourner du ban d'Olne beaucoup
de calamités dont les bans voisins ne furent pas
exempts (4).
Mais il n'avait pas la même influence sur les Impé-
riaux et leurs alliés, qui furent malheureusement les
plus forts dans cette campagne et refoulèrent Tarai ée
française. Au mois de novembre 1705 le ban d'Olne
dut fournir des charrettes avec chevaux et conducteurs
pour aller charger des pains à Maestricht et les con-
duire à l'armée des alliés qui s'avançait vers le Brabant ;
ces corvées ne furent pas peu à charge aux Olnois, car
ils durent s'absenter longtemps et poussèrent jusque
près de Hasselt dans le comté de Looz.
Herman Dejong, dominé comme toujours par sa
cupidité, voulut tirer profit de ces circonstances ; mais
ici toute sa finesse ne lui servit de rien. Il avait envoyé
un cheval et une charrette à l'armée des alliés, sous la
conduite de son domestique Léonard Desagaux. Seu-
lement ce cheval et cette charrette étaient en si mauvais
état qu'on dut les abandonner dans les environs d'Asch
en Campine, et Herman Dejong prétendit s'en faire
rembourser la valeur par les bourgmestres du ban
d'Olne, auxquels il présenta une note exagérée.
Les bourgmestres soucieux, comme il n'était que
juste, des intérêts de la communauté, ne voulurent
payer qu'à bon escient. Alors Léonard Desagaux,
poussé par son maître, affirma sous serment que le
cheval et la charrette avaient été enlevés par un corps
(1) Archives des barons d'Olne, à Baarlo.
— 245 —
de troupes ennemies. Il fut convaincu de parjure par
les dépositions de plusieurs témoins et mis en prison,
où il finit par avouer son crime et dire toute la vérité (*).
Du chef d'avoir excité quelqu'un au parjure, Dejong
et Deroo, son avocat, durent comparaître en justice et
soutenir un long procès qui ne se termina que devant
le juge supérieur. Nous pensons que ce procès fut in-
tenté à l'instigation de Guillaume d'Olne, car lui et
Dejong ne s'aimaient pas, et plusieurs registres de la
Cour d'Olne sont remplis du récit de leurs dissensions.
Nous devons reconnaître que Guillaume d'Olne ne
resta pas toujours dans les bornes de la modération :
c'est ainsi que dans l'après-midi du dimanche 21 août
1707, à son instigation, l'officier criminel du ban vint
arrêter une trentaine d'Olnoisqui s'amusaient, buvaient
ou jouaient aux cartes dans la maison de Jean de Mi-
cheroux, brasseur et cabaretier, locataire de Herman
Dejong (2). Ils furent condamnés à payer une amende
de 3 florins, au profit du seigneur, en conformité du
placart du 6 janvier de la même année, par lequel le
gouvernement hollandais défendait aux cabaretiers de
vendre bière, vin et genièvre, les dimanches et jours
de fête et, aux particuliers, d'aller boire dans les caba-
rets les mêmes jours. De nouvelles poursuites eurent
lieu au mois de septembre.
Par suite de cette sévérité, le public déserta la
brasserie, et Jean de Micheroux résolut de quitter l'éta-
blissement, au grand dépit du propriétaire ; celui-ci
s'adressa alors aux Etats-Généraux dans la supplique
suivante :
Remontre très humblement Herman Dejong habitant du ban
d'Olne au pays de Dalhem ... que dans ledit ban il y a une bras-
serie banale dont il est propriétaire, dans laquelle les habitants,
(1) Réquisitoire d'Isaac Warnier, officier criminel (Archives pasto-
rales, coll. II, doc. 46).
(2) Cour d'Olne, vol. XX, fol. 225; Copie: Archives pastorales,
coll. II, doc. 47bis.
32
— 246 —
après avoir dû travailler une semaine entière ... se rendaient quel-
quefois les dimanches après l'office pour y boire ensemble ou sépa-
rément quelques pots de bière, sans gourmandise et sans bruit, et
avoir un petit et honnête entretien ;
Que par les placarts du 6 janvier 1707, il a été prohibé de
vendre le dimanche vin, brandevin, etc.
Que dans les autres bans et seigneuries du pays de Dalhem . . .
les habitants par une juste interprétation ont borné cela au temps
de l'office ... et ont continué à tirer et à user bière et brandevin (I)
non pas comme à l'ordinaire, mais hors dudit office.
Qu'il n'y a que dans la dite brasserie banale d'Olne, où le fer-
mier n'oserait seulement tirer un verre de bière, ni aucun des habi-
tants le boire sans qu'on les mulcte (2) avec la dernière rigueur ...
pendant que dans ledit ban d'Olne même on exerce le débit et un
commun usage de brandevin lesdits jours de dimanche et à toute
heure.
En sorte qu'on peut dire avec vérité que ledit seigneur ne s'est
porté avec tant de passion à faire cesser absolument celui de la
bière qu'uniquement pour préjudicier au remontrant ... contre qui
il a dès longtemps conçu haine et envie, en sorte qu'il a toujours
tâché de le perdre par procès et autrement ... (3).
Dejong termine sa supplique en demandant la per-
mission de vendre de la bière le dimanche en dehors
des offices. Le gouvernement répondit-il favorablement
à cette pétition? Nous n'avons pu nous renseigner exac-
tement sur cette question, mais nous savons que Guil-
laume d'Olne se montra vivement irrité, et traita de
calomnie le contenu de cette supplique (4). Il poursui-
vit même Dejong du chef de dénonciation calomnieuse,
et, le 16 juin 1710, la Cour d'Olne condamna l'accusé
à révoquer publiquement tout ce qu'il pouvait avoir
dit ou écrit à charge du seigneur plaignant, à en faire
« condigne réparation » et à lui en demander pardon.
Le condamné appela immédiatement de cette sentence
au juge supérieur (5).
(1) Genièvre.
(2) Met à l'amende.
(3) Archives pastorales, coll. II, doc. 55.
(4) Cour d'Olne, vol. XXI, fol. 52.
(5) Archives pastorales, coll. II, doc. 55bi«.
— 247 —
Nous pensons que ce fut à l'instigation de Guil-
laume d'Olne que des habitants de ce ban réclamèrent
devant la justice contre la banalité de la brasserie ou
du moins contre l'extension que Dejong voulait lui
donner. Le 4 avril 1710, le Souverain Conseil de
Brabant décida que personne ne pouvait acheter de
la bière qu'à la brasserie banale, et que personne ne
pouvait revendre d'autre bière ; mais dans chaque
famille on pouvait brasser de la bière pour l'usage
domestique (*).
Nous ne dirons rien de la lutte de ce seigneur
contre? l'arbitraire des Hollandais quant à l'admission
aux emplois judiciaires. Nous avons rappelé de sem-
blables querelles sous Buirette et nous avons à en faire
connaître d'autres particulièrement intéressantes. Tous
ces faits se ressemblent et leur énumération complète
deviendrait fastidieuse.
Guillaume d'Olne mourut dans son nouveau châ-
teau le 22 décembre 1716; son épouse, Christine de
Jennet, l'avait précédé dans la tombe le 16 juillet de la
même année (2).
XXII.
*
LE GRAND PROCÈS POUR LA DIME ET RUINE
DE LA CURE (171 5). JEAN DEROO.
A. DE LAMBERMONT, PRÉDICANT CALVINISTE.
Les premières années du curé Prayon ne faisaient
guère présager les difficultés qu'il eut dans la suite, car
il s'était accordé amiablement avec les protestants et
avec leur ministre, Abel de Lambermont, pour la
réparation de la voûte du chœur de l'église, et avec ses
paroissiens pour la location d'une maison d'habitation,
(1) Cour cTOlne, vol. XXI, fol. 102. Rapport fait par les commis au
peuple assemblé.
(2) J. Dans, Analectes, t. XIV, p. 355.
— 248 —
ainsi que pour le paiement de sa quote-part dans les
contributions de guerre (*).
Prayon, comme ses prédécesseurs, jouissait d'un
tiers de la grosse dîme, et de deux tiers de la menue (j).
C'était là ce qu'on appelait la dîme pastorale, qui
depuis près d'un siècle était cédée en location aux Wil-
kin, qui exploitaient également la part du Chapitre de
Saint- Adalbert. En 1709 encore, Jacques Wilkin prit
en location par des actes distincts, la dîme pastorale et
la dîme capitulaire (3).
Mais en 1712, les nommés Herman Dejong et Jean
Deroo se présentèrent au Chapitre pour offrir une sur-
enchère considérable sur le prix payé par Wilkin. Ils
proposèrent même, pour l'utilité commune du Chapitre
et du curé, de prendre en location, par un seul bail,
toute la dîme en général, sauf à rembourser le curé au
pro rata de ses droits ; ce dernier eut le tort d'accepter,
et le Chapitre seul signa l'acte de location tant en son
nom qu'au nom du curé, mais sans nommer celui-ci (4).
Remarquons que Deroo et Dejong ne reprirent pas
seulement la dîme d'Olne, mais toutes les dîmes de
Saint-Adalbert en ce pays, c'est-à-dire celle du ban de
Soiron, celle du Fief Saint- Hadelin, celle de la Basse-
Fraipont et d'une petite partie de la vouer ie de Fléron,
le tout pour le prix de 730 écus en espèces outre les
charges habituelles : entretenir les églises, subvenir
aux nécessités du culte, fournir les animaux reproduc-
teurs ..., etc. Le contrat fut passé sur ce pied pour
commencer à la Saint-Jean de 1712, et finir le même
jour de l'an 1715 ; or, pendant ces trois ans, il ne fut
pas possible au curé d'entrer en compte ni avec les
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 3, 12 et i3.
(2) Voy. notre Chapitre VI.
(3) Archives pastorales, coll. III, doc. 8.
(4) Ibidem, doc. 14 et 17. Jacques Wilkin, évincé de la dîme, exerça
son activité dans le commerce des clous. Il alla même en vendre à la
foire de Francfort, ce qui prouve le développement que l'industrie de la
clouterie avait pris dans nos environs (Cour fOlne, vol. XXIV, fol. 79) %
— 249 —
dimeurs ni avec le Chapitre, en sorte qu'il ne put rien
obtenir ; il fut donc obligé de leur notifier que pour un
nouveau terme de trois ans il était d'intention de louer
sa portion séparément.
Le Chapitre s'y opposa et résolut de conserver pour
lui seul toute la dîme. Il fondait ses prétentions princi-
palement sur un accord conclu avec les Hollandais, le
10 août i656, et sur celui du 16 juin i663, par lequel
le Chapitre avait été maintenu dans la possession de la
dîme, moyennant une redevance annuelle. Dans ces
deux pièces, le Chapitre seul était nommé. Collateur
de la cure, il avait négocié pour la dîme entière, et
réservait sa part au curé.
Jacques Prayon, au contraire, exhibait à l'appui
de ses prétentions d'anciens records de la justice
d'Olne, et les actes de location conclus par lui et ses
prédécesseurs avec la famille Wilkin ; ces pièces éta-
blissaient une possession immémoriale en faveur du
curé (\). Plusieurs vieillards témoignèrent qu'ils avaient
vu jadis le curé Delva récolter lui-même sa part de la
dîme après l'invasion française de 1672 (2).
Malgré ces arguments qui paraissaient péremp-
toires, ce fut le curé qui perdit son procès, car par la
sentence du Conseil d'Etat du 26 juillet 1715, il était
déclaré mal fondé et point recevable dans sa demande,
et on lui ordonnait de laisser le Chapitre dans la pai-
sible possession de la dîme entière (3).
Les curés d'Olne se sont efforcés plusieurs fois
pendant le xvme siècle de récupérer leurs droits, mais
sans succès. Citons notamment (i) la supplique de Clé-
ment Wilkin, au mois d'octobre 1729. Le clergé fut
réduit pendant tout ce temps à vivre d'aumônes.
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 16, 17, 18 et 19.
(2) Ibidem, doc. 20. Nous regrettons de ne pouvoir citer littéralement
cette pièce remarquable.
(3) Ibidem, doc. 22.
(4) Ibidem, doc. 28.
— 250 —
Le procès avec Jacques Prayon ne fut pas le seul
que le Chapitre eut à soutenir relativement à la dîme.
Le nommé Simar Spirlet fut condamné, à la demande
des chanoines, à laisser percevoir la dîme sur la récolte
des chardons (i), et le fermier Libert fut condamné à
payer la dîme de la laine et des agneaux (2).
Le Chapitre engagea même des procès contre son
propre dîmeur, Herman Dejong, qui était mauvais
payeur (s). Nos lecteurs connaissent déjà trop bien ce
personnage, pour que nous ayons besoin de donner sur
lui de nouveaux détails; mais il nous reste un mot à
dire de son associé, Jean Deroo, échevin et greffier de
la Cour de justice du Mont-Saint-Hadelin.
Ce Jean Deroo suscita de graves difficultés à Jacques
Prayon au sujet de la collation du vicariat de Saint-
Hadelin. Secondé par son neveu, l'avocat Renand, il
exigea que ce vicariat, devenu vacant, fut conféré à
Jean Abinden, parent du défunt curé, Henri Abinden.
Jacques Prayon refusa et nomma un autre ; alors
les habitants de Saint-Hadelin, instigués par Deroo et
Renand, conférèrent de leur propre chef le bénéfice à
Jean Abinden et le maintinrent en possession malgré
le curé.
Ce qu'il y a de plus étonnant dans cette histoire,
c'est que le 5 avril 1712, Jean Deroo parvint à obtenir
du pape Clément XI une bulle qui accordait le droit
de patronage sur la chapelle de Saint-Hadelin à la
communauté de ce nom. Cette bulle était nulle de
plein droit (4) car les raisons alléguées par Deroo dans
sa supplique au pape n'étaient qu'une suite d'accrocs à
la vérité : ainsi il promettait d'augmenter le bénéfice
d'une rente annuelle de dix-huit muids, prise sur ses
propres biens, et plus tard il prétendit s'être libéré de
(1) Cour d'Olne, reg. XXVIII, fol. 40.
(2) Ibidem, reg. XXXIII, foi. 6.
(3) Ibidem, reg. XXIV, fol. 23q v°.
(4) 11 y avait obreption et subrcption.
— 251 —
cette obligation en construisant la nouvelle maison
vicariale, et en y annexant un jardin et deux prairies.
Or, le jardin était la seule chose qu'il eût cédé de ses
propres biens ; les prairies provenaient de la commu-
nauté, et la maison, qui est le presbytère actuel, fut
bâtie en 1712 et 1713 avec le produit de la vente des
biens communaux (i).
La bulle n'obtint pas force de loi ; cependant Abin-
den ayant été agréé par Jacques Prayon, resta en pos-
session du vicariat de Saint-Hadelin jusqu'à la fin de
ses jours, c'est-à-dire pendant plus de trente-sept ans.
En janvier 1729, Jacques Prayon résigna la cure
en faveur de Clément Wilkin, fils de son ami Jacques
Wilkin (2). On trouvera sur les curés Prayon et Wilkin,
au chapitre suivant, des détails intéressants.
Le ministre protestant contemporain de ces deux
pasteurs était A bel de Lambermont, homme remar-
quable par sa science. Il était le successeur immédiat
de Chrouet et occupait déjà ce poste en 1798, où nous
lavons vu en procès avec le curé Abinden.
De Lambermont est l'auteur d'un livre intitulé :
Catéchisme ou abrégé des principaux points de la reli-
gion chrétienne réformée.
Le zèle de ce ministre ne se renferma pas dans les
limites étroites de son troupeau : sous le curé Wilkin
il provoqua une réunion du synode wallon, c'est-à-dire
des députés des quatre églises réformées d'Olne, Blégny,
Dalhem et Vaals et, sur sa proposition, une députation
fut envoyée auprès du gouvernement hollandais afin
d'obtenir le maintien d'un prédicant calviniste à Hodi-
mont, dans le duché de Limbourg, où il y avait alors
vingt-deux communiants de cette secte (3).
(1) Registre archivai de V église Saint-Hadelin,
(2) Le Chapitre s'efforça d'empêcher l'installation de Wilkin, mais
il ne put y parvenir, parce que la renonciation de Prayon était faite
dans les limites de la réservation pontificale (Daris, Histoire de la prin-
cipauté et du diocèse de Liège, t. VII, introduction, p. iv).
(3) Actes du consistoire de l'église wallonne d'Olne.
— 252 —
De Lambermont mourut en 1757 : il avait donc
dirigé les réformés d'Olne pendant près de soixante
ans. Il eut pour successeur Jean-Baptiste Loire qui, à
son tour, fut remplacé en 1784 par Abraham -Samuel
Borel .
XXIII.
LE BAN D'OLNE ET SON ÉGLISE
SOUS GUILLAUME-PHILIPPE D'OLNE. TRACASSERIES
DES RÉFORMÉS (1716-1755).
Guillaume-Philippe dOlne fut reçu le 20 octobre
1716 comme héritier de la seigneurie d'Olne par la
Cour féodale de Dalhem, devant laquelle il releva le
fief et prêta le serment accoutumé (1).
Outre les seigneuries d'Olne et de Saint-Hadelin,
il avait obtenu de Guillaume d'Olne son père, en vertu
du testament du 27 mars 1713, le domaine de Froid-
bermont, le nouveau château avec ses dépendances et
le moulin banal de Vaux-sous-Olne (2).
De graves difficultés surgirent entre les héritiers (3),
mais le i5 décembre un arrangement fut conclu : Guil-
laume-Philippe gardait les immeubles et faisait quelques
concessions à ses co-héritiers (4).
Il avait épousé, le 27 janvier 1707, la baronne de
Rhoë d'Obsinnich, qui possédait les châteaux de Baarlo
et de Berckt en Hollande, où Guillaume-Philippe alla
habiter à plusieurs reprises et où ses descendants se
sont fixés définitivement. En 1727, au moment où il
voulait aller en Hollande, le gouvernement hollandais
ou son délégué l'obligea à écrire la lettre suivante au
curé Prayon :
Comme il se pourrait que pendant mon absence, le révérend
(1) Archives pastorales, coll. II, doc. 5i.
(2) Ibidem, doc. 48.
(3) Ibidem, doc. 52.
(4) Ibidem, coll. III, doc. 24.
— 253 —
Jacques Prayon, curé d'Olne, serait interpellé de la part de Mon-
sieur le grand vicaire ... de se rendre à Liège sans qu'il soit placeté
de nos seigneurs les Etats-Généraux, ce qui ne peut se faire sans
donner atteinte à l'autorité souveraine, aux privilèges du pays et
à nos droits jurisdictionnels, défendons très expressément au révé-
rend curé de donner parition à telles interpellations, à peine qu'en
cas de contravention il sera traité selon les lois du pays ... (i).
On le voit, nos maîtres d'alors redoutaient comme
un grave danger les rapports du clergé avec ses supé-
rieurs hiérarchiques. Ce ne fut certainement que con-
traint que Guillaume- Philippe écrivit cette lettre, car
il s'efforça constamment de favoriser les catholiques.
Ainsi nous le voyons constituer un titre patrimonial
en faveur du jeune Clément Wilkin, pour lui permettre
d'entrer dans les ordres (*) ; en 1729 il voulait conférer
à un catholique, Antoine Rensonnet, une fonction de
juge à la Cour d'Olne, par le motif que les candidats
réformés étaient proches parents de l'un ou l'autre des
échevins déjà en fonctions.
Le consistoire de l'église wallonne réformée d'Olne
recourut aux Etats-Généraux afin d'empêcher la nomi-
nation de Rensonnet. Dans cette requête, nous rele-
vons le passage suivant qui est de nature à faire con-
naître les véritables sentiments de Guillaume-Philippe
d'Olne :
Vos Hautes Puissances savent assez combien les catholiques-
romains tâchent de fortifier leur parti et d'affaiblir le nôtre en met-
tant autant qu'ils peuvent dans les charges publiques les plus
accrédités d'entre eux, et en nous privant autant qu'ils peuvent de
cesmêmes charges. Or, comme il y a déjà dans la justice un éche-
vin catholique-romain et que le greffier l'est aussi, il est visible
que si ledit Rensonnet leur était adjoint, tout cela soutenu par le
seigneur d'Olne, fort zélé pour la même religion, nous aurions nos
principaux juges comme parties dans les cas où il s'agirait des inté-
rêts de notre religion ... (3).
( 1 ) A rchives pastorales, coll .III, doc. 24.
(2J Ibidem, doc. 26.
(3) Ibidem, doc. 3r. Des échevins ne sont jamais juges et parties s'ils
sont réformés.
33
— 254 —
Le gouvernement hollandais accueillit cette requête
avec bienveillance et maintint strictement l'exclusion
des catholiques (4). Le 16 décembre 1729, le seigneur
nomma échevin le notaire Mathieu le moisne, diacre
de 1 église réformée et neveu de deux échevins déjà en
fonctions. Le nouveau juge fut admis au serment par
la Cour après avoir produit un écrit des Etats-Géné-
raux, où il était dit que ledit Lemoisne étant de la
religion réformée dispense est accordée sur le défaut
d'autres qualités requises (2).
Le zèle du petit groupe de sectaires qui dominait
à Ol ne s'exerçait surtout contre le clergé catholique.
Ils appliquèrent à notre commune le règlement du
25 mars 1725 sur les écoles, en vertu duquel il était
défendu à tout catholique de tenir école, et même
de conduire les enfants sur un territoire étranger
pour les y instruire, disposition qui semblait écrite
exprès pour le ban d'Olne, car à proximité il y avait
des écoles catholiques à Froidheid et à Mont-Saint-
Hadelin.
Ce règlement soumettait toutes les écoles à la classis
c'est-à-dire à l'assemblée des ministres protestants de
la province (a).
Nous avons vu comment Clément Wilkin devint
curé d'Olne en 1729. Trois ans plus tard, les Hollan-
dais lui défendirent de recevoir n'importe quel mande-
ment ou ordonnance de son évêque, à moins que cette
pièce ne fut revêtue du placet de l'autorité souveraine.
En 1740, ils appliquèrent spécialement cette défense à
la bulle Unigenitus (4).
Ils exécutèrent à la lettre les ordonnances de i656
et de 1684 qui interdisaient toute fonction du culte
(1) Archives pastorales y coll. III, doc. 32.
(2) Cour d'Olne, vol. XXVII, fol. 116.
(3) Ce règlement a été transcrit par J. Daris, Analectes, t. XIV,
p. 373.
(4) Archives pastorales, coll. III, doc. 36.
— 255 —
catholique en dehors des églises ; on pourra en juger
par la pièce suivante du 1 1 mars 1749 :
Le sieur officier-criminel du ban et seigneurie d'Olne ... étant
informé depuis peu que le sieur Wilkin curé de ce ban aurait été
si oublieux de son autorité en allant porter l'Extrême-Onction aux
malades, d'avoir le surplis blanc sur son bras, et la boite avec les
hosties sur sa main découverte ; que par cette monstration les
catholiques-romains qui se trouvent dans la rue se prosternent à
genoux devant ledit sieur curé; de même en enterrant les morts ...
le prêtre vient habillé en surplis blanc avec la croix à la main,
en jetant de l'eau bénite sur le cadavre dans la rue, les personnes
se mettant à genoux devant ledit sieur curé, et comme tels exer-
cices publics sont hautement défendus par les règlements et ordon-
nances souveraines, ledit officier requiert enseignement de défense
audit sieur curé et à tous autres prêtres romains de ce dit lieu de
ne plus donner atteinte aux ordonnances souveraines, sous peine
d être punis et châtiés ... (1).
Comme on le voit, le zèle des réformés n'était pas
refroidi après une domination d'un siècle ; l'expérience
aurait cependant dû leur apprendre que leurs mesures
vexatoires ne faisaient que redoubler la ferveur des
catholiques.
On s'étonnera peut-être que l'officier-criminel ait
pu écrire une semblable lettre, lui qui dépendait entiè-
rement du seigneur, mais nous croyons que l'appui du
gouvernement hollandais permettait aux réformés de
la Cour de justice de faire abstraction de l'autorité sei-
gneuriale. En effet, Guillaume-Philippe était person-
nellement le protecteur des catholiques, et ne les con-
trariait en rien comme on peut le voir encore par cet
écrit :
Je permets à Monsieur Wilkin curé d'Olne de recueillir ou de
faire recueillir par qui il trouvera bon les voix et suffrages des
inhabitants de ce ban et à Saint-Hadelin à l'effet de choisir tant
un vicaire qu'un marguiller nécessaires à son église, donnant audit
seigneur curé ma voix et suffrage pour celui ou ceux qu'il jugera
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 40.
— 256 —
être sujets dignes et idoines à remplir lune et l'autre de ces deux
places.
En foi de quoi je l'ai muni de mes armes et soussigné ... (i).
Cette pièce témoigne des bons rapports du baron
avec le curé Wilkin. Si nous en croyons G. Nautet (2)
ce dernier aurait été en 1745 frappé d'interdit par ses
supérieurs. Voici comment : un particulier de Soiron
qui ne pouvait se marier parce que ses parents et son
propre curé s'y opposaient, avait fabriqué un certificat
avec la fausse signature de Clément Wilkin, et nanti
de cette pièce, était allé se marier à l'église Saint- Pierre
à Aix-la-Chapelle. Le grand-vicaire de Liège, informé
du fait, ^interdit la messe au curé d'Olne jusqu'à sa
justification complète.
Un autre événement fit beaucoup de bruit vers la
même époque : c'est celui de la mort mystérieuse du
vicaire de Saint-Hadelin, Jean Abinden. Le 19 février,
jour du mardi-gras de l'année 1749, l'avocat Renand
alla trouver ce digne prêtre, son voisin et lui proposa
de faire ensemble une excursion à Forêt. Abinden
résista d'abord, alléguant qu'il avait son école à tenir.
Renand répliqua que c'était carnaval et qu'il fallait se
divertir. Ils allèrent de compagnie et s'amusèrent pro-
bablement jusque assez tard dans la soirée.
Or, le matin, on trouva Abinden mort sur le che-
min de Saint-Hadelin ; il avait probablement succombé
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 35. L'élection du vicaire et du
marguillier se fit le lendemain, jour de Saint Jean- Baptiste. Le vicaire
et le marguillier qui étaient payés par la communauté, devaient se repré-
senter chaque année devant le curé et les paroissiens assemblés avec la
permission du seigneur. Ordinairement cette assemblée avait Heu le
6 mai, et Ton y débattait départ et d'autre les conditions dun nouveau
contrat ; la réunion avait lieu à l'église et différait des réunions de la
communauté proprement dite, qui se tenaient au consistoire scabinal.
(2) Notices historiques sur r ancien pays de Liège, t. III, p. 41. Le
même auteur parle de la famine de 1740 et des années suivantes et de la
cherté des vivres, rendue plus sensible par la mort du grand bienfaiteur
de notre région : du baron T. de Woelmont.
— 257 —
à une attaque d apoplexie, car il était sujet à de sem-
blables accidents.
Dans cette aventure la conduite de Renand fit
naître les plus graves rumeurs dans le public. Avait-il
commis l'imprudence de laisser retourner seul son
compagnon, qui était un vieillard caduc ? Ou avait-il
été témoin de la catastrophe ? Dans cette seconde sup-
position, il aurait eu grandement tort, connaissant la
mort du vicaire, daller se coucher sans en dire un
mot à personne, pas même à la servante d'Abinden,
qui dans son anxiété alla trois fois pendant la nuit
heurter à la porte de Renand.
Celui-ci aggrava ses torts déjà si grands en assem-
blant chez lui les habitants de Saint-Hadelin, peu de
jours après et en leur demandant de choisir pour
vicaire son propre neveu, le révérend Chefnay. Il
avait eu soin auparavant de les influencer en parti-
culier. Bref, on trouva si louche la conduite de Renand
que beaucoup n'hésitèrent pas à le rendre responsable
de la mort d'Abinden, et à prononcer le mot de crime ;
on en parla énormément dans tout le pays.
Les échevins de la Cour du Fief procédèrent le
1 1 avril à une enquête sur les causes du décès de l'abbé
Abinden, et interrogèrent notamment la servante du
défunt (i). Cette enquête n'eut aucun résultat et, le
10 mai, l'avocat Renand vint protester publiquement
en plein tribunal contre cette enquête offensante pour
son honneur (a). Il n'y eut pas de poursuite contre lui,
mais il ne parvint pas à maintenir son neveu en pos-
session du bénéfice de Saint-Hadelin, qui fut conféré
au jeune Arn. Arnotte (3).
Il devait, à cette époque, se commettre beaucoup
de déprédations dans les campagnes d'Olne, car la
police ordinaire ne suffisait pas à les réprimer, et nous
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 39.
(2) Cour de Saint-Hadelin, rôles.
(3) Registre archivai de Véglise de Saint-Hadelin.
— 258 —
voyons de nombreux habitants de notre ban faire em-
banner leurs propriétés, c'est-à-dire obtenir de la justice
le privilège^de pouvoir arrêter et faire punir chaque
délinquant sur leur simple affirmation {i). Plus tard,
on exigea le serment (2). Le seigneur lui-même, avec
plusieurs autres, demanda cette mesure de sauvegarde
contre « les particuliers si audacieux que de voler
» gerbes de grains, chardons jeunes et mûrs, fouler et
» pâturer les prairies, et ce malgré les ordonnances
» souveraines souvent publiées (3). »
Nous avons peu de détails à donner sur les der-
nières années de Guillaume-Philippe d'Olne, qui alla
souvent résider en Hollande dans les domaines de sa
femme. Il se donna toujours beaucoup de peine pour
gagner les faveurs du gouvernement hollandais. C'est
ainsi qu'en 1748, voulant donner une marque de sa
fidélité aux Etats-Généraux, il leur offrit un régiment
de dragons, pour la formation duquel il fit un appel
aux jeunes gens désireux de s'enrôler ; il dépensa ainsi
des sommes considérables. Alléchés par l'élévation de
la paie et le brillant de l'uniforme, de nombreux jeunes
gens du pays wallon s'enrôlèrent dans le régiment du
baron dOlne (4).
Guillaume- Philippe d'Olne mourut en 1755. Son
épouse l'avait précédé dans la tombe. Ils eurent huit
enfants dont les deux aînés se succédèrent en qualité
de seigneurs du ban d'Olne.
(1) Cour d'Olne, vol. XXXI, fol. 28 et 100.
(2) Ibidem, vol. XXXII, fol. i65.
(3) Ibidem, vol. XXX, fol. 123.
(4) G. Nautet, Notices historiques sur l'ancien pays de Liège, t. III,
p. 48.
— 259 —
XXIV.
LAMBERT-HENRI D'OLNE, PUIS GUILLAUME-FRÉDÉ-
RIC, SEIGNEURS D'OLNE. GRAVES DISSENSIONS
DANS LA COMMUNAUTÉ (1755-1765).
Lambert-Henri d'Olne, le nouveau seigneur, avait
été lieutenant-colonel commandant le régiment des
Pandours du baron de Trenck, au service de l'Autriche,
pendant la guerre de succession, puis colonel et pro-
priétaire d'un régiment de dragons au service de la
Hollande (i).
Pendant le court espace de temps qu'il resta seigneur
d'Olne, il data plusieurs écrits du château d'Olne, et
plusieurs autres de Maestricht où se trouvait proba-
blement son régiment (2).
Il réussit à calmer de graves dissensions, qui déjà
du vivant de son père avaient éclaté au sein de la
communauté. Résumons les faits : contrairement à
la coutume ancienne d'après laquelle les deux bourg-
mestres n'étaient élus que pour deux ans, Hubert Scri-
ver et Arnold Arnotte, nommés en 1746, étaient restés
en fonction pendant quatre années consécutives sans
se faire réélire en 1748 (3).
Semblable irrégularité ne doit pas nous étonner,
car en ce temps-là les communautés n'étaient pas régies
par une loi générale du pays comme les communes
d'aujourd'hui ; chacune d'elles avait ses règles particu-
lières. On aurait difficilement trouvé deux communes
gouvernées d'après des statuts identiques, car les ma-
nants assemblés établissaient eux-mêmes les règlements,
sauf à ne pas en tenir compte quand ceux-ci les
(1) J. Daris, Analectes, t. XIV, p. 356.
(2) Cour d'Olne, vol. XXXIII, fol. 276 et vol. XXXIV, fol. 67. Ce
régiment était probablement celui donné par Guillaume-Philippe aux
Etats-Généraux.
(3) Ibidem, vol. XXXV, fol. 4 et 5.
— 260 —
gênaient ; considérant ces règlements comme une
simple convention, ils prétendaient être libres de les
abolir ou de les maintenir à leur gré.
Bref, ce ne fut que le 3 décembre 1750 que les deux
bourgmestres Arnotte et Scriver déposèrent leurs
comptes ; or, les habitants trouvèrent exagérée l'indem-
nité qu'ils réclamaient pour leurs peines, dépenses et
pertes de temps (\). Vainement la communauté fut-elle
réunie plusieurs fois, il fut impossible de se mettre
d'accord ; or, les deux commis sortants prétendaient
qu'avant l'approbation complète de leurs comptes, on
ne pouvait procéder à l'élection de deux nouveaux
bourgmestres.
Tel ne fut pas l'avis du tribunal des échevins : à la
demande des régleurs des divers hameaux, il fixa au
8 mars 1751 l'élection de deux nouveaux bourgmestres.
La communauté fut convoquée pour ce jour et les
affiches apposées (tomme de coutume (2).
Grande fut l'anxiété de Scriver et d'Arnotte ; ils
craignirent, s'ils cédaient la place à d'autres, d'être
poursuivis pour leur mauvaise gestion. Ils résolurent
donc de se représenter aux suffrages de leurs conci-
toyens, et ils mirent tout en œuvre pour réussir. Voici
quel fut le résultat de l'élection :
Simar Spirlet,
79 voix
Pierre Régnier,
77 w
Hubert Scriver,
52 »
Arnold Arnotte,
52 »
En conséquence, les deux premiers, candidats nou-
veaux, furent proclamés bourgmestres du ban d'Olne ;
ils intentèrent un procès à leurs prédécesseurs au sujet
de leur gestion. Arnold Arnotte étant mort dans le
courant de cette année 1751, le procès se poursuivit
contre les héritiers du défunt et dura plusieurs années ;
(1) Cour d'Olne, vol. XXXI I, fol. 262.
(2) Ibidem , fol. 276.
— 261 —
il se termina en 1759 par un arrangement à l'amiable (1).
De nouvelles difficultés surgirent en 1755 : le
17 juillet de cette année furent élus bourgmestres
Hubert Scriver et Henri Delsaute. Or, le premier
était déjà juge, substitut-greffier et lieutenant-mayeur.
Le second était notaire et collecteur des tailles (rece-
veur) .
Le colonel Lambert-Henri d'Olne, depuis peu in-
vesti du pouvoir seigneurial, assistait à l'élection et
protesta verbalement contre la nomination de Delsaute
et de Scriver (2). Le lendemain il comparut devant la
Cour et défendit à celle-ci de recevoir les deux élus
comme bourgmestres et de les admettre au serment
en cette qualité. Sur Tordre du seigneur, la Cour de
justice fixa au 24 juillet l'élection de deux nouveaux
bourgmestres. Henri Hesbignon et le juge Régnier
furent élus sur la proposition du seigneur et malgré
les protestations d'André Lemoine, lecteur de l'église
réformée (3).
Dans cette assemblée le seigneur proposa et fit
adopter un règlement verbal contenant ces deux dis-
positions (4) : « i° Ne pourront désormais être élus
» bourgmestres ceux qui exercent la fonction de mayeur,
» celle de collecteur des tailles ou une autre charge
» incompatible; 20 Personne ne pourra rester plus de
» deux ans bourgmestre (5) à moins de faire renouveler
» son mandat par les électeurs (g). »
Les nouveaux bourgmestres Régnier et Hesbignon
acquirent en 1756, au nom de la communauté, la
brasserie banale d'Olne des mains des héritiers de
(1) Cour d'Olne, vol. XXXV, fol. 5.
(2) Ibidem, vol. XXXIV, fol. 21.
(3) Ibidem, fol. 22.
(4) Nous avons déduit les termes de ce règlement des discussions
postérieures, notamment Cour d'Olne, vol. XXXV, fol. 2 à 5 et vol. XLI,
au 17 et 18 décembre 1767.
(5 et 6) Plusieurs prétendirent qu'on ne pouvait être réélu qu'après
un intervalle de deux ans.
34
— 262 —
Herman Dejong et Anne Hannotte, pour la somme de
16,000 francs (1). Cette acquisition fut approuvée par
le gouvernement hollandais.
Le colonel dOlne céda en mars ou en avril 1756,
la seigneurie à son frère Guillaume-Frédéric, qui n'en
paya jamais le prix entièrement, mais resta redevable
d'une somme de 10,000 écus (2).
Guillaume- Frédéric résida tantôt à t)lne, tantôt
dans les châteaux de Berckt et de Baarlo, dont il avait
hérité du chef de sa mère.
Le colonel d'Olne ayant disparu, les Olnois crurent
qu'ils pouvaient désormais se dispenser de suivre le
règlement imposé par lui pour l'élection des bourg-
mestres. A la première occasion, en 1757, ils s'empres-
sèrent de réélire Henri Delsaute et Hubert Scriver,
malgré leurs fonctions incompatibles. En 1759, ces
deux bourgmestres, dont le mandat touchait à sa fin,
osèrent encore une fois briguer les suffrages des élec-
teurs. Mais cette fois, le baron Frédéric-Guillaume
d'Olne s opposa à leur nomination et invoqua le récent
règlement. Ghisen, drossart de Dalhem, consulté dans
cette circonstance, répondit : « Cette affaire n'est pas
» de mon ressort et dépend entièrement des bons ha-
» bitants d'Olne, ceux-ci ont le pouvoir de nommer
» et de révoquer qui il leur plait (3). » Finalement,
le seigneur fit nommer Servais Arnotte et Jacques
Chabrié.
Vers ce temps, la collation de la simple place de
forestier occasionna bien des déboires au seigneur
d'Olne. Nous savons déjà que les réformés, qui possé-
daient toutes les fonctions judiciaires, se contentaient
parfois d'en percevoir les bénéfices sans même faire
acte de présence.
(1) Cour d'Olne, vol. XXXIV, fol. 93.
(2) Cour de Dalhem, vol. VIII, fol. 95.
(3) Cour dOlne, vol. XXXV, fol. 5.
— 263 —
Ainsi Jacques Delhaes, forestier d'Olne, avait ac-
cepté en août 1764 la place de lecteur à l'église wal-
lonne réformée de Dalhem ; Frédéric-Guillaume d'Olne
le considérant comme démissionnaire par le fait même
de son absence, nomma à sa place le 29 août le nommé
André Régnier. Ce choix fut approuvé par le gouver-
nement hollandais ; Régnier fut reçu par la Cour et
prêta le serment requis (t).
Mais Delhaes, soutenu par le consistoire réformé
de Dalhem, recourut au gouvernement pour être réta-
bli dans sa charge de forestier, sous prétexte qu'il
n'était lecteur de Dalhem que par intérim, et qu'il se
faisait remplacer à Olne par 1 echevin Rennotte (2).
Le gouvernementhollandais accueillit cette demande
et ordonna au seigneur d'Olne de rétablir Delhaes dans
sa charge de forestier (3). Ce qui fut fait le 26 no-
vembre 1764.
Guillaume-Frédéric, voyant que la situation restait
la même et menaçait de devenir définitive, réclama de
nouveau Tannée suivante, sans pouvoir rien obtenir.
Plusieurs mémoires furent écrits pour ou contre Del-
haes (4). Ce ne fut que le 3 avril 1766 que ce dernier
consentit à donner sa démission de forestier (5). En ce
moment, Guillaume-Frédéric n était plus maître du
ban d'Olne. Il fut en quelque sorte un seigneur inter-
mittent, car il avait vendu sa seigneurie, que huit ans
après il devait racheter.
(1) Cour d'Olne, vol. XXXVII, au 17 et au 19 septembre 1764.
(2) Archives pastorales, coll. III, doc. 45.
(3) Cour d'Olne, vol. XXXVII, au 26 novembre 1764.
(4) Archives pastorales, coll. III, doc. 44 et Cour d'Olne, vol.
XXXVII, septembre 1765.
(5) Cour d'Olne, vol. XXXVII, à la dernière page.
— 264 —
XXV.
LES DERNIERS SEIGNEURS D'OLNE.
LA HOUILLÈRE DE GÉRARHEID. LES CATHOLIQUES
EXCLUS DE LA LEVÉE DES TAILLES (DEPUIS i765).
David Régnier était négociant à Londres lorsqu'il
entra en relation avec Frédéric -Guillaume d'Olne.
Celui-ci avait-il engagé la seigneurie comme garantie
d'une dette? Ou, pressé d'argent, l'avait-il vendue à ce
riche marchand? Toujours est-il qu'il s'efforça de res-
ter en possession de la seigneurie et, à partir du
7 mars 1763, soutint un procès contre ce David
Régnier (*).
La vente définitive n'eut lieu que le 3i juillet 1765,
et le contrat rendait David Régnier maître du nouveau
château avec ses dépendances mesurant 12 bonniers,
ainsi que de la maison dite seigneuriale qui était sise
dans le village et avait été habitée par les Buirette (%).
David Régnier vint habiter le nouveau château et
y resta jusqu'à sa mort. Il se montra extrêmement
jaloux de ses droits seigneuriaux et voulut même les
étendre au détriment de la commune. Ainsi, il préten-
dait nommer les régleurs des hameaux et réclamait
pour lui-même les arbres croissant sur les biens com-
munaux.
La Cour d'Olne lui donna tort dans un record que
nous avons cité (3) et qui nous a beaucoup servi dans
l'énumération de nos anciennes franchises locales.
A l'époque où David Régnier (4) était seigneur
d'Olne, était venu se fixer dans notre commune le
(1) Cour d'Olne, vol. XXXVI, à cette date.
(2) Cour de Dalhem, vol. VIII, fol. 95.
(3) Voy.' notre Chap. VII; Cour d'Olne, vol. XXXIX, au 29 jan-
vier 1770 et vol. XL, au 10 septembre 1770.
(4) Les Régnier, dit-on, ont émigré à Olne après la révocation de
Tédit de Nantes.
— 265 —
nommé Joseph Court, major en retraite, homme ins-
truit et généreux, qui devint rapidement populaire au
point detre élu bourgmestre de ce ban à trois reprises
consécutives.
Il s'établit dans sa propriété de la Basse-Rafhay,
où il était voisin de Jean Desaive, cultivateur, qui
habitait dans un endroit nommé Gérarheid, entre
Saint- Hadelin et le Fond-de-Gotte. Sous la propriété
de ce dernier, Joseph Court découvrit une veine de
houille. S'étant associé avec Desaive, il demanda et
obtint du gouvernement hollandais le privilège exclusif
d'exploiter cette veine de houille sur tout son prolon-
gement et prêta serment entre les mains de M. d'Aul-
bonne, receveur des domaines à Maestricht (î). Il fit
reconnaître et enregistrer ce privilège exclusif par la
Cour d'Olne le 9 janvier 1766.
Court ne resta pas longtemps l'associé de Jean De-
saive. A partir de 1767, ce dernier continua seul l'ex-
ploitation, et présenta à la Cour Nicolas Radoux, qu'il
avait choisi comme maître-ouvrier et auquel il fit prê-
ter serment en cette qualité (2). L'exploitation de la
houillère dura au moins dix ans; la surveillance devait
y être fort défectueuse, si nous en jugeons par les nom-
breux accidents mortels, qui nécessitèrent une descente
de la justice d'Olne accompagnée du chirurgien asser-
menté de ce ban (3).
Nous devons reconnaître à Joseph Court un autre
mérite, c'est d'avoir lutté courageusement contre l'ar-
bitraire des réformés qui prétendaient avoir seuls droit
aux emplois lucratifs. On sait déjà que l'emploi de
collecteur des tailles était mis en adjudication pour
trois années et au rabais. Le 5 juillet 1769, le bourg-
mestre Court, assisté des régleurs des différents ha-
meaux et devant toute la communauté assemblée à cet
(1) Cour d'Olne, vol. XXXVIII, fol. 41.
(2) Ibidem, au 14 décembre 1767.
(3) Ibidem, vol. L (rôles d'office), au 3 octobre 1768 et au 24 juillet 177 1 .
— 266 —
effet, mit en adjudication la levée des tailles. Le notaire
Henri Scriver, fils de Hubert, offrit de les lever à rai-
son de 5 % ; d'autres offrirent de les lever avec une
rémunération moindre ; enfin Simar Spirlet, qui avait
déjà précédemment obtenu cette charge, déclara se
contenter de 2 1/2 %. La Cour allait déclarer ce der-
nier adjudicataire, lorsque Scriver fit opposition, allé-
guant qu'un romain ne pouvait être chargé d'exercer
la fonction ambitionnée par Spirlet [\).
Des avocats de Maestricht furent consultés et décla-
rèrent que c'était là non un emploi politique, mais
une charge domestique de la commune, et qu'il fallait
admettre le nommé Simar Spirlet.
Scriver prétendait au contraire que c'était un em-
ploi politique tombant sous le coup de la loi du
icr avril 1660. L'issue de la querelle ne pouvait être
douteuse : la Cour admit Scriver et lui conféra provi-
soirement le droit de lever les tailles. Nouvelle protes-
tation de Court : il fallait, d'après lui, une nouvelle
adjudication, afin que d'autres réformés pussent faire
des offres moins onéreuses pour la communauté. On
passa outre (2).
Les Scriver ou Schryver, dont nous venons de
parler, étaient originaires du pays de Fouron. Instruits
et pratiquant la religion réformée, ils eurent beaucoup
d'influence à Olne à la fin de la domination hollan-
daise. Nous devons reconnaître que leur gestion fut
souvent intelligente. Rappelons notamment que pen-
dant l'hiver de 1771, alors que la peste bovine faisait
des ravages dans les seigneuries environnantes, Hubert
Scriver fit adopter par la Cour de justice un règlement
par lequel il était interdit de transporter dans le ban
d'Olne des bêtes à cornes, des fourrages et des peaux
(1) Cour d'Olne, vol. XXXVIII, fol. 39 et 41 ; pour le fait présent,
vol. XXXIX, au 5 juillet 1769.
(2) Ibidem, vol. XXXIX, au 8 juillet 1769.
— 267 —
d'animaux, sans être muni d'un certificat signé par le
lieutenant-mayeur (i).
Ce fut un des derniers actes du pro-mayeur Scriver.
Le mayeur héréditaire, Everard Nizet, ayant étudié le
droit, obtint le 18 janvier 1773 la permission d'admi-
nistrer sa charge par lui-même (2).
En ce moment, David Régnier n'était plus seigneur
d'Olne: il était mort en 1771. Par son testament du
i5 décembre 1770, il avait laissé la seigneurie à son
fils André, officier au service de S. M. la Reine de la
Grande-Bretagne dans le régiment de Walgrave; l'usu-
fruit et l'administration était réservée à Marthe Ré-
gnier, veuve de David (3).
Le 20 octobre 1773, Marthe Régnier, au nom de
son fils, revendit la seigneurie avec les immeubles à
Guillaume-Frédéric baron d'Olne pour la somme de
18,000 écus payables en 6 années (4).
Guillaume-Frédéric ne fit que quelques rares appa-
ritions au château d'Olne ; c'est de là qu'il data, le
12 juillet 1779, la nomination de deux fonctionnaires
chargés de faire la visite des poids et des mesures dans
le ban d'Olne (5).
Le 3i mai 1774, il avait obtenu de l'évêque de
Liège la permission de faire célébrer la Sainte Messe
dans la chapelle du château (ô). Nous croyons du
reste que cette demeure fut continuellement habitée
par une partie de la famille des d'Olne. C'est ainsi
qu'en 1786 la même permission relative à la célébra-
tion de la Sainte Messe fut accordée à Elisabeth et
Marie-Josèphe d'Olne, filles de Guillaume-Frédéric (7).
(1) Cour d'Olne, vol. XL, au 14 janvier 1771.
(2) Ibidem, vol. XLI, au icr février 1773.
(3) Cour de Dalhem, vol. VIII, fol. i53.
(4) Ibidem, fol. 167.
(5) Cour d'Olne, vol. XLI II, à cette date.
(6) J. Daris, Analectes, t. XIV, p. 356.
(7) Archives pastorales, coll. V, p. 21.
— 268 —
Celui-ci mourut en 1784 et eut pour successeur son
fils Antoine-Joseph, baron d'Olne, qui fut le dernier
seigneur de ce ban. La Révolution française ayant
éclaté et l'invasion des armées françaises ayant emporté
toutes les institutions féodales, Antoine-Joseph, dé-
pouillé de ses prérogatives de seigneur, ne conserva
que les immeubles de sa famille, qui furent vendus
vers i8o5, en sorte qu'aucun lien ne rattacha plus la
commune d'Olne à ses anciens maîtres (i).
Antoine-Joseph .habita continuellement en Hol-
lande, au château de Baarlo, où vient de mourir son
petit-fils, Guillaume- Hubert d'Olne, député aux Etats-
Généraux du royaume des Pays-Bas.
XXVI.
L'ÉGLISE D'OLNE A LA FIN DU RÈGNE
DES CALVINISTES.
Le curé Gaspard Dolne, qui succéda à Clément
Wilkin, était originaire de cette commune et avait déjà
pendant près d'un quart de siècle exercé les fonctions
subalternes du saint ministère dans cette paroisse. A
peine ordonné prêtre, il fut nommé chapelain de
Froidheid, en sa qualité de parent du révérend Renier
Ziane, fondateur de l'office créé dans cette église; il
vint résider dans la maison vicariale dudit lieu et y
tint l'école pendant plus de vingt ans. Il y était déjà
en 1730, car ce fut lui qui accepta en faveur de la cha-
pelle de Froidheid les pieuses libéralités de Pierre
Detilf et de plusieurs autres bienfaiteurs (2).
Il alla pendant un certain temps, aux jours pres-
crits, dire une messe à la Basse- Frai pont et il y sou-
tint vaillamment le curé Wilkin dans sa lutte contre
les habitants de ce hameau. Ceux-ci, sujets du prince
(1) Archives des barons d'Olne, à Baarlo.
(2) Archives pastorales 9 coll. V, doc. 35 et suiv.
— 2G0 —
de Liège et formant une commune distincte, suppor-
taient difficilement l'intervention du curé de la paroisse
et prétendaient administrer à leur guise les affaires de
leur chapelle.
Malgré les défenses réitérées de Clément Wilkin,
ils persistaient à percevoir à l'entrée de leur église, la
somme d'un liard pour les dépenses du culte. On ne
pouvait entrer sans payer; c'était l'aumône obligatoire.
Le comte de Rougrave, vicaire-général de Liège,
frappa la chapelle d'interdit ; l'interdit fut levé lorsque
les habitants eurent fait leur soumission (*).
Nommé en 1752 curé de la paroisse, Gaspard
Dolne conserva l'office de Froidheid, qu'il déchargea
soit par lui-même, soit par ses vicaires, en sorte que
le presbytère de ce hameau resta inoccupé pendant
près de trente ans («). Le nouveau pasteur eut à son
tour des démêlés avec ses paroissiens de la Basse-Frai-
pont : il avait désigné le prêtre Joseph Dechamps
comme vicaire de cette localité ; mais le baron de
Libert, seigneur du lieu et de nombreux habitants,
voulaient conserver le nommé Soiron, prêtre insoumis
et de mauvaise conduite ; de Clercx, archidiacre du
Condroz, eut toutes les peines du monde à faire res-
pecter l'autorité du curé (3).
L'église paroissiale menaçait ruine ; la reconstruc-
tion de i653 avait sans doute été faite dans de mau-
vaises conditions, car les trois nefs construites alors
menaçaient ruine, tandis que les parties anciennes
continuaient à défier les injures du temps.
Nous croyons que le Chapitre de Saint-Adalbert
intervint dans les frais de la reconstruction, confor-
mément aux anciens records, mais l'honneur de l'en-
treprise revint à la communauté du ban d'Olne. En
(1) Archives pastorales, coll. V, doc. 9, 10, 11 et 12. Les habitants
réclamaient aussi le droit d'élire leur prêtre, et d'autres droits trop longs
à détailler.
(2) Ibidem, doc. 5i.
(3) Ibidem, doc. 21 et 22. 35
— 270 —
dehors de ce ban, trois autres petites communes fai-
saient partie de notre paroisse : celle de Mont-Saint-
Hadelin, celle de Nessonvaux et celle de la Basse-
Fraipont ; dès le 3o juillet 1759, les bourgmestres
Scriver et Delsaute écrivirent à ces trois communautés
pour demander leur intervention dans les frais de la
bâtisse ; la réponse fut négative ; celle des manants de
la Basse-Fraipont fut péremptoire : que le gouverne-
ment hollandais fasse la dépense, ou que les Olnois se
servent de leur église de Froidheid (i) !
Les bourgmestres portèrent plainte devant la justice
d'Olne (2), mais celle-ci était désarmée, les trois com-
munes en question n'étant pas sous sa juridiction.
L'autorisation du gouvernement fut accordée au mois
d avril 1760 et, le 25 avril, les travaux furent mis en
adjudication (3). La reconstruction ne fut achevée que
Tannée suivante; la présence des réformés ne permet-
tait pas que le nouveau temple fut consacré; Gaspard
Dolne demanda la faculté de le bénir, ce qui lui fut
accordé le 17 novembre (4). Le curé ayant voulu intro-
duire quelques changements dans la disposition du
mobilier, le consistoire des réformés s'y opposa et en
informa le gouvernement hollandais qui fit de sérieuses
remontrances au curé à ce sujet (5).
Le curé Gaspard Dolne, homme conciliant et paci-
fique, fut estimé par les réformés eux-mêmes, ce qui
ne l'empêcha pas d'être insulté par un réformé nommé
Jurdan Guérin, qui vint le provoquer jusque dans sa
maison et jusque dans l'église ; cet homme fut con-
damné par la Cour d'Olne à une amende de 5o flo-
rins et aux frais qui s'élevèrent à 120 florins (ô). Le
(1) Archives pastorales , coll. V, doc. 16.
(2) Cour d'Olne, vol. XXXVI, au 29 juin 1761.
(3) Ibidem , au 23 juin et au 26 août 1760.
(4) Archives pastorales, coll. III, doc. 42 bi*.
(5) Ibidem, doc. 41 et 42.
(6) Cour d'Olne, vol. LI, aux 4, 18 et 25 janvier 1779.
— 271 —
curé survécut peu à cet événement, il mourut en 1780.
Son successeur, Arnold- François Arnotte, était
également un enfant d'Olne. Il était fils de Jàcquemin
Arnotte, ancien bourgmestre de ce ban ; il se distingua
tellement dans l'étude de la théologie que le nommé
Jean Malherbe, propriétaire à Vaux-sous-Olne, réso-
lut de lui céder diverses rentes et de lui fournir ainsi
un titre clérical, en attendant qu'il fût suffisamment
pourvu, ce qui arriva en 1749, lorsque le jeune prêtre
obtint le bénéfice de Saint-Hadelin (i).
Arnold- François Arnotte fut, pendant toute sa vie,
très lié avec les membres de la famille des barons
d'Olne. En différentes circonstances, il fut chargé de
défendre les intérêts de cette famille (s). Ce fut sur les
instances réitérées du vicaire Arnotte que Guillaume-
Frédéric dOlne consentit en 1773 à racheter la sei-
gneurie, et il figure dans l'acte d'acquisition au nom
de ce dernier (3).
Arnotte postula la charge de curé en 1780, à la
mort de Gaspard Dolne. Il mit en œuvre toutes ses
influences et obtint même le certificat suivant du con-
sistoire réformé d'Olne :
Nous les conducteurs de l'église réformée d'Olne certifions,
à la réquisition de Monsieur Arnold-F. Arnotte, vicaire de cette
paroisse, qu'il ne nous a jamais donné aucun sujet de plainte dans
les fonctions qu'il a remplies comme prêtre et vicaire ; qu'au con-
traire il s'est toujours conduit avec prudence pour conserver
Tordre et la paix entre les membres des deux religions ... et sa
promotion à la cure d'Olne nous serait très agréable, en foi de
quoi nous lui avons donné la présente attestation, scellée du sceau
de notre consistoire, pour lui servir où il en sera besoin (4).
Ce certificat est signé par Loire, pasteur, H. Schriver,
(1) Archives pastorales y coll. III, doc. 46ter.
(2) Cour d'Olne, vol. XXXIV, au 24 janvier 1757 et suivants, passim ;
Correspondance d' Arnotte, à Baarlo.
(3) Cour de Dalhem, vol. VIII, fol. 172.
(4) Archives pastorales, coll. III, doc. 48.
- 272 —
ancien, Lcmoinc et Régnier, diacres. Le cachet en
cire rouge représente une église sur un rocher avec
l'inscription : « Christ est mon rocher. » Nous citons
textuellement ce certificat pour montrer de quelle
influence disposaient les réformés même auprès du
Chapitre de Saint-Adalbert, collateur de la cure.
La paroisse d'Olne était, à cette époque, une des
plus considérables du pays. Arnotte s efforça de lui
conserver son importance en combattant la demande
des habitants de la Basse-Fraipont qui réclamaient
1 érection de leur section en paroisse distincte ; or, cette
érection s'imposait et des motifs impérieux la rendaient
inévitable (i).
Au moment où l'évêque Constantin de Hoensbroeck
accordait le décret d'érection de la paroisse de Frai-
pont, le ban d'Olne avait vu tomber le joug plus que
séculaire des protestants. Evénement important entre
tous, et qui mérite bien que nous lui consacrions un
chapitre spécial.
XXVII.
FIN DE LA DOMINATION DES CALVINISTES
ET PÉRIODE AUTRICHIENNE. LUTTE DES OLNOIS
CONTRE LE CHAPITRE DE SAINT-ADALBERT
(1785-1789).
Les conflits qui avaient surgi entre l'empereur
Joseph II et les Etats-Généraux de Hollande furent
aplanis le 8 novembre 1785 par le traité de Fontai-
nebleau.
Cet accord rendit le ban d'Olne à la maison d'Au-
triche. Il fut réuni avec le comté de Dalhem, aux
autres pays d'Outremeuse et au duché de Limbourg,
un des Etats des Pays-Bas-Autrichiens (2).
(1) Archives pastorales, coll. V, doc. 26 et 27.
(2) Une partie des pays d'Outremeuse resta à la Hollande.
— 273 —
Voici la circulaire qui vint apprendre cette nou-
velle aux habitants du ban d'Olne :
Le receveur des domaines des pays d'Outremeuse ... fait
savoir et notifie au nom de leurs Nobles Puissances aux habitants
des bans, villages et seigneuries d'Olne, Blégny, Trembleur ...
ainsi que de la ville de Dalhem, lesquelles ont été cédées par leurs
Hautes Puissances à S. M. Impériale et Royale par le traité de
paix conclu à Fontainebleau le 8 novembre 1785, que par l'article 2 1
dudit traité il a été stipulé qu'il sera libre aux sujets respectifs
de se retirer des pays qui viennent d être cédés réciproquement,
et que ceux qui resteront jouiront du libre exercice de leur reli-
gion 0).
Les catholiques d'Olne apprirent avec un vif senti-
ment de joie la nouvelle de ce changement politique;
ils approuvèrent la liberté qu'on laissait aux réformés
de pratiquer leur religion, mais ils s'imaginaient qu'au
moins leur église ne servirait plus désormais qu'au
culte catholique, et que le presbytère serait rendu à
leur curé.
En cela ils se trompaient : l'empereur Joseph II
était un voltairien qui prétendait réformer la religion
et le clergé ; le gouvernement des Provinces Belges à
Bruxelles était imbu des mêmes principes. Sous un
faux prétexte de tolérance, on exigea le maintien de la
situation telle qu'elle était sous les Hollandais. Les
réformés, qui n'étaient qu'une poignée, conservèrent
ainsi l'usage exclusif de l'église depuis neuf heures du
matin jusque midi, et le ministre Borel resta en pos-
session du presbytère.
Les catholiques d'Olne eurent Pespoir que le gou-
vernement ferait cesser cette situation s'il était parfai-
tement renseigné sur l'état des affaires religieuses dans
ce ban.
Pleins de cette confiance, le curé Arnotte, les deux
bourgmestres et les échevins catholiques envoyèrent la
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 52.
— 274 —
supplique suivante aux archiducs Albert et Marie de
Saxe-Teschen, gouverneurs des Pays-Bas :
C'est avec un profond respect que les soussignés : curé, mayeur,
bourgmestres et échevins catholiques du ban d'Olne au comté de
Dalhem, lieu heureusement rentré sous la domination de S. M.
l'Empereur et Roi ... ont l'honneur de réprésenter à Vos Altesses
Royales que depuis la possession dudit lieu prise le 17 juin 1786,
les Calvinistes ou prétendus réformés n'ont cessé de fréquenter
l'église paroissiale, enterrer les morts et y faire le prêche comme
de coutume, en devant leur laisser ladite église libre depuis neuf
heures jusqu'à onze, sonner les cloches et, aux jours de leur com-
munion, ce qu'ils appellent la Cène, ils sonnent pour distinction
la cloche décimale comme ci-devant lorsqu'ils étaient de la religion
dominante.
Que plus est, on doit laisser pendre les rideaux ordinaires pour
cacher nos autels pendant leur prêche et prévenir le ministre pro-
testant aux jours de nos processions permises et usitées pour qu'il
n'y ait pas du désordre et de la confusion à la rentrée des dites
processions dans l'église.
Ce qui gêne encore plus, c'est qu'aux jours solennels où il y a
un grand concours de peuple pour les confessions, on doit dès les
neuf heures cesser toute fonction et renvoyer le peuple.
Comme la paroisse contient environ deux mille cinq cents com-
muniants, la matinée est trop courte pour pouvoir y faire célébrer
les trois messes d'usage et faire la prédication, et pendant leur
prêche on est souvent obligé, attendu la quantité des paroissiens, de
se rendre à la chapelle de Froid heid, éloignée de la paroisse d'un
bon quart de lieue pour y chercher les sacrements pour les malades.
Les protestants dudit Olne sont seulement au nombre de trente-
cinq communiants, dont très souvent il n'y en a pas dix dans
1 église. Ils ont une maison spacieuse audit Olne leur appartenant
en commun, entourée de murailles avec deux jardins y contigus,
très propres pour leur prêche et cimetière.
Gêner une paroisse aussi nombreuse pour une si petite poignée
de gens, tandis qu'une chambre leur suffit !
Ce qui oblige les soussignés d'avoir recours à vos Altesses
Royales, afin qu'elles daignent ordonner auxdits protestants de se
conformer à la dépêche de Vos Altesses Royales du 12 novembre
1781, adressée à la Haute Cour de Limbourg, sur la Tolérance ci-
vile des Protestants, et spécialement à l'art. III de la dite dépêche.
C'est la grâce ... (1).
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 5i.
— 275 —
Cette supplique n'eut aucun résultat, et les choses
restèrent dans le même état. Cependant la situation
des catholiques ne laissait pas d'être sensiblement
améliorée, car les réformés n'étaient plus omnipotents
et ne disposaient plus des fonctions rétribuées.
Les échevins ou juges restèrent en place, mais à
chaque vacance un catholique était nommé. La justice
fut réorganisée : il y eut un tribunal d'appel à Dalhem,
dont on pouvait appeler à la Haute-Cour de Lim-
bourg (4). Une école fut établie au village, et les enfants
catholiques ne furent plus obligés d aller chercher la
science au pays de Liège (2). Les chanoines de Saint-
Adalbert durent se réjouir plus que les Olnois eux-
mêmes de ce changement de régime, car ils se trou-
vaient libérés du tribut annuel de 200 écus que pendant
cent vingt ans ils avaient dû payer au gouvernement
hollandais pour le rachat de la dîme.
Le gouvernement des Pays-Bas autrichiens se
borna à interpeller le Chapitre pour qu'il eût à pro-
duire les titres en vertu desquels il prétendait jouir de
la dîme d'Olne. Ces titres furent produits et le gouver-
nement se tint pour satisfait (3).
En vertu des anciens records, le Chapitre devait
entretenir un prêtre à Olne; il ne devait donc pas à la
rigueur subvenir à la subsistance des vicaires et autres
prêtres auxiliaires que l'augmentation de la population
avait rendus nécessaires. De fait, sous la domination
hollandaise, le Chapitre ne pouvait faire cette dépense ;
la communauté des habitants s'en chargeait et désignait
les vicaires par voie d'élection ; or, à partir de 1785,
elle voulut forcer les chanoines, devenus plus riches,
à contribuer plus largement aux frais du culte.
Les bourgmestres Boulanger et Desaga eurent, en
janvier 1789, une entrevue avec deux chanoines dé-
fi) Cour d'Olne, vol. XLV, au 27 octobre 1788.
(2) Archives pastorales , coll. V, doc. 45.
(3) Ibidem, coll. III, doc. Go.
- 276 —
pûtes par le Chapitre. Ceux-ci promirent une somme
annuelle de 55o florins pour l'entretien des vicaires
et les nécessités du culte. Dans une assemblée gé-
nérale de la communauté, qui eut lieu le 25 février»
les deux bourgmestres rendirent compte du résul-
tat de leur mission. On accepta les 55o florins, à
condition que les vicaires seraient électifs et dési-
gnés par la communauté ; on invita les chanoines
à désigner un jour pour une entrevue avec les adhé-
rités du ban cTOlne qui seraient convoqués à cet
effet (i).
11 ne convenait pas aux chanoines de se rendre à
pareille sommation et de venir comparaître à la barre
des manants assemblés ; ils se dirent que s'ils payaient
les vicaires, ils étaient en droit de les nommer d après
ce principe : qui paie commande (s).
En conséquence, ils résolurent de ne plus corres-
pondre avec la communauté et de trancher la difficulté
par un accord avec le curé Arnotte : un acte fut passé
le 8 mai de la même année devant N.-J. Legros,
notaire à Soiron, aux conditions suivantes :
i° Le Chapitre versera entre les mains du curé
une somme annuelle de 450 florins pour l'entretien des
deux vicaires et le curé devra payer ceux-ci en deux
termes : à la Saint-Jean et à la Noël.
20 Le Chapitre versera également entre les mains
du curé une somme annuelle de 100 florins pour les
dépenses du culte.
3° Le curé sera chargé par le Chapitre de choisir
et nommer les vicaires qu'il jugera convenables (3).
Comme on pense bien, cette convention ne fut pas
du goût de la communauté, car tout s'arrangeait sans
son intervention. C'est pourquoi les bourgmestres ob-
tinrent du baron Antoine-Joseph d'Olne la faculté de
(1) Archives pastorales , coll. III, doc. 54.
(a) Ibidem t doc. 55.
(3) Ibidem, doc. 56.
— 277 —
convoquer une nouvelle assemblée pour le 21 no-
vembre (i).
Nous ne savons quel fut le résultat de cette réunion.
Il est probable que les événements politiques dont
nous allons parler vinrent donner d'autres préoccupa-
tions à la population olnoise.
XXVIII.
LES BELGES INSURGÉS CONTRE JOSEPH II.
BATAILLE D'OLNE ET RETOUR DES AUTRICHIENS
(1789-1791).
La résistance que les Belges opposèrent aux ré-
formes tentées par Joseph II dégénéra en insurrection.
A la fin de l'année 1789, les Autrichiens furent chassés
du Brabant, et, en 1790, ils évacuèrent Hervé et toute
la province de Limbourg (2).
Ces événements eurent leur contre-coup à Olne.
Borel, le ministre calviniste, ne se trouva plus en sûreté
et se retira à Eysden sous la protection du gouverne-
ment hollandais. Bien loin d'être prêt à donner sa vie
pour son troupeau, il s'enfuit devant le danger comme
le pasteur mercenaire dont parle l'Evangile. Combien
différente avait été la conduite de Delva !
Le départ de Borel laissait libre le presbytère d'Olne
et le curé Arnotte se disposa à en prendre possession.
Les Etats du duché de Limbourg, insurgés contre
l'Autriche, étaient favorables aux revendications des
catholiques ; et un décret du 3 juillet 1790 autorisa le
curé à rentrer dans la jouissance pure et simple de
la maison pastorale ; il fut donc dispensé, pendant
la courte période d'indépendance nationale, de payer
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 57.
(2) Hervé était le véritable chef-lieu de cette petite province. La
petite ville de Limbourg ne l'était que de nom.
»5
— 278 —
la somme de n3 florins au gouvernement (i). Voici com-
ment les calvinistes racontent l'invasion des patriotes :
« Consistoire tenu à Olne le 10 juillet 1790. Le trou-
» peau de cette église étant assemblé le 4 courant pour
» rendre ses hommages au Tout-Puissant, a été chassé
» de l'église par des soldats brabançons armés ; le 5
» dito ils ont trouvé à propos de briser une caisse qui
» reposait dans les bâtiments ci-devant habités par
» nos pasteurs, et qui renfermait une quantité considé-
» rable de livres, papiers, registres et lettrages qu'ils
» ont emportés et déchirés ... et Froumy garde-maison
» a été obligé de déloger et chercher asîle ailleurs. La
» nuit du 7 au 8 dito Mr le révd curé a pris possession
» desdits bâtiments et biens possédés ci-devant par les
» pasteurs réformés ... (2). »
Cependant les Autrichiens, ayant reçu de puis-
sants renforts, se disposaient à se remettre en posses-
sion des provinces belges, et le duché de Limbourg
était lune des premières régions exposées à leurs entre-
prises.
De Luxembourg, leur quartier-général, ils s'avan-
cèrent à la fin de juillet jusqu'au bord de la Meuse,
près de Namur.
Vers le 20 juillet, un corps autrichien commandé
par le baron d'Aspre, vint camper à Sprimont (3). Aus-
sitôt, Monsieur de Schiplaeken, intendant militaire de
la province de Limbourg, qui commandait le camp
des patriotes belges entre Hervé et Battice, envoya
vers Sprimont deux compagnies sous les ordres du
major Letange, pour forcer les Impériaux à rebrousser
chemin. Le 27 juillet, Letange attaqua ces derniers à
un quart de lieue de Sprimont; mais après un combat
de deux heures, il fut forcé de battre en retraite et vint
(1) Archives pastorales, coll. IV, pp. 27, 28 et 29.
(2) Actes du consistoire de V église wallonne a^Olne, p. 162.
(3) Journal général de l'Europe, année 1790, t. IV, p. 2o5.
— 279 —
avec ses hommes camper sur la campagne du Filpeau
près du village d'Olne (i).
Informé de l'état des choses et craignant une attaque
des Impériaux sur Hervé, le commandant de Schip-
laeken résolut de les prévenir, quitta Battice avec le
reste de ses troupes et vint rejoindre à Olne la troupe
du major Letange. Les officiers supérieurs logèrent au
village, les autres trouyèrent un refuge au camp sur le
Filpeau (3). Ceci se passait le lundi 2 août.
Nous empruntons ici le récit (3) d'un chroniqueur
contemporain :
Monsieur d'Aspre ayant été informé que des troupes braban-
çonnes, tant infanterie que cavalerie, avaient formé un camp sur
la gauche du village d'Olne, conçut le dessein de les surprendre.
En conséquence il fit partir lundi dernier à minuit un petit corps
... ce détachement, pour mieux cacher sa marche, fut contraint de
traverser et de gravir des rochers et des précipices, ce qui joint à
la pluie qui ne cessa de tomber, la rendit extrêmement pénible.
Les Autrichiens néanmoins arrivèrent à Olne à 6 heures et demie
du matin, et pénétrèrent jusqu'à l'entrée du camp ennemi sans
avoir été découverts. Ils ne le furent que par la précipitation de
deux de leurs soldats, qui firent feu sur deux dragons de Tonger-
loo, qui plus vigilants que les autres s'occupaient à panser leurs
chevaux. Ce bruit répandit l'alarme : on battit la générale, on cria
aux armes, mais tout se fit en tumulte, sans ordre, avec confusion.
Les Autrichiens ne donnèrent pas aux Belges le temps de se recon-
naître ; l'infanterie ayant à sa tête le brave commandant d'Aspre,
pénétra dans le camp d'un côté, tandis que la cavalerie commandée
par le premier lieutenant ... des hussards de Wurmser y entra de
l'autre. Cependant les Brabançons quoique surpris, firent d'abord
une résistance vigoureuse, et firent feu jusqu'à huit heures et demie.
Mais enfin ils furent obligés d'abandonner leur camp, et se reti-
rèrent dans le village. Le commandant autrichien courut à l'instant
(1) Car le récit qui suit place ce camp sur la gauche d'Olne ; sur la
gauche, en partant de Hervé, où l'écrivain se trouvait. Journal général
de l'Europe, année 1790, t. IV, p. 2o5, note.
(2) Ibidem, p. 207.
(3) Ibidem, p. 206. Ce journal, créé par des Français pour la pro-
pagande révolutionnaire, dans leur pays, est opposé aux patriotes
belges.
— 280 —
aux canons, les pointa lui-même, et faisant à la fois les fonctions
de chef et de canonnier, ses décharges furent si heureuses qu'il
délogea bientôt les Belges des haies où ils s'étaient postés. Alors
la déroute fut générale et complète ; ils abandonnèrent leur camp,
leurs canons, dont un de trois livres de balle, et deux d'une livre,
tous les bagages et nombre de chevaux tant de selle que de trait ;
tout enfin est resté au pouvoir des vainqueurs. Les vaincus se sau-
vèrent à la hâte et dans le plus grand désordre, quelques-uns
presque nus, entr autres le lieutenant Henrotay, qui est arrivé à
Ensival en chemise et n'ayant qu'un bas. La plupart prirent la
route de Liège ou de Verviers, quelques-uns celle de Visé, Maes-
tricht ou Aix-la-Chapelle; plusieurs ont déjà pris parti parmi les
Autrichiens. La perte de ceux-ci n'est en tués que quatre hommes,
dont deux hussards, un grenadier et un fusilier ; en blessés, un
grenadier et un fusilier ; en chevaux, trois. Mais la perte des
Belges est d'environ 5o ou 80 tués et de trois cents blessés ; on a
déjà retrouvé quantité de cadavres dans les grains. Un capitaine
des chasseurs et le lieutenant Mertens sont très-certainement du
nombre des morts ; il n'est pas également vrai que l'aumônier Bro-
sius aît perdu la vie, puisqu'on l'a revu le lendemain à Liège ...
Les commandants belges ont attribué ce cruel désastre à une
trahison des habitants de la province de Limbourg, mais il paraît
plutôt qu'ils n'ont été trahis que par leur imprudence, leur indis-
cipline, leur peu de prévoyance, la sécurité impardonnable des
chefs. Il était six heures du matin, et tout le camp était encore
enseveli dans le plus profond sommeil ; ce fut le bruit de la mous-
quetterie qui les réveilla, et ce terrible réveil ne leur offrit que
l'image de la mort, une troupe de dragons et de hussards forcenés
qui renversaient les tentes et massacraient ceux qu'ils trouvaient
endormis, sans épargner les femmes ni les enfants. Il n'y avait
point d'officier supérieur au camp : le commandant en chef de
Schiplaeken et le major Letange avaient logé au village et eurent
beaucoup de peine à regagner le camp, d'où ils repartirent bientôt
prenant la route de Liège. La négligence enfin était portée au
point que malgré qu'on sût l'ennemi peu éloigné, les canons
n'étaient point chargés, qu'il n'y avait pas même de feu au camp,
et qu'à peine on avait songé à mettre trois sentinelles à quelques
pas des tentes ...
Dans son numéro du g août 1790 (i) le même jour-
nal rectifie plusieurs erreurs qui s'étaient glissées dans
(1) Journal général de V Europe, année 1790, t. IV, p. 210.
— 281 —
son premier récit, c'est-à-dire dans celui que nous
venons de transcrire :
... Nous avons reçu de nouveaux détails sur l'affaire d'Olne;
les deux partis nous ont écrit pour relever quelques erreurs ...
nous nous faisons un devoir de les satisfaire l'un et l'autre.
Quelques morts Brabançons sont ressuscites, à mesure que le
temps a permis de recevoir des nouvelles de tous les endroits où
en fuyant ils s'étaient réfugiés. C'est ainsi qu'on a vu reparaître
le capitaine Elliard, le lieutenant Mertens, l'aumonier Brosius et
d'autres d'un ordre plus obscur. En général, les patriotes réduisent
à 20 le nombre de leurs morts, à 5o celui de leurs blessés ; nous
aimons à le croire, jamais la destruction de l'espèce humaine
n'aura de charmes pour nous. Ah ! que ne peuvent les deux partis
déposer et leurs haines et leurs armes, se réconcilier sincèrement,
songer qu'ils sont concitoyens, qu'ils sont frères, mettre un terme
enfin à ces querelles sanglantes qui désolent les familles !
On accuse d'erreur encore l'aventure de la retraite du lieutenant
Henrotay, qu'on disait arrivé à Ensival en chemise et avec un
seul bas. Cet officier s'y est effectivement retiré, mais après avoir
fait une vigoureuse résistance, et avec tout son bagage. C'est un
autre officier qui s'est sauvé dans le costume annoncé; il n'y avait
donc qu'erreur de nom. Ne connaissant pas plus l'un que l'autre,
on croira sans peine que nous n'y avons mis aucune méchanceté.
Nous nous pardonnons moins un passage relatif à la conduite
des Autrichiens, que nous avons reconnu être à la fois une injure
et Une injustice. Il est faux, et nous en avons la preuve certaine,
que leurs hussards aient massacré des femmes et des enfants,
même dans la première chaleur du combat . . .
Le curé Arnotte nous a aussi laissé quelques lignes
concernant cette bataille ; il nous dit que de sa mai-
son pastorale il put voir une partie du combat; c'est
donc bien l'endroit dit le Filpeau qui fut le théâtre
de la lutte. Ayant appris qu'il y avait beaucoup de
morts et de blessés dans la campagne, Arnotte fit une
démarche dont il nous a laissé une relation.
Il alla trouver le commandant baron d'Aspre pour
lui offrir son ministère. Le baron d'Aspre agréa sa
demande et le chargea d'enterrer les morts et de faire
soigner les blessés; il lui accorda une escorte qui l'ac-
compagna de tente en tente, et avec l'aide de laquelle
— 282 —
il put donner tous les soins que réclamaient le corps
et l'âme des pauvres soldats belges.
Plusieurs des blessés étaient étendus devant le
presbytère ; le curé les soigna ; il en découvrit d'autres
qui s'étaient réfugiés dans des maisons écartées, et en
administra plusieurs, parmi lesquels un capitaine qui
mourut des suites de ses blessures (\).
Le même jour où ils triomphèrent à Olne, les Im-
périaux s'emparèrent de Hervé et d'une grande partie
du duché de Limbourg; mais leur succès ne fut pas de
longue durée, car des renforts arrivèrent aux patriotes,
et ils se réunirent aux environs de Liège au nombre
de quinze cents, d'autres disent deux mille. Le 7 août,
ils s'avancèrent sur la chaussée dans la direction de
Hervé. A mi-chemin, entre Soumagne et Hervé, eut
lieu le choc des deux armées. Les Autrichiens furent
battus et perdirent les canons, caissons, tentes, bagages
et autres effets par eux enlevés à Olne. Pendant la
lutte, un coup de fusil partit d une maison de paysan
située près de la chaussée, et vint frapper le brave et
estimable lieutenant-colonel de Restaing ; ce qui fut
cause qu'on mit le feu à cette maison. Depuis lors et
encore aujourd'hui, cet endroit porte le nom de Mai-
son brûlée. Cet accident et quelques autres coups de
feu qui partirent des maisons de Hervé furent cause
de graves désordres et du pillage de cette ville, que les
chefs de l'armée belge tentèrent en vain d'empêcher (2).
Tant d'exploits ne profitèrent pas aux patriotes, car
la discorde éclata entre eux, surtout entre les chefs et
elle fit plus que les armes autrichiennes. Déjà le
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 58. Les vieillards d'Olne, qui
dans leur jeune âge ont entendu parler de cette bataille, rattachent par
erreur cet événement à l'invasion française ; celle-ci n'eut lieu que deux
ans plus tard.
(2) Journal général de rEurope, année 1790, t. IV, p. 383, note.
Del vaux, article Xhendelesse. Les rédacteurs du journal, toujours défa-
vorables aux patriotes, disent que de Restaing a été tué par un de ses
propres soldats, dont le coup est parti par accident.
— 283 —
14 août un nouveau corps autrichien vint réoccuper
la ville de Hervé et le ban d'Olne donna passage à son
arrivée, comme nous l'apprend notre chroniqueur :
Un nouveau corps d'environ 900 hommes composé d'infanterie,
de dragons et de hussards d'Esterhazy était arrivé hier par la route
d'Aywaille et d'Olne sous les ordres du comte de Gontreuil, colonel
du régiment de ligne qui est, pense- t-on, commandant de cette
ville et de toutes les troupes du Limbourg renforcées encore hier
par 200 hommes (1).
Avant la fin de 1790, toute la Belgique était rentrée
sous le joug. Le gouvernement autrichien laissa le
curé en possession du presbytère, mais il dut payer le
fermage de 1 13 florins que le ministre Borel avait payé
auparavant.
Les membres du consistoire réformé d'Olne, crai-
gnant d être dépossédés aussi de l'église, adressèrent
une requête au gouvernement des Pays-Bas autrichiens
qui l'accueillit avec complaisance.
Voici le texte de la réponse envoyée aux direc-
teurs de l'église réformée d'Olne :
Leurs Altesses Royales (Albert et Marie de Saxe-Teschen)
ayant eu rapport de cette requête et de l'avis y rendu par le con-
seiller fiscal de Limbourg, elles ont déclaré comme elles déclarent
qu'il est libre aux suppliants d'exercer le culte de leur religion à
Olne, comme par le passé, bien entendu néanmoins qu'ils s'arran-
geront de gré à gré sur les heures du service avec le curé catho-
lique ... déclarant au surplus L. A. R. que les suppliants pour-
ront se pourvoir d'un nouveau pasteur pour remplacer celui qui a
quitté à l'époque du 5 juillet 1790 et que ce pasteur jouira comme
ci-devant, à charge des finances royales, d'un gage annuel de six
cents florins de Hollande, payable par la recette générale du
domaine de Limbourg (2).
Les prévisions du gouvernement ne s'accomplirent
pas, aucun nouveau ministre ne vint s'établir à Olne,
et comme le nombre des calvinistes diminuait d'année
(1) Journal général de FEurope, année 1700, t. IV, p. 396.
(2) Archives pastorales, coll. III, doc. 5q.
1
— 284 —
en année, il n'y eut plus désormais dans notre commune
de ministre de cette religion. Les réformés furent sou-
mis à la juridiction du ministre de Verviers.
Ils ne firent plus usage de l'église paroissiale que
de loin en loin et ordinairement à l'occasion de l'en-
terrement de leurs coreligionnaires. En ce cas on
sonnait les cloches comme pour les catholiques, on
introduisait le corps dans 1 église et un ministre protes-
tant adressait à l'assistance un discours funèbre du
haut de la chaire de vérité.
Si aucun ministre protestant ne vint s'établir à
Olneni en 1791 ni en 1792, nous devons peut-être l'at-
tribuer aux graves événements politiques qui se prépa-
raient. En ce moment l'ancien ordre public et social
tremblait sur ses bases : la Révolution triomphait à
Paris et les armées françaises s'avançaient vers notre
pays. La période française allait commencer.
XXIX.
INVASION FRANÇAISE ET FIN DU BAN DOLNE.
LA COMMUNE D'OLNE DEPUIS 1792.
Il était écrit dans les décrets divins que le ban
d'Olne ne jouirait jamais de quelque tranquillité. Deux
ans s'étaient écoulés depuis la bataille d'Olne, lorsque
les révolutionnaires français, sous la conduite de Du-
mouriez, envahirent la Belgique. Nous ne dirons rien
de cette première occupation qui ne dura que trois
mois et nous garderions le même silence sur le retour
offensif des Autrichiens en 1793, sans un fait d'armes
qui eut lieu sur les confins de notre territoire. Le
4 mars de cette année, l'aile gauche de l'armée autri-
chienne attaqua près de Hervé un corps français, le
délogea de son poste et le repoussa sur la chaussée
jusque près de Liège. Le choc le plus violent eut lieu
à l'endroit nommé Thier du Grand-Houx où un pli du
— 285 —
terrain permit aux Français de faire volte-face et de
résister pendant assez longtemps à l'ennemi (i).
On sait que les Autrichiens furent chassés de nou-
veau en juin 1794, après la bataille de Fleurus, et que
les Français se maintinrent chez nous sans interruption
jusqu'en 1814.
On sait aussi quel fut le résultat de ces invasions
pour notre malheureux pays, auquel les sans-culottes
promettaient la liberté, l'égalité, la fraternité ; jamais
nos populations ne furent plus infortunées. L'année
1794 fut particulièrement désastreuse; elle est connue
sous le nom de maie année, parce que toutes les cala-
mités s'unirent pour faire de cette année la plus rui-
neuse dont on ait gardé le souvenir (2). Il suffira, pour
donner une idée de ce que souffrirent nos pères, de
rappeler qu'on ne mangea guère de pain pendant cette
année néfaste, on se nourrissait de pommes de terre,
de légumes et même de racines sauvages.
Les partisans de la France disaient que ces cala-
mités étaient compensées par les bienfaits de la Révo-
lution notamment par la suppression de la dîme et des
seigneuries ; en effet, un des premiers actes des Fran-
çais avait été de faire table rase de nos anciennes insti-
»
tutions.
Nous reconnaissons volontiers que le régime sei-
gneurial avait beaucoup d'inconvénients, et, pour ne
parler que de l'organisation judiciaire dans les sei-
gneuries, nous avouons que cette organisation était fort
défectueuse et fort onéreuse pour les justiciables dont
le nombre était très restreint et peu en rapport avec le
personnel multiple des Cours. Aussi, voyons-nous sou-
vent les tribunaux des seigneurs s'occuper de véritables
(1) Ancienne Galette de Liège par Desoer, du mardi 12 mars 1793,
p. 5.
(2) Ces détails sont donnés par Nautet, Notices historiques sur Van»
cien pays de Liège, t. III, p. 349. Cet historien raconte qu'à Verviers
seul quatre mille personnes périrent ; le cimetière ne suffisait plus à
enterrer les morts.
37
— 286 —
niaiseries à défaut de causes sérieuses. Il serait certes
puéril de le nier, l'organisation actuelle est infiniment
préférable.
Quant à la dîme, on admet généralement que c est
aux fidèles à fournir les moyens de subsistance à leurs
prêtres, afin que ceux-ci soient exempts de tout souci
temporel ; dès lors, qu y avait-il de si odieux dans la
perception de la dîme ? Celle-ci se payant en nature,
on peut dire que le cultivateur était moins exposé à
donner de son nécessaire pour nourrir le clergé : si
la récolte était abondante, il donnait volontiers une
dîme copieuse ; si la récolte était maigre, chétive aussi
était la dîme; à Olne, celle-ci consistait toujours dans
la onzième partie de la récolte. Dans la joie et l'abon-
dance aussi bien que dans la disette et la désolation,
le pasteur partageait le sort de ses ouailles. Quoi de
plus juste et même de plus édifiant?
Ajoutons que les Français ont remplacé la dîme
par une contribution foncière onéreuse, et par un
impôt plus odieux encore, celui du sang, car ce fut
alors que fut introduite la conscription militaire.
Ce fut vers la fin de Tannée 1795 que les dîmes
furent supprimées ; à rapproche de la moisson de 1796,
le gouvernement français fit renouveler la défense de
payer la dîme (4), défense inutile, car la gêne inouïe
des cultivateurs était cause qu'une grande quantité de
terrains était restée inculte (2).
Toute l'ancienne organisation ayant été supprimée,
l'anarchie régna à Olne pendant près de deux ans. Ce
ne fut qu'en 1 796 que le citoyen Boutenville, délégué
par le gouvernement, désigna un agent municipal,
P. S. Detiffe, et un adjoint qui fut le nommé J. Jur-
dant ; ce dernier paraît s'être surtout occupé des
(1) J. Daris, Histoire de la principauté et du diocèse de Liège,
t. III, p. 76.
(2) Nautet, Notices historiques sur V ancien pays de Liège, t. III,
p. 35 1 .
J
— 287 —
affaires de la commune (i) ; mais ni lui ni son collègue
ne furent de fort zélés républicains, car ils montrèrent
une grande nonchalance à obéir aux ordres du chef
du département de l'Ourthe : ayant reçu Tordre, en
1797, de descendre les cloches, de les briser et de les
peser, ils firent la sourde oreille, et, en 1800, on fut
obligé d'envoyer à Olne le citoyen Provigny, pour
prendre possession des deux plus petites cloches; ces
deux cloches pesaient ensemble 1 ,336 livres (2). La plus
grosse fut conservée, car elle devait servir de timbre
à l'horloge (3). Quoique notre église soit restée cons-
tamment affectée au culte, l'usage des cloches y avait
été sévèrement interdit pour toute cérémonie reli-
gieuse; de plus, tout acte du culte fut prohibé en
dehors de l'église.
Cependant notre paroisse eut moins à souffrir de
la persécution religieuse que beaucoup d'autres, parce
que le curé Arnotte et ses vicaires firent devant la
municipalité d'Olne la déclaration prescrite par la loi
du 8 mars 1797 et contenant le serment de haine à la
royauté.
Arnotte se décida à prêter ce serment lorsqu'il eut
reçu de Lys, curé de Hervé et officiai du district
d'Outremeuse, une lettre par laquelle ce dernier l'in-
formait que l'assemblée du clergé, tenue à Liège le
14 septembre, avait décidé qu'on pouvait et qu'on
devait faire cette déclaration (4).
Nous devons reconnaître que la plupart des théo-
logiens ont condamné ce serment comme illicite, mais
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 72 bis et 85; J. Dans, His-
toire de la principauté et du diocèse de Liège, t. III, p. 69. A la page 179
le même auteur dit que ces deux hommes faisaient partie de la munici-
palité de Hodimont, et que celle-ci était composée d'hommes peu sym-
pathiques à l'ordre nouveau.
(2) J. Daris, Histoire de la principauté et du diocèse de Liège, t. III,
p. 284.
(3) Archives pastorales, coll. III, doc. 64 in fine.
(4) Ibidem, doc. 62.
— 288 —
nous croyons que le peuple d'Olne fut heureux de la
conduite de son clergé, car il conserva l'usage de
l'église paroissiale et resta sous la direction de ses pas-
teurs, tandis que dans une foule d'autres localités les
prêtres étaient arrachés à leurs ouailles et condamnés
à l'exil ou à la déportation.
Cependant l'anarchie avait été vaincue par Bona-
parte et un concordat conclu entre lui et le pape
Pie VII. L'église d'Olne fut érigée en succursale ;
Arnotte fut nommé desservant et reçut, à partir
d'août i8o5, un traitement à charge du trésor. Ses
facultés ayant baissé, il reçut un coadjuteur dans la
personne de P. Lamarche qui le remplaça en 1806.
La circonscription de la paroisse resta exactement
ce qu'elle était avant la Révolution, malgré les efforts
qui furent faits à plusieurs reprises pour réunir Géli-
vaux et Mont-Saint-Hadelin à la succursale de Forêt.
Ces tentatives échouèrent devant la ferme volonté des
habitants de ces hameaux de rester paroissiens d'Olne (*).
L'administration municipale fut réorganisée par
suite de la loi du 17 février 1800; elle fut dirigée par
un maire et un adjoint assistés d'un Conseil municipal.
Le docteur Haxhe fut nommé maire d'Olne par le
préfet du département de l'Ourthe ; il fut remplacé
en 1807 par G.-J. Rahier, également docteur en méde-
cine; celui-ci figura en 1811 à la tête dune souscription
organisée par le curé Lamarche pour l'achat de deux
nouvelles cloches, souscription dans laquelle plusieurs
familles se distinguèrent par leur générosité (2).
Le préfet, en délimitant les communes, tint large-
ment compte des anciennes subdivisions territoriales;
ainsi la commune d'Olne correspondait exactement à
l'ancien ban de ce nom, et conséquemment le petit
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 64, 66, 68 et 78; coll. IV,
pp. 18, 19 et 20. Les dernières tentatives eurent lieu en 1825, 1841 et 1849;
elles n'eurent pour objet que le hameau de Gélivaux.
(2) Ibidem, coll. III, doc. 77.
— 289 —
territoire de Mont-Saint-Hadelin fut érigé en commune
dont un certain Ancion fut maire et un certain Heuçe
adjoint (t). Cette commune minuscule ne comptait pas
plus de soixante-dix habitants ; elle fut supprimée sous
le roi Guillaume et réunie à celle d'Olne.
C'est là tout ce que nous avons jugé digne de men-
tion dans notre histoire locale sous Napoléon Ier. La
chute de ce dernier et l'érection du royaume des Pays-
Bas en i8i5 entraîna quelques changements dans notre
régime administratif: le territoire de la commune fut
agrandi par l'annexion du Fief; le canton de Hodi-
mont fut supprimé et Olne fut réuni à celui de Ver-
viers. Cette ville devint également notre chef-lieu
d'arrondissement, Malmédy ayant été cédé à la Prusse.
J.-F. Spirlet, qui était maire depuis i8i3, resta à la
tête de la commune en qualité de bourgmestre.
Comme on le sait, la domination du roi Guil-
laume Ier ne dura que quinze ans ; une véritable ère de
progrès et de tranquillité commença pour notre com-
mune avec la Révolution de i83o et l'inauguration du
royaume de Belgique. Certaines personnes pourraient
croire qu'avant 1842 l'instruction publique était négli-
gée ; elles seront étonnées d'apprendre qu'en i83i il
n'y avait pas moins de quatre écoles primaires dans la
commune d'Olne, dont trois payantes et une gra-
tuite (2). Cette école gratuite avait été établie en 1806
par disposition testamentaire de la généreuse donatrice
Catherine Uls. Voici quelques passages de l'acte de
fondation :
Les pauvres mes légataires, pour continuer à jouir des biens
et avantages à eux légués par le présent mon testament seront
tenus . . . d'établir et de nommer immédiatement après le décès dudit
Lochet, à la diligence de MM. les administrateurs de bienfaisance
de ladite commune d'Olne, de concert avec Mr le curé de cette
même commune, et sous l'agréation spéciale de celui-ci, un prêtre
(1) Archives pastorales, coll. III, doc. 67 et 76.
(2) Ibidem, doc. 80.
— 290 —
instruit et de bonnes mœurs, à l'effet de tenir pendant toute Tan-
née et sans vacances une e'cole publique où les enfants de la com-
mune d'Olne ou de celles environnantes qui voudront s'y rendre
seront admis gratuitement. L'instituteur leur enseignera à lire, à
écrire, le calcul décimal, lortographe et leur fera le catéchisme
deux fois par semaine pendant une heure chaque fois, à quel effet
ledit instituteur aura l'usage et la jouissance de la maison que
j'occupe, ... et il jouira d'un traitement annuel de six cent francs
que lesdits pauvres mes légataires seront tenus de lui payer par
trimestre ... J'ordonne que ledit instituteur assiste avec ses élèves
en corps aux quatre services ou grand'messes établies par le pré-
sent mon testament pour le repos de nos âmes ... (i).
Malgré les termes formels du testament, cette école
a été laïcisée par suite de la loi de 1864 sur les fonda-
tions ; c'est aujourd'hui 1 école communale de filles.
L'église d'Olne était autrefois desservie par plusieurs
prêtres ; après l'érection des paroisses de Nessonvaux
et de Saint-Hadelin en 1842, le curé n'eut plus besoin
que d un seul vicaire et celui-ci, qui tenait l'école gra-
tuite, devint lui-même inutile après la suppression de
la fondation Uls.
Pour juger des progrès accomplis dans l'ordre ma-
tériel pendant les soixante dernières années, on lira
avec fruit la description de la commune que nous
avons placée en tête de ce travail.
XXX.
FIN DU CULTE CALVINISTE A OLNE (1848).
NOTE SUR LES ANCIENS BIENS DE LA CURE.
Nous avons vu que 1 église d'Olne servait encore
aux protestants à l'occasion de leurs enterrements. Le
curé Lamarche eut le bonheur, avant de mourir, de
voir cette situation cesser, au grand avantage des
catholiques (2).
(1) Archives pastorales f coll. III, doc. 79.
(2) Toute cette relation, une pièce exceptée, est copiée du Registre
archivai d'Olne, pp. 3 et suiv.
— 291 —
Dans le courant du mois de mars 1847, M. Car-
ron, colonel retraité et protestant étant décédé dans la
commune de Forêt, ses héritiers se tirent autoriser à
l'enterrer dans le cimetière d'Olne et obtinrent de
M. Lamarche la permission de faire sonner les cloches,
d'introduire le corps dans l'église et de faire prononcer
le discours funèbre du haut de la chaire. M. Leruth,
qui remplissait alors les fonctions de vicaire à Olne,
eut la douleur d'être témoin de ce scandale sans pou-
voir l'empêcher, mais il dénonça immédiatement le
fait à l'évêché. Msr Van Bommel, évêque de Liège, de
sainte mémoire, ordonna aussitôt au curé de lire au
prône le dimanche 3o mai 1847 la note ci-dessous que
Sa Grandeur avait écrite de sa propre main :
Nous avions été informés de l'enterrement de Monsieur le
colonel Carron, qui devait être fait dans le cimetière d'Olne, mais
nous déclarons que c'est à notre insu et contrairement à notre
volonté que le corps a été introduit dans l'église et que le ministre
protestant est monté en chaire. Le gouvernement Belge a sup-
primé la simultanéité des deux cultes en offrant aux protestants
qui sont en nombre suffisant pour faire communauté, de les aider
à bâtir des chapelles protestantes là où ils avaient autrefois l'usage
des églises catholiques. Dans plusieurs villages de l'ancien diocèse
de Liège, les protestants ont profité de ces offres et ils ont des
chapelles. Depuis, les catholiques ont exclusivement droit à
l'usage de leurs églises. En conséquence, en ma qualité de curé
d'Olne et chargé de la police de l'église, je déclare que je ne
tolérerai plus qu'on introduise des corps appartenant aux protes-
tants dans l'église d'Olne ni que les protestants y prêchent ou y
fassent un office religieux quelconque.
Le ministre protestant de Verviers, ayant eu con-
naissance de cette déclaration, écrivit en ces termes à
M. Lamarche :
Un mandement de l'évêque de Liège doit avoir annoncé tout
récemment à votre paroisse que les protestants d'Olne étaient
désormais privés du droit de célébrer leur culte dans le temple
d'Olne. Fermement résolu à demander réparation d'un tel acte
d'injustice, je viens en ma qualité de pasteur de l'église de Verviers-
— 292 —
Hodimont-Olne, reconnu par la loi, vous prier de me faire par-
venir une copie dudit mandement, afin que je sache d'une manière
positive à quoi m'en tenir à cet égard. Vous comprendrez, Mon-
sieur le curé, qu'un droit acquis depuis deux siècles ne peut être
ainsi anéanti dans le silence et par une autorité dont je ne recon-
nais pas la compétence en ce cas.
Gustave HENRY, pasteur.
Cette lettre ayant été envoyée à Monseigneur
l'Evêque, Sa Grandeur transmit la réponse suivante
à P. La marche :
Monsieur le Curé,
Je viens de déférer au ministère la lettre du sieur Gustave
Henry que vous m'avez envoyée. Il ne faut pas y répondre. Soyez
sur vos gardes pour empêcher ce Monsieur de recommencer un
acte quelconque du culte protestant dans votre église. La police
de l'église vous appartient. Veuillez m'envoyer un procès-verbal
duement dressé de l'envahissement de la chaire de vérité dont s'est
rendu coupable le ministre protestant qui a introduit un corps
mort dans votre église à votre insu et contre votre volonté. Veuil-
lez y mettre le plus de célérité possible et agréez ...
(Signé) f CORNEILLE, évêque de Liège.
Conformément aux ordres de l'Evêque, procès-
verbal de l'acte d'envahissement de l'église et de la
chaire de vérité fut dressé par J.-F. Spirlet, bourg-
mestre de la commune, et envoyé à Sa Grandeur, qui
le fit parvenir au ministre de la justice.
Le pasteur protestant ne négligea aucun moyen de
conserver à ses coreligionnaires l'usage de notre église.
Tantôt, voulant sonder le terrain, il annonçait à
P. Lamarche qu'il allait venir célébrer le prêche dans
l'église d'Olne, tantôt il tâchait de se concilier l'admi-
nistration communale. Il écrivait le 29 septembre au
Collège des bourgmestre et échevins :
Messieurs,
En ma qualité de pasteur de l'église évangélique de Verviers-
Hodimont et Olne, j'annonçai le 19e juillet passé au curé d'Olne
que j'irais célébrer le culte évangélique dans votre temple corn-
— 293 —
munal, ainsi que cela s'était fait jusqu'à moi. Le curé me répondit
alors qu'il avait reçu Tordre de s'y opposer.
Or, je me plais à reconnaître, Messieurs, que c'est à vous qu'il
appartient de veiller au maintien des droits acquis à vos ressortis-
sants. Vous n'ignorez pas que le culte évangélique a été célébré
dans votre temple communal. Vous savez qu'aussi longtemps que
les protestants d'Olne ont eu leur propre pasteur, ils avaient en
même temps la jouissance du Temple, et qu'ensuite d'autres pas-
teurs y ont officié jusqu'à cette année.
Veuillez en conséquence, Messieurs, au nom de la justice,
vous prononcer dans une affaire qui est toute de votre compétence,
et recevoir l'assurance de ma considération distinguée.
(Signé) Gustave HENRY, pasteur président (4).
La question ne fut tranchée que Tannée suivante.
Le 21 janvier 1848, Monseigneur TEvêque reçut la
lettre que voici, dont 1 original est conservé dans les
archives de Tévêché :
Par suite de la lettre que vous avez écrite le 21 juillet dernier
à Mr le ministre de la justice, j'ai l'honneur de vous informer que
je viens de faire connaître au consistoire de l'église protestante
évangélique de Verviers-Hodimont que l'art. 46 de la loi du
18 germinal an X s'oppose à ce que l'église d'Olne, remise au culte
catholique, serve également au culte protestant, mais que si cela
est reconnu nécessaire, à défaut d'autres locaux et de ressources
suffisantes de la communauté, Monsieur le Ministre proposera au
Roi d'allouer un subside pour aider celle-ci à louer un local pour
le service de son culte, ainsi que cela a lieu à Dalhem.
Cette lettre émanait du gouvernement provincial
de Liège. Une enquête ayant été faite, on reconnut
que la population protestante de la commune ne suffi-
sait pas pour justifier la dépense proposée par Mon-
sieur le Ministre, dont les louables intentions n'eurent
pas d'autres suites.
La dernière calviniste, Pauline Régnier, est morte
en 1887 ; mais il y a aujourd'hui à Olne plusieurs
familles luthériennes, qui font partie de la commu-
nauté protestante de Nessonvaux.
(1) Archives paroissiales, coll. III, doc. 84.
38
— 294 —
Le curé Lamarche mourut en décembre 1848. On
négligea, par complaisance pour ses héritiers, de faire
apposer les scellés au presbytère. Il en résulta que
plusieurs pièces importantes furent enlevées, notam-
ment l'arrêté du préfet de l'Ourthe sur les biens de la
cure d'Olne et la transaction du mois de février 1807
avec le bail emphythéotique conclu entre le curé
Arnotte et le bureau de bienfaisance. La disparition
de ces pièces fut plus tard la principale cause de la
spoliation de la cure. Mais ceci demande une expli-
cation.
Les biens pastoraux, appelés autrefois le douaire
pastoral, appartenaient déjà à la cure en 1264. Nous
avons commenté une charte (1) de cette année dans
laquelle il est question de prairies et de terres arables
comme dotation de la cure. A partir de cette époque,
les actes pastoraux et capitulaires mentionnent plu-
sieurs fois les quatre bonniers et demi de prairies, pour
lesquels les curés, qui les exploitaient, ne payaient ni
redevance ni location à qui que ce soit.
Nous avons vu que ces biens furent occupés pen-
dant plus d'un siècle par les ministres protestants. Or
ceux-ci, qui recevaient un traitement du gouvernement
hollandais, furent obligés de payer annuellement,
comme compensation, la somme de n3 florins de
Liège, que plus tard le gouvernement autrichien con-
tinua d'exiger et que le curé Arnotte paya jusqu'au
commencement de la domination française. C'est à
cette époque que les bureaux de bienfaisance furent
institués et les premiers administrateurs de celui d'Olne
(deux étaient protestants) réussirent à effrayer le curé
en lui faisant craindre que le gouvernement ne s'em-
parât des biens de la cure. Ils lui extorquèrent ainsi
et lui firent signer une déclaration par laquelle il re-
connaissait que ces biens étaient du domaine autri-
(1) Voir notre chapitre III, à la fin.
— 295 —
chien et avaient été cédés au gouvernement français.
Cette déclaration ne doit pas surprendre, parce que
l'esprit du curé Arnotte baissait et qu'il était aux débuts
de l'aliénation mentale qui se déclara peu de temps
après. Les biens furent mis en adjudication et un
neveu du curé les prit en location au nom de son
oncle et pour la tranquillité de celui-ci.
La discussion sur les biens de la cure dura jusqu'en
1807, époque à laquelle une transaction fut conclue
qui maintenait le curé d'Olne dans la jouissance des
biens de la cure, moyennant une rente ou bail emphy-
théotique de 240 francs payable au bureau de bienfai-
sance.
Cette transaction est une des pièces qui furent enle-
vées en 1848 au décès de P. Lamarche; la disparition
de cette pièce laissa la cure désarmée en présence des
revendications du bureau. Aussi ne doit-on pas s'éton-
ner qu'en 1878 les biens de la cure ont été attribués à
cet établissement public et enlevés à la jouissance du
curé par décision des tribunaux.
J. STOUREN, curé.
DICE.
I.
Record des statuts et privilèges du ban dHDlne (\).
C'est chu que ly eschevins d'Olne saulvent de plusieurs droic-
tures des seigneurs et des masuyrs de pays.
Premièrement, salvent et wardent les deseurdis eschevins que
ly sieurs de saint Abier d'Aix sont signeurs treffonsiers du ban
d'One et doivent mettre ung priestre tout aournez pour dire messe
et détenir le nez de mostir de fons et de combe, et détenir la grosse
clocque et livrer vièrs et tourea et le styr délie ville et doivent
ausdis eschevins leur fraix à jour que on liève les cens et iiii sols
et demy à chascun des eschevins et ly mair autant que deux esche-
vins. Et doivent livrer deux haixe à deux cover délie ville al manier
que les eschevins salvent et wardent ; et salvent et wardent que
le vesty doit détenir le chancea de fons en combe.
Item, à jour que le chaylier liève ses cens, doivent aller ly mair
et ly eschevins avecque lui lever sesdits cens. Et s'il estoit nulle
rebelle ou défaillant de payr audit jour, le fouestyr ly doit livrer
wages ; et se ledis masiwyr ne paiène et laisse les wages four de sa
maison, ce doit estre à ses despens.
Item, doivent ly sieurs de saint Aubier deseur nommez ung
muid d avoine à fouesty pour le service que les doit faier en dit ban
d'One.
Item, ont les dit seigneurs d'One à ung conte de Dolhen le
halteur du dit ban al manier que les eschevins le salvent et wardent
et xii muid et demy de spelt, viii muid d'avoine meseur d'Aix, qui
( i ) Ce record qui remonte au xiv® siècle a été transcrit par M. J. Dans,
Analectes pour servir à Vhistoire de Belgique, t, XIV, pp. 299 et suiv.
— 2U7 —
montent syez muid mesure ligois; laquelle bled et avoine le chaî-
ner de saint Aubier les doit livrer par les eschevins deven la ville
audit ban, là il aurat de ses desnies et autant en doit estre quit et
le fouesty doit à maswyr du ban commander de myner le dit blés
et doit aller avecque.
Item, ont encore ledit sieur de saint Aubier donneit audit
conte de Dolhen siessant vieux gros, qui montent deux mars de
bonne monoie, asçavoir quatre denier pour duss et demy monoie
courant en bourse.
Item, ont encore lidit sieur donneit au dit conte de Dolhen
vintquatre poilhe, lesquelles poilhes paient les maswir pour les
bois et coumoignez du ban d'One.
Item, est assçavoir que chascune maison du dit ban doit à
fouesty hirtable de bois et de awe ung pain et une poilhe, se don
n estoit eschevins ; four desquelles poilhes le dit fouesty doit payr
les xxiiii poilhe deseur escript, assçavoir qu'il at ung prez en
Agostrée qu'on dist en Agoustrée, s'est ilh ensy que celly qui ten-
rat ledit prez doit et est tenus de myner ou faier myner lesdits
xxiiii poilhe à Dolhen, réservez Freubimont, Gélivaux et Martin-
mont, lesquelles trois villes chascune doit à charier deseur escript
ung rez styr d'avoine, voier se don n estoit eschevins.
Lequelle deseur nommez conte, signeurs ou officiers pour les
redvavetier deseur escript doivent warder et défendre la deseurdite
ville et ban d'One et les bien des deseurdits sieurs de saint Aubier
de force, de tonte et de robe et de toute mal accesse.
Item, doit avoir en la dite ville et ban d'One ung mair hirtable ;
lequel mair doit myner chascun par loy.
Item, s'il estoit ensy que une homme fus pris en la haulteur
délie ville et ban d'One, et il demande loy, ly mair doit prendre
bonne ségurtiet et myner par loy. Et s'il ne peult donner ségurtiet,
ly mair doit mettre le cour ensemble et le doit araynier la personne
que l'arat faict prendre soit sieur soit aultre ; et le partie qui seroit
pris, soy peult et doit respondre, et ly mair doit semonfe les esche-
vins, se ly eschevins est sage, et en doit jugiir ; et s'il n'en est sage,
il en doit aller lendemain à son chieffe quérir le sens, et au tierce
jour il le doit four porter. Se ly fais est criminel ou tiel de quoy il
ait forfaict le corps, ly mair le doit livrer a vowé en quel lieux que
luy plaist dedens sa haulteur et à tant il en doit estre quitte, et le
fouesty à tout le masuwy le doit aidier mynir à Dolhen. Item, se
accord se faisoit de quoi argent en venisse en la dite ville ou ban,
ly vowé en doit avoir les trois pars et ly mair et les eschevins
l'autre part, et ly mair autant que deux eschevins, et de tous
aultres accord en tiel manier de que argen venigne et naisse.
— 298 —
Item, doit mettre le dit sieur de Dolhen ung vowé lequelledoit
venir à plaix geniral et aux aultres sy lui plaist et doit dire au
fouesty qu'il appelle avant les masuwy; et les doit faier demander
sy yat homme nez femme qui soit déplaindans de mair, de fouesty,
des eschevins, de vouwé, de renty, de masuwyr de l'ung à l'autre,
qui soient mynez four del loy du pays, ilh siet là pour le radrechier ;
et se ly mair n 'estoit fors assez pour faier accoplir le jugement des
eschevins ou pour quelconque chose que ce fusse affaier en la dite
ville ou ban pour défendre leur bien et l'honneur du sieur, le
vouwé le doit adrechier et amynir force.
Item, monte ly grande amende trois livres courant en bourse;
desquelles trois livres ly vouwé en at cincquante sols et ly mair et
ly eschevins diez sols, de quoi ly mair at ortant que deux eschevins.
Item, monte la peteit amende xiiii sols parielle monoie, desquels
le moitié vat à charier de saint Aubier, et l'autre moitié ly vouwé
y at ens vint denier et le remanant vat a mair et aux eschevins ;
s'at ly mair autant que deux eschevins.
Item, ont ly sieur de Dolhen viii mars et demy en dit ban
d'One ; desquelles viii mars et demy le demy mars vat aux esche-
vins et a fouestyr ; sy at ly. fouesty ens deux sols et ly eschevins
le surplus ; desquelles cens deseurdits on paiet pour quattre denier
diez sols et demy monnoie courant en bourse.
Lesqueis eschevins d'One salvent et wardent que por les deseur-
dits drois ly dits eschevins doient venir et sier delez le renty ; ly
quelle renty doit nonchier le jour ung dimenche ou deux devant
chu que ly doit venir, par quoi ly masuwy du dit ban soient por-
veuz ; lequeis cens vient al saint Remy à payr.
Item, nos les dit eschevins d'One saivons et wardons que ly
yawe, sy avant que c'est haulteur d'One, assçavoir dechy enmy
leawe, est à ung prevost de saint Aubier, assy s'il y toumenez
rien que partenisse à nostre dite haulteur, que chela doit estre à
sieur, ensy que nos les dits eschevins saivons et wardons.
Item, est assçavoir que sur la dite yeuwe doit avoir deux
pexheurs ; et s'yl estoit ainsy que le fouesty en y trovast plus avant
illz les doit tous amynir à One. Lesquelles deux que ly sieur de
leawe responderont que soient accensez à la dite eawe, ils en doient
aller quitte, en ly aultre en doient estre corrigié aile enseignement
desdis eschevins, soit ung ou plusieurs. Et pourche que ly esche-
vins salvez et warde les questions deseurdits et que le mair en
sommoe, se mes tir est et questions en soit et que les fouestiers
hirtables de bois et d'eauwe le wardent, ou le doient warder, se
doient les dits sieurs de leawe à mair hirtable un pexhonz, aux
eschevins ung et aux fouesty ung.
— 299 —
Lesquelles pexhons doient estre maries et ancrawe et doient
estre délie longueche de trois pieds entre le cowe et le tieste. Et
doient les dits pescheurs payr les dits pessons dedens les Advens
entre le saint Andrie et le Noël. Et s'ensy estoit ou avenoit que les
pexheurs ne les peussent prendre nez trouver devent le temps et le
jour que dit est, le dit pexheur doient venir leur fier sur leur col
devant le mair et les eschevins du ban d'One et jurer, sur sains de
leur poingne diestre, que ne tout poient polla • trouvir ou avoir
devent le dit terme pour le dit paiement affaier et adoncque doient
aller les dit pexheurs et deux des dit eschevins à Liège sur la pier
à rywe à pexheur jurez, et sçavoir que ung tiel pexhon que dit est
deseur at paie devent le dit terme, et ce que trouvez serat au dit
pexheur jurez, chela doient payr lesdit pexheur del hauteur d'Olne.
Item, salvent les dis eschevins que ly masuwyr du dit ban
doient pexhier en la dite eawe pour eux à aiedier et nien vendre,
et ce al enseignement des eschevins.
Item, salvent et wardent que les masuwir du dit ban doient
pexhier en la dite eyave pour eux à aidier et nien vendre et ce aile
enseignement des eschevins.
Item, salvent les deseurdits eschevins qui doit avoir en la dite
ville d'One une bressine bannal; en laquelle bressine on doit
tousjour trouver cervoise ou buvrage et chu semblant froide ou
chaulde, pour le ban et masuyr à servir ; et doit mettre ly mair
deux assieurs sermentez et doient assire le bovrage selon son
valeur à leur meilleur sens. Et s'yl advenoit ainsy que ly bovrage
falisse sur ung jour solempne tantô et à premier jour ovrave ledit
bressine tantost à premier jour deseurdit doit reboutter les feux.
Et s'ensy estoit que fusse une femme paienne que n'euwist
poient daisemenche ou de finance pour avoir du bevrage, elle peult
envoier ung wage et faier porter aile bressinne; et ly bresseur ly
doit croir tout son paien lit durant, et trois jours après elle doit
payr ledit bresseur.
Item, s'ensy estoit que auquel vendeur vouisse revendre, se doit
ilh avoir al bressinne bannal deseurdit xiii quart pour xii, et peult
waignier deux deniers al quart.
Item, nos lesdis eschevins du ban d'One salvons et wardons
qu'il doit avoir en dit ban d'One deux molin bannal, et en chascun
molin deux moulnier sermentez, deux van et un regge, ung stir,
ung destir, ung pollengnoux, un demy pollengnou, iiii martea.
Lesquel moulnier ne doient faier point d'alloiance l'ung à l'autre
assy des deux mollins.
Item, sy vint ung massuyr à molin, et il peult fair releveir le
molin et rexhover, et quant ilh arat mollu, ilh le peult faier relever
— 300 —
et rexhovner, et rescienne le sien par tout le molin, pour le sien à
rescienne, et sa moulteur paiant. Et se ledit masuyr trouve des
afforen à molin, se doit ilh mou Ire devant lesdis aftorens ; et se ly
mair vint à molin ou sa moulnée, il doit moulre après ce qui est
sur le molin et à demy moulteur.
Item, peult ledis mair visenter ledis molin, s'il luy plaist, trois
fois Tannée et fair relever et xhover, et ne doient tenir les rens des
molin que une rèze quart de farinne.
Item, s'il estoit ensy que ly ung des deux molin brixasse, ly
massuyr doit aller moulre sor l'autre. Et s'il n'estoit en pont pour
moulre, ly masuyr doit aller prendre congie au mair pour aller
moulre aultrepart. Et s'il n'estoit nul des masuyr qui fusse dé-
plaindans des moulniers, ly mair peut aller visenter le molin.
Se ly moulnier est trouvez à forfait, il le doit amender.
Item, doient ly moulnier des deux molins ung wastel de ung
stir de spelt, c'est assçavoir chascun molin ung wastel à chascune
fois des trois fois qu'on les vat visenter, ensy que dit est deseur.
Item, tout fois que vint ung nouvea moulnier en dit molin, il
doit ung vastea de ung styr pour les fealtez que doit fair.
Item, s'il estoit ensy que on trouvasse moixhe de chetteurs, se
salvons et wardons que celuy qui le trouve en doit avoir la moitié,
et luy mair et ly charier l'autre moitié à éwalle parchon.
Item, sy tomment arbres sur les chemins ou aisemences, ce
doit être à mair et charier saint Aubier, chascun d eux le moitié
euwallement.
Item, est ensy que ly sieur at sur chascun chevaux traiant à
marche ii styr d'avoine à ceux que ly eschevins salve et warde.
Item, et pour la raison de chu que ly eschevins le salvent et le
wardent et le doient assire, sy ont il chascun deux ung chevale
assçavoir ii styr d'avoine.
Item, est assçavoir que de ung chieffe renonchie et assegurez
doit on le petit amende de xiiii sols courant en bourse.
Archives pastorales, coll. II, doc. 3 ; Cour d'Olne, reg. CXXV.
II.
Origine de l'église et de la seigneurie d'Olne,
d'après T. Warnot de Belleflammf., curé d'Olne en 1542.
Anno ab Incarnatione Domini millesimo et decimo, Henricus
Bavarus, Henrici ducis Bavariae filius, cognomine Claudus, nona-
gesimus imperator, hujusque nominis primus, seu, ut alii volunt,
secundus, catalogo divorum adscriptus, qui cœlibatum cum
— 301 -
Cunegundâ reginâ, conjuge suâ, inter sanctas quoque virgines
relata, duxit, collegium canonicorum divi Adalberti martyris inter
alia fundavit Aquisgrani ; quod praediis, ministerialibusque orna-
mentis atque immunitatibus mirifice exaltavit, vigintique cano-
nicis de suis dominiis bonisque patrimonialibus providit, nam
eis inter caetera contulit et merâ liberalitate concessit dominium
directum praedicte ville de Olne, cujus adhùc in praesentiarum
dicti canonici domini trefunsarii existunt, quemadmodum ipsius
ville scabini statutis temporibus praefinitisque diebus ter quotannis
palam coram omnibus profitentur et recordantur.
Porro dicti canonici, ut suorum subditorum bellicis calamita-
tibus incessanter a duce Limburgensi oppressorum quieti et
tranquillitati consulerent et ab indebitis eos molestiis et vexatio-
nibus liberos redderent, ducentis et viginti annis à praememoratâ
collatione per dictum serenissimum imperatorem eis factâ, pos-
teaquam Henricus secundus, filius Henrici ducis Brabantiae
dictus Magnanimus ex Mechtilde filia comitis Boloniae terram de
Dolhain bellicâ manu obtinuisset circà annum Domini millesi-
mum ducentesimum quadragesimum eumdem in suorum subdi-
torum advocatum et defensorem ob crebras Limburgensium incur-
siones assumpserunt eique ob id quotannis numerare ex duabus
partibus majoris decimae ratione collationis ordinariè ecclesie
dicte ville ad eos spectantis et pertinentis cum certis quibusdam
minutis juribus, quae scabini supràdicti adhùc hodiè recordantur
duodecim modios spelte pactûs et mensurae Leodiensis cum
4 sextariis consimilibus atque 8 modios avenae mensurae Aquensis,
efficientes 6 modios pactûs Leodiensis, sponte se obligarunt et
altro dederunt.
Archives pastorales, coll. II, doc. 5.
III.
Supplique du Chapitre aux Etats-Généraux
contre les exactions des receveurs
des biens ecclésiastiques (en 1655).
Remonstrent les Doyen et Chanoines du chappître de Saint-
Adalbert en la ville Impériale d'Aix qu'ils ont piéça remonstrez
et représentez aux Hauts et Puissants Estats :
i° Qu'ils sont seigneurs Tréfonciers du ban d'Aulne d'ancienté.
2° Qu'à effect d'estre maintenus en tous et chacun leurs biens
ils ont transportez au proffict d'un comte de Dalhem le droict de
39
— 302 —
souverainté dudit band et terre d'Aulne qui autrement de sa
nature estoit terre Impérialle tenant relief dudit Chappitre.
3° Qu'en suitte et conformité dudit transporte les Sra Chanoines
ont estez effectivement maintenus dans tous et chascuns leurs
biens tant par ledit comte de Dalhem que par le Sr Roy d'Espagne
prétendant droict audit comté en qualité de successeur dudit
comte de Dalhem. Le tout appert par acte joint n° i .
4° Ce qu'estant dernièrement représenté à leurs Puissances par
actes péremptoires vidimées en Maestrecht en leur conseil de Bra-
bant, il a esté ordonné que les remonstrants devront iouir effecti-
vement de tous et chacun leur bien gisans et mouvant audict band
d'Aulne sans qu'ils pourront estre molestez ni inquiétez ...
5° Et ce a condition de nourrir et entretenir un prédicant à
Aulne au pied du record ci- joint n° i°.
6° Et comme en vertu du mesme record les remonstrants sont
seulement tenus de nourrir un prestre tout aorné pour dire la
messe de toute ancienté.
7° Néantmoins les dits s" recepveurs veulent obliger le mesme
Chappitre à nourrir un prédicant de la Religion Réformée.
8° Ce que ne pouvant estre pour la clause cy dessus virgulée
à laquelle le décret desdits Hauts et Puissants Etats est relatif,
lesdits Srs Chanoines se sont adressés en cour à effect d'obtenir
interprétation sur ladite clause, laquelle interprétation ils pressent
et attendent avec impatience.
9° Quoy nonobstant sont les mesmes Remonst8 pressés par
lesdis Srs recepveurs par exécution et arrest sur leurs dismes de
furnir la somme de 6oo fi. bb. avant résolution de leurs puissances.
io° Et comme les remonstrants ne pensent estre obligés à
nourrir un prédicant de la religion réformée et encore moins ne
pensent estre obligés à lui donner la somme prétendue de 6oo flor :
qu'ils n'ont jamais donné à un prestre d'Aulne.
1 1° Iceux espèrent que les Hauts Estats ne les voudront char-
ger davantage qu'ils n'ont estez cy devan par le Roy d'Espagne et
comte de Dalhem ...
12° Aultrement et en tel cas les remonstrants auront droict de
retirer le droict de souveraineté de ladite terre et band d'Aulne qui
autrement de sa nature est impérialle excluant telle donation.
1 3° En quelle cas qu'ils seront surchargez ils s'adresseront au S1
empereur pour estre deffendus et maintenus en leurs biens impé-
riaux et remis en leur entier, quia cessante causa cessât effect us...
Archives pastorales, coll. II, doc. i3.
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Règlement de la Société V
Tableau des membres de la Société VU
NOTICES ET MÉMOIRES.
I. La première église de Liège, l'abbaye de Notre-Dame.
Lettre à M. Godefroid Kurth, président de la Section
d'histoire de la Société d'art et d'histoire du diocèse
de Liège, par Joseph Demarteau 1-108
I. Que la plus ancienne église de Liège ne fut pas Saint-
Lambert 3
II. Que la première église de Liège n'a pas été un oratoire
des saints Cosme et Damien 14
III. De l'antiquité du culte de Notre-Dame à Liège. . . 3o
IV. Les abbés de Notre-Dame de Liège 47
V. Attributions de Notre-Dame de Liège 58
VI. Suppression de l'abbaye de Notre-Dame 66
VII. Suppression des abbés de Notre-Dame j5
VIII. L'église et le clergé de Notre- Dame-aux-Fonts . . .84
IX. Notre-Dame et Saint-Lambert 96
II. Histoire de l'ancien ban d'Olne et de la domination des
Calvinistes dans ce territoire, par J. STOUREN, curé
d'Olne 109-302
Avant-propos. Description de la commune actuelle d'Olne . 109
I. L'ancien ban d'Olne, ses limites, son importance, etc. 1 18
I I . L'origine d'Olne et son histoire au XIe et au XIIe siècle. 1 24
— 304 —
Pages
III. La seigneurie du ban d'Olne est cédée aux comtes
de Dalhem. Olne au XIIIe siècle i32
IV. Organisation du ban d'Olne à partir du XIVe siècle.
Le forestier, le mayeur, la justice, etc 137
V. Le ban d'Olne sous les maisons de Bourgogne et
d'Autriche 147
VI. La dîme d'Olne et le procès du curé Bodeçon relatif
à la dîme 1 55
VIL Les franchises communales d'Olne : les deux bourg-
mestres, les régleurs, le collecteur des tailles, la
régence i5g
VIII. La seigneurie d'Olne sous Warnier de Gulpen et ses
successeurs i63
IX. Première apparition des réformés à Olne. JeanWilkin. 169
X. Guillaume de Royer, puis les deux de Till, seigneurs
d'Olne 173
XI. Del va et ses premiers écrits contre les protestants.
Causes de l'invasion 177
XII. Premières suites de l'invasion hollandaise. Nouveaux
écrits de Delva 187
XIII. Exil de Delva. Le postillon divin 197
XIV. Delva construit une église à Froidheid. Son retour
et sa mort 204
XV. Persécution des catholiques en violation des traités. 2 1 1
XVI. La paroisse d'Olne à la fin du XVIIe siècle. Bauduin
Spirlet 216
XVII. La seigneurie sous les Buirette. Les maux de la
guerre 220
XVIII. Dévastation du ban d'Olne par l'armée française . . 226
XIX. Les d'Olne et le château de Froidbermont .... 232
XX. Guillaume d'Olne, seigneur de ce ban. Ses premiers
actes 235
XXI. Guillaume d'Olne bâtit le nouveau château. Ses der-
nières années et sa mort 242
XXII. Le grand procès pour la dîme et ruine de la cure.
Jean Deroo. A. de Lambermont, prédicant calvi-
niste 247
XXIII. Le ban d'Olne et son église sous Guillaume- Phi-
lippe d'Olne. Tracasseries des Réformés. . . . 252
XXIV. Lambert-Henri d'Olne, puis Guillaume-Frédéric, sei-
— 305 —
Pages
gneurs d'Olne. Graves dissensions dans la com-
munauté 259
XXV. Les derniers seigneurs d'Olne. La houillère de Gé-
rarheid. Les catholiques exclus de la levée des
tailles 264
XXVI. L'église d'Olne à la fin du règne des Calvinistes . 268
XXVII. Fin de la domination des Calvinistes et période au-
trichienne. Lutte des Olnois contre le chapitre de
Saint-Adalbert 272
XXVIII. Les Belges insurgés contre Joseph II. Bataille d'Olne
et retour des Autrichiens 277
XXIX. Invasion française et fin du ban d'Olne. La com-
mune d'Olne depuis 1792 284
XXX. Fin du culte calviniste à Olne. Note sur les anciens
biens de la cure 290
Appendice 296
DOCUMENTS.
i35o environ. Record des statuts et privilèges du ban d'Olne. 296
1482. Louis de Bourbon, prince-évêque de Liège, prie les
chanoines de Saint-Adalbert d'Aix-la-Chapelle, col-
lateurs de la cure d'Olne, d'agréer l'échange de
bénéfices entre Jean Postel, curé d'Olne et Nicolas
Rohault, recteur de la chapelle des Lépreux à Spyx. 1 53
1542 environ. Origine de l'église et de la seigneurie d'Olne,
d'après F. Warnot, de Belleflamme, curé d'Olne en
1542 3oo
i655. Supplique du chapitre de Saint-Adalbert à Aix-la-
Chapelle, aux Etats-Généraux, contre les exactions
des receveurs des biens ecclésiastiques 3oi
i663, le 5 octobre. Accord entre les Etats-Généraux et le
prince de Liège, touchant les limites de juridiction
entre le Pays de Liège et le ban d'Olne 176
1681, le 16 novembre. Lettre du baron de Surlet, grand-
vicaire de Liège, aux deux bourgmestres d'Olne,
concernant le projet de construire un cimetière près
de l'église de Froidheid 217
1681. Daniel de Buirette, seigneur d'Olne, consent à ce que
le lieutenant-mayeur admette au serment les trois
nouveaux échevins d'Olne, nommés d'office par les
commissaires de Maestricht 223
— 306 —
i685 environ. Serment prêté par les échevins de la Cour de
justice du ban d'Olne 23 1
1694. La Cour de justice d'Olne se justifie de ce qu'elle ne
peut procéder à la répartition des taxes personnelles
entre les habitants du ban d'Olne 23 1
1697. François Lagarde et Jean Lelahy, pécheurs assermentés
du seigneur d'Olne, emprisonnés par le seigneur de
Fraipont, font relation de leur captivité devant les
échevins d'Olne 237
1 702 environ. Les habitants d'Olne déclarent qu'ils ont offert
librement et spontanément 1 ,000 écus au seigneur
Guillaume d'Olne 240
1707. Extrait de la supplique de Herman Dejong, habitant
d'Olne, aux Etats-Généraux, afin d'obtenir la per-
mission de vendre de la bière les dimanches . . . 245
1727. Guillaume- Philippe d'Olne défend au curé Prayon, de
se rendre à l'évêché de Liège, sans la permission des
Etats-Généraux 252
1729. Requête du consistoire de l'église wallonne réformée
d'Olne aux Etats-Généraux, afin d'empêcher la no-
mination d'Antoine Rensonnet comme juge à la
Cour d'Olne 253
1749, le 11 mars. L'officier-criminel du ban d'Olne rappelle
au curé l'observation des ordonnances qui interdisent
toute fonction du culte catholique en dehors des
églises 255
1 780. Le consistoire réformé d'Olne certifie qu'Arnold Arnotte,
vicaire d'Olne, a toujours rempli avec prudence les
fonctions de prêtre et de vicaire 271
1785. Supplique du curé et d'une partie du Conseil commu-
nal d'Olne aux archiducs Albert et Marie, gouver-
neurs des Pays-Bas, afin que leur église ne serve
plus désormais qu'au culte catholique 274
1790. Le gouvernement des Pays-Bas autrichiens déclare que
les réformés peuvent librement, comme par le passé,
exercer le culte de leur religion 283
1806. Extrait de l'acte de fondation d'une école gratuite à
Olne, par Catherine Uls 289
1847. Le curé d'Olne déclare qu'il ne tolérera plus que les
protestants se servent de son église pour y faire un
office religieux quelconque 291
— 307 —
Paget
1847. L»e ministre protestant de Verviers proteste contre cette
déclaration 291
1847. Lettre de Msr Van Bommel, évêque de Liège, concer-
nant le culte protestant dans l'église des catholiques
à Olne 292
1847. Le ministre protestant de Verviers rappelle aux bourg-
mestre et échevins d'Olne, qu'il leur appartient de
veiller à ce que les réformés puissent exercer libre-
ment leur culte dans l'église des catholiques . . . 292
1848. Le gouvernement provincial annonce à M8r Van Bom-
mel, évêque de Liège, que le ministre de la justice a
tranché la question concernant la simultanéité des
deux cultes à l'église d'Olne 293
TABLE ALPHABÉTIQUE
Abinden (Henri), né à Helchteren,
curé d'Olne, 216; ses difficultés
avec les protestants, 216-219; sa
mort, 219. — Jean, neveu du pré-
cédent, 218; il construit une cha-
pelle à la Basse-Fraipont, 219;
devient vicaire à Saint-Hadelin,
ibid., 25o, 25 1; sa mort mysté-
rieuse, 256, 257.
Adalbert (l'église de Saint-), à Liège,
possède des fonts baptismaux, 92.
— (la collégiale de Saint-), à Aix-la-
Chapelle, fondée par l'empereur
Henri II, 124; le Chapitre possède
la souveraineté sur le territoire
d'Olne, 1 25-i 34. Contestation entre
le Chapitre et les habitants d'Olne,
1 35. Le Chapitre entretient à ses
frais un prêtre à Olne, 1 3 5- 137,
275. Ses droits et ses devoirs au
ban d'Olne, i38 et suiv. Procès
entre le Chapitre et le curé d'Olne
concernant la dîme, i55-i59, l7%-
Procès avec le gouvernement hol-
landais, 188. Accord conclu entre
les deux partis, 188, 189, 198.
Lutte des Olnois contre le Cha-
pitre, 275-277.
Adelbold, évêque d'Utrecht, 6ô.
Adrien IV, pape, 129.
Aix-la-Chapelle, 10. Les puissances
européennes y tiennent un Con-
grès, 21 3. Le Chapitre de Sâirit-
Adalbert, V. ce dernier mot.
Agostrée (en), terre du bart d'Olne,
139, 297.
Albéron II, évêque de Liège, 43.
Aldegonde (sainte), fondatrice de
plusieurs églises, 11.
Alexandre, archidiacre et prévôt de
Saint- Lambert à Liège, 43.
Alleur, 63. '
Aine (l'abbaye d'), 48, 55, 63.
Amalrie, abbé de Sainte-Marie à
Liège, 55.
Amand (saint), évêque, fondateur de
couvents et d'églises, 10, 107.
— (l'église de Saint-), à Elnone, 10;
à Jupille, 106.
Amaury, 55.
Amay (l'abbaye d'), fondée par saîftte
Ode, 48, 49, io5.
A mer cœur (le bailliage d'), 119, 147.
Ancion, maire de Mont-Saint-Ha-
delin, sous la domination fran-
çaise, 289.
40
- 310
Andage, on y transfère les restes de
saint Hubert, 34, 35.
Ancienne, possède sept églises fon-
dées par sainte Begge, 12, 54.
André (l'église de Saint-), à Elnone,
10.
— (l'autel de Saint-), dans la chapelle
des saints Cosme et pamien, à
Liège, 29.
— (Gilles), lieutenant-mayeurd'Olne,
223, 241.
Andrès (Jean), 21 3.
Andrimont, fait partie du marquisat
de Franchimont, 193.
Angleur, 106, 107.
Ans, 64.
Ansegise, 107.
Anselme, chanoine et historien, i5,
22, 24, 29, 36,40, 42.
Ansfried (saint), comte de Huy,
évêque d'Utrecht, 36.
Antoine (Pierre), 199.
Aper, père de saint Lambert, 21.
Ardenne (1'), 123, 125, 128, 129.
Argenteau (Marguerite d'), épouse
de Warnier de Gulpen, seigneur
d'Olne, i65.
Arnotte (Jacquemin), bourgmestre du
ban d'Olne, 271. — François, fils
du précédent, né à Olne, 271 ;
vicaire de Saint-Hadelin, 257, 271 ;
curé d'Olne, i23, 134, 272, 273;
sa lutte contre le Chapitre de Saint-
Adalbert d'Aix-la-Chapelle, 275-
277; il soigne les blessés dans la
guerre entre les Autrichiens et les
Patriotes, 281, 282; ses derniers
actes et sa mort, 294, 295. — Ar-
nold, bourgmestre du ban d'Olne,
259, 260. — Servais, bourgmestre
du même ban, 262. — Jean, i63.
A rnould (l'empereur), 36.
Arnulphe, io5.
Aspre(\e baron d'), commandant d'un
corps autrichien dans la bataille
d'Olne, 278, 279.
Astroy (Barthélémy d'), récollet du
couvent de Liège, combat les er-
reurs du ministre protestant Chrou-
et, 192.
A nguste (l'empereur) ,18.
Aulbonne (d'), receveur des domaines
à Maestricht, 265.
Aulne, V. Olne.
Avroy, 5, 97.
Awirs (les), 72.
Ayeneux, 109, 114, 117.
Bade (Marc de), 149. — Le marquis,
frère du précédent, 149, i5o.
Balderic, 23, 41, 60.
Baldigisle, 8.
Banneux, 1 23.
Barthélémy (la collégiale de Saint-;
à Liège, 52, 6o, 89, ior, 102. Elle
possède des vignes à Liège, 59.
Bavière (Joseph-Clément de), prince-
évêque de Liège, donne l'emplace-
ment pour construire une église à
la Basse-Fraipont, 219. — Henri,
3oo.
Beauregard (de), haut officier de IV
vouerie de Fléron, 206.
Beaurepart (l'abbé de), met la pre-
mière pierre de l'église de Froid-
heid, 206.
Beaurieux (Marie de), dame de Saint-
Hadelin, 164.
Begge (saint) d'Andenne, 12, io5.
Belleflamme (Thierry- Warnot de;,
curé d'Olne, maître ès-artset licen-
cié en droit, 124, 125, i32, i33,
134, 1 36, i52, 154. Son histoire
sur l'origine de l'église et de la sei-
gneurie d'Olne, 3oo.
Bergh (H. van den), 53.
Berghes (Robert de), prince-évêque
de Liège, 87.
Bernard (saint), 43, 55.
311 -
Berthe (sainte), 12.
Bertholet, 89.
Biwalt (le), 4.
Blangy (le couvent de), fondé par
sainte Berthe, 12.
Bleret, 87.
Bleron (Antoine de), 171. — Idelette,
179.
Blistein (Thomas de), curé de Ver-
viers, 194.
Bocholt (de), grand prévôt de Saint-
Lambert, 88.
Bodeçon (Bauduin), curé d'Olne, fait
reconstruire l'église en partie, 1 54.
Son procès avec le Chapitre de
Saint-Adalbert d'Aix-la-Chapelle,
concernant la dîme d'Olne, 1 55-
157.
Bois d'Olne, hameau de cette loca-
lité, 110.
Bologne (Mechtilde de), 3oi.
Bommel (Corneille van), évêque de
Liège. Son mandement concernant
l'exercice du culte calviniste dans
l'église catholique d'Olne, 291. Sa
lettre au curé Lamarche, 292.
Bonaparte, son concordat, 288, 289.
Borel, ministre protestant à Olne,
273 ; il se réfugie à Eysden,
277.
Boufflers (le marquis de), assiège la
ville de Liège, 227, 236.
Bouillon, 88.
— (Godefroid de), avoué du ban
d'Olne, 126, 127, 142.
Boulanger, bourgmestre d'Olne, 275.
Bourbon (Louis de), prince-évêque
de Liège, 149, i53.
Bourgogne (la maison de) possède la
seigneurie d'Olne, 147. — Philippe,
149, i5o.
Bouteille (la), près d'Olne, 1 15, 1 17.
Boutenville, habitant d'Olne, 286.
Bovo du Chêne d'Olne, i32.
Boy (Wygier de), manant du ban
d'Olne, i5o.
Boçon, abbé de Sainte-Marie à Liège,
5o, 5i, 52, 58.
Bradant (de). Le duché, 1 19, i33. —
Le duc, 129. — Le souverain con-
seil, 1 56, 157, 175, 210.
Brimeu (Guy de), seigneur de Ham-
bercourt, i5o.
Brosius, aumônier dans l'armée des
patriotes, 280, 281.
Bruno (saint), archevêquedeCologne,
duc de Lorraine, 25.
Brust (Servais de), mambour de
l'église de Froidheid, 2o5. — Fran-
çois, prêtre bénéficier à Olne, 21 5.
Buirette (Daniel de), bourgeois de
Maestricht, achète la seigneurie
d'Olne, 176, 220; 217, 221, 239.
11 réorganise la justice d'Olne,
223, 224. Son procès contre Jean-
Philippe de Calwaert, seigneur de
Fraipont, concernant la pêche,
225. Sa mort, 225. — Sa veuve
Anne-Marie de Freisheim, 226.
Elle vend la seigneurie d'Olne,
232, 235. — Ses fils : a) Daniel-
Albert, relève le fief d'Olne devant
le gouverneur de Dalhem, 226 ; b)
Jean, ibid.
Burguin (Jean), 237.
Buyskin (Jean), échevin d'Olne, i5o.
Cadet, 229.
Calwaert (Jean-Philippe de), sei-
gneur de Fraipont. Son procès
contre Daniel de Buirette et Guil-
laume d'Olne, concernant le droit
de pêche, 225, 237, 238.
Camerling (Thierry), seigneur de
Saint-Hadelin, 164; il vend le
Mont-Saint-Hadelin à Jean Cur-
tius, 166.
Cartier, peintre liégeois, 89.
Carron (le colonel), 291.
— 312
Cateau-Cambresis, 88.
Celles (l'abbaye de), 48.
Celliers (Onufride de), bourgmestre
de Liège, enseveli dans 1 église de
Notre-Dame-aux-Fonts, 89.
Chabrié (Jacques), bourgmestre d'Ol-
ne, 262.
Champagne, 83.
Chapeaville, 19, 20, 21, 22, 23, 29,
102.
Charlemagne, 10, 14, 16, io5, 106.
Charles Martel, 16, 3i, 106. — le
Gros, 36, 39. — Borromée, 89. —
Quint, 148. — le Téméraire; sa
guerre contre les Liégeois, 1 5 1 .
Chefnay, prêtre, 257.
Çhe/oux, 11 3.
Çfiemins (aux six), près d'Olne, 1 17.
Chênée, 223.
Çherwx> r 1 1.
Çfiçvrernont, 12, 18, 25, 106.
Çhinaux(le ruisseau des), près d'Olne,
112.
ÇfrrQuet (Warnier), célèbre médecin,
1 1 3 ; il est fait prisonnier par les
Français, 229 ; il est mis en liberté,
236, 241. — Remacle, bourgeois
de Spa, 180. — Henri, fils du pré-
cédent, ministre protestant à Olne,
étudie à Genève, 180; assiste au
synode d'Anvers, ibid. ; sa corres-
pondance avec Antoine Delva, curé
d'Olne, 180-187, 190-203; il est
• combattu par les Pères d'Astroy et
Preumo.nt, 192-197; il est forcé de
quitter le presbytère dont il s'était
rendu maître, 209; il y rentre,
216.
Ciney (l'abbaye de), 48, 49.
Clément III (le pape) confirme quel-
ques privilèges de l'église de Notre-
Dame à Liège, 101, 102, io3, 104.
— XI, accorde le droit de patro-
nage sur la chapelle de Saint-Ha-
delin, à la communauté de ce nom,
25o, 25l.
— (l'église de Saint-) à Liège, 85.
Clercx (de), archidiacre du Condroz,
fait respecter l'autorité du curé
d'Olne à la Basse-Fraipont, 269.
Clodulphe, 106.
Cloquier (Jean), curé d'Olne, i5y,
i58, 171, 178, 179.
Closet (François), de Lambermont.
Sa discussion avec le ministre pro-
testant d'Olne, 190, 191.
Cloud (Saint-), 37.
Clovis III, roi d'Austrasie, garantit
l'immunité et les possessions de
Sainte-Marie à Liège, 3o, 3i, 32.
Cotes (Jehan le), archiprêtre et cha-
noine de Saint-Pierre à Liège, 65.
Colard ou Colas, seigneur de Saint-
Hadelin, 164.
Collard (Thomas), desservant de la
chapelle de Saint-Hadelin à Olne,
179, 207.
Collin (Henri), 241.
Cologne, 25, 39. Le chapitre, 82.
Condro\ (des psammites du) trouvées
dans le bois de Longbur près
d'Olne, 116. — L'archidiaconé,
120. — L'archidiacre, 214, 217. Il
permet d'établir un cimetière à
Froidheid, 206, 217.
Coninx (Charles de), chanoine de
Saint- Martin à Liège, 89.
Conrad II (l'empereur), 41. — Ar-
chevêque de Mayence, i3o. —
Prévôt de Saint- Adalbert à Aix-la-
Chapelle, voué d'Olne, i3o, i3i.
Cornesse, 109.
Cornet (Jean), manant de Fraipont,
219. — Christian, 225.
Cornillon (l'église de), près de Liège,
55.
Cortembach (Alexandre, baron de),
seigneur du ban d'Olne, 168.
— 313
Cosme et Damien (les saints). Leur
culte à Liège, 25, 26; à Huy, i5.
Leurs reliques conservées dans l'é-
glise de Saint-Martin à Tours, 25,
26.
— (l'oratoire des Saints-) à Liège, 2.
Etait-ce la première église de Liège?
14-30, 100. Il était situé dans la
cathédrale de Saint-Lambert, 24,
25.
Coucoumont, près d'Olne, in.
Coi//of (Jacquet),officier-baillid'01ne,
187.
Court (Joseph), major en retraite,
bourgmestre d'Olne, découvre une
veine de houille à Olne, 265.
Couvin, 42.
Croix (l'église de Sainte-) à Liège,
27, 29 ; sa fondation confirmée par
l'empereur saint Henri, 40. Diffé-
rend entre le Chapitre de celle-ci et
celui de Saint-Martin, 52. Elle doit
visiter à certaines époques Notre-
Dame-aux- Fonts, 60, 101, 102.
Cunégonde (sainte), 3oi.
Curtius (Jean), bourgeois de Liège,
achète la seigneurie de Saint-Ha-
delin, 164, 166 ; sa lutte avec Jean
de Ruyssenberg, seigneur de la
Rochette, 167; sa mort, ibid. —
Pierre, fils du précédent, seigneur
du même lieu, 164; il continue la
lutte avec de Ruyssenberg, 167,
168; sa mort, 169. Ses enfants :
H .-V. , seigneur d'Aaz, 1 69 ; Anne-
Marie, dame d'Olne, 164, 169,
'75-
Cuyck (Albert de), prince-évêque de
Liège, 45, 56, 60.
Dalhem (le comté de), fait partie des
pays d'Outremeuse, 1 19, 21 1, 272;
il est seigneur-souverain d'Olne,
121, 126, 134, 1 38, j 55. Le duc
de Limbourg est souverain d'une
partie du comté, 129. Henri V,
duc de Brabant en fait la conquête,
1 33. Droits et devoirs du comté
dans le ban d'Olne, 1 38. Il est en-
vahi par les Hollandais, 172, 181,
188. Il est partagé entre le roi
d'Espagne et les Provinces-Unies,
197. — Le châtelain ou haut-dros-
sard, voué d'Olne, 143, 147, 148,
161. — Le château, brûlé par les
Liégeois, 149, i5o. — La Haute-
Cour, 140, 142, 154,225.
Dame (abbaye de Notre-) à Liège, 2,
39 ; sa suppression, 66-75 ; ses abbés,
47-58 ; leur suppression, 75-84.
Dame-aux-Fonts (église de Notre-),
église baptismale de Liège, 2, 24,
28, 33 ; première paroisse et église-
mère, 34, 37, 44, 45, 46, 53; son
emplacement, 60, 87; ses attribu-
tions, 58, 66 ; son clergé, 84-96 ;
ses autels : de la Sainte -Vierge,
88, de Sainte-Catherine, ibid., des
Saints Simon et Désir, ibid., de
Saint-Laurent, ibid. , de Saint- Eloi,
ibid.; ses confréries, 89; son mo-
bilier et son trésor, 89, 90.
Dame (église de Notre-) à Nivelle,
1 1 ; à Chèvremont, 12 ; à Herstal,
12; à Maestricht, 3i, 33; à Ton-
gres, 3i, 32, 36; à Dinant, 48,
49; à Paris, 38; à Huy, 12, 36,
45, 5o, 5i, 52, 104; à Aix-la-Cha-
pelle, ï 3 1 .
Damien (saint), V. saint Cosme.
Dechamps (Joseph), prêtre, 269.
Dejong (Herman), bourgmestre d'Ol-
ne. Son procès avec la commune
et les seigneurs d'Olne, 148, 239,
240, 241, 243, 244, 245, 246, 247,
262; il est locataire de la dupe
d'Olne, 172, 248, 25o; sa ruse en-
vers les Français, 227, 228.
Delcour (Gilles), pejjjtre, 89.
— 314 —
Delhaes (Jacques), forestier d'Olne,
263.
Delsaute (Henri), notaire et bourg-
mestre d'Olne, 261, 262, 270.
Delva ou Delvaux (Antoine), né à
Xhoris, curé d'Olne, 157, 1 58,
171 ; ses écrits contre les Protes-
tants, 177, 187, 197, 207; son
procès contre le Chapitre de Saint-
Adalbert d'Aix-la-Chapelle, au su-
jet de la dîme, 178; il reconstruit
l'église d'Olne, 179, 180; ses que-
relles avec Ch rouet, ministre pro-
testant, 182-187; son procès contre
la Hollande au sujet de la dîme,
188, 189; son exil, 197; il cons-
truit une église à Froidheid, 204 ;
il rentre dans sa cure, 208; sa
mort, 211.
Delvaux (Hubert), 241.
Denis (la collégiale de Saint-), 102.
Denys, i5o.
Dens, i56.
Deroo (l'avocat), 245. — Jean, éche-
vin et greffier de la Cour de justice
du Mont-Saint-Hadelin, 247, 248 ;
il suscite de graves difficultés au
curé d'Olne, 25o.
Desaga, bourgmestre d'Olne, 275.
Desagaux (Léonard), 244.
Desaive (Jean), 265.
Destine^ 116.
Detiffe(P.S.), agent municipal sous
le gouvernement français, 286.
Dodon, assassin de saint Lambert, 6.
Drolenval, fait partie du marquisat
de Franchimont, 193.
Eberstein (Othon d'), 83.
Ebroin de Fléron, 63, 64.
Eginhard, 34.
Eicke, 87.
Elbert, 64.
Elheure (Antoine d'), i65. — Cathe-
rine, fille du précédent, i65.
Elisabeth f Angleterre, 88.
Elliard, capitaine dans Tannée bra-
bançonne, 281.
Elnone, io.
Elsloo, 47.
Enghien (Jean d*), prince-évêque de
Liège, 62,95.
Ensival, fait partie du marquisat de
Franchimont, ig3.
Eppes (Jeand'), prévôt de Saint-Lam-
bert, abbé de Sainte-Marie à Liège,
57, 58, 78, 79, 80, 82, 83, 97.
Eracle, évêque de Liège, 5o, 99.
Erenfried, doyen de Saint-Adalbert
à Aix-la-Chapelle, i32.
Ermengarde, 42.
Ernst, 129.
Estuart (Réginald), curé d'Olne, 1 53.
Etienne, prêtre de Liège, 53, 68. —
évêque de Liège, 14, i5, 19, 22,
39, 48.
— (église de Saint-), 37, 38.
Everard, bourgeois d'Olne, i32.
Eynden (van den), V. Abinden.
Fabien et Sébastien (saints), 25.
Falhe\ (la dîme de), i58.
Fali\e (la), revin près d'Olne, 1 14,
1 15, 1 18.
Fauquemont, fait partie du pays
d'Outremeuse, 1 19.
Ferdinand Ier, empereur, 88; III,
empereur, 188.
Fief (le), hameau d'Olne, 1 18.
Fisen, 5o.
Flémalle (Goeswin de), bourgmestre
de Liège, 89.
Fléron. L'avouerie, 120, 122, 199,
227. La route, i23.
— (Jean de), curé d'Olne, 1 53. —
Rigaux, seigneur de Saint-Hade-
lin, 164.
Flône (l'abbaye de), 52, 55.
Fond de Gotte, 118.
Fonds de Forêt, 1 16.
- 315 —
Forêt, 109, 112, 114, 117.
Fortunat, 4.
Fosses, 39. — (les), 11 3, 114, 117.
Fragnée, 97.
Fraipont, 109, in, 112.
— (la Haute), 119, 123.
— (la Basse), 112, 120, 198; l'école
tenue par un vicaire, 21 5, 219;
l'église, 219.
— (Adrien de), mayeur d'Olne, 140.
Franchimontois (les), 1 5 1 .
Franck, 229.
Francon, évêque de Liège, 34, 39,
40, 47, 48.
Frédéric, 42. — Prévôt de Saint-
Lambert, 53. — Barberousse, 80.
Freeren, 71.
Freisheim (Anne-Marie de), femme
de Daniel de Buirette, seigneur
d'Olne, 226.
Frères, 71.
Freûhe\, V. Froidheid.
Freubemont (Watele de), échevin
d'Olne, époux de Marguerite de
Wodomont, dont un fils Jean de
Vaux, 149, 233. — Denis, manant
du ban d'Olne, 1 5o.
Froidbermont, hameau d'Olne, 110,
1 1 3, 117, 139, 297; le château,
232, 241.
Froidheid, près d'Olne, 11 5, 119,
218; l'église, 171, 204, 206; l'école
tenue par le vicaire, 2 j *.
Frourny, 278.
Fulda, 34.
Galoppe, 222.
Gond, 10, 40.
Gavar, 186.
Gelinden, 79.
Gilivaux, hameau près d'Olne, 112,
1 17, 139, 23o, 23i, 297.
Gennaert, 101.
Georis (Henri), 241.
Gerbald, 34.
Germain (l'église de Saint-), 37.
Gertrude (sainte), 9, n, 12, io5.
Ghenyck (Arnold de), i53.
Ghisen, drossartde Dalhem, 262.
Giele (Reyner), échevin d'Olne, 1 5o.
Gilles (TOrval, 18, 19, 25, 41,43,
48, 49, 5i, 102.
Gillet (André), 229.
Gillis (Jean- Baptiste), évêque d'Amy-
zon, suffragant de Liège, consacre
l'église de Froidheid, 206.
Gilman (Jean), 241.
Godeschalc, diacre de Liège, 19, 20;
abbé de Sainte-Marie à Liège, 52.
Goffard, franciscain, puis ministre
protestant, 192.
Goffontaine, 1 1 1 .
Gomélevqy, ni.
Gontreuil (le comte de), colonel d'un
régiment de ligne dans l'armée au-
trichienne, 283.
Grandry (Jeanne de), femme de Jean
Wilket,bourgmestredu band'Olne,
171.
Grégoire (saint), de Tours, 4, 25,
26. —VII, pape, 5i, 52. — IX,
pape, 82, io5. — Jean, échevin
d'Olne, 224.
Grimoald, 34, 106, 107.
Grobendonck (le comte de), gouver-
neur de Limbourg, 184; sa dame,
2o5.
Gronsveld (Giselbert de), voué d'Olne,
128.
Grules (de), V. de Gronsveld.
Gueldre (le comte de), 88. — Henri,
prince-évêque de Liège, i36.
Guérin (Jurdan), 270.
Guillaume, roi des Romains, 44. —
Ier, roi des Pays-Bas, supprime la
commune du Mont-Saint-Hadelin,
et la réunit à celle d'Olne, 289.
Gulpen (Warnier de), seigneur de la
Rochette, avoué héréditaire de Fié-
— 316 —
ron et seigneur du ban d'Olne, i63,
164, i65, 166. Il épousa Margue-
rite d'Argenteau, i65. — Leur
fille Marguerite épouse Guillaume
de Ruisschenberg, i65, 166. Us
sont tous enterrés dans l'église de
Forêt, ibid.
Guntrannus, abbé de Sainte-Marie à
Liège, 5o.
Hadelin (Saint-), hameau de la com-
mune d'Olne, 110. Son terrain
houiller, 1 16, 1 17. Son église, 1 15,
1 18 ; elle est détruite par un oura-
gan, 206, 207. Son moulin, t 18,
175. La papeterie, 122. Le béné-
fice, i58, 178. L'école tenue par le
vicaire, 21 5.
— (Mont-Saint-). Cette seigneurie
dépend de la principauté de Stave-
lot, 119, 120, 127, 147, 164, 166.
La Cour de justice, 142. Il est
érigé en commune par les Fran-
çais, 289, et réuni à Olne, sous le
roi Guillaume Ier, ibid.
Hainaut (le), 42.
Hanchey (Jean de), 1 5 1 .
Hannotte, la famille, 233. — Servais,
mayeur de la Cour du Fief de
Mont-Saint-Hadelin, 167. — Anne,
262.
Hanse %, hameau d'Olne, no, ni,
112, II7, 123, 230, 23l.
— (Everard de), mayeur héréditaire
du ban d'Olne, 233. — Jean, i5i.
Harenne (de), commissaire de Liège,
89.
Harsta (Jean de), 97.
Hasselart (Henri de), 68.
Hastière, 3g.
Haweal (Henri), 89.
Haxhe, docteur et maire d'Olne sous
la domination française, 288.
Heid de Han$e\, montagne près
d'Olne, 112.
Heinry (Grand-), bourgeois d'Olne,
i5o.
Hellin, abbé de Sainte-Marie à Liège,
52, 53, 54, 58, 59, 60, 68, 89.
Henri II, empereur, 40, 41, 124,
125, 126, i36. — IV, empereur,
16, 5i, 85. — V, empereur, 124,
128. — VI, empereur, 1 3o. — V.
roi de France, 88. — le Pacifique,
prince-évéque de Liège, 62, 64,
125. — 1 1 , de Leyen , prince-évêque
de Liège, 42, 64, 125. — le Vieux,
duc de Limbourg, 129, i33. —
II, duc de Brabant, i33, 134, 3oi.
— 1 1 1 , le Magnanime, voué d'Olne.
fils du précédent, 1 33, 1 34 ; il épouse
Mech tilde de Bologne, 3oi.
— archidiacre de Liège, abbé de
Sainte-Marie et doyen de Saint-
Paul, 55, 56, 58, 68.
Henricourt (Jacques de), 94.
Henrotay, lieutenant dans l'armée
des Patriotes, 280, 281.
Henry (Gustave), pasteur protestant
à Olne, 292.
Hérigère, secrétaire de Notger, 4,
i5, 22.
Hermael (Jean de), i5o.
Hermalle, 21.
Herstal, 12, 42, 106, 107.
Hervé (le pays de), 114, 117; il est
dévasté par les Liégeois, 149, i5i,
l52.
— (la ville de), 123. Les Hollandais
s'en emparent, 170. Les Impériaux
la prennent, 282. Bataille entre
ceux-ci et les Patriotes, 282. Dé-
faite des Autrichiens, ibid.
Hesbaye (la), 41, 71.
Hesbignon ( Henri ) , bourgmestre
d'Olne, 261.
Heuskin, échevin d'Olne, 141, 221.
— Henri, 241.
Heu\e, maire-adjoint de Mont-Saint-
— 317 —
Hadelin, sous la domination fran-
çaise, 289.
Heylissem, 56.
Hincmar, 34, 47.
Hodémont (l'église protestante de),
2l3.
Hoensbroeck (le comte Constantin
de), prince-évêque de Liège, 272.
Honorius III, pape, 129.
Horion 9 106.
Hotton, ministre protestant, 180.
Houffali\e (Thierry de),avouéd'01ne,
129, i3o.
Hubert (saint), 4, 5, 11, 12, i3, 14,
17, 28, 3o, 32, 33, 34, 35, 36, 46,
99.
— (le monastère de Saint-), 38, 42,
5i, 52.
Hucbald, i5, 22.
Huy, 12, i5, 25, 36, 37, 48, 67, 80.
Innocent X, pape, i58.
Itte (sainte), enterrée à Nivelles, n.
Jacques (l'église de Saint-) à Liège,
59, 68.
Jalhay, fait partie du marquisat de
Franchimont, 193.
Jean (église deSaint-),àChèvremont,
12. — à Liège, 25, 34, 41, 60, 92,
101, 102.
— (saint), l'Agneau, évêque de Liège,
i5, 25.
Jennet (Christine de), épouse de Guil-
laume d'Olne, 235, 241 ; sa mort,
247.
Joconde, romancier, i5, 18, 19, 20,
22, 23.
Johan, fils de Willeame, mayeur
d'Olne, 140.
Jonas, 34.
Jonegueau (Jehan de), 1 56.
Joseph II (l'empereur), 272, 273. Les
Belges se révoltent contre lui, 277.
Julien, prêtre de Sainte-Marie à
Liège, 68.
Julienne (sainte), 84.
Jupille, 106, 119.
Jurdant(J.), 286.
Lagarde (François), 237, 238.
Lamarche (P.), curé d'Olne, 288 ; il
voit la fin du culte calviniste à
Olne, 270 ; son démêlé avec le pas-
teur protestant à Verviers,29 1 -293 ;
sa mort, 294, 295.
Lamargelle (le baron de), drossard
de Dalhem, 174.
Lambermont (Abel de), ministre pro-
testant à Olne, 219, 247, 25 1 ; il
convoque un synode wallon, 25 1 ;
sa mort, 252.
Lambert (saint), 2 ; il fixe sa demeure
à Liège, 3, 4; son martyre, 6, 7,
8, 14, 17-29, 32, 33, 34, 43, 44, 47,
99, 100, 106.
— (l'église de Saint-), à Liège, n'est
pas la plus ancienne église de
Liège, 3-14 ; son emplacement, 28 ;
96-108. — à Herstal, 12.
— (le chapitre de Saint-), à Liège, 2 ;
il est distinct de la communauté de
Sainte-Marie, 32, 39, 42, 43, 45,
80-104.
— (le- Bègue), 67.
— (Val-Saint-), 63.
Lambrion (Hery), i5i.
Lamouche, capitaine français, 229,
23o.
L anaux (le baron de), 200.
Landoald (saint), de Wintershoven,
maître de saint Lambert, 4.
Lantin, 71.
Laroche, 229.
Laurent (l'abbaye de Saint-) à Liège,
19, 67.
Leclerc, manant du ban d'Olne, i5o.
Legia, 14, 27, 28, 93.
Legrandhenri (Jean), 182.
Legros (N.-J.), notaire à Soiron,
276.
41
- 318 —
Lelahy (Jean), 237, 238.
Lemoine (Laurent), 206. — André,
lecteur de l'église réformée d'Olne,
261, 272.
Lenoir, ministre protestant, 21 3.
Leodium, l'ancien Liège, 3, 4, 5, 9,
2i, 33, 46, 100, io5, 106, 107.
Léonard (l'église de Saint-), à Liège,
53, 59, 68.
Leruth, vicaire à Olne, 291.
Letange (le major), attaque les Au-
trichiens près de Sprimont, 278,
279, 280.
Leyen (Henri de), prince-évêque de
Liège, 42, 49, 52, 55, 67.
Libert, bourgeois d'Olne, i32, 25o.
— (le baron de), seigneur de Froid-
heid, 269.
Liège, 1-108.
— (la chaussée de), à Verviers, 1 14,
122, 176,
— (le pays et la principauté de), 1 19,
120, 123.
— (le diocèse de), 120.
— (le prince-évêque de), son différend
avec le seigneur d'Olne, 119; ses
fiefs au ban d'Olne, ibid.
— (la ville de), prise parle Témé-
raire, 1 5 1 ; siégée par les Français,
227.
Lier s, 64.
Liessies, au diocèse de Cambrai, 17.
Limbourg (le duché de), fait partie
des pays d'Outremeuse, 119, 120,
129, 210.
— (le duc de), 128, i32, i33, i35.
— (la ville de), 149 ; les Hollandais
s'en emparent, 170.
Lincé (H.-J. de), 241.
Lixhe, 53.
Lobbes, 11, 36.
— (Hugues de), 104.
Loire, pasteur protestant à Olne,
271.
Longbur, vallon près d'Olne, u3;
on y a trouvé des psammites du
Condroz, 116.
Lorraine (Jacques de), primecier de
Metz, prévôt de Saint- Lambert à
Liège, 80, 81, 82.
Lothaire, 3.
Lotharingie (les ducs de la Basse-;,
sont voués des possessions du Cha-
pitre de Saint-Adalbert d'Aix-la-
Chapelle, situées à Olne, 1 26.
Louis le Débonnaire, 38. — de Ger-
manie, 39. — XIV, déclare la
guerre à la Hollande, 208, 226; il
s'empare de Maestricht, 222; il
déclare la guerre à l'Allemagne,
226.
Louvain (Albert de), prince-évêque de
Liège, 67, 129.
Louys (Martin), 216.
Ludolphe, archidiacre, 79.
Lut uvaux, ravin pittoresque près
d'Olne, 11 3.
Lynden (Ferdinand de), gouverneur
du marquisat de Franchimont, i3o-
Lys, curé de Hervé, 287.
Mabillon, 21.
Madières, 36.
Maeseyck, 44, 48, 88.
Maestricht, les reliques de saint
Lambert y reposent, 4, 7, 9. —
l'église de Notre-Dame, 3 1, 33 ; —
ville épiscopale, 35, 44, 47 ; — elle
est prise par Louis XIV, 208, 222.
— Le souverain conseil, 210.
Magnée, 109, 11 5.
Magnéetroo\, vallon près d'Olne,
1 15, 116.
Mailhar délie Salvenier, 98.
Mairlot (Jean), 206,
Malherbe (Jean), 271.
Matines, 39, 48.
Malonne (l'abbaye de), 48, 49.
Malmedy (le couvent de), 1 1, 5i.
— 319 —
Malte (Jean-François de), bourgmes-
tre de Liège, 89.
Manderscheidt (le comte de), abbé de
Stavelot, i65.
Many de Dommartin (Johan de),
seigneur de Saint-Hadelin, 164.
Marcel (l'église de Saint-), à Paris,
37-
March (Othon de la), 83.
Mareschal (Baudouin le), prêtre à
Olne, 154.
Marie (l'église de Sainte-), V. Notre-
Dame.
Maroie, servante du curé d'Olne,
1 5o ; ses deux fils, ibid.
Martin (l'église de Saint-) à Liège,
27, 39, 52, 60, 98, 99, 101, 102.
— à Stavelot, 1 1 .
— (saint), sainte Berte lui dédie sept
églises, 12.
Martini (A.), procureur-général de
Brabant, 221.
Martinmont, hameau d'Olne, 139,
297.
Materne (saint), 73.
— (les chanoines de Saint-), 2, 56,
73, 74,75, 76,77, 78, 79, 91.
Mathieu à la Chaîne (l'hôpital de
Saint-), 56, 76, 77, 78.
Mathieu (Léonard), 241 . — lemoisne,
diacre de l'église réformée d'Olne,
254.
Mathoné, i5o.
Maurice (l'église de Saint-) à Mau-
beuge, 11.
Meffe (l'abbaye de), 48, 49, 67, 69.
Mello (de), gouverneur des Pays-Bas,
173.
Mer lot (Michel), seigneur de Saint-
Hadelin, 164.
Mertens, lieutenant de l'armée bra-
bançonne, 280, 281.
Met{ (Herman de), 5i.
MicherouXy 117.
— (Jean de), 245.
Mollin (Gilles de), bourgmestre de
Liège, 89.
Monceau (le marquis du), gouverneur
et intendant du pays d'Outremeuse,
208, 223.
Monnet (Bastin), 1 54.
Mont-Saint-Hadelin, V. Saint-Ha-
delin.
Montjoie (Waléram de), 129, i3o.
Monulphe (saint), évêque de Liège,
14, i5, 16, 17, 18, 19, 23, 27.
Morivaux, hameau près d'Olne, i56,
157.
Moyse ( M ichel) ,241.
Munsterbilsen (le martyrologe de),
85,
Nairheid, montagne près d'Olne, 1 1 1 ,
u3, 1 1 5.
Naméche, 129.
Namur (l'abbaye de), 48, 49.
— (Albert de), vouédeSaint-Hadelin,
127.
Nautet (G.), 256.
Navania, 38.
Naveroulle, 71.
Neetinry, vallon près d'Olne, 1 13.
Nessonvaux, 109, ni, 112, 1 13, 117,
120, 198, 199, 204, 206.
Neufmoustier, 104.
Neuville (la), 1 14.
Nicolas (le chanoine), biographe de
saint Lambert, 16, 17, 18, 22, 23,
24,27, 3o, 3i, 107. — curé d'Olne,
i36.
Nimègue (la paix de), 211, 223.
Nivelles, 9, 11.
Niqet (Mademoiselle), mayeur héré-
ditaire d'Olne, 140. — Gilles-
Mathieu, ibid., 141, 174, 224. —
Everard, ibid., 141 , 267. — Henri,
ibid., 241. — Wathelet, échevin
d'Olne, 187; il est déposé, 221, 224.
— Denis, 241. — Simon, ibid.
— 320 —
Noirfaliçe (Toussaint de),curéd'01-
ne, 1 53.
Normands (les), 24,33. Ils dévastent
le pays de Liège, 47, 48, 57, 100.
Notger, évêque de Liège, reconstruit
l'église de Saint-Lambert, 23, 24,
25, 29, 40, 44, 47, 84, 86; il érige
l'église de Saint- Jean, 34; et l'église
de Sainte-Croix, 99.
Obert, évêque de Liège, 42, 43, 52,
54, 59, 60, 68.
Ode (sainte), d'Amay, 17, io5.
— , aveugle guérie par l'intercession
de saint Lambert, 8, 9.
Odile, 68, 69.
Oduin, 38.
Olne. Description de la commune,
109-118, 284. Les principaux ha-
meaux, 1 10. Topographie, 1 10. Cu-
riosités naturelles, 1 15. Nature du
terrain, 116. Productions natu-
relles, 116. Agglomérations, 117.
Routes, 1 17. Culte et instruction,
118. — Le ban, 118; ses limites,
119, 288. L'industrie et le com-
merce. — La seigneurie, 121, 220;
elle appartient au chapitre de Saint-
Adalbert à Aix-la-Chapelle, 124,
i32; elle est cédée au comte de
Dalhem, 147, i33. Droits et de-
voirs du Chapitre et du comte de
Dalhem, 1 38. Les seigneurs ga-
giers, i63; la seigneurie est ven-
due, 173. Le voué, J26, 127, 128,
129, i3o, 1 3 1 ; le forestier, 139; le
mayeur, ibid. ; les échevins, 141;
la Cour de justice, 118, 142, 173,
23 1; les plaids généraux, 142; la
brasserie banale, 144; les moulins,
145, 175, 210; la dîme, 1 55, 247,
275; les- franchises communales,
159; les deux bourgmestres, 159;
les régleurs, 161 ; le collecteur des
tailles, ibid.; la régence, 162. —
L'invasion hollandaise, 169, 177,
187. — Dévastation du ban d'Olne
par les Français, 226. Bataille
d'Olne, 278. — La paroisse, 120,
i35, i36, 216; l'église, i38, 252,
268, 275 ; la ruine de la cure, 247 ;
les anciens biens de la cure, 294.
Les réformés à Olne, 169, 177. Per-
sécution des catholiques, 21 1, 253.
- (Bois d'), hameau d'Olne, 1 10.
-(Vaux-sous-), 110, 112, n 3, n5,
117, 119, 120, i3i, 198, 199.
- (la famille d'). Son origine, 232 ;
elle habite Froidbermont, ibid.;
elle possède les domaines de Vaux
et de Hansez, 21 3.
- Wathieu, sire de Freubiemont,
époux de Marguerite de Wodo-
mont, 233. — Pierre -Mathieu,
chevalier du Saint- Empire, sei-
gneur de Froidbermont, 120, 174,
234. — Servais-Mathieu, frère du
précédent, 234. — Guillaume, fils
de Pierre-Mathieu, seigneur de
Froidbermont etdeSaint-Hadelin,
époux de Christine de Jennet, 148,
164, 234, 235; il achète la seigneu-
rie d'Olne, 226, 227, 232; ses pro-
cès avec Dejong, 239, 240, 241 ; et
avec André le moisme, 243 ; il
construit le château d'Olne, qui
subsiste encore aujourd'hui, 242,
243 ; sa mort, 247. Ses enfants :
a) Guillaume-Philippe, qui suit.
b) Lambert, seigneur de Neu-
ville, Tihange, Vodemont, Mau-
ham, époux de Jeanne de Stembier,
235.
c) Anne-Catherine, épouse de
Jean-Hubert de Tignée, bourg-
mestre de Liège, 235, 237.
d) Marie-Agnès, prieure des Car-
mélites-Déchaussées à Bruxelles,
236.
— 321
e) Mathieu, chanoine tréfoncier
de Saint-Lambert, ibid.
f) Pierre-Mathieu, chanoine de
Saint-Jean, ibid.
g) Guillaume-Philippe, cheva-
lier du Saint-Empire, seigneur
d'Olne et de Saint-Hadelin, épouse
Thérèse, baronne de Rhoed'Obsin-
nich, dame de Baerlo, 252, 253,
255; sa mort, 258. Ils eurent :
i° Guillaume-Frédéric, seigneur
d'Olne, de Saint-Hadelin, Baerloet
Berckt, époux de Marie-Joseph de
Meerwyck, 259, 262, 263; il vend
la seigneurie d'Olne, 264; il la
rachète, 267. Sa mort, 268. Ses
enfants : a) Elisabeth, 267. b) Ma-
rie-Josèphe, ibid. c) Antoine-Jo-
seph, dernier seigneur d'Olne, 268,
276; son petit-fils Guillaume-Hu-
bert est membre des Etats-Généraux
du royaume des Pays-Bas, 268.
20 Lambert-Henri, 259, 261 ; il
cède la seigneurie d'Olne à son
frère Guillaume-Frédéric, 268.
— Mathieu-Michel, 234.
— Gaspard, chapelain de Froidheid,
puis curé d'Olne, 269 ; il bénit la
nouvelle église d'Olne, 270, 271.
Orange (Guillaume d'), 170. — Fré-
déric, ibid.
Orval, 48.
Othon (les empereurs), 25. — Ier, 44.
II, 36. — III,4i.
Otton, cardinal-diacre et légat du
pape à Liège, 80 , 82.
Ourthe(Y), 18, i35.
Outremeuse (Jean d'), g5. — Le pays,
119, 120, 210; les Hollandais s'en
emparent, 170.
Outremont (d'), prince-évêque de
Liège, 92.
Pantaléon, 25.
Paris. Le siège épiscopal, 37. On y
transporte dès objets d'arts de
Liège, 89.
Patras (Lambert), auteur des célèbres
fonts baptismaux de Notre-Dame-
aux-Fonts, 52, 89.
Paul (l'église de Saint-), à Liège, 54,
55, 60, 101, 102; — à Nivelles, 11,
53.
— V, pape, 177.
Pépin de Herstal, 3i, io5, 106, 107.
Pétry (Pierre), échevin surnuméraire
et notaire à Olne, 224, 241.
Pharàilde (sainte). Ses reliques, 54.
Pharamond, 16.
Philippe, roi des Romains, 60. — le
Bon, 149, 1 5 1 . — II, roi d'Es-
pagne, 88, i63. — IV, roi d'Es-
pagne, 172, 173.
Picard (Bernard), 88.
Pie VIL Son concordat avec Bona-
parte, 88.
Pierpont (Hugues de), prince-évêque
de Liège, 45, 57, 64, 67, 69, 70,
72> 74-
Pierre (saint), 33.
— (l'église de Saint-), à Liège, 33,
34 ; elle est fondée par saint Hu-
bert, 9, i3, 28, 3o, 32, 99; on y
célèbre les funérailles de ce saint,
12; elle est brûlée, 85. Ses obliga-
tions envers la Cathédrale, 102.
— à Elnone, 10. — à Stavelot, 1 1 ; à
Lobbes, ibid., à Nivelles, ibid.
— et Paul (l'église des Saints-), à
Maubeuge, 1 1.
— l'Ermite, 104.
Piron (Lina), i65.
Pirotte (Jacquemin), i85.
Piteit (Jean), bourgmestre de Liège,
89.
Plaisant, 186.
Plettenberg (Sibylle de), épouse de
Jean de Ruysschenberg, seigneur
d'Olne, 168.
— 322 —
Polis (Olivier), curé cTEnsival, 220.
Pont-de-Loup; ses franchises, 63, 77,
81, 82.
Postel, dit Jean de Fléron, curé
d'Olne, i5o, i53.
Pousset, 87.
Potheuk (Welt), 184, 186, 189.
Pragues, 25.
Prajron (Jacques),, vicaire, puis curé
d'Olne, 216, 218, 241; il perd sa
part de la dîme dan,s uik procès
avec le Chapitre de Saint-^dalbert
d'Aix-la-Chapelle, 189, 247-250.
Prémontrés (les), à Liège, 63.
Preneste (Guy de), légat-du Pape, 57,
72,74-79- . .
Presseux(ïa famille de), 233.
Preumont (Louis), 182, 193, 194*
Provinces-Unies (les). La paix '-de
Westphalie reconnaît leur indépen-
dance, 180, 187, 197.
Prudence de Troyes, 28.
Publfrnont, 5, 18, 27, 85, g8v 99,
107.
Quedrick, chirurgien, protestant hol-
landais établi à Olne, 172. — Pierre,
échevin d'Olne, 224.
Quentin (l'église de Saint-), à Mau-
beuge, 11.
Quicherat, 3j.
Radoux (Nicolas), 265.
Rafhay (la Haute et Basse), hameaux
d'Olne, 110, 11 3, 114, 11 5. Le
terrain est en partie houiller, 1 16.
La route, 117, 122, 176. La bras-
serie, 122.
Raganfroid, 8.
Rahier (Gilson de), seigneur de M ont-
Saint- Hadelin, 164. — Christophe,
fils du précédent, seigneur du
même lieu, ibid. — Henri, 241.
— G.-J. , docteur en médecine,
maire d'Olne sous la domination
française, 288.
Raimbauld, 42.
Ramai, curé de Soiron, 216.
Ravenstein (Walther ou Gauthier
de), de Chavenci, doyen de Saint-
Lambert, abbé de Notre-Dame à
Liège; il réorganise l'abbaye de
Notre-Dame, 56, 57, 68, 70-78,
91.
Réginon, 47.
Régnier (David), achète la seigneurie
d'Olne, 264; sa mort, 267. — An-
dré, seigneur d'Olne, fils du précé-
dent, officier au service de la reine
de la Grande-Bretagne, 267. —
Pierre, bourgmestre d'Olne, 260,
261. — André, forestier d'Olne,
263. — Pauline, dernière calviniste
du village d'Olne, 293.
Remacle (saint), 11, 85, 106, 107.
Rem/roid (H.), curé d'Olne et de Soi-
ron, 1 35.
Remjr (Saint-) à Liège. Le curé, 60.
— Nicolas, 241. — Michel, 241.
Renaud, avocat, 25o, 256, 257; il est
accusé de meurtre, 257.
Renier, chroniqueur liégeois, moine
de Saint-Jacques, 43, 77.
Renirs, archiprêtre de Liège, 65.
Renkin (Léonard), 23 1.
Rennotte, échevin d'Olne, 263.
Rensonnet (Antoine), 253.
Restaing(de), lieutenant-colonel dans
l'armée des Patriotes, 282.
Rethel (Abert de), prévôt de la cathé-
drale de Liège, io3.
Rheins, colonel, 171, 200.
Rhoe d'Obsinnich (la baronne de),
épouse de Guillaume- Philippe
d'Olne, 252.
Richaire, évêque de Liège, 29, 35,
48.
Richald, curé d'Olne et doyen du
concile de Saint-Remacle, i36,
137.
- 323 -
Riessonsart, hameau cTOlne, no,
114, 1 15, 117, 118, 1 19, 23i.
Rimberg, doyen du chapitrede Saint-
Adalbert, à Aix-la-Chapelle, 198,
209.
Robert, prévôt de la cathédrale de
Liège, 99.
Rochette (la seigneurie de la), 120. —
Johan, 164. — Anzaul, fils du pré-
cédent, ibid.
Rodolphe, évêque de Liège, 42.
Rohault (Nicolas), curé d'Olne, i53.
Roland, 98.
Rolduc, fait partie du pays d'Outre-
meuse, 119.
Rouen, 27, 44.
Rougrave (le comte de), vicaire-géné-
ral de Liège, jette l'interdit sur la
chapelle de Froidheid, 269.
Rqyer (Guillaume de), seigneur de
Lensse et de Roisseau, achète la
seigneurie d'Olne, 173, 174.
Ruysschenberg (Guillaume de), sei-
gneur du ban d'Olne et de la Ro-
chette, époux de Marguerite de
Gulpen, i65. — Jean, fils des pré-
cédents, seigneur des mêmes lieux,
époux de Sibylle de Plettenberg,
166, 167, 168, 169, 172, 175.
Rupert, 43.
Russon, 106.
Ry de la Saute, ruisseau près d'Olne,
m, 11 5, 148. — de Rode, fontaine
près d'Olne, 1 15, 241. — des Chi-
naux, 148.
Sablenier, V. Sauvenière.
Salaberge (sainte), abbesse de Saint-
Jean-de-Laon, 12.
Saladin, i3o.
Sart, fait partie du marquisat de
Franchimont, 193.
Sauche (le comte de), commande l'ar-
mée allemande, 222.
Sauvenière (la), ancien hameau de
Liège, 5, 81, 82, 97, 98, 99, 100,
107.
— (Haute et Basse), 27, 5o.
Savoie (Guillaume de), 83.
Saxe-Teschen (les archiducs Albert
et Marie de), gouverneurs des Pays-
Bas, 274, 283.
Schiplaeken (de), intendant militaire
de la province de Limbourg, 278,
279, 280.
Schryver (Hubert), bourgmestre d'Ol-
ne, 259, 260, 261,262, 270, 272.
— Henri, fils du précédent, notaire
d'Olne, 266.
Scoppem (Wilhelm van), mayeurd'Ol-
ne, 140.
Sébastien (saint). Ses reliques, 179;
patron de l'église d'Olne, 180.
— (ie bénéfice de Saint-), àOlne, 2 1 5.
— (l'église de Saint), à Stavelot, 1 1 .
Sergius, 17.
Servais (saint), 16, 33.
— (l'église de Saint-), à Maestricht,
10; à Liège, 27.
Séverin (le vallon de Saint-), 27.
Sévery (Hennekin), greffier d'Olne,
187.
Siefrid, abbé de Sainte-Marie et
doyen de Saint-Lambert à Liège,
54,55, 58, 61.
Sieudelaii (Jean de), curé d'Olne, \ 3j.
Sigebert de Gembloux, i5, 16, 21,
22, 24.
Soiron, 109, 124, 125, 176. — Le
ruisseau, 11 3, 11 5, 1 18. — La ba-
ronnie, 120. — Le moulin, i65,
210. — La dîme, i36.
— (N.), vicaire à Froidheid, 269.
— (Béatrice, dame de), i32.
Sommage (Everard de), manant du
ban d'Olne, 1 5o. — Olivier, 1 5 1 .
Soumagne, 109, 114, u5, 122, 124,
125, 164, 176. Le ban, 120. Le
Ruisseau, n 5.
- 324 —
Spa, fait partie du marquisat de
Franchimont, 193.
Spiexhe, près de Theux, i53.
Spirlet (Simon), 162. — Bauduin,
216; notice sur sa vie, 219,220; né
à Olne, 2 1 9 ; maître ès-arts de l'uni-
versité de Louvain, 220; vicaire-
margu illier d'Olne, ibid. ; curé
d'Ensival, ibid. ; doyen du concile
de Saint- Remacle, ibid. ; sa mort,
ibid. — Simar, bourgmestre d'Olne,
250,260,266, 267. — J. -F. bourg-
mestre d'Olne, 289, 292.
Sprimont, 278 ; il est célèbre par le
combat entre les Autrichiens et les
Patriotes, ibid.
Spyx, V. Spiexhe.
Stassele Rifla, i5o.
Stavelot (l'abbaye de), 11, 38, 5 1, 85,
106, 127. — La principauté, 119,
123, 147, 164, 167, 168, 200. —
La Souveraine-Cour, 142.
Stembert, fait partie du marquisat de
Franchimont, 193.
Steppo, prévôt de Sainte-Marie et de
Saint- Lambert, 43. *
Stockem (Herman de), archidiacre du
Condroz, 216.
Stoep (Jean), i5o.
Sully (Maurice de), 38.
Surlet (le baron de), grand-vicaire de
Liège, 217.
Sjrmkea (Simon), voué d'Olne et de
Mont-Saint-Hadelin, 147. — Si-
mon, fils du précédent, ibid. et
164.
Tachin de Trembleur, mayeur d'Ol-
ne, 140.
Tancré, hameau près d'Olne, n 3,
1 1 5 ; le vallon, 1 1 3 ; la fontaine,
ibid.
Théodard (saint), évêque de Liège.
Ses reliques, 4, 5, 107.
Théoduin, évêque de Liège, 5o, 5i,
52. — abbé de Sainte- Marie à
Liège, 52.
Theux, 38, 39. Il fait partie du mar-
quisat de Franchimont, 193.
Thielt (Pierre van), 149.
Thierry, prêtre de Liège, 53, 68. —
prévôt de Saint- André de Cologne,
doyen de Saint-Lambert de Liège,
78. — prévôt de Saint- Adalbert
d'Aix-la-Chapelle, 128.
Thillot, champ près d'Olne, 227.
Thomsin (Jean), 214.
Thuin (l'abbaye de), 48.
Thys, 71.
Tignée (Hubert de), bourgmestre de
Liège, 236.
Tilia (Jean- Bauduin de), curé d'Olne,
157.
Tilice, 71.
Till (Jean-Guillaume de), drossard
du pays de Fauquemont, seigneur
d'Olne, 174, 175, 176, 187; il vend
la seigneurie d'Olne, 220. — Gil-
bert, fils du précédent, seigneur
d'Olne, 176.
Tilleul (le), campagne près d'Olne,
227.
Tollet (Gérard) , bourgmestre deLiége ,
89.
Tongres, 3i, 35, 44, 47, 71.
Tonvqye, endroit près d'Olne, 11 3.
— (Mathieu de), 89.
Torote (Robert de), successivement
abbé de Sainte-Marie de Liège,
évêque de Langres et prince-évèque
de Liège, 57, 59, 80, 81, 83, 84.
Toxhelet (Jean), 206.
Trembleur (Tachin de), 233.
Trenck (le baron de), 259.
Trêves. Les ruines romaines, 10.
Le dôme, 29, 45, 82.
Triexhes (les), près d'Olne, i58, 198.
Tristant, seigneur de Fraipont, 148,
225.
— 325 —
Trond (l'église de Saint-), à Liège, 85.
Troo\, 112, ii 5.
Ulbeck, 5o.
Ulric,abbé de Sainte-Marie de Liège,
55.
Uls (Catherine), fondatrice d'une
école à Olne, 289.
Ursmer (saint), 11.
Val-Dieu, 129.
Vanne au Trooz, hameau près
d'Olne, 112, 11 5.
Vaussalle, vallon près d'Olne, 1 13.
Vaux, 18. — sous Olne, V. ce der-
nier mot.
— (Jean de), 233. — Bodechon, ibid.
— Renard, ibid.
Verbolt, commissaire déciseur des
Etats-Généraux à Maestricht, 224.
Verdun, évêque de Liège, 45, 83.
— (Henri de), 52, 5g.
Verriers, 109, 122; il fait partie du
marquisat de Franchimont, 193.
Vesdre (la), rivière, ni, 112, n 3,
114, 116, 123, 128, 134, 1 35, 144,
148, 1 56.
Vierges (l'église des Onze-mille-), à
Liège, 85.
V Mer s-V Evêque, 71, 76, 78, 79.
Vincent (saint), 25.
Voiron, seigneur d'Olne, 174.
Vrithoff, substitut-mayeur d'Olne,
140.
Wagger, voué d'Olne, 1 3o, 1 3 1 .
Walburge (1 église de Sainte-), 9. —
Le quartier, 59.
Walcand, évêque de Liège, 34, 38.
Waieran, duc de Limbourg, i3o. —
III, i33. — IV, i35.
Walther, avoué de Châtelet, 63.
Waltherus, i35.
Waremme, 42, 55.
Warnier, 190, 191.
Warnot de Belleflamme, V. ce der-
I nier mot.
Wathy (Simon), 241.
Wa\on, 36, 40, 45, 54.
Werburc, 89.
• Wéric, abbé de Liessies dans le dio-
cèse de Cambrai, 17, 55.
Werkendam, commissaire déciseur
des Etats-Généraux à Maestricht,
224.
Westphalie (la paix de), 180.
Wibald, abbé de Sainte-Marie de
Liège, 43.
Wigger, voué d'Olne, i3o, i3i.
Wilkin (la famille), 1 59 ; elle est lo-
cataire de la dîme pastorale d'Olne,
248.
— Clément, curé d'Olne, 157, 172,
249-256, 268, 269. — Jean, bourg-
mestre du ban d'Olne, époux de
Jeanne de Grandry, 171, 172, 174,
184, 187, 198, 201, 2o5, 209, 210.
— Jacques, 172, 241, 248. —
Henri, capitaine des veilleurs, 22 1 .
Willeame, 140.
Wilmet (Louis), seigneur de Saint-
Hadelin, 164.
Wintershoven, 4.
Witthem (Frédéric de), châtelain de
Dalhem, 149, i5o, i5i, i52, 1 53.
Woelmont (le baron T. de), 256.
Woeringen (la bataille de), 129.
Womar, 40.
Wulfetrude, abbesse de Nivelles, 1 1 .
Wurmster (de), lieutenant des hus-
sards autrichiens, 278.
Xenderlesse, 109, n 5, 117.
Xhardé (Nicolas), 199.
Xhéneumont (Gérard), notaire public
impérial, 167.
Xhoris, 200.
Zahringen (Raoul de), évêque de
Liège, 45, 55, 60, 68.
Ziane (Renier), vicaire de Froidheid,
218,268.
Zwentibold, 38.
42
— 326 —
ÉPITAPHES.
Delva (Antoine), curéd'Olne, à l'église
d'Olne, 211.
Ravenstein (Gauthier de), abbé de
Sainte-Marie, aux cloîtres de la
cathédrale de Saint- Lambert à
Liège, 77.
FRAGMENTS GÉNÉALOGIQUES.
0/ne(d'), 232-271.
CARTE.
Olne, Carte de l'ancien ban d'Olne,
en 1794, avec indication des vieux
chemins, 109.
PLANCHE.
Olne. Armoiries des barons d'Olne.
Sceaux de la Cour de justice, de
l'ancienne paroisse et du Consis-
toire protestant, 173.
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