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Full text of "Bulletin de la Société et d'histoire du diocèse de Liége"

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BULLETIN 


DE  LA 


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SOCIETE  D'ART  ET  D'HISTOIRE 


DU 


DIOCÈSE  DE  LIÈGE 


TO^fllE    "VI 


LIEGE 

L.   GRANDMONT-DONDERS,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

U  —  RUE  VfNAVErn'lLK  —  M 

1891 


SOCIÉTÉ  D'ART  ET  D'HISTOIRE 


DU 


DIOCESE   DE    LIEGE 


BULLETIN 


DE  LA 


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SOCIETE  D'ART  ET  DHISTOIRE 


DU 


DIOCÈSE  DE  LIÈGE 


TOME    "VI 


LIEGE 

L.    GRANDMONT-DONDERS,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

M  —  RUE  VINAVE-D'lLE  —  M 

1S0O 


BULLETIN 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  D'ART  ET  D'HISTOIRE 


DU 


DIOCÈSE  DE  LIÈGE 


TO^E    "VI 


LIEGE 

L.   GRANDMONT-DONDERS,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

M  —  RUE  VINAVE-n'lLE  —  îî 

1890 


THE  NSW  YO*K 

PUBLIC  LIBnARY 

'55*223.4 

T1LDEN  l-ùUUDATIGNL 
R  101'S  L 


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IR  È  GHj  E  M  E  2ST  T 


ART.  ier.  —  Il  est  fondé,  à  Liège,  une  Société  d'art  et  d'histoire 
du  diocèse  de  Liège, 

ART.  2.  —  Cette  Société  a  pour  but  d'aider  à  la  conservation  et 
de  propager  la  connaissance  de  tout  ce  qui  peut  intéresser  l'histoire 
et  Fart  religieux  du  diocèse  de  Liège. 

ART.  3.  — Elle  comprend  des  membres  d'honneur,  des  membres 
actifs,  des  membres  correspondants  et  des  membres  associés. 

ART.  4.  —  Les  membres  d'honneur  sont  ceux  auxquels  ce  titre 
a  été  décerné  en  reconnaissance  de  leur  haut  patronage  ou  d'émi- 
nents  services. 

ART.  5.  —  Les  membres  actifs  sont  ceux  qui  s'engagent  à 
apporter  un  concours  régulier  à  l'œuvre  de  la  Société  ;  ils  seront  au 
nombre  de  trente-un  au  plus,  élus  par  leurs  collègues  et  auront 
seuls  voix  délibérative  dans  les  réunions. 

ART.  6.  —  Les  membres  correspondants  sont  choisis  parmi  les 
personnes  qui  auront  rendu,  ou  se  montreraient  disposées  à  rendre 
des  services  particuliers  à  la  Société.  Us  peuvent  assister  à  ses  réu- 
nions avec  voix  consultative.  C'est  parmi  eux  que  seront,  de  préfé- 
rence, choisis  les  membres  actifs. 

ART.  7.  —  Les  membres  associés  collaborent  à  l'œuvre  par  le 
payement  de  leur  cotisation;  ils  reçoivent  toutes  les  publications  de 
la  Société,  des  facilités  d'accès  à  ses  collections,  et  le  droit  d'obtenir 
les  renseignements  qui  pourraient  les  intéresser  sur  les  objets  dont 
s'occupe  l'Association. 


—   VI   — 

ART.  8.  —  En  entrant  dans  la  Société  tous  les  membres  s'en- 
gagent à  observer  ses  Statuts  et  à  payer  une  cotisation  annuelle,  de 
1 5  francs  pour  les  membres  actifs;  de  10  francs  pour  les  correspon- 
dants et  les  associés. 

ART.  9.  —  La  Société  se  divise  en  deux  sections  :  la  section 
d'art  et  la  section  d'histoire. 

ART.  10.  —  Chacune  de  ces  sections  nomme  son  Président  et 
son  Secrétaire  et  peut  se  réunir  à  part  pour  traite»  des  questions  qui 
font  plus  spécialement  l'objet  de  ses  études. 

ART.  11.  —  La  Société  sera  administrée  par  un  Bureau  composé 
d'un  Président,  de  deux  ou  trois  Vice-Présidents,  de  deux  Secré- 
taires, d'un  Trésorier,  d'un  Conservateur,  d'un  Bibliothécaire  et 
des  Dignitaires  qu'elle  jugerait  utile  de  leur. adjoindre. 

ART.  12.  —  La  Société  a  pour  Président  d'honneur  Monseigneur 
l'Evêque  de  Liège,  et  pour  Président  effectif 'le  membre  désigné 
par  Monseigneur  l'Evêque.  Les  Présidents  de  section  remplissent 
les  fonctions  de  Vice-Présidents  de  la  Société,  et  prendront  rang 
d'après  la  date  de  leur  élection  ;  les  Secrétaires  sont  ceux  des 
sections  ;  le  Trésorier  et  les  autres  dignitaires  sont  nommés  par 
l'Assemblée  générale  pour  un  terme  de  cinq  ans,  comme  les  Vice- 
Présidents  et  les  Secrétaires. 

ART.  1 3.  —  La  Société  s'assemble  en  réunion plénière  pour  pro- 
céder aux  élections  nécessaires,  régler  son  budget  et  prendre  toutes 
les  décisions  concernant  l'œuvre  entière  ;  la  première  de  ces  réunions 
se  tiendra  obligatoirement  chaque  année  dans  le  mois  de  janvier  et 
il  y  sera  fait  un  rapport  sur  l'exercice  écoulé. 

ART.  14.  —  La  Société  poursuit  son  but  :  i°  en  traitant,  soit 
en  section,  soit  en  Assemblée  générale,  les  questions  relatives  à  ce 
but  ;  20  en  éditant  un  Bulletin  et  des  publications  spéciales  ;  3°  en 
organisant  un  Musée  diocésain  ;  40  en  fournissant  à  ses  membres 
les  indications  historiques  et  artistiques  réclamées  d'elle. 

ART.  i5.  —  Le  Bulletin  paraîtra  sous  la  direction  des  délégués 
de  la  Société;  chaque  auteur  aura  droit  à  cinquante  tirés  à  part  de 
tout  travail  inséré  dans  le  Bulletin. 

ART.  16.  —  Le  Musée  sera  composé  d'objets  authentiques  et 
de  reproductions  exactes,  choisis  parmi  les  plus  anciens  ou  les  plus 
recommandables  par  leur  valeur  artistique. 


-**- 


TABLEAU 


Dis 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


0 

PRÉSIDENT   D'HÇNNEUR 

Sa  Grandeur  Monseigneur  DOUTRELOUX,  évêque  de  Liège. 

MEMBRES  D'HONNEUR 

Baron  BÉTHUNE  D'iDEWALLE,  président  de  la  Gilde  de  Saint- 
Thomas  et  de  Saint-Luc,  à  Gand. 

Monseigneur  CARTUYVELS,  vice-recteur  de  l'Université  catholique 
de  Louvain. 

M.  ESSENWEIN,  directeur  du  Musée  germanique,  à  Nuremberg. 

Baron  KERVYN  DE  LETTENHOVE,  président  de  la  Commission 
royale  d'histoire,  à  Bruxelles. 

M.  Auguste  REICHENSPERGER,  membre  du  Parlement  allemand, 
à  Cologne. 

M.  REUSENS,  chanoine  et  professeur  d'archéologie  à  l'Université 
catholique  de  Louvain. 

M.  James  WEALE,  archéologue,  à  Londres. 

Le  Révérendissime  Abbé  de  Maredsous. 


—  VIII  — 

CONSEIL  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Président,  Monseigneur  RUTTEN,  vicaire-général  de 

Sa  Grandeur  Monseigneur  TEvêque  de 
Liège. 

Vice-Présidents,  MM.  Jules  HELBIG. 

Godefroid  KURTH. 
Membres,  Gustave  FRANCOTTE. 

Joseph  DEMARTEAU. 
Secrétaire,  Paul  MAES. 

Trésorier,  Jules  FRÉSART. 

Conservateur,  le  chanoine  DUBOIS. 

Bibliothécaire,  Henri  FRANCOTTE. 

MEMBRES  ACTIFS 

SECTION   D'ART 

MM.    DUBOIS,  chanoine,  place  Saint- Paul,  à  Liège. 

Gustave  FRANCOTTE,  avocat,  rue  Forgeur,  16,  id. 

Jules  FRÉSART,  banquier,  rue  Sœurs-de-Hasque,  id. 

Jules  HELBIG,  artiste  peintre,  rue  de  Joie,  id. 

Edmond  Jamar,  architecte,  place  Saint-Pierre,  id. 

Pascal  LOHEST,  rue  Fusch,  38,  id. 

Chevalier  Oscar  SCHAETZEN,  membre  de  la  Chambre  des 
Représentants,  à  Tongres. 

Camille  SlMONIS,  rue  Chevaufosse,  à  Liège. 

THIMISTER,  chanoine,  place  Saint-Lambert,  3,  id. 

Charles  WlLMART,  rue  Rouveroy,  id. 

Fernand  WlLMART,  abbé,  rue  Chaussée-des-Prés,  id. 

Joseph  WlLMOTTE,  artiste-orfèvre,  boulevard  de  la  Sauve- 
nière,  id. 


—  IX   — 


SECTION    D'HISTOIRE 


MM.    Eugène  BACHA,  docteur  en  philosophie,  place  de  l'Univer- 
sité, à  Liège. 

Chevalier  Camille  DE  BORMAN,  conseiller  provincial,  place 
Saint-Jean,  id. 

Stanislas  BORMANS,  membre  de  l'Académie,  administrateur- 
inspecteur  de  l'Université,  place  Cockerill,  id. 

Chevalier  Adrien  DE  CORSWAREM,  membre  de  la  Chambre 
des  Représentants,  à  Hasselt. 

DARIS,  chanoine  et  professeur  d'histoire  au  Séminaire,  à 
Liège. 

DELMER,  bibliothécaire  à  l'Université. 

Joseph  DEMARTEAU,  rédacteur  en  chef  de  la  Galette  de 
Liège. 

Révérend  Père  Charles  DESMEDT,  bollandiste,  à  Bruxelles. 

Henri  FRANCOTTE,  professeur  à  l'Université,   boulevard 
Frère-Orban,  47,  à  Liège. 

Godefroid  KURTH,   professeur  à  l'Université,  rue  Rou- 
veroy,  6,  id. 

Léon  LAHAYE,  archiviste,  à  Namur. 

Comte  DE  LIMMINGHE,  à  Gesves  (province  de  Namur). 

Paul  MAES,  bibliothécaire-adjoint  à  l'Université. 

Amédée  DE  RYCKEL,  avocat,  boulevard  de  la  Sauvenière, 
à  Liège. 

Emile  SCHOOLMEESTERS,  doyen  de  Saint- Jacques,  place 
Saint-Jacques,  6,  id. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS 

MM.    CEYSSENS,  curé  à  Dalhem. 

CHRISTIAENS-VANDERRYST,  entrepreneur,  à  Tongres. 

G.  CLOES,  fils,  avocat,  rue  Rouveroy,  à  Liège. 

Louis  CRAHAY,  conseiller  à  la  Cour  de  cassation,  à  Bru- 
xelles. 


—   X  — 

MM.    DANIELS,  abbé,  château  de  Vogelsanck,  à  Zolder. 

DEHIN,  frères,  fabricants,  rue  Agimont,  39,  à  Liège. 

DUGUET,  avocat,  rue  Paul  Devaux,  id. 

GlLISSEN,  abbé,  rue  Mathieu  Laensberg,  id. 

Alphonse  GràNDMONT,  avocat,  à  Taormina. 

DE  GROUTARS,  chanoine  et  professeur  à  l'Université  de 
Louvain. 

HABETS,  conservateur  des  archives,  à  Maestricht. 

HENROTTE,  chanoine,  hôpital  de  Bavière,  à  Liège. 

Philippe  DE  LlMBOURG,  à  Theux. 

Louis  LlBBRECHT,  avocat,  rue  Sainte-Véronique,  3o,  à  Liège. 

Léon  NAVEAU,  docteur  en  droit,  château  de  Bommers- 
hoven  (Tongres). 

Edmond  NlFFLE,  avocat,  à  Namur. 

Emile  Picard,  avocat,  rue  Tôurnant-Saint*Paul,  à  Liège. 

Edouard  PONCELET,  attaché  aux  Archives  de  l'Etat,  quai 
de  l'Industrie,  id. 

Révérend  Père  Recteur  du  Collège  Saint-Servais,  id. 

Jean  RENIER,  professeur,  à  Verviers. 

Gustave  RUHL,  avocat,  rue  des  Augustins,  à  Liège. 

F.  TROISFONTAINES,  avocat,  rue  Sainte- Véronique,  id. 

Lambert  VANDRIKEN,  avocat,  à  Lexhy. 

VAN  ORMELINGEN,  curé,  à  Neer-Repen. 

MEMBRES  ASSOCIÉS 

MM.    Remy  ANGENOT,  rue  Duvivier,  22,  à  Liège. 

Toussaint  BECO,  étudiant,  rue  des  Célestines,  id. 

Adolphe  BERLEUR,  ingénieur,  rue  Saint- Laurent,  17,  id. 

Baron  Charles  DE  BLANCKART-SURLET,  château  de  Lexhy. 

Révérend  Père  BLÉROT,  supérieur  des  Pères  Rédemptoristes, 
à  Liège. 

Alexandre  BOUVY,  avocat,  quai  des  Tanneurs,  id. 


f 


—  XI  — 

MM.    BRUIENNE,  vicaire  à  Sainte- Véronique,  à  Liège. 

Louis  DE  BUGGENOMS,  avocat,  rue  Fusch,  id. 

Léon  COLLINET,  avocat,  boulevard  Piercot,  20,  id. 

COEMANS,  notaire,  à  Saint-Trond. 

COUCLET,  graveur,  rue  Pont-d'Ile,  28,  à  Liège. 

Alexandre  CRAHAY,  artiste-peintre,  rue  Pierreuse,  111,  id. 

Guillaume  DALLEMAGNE,  rue  Darchis,  id. 

Louis  DEMARTEAU,  libraire,  rue  de  l'Official,  2,  id. 

Léonce  DlGNEFFE,  rue  Louvrex,  85,  id. 

Maximilien  DOREYE,  avocat,  avenue  d'Avroy,  id. 

DEFIZE,  curé  de  Sainte-Croix,  cloîtres  Sainte-Croix,  id. 

Baron  Paul  DE  FAVEREAU,  rue  Bonne-Fortune,  3,  id. 

DE  FlZENNE,  architecte,  à  Meersen  (Limbourg-Hollandais). 

Baron  DU  FONTBARÉ,   bourgmestre  de  Fumai,  quai  de 
Maestricht,  16,  à  Liège. 

FROMENT,  architecte,  rue  Saint-Laurent,  id. 

Gaillard,  curé  de  Geer. 

Comte  DE  GELOÊS  D  EYSDEN,  au  château  d'Eysden. 

GlLlS,  curé  de  Grand-Axhe. 

Ferdinand  GONNE,  avocat,  place  de  la  Cathédrale,  à  Liège. 

HEUSCHEN,  chanoine,  rue  de  l'Evêché,  id. 

E.  JACQUES,  curé  de  Saint-Pierre,  à  Huy. 

JOSEFF,  doyen  de  Saint-Martin,  à  Liège. 

P.   KERCKOFFS,  professeur  à  l'Ecole  normale  de  Saint- 
Trond*. 

LACROIX,  doyen  de  Saint-Barthélemi,  à  Liège. 

LAENEN,  curé  de  Berg,  près  de  Tongres. 

Clément  LÉONARD,  négociant,  rue  Souverain- Pont,  9,  à 
Liège. 

Henri-Robert  LE  PAS,  à  Verviers. 

Paul  LOHEST,  ingénieur,  rue  de  l'Evêché,  à  Liège. 

Charles  LOOMANS,  professeur  à  l'Université,  rue  Beckman, 
20,  id. 


—   XII   — 

MM.    MAES,  doyen  de  Peer. 

Célestin  MARÉSAL,  rue  des  Augustins,  à  Liège. 

MOMMEN,  chanoine  et  professeur  au  Séminaire  de  Liège. 

MEYERS,  chanoine  et  curé  de  Saint-Jean,  à  Liège. 

Baron  MlSSON,  château  de  Vieux- Waleffes. 

OSTERATH,  peintre-verrier,  à  Tilff. 

PEETERS,  doyen  de  Tongres. 

PlROTTE,  entrepreneur,  rue  Sœurs-de-Hasque,  à  Liège. 

Baron  DE  PlTTEURS  DE  BUD1NGEN,  rue  Louvrex,  id. 

POLUS,  doyen  en  retraite,  à  Looz. 

RACHELS,  doyen  de  Hasselt. 

Comte  Théodore  DE  RENESSE,  Schoonbeek  par  Beverts. 

RUBENS,  curé  de  Saint-Denis,  à  Liège. 

SCHOOLMEESTERS,  chanoine,  rue  des  Célestines,  i3,  id. 

SWENNEN,  curé  de  Millen,  près  de  Tongres. 

J.  SCHEEN,  curé  à  Bloirs,  Glons. 

THONNAR,  rentier,  boulevard  de  la  Sauvenière,  à  Liège. 

Chevalier  Xavier  DE  THEUX,  au  château  de  Montjardin. 

G.  ULENS,  abbé,  château  de  Rockendael,  Saint-Trond. 

Charles  VAN  DEN  BERG,  notaire,  boulevard  de  la  Sauve- 
nière, 38,  à  Liège. 

VAN  WlNTERSHOVEN,  vicaire  à  Saint-Christophe,  id. 

Baron  DE  VlLLENFAGNE,  château  de  Vogelsanck,  à  Zolder. 

WARZÉE,  doyen  de  Hannut. 

WAUTERS-CLOES,  tanneur,  quai  des  Tanneurs,  à  Liège. 

WEYEN,  curé  de  Kinroy. 


APROPOSduMAR 


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d'une  Charte        ♦ 


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de  741 


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Carte  ErpmcaI 


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Limites  de  la  Corn  mut 
:  Chaussée  de  Diesr  à 


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T,......trChemin  empierr 

===Chemin  de  terre 


Limites  des  prairies  ^ 


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1  Emplacemenrdelancienfl    \  ^f 

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2  Ancienne  Curia  de  l'AW 

3  Eglise  actuelle  de  Don( 


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tj*fiHû~lDHT    DuHOL'î 


i^uxuN  rus****-'»  »  ■'       \ 


A  PROPOS  DU  MAREOLT 


D'UNE   CHARTE   DE  741 


«  Anno  Domini  DCCXLV0...,  »  dit  la  Chronique 
de  Saint-Trond  (*),  «  Robertus  cornes  vel  dux  Hasba- 
»  nie...  ad  monasterium  hoc  venit,  et  Sancto-Trudoni 
»  allodium  suum  Dung  cum  aliis  adjacentibus  villis, 
»  Halen,  Scaffen,  Velpem,  Merhout,  ac  universis  here- 
»  ditatibus,  campis,  silvis,  pratis,  piscariis,  aqueducti- 
»  bus  et  wariscapiis,  cum  reliquis  juribus,  curtibus  et 
»  casis,  liberaliter  contulit.  » 

Puis  elle  cite  la  charte  donnée  à  cette  occasion  et  où 
les  biens  sont  désignés  comme  suit  :  «  Dungo...  tam 
»  ipsum  locum  quam  reliquas  villas  vel  loca  ad  supra- 
»  dictum  locum  de  mea  possessione  pretitulata  (2), 
»  scilicet  Halon,  Scafnis,  Felepa  et  Marholt...  Ista  loca 
»  sunt  in  pago  Hasbaniensi  et  Mansuarinsi.  » 

M.  Piot  dans  le  Cartulaire  de  Saint-Trond  (3), 
donne  ce  texte:  «  ...  Halen,  Scafnis,  Felepa  et  Ma- 
»  reolt.  Ista  loca  sunt  in  pago  Hasbaniense  et  Masua- 
»  rinse.  » 

(i)  T.  II,  p.  108.  Nous  citons  la  belle  édition  de  M.  le  chevalier  C.  de 
Borman  (Bibliophiles  Liégeois). 

(2)  Spectantes?  se  demande  M.  Daris. 

(3)  T.  1,  p.  2.  M.  Piot  a  suivi  une  copie  du  temps   reposant  aux 

archives  du  royaume  à  Bruxelles. 

I 


—  2  — 

Se  basant  sur  l'analogie  des  deux  noms  Mareolt  de 
la  charte  et  Meerhout,  village  de  la  province  d'Anvers, 
il  dit  en  note  qu'il  s'agit  de  la  donation  de  cette  localité 
du  canton  de  Moll. 

M.  de  Borman  consigne  cette  interprétation  sans  la 
discuter. 

M.  le  chanoine  Daris  (4)  dit  ce  qui  suit  :  «  Les  vil- 
»  lages  de  Donc,  Haelen,  Schaffen  et  Velpen  sont  assez 
»  connus  et  ils  sont  certainement  situés  dans  la  Hes- 
»  baye.  Quant  à  Marholt,  M.  Piot  pense  que  c'est 
»  Meerhout,  dans  la  province  d'Anvers,  au  canton  de 
»  Moll.  » 

Le  savant  professeur  ajoute  :  «  Le  pagus  Masua- 
»  rinsis  n'est  guère  connu.  Au  reste,  l'original  de  cette 
»  charte  est  perdu  et  la  plupart  des  copies  diffèrent 
»  entre  elles.  » 

Ces  lignes  laissent  percer  au  moins  un  doute  sur 
l'identité  de  Meerhout  et  de  Marholt.  Et  ce  n'est  guère 
étonnant  :  il  est  difficile  d'appliquer  à  Meerhout  pro- 
vince d'Anvers  les  détails  donnés  par  la  charte  sur  la 
position  du  Mareolt,  ainsi  que  ceux  fournis  par  la 
Chronique. 

M.  Piot  lui-même,  dans  sa  belle  étude  sur  les  anciens 
pagi  de  la  Belgique  (2),  abandonne  son  explication  du 
Cartulaire.  «  Tessenderloo,  Vorst,  Eynthout,  Meer- 
»  hout,  Mol,  Rethy,  Arendonck  et  Raevels  étaient,  » 
dit-il,  «  des  localités  comprises  dans  le  petit  Pagus  de 
»  la  Toxandrie.  »  Et  plus  loin,  à  propos  du  Pagus 
Masuarinsis  :  «  Quant  à  Meerhout,  village  sis  dans 
»  l'archidiaconé  de  la  Toxandrie,  il  était  compris  dans 
»  le  grand  Pagus  de  ce  nom  (3).  » 

M&r  De  Ram  écrit  ce  qui  suit  dans  son  Synopsis 
Actorum  Ecclesiae  Antwerpiensis  (p.  280)  :  «  Sub  no- 

(1)  Eglises,  t.  IX,  p.  12. 

(2)  Dans  les  Mémoires  de  V Académie  de  Belgique,  1871.  L'édition 
du  Cartulaire  date  de  1870. 

(3)  Les  anciens  Pagi,  pp.  82  et  86. 


—  3  — 

»  mine  Marholt  intelligitur  vicus  territorii  Sichenensis 
»  quem  postea  Meerhout  dixerunt,  quique  ad  gentem 
»  Nassoviam  pertinuit.  »  Il  ajoute  que,  d'après  Albéric 
de  Doust,  en  1234  Arnoul  de  Wesemael  et  son  épouse 
Imaina  firent  don  au  monastère  de  Linter  de  soixante 
bonniers  situés  dans  leur  domaine  de  Meerhout  et 
qu'ainsi  le  patronat  de  l'église  passa  à  l'abbaye  de 
Linter. 

Il  y  a  ici  confusion  manifeste.  Si  Mareolt  ou  Meer- 
hout eût  été  un  vicus  du  territoire  de  Sichem  il  ne 
saurait  être  question  de  celui-là  dans  une  donation 
faite  par  Arnoul  de  Wesemael  :  ce  seigneur  n'ayant 
jamais  rien  eu  de  commun  avec  le  territoire  de  Sichem. 

D  un  autre  côté  si  ce  Meerhout  appartenait  au  terri- 
torium  de  Sichem  il  ne  s'agirait  certainement  pas  du 
village  de  Meerhout  canton  de  Moll. 

Mais  il  y  a  autre  chose  :  ce  nest  pas  Arnoul  de 
Wesemael  qui,  en  1234,  donne  l'église  de  Meerhout  à 
l'abbaye  de  Linter.  En  1229  «  Henri  de  Meerhout,  che- 
»  valier,  fils  de  Thierry  nommé  communément  Hane- 
»  grève  »  reporte  entre  les  mains  du  duc  Henri  de 
Brabant  «  l'église  de  Meerhout  avec  la  dîme  et  tous  les 
»  biens  qu'il  tient  là  en  fief  du  duc  (1).  »  Ceci  prouve 
tout  simplement  que  c'était  le  duc  de  Brabant  qui  pos- 
sédait le  patronat  de  l'église  de  Meerhout  ainsi  que  la 
dîme  du  lieu  et  en  disposait  comme  d'un  fief.  Or,  si 
dans  la  charte  de  741  il  se  fut  agi  du  village  de  Meer- 
hout qui  nous  occupe,  l'abbaye  de  Saint-Trond  en 
aurait  sans  aucun  doute  possédé  le  patronat  et  la  dîme  ; 

(1)  «  Henricus,  dei  gratia  dux  Loth...  Accedens  ad  praesentiam 
»  nostram  Henricus  miles  de  Meerhout  filius  Theodorici  qui  vulgariter 
»  Hanegrave  cognominatur  ecclesiam  de  Meerhout  ac  decimam  etomnia 
»  bona  quae  ibidem  de  nobis  tenuit  in  feodum  in  manus  nostras  ad  opus 
»  ecclesiae  de  Valle  Virginum  reportavit,  et  nos...  liberaliter  et  abso- 
»  lute  contulimus...  Huic  facto  interfuerunt  Godefridus  de  Perweis, 
»  Arnoldus  de  Wesemale...  Acta  sunt  haec  apud  Furam  anno  Domini 
»  1 229  feria  proxima  post  Laetare  Jérusalem.  »  L'acte  est  imprime  dans 
Bets,  Geschiedenis  van  Oplinter,  d  après  le  Cartulaire  de  l'abbaye. 


—  4  — 

et  si  dans  la  suite  l'abbaye  eût  été  dépossédée  par  le  duc 
de  Brabant,  le  chroniqueur  de  Saint-Trond  nous  en 
aurait  certainement  informés,  comme  il  nous  a  infor- 
més des  autres  déprédations  commises  par  les  grands 
au  préjudice  de  l'abbaye. 

Notons  que  dans  l'acte  de  1229  Arnoul  de  Wesemael 
intervient  comme  témoin  ;  ce  qui  peut  jusqu'à  un  cer- 
tain point  peut-être  expliquer  la  confusion  dont  nous 
parlions  plus  haut. 

Nous  concluons  de  tout  ceci  que  l'abbaye  de  Saint- 
Trond  ne  posséda  jamais  le  droit  de  patronage  de 
l'église  de  Meerhout,  ce  qui  est  très  important  pour  la 
suite  de  cette  petite  étude. 

Dans  sa  monographie  de  Montenaken  le  docteur 
Kempeneers  (i)  cite  la  charte  de  741,  et  explique  le  texte 
comme  suit:  «  Halen,  Schafnis  (Schaffen),  Felepa 
»  (Velpen,  hameau  sous  Halen),  Marholt  (Meerhout 
»  situé  avec  Schaffen  sur  la  rive  gauche  du  Demer,  sous 
»  Diest).  » 

D  abord  Meerhout  et  Schaffen  sont  situés  sur  la 
rive  droite  du  Demer  et  Meerhout  est  distant  du  Demer 
de  trois  lieues. 

«  Sous  Diest.  »  Nous  connaissons  sous  Diest  un 
ruisseau  qui  s'appelle  le  Meerbeek,  et  sur  lequel  est 
situé  Assent,  le  Hasnoch  d'une  charte  de  838  (s),  mais 
il  n'existe  sous  Diest  aucun  lieu-dit  Meerhout. 

Voici,  d'après  les  précieux  manuscrits  du  Pension- 
naire van  Zurpele  (3)  les  lieux-dits  ou  plutôt  les  hameaux 

(1)  Deoude  Vrijheid  Montenaken,  t.  II,  p.  347,  note  1  (a). 

(2)  Cartulaire  de  Saint-Trond,  t.  I,  p.  5. 

(3)  Godefroid-Jean  van  Zurpele  descendait  d'une  ancienne  famille 
de  Chevalerie,  tirant  son  nom  d'un  lieu-dit  à  Zeelhem.  Il  naquit  à 
Diest  (i65o)  et  y  mourut  (1707)  après  avoir  pris  ses  licences  à  Louvain  et 
rempli  les  fonctions  de  secrétaire  et  pensionnaire  de  sa  ville  natale, 
ainsi  que  celles  de  conseiller- receveur  du  roi  d'Angleterre  (prince 
d'Orange  et  par  là  seigneur  de  Diest).  Il  laissa  des  mémoires  très  inté- 
ressants dont  une  partie,  comprenant  les  Coutumes  de  Diest  a  été  éditée 
dans  les  Coutumes  de  Brabant. 


—  5  — 

du  Pays  de  Diest  :  Du  côté  du  Hageland  :  Weelaer, 
Beylaer,  Stryrode,  Pedele,  Ter  Bost,  Brouxbergen, 
Liebroeck,  Papenbroeck,  Meerbeeck,  Langrode,  Rey- 
rode,  Ten  Berghe,  Ten  Venue  et  Roeterehove.  —  Du 
côté  de  la  Campine  :  Molenstede,  Rode,  Schoonaerde, 
Schaffen,  He\e,  Blanclaer,  Kelbergen,  Père,  Ingelbeeck 
et  Bercht. 

D'après  tout  ce  qui  précède  nous  croyons  être  en 
droit  de  dire  que  toutes  les  explications  données  jus- 
qu'ici du  Mareolt  de  741  sont  inadmissibles. 

Nous  en  proposons  une  nouvelle. 

Il  y  a  quelque  temps  nous  avons  eu  la  bonne 
fortune  de  mettre  la  main  sur  un  vieux  registre  aux 
cens  et  rentes  de  l'église  de  Donck  et  qui  présente  le 
plus  grand  intérêt  pour  la  topographie  locale.  Ce  docu- 
ment porte  la  suscription  suivante  : 

a  Register  ghecopieert  door  Mr  Peter  Renart  Bachelier  inde 
Godtheyt  en  pastoor  in  Donck  uyt  een  ander  oudt  register  gemaeckt 
door  Hendrick  van  Surpel  en  Hendrick  van  Linter  mombaerts  der 
Fabrycke  van  Donck  ïn  jaere  dusent  vier  hondert  en  vyffenvyftich 
in  junio,  vande  renten  cynsen  pachten  competerende  de  vroorsc, 
fabrycke  en  kercke  van  onse  lieve  Vrouwe  van  Donck  (1).  » 

Dans  ce  registre  nous  avons  fait  la  connaissance 
d'un  lieu-dit  Meerhout,  Meerot,  situé  à  Donck  même. 
Ce  lieu-dit  est  parfaitement  connu  sous  ce  nom  des 
habitants  de  l'endroit  et  des  documents  contemporains 
en  font  foi  (2). 

(1)  ce  Registre  copié  par  Maître  Pierre  Renart,  bachelier  en  théologie 
»  et  curé  de  Donck,  hors  d'un  autre  vieux  registre  fait  par  Henri  van 
»  Surpel  et  Henri  van  Linter  mambours  de  la  fabrique  de  Donck  en 
»  Tannée  1455  en  juin,  contenant  les  rentes,  .cens  et  fermages  compétant 
»  la  prédite  fabrique  et  église  de  Notre-Dame  à  Oonck.  »  La  copie  a  été 
faite  vers  1610;  en  deux  endroits  (pp.  48  et  g3)  elle  est  certifiée  exacte  par 
le  notaire  P.  van  Kelcteren.  Le  registre  contient,  outre  les  cens  et  rentes, 
deux  ou  trois  actes  passés  devant  le  curé  Renart  (var.  Renaerdts,  Renarts). 

(2)  Voici  par  exemple  une  mention  prise  dans  le  Manuael  der  Ker- 
kelijke  inkomsten  van  de  gemeijnti  Donck  voor  hetjaer  1824:  «  Vier 
»  en  dertig  vierkante  roeden  6  roeden  land  op  het  Meerhout  onder 
»  Donck.  » 


—  6  — 

C'est  ce  Meerhout,  Meerot  divisé  en  Groot-Meerhout 
et  Klein-Meerhout  que  nous  regardons  comme  le 
Mareolt  de  la  charte  de  741. 

Voici  quelques  extraits  du  registre  en  question  : 

(Page  23)  «  Item  Wilbrordt  Bogaerts  vyff  stuyvers  van  drie 
zillen  landts  gheleghen  opt  cleyn  Meerhout,  regenoten  het  gasthuys 
van  Halen  ter  eenderzyde,  de  kinderen  Herman  Hermans  Hendrick 

Broeders  ter  ander  zyde  en  die  ghemeyn  heyde  ten  derde  zyde 

v.  st.  » 

(Page  3o)  «  Item  soo  heeft  noch  de  fabrycke  der  kercke  van 
Donck  anderhalff  zille  landts  geleghen  opt  Meerhoudt  aen  die 
heyde  op  die  een  syde,  Herman  van  Hameyen  op  die  twede  syde, 
Aert  Otten  op  die  derde  zyde,  en  Reynier  vander  Noot  opdie  vierde 
syde.  » 

(Page  33)  «  Item  soo  heeft  de  fabryke  voorse,  een  vaet  korens 
erffelyck  aen  en  op  een  zille  wynnens  landts  toebehorende  Reyneren 
Wiggers  gheleghen  op  het  yseren  velt  by  die  Sittert,  en  dit  vaet 
rogghe  heffet  de  persoon  van  Donck  van  anniversarien  van  lant 
geheten  dat  Merhot  voorse.  » 

(Page  48)  «  Item  Loyck  Jannes  heeft  gelaten  der  kercke  van 
Donck  tôt  reparatie  van  wyn  en  broode  op  seeckere  panden  iij  zillen 
geheten  te  Meerot  regenoot  gemeyn  hey  Mariken  Hermans,  dat 
gasthuys  van  Halen  en  hôëfn  (i)  onder  hoff  van  Donck  welck 
daer  die  kercke  ghiechte  en  goeyinge  aff  heeft  ïn  selvenhoff  voorse.  » 

Donc  voilà  parfaitement  constatée  l'existence  d'un 
Meerot,  Meerhot,  Meerhout  à  Donck  ;  et  tous  ceux  qui 
sont  un  tant  soit  peu  au  courant  des  transformations 
des  noms  propres  de  lieux  flamands  reconnaîtront  dans 
ces  dénominations  l'ancienne  forme  Mar(e)olt. 

Nous  avons  dans  les  extraits  donnés  plus  haut  un 
renseignement  précieux  sur  la  position  de  ce  Meerot  : 
il  touchait  au  lieu-dit  Heyde.  Or  ce  lieu-dit  est  parfai- 
tement connu  et  se  trouve  même  indiqué  sur  nos  cartes 
militaires. 

De  plus  le  peuple  de  nos  jours  connaît  encore  le 
Meerot  et  désigne  de  ce  nom  tous  les  terrains  situés 

(1)  Hôëfn  «  hoefende,  ressortissant  à  la  Cour  de... 


—  7  — 

dans  l'angle  formé  par  la  route  de  Diest  à  Hasselt  et  le 
chemin  empierré  vers  Rummen  (i)  ;  ces  terrains  il  les 
appelle  le  Groot-Meerhout  et  cette  dénomination  est 
consignée  dans  des  documents  modernes  ;  le  registre  de 
1455  cite  un  Klein-Meerhout  touchant  à  la  Heyde. 

De  tout  ceci  nous  concluons  que  le  Meerhout  com- 
prenait plus  minusve  tout  le  terrain  marqué  sur  notre 
carte  par  des  diagonales,  et  que  c'est  là  qu'il  faut  cher- 
cher le  Mareolt  de  741. 

Mais  on  objectera  que  puisque  l'église  de  Donck  est 
bâtie  là,  ce  n'est  pas  le  Mareolt  qu'il  faut  chercher  là, 
mais  bien  le  Dungo. 

Cette  difficulté  n'en  est  pas  une  :  le  vieux  Donck 
primitif  et  son  église,  la  «  basilica  »  du  vme  siècle,  ne 
se  trouvaient  pas  où  se  trouvent  le  centre  actuel  du 
village  et  l'église  actuelle. 

Voici  des  détails  sur  cette  vieille  église  et  ce  Donck 
primitif  puisés  à  des  sources  authentiques  (2). 

D'après  la  charte  de  741  la  basilica  existait  déjà. 

Adélard  II  (io55-io82)  la  fit  reconstruire  :  «  Aeccle- 
»  siae  quas  per  abbatiam  novas  edificavit,  seu  quas 
»  reedificari  ex  parte  juvit  sunt in  Dunch  (3).  » 

La  chronique  nous  donne  une  description  détaillée 
du  vieux  Donck,  au  XIIe  siècle  :  «  Ecclesia  de  Dunch 
»  duas  tantum  libras  solvebat  in  anno  ;  locus  in  quo 
»  stat  solitarius  est  et  amenus,  utpote  circumfluente 
»  eum  aqua  navigifera,  et  arcentibus  ab  eo  latis  palu- 
»  dibus  omnem  viam,  excepta  una,  studio  potius  quam 
»  natura  facta.  In  hoc  videlicet  loco  prêter  aecclesiam 
»  ab  omni  edificio  vacuo,  quia  alias  non  habebam, 

(1)  Voyez  la  carte  explicative. 

(2)  Je  laisse  de  côté  l'étymologie  de  Dungo,  le  Donck  flamand 
actuel,  qui  signifie  un  endroit  bas,  marécageux  et  qui  dans  les  composés 
a  la  même  signification  que  le  mot  usuel  Broek  (Beerbroek  =  Beeren- 
donck).  Cette  signification  seule  nous  dit  que  Donck  n'est  pas  à  trouver 
là  où  s'élève  l'église  actuelle,  mais  près  des  cours  d'eau  le  Démer,  La 
Herck,  etc.,  vers  Linckhout. 

(3)  Chronique  de  Saint-Trond,  t.  I,  p.  20. 


—  8  — 

»  domum  contraxi  dominicalem  et  horreum  claustru- 
»  lumque  satis  aptum  composui  juxta  aecclesiam,  in- 
»  tusque  et  foris  officinas  coenobitis  necessarias  (a).  » 

Remarquons  le  latis  paludibus  vérifiant  le  nom  de 
Donck  ;  ensuite  le  locus...  ab  omni  edificio  vacuus 
donne  encore  un  argument  pour  une  «  villa  adjacens... 
»  Mareolt,  »  près  de  Donck,  comme  Velpen  l'était  éga- 
lement. 

La  via  una  studio  potius  quant  natura  facta  quelle 
était-elle  ?  Est-ce  le  chemin  de  terre  longeant  la  ferme 
de  l'abbaye  ?  Ou  bien  est-ce  la  digue  passant  un  peu 
plus  au  Nord  et  dont  une  partie  existe  encore  (*)  ?  Je  ne 
saurais  le  dire  ;  d'après  le  passage  de  la  Chronique  que 
nous  citerons  plus  bas  on  inclinerait  pour  la  première 
hypothèse.  En  tout  cas  il  est  certain  que  primitivement 
la  «  basilica  »  de  Donck  servait  d'église  à  tout  le  pays 
d'alentour. 

Il  restait  alors  (au  XIIe  siècle)  à  Donck  un  moine 
desservant  l'église,  et  d'autres  confrères  s'occupant  peut- 
être  de  défrichements  ou  de  culture.  La  chronique  fait 
suivre  la  description  ci-dessus  du  règlement  intervenu 
entre  le  desservant  et  ses  confrères  (3). 

La  maison  occupée  par  les  religieux  était  en  1255 
assez  spacieuse  pour  que  l'abbé  put  s'y  réfugier  avec 
sa  communauté,  afin  de  se  soustraire  aux  révoltés  de 
Saint-Trond  (4). 

En  1291  l'abbé  Guillaume  de  Mechlinia  (1277-1297) 

(1)  T.  I,  pp.  160  et  161. 

(2)  La  partie  de  cette  digue  du  côté  de  Halen  s'appelait  et  s'appelle 
encore  le  Moster-Dyk  (corruption  de  Munster- M  onster-Dyk,  digue  du 
monastère)  ;  celle  du  côté  de  Herck  le  Halbeker  Dyk,  de  l'ancienne 
Cour  de  Halbeek. 

(3)  T.  I,  p.  161. 

(4)  Comme  le  texte  de  la  Chronique  est  peu  connu  nous  le  transcri- 
vons :  «  Dominus  abbas  veritus  adhuc  insultum  eorum,  ad  eu  ri  a  m  nos- 
»  tram  Dune  proxima  die  sancti  Johannis  baptistae  sequente  (25  juin) 
»  confugit;  ubi  eciam  plures  seniorum,  vel  ut  ferebatur  totus  conventus, 
»  subsecutus  fuit,  usque  dum  oppidanorum  sevicia  quievit  »  (T.  II, 
p.  204). 


—  9  — 

reconstruisit  à  neuf  la  résidence  de  Donck,  et  ayant 
creusé  un  nouveau  lit  pour  la  Herck  il  en  fit  une  cein- 
ture pour  la  Cour  et  relia  par  une  digue  les  terres 
basses  à  l'église  (i). 

En  i3o3  et  en  i323  les  religieux  se  réfugièrent  de 
nouveau  à  Donck  ;  mais  en  cette  dernière  année, 
comme  le  séjour  se  prolongea  pendant  quatorze  mois, 
plusieurs  tombèrent  malades  «  à  cause  de  l'insalubrité 
»  de  l'air  (2).  » 

En  1329  l'abbé  Adam  d'Ordange  (1297-1330)  fit 
agrandir  la  Cour  de  Donck  et  y  érigea  une  espèce  de 
retranchement  (3). 

Comme  on  peut  le  voir  sur  la  carte  explicative 
toutes  ces  constructions  s'élevaient  près  de  l'ancienne 
église  de  l'ancien  Donck  et  celle-ci  était  située  au  delà 

(1)  a  Anno  Domini  M°  CC°  XCI°  idem  abbas  Willelmus  construxit 
»  de  novo  in  allodio  nostro  de  Dungh  aulam  pulcram  cum  suis  appendi- 
»  ciis,  et  fluvii  Herke,  que  tantum  post  nansionem  preterfiuxit,  effosso 
»  novo  alveo,  totam  illam  curiam  intra  prsefatam  Herkam  conclusit,  que 
»  nuncusque  per  dikum,  quo  de  campestribus  ad  ecclesiam  transitur, 
»  non  cessât  preterfluere  »  (T.  II,  p.  222). 

(2)  «  Sub  hac  et  aliorum  perturbationum  ingruentia  conventus  totus 
n  exivit  de  claustro  relinquens  opidum,  et  venit  ad  nostram  mansionem 
»  apud  Dungh,  juxta  abbatem  Adam  ibidem  moram  facientem.  Ubi  cum 
»  continue  moraretur  per  menses  ferme  xiiij,  plurcs  ex  nostris  dominis 
n  et  confratribus  propter  aeris  inconvenientiam  egrotabant  »  (T.  II, 
p.  254). 

(3)  «  Ipse  eciam  fecit  aulam  mansionis  nostre  apud  Dungh  prolon- 
»  gari  versus  orientem,  quantum  ad  unius  arcus  colligaturam.  Qui 
»  etiam  domum  fortalicii  ibidem...  afundis  erexit»  (T.  II,  p.  268). 

De  toutes  ces  résidences  spacieuses  il  ne  reste  absolument  rien  que 
les  fondements  et  les  souterrains  ;  mais  on  peut  parfaitement,  par  les 
accidents  de  terrain ,  se  rendre  un  compte  exact  de  l'emplacement  des 
bâtiments  ainsi  que  des  fossés  qui  les  entouraient.  La  ferme  de  l'abbaye 
existant  encore  est  de  construction  plus  récente  ;  autrefois  contre  le 
bâtiment  de  ferme  étaient  adossés  d'un  côté  la  brasserie,  de  l'autre  un 
logis  de  maître  ou  plutôt  un  logis  de  seigneur.  Ce  dernier  est  en  voie  de 
démolition  et  du  Paenhuys  ou  Brasserie  il  n'existe  plus  rien.  Mais  la 
ferme  a  encore  grand  aspect.  Au-dessus  de  la  porte  d'entrée  sont 
sculptées  les  armoiries  de  l'abbé  Amand  Vander  Eycken  (1730-1751): 
d*  (argent)  à  trois  glands  (au  naturel),  tiges  et  feuilles  de  (sinople). 
Dev.se  :  Crescit  amando. 

2 


—  10- 
de  la  Herck.  Jusque  il  y  a  une  vingtaine  d'années  son 
emplacement  était  marqué  par  un  reste  de  forte  maçon- 
nerie formant  un  coin  d'édifice,  et  que  les  habitants  de 
l'endroit  désignaient  sous  le  nom  de  Stomp  (Bloc). 

Ce  n'est  qu'au  milieu  du  siècle  passé  que  l'on  songea 
à  reconstruire  une  église  dans  un  endroit  mieux  appro- 
prié aux  besoins  des  habitants.  Le  retard  apporté  à 
cette  construction  peut  facilement  s'expliquer  par  le 
fait  de  la  proximité  des  églises  de  Halen,  de  Herck,  de 
l'ermitage  de  Rynrode,  de  l'abbaye  de  Rothem,  bâties 
dans  le  cours  des  siècles. 

Nous  avons  trouvé  la  supplique  adressée  à  l'évêque 
par  le  curé  G.-R.  Voskens  (*)  à  l'effet  de  pouvoir  bâtir  ; 
cette  supplique  est  apostillée  par  le  Vicaire-Général 
Stoupy,  le  10  novembre  1750. 

Voici  ce  document  : 

Reverendissime  ac  Illustrissime  Domine  Vicarie-Generalis 
Leod.  Dioec. 

Cum  ecclesia  parochialis  pagi  de  Donck  jam  a  multis  annis 
propter  inundantiam  aquarum  fuerit  inaccessibilis,   ut  certo   de 

(1)  Il  y  eut  deux  curés  de  ce  nom  à  Donck.  Ils  appartenaient  à  la 
famille  Voskens  de  Hasselt.  Voici  leur  épitaphe  telle  que  je  lai  transcrite 

en  1889  : 

Sincère  et  caute 

a°  1744  21  januarii 

OBHT  Rdûs  Dnûs 

joannes  reinerus 

Voskens  Hassellensis 

hujus  parochiae 

pastor  zelosissimus 

Cui   SUCCEDEN  (S)    RÔÛS    DnÛS 

godefridus  reinerus 

Voskens  ejus  germanus 

Primum.  hujus  chori  pavihentum 

et  sepulturam  poni  curavtt 

obht  a°  i761  6  jan 

R.    I.    P. 

L'inscription  est  surmontée  des  armoiries  des  Voskens  :  Burelé 
(d'or  et  de  gueules)  de  dix  pièces,  au  chef  parti,  à  dextre  de  (sinople)  à 
deux  renards  affrontés  (au  naturel),  à  senestre  d' (argent)  à  trois  fusées 
de  (gueules). 


—  11  — 

necessitate  constet  edificandi  novam  ecclesiam,  et  revçrendissimus 
Dominus  abbas  Sancti  Trudonis  sit  intentionis  edificandi  novam, 
in  loco  magis  congruo  dictas  communitatis ,  hinc  infrascriptus 
humillime  supplicat  ut  reverendissimus  ac  illustrissimus  Dominus 
aliquem  deputare  dignetur  et  locus  in  quo  edificabitur  nova  ecclesia 
benedicatur  ut  cadavera  secundum  ritum  romans  ecclesiae  terras 
mandare  valeam.  Quod  faciendo  sum  omni  submissione  et  reve- 
rentia. 

G.-R.  VOSKENS,  pastor  pagi  de  Donck. 

(Apostille).  Deputamus  oratorem  ad  petitam  benedictionem 
faciendam  petitamque  in  decenti  et  commodo  loco  edificandi 
novam  ecclesiam  concedimus  sic  ut  in  ea  non  celebretur  sine 
speciali  licentia  serenissimae  suas  Eminentiae  Episcopi  et  Principis 
nostri  Leodiensis  10  novembris  1750. 

ED.  STOUPY,  vicarius-generalis. 

L'église  fut  achevée  peu  de  temps  après  ;  elle  porte 
au-dessus  de  la  porte  d'entrée  les  armoiries  de  l'abbé 
Jos.  Van  Herck  (1751-1780)  et  voici  trois  notes  relatives 
à  la  pose  de  la  première  pierre,  à  la  bénédiction  de 
l'église  et  à  sa  consécration  ;  elles  sont  extraites  du 
registre  paroissial  de  l'époque  : 

1752  die  décima  3tia  aprilis  benedixi  primarium  lapidem  in 
ecclesiae  fundamentis  positum  per  reverendum  admodum  dominum 
Placidum  Ausloos  religiosum  presbyterum  Sti  Trudoms  tempore 
reverendissimi  Josephi  van  Herck  ejusdem  Abbatiae  Abbatis. 

G.-R.  VOSKENS,  pastor  in  Donck. 

Anno  1752  die  i8brU  benedixi  novam  Ecclesiam  nostram  qua 
die  primum  célébra vi  sacrum. 

G.-R.  VOSKENS,  pastor  in  Donck. 

1753  7  8bri*  consecrata  est  Ecclesia  per  reverendissimum  Domi- 
num Jacquet  Episcopum  Hipponensem. 

VOSKENS,  pastor. 

Concluons. 

Mareolt  existe  sur  le  territoire  de  la  commune 
actuelle  de  Donck.  Sa  distance  de  l'église  primitive  de 
Donck  est  telle  que  le  terrain  ainsi  désigné  pouvait  au 


—  42  — 

VIIIe  siècle  former  une  pilla  adjacens  à  Donck,  de  même 
que  Velpen. 

La  position  de  Mareolt  est  parfaitement  indiquée 
par  les  textes  anciens  que  nous  avons  publiés  et  par 
la  dénomination  actuelle  de  Meerhout  dérivée  régu- 
lièrement en  passant  par  les  formes  Marolt,  Marot, 
Meerot. 

Donc  le  Mareolt  de  la  charte  de  741  n  est  pas  le 
village  de  Meerhout  actuel  situé  en  plein  pagus  Taxan- 
driae  mais  bien  l'ancien  lieu-dit  Meerhout  situé  sur  le 
territoire  de  Donck  en  plein  pagus  Hasbaniae. 

L'abbé  Polyd.  DANIELS. 


PAROISSE  DE  VISÉ 


INTRODUCTION 

Tout  le  monde  reconnaît  que  la  paroisse  de  Visé  est, 
au  point  de  vue  historique,  une  des  plus  intéressantes 
du  diocèse. 

L'amateur  d'histoire  et  d'objets  d  art  énumère  avec 
plaisir  les  nombreux  souvenirs  qui  s'attachent  à  cette 
ville  et  admire  sa  belle  et  vieille  châsse  de  saint  Hade- 
lin  et  pourtant  personne  n'avait  songé  à  réunir  ces 
souvenirs,  à  décrire  la  vie  de  ces  vieilles  institutions  et  à 
faire  connaître  ces  richesses  artistiques. 

On  ne  doit  pas  s'en  étonner.  Une  histoire  locale  doit 
être  faite  sur  les  lieux  mêmes,  et  au  premier  abord  la 
composition  d'une  histoire  de  Visé  paraît  une  besogne 
si  vaste  et  si  difficile,  qu'on  comprend  facilement  que 
personne  n'ait  songé  à  l'entreprendre. 

Le  nombre  et  la  variété  des  institutions  qui  lui 
donnent  un  plus  grand  intérêt,  rendaient  l'entreprise 
moins  aisée.  L'éparpillement  des  archives  dans  diffé- 
rents locaux  de  Visé  et  de  Liège,  la  disparition  de  beau- 
coup de  documents  importants  rendaient  la  tâche  plus 
difficile.  Enfin  l'absence  presque  complète  de  rensei- 
gnements concernant  Visé  dans  les  historiens  de  l'an- 
cien pays  de  Liège,  était  capable  de  décourager  celui 
qui  aurait  voulu  s'en  occuper. 


—  14  — 

Ces  difficultés  nous  auraient  arrêté  également  si  les 
bienveillants  encouragements  et  les  conseils  pratiques 
de  quelques  amis  de  l'histoire  liégeoise  n'avaient  vaincu 
nos  hésitations.  Qu'il  nous  soit  permis  de  leur  exprimer 
ici  toute  notre  reconnaissance. 

A  laide  de  leurs  gracieuses  et  précieuses  indications 
nous  avons  pu  consulter  les  principaux  ouvrages  qui 
s'occupent  de  l'histoire  de  Visé  et  dont  voici  la  nomen- 
clature : 

Histoire  de  la  bonne  ville  de  Visé  (i),  parue  dans 
le  Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois,  première 
année,  pages  349  à  400.  Ce  travail,  qui  a  les  défauts  des 
autres  ouvrages  du  même  auteur,  —  surtout  la  légèreté 
et  la  partialité,  —  n'est  pas  une  véritable  histoire  de 
Visé.  11  comprend  un  court  exposé  de  son  organisation 
politique  et  judiciaire  en  1789,  la  nomenclature  des 
principaux  faits  de  son  histoire  civile  et  politique  et  une 
étude  plus  complète  du  régime  communal  visétois  à 
travers  les  siècles.  Les  erreurs  et  les  appréciations  par- 
tiales y  sont  nombreuses  ;  nous  en  avons  relevé  un  cer- 
tain nombre. 

Un  abrégé  de  la  pie  de  saint  Hadelin,  publié  en 
1788,  à  l'occasion  du  jubilé  de  quatre  cent  cinquante 
ans  de  la  translation  du  chapitre  de  Saint-Hadelin  à 
Visé. 

Les  Arbalétriers  et  les  Arquebusiers  de  Visé,  par 
J.  Mathieu,  publié  également  dans  le  Bulletin  de  lins- 
titut  archéologique  liégeois,  année  1871.  Cette  mono- 
graphie est  assez  incomplète  et  parfois  inexacte.  Nous 
lavons  refaite  dans  un  travail  sur  La  compagnie  des 
Arbalétriers  de  Visé,  qui  a  paru  dans  la  Galette  de  Liège. 

Outre  ces  ouvrages  spéciaux  nous  avons  consulté  les 
meilleurs  historiens  du  pays  de  Liège  :  Daris,  Histoire 
du  diocèse  et  de  la  principauté  de  Liège,  aux  XVe,  XVIe, 
XVIIe  et  xvme  siècles  ;  Bouille,  Fisen,  Chapeauville, 
Jean  d'Outre-Meuse,  de  Gerlache,  etc. 

(1)  Par  M.  F.  Henaux. 


—  45  — 

Pour  la  partie  biographique,  nous  nous  sommes 
servi  du  Miroir  des  nobles,  de  Hemricourt;  de  la  Bio- 
graphie liégeoise,  de  Bec-de- Lièvre  ;  de  L.  Depaige, 
Introduction  à  la  correspondance  de  R.  Fr.  de  Sluse  ; 
Charles  de  Linas,  Exposition  rétrospective  de  Liège, 
1881  ;  Jos.  Demarteau,  A  travers  l'exposition  de  l'art 
ancien  au  pays  de  Liège  ;  Reusens,  Catalogue  de  la 
même  exposition,  nous  ont  guidé  dans  le  chapitre  con- 
sacré à  la  châsse  de  saint  Hadelin  et  aux  autres  anti- 
quités visétoises. 

Nous  avons  encore  puisé  à  différentes  autres  sources, 
que  nous  indiquons  à  l'occasion. 

Les  documents  manuscrits  que  nous  avons  explorés 
sont  : 

Les  archives  de  l'église  de  Visé,  qui  se  composent 
d'une  minime  partie  des  anciennes  archives  de  la  collé- 
giale de  Saint-Hadelin  et  de  la  cure  de  Visé.  Elles 
comprennent  environ  vingt-cinq  registres,  parmi  les- 
quels on  trouve  un  registre  aux  contrats  contenant  des 
actes  assez  importants  que  nous  citerons,  trois  registres 
des  prévôts,  qui  donnent  la  liste  de  ces  dignitaires  ainsi 
que  leurs  droits,  revenus  et  privilèges,  un  registre-réper- 
toire renfermant  le  catalogue  des  anciennes  archives, 
les  autres  de  moindre  intérêt.  Quelques  parchemins  et 
quelques  liasses  ont  été  conservés.  La  plupart  con- 
cernent le  moulin  banal,  le  couvent  des  Récollets,  ou 
des  procès  du  chapitre.  Le  plus  intéressant  de  ces  docu- 
ments est  lacté  de  translation  du  chapitre  à  Visé  en 
i338.  Ce  parchemin,  muni  du  sceau  d'Adolphe  de  la 
Mark,  a  été  exposé  à  Liège  en  1 88 1 . 

Pendant  l'émigration  en  1797  les  chanoines  empor- 
tèrent à  Bonn  ce  que  leurs  archives  renfermaient  de 
plus  précieux.  Une  partie  de  ces  documents  doit  se 
trouver  encore  en  Allemagne  ;  deux  copies  d  actes  du 
XIVe  siècle  nous  sont  parvenues  de  la  part  d'un  prêtre 
allemand. 

Les  archives  de  l'Hôtel  de  ville  de  Visé,  qui  com- 


—  16  — 

prennent  une  trentaine  de  registres  :  les  uns  concer- 
nant les  privilèges,  les  métiers  ou  les  pauvres  de  Visé, 
les  autres  contenant  les  décisions  de  la  Cour  de  justice 
et  du  magistrat.  Le  plus  ancien  remonte  à  1460. 

Les  archives  de  l'Ecole  moyenne  de  l'Etat  consis- 
tant dans  les  papiers  provenant  du  collège  de  l'Oratoire 
et  du  couvent  des  Sépulcrines. 

Les  archives  des  Arbalétriers  et  des  Arquebusiers 
que  les  deux  compagnies  ont  mises  gracieusement  à 
notre  disposition. 

Les  archives  de  V Etat  à  Liège,  possèdent  une  grande 
quantité  de  registres  de  la  Cour  de  justice  de  Visé  et  de 
registres  aux  recès  du  magistrat.  Nous  y  avons  surtout 
consulté  un  registre  de  la  cathédrale  de  Saint- Lambert 
(stock  de  Hesbaye,  1346)  donnant  Ténumération  des 
biens  et  revenus  de  la  cathédrale  à  Visé  ;  un  stock  de 
la  collégiale  de  Sainte-Croix  fournissant  des  renseigne- 
ments semblables,  de  même  qu'un  registre  de  Tordre 
des  chevaliers  de  Malte  concernant  le  Temple  et  les 
autres  biens  que  cet  ordre  possédait  à  Visé. 

De  plus  nous  avons  cherché  à  réunir  les  vieux  sou- 
venirs et  les  anciennes  légendes  visétoises  en  consultant 
ceux  qui  étaient  le  plus  à  même  de  nous  renseigner. 

Les  résultats  de  ces  différentes  recherches  ont  été 
condensés  dans  ce  travail,  que  nous  présentons  à  la 
bienveillante  appréciation  du  lecteur. 

CHAPITRE  PRÉLIMINAIRE 


LE  VISÉ  D'AUTREFOIS. 

«  Il  est  peu  de  situations,  »  dit  Saumery,  «  plus 
»  agréables  que  celles  de  Viset.  La  Meuse  y  roule  des 
»  flots  majestueux  dans  un  lit  spacieux  et  découvert, 
»  elle  y  forme  de  belles  isles,  modèles  de  la  fertilité  que 
»  procure  un  fleuve  aux  pays  qu'il  arrose.  La  fertile 
»  vallée,  ou  celui-ci  serpente,  a  près  d'une  lieu  de  lar- 


—  17  — 

»  geur  en  cet  endroit  et  paraît  elle-même  une  grande 
»  ville  par  la  largeur  et  la  quantité  des  villages  qui  s  y 
»  trouvent  rassemblés. 

»  Entre  de  semblables  objets  qu'on  se  peigne  un 
»  groupe  de  jolis  édifices,  disposés  en  amphithéâtre, 
»  telle  est  la  ville  de  Viset,  composée  de  plusieurs  rues 
»  droites,  larges  et  parallèles  à  la  rivière  avec  des  tra- 
»  verses  qui  en  font  la  communication.  Les  bâtiments 
»  en  sont  beaux  et  bien  réglés  ;  ils  annoncent  une  opu- 
»  lence  que  soutient  également  la  fertilité  du  pays, 
»  l'humeur  industrieuse  de  ses  habitants  et  l'heureuse 
»  situation  de  cette  ville  pour  le  commerce  (\).  » 

Cet  extrait  nous  donne  une  idée  générale  du  Visé 
d'autrefois,  que  nous  tâcherons  de  compléter  à  l'aide 
des  souvenirs  et  autres  renseignements  que  nous  avons 
pu  recueillir. 

Si  l'on  fait  abstraction  du  nouveau  quartier  de  la 
station,  la  ville  avait  anciennement  à  peu  près  l'étendue 
qu  elle  a  de  nos  jours. 

Comme  toutes  les  autres  villes  et  bourgs,  Visé  était 
entouré  de  remparts.  Ceux-ci  longeaient  l'église  au  Sud, 
suivaient  à  l'Est  le  tracé  de  la  promenade  qui  a  con- 
servé leur  nom  ;  près  de  la  porte  de  Mouland,  ils  pre- 
naient la  direction  de  la  Meuse  par  la  rue  actuelle  du 
Pont.  Un  mur  en  pierres,  construit  à  quelques  mètres 
du  fleuve,  fermait  la  ville  de  ce  côté  sur  toute  sa 
longueur. 

Quand  on  voulait  mettre  la  ville  en  état  de  défense 
on  remplissait  les  fossés  des  remparts  avec  l'eau  de  la 
Fontaine. 

Différentes  portes  et  quelques  postiches  étaient  pra- 
tiqués dans  les  remparts  et  livraient  accès  à  la  ville. 

La  porte  de  Souvreit  ou  d'Argenteal  et  celle  de 
Lorette,  appelée  autrefois  porte  de  Dalhem  ou  du  Mar- 
cheït,  étaient  flanquées  de  tourelles. 

(i)  Saumery,  Les  délices  du  pays  de  Liège. 

3 


—  18  — 

Celle  de  Mouland  avait  la  forme  d'un  grand  pos- 
tiche, d  où  lui  venait  le  nom  de  porte  Postiche. 

Une  autre  porte,  dite  de  Saint- Lambert,  se  trouvait 
anciennement  du  côté  de  la  station  et  conduisait  à  l'an- 
cien pont  et  à  la  voye  de  Treit  (Maestricht). 

Après  la  reconstruction  des  remparts  on  laissa  un 
espace  libre  entre  la  Meuse  et  le  nouveau  mur,  dans 
l'entre-temps  aussi  l'ancien  pont  avait  disparu,  la  porte 
Saint-Lambert  perdit  ainsi  son  utilité  ;  aussi  les  Visétois 
demandèrent  en  1543  de  pouvoir  la  boucher  ou  dimi- 
nuer (1). 

Du  côté  de  la  Meuse  se  trouvait  dans  la  rue  de  l'Eau 
une  porte  qui  changea  plusieurs  fois  de  nom.  Ancien- 
nement on  l'appelait  porte  de  l'Arche  ou  des  Arbalé- 
triers, plus  tard  porte  à  l'Eau.  Dans  ce  même  mur  se 
trouvaient  différents  postiches  établis  par  la  ville  au 
Plétrou  et  dans  leurs  propriétés  par  les  particuliers 
avec  l'autorisation  du  magistrat.  Une  des  attributions 
du  secrétaire  ou  garde  de  la  ville  était  de  serreir  et 
desserreir  les  portes  publiques  à  l'heure  voulue  et  de 
veiller  à  ce  que  les  postiches  des  particuliers  fussent 
également  fermés  quand  le  règlement  l'exigeait.  Ce  fonc- 
tionnaire touchait  de  ce  chef  en  i557  un  traitement  de 
12  florins  (2). 

L'église  avait  aux  différentes  époques  les  formes  que 
nous  décrirons  plus  tard. 

Le  cimetière  se  trouvait  près  de  l'église  et  compre- 
nait la  majeure  partie  de  la  Grand' Place  actuelle.  Il 
était  clôturé  d'une  haie  vive  d'abord,  d'un  mur  dans  la 
suite. 

Dans  le  voisinage  du  chœur,  il  y  avait  un  puits 
public,  dont  l'usage  fut  interdit  il  y  a  environ  deux 
siècles  par  mesure  d'hygiène  et  qu'on  a  retrouvé  il  y  a 
quelques  années. 

(1)  Analectes  pour  Vhist.  eccl.y  t.  VI. 

(2)  Archives  de  la  ville. 


—  19  — 

La  place  du  Marché,  assez  vaste  dans  le  temps,  per- 
dit de  son  étendue  à  mesure  que  le  marché  diminua  en 
importance. 

Le  quartier  de  la  ville  près  du  cimetière  et  de  la 
place  du  Marché  était  exempt  de  la  juridiction  civile  et 
portait  le  nom  d'encloîtres  ;  il  comprenait  les  habita- 
tions des  membres  du  chapitre  qui  y  vivaient  séparé- 
ment, de  ses  hebdomadaires  et  autres  employés. 

La  rue  Haute  avec  la  rue  actuelle  du  Collège, 
appelée  rue  des  Religieuses  aux  XVIIe  et  XVIIIe  siècles, 
est  désignée  dans  les  anciens  registres  sous  le  nom  de 
rue  tendante  de  porte  postiche  à  Marcheit.  Dans  le 
temps  elle  n'avait  pas  l'issue  vers  les  remparts  qu'on  y 
a  pratiquée  depuis. 

Vers  1750,  on  y  construisit  le  collège  des  Oratoriens 
sur  l'emplacement  d'une  grande  court  ou  ferme.  Au 
siècle  précédent,  le  couvent  des  Sépulchrines  y  avait 
pris  la  place  de  plusieurs  habitations  particulières,  dont 
une  appartenant  à  un  membre  de  la  famille  de  Sluse. 

La  rue  du  Perron,  au  XIVe  sièle  la  rue  Bonne,  et  les 
différentes  ruelles,  qui  lui  sont  parallèles,  reliaient, 
comme  de  nos  jours,  la  rue  Haute  à  la  rue  Basse  et  à 
celle  des  Récollets. 

A  l'endroit  où  se  trouve  maintenant  l'hôtel  de  ville 
se  dressait  avant  1600  le  perron  visétois,  emblème  des 
franchises  et  des  libertés  de  la  ville.  Ce  perron,  qui 
datait  probablement  de  1425,  —  année  où  Jean  de 
Heynsberg  accorda  des  privilèges  aux  Visétois —  donna 
à  l'ancienne  rue  Bonne  son  nom  actuel. 

Le  nom  de  rue  Basse  est  assez  récent.  C'était  jadis 
«  la  rue  tendante  de  Perron  à  porte  de  Souvreit,  » 
comme  la  rue  des  Récollets  «  tendait  de  Perron  à  l'hos- 
»  pital  Saint-Nicoleie .  »  Cette  dernière  rue  n'avait  pas 
dans  le  temps  son  issue  actuelle  vers  la  station. 

Dans  cette  partie  de  la  ville  s'élevait  ïhospital  de 
Saint-Nicoleie,  qui,  en  1738,  fut  transformé  en  écoles 
d'humanités.  Un  peu  plus  loin,  du  côté  de  la  Meuse,  à 


—  20  — 

lentrée  du  pont  actuel,  on  trouvait  la  tour  VEvesque, 
prison  du  prince,  dans  laquelle,  d  après  une  tradition, 
le  sanglier  des  Ardennes  aurait  été  enfermé  avant  d  être 
conduit  à  Maestricht.  Les  terrains  voisins  restèrent  assez 
longtemps  à  1  état  de  waide  ou  prairie.  Plus  tard  on  y 
construisit  le  couvent  des  Récollets. 

Evidemment,  dans  le  temps,  Visé  n'avait  pas  au 
même  degré  que  de  nos  jours,  le  cachet  de  propreté  qui 
le  distingue.  Son  pavage  a  dû  se  faire  lentement.  Les 
fermes,  assez  nombreuses  alors  en  ville,  occasionnaient 
un  charriage  et  un  passage  de  bétail  continuels  dans 
les  rues  et  y  étalaient  parfois  des  tas  de  fumier  et 
d'immondices,  qui  provoquèrent  plus  d'une  fois  des 
règlements  communaux. 

Les  maisons  devaient  avoir  l'aspect  de  leur  époque. 
Saumery  les  dit  «  belles  et  bien  réglées,  annonçant 
»  l'opulence  des  habitants.  »  M.  Henaux  les  décrit 
comme  «  petites  et  peu  élégantes.  »  Notons  à  ce  sujet 
que  le  premier  les  avait  vues  de  ses  propres  yeux  et 
ajoutons  que  les  vieilles  habitations,  qui  sont  encore 
nombreuses  à  Visé,  témoignent  en  faveur  de  son  appré- 
ciation. 

Les  plus  anciennes  d'entre  elles  étaient,  assez  sou- 
vent, construites  en  bois  et  en  briques  et  avaient  des 
étages  en  saillie  sur  la  rue.  Celles  de  la  fin  du  XVIIe  et 
du  XVIIIe  siècles  sont  presque  toutes  en  pierres  et  pré- 
sentent, comme  encadrement  des  portes  et  fenêtres,  une 
ornementation  simple,  droite  et  symétrique. 

Toutes  avaient  de  grandes  fenêtres  dont  les  quatre 
ou  six  compartiments,  séparés  par  de  gros  croisillons 
immobiles,  en  bois  au  xvie  siècle,  en  pierres  dans  la 
suite,  étaient  garnis  de  petits  carreaux  à  couleur  ver- 
dâtre,  fixés  au  moyen  de  plomb. 

Sans  doute  parce  que  l'usage  des  stores  et  ri- 
deaux était  moins  fréquent,  les  fenêtres  étaient  presque 
toujours  garnies  de  persiennes,  dont  on  voit  encore 
quelques  gonds.  Nous  ne  savons  quelle  était  la  forme 


—  21  — 

de  ces  persiennes  pour  les  maisons  riches.  Pour  les 
habitations  moyennes  et  pauvres  elles  consistaient  en 
quelques  planches  assez  mal  agencées  ;  les  dernières  de 
celles-ci  ont  disparu  il  y  a  à  peine  deux  ans. 

Le  faubourg  de  Souvré  n  avait  pas  sa  voie  de  Liège. 
I!  se  composait  des  maisons  longeant  la  route  qui  par- 
tait de  la  porte  d'Argenteau  et  allait  à  Malconvat, 
maintenant  la  vallée  des  Soupirs.  Les  hauteurs  de  ce 
quartier  étaient  déjà  au  XIVe  siècle  couvertes  de  vignobles. 
Quelques  fours  à  chaux  existaient  de  ce  côté  au  moins 
au  XVe.  Peu  à  peu  cette  industrie  et  l'établissement  de 
la  nouvelle  route  et  du  chemin  de  fer  ont  enlevé  une 
partie  des  rochers,  qui,  antérieurement,  s'avançaient 
jusqu'au  bord  de  la  Meuse. 

Devant-le-Pont  avait  pour  la  construction  des  ba- 
teaux un  chantier  très  connu. 

Dans  le  voisinage  de  la  ville  étaient  éparpillées 
quelques  fermes  :  celle  du  Temple  qui  subsiste  tou- 
jours ;  celles  de  Waidrée,  de  Hurbize,  etc.,  qui  ont 
disparu. 

Au  lieu  des  belles  routes  reliant  maintenant  Visé 
aux  localités  voisines,  il  y  avait  alors  les  voyes  de 
Feneur,  de  Dalhem,  de  Mons  et  Mouland,  qui,  des 
portes,  gagnaient  les  hauteurs  par  des  ravins  tortueux 
et  rocailleux,  de  vrais  Paradis  des  cKvaux,  comme  nos 
ancêtres  appelaient  les  moins  praticables  d'entre  elles. 

La  population  de  la  ville,  qui  devait  etfe  en  rapport 
avec  l'étendue  de  la  localité,  semble  n'avoir  jamais  été 
plus  forte  qu  elle  n'est  de  nos  jours.  D  après  un  auteur 
du  siècle  dernier,  la  peste  de  1578  y  fit  jusqu'à  deux 
mille  cinq  cents  victimes.  Ce  chiffre  doit  être  exagéré: 
rien  ne  semble  le  justifier.  En  tous  cas,  à  partir  de 
cette  époque,  Visé  ne  compta  jamais  plus  de  trois  mille 
habitants. 

La  culture  des  champs  et  de  la  vigne  occupait  une 
partie  de  la  population  ;  le  commerce,  quelques  petites 
industries   et   les   nombreux    établissements    religieux 


—  22  — 

qu'on  trouvait  alors  à  Visé  donnaient  des  moyens 
d'existence  à  l'autre. 

Aux  XVIIe  et  xvme  siècles  Visé  était  le  séjour  de 
quelques  familles  riches  et  nobles.  Le  lieutenant-bailli 
de  la  vallée  de  la  Meuse,  les  drossards  de  Hermalle  et 
de  Noorbeek  y  résidaient. 

Visé  était  compté  parmi  les  bonnes  villes  du  pays 
de  Liège,  il  envoyait  des  délégués  aux  Etats  et  subissait 
les  vicissitudes  de  fortune  par  lesquelles  passait  la  prin- 
cipauté. 

1. 

NOM  ET  HISTORIQUE  DE  VISÉ. 

LE  NOM   DE  VISÉ. 

Le  plus  ancien  document,  qui  cite  le  nom  de  Visé 
est  l'acte  de  partage  des  fils  de  Charlemagne  en  870,  où 
il  est  dit  :  «  Liugas  quodde  iste parte  est  Mosae  etper- 
»  tinet  ad  Veosatum.  »  Dans  la  suite  ce  nom  prend 
différentes  formes  :  on  trouve  Visetum,  Visatum,  Vie- 
satum,  Velsatum,  Viosatum,  Wiosatum,Wisatum.  Par- 
fois même  il  subit  des  métamorphoses  bizarres  et  s'écrit 
Wegesar,  Gvegesat  ou  Vogesatum. 

Hemricourt  et  Jean  d'Outremeuse  écrivent  Viseit 
ou  Vieseit.  Cette  forme  resta  assez  longtemps.  Mais 
pour  éviter  toute  confusion  entre  la  ville  de  Visé  et  le 
village  de  Wezet  près  de  Maestricht,  qui  en  latin 
s'écrivait  également  Visetum,  on  ajoute  au  premier 
nom  supra  Mosam,  sur  Meuse,  et  au  second,  ad  cam- 
pos,  Veld wezet. 

Plus  tard,  après  1600,  la  terminaison  romane  eit 
se  changea  en  ê.  Confraterniteit  devint  confraternité, 
Viseit  devint  Visé. 

De  nos  jours  Visé  se  dit  en  flamand  Weçet.  Il  en  était 
déjà  ainsi  en  i5oo  :  l'oiseau  du  collier  des  Arbalétriers, 
qui  date  de  cette  époque,  porte  l'inscription  von  We\et 
bin.  Dans  des  registres  du  xvie  siècle  on  trouve  Mark- 


-  23  — 

Weçet,  Visé-Marché,  en  opposition  avec  Veldn>e\et, 
Visé-Campagne, 

Quelle  est  dans  ces  formes  multiples,  celle  qui  se 
rapproche  le  plus  du  nom  primitif?  En  d'autres  mots, 
quelle  est  l'origine  du  nom  Visé? 

Deux  opinions,  défendues  par  des  hommes  compé- 
tents, se  trouvent  ici  en  présence. 

M.  Kurth,  le  savant  professeur  de  l'Université  de 
Liège,  dit  que  dans  cette  question  il  faut  se  tenir  à  la 
forme  la  plus  ancienne,  dont  les  autres  ne  sont  que  des 
altérations.  Cette  forme,  Veosat,  n'admet  aucune  inter- 
prétation germanique  ni  latine,  donc  elle  doit  être 
celtique;  on  ignore  sa  signification. 

Contrairement  à  cette  opinion,  M.  l'abbé  Habets, 
de  Maestricht,  donne  au  nom  de  Visé  une  origine 
tudesque.  D'après  lui  Veosatum  ne  serait  qu'une  des 
multiples  transformations  que  les  temps  ont  fait  subir 
au  mot  tudesque  Wiese. 

Voici  une  considération  en  faveur  de  cette  seconde 
interprétation. 

A  trois  lieues  de  la  ville  se  trouve  le  village  fla- 
mand Veldwezelt  ou  Veldwezet,  qui  anciennement 
s'appelait  Visetum  comme  Visé  et  qui  porte  encore  le 
nom  We^et  que  les  flamands  du  voisinage  donnent  à 
notre  ville. 

Toutes  les  localités  voisines  ont  des  noms  d'une 
origine  germanique. 

Dans  Dalhem  elle  est  manifeste. 

Bombaye  vient  par  diverses  transformations  de 
Bolbeek. 

Berneau,  jadis  Biernawe,  a  une  terminaison  alle- 
mande fort  commune  qu'on  retrouve  même  dans  Mes- 
chawe  (Mesch),  nom  du  village  hollandais  voisin  de 
Berneau. 

Le  nom  Erkenteil  du  xnc  siècle  s'est  lentement 
métamorphosé  et  est  devenu  Argenteau. 

Richelle(Rickela,  au  XIe  siècle),  avec  des  allures  aussi 


—  24  — 

françaises  que  celles  cTArgenteau  pourrait  bien  avoir  la 
même  origine  que  Ryckel,  près  de  Saint-Trond.  C'est 
tellement  vrai  que  M.  Ralhenbeeck,  dans  son  Histoire 
de  Dalhem,  confond  les  deux  localités  et  place  à  tort  le 
berceau  de  Denys-le-Chartreux  dans  le  pays  de  Visé. 

Hallembaye  ne  devrait-il  pas  son  nom  à  son  ruis- 
seau, comme  Bombaye  et  Nordebaye  (Noorbeek)? 

Enfin  tous  les  étymologistes  admettent  une  origine 
franque  pour  les  noms  de  Herstal  et  de  Hermalle. 

Si  toutes  les  localités  voisines  de  Visé  ont  des  noms 
tudesques,  on  doit  être  porté  à  admettre  la  même  ori- 
gine pour  le  nom  de  cette  ville. 

Cette  considération,  qui  donne  quelque  probabilité 
à  la  seconde  opinion,  est  cependant  loin  de  résoudre 
la  question,  d'autant  plus  que  l'origine  tudesque  ren- 
contre plus  d'une  difficulté  ;  ainsi  le  /  que  Ton  retrouve 
dans  toutes  les  anciennes  formes  ne  s'explique  que  très 
difficilement,  dans  l'hypothèse  que  Visétum  et  Viseit 
viendraient  du  mot  Wiese. 

A  ce  propos  on  doit  dire  comme  pour  beaucoup  de 
questions  semblables  :  Adhuc  sub  judice  lis  est. 

HISTORIQUE  DE  LA  VILLE  DE  VISÉ. 

Jean  d'Outremeuse,  qui  joint  de  temps  en  temps  à 
ses  qualités  d'historien  et  de  rimeur,  celle  de  conteur  de 
fables,  fait  remonter  l'origine  de  Visé  à  une  haute  anti- 
quité. Cette  ville  aurait  été  fondée,  d'après  lui,  long- 
temps avant  l'ère  chrétienne,  par  un  Cédros,  roi  de 
Tongres  et  aurait  porté  dans  le  commencement  le  nom 
de  Campaderine  ou  Taxandrine. 

Hubert  Thomas,  dans  ses  de  Tungris  Commen- 
taria,  prétend  que  le  pont  sur  la  Meuse,  dont  parle 
Tacite,  aurait  été  établi  à  Visé  et  non  pas  à  Maestricht 
comme  on  le  croit  communément. 

Le  même  auteur  croit  aussi  à  la  haute  antiquité  de 
Visé  et  à  l'importance  qu'il  aurait  eu  autrefois.  11  en 


—  25  — 

voit  une  preuve  dans  les  ruines  que  Ton  trouvait  encore 
de  son  temps  (1541)  près  de  la  ville. 

Bouille  avance  la  même  assertion  mais  avec  fort  peu 
d'assurance.  «  On  tient,  »  dit-il,  «  que  les  anciennes 
»  ruines  de  la  ville  de  Visé,  furent  réparées  sur  la  fin 
»  du  siècle  précédent  et  que  ses  vieux  fondements 
»  témoignent  qu  elle  a  été  beaucoup  plus  ample  qu'on 
»  ne  la  voit  de  nos  jours.  » 

M.  Henaux,  qui  cite  ces  différents  auteurs,  produit 
des  extraits  de  documents  visétois  de  i5go,  où  il  est 
question  de  «  vieilles  et  novelles  fermeté^  »  de  «  vieux 
»  et  noveaux  murailles.  »  Il  termine  en  disant  que  «  la 
»  critique  historique  n'oserait  écarter  ces  traditions  sur 
*>  l'étendue  et  l'antiquité  de  Visé  et  qu'il  faudrait  des 
»  fouilles  pour  juger  de  leur  degré  de  véracité.  » 

Nous  pensons  que  l'on  peut,  sans  fouilles  préalables, 
rejeter  ces  opinions  comme  peu  fondées. 

Il  ne  reste  dans  les  annales  de  la  principauté  aucune 
trace  de  cette  importance.  Dans  toute  l'histoire  de  Liège, 
Visé  n'occupe  qu'une  place  peu  considérable.  Ses  rem- 
parts ne  datent  que  de  i33o,  ses  privilèges  de  1425. 
Avant  1600  il  n'y  avait  pas  même  d'hôtel  de  ville.  Tout 
cela  prouve  que  Visé  n'a  jamais  eu  l'importance  qu'on 
voudrait  lui  attribuer. 

Quant  aux  ruines  dont  parlent  les  auteurs  cités,  il 
s'agit  évidemment  des  anciens  remparts  détruits  par 
Charles-le-Téméraire  en  1466  et  qui  furent  lentement 
reconstruits  au  siècle  suivant.  Ces  anciens  remparts 
longeaient  la  Meuse.  Les  nouveaux  étaient  construits  à 
quelque  distance  du  fleuve.  De  là  ces  ce  jpuides  places 
»  extantes  entre  les  vieux  et  noveaux  murailles  »  qui 
se  trouvaient  toutes  dans  le  voisinage  du  P  lé  trou  et  de 
la  Tour  VEvesque.  Si  donc  Visé  a  perdu  en  étendue  ce 
fut  du  côté  de  la  Meuse  et  de  ce  côté  il  n'a  pu  perdre 
beaucoup. 

Si  l'on  ne  peut  admettre  ces  vieilles  traditions,  il  est 
probable  que  Visé  existait  longtemps  avant  Charlemagne 


—  2G  — 

et  il  est  certain  que,  sous  cet  empereur,  il  acquit  cette 
importance  relative  qu'on  ne  peut  lui  dénier  sous  les 
descendants  de  ce  prince. 

D'après  les  chroniqueurs  du  moyen  âge,  Visé  de- 
vrait son  église  et  sa  foire  à  Berthe,  fille  de  Charle- 
magne,  et  son  pont  à  Ogier-le-Danois,  ministre  du  grand 
Charles. 

Sans  doute  il  serait  hardi  d'accepter  comme  vraies 
toutes  ces  traditions  avec  leurs  détails,  mais  il  serait 
encore  plus  téméraire  de  ne  pas  reconnaître  un  fond  de 
vérité  dans  leur  ensemble. 

Visé  avait  un  atelier  monétaire  des  rois  carlovin- 
giens  au  VIIIe  siècle,  un  marché  florissant  avant  l'an 
1000,  son  pont  remonte  à  une  haute  antiquité;  les 
traditions  attribuent  ces  institutions  à  Charlemagne  ou 
à  sa  fille.  On  peut  donc  dire  avec  assurance  que  Visé 
doit  une  partie  de  son  importance  à  ces  personnages. 
Cette  importance  était  telle  alors,  qu'on  le  cite  dans 
l'acte  de  partage  de  870,  entre  Charles-le-Chauve  et 
Louis-le-Débonnaire. 

«  A  cette  époque  Visé  était  une  bourgade  libre, 
»  c'est-à-dire  qu'il  relevait  directement  du  domaine 
»  royal  et  ne  dépendait  d'aucun  seigneur,  »  dit  M.  He- 
naux  (1). 

En  983  il  fut  donné  en  fief  par  l'empereur  d'Alle- 
magne Otton  à  l'Eglise  de  Liège  qui  y  exerçait  depuis 
les  droits  seigneuriaux  de  l'époque.  Cette  donation  fut 
confirmée  plus  tard,  en  1070,  par  l'empereur  Henri, 
successeur  d'Otton.  Ces  actes  de  faveur  des  empereurs 
allemands  envers  l'Eglise  de  Liège  expliquent  com- 
ment Visé  fit  partie  de  la  principauté  alors  que  les  loca- 
lités voisines  appartenaient  au  duché  de  Limbourg. 

Visé  fut,  en  1106,  le  théâtre  d'une  bataille  mémo- 
rable dans  l'histoire  de  l'Allemagne,  parce  qu'elle  fut 
un  des  derniers  épisodes  de  la  longue  guerre  des  inves- 

(1)  Bulletins  de  l'Institut  archéoL  liégeois,  t.  I,  p.  374. 


—  27  — 

titures  qui  désola  l'empire  germanique  au  commence- 
ment du  XIIe  siècle. 

Le  vieil  empereur  Henri  IV  s'était  réfugié  à  Liège. 
Son  fils,  Henri  V,  voulut  l'y  surprendre  à  la  tête  d'une 
forte  armée.  Bientôt  il  arriva  à  Visé.  Entre-temps  les 
adhérents  de  Henri  IV,  le  duc  de  Lorraine,  le  comte 
de  Namur,  etc.,  étaient  venus  se  ranger  avec  les  Lié- 
geois à  côté  de  leur  vieux  suzerain  et  marchaient  sur 
Visé  à  la  rencontre  des  troupes  allemandes. 

La  bataille  s'engagea  sur  la  rive  gauche  du  fleuve. 
L'armée  de  Henri  V  attirée  dans  une  embuscade,  dut 
battre  en  retraite  et  regagna  en  désordre  le  pont  qui 
s'écroula  sous  le  poids  des  fuyards.  Ceux-ci  furent  pré- 
cipités dans  le  fleuve  et  essayèrent  de  passer  la  Meuse 
à  la  nage,  mais  beaucoup  d'entre  eux  y  périrent.  Les 
chroniqueurs  rapportent  que  les  victimes  furent  au 
nombre  de  cinq  cents. 

Vers  le  milieu  du  siècle  suivant,  les  Templiers 
vinrent  s'établir  au-dessus  de  Visé  à  l'endroit  qui  porte 
encore  le  nom  de  leur  ordre.  Ils  y  restèrent  jusqu'à  leur 
suppression.  Le  temple  de  Visé,  comme  tous  les  biens 
des  Templiers,  passa  aux  chevaliers  de  Malte. 

On  ne  sait  pour  quels  motifs  la  cathédrale  de  Liège 
échangea,  en  i3io,  la  justice  de  Visé,  contre  le  bourg 
d'Amay,  qui  appartenait  au  prince-évêque. 

M.  Henaux  attribue  cette  permutation  à  des  mésin- 
telligences, qui  auraient  existé  entre  le  chapitre  cathé- 
dral  et  les  Visétois.  Mais  les  preuves  dont  il  appuie  son 
assertion  sont  telles  qu'elles  ne  démontrent  que  son  désir 
de  mettre  les  seigneurs  ecclésiastiques  en  conflit  avec 
leurs  sujets. 

A  partir  de  cette  époque  Visé  fit  partie  de  la  prin- 
cipauté; l'évêque  nomma  les  membres  de  la  Cour  de 
justice  et  exerça  le  pouvoir  politique  ;  la  cathédrale  resta 
seigneur  ecclésiastique  et  conserva  jusqu'à  la  révolution 
les  droits  de  patronage. 

Vingt  ans  plus  tard,  vers  i33o,  Visé  fut  fortifié  et 


—  28  — 

depuis  lors  on  commence  à  l'appeler  oppidum  ou  oppi- 
dulum  (i). 

En  i338  Adolphe  de  la  Mark  y  transféra  la  commu- 
nauté fondée  à  Celles  par  saint  Hadelin.  Jusqu'alors  le 
chapitre  ne  comprenait  que  douze  membres  ;  à  l'occa- 
sion de  cette  translation  Tévêque  créa  en  sa  faveur  huit 
prébendes  nouvelles. 

Les  disciples  de  saint  Hadelin  emportèrent  avec 
eux  les  précieuses  reliques  de  leur  fondateur  renfermées 
dans  la  magnifique  châsse,  que  les  amateurs  admirent 
encore  dans  l'ancienne  collégiale  de  Visé. 

La  seconde  moitié  du  XIVe  siècle  fut  assez  orageuse 
pour  les  Visétois. 

Renaud,  seigneur  d'Argenteau,  établit  en  1347  un 
droit  de  péage  pour  les  bateaux  qui,  faisant  le  service 
entre  Liège  et  Visé,  passaient  sous  son  château-fort.  Ce 
droit  faisait  tort  au  commerce  des  deux  villes.  Les  Lié- 
geois réclamèrent  et,  voyant  que  leurs  réclamations 
restaient  sans  succès,  ils  vinrent  assiéger  le  château  et 
le  démolirent  de  fond  en  comble.  Les  Visétois  semblent 
avoir  pris  part  à  ces  hostilités.  Longtemps,  les  seigneurs 
d'Argenteau  leur  gardèrent  rancune.  Pour  ce  motif  «  on 
»  dressa,  en  i38o,  du  consentement  de  l'évêque  et  du 
»  chapitre,  un  pont  en  bois  à  Visé  pour  être  plus  à 
»  portée  de  secourir  les  habitants  de  cette  ville  contre 
»  les  courses  de  la  garnison  d'Argenteau  (2).  » 

Quelques  années  avant,  en  1376,  dans  la  lutte  du 
prince-évêque,  Jean  d'Arckel,  contre  ses  sujets  révoltés, 
Visé  fut  attaqué  par  les  troupes  allemandes  du  prince. 
Mais  les  assaillants  furent  repoussés  par  les  habitants 
et  les  Liégeois  accourus  à  leur  secours. 

La  ville  fut  moins  heureuse  en  i3g6.  Le  dernier 
jour  du  mois  de  janvier  de  cette  année  une  troupe  de 
Gueldrois,  sous  la  conduite  du  comte  de  Meurs,  esca- 

(1)  Bulletins  de  l'Institut  archéoL  liégeois,  t.  I,  p.  376. 

(2)  Bouille,  t.  I,  p.  423. 


—  29  — 

ladèrent  les  murailles  de  la  ville  sur  l'heure  de  minuit, 
surprirent  les  habitants  dans  leur  sommeil,  pillèrent 
les  maisons  et  y  mirent  le  feu,  puis  se  retirèrent  emme- 
nant plusieurs  bourgeois  comme  prisonniers. 

M.  Henaux,  qui  recherche  les  occasions  de  noircir 
les  princes-évêques,  attribue  ce  désastre  des  Visétois  à  la 
mauvaise  foi  du  prince  Jean  de  Bavière.  «  Jean  sans 
»  Pitié,  »  dit-il,  «  faisait  la  paix  avec  les  états  du  pays 
»  et  en  secret  il  excitait  ses  bandes  armées  à  continuer 
»  les  hostilités  (4).  » 

Pour  appuyer  cette  assertion  plus  que  hasardée, 
l'auteur  cite  un  texte  de  Zantfliet  où  il  n'est  nullement 
question  du  prince  (2). 

D  après  Bouille,  Jean  de  Bavière  ne  mérite  pas  ce 
reproche.  «  Le  prince,  »  dit  cet  historien,  «  accourut  à 
»  Visé  à  la  tête  de  ses  gens  de  guerre,  mais  les  ennemis 
»  étaient  déjà  bien  loin.  Le  peuple  en  murmura,  vou- 
»  lant  donner  à  entendre  que  ce  coup  ne  s'était  pas  fait 
»  à  Tinsu  du  prince  et  témoignant  d'en  vouloir  à  sa 
»  personne.  Mais  il  le  prévint  en  se  justifiant  devant 
»  lui  par  serment  et  le  murmure  cessa  (3).  » 

Pour  M.  Henaux  les  soupçons  du  peuple  sont  fon- 
dés et  un  serment  n'a  aucune  valeur  du  moment  qu'il 
s'agit  de  nuire  à  la  réputation  d'un  évêque. 

En  1425,  Jean  de  Heynsberg  accorda  aux  Visétois 
une  charte  de  privilèges.  La  constitution  communale 
qu'elle  consacre,  aurait  déjà  existé  longtemps  aupara- 
vant, d'après  M.  Henaux.  «  Ce  ne  fut,  »  dit-il,  «  que  le 
»  9  avril  de  cette  année  que  les  bourgeois  la  consi- 
»  gnèrent  dans  une  charte,  qu'ils  firent  confirmer  le 
»  même  jour  par  le  prince.  » 

Ici  encore  l'auteur  de  l'Histoire  du  pays  de  Liège 
montre  1'  «  esprit  de  système  »  dont  l'accusait  une  com- 
mission de  l'Académie  royale  et  que  M.  de  Gerlache  a 

(1)  Bulletins  de  l'Institut  archéol.  liégeois,  t.  I,  p.  368. 

(2)  Bulletins  de  l'Institut  archéol.  liégeois,  t.  I,  p.  368. 

(3)  Bouille,  t.  I,  p.  441. 


—  30  — 

si  bien  fait  ressortir  dans  son  Rapport  sur  un  mémoire 
concernant  la  constitution  de  l'ancien  pays  de  Liège. 

D'après  M.  Henaux,  dans  tous  ses  ouvrages,  les 
droits  et  les  privilèges  des  villes  viendraient  non  pas 
du  prince  mais  du  peuple  lui-même  et  les  princes- 
évêques  n'auraient  eu  d'autres  pouvoirs  que  ceux  que 
leur  aurait  accordés  la  volonté  populaire,  ou  qu'ils  au- 
raient usurpés  au  détriment  de  la  constitution  liégeoise. 

Le  texte  de  la  charte  de  Jean  de  Heynsberg  semble 
contraire  à  cette  opinion  de  M.  Henaux.  Il  s'agit  d'un 
régime  tout  nouveau,  établi  par  le  prince,  à  la  demande 
des  bourgeois,  pour  remédier  à  certains  abus  existants 
et  pour  contribuer  ainsi  au  bien  de  la  ville. 

D'ailleurs  il  semble  que  le  magistrat  accordé  aux 
Visétois  par  la  charte,  n'a  pas  existé  avant  cette  époque. 

Dans  plusieurs  documents  importants  du  xivc  siècle, 
il  est  parlé  de  la  communauté  des  bourgeois  sans  faire 
allusion  aux  bourgmestres  et  jurés,  tandis  que  dans  les 
documents  postérieurs  à  1425  le  magistrat  agit  toujours 
au  nom  de  la  généralité  des  habitants. 

Visé  eut  sa  part  dans  les  luttes  héroïques  et  malheu- 
reuses du  pays  de  Liège  contre  Charles-le-Téméraire  et 
dans  les  désastres  dont  elles  furent  suivies.  Une  attaque 
des  Visétois  contre  Dalhem,  qui  faisait  partie  de  l'ancien 
duché  de  Limbourg  et  relevait  ainsi  de  la  Bourgogne, 
fut  expiée  par  la  prise  et  la  destruction  de  la  ville,  la  dé- 
molition de  ses  remparts,  la  confiscation  de  ses  biens  et 
privilèges  (î). 

Les  droits  et  franchises  des  Visétois  leur  furent 
restitués  en  1477;  quelques  années  avant,  ils  avaient 
racheté  de  Louis  de  Bourbon  leurs  biens  communaux 
confisqués  par  le  Téméraire. 

Dans  les  premières  années  du  XVIe  siècle,  le  chapitre 
de  Saint-Hadelin  éleva  le  vaste  et  magnifique  chœur 
de  l'église,  dont  des  constructions  postérieures  et  le 

(1)  «  La  ville  fut  arsc  et  destructe,  »  disent  d'anciens  documents. 


—  31  — 

vandalisme  de  la  renaissance  ont  détruit  la  beauté  et  la 
majesté  primitives. 

Pendant  cette  époque,  qui  fut  pour  l'Europe  entière 
une  période  de  troubles  religieux  et  politiques,  la  prin- 
cipauté de  Liège  jouit  d'une  paix  relative,  grâce  à  deux 
de  ses  plus  grands  évêques  Erard  de  la  Mark  et  Gérard 
de  Groesbeek.  Visé  eut  sa  part  dans  les  bienfaits  de  ces 
deux  épiscopats. 

Le  chœur  de  son  église  avait  été  construit  vers 
i5io,  la  nef  droite  fut  réédifiée  plus  tard,  les  remparts 
furent  rétablis  et  le  projet  fut  formé  de  bâtir  un  hôtel 
de  ville. 

L  antique  marché  de  Visé  était  complètement  tombé  ; 
les  évêques  accordèrent  aux  Visétois  des  privilèges  pour 
lui  rendre  une  certaine  vogue. 

Les  luttes  religieuses  de  l'époque  n'y  eurent  qu'un 
faible  écho. 

Ce  siècle  aurait  été  une  époque  de  restauration  pour 
la  ville  si  la  peste  de  1578  n'était  venue  la  menacer  une 
seconde  fois,  d'une  complète  destruction. 

Sous  les  princes  de  Bavière,  qui  se  succédèrent  sur 
le  siège  épiscopal  de  Liège,  au  XVIIe  siècle,  Visé  fut  leur 
ville  de  prédilection,  à  tel  point  que  leurs  adversaires 
lui  donnèrent  le  nom  de  Chiroux-ville .  Bien  souvent 
on  y  signale  leur  présence.  En  1648,  Ferdinand  y 
résida  assez  longtemps  et  y  convoqua  même  les  Etats 
du  Pays. 

Cette  bienveillance  procura  à  plusieurs  Visétois  des 
fonctions  élevées  dans  l'armée  impériale  et  dans  l'ordre 
ecclésiastique.  Peut-être  même  peut-on  lui  attribuer 
rétablissement,  à  Visé,  des  différentes  communautés 
religieuses,  qui  s'y  érigèrent  pendant  ce  siècle. 

En  1616  des  religieuses  Sépulchrines  du  couvent 
des  Bons  Enfants  de  Liège  y  jetèrent  les  fondements  de 
la  maison  qui  sert  maintenant  d'école  moyenne  et 
y  ouvrirent  une  école  pour  filles  et  un  pensionnat. 

Les  Récollets  vinrent  à  Visé  en  1646. 


—  32  — 

A  la  fin  du  siècle,  les  Carmes  obtinrent  l'autorisation 
de  s'établir  à  Devant-le-Pont. 

Entre-temps,  Visé  avait  vu  naître  les  deux  de  Slusc, 
les  plus  illustres  de  ses  enfants  et,  en  1612,  on  avait 
pu  mettre  à  exécution  le  projet  de  construction  de 
l'hôtel  de  ville. 

La  fin  du  XVIIe  siècle  fut  moins  paisible  et  plus 
malheureuse  pour  Visé.  Une  seconde  fois,  en  1667,  la 
peste  vint  enlever  une  partie  considérable  de  ses  habi- 
tants. 

Pendant  les  guerres  de  Louis  XIV  contre  les  Pro- 
vinces Unies,  Visé  eut,  comme  toute  la  principauté,  à 
supporter  de  grands  frais  et  de  fortes  exactions.  Ses 
remparts  furent  encore  démolis.  Ces  guerres  et  les  luttes 
intestines,  qui  désolèrent  la  principauté  vers  1680,  ame- 
nèrent la  ruine  des  finances  de  la  ville  et  des  abus  dans 
l'administration  communale. 

Pour  ces  motifs  Maximilien-Henry  donna  à  la  ville, 
en  t685,  un  nouveau  règlement  concernant  les  élections 
et  les  pouvoirs  du  magistrat.  Ce  règlement  restreignit 
les  libertés  communales.  M.  Henaux,  qui  ne  connaît 
que  les  droits  du  peuple  et  qui  ne  trouve  le  bonheur 
des  populations  que  dans  l'intégrité  de  leurs  franchises, 
le  juge  détestable  et  tyrannique.  «  Ce  qui  restait  des 
»  vieilles  franchises,  »  dit-il,  «  devint  insuffisant  pour 
»  mettre  les  bourgeois  à  l'abri  de  l'arbitraire  des  offi- 
»  ciers  de  police  judiciaire  du  prince.  La  liberté  indi- 
»  viduelle,  qui  était  garantie  à  Visé,  comme  dans  les 
»  autres  localités  du  pays,  de  la  façon  la  plus  efficace  et 
»  la  plus  énergique,  cessa  peu  à  peu  d'être  respectée  (1).  » 

A  l'appui  de  ces  assertions  M.  Henaux  cite  un  con- 
flit qui  surgit  entre  le  mayeur,  officier  de  la  police  judi- 
ciaire et  les  bourgmestres,  à  propos  d'une  question 
de  liberté  individuelle  et  dans  lequel  le  prince  désavoua 
son  agent. 

(1)  Bulletins  de  V Institut  archéol .  liégeois,  t.  I,  p.  393. 


—  33  — 

Quand  on  voit  les  bourgmestres  défendre  les  droits 
de  leurs  concitoyens  et  le  prince-évêque  leur  donner 
gain  de  cause,  on  doit  convenir  que  ce  fait  est  un  argu- 
ment peu  sérieux  pour  prouver  que  «  la  liberté  indivi- 
duelle cessa  peu  à  peu  detre  respectée.  » 

Le  nouveau  mode  d'élection  rencontra  d'abord  une 
certaine  opposition,  mais  bientôt  il  remit  la  paix  dans 
la  ville  et  l'ordre  dans  les  finances.  Les  anciens  droits, 
plus  étendus,  devaient  naturellement  être  regrettés  par 
une  partie  de  la  bourgeoisie  ;  pour  satisfaire  les  désirs 
de  ses  sujets,  le  prince  introduisit,  en  1719,  quelques 
changements  au  règlement  de  i685. 

En  1737  les  Pères  Récollets  ouvrirent  une  école 
d'humanités.  La  ville  avait  mis  à  leur  disposition  le 
local  de  l'ancien  hôpital  de  Saint-Nicolas.  Le  collège 
des  Récollels  fut  remplacé,  en  1750,  par  celui  des  Ora- 
toriens,  dû  à  la  générosité  du  baron  Gilles-Albert  de 
Villenfagne. 

La  paix  dont  la  ville  avait  joui  pendant  la  première 
moitié  de  ce  siècle  continua  à  régner  pendant  la  seconde. 
Elle  ne  fut  troublée  qu'un  instant  par  la  célèbre  cause 
de  Sartorius. 

C'était  le  calme  qui  précède  l'orage.  La  révolution 
liégeoise,  ayant  à  sa  tête  trois  anciens  élèves  des  Orato- 
riens  de  Visé,  attira  sur  notre  pays  la  domination  fran- 
çaise qui,  à  Visé,  comme  partout  ailleurs,  amena  la 
destruction  de  toutes  les  vieilles  institutions. 

II. 
LA  PAROISSE,  L'ÉGLISE  ET  LES  CURÉS. 

La  paroisse  de  Visé  est  fort  ancienne.  D'après  la  tra- 
dition, nous  l'avons  vu,  sa  première  église  aurait  été 
construite  par  Berthe,  fille  de  Charlemagne.  Indépen- 
damment de  cette  tradition,  nous  avons  d'autres  preuves 
de  la  haute  antiquité  de  Visé  comme  paroisse. 

En  i338,  l'église  de  Visé  possédait  des  biens  consi- 

5 


—  34  — 

dérables.  De  ses  revenus  on  dote  trois  prébendes  cano- 
nicales  et  le  restant  suffit  comme  subsistance  du  pléban 
ou  curé.  La  possession  de  biens  considérables  est  pour 
les  églises  du  temps  passé  un  indice  d'une  origine 
ancienne,  à  moins  que  cette  possession  ne  se  justifie 
par  une  forte  donation  plus  récente.  La  tradition  ne 
rapporte  à  ce  sujet  que  des  dons  faits  à  l'église  de  Visé 
par  Charlemague  ou  par  Berthe. 

Le  titre  d'église-mère  et  le  nombre  ou  l'importance 
des  succursales  et  chapelles  dépendantes  attestent  encore 
l'ancienneté  d'une  paroisse  ;  et  cette  preuve  est  bien 
manifeste  pour  Visé. 

Un  acte  de  i339  (i)  dit  :  «  Parochus  habebit  jura 
»  parochialia  a  Parochianis  de  Viseto  et  appendiciarum 
»  ejus  et  habebit  anniversaria  dictae  ecclesiae  Visetensis 
»  tam  in  Viseto  quam  in  Dalhem.  »  La  ville  de 
Dalhem  dépendait  donc,  à  cette  époque,  de  la  cure  de 
Visé.  Quand  on  se  rappelle  l'ancienneté  et  l'importance 
de  cette  localité,  qui,  au  XIe  siècle,  était  le  chef-lieu  d'un 
comté  indépendant,  on  est  convaincu  que  cette  relation 
entre  Visé  et  Dalhem  devait  remonter  bien  loin  et  que, 
par  conséquent,  Visé  devait  exister  comme  paroisse 
depuis  un  temps  immémorial. 

Cette  dépendance  de  Dalhem  de  la  paroisse  de  Visé 
a  continué  jusque  vers  1600.  Dans  un  ancien  registre 
des  revenus  de  la  cure  (i58i),  on  dit  encore  :  «  Pleba- 
»  nia  Visetensis  cum  appendicibus  Dolhen  et  Monse.  » 
En  1616,  on  ne  parle  plus  de  Dalhem,  on  dit  :  «  La 
»  Plébanie  de  Visé  et  V appendice  de  Monse.  »  La  sépa- 
ration de  Dalhem  doit  donc  être  placée  entre  ces  deux 
dates  (2). 

Toutefois  il  resta  jusqu'à  la  Révolution  française  des 
traces  de  cet  ancien  état  de  choses.  Le  pléban  de  Visé 

(1)  Archives  de  la  paroisse. 

(2)  D'après  un  registre  de  l'église  de   Dalhem  cette   séparation  ne 
devint  définitive  qu'en  1618. 


—  35  — 

nommait  les  curés  de  Dalhem  de  concert  avec  le  magis- 
trat de  celte  ville. 

Chaque  année,  à  un  jour  déterminé,  le  curé  et  les 
paroissiens  de  Dalhem  se  rendaient  processionnelle- 
ment,  croix  en  tête,  à  leur  ancienne  église-mère  et  fai- 
saient à  cette  occasion,  à  l'autel  paroissial,  une  offrande 
pour  le  curé  de  Visé.  Le  curé  de  Dalhem  venait  aussi 
chaque  année,  à  Visé,  recevoir  les  Saintes  Huiles  des 
mains  du  pléban. 

Le  hameau  de  Mons,  entre  Visé  et  Bombaye,  était 
un  autre  appendice  de  la  paroisse  de  Visé.  Mais  cette 
dépendance  présentait  un  caractère  particulier.  Mons 
appartenait  alternativement,  une  année  à  Visé  et  l'autre 
à  Bombaye.  Le  curé  qui  desservait  le  hameau,  recevait 
de  ce  chef  cinq  muids  d'épeautre. 

Devant-le-Pont  a  toujours  dépendu  de  Visé  et  non 
de  Lixhe,  ni  de  Haccourt,  comme  on  Ta  cru.  En  1256 
il  existait  une  vieille  contestation  entre  le  chapitre  de  la 
cathédrale  et  le  curé  de  Visé,  concernant  leurs  droits 
respectifs  pour  la  perception  de  la  grosse  dîme.  Dans 
une  charte  du  25  février  de  cette  année  le  chapitre  fait 
savoir  que  le  différend  est  aplani  et  que,  d'après  les 
conventions  faites,  il  continuera  à  lever  la  dîme  sur  la 
rive  droite  de  la  Meuse  tandis  que  le  curé  recevra  celle 
de  la  rive  gauche,  près  de  Lixhe.  Comme  on  ne  peut 
supposer  que  le  curé  ait  joui  de  ce  droit  en  dehors 
de  sa  paroisse,  on  doit  admettre  que  Devant-le-Pont 
dépendait  alors  de  Visé.  Les  registres  des  derniers 
siècles  prouvent  que  l'ancien  état  de  choses  n'a  pas 
été  changé. 

Toutefois,  il  semble  qu'une  partie  de  Devant-le-Pont 
a  dépendu  de  Hermalle.  Nous  avons  trouvé  des  indica- 
tions comme  celle-ci  :  «  N...  de  Devant-le-Pont,  pa- 
»  roisse  de  Hermalle.  » 

Le  doyenné  rural  de  Maestricht  portait  auxne  siècle 
le  nom  de  concilium  Visetense. 

Ainsi,  en  1143,  un  acte  par  lequel  la  cure  de  Breust 


—  36  — 

est  incorporée  à  la  collégiale  Saint-Martin  de  Liège  est 
approuvé  par  un  «  Joannes  decanus,  »  et  les  «  Fratres 
»  concilii  Visetensis  Guaço,  Gulielmus  et  Lambert  us  » 
et  un  autre  acte  de  1164  est  adressé  par  l'archidiacre 
Alexandre  aux  «  fratres  capituli  nostri  de  Viseto.  » 
Quelques  années  plus  tard  on  rencontre  «  concilium 
»  trajectense  (*).  » 

A  part  la  charte  de  1256,  dont  nous  avons  parlé,  nous 
n'avons  trouvé  aucun  document  concernant  la  paroisse 
de  Visé  pendant  le  XIIIe  siècle. 

Jusqu'au  commencement  du  siècle  suivant,  l'église 
de  Visé  était  régie  par  le  droit  commun  ecclésiastique 
du  pays  de  Liège.  Comme  ecclesia  intégra,  elle  payait 
l'intégralité  des  droits  épiscopaux  et  archidiaconaux. 
Elle  dépendait  du  doyenné  rural  de  Maestricht  et  de 
larchidiaconat  de  Hesbaye.  Quand  l'église  cathédrale 
échangea  en  1 3 10  la  justice  de  Visé  contre  celle  d'Amay, 
elle  conserva  son  droit  de  patronage  sur  la  paroisse. 
A  ce  titre,  le  chapitre  de  Saint-Lambert  présentait  le 
curé  ou  investitus  qui  était  agréé  et  installé  par  l'archi- 
diacre, elle  percevait  la  grosse  dîme  et  devait  de  ce  chef 
entretenir  le  vaisseau  de  l'église,  fournir  la  cloche  banale 
et  procurer  au  curé  le  nécessaire  d'autel  pour  la  célé- 
bration de  la  Sainte  Messe.  L'investit  avait  l'adminis- 
tration dçs  biens  de  cure.  Ceux  de  la  fabrique  ou  du 
luminaire,  comme  on  disait  alors,  étaient  sans  doute 
régis  par  les  mambours  paroissiaux. 

La  translation  du  chapitre  de  Saint-Hadelin  à  Visé, 
changea  en  partie  cet  état  de  choses  et  créa,  pour  la 
paroisse,  une  situation  particulière  qui  persévéra,  avec 
de  légères  modifications,  jusqu'à  la  Révolution  fran- 
çaise. 

Par  un  document  du  10  juillet  i338  (2),  Adolphe 
de  la  Mark  transfère  le  chapitre  de  Saint-Hadelin  à 
Visé. 

(1)  Habets,  Geschiedenis  van  het  Bisdom  Roermond,  1. 1,  p.  420. 

(2)  Archives  de  l'église. 


—  37  — 

Du  consentement  de  l'archidiacre  de  Hesbaye  et  du 
chapitre  de  Saint- Lambert,  dont  les  droits  furent  con- 
servés, il  assigne  aux  chanoines  de  Celles  l'église  parois- 
siale de  Visé,  qui  fut,  par  le  fait  même,  élevée  au  rang 
de  collégiale.  «  Ecclesiam  parochialem  de  Viseto  de 
»  consensu  capituli  nostri  necnon  de  consensu  archi- 
»  diaconi  Perchevalli  de  Carreto  et  de  consensu  Pétri 
«  de  Viseto,  Investiti,  qui  eam  ad  praesens  tenet, 
»  eidem  collegio  incorporamus  et  annectimus  eam  in 
»  collegiatam  ecclesiam  erigentes  et  illam  ei  libertatem, 
»  quam  aliae  ecclesiae  (collegiatae)  dioecesis  Leodiensis 
»  habere  noscuntur  tribuentes.  » 

De  tous  les  biens  et  revenus  de  l'église  l'Evêque  créa 
trois  nouvelles  prébendes,  en  réservant  une  part  suffi- 
sante au  pléban  ou  curé,  qui  aurait  à  exercer  les  fonc- 
tions pastorales.  Le .  chapitre  de  Saint-Lambert  ne 
pourrait  présenter  comme  curé  qu'un  candidat  ayant 
reçu  la  prêtrise,  ou  disposé  à  la  recevoir  dans  le  cours 
de  l'année.  L'archidiacre,  à  qui  le  candidat  devait  être 
présenté,  l'agréait  et  l'installait. 

«  Ordinamus  ut  de  reditibus  universis  et  obven- 
»  tionibus  dictae  ecclesiae  de  Viseto  trium  praeben- 
»  darum  sacerdotalum  corpora  sint  fundata  et  una 
»  investitura  ad  quam  sacerdos  idoneus  vel  qui  infra 
»  annum  ad  sacerdotium  promoveatur,  dicto  archidia- 
»  cano  per  ipsum  instituendus  praesentetur  qui  curam 
»  animarum  habeat  parochiae,  reservata  sibi  de  reddi- 
»  tibus  et  obventionibus  dictae  ecclesiae  congrua  por- 
»  tione.  »  Cette  part  devait  être  taxée  plus  tard  par 
l'archidiacre  et  le  chapitre. 

Le  curé  de  Visé,  de  ce  temps,  Petrus  de  Urso,  est 
nommé  chanoine  et  chantre  du  chapitre. 

Dans  une  lettre  (i)  du  4  août  de  cette  année  l'archi- 
diacre Percheval  de  Carreto  renouvelle  son  consente- 
ment tout  en  réservant  certains  droits. 

(1)  Archives  de  la  paroisse. 


—  38  — 

L'église  restera  paroissiale  et  aura  un  curé  soumis 
à  la  juridiction  archidiaconale. 

Le  curé  et  les  recteurs  de  tous  les  autels  ou  béné- 
fices existant  alors  dans  la  paroisse  devront  être  pré- 
sentés à  l'archidiacre  et  institués  par  lui.  Il  en  sera  de 
même  des  recteurs  d'autels,  qui  seraient  fondés  à  l'ave- 
nir dans  la  paroisse  mais  hors  de  l'église.  Le  curé,  les 
bénéficiers,  tous  les  clercs  et  laïques  de  la  paroisse 
seront  soumis  à  la  juridiction  épiscopale  et  archidia- 
conale à  l'exception  des  chanoines,  de  leurs  serviteurs 
et  des  élèves  de  leurs  écoles.  Tous  ceux  qui  assistaient 
au  synode  tenu  dans  l'église  de  Visé,  y  prendront  part 
comme  par  le  passé. 

Le  prévôt  et  le  chapitre  payeront  les  trois  quarts 
des  droits  épiscopaux  et  archidiaconaux  :  à  savoir  le 
cathedratecum  et  Vobsonium.  Le  pléban  ou  recteur  de 
l'église  payera  l'autre  quart. 

Le  pléban  aura  le  droit  de  présenter  les  bénéficiers 
qui  sont  à  la  nomination  de  l'archidiacre. 

A  l'aide  de  ce  passage  nous  pourrons  plus  tard  déter- 
miner le  degré  d'ancienneté  des  différents  bénéfices. 

Le  4  août  suivant  (133g),  Adolphe,  du  consente- 
ment de  Magister  Johannis  Micerio  (ou  Nucerio),  suc- 
cesseur de  Percheval,  arrête  les  bases  d'après  lesquelles 
aura  lieu  la  fondation  de  trois  prébendes  et  de  la  plé- 
banie. 

Les  revenus  et  fruits  de  l'église  de  Visé  étaient 
fixés  à  deux  cents  muids  d'épeautre,  mesure  de  Liège. 
Soixante-dix  de  ces  muids  seront  attribués  à  la  cure, 
les  autres  serviront  à  la  formation  des  canonicats. 

Les  revenus  de  la  plébanie  consistaient  en  vingt 
muids  dus  à  la  cure  par  le  chapitre  de  Saint-Lambert, 
propriétaire  de  la  grosse  dîme,  vingt  muids  provenant 
des  anniversaires  fondés  dans  l'église  de  Dalhem  et 
enfin  de  trente  autres  muids,  revenus  présumés  des 
droits  d'étole  à  Visé  et  dans  les  dépendances. 

Quant  aux  anniversaires  fondés  dans  l'église-mère, 


—  39  — 

les  chanoines  devront  les  exonérer  à  raison  des  biens  de 
fondation  leur  attribués. 

Les  fondations  de  messes,  qui  pourraient  être  créées 
à  l'avenir,  seront  censées  faites  en  faveur  du  chapitre,  à 
moins  que  le  fondateur  n'ait  manifesté  sa  volonté  de 
les  voir  exonérées  par  le  pléban. 

Cet  arrangement  explique  la  disparition  des  vieilles 
fondations. 

Les  titres  d'une  partie  de  ces  fondations  disparurent 
dans  le  cours  des  temps  et  dans  les  guerres  et  autres 
désastres  qui  fondirent  sur  la  ville. 

Les  chanoines  pour  satisfaire  aux  obligations  qu'ils 
avaient  contractées,  avaient  chargé,  déjà  au  XVIIe  siècle, 
un  de  leurs  hebdomadaires  de  célébrer  pour  eux  le 
nombre  voulu  de  services. 

A  la  Révolution  française  les  biens  des  collégiales 
furent  pour  la  plupart  confisqués  et  vendus.  On  ne 
rendit  que  ceux  des  fondations,  dont  on  put  produire 
les  titres  et  ainsi  un  grand  nombre  de  ces  anniversaires 
disparurent. 

Une  autre  considération  explique  le  même  fait. 

Des  revenus  de  fondations  consistaient  en  rentes 
dues  par  des  communes  ou  des  particuliers.  Or,  plus 
d'une  fois,  les  rentes  se  perdirent  à  cause  de  l'insolva- 
bilité des  débiteurs.  Un  fondateur  pour  prévenir  la 
perte  de  l'anniversaire  qu'il  avait  l'intention  de  fonder, 
stipule  que  la  rente  constituée  à  cet  effet,  resterait  irré- 
vocablement attachée  à  une  maison.  Quelque  temps 
après,  l'habitation  fut,  dans  une  tempête,  tellement  en- 
dommagée, que  pour  prévenir  l'anéantissement  complet 
de  la  rente,  on  fut  forcé  de  vendre  l'immeuble. 

Les  habitants  de  Visé  étaient-ils  opposés  à  l'établis- 
sement du  chapitre  dans  leur  ville? 

Un  document  du  2  mars  1340  réglant  les  rapports 
entre  le  chapitre  et  les  paroissiens  porte  le  titre  de  trans- 
action (1).  Cette  transaction  suppose-t-elle  une  opposition 

(1)  Archives  de  l'église. 


—  40  — 

antérieure  de  la  part  des  bourgeois  ou  contient-elle  seule- 
ment un  arrangement  nécessaire  entre  les  deux  parties? 
On  ne  saurait  le  dire. 

Dans  cet  accord  conclu  entre  le  prévôt  et  le  cha- 
pitre d'une  part  et  «  la  communauté  délie  ville  et  tous 
»  les  parochains  de  l'église  de  Visé,  »  de  l'autre,  on  règle 
toutes  les  questions  «  délie  thour,  des  clocques,  des 
»  semitiers,  de  l'encloîstre  à  faire,  des  accens,  de  lumi- 
»  naire,  des  blocques,  des  bardequins,  délie  fabrique,  de 
»  pléban  et  de  marguillier  délie  dite  église  et  de  toute 
»  autre  chose  dont  matière  de  contendre  ou  débats 
»  pouvoit  ou  pourroit  naistre,  » 

Il  est  décidé  qu'en  cas  de  travaux  à  faire  à  la  tour 
«  les  parochains  deveront  à  leurs  fraix  et  despens  payer 
»  et  livrer  toute  la  matière  à  l'ouvrage  nécessaire  et  le 
»  chapitre  louera  et  payera  les  ouvriers.  » 

On  détermine  à  qui  incombe  l'entretien  des  cloches 
et  l'usage  que  peuvent  en  faire  les  bourgeois.  Si  le  cha- 
pitre veut  placer  de  nouvelles  cloches  et  si  pour  «  les 
»  apoincter  falloit  faire  plus  fort  bellefroid  ce  devrat 
»  estre  faict  au  despens  dudit  chapitre.  » 

«  Le  marlier  délie  paroisse  aurat  une  clef  de  mos- 
»  tier  (église),  pour  y  entrer  quand  métier  serat  par 
»  nuict  et  par  jour  pour  avoir  les  sacrements  de  la 
»  Sainte  Eglise  et  faire  le  nécessaire  délie  paroisse  et 
»  devrat  aussi  le  dit  marlier  dormir  en  l'engliese  pour 
»  ladite  église  aider  mieux  à  warder.  »  Ce  passage  nous 
fait  connaître  l'origine  et  l'usage  d'une  vieille  ouverture 
de  cheminée  en  forme  d'ogive,  ainsi  que  d'une  petite 
fenêtre  pratiquée  dans  le  mur  de  l'église  dans  le  voisi- 
nage de  la  tour.  Là  se  trouvait  sans  doute  la  chambre 
où  logeait  le  marlier. 

Dans  le  cas  ou  le  chapitre  voudrait  construire  des 
encloistres  ou  autrement  il  devra  laisser  un  terrain 
suffisant  à  Vaytre  (cimetière),  et  si  plus  tard,  après  ces 
constructions  le  cimetière  devait  être  agrandi,  il  devra 
procurer  terre  béniste  suffisante  là-joindante. 


—  41  — 

Toutes  les  rentes  et  tous  les  biens  du  luminaire  de 
l'église  «  seront  et  appartiendront  au  dit  chapitre  lequel 
»  chapitre  en  devrat  faire  le  luminaire  de  la  dite  église 
*  et  deverat  aussi  ledit  chapittre  aux  pauvres  de  la 
»  paroisse  pour  qui  on -le  demanderat  et  qui  autre 
»  luminaire  n'auroit  et"  à  qui  nécessité  serat  a  son  obit 
»  de  livrer  quatre  chandelles  quand  on  ferat  le  service 
»  ainsi  qu'accoustumé  est.  Item  deux  chandelles  a 
»  l  autel  du  pléban  pour  chanter  messe  et  une  tortiez 
»  (cierge)  à  l'honneur  de  Dieu. 

»  Doivent  avoir  les  paroichiens  un  pléban  au  lieu 
»  de  Vestij,  qui  en  la  dite  église  de  Visé  porterat  la  cure 
»  des  paroissiens  ainsy  que  Vestij  soloit  faire  et  les 
»  paroichiens  deveront  faire  envers  lui  tout  ce  qu'ils 
»  devaient  faire  à  leur  Vestij.  Lequel  pléban  et  les 
»  paroissiens  esliront  le  marlier  délie  paroiche. 

»  Plus  avant  ne  pourront  et  ne  deveront  les  parois- 
»  siens  demander  rien  à  Moustier  aux  rentes  ne  autres 
»  biens  de  Moustier  fors  ce  que  dit  est. 

»  Sans  ce  que  le  pléban  ait  calice,  messe,  brévaire, 
»  livre  ornement  et  toute  autre  chose  que  le  Vestij  avait 
»  de  part  le  patron  et  paroichiens  de  l'église  pour  exerci- 
»  ter  sa  cure  et  ce  a-t-il  perpétuellement  deseurdit.  Aussi 
»  le  deverat-on  tenir  en  paix  sur  les  pétitions  de  deux 
»  muyds  de  spelte  dont  ils  sont  convenus  envers  Hen- 
»  rotte  Magrande,  couvreur  de  Liège  à  sa  vie  pour  de- 
»  tenir  la  couverture  délie  thour  et  des  accincts  (nefs).  » 
Il  avait  été  convenu  en  outre  que  le  chœur  de 
l'église  serait  réservé  au  chapitre  et  que  le  vaisseau  ser- 
virait pour  la  paroisse.  L'autel  paroissial  était  établi 
près  du  chœur  du  côté  de  Xintroït. 

Ces  différents  accords  réglaient  les  droits  et  les  de- 
voirs respectifs  du  chapitre,  du  pléban  et  des  parois- 
siens. Ils  expliquent  un  fait  étrange  au  premier  abord  : 
l'absence  complète  dans  les  archives  visétoises  de  tout 
registre  concernant  la  fabrique  d'église  et  de  toute  men- 
tion de  mambours  de  la  paroisse. 

6 


—  42  — 

Tous  les  biens  de  l'église  et  des  fondations  sont  cédés 
au  chapitre.  Celui-ci  est  chargé  de  les  administrer  et 
de  faire  les  fournitures  pour  le  culte.  Il  n  y  eut  donc  ni 
biens  de  fabrique  proprement  dits,  ni  mambours  pour 
les  administrer. 

Avec  le  temps,  il  est  vrai,  il  se  forma,  à  la  suite  de 
quelques  donations,  un  certain  nombre  de  biens  de 
cure  et  de  fondations  dont  le  pléban  seul  eut  l'admi- 
nistration (4). 

Dans  les  statuts  particuliers  de  la  collégiale  de  Visé 
confirmés  par  Englebert  de  la  Mark  se  trouvent  quel- 
ques articles  réglant  les  relations  entre  le  chapitre  et 
le  curé  au  point  de  vue  paroissial.  En  voici  deux  : 

ART.  17.  Ordinamus  prœterea  et  praecipimus  plebano  dictas 
ecclesiae  quicumque  pro  tempore  fuerit  ex  nunc  et  in  antea  inter 
matutinas  decantatas  et  pulsum  primas  ut  ita  tempestive  officium 
suum  celebret  quatenus  conventus  in  prima  et  aliis  horis  canonicis 
minime  turbetur  et  possit  impediri  quodque  moretur  et  habeat 
domicilium  infra  immunitatem  claustri  chorumque  cum  superpel- 
liceo  et  almutia,  habituque  decenti  frequentet. 

ART.  18.  Item  statuimus  quod  de  cœtero  prima  et  secunda 
die  nativitatis  Domini,  necnon  die  Paschae,  Parascevae  et  vigilia 
Paschae  et  Pentecostis,  fontium  sacrarum  benedictio  et  regeneratio 
conventualiter  sicut  in  secundariis  ecclesiis  praedictis  celebretur. 

Grâce  à  tous  ces  statuts,  accords  et  transactions 
déterminant  les  attributions  de  chacun,  la  concorde 
semble  avoir  régné  pendant  longtemps  dans  la  paroisse  ; 
du  moins  n'avons-nous  trouvé  aucune  trace  d'un  conflit 
sérieux  pendant  les  premiers  siècles  de  l'existence  des 
chanoines  à  Visé. 

Un  nouvel  état  de  choses  se  produisit  au  XVIe  siècle 

(1)  D'après  un  registre  du  pléban  Radoux  les  recettes  ordinaires  de  la 
cure  de  Visé  montaient  de  son  temps  à  : 

(en  nature)  :  69  1/2  muids  d'épeautre. 
2  chapons. 

(en  espèces)  :  11  fl.  bb.  06  d.  f.  et  23  pattars. 

Dans  ces  sommes  étaient  compris  les  revenus  des  anniversaires. 


—  43  — 

et  amena  des  effets  moins  favorables  pour  la  conserva- 
tion de  Tordre  et  de  la  paix. 

Pierre  Slenaken  fut  dans  la  première  partie  du 
XVIe  siècle  successivement  bénéficier,  pléban,  chanoine 
et  doyen  dans  l'église  de  Visé.  Avec  l'autorisation  du 
Pape,  il  cumula  assez  longtemps  les  fonctions  de  pléban 
avec  celles  de  chanoine. 

Plus  tard,  un  canonicat  fut  ajouté  définitivement  à 
la  plébanie. 

Le  document  suivant  de  i588  nous  permet  de  fixer 
à  peu  près  la  date  et  le  motif  de  cet  arrangement  : 

Joannes  Oerbach,  abbas  sœcularis,  consentit  ut  praebenda  a  se 
conferenda,  quam  possidet  D.  et  M.  Guilhelmus  Piretius  uniatur 
et  incorporetur  plebaniae  Visetensi  ut  —  quod  deest  ipsius  juste 
competentiae  —  suppleatur.  Vicissim  ne  ipse  suive  successores  hinc 
dispendium  seu  diminutionem  in  suis  collationibus  patiantur  Rdi  et 
O*1  D.  Decanus  et  capitulum  Leod.  concesserunt  ut  primas  prae- 
benda? dictae  ecclesiae  collegiatae  Visetensis  vacaturae  alias  ad  suam 
collationem  pertinentis  collatio  sit  pênes  dictum  R.  D.  abbatem  et 
suos  successores  (i). 

A  partir  de  ce  moment  les  curés  de  Visé  portent  le 
titre  de  chanoine  et  pléban.  Cette  combinaison  devait 
plus  tard  donner  lieu  à  de  sérieux  et  regrettables 
conflits. 

Le  pléban,  indépendant  dans  ses  fonctions  pasto- 
rales, était  soumis  au  chapitre  comme  chanoine.  De  cette 
situation  devait  naître  des  difficultés  à  une  époque  où 
le  clergé  secondaire  et  le  clergé  séculier  étaient  égale- 
ment jaloux  de  leurs  droits  et  privilèges  et  où  régnait 
une  véritable  rivalité  entre  ces  deux  corps.  Ces  conflits 
se  produisirent  d'autant  plus  facilement  que  les  accords 
et  arrangements  faits  à  l'occasion  de  la  translation  du 
chapitre  à  Visé  laissaient  encore  un  vaste  champ  aux 
discussions  et  aux  contestations. 

Aussi  voyons-nous,  aux  siècles  suivants,  de  grands 

(i)  Archives  de  l'église. 


—  44  — 

procès  entre  le  chapitre  et  les  curés  Radoux,  Mouton  et 
Herman,  déférés  aux  Cours  ecclésiastiques  de  Liège,  au 
nonce  à  Cologne  et  même  portés  en  appel  jusqu'à  Rome. 
Ces  différends,  dans  lesquels  les  paroissiens  prenaient 
le  parti  de  leur  curé,  exercèrent  une  funeste  influence 
sur  l'esprit  de  la  population  et  provoquèrent  parfois  une 
hostilité  ouverte  des  bourgeois  contre  les  chanoines. 

A  côté  de  ces  faits  regrettables  on  est  heureux  de 
constater  le  zèle  avec  lequel  tous  les  plébans,  sauf  un 
peut-être,  se  sont  acquittés  de  leurs  devoirs  pastoraux. 

Dans  les  registres  de  la  paroisse,  tenus  avec  le  plus 
grand  soin,  on  constate  que  le  nombre  des  personnes 
décédées  sans  avoir  été  administrées  est  infiniment  petit 
et  ne  comprend  que  des  cas  de  morts  subites  ou  acci- 
dentelles ;  même  dans  les  cas  de  maladies  contagieuses 
et  pendant  les  pestes  qui  désolèrent  plusieurs  fois  Visé 
tous  mouraient  munis  des  sacrements.  Quand  des 
troupes  prenaient  leur  quartier  d'hiver  dans  la  ville,  les 
plébans  cherchaient  à  régulariser  les  unions  illégitimes 
contractées  par  les  militaires  ;  il  y  eut  même  des  soldats 
protestants  qui  se  convertirent  pendant  leur  séjour 
dans  la  paroisse. 

Des  confréries  du  saint  Rosaire  et  du  saint  Sacre- 
ment ont  été  établies  il  y  a  deux  ou  trois  siècles. 

Alternativement  des  Pères  Récollets  et  Dominicains 
venaient  prêcher  les  stations  du  carême  et  de  l'àvent. 
Cet  usage  existait  déjà  en  1600.  Assez  souvent  on  eut 
comme  prédicateurs  les  hommes  les  plus  distingués  de 
ces  ordres  ;  ainsi  le  Père  Mathias  Hauzeur  qui  se  dis- 
tingua par  ses  écrits  et  ses  conférences  dans  la  lutte 
contre  le  protestantisme,  vint  prêcher  plusieurs  carêmes 
dans  la  collégiale  de  Visé. 

Après  l'établissement  des  Récollets  à  Bolland,  chaque 
samedi,  un  de  ces  religieux  vint  pour  entendre  les  con- 
fessions et  prêcher  le  dimanche. 

A  partir  de  l'époque  où  une  prébende  avait  été  unie 
à  la  plébanie,  les  curés  eurent  un  vice-pléban  qui  les 


—  45  — 

assistait  ou  les  remplaçait  dans  l'accomplissement  de 
leurs  fonctions.  Ces  vice-plébans  ou  vicaires  payés  par 
le  curé,  étaient  généralement  logés  chez  lui.  Plusieurs 
d  entre  eux  exercèrent  en  même  temps  les  fonctions  de 
notaire  apostolique. 

Quoique  chanoines,  les  plébans  continuèrent  à  faire 
partie  du  concile  de  Maestricht.  Pierre  Pironnet,  un 
des  derniers  curés  de  Visé  avant  la  Révolution  fran- 
çaise, fut  même  doyen  de  cette  chrétienté'. 

Pendant  la  Révolution  les  chanoines,  y  compris  le 
pléban  d'Aoust,  durent  s'expatrier  ;  un  chanoine  et 
quelques  religieux  qui  avaient  continué  à  résider  à  Visé 
administrèrent  la  paroisse  autant  que  les  circonstances 
le  permettaient. 

Celle-ci  ne  comprit  plus,  après  le  concordat  de  1802, 
que  le  territoire  de  la  commune  de  Visé.  Depuis  lors, 
la  partie  située  sur  la  rive  droite  de  la  Meuse  a  été 
érigée  en  la  paroisse  de  Devant- le- Pont. 

L'ÉGLISE. 

Adont  vint  la  Berthaine  erant  a  grant  exploit 
La  filhe  Charlemagne  qui  sainte  vie  usoit 
Drois  a  Viseit  sur  Mœuze  et  là  edefioit 
Une  mult  belle  englieze  que  consacreir  voloit 
En  honneur  sain  Martin  ensiment  le  revoit 
Ly  papes  y  allât  le  concielhe  y  minnoit 
Et  17  jours  de  May  après  le  benissoit 
Autretans  de  pardons  qu'à  Tongres  a  Viseit  oit 
Or  escuteis  après  par  le  Dieu  u  on  croit 
Charles  amat  Viseit,  grande  rente  y  assennoit 
Pour  l'honneur  de  sa  filhe  que  la  soy  reclusoit 
Puis  y  fut  enterrée  la  damme  quant  mourroit 
Mult  de  miracles  Diex  pour  son  amour  faisoit 
Et  le  roy  Charlemagne  a  Viseit  confermoit 
Une  foure  u  màrcheit  qui  grandement  valoit 
Par  le  corps  saint  Hilaire. 

Dans  ce  langage  rimé,  aussi  simple  que  naïf,  Jean 
d'Outremeuse  nous  a  conservé  les  principales  traditions 
concernant  l'origine  de  Visé  et  de  son  église.  Berthe, 


—  46  — 

fille  de  Charlemagne,  aurait  vécu  en  recluse  près  de 
cette  église  bâtie  par  ses  soins.  Elle  aurait  même  été 
ensevelie  dans  ce  monument  de  sa  pénitence  et  de  sa 
piété.  Le  pape  Léon  III  aurait  consacré  le  temple  à 
saint  Martin  de  Tours,  le  saint  populaire  des  Gaules. 
Enfin  Charlemagne  aurait  richement  doté  la  première 
église  de  Visé. 

Ces  traditions,  nous  lavons  déjà  dit,  doivent  avoir 
un  fond  de  vérité  ;  mais  on  n'oserait  leur  attribuer  une 
fort  grande  valeur  sur  l'unique  témoignage  de  Jean 
d'Outremeuse  qui,  dans  le  même  passage,  confond 
saint  Hadelin  avec  saint  Hilaire. 

L'histoire  (\)  nous  apprend  que  Berthe,  fille  de  Char- 
lemagne, eut  une  jeunesse  assez  déréglée  et  que  le  com- 
plice de  ses  désordres  finit  ses  jours  dans  la  retraite  et 
la  pénitence.  Pourquoi  Berthe,  la  fille  du  grand  empe- 
reur chrétien,  n'aurait-elle  pas  fait  comme  celui  dont 
elle  avait  partagé  les  fautes  ? 

A  cette  époque  où  de  fortes  passions  s'unissaient 
souvent  dans  un  même  cœur  à  une  foi  vive  et  ardente, 
une  vie  de  pénitence  expiait  d'ordinaire  une  jeunesse 
passée  dans  le  désordre. 

La  tradition  du  temps  de  Jean  d'Outremeuse  l'affir- 
mait, une  légende  visétoise  le  prétendait  également. 

Fisen  se  demande  pourquoi  saint  Léon  a  pu  consa- 
crer l'église  d'un  endroit  si  peu  important  que  Visé.  La 
tradition  de  Berthe,  dont  sans  doute  il  n'a  pas  eu  con- 
naissance, aurait  pu  lui  expliquer  ce  mystère. 

M.  Henaux  est  porté  à  croire  qu'il  y  a  eu  confusion 
pour  ce  fait  dans  les  vieilles  traditions  et  que  Berthe,  la 
fondatrice  de  1  église  de  Visé,  est  Berthe  aux  longs  pieds, 
la  mère  et  non  la  fille  de  Charlemagne.  La  raison  qu'il 
allègue  semble  assez  concluante  :  la  fille  de  Charle- 
magne, Berthe,  naquit  vers  783  ;  or  il  semble  peu  pro- 
bable, après  ce  que  nous  avons  dit  de  sa  jeunesse,  que 

(1)  Henrion,  Histoire  de  l'église. 


—  47  — 

déjà  vers  800  elle  ait  bâti  une  église  et  commencé  sa 
vie  de  pénitence. 

Comme  on  le  voit  la  question  est  loin  d  être  claire. 
Il  en  est  de  même  de  la  consécration  de  cette  église  par 
le  pape  saint  Léon  III  ;  ici  cependant  on  trouve  plus  de 
traces  du  fait.  La  tradition  devait  être  plus  connue  des 
anciens  auteurs,  qui  tous  la  rapportent. 

Dans  le  document  de  la  translation  du  chapitre  de 
Saint-Hadelin  à  Visé  (i338),  on  affirme  le  fait  sans  la 
moindre  hésitation  :  «  Ipsa  nempe  ecclesia  (Visetensis) 
»  tali  merito  praerogativa  honoris  est  exaltanda  quam 
»  olîm  Domini  Leonis  Papae  necnon  magnifici  régis 
»  Caroli  atque  Patriarcharum,  Archiepiscoporum , 
»  Episcoporum  et  aliorum  Praelatorum  ac  Principum 
»  secularium  post  consecrationem  ecclesiae  Aquensis 
»  eodem  anno  factam,  praesentia  visitavit,  quam  idem 
»  summus  Pontifex  praedictis  patriarchis,  etc.,  sibi  tune 
»  assistentibus  consecravit  multisque  indulgentiarum 
»  et  aliarum  gratiarum  dotibus  cumulavit.  »  Il  y  est 
même  dit  qu'en  mémoire  de  cette  consécration  et  pour 
gagner  les  faveurs  accordées  par  le  Pape  à  l'église  pour 
le  jour  de  sa  dédicace,  on  célébrait  cette  fête  depuis  un 
temps  immémorial,  le  17  mai,  avec  éclat  et  au  milieu 
d'un  grand  concours  de  peuple.  «  Cujus  rei  gestae  devo- 
»  tio  populi  christiani  jam  perpetuavit  memoriam,  qui 
»  illuc  singulis  annis  in  festo  Dedicationis  ecclesiae 
»  praefatae  catervatim  ruunt  pro  hujusmodi  tam  magnis 
»  indulgentiis  promerendis.  »  Ainsi  à  cette  époque  per- 
sonne ne  doutait  de  la  réalité  du  fait. 

D'après  M.  Henaux  cette  consécration  ne  pourrait 
pas  même  être  sujette  à  discussion.  Cet  auteur  cite  en 
effet  une  lettre  de  saint  Ludger,  évêque  de  Munster, 
mort  en  809,  dans  laquelle  ce  saint  prélat  affirme 
avoir  été  témoin  de  la  consécration  des  églises  de  Visé 
et  de  Tongres  et  fixe  l'année  de  cet  événement  en  799. 
Malheureusement  cette  lettre,  dont  l'authenticité  est 
déjà  suspecte  à  cause  de  cette  date  799,  est  rangée  dans 


—  48  — 

les  Opéra  spuria  de  saint  Ludger  par  Mabillon  (Patro- 
logie  de  Migne),  dont  on  ne  saurait  contester  l'autorité 
en  cette  matière. 

La  tradition  rapporte  également  la  consécration  de 
l'église  Notre-Dame  de  Tongres  par  le  pape  saint  Léon. 
M.  Thys  [\)  l'admet  pour  cette  ville  sans  la  moindre 
hésitation . 

A  première  vue  on  serait  porté  à  croire  que,  dans  ce 
cas,  comme  dans  beaucoup  d'autres,  le  temps,  l'igno- 
rance et  la  vanité  de  l'esprit  local  ont  attribué  à  diffé- 
rents endroits  un  fait  historique  unique,  d'autant  plus 
que  l'on  revendique  pour  une  église  de  Huy  le  même 
honneur  que  pour  les  deux  autres.  Toutefois,  en  exami- 
nant les  dates,  on  trouve  que  les  deux  traditions  se  sou- 
tiennent et  se  fortifient. 

L'église  de  Tongres  a  été,  d  après  les  vieux  auteurs, 
consacrée  le  9  mai.  A  Visé  on  célébrait  de  tout  temps 
la  fête  de  la  dédicace  le  17  du  même  mois.  Les  deux 
cérémonies  auraient  donc  eu  lieu  pendant  le  même 
voyage. 

Si  l'ensemble  de  ces  considérations  ne  nous  donne 
pas  la  certitude  d'un  document  authentique,  on  y 
trouve  cependant  des  motifs  pour  considérer  la  tradi- 
tion comme  fondée. 

Les  annalistes  placent  en  799  la  date  de  cet  événe- 
ment. Dans  les  archives  tongroises  on  fixe  Tannée  804 
et  il  semble  que  cette  dernière  opinion  doive  être  pré- 
férée. En  799,  le  pape  Léon  III  ne  resta  que  huit  jours 
à  Aix-la-Chapelle  et  à  l'aide  des  actes  émanés  de  lui  pen- 
dant son  voyage  on  peut  reconstituer  son  itinéraire  et 
voir  qu'il  n'a  pas  passé  par  le  pays  de  Liège. 

Lors  de  sa  seconde  visite  à  Aix-la-Chapelle  il  resta 
plus  longtemps  dans  cette  cité.  De  là,  il  se  rendit  à 
Quercy-sur-Oise  et  on  trouve  un  laps  de  temps  assez 
considérable  entre  son  séjour  dans  ces  deux  villes.  Dans 
ce  voyage  il  semble  avoir  dû  passer  par  le  pays  de 

(1)  Thys,  Monographie  de  l'église  Notre-Dame  de  Tongres,  p.  25. 


—  49  - 

Liège  ;  peut-être  a-t-il  résidé  à  Jupille  avec  Charle- 
magne et  alors  on  s'explique  parfaitement  qu'il  ait  con- 
sacré une  église  voisine  construite  par  la  mère  ou  la 
fille  de  son  illustre  hôte. 

Jean  d'Outremeuse  dit  encore  que  Charlemagne  a 
richement  doté  l'église  de  Visé.  Ici  le  chroniqueur  ne 
peut  avoir  fait  qu'une  erreur  de  nom.  Nous  l'avons  vu, 
l'église  de  Visé  possédait  en  i338  des  biens  considé- 
rables. Sans  doute  les  collégiales  avaient  à  cette  époque 
de  grands  biens,  mais  Visé  n'était  jusqu'alors  qu'une 
simple  église  paroissiale  et  quand  on  voit  le  revenu  des 
autres  églises  de  ce  rang  en  des  siècles  postérieurs,  on 
trouve  que  le  revenu  de  deux  cents  muids  est  énorme. 
Des  dons  successifs  ordinaires  n'auraient  pu  constituer 
cette  possession.  On  ne  peut  donc  attribuer  cette 
richesse  qu'à  une  munificence  royale  comme  celle  que 
la  tradition  rapporte  à  Charlemagne. 

Ajoutons  qu'on  attribue  également  à  Charlemagne  et 
à  sa  fille  l'origine  du  marché  de  Visé,  qui  était  floris- 
sant au  Xe  siècle  et  celle  de  son  pont,  qui  s'écroula  en 
1 106,  et  Ton  ne  doutera  plus  des  bienfaits  que  Visé  doit 
au  grand  empereur  et  à  sa  fille  Berthe. 

Inutile  de  dire  qu'il  ne  reste  plus  rien  de  cette  mult 
belle  englie\e.  Qui  sait  si,  en  881,  elle  n'a  pas  subi  le 
sort  funeste  de  ces  nombreux  édifices  religieux  et  civils, 
qui  disparurent  pendant  l'invasion  des  Normands  dans 
le  pays? 

A  partir  de  ce  moment  on  ne  trouve  plus  aucune 
indication  sur  l'église  de  Visé  jusqu'en  *338.  Quelle  était- 
elle  à  cette  époque? 

Les  seules  parties  qui  en  restent,  la  tour  et  les 
colonnes,  semblent  appartenir  à  l'architecture  romane 
ou  dater  de  l'époque  de  transition  entre  le  style  roman 
et  ogival.  Les  ouvertures  du  beffroi  ont  un  aspect  indé- 
cis ;  les  unes  annoncent  le  plein-cintre,  les  autres  pré- 
sentent des  ogives  mal  ébauchées.  Un  contre-fort  plat 
adossé  aux  côtés  Sud-Est  de  la  tour  rappelle  Tarchitec- 


—  50  — 

ture  romane,  il  en  est  de  même  des  grosses  colonnes  du 
vaisseau,  qui  n'ont  rien  de  l'aspect  léger  et  élancé  du 
style  gothique. 

Jadis  la  nef  du  milieu  n'avait  pas  son  exhaussement 
actuel  en  disproportion  avec  les  colonnes.  Le  toit 
n'avait  qu'un  versant  continu.  Son  faîte  restait  en- 
dessous  des  ouvertures  du  beffroi.  Les  bas-côtés,  au 
moins  celui  du  côté  de  l'épitre,  n'avaient  pas  la  largeur 
actuelle,  mais  celle  qu'il  a  conservée  près  de  la  tour.  Le 
transept  paraît  avoir  été  assez  considérable;  du  côté  Sud 
il  présente  encore  un  pan  de  mur,  qui  semble  avoir  fait 
partie  de  l'ancien  édifice.  Quant  au  chœur  on  ne  peut 
que  se  le  représenter  en  proportion  avec  le  corps  de 
l'église,  donc  moins  vaste  et  moins  élevé  que  celui  qui 
existe  actuellement. 

De  cet  ancien  bâtiment  on  a  reconstruit  successive- 
ment les  diverses  parties  dans  le  style  des  différentes 
époques  et  ainsi  s'est  formé  cet  ensemble  bizarre  et  varié 
qui  caractérise  l'église  de  Visé. 

Le  chœur  ancien  construit  pour  les  besoins  de  la 
paroisse,  devait  nécessairement  mettre  à  l'étroit  un  cha- 
pitre de  vingt  membres  sans  compter  les  hebdoma- 
daires, suppôts  et  choraux.  D'ailleurs  ses  proportions 
étaient  bien  modestes  pour  une  collégiale.  Les  cha- 
noines devaient  donc,  dès  leur  venue  à  Visé,  songer  à 
son  agrandissement.  Ont-ils  dû,  faute  de  ressources, 
remettre  la  réalisation  de  ce  désir  pendant  deux  siècles? 
On  ne  le  sait. 

Toujours  est-il  que  le  chœur  actuel  avec  ses  pro- 
portions majestueuses  et  son  style  ogival  assez  pur  ne 
date  que  du  commencement  du  XVIe  siècle. 

En  1499,  le  doyen  Nicolas  Sarrazin  laissa  en  mou- 
rant au  chapitre  deux  cents  muids  héritables.  Fit-il  ce 
legs  pour  assurer  la  construction  d'un  nouveau  chœur? 
On  pourrait  le  croire,  car  vingt  ans  plus  tard  l'ouvrage 
était  achevé. 

Jadis  ses  fenêtres  étaient,  au  dire  d'Abry,  garnies  de 


—  51  — 

magnifiques  vitraux  (4).  Ils  ont  disparu  en  1602  par  la 
construction  de  la  sacristie  actuelle,  qui  exigeait  la  fer- 
meture des  fenêtres  du  côté  Sud  et  par  l'apparition  des 
autels  en  arc  de  triomphe,  que  la  renaissance  a  placés 
dans  tant  de  chœurs  gothiques. 

De  ces  vitraux  il  ne  reste  plus  que  la  partie  supé- 
rieure de  celui  de  la  fenêtre  absidale  où  Ton  voit  les 
armoiries  d'Erard  de  la  Mark,  qui  était  évêque  de  Liège 
à  1  époque  de  la  construction  du  chœur. 

Vers  le  milieu  du  XVIe  siècle,  la  nef  droite  tombait 
en  ruines.  Elle  se  trouvait,  dit  un  document  de 
l'époque,  dans  un  tel  état  de  délabrement  qu'elle  exci- 
tait la  risée  des  étrangers.  Après  de  longs  pourparlers 
le  chapitre  de  Saint-Hadelin  et  le  magistrat  tombèrent 
d'accord  pour  faire  les  réparations  nécessaires  ;  ils  réso- 
lurent même  d'élargir  l'église  de  ce  côté  de  cinq  à  six 
pieds  sur  la  plus  grande  partie  de  sa  longueur,  ce  qui 
explique  la  largeur  moins  forte  de  l'église  près  de  la 
tour,  où  l'on  a  conservé  les  dimensions  primitives.  La 
ville  intervint  pour  100  dalers  et  s'engagea  à  faire 
démolir  les  anciennes  murailles  et  à  faire  charrier  les 
matériaux  par  corvées.  Le  reste  des  frais  incomba  au 
chapitre. 

La  sacristie  actuelle  fut  construite,  nous  l'avons  dit, 
en  1602;  elle  devait  servir  en  même  temps  de  vestiaire 
et  de  salle  capitulaire.  Les  belles  boiseries  qui  la  gar- 
nissent datent  probablement  de  cette  époque. 

En  1670  on  adossa  contre  le  transept  Sud  une 
petite  sacristie  à  l'usage  du  curé  et  de  l'autel  paroissial. 
Les  anciennes  fenêtres  de  cet  appendice  contiennent 
encore  les  armoiries  des  bourgmestres  de  cette  année 
parmi  lesquels  un  de  Sluse. 

La  nef  gauche  fut-elle  détruite  en  1719  par  un 
incendie,  comme  le  veut  une  vieille  tradition,  ou  me- 
naçait-elle ruine  à  son  tour  ?  A  cette  date  le  chanoine 
tréfoncier  de  Stembier,  abbé  séculier  de  Visé,    la  fit 

(1)  Abry,  Les  hommes  illustres  de  la  nation  liégeoise. 


—  52  — 

reconstruire  ainsi  que  le  transept.  Les  fenêtres  de  la  nef 
droite  étaient  ogivales  ;  afin  de  conserver  la  symétrie  on 
adopta  le  même  type  pour  la  nouvelle  construction  et 
ainsi  se  fait-il  qu'on  trouve  des  ogives  dans  une  cons- 
truction de  la  renaissance. 

Quelques  années  plus  tard,  en  1749,  le  plafond 
(c'est  le  terme  employé)  de  la  grande  nef  devait  être 
renouvelé.  Cet  ouvrage  incombait  au  chapitre  de  Saint- 
Lambert,  propriétaire  de  la  grosse  dîme.  Les  chanoines 
de  Visé  voulurent  profiter  de  cette  occasion  pour  don- 
ner plus  d'élévation  à  la  nef  et  atténuer  ainsi,  autant 
que  possible,  la  disproportion  que  présentait  un  chœur 
fort  haut  à  côté  d'un  vaisseau  très  bas.  Ils  s'engagèrent 
à  intervenir  dans  la  dépense  pour  une  somme  de  5, 000 
florins,  à  condition  qu'on  construisît  la  nef  telle  qu'on 
la  voit  maintenant. 

Depuis  i338  les  chanoines  occupaient  le  chœur  de 
l'église,  le  vaisseau  servait  pour  la  paroisse.  Les  deux 
parties  étaient  séparées,  dit  Saumery,  «  par  une  belle 
»  tribune  bordée  d'une  balustrade  de  marbre  et  sou- 
»  tenue  de  deux  autels  de  différentes  espèces  de 
»  marbre  (1).  »  Ces  autels,  qui  existent  encore,  furent 
placés  par  le  chanoine  de  Stembier  lorsqu'il  fit  réparer 
la  nef  gauche  et  le  transept. 

Différents  autres  autels  étaient  adossés  aux  colonnes, 
et  firent  donner  aux  arcades  le  nom  de  chapelles.  A  la 
première  colonne  du  côté  de  l'Evangile,  près  du  monu- 
ment élevé  à  ses  parents  par  le  chanoine  de  Sluse,  se 
trouvait  l'autel  de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Paul.  Dans 
cette  chapelle  fut  enterré  le  célèbre  Visétois,  auprès  de 
ses  père  et  mère  comme  il  en  avait  manifesté  le  désir. 

L'ancienne  collégiale  de  Visé  était  pavée  de  pierres 
tombales,  comme  toutes  les  églises  de  cette  époque.  De 
ces  modestes  monuments  il  ne  reste  que  ceux  qui  furent 
placés  à  la  mémoire  du  doyen  Sarrazin  et  du  pléban 
Pironnet  et  un  troisième  digne  dune  mention  spéciale. 

(1)  Saumery,  Les  délices  du  pays  de  Liège. 


Cette  pierre  placée  sur  la  tombe  de  Denys  de  Charneux 
et  de  son  épouse  dame  Catherine  Pernode,  renferme 
dans  un  médaillon  en  marbre  blanc  les  bustes  en  relief 
des  deux  époux,  exécutés  avec  une  finesse  et  une  ex- 
pression remarquables.  Les  autres  pierres  ont  disparu 
pendant  les  différentes  reconstructions  et  réparations 
de  l'église.  Heureusement  on  retrouve  dans  d'anciens 
recueils  un  certain  nombre  d'inscriptions  lapidaires 
visétoises. 

Près  de  l'entrée  du  chœur  se  trouvaient  les  bancs  du 
magistrat  et  des  échevins. 

La  chaire  de  vérité,  qui  jadis  était  placée  contre  la 
seconde  colonne,  pourrait  bien  être  le  cadeau  magni- 
fique qui  fut  fait  à  1  église,  en  1788,  à  l'occasion  du 
jubilé  de  saint  Hadelin,  par  le  baron  de  Geyr,  abbé 
séculier  de  Visé. 

«  Les  orgues,  »  dit  encore  Saumery,  «  sont  au  fond 
»  de  la  nef  dans  une  seconde  tribune  que  soutiennent 
»  des  colonnes  de  l'ordre  toscan.  »  On  ne  sait  pas  à 
quelle  date  furent  placées  les  premières  orgues  dans 
l'église  de  Visé.  Un  vieux  manuscrit  dit  qu'elles  furent 
établies  par  la  ville  et  que  les  chanoines  devaient  payer 
l'organiste  au  service  du  chapitre  et  de  la  paroisse. 

Vers  i65o  Herman  de  Charneux  en  fit  faire  de 
neuves.  Un  écusson  aux  armoiries  du  donateur  fut 
placé  au-dessus  de  l'instrument  et  y  est  encore  de  nos 
jours. 

Les  deux  colonnes  dont  parle  Saumery  ont  disparu. 
Dans  la  tour  sont  suspendues  les  neuf  cloches  qui  cons- 
tituent la  vieille  «  joyeuse  sonnerie  de  Saint-Martin.  » 
Au  dire  des  Visétois  les  cloches  de  Visé  sont  très  vieilles 
et  la  sonnerie  de  Saint-Martin  serait  aussi  joyeuse  qu'an- 
cienne. De  fait,  la  tour  de  Visé  était  garnie  en  1340  de 
plus  d'une  cloche,  puisque  dans  la  transaction,  dont 
nous  avons  parlé,  il  est  question  des  chèques. 

La  cloche  banale  ou  de  Saint-Lambert,  livrée  par 
le  chapitre  de  la  cathédrale  en  qualité  de  gros  décima- 


—  54  — 

teur,  fut  refondue  en  1628,  comme  l'indique  l'inscrip- 
tion qu  elle  porte.  Une  seconde  cloche  date  de  la  même 
année.  Outre  celles-ci,  il  y  avait  à  cette  époque  quatre 
vieilles  cloches  qui,  à  leur  tour,  furent  en  1644,  refon- 
dues et  remplacées  par  sept  nouvelles. 

Voici  le  contrat  passé  à  ce  sujet  entre  le  chapitre  et 
la  ville  d  une  part  et  maître  Roch  Grognart,  fondeur  de 
cloches  et  bourgmestre  de  Liège,  de  l'autre. 

Maître  Roch  Grognart  s'engage  à  livrer  sept  cloches  du  ton 
de  mi,  fa,  sol,  la,  si,  ut,  ré,  pour  les  accorder  avec  les  deux  autres 
grosses  cloches  qui  sont  dans  la  tour  de  l'église  au  ton  de  ut  et  ré. 

Ces  cloches  seront  de  bon  métal  au  dire  des  connaisseurs. 
Comme  le  ré  qui  est  dans  la  tour  n'est  pas  tout  à  fait  juste,  ledit 
Grognart  sera  tenu  de  le  mettre  à  son  vrai  ton  et  d'accorder  les 
neuf  cloches.  On  lui  payera  pour  la  façon  de  chaque  centaine  de 
livres  de  métal  i3  fl.  bb.  Le  chapitre  et  le  magistrat  lui  livreront 
les  quatre  vieilles  cloches  ;  à  ce  métal  il  ajoutera  l'airain  voulu  pour 
la  confection  des  neuves.  Pour  chaque  livre  à  fournir  il  recevra 
8  */2  pattars  bb. 

Le  chapitre  devait  payer  une  moitié  des  frais,  la 
ville  l'autre. 

D'après  les  comptes  de  maître  Grognart  les  quatre 
vieilles  cloches  pesaient  5,i52  livres  plus  40  \j*  livres 
de  paillettes.  Les  sept  nouvelles  3,i63  livres  plus  117  4/2 
livres  de  paillettes.  Le  chapitre  et  le  magistrat  lui 
payèrent  1,240  florins,  10  patars  et  18  deniers. 

L'ancien  ré  n'est  pas  encore  juste  ;  à  l'intérieur  il 
porte  des  traces  de  coups  de  marteau,  témoignage  évi- 
dent des  vains  efforts  de  maître  Grognart. 

Sous  la   Révolution  française  les  cloches  de  Visé 

> 

furent  soustraites  aux  perquisitions  des  pillards  de  la 
République.  Les  paroissiens  les  avaient  cachées  dans  la 
grange  de  l'ancienne  ferme  Deherve  située  dans  la  rue 
Haute.  Remontées  à  leur  ancienne  place  après  le  réta- 
blissement du  culte,  elles  ne  cessent  depuis  lors  d  égayer 
les  fêtes  visétoises  par  leur  mélodieuse  et  joyeuse  son- 
ner ie. 


5o 


Terminons  ce  chapitre  consacré  à  l'église  de  Visé  en 
exprimant  le  vœu  de  voir  bientôt  son  ancien  et  magni- 
fique chœur  rendu  à  son  état  primitif. 

LES  CURÉS  OU   PLÉBANS. 

Anciennement  on  désignait  les  curés  sous  le  nom 
(^investit  ou  vestii.  Petrus  de  Urso,  curé  de  Visé  à 
l'époque  de  la  translation  du  chapitre  de  Saint-Hadelin 
à  Visé  est  toujours  qualifié  de  ce  titre.  Depuis  lors  les 
curés  portèrent  le  nom  de  pléban,  comme  tous  les 
prêtres  qui  remplissaient  les  fonctions  pastorales  dans 
une  collégiale. 

Nous  trouvons  peu  de  renseignements  concernant 
les  curés  de  Visé  antérieurs  à  i5oo. 

Rappelons  qu'en  1 256  l'investit  de  Visé,  dont  le  nom 
ne  nous  est  pas  connu,  eut  un  procès  à  soutenir  contre 
le  chapitre  de  la  cathédrale  au  sujet  du  droit  sur  la  dîme 
et  encore  qu'un  Gerardus  qu'on  dit  plebanus  de  Viseto 
était  «  decanus  concilii  trajectensis.  » 

Quant  à  Petrus  de  Urso,  investit  à  l'époque  de  la 
translation,  nous  avons  dit  plus  haut  tout  ce  que  les 
archives  nous  apprennent  à  son  sujet. 

A  partir  de  cette  époque  jusqu'à  la  date  de  i52o 
nous  n'avons  pas  trouvé  d'autres  traces  des  plébans  de 
Visé  que  les  seuls  noms  de  Nicolas  Henget  et  Ulricus 
de  Fossis,  qui  nous  sont  parvenus  dans  une  copie  d'un 
vieux  registre  des  anniversaires  de  la  collégiale.  Ce 
registre  ne  donne  même  aucune  indication  concernant 
le  temps  où  ils  vécurent. 

Pierre  Slenacken,  fils  du  bonnier  (fermier)  de  la 
court  de  Waidrée,  était  en  i5n  recteur-résident  de 
l'autel  de  Saint-Pierre  et  Saint- Paul,  érigé  dans  la 
collégiale  de  Visé  ;  il  commença  à  cette  date  un  registre 
des  revenus  de  ce  bénéfice  qu'on  retrouve  dans  les 
archives  de  la  paroisse.  En  i5i4  il  fut  nommé  pléban 
et  conserva  cette  fonction  jusqu'en  i552.  Entre-temps 
il  avait  été  nommé  chanoine  (i 533).  Il  résigna  sa  cure 


—  5G  — 

en  i552  quand  il  fut  nommé  doyen  du  chapitre.  Ce 
pléban  semble  avoir  exercé  une  grande  et  heureuse 
influence  sur  ses  paroissiens.  Vers  i55o  des  difficultés 
existaient  entre  les  bourgeois  de  Visé  et  les  propriétaires 
du  moulin  banal  ;  elles  prirent  fin  à  la  suite  d'un  nou- 
veau règlement  dressé  par  Slenacken  et  accepté  par  les 
deux  parties.  Ce  fut  sans  doute  aussi  grâce  à  ses  efforts 
que  le  chapitre  obtint  le  concours  du  magistrat  pour  la 
reconstruction  de  la  nef  droite  de  l'église. 

Il  eut  comme  successeur  Cloes  Emont  (i552-i57o), 
(alias  Nicolaus  Emani  de  Moelinghen,  Mouland). 
Cloes  Emont  était  en  même  temps  recteur  de  l'autel  de 
Saint-Jean- Baptiste  qu'il  résigna  librement  en  i558.  Ce 
curé  a  laissé  beaucoup  à  désirer  ou  bien  a  eu  de  grandes 
difficultés  avec  ses  paroissiens.  D'après  une  note  d  un 
ancien  document  c'était  «  un  curé  intrus,  qui  fut  em- 
»  mené  et  emporta  les  registres  de  la  cure  dressés  par 
»  lui  ;  »  d'après  une  autre  note  «  D.  Nicolaus  Emani, 
»  qui  fuit  pastor  ab  anno  i553  non  fecit  registrum  et  e 
»  pastoratu  expulsus  est.  »  Pendant  ce  temps  nous 
trouvons  la  présence  à  Visé  d'un  vice-pléban.  Plus 
d'une  fois  aussi  nous  rencontrons  le  doyen  Slenacken 
comme  administrateur  de  la  paroisse. 

Ce  malheureux  état  persista,  on  ne  sait  pour  quels 
motifs,  jusqu'en  1570  et  prit  fin  par  la  nomination  de 
Franche  Franchoy  (Franciscus  Francisci)  1570- i58i. 
De  ce  curé  nous  ne  connaissons  encore  que  le  nom  qui 
a  été  conservé  par  des  extraits  de  ses  registres. 

Guillaume  Piret  ou  Piretii  succéda  à  Franche 
Franchoy  en  i58i.  Les  plus  anciens  registres  parois- 
siaux conservés  à  l'hôtel  de  ville  sont  écrits  de  sa  main. 
Les  premiers  sont  assez  mal  tenus  ;  mais  bientôt  on  y 
trouve  une  régularité  et  un  ordre  parfaits.  Sous  ce 
pléban  l'appendice  de  Dalhem  fut  séparé  de  la  paroisse 
de  Visé  et  un  canonicat  fut  uni  à  la  plébanie.  A  partir 
de  ce  moment  les  curés  s'intitulent  canonicus  et  pie- 
battus.  Guillaume  Piret  mourut  en  1616,  il  légua  6  flo- 


-  57  — 

rins  brabant  de  rente  à  la  messe  du  Saint-Sacrement, 
1  daler  pour  son  anniversaire  et  2  dalers  pour  les 
pauvres  qui  y  assisteraient. 

Son  successeur  Hubert  Radoux  eut  un  pastorat 
long  et  agité  (1616-1667). 

La  mère  du  chanoine  Jeghers,  directeur  des  Sépul- 
crines,  qui  demeurait  près  de  son  fils,  mourut  vers 
1628.  Ses  obsèques  furent  célébrées  par  le  doyen  du 
chapitre  et  son  enterrement  eut  lieu  dans  les  cloîtres 
des  religieuses  sans  aucune  autorisation  du  pléban. 
Le  curé  Radoux  vit  dans  ce  fait  un  attentat  à  ses 
droits  pastoraux  contre  lequel  il  protesta  vivement.  Le 
chapitre  prit  fait  et  cause  pour  son  doyen  et  son  prévôt. 

Le  fond  du  débat  était  les  droits  respectifs  du 
chapitre  et  du  pléban  au  point  de  vue  paroissial.  Le 
pléban  se  prétendit  indépendant  du  chapitre  et  muni  de 
tous  les  droits  de  curé.  Le  chapitre  de  son  côté,  se  fonda 
sur  le  titre  de  collégiale  dont  jouissait  l'église  et  sur 
l'annexion  de  l'église  au  chapitre  pour  soutenir  qu'il 
disposait  de  l'autorité  pastorale  et  que  le  pléban  n'était 
que  son  vicaire. 

De  cette  question  naquirent  d'autres  difficultés.  Les 
deux  parties  s'arrogèrent  le  droit  de  nommer  les  prédi- 
cateursdes  stations  de  l'avent  et  du  carême,  de  conduire 
les  processions,  etc.  L'affaire  fut  déférée  d'abord  devant 
le  juge  ecclésiastique  de  Liège,  ensuite  devant  le  nonce 
de  Cologne  et  même  portée  jusqu'à  Rome.  A  la  fin  les 
deux  parties  se  lassèrent  et  des  circonstances  favorables 
aidant,  il  intervint  en  i632  un  arrangement  dans  lequel 
on  réserva  la  question  de  principe. 

Vers  cette  époque  Visé  eut  à  souffrir  pendant  plu- 
sieurs années  des  ravages  dune  maladie  contagieuse, 
qu'on  appelait  peste  et  qui  était  accompagnée  d'une 
forte  dyssenterie.  En  1634  il  y  eut  un  jour  jusqu'à 
quatre  morts.  Le  curé  se  conduisit  dans  cette  circons- 
tance avec  le  même  zèle  qui  trente  ans  plus  tard  devait 
l'emporter  au  tombeau. 

8 


—  58  — 

Radoux  avait  appelé  souvent  des  Pères  Récollets  du 
couvent  de  Bolland  pour  l'aider  dans  l'administration 
de  sa  paroisse.  Il  dut  donc  voir  avec  plaisir  l'établisse- 
ment à  Visé  dune  maison  de  passage  de  religieux  de 
cet  ordre.  Toutefois,  plus  tard,  quand  il  fut  question 
d'agrandir  le  couvent,  il  s'y  opposa  parce  que,  disait-il, 
une  église  conventuelle  éparpillerait  la  vie  paroissiale  et 
la  présence  d'un  nombre  plus  considérable  de  religieux 
d'un  ordre  mendiant  serait  une  charge  pour  ses  parois- 
siens. L'évêque  députa  un  de  ses  conseillers  qui  pro- 
posa un  arrangement,  approuvé  des  deux  parties. 

Une  nouvelle  peste  plus  terrible  que  celle  de  1634 
se  déclara  en  1667.  Le  vicaire,  que  Radoux  avait  à  son 
service,  fut  pris  d'une  telle  frayeur  que  son  curé  dut 
administrer  lui-même  tous  les  paroissiens.  Le  vieux 
prêtre  mourut  victime  de  son  dévouement.  D'abord  il 
fut  enterré  au  cimetière,  mais,  plus  tard,  malgré  les  pro- 
testations des  bourgmestres,  le  chapitre,  plus  soucieux 
d'honorer  son  zèle  que  de  veiller  aux  lois  de  l'hygiène, 
fit  exhumer  le  cadavre  et  lui  donna  une  sépulture  plus 
honorable  dans  l'église. 

Dès  l'apparition  de  l'épidémie,  la  plupart  des  cha- 
noines s'étaient  réfugiés  à  Liège.  Les  Pères  Récollets 
trouvaient,  avec  raison,  que  dans  ces  circonstances  les 
devoirs  pastoraux  incombaient  au  chapitre  qui  reven- 
diquait le  titre  de  parochus  habitualis  et  le  droit  de 
remplir  les  onera  magis  honorabilia  de  curé. 

Alors  un  jeune  chanoine,  neveu  du  curé  Radoux, 
animé  du  même  courage  et  du  même  esprit  de  dévoue- 
ment que  son  oncle,  se  chargea  de  cette  besogne  devant 
laquelle  les  autres  reculaient. 

Voici  comment  il  raconte  cet  épisode,  certainement 
le  plus  terrible  de  sa  vie. 

Hubert  Radoux  pasteur  et  chanoine  de  Visé,  est  mort  de  la 
peste  s'estant  retiré  dans  ma  maison  pour  éviter  l'infection  de  la 
sienne  et  je  l'ai  administré  de  tous  les  sacrements  de  notre  mère 
la  sainte  Eglise,  comme  aussi  après  sa  mort  tous  les  pestiférés,  le 


—  59  — 

chapelain  refusant  de  faire  ce  debvoir  et  les  Récollets  ayant  été 
requis  par  le  magistrat  l'ont  refusez  absolument,  j'ai  été  obligé  par 
charité  de  l'entreprendre.  Ma  servante  mourut  également  de  peste. 
Après  sa  mort  j'ai  été  obligé  de  quitter  ma  maison  et  je  m'ay  retiré 
dans  une  hutte  sur  le  haut  de  la  ville  au  commencement  de  la  voie 
de  Richelle,  d'où  j'ay  continué  à  administrer  et  j  ay  été  obligé  de 
rentrer  souvent  dans  ma  dite  maison  infectée  pour  y  prendre  et 
reposer  le  saint  Sacrement  de  l'Eucharistie  et  les  saintes  Huiles  à 
cause  que  je  n'osay  fréquenter  l'église  ny  jamais  je  nay  sceu  obtenir 
un  lieu  décent  pour  les  y  placer. 

Pour  donner  une  idée  de  l'intensité  de  ce  fléau,  il 
suffira  de  dire  qu'un  grand  nombre  de  cadavres  furent 
enterrés  dans  les  champs  ou  le  long  des  chemins. 

Le  jeune  chanoine,  qui  se  distingua  dans  ces  cir- 
constances, s'appelait  Hubert  Radoux  comme  son  oncle 
et  devint  plus  tard  écolâtre  et  doyen  du  chapitre. 

Mathias  Libotte  (1667-1686)  eut,  comme  curé, 
une  existence  moins  longue,  mais  aussi  troublée  que 
son  prédécesseur. 

Pendant  la  plus  grande  partie  de  son  pastorat,  Visé 
servit  chaque  année  de  quartier  d'hiver  aux  troupes 
françaises  ou  hollandaises,  qui  occupaient  notre  pays 
durant  les  guerres  de  Louis  XIV.  La  présence  de  ces 
troupes  exerça  la  plus  funeste  influence  sur  la  popula- 
tion. Les  registres  de  ce  temps  contiennent  de  longues 
nomenclatures  de  crimes  et  attestent  les  ravages  moraux 
que  peut  faire  une  soldatesque  effrénée  au  milieu  d'une 
population  honnête.  Le  pléban  Libotte,  qui  dut  lui- 
même  quitter  Visé  pendant  trois  mois  pour  se  sous- 
traire aux  menaces  d'une  troupe  hollandaise,  fit  tous 
ses  efforts  pour  remédier  à  ce  triste  état  de  choses  ; 
grâce  à  son  zèle  beaucoup  de  militaires  régularisèrent 
les  unions  illicites,  qu'ils  avaient  contractées  à  Visé  et 
ailleurs. 

A  la  fin  de  son  existence,  en  1684  et  i685,  il  vit  sa 
paroisse  livrée  aux  troubles  et  aux  violences  de  deux 
partis  locaux  qui  commirent  les  plus  grands  excès. 

Ce  pléban  construisit  en  1670  la  petite  sacristie  à 


—  60  — 

l'usage  de  la  paroisse  ;  il  inséra  dans  ses  registres  pa- 
roissiaux des  notes  très  intéressantes  concernant  l'his- 
toire de  Visé  à  cette  époque.  D'après  une  de  ces  notes 
nous  pouvons  affirmer  que  si  Louis  XIV  ne  fixa  pas 
son  quartier  général  à  Visé  pendant  tout  le  siège  de 
Maestricht,  il  résida  du  moins  pendant  plusieurs  jours 
à  Devant-le-Pont  dans  le  courant  de  Tannée  1672  et 
vint  encore  s'y  établir  plus  tard. 

Nous  n'avons  rien  trouvé  touchant  la  mort  de  ce 
pléban,  qui  eut  comme  successeur  : 

Sigisfroid- Joseph  Mouton  (1686-1720).  Celui-ci 
était  liégeois  d'origine  et  appartenait  à  une  famille  im- 
portante de  la  ville.  Il  était  fils  de  J.-B.  Mouton,  capi- 
taine de  Sa  Majesté  catholique  et  de  Marie  Célestine, 
fille  du  seigneur  Crespin  de  Massillon,  jadis  bourg- 
mestre de  la  cité  de  Liège. 

Ce  curé  eut  de  nouvelles  difficultés  avec  ses  con- 
frères de  Saint-Hadelin  concernant  les  droits  respectifs 
du  chapitre  et  de  la  plébanie.  Ces  difficultés  prirent 
même  des  proportions  considérables.  Mouton  qui, 
comme  Radoux,  prétendait  être  indépendant  du  cha- 
pitre et  ne  relever  que  de  l'archidiacre  sut  intéresser 
celui-ci  à  sa  cause. 

Les  chanoines,  de  leur  côté,  voyant  l'archidiacre 
prendre  fait  et  cause  pour  le  pléban,  firent  appel  aux 
églises  secondaires  du  diocèse  pour  qu'elles  les  sou- 
tinssent dans  la  défense  des  droits  de  leur  ordre  contre 
les  prétendues  atteintes  du  clergé  séculier. 

Différents  incidents  regrettables  signalèrent  ce  triste 
conflit. 

L'archidiacre  de  Hesbaye  (Michel  Clerx)  voulut 
user  du  droit  réservé  par  son  prédécesseur  Perche- 
val  de  Carreto  dans  son  approbation  à  l'acte  d'éta- 
blissement du  chapitre  de  Visé.  Accompagné  du  pléban, 
des  bourgmestres  et  d'une  grande  partie  de  la  popula- 
tion, il  se  présenta  à  la  porte  de  l'église  pour  faire  la 
Visitation  canonique  du  vaisseau  et  des  autels  y  établis. 


—  61  — 

Les  chanoines  refusèrent  d'ouvrir  et  ce  ne  fut  que  par 
la  force  et  malgré  les  protestations  du  chapitre  qu'il 
parvint  à  entrer. 

Entre-temps  la  cause  avait  été  déférée  au  tribunal 
du  conservateur  des  privilèges  du  clergé  secondaire  au 
pays  de  Liège,  à  celui  du  nonce  de  Cologne  et  portée 
jusqu'à  Rome  devant  la  cour  dite  signaturœ  justitiœ. 

Ce  procès  commencé  en  1698  ne  se  termina  qu'en 
1704;  il  absorba  pendant  ces  années  une  grande  partie 
du  temps  du  curé,  qui  dans  ces  circonstances  se  fit  rem- 
placer par  un  vice-pléban  et  par  des  religieux. 

Après  des  luttes  longues  et  dispendieuses,  les  deux 
parties  à  bout  de  forces  et  de  ressources  acceptèrent  un 
modus  vivendi  où  elles  réservèrent  leurs  droits  res- 
pectifs. 

Dans  son  testament,  le  pléban  Mouton  laissa  à  la 
confrérie  du  Saint-Sacrement  «  une  maison  extante 
»  dans  la  rue  allant  de  la  maison  de  ville  aux  Pères 
»  Récollets  et  à  ses  successeurs  pour  s'en  servir,  à  la 
»  paroisse,  un  calice,  des  burettes  avec  plat  en  argent 
»  et  un  missel.  »  La  garniture  de  ce  missel  portant  le 
nom  du  donateur,  se  trouve  encore  dans  l'église  de  Visé. 

Jean-Jacques  Herman  (1720-1753)  était,  pensons- 
nous,  liégeois  d'origine  comme  son  prédécesseur  ;  les 
immeubles,  qu'il  possédait  à  Liège,  nous  permettent  de 
le  croire. 

Le  pléban  Mouton  prouva  sa  dévotion  particulière 
envers  la  sainte  Eucharistie  en  laissant  une  maison  à 
la  confrérie  instituée  en  son  honneur.  Son  successeur 
semble  avoir  été  animé  des  mêmes  sentiments  de  piété. 

Pour  que  le  saint  Viatique  fût  porté  avec  plus  de 
solennité  aux  malades,  il  obtint  que  des  confrères  du 
Saint-Sacrement  l'accompagnassent  dans  cette  circons- 
tance, le  flambeau  à  la  main.  Il  acquit  des  flambeaux 
et  fit  construire  une  armoire  pour  les  remiser.  Seule- 
ment il  avait  oublié  ou  négligé  de  demander  l'autori- 
sation du  chapitre  pour  le  placement  de  cette  armoire 


—  62  — 

dans  l'église.  D'où  procès  entre  le  pléban  et  le  chapitre 
devant  le  doyen  Gillis  de  Saint-Martin  (Liège),  délégué 
pour  connaître  de  ces  causes.  Le  juge  approuva  les 
pieuses  intentions  du  curé,  et  proposa  un  arrangement 
qui  fut  accepté. 

Ces  longues  et  regrettables  difficultés  entre  le  cha- 
pitre et  les  plébans  prouvent  jusqu'à  quel  point  les  deux 
parties  étaient  jalouses  de  conserver  leurs  droits  et  pré- 
rogatives respectifs.  Elles  montrent  que  cet  axiome  : 
«  Une  once  de  jurédiction  vaut  mieux  que  dix  livres 
»  dor,  »  inséré  dans  un  ancien  registre  du  chapitre, 
était  pris  au  sérieux  par  les  chanoines  de  Visé. 

Le  pléban  Herman  institua  les  pauvres  de  Visé 
héritiers  universels  de  sa  fortune  qui  paraît  avoir  été 
assez  considérable.  Il  n'imposa  d'autre  charge  à  la 
mense  des  pauvres  que  celle  de  faire  célébrer  chaque 
année  l'anniversaire  du  testateur  ;  ce  qui  se  fait  encore 
de  nos  jours. 

Pierre  Pironnet  (1753-1783).  Pour  faire  connaître 
ce  pléban,  qui  était  originaire  d'Oupeye,  il  suffira  de 
copier  l'inscription  de  sa  pierre  sépulcrale  placée  près 
de  l'autel  de  Notre-Dame  dont  il  fut  recteur. 

Ci-bas  git  le  corps  de  très-révérend  monsieur  Pierre  Pironnet  élu 
prévôt  de  cette  église  et  archidiacre  du  district  de  Celles  en  1760, 
doyen  du  concile  de  Maestric  en  1743,  chanoine-curé  de  Visé, 
licentié  en  droit  protonotaire  apostolique,  recteur  de  cet  autel 
de  Notre-Dame,  promu  de  la  cure  d'Heure  à  celle  de  Visé  l'an 
1753.  Il  a  réparé  la  maison  pastorale,  donné  et  décoré  l'autel  et 
la  sacristie  d'ornements  bienfaiteur  de  la  Vierge  du  Rosaire  et 
des  Pauvres.  Lequel  ayant  fondé  son  anniversaire  à  Oupey, 
Heure  et  dans  cette  église  est  décédé  le  dernier  de  sa  famille,  le 
14  février  1789,  âgé  de  85  ans. 

Des  dons  qu'il  fit  à  l'église,  il  reste  la  statue  de  la 
Vierge  et  le  trône  sur  lequel  on  la  porte  à  la  proces- 
sion, ainsi  qu  une  chape  violette  aux  armoiries  du 
donateur. 

Augustin- Joseph  d'Aoust  (1783-1797),  natif  de  Fon- 


-  63  — 

taine-l'Evêque  (Hainaut),  était  supérieur  du  collège  des 
Oratoriens  de  Visé  lorsque  P.  Pironnet  résigna  en  sa 
faveur  sa  cure  et  son  canonicat. 

Le  22  mai  1797  d'Aoust  fut  déclaré  destitué  de  ses 
fonctions  pastorales  par  le  gouvernement  français  parce 
qu'il  avait  refusé  de  prêter  le  serment  constitutionnel. 
Il  émigra  en  Allemagne.  Après  la  tourmente  révolu- 
tionnaire il  se  retira  à  Sprimont  et  à  Liège  près  de  sa 
soeur,  qui  avait  épousé  un  de  Macar. 

Pendant  la  Révolution,  la  paroisse  fut  administrée 
par  deux  Pères  Récollets,  un  Carme  et  le  chanoine 
Pesser.  Les  offices  religieux  se  firent  quand  les  circons- 
tances le  permettaient,  dans  la  chapelle  des  Sépul- 
crines  et  dans  l'église  des  Carmes  de  Devant-le-Pont, 
la  collégiale  ayant  été  fermée  parce  que  le  curé  avait 
refusé  de  prêter  le  serment. 

Le  père  Delhez,  récollet,  qui  avait  pris  une  large 
part  à  l'administration  de  la  paroisse  pendant  ces  temps 
troublés,  devint  vicaire  de  Visé  après  le  concordat  de 
1802  et  laissa  par  son  testament  aux  pauvres  de  Visé 
sa  part  de  l'ancien  couvent  et  à  l'église  paroissiale  celle 
des  ornements  et  des  vases  sacrés. 

111. 

LE  CHAPITRE  DE  SAINT-HADELIN. 

Saint  Hadelin,  disciple  de  saint  Remacle,  qui 
vivait  au  VIIe  siècle,  s'était  retiré  dans  une  vallée  soli- 
taire et  sauvage  à  quelque  distance  de  Dinant  et  y  avait 
construit  un  petit  oratoire  et  une  cellule.  Dans  cette 
nouvelle  Thébaïde,  il  se  livrait  comme  les  Pères  du 
désert,  au  service  de  Dieu  par  la  prière  et  la  pratique 
de  la  pénitence.  Bientôt  des  compagnons  vinrent  se 
joindre  au  pieux  ermite  et  ainsi  se  forma  insensiblement 
la  communauté  de  Celles.  Les  douze  membres  qui  la 
composaient  vivaient  d'après  les  constitutions  de  saint 
Benoît.  A  leur  tête  se  trouvait  un   prévôt,   qui  était 


—  64  — 

chargé  de  la  conduite  des  âmes  tant  de  ses  confrères 
que  des  habitants  du  district  de  Celles.  Comme  toutes 
les  institutions  monastiques  de  ce  temps,  le  chapitre  de 
Saint-Hadelin  avait  son  école  déjà  avant  sa  translation 
à  Visé.  Dans  l'acte  de  i338,  qui  le  transfère  à  cet 
endroit,  il  est  fait  mention  d'Alexandre  de  Dopdia,  sco- 
lasticus.  Un  des  huit  abbés  séculiers,  qui  furent  établis 
dans  la  principauté  de  Liège,  portait  le  titre  d'abbé  de 
Celles.  En  cette  qualité,  il  était  le  protecteur  de  la  com- 
munauté. En  i338  l'abbé  se  nommait  Levoldus  de 
Norhof.  Le  prévôt  s'appelait  Libertus  de  Serain. 

Comme  la  plupart  des  monastères  le  faisaient  au 
moyen  âge,  les  religieux  de  Celles  avaient  choisi  parmi 
les  seigneurs  du  voisinage  des  voués  pour  maintenir 
leurs  droits  et  veiller  au  temporel  de  leur  église.  Ceux- 
ci,  au  lieu  de  protéger  la  communauté,  comme  c'était 
leur  devoir,  en  devinrent  les  premiers  persécuteurs  ;  ils 
s'érigèrent  en  maîtres,  bientôt  en  tyrans  et  dépouil- 
lèrent d'une  manière  atroce  leurs  pacifiques  bienfai- 
teurs de  leurs  droits  et  de  leurs  biens  (i). 

Un  document  (2)  antérieur  à  i338  contient  un 
arrangement  proposé  par  Demacerus,  officiai  à  Liège, 
et  Southerus,  chevalier  seigneur  de  Bicelos  pour  ter- 
miner les  difficultés  existant  à  cette  date  entre  le  cha- 
pitre et  Jacques  seigneur  de  Celles.  Les  arbitres  recon- 
naissent à  la  communauté  certains  droits  dans  le  bois 
voisins  de  Maimont  (Meamons);  ils  lui  attribuent  la 
moitié  des  amendes  pour  la  justice  de  Lavis  et  obligent 
leur  seigneur  à  restituer  aux  religieux  tout  ce  qu'il 
avait  perçu  outre  ses  droits.  Ils  décident  que  les  droits 
de  main-morte  et  de  forumatagia  (tonlieu),  appartien- 
dront à  part  égale  au  chapitre  et  au  seigneur.  Ils  con- 
damnent Jacques  de  Celles  à  reconstruire  une  partie  du 
refectorium  du  couvent  qu'il  avait  sans  doute  détruit,  etc. 

(1)  Abrégé  de  la  vie  de  Saint-Hadelin,  p.  23. 

(2)  Une  copie  incomplète  de  ce  document  m'a  été  remise  par  M.  le 
chanoine  Heuschen,  qui  l'avait  trouvée  en  Allemagne. 


—  65  — 

Cette  pièce  nous  donne  une  idée  des  vexations  aux- 
quelles la  communauté  était  exposée.  Nous  ne  savons 
si  cet  arbitrage  rendit  pour  quelque  temps  la  paix  aux 
disciples  de  saint  Hadelin.  Toujours  est-il  que  pour 
les  soustraire  à  d'incessantes  persécutions,  levêque 
Adolphe  de  la  Mark  résolut,  en  i338,  de  les  transférer 
dans  la  petite  ville  de  Visé,  où,  dit  lacté  de  transla- 
tion, ils  pourront  librement  se  livrer  au  service  de 
Dieu  et  où  ils  pourront,  à  cause  de  la  situation  de  l'en- 
droit, s'étendre  au  point  de  vue  temporel.  «  Ubi  ad 
»  serviendum  deo  vacare  valeant  ubi  etiam  propter 
»  ipsius  loci  convenientem  et  bonum  situm  multo  am- 
»  plius...  se  in  temporalibus  poterunt  dilatare.  » 

L'évêque  assigna  aux  chanoines  de  Celles  l'église 
paroissiale  de  Visé  qu'il  éleva  à  la  dignité  de  collégiale 
et  à  laquelle  il  conféra  toutes  les  libertés  et  toutes  les 
prérogatives  des  églises  secondaires  du  pays  de  Liège, 
a  Collegium  canonicorum  ad  ecclesiam  de  Viseto  su- 
»  pra  Mosam  transferimus,  dictamque  ecclesiam  paro- 
»  chialem  de  Viseto  eidem  collegio  incorporamus  et 
»  annectimus  eam  in  collegiatam  ecclesiam  erigentes 
»  et  illam  ei  libertatem,  quam  aliœ  ecclesiae  diœcesis 
»  Leodiensis  habere  noscuntur,  tribuentes.  » 

Adolphe  de  la  Mark  ne  se  contenta  pas  de  ce  témoi- 
gnage de  bienveillance  envers  la  pieuse  communauté. 
Il  créa  en  sa  faveur  huit  nouvelles  prébendes,  ce  qui 
porta  le  nombre  des  canonicats  à  vingt. 

Trois  de  ces  nouvelles  prébendes  furent  constituées, 
nous  l'avons  vu,  de  la  majeure  partie  des  revenus  de 
l'église  de  Visé.  Comme  la  cathédrale  de  Saint-Lambert 
avait  le  droit  de  patronage  sur  cette  église,  elle  obtint 
également  le  droit  de  collation  de  ces  trois  canonicats  : 
«  Quarum  quidem  trium  praebendarum  collationem 
»  eidem  capitulo  nostro  Leodiensi  ratione  juris  patro- 
»  natus,  quod  in  ipsa  ecclesia  habere  dignoscitur, 
»  volumus  esse  perpetuo  reservatam.  » 

Les  biens  de  cinq  capellanies,  celle  de  Sainte-Wal- 

9 


—  66  — 

burge  (Ans),  deux  de  Fosses,  celle  d'Antgarden  et  une 
cinquième,  celle  de  Lovenjoul,  qui  étaient  à  la  colla- 
tion du  prince-évêque,  servirent  à  fonder  les  cinq  autres 
prébendes.  L'évêque  se  réserva  la  nomination  à  ces 
canonicats.  Plus  tard  cependant,  on  ne  sait  pour  quels 
motifs,  le  droit  de  conférer  la  prébende  fondé  avec  les 
biens  de  la  chapelle  de  Sainte- Walburge  fut  dévolu  au 
coste  de  Saint- Pierre  à  Liège. 

Tous  les  biens  de  ces  chapelles  furent  attribués  au 
chapitre,  qui  par  le  fait  même  assumait  les  droits  et  les 
charges  de  ces  bénéfices.  La  même  condition  avait  été 
formulée  par  rapport  à  Celles  et  à  ses  dépendances. 

Dans  la  constitution  de  ces  nouvelles  prébendes  on 
trouve  l'origine  du  droit  à  la  dime  qu'avait  le  chapitre 
dans  différentes  localités  et  le  droit  de  patronage  qu'il 
exerçait  sur  les  églises  de  ces  endroits. 

Ainsi  le  chapitre  possédait  la  dime  de  Goirhé,  entre 
Devant-le-Pont  et  Lixhe.  Celle-ci  avait  été  cédée  au 
curé  par  une  charte  de  1256,  citée  plus  haut  et  passa 
au  chapitre  par  l'acte  de  i338. 

De  tous  ces  revenus  on  devait  créer  vingt  prébendes 
de  valeur  égale.  Toutefois  on  attribua  aux  différents 
dignitaires  du  collège  une  part  plus  forte  en  rapport 
avec  l'importance  de  leur  charge. 

Dans  lacté  de  translation,  Adolphe  de  la  Mark 
astreint  les  chanoines  à  la  résidence  personnelle  : 
«  polamus  ut  ad personalem  residentiam  teneantur.  » 
Souvent  on  dérogea  à  cette  loi,  pour  les  chanoines  qui 
continuaient  leurs  études  à  Louvain  ou  ailleurs,  comme 
pour  ceux  qui,  après  avoir  obtenu  un  placitum  absentiœ, 
se  rendaient,  pour  un  motif  quelconque,  à  Rome  ou 
dans  d'autres  villes. 

Par  une  lettre  (4)  du  4  août  i338  l'archidiacre  de 
Hesbaye,  Percheval  de  Carreto,  donne  son  consente- 
ment à  l'installation  du  chapitre  à  Visé,  tout  en  reven- 

(1)  On  trouve  dans  les  archives  de  la  paroisse  les  originaux  ou  des 
copies  de  ces  documents. 


—  67  — 

diquant,  comme  nous  l'avons  dit,  le  caractère  paroissial 
de  l'église  et  en  réservant  par  là  ses  droits  propres  et 
ceux  du  curé. 

L'année  suivante  (7  juillet),  Adolphe  de  la  Mark 
détermine  la  part  des  revenus  de  1  église  qui  servira 
à  la  constitution  des  trois  prébendes  et  celle  qui  servira 
de  dot  à  la  plébanie.  Il  indique  encore  les  droits  excep- 
tionnels dont  devait  jouir  l'investit  Petrus  de  Urso. 

En  accordant  à  l'église  de  Visé  le  titre  de  collégiale, 
lëvêque  lui  avait  reconnu  les  prérogatives  des  églises  de 
ce  rang  et  en  même  temps  le  droit  d'établir  un  cloître 
avec  les  immunités  y  afférentes.  La  transaction  de  1340 
entre  la  ville  et  le  chapitre,  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
montre  qu'à  cette  date  les  cloîtres  n'existaient  pas 
encore,  mais  parle  du  projet  qu'on  avait  de  les  cons- 
truire. «  Quelconque  ouvrage  que  ledist  prévost  et  cha- 
»  pitre  fassent  dhor  en  avant  enthour  ladite  église  s'en 
»  soit  en  encloistres  ou  aultrement,  si  pour  grande 
»  gelée  on  ne  pouvoist  bonnement  fosser  a  le  dist  aytre 
»  le  chapitre  devra  livrer  terre  au  corps  dans  leurs 
»  encloistres  sous  toit  couvert,  et  encore  les  encloistres 
»  qui  serat  faites  de  l'aytre  par  les  chanoines  appartien- 
»  dront  au  dict  chapitre  qui  devera  les  détenir  à  son 
»  bon  plaisir.  »  Ce  projet  ne  semble  pas  avoir  été  exé- 
cuté ;  nulle  part  nous  n  avons  trouvé  aucune  trace  de 
cloîtres. 

Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  chapitre  obtint, 
le  i3  juillet  i35y,  d'Englebert  de  la  Mark,  succes- 
seur d'Adolphe,  la  désignation  du  terrain  réservé  à  la 
communauté  et  comme  tel  jouissant  de  l'immunité 
claustrale. 

Les  indications  de  ce  document  nous  permettent  de 
déterminer  à  peu  près  l'étendue  de  ce  territoire  exempt. 
Nous  savons  qu'il  était  compris  d'un  côté  entre  l'église 
et  les  portes  de  Dalhem  et  d'Argenteal.  Au  Nord,  c'est- 
à-dire  du  côté  de  la  ville,  il  s'étendait  jusqu'à  la  ruelle 
Rasquinrqy,  appelée  anciennement  ruelle  Walbi,  dont 


—  08  — 

une  moitié  était  soumise  à  la  juridiction  ordinaire, 
l'autre  à  celle  du  prévôt. 

D'après  les  statuts  du  chapitre  les  chanoines  ainsi 
que  le  pléban  devaient  habiter  sur  le  terrain  claustral. 

Les  maisons  y  situées  qui  n'étaient  pas  occupées 
par  un  chanoine  ou  un  de  leurs  chapelains  ne  jouis- 
saient pas  de  l'immunité.  Le  prévôt  avait  la  juridiction 
et  la  police  de  tout  le  territoire  exempt  ;  à  certaines 
dates,  les  chanoines  avaient  même  un  mayeur  pour 
exercer  la  police  au  nom  du  prévôt. 

Comme  tous  les  endroits  exempts,  les  cloîtres  étaient 
inaccessibles  aux  agents  judiciaires  du  prince  et  sous- 
traits aux  perquisitions  des  bourgmestres.  Un  coupable 
ne  pouvait  y  être  arrêté  légalement  que  par  le  prévôt  ou 
d'après  ses  ordres.  Chaque  fois  qu'un  officier  quel- 
conque enfreignit  leur  droit,  le  chapitre  et  le  prévôt 
protestèrent  vivement. 

Il  existe  encore  à  Visé  de  vieux  souvenirs  de  cette 
immunité  claustrale.  Dans  le  temps,  ai-je  entendu  dire, 
une  partie  de  la  ville  appartenait  au  prince-évêque, 
l'autre  à  l'Autriche.  Un  criminel  parvenait-il  à  gagner 
le  territoire  voisin,  il  échappait  aux  poursuites  des 
agents  de  son  prince. 

Comme  tous  les  chapitres  des  églises  secondaires, 
celui  de  Saint-Hadelin  avait  à  Visé  sa  cour  des  tenants, 
qui  exista  jusqu'à  la  Révolution  française.  Nous  n'a- 
vons retrouvé  aucun  registre  de  cette  cour,  que  nous  ne 
connaissons  que  par  les  nominations  des  tenants  consi- 
gnées dans  les  procès-verbaux  des  réunions  capitulaires. 

Muni  de  ces  privilèges  des  églises  secondaires,  le 
chapitre  de  Visé  vivait  d'après  les  statuts  généraux  des 
collégiales  du  pays  de  Liège.  Il  avait  en  outre  des 
règles  particulières  approuvées  par  Englebert  de  la 
Mark.  Voici  celles  que  nous  avons  pu  retrouver  : 

ART.  3.  —  Item  statuimus  et  praecipimus  omnibus  et  sin- 
gulis  canonicis  et  aliis  beneficiatis  dictas  ecclesiae  quatenus  ad 
horas  tam  nocturnas  quam  diurnas  diligenter  conveniant  et  in  illis 


—  69  — 

cantando  et  legendo  prout  officium  exegerit  persévèrent,  qui  autem 
négligentes  fuerint  in  praedictis  illis,  distributionibus  ad  eas  horas 
destinatis,  careant  ea  vice. 

ART.  14.  —  Item  praecipimus  ut  nullus  canonicus  deserviat 
altari  in  ecclesia  absentis  rectoris  sed  decanus  et  capitulum  provi- 
deant  de  persona  sufficienti,  qui  altaribus  absentium  rectorum 
deserviat  celebrando,  legendo,  cantando  et  omnia  faciendo  ad 
quae  rector  altaris  si  praesens  esset  et  resideret  teneretur  ;  cui  deser- 
vienti  pro  labore  suo  fructus  integri  ipsius  per  capitulum  et  deca- 
num  ministrentur. 

ART.  17.  —  Item  ordinamus  praeterea  et  praecipimus  plebano 
dictae  ecclesiae  quicunque  pro  tempore  fuerit  ex  nunc  et  in  antea 
inter  matutinas  decantatas  et  pulsum  primas  ut  ita  tempestive 
officium  suum  celebret  quatenus  conventus  in  prima  et  aliis  horis 
minime  turbetur  et  posset  impediri.  Quodque  moretur  et  habeat 
domicilium  infra  immunitatem  claustri,  chorumque  et  ecclesiam 
cum  superpelliceo  et  almutia,  habituque  decenti  frequentet. 

ART.   18.  —  Item quod  de  coetero  prima  et  secunda  die 

nativitatis  Domini  necnon  die  Paschae,  Parasceve  et  vigilia  Paschae 
et  Pentecostes  fontium  sacrorum  Benedictio  et  Regeneratio  con- 
ventualiter  sicut  in  secundariis  ecclesiis  celebretur. 

ART.  37.  —  Item in  virtute  sanctae  obedientiae  injungimus 

decano  et  canonicis  praedictis  omnibus  et  singulis,  quatenus  ipse 
decanus  in  correctione  subditorum  non  typo  rancoris  vel  invidiae 
vel  favoris  sed  zelo  accensus  justitiae  procédât  secundum  consue- 
tudinem  secundarium  ecclesiarum  ;  canon  ici  vero,  odio,  gratia, 
favore  postpositis  in  correctione  hujus  modi  ipsi  decano  fideliter 
assistant  et  cooperentur  ad  executionis  et  justitiae  complementum 
et  ne  de  caeteris  verbis  vel  factis  objurgentur  vel  obloquantur  ad 
invicem,  tu  mentiris,  vel  similia  verba  injuriosa  hinc  inde  profe- 
rendo,  qui  vero  contrarium  fecerit  refectorio  sit  et  maneat  tamdiu 
privatus  quoadusque  quaerulanti  injuriato  ad  decretum  capituli 
idoneam  prastiterit  emendam. 

Le  nombre  des  prébendes  avait  été  porté  à  vingt  en 
i338.  Nous  avons  vu  quels  étaient  les  collateurs  des 
huit  canonicats  établis  à  cette  date.  Les  douze  anciens 
restèrent,  comme  par  le  passé,  à  la  collation  de  l'abbé 
séculier. 

Plus  tard  la  législation  canonique  réserva  quelques 
droits  de  collation  au  pape  et  à  l'université  de  Louvain. 
Les  empereurs  d'Autriche  également  donnèrent  à  des 


—  70  — 

protégés  des  preces  primante,  qui  leur  conférèrent  un 
certain  droit  à  la  première  prébende  vacante.  Assez 
souvent  les  canonicats  passèrent  dune  main  à  l'autre 
par  voie  de  résignation  :  alors,  dans  le  plus  grand 
nombre  des  cas,  le  résignataire  devait  garantir  une  pen- 
sion à  son  résignateur. 

Il  n'était  pas  requis  d'être  prêtre  ni  même  d'avoir 
reçu  un  ordre  majeur  pour  devenir  chanoine.  Ainsi  le 
baron  de  Sluse,  frère  du  cardinal  et  du  mathématicien 
était  pourvu  d'un  canonicat  avant  d'être  entré  dans  les 
ordres,  au  temps  où  il  étudiait  le  droit  à  Louvain.  Plus 
tard  il  renonça  à  son  projet  d'embrasser  la  carrière 
ecclésiastique  et  se  maria.  On  pourrait  dire  que  dans 
certains  cas  les  prébendes  servaient  de  bourses  d'étude 
aux  jeunes  chanoines.  Sartorius  était  chanoine-chantre 
et  n'avait  reçu  que  le  diaconat. 

Quelques  bénéficiaires  de  la  collégiale  devinrent 
dans  la  suite  membres  du  chapitre.  Un  Jean  Proisme, 
qui  enseignait  le  latin  à  l'écolâtrie  figure  plus  tard 
comme  prêtre  et  chanoine.  Parfois  même,  rarement 
cependant,  nous  trouvons  des  curés  du  voisinage  dans 
le  sein  de  la  communauté. 

A  la  tête  de  ce  petit  collège  se  trouvaient  différents 
chefs  et  dignitaires,  qui  tous,  à  l'exception  de  l'abbé 
séculier,  devaient  être  élus  parmi  les  membres  du  cha- 
pitre. 

l'abbé  séculier. 

Depuis  l'institution  des  abbés  séculiers,  un  de  ceux- 
ci  portait  le  titre  d'abbé  de  Celles,  plus  tard  de  Visé.  Ce 
dignitaire  devait  être  choisi  parmi  les  chanoines  tréfon- 
ciers  de  Saint-Lambert.  Il  avait,  nous  l'avons  vu,  la 
collation  des  douze  anciennes  prébendes  qui  existaient 
déjà  à  Celles.  Comme  protecteur  ou  patron  du  chapitre 
il  devait  défendre  ses  intérêts  auprès  du  prince-évêque 
et  parmi  ses  confrères  de  la  cathédrale.  Il  ne  s'occupait 
pas  de  la  direction  ou  des  affaires  intérieures  de  la  com- 


—  71  — 

munauté.  Son  titre  n  était  pas  seulement  honorifique, 
il  lui  valait  les  dîmes  de  Fooz,  Boisselles,  etc.,  qui  en 
1794  rapportaient  1,600  florins. 

Voici  les  noms  de  quelques  abbés  séculiers  qui  nous 
sont  parvenus.  Levoldus  de  Norhof  intervient  en  1 338 
comme  signataire  de  l'acte  de  translation  du  chapitre. 
Ensuite  nous  avons  retrouvé  dans  le  registre  de  vieux 
anniversaires  dont  nous  avons  parlé,  les  noms  de 
Arnoldus  à  Mirode9Joannes  de  Zanctis  et  Hermannus 
a  Zanctis,  qui  doivent  avoir  existé  avant  i55o.  Le  der- 
nier de  ces  trois  abbés  avait,  entre  autres  fondations, 
laissé  quatre  setiers  d'épeautre  aux  écoliers  pauvres  de 
la  ville.  Petrus  à  Cortembach  mourut  en  1572.  Plus 
haut  nous  avons  déjà  cité  un  acte  de  Joannes  Oerbach, 
abbé  séculier  en  i588.  Un  de  ses  premiers  successeurs 
Joannes  Damen  à  Mirlo  décéda  en  1622. 

Bientôt  nous  trouvons  cette  charge  occupée  par  le 
célèbre  chanoine  Jean  de  Chokier- Sur  let.  «  Ce  savant 
»  homme,  »  dit  Bec  de  Lièvre  (Bibliographie  liégeoise, 
t.  I,  p.  43i),  «  s'appliqua  particulièrement  à  la  jurispru- 
»  dence  ;  il  était  très  versé  dans  les  antiquités  grecques 
»  et  romaines  et  l'histoire  des  anciens  peuples.  Il  aimait 
»  avec  passion  les  belles  lettres  et  encourageait  avec 
»  ardeur  ceux  de  ses  compatriotes  qui  s'y  adonnaient. 
»  Ce  goût  pour  la  littérature  n'empêcha  pas  Jean  de 
»  Chokier  d'étudier  à  fond  les  Saintes  Ecritures  et  les 
»  Pères.  Pascal,  dans  ses  lettres  provinciales,  le  place 
»  parmi  les  auteurs  amis  des  Jésuites,  qui  ont  enseigné 
»  une  morale  relâchée.  » 

Bec  de  Lièvre  énumère  treize  de  ses  ouvrages  trai- 
tant la  plupart  des  questions  de  morale  et  de  droit 
canon.  Jean  de  Chokier  mourut  en  1660.  On  trouve 
son  portrait  dans  la  collection  Duriau  du  Val-Dieu. 

Jean  Ernest,  baron  de  Surlet-Chokier,  neveu  du 
précédent,  lui  succéda  dans  la  charge  d'abbé  séculier. 
Celui-ci  se  distingua  autant  par  sa  piété  et  sa  magnifi- 
cence que  son  oncle  par  son  savoir.  Liège  lui  doit  la 


—  72  — 

Maison  des  Incurables  et  celles  des  Filles  Repenties.  Il 
est  mort  vers  i683. 

Un  de  ses  premiers  successeurs,  le  chanoine  de 
Stembier,  fit  reconstruire  comme  on  a  vu,  en  1719,  la 
nef  gauche  et  le  transept  de  l'église  et  plaça  les  deux 
autels  en  marbre,  qu'on  y  voit  encore, 

Max. -Henri-Joseph  baron  de  Geyr  de  Schweppen- 
bourg  était,  en  1788,  abbé  séculier  du  chapitre  et 
avait  comme  coadjuteur  dom  Charles,  baron  de  Boos 
de  Waldeck.  A  l'occasion  du  grand  jubilé  de  1788  le 
baron  de  Geyr  «  voulut  contribuer  à  rendre  cette  solen- 
»  nité  des  plus  brillantes  par  un  présent  que  sa  pieuse 
»  générosité  vient  de  faire  et  qui  mérite  tous  nos  éloges 
»  et  toute  notre  connaissance  »  dit  l'auteur  dune  bro- 
chure parue  à  l'occasion  de  cette  fête  religieuse. 

Le  dernier  abbé  séculier  de  Visé  fut  Jean-Pierre- 
Louis,  baron  de  Sluse  de  Beurs,  chancelier  de  la  princi- 
pauté et  grand  prévôt  de  la  cathédrale,  qui  mourut  à 
Francfort  pendant  l'émigration. 

Les  chanoines  demandèrent  et  obtinrent  du  pape 
l'autorisation  de  remettre  à  des  temps  meilleurs  l'élection 
de  son  successeur,  qui  n'eut  pas  lieu  à  cause  de  la  sup- 
pression des  collégiales. 

LE  PRÉVÔT. 

Pendant  l'existence  du  chapitre  à  Celles,  le  prévôt 
exerçait  seul  l'autorité  dans  la  communauté  dont  l'abbé 
séculier  était  le  patron  ou  protecteur. 

D'après  une  déclaration  faite  en  1341,  la  fonction  de 
prévôt  comportait  les  charges  suivantes. 

Ce  dignitaire  était  tenu  à  la  résidence  personnelle, 
qu'il  jurait  le  jour  de  son  admission. 

Aux  principales  fêtes  il  devait  faire  l'office  de  célé- 
brant pour  le  chant  des  heures  ;  ces  fêtes  étaient  celles 
de  Noël,  de  l'Epiphanie,  de  la  Purification,  de  Saint- 
Hadelin,  de  l'Annonciation,  de  Pâques,  de  l'Ascension, 


—  73  — 

de  la  Dédicace,  de  la  Pentecôte,  du  Saint -Sacrement,  de 
l'Assomption,  de  saint  Remacle,  de  la  Nativité  de  la 
sainte  Vierge,  de  la  Toussaint,  auxquelles  on  ajouta  à 
Visé,  celles  de  la  translation  de  saint  Hadelin  et  de  saint 
Martin.  Il  était  obligé  d'officier  les  trois  derniers  jours 
de  la  Semaine  Sainte,  le  jour  des  Cendres  et  le  jour  des 
Ames.  Il  faisait  encore  la  procession  le  dimanche  des 
Rameaux  et  bénissait  les  fonts  la  veille  de  la  Pente- 
côte. A  ses  frais  il  devait  «  tenere  seu  celebrare  et  exer- 
»  cere  jurisdictionem  Sancti  Synodi  et  cœtera  facere 
»  quœ  antiquitus  sunt  et  fuerunt  in  talibus  consueta 
»  quolibet  anno  Dominica  in  passione  Domini  apud 
»  Cellas.  » 

Au  prévôt  incombait  le  soin  de  veiller  à  la  conser- 
vation des  droits  spirituels  et  temporels  de  l'église  de 
Celles  et  de  ses  dépendances.  Pour  pouvoir  mieux 
remplir  ce  devoir  il  devait  tenir  un  cheval  prêt  à  servir 
pour  le  cas  de  besoin.  Si  le  prévôt  ne  pouvait  pas  faire 
les  démarches  exigées  par  l'intérêt  de  la  communauté, 
le  cheval  devait  être  à  la  disposition  du  délégué  choisi 
par  le  chapitre.  Chaque  année  le  jour  de  Pâques  le 
prévôt  devait  donner  au  réfectoire  un  repas  à  toute  la 
communauté  :  aux  chanoines,  chapelains,  choraux  et 
écoliers.  Ce  repas  devait  consister  en  un  potage,  un 
plat  de  porc  ou  de  mouton,  un  plat  de  bœuf  et  un 
autre  de  gibier  ou  de  veau  préparé  aux  épices  ou  au 
vin.  Pour  le  dessert  il  y  avait  du  fromage  et  pendant 
tout  le  repas  le  bon  vin  ne  devait  pas  manquer. 

En  1340,  Adolphe  de  la  Mark  créa  dans  la  commu- 
nauté la  fonction  de  doyen  à  laquelle  il  attribua  une 
partie  des  charges  du  prévôt. 

Les  prévôts,  soucieux  de  conserver  les  prérogatives 
et  les  droits  de  leur  dignité,  avaient  soin  de  les  consigner 
dans  leurs  registres  où  ils  marquaient  également  les 
principaux  faits  de  leur  existence. 

Les  plus  anciens  de  ces  documents  ont  disparu  :  les 

trois  derniers,  marqués  des  numéros  18,  19  et  20  nous 

10 


—  74  — 

restent.  Le  premier  de  ceux-ci  fut  commencé  en  1695 
parle  prévôt  Jean  Lambertin.  Nous  nous  contenterons 
d'extraire  de  ces  registres  les  droits  et  revenus  de  la 
prévôté  et  la  liste  des  prévôts  commencée  par  Jean 
Lambertin  et  continuée  par  ses  successeurs  ;  faisons 
remarquer  en  passant  que  ces  documents  contiennent 
de  nombreux  détails  très  intéressants  concernant  l'his- 
toire de  Celles  et  des  paroisses  voisines. 

A  Visé,  le  prévôt  avait  la  juridiction  et  le  dominium 
des  encloîtres.  Il  y  établissait  un  mayeur  pour  recher- 
cher ceux  qui  s'y  rendaient  coupables  de  quelques 
délits,  et  lui-même  les  jugeait.  Les  sentences  trouvées 
dans  les  registres  de  la  prévôté  ne  présentent  aucun 
caractère  de  sévérité. 

Le  prévôt  de  Visé  conserva  son  titre  et  les  attribu- 
tions de  prévôt  de  Celles.  Comme  tel,  il  était  curé  de 
Celles  et  se  faisait  remplacer  dans  cette  fonction  par  un 
vice-prévôt  choisi  parmi  les  trois  vicaires  attachés  à 
l'ancienne  collégiale  de  Saint-Hadelin.  Il  était  en  même 
temps  doyen  rural  et  archidiacre  de  tout  le  district  de 
Celles,  qui  comprenait  la  paroisse  de  Foy-Notre-Dame, 
celle  de  Hulsonneau,  etc.  Parfois  il  faisait  lui-même  les 
visites  archidiaconales,  les  installations  des  curés  et 
chapelains  ;  le  plus  souvent  il  déléguait  à  cet  effet  le 
vice-prévôt. 

Les  principaux  revenus  attachés  à  la  prévôté  consis- 
taient dans  la  jouissance  de  la  maison  prévotale  (aux 
deux  derniers  siècles  la  maison  de  pierres),  moyennant 
la  charge  de  payer  cinq  muids  d  epeautre  au  chapitre  et 
l'obligation  dune  messe  par  mois  à  l'autel  privilégié,  et 
dans  les  droits  qu'il  percevait  comme  curé,  doyen  rural 
et  archidiacre  de  la  paroisse  et  du  district  de  Celles, 
parmi  lesquels  celui  de  la  sépulture  des  ecclésiastiques 
comprenant  2  florins  d'or,  plus  le  bréviaire  et  le  surplis 
du  défunt. 

Assez  bien  de  revenus  de  la  prévôté  avaient  été 
perdus.  Jean  Lambertin  dit  que  dans  le  temps  ils  mon- 


—  75  — 

taient  à  soixante  muids  et,  ajoute-t-il,  ecce  nunc  quant 
tenues  !  Cette  perte  des  biens  avait  été  causée  par  la 
négligence  de  quelques  prévôts,  comme  Lambertin  a 
soin  de  le  noter  dans  la  liste  de  ses  prédécesseurs. 

Voici  cette  liste,  telle  qu'on  la  trouve  dans  son 
registre  et  complétée  par  les  prévôts  postérieurs. 

Joannes  de  Hubines,  i323. 

Libertus  de  Serain,  i338. 

Bartholomaeus,  i36o. 

Henricus  Peston,  1 364. 

Joannes  de  Puchey,  curatus  de  Moulant,  141 5. 

Joannes  de  Borloe  ou  de  Bra,  1420- 1429. 

Hubert  us  de  Brust,  1454. 

Mathias  ab  Hamalia,  ab  1454,  ad  1 5 18.  Hic  fuit  praepositus 
per  annos  57,  qui  propter  terras  dotales  tam  vili  proetio  alienatas 
a  suis  successoribus  inculpatur. 

Michael  Ride,  ab  anno  i5io,  ad  i53o.  Vir  fuit  in  propugnan- 
dis  praepositurae  juribus  strenuus  ipsius  registrum  continet  plura 
nota  tu  digna. 

Sebastianus  Lambertin,  ad  usque  1 55 1 ,  fuit  insimul  curatus 
in  Lixhe,  hujus  tempore  quidam  fuerunt  correcti  pro  excessibus 
commissis  in  claustris. 

Quirinus  Gisberti,  ad  usque  1 56o. 

Joannes  Gosuini,  ad  usque  j  577,  fuit  curatus  de  Bassenge. 

Cornélius  van  de  Weldt,  usque  1 593. 

Anthonius  Froidmont,  J.  U.  L.,  1600. 

Hubertus  Stevartius,  J.  U.  L.,  1607,  hic,  abdicata  praeposi- 
tura,  intravit  congregationem  ordinis  oratorii  ;  crux  argentea  quae 
praefertur  in  supplicationibus  ab  eo  donata  fuit  capitulo  cum 
minoribus  argenteis  candelabris. 

Lambertus  Jeghers,  i638,  vir  fuit  doctus,  quondam  lector  theo- 
logiae  in  monasterio  Lobbiensi,  coenobii  virginum  hujus  oppidi 
promotor  et  primus  director  de  praepositura  bene  meritus  (\). 

Nicolaus  Requile,  1647,  curatus  etiam  Del  Naye  (Lanaye)  sus- 
tinuit  lidem  contra  capitulum  pro  jure  archidiaconali  in  ecclesia 
ipsa  de  Celles. 

Eustachius  Lambertin,  i656,  hic  anno  aetatis  suae  ymo  propter 
vocis  excellentiam  in  Hispaniis  ad  aulam  Philippe  II,  transporta- 
tatus,  post  modum  collegii  regii  Duacensis  alumnus,  tandem  prae- 

(1)  Le  prévôt  Jeghers  était  auteur  de  plusieurs  ouvrages  de  piété, 
composés  probablement  pour  la  communauté  qu'il  dirigeait. 


-  76  — 

benda  Andennensi  et  castrali  benefîcio  de  Bovigne  ab  ipso  rege  pro- 
visus  :  musicis  ecclesiae  nostrae  auctor  fuit,  donavitque  ecclesiae 
par  candelabrorum  exargento  cum  aliis  ornamentis  pluribus  (l). 

Ogerus  Ogier,  1691. 

Joannes  Lambertin,  ad  usque  Deo  placuerit,  17 10.  Jurium 
praepositurae  acerrimus  defensor,  non  solum  multa  utilia  praepo- 
siturae  perquisivit  et  in  hoc  registro  recollegit  sed  etiam  in  morte 
sua  plura  in  augmentum  dotationis  legavit. 

Fransciscus  Defrance,  1720,  vir  pacifiais. 

Mathias  Labbeye,  1740. 

Joannes  Laurentius  Gentis,  1747. 

Balthasar  de  Ryckel,  1760. 

Petrus  Pironnet,  1789,  plebanus  Visetensis  et  decanus  concilii 
Trajectensis. 

Jacobus  Paulus  Bettonville,  fuit  ultimus  praepositus  insignis 
ecclesiae  collegiatae  Visetensis,  obiit  in  Canne  anno  1802. 

LE  DOYEN. 

La  dignité  de  doyen,  nous  l'avons  vu,  fut  instituée 
en  1340  par  un  acte  d'Adolphe  de  la  Mark,  cité  plu- 
sieurs fois  dans  un  ancien  registre,  disparu  sans  doute 
pendant  l'émigration. 

Le  doyen  était  le  véritable  supérieur  de  la  commu- 
nauté. Il  veillait  à  l'observation  des  statuts,  dirigeait  et 
avertissait  à  l'occasion  les  membres  du  chapitre.  En 
partage  avec  le  prévôt,  il  célébrait  les  offices  dans  les 
grandes  circonstances.  Il  exonérait  les  anniversaires.  Il 
convoquait  les  réunions  capitulaircs  et  les  présidait. 

Il  était  en  même  temps  recteur  de  l'autel  de  Saint- 
Nicolas,  établi  jadis  dans  l'hôpital  de  ce  nom,  puis 
transféré  à  l'église  et  annexé  au  décanat.  A  ce  titre  il 
était  de  droit  membre  de  la  merise  des  communs 
pauvres  et  de  l'hospital. 

En  outre  de  sa  prébende  il  jouissait  des  revenus  de 
l'autel  Saint-Nicolas  et  d'une  partie  de  la  maison  de 
pierres.  D'après  certains  documents,  il  aurait  même 
joui  d'une  double  prébende. 

(i)  Ce  fut  lui  sans  doute  qui  composa  le  chant  pour  l'office  propre 
de  saint  Hadclin,  qu'on  conserve  encore  à  Visé. 


—  77  — 

Le  premier  doyen  du  chapitre  fut  Petrus  de  Urso, 
investit  de  Visé  en  i338. 

Il  y  eut  au  XIVe  siècle  plusieurs  chanoines  de  ce 
nom.  Tous  laissèrent  pour  leurs  anniversaires  des 
rentes  ou  biens  qu'ils  possédaient  à  Jemeppe.  Si  Ion 
pouvait  établir  que  la  famille  Béer  de  Jemeppe  y  est 
fort  ancienne,  on  pourrait  croire  que  les  de  Urso  s'y 
rattachaient. 

Un  de  ses  premiers  successeurs  fut  Louis  Print,  fils 
de  Printe  de  Warancelle,  chevalier  voué  de  Nivelles  et 
d'une  fille  du  Seigneur  de  Navagne.  Déjà  doyen  en 
1377  H  ne  mourut  qu'en  1406.  Il  employa  une  partie  de 
ses  biens  situés  à  Haccourt,  Lixhe  et  Mouland  à  fonder 
dans  la  collégiale  de  Visé  le  bénéfice  de  sainte  Marie. 
Le  recteur  de  ce  bénéfice  devait  être  résident  d'après  les 
termes  de  son  testament  ;  en  cas  de  non-résidence  les 
revenus  devaient  retourner  au  chapitre.  Cette  clause 
donna  lieu  à  plus  d'une  difficulté. 

Pour  le  commencement  du  XVe  siècle  nous  avons 
retrouvé  les  noms  des  doyens  suivants  : 

A  myl  de  Trajecto,  en  ? 

Adam  de  Monte  ou  de  Mons,  fils  de  Clous  de  Mons, 
échevin  de  Visé,  dont  le  père  occupait  une  grosse  ferme 
située  près  de  la  Tour  l'Evêque,  en  ? 

Jean  Goelet,  en  1430. 

Bastien  de  Viseit,  en  1444,  qui  joua  un  rôle  assez 
important  sous  lepiscopat  de  Jean  de  Heinsberg.  En 
1440  il  survint  un  gros  différend  entre  les  bourgeois  de 
Maestricht  et  les  chanoines  de  Saint-Servais.  Bastien  de 
Viseit  fut  député  auprès  du  prince-évêque  pour  plaider 
la  cause  de  ces  derniers.  Deux  ans  plus  tard  il  fut 
encore  envoyé  à  Bruxelles  auprès  du  prince-évêque  et 
du  duc  de  Bourgogne,  pour  la  même  question,  qu'il 
parvint  à  arranger.  En  1444,  Bastien,  qui  avait  été 
nommé  dans  l'intervalle  chanoine  de  Saint-Denys,  à 
Liège,  représenta  Jean  de  Heinsberg  à  une  assemblée 


—  78  — 

des  églises  secondaires.  Bientôt  après  il  accompagna 
son  prince  dans  un  voyage  que  celui-ci  entreprit  en 
Orient  (4). 

Un  des  principaux  bienfaiteurs  du  chapitre  fut 
Cloes  ou  Nicolas  Sarrasin,  déjà  chanoine  avant  1467  et 
mort  comme  doyen  en  1499.  D'après  son  testament,  ses 
revenus  montaient  à  quatre  cents  muids  d'épeautre.  Il 
en  laissa  deux  cents  au  chapitre  avec  la  charge  de  chan- 
ter annuellement  deux  anniversaires  à  chacun  desquels 
devait  se  faire  une  distribution  de  cinquante  muids  aux 
seuls  chanoines  présents.  Il  légua  vingt  muids  à  l'autel 
des  Saints-Pierre  et  Paul.  Par  ce  testament  le  chapitre 
entra  en  possession  d  un  tiers  du  moulin  de  Devant-le- 
Pont.  Sa  pierre  tombale  existe  à  l'église  de  Visé.  Voici 
son  inscription  : 

Rvs  dns  Nicola8  Serazin  hjs 

ecclesie  decanus  sepultus  relqt 

eidem  ce  modios  speltae  hereditarie 

altari  S.  Pauli  xx  modios. 

ad  orandum  pro  se  et  suis 

parentibus 

obiit  A0  MCCC1C  die  VII*  mensis  maii. 

Son  successeur  immédiat,  Cloes  Hannot,  originaire 
de  Thimister,  mourut  en  i5o5. 

Sous  le  doyen  suivant,  Theodoric  de  Litnborgh,  fut 
construit  le  chœur  de  l'église  de  Visé.  Une  pierre  sépul- 
crale qu'on  y  trouvait  jadis  portait  cette  inscription  : 

Theodoricus  de  Limborgh 

hujus  ecclesiae  decanus 

et  hujus  novi  chori  primus  erector 

obiit  26  aprilis  1 524. 

Cloes  Proidhomme  fut  doyen  de  1524  à  i538.  Le 
nom  de  son  successeur  nous  est  inconnu. 

(1)  Jean  de  Stavelot,  pp.  452,  526  et  532. 


—  79  — 

Pierre  Slenacken,  que  nous  avons  déjà  rencontré, 
devint  doyen  en  i552  et  mourut  en  1576. 

Puis  successivement  :  Jean  Purnode,  mort  en  i586  ; 
Jean  Kamps,  1602  ;  Wilhelmus  à  Moelinghen,  i6o5  ; 
Laurent  Purnode,  1640. 

Le  doyen  suivant  fut  Jean  Waltheri  a  Castro,  frère 
de  Walther  Waltheri,  secrétaire  des  brefs  du  pape  Clé- 
ment IX  et  oncle  maternel  des  de  Sluse.  Ce  fut  lui  pro- 
bablement qui  soigna  la  première  éducation  littéraire 
de  ses  neveux  et  leur  procura  les  prébendes  du  chapitre 
de  Saint-Hadelin,  dont  ils  ont  joui  pendant  leurs  études 
à  Louvain.  Le  17  février  1667  il  mourut  à  Liège  où  les 
chanoines  s  étaient  retirés  à  cause  de  la  peste  qui  régnait 
à  Visé. 

Jean  Germeau,  élu  dans  les  mêmes  circonstances, 
remplit  les  fonctions  de  doyen  jusqua  sa  mort  arrivée 
en  1676. 

Son  successeur  Hervianus  fit  don  à  l'église  d'un 
magnifique  missel  orné  de  plaques  d'argent,  il  existe 
encore.  Une  des  plaques  porte  l'inscription  : 

D.  O.  M. 

dédit  Jacobus 

Hervianus  hujus 

ecclesiae  Visetensis 

canonicus  et 

decanus  anno 

1687. 

Guillaume-François  de  Sluse,  doyen  de  1698  à  1726 
fut  un  des  fondateurs  de  la  chapelle  de  Lorette. 

Les  doyens  suivants  n'ont  guère  laissé  de  traces 
dans  les  archives  qui  nous  sont  parvenues.  Guillaume 
Pauli,  mort  le  18  novembre  1739;  Jean  Lecocq,  le 
2  mars  1773;  Jean-Jacques  Schuermans,  1780;  Eus- 
tache  de  Ryckel,  1783  ;  Urbain-Joseph  JDodémont, 
1796  ;  Joiris. 

Anciennement  les  doyens  occupaient   une  maison 


—  80  — 

claustrale  quelconque.  La  maison  de  pierres,  propriété 
du  baron  Pierre-Louis  de  Sluse,  fut  acquise  en  1686 
par  le  chapitre  ;  en  1694,  pour  la  faire  servir  de  de- 
meure au  doyen  et  au  prévôt,  on  y  ajouta  la  partie 
plus  moderne  en  style  renaissance.  Alors  aussi,  selon 
toutes  apparences,  on  bâtit  la  tour  contiguë,  jadis  sur- 
montée d  une  flèche,  qui  figurait  le  droit  seigneurial  du 
chapitre. 

L'ÉCOLÂTRE. 

L'écolâtre  était  dans  le  temps  chargé  de  l'enseigne- 
ment dans  1  école  collégiale.  Plus  tard  l'instruction  était 
donnée  sous  ses  auspices  par  un  ou  deux  instituteurs.  A 
partir  de  ce  moment  il  se  contenta  d'exercer  les  fonc- 
tions de  secrétaire  et  d'archiviste,  qui  lui  valurent  le 
droit  à  la  dîme  de  Foy-Notre-Dame  évaluée  à  275  flo- 
rins vers  la  fin  du  siècle  dernier.  Remarquons,  à  ce 
sujet,  que  l'écolâtre  et  les  autres  dignitaires  dont  nous 
avons  parlé  devaient  acquitter  les  charges  qui  incom- 
baient à  tous  les  possesseurs  de  dîmes. 

En  1364  un  conflit  surgit  entre  le  chapitre  et  l'abbé 
séculier  Herman  de  Zanctis,  qui,  tous  deux,  préten- 
daient avoir  le  droit  de  conférer  l'écolâtrie.  Les  parties 
choisirent  comme  arbitres  les  chanoines  Wilhelm  dit 
Boilailbe,  linguae  doctorem  majoris,  et  Jean  Hincmal, 
doyen  de  Sainte-Croix  à  Liège.  Le  chapitre  s'engage  à 
accepter  la  décision  arbitrale  sous  peine  d'excommuni- 
cation pour  chacun  de  ses  membres,  de  suspension  pour 
la  communauté,  d'interdit  pour  son  église  et  dune 
somme  de  2  florins  à  payer  à  la  partie  adverse  (î).  Les 
arbitres  semblent  s'être  prononcés  en  faveur  des  cha- 
noines, car  plus  tard  nous  les  voyons  élire  les  écolâtres 
parmi  les  membres  de  la  communauté. 

L'écolâtre  Guillaume  Lecoq  met  en  tête  de  son 
premier  registre  des  actes  et  décrets  capitulaires,  toutes 

(1)  D'après  une  copie  très  défectueuse  d'un  parchemin  retrouvé  en 
Allemagne. 


—  8i  — 

les  formalités  de  son  élection.  Comme  ces  formalités 
étaient  les  mêmes  pour  toute  élection  des  dignitaires, 
nous  croyons  devoir  en  donner  une  idée. 

Le  21  mars  1721,  le  doyen  charge  le  bastonarias  de 
convoquer  tous  les  chanoines  à  une  réunion  capitu- 
laire,  le  lendemain,  après  la  grand'messe  pour  fixer  le 
jour  de  l'élection  d'un  nouvel  écolâtre. 

Le  bastonarius  donne  le  soir  même  une  attestation 
d'avoir  convoqué  tous  les  chanoines,  tant  ceux  qui 
habitent  en  ville  que  ceux  qui  demeurent  sur  les 
encloîtres. 

A  l'assemblée  capitulaire  du  22,  les  chanoines  fixent 
la  journée  du  3i  mars  pour  l'opération  électorale  et 
décident  que  les  publications  et  citations  d'usage  seront 
faites  dans  le  plus  bref  délai . 

Le  lendemain  le  bastonarius  convoque  tous  les  cha- 
noines à  domicile,  et  le  surlendemain  il  affiche  la  publi- 
cation ordinaire  advalvas  de  la  cathédrale  de  Liège  et 
de  la  collégiale  de  Visé. 

Le  3i,  les  chanoines  capitulairement  assemblés 
dans  leur  local  ordinaire  (la  sacristie  actuelle),  décident 
d'abord  qu'ils  veulent  procéder  à  l'élection  «  per  viam 
»  quasi  Spiritus  Sancti  seu  per  unanimem  consen- 
»  sum  ;  »  de  nos  jours  on  dirait  par  acclamation.  A 
l'unanimité,  ils  élisent  Guillaume  Lecoq  qui  accepte. 

Le  doyen  demande  à  l'assemblée  s'il  lui  plaît  que 
le  résultat  de  l'élection  soit  publié.  Les  assistants  ré- 
pondent :  «  Placet.  »  Alors,  d'après  la  formule  d'usage, 
le  président  proclame  l'élection  de  Guillaume  Lecoq, 
d'abord  devant  le  chapitre,  puis  à  l'église  devant  le 
public. 

Avant  de  lever  la  séance,  le  doyen  invite  les  con- 
frères à  la  réception  de  l'élu  le  lendemain  après  la  messe 
pour  les  défunts. 

Le  bastonarius  convoque  encore  individuellement 
les  chanoines  à  cette  réunion. 

A  l'heure  fixée  les  chanoines  se  trouvent  réunis  dans 

11 


—  82  — 

leur  salle  capitulaire  ;  le  doyen  comme  président  dé- 
clare aux  confrères  que  le  chanoine  Lecoq  demande  à 
être  admis  dans  la  possession  réelle  et  corporelle  de 
l'écolâtrie  avec  ses  droits  et  annexes,  et  annonce  à  1  élu 
que  la  communauté,  en  conséquence  de  l'élection  de  la 
veille,  est  disposée  à  le  recevoir,  «  juribus  t amen,  jura- 
»  mento,  statut is  et  consuetudinibus  ecclesiae  salvis.  » 
Le  récipiendiaire  s'agenouille  devant  le  doyen  et  dans 
cette  attitude  fait  le  serment  d'usage,  puis  il  verse  entre 
les  mains  du  compteur  les  droits  dus  au  chapitre  ;  alors 
il  est  reçu  définitivement  par  la  tradition  du  livre  des 
décrets  du  chapitre,  de  la  plume  et  de  l'encre. 

Le  nouvel  écolâtre  commença  l'exercice  de  ses  fonc- 
tions en  inscrivant  dans  son  registre  les  procès-verbaux 
que  nous  venons  de  résumer. 

Guillaume  Lecoq  remplit  avec  zèle  les  devoirs  de  sa 
charge  de  1721  à  1771.  A  l'âge  de  quatre-vingt-sept  ans 
il  copia  encore  un  immense  registre  de  documents  où 
nous  avons  puisé  la  plus  grande  partie  des  renseigne- 
ments que  nous  avons  pu  donner  sur  la  paroisse  et  le 
chapitre  de  Visé. 

Un  registre  répertoire  des  archives  de  la  collégiale 
prouve  que  les  écolâtres  conservaient  avec  soin  et  clas- 
saient avec  ordre  les  documents  qui  leur  étaient  confiés. 
Choisis  parmi  les  membres  les  plus  intelligents  et  les 
plus  instruits  de  la  communauté,  les  écolâtres  arri- 
vaient assez  souvent  aux  fonctions  de  prévôt  ou  de 
doyen. 

LE  CHANTRE. 

Le  chantre,  dont  le  nom  indique  les  fonctions,  rece- 
vait quinze  muids  en-dessus  de  sa  prébende. 

Deux  chantres  seulement  méritent  une  mention 
spéciale. 

Le  chantre  Jean  Biocquerie  fit  don  à  l'église  du 
buste  en  argent  de  saint  Hadelin  et  du  lutrin  en  laiton, 
dont  nous  parlerons  au  chapitre  des  antiquités  de  1  église. 


—  83  — 

Le  chanoine  Sartorius  acquit  une  triste  réputation 
dans  un  procès  retentissant  qui  dura  huit  ans  et  dont  la 
polémique  contemporaine  s  est  encore  occupée;  pour 
ces  motifs,  nous  croyons  devoir  nous  arrêter  quelque 
peu  à  cette  cause  célèbre. 

Le  chanoine  Sartorius  était  fils  d'un  honorable 
négociant  visétois,  échevin  et  ancien  bourgmestre  qui 
demeurait  dans  la  rue  Haute.  II  avait  plusieurs  frères, 
dont  un  avocat,  et  un  autre  nommé  Henri,  commis  à 
Liège.  Le  chanoine  n'avait  pas  reçu  la  prêtrise,  il  n'était 
que  diacre. 

A  la  même  époque  (1770),  habitait  dans  la  rue  du 
Perron,  une  autre  famille  honorable,  les  Warrimont, 
qui  se  composait  de  la  mère  veuve  et  ses  trois  filles. 

Dans  le  courant  de  Tannée  1771  on  répétait  dans  le 
public  que  la  demoiselle  Madeleine  Warrimont  allait 
devenir  mère,  et  tout  le  monde  attribuait  cette  situation 
à  Henri  Sartorius. 

Le  20  décembre,  au  matin,  des  habitants  de  Souvré 
retirèrent  de  la  Meuse  un  cadavre  de  jeune  fille  ;  un 
médecin  constata  que  la  jeune  femme,  enceinte  depuis 
plusieurs  mois,  avait  été  assassinée.  On  reconnut  en  elle 
Madeleine  Warrimont. 

Les  habitants  de  Visé  s'émurent  vivement  de  ce 
crime  atroce.  La  foule,  comme  toujours,  cherchait  à 
découvrir  l'auteur  du  forfait  et  les  motifs  du  meurtre. 
Dès  le  premier  abord  les  soupçons  tombèrent  sur 
Henri  Sartorius,  le  séducteur  présumé  de  la  malheu- 
reuse Madeleine.  On  commentait  la  coïncidence  de  son 
retour  à  Visé,  la  veille,  avec  le  moment  de  l'assassinat. 
On  rappelait  son  caractère  dur  et  brutal.  D'autres  récits 
compromettants  vinrent  se  joindre  à  ces  soupçons  et 
bientôt  l'opinion  public  désignait  le  jeune  Sartorius 
comme  l'auteur  du  crime. 

Il  n'entre  pas  dans  notre  plan  de  reproduire  tous  les 
détails  de  l'instruction  judiciaire  à  laquelle  donna  lieu 
la  mort  tragique  de  Madeleine  Warrimont. 


—  84  — 

La  famille  Sartorius  et  surtout  l'avocat,  frère  de 
Henri  et  du  chanoine,  firent  tous  les  efforts  pour  pré- 
server leur  nom  du  déshonneur. 

Le  procès  traîna  en  longueur  :  seulement  en  février 
1773  un  décret  de  prise  de  corps  fut  lancé  contre  Henri 
Sartorius,  un  de  ses  cousins  et  un  domestique  de  la 
famille,  accusés  de  complicité  dans  l'affaire.  Un  des 
accusés  François  Giet,  fut  immédiatement  arrêté; 
l'autre,  Hennet,  qui  avait  pris  la  fuite,  fut  arrêté  plus 
tard  ;  tous  deux  furent  mis  à  la  question.  Les  tortures 
arrachèrent  à  Hennet  des  aveux  qu'il  rétracta  en  partie. 
Henri  Sartorius,  pour  pouvoir  mieux  se  défendre,  se 
constitua  prisonnier. 

L'affaire  n'avançait  guère.  Giet  et  Hennet  moururent 
en  prison.  Au  commencement  de  1777,  la  cause  de  l'in- 
culpé semblait  perdue.  Les  efforts  de  l'avocat  Sartorius 
restèrent  sans  résultat,  les  preuves  produites  par  lui  en 
faveur  de  son  frère  furent  déclarées  inadmissibles. 
C'est  alors  que  la  famille  Sartorius  imagina  Tunique 
moyen  qui  restait  d'arracher  l'accusé  à  une  condamna- 
tion certaine.  Le  nom  du  chanoine  Sartorius  avait  été 
prononcé  plus  d'une  fois  dans  le  cours  du  procès  ;  on 
avait  rappelé  qu'on  l'avait  vu  se  promener  avec  Made- 
leine, en  compagnie  de  son  frère  Henri,  qu'il  commu- 
niquait avec  les  Warrimont  par  les  jardins  des  deux 
familles,  qui  se  joignaient.  Un  témoin  avait  même 
déposé  avoir  vu  le  chanoine  Sartorius  à  Souvré  le  soir 
du  crime.  Mais  le  public  semble  n'avoir  ajouté  aucune 
importance  à  ces  détails.  Le  mayeur  de  Visé,  Bou- 
houlle,  soutenait  que  «  Henri,  depuis  quinze  jours 
»  après  le  meurtre  en  était  resté  le  seul  famé  et  que  cette 
»  famé  n'accusait  d'autre  que  lui  et  qu'elle  était  fixée 
»  sur  lui  seul  (1).  » 

Toutefois  l'instruction  avait  tenu  compte  de  ces 
bruits.  Les  quelques  restes  du  dossier  de  l'affaire,  qu'on 

(1)  Mémoire  de  Vavocat  Sartorius  à  Messieurs  les  Echevins  de  la 
justice  de  Liège,  1779,  p.  146. 


—  85  — 

conserve  au  dépôt  des  archives  de  Liège,  contiennent 
une  déposition  de  Hennet,  mis  à  la  question.  D'après 
cette  déposition,  arrachée  par  la  torture,  le  chanoine 
aurait  été  avec  lui  un  des  complices.  Mais,  après  la 
question,  Hennet  nia  toute  participation  au  crime,  de 
manière  que  cette  accusation,  dictée  par  les  souffrances, 
perdait  toute  créance  comme  venant  de  quelqu'un  qui 
n'avait  eu  aucune  connaissance  personnelle  de  l'attentat. 

Ce  fut  donc  sans  aucun  doute,  parce  qu'on  n'avait 
pas  de  preuves  suffisantes  de  sa  complicité,  que  le  cha- 
noine ne  fut  pas  inquiété  au  cours  du  procès. 

Dans  ces  circonstances,  au  moment  où  tout  espoir 
de  sauver  son  frère  semblait  perdu,  le  chanoine  fit,  le 
i3  mars  1777,  par  devant  notaire,  une  déclaration  dans 
laquelle  il  s'avoue  le  séducteur  et  l'unique  assassin  de 
Madeleine  Warrimont.  Il  donne  à  ce  sujet  des  détails 
circonstanciés  qui  ne  devaient  laisser  aucun  doute  aux 
juges  de  Henri.  Il  remet  cette  pièce  à  son  frère  l'avocat, 
puis  disparaît  pour  toujours. 

La  déclaration  du  chanoine  ne  produisit  pas  l'effet 
désiré.  Les  juges  n'y  virent  qu'une  dernière  manœuvre 
de  l'avocat  pour  arracher  son  frère  au  supplice.  Le 
procès  continua  et  la  condamnation  allait  être  pro- 
noncée. L'avocat  Sartorius  essaya  un  suprême  effort,  il 
composa  un  mémoire  pour  établir  l'innocence  du  pri- 
sonnier et  l'adressa  à  Messieurs  les  Echevins  de  la  jus- 
tice souveraine  de  la  cité  et  pays  de  Liège.  La  conviction 
des  magistrats  n'en  fut  pas  ébranlée:  le  27  février  1779 
ils  prononcèrent  contre  Henri  Sartorius  une  sentence 
de  mort,  qui  fut  exécutée  à  Visé,  au  lieu  du  crime, 
le  3  mars  suivant. 

Dans  le  courant  de  cette  année,  deux  brochures 
concernant  l'affaire  Sartorius  furent  publiées  à  Liège 
avec  la  fausse  rubrique  «  Londres.  »  Toutes  deux  sont 
devenues  fort  rares.  L'une  contient  le  mémoire  de 
l'avocat  Sartorius,  avec  des  observations  ajoutées  sans 
doute  par  les  juges;  l'autre  contient  le  récit  détaillé  du 


—  86  — 

crime  et  du  procès.  «  La  seconde,  »  dit  M.  Juste  dans 
une  brochure  dont  nous  allons  parler,  «  fut  publiée  en 
»  différentes  langues,  en  haine  des  privilèges  des  ecclé- 
»  siastiques  sous  l'ancien  régime.  »  Ces  deux  lignes 
nous  disent  assez  dans  quel  esprit  elle  fut  écrite. 

Le  souvenir  de  l'affaire  Sartorius  commençait  à  se 
perdre,  même  à  Visé,  lorsque  M.  Juste,  l'historien  aux 
opinions  variables,  la  remit  au  jour  dans  sa  brochure 
de  propagande  contre  la  justice  des  princes-évêques  de 
Liège.  Dans  cet  écrit,  il  ne  cherche  qu  a  rendre  le  cha- 
noine Sartorius  coupable  pour  pouvoir  accuser  les 
princes-évêques  et  leur  justice.  M.  Demarteau,  dans  une 
verte  réplique,  a  fait  ressortir  les  procédés,  peu  histo- 
riques et  peu  loyaux  de  cette  brochure  et  nous  a  donné 
ainsi  une  idée  de  la  justice  de  M.  Juste  dans  cette  affaire. 

11  y  a  quelques  mois,  M.  Fréson,  conseiller  à  la  cour 
d'appel  de  Liège  et  ancien  procureur  du  roi,  a  rapporté 
ce  fait  dans  une  étude  juridique  publiée  par  le  Journal 
de  Liège.  Loin  de  partager  lavis  de  son  corréligionnaire 
politique,  M.  Juste,  ce  jurisconsulte  semble  reconnaître 
l'innocence  du  chanoine.  «  A  son  avis,  cette  confession 
»  tardive  (du  chanoine)  n'était  qu'une  nouvelle  ma- 
»  nœuvre  de  l'avocat  Sartorius  pour  sauver  son  frère 
»  Henri.  Et  la  preuve,  c'est  que  les  échevins  de  Liège 
»  n'attribuèrent  pas  d'autre  importance  à  ce  document, 
»  qu'à  ceux  qui  avaient  été  produits  antérieurement.  » 

Cette  fameuse  déclaration,  au  lieu  d'être  un  aveu 
complet  des  turpitudes  et  du  crime  du  chantre  Sarto- 
rius, ne  constituerait  qu'un  acte  d'un  dévouement 
héroïque  mais  irréfléchi,  par  lequel  celui-ci  sacrifiait  sa 
réputation  et  salissait  sa  robe  religieuse  pour  arracher 
un  frère  coupable  à  la  honte  du  gibet. 

PRINCIPAUX  EMPLOYÉS. 

Le  chapitre  avait  à  son  service  un  homme  de  loi  qui 
remplissait  le  rôle  dejiscus.  Il  n'avait  pas  seulement  à 
s'occuper  des  litiges  du  chapitre  avec  des  particuliers, 


—  87  — 

parfois  il  devait  instruire  pour  le  doyen  des  causes 
contre  les  confrères  soupçonnés  ou  coupables  de  quel- 
que délit. 

En  1695,  deux  chanoines  qui,  depuis  quelque  temps 
vivaient  en  mésintelligence,  furent  accusés  par  la  rumeur 
publique  de  s'être  battus  en  duel  au  fusil  dans  la  cam- 
pagne. Dans  le  rapport  d'une  enquête  dont  il  avait  été 
chargé,  le  fiscus  Coelen  conclut  à  la  culpabilité  des 
accusés.  Ceux-ci  sont  cités  devant  la  communauté  et 
parviennent  après  de  longs  débats  à  prouver  leur  inno- 
cence, qui  fut  pleinement  reconnue  car,  peu  de  temps 
après,  un  des  deux,  Guillaume- François  de  Sluse,  fut 
élu  doyen. 

Deux  hebdomadaires  (prêtres),  des  suppôts  et  des 
choraux  assistaient  les  chanoines  dans  la  célébration 
et  le  chant  des  offices.  Les  hebdomadaires  avaient 
presque  toujours  juridiction  et  étaient  alors  les  confes- 
seurs de  la  communauté. 

Un  récepveur  ou  compteur  gérait  les  finances  du 
chapitre.  Dans  le  temps  c'était  toujours  un  chanoine, 
parfois  le  doyen  qui  remplissait  cette  fonction,  plus 
tard  elle  fut  confiée  à  des  laïques.  Le  compteur  ne  pou- 
vait faire  aucune  dépense  sans  Tordre  du  chapitre  ou 
du  doyen.  Deux  fois  par  an,  aux  réunions  capitulaires 
du  lendemain  de  la  Saint-Hadelin  et  de  la  Saint-Jean, 
il  devait  présenter  les  tableaux  complets  de  ses  recettes 
et  dépenses. 

En  dehors  de  ces  deux  assemblées  plus  importantes, 
le  chapitre  se  réunissait  encore  chaque  samedi  et  chaque 
fois  que  le  doyen  jugeait  à  propos  de  convoquer  la  com- 
munauté pour  une  cause  urgente.  Pour  que  ces  séances 
extraordinaires  fussent  légales,  il  fallait  que  tous  les  cha- 
noines y  fussent  invités  la  veille  par  le  bastonarius  juré. 

BIENS  ET  REVENUS. 

Du  vivant  de  saint  Hadelin  sa  communauté  avait 
déjà  acquis  quelques  biens,  grâce  aux  libéralités  de 


—  88  — 

Pépin  de  Herstal,  de  1  evêque  de  Liège  et  à  la  donation 
de  la  noble  Guiza  (i).  Un  empereur  d'Allemagne  du 
nom  de  Henri  lui  accorda  différents  droits  :  «  dédit 
»  tnonetam  cum  foro  et  mensuris  villae  Cellensis.  »  En 
reconnaissance  de  cette  donation,  les  chanoines  faisaient 
chaque  année  la  commémoraison  du  défunt  un  jour  de 
la  seconde  semaine  du  mois  .d'octobre  (2). 

Peu  à  peu  ses  biens  augmentèrent.  En  i338  les  cha- 
noines possédaient  la  dîme  de  Celles,  de  Franchimont 
et  de  différentes  localités  voisines  telles  que  Hulson- 
neau,  Nettines,  Foy-Notre-Dame,  Gendron,  Tressogne, 
Conjoux,  Fooz,  Scy,  Haversin,  etc.  Une  partie  de  ces 
revenus  devait  servir  à  l'établissement  de  trois  vicaires 
perpétuels  à  Celles,  le  reste  fut  conservé  par  le  chapitre 
après  sa  translation  à  Visé.  L'établissement  de  huit 
nouvelles  prébendes,  fait  à  cette  occasion,  donna  aux 
chanoines  de  Saint- Hadelin  une  partie  des  biens  de 
l'église  de  Visé,  entr 'autres  la  petite  dîme  de  la  ville  et 
la  grosse  dîme  de  Goirhé  (Devant-le-Pont).  Au  chapitre 
furent  alors  incorporées  cinq  cappelanies  avec  leurs 
biens.  Ces  biens  étaient  le  sixième  de  la  grosse  dîme 
d'Ans  et  la  petite  dîme  tout  entière,  celle  de  Lovenjoul 
(près  de  Louvain),  Antgarder,  etc.  Dans  la  suite  le  cha- 
pitre acquit  aux  environs  de  Visé  plusieurs  rentes  et 
immeubles,  tantôt  par  voie  de  donation  (comme  celle 
du  doyen  Sarrazin,  qui  fut  la  plus  importante),  tantôt 
par  voie  d'achat  et  de  fondation  d'anniversaire. 

Voici  comment  les  revenus  de  la  collégiale  de  Visé 
se  réparti ssaient  d'après  un  tableau  dressé  en  suite  de 
l'arrêté  du  22  vendémiaire  an  IV  : 

/  Rentes  du  chapitre    .     .       43 1  muids  d'épeautre. 

^  [  Rentes  pour  anniversaire.         44  » 

Rentes     )              r                -,     -  — :n£— 

<                                 Total  :  475               » 
eti  Errants    § 

e          '  f  Le  chapitre  devait.     .     .  32              » 

\  Restaient  :       443  » 

(1)  Abrégé  de  la  vie  de  saint  Hadelin. 

(2)  Vieux  registre  des  anniversaires  de  la  collégiale. 


—  89  — 

Rentes      (  Rentes  du  chapitre    .     .  2  aimes. 

en  vins.     [  Rentes  pour  fondations  .         1/2      » 

Rentes      (  Rentes  du  chapitre     .     .     3,375  florins. 
en  espèces.  \  Rentes  pour  fondations   .     i,652      » 

La  dîme  des  localités,  où  le  chapitre  la  percevait, 
montait  à  11, 225  florins;  celle  de  l'abbé  séculier,  1,600 
florins  ;  celle  de  l'écolâtre,  237  florins;  celle  du  prévôt, 
280  florins. 

Le  muid  d'épeautre  était  évalué  à  16  florins.  De 
manière  que  le  revenu  global  du  chapitre  (non  com- 
prises les  rentes  en  vins),  était  de  : 

6,768  florins  pour  rentes  en  nature. 

pour  rentes  en  espèces, 
produit  de  la  dîme, 
revenu  de  l'abbé, 
revenu  du  prévôt, 
revenu  de  l'écolâtre. 

Total 

Un  autre  tableau  donne  les  charges  du  chapitre 
consistant  en  rentes,  tailles,  contributions,  traitements 
du  personnel,  qui  montent  à  3,oo5  florins.  Si  à  cette 
somme  on  joint  les  revenus  de  l'abbé  séculier,  on  voit 
que  pour  les  vingt  chanoines,  il  restait  moins  de  20,000 
florins,  soit  moins  de  1 ,000  florins  par  chanoine,  y  com- 
pris le  casuel  des  anniversaires. 

Les  immeubles  que  le  chapitre  possédait  à  Visé  à 
titre  de  propriété,  et  comme  biens  de  fondation,  avaient 
une  contenance  totale  de  seize  bonniers,  six  verges 
grandes  et  quatorze  verges  petites.  Dans  ces  immeubles 
n'étaient  pas  comprises  les  maisons  des  chanoines,  qui 
généralement  leur  appartenaient  à  titre  personnel. 

Le  chapitre  louait  au  plus  oflrant  la  recette  de  ses 

dîmes  pour  un  terme  d'une  ou  plusieurs  années.  Cette 

location  était  annoncée  par  voie  d'affiches  dans  l'endroit 

même  et  dans  les  localités  voisines. 

Voici  dans  quelles  conditions  la  petite  dîme  de  Visé 

12 


4,027 

» 

11,225 

» 

i,652 

» 

280 

» 

275 

» 

24,227 

florins. 

—  90  — 

et  la  grosse  dîme  de  Goirhé  (Devant-le-Pont)  furent 
louées  pour  Tannée  1760-61.  L'obtenteur  doit  fournir 
une  caution  par  acte  réalisé,  il  doit  payer  dans  les  trois 
jours  le  vin  de  stuit,  la  cire,  1  écu  au  receveur  du  cha- 
pitre et  1  florin  à  son  bastonier;  en  cas  de  grêle  ou 
autres  dégâts,  il  obtiendra  une  remise  déterminée  par  le 
chapitre.  Les  rendeurs  se  réservent  la  confirmation  de 
la  reprise  et  la  pénultième  hausse  oblige  en  cas  que  le 
dernier  renchérisseur  serait  récusé.  Le  repreneur  doit 
se  servir  de  la  grange  du  chapitre  située  dans  la  ruelle 
du  Packhouse  et  payer  de  ce  chef  20  florins. 

Ceux  qui  doivent  un  arrérage  pour  les  dîmes  des 
années  précédentes,  ne  seront  pas  admis  à  hausser  à 
moins  que,  au  préalable,  ils  ne  soldent  leur  compte. 

La  location  se  faisait  à  la  cire,  ou  chandelle  ardente. 
Pour  la  dîme  de  Visé  le  vin  de  stuit  et  les  frais  à  payer 
au  delà  de  l'assise  sont  fixés  à  100  florins  brabant. 
L'assise  ou  mise  à  prix  est  de  5o  florins  brabant;  on 
ne  peut  hausser  que  par  5  florins.  Un  Thomas  Maes 
reste  adjudicataire  à  la  quinzième  hausse,  au  prix  de 
125  florins,  faisant  avec  le  vin  de  stuit  et  les  frais,  225 
florins. 

Les  deux  dîmes  de  Goirhé,  mises  à  prix  à  100  flo- 
rins, plus  80  florins  pour  vin  de  stuit  et  20  florins  de 
frais  pour  cire,  etc.,  restèrent  à  la  vingt-sixième  hausse 
de  5  florins.  Elle  revint  donc  de  3oo  à  33o  florins 
brabant. 

Assez  souvent  les  chapitres  des  églises  secondaires 
ont  été  jugés  défavorablement  ;  on  se  demande  jusqu'à 
quel  point  ce  jugement  général  est  vrai  pour  le  chapitre 
de  Visé. 

Nous  rappelons  d'abord  ce  que  nous  avons  dit  du 
chantre  Sartorius.  Nous  ajoutons  que  le  chanoine 
Magnée,  oubliant  son  caractère  sacerdotal,  embrassa 
avec  ardeur  les  idées  révolutionnaires  de  89  et  s'enrôla 
même  dans  le  corps  des  patriotes  franchimontois.  Plus 
d'une  fois  aussi  les  chanoines  regardèrent  comme  lettres 


—  91  — 

mortes  les  articles  de  leurs  statuts  qui  interdisaient  la 
chasse  et  l'entrée  des  cabarets.  Nous  regrettons  surtout 
les  tristes  dissensions,  qui  existèrent  longtemps  entre  le 
chapitre  et  les  plébans  ;  mais  nous  proclamons  aussi 
hautement  que  c'est  là  tout  ce  que  nous  avons  trouvé  à 
leur  charge  dans  toute  leur  existence  à  Visé. 

D'un  autre  côté  le  peu  que  nous  avons  rapporté  des 
principaux  dignitaires  de  la  collégiale,  permet  de  dire 
que  beaucoup  d'entre  eux  employaient  une  partie  de 
leurs  biens  à  faire  des  fondations  pieuses,  à  l'entretien 
de  leur  église  et  à  son  ameublement. 

D'autres  se  distinguaient  par  leur  désintéressement 
ou  leur  charité.  Le  prévôt  Jeghers  exerça  gratis  pen- 
dant vingt-quatre  ans  les  fonctions  de  directeur  des 
Sépulcrines.  Un  autre  chanoine  laissa,  par  son  testa- 
ment, une  somme  assez  considérable  destinée  à  conti- 
nuer à  perpétuité,  après  sa  mort,  les  distributions  qu'il 
avait  l'habitude  de  faire  de  son  vivant. 

Si  donc  on  doit  déplorer  quelques  rares  défaillances, 
si  l'on  doit  regretter  le  soin  excessif  avec  lequel  le  corps 
entier  défendit  parfois  ses  droits,  il  faut  reconnaître 
aussi,  que  dans  le  chapitre  de  Visé,  la  généralité  est 
sans  reproche  et  que  beaucoup  de  ses  membres  se  dis- 
tinguèrent par  leurs  vertus. 

LES  BÉNÉFICES. 

Dans  la  collégiale  de  Visé,  comme  dans  toutes  les 
églises  avant  la  révolution,  existaient  des  fondations 
appelées  bénéfices  ou  autels. 

Le  bénéficiaire  ou  recteur  célébrait  à  un  autel  érigé 
par  le  fondateur  en  l'honneur  de  quelque  saint,  le 
nombre  de  messes  fixées  par  la  volonté  du  testateur,  le 
plus  souvent  une  ou  deux  par  semaine.  Il  avait  l'admi- 
nistration et  percevait  les  revenus  des  biens  de  la  fon- 
dation. La  collation  des  bénéfices  de  l'église  de  Visé 
appartenait  au  curé  et  au  chapitre.  D'après  l'acte  de 


—  92  — 

translation  (i338)  cité  plus  haut,  le  pléban  conférait  les 
bénéfices  existants  avant  cette  date.  Ceux-ci.  et  aient  au 
nombre  de  deux,  celui  de  Notre-Dame  et  celui  de  Saint- 
Jean-Baptiste.  Assez  souvent  le  curé  ou  son  vicaire 
étaient  recteurs  d'un  de  ces  autels.  Le  pléban  Pironnet 
était  recteur  de  celui  de  Notre-Dame. 

L'autel  de  Notre-Dame  fut  fondé  vers  le  milieu  du 
xnie  siècle  par  «  Wathiers  fis  jadis  Monsengneur 
»  Pieron  Carot,  chevalier  et  dame  Sophie  sa  femme, 
»  qui  laissât  une  amoine  de  diz  et  neuf  boniers  de  terre 
»  peu  plus  ou  peu  moins,  lisquels  gisent  en  terroirs  de 
»  Viseit.  Sires  Gilles,  capellans,  dédit  à  teit  ki  siet  en 
»  l'église  de  Viseit  rend  en  1297  ces  biens  a  Saingnour 
»  délie  maison  de  Temples  de  Viseit  à  condition  de 
»  payer  à  cet  autel  chaque  année  3o  muids  de  spelte(i).  » 

L'origine  du  bénéfice  de  Saint-Jean-Baptiste,  ainsi 
que  ses  revenus,  nous  sont  inconnus. 

Quatre  autels,  fondés  après  i338,  étaient  à  la  colla- 
tion du  chapitre  ;  ceux  de  Saints-Pierre  et  Paul,  de 
Tous  les  Saints,  de  Saints-Georges  et  Sébastien  et  de 
Sainte-Catherine. 

La  nomination  à  ces  bénéfices  ne  se  faisait  pas  par 
la  communauté,  mais  par  le  chanoine  tournaire  (turna- 
rius),  c'est-à-dire  par  celui  qui,  pendant  la  semaine  du 
décès  d'un  bénéficier,  avait  son  tour  de  porter  chappe. 

D'après  le  même  arrangement,  se  faisaient  aussi  les 
nominations  des  suppôts,  choraux  et  tenants  du  cha- 
pitre à  Visé,  ainsi  que  celles  des  mayeurs  et  échevins 
des  justices  de  Franchimont,  etc.,  dépendantes  des 
seigneurs  chanoines  de  Visé. 

Le  nouveau  bénéficiaire  payait  un  droit  au  chapitre. 

Le  doyen  l'installait  d'après  les  usages  du  temps, 
en  présence  d'un  notaire  public  qui,  séance  tenante, 
dressait  procès-verbal  de  ce  qui  venait  de  se  passer. 
L'institution  se  faisait  par  la  tradition  du  missel  et  du 

(1)  Volume  manuscrit,  in-folio,  n°  188  de  la  bibliothèque  publique  de 
Liège,  cite  par  Henaux,  Bull,  de  V Institut  archéol.  liégeois,  t.  I,p.  340. 


—  93  — 

calice,  par  la  prise  de  possession  de  l'autel  dont  il  tou- 
chait les  quatre  coins.  Le  récipiendaire  prêtait  le  ser- 
ment suivant  : 

Ego,  N...,  juro  quod  obediens  ero  domino  decano  et  capitulo 
hujus  venerabilis  ecclesiae. 

Item  juro  quod  personaliter  residebo  in  altari  meo,  secundum 
mores  et  consuetudines  ecclesiarum  secundarum  Leodiensium,  nisi 
mecum  per  capitulum  fuerit  dispensatum,  videlicet  cum  toga  et 
superpelliceo. 

Item  juro  quod  bona  et  reditus  altaris  ad  quod  sum  admissus 
pro  posse  meo  manu  tenebo  et  quod  de  perd  i  ta  si  quae  fuerint  pro 
viribus  meis  recuperare  conabor. 

Sic  me  adjuvet  Deus  et  S.  Evangelia  (i). 

D'après  les  règles  donc  le  bénéficiaire  devait  être 
résident.  Toutefois  le  chapitre  accordait  assez  souvent 
des  placita  absentiae,  moyennant  un  droit  proportionné 
aux  revenus  du  bénéfice  et  alors  il  faisait  exonérer  les 
charges  de  la  fondation  par  un  de  ses  chanoines  ou 
hebdomadaires. 

Simon  Libotte,  d'abord  chanoine  à  Aix-la-Chapelle, 
puis  curé  à  Eben-Emael,  était  recteur  de  l'autel  Sainte- 
Catherine  et  payait  10  florins  pour  une  année  d'absence. 

Parfois  les  bénéficiaires  n'avaient  pas  encore  reçu  la 
prêtrise. 

L'autel  de  Sainte-Catherine  fut  fondé,  comme  nous 
lavons  vu,  en  1466,  par  le  doyen  Louis  Print.  La  plu- 
part des  biens  de  ce  bénéfice  étaient  situés  à  Mouland. 

Celui  de  Saints-Pierre  et  Paul  fut  fondé  par  Liber- 
tus  de  Meersen,  chanoine  et  écolâtre  en  i363.  De  peu 
de  revenus  au  commencement,  il  semble  avoir  été 
augmenté  par  un  autre  écolâtre,  Alexandre  de  Lopardia. 
Du  temps  de  Nicolas  Sarrazin  il  rapportait  vingt  muids. 
Ce  revenu  doublé  par  une  donation  de  ce  doyen  dont 
nous  avons  déjà  parlé,  consistait  en  rentes  sur  diffé- 
rentes terres  situées  aux  environs  de  Visé,  du  côté  de 
Berneau  et  sur  la  route  de  Feneur. 

(1)  Extractum  ex  statutis  capituli  Visetensis  (manuscriptis). 


—  94  — 

Le  bénéfice  de  Tous  les  Saints  sur  lequel  nous 
n'avons  aucun  renseignement  et  enfin  celui  des  Saints- 
Georges  et  Sébastien  dont  le  revenu  était  de  quarante 
muids  et  dont  le  titulaire  était  obligé  à  dire  cent  quatre 
messes. 

Il  y  avait  encore  une  fondation  dite  des  miches 
messes  (missarum  micharum),  ou  bénéfice  de  Saint- 
Hadelin  et  de  Sainte-Anne,  quoique  ce  ne  fût  pas  un 
véritable  bénéfice,  puisque  les  chanoines  et  hebdoma- 
daires en  déchargaient  alternativement  les  messes.  Cette 
fondation  avait  été  faite  par  Elisabeth,  veuve  de  Jean 
Lemaire  de  Hermalle,  vers  Tannée  i5i5. 

Anciennement,  d'après  un  arrangement  entre  le 
chapitre  et  un  boulanger,  les  revenus  en  grains  du  béné- 
fice étaient  remis  à  ce  dernier,  et  les  chanoines,  qui 
avaient  exonéré  les  charges  de  la  fondation,  recevaient 
leur  honoraire  en  pains  ou  miches  ;  de  là  le  nom  de 
miches  messes.  Entre  autres  traces  de  cet  arrangement, 
nous  trouvons  dans  le  registre  répertoire  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  le  titre  suivant  d'un  contrat  de  ce 
genre  :  «  Instrumentum  quo  arrendatur  Francisco 
»  nolis  pistori  officium  pinsandi  panem  missarum  mî- 
»  charum  quae  deliberantur  cuique  Domino  illas  cele- 
»  branti  cum  conditionibus  plurimis  ibi  insertis  A° 
»  1548.  »  Plus  tard  cet  arrangement  fut  supprimé  et 
les  miches  messes  devinrent  une  fondation  ordinaire. 

L'autel  de  Saint-Nicolas  établi  jadis  à  l'hôpital, 
avait  été,  on  la  vu,  incorporé  au  décanat. 

Tous  les  bénéfices  furent  supprimés  par  la  Révolu- 
tion française  et  leurs  biens  confisqués. 

IV. 

AUTRES   INSTITUTIONS   RELIGIEUSES 

DE  LA  PAROISSE. 

Dans  le  cours  des  temps,  diverses  institutions  reli- 
gieuses et  monastiques  furent  établies  à  Visé.  Quelques- 
unes  disparurent  il  y  a  des  siècles,  la  plupart  existèrent 


—  95  — 

jusqu'à  la  Révolution  française.  Nous  les  ferons  con- 
naître successivement  en  suivant  Tordre  chronologique 
de  leur  origine. 

LE  TEMPLE  (l). 

Les  templiers,  qui  selon  les  circonstances  portaient 
robe  de  moine  ou  armure  de  chevalier,  vinrent  à  Visé 
vers  le  milieu  du  XIIIe  siècle.  Wathier  Carot,  chevalier, 
et  dame  Soffie,  sa  femme,  leur  firent  don  de  la  maison 
ou  du  manoir  qu'ils  possédaient  sur  la  hauteur  voisine 
de  la  ville  et  qui,  depuis  lors,  a  toujours  porté  le  nom 
de  Temple.  L'existence  de  ces  moines-militaires  ne  fut 
pas  de  longue  durée  dans  leur  nouveau  séjour.  Leur 
ordre  fut  supprimé  en  i3i2  et  leurs  biens  attribués  aux 
chevaliers  de  Saint-Jean,  appelés  plus  tard  chevaliers 
de  Malte. 

Dans  une  nouvelle  intitulée  le  Templier  de  Visé, 
M.  Marcellin  Lagarde  place  son  sujet  au  moment  où  le 
vieux  manoir  va  perdre  ses  seigneurs  militaires.  Il  fait 
disparaître  le  Temple  dans  un  vaste  brasier  allumé  par 
le  désespoir  d'un  novice  amoureux.  Cette  œuvre  d'ima- 
gination, lue  par  un  assez  grand  nombre  de  Visétois,  a 
donné  naissance  à  une  légende  toute  moderne,  qui  re- 
présente les  templiers  comme  livrés  à  la  débauche  et 
rapporte  la  destruction  tragique  de  leur  maison.  Bien 
souvent  les  vieilles  traditions  et  les  anciennes  légendes 
ont  fourni  des  sujets  à  nos  romanciers  et  à  nos  auteurs 
de  nouvelles  ;  les  romans  historiques  pourraient  bien,  à 
leur  tour,  créer  de  belles  mais  fausses  traditions. 

L'ordre  de  l'hôpital  de  Saint-Jean  était  déjà  en  pos- 
session du  temple  en  i3i8.  Les  nouveaux  propriétaires 
n'habitèrent  jamais  leur  domaine  de  Visé.  En  1 3 1 8  ils  le 
louèrent  «  à  nos  bons  foiables  et  amis  homme  révèrent 
»  monsigneur  Wautier  condit  de  Le  Sauth,  chevalier 
»  et  ma  dame  Penthecoste  sa  femme  pour  tenir   et 

(i)  V.  .F.  Henaux,  Le  Temple  de  Visé  dans  le  Bull,  de  VInstitut 
archéol.  liégeois,  t.  I,  p.  338. 


—  96  — 

»  avoir  tout  le  cours  de  leurs  dois  vies  et  dou  dierain 
»  vivant  dious  dois.  »  Plus  tard  «  la  dite  maison  et 
»  court  fut  baillé  et  octroyé...  à  noble  homme  messire 
»  Adam  de  Kerckem,  chevalier  (i).  »  Déjà  en  i5oo  ce 
n'étaient  plus  des  seigneurs,  mais  de  simples  fermiers 
qui  occupaient  l'ancien  Temple  et  qui,  sans  doute,  lais- 
saient tomber  en  ruines  le  vieux  manoir.  Maintenant  il 
n'en  reste  plus  le  moindre  vestige,  quoique  M.  Henaux 
dise  «  qu'il  est  toujours  debout.  »  A  côté  de  la  ferme 
actuelle  il  y  a  un  légumier  de  forme  carrée,  entouré 
d'un  fossé  qui  pourrait  bien  être  l'emplacement  du  don- 
jon des  templiers.  Le  bâtiment  de  ferme,  qui  porte  tou- 
jours le  nom  de  Temple,  a  été  construit  à  différentes 
époques  du  XVIIe  et  xvme  siècle.  Il  comprenait  jadis 
une  chapelle  dédiée  à  Saint- Eloi,  qui  a  donné  son  nom 
à  la  voie  de  Saint-Eloi,  conduisant  à  la  campagne  dans 
la  direction  de  Bombaye.  L'ancienne  statue  de  saint 
Eloi  de  cette  chapelle,  se  trouve  maintenant  dans  celle 
de  Mons. 

Ce  qui  frappe  dans  l'histoire  du  Temple  c'est  que  de 
i5oo  jusqu'à  la  révolution,  deux  familles  seulement,  les 
Slenacken,  puis  les  Dodémont,  occupèrent  cette  ferme 
des  seigneurs  de  Malte.  Ce  fait  montre  quelques  bons 
côtés  de  l'ancien  régime  :  la  bonne  entente  entre  les  sei- 
gneurs et  leurs  locataires,  la  longévité  des  familles  et  la 
stabilité  des  fortunes. 

Les  biens  de  l'ancien  Temple,  devenus  la  propriété 
de  la  commanderie  de  Villers-Ie-Temple,  consistaient 
en  94  bonniers  et  14  verges  grandes  de  terre,  situés 
en  grande  partie  entre  le  Temple  et  Bridgebook,  26 
muids  d'épeautre  de  trécens,  71  sols  et  7  deniers  de 
cens,  69  chapons  et  2  poules.  Avant  1467  le  Temple 
possédait  encore  dans  la  ville  quelques  maisons,  qui 
furent  détruites  à  cette  date  par  les  troupes  de  Charles- 

(1)  Document  cité  par  Henaux,  Bull,  de  V Institut  archéoL  liégeois, 
t.  I,  p.  341. 


—  97  — 

le-Téméraire  (i).  D'autre  part  le  Temple  devait  diffé- 
rentes redevances  à  la  cathédrale  de  Saint-Lambert,  à 
l'autel  de  Notre-Dame  établi  dans  l'église  de  Visé,  etc. 
Le  Temple  fut  vendu  comme  bien  national  sous  la 
Révolution  française. 

LES  SÉPULCRINES. 

«  Le  24  février  1616  s'est  commencée  la  fondation 
»  du  nouveau  couvent  du  Saint-Sépulcre  en  la  ville  de 
»  Viset  sur  Meuse,  pays  de  Liège,  et  ce  par  la  permis- 
»  sion  de  son  Alteze  Serenissime  Ferdinant  de  Bavière 
»  et  son  vicaire  au  diocèse  de  Liège,  le  sieur  Chapea- 
»  ville.  Les  religieuses  qui  ont  commencé  ceste  fondation 
»  sont  sortie  de  la  maison  du  Saint-Sépulcre  en  la  ville 
»  de  Liège  proche  l'église  Saint-Hubert.  La  supérieure 
«  se  nommoit  Anne  Stapelle,  la  2mc  sœur  Marie  Dif- 
»  fuy  et  la  3me  estant  une  donate  se  nommoit  sœur 
»  Catherine  Lathomi  et  la  4me  estoit  une  sœur  laije 
»  nommée  sœur  Marie  Thour,  toute  4  Liégeoise  de 
»  nation  (2).  » 

Ces  quatre  Sépulcrines  avaient  acheté  un  terrain 
dans  la  rue  actuelle  du  Collège,  qui  alors  s'appelait  rue 
tendante  de  la  porte  postiche  au  marchettet  qui  bientôt 
reçut  le  nom  de  rue  des  Religieuses. 

Pendant  la  construction  du  nouveau  couvent  les 
Sépulcrines  s'installèrent  dans  des  locaux  provisoires  et 
y  ouvrirent,  d'après  le  but  de  leur  ordre,  un  pensionnat 
et  un  externat  pour  la  jeunesse  de  Visé. 

(  1  )  Registre  de  la  commanderie  de  Villers-le-  Temple,  aux  archives 
de  l'Etat  à  Liège. 

(2)  Publications  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  duché 
de  Limbourgy  t.  VI . 

Extrait  d'un  registre  intitulé  :  Livre  des  privilèges  de  V Ordre  du 
Sépulcre  de  Hasselt,  recueilli  par  la  révérende  mère  Hélène  d'Enkevaert 
et  la  supérieure  sœur  Marie  de  Liverlo,  Tan  i652,  cité  par  M.  Daris, 
dans  son  étude  sur  l'Ordre  du  Saint-Sépulcre  au  diocèse  de  Liège.  Hélène 
d'Enkevaert  et  Marie  de  Liverlo  étaient  deux  anciennes  religieuses  de 
Visé  qui  commencèrent  les  maisons  de  Maestricht  et  de  Hasselt. 

13 


—  98  — 

Anne  Stapel  sut  donner  à  sa  jeune  institution  une 
grande  ampleur  et  une  étonnante  prospérité.  Avec  les 
ressources  dont  elle  disposait  à  son  arrivée  et  avec  les 
secours  qu'elle  sut  se  procurer,  elle  fit  construire  en 
quelques  années  tous  les  locaux  qui  abritent  maintenant 
l'école  moyenne  de  l'Etat  à  Visé.  La  chapelle,  qui  sert 
de  salle  de  distribution  des  prix,  fut  construite  en  1617. 
Sa  porte  extérieure  présente  un  curieux  ensemble  de 
simplicité  et  d'originalité  :  elle  est  surmontée  des  armoi- 
ries du  prince-évêque,  et  ornée  de  plusieurs  écussons 
aux  armes  de  la  ville,  des  de  Sluse,  etc.  Une  inscription 
rappelle  la  date  et  les  noms  des  bourgmestres  de  cette 
année.  Saumery,  dans  les  Délices  du  pays  de  Liège, 
admire  la  beauté  de  cette  chapelle.  «  Sa  voûte  de  stuc,  » 
dit-il,  «  est  un  chef-d'œuvre  de  délicatesse  et  de  goût.  » 
Une  épaisse  couche  de  plâtre,  la  couvre  depuis  des 
années,  mais  ne  cache  pas  complètement  les  gracieux 
dessins  qui  la  décorent.  Une  tour  légère  et  élégante, 
bâtie  en  1623,  surmonte  l'édifice  et  lui  enlève  quelque 
peu  de  cette  austère  gravité  qui  caractérise  l'ensemble 
des  constructions. 

La  première  supérieure  des  religieuses  du  Saint- 
Sépulcre  déploya  dans  la  conduite  de  sa  communauté, 
les  qualités  dont  elle  avait  donné  des  preuves  dans 
l'établissement  de  sa  maison.  L'ordre  et  la  régularité 
qu'elle  y  faisait  régner,  éclatent  dans  les  registres  des 
recettes  et  des  dépenses  du  couvent  tenu  par  la  sœur 
économe  avec  le  plus  grand  soin.  S'ils  ne  sont  pas 
dressés  d'après  les  règles  de  la  comptabilité  moderne, 
ils  nous  permettraient  cependant  de  refaire  exactement 
les  comptes  annuels  du  couvent. 

Grâce  à  cette  bonne  direction,  la  jeune  communauté 
ne  cessa  de  prospérer.  Le  nombre  des  religieuses  s'était 
accru  rapidement.  Bientôt  le  couvent  de  Visé  put 
songer  à  l'établissement  de  nouvelles  maisons.  «  Hors 
»  de  la  susditte  maison  de  Viset  sont  sorties  le  6  août 
»   J622  sœur  Marie  Diffuys  et  sœur  Catherine  Difluys 


—  99  — 

»  et  sœur  Odile  Doupey  et  sœur  Marie  Francotte  et 
»  sont  aller  commencer  la  belle  fondation  d'un  cou- 
»  vent  de  Tordre  du  Saint-Sépulcre  en  la  ville  de 
»  Charleville,  diocèse  de  Rheims  (1).  » 

Quatre  ans  plus  tard  Anne  Stapel  put  fournir  des 
religieuses  pour  deux  nouvelles  communautés,  celle 
d'Aix-la-Chapelle,  qui  eut  pour  première  supérieure 
sœur  Clémence  d'Ombrez,  native  de  Visé,  et  celle  de 
Maestricht. 

L'établissement  de  la  maison  de  Maestricht  se  fit  à 
la  demande  et  aux  frais  de  la  gouvernante  Isabelle. 
«  Celle-ci  arriva  le  27  juillet  1627  en  cette  ville,  accom- 
»  pagnée  de  plusieurs  religieuses  de  la  communauté  de 
»  Visé,  les  installa  solennellement  dans  la  partie  du 
»  couvent,  qui  se  trouvait  déjà  achevée  et  leur  procura 
»  dans  la  suite  les  moyens  de  continuer  la  construc- 
»  tion  du  couvent  et  de  l'église  (2).  »  Hélène  d'Encke- 
vaert,  sœur  du  feld-maréchal  de  l'empire  Adrien 
d'Enckevaert,  et  cousine  germaine  de  saint  Jean  Berch- 
mans,  en  fut  la  première  supérieure  ;  parmi  les  reli- 
gieuses qu'elle  avait  amenées  de  Visé  se  trouvait  une 
Visétoise  du  nom  de  Marie  Wathelet  (3). 

Anne  Stapel  dirigea  pendant  vingt-six  ans  la  maison 
qu'elle  avait  fondée,  comme  le  dit  l'inscription  de  sa 
pierre  tombale  conservée  dans  les  cloîtres  de  l'école 
moyenne  : 

Icy  repose  i**  mère  s.  Anne 

Stapel,  premier  prieuses  de  ce 

couvent  decedee  le  19  xbre  1642 

ayant  régente  ceste  maison 

26  ans. 

Elle  avait  été  puissamment  secondée  dans  ses  efforts 
et  ses  entreprises  par  le  chanoine  Lambert  Jeghers, 
prévôt  du  chapitre  de  Visé,  qui,  nous  l'avons  dit,  com- 

(1)  Registre  précité. 

(2)  Annuaire  de  la  province  de  Limbourg,  année  i83i. 

(3)  Registre  précité. 


—  400  — 

posa  plusieurs  ouvrages  de  piété  à  l'usage  de  la  com- 
munauté dont  il  était  le  directeur.  Jeghers  fut  enterré 
dans  le  couvent.  Voici  son  épitaphe  : 

A  mémoire  de  R.  seign. 

Lambert  Jeghers  vivant 

chanoine  prevost  de 

Vise  premier  directeur 

et  confesseur  de  céans 

laquelle  charge  il  a 

exerce  par  charité  Tespa 

ce  de  24  ans  et  est  decede 

le  5  de  janvier  r  640  âge  de 

70  ans.  priez  Dieu  pr  son  ame. 

Les  religieuses  venues  à  Visé  sous  la  conduite 
d'Anne  Stapel  étaient  connues  sous  différentes  dénomi- 
nations. Parfois  on  les  désignait  sous  le  nom  de  reli- 
gieuses des  bons  enfants  (i)  ;  parfois  sous  celui  de  cha- 
noinesses  du  Saint-Sépulcre.  Le  plus  souvent  on  les 
appelait  Sépulcrines  :  c'est  ce  nom  qui  a  été  conservé 
jusqu'à  nos  jours. 

Prospère  dès  le  commencement,  la  maison  resta 
digne  de  son  début;  en  i656,  elle  établit  une  nouvelle 
dépendance  à  Jupille.  L'école  et  le  pensionnat  con- 
tinuèrent à  donner  l'éducation  à  un  nombre  assez 
considérable  de  jeunes  filles.  Le  noviciat  ne  cessa  de 
recevoir  de  nombreuses  postulantes  ;  un  tableau  de 
population  du  XVIIe  siècle  accuse  une  communauté  de 
quarante  religieuses.  Des  demoiselles  des  meilleures 
familles  de  Visé  y  prirent  le  voile  et  s'y  consacrèrent  au 
service  de  Dieu  et  à  l'instruction  de  la  jeunesse.  Leurs 
dots  et  les  fondations  faites  en  faveur  du  couvent 
accrurent  sa  fortune  immobilière,  qui  constitue  main- 
tenant la  dotation  de  l'école  moyenne.  Quand,  en  1797, 
les  ordres  monastiques  et  les  congrégations  religieuses 

(1)  A  cause  du  couvent  des  Bons  Enfants  de  Liège  dont  elles  étaient 
sorties. 


—  101  — 

furent  supprimés  dans  notre  pays  par  le  régime  répu- 
blicain, les  Sépulcrines  échappèrent  à  redit  de  suppres- 
sion, à  cause  du  caractère  de  communauté  enseignante 
de  leur  maison. 

Une  tradition  rapporte  à  ce  sujet  que  la  supérieure, 
mère  Leroux,  se  présenta  devant  l'empereur  Napoléon 
de  passage  dans  notre  pays  et  obtint  de  lui  le  maintien 
de  son  établissement.  Cette  tradition  est  évidemment 
fausse  dans  ses  détails,  mais  donne  une  idée  des  efforts 
et  des  démarches  que  fit  cette  supérieure  pour  conser- 
ver l'existence  de  la  communauté.  La  mère  Leroux, 
connue  depuis  sous  le  nom  de  dame  Leroux,  continua 
jusque  bien  avant  sous  le  régime  hollandais  à  instruire 
la  jeunesse  de  Visé  avec  les  dernières  survivantes  de  ses 
religieuses.  De  vieilles  Visétoises,  qui  l'ont  eue  comme 
maîtresse,  en  parlent  encore  avec  respect  et  reconnais- 
sance. 

LES  RÉCOLLETS  (l). 

Déjà  avant  i6oo,  des  Pères  Récollets  et  Dominicains 
venaient  alternativement  à  Visé  prêcher  les  stations  du 
Carême  et  de  l'A  vent. 

En  1624,  un  couvent  de  Récollets  avait  été  établi  à 
Bolland.  «  Des  religieux  de  Bolland  se  rendaient  tous 
»  les  samedis  à  Visé  pour  y  entendre  les  confessions  et 
»  y  prêcher  le  lendemain  la  parole  de  Dieu.  Le  magis- 
»  trat  de  la  ville,  appréciant  l'utilité  de  leurs  travaux  les 
»  autorisa,  le  18  juin  i638,  à  y  établir  une  communauté 
»  de  leur  ordre.  Cette  communauté  ne  fut  dans  le 
»  principe  qu'une  dépendance  du  couvent  de  Bolland. 
»  Le  chapitre  provincial  tenu  à  Namur,  en  1646,  la 
»  rendit  indépendante  de  ce  dernier  (2).  » 

Le  premier  établissement  des  Pères  Récollets  avait 
été  très  favorablement  accueilli  par  le  clergé,  le  magis- 

(i)  Archives  de  la  paroisse. 

(1)  Dans,  Histoire  du  diocèse  et  de  la  principauté  de  Liège  au  XVII* 
siècle,  t.  II,  p.  346. 


—  102  — 

trat  et  le  peuple.  La  décision  qui  le  déclara  indépen- 
dant du  couvent  de  Bolland  ne  rencontra  de  résistance 
que  de  la  part  de  la  communauté-mère,  qui  voulait  con- 
server ses  droits  sur  la  maison  de  Visé. 

De  i63g  à  i65o,  les  Pères  Récollets  occupèrent  une 
habitation  provisoire.  Le  3o septembre  i65o,  la  première 
pierre  du  nouveau  couvent  fut  posée  en  présence  des 
bourgmestres  et  de  toutes  les  notabilités  de  la  ville.  On 
n'acheva  d'abord,  faute  de  ressources,  qu'une  partie 
des  bâtiments.  Différentes  personnes  généreuses,  entre 
autres  la  noble  Marie-Sibylle  de  Plettemberck,  dame  de 
la  Rochette,  contribuèrent  par  leurs  dons  à  l'érection 
de  l'édifice. 

Pendant  ces  temps  troublés  par  les  guerres  entre 
l'Espagne  et  les  Provinces  unies,  les  pays  d'Outre-Meuse 
furent  longtemps  occupés  par  les  troupes  hollandaises. 
Le  régime  protestant  y  rendit  alors  bien  difficile  l'exer- 
cice du  culte  catholique.  Aussi  voit-on  les  habitants 
des  localités  voisines  accourir  en  grand  nombre  à  Visé, 
chez  les  Pères  Récollets,  pour  y  remplir  leurs  devoirs 
religieux.  Dans  le  cours  d'une  année  il  y  eut  quatorze 
mille  communions.  Ces  motifs  déterminèrent  beaucoup 
de  notables  Visétois  et  de  seigneurs  voisins  à  promettre 
leur  généreux  concours  pour  l'érection  d'une  église  spa- 
cieuse, qui  remplacerait  la  chapelle  provisoire.  Ce  pro- 
jet, si  peu  sujet  à  critique  à  première  vue,  rencontra 
une  assez  vive  résistance  de  la  part  du  chapitre,  du 
pléban  et  du  magistrat. 

Le  chapitre  et  le  pléban  craignaient  que  la  nouvelle 
église  conventuelle  n'attirât  un  trop  grand  nombre  de 
personnes  aux  offices  religieux  et  ne  nuisît  ainsi  à  la  vie 
paroissiale.  De  plus,  disaient-ils,  les  droits  de  l'église 
paroissiale  pourraient  souffrir  dans  les  questions  d'ob- 
sèques ou  d'enterrements.  Ils  jugeaient  enfin  avec  le 
magistrat  que,  après  la  construction  de  l'église,  le 
nombre  des  religieux  pourrait  augmenter  et  devien- 
drait ainsi  une  charge  pour  la  ville. 


—  103  — 

Dans  leur  réponse,  les  Pères  Récollets  font  valoir  les 
services  religieux  qu'ils  rendent  à  Visé  et  aux  environs. 
Ils  citent  le  nombre  des  communions  annuelles  faites 
dans  leur  chapelle.  Ils  rappellent  qu'en  1648  Ferdinand 
de  Bavière  y  communia  deux  fois  pendant  son  séjour  à 
Visé  à  l'occasion  de  la  Portioncule.  Ils  ajoutent  qu'ils 
ne  vont  à  la  collecte  du  pain  en  ville  qu'une  fois  tous 
les  quatre  mois.  En  ce  moment,  disent-ils  encore,  dix- 
sept  Visétois  sont  religieux  dans  des  couvents  de  leur 
ordre.  Enfin,  ils  s'obligent  à  ne  pas  dépasser  le  nombre 
treize  pour  les  religieux  résidents.  Ce  dernier  engage- 
ment brisa  l'opposition  du  magistrat. 

Le  prince-évêque  envoya  alors  son  conseiller,  le 
chanoine  René  de  Sluse,  originaire  de  Visé,  pour  exa- 
miner l'affaire  et  en  faire  rapport.  L'envoyé  épiscopal 
parvint  à  faire  accepter  un  arrangement,  qui  régla  la 
question  des  offices,  des  prédications,  des  sépultures  et 
obsèques  et  qui  aplanit  ainsi  toutes  les  difficultés.  Cet 
accord  fut  approuvé  par  le  prince  qui,  en  môme  temps, 
autorisa  la  maison  à  édifier  l'église  conventuelle.  Les 
fondements  du  nouveau  temple  furent  jetés  en  1662, 
La  principale  bienfaitrice  des  Pères  Récollets,  en  cette 
circonstance,  fut  encore  la  dame  de  la  Rochette,  qui 
leur  fit  un  don  de  2,000  florins.  Toutes  les  notabilités 
du  pays  contribuèrent  généreusement  à  l'exécution  de 
cette  pieuse  entreprise.  Parmi  les  bienfaiteurs  citons 
l'abbé  du  Val-Dieu,  Simon  Ranst,  licencié  es  droits, 
qui  donna  six  beaux  arbres  pour  faire  des  sommiers  ; 
M.  de  Sarolay  de  Cheratte  qui  fournit  des  pierres,  de 
la  chaux  et  des  briques;  la  famille  de  Charneux,  etc.  ; 
chaque  pontonnier  de  Visé  fournit  un  chêne  pour 
sommier.  La  nouvelle  église  fut  consacrée  à  sainte 
Marie-Madeleine  et  les  armoiries  de  la  principale  bien- 
faitrice furent  placées  au  haut  du  chœur. 

En  1681,  on  acheva  les  bâtiments  du  couvent  grâce 
à  la  libéralité  de  Bartholomé  de  Charneux,  bourgmestre 
de  Visé  et  receveur  général  de  Son  Altesse.  Pour  perpé- 


-  104  — 

tuer  le  souvenir  de  ce  bienfait,  les  Pères  Récollets  firent 
placer  dans  la  façade  du  nouvel  édifice  une  pierre  avec 
l'inscription  suivante  : 

Honorable  Bartholomé 

de  Charneux  escuyer 

seigneur  de  Warsage 

fondateur  de  ce  couvent. 

Cette  pierre  surmonte  maintenant  la  porte  princi- 
pale d'une  maison  bâtie  sur  l'emplacement  de  l'an- 
cienne église  conventuelle. 

Les  Pères  Récollets  continuèrent  à  se  livrer  avec  zèle 
aux  devoirs  de  leur  ministère  à  Visé  et  aux  alentours. 
Ils  instituèrent  dans  leur  église  une  confrérie  du  Tiers- 
Ordre  de  Saint-François  sous  le  patronage  de  la  bien- 
heureuse Rose  de  Lima. 

En  1737,  ils  ouvrirent  une  école  d'humanités  qui 
fut  fermée  à  l'arrivée  des  Oratoriens  en  1750. 

Le  prince-évêque  Charles  d'Oultremont,  choisit  le 
père  Hamoir,  gardien  du  couvent  vers  1775,  comme 
son  confesseur  et  examinateur  synodal,  et  prouva  ainsi 
la  haute  estime  qu'il  avait  pour  les  religieux  visétois. 

En  1796,  le  couvent  fut  supprimé  et  vendu.  Quel- 
ques religieux  le  rachetèrent  au  prix  de  8,65o  florins 
au  moyen  des  bons  qui  leur  furent  accordés  par  le 
gouvernement.  Le  père  Delhez,  qui  administra  la 
paroisse  en  l'absence  du  curé  d'Aoust  émigré,  et  qui 
devint  plus  tard  vicaire  de  Visé,  légua  sa  part  dans 
l'immeuble  au  bureau  de  bienfaisance. 

Plus  tard  l'ancien  couvent  fut  acheté  par  une 
société,  qui  y  installa  une  fabrique  de  sucre  après 
avoir  abattu  l'église.  Maintenant  il  sert  d'habitation 
particulière. 

L'ancien  couvent  formait  un  carré,  dont  l'habitation 
actuelle  de  M.  Max  Horion  constituait  le  côté  occi- 
dental. L'église  à  une  nef,  dans  le  genre  de  celle  des 
Récollets  de  Saint-Trond,  formait  le  côté  oriental  et 


—  105  — 

longeait  la  rue  actuelle.  La  maison  habitée  par  M.  le 
docteur  Labeye  est  bâtie  sur  remplacement  du  parvis, 
qui  donnait  accès  à  l'église  et  aux  cloîtres.  On  voit 
encore  dans  la  façade  de  cette  maison,  au-dessous  de 
la  pierre,  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure,  les  restes 
de  la  porte  d'entrée  du  parvis. 

LES  CONCEPTIONN1STES. 

«  La  communauté  des  Conceptionnistes  établie  au 
»  faubourg  d'Amercœur  en  1643  se  divisa  en  deuxpar- 
»  ties  en  1681.  Six  d'entre  elles  allèrent  s'établir  à  Visé. 
»  Leur  principale  bienfaitrice  fut  Marguerite  Gangeur, 
»  veuve  de  Jean  de  Stenval,  un  des  commissaires  de  la 
»  cité.  Cette  nouvelle  communauté  n'y  prit  pas  grande 
»  consistance  :  aussi  demanda-t-elle,  en  1691,  à  pouvoir 
»  s'établir  à  Liège.  Plusieurs  chanoines  du  chapitre 
»  émirent  l'avis  qu'il  valait  mieux  que  les  Concep- 
»  tionnistes  de  Visé  rentrassent  dans  leur  ancien  cou- 
»  vent  et  se  réunissent  à  leurs  anciennes  consœurs. 
»  Toutefois,  le  9  mai,  il  les  autorisa  à  s'établir  en 
»  Bêche  à  Liège,  sous  condition  de  vendre  leur  im- 
»  meuble  de  Visé  à  un  séculier  (1).  » 

On  n'a  pas  gardé  le  moindre  souvenir  de  ce  cou- 
vent. D'après  un  acte  des  archives  de  la  ville,  qui  ne 
fait  que  le  mentionner,  il  devait  se  trouver  près  des  rem- 
parts, du  côté  de  la  Chinstrée. 

LES  CARMES  DE  DEVANT-LE-PONT. 

«  Les  Carmes  déchaussés,  qui  avaient  obtenu  de 
»  l'empereur  d'Allemagne  l'autorisation  d'établir  un 
»  nouveau  couvent  de  leur  ordre  dans  la  principauté 
»  de  Liège,  s'adressèrent  d'abord  au  chapitre  (de  la 
»  cathédrale)  qui  leur  refusa  son  consentement.  Après 
»  bien    des   instances,   ils    obtinrent   les  permissions 

(1)  Daris,  Histoire  du  diocèse  et  de  la  principauté  de  Liège  au  XV11* 

siècle,  t.  II,  p.  23o. 

14 


-  106  — 

»  nécessaires  pour  s'établir  à  Visé  Devant-le-Pont  (le 
»  2  mars  et  6  avril  1691)  mais  sous  les  conditions  sui- 
»  vantes  : 

»  Ils  feront  le  catéchisme  aux  enfants  ; 

»  Ils  prêcheront  les  dimanches  et  jours  de  fêtes  ; 

»  Ils  s'abstiendront  de  quêter; 

»  Ils  ne  pourront  acquérir  ni  rentes  foncières,  ni 
»  biens  fonds  autres  que  l'emplacement  du  couvent  ; 

»  Ils  rempliront  les  charges  de  la  donation  leur  faite 
»  par  la  veuve  du  commissaire  Honlet  ; 

»  Ils  fixeront  le  nombre  de  leurs  religieux  'd'après 
»  les  revenus  de  cette  donation. 

»  Les  Carmes  se  conformèrent  à  ces  conditions  et 
»  s'établirent  à  Devant-le-Pont  (1).  » 

Ils  y  construisirent  un  vaste  couvent  où  ils  instal- 
lèrent leur  noviciat  et  une  église  conventuelle,  simple 
mais  élégante,  qui  fut  jusqu'à  la  révolution  française 
l'église  habituelle  des  Visétois  de  Devant-le-Pont. 

Nous  n'avons  rien  trouvé  concernant  l'existence  des 
Carmes  dans  cette  nouvelle  maison. 

Le  gouvernement  vendit  l'enclos  comprenant  un 
bonnier  quatorze  verges.  Le  père  Thonnard  le  racheta 
au  prix  de  17,325  livres.  Depuis  il  passa  à  des  particu- 
liers. Le  couvent  a  été  converti  en  maisons.  L'ancienne 
église  conventuelle,  acquise  par  la  ville,  fut  rendue  au 
culte  et  devint  paroissiale  en  1842. 

La  bibliothèque  des  Carmes  doit  avoir  été  assez 
riche.  A  la  fin  de  Tannée  1798,  l'administration  du  dé- 
partement de  POurthe  «  informée  qu'il  en  existait 
»  encore  des  restes  considérables  à  Visé  chargea  Simon 
»  Pirnea  de  les  saisir  et  de  les  faire  transporter  à 
»  Liège  (2).  » 

(1)  Daris,  Histoire  du  diocèse  et  de  la  principauté  de  Liège  au  XVII* 
siècle,  t.  II,  p.  238. 

(2)  Daris,  Histoire  du  diocèse  et  de  la  principauté  de  Liège  au  XVII* 
siècle,  t.  III,  p.  25o. 


—  107  — 


LES  ORATORIENS. 


L'établissement  des  Pères  Oratoriens  à  Visé  est  de 
date  assez  récente. 

En  1750,  Gilles-Lambert  de  Villenfagne,  seigneur 
de  Vogelsanck,  offrit  de  leur  fournir  une  maison  pour 
l'érection  d'un  collège.  Le  chapitre  de  la  cathédrale 
donna  son  consentement  le  14  octobre  1750  sous  la  con- 
dition que  les  religieux  ne  seraient  jamais  à  charge  au 
public.  L'évêque  érigea  l'établissement  le  7  janvier  1751. 

Le  généreux  donateur  avait  acheté  pour  l'installation 
du  futur  collège,  un  bâtiment  de  ferme  dite  la  grande 
courte  qui  était  situé  dans  la  rue  appelée  alors  des 
Religieuses;  il  fournit  en  outre  aux  Oratoriens  6,000 
florins  pour  frais  d'établissement. 

«  Cette  nouvelle  maison  d'éducation  devint,  »  dit 
M.  Henaux,  ce  la  meilleure  du  pays  ;  »  plus  loin  au 
chapitre  écoles,  nous  aurons  l'occasion  d'en  parler 
encore. 

Plus  d'une  fois  il  fut  question,  à  Visé  comme  ail- 
leurs, de  souterrains  secrets  reliant  les  différentes  mai- 
sons religieuses  d'une  localité.  Les  adversaires  des 
ordres  monastiques  affirment,  avec  un  sourire  signifi- 
catif, que  ces  souterrains  établissaient  des  moyens  de 
communication  entre  les  couvents  d'hommes  et  de  reli- 
gieuses. A  Visé,  ils  auraient  réuni  la  maison  des  Sépul- 
crines  à  celle  des  Récollets.  Voici  en  quoi  consistaient 
dans  cette  ville  ces  voies  secrètes  et  mystérieuses! 

En  1755,  la  ville  accorda  aux  Oratoriens  l'autorisa- 
tion de  construire  un  égout  pour  conduire  les  immon- 
dices de  leur  établissement  jusqu'à  la  Meuse.  Elle  mit 
comme  condition  que  «  les  Pères  enseigneront  gratis 
»  1  école  française  pour  les  enfants  de  la  ville  et  du 
»  faubourg,  qu'ils  admettront  au  muséum  les  étudiants 
»  de  la  ville  aux  conditions  qui  existent  pour  le  collège 
»  des  Oratoriens  à  Thuin  (1).  » 

(1)  Archives  de  l'école  moyenne  de  l'Etat  à  Visé. 


—  408  — 

Cet  égout,  partant  du  pensionnat,  traversait  tout  le 
jardin  de  l'établissement  et  passait  sous  la  rue  des 
Récollets,  au  point  de  sa  jonction  avec  celle  de  l'Eau, 
et  arrivait  ainsi  à  la  Meuse. 

Plus  tard,  en  1769,  les  Sépulcrines  constatant  les 
avantages  d'un  égout  en  voulurent  doter  leur  établisse- 
ment. Elles  achetèrent  le  droit  de  construire  un  raccor- 
dement avec  celui  des  Oratoriens. 

Ainsi  ces  tunnels  mystérieux,  qui  auraient  caché  les 
plus  grandes  horreurs,  n'étaient  que  de  vulgaires  égouts! 

Un  des  derniers  supérieurs  du  collège,  le  père 
d'Aoust,  devint,  nous  l'avons  dit,  pléban  de  Visé  en 
1783. 

La  maisons  des  Oratoriens  fut  vendue  par  le  do- 
maine. La  tradition  rapporte  que  les  acheteurs  retrou- 
vèrent le  prix  du  bâtiment  en  vendant  le  plomb  et  les 
ferrailles  de  l'édifice.  Il  ne  reste  plus  que  le  nom  de  cet 
établissement. 

Les  Pères  de  l'Oratoire  n'étaient  pas  riches.  En  ville, 
ils  possédaient  leur  collège  avec  jardin  et  deux  cours, 
une  pour  les  pensionnaires  et  une  pour  les  externes  ; 
hors  des  murs,  un  jardin  de  cinq  verges  plus  un  autre 
terrain  de  dix-sept  verges.  Par  contre,  ils  avaient  à 
payer  des  rentes  sélevant  à  environ  5oo  florins  (\).  On 
ne  dira  pas  que  ces  moines  nageaient  dans  l'abondance  ! 

LE  REFUGE  DU   VAL-DIEU   (2). 

Anciennement,  en  temps  de  guerre,  les  habitants  du 
plat  pays  se  réfugiaient  dans  les  villes  pour  y  mettre  à 
l'abri  des  troupes  leurs  personnes  et  leurs  biens  les  plus 
précieux.  Plusieurs  édits  des  princes-évêques  ont  réglé 
les  obligations  des  villageois  d'alentour  qui  venaient 
chercher  un  abri  dans  la  ville  de  Visé.  C'était  à  Visé 
que  les  religieux  du  Val-Dieu  venaient  s'établirent  lors- 

(i)  Archives  de  l'école  moyenne  de  l'Etat  à  Visé. 
(2)  Historique  du  Val-Dieu,  par  J.-S.  Renier. 


—  409  — 

qu'ils  ne  se  croyaient  plus  en  sûreté  dans  leur  couvent. 
Vers  i63o,  ils  y  acquirent  une  maison  qui  leur  servit 
de  refuge  dans  ces  circonstances.  Michel  de  Vervier, 
ou  à  Vervia,  abbé  du  Val-Dieu  de  1622  à  1639,  et  ori- 
ginaire de  Visé,  semble  n'avoir  pas  été  étranger  à  la 
création  de  cette  retraite  en  ce  lieu.  En  i635,  un 
ministre  calviniste  qui  avait  été  fait  prisonnier  et  était 
détenu  à  Namur,  n  ayant  pas  été  relaxé  à  la  demande 
du  gouverneur  hollandais  de  Limbourg,  l'abbé  à  Ver- 
via fut  enlevé  de  son  couvent  et  conduit  à  Maestricht. 
Les  religieux  se  retirèrent  alors  dans  leur  refuge  de  Visé. 
Cette  retraite  existait  donc  déjà  à  cette  date. 

Plus  tard,  en  i655,  on  l'agrandit  ou  on  en  acheta  une 
autre,  car  l'abbé  Ranst  vendit  des  terres  pour  700  flo- 
rins afin  de  faire  servir  cet  argent  pour  le  refuge  de 
Visé.  En  1661  la  moitié  du  bâtiment  menaçait  ruine  et 
fut  reconstruite.  En  i6g5,  un  échange  de  terrain  fut  fait 
entre  l'abbaye  et  M.  de  Charneux,  seigneur  de  Her- 
malle,  pour  l'agrandissement  de  l'édifice.  Ce  refuge  fut 
vendu  en  1704.  Il  était  situé  rue  Basse  du  côté  de  la 
Meuse  à  l'opposite  du  jardin  du  presbytère  actuel. 

LA  CHAPELLE  DE  LORETTE. 

Au  commencement  du  XVIIe  siècle  on  vit  s'élever 
sur  divers  point  du  diocèse,  notamment  à  Cortenbosch, 
à  la  Sarte  et  ailleurs  de  petits  sanctuaires  consacrés  à 
la  mère  de  Dieu. 

Tout  sanctuaire  dédié  à  Marie  est  pour  le  fidèle  un 
objet  de  vénération.  Dans  ses  peines  et  ses  afflictions  le 
chrétien  aime  à  se  prosterner  devant  l'image  de  la 
Vierge  et  implore  avec  confiance  la  protection  de  celle 
qui  est  appelée  le  Secours  des  chrétiens.  Situées  le  plus 
souvent  dans  un  endroit  solitaire,  ces  chapelles  répon- 
daient mieux  que  nos  églises  à  ce  besoin  de  silence  et 
de  solitude  qu'éprouve  l'âme  pieuse  ou  malheureuse 
pour  l'épanchement  de  sa  piété  et  de  sa  douleur  ;  aussi 
devinrent-elles  bientôt  l'objet  du  respect  des  fidèles  et 


—  110  — 

le  rendez-vous  de  nombreux  pèlerins.  De  nouveaux 
sanctuaires  surgirent  bientôt  en  d'autres  endroits.  Vers 
la  fin  du  siècle,  ils  reçurent  souvent  une  forme  particu- 
lière et  furent  consacrés  à  Marie  sous  le  vocable  de 
Notre-Dame  de  Lbrette. 

A  cette  époque  il  y  avait  des  communications  fré- 
quentes entre  le  clergé  de  notre  diocèse  et  la  ville  de 
Rome.  Pour  le  clergé  de  Visé,  ces  relations  s'expliquent 
par  la  présence  dans  la  capitale  du  monde  chrétien  de 
Walter  Walteri,  des  de  Sluse,  etc.  Dans  les  voyages 
en  Italie,  personne  n'oubliait  de  visiter  le  sanctuaire  de 
Lorette  et  de  vénérer  la  maison  de  Nazareth  miracu- 
leusement transportée  dans  cet  endroit.  La  vue  de  la 
maison  habitée  jadis  par  le  Fils  de  Dieu  fait  homme, 
et  par  sa  divine  mère  devait  laisser  dans  l'esprit  et  le 
cœur  de  saints  et  ineffaçables  souvenirs.  Plus  d'un 
voyageur  voulut,  au  retour  de  ces  pèlerinages,  cons- 
truire une  chapelle  qui  lui  rappellerait  le  vénéré  sanc- 
tuaire et  que  pour  ce  motif  il  consacrait  à  Notre-Dame 
de  Lorette.  Telle  est  l'origine  des  ermitages  du  Huls- 
berg  près  de  Looz,  de  Bolderberg  près  de  Hasselt  et 
aussi  celle  de  la  chapelle  de  Lorette  de  Visé. 

A  la  suite  d'un  de  ces  voyages  en  Italie,  le  chanoine 
Pellenbrouck  communiqua  à  quelques  confrères  et 
amis  le  projet  qu'il  avait  formé  d'élever  à  la  gloire  de  la 
Vierge  une  chapelle  qui  serait  la  reproduction  de  la 
maison  de  Nazareth.  Cette  proposition  trouva  bon 
accueil  auprès  de  plusieurs  d'entre  eux.  Une  pétition  fut 
adressée  au  magistrat  à  l'effet  d'obtenir  un  subside  pour 
l'exécution  de  l'entreprise.  Le  21  novembre  1681,  le 
conseil  vota  la  résolution  suivante  :  «  La  mesme  le  con- 
»  seil  at  recessé  (décidé)  sur  requeste  présentée  par  le 
»  sr  chanoine  Pellenbrouck,  Sluse  (le  chanoine  G.-Fr. 
»  de  Sluse,  qui  devint  plus  tard  doyen  du  chapitre)  et 
»  autres  personne  dévouées  pour  l'érection  de  nre  Dame 
»  de  Lorette  scavoir  d'une  chapelle  de  leur  donner 
»  pour  seconder  leurs  bons  desseins  trengte  un  pata- 


— 111  — 

»  cons  pour  achever  ladite  érection  de  la  chapelle  (4).  » 

Le  projet  ne  fut  exécuté  qu'en  1684,  comme  le 
montre  la  date  que  Ton  voit  au-dessus  de  la  porte  du 
petit  oratoire.  Les  motifs  de  ce  retard  doivent  être 
recherchés  dans  les  guerres  et  les  luttes  civiles  qui 
désolèrent  la  principauté  et  la  ville  à  cette  époque.  Les 
pieux  fondateurs  de  la  chapelle,  lui  donnèrent  les 
dimensions  et  les  dispositions  de  la  maison  de  Naza- 
reth. L'autel  adossé  à  un  grillage  rappelle  modestement 
celui  beaucoup  plus  riche  de  Lorette.  Les  nuances 
rouges  et  vertes  des  murs  du  vénéré  sanctuaire  furent 
conservées.  Enfin  dans  des  cavités  pratiquées  dans  les 
parois  on  voulut  imiter  la  maison  de  la  Sainte-Famille 
jusque  dans  ses  moindres  détails. 

La  statue  de  la  Vierge,  qu  on  voit  encore  mainte- 
nant dans  la  chapelle,  a  une  origine  un  peu  plus  ré- 
cente. Elle  porte  la  date  de  1698.  Jadis  elle  était  peinte 
en  noir,  comme  beaucoup  de  vierges  de  cette  époque. 
Ce  ne  fut  que  dans  le  courant  de  ce  siècle  qu  elle  reçut 
la  couleur  de  chair.  Cette  transformation  donna  lieu 
à  des  troubles  sérieux,  dont  les  vieux  Visétois  gardent 
encore  le  souvenir, 

La  chapelle  était-elle  à  l'origine  entourée  d'un  bois? 
On  est  porté  à  le  croire.  Dans  un  acte  de  1703,  on  parle 
d'un  mariage  entre  deux  Visétois,  qui  fut  célébré  par 
un  chanoine  dans  la  chapelle  de  Notre-Dame  au  Bois. 
Or  il  semble  assez  peu  probable  que  la  chapelle  en 
question  soit  celle  de  Notre-Dame  au  Bois  d'Argenteau. 

Dès  l'abord,  les  fondateurs  de  la  chapelle  avaient 
obtenu  du  supérieur  de  l'ordre  des  Carmes,  l'autorisa- 
tion d'y  établir  une  confrérie  de  Notre-Dame  du  mont 
Carmel.  Le  document  qui  accorda  cette  autorisation 
est  d'autant  plus  intéressant  pour  les  Visétois  qu'il 
relate  un  décret  du  pape  Clément  X  écrit  de  la  main 
ou  sous  la  dictée  de  G.  de  Sluse,  alors  secrétaire  des 


5 


ru    WU3    ta.    uis,ia^    ut;    vj.   u^  uiuot,   aiuia    dccicianw    uls 

(1)  Registre  aux  recès,  archives  de  l'hôtel  de  ville.  Le  patacon  valait 
fr.  08. 


—  112  — 

brefs.  La  confrérie  avait  été  érigée  sous  la  condition 
que,  si  une  maison  des  Carmes  venait  à  être  établie 
dans  un  rayon  de  trois  milles  de  la  chapelle,  elle 
devrait  y  être  transférée.  Cette  condition  se  vérifia  en 
1691  et  la  confrérie  fut  établie  à  Devant-le-Pont.  Depuis 
on  n'en  trouve  plus  de  trace  à  Lorette. 

Dès  le  début  aussi  la  chapelle  fut  enrichie  d'indul- 
gences, par  le  nonce  d'abord,  par  le  pape  dans  la  suite  ; 
une  indulgence  plénière  pouvait  y  être  gagnée  aux 
principales  fêtes  de  Marie,  des  indulgences  partielles  à 
chaque  visite  qu'on  y  faisait.  Ces  faveurs  ne  furent 
chaque  fois  accordées  qu'à  terme,  de  manière  qu'elles 
n'existent  plus. 

Plus  tard,  en  1738,  un  chanoine  obtint  pour  la  cha- 
pelle une  relique  des  cheveux  de  la  sainte  Vierge,  qu'on 
conserve  encore  dans  l'église  primaire  de  Visé  et  qu'on 
y  expose  à  la  vénération  des  fidèles,  le  jour  de  l'As- 
somption. 

On  s'explique  ainsi  facilement  comment  la  chapelle 
est  devenue  l'objet  de  la  vénération  des  Visétois,  et  un 
lieu  de  pèlerinage  très  fréquenté.  Maintenant  encore  on 
y  voit  arriver,  pendant  Tannée  entière,  de  nombreux 
pèlerins.  Le  i5  août  surtout,  la  chapelle  est  visitée  par 
des  milliers  de  fidèles,  qui  y  viennent  implorer  la  protec- 
tion de  Notre-Dame  de  Lorette.  De  nombreux  ex-voto 
garnissent  les  murs  du  petit  oratoire  et  témoignent  de 
la  reconnaissance  de  ceux  qui  y  ont  obtenu  des  faveurs 
par  l'intercession  de  Marie.  L'opinion  publique  parle 
de  grâces  nombreuses  et  variées  dues  à  Marie. 

A  côté  de  la  plupart  des  vieilles  chapelles  se  trouvait 
un  ermitage.  L'ermite,  gardien  de  l'oratoire,  était  tenu 
anciennement  à  dire  journellement  certaines  prières.  Il 
portait  le  costume  suivant,  prescrit  par  une  ordonnance 
épiscopale  :  «  chapeau  sans  capuche,  barbe,  habits 
»  comme  ceux  des  Franciscains,  mais  plus  courts, 
»  ceinture  de  cuir,  bas  et  souliers  (4).  »  Le  but  de  cette 

(1)  Manigart,  t.  III,  p.  161. 


—  113  — 

ordonnance  était  d'éviter  toute  confusion  entre  le  cos- 
tume des  Pères  Récollets  et  celui  des  ermites. 

Insensiblement  le  pèlerinage  de  Lorette  avait  pro- 
voqué la  foire  du  i5  août,  qui  plus  tard  mérita  l'atten- 
tion des  républicains  français.  L'administration  cen- 
trale de  Liège  décida,  le  1 1  août  1798,  «  que  la  foire  de 
»  Visé  qui  sous  l'ancien  régime  avait  lieu  le  i5  du  mois 
»  d'août  à  l'ermitage  de  Lorette  se  tiendrait  à  l'avenir 
»  le  28  thermidor  de  chaque  année  au  centre  de  la 
»  commune.  »  A  ses  yeux  l'ancien  emplacement  près 
de  l'ermitage  «  contribuait  à  entretenir  les  préjugés 
»  superstitieux  des  habitants  ignorants  et  était  propre  à 
»  servir  de  rendez -vous  à  une  foule  de  fanatiques  qui 
»  sous  prétexte  de  religion  cherchaient  à  avilir  les  ins- 
»  titutions  républicaines  (*).  » 

Malgré  les  agents  de  la  grande  République  le  pèle- 
rinage de  Lorette  existe  toujours  et  la  foire  se  tient, 
chaque  année,  le  i5  août,  près  de  la  chapelle. 

Le  temps  n'a  apporté  qu'un  changement  à  Lorette, 
il  a  donné  un  costume  bourgeois  aux  successeurs  des 
ermites  de  jadis.  La  chapelle  est  toujours  un  objet  de 
profonde  vénération  pour  les  Visétois  et  un  but  de  pèle- 
rinage pour  de  nombreux  étrangers. 

V. 

ENSEIGNEMENT  ET  CHARITÉ. 

L'ENSEIGNEMENT  A  VISÉ. 

Comme  partout  ailleurs  l'enseignement  a  été  à  Visé, 
jusqu'à  la  Révolution  française,  essentiellement  reli- 
gieux et  entièrement  ecclésiastique. 

Il  nous  serait  aisé  de  faire  une  histoire  hypothétique 
des  écoles  de  Visé  au  moyen  âge.  Nous  rappellerions 
les  capitulaires  de  Charlemagne  concernant  les  écoles 

(1)  Darîs,  Histoire  du  diocèse  et  de  la  principauté  de  Liège  au  XV1I° 

siècle,  t.  III,  p.  216. 

15 


—  114  — 

dans  les  paroisses  et  le  grand  zèle  de  cet  empereur  pour 
la  diffusion  de  l'instruction  ;  ensuite  nous  indiquerions 
les  relations  de  Charlemagne  et  de  Berthe  avec  Visé 
et  de  là  nous  conclurions  avec  plus  ou  moins  de  pro- 
babilité à  l'existence  d'une  école  paroissiale  dans  une 
bien  haute  antiquité  ;  tout  cela  ne  reposerait  sur  aucun 
document  et  serait  un  travail  d'imagination  plutôt  que 
d'histoire. 

Disons  donc  que  nous  ne  savons  rien  à  ce  sujet  jus- 
qu'à la  translation  du  chapitre  à  Visé,  et  ajoutons  que, 
si  antérieurement  il  y  a  eu  des  écoles,  elles  avaient  un 
caractère  essentiellement  paroissial  et  ne  dépendaient 
nullement  de  la  communauté  des  bourgeois  ;  l'absence 
complète  de  toute  allusion  à  ces  établissements  dans  la 
transaction  de  1340  entre  le  chapitre  et  la  ville  le  prouve 
clairement. 

A  côté  de  la  collégiale  de  Saint-Hadelin,  comme 
près  de  toutes  les  autres,  on  trouvait  déjà  à  Celles  et 
plus  tard  à  Visé  une  école  latine.  La  fonction  de  sco- 
lasticus,  qui  existait  avant  1 338,  en  est  une  première 
preuve.  La  lettre  de  l'archidiacre  (4  août  i338)  qui 
exempte  les  «  scolares  scolas  collegii  ibidem  frequen- 
»  tantes  »  de  la  juridiction  archidiaconale  atteste  l'éta- 
blissement d'une  école  collégiale  à  Visé,  dès  l'arrivée 
du  chapitre. 

L'écolâtre  était  à  la  tête  de  ces  écoles.  Cette  fonction 
lui  valait,  nous  l'avons  vu,  la  dîme  de  Notre-Dame  de 
Foy.  Si  dans  le  principe  il  enseignait  lui-même,  dans 
la  suite  il  se  déchargeait  de  la  besogne  sur  les  ludi  ma- 
gistri,  qu'il  dirigeait.  Il  prétendait  même  au  monopole 
de  renseignement.  Pendant  les  luttes  entre  le  chapitre 
et  les  plébans,  un  de  ces  derniers  ouvrit  une  école.  Les 
chanoines  y  virent  une  atteinte  au  droit  de  leur  con- 
frère, l'écolâtre,  et  protestèrent.  Le  programme  de  cet 
établissement  devait  être  le  même  que  celui  des  autres 
écoles  de  collégiales.  Il  devait  donc  comprendre  les  élé- 
ments du  latin.    Le  certificat  suivant,  trouvé  dans  les 


—  115  — 

archives  de  la  paroisse,  ne  laisse  aucun  doute  à  ce 
sujet  : 

Ego  infrascriptus  testor  ingenuum  ac  probum  adolescentem 
Nicolaum  Gilet  capacem  et  sufficienti  latinitate  praeditum,  qui 
tonsuram  obtineat  clericalem. 

Datum  Viseti  ad  Mosam,  hac  i8a  Martii  anno  humanae  salutis 
repara  tae  16800. 

JOANNES  PROISME, 

Venerabilis  Capituli  Viset. 
Ludi  magister. 

Quand  on  considère  la  pléiade  de  savants  origi- 
naires de  Visé  et  des  environs,  les  Walthery,  de  Sluse, 
Cachard  de  Risack,  de  Charneux,  de  Froidmont,  qui 
se  distinguèrent  au  xvne  siècle,  et  qui  pour  la  plupart 
ont  dû  fréquenter  les  écoles  latines  de  Visé  et  y 
puiser  les  principes  de  leur  science,  on  ne  peut  douter 
de  la  valeur  des  études  qu'on  y  faisait. 

L'instruction  des  enfants  pauvres  était  l'objet  de  la 
sollicitude  des  chanoines.  Nous  en  trouvons  un  témoi- 
gnage bien  évident  dans  le  testament  du  chanoine- 
chantre  Jean  de  Ongeer,  mort  vers  1600,  qui  laissa  au 
chapitre  une  rente  annuelle  de  douze  setiers  d'épeautre, 
destinés  à  être  distribués  en  pain  aux  écoliers  pauvres 
pendant  le  carême. 

Dans  une  lettre  de  1690  le  magistrat  écrit  au  cha- 
pitre «  que  les  bourgeois  envoient  leurs  enfants  aux 
»  écoles  non  tant  pour  apprendre  les  lettres  (?)  qu'à 
»  servir  Dieu.  »  On  y  voit  encore  que  l'usage  de  la 
baguette,  inconnu  maintenant  partout  ailleurs  que  dans 
la  savante  Allemagne,  était  en  vigueur  comme  moyen 
de  correction. 

D'après  un  arrangement  du  même  siècle,  la  com- 
mune payait  un  subside  de  5o  florins  au  sous-maitre. 

Les  instituteurs  apprenaient  également  le  chant  aux 
choraux  de  la  collégiale  et  trouvaient  dans  ce  travail  un 
supplément  à  leur  modeste  traitement. 

En  1616,  comme  nous  l'avons  vu,  les  Sépulcrines 
vinrent  s'établir  à  Visé.  Depuis  lors,  elles  y  eurent  un 


—  116  — 

pensionnat  et  un  externat.  Le  nombre  des  pension- 
naires semble  n'avoir  pas  dépassé  la  quarantaine.  Il 
nous  a  été  impossible  de  fixer  celui  des  externes  et 
d'avoir  des  renseignements  sur  l'instruction  donnée. 

A  côté  de  nombreuses  fondations  pieuses,  il  y  en 
avait  une  au  capital  de  4,772  florins  de  Liège,  faite  par 
un  seigneur  de  Mheer,  pour  l'enseignement  de  la  jeu- 
nesse. Pendant  la  Révolution  française  les  chanoinesses 
du  Saint-Sépulcre  continuèrent  à  habiter  leur  couvent 
et  à  se  vouer  à  l'enseignement  de  la  jeunesse.  L'institu- 
tion prit  fin  par  la  mort  des  dernières  survivantes 
d'entre  elles,  vers  la  fin  du  régime  hollandais  (1825). 

Les  Pères  Récollets,  établis  à  Visé  depuis  i638,  y 
ouvrirent  en  1737,  d'après  les  conseils  du  prince-évêque 
Georges-Louis  de  Berghes,  une  école  d'humanités,  pour 
la  jeunesse  de  Visé  et  des  environs.  La  ville  leur  céda 
l'ancien  hôpital  de  Saint-Nicolas  situé  près  du  couvent 
et  les  aida  à  restaurer  le  vieux  bâtiment  pour  en  faire 
des  écoles.  Une  partie  de  cet  édifice  existe  encore  :  c'est 
la  maison  portant  le  millésime  1738  qui  se  trouve  à  l'ex- 
trémité Nord  de  la  rue  des  Récollets.  Les  religieux 
choisirent  comme  patron  de  l'établissement  saint  An- 
toine de  Padoue,  ce  grand  saint  et  savant  professeur 
de  leur  ordre.  Ils  placèrent  au-dessus  de  la  porte  prin- 
cipale une  pierre  de  taille  avec  ce  chronogramme  : 

COLLEGIUM   DIVI   ANTONII 

erIgebatUr  JUVentUtI  (4). 

L'école  d'humanités  des  Pères  Récollets  fut  fermée  en 
1750,  quand  les  Pères  Oratoriens  vinrent  s'établir  à  Visé. 
Le  baron  Gilles-Albert  de  Villenfagne  de  Vogelsanck 
fut  le  généreux  fondateur  de  ce  nouvel  établissement. 

Les  Oratoriens,  qui  appartenaient  à  un  ordre  ensei- 
gnant, organisèrent  des  cours  complets  dans  leur  nou- 

(1)  Cette  pierre  sert  maintenant  de  marche  d'escalier  dans  l'ancienne 
maison. 


—  117  — 

veau  collège.  Ils  établirent  une  école  française  et  un 
muséum  (classes  d'humanités)  qui  comprenait  la  dialec- 
tique. Ils  avaient  annexé  un  pensionnat  à  leur  établis- 
sement et  avaient  ouvert  également  des  écoles  domini- 
cales pour  adultes.  En  retour  de  quelques  faveurs 
accordées  par  le  magistrat,  ils  s'étaient  engagés  «  à  en- 
»  seigner  gratis  l'école  française  aux  enfants  de  la 
»  ville  et  du  faubourg  »  et  à  admettre  au  muséum  les 
jeunes  gens  de  la  ville  à  des  conditions  très  avanta- 
geuses. Plus  tard,  ils  prirent  encore  l'engagement  de 
donner  l'enseignement  gratuit  aux  enfants  étrangers 
qui  restaient  en  ville  chez  des  parents,  ou  qui  avaient 
été  mis  en  échange  chez  des  bourgeois. 

M.  Henaux  (i)  qui  naturellement  ne  reconnaît  au- 
cune importance  aux  collèges  de  l'ancien  régime,  dit 
que  celui  de  Visé  «  mérite  seul  un  souvenir.  L'un  des 
»  professeurs  qui  était  par  hasard  (sic)  passionné  pour 
»  la  poésie  française  en  inspira  le  goût  à  quelques-uns 
»  de  ses  élèves  et  notamment  à  Reynier,  Bassenge, 
»  Henkart,  Villenfagne  et  de  Trappe.  »  II  nous  semble 
qu'un  petit  établissement  qui,  en  quelques  années,  pro- 
duisit une  demi-douzaine  d'hommes  distingués  dans 
la  littérature  liégeoise,  mérite  mieux  qu'un  souvenir 
donné  à  un  professeur,  poète  par  hasard. 

Le  collège  de  Visé  était  dans  tout  le  pays  en  haute 
estime.  Ses  primus  étaient  reçus  en  triomphe  comme 
ceux  de  Louvain.  «  Le  jeune  Henkart  (2)  qui  devait 
»  plus  tard  jouer  un  rôle  important  dans  la  Révolution 
»  liégeoise  avec  ses  amis  de  collège  (du  collège  de  Visé) 
»  Bassenge  et  Reynier,  obtint  à  seize  ans  le  premier 
»  prix  de  rhétorique  malgré  ses  nombreux  concurrents. 
»  A  son  retour  à  Liège,  un  grand  concours  de  compa- 
»  triotes  vinrent  à  sa  rencontre  et  le  ramenèrent  en 
»  triomphe  dans  la  ville  où  il  fut  reçu  cordialement 
»  par  le  prince-évêque.  » 

(1)  Constitution  de  l'ancien  pays  de  Liège,  p.  176. 

(2)  Bec-de- Lièvre,  t.  II,  p.  659. 


—  118  — 

Cette  réputation  du  collège  ne  fit  que  s'accroître 
quand  on  vit  les  trois  anciens  élèves,  dont  nous  venons 
de  citer  les  noms,  à  la  tête  de  la  Révolution  liégeoise. 
En  travaillant  à  l'annexion  de  la  principauté  à  la  Répu- 
blique française,  ils  provoquèrent  la  suppression  de  la 
maison  où  ils  avaient  reçu  leur  instruction.  A  côté  de 
ces  futurs  républicains  liégeois  quelques  Visétois  prirent 
au  collège  le  goût  de  la  poésie.  C'est  à  eux  qu'on  doit 
les  chansons  des  Arbalétriers,  dont  M.  Mathieu  (î)  fait 
remonter  l'origine  à  une  trop  haute  antiquité. 

D'après  la  tradition,  le  collège  des  Oratoriens  aurait 
été  l'école  de  tous  les  arts.  On  trouve  à  l'église  de  Visé 
des  messes  en  plain-chant  manuscrites,  que  les  amateurs 
disent  magnifiques  et  qui  auraient  été  composées  par 
deux  Pères  Oratoriens  du  nom  de  Damance  et  Dumont. 
Le  sentiment  musical  des  Visétois,  reconnu  par  tous, 
serait  donc  dû  en  partie  à  la  collégiale,  qui  a  toujours 
eu  des  choraux  et  une  petite  maîtrise  et  aux  Pères  Ora- 
toriens qui,  sans  doute,  communiquèrent  à  leurs  élèves 
le  goût  de  la  musique  comme  celui  de  la  poésie. 

Ces  quelques  observations  nous  donnent  une  idée 
de  l'enseignement  à  Visé  aux  différentes  époques.  Il  fut 
toujours  entre  des  mains  religieuses  ou  ecclésiastiques  et 
la  ville  n'y  contribua  que  par  quelques  légers  subsides 
accordés  à  un  instituteur  de  l'école  collégiale  et  par  une 
faveur  quelconque,  un  terrain  ou  un  vieil  hôpital 
qu'elle  céda  pour  une  construction  scolaire.  A  la  fin 
du  siècle  dernier  l'enseignement  primaire  était  tout  à 
fait  gratuit  pour  tous  les  garçons  et  il  semble  l'avoir 
toujours  été  pour  les  pauvres.  Des  avantages  matériels, 
des  distributions  régulières  de  secours  avaient  été  fon- 
dées dans  le  but  évident  de  stimuler  la  classe  pauvre 
à  envoyer  ses  enfants  à  l'école.  La  fondation  faite  en 
faveur  de  l'instruction  des  filles  nous  fait  supposer  que 
la  gratuité  existait  également  à  1  école  des  Sépulcrines 
pour  la  partie  la  moins  aisée  de  la  population. 

(1)  Mathieu,  Les  arbalétriers  et  les  arquebusiers  de  Visé. 


—  419  — 

L'organisation  et  la  méthode  devaient  être  de  leur 
temps.  La  fréquentation  des  classes  était  probablement 
moins  longue  et  moins  régulière  que  de  nos  jours,  parce 
que  anciennement  les  relations  sociales  et  commerciales 
faisaient  moins,  que  de  nos  jours,  sentir  le  besoin  de 
l'instruction. 

De  là  l'explication  partielle  de  ces  statistiques  qui 
donnent  une  proportion  assez  forte  d'illettrés  même 
pour  Visé  où  les  écoles  ne  faisaient  pas  défaut.  Ainsi, 
en  1721,  sur  quatre  chefs  de  la  compagnie  des  arbalé- 
triers, trois  ne  savaient  pas  signer.  Il  est  vrai  que  ces 
chefs  avaient  passé  leur  jeunesse  au  milieu  d'une  période 
désastreuse  pour  Visé,  la  peste  de  1667,  les  guerres  de 
Louis  XIV  et  les  luttes  intestines  de  Maximilien-Henri 
contre  ses  sujets. 

En  1788,  sur  onze  locataires  du  chapitre,  neuf 
savaient  écrire.  Une  des  deux  illettrées  était  une 
femme  d'un  âge  assez  avancé.  Nous  mentionnons  ce 
détail  parce  qu'il  nous  permet  d'ajouter  une  observa- 
tion qui  pourrait  être  utile  dans  l'appréciation  des  an- 
ciennes statistiques  sur  le  degré  d'instruction.  Alors, 
comme  maintenant  encore  à  la  campagne,  l'usage  de 
l'écriture  était  peu  fréquent,  de  manière  que  des  per- 
sonnes ayant  appris  à  lire  et  à  écrire  dans  leur  jeunesse, 
perdaient  insensiblement  l'habitude  d'écrire  et  après 
quelque  temps  se  croyaient  même  incapables  de  signer 
convenablement.  Alors,  plus  que  de  nos  jours,  le 
nombre  de  ceux  qui  ne  savaient  pas  écrire  'surpassait 
celui  de  ceux  qui  ne  savaient  pas  lire. 

Visé  aurait-il  eu,  au  XVIe  et  XVIIe  siècle,  sa  chambre 
de  rhétorique  comme  la  plupart  des  villes  de  la  Bel- 
gique? Le  texte  suivant  d'un  registre  de  i58o  de  l'hôtel 
de  ville  semble  le  dire  : 

Avons  nous,  burghemestres,  jurez  et  conseil  de  la  ville  de  Visé 
octroyé  et  accordé  à  quelque  notable  quantité  de  jouvenceaux  de 
la  ville  suivant  leur  requête  a  nous  présentée  de  pouvoir  pour 
l'instruction  de  la  jeunesse  montrer  exemplairement  la  comédie 


—  120  — 

ou  histoire  de  l'enfant  prodigue  en  la  meilleure  forme  et  couleure 
que  faire  soy  polrat  pour  subvention  de  leurs  despens  de  grâce 
espéciale  4  fl.  bb.  —  a0  1 58o. 

Ajoutons,  pour  être  complet,  que  le  Jansénisme  qui 
s'était  introduit  au  xvine  siècle  dans  le  diocèse  de 
Liège,  semble  ne  pas  avoir  trouvé  d'adhérents  à  Visé. 
Nous  avons  trouvé  dans  les  registres  de  la  collégiale 
deux  déclarations  par  lesquelles  le  chapitre  tout  entier 
adhère  aux  bulles  pontificale^  condamnant  les  doc- 
trines de  1  evêque  d'Ypres.  Il  exige  même  que  ceux  qui 
dépendaient  de  lui,  comme  hebdomadaires  ou  bénéfi- 
ciers,  fassent  une  déclaration  semblable. 

LES  ÉTABLISSEMENTS  DE  CHARITÉ. 

La  charité  chrétienne,  toujours  ingénieuse  et  féconde, 
multiplie  et  varie  ses  œuvres  d'après  les  besoins  des  mal- 
heureux. Déjà,  à  une  époque  reculée  du  moyen  âge, 
pour  soulager  la  misère  des  indigents,  elle  avait  établi 
dans  toutes  les  villes  et  dans  tous  les  villages,  les  menses 
des  pauvres  dont  les  biens  étaient  administrés  et  dis- 
tribués par  des  mambours,  qu'élisait  la  communauté. 

Plus  tard,  dans  beaucoup  d'endroits,  elle  érigea  le 
long  des  grands  chemins  ou  dans  le  voisinage  des 
églises  paroissiales  des  hospices  ou  hospitales,  destinés 
à  recevoir  et  héberger  les  pauvres  étrangers,  voyageurs, 
pèlerins  ou  autres  sans  asile  ou  sans  ressources. 

Ces  hospices  étaient  tenus  par  un  hospitalier,  qui 
occupait  la  maison  et  soignait  les  hôtes.  Près  de  chaque 
établissement  de  ce  genre  se  trouvait  une  chapelle  ou 
un  oratoire,  consacré  le  plus  souvent  à  saint  Nicolas, 
patron  des  voyageurs  et  doté  ordinairement  d'un  autel 
ou  bénéfice.  À  côté  de  quelques  hôpitaux  se  trouvait 
également  un  puits  ;  une  pinte  en  étain,  attachée  au 
moyen  d  une  chaîne,  était  toujours  remplie  d'eau  à  l'in- 
tention des  passants  altérés  [\). 

(1)  Habets,  Geschiedenis  van  het  bisdom  Roermondy  p.  346. 


-  121  — 

Quand,  au  retour  des  croisades,  la  lèpre  fit  son 
apparition  dans  nos  contrées,  la  charité  éleva  et  dota 
des  hospices  particuliers  pour  les  malheureux  atteints 
de  cette  hideuse  maladie.  Ces  léproseries  que  le  peuple 
appelait  maladeries  (en  wallon  de  Visé  maladreies) 
furent  établies  en  pleine  campagne,  loin  des  habitations, 
pour  arrêter  autant  que  possible  les  funestes  atteintes 
de  ce  mal  contagieux.  Pour  mieux  prouver  la  charité 
de  l'Eglise  à  regard  des  malheureux  lépreux,  les  lois 
ecclésiastiques  du  diocèse  de  Liège  chargeaient  les 
doyens  ruraux  du  placement  de  ces  malades  dans  les 
léproseries  et,  en  cas  de  mort,  de  leurs  obsèques  et  de 
leur  enterrement  (i). 

La  paroisse  de  Visé  était  jadis  richement  dotée  de 
ces  différentes  institutions  de  charité.  Mentionnons 
d  abord  un  hospitale  de  Saint-Lambert,  qui,  situé  à  la 
Chinstrée,  avait  déjà  perdu  sa  destination  au  XIVe  siècle 
et  nous  est  connu  uniquement  par  des  citations  comme 
celle-ci  «  une  court  et  assise  appeleit  d'anchienneteit 
»  Thospitale  de  Lambert.  »  Outre  cet  établissement 
dont  la  nature  et  le  but  ne  se  devinent  guère,  Visé 
avait  sa  «  mense  des  communs  pauvres,  son  hospitale 
»  de  Saint-Nicolas  et  sa  maladreie.  » 

La  maladreie  se  trouvait  dans  la  campagne  de 
Devant-le-Pont,  dans  la  direction  de  Hallembaye.  Les 
vieux  Visétois  se  rappellent  encore  le  temps  où  Ton 
appelait  al  maladreie,  la  ferme  qui  se  trouve  au  delà  du 
canal  près  du  pont  de  Hallembaye.  Dans  un  registre 
de  1 346  (2)  il  est  question  de  la  maison  délie  maladreie 
et  toutes  les  terres  voisines  sont  désignées  sous  le  lieu 
dit  al  maladreie.  C'est  tout  ce  que  nous  avons  trouvé 
concernant  la  léproserie  visétoise  ;  son  origine,  son 
organisation,  comme  aussi  l'époque  où  elle  perdit  sa 
destination  nous  sont  inconnues. 

(1)  Sohet,  Instituts,  t.  I,  p.  89. 

(2)  Archives  de  la  cathédrale  de  Saint-Lambert,  Stock  de  Hesbaye, 
au  dépôt  des  archives  de  l'Etat  à  Liège. 

16 


—  422  — 

Le  nom  de  Yhospital  de  Saint-Nicolas  et  tout  ce  que 
nous  en  dirons  prouvent  que  cet  établissement  était 
destiné  à  héberger  les  pauvres  voyageurs.  Toutefois, 
il  est  probable  qu'à  l'occasion  il  servait  aussi  d'asile 
aux  indigents  visétois,  d'autant  plus  que  ses  biens  et 
ceux  de  la  mense  des  pauvres  se  trouvaient  confondus 
et  qu'une  seule  administration  était  à  la  tête  des  deux 
institutions. 

L'origine  de  cet  hospital  se  perd  encore  pour  nous 
dans  la  nuit  des  temps.  Il  était  situé  à  l'extrémité  nord 
de  la  rue  actuelle  des  Récollets,  désignée  jadis  comme 
rue  tendante  de  Peron  à  l'hospitale.  A  cet  établissement 
était  annexé  un  auteit  ou  bénéfice,  dit  également  de 
Saint-Nicolas.  Une  court  ou  assise  du  recteur  de  cet 
autel  joignait  l'hospice,  ce  qui  nous  permet  de  croire 
qu'il  comprenait  également  une  chapelle.  Ce  bénéfice 
de  Saint-Nicolas  fut,  nous  l'avons  vu,  transféré  à 
l'église  et  incorporé  au  décanat.  Cette  translation  doit 
remonter  à  la  création  de  la  dignité  de  doyen  par 
Adolphe  de  la  Mark  ou  bien  à  l'époque  de  Louis  de 
Bourbon,  qui  régla  une  question  concernant  le  béné- 
fice de  Saint-Nicolas  et  le  décanat. 

Les  plus  anciens  registres  concernant  la  mense  des 
pauvres  et  l'hôpital  de  Saint-Nicolas  remontent  à  i5oo. 
A  cette  époque  déjà,  les  biens  des  deux  institutions 
étaient  réunis  et  administrés  par  les  mêmes  mambours. 
Ce  bureau  administratif  comprenait  des  membres  de 
droit  et  des  membres  électifs.  Le  doyen  du  chapitre  en 
était  membre  de  droit  comme  recteur  de  l'autel  de 
Saint-Nicolas.  Nous  voyons  figurer  à  chaque  séance 
le  pléban  ou  le  vice-pléban;  les  maîtres  (bourgmestres) 
y  assistent  également  ;  ce  qui  nous  permet  de  croire  que 
ces  différentes  personnes  étaient  toutes  mambours  de 
droit  de  par  leurs  fonctions.  Le  bureau  comprenait  en 
outre  un  ou  plusieurs  jureis  (membres  du  magistrat) 
probablement  désignés  par  voie  d'élection.  Enfin,  un 
dernier  mambour  était  élu  hors  du  conseil  pour  un 


—  123  — 

terme  indéterminé  et  remplissait  les  fonctions  de  rece- 
veur et  distributeur  des  revenus  des  communs  pauvres 
et  de  Yhospitale. 

Généralement  on  désigne  sous  le  nom  de  mambours, 
tous  ceux  qui  participaient  anciennement  à  l'adminis- 
tration des  biens  des  pauvres.  A  Visé,  il  n'en  était  pas 
ainsi,  le  receveur  seul  portait  ce  nom  et  est  toujours 
seul  désigné  comme  tel.  Le  service  de  la  bienfaisance 
comprenait,  en  i53o,  «  l'entretien  de  l'hospitale  de 
»  Saint-Nicoleie  et  l'assistance  des  communs  pauvres 
»  de  Visé.  » 

L'hospitale  Saint-Nicoleie  n'avait  pas  les  propor- 
tions et  le  confortable  des  hospices  modernes. 

Un  inventaire  dressé  le  7  février  1524  montre  qu'il 
comprenait  deux  compartiments  :  l'un  pour  les  hommes, 
l'autre  pour  les  femmes.  Chaque  compartiment  con- 
tenait trois  lits.  Le  mobilier  ne  consistait  qu'en  des 
objets  de  literies  et  des  ustensiles  de  cuisine,  plus  deux 
tableaux,  l'un  de  la  Vierge,  l'autre  de  Saint-Nicolas.  Un 
hospitalier  ou  une  hospitalière  dirigeait  l'établissement 
et  constituait  tout  le  personnel  de  service. 

V hospitalier,  à  son  entrée  en  fonction,  faisait  ser- 
ment «  d'estre  fidelle  et  de  rendre  bon  compte  de  ce  qui 
»  est  à  l'hospital  partenant.  »  Chaque  fois  qu'un  nouvel 
hospitalier  entrait  en  fonctions,  le  bureau  dressait  un 
inventaire  de  tout  ce  qui  se  trouverait  à  son  usage  ; 
l'inventaire  était  complété  à  chaque  achat  d'un  objet 
quelconque.  Au  départ  ou  au  décès  du  fonctionnaire, 
on  constatait  si  tous  les  objets  renseignés  étaient  encore 
à  l'établissement. 

Ainsi,  le  i3  janvier  1601,  «  déclarât  Jehenne  espeuze 
»  à  Gérard  le  Peneur  gisant  malade  en  son  lit  avoir  en 
»  sa  puissance  tous  tels  meubles  qui  sont  déclarées  en 
»  la  Visitation  faite  du  temps  de  Conrad  Pellencop  le 
»  28  d'Aoust  1597.  * 

Le  25  janvier,  «  après  le  trépas  de  Jehenne  Simon 
»   Hardy,  comme  mambour  des  communs  pauvres  et 


—  124  — 

»  hospitale  comparut  pour  faire  Visitation  à  la  requeste 
»  de  Hubert  del  Bise,  »  nommé  hospitalier. 

L'hôpital  absorbait  une  partie  des  revenus  des  com- 
muns pauvres.  Le  reste  était  distribué  par  le  receveur 
d'après  les  avis  de  ses  collègues.  Certaines  distributions 
devaient  être  faites  à  jour  fixe  et  aux  huys  (portes)  des 
pauvres,  c  est-à-dire  à  domicile. 

Les  revenus  des  pauvres  et  de  l'hôpital  n'étaient 
pas  énormes.  Ils  consistaient  comme  l'indique  l'en-tête 
d'un  registre  de  1 533,  «  en  rentes  héritaibles  et  autres 
»  revenuz  en  espaulte,  poix,  navette,  cens  et  chapons 
»  comme  en  schledaige  comme  aultrement  apparte- 
»  nantes  tant  aux  communs  pauvres  délie  ville  de  Viseit 
»  sur  Moeuse  comme  à  l'hospital  de  Monseigneur 
»  Saint  Nicoleit,  situeit  audit  Viseit,  escheus  aile  S. 
»  Andreit  et  S.  Estienne  suyvant.  » 

Chaque  année  à  une  réunion  générale,  qui  le  plus 
souvent  se  tenait  chez  le  doyen  du  chapitre,  le  receveur 
rendait  compte  de  sa  gestion. 

Nous  n'avons  pas  trouvé  le  détail  de  ses  dépenses. 
En  i555,  la  recette  totale  était  de  202  florins  18  aidans 
i5  scelins  4  */«  deniers.  L'économie  n'était  pas  incon- 
nue à  ces  administrateurs  du  temps  passé  et  certaine- 
ment les  besoins  étaient  moins  considérables  que  de 
nos  jours,  car  les  dépenses  ne  montent  pour  cette  année 
qu'à  179  florins  8  aidans  4  4/2  deniers. 

Remarquons  cependant  qu'à  cette  époque  l'argent 
avait  une  valeur  plus  grande  qu'aujourd'hui. 

Une  partie  des  revenus  des  pauvres  consistait  en 
rentes  héritables,  le  reste  provenait  de  la  location  de 
biens  immeubles  légués  à  l'institution. 

Ces  immeubles  étaient  loués  avec  toute  la  publicité 
et  toutes  les  garanties  exigées  en  pareils  cas  par  nos  lois 
modernes. 

Ainsi,  «  l'an  i556  le  i3  Décembre  jour  dymengue 
»  à  la  messe  de  la  Paroiche  par  Renchon  le  Parmentier 
»  sergeant  de  la  court  et  justice  de  Vise  publiet  comme 


—  125  — 

»  est  accoustume  que  mardi  prochain  en  la  maison 
»  notre  maître  Gérard  Bork  situé  endit  Visé  Ton  rende- 
»  rat  a  stuit  (bail)  les  terres  pertenantes  auz  povres 
»  dédit  Visé.  » 

Le  i5,  la  location  eut  lieu  devant  les  bourgmestres 
et  jurés  et  le  compteur  (receveur)  des  pauvres.  Les 
terres  furent  louées  pour  un  stuit  de  neuf  ans.  Tous  les 
locataires  étaient  obligés  de  fournir  une  caution. 

On  l'a  dit  souvent  et  rien  n'est  plus  vrai,  surtout 
pour  Visé  :  tous  les  biens  des  bureaux  de  bienfaisance 
proviennent  de  fondations  inspirées  par  la  charité 
chrétienne  et  presque  toujours  faites  par  des  prêtres. 

Les  noms  des  deux  anciens  hospices  de  Visé  et  le 
bénéfice  annexé  à  l'un  deux,  nous  disent  assez  quel 
esprit  avait  présidé  à  leur  fondation  et  nous  font  deviner 
quels  étaient  les  fondateurs. 

Différents  chanoines  léguèrent  aux  pauvres  de  Visé 
des  sommes  assez  considérables.  Nous  citons  quelques- 
uns  de  ces  legs  qui  présentent  un  caractère  particulier. 

Le  doyen  Sarazin  leur  donna  des  biens  qui  étaient 
sans  doute  en  proportion  avec  l'importance  considé- 
rable de  sa  fortune. 

En  1 545,  Gilles  Stassins,  prêtre  et  chanoine  de  Saint- 
Hadelin  à  Visé  laisse  «  à  la  mousnie  des  pauvres  gens 
»  de  Visé  et  délie  paroiche  d'icelle  5  muyds  de  spaulte 
»  heritauble  a  prendre  et  à  avoir  de  an  en  an  et  à  tou- 
»  jioux  hériditaiblement  sur  la  maison  pour  iceuz 
»  muyds  a  distribuer  et  dès  partir  tous  les  vendredis 
»  de  quaresme  a  traize  pouvres  personnes  et  manaiges 
»  a  chascun  une  miche  de  pain  dune  11.  pesant  et 
»  ung  herang  et  une  pinte  de  poids  pour  le  potaige  et 
»  s'il  y  a  reste  il  faudra  continuer  les  vendredis  après 
»  Pâques.  *> 

Les  conditions  dans  lesquelles  la  distribution  devait 
être  faite  prouvent  bien  que  cette  générosité  était  gui- 
dée par  l'esprit  de  charité  chrétienne. 

Le  chanoine  Gentis  (originaire  de  Visé,  croyons-nous) 


—  126  — 

de  la  cathédrale  de  Liège,  lègue  en  i653,  «  aux  pauvres 
»  a  naistre  et  demeurant  à  Visé  un  muid  annuel  ;  »  en 
outre,  «  20  fl.  bb.  de  rente  a  condition  que  les  légats 
»  cy  dessus  se  distribueront  auz  pauvres  bourgeois 
»  de  Visé  accablez  de  maladies  ou  de  nécessitez.  »  Les 
mambours  de  l'hôpital  de  Visé  sont  chargés  de  veiller 
que  la  distribution  se  fasse. 

On  a  souvent  cité  Tévêque  Georges-Louis  de  Berghes, 
instituant  les  pauvres  de  Liège  ses  héritiers  universels. 
Le  curé  Herman,  de  Visé,  en  a  fait  autant.  Après  quel- 
ques legs  à  des  parents  et  à  ses  serviteurs,  il  dit  dans 
son  testament  daté  de  1752  :  «  Quant  au  résidu  de  tous 
»  mes  biens  cens,  et  rentes  meubles  et  immeubles 
»  droits,  crédits  et  actions  je  laisse  le  tout  au  registre 
»  ou  a  la  recepte  des  communs  pauvres  de  Visé,  les- 
»  quels  j'institue  mes  héritiers  universels  à  charge  que 
»  le  dit  registre  ou  receveur  et  administrateurs  desdits 
»  pauvres  devra  ou  devront  faire  chanter  et  célébrer 
»  chaque  année  et  a  toujours  pour  le  repos  de  mon 
»  âme  une  grande  messe  anniversaire.  » 

Henry  Lembor,  chanoine  et  écolâtre  de  Sainte- 
Croix  à  Liège  donne,  en  1758,  aux  pauvres  de  Visé, 
une  maison  qu'il  possédait  à  Devant-le-Pont  et  dont 
la  vente  produisit  la  somme  bien  respectable  pour  ce 
temps  de  1720  florins  Brabant. 

Le  dernier  pléban  de  Visé  mort  dans  la  ville,  Pierre 
Pironnet,  est  nommé  dans  son  épitaphe  grand  bienfai- 
teur des  pauvres. 

Parfois  les  testateurs  prescrivaient  des  distribu- 
tions à  faire  pendant  leurs  obsèques  ou  leurs  anniver- 
saires. 

Le  pléban  G.  Piret  (i588)  lègue  1  daler  pour  son 
anniversaire  et  2  dalers  pour  être  distribués  pendant 
l'office. 


—  127  — 

VI. 

LES  CONFRÉRIES,  COMPAGNIES  ET  MÉTIERS. 

L'association,  sous  toutes  ses  formes,  était  un  des 
caractères  de  l'ancien  régime.  L'esprit  moderne  a  isolé 
l'individu  dans  la  commune  et  l'Etat.  Anciennement 
les  individualités  étaient  groupées  dans  les  corporations, 
qui  sauvegardaient  leurs  droits  et  leurs  intérêts. 

L'association  prenait  des  noms  différents  suivant  le 
genre  des  personnes,  qui  la  composaient  et  le  but 
qu'elles  poursuivaient. 

Comprenait-elle  des  chrétiens,  qui  se  réunissaient 
sous  le  patronage  d'un  saint,  dans  un  but  religieux,  on 
l'appelait  confrérie. 

Des  bourgeois  se  groupaient-ils  pour  l'exercice  des 
armes,  bien  utile  dans  ces  temps  souvent  troublés  par 
les  guerres  ou  les  luttes  civiles,  la  société  prenait  le 
nom  de  compagnie  ou  de  gilde. 

Quand  les  villes  obtinrent  des  privilèges  de  leur 
prince,  les  bourgeois  furent  classés  en  différentes  caté- 
gories, plus  ou  moins  nombreuses,  d'après  l'importance 
de  la  localité,  pour  prendre  leur  part  à  la  direction  des 
affaires,  par  l'élection  du  magistrat,  etc.  Ce  classement 
se  fit  d'après  les  professions  des  habitants,  ce  qui  donna 
le  nom  de  métiers  aux  différents  groupes.  A  Visé,  l'asso- 
ciation existait  sous  ces  différents  aspects. 

LES  CONFRÉRIES  (i). 

La  plus  ancienne  des  confréries  qui  ont  existé  dans 
l'église  de  Visé  doit  être  celle  du  Saint  Rosaire. 

Dans  une  lettre  d'un  Père  Dominicain  au  chapitre 
de  Visé,  datée  de  i632,  il  rappelle  qu'un  religieux  de 
son  ordre  y  avait  érigé  cette  confrérie  il  y  a  de  bien 
longues  années. 

(i)  Archives  de  la  paroisse. 


—  128  — 

L  autel  de  Notre-Dame  placé  au  sommet  de  la  nef 
gauche  portait  la  statue  de  la  confrérie  ;  quand,  en  1719, 
les  autels  du  vaisseau  de  l'église  furent  renouvelés  on 
plaça  dans  le  rétable  de  celui  de  Notre-Dame,  un 
tableau  représentant  saint  Dominique  recevant  le  cha- 
pelet de  Marie.  Cette  confrérie  était  administrée  par  le 
pléban,  l'écolâtre  et  deux  mambours. 

Avant  1640,  elle  faisait  célébrer  chaque  samedi  une 
messe  à  l'autel  de  la  Sainte- Vierge.  Plus  tard  un  con- 
frère lui  fit  un  legs  considérable  avec  la  clause  de  faire 
dire  cette  messe  à  perpétuité.  D'autre  donations  lui 
furent  encore  faites.  Les  capitaux  des  confréries  pro- 
venant de  ces  legs  ou  d'autres  sources  devaient  être 
appliqués  à  l'achat  de  rentes  sur  des  particuliers  ou 
même  sur  des  communes  ;  c'est  ainsi  que  la  confrérie 
du  Saint  Rosaire  avait  à  sa  suppression,  sous  la  révo- 
lution française,  une  rente  assez  considérable  sur  la 
commune  de  Mheer. 

Les  revenus  de  la  confrérie  consistaient  dans  le 
produit  de  ces  rentes  et  du  tronc  de  Notre-Dame  du 
Rosaire,  ainsi  que  dans  les  cotisations  des  membres. 

Déjà  en  1642,  elle  avait  dans  la  chapelle  de  tous  les 
Saints,  une  armoire  propre  où  «  estait  conservée  l'image 
»  de  la  Vierge  avec  ses  ornements  et  joyaux.  »  Elle 
contribuait  à  célébrer  avec  éclat  les  fêtes  de  la  sainte 
Vierge  et  ses  membres  assistaient  avec  flambeau  à  la 
procession  qui  se  faisait  tous  les  premiers  dimanches 
du  mois  à  l'intérieur  de  l'église. 

Lors  de  sa  visite  dans  notre  diocèse,  en  161 3,  le  nonce 
de  Cologne,  Antoine  Albergati,  y  institua  la  confrérie  du 
Saint  Sacrement  dont  les  membres  devaient  veiller  à 
l'entretien  du  tabernacle  et  accompagner  le  Saint  Sacre- 
ment lorsqu'il  était  porté  en  procession  ou  aux  malades. 

La  confrérie  fut  aussi  établie  dans  un  grand  nombre 
de  paroisses  et  y  contribua  à  entretenir  la  dévotion  en- 
vers cet  auguste  mystère  (1). 

(1)  Dans,  Histoire  de  Liège. 


-  129  — 

Nous  ne  savons  à  quelle  date  elle  fut  érigée  à  Visé. 
Mais  certainement  elle  ne  tarda  guère  à  s'y  établir. 

En  1688,  elle  commença  à  faire  chanter  tous  les 
jeudis  une  messe  du  vénérable  Saint  Sacrement.  Une 
fondation  couvrait  une  partie  des  frais.  Une  collecte 
faite  pendant  la  messe  suppléait  à  ce  qui  manquait. 

La  confrérie  avait  comme  directeurs  le  pléban  et  les 
deux  bourgmestres.  Ceux-ci  désignaient  un  compteur  qui 
faisait  les  recettes.  Un  calice  acheté  par  les  confrères  et 
portant  les  armes  de  Visé  ainsi  que  les  noms  des  bourg- 
mestres de  Tannée,  servait  pour  la  célébration  de  la 
messe  du  vénérable. 

En  1719,  la  confrérie  augmenta  le  nombre  de  ses 
flambeaux  et  se  procura  une  armoire  pour  les  conser- 
ver. Sans  l'autorisation  du  chapitre,  elle  la  fit  placer  au 
fond  de  l'église.  Les  chanoines  virent  dans  ce  fait  une 
atteinte  à  leur  droit.  La  question  fut  déférée  au  doyen 
Gillis  de  Saint-Martin,  député  à  cet  effet  par  le  nonce 
ou  le  Souverain  Pontife.  Le  juge  se  prononça  en  faveur 
de  la  confrérie.  Car  «  pour  donner  parition  au  décret 
»  de  Monsieur  le  doyen  de  Saint-Martin  comme  juge 
»  délégué  en  date  du  26  janvier  1720,  le  doyen  et  cha- 
»  pitre  à  cet  effet  capitulairement  assemblés  ont  désigné 
»  pour  l'armoir  en  question  en  entrant  dans  l'église  à . 
»  main  gauche  contre  la  muraille  entre  les  bancs  et  la 
»  porte  et  cela  jusqu'à  décision  du  principal,  protestant 
»  bien  expressément  de  ne  vouloir  rien  préjudicier  à 
»  leurs  droits.  8  août  1720  (î).  »  On  ne  sait  si  le  procès 
traîna  encore  après  cette  décision.  En  tout  cas,  il  avait 
absorbé  tous  les  biens  de  la  confrérie,  qui  tomba  peu 
de  temps  après  son  succès. 

En  1755,  Pierre  Pironnet  «  proposa  aux  confrères 
»  du  Saint- Rosaire  de  s'associer  tant  pour  accompa- 
»  gner  le  très-saint  Sacrement  aux  processions  que  le 
»  Viatique  aux  malades  avec  obligation  pour  les 
»  hommes  de  payer  un  florin  par  an.  Laquelle  pro- 

(1)  Archives  de  la  paroisse. 

17 


—  130  — 

»  position  fut  acceptée  par  la  majeure  partie  de  la 
»  paroisse.  Mais  comme  l'entretien  des  flambeaux  dé- 
»  passait  le  produit  du  nombre  des  associés,  le  sexe 
»  féminin  s'associa  à  la  dite  confrérie  parmi  payant 
»  5  sous  par  an  :  ce  qui  suppléa  au  déficit  et  a  fait 
»  que  la  dite  association  a  eu  lieu  jusqu'à  présent  (*).  » 
C  est-à-dire  en  1783. 

De  la  sorte  Pierre  Pironnet  rétablit  la  confrérie  du 
Saint  Sacrement  parmi  les  confrères  du  Saint  Rosaire. 
La  nouvelle  association  ainsi  constituée  prospéra  sous 
la  direction  de  ce  zélé  pléban,  qui  pendant  son  pléba- 
nat  lui  fit  don  de  divers  objets  évalués  à  1247  florins. 
Cette  générosité  lui  valut  dans  son  épitaphe  le  titre  de 
bienfaiteur  de  la  confrérie  du  Saint  Rosaire. 

Le  chantre  Jean  Blocquerie  avait  légué  une  cer- 
taine somme,  qui  devait  servir  à  faire  chanter,  chaque 
année,  une  messe  en  musique  le  jour  de  la  Sainte- 
Cécile.  Cette  donation  provoqua  l'institution  de  la  con- 
frérie de  Sainte-Cécile,  qui  comprenait  les  choraux, 
chantre  et  organiste  du  chapitre  et  de  la  paroisse  et 
avait  pour  but  de  contribuer,  par  la  musique,  à  don- 
ner plus  d'éclat  aux  fêtes  religieuses. 

Le  gouvernement  républicain  décréta  la  dissolution 
des  confréries  et  confisqua  leurs  biens. 

LES  COMPAGNIES  DES  ARBALÉTRIERS 
ET  DES  ARQUEBUSIERS  (2). 

La  compagnie  des  arbalétriers  ou  de  Saint-Georges, 
ainsi  que  celle  des  arquebusiers  ou  de  Saint-Martin, 
furent  établies  dans  le  but  de  défendre  la  ville  contre 
les  agressions  d'aventuriers  ou  de  gens  de  guerre.  Plus 
tard,  quand  la  sécurité  du  pays  se  trouva  plus  assurée 
et  quand  les  gildes  devinrent  impuissantes  en  présence 

(i)  Archives  de  la  paroisse. 

(2)  Cf.  Mathieu,  Les  arbalétriers  et  les  arquebusiers  de  Visé;  He- 
naux,  La  bonne  ville  de  Visé;  J.  C,  La  compagnie  des  arbalétriers 
de  Visé;  les  archives  des  deux  compagnies. 


—  131  — 

de  troupes  régulières,  les  compagnies  devinrent  des 
sociétés  de  tir  bourgeoises  où  le  maniement  des  armes 
servait  de  passe-temps  et  d'agrément. 

La  plus  ancienne  des  deux  compagnies,  celle  des 
arbalétriers,  remonte,  d'après  la  tradition,  jusqu'à  i3io. 
L'existence  de  sociétés  semblables  dans  des  localités  de 
l'importance  de  Visé  est  la  preuve  la  plus  sérieuse  que 
nous  ayions  trouvée  à  l'appui  de  cette  assertion. 

En  tout  cas,  l'existence  des  arbalétriers  avant  1440 
est  incontestable.  En  juin  1441,  ils  prirent  part  à  Liège 
à  un  concours  d'arbalétriers,  qui  réunit  toutes  les  socié- 
tés de  la  principauté. 

En  1467,  nous  les  trouvons  comme  auteurs  princi- 
paux de  l'attaque  des  Visétois  contre  Dalhem  et  de  l'in- 
cendie de  la  tour  de  Bombaye  où  les  fuyards  s'étaient 
réfugiés.  Ce  fait  barbare  provoqua  la  prise  de  Visé  par 
les  Bourguignons  et  amena  la  suppression  de  la  com- 
pagnie avec  la  destruction  de  ses  archives  et  privilèges. 

Avant  i5oo  elle  s'était  réorganisée. 

Le  magistrat  lui  rendit  en  i5oi  ses  anciens  revenus 
qui  consistaient  dans  la  gabelle  des  bières  brassées  à 
l'étranger  et  dans  le  loyer  des  barques  marchandes  qui 
faisaient  un  service  régulier  entre  Visé,  Liège  et  Maes- 
tricht. 

Le  peu  que  nous  savons  de  l'histoire  des  arbalé- 
triers au  XVIe  siècle  nous  permet  de  croire  qu'ils  eurent, 
pendant  cette  période,  une  existence  assez  paisible.  A 
cette  époque  nous  voyons  dans  les  rangs  de  la  compa- 
gnie des  chanoines  et  doyens  du  chapitre  ;  plus  tard  on 
ne  les  y  trouve  plus.  Déjà  alors,  sans  doute,  les  défenses 
des  chefs  religieux  leur  interdisaient  de  prendre  part 
aux  exercices  et  aux  fêtes  de  ces  sociétés,  à  cause  des 
abus  qui  pouvaient  en  résulter. 

En  1579,  ^a  compagnie  des  arquebusiers  surgit  à  côté 
de  celle  des  arbalétriers.  Elle  fut  établie  «  à  l'honneur 
»  et  louange  de  Dieu  omnipotent,  de  la  Vierge  sacrée 
»  sa  mère  et  de  Monsieur  S.  Martin  pour  servir  au 


—  132  — 

»  salut,  garde,  tuition  et  fortification  de  la  dite  ville  et 
»  dépendance  (\).  » 

Les  deux  sociétés  avaient  la  même  organisation,  les 
mêmes  exercices  et  les  mêmes  fêtes.  Tout  nouvel  arba- 
létrier ou  arquebusier  était  solennellement  reçu  dans 
le  corps.  A  son  entrée,  il  payait  un  droit  de  4  florins 
d'après  le  règlement  des  confrères  de  Saint-Georges,  de 
3  florins  20  aidans  d  après  celui  des  confrères  de  Saint- 
Martin.  Des  deux  côtés  on  prêtait  serment  de  fidélité 
au  prince  et  à  la  compagnie. 

Les  statuts  des  deux  compagnies  prescrivaient  l'ex- 
clusion des  membres  indignes  ou  rebelles  aux  chefs 
et  interdisaient,  sous  peine  d'amende,  les  blasphèmes 
et  les  paroles  injurieuses  pendant  les  exercices. 

Arbalétriers  et  arquebusiers  devaient  s'exercer  au 
tir;  les  arbalétriers,  tous  les  dimanches  depuis  la  Saint- 
Georges  jusqu'à  la  Pentecôte  ;  les  arquebusiers,  une 
fois  par  quinzaine,  depuis  le  mois  de  mai  jusqu'en 
septembre.  Ils  avaient  des  champs  de  tir  séparés  appe- 
lés trairies  ;  celui  des  arbalétriers  se  trouvait  dans  le 
voisinage  de  la  porte  de  Mouland,  celui  des  arquebu- 
siers était  situé,  à  la  fin  du  siècle  dernier,  sur  rem- 
placement des  anciens  fossés  de  la  ville  du  côté  Est, 

La  principale  fête  des  sociétés  était  celle  du  tir  à 
l'oiseau  royal.  Pour  les  arbalétriers  elle  se  faisait  le 
lundi  de  la  Pentecôte  ;  pour  les  arquebusiers,  le 
dimanche  de  la  Sainte  Trinité.  Celui  qui  tirait  l'oiseau 
était  roi  pour  l'année  et  portait  comme  tel  le  collier 
avec  l'oiseau  ou  papegaie,  dans  toutes  les  solennités  de 
la  compagnie.  Le  roi  des  arbalétriers  recevait  en  outre 
un  Saint-Georges  en  médaillon  d'argent  qu'il  devait 
porter  au  cou,  sa  vie  durant,  dans  toutes  les  fêtes  et 
marches.  Nous  croyons  retrouver  de  ces  Saint-Georges 
dans  les  médaillons  qui  garnissent  le  milieu  des  pla- 
cards donnés  en  i585  et  i588  par  les  rois  Jacques 
Libotte  et  Henri  Hubert  pour  orner  la  chaîne  du  col- 

(1)  Mathieu,  Arbalétriers  et  arquebusiers  de  Visé,  p.  27,  annexe  I. 


—  133  — 

lier  royal.  Le  roi  était  pendant  Tannée  de  sa  royauté  un 
des  chefs  de  la  compagnie.  Si  on  avait  la  chance  d'être 
roi  trois  fois  de  suite,  on  était  proclamé  empereur. 

Les  deux  compagnies  assistaient  à  la  procession  en 
grande  tenue,  1  epée  au  côté,  l'arquebuse  ou  le  mous- 
queton au  bras.  Pendant  les  bénédictions,  ils  saluaient 
le  Saint  Sacrement  par  des  décharges. 

Les  confrères  de  l'arbalète  et  de  l'arquebuse  célé- 
braient leurs,  fêtes  patronales  avec  solennité.  Ils  assis- 
taient en  corps  à  la  grand'messe  et  allaient  à  l'offrande 
en  exécutant  cette  marche  grave  et  originale,  qui  frappe 
encore  l'étranger  témoin  pour  la  première  fois  de  ce 
spectacle.  Les  fêtes  des  sociétés  se  terminaient  par  de 
joyeuses  agapes. 

La  ville  avait  accordé  aux  deux  compagnies  des  reve- 
nus  pour  couvrir  une  partie  de  leurs  frais.  Les  arbalé- 
triers jouissaient  jadis,  ainsi  que  nous  lavons  déjà  dit, 
du  produit  de  la  gabelle  des  bières  étrangères  et  de  la 
location  des  barques  marchandes.  Les  arquebusiers 
avaient  obtenu  un  terrain  communal  situé  près  du 
temple,  qui  porte  encore  le  nom  d'enclos  des  arque- 
busiers. 

A  partir  de  1611,  en  compensation  des  anciens 
droits  dont  ils  furent  privés,  le  magistrat  paya  aux  deux 
sociétés  un  subside  de  cinquante  pièces  de  100  florins 
qui  leur  fut  tour  à  tour  retiré  et  rendu. 

Les  droits  d'entrée  et  de  sortie,  les  amendes  et  les  co- 
tisations, établis  d'après  les  besoins  et  les  circonstances, 
suppléèrent  à  l'insuffisance  du  subside  de  la  ville. 

Ces  petits  corps  étaient  gouvernés  par  des  chefs, 
tous  électifs  à  l'exception  du  roi.  Le  capitaine,  élu  à  vie, 
était  le  véritable  chef  de  la  compagnie  :  il  la  comman- 
dait et  la  dirigeait  dans  ses  exercices  de  tir,  à  la  proces- 
sion et  ailleurs. 

L'enseigne,  portait  fièrement  le  drapeau  de  Saint- 
Martin  ou  de  Saint-Georges  aux  armes  de  la  ville  et  du 
prince. 


—  134  — 

Deux  mayeurs  maintenaient  le  bon  ordre  et  faisaient 
l'office  des  commissaires  de  nos  sociétés  actuelles. 

D'après  les  anciens  règlements  les  confrères  devaient, 
sous  peine  d'amende,  se  rendre  à  l'appel  de  leur  capi- 
taine chaque  fois  que  la  présence  de  la  compagnie  était 
nécessaire  pour  la  police  ou  la  sécurité  de  la  ville. 

L'article  9  du  règlement  des  arquebusiers  leur  pres- 
crivait même  d'avoir  «  en  leur  endroit  provision  d'une 
»  */a  bl.  de  poudre  et  d'une  livre  de  balles  pour  le 
»  moins,  afin  que  si  quelque  affaire  survenais  ils 
»  pussent  se  trouver  preste  et  bien  à  point  devers  le 
»  capitaine  et  officiers  pour  la  défense  et  tuition  de 
»  laditte  ville  de  Visé.  » 

Cette  ordonnance,  qui  probablement  existait  aussi 
pour  les  arbalétriers,  explique  comment  à  Visé  les 
meurtres  se  commettaient  toujours  à  l'aide  d'armes  à 
feu,  comme  l'attestent  les  vieux  registres  de  décès. 

Les  deux  règlements  établissaient  encore  qu'au  dé- 
cès d'un  arbalétrier  ou  d'un  arquebusier,  la  compagnie 
devait  faire  célébrer  pour  le  défunt  un  service  auquel 
tous  les  confrères  assistaient. 

Pendant  les  premières  années,  après  l'établissement 
des  arquebusiers,  une  rivalité  assez  vive  semble  avoir 
existé  entre  les  deux  compagnies.  Cette  disposition  des 
esprits  pourrait  bien  avoir  eu  pour  motif  les  reve- 
nus plus  considérables  que  la  ville  payait  aux  arba- 
létriers. Au  commencement  du  XVIIe  siècle,  le  magis- 
trat, composé  d'arquebusiers,  s'appuyant  sur  certaines 
clauses  de  l'acte  de  donation  de  i5oi,  voulut  retirer  ce 
subside  aux  arbalétriers.  Il  invoqua  auprès  du  prince- 
évêque  l'état  des  finances  de  la  ville,  le  petit  nombre 
des  confrères  de  Saint-Georges,  les  opinions  hérétiques 
manifestées  par  quelques-uns  d'entre  eux,  et  enfin  les 
services  si  peu  considérables  rendus  pour  des  revenus 
si  grands.  Ernest  de  Bavière  se  laissa  persuader  et  cassa 
les  arbalétriers  par  un  mandement  du  3  décembre  i6o3. 

Huit  ans  plus  tard,  l'ancienne  compagnie  fut  réta- 


—  135  — 

blie  par  un  décret  du  prince-évêque  daté  du  25  juin 
1611  ;  seulement,  elle  ne  rentra  pas  dans  ses  anciens 
droits  sur  les  barques  marchandes  et  la  gabelle  des 
bières  ;  elle  dut  se  contenter  d'un  subside  égal  à  celui 
des  arquebusiers,  qui  fut  d'abord  de  5o,  puis  de  100 
florins. 

A  partir  de  ce  moment  les  deux  sociétés  mises 
sur  un  pied  d'égalité  pour  les  faveurs  du  magistrat, 
semblent  avoir  vécu  dans  la  meilleure  entente.  Si  par- 
fois, des  disputes  éclataient  entre  arbalétriers  et  arque- 
busiers, les  chefs  cherchaient  à  étouffer  ces  germes  de 
discorde.  Ils  tiraient  l'oiseau  à  la  même  perche,  frater- 
nisaient et  s'offraient  mutuellement  le  vin  d'honneur  à 
l'occasion  de  leurs  fêtes.  En  1709,  les  chefs  des  deux 
compagnies  s'unirent  pour  obtenir  le  paiement  de  leur 
subside,  que  le  magistrat  leur  refusait. 

On  aurait  donc  tort  de  prétendre,  comme  MM. 
Henaux  et  Mathieu,  que  les  deux  compagnies  repré- 
sentaient l'une  l'aristocratie,  l'autre  la  démocratie  et  que 
des  luttes  continuelles,  parfois  sanglantes,  existaient 
entre  elles.  M.  Henaux  dit  encore  que  les  arquebusiers 
étaient  hostiles  aux  princes-évêques.  Dans  l'histoire 
des  compagnies  nous  n'avons  trouvé  qu'une  manifes- 
tation des  sentiments  des  deux  compagnies  envers  leur 
prince.  C'était  lors  d'une  des  visites  de  Ferdinand  de 
Bavière  à  Visé.  Le  magistrat  avait  convoqué  la  garde 
bourgeoise  pour  la  réception  du  chef  de  l'Etat.  Arba- 
létriers et  arquebusiers  préférèrent  se  grouper  sous  les 
drapeaux  de  Saint-Georges  et  de  Saint-Martin,  pour 
témoigner  l'attachement  de  leurs  compagnies  envers 
leur  souverain. 

Les  deux  vieilles  sociétés  n'ont  donc  pas  provoqué, 
comme  pourraient  le  faire  croire  les  travaux  de  MM. 
Henaux  et  Mathieu,  des  luttes  et  des  discordes  dans  le 
sein  de  la  ville.  Anciennement,  elles  contribuèrent  à  la 
défense  de  la  localité  ;  plus  tard  elles  donnèrent  à  leurs 
membres  le  moyen  de  passer  agréablement  et  honnête- 


—  136  — 

ment  les  loisirs  du  dimanche,  et  entretinrent  entre  eux 
l'union  et  la  concorde. 

Supprimées  sous  le  régime  despotique  de  la  révolu- 
tion française,  les  deux  sociétés  se  reformèrent  dès  i8o3. 
De  nos  jours  encore  elles  existent  pleines  de  vie  et 
puisent  surtout  leur  force  dans  leurs  anciens  souvenirs. 

LES  MÉTIERS  (i). 

D  après  M.  Henaux  (t)  «  la  division  du  peuple  en 
»  métiers  devait  être  fort  ancienne.  »  Il  cite  un  record 
de  Tan  1397,  qui  montrerait  déjà  «  des  vignerons  en  cor- 
»  poration.  »  Ce  record  de  la  justice  de  Viseit  contient 
le  jugement  d'un  procès  entre  «  nous  singneurs  de  vene- 
»  rauble  capitle  de  Liège  d'une  part  et  les  viniers  ven- 
»  dant  vin  a  broke  en  la  dite  ville  de  Viseit  d'autre  part, 
»  à  cause  et  question  des  foraiges  des  vins  que  nous 
»  dis  singneurs  du  Capitle  reclamoient  et  demandoient 
»  à  avoir  a  viniers  deseurdit  ;  »  et  la  cour  décide  que 
le  chapitre  a  droit  «  sour  chascun  tonneal  de  vin  a  deux 
»  fons  a  deux  stiers  de  vin  à  la  mesure  de  Viseit.  » 

Ce  document  prouve  que  les  viniers  étaient  assez 
nombreux  à  cette  époque  à  Visé  et  que  dans  cette  affaire 
ils  s'étaient  unis  pour  défendre  ce  qu'ils  croyaient  leur 
droit  commun.  Mais  il  ne  démontre  aucunement  que 
le  métier  des  vignerons,  qui  comprenait  plusieurs  autres 
catégories  de  bourgeois,  fut  organisé  à  cette  date  tel 
que  nous  le  verrons  plus  tard,  dans  un  but  politique  et 
électoral. 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit  on  ne  parle  pas  de 
magistrat  ni  de  métiers  dans  deux  affaires  importantes, 
—  la  transaction  avec  le  chapitre,  en  1340,  et  le  procès 
du  moulin  banal,  en  i365,  —  que  la  communauté 
eut  à  traiter  dans  le  cours  de  ce  siècle.  De  là  nous 
concluons  que  les  métiers  et  le  magistrat  n'existaient 

(1)  Les  archives  de  la  ville  de  Visé. 

(2)  M.  Henaux,  La  bonne  ville  de  Visé, 


—  137  — 

pas  encore  de  ce  temps  et  ne  furent  établis  qu  a  la 
suite  des  privilèges  accordés  à  la  ville  par  Jean  de 
Heinsberg. 

Le  9  avril  1429,  ce  prince-évêque  accorda  aux  Visé- 
tois  une  charte  de  privilèges  «  sur  la  supplication  par 
»  eulx  pour  ce  à  nous  faicte.  »  Il  y  dit  que  :  «  Ayons 
»  nostre  grâce  de  eux  assister  et  concéder  choise  qui 
»  puist  leur  proufïiter  et  aider  à  l'enforchier  (la  ville) 
»  et  tenir  en  puissance  honneur  et  bon  gouernement. 
»  Avons  a  yaux  donnet  accordet  et  concedet  et  par  ces 
»  présentes  donons  ...  —  Que  doresenavant  ils  usent  et 
»  puisent  user  de  status  entre  yeux  et  avoir  franchiese 
»  de  faire  maistres  et  jureis  en  nostre  dite  ville  pour 
»  eulx  et  nostre  dite  ville  regier  et  mettre  à  bon  gover- 
»  ne  ment.  » 

A  cette  époque  le  magistrat,  composé  des  maistres 
et  jureis,  était  élu  par  la  généralité  des  habitants  divi- 
sés en  catégories  appelées  métiers.  L'établissement  du 
magistrat  entraînait  donc  à  Visé  l'organisation  des 
métiers. 

Le  nombre  de  ces  classes  de  bourgeois  fut  de  trois. 
On  leur  donna  le  nom  du  métier  le  plus  important  qui 
en  faisait  partie. 

Le  métier  des  cherwiers  comprenait  :  les  cherwiers, 
le  moulnier,  les  boulangiers,  les  brasseurs,  les  reven- 
deurs de  grains,  les  mingnons,  les  voiltiers  et  les  Pot 
de  steniers. 

A  bon  mestier  des  neaveurs  debvoient  appartenir  : 
les  neaveurs,  les  pexheurs,  les  mâchons,  les  chaffor- 
niers,  les  pontonniers.  Ce  métier  portait  quelquefois  le 
nom  de  métier  des  chafforniers. 

Enfin  le  bon  mestier  des  vignerons  se  composait  : 
des  vignerons  ou  viniers,  des  mercheniers  ou  mar- 
chands de  selz,  des  parmentiers,  des  corbesiers  gobe- 
liers,  des  drapiers  et  teschiers,  des  retondeurs,  des  re- 
vendeurs de  biers,  des  manovriers,  des  scryniers,  des 
cherpentiers,  des  mangons,  des  chapliers,  des  covreurs, 

18 


—  438  — 

des  plukleurs,  des  porteurs  de  sacke,  des  tanneurs,  des 
tindeurs,  des  cuveliers,  des  chirurgiens,  des  poindeurs, 
des  banceliers  et  croisiers. 

Tout  étranger  qui  venait  s  établir  à  Visé  devait  faire 
acqueste  ou  relief  d'un  des  trois  métiers  et  payer  de  ce 
chef  un  droit  qui  varia  avec  le  temps. 

Un  étranger  qui  épousait  une  Visétoise  et  voulait 
habiter  la  ville,  devait  faire  relief  d'un  métier  ;  de 
même,  le  fils  d'un  bourgeois  ayant  quitté  la  ville  pour 
s'établir  ailleurs.  Tous  les  autres  étrangers  devaient 
faire  acqueste  d'un  métier.  Vacqueste  entraînait  des 
frais  plus  considérables  que  le  relief.  On  pouvait  payer 
la  plaine  raete  des  frais  ou  par  annuités. 

En  i555,  V acquérant  payait  10  florins  d'or  à  parta- 
ger suivant  certaines  règles  entre  les  trois  métiers;  en 
outre  certains  droits  au  greffier  de  la  ville,  et  aux  clers 
et  parle{  du  métier. 

Le  relevant  payait  3  florins  et  les  droits  des  fonc- 
tionnaires. 

L'étranger,  qui  ne  voulait  acquérir  un  métier  était 
poursuivi  et  en  cas  de  non  payement,  banni  de  la 
ville. 

Chaque  métier  avait  à  sa  tête  deux  gouverneurs, 
élus  pour  un  an,  le  mardi  avant  la  fête  du  Saint  Sacre- 
ment. Les  gouverneurs  ne  pouvaient  pas  faire  partie 
du  magistrat,  mais  représentaient  leur  métier  auprès 
de  lui  et  veillaient  à  ce  que  les  intérêts  de  la  ville  et 
de  leurs  commettants  fussent  sauvegardés.  Le  jour  du 
vénérable,  avant  la  grand'messe,  les  élus  prêtaient  ser- 
ment devant  les  maîtres  et  jurés  de  remplir  fidèlement 
les  devoirs  de  leur  charge.  Le  bourgeois  choisi  comme 
gouverneur  ne  pouvait  renoncer  à  son  mandat  que  du 
consentement  de  ses  électeurs.  En  1547,  un  des  élus 
offre  une  aime  de  bière  pour  qu'on  nomme  un  autre 
gouverneur  à  sa  place. 

Les  gouverneurs  des  trois  métiers  assistaient  à  la 
procession  pour  y  représenter   leur  corporation.  Ils  y 


—  139  — 

portaient  un  flambeau  acheté  aux  frais  de  la  corpo- 
ration. 

Chaque  métier  élisait  tous  les  ans  al  Saint-Remy 
deux  jureis.  Ces  six  jureis  formaient  le  magistrat,  avec 
les  deux  maistres  désignés  par  le  conseil  de  Tannée 
précédente. 

Anciennement  les  métiers  se  réunissaient  pour  dis- 
cuter les  affaires  communales  d'une  certaine  impor- 
tance; en  1527,  il  fut  convenu  que  désormais  ces 
assemblées  générales  n'auraient  plus  lieu  et  que  les  gou- 
verneurs agiraient  au  nom  de  ceux  qui  les  avaient  élus 
sans  consultation  préalable. 

Lorsque  en  1467  Visé  fut  privé  de  ses  privilèges,  les 
métiers  avaient  été  dissous.  Ils  furent  reconstitués  en 
1477  quand  ces  privilèges  furent  rendus  par  Louis  de 
Bourbon.  Depuis  lors  ils  fonctionnèrent  régulièrement, 
avec  quelques  modifications  dans  leur  règlement,  jus- 
qu'en i685. 

A  cette  date,  Maximilien-Henri  de  Bavière  introdui- 
sit à  Visé  un  nouveau  mode  d'élection  pour  les  maistres 
et  jureis,  dans  lequel  les  métiers  n'avaient  aucune  part. 
Leurs  gouverneurs  même  furent  nommés  par  le  magis- 
trat et  ne  jouirent  plus  d'aucune  influence  politique, 
mais  se  meslèrent  seulement  du  gouvernement  des 
mestiers. 

A  partir  de  ce  moment  les  métiers  perdirent  leur 
caractère  propre  et  n'existèrent  plus  guère  que  par  tra- 
dition, pour  inscrire  dans  leurs  cadres  les  nouveaux 
habitants  de  la  ville  et  pour  débattre  les  intérêts  de  l'une 
ou  l'autre  classe  d'artisans  qui  en  faisait  partie. 

Toutefois,  en  1725,  on  les  vit  revivre  sous  une  autre 
forme  dans  les  six  chambres  dites  des  composants. 
Celles-ci  comprenaient  chacune  quinze  personnes,  dési- 
gnées pour  la  première  fois  par  le  prince-évêque  ;  elles 
jouissaient,  en  fait  d'élection  et  de  contrôle  du  magis- 
trat, d'une  partie  des  prérogatives  des  métiers. 


—  140  — 

VIL- 
LE MOULIN  BANAL  DE  VISÉ  A  DEVANT-LE-PONT. 

Le  droit  de  banalité  était  un  des  privilèges  de  l'an- 
cien régime  supprimés  par  la  Révolution  française 
comme  odieux  et  tyranniques,  mais  ressuscites  depuis 
sous  les  noms  plus  modernes  de  monopoles,  de  taxes 
d'abattoir  et  autres. 

Ce  droit  s'incarnait  particulièrement  dans  le  moulin 
banal.  Nous  n'avons  ici  ni  à  rechercher  l'origine  de  la 
banalité  ni  à  prouver  sa  justice.  Disons  cependant  que, 
d'après  les  apparences,  les  seigneurs  du  moyen  âge 
pourraient  bien  avoir  établi  ces  usines,  comme  on  disait 
jadis,  pour  l'usage  de  leurs  vassaux,  à  condition  que 
ceux-ci  s'engageassent  à  ne  s'adresser  pour  la  mouture 
de  leurs  grains  qu'au  moulin  de  leur  localité  ou  ban. 

Le  moulin  banal  de  Visé  était  situé  entre  Hermalle 
et  Devant- le- Pont,  sur  la  rive  gauche  du  ruisseau  VAa%, 
près  de  l'endroit  où  celui-ci  déverse  son  eau  dans  la 
Meuse.  L'origine  de  ce  moulin  se  perd  dans  la  nuit  des 
temps. 

Au  début  il  avait  comme  unique  propriétaire  la 
cathédrale  de  Saint- Lambert  de  Liège,  qui  avait  sur 
Visé  des  droits  seigneuriaux. 

En  1232  l'ancien  moulin  tombait  en  ruines.  Le 
chapitre  de  Saint- Lambert  céda  le  vieux  bâtiment  avec 
le  droit  de  banalité  à  un  Bastianus  de  Visé  moyennant 
une  rente  héréditaire  de  20  solidi. 

La  propriété  du  moulin  resta  assez  longtemps  à  des 
seigneurs  et  notables  bourgeois  de  Visé  ou  des  environs. 

En  1367,  il  appartenait  «  a  honorables  personnes, 
»  Madame  Marie  des  Temples  femme  jadis  à  Monsr 
»  Waultier  délie  Sause  (del  Saulx)  le  joesne  cheva- 
»  lier,  Johan  dit  Forgon  de  Lexhe,  Gerar  del  Loye  et 
»  Armil  fil  jadis  Wilhelm  de  Weis  escuwir.  »  Plus 
tard,  la  cathédrale  Saint-Lambert  rentra  dans  la  pos- 


—  141  — 

session  d'un  tiers  du  moulin  ;  peut-être  les  propriétaires 
cédèrent-ils  cette  part  pour  racheter  la  vieille  rente  de 
20  solidi. 

Vers  1475,  Nicolas  Sarrazin,  doyen  du  chapitre  de 
Saint-Hadelin  de  Visé,  acquit  à  titre  personnel  un  autre 
tiers  du  moulin  à  la  suite  de  différents  achats  faits  à 
des  copropriétaires  ou  parchonniers  comme  on  disait 
alors. 

En  1481,  nous  trouvons  comme  propriétaires  de  l'im- 
meuble, la  cathédrale  de  Liège,  le  doyen  Sarrazin  et 
Jacquemin  de  Crissegnée,  chacun  pour  un  tiers. 

Le  chapitre  de  Saint-Lambert  resta  dans  la  posses- 
sion de  sa  part  jusqu'à  la  Révolution  française. 

Nicolas  Sarrazin  laissa  en  mourant  la  plus  grande 
partie  de  sa  fortune  au  chapitre  de  Visé  et  celui-ci  con- 
serva sa  part  du  moulin  jusqu'à  sa  suppression. 

Le  troisième  tiers  passa,  par  voie  d'achat  et  d'héré- 
dité, à  différentes  familles  du  pays  de  Liège.  Vers  1520 
il  appartenait  à  Jehan  de  Lemborgh,  seigneur  d'Oupeye 
et  de  Vivegnis,  échevin  de  Liège  ;  plus  tard  il  passa  aux 
de  Walcourt,  de  Lovinfosse,  de  Saulcy,  etc. 

L'acte  de  cession  de  1232  mentionne  simplement 
Ja  banalité  du  moulin  et  dit  que  les  fautes  commises 
contre  le  droit  par  le  meunier  ou  les  manants,  seront 
poursuivies  par  le  mayeur  et  punies  par  la  Cour  éche- 
vinale. 

«  Tous  les  mansonniers  (manants)  seront  tenus 
»  comme  auparavant  d'aller  moudre  au  moulin  banal, 
»  si  quelqu'un  d'entre  eux  forfait  à  ce  devoir  Bastianus 
»  ou  son  représentant  en  donnera  avis  au  mayeur  (villi- 
»  eus)  de  Visé,  et  celui-ci  fera  condamner  (corrigere) 
»  le  coupable  par  la  Cour  échevinale  (per  scabinos).  Le 
»  meunier  ne  tirera  aucun  profit  de  l'amende,  celle-ci 
»  sera  mise  à  la  disposition  du  représentant  du  chapitre 
»  à  Visé  (in  usus  praepositi  vel  obedientiarii  de  Viseto 
»  ex  parte  ecclesiae  convertetur).  Bastianus,  de  son 
»  côté,   ne  suscitera  ni  au  chapitre  ni  aux   manson- 


—  142  — 

»  niers  aucune  inquiétude  ou  molestation.  S'il  manque 
»  à  une  de  ces  obligations  le  chapitre  pourra  le  punir 
»  dans  les  biens  qu'il  tient  de  celui-ci.  » 

Des  documents  plus  récents  nous  donneront  une 
idée  plus  claire  des  lois  qui  régissaient  les  rapports  des 
habitants  du  ban  avec  le  moulin  banal. 

En  1367,  les  mansonniers  de  Visé  contestèrent  aux 
propriétaires  du  moulin  le  droit  à  la  banalité.  Ils  se 
proclamèrent  francs  sous  ce  rapport. 

Le  procès  fut  d'abord  déféré  à  la  Cour  de  Justice  de 
Visé.  Les  bourgeois  prétendirent  que  c'était  librement 
qu'ils  avaient  toujours  moulu  à  Devant-le-Pont  et  non 
par  ban.  Ils  offrirent  de  produire  des  témoins,  qui 
attesteraient  leur  droit.  La  Cour  leur  donna  gain  de 
cause. 

Les  propriétaires  interjetèrent  appel  auprès  de  la 
Haute  Cour  de  Justice  de  Liège  et  prétendirent  que  tous 
les  manants  étaient  tenus  d'aller  moudre  à  leur  moulin, 
à  l'exception  des  prestres,  canoines,  chevaliers,  escu- 
wirs  et  clerqs  notore\  exempts  par  la  loi  générale  du 
pays.  Ils  alléguèrent  à  leur  tour  l'antique  possession, 
qu'ils  prouvèrent  par  différents  faits,  attestant  la  bana- 
lité, enfin  ils  exhibèrent  «  en  signe  de  prouvance  des 
»  lettrez  anchiennes  scellées  de  vénérable  chapitre  de 
»  Liège  par  lesquelz  ilz  tenoient  en  masure  le  molin,  le 
»  stal,  le  biez  et  le  droiture  de  ban.  »  Ces  pièces,  sans 
doute  l'acte  de  1232,  furent  reconnues  authentiques.  La 
Cour  réforma  le  jugement  de  la  Justice  de  Visé. 

Le  moulin  fut  déclaré  banal  «  les  manants  et  sur- 
»  céans  de  Viseit  sont  tenus  de  moulre  par  ban  a  tel 
»  molaige  et  tout  ensy  qu'il  at  esté  useit  de  temps  pas- 
»  seit.  —  Les  héritiers  (propriétaires)  et  leurs  hoires 
»  (successeurs)  doient  bien  et  suffisamment  détenir  le 
»  mollin  et  ses  appendices.  Parquoy  les  dits  surceans 
»  et  masvyrs  nen  soient  aulcunement  endomagiez  par 
»  leur  deffaulte.  Le  mollin  doit  estre  chascun  an  une 
»  fois  ou  deux  visente  (visité)  par  les  eschevins  de  Viseit 


—  143  — 

»  ou  par  les  jureis  d'eauwe  (inspecteurs  des  eaux  sous 
»  les  ordres  de  la  Haute  Cour  de  Liège)  affin  qu'ils  soit 
»  détenus  en  la  manière  devant  escripte  et  les  mesures 
»  justifies  (vérifiées)  ensy  qu'il  est  accoustumé. 

»  S'il  advenait  que  le  mollin  fuist  en  si  mal  point 
»  quil  ne  powist  délivrer  ceulx  de  ban  adont  en  cesly 
»  cas  poroient  chil  (ceux)  que  delivreis  ne  seraient  Rai- 
»  sonablement  aller  moulre  aultre  part  juxes  a  tant  que 
»  le  dis  mollins  seroit  remis  en  bon  estât. 

»  Mais  se  aulcuns  des  sourceans  alloit  moulre  aul- 
»  tre  part  sains  quil  ne  peresist  mie  en  detenaige  (sans 
»  qu'il  eut  conduit  son  grain  au  moulin)  dédit  mollin 
»  et  rapporteis  fuist  de  teil  meffait  aile  justice  de  Viseit 
»  teis  surceans  seront  encheus  (encourront)  et  a  teins 
»  (seront  atteints)  d'une  amende  de  7  solz  de  bonne 
*  monnoie  qui  serat  convertie  en  aouwe  (sera  donnée) 
»  de  celuy  cuy  (a  qui)  loy  le  donnerat.  Li  héritiers  ne 
»  leurs  moulners  ne  poroient  en  la  dite  amende  deman- 
»  der  droiture  nulle.  » 

Le  document  cité  renferme  encore  d'autres  détails 
concernant  le  fonctionnement  de  ce  moulin  banal. 
C'était  al  plait  général^  que  les  échevins  visitaient  le 
moulin  et  vérifiaient  les  mesures;  de  ce  chef  ils  tou- 
chaient une  indemnité. 

«  Tos  les  maswirs  (bourgeois)  dévoient  xhanner 
»  (curer)  chascun  an  al  S.  Remy,  quand  besoins  estoit 
»  le  biez  de  mollin  aile  requeste  de  moulnier  et  tint 
»  (tous)  le  defallans  estoient  chascons  deaz  (d'eux)  atains 
»  (atteint  d'une  amende)  de  dois  (deux)  deniers  de  bonne 
»  monnoie.  —  Quand  le  meunier  ne  pouvait  discom- 
»  breir  (desservir)  les  sourceans  le  moulnier  melnoient 
»  moulre  par  conqueste  aultre  part  les  masvyrs  et  ny 
»  osoient  aller  sains  son  Gongier  (permission).  » 

Les  manants  devaient  faire  moudre  al  molaige 
comme  useit  estoit  de  temps  passeit  :  mais  on  ne  ne  dit 
pas  au  quantième  ;  seulement  nous  savons  qu'en  1480 
on  moulait  comme  jadis  au  seizième. 


—  444  — 

Ce  jugement  établit  la  banalité  du  moulin,  mais  ne 
prévint  pas  de  nouvelles  difficultés. 

Vers  i535,  les  bourgeois  contestent  de  nouveau  le 
caractère  banal  du  moulin  ;  ils  nient  le  droit  et  disent  en 
outre  que  le  moulin  ne  se  trouve  pas  dans  les  conditions 
voulues  pour  les  servir  convenablement. 

Après  de  longs  débats  devant  la  Cour  de  Liège  et 
les  Etats,  l'ancien  droit  est  reconnu  par  la  généralité 
des  bourgeois  assemblés  sur  le  cimetière  de  l'église,  et 
les  bourgmestres  sont  députés  pour  faire  connaître  cette 
décision  à  la  Cour  de  Liège.  Le  6  décembre  i535  celle- 
ci  réserve  le  second  point  et  condamne  les  deux  parties 
a  porter  ses  frais  et  despens. 

La  seconde  question  était  de  la  compétence  des  voir- 
jurés  deau.  Ces  fonctionnaires  avaient  dans  leurs  attri- 
butions de  visiter  les  moulins  banaux  et  de  trancher  les 
difficultés  qui  pouvaient  surgir  entre  les  propriétaires 
ou  leurs  meuniers  et  les  bourgeois  au  sujet  de  la  marche 
du  moulin  et  du  service  des  eaux. 

Le  14  mars  i536,  quatre  voir-jurés  viennent  inspec- 
ter le  moulin  et  ses  appendices  en  présence  des  repré- 
sentants des  deux  parties.  Ils  jugent  Yusine  insuffisante 
surtout  en  temps  de  fortes  eaux. 

Ils  ordonnent  donc  à  la  correction  de  leurs  chieff 
(les  échevins  de  Liège)  que  les  ventas  et  xhorres  (écluses 
et  canaux  de  dérivation)  établis  sur  le  ruisseau  soient 
enlevés  ou  bouchés,  que  le  biez  soit  élargi  et  les  rives 
exhaussées  ;  que  les  harna\  soient  également  relevés  et 
les  cheneaux  renouvelés  et  agrandis  ;  qu'enfin,  diffé- 
rentes autres  améliorations  soient  encore  effectuées. 

Les  bourgeois  se  plaignaient  de  ce  que  le  moulin  ne 
pouvait  les  desservir  en  temps  de  hautes  eaux  ;  les  voir- 
jurés  jugent  qu'il  faut  établir  un  nouvel  harnaz  dont  la 
roue  prendrait  leau  par  en  bas  ce  qui  la  mettrait  hors 
le  danger  d'être  inondée. 

Dans  le  courant  de  l'été  les  propriétaires  firent  exé- 
cuter les  travaux  indiqués. 


—  145  — 

Le  25  novembre,  les  voir-jurés  viennent  inspecter 
l'ouvrage,  font  marcher  les  différentes  tours  du  moulin 
avec  forte  et  petite  eau  et  déclarent  que  rétablissement 
est  en  état  de  desservir  le  ban.  Ils  adressent  un  rapport 
dans  ce  sens  aux  échevins  de  Liège,  leur  chieff. 

La  Cour,  après  avoir  «  iceluy  bien  et  long  viseté 
»  et  la  matière  débattue  par  plusieurs  fois  dit  et  jugea 
»  en  rechargeant  les  dis  jureis  en  leur  absence  quelle 
»  demeure  enttièrement  emprès  de  leur  rapport.  » 

Ainsi  fut  terminée  l'affaire. 

Dans  la  suite,  de  petites  contestations  surgirent  en- 
core, de  temps  à  autre,  entre  le  meunier  et  ses  clients. 

Pour  bien  de  paix  et  afin  d'avoir  et  entretenir 
amour  et  concorde,  Pierre  Slenaken,  doyen  du  cha- 
pitre de  Visé  (1552-1576),  rédigea  avec  les  bourgmestres 
un  règlement,  qui,  après  quelques  modifications,  fut 
accepté  par  les  trois  propriétaires.  En  voici  les  disposi- 
tions principales  : 

Les  meuniers,  sa  femme  et  ses  serviteurs  prêteront  serment  de 
moudre  aussi  prqfitablement  que  pour  eux  mesmes. 

Le  meunier  aura  une  nacelle  et  un  attelage  suffisant  pour  bien 
desservir  ses  clients. 

Chacun  sera  servi  à  son  tour  sans  préférence. 

Le  grain  sera  moulu  dans  les  24  heures,  autrement  le  bourgeois 
pourra  aller  à  un  autre  moulin. 

Les  habitants  du  ban  doivent  être  servis  avant  les  étrangers. 

Ceux  qui  vont  moudre  ailleurs  sans  motif  seront  passibles  d'une 
amende  de  2 1  aidans.  Leur  mouture  sera  confisquée  au  profit  du 
meunier. 

Si  le  meunier  est  en  défaut  on  pourra  le  faire  condamner  à 
payer  l'amende  et  à  réparer  tout  dommage. 

Si  un  meunier  étranger  se  permet  de  venir  chercher  le  grain 
sur  le  ban,  le  meunier  de  Visé,  son  varlet  (serviteur)  ainsi  que  le 
sergeant  pourront  prendre  et  constituer  en  ferme  des  bourg- 
mestres,  le  cheval,  harna\  et  grain  pour  en  avoir  le  meunier  ses 
intérêts  et  le  sergeant  F  amende  à  l'ordonnance  de  la  justice. 

A  la  suite  de  ces  arrangements,  le  moulin  cessa  pen- 
dant longtemps  d'être  une  cause  de  contestations. 

19 


—  146  — 

Vers  1680  cependant,  de  nouvelles  difficultés  allaient 
se  produire.  La  cause  fut,  cette  fois,  indépendante  de 
la  volonté  des  parties. 

On  ne  sait  pour  quels  motifs  les  eaux  du  ruisseau 
devinrent  tout  à  coup  moins  fortes.  Les  meuniers  de 
Haccourt  et  d'Oupeye  constatèrent  la  même  diminution 
et  en  attribuèrent  la  cause  aux  chaleurs  excessives  des 
étés  précédents. 

Le  moulin  se  trouva  de  nouveau  impuissant  à  des- 
servir tous  les  bourgeois  et  la  banalité  allait  se  perdre 
par  le  fait,  quand  les  propriétaires  imaginèrent  d'établir 
sur  la  Meuse  un  moulin  sur  barques,  qui  suppléerait  à 
l'insuffisance  de  l'autre. 

Le  projet  fut  exécuté,  mais  ce  nouveau  genre  de 
moulin  ne  doit  pas  avoir  réussi,  car  un  certain  nombre 
d'années  après,  moulin  et  barques  furent  vendus. 

On  ignore  ce  que  firent  alors  les  propriétaires  pour 
servir  convenablement  le  ban  et  conserver  le  droit  de 
banalité. 

Les  seigneurs-propriétaires  louèrent  leur  moulin 
pour  des  stuits  (termes)  de  trois,  six  ou  neuf  ans.  Le  plus 
ancien  acte  de  bail  date  de  i52i. 

Le  loyer  était  alors  «  de  3g  muyds  de  moulture  me- 
»  sure  de  Viseit  bonne  et  laiale  et  telle  le  dit  mollin  lui 
»  wangnera  (gagnera)  sans  fraude  a  payer  et  livrer  pour 
»  une  tierche  parte  à  Viseit  et  pour  les  autres  deux 
»  tierches  partes  sur  les  greniers  desdits  parchonniers 
»  aux  frais  despens,  costes  dudit  accenseur  (locataire) 
»  de  quinzaine  à  quinzaine  ou  de  mois  à  mois  ainsy 
»  que  d'anchienneteit  il  ast  esté  accoustumeit  et  az  con- 
»  dition  que  ledit  accenseur  doit  entretenir  à  ses 
»  propres  frais  costes  et  despens  ledit  mollin  en  tel  estât 
»  quil  lui  at  esté  delivreit  comme  par  la  Visitation 
»  appert  et  le  laisser  en  bon  point  et  en  lestât  quil  lat 
»  pris  —  et  pourront  les  dites  parties  renoncher  sil  leur 
»  plaist  à  ceste  présente  accense  endedans  le  commen- 
»  chement  de  la  troisième  année  dédit  stuit  pourveu 


—  147  — 

»  que  la  partie  renonchante  serat  tenu  de  le  laisser  sca- 
»  voir  a  lautre  partie  par  signification  quelle  en  ferat 
»  ung  demy  an  avant  le  cop  (?)  —  et  se  ledit  accenseur 
»  estoit  négligent  ou  défaillant  de  faire  tout  ce  que  dit 
»  est  les  seigneurs  pourront  en  telle  cas  leurs  mains 
»  remectre  audit  mollin  et  en  disposer  a  leur  meilheur 
»  proffit  sains  contredit  dudit  Balduyn  (meunier)  et 
»  nonobstante  la  présente  accense. 

»  Touttes  lesquelles  choeses  le  souventdit  accenseur 
»  promist  par  sa  foi  créante  en  lieu  de  serrement  sti- 
»  pulant  et  acceptant  sur  peyne  d  exiodcation  (?)  et  obli- 
»  gation  de  tous  ses  biens  meubles  et  immeubles  et 
»  héritai  blés  présents  et  advenir  de  faire  tenir  et 
»  accomplir.  En  renonchant  pour  ce  a  touttes  et  singu- 
»  lieres  exceptions  et  deflensions  de  droit  de  loy  de  fait 
»  et  par  especial  au  droit  disant  générale  revendication 
»  non  valloir  se  lespiciale  ne  précède  (?).  » 

Les  actes  de  bail  postérieurs  sont  les  mêmes  pour  le 
fond.  Seulement  nous  voyons  le  loyer  augmenter  à  la 
suite  des  travaux  opérés  en  i53j  et  vers  1620. 

En  1667  il  était  de  117  muyds  de  wassen. 

A  chaque  entrée  et  sortie  de  locataire  se  faisait  une 
Visitation  et  extimation  du  moulin  et  de  tous  ses  acces- 
soires par  des  experts,  le  plus  souvent  des  meuniers, 
choisis  par  les  parties.  Si  Ton  constatait  que  les  objets 
mis  à  la  disposition  du  meunier  avaient  perdu  de  leur 
valeur  pendant  son  bail,  il  devait  payer  une  indemnité. 
Trouvait-on,  au  contraire,  qu'il  avait  pendant  son 
séjour  amélioré  l'immeuble  et  son  mobilier,  les  pro- 
priétaires remboursaient  le  locataire  pour  toutes  les 
améliorations  faites  de  leur  gré. 

Tout  nouveau  meunier  devait  fournir  une  caution 
ou  segurté  suffisante.  Ne  présentait-il  pas  par  lui-même 
des  moyens  suffisants  de  solvabilité,  un  de  ses  proches 
se  portait  garant  pour  le  locataire. 

Généralement,  les  meuniers  n'occupaient  pas  long- 
temps le  moulin  de  Devant-le-Pont.  Les  nombreuses 


—  148  — 

difficultés  des  propriétaires  avec  les  habitants  du  ban 
et  les  contestations  fréquentes  entre  meuniers  et  bour- 
geois furent  sans  doute  la  cause  de  ces  changements  de 
locataires. 

Les  bourgeois,  eux,  semblent  avoir  généralement 
subi  la  banalité  avec  regret. 

Tantôt  ils  contestent  le  droit,  tantôt  ils  prétendent 
que  le  moulin  ne  remplit  pas  les  conditions  des  moulins 
banaux  ;  à  d'autres  moments  ils  se  plaignent  des  procé- 
dés du  meunier  et  demandent  que  le  moulin  ne  soit  plus 
loué  qu'à  des  Visétois.  Ils  emploient  différents  strata- 
gèmes pour  se  soustraire  à  la  banalité.  Un  instant,  tous 
les  bourgeois  vont  chercher  leurs  pains  à  Maestricht 
pour  ne  pas  aller  moudre  au  moulin  et  le  magistrat  est 
forcé  de  défendre  cette  importation  pour  sauvegarder 
l'ancien  droit  des  propriétaires. 

Cette  opposition  se  comprend  ;  la  banalité  était  une 
charge  bien  onéreuse,  car  la  suppression  de  ce  droit  fit 
baisser  le  loyer  du  moulin  en  1796  à  la  moitié  de  ce 
qu'il  était  auparavant.  Le  moulin  fut  vendu  au  prix 
de  100,000  francs. 

VIII. 

PERSONNAGES  HISTORIQUES  VISÉTOIS. 

LES  SEIGNEURS  DE  VISEIT 
ET  DU  RIVAGE  DE  VISEIT,   ETC.   [i). 

Dans  le  Miroir  des  nobles  de  Hemricourt,  nous  trou- 
vons quelques  indications  concernant  les  seigneurs  et 
chevaliers  visétois  de  son  temps.  Nous  y  ajoutons  des 
renseignements  puisés  ailleurs,  surtout  dans  YHistoire 
du  Limbourg,  par  Emst. 

La  famille  de  Viseit  portait  de  gueules  billetées  d'ar- 
gent avec  lion  d  or. 

En  i25i,  un  Franck  de  Viseit,  peut-être  de  cette 

(1)  Hemricourt,  Miroir  des  nobles;  Emst,  Histoire  du  Limbourg. 


—  149  — 

famille,  était  échevin  de  la  ville  de  Liège.  Il  y  provo- 
qua une  émeute  qui  força  l'évêque  Henri  de  Gueldre 
à  se  réfugier  à  Namur. 

En  1268,  un  Gisebertus  de  Wise  (probablement 
Viseit),  est  signataire,  avec  d'autres  parents  et  vassaux 
de  Waleran  IV,  d'un  traité  conclu  par  le  comte  de 
Limbourg,  captif  à  Cologne,  avec  les  bourgeois  de 
cette  ville. 

Le  premier  seigneur  de  Viseit,  dont  parle  Hemri- 
court,  fut  un  fils  de  Breton  le  Vieux  de  Waroux,  «  bon 
»  escuyer,  nommé  le  vieux  Renier  de  Viseit.  »  Celui-ci 
entra  sans  doute  par  son  mariage,  dont  Hemricourt  ne 
parle  pas,  dans  la  possession  du  titre  de  Viseit  et  du 
château  de  Dalhem.  Le  châtelain  de  Dalhem,  vassal  du 
duc  de  Brabant,  embrassa  chaudement  la  cause  de  son 
suzerain  dans  la  guerre  de  succession  à  laquelle  donna 
lieu  la  mort  d'Ermengarde  de  Limbourg.  Le  sire  Con- 
rad de  Lontzen,  sénéchal  de  Limbourg  et  partisan  du 
comte  Renaud  de  Gueldre,  étant  venu  attaquer  Dalhem, 
fut  repoussé  par  Renier,  atteint  à  Warsage,  vaincu  et 
fait  prisonnier. 

L'année  suivante,  1285,  le  comte  de  Luxembourg 
s'était  emparé  du  château  de  Fraipont,  qui  aupara- 
vant était  entre  les  mains  de  partisans  du  duc  de  Bra- 
bant. Renier  marcha  contre  l'envahisseur  et  le  força 
à  abandonner  le  fort.  Cette  seigneurie  lui  fut  sans 
doute  donnée  dans  la  suite  par  le  duc  de  Brabant, 
car  nous  verrons  un  de  ses  descendants  seigneur  de 
Fraipont  avec  les  armes  de  Viseit.  Le  même  Renier 
se  trouva  encore  à  côté  de  Jean  le  Victorieux  à  la 
bataille  de  Woeringen.  Il  y  avait  amené  une  des  plus 
fortes  bannières,  composée  surtout  de  gens  du  comté 
de  Dalhem. 

Renier  le  Vieux  eut  un  fils  nommé  Renier  comme 
son  père.  Celui-ci  était  maréchal  de  l'évêché  de  Liège 
et  fut  tué  pendant  la  guerre  des  Awans  et  des  Waroux, 
par  Monsieur  Ameil  de  Hohgnoul  et  ses  complices, 


—  150  — 

lesquels  furent  poursuivis  si  chaudement  «  qu'ils  furent 
»  assiégez  et  brûlez  dans  l'église  de  xMelin.  » 

Renier  le  Jeune  avait  épousé  une  fille  d'Ulric  de 
Bombaye;  de  cette  épouse  il  eut  un  fils,  aussi  nommé 
Renier,  qui  en  conservant  les  armes  de  Viseit  prit  le 
titre  de  Fraipont.  Il  en  eut  en  outre  deux  filles  :  l'une 
mariée  à  Renaud  Ier  d'Argenteau,  devint  mère  de  ce 
valeureux  Renaud  II  qui,  en  i328,  contribua  beau- 
coup à  la  victoire  d'Adolphe  de  la  Marck  au  Thier  de 
Nierbonne  et  qui,  en  1347,  v^  son  château  attaqué  et 
démoli  par  les  Liégeois. 

La  famille  de  Viseit  se  perpétua  dans  la  suite  sous 
le  nom  de  Fraipont. 

Les  du  Rivage  de  Viseit  portaient  d'azur  à  la  bande 
d'argent,  armes  adoptées  par  la  ville  de  Visé.  On  ne 
sait  que  fort  peu  de  chose  concernant  cette  famille. 
La  fille  aînée  de  Breton  le  Jeune  de  Waroux,  frère  de 
Renier  le  Vieux  de  Visé  épousa  «  Monsieur  Conrard 
»  du  Rivage  de  Viseit.  »  De  ce  mariage  naquirent 
différentes  filles  qui  eurent  une  nombreuse  postérité 
énumérée  par  Hemricourt.  Cet  auteur  ne  parle  d'au- 
cun fils  de  Conrad  ;  peut-être  mourut-il  sans  descen- 
dance mâle,  peut-être  aussi  ses  fils  succombèrent-ils 
dans  la  guerre  des  Awans  et  des  Waroux  où  tant  de 
chevaliers  périrent  et  à  laquelle  les  Rivage  de  Viseit 
prirent  part  comme  alliés  des  Waroux. 

Les  délie  Sasse  ou  de  la  Saulx  des  Temples.  Le 
Temple  de  Visé,  donné  aux  chevaliers  de  Malte  après 
la  suppression  des  Templiers,  fut  en  1 3 1 8  loué  par  le 
grand-maître  Jean  des  Saumes  à  Wauthier  de  la  Saulx 
chevalier.  Ce  Wauthier  ou  Wathi,  qui  avait  les  armes 
de  mortier  d'azur  à  une  bande  ondée  d'argent,  avait 
épousé  dame  Penthecoste,  sœur  de  Jean  le  Vieux  de 
Rouveroy,  de  la  branche  des  Lexhy  et  Hozemont. 

Leur  fils  Wathi  le  Jeune  épousa  une  fille  du  bon 
Monsieur  Renar  d'Argenteau,  qui  fit  la  guerre  à  ceux 
de  Liège.  Il  mourut  jeune  encore;  son  épouse  se  con- 


—  151  — 

sacra  entièrement  à  l'éducation  de  ses  deux  filles  et  elle 
habita  toute  sa  vie  le  Temple  de  Visé,  d'où  lui  vint  le 
nom  de  Dame  du  Temple,  comme  le  dit  Hemricourt. 
Laînée  de  ses  filles  épousa  en  premières  noces  un 
chevalier  du  nom  de  Daniel  de  Palant  et  en  secondes 
noces  Robert  d'Arckel,  dit  de  Rynswauld,  l'un  des  plus 
puissants  seigneurs  du  comté  de  Looz. 

La  seconde  eut  comme  mari  Adam  de  Kerkem, 
gentilhommme  de  l'Etat  noble  du  pays  de  Liège  et 
comté  de  Looz  (\). 

Les  Neavaigne.  Au  temps  de  Hemricourt,  il  exis- 
tait encore  près  de  Visé,  la  famille  des  chevaliers  de 
Neavaigne  qui  portait  une  croix  d'argent  sur  fond 
d'azur.  Cette  famille  était  alliée  aux  Fraipont  et  aux 
Printe,  voués  de  Nivelle.  Elle  semble  avoir  disparu  de 
bonne  heure. 

En  dehors  des  familles  nobles,  dont  nous  venons 
de  parler  et  qui  ne  nous  sont  connues  que  par  l'ou- 
vrage de  Hemricourt,  Visé  n'a  guère  fourni  comme 
personnages  historiques,  que  des  ecclésiastiques. 

Le  premier  de  ceux-ci,  dans  l'ordre  chronologique, 
fut  Antoine  Ghénart  (2),  théologien  distingué,  né  à  Visé 
vers  l'an  i522.  Il  fut  chanoine  et  vice-doyen  de  l'église 
cathédrale  Saint-Lambert  et  inquisiteur  de  la  foi.  Il 
assista  au  Concile  de  Trente  avec  Guillaume  de  Poi- 
tiers, prévôt  de  la  même  église.  Sa  charité  envers  les 
pauvres  le  fit  beaucoup  regretter  après  sa  mort.  On 
doit  en  grande  partie  à  ses  soins  l'édition  du  Maître 
des  sentences,  imprimée  à  Louvain  en  1 545. 

(1)  V.  pour  ces  deux  seigneurs,  Le  livre  des  fiefs  du  comté  de  Loo\y 
par  M.  le  chevalier  de  Borman. 

Dans  le  volume  (XXXXI)  de  la  cour  féodale  (i365-i378),  greffe  Ste- 
phany  on  trouve:  «  Adam  van  Kerkeheym,  filius  naturalis  dm  Henrici 
»  van  Ordinghen,  fait  relief  à  Straten  en  i365.  »  Cet  Adam  fils  de  Henri 
van  Ordinghen  (dit  de  Kerkem)  serait-il  un  autre  que  le  mari  de  Cathe- 
rine de  la  Saulx;  ou  Hemricourt  aurait-il  voulu  légitimer  sa  naissance? 

(2)  Bec-de- Lièvre,  Biographie  liégeoise,  t.  I,  p.  285. 


—  452  — 

On  lui  doit  aussi  :  i°  Manipulus  curatorum  a  Gui- 
done  de  Monte-Rocherii '.  Adjunctus  est  ritus  celebrandi 
sanctaemissaeofficium  juxta  morem  dioecesis  Leodien- 
sis  ;  2°  Hildeberti  Cenomanensis  episcopi  poëma  de 
officio  missae,  Anvers,  1570,  in-12. 

Le  25  août  1594,  Antoine  Ghénart  vint  à  Visé  pour 
exercer  ses  fonctions  d'inquisiteur.  Un  nommé  Pierre 
Tiernagan  était  accusé  comme  suspect  d'hérésie.  Il  fit 
une  profession  de  foi  catholique  devant  Ghénart  et  fut 
déclaré  non  coupable  (4). 

Michel  à  Ver  via  ou  de  Vervier,  trente- sixième  abbé 
du  Val-Dieu  jouit,  de  son  vivant,  d  une  certaine  répu- 
tation à  cause  des  événements  dans  lesquels  il  se  trouva 
engagé. 

Né  à  Visé  (on  ne  sait  à  quelle  date)  il  fut  élu  abbé 
du  Val-Dieu  en  1622.  Sa  nomination  fut  agréée  par  le 
roi  d'Espagne  et  il  fut  consacré  par  l'abbé  du  Val-Saint- 
Lambert,  suffragant  du  prince-évêque.  Le  nouvel  abbé 
fut  chargé  par  le  chancelier  du  Brabant  de  la  réforme 
du  monastère,  au  spirituel  et  au  temporel,  et  de  la  cons- 
truction des  bâtiments  nécessaires  pour  interdire  l'en- 
trée des  cloîtres  aux  séculiers. 

De  Vervier  se  trouva  intimement  mêlé  aux  événe- 
ments qui  désolèrent  le  pays  d'Outre-Meuse  à  cette 
époque.  En  1628,  il  fut  député  par  les  Etats  du  pays  de 
Dalhem  pour  représenter  au  gouverneur  des  Pays-Bas 
l'état  excessif  des  charges  leur  imposées  pour  l'entretien 
des  garnisons.  Quatre  ans  plus  tard,  il  protesta  contre 
les  exactions  que  le  prince  de  Nassau,  gouverneur  de  la 
province,  fit  subir  au  pays  conquis  par  les  Hollandais 
et  contre  l'exclusion  de  l'état  ecclésiastique  de  l'assem- 
blée de  Limbourg.  En  i636,  le  ministre  calviniste  Du- 
moulin avait  été  arrêté  et  était  détenu  à  Namur;  par 
représailles,  le  gouverneur  fit  arrêter  l'abbé  du  Val-Dieu 
et  l'emprisonna  à  Maestricht  pendant  un  an  et  demi 

(1)  Archives  de  la  paroisse. 


—  153  — 


jusqu'à  ce  que  les  religieux  eussent  racheté  sa  liberté 
par  une  forte  rançon.  On  trouve  deux  de  ses  portraits 
dans  la  série  des  abbés  qu'on  conserve  au  Val-Dieu. 
C'est  à  lui  probablement  que  le  monastère  devait  le 
premier  établissement  d'un  refuge  pour  les  religieux 
à  Visé  (i). 


LES  DE  SLUSE. 


Les  de  Sluse  furent  certainement  les  Visétois  qui, 
par  leur  science  et  par  les  hautes  fonctions  dont  ils 
furent  honorés,  donnèrent  le  plus  d'éclat  et  de  réputa- 
tion à  leur  ville  natale. 

Vers  i53o,  un  Renard  de  Sluse,  tindeur,  vint  s'établir 
à  Visé  et  y  devint  le  chef  d'une  grande  et  influente 
famille.  Un  de  ses  descendants  Renaud  de  Sluse,  notaire 
et  greffier  de  Visé,  épousa  le  9  octobre  1620  Catherine 
Plorar,  dite  Waltheri,  fille  de  Walther  Plorar  plusieurs 
fois  bourgmestre  de  Visé  et  d'Hélène  Straven,  dite  du 
Chasteau  ou  a  Castro. 

Catherine  Plorar  ou  Waltheri  avait  deux  frères, 
hommes  également  distingués  et  qui  tous  deux  avaient 
embrassé  l'état  ecclésiastique.  L'un  Jean  Waltheri  ou 
a  Castro  fut  chanoine,  puis  doyen  de  la  collégiale  de 
Visé  ;  l'autre  Walthère  Waltheri  fut  docteur  en  droit 
et  devint  prélat  domestique  et  secrétaire  des  brefs  des 
papes  Innocent  X  et  Alexandre  VII. 

Walthère  Waltheri  était  à  Rome,  comme  ses  neveux 
dont  nous  nous  occuperons  bientôt,  un  protecteur 
dévoué  des  jeunes  artistes  liégeois  qui  allaient  se  per- 
fectionner dans  la  capitale  du  monde  chrétien,  alors 
aussi  la  capitale  des  arts.  «  Il  avait  fait»  dit  Abry,  «  son 
»  apprentissage  (à  Rome)  sous  M.  de  la  Sauvenière, 
»  son  parent  (qui  était  également  de  Visé).  On  peut 
»  dire  de  lui  qu'il  a  été  le  plus  grand  protecteur  qui  fut 
»  jamais  des  Liégeois  de  tous  caractères.  Le  peintre 
»  Jacques  Damerier  lui  dédia  une  douzaine  de  vases 

(i)  Revnier,  Histoire  du  Val-Dieu. 

20 


—  154  — 

»  en   témoignage  de   l'affection   qu'il  avait   pour   un 
»  patron  si  élevé  de  la  nation  liégeoise  (i).  » 

Du  mariage  de  Renaud  de  Sluse  et  de  Catherine 
Plorar,  naquirent  trois  fils  qui  se  distinguèrent  égale- 
ment dans  des  sphères  différentes.  René-François  de- 
vint chanoine  de  Saint-Lambert  et  se  fit  une  grande 
réputation  par  la  variété  de  ses  connaissances  et  surtout 
par  sa  grande  science  des  mathématiques.  Jean-Gual- 
thier  exerça  les  plus  hautes  fonctions  à  la  cour  romaine 
et  fut  créé  cardinal.  Pierre-Louis  devint  membre  du 
conseil  privé  du  prince-évêque  de  Liège  et  fut  élevé  par 
l'empereur  Léopold  au  rang  de  libre  baron  du  Saint- 
Empire. 

RENÉ-FRANÇOIS  DE  SLJJSE  (2). 

René-François  naquit  à  Visé  le  2  juillet  1622.  On  ne 
sait  rien  de  certain  concernant  sa  jeunesse.  Tout  nous 
permet  de  croire  cependant  qu'il  reçut  les  premiers  élé- 
ments de  sa  vaste  science,  aux  écoles  latines  de  la  col- 
légiale de  Visé,  dont  son  oncle  Jean  Waltheri  était  cha- 
noine et  plus  tard  doyen.  M.  Monchamp  croit  que  Sluse 
a  fait  sa  philosophie  chez  les  Jésuites  anglais  de  Liège  ; 
c'est  là  probablement  aussi  qu'il  fit  ses  humanités. 

A  1  âge  de  seize  ans,  il  se  rendit  à  l'université  de 
Louvain  qu'il  fréquenta  pendant  quatre  ans,  de  i638  à 
1642.  De  là  il  se  rendit  à  Rome  où  il  suivit  les  cours 
de  l'université  de  la  Sapience  et  obtint  l'année  suivante 
le  diplôme  de  docteur  en  droit.  Dans  la  suite,  il  conti- 
nua à  se  livrer  avec  ardeur  à  l'étude.  Ses  lettres  le 
montrent  voyage<ant  à  travers  l'Italie,  parcourant  les 
plus  riches  bibliothèques  et  consultant  leurs  ouvrages 
les  plus  rares. 

(  1  )  Les  hommes  illustres  de  la  nation  liégeoise. 

(2)  Lepaige,  Correspondance  de  René-François  de  Sluse,  introduc- 
tion ;  Un  géomètre  belge  au  XVII6  siècle,  dans  la  revue  Ciel  et  Terre, 
2e  série,  t.  II,  1887;  Abbé  Monchamp,  Histoire  du  Cartésianisme  en 
Belgique;  Gilbert,  Revue  des  questions  scientifiques,  t.  XIX,  p.  141  ; 
Félix  van  Hulst,  René  Sluse,  Liège,  1842. 


—  155  — 

Déjà  à  Rome,  René-François  de  Sluse  s'était  acquis 
une  réputation  de  savant.  Un  ami  de  Gassendi  écrit  en 
i65i  (de  Sluse  n'avait  pas  encore  trente  ans  à  cette  date) 
au  célèbre  philosophe,  à  propos  d'un  de  ses  ouvrages  : 
«  Votre  philosophie  vient  d'entrer  dans  Rome  ;  les  plus 
»  doctes  personnages  l'ont  reçu  avec  honneur  et  placée 
»  dans  le  temple  de  la  Minerve  de  Phidias.  François 
»  Sluse,  de  Liège,  homme  très  versé  dans  les  sciences 
»  et  les  langues,  géomètre  excellent,  s'en  délecte  telle- 
»  ment  qu'il  professe  la  plus  grande  admiration  pour 
»  les  talents  de  Gassendi,  dans  toutes  les  réunions 
»  intimes  qu'il  a  avec  les  savants  qui  lui  ressemblent. 
»  Il  espère  un  jour  faire  la  connaissance  personnelle 
»  de  celui  qu'il  ne  connaît  jusqu'ici  que  per  spéculum 
»  et  in  cenigmate  (i).  » 

Après  sept  ans  de  séjour  à  Rome,  il  revint  à  Liège 
occuper  à  la  cathédrale  de  Saint-Lambert  un  cano- 
nicat  dont  le  pape  Innocent  X  venait  de  disposer  en 
sa  faveur.  Le  prince  et  ses  confrères  surent  apprécier 
ses  vastes  connaissances  ;  ils  lui  soumirent  les  ques- 
tions les  plus  difficiles,  le  chargèrent  des  missions  les 
plus  délicates,  entre  autres  celle  de  régler  l'établisse- 
ment des  Pères  Récollets  à  Visé.  En  1666,  il  devint 
abbé  d'Amay  ;  vers  le  même  temps,  il  fut  nommé 
par  le  chapitre  membre  du  Conseil  ordinaire.  Au  dire 
d'Abry  (2),  il  aurait  même  été  chancelier  du  prince- 
évêque. 

Malgré  des  occupations  si  diverses  et  des  fonctions 
si  importantes,  il  ne  cessa  de  développer  encore  ses 
connaissances  si  variées  et  si  vastes  qui,  déjà  à  Rome, 
avaient  donné  de  l'éclat  à  son  nom  et  l'avaient  mis 
depuis  en  relation  avec  les  plus  grands  savants  de 
l'Europe.  M.  Lepaige  l'appelle  :  «  mathématicien  de 
»  premier  ordre,  linguiste  consommé,  historien  de  mé- 
»  rite,  physicien,  chimiste  et  botaniste  à  ses  heures.  » 

(1)  Cité  dans  V Histoire  du  Cartésianisme  en  Belgique. 

(2)  Les  hommes  illustres  de  la  nation  liégeoise. 


—  156  — 

Ses  lettres  tantôt  en  français,  tantôt  en  latin,  sont 
émai  liées  de  nombreuses  citations  grecques  et  hébraïques. 
Il  parle  de  manuscrits  arabes  qu'il  a  consultés.  Ses  his- 
toriens vantent  ses  connaissances  des  langues  orientales 
et  rapportent  que  le  pape  l'employait  à  traduire  les 
lettres  qu'il  recevait  des  évêques  d'Arménie.  Sa  langue 
de  prédilection  était  le  latin  ;  il  écrivit  même  deux  dis- 
sertations pour  faire  valoir  l'excellence  de  cet  idiome  au 
moment  où  le  génie  du  XVIIe  siècle  commençait  à  subs- 
tituer le  français  au  latin  comme  langue  scientifique. 

L'histoire,  surtout  l'histoire  de  son  pays  de  Liège, 
était  une  de  ses  études  favorites.  Il  reste  de  lui  deux 
dissertations  sur  deux  points  très  controversés  de  notre 
histoire  :  De  tempore  et  causa  martyrii  B.  Lamberti 
Tungrensis  et  Dissertatio  de  sancto  Seruatio,  episcopo 
Trajectensi.  «  Ces  travaux,  »  dit  M.  Lepaige,  «  con- 
»  servent  toute  leur  valeur  même  à  notre  époque  où 
»  les  sciences  historiques  ont  été  en  quelque  sorte 
»  renouvelées.  » 

De  Sluse  suivit  avec  intérêt  la  controverse  philoso- 
phique que  provoqua  de  son  temps  l'apparition  du  sys- 
tème de  Descartes.  Dans  ses  lettres,  il  parle  souvent 
avec  éloge  du  philosophe  français.  Il  avait  même  fait 
des  démarches  auprès  d'un  de  ses  amis  pour  l'amener 
à  s'occuper  de  l'édition  du  Traité  de  l'homme  par  l'au- 
teur du  cartésianisme.  Toutefois,  il  ne  fut  pas  un  admi- 
rateur enthousiaste  de  la  doctrine  cartésienne.  «  Je  l'es- 
»  time,  »  dit-il  en  parlant  de  Descartes,  «  je  l'estime  un 
»  grand  homme,  mais  je  ne  prétends  pas  le  faire  passer 
»  pour  irrépréhensible.  »  Ces  mots  résument  son  opi- 
nion dans  cette  matière  et  autorisent  M .  Monchamp  à 
donner  de  Sluse,  dans  ce  grand  débat  philosophique, 
comme  un  représentant  du  parti  éclectique. 

Toutefois,  la  science  qui  occupa  le  plus  notre 
illustre  Visétois  et  qui  contribua  le  plus  à  sa  gloire, 
furent  les  mathématiques.  M.  Lepaige  traite,  avec  sa 
grande  compétence,   des  travaux   mathématiques   de 


—  157  — 

de  SI  use.  «  L'importance  des  travaux  de  notre  savant,  » 
dit-il  en  commençant,  «  apparaîtra  clairement  par  la 
»  manière  dont  ils  furent  accueillis,  par  le  jugement 
»  qu'ont  porté  sur  leur  auteur  les  géomètres  contempo- 
»  rains  et  ceux,  plus  rapprochés  de  nous,  qui  se  sont 
»  attachés  de  préférence  à  développer  les  méthodes 
»  nouvelles  dont  s'est  enrichie  la  science.  » 

Sa  réputation  comme  mathématicien  l'avait  mis  en 
relation  avec  tous  les  grands  savants  qui  illustrèrent 
son  époque.  Le  grand  Pascal,  le  célèbre  hollandais 
Huygens  et  l'anglais  Oldenbourg,  lui  exposaient  dans 
leur  correspondance  leurs  problèmes  et  leurs  difficultés 
et  applaudissaient  à  ses  recherches  et  à  ses  découvertes. 
L'italien  Pacichelli  lui  donne  le  titre  d'Oracol  de  Paesi 
Bassi.  Huygens,  dans  une  lettre  à  son  ami  Oldenbourg, 
appelle  de  Sluse  «  le  plus  savant  et  le  plus  modeste  des 
»  géomètres  qu'il  connaisse.  »  Oldenbourg  de  son  côté, 
insère  avec  bonheur  dans  le  Bulletin  de  la  société  de 
sapants,  qu'il  publiait  à  Londres,  les  lettres  scienti- 
fiques de  Sluse  qu'il  appelle,  avec  Huygens,  deux  des 
meilleurs  mathématiciens  de  l'Europe.  Sur  la  proposi- 
tion de  ce  célèbre  Anglais,  notre  Visétois  fut  nommé 
membre  de  la  savante  société  anglaise.  Un  autre  savant 
mathématicien  parle  des  progrès  que  de  Sluse  fit  faire 
à  l'algèbre. 

La  plupart  de  ses  recherches  se  trouvent  dans  la  cor- 
respondance publiée  par  M.  Lepaige  et  dans  les  articles 
insérés  dans  la  Revue  d'Oldenbourg.  Il  ne  publia  qu'un 
ouvrage,  intitulé  Mesolabum,  qui  lui  valut  les  éloges 
de  tous  les  géomètres.  «  Nul  doute,  »  dit  encore  M. 
Lepaige,  «  que  transporté  sur  un  autre  théâtre  à  Paris, 
»  à  Londres,  à  Leyde,  à  La  Haye,  Sluse  n'eut  atteint 
»  les  plus  hautes  destinées.  » 

Une  activité  aussi  dévorante  devait  nécessairement 
miner  la  santé  la  plus  robuste.  Dès  1684,  sentant  sa  fin 
approcher,  il  fit  son  testament  dans  lequel  il  exprima 
la  volonté  d'être  enterré  à  Visé  à  côté  de  ses  parents 


158  — 


auxquels  sa  piété  filiale  avait  érigé  le  monument  qu'on 
y  voit  encore. 

Il  mourut  le  19  mars  de  l'année  suivante.  Sur  sa 
tombe  on  plaça  cette  épitaphe,  faite  par  lui-même  : 

Adsta  viator,  non  labore  inutili 
Titulum  sepulchri  curiosus  ut  legas 
Quod  nunc  es  me  olim  fuisse  cogita 

Mortalitatis  involutum  fluctibus 

Ambigua,  laeta,  tristia  expertum  diu 

Donec  quietis,  quem  vides,  reperi  locum 

Quod  sum  mémento  te  quoque  futurum  brevi 

Mortis  tropheum,  vile  spolium  temporis, 

Putredinis  foetorem  et  escam  vermium 

Haec  mente  volve  et  sortis  humanae  memor 

Aeternitatis  ut  beatae  particeps 

Tecum  esse  merear,  numen  aeternum  roga. 

Renatus  Franciscus  de  Sluse 

Canonicus  Leodiensis,  abbas  Amaniensis 

Serenissimi  Principis  Consiliarius 

Ne  a  parentibus  suis 

Quos  pio  semper  amore  dilexit 

Seperaretur  in  morte 

Hic  una  cum  iliis  exspectare  voluit 

Beatam  resurrectionem. 

Depositus  est  in  pace 

Anno  MDCLXXXV 

Mense  martii  die  XIX. 

Vixit  annos  LXII  menses  VII  dies  XVII 

Requiescat  in  pace. 

Cette  pierre  tombale  a  disparu.  Les  Visétois  ont 
tenu  à  élever  à  la  mémoire  de  leur  illustre  concitoyen 
un  modeste  monument  qui,  sur  une  plaque  de  marbre 
blanc,  rappelle  le  souvenir  du  chanoine  de  Sluse  et  de 
son  frère  le  cardinal. 

On  trouve  son  portrait,  m'a-t-on  dit,  dans  les  quel- 
ques exemplaires  qui  restent  de  son  Mesolabum. 
Jadis,  il  se  trouvait  également  dans  la  collection  Duriau 
du  Val-Dieu,  mais  il  en  a  disparu.  Chaque  année  on 
chante  encore  dans  l'église  de  Visé  l'anniversaire  du 
chanoine  de  Sluse,  ainsi  que  celui  de  son  frère. 


—  159  — 

LE  CARDINAL  DE  SLUSE  («)• 

Jean-Gualthier  de  Sluse  naquit  à  Visé  en  1626. 
Il  fut  appelé  à  Rome  par  Walthère  du  Château,  son 
oncle,  secrétaire  des  brefs  et  de  la  chambre  du  pape 
Alexandre  VII  et  qui  était  un  des  plus  zélés  protecteurs 
des  Liégeois  qui  allaient  étudier  les  beaux  arts  à  Rome. 
Sluse  s'y  fit  bientôt  remarquer  par  sa  science  et  par 
son  ardeur  infatigable  pour  l'étude  et  le  travail.  Clé- 
ment IX  le  reçut  au  nombre  de  ses  prélats  domes- 
tiques ;  il  succéda  ensuite  aux  emplois  de  son  oncle. 
Le  pape  l'honora  de  la  plus  intime  confiance  et  le  con- 
sulta dans  les  affaires  les  plus  importantes.  Innocent  X 
le  décora  du  chapeau  de  cardinal  le  2  septembre  1686. 
Il  imita  son  oncle  dans  son  inclination  à  obliger  ses 
compatriotes  et  il  se  faisait  un  plaisir  de  répandre  ses 
faveurs  sur  ceux  que  le  désir  de  s'instruire  et  de  se 
perfectionner  appelaient  en  Italie. 

Sa  trop  grande  application  aux  devoirs  de  sa  charge 
et  à  l'étude,  jointe  à  sa  complexion  délicate,  avança  la 
fin  de  ses  jours.  Il  mourut  le  7  juillet  1687  à  l'âge  de 
cinquante-neuf  ans  :  c'est  le  dernier  Liégeois  qui  ait  été 
décoré  de  la  pourpre  romaine.  L  almanachde  Mathieu 
Laensbergh  (2)  s'exprime  ainsi  à  son  sujet  :  «  Le  car- 
»  dinal  de  Sluse  mourut  à  Rome  dans  sa  cinquante- 
»  neuvième  année,  après  une  longue  indisposition, 
a  universellement  regretté  tant  à  cause  de  son  savoir 
»  extraordinaire,  que  de  sa  piété  et  de  toutes  les  grandes 
»  qualités  qui  lui  avaient  attiré  depuis  trente  ans  l'es- 
»  time  des  papes  et  de  toute  la  cour  romaine  et  qui 
»  depuis  son  élévation  au  cardinalat  l'avaient  fait  con- 
»  sidérer  comme  un  des  principaux  ornements  du 
»  Sacré-Collège.  » 

(1)  Nous  copions  ici  la  notice  de  Bec-de- Lièvre,  Biographie  liégeoise, 
t.  II,  p.  296,  à  laquelle  nous  ajoutons  quelques  détails. 

(2)  De  Tan  1688.  Alors  et  longtemps  après,  tous  les  almanachs  de 
Mathieu  Laensbergh  offraient  un  précis  historique  des  principaux  évé- 
nements de  l'année  (de  Villenfagne,  Mélanges). 


—  160  — 

Gualthier  de  Sluse  remplit  longtemps  avec  exacti- 
tude et  beaucoup  d'intelligence  le  poste  important  de 
secrétaire  des  brefs.  Les  brefs  qu'il  a  dressés  sont  d'un 
style  vif  et  montrent  combien  il  était  versé  dans  la 
discipline  de  l'Eglise,  l'Ecriture  sainte  et  les  Saints 
Pères.  Quelque  recommandable  qu'il  fut  par  les  qua- 
lités de  l'esprit,  il  l'était  davantage  par  celles  du  cœur. 
Détaché  des  richesses,  il  se  contenta  de  son  patrimoine 
et  des  revenus  de  sa  charge  et  refusa  constamment  tout 
bénéfice.  11  laissa  une  superbe  collection  de  livres  dont 
le  catalogue,  qui  a  été  imprimé  (Rome,  1690,  cinq 
volumes  in-40,  avec  le  portrait  du  cardinal),  est  encore 
aujourd'hui  recherché  par  les  amateurs. 

L'abbé  Bouxhon,de  Saint-Jacques,  qui  vivait  alors, 
dit  dans  son  curieux  journal  manuscrit  en  latin,  qu'on 
eut  quelque  soupçon  que  le  cardinal  de  Sluse  mourut 
empoisonné  ;  son  billet  mortuaire  même  donne  lieu 
à  ce  soupçon,  puisqu'après  avoir  dit  qu'il  succomba 
plutôt  sous  le  poids  des  grands  travaux  qu'il  rendit  à 
l'église  que  sous  celui  de  l'âge,  on  ajoute  :  «  aut  aliquo 
»  alio  morbo  oppressus  (t).  » 

«  On  ne  prétend  pas  faire  ici  son  éloge,  »  dit  de  lui 
Abry  ;  «  il  faudrait  un  volume  pour  traiter  de  ses  belles 
»  qualités  qui  l'ont  fait  admirer  des  Italiens  et  bien 
»  plus  réclamer  de  ses  compatriotes  auxquels  il  n'a 
»  jamais  refusé  de  secours  qu'il  répandait  avec  profu- 
»  sion.  Il  n'y  a  guère  de  cardinaux  qu'il  n'ait  égalé, 
»  surpassé  même  en  magnificence,  en  meubles,  en 
»  peintures  et  en  livres  dont  il  a  cumulé  une  si  grande 
»  quantité  de  tous  pays  qu'il  est  presqu'incroyable  (î).  » 

En  rapprochant  ces  lignes  de  ce  que  nous  avons  dit 
de  Walthère  Waltheri  et  de  René- François  de  Sluse  à 
Rome,  on  peut  se  former  une  idée  de  l'éclat  que  ces 
trois  Visétois  ont  jeté  sur  la  patrie  liégeoise  et  des  ser- 
vices qu'ils  ont  rendus  aux  jeunes  peintres  de  l'école  de 

(1)  Bec-de-Lièvre,  t.  II,  p.  296. 

(2)  Les  hommes  illustres  de  la  nation  liégeoise* 


—  161  — 

Liège.  Ce  serait  même  une  page  bien  intéressante  de 
l'histoire  liégeoise  et  bien  glorieuse  pour  les  de  Sluse, 
que  celle  qui  raconterait  leur  vie  à  Rome  et  leurs  rap- 
ports avec  les  nombreux  Liégeois,  hommes  de  distinc- 
tion et  de  talents,  qui  s'y  trouvaient  de  leur  temps. 

Abry  lève  un  coin  du  voile  qui  couvre  cette  partie 
si  brillante  et  si  peu  connue  de  la  vie  de  nos  illustres 
Visétois.  Après  avoir  parlé  de  la  protection  accordée 
par  le  cardinal  à  ses  compatriotes,  il  ajoute  :  «  Entre 
»  les  Liégeois,  qui  ont  excellé  à  Rome,  il  s'en  trouve 
»  une  quantité  qu'on  ne  pourrait  pas  ici  mémorer,  qui 
»  ont  donné  des  marques  notables  de  leurs  beaux 
»  génies  et  qui  se  sont  aussi  considérablement  élevés  ; 
»  entre  lesquels  les  Oranus  d'Heure,  les  Vivarii,  les 
»  Fisen,  Fayn  et  autres,  qui  ont  été  auditeurs  et  créés 
»  chevaliers  romains  entre  lesquels  quelques-uns  d'iceux 
»  auraient  mérité  le  chapeau  rouge  si  l'envie  ne  les  en 
»  eût  empêché  l'un  l'autre.  Il  y  a  encore  un  Emerix, 
»  un  Motmans,  Hinnisdael,  etc.  »  Puis  il  consacre 
quelques  mots  à  l'un  de  ces  Liégeois  formés  à  l'école  du 
Mécène  visétois,  «  Guillaume  de  Fayn,  gentilhomme 
»  romain,  lequel  s'était  grandement  distingué  à  Rome 
»  dans  ses  charges  très  éminentes  par  lesquelles  il  au- 
»  rait  pu  arriver  à  un  très  haut  degré  d'honneur,  lequel 
»  ayant  pris  résolution  de  se  rendre  en  son  pays  natal 
»  et  repassant  par  Milan  (où  restait  alors  le  peintre 
»  Simon  Damerier  ou  Damry)  s'accomoda  d'une  bonne 
»  partie  de  peintures  du  dit  Damerier  et  d'autres,  les- 
»  quelles  ont  servi  favorablement  à  cette  belle  maison 
»  de  campagne  qu'il  bâtit  au-dessus  de  Jupille,  qu'on 
»  nomme  à  Faynbois  (î).  » 

Espérons  pour  l'honneur  du  pays  de  Liège  et  de 
la  ville  de  Visé,  que  ces  deux  belles  figures  des  de 
Sluse,  dont  l'une  a  été  mise  en  lumière  par  les  travaux 
de  M.  Lepaige,  paraîtront  un  jour  dans  tout  l'éclat  de 
leur  gloire  et  de  leurs  vertus  ;  alors  on  comprendra 

(i)  Les  hommes  illustres  de  la  nation  liégeoise. 

21 


—  162  — 

la  joie  avec  laquelle  l'élévation  au  cardinalat  de  Gual- 
thier  fut  accueillie  par  les  Liégeois,  ses  compatriotes. 

A  cette  occasion  le  père  Carme  Herman  a  S*  Bar- 
bara  (Guillaume  Héris)  de  Liège  composa  son  Carmelo- 
Parnassus  in  xenium  oblatus  Eminent.  ac  Révérend. 
D.  Joanni  Gualterio  Slusio  Leodienst,  S.  R.  Ecclesiae 
Cardinali,  1687  (4).  «  Ce  titre,  »  dit  M.  de  Villenfagne 
d'ingihoul  (a),  «  annonce  que  ce  livre  est  consacré 
»  presqu'entièrement  à  chanter  les  vertus  du  cardinal 
»  de  Sluse.  En  effet,  le  père  Herman  le  lui  dédie  et 
»  cherche,  dès  les  premières  pages,  à  remplir  la  tâche 
»  qu'il  sest  imposée.  Une  bonne  partie  des  pièces  de 
»  ce  volume  sont  en  vers  latin.  Parmi  ces  pièces  il  y 
»  en  a  quelques  unes,  qui  sont  vraiment  originales,  on 
»  y  trouve  des  distiques,  des  chronographes  simples  et 
»  acrostiques,  un  poëme  de  cent  vers,  adressé  au  car- 
»  dinal  de  Sluse,  dont  la  première  de  chaque  mot  est 
»  un  S,  etc.  »  Pour  donner  une  idée  de  ce  livre  et  de 
l'enthousiasme  qui  lavait  inspiré,  nous  copions  l'acros- 
tiche en  chronogrammes  suivant  : 

«-nnoCentII  XI  LaVDetVr  VIr  IntïMVs 

oMnIbVs  eX  CorDe  eXaLtetVr  honorIbVs 

>Dest  sVIs  praeCLarVs  VIrtVtVM  thesaVrVs 

2*obILe  eXVrgIt  pVrpVratorVM  DeCVs 

25egotIorVM  praeCLarVs  atqVe  StrenVVs  eXpbDItor 

mX  s  Va  sapIentIa  noVVs  saLoMon  VoCanDVs 

ggpeCVLVM  bXIstIt  DIVInae  JVstItIae 

oaVDIVM  VrbIs  et  eXpeCtata  VoLVptas. 
<erVs  praeLatVs  DoCtorqVe  eXIMIVs. 
>DMIrabILIs  VIrtVtIs  VIVIDVs  arChetIpVs 
rvCIDIssIMVs  eXIstIt  UrbIs  et  orbIs  phœbVs 
hVtVs  atqVe  VerVs  DepreCantIVM  asILVs 
mXeMpLar  DeCVsqVe  Verae  VIrtVtIs. 
pcoMAE  reLVCet  VnVs  phaebVs  Vers  DIVInVs 
~n  rebVs  DIffICILIbVs  eXpeDIenDIs  strbnVVs 
<<VLtV  graVItate  atqVe  sVo  CanDore  roManIs  gratVs. 
coeCretarIVs  eMerItVs,  praesVL  qVoqVe  VenbranDVs 

(1)  On  trouve  un  exemplaire  de  ce  livre  curieux  à  la  bibliothèque  de 
l'université  de  Liège. 

(a)  Mélanges  historiques  et  littéraires,  p.  3o8. 


—  163  — 

xLVsIVs  VIsetanorVM  eXtat  DeCVb 

rEGlADVM  VbrVs  patronVs  sVàeqVe  VrbIs  protbCtor 

<erVs  MVnDo  peLICanVs  atqVe  PhoenIX. 

qoIbI  VnI  sabVVs  CaeterIs  VaLDe  MItIs  et  sVaVVs. 

-oannes  oVaLterIVs  sLVsIVs  sIbI  et  roMULIDIs  bonVs. 

<3RA  LVX  DoCtorVM  VI Vît. 

goanCtae  sbDIs  eMbrItVs  eXtat  prabLatVs  bonVsqVb  patronVs 

» 

carDInaLIVM  Veste  pVrpVrea  eXornatVs 
>ssIDV[s  DIgnVs  LaVDIbVs  aC  VarIIs  honorIbVs 
PoMab  et  VnDeqVaqVe  LUCet  VIrtVtIbVs. 
OoMestICVs  prabLatVs  noVItbrqVb  pVrpVratVs 
~n  MVLtIs  DIVtVrnIs  CVrIab  neootIIs  VersatVs 
58oWs  eXtat  CarDInaLIVM  thesaVrVs 
>pVd  ITaLos  eXtraneosqVe  VerVs  aMICVs 
rVX  ebVronVM  proprIaeqVb  DbCVs  patrïab 
-n  CVrIa  oVat  sLVsIUs  VrbIs  et  orbIs  proDIoIVM 
wapIentIab  cabLbstIs  DIVInaeqVe  thronVs  eXIMIVs 

LVX  DVX  MICVI 

A  la  mort  du  cardinal,  le  baron  de  Sluse,  lui  fit 
élever  dans  l'église  del  Anima  à  Rome,  un  monument 
qui  existe  encore.  La  collection  Duriau  contient  une 
gravure  de  ce  monument.  Il  se  compose  d  une  arcade 
plein  cintre  dont  la  clef  de  voûte,  recouverte  du  cha- 
peau de  cardinal  porte  les  armoiries  des  de  Sluse.  Le 
cardinal  est  représenté  assis  derrière  une  table,  un  livre 
à  la  main,  dans  l'attitude  de  la  méditation.  Une  dra- 
perie qui  retombe  de  la  table  porte  l'inscription  sui- 
vante : 

D.     O.     M. 

Joanni  Gualteri  Slusio  Leodiensi 

S.  R.  E.  Diacono  Cardinali 

Animi  atque  cordis  dotibus  cumulatissimo 

Moribus,  sapientia,  pietate  praestantissimo 

Largitate  in  egenos,  beneficentia  in  omnes  effusissimo 

Cujus 
Doctrinae  instructissima  bibliotheca 

Prudentiae  difficillima  munia 

Meritorum  eminentissima  dignitas 

Pêne  impar  argumentum 

Studium  vero  commune  bonum 

Purpura  commune  gaudium 


—  164  — 

Obitus  commune  detrimentum 

Prope  supra  fidem  et  exemplum 

extitere 

Vixit  annos  LIX  menses  V  dies  XXIX 

Obiit  a.  JE.  C.  MDCLXXXV1I  nonis  Julii 

Fratri  amantissimo  monumentum 

P.    C. 

Petrus  Aloysius  Slusius  S.  R.  I. 

liber  Baro,  Dominus  de  Bihain 

Heribronval.  Serm0  Principi  Electori 

Colonien.  a  Consiliis. 

La  même  collection  contient  un  portrait  gravé  du 
cardinal,  avec  cette  note  manuscrite  :  «  Après  avoir 
»  fait  la  philosophie  et  la  théologie  il  étudia  la  jurispru- 
»  dence  et  y  fit  de  tels  progrès  que  le  docteur  Sanvorst 
»  (de  Louvain?)  en  lui  donnant  le  bonnet  de  docteur 
»  dans  un  âge  peu  avancé  lui  prédit  qu'il  ferait  un  jour 
»  belle  figure  dans  l'Eglise  et  qu'il  en  serait  une  des 
»  principales  colonnes.  » 

Un  autre  portrait  sur  toile  du  cardinal,  provenant 
de  la  collection  de  M.  Stiels,  ancien  doyen  de  Visé, 
appartient  maintenant  aux  Sœurs  de  Notre-Dame  de 
cette  ville.  Celui-ci  diffère  assez  bien  de  la  gravure  du 
Val-Dieu  et  doit  représenter  le  cardinal  à  une  autre 
période  de  sa  vie.  Le  peintre  lui  donne  sur  cette  toile 
les  armes  d'une  autre  branche  des  de  Sluse  qui  portait 
d'argent  à  la  croix  de  gueules.  Cette  méprise  nous  porte 
à  croire  que  ce  portrait  est  une  copie  exécutée  à  une 
époque  plus  récente  où  l'on  confondait  déjà  les  armoi- 
ries des  deux  branches. 

LE   BARON   PIERRE-LOUIS  DE  SLUSE. 

Le  troisième  fils  de  Renaud  de  Sluse  eut  d'abord, 
comme  ses  frères,  l'intention  d'entrer  dans  les  ordres. 
En  i65i,  son  frère  René-François  résigna  en  sa  faveur 
le  canonicat  qu'il  avait  dans  l'église  de  Visé.  Plus  tard 
il  renonça  à  la  carrière  ecclésiastique  et  se  maria. 


-  465  — 

Il  étudia  à  Louvain  et  fut  reçu  licencié  en  droit. 
Il  devint  successivement  seigneur  de  Bihain,  Houp- 
pertingen,  Gothem,  chevalier  de  Tordre  de  Saint- 
Etienne  de  Toscane.  L'empereur  d'Autriche  lui  ac- 
corda le  droit  de  noblesse  et  le  titre  de  libre  baron 
de  l'empire.  Les  princes-évêques  Maximilien-Henry 
de  Bavière  et  Jean-Louis  d'Elderen  le  nommèrent 
membre  de  leur  conseil  privé. 

A  l'occasion  de  la  mort  de  son  frère  le  cardinal,  un 
poète  italien  lui  adressa  cet  épigramme  latin  (<). 

De  tribus  praestantiss.  fratribus  Slusiis 

Abb.  Card.  defunctis 
Et  Bar.  superstite  ac  domus  repara  tore. 

Très  fratres  natura  dédit  de  sanguine  lecto 
Slusiadum,  sed  mors  carpsit  acerba  duos 
Posterior  superest  sed  non  virtute  peractis 
Posterior,  quamvis  par  fuit  absque  pari. 
Ponantur  nimii  gemitus  ;  caruisse  duobus 
Si  fuit  in  satis  sic  caruisse  juvat 
Extgit  hoc  ordo,  fraterque  hoc  gaudet  uterque 
Nam  simul  inde  redux  alter  et  alter  erit. 

Le  vœu  de  ce  poète  se  réalisa  jusqu'à  un  certain  point. 

Parmi  les  descendants  du  baron  de  Sluse,  on  ren- 
contre des  bourgmestres  et  des  échevins  de  la  ville  de 
Liège  et  le  dernier  prévôt  de  la  cathédrale  et  chancelier 
de  la  principauté,  Jean-Pierre-Louis  baron  de  Sluse  de 
Beurs  qui  fut  aussi  le  dernier  abbé  séculier  du  chapitre 
de  Visé. 

Cette  illustre  famille  s'éteignit  dans  la  personne  de 
la  baronne  de  Stembier  de  Wideux,  née  baronne  de 
Sluse  de  Houppertingen,  décédée  le  17  février  i835. 

» 

LES  DE  CHARNEUX  ET  DE  REQUILÉ. 

A  côté  des  de  Sluse  existaient  à  Visé  deux  autres 
familles,  les  de  Charneux  et  les  de  Requilé,  qui,  sans 

(1)  Recueil  héraldique  des  bourgmestres  de  Liège. 


—  466  — 

arriver  à  la  célébrité  de  la  première,  fournirent  cepen- 
dant quelques  hauts  dignitaires  à  la  principauté  et  des 
personnages  d'une  certaine  notoriété  à  l'histoire.  A  ces 
deux  titres,  elles  méritent  une  courte  notice. 

Les  de  Charneux.  Au  commencement  du  XVIIe 
siècle  deux  frères  et  un  neveu  du  nom  de  des  Marets, 
vinrent  successivement  s'établir  à  Visé.  Ils  devinrent 
les  chefs  de  trois  familles  qui,  toutes  trois,  pendant  une 
existence  d'une  centaine  d'années,  y  jouèrent  un  rôle 
prépondérant  et  laissèrent  en  s'éteignant  de  grands  sou- 
venirs et  des  preuves  encore  évidentes  de  leur  muni- 
ficence. 

Originaires  du  lieu  dit  aux  Marais,  près  de  Sou- 
magne,  les  des  Marets  prétendaient  descendre  de  l'an- 
cienne famille  des  de  Charneux,  qui  figure  dans  le 
Miroir  des  nobles.  Les  revers  de  la  fortune  et  le  temps 
leur  avaient  fait  perdre  leur  rang  et  leur  nom  d'autre- 
fois. Dans  la  première  moitié  du  XVIIe  siècle,  les  des 
Marets  parvinrent  à  se  relever  de  leur  état  de  déchéance. 
La  fortune  leur  revint,  plusieurs  d'entre  eux  arrivèrent 
à  des  positions  assez  élevées  et  se  rendirent  même  utiles 
au  prince-éveque.  Grâce  sans  doute  à  ces  circonstances 
ils  obtinrent,  en  i655,  de  l'empereur  Frédéric  III  un 
diplôme  (\)  qui  reconnaît  leur  haute  antiquité  et  les 
services  rendus  par  eux  au  pays,  et  leur  permet  de 
reprendre  le  nom  et  les  armes  des  de  Charneux  avec 
le  titre  d'écuyer.  M.  Bec-de-Lièvre  se  trompe  donc 
quand  il  attribue  cette  mutation  de  nom  au  juriscon- 
sulte de  Charneux,  dont  nous  parlerons  bientôt,  et  qui 
à  cette  époque,  n'avait  pas  encore  vu  le  jour.  Le  même 
auteur  fait  encore  erreur,  croyons-nous,  quand  il  dit 
que  ce  changement  eut  lieu  à  la  suite  de  la  décapita- 
tion d  un  membre  de  la  famille  condamné  par  cause 
de  trahison  (2). 

Le  chef  de  la  première  branche  de  cette  famille  à 

(  1  )  Archives  de  l'Etat,  Liège.  Conseil  privé  :  Diplômes  impériaux. 
(2)  Biographie  liégeoise,  t.  II,  p.  443. 


—  167  — 

Visé  fut  Denys  des  Marets-de  Charneux,  époux  de  dame 
Catherine  Pernode,  dont  la  magnifique  pierre  tombale 
se  trouve  encore  dans  l'église  de  Visé. 

Un  de  ses  fils  alla  s'établir  à  Verviers  et  y  devint 
l'auteur  d'un  rameau  important,  qui  fournit  dans  la 
suite  plusieurs  bourgmestres  à  cette  ville  et  donna  le 
jour  au  jurisconsulte  Denis  de  Charneux,  auquel 
M.  Bec -de -Lièvre  consacre  une  courte  biographie 
émaillée  de  plusieurs  erreurs. 

Un  second  fils  s'établit  comme  avocat  à  Liège  et  fut 
appelé  à  la  charge  de  conseiller  du  prince-évêque  en 
son  conseil  privé.  De  lui  descendent  les  de  Charneux 
d'Ohar  et  le  chanoine  Pierre-Ernest  de  Charneux,  qui 
était  un  des  membres  les  plus  distingués  du  chapitre 
de  Saint-Lambert,  auxvme  siècle. 

Un  troisième  fils,  Herman,  fut  chanoine  à  Visé  et 
donna  à  l'église  les  nouvelles  orgues  dont  nous  avons 
parlé  ;  il  mérita  par  sa  générosité  le  titre  de  bienfaiteur 
de  la  paroisse  qu'on  lui  donne  dans  son  acte  de  décès. 

Herman  des  Marets,  d'abord  mayeur,  puis  lieute- 
nant-bailli à  Visé,  fut  le  père  d'une  seconde  famille  de 
de  Charneux.  Sa  veuve  fit  cadeau  à  l'église  d'un  ciboire 
dont  nous  parlerons  au  chapitre  suivant. 

Parmi  leurs  descendants,  nous  trouvons  Jean- 
Jacques  de  Charneux,  chanoine  au  chapitre  de  Saint- 
Adalbert  à  Aix-la-Chapelle  dont  il  devint  vice-prévôt 
et  son  frère  Henri,  professeur  et  recteur  de  l'université 
de  Louvain. 

Ce  dernier  était  né  à  Visé  en  1644.  Il  étudia  la  phi- 
losophie à  Louvain.  Au  concours  de  i663,  il  obtint  la 
troisième  place  comme  élève  de  la  pédagogie  du  collège 
du  Porc.  Après  avoir  terminé  ses  études  théologiques, 
il  enseigna  pendant  quelque  temps  la  rhétorique  au 
collège  de  la  Sainte-Trinité.  Bientôt  (en  1668)  une 
chaire  de  philosophie  lui  fut  confiée  dans  l'établisse- 
ment où  il  étudiait  cette  science.  Quatre  ans  plus  tard, 
il  fut  nommé  président  du  collège  liégeois  de  Louvain, 


—  168  — 

Malgré  la  besogne  que  lui  donnait  la  direction  de  cette 
institution,  il  se  prépara  au  grade  de  docteur  en  théo- 
logie, qu'il  obtint  en  1680.  Nommé  professeur  royal 
de  théologie  il  fut  deux  fois,  en  i683  et  en  1698,  recteur 
de  l'université.  11  mourut  à  l'âge  de  cinquante-sept  ans 
et  fut  enterré  dans  le  chœur  de  l'église  de  Saint- Pierre 
à  Louvain  (i).  Dans  l'affaire  du  Jansénisme  qui,  pen- 
dant cette  époque,  préoccupa  si  vivement  les  esprits, 
surtout  à  Louvain,  il  se  rangea  du  côté  des  défenseurs 
de  YAugustinus  comme  l'avaient  fait  les  de  Froidmont 
et  les  Pontanus,  originaires  comme  lui  du  pays  de  Visé. 

A  la  mort  du  lieutenant-bailli  Herman  des  Marets 
son  neveu  Barthélémy,  fils  de  Pierre,  échevin  de  Liège 
et  plus  tard  lieutenant-gouverneur  du  marquisat  de 
Franchimont  et  mayeur  héréditaire  de  Fléron,  lui 
succéda.  Le  nouveau  lieutenant-bailli  devint  par  son 
mariage  avec  la  sœur  de  l'abbé  du  Val-Dieu,  Michel 
à  Vervia,  le  fondateur  de  la  troisième  famille  des  de 
Charneux. 

Barthélémy  était  bourgmestre  en  1648,  lorsque 
Ferdinand  de  Bavière,  revenu  d'Allemagne  pour  apai- 
ser les  troubles  des  Ghiroux  et  des  Grignoux,  vint  s'éta- 
blir à  Visé  et  y  convoqua  à  deux  reprises  les  Etats  du 
pays.  Le  10  du  mois  d'août  de  cette  année,  le  prince- 
évêque  voulut  faire  son  entrée  dans  la  cité;  arrivé  à 
Herstal  avec  une  suite  nombreuse,  il  envoya  le  bourg- 
mestre des  Marets  à  Liège  pour  sonder  les  dispositions 
du  peuple  à  son  égard.  Le  député  fut  fort  mai  reçu  : 
il  fut  même  l'objet  de  menaces  et  dut  s'en  retourner 
sur  l'heure.  Le  dévouement  dont  des  Marets  avait  fait 
preuve  en  cette  circonstance  fut  doublement  récom- 
pensé :  par  sa  nomination  comme  receveur  général  de 
son  Altesse  et  par  le  diplôme  impérial,  qui  conféra  à  sa 
famille  le  droit  de  noblesse  et  le  nom  de  de  Charneux. 

Barthélémy  de  Charneux,  écuyer  et  receveur,  devint 

(1)  Daris,  Histoire  de  la  principauté  et  du  diocèse  de  Liège  au 
XVII9  siècle. 


—  469  — 

dans  la  suite  seigneur  de  Warsage.  Il  fut  un  des  prin- 
cipaux bienfaiteurs  des  Pères  Récollets  lorsque  ceux-ci 
voulurent  achever  leur  couvent.  En  signe  de  recon- 
naissance, les  religieux  placèrent  dans  la  façade  de 
leur  maison  la  pierre  dont  nous  avons  parlé  et  qui 
contient,  avec  les  armes  des  de  Charneux,  les  princi- 
paux titres  du  généreux  donateur. 

Des  enfants  de  Barthélémy,  un  fils  devint  chanoine 
à  Saint-Gilles  à  Liège  et  deux  autres  embrassèrent  la 
carrière  des  armes.  L'un,  Jean,  servit  dans  l'armée  de 
son  Altesse  Electorale  de  Cologne  et  parvint  au  grade 
de  major.  En  1670,  il  était  commandant  du  fort  d'Ar- 
genteau,  de  manière  que  ce  fut  peut-être  lui  qui  défen- 
dit le  château,  lorsqu  en  1673  il  fut  bombardé,  pris  et 
démoli  par  les  troupes  de  Louis  XIV.  Son  frère, 
Maximilien- Henry,  avait  pris  service  dans  l'armée  de 
l'empereur  d'Autriche  et  devint  capitaine.  Quoique 
mariés,  tous  deux  moururent  sans  postérité. 

Un  seul  fils  de  Barthélémy  eut  des  enfants  ;  et  encore 
l'unique  enfant  qui  survécut,  un  garçon,  entra  dans  la 
Compagnie  de  Jésus,  de  manière  que  cette  branche 
des  de  Charneux  s'éteignit  comme  les  deux  autres  au 
commencement  du  xvme  siècle.  Ses  biens  passèrent 
aux  enfants  de  Guillaume  de  Requilé,  qui  avait  épousé 
Marguerite  de  Charneux,  fille  de  Barthélémy. 

Les  Requilé,  plus  tard  de  Requilé  étaient  alliés, 
comme  nous  venons  de  le  voir,  aux  de  Charneux  ;  ils 
l'étaient  également  aux  de  Sluse.  Guillaume  Requilé, 
le  premier  de  la  famille  à  Visé,  avait  épousé  Ailide,  la 
fille  du  Vieux  Renard  Sluse  que  nous  avons  rencontré 
à  l'origine  des  de  Sluse.  C'était  un  homme  actif;  à 
la  profession  de  commerçant,  il  joignait  les  fonctions 
d'échevin  de  la  Cour  de  justice  de  Visé  et  de  receveur 
du  chapitre  de  Saint- Hadelin. 

Un  fils  de  Guillaume  et  d' Ailide,  portant  le  nom 
de  son  père,  mourut  en  1607  comme  chanoine  de  la 

collégiale  de  Visé.  Son  canonicat  fut  conféré  à  son  frère 

22 


—  470  — 

Nicolas,  déjà  curé  à  Lanaye,  qui  obtint  une  dispense 
du  pape  pour  pouvoir  posséder  ces  deux  bénéfices. 
Nicolas  Requilé  mourut  comme  prévôt  du  chapitre  de 
Visé  en  1647. 

Un  frère  des  deux  chanoines,  Renaud,  s'établit  à 
Liège  comme  avocat  et  fut  bailli  des  chanoines  de 
Saint-Pierre. 

Parmi  ses  descendants  on  trouve  Pierre-Godefroid 
de  Requilé,  écolâtre,  puis  doyen  de  la  collégiale  de 
Notre-Dame  à  Tongres. 

Une  fille  de  Renaud,  Ailide,  est  citée  dans  le  Recueil 
héraldique  des  bourgmestres  de  Liège,  comme  aïeule 
du  bourgmestre  de  1725,  Michel-Joseph  de  Grady. 

Jacques  Requilé,  échevin  et  greffier  de  la  Cour  de 
justice,  perpétua  à  Visé  le  nom  de  sa  famille.  De  ses 
nombreux  enfants  deux  seulement  parvinrent  à  l'âge 
adulte:  une  fille,  Reine,  qui  épousa  l'avocat  Jean  Plé- 
nus  Aphernon,  plus  tard  conseiller  et  auditeur  de  Sa 
Majesté  catholique  à  Limbourg  et  à  Navagne  et  un 
fils,  Guillaume,  docteur  en  droit,  que  nous  avons  déjà 
rencontré  comme  mari  de  Marguerite  de  Charneux. 

Guillaume  Requilé  et  Marguerite  de  Charneux 
eurent  douze  enfants.  Plusieurs  moururent  en  bas  âge. 
Deux  devinrent  chanoines  :  l'un  à  Saint-Léonard  à 
Liège,  l'autre  à  Saint-Servais  à  Maestricht. 

Nous  ne  nous  occuperons  que  de  Jean-Ernest  et 
de  Bartholomé  qui  tous  deux  embrassèrent  la  carrière 
des  armes. 

Jean-Ernest  servit  dans  l'armée  de  Sa  Majesté  le  roi 
d'Espagne.  Dans  le  cours  de  ses  expéditions,  il  se  maria 
à  Venlo,  où  il  s'établit  dans  la  suite.  Un  de  ses  fils  fut 
greffier  du  Conseil  de  la  province  de  Gueldre  ;  un  autre, 
officier  dans  l'armée  des  Provinces-Unies  ;  une  fille 
avait  épousé  Nicolas  Elias  et  figure  dans  le  Recueil 
héraldique  des  bourgmestres  de  Liège. 

Bartholomé  Requilé  passa  successivement  dans  les 
armées  de  l'empereur  d'Autriche,  de  Maximilien-Henri 


-  171  — 

de  Bavière,  de  son  successeur  Clément-Joseph  et  même 
de  Louis  XIV.  Il  se  distingua  dans  une  petite  bataille 
livrée  à  Eckeren,  près  d'Anvers.  Il  devint  colonel,  reçut 
le  titre  de  chevalier  et  obtint  la  croix  de  Saint- Louis. 
Pendant  quelque  temps  il  fut  gouverneur  de  la  ville  de 
Bonn.  De  son  mariage  avec  Jeanne  de  Fraikin  il  eut 
deux  fils  :  Guillaume-François,  qui  devint  échevin  et 
bourgmestre  de  Maestricht,  où  il  s'était  établi  et  Maxi- 
milien-Henri-Daniel,  qui  avait  épousé  une  fille  de  Guil- 
laume de  Blockhouse,  ancien  bourgmestre  de  Liège. 

Un  fils  de  Maximilien-Henri-Daniel,  qui,  lui  aussi, 
avait  pris  la  carrière  des  armes,  mourut  colonel  en 
Bohême.  Une  sœur  de  ce  dernier  s'était  mariée  à  son 
cousin  germain,  Maure,  fils  du  bourgmestre  de  Maes- 
tricht. De  ce  mariage  naquirent  deux  filles,  mariées 
l'une  à  un  Fouarge,  l'autre  à  un  Dodémont  ;  avec  elles 
disparurent  vers  i83o  les  derniers  représentants  de 
cette  ancienne  famille  visétoise. 

Au  partage  des  biens,  qui  suivit  leur  décès,  la 
famille  Horion  de  Visé  eut  dans  sa  part  la  belle  collec- 
tion de  portraits  de  famille,  qui  appartient  maintenant 
à  M.  le  docteur  Horion  de  Liège.  On  y  trouve  les 
portraits  de  plusieurs  de  Charneux  et  de  Requilé,  dont 
il  est  question  dans  ces  courtes  notices. 

Comme  plusieurs  autres  théologiens  du  pays  de 
Visé,  Joseph- Dieudonné  Cachard  de  Rissac  acquit  une 
certaine  célébrité  à  cause  de  ses  opinions  jansénistes  et 
des  difficultés  quelles  lui  attirèrent.  Bachelier  en  théo- 
logie de  l'université  de  Louvain,  il  devint  curé  dans 
le  Tournaisis.  Ses  idées  hétérodoxes  l'obligèrent  à  se 
retirer  à  Douai,  puis  à  Paris,  où  il  mourut  en  1763 
laissant  plusieurs  volumes  manuscrits.  Son  enterre- 
ment fut  l'occasion  d'une  imposante  manifestation  des 
adhérents  aux  doctrines  de  Jansénius  (1). 

Visé  fournit,  dans  l'abbé  B.  de  Saive,  au  célèbre 

(1)  Bec-de-Lièvre,  t.  II,  p.  441,  passim. 


—  172  — 

abbé  de  Feller  1  un  de  ses  principaux  collaborateurs 
au  Dictionnaire  historique  et  au  Journal  historique  et 
littéraire.  De  Saive  est  l'auteur  de  plusieurs  ouvrages 
anonymes,  entre  autres  d'une  Géographie  classique  et 
d'une  édition  revue  de  la  Géographie  universelle  du 
P.  BuflSer,  publiées  l'une  en  1784,  l'autre  en  1786  (i). 

En  1826,  mourut  Laurent  Lefebvre,  jeune  peintre 
élève  de  David,  né  à  Visé  et  qui  se  fit  remarquer  par 
plusieurs  ouvrages  qui  promettaient  un  talent  distin- 
gué, s'il  n'avait  été  victime  dune  mort  prématurée  que 
l'on  attribua  principalement  à  un  travail  excessif  qui 
avait  épuisé  ses  forces. 

On  distingue  parmi  les  compositions  de  ce  jeune  ar- 
tiste le  portrait  en  pied  du  roi  des  Pays-Bas.  Ce  tableau 
largement  peint  est  d'un  bel  effet  et  d'une  touche  moel- 
leuse, le  dessin  en  est  très  correct  et  la  pose  pleine  de 
noblesse.  Lefebvre  avait  fait  une  étude  particulière  du 
style  de  Rubens  et  de  Paul  Véronèse;  il  reproduisait 
avec  succès  les  principales  qualités  de  ces  grands 
maîtres  (2). 

Le  portrait  du  roi  Guillaume  Ier  ainsi  que  celui  de 
la  reine,  son  épouse,  sont  au  musée  de  peinture  de  la 
ville  de  Liège  (nos  98  et  99).  On  connaît  également  de 
Lefebvre  un  beau  portrait  de  la  célèbre  Catalani,  can- 
tatrice italienne. 

IX. 

OBJETS  D'ART  ET  D'ANTIQUITÉ. 

LA  CHASSE  DE  SAINT   HADELIN  (3). 

«  La  châsse  de  saint  Hadelin  »  dit  Téminent  ar- 
chéologue français,  Charles  de  Linas,  «  est  un  monu- 

(i)  Ulysse  Capitaine,  Recherches  historiques  et  bibliographiques  sur 
les  journaux  et  les  écrits  périodiques  liégeois,  p.  107. 

(2)  Bec-de-Lièvre,  t.  II,  p.  687. 

(3)  Charles  de  Linas,  Exposition  rétrospective  d'art,  Liège,  1881  ; 
Chanoine  Reusens,  Catalogue  officiel  de  l'exposition  de  1881;  Jos. 
Demarteau,  A  travers  l'exposition  de  l'art  ancien  au  pays  de  Liège. 


—  173  — 

»  ment  hors  ligne,  témoignage  irrécusable  de  la  hauteur 
»  de  conception  et  de  l'habileté  pratique  que  les  cise- 
»  leurs  du  pays  de  Liège  possédaient  à  l'aube  du  XIIe 
»  siècle.  »  Elle  a  la  forme  d'un  sarcophage  à  toit  aigu, 
long  de  1  m.  5o,  large  deo  m.  34,  haut  de  om.  54.  Elle 
est  en  argent,  dorée  en  partie  et  chargée  de  quelques 
ornements  brun  et  or.  La  pièce  est  incomplète,  elle  ne 
comprend  que  les  quatre  faces,  flancs  et  pignons  ;  les 
deux  versants  du  toit,  s'ils  ont  jamais  existé,  ont  disparu 
pendant  la  Révolution  française.  Chaque  flanc  com- 
prend quatre  tableaux  en  bas  reliefs,  séparés  par  des  fûts 
cylindriques  et  représentant  les  faits  les  plus  marquants 
de  la  vie  du  saint.  Deux  plates-bandes,  l'une  brune  avec 
ornementation  or,  l'autre  or  avec  inscriptions  brunes 
encadrent  les  tableaux  ;  les  inscriptions  de  la  seconde 
donnent  le  sens  des  sujets.  Des  légendes  repoussées 
dans  le  champ  de  chaque  tableau  nous  font  connaître 
les  principaux  personnages.  Les  sujets  des  petites  faces 
sont  symboliques  :  des  inscriptions  or  et  brun  nous 
révèlent  également  leur  signification. 

M.  de  Linas  donne  une  description  complète  de 
toutes  les  parties,  avec  les  légendes  et  les  inscriptions 
de  chaque  sujet.  Nous  la  [reproduisons  presqu' intégra- 
lement. 

«  Première  face,  n°  1.  Miracle  de  la  colombe.  Ha- 
»  delin  étendu  par  terre,  dort  profondément  ;  sur  sa  tête 
»  plane  une  colombe  nimbée  (le  Saint-Esprit)  au  milieu 
»  de  nuages  d'où  sort  une  main  rayonnante.  Remacle, 
»  tenant  un  livre,  est  assis  en  face  de  son  disciple;  derrière 
»  lui  un  moine  debout.  Légende  de  bordure:  Ipsa.  co- 
»  lumba.  docet.  meritis.  quitus,  ipse.  refulget.  Inscrip- 
»  tions  du  champ  :  S.  Remaclus,  S.  Hadelinus.  »  Saint 
Remacle  et  saint  Hadelin  firent  un  pèlerinage  à  Rome 
au  tombeau  des  apôtres  Saint-Pierre  et  Saint- Paul.  Re- 
venant de  leur  voyage,  Hadelin,  un  jour  s'était  endormi 
sur  la  dure,  accablé  de  fatigue  et  de  sommeil.  Pendant 
qu'il  dormait,  son  compagnon,  qui  veillait  près  de  lui, 


—  174  — 

vit  une  colombe  d'une  extrême  blancheur  apparaître 
au-dessus  de  Hadeiin  et  étendre  les  ailes  pour  en  cou- 
vrir sa  tête.  Quand  le  saint  se  fut  réveillé  son  maître 
lui  demanda  s'il  n'avait  pas  eu  une  vision  pendant 
son  sommeil.  Hadeiin  avoua  avoir  eu  l'apparition 
d'une  colombe  et  en  demanda  l'explication.  Remacle 
lui  dit  alors  que  Dieu  avait  voulu  manifester  la  sain- 
teté de  son  serviteur,  il  lui  conseilla  en  conséquence 
de  ne  plus  retourner  à  Stavelot,  mais  d'établir  lui-même 
une  nouvelle  communauté  dans  un  endroit  qu'il  lui 
désignait.  Hadeiin  se  retira  dans  une  solitude,  près  de 
Dinant.  Tel  est  l'événement,  rapporté  par  la  tradition, 
que  donne  cetta  scène. 

C'est  à  cause  de  ce  fait  que  l'on  représente  toujours 
saint  Hadeiin  muni  de  son  bâton  de  voyageur  et 
accompagné  d'une  colombe.  La  main  rayonnante  qui 
reparaît  dans  chaque  scène,  représentant  un  fait  mira- 
culeux, figure  la  toute-puissance  divine. 

A  la  suite  de  cet  événement  Hadeiin  se  retira,  nous 
l'avons  vu,  dans  un  étroit  vallon  près  de  Dinant.  Il  y 
établit  un  oratoire  dans  le  creux  d'un  rocher  et  cons- 
truisit comme  il  put  une  cellule  au  pied  de  la  mon- 
tagne. Ses  mortifications  et  ses  vertus  lui  attirèrent 
bientôt  des  disciples  qui  vinrent  se  mettre  sous  sa  direc- 
tion. Chaque  ermite  eut  sa  modeste  habitation  :  l'agglo- 
mération de  ces  cellules  donna  plus  tard  à  l'endroit  le 
nom  de  Celles. 

Le  n°  2  représente  une  réception  de  disciples.  «  La 
»  scène  se  passe  dans  un  lieu  planté  d'arbres,  proche 
»  d'une  église  en  style  roman  ;  trois  personnages  dont 
»  l'un  s'incline  vers  Hadeiin,  se  montrent  à  droite  du 
»  tableau;  le  saint  qu'un  religieux  accompagne,  reçoit 
»  les  nouveaux  arrivants.  Vires,  dat.  famulis.  sancti. 
»  benedictiopatris.  »  L'église  représentée  par  ce  tableau, 
ne  serait-elle  pas  une  reproduction  de  l'église  romane 
de  Celles  démolie  seulement  depuis  quelques  années? 

La  réputation  de  Hadeiin  attira  à  Celles  un  grand 


—  175  — 

nombre  de  visiteurs  de  toutes  conditions.  Pépin  de 
Herstal,  lui-même  voulut  voir  le  saint  solitaire.  Il  se 
rendit  près  de  lui  avec  une  suite  nombreuse  et  profita 
de  cette  circonstance  pour  donner  au  pieux  cénobite 
quelques  terres  des  environs.  Cette  visite  de  Pépin  de 
Herstal  fournit  le  sujet  du  n°  3  «  Le  puissant  maire  du 
»  palais,  escorté  de  six  guerriers,  dont  un  écuyer  tenant 
»  par  la  bride  le  cheval  de  son  maître,  porte  les  regalia 
»  brodés  du  XIIe  siècle  ;  une  flatterie  posthume  à 
»  l'adresse  de  ses  héritiers  lui  a  décerné  la  couronne 
»  et  le  globe  crucigère.  Hadelin,  suivi  d'un  acolythe, 
»  fléchit  le  genou  devant  son  illustre  visiteur  et  montre 
»  le  diplôme  qu'il  vient  d'en  recevoir.  Paret.  Pippinus 
»  decernit.  jus.  Hadelinus.  S.  Hadelinus.  Pippinus  : 
»  Rex.  »  Tous  les  tableaux  nous  donnent  les  costumes 
de  cette  époque  reculée  ;  celui-ci  reproduit  parfaite- 
ment les  costumes  princiers  et  militaires  de  ce  temps. 
—  «  Pépin  étale  le  costume  princier  :  manteau  retenu 
»  par  une  agrafe,  tunique  garnie  par  le  bas  de  riches 
»  broderies,  ceinture  enrichie  de  pierres  précieuses,  et 
»  bottines  elles-mêmes  surmontées  d'une  sorte  de  col- 
»  lier  de  perles.  Les  hommes  d'armes  sont  couverts 
»  des  pieds  au-dessus  de  la  tête  par  une  cotte  de  maille 
»  tombant  jusqu'aux  genoux  :  c'est  sous  ce  costume 
»  que  les  soldats  de  Guillaume  le  Conquérant  se  ren- 
»  dirent  maîtres  de  l'Angleterre  et  les  croisés  de  Gode- 
»  froid  des  murs  de  Jérusalem  (i).  » 

Quoique  bien  loin  de  lui, Hadelin  ne  pouvait  oublier 
son  ancien  maître;  plus  d'une  fois  sans  doute  il  se  ren- 
dit à  Stavelot  pour  recevoir  ses  précieux  enseignements. 
C'est  une  de  ces  visites  que  nous  donne  le  n°  4.  «  Visite 
»  à  Stavelot.  Hadelin  et  deux  moines  implorent  la 
»  bénédiction  de  Remacle  assis  sur  un  siège  arrondi 
»  et  godronné;  près  de  l'abbé,  on  voit  trois  religieux, 
»  dont  le  plus  en  évidence  tient  un  stylet  à  écrire  et  un 

(i)  Jos.  Demarteau,  A  travers  l'exposition  de  l'art  ancien  au  pays 
de  Liège,  p.  86. 


—  176  — 

registre.  Le  fond  à  gauche  est  occupé  par  les  cons- 
tructions romanes  du  monastère.  Virtutum.  meritis. 
crescit.  subjectio.  mitis.  S.  Hadelinus.  S.  Remaclus.  » 
Pour  perpétuer  le  souvenir  de  ces  relations  de  leurs 
saints  fondateurs,  deux  chanoines  de  Saint-Hadelin 
allaient  tous  les  ans  à  Stavelot  le  jour  de  Saint- 
Remacle  pour  y  chanter  les  répons  en  chappe.  Deux 
religieux  de  Stavelot  venaient  faire  la  même  chose  le 
3  février,  jour  de  Saint-Hadelin  ;  cette  louable  cou- 
tume a  été  interrompue  par  les  guerres  (4).  » 

Dieu  manifesta  la  sainteté  de  son  serviteur  Hadelin 
en  accordant  à  ses  prières  des  faveurs  miraculeuses,  les 
trois  tableaux  suivants  donnent  trois  miracles  obtenus 
de  Dieu  par  le  saint  religieux  de  Celles.  «  Seconde  face 
y>  n°  i.  Miracle  de  Franchimont.  Le  pays  étant  affligé 
»  par  une  extrême  sécheresse  qui  avait  tari  les  fontaines, 
»  ses  habitants  recoururent  à  l'homme  de  Dieu,  pour 
»  obtenir  de  leau.  Hadelin,  dans  l'attitude  de  la  prière, 
»  plante  son  bâton  (un  tau)  en  terre  et  fait  jaillir  une 
»  source  abondante  ;  une  main  divine  issant  d'un 
»  nuage,  projette  trois  rayons  lumineux  sur  le  saint,  A 
»  gauche  des  gerbes  entassées  et  quatre  faucheurs  ;  l'un 
»  porte  une  faucille,  un  second  va  se  désaltérer,  les 
»  gestes  de  tous  expriment  l'admiration.  Mens.  orat. 
»  munda  nec.  fit.  mora  prosilit.  unda.  S.  Hadelinus. 
»  messores.  Fons  factus.  »  Cette  scène,  ainsi  que  la  sui- 
vante, sont  d'après  M.  de  Linas,  le  dernier  mot  d'un 
talent  parvenu  à  son  apogée.  Une  fontaine  à  Franchi- 
mont  portait  encore  au  siècle  dernier  le  nom  de  saint 
Hadelin,  à  qui  elle  devrait,  d'après  la  tradition,  son 
origine  merveilleuse.  Peut-être  ce  nom  a-t-il  été  con- 
servé jusqu'à  nos  jours? 

«  N°  2.  Guérison  dune  muette  à  Dînant.  Hadelin 
»  appuyé  sur  une  crosse  très  basse  en  forme  de  T,  con- 
»  temple  la  malheureuse  qui  implore  sa  pitié.  Trois 

(1)  Abrégé  de  la  vie  de  saint  Hadelin,  1788. 


—  177  — 

»  personnages  apparaissent  à  gauche.  Ils  joignent  leurs 
»  supplications  à  celles  de  la  dame  prosternée  ;  au  som- 
»  met  du  tableau  une  main  rayonnante.  La  robe  de 
»  l'infirme  est  ornée  de  limbes  gemmées  et  de  para- 
»  gaudes  perlés  ;  des  broderies  rehaussent  les  tuniques 
»  des  hommes.  Corde,  preces.  solvit.  et.  linguae.  vin- 
»  cula.  resolvit.  S.  Hadelinus.  Muta.  Populus.  »  Ce  qui 
frappe  le  plus  dans  ce  tableau,  c'est  l'expression  éner- 
gique donnée  à  la  muette,  agenouillée  aux  pieds  de 
Hadelin. 

Les  deux  dernières  scènes  présentent  des  particula- 
rités sur  lesquelles  il  nous  faudra  revenir  plus  tard. 

M.  de  Linas  y  observe  une  faiblesse  relative  et  dit 
que  l'influence  byzantine  y  est  notoire.  Les  inscriptions 
du  champ  sont  d'un  autre  genre,  donc  aussi  d'une  autre 
époque. 

«  N°  3.  Résurrection  de  Gui\a.  Au  milieu  d'une 
»  chambre  nue,  la  morte  couchée  dans  un  lit  placé  sur 
»  le  sol,  tend  à  Hadelin  le  gant,  symbole  de  la  dona- 
»  tion,  qu'elle  lui  fait  de  ses  biens.  En  arrière  du  saint, 
»  un  groupe  de  cinq  personnages;  on  en  compte  sept; 
»  vraisemblablement  des  parents  auprès  de  Guiza.  Jam 
»  defuncta.  manum.  tendit.  —  non.  sit  tibi.  vanum. 
»  —  S.  Hadelinus.  —  Turma  fidelium  —  Gui\a  de- 
»  functa.  » 

Pour  l'intelligence  de  ce  tableau  nous  raconterons 
brièvement  le  fait  qu'il  représente.  Une  riche  dame  des 
environs  de  Celles,  nommée  Guiza  ou  Wikza,  avait  une 
haute  idée  de  la  sainteté  de  Hadelin.  Guiza  était  deve- 
nue malade  et  ses  parents  l'importunaient  pour  avoir 
ses  biens  ;  elle  résista  à  leurs  sollicitations  et  demanda  à 
voir  le  cénobite  de  Celles,  à  qui  elle  voulait  laisser  son 
héritage.  Elle  mourut  avant  son  arrivée;  mais,  aussitôt 
qu'il  approche  du  lit  de  la  trépassée,  Guiza  ouvre  les 
yeux,  lève  la  main  et  lui  présente  ses  gants.  Par  cet  acte 
elle  le  constituait  son  héritier.  La  donation  d'un  bien 
se  faisait,  en  effet,  de  ce  temps,  par  la  tradition  d'un 

23 


—  478  — 

épi,  d  un  gazon,  d'un  gant,  etc.  Les  biens  de  la  dame 
consistaient,  d'après  la  tradition,  dans  la  seigneurie  de 
Scoville.  Remarquons  encore  que  dans  ce  bas-relief  la 
puissance  divine,  qui  opère  le  miracle,  n'est  pas  sym- 
bolisée par  la  main  rayonnante. 

Le  dernier  tableau  représente  les  obsèques  de  saint 
Hadelin.  «  Le  corps  du  saint  enveloppé  d'un  linceul 
»  marqué  d'une  croix  à  la  poitrine,  repose  sur  un  sar- 
»  cophage  fenestré  darcatures  en  plein  cintre  :  à  la  tête 
»  et  aux  pieds  six  clercs  en  vêtements  liturgiques.  Deux 
»  parfont  l'ensevelissement,  trois  portent  des  croix  sta- 
»  tionales,  l'encensoir  et  le  bénitier;  le  prêtre  officiant 
»  tient  le  rituel  et  le  goupillon.  Huit  spectateurs  sans 
»  rôle  marqué  assistent  en  outre  à  la  cérémonie.  //. 
»  felix.  anima,  sursum.  cum.  corpus,  ad.  ima.  Transi- 
»  tus  Sancti  Hadelini.  »  D'autres  parties  de  la  châsse 
nous  donnent  une  idée  des  costumes  de  l'époque  ;  ici 
on  trouve  une  reproduction  exacte  du  mobilier  d'église 
de  ce  temps.  L'encensoir  et  les  croix  stationales  res- 
semblent entièrement  aux  croix  et  aux  encensoirs  ro- 
mans, dont  quelques  échantillons  ont  été  conservés 
jusqu'à  nos  jours. 

Comme  on  le  voit,  la  châsse  reproduit,  gravée  sur 
le  métal,  la  partie  la  plus  intéressante  de  la  vie  de  saint 
Hadelin. 

Les  pignons,  nous  l'avons  dit,  contiennent  des  sujets 
symboliques.  Un  des  deux  réprésente  le  Christ  debout, 
couronnant  saint  Remacle  et  saint  Hadelin  dans  la 
même  attitude  à  côté  de  lui.  En-dessous  de  la  scène  on 
voit  les  noms  des  deux  saints.  Une  légende  en  bordure 
donne  le  sens  du  sujet  :  «  Victores  mundi  preclaros 
»  laude  triumphi.  Hos  diadema  cluens  circumdat  ver- 
»  tice  candens  (a).  »  L'autre  petite  face  contient  le  Christ 
vainqueur.  «  Il  est  imberbe,  sa  tête  est  ceinte  du  nimbe 

(i)  Dans  une  des  réparations  qu'a  subies  la  châsse,  une  partie  de 
l'inscription  qui  devait  orner  un  des  pignons,  a  été,  comme  le  fait 
remarquer  M.  Demarteau,  appliquée  sur  l'autre. 


—  179  — 

»  crucifère,  son  costume  consiste  en  une  courte  tunique 
»  sous  une  cotte  de  maille  et  un  paludamentum  (man- 
»  teau).  La  main  droite  s'appuie  sur  une  longue  hampe, 
»  la  gauche  tient  un  livre  ouvert  aux  feuillets  illustrés 
»  de  Y  alpha  et  de  Voméga,  l'aspic  et  le  basilic,  foulés 
»  par  le  Sauveur,  se  débattent  en  vain  sous  le  talon  qui 
»  les  écrase.  »  En-dessous  :  «  Dns  potens  in  prelio;  » 
autour  :  «  Belliger  insignis  tibi  sic  b  as  i  lise  us  et  aspis 
»  subdolus  atque  leo  subeunt  rex  in  cruce  passo.  » 

Tous  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  châsse 
de  Saint-Hadelin  sont  unanimes  à  reconnaître  sa  haute 
valeur  artistique.  Nous  avons  déjà  donné  quelques 
appréciations  de  M.  de  Linas.  M.  le  chanoine  Reu- 
sens,  professeur  d'archéologie  à  l'université  de  Louvain, 
dit  «  quelle  est  un  chef-d'œuvre  de  ciselure  en  ronde 
»  bosse.  »  Il  ajoute  «  qu'il  est  extrêmement  rare  de 
»  rencontrer  des  hauts  reliefs  de  cette  époque,  présen- 
»  tant  autant  de  correction  dans  le  dessin,  de  mouve- 
»  ment  dans  les  scènes  et  de  talent  dans  le  groupement 
»  des  personnages  (i).  »  Enfin,  M.  Jos.  Demarteau 
n'hésite  pas  à  dire  que,  malgré  l'absence  de  certaines 
parties  et  le  délabrement  des  autres,  «  elle  est,  pour  les 
»  archéologues,  la  pièce  capitale  de  la  partie  religieuse 
»  de  l'exposition  (2).  » 

Ces  auteurs  sont  aussi  d'accord  pour  placer  au  xic 
ou  xne  siècle  la  date  à  laquelle  la  châsse  aurait  été  fabri- 
quée, mais  ils  tombent  dans  une  assez  grande  divergence 
d'opinion  pour  l'ordre  chronologique  dans  lequel  les 
différentes  parties  auraient  été  exécutées. 

D'après  M.  de  Linas  «  les  flancs  dus  à  un  premier 
»  artiste,  ont  été  l'objet  d'un  long  enfantement,  »  leurs 
plus  anciens  tableaux  seraient  Guiza  et  les  obsèques, 
les  derniers  auraient  été  achevés  en  1125  ou  environ. 
«  Un  second  orfèvre  cisela  les  pignons  et  peut-être  le 

(1)  Reusens,  Catalogue  officiel  de  l'exposition  de  1881, 

(2)  Jos.  Demarteau,  A  travers  l'exposition  de  l'art  ancien. 


—  180  — 

»  toit  perdu  ;  la  peinture  des  légendes,  les  accessoires, 
»  l'ajustage  définitif  des  membres,  doivent  remonter  à 
»   n5o.  » 

M.  Reusens  considère  «  les  petites  faces  comme 
»  plus  anciennes  que  les  longs  côtés;  elles  pourraient 
»  bien  remonter  au  milieu  du  XIe  siècle,  si  pas  plus 
»  haut  encore.  Pour  les  autres  parties  de  la  châsse  les 
»  lettres  accusent  le  XIIe  siècle.  » 

M.  Demarteau  est  du  même  avis  :  *  Une  première 
»  main,  au  début  du  XIe  siècle,  aurait  ciselé  les  petites 
»  faces  ou  pignons,  la  deuxième,  dans  le  suivant  sans 
»  doute,  aurait  traité  les  reliefs  des  longs  côtés  et  l'or- 
»  nementation  générale.  » 

Après  avoir  reproduit  ces  opinions  diverses,  que 
les  auteurs  appuyent  de  considérations  tirées  du  carac- 
tère épigraphique  des  légendes  et  de  la  ciselure  plus  ou 
moins  rude  et  archaïque  des  figures,  nous  nous  permet- 
trons d'ajouter  quelques  réflexions  qui  nous  sont  venues 
en  étudiant  la  châsse. 

Les  deux  scènes  de  Guiza  et  des  obsèques  se  res- 
sentent de  l'influence  byzantine,  ce  qui,  aux  yeux  de 
M.  de  Linas  atteste  qu'elles  sont  plus  anciennes.  Les 
inscriptions  de  leur  légende  sont  différentes  aussi  et 
accusent  également  l'antériorité  des  sujets.  Enfin  tous 
les  tableaux,  qui  contiennent  un  fait  miraculeux, 
figurent  la  puissance  divine  par  une  main  rayonnante, 
la  scène  de  Guiza  seule  n'a  pas  cette  représentation 
symbolique.  Cette  triple  différence  semble  incompatible 
avec  l'hypothèse  d'un  seul  auteur  pour  tous  les  tableaux 
des  deux  flancs. 

La  forme  archaïque  des  pignons,  la  faiblesse  d'exé- 
cution des  obsèques  et  de  Guiza,  ainsi  que  leur  épigra- 
phie  plus  ancienne,  l'influence  byzantine  que  M.  de 
Linas  reconnaît  pour  un  des  pignons  et  pour  les  deux 
dernières  scènes  semblent  donner  quelque  raison  à 
l'hypothèse  d'un  même  auteur  pour  ces  différentes  par- 
tics  et  d'un  second  pour  les  autres.  Les  preuves  qu'on 


-  181  - 

tire  des  caractères  épigraphiques  des  bordures  ne  sem- 
blent guère  consistantes,  il  paraît  assez  probable  que 
ces  détails  ont  été  exécutés  en  dernier  lieu  par  une 
même  main.  M.  de  Linas  explique  parfaitement  la  dif- 
férence des  légendes  des  pignons  et  des  flancs,  par  le 
manque  d'espace  pour  les  premières. 

Dans  le  plus  ancien  registre  de  la  prévôté,  qui  nous 
soit  parvenu,  on  rencontre,  à  la  première  page,  la  copie 
«  d'un  mémoire  très  ancien  en  latin,  très  difficile  à 
»  lire  (i)  »  qui  fut  trouvé  dans  la  châsse  lorsqu'on  l'ou- 
vrit en  1413.  En  voici  le  texte  : 

Ossa  Beatissimi  Hadelini  confessons  jacent  in  isto  pheretro  et 
fuerunt  posita  et  clausa  in  hoc  lôco  anno  doicae  incarnationis  sep- 
tingentesimo  quarto  indictionequarta  décima  quinta  calendas  Junii. 
Noa  autem  hominum  qui  interfuerunt  Watonis  episcopus,  Beronis 
abbas,  Joes  praepositus,  Amandus  custos,  Larifridus,  decanus  sta- 
bulensis  cum  capilo  et  conventu  eccliae  Cellens. 

D'après  les  anciens  chanoines  de  Visé  (2)  ce  «  mé- 
»  moire  »  date  de  704  ;  il  aurait  donc  été  fait  à  l'occa- 
sion de  l'élévation  des  reliques  de  saint  Hadelin  sur  les 
autels,  quelques  années  après  la  mort  du  saint.  Or,  cette 
interprétation  est  impossible  ;  à  cette  date  saint  Hubert 
était  évêque  et  les  dignités  énumérées  dans  le  billet 
n'existaient  pas  encore  toutes  à  cette  époque.  Watho,  ou 
Wazon,  évêque  vers  1040,  fut  témoin  du  fait,  dont  on 
voulut  conserver  le  souvenir.  Quel  est  cet  événement 
assez  important  pour  appeler  la  présence  d'un  évêque? 
Ne  serait-ce  peut-être  pas  le  placement  des  reliques  dans 
la  nouvelle  châsse  «  jacent  in  isto  pheretro?  »  Et  aurait- 
on  par  les  mots  :  «  fuerunt  posita  et  clausa  in  hoc  loco 
»  anno  704  »  voulu  rappeler  l'élévation  du  saint  sur 
les  autels?  Mais  dans  cette  hypothèse,  on  se  trouve 
devant  une  nouvelle  difficulté.  Dans  la  liste  des  doyens 
de  Stavelot,  on  ne  rencontre  pas  Larifridus,  contempo- 

(1)  Abrégé  de  la  vie  de  saint  Hadelin,  1788. 
(a)  Abrégé  de  la  vie  de  saint  Hadelin,  1788. 


—  182  — 

rain  de  Wazon.  Le  seul  doyen  dont  le  nom  ressemble  à 
celui  du  «  mémoire  »  est  Lanfridus,  qui  vécut  vers  700. 

Le  texte  ne  peut  donc  pas  être  authentique.  A  nos 
yeux  il  donne,  concernant  les  reliques  et  la  châsse,  la 
tradition  très  ancienne  du  chapitre,  mais  déjà  fort  alté- 
rée à  l'époque  où  il  fut  écrit,  et  même  tellement  altérée, 
qu'elle  confondait  deux  faits  distants  de  plusieurs  siècles. 
Si  peu  exacte  quelle  soit,  cette  tradition  fait  intervenir 
levêque  Wazon  dans  un  événement  important  de  l'his- 
toire des  reliques  de  saint  Hadelin.  Pourquoi,  encore 
une  fois,  cet  événement  ne  serait-il  pas  le  placement 
des  restes  du  saint  dans  la  châsse  nouvelle? 

D'après  M.  de  Linas  «  les  flancs  auraient  été  l'objet 
»  d'un  long  enfantement  et  cependant  leurs  derniers 
»  tableaux  auraient  été  achevés  en  1125.  »  M.  Reusens 
dit  que  les  petits  côtés  pourraient  bien  remonter  au 
milieu  du  XIe  siècle.  M.  Demarteau  est  du  même  avis. 

En  présence  de  ces  affirmations  et  des  hésitations 
et  des  contradictions  des  auteurs,  la  tradition  qui  met 
Wazon,  mort  vers  io5o,  en  contact  avec  les  reliques  de 
saint  Hadelin  dans  un  moment  solennel,  acquiert  une 
certaine  vraisemblance,  et  Ton  est  porté  à  admettre  que 
la  châsse  fut  achevée  pour  la  plus  grande  partie  du 
moins,  sous  le  pontificat  de  ce  prince-évêque. 

On  n'arrivera  peut-être  jamais  à  déterminer  exacte- 
ment l'époque  qui  nous  donna  ce  chef-d'œuvre.  Quant 
aux  artistes,  auteurs  de  cette  merveille,  on  peut  suppo- 
ser avec  raison  que  la  châsse  de  Visé,  comme  la  cuve 
baptismale  de  Saint-Barthélémy  à  Liège,  qui  date  de  la 
même  époque,  est  l'œuvre  de  ces  maîtres  célèbres  qui 
donnèrent  à  la  ville  de  Dinant,  voisine  de  Celles,  une 
si  grande  réputation  artistique. 

La  châsse  de  saint  Hadelin  a  toute  une  histoire  : 
faite  pour  la  communauté  de  Celles,  elle  fut  transférée 
à  Visé  en  i338.  En  1467,  les  chanoines  de  Visé  pré- 
voyant une  attaque  de  la  ville  par  les  troupes  de 
Charles-le-Téméraire,  mirent  la  châsse  à  l'abri  dans 


—  183  — 

la  forteresse  cTArgenteau  ;  malheureusement  celle-ci  fut 
à  son  tour  assiégée  et  prise  d'assaut.  La  châsse  fit  partie 
du  butin  des  Bourguignons,  qui  la  transportèrent  à 
Liège.  Elle  allait  être  envoyée  dans  les  Etats  du  Té- 
méraire, lorsque  les  chanoines  parvinrent  par  leurs 
supplications  à  fléchir  le  gouverneur  que  le  duc  avait 
laissé  à  Liège.  Celui-ci,  après  avoir  fait  ouvrir  le  reli- 
quaire, le  renvoya  à  Visé.  Ces  faits  ont  donné  lieu  à 
une  opinion  erronée  d'après  laquelle  la  châsse  aurait 
été  cachée  au  château  d'Argenteau  pendant  la  Révolu- 
tion française  :  cette  erreur  est  le  résultat  d'une  confu- 
sion de  dates.  En  i6y5,  en  présence  des  menaces  des 
troupes  hollandaises  de  Maestricht,  les  chanoines  se 
réfugièrent  à  Liège  avec  les  restes  de  leur  saint  fonda- 
teur qu'ils  déposèrent  dans  l'église  de  Saint-Barthélémy. 
Ils  y  restèrent  pendant  trois  mois.  Sous  la  domination 
française  du  siècle  dernier,  les  reliques  de  saint  Hade- 
lin  furent  cachées  à  Visé,  d'après  les  uns  dans  le  double 
plafond  d'une  maison  de  la  rue  Haute,  d'après  d'autres 
dans  le  fenil  d'une  ferme  qui  existait  alors  dans  la 
même  rue. 

La  conservation  intacte  de  la  châsse,  comme  de  la 
plus  grande  partie  des  reliques  qu'elle  contient,  s'ex- 
plique par  la  piété  profonde  dont  elles  furent  entourées 
par  les  disciples  de  saint  Hadelin.  Ce  ne  fut  que  dans 
des  circonstances  tout  à  fait  exceptionnelles  qu'ils  se 
permirent  d'ouvrir  le  précieux  coffre. 

La  châsse  était  restée  fermée  pendant  plus  de  deux 
siècles,  lorsque,  en  1696,  les  religieux  d'Orval  deman- 
dèrent une  relique  du  saint  pour  le  couvent  qu'ils  ve- 
naient de  fonder  à  Cugnon,  dans  l'endroit  que  Hadelin 
avait  sanctifié  par  les  plus  austères  pénitences.  Le  cha- 
pitre accueillit  cette  demande  et  résolut  d'ouvrir  le  reli- 
quaire. 

Le  prévôt  Jean  Lambertin  rapporte  le  fait  en  ces 
termes  :  «  Secretissime,  missa  conventuali  finita  caplum 
»  intravimus  instrumentisque  necessariis  per  confratres 


-  184  — 

»  comparatis  luminaribusque  accensis  ea  qua  potui- 
»  mus  devotione,  feretrum  aperuimus,  quod  ab  anno 
»  1467  manserat  clausum.  Primo  intuitu  apparebant 
»  linteamina  alba  plura,  primum  circumvolutum  ex- 
»  traxi,  in  quo  erant  quaedam  vestes  valde  tritae  et 
»  laceratae  ex  serico  contextae,  quas  putavimus  tuni- 
»  cam  aut  casulam  in  quibus  sacrum  corpus  fuerat 
»  inhumatum  deinde  duobus  aliis  linteaminibus  expli- 
»  catis  patebant  ossa  sacra  non  solum  intégra  et  solida, 
»  verum  quasi  recentiora,  quibus  per  aliquod  spatium 
»  reverenter  et  cum  summo  gaudio  consideratis,  de- 
»  sumpta  fuit  una  costula  praetacto  monasterio  mit- 
»  tenda  per  unum  suorum  religiosorum ,  sacerdote 
»  comité  il li  adjuncto,  cum  capituli  diplomate  super 
»  hoc  confecto,  sigillato  et  signato  ad  perpetuam  rei 
»  memoriam  (i).  » 

On  croit  généralement  que  la  châsse  avait  jadis  un 
toit  à  deux  versants,  en  argent,  d'un  travail  semblable 
à  celui  des  faces,  et  Ton  dit  que  cette  partie  du  chef- 
d'œuvre  disparut,  on  ne  sait  comment,  pendant  la 
Révolution  française  ;  il  se  pourrait  bien  qu'ici  les 
archéologues  accusent  la  Révolution  d'une  faute  artis- 
tique quelle  n'a  pas  commise.  Dans  le  registre  du 
prévôt  Lambertin,  que  nous  citions  plus  haut,  on  lit 
qu'en  1696,  une  dame  avait  l'intention  «  exornandi 
«  cooperturam  feretri  panno  pretioso  »  et  plus  tard, 
(le  caractère  est  différent),  sans  doute  après  la  confec- 
tion de  l'ornement,  on  ajoute  «  ex  holoserico  coloris 
»  rubri,  aureis  fimbriis  circumdato.  »  Il  semble  que 
cette  draperie  devait  servir  plutôt  à  remplacer  qu'à 
cacher  une  partie  du  reliquaire. 

La  piété  dont  les  chanoines  entouraient  leur  pré- 
cieux trésor,  nous  dit  assez  qu'ils  n'accordaient  que 
rarement  des  reliques  de  leur  saint  patron. 

Un  bras  avait  été  détaché  déjà  à  Celles  pour  l'abbaye 

(1)  Archives  de  la  paroisse. 


-  48î>- 

de  Stavelot,  où  saint  Hadelin  avait  vécu  avec  saint 
Remacle.  Humbrecourt,  qui  leur  fit  rendre  la  châsse 
en  1467,  obtint  des  chanoines  une  partie  de  l'autre 
bras.  Quelques  autres  reliques  furent  accordées  à  l'église 
de  Celles,  à  la  cathédrale  et  à  l'église  des  Dominicains 
à  Liège,  dans  laquelle  Charles-le-Téméraire  avait  fait 
déposer  le  reliquaire. 

En  1413,  du  consentement  de  l'évêque,  on  tira  de 
la  châsse  la  tête  du  saint  avec  un  corporal,  dont  il 
s'était  servi,  pour  la  placer  dans  un  buste  séparé  (1). 
Ce  buste,  moins  riche  sans  doute,  fut  remplacé  en  1654 
par  celui  en  argent,  qui  existe  encore  et  dont  nous  par- 
lerons plus  loin. 

Le  jubilé  de  saint  Hadelin,  célébré  en  1888,  nous  a 
permis  de  contempler  et  de  vénérer  les  reliques  du  saint. 

Dans  le  buste  on  a  retrouvé  avec  le  corporal  dont 
nous  parlions  tout  à  l'heure,  toute  l'ossature  de  la  tête, 
sauf  la  mâchoire  inférieure.  Le  crâne  a  conservé  toute 
sa  solidité  et  sa  dureté,  les  parties  inférieures  plus 
tendres  ont  souffert  davantage  et  s'émiettent  lentement, 
la  mâchoire  supérieure  conserve  encore  une  dent  en 
bon  état.  Contrairement  à  la  croyance  générale  des 
Visétois,  la  châsse  contenait  une  quantité  considérable 
de  reliques  :  on  y  a  remarqué  quelques  ossements  des 
bras  et  jambes,  plus  des  côtes,  doigts  et  autres  osselets. 

A  côté  de  ces  reliques  précieuses  se  trouvaient  des 
objets,  qui,  d'après  une  tradition  constante,  ont  appar- 
tenu au  saint.  Ce  sont  un  peigne  liturgique,  une  étole,  un 
corporal  et  les  gants  que  Guiza  donna  à  saint  Hadelin. 

Le  peigne,  en  ivoire  jauni  par  le  temps,  mesure 
12  centimètres  de  long  sur  10  centimètres  de  large. 
Il  est  double,  d'un  côté  plus  fin  que  de  l'autre.  Le 
milieu  est  sculpté  sur  les  deux  faces  d'une  façon  simple 
mais  gracieuse.  Chaque  face  comprend  trois  globes 
reliés  et  encadrés  par  des  ornements  très  simples.  Les 

(1)  Abrégé  de  la  vie  de  saint  Hadelin,  1788. 

24 


-  186  — 

trois  globes  d'un  côté  contiennent  des  croix  pattées;  les 
deux  globes  extrêmes  de  l'autre  côté  entourent  des  croix 
semblables,  celui  du  milieu  représente  la  colombe, 
symbole  de  saint  Hadelin. 

L'étole  est  un  tissu  en  soie  long  de  1  m.  5o,  large  de 
4  1/2  centimètres.  Le  fond  du  tissu  est  blanc;  les  orne- 
ments sont  d  une  couleur  pourpre  et  représentent  des 
dessins  réguliers  encadrant  des  fleurs  et  des  monstres 
fantastiques.  Si  nous  ne  craignions  d'être  trop  hardi, 
nous  dirions  que  c  est  un  tissu  byzantin.  Les  franges 
très  riches  sont  en  fils  d'or  et  de  pourpre. 

Le  corporal  en  toile  est  usé,  gris  et  tacheté. 

Les  gants  sont  en  peau  de  chamois  et  ont  en  lon- 
gueur 33  centimètres  ;  leur  forme  montre  qu'ils  étaient 
destinés  à  couvrir  la  main  et  une  partie  de  l'avant-bras. 

Des  connaisseurs  pourraient,  par  une  étude  détaillée 
de  ces  objets,  ajouter  à  la  tradition  une  nouvelle  preuve 
de  leur  authenticité  :  nous  nous  contenterons  de  leur 
seule  inspection  pour  les  considérer  comme  des  raretés 
archéologiques  et  de  la  seule  tradition  pour  les  accepter 
comme  reliques. 

Les  Visétois  ont,  de  tout  temps,  vénéré  les  restes 
précieux  de  saint  Hadelin  et  invoqué  sa  puissante  pro- 
tection. 

Lorsqu'en  1675,  les  chanoines,  après  leur  fuite  à 
Liège,  ramenèrent  le  corps  du  saint  en  triomphe,  «  il  fut 
»  reçu  en  procession  solennelle  au  fauxbourg  de  Sou- 
»  vré,  où  le  peuple  assemblé  pour  le  recevoir,  rendit 
»  des  actions  de  grâces  à  Dieu  jusques  dans  l'Eglise, 
»  pendant  que  les  principaux  de  la  ville,  qui  s'empres- 
»  soient  d'avoir  l'honneur  de  le  porter  tour-à-tour  mar- 
»  quoient  leur  zèle  et  leur  piété  par  leurs  exclamations  : 
»  les  feux  de  joie  et  le  bruit  des  armes  retentissait  de 
»  toute  part  (*).  » 
Sous  la  Révolution  française,  les  Visétois  parvinrent 

(1)  Abrégé  de  la  vie  de  saint  Hadelin 9  1788. 


—  187  — 

à  soustraire  la  châsse  aux  perquisitions  des  républicains 
et,  immédiatement  après  la  paix  religieuse  rétablie,  la 
rapportèrent  solennellement  à  1  église. 

Nous  ne  parlerons  pas  du  jubilé  de  1888,  dont  les 
Visétois,  qui  en  furent  témoins,  garderont  un  impéris- 
sable souvenir. 

Cette  dévotion  envers  saint  Hadelin  a  toujours  été 
accompagnée  dune  grande  confiance  dans  sa  puissante 
protection.  Des  faits  comme  celui-ci,  relaté  dans  un  re- 
gistre de  l'écolâtre  Guillaume  Lecoq,  à  la  date  d'octobre 
1730,  étaient  bien  capables  de  l'entretenir  et  de  la  forti- 
fier. Un  certain  «  Borret,  marchant,  demeurant  proche 
»  du  pont  des  Arches  à  Liège  avoit  deux  jeunes  enfants 
»  tellement  perclus  qu'il  les  falloit  continuellement  por- 
»  ter  ne  pouvant  marcher  ni  aucunement  se  tenir  de- 
»  bout  sur  icelles,  il  eut  recours  à  S.  Hadelin,  notre 
»  bienheureux  patron,  par  une  neuvaine  qu'il  fit  faire 
»  à  l'honneur  de  ce  saint  pendant  laquelle  on  apportoit 
»  à  l'église  tous  les  jours  les  enfants  sus-dits,  à  peine  la 
»  neuvaine  fut  finie,  qu'ils  ont  récupéré  la  force  dans 
»  leurs  jambes  et  ont  ensuite  marché  comme  s'ils  na- 
»  voient  jamais  rien  eut  et  c'est  pour  cette  grâce  du  ciel 
»  qu'il  nous  a  fait  présent  d'un  très  beau  et  entier  orne- 
»  ment  de  damas  vert  pour  la  messe  consistant  en  cha- 
»  subie,  tunique,   dalmatique  et  devant  d'autel  avec 
»  toutes  autres  choses,  qui  en  dépendent.  » 

L'église  de  Visé  possède  encore  deux  ornements 
verts  assez  anciens  ;  un  des  deux  est  peut-être  le  cadeau 
de  reconnaissance  du  marchand  liégeois. 

En  outre  de  la  châsse,  dont  nous  venons  de  parler, 
l'église  de  Visé  possède  encore  différents  objets  anciens, 
qui  passent  assez  inaperçus  parce  qu'ils  se  trouvent  à 
côté  d'une  véritable  merveille  artistique.  Nous  les  clas- 
serons par  ordre  de  matières,  en  plaçant  chaque  fois 
en  premier  lieu  ce  qui  a  paru  à  l'exposition  rétrospec- 
tive de  1 88 1 . 


—  188  — 

Orfèvrerie.  i°  Buste  ou  chef  de  saint  Hadelin,  en 
argent  repoussé  et  ciselé.  Il  repose  sur  un  dé  octogone 
allongé,  dont  chaque  côté  est  couvert  d'une  plaque 
d'argent,  percée,  au  centre,  d'une  ouverture  elliptique 
servant  d'habitacle  à  des  reliques. 

Le  saint  est  représenté  revêtu  du  costume  abbatial. 
La  tête,  dont  les  carnations  sont  peintes,  porte  une  cou- 
ronne composée  de  rosaces  d'argent  avec  boutons  d'or. 

Inscriptions  :  R.  D.  JOES.  BLOCQUERIE.  HUJUS  ECCL* 
CANC.  CANTOR.   PBR.  JUBILARIUS.   D.   D.  AN°  l654-   Le 

donateur,  revêtu  de  la  chape  et  portant  le  bâton  dit 
de  saint  Hadelin,  surmonté  de  la  colombe  symbolique, 
est  représenté  agenouillé  et  de  très  petite  taille,  sur  le 
devant,  au  bas  du  buste  (4). 

Longueur  de  la  base  64  centimètres,  hauteur  70 
centimètres. 

Ce  buste  renferme  le  chef  de  saint  Hadelin,  qu'on 
voit  dans  une  ouverture  pratiquée  au  milieu  de  la  ro- 
sace qui  couvre  la  tête  du  buste. 

20  Lutrin  pélican  en  laiton.  L'oiseau  a  trois  petits 
à  ses  pieds.  Les  deux  bandes  sur  lesquelles  repose  direc- 
tement le  livre  sont  travaillées  à  jour  :  la  supérieure  a 
pour  motifs  deux  Jmonstres  affrontés  ;  l'inférieure  des 
ornements  flamboyants.  Ce  lutrin  est  placé  sur  un  pié- 
destal carré  en  marbre. 

La  plinthe  cafrée  porte  les  armes  du  donateur  avec 
ces  mots  :  d.  petrvs.  rochart.  canonic.  et.  can- 

TOR   HVJVS    ECCLIE   ME    DEDIT   ET   FIERI    FECIT  ANNO 

i5gi. 

Hauteur  80  centimètres,  largeur  83  centimètres. 

3°  Lutrin  ou  estapliel  en  laiton,  ayant  une  base 
carrée;  la  tige  en  forme  de  balustre  terminée  par  une 
statuette  de  la  Vierge  avec  l'Enfant  entourée  d'une  au- 
réole rayonnante.  Le  pupitre  est  découpé  à  jour.  L'ins- 
cription de  la  plinthe  dit:  ad  majorem  dei  gloriam. 

(1)  Reusens,  Catalogue  officiel  de  V exposition  de  Î881. 


—  189  — 

D.  JOES  BLOCQUERIE  CANONICVS  ET  CANTOR  HVJVS 
ECCLESLE   POSVIT  A0   DNI  1Ô23. 

Ce  lutrin  et  le  buste  de  saint  Hadelin,  dons  du 
même  chanoine,  sont  des  témoignages  manifestes  de 
sa  foi  et  de  sa  munificence. 

Hauteur  1  m.  18. 

40  Deux  plateaux  en  cuivre  ou  laiton  repoussé  et 
ciselé,  d'un  travail  assez  délicat.  Les  ornementations 
sont  de  leur  époque.  Inscription  :  Jacques  piron 
OVRii  1699. 

5°  Pyxide  en  argent  pour  porter  le  Saint  Sacre- 
ment aux  infirmes,  pédiculée,  à  formes  quadrangu- 
laires,  le  couvercle  représentant  une  pyramide  à  base 
carrée.  Les  ornements  consistent  en  arabesques.  Ins- 
cription :  donne,  pour  dieu.  1619. 

6°  Ciboire  en  argent  repoussé  et  ciselé.  Pied  rond  ; 
coupe  décorée  de  feuillages  et  de  rinceaux.  Le  cou- 
vercle ornementé  de  la  même  manière  est  surmonté 
d'une  couronne  ajourée  au  milieu  de  laquelle  se  dresse 
une  croix  mobile.    Inscriptions  :   ad   usum  altaris 

PAROCH.  VISET.  DlA  CATH.  LIBOT.  RELICTA.  HERMANI 
DE  MARETS.  PRAETORIS  VISETENSIS.  DEDIT.  PLEBANO 
VISETEN.  AD  OPUS  SUAE  PAROCHIAE.  IN  MEMORIA 
PETRI.    SUI   FILI1.   A°   1643. 

Sculpture.  L'église  de  Visé  n'est  guère  riche  en 
fait  de  sculptures  anciennes. 

Nous  avons  déjà  parlé  des  boiseries  de  la  sacristie, 
de  même  que  du  médaillon  de  la  pierre  tombale  de 
Denys  de  Charneux  qui  pour  la  sculpture  constitue  ce 
qu'on  y  trouve  de  meilleur.  Le  monument  en  marbre 
élevé  par  le  chanoine  de  Sluse  à  la  mémoire  de  ses 
parents  est  d'une  grande  faiblesse  d'exécution.  Il  repré- 
sente saint  Martin  donnant  l'aumône  à  un  estropié. 
La  statue  se  trouve  placée  dans  une  arcature  en  style 
renaissance.  Au-dessous  du  monument  se  trouve  l'ins- 
cription suivante,  que  de  Sluse  avait  composée  : 


—  i90  — 

S.  Martino  epo 

hujus  oppidi  tutelari 

et  memoriae 

parentum  suorum.  dilec.  desider. 

Renati  de  Sluse  hujus  oppidi  Graffarii  et 

Catharinae  Walteri  conjugum 

Renatus  Franciscus  de  Sluse 

canonicus  Leod.  abbas  Ammaniensis 

h.  m.  t.  e.  c. 

vixit  ille  A.  LXXXI.  M. II.  D.XX. 

obiit  XIV  oct  M.  DC.  LXXII. 

haec  vero  A.  LXXVIII.  M.  IIII.  D.  XV. 

obiit  XXX  may  M.  DC.  LXXIII. 

La  chaire  de  vérité  paraît  appartenir  au  siècle  der- 
nier. Elle  est  d'un  travail  assez  délicat.  D'après  une 
tradition  cette  chaire  et  celle  de  l'église  Notre-Dame  à 
Maestricht  seraient  du  même  sculpteur,  qui  ne  fit  que 
ces  deux  ouvrages  et  mourut  misérablement. 

Peinture.  On  trouve  dans  l'église  de  Visé  une  dou- 
zaine de  tableaux  anciens,  qui,  au  dire  des  connais- 
seurs, sont  de  peu  de  valeur. 

Sceaux.  Quelques  parchemins  de  l'église,  prove- 
nant de  l'ancien  chapitre,  ont  gardé  leurs  sceaux.  Le 
mieux  conservé  et  le  plus  intéressant  est  celui  d'Adolphe 
de  la  Mark,  i338,  qui  se  trouvait  à  l'exposition  liégeoise 
de  1881.  Un  autre,  plus  petit,  attaché  à  un  document 
de  1371  pourrait  bien  être  celui  de  Jean  d'Arckel.  Quel- 
ques fragments  nous  permettent  de  reconstituer  en  par- 
tie l'ancien  sceau  de  l'église  de  Visé  :  forme  elliptique, 
grandeur  moyenne.  Saint  Hadelin  debout  en  costume 
monastique  occupe  le  champ.  Légende  :  SIGILLUM  (ou 
sic  secr)  eccl.  viset. 

L'étude  de  quelques  autres  sceaux  de  moindre  im- 
portance ne  serait  pas  sans  intérêt  pour  les  amateurs 
de  la  sphragistique. 

Reliques.  Outre  les  restes  insignes  de  saint  Hade- 
lin, on  trouve  encore  dans  l'église  de  Visé,  quelques 
reliques  bien  précieuses. 


—  491  — 

Une  parcelle  de  la  vraie  croix,  vénérée  comme 
authentique,  mais  dont  nous  ignorons  la  provenance. 

Une  relique  ex  crinibus  B.  M.  V.  envoyée  de  Rome 
en  1737  à  Gérard  Sacré  par  son  frère  Joseph-Marie, 
religieux  Chartreux  dans  un  couvent  romain.  Gérard 
Sacré  en  fit  don  à  la  chapelle  de  Lorette  où  elle  fut 
exposée  à  la  vénération  des  fidèles  avec  l'autorisation 
du  vicaire-général  de  Rougrave.  Maintenant  elle  est 
déposée  à  1  église  où  elle  est  vénérée  le  i5  août. 

Différentes  autres  reliques  sont  encore  conservées 
dans  la  base  du  buste  de  saint  Hadelin  ou  dans  des 
reliquaires  séparés.  Une  de  celles  qui  sont  contenues 
dans  le  buste  demande  un  mot  d'explication  ;  elle  est 
désignée  sous  cette  forme  :  de  lacté  B.  M.  V.  ;  une  tra- 
duction littérale  de  ces  mots  donnerait  un  sens  impos- 
sible. «  Ces  parcelles  proviennent,  »  dit  un  auteur  fran- 
çais, «  d'une  pierre  située  près  de  la  maison  de  Naza- 
»  reth,  sur  laquelle,  d'après  la  tradition,  la  sainte  Vierge 
»  s'asseyait  souvent  pour  allaiter  l'enfant  Jésus.  » 

Les  deux  compagnies  des  arbalétriers  et  des  arque- 
busiers ont  été  assez  heureuses  pour  conserver  les  an- 
ciens colliers  ou  garlandes  que  les  rois  du  tir  portaient 
comme  insignes  aux  grandes  fêtes  de  la  société. 

Ces  deux  joyaux  se  composaient  anciennement  d'un 
oiseau  ou  papegay  (du  flamand  papegaai,  perroquet) 
en  argent  qu'on  suspendait  au  cou  au  moyen  d'une 
chaîne  également  en  argent. 

«  L'oiseau  des  arbalétriers  semble,  »  dit  M .  Reusens, 
«  remonter  à  la  fin  du  XVe  siècle;  »  il  porte  autour  du 
cou  un  collier  avec  l'inscription  :  von  Weset  bin,  en 
lettres  gothiques,  et  tient  dans  le  bec  une  petite  arbalète. 

Celui  des  arquebusiers,  un  peu  plus  gros  que  le 
premier,  lui  ressemble  assez  bien.  M.  Reusens  le  fait 
également  remonter  au  XVe  siècle,  ce  qui  est  peu  pro- 
bable puisque  cette  compagnie  ne  fut  établie  qu'en  1579. 

Le  roi  des  arbalétriers  recevait  le  jour  du  tir  un 
Saint-Georges  de  la  valeur  de  3  florins  Brabant  qu'il 


—  192  — 

devait  porter  au  cou,  sa  vie  durant,  a  temps  de  la  trai- 
rie  et  a  Sacrement.  Un  roi  des  arbalétriers  eut  l'idée 
de  fixer  son  Saint-Georges  sur  la  chaîne  du  collier 
au  moyen  d'un  médaillon  portant  le  Saint-Georges  au 
milieu  et  une  inscription  au  bord.  Plusieurs  rois  imi- 
tèrent cet  exemple,  la  compagnie  elle-même  ajouta 
quelques  médaillons  et  ainsi  la  chaîne  se  trouva  après 
quelque  temps  chargée  de  quinze  médaillons.  Quatorze 
de  ceux-ci  restent  encore.  Le  plus  ancien  a  été  enlevé  ; 
on  a  fixé  le  Saint-Georges  (de  1572)  sur  une  croix  pattée 
moderne.  Cette  décoration  appelée  crachat  du  roi  fut 
ainsi  arrangée  au  commencement  de  ce  siècle,  pour 
être  portée  par  le  roi  du  tir  comme  les  Saint-Georges 
l'avaient  été  par  ses  devanciers. 

Le  collier  des  arquebusiers  s'est  formé  de  la  même 
manière.  Nous  croyons  inutile  de  donner  une  descrip- 
tion détaillée  de  ces  placards  ;  on  peut  la  trouver  dans 
la  brochure  de  M.  Mathieu,  Les  arbalétriers  et  les 
arquebusiers  de  Visé,  page  24. 

La  compagnie  des  arbalétriers  possède  en  outre 
quatre  vieilles  arbalètes  de  luxe  couvertes  de  plaques 
d'ivoire  gravées.  Une  porte  le  nom  de  «  duc  d'Albe.  » 
Elle  fut  donnée  à  la  compagnie  par  le  gouverneur 
espagnol  qui,  en  i568,  vint  à  Visé  et  assista  à  un  tir 
à  l'oiseau  organisé  en  son  honneur. 

La  ville  de  Visé,  elle  aussi,  est  propriétaire  de 
quelques  objets  intéressants.  Ils  ont  été  déposés  au 
musée  provincial  et  les  principaux  ont  figuré  à  l'ex- 
position liégeoise  :  ce  sont  deux  sceaux  de  la  ville 
en  argent,  dont  le  plus  grand  date  de  1704,  et  deux 
clefs  en  argent  ciselé,  attachées  par  une  chaînette  et 
portant  toutes  les  deux,  l'inscription  :  LA  VILLE  de 
visé  1574. 

Quelques  particuliers  possèdent  d'anciens  portraits  : 
citons  ceux  d'un  de  Walef,  de  Maximilien  de  Char- 
neux,  du  cardinal  de  Sluse,  etc. 


—  103  — 
X. 

COMMERCE  ET  INDUSTRIE. 

D'après  la  tradition,  la  foire  de  Visé  doit  son  origine 
à  Charlemagne  ou  à  sa  fille;  en  tout  cas  elle  est  fort 
ancienne.  M.  Demarteau  dit  que  «  vers  85o,  Visé  est 
»  signalé  comme  un  marché  important  (4).  »  En  983 
l'empereur  Othon  II  accorda  à  l'église  de  Liège  le  droit 
de  tonlieu  de  cette  foire  «  mercati  teloneum  in  villa 
»  Viesato  ex  coemptione  animalium  vel  ex  omni  génère 
»  tam  vestium  quam  ferri  et  metallorum  (2).  »  Ces  mots 
nous  donnent  une  idée  de  l'importance  de  ce  marché, 
importance  qu'il  conserva  pendant  deux  siècles.  D'après 
une  légende,  rapportée  dans  les  Gesta  Pontificum  Léo- 
diensium,  les  moines  de  Saint-Laurent  envoyèrent,  en 
io3o,  un  des  leurs  à  la  foire  de  Visé,  pour  y  acheter 
le  drap  nécessaire  au  couvent.  Vers  1200  le  marché  de 
Visé  commença  à  perdre  de  sa  vogue  (3).  La  meilleure 
explication  de  ce  fait  pourrait  bien  se  trouver  dans 
l'importance  qu'avaient  acquise  alors   les  deux  villes 
de  Maestricht  et  de  Liège  qui  devenaient  des  centres 
d'une  activité  et  d'un  commerce  dont  la  petite  ville  de 
Visé  devait  souffrir.  Peut-être  aussi  le  tonlieu  que  les 
seigneurs   d'Eisden  et  d'Argenteau  établirent  sur  les 
bateaux  passant  devant  leurs  seigneuries,  nuisit-il  à  la 
foire  de  Visé  en  entravant  les  relations.  Enfin  la  dispa- 
rition du  pont  de  Visé,  au  commencement  du  XIIe  siècle, 
peut  avoir  contribué  à  cette  déchéance  parce  que  la 
voie  de  Tongres  à  Aix-la-Chapelle  par  Visé  cessa  d'être 
un  chemin  de  grande  communication  à  la  suite  de  ce 
désastre. 

Plus  tard  les  Visétois  essayèrent  à  différentes  re- 
prises de  restaurer  leur  antique  marché  ;  ils  obtinrent 

(1)  Jos.  Demarteau,  A  travers  l'exposition  de  l'art  ancien,  p.  58. 

(2)  Amplissima  collectio,  t.  I,  p.  532. 

(3)  Henaux,  Bulletin  de  l'Institut  archéologique,  t.  I,  p.  365. 

25 


—  194  — 

même  à  cet  effet  des  privilèges  des  princes-évêques 
Erard  de  la  Mark  et  Georges  d'Autriche. 

Voici  ce  que  porte  le  privilège  du  premier,  daté  de 
1534: 

D'après  l'humble  supplication  de  nos  tres-chiers  et  bien  aimez 
burghemestrez  etc  de  Viseit  que  du  passeit  Ton  y  solloit  tenir  chas- 
cun  mercredej  de  lan  marchie  et  environ  lascension  notre  seigneur 
une  grande  feste  marchande  durante  plusieurs  jours  ;  mais  que  les- 
dis  marchié  et  feste  sont  presque  amuncilées  (annihilées  ?)  et  hors 
mémoire  d'hommes.  Le  prince,  pour  sur  ce  pourveoir,  désirant  le 
bien,  proffitz,  utilité  des  susdits  suppliants  ensemble  l'honneur, 
augmentation  et  fortification  de  la  dite  ville  —  establit  et  ordonne 
renouvant  et  remettant  le  marchié  de  chascun  mercredy  de  lan  et 
deux  festes  et  foires  franches.  Il  fixe  la  première  desdites  festes  à  la 
feste  de  la  présentation  de  Notre-Dame  a  mois  de  novembre  et  la 
deuxième  le  lundi  devant  le  dimanche  laetare  en  quaresme.  — Afin 
ung  chascun  se  puisse  franchement  trouver  es  dites  deux  festes  et 
mercredi  en  nostre  ville  et  haulteur  dicelle  et  hanter  venir  et  séjour- 
ner, demourer  et  fréquenter  aller  et  retourner  il  donne  a  ung  chas- 
cun et  a  tous  bon,  franc  ferme  et  loyal  saulff  conduit  de  ce  faire 
lespace  durant  desdits  mercredis  et  desdites  festes  et  foires  et  des- 
jours devant  et  après  incontinent  précédents  et  ensuyants,  sains  a 
iceulx  ny  a  aulcun  deulx  faire  mettre  ne  donner,  ny  en  biens,  bes- 
tialz  ou  aultres  marchandises  et  denrées  quelconcques  empesche- 
ments  arrest  ou  destourbier  aulcun  —  reserve  touttes  fois  et  excepte 
nos  ennemis  et  ceulx  de  nos  pays  et  aultres  attains  et  infectez  de 
villain  cas  et  cas  de  crime  et  de  hérésie. 

En  1546,  Georges  d'Autriche  confirme  ces  privilèges 
accordés  par  son  prédécesseur  «  reservant  en  ce  son 
»  droit,  haulteur  et  prééminence,  »  celles  de  l'église  de 
Liège  et  les  privilèges  de  la  cité  et  des  autres  bonnes 
villes  du  pays. 

Grâce  à  ces  faveurs  le  marché  de  Visé  reprit  une 
certaine  vie;  en  i55o,  le  doyen  Slenaken  inscrivit  une 
recette  sous  la  date  du  jour  du  marché.  Toutefois, 
loin  de  retrouver  la  vie  florissante  de  jadis,  il  recom- 
mença bientôt  à  languir  et  les  appels  et  les  proclama- 
tions des  Visétois  ne  purent  lui  rendre  son  importance 
passée. 


—  195  — 

Plus  tard,  le  pèlerinage  de  Lorette  donna  lieu  à  une 
foire  qui  se  tenait  près  de  la  chapelle  le  i5  août.  Cette 
foire,  si  modeste  quelle  fût,  attira,  nous  l'avons  vu, 
l'attention  et  les  défenses  du  gouvernement  républicain. 

Les  Visétois  ont  voulu,  ces  dernières  années,  faire 
revivre  leur  antique  marché.  Mais  hélas!  leurs  efforts 
sont  vains  ;  jamais  il  ne  sera  que  l'ombre  de  ce  qu'il 
a  été. 

Visé  fut  cependant  toujours  un  petit  centre  de  com- 
merce où  les  habitants  des  villages  voisins  venaient 
s'approvisionner  et  vendre  une  partie  des  produits  de 
leur  culture. 

Dans  les  anciens  registres  nous  trouvons  assez  sou- 
vent;la  profession  de  marchand. 

Le  tableau  des  métiers  et  des  différentes  professions 
qui  ressortissaient  de  chacun  d'eux,  indique  comme 
commerçants  :  «  les  revendeurs  de  grains,  les  viniers, 
»  les  marchands  de  selz  et  les  revendeurs  de  bières, 
»  ou  cabaretiers.  » 

Les  revendeurs  de  grains  s'attirèrent,  en  1679,  un 
mandement  spécial  du  prince-évêque  :  Visé  avait  une 
ancienne  mesure  particulière  plus  petite  que  celle  de 
Liège  d'un  quart  de  setier  sur  le  muid.  Alors,  comme  de 
nos  jours,  le  commerce  avait  ses  trucs.  Les  marchands 
de  Visé  achetaient  leurs  grains  à  Liège  et  ailleurs  à  la 
mesure  de  Liège  et  les  revendaient  chez  eux  à  la  mesure 
de  Visé.  Des  bourgeois  réclamèrent  contre  ce  procédé 
auprès  du  prince  Maximilien-Henri  de  Bavière,  qui 
ordonna  l'usage  unique  de  la  mesure  de  Liège  et  voulut 
que  toute  mesure  fut  «  deuement  apaillée  par  l'apail- 
»  leur  sermenté  et  scellée  par  la  marque  de  la  ville 
»  sous  les  peines  et  amandes  accoustumées  en  pareil 
»  cas  contre  les  contra venteur s  (4).  » 

Déjà  longtemps  avant,  en  i3g7,  les  «  viniers  ven- 
»  dant  vin  a  broke  en  la  ville  de  Viseit  »  avaient  eu  des 

(1)  Edits  et  ordonnances,  publiés  par  Polain. 


—  196  — 

difficultés  avec  le  chapitre  de  la  cathédrale  «  à  cause  et 
»  question  des  foraiges  des  vins  que  les  dis  singneurs 
»  du  Capitle  reclamoient.  »  La  Cour  de  justice  déclara 
«  salver  et  warder  que  les  dis  seigneurs  avoient  et  avoir 
»  dévoient  tous  chascun  tonneal  de  vins  à  deux  fonds 
»  que  les  dis  viniers  venderont  a  broke  deux  setiers  de 
»  vins  à  la  mesure  de  Viseit  (i).  »  Le  vin  dont  il  s'agit 
ici,  était  un  vin  du  pays  qu'on  cultivait  dans  les  en- 
virons de  la  ville. 

Le  commerce  du  sel  doit  avoir  eu  à  Visé  une  cer- 
taine importance.  Il  y  avait  différents  impôts  ou  gabelles 
sur  cette  marchandise,  celles  du  mesurage  du  sel  et  de 
son  brisage.  Un  briseur  sermenté  gagnait  à  ce  métier 
de  chascune  charrée  de  sel  4  pattars. 

La  ville  mettait  à  la  disposition  des  commerçants 
des  balances  et  poids  publics. 

Un  service  régulier  de  neffs  ou  barques  marchandes 
établi  déjà  au  XVe  siècle  entre  Visé,  Liège  et  Maestricht, 
facilitait  les  relations  commerciales  (9). 

Au  dire  de  M.  Delvaux  (3)  les  fritures  doie,  qui 
donnent  encore  une  certaine  réputation  à  Visé,  «  se 
»  transportèrent  ci -devant  dans  des  pots  jusqu'en 
»  Russie.  »  L'élevage  et  le  commerce  des  oies  pourrait 
être  bien  ancien  à  Visé.  Dans  un  registre  de  i52o  on 
parle  d'un  pré  aux  oies  (gan\en  tveide)  situé  entre  Visé 
et  Mouland.  Un  règlement  communal  du  14  octobre 
1634  interdit  temporairement  aux  habitants  d'avoir 
oisons  et  canards  vagabonds  ;  il  leur  ordonne  de  s'en 
défaire  dans  les  trois  jours  sous  peine  de  6  florins 
d'amende  et  de  la  confiscation  des  bêtes. 

INDUSTRIE. 

La  plus  ancienne  industrie  visétoise,  dont  parle 
l'histoire,  est  celle  de  son  atelier  monétaire.  D'après 

(1)  Document  cite  par  Henaux,  Bulletin,  t.  I,  p.  382. 

(2)  La  compagnie  des  arbalétriers  de  Visé,  par  J.  C. 

(3)  Dictionnaire  géographique  de  la  province  de  Liège,  t.  I,  p.  442. 


—  197  — 

M-  Henaux,  l'atelier  de  Visé  était  déjà  en  pleine  activité 
sous  les  rois  des  deux  premières  races.  On  possède  des 
deniers  de  Charles-le-Chauve  (875-877)  et  de  Louis-le- 
Bègue  frappés  à  Visé.  Certaines  de  ces  pièces  ont  : 
«  d'un  côté  le  monogramme  de  l'empereur  Charles-le- 
»  Chauve  et  à  l'entour  le  nom  de  Louis,  roi  de  Lotha- 
»  ringie  hludovicus  REX;  l'autre  côté  offrait  une  croix 
»  entourée  des  mots  in  vico  viosato  (a).  » 

La  collection  Ulysse  Capitaine  exposée  à  Liège  en 
1881  contient  deux  deniers  d'argent  de  Theoduin  de 
Bavière  (1048-75)  et  trois  autres  de  Henri  de  Jauche, 
prévôt  de  Saint- Lambert  (1 171),  frappés  à  Visé. 

Vers  la  même  époque  il  y  avait  à  Visé  un  lorennier 
(sellier)  fameux,  dont  parle  Hemricourt  dans  son  Mi- 
roir des  nobles  de  Hesbaye  :  «  Ors  a  voit  achely  temps 
»  on  proid'homme  lorennier  demourans  a  Viseit  sour 
>i  Mouse,  quy  faisoit  selles  et  lorens  et  poindoit  bla- 
»  sons  de  toutes  maniers,  quy  astoit  mult  accointez 
»  des  nobles  de  ce  Pays  par  son  service  (2).  » 

On  rapporte  que  le  plomb,  qui  servit  à  couvrir 
l'église  de  Saint-Servais  à  Maestricht,  fut  extrait  dans 
le  pays  de  Visé.  A  Visé  même  il  existait,  au  XVIe  siècle, 
des  souvenirs  de  mines  de  métaux.  Dans  un  acte  de 
location  de  cette  époque,  des  biens  communaux  situés 
aux  fosses  de  Malconvat  sont  loués  sous  la  réserve  que 
si  on  y  trouve  des  minerais  de  plomb,  d'alun,  etc.,  ces 
mines  devront  être  exploitées  au  profit  de  la  ville  ;  de 
fait,  il  existe  encore  dans  le  voisinage  de  Malconvat 
un  terrain  vague  appelé  aux  aluneries  contenant  des 
déchets  de  fabrication.  Seulement  on  ne  sait  pas  à 
quelle  époque  l'alun  a  été  extrait  dans  les  terrains 
voisins.  «  Je  ne  sais,  »  dit  Richard  Courtois,  «  s'il  n'y 
»  a  pas  eu  d'ancienne  exploitation  (de  schistes  alumi- 
»  neux)  près  de  Visé.  Il  y  a  existé  du  moins  une  an- 
»  cienne  et  grande  exploitation  de  sulfure  de  plomb, 

(1)  Henaux,  Bulletin  de  V Institut  archéologique,  t.  I,  p.  362. 

(2)  Hemricourt,  Miroir  des  nobles,  p.  4. 


—  198  — 

»  nommée  souffrerie.  Le  nom,  qu'a  conservé  le  fau- 
»  bourg  dit  de  Soufré,  joint  au  reste  du  terrain  exploité, 
»  le  prouverait  assez  (i).  » 

Les  fours  à  chaux  constituent  une  industrie  visé- 
toise  fort  ancienne.  Les  plus  vieux  registres  des  métiers, 
datant  de  1470,  mentionnent  déjà  les  chafforniers  (du 
mot  wallon  chaffor  qui  signifie  four  à  chaux).  Ils  de- 
vaient même  former  à  cette  époque  une  corporation 
assez  considérable,  car  le  métier  des  neaveurs  porta 
de  ce  temps  le  nom  de  métier  des  chafforniers.  Les 
fours  à  chaux,  que  nous  voyons  continuellement  en 
activité  dans  le  cours  des  siècles,  ont  dû  enlever  une 
partie  considérable  des  rochers  de  Souvré  qui,  dans  le 
temps,  venaient  jusqu'au  bord  de  la  Meuse.  D'après  les 
apparences  il  y  aurait  eu  également  des  fours  à  chaux 
dans  le  vallon  de  Malconvat. 

Déjà  au  xivc  siècle,  si  pas  avant,  la  vigne  était  cul- 
tivée aux  environs  de  Visé,  sur  les  côtes  de  Souvré,  de 
Malconvat  et  de  Hurbize.  On  y  récoltait  le  vin  blanc 
et  rouge.  Un  des  plus  grands  vignobles  sur  les  hau- 
teurs de  Malconvat  appartenait  au  chapitre  de  Saint- 
Hadelin  et  portait  le  nom  de  vignes  des  seigneurs  de 
Visé.  Les  chanoines  le  louaient  pour  un  terme  indé- 
terminé et  levaient  de  ce  chef,  comme  rentes,  des  ton- 
neaux de  vin. 

Plus  tard,  quand  les  relations  commerciales  du  pays 
avec  l'étranger  prirent  une  plus  grande  extension,  on 
négligea  la  culture  de  la  vigne,  qui  à  Visé  devait  donner 
un  vin  de  qualité  médiocre. 

U  agriculture  occupait  anciennement  à  Visé  un 
grand  nombre  de  bras.  La  dénomination  d'un  des  trois 
métiers,  celui  des  cherwiers  (laboureurs)  le  dit  assez. 
En  outre  des  fermiers  du  Temple  et  de  Wadrée,  on 
trouvait  dans  la  ville  même  assez  bien  d'agriculteurs. 
Le  collège  des  Oratoriens  fut  bâti,  nous  l'avons  vu,  sur 

(1)  Recherches  sur  la  statistique  etc.,  de  la  province  de  Liège,  par 
Richard  Ctfurtois,  Verviers,  1828. 


—  409  — 

remplacement  d'une  grande  cour  ou  ferme.  Les  deux 
principaux  cafés  de  la  rue  Haute  remplacent  d'an- 
ciennes habitations  de  fermier.  Ailleurs  on  trouvait  en- 
core,  il  y  a  quelques  années,  dans  les  façades,  des  traces 
de  portes  de  granges  et  d'écuries.  La  plus  grosse  maison 
du  faubourg  de  Souvré,  habitée  par  les  de  Réquilé, 
comprenait  également  des  dépendances  de  ferme. 

L'agriculture  semble  avoir  eu  à  cette  époque  un 
caractère  spécial  que  lui  ont  fait  perdre  les  facilités 
des  relations  modernes  ;  elle  était  plus  universelle,  on 
cultivait  sur  place  tout  ce  que  demandaient  les  besoins 
locaux  ;  ainsi  le  houblon  nécessaire  aux  brasseries  de 
Visé  était  récolté  dans  le  voisinage  de  la  ville.  La  mul- 
tiplicité des  champs  de  houblon  a  fait  donner  aux 
jardins  le  nom  de  houblonnières  qu'ils  ont  conservé 
jusqu'à  nos  jours.  La  fromagerie  de  ce  temps  donnait 
un  produit,  le  fromage  de  brebis,  inconnu  actuelle- 
ment, mais  qu'on  voyait  figurer  avec  honneur  aux 
banquets  des  anciennes  fêtes  visétoises. 

A  Devant-le-Pont,  existait  une  industrie  particu- 
lière :  la  construction  des  bateaux.  Pendant  les  trois 
derniers  siècles,  les  chantiers  visétois  étaient  toujours 
en  activité.  Ils  fournissaient  les  bateaux  à  tous  les  bate- 
liers de  la  Meuse  depuis  Liège  jusqu'à  Ruremonde. 
Certains  registres  de  la  Cour  échevinale  sont  remplis 
de  transactions  entre  pontonniers  et  bateliers  concer- 
nant la  livraison  des  bateaux.  Cette  industrie,  qui  fai- 
sait la  prospérité  de  Devant-le-Pont,  est  en  train  de 
disparaître  depuis  l'apparition  des  bateaux  en  fer. 

Outre  ces  industries  importantes,  on  trouvait  à 
Visé  toutes  les  professions  que  créent  les  besoins  de  la 
vie.  Les  tableaux  des  métiers  renseignent  les  drapiers 
teschiers  (tisserands),  qui  faisaient  sans  doute  la  concur- 
rence aux  fabriques  de  Dalhem  ;  les  chapliers  qui  jadis 
comme  aujourd'hui  étaient  assez  nombreux  à  Visé  ;  les 
tindeurs  (teinturiers)  parmi  lesquels  on  trouve  l'auteur 
des  de  Sluse,  qui  vint  s'installer  à  Visé.  Ajoutons-y  les 


—  200  — 

mâchons,  scryniers,  charpentiers,  tanneurs,  poindeurs 
(peintres),  banseliers,  etc. 

Les  journées  des  ouvriers  n'étaient,  anciennement, 
guère  aussi  fortes  que  de  nos  jours. 

Dans  un  état  de  dépenses  faites  pour  les  réparations 
du  moulin  banal  de  Devant-le-Pont  en  1604,  nous 
trouvons  : 

Une  journée  de  charpentier  18.71/2  patars  =  1  fr.  66. 
Une  journée  de  maçon  avec  aide  1  fl.  bb.  4/2  =  2  fr.  70. 
Une  course  à  Liège  10  patars  =  o  fr.  60. 

Les  frais  de  constructions  ne  devaient  donc  pas  être 
aussi  considérables  qu'à  notre  époque,  d'autant  plus 
que  les  matériaux  coûtaient  moins  cher  : 

Le  muid  de  chaux  revenait  à  3  fr.  60. 

Les  briques  au  1000  4  fr.  o5. 

Le  transport  de  1000  briques  de  Liège  à  Visé 
par  barque  o  fr.  60. 

Cependant  les  maisons  étaient  modestes,  parce  que 
l'argent  était  rare. 

XI. 
TOPONYMIE  VISÉTOISE. 

Au  commencement  de  cette  notice,  nous  avons 
donné  les  anciens  noms  des  principales  rues  et  places 
de  Visé  ;  dans  ce  chapitre  nous  parlerons  des  ruelles  et 
lieux-dits  de  la  ville  et  nous  ferons  la  toponymie  aussi 
complète  que  possible  de  la  campagne  visétoise.  Pour 
cette  dernière  partie  nous  utiliserons  surtout  les  ren- 
seignements trouvés  dans  un  registre  de  1346  (Stock  de 
Hesbaye,  archives  de  la  cathédrale  de  Saint-Lambert) 
déposé  aux  archives  de  l'Etat  à  Liège. 

Les  encloîtres  du  chapitre  de  Visé,  sur  lesquelles  se 
trouvaient  les  habitations  des  chanoines  s'étendaient, 
nous  l'avons  vu,  depuis  la  rue  Basse  jusqu'à  la  place 


—  201  — 

du  Marché.  On  désignait  sous  le  nom  de  Hautes 
Encloîtres,  la  partie  plus  élevée,  voisine  de  la  place 
du  Marché  ;  la  partie  inférieure,  située  entre  l'ancien 
cimetière  et  la  rue  Basse,  portait  le  nom  de  Basses 
Encloîtres  ;  de  là  le  nom  de  Basses  ou  Bases,  qu'a  con- 
servé le  voisinage  du  presbytère.  La  ruelle  qui  relie 
les  Basses  à  la  ruelle  Rasquin-le-Roy  s'appelait  ruelle 
du  Cimetière,  parce  qu'elle  conduisait  également  au 
cimetière. 

La  ruelle  Rasquin-le-Rqy,  qui  servait  de  limite  au 
terrain  soumis  à  la  juridiction  du  prévôt,  portait  jadis 
le  nom  de  Rue  Walbi.  Son  nom  actuel  lui  vient  sans 
doute  d'un  de  ces  Rasquin,  qui  figurent  sur  la  liste  des 
rois  des  arbalétriers.  Rasquin-le-Roy  seraient  ses  nom 
et  surnom,  qu'il  aurait  laissés  à  la  ruelle  dans  laquelle 
il  habitait. 

Le  point  de  jonction  de  la  rue  du  Perron  et  de  la 
rue  Haute  était  connu  sous  le  terme  très  commun  et 
bien  facile  à  expliquer  de  Tochet;  parfois  aussi  le  même 
endroit  s'appelait  à  V Agace  à  cause  d'une  maison  voi- 
sine, qui  portait  une  pie  comme  enseigne. 

La  rue  parallèle  à  la  rue  du  Perron,  qui  longe  l'école 
moyenne  du  côté  de  lëglise  portait  le  nom  de  rue  du 
Packhouse,  dont  l'origine  tudesque  est  évidente  et  qui 
s'explique  par  la  présence  d'un  Pakhuis,  magasin  ou 
dépôt.  C'était  dans  ce  Packhouse,  que,  selon  toutes  les 
apparences,  étaient  transportées  et  mesurées  les  mar- 
chandises soumises  à  l'impôt  et  que  se  faisaient  le  mesu- 
rage  et  le  brisage  du  sel,  au  moyen  des  balances  et 
poids  publics,  dont  nous  parlions  plus  haut,  ht  pack- 
house aurait  donc  été  un  véritable  entrepôt  de  douane; 
au  siècle  dernier  le  packhouse  se  trouvait  dans  la  rue 
de  l'Eau. 

La  partie  de  la  ville,  comprise  entre  l'école  moyenne 
et  la  rue  du  Pont  s'appelle  encore  Chinstrée,  comme  il 
y  a  des  siècles.  On  trouve  des  Chinstrée  à  Liège,  Dal- 
hem,  Blegny,  etc.  ;  d'où  l'on  peut  conclure  que  l'étymo- 

26 


—  202  — 

logie,  rue  des  Chiens  (Juifs),  donnée  à  ce  nom  par  M. 
Henaux,  est  impossible.  Pour  le  même  motif,  on  ne 
peut  admettre  celle  donnée  par  M.  Gobert,  dans  ses 
études  sur  les  Rues  de  Liège.  Une  enseigne  :  au  chien 
aurait  pu  donner  son  nom  à  une  rue  dans  une  ville, 
mais  on  ne  peut  accepter  cette  hypothèse  lorsqu'on 
trouve  le  même  nom  dans  plusieurs  localités. 

Si  nous  avions  la  conviction  que  ce  nom  ne  se 
rencontre  que  dans  le  pays  de  Liège  et  de  Visé,  nous 
serions  portés  à  admettre  une  origine  germanique 
pour  la  première  partie  Chin,  comme  pour  la  seconde 
stre'e,  (straat,  rue),  et  alors  nous  chercherions  à  con- 
naître les  étymologies  que  les  savants  néerlandais  don- 
nent aux  noms  de  deux  villages  hollandais  :  Schinveld 
et  Schinnen. 

Une  ruelle  de  la  Chinstrée,  celle  qui  conduit  de  la 
porte  de  Mouland  à  la  rue  des  Récollets,  s'appelait 
anciennement  Charnalle  ruelle.  Depuis,  le  voisinage 
du  couvent  des  Sépulcrines  lui  a  fait  prendre  le  nom 
de  rue  des  Religieuses. 

La  rue  de  l'Eau,  comme  la  Porte  qui  s'y  trouvait 
jadis,  doivent  leur  dénomination  à  leur  situation  près 
de  la  Meuse.  Jusqu'il  y  a  quelques  années,  la  rue  de 
l'Eau  avait  sa  fête  particulière  à  la  Saint-Lambert. 
Quand  oh  se  rappelle  qu'une  des  deux  portes,  qui  au- 
paravant donnaient  accès  au  bord  du  fleuve,  s'appelait 
porte  Saint-Lambert,  on  s'explique  facilement  pour- 
quoi les  habitants  de  ce  quartier  ont  fixé  leur  fête  à 
cette  date. 

Quatre  petites  ruelles  relient  la  rue  de  l'Eau  à  celle 
des  Récollets  ;  elles  portaient  habituellement  les  noms 
d'habitants  de  maisons  voisines  de  leur  entrée.  Un  de 
ces  noms  s'est  conservé  et  rappelle  un  drame  lugubre. 
Au  siècle  dernier,  le  passeur  d'eau  Thomé  habitait  à 
l'entrée  de  la  dernière  de  ces  ruelles  du  côté  de  la  sta- 
tion et  lui  avait  donné  son  nom.  Thomé  avait  un  fils 
qui  l'aidait  dans  son  état.  Le  jeune  passeur  d'eau  avait 


—  203  — 

eu  des  relations  coupables  avec  une  fille  de  Visé,  qui 
allait  devenir  mère.  Il  voulut  cacher  sa  faute  par  un 
nouveau  crime.  Un  soir  sa  complice  s'était  rendue  à 
Devant-le-Pont  ;  Thomé  qui  remplaçait  son  père,  la 
reprit  dans  sa  nacelle.  Arrivé  au  milieu  de  la  Meuse, 
il  la  précipite  dans  les  flots  et,  pour  étouffer  ses  cris 
de  détresse,  il  l'assomme  à  coups  de  perche -ferrée. 
Le  coupable  fut  arrêté,  condamné  à  mort  et  exécuté 
sur  la  place  du  marché. 

N'oublions  pas  le  Plétrou  (plein-trou)  dont  le  nom 
est  fort  ancien,  et  qui  avait  un  postiche  dans  les  rem- 
parts. 

Pour  la  campagne,  plus  encore  que  pour  la  ville, 
on  verra  que  les  lieux-dits  doivent  d'ordinaire  leur 
origine  à  une  particularité  locale,  effet  du  hasard  ou 
de  la  main  de  l'homme.  Ainsi  la  belle  plaine  entre  Visé 
et  Mouland  doit  son  nom  de  Waidrée  ou  Wadrée,  aux 
prairies  ou  waides  qu'on  y  voyait  jadis  comme  de  nos 
jours.  Une  de  ces  prairies  portait  au  XVIe  siècle,  le 
nom  de  gan\en  weide  (pré  aux  oies). 

Le  nom  de  Wadrée  était  ajouté  à  tout  ce  qui  se 
trouvait  dans  le  voisinage  de  ces  prairies.  Il  y  avait 
la  ferme  de  Wadrée,  le  rivulus  ou  petit  ruisseau  de 
Wadrée,  qui  prenait  sa  source  aux  fontaines  du  tiers 
voisin  et  se  jetait  dans  la  Meuse  après  un  cours  de 
quelques  centaines  de  mètres  ;  de  ce  petit  ruisseau  il  ne 
reste  plus  d'autres  vestiges  qu'un  terrain  marécageux. 

La  partie  de  la  plaine  qui  longeait  la  Meuse  s'appe- 
lait en  Brousse.  Par  Brousse  on  arrivait  bientôt  au 
manoir  de  ceux  de  Nayvangne,  qui  plus  tard  fut 
transformé  en  un  fort  par  les  Espagnols.  De  Navagne 
sortit  une  partie  des  troupes  qui  assassinèrent  le  bourg- 
mestre de  Liège,  Lamelle.  En  1675,  Navagne  fut  pris 
et  démoli  par  les  troupes  de  Louis  XIV. 

Entre  Navagne  et  Mouland  se  trouvent  les  terres 
dites  de  Sainte-Croix,  parce  que  anciennement  elles 
appartenaient   à   l'église  Sainte- Croix   de   Liège.   Ces 


—  204  — 

terres,  comprenant  une  superficie  d'un  peu  plus  de 
vingt-sept  bonniers,  furent  données  à  cette  église  par 
Notger.  Les  empereurs  Henri  (en  ioo5)  et  Adolphe  (en 
1292)  confirmèrent  la  donation.  Les  chanoines  retirèrent 
de  ce  bien,  en  1420,  un  revenu  annuel  de  76  muids 
d'épeautre,  5o  chapons,  4  sols  forts  et  un  vieil  écu. 
Dans  les  anciens  documents  les  terres  de  Sainte-Croix 
sont  désignées  sous  le  nom  de  Halteriana  ou  Halte- 
rina  (i). 

Il  y  a  quelques  années  seulement  on  donnait  encore 
le  nom  de  Henriterre  à  une  partie  de  cette  campagne. 
Henriterre  serait-il  une  altération  de  Halterina,  ou  l'in- 
verse serait- il  vrai  ? 

La  campagne  de  Wadrée  était  traversée  dans  toute 
sa  longueur  par  la  voie  de  Trecht  ou  Maestricht.  Diffé- 
rentes cherravoies  la  sillonnaient  en  tous  sens  :  telles 
la  voie  del  teste  de  cheva  et  la  voie  del  Moxhe.  On  y 
trouvait,  en  outre  des  habitations  déjà  citées,  la  cour 
de  ceux  del  Loye  et  la  cour  de  ceux  del  Moxhe,  dite 
aussi  Moxhe  hâve.  Cette  dernière  dénomination,  rap- 
prochée des  noms  de  Meschawe  et  Biernawe,  porte 
à  croire  que  la  terminaison  awe  dans  ces  deux  noms 
n'est  autre  que  le  mot  hâve  correspondant  au  mot 
flamand  hoeve,  qui  signifie  cour  ou  ferme. 

Il  semble  que  c'est  également  dans  la  plaine  de  Wa- 
drée qu'on  doit  placer  les  lieux-dits  aile  Tassenier  et 
açMarlires  de  Mqylant,  dont  on  a  perdu  tout  souvenir. 

La  pente  douce,  qui  relie  la  plaine  de  Wadrée  à 
la  campagne  de  Berneau,  ne  présentait  pas  à  cette 
époque  l'aspect  qu  elle  a  de  nos  jours  ;  les  dénomina- 
tions, que  nous  donnerons,  le  prouvent  assez  (*). 

Presque  tous  les  terrains  en  pente  portaient  an- 
ciennement le  nom  de  triscus,  qui  se  transforme  en 
terixhe,  trixhe,  tiers.  Ces  formes  se  sont  conservées 
dans  le  langage  populaire  ;  un  tiers  signifie  une  pente  ; 

(  1  )  Archives  de  Sainte-  Croix,  chartes,  f°  6.  Archives  de  l'Etat  à  Liège. 
(2)  Registre  de  la  Cathédrale,  Stock  de  Hesbaye,  cité  plus  haut. 


—  205  — 

un  trixhe  un  terrain  vague,  inculte.  Comme  la  terre 
arable  était  moins  rare  à  cette  époque  et  les  pentes 
moins  propres  à  l'exploitation,  on  comprend  que  c'est 
plus  tard  seulement  que  la  charrue  a  sillonné  les  pentes 
et  transformé  en  beaux  champs  les  trixhes,  situés  entre 
Visé  et  Mouland. 

Vers  i35o,  on  trouvait  encore  des  bruyères  en  cet 
endroit  :  ultra  mericam,  derrière  les  bruyères,  dit  le 
vieux  registre  que  nous  citons.  Au  delà  de  ces  bruyères 
se  trouvait  une  croix  ad  crucem  sanct.  Quand  on  se 
rappelle  le  soin  avec  lequel  on  réparait  jadis  les 
anciennes  croix  des  campagnes,  on  est  porté  à  croire 
que  le  Christ  qui  se  trouve  à  l'entrée  de  Mouland  tient 
l'emplacement  de  la  croix  qui  nous  occupe  (4). 

Toute  la  pente  s'appelait  trixhe  deWadrée,  mais  on 
y  distinguait  les  lieux-dits  à  Wapleu  (?)  as  scaveies,  à 
cause  des  excavations  qu'on  y  trouvait  ;  le  tiers  Saint- 
Nicolas  (près  du  collège  Saint-Hadelin),  qui  appar- 
tenait à  l'autel  Saint-Nicolas  de  Haccourt  ;  enfin  le 
trixhe  del  perire  ou  à  la  pierreuse  qui  devait  sans 
doute  son  nom  à  des  carrières. 

Au-dessus  des  trixhes  se  trouvaient  des  Weristalpa 
ou  Werixhas,  terrains  vagues  et  pâturages,  auxquels 
conduisait  un  chemin,  qui  plus  tard  prit  le  nom  de 
Gole\.  Entre  la  ville  et  le  trixhe  del  perire  (in  exitu 
ville  de  Viseto  in  Ioco  dicto  devant  le  perire  contra 
muros)  s'établit  plus  tard  la  trairie  ou  le  champ  de  tir 
des  arbalétriers. 

Les  jardins  voisins  de  la  ville  avaient  anciennement, 
nous  avons  dit  pourquoi,  le  nom  de  houblonnières, 
qu'ils  ont  conservé  jusqu'à  nos  jours. 

«  Visé  »  dit  M.  Henaux,  «  était  traversé,  paraît-il, 
»  par  une  voie  qui  d'Aix-la-Chapelle,  conduisait  à 
»  Tongres;  à  Tongres  surtout,  selon  Hubert  Thomas: 
»  Habuit  pontem  lapideum,  quo  iter  erat  ad  Tungros. 

.    (1)  Cette  dénomination  pourrait  aussi  désigner  les  terres  de  Sainte- 
Croix. 


—  206  — 

»  Une  des  portes  de  Tongres  se  nomme  encore  porte 
»  de  Visé  (i).  » 

L'assertion  de  M.  Henaux  doit  être  vraie,  car  en 
i35o  le  chemin  de  Visé  à  Berneau  s'appelait  encore 
voie  d'Ais.  Le  tiers  par  lequel  montait  cette  route,  por- 
tait le  nom  trixhe  de  Gibet.  Jadis,  quand  la  peine  de 
mort  était  souvent  appliquée,  chaque  bailli  ou  dros- 
sard  avait  dans  son  voisinage  son  échafaud,  son  gibet. 
De  préférence,  on  établissait  les  potences  dans  les  lieux 
élevés,  d'où,  visibles  à  tous,  elles  inspiraient  au  peuple 
le  respect  de  la  loi  par  la  crainte  du  châtiment.  Le 
gibet  du  lieutenant-bailli  de  Visé  se  trouvait  non  loin 
de  la  Fontaine,  près  d'un  vieux  chêne  qui  a  disparu 
depuis  quelques  années. 

Pour  aller  de  la  porte  de  Lorette  au  trixhe  du  Gibet, 
on  passait  par  la  taillerie  et  le  fond  de  Wanse.  A  la 
baillerie  on  voit  encore  une  grosse  maison  aux  fenêtres 
antiques,  dont  l'aspect  nous  annonce  qu'elle  était  jadis 
habitée  par  un  personnage  important.  Le  nom  de  l'en- 
droit et  le  voisinage  du  gibet,  portent  à  croire  que 
c'était  la  résidence  des  lieutenants-baillis  de  Visé  et  de 
la  vallée  de  la  Meuse. 

Un  sentier  dit  de  Hannines  longe  cette  maison  et 
gravit  le  trixhe  de  Temples.  Pour  arriver  au  Temple, 
on  pouvait  encore  prendre  le  grand  chemin  qui  partait 
de  Importe  de  Marcheit  et,  se  bifurquant  sur  la  hauteur, 
donnait  les  voies  de  Dalhem  et  de  Feneur.  Près  de  là 
on  construisit  plus  tard  la  chapelle  de  Lorette.  Là  se 
trouvait  également  Venclos  des  arquebusiers.  Une  cha- 
pelle établie  dans  les  dépendances  du  temple  et  dédiée 
à  saint  Eloy,  donna  son  nom  au  chemin  qui,  de  la 
ferme,  gagne  la  campagne  dans  la  direction  de  Bom- 
baye.  Dans  la  même  campagne,  on  rencontrait  encore 
la  vette  (verte)  voie,  via  virida  et  la  Moxhe  haye  près 
de  la  route  de  Feneur. 

(i)  Henaux,  Bulletin  de  V Institut  archéologique,  t.  I. 


—  207  — 

Les  autres  indications  locales  pour  le  plateau  entre 
Visé  et  Dalhem  proviennent  souvent  d'un  arbre, 
li  quarreit  Tilliou,  ou  d'une  croix  légendaire,  li  creu\ 
di  Renar,  dont  nous  parlerons  encore. 

Un  ravin  profond  et  sauvage,  formé  par  des  dispo- 
sitions géologiques  ou  creusé  par  les  eaux,  relie  la  cam- 
pagne de  Dalhem  au  faubourg  de  Souvré.  Dans  le  lan- 
gage du  XIIe  et  XIIIe  siècle,  on  donnait  à  ces  accidents 
de  terrain,  les  noms  de  Xhaveies,  Xhorres  et  Roua.  Les 
deux  dernières  formes  se  sont  conservées,  mais  com- 
mencent à  disparaître  devant  des  dénominations  plus 
récentes.  Ainsi  l'entrée  du  ravin  du  côté  de  la  cam- 
pagne a,  pendant  quelque  temps,  porté  le  nom  aux 
aluneries,  à  cause  d'une  fabrique  d'alun  qui  s'y  trouvait 
jadis  et  dont  on  voit  encore  des  traces.  Maintenant  on 
l'appelle  généralement  aux  genêts,  grâce  aux  plantes 
qui  la  couvrent  au  printemps  d'un  tapis  vert  et  or. 
Le  fond  du  ravin,  sombre  et  mystérieux,  endroit  bien 
disposé  pour  les  rêveries  et  les  légendes,  a  reçu  d'un 
promeneur  sentimental  le  nom  moderne  de  vallée  des 
soupirs.  Quand  on  s'engage  dans  la  vallée  des  soupirs 
du  côté  de  Souvré,  on  voit  bientôt  un  sentier  étroit  et 
rocailleux  grimper  sur  le  tiers  dans  la  direction  de 
Richelle.  Cet  endroit  nous  rappelle  le  passeur  d'eau 
Thomé,  dont  il  porte  le  nom. 

Un  des  Visétois,  qui  avait  assisté  à  l'exécution  de 
Thomé,  avait  pris  en  ce  moment  solennel  la  résolution 
de  faire  dire  une  messe  pour  le  repos  de  l'âme  du  sup- 
plicié. 

Un  soir,  qu'il  revenait  de  Richelle  par  la  campagne 
solitaire,  il  se  rappelle  sa  promesse,  qu'il  avait  négligé 
de  remplir.  L'esprit  tout  occupé  du  drame  dont  il 
avait  été  spectateur,  il  s'engage  dans  le  profond  sentier, 
que  les  taillis  et  les  arbres  rendaient  encore  plus  téné- 
breux et  plus  sombre.  Tout  à  coup  il  croit  voir  le 
spectre  du  meurtrier  se  dresser  devant  lui  et  il  croit 
entendre  une  voix  plaintive  lui  rappeler  sa  promesse 


—  208  — 

et  lui  reprocher  sa  négligence.  Plus  mort  que  vif,  le 
malheureux  regagna  sa  demeure.  Dès  le  lendemain,  il 
exécuta  sa  promesse  ;  il  fit  même  plus  :  il  fit  placer  une 
croix  mortuaire  à  l'entrée  du  sentier,  où  il  avait  vu  la 
terrible  apparition. 

Telle  est  d'après  la  légende  l'origine  du  Christ  qui 
se  trouve  dans  la  vallée  des  soupirs. 

A  gauche  de  la  vallée  des  soupirs,  en  venant  de 
Souvré  on  trouve  le  lieu  dit  Maicoviec,  jadis  Malcon- 
vat, en  1346  Maconvau^. 

C'était  au  pied  du  tiers  de  Malconvat  que  se  dres- 
sait la  perche  où  les  compagnies  visétoises  tiraient 
chaque  année  l'oiseau  royal.  Au  XVIe  siècle  on  y  voyait 
d'anciennes  fosses  et  la  tradition  rapportait  que  jadis 
on  y  avait  extrait  différents  minerais.  La  hauteur  de 
Malconvat  ainsi  que  celle  voisine  de  Hurbize  étaient 
aux  XIVe  et  XVe  siècles  couvertes  de  vignes. 

Un  extrait  de  Richard  Courtois,  donné  plus  haut, 
contient  tout  ce  que  nous  savons  du  faubourg  de  Sou- 
vré, dont  le  bout  extrême  était  connu  sous  le  nom  a 
Chaffbr,  à  cause  des  fours  à  chaux  qu'on  y  voyait  dans 
le  temps  comme  maintenant. 

C'est  près  du  premier  four  à  chaux,  que  le  jeune 
Sartorius  commit  son  crime.  Au-dessus  des  fours  à 
chaux  se  trouvaient  jusqu'au  XVIe  siècle,  les  hautes 
bruyères. 

Le  registre,  que  nous  avons  déjà  cité,  renferme 
également  quelques  lieux-dits  de  Devant-le-Pont.  Le 
terme  Goirhé  semble  parfois  désigner  toute  la  campagne 
de  Devant-le-Pont,  parfois  comprendre  celle  située 
entre  cet  endroit  et  Hallembaye. 

Les  deux  ruisseaux  \Aa\  et  de  Hallembaye  (Halen- 
bache,  en  1346)  donnaient  aux  terres,  qu'ils  limitent, 
le  nom  Entre  dois  Ris. 

Près  du  canal,  à  côté  du  ruisseau  de  Hallembaye, 
se  trouvait  la  Maladreie,  qui  communiquait  son  nom 
à  un  terrain  voisin,  en  gonche  al  maladreie;  pas  loin 


—  209  — 

de  là  il  y  avait  le  hout  des  Maries.  Les  objets  les  moins 
importants  servaient  à  désigner  différents  endroits. 
Ainsi  on  rencontrait  des  terrains  dits  sous  le  grand 
reyna  (borne),  a\  tilias  de  Lixhe,  a  frqyneal,  al  spinet, 
a  tierneal  desus  le  Spinet,  au  saule  près  de  la  voie 
de  Hallembaye.  Enfin  nous  avons  trouvé  le  terme  al 
Goffe  qui  sans  doute  indiquait  un  endroit  situé  près 
de  la  Meuse. 

Ce  tableau,  si  incomplet  qu'il  soit,  nous  donne  une 
idée  de  l'utilité  de  la  toponymie,  tant  recommandée  par 
M.  Kurth. 

La  recherche  des  lieux-dits  de  Visé  nous  a  révélé 
l'existence  de  la  léproserie,  d'une  voie  de  communica- 
tion entre  Visé  et  Aix-la-Chapelle,  l'existence  du  gibet  ; 
elle  nous  donne  une  idée  de  l'aspect  de  certaines  cam- 
pagnes au  XIVe  siècle.  Combien  de  précieux  rensei- 
gnements nous  donnerait  un  glossaire  toponymique 
complet  ! 

XII. 

VARIA. 

Dans  ce  dernier  chapitre,  nous  réunissons  quelques 
faits  et  détails  trop  minimes  pour  être  traités  séparé- 
ment et  pourtant  trop  intéressants  pour  être  négligés. 

Exploit  d'une  Visétoise  en  1376.  Au  commence- 
ment de  ce  travail  nous  avons  vu  que  le  27  avril  1376, 
la  ville  de  Visé  fut  attaquée  par  des  troupes  allemandes 
du  prince-évêque  et  que  les  bourgeois  se  défendirent  en 
cette  circonstance  avec  tant  de  courage  que  les  assail- 
lants furent  obligés  de  battre  en  retraite. 

Au  dire  de  Fisen  (1)  ce  fut  une  jeune  Visétoise  qui, 
dans  ce  combat,  décida  de  la  victoire.  Déjà,  la  ban- 
nière ennemie  était  plantée  sur  les  remparts,  lors- 
qu'une jeune  fille,  qui  avait  pris  une  part  active  à  la 
défense,  l'enleva  et  par  cet  acte  de  courage  amena  la 

(1)  Fisen,  Hist.  Eccl.  Leod.,  t.  II,  p.  i35. 

27 


—  210  — 

défaite  des  adversaires.  Le  lendemain,  de  nombreux 
Visétois  accompagnèrent  leur  héroïne  à  Liège  pour 
offrir  son  glorieux  trophée  à  Notre-Dame  dans  l'église 
Cathédrale. 

Les  ponts  de  Visé.  Nous  avons  cité  au  commence- 
ment de  ce  travail  l'opinion  de  Hubert  Thomas,  qui 
croit  que  le  pont,  jeté  sur  la  Meuse  par  les  Romains 
dans  le  voisinage  de  Tongres  et  cité  par  Tacite  dans 
un  de  ses  ouvrages,  n'aurait  pas  été  construit  à  Liège 
ni  à  Maestricht  comme  on  le  pense  communément, 
mais  à  Visé.  Nous  avons  dit  également  qu'un  pont  en 
pierres  y  fut  établi  du  temps  de  Charlemagne.  Ce  pont, 
reliant  les  voies  de  Visé  à  Tongres  et  de  Visé  à  Aix- 
la-Chapelle,  disparut  en  1106  pendant  la  bataille  entre 
Henri  IV  et  Henri  V.  Dans  la  suite  les  Visétois  recons- 
truisirent leur  pont,  qui  malheureusement  fut,  en  i3oo, 
emporté  par  les  inondations  comme  ceux  de  Huy,  etc. 

Vers  le  milieu  du  xive  siècle,  Visé  était  sans  cesse 
en  butte  aux  attaques  des  seigneurs  d'Argenteau.  Pour 
permettre  aux  Liégeois  de  porter  secours  aux  Visétois, 
un  nouveau  pont  fut  jeté  sur  la  Meuse  en  i38o  ; 
celui-ci  encore  fut  emporté  par  les  glaçons  en  1408. 

A  partir  de  ce  moment  la  ville  n'eut  pendant  long- 
temps que  des  nacelles  ou  barques  pour  communiquer 
avec  Devant-le-Pont. 

Dans  un  règlement  de  i55o,  il  est  dit  que  le  meunier 
du  moulin  banal  doit  avoir  une  nacelle  pour  conduire 
et  reconduire  le  grain  des  bourgeois  de  Visé. 

Au  XVIIe  siècle  le  chapitre  de  la  cathédrale  cons- 
truisit un  pont  sur  bac  que  s  ou  barques  pour  relier  la 
rive  droite  de  la  Meuse  à  l'îlot  qui  se  trouve  dans  le 
fleuve  vis-à-vis  de  Visé  ;  le  passage  de  l'îlot  à  la  rive 
gauche  continuait  à  se  faire  en  barquette.  Le  droit  de 
péage  fut  loué  au  profit  de  la  cathédrale. 

Ce  pont  sur  barques,  qui  figure  sur  un  levé  de  plan 
fait  pour  l'instruction  de  l'affaire  Sartorius  et  conservé 
aux  archives  de  Liège,  fut  enlevé  par  le  courant  à  la 


—  211  — 

fin  du  XVIIIe  siècle.  La  tradition,  d'après  laquelle 
Du  mou  riez  aurait  détruit  le  dernier  pont  de  Visé  pour 
couper  le  passage  de  la  Meuse  aux  Autrichiens,  doit 
donc  être  considérée  comme  dénuée  de  fondement. 

En  été,  en  temps  de  basses  eaux,  on  remarque 
encore  dans  la  Meuse  des  endroits  où  le  courant  est 
brisé  par  des  vestiges  d'un  des  vieux  ponts  de  Visé. 

Droits  féodaux  de  la  Cathédrale  Saint- Lambert  à 
Visé,  au  moyen  âge.  En  g83,  l'empereur  Othon  donna 
Visé  et  ses  dépendances  en  fief  à  l'église  de  Liège  (1). 
Les  différents  droits  sont  concédés  «  ad  honorem  et 

»  usum  ecclesiae  Leodiensis   in  jus  et  domina- 

»  tionem  episcopi  Leodiensis  et  ministrorum  ejus.  » 
D'après  cette  donation  l'église  de  Liège  entra  en  pos- 
session des  droits  suivants  :  «  anniversarium  mercati 
»  telonium,  totum  et  ad  integrum  —  quidquid  ex 
»  reditu  napium,  vel  ex  jure  forali  vel  ex  districtu 
»  judiciali  possit  provenir e.  » 

En  1070,  Henri  IV  confirma  de  nouveau  à  l'église 
de  Liège  la  possession  de  Visé  avec  les  droits  de  juri- 
diction, de  tonlieu,  monnaye,  etc.,  spécifiés  dans  le 
diplôme  de  Henri  II,  en  date  du  10  juin  1006. 

Ces  documents  prouvent  que  Visé  était  un  véritable 
fief  accordé  à  l'église  de  Liège  et  que  celle-ci  y  exerçait 
tous  les  droits  seigneuriaux  de  l'époque.  La  seigneurie 
ecclésiastique,  ou  le  droit  de  patronage,  annexée  sans 
doute  déjà  alors  au  patronage  laïc,  passa  par  le  fait 
au  même  patron.  Le  droit  de  tonlieu  de  la  foire  de 
Visé  fut  cédé  par  Notger  à  l'église  Saint-Jean-1'Evan- 
géliste  qu'il  venait  de  construire.  Les  autres  droits  res- 
tèrent à  l'église  dé  Liège.  C  est  comme  seigneur  tem- 
porel que  la  cathédrale  de  Liège  nomma  jusqu'à  i3io 
les  mayeurs  et  échevins  de  la  Cour  de  justice  de  Visé  ; 
à  partir  de  cette  date  ce  droit  passa  au  prince-évêque. 

Au  même  titre  elle  avait  le  droit  de  relief  et  les 

(1)  Amplissima  collectio,  t.  I,  p.  532. 
1 


—  212  — 

amendes,  qui,  en  i35o,  étaient  évalués  à  3  marcks;  le 
droit  de  pêche,  loué  12  marcks;  le  droit  de  four,  c'est- 
à-dire  deux  miches  par  four,  soit  40  solidis  par  an  ;  un 
droit  sur  la  brassine  et  la  pente  des  bières,  estimé  à 
4  solidis  ;  de  même  un  droit  sur  le  forage  et  le  passage 
du  vin;  le  droit  de  banalité pour  son  moulin. 

Elle  avait  droit  au  poisson  royal,  c'est-à-dire  que 
quiconque  prenait  un  poisson  royal,  comme  saumon 
ou  lamproie,  lui  en  devait  le  tiers  ;  et  si  elle  voulait 
acheter  le  poisson  à  un  prix  raisonnable,  elle  devait 
avoir*la  préférence  à  tout  autre. 

Elle  avait  droit  à  un  péage  pour  le  passage  de  la 
Meuse;  quand  il  n'y  avait  pas  de  pont,  elle  affermait  le 
passage  sur  barques.  Au  temps  où  il  y  avait  un  pont, 
elle  louait  le  péage.  Ainsi  quand  en  t38o,  Arnould  de 
Homes  et  les  Trois-Etats  avaient  fait  «  construire  un 
»  pont  sur  la  Meuse  à  Visé  ou  d'ancienneté  le  chapitre 
»  avait  droit  de  passage  par  bâches  que  par  ponton- 
»  bateau,  il  a  cédé  le  droit  de  percevoir  le  péage 
»  moyennant  10  royaux  d'or  à  payer  chaque  année  et 
»  à  condition  que  les  membres  du  chapitre  et  leurs 
»  gens  pourront  passer  sur  le  pont  sans  payer.  »  Il  est 
ajouté  que  si  le  pont  venait  à  être  détruit,  le  chapitre 
recouvrerait  le  droit  qu'il  avait  avant  sa  construction, 
de  placer  des  bateaux  pour  le  passage  d'eau  (4). 

Comme  seigneur  ecclésiastique,  la  cathédrale  pos- 
sédait la  grosse  dîme  de  Visé  et  avait  le  droit  de  nom- 
mer le-  curé  de  Visé,  mais  à  ce  titre  aussi  lui  incom- 
baient les  charges  des  propriétaires  de  grosses  dîmes. 

Le  chapitre  de  la  cathédrale  possédait  (2)  en  outre 
à  Visé  des  terres,  cens  et  rentes  assez  considérables.  Sur 
la  rive  droite  de  la  Meuse,  il  y  avait  cinquante  bon- 
niers  de  terre  arable  et  huit  verges  grandes  de  pré,  rap- 
portant soixante-quatre  muids  d'épeautre  ;  sur  la  rive 
gauche,  en  Goirhé,  soixante-cinq  bonniers  engagés  (?) 

(1)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  publié  par  Schoonbroodt,  n°  876. 

(2)  En  i35o,  d'après  le  registre  Stock  de  Hesbaye,  cité. 


—  213  — 

à  Wauthier  del  Sauze  et  au  seigneur  de  Salzinnes,  qui 
de  ce  chef  payaient  quarante-six  muids  d'avoine,  deux 
muids  de  seigle  et  32  sols  10  deniers  de  bonne  monnaie, 
soit,  par  bonnier,  huit  dosins  et  demi  d'avoine,  DD. 
dosin  de  seigle  et  6  deniers  de  bonne  monnaye.  Douze 
autres  bonniers  de  terre  lui  rapportaient  une  rente  de 
seize  muids  d'épeautre. 

Enfin  il  percevait  des  cens  sur  la  ferme  du  Temple, 
sur  les  biens  du  chapitre,  des  bénéfices  de  Notre-Dame 
et  de  Saint-Jean-Baptiste,  etc.  Les  cens  du  Temple 
montaient  à  5o  sols. 

Une  court  des  tenants,  établie  par  le  chapitre, 
jugeait  les  contestations  qui  pouvaient  surgir  au  sujet 
de  ces  droits  et  biens.  Généralement  la  plupart  des 
tenants  étaient  de  notables  visétois.  Des  bourgeois  du 
voisinage,  de  Haccourt,  etc.,  faisaient  partie  de  cette 
cour. 

Comme  le  chapitre  de  Liège  possédait  les  droits 
seigneuriaux  sur  Visé,  on  se  demande  comment  deux 
familles  nobles,  ont  porté  les  titres  de  Visé  et  du  Rivage 
de  Visé. 

Désignation  des  vents  en  vieux  langage  visétois. 
Le  vent  du  Sud  est  désigné  sous  le  nom  générique  de 
vint  (vent)  ;  le  vent  d'Ouest  s'appelle  vint  de  Haccou 
(Haccourt);  le  vent  du  Nord  bîhe  de  Campenne  (Cam- 
pine)  d'où  l'on  peut  conclure  que,  dans  le  temps,  le 
Limbourg  hollandais  comme  le  Nord  du  Limbourg 
belge  portaient  pour  les  Visétois  le  nom  de  Campenne  ; 
le  vent  d'Est  se  dit  bîhe  d'Aoghe  (Aix-la-Chapelle), 
ce  qui  nous  donne  un  nouvel  indice  des  relations 
qui  jadis  existaient  entre  notre  ville  et  celle  d'Aix-la- 
Chapelle. 

La  complainte  de  Sartorius.  Nous  avons  retrouvé 
une  copie,  défectueuse  il  est  vrai,  de  la  complainte 
qui  fut  composée  à  l'occasion  de  l'exécution  de  Henri- 
Eustache  Sartorius.  Jadis  on  la  chantait  dans  tout  le 


—  214  — 

pays  de  Visé.  Nous  croyons  qu'elle  pourra  intéresser 
ceux  qui  font  des  recherches  sur  les  vieilles  chansons 
populaires. 

Mademoiselle  Warlimont 

Etait  une  fille  d'un  grand  renom. 

Je  l'ai  fréquenté 

Bien  deux  ans,  chose  assurée  ; 

Je  lui  dis  souvent 

«  Allez,  bel  enfant 

Nous  nous  marierons 

Allez,  je  suis  bon  garçon,  » 

Après  l'avoir  conversé 

Je  lai  abusé. 

La  fille  lui  dit  un  jour  : 

«  Henri  sans  détour 

Il  nous  faut  marier 

Je  ne  peux  plus  me  cacher 

Dedans  ma  maison 

On  me  fait  affront 

Qu'est-ce  qu'on  dira 

Si  on  voit  tout  cela 

Je  n'y  verse  que  des  pleurs 

Pense  à  mon  malheur.  » 

«  Tout  est  décidé  au  curé 

Il  nous  faut  aller 

Publier  un  ban 

Pour  dimanche  assurément 

Si  j'ai  trop  tardé 

D'avoir  accordé 

A  vos  sentiments 

J'en  suis  fâché  à  présent 

Allons  un  peu  promener 

Puis  nous  irons  parler.  » 

Un  peu  écarté 

De  la  ville  de  Visé 

Auprès  d'un  bosquet 

Je  lui  dit  :  «  Belle,  s'en  est  fait 

Il  te  faut  mouri 

Pense  que  ta  vie 

Aujourd'hui  n'est  plus  rien.  » 

Ma  bajonette  à  la  main 

Je  lui  foure  dans  le  sein 

Oh  1  quel  cruel  dessein. 


—  215  — 

«  Eh!  toi,  cruel  Henri  ! 

Tu  me  veux  faire  mouri 

Et  ce  pauvre  innocent 

Que  je  porte  dans  mes  flancs. 

Dieu  à  mon  secours 

C'est  mon  dernier  jour 

Et  ce  pauvre  innocent 

Qui  n'a  reçu  aucun  sacrement. 

Sainte  Vierge  de  Dieu  à  ce  moment 

Baptisez  mon  enfant  !  » 

Loin  de  m'attendrir 

Lorsqu'entendois  ses  cris 

Avec  mon  couteau 

Je  la  réduis  au  tombeau 

Croyant  de  cacher 

Ma  grande  cruauté 

Oui,  je  lai  trainé 

Dans  la  Meuse  je  l'ai  jeté 

Tenant  un  de  mes  boutons 

La  belle  se  coule  au  fond 

Je  me  suis  retourné 

En  croyant  de  cacher 

Ma  grande  cruauté 

La  fille  on  a  retrouvé 

L'on  m'a  soupçonné 

C'est  la  vérité  ! 

Hardi  comme  un  lion 

Je  me  suis  rendu  en  prison 

Croyant  par  mon  esprit 

De  me  sauver  la  vie. 

Si  j'avais  bien  su 

Que  cela  serait  venu 

D'être  renfermé 

Six  ans,  chose  bien  assurée 

Dedans  la  prison 

Pour  ma  noire  action 

Je  me  serais  sauvé 

J'avais  eu  du  temps  assez 

Mais  Dieu  a  bien  voulu 

Que  je  serais  connu. 

Me  voilà  donc  condamné 

Que  je  serai  tenaillé 

Sujet  à  briser 

De  la  roue  expirer. 


—  21G  — 

Dieu  à  ce  moment 
Quel  cruel  tourment 
C'est  pour  mes  péchés 
Que  je  m'en  vais  essuier. 
O  ciel!  quel  cruel  tourment 
Pour  mes  pauvres  parents. 

Les  fouas.  La  coutume  d'allumer  des  feux  de  joie 
(foua),  aux  jours  de  fête  et  dans  les  grandes  circons- 
tances, est  très  ancienne  à  Visé.  En  1675,  quand  la 
châsse  de  saint  Hadelin  fut  ramenée  de  Liège,  le 
peuple  manifesta  sa  joie  par  ses  chants,  par  le  bruit  des 
armes  et  aussi  par  les  feux  de  joie  (4). 

De  nos  jours  encore  on  voit  à  Visé  aux  soirs  de  cer- 
taines fêtes  d'immenses  brasiers  illuminer  les  différents 
quartiers  de  la  ville.  Une  foule  joyeuse  danse  autour 
des  fouas  en  riant  et  en  chantant  et  prouve  ainsi  que 
ces  vieux  fouas  sont  de  vrais  feux  de  joie. 

L'histoire  de  l'ordre  du  Saint-Sépulcre  par  le  cha- 
noine Lambert  Jeghers.  Ce  petit  livre,  datant  de  1626, 
le  plus  ancien  probablement  qui  ait  été  écrit  à  Visé, 
porte  le  titre  suivant  :  «  La  gloire  de  Tordre  canonial 
*>  régulier  du  S.  Sépulcre  Hierosolimitain  de  N.  S. 
»  Jésus-Christ  tirée  du  tombeau  d'oubliance  par  Lam- 
»  bert  Jeghers,  prevôst  etc.  »  Le  seul  exemplaire, 
qu'on  en  retrouve,  fait  partie  de  la  belle  bibliothèque 
de  Mme  Gustave  Francotte.  Le  chanoine  Jeghers  donne 
d'abord  l'histoire  du  Saint-Sépulcre  et  de  l'ordre,  qui 
fut  institué  en  son  honneur  et  pour  sa  garde.  Par  des 
considérations  plus  spécieuses  qu'historiques  il  fait  re- 
monter l'origine  de  cette  institution  religieuse  jusqu'aux 
apôtres.  Il  parle  ensuite  de  sa  translation  en  Europe 
et  de  son  établissement  dans  le  diocèse  de  Liège.  Les 
derniers  chapitres  de  cette  petite  histoire  s'occupent  de 
l'habit  des  Sépulcrines,  de  leur  règle  et  de  leurs  exer- 
cices spirituels.  Quelques  extraits  nous  donneront  une 

(1)  Abrégé  de  la  vie  de  saint  Hadelin,  1788. 


—  217  — 

idée  de  Tordre  du  Saint-Sépulcre  et  du  style  de  l'his- 
torien. 

La  maison  de  Liège,  est  la  quarriere  ou  roc  d'où  ont  esté  tail- 
lées les  pierres  fondamentales  et  angulaires  de  celle  de  Viseit. 

Cette  fondation  fut  tres-agreable  au  Magistrat  et  Bourgeoisie 
de  la  ville,  qui  voyent  en  ces  Dames  un  flambeau  de  dévotion, 
pour  la  conduite  et  instruction  des  Dames  et  filles  du  lieu. 

Le  costume  des  religieuses  est  blanc  et  noir  ;  —  le  voil  blanc 
et  noir  dont  l'un  représente  la  pureté  virginale  et  innocence  de  vie 
et  l'autre  la  divine  protection  et  umbrage  de  ses  ailes  ;  —  l'anneau 
qui  est  la  marque  des  espousailles  célestes  de  ces  filles  avec  Jésus 
Christ.  Une  chaussure  neufve  leur  est  donnée  à  la  vestition  pour 
dire  que  leurs  affections,  qui  sont  les  pas  de  l'âme,  doivent  estre 
tout  autres  qu'elles  n'ont  esté  auparavant. 

Le  signe  caractéristique  de  l'habit  de  cet  ordre  était 
la  croix  à  deux  traverses,  dite  de  Jérusalem.  Cette  croix 
était  l'emblème  des  Sépulcrines.  Portée  en  pleine  poi- 
trine, en  étofte  rouge  sur  fond  blanc,  elle  faisait  recon- 
naître la  chanoinesse  du  Saint-Sépulcre,  comme  les 
nombreuses  doubles  croix,  qu'on  voit  sur  les  murs  de 
l'école  moyenne  de  Visé,  accusent  la  destination  pri- 
mitive du  bâtiment. 

Cette  Croix  est  rouge?  La  Croix  fut  teinte  et  empourprée  du 
sang  de  l'Agneau.  Ou  cela  veut  dire,  que  la  charité,  dont  les 
lampes  sont  lampes  de  feu  et  de  flammes,  est  celle  qui  en  cet 
endroit  a  placé  la  Croix. 

Adjoustons  les  deux  cordons  rouges,  qui  sont  au  manteau,  en 
mémoire  des  cordes  dont  il  fut  lié  lors  de  sa  flagellation  et  cruci- 
fixion. Mais  que  voulez-vous  de  plus  naif  que  les  cinq  nœuds  qui 
sont  comme  cinq  bouttons  es  dictes  cordes  ?  A  vostre  advis  ne  vous 
remettent-ils  pas  en  mémoire  les  cinq  playes  du  Rédempteur. 

La  vie  (de  Tordre)  a  esté  mixte  roulante  sur  ces  deux  pôles  de 
l'action  et  de  la  contemplation.  Au  demeurant  les  Filles  font  autant 
et  plus  que  les  autres  religieuses  de  quelque  ordre  qu'elles  soient  ; 
celles  font  les  vœux  essentiels  solemnellement  sous  ceste  forme  de 
parolles. 

O  Seigneur  je  m'offre  moy-mesme  et  tout  ce  qui  est  à  moy  a 
vostre  divine  maiesté  et  promet  de  demeurer  en  cet  ordre  canonial 
du  S.  Sépulchre  de  mon  Seigneur  Jésus-Christ  de  Jérusalem,  sous 

28 


—  218  — 

la  règle  S.  Augustin  et  garder  la  pauvreté,  chasteté  obédience  et  la 
closture  perpétuelle  tous  les  jours  de  ma  vie. 

Elles  gardent  la  vie  commune,  n'ont  point  de  propre,  chantent 
et  récitent  les  heures  canoniales,  sont  de  bonne  odeur  au  peuple  et 
au  clergé. 

Quant  aux  exercices  spirituels  voicy  les  dévotes  et  exemplaires 
processions  qui  se  font  aux  jours  de  Dimenches  et  Festes  princi- 
pales :  Voicy  les  Stations  ores  au  S.  Sépulchre,  tantost  au  mont  de 
Calvaires  puis  au  jardin  des  Olives  et  de  la  mont  de  Syon  enfin  en 
la  vallée  de  Josaphat.  A  raison  dequoy  les  anciennes  ordonnances 
de  l'ordre  veullent  que  les  monastères  et  églises  soient  basties  en 
modelle  de  celle  du  S.  Sépulcre  afin  de  pouvoir  faire  les  proces- 
sions et  que  es  Cloistres  soient  représentez  le  sépulchre,  la  crèche 
de  Bethléem,  Bethanie,  le  mont  de  Calvaire,  de  Syon,  la  vallée  de 
Josaphat  etc.  Tout  devait  rappeler  aux  religieuses  le  sépulchre  glo- 
rieux du  Sauveur. 

Là  sont  leurs  Portiques,  leurs  Louvres,  leurs  Escu riais,  — 
leurs  sérails,  la  est  gisante  toute  leur  gloire,  là  aboutissent  leurs 
méditations  et  contemplations.  En  signe  et  preuve  de  quoy  les 
samedy  elles  chantent  une  antienne  lugubre  au  Sépulcre  de  Jesus- 
Christ  et  le  dimenche  matin  un  cantique  d'allégresse. 

La  seconde  partie  de  l'opuscule  contient  les  bulles 
d'approbation  et  les  faveurs  accordées  aux  Sépulcrines 
par  les  chefs  de  l'Eglise. 

LÉGENDES  VISÉTOISES. 

Le  moine  de  Saint- Laurent  au  marché  de  Visé. 
«  Vers  l'an  io3o  les  moines  de  Saint-Laurent  à  Liège 
»  étaient  si  pauvres  qu'ils  n'avaient  pas  le  moyen  de 
»  s'acheter  des  frocs.  Saint  Wolbodon,  l'un  des  bien- 
»  faiteursdu  monastère,  apparut  à  l'abbé  et  lui  conseilla 
»  d'envoyer  le  frère  Renouard  au  marché  de  Visé,  où 
»  quelqu'un  lui  donnerait  le  drap  dont  il  avait  besoin. 
»  Plein  d'espoir,  le  frère  se  mit  en  route  de  bon  matin 
»  pour  Visé.  Gomme  il  était  depuis  longtemps  déjà  sur 
»  le  marché,  un  inconnu  lui  demanda  ce  qui  l'y  avait 
»  amené.  J'ai  été  envoyé,  dit-il,  par  saint  Wolbodon, 
»  afin  d'acheter  des  étoffes  pour  les  frères,  mais  leur 
»  prix  est  si  élevé  que  je  ne  pourrai  m'acquitter  de  ma 


—  219  — 

»  commission.  L'inconnu  parut  s'émouvoir  à  cette 
»  nouvelle  et  aussitôt,  tirant  de  son  escarcelle  60  sous 
»  de  bonne  monnaie,  il  les  compta  dans  la  main  du 
»  moine,  qui  eut  au  delà  de  ce  qu'il  lui  fallait  pour 
*  faire  son  emplette  (*).  » 

Li  creu{  di  Renar.  Quand  le  promeneur  prend  à 
Lorette  l'ancienne  voye  de  Dalhem,  il  s'engage  bientôt 
dans  un  profond  ravin  coupé  au  milieu  de  la  cam- 
pagne par  un  carrefour  solitaire.  Dans  cet  endroit 
mystérieux,  on  n'entend  que  le  léger  bruissement  du 
vent  dans  le  feuillage  de  quelques  peupliers  altiers.  Ce 
carrefour  a  sa  légende,  une  légende  bien  terrible,  qui 
en  écartait  autrefois  tous  les  poltrons. 

Chaque  année,  disait-on  jadis  sous  les  grandes  che- 
minées visétoises,  le  jour  de  Noël,  à  minuit  juste,  un 
renard  tout  noir  apparaissait  au  milieu  de  la  croix  de 
ce  carrefour.  Celui  qui  présentait  à  cet  être  mystérieux 
une  poule  aussi  noire  que  le  renard,  obtenait  en  retour 
un  moyen  magique  de  se  procurer  de  l'argent  à  volonté. 
Un  jour,  un  jeune  téméraire  voulut  tenter  l'aventure. 
Le  lendemain  on  le  trouva  mort  à  quelque  distance 
du  carrefour. 

Le  jeune  homme,  ajoutait-on,  avait  sans  doute 
refusé  de  livrer  son  âme  au  démon,  qui  l'avait  étranglé 
dans  sa  rage. 

Selon  l'usage  du  temps  une  croix  fut  placée  à  l'en- 
droit où  le  cadavre  fut  trouvé.  Telle  est  selon  la 
légende  l'origine  d'une  vieille  croix  aux  inscriptions 
gothiques,  qui  se  trouve  à  quelque  distance  du  carre- 
four, à  moitié  enfouie  sous  terre. 

Cette  croix  et  cette  légende  doivent  être  très  an- 
ciennes, car  déjà  dans  des  registres  du  XVIe  siècle,  on 
parle  comme  nous  l'avons  vu,  de  li  creu{  di  Renar. 

La  colombe  de  Sartorius.  Lorsque  le  jeune  Sarto- 
rius,  l'auteur  de  l'assassinat  de  la  demoiselle  de  Warri- 

(1)  Henaux,  p.  364;  d  après  Chapcauville,  t.  I,  p.  269. 


—  220  — 

mont,  fut  exécuté  à  Visé,  une  colombe  blanche,  dit  la 
légende,  vint  planer  au-dessus  de  sa  tête,  et  prouva 
ainsi  l'innocence  du  condamné. 

Cette  légende,  toute  récente,  puisque  l'exécution  eut 
lieu  en  1779,  doit  provenir  d  une  erreur  populaire,  qui 
introduisit  le  fait  de  la  colombe  apparue  à  saint  Hade- 
lin,  patron  de  Visé,  dans  la  cause  célèbre  de  Sartorius. 

Des  confusions  de  ce  genre  se  rencontrent  assez 
souvent  dans  les  légendes  populaires.  En  voici  un 
exemple  pris  à  Visé  même. 

Jadis,  on  y  trouvait  entre  la  ville  et  la  Meuse  une 
fontaine,  qui  a  disparu  lors  de  la  construction  du  che- 
min de  fer  Liége-Maestricht.  On  ne  sait  pourquoi  on 
l'appelait  la  fontaine  de  Saint- Hadelin  et  on  lui  attri- 
buait le  fait  du  miracle  de  Franchimont  dont  nous 
avons  parlé.  Or  saint  Hadelin  ne  fut  jamais  à  Visé 
durant  sa  vie. 

La  justice  à  Visé.  M.  Henaux  a  donné,  dans  son 
Histoire  de  la  bonne  ville  de  Visé,  l'organisation  de 
notre  ancienne  Cour  de 'Justice. 

«  Celle-ci  était  composée  de  sept  échevins  à  la 
»  nomination  du  prince,  d  un  greffier  et  de  quatre  ser- 
»  géants  (huissiers  et  agents)  au  choix  de  la  Cour. 

»  Le  mayeur,  officier  également  nommé  par  le 
»  prince,  présidait  la  Cour.  Il  ne  délibérait  pas  avec 
»  elle  pour  rendre  le  jugement,  mais  c'était  lui  qui  en 
»  poursuivait  l'exécution.  Cette  Cour  statuait  sur  toutes 
»  les  affaires  civiles,  on  appelait  de  ses  jugements  aux 
»  tribunaux  de  la  capitale.  En  matière  criminelle,  elle 
»  connaissait  de  tous  les  délits  qui  n'emportaient  pas 
»  une  amende  excédant  cinq  florins  d'or  (3o  fr.  5o). 
»  Toute  sentence  qui  condamnait  à  une  plus  forte 
»  amende  ou  à  une  peine  afflictive,  devait  être  révisée 
»  et  approuvée  par  le  tribunal  des  échevins  de  Liège. 

»  Aucune  sentence  ne  pouvait  être  prononcée  si 
»  quatre  échevins,  le  mayeur  et  le  greffier  n'étaient 
»  présents. 


—  221  — 

»  Pour  la  décision  des  procès  la  Cour  observait  le 
»  droit  municipal  qui  lui  était  propre  et  les  coutumes 
»  et  usages  communs  à  tout  le  pays  (4).  » 

Le  terrain  des  encloîtres  du  chapitre  était  exempt 
de  la  juridiction  séculière,  le  mayeur  ou  ses  agents  ne 
pouvaient  donc  y  exercer  leurs  fonctions  sans  l'autori- 
sation du  prévôt. 

L'ancien  perron  et  plus  tard  le  péristyle  de  fhôtel 
de  ville  avaient  comme  privilège  de  mettre  les  cou- 
pables à  l'abri  des  poursuites  des  agents  de  la  police 
judiciaire. 

A  Visé  comme  ailleurs  dans  le  pays  de  Liège, 
pauvre  homme  dans  sa  maison  était  roy,  nul  n'avait 
le  droit  d'y  entrer  de  force  que  le  bourgmestre  muni 
de  ses  clefs  magistrales. 

La  liberté  individuelle  était  garantie  à  Visé  par  des 
coutumes  parfois  bizarres.  En  i636,  les  secrétaires 
(agents  de  police)  de  la  ville  vinrent  un  jour  déclarer  à 
la  cour  de  justice  «  de  n'avoir  pu  appréhender  Halen 
»  de  Borre  et  son  espeuze  convaincus  (condamnés)  ce 
»  qu'ils  n'ont  pu  faire  aile  demande  de  Macka  à  cause 
»  qu'ils  n'ont  pu  trouver  le  dit  Halen  hors  leur  maison 
»  et  que  le  mercredi  Ton  ne  peut  en  cette  ville  appré- 
»  hender  personne  pour  conviction  personnelle  n'ayant 
»  su  aussi  trouver  aulcun  meuble  partenant  à  dit 
»  Halen  pour  en  faire  l'exécution  à  raison  que  dans 
»  cette  ville  l'on  ne  peut  painer  et  exécuter  dans  les 
»  maisons  pour  cause  de  franchises  (2).  » 

Police  sanitaire.  Nous  avons  vu  que  plus  d'une 
fois  la  ville  fut  affligée  de  maladies  contagieuses.  L'au- 
torité, dans  ces  circonstances,  ne  restait  pas  aussi  inac- 
tive qu'on  pourrait  le  croire. 

Voici  le  résumé  d'une  publication  ou  mandement 
fait  au-devant  du  perron  ou  maison  de  ville  de  Visé  le 
14  octobre  1634,  alors  que  la  peste  y  faisait  de  nom- 

(1)  Bulletin  de  V Institut  archéologique,  t.  I. 

(2)  Archives  de  la  ville. 


—  222  — 

breuses  victimes;  on  verra  qu'il  diffère  assez  bien  des 
mesures  de  police  sanitaire  de  nos  jours. 

i°  Il  est  défendu  d'avoir  des  conins  (lapins)  oisons,  canards, 
chats  et  chiens  vagabonds.  On  doit  s'en  défaire  dans  les  trois  jours 
sous  peine  de  6  fl.  d'amende  et  confiscation  des  bêtes.  Il  est  défendu 
également  de  laisser  courir  par  la  ville  pourceaux,  truies  et  cochons. 

2°  Tout  le  monde  est  tenu  de  faire  connaître  les  contraventions 
à  cet  article. 

3°  Il  est  défendu  de  laisser  voler  en  liberté  des  pigeons  sous 
peine  de  confiscation.  Autorisation  pour  chacun  de  les  tuer. 

4°  Il  est  ordonné  à  tous  d'ôter  les  cendres  et  ordures,  qui  se 
trouvent  devant  les  maisons. 

5°  Ceux  qui  sont  en  communication  avec  les  malades  ne 
peuvent  être  en  relation  avec  les  autres  bourgeois  sous  peine  d'être 
bannis  ou  de  subir  une  autre  peine  arbitraire. 

6°  Les  morts  doivent  être  enterrés  après  1 1  heures  du  soir  et  les 
malades  transportés  également  après  cette  heure. 

7°  Ceux  qui  ont  soigné  des  malades  hors  de  la  ville  ne  peuvent 
y  rentrer  pendant  5o  jours. 

8°  Défense  de  transporter  des  meubles  hors  des  maisons  infec- 
tées. 

9°  Défense  de  vendre  de  vieux  habits. 

io°  Défense  aux  hôteliers  de  recevoir  des  étrangers  non  munis 
d'un  certificat  constatant  qu'il  n'y  a  pas  de  danger  d'infection  à 
craindre  de  leur  part.  Ces  mêmes  hôteliers  devront  également 
remettre  les  noms  des  étrangers  qui  logent  dans  leurs  maisons  (4). 

La  cuisine.  Les  deux  listes  suivantes  de  comestibles 
achetés  pour  un  dîner  gras  et  un  dîner  maigre  de  la 
compagnie  des  arbalétriers  en  1600,  nous  donnent  une 
idée  de  la  bonne  cuisine  bourgeoise  de  ce  temps. 

Le  dîner  gras  comprenait  comme  viandes  :  du 
mouton,  du  veau,  du  bœuf,  de  la  viande  salée  (conser- 
vée), au  jambon,  du  chapon  et  du  pigeon.  Il  y  avait  du 
pain  de  froment  et  de  wassen  (seigle).  Le  pain  cons- 
tituait une  partie  notable  du  repas  et  remplaçait  sans 
doute  les  pommes  de  terre  et  d'autres  légumes,  que  Ton 
voit  sur  les  tables  de  nos  jours. 

Comme  légumes  on  ne  parle  que  de  jottes  (choux) 

(  i  )  Archives  de  la  ville. 


—  223  — 

salades  et  bonnes  herbes.  Les  épiceries  consistaient  en 
sucres,  corentines,  prunes  et  huile  d'olipe. 

Peu  de  vin  mais  de  la  bière  en  abondance. 

Au  dîner  maigre  apparaissent  Yaburdon,  le  stock- 
visch,  les  bockhoux,  des  poissons  de  la  Meuse  et  des 
poissons  de  mer,  bien  délicats  sans  doute,  car  ils 
étaient  très  chers,  que  Ton  s  était  procurés  à  Maestricht. 

Les  poissons  étaient  rôtis  à  l'huile  ;  toutefois  le 
beurre,  à  bon  marché,  était  employé  à  profusion,  qua- 
torze livres  pour  une  fête. 

Les  œufs,  qui  n'avaient  aucune  valeur  de  ce  temps, 
n'étaient  pas  plus  ménagés.  On  en  cassa  un  cent  et  un 
demi-quarteron  pour  le  même  repas. 

C'était  là,  le  dîner  de  fête.  La  cuisine  ordinaire 
évidemment  était  moins  riche.  Un  acte  de  bail  de  i533 
nous  montre  que,  à  cette  date,  l'usage  du  pain  blanc 
était  moins  commun  que  de  nos  jours.  «  Le  meunier,  » 
dit  ce  document,  «  payera  en  moulture  de  frument,  de 
»  wassen  ou  de  spelte  et  non  d'aultre  moulture  partant 
»  que  l'orge,  favette,  de  poiz  et  de  veche  est  inconve- 
»  nant  et  nuysible  az  gens  de  non  labure  comme  az 
»  nobles  et  az  gens  denglieze  (î).  » 

Il  faut  croire  que  de  ce  temps  les  estomacs  étaient 
plus  robustes  que  de  nos  jours. 

D'un  autre  côté  il  semble  que  la  consommation  de 
la  viande  était  alors  plus  grande  qu'aujourd'hui.  Le 
tableau  suivant  le  prouve  à  l'évidence. 

En  i636  à  la  suite  des  guerres,  le  magistrat  établit 
un  impôt  sur  la  boucherie  à  raison  de  : 

5  florins  pour  un  bœuf. 
3       »  »        vache. 

2       »  »        génisse  ou  bœufflet. 

i       »  »        mouton  ou  brebis. 

io  aidans        »       veau. 
5       »  »        agneau. 

(i)  Archives  de  la  paroisse. 


—  224  — 

La  recette  de  cet  impôt  fut  mise  en  accense  et  rap- 
porta à  la  ville  un  revenu  annuel  de  2,713  florins  Bra- 
bant  (4). 

Pour  que  X accense ur  ne  restât  pas  en  déficit,  il  fallait 
que  chaque  semaine  on  tuât  quatre  têtes  de  chacune 
de  ces  catégories  de  bêtes.  Une  partie  assez  considé- 
rable de  ces  viandes  devait  nécessairement  aller  sur  la 
table  de  l'ouvrier,  car  à  cette  époque  Visé  était  moins 
important  que  de  nos  jours.  D'ailleurs  si  l'ouvrier 
d'alors  mangeait  du  moins  bon  pain  que  de  nos  jours, 
parce  que  la  culture  du  froment  était  moins  répandue 
et  le  pain  de  qualité  inférieure  moins  déprécié,  son 
salaire,  relativement  plus  élevé  que  le  prix  des  objets 
de  consommation,  lui  permettait  de  réaliser  facilement 
le  vœu  de  Henri  IV,  qui  voulait  que  tous  ses  sujets 
pussent  le  dimanche  mettre  leur  poule  au  pot.  Vers 
1600  une  journée  de  maçon  ou  de  charpentier  comptée 
à  1  fl.  7  4/2  patars  ou  1  fr.  66  valait  le  tiers  d'un  veau 
qui  coûtait  4  florins,  ou  dix  livres  de  chaire  de  bœuf  à 
3  patars  la  livre.  Ajoutons  que  la  livre  de  beurre  reve- 
nait à  4  4/2  patars  ou  25  centimes,  que  les  œufs  étaient 
à  moins  de  1  centime  la  pièce.  L'hectolitre  de  wassen 
ne  valait  qu'environ  6  francs  (2). 

La  situation  matérielle  de  l'ouvrier  était  donc  à  cette 
époque  meilleure  que  celle  que  lui  a  faite  le  progrès 
moderne.  Si  parfois  la  famine  a  fait  de  nombreuses  vic- 
times c'est  parce  que  en  cas  de  non-réussite  des  grains, 
la  pomme  de  terre  ne  remplaçait  pas  le  pain  et  l'impor- 
tation ne  comblait  pas  l'insuffisance  des  récoltes. 

Louis  XIV  à  Visé.  Le  curé  Libotte  consigna  dans 
son  registre  des  baptêmes  et  des  décès  les  faits  les  plus 
saillants  du  séjour  de  Louis  XIV  à  Visé.  Ces  notes 
nous  ont  paru  assez  intéressantes  pour  être  copiées  ici 
littéralement. 

(  1  )  Archives  de  la  ville. 

(2)  Ces  chiffres  sont  calculés  d'après  le  tableau  des  menus  de  dîners 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut  et  qui  a  paru  avec  les  dépenses  dans 
Y  Etude  sur  les  arbalétriers  de  Visé. 


—  225  — 

Le  24  May  mourut  un  cavalier  francois  lequel  estant  à  l'armée 
de  Lowis  quatorsiemme  composée  de  quatre  vingt  mille  hommes, 
qui  ravagèrent  dans  l'espace  des  dix  jours  toute  notre  campagne  et 
le  roy  pour  touts  ces  domages  ne  rendit  par  l'entremise  du  cardinal 
de  Bouillon  que  mille  patagons. 

Le  14e  sept,  mourut  un  soldat  francois  lequel  estant  devenu 
malade  à  Visé  et  désirant  d'aller  prendre  l'air  estant  arrivé  au  bout 
de  Souvré  trouvât  quelques  soldats  qui  se  disoient  hollandois,  les- 
quels lui  ayant  fait  quitter  ses  habits  lui  cassèrent  misérablement  la 
cervelle. 

Le  23  Fev.  1673  mourut  Jean-Baptiste  Schifflet  lequel  comme 
il  m'a  dit  estoit  fils  de  Constantins  Schifflet,  professeur  royal  dans 
l'université  de  Doolh  dans  la  franche  Comté  de  Bourgogne. 

Le  3o  Mai  mourut  Caterinne  Waltery.  Relicte  Renault  de 
Sluse  (mère  des  deux  de  Sluse).  Sa  sépulture  au  soir  le  3  ie  et  le  17 
Juillet  ses  exêques  qui  furent  différées  à  raison  des  guerres  et  du 
siège  de  Maestricht  qui  fut  investie  le  5  Juin  et  le  dernier  ditto  ren- 
due par  composition. 

Le  16  Mai  1674  Le  château  d'Argenteau  fut  siégé  par  les  troupes 
francoises  qui  venoient  de  la  Hollande  au  nombre  de  1 5  à  16  milles 
hommes,  lequel  ayant  esté  battu  par  deux  pièces  de  cannon  l'espace 
de  3o  heures  ou  bien  d'un  jour  et  deux  nuits  se  rendit  par  compo- 
sition la  deuxième  nuit  à  minuit  le  maréchal  de  Beelfond  Général 
des  dites  troupes  y  envoyât  de  la  garnison  francoise  et  fut  par  3 
minnes  au  dedans  et  1  au  dehors  démoli  le  5  juin  suivant. 

Le  19  Mai  Le  fort  de  Naivagne  fut  siégé  par  les  mesmes 
trouppes  et  ayant  soutenu  le  dimanche  lundi  et  mardi  jusqu'au  soir 
se  rendit  par  composition  avec  la  perte  de  fort  peu  de  personnes  le 
22  dito  et  quelques  semaines  par  après  demoly  avec  l'assistance  des 
paysans  circonvoisins. 

Le  28  Janvier  1675  est  venu  à  Visé  le  comte  de  Straadt,  gouver- 
neur de  Maestricht,  accompagné  de  2000  francois  et  ayant  été  con- 
duit à  la  maison  de  Ville  par  nos  bourgmestres  qui  estoient 
Ernotte  Laurent  le  jeune  et  Pier  Rivez  ledit  gouverneur  dit  qu'il 
avoit  ordre  de  son  roy  de  démanteler  Visé,  nonobstant  toutes  les 
remonstrances  possibles  lui  faites  laissât  1000  soldats  qui  commen- 
cèrent le  29  ditto  à  nous  quitter  nos  murailles,  qui  avoient  subsis- 
tez plus  de  trois  cents  ans,  dans  plusieurs  autres  dangers.  Us 
rompirent  ensuite  nos  portes,  barrières  et  Risteaux  qu'ils  bruslèrent. 

Le  11  Juin  1675  ayant  fait  passer  environ  i5ooo  hommes  d'in- 
fanterie et  de  cavalerie  leau  à  Chainie  vint  avec  le  rest  de  son  armée 
qui  estoit  encorde  1 5  à  16  mille  hommes  camper  sur  la  montagne 
depuis  Haccourt  jusqu'à  Lyctenbergh  se  dispersant  parmy  touts  les 

29 


—  226  — 

villages  circonvoisins  comme  Heur,  Eben,  Emal,  Hallembaye,  Hac- 
court,  Nay,  Nivelle  auquel  lieu  s'estant  arrestéz  l'espace  de  neuf 
jours  et  ruinez  entièrement  la  campagne  et  maisons,  tandis  que 
les  dits  1 5  milles  assiégèrent  Lymborgh  :  et  le  19e  ditto  le  Roy  avec 
son  armée  descendit  de  ladite  montagne  et  passât  le  pont  qui  estoit 
dressé  entre  Lixhe  et  Nivelle  et  vint  camper  au  Neufchateau  ou 
Aubin  ayant  dispersé  son  armée  dans  les  villages  et  campagnes  cir- 
convoisins comme  Bombaye,  Mexhax  (Mesch),  Mons,  Fouron  etc  et 
le  20  ditto  qui  estoit  l'octave  du  S.  Sacrement  Lymborgh  après  le 
siège  de  7  jours  se  rendit  par  composition  et  le  23  le  roy  décampât 
après  avoir  ruinez  toute  notre  campagne  et  les  campagnes  et  les 
maisons  des  villages  susdits  repassât  la  Meuse  au  mesme  pont  et 
s'allât  camper  encore  à  Devant-le-Pont  et  logat  dans  la  maison 
d'Ant.  Houbbart  une  nuict  ou  il  y  avait  logé  l'an  1672  12  jours  de 
là  il  s'en  allât  camper  vers  Tongres,  cette  mesme  nuict  logat  la 
garnison  de  Lymbourg  dans  les  faux  bourgs  à  Souvré  qui  descen- 
dit le  lendemain  à  Ruremonde. 

7  Avril  1676  Eodem  die  reversus  sum  Leodio  post  exilium 
trium  mensium  quod  coactus  fui  sustinere  cum  coeteris  canonicis 
ob  exactiones  Hollandorum  Hasseletum  occupantium.  Promiserant 
quidem  consules  notri  sollicitaturos  se  apud  commissarium  proesi- 
dii  proedicti  pro  mea  libéra tio ne  sed  nihil  effecerunt  excusantes 
sese  postea  super  impotentia  sua  et  urbis  nimis  gravatae  egestate, 
proinde  coactus  fui  remanere  Leodii  usque  dum  reliqui  canonici 
post  summam  1000  fl.  bb.  oblatam  reverterentur. 

26  Aoust  1676.  Le  prince  d'Orange  avec  ses  alliez  d'Allemagne, 
les  Osnabrug,  Lunebourg,  Neubourg  ayant  siégé  l'espace  de  7 
semaines  la  ville  de  Maestricht  fut  obligé  le  27  la  nuict  à  lever 
le  siège  pour  l'arrivée  de  l'armée  francoise  conduite  par  le  maréchal 
de  Scomberg,  composée  de  3oooo  hommes  qui  causèrent  grands 
dommages  au  voisinage. 

Une  anecdote  de  Louis  XIV  à  Visé.  Pendant  son 
séjour  à  Devant-le-Pont,  ma  raconté  un  représentant 
d  une  vieille  famille  visétoise,  Louis  XIV  invita  un  jour  à 
sa  table  quelques  notabilités  de  la  ville.  Tout  fiers  qu'ils 
fussent  de  prendre  part  à  un  dîner  royal  nos  principaux 
Visétois  n'étaient  guère  à  Taise  en  présence  du  Roi- 
soleil.  Autant  que  les  circontances  le  permettaient  ils 
se  conformaient  au  proverbe  :  le  silence  est  d'or.  Ce- 
pendant un  d'entre  eux,  un  membre  du  magistrat  dit-on, 
voulut  placer  son  petit  mot.  Tout  à  coup,  le  verre  en 


—  227  — 

main,  il  s'adresse  au  roi  et  lui  dit  le  plus  correctement 
possible  :  «  Sire,  si  nous  buvâmes.  »  Louis  XIV,  prend 
son  verre  en  souriant  et  dit  à  ses  convives  :  «  Oui,  si 
»  nous  buvâmes  à  la  santé  des  Visétois.  »  Le  mot  du 
notable  Visétois  fit  fortune  à  la  cour;  longtemps  on  s'en 
servit  comme  invitation  à  boire  :  «  Si  nous  buvâmes 
»  à  la  santé  des  Visétois.  » 


DOCUMENTS  D'HISTOIRE  LIÉGEOISE 


Le  manuscrit  10898-952  de  la  Bibliothèque  royale 
est  un  manuscrit  historique  précieux,  sur  lequel  l'atten- 
tion ne  s'est  pas  portée  encore. 

C'est  un  volume  de  221  feuillets,  sur  papier,  d'une 
écriture  de  la  première  moitié  du  XVIe  siècle,  qui 
contient  les  copies  de  cinquante-quatre  documents 
curieux,  relatifs  pour  la  plupart  à  l'histoire  liégeoise. 

Il  paraît  être  l'œuvre  d'un  érudit  liégeois  du  xvie 
siècle,  amateur  de  raretés,  qui  se  préoccupait  d'enri- 
chir sa  bibliothèque  des  plus  importants  documents 

de  l'histoire  locale. 

• 

Si  l'on  remarque  que  la  plupart  des  pièces  du  vo- 
lume sont  transcrites  d'originaux,  qui  certainement  se 
conservaient  au  xvic  siècle  aux  archives  de  la  Cathé- 
drale à  Liège,  on  n'aura  nulle  difficulté  à  admettre 
que  l'auteur  est  quelque  membre  du  haut  clergé,  qui 
devait  à  ses  fonctions  ou  à  son  autorité  d'avoir  accès 
au  dépôt  secret  des  archives  épiscopales  (4). 

Il  serait  intéressant  de  connaître  l'histoire  du  ma- 
lt) Cette  supposition  se  trouve  confirmée  par  cette  note  en  tête  de  la 
pièce  37me,  p.  172  du  manuscrit  :  «  Concordia  inter  episcopum  et  prela- 
»  tos  ecclesie  Leodiensis  cum  universitate  Lovaniensi  quae  est  in  archivs 
»  nre  leod  deposita.  » 

29' 


\ 

\ 

> 


—  230  — 

nuscrit  et  de  pouvoir   le  suivre   dans  ses    voyages. 
Malheureusement,  les  données  manquent. 

Ce  qu'on  peut  dire,  c'est  qu'au  XVIIIe  siècle,  il  devint 
la  propriété  de  la  Bibliothèque  de  Bourgogne,  à  laquelle 
il  fut  cédé  par  un  de  ses  bibliothécaires.  Une  main 
du  temps,  apparemment  celle  d'un  employé  du  dépôt, 
inscrivit  sur  une  tablette,  aujourd'hui  accolée  au  vo- 
lume :  Bibliothecarius  cessit  in  perpetuum  Bibliothecœ 
Regiœ  Bruxellensi.  On  peut  conjecturer  que  son  entrée 
à  la  Bibliothèque  est  postérieure  à  l'année  1746,  époque 
à  laquelle,  nombre  de  nos  manuscrits  furent  trans- 
portés à  Paris.  Quand  ils  en  revinrent  en  1770,  ils 
étaient  porteurs  d'une  annotation  commémorative  de 
leur  déplacement  qui  ne  figure  pas  dans  notre  volume. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  fut  compris  dans  la  masse 
de  documents  expédiés  à  Paris  en  1796.  Semblable 
à  celle  des  manuscrits  saisis  alors,  sa  reliure  française, 
en  veau  racine,  nous  fournit  la  preuve  qu'il  passa 
vingt  années  à  Paris,  y  revêtit  un  jour  l'uniforme  des 
livres  de  la  Bibliothèque  impériale,  —  dos  de  basane 
rouge,  au  chiflre  de  l'Empereur,  —  puis  en  181 5  il  fut 
réintégré  à  sa  place  primitive  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Bruxelles,  où  la  main  d'un  habile  relieur  fit  dispa- 
raître les  marques  napoléoniennes. 

C'est  là  tout  ce  que  l'on  peut  dire  de  l'histoire  de 
ce  volume.  Mieux  qu'une  notice  imparfaite,  le  dépouil- 
lement du  manuscrit  en  fera  connaître  et  apprécier  la 
valeur.  Quelques-unes  des  pièces  qu'il  contient  ont  été 
publiées  par  de  Ram,  dans  ses  Documents  pour  servir 
à  l'histoire  des  troubles  de  la  principauté  de  Liège  au 
XVe  siècle;  presque  toutes  les  autres  sont  inédites. 

Eugène  BACHA. 


—  231  — 

MUSCRIT 10838-952  DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  ROYALE 

Johannis  XXIII.  Cessio  patatui  cum  aliquibus  actis  Ms.f.s*  7< 
in  concilio  Constantiensi  (i). 

—  Ego  papa  Johannes  XX[III]  propter  quietem  tocius  populi 
christianis  profiteor,  spondeo  et  promitto...  —  ...  presentis  sis- 
matis. 

Cf.  Mansi,  Collect.  Concilior.  t.  XXVII,  p.  867. 

—  Johannes  episcopus  servus  servorum  Dei...  Universitati  ves- 
trae...  —  Datum  Lopfenberch,  basiliensis  diocesis,  1 i*  nonas  aprilis 
pontificatus  nostri  anno  tertio,  f.  de  monte  policiamo. 

—  Décréta  et  diffinita  per  sacrum  concilium  constantiae  in       f.  5r 
prima  sessione... 

—  Décréta  et  diffinita  in  seconda  sessione...  f-  5» 

—  Copia  littere  quam  in  crastino  beati  benedicti  misit  papa       f.  6r 
domino  Régi  Romanorum  post  suum  discessum  de  Constancia. 

Carissime  fili...  —  Datum  in  Schafhusa  die  vicesima  prima 
raartii  XI II  Ie  decimo  quinto. 

Publiée  par  Mansi,  /.  c.fp.  5jj. 

—  Quarta  sessio  que  observata  fuit  in  ecclesia  cathedrali...      f.6r7r 
—  ...  sub  sigillo  quatuor  prelatorum  quatuor  notarium  prece- 
dencium. 


Innocentii  VII .  Bulla  pro  absolutione  Episcopi, cleri     f.  7r  9* 
ac  populi  Leodiensis  qui  se  subtraxerant  ab  obedientia 
Bonifatii  IX,  praedecessoris,  eosque  ad  suam  recipiens. 
Data  Viterbii  VI.  non.  8brU  pontificatus  sui  anno  primo. 

1404. 

—  Innocentais...  Patet  minarum...  —  ...  Datum  et  actum 
Viterbii  VI  nonas  octobris  pontificatus  nostri  anno  primo. 

Bulle  inédite.  —  Cf.  Bormans,  Notice  d'un  Car  tu  la  ire  du  clergé 
secondaire  de  Liège;  Bulletin  de  la  Commission  royale  d'histoire, 
&  série,  t.  XIV,  p.  358,  n°  61,  déclaration  du  clergé  de  Liège,  1400, 
24  mars. 

(1)  Nous  donnons  les  analyses  de  la  table  qui  se  trouve  en  tête  du 
volume. 


—  232  — 

Ms.f.9'11'  Gregorii  XII.  bulla  qua  Joanni  Bavaro  Electo  Léo- 
diensi  concedit  facultatem  privandi  J>eneficiis  omnes 
ecclesiasticos  sibi  rebelles.  Data  Romae  4  Idus  aprilis 
pontificatus  anno  primo.  14°7- 

—  Gregorius  episcopus...  Dilecto  filio  Johanni  electo  Leodiensi 
s.  et  a.  b.  Si  culpe  crudelitas...  —  Datum  Rome  apud  Sanctum 
Petrum  4**  Idus  aprilis  anno  primo. 

Bulle  inédite.  —  Cf.  Baronius,  Ann.  Eccles.,  t.  XXVII,  p.  i86, 
Bulle  à  relu  de  Liège  datée  du  3  des  ides  d'avril  et  Bormans,  L  c.f 
p.  35i,  n°  63,  Bulle  du  12  septembre  1407. 


f.  44*  4»  Sententia  dicti  Joannis  Electi  Leodiensis,  qua,  vi~ 
gore  Bullae  supradictae,  per.promotorem  suum  pluri- 
mos  tatn  cathedralis  quam  aliarum  Ecclessiarum  sibi 
adversarios  praebendis  aliisque  beneficiis  privavit.  Data 
vigesima  decembris.  1408. 

—  In  causa  inquisicionis  summarie  que  coram  nobis  Johanne 
de  Bavaria  Dei  gratia  electo  Leodiensi  per  litteras  apostolicas  sanc- 
tissimi  in  Christo  patris  ac  domini  nostri  domini  Gregorii,  divina 
providentia  pape  duodecimi...  —  (alia  manu).  Datum  die  jovis 
XX»*Xbri-XIIIIc.  VIII. 

Bulle  inédite.  —  Cf.  Bormans,  /.  c.9p.  35ç,  n°  64,  déclaration  du 
clergé  secondaire,  12  octobre  1408. 


f.  4*  43*  Alexandri  V  bulla  ratas  habentis  privationes  edio 
tas  confirmantisque  collationes  novas  per  dictum  Jo- 
hannem  Electum  Leodiensi  factas.  Data  Pisis,  non. 
julii  pontificatus  anno  primo.  1409. 

Alexander  episcopus  servus  servorum  dei  ad  futuram  rei  memo- 
riam.  ...  Humilibus  supplicum  votis...  —  Datum  Pisis  nonas  Julii 
pontificatus  nostri  anno  primo. 

Bulle  inédite.  —  Cf.  Bormans,  Notice  d'un  cartulaire  du  clergé 
secondaire  de  Liège,  Bulletin  de  la  Commission  royale  d histoire, 
t.  XIV,  p.  35ç. 


—  233  — 

Designatio  12  dierum  veneris  per  annum  jejunandis  Ms.  f.  1& 
proetc... 

—  Isti  sunt  dies  veneris  spéciales  quos  omnes  primi  debent 
jejunare  in  pane  et  aqua.  Ego  Clemens  papa  romanus  notifico 
quod...  —  ...  Hii  sunt  dies  veneris  duodecim  cum  magna  reve- 
rentia  christianis  sunt  observanda.  Oportet  nos  in  sextis  feriis  plus 
quam  in  ceteris  diebus  jejunare,  etc. 

Inédit. 


Versus  quidam  flandrici  compositi  tempore  Belli    f.  i&  u* 
inter  Francigenos  et  neapolitanos.  M94- 

—  Waer  blieft  hy  compt  hy  oft  nyet... 

Hac  contentus  eris  sorte  data  miseris  (1). 
Poème  inédit.  —  Cf.  Baronius,  Ann.  Eccles.,  anno  1494,  p.  21 7  sq. 


Caroli  Francorum  régis  declaratio,  pro  expeditione   f.  w  45* 
adversus  Turcas  suscipienda  data  regni  anno  i2mo  Flo- 
rentiae.  1494- 

—  Karolus  Dei  gratia  Francorum  rex  universis  christi  fidelibus 
présentes  litteras  inspecturis.  Zelum  fidei  catholice...  —  ...  Datum 
florencie  die  vicesima  secunda  mensis  novembris  anno  94  regni 
nostri  anno  duodecimo. 

Cf.  Baronius,  Ann.  Eccles.,  anno  1494,  p.  219,  n°  19.  ...  Cum  enim 
Me  (rex  Francorum)  palam  jactaret,  restituto  G  allie  ce  genti  neapoli- 
tano  regno,  adversus  Turcas  se  arma  versurum... 


Machometis  littera  flandrice  scripta  Sanctissimo.       f.  /$•  46* 

i5oi. 

—  Machomethere  derTorken...  —  ...  Ghegeven  in  onser  Ke- 
selycker  stat  Constantinopel. 

Lettre  inédite.  —  Cf.  Baronius,  Ann.  Eccles.,  anno  i5oi,  p.  3?i9 
n*  19. 

(1)  Les  six  derniers  vers  sont  séparés  des  autres  par  le  mot  ;  notate. 


—  234  — 

Ms.  f.  46*         Pauca  quaedam  abbreviata  historiae  Leodiensis,  cum 
prognosticatis  Régi  Francise  Carol:.  Script.  Romae. 

1423. 

—  Anno  MCCO  et  XII0  (sic),  capta  fuit  civitas  leodii  a  Hen- 
rico  duce  brabantie  et  hugone  episcopo  fugato,  et  sequenti  anno 
idem  hugo  obtinuit  bellum  contra  ducem  in  custodia  de  stepe... 

—  Pronosticata  régis  francorum.  Karolus  filius  ludovici  ex 
natione...  —  ...  Scriptum  in  anno  XI II Ie  vicesimo  tertio,  etc. 
Rome  factum. 

Fragment  inédit. 


f.  47'  70' 


Liber  ordinarius  Ecclesiae  Leodiensis  ostendens 
qualiter  legatur  et  cantetur  per  totum  annum  in  offi- 
ciis  tam  de  tempore  quam  de  festis  per  Dominum  Jodo- 
cum  Parion. 

—  In  nomine  Domini  amen.  Incipit  liber  ordinarius  ostendens 
qualiter  legatur  et  cantetur  per  totum  anni  circulum  in  ecclesia 
leodiensi  tam  de  tempore  quam  de  festis  in  officiis  divinis  diurnis 
atque  nocturnis.  Et  est  sciendum  quod  adventus  donûni  semper 
advenit  in  dominica  quae  est  propinquior...  —  ...  Per  dominum 
Judocum  Parion  sunt  predicta  ordinata. 

Traité  inédit.  —  L'auteur  Josse  Parion  est  inconnu. 


/.  74r  blanc 

f.  74* 

en  marge  : 

Auctores 


—  Notate 

Qui  tacitus  ardet  magis  uritur 

Semper  moritur  et  nunquam  mortuus  est  qui  amat 

Omnia  vicit  amor  et  nos  cedamus  amori 

Ignis  ille  furor  nescit  habere  modum 

Verba  puellarum  foliis  leviora  caducis. 


f.  7»  blanc 
f.  7*  74* 


Sixti  quarti  bulla  circa  resignationes  beneficiorum 
data  V  kal.  octobris  ac  publicata  Romae  27*  ejusdem 
mensis  pontificatus  anno  decimo.  1481. 

Lecta  et  publicata  fuit  bulla  immédiate  infrascripta  Rome  in 
caméra  apostolica  die  XXVII  mensis  octobris  anni  a  nativitate  do- 
mini XI II Ie  octogesimi  pontificatus  Sixti  quarti  anno  decimo. 


—  235  — 

Sixtus...  Sicut  bonus  pastor...  —  Datum  Rome  apud  Sanctum 
Petrum  anno  incarnationis  dominice  millesimo  quadringetesimo 
octagesimo  quinto  kalendas  octobris  pontificatus  nostri  anno  de- 
cimo.  Finis  bulle. 

Bulle  inédite,  suivie  de  quelques  vers  flamands.  Ms.  f.  74* 


Ordinarius  Ecclesiae  Leodiensis  de  Festis,  finitus  f.7&406* 
et  completus  per  manus  Adae  de  J  unccis  décima  martii. 

1489. 

—  Dicto  de  tempore,  sequitur  de  sanctis  et  primo  sciendum 
est  quod...  —  ...  Et  sic  est  finis  per  manus  Ade  de  Junctis. 

De  la  même  main  :  Et  sciendum  est  quod  ecclesie  et  civitas      f.  40S* 
consueverunt  facere  très  processiones  cum  forticiis...  (notes  histo- 
riques). 

—  Explicit  ordinarius  Ecclesie  Leodiensis  finitus  et  completus      f.  406* 
per  manus  Ade  de  Junctis  anno  domini  XI II Ie  LXXX  nono  mensis 

mardi  die  décima,  etc. 

Copie  de  l'autographe  d'Adam  de  Junctis.  Traité  inédit.  Cest  la 
suite  du  Liber  ordinarius,  cité  plus  haut,  de  Josse  Parion. 


Douce  lignes  d  annales  liégeoises  (A  lia  manu).  f.  406' 


Tractatus  de  horis  canonicis  (premissa  tabula  Al-  f.  406*  4*4* 
berti  de  Ferrariis,  juris  utriusque  doctorisj. 

Die  ultima  martii.  1489. 

—  Tabula  composita  a  Domino  Alberto  de  ferrariis  utriusque  f.  406*  408* 
juris,  doctore  de  Placentia,  super  infrascripto  opusculo  :  De  horis 
canonicis. 

—  Incipit  tractatus  de  horis  canonicis.  Materiam  horarum  quas      f.  408* 
canonicas  appellamus  sub  brevi  stilo  divina  opitulante  gracia  trac- 
tandam   assumpsi  ego  Albertus  de  Ferrariis   de  placentia  juris 
utriusque  doctor  quamvis  indignus,  dicta  quoque  doctorum  in  hac 
materia  scribentium  in  unum  redigere  curavi  et  que  collecta  erant 

in  hoc  opusculo  inserui  et  materiam  amplificavi...  —  ...  Explicit 
libellus  de  horis  dicendis  anno  domini  XI II  Ie  LXXXIX  mensis 
mardi  die  ultima. 

Traité  inédit. 


-  236  - 

m»,  f.  4%ù*  m*       J  uramentum  Fiscalium  et  advocatorum  curiae  Leo- 

diensis. 

—  J  uramentum  fiscalium.  Juro  quod  fidelis  ero  et  obediens  do- 
mino nostro  leodiensi  episcopo... 

—  J  uramentum  advocatorum.  Juro  quod  Domino  episcopo  leo- 
diensi et  ejus  officiali  ero  fidelis  et  obediam...  —  In  ejus  locum  me 
scienter  subrogari  non  permittans,  etc. 


f.  *%*  15*         Statuta  provincialia  Coloniensia,  acta  in  concilio 
cxvmcxxvui  pr0vinciali  celebrato  de  consensu  et  consilio  inter  alios 

adulphi  episcopi  Leodiensis  procuratorum.  Die  ultima 

octobris.  i322. 

Descriptaque  manu  supra  memorati  Adae  de  Junc- 

tis,  i5  septembris.  1489. 

f.  iii*  4%1*  Tabula  statutorum  provincialium  coloniensium.  De  injectioni- 

bus  manuum  in  clericos  vel  ecclesiasticas  personas...  —  ...  Explicit 
tabula  statutorum  provincialium. 
f.  J2&  —  Henricus,  dei  gracia  sancte  Coloniensis  ecclesie  archiepis- 

copus,  sacri  imperii  per  Italiam  archichancelarius,  sacro  presenti 
provinciali  concilio  ad  perpetuam  rei  memoriam  rei  publice  curam 
gerentibus  illud...  —  ...  Expliciunt  statuta  provincialia  coloniensia 
per  manus  Ade  de  Junctis  scripta  anno  XI II  Ie  LXXX  nono  mensis 
septembris  die  XV. 

Les  statuts  du  Concile  provincial  de  Cologne  ont  été  publiés  par 
Hartçheim,  Concilia  Germaniœ,  t.  IV,  p.  282. 


f.  45*  Quidam  lamentatur  suam  amore  alterius  captam 

sed  gaudet  se  habere  socios  licet  ignorare  velint. 

Heu  michi  que  quondam  dulcis  que  cordis  arnica 

Femina  decepit  quis  modo  tutus  erit. 
Poème  inédit,  suivi  de  quelques  vers  flamands. 


f.43&mr  Convention  en  langue  flamande  touchant  Maes- 
tricht  faite  entre  le  duc  de  Bourgogne  et  les  Liégeois 
le  28  août...  1448. 


—  237  — 

Ter  dachvaert  ghehouden  XXVIII*  augusti  XI II  Ie  XLVIII 
jaer...  —  ...  aldus  geteykent.  1.  Wachelgem.  Wa.  de.  Ser00,  suivi 
d'une  note  flamande. 

Charte  inédite.  —  Le  titre  flamand  de  cette  pièce,  est  :  Uoverdrach 
ghehouden  van  wat  poenten  men  daghen  mach  tôt  Ludick  die  ingeseten 
in  Brabant.  (Test  une  convention  sur  les  points  au  sujet  desquels  il  est 
permis  d'assigner  en  justice  devant  Vofficialité  de  Liège  les  habitants  du 
Brabant  compris  dans  le  ressort  du  diocèse  de  Liège. 


Littera  remissionis  in  favorem  Leodiensium   per  Ms.  f.  m* 
Mariam  Burgundiae  ac  Brabantiae  ducissam. 

Flandrice  data  19  martiis.  !476. 

Publié  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensia,  p.  623;  cf.  Schoonbroodt, 
Inventaire...  des  chartes  de  Saint-Lambert,  Liège,  Desoer,  i863,  p.  34Jy 
n°  1074,  le  même  acte  en  roman. 


Causae  sex  quibus  probari  praetenditur  D.  Wilhel-  f.m*44* 
mum  de  Marcka  récépissé  mercedem  quam  ipsius  pec- 
cata  meruerant. 

—  Ex  causis  que  inferius  notantur  constat  satis  luculenter  ober- 
rare  leodienses  plurimos  qui  excecati  non  pertimescunt  proprium 
eorum  calumniari  et  accusari  dominum  ex  quo  diebus  istis  novis- 
simis  promisit  cum  lege  et  justicia  dominum  Willelhmum  de  Mar- 
cha eam  recipere  mercedem  quam  peccata  ipsius  meruerunt  sepis- 
sime. 

Prima  causa.  Si  spacio  longiori  potuisset...  —  ...  illos  interfe- 
cisset  veluti  lettera  ibidem  lacius  déclarât. 

Pièce  inédite. 


Sixti  III.  brève  seu  monitorium  contra  Arember-  f.usi47r 
gios  patriae  Leodiensis  post  occisum  episcopum  Ludo- 
vicum  de  Bourbon  occupatores  ac  depraedatores,  avec 
une  autre  pièce  en  flamend  touchant  les  dits  d'Arem- 
berg. 

Publié  par  de  Ram  Analecta  Leodiensia,  pp.  J25-j36. 

30 


-  238  — 

Ms.f.447r447*       Deken  ende  Capitel  van  Ludick  den  wael  geminden  burge- 

meestern,  gesworen  ende  Raet  der  stat  van  beringhen  onssern  gue- 
den  vrunden.  Besonder  gemynde...  —  ...  stats  Ludik  des  XII* 
dachs  der  maent  van  januaris  int  jaer  XI II Ie  ende  LXXXIX. 


f.  U8r  450*  Davidis  de  Burgundia  episcopi  trajectensis  processus 

seu  monitorium  vigore  litterarum  apostolicarum  de 
data  4t0  idus  julii  1488  pro  Joanne  de  Horne  episcopo 
Leodiensi  adversus  eosdem  Arembergios  ubi  dicitur 
eosdem  detinere  injuste  ducatum  Bulloniensem  et  alia. 

Publié  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensiatp.  834. 


f.  454r  45*         Alberti  Saxoni  Ducis  epistola  ad  Burgimagistros  et 

scabinos  oppidi  Lovaniensis  cum  responsione  eorum- 
dem.  i3  augusti.  1489. 

Lettres  inédites.  —  Cf.  Proost,  Table  chronologique  des  Bulletins 
de  la  Commission  royale  d'histoire,  pp.  72-75. 


f.  4$*  Ceremoniae  in  consignatione  pilei  et  ensis  Philippe 

Burg.  duci. 

Venerabilis  Domine  Hadriane  cum  eritis  ad  viam...  —  ...  una 
vobiscum  associet  ducem  ad  palacium  residencie  sue. 

Pièce  inédite. 


f.  45&  Mandatum  Johannis  Hornœi,  episcopi  leodiensis 

curiam  spiritualem,  a  se  in  Diest  translatam,  resti- 
tuentis  Lovanium  ad  id  requisiti  per  Maximilianum 
Rom.  Regem  Philippumque  ejus  natum  29  8bril  1491. 

Johannes  de  Hoerne  episcopus  leodiensis  dux  bullonensis  et 
cornes  loessensis  universis  présentes  litteris  visuris  lecturis  et  audi- 
turis  salutem  in  domino  sempiternam.  Cum  nos  divisionem  que 
in  lovaniensi  et  bruxellensi  et  aliis  patrie  brabantie  oppidis...  — 
...  Datum  anno  a  nativitate  domini  XI II  1e  nonagesimo  primo 
mensis  octobris  die  vicesima  nona. 


—  239  — 

Ms.  f.  1  oo  blanc 

Complainte  imprimée  de  Marguerite  d'Autriche,        f.  1S4 
fille  du  dit  Maximilien,   se  trouvant  renvoiée  par  le 
Roy  de  France  Charles  VIII  à  la  cour  duquel  elle 
avait  été  eslevée  pour  être  son  épouse. 

Donques  et  pourtant  toy  Charles  Régnant. 

Je  te  ordonne  et  baille. 

Xylographe,  fragment.  —  Cf.  ms.  11182,  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Bruxelles,  p.  2.  Cy  commence  ung  petit  traittiet  nouvellement  fait 
et  composé  appelle  H  malheur  de  France.  —  P.  8.  Comment  Raison  re- 
montre au  Roy  de  France  le  péril  et  dangier  là  ou  il  se  est  mis  et 
boute  par  avoir  delaissiet  laitance  qui  estoit  entre  luy  laigle  et  le  lyon 
par  le  moyen  de  la  très  noble  et  renommée  fleur  Madame  Marguerite. 


Alexandri  VI  papae  brevia  data  Rome  22  octobris    f.455ri$7* 
1492  Philippo  archid.  Austriae,  Alberto  duci  Saxoniae, 
Francisco  de  Busluyden  preposito  Leodiensi,  et  plu- 
ribus  aliis,  addita  responsione  dicti   Philippi  archi- 
ducis.  M92. 

Brève  misse  per  sanctissum  dominum  d.  Alexandrum  hujus 
nominis  sextum  anno  XI II  Ie  XC  tertio  (sic). 

—  Venerabili  fratri  episcopo  leodiensi.  Venerabilis  frater  salu- 
tem,  etc.  Audivimus  et  quidera  invitis  auribus...  —  ...  Datum 
Rome  etc.  die  XXIIa  octobris  1492  anno  primo. 

—  Dilecto  filio  nobili  viro  philippo  archiduci  Austrie,  burgon- 
die,  brabantie etc.  duci...  Dilectefili  salutem  et auctoritatem  sancte 
apostolice  sedis  in  suis  dominiis  et. ..  —  ...  Datum  Rome  ut  supra. 

—  Dilecto  filio  nobili  viro  Alberto  duci  Saxonie. 

Dilecte  fili  salutem,  etc.,  intelligimus  te  per  carissimum  in 
Christo  filium  nostrum  Maximilianum...  —  ...  Datum  Rome  ut 
supra. 

—  Dilecto  filio  francisco  de  buscheyden  preposito  Leodiensi... 
—  ...  Datum  Rome  ut  supra. 

—  Dilectis  filiis  parcensis  et  affliguensis  monasteriorum  abba- 
tibus  et  eorum  cuilibet.  Dilecti  filii  salutem,  etc..  Quum  hoc  audi- 
mus  de  vobis...  —  ...  Datum  Rome  ut  supra. 

—  Dilecto  filio  Johanni  Carondebet  cancellario  austriae  bour- 
gondie,  etc..  Dilecti  fili  salutem  etc,  audivimus  etquidem...  —  ... 
Dilecti  filii  salutem  etc.  quum  nostra  et  universa  ecclesie  dei  auc- 
toritas...  Datum  Rome  ut  supra. 


—  240  — 

—  Dilecto  filio  Johanni  de  Houthem  cancellario  brabancie. 
Dilecte  fili  salutem,  etc.  Crebris  tam  fisci  curie  nostre  querelis... 

—  ...  Datum  Rome  ut  supra. 

—  Dilectis  filiis  gentibus  cancellarie  consilii  ducatus  brabantie. 
Dilecte  filii  salutem,  etc.,  sicutpro  certo  didicimus...  —  ...  Datum 
Rome  ut  supra. 

—  Dilecto  filio  Engelberto,  comiti  de  Nassone...  —  ...  Dilecte 
fili  salutem  etc.  nimium  ut  variis  ad  nos  perfertur...  —  ...  Datum 
Rome  ut  supra. 

—  Dilecto  filio  Johanni  de  bergis  domino  de  Waleyn  equiti... 

—  ...  Dilecte  fili  salutem  etc  non  modicum  et  multimodis...  —  ... 
Datum  Rome  ut  supra. 

—  Responsio  Ducis  philippi.  Sanctissime  pater  clementissime 
domine,  post  desideratissima  beatorum  pedum  oscula.  Quia  sanc- 
titati  vestre  suggestum  est,  etc... 

E.  v[estrœ\  s[anctitatis]  devotus  filius  Philippus  archidux  aus- 
trie  burgondie  dux,  cornes  flandrie,  hollandie,  Zeellandie,  etc. 

BaroniustAnn.  Eccles.,  anno  1492,  p.  194,  publie  le  bref  £  Alexandre 
VI  à  r archiduc  Philippe.  —  //  note  que  le  pape  adressa  plusieurs  invi- 
tations de  ce  genre  à  des  princes  chrétiens,  et  que  ces  lettres  se  trouvent 
à  la  Vaticane,  ms.  n°  36i,  inscript.  Leodium,  p.  3ç3  sq.  Elles  sont  iné- 
dites, et  nous  en  avons  ici  le  texte. 


Ms.f.458r459'       Alexandri  ejusdem  bulla  contra  impedientes  execu- 

tionem  citationum  et  apostolicarum  (confirmatoria 
bullae  Innocentii  VIII  date  V  kal.  februar.  1491).  Data 
IX  kal.  januarii.  H92- 

En  marge:  édita  est,  t.  /,  Bullairii Rom.  éd.  Lugd.  an1 1692, p.  461. 


f.  459*460*  Mahometis  Turcarum  imperatoris  littera  flan- 
drice  scripta  Philippo  Duci  Burgundiae  ac  Régi  cas- 
tellae,  etc.  26  octobris.  i5o5. 

Ich  Machomet  bij  der  genaden  des  groiten  Gods...  —  ...  in 
octobri  ghescreven  in  Albrav... 

Lettre  inédite. 


f.  460*  blanc 

f.  464*  464*         Ludovici  de  Bourbon  Leodiensis  episcopi  litterae 


—  241  — 

in  jucundo  suo  adventu  concessae  clero  saecundario 
Leodiensi.  26  octobris.  1456. 

Publié  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensi  a,  p.  420. 


Nicolai  V  papae  bulla  conservatoria  eidem  clero  Ms.  f.  46* 
concessa  4  id.  octobris.  1451. 

Nicolaus  episcopus  servus  servorum  Dei,  dilectis  filiis  abbatibus 
monasterii  sancti  Laurentii  extra  muros  leodienses,  et  sanctorum 
apostolorum  Coloniensis  ac  sancti  Johannis  Trajectensis  ecclesia- 
rum  decanis  salutem  et  apostolicam  benedictionem.  Quid  refrige- 
fiente  cantate...  —  ...  Datum  Rome  apud  sanctum  Petrum  anno 
incarnationis  dominice  M0  quadringentesimo  quinquagesimo  primo 
pontificatus  nostri  anno  quinto. 

Publié  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensia,  pp.  401-404. 


Sixti  IV  papae  extensio  supramemoratae  conservato-  f.  465*  46* 
rie,  data  7  kal.  novembris.  H73- 

Publié  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensia,p.  604. 


Ejusdem  confirmatio  privilegiorum  dicti  cleri  se-  f.46i*4$5* 
cundarii  Leodiensis  in  forma  gratiosa  expedita  III  non. 
decembris.  H72* 

Publiée  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensia,p.  612. 


Pii  II  papae  Bulla  alternativae  dispositionis  benefi-  f.  465*  467* 
ciorum  vacantium  in  diocesi  Leodiensi  data  XIII  kal. 
februar.  1458. 

Publiée  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensia,  p.  435. 


Ludovici  de  Bourbon  episcopi  Leodiensis  littera,  f.  467*  469* 


—  242  — 

clero  secundario  privilégia  a  se  concessa  confirmantis. 
Data  Leodii  1  februarii.  147&* 

Publiée  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensia,  p.  6ij. 


Ms.f.m*4f*       Nicolai  V  Bulla  reformationis  Ecclesiarum  secun- 

diarium  data  XIV  kal.  novembris  pontificatus  anno 
quinto.  1451. 

Publiée  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensia,  p.  404. 


f.  17»  174*  Concordia  episcopi  et  praelatorum  Leodii  cum  uni- 
versitate  Lovaniensi,  auctoritate  Eugenii  quarti  data 
Romae  IV  kal.  augusti  pontificatus  ejus  anno  primo. 

1431. 

Concordia  inter  episcopum  et  prelatos  ecclesie  leodiensis  cum 
universitate  Lovaniensi  quae  est  in  archivs  nre  leod  deposita. 

Eugenius  episcopus  servus  servorum  Dei  ad  perpetuam  rei 
memoriam.  Licet  suscepti  cura  regiminis...  —  ...  Datum  Rome 
apud  Sanctum  Petrum  anno  incarnationis  dominice  millesimo 
quadringetesimo  tricesimo  primo,  quarto  kalendas  augusti  pontifi- 
catus nostri  anno  primo. 

Publiée  dans  les  Placcaerten...  van  Brabant.  Antwerpen  1648 ', 
t.  /,  pp.  88-go. 


f.  174'  179*  Pœma  fiandricum  de  archiduco  Philippo  et  Mar- 

gareta  ejus  sorore  aliaque  eadem  lingua  composita. 

—  Dye  sceydinghe  van  den  edelen  aertshertoghe  Philippus  van 
oesteryck,  Brabant  etc.  ende  van  synder  sustere  die  schone  Mar- 
griete  a0  XCVI0. 

Hoc  groten  blyscap  in  liefs  vergaren es... 

Ick  bevele  u  allen  Gods  moder  ghebenedyt. 

—  Anno  XI II Ie  XCVII  hoc  dat  vrou  Margriete  hertoghe  Phi- 
lips suster  in  Spaengien  ontfanghen  was. 

Had  ick  nu  die  pœtelicke  ghedachten... 


—  243  — 

Dwelck  hem  wil  jonnen  die  mœder  ons  heeren. 

—  Die  entfaukenisse  des  tshertoghen  in  die  stadt  van  Gientte. 
Verhaecht  u  Vlaendren  int  ghemeene... 

Ende  met  u  Heere  leven  en  sterven. 

—  Hoe  hertoghe  Philips  te  Brugghe  ontfanghen  werdt. 
Hoe  Brugghe  bedruck  was  voorleden...  —  ... 

Schoonder  willecom  en  sagic  nye  gebueren,  etc.,  etc. 


Epistola  Liberti  Biricensis  episcopi  ad  archiepisco- Af*.  f.  479*48*' 
pos  et  episcopos  Coloniensis  Moguntinensis  Treviren- 
sis,  Leodiensis,  Cameracensis,   Trajectensis,   Monas- 
teiriensis  et  Osnabugensis  super  regimen  ecclesiastico- 
rum. 

Hoc  ego  confeci  brève  sed  feret  alter  honorem. 

Sic  vos  non  vobis  mellificatis  apes. 

Sic  vos  non  vobis  fertis  ad  aratra  bones. . . 

Sic  vos  non  vobis  nidificatis  aves. 

Sic  vos  non  vobis  ghyr  cumulatis  opes. 


Quum  vero  durissimum  judicium  erit  hiis  qui  praesunt  et  po- 
tentes...  —  ...  locupletis  episcopi  et  potentes  quantocius  occurant. 


Traditio  Rosae  facta  D.  archiduci  Austriae  ex  com-       f.  48* 
missione  Alexandri  VI  papae  anno.  1498. 

—  Accipe  rosam  de  manibus...  unus  in  secula  seculorum... 

—  ...  finis  oracionis. 

—  Letare  igitur  princeps...  —  ...  ecclesia  percipiet. 


Bulla  ejusdem  Alexandri  pro  insinuatione  jubilœi       f.  48* 
proximi  data  pridie  id.  april.  pontificatus  anno  VIt0. 

1498. 

Alexander  episcopus  servus  servorum  dei  ad  futuram  rei  memo- 
riam  Consueverunt  romani  pontifices...  —  ...  Datum  Rome  apud 
sanctum  Petrum  anno  incarnationis  dominice  millesimo  quadrin- 


—  244  — 

getesimo  nonagesimo  octavo,  pridie  idus  aprilis  pontificatus  nostri 
anno  sexto  :  sic  signatur.  (Signatures). 

Bulle  inédite. 


Ms.f.483*i86*       Informatio  pro  negociis  transmittendis  per  cancel- 

lariam  etc.  quibus  expensis  expediantur  id  est  :  pretium 
omnigeneris  dispensationum. 

—  Sequuntur  négocia  occurentia  communiter  in  regno  anglie. 

Brevis  informacio  pro  negociis  transmittendis  per  cancellariam 
expediendis  et  quibus  expensis  expedicentur...  Et  primo  pro  una 
dispensa tione...  —  ...  Sufficit  fides  sigilli  custodis. 


£487*488*  Alexandri  VI.  Brève  ad  Carolum  VIII  francorum 
regem  quo  huic  praecipit  ut  intra  g  dies  Italia  discedat 
alioquin  2oma  die  sexti  coram  se  in  publico  consistorio 
compareat  ad  videndum  declarari  ipsum  incurcisse 
pœnas  et  censuras  quae  singulis  annis  in  cœna  Domini 
publicantur.  Datum  Romae  nonas  Augusti  pontificatus 
anno  tertio.  H95- 

Brève  missum  per  ponteficem  Régi  francie.  Carissimo  in  Christo 
filio  nostro  Carolo  francorum  Régi  Christianissimo.  Carissime 
in  Christo  fili  noster  salutem  etc.  Dum  inperscrutabili...  —  ... 
Datum  Rome  etc.  nonas  augusti  anno  3°. 

Inédite.  —  Cf.  Baronius,  Ann.  Eccles.,  anno  1495,  p.  236. 


f.  488»  490*         Lamentatio  Monialium  partim  latino  partim  flan- 
drice  per  M.  Wilbrordium  Mathei  metrice  facta. 

1504. 

—  Monicelle  incarcerate. 

Syn  wy  gheweest  over  meinich  jaer. 


Nunc  erimus  in  libertate. 
Monicelle  incarcerate 
Finis. 


Poème  inédit 


—  245  — 

Magnificat  ghemoralizert  op  den  tyt  van  nu  me-  Ms.  f.  iw  49s* 
trice. 

Magnificat  nu  die  sulcke  seere. 


In  secula  seculorum  amen. 
Poème  inédit 


Johannis  Hoiygne  panegyris  heroica  hecatestica  in    f.  49**49** 
electione  D.  Erhardi  de  Marcka,  Eburonum  praesulis, 
praeeunte  stemmate  singulari  insignium  familiae  ejus. 

Dum  varios  hominum  casus  dum  mille  tumultus. 


Aurea  tranquilli  revehit  qui  tempora  secli. 
V.p.  248,  le  texte  de  ce  poème. 


Eustachii  Nivarii  canonici  Leodiensis  oratio  ha-    f.  49$*  49* 
bita  Romae  coram  Julio  II,  p.  M.  cum  litteris  ejus 
Johannis  Pino,  tolosano,  et  responsis  hujus  ad  Niva- 
rium  legatum  illustrissimi  Electi  Leodiensis.         i5o6. 

—  Clarissimi  viri  Eustachii  Nivarii  canonici  leodiensis  oratio 
habita  Rome  coram  Julio  secundo  Romano  pontefice  maximo. 

Eustachius  Nivarius  Canonicus  leodiensis  doctissimo  et  eru- 
ditissimo  viro  Johanni  Pino  tolosano  s.  d.  Miror  quod  tu...  —  ... 
Vale.  Rome  XIX  maii  M.  XVe  sexti. 

—  Jo.  Pinus  tolosanus  Eustachio  Nivario  illustrissimi  principis 
episcopi  leodiensis  legato  s.  d.  p. 

Accepi  humanissimas  litteras...  —  ...Vale,  Bononie  XIX  junii. 

—  Eustachii  de  Nivahis  canonici  leodiensis  revendissimi  et 
illustrissimi  domini  et  electi,  insignis  ecclesie  leodiensis,  una  cum 
Simone  de  Juliaco  preposito  sancti  Dyonisii  leodiensis  oratoris  ad 
Julium  II  pontificem  maximum  pro  agendis  gratiis  de  propensis- 
sima  confirma tionis  gratia  oratio. 

Ut  devotissimi  humillimi  et  obedientes  S.  V.  filii...  —  ...  Nes- 
toreos  impleat  annos.  Dixi. 

—  Sequuntur  que  a  priore  detracta  fuerant  oratione,  ob  summi 
pontificis  graves  illius  diei  curas,  habito  postea  loco  et  tempore 
dicta  sunt. 

Haud  equidem  facile...  —  ...  gratum  exhibere. 

Inédites.  —  Sur  Eustache  de  Nivariis,  Vojr.  de  Theux,  Le  chapitre 
de  Saint-Lambert,  t.  II,  p.  3ao. 

31 


—  246  — 

M$.f.498r499r       Eugenii  IV,  bulla  circa  collationes  praebendarum 

S.  Materni  ac  parvae  mensae  aliorumque  beneficiorum 
in  cathedrali  leodiensi  ad  prœpositum  et  decanum  spec- 
tantes.  Data  Romae  8  id.  octobris  pontificatus  anno 
XVI.  1446. 

—  Eugenius  episcopus  servus  servorum  dei.  Dilecto  filio  ab- 
bati  monasterii  sancti  Laurentii  extra  et  prope  muros  leodienses. 
Sal.  et  ap.  benedictionem  In  ter  cetera  cordis  nostri  desiderabilia... 
—  ...  Datum  Rome  apud  sanctum  Petrum  anno  incarnationis 
dominice  miilesimo  quadringentesimo  quadragesimo  sexto  octavo 
idus  octobris  pontificatus  nostri  anno  sexto  decimo. 

Bulle  inédite. 


f.499*  Pii  II  bulla  confirmatoria  praecedentis  data  Senis 

III  kal.  Martii  pontificatus  anno  primo.  1458. 

—  Pius  episcopus  servus  servorum  Dei  ad  perpetuam  rei  me- 
moriam.  Cunctis  orbis  ecclesiis...  —  ...  Datum  Senis,  anno  in- 
carnationis dominice  miilesimo,  quadringentesimo  quinquagesimo 
octavo.  III0  kalendarum  martii,  pontificatus  nostri  anno  primo. 

Bulle  inédite.  —  Cf.  Bormans,  Notice  d'un  cartulaire  du  clergé 
secondaire  de  Liège,  Bulletin  de  la  Commission  royale  d'histoire, 
3e  série,  t.  XIV,  p.  366,  d'autres  bulles  de  cette  époque. 


f.%04*  Sixti   IV  bulla    confirmans   privilégia    Cathedrali 

Leodiensi  per  Eugenium  quartum  7  id.  aprilis  1432, 
et  per  Pium  secundum  i3  kal.  febr.  concessa,  novaque 
eidem  adjiciens  data  9  januarii  pontificatus  anno  9. 

1479. 

Publiée  par  de  Ram,  Analecta  Leodiensia,  p.  6Sç. 


f.  îos*  %4Z*  Rescreyn  van  twee  Pateren  die  reformeeren  voyd- 
den  wen  nonnen-clœster  metrice  et  alia  ejusdem  ma- 
ter iœ. 

f,  sos*  —  Twee  paters  d'een  out  d'ander  jonck  van  jaren. 

Segghende  pater  vertrect  quia  nolimus  vos. 


—  247  — 

—  Eyn  refereyn  van  den  ghelasman  van  Gent.  Ms.  f.  206* 

Als  ik  ben  reysende  op  ende  neder. 

Dits  te  Ghendt  ghesciet  voerwaer. 


Inédite, 


Julii  II  Bulla  generalis  interdicti  per  totum  Fran-     f.sis* 
cie  Regnum  ac  translationis  nundinarum  ex  Lugduno 
ad  civitatem  Gebenensem  data  i3  augusti  pontificat  us 
anno  nono.  i5i2. 

Bulla  interdicti  generalis  in  universo  regno  francie  et  transla- . 
tionis  nundinarum  ex  lugduno  ad  civitatem  Gebenensem  ex  causis 
in  bulla  contentis. 

Julius  episcopus  servus  servorum  dei  ad  fut.  rei  memoriam.  Ad 
reprimendum  nepharios  conatus...  —  ...  Datum  Rome  apud  sanc- 
tum  petrum  anno  incarnationis  domini  XVcXII.  XIIIa  augusti 
pontificatus  nostri  anno  nono.  Baltasar  tuerdus. 

Editée,  cf.  BaroniuSy  Ann.  Eccles.,  anno  1S12,  p.  604. 


Van  quayden  Tonghen;  pœma  Flandricum.  f.$46*%4& 

Poème  inédit. 


Publicatio  jubilaei  anni  i525  per  Clementem  VII  f.%i&*w 
ordinati  facta  de  mandato  Erardi  a  Marka  24  augusti 
(lire,  10  augusti).  1524. 

Erardus  de  Marcha  miseratione  divina  sancte  romane  ecclesie 

tituli  sancti  gregorii  presbiter  cardinalis...  Universis  et  singulis 

I        archidiaconis,  abbatibus. . .  —  Sanctissimus  Dominus  noster. . .  —  ... 

Datum  Huy  sub  anno  a  nativitate  dominice  XVe  vicicsimo  quarto 

mensis  augusti  die  décima  (sic). 


Trois  poèmes  et  deux  pièces  indéterminées  en  flamand.  f.  24  T9  224' 


—  248  — 

POÈME  DE  JEAN  HOINGNE 
EN  L'HONNEUR  D'ERHARD  DE  LA  MARCK  (i). 

Jean  Hoingne  est  un  personnage  resté  inconnu  dont 
l'existence  nous  est  révélée  par  le  poème  que  nous  pu- 
blions. Son  nom  n'est  cité  nulle  part;  Van  der  Meer 
qui  composa  au  siècle  dernier  une  Bibliothèque  des 
écrivains  liégeois  (2),  l'ignore  totalement.  La  pièce  que 
voici,  laisse  entrevoir  qu'il  était  membre  du  clergé  de 
Liège.  Peut-être  se  confond-il  avec  ce  Jean  Hongne  (3), 
chapelain,  qui  fut  témoin  de  l'acte  d'accord  passé  en 
1466  entre  Louis  de  Bourbon  et  le  clergé  liégeois  et 
que  nous  retrouvons  chanoine  (4)  en  1482,  présent  à 
la  protestation  du  chapitre  de  Saint-Lambert  contre 
l'interdit  de  Liège.  Son  poème  est  un  panégyrique. 
Tout  porte  à  croire  que  c'est  une  allocution  adressée 
au  prince-évêque  au  cours  des  fêtes  qui  saluèrent  son 
entrée  à  Liège  (s).  Sa  date  de  composition  se  trouve 
ainsi  fixée  à  l'an  i5o6. 

IN  ELECTIONEM   DIVI   ERHARDI  DE  MARCHA, 

EBURONUM   PRESULIS  PANEGYRIS 

HEROICA  HECATOSTICA  (6)  JOHANNIS  HOINGNE. 

Dum  varios  hominum  casus,  dum  mille  tumultus 
Intueor  mundi,  rerum  dum  pondero  sortes 
Atque  vices,  nil  stare  diu,  sed  turbine  quodam 
Cuncta  rapi,  movet  ambiguam  dubitacio  mentem 
In  diversa  trahens,  certa  ne  Deus  ratione 
Inferiora  regat,  potius  ve  sinat  sua  quemque 
Fata  sequi,  vel  fortune  permittat  habenas. 
Ista  michi  falso  quamvis  sit  opinio  visa 

(i)  Cf.  p.  245. 

(2)  Manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale  de  Bourgogne,  n°  17639. 

(3)  de  Ram,  Documents  pour  servir  à  rhistoire  des  troubles,  etc., 
p.  555. 

(4)  Ibidem 9  p.  698. 

(5)  Cf.  Chapeaville,  Gesta pontificum,  t.  III,  p.  236. 

(6)  De  cent  vers. 


—  249  — 

Sepe  probabilior,  tandem  obtinuit  tamen  illa 
Verior  atque  animo  insedit  sentencia,  nutu 
Omnia  divino  moderatis  omnia  certis 
Legibus  astringi,  constare  suis  quoque  causis 
Quod  mihi  nobilium  celebrata  electio  nuper 
Presulis  Eburonum  facile  persuasit  et  omnem 
Hanc  mentis  nebulam  causasque  errons  abegit. 
Ecquis  enim  superum  non  consultasse  tonantem 
Paci  magnanime  videat  gentis  leodine 
Rébus  et  afflictis  longam  statuisse  quietem 
Cum  tôt  tantarumque  virum  prefecerit  illi 
Virtutum  nulli  génère  ac  probitate  sequundum. 
Si  genus  et  proavos,  primaque  ab  origine  stema 
Queris,  ab  cura  deductam  nobilitatem 
Oris  honos,  morum  spécimen,  reverentia  vultus 
Gracia  sermonis  totisque  decentia  membris. 
Cuncta  venustatis  prolem  testancia,  deinde 
Relligio  et  pietas,  simul  experiencia  rerum 
Multarum,  atque  animus  prastanti  in  corpore  prestans 
Inprimis  liquide  troiana  insignia  monstrant. 
Sunt  qui  se  claro  superesse  ab  jasone  jactant 
Et  phrixi  ostentat  (sic)  spoliata  in  colchide  sacra 
Aurea  torquato  pendencia  vellera  collo 
Hec  si  non  ab  re  est,  nec  ego  ratione  vacare 
Crediderim  quod  de  Marcha  domus  inclita  semper 
Arma  solet  patula  suspendere  ab  ilice  sub  qua 
Porca  solo  recubet  parvos  enixa  suillos  (i). 
Ista  quidem  proavum  referunt  insignia  Iulum 
Nempe  hiis  omnibus  post  mille  pericula  rerum 
Eros  Anchisiades  belli  finemque  laborum 
Et  proprias  meruit  sedes  et  régna  latina 
Arma  quibus  rutulum  vicit  certamina  Turnum 
Aurea  glandifera  in  quercu  citherea  locavit 
Alba  sub  ilicibus  terdenos  ubere  fétus 
Sus  refovens  humili  desulcavit  scrobe  vallum 
Urbis  condende  multos  ubi  sceptra  per  annos 
Julia  progenies  tenuit  romana  propago 
Denique  munimen,  generosaque  pectoris  arma 
Atque  insigne  decus  clypei  de  Marcha  (ubi  blando 

(1)  Au  bas  de  la  page  193  verso,  en  regard  de  ce  poème,  se  trouve  un 
dessin  assez  grossièrement  fait,  figurant  les  armes  des  Lamarck  appen- 
dues  à  un  chêne  d'où  sort  un  ange  aux  ailes  éployées  ;  sous  l'arbre,  une 
truie  avec  ses  petits,  parmi  les  glands. 


—  250  — 

Axdens  terribiiisque  leo  mansuescit  in  auro 

Invictusque  adamas  inter  placidos  amethistos 

Mulctetur)  (i)  romanum  animum  fultus  retegunt  qui 

Indomitas  vires  miti  clementia,  et  equa 

Justicia  trutina  valeat  cohibere,  nec  ullis 

Fortune  insidiis  a  stabilitate  moveri 

Pontefice  in  tanto,  celeberrima  stirpis  avite 

Nomina  sint  licet  hune  animi  tamen  intima  virlus 

Doctrina  splendor  rerum  prudentia  summa 

Et  probitatis  amor,  sancteque  modestie  vite 

Illustrant  magis  et  fàma  super  ethera  tollunt 

Hune  nulle  fugiunt  artes,  nullumque  deeorum 

Quicquid  magnifico  ingenio  studiosa  vetustas 

Excoluit,  vel  que  nobis  imitanda  reliquit 

Quicquid  et  efflati  divino  numine  va  tes 

Gravis  meonides  nosterque  maro  eecinere 

Quicquid  Aristoteles  Samiusque  senex  docuere 

Atque  solone  gravi  melius  rigidoque  lycurgo 

Quid  fa  s,  quidve  nefas  probet  atque  vetet  quid  uterque 

Jus  statuât,  quid  divine  sacra  pagina  legis 

Spondeat  hic  penitus  meminitque  et  calle  ad  ungem 

Adde  quod  eloquii  comi  gravitate  disertus 

Oreque  mellifluo  nec  ei  cui  cesserat  olim 

Atticus  Echines  nec  facundo  Ciceroni 

Cedat  et  intensos  valeat  pacare  tyrannos 

Pro  libitoque  iterum  frigentem  accendere  Martem 

Sed  quid  ego  frustra  tanti  preconia  conor 

Texere  pontificis,  nam  si  mihi  divus  Apollo 

Ingenium  aspiret,  dulces  mihi  verba  camene 

Suppeditent,  sacrumque  inflamment  corde  furorem 

Ante  dies  mihi  defuerit  quam  copia  laudis 

Quin  vos,  Piérides,  viridanti  tempora  lauro 

Cingite,  solemnes  festis  celebrate  triumphos 

Carminibus  vobis  jam  sepe  vocatus  Apollo 

Vester  adest,  studiis  jamtandem  premia  vestris 

Et  méritas  certaminibus  sperate  coronas 

Vos  quoque  felicis  tanto  sub  principe  clari 

Eburones,  animo  tristes  deponite  curas 

Seva  paludamenta  roga  mutate  sagumque 

(i)  D'après  Rietstap,  Armoriai  général,  V°  Lamarck,  le  blason  de  la 
famille  des  Lamarck  était  d'or  à  la  face  échiquée  d'argent  et  de  gueule 
de  trois  tires,  augmenté  plus  tard  d'un  lion  naissant  de  gueule,  armé  et 
lampassé  d'azur,  mouvant  de  la  face. 


—  251  — 

Purpura,  et  in  falces  diros  conflate  mucrones 
Juppiter  omnipotens  olim  miseratus  acerbos 
Attrite  casus  patriae,  lacrimandaque  fata 
Eterne  pepigit  vobiscum  fédéra  pacis 
Pontificem  vobis  tanta  probitate  verendum 
Qui  dédit  atque  ducem,  cujus  pia  jussa  sequenti 
Commoda  presentis  capiatis,  de  optima  vite 
Premia  venture  per  secula  cuncta  beati 
Plausibus  ergo  tuum  letis  venerare  parentem 
Vocibus  ingeminans,  faustis  Leodina  juventus 
Vivat,  jovivat  superet  quoque  nestoris  annos 
Nobilis  Erhardus  de  Marcha  presul  honoris 
Vivat,  jovivat  mentis  post  fata  superstes 
Aurea  tranquilli  revehit  qui  tempora  secli. 


♦■•»+ 


TABLE  DES   MATIÈRES 


Pages 

Règlement  de  la  Société V 

Tableau  des  membres  de  la  Société VII 

NOTICES   ET   MÉMOIRES 

I.  A  propos  du  Mareolt,  d'une  charte  de  741,  par  l'abbé 

Polyd.  Daniels 1 

II.  Paroisse  de  Visé,  par  l'abbé  J .  CEYSSENS,  vicaire  à  Visé.  1 3 

Introduction i3 

Chapitre  préliminaire.  Le  Visé  d'autrefois.     .     .  16 

I.  Nom  et  historique  de  Visé 22 

1 .  Le  nom  de  Visé 22 

2.  Historique  de  la  ville  de  Visé 24 

II.  La  paroisse,  l'église  et  les  curés 33 

1.  La  paroisse 33 

2.  L'église 45 

3.  Les  curés  ou  plébans 55 

III.  Le  Chapitre  de  Saint- Hadelin 63 

1 .  L'abbé  séculier 70 

2.  Le  prévôt 72 

3.  Le  doyen 76 

4.  L'écolâtre 80 

5.  Le  chantre 82 

6.  Principaux  employés 86 

7.  Biens  et  revenus 87 

8.  Les  bénéfices 91 

IV.  Autres  institutions  religieuses  de  la  paroisse  .     .  94 

1 .  Le  Temple 95 

2.  Les  Sépulcrines 97 

32 


—  254 


Pages 
OI 

o5 
o5 


3.  Les  Récollets 

4.  Les  Conceptionnistes 

5.  Les  Carmes  de  Devant-le-Pont 

6.  Les  Oratoriens ♦.  107 

7.  Le  refuge  du  Val-Dieu 108 

8.  La  chapelle  de  Lorette 109 

V.  Enseignement  et  chanté n3 

1 .  L'enseignement  à  Visé 1 1 3 

2.  Les  établissements  de  charité 120 

VI.  Les  confréries,  compagnies  et  métiers  ....  127 

1 .  Les  confréries 1 27 

2.  Les  compagnies  des  arbalétriers  et  des  arquebu- 

siers   i3o 

3.  Les  métiers i36 

VIL     Le  moulin  banal  de  Visé  à  Devant-le-Pont     .     .  140 

VIII.  Personnages  historiques  visétois 148 

1 .  Les  seigneurs  de  Viseit  et  du  Rivage  de  Viseit,etc.  148 

2.  Les  de  Sluse 1 53 

a)  René-François  de  Sluse 1 54 

b)  Le  cardinal  de  Sluse 159 

c)  Le  baron  Pierre-Louis  de  Sluse  ....  164 

3.  Les  de  Charneux  et  de  Réquilé i65 

IX.  Objets  d'art  et  d'antiquité 172 

X.  Commerce  et  industrie 193 

1.  Commerce 193 

2.  Industrie 196 

XI.  Toponymie  visétoise 200 

XII.  1. Varia 209 

2.  Légendes  visétoises 218 

III.  Documents  d'histoire  liégeoise,  par  EUGÈNE  BACHA.  229 


-*- 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Adélard  II,  abbé  de  Saint-Trond,  7. 

Aix-la-Chapelle.  Le  pape  Léon  III 
visite  cette  ville,  47,  48.  —  Cou- 
vent de  Sépulcrines,  97. 

Aibergati  (Antoine),  nonce  de  Co- 
logne, 128. 

Alexandre,  archidiacre,  36.  —  V, 
pape,  232.  —  VI,  pape,  239-244. 

Amandus,  custos,  181. 

Amqy  (le  bourg  d')f  27,  36. 

Ans  (la  dîme  d'),  66,  88. 

Antgarden  (la  dîme  d'),  66,  88. 

Aoust  (Augustin-Joseph  d'),  supérieur 
du  collège  des  Oratoriens  à  Visé 
et  curé  de  la  paroisse,  45,  62,  63, 
104. 

Aphernon  (Jean  Plenus),  avocat,  con- 
seiller et  auditeur  de  S.  M.  C, 
170. 

Arckel  (Jean  d'),  prince-évêque  de 
Liège,  28.  —  Robert,  dit  de  Ryns- 
wauld,  1 5 1 . 

Aremberg  (la  famille  d*),  237,  238. 

Ariennes  (le  sanglier  des),  20. 

Arendonck,  2. 

Argenteal,  V.  Argenteau. 

Argenteau  (porte  d')  à  Visé,  17,  21, 
67.  —  Nom  primitif  de  cette  loca- 


lité, 23,  24.  —  Le  château  assiégé 
par  les  Français,  225. 

Argenteau  (la  famille  d').  Renaud  Ier, 
i5o.  —  Renaud  II,  28,  i5o.  — 
Renar,  i5o. 

Assent,  4. 

Ausloos  (Placide),  religieux  de  Saint- 
Trond,  11. 

Autels,  V.  Saint-Hadelin. 

Autriche,  68.  Les  empereurs,  69. 

Autriche  (Georges  d1),  donne  des  pri- 
vilèges aux  Visétois,  194.  —  Mar- 
guerite, 239,  242.  —  Philippe, 
238-243.  —  Maximilien,  empereur 
d'Allemagne,  238,  239. 

Bartholomaeus,  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  75. 

Bassenge,  étudie  au  collège  des  Pères 
Oratoriens  à  Visé,  117. 

Bastianus  de  Visé,Y.  ce  dernier  mot. 

Bavière  (les  princes  de),  évêques  de 
Liège,  3i.  —  Jean,  29,  232.  — 
Ferdinand,  3i,  97,  io3.  —  Maxi- 
milien-Henri,  32, 119, 1 3g,  195. — 
Ernest,  134,  i35.  —  Théoduin,  197. 

Beelfond  (de),  général  français,  225. 

Béer  (la  famille),  à  Jemeppe,  77. 

Beerbroek,  7. 


—  254  — 

3.  Les  Récollets 101 

4.  Les  Conceptionnistes io5 

5.  Les  Carmes  de  Devant-le-Pont io5 

6.  Les  Oratoriens «.107 

7.  Le  refuge  du  Val-Dieu 108 

8.  La  chapelle  de  Lorette 109 

V.  Enseignement  et  charité ii3 

1 .  L'enseignement  à  Visé 1 1 3 

2.  Les  établissements  de  charité 120 

VI.  Les  confréries,  compagnies  et  métiers  ....  127 

1 .  Les  confréries 1 27 

2.  Les  compagnies  des  arbalétriers  et  des  arquebu- 

siers   i3o 

3.  Les  métiers i36 

VII.  Le  moulin  banal  de  Visé  à  Devant-le-Pont     .     .  140 

VIII.  Personnages  historiques  visétois 148 

1 .  Les  seigneurs  de  Viseit  et  du  Rivage  de  Viseit,etc.  148 

2.  Les  de  Sluse i53 

a)  René-François  de  Sluse 1 54 

b)  Le  cardinal  de  Sluse 159 

c)  Le  baron  Pierre-Louis  de  Sluse  ....  164 

3.  Les  de  Charneux  et  de  Réquilé i65 

IX.  Objets  d'art  et  d'antiquité 172 

X.  Commerce  et  industrie 193 

1.  Commerce 193 

2.  Industrie 196 

XL      Toponymie  visétoise 200 

XII.  1. Varia 209 

2.  Légendes  visétoises 218 

III.  Documents  d'histoire  liégeoise,  par  EUGÈNE  BACHA.  229 


j 

1 


—  257  — 


ïachard,  V.  Rissac. 
ïampaderine,  ancien  nom  de  Visé 

d'après  la  légende,  24. 
Zampine  (la),  hameaux  du  pays  de 
Diest,  situés  du  côté  de  la  Cam- 
pine,  5. 
Zcurmes   (Les   Pères)  à   Devant-le- 
Pont,  io5, 106.  — Ils  s'y  établissent 
32,   106.    Ils  font  les  offices   pa- 
roissiaux dans  leur  église  pendant 
la  révolution  française,  63. 
Carondebet  (Jean),  chancelier  d'Au- 
triche, 237. 
Carot  (Pieron),92.  —  Wathier,  et  sa 
femme  Sophie,  fondateurs  de  Tau- 
tel  de   Notre-Dame  à  l'église  de 
Visé,  92.  Ils  sont  les  principaux 
bienfaiteurs  du  couvent  des  Tem- 
pliers à  Visé,  95. 
Carreto  (Percheval  de),  archidiacre 
de  Hesbaye,  donne  son  consente- 
ment à  ce  que  l'église  de  Visé  soit 
élevée  au  rang  de  collégiale,  37, 60, 
66. 
Castro  (a),  V.  Waltheri  et  Straven. 
Cedros,  roi  de  Tongres,  24. 
Celles.    Le  Chapitre,   28,   64,   65  ; 
fondé  parSaint-Hadelin,  63.  Diffi- 
cultés avec  les  seigneurs  de  Celles, 
64,  65.  —  Il  est  transféré  à  Visé, 
37,  65.  —  L'abbé,  70.  —  Le  pré- 
vôt, 72.  —  Le  curé  et  les  trois  vi- 
caires, 74.  —  Les  dîmes,  88.  Voir 
aussi  Saint-Hadelin. 
Chapeaville,  grand  vicaire  de  Liège, 
permet  aux  Sépulcrines  de  s'établir 
à  Visé,  97. 
Charlemagne,  bienfaiteur  de  l'église 
de  Visé,  34,  45,  46,  49.  Ses  capi- 
tulaires,  1 1 3.  —  Ses  relations  avec 
Visé,  1 14.  Il  institue  la  foire  à  Visé, 
193. 
Charles  (le  Téméraire),  prend  et  dé- 
truit la  ville  de  Visé,  25,  3o,  96, 


97,  i83,  —  VIII,  roi  de  France, 
233,  234,  239,  244. 

—  (le  Chauve),  deniers  de  ce  prince 
frappés  à  Visé,  197. 

Ckarleville,  près  de  Rheims,  possède 
un  couvent  de  l'ordre  du  Saint- 
Sépulcre,  99. 

Charneux  (de).  N.,  seigneur  de  Her- 
malle,  109.  —  d'Ohar,  167.  — •  Fa- 
mille distinguée  de  Visé,  1 15.  No- 
tice sur  cette  famille,  165-169  5 
elle  s'établit  à  Visé,  166.  —  Denys 
des  Marets-de  Charneux,  époux 
de  Catherine  Pernode  à  côté  de 
laquelle  il  gît  à  la  collégiale  de 
Visé,  53,  167,  189.  —  Denis,  ju- 
risconsulte, 167.  —  N.,  avocat  à 
Liège  et  conseiller  intime  du 
prince-évêque,  167.  —  Pierre- Er- 
nest, chanoine  de  Saint-Lambert, 
167.  —  Herman,  chanoine  à  Visé, 
donne  à  l'église  collégiale  de  nou- 
velles orgues,  53,  167.  —  Jean- 
Jacques,  chanoine  et  vice-prévôt 
de  Saint-Adalbert  à  Aix-la-Cha- 
pelle, 167.  —  Henri,  frère  du  pré- 
cédent, professeur  et  recteur  de 
l'université  de  Louvain,  167;  il  est 
enterré  dans  l'église  de  Saint-Pierre 
à  Louvain,  168.  —  Barthélémy, 
dit  de  Maret,  seigneur  de  Warsage, 
fils  de  Pierre,  échevin  de  Liège, 
lieutenant-gouverneur  de  Franchi- 
mont,  mayeur  de  Fléron,  épousa 
la  sœur  de  Michel  a  Vervia,  abbé 
de  Val-Dieu,  168;  il  était  bourg- 
mestre de  Visé  et  receveur-général 
du  prince-évêque,  io3,  168;  grand 
bienfaiteur  des  Pères  Récollets, 
io3,  169.  Il  avait  entre  autres 
quatre  enfants  : 

i°    Barthélémy,     chanoine    de 
Saint-Gilles  à  Liège,  169. 
20  Jean,  major  dans  l'armée  de 


—  258  — 


1  électeur  de  Cologne,  169. 

3°  Maximilien-Henri,  capitaine 
dans  l'armée  impériale,  169. 

40  Marguerite,  épouse  de  Guil- 
laume de  Requilé,  169,  170. 

Château  (du),  V.  Waltheri  etStraven. 

Cheratte  (de),  V.  de  Sarolay. 

Chinstrée,  partie  de  la  ville  de  Visé, 
io5,  201  ;  étymologie  du  nom, 
202. 

Chiroux-ville,  surnom  de  Visé,  3 1 . 

Chokier-Surlet  (Jean  de),  abbé  sécu- 
lier de  Visé,  71.  —  Jean- Ernest, 
neveu  du  précédent,  également  ab- 
bé séculier  de  Visé,  71 . 

Clément  X  (le  pape),  accorde  aux 
Pères  Carmes  l'autorisation  d  éta- 
blir une  confrérie  de  Notre-Dame 
du  Mont-Carmel  à  Visé,  1 1 1,  233, 
247. 

Clerx  (Michel),  archidiacre  de  Hes- 
baye,  60. 

Coelen,  fiscus  du  Chapitre  de  Saint- 
Hadelin  à  Visé,  87. 

Compagnies  (les),  V.  Visé. 

Conceptionnistes  (l'ordre  des),  s'éta- 
blit à  Visé,  io5  ;  il  retourne  à 
Liège,  ibid. 

Confréries  (les),  V.  Visé. 

Conjoux,  la  dîme  est  possédée  par  le 
Chapitre  de  Saint-Hadelin,  88. 

Constance  (le  concile  de),  23 1. 

Cortembach  (Petrus  a),  abbé  séculier 
de  Visé,  71. 

Cortenbosch  (la  chapelle  de),  109. 

Crissigné  (Jacquemin  de),  141. 

Cugnon  (le  couvent  de),  i83. 

Dalhem,  près  de  Visé.  Il  fait  partie 
de  l'ancien  Limbourg,  3o.  —  Il 
dépend  de  la  cure  de  Visé,  34,  35. 
Les  anniversaires  de  l'église  servent 
de  revenus  à  la  plébanie  de  Visé, 
38.  Il  est  séparé  de  l'église  de  Visé, 
56.  —  Les  Visétois  l'attaquent,  3o, 


1 3 1 .  —  Le  châtelain  est  vassal  du 
duc  de  Brabant,  149.  Conrad  de 
Lontzen  l'attaque,  il  est  vaincu  et 
fait  prisonnier,  149. 

Dalhem  (la  voie  de),  21.  La  porte,  à 
Visé,  17,  67. 

Damance  (le  Père),  oratorien,  118. 

Damen  a  Miro  (Jean),  abbé  séculier 
de  Visé,  71. 

Damerier  (Jacques),  peintre,  i53, 
161. 

Defrance  (François),  prévôt  de  la 
collégiale  de  Visé,  76. 

Deherve,  ferme  à  Visé,  54. 

Delhe\  (le  Père),  récollet,  vicaire  de 
Visé,  63,  104. 

Demacerus,  officiai  de  Liège,  64. 

Demer  (le),  rivière,  4,  7. 

Denjrs-le-Chartreux,  24. 

Descartes,  175. 

Devant-le~Pont,  dépendance  de  Visé, 
35  ;  il  est  érigé  en  paroisse,  44;  les 
Pères  Carmes  y  sont  établis,  32, 
63,  106;  Louis  XIV  y  passe  quel- 
ques jours,  60.  —  Le  moulin  banal, 
140-148;  les  propriétaires  de  ce 
moulin,  78,  140,  141;  le  droit  de 
banalité,  140,  142;  ce  droit  est 
contesté  par  les  mansonniers  de 
Visé,  142  ;  procès  entre  ceux-ci  et 
les  propriétaires,  142-144.  —  Rè- 
glement du  moulin,  145.  —  Le  plus 
ancien  acte  de  bail  concernant  ce 
moulin,  146,  147. 

Diest,  4,  7;  le  pays,  4,  5. 

Diffujrs  (Marie  et  Catherine),  sépul- 
crines  à  Visé,  98. 

Dînant,  63. 

Dodémont  (Urbain-Joseph),  doyen 
de  la  collégiale  de  Visé,  79.  —  La 
famille  occupe  la  ferme  des  cheva- 
liers de  Malte,  96;  elle  est  alliée  à 
la  famille  de  Réquilé,  171. 

Dolhen,  V.  Dalhem. 


—  259  — 


Dominicains  (les  Pères)  prêchent  le 

carême  à  Visé,  44,  101. 
Donc,  2,  5-12.  —  L'église,  7-12.  — 
Résidence  de  l'abbaye  de  Saint- 
Trond,  8,  9. 
Dopdia  (Alexandre  de),  écolâtre  du 

chapitre  de  Celles,  64. 
Doust  (Albéric  de),  3. 
Dumont  (le  Père),  oratorien,  1 18. 
Dumourieç,  211. 
Dung,  1. 
Dungo,  1 ,  7. 

Duriau  (la  collection),  i63. 
Elias  (Nicolas),  épouse  N.  de  Ré- 

quilé,  170. 
Elisabeth,  femme  de  Jean  Lemaire 
de  Hermalle,  fondatrice  des  béné- 
fices de  Saint- Hadelin  et  de  Sainte- 
Anne  à  Visé,  94. 
Eloi  (la  chapelle  de  Saint-)  à  Visé,  96. 
Emani  de  Moelinghen  (Nicolas),  V. 

Emont. 
Emerix,  161. 
Emont  (Clœs),  alias  Nicolaus  Emani 

de  Moelinghen,  curé  de  Visé,  56. 
Enclottres  (hautes  et  basses),  parties 

de  la  ville  de  Visé,  201. 
Enkevaert  (Hélène  d'),  sépulcrine  à 
Visé,  commence  une  maison  à 
Maestricht  et  à  Hasselt,  97,  99. 
—  Adrien,  feld-maréchal  de  l'em- 
pire, 99. 
Erkenteil,  nom  primitif  d'Argenteau, 

23. 

Espagne  (1'),  ses  guerres  avec  les  Pro- 
vinces-Unies, 102. 

Eugène  IV  (le  pape),  243,  246. 

Eycken  (Amand  van  der),  abbé  de 
Saint-Trond,9;  ses  armoiries,  ibid. 

Eynthout,  2. 

Fayn  (Guillaume  de),  gentilhomme 
romain,  161. 

Eaynbois  (château  de),  161. 
,    Felepa,  1 ,  4. 


Feller  (l'abbé  de),  son  dictionnaire, 
172. 

Feneur,  21,  93. 

Ferariis  (Albert  de),  235. 

Filles  repenties  (Maison  des),  à  Liège, 
due  à  la  libéralité  de  Jean-Ernest, 
baron  de  Surlet-Chokier,  71 ,  72. 

Fisen,  161. 

Fondations,  V.  Bénéfices. 

Foo\  (les  dîmes  de),  71,  88. 

Fosses. (les  capellanies  de),  66. 

Fossis  (Ulric  de),  pléban  ou  curé  de 
Visé,  53. 

Fouarge  (la  famille),  171. 

Fojr -Notre-Dame.  La  paroisse  fait 
partie  du  doyenné  de  Celles,  74.  — 
La  dîme,  80,  88,  1 14. 

Fraikin  (Jeanne  de),  171. 

Fraipont  (la  famille  de),  1 5o,  1 5 1 . 

Franche  Franchqy(Frau\ciscus  Fran- 
cisa), curé  de  Visé,  56. 

Franchimont  (la  dîme  de),  88.  —  La 
justice,  92.  — La  ville  possède  une 
fontaine  de  saint  Hadelin,  176. 

François,  94. 

Francotte  (Marie),  sépulcrine  à  Visé, 
99. 

Frédéric  III  (l'empereur),  accorde  le 
titre  decuyeraux  des  Marets,  166. 

Froidmont  (la  famille  de),  11 5,  168. 
—  Anthonius,  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  75. 

Fur  a,  3. 

Gangeur  (  Marguerite  ) ,  principale 
bienfaitrice  des  Conceptionnistes 
à  Visé,  io5. 

Gassendi,  1 55. 

Gendron  (la  dîme  de),  88. 

Gentis  (Jean- Laurent),  chanoine  de 
Saint-Lambert  et  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  76,  125. 

Ger ardus,  pléban  de  Visé,  55. 

Germeau  (Jean),  doyen  de  la  collé- 
giale de  Visé,  79. 


—  260  — 


Geyr  deSchtveppenbourg{MaiX'Hen- 
ri-Joseph,  baron  de),  abbé  séculier 
de  Visé,  76,  125. 

Ghenart  (Antoine),  théologien  distin- 
gué, né  à  Visé,  chanoine  et  vice- 
doyen  de  la  cathédrale  de  Saint- 
Lambert,  inquisiteur  de  la  foi  ;  il 
assiste  au  Concile  de  Trente,  1 5 1 , 

l52. 

Giet  (François),  84. 

Gilet  (Nicolas),  1 1 5. 

Gilles,  chapelain  de  Visé,  92. 

Gillis  de  Saint-Martin,  62,  129. 

Gisberti  (Quirinus),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  75. 

Goelet  (Jean),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  77. 

Goirhé  (la  dîme  de),  66,  88,  90,  212. 

Gosuini  (Joannes),  curé  de  Bassenge, 
prévôt  de  la  collégiale  de  Visé  ,75. 

Grady  (Michel- Joseph  de),  bourg- 
mestre de  Liège,  170. 

Grégoire  XII  (le  pape),  232. 

Groesbeek  (Gérard  de),  prince-évêque 
de  Liège,  3i. 

Grognart  (Roch),  fondeur  de  cloches 
et  bourgmestre  de  Liège,  54. 

Gua\o,  frater  concilii  visetensis,  36. 

Gueldre  (Henri  de),  doit  se  réfugier 
à  Namur,  149.  —  Renaud,  149. 

Guifa,  88,  177. 

Gulielmus,  frater  concilii  visetensis, 
36. 

Gvegesat,  22. 

H  accourt,  33,  77,  146. 

Hadelin  (bénéfices  et  autels  à  la  col- 
légiale de  Saint-),  91-94.  — Obli- 
gations des  bénéficiaires,  91.  — 
Collation,  ibid.  —  Le  bénéfice  de 
Notre-Dame,  92,  97  ;  celui  de 
Saint-Jean-Baptiste,  92  ;  celui  de 
Saint- Hadelin  et  de  Sainte-Anne, 


94 


Les  autels  des  Saints-Pierre  et 


Paul,  92  ;  de  Tous  les  Saints,  92, 
94  ;  des  Saints-Georges  et  Sébas- 
tien, 92,  94  ;  de  Sainte-Catherine, 
92,  93  ;  de  Notre-Dame,  97  ;  de 
Saint-Nicolas,  94,  96. 
Hadelin  (Chapitre  de  Saint-),  14,1 5, 

63,  94.  —  Sa  translation  de  Celles 
à  Visé,  28,  36,  47,  55,  64,  65,  66, 
67.  —  Il  construit  le  chœur  de 
l'église  de  Visé,  3o.  —  11  élargit 
l'église,  5 1 .  —  Difficultés  avec  les 
seigneurs  de  Celles,  64,  65  ;  avec 
le  curé  de  Visé,  57,  60,  62  ;  avec 
l'abbé,  80.  —  L'école  du  Chapitre, 

64,  1 14.  —  L'abbé  de  Celles,  pro- 
tecteur du  Chapitre,  64.  —  Immu- 
nité claustrale,  67, 68.  —  Cour  des 
tenants  du  Chapitre,  68.  —  Privi- 
lèges du  Chapitre,  68.  —  Règles 
particulières,  68,  69.  —  Prébendes, 

65,  67  ;  Adolphe  de  la  Marck  crée 
huit  nouvelles  prébendes,  ibid.  — 
Droit  de  collation,  65,  66,  67,  69, 
70.  —  Conditions  requises  pour 
être  chanoine,  70;  résidence  per- 
sonnelle des  chanoines,  66.  — 
L'abbé  séculier,  70, 71 ,  72  ;  liste  des 
abbés,  71,  72.  —  Le  prévôt,  72- 
76  ;  ses  devoirs  et  ses  droits,  72- 
74;  ses  revenus,  74,  75.  Liste  des 
prévôts,  75-80.  —  Le  doyen,  76- 
80;  ses  droits  et  ses  obligations, 
76  ;  ses  revenus,  77.  Liste  des 
doyens,  77,  80.  —  L'écolâtre,  80- 
82  ;  ses  charges  et  ses  droits,  80. 
—  Le  chantre,  82-86  ;  ses  fonc- 
tions et  ses  revenus,  82.  —  Le  fis- 
cus,  86,  87;  ses  fonctions,  ibid. — 
Les  hebdomadaires,  87.  —  Le  re- 
ceveur ou  compteur,  87.  —  Les 
biens  et  revenus  du  Chapitre,  66, 
87-91.  Les  dîmes  de  Celles,  de 
Franchimont  et  des  différentes  lo- 
calités voisines,  88;  de  Visé,  88, 


—  264  — 


90;  de  Goirhé,  66,  88,  90;  d'Ans, 
88;  de  Lovenjoul,  etc.,  88.  —  Les 
immeubles,  89;  le  vignoble  sur 
Malconvat,  198. 
Madelin  (la  châsse  de  Saint-),  i3,  i5, 
28,  172-187.  —  Descriptions  de  la 
châsse,  173-187.  —  Légendes  et 
inscriptions,  ibid.  ;  miracle  de  la 
colombe,  173,  174;  une  réception 
de  disciples,  174-176;  miracle  de 
Franchimont,  176;  guérison  d'une 
muette  à  Dinant,  176,  177;  résur- 
rection de  Guiza,  177-180;  les 
obsèques  de  saint  Hadelin,  178, 
179. 

Hageland  (le),    5. 

Halbeker-dyk,  8. 

Haîen  de  Borre,  221. 

Halen,  1,  2,  4,  6,  8,  10. 

Hallembqye,  24,  121,  208. 

Halon,  1. 

Halteriana  (les),  terres  de  Sainte- 
Croix  de  Liège  situées  près  de  Visé, 
204. 

Hamalia  (Mathias  ab),  prévôt  de  la 
collégiale  de  Visé,  75. 

Hameyen  (Herman  van),  6. 

Hamoir  (le  Père),  récollet  de  Visé, 
examinateur  synodal  de  Liège,  104. 

Hanegreve,  3. 

Hannines  (le  sentier  de),  près  de 
Visé,  206. 

Hannot  (Cloes),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  78. 

Hardy  (Jean-Simon),  mambour  de 
l'hôpital  de  Saint-Nicolas  à  Visé, 

123. 

Hasnoch,  4. 

Hasselt,  7. 

Hauteur  (Mathias),  44. 

Haversin,  88. 

Heinsberg  (Jean  de),  prince-évêque 

de  Liège,  19,  29,  3o,  77,  137. 
Henget  (Nicolas),  pléban  de  Visé,  53. 


Henkart,  étudie  au  collège  des  Ora- 

toriens  à  Visé,  117. 
Hennet,  prétendu  complice  de  Sar- 

torius,  84,  85. 
Henri  IV  (l'empereur),  26,  27,  88. 

—  Henri  V,  27.  —  Archevêque  de 

Cologne,  236.  —  Duc  de  Brabant, 

234. 
Henrotte  Magrande,  41. 
Herck  (la),  rivière,  7,  9,  10. 
Herck  (l'église  de),  10. 
Herck  (Joseph  van),  abbé  de  Saint- 

Trond,  1 1 . 
Heris  (Guillaume),   dit   Herman   a 

sancta  Barbara,  carme,  162. 
Hermalle,  22,  24,  36,  140. 
Herman  (Jean-Jacques),  curé  de  Visé, 

44, 6 1  f  62  ;  il  institue  les  pauvres  de 

Visé  ses  héritiers  universels,  126. 
Hermans  (Herman),  6.  —  Marie,  6. 
Herstal,  24. 
Hervianus  (Jacques),   doyen  de  la 

collégiale  de  Visé,  70. 
Hesbaye  (la),  1,2,  12.  —  L'archidia- 

conat,  36,  37. 
Hesbqye  (Robert,  comte  ou  duc  de 

la),  1. 
Heure  (d'),  V.  Oranus. 
He\ey  hameau  du  pays  de  Diest,  5. 
Heydet  6,  7. 
Hiiaire  (saint),  45,  46. 
Hincmal  (Jean),  doyen  de  Sainte- 
Croix  à  Liège,  80. 
Hinisdael,  161. 
Hohgnoul  (Ameil  de)  tue  Renier  de 

Viseit  pendant  la  guerre  des  Awans 

et  des  Waroux,  149. 
Hoigne  (Jean),  245,  248. 
Honlet,  106. 
Horion  (la  famille),  171. 
Homes  (Arnould  de),  prince-évêque 

de  Liège,  212.  —  Jean,  238. 
Houbbart  (Antoine)  a  l'honneur  de 

recevoir  Louis  XIV,  226. 

33 


—  262  — 


Houthem  (Jean  de),  240. 

Ho\émont,  i5o. 

Hubert  (l'église  de  Saint-)  à  Liège, 
97.  —  Henri,  roi  des  arbalétriers 
de  Visé,  i32. 

Hubines  (Jean  de),  prévôt  de  Saint- 
Hadelin,  75. 

Hugues  de  Châlons,  prince-évêque 
de  Liège,  234. 

Hulsonneau,  74,  88. 

Hurbi\e,  ferme  de  Visé,  2 1 . 

Hujr,  48. 

Huygens,  ibj. 

Imaina,  épouse  d'Arnoul  de  Wese- 
mael,  3. 

Incurables  (maison  des),  à  Liège,  due 
à  la  libéralité  de  Jean-Ernest,  ba- 
ron de  Surlet-Chokier,  72. 

Ingelbeeck,  5. 

Innocent  VII  (le  pape),  23 1 . 

Isabelle  (la  gouvernante),  99. 

Jacques,  seigneur  de  Celles,  64. 

Jacquet,  évêque  d'Hippone,  consacre 
l'église  de  Donck,  1 1 . 

Jauches  (Henri  de),  prévôt  de  Saint- 
Lambert,  197. 

Jean,  prévôt  de  Stavelot,  181 . 

Jean-sans-Pitié,  V.  Jean  de  Bavière. 

Jean,  doyen  de  Saint-Martin  à  Liège, 
36. 

Jean-le-Victorieux,  se  distingue  à  la 
célèbre  bataille  deWoeringen,  149. 

Jean  XXIII  (le  pape),  23 1. 

Jean  (chevaliers  de  Saint-),  16, 27, 95. 

Jeghers  (Lambert),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  57,  75,  91,  99;  au- 
teur de  l'histoire  de  l'ordre  du  Saint- 
Sépulcre  ;  analyse  de  cet  ouvrage, 
216-218. 

Je  henné f  épouse  de  Gérard  le  Peneur, 

123. 

Jemeppe,  77. 

Joins,  doyen  delà  collégiale  de  Visé, 

79- 


Jules  II  (le  pape),  245,  247. 

Juliers  (Simon  de),  doyen  de  la  col- 
légiale de  Saint-Denis  à  Liège,  245. 

Juncis  (Adam  de),  235,  236. 

Jupille,  49  ;  les  Sépulcrines  s'y  éta- 
blissent, 100. 

Kamps  (Jean),  doyen  de  la  collégiale, 
de  Visé,  79. 

Kelbergen,  5. 

Kelcteren  (P.  van),  notaire,  5. 

Kerckem  (Adam  de),  épousa  Cathe- 
rine de  la  Saulx,  96, 1 5 1 .  —  Adam, 
fils  naturel  de  Henri  van  Ordingen, 
i5i. 

Klein-Meerhout,  V.  Meerhout. 

Labbeye  (Mathias),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  76. 

Lambert  (la  cathédrale  de  Saint-), 
16,  27;  propriétaire  du  moulin  de 
Devant-le-Pont,  140,  141.  —  Le 
Chapitre,  36,  37,  38,  52,  70,  97. 

Lambert  (l'hôpital  de  Saint-)  à  Visé, 
121. 

Lambertin  (Jean),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  74,  75,  76,  i83.  — 
Sébastien,  prévôt  de  la  même  col- 
légiale, 75.  —  Eustache,  ibid. 

Lambertus,  frater  concilii  visetensis, 
36. 

Langrode,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Larifridus,  doyen  de  Stavelot,  181. 

Laruelle,  bourgmestre  de  Liège,  2o3. 

Lathomi  (Catherine),  sépulcrine  à 
Visé,  97. 

Laurent  (les  moines  de  Saint-)  vont  à 
la  foire  de  Visé,  193  ;  légende  con- 
cernant ces  moines,  218,  219. 

Laurent  (Ernotte),  bourgmestre  de 
Visé,  225. 

Lavis,  64. 

Lecocq  (Jean),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  79.  —  Guillaume,  éco- 
lâtre  de  Visé,  80,  81,  82,  187. 


—  263  — 


Lefebvre  (Laurent),   peintre,   né  à 

Visé,  172. 
Lemaire  (Jean),  de  Hermalle,  94. 
Lembor  (Henry),  chanoine  et  éco- 
lâtre  de  Sainte- Croix   à    Liège, 
126. 
Léon  III  (le  pape),  46, 47, 48. 
Leroux  (dame),  supérieure  des  Sé- 

pulcrines  à  Visé,  10 1. 
Lexhe  (Johan  dit  Forgon  de),  140. 
LerA^(de),  i5o. 
Libert,  évêque  de  Barut,  243. 

Libotte  (Mathias),  curé  de  Visé,  59. 
—  Simon,  chanoine  d'Aix-la-Cha- 
pelle, curé  d'Emael  et  recteur  de 
l'autel  de  Sainte-Catherine  à  Visé, 
93.  —  Jacques,  roi  des  arbalétriers 
à  Visé,  i32.  —  Catherine,  épouse 
de  Herman  de  Marets,  189. 

Liebroeck,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Liège,  i3,  25,  27,  28,  44,  48,49,  57, 
58,  61,  63,  68,71,  81,88,  93,  97. 

Limbourg  (le  duché  de),  26.  —  La 
ville  se  rend  aux  Français,  226. 

Limbourg  (Théodoric  de),  doyen  de 
la  collégiale  de  Visé,  78.  —  Jean, 
seigneur  d'Oupey  et  de  Vivegnis, 
échevin  de  Liège,  141.  —  Ermen- 
garde,  149. 

Linckhout,  7. 

Linter  (le  monastère  de),  3. 

Linter  (Henri  de),  5. 

Liverlo  (Marie  de),  sépulcrineà  Visé, 
fondatrice  des  couvents  à  Maes- 
tricht  et  à  Hasselt,  97. 

Lixhe,  77.  —  La  dîme,  35,  66. 

Lobbes,  j5. 

Lont\en  (Conrad  de),  sénéchal  de 
Limbourg,  149. 

Lopardia  (Alexandre  de),  écolâtre  de 
Visé,  93. 

Lopfenberch,  23 1. 

Lorette  (chapelle  de),  à  Visé.  Notice 


sur  ce  sanctuaire,  109-1 13.  —  Son 
ermitage,  112,  11 3. 

Lorraine  (le  duc  de),  27.  —  Henri,  3. 

Louis,  roi  de  France,  234. 

Louis-le-Débonnaire,  26. 

Louis  XIV,  32,  59,  60,  119.  Il  s'ar- 
rête à  Visé,  224-227.  Une  anec- 
dote de  ce  prince  à  Visé,  226,  227. 

Louvain  (l'université  de),  69, 79,  238. 

Lovenjoul,  la  Capellanie,  66  ;  la 
dîme,  88. 

Lovin fosse  (de),  141. 

Loy  (Gérard  del),  140. 

Ludger  (saint),  évêque  de  Munster, 
47, 48. 

Luxembourg  (le  comte  de),  s'empare 
du  château  de  Fraipont,  149. 

Macar  (de),  63. 

Macka,  221. 

Maes  (Thomas),  90. 

Maestricht,  20,  22,  24,  236.  —  Le 
doyenné  rural,  35, 36,  45.  —  Diffé- 
rend entre  les  bourgeois  et  les  cha- 
noines de  Saint-Servais,  77.  —  Les 
Sépulcrines  de  Visé  y  fondent  une 
maison,  99. 

Magné,  chanoine  de  la  collégiale  de 
Visé,  90. 

Magrande  (Henrotte),  41. 

Mahomet,  233,  240. 

Maimont,  64. 

Malconvat,  près  de  Visé,  197. 

Malte,  V.  chevaliers  de  Saint-Jean. 

Marcheit  (porte  du)  à  Visé,  17. 

Marets  (des).  Cette  famille  se  fixe  à 
Visé,  166.  —  Denys,  167.  — Her- 
man, mayeur  et  lieutenant-bailli  à 
Visé,  167,  168.  —  Barthélémy  dit 
de  Charneux,  168.  —  Herman, 
époux  de  Catherine  Libotte,  189. 
Pierre,  189.  V.  aussi  Charneux. 

Mark  (Adolphe  de  la)  ;  son  sceau, 
i5  ;  il  transfère  le  Chapitre  de 
Saint-Hadelin  de  Celles   à  Visé 


—  254 


3.  Les  Récollets 

4.  Les  Conceptionnistes 

5.  Les  Carmes  de  Devant-le-Pont 

6.  Les  Oratoriens •. 

7.  Le  refuge  du  Val-Dieu 

8.  La  chapelle  de  Lorette 

V.  Enseignement  et  charité 

1 .  L'enseignement  à  Visé 

2.  Les  établissements  de  charité 

VI.  Les  confréries,  compagnies  et  métiers  .     .     .     . 

1 .  Les  confréries 

2.  Les  compagnies  des  arbalétriers  et  des  arquebu- 

siers  

3.  Les  métiers 

VIL     Le  moulin  banal  de  Visé  à  Devant-le-Pont     .     . 

VIII.  Personnages  historiques  visétois 

1 .  Les  seigneurs  de  Viseit  et  du  Rivage  de  Viseit,etc. 

2.  Les  de  Sluse 

a)  René-François  de  Sluse 

b)  Le  cardinal  de  Sluse 

c)  Le  baron  Pierre-Louis  de  Sluse  .... 

3.  Les  de  Charneux  et  de  Réquilé 

IX.  Objets  d'art  et  d'antiquité 

X.  Commerce  et  industrie 

1 .  Commerce 

2.  Industrie 

XI.  Toponymie  visétoise 

XII.  1. Varia 

2.  Légendes  visétoises 

III.  Documents  d'histoire  liégeoise,  par  EUGÈNE  BACHA. 


01 
o5 

o5 

°7 
08 

09 

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i3 
20 
27 

27 

3o 
36 
40 
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48 
53 

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59 
64 

65 

72 
93 

93 
96 

200 

209 

218 

229 


•t- 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Adélard  II,  abbé  de  Saint-Trond,  7. 

Aix-la-Chapelle.  Le  pape  Léon  III 
visite  cette  ville,  47,  48.  —  Cou- 
vent de  Sépulcrines,  97. 

Albergati  (Antoine),  nonce  de  Co- 
logne, 128. 

Alexandre,  archidiacre,  36.  —  V, 
pape,  232.  —  VI,  pape,  239-244. 

Amandus,  custos,  181. 

Amay  (le  bourg  d*),  27,  36. 

Ans  (la  dîme  d'),  66,  88. 

Antgarden  (la  dîme  d'),  66,  88. 

Aoust  (Augustin-Joseph  d*),  supérieur 
du  collège  des  Oratoriens  à  Visé 
et  curé  de  la  paroisse,  45,  62,  63, 
104. 

Aphernon  (Jean  Plenus),  avocat,  con- 
seiller et  auditeur  de  S.  M.  C, 
170. 

Arckel  (Jean  d'),  prince-évêque  de 
Liège,  28.  —  Robert,  dit  de  Ryns- 
wauld,  1 5 1 . 

Aremberg  (la  famille  d'),  237,  238. 

Ardennes  (le  sanglier  des),  20. 

Arendonck,  2. 

Argenteal,  V.  Argenteau. 

Argenteau  (porte  d')  à  Visé,  17,  21, 
67.  —  Nom  primitif  de  cette  loca- 


lité, 23,  24.  —  Le  château  assiégé 
par  les  Français,  225. 

Argenteau  (la  famille  d').  Renaud  Ier, 
i5o.  —  Renaud  II,  28,  i5o.  — 
Renar,  i5o. 

Assent,  4. 

Ausloos  (Placide),  religieux  de  Saint- 
Trond,  11. 

Autels,  V.  Saint-Hadelin. 

Autriche,  68.  Les  empereurs,  69. 

Autriche  (Georges  d'),  donne  des  pri- 
vilèges aux  Visétois,  194.  —  Mar- 
guerite, 239,  242.  —  Philippe, 
238-243.  —  Maximilien,  empereur 
d'Allemagne,  238,  239. 

Bartholomaeus,  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  75. 

Bassenge,  étudie  au  collège  des  Pères 
Oratoriens  à  Visé,  117. 

Bastianus  de  Visé,  Y.  ce  dernier  mot. 

Bavière  (les  princes  de),  évêques  de 
Liège,  3i.  —  Jean,  29,  232.  — 
Ferdinand,  3i,  97,  io3.  —  Maxi- 
milien-Henri,  32, 119, 139,  195. — 
Ernest,  1 34, 1 3  5 .  —  Théoduin,  1 97. 

Beelfond  (de),  général  français,  225. 

Béer  (la  famille),  à  Jemeppe,  77. 

Beerbroek,  7. 


262  — 


Houthem  (Jean  de),  240. 

Hoçémont,  i5o. 

Hubert  (l'église  de  Saint-)  à  Liège, 
97.  —  Henri,  roi  des  arbalétriers 
de  Visé,  i32. 

Hubines  (Jean  de),  prévôt  de  Saint- 
Hadelin,  75. 

Hugues  de  Châlons,  prince-évêque 
de  Liège,  234. 

Hulsonneau,  74,  88. 

Hurbi\e,  ferme  de  Visé,  2 1 . 

Huy,  48. 

Huygens,  iSj. 

Imaina,  épouse  d'Arnoul  de  Wese- 
mael,  3. 

Incurables  (maison  des),  à  Liège,  due 
à  la  libéralité  de  Jean-Ernest,  ba- 
ron de  Surlet-Chokier,  72. 

Ingelbeeck,  5. 

Innocent  VII  (le  pape),  23 1 . 

Isabelle  (la  gouvernante),  99. 

Jacques,  seigneur  de  Celles,  64. 

Jacquet,  évêque  d'Hippone,  consacre 
l'église  de  Donck,  1 1 . 

Jauches  (Henri  de),  prévôt  de  Saint- 
Lambert,  197. 

Jean,  prévôt  de  Stavelot,  181 . 

Jean-sans-Pitié,  V.  Jean  de  Bavière. 

Jean,  doyen  de  Saint- Martin  à  Liège, 
36. 

Jean-le- Victorieux,  se  distingue  à  la 
célèbre  bataille  deWoeringen,  149. 

Jean  XXIII  (le  pape),  23 1. 

Jean  (chevaliers  de  Saint-),  16, 27, 95. 

Jeghers  (Lambert),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  57,  75,  91,  99;  au- 
teur de  l'histoire  de  l'ordredu  Saint- 
Sépulcre  ;  analyse  de  cet  ouvrage, 
216-218. 

Jehenne,  épouse  de  Gérard  le  Peneur, 

123. 

Jemeppe,  77. 

Joiris,  doyen  delà  collégiale  de  Visé, 

79- 


Jules  II  (le  pape),  245,  247. 

Juliers  (Simon  de),  doyen  de  la  col- 
légiale de  Saint-Denis  à  Liège,  245. 

Juncis  (Adam  de),  235,  236. 

Jupille,  49;  les  Sépulcrines  s'y  éta- 
blissent, 100. 

Kamps  (Jean),  doyen  de  la  collégiale, 
de  Visé,  79. 

Kelbergen,  5. 

Kelcteren  (P.  van),  notaire,  5. 

Kerckem  (Adam  de),  épousa  Cathe- 
rine de  la  Saulx,  96, 1 5 1 .  —  Adam, 
fils  naturel  de  Henri  van  Ordingen, 
i5r. 

Klein-Meerhout,  V.  Meerhout. 

Labbeye  (Mathias),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  76. 

Lambert  (la  cathédrale  de  Saint-), 
16,  27;  propriétaire  du  moulin  de 
Devant-le-Pont,  140,  141.  —  Le 
Chapitre,  36,  37,  38,  52,  70,  97. 

Lambert  (l'hôpital  de  Saint-)  à  Visé, 
121. 

Lambertin  (Jean),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  74,  75,  76,  i83.  — 
Sébastien,  prévôt  de  la  même  col- 
légiale, 75.  —  Eustache,  ibid. 

Lambertus,  frater  concilii  visetensis, 
36. 

Langrode,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Larifridus,  doyen  de  Stavelot,  181 . 

Laruelle,  bourgmestre  de  Liège,  2o3. 

Lathomi  (Catherine),  sépulcrine  à 
Visé,  97. 

Laurent  (les  moines  de  Saint-)  vont  à 
la  foire  de  Visé,  193;  légende  con- 
cernant ces  moines,  218,  219. 

Laurent  (Ernotte),  bourgmestre  de 
Visé,  225. 

Lavis,  64. 

Lecocq  (Jean),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  79.  —  Guillaume,  éco- 
lâtre  de  Visé,  80,  81,  82,  187. 


257 


Zachardy  V.  Rissac. 
Zampaderine,  ancien  nom  de  Visé 

d'après  la  légende,  24. 
Campine  (la),  hameaux  du  pays  de 
Diest,  situés  du  côté  de  la  Cam- 
pine, 5. 
Carmes   (Les   Pères)  à   Devant-le- 
Pont,  io5, 106.  — Ils  s'y  établissent 
32,    106.    Ils  font  les  offices   pa- 
roissiaux dans  leur  église  pendant 
la  révolution  française,  63. 
Carondebet  (Jean),  chancelier  d'Au- 
triche, 237. 
Corot  (Pieron),92.  —  Wathier,  et  sa 
femme  Sophie,  fondateurs  de  Tau- 
tel  de   Notre-Dame  à  l'église  de 
Visé,  92.  Ils  sont  les  principaux 
bienfaiteurs  du  couvent  des  Tem- 
pliers à  Visé,  95. 
Carreto  (Percheval  de),  archidiacre 
de  Hesbaye,  donne  son  consente- 
ment à  ce  que  l'église  de  Visé  soit 
élevée  au  rang  de  collégiale,  37, 60, 
66. 
Castro  (a),  V.  Waltheri  et  Straven. 
Cedros,  roi  de  Tongres,  24. 
Celles.   Le  Chapitre,   28,   64,   65  ; 
fondé  par  Saint- Hadelin,  63.  Diffi- 
cultés avec  les  seigneurs  de  Celles, 
64,  65.  —  Il  est  transféré  à  Visé, 
37,  65.  —  L'abbé,  70.  —  Le  pré- 
vôt, 72.  —  Le  curé  et  les  trois  vi- 
caires, 74.  —  Les  dîmes,  88.  Voir 
aussi  Saint-Hadelin. 
Chapeaville,  grand  vicaire  de  Liège, 
permet  aux  Sépulcrines  de  s'établir 
à  Visé,  97. 
Charlemagne,  bienfaiteur  de  l'église 
de  Visé,  34,  45,  46,  49.  Ses  capi- 
tulâmes, 1 13.  —  Ses  relations  avec 
Visé,  1 14.  Il  institue  la  foire  à  Visé, 
193. 
Charles  (le  Téméraire),  prend  et  dé- 
truit la  ville  de  Visé,  25,  3o,  96, 


97,  i83,  —  VIII,  roi  de  France, 
233,  234,  239,  244. 

—  (le  Chauve),  deniers  de  ce  prince 
frappés  à  Visé,  197. 

Charleville,  près  de  Rheims,  possède 
un  couvent  de  l'ordre  du  Saint- 
Sépulcre,  99. 

Charneux  (de).  N.,  seigneur  de  Her- 
malle,  109.  —  d'Ohar,  167.  — -  Fa- 
mille distinguée  de  Visé,  1 15.  No- 
tice sur  cette  famille,  165-169  ; 
elle  s'établit  à  Visé,  166.  —  Denys 
des  Marets-de  Charneux,  époux 
de  Catherine  Pernode  à  côté  de 
laquelle  il  gît  à  la  collégiale  de 
Visé,  53,  167,  189.  —  Denis,  ju- 
risconsulte, 167.  —  N.,  avocat  à 
Liège  et  conseiller  intime  du 
prince-évêque,  167.  —  Pierre- Er- 
nest, chanoine  de  Saint-Lambert, 
167.  —  Herman,  chanoine  à  Visé, 
donne  à  l'église  collégiale  de  nou- 
velles orgues,  53,  167.  —  Jean- 
Jacques,  chanoine  et  vice-prévôt 
de  Saint-Adalbert  à  Aix-la-Cha- 
pelle, 167.  —  Henri,  frère  du  pré- 
cédent, professeur  et  recteur  de 
l'université  de  Louvain,  167;  il  est 
enterré  dans  l'église  de  Saint-Pierre 
à  Louvain,  168.  —  Barthélémy, 
dit  de  Maret,  seigneur  de  Warsage, 
fils  de  Pierre,  échevin  de  Liège, 
lieutenant-gouverneur  de  Franchi- 
mont,  mayeur  de  Fléron,  épousa 
la  sœur  de  Michel  a  Vervia,  abbé 
de  Val-Dieu,  168;  il  était  bourg- 
mestre de  Visé  et  receveur-général 
du  prince-évêque,  io3,  168;  grand 
bienfaiteur  des  Pères  Récollets, 
io3,  169.  Il  avait  entre  autres 
quatre  enfants  : 

i°   Barthélémy,     chanoine    de 
Saint-Gilles  à  Liège,  169. 
20  Jean,  major  dans  l'armée  de 


—  258  — 


1  électeur  de  Cologne,  169. 

3°  Maximilien-Henri,  capitaine 
dans  l'armée  impériale,  169. 

40  Marguerite,  épouse  de  Guil- 
laume de  Requilé,  169,  170. 

Château  (du),  V.  Waltheri  etStraven. 

Cheratte  (de),  V.  de  Sarolay. 

Chinstrée,  partie  de  la  ville  de  Visé, 
io5,  201  ;  étymologie  du  nom, 
202. 

Chiroux-ville,  surnom  de  Visé,  3 1 . 

Chokier-Surlet  (Jean  de),  abbé  sécu- 
lier de  Visé,  71.  —  Jean- Ernest, 
neveu  du  précédent,  également  ab- 
bé séculier  de  Visé,  71. 

Clément  X  (le  pape),  accorde  aux 
Pères  Carmes  l'autorisation  d  éta- 
blir une  confrérie  de  Notre-Dame 
du  Mont-Carmel  à  Visé,  1 1 1 ,  233, 
247. 

Clerx  (Michel),  archidiacre  de  Hes- 
baye,  60. 

Coelen,  fiscus  du  Chapitre  de  Saint- 
Hadelin  à  Visé,  87. 

Compagnies  (les),  V.  Visé. 

Conceptionnistes  (l'ordre  des),  s'éta- 
blit à  Visé,  io5  ;  il  retourne  à 
Liège,  ibid. 

Confréries  (les),  V.  Visé. 

Conjoux,  la  dîme  est  possédée  par  le 
Chapitre  de  Saint-Hadelin,  88. 

Constance  (le  concile  de),  23 1. 

Cortembach  (Petrus  a),  abbé  séculier 
de  Visé,  7 1 . 

Cortenbosch  (la  chapelle  de),  109. 

Crissigné  (Jacquemin  de),  141. 

Cugnon  (le  couvent  de),  i83. 

Dalhem,  près  de  Visé.  Il  fait  partie 
de  l'ancien  Limbourg,  3o.  —  Il 
dépend  de  la  cure  de  Visé,  34,  35. 
Les  anniversaires  de  l'église  servent 
de  revenus  à  la  plébanie  de  Visé, 
38.  Il  est  séparé  de  l'église  de  Visé, 
56.  —  Les  Visétois  l'attaquent,  3o, 


i3i.  —  Le  châtelain  est  vassal  du 
duc  de  Brabant,  149.  Conrad  de 
Lontzen  l'attaque,  il  est  vaincu  et 
fait  prisonnier,  149. 

Dalhem  (la  voie  de),  21.  La  porte,  à 
Visé,  17,  67. 

Damance  (le  Père),  oratorien,  118. 

Damen  a  Miro  (Jean),  abbé  séculier 
de  Visé,  71. 

Damer ier  (Jacques),  peintre,  i53, 
161 . 

Defrance  (François),  prévôt  de  la 
collégiale  de  Visé,  76. 

Deherve,  ferme  à  Visé,  54. 

Delhe\  (le  Père),  récollet,  vicaire  de 
Visé,  63,  104. 

Demacerus,  officiai  de  Liège,  64. 

Demer  (le),  rivière,  4,  7. 

Denys-le-Chartreux,  24. 

Descartes,  175. 

Devant -le- Pont ,  dépendance  de  Visé, 
35  ;  il  est  érigé  en  paroisse,  44;  les 
Pères  Carmes  y  sont  établis,  32, 
63,  106;  Louis  XIV  y  passe  quel- 
ques jours,  60.  —  Le  moulin  banal, 
140-148;  les  propriétaires  de  ce 
moulin,  78,  140,  141  ;  le  droit  de 
banalité,  140,  142;  ce  droit  est 
contesté  par  les  mansonniers  de 
Visé,  142  ;  procès  entre  ceux-ci  et 
les  propriétaires,  142-144.  —  Rè- 
glement du  moulin,  145.  —  Le  plus 
ancien  acte  de  bail  concernant  ce 
moulin,  146,  147. 

Diest,  4,  7;  le  pays,  4,  5. 

Diffuys  (Marie  et  Catherine),  sépul- 
crines  à  Visé,  98. 

Dînant,  63. 

Dodémont  (Urbain-Joseph),  doyen 
de  la  collégiale  de  Visé,  79.  —  La 
famille  occupe  la  ferme  des  cheva- 
liers de  Malte,  96;  elle  est  alliée  à 
la  famille  de  Réquilé,  171. 

Dolhent  V.  Dalhem. 


—  259  — 


Dominicains  (les  Pères)  prêchent  le 

carême  à  Visé,  44,  101. 
Donc,  2,  5-12.  —  L'église,  7-12.  — 
Résidence  de  l'abbaye  de  Saint- 
Trond,  8,  9. 
Dopdia  (Alexandre  de),  écolâtre  du 

chapitre  de  Celles,  64. 
Doust  (Albéric  de),  3. 
Dumont  (le  Père),  oratorien,  1 18. 
Dumourie\,  21 1. 
Dung,  1. 
Dungo,  1 ,  7. 

Dur iau  (la  collection),  i63. 
Elias  (Nicolas),  épouse  N.  de  Ré-' 

quilé,  170. 
Elisabeth,  femme  de  Jean  Lemaire 
de  Hermalle,  fondatrice  des  béné- 
fices de  Saint-Hadelinet  de  Sainte- 
Anne  à  Visé,  94. 
Eloi  (la  chapelle  de  Saint-)  à  Visé,  96. 
Emani  de  Moelinghen  (Nicolas),  V. 

Emont. 
Emerix,  161. 
Emont  (Cloes),  alias  Nicolaus  Emani 

de  Moelinghen,  curé  de  Visé,  56. 
Encloîtres  (hautes  et  basses),  parties 

de  la  ville  de  Visé,  201. 
Enkevaert  (Hélène  d'),  sépulcrine  à 
Visé,  commence  une  maison  à 
Maestricht  et  à  Hasselt,  97,  99. 
—  Adrien,  feld-maréchal  de  l'em- 
pire, 99. 
Erkenteil,  nom  primitif  d'Argenteau, 

23. 

Espagne  (F),  ses  guerres  avec  les  Pro- 
vinces-Unies, 102. 

Eugène  IV  (le  pape),  243,  246. 

Eycken  (Amand  van  der),  abbé  de 
Saint-Trond,9;  ses  armoiries,  ibid. 

Eynthout,  2. 

Fayn  (Guillaume  de),  gentilhomme 
romain,  161. 

Faynbois  (château  de),  161. 

Felepa,  1 , 4. 


Feller  (l'abbé  de),  son  dictionnaire, 
172. 

Feneur,  21,  93. 

Ferariis  (Albert  de),  235. 

Filles  repenties  (Maison  des),  à  Liège, 
due  à  la  libéralité  de  Jean-Ernest, 
baron  de  Surlet-Chokier,  7 1 ,  72. 

Fisen,  161. 

Fondations,  V.  Bénéfices. 

Foo{  (les  dîmes  de),  71,  88. 

Fosses. (les  capellanies  de),  66. 

Fossis  (Ulric  de),  pléban  ou  curé  de 
Visé,  53. 

Fouarge  (la  famille),  171. 

Fqy-Notre-Dame.  La  paroisse  fait 
partie  du  doyenné  de  Celles,  74.  — 
La  dîme,  80,  88,  1 14. 

Fraikin  (Jeanne  de),  171. 

Fraipont  (la  famille  de),  1 5o,  1 5 1 . 

Franche  Franchqy  (Franciscus  Fran- 
cisa), curé  de  Visé,  56. 

Franchimont  (la  dîme  de),  88.  —  La 
justice,  92.  — La  ville  possède  une 
fontaine  de  saint  Hadelin,  176. 

François,  94. 

Francotte  (Marie),  sépulcrine  à  Visé, 
99. 

Frédéric  III  (l'empereur),  accorde  le 
titre  decuyeraux  des  Marets,  166. 

Froidmont  (la  famille  de),  11 5,  168. 
—  Anthonius,  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  75. 

Fur  a,  3. 

Gangeur  (Marguerite),  principale 
bienfaitrice  des  Conceptionnistes 
à  Visé,  io5. 

Gassendi,  1 55- 

Gendron  (la  dîme  de),  88. 

Gentis  (Jean- Laurent),  chanoine  de 
Saint-Lambert  et  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  76,  125. 

Gerardus,  pléban  de  Visé,  55. 

Germeau  (Jean),  doyen  de  la  collé- 
giale de  Visé,  79. 


—  260  — 


Geyr  deSchweppenbourg(MsLX'Hen- 
ri-Joseph,  baron  de),  abbé  séculier 
de  Visé,  76,  125. 

Ghenart  (Antoine),  théologien  distin- 
gué, né  à  Visé,  chanoine  et  vice- 
doyen  de  la  cathédrale  de  Saint- 
Lambert,  inquisiteur  de  la  foi  ;  il 
assiste  au  Concile  de  Trente,  i5i, 

l52. 

Giet  (François),  84. 

Gilet  (Nicolas),  11 5. 

Gilles,  chapelain  de  Visé,  92. 

Gillis  de  Saint-Martin,  62,  129. 

Gisberti  (Quirinus),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  75. 

Goelet  (Jean),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  77. 

Goirhé  (la  dîme  de),  66,  88,  90,  212. 

Gosuini  (Joannes),  curé  de  Bassenge, 
prévôt  de  la  collégiale  de  Visé ,  75. 

Gradjr  (Michel- Joseph  de),  bourg- 
mestre de  Liège,  170. 

Grégoire  XII  (le  pape),  232. 

Groesbeek  (Gérard  de),  prince-évêque 
de  Liège,  3 1 . 

Grognart  (Roch),  fondeur  de  cloches 
et  bourgmestre  de  Liège,  54. 

Gua\o,  frater  concilii  visetensis,  36. 

Gueldre  (Henri  de),  doit  se  réfugier 
à  Namur,  149.  —  Renaud,  149. 

Gui\a,  88,  177. 

Gulielmus,  frater  concilii  visetensis, 
36. 

Gvegesat,  22. 

Haccourt,  33,  77,  146. 

Hadelin  (bénéfices  et  autels  à  la  col- 
légiale de  Saint-),  91-94.  — Obli- 
gations des  bénéficiaires,  91.  — 
Collation,  ibid.  —  Le  bénéfice  de 
Notre-Dame,  92,  97  ;  celui  de 
Saint-Jean-Baptiste,  92  ;  celui  de 
Saint- Hadelin  et  de  Sainte-Anne, 


94. 


Les  autels  des  Saints-Pierre  et 


Paul,  92  ;  de  Tous  les  Saints,  92 
94  ;  des  Saints-Georges  et  Sébas- 
tien, 92,  94  ;  de  Sainte-Catherine 
92,  93  ;  de  Notre-Dame,  97  ;  dflj 
Saint-Nicolas,  94,  96.  | 

Hadelin  (Chapitre  de  Saint-),  I4,i5t 

63,  94.  —  Sa  translation  de  Celles 
à  Visé,  28,  36,  47,  55,  64,  65,  66, 
67.  —  Il  construit  le  chœur  de 
l'église  de  Visé,  3o.  —  11  élargit 
l'église,  5i.  —  Difficultés  avec  les 
seigneurs  de  Celles,  64,  65  ;  avec 
le  curé  de  Visé,  57,  60,  62  ;  avec 
l'abbé,  80.  —  L'école  du  Chapitre, 

64,  114.  —  L'abbé  de  Celles,  pro- 
tecteur du  Chapitre,  64.  —  Immu- 
nité claustrale,  67, 68.  —  Cour  des 
tenants  du  Chapitre,  68.  —  Privi- 
lèges du  Chapitre,  68.  —  Règles 
particulières,  68,  69.  —  Prébendes, 

65,  67  ;  Adolphe  de  la  Marck  crée 
huit  nouvelles  prébendes,  ibid.  — 
Droit  de  collation,  65,  66,  67,  69, 
70.  —  Conditions  requises  pour 
être  chanoine,  70;  résidence  per- 
sonnelle des  chanoines,  66.  — 
L'abbé  séculier,  70, 7 1 ,  72  ;  liste  des 
abbés,  71,  72.  —  Le  prévôt,  72- 
76  ;  ses  devoirs  et  ses  droits,  72- 
74;  ses  revenus,  74,  75.  Liste  des 
prévôts,  75-80.  —  Le  doyen,  76- 
80;  ses  droits  et  ses  obligations, 
76  ;  ses  revenus,  77.  Liste  des 
doyens,  77,  80.  —  L'écolâtre,  80- 
82  ;  ses  charges  et  ses  droits,  80. 
—  Le  chantre,  82-86  ;  ses  fonc- 
tions et  ses  revenus,  82.  —  Le  fis- 
cus,  86,  87;  ses  fonctions,  ibid. — 
Les  hebdomadaires,  87.  —  Le  re- 
ceveur ou  compteur,  87.  —  Les 
biens  et  revenus  du  Chapitre,  66, 
87-91.  Les  dîmes  de  Celles,  de 
Franchimont  et  des  différentes  lo- 
calités voisines,  88;  de  Visé,  88, 


—  264  — 


90;  de  Goirhé,  66,  88,  90;  d'Ans, 
88;  de  Lovenjoul,  etc.,  88.  —  Les 
immeubles,  89;  le  vignoble  sur 
Malconvat,  198. 
Hadelin  (la  châsse  de  Saint-),  1 3,  1 5, 
28,  172-187.  —  Descriptions  de  la 
châsse,  173-187.  —  Légendes  et 
inscriptions,  ibid.  ;  miracle  de  la 
colombe,  173,  174;  une  réception 
de  disciples,  174-176;  miracle  de 
Franchimont,  176;  guérison  d'une 
muette  à  Dinant,  176,  177;  résur- 
rection de  Guiza,  177-180;  les 
obsèques  de  saint  Hadelin,  178, 
179. 

Hageland  (le),    5. 

Halbeker-dyk,  8. 

Halen  de  Borre,  221. 

Halen,  1,  2,  4,  6,  8,  10. 

Hallembqye,  24,  121,  208. 

Halon,  1. 

Halteriana  (les),  terres  de  Sainte- 
Croix  de  Liège  situées  près  de  Visé, 
204. 

Hamalia  (Mathias  ab),  prévôt  de  la 
collégiale  de  Visé,  75. 

Hameyen  (Herman  van),  6. 

Hamoir  (le  Père),  récollet  de  Visé, 
examinateur  synodal  de  Liège,  104. 

Hanegreve,  3. 

Hannines  (le  sentier  de),  près  de 
Visé,  206. 

Hannot  (Cloes),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  78. 

Hardy  (Jean-Simon),  mambour  de 
l'hôpital  de  Saint- Nicolas  à  Visé, 

123. 

Hasnoch,  4. 

Hasselt,  7. 

Hauteur  (Mathias),  44. 

Haversin,  88. 

Heinsberg  (Jean  de),  prince-évêque 

de  Liège,  19,  29,  3o,  77,  137. 
Henget  (Nicolas),  pléban  de  Visé,  53. 


Henkart,  étudie  au  collège  des  Ora- 

toriens  à  Visé,  117. 
Hennet,  prétendu  complice  de  Sar- 

torius,  84,  85. 
Henri  IV  (l'empereur),  26,  27,  88. 

—  Henri  V,  27.  —  Archevêque  de 

Cologne,  236.  —  Duc  de  Brabant, 

234. 
Henrotte  Magrande,  41. 
H erck  (la),  rivière,  7,  9,  10. 
Herck  (l'église  de),  10. 
Herck  (Joseph  van),  abbé  de  Saint- 

Trond,  1 1 . 
Heris  (Guillaume),   dit   Herman   a 

sancta  Barbara,  carme,  162. 
Hermalle,  22,  24,  36,  140. 
Herman  (Jean-Jacques),  curé  de  Visé, 

44, 6 1 ,  62  ;  il  institue  les  pauvres  de 

Visé  ses  héritiers  universels,  126. 
Hermans  (Herman),  6.  —  Marie,  6. 
Herstal,  24. 
Hervianus  (Jacques),   doyen  de   la 

collégiale  de  Visé,  70. 
Hesbqye(\a),  1,2,  12.  — L'archidia- 

conat,  36,  37. 
Hesbaye  (Robert,  comte  ou  duc  de 

la),  1. 
Heure  (d'),  V.  Oranus. 
He\e%  hameau  du  pays  de  Diest,  5. 
Heyde,  6,  7. 
Hilaire  (saint),  45,  46. 
Hincmal  (Jean),  doyen  de   Sainte- 
Croix  à  Liège,  80. 
Hinisdael,  161. 
Hohgnoul  (Ameil  de)  tue  Renier  de 

Viseit  pendant  la  guerre  des  Awans 

et  des  Waroux,  149. 
Hoigne  (Jean),  245,  248. 
Honlet,  106. 
Horion  (la  famille),  171. 
Homes  (Arnould  de),  prince-évêque 

de  Liège,  212.  —  Jean,  238. 
Houbbart  (Antoine)  a  l'honneur  de 

recevoir  Louis  XIV,  226. 

33 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Règlement  de  la  Société V 

Tableau  des  membres  de  la  Société VII 

NOTICES   ET  MÉMOIRES 

I.  A  propos  du  Mareolt,  d'une  charte  de  741,  par  l'abbé 

Polyd.  Daniels 1 

II.  Paroisse  de  Visé,  par  l'abbé  J .  CEYSSENS,  vicaire  à  Visé.  1 3 

Introduction i3 

Chapitre  préliminaire.  Le  Visé  d'autrefois.     .     .  16 

I.  Nom  et  historique  de  Visé 22 

1 .  Le  nom  de  Visé 22 

2.  Historique  de  la  ville  de  Visé 24 

II.  La  paroisse,  l'église  et  les  curés 33 

1.  La  paroisse 33 

2.  L'église 45 

3.  Les  curés  ou  plébans 55 

III.  Le  Chapitre  de  Saint- Hadelin 63 

1 .  L'abbé  séculier 70 

2.  Le  prévôt 72 

3.  Le  doyen 76 

4.  L'écolâtre 80 

5.  Le  chantre 82 

6.  Principaux  employés 86 

7.  Biens  et  revenus 87 

8.  Les  bénéfices 91 

IV.  Autres  institutions  religieuses  de  la  paroisse  .     .  94 

1 .  Le  Temple 95 

2.  Les  Sépulcrines 97 

32 


ï 


—  254  — 

Pa*ea 

3.  Les  Récollets ioi 

4.  Les  Conceptionnistes io5 

5.  Les  Carmes  de  Devant-le-Pont io5 

6.  Les  Oratoriens «.107 

7.  Le  refuge  du  Val-Dieu 108 

8.  La  chapelle  de  Lorette 109 

V.  Enseignement  et  charité 1 1 3 

1 .  L'enseignement  à  Visé 1 1 3 

2.  Les  établissements  de  charité 120 

VI.  Les  confréries,  compagnies  et  métiers  ....  127 

1.  Les  confréries 127 

2.  Les  compagnies  des  arbalétriers  et  des  arquebu- 

siers   i3o 

3.  Les  métiers i36 

VIL     Le  moulin  banal  de  Visé  à  Devant-le-Pont     .     .  140 

VIII.  Personnages  historiques  visétois 148 

1 .  Les  seigneurs  de  Viseit  et  du  Rivage  de  Viseit,etc.  148 

2.  Les  de  Sluse i53 

a)  René-François  de  Sluse 1 54 

b)  Le  cardinal  de  Sluse 159 

c)  Le  baron  Pierre-Louis  de  Sluse  ....  164 

3.  Les  de  Charneux  et  de  Réquilé i65 

IX.  Objets  d'art  et  d'antiquité 172 

X.  Commerce  et  industrie 193 

1.  Commerce 193 

2.  Industrie 196 

XL      Toponymie  visétoise 200 

XII.  1. Varia 209 

2.  Légendes  visétoises 218 

III.  Documents  d'histoire  liégeoise,  par  EUGÈNE  BACHA.  229 


4- 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Adélard  II,  abbé  de  Saint-Trond,7. 

Aix-la-Chapelle.  Le  pape  Léon  III 
visite  cette  ville,  47,  48.  —  Cou- 
vent de  Sépulcrines,  97. 

Albergati  (Antoine),  nonce  de  Co- 
logne, 128. 

Alexandre,  archidiacre,  36.  —  V, 
pape,  232.  —  VI,  pape,  239-244. 

Amandus,  custos,  181. 

Amay  (le  bourg  d'),  27,  36. 

Ans  (la  dîme  d'),  66,  88. 

Antgarden  (la  dîme  d'),  66,  88. 

Aoust  (Augustin-Joseph  d'),  supérieur 
du  collège  des  Oratoriens  à  Visé 
et  curé  de  la  paroisse,  45,  62,  63, 
104. 

Aphernon  (Jean  Plenus),  avocat,  con- 
seiller et  auditeur  de  S.  M.  C, 
170. 

Arckel  (Jean   d'),   prince-évêque  de 
Liège,  28.  —  Robert,  dit  de  Ryns- 
wauld,  1 5 1 . 
Aremberg  (la  famille  d'),  237,  238. 
Ardennes(le  sanglier  des),  20. 
Arendonck,  2. 
Argenteal,  V.  Argenteau. 
Argenteau  (porte  d')  à  Visé,  17,  21, 
67.  —  Nom  primitif  de  cette  loca- 


lité, 23,  24.  —  Le  château  assiégé 
par  les  Français,  225. 

Argenteau  (la  famille  d').  Renaud  Ier, 
i5o.  —  Renaud  II,  28,  i5o.  — 
Renar,  i5o. 

Assent,  4. 

Ausloos  (Placide),  religieux  de  Sain t- 
Trond,  11. 

Autels,  V.  Saint-Hadelin. 

Autriche,  68.  Les  empereurs,  69. 

Autriche  (Georges  d'),  donne  des  pri- 
vilèges aux  Visétois,  194.  —  Mar- 
guerite, 239,  242.  —  Philippe, 
238-243.  —  Maximilien,  empereur 
d'Allemagne,  238,  239. 

Bartholomaeus,  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  75. 

Bassenge,  étudie  au  collège  des  Pères 
Oratoriens  à  Visé,  117. 

Bastianus  de  Visé,V.  ce  dernier  mot. 

Bavière  (les  princes  de),  évêques  de 
Liège,  3i.  —  Jean,  29,  232.  — 
Ferdinand,  3i,  97,  io3.  —  Maxi- 
milien-Henri,  32, 119, 139,  195. — 
Ernest,  134,  i35.  —  Théoduin,  197. 

Beelfond  (de),  général  français,  225. 

Béer  (la  famille),  à  Jemeppe,  77. 

Beerbroek,  7. 


—  256  — 


Beerendonck,  7. 

Bénéfices,  V.  Saint-Hadelin. 

Benoît  (saint).  Le  Chapitre  de  Saint- 
Hadelin  suit  ses  constitutions,  63. 

Bercht,  hameau  du  pays  de  Diest,  5. 

Berghe  (ten),  hameau  du  pays  de 
Diest,  5. 

Berghes  (Georges- Louis  de),  prince- 
évêquede  Liège,  116,  126.  — Jean, 
seigneur  de  Waleyn,  240. 

Berneau,  village  près  de  Visé,  23, 93. 

Beronis,  abbé  de  Saint-Hadelin,  181. 

Berthe,  fille  de  Charlemagne,  grande 
bienfaitrice  de  Visé,  26,  33,  34,45, 
46,  49,  1 14. 

Bettonville  (Jacques -Paul),  dernier 
prévôt  de  la  collégiale  de  Visé,  76. 

Bejrlaer,  hameau  du  pays  de  Diest, 

5. 

Biernawe,  V.  Berneau. 

Bise  (Hubert  del),  1 24. 

Blanclaer,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Blockhouse  (Guillaume  de),  bourg- 
mestre de  Liège,  171. 

Blocquerie  (Jean),  chantre  de  la  col- 
légiale de  Visé,  82;  il  fonde  une 
messe  en  musique  le  jour  de  la 
Sainte-Cécile,  i3o;  donateur  du 
chef  de  Saint-Hadelin  et  d'un  lu- 
trin, 188,  189. 

Bogaerts  (Willebrord),  6. 

Boilailbe  (Wilhelm  dit),  chanoine,  80. 

Bolbeek,  V.  Bombay. 

Bolland,  village  près  de  Visé,  58, 
ioi,  102,  144. 

Boisselles  (les  dîmes  de),  71. 

Bombay,  village  près  de  Visé,  23, 
24,  35,  96.  —  Incendie  de  la  tour, 
1 3 1 . 

Bombay  (Ulric  de),  i5o. 

Boniface  IX  (le  pape),  23 1 . 

Bonn.  Les  archives  de  l'église  de  Visé 
y  sont  emportées,  i5. 


Bons-Enfants,  V.  Sépulcrines. 

Boos  de   Waldeck  (Charles,   baroi 

de),  coadjuteur  de  l'abbé  séculiei 

de  Visé,  72. 
Bork  (Gérard),  125. 
Borloe  ou  de  Bra  (Jean  de),  prévôJ 

de  la  collégiale  de  Visé,  75. 
Borret,  187. 
Bost  (Ter),  hameau  du  pays  de  Diest, 

5. 
Bovigne,  76. 

Bouhoulle,  mayeur  de  Visé,  84. 
Bouillon  (le  duché  de),  238. 
Bourbon  (Louis   de),   prince-évêque 

de  Liège,  3o,  122,  129,  237,  24.0, 

241,  248. 
Bourgogne  (la),  3o. 
Bourgogne    (le   duc   de),   236.    — 

Marie,    237.    —   David,    évêque 

d'Utrecht,  238. 
Bourguignons  (les),  prennent  Visé, 

i3i. 
Bouxhon,  abbé  de  Saint-Jacques   à 

Liège,  160. 
Bra  (de),  V.  Borloe. 
Brabant  (Henri,  duc  de),  3,  4.  — 

N.,  149. 
Breton  le  Vieux  de  Waroux,  149.  — 

Le  Jeune  de  Waroux,  i5o;  sa  fille 

aînée  épouse  Conrad  du  Rivage  de 

Viseit,  i5o. 
Breust  (la  cure  de),  incorporée  à  la 

collégiale  de  Saint-Martin  à  Liège, 

37,  38. 
Bridgebook,  dépendance  de  Visé,  96. 
Broek,  7. 
Brousse  (en),  plaine  près  de  Visé, 

2o3. 
Brouxbergen,  hameau  du  pays  de 

Diest,  5. 
Brust  (Hubert  de),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  75. 
Busluyden  (François  de),  prévôt  de 

Liège,  239. 


—  257  — 


Packard,  V.  Rissac. 
lampaderine,  ancien  nom  de  Visé 
d'après  la  légende,  24. 
ïampine  (la),  hameaux  du  pays  de 
Diest,  situés  du  côté  de  la  Cam- 
pine,  5. 
Zarmes   (Les   Pères)  à   Devant-le- 
Pont,  io5, 106.  —  Ils  s'y  établissent 
32,   106.    Ils  font  les  offices   pa- 
roissiaux dans  leur  église  pendant 
la  révolution  française,  63. 
Carondebet  (Jean),  chancelier  d'Au- 
triche, 237. 
Carot  (Pieron),92.  —  Wathier,  et  sa 
femme  Sophie,  fondateurs  de  l'au- 
tel de   Notre-Dame  à  l'église  de 
Visé,  92.  Ils  sont  les  principaux 
bienfaiteurs  du  couvent  des  Tem- 
pliers à  Visé,  95. 
Carreto  (Percheval  de),  archidiacre 
de  Hesbaye,  donne  son  consente- 
ment à  ce  que  l'église  de  Visé  soit 
élevée  au  rang  de  collégiale,  37, 60, 
66. 
Castro  (a),  V.  Waltheri  et  Straven. 
Cedros,  roi  de  Tongres,  24. 
Celles.   Le  Chapitre,   28,   64,   65  ; 
fondé  parSaint-Hadelin,  63.  Diffi- 
cultés avec  les  seigneurs  de  Celles, 
64,  65.  —  Il  est  transféré  à  Visé, 
37,  65.  —  L'abbé,  70.  —  Le  pré- 
vôt, 72.  —  Le  curé  et  les  trois  vi- 
caires, 74.  —  Les  dîmes,  88.  Voir 
aussi  Saint-Hadelin. 
Chapeaville,  grand  vicaire  de  Liège, 
permet  aux  Sépulcrines  de  s'établir 
à  Visé,  97. 
Charlemagne,  bienfaiteur  de  l'église 
de  Visé,  34,  45,  46,  49.  Ses  capi- 
tulaires,  1 13.  —  Ses  relations  avec 
Visé,  1 14.  Il  institue  la  foire  à  Visé, 
193. 
Charles  (le  Téméraire),  prend  et  dé- 
truit la  ville  de  Visé,  25,  3o,  96, 


97,  i83,  —  VIII,  roi  de  France, 
233,  234,  239,  244. 

—  (le  Chauve),  deniers  de  ce  prince 
frappés  à  Visé,  197. 

Charleville,  près  de  Rheims,  possède 
un  couvent  de  l'ordre  du  Saint- 
Sépulcre,  99. 

Charneux  (de).  N.,  seigneur  de  Her- 
malle,  109.  —  d'Ohar,  167.  —  Fa- 
mille distinguée  de  Visé,  n  5.  No- 
tice sur  cette  famille,  165-169  ; 
elle  s'établit  à  Visé,  166.  —  Denys 
des  Marets-de  Charneux,  époux 
de  Catherine  Pernode  à  côté  de 
laquelle  il  gît  à  la  collégiale  de 
Visé,  53,  167,  189.  —  Denis,  ju- 
risconsulte, 167.  —  N.,  avocat  à 
Liège  et  conseiller  intime  du 
prince-évêque,  167.  —  Pierre-Er- 
nest, chanoine  de  Saint-Lambert, 
167.  —  Herman,  chanoine  à  Visé, 
donne  à  l'église  collégiale  de  nou- 
velles orgues,  53,  167.  —  Jean- 
Jacques,  chanoine  et  vice-prévôt 
de  Saint-Adalbert  à  Aix-la-Cha- 
pelle, 167.  —  Henri,  frère  du  pré- 
cédent, professeur  et  recteur  de 
l'université  de  Louvain,  167;  il  est 
enterré  dans  l'église  de  Saint-Pierre 
à  Louvain,  168.  —  Barthélémy, 
dit  de  Maret,  seigneur  de  Warsage, 
fils  de  Pierre,  échevin  de  Liège, 
lieutenant-gouverneur  de  Franchi- 
mont,  mayeur  de  Fléron,  épousa 
la  sœur  de  Michel  a  Ver  via,  abbé 
de  Val-Dieu,  168;  il  était  bourg- 
mestre de  Visé  et  receveur-général 
du  prince-évêque,  io3,  168;  grand 
bienfaiteur  des  Pères  Récollets, 
io3,  169.  Il  avait  entre  autres 
quatre  enfants  : 

i°    Barthélémy,     chanoine    de 
Saint-Gilles  à  Liège,  169. 
20  Jean,  major  dans  l'armée  de 


258  — 


rélecteur  de  Cologne,  169. 

3°  Maximilien-Henri,  capitaine 
dans  Tannée  impériale,  169. 

40  Marguerite,  épouse  de  Guil- 
laume de  Requilé,  169,  170. 

Château  (du),  V.  Waltheri  et  Straven. 

Cheratte  (de),  V.  de  Sarolay. 

Chinstrée,  partie  de  la  ville  de  Visé, 
io5,  201  ;  étymologie  du  nom, 
202. 

Chiroux-ville,  surnom  de  Visé,  3 1 . 

Chokier-Surlet  (Jean  de),  abbé  sécu- 
lier de  Visé,  71.  —  Jean- Ernest, 
neveu  du  précédent,  également  ab- 
bé séculier  de  Visé,  71. 

Clément  X  (le  pape),  accorde  aux 
Pères  Carmes  l'autorisation  d'éta- 
blir une  confrérie  dé  Notre-Dame 
du  Mont-Carmel  à  Visé,  ni,  233, 
247. 

Clerx  (Michel),  archidiacre  de  Hes- 
baye,  60. 

Coelen,  fiscus  du  Chapitre  de  Saint- 
Hadelin  à  Visé,  87. 

Compagnies  (les),  V.  Visé. 

Conceptionnistes  (l'ordre  des),  s'éta- 
blit  à  Visé,  io5  ;  il  retourne  à 
Liège,  ibid. 

Confréries  (les),  V.  Visé. 

Conjoux,  la  dîme  est  possédée  par  le 
Chapitre  de  Saint-Hadelin,  88. 

Constance  (le  concile  de),  23 1. 

Cortembach  (Petrus  a),  abbé  séculier 
de  Visé,  7 1 . 

Cortenbosch  (la  chapelle  de),  109. 

Crissigné  (Jacquemin  de),  141. 

Cugnon  (le  couvent  de),  i83. 

Dalhem,  près  de  Visé.  Il  fait  partie 
de  l'ancien  Limbourg,  3o.  —  Il 
dépend  de  la  cure  de  Visé,  34,  35. 
Les  anniversaires  de  1  église  servent 
de  revenus  à  la  plébanie  de  Visé, 
38.  Il  est  séparé  de  l'église  de  Visé, 
56.  —  Les  Visétois  l'attaquent,  3o, 


1 3 1 .  —  Le  châtelain  est  vassal  du 
duc  de  Brabant,  149.  Conrad  de 
Lontzen  l'attaque,  il  est  vaincu  et 
fait  prisonnier,  149. 

Dalhem  (la  voie  de),  21.  La  porte,  à 
Visé,  17,  67. 

Damance  (le  Père),  oratorien,  118. 

Damen  a  Miro  (Jean),  abbé  séculier 
de  Visé,  7 1 . 

Damerier  (Jacques),  peintre,  1 53 , 
161. 

Defrance  (François),  prévôt  de  la 
collégiale  de  Visé,  76. 

Deherve,  ferme  à  Visé,  54. 

Delhe\  (le  Père),  récollet,  vicaire  de 
Visé,  63,  104. 

Demacerus,  officiai  de  Liège,  64. 

Demer  (le),  rivière,  4,  7. 

Denys-le-Chartreux,  24. 

Descartes,  175. 

Devant-le-Pont,  dépendance  de  Visé, 
35;  il  est  érigé  en  paroisse,  44;  les 
Pères  Carmes  y  sont  établis,  32, 
63,  106;  Louis  XIV  y  passe  quel- 
ques jours,  60.  —  Le  moulin  banal, 
140-148;  les  propriétaires  de  ce 
moulin,  78,  140,  141  ;  le  droit  de 
banalité,  140,  142;  ce  droit  est 
contesté  par  les  mansonniers  de 
Visé,  142;  procès  entre  ceux-ci  et 
les  propriétaires,  142-144.  —  Rè- 
glement du  moulin,  145.  —  Le  plus 
ancien  acte  de  bail  concernant  ce 
moulin,  146,  147. 

Diest,  4,  7;  le  pays,  4,  5. 

Diffuys  (Marie  et  Catherine),  sépul- 
crines  à  Visé,  98. 

Dînant,  63. 

Dodémont  (Urbain-Joseph),  doyen 
de  la  collégiale  de  Visé,  79.  —  La 
famille  occupe  la  ferme  des  cheva- 
liers de  Malte,  96;  elle  est  alliée  à 
la  famille  de  Réquilé,  171. 
Dolhen,  V.  Dalhem. 


—  259  — 


Dominicains  (les  Pères)  prêchent  le 

carême  à  Visé,  44,  101. 
Donc,  2,  5-i2.  —  L'église,  7-12.  — 
Résidence  de  l'abbaye  de  Saint- 
Trond,  8,  9. 
Dopdia  (Alexandre  de),  écolâtre  du 

chapitre  de  Celles,  64. 
Doust  (Albéric  de),  3. 
Dumont  (le  Père),  oratorien,  1 18. 
Dumourie\,  211. 
Dung,  1. 
Dungo,  1,7. 

Duriau  (la  collection),  i63. 
Elias  (Nicolas),  épouse  N.  de  Ré-' 

quilé,  170. 
Elisabeth,  femme  de  Jean  Lemaire 
de  Hermalle,  fondatrice  des  béné- 
fices de  Saint-Hadelinet  de  Sainte- 
Anne  à  Visé,  94. 
Eloi  (la  chapelle  de  Saint-)  à  Visé,  96. 
Emani  de  Moelinghen  (Nicolas),  V. 

Emont. 
Emerix,  161. 
Emont  (Cloes),  alias  Nicolaus  Emani 

de  Moelinghen,  curé  de  Visé,  56. 
Encloîtres  (hautes  et  basses),  parties 

de  la  ville  de  Visé,  201. 
Enkevaert  (Hélène  d'),  sépulcrine  à 
Visé,  commence  une  maison  à 
Maestricht  et  à  Hasselt,  97,  99. 
—  Adrien,  feld-maréchal  de  l'em- 
pire, 99. 
Erkenteil,  nom  primitif  d'Argenteau, 

23. 

Espagne  (Y),  ses  guerres  avec  les  Pro- 
vinces-Unies, 102. 

Eugène  IV  (le  pape),  243,  246. 

Eycken  (Amand  van  der),  abbé  de 
Saint-Trond,  9  ;  ses  armoiries,  ibid. 

Eynthout,  2. 

Fayn  (Guillaume  de),  gentilhomme 
romain,  161. 

Faynbois  (château  de),  161. 

Felepa,  1 , 4. 


Feller  (l'abbé  de),  son  dictionnaire, 
172. 

Feneur,  21,  93. 

Ferariis  (Albert  de),  235. 

Filles  repenties  (Maison  des),  à  Liège, 
due  à  la  libéralité  de  Jean-Ernest, 
baron  de  Surlet-Chokier,  7 1 ,  72. 

Fisen,  161. 

Fondations,  V.  Bénéfices. 

F 001  (les  dîmes  de),  71,  88. 

Fosses. (les  capellanies  de),  66. 

Fossis  (Ulric  de),  pléban  ou  curé  de 
Visé,  53. 

Fouarge  (la  famille),  171. 

Fqy -Notre-Dame.  La  paroisse  fait 
partie  du  doyenné  de  Celles,  74.  — 
La  dîme,  80,  88,  1 14. 

Fraikin  (Jeanne  de),  171. 

Fraipont  (la  famille  de),  i5o,  1 5 1 . 

Franche  Franchoy  (Franciscus  Fran- 
cisa), curé  de  Visé,  56. 

Franchimont  (la  dîme  de),  88.  —  La 
justice,  92.  — La  ville  possède  une 
fontaine  de  saint  Hadelin,  176. 

François,  94. 

Francotte  (Marie),  sépulcrine  à  Visé, 
99. 

Frédéric  III  (l'empereur),  accorde  le 
titre  decuyeraux  des  Marets,  166. 

Froidmont  (la  famille  de),  11 5,  168. 
—  Anthonius,  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  75. 

Fur  a,  3. 

Gangeur  (  Marguerite  ) ,  principale 
bienfaitrice  des  Conception nis tes 
à  Visé,  io5. 

Gassendi,  i55. 

Gendron  (la  dîme  de),  88. 

Gentis  (Jean- Laurent),  chanoine  de 
Saint- Lambert  et  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  76,  125. 

Ger ardus,  pléban  de  Visé,  55. 

Germeau  (Jean),  doyen  de  la  collé- 
giale de  Visé,  79. 


1 


—  260  — 


Geyr  deSchn>eppenbourg(MaX'Hen- 
ri-Joseph,  baron  de),  abbé  séculier 
de  Visé,  76,  125. 

Ghenart  (Antoine),  théologien  distin- 
gué, né  à  Visé,  chanoine  et  vice- 
doyen  de  la  cathédrale  de  Saint- 
Lambert,  inquisiteur  de  la  foi  ;  il 
assiste  au  Concile  de  Trente,  1 5 1 , 

l52. 

Giet  (François),  84. 

Gilet  (Nicolas),  11 5. 

Gilles,  chapelain  de  Visé,  92. 

Gillis  de  Saint-Martin,  62,  129. 

Gisberti  (Quirinus),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  75. 

Goelet  (Jean),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  77. 

Goirhé(lsi  dîme  de),  66,  88,  90,  212. 

Gosuini  (Joannes),  curé  de  Bassenge, 
prévôt  de  la  collégiale  de  Visé  ,75. 

Grady  (Michel- Joseph  de),  bourg- 
mestre de  Liège,  170. 

Grégoire  XII  (le  pape),  232. 

Groesbeek  (Gérard  de),  prince-évêque 
de  Liège,  3 1 . 

Grognart  (Roch),  fondeur  de  cloches 
et  bourgmestre  de  Liège,  54. 

Guaço,  frater  concilii  visetensis,  36. 

Gueldre  (Henri  de),  doit  se  réfugier 
à  Namur,  149.  —  Renaud,  149. 

Gui\ay  88,  177. 

Gulielmus,  frater  concilii  visetensis, 
36. 

Gvegesat,  22. 

Haccourt,  33,  77,  146. 

Hadelin  (bénéfices  et  autels  à  la  col- 
légiale de  Saint-),  91-94.  — Obli- 
gations des  bénéficiaires,  91.  — 
Collation,  ibid.  —  Le  bénéfice  de 
Notre-Dame,  92,  97  ;  celui  de 
Saint-Jean-Baptiste,  92  ;  celui  de 
Saint- Hadelin  et  de  Sainte- Anne, 


94. 


Les  autels  des  Saints-Pierre  et 


Paul,  92  ;  de  Tous  les  Saints,  92, 
94  ;  des  Saints-Georges  et  Sébas- 
tien, 92,  94  ;  de  Sainte-Catherine, 
92,  93  ;  de  Notre-Dame,  97  ;  de 
Saint-Nicolas,  94,  96. 
Hadelin  (Chapitre  de  Saint-),  14,  i5, 

63,  94.  —  Sa  translation  de  Celles 
à  Visé,  28,  36,  47,  55,  64,  65,  66, 
67.  —  Il  construit  le  chœur  de 
l'église  de  Visé,  3o.  —  11  élargit 
l'église,  5 1 .  —  Difficultés  avec  les 
seigneurs  de  Celles,  64,  65  ;  avec 
le  curé  de  Visé,  57,  60,  62  ;  avec 
l'abbé,  80.  —  L'école  du  Chapitre* 

64,  1 14.  —  L'abbé  de  Celles,  pro- 
tecteur du  Chapitre,  64.  —  Immu- 
nité claustrale,  67, 68.  —  Cour  des 
tenants  du  Chapitre,  68.  —  Privi- 
lèges du  Chapitre,  68.  —  Règles 
particulières,  68,  69.  —  Prébendes, 

65,  67  ;  Adolphe  de  la  Marck  crée 
huit  nouvelles  prébendes,  ibid.  — 
Droit  de  collation,  65,  66,  67,  69, 
70.  —  Conditions  requises  pour 
être  chanoine,  70;  résidence  per- 
sonnelle des  chanoines,  66.  — 
L'abbé  séculier,  70, 71 ,72  ;  liste  des 
abbés,  71,  72.  —  Le  prévôt,  72- 
76  ;  ses  devoirs  et  ses  droits,  72- 
74;  ses  revenus,  74,  75.  Liste  des 
prévôts,  75-80.  —  Le  doyen,  76- 
80;  ses  droits  et  ses  obligations, 
76  ;  ses  revenus,  77.  Liste  des 
doyens,  77,  80.  —  L  ecolâtre,  80- 
82  ;  ses  charges  et  ses  droits,  80. 
—  Le  chantre,  82-86  ;  ses  fonc- 
tions et  ses  revenus,  82.  —  Le  fis- 
cus,  86,  87;  ses  fonctions,  ibid.— 
Les  hebdomadaires,  87.  —  Le  re- 
ceveur ou  compteur,  87.  —  Les 
biens  et  revenus  du  Chapitre,  66, 
87-91.  Les  dîmes  de  Celles,  de 
Franchimont  et  des  différentes  lo- 
calités voisines,  88;  de  Visé,  88, 


—  261  — 


90;  de  Goirhé,  66,  88,  90;  d'Ans, 
88  ;  de  Lovenjoul,  etc.,  88.  —  Les 
immeubles,  89;  le  vignoble  sur 
Malconvat,  198. 
Hadelin  (la  châsse  de  Saint-),  i3,  i5, 
28,  172-187.  —  Descriptions  de  la 
châsse,  173-187.  —  Légendes  et 
inscriptions,  ibid.  ;  miracle  de  la 
colombe,  173,  174;  une  réception 
de  disciples,  174-176;  miracle  de 
Franchimont,  176;  guérison  d'une 
muette  à  Dinant,  176,  177;  résur- 
rection de  Guiza,  177-180;  les 
obsèques  de  saint  Hadelin,  178, 
179. 
Hageland  (le),    5. 

Halbeker-dyk,  8. 

Halen  de  Borre,  221. 

Halen,  1,  2,  4,  6,  8,  10. 

Hallembaye,  24,  121,  208. 

Halon,  1. 

Halteriana  (les),  terres  de  Sainte- 
Croix  de  Liège  situées  près  de  Visé, 
204. 

Hamalia  (Mathias  ab),  prévôt  de  la 
collégiale  de  Visé,  75. 

Hameyen  (Hennan  van),  6. 

Hamoir  (le  Père),  récollet  de  Visé, 
examinateur  synodal  de  Liège,  104. 

Hanegreve,  3. 

Hannines  (le  sentier  de),  près  de 
Visé,  206. 

Hannot  (Cloes),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  78. 

Hardy  (Jean-Simon),  mambour  de 
l'hôpital  de  Saint- Nicolas  à  Visé, 

123. 

Hasnoch,  4. 

Hasselt,  7. 

Hauteur  (Mathias),  44. 

Haversin,  88. 

Heinsberg  (Jean  de),  prince-évêque 

de  Liège,  19,  29,  3o,  77,  137. 
Henget  (Nicolas),  pléban  de  Visé,  53. 


Henkart,  étudie  au  collège  des  Ora- 

toriens  à  Visé,  117. 
Hennet,  prétendu  complice  de  Sar- 

torius,  84,  85. 
Henri  IV  (l'empereur),  26,  27,  88. 

—  Henri  V,  27.  —  Archevêque  de 

Cologne,  236.  —  Duc  de  Brabant, 

234. 
Henrotte  Magrande,  41. 
Herck  (la),  rivière,  7,  9,  10. 
Herck  (l'église  de),  10. 
Herck  (Joseph  van),  abbé  de  Saint- 

Trond,  11. 
Heris  (Guillaume),   dit   Herman   a 

sancta  Barbara,  carme,  162. 
Hermalle,  22,  24,  36,  140. 
Herman  (Jean-Jacques),  curé  de  Visé, 

44, 61 ,  62  ;  il  institue  les  pauvres  de 

Visé  ses  héritiers  universels,  126. 
Hermans  (Herman),  6.  —  Marie,  6. 
Herstal,  24. 
Hervianus  (Jacques),   doyen  de  la 

collégiale  de  Visé,  70. 
Hesbajre  (la),  1,2,  12.  —  L'archidia- 

conat,  36,  37. 
Hesbaye  (Robert,  comte  ou  duc  de 

la),  1. 
Heure  (d'),  V.  Oranus. 
Heçe,  hameau  du  pays  de  Diest,  5. 
Heyde,  6,  7. 
Hilaire  (saint),  45,  46. 
Hincmal  (Jean),  doyen  de  Sainte- 
Croix  à  Liège,  80. 
Hinisdael,  161. 
Hohgnoul  (Ameil  de)  tue  Renier  de 

Viseit  pendant  la  guerre  des  Awans 

et  des  Waroux,  149. 
Hoigne  (Jean),  245,  248. 
Honlet,  106. 
Horion  (la  famille),  171. 
Homes  (Arnould  de),  prince-évêque 

de  Liège,  212.  — Jean,  238. 
Houbbart  (Antoine)  a  l'honneur  de 

recevoir  Louis  XIV,  226. 

33 


—  262  — 


Houthem  (Jean  de),  240. 

Ho\émont,  i5o. 

Hubert  (l'église  de  Saint-)  à  Liège, 
97.  —  Henri,  roi  des  arbalétriers 
de  Visé,  i32. 

Hubines  (Jean  de),  prévôt  de  Saint- 
Hadelin,  75. 

Hugues  de  Châions,  prince-évêque 
de  Liège,  234. 

H ul sonne  au,  74,  88. 

Hurbi\e,  ferme  de  Visé,  2 1 . 

Hujr,  48. 

Huygens,  157. 

Imaina,  épouse  d'Arnoul  de  Wese- 
mael,  3. 

Incurables  (maison  des),  à  Liège,  due 
à  la  libéralité  de  Jean-Ernest,  ba- 
ron de  Surlet-Chokier,  72. 

Ingelbeeck,  5. 

Innocent  VII  (le  pape),  23 1 . 

Isabelle  (la  gouvernante),  99. 

Jacques,  seigneur  de  Celles,  64. 

Jacquet,  évêque  d'Hippone,  consacre 
l'église  de  Donck,  1 1 . 

Jauches  (Henri  de),  prévôt  de  Saint- 
Lambert,  197. 

Jean,  prévôt  de  Stavelot,  181 . 

Jean-sans-Pitié,  V.  Jean  de  Bavière. 

Jean,  doyen  de  Saint-Martin  à  Liège, 
36. 

Jean-le- Victorieux,  se  distingue  à  la 
célèbre  bataille  deWoeringen,  149. 

Jean  XXIII  (le  pape),  23 1. 

Jean  (chevaliers  de  Saint-),  16, 27, 95. 

Jeghers  (Lambert),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  57,  75,  91,  99;  au- 
teur de  l'histoire  de  l'ordre  du  Saint- 
Sépulcre  ;  analyse  de  cet  ouvrage, 
216-218. 

Je  henné,  épouse  de  Gérard  le  Peneur, 

123. 

Jemeppe,  77. 

Joiris,  doyen  delà  collégiale  de  Visé, 

79- 


Jules  II  (le  pape),  245,  247. 

Juliers  (Simon  de),  doyen  de  la  col- 
légiale de  Saint-Denis  à  Liège,  245. 

Juncis  (Adam  de),  235,  236. 

Jupille,  49  ;  les  Sépulcrines  s'y  éta- 
blissent, 100. 

Kamps  (]ea.n),  doyen  de  la  collégiale, 
de  Visé,  79. 

Kelbergen,  5. 

Kelcteren  (P.  van),  notaire,  5. 

Kerckem  (Adam  de),  épousa  Cathe- 
rine de  la  Saulx,  96, 1 5 1 .  —  Adam, 
fils  naturel  de  Henri  van  Ordingen, 
i5i. 

Klein-Meerhout,  V.  Meerhout. 

Labbeye  (Mathias),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  76. 

Lambert  (la  cathédrale  de  Saint-), 
16,  27;  propriétaire  du  moulin  de 
Devant-le-Pont,  140,  141.  —  Le 
Chapitre,  36,  37,  38,  52,  70,  97. 

Lambert  (l'hôpital  de  Saint-)  à  Visé, 
121. 

Lambertin  (Jean),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  74,  75,  76,  i83.  — 
Sébastien,  prévôt  de  la  même  col- 
légiale, 75.  —  Eustache,  ibid. 

Lambertus,  frater  concilii  visetensis, 
36. 

Langrode,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Larifridus,  doyen  de  Stavelot,  181. 

Laruelle,  bourgmestre  de  Liège,  2o3. 

Lathomi  (Catherine),  sépulcrine  à 
Visé,  97. 

Laurent  (les  moines  de  Saint-)  vont  à 
la  foire  de  Visé,  193;  légende  con- 
cernant ces  moines,  218,  219. 

Laurent  (Ernotte),  bourgmestre  de 
Visé,  225. 

Lavis,  64. 

Lecocq  (Jean),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  79.  —  Guillaume,  éco- 
lâtre  de  Visé,  80,  81,  82,  187. 


—  263  — 


Lefebvre  (Laurent),  peintre,  né  à 
Visé,  172. 

Lemaire  (Jean),  de  Hermalle,  94. 

Letnbor  (Henry),  chanoine  et  éco- 
lâtre  de  Sainte- Croix  à  Liège, 
126. 

Léon  III  (le  pape),  46, 47, 48. 

Leroux  (dame),  supérieure  des  Sé- 
pulcrines  à  Visé,  101 . 

Lexhe  (Johan  dit  Forgon  de),  140. 

LejcAp  (de),  i5o. 

Libert,  évêque  de  Barut,  243. 

Libotte  (Mathias),  curé  de  Visé,  59. 
—  Simon,  chanoine  d'Aix-la-Cha- 
pelle, curé  d'Emael  et  recteur  de 
1  autel  de  Sainte-Catherine  à  Visé, 
93.  — Jacques,  roi  des  arbalétriers 
à  Visé,  i32.  —  Catherine,  épouse 
de  Herman  de  Marets,  189. 

Liebroeck,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Liège,  i3,  25,  27,  28,  44,  48,49,  57, 
58,  61,  63,  68,  71,  81,  88,  93,  97. 

Limbourg  (le  duché  de),  26.  —  La 
ville  se  rend  aux  Français,  226. 

Limbourg  (Théodoric  de),  doyen  de 
la  collégiale  de  Visé,  78.  —  Jean, 
seigneur  d'Oupey  et  de  Vivegnis, 
échevin  de  Liège,  141.  —  Ermen- 
garde,  149. 

Linckhout,  7. 

Linter  (le  monastère  de),  3. 

Linter  (Henri  de),  5. 

Liverlo  (Marie  de),  sépulcrineà  Visé, 
fondatrice  des  couvents  à  Maes- 
tricht  et  à  Hasselt,  97. 

Lixhe,yy.  —  La  dîme,  35,  66. 

Lobbes,  75. 

Lont\en  (Conrad  de),  sénéchal  de 
Limbourg,  149. 

Lopardia  (Alexandre  de),  écolâtre  de 
Visé,  93. 

Lopfenberch,  23 1. 

Lorette  (chapelle  de),  à  Visé.  Notice 


sur  ce  sanctuaire,  109-1 13.  —  Son 
ermitage,  112,  11 3. 

Lorraine  (le  duc  de),  27.  —  Henri,  3. 

Louis,  roi  de  France,  234. 

Louis-le-Débonnaire,  26. 

Louis  XIV,  32,  59,  60,  119.  Il  s'ar- 
rête à  Visé,  224-227.  Une  anec- 
dote de  ce  prince  à  Visé,  226,  227. 

Louvain  (l'université  de),  69, 79,  238. 

Lovenjoul,  la  Capellanie,  66  ;  la 
dîme,  88. 

Lovin fosse  (de),  141 . 

Loy  (Gérard  del),  140. 

Ludger  (saint),  évêque  de  Munster, 
47,48. 

Luxembourg  (le  comte  de),  s'empare 
du  château  de  Fraipont,  149. 

Macar  (de),  63. 

Macka,  221. 

Maes  (Thomas),  90. 

Maestricht,  20,  22,  24,  236.  —  Le 
doyenné  rural,  35, 36,  45.  —  Diffé- 
rend entre  les  bourgeois  et  les  cha- 
noines de  Saint-Servais,  77.  —  Les 
Sépulcrines  de  Visé  y  fondent  une 
maison,  99. 

Magné,  chanoine  de  la  collégiale  de 
Visé,  90. 

Magrande  (Henrotte),  41. 

Mahomet,  233,  240. 

Maimont,  64. 

Malconvat,  près  de  Visé,  197. 

Malte,  V.  chevaliers  de  Saint-Jean. 

Marcheit  (porte  du)  à  Visé,  17. 

Marets  (des).  Cette  famille  se  fixe  à 
Visé,  166.  —  Denys,  167.  —  Her- 
man, mayeur  et  lieutenant-bailli  à 
Visé,  167,  168.  —  Barthélémy  dit 
de  Charneux,  168.  —  Herman, 
époux  de  Catherine  Libotte,  189. 
Pierre,  189.  V.  aussi  Charneux. 

Mark  (Adolphe  de  la)  ;  son  sceau, 
i5  ;  il  transfère  le  Chapitre  de 
Saint-Hadelin  de  Celles   à  Visé 


264  — 


28,  36,  65  ;  il  crée  huit  nouvelles 
prébendes  à  l'église  de  Visé,  65  ;  il 
astreint  les  chanoines  de  Visé  à  la 
résidence  personnelle,  66  ;  il  déter- 
mine les  revenus  et  les  droits  de 
la  plébanie  de  Visé,  67  ;  il  crée  la 
dignité  de  doyen  au  Chapitre  de 
Visé,  73,  76,  122  ;  sa  victoire  au 
Thier  de  Nierbonne,  i5o,  236. 

—  Erard,  3i  ;  on  voit  ses  armoiries 
à  la  fenêtre  absidale  de  1  église  de 
Visé,  5 1  ;  il  donne  des  privilèges 
aux  Visétois,  194,  245,  247,  249. 

—  Englebert,  confirme  les  statuts  de 
la  collégiale  de  Visé,  42  ;  il  donne 
au  Chapitre  de  Visé  l'immunité 
claustrale,  67.  —  Règles  particu- 
lières du  Chapitre  approuvées  par 
ce  prince,  68,  69. 

—  Guillaume,  237. 
Mark-Weret,  22,  23. 

Mareolt  (à  propos  de  ce  lieu),  1-12. 

Marholt,  1,  2,  3,  4. 

Martin  (saint),  45,  46. 

Martin  (la  collégiale  de  Saint-),  36. 

Massillon  (Crespin  de),  bourgmestre 

de  Liège,  60.  —  Marie  Célestine, 

fille  du  précédent,  60. 
Mansuarinsis  (le  pagus),  1,2. 
Mathei  (Willebrord),  244. 
Mechlinia  (Guillaume  de),  abbé  de 

Saint-Trond,  8,  9. 
Meerbeeck    (le),    ruisseau   près    de 

Diest,  4. 
Meerbeeck,    hameau    du    pays   de 

Diest,  5. 
Meerot,  5,  6. 
Meersen   (Libert   de),    chanoine  et 

écolâtre  de  Visé,  93. 
Mheer  (le  seigneur  de),   116.  —  Le 

village,  128. 
Merhout,   1-12.  —  Henri  de  Mer- 

hout,  3.  —  Thierry,  3. 
Mesch  ou  Meschawe,  23. 


Métiers  (les),  à  Visé,  V.  Visé. 

Meurs  (le  comte  de),  28. 

Micerio,  V.  Nucerio. 

Mirode  (Arnoldus  a),  abbé  séculier 
de  Visé,  71. 

Molenstede,  hameau  du  pays  de 
Diest,  5. 

Moll,  2,  3. 

Mons  (Adam  de),  doyen  de  la  collé- 
giale de  Visé,  77.  —  Clous,  éche- 
vin  de  Visé,  père  du  précédent, 

77- 
Monse,  hameau  de  Visé,  34,  96. 

Monte  (de),  V.  de  Mons. 

Moster-Dyck,  8. 

Motmans,  161. 

Mouland,  village  près  de  Visé,  17, 

l8>  75>  77»  93- 
Mouland  (la  porte  de),  à  Visé,  18. 

Moulinghen  (Wilhelmus  a),  doyen 
de  la  collégiale  de  Visé,  79. 

Moustier,  41. 

Mouton  (Sigisfroid-Joseph),  curé  de 
Visé,  44,  60,  61.  —  Jean- Baptiste, 
capitaine  de  Sa  Majesté  catho- 
lique, 60. 

Namur,  on  y  tient  un  Chapitre  pro- 
vincial, 10 1.  —  Le  comte  de  Na- 
mur, 101. 

Nassau  (de),  i52.  —  Englebert,  240. 

Nassovia,  3. 

Navagne,  77  ;  le  château  assiégé  par 
les  Français,  225  ;  il  se  rend,  ibid. 

Nazareth,  110,  m. 

Neavaigne  (les  chevaliers  de),  i5i. 
Le  château,  2o3. 

Nettines,  88. 

Nicolas  V  (le  pape),  241,  242. 

Nicolas  (l'hôpital  de  Saint-),  à  Visé, 
19,  33,  76,  94,  1 16  ;  notice  sur  cet 
hôpital,  122-125. 

Nicolas  (l'autel  de  Saint-),  à  Visé, 

76,  94- 
Nivarre  (Eustache  de),  chanoine  de 


—  265  — 


l'église  de  Saint-Jean-FEvangéliste 
à  Liège,  245. 
Noorbeek  (le  village  de),  en  wallon 

Nordebaye,  22,  24. 
Noot  (Reynier  van  der),  6. 
Norhof  (Levoldus  de),  abbé  séculier 

de  Celles,  64,  71. 
Normands  (les),  49. 
Nucerio   (Jean  de),   archidiacre  de 

Hesbaye,  38. 
Oerbach    (Jean),    abbé   séculier    de 
Visé,  43,  71. 

Ogier-le-Danois,  26.  —  Ogerus,  pré- 
vôt de  la  collégiale  de  Visé,  76. 

Oldenburg,  \5y. 

Ombre\  (Clémence  d'),  native  de  Visé, 
première  supérieure  du  couvent 
des  Sépulcrines  à  Aix-la-Chapelle, 
99. 

Ongeer  (Jean  de),  chanoine-chantre 
de  Visé,  11 5. 

Orange  (le  prince  d'),  roi  d'Angle- 
terre et  seigneur  de  Diest,  4.  — 
Il  assiège  la  ville  de  Maestricht, 
226. 

Oranus  (d'Heure),  161. 

Oratoriens  (les),  107,  108;  ils  s'éta- 
blissent à  Visé,  107,  116.  Leur 
collège,  16,  19,  33,  107,  116,  117, 
118.  Leurs  prétendus  souterrains 
secrets,  107. 

Ordange  (Adam  d'),  abbé  de  Saint- 
Trond,  9. 

Otten  (Aert),  6. 

Otton  (l'empereur),  26. 

Oultremont  (Charles  d'),  104. 

Oupey  (Odile  d'),  sépulcrine  à  Visé, 
99. 

Oupey  (le  village  d'),  62  ;  son  mou- 
lin, 146. 

Outre-Meuse  (le  pays  d'),  102. 

Pacichelli,  \bj. 

Packhouse  (rue  du),  à  Visé,  201. 

Padoue  (saint  Antoine  de).  Le  col- 


lège des  Pères  Récollets  de  Visé 
lui  est  dédié,  1 16. 

P ail  and  (Daniel  de),  1 5 1 . 

Papenbroeck,  hameau  du  pays  de 
Diest,  5. 

Parion  (Josse),  234,  235. 

Pascal,  157. 

Pauli  (Guillaume),  doyen  de  la  col- 
légiale de  Visé,  79. 

Pedele,  hameau  du  pays  de  Diest,  5. 

Pellenbrouck,  chanoine  de  Visé,  1 10. 

Pellencop  (Conrad),  123. 

Peneur  (Gérard  le),  123. 

Penthecoste,  femme  de  Wautier  de 
le  Sauth,  95. 

Pépin  de  Herstal,  88  ;  il  visite  saint 
Hadelin  à  Celles,  175. 

Percheval,  V.  Carreto. 

Père,  hameau  du  pays  de  Diest,  5. 

Pernode  (Catherine),  épouse  de  De- 
nys  de  Charneux,  53,  167. 

Perron  (rue  du),  à  Visé,  201. 

Perweis  (Godefroid  de),  3. 

Pesser,  chanoine  de  Visé,  63. 

Peston  (Henri),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  75. 

Philippe  II,  75. 

Pie  II  (le  pape),  241 ,  246. 

Pierre  (la  collégiale  de  Saint-),  à 
Liège,  66. 

Pinus  (Jean),  de  Toulouse,  245. 

Piret  (Guillaume),  curé  de  Visé,  43, 
56,  126. 

Pirnea  (Simon),  106. 

Piron  (Jacques),  189. 

Pironnet  (Pierre),  curé  de  Visé,  pré- 
vôt de  la  collégiale,  doyen  du  Con- 
cile de  Maestricht  et  archidiacre  de 
Celles,  45,  62,  63,  76,  126,  129, 
i3o.  —  Son  épitaphe,  62. 

Pise,  232. 

Plétrou(le),  25. 

Plettemberck  (Marie -Sibylle  de), 
dame  de  la  Rochette,  102,  io3. 


1 


—  266  — 


Plorar  (Walther),  bourgmestre  de 
Visé,  épousa  Hélène  Straven,  dite 
du  Chasteau  ou  a  Castro,  1 53.  — 
Catherine,  fille  des  précédents,  dite 
Waltheri,  épousa  Renard  de  Sluse, 
i53, 190;  sa  mort,  225.  — V.  aussi 
Waltheri. 

Poitiers  (Guillaume  de),  prévôt  de  la 
cathédrale  de  Liège,  assiste  au 
Concile  de  Trente,  1 5 1 . 

Pontanus,  168. 

Postiche,  porte  de  Visé,  18. 

Printe  de  Warancelle  (N.  de),  voué 
de  Nivelles,  77,  i5i.  —  Louis,  fils 
du  précédent,  doyen  de  la  collé- 
giale de  Visé,  77  ;  fondateur  de 
l'autel  de  Sainte-Catherine  à  Visé, 
93. 

Proidhomme  (Cloes),  doyen  de  la 
collégiale  de  Visé,  78. 

Proisme  (Jean),  chanoine  de  Visé,  70, 
n5. 

Provinces- Unies  (les),  32. 

Puchey  (Jean  de),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé  et  curé  de  Mouland, 

75. 

Purnode  (Jean  et  Laurent),  doyen  de 
la  collégiale  de  Visé,  79. 

Querçy-sur-Oise,  le  pape  Léon  III 
s'y  rend,  48. 

Radoux  (Hubert),  curé  de  Visé,  42, 
44,  57,  58,  60.  —  Hubert,  neveu 
du  précédent,  écolâtre  et  doyen  de 
la  collégiale  de  Visé,  59. 

Raevelst  2. 

Ranst  (Simon),  abbé  du  Val -Dieu, 
bienfaiteur  du  couvent  des  Récol- 
lets à  Visé,  io3,  109. 

Rasquin-le-Rqy  (rue  de),  à  Visé,  67, 
201.  —  Famille  de  Visé,  201. 

Récollets  (les  Pères)  prêchent  le  ca- 
rême à  Visé,  61 ,  63  ;  ils  se  fixent  à 
Boland,  44,  à  Visé,  101.  Ils  cons- 
truisent à  Visé  un  nouveau  cou- 


vent, 102,  et  ouvrent  une  école 
d'humanités,  33,  104,  116;  ils  re- 
fusent d'administrer  les  malades 
pestiférés,  58,  59.  Leur  suppres- 
sion, 104. 

Remacle  (saint),  63,  173,  174. 

Renart  (Peter),  curé  de  Donck,  5. 

Renchon  le  Parmentier,  124. 

Requilé  (la  famille  de),  1 69-171.  — 
Guillaume  se  fixe  à  Visé,  169  ;  il 
devient  échevin  de  la  Cour  de  jus- 
tice de  Visé  et  receveur  du  Chapitre 
de  Saint-Hadelin,  ibid.;  il  épouse 
Ailide,  fille  du  Vieux  Renard  Sluse, 
ibid.  Ses  enfants  : 

i°  Guillaume,  chanoine  de  la 
collégiale  de  Visé,  ibid. 

20  Nicolas,  curé  de  Lanay,  pré- 
vôt du  Chapitre  de  Saint-Hadelin, 
75,  170. 

3°  Renaud,   avocat,   bailli    des 
chanoines  de  Saint-Pierre  à  Liège, 
170. 
40  Ailide,  170. 

—  Pierre-Godefroid,  écolâtre,  doyen 
de  Notre-Dame  à  Tongres,  170.  — 
Jacques,  échevin  et  greffier  de  la 
Cour  de  justice  à  Visé,  ibid.  ;  il 
avait  entre  autres  deux  enfants  : 

i°  Reine,  qui  épousa  Jean  Ple- 
nus  Aphernon. 

20  Guillaume,  docteur  en  droit, 
époux  de  Marguerite  de  Charneux, 
169, 170,  dont  il  eut  douze  enfants, 
parmi  lesquels  :  i°  N.,  chanoine  à 
Saint-  Léonard,  à  Liège,  1 70  ;  20  N. , 
chanoine  à  Saint-Servais,  à  Maes- 
tricht,  ibid.;  3°  Jean-Ernest,  qui 
se  maria  à  Venlo  et  s'établit  dans 
la  Gueldre,  ibid.  ;  il  eut  deux  fils  et 
une  fille  qui  épousa  Nicolas  Elias, 
ibid.  ;  40  Bartholomé,  colonel  im- 
périal, gouverneur  de  Bonn,  époux 
de  Jeanne  de  Fraikin,  dont  il  eut  : 


\ 


—  267  — 


i°  Guillaume-François,  échevin  et  I 
bourgmestre  de  Maestricht,  171  ; 
20  Maximilien-Henri-Daniel, époux 
d'une  fille  de  Guillaume  de  Block- 
house,  bourgmestre  de  Liège,  ibid. , 
dont  il  eut  un  fils,  colonel  en 
Bohême  et  une  fille  mariée  à 
Maure  de  Réquilé,  fils  du  bourg- 
mestre de  Maestricht,  dont  deux 
filles:  a)  N.,  épouse  Fouarge; 
b)  N.,  épouse  Dodémont,  171.  — 
L'habitation  de  cette  famille,  199. 

Rethy,  2. 

Reynier,  étudia  au  collège  des  Ora- 
toriens  à  Visé,  1 17. 

Reyrode,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Richelle,  23,  59. 

Ride  (Michael),  prévôt  de  la  collégiale 
de  Visé,  75. 

Rissac  (Joseph- Dieudonné,  Cachard 
de),  né  à  Visé,  bachelier  en  théolo- 
gie, curé  dans  le  Tournaisis,  171. 
—  La  famille,  1 1 5. 

Rivage  (du),  V.  Viseit. 

Rivé  (Pierre),  bourgmestre  de  Visé, 

225. 

Rochart  (Pierre),  chanoine  et  chantre 
de  la  collégiale  de  Visé,  188. 

Rode,  hameau  du  pays  de  Diest,  5. 

Rœterchove,  hameau  du  pays  de 
Diest,  5. 

Rome,  44,  57,  61,  66,  1 10. 

Rothem  (l'abbaye  de),  10. 

Rougrave  (le  vicaire-général),  191. 

Rummen,  7. 

Ryckel,  24. 

Ryckel  (Balthasar  de),  prévôt  de  la 
collégiale  de  Visé,  76.  —  Eustache, 
doyen  de  la  collégiale  de  Visé,  79. 

Rynrode  (l'ermitage  de),  10. 

Sacré  (Gérard),  191. — Joseph-Marie, 
chartreux  à  Rome,  ibid. 

Saint-Trond,  V.  Trond. 


Saive  (l'abbé  B.  de),  originaire  de 
Visé,  auteur  de  plusieurs  ouvrages, 
171-172. 

Salfinnes  (le  seigneur  de),  21 3. 

Sarolay  de  Cheratte  (de),  bienfaiteur 
des  Récollets  à  Visé,  io3. 

Sarrasin  (Nicolas),  doyen  de  la  collé- 
giale de  Visé,  5o,  52,  78,  88,  93, 
125,  141. 

Sartorius,  chanoine- chantre  de  Visé; 
son  procès,  33,  83-86.  —  Henri- 
Eustache,  frère  du  chanoine,  83-86. 
—  L'avocat,  ibid. 

Sartorius  (la  colombe  de),  légende 
visétoise,  219,  220. 

Sarte  (chapelle  de  la),  109. 

Sasse  (délie),  V.  Saulx. 

Saulçy  (la  famille  de),  141 . 

Saulx  des  Temples  (Wauthier  de  la), 
épousa  dame  Penthecoste,  sœur  de 
Jean  le  Vieux  de  Rouveroy,  95, 
i5o,  2i3.  — Wathi  le  Jeune,  fils 
des  précédents,  épousa  Marie,  fille 
de  Renar  d'Argenteau,  dite  Dame 
du  Temple,  140,  i5o,  i5i  ;  ils 
eurent  deux  filles,  Tune  épousa  a) 
Daniel  de  Paland,  b)  Robert  d'Ar- 
ckel  dit  de  Rynswauld  ;  l'autre 
épousa  Adam  de  Kerkem,  i5i. 

Saumes  (Jean  des),  grand-maître  des 
Templiers,  i5o. 

Sauvenière (M.  delà),  1 53. 

Saxe  (Albert  duc  de),  239. 

Scaffen,  1,  2,  3,  4. 

Scafnis,  1,  4. 

Schaffhouse,  23 1. 

Schifflet  (Jean- Baptiste),  225.  —  Con- 
stantin, père  du  précédent,   ibid. 

Schoenaerde,  hameau  du  pays  de 
Diest,  5. 

Schuermans  (Jean -Jacques),  doyen 
de  la  collégiale  de  Visé,  79. 

Scomberg  (de),  général  français,  226. 

Scy,  88. 


—  268  — 


Sépulcre  (les  chanoinesses  du  Saint-), 
V.  Sépulcrines. 

Sépulcrines  (les  religieuses),  à  Visé, 
16,  19,  3i,  57,  63.  —  Notice  sur 
ces  religieuses,  97,  11 5.  —  Leur 
pensionnat,  97,  116.  —  Leur  ex- 
ternat, 116. 

Serain  (Libert  de),  prévôt  de  Celles, 
64,  75. 

Servais  (les  chanoines  de  Saint-),  à 
Maestricht,  77. 

Sichem,  3. 

Sittert,  6. 

Sixte  III  (le  pape),  237. 

Sixte  IV  (le  pape),  234,  235,  241, 
246. 

Slenaken  (Pierre),  doyen  de  la  collé- 
giale de  Visé,  43,  55,  56,  79,  145, 
194.  —  La  famille  occupe  la  ferme 
des  chevaliers  de  Malte  à  Visé,  96. 

Sluse  (Renard  de),  s'établit  à  Visé, 

1 53.  —  Ailide,  fille  du  précédent, 
épousa  Guillaume  Réquilé,  169. 
—  Renaud,  notaire  et  greffier  de 
Visé,  épousa  Catherine  Plorar, 
dite  Waltheri,  i53,  190;  dont  i° 
René-François,  chanoine  de  Saint- 
Lambert,  abbé  d'Amay,  1 54-1 58, 
190;  20  Jean  Gualthier,  cardinal, 

154,  160-164;  3°  Pierre- Louis, 
conseiller  privé  du  prince-évêque 
de  Liège,  154,  164,  i65.  —  De 
Houppertingen,  i65.  —  Le  mo- 
nument de  la  famille  à  l'église  de 
Visé,  189,  190. 

Sophie,  dame  du  chevalier  Wathiers 
Carot,  92  ;  elle  fait  des  donations 
au  Temple  à  Visé,  95. 

Southerus,  seigneur  de  Bicelos,  64. 

Souvré,  faubourg  de  Visé,  21,  83,  84, 
198. 

Souvreit  (la  porte  de),  à  Visé,  17. 

Sprimont,  63. 

Stapelle  (Anne),  fondatrice  des  Sé- 


pulcrines à  Visé,  97,  98,  99,   100. 
Stassens  (Gilles),  chanoine  de   Visé, 

125. 

Stembier,   tréfoncier,  abbé   séculier 

de  Visé,  5i,  52,  72. 
Stembier  de  Wideux  (la  baronne), 

i65. 
Stenval  (Jean  de),  io5. 
Stevartius  (Hubertus),  prévôt  de  la 

collégiale  de  Visé,  75. 
Stiels,  doyen  de  Visé,  164. 
Stomp,  10. 
Stoupy,  vicaire-général  de  Visé,   1  o, 

1 1. 
Straad  (le  comte  de),  gouverneur  de 

Maestricht,  225. 
Straven  (Hélène),  dite  du  Chasteau 

ou  à  Castro,  fille  de  Walther  Plo- 
rar, 1 53. 
Stryrode,  hameau  du  pays  de  Diest, 

5. 
Surpel  (Hendrick  van),  5. 
Taxandrie  (le  pagus),  2,  12. 
Taxandrine,  24. 
Temple  (le),  V.  Templiers. 
Temples    (Marie  des),    épouse    de 

Waultier  del  Saulx,  140. 
Templiers  (les),  27,  92.  —  Ils  s'éta- 
blissent à  Visé,   95-97.  —   Leur 

ferme,  98. 
Tessenderloo,  1. 
Thimister,  78. 
Thomé,  passeur  d'eau  à  Visé,  202, 

2o3,  207. 
Thonnard  (le  Père),  carme  déchaussé 

à  Liège,  106. 
Thour  (Marie),   sépulcrine  à  Visé, 

97- 

Thuin,  possède  un  collège  de  l'Ora- 
toire, 107. 

Tiernagan  (Pierre),  accusé  d'hérésie, 

l52. 

Tongres,  24,  45,  47.  —  La  collé- 
giale, 48. 


—  269  — 


Trajecto  (Amyl  de),  doyen  de  la  col- 
légiale de  Visé,  77. 

Trappe  (de),  étudie  au  collège  des 
Oratoriens  à  Visé,  1 17. 

Treit  (voie  de),  route  près  de  Visé,  18. 

Tressogne,  88. 

Trond  (Saint-),  1,  3,  4,  8,  n,  24. 

Urso  (Petrus  de),  curé  de  Visé,  et 
doyen  du  Chapitre  de  Saint-Hade- 
lin,  37,  55,  67,  77. 

Val-Dieu.  Les  religieux  ont  un  refuge 
à  Visé,  108,  119. 

Valle-Virginum,  3. 

Veldjveçet,  22,  23. 

Velpem,  i,  2,  4,  8,  12. 

Venne  (ten),  hameau  du  pays  de 
Diest,  5. 

Veosat,  forme  du  nom  de  Visé,  23. 

—  Veosatum,  ibid. 
Vervia,  V.  Vervier. 

Verrier  (Michel  de),  abbé  du  Val- 
Dieu,  109,  168.  —  Notice  sur  sa 
vie,  i52. 

Vilîenfagne  (de),  étudie  au  collège 
des  Oratoriens  à  Visé,  117.  — 
Gilles-Albert,  seigneur  de  Vogel- 
sanck,  bienfaiteur  des  Oratoriens 
à  Visé,  33,  107,  1 16. 

VilIers-le-Templet  96. 

Visé,  11-227.  Les  archives  de  la 
paroisse  et  de  la  ville,  i5,  16.  — 
Toponymie  de  la  ville,  200-202. 

—  Les  portes,  17, 18.  —  Les  ponts, 
210.  —  Le  cimetière,  18.  —  Le 
perron,  18.  r—  Les  quartiers,  les 
rues,  les  faubourgs  et  les  lieux-dits, 
19-21,  200-202. —  La  population, 
21.  Les  différents  noms,  22,  23. 
Etymologie  du  nom,  24.  —  His- 
torique de  la  ville,  24-33.  Son 
origine,  24-26.  —  Fief  de  l'église 
de  Liège,  26.  Droits  féodaux  de  la 
cathédrale  de  Saint- Lambert,  211. 
Le  poisson  royal,  212.   Le  droit 


de  péage,  28  et  212.  Les  dîmes, 
212.    La  cour  des  tenants,   21 3. 

—  La  justice,  27,  220,  221.  —  Les 
fortifications  et  les  remparts,  17, 
18,  25,  27,  28,  3o,  3i,  32.  —  Ba- 
taille de  Visé,  26,  27.  —  Destruc- 
tion et  pillage,  28,  29,  3o,  32.  Ex- 
ploit d'une  Visétoise,  209.  —  Pri- 
vilèges, droits  et  franchises,  19, 
25,  29-33,  194.  —  La  peste,  21, 
3i,  32,  57-59.  Police  sanitaire, 
221,  222.  —  Règlement  concer- 
nant les  élections,  32,  33.  —  To- 
ponymie de  la  campagne,  203-209. 
Les  plaines,  les  sentiers,  les  routes, 
les  ruisseaux,  etc.,  203-209.  Les 
fermes,  21,  198. 

—  La  paroisse,  33-45.  Son  origine, 
33,  34.  Dépendances,  34,  35,  36. 

—  L'église,  26,  3o,  3 1,  45-55.  Son 
origine,  33,  34,  46,  47,  48.  Les  re- 
venus, 33,  34,  37,  38,  39,  41,  42. 
Les  succursales,  34,  35,  36.  Les 
cloches,  53-55.  L'administration 
des  biens  de  la  fabrique,  36.  — 
Les  confréries,  1 27- 1 3o  :  du  Tiers- 
Ordre  dans  l'église  des  Récollets, 
104  ;  de  Notre-Dame  du  Mont- 
Carmel  dans  la  chapelle  de  Lorette, 
m  ;  du  Saint- Rosaire,  127,  128; 
du  Saint- Sacrement,  128,  129;  de 
Sainte-Cécile,  1 3o.  —  Les  compa- 
gnies :  des  arbalétriers,  i3o-i36; 
des  arquebusiers,  ibid.  —  Les 
métiers,  136-149;  des  cherwiers, 
1 37  ;  des  neaveurs,  1 37  ;  des  vigne- 
rons, 137,  1 38  ;  obligation  d'en 
faire  partie,  i38 ;  règlement,  i38; 
obligations  et  privilèges,  i38,  139. 

—  L'église  devient  collégiale,  37. 
Les  curés  ou  plébans,  55-58.  Col- 
lation de  la  cure,  36,  37.  —  Diffi- 
cultés entre  le  curé  et  le  Chapitre, 
57,   60-62.    —   Le    Chapitre   de 

34 


—  260  — 


Geyr  deSchweppenbourg(Max-Hen- 

ri-Joseph,  baron  de),  abbé  séculier 
de  Visé,  76,  125. 
Ghenart  (Antoine),  théologien  distin- 
gué, né  à  Visé,  chanoine  et  vice- 
doyen  de  la  cathédrale  de  Saint- 
Lambert,  inquisiteur  de  la  foi  ;  il 
assiste  au  Concile  de  Trente,  1 5 1 , 

l52. 

Giet  (François),  84. 

Gilet  (Nicolas),  11 5. 

Gilles,  chapelain  de  Visé,  92. 

Gillis  de  Saint-Martin,  62,  129. 

Gisberti  (Quirinus),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  75. 

Goelet  (Jean),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  77. 

Goirhé(la  dîme  de),  66,  88,  90,  212. 

Gosuini  (Joannes),  curé  de  Bassenge, 
prévôt  de  la  collégiale  de  Visé,  75. 

Grady  (Michel- Joseph  de),  bourg- 
mestre de  Liège,  170. 

Grégoire  XII  (le  pape),  232. 

Groesbeek  (Gérard  de),  prince-évêque 
de  Liège,  3 1 . 

Grognart  (Roch),  fondeur  de  cloches 
et  bourgmestre  de  Liège,  54. 

Gua\o,  frater  concilii  visetensis,  36. 

Gueldre  (Henri  de),  doit  se  réfugier 
à  Namur,  149.  —  Renaud,  149. 

Guiça,  88,  177. 

Gulielmus,  frater  concilii  visetensis, 
36. 

Gvegesat,  22. 

Haccourt,  33,  77,  146. 

Hadelin  (bénéfices  et  autels  à  la  col- 
légiale de  Saint-),  91-94.  — Obli- 
gations des  bénéficiaires,  91.  — 
Collation,  ibid.  —  Le  bénéfice  de 
Notre-Dame,  92,  97  ;  celui  de 
Saint-Jean-Baptiste,  92  ;  celui  de 
Saint- Hadelin  et  de  Sainte- Anne, 


94. 


Les  autels  des  Saints-Pierre  et 


Paul,  92;  de  Tous  les  Saints,  92, 
94  ;  des  Saints-Georges  et  Sébas- 
tien, 92,  94  ;  de  Sainte-Catherine, 
92,  93  ;  de  Notre-Dame,  97  ;  de 
Saint-Nicolas,  94,  96. 
Hadelin  (Chapitre  de  Saint-),  14,1 5, 

63,  94.  —  Sa  translation  de  Celles 
à  Visé,  28,  36,  47,  55,  64,  65,  66, 
67.  —  Il  construit  le  chœur  de 
l'église  de  Visé,  3o.  —  Il  élargit 
l'église,  5 1 .  —  Difficultés  avec  les 
seigneurs  de  Celles,  64,  65  ;  avec 
le  curé  de  Visé,  57,  60,  62  ;  avec 
l'abbé,  80.  —  L'école  du  Chapitre» 

64,  114.  —  L'abbé  de  Celles,  pro- 
tecteur du  Chapitre,  64.  —  Immu- 
nité claustrale,  67, 68.  —  Cour  des 
tenants  du  Chapitre,  68.  —  Privi- 
lèges du  Chapitre,  68.  —  Règles 
particulières,  68,  69.  —  Prébendes, 

65,  67  ;  Adolphe  de  la  Marck  crée 
huit  nouvelles  prébendes,  ibid.  — 
Droit  de  collation,  65,  66,  67,  69, 
70.  —  Conditions  requises  pour 
être  chanoine,  70;  résidence  per- 
sonnelle des  chanoines,  66.  — 
L'abbé  séculier,  70, 7 1 ,  72  ;  liste  des 
abbés,  71,  72.  —  Le  prévôt,  72- 
76  ;  ses  devoirs  et  ses  droits,  72- 
74;  ses  revenus,  74,  75.  Liste  des 
prévôts,  75-80.  —  Le  doyen,  76- 
80;  ses  droits  et  ses  obligations, 
76  ;  ses  revenus,  77.  Liste  des 
doyens,  77,  80.  —  L'écolâtre,  80- 
82  ;  ses  charges  et  ses  droits,  80. 
—  Le  chantre,  82-86  ;  ses  fonc- 
tions et  ses  revenus,  82.  —  Le  fis- 
eus,  86,  87;  ses  fonctions,  ibid. — 
Les  hebdomadaires,  87.  —  Le  re- 
ceveur ou  compteur,  87.  —  Les 
biens  et  revenus  du  Chapitre,  66, 
87-91.  Les  dîmes  de  Celles,  de 
Franchimont  et  des  différentes  lo- 
calités voisines,  88;  de  Visé,  88, 


—  264  — 


90;  de  Goirhé,  66,  88,  90;  d'Ans, 
88;  de  Lovenjoul,  etc.,  88.  —  Les 
immeubles,  89;  le  vignoble  sur 
Malconvat,  198. 

H  ode  lin  (la  châsse  de  Saint-),  i3,  i5, 
28,  172-187.  —  Descriptions  de  la 
châsse,  173-187.  —  Légendes  et 
inscriptions,  ibid.  ;  miracle  de  la 
colombe,  173,  174;  une  réception 
de  disciples,  174-176;  miracle  de 
Franchimont,  176;  guérison  d'une 
muette  à  Dinant,  176,  177;  résur- 
rection de  Guiza,  177-180;  les 
obsèques  de  saint  Hadelin,  178, 
179. 

Hageland  (le),    5. 

Halbeker-dyk,  8. 

Halen  de  Borre,  22 1 . 

Halen,  1,  2,  4,  6,  8,  10. 

Hallembaye,  24,  121,  208. 

Halon,  1. 

Halteriana  (les),  terres  de  Sainte- 
Croix  de  Liège  situées  près  de  Visé, 
204. 

Hamalia  (Mathias  ab),  prévôt  de  la 
collégiale  de  Visé,  75. 

Hameyen  (Herman  van),  6. 

Hamoir  (le  Père),  récollet  de  Visé, 
examinateur  synodal  de  Liège,  104. 

Hanegreve,  3. 

Hannines  (le  sentier  de),  près  de 
Visé,  206. 

Hannot  (Cloes),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  78. 

Hardy  (Jean-Simon),  mambour  de 
l'hôpital  de  Saint- Nicolas  à  Visé, 

123. 

Hasnoch,  4. 

Hasselt,  7. 

Hauteur  (Mathias),  44. 

Haversin,  88. 

Heinsberg  (Jean  de),  prince-évêque 

de  Liège,  19,  29,  3o,  77,  137. 
Henget  (Nicolas),  pléban  de  Visé,  53. 


Henkart,  étudie  au  collège  des  Ora- 

toriens  à  Visé,  117. 
Hennet,  prétendu  complice  de  Sar- 

torius,  84,  85. 
Henri  IV  (l'empereur),  26,  27,  88. 

—  Henri  V,  27.  —  Archevêque  de 

Cologne,  236.  —  Duc  de  Brabant, 

234. 
Henrotte  Magrande,  41. 
Herck  (la),  rivière,  7,  9,  10. 
Herck  (l'église  de),  10. 
Herck  (Joseph  van),  abbé  de  Saint- 

Trond,  11. 
Heris  (Guillaume),   dit   Herman   a 

sancta  Barbara,  carme,  162. 
Hermalle,  22,  24,  36,  140. 
Herman  (Jean-Jacques),  curé  de  Visé, 

44, 6 1 ,  62  ;  il  institue  les  pauvres  de 

Visé  ses  héritiers  universels,  126. 
Hermans  (Herman),  6.  —  Marie,  6. 
Herstal,  24. 
Hervianus  (Jacques),   doyen  de   la 

collégiale  de  Visé,  70. 
Hesbaye  (la),  1,2,  12.  — L'archidia- 

conat,  36,  37. 
Hesbaye  (Robert,  comte  ou  duc  de 

la),  1. 
Heure  (d'),  V.  Oranus. 
He\et  hameau  du  pays  de  Diest,  5. 
Heyde,  6,  7. 
Hilaire  (saint),  45,  46. 
Hincmal  (Jean),  doyen  de   Sainte- 
Croix  à  Liège,  80. 
Hinisdael,  161. 
Hohgnoul  (Ameil  de)  tue  Renier  de 

Viseit  pendant  la  guerre  des  Awans 

et  des  Waroux,  149. 
Hoigne  (Jean),  245,  248. 
Honlet,  106. 
Horion  (la  famille),  171. 
Homes  (Arnould  de),  prince-évêque 

de  Liège,  212.  —Jean,  238. 
Houbbart  (Antoine)  a  l'honneur  de 

recevoir  Louis  XIV,  226. 

33 


—  262  — 


Houthem  (Jean  de),  240. 

Ho\émont,  i5o. 

Hubert  (l'église  de  Saint-)  à  Liège, 
97.  —  Henri,  roi  des  arbalétriers 
de  Visé,  i32. 

Hubines  (Jean  de),  prévôt  de  Saint- 
Hadelin,  75. 

Hugues  de  Châlons,  prince-évêque 
de  Liège,  234. 

Hulsonneau,  74,  88. 

Hurbi\e,  ferme  de  Visé,  2 1 . 

Huy,  48. 

Huygens,  i5j. 

Imaina,  épouse  d'Arnoul  de  Wese- 
mael,  3. 

Incurables  (maison  des),  à  Liège,  due 
à  la  libéralité  de  Jean-Ernest,  ba- 
ron de  Surlet-Chokier,  72. 

Ingelbeeck,  5. 

Innocent  VII  (le  pape),  23 1 . 

Isabelle  (la  gouvernante),  99. 

Jacques,  seigneur  de  Celles,  64. 

Jacquet,  évêque  d'Hippone,  consacre 
l'église  de  Donck,  1 1 . 

Jauches  (Henri  de),  prévôt  de  Saint- 
Lambert,  197. 

Jean,  prévôt  de  S tavelot,  181. 

Jean-sans-Pitié,  V.  Jean  de  Bavière. 

Jean,  doyen  de  Saint-Martin  à  Liège, 
36. 

Jean-le-Victorieux,  se  distingue  à  la 
célèbre  bataille  deWoeringen,  149. 

Jean  XXIII  (le  pape),  23 1. 

Jean  (chevaliers  de  Saint-),  16, 27, 95. 

Jeghers  (Lambert),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  57,  75,  91,  99;  au- 
teur de  l'histoire  de  l'ordre  du  Saint- 
Sépulcre  ;  analyse  de  cet  ouvrage, 
216-218. 

Jehenne,  épouse  de  Gérard  le  Peneur, 

123. 

Jemeppe,  77. 

Joiris,  doyen  delà  collégiale  de  Visé, 

79- 


Jules  II  (le  pape),  245,  247. 

Juliers  (Simon  de),  doyen  de  la  col- 
légiale de  Saint-Denis  à  Liège,  245. 

Juncis  (Adam  de),  235,  236. 

Jupille,  49  ;  les  Sépulcrines  s'y  éta- 
blissent, 100. 

Kamps  (Jean),  doyen  de  la  collégiale, 
de  Visé,  79. 

Kelbergen,  5. 

Kelcteren  (P.  van),  notaire,  5. 

Kerckem  (Adam  de),  épousa  Cathe- 
rine de  la  Saulx,  96, 1 5 1 .  —  Adam, 
fils  naturel  de  Henri  van  Ordingen, 
i5i. 

Klein-Meerhout,  V.  Meerhout. 

Labbeye  (Mathias),  prévôt  de  la  col- 
légiale de  Visé,  76. 

Lambert  (la  cathédrale  de  Saint-), 
16,  27;  propriétaire  du  moulin  de 
Devant-le-Pont,  140,  141.  —  Le 
Chapitre,  36,  37,  38,  52,  70,  97. 

Lambert  (l'hôpital  de  Saint-)  à  Visé, 
121. 

Lambertin  (Jean),  prévôt  de  la  collé- 
giale de  Visé,  74,  75,  76,  i83.  — 
Sébastien,  prévôt  de  la  même  col- 
légiale, 75.  —  Eustache,  ibid. 

Lambertus,  frater  concilii  visetensis, 
36. 

Langrode,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Larifridus,  doyen  de  Stavelot,  181. 

Laruelle,  bourgmestre  de  Liège,  2o3. 

Lathomi  (Catherine),  sépulcrine  à 
Visé,  97. 

Laurent  (les  moines  de  Saint-)  vont  à 
la  foire  de  Visé,  193;  légende  con- 
cernant ces  moines,  218,  219. 

Laurent  (Ernotte),  bourgmestre  de 
Visé,  225. 

Lavis,  64. 

Lecocq  (Jean),  doyen  de  la  collégiale 
de  Visé,  79.  —  Guillaume,  éco- 
lâtre  de  Visé,  80,  81,  82,  187. 


—  263  — 


Lefebvre  (Laurent),   peintre,   né  à 

Visé,  172. 
Lemaire  (Jean),  de  Hermalle,  94. 
Lembor  (Henry),  chanoine  et  éco- 
lâtre  de  Sainte- Croix   à    Liège, 
126. 
Léon  III  (le  pape),  46, 47, 48. 
Leroux  (dame),  supérieure  des  Sé- 

pulcrines  à  Visé,  101. 
Lexhe  (Johan  dit  Forgon  de),  140. 
Lexky(de),  i5o. 

Libert,  évêque  de  Barut,  243. 

Libotte  (Mathias),  curé  de  Visé,  59. 
—  Simon,  chanoine  d'Aix-la-Cha- 
pelle, curé  d'Emael  et  recteur  de 
l'autel  de  Sainte-Catherine  à  Visé, 
93.  — Jacques,  roi  des  arbalétriers 
à  Visé,  i32.  —  Catherine,  épouse 
de  Herman  de  Marets,  189. 

Liebrœck,  hameau  du  pays  de  Diest, 
5. 

Liège,  i3,  25,  27,  28,  44,48,49,  57, 
58,  61,  63,  68,  71,  81,  88,  93,  97. 

Limbourg  (le  duché  de),  26.  —  La 
ville  se  rend  aux  Français,  226. 

Limbourg  (Théodoric  de),  doyen  de 
la  collégiale  de  Visé,  78.  —  Jean, 
seigneur  d'Oupey  et  de  Vivegnis, 
échevin  de  Liège,  141.  —  Ermen- 
garde,  149. 

Linckhout,  7. 

Linter  (le  monastère  de),  3. 

Linter  (Henri  de),  5. 

Liverlo  (Marie  de),  sépulcrineà  Visé, 
fondatrice  des  couvents  à  Maas- 
tricht et  à  Hasselt,  97. 

Lixhe,  77.  —  La  dîme,  35,  66. 

Lobbes,  j5. 

Lont\en  (Conrad  de),  sénéchal  de 
Limbourg,  149. 

Lopardia  (Alexandre  de),  écolâtre  de 
Visé,  93. 

Lopfenberch,  23 1. 

Lorette  (chapelle  de),  à  Visé.  Notice 


sur  ce  sanctuaire,  109-1 13.  —  Son 
ermitage,  112,  11 3. 

Lorraine  (le  duc  de),  27.  —  Henri, 3. 

Louis,  roi  de  France,  234. 

Louis-le-Débonnaire,  26. 

Louis  XIV,  32,  59,  60,  119.  Il  s'ar- 
rête à  Visé,  224-227.  Une  anec- 
dote de  ce  prince  à  Visé,  226,  227. 

Louvain  (l'université  de),  69, 79,  238. 

Lovenjoul,  la  Capellanie,  66  ;  la 
dîme,  88. 

Lovin fosse  (de),  141. 

Loy  (Gérard  del),  140. 

Ludger  (saint),  évêque  de  Munster, 
47, 48. 

Luxembourg  (le  comte  de),  s'empare 
du  château  de  Fraipont,  149. 

Macar  (de),  63. 

Macka,  221. 

Maes  (Thomas),  90. 

Maestricht,  20,  22,  24,  236.  —  Le 
doyenné  rural,  35,  36,  45.  —  Diffé- 
rend entre  les  bourgeois  et  les  cha- 
noines de  Saint-Servais,  77.  —  Les 
Sépulcrines  de  Visé  y  fondent  une 
maison,  99. 

Magné,  chanoine  de  la  collégiale  de 
Visé,  90. 

Magrande  (Henrotte),  41. 

Mahomet,  233,  240. 

Maimont,  64. 

Malconvat,  près  de  Visé,  197. 

Malte,  V.  chevaliers  de  Saint-Jean. 

Marcheit  (porte  du)  à  Visé,  17. 

Marets  (des).  Cette  famille  se  fixe  à 
Visé,  166.  —  Denys,  167.  —  Her- 
man, mayeur  et  lieutenant-bailli  à 
Visé,  167,  168.  —  Barthélémy  dit 
de  Charneux,  168.  —  Herman, 
époux  de  Catherine  Libotte,  189. 
Pierre,  189.  V.  aussi  Charneux. 

Mark  (Adolphe  de  la)  ;  son  sceau, 
1 5  ;  il  transfère  le  Chapitre  de 
Saint-Hadelin  de  Celles   à  Visé 


SOCIÉTÉ  D'ART  ET  D'HISTOIRE 


DU 


DIOCESE  DE   LIEGE 


BULLETIN 


DE  LA 


IÎTÊ  D'ART  ET  D'HISTOIRE 


DU 


DIOCÈSE  DE  LIÈGE 


TOME    'Vil 


LIÈGE 


L.   GRANDMONT-DONDERS,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

tt  —  RUE  VINAVB-D'ir.E  —  « 

1892 


RÈGLEMENT 


ART.  ier.  —  Il  est  fondé,  à  Liège,  une  Société  d'art  et  d'histoire 
du  diocèse  de  Liège. 

ART.  2.  —  Cette  Société  a  pour  but  d'aider  à  la  conservation  et 
de  propager  la  connaissance  de  tout  ce  qui  peut  intéresser  l'histoire 
et  l'art  religieux  du  diocèse  de  Liège. 

ART.  3.  —  Elle  comprend  des  membres  d'honneur,  des  membres 
actifs,  des  membres  correspondants  et  des  membres  associés. 

ART.  4.  —  Les  membres  d'honneur  sont  ceux  auxquels  ce  titre 
a  été  décerné  en  reconnaissance  de  leur  haut  patronage  ou  d'émi- 
nents  services. 

ART.  5.  —  Les  membres  actifs  sont  ceux  qui  s'engagent  à 
apporter  un  concours  régulier  à  l'œuvre  de  la  Société  ;  ils  seront  au 
nombre  de  trente-un  au  plus,  élus  par  leurs  collègues  et  auront 
seuls  voix  délibérative  dans  les  réunions. 

ART.  6.  —  Les  membres  correspondants  sont  choisis  parmi  les 
personnes  qui  auront  rendu,  ou  se  montreraient  disposées  à  rendre 
des  services  particuliers  à  la  Société.  Ils  peuvent  assister  à  ses  réu- 
nions avec  voix  consultative.  C'est  parmi  eux  que  seront,  de  préfé- 
rence, choisis  les  membres  actifs. 

ART.  7.  —  Les  membres  associés  collaborent  à  l'œuvre  par  le 
payement  de  leur  cotisation  ;  ils  reçoivent  toutes  les  publications  de 
la  Société,  des  facilités  d'accès  à  ses  collections,  et  le  droit  d'obtenir 
les  renseignements  qui  pourraient  les  intéresser  sur  les  objets  dont 
s'occupe  l'Association. 


—  VI  — 

ART.  8.  —  En  entrant  dans  la  Société  tous  les  membres  s'en- 
gagent à  observer  ses  Statuts  et  à  payer  une  cotisation  annuelle, 
de  i5  francs  pour  les  membres  actifs;  de  10  francs  pour  les  corres- 
pondants et  les  associés. 

ART.  9.  —  La  Société  se  divise  en  deux  sections  :  la  section 
d'art  et  la  section  d'histoire. 

ART.  10.  —  Chacune  de  ces  sections  nomme  son  Président  et 
son  Secrétaire  et  peut  se  réunir  à  part  pour  traiter  des  questions  qui 
font  plus  spécialement  l'objet  de  ses  études. 

ART.  11.  —  La  Société  sera  administrée  par  un  Bureau  composé 
d'un  Président,  de  deux  ou  trois  Vice-Présidents,  de  deux  Secré- 
taires, d'un  Trésorier,  d'un  Conservateur,  d'un  Bibliothécaire  et 
des  Dignitaires  qu'elle  jugerait  utile  de  leur  adjoindre. 

ART.  12.  —  La  Société  a  pour  Président  d'honneur  Monseigneur 
l'Evêque  de  Liège,  et  pour  Président  effectif  le  membre  désigné 
par  Monseigneur  l'Evêque.  Les  Présidents  de  section  remplissent 
les  fonctions  de  Vice-Présidents  de  la  Société,  et  prendront  rang 
d'après  la  date  de  leur  élection  ;  les  Secrétaires  sont  ceux  des 
sections  ;  le  Trésorier  et  les  autres  dignitaires  sont  nommés  par 
l'Assemblée  générale  pour  un  terme  de  cinq  ans,  comme  les  Vice- 
Présidents  et  les  Secrétaires. 

ART.  1 3.  —  La  Société  s'assemble  en  réunion  plénière  pour  pro- 
céder aux  élections  nécessaires,  régler  son  budget  et  prendre  toutes 
les  décisions  concernant  l'œuvre  entière;  la  première  de  ces  réunions 
se  tiendra  obligatoirement  chaque  année  dans  le  mois  de  janvier  et 
il  y  sera  fait  un  rapport  sur  l'exercice  écoulé. 

ART.  14.  —  La  Société  poursuit  son  but  :  i°  en  traitant,  soit 
en  section,  soit  en  Assemblée  générale,  les  questions  relatives  à  ce 
but  ;  20  en  éditant  un  Bulletin  et  des  publications  spéciales  ;  3°  en 
organisant  un  Musée  diocésain  ;  40  en  fournissant  à  ses  membres 
les  indications  historiques  et  artistiques  réclamées  d'elle. 

ART.  i5.  —  Le  Bulletin  paraîtra  sous  la  direction  des  délégués 
de  la  Société;  chaque  auteur  aura  droit  à  cinquante  tirés  à  part  de 
tout  travail  inséré  dans  le  Bulletin. 

ART.  16.  —  Le  Musée  sera  composé  d'objets  authentiques  et 
de  reproductions  exactes,  choisis  parmi  les  plus  anciens  ou  les  plus 
recommandables  par  leur  valeur  artistique. 


-w- 


TABLEAU 


DBS 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


PRÉSIDENT  D'HONNEUR 

Sa  Grandeur  Monseigneur  DOUTRELOUX,  évêque  de  Liège. 

MEMBRES  D'HONNEUR 

Baron  BÉTHUNE  dTdewàLLE,  président  de  la  Gilde  de  Saint- 
Thomas  et  de  Saint- Luc,  à  Gand. 

Monseigneur  CARTUYVELS,  vice-recteur  de  l'Université  catholique 
de  Louvain. 

M.  ESSENWEIN,   directeur  du  Musée  germanique,   à  Nurem- 
berg. 

M.  Auguste  REICHENSPERGER,  membre  du  Parlement  allemand, 
à  Cologne. 

M.  REUSENS,  chanoine  et  professeur  d'archéologie  à  l'Université 
catholique  de  Louvain. 

M.  James  WEALE,  archéologue,  à  Londres. 

Le  Révérendissime  Abbé  de  Maredsous. 


1 


—  VIII  — 

CONSEIL  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Président,  Monseigneur  RUTTEN,  vicaire-général  de 

Sa  Grandeur  Monseigneur  TEvêque  de 
Liège. 

Vice-Présidents,  MM.  Jules  HELBIG. 

Godefroid  KURTH. 
Membres,  Gustave  FRANCOTTE. 

Joseph  DEMARTEAU. 
Secrétaire,  Paul  MAES. 

Trésorier,  Gustave  RUHL. 

Conservateur,  le  chanoine  Léon  DUBOIS. 

Bibliothécaire,  Henri  FRANCOTTE. 

MEMBRES   ACTIFS 

SECTION    D'ART 

MM.    Léon  DUBOIS,  chanoine,  place  Saint-Paul,  5,  à  Liège. 

Gustave  FRANCOTTE,  avocat,  rue  Forgeur,  18,  id. 

Jules  FRÉSART,  banquier,  rue  Sœurs-de-Hasque,  9,  id. 

Jules  HELBIG,  artiste  peintre,  rue  de  Joie,  16,  id. 

Edmond  JAMAR,  architecte,  place  Saint-Pierre,  19,  id. 

Pascal  LOHEST,  rue  Fusch,  42,  id. 

Chevalier  Oscar  SCHAETZEN,  membre  de  la  Chambre  des 
Représentants,  à  Tongres. 

Camille  SlMONIS,  rue  Chevaufosse,  14,  à  Liège. 

THIMISTER,  chanoine,  place  Saint- Lambert,  3,  id. 

Charles  WlLMART,  rue  Rouveroy,  4,  id. 

Fernand  WlLMART,  abbé,  boulevard  Saucy,  25,  id. 

Joseph  WlLMOTTE,  artiste-orfèvre,  boulevard  de  la  Sauve- 
nière,  112,  id. 


—  IX  — 

SECTION    D'HISTOIRE 

MM.   Eugène  BACHA,  docteur  en  philosophie,  place  de  l'Univer- 
sité, 6,  à  Liège. 

Chevalier  Camille  DE  BORMAN,  membre  de  la  Députation 
permanente  du  Limbourg,  place  Saint-Jean,  29,  id. 

Stanislas  BORMANS,  membre  de  l'Académie,  administrateur- 
inspecteur  de  l'Université,  place  Cockerill,  1,  id. 

DARIS,  chanoine  et  professeur  d'histoire  au  Séminaire  de 
Liège. 

DELMER,  bibliothécaire  à  l'Université,  thier  de  la  Fon- 
taine, 27,  à  Liège. 

Joseph  Demarteau,  rédacteur  en  chef  de  la  Galette  de 
Liège. 

Révérend  Père  Charles  DESMEDT,  bollandiste,  à  Bruxelles. 

Henri  FRANCOTTE,  professeur  à  l'Université,  boulevard 
Frère-Orban,  47,  à  Liège. 

Godefroid  KURTH,   professeur  à  l'Univçrsité,  rue  Rou- 
veroy,  6,  id. 

Léon  Lahaye,  archiviste,  à  Namur. 

Paul  MAES,  bibliothécaire-adjoint  à  l'Université,  rue  de 
Bruxelles,  10,  à  Liège. 

Amédée  DE  RYCKEL,  avocat,  boulevard  de  la  Sauvenière, 
72,  id. 

Gustave  RUHL,  avocat,  rue  des  Augustins,  33,  id. 

Emile  SCHOOLMEESTERS,  doyen  de  Saint-Jacques,  place 
Saint-Jacques,  6,  id. 

MEMBRES  CORRESPONDANTS 

MM.    CEYSSENS,  curé  à  Dalhem. 

CHRISTIAENS-VANDERRYST,  entrepreneur,  à  Tongres. 
G.  CLOES,  fils,  avocat,  rue  Rouveroy,  1,  à  Liège. 
DANIELS,  abbé,  château  de  Vogelsanck,  à  Zolder. 
DEHIN,  frères,  fabricants,  rue  Agimont,  39,  à  Liège. 
DELAVEUX,  avocat,  boulevard  Piercot,  12,  id. 


—  X  — 

MM.   DUGUET,  avocat,  rue  Paul  Devaux,  i,  à  Liège. 

GlLISSEN,  abbé,  rue  Mathieu  Laensberg,  5o,  id. 

Alphonse  GRANDMONT,  avocat,  à  Taormina. 

DE  GROUTARS,  chanoine  et  professeur  à  l'Université  de 
Louvain. 

HABETS,  conservateur  des  archives,  à  Maestricht. 

HENROTTE.  chanoine,  hôpital  de  Bavière,  à  Liège. 

Louis   LlBBRECHT,   avocat,   rue  Sainte- Véronique,  3o, 
à  Liège. 

Philippe  DE  LlMBOURG,  à  Theux. 

Léon  NAVEAU,  docteur  en  droit,  château  de  Bommers- 
hoven,  Tongres. 

Edmond  NlFFLE,  avocat,  à  Namur. 

Emile  PICARD,  avocat,  rue  Tournant-Saint-Paul,  6,  à  Liège. 

Edouard  PONCELET,  attaché  aux  Archives  de  l'Etat,  quai 
de  l'Industrie,  id. 

Révérend  Père  Recteur  du  Collège  Saint-Servais,  id. 

Jean  RENIER,  professeur,  à  Verviers. 

F.  TROISFONTAINES,  avocat,  rue  Sainte-Véronique,  8,  à 
Liège. 

Lambert  VANDRIKEN,  avocat,  à  Lexhy. 

Van  ORMELINGEN,  curé,  à  Neer-Repen. 

J.-P.  WALTZING,  professeur  à  l'Université,  rue  Duvivier, 
19,  à  Liège. 

MEMBRES  ASSOCIÉS 

MM.    Remy  ANGENOT,  rue  Duvivier,  22,  à  Liège. 

BALAU,  curé  de  Pepinster. 

Toussaint  BECO,  étudiant,  rue  des  Célestines,  à  Liège. 

Adolphe  BERLEUR,  ingénieur,  rue  Saint- Laurent,  17,  id. 

Baron  Charles  DE  BLANCKART-SURLET,  château  de  Lexhy. 

Révérend  Père  BLÉROT,  supérieur  des  Pères  Rédemptoristes, 
à  Liège. 


—  XI  — 

MM.   Alexandre  BOUVY,  avocat,  quai  de  l'Abattoir,  37,  à  Liège. 

Louis  DE  BUGGENOMS,  avocat,  rue  de  la  Paix,  id. 

COEMANS,  notaire,  à  Saint-Trond. 

Léon  COLLINET,  avocat,  boulevard  Piercot,  20,  à  Liège. 

Guillaume  DALLEMAGNE,  rue  Darchis,  33,  id. 

DEFIZE,  curé  de  Sainte-Croix,  cloîtres  Sainte-Croix,  id. 

Louis  DEMARTEAU,  libraire,  rue  del'Official,  2,  id. 

DEPAQUIER,  curé  de  Solières  (Huy). 

Maximilien  DOREYE,  avocat,  rue  de  Joie,  i5o,  à  Liège. 

Baron  Paul  DE  FAVEREAU,  rue  Bonne-Fortune,  3,  id. 

DE  FlZENNE,  architecte,  à  Meersen  (Limbourg-Hollandais). 

Baron  DU  FONTBARÉ,  bourgmestre  de  Fumai,  quai  de 
Maestricht,  16,  à  Liège. 

FROMENT,  architecte,  rue  Saint- Laurent,  71,  id. 

Gaillard,  curé  de  Geer,  Waremme. 

Comte  DE  GELOÊS  D'EYSDEN,  au  château  d'Eysden. 

GlLIS,  curé  de  Grand-Axhe,  Waremme. 

Ferdinand  GONNE,  avocat,  place  de  la  Cathédrale,  3,  à 
Liège. 

HEUSCHEN,  chanoine,  rue  de  l'Evêché,  10,  id. 

E.  JACQUES,  curé  de  Saint-Pierre,  à  Huy. 

JOSEFF,  doyen  de  Saint-Martin,  à  Liège. 

P.   KERCKOFFS,   professeur  à  l'Ecole  normale  de  Saint- 
Trond. 

LACROIX,  doyen  de  Saint-Barthélemi,  à  Liège. 

LAENEN,  curé  de  Berg,  Tongres. 

Clément  LÉONARD,  négociant,  rue  Souverain-Pont,  9,  à 
Liège. 

Henri-Robert  LE  PAS,  à  Verviers. 

Paul  LOHEST,  ingénieur,  rue  Rouveroy,  à  Liège. 

Charles  LOOMANS,  professeur  à  l'Université,  rue  Beckman, 
20,  id. 

MAES,  doyen  de  Peer. 


—  XII  — 

MM.   Célestin  MARÉSAL,  rue  des  Augustins,  23,  à  Liège. 

MEYERS,  chanoine  et  curé  de  Saint-Jean,  id. 

MOMMEN,  chanoine  et  professeur  au  Séminaire  de  Liège. 

DE  NECKERE,  château  de  Beaumont,  lez-Liége. 

OSTERATH,  peintre-verrier,  à  Tilff. 

PEETERS,  doyen  de  Tongres. 

PlROTTE,  entrepreneur,  rue  Sœurs-de-Hasque,  3o,à  Liège. 

Baron  DE  PlTTEURS  DE  BUDINGEN,  sénateur,  rue  Lou- 
vrex,  77,  id. 

POLUS,  doyen  en  retraite,  à  Looz. 

PONCELET,  directeur  de  la  Société  Y  Imprimerie  liégeoise, 
rue  Naimette,  5,  à  Liège. 

RACHELS,  doyen  de  Hasselt. 

Comte  Théodore  DE  RENESSE,  à  Schoonbeek,  Beverst. 

RUBENS,  chanoine  et  curé  de  Saint-Denis,  à  Liège. 

SCHOOLMEESTERS,  chanoine,  rue  des  Célestines,  i3,  id. 

J.  SCHEEN,  curé  à  Boirs,  Glons. 

STOUREN,  curé  à  Olne,  Nessonvaux. 

SWENNEN,  curé  de  Millen,  Tongres. 

Chevalier  Xavier  DE  THEUX,  château  de  Montjardin. 

THONNAR,  rentier,   boulevard  de  la  Sauvenière,   i35,  à 
Liège. 

G.  ULENS,  abbé,  château  de  Rockendael,  Saint-Trond. 

Charles  VAN  DEN  BERG,  notaire,  boulevard  de  la  Sauve- 
nière, 1 38,  à  Liège. 

Baron  DE  VlLLENFAGNE,  château  de  Vogelsanck,  à  Zolder. 

VAN  WlNTERSHOVEN,  vicaire  à  Saint-Christophe,  à  Liège. 

WEYEN,  curé  de  Kinroy,  Maeseyck. 


•f- 


LA 


PREMIÈRE  ÉGLISE  DE  LIEGE 

L'ABBAYE  DE  NOTRE-DAME 


Lettre  à  M.   Godefroid  KURTH 

PRÉSIDENT  DE  LA  SECTION  D'HISTOIRE 


DE  LA 


Société  d'Art  et  d'Histoire  du  diocèse  de  Liège 

«  Notre-Dame  et  saint  Lambert!  » 

(Devise  et  cri  de  guerre  det  Litgeoii). 

Monsieur  le  Président, 

Dans  une  de  ces  causeries  familières,  qui  font  l'agré- 
ment et  l'utilité  pratique  des  réunions. de  la  Section 
d'histoire  de  notre  Société,  j'avais  relevé  quelques  faits 
qui  autorisent,  suivant  moi,  les  Liégeois  à  penser  que 
le  plus  ancien  oratoire  élevé  en  leur  ville  fut  une  cha- 
pelle de  la  Vierge  Marie. 

Je  n'ai  pas  eu  l'heur  d'amener  tous  ceux  qui  m'écou- 
taient  à  partager  sur  ce  point  une  croyance  qui  ne 
repose,  d'ailleurs,  que  sur  des  présomptions,  des  induc- 
tions et  des  textes  plus  ou  moins  discutables.  Votre 
adhésion  entre  autres  a  fait  défaut  à  divers  points  de 
ma  thèse.  Vous  m'engagez  cependant  à  reprendre  cette 
thèse,  et,  parce  qu'en  lui-même  le  problème  est  de 
ceux  qu'il  y  aurait  profit  pour  l'histoire  à  s'efforcer  de 


—  2  — 

résoudre,  et,  parce  qu'en  le  discutant,  j'ai  du  moins, 
pensez-vous,  dissipé  Terreur  dans  laquelle  nos  écrivains 
nationaux  ont  versé  jusqu'à  ce  jour,  en  confondant 
une  institution  abolie  chez  nous  au  xme  siècle,  l'antique 
abbaye  de  Notre-Dame,  avec  cette  église  baptismale 
de  Notre-Dame-aux-Fonts,  fermée  seulement  par  la 
Révolution  française. 

Je  défère  à  votre  appel,  mon  cher  Président,  et 
voici  ce  que  je  vais  tâcher  d'établir  : 

Une  petite  église,  vraisemblablement  paroissiale, 
existait  au  hameau  de  Liège  avant  la  fin  du  VIIe  siècle, 
avant  le  martyre  de  saint  Lambert. 

C'est  cinq  cents  ans  plus  tard  qu'on  a  commencé  à 
prétendre  que  cette  église  était  une  chapelle  des  saints 
Cosme  et  Damien. 

Il  y  a  bien  plus  de  raison  de  croire  qu'elle  était 
dédiée  à  Notre-Dame,  et  pour  justifier  cette  croyance, 
on  peut  invoquer  :  le  fait  que  si  la  cathédrale  de  cette 
ville  a  été,  peu  après  Tan  mil,  dédiée  à  la  mère  de 
Dieu  autant  et  plus  qu'à  saint  Lambert,  cette  double 
dédicace  ne  répondait  pas  seulement  au  double  patro- 
nage sous  lequel  était  placé  le  diocèse,  mais  aussi  à 
une  situation  et  à  des  traditions  locales  plus  anciennes; 
l'existence  jusqu'au  XIIIe  siècle  de  l'abbaye  de  Notre- 
Dame  de  Liège,  l'antiquité  de  cette  institution,  son 
rétablissement  après  les  pillages  normands,  l'impor- 
tance de  ses  revenus  et  des  charges  attachées  à  la 
fonction  d'abbé  ;  la  haute  position,  l'influence  et  les 
œuvres  de  ceux  qui  se  succédèrent  dans  cette  dignité  ; 
la  façon  dont  on  constitua,  au  moyen  de  ses  pré- 
bendes, ce  collège  des  chanoines  dits  de  Saint-Materne 
rattaché,  pour  le  service  du  culte,  au  chapitre  même 
de  Saint-Lambert;  enfin,  après  la  suppression  de 
l'abbatialité,  le  caractère  et  l'étendue  des  attributions 
dont  héritèrent  soit  le  prévôt  de  Saint-Lambert,  soit 
l'église  baptismale  et  archidiaconale  de  Notre-Dame- 
aux-Fonts. 


—  3  — 

Notre-Dame  et  saint  Lambert  est  le  cri  national 
de  nos  pères.  C'est  aussi  l'indication,  dans  Tordre  le 
plus  vraisemblable,  des  deux  premiers  sanctuaires  édi- 
fiés à  Liège. 

I. 

QUE  LA   PLUS  ANCIENNE  ÉGLISE  DE  LIÈGE 
NE  FUT  PAS  SAINT-LAMBERT. 

Nous  serons  d'accord  en  commençant  pour  recon- 
naître que  le  premier  oratoire  de  Liège  ne  fut  pas  Saint- 
Lambert. 

La  source  la  plus  sûre  pour  l'histoire  du  saint  de 
ce  nom  est  la  biographie  écrite  par  un  contemporain  ; 
la  version  la  plus  digne  de  foi  de  cette  biographie  est 
celle  que  nous  trouvons  dans  un  manuscrit,  contem- 
porain aussi,  manuscrit  du  vu Ie  siècle,  conservé  à  la 
Bibliothèque  nationale  de  Paris.  Je  vous  dois  d'en  avoir 
pu  reconnaître  l'importance  et  publier  le  texte,  pour  les 
Bibliophiles  liégeois  et  les  amis  de  notre  histoire.  D'a- 
près ce  texte,  quand  saint  Lambert  se  trouve  à  Liège, 
Leodium,  où  le  martyre  viendra  l'atteindre,  il  y  habite 
non  de  passage  ou  par  hasard,  mais  chez  lui,  à  demeure, 
au  sein  d'une  vraie  communauté,  avec  une  réunion 
assez  considérable  formée  de  ses  neveux,  de  clercs,  de 
disciples  et  de  serviteurs.  Un  de  ceux-ci  fait  même  la 
garde  chaque  nuit  pour  la  sécurité  des  autres.  Chaque 
nuit  aussi,  tous  interrompent  leur  sommeil  pour  aller 
chanter  l'office  ensemble.  On  les  sait  si  nombreux,  que 
pour  triompher  d'eux  par  surprise,  les  assassins  du 
martyr  arrivent  avec  toute  une  petite  armée,  disposée 
en  plusieurs  corps  (i). 

Ce  séjour  d'un  évoque  dans  un  humble  hameau 
n'était  pas  une  exception  pour  le  temps,  ni  une  nou- 
veauté pour  saint  Lambert  :  les  historiens  et  les  poètes 

(i)  «  Vidit  turbam  multam  hostile  exercitu  venientem  per  turmas  et 
»  cuneos  »  (Saint  Théodard  et  saint  Lambert,  p.  162). 


_  4  - 

de  l'époque  mérovingienne,  Grégoire  de  Tours  et  For- 
tunat  par  exemple,  mentionnent  et  décrivent  fréquem- 
ment des  maisons  de  campagne  d'évêque  ;  Lambert 
lui-même  avait  été  élevé  à  Wintershoven,  une  obscure 
bourgade  du  pays  tongrois,  à  l'école  de  Landoald,  au 
milieu  d'une  petite  colonie  de  saints.  Liège  avait  peut- 
être  remplacé  Wintershoven,  comme  école  épiscopale, 

—  nous  dirions  aujourd'hui  comme  petit  séminaire  ;  la 
communauté  de  Leodium  aurait  été,  dans  son  isole- 
ment, ce  qu'est  encore  aujourd'hui  Saint-Roch  pour 
notre  diocèse. 

Séminaire,  maison  de  plaisance  ou  l'un  et  l'autre  à 
la  fois,  Leodium,  pour  recevoir  l'évêque  et  sa  suite,  et 
pour  leur  permettre  de  célébrer  les  saints  offices,  devait 
avoir  son  église,  l'avait  peut-être  depuis  trente  ans 
qu'y  venait  saint  Lambert  ;  car  on  évalue  à  ce  temps 
la  durée  de  son  épiscopat,  et  vous  savez  qu'à  peine 
nommé  évêque,  peut-être  un  peu  avant,  c'est  à  Leo- 
dium qu'il  avait  ramené  le  corps  de  son  maître  et  pré- 
décesseur, saint  Théodard,  tué  dans  le  Biwalt  par  des 
brigands. 

Nous  avons  pour  garants  de  cette  translation,  d'abord 
l'affirmation  de  l'auteur  de  la  vie  de  saint  Théodard  ; 
et  j'espère  avoir  prouvé,  ailleurs  (i),  que  cet  auteur  est 
l'un  de  nos  plus  sûrs  historiens  du  Xe  siècle,  Hérigère  ; 

—  ensuite  ce  fait  que  les  restes  mortels  de  saint  Théo- 
dard n'ont  jamais  reposé  autre  part  qu'en  notre  ville. 
Saint  Hubert,  en  effet,  quand  il  quitta  Maestricht  pour 
Liège,  n'emporta  de  là  que  le  corps  de  saint  Lambert, 
il  laissa  les  autres  trésors  sacrés  du  diocèse  aux  églises 
maestrichoises  :  elles  les  conservent  encore.  Si  donc 
nous  trouvons  ici  les  reliques  de  Théodard,  si  le  bio- 
graphe contemporain  de  saint  Lambert  emploie  même 
le  pluriel  pour  parler  des  «  pontifes  et  martyrs  »  dont 

(i)  Saint  Théodard  et  saint  Lambert,  vies  anciennes  publiées  par 
Joseph  Demarteau,  rédacteur  en  chef  de  la  Galette  de  Liège,  p.  10. 


—  5  — 

Liège  garde  le  tombeau  (4),  c'est  que  Liège  possédait 
ces  restes  de  saint  Théodard  avant  que  n'y  vînt  saint 
Hubert,  puisqu'on  ne  connaît  de  ces  reliques  que  la 
translation  faite  par  saint  Lambert. 

Pourquoi  ce  dernier,  d'autre  part,  avait-il  choisi 
Leodium  pour  recevoir  les  dépouilles  de  son  maître  ? 
Peut-être  parce  que  Théodard  lui-même  avait  habité, 
aimait  Leodium  ;  et  peut-être  parce  qu'on  l'y  enterrait, 
comme  d'usage  pour  les  évêques  du  temps,  dans  une 
église,  auprès  d'une  communauté  érigées  par  lui. 

A  supposer  ces  conjectures  aussi  peu  fondées  qu'elles 
sont  vraisemblables,  encore  reste-t-il  absolument  certain 
qu'au  temps  de  saint  Lambert,  un  oratoire  était  élevé 
à  Liège  pour  les  offices  épiscopaux  et  j'imagine  aussi 
pour  les  besoins  religieux  de  ce  groupe  de  hameaux, 
dont  plus  tard  la  réunion  devait  former  la  grande  ville  : 
Leodium,  Publemont,  la  Sauvenière,  Avroy,  etc.,  où 
les  relations  contemporaines  de  saint  Lambert  et  de 
saint  Hubert  nous  font  voir  qu'il  y  avait  à  la  fois  des 
habitants  assez  nombreux,  pêcheurs,  agriculteurs,  fer- 
ronniers peut-être,  parmi  eux  plusieurs  aveugles,  de 
petites  gens  et  des  notables,  senior  es  loci. 

Quelle  apparence  qu'un  évêque,  si  plein  de  zèle, 
eût  laissé  sans  église  et  sans  clergé  un  lieu  ainsi  habité, 
lieu  de  son  séjour  fréquent  et  de  l'inhumation  de  son 
prédécesseur  ?  Point  d  evêque  en  ce  temps  qui  ne  fût 
inhumé  dans  une  église  ! 

Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  l'oratoire  où  venait 
officier  saint  Lambert  devait  avoir  un  autre  patron 
que  lui-même.  Ce  qui  n'est  pas  moins  certain,  c'est 
que  le  saint  ne  fut  pas  martyrisé  dans  cet  oratoire,  et 
que  la  première  église  bâtie  à  Liège  en  son  honneur  ne 
remplaça  pas  cette  première  chapelle. 

Sans  doute,  le  texte  du  biographe  contemporain  ne 

(1)  «  ...  Cum  nusquam  ad  presulum  et  martyrum  tumbam  hodie  ces- 
»  sant  fieri  signa  »  (Saint  Théodard  et  saint  Lambert,  p.  64). 


—  6  — 

mentionne  pas  directement  l'existence  de  cette  chapelle. 
Il  fait  mieux  :  il  la  rend  incontestable  par  les  détails 
qu'il  donne  de  la  dernière  nuit  du  martyr.  Il  ne  nous 
dit  pas  si  elle  faisait  partie  du  même  ensemble  de  bâti- 
ments que  l'habitation  du  saint  :  il  fait  voir  qu'elle 
n'était  pas  dans  le  logis  particulier  de  l'évêque.  Lambert 
se  lève  au  milieu  de  cette  nuit  et  s'en  va,  solitaire, 
poursuivre  presque  jusqu'à  l'aurore  ses  oraisons  et  le 
chant  des  psaumes,  ce  qui  ne  se  faisait  vraisemblable- 
ment pas  sur  le  seuil  d'un  dortoir.  A  l'approche  de 
l'aube,  il  revient  à  son  habitation,  et  frappant  du  bâton 
à  la  porte  du  dortoir  de  ses  disciples,  il  les  fait  lever 
pour  les  matines  (1).  L'office  achevé,  il  revient  de  nou- 
veau dans  l'habitation  :  reversus  est  domum,  et  se  dis- 
pose à  prendre  quelque  repos  dans  sa  chambre  à  cou- 
cher. C'est  dans  cette  chambre  qu'on  accourt  l'avertir 
de  l'approche  des  assassins,  de  Dodon  et  de  sa  troupe  ; 
c'est  là  qu'au  saut  du  lit,  pieds  nus,  son  premier  mou- 
vement est  de  saisir  une  arme,  pour  vendre  chèrement 
sa  vie  ;  le  second,  de  la  rejeter  pour  attendre  le  mar- 
tyre (2).  Quand  ses  neveux  ont  repoussé  la  première 
attaque  des  assaillants,  c'est  dans  cette  chambre  qu'ils 
reviennent  le  trouver,  qu'il  les  engage  à  accepter  la 
mort  en  expiation  de  leurs  péchés  ;  dans  cette  chambre 
qu'à  leur  demande,  il  ouvre  son  psautier  pour  y  trouver 

(1)  «  Tune  adveniens  vir  Dei  landebertus  pontifex  in  villa  jam  dicta 
»  leodio,  circa  mediam  noctem  sicut  solebat  exsurgens  solitarius  ibat  in 
»  nocturno  ad  orationem  devotus  totam  spem  suam  domno  committens, 
»  psalmorumque  cantus  vigiliarum  que  studio  prope  ad  lucis  ortum 
»  orando  usque  perduxit.  Postea  vero  veniens,  tangens  quem  manu  tenc- 
»  bat  fuste  ostium  camerae  appelans  discipulos  dixit  :  «  Expergiscemini 
»  et  levate  jam  adpropinquat  et  hora  est  ut  psallamus  domino  in  matuti- 
»  num  lasiitiae.  »  Elevatis  que  fratribus...  una  cum  illis  domino  matuti- 
»  num  redit  obsequia.  Officio  que  peracto  et  cursu  expleto  reversus 
»  domum  et  ...  ad  lectum  vadens  cupiebat  quiescere  paululum  »  (Saint 
Théodard  et  saint  Lambert,  p.  161). 

(2)  «  Pontifex  nec  in  sopore  conversus  adhuc  expectabat  felice  somno 
»  dormire  ...  sed  hoc  audito  nuntio  velocissime  surgens,  discalceatis  pedi- 
»  bus,  fortissimus  prœliator,  adprehenso  gladio,  in  manibus  suis  ut  contra 
»  hostes  suos  pugnaturus  accederet.  Sed  Christus,  etc.  »  (Idem,  p.  162). 


—  7  — 

l'annonce  tout  ensemble  de  son  martyre  et  de  la  ven- 
geance divine  ;  c'est  de  cette  chambre  qu'il  fait  sortir 
tout  le  monde,  pour  s'y  prosterner  sur  le  sol  et  attendre, 
les  bras  en  croix,  le  coup  suprême  des  bourreaux  ;  c'est 
en  grimpant  enfin  sur  la  toiture  de  cette  chambre  à 
coucher,  qu'un  de  ses  assassins  découvre  le  pontife  et 
l'immole  (î). 

L'habitation  où  le  saint  logeait  avec  ses  disciples,  et 
dans  cette  habitation,  sa  chambre  particulière  ;  voilà 
donc,  —  et  non  pas  un  oratoire,  —  le  théâtre  sacré  du 
martyre.  Tout  cela,  mon  cher  Président,  vous-même 
l'avez  déjà  mis  en  lumière  dans  votre  Etude  critique 
sur  saint  Lambert  et  son  premier  biographe  (p.  54). 
Inutile  d'insister. 

Encore  qu'il  eût  été  parlé  par  les  agresseurs  d'incen- 
dier l'habitation  de  l'évêque,  elle  ne  fut  pas  détruite; 
on  ne  voit  pas  même  quelle  ait  été  pillée  par  les  bour- 
reaux ;  son  lit,  son  peigne  même  s'y  retrouvent  :  la 
chapelle  voisine,  à  plus  forte  raison,  a  dû  être  plus 
respectée  que  le  logis  de  la  victime.  Les  assassins,  le 
pontife  égorgé,  n'avaient  pas  tardé  à  s'éloigner,  puis- 
que aussitôt  après,  ceux  des  fidèles  de  la  petite  commu- 
nauté qui  avaient  échappé  au  massacre  venaient  rele- 
ver le  corps  du  saint  et  l'emportaient,  par  barque,  à 
Maestricht.  Là,  ce  corps  est  déposé  dans  le  sépulcre 
du  père  même  de  l'évêque. 

Bientôt  pourtant  les  prodiges  commencent  à  Liège, 
non  pas  dans  l'oratoire  du  lieu,  mais  dans  la  chambre 
à  coucher  où  le  saint  a  péri  (2).  Cette  chambre  res- 

(1)  «  His  dictis,  omnibus  ex  cubiculo  ejectis,  prostravit  se  terne, 
»  extensis  brachiis  in  cruce,  orationem  fundens  cum  lacrymis.  Et  subito 
»  pervenerunt  carnifices,  ingressi  sunt  domum,  interfecerunt  in  ore 
»  gladii  omnes  quos  ibidem  invenerunt.  Unus  autem  ex  ipsis  ferens 
»  (scandens)  super  tectum  cubiculi  ubi  sanctus  dei  or  abat,  in  ictu  teli 
»  jaculavit  eum  »  (Saint  Théodard  et  saint  Lambert ,  p.  i65). 

(2)  «  Infra  cubiculum  ubi  sanctus  Dei  felicem  fudit  cruorem  lumi- 
»  naria  ex  divina  accensa  potentia,  resplendebant  crebrius  ita  ut  omnis 
»  do  m  us  illa  tota  refulgeret  »  (Idem,  p.  167). 


—  8  — 

plendit  d'un  tel  éclat  dans  la  nuit,  que  la  maison  tout 
entière  en  semble  illuminée.  Un  peigne  y  est  resté, 
précieux  peigne  liturgique  sans  doute,  qu'une  femme 
ose  s'approprier  :  une  vision  et  un  châtiment  miracu- 
leux obligent  la  voleuse  à  restituer. 

Une  autre  vision  avertit  un  aveugle  liégeois  du  nom 
de  Baldigisle,  daller  nettoyer  cette  chambre  ;  il  y  re- 
trouve la  vue  !  Un  second  aveugle,  Raganfroid,  reçoit 
le  même  avis,  et  celui-là,  non  moins  miraculeusement 
guéri,  s'est,  dès  ce  jour,  nous  dit  le  narrateur  contem- 
porain, constitué  le  gardien  du  lieu  sacré  (i). 

Jusqu'ici,  non  seulement  tout  nous  montre  que  le 
pontife  n'a  péri  ni  dans  un  oratoire  ni  devant  n'importe 
quel  autel,  mais  rien  n'apparaît  encore  d'une  église 
dédiée  à  saint  Lambert.  C'est  à  la  suite  de  ces  merveil- 
leuses guérisons,  que  les  populations  entourent  d'une 
vénération  croissante  l'endroit  sanctifié  par  l'effusion 
du  sang  du  martyr  et  commencent  à  jeter  les  fonde- 
ments d'une  église  en  son  honneur  (*).  Une  jeune  fille 
étrangère,  du  nom  d'Ode,  aveugle  aussi,  se  fait  con- 
duire à  Liège,  y  recouvre  la  vue  à  la  seule  approche 
du  «  lieu  saint  »  :  la  maison  de  l'évêque  assassiné.  Ce 
prodige  pousse  les  fidèles  à  redoubler  d'efforts  pour 
achever  l'église  en  construction  (3).  Mais  rien,  absolu- 
ment rien  ne  permet  de  croire  que  ce  temple  s'élève  en 
remplacement  d'un  autre;  on  ne  voit  pas  même  qu'il 
occupe  la  place  de  la  chambre  à  coucher,  objet  de  la 
vénération  populaire.  Il  semble  plutôt  résulter  du  texte 

(1)  «  Baldigislus  ...  amonitus  fuit  per  visum  ut  surgeret  et  exscoparet 
»  locum  diligenter  ubi  vir  Dei  interfectus  fuerat...  Raganfridus  admonitus 
»  in  sommis  exnundare  locum  ...  Sanus  demum  ad  ipsa  loca  non  destitit 
»  servire  »  (Saint  Théodard  et  saint  Lambert,  p.  168). 

(2)  «  Et  jam  cum  basilicam  populus  ibidem  cœpisset  fundare,  audita 
»  miracula  per  universam  terrain  ...  omnis  populus  laudes  dabat  deo  » 
(Idem,  p.  168). 

(3)  «  Itaque  ex  hoc  amplius  concurrebant  mixtus  vulgus  utriusque 
»  sexus,  senes  et  parvuli  basilicam  in  honore  ipsius  sancti  œdificare 
»  quœ>  auxiliante  Domino,  velociter  consummata  est  »  (Idem,  p.  169). 


—  9  — 

qu'il  faut  distinguer  de  la  basilique  nouvelle  le  lieu  du 
martyre,  lieu  où  l'on  installe  et  vénère,  en  attendant 
d'autres  reliques  (1),  le  lit  soigneusement  orné  du  pon- 
tife, comme  cela  s'était  fait  peu  auparavant  à  Nivelles 
pour  sainte  Gertrude. 

Plus  tard,  saint  Hubert  ramène  de  Maestricht  à 
Liège,  treize  ans  après  l'assassinat,  les  reliques  de  son 
maître  et  prédécesseur  (a)  :  c'est  bien  dans  cette  nou- 
velle église,  qui  sera  et  restera  Saint-Lambert  ou, 
comme  l'écrit  le  biographe  contemporain  de  saint  Hu- 
bert, basilicam  sancti  martyris  Lamberti,  qu'il  vient 
les  déposer. 

Liège,  à  l'arrivée  de  saint  Hubert,  comptait  incon- 
testablement deux  églises  :  l'oratoire  où  saint  Lambert 
avait  officié,  vraisemblablement  église  paroissiale  de 
Leodium,  et  l'église  que  l'on  venait  d  édifier  en  son  hon- 
neur, où  l'on  allait  conserver  les  reliques  du  martyr. 
Hubert  en  ajouta  une  troisième  en  construisant  Saint- 
Pierre. 

Si  trois  églises  pour  une  localité  aussi  peu  considé- 
rable que  Liège  à  cette  date,  peuvent  surprendre  quel- 
qu'un, ce  ne  sera  pas  vous  qui  savez  ce  qu'était  alors 
une  église,  et  comment  il  ne  se  fonda  presque  pas  en 

(i)  L'auteur  contemporain  mentionne,  en  effet,  trois  manifestations 
de  la  foi  populaire,  après  le  miracle  dont  Ode  a  été  gratifiée  :  i°  l'achève- 
ment de  l'église  de  Saint-Lambert  à  Liège  même  ;  2°  l'érection  d'une  cha- 
pelle commémorative  au  lieu,  proche  de  Liège,  où  ce  miracle  s'était 
produit  (la  tradition  a  toujours  indiqué  Sainte-Walburge)  ;  3°  l'ornemen- 
tation du  lit  du  saint  dans  le  lieu  du  martyre  :  «  Similiter  ubi  virgo 
»  lumen  ex  fi  de  recepit,  basilica  in  ejus  nomine  constructa  et  assidue 
»  veneranda  et  jam  fidèles  timentes  Deum  composuere  lectum  et  fabri 
»  arte  ornaverunt  illud  et  posuerunt  in  loco  ubi  jaculatus  fuerat.  » 

(2)  «  Port  haec  turba  universa  cum  sancto  pervenit  ad  locum  opta- 

n  tum.  Audito  psallentio  magno  exierunt  obviam  omnes  habitatores  loci 

»  illius,  gaudentes  et  exultantes,  susceperunt  eum  et  dignum  ei  prœpa- 

»  raverunt  mausolium  in  quo  opère  copiosa  mole  auri  et  argenté  mirabile 

»  fabricatum  super  corpus  ejus  posuerunt  ...  ibi  que  urbana  ut  decebat 

»  composita  venerabili  memoria  servatur  amplius  cotidie  veneranda  » 

(Saint  Théodard  et  saint  Lambert,  p.  173). 

2 


—  10  — 

ce  temps  d'établissement  religieux  qui  n'en  comptât 
plusieurs. 

Ce  que  les  écrivains  de  l'époque  décorent  du  nom 
de  basilique  n'était,  le  plus  souvent,  qu'un  pauvre  petit 
oratoire,  dont  ne  s'accommoderait  plus  la  moindre  de 
nos  congrégations  :  dimensions  fort  modestes,  architec- 
ture plus  modeste  encore  :  on  peut  s'en  faire  une  idée 
par  la  crypte,  retrouvée  naguère,  sous  l'église  de  Saint- 
Servais,  à  Maestricht.  Un  siècle  après  le  martyre  de 
saint  Lambert,  le  tout  puissant  Charlemagne,  ne  pourra 
élever  dans  notre  diocèse,  à  Aix-la-Chapelle,  une  véri- 
table église,  qu'en  en  faisant  apporter  les  matériaux  soit 
des  ruines  romaines  de  Trêves,  soit  d'au  delà  des  monts 
d'Italie! 

De  cette  impuissance  de  l'architecture  du  VIe  au 
VIIIe  siècle,  vint  l'habitude  de  suppléer  par  le  nombre 
à  l'exiguïté  des  églises.  Là  où  quelque  communauté 
gardait  le  corps  d'un  saint,  il  devint  presque  d'usage  de 
construire  au  moins  trois  de  ces  églises  :  l'une  où  les 
pèlerins  allaient  vénérer  les  restes  du  saint,  où  les  ma- 
lades se  faisaient  porter,  passaient  même  la  nuit  couchés 
sur  un  grabat  devant  la  châsse  ou  le  tombeau;  une 
autre,  réservée  aux  offices  des  prêtres  et  clercs  chargés 
du  service  religieux  ;  une  autre  enfin  qui  servait  d'église 
paroissiale  pour  l'administration  des  sacrements  aux 
fidèles  du  lieu,  à  quoi  Ton  joignait  parfois  une  qua- 
trième, chapelle  sépulcrale. 

Vous  savez  comme  moi,  mon  cher  Président,  que 
saint  Amand  avait  édifié  deux  couvents,  plusieurs 
églises  au  village  de  Gand  pagum  Gandavum,  et  qu'à 
Elnone,  où  il  s'en  fut  mourir,  on  en  comptait  au  moins 
trois  :  Saint-Pierre,  Saint-André  et  celle  qui  prit  de  lui 
son  nom  de  Saint-Amand,  parce  qu'après  avoir  enterré 
l'apôtre  dans  l'oratoire  de  Saint-Pierre,  sanctuaire  des 
religieux  fort  peu  vaste  et  où  ne  pouvaient  être  admises 
les  femmes,  il  fallut,  pour  ne  point  gêner  la  célébration 
des  offices,  d'une  part,  et  pour  répondre  de  l'autre  à 


—  41  — 

l'affluence  des  fidèles,  transférer  les  reliques  du  fonda- 
teur dans  une  chapelle  plus  large  et  accessible  à  tous  (1). 

Saint  Remacle,  non  content  de  juxtaposer  à  peu  de 
distance  ses  deux  couvents  de  Malmedy  et  de  Stavelot, 
avait,  dans  cette  dernière  localité,  élevé  pour  ses  moines 
une  église  de  Saint-Pierre,  et  tout  près  de  celle-ci  un 
oratoire  de  Saint-Martin,  où  il  fut  enterré,  jusqu'à  ce 
que  son  troisième  successeur  transférât  ses  reliques  dans 
l'église  conventuelle,  près  de  laquelle  devait  s'élever  en- 
suite l'église  paroissiale  dédiée  à  saint  Sébastien  (2). 

De  même  avaient  fait  d'autres  fondateurs  de  la 
même  époque,  saint  Ursmer  à  Lobbes,  où  proche  de 
l'église  de  Saint-Pierre,  généralement  réservée  aux  reli- 
gieux, il  érige  l'église  paroissiale  de  la  Vierge  Marie  (3); 
et  plus  loin  sainte  Aldegonde,  à  Maubeuge,  où  elle  bâtit 
tout  ensemble  une  église  monastique  dédiée  à  la  Vierge 
et  aux  saints  Pierre  et  Paul,  une  église  paroissiale  dont 
elle  assura  la  dotation  et  qu'elle  avait  dédiée  à  saint 
Quentin,  enfin  une  église  de  Saint-Maurice,  à  la  fois 
chapelle  particulière  de  l'abbesse,  des  sœurs  converses 
et  des  gens  de  service  (4). 

A  Nivelles,  on  comptait  déjà,  du  temps  de  saint 
Hubert,  pour  le  moins  quatre  églises  :  Saint-Pierre,  où 
furent  déposées  sainte  Gertrude,  sa  mère  sainte  Itte,  et 
celle  qui  succéda  la  première  à  Gertrude,  l'abbesse 
Wulfetrude;  Saint-Paul,  où  l'on  avait  placé  le  lit  de 
Gertrude,  comme  une  précieuse  relique;  Sainte-Marie 
où  la  communauté  célébrait  ses  offices,  enfin  la  qua- 
trième, élevée  en  l'honneur  même  de  la  fondatrice,  peu 
de  temps  après  sa  mort  (5). 

(1)  Ghesq.,  Acta  Sanctorum  Belgii,  t.  IV,  pp.  266  et  273. 

(2)  Idem,  t.  III,  pp.  453,  etc. 

(3)  Lobbes,  par  l'abbé  Vos,  t.  I,  p.  91. 

(4)  Ghesq.,  Acta  Sanctorum  Belgii,  t.  IV,  p.  302;  Analectes  de  Lou- 
vain,  t.  II,  p.  49. 

(5)  Voir  la  vie  contemporaine  de  sainte  Gertrude,  dans  les  Monumenta 
historiœ  germaniœ ;  Scriptorum  rerum  merovingicarum,  t.  II,  pp.  437, 
46  c,  466  et  474. 


—  42  — 

A  Andenne,  c'était  bien  mieux  :  sainte  Begge,  la 
sœur  de  Gertrude,  la  diocésaine  et  la  contemporaine  de 
saint  Lambert,  y  avait,  pour  un  seul  couvent,  et  pour 
une  petite  localité,  élevé  à  la  fois  sept  églises  qu'on  y 
vit  subsister  jusqu'au  siècle  passé.  Et  cette  septaine 
d'églises  pour  une  seule  personne,  voire  pour  une 
seule  institution  religieuse,  n'était  pas  une  exception  : 
sainte  Berte,  non  contente  de  donner  trois  églises  à 
son  couvent  de  Blangy,  en  Artois,  avait  tenu  à  en  bâtir 
sept  autres  en  l'honneur  de  saint  Martin  (*).  Sainte 
Salaberge,  abbesse  de  Saint-Jean-de-Laon,  morte  en 
655,  en  avait,  comme  sainte  Begge,  construit  sept  pour 
un  seul  monastère  de  religieuses  (2). 

Dans  notre  diocèse,  autour  de  Notre-Dame  de  Huy, 
se  dressaient  plusieurs  petites  églises  dont  l'origine  se 
perd  dans  l'obscurité  des  temps  mérovingiens.  Que 
voyons-nous  alors  aux  portes  de  Liège?  D'un  côté,  le 
village  de  Herstal  a  déjà  sous  le  pontificat  de  saint 
Hubert,  son  église  paroissiale  de  Notre-Dame,  et  sa 
chapelle  commémorative  d'un  miracle  de  saint  Lam- 
bert. De  l'autre,  Chèvremont  réunit  dans  l'enceinte  forti- 
fiée qui  couronnait  sa  montagne,  une  église  de  Notre- 
Dame  encore,  une  église  de  Saint-Jean  et  un  troisième 
sanctuaire. 

Il  n'y  avait  donc  rien  d'extraordinaire  à  ce  que 
Liège  où  les  évoques  du  diocèse  allaient  définitivement 
s'installer,  Liège,  où  les  pèlerins  affluaient  de  plus  en 
plus  au  tombeau  d'un  martyr,  eut  comme  tant  d'autres 
localités  moins  importantes,  ses  trois  basiliques  :  une 
église  pour  ce  tombeau,  pour  ces  pèlerins  et  pour  les 
ecclésiastiques,  fratres,  chargés  de  recevoir  ceux-ci  et 
de  veiller  au  culte  de  celui-là;  une  église  pour  servir 
de  cathédrale,  et  j'incline  à  penser  que  cette  cathédrale 
fut  d'abord  Saint- Pierre,  où  nous  voyons  célébrer  les 

(1)  Ghesq.,  Acta  Sanctorum  Belgii,  t.  VI,  p.  568. 

(2)  M  igné,  Patrologie  latine,  t.  CLVI,  p.  1004. 


—  13  — 

funérailles  de  saint  Hubert  ;  une  église  enfin  pour  le  ser- 
vice paroissial,  pour  l'administration  des  sacrements, 
notamment  de  ces  baptêmes  solennels  des  grandes  fêtes 
de  l'année  auxquels  on  verra  Charlemagne  assister  dans 
notre  diocèse,  au  témoignage  d'une  lettre  adressée  par 
lui  à  notre  évêque  Gerbald,  et  où  il  interrogeait  les  par- 
rains sur  le  Pater  et  le  Credo  (i)  :  l'existence  de  cette 
première  église  paroissiale  de  Liège  semble  d'autant 
plus  certaine  que  nous  n'avons  pas  le  moindre  indice 
que  Saint-Lambert  ou  Saint-Pierre  aient  jamais  tenu 
lieu  de  paroisse. 

Sans  doute,  une  basilique  de  Sainte-Marie  n'est 
mentionnée  ni  dans  la  lettre  de  Charlemagne  à  Ger- 
bald :  —  l'empereur  n'indique  pas  la  localité  où  il  a 
fait  la  constatation  dont  il  se  plaint;  —  ni  dans  les  vies 
contemporaines  de  saint  Hubert  et  de  saint  Lambert. 
Sous  le  pontificat  du  premier,  il  n'y  avait  à  Liège  qu'un 
seul  oratoire  :  à  quoi  bon  le  désigner  par  un  nom  de 
patron  ?  Quant  à  saint  Hubert,  son  plus  ancien  bio- 
graphe ne  nous  nomme  que  la  basilique  qu'il  avait  aidé 
à  fonder  :  Saint-Lambert,  et  celle  que  seul  il  avait  édi- 
fiée, Saint-Pierre;  mais  il  ne  nous  dit  pas  que  Liège 
n'en  comptait  pas  d'autres,  ni  que  Hubert  les  ait  visitées 
toutes,  quand,  averti  de  sa  fin  prochaine,  l'évêque  va 
prier  au  sépulcre  de  son  prédécesseur,  et  se  recomman- 
der aux  pieux  souvenirs  des  gardiens,  puis  désigne,  dans 
la  basilique  de  Saint- Pierre,  dans  sa  fondation,  l'en- 
droit où  il  désire  être  enterré  (2). 

Les  textes  les  plus  anciens  démontrent  donc  l'exis- 
tence d'un  oratoire  antérieure  Saint- Lambert  et  à  Saint- 
Pierre.  On  ne  peut  opposer  à  l'attribution  du  patronage 

(i)  Mon,  SS.t  t.  I,  p.  241. 

(2)  «  Ad  basilicam  sancti  martyris  Landberti  quam  ipse  paraverat 
»  veniens,  diutissime  ad  orationem  ad  ejus  tumbam  immoratur  ...  Deinde 
»  progressus  ad  aliam  basilicam,  quam  in  honore  apostolorum  ipse 
»  condiderat,  orando  visitaret  ...  »  (Ch.  de  Smedt,  Acta  sancti  Huberti, 
pp.  45  et  48). 


—  44  — 

de  sainte  Marie  à  cette  chapelle  aucun  document  pri- 
mitif. Il  n'y  a  contre  elle  que  la  légende  tard  venue, 
d'après  laquelle  ce  premier  oratoire  de  Liège  aurait 
été  consacré  aux  saints  Cosme  et  Damien.  Voyons  ce 
que  vaut  cette  légende. 

II. 

QUE  LA  PREMIÈRE  ÉGLISE  DE  LIÈGE  N'A  PAS  ÉTÉ 
UN  ORATOIRE  DES  SAINTS  COSME  ET  DAMIEN. 

Ce  qu'ont  répété  à  l'envi,  sans  jamais  remonter  à  la 
source  de  leur  récit,  les  historiens  liégeois  des  derniers 
siècles,  c'est  que  le  premier  oratoire  érigé  sur  le  sol  de 
Liège,  fut  un  oratoire  des  saints  Cosme  et  Damien  :  il 
avait  été,  nous  disent-ils,  élevé  par  saint  Monulphe, 
évêque  de  ce  diocèse;  vers  558,  ce  saint  avait  été,  à  la 
vue  du  val  solitaire  encore  de  la  Légia,  le  prophète 
du  martyre  de  saint  Lambert  et  des  grandeurs  de  la 
ville  à  venir,  et  avait  construit  soit  sur  l'emplacement, 
soit  comme  monument  de  sa  prophétique  vision,  cette 
chapelle  commémorative  que  la  cathédrale  de  Saint- 
Lambert  devait  remplacer  un  jour. 

Cette  légende,  pour  poétique  qu'elle  soit,  ne  peut 
être  acceptée  par  la  critique. 

Liège,  en  effet,  a  ses  historiens  dès  le  jour  où  un 
évêque  vient  y  mourir  :  ce  sont  les  biographes  contem- 
porains des  saints  Lambert  et  Hubert. 

Eh  bien,  ces  biographes,  et  après  eux  les  chroni- 
queurs du  VIIIe  et  du  IXe  siècles,  le  continuateur  de 
Fredegaire,  les  auteurs  des  annales  du  règne  de  Char- 
lemagne,  nous  parlent  bien  de  l'église  de  Saint-Lambert  ; 
pas  un  mot  d'un  oratoire  des  saints  Cosme  et  Damien. 
Cet  oratoire  n'est  pas  plus  connu  de  Tévêque  de  Liège 
Etienne  qui,  au  début  du  Xe  siècle,  remit  en  meilleur 
latin  la  biographie  primitive  de  saint  Lambert,  et 
rédigea  le  premier  office  du  patron  national,  ni  du 


I 

i 


—  15  — 

poète  monastique  Hucbald  qui,  à  l'occasion  de  cet 
office  peut-être,  traduisit  en  vers  l'histoire  de  saint 
Lambert. 

A  la  fin  du  même  siècle,  le  propre  secrétaire  de 
Notger,  Térudit  et  laborieux  Hérigère,  nous  donne  la 
première  histoire  suivie  de  nos  évêques,  y  recueille  tout 
ce  qu'on  peut  savoir  deux,  de  saint  Monulphe  entre 
autres,  y  note  avec  soin  l'existence,  à  Huy,  d'une  autre 
chapelle,  moins  importante,  des  mêmes  saints  Cosme 
et  Damien,  où  l'évêque  Jean  l'Agneau  fut  inhumé.  Au 
milieu  du  XIe  siècle,  le  chanoine  Anselme,  le  Hari- 
gère  de  Wazon,  reprend  et  poursuit  l'histoire  de  nos 
évêques.  Moins  de  cinquante  ans  après  lui,  l'écrivain 
qui  fut  le  plus  instruit  de  son  époque  en  matière  histo- 
rique et  le  plus  prisé  des  chroniqueurs  du  moyen  âge, 
Sigebert  de  Gembloux,  rédige,  d'après  tout  ce  qu'on 
connaît  alors  de  sources  historiques,  deux  vies  de  saint 
Lambert.  Eh  bien,  Etienne,  Hucbald,  Hérigère,  An- 
selme, Sigebert,  pas  plus  que  les  biographes  ou  les 
annalistes  leurs  devanciers  ou  leurs  contemporains, 
n'ont  connu  quoi  que  ce  soit  de  la  prétendue  vision 
de  saint  Monulphe,  n'ont  soupçonné  l'existence  d'un 
ancien  oratoire  des  saints  Cosme  et  Damien  dans  cette 
ville  où  cet  oratoire  devait  être  le  monumental  sou- 
venir d'un  miracle,  où  tous  les  amours-propres  étaient 
intéressés  à  en  rappeler  l'existence,  et  où  tant  d'écri- 
vains apportaient  tout  leur  zèle  à  relever  les  souvenirs 
du  passé,  à  noter  le  moindre  détail  à  la  gloire  du 
patron  du  diocèse  ! 

Il  faut,  pour  que  nous  entendions  une  première  fois 
—  plus  de  cinq  cents  ans  après  l'épiscopat  de  saint  Mo- 
nulphe —  raconter  sa  prophétique  aventure,  il  faut 
qu'un  étranger  nous  arrive  de  France,  le  pays  des  beaux 
parleurs  et  des  romanciers.  Cet  étranger  est  le  prêtre 

Joconde  (î).  11  n'a  fait  que  traverser  notre  diocèse  ;  il 

• 

(i)  Histoire  littéraire,  t.  VIII,  p.  342  ;  Mon.  SS.9  t.  XII,  p.  86. 


—  1G  — 

en  écrit  vers  1088  au  plus  tôt,  en  se  qualifiant  lui-même 
d'homo  alienus  ;  on  peut  juger  de  ses  connaissances  par 
les  confusions  qu'il  fait  entre  Charlemagne  et  Charles 
Martel  ;  de  sa  crédulité,  par  la  naïveté  avec  laquelle  il 
professe  que  saint  Servais  était  le  parent  de  Notre  Sei- 
gneur Jésus-Christ;  de  son  jugement,  par  ses  admira- 
tions pour  le  très  misérable  empereur  Henri  IV,  et  par 
la  facilité  avec  laquelle  il  range  parmi  nos  évêques  légi- 
times, en  le  notant  d'un  éloge  sans  réserve,  ce  Phara- 
mond,  prélat  intrus  par  qui  saint  Lambert  avait  été 
sept  ans  injustement  dépouillé  de  l'autorité  épiscopale. 

«  Homme  crédule  à  l'excès  »,  disent  de  lui  les  sa- 
vants Bénédictins  de  YHistoire  littéraire  de  la  France, 
«  sans  goût,  sans  discernement,  sans  connaissance 
»  de  l'antiquité,  défaut  qui  lui  ont  fait  épouser  des 
»  fables  les  plus  insipides  et  les  plus  grossières.  »  Ce 
qu  on  a  publié  de  lui  au  sujet  de  saint  Servais  est  rem- 
pli, ajoutent-ils,  «  d'anachronismes  et  d  absurdités.  De 
»  sorte  qu'on  le  prendrait  volontiers  non  pour  un 
»  roman,  parce  que  la  vraisemblance  n'y  est  pas  même 
»  gardée,  mais  pour  un  amas  de  fables  extravagantes.  » 
Son  docte  éditeur  allemand,  dans  les  Mottumenta,  n'en 
parle  pas  autrement. 

Vbilà  cependant  l'écrivain  qui,  le  premier,  nous  a 
conté  cette  vision  à  la  suite  de  laquelle  saint  Monulphe, 
averti  des  futures  grandeurs  de  l'obscur  hameau  de 
Liège,  y  aurait  édifié  cette  chapelle  des  saints  Cosme  et 
Damien.  L'amour-propre  national  et  l'amour  populaire 
du  merveilleux  trouvaient  trop  bien  leur  compte  dans 
cette  histoire  pour  n'avoir  pas  plaisir  à  la  reproduire  : 
Sigebert  qui,  cependant,  semble  avoir  connu  quelque 
chose  de  ces  récits  et  fait  quelques  emprunts  à  Joconde 
sur  d'autres  points,  où  sans  doute  il  croyait  pouvoir 
le  suivre,  Sigebert  s'est  gardé  de  rien  lui  emprunter 
de  ce  conte.  Mais,  dès  la  première  moitié  du  XIIe  siècle, 
ua  nouveau  biographe  de  saint  Lambert,  le  chanoine 
Nicolas,  s'est  plu  à  le  reproduire  :  tous  les  suivants 


—  17  — 

l'ont  imité,  et  ainsi  est-on  venu  à  donner  cette  histo- 
riette pour  une  sorte  de  tradition  nationale. 

Le  témoignage  de  Nicolas,  que  les  chartes  de  Saint- 
Lambert  attestent  avoir  été  membre  de  ce  chapitre,  de 
1118  à  1145,  et  qui  dédia  son  œuvre  à  Wéric,  abbé  de 
Liessies,  au  diocèse  de  Cambrai,  de  1124  à  1147,  n'était 
pas  cependant  pour  donner  plus  de  crédit  à  ce  qu'il 
accepte  soit  d  après  les  écrits  d'auteurs  fidèles  qu'il  ne 
nous  fait  d  ailleurs  pas  connaître,  soit  d'après  une  tra- 
dition orale,  relatu  majorum,  que  cinq  siècles  et  demi 
avaient  pu  rendre  fort  infidèle.  C'est  précisément  en 
alléguant  ce  que  raconte  l'antiquité  et  ce  qu'apprennent 
des  écrits  de  pères,  dont  il  n'indique  pas  les  noms,  qu'il 
nous  rapporte  l'incident  de  la  prophétie  de  Monulphe 
et  de  l'érection  d'une  chapelle  des  saints  Cosme  et 
Damien  (i).  Lui-même  convient  qu'il  n'insère  ces  dé- 
tails que  pour  augmenter  la  vénération  des  Liégeois 
envers  leur  patron,  et  malheureusement  nous  le  pre- 
nons plus  dune  fois  en  flagrant  délit  d'arrangement  des 
faits,  en  vue  de  cette  édification  sans  doute  :  il  donne, 
par  exemple,  pour  disciple  à  saint  Lambert,  vers  690, 
cette  sainte  Ode  d'Amay,  morte  et  enterrée  avant  l'an 
636.  Un  respect  mal  entendu  pour  la  gloire  de  son 
héros,  lui  fait  supprimer,  dans  la  narration  de  ses  der- 
niers instants,  la  mention,  répétée  par  toutes  les  narra- 
tions antérieures,  du  premier  mouvement  de  l'évêque 
à  l'approche  des  bourreaux  :  le  saint  commença  par 
saisir  une  arme  pour  charger  ses  assassins.  Nicolas 
veut  aussi,  contrairement  à  tous  ses  devanciers,  que 
les  neveux  du  saint  se  soient  laissé  égorger  sans  défense. 
Bien  plus,  c'est  de  lui  que  nous  tenons  cette  fabuleuse 
histoire  d'un  ange  portant  à  Rome  la  nouvelle  de  l'as- 
sassinat, et  du  pape  Sergius  reconnaissant  et  sacrant 
miraculeusement,  à  l'instant  même,  Hubert  comme 
successeur  de  Lambert  ;  c'est  lui  aussi  qui,  le  premier, 

(1)  Chapeaville,  Gesta  Pontificum  Leodiensium,  t.  I,  p.  400. 

3 


—  18  — 

contre  tous  les  textes  anciens,  modifie  le  théâtre  du 
martyre,  et  au  lieu  de  placer  celui-ci  dans  la  chambre 
du  pontife,  le  transporte,  bon  gré  mal  gré,  dans  l'ora- 
toire dédié  à  des  saints  dont  nul  n'avait  rien  dit  avant 
le  trop  inventif  Joconde  (î). 

Cette  pieuse  légende  de  la  prophétie,  occasion  de 
l'érection  d  une  chapelle,  manque  si  bien  de  point  de 
départ  certain,  que  Gilles  d'Orval,  au  siècle  suivant, 
nous  en  donne  deux  versions,  pour  une  (2),  et  deux 
versions  contradictoires  en  des  détails  essentiels  :  car 
dans  l'une,  il  fait  proférer  l'annonce  des  grandeurs  de 
Liège  par  saint  Monulphe,  des  bords  de  la  Meuse,  dans 
un  voyage  de  Maestricht  à  Dînant,  à  l'aspect  de  ce  val 
charmant,  sauvage  et  inconnu  pour  le  prélat  où  celui-ci 
est  arrivé  sans  en  connaître  le  nom  ;  dans  l'autre,  il  la 
lui  fait  prononcer  aux  bords  de  l'Ourthe,  à  Vaux,  en 
descendant  de  la  montagne  de  Chèvremont,  à  côté  d  une 
chapelle  érigée  là  aux  saints  Cosme  et  Damien,  et  à 
la  suite  de  l'apparition  d'une  croix  miraculeuse  sur  le 
vallon  lointain  de  Liège.  Le  premier  récit  ne  dit  rien 
de  cette  croix  merveilleuse,  occasion  et  justification  de 
la  prophétie,  le  second  rien  de  cette  chapelle  en  mé- 
moire de  laquelle  le  problématique  oratoire  des  saints 
Cosme  et  Damien  aurait  été  érigé  sur  le  sol  liégeois  ! 
Une  version  veut  qu'à  côté  de  cet  oratoire,  Monulphe 
ait  élevé  une  maison  épiscopale  ;  l'autre  ne  lui  fait 
construire  au  pied  levé,  et  consacrer  aussitôt,  dans  le 
court  espace  d'une  halte  de  cavaliers  en  voyage,  qu'une 
chapelle  solitaire.  Celle-là  ajoute,  comme  complé- 
ment, que  le  Publémont  dut  son  nom  à  un  romain 
du  temps  d'Auguste  ;  celle-ci  achève  l'histoire  de  Mo- 
nulphe en  contant,  qu'au  moment  de  mourir,  il  aurait 
prêché  le  jugement  dernier  à  tout  son  peuple,  trois  jours 

(1)  «  At  electus  Dei  sacerdos  Lambertus  ante  aîtare  sanctorum  mar- 
ri tyrum  Cosmœ  etDamiani,  martyr  mox  ipsefuturus,  in  modum  crucis 
»  se prostraverat ...  »  Chapeaville,  t.  I,  p.  405. 

(2)  Mon.  SS.,  t.  XXV,  pp.  27  et  58. 


—  19  — 

durant  et  sans  relâche  :  per  triduum  sine  intermissione ! 

On  peut  juger  par  là  du  sens  critique  ou  de  la 
valeur  d'informations  de  ce  Gilles  d'Orval,  de  ce  Nico- 
las, de  ce  Joconde,  les  premiers  à  nous  donner,  sept, 
six,  cinq  siècles  au  plus  tôt  après  l'événement,  les  saints 
Cosme  et  Damien,  comme  les  patrons  de  la  première 
chapelle  liégeoise. 

A  la  légende  de  saint  Monulphe,  vous  ne  croyez 
pas  plus  que  moi,  mon  cher  Président.  Aussi  je  passe 
à  la  plus  forte  objection  que  vous  puissiez  me  faire  : 
l'autel  et  la  chapelle  des  saints  Cosme  et  Damien  sont 
mentionnés,  à  plusieurs  reprises,  dans  la  version  publiée 
par  le  docte  Chapeaville,  en  1612,  de  la  vie  primi- 
tive de  saint  Lambert,  vie  que  l'éditeur  attribuait  à 
Godeschalc,  diacre  de  Liège  au  temps  de  Charlemagne. 

Il  se  peut  que  Godeschalc  ait,  en  effet,  mis  en  meil- 
leur latin,  avant  Etienne,  la  vie  primitive,  contempo- 
raine du  glorieux  martyr.  Chapeaville,  en  tout  cas, 
déclare  avoir  reproduit  sans  y  rien  changer  deux  très 
anciens  manuscrits,  l'un  de  Saint-Lambert,  l'autre  de 
Saint-Laurent  (*). 

Devant  l'attestation  d'un  éditeur  aussi  digne  de  foi, 
il  faut  admettre  sans  hésiter  qu'il  a  toujours  fidèlement 
reproduit  soit  l'un,  soit  l'autre  de  ces  deux  textes,  celui 
sans  doute  qui  lui  semblait  le  meilleur.  Chapeaville 
toutefois  ne  nous  dit  pas  s'ils  étaient  absolument  sem- 
blables; il  ne  distingue  pas  ce  qui  vient  de  l'un  de  ce 
qui  vient  de  l'autre;  il  ne  nous  indique  surtout  pas  de 
quelle  époque  dataient  ces  manuscrits  très  anciens.  Au 
XVIIe  siècle,  n'a-t-on  pas  qualifié  de  la  sorte,  à  l'occa- 
sion, tout  ce  qui  provenait  d'avant  la  Renaissance?  Les 
manuscrits  invoqués  étaient-ils  antérieurs  au  pillage 
de  Liège  de  1468,  ou  n'avaient-ils  été  copiés  qu'après? 

(1)  «  Desumpsimus  hase  scripta  Godeschalci  ex  duobus  vetustissimis 
»  manuscriptis  codicibus,  uno  Ecclesiae  sancti  Lamberti  Leodiensis;  altero 
»  monasterii  sancti  Laurentii  propre  Leodium,  nulla  styli  mutatione 
»  facta  »  (Chapeaville,  Gesta  Pontificum  Leodiensium ,  t.  I,  p.  32i>. 


—  20  — 

Etaient-ils  purs  de  toute  interpolation?  Aucune  main 
plus  récente  n'avait-elle  prétendu  compléter,  par  une 
ajoute,  le  premier  texte  authentique?  Il  faut  bien  con- 
venir que  nous  n'en  savons  rien,  et  que,  dès  lors,  ni 
l'attestation  donnée  par  Chapeaville  de  l'antiquité  géné- 
rale du  monument,  ni  ce  fait  qu'il  l'avait  reproduit  sans 
rien  changer  au  style,  ne  suffisent  pour  nous  imposer  la 
certitude  que  la  mention  des  saints  Cosme  et  Damien 
n'a  pas  été  intercalée  soit  par  une  correction  posté- 
rieure à  celles  du  copiste,  soit  par  ce  copiste  même,  s'il 
a  pris  la  plume  après  l'écrit  de  Joconde. 

Plus  d'un  détail  de  cette  version  de  Chapeaville  me 
semble,  je  l'avoue,  trahir  des  connaissances,  une  rhéto- 
rique, un  vocabulaire,  une  tournure  d'esprit  philoso- 
phique moins  anciens  que  le  vme  siècle,  en  contradic- 
tion avec  la  simplicité  narrative  du  récit  primitif. 

Un  contemporain  de  saint  Lambert  nous  aurait-il, 
comme  cette  version,  décrit  l'habitation  du  saint  à  la 
façon  d'une  forteresse  du  moyen  âge?  Se  serait-il  livré 
aux  considérations  émises  à  propos  d'une  apparition  de 
croix  ou  aux  jeux  de  mots  où  se  plaît  cette  version 
pour  expliquer  les  hautes  ambitions  du  bourreau  qui  se 
jucha  sur  la  toiture  afin  d'atteindre  sa  victime? 

Ce  contemporain  aurait-il  imaginé  la  petite  disser- 
tation, chapitre  IX  de  cette  version,  dans  laquelle  on 
établit  que  ce  n'est  pas  les  lieux,  mais  les  auteurs  d'un 
crime  qu'il  convient  de  réprouver? 

Aurait-il  surtout  songé  à  opposer  petites  chapelles 
à  grandes  églises  (i),  alors  qu'on  ne  connaissait  chez 
nous  rien  de  ces  vastes  temples  sortis  seulement  de 

(i)  «  Illic,  non  in  spatiosis  edibus  aut  operosis  œdibus,  sed  in  parva; 
»  vilis  que  clausurae  ecclesia,  sanctorum  Cosmos  et  Damiani,  insistebat 
»  orationi,  certus  non  minus  fructuosam  esse  orationem,  in  his  angustis 
»  quam  in  capacibus  magna?  et  principalis  ecclesiœ.  Quod  enim  tempo- 
»  raie  est  ampla  et  profusa  et  lata  requirit,  quia  voluptas  mundi  parvita- 
»  tem  et  mediocritatem  refugit,  et  quod  spirituale  est  omnia  œqua  lance 
»  metitur,  quia  in  spatiosis  non  plus  dilatatur  et  in  angustis  non  plus 
»  coarctatur  »  (Chapeaville,  Gesta  Pontificum  Leodiensium,  t.  I,  p.  366). 


—  21  — 

notre  sol  après  Charlemagne  ?  Cette  description  d'habi- 
tation et  ces  considérations  d'architecture  trahissent  une 
époque  où  Ton  ne  se  contentait  plus  du  rez-de-chaussée 
des  villas  romaines,  et  où  les  collégiales  romanes  avaient 
succédé  aux  petits  oratoires  mérovingiens. 

Un  contemporain  de  saint  Lambert  ou  un  écrivain 
du  siècle  suivant  ne  pouvaient  connaître  non  plus  les 
développements  que  le  culte  et  la  popularité  du  martyr 
allaient  donner  à  l'obscur  hameau  de  Leodium  ;  cette 
version  parle  de  son  grand  renom  avec  une  certitude 
qu'on  n'a  pu  acquérir  avant  les  jours  de  Notger  (i). 

Autres  différences  notables  entre  la  version  préten- 
dument primitive  de  Chapeaville,  et  celle  dont  nous 
possédons  le  texte  authentique  soit  à  Paris,  dans  le 
manuscrit  du  VIIIe  siècle,  soit  dans  les  vieilles  copies 
qu'éditèrent  Mabillon  et  les  Bollandistes.  Ce  manuscrit 
et  ces  éditions  ne  nous  donnent  point  le  nom  du  père 
de  saint  Lambert  ;  la  version  de  Chapeaville  nous 
apprend  qu'il  s'appelait  Aper,  ce  que  personne  n'avait 
écrit  avant  Sigebert  de  Gembloux,  à  la  fin  du  XIe  ou 
dans  les  premières  années  du  XIIe  siècle. 

.  D'après  ces  manuscrits  de  Paris,  de  Mabillon  et 
des  Bollandistes,  l'un  des  miracles  qui  signalèrent  la 
translation  des  restes  du  saint  de  Maestricht  à  Liège  se 
produisit  à  Herstal  ;  la  version  de  Chapeaville  le  fait 
arriver  à  Hermalle,  comme  Sigebert  encore  avait  été 
le  premier  à  le  rapporter,  —  par  erreur,  puisque  l'écri- 
vain contemporain  affirme,  lui,  qu'on  éleva  une  église 
en  l'honneur  du  saint  partout  où  s'était  produit  un 
miracle  —  et  qu'il  n'y  a  pas  trace  d'une  église  de  ce 
genre  à  Hermalle. 

La  version  de  Chapeaville  commet  enfin  l'incontes- 
table erreur  de  faire  sortir  le  saint  de  sa  chambre  pour 
l'envoyer  mourir  dans  le  prétendu  oratoire  des  saints 

(i)  a  Mox  ad  villamparvi  adhuc  nominis  nec  minorisvero  meriti,  sed 
»  magnum  nomen  et  magnum  meritum  ex  triumpho  et  corpore  sancti 
»  Lamberti  paulo  plus  promerituram  »  (Chapeaville,  t.  I,  p.  336). 


—  22  — 

Cosme  et  Damien.  Devant  tous  les  témoignages  con- 
traires des  textes  authentiques,  ne  serait-ce  pas  assez 
pour  faire  refuser  toute  valeur  à  celui-ci  ? 

Ce  texte  que  Chapeaville  nous  donne  pour  du  Go- 
deschalc, ne  peut  donc  être  qu'une  revision  plus  tardive 
du  récit  primitif,  re vision  interpolée  après  et  d'après  le 
récit  de  Joconde,  de  Sigebert  et  du  chanoine  Nicolas, 
lequel  composa  son  travail  au  plus  tard  dans  le  second 
quart  du  XI  Ie  siècle. 

Aussi  j'ai  vainement  cherché  dans  le  relevé  que  les 
savants  Bollandistes  ont  fait  des  manuscrits  hagiogra- 
phiques de  nos  grandes  bibliothèques  belges,  une  copie 
de  cette  version  qui  fut  antérieure  au  siècle  de  Joconde 
et  de  Nicolas  :  les  plus  anciennes  sont  du  XIIe. 

S'il  s'en  rencontrait  une  seule,  de  date  antérieure  à 
Joconde,  portant  mention  dans  son  texte  de  l'oratoire 
des  saints  Cosme  et  Damien,  je  n'aurais  qu'à  m'incliner, 
mais  jusque-là,  vous  me  permettrez  de  constater,  n'est- 
ce  pas,  que  les  manuscrits  authentiques  font  défaut 
pour  nous  renseigner  une  chapelle  des  saints  Cosme  et 
Damien  à  Liège  au  temps  de  saint  Lambert. 

J'ai  déjà  rappelé  que  tous  les  historiens  du  saint  de 
Liège  et  du  diocèse  pendant  les  quatre  siècles  qui  sui- 
vent le  martyre,  les  biographes  et  annalistes  contempo- 
rains, l'évêque  Etienne,  le  poète  Hucbald,  l'historien 
Hérigère,  son  continuateur  Anselme  se  sont  accordés  à 
ne  dire  mot  d'une  chapelle  dédiée  à  ces  saints,  comme 
à  placer  l'immolation  du  pontife  dans  sa  chambre  à 
coucher.  Après  eux,  Sigebert,  le  plus  laborieux  et  le 
plus  savant  de  nos  chroniqueurs,  est  le  premier  à  nous 
parler  d'une  biographie  ou  plutôt  d'une  revision  bio- 
graphique due  à  Godeschalc  :  il  discute  même  le  texte 
de  Godeschalc  à  propos  des  causes  du  martyre,  et  Sige- 
bert cependant,  qui  n'a  laissé  perdre  aucun  détail  des 
relations  antérieures  et  prétend  parfois  les  compléter, 
Sigebert  s'abstient  également  de  toute  mention  d'un 
oratoire  des  saints  Cosme  et  Damien   dans  les  deux 


—  23  — 

rédactions  (4)  qu'il  a  faites  de  la  vie  et  de  la  mort  du 
glorieux  pontife.  N'est-ce  pas  décisif  pour  établir  qu'il 
y  a  interpolation  dans  le  texte  de  Chapeaville? 

Le  chanoine  Nicolas,  l'écrivain  du  XIIe  siècle,  reste 
donc  pour  moi,  jusqu'à  preuve  du  contraire,  le  premier 
qui  ait  donné  pour  théâtre  à  un  martyre  de  la  fin  du 
VIIe,  un  oratoire  des  saints  Cosme  et  Damien  au  lieu 
de  la  chambre  à  coucher  de  saint  Lambert.  Qu'il  ait 
été  entraîné  à  cette  erreur,  d'un  côté  par  ce  qu'un  pieux 
romancier,  Joconde,  avait  conté  trente  ou  quarante  ans 
auparavant,  de  la  vision  et  de  la  chapelle  de  saint 
Monulphe,  et,  d'un  autre  côté,  par  ce  fait  que  bien 
longtemps  après  le  martyre,  peut-être  après  la  recons- 
truction et  l'agrandissement  de  l'église  Saint-Lambert 
par  Notger  et  Baldric,  un  autel  aux  deux  saints  frères 
étrangers  se  trouvait  élevé  sur  le  lieu  du  martyre,  lieu 
englobé  alors  dans  le  nouveau  temple,  voici  ce  qui  me 
semble  acquis  :  ou  la  version  de  Chapeaville  est  la 
vraie  version  primitive,  et  il  faut  croire  en  ce  cas  que 
cette  version  ne  nous  est  parvenue  que  dans  une  copie 
datant  au  plus  du  XIIe  siècle  et  qu'aucun  des  histo- 
riens liégeois  qui,  pendant  cinq  siècles,  ont  écrit  sur 
nos  évêques  et  sur  nos  saints,  absolument  aucun  ne  l'a 
connue,  pas  plus  ceux  qui  l'ont  cru  traduire  soit  en 
vers,  soit  en  prose,  que  ceux  qui  ont  cru  la  résumer 
ou  la  développer  soit  dans  leurs  récits,  soit  dans  les 
offices  liturgiques;  ou  bien  cette  version  de  Chapea- 
ville est  interpolée  ;  nous  pouvons  alors  nous  en  rap- 
porter à  l'unanimité  de  ces  historiens,  aux  manuscrits 
authentiques  les  plus  anciens  conservés  dans  nos  biblio- 
thèques et,  par  suite,  ne  plus  faire  état  de  ce  qu'une 
biographie  éditée  en  1612  nous  raconte  d'un  oratoire 
des  saints  Cosme  et  Damien. 

Il  n'y  a  pas  à  le  contester  toutefois  :  on  n'a  pu 
perdre  à  Liège  le  souvenir  précis  du  lieu  où  le  grand 

(1)  Migne,  Patrologie  latine,  t.  CLX,  pp.  759  à  810. 


—  24  — 

martyr  avait  succombé,  ni  faire  erreur  en  désignant 
comme  ce  lieu,  la  partie  de  la  Cathédrale  où,  après  Tan 
mil,  nous  retrouvons  positivement  une  chapelle  des 
saints  Cosme  et  Damien.  La  plus  ancienne  mention 
faite  d  un  autel  de  ces  saints  dans  cette  Cathédrale  est 
celle  du  continuateur  de  Sigebert,  l'abbé  Anselme  de 
Gembloux,  qui,  notant  les  événements  de  son  temps, 
raconte  qu'en  1117,  peu  avant  que  Nicolas  ne  prit  la 
plume,  un  coup  de  foudre  vint,  pendant  un  orage  ter- 
rible, frapper  un  clerc  occupé  à  lire  à  Fautel  des  saints 
Cosme  et  Damien  (4).  Cet  auteur  n'indique  pas  en  quel 
endroit  de  la  Cathédrale  était  érigé  cet  autel. 

Mais  si  depuis  lors  la  tradition  n'a  point  varié,  en 
donnant  remplacement  de  cette  chapelle  pour  le  lieu 
du  martyre,  c'est  une  preuve  de  plus  que  l'érection  de 
cette  chapelle  est  postérieure  d'assez  bien  à  la  mort  de 
saint  Lambert,  puisque  l'endroit  où  il  fut  égorgé  n'était 
certainement  pas  un  oratoire,  mais  sa  chambre  à  cou- 
cher, et  que  nous  avons  vu  les  fidèles  vénérer  ce  lieu, 
y  transporter  son  lit,  des  miraculés  veiller  à  son  entre- 
tien, indépendamment  de  l'érection  du  second  oratoire 
de  Liège,  celui  de  Saint-Lambert. 

Quand  changea-t-on  cecubiculum  en  oratoire?  Fut- 
ce  seulement  lorsque  l'évêque  Notger  reconstruisit  vers 
l'an  mil,  l'ensemble  des  édifices  qu'on  n'avait  qu'in- 
complètement relevé  depuis  les  invasions  des  Nor- 
mands, ensemble  qui  comprenait  l'église  de  Notre- 
Dame-aux- Fonts,  baptistère  de  la  cité,  le  palais  épis- 
copal  et  la  cathédrale  Saint- Lambert  ?  On  sait  que  sa 
reconstruction  agrandit  beaucoup  cette  Cathédrale.  Il 
ne  serait  donc  pas  impossible  qu'il  aurait  alors  seule- 
ment érigé  dans  ce  nouveau  temple  une  chapelle  des 

(1)  «  11 17.  Fulmen  a  parte  aquilonali  ingrediens  quemdam  clericum 
»  rétro  altare  sanctorum  Cosme  et  Damiani  in  pulpito  legentem  et 
»  alterum  ante  crucifixum  orantem,  tertium  de  scriptorio  ecclesie  proxi- 
»  mo  egredientem  in  ipso  ecclesie  ingressu  extinxit»  (M igné,  Patrologie 
latine,  t.  CLX,  p.  242). 


—  25  — 

saints  Cosme  et  Damien.  Ces  saints,  au  temps  des 
Othon,  étaient  encore  tout  particulièrement  vénérés  à 
Rome  où  trois  églises  leur  avaient  été  dédiées  :  Notger, 
qui  fit  de  longs  séjours  dans  la  ville  éternelle,  en  au- 
rait pu  rapporter  leur  culte  à  Saint-Lambert  de  Liège, 
comme  il  rapporta  dans  son  église  de  Saint-Jean,  celui 
de  saint  Vincent  et  des  saints  Fabien  et  Sébastien  ; 
comme  l'archevêque-duc  saint  Brunon  avait,  peu  au- 
paravant, introduit  à  Cologne,  notre  métropole,  dans  ce 
monastère  de  saint  Pantaléon  où  il  voulut  être  enterré, 
cette  même  dévotion  aux  deux  saints  de  Cilicie;  comme 
Prague  dut  peut-être  de  les  adopter  pour  patrons  au 
saint  évêque  Adalbert,  compagnon  de  Notger  à  Rome. 

Faudrait-il  plutôt  s'en  rapporter  à  la  version  de 
Gilles  d'Orval,  au  sujet  du  culte  des  deux  saints  frères 
à  Chèvremont,  et  croire  que  Notger  aurait  relevé  à 
Liège  leur  autel  qu'on  avait  dû  renverser  à  Chèvre- 
mont,  tout  comme  il  aurait  relevé,  en  construisant 
Saint- Jean,  une  autre  église  du  même  saint  détruite 
avec  la  périlleuse  forteresse? 

Rien  n'empêche  de  reporter  plus  haut  que  Notger 
l'apparition  du  culte  des  saints  Cosme  et  Damien  sur 
remplacement  du  lieu  du  martyre  de  saint  Lambert  : 
on  n'avait  pas  pour  eux  moins  de  vénération  dans  nos 
régions  au  temps  des  rois  mérovingiens  qu'au  temps 
des  Othon.  Nous  avons  vu  l'un  des  prédécesseurs  de 
Lambert,  saint  Jean  l'Agneau,  se  faire  enterrer,  vers 
l'an  647,  sur  le  rocher  de  la  forteresse  de  Huy  dans  un 
oratoire  dédié  aux  deux  saints.  Un  autre  et  plus  célèbre 
évêque,  le  père  de  l'histoire  de  France,  Grégoire  de 
Tours,  rapporte  que,  de  son  temps  déjà,  l'intercession 
des  deux  saints  médecins  était  pour  les  malades  un  des 
meilleurs  moyens  d'obtenir  guérison  et  que  beaucoup 
avaient  reçu  d  eux  en  vision  l'indication  de  ce  qu'il  y 
avait  à  faire  pour  recouvrer  la  santé  (1).  Un  détail  de 

(1)  Mon.  SS.,  t.  I,  p.  553. 


—  26  — 

la  dévotion  que  Grégoire  professait  pour  les  saints 
Cosme  et  Damien  est  intéressant  à  relever  :  il  avait 
retrouvé  dans  son  église  de  Tours  des  reliques  de  divers 
martyrs,  entre  autres  de  ceux-ci  :  «  C'est  dans  la  cellule 
»  de  saint  Martin,  nous  dit-il,  contiguë  à  son  église 
»  même,  que  je  plaçai  ces  reliques  des  martyrs  Cosme 
»  et  Damien  (i).  » 

Cette  cellule  de  saint  Martin  était  le  petit  réduit  où 
le  célèbre  apôtre  habitait  proche  de  sa  Cathédrale,  lors- 
qu'il demeurait  dans  sa  ville  épiscopale.  Pourquoi  un 
des  successeurs  de  saint  Lambert  n  aurait-il  pas  fait  à 
Liège,  pour  le  cubiculum  du  martyr,  ce  que  Grégoire 
avait  fait  à  Tours  pour  la  cellula  du  thaumaturge,  en 
transformant  en  chapelle  ce  logis  révéré,  ainsi  qu'on  le 
fait  encore  de  nos  jours  des  chambres  où  ont  vécu,  où 
sont  morts  des  saints  ou  des  princes  t 

Les  restes  mortels  du  martyr  qu'on  avait  retrouvés 
intacts,  ayant  été  déposés  sans  qu'on  en  distrayât  rien 
dans  la  basilique  de  Saint-Lambert,  on  n'avait  pu  con- 
sacrer au  culte  sa  chambrette  qu'en  y  déposant  d'autres 
reliques,  en  donnant  à  cet  oratoire  un  autre  patron.  Le 
choix  de  Cosme  et  Damien  pour  le  patronage  de  ce  nou- 
vel oratoire  eût  été  d'autant  plus  naturel,  qu'ils  étaient 
déjà  honorés  dans  notre  pays,  implorés  aussi  pour  la 
guérison  des  maux  dont  on  venait  demander  délivrance 
à  saint  Lambert,  et  que  leur  fête,  célébrée  le  27  sep- 
tembre, suivait  de  tout  près  l'octave  du  saint  liégeois. 

Rien  ne  se  comprend  mieux,  dès  lors,  que  la  confu- 
sion amenée  dans  l'esprit  des  populations  par  la  coïnci- 
dence de  ces  deux  cultes  :  voyant  honorer  Cosme  et 
Damien  dans  le  lieu  que  le  martyr  avait  consacré  par 
l'effusion  de  son  sang,  elles  auront  tout  naturellement 
pensé  que  l'autel  érigé  après  sa  mort  avait  été  le  témoin 
même  de  cette  mort,  et  pour  faire  concorder  l'histoire 

(1)  «  In  celltila  sancti  Martini  ecclesiae  ipsi  contigua  sanctorum 
»  Cosmae  et  Damiani  martyrum  reliquias  posui  »  Historia  francorum 
(Ibidem,  p.  448). 


—  27  — 

avec  cette  croyance,  les  écrivains  liégeois,  à  commencer 
par  Nicolas,  auront  changé  le  caractère  du  lieu  du  mar- 
tyre et,  petit  à  petit,  auront  accrédité,  en  justification 
de  ce  changement,  la  prophétique  aventure  et  la  légen- 
daire construction  prêtées  à  saint  Monulphe. 

On  finit  même  si  bien,  non  seulement  à  Liège,  mais 
à  l'étranger,  par  unir  l'immolation  de  saint  Lambert  au 
souvenir  des  saints  médecins  de  Cilicie,  qu'à  Rouen, 
par  exemple,  saint  Lambert  était,  par  suite  de  sa  pré- 
tendue mort  devant  leur  autel,  révéré  comme  patron 
lui-même,  à  leur  place,  des  chirurgiens,  dentistes,  ban- 
dagistes  et  sages-femmes  (i)! 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  indications  de  la  topographie 
peuvent  aider  ici  à  confirmer  les  déductions  de  l'his- 
toire. Liège  est  née  au  pied  du  Publémont  «  in  nova 
»  valle  juxta  Leodium,  »  comme  le  porte  une  vieille 
mention  du  martyre  de  saint  Lambert  (2). 

Ce  Publémont,  descendant  des  hauteurs  qu'occupent 
aujourd'hui  Saint-Martin  et  Sainte-Croix,  venait,  en 
s'abaissant,  expirer  au  bas  de  ce  que  nous  nommons 
aujourd'hui  degrés  de  Saint-Pierre,  Haute-Sauvenière, 
et,  entre  la  Sauvenière  et  ces  degrés,  le  lieu  de  ren- 
contre de  la  place  Saint- Lambert  et  de  la  place  Verte, 
coin  du  café  Charlemagne.  Là  s'étendait,  entre  la  côte 
et  la  Meuse,  une  petite  plaine  bornée  d'un  côté  par  la 
montagne,  de  l'autre,  à  gauche,  en  descendant  de  cette 
montagne,  par  la  rivelette  de  la  Légia  qui,  débouchant 
du  vallon  de  Saint-Séverin,  obliquait  entre  le  pied  du 
Publémont  et  le  territoire  de  Saint -Servais,  et  se 
dirigeait  vers  le  fleuve  en  traversant  le  futur  marché  ; 
à  droite,  un  embranchement  de  la  Meuse  servait  de 
limite,  en  faisant  le  coude  aux  pieds  de  la  Sauvenière; 
en  face,  le  cours  même  de  la  Meuse.  C'est  dans  cette 
petite  plaine  que  s'élevait,  protégée  par  la  montagne, 
la  villa  de  l'évêque. 

(1)  Voy.  O.  Lacroix,  Les  corporations  de  Rouen. 

(2)  Acta  Sanctorum  Belgii,  t.  VI.  Sainte  Ode. 


—  28  — 

En  rapprochant  la  topographie  actuelle  du  plan 
terrien  que  nous  avons  gardé  de  l'ancienne  cathédrale 
de  Saint- Lambert,  remplacée  partiellement  aujourd'hui 
par  la  place  du  même  nom,  il  est  facile  de  constater  que, 
d'après  la  tradition  liégeoise  et  d'après  l'emplacement 
du  vieux  chœur,  à  l'entrée  de  cette  Cathédrale,  c'est  assez 
bien  au  lieu  devenu  le  point  central  de  la  place  actuelle 
que  le  saint  fut  martyrisé,  par  conséquent  qu'il  avait 
son  habitation.  Notre-Dame-aux- Fonts  était  sise  un 
peu  plus  vers  l'Orient,  sur  la  droite  de  cette  habitation, 
en  face  de  ce  qui  est  devenu  la  rue  Gérarderie.  La  pre- 
mière église  bâtie  en  l'honneur  de  saint  Lambert  a  dû 
être  construite  en  avant  de  cette  habitation,  soit  entre 
Notre-Dame  et  l'emplacement  du  futur  palais  des 
princes-évêques,  ou  plus  près  du  confluent  de  la  Légia 
et  de  la  Meuse,  puisque  ce  ne  put  être  que  cette  Légia 
qui,  changée  par  les  pluies  en  torrent  impétueux,  em- 
porta en  858,  au  rapport  de  Prudence  de  Troyes,  jus- 
qiïà  Saint-Lambert,  pour  les  précipiter  dans  le  fleuve, 
édifices,  bêtes  et  gens  (*). 

On  a  déjà  rappelé  combien  étroites  étaient  les  églises 
au  début  du  VIIIe  siècle  :  celle-ci,  commencée  d'enthou- 
siasme dans  un  hameau  sans  ressources,  par  un  petit 
groupe  d'habitants,  avant  que  saint  Hubert  vînt  s'y 
fixer  ou  y  apportât  les  reliques  de  son  prédécesseur,  ne 
pouvait  être  un  monument  bien  solide  ni  bien  impor- 
tant, puisque  cet  Hubert  crut  devoir  ériger,  à  ses  côtés 
mêmes,  une  autre  église,  celle  de  Saint-Pierre.  La  façon 
dont  l'édifice  avait  été  construit,  les  pèlerinages  dont 
cet  édifice  devint  le  but,  les  premiers  développements  de 
Liège  durent  rendre  nécessaire  un  agrandissement  de 
Saint-Lambert,  au  plus  tard  dans  le  temps  où  Charle- 
magne  et  sa  cour  vinrent  y  solenniser  les  grandes  fêtes 
de  l'Eglise.  Est-ce  alors  ou  un  peu  après  que  l'on  a  enclos 
dans  ce  temple  agrandi,  le  lieu  du  martyre  du  saint? 

(i)  Mon.  SS.t  t.  I,  p.  452. 


—  29  — 

Toujours  est-il  qu'un  siècle  après,  nous  voyons,  par 
un  acte  de  novembre  g32,  dont  l'historien  Anselme 
nous  a  conservé  le  texte,  1  evêque  Richaire  ériger  dans 
l'église  de  Saint-Lambert  une  chapelle  de  la  Sainte- 
Trinité  (4).  La  version  donnée  de  cet  acte,  dans  le 
recueil  de  Chapeaville,  mentionne  expressément  que 
l'autel  en  fut  érigé  sur  le  lieu  de  sépulture  du  saint,  sur 
le  tombeau  où  se  gardaient  ses  reliques  (2).  Nous  savons, 
d'autre  part,  que  jusqu'après  Chapeaville,  un  autel  de 
la  Trinité,  Notre-Dame  et  saint  André  se  dressait  dans 
la  chapelle  qu'il  appelle  des  saints  Cosme  et  Damien  ; 
brisé  par  la  chute  d'une  fenêtre,  cet  autel  n'en  fut 
enlevé  qu'après  1646,  et  le  chapitre  (3),  pour  obtenir 
l'approbation  nécessaire  du  légat  du  Pape,  alléguait 
que  le  lieu  du  martyre  était  devenu  trop  étroit  pour 
les  cérémonies  que  l'on  y  devait  faire  :  grand'messe, 
réception  de  serment  des  bourgmestres,  etc.  La  cha- 
pelle des  saints  Cosme  et  Damien  du  XIIe  siècle  et 
des  suivants,  la  chapelle  mortuaire  de  saint  Lambert, 
n'était  encore  au  Xe,  après  Richaire,  que  le  sanctuaire 
de  la  Sainte  Trinité. 

Cela  cadrerait,  en  tous  cas,  avec  le  nom  de  pieux 
chœur  qu'elle  reçut  aussi  dans  la  suite,  après  que  Not- 
ger,  renouvelant  et  agrandissant  encore  Saint-Lambert, 
et  reportant  le  nouveau  chœur  plus  avant,  vers  l'Orient, 
n'eut  plus  fait  de  Yancien  chœur  qu'une  sorte  d'abside 
d'entrée,  entre  les  tours,  comme  il  s'en  érigeait  beau- 
coup alors,  à  preuve  encore  Sainte-Croix  chez  nous,  le 
dôme  de  Trêves  et  maintes  autres  églises  romanes  des 
bords  du  Rhin. 

(1)  «   Curavimus   quoddam   oratorium  in  ecclesia  sancti  Lantberti 
»  struere  »  (Mon.  SS.,  t.  VII  ;  Anselme,  §  21). 

(2)  «  In  ecclesia  sancti  Lantberti  super  sepulturae  ejus  locum  altare  » 
(Chapeaville,  Gesta  Pontificum  Leodiensium,  t.  1,  p.  171). 

(3)  Stan.  Bormans,  Conclusions  capitulaires ,  1646. 


—  30  — 


III. 


DE  L'ANTIQUITÉ  DU  CULTE   DE  NOTRE-DAME 

A  LIÈGE. 

Une  église  existait  à  Liège,  avant  le  martyre  du 
patron  du  diocèse  ;  on  ne  peut  la  confondre  ni  avec 
celle  qui,  bâtie  après  ce  martyre,  devint  la  cathédrale 
de  Saint-Lambert,  ni  avec  Saint-Pierre,  fondation  de 
saint  Hubert,  ni  avec  la  chapelle  consacrée  beaucoup 
plus  tard  aux  saints  Cosme  et  Damien,  sur  remplace- 
ment précis  de  la  chambre  à  coucher  où  le  saint  évêque 
avait  péri.  Sous  quel  patronage  était  donc  placée  cette 
église  primitive?  Il  n'y  en  a  point  qui  soit  aussi  nette- 
ment indiqué  que  celui  de  Notre-Dame. 

Quelle  bonne  fortune,  mon  cher  Président,  et  peut- 
être  quelle  lumière  décisive  pour  nous  éclairer  sur  les 
premières  origines  de  Liège,  s'il  vous  était  donné,  dans 
vos  recherches,  de  ramener  au  jour  le  texte  disparu 
de  ce  privilège  que  le  roi  d'Austrasie,  Clovis  III,  dut 
délivrer,  entre  691  et  695,  à  l 'évêque  Lambert,  sur  la 
demande  même  du  prélat,  pour  garantir  l'immunité  et 
les  possessions  de  Sainte-Marie.  Nicolas,  notre  histo- 
rien du  deuxième  quart  du  XIIe  siècle,  Nicolas,  qui 
semble  avoir  vu  la  pièce  et  paraît  en  citer  quelques 
mots,  parfaitement  en  rapport  avec  les  formules  du 
VIIe  siècle,  Nicolas  nous  affirme  qu'on  en  avait,  jusqu'au 
temps  où  il  écrivait,  gardé  le  texte  chez  nous  :  apud 
nos:  «  De  quelle  estime  et  de  quelle  autorité  le  bienheu- 
»  reux  Lambert  jouit  auprès  du  prince,  écrit-il,  on 
»  peut  s'en  rendre  compte  lorsque  l'on  voit  le  même 
»  pacifique  souverain  l'appeler  non  seulement  évêque, 
»  mais  son  père  et  homme  apostolique,  dans  le  privilège 
»  octroyé,  à  la  demande  même  du  saint  prélat,  pour 
»  garantir  l'immunité  et  les  possessions  de  l'église  de 
»  sainte  Marie,  toujours  vierge.  C'est  sous  le  nom  et  en 
»  l'honneur  de  Notre-Dame,  qu'en  ce  temps  florissait 


—  31  — 

»  à  Maestricht,  après  Tongres,  certaine  dignité  de  la 
»  chaire  pontificale.  Ce  privilège,  il  n'y  a  pas  de  doute 
»  qu'il  s'est  conservé  chez  nous  jusqu a  ce  jour  (1).  » 

Dans  ce  qu'ajoute  Nicolas  à  sa  mention  du  sujet  de 
la  charte,  il  en  parle,  on  l'entend,  comme  si  elle  se  rap- 
portait à  la  cathédrale  de  Notre-Dame  de  Maestricht, 
encore  héritière  en  fait,  au  temps  de  saint  Lambert,  de 
Notre-Dame  de  Tongres.  Cette  interprétation  de  la 
pièce  citée  appartient  visiblement  à  l'historien.  Si  pour- 
tant le  chei  nous,  Vapud  nos  de  Nicolas,  si  l'indication 
du  lieu  où  se  conservait  cette  charte  désignait  non  pas 
Maestricht,  mais  Liège,  comme  il  eût  été  naturel  de  la 
part  d'un  Liégeois,  attaché  au  service  d'une  église  lié- 
geoise, ne  serait-on  pas  autorisé  à  croire  que  ce  docu- 
ment concernait  une  église,  liégeoise  aussi,  l'église  de 
Sainte-Marie  et  non  pas  le  diocèse  même  i  Entre  les 
diplômes  donnés  plus  tard  en  faveur  de  la  cathédrale 
de  Saint-Lambert,  les  plus  vieux  qui  soient  venus  jus- 
qu'à nous  datent  du  IXe  siècle  ;  ils  visent  les  privilèges 
antérieurs,  délivrés  par  d'autres  souverains  :  Pépin, 
Charles,  Louis,  Lothaire,  privilèges  perdus  aujour- 
d'hui pour  nous.  Comment  donc  ne  trouve-t-on  dans 
ces  pièces  du  IXe  siècle,  nulle  mention  du  diplôme  de 
Clovis  III?  Comment,  s'il  se  fût  agi  dans  ce  diplôme  de 
l'église  diocésaine,  de  la  Cathédrale,  et  non  d'une  autre 
fondation  ecclésiastique,  comment  les  évêques  qui  ob- 
tinrent pour  cette  Cathédrale  les  diplômes  postérieurs 
à  celui  de  Clovis,  n  auraient-ils  pas  fait  rappeler  une 
pièce  aussi  importante,  conservée  parmi  nous,  le  titre 

(i)  «  Quantœ  autem  existimationis  et  authoritatis  beatus  Lambertus 
»  apud  regem  fuerit,  manifeste  patet;  cum  eum  idem  paciticus  rex,  non 
»  solum  episcopum,  sed  et  patrem,  et  apostolicum  virum  appellet  in  eo 
»  privilegio,  quod  promulgavit,  ipso  sancto  praesule  petente,  pro  immu- 
»  nitate  et  possessionibus  ecclesiœ  sanctœ  Mariœ  perpetuœ  virginis,  in 
»  cujus  nomine  et  honore,  eo  tempore  Trajecti  vigebat,  post  Tungris, 
»  quaedam  dignitas  pontificalis  cathedra?.  Quod  privilegium  usque  hodie 
»  apud  nos  conservari  non  dubium  est  »  (Nicolas.  Gesta  sancti  Lam- 
bertiy  Chapea ville,  t.  I,  p.  38o. 


—  32  — 

primitif  le  plus  intéressant  ?  Nous  aurons  l'occasion  de 
constater  plus  loin  l'existence  d'une  communauté  de 
Sainte- Marie,  distincte  du  chapitre  de  Saint-Lambert  : 
ne  fut-ce  pas  son  titre  de  fondation  ou  Tune  des  pièces 
de  sa  dotation,  que  ce  diplôme  de  Clovis  111? 

Au  surplus,  à  qui  appartenait  cette  villa  de  Léo- 
dium  où  le  saint  a  péri,  surpris  par  ses  assassins  au 
milieu  de  cette  communauté  religieuse,  de  ses  neveux, 
de  ses  disciples  et  de  ses  gens,  non  loin  de  la  première 
chapelle  liégeoise  où  il  avait  accoutumé  d'officier  avec 
eux? 

11  y  avait  déposé  les  restes  de  son  prédécesseur,  ce 
qui  donne  à  croire  que  ce  prédécesseur  avait  pu  en  être 
le  fondateur,  le  propriétaire  au  moins,  et  que  cette  cha- 
pelle était  bien  aussi  ancienne  que  ce  dépôt.  Lambert 
s'y  trouve  en  tous  cas  chez  lui,  il  y  habite,  y  pontifie, 
y  commande  en  seigneur  et  maître.  Ses  successeurs 
en  font  autant,  sans  qu'il  soit  besoin  d'un  titre  nou- 
veau pour  leur  permettre  de  disposer  de  toutes  choses 
à  Liège,  réserves  faites  de  certains  droits  de  l'abbé  de 
Sainte-Marie  :  si  saint  Hubert,  au  dire  du  biographe 
contemporain  de  saint  Lambert,  tient  à  s'entendre  avec 
les  seniores  loci,  les  maîtres  de  l'endroit,  lorsqu'il  y 
ramène  de  Maestricht  à  Leodium  les  restes  du  martyr, 
c'est,  ce  semble,  pour  prendre  leur  avis  au  sujet  de  la 
cérémonie  de  la  translation.  La  construction  de  Saint- 
Pierre,  le  fait  incontesté  qu'il  a  donné  aux  habitants 
de  Liège  leurs  premières  lois,  leurs  premiers  magistrats, 
leurs  poids  et  leurs  mesures,  atteste  que  sous  la  garan- 
tie de  l'immunité  déjà  signalée  ce  territoire  relève  bien 
du  pontife,  ou  plutôt,  doit  appartenir  à  l'église,  au 
diocèse,  dont  le  pontife  se  trouve  la  personnification. 
Or,  si  l'on  peut  contester  aisément  la  prétention  de 
Tongres  d'avoir  vu  s'élever  dans  ses  murs  le  premier 
temple  dédié  à  la  mère  de  Dieu  de  ce  côté  des  Alpes, 
on  ne  contestera  pas  que  ce  diocèse  eut  pour  première 
cathédrale  Notre-Dame  de  Tongres,  pour  deuxième, 


—  33  — 

non  point  Saint-Servais,  mais  Notre-Dame  de  Maes- 
tricht,  bref,  que  jusqu'au  temps  où  le  nom  de  saint 
Lambert  tut  associé  dans  ce  patronage  à  celui  de  la 
Vierge,  la  patronne  du  diocèse,  dès  ce  temps-là,  c'est 
Notre-Dame.  Propriété  des  évèques  ou  de  leur  diocèse, 
Leodium  était  par  là  même  propriété  de  Notre-Dame  : 
c'est  donc  sous  le  patronage  de  Notre-Dame  qu'abs- 
traction faite  de  toute  autre  donnée  historique,  il  est  le 
plus  vraisemblable  qu'a  été  placée  la  première  église, 
la  paroisse  naissante  de  Liège. 

Et  s'il  n'en  avait  pas  été  ainsi,  en  un  temps  où  il 
était  d'usage  fréquent  de  consacrer  l'église  d'une  pa- 
roisse nouvelle,  au  patron  de  l'institution  dont  relevait 
ce  territoire,  à  une  époque  où  les  sanctuaires  de  notre 
pays,  qui  durent  leur  construction  à  saint  Lambert  et 
à  saint  Hubert,  furent  placés  sous  l'invocation  ou  de 
saint  Pierre  ou,  surtout,  de  Notre-Dame,  comment 
expliquer  que,  par  une  exception  unique,  pour  une 
ville  de  cette  importance,  Liège,  dans  la  suite,  aurait 
grandi,  multiplié  ses  éditices  religieux,  sans  en  placer 
aucun  sous  le  patronage  spécial,  unique  de  Notre- 
Dame.*  Comment  expliquer  en  outre,  et  c'est  un  point 
sur  lequel  il  sera  revenu,  que  nous  trouvions  plus  tard, 
en  tête  des  paroisses  de  Liège,  par  ordre  d'ancienneté 
comme  par  ordre  de  prépondérance,  l'église  de  Notre- 
Dame-aux-Fonts  ? 

Si  peu  que  nous  sachions  de  l'histoire  de  Liège  au 
temps  de  saint  Lambert  et  de  saint  Hubert,  nous  en 
savons  moins  encore  pour  leurs  premiers  successeurs 
jusqu'à  la  lin  du  règne  de  Charlemagne.  11  ne  semble 
pas  qu'au  cours  du  siècle  et  demi  qui  sépare  la  mort 
de  saint  Hubert  de  la  destruction  de  Liège  par  les 
Normands,  en  881,  la  petite  ville  se  soit  fort  déve- 
loppée :  rien  n'indique  du  moins  qu'on  y  aurait  élevé 
une  église  de  plus.  Et  comme  on  ne  voit  pas  que 
Saint-Lambert  ni  Saint-Pierre  aient  jamais  servi  au 
culte  paroissial,   comme  Liège  ne  compta  un  second 

5 


—  3i  — 

baptistère  qu'après  que  Notger  l'eut  établi  dans  ce 
quartier  de  l'île  où  il  érigea  l'église  de  Saint-Jean,  il 
est  permis  de  croire  que,  pendant  un  long  temps, 
Notre-Dame  est  restée  Tunique  paroisse  de  Leodium, 
«  l'église  baptismale  »  comme  celles  dans  lesquelles  le 
grand  empereur  demandait  à  notre  évêque  Gerbald  de 
faire  annoncer  prières  et  processions  pour  les  néces- 
sités du  temps. 

Je  sais  qu'après  le  pontificat  de  saint  Hubert,  au 
cours  du  vme  siècle  et  même  d  une  partie  du  IXe,  les 
documents  ne  nomment  qu'une  église  à  Liège  :  celle 
de  Saint-Lambert.  Si  Notre-Dame  n  est  pas  mentionnée 
dans  les  pièces  venues  à  nous  de  cette  époque,  Saint- 
Pierre  ne  l'est  pas  non  plus,  dont  nul  pourtant  ne 
peut  contester  l'existence  affirmée  par  le  biographe 
d'Hubert. 

Je  n'ignore  pas  que,  dans  la  suite,  le  nom  de  Sainte- 
Marie  n'est  souvent  ajouté  à  celui  du  martyr,  n'est 
parfois  même  employé  seul  que  pour  désigner  le  même 
temple  de  Saint-Lambert.  Mais  il  faut  prendre  tous  ces 
noms  aux  sens  divers  que  leur  attribua  chaque  siècle. 

Après  Charlemagne  seulement,  pendant  l'épiscopat 
de  Walcand,  nous  trouvons  Notre-Dame  associée  par- 
fois, puis  de  plus  en  plus,  au  martyr  dans  ce  patro- 
nage de  l'église  Cathédrale  (1).  Serait-ce  que  jusqu'alors 

(i)  Grimoald  est  tué  en  713,  «  in  basilica  sancti  Lantberti  martyris  » 
(Annales  de  Metj,  Mon.  SS.,  t.  1,  p.  322).  Charlemagne  célèbre  la  fête  de 
Pâques,  «  apud sanctum  Lantbertum  in  vico  leodico  »  (Idem,  1. 1,  p.  148;. 
Eginhard  appelle  Liège  le  bourg  public,  «  ubi  sanctus  Lantbertus  corpore 
»  requiescit»  (Idem,  t.  XV,  p.  25 1).  Dans  son  récit  de  la  translation  du 
corps  de  saint  Hubert,  de  Liège  à  Andage,  le  contemporain,  Jonas,  parle 
des  nobles  venus  là,  «  ex  monasterio  Sancti  Lantberti  »  et  du  transport 
qu'on  fit  des  reliques,  «  in  beau  Lantberti  ecclesiam  »  (Idem,  idem, 
p.  235).  Notons  ici  que  dans  les  Annales  du  ix*  siècle  attribuées  à  Hinc- 
mar,  on  ne  nomme  parfois  notre  évêque  Francon  que  «  episcopus  sancti 
»  Lantberti  »  (Migne,  Patrologie  latine9  t.  CXXV,  p.  1224),  que  dans 
les  Annales  de  Fulda,  du  même  siècle,  pour  désigner  Liège,  lieu  d'une 
rencontre  de  rois,  on  écrit  simplement  :  «  apud  sanctum  Lantbertum  » 
(Mon.  SS.,  t.  I,  p.  388)  et  que  saint  Lambert  est  encore  nommé  seul 


—  35  — 

Maestricht,  restée  en  fait  plus  considérable  que  Liège, 
serait  demeurée  en  droit  la  ville  épiscopale  du  diocèse 
et  que  le  transfert  définitif  du  siège  pontifical  dans  le 
bourg  moins  important  de  Liège,  aurait  coïncidé  avec 
le  séjour  du  célèbre  empereur  dans  notre  diocèse,  aurait 
suivi  peut-être  les  agrandissements  que,  selon  toute 
apparence,  il  fallut  faire  à  Saint-Lambert,  quand  il  y 
venait  célébrer  les  grandes  fêtes  chrétiennes,  ou  peut- 
être  enfin  concordé  avec  la  translation  à  Andage  des 
restes  de  saint  Hubert  ? 

Tout  cela  pourrait  se  soutenir,  à  la  condition  de 
produire  des  preuves,  et  les  preuves  manquent  jusqu'ici. 
En  réalité,  on  n'a  pas  le  moindre  indice  ni  d'un  acte 
quelconque  qui  aurait  déclaré  l'église  de  Maestricht 
déchue  de  son  rang  de  cathédrale  pour  élever  un  temple 
liégeois  à  cet  honneur,  comme  on  n'en  a  pas  d'un  acte 
antérieur  qui  aurait  fait  passer  officiellement  la  cathé- 
drale de  Tongres  à  Maestricht.  Ces  transferts,  autant 
qu'il  est  permis  d'en  juger  par  le  manque  ou  le  silence 
absolu  des  documents  sur  ce  point  et  par  similitude, 
ces  transferts  semblent  s'être  effectués  lentement,  s'être 
trouvés  faits  accomplis  à  la  longue,  sans  décision  offi- 
cielle, sans  pièce  authentique  ou  cérémonie  spéciale 
pour  en  prendre  acte. 

Une  translation  solennelle  de  ce  genre  eût  été  d'au- 
tant plus  surprenante  au  cours  des  temps  mérovingiens 
à  l'an  mil  et  peut-être  après,  que  l'église  cathédrale 
n'était  pas  alors  comme  de  nos  jours  tel  sanctuaire 
unique,  exclusivement  réservé  à  l'évêque.  A  Rome,  les 
fonctions  les  plus  importantes  des  souverains  pontifes 
s'accomplissaient  en  diverses  basiliques.  Dans  nos  ré- 
gions, la  Cathédrale  se  trouvait  le  sanctuaire  où  le 
pontife  établissait  son  siège  et  présidait  aux  cérémonies 

dans  la  fondation  d'une  chapelle  de  la  Trinité,  par  l'évêque  Richaire,  le 
16  novembre  9J2  :  «  Curavimus  quoddam  oratorium  in  ecclesia  sancti 
»  Lantberti  struere  »  (Mon.  SS.t  t.  VII  ;  Anselme,  §  21).  Mais  les  copies 
de  ce  testament  diffèrent  assez  dans  les  manuscrits. 


—  3G  — 

sacrées,  tantôt  ici,  tantôt  là  dans  la  ville  où  il  résidait 
d'ordinaire,  voire  dans  quelque  autre  possession  de 
son  église.  Les  dernières  fonctions  que  l'évêque  de 
Liège,  Wazon,  put  remplir  avant  de  mourir,  en  1048, 
furent,  au  témoignage  d'Anselme,  la  célébration  des 
fêtes  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  non  pas  à  Saint- 
Lambert,  mais  dans  les  collégiales  placées  sous  le 
patronage  des  deux  apôtres.  Au  Xe  siècle,  en  actant 
dans  une  charte  de  907  que  le  monastère  de  Sainte- 
Marie  et  de  Saint-Lambert  était  la  résidence  principale 
de  l'évêque,  domus  principalis,  ne  faisait-on  pas  assez 
entendre  déjà  qu'il  en  avait  d'autres?  Si  donc  on  veut 
bien  se  souvenir  qu'en  ces  temps-là,  différentes  églises 
d'un  diocèse  pouvaient  en  être  également  les  cathé- 
drales, on  s'expliquera  mieux  que  des  souverains  aient 
même  parlé,  comme  d'une  seule  église,  de  Sainte- 
Marie  de  Tongres  et  de  Saint- Lambert  de  Liège,  ou 
de  Sainte-Marie  de  Liège  et  de  Sainte-Marie  de  Huy. 

La  désignation  est  des  plus  nette  dans  le  diplôme 
par  lequel  Charles  le  Gros  donne  Madières,  le  26  juin 
884,  à  Sainte-Marie  et  Saint-Lambert,  de  l'église  de 
Tongres  ou  de  Liège  :  «  ad  partent  sanctœ  Mariœ, 
»  sanctique  Lamberti  ecclesiœ  tungrensis  vel  leodien- 
»  sis  (\).  »  Elle  ne  l'est  pas  moins  dans  un  diplôme  du 
i5  novembre  889,  de  l'empereur  Arnould,  donation  de 
l'abbaye  de  Lobbes,  «  tant  à  l'église  tongroise  de  la 
»  bienheureuse  Mère  de  Dieu,  qu'à  l'église  liégeoise 
»  du  saint  martyr  Lambert  (2).  » 

On  sait  que  l'empereur  Othon  II  eut  à  confirmer  la 
donation  de  Huy  faite  à  Notger  par  saint  Ansfried. 
N'est-il  pas  intéressant  de  noter  à  ce  sujet  que  cette 
confirmation  fut  octroyée  à  «  Notger,  évêque  des  Ton- 
»  grois  et  des  Liégeois,  pour  lui  et  pour  ses  succes- 
»  seurs,   appelés   à  desservir   Sainte-Marie   et   Saint- 

(1)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  6. 

(2)  Mon.  diplom. 


—  37  — 

»  Lambert,  sancte  Marie  sancto  que  Lamberto  desser- 
»  vituris  »  et  surtout,  qu'en  rappelant  les  largesses  des 
souverains  précédents,  l'acte  impérial  porte  qu'elles 
ont  été  faites  à  «  l'église  Sainte-Marie,  établie  soit  à 
»  Liège,  soit  à  Huy(\),  »  comme  si  la  possession  sem- 
blable de  ces  pays,  par  Notre-Dame,  en  eût  d'avance 
assuré  l'union  et  l'unité? 

Ce  qu'il  importe  de  noter,  c'est  qu'au  vmc  siècle  et 
après,  ces  mentions  de  titres  patronymiques  de  sanc- 
tuaires, fût-ce  à  propos  d'évèque,  correspondaient  à  des 
églises  réelles  (2).  C'est  ainsi  que  dans  un  placite  de  775, 
où  l'on  voit  un  évêque  de  Paris  revendiquer  une  pro- 
priété pour  sa  cathédrale,  celle-ci  est  désignée  sous  le 
triple  nom  de  Casa  sanctœ  Mariœ  et  sancti  Stephani, 
et  sancti  Germani,  l'église  de  Sainte-Marie,  de  Saint- 
Etienne  et  de  Saint-Germain,  trois  édifices  très  distincts 
qui  formaient  alors  à  la  fois  la  triple  cathédrale  de 
Paris  (3)  :  Saint-Germain  existe  encore  à  présent  et 
Saint-Etienne  ne  disparut  qu'au  xiiic  siècle,  quand, 
pour  remplacer  deux  édifices  trop  étroits  par  la  splen- 
dide   basilique   qui   est   aujourd'hui    Notre-Dame  de 

(1)  «  Notgerus  Tungrentium  vel  Leodiensium  episcopus  ut  ei  vel  suc- 
»  cessoribus  suis  sancte  Marie,  sancto  que  Lamberto  desservituris  ... 
»  et  quia  quod  reliquum  erat  regise  ditionis,  ...  munificentia  regum  vel 
»  imperatorum  predecessorum  nostrorum  Ecclesiœ  sanctœ  Mariœ  Léo- 
»  dio  vel  Hoio  positae  jam  cesserat  »  (Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  21). 

(2)  «  Conformément  à  l'antique  usage,  »  écrit  Quicherat  dans  la 
Bibliothèque  de  V école  des  chartes,  t.  I,  6°  série,  p.  55 1,  «  le  siège  épis- 
»  copal  de  Paris  fut  établi,  non  pas  dans  une  église  unique,  mais  dans 
»  plusieurs  églises  à  la  fois;  en  d'autres  termes,  la  Cathédrale  fut  d'abord 
»  un  corps  composé  de  plusieurs  membres  et  le  nombre  de  ces  membres 
»  paraît  avoir  varié  selon  les  temps.  Il  consistait  encore  au  xe  siècle  dans 
»  l'union  de  Saint-Etienne  et  de  Notre-Dame  ...  Des  actes  de  la  fin  du 
»  viu*  siècle  dénomment  Notre-Dame,  Saint-Etienne,  Saint-Germain 
»  (le  vieux),  Saint- Marcel,  Saint-Cloud,  c'est-à-dire  des  basiliques  situées 
»  hors  de  la  cité  aussi  bien  que  dans  la  cité  ;  et  dans  les  unes  comme 
»  dans  les  autres,  se  célébraient  les  services  fondés  près  la  mère  église; 
»  dans  les  unes  comme  dans  les  autres,  l'évêque  séjournait,  officiait, 
»  trônait  suivant  sa  convenance  ou  suivant  les  besoins  de  son  ministère.» 

(3)  Mabillon,  De  re  diplomatica,  p.  498. 


—  38  — 

Paris,  l'évêque  Maurice  de  Sully  réunit  en  un  seul 
temple  l'ancienne  Notre-Dame  et  sa  voisine  de  Saint- 
Etienne.  Ce  que  Saint- Etienne  avait  été  jusque-là  près 
de  Notre-Dame  à  Paris,  Notre-Dame  l'était  à  Liège, 
lavait  été,  devait  le  rester  jusqu  a  la  fin  du  XVIIIe  siècle, 
à  côté  de  Saint-Lambert. 

Au  temps  de  Charlemagne,  c'était  encore  par  l'évêque 
que  le  baptême  s'administrait  aux  fêtes  solennelles. 
Sainte-Marie,  le  baptistère  de  Liège,  pouvait  donc  être 
alors,  ne  fut-ce  qu'à  ce  titre,  la  cathédrale  liégeoise. 

Quantité  d'abbés  dirigeaient  alors  plusieurs  monas- 
tères à  la  fois  :  pourquoi  nos  évêques  n  auraient-ils  pas 
pris  le  titre  de  plusieurs  cathédrales  ? 

Rien  n'empêche  d'entendre  en  ce  sens  la  donation 
par  laquelle  Louis  le  Débonnaire  dédommage  l'évêque 
Walcand  des  générosités  que  ce  prélat  avait  faites  au 
monastère  renaissant  de  Saint- Hubert,  et  nous  laisse 
de  la  sorte  la  plus  ancienne  mention  venue  jusqu'à 
nous  de  l'union  de  Sainte-Marie  et  de  Saint-Lambert, 
en  ces  termes  patronymiques,  «  partibus  sanctœ  Ma- 
»  riœ  et  sancti  Lamberti  (<).  » 

C'est  dans  le  même  sens,  que  pour  indiquer  le  voi- 
sinage d'une  propriété  de  la  Cathédrale  diocésaine,  le 
prêtre  Oduin,  dans  l'acte  de  la  donation  faite  par  lui, 
en  824,  à  l'abbaye  de  Stavelot,  déclare  que  la  manse  de 
Navania,  en  Condroz,  l'objet  de  ce  cadeau,  est  sise 
«  inter  confines  sanctœ  Mariœ  et  sancti  Lamberti  (2).  » 

Donation  est  faite  de  Theux,  par  Zwentibold,  le 
8  octobre  898,  à  la  sainte  Eglise  en  l'honneur  de  la 
bienheureuse  Vierge  Marie  et  de  ïillustre  martyr  du 
Christ  Lambert,  établie  à  Liège,  église  à  laquelle  pré- 
side le  vénérable  évêque  Francon  :  «  Largimur  eccle- 
»  siœ  sanctœ  in  honore  beatœ  Mariœ,  et  preclari 
»  Christi  martyris   Lamberti  Leodio  constitutif    cui 

(1)  Mon,  SS.9  t.  VIII,  p.  571. 

(2)  Ritze,  Urkunden,  p.  6. 


—  39  — 

»  prœsidet  Franco  venerabilis  episcopus(\);  »  Fosses  est 
donné  le  26  octobre  907,  par  Louis,  roi  de  Germanie, 
au  même  évêque  Etienne,  ou  plutôt  au  monastère  de 
Sainte-Marie  et  de  Saint-Lambert,  où  se  trouve  établie 
la  maison  principale  de  Tépiscopat.  «  Donavimus  ad 
»  monasterium  sanctœ  Mariœ  et  sancti  Lamberti  ubi 
»  illius  episcopii  domus  est  principalis  (2).  » 

Le  18  janvier  908,  le  roi  Louis  confirme  les  biens 
de  l'église  de  Liège  «  pour  l'amour  de  Dieu,  de  sainte 
»  Marie  et  de  saint  Lambert  (3);  »  et  le  25  août  915, 
une  forêt,  dépendance  de  Theux,  est  pareillement  oc- 
troyée par  le  roi  Charles,  «  partibus  sancte  Dei  geni- 
»  tricis  Marie  almique  martyris  Lamberti  (4).  »  De 
même,  Malines  et  Hastières,  sont,  entre  908  et  915, 
offerts  par  le  roi  Charles,  «  à  sainte  Marie  et  saint 
»  Lambert  (5).  » 

L'évêque  Eracle  se  titre,  en  961,  évêque  de  l'église 
liégeoise  de  la  sainte  Vierge  Marie  et  du  saint  martyr 
»  Lambert.  «  Sanctœ  Mariœ  virginis  sanctique  mar- 
»  tyris  Christi  Lamberti,  leodiensis  ecclesiœ  episco- 
»  pus  (e).  »  Tous  ces  textes  peuvent  tout  aussi  bien, 
et  parfois  mieux,  s'entendre  de  deux  églises  que  d'une 
seule.  On  voit,  dans  l'acte  souscrit  par  Eracle  à  Cologne, 
le  2  juin  965,  que  c'était  en  l'honneur  de  la  Mère  de 
Dieu  et  de  saint  Lambert  qu'il  se  proposait  de  recons- 
truire sa  Cathédrale,  où  s'élève  aujourd'hui  Saint- 
Martin  :  «  In  honore  beatissime  Dei  genitricis  et  vir- 
»  ginis  Marie,  sanctique  Lamberti pontificis  (7).  » 

Notger  dans  la  qualification  qu'il  se  donne  et  dans 
le  double  patronage  sous  lequel  il  maintint  cette  Cathé- 

(1)  Car  tu  la  ire  de  Saint-Lambert,  p.  9. 

(2)  Ernst,  Histoire  du  Limbourg,  t.  VI,  p.  91  ;  Cartulaire  de  Saint* 
Lambert,  p.  1 1 . 

(3)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  12. 

(4)  Idem,  p.  14. 

(5)  Idem,  p.  16. 

(6)  Amplissima  collectio,  t.  II,  p.  48. 

(7)  Ernst,  Histoire  du  Limbourg,  t.  VI,  p.  95. 


—  40  — 

drale  reconstruite,  Notger  n'a  donc  fait  que  suivre  les 
traditions  de  son  prédécesseur  immédiat,  et  des  docu- 
ments plus  anciens  :  «  Notger,  écrira-t-il  de  lui-même, 
»  avant  982,  à  l'abbé  Womar  de  Gand,  Notger  que 
»  Ton  qualifie  évêque,  bien  qu'il  ne  soit  que  le  servi- 
»  teur  indigne  de  Sainte-Marie  et  de  Saint-Lambert, 
»  quant  acsi  indignum  sancte  Marie  sancti  que  Lam- 
»  berti  mancipium  prœdicant  (4)  ;  »  ou  bien,  en  ioo5, 
dans  lacté  impérial  de  saint  Henri,  confirmatif  de  la 
fondation  de  Sainte-Croix  :  Notger  évêque,  proviseur 
et  gardien  de  l'église  de  Sainte-Marie  et  du  saint  martyr 
Lambert  :  «  Ecclesiœ  sanctœ  Marie  sanctique  Lam- 
»  berti  martyr is  provisor  et  eus t os  (2).  » 

A  partir  de  Notger  toutefois,  il  n'y  a  plus  à  douter 
que  l'expression  «  l'église  de  Sainte- Marie  et  de  Saint- 
»  Lambert,  »  ne  caractérise  plus  tant  l'agglomération 
d'édifices  religieux  divers,  le  monastère  à  plusieurs 
églises  où  levêque  de  Liège  avait  son  siège,  que  le 
temple  unique  et  principal  reconstruit  par  Notger  et 
dont  nous  savons  positivement  qu'il  fut  placé,  celui-là, 
sous  le  double  patronage  de  Notre-Dame  et  de  Saint- 
Lambert. 

Anselme,  qu'un  élève  de  Notger,  le  pieux  Wazon, 
avait  pu  renseigner  sur  le  grand  homme,  le  chroni- 
queur Anselme  désigne  bien  sous  le  nom  de  maison  de 
Sainte-Marie  et  de  Saint-Lambert  l'unique  Cathédrale  : 
ainsi,  dira-t-il  de  Francon,  enterré  dans  cette  cathé- 
drale, que  la  maison  de  sainte  Marie  et  de  saint  Lam- 
bert nous  garde  ses  dépouilles.  «  Domus  sanctœ  Ma- 
»  riœ  et  sancti  Lamberti,  terrœ  creditos  ejus  servat 
»  cineres.  »  C'est  dans  le  même  sens  qu'il  rapportera 
de  Notger  qu'il  renouvela  la  maison  de  sainte  Marie 
et  de  saint  Lambert  (3),  «  domum  sancte  Mariœ  et 
»  sancti  Lamberti...  renovavit,  »  et  qu'il*  ajoutera  du 

(1)  Mon.  SS.9  t.  XV,  p.  601. 

(2)  Idem,  Diplom. 

(3)  Migne,  Patrologie  latine,  t.  CXXXIX,  p.  io3. 


—  il  — 

successeur  de  Notger,  Baldric,  qu'il  fit  la  dédicace 
<*  de  cette  maison  de  sainte  Marie  et  de  saint  Lam- 
»  bert  (i).  » 

Mais  nul  écrivain  ancien  n'a  mieux  mis  cela  en 
lumière  que  ce  biographe  anonyme  du  XIe  siècle,  dont 
vous  venez  si  heureusement,  mon  cher  Président,  de 
reconstituer  l'oeuvre  à  l'aide  des  extraits  de  Gilles  d'Or- 
val.  C'est  à  propos  de  la  construction  d'une  autre  église, 
Saint-Jean-en-Ile  : 

«  Cette  église  de  l'apôtre  de  la  charité  qu'aima  le 
»  plus  le  Christ,  nous  dit-il,  Notger  l'édifia  dans  la 
»  partie  la  plus  élevée  de  l'Ile,  juste  bien  en  face  de  ce 
»  temple  de  saint  Lambert,  consacré  principalement 
»  à  Ihonneur  de  Marie  toujours  Vierge.  De  la  sorte, 
»  le  fils  donné  à  la  Vierge,  dans  le  testament  suprême 
»  de  la  Croix,  devait  conserver  toujours  la  vue  de  la 
»  Mère  du  Christ  et  le  saint  gardien  de  Notre-Dame  se 
»  trouver  lui-même  gardé  par  la  Vierge  (2).  » 

Dès  Notger,  dans  le  langage  des  documents  offi- 
ciels, empereurs,  pontifes,  chapitres,  historiens,  bienfai- 
teurs, correspondants  ou  chanoines  de  Saint-Lambert, 
tendent  de  plus  en  plus  à  désigner  cette  Cathédrale 
sous  les  noms  de  Sainte-Marie  et  Saint -Lambert  : 
«  ecclesiœ  sanctœ  Mariœ  sanctique  Lamberti,  »  disent 
également  l'empereur  Othon  en  987,  l'empereur  Henri 
en  1006,  l'empereur  Conrad  en  1024  (3)-  Un  autre 
Henri  donne,  en  1040,  la  Hesbaye  «  leodiensi  ecclesiœ 
»  in  honore  Dei  sanctœ  genitricis  ac  preciosissimi 
»  Lamberti  martyris  constructœf   »   et  le  quatrième 

(1)  Migne,  Patrologie  latine,  t.  CXXXIX,  p.  io3. 

(2)  «  Nam  hanc  ecclesiam  propter  dilectionem  apostoli  a  Christo  am- 
»  plius  dilecti  et  a  Christian is  amplius  diligendi  in  editiori  loco  insulae  et 
»  directo  ante  faciem  constituit  ecclesie  sancti  Lamberti,  que  principa- 
»  liter  consecrata  est  ad  titulum  semper  virginis  Mariœ  ut  filius  depu- 
»  tatus  Virgini  a  Christo  summo  testamento  in  cruce  matris  sue  semper 
»  profectum  habeat  divina  constitutione  et  custos  Virginis  custodiatur  a 
»  Virgine  »  (Mon.  SS.,  t.  XXV,  p.  59). 

(3)  Cartulaire  de  Saint- Lambert,  pp.  22,  26  et  3o. 

6 


—  42  — 

du  nom  ratifie,  en  1071,  Tinféodation  du  Hainaut 
«  sanctœ  Mariœ,  sanctoque  Lamberto,  »  comme  Fré- 
déric confirmera,  en  n55,  les  possessions  «  beatœ 
»  Mariœ,  preciosique  martyris  Lamberti.  »  C'est  à 
Y  église  de  Sainte-Marie  et  de  Saint- Lambert,  qu'Er- 
mengarde  fait  cadeau  de  Waremme  en  1079  (*)ï  cest 
pour  elle  que  levêque  Obert  acquiert  Couvin,  le  14 
juin  1096;  levêque  Rodolphe  Herstal,  en  1171  ;  c'est 
à  elle  que  Godefroid  de  Bouillon  avait  cédé  son  châ- 
teau avant  de  partir  pour  la  croisade  ;  pour  elle  encore 
que  Tévêque  Henri  II  déclarait,  en  1154,  avoir  acquis 
d'autres  possessions  (2). 

Le  chanoine  Anselme  termine  sa  relation  des  mi- 
racles du  martyr  par  une  prière  patriotique  à  la  Vierge 
et  finit  son  livre  en  rappelant  aux  autres  églises  du 
diocèse  leur  devoir  envers  leur  mère.  «  Matrem  suam 
»  ecclesiam,  scilicet  sancte  Marie,  sanctique  Lam- 
»  berti.  » 

Le  moine  de  Saint- Hubert,  auteur  de  la  très  inté- 
ressante chronique  de  ce  monastère,  connue  sous  le 
nom  de  Cantatorium,  nomme  1  église  de  Liège  :  «  la 
»  libre  et  glorieuse  église  de  Sainte-Marie  et  de  Saint- 
»  Lambert  (3)  ;  »  l'avoué  de  cette  église  se  qualifie,  dès 
le  XIe  siècle,  «  advocatus  sanctœ  Mariœ  et  sancti 
»  Lamberti  (4).  » 

Les  membres  du  Chapitre  ne  se  désignaient  pas 
autrement.  Elbert  se  disait,  en  io85,  «  serf  de  Sainte- 
»  Marie  et  de  Saint-Lambert  »  (Cartulaire  de  Saint- 
Lambert),  Vers  1119,  le  doyen  Raimbauld,  dans  la 
dédicace  de  son  livre  sur  la  vie  canonicale,  se  nomme 
«  Reymbaldus  sanctœ  Mariœ,  sanctique  Lamberti  ec- 
»  clesiœ  humilis  filius  (5).  »  En  1116,  Frédéric  se  titrait 

(1)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  pp.  32,  37,  38  «77. 

(2)  Idem,  pp.  47,  73  et  89. 

(3)  Mon.  SS.f  t.  VIII,  p.  602. 

(4)  Détail  relevé  par  M.  le  chevalier  Camille  de  Borman. 

(5)  Ernst,  Histoire  du  Limbourg,  t.  II,  p.  3n. 


—  43  — 

«  prévôt  de  Sainte-Marie  et  de  Saint-Lambert.  »  Son 
successeur  de  n36,  le  prévôt  Steppo  se  dit  :  «  per  Dei 
»  misericordiam  sanctœ  Mariœ  sanctique  Lamberti 
»  prepositus  ;  »  l'archidiacre  Alexandre,  en  1147, 
«  archidiaconus  et  prepositus  ecclesiœ  sanctœ  Mariœ 
»  virginis,  sanctique  Lamberti  (i).  » 

Un  acte  de  l'évêque  Alberon,  de  1139,  est  passé 
«  Leodio,  in  capitolio  sanctœ  Mariœ  sanctique  Lam- 
»  berti;  »  les  lettres  du  Chapitre  à  l'abbé  Wibald,  en 
1148,  ont  pour  entête:  «  Domino  Wibaldo  humilis 
»  sanctœ  Mariœ,  sanctique  Lamberti  conventus  »  — 
et  la  réponse  de  Wibald  est  adressée  au  doyen  et  «  om- 
»  nibus  ecclesiœ  sanctœ  Mariœ  sanctique  Lamberti 
»  canonicis.  » 

L'autel  principal  de  cette  Cathédrale  n'est  pas  dési- 
gné autrement  que  le  Chapitre  ne  se  désigne  :  l'un  des 
biographes  de  saint  Bernard  nous  relate,  par  exemple, 
les  miracles  du  saint  en  1 147,  «  après  la  célébration  de 
»  la  messe  à  l'autel  de  la  bienheureuse  Marie  et  de  saint 
»  Lambert  dans  la  grande  église  (s).  » 

On  en  était  venu  à  croire,  comme  le  rapporte  le 
prieur  Hugues,  dans  son  Histoire  de  la  fondation  de 
Lobbes,  que  Saint- Lambert  avait  même  été  d'abord 
une  église  de  Notre-Dame  où  le  martyr  avait  presque 
usurpé  la  place  de  la  Mère  de  Dieu  (3). 

L'évêque  Obert  avait  été  inhumé,  nous  dit  son  his- 
torien, dans  le  chœur  inférieur,  c'est-à-dire  dans  celui 
de  la  Vierge  Marie  (4),  et  nos  divers  chroniqueurs 
monastiques,  Reiner,  Gilles  d'Orval,  Rupert,  signalent 

(1)  Miraeus,  Opéra  diplomatica,  t.  III,  p.  710. 

(2)  «  Cum  ad  altare  béate  Marie  sanctique  Lamberti  in  majori  eccle- 
»  sia  pater  sanctus  missarum  solemnia  celebrasset  ...  »  (Mon,  SS.t 
t.  XXV,  p.  io5). 

(3)  «  Leodii  enim  ecclesia  habetur  in  honore  beatae  Mari  se  virginis, 
»  sed  dignitatem  obtinuit  memoria  sancti  Lamberti  martyris  »  (Idem, 
t.  XIV,  p.  542). 

(4)  «  In  choro  inferiori,  scilicet  sanctœ  Dei  genitricis  Mariae  »  (Idem, 
t.  XXV,  p.  94). 


—  44  — 

à  l'envi  ce  détail  de  l'incendie  qui,  en  ii85,  détruisit  la 
plus  grande  partie  des  reconstructions  de  Notger,  la 
Cathédrale  entière,  un  seul  autel  excepté  ;  «  Le  princi- 
»  pal  autel,  celui  de  la  Mère  de  Dieu,  resta  intact.  La 
»  flamme  ne  put  entamer  ce  que  protégeait  une  telle 
»  patronne.  Celle-ci  n'a-t-elle  pas  d'ailleurs  miraculeu- 
»  sèment  conservé  sa  propre  église  paroissiale  (1).  » 

Aussi,  quand  en  i25o,  l'archevêque  de  Rouen,  légat 
du  Saint-Siège,  consacra  le  grand  autel  de  la  Cathé- 
drale restaurée,  devant  le  roi  Guillaume,  ce  fut  «  à  la 
»  bienheureuse  Marie,  toujours  Vierge  et  au  saint  mar- 
»  tyr  Lambert  »  qu'il  la  dédia  (2). 

Il  y  aurait  donc  mauvais  gré  à  ne  pas  en  convenir  : 
il  n'est  pas  toujours  facile  de  reconnaître  dans  nos 
documents  les  plus  anciens  ou  nos  plus  anciens  écri- 
vains, à  quoi  se  rapportent  les  mentions  faites,  à  pro- 
pos de  Liège,  de  Y  église  de  Notre-Dame.  Ce  terme 
église  désigne  parfois  le  diocèse  même,  et  comme  notre 
diocèse  eut  pour  première  et  constante  patronne  Notre- 
Dame,  église  de  Sainte-Marie  peut  signifier,  dans  ce 
sens  :  diocèse  de  Tongres,  de  Maestricht  ou  de  Liège. 

Au  cours  du  Xe  siècle,  il  arriva  même  qu'on  omettra 
le  nom  de  Saint-Lambert,  dans  l'indication  de  l'église 
diocésaine.  Ainsi  Othon  Ier,  en  952,  parle  du  siège 
de  Liège,  en  le  dotant  de  Maeseyck,  comme  s'il  était 
seulement  dédié  à  Marie  toujours  Vierge  :  «  tradi- 
»  dimus  ad  leodicensem  sedem,  in  honore  semper 
»  virginis  Mariœ  dedicatam  quoddam  monasterium 
»  Eeche  vocatum  (3).  » 

L'église  de  Liège  se  désignait  parfois  elle-même  par 

(1)  «  Principale  tamen  altare,  quod  est  sanctae  Dei  genetricis,  mansit 
»  intemeratum.  Non  enim  potuit  temerare  flamma,  quod  tanta  voluit 
»  conservare  patrona.  Nonne  et  ipsam  suam  mirabiliter  conservavit  eccle- 
»  siam  parochialem  i  »  (Reiner  de  Saint-Laurent,  M  igné,  Patrologie 
latine,  t.  CCIV,  p.  154). 

(2)  Hocsem  dans  Chapeaville,  t.  II,  p.  277. 

(3)  Mon.  55.,  p.  236;  Car tulaire  de  Saint-Lambert \  p.  17. 


—  45  — 

le  seul  nom  de  Sainte- Marie.  Telle  est  du  moins 
l'adresse  donnée  par  levêque  Wazon  (î),  à  l'envoi  du 
secours  qu'il  fit  parvenir  à  l'église  ruinée  de  Verdun. 
«  Sainte-Marie  de  Liège  envoie  5o  livres  de  deniers  à 
»  Sainte-Marie  de  Verdun,  moitié  pour  ses  chanoines, 
»  nos  frères,  moitié  pour  la  réparation  du  sanctuaire. 
»  Sancta  Maria  leodiensis  mittit  ...  Sanctœ  Mariœ 
»  Virdunensi  (s).  » 

L'expression  d'église  de  Sainte-Marie  peut  en  outre, 
à  Liège  même,  désigner  soit  le  Chapitre  de  la  Cathé- 
drale, corps  ecclésiastique  qui  se  plaça  sous  le  patro- 
nage de  la  Vierge  en  même  temps  que  de  saint  Lambert, 
soit  deux  édifices  très  divers:  l'église  Cathédrale  dédiée 
à  Notre-Dame  et  à  Saint- Lambert,  et  la  petite  église 
baptismale  de  la  Vierge,  édifiée  à  côté  de  Saint-Lam- 
bert, comme  Tétait  à  Trêves,  joignant  la  Cathédrale, 
cette  église  de  Notre-Dame  à  la  fois  distincte  et  voisine 
de  cette  Cathédrale. 

Chez  nous,  aussi,  Notre-Dame-aux-Fonts  s'éleva 
toujours  à  côté  de  Saint-Lambert,  fut  toujours,  pour 
les  regardants,  comprise  dans  l'agglomération  que  for- 
mait le  monastère  ou  l'ensemble  des  constructions  de 
Saint-Lambert,  et  de  cette  complication  des  noms,  des 

(1)  Migne,  Patrologie  latine,  t.  CXL1I,  p.  743. 

(2)  Note  de  numismatique.  Me  sera-t-il  permis  de  tirer  de  ce  fait  que 
la  Cathédrale  de  Liège  finit  par  être  principalement  dédiée  à  sainte  Marie, 
en  même  temps  qu'à  saint  Lambert,  une  conclusion  un  peu  à  l'écart  de 
mon  sujet,  bonne  néanmoins  à  noter  en  passant?  Nos  numismates  se 
sont  fait  une  sorte  de  loi  d'attribuer  à  la  ville  de  Huy  ou  à  d'autres  villes 
que  Liège,  dotées  comme  Huy  d'une  église  de  Notre-Dame,  les  mon- 
naies de  notre  pays  où  ne  se  voit  que  la  représentation  d'une  église  de 
la  Vierge.  Plusieurs  de  nos  princes-évêques  cependant,  et  de  ceux  par- 
fois dont  le  règne  fut  assez  long,  Raoul  de  Zahringhen,  Albert  de  Cuyck, 
Hugues  de  Pierpont,  par  exemple,  n'ont  pas  laissé  de  monnaie  à  l'effigie 
de  saint  Lambert.  Faudrait-il  attribuer  à  un  autre  lieu  que  leur  capitale, 
toutes  celles  de  leurs  monnaies  qui  nous  offrent  la  reproduction  d'un 
temple  de  Notre-Dame,  et  ne  conviendrait-il  pas  plutôt  d'examiner  si 
certaines  pièces  liégeoises  ne  désignent  pas  notre  Cathédrale,  comme  le 
faisait  le  diplôme  d'Othon  ou  la  lettre  de  Wazon  même,  en  ne  mention- 
nant ou  ne  représentant  qu'une  église  de  Sainte- Marie? 


—  46  — 

édifices  et  des  institutions  sont  venues  bien  des  confu- 
sions qu'il  n'est  pas  toujours  aisé  de  faire  cesser. 

Admettons  même  que  dans  tous  les  textes  produits 
jusqu'ici,  il  ne  s'en  rencontre  pas  un  qui  se  puisse 
appliquer  à  l'église  particulière  de  Notre-Dame,  et 
qu'il  faille  tous  les  entendre,  en  dépit  des  raisons  de 
similitude,  de  circonstances  ou  de  leur  sens  le  plus 
naturel,  soit  comme  une  désignation  du  diocèse  seule- 
ment, soit  comme  l'indication  du  temple  plus  connu 
sous  le  nom  de  Saint-Lambert  ;  il  n'en  resterait  pas 
moins  certain  qu'à  côté  de  Saint- Lambert  on  cons- 
tate l'existence,  antérieure  à  l'invasion  normande,  d'un 
sanctuaire  et  d'une  communauté  importante.  Ce  sanc- 
tuaire n'eut  jamais  d'autre  patronne  que  la  Vierge  et 
devait  demeurer  le  baptistère  de  la  Cité;  cette  commu- 
nauté et  son  chef  devaient  garder  dans  la  ville  entière 
les  privilèges  d'une  église  primaire  et  de  l'autorité 
archidiaconale. 

On  sait  cependant  quelle  importance  eut  de  bonne 
heure  la  basilique  de  Saint-Lambert  :  élevée  par  l'accord 
de  saint  Hubert,  des  habitants  de  Leodium  et  des  pre- 
miers pèlerins  qu'y  amenèrent  les  miracles  arrivés  sur 
le  théâtre  sacré  du  martyre,  elle  fut  dès  sa  construction 
ce  qui  caractérisait  Liège  pour  l'étranger,  au  point  que 
le  nom  de  son  patron  faillit  devenir  celui  de  la  localité 
«  ad  sanctum  Lambert um.  »  Dès  l'abord,  elle  se  trouva 
la  grande  église.  Le  collège  de  ses  chanoines  devint  le 
sénat  de  la  principauté,  jouit  seul  du  droit  de  choisir 
nos  princes,  gouverna  le  pays  à  leur  place,  pendant 
la  vacance  du  trône.  Comment  cette  toute  puissante 
Cathédrale  aurait-elle  laissé  dans  la  ville  même  où  elle 
régnait  de  si  particulières  attributions  au  sanctuaire 
obscur  et  pauvre  de  Sainte-Marie,  sinon  par  respect 
pour  des  droits  antérieurs,  parce  qu'à  Liège  Sainte- 
Marie  était  l'aînée  de  Saint- Lambert,  et  la  première 
paroisse  de  la  localité? 


—  47  — 

IV. 
LES  ABBÉS  DE  NOTRE-DAME  DE  LIÈGE. 

Voici  cependant  que  les  Normands  se  jettent  sur  le 
pays  de  Liège.  Reginon  nous  les  montre  à  Elsloo  en 
881  et  dès  leur  première  et  impétueuse  incursion,  dé- 
vastant tout  ce  qui  les  entoure,  ils  livrent  à  l'incendie 
la  cité  de  Liège,  la  place  forte  de  Maestricht  et  la  ville 
de  Tongres.  Les  annales  de  Hincmar  nous  les  font 
voir  détruisant  tout  ensemble  les  palais  royaux  d'Entre- 
Meuse  et  Rhin  et  tous  les  établissements  religieux  du 
diocèse  de  Tongres  :  «  omniaque  monasteria  parochia- 
»  rum  tungrensis.  » 

Liège,  avant  leur  approche,  avait  vu  princes  et 
grands  tenir  conseil  dans  nos  murs,  moins  pour  leur 
résister  que  pour  préparer  la  fuite.  Son  évêque  Francon 
fut  de  ceux  qui  contribuèrent  le  plus  à  leur  infliger  la 
défaite  finale  ;  aussi  put-il  trouver  un  tombeau  dans 
cette  cathédrale  de  Sainte-Marie  et  de  Saint-Lambert, 
qui  avait  été  sans  doute,  après  la  libération  du  pays, 
le  premier  temple  qu'on  releva  tant  bien  que  mal  à 
Liège.  Restauration  incomplète  et  provisoire  sans 
doute  :  plus  de  vingt  ans  après  ce  désastre,  un  pieux 
écrivain  rapportait  comme  un  miracle  de  saint  Lam- 
bert que  la  neige  ayant  pénétré  par  toutes  les  fenêtres 
dans  l'église  du  saint,  les  voiles  seuls  qui  recouvraient 
sa  châsse  n'en  furent  pas  couverts  (i)  et  moins  d'un 
siècle  après  les  Normands,  Eracle  devra  projeter  l'érec- 
tion d'une  Cathédrale  nouvelle,  Notger  exécuter  le  des- 
sein d'Eracle. 

L'œuvre  de  réparation  commencée  par  Francon  se 
poursuivit  sous  ses  deux  successeurs  et  pour  ce  qui 

(1)  «  Nivium  enormis  exuberantia,  prout  totum  erat  patulum  fenes* 
»  tris  affluens,  nihil  penetralium  nisi  tantum  ejus  sandalia  dimisit  ino- 
»  periens  »  (Vie  en  vers  de  saint  Lambert  et  documents  du  Xe  siècle, 
publiés  par  J.  Demarteau,  p.  i3). 


—  48  — 

regarde  notre  sujet,  le  texte  le  plus  intéressant  à  rele- 
ver est  un  passage  des  Gesta  abbreviata  d'Orval,  com- 
posés au  temps  où  le  même  Gille  y  préparait  sa 
compilation. 

«  Celui-ci,  »  dit-on  de  Richaire,  «  reconstruisit 
»  dans  son  diocèse,  comme  ses  prédécesseurs  Etienne 
»  et  Francon,  de  nombreuses  églises  détruites  par  les 
»  Normands,  et  dont  les  abbés,  moines  et  nonnes 
»  avaient  été  mis  à  mort.  Ils  y  établirent  des  neu- 
»  vaines  de  clercs,  entre  lesquels  ils  décidèrent  qu'il 
»  y  en  aurait  un  qui  prendrait  la  direction  et  prési- 
»  derait,  présent  ou  absent,  à  l'hospitalité  et  ils  lui  don- 
»  nèrent  le  nom  d'abbé,  pour  empêcher  de  se  perdre 
»  de  vieilles  institutions  de  la  piété.  Noms  de  ces 
»  abbayes  :  la  première  est  celle  de  Liège,  de  Sainte- 
»  Marie  et  de  Saint-Lambert.  Deuxième,  de  Sainte- 
»  Marie,  de  Sainte-Renile  et  de  Sainte-Herlinde,  de 
»  Maeseyck.  Troisième,  de  Sainte-Marie,  de  Saint- 
»  Georges  et  de  Sainte-Ode,  d'Amay.  Quatrième,  de 
»  Sainte-Marie  et  de  Saint-Domitien,  de  Huy.  Cin- 
»  quième,  de  Sainte-Marie  et  de  Saint-Sévère,  de 
»  Meffe.  Sixième,  Sainte-Marie,  de  Ciney.  Septième, 
»  Sainte-Marie  et  Saint-Hadelin,  de  Celles.  Huitième, 
»  Sainte-Marie,  de  Dinant.  Neuvième,  Sainte-Marie, 
»  de  Namur.  Dixième,  Sainte-Marie,  Saint-Pierre  et 
»  Saint-Bertuin,  de  Malonne.  Onzième,  Sainte-Marie 
»  et  Saint-Pierre,  d'Aine.  Douzième,  Sainte-Marie  et 
»  Saint-Théodard,  de  Thuin.  Treizième,  Sainte-Marie 
»  et  Saint- Rombauld,  de  Malines,  au  diocèse  de  Cam- 
»  brai.  Ces  abbés  sont  appelés  chapelains  de  Tévêque, 
»  et  doivent  avec  lui,  chacun  son  mois,  séjourner  et 
»  chanter  les  heures  (i).  » 

(i)  «  Richarius  ...  Hic  reedificavit  per  dyocesim  suam  sicut  et  prede- 
»  cessores  sui  Stephanus  et  P'ranco,  plures  ecclesias  a  Normannis  destruc- 
»  tas,  interfectis  abbatibus,  monachis  et  monialibus.  In  quibus  novenos 
»  constitucrunt  clericos,  inter  quos  unum  statuerunt,  qui  curam  gereret 
»  et  hospitalitatem,  tam  presens,  quam  absens  exhiberet,  ipsumque  abba- 


—  49  — 

Ce  texte  n'aurait  pas  de  valeur  décisive  en  lui-même, 
s'il  ne  datait  que  du  temps  de  Gilles,  du  milieu  du  XIIIe 
siècle.  Mais  il  semble  bien  être  une  simple  transcription 
d'annotations  antérieures.  Nul  ne  sait  mieux  que  vous, 
mon  cher  Président,  que  le  recueil  entier  de  Gilles  n'est 
qu'une  mosaïque  formée  d  extraits  de  ce  genre  d'auteurs 
plus  anciens  ;  vous-même  avez  pu  en  tirer  toute  une 
histoire  de  Notger,  du  XIe  siècle.  Les  restaurations  de 
ces  treize  établissements  sont  attribuées,  dans  ce  pas- 
sage, à  nos  trois  évêques  du  début  du  Xe  siècle,  sans 
déterminer  nettement  la  part  de  chacun  ;  ce  vague  n'est 
assurément  pas  une  raison  de  croire  que  la  liste  donnée 
ait  été  rédigée  par  un  contemporain  de  ces  évêques. 
D'autres  détails,  par  contre  :  la  mention  des  patrons 
primitifs  de  Malonne  ou  d'Amay  ;  celle  de  cette  abbaye 
de  Saint-Sévère  à  Meffe,  qui  a  pris  fin  sous  Henri  de 
Leyen,  en  1149,  un  siècle  avant  Gilles  dOrval,  voilà 
ce  qui  plaide  pour  l'ancienneté  de  ce  passage  ;  de  plus, 
ce  que  nous  connaissons  de  l'histoire,  soit  des  établisse- 
ments religieux  cités  dans  cette  liste,  soit  des  chapelains 
de  l'évêque,  témoigne  de  l'exactitude  de  l'auteur. 

Sans  doute,  dans  la  nomenclature  de  ces  abbayes  ou 
collégiales,  le  nom  de  la  sainte  Vierge  est  chaque  fois  cité 
le  premier,  et  c'est  après  celui-là  qu'apparaissent  ceux 
d'autres  patrons  spéciaux  de  la  localité;  puis,  comme 
on  n'en  donne  pas  d'autre  que  celui  de  Notre-Dame 
pour  Ciney,  Dinant  et  Namur,  l'ajoute  du  nom  de 
Saint-Lambert  à  la  mention  de  Yabbaye  liégeoise  de 
Notre-Dame,  pourrait  amener  à  se  demander,  à  pre- 
mière vue,  si  ce  n'est  point  simplement  de  la  cathédrale 
de  Saint-Lambert  qu'il  est  question  dans  ce  passage.  Ce 
serait  s'abuser  que  le  croire  :  nous  trouverons  nombre 
de  mentions  d'un  abbé  liégeois  de  Sainte-Marie,  jamais 

»  tem  vocaverunt,  ne  an  tiqua  devotio  deperiret.  Nomina  abbatiarum 
»  Prima  Leodiensis,  sancte  Marie,  sanctique  Lamberti  ...  Hii  abbates 
»  dicuntur  capellani  episcopi  et  per  menses  singulos  debent  cum  eo  esse 
»  et  horas  decantare  »  (Mon.  SS.t  t.  XXV,  p.  i3o). 


—  50  — 

d  un  abbé  de  Saint-Lambert  ;  l'abbaye  de  Notre-Dame 
eut  pendant  plusieurs  siècles,  comme  nous  Talions  voir, 
des  dignitaires,  des  attributions,  des  biens  distincts  de 
ceux  de  la  Cathédrale  et  l'autonomie  de  l'abbaye  ressor- 
tira même  de  ce  fait  que  si  elle  fut  quelques  fois  dirigée 
par  un  dignitaire  du  chapitre  de  Saint- Lambert,  d'autres 
fois  ce  fut  par  le  chef  d'une  autre  collégiale. 

Entre  ces  abbés  de  Sainte-Marie,  le  plus  ancien 
dont  le  nom  soit  venu  jusqu'à  nous  est  peut-être  ce 
Guntrannus  (i)  qui  souscrit,  avec  Tunique  qualification 
à! abbé,  après  le  prévôt  de  Saint- Lambert,  avant  le 
coste  et  les  archidiacres,  à  cet  acte  du  icr  juillet  961, 
par  lequel  Tévêque  de  Liège,  Eracle,  consensu  fidelium, 
octroie,  en  Basse-Sauvenière,  un  refuge  aux  moines  de 
Stavelot. 

Le  second  est  un  personnage  plus  connu  et  qui 
devint  dans  le  diocèse,  au  temps  de  Tévêque  Théoduin, 
le  plus  important  après  Tévêque  :  il  s'appelait  Bozon 
et  semble  avoir  appartenu  au  pays  de  Huy,  peut-être 
à  quelque  noble  famille  de  cette  région  ;  du  moins  y 
possédait-il  des  biens  et  fut-il  à  la  fois  abbé  de  Sainte- 
Marie  à  Liège  et  restaurateur  de  Notre-Dame  de  Huy. 
Huy  lui  dut  en  tous  cas  sa  nouvelle  église  de  Notre- 
Dame,  le  relèvement  de  sa  collégiale  et  vraisembla- 
blement quelque  chose  au  moins  de  ses  premières 
franchises.  Fisen  et  les  auteurs  du  Gallia  christiana 
veulent  qu'il  soit  mort  vers  1044  (2).  Il  semble  bien 
cependant  que  ce  soit  lui  que  nous  voyons  souscrire 
au  rang  d'honneur  à  toutes  les  chartes  de  Théoduin 
qui  intéressent  Huy,  donations  de  cet  évêque  à  la  col- 
légiale où  il  choisit  son  tombeau,  libertés  accordées  la 
même  année  aux  bourgeois  de  Huy  (3),  cadeau  fait  à  la 
même  église  de  Talleu   d'Ulbeck  en   1067,  privilèges 

(1)  Martène,  Amplissima  collectio,  t.   II  ;    Bertholet,  Histoire  du 
Luxembourg,  t.  II,  app.  89. 

(2)  Gallia  christiana,  t.  III,  p.  396;  Fisen,  anno  1044. 

(3)  Miraeus,  Opéra  diplomatica,  t.  I,  pp.  68  et  352. 


—  51  — 

octroyés  aux  brasseurs  hutois  en  1068  (i).  Théoduin, 
en  achevant  la  grande  église  de  Huy,  n'avait  fait  que 
compléter  l'œuvre  de  Bozon  :  la  paternité  de  celui-ci 
ressort  à  la  fois  de  la  mention  inscrite  au  livre  des 
anniversaires  de  cette  église  :  «  Commémoraison  du 
»  seigneur  Boçon,  archidiacre,  père  de  ce  lieu,  »  et  de 
ce  fait  relaté  par  Gilles  d'Orval  et  par  les  chroniqueurs 
hutois  :  qu'au  milieu  du  chœur  de  l'église  relevée  par 
Bozon,  et  où  il  avait  porté  à  quinze  le  chiffre  de  ces 
chanoines,  rétablis  au  nombre  de  neuf  après  les  inva- 
sions normandes,  s'élevait  le  tombeau  du  fondateur 
Bo\on,  abbé  de  Sainte- Marie,  à  Liège  (2). 

Il  ne  paraît  pas  avoir  toujours  aussi  bien  usé  de  sa 
haute  position  et  s'il  est  vrai,  comme  une  lettre  de 
Grégoire  VII  le  donne  à  croire,  d'après  Herman  de 
Metz,  que  l'entourage  de  Théoduin  doit  être  rendu  res- 
ponsable des  actes  de  simonie  reprochés  par  le  Pape 
au  clergé  liégeois,  cette  simonie  avait  peut-être  servi 
à  payer  la  restauration  de  Notre-Dame  de  Huy  (3). 

Un  historien  de  Stavelot  nous  a  conservé  le  récit 
des  hardies  et  victorieuses  démarches  que  vinrent  faire 
à  Liège,  auprès  de  l'empereur  Henri  IV,  qui  s'y  trouvait 
alors,  l'abbé  et  les  moines  de  Stavelot,  contre  la  supré- 
matie desquels  s'étaient  insurgés  ceux  de  Malmedy  : 
on  y  voit  qu'en  ce  temps-là  Bozon  était  le  bras  droit 
et,  de  fait,  l'actif  coadjuteur,  l'inspirateur  et  le  repré- 
sentant ordinaire  de  Théoduin,  infirme  et  fort  âgé  (4). 
De  même,  quand  l'abbé  de  Saint- Hubert,  comme 
le  raconte  le  chroniqueur  monastique  contemporain 
du  célèbre  cloître  ardennais,  se  rendit  à  Liège,  pour 

(1)  Cartulaire  de  Huy,  Bulletin  de  la  Commission  d  histoire,  4*  série, 
t.  I,  pp.  94  et  98. 

(2)  Mon.  SS.t  t.  VIII,  pp.  577,  58o,  584,  585  et  5g5;  t.  XXV,  pp.  17, 
78  et  i3i;  Incunabula  Ecclesiœ  Hoyensis,  p.  11. 

(3)  Cauchie,  La  querelle  des  investitures  dans  les  diocèses  de  Liège 
et  de  Cambrai,  t.  I,  p.  26. 

(4)  Triumphus  sancti  Remacli,  Chapeaville,  t.  II,  p.  5i5. 


—  52  — 

faire  reconnaître  par  Théoduin  le  privilège  que  Gré- 
goire VII  avait  octroyé,  le  29  avril  1073,  à  cette  abbaye. 
«  Celui-ci,  »  Théoduin,  nous  dit-on,  «  accablé  par  la 
»  vieillesse,  avait  confié  à  Bozon  la  conduite  de  toutes 
»  les  affaires  de  son  diocèse,  »  et  Bozon  aurait  fait 
montre,  à  l'égard  de  Saint- Hubert,  de  dispositions  fort 
vindicatives  et  de  sentiments  fort  peu  romains.  Bozon 
ne  jouit  pas  cependant  d'un  moindre  crédit  sous  le  suc- 
cesseur de  Théoduin,  sous  Henri  de  Verdun.  Le  même 
chroniqueur  de  Saint-Hubert,  mentionne  que  Bozon 
était  alors  abbé  aussi  de  Sainte-Marie  à  Huy,  que  son 
neveu  Lambert  y  remplissait  les  fonctions  d'adminis- 
trateur suprême  et  y  rendait  la  justice  (<). 

Cette  situation,  en  ce  qui  regarde  Bozon,  semble 
avoir  dû  prendre  fin  au  plus  tard  en  1078.  Du  moins, 
un  acte  de  cette  année-là,  de  levêque  Henry,  acte 
de  libéralité  envers  la  collégiale  de  Saint- Barthélémy, 
nous  renseigne-t-il  sur  une  opposition  faite  et  des 
droits  maintenus  par  l'abbé  liégeois  de  Sainte-Marie, 
et  si  cet  abbé  se  trouve  être,  comme  il  est  vraisem- 
blable, celui  qui  souscrit  à  cette  charte  avec  le  titre 
d'archidiacre  et  d'abbé,  sans  mention  de  siège,  le  rem- 
plaçant de  Bozon  était  alors  l'abbé  Godeschalc  (2). 

Godeschalc  ne  dut  pas  occuper  longtemps  cette 
dignité.  Un  autre  archidiacre,  Théoduin,  souscrit  en 
1092,  en  se  qualifiant  abbas  (3),  à  la  fondation  de 
Flône;  en  1099,  en  se  titrant  abbas  sanctœ  Marice  (4), 
à  un  jugement  par  lequel  le  prince-évêque  Obert  sta- 
tuait sur  un  différend  survenu  entre  le  chapitre  de 
Saint-Martin  et  celui  de  Sainte-Croix. 

Nous  en  savons  plus  long  d'un  cinquième,  l'abbé 
Hellin  ;  les  célèbres  fonts  baptismaux  de  Lambert  Pa- 
tras,  sont  restés  jusqu'à  nos  jours  le  monument  de  ses 

(1)  Mon.  SS.t  t.  VIII,  loc.  cit. 

(2)  Daris,  Notices,  t.  VI,  Cartulaire  de  Saint-Barthélémy. 

(3)  Mirœus,  Opéra  diplomatica,  t.  III,  p.  309. 

(4)  De  Theux,  Chapitre  de  Saint-Lambert,  charte  19. 


—  53  — 

artistiques  libéralités  pour  son  église  de  Notre-Dame  ; 
une  charte,  dont  le  manuscrit  833  de  l'Université  de 
Liège,  collection  formée  par  H.  Van  den  Bergh,  nous 
a  gardé  la  copie  (4),  nous  montre  Hellin  et  deux  prêtres 
de  sa  communauté,  Etienne  et  Thierry,  «  annuente 
»  Hellino  abbati  de  Sancta  Maria  cum  suis  presbyteris 
»  Theoderico  et  Stefano,  »  intervenant  à  l'acte  de  do- 
nation de  l'église  de  Saint-Léonard  à  Liège  au  monas- 
tère de  Saint-Jacques.  Hellin  souscrit,  avec  sa  qualité 
d'abbé  de  Sainte-Marie,  à  une  autre  charte  du  même 
prince-évêque,  délivrée  en  1111,  au  sujet  de  Lixhe  en 
faveur  de  Saint- Paul  (2),  et  comme  abbé  encore,  en 
1116,  à  une  autre  de  Frédéric,  prévôt  de  Saint-Lam- 
bert (a).  Deux  ans  après,  en  1118,  Hellin  mourait  à 
Rome,  et  celui  de  ses  collègues  du  chapitre  de  Saint- 
Lambert,  qui,  dans  sa  chronique  locale  en  vers  latins 
de  dix  syllabes,  nous  a  gardé  sur  cet  abbé  d'intéressants 
renseignements,  déplore  comme  un  jour  de  misère  ou 
de  calamité,  celui  où  périt  le  noble  abbé  Hellin. 

Ce  poète  décrit  la  fameuse  cuve  baptismale,  l'œuvre 
de  dinanderie  qui,  conservée  de  nos  jours  encore  à 
Saint-Barthélémy,  continue  d'y  faire  l'admiration  des 
artistes  et  des  archéologues.  Il  rappelle  les  travaux  hy- 
drauliques entrepris  par  Hellin  pour  amener  les  eaux 
alimentaires  sur  le  marché  de  Liège  ;  l'hôpital  qu'il 
acheva  ou  restaura  dans  les  cloîtres  de  Saint- Lambert, 
et  où  il  fonda  une  messe  quotidienne  ;  les  bâtiments, 
granges  ou  greniers  dont  il  enrichit  les  cloîtres;  l'aspect 
princier  de  ces  constructions.  On  avait  alors  oublié  à 
Liège,  ajoute  le  poète,  les  réunions  synodales  annuelles 
du  clergé.  Hellin  se  trouvait-il  le  chef  en  notre  ville  de 
la  fraction  la  plus  fidèle  à  soutenir  les  droits  du  Pape 
et  de  l'église  romaine,  en  face  d'un  évêque  trop  com- 
plaisant pour  le  pouvoir  impérial  et  qui,   à  diverses 

(1)  Catalogue,  p.  471. 

(2)  Thimister,  Cartulaire  de  Saint-Paul,  p.  3. 

(3)  Bormans  et  Schoolmeesters,  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  5i. 


—  54  — 

reprises,  avait  vu  la  résistance  des  abbés  et  des  sei- 
gneurs les  plus  attachés  au  Pape  lui  susciter  de  grands 
embarras  dans  ces  synodes?  Toujours  est-il  que  Hellin 
se  rendit  à  Rome  pour  provoquer  la  restauration  des 
synodes,  mais  qu'après  un  an  de  séjour  et  de  démarches, 
l'affaire  n'était  point  finie,  quand  la  fièvre  emporta  le  zélé 
prélat  :  Liège  n'eût  plus  qu'à  le  pleurer  et  le  regretter, 
nous  dit  son  contemporain,  comme  un  autre  Wazon(4). 
Ce  que  ne  rappelle  pas  le  poète,  c'est  que  l'abbé  Hel- 
lin avait  été  aussi  le  fondateur  de  la  confrérie  de  Saint- 
Luc,  établie  entre  une  trentaine  de  prêtres,  pour  la 
sépulture  des  pauvres  et  le  soulagement  de  leurs  âmes. 

Ce  même  poète  nous  fait  connaître  le  successeur 
donné  bientôt  après  à  Hellin  dans  l'abbatiat  de  Sainte- 
Marie.  Siefrid  dont  le  nom  se  rencontre  dès  1107,  sans 
mention  de  titre  dans  une  charte  d'Obert  pour  An- 
denne,  et  apparaît  avant  celui  même  de  l'abbé  Hellin, 
à  la  suite  de  ceux  des  archidiacres  dans  la  pièce  de  1111 
relative  à  Saint-Paul,  Siefrid,  à  ce  que  nous  apprend 
le  poète,  était  un  vaillant  encore  :  deux  fois  il  avait  eu 
à  supporter  l'épreuve  de  l'exil  ;  les  tribulations  avaient 
épuré  l'or  de  sa  vertu.  Liège  avait  ouvert  son  sein  à 
celui  qu'avait  repoussé  un  peuple  à  dure  cervelle,  qu'on 
ne  nous  désigne  pas  autrement,  —  le  peuple  gantois 
peut-être,  si  ce  Siefrid  était  le  même  chanoine  de  Liège 
qui  rédigea,  le  12  juin  1073,  une  déclaration  relative 
à  la  translation  des  reliques  de  Sainte- Pharaïlde  à 
Gand.  A  Liège,  il  gagna  bientôt  la  popularité  de  son 
prédécesseur  :  soutien  des  veuves,  appui  des  orphelins, 
unissant  le  courage  du  lion  à  la  douceur  de  l'agneau, 
l'abbé  Siefrid  excella  tout  ensemble,  nous  dit-on  (2),  à 
refréner  l'orgueil  des  superbes,  et  à  pardonner  à  ceux 
qui  ne  persévéraient  pas  dans  le  mal. 

(1)  Chronica  lobbiensia  et  Chronicon  rytmicum,  édition  des  Biblio- 
philes liégeois,  p.  164;  Mon.  SS.,  t.  XII,  p.  419. 

(2)  Baron  Misson,  Chapitre  <f  Ancienne,  p.  289  ;  Chronicon  rytmi- 
cum, p.  170; 


—  55  — 

Plus  tard  la  dignité  de  doyen  de  Saint- Lambert 
vint  s'ajouter  pour  Siefrid  à  celle  d'abbé  de  Sainte- 
Marie  :  on  croit  qu'il  mourut  vers  ii25. 

Vingt  ans  après,  c'est  dans  un  acte  épiscopal  relatif 
à  l'église  de  Cornillon  (i),  qu'entre  la  signature  d'un 
prévôt  et  celle  du  doyen  de  Saint- Paul  à  Liège,  nous 
rencontrons  celle  d'un  Ulric,  abbé  de  Sainte-Marie, 
le  même  Wéric  peut-être  qui,  Tan  suivant,  quittait 
toutes  ses  dignités  ecclésiastiques  pour  suivre  saint 
Bernard  à  Citeaux  et  devenir  l'un  des  plus  zélés  lieu- 
tenant du  grand  conquérant  monastique. 

En  1154,  nous  retrouvons,  inscrit  le  second,  entre 
deux  noms  d'archidiacres,  sur  une  charte  de  levêque 
de  Liège  Henri  II,  relative  à  l'église  de  Flône,  un  nom 
d'abbé  de  Sainte-Marie;  c'est  le  nom  d'Amalric  (2).  Est- 
ce  du  même  Amalricus  archidiaconus  et  abbas  que  fut 
signée  vingt-deux  ans  après  celle  de  Raoul  de  1176  (3)? 
A  cette  époque,  il  est  fort  malaisé  de  distinguer  entre 
les  nombreux  Amaury,  membres  du  chapitre  de  Saint- 
Lambert. 

Toujours  est-il,  qu'en  1173,  un  autre  qu'Amalricus 
est  abbé  de  Sainte-Marie,  ainsi  qu'il  appert  d'une  dona- 
tion faite  cette  année-là  aux  religieux  hospitaliers  (4)  ; 
c'est  l'archidiacre  Henri  qui  signe  alors,  comme  il  le 
fera  en  1181,  dans  une  pièce  relative  à  Waremme  (5), 
et,  le  28  mars  1182,  dans  une  charte  en  faveur  d'Aine, 
abbas  de  San  et  a  -Maria  ou  Sanctœ-Mariœ.  C'est  le 
même  que  nous  voyons  dans  d'autres  pièces,  soit  se 
qualifier  seulement  abbas  en  1178  (6),  soit  unir  son 
titre  d'abbé  de  Sainte-Marie  à  celui  de  doyen  de  Saint- 

(1)  Bulletin  de  V Institut  archéologique  liégeois,  t.  IX,  p.  337. 

(2)  «  Amalricus  abbas  Sanctas  Marias  »  de  Theux,  charte  72. 

(3)  Bulletin  de  V Institut  archéologique  liégeois,  t.  IX,  p.  344. 

(4)  Bulletin  de  la  Société  d'art  et  d'histoire,  Schoolmeesters,  Regesta 
de  Raoul  de  Zahringhen,  p.  i56. 

(5)  Notice  sur  Waremme,  par  A.  de  Ryckel,  p.  i3. 

(6)  Car  tu  lai  re  de  Saint-Lambert,  p.  98. 


—  56  — 

Paul  en  1 178  encore,  et  en  1 182  (\).  D'après  un  ancien 
livre  d'anniversaires,  c'est  en  1184  qu'il  est  mort  en 
possession  de  ces  deux  titres. 

Quel  fut  son  successeur  immédiat  à  l'abbaye  ? 
Nous  ne  pouvons  que  constater  que  dès  l'an  1200  au 
moins  (î),  le  doyen  Henri  de  Saint-Paul  se  trouve  rem- 
placé, comme  abbé  de  Notre-Dame,  par  le  doyen  de 
Saint-Lambert,  Walther  ou  Gauthier  de  Ravenstein, 
de  Chavenci  ou  de  Caverchin.  Nous  aurons  à  revenir 
sur  la  première  réorganisation  qu'il  introduit  à  cette 
date  dans  son  abbaye  ;  notons  seulement  à  cette  page 
qu'elle  était  trop  complète,  cette  réorganisation,  pour 
être  l'œuvre  d'un  homme  entré  de  la  veille  en  fonc- 
tions. D'autres  documents  nous  font  voir  que  Walther 
de  Ravenstein  avait  été  archidiacre  dès  1 1 92,  écolâtre 
en  1197  (3);  doyen  de  Saint-Lambert  l'an  suivant  (4), 
il  souscrivit,  à  ce  titre,  un  acte  d'Albert  de  Cuyck  en 
faveur  d'Heylissem.  11  joint  à  la  mention  de  son  déca- 
nat  et  de  son  archidiaconat  celle  de  sa  dignité  d'abbé 
dès  l'an  1200,  notamment  en  i2o3  (5),  et  la  com- 
mémoraison  faite  de  lui  dans  les  livres  de  l'hôpital 
Saint-Mathieu  à  la  Chaîne,  nous  montre  qu'il  suivit 
les  traditions  généreuses  des  Bozon  et  des  Hellin  ses 
devanciers  :  «  L'an  du  Seigneur  1207,  mourut  le  22 
»  novembre,  Walther,  doyen  et  abbé  de  Sainte-Marie, 
»  en  l'église  de  Liège,  qui  institua  dans  la  dite  église 
»  dix  chanoines  en  l'honneur  de  saint  Materne,  et  fut 
»  le  fondateur  de  cet  hôpital  (ô).  » 

Le  doyen  Gauthier  eut  pour  successeur,  comme 
abbé  de  Sainte-Marie,  le  seul  dignitaire  du  chapitre  de 

(1)  Cartulaire  de  Saint-Paul,  p.  i3. 

(2)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  121. 

(3)  Analectes  de  Louvain,  t.  VIII. 

(4)  Ibidem,  t.  VI. 

(5)  Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois,  t.  IX,  pp.  349  et  35o. 

(6)  Daris,  Notices,  t.  IV,  p.  206,  H Hôpital  Saint- Mathieu  à  la 
Chaîne  ;  Stéphany,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  monastique  du 
pays  de  Liège,  p.  87. 


—  57  — 

Saint-Lambert  qui  fut  au-dessus  de  lui,  Jean  d'Eppes, 
prévôt  de  la  Cathédrale  de  1202  à  1229;  on  le  voit  se 
qualifier  abbas  Sancte  Marie  dans  des  pièces  de  120g 
et  1223,  où  il  confirme  la  réorganisation  de  Gauthier  et 
ajoute  un  onzième  chanoine  au  dix  institués  par  son  pré- 
décesseur (i).  Jean  d'Eppes  ne  quitta  tout  ensemble,  en 
i23o,  les  dignités  de  prévôt  de  Saint-Lambert  et  d'abbé 
de  Sainte-Marie,  que  pour  remplacer,  sur  le  trône  épis- 
copal  de  Liège,  son  oncle  Hugues  de  Pierpont. 

Par  une  coïncidence  curieuse  son  héritier  -à  la 
charge  abbatiale  devait  1  être  ensuite  à  l'épiscopat  et  à 
la  principauté.  Cet  héritier  n  abandonna,  en  effet,  ses 
fonctions  d  abbé  que  pour  devenir  évêque  de  Langres, 
puis  son  évêché  français  que  pour  monter  au  trône  de 
Saint- Lambert,  et  se  trouver  chez  nous  le  prince-évêque 
Robert  de  Torote  :  il  avait  été,  avant  cela,  son  con- 
temporain Gilles  d'Orval  en  fait  foi,  notre  dernier 
abbé  de  Sainte-Marie  (2). 

Si  incomplète  que  soit  la  nomenclature  que  l'on 
vient  de  dresser  de  ces  abbés,  elle  permet  du  moins  de 
se  faire  une  idée  de  la  place  importante  qu'ils  ont  tenue 
à  Liège,  du  Xe  au  XIIIe  siècle. 

Rétablie  par  l'évêque  après  la  défaite  des  Nor- 
mands, et  comme  restauration  d'une  institution  déjà 
antique  de  la  piété  des  ancêtres,  cette  dignité  d  abbé 
de  Sainte-Marie  était  à  la  collation  de  cet  évêque  ;  elle 
est  de  celles,  qui  sont  des  chapellenies  du  chef  du  dio- 
cèse et  pour  lesquelles  les  statuts  donnés  en  1203  au 
clergé  liégeois  par  le  légat  du  Pape,  Guy  de  Preneste, 
réservent  à  1  évêque  le  droit  de  nomination.  En  outre, 
et  c'est  une  preuve  de  plus  de  l'importance  de  cette 
charge,  ces  statuts  stipulent  que  ces  dignités  abbatiales 
ne  pourront  être  conférées  qu'à  des  chanoines  de  la 
Cathédrale. 


(1)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  pp.  162  et  201. 

(2)  Mon.  SS>,  t.  XXV,  p.  127. 


8 


—  58  — 

Celui  qui  est  honoré  de  celle-ci  prend,  d'après 
Tordre  des  signatures  relevées  dans  les  chartes  du 
temps,  le  pas  sur  la  plupart  de  ses  collègues  du  cha- 
pitre de  Saint-Lambert.  Il  signe  parfois  après  les  archi- 
diacres, plus  souvent  parmi  eux,  d'autre  fois  à  leur 
tête,  immédiatement  à  la  suite  de  l'évêque,  toujours 
en  rang  d'honneur. 

Il  est  archidiacre  lui-même;  il  peut  être,  en  même 
temps  qu'abbé  de  Sainte-Marie,  doyen  d'une  autre 
église,  comme  l'abbé  Henri  le  fut  à  Saint-Paul;  il  peut 
arriver  même  comme  Siefrid  et  Gauthier  de  Ravens- 
tein,  à  l'honneur  du  grand  décanat  de  la  Cathédrale, 
ou  comme  Jean  d'Eppes  à  celui  de  la  prévôté,  la  plus 
haute  prélature  de  Liège  après  le  pontificat  princier  : 
les  deux  derniers  titulaires  de  Sainte-Marie,  n'ont  même 
abandonné  la  crosse  abbatiale  que  pour  prendre  Tépis- 
copale.  La  grandeur  des  constructions  érigées  par  les 
plus  connus  de  ces  abbés,  à  Liège  ou  à  Huy,  l'impor- 
tance des  fondations  religieuses  ou  hospitalières  établies 
par  les  Bozon,  les  Hellin,  les  Gauthier,  donnent  à  croire 
que  cette  dignité  était  réservée  à  la  grande  fortune  ou 
qu'elle  la  procurait.  On  a  vu  l'influence  qu'elle  valait 
à  ses  dépositaires  auprès  des  évêques  et  du  clergé,  Tin- 
dépendance  et  la  haute  position  qu'elle  leur  assurait. 
Comment  ne  pas  conclure,  de  ce  chef  seul,  à  Tantiquité 
de  l'institution  dont  ils  étaient  les  régents?  Comment 
s'expliquer  leurs  privilèges,  en  regard  de  la  puissance 
du  chapitre  de  Saint-Lambert,  autrement  que  par  l'an- 
tériorité de  ces  privilèges  sur  ceux  de  la  Cathédrale  : 
parce  que  Notre-Dame  les  faisait  bénéficier  ainsi  de 
son  droit  d'aînesse  ? 

V. 

ATTRIBUTIONS  DE  NOTRE-DAME  DE  LIÈGE. 

Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  rappeler  de  quelle 
manière  acheva  de  disparaître,  par  l'arrivée  de  Robert 


—  50  — 

de  Torote  à  Tépiscopat,  une  abbaye  dont  les  prében- 
diers  étaient  déjà  tous  passés,  dès  Pabbatiat  de  Gauthier, 
dans  le  chapitre  de  la  Cathédrale.  Mais  avant  de  nous 
arrêter  aux  détails  de  cette  disparition,  disons  quelles 
avaient  été  les  attributions  de  Notre-Dame  de  Liège. 

C'était  un  vaste  territoire  que  celui  que  nous  voyons 
soumis  à  sa  juridiction,  si  loin  que  nous  puissions 
remonter  dans  notre  passé  religieux  :  il  s'étendait  sur 
la  plus  grande  partie  de  ce  qui  constitue  de  nos  jours 
la  ville  de  Liège  :  depuis,  ce  qui  devait  devenir  les 
quartiers  de  Sainte- Walburge  et  Sainte-Foi,  jusqu'à  ce 
qui  devait  être  Saint-Jacques. 

L'évêque  Henry  de  Verdun,  pour  assurer  leur  pro- 
vision de  vin  aux  frères  ou  chanoines  de  Saint-Barthé- 
lemy,  leur  donne,  en  1078,  sur  les  coteaux  liégeois  qui 
se  prolongent  vers  Sainte-Walburge,  des  vignes  qu'il 
avait  reçues  de  ses  prédécesseurs  ou  fait  planter  lui- 
même  :  il  ne  parvient  pas,  tout  évêque  qu'il  est,  à 
obtenir  que  la  dîme  en  soit  abandonnée  par  Sainte- 
Marie  à  ses  protégés  de  Saint-Barthélémy  :  il  lui  faut 
ordonner  à  ceux-ci  de  reconnaître,  par  un  payement 
annuel,  les  droits  antérieurs  de  l'abbé  de  la  vieille  com- 
munauté sur  les  biens  mêmes  de  1  évêque  (i). 

L'approbation  de  l'abbé  Hellin  et  de  ses  deux  prêtres 
de  Sainte-Marie,  permet  seule,  en  1112,  à  un  autre 
évêque,  et  non  des  plus  scrupuleux,  Obert,  de  donner 
l'église  de  Saint-Léonard  au  couvent  de  Saint-Jacques, 
la  libérant  de  la  sujétion  dans  laquelle,  nous  dit  l'acte 
même  de  libération,  les  autres  chapelles  de  Liège  sont 
placées  à  l'égard  de  leur  église-mère,  de  Sainte-Marie. 
«  Liberam  feci  ab  omi  subjectione  quae  ceterœ  capellœ 
»  subjacent  matri  Ecclesiœ  Sanctœ  Mariœ  (2).  » 

(1)  Daris,  Notices,  t.  VI,  p.  i83.  «  ...  Sed  cum  abbas  de  Sancta  Maria 
»  nollet  de  eis  décimas  dare,  et  rustici  nollent  vinum  fratribus  et  abbati 
»  duos  denarios,  in  festivitate  sancti  Remigii  pro  decimis  solvere,  precepi 
»  fratribus  ut  ipsi  solverent  ex  sua  parte  ...» 

(2)  Manuscrit  833,  fol.  j8,  à  la  Bibliothèque  de  l'Université  de  Liège 
(Van  den  Bergh).  Catalogue,  p.  471. 


—  60  — 

Et  lorsque  l'évêque  Raoul  de  Zahringhen  règle  en 
1 187  les  obligations  du  curé  de  Saint-Remy  lez  Saint- 
Jacques,  les  premiers  appelés  à  souscrire  aux  arrange- 
ments pris,  sont  encore  les  prêtres  de  Sainte-Marie. 

Celle-ci  est  si  bien  reconnue  pour  Féglise-mère  de 
Liège,  qu'au  xvie  siècle  même,  nous  entendrons,  le 
8  avril  1592,  le  chapitre  de  Saint- Lambert  rappeler, 
par  une  conclusion  capitulaire  formelle,  aux  collé- 
giales de  Saint-Martin,  Saint-Paul,  Sainte-Croix,  Saint- 
Jean,  Saint-Barthélémy,  quelles  «  sont  obligées,  sui- 
»  vant  l'antique  usage,  de  visiter  à  certaines  époques 
»  leur  église-mère,  Notre-Dame-aux-Fonts  (\).  » 

Nous  avons  vu  l'abbé  Hellin  passer  une  année  à 
Rome,  comme  représentant  du  clergé  liégeois,  pour  y 
négocier  une  réformation  religieuse  et  le  rétablissement 
de  ces  synodes  qu'on  reprochait  à  l'évêque  Obert  de 
ne  pas  tenir  assez  régulièrement. 

L'intervention  de  l'abbé  de  Sainte-Marie,  au  sujet 
de  ces  synodes,  est  d'autant  plus  naturelle  que  c'était, 
non  pas  à  la  Cathédrale,  mais  en  son  église,  qu'ils  se 
tenaient,  —  sans  doute  encore  comme  dans  l'église- 
mère.  —  Ainsi  voyons-nous  qu'un  accord  conclu  entre 
notre  évêque  Théoduin  et  l'évêque  d'Utrecht  pour 
renouveler  un  arrangement  paroissial  pris  entre  leurs 
prédécesseurs,  Baldric  de  Liège  et  Adelbold,  a  été  signé 
le  3o  octobre  1057,  en  V église  de  Sainte- Marie,  par 
tous  les  membres  tant  clercs  que  laïcs  du  synode,  et  a 
été  officiellement  publié  dans  cette  église  par  lecture 
donnée  au  clergé  et  au  peuple  (2). 

Aux  termes  du  diplôme  de  1208  de  Philippe,  roi 
des  Romains,  c'est  le  privilège  de  tous  les  bourgeois 
de  Liège  de  ne  pouvoir  être  cités  et  excommuniés  que 
par  le  synode,  pour  certains  cas  déterminés,  et  cela  en 

(1)  Bormans,  Conclusions  capitulaires  de  Saint-Lambert,  anno  1592. 

(2)  Miraeus,  Opéra  diplomatie  a  %  t.  IV,  p.  349;  Cartulaire  de  Saint- 
Lambert,  p.  33. 


—  61  — 

ïéglise  de  Sainte-Marie  (i).  De  même,  d'après  la  sen- 
tence arbitrale,  rendue  en  i23o,  sur  un  différend  pen- 
dant entre  l'évêque  et  les  chanoines  de  sa  Cathédrale, 
c'est  à  Y  abbé  de  Liège,  à  l'abbé  de  Notre-Dame,  puis 
aux  curés,  qu'il  appartient  d'exécuter  en  ville  les  sen- 
tences d'excommunication  édictées  par  le  chapitre  de 
la  Cathédrale  lui-même,  contre  les  malfaiteurs  dont 
il  avait  à  se  plaindre  (2).  Tant  il  est  vrai  que  l'abbé 
de  Notre-Dame  avait  été,  dès  les  temps  primitifs,  le 
curé  primaire  de  Liège,  le  chef  du  clergé  paroissial  de 
la  Cité  ! 

L'éloge  que  nous  avons  entendu  un  poète  local  du 
XIIe  siècle,  nous  faire  de  la  façon  dont  Siefrid,  après 
son  élévation  à  la  charge  d  abbé  de  Notre-Dame,  châ- 
tiait l'orgueil  des  uns  et  pardonnait  au  repentir  des 
autres  ne  permet  pas  de  refuser  à  cette  fonction  les  pré- 
rogatives d'une  magistrature  répressive.  Ces  préroga- 
tives passèrent  dans  la  suite,  comme  on  le  verra,  au 
grand  prévôt,  et  c'est  en  vertu  de  cette  transmission 
sans  doute  que  celui-ci  en  vint  à  exercer  dans  la  Cité 
une  police  morale,  une  sorte  de  justice  de  paix,  un  pou- 
voir correctionnel,  dont  la  lettre  du  prévôt  de  134g  sur 
les  rixes  des  femmes,  suffirait  à  nous  donner  la  preuve 
pittoresque. 

Comment  donc  toutes  ces  attributions  n'auraient- 
elles  pas  été  dès  l'abord  réservées,  comme  elles  le  furent 
en  partie  après  le  xine  siècle,  aux  dignitaires  de  Saint- 
Lambert,  à  «  la  grande  église  »  ainsi  qu'on  disait  dès 
lors,  si  Sainte-Marie  n'avait  déjà  eu  ses  droits  acquis 
quant  fut  bâti  Saint-Lambert  ? 

(1)  <*  Civis  leodiensis,  sive  vir  vel  femina  non  débet  citari,  neque  ex- 
»  communicari  ad  sanctam  Mariam,  nisi  per  synodalium  sententiam,  nisi 
»  contingat  culpam  talem  esse  unde  synodales  non  debeant  judicare.  » 

(2)  «  Capitulum  amodo  liberam  habeat  potestatem  excommunicandi 
»  malefactores  suos  et  interdicendi  terras  eorum  et  quod  possunt  sen- 
»  tentias  hujusmodi  executioni  demandare  in  civitate  per  abbatem  leo- 
»  diensis  ecclesiae  et  plebanos  civitatis  ;  extra  civitatem  per  archidiaconos 
»  vel  presbiteros  sive  decanos  ...»  (Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  3oi). 


—  62  — 

Sainte-Marie  n'était  point  seulement  la  paroisse 
de  Liège  par  excellence;  elle  était  aussi  le  sanctuaire 
de  la  paix,  et  le  temple  conservateur  de  la  propriété 
libre,  le  lieu  sacré  où  venaient  s'apaiser  les  discordes 
et  se  transmettre  solennellement  les  patrimoines  indé- 
pendants. 

On  sait  que  pour  arrêter  ces  guerres  privées  qui 
désolaient  alors  nos  régions,  1  evêque  Henri  le  Pacifique 
constitua,  le  27  mars  1082,  pour  ses  sujets  et  pour  les 
princes  les  plus  notables  du  pays,  un  célèbre  tribunal 
de  paix  :  c'est  à  Sainte-Marie  que  ce  tribunal  tenait  ses 
audiences,  à  la  porte  de  Sainte-Marie  que  se  faisaient 
au  son  de  la  cloche  du  ban,  de  huitaine  en  huitaine, 
la  citation  à  comparoir  adressée  sept  fois  aux  prévenus 
défaillants,  à  Sainte-Marie  que  s'exécutait  la  condam- 
nation qui  comprenait  excommunication  et  bannisse- 
ment et  c'est  assisté  de  l'élite  de  sa  noblesse  et  de  son 
clergé,  en  tête  duquel  l'archidiacre  de  Liège  —  l'abbé 
de  Sainte-Marie  —  que  l'évêque  rendait  l'arrêt  sans 
appel.  Pour  les  jugements  le  siège  de  l'évêque  se  dressa 
d'abord  dans  le  temple,  à  la  place  même  où  l'on  enterra, 
en  1281,  ne  pouvant  ou  ne  voulant  pas  l'inhumer  dans 
sa  Cathédrale  mise  en  interdit,  le  prince-évêque  Jean 
d'Enghien  (i),  plus  tard  ce  fut  parfois  au  dehors  de 
l'église,  mais  à  l'abri  de  ses  murs  encore  et,  suivant 
l'expression  consacrée,  «  entre  Sainte-Marie  et  Saint- 
»  Lambert  (2).  » 

Au  XVe  siècle  cependant,  des  actes  authentiques 
étaient  encore  passés  :  «  Che  fut  fait  et  convenanchié, 
»  en  l'église  parochial  N-D  az  Fons  a  Liège,  en  lieu 
»  condist  :  ou  monsseigneur  siet  al  Paix  (3).  » 

(1)  «  In  ecclesia  sanctse  Maria;  sub  muro  ad  latus  quo  pacis  judi- 
»  cio  prœsidere  soient  episcopi  tumulatur  »  (Chapeaville,  Gesta  Ponti- 

ficum  Leodiensium,  t.  II,  p.  3n;  Mathias  de  Lewis,  Ckronicon,  p.  79). 

(2)  Daris,  Histoire  du  diocèse  et  de  la  principauté  de  Liège,  t.  I, 
p.  408. 

(3)  Convenances  et  testaments,  aux  archives  de  l'Etat  à  Liège,  p.  433. 


—  63  — 

On  ne  rendait  pas  à  Notre-Dame  que  les  arrêts 
d'arbitrage  du  tribunal  de  paix  ;  d'autres  arrangements 
y  étaient  souscrits  :  ceux-là,  par  exemple,  qui  déga- 
geaient les  citoyens  de  lien  de  dépendance  à  l'égard 
d'un  domaine  ou  d'un  seigneur.  Aussi,  sera-ce  là  que, 
le  20  février  1211,  Walther,  l'avoué  de  Châtelet,  vien- 
dra faire  acter,  in  judicio  pacis,  les  franchises  qu'il 
accorde  à  Châtelet  et  à  Pont-de-Loup  :  justice  indé- 
pendante, exemption  de  tailles,  suppression  de  main- 
morte et  le  reste  (t). 

Le  lieu  où  se  tenaient  ces  séances  pacificatrices  ou 
libératrices  et  ces  synodes  à  la  fois  civils  et  religieux, 
qui  devaient  devenir  les  journées  d'Etats  de  la  princi- 
pauté, le  baptistère  où  se  conservaient  les  titres  de  légi- 
time descendance,  cette  première  église  de  Liège  était  en 
quelque  sorte  désignée,  pour  servir  de  local  aux  assises 
de  la  Cour  allodiale,  cour  d'enregistrement  des  trans- 
missions de  la  propriété  libre  au  pays  de  Liège. 

Que  cette  Cour  soit  sortie  directement  des  synodes, 
du  tribunal  de  paix,  ou  simplement  de  l'affluence  qu'a- 
menaient ces  assemblées,  et  de  la  facilité  qu'elles 
offraient  aux  grands  propriétaires  d'y  passer  les  actes 
qui  réclamaient,  comme  ces  transmissions,  la  présence 
d'un  certain  nombre  de  leurs  pairs,  toujours  est-il  que 
c'est  à  Sainte-Marie  que  nous  voyons  s'effectuer  ces 
transmissions  et  mentionner  dès  le  XIIIe  siècle,  qu'elles 
s'y  font  conformément  à  d'antiques  usages. 

En  1204,  une  église  cédée  aux  Prémontrés  de  Liège 
leur  est  remise  symboliquement  «  entre  Sainte-Marie 
»  et  Saint-Lambert  (2).  » 

Ebroin  de  Fléron,  en  qui  un  acte  de  1208  nous  fait 
voir  le  président  même  de  la  Cour  allodiale  (3),  veut 
céder  en  1207  son  alleu  de  Hunbroux  et  d'Alleur  aux 
monastères  d'Aine  et   du   Val-Saint-Lambert.    «   Cet 

(1)  Daris,  Notices,  t.  XII,  p.  61. 

(2)  Bulletin  de  V Institut  archéologique  liégeois,  t.  IX,  p.  35o. 

(3)  Bormans,  Les  seigneuries  allodiales  du  pays  de  Liège,  p.  7. 


—  64  — 

»  alleu,  »  —  ainsi  s'exprime  le  prince  Hugues  de  Pier- 
pont,  dans  sa  charte  (1)  signée  de  trois  archidiacres, 
trois  chanoines,  trois  nobles  et  trois  bourgeois,  — 
«  cet  alleu,  Ebroin  le  remit  d  abord  dans  nos  mains, 
»  à  titre  d'aumône,  puis  suivant  Tordre  et  les  cou- 
»  tûmes,  ce  fut  devant  ses  pairs  qu'il  l'affecta  aux  dits 
»  monastères,  par  donation  régulière  et  solennelle, 
»  entre  l'église  de  la  bienheureuse  Vierge  et  l'église  du 
»  bienheureux  Lambert,  au  lieu  où  il  est  coutume 
»  d'effectuer  toute  donation  d'alleu  (2).  » 

Ces  cérémonies  ne  sont-elles,  comme  on  la  prétendu, 
que  le  maintien  d'anciens  usages  francs?  On  ne  sera  que 
plus  frappé  de  les  voir  se  produire  à  Sainte-Marie,  car 
si  la  formule  consacrée  fut  à  Liège  pendant  des  siècles  : 
«  entre  Sainte-Marie  et  Saint-Lambert,  »  c'est  que 
l'église  même  de  Notre-Dame  avait  bien  été  la  première 
enceinte  réservée  à  la  passation  de  ces  actes.  Avant  de 
remettre  symboliquement  dans  les  mains  de  1  evêque 
les  alleux,  objets  de  la  transmission,  ce  fut  sur  l'autel 
de  la  Vierge  qu'on  les  déposa,  et  les  membres  mêmes 
du  chapitre  de  la  Cathédrale  n'en  usèrent  pas  à  cet 
égard  d'autre  façon  que  les  propriétaires  laïcs. 

Ainsi,  en  io85,  un  certain  Elbert,  attaché  au  ser- 
vice de  la  grande  église  et  qui  se  qualifie  «  serf  de 
»  Sainte-Marie  et  de  Saint- Lambert,  »  obtient  des 
membres  du  Chapitre,  «  ses  seigneurs  et  maîtres,  »  un 
alleu  qu'ils  venaient  d'acquérir  à  Liers;  il  en  obtient  de 
l'évêque  Henri  un  autre,  tout  proche  d'Ans.  Eh  bien, 
c'est  sur  l'autel  de  Sainte-Marie  devant  les  seigneurs  et 
frères  du  Chapitre,  nombre  de  gens  de  la  famille  de 
l'église  et  d'hommes  libres  que  l'évêque  commence  par 

(1)  Analectes  de  Louvain,  1. 1,  p.  363. 

(2)  «  Hoc  allodium  prius  quidem  nomine  elemosine  in  manus  nos- 
»  tros  reportavit  prefatus  Ebroinus,  postea  vero  inter  ecclesiam  béate 
»  Marie  et  ecclesiam  beati  Lamberti,  in  loco  ubi  allodiorum  solet  fir- 
»  mari  donatio,  ordine  et  consuetudine,  qua  debuit,  coram  paribus  suis 
»  predictis  monasteriis,  légitima  donatione  illud  solemniter  aflfaitavit.  » 


—  05  — 

déposer  symboliquement  sa  donation,  «  posuit  terrain 
»  illam  super  altare  Sanctœ  Mariœ  ut  esset  fratribus 
»  in  allodium,  mihi  vero  in  hereditatem...  Inde  accepi 
»  donum  in  capitulo  (\).  »  C'est  donc  bien  de  l'autel  de 
Sainte-Marie  que  le  bénéficiaire  reçoit  cet  alleu  pour 
lui  et  pour  ses  héritiers,  en  retour  de  quoi  il  établit 
certaines  fondations  religieuses,  à  desservir  à  l'autel 
même  de  Notre-Dame. 

A  l'origine,  comme  on  le  voit,  l'acte  de  la  transmis- 
sion de  biens  ou  de  droits  effectuée  à  Sainte-Marie, 
était  délivré  par  l'intéressé  même  ou  par  l'évêque.  Dès 
la  première  moitié  du  XIIIe  siècle,  à  la  suite  peut-être 
des  changements  dont  nous  aurons  à  parler,  l'usage 
s'établit  de  réserver  au  chef  du  clergé  de  cette  église,  la 
charge  d'authentiquer,  par  l'apposition  de  son  sceau,  le 
document  qu'on  vient  de  dresser  «  entre  Notre-Dame 
»  et  SaintrLambert.  »  En  1220,  «  Noé sacer dos  et  inves- 
»  titus  sancte  Marie (2),  »  souscrit  le  premier,  avant  tous 
autres  prêtres  et  témoins,  à  un  acte  de  la  Courallodiale. 
Dès  i25o,  au  plus  tard,  comme  on  peut  le  voir  par  une 
pièce  de  cette  date  du  Cartulaire  d'Aine,  le  principal 
desservant  de  Sainte-Marie,  donne  acte  de  la  transmis- 
sion par  document  écrit  et  scellé  de  son  sceau,  et  le 
même  Cartulaire  (3)  nous  présente  peu  de  temps  après, 
en  1266,  un  acte  semblable,  rédigé  en  français,  comme 
tous  ceux  de  cette  Cour  le  sont  dès  lors  :  il  est  délivré 
et  scellé  par  «  maistre  Jehan  li  Coies,  archiprestres  et 
»  chanoines  de  Saint-Pierre  à  Liège  (4).  » 

Le  principal  desservant  de  Notre-Dame  continua, 
dès  lors,   d'être  sous  ce  nom  d'archiprêtre  de  Liège, 

(1)  Bormans  et  Schoolmeesters,  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  43. 

(2)  Daris,  Notices,  t.  IV,  p  96. 

^3;  Devillers,  Cartulaire  d'Aine,  chartes  n08  25i  et  254. 

(4)  Voici  la  tin  d'un  acte  de  cette  cour,  du  dimanche  devant  la  Saint- 
Pierre,  1280,  que  nous  avons  sous  les  yeux  :  <c  Et  nos  Renirs,  archiprestes 
»  de  Liège,  a  la  requeste  des  homes  délie  Chise-Dieu  desordis,  avons 
»  pend  ut  à  ces  presens  lettres  nostre  ppre  saïal   en  tesmoignage  de 

»  veriteit.  » 

9 


-  m  — 

en  vertu  même  de  ses  fonctions  religieuses,  membre 
de  droit  de  la  Cour  allodiale  ;  du  moins  l'apposition 
de  son  sceau  fut-elle  nécessaire  pour  valider  les  actes 
de  cette  Cour.  En  1403,  la  Modération  de  la  paix  des 
seiçe,  constate  déjà  l'ancienneté  de  l'usage  établi  sur  ce 
point  ;  l'article  34  de  cette  paix,  prescrit  aux  membres 
de  la  Cour  de  sceller  leurs  pièces  du  sceau  d'icelle, 
«  avec  le  sceau  de  ïarchiprêtre  de  Liège,  comme  d'an- 
»  tiquité  (4).  » 

Le  régent  de  Notre-Dame  en  serait-il  venu,  en  l'ab- 
sence sans  doute  des  membres  de  la  compagnie,  à 
passer  parfois  en  son  propre  nom,  ces  actes  de  donation 
ou  de  transmission  de  biens  allodiaux  ?  Toujours  est-il 
qu'un  record  du  18  octobre  i658,  rappela  qu'il  n'avait 
point  ce  droit,  mais  qu'il  lui  appartenait  d'apposer  son 
sceau  sur  les  actes  (2).  Il  garda  jusqu'au  dernier  jour 
de  la  principauté  cette  prérogative  de  chancellerie  allo- 
diale, en  même  temps  que  l'honneur  d'être  le  doyen, 
premier  en  titre,  du  clergé  paroissial  de  la  ville  entière, 
ou  comme  le  portait  son  nom  :  «  Xarchiprêtre  de 
Liège,  »  nom  significatif  et  privilège  qui  ne  s'explique- 
raient guère  si  son  église  n'avait  été  la  première  et 
générale  paroisse  du  Liège  primitif. 

VI. 

SUPPRESSION  DE  L'ABBAYE  DE  NOTRE-DAME. 

D'autres  que  l'archiprêtre  de  Sainte-Marie  devaient 
recueillir  une  part  des  attributions  de  l'abbaye  et  de 
l'abbé  de  Notre-Dame,  et  c'est  ici  que  nous  aurons, 
nous  reportant  au  début  du  XIIIe  siècle,   à  rappeler 

(1)  Art.  34  :  ce  Allewens  jugans  entre  Sainte-Marie  et  Saint- Lambert  : 
»  Et  useront  en  leur  office  d'un  common  sealt  aveucques  le  seal  de! 
»  archeprestre  de  Liège,  comme  d'antiquisteit  at  useit  de  teiles  lettres  a 
»  saieler...  lequeil  archeprestre  ne  porat  demander  pour  son  seal  que  un 
»  viez  gros  tant  seulement  »  (Coutumes  du  pays  de  Liège,  t.  II,  p.  119). 

(2)  Bormans,  Les  seigneuries  allodiales  du  pays  de  Liège,  pp,  12  et  i3. 


-  67  - 

comment  disparurent,  dans  la  première  moitié  de  ce 
siècle,  et  l'abbaye  et  l'abbé. 

Il  avait  déjà  fallu,  dès  le  milieu  du  XIIe  siècle,  sup- 
primer un  autre  de  ces  Collèges  rétablis,  comme  Notre- 
Dame,  au  Xe  siècle,  aussitôt  après  le  départ  des  Nor- 
mands :  l'ancienne  abbaye  de  Saint-Sévère  à  Meffe, 
qui  ne  comptait  plus  qu'un  seul  clerc,  quand,  en  1149, 
l'éveque  Henri  de  Leyen  finit  par  la  remettre  aux 
Bénédictins  de  Saint-Laurent. 

Cinquante  ans  de  plus  ne  rendirent  pas  la  situation 
meilleure  à  Liège  pour  l'abbaye  de  Notre-Dame.  La 
fin  du  XIIe  siècle  surtout  avait  été  désastreuse.  Aux 
frontières  de  la  principauté,  de  fréquentes  hostilités 
mettent  de  plus  en  plus  le  pays  liégeois  en  lutte  avec 
le  Brabant,  préludes  d'une  invasion  qui  devait  amener 
le  sac  de  Liège  de  1212.  A  l'intérieur,  les  élections  de 
prince-évêque  sont  chaque  fois  l'occasion  de  compéti- 
tions ardentes,  malaisées  à  éteindre  :  l'éveque  Albert  de 
Louvatn  périt  assassiné  à  Rheims  ;  Albert  de  Cuyck  et 
Hugues  de  Pierpont  ont,  pour  se  faire  reconnaître,  à 
triompher  de  vives  résistances.  Discordes  dans  l'Eglise 
où  la  simonie  et  le  relâchement  des  mœurs  avaient 
provoqué  les  accusations  excessives  et  les  révoltes  de 
Lambert-le- Bègue  et  de  ses  pareils  ;  discordes  aussi 
dans  la  capitale  et  les  principales  villes  où  des  libertés 
communales  naissantes  sortent  de  cruels  déchirements. 
On  voit  même  à  Liège  le  clergé  lutter  contre  le  peuple 
soutenu  par  son  évêque,  comme  à  Huy  le  prince  contre 
les  bourgeois. 

Ajoutez  à  cela  que  l'incendie  de  l'an  11 85  avait 
réduit  en  cendres  tout  le  cœur  de  la  capitale  :  la 
cathédrale,  le  palais  et  plusieurs  églises  voisines,  qu'il 
fallait  rebâtir;  ajoutez  que  de  l'an  ug5  à  1197  la 
famine  avait  désolé  le  pays.  Ajoutez  qu'à  l'approche 
d'un  siècle,  qui  allait  être  celui  de  l'organisation  des 
corps  de  métiers,  les  développements  mêmes  de  l'in- 
dustrie et  du  commerce  avaient  pu,  comme  nous  le 


-  68  — 

voyons  parfois  de  nos  jours,  diminuer  la  valeur  de  ces 
revenus  de  la  propriété  rurale,  dotation  de  toutes  les 
institutions  religieuses.  Les  éléments  les  plus  divers 
contribuaient  de  la  sorte  à  multiplier  les  abus  et  aggra- 
ver la  crise. 

Cette  crise,  l'abondance  de  la  foi  et  de  la  sainteté 
du  siècle  de  sainte  Julienne  devait  en  triompher  chez 
nous  ;  ces  abus,  l'Eglise  les  déraciner.  On  les  a  fort  exa- 
gérés sans  doute  dans  les  relations  d'après  coup,  dans 
cette  vie  notamment  d'Odile  et  de  l'abbé  Jean  son  fils, 
pieux  roman  dont  un  maître  vénéré,  M.  le  chanoine 
Daris,  a  depuis  longtemps  fait  ressortir  les  inexac- 
titudes (i).  Impossible  cependant  de  ne  point  constater 
la  nécessité  de  la  réforme  par  le  zèle  même  de  réfor- 
mateurs, en  tête  desquels  viennent  se  placer  les  envoyés 
du  Pape.  Impossible  de  ne  pas  reconnaître  tout  d'a- 
bord la  décadence  à  Liège  de  l'abbaye  de  Notre-Dame. 

Des  neuf  ecclésiastiques  établis  là,  au  Xe  siècle, 
sous  la  conduite  de  labbé,  nous  n'en  retrouvons  plus 
que  trois  au  début  du  XIIe.  La  charte  d'Obert  de  1112, 
par  laquelle  l'église  Saint-Léonard  est  soustraite  à 
l'obédience  de  Notre-Dame,  pour  être  remise  aux 
moines  de  Saint-Jacques,  n'est  délivrée  par  cet  évêque 
que  de  l'assentiment  de  l'abbé  Hellin  et  de  ses  deux 
prêtres  :  «  annuente  Hellino,  cutn  suis  presbyteris 
»  Theoderico  et  Stephano.  »  A  la  fin  du  même  siècle, 
un  acte  de  1 178  ne  mentionne  plus  que  deux  prêtres  de 
Sainte-Marie  :  l'abbé  Henri  et  Henri  de  Hasselart  (a). 
En  1187,  dans  la  pièce  par  laquelle  Raoul  de  Zahrin- 
ghen  fixe  les  obligations  du  curé  de  Saint-Remy,  il  ne 
paraît  plus  qu'un  prêtre  de  Sainte-Marie:  «  Z>.  Juliani 
»  presbyteri  Sanctœ-Mariœ,  »  et  les  considérations 
alléguées  par  l'abbé  Gauthier  pour  justifier  sa  réforme 
radicale  constateront,  qu'en  effet,  de  la  fondation  pri- 

(1)  Daris,  Notices,  t.  IV,  p.  161. 

(2)  Borroans  et  Schoolmeesters,  Car tulaire  de  Saint-Lambert,  p.  98. 


—  69  — 

mitive,  Sainte-Marie,  comme  Saint-Sévère  de  Mefle 
en  1149,  n'a  gardé  qu'un  seul  prêtre  pour  suffire  aux 
charges  de  la  communauté  (1). 

D'après  l'auteur  inconnu  de  la  vie  d'Odile  et  du  petit 
abbé  Jean,  on  en  serait  venu  à  Liège  au  XIIe  siècle, 
à  ce  point  d'oubli  des  lois  de  l'Eglise,  qu'un  boucher 
aurait  mis  aux  enchères,  en  plein  marché,  des  bénéfices 
ecclésiastiques.  Le  point  de  départ  ou  le  prétexte  de  ces 
accusations  trop  générales,  ne  serait-ce  pas  bien  ce  qui 
ne  s'était  que  trop  réellement  passé  pour  les  prébendes 
de  Notre-Dame? 

C'est  l'abbé  même  qui  nous  le  certifie,  les  prébendes 
des  neuf  clercs  réunis  dans  l'abbaye  après  l'invasion 
normande,  avaient  été  subdivisées  entre  un  nombre 
beaucoup  plus  grand,  toujours  croissant  de  bénéfi- 
ciaires, et  nul  de  ceux-ci  ne  pouvant  en  vivre,  elles 
ne  s'étaient  plus  trouvées  que  de  petites  aubaines  que 
les  laïcs,  les  moins  dignes  d'en  jouir,  se  partageaient 
sans  souci  d'en  exonérer  les  charges. 

Le  chef  de  l'abbaye  toutefois  occupait  en  vertu  de 
cette  dignité  même,  et  par  les  hautes  fonctions  qu'il  y 
joignait  si  souvent,  une  place  trop  importante,  celle-là, 
pour  qu'on  put  en  réduire  les  attributions.  L  emiette- 
ment  ou  la  disparition  de  celles  de  ses  subordonnés 
n'avait  pu  que  fortifier  sa  prépondérance  et  l'amener  à 
retenir  pour  lui  de  plus  en  plus  de  ces  revenus  dont  à 
peu  près  tous  les  autres  mésusaient  :  l'abbaye  avait  fini 
par  n'être  plus  guère  représentée  que  par  ses  abbés. 

On  a  vu  comment  plusieurs  de  ceux-ci  surent  du 
moins  employer  ces  ressources  pour  le  bien,  en  bonnes 
et  grandes  œuvres.  Une  réforme  n'en  était  pas  moins 
nécessaire,  urgente,  au  moment  où  Hugues  de  Pier- 
pont  fut  appelé  à  succéder  à  Albert  de  Cuyck  sur  le 
trône  épiscopal  et  princier.  Nous  allons  assister  à  cette 
réforme. 

(1)  Bormans  et  Schoolmeesters,  Cartulaire  de  Saint- Lambert,  p.  121. 


.—  70  — 

L'initiative  en  doit-elle  être  attribuée  au  nouvel 
évêqueî  La  réorganisation  achevée,  nous  entendrons 
Hugues  proclamer  quelle  émana  de  lui  pour  grande 
part,  et  lorsqu'il  s'agira  de  lui  trouver  un  tombeau 
dans  la  Cathédrale,  le  premier  endroit  où  Ton  ouvrira 
sa  fosse  sera  cette  chapelle  même  de  Saint- Materne 
dont  il  avait  consacré  l'autel,  érigé  comme  le  monu- 
ment de  cette  réorganisation  (i). 

De  même  cependant  que  les  premiers  documents 
qui  nous  font  connaître  cette  réforme,  l'épitaphe  de 
l'abbé  Gauthier  fait  honneur  à  celui-ci  de  la  fondation 
nouvelle,  et  peut-être  ne  serait-il  que  juste  de  réserver 
une  part  de  l'initiative  aux  légats  du  Saint-Siège. 

Quoiqu'il  en  soit,  les  privilèges  de  l'abbé  de  Sainte- 
Marie,  Tindépendance  et  l'autorité  dont  il  jouissait  à 
tant  d'égards  faisaient  en  quelque  sorte  une  loi  de  con- 
venance à  ses  supérieurs  de  lui  laisser  le  mérite  de 
prendre  les  devants  et  la  charge  de  triompher  des  diffi- 
cultés du  chemin.  Gauthier  de  Ravenstein  était  d'ail- 
leurs mieux  en  position  que  personne  d'opérer  une 
réforme  qui  intéressait  à  la  fois  les  deux  institutions 
dont  il  réunissait  la  direction  dans  ses  mains  :  son 
abbaye  en  décadence,  et  ce  chapitre  de  Saint-Lambert 
dont  il  était  le  doyen,  chapitre  où  il  fallait  alors  tout  à 
la  fois  relever  l'église  et  les  cloîtres  incendiés,  et  réta- 
blir la  régularité  du  service  religieux. 

Gauthier  n'hésita  point  à  reconnaître  que  ses  prédé- 
cesseurs non  seulement  n'avaient  point  réprimé  les 
abus,  mais  d'année  en  année  s'étaient  fait,  au  détriment 
de  leurs  subordonnés,  la  part  trop  belle  dans  les  reve- 
nus de  l'abbaye.  Une  restitution  s'imposait  de  sa  part, 
comme  une  réforme  aux  autres.  Fort  de  l'appui  de 
l'évêque,  des  archidiacres  et  du  chapitre  de  Saint- 
Lambert,  l'abbé  doyen,  assisté  d'un  certain  nombre  de 
notables,   réunit   les  bénéficiaires  de  ces   petites  pré- 

(1)  Mon.  SS.,  t.  XXV,  p.  122. 


-  71  — 

bendes  tombées  en   mains  trop  nombreuses,  si  peu 
dignes  et  si  peu  capables.  Il  leur  fit  comprendre  ce  que 
la  situation  offrait  d'incorrect  et  approuver  son  dessein  : 
tous  se  prêtèrent  à  résigner  ces  parts  minimes  de  béné- 
fices dont  ils  ne  remplissaient,  dont  ils  ne  pouvaient 
même  remplir    les  charges.   De   tout   cela,    Gauthier 
constitua  dix  canonicats  pour  cette  église  de  la  bien- 
heureuse Vierge  Marie  «  déchue  à  ce  point  d'abandon, 
»  nous  dit-il,  qu'à  peine  avait-elle  gardé  un  seul  et 
»  unique  vicaire.  »  L'abbé  conféra  ces  dix  canonicats 
à  autant  d'hommes  instruits  et  de  bonnes  mœurs,  avec 
charge  de  célébrer  offices  de  jour  et  de  nuit  dans  cette 
église  de  Notre-Dame.  Il  ne  réserva,  pour  lui  et  pour 
ses  successeurs,  que  le  privilège  de  conférer  ces  cano- 
nicats suivant  que  les  titulaires  viendraient  à  décéder  ; 
il  défendit  aux  confrères  de  rien  exiger  du  nouveau 
chanoine  soit  avant,    soit  après  sa  réception,  mais 
laissa  leur  Chapitre  absolument  libre  de  porter  l'élu  de 
ses  membres  aux  fonctions  de  prévôt,  doyen,  chantre, 
scolastique,    camérier,  coste  ou  carillonneur.   Aucun 
d  eux  ne  pouvait  désormais  occuper  un  autre  canoni- 
cat  à  Liège,  ou  devait,  s'il  l'acceptait,  résigner  celui  de 
Sainte-Marie.  Gauthier  —  et  c'est  ici  qu'interviennent 
indirectement  les  restitutions  de  l'abbé —  Gauthier  per- 
cevait entre  autres,  à  ce  titre,  des  revenus  en  nature  et 
en  argent  sur  des  propriétés  en  dehors  de  Liège.  Ces 
propriétés,  détail  intéressant  à  relever  en  faveur  de 
l'antiquité  de  l'abbaye,  se  trouvaient  précisément  dans 
cette  partie  du  diocèse  où  s'était  étendue  d'abord   la 
civilisation  romaine,  dans  cette  Hesbaye  où  les  fonda- 
teurs de  la  maison  peppinnienne  avaient  possédé  de 
grands  domaines  :  l'abbé  renonce,  à  peu  d'exceptions 
près,   pour  en  faire  la  dotation    des   nouveaux   cha- 
noines, à  tout  ce  qui  lui  revenait  de  ce  domaine,  dîmes, 
cens  et  rentes,   en  espèces  ou  en   nature,   à  Villers- 
l'Evêque,  et  dans  ses  dépendances  Naveroulle,  Frères 
ou  Freeren,  Thys  ou  Tilice,   Tongres,   Lantin,  les 


—  72  — 

Awirs.  «  Pour  observer  toutes  les  formalités  prescrites 

»  à  ce  sujet  et  ne  rien  oublier  de  leurs  détails,  j'ai 

»  reporté,    »  ajoute-t-il,  «   ces  possessions,  en  même 

»  temps  que  l'évêque  de  Liège  Hugues,  qui,  lui  aussi, 

»  y  a  mis  la  main,  sur  1  autel  de  Sainte-Marie,  et  de 

»  là,   j  ai   institué  les  dits   chanoines   possesseurs  et 

»  maîtres  (i).  » 

Peu  de  temps  après  la  passation  de  cet  acte  de  res- 
tauration de  l'antique  chapitre  de  Notre-Dame,  le  légat 
du  Pape,  Guy  de  Preneste,  arrivait  à  Liège  au  com- 
mencement de  Tan  1201  et  approuvait  formellement, 
au  nom  du  Saint-Père,  la  nouvelle  répartition  de  pré- 
bendes et  Tinstitution  des  dix  canonicats  de  Sainte- 
Marie,  «  établie  par  notre  vénérable  frère  Hugues, 
»  évêque  de  Liège,  et  notre  cher  fils  Walter,  doyen  de 
»  Saint-Lambert  et  abbé  de  Sainte-Marie.  »  Ce  n'était 
pourtant  qu'une  première  et  incomplète  esquisse  de  la 
réorganisation  qui  allait  se  poursuivre. 

Trois  ans  n  étaient  point  passés  que  la  situation  dé- 
plorable dans  laquelle  l'incendie,  les  troubles  civils,  les 
guerres,  les  pertes  de  toutes  sortes  et  de  fâcheux  abus, 
avaient  réduit  l'église  de  Saint-Lambert,  et  le  zèle  sans 
doute  de  l'envoyé  du  Pape,  décidèrent  l'abbé-doyen  à 
compléter  son  œuvre.  Dans  un  acte  nouveau,  passé 
avec  la  même  solennité  que  le  précédent  et  devant  des 
témoins  plus  nombreux  encore,  en  tête  desquels  le 
légat  lui-même  du  Pape,  il  reproduit  les  considérants 
de  sa  première  réforme,  ses  donations,  son  institution 
des  dix  chanoines,  et  ajoute  que  ces  canonicats  ne 
pourront  être  conférés  qu'à  des  clercs  irrévocablement 
entrés  dans  les  ordres,  au  moins  par  le  sous-diaconat. 
Il  réserve  formellement  derechef  à  l'abbé  de  Sainte- 
Marie  le  droit  de  conférer  ces  dix  offices,  mais  voici  le 
changement  le  plus  important  :  c'est  dans  le  chapitre 
de  Saint-Lambert,  ou  plutôt  dans  le  service  de  cette 

(1)  Bormans  et  Schoolmeesters,  Cartulaire  de  Saint-Lamberty  p.  122. 


-  73  - 

église,  et  non  plus  dans  celui  de  Sainte-Marie,  qu'en- 
treront les  nouveaux  chanoines  :  ils  devront,  de  même 
que  les  autres  clercs  de  Saint-Lambert,  obéir  au  doyen, 
assister  aux  offices  de  jour  et  de  nuit,  suppléer,  dans 
ces  offices,  de  préférence  aux  vicaires,  les  chanoines 
absents.  En  cas  d'infraction,  c  est  au  chapitre  de  Saint- 
Lambert  qu'il  appartiendra  désormais  de  les  juger  sui- 
vant les  règles  de  l'institution  ;  à  ce  Chapitre  aussi  de 
les  protéger  et  de  faire  respecter  leurs  droits. 

L'abbé  de  Sainte-Marie  qui  les  choisira  aura  donc 
à  les  présenter  au  grand  doyen  de  Saint- Lambert  :  à 
celui-ci  de  les  installer  au  chœur  de  la  Cathédrale  au- 
dessus  des  simples  vicaires  ou  bénéficiers,  au  rang  des 
deux  chapelains  impériaux,  tout  proche  des  chanoines 
mêmes  de  Saint- Lambert.  Un  nom  nouveau  est  par 
suite  donné  aux  dix  institués  de  Gauthier  ;  leur  appli- 
quer le  titre  de  chanoines  de  Sainte-Marie  eût  prêté 
à  confusion,  puisque  Notre-Dame  et  saint  Lambert 
étaient  déjà  les  patrons  des  chanoines  proprement  dits 
de  Saint-Lambert.  L  abbé  doyen  se  souvint-il  à  ce 
moment  que  toutes  nos  plus  anciennes  églises  de  la 
Vierge  revendiquaient  saint  Materne  pour  fondateur  ? 
Attribuait-on  peut-être  alors  à  ce  saint  Materne  la 
construction  de  notre  plus  vieille  église,  Notre-Dame 
de  Liège?  Ce  fut  en  tous  cas  sous  le  patronage  du  pre- 
mier évangélisateur  connu  de  nos  régions  que  Gauthier 
plaça  ses  dix  chanoines  de  Notre-Dame  transférés  à 
Saint-Lambert,  et  qu'il  fit  d'eux  ce  qu'on  appela,  dès 
lors,  le  chapitre  de  Saint- Materne.  Pendant  quelque 
temps,  en  effet,  comme  le  prouvent  les  chartes  les  plus 
anciennes  de  ce  nouveau  corps  ecclésiastique  (4),  on 
ne  manqua  pas,  à  l'étranger  surtout,  de  donner  à  ses 
membres  le  double  nom,  qui  rappelait  leur  origine  et 
leur  réformation,  de  «  chanoines  de  Sainte-Marie  et 
de  SainUMaterne ;  »  bientôt  toutefois  l'usage  s'établit 

(1)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  161. 

lu 


—  74  — 

de  n'employer  plus,  pour  les  désigner,  que  le  titre  de 
«  chanoines  de  Saint- Materne,  »  et  c'est  sous  cette 
appellation  qu'ils  devaient  se  perpétuer  jusqu'aux  abo- 
litions édictées  par  la  Révolution  française. 

Comme  suite  de  cette  institution  sans  doute,  un 
autel  en  l'honneur  de  saint  Materne  avait  été  érigé  dans 
une  chapelle  de  la  Cathédrale  ;  levêque  Hugues  l'avait 
bénit,  et  le  souvenir  de  ce  prélat  resta  si  bien  attaché  à 
cette  fondation  qu'on  a  vu  qu'après  sa  mort,  avant  de 
se  décider  à  l'inhumer  au  lieu  d'honneur  de  la  Cathé- 
drale, sur  l'emplacement  sacré  par  le  sang  du  martyr, 
ce  fut  dans  la  chapelle  et  devant  l'autel  de  saint  Ma- 
terne, qu'on  voulut  creuser  la  tombe  où  devait  reposer 
Hugues  de  Pierpont. 

Le  légat  Guy  de  Preneste  ne  manqua  point  de  con- 
firmer au  nom  du  Saint-Siège,  l'institution  à  la  réorga- 
nisation solennelle  de  laquelle  il  avait  assisté  en  per- 
sonne et  il  suffit  de  parcourir  les  statuts  que  le  même 
mois,  et  peut-être  le  même  jour,  dans  la  même  réunion, 
il  donnait  au  clergé  de  la  Cathédrale  (i),  pour  constater 
que  ce  transfert  à  Saint-Lambert  du  chapitre  de  Notre- 
Dame  avait  pour  but  de  concourir  à  l'établissement 
d'une  réforme  plus  générale.  Ces  statuts  interdisent 
entre  autres  soit  de  donner  voix  délibérative  aux  cha- 
noines qui  ne  sont  pas  dans  les  ordres,  soit  de  diviser 
un  canonicat  entre  plusieurs  prébendiers  ;  ils  stipulent 
qu'on  rétablira  dans  leur  intégrité  les  canonicats  dont 
les  revenus  auraient  été  fractionnés,  et  ce  dernier  point 
est  même  de  ceux  que  le  légat  prescrit  de  rappeler  à 
tous  dans  la  réunion  solennelle  du  synode  annuel  ; 
ils  visent  surtout  à  assurer  dans  le  Chapitre  la  célébra- 
tion de  la  messe  quotidienne  et  l'assistance  aux  offices 
du  chœur,  à  quoi  venaient  s'employer  précisément  les 
chanoines  de  Saint-Materne  ;  ils  réservent  même  à  ces 
derniers,  en  même  temps  qu'aux  deux  chapelains  im- 

(i)  Car tul aire  de  Saint- Lambert,  p.  i32. 


—  75  — 

périaux  et  aux  prêtres  du  chapitre  de  Saint-Lambert 
proprement  dits,  le  privilège  de  célébrer  la  messe  des 
grandes  fêtes  au  maître-autel  de  la  Cathédrale. 

En  vertu  de  ces  dispositions,  le  chapitre  de  Notre- 
Dame  avait  vécu  (<);  il  ne  subsistait  plus  de  l'antique 
abbaye  que  son  nom  et  l'abbé.  Ce  nom  même  ne  devait 
point  tarder  à  disparaître  à  son  tour.  Mais  avant  de 
passer  à  l'exposé  de  cette  dernière  disparition,  il  n'est 
peut-être  pas  inutile  de  constater  un  fait  encore  :  c'est 
que,  dans  toutes  les  pièces  relatives  à  ces  transforma- 
tions, si  l'on  voit  bien  que  l'abbaye  ainsi  réformée  est 
une  institution  fort  antique,  nulle  mention  n'est  faite 
de  ceux  qui  l'avaient  fondée.  Tandis  que  nous  connais- 
sons soit  par  des  actes  authentiques,  soit  par  les  rela- 
tions de  vieux  auteurs,  les  fondateurs,  l'origine  de  tous 
les  autres  monastères,  de  toutes  les  autres  collégiales  de 
Liège,  ces  titres  ou  ces  affirmations  de  contemporains 
nous  manquent  pour  Notre-Dame.  N'est-ce  point  que 
Notre-Dame  existait  chez  nous  avant  cette  histoire 
locale,  qu'on  n'y  vit  naître  qu'après  le  martyre  et  dans 
la  première  biographie  de  saint  Lambert? 

VII. 

SUPPRESSION  DES  ABBÉS  DE  NOTRE-DAME. 

L'abbatiat  de  Notre-Dame  ne  fut  pas  supprimé  par 
le  transfert  de  ses  prébendiers  à  Saint-Lambert.  Les 
statuts  de  Guy  de  Preneste,  qui  font  mention  de  ces 
chanoines  de  Saint-Materne,  réservent  formellement  le 

(i)  Le  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  publié  par  MM.  Bormans  et 
Schoolmeesters  mentionne  (p.  214)  un  seul  incident  qui  pourrait  se  ratta- 
cher à  l'arrangement  pris  au  sujet  des  petites  prébendes  par  la  réunion 
desquelles  l'abbé  Gauthier  avait  constitué  la  dotation  des  chanoines  de 
Saint-Materne.  C'est  un  procès  relatif  à  de  petites  prébendes  sur  lesquelles 
un  certain  Magister  prétendait  conserver  certain  droit,  procès  qui  fut 
terminé  entre  1225  et  1229,  par  une  transaction  et  le  paiement  d'une  cer- 
taine somme  au  réclamant. 


—  7G  — 

droit  de  l'évêque  de  nommer  aux  abbayes  qui  sont  ses 
chapellenies,  et  rien  n'indique  qu'on  ait  songé  alors  à 
supprimer  cette  dignité  d'abbé,  pour  Notre-Dame. 

Les  pièces  du  temps  continuèrent  encore  pendant 
plus  d'un  quart  de  siècle  à  mentionner  Vabbé  ou  Yab- 
baye  ;  l'église  dont  ils  portaient  le  titre  restait  le  baptis- 
tère de  la  cité,  la  paroisse  primaire  de  la  ville,  le  siège 
du  synode  et  de  tribunaux  ecclésiastiques  ou  civils 
importants,  et  le  prêtre  appelé  à  la  desservir,  sous  le 
nom  même  d'archiprêtre,  n'était  toujours  que  le  vicaire 
des  abbés.  Celui  de  ces  abbés  qui,  pour  affermir  l'insti- 
tution des  chanoines  de  Saint-Materne  venait  de  se  dé- 
pouiller d'une  part  notable  des  revenus  que  ses  prédé- 
cesseurs avaient  de  plus  en  plus  monopolisés,  le  doyen 
Gauthier  de  Ravesteyn,  ne  se  contenta  point  d'assurer 
par  cette  fondation  le  service  du  culte  à  Saint-Lambert, 
sortant  des  ruines  de  l'incendie  ;  il  y  assura  en  même 
temps  le  service  de  la  charité,  en  établissant  ou  plutôt 
en  rétablissant  (4)  et  développant  dans  les  cloîtres  un 
hôpital,  qui  prit,  du  patron  de  sa  chapelle,  le  nom  de 
saint  Mathieu.  C'est  à  cet  hôpital  que  l'abbé  de  Sainte- 
Marie  avait  destiné  la  plus  grande  partie  de  ce  qu'il 
s'était  réservé  de  rentes  en  nature  :  pois  et  paille,  dans 
les  propriétés  de  Viliers-l'Evêque  (2). 

Peut-être,  en  s  employant  de  la  sorte,  en  employant 
une  part  de  ses  revenus  abbatiaux,  comme  son  succes- 
seur continuera  de  le  faire  (3),  à  relever  et  subventionner 
l'hôpital,  l'abbé  de  Sainte-Marie  revenait  simplement 
à  l'accomplissement  de  la  fonction  que  ses  plus  anciens 
prédécesseurs  avaient  eu  à  remplir  à  Liège,  comme  il 
avait  été  rappelé  quand  on  releva  l'abbaye  après  l'ex- 

(1)  L'acte  le  plus  ancien  que  nous  ayons  sur  cet  hôpital,  nous  vient 
du  légat  Guy,  25  janvier  1204,  et  prouve  qu'avant  les  générosités  dont 
il  y  est  parlé,  cette  maison  possédait  déjà  terrains  et  revenus  (Cartulaire 
de  Saint- Lambert,  p.  139). 

(2)  Cartulaire  de  Saint- Lambert,  p.  162. 

(3)  Ibidem. 


—  77  - 

pulsion  des  Normands  et  qu'on  y  mit  neuf  clercs,  sous 
la  direction  de  l'abbé,  «  qui  curant  gereret  et  hospitali- 
»  tatem  exhiber  et  (a).  » 

Quoiqu'il  en  soit,  lorsque  Gauthier  mourut,  le  22 
novembre  1207,  c'est  devant  l'autel  de  la  chapelle  de 
cet  hôpital  de  Saint-Mathieu,  aux  cloîtres  de  la  cathé- 
drale, qu'on  l'enterra  sous  une  pierre  qui  rappelait  que 
l'abbé  de  Sainte-Marie  avait  été  le  fondateur  de  cet 
asile  (2). 

L'envoyé  du  Saint- Père,  Guy  de  Preneste,  avait 
cependant  poursuivi  son  œuvre  de  réformation  : 
après  l'hôpital  des  cloîtres  et  les  prébendiers  de  Saint- 
Materne,  les  chanoines  mêmes  de  Saint-Lambert.  En 
1204,  —  et  ce  fut  dans  les  premiers  temps  de  l'année, 
si  Ton  peut  s'en  rapporter  à  Tordre  suivi  dans  ses  anno- 
tations par  le  chroniqueur  liégeois  contemporain,  le 
moine  Renier  de  Saint-Jacques,  —  le  chapitre  de  la 
cathédrale  procéda,  sous  l'inspiration  du  légat,  à  une 
répartition  nouvelle  des  prébendes  de  Saint-Lambert. 
Divers  accommodements  aboutirent  à  faire  attribuer 
au  prévôt,  comme  dotation  de  sa  dignité,  le  bien  im- 
portant de  Pont-de-Loup,  à  charge  par  ce  dignitaire 
de  payer  chaque  année  sur  les  revenus  de  ce  bien, 
18  marcs  à  huit  de  ces  chanoines  :  arrangement  pro- 
visoire toutefois,  car  dès  cette  date  aussi,  la  suppression 
même  de  la  prévoté  se  trouvait  résolue  (3),  et  il  était 
entendu  que  cette  dotation  de  Pont-de-Loup  viendrait 
tout  entière,  dans  l'avenir,  renforcer  celle  des  canonicats 

(1)  Mon.  SS.,  t.  XXV,  p.  i3o. 

(2)  «  Anno  Domini  MCCVII  obiit  XXII  die  mensis  novembris  bon» 
»  mémorise  Galterus,  decanus  et  abbas  sanctae  Marias  de  ecclesia  leo- 
f*  diensi  qui  instituit  in  dicta  ecclesia  X  canonicos  in  honore  beati  Ma- 
»  terni,  ac  fundator  hujus  hospitalis  »  (Daris,  Notices,  t.  IV,  p.  207. 
Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois,  t.  XI,  p.  233). 

(3)  «  Canonici  sancti  Lamberti  possessiones  Ecclesia?,  mediante  Car- 
»  dinali  et  episcopo  assentiente,  inter  se  dividunt  et  prœpositum  desti- 
»  tuunt  »  Annales  sancti  Jacobi,  anno  1204  (Cartulaire  de  Saint- 
Lambert,  chartes  du  Chapitre,  p.  i5o,  et  de  Jean  d'Eppes,  i23o,  p.  267). 


—  78  — 

trop  mal  pourvus  de  Saint-Lambert  :  la  mesure,  d'ail- 
leurs, ne  devait  s'exécuter  qu'après  la  mort  ou  le  dé- 
placement du  titulaire. 

Ce  titulaire  de  la  prévôté  était  alors  Jean  d'Eppes 
que  son  oncle,  Hugues  de  Pierpont,  semble  avoir  élevé 
à  cette  charge  dès  le  début  d'un  grand  épiscopat,  tandis 
que  le  nouveau  pontife  avait  encore  à  lutter,  pour  se 
faire  reconnaître  comme  évêque,  contre  une  partie  du 
Chapitre  :  nous  voyons  du  moins  Jean  d'Eppes,  sous- 
crire dès  1 202  à  des  actes  publics,  avec  ce  titre  de  pré- 
vôt (1)  :  il  ne  l'abandonnera  que  pour  recueillir  plus 
tard,  après  le  décès  de  son  oncle  Hugues,  le  titre  même 
d'évêque  de  Liège.  Mais  il  devait,  avant  celle-là,  béné- 
ficier d'une  autre  succession. 

A  la  mort  de  l'abbé  doyen  Gauthier,  ses  deux  fonc- 
tions n'échurent  pas  à  un  seul  héritier  :  Thierry,  pré- 
vôt de  l'église  Saint-André  de  Cologne,  lui  succéda 
comme  doyen  de  Saint-Lambert.  Comme  abbé  de 
Sainte-Marie,  ce  fut  le  prévôt  de  Liège,  Jean  d'Eppes 
ou  «  Jean  li  prevos  »  comme  le  porte  la  dernière  signa- 
ture et  le  premier  mot  de  français  que  l'on  trouve,  en 
1 220,  dans  une  charte  liégeoise  (2).  C'est  d'ailleurs  de 
Jean  d'Eppes  aussi  que  nous  devait  venir,  en  1233,  le 
premier  document  officiel  de  notre  histoire,  complète- 
ment rédigé  en  français. 

Dès  1209,  le  nouvel  abbé  de  Notre-Dame  s'était  fait 
un  devoir  de  confirmer,  comme  tel,  les  fondations  de 
son  prédécesseur  (3),  d'abandonner  comme  celui-ci,  à 
l'hôpital  Saint-Mathieu,  ce  qui  lui  revenait  encore  en 
pois  et  en  paille  à  Villers-l'Evêque.  Complétant  cette 
œuvre,  en  mai  1226,  il  était  le  premier  à  autoriser  à 
titre  de  seigneur  «  domini  nostri  »  les  chanoines  de 
Saint-Materne  à  racheter,  au  prix  de  35  marcs  liégeois, 
une  fois  payé  à  l'hôpital,  l'obligation  qu'il  leur  avait 

(1)  X.  de  Theux,  Chapitre  de  Saint-Lambert. 

(2)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  194. 

(3)  Ibidem,  p.  162. 


—  79  — 

imposée  de  prélever  chaque  année,  pour  cet  établisse- 
ment sur  leurs  revenus  de  Villers  sept  muids  de  pois 
et  sept  charretées  de  paille  («).  Il  ne  fut  point  non  plus 
étranger  sans  doute  ni  à  l'extension  donnée,  en  I2i5, 
par  un  de  ses  collègues  en  archidiaconat,  Ludolphe, 
aux  revenus  des  chanoines  de  Saint- Materne  dans 
cette  propriété  de  Villers  (2),  ni  à  leur  installation,  en 
Gérardrie,  dans  deux  maisons  du  chapitre  de  Saint- 
Lambert  (3),  auxquelles  un  chanoine  de  cette  église 
ajoutait  l'an  suivant,  en  1221,  une  moitié  de  son  ver- 
ger (4).  En  1223,  Jean  d'Eppes  fondait  lui-même  un 
nouveau  canonicat  de  Saint- iMaterne,  le  onzième  (5),  et 
lui  attribuait,  comme  dotation,  avec  l'approbation  de 
1  evêque  et  du  chapitre  de  la  Cathédrale,  puis  du  légat 
du  Pape,  les  revenus  de  1  église  de  Gelinden,  qui 
appartenaient  au  fondateur,  à  titre  d'abbé  de  Sainte- 
Marie  (6). 

Il  n'eût,  comme  on  sait,  à  délaisser  abbaye  et  pré- 
vôté que  pour  monter  au  trône  épiscopal,  où  les  vœux 
unanimes  du  clergé,  de  la  noblesse  et  du  peuple  l'appe- 
lèrent à  succéder  immédiatement  à  son  oncle  Hugues 
de  Pierpont  (7)  et  son  élection  du  24  mai  1 229,  ne  put 
qu'être  facilitée  par  cet  arrangement  de  1204,  en  vertu 
duquel  l'élévation  du  prévôt  à  l'épiscopat,  en  amenant 
la  suppression  de  la  prévôté,  assignait  désormais  dans 
la  Cathédrale  le  premier  rang  à  l'élu  non  plus  de 
l'évêque,  mais  des  chanoines,  au  doyen  tenu  jusqu'à 
cette  époque  au  second  et  amenait,  en  outre,  le  par- 
tage entre  les  chanoines  des  revenus  de  la  prévôté. 

(1)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  217. 

(2)  Ibidem,  p.  180. 

(3)  Ibidem,  p.  186. 

(4)  Ibidem,  p.  197. 

(5)  Ibidem,  p.  201. 

(6)  Ibidem,  pp.  203  et  208. 

(7)  «  Ab  universo  clero,  a  ducibus  et  comitibus  et  nobilibus,  a  militi- 
»  bus  et  plebeis,  absque  ullius  contradictione  eligitur  »  (Annales  sancti 
Jacobi,  édition  des  Bibliophiles  liégeois,  p.  146). 


—  80  — 

Un  nouveau  légat  du  Pape  cependant  était  alors 
envoyé  dans  nos  provinces  :  c'était  Otton,  cardinal 
diacre  de  Saint-Nicolas  in  carcere  Tulliano.  Arrivé  à 
Liège  en  février  i23o,  il  y  trouva  la  prévôté  supprimée, 
mais  il  estima  devoir  la  rétablir.  En  considération  de 
nous  ne  savons  quelle  importante  affaire,  à  laquelle 
était  intéressé  le  Saint-Siège  au  fort  de  la  lutte  contre 
Frédéric  Barberousse,  Otton  rétablit  la  charge  de  pré- 
vôt pour  la  conférer  au  primecier  de  Metz,  Jacques, 
frère  du  duc  de  Lorraine  et  parent  de  Jean  d'Eppes  (i). 

Les  chanoines  de  Saint- Lambert  se  prêtèrent-ils 
de  bonne  grâce  à  cet  arrangement,  ou  firent-ils  entendre 
quelques  réclamations?  Il  n'était  que  juste,  en  tous  cas, 
de  ne  point  les  dépouiller  irrémissiblement  du  supplé- 
ment de  ressources  que  le  légat  précédent  avait  jugé 
nécessaire  à  la  dignité  de  leurs  fonctions  et  qu'il  avait 
entendu  leur  garantir.  Le  nouveau  nonce  le  comprit  : 
lui-même  sollicita  du  prince-évêque  une  réorganisation 
dernière  dont  l'initiative  revenait  d'autant  plus  naturel- 
lement au  pontife  que  c'était  à  lui  qu'il  appartenait  de 
conférer  l'abbaye.  Le  légat  lui  proposa  de  remplacer, 
comme  institution  à  sacrifier  aux  chanoines,  la  prévôté 
par  l'abbaye  de  Notre-Dame,  sauf  à  réserver  les  droits 
acquis  des  titulaires  en  possession  :  Jacques  de  Lorraine 
d'une  part  prévôt  de  Saint-Lambert  et  de  l'autre,  le 
chanoine  Robert  de  Torote,  qui  venait  de  succéder  à 
Jean  d'Eppes  dans  l'abbaye.  L'évêque  agréa  la  propo- 
sition et  nous  expose  dans  une  pièce  datée  de  Huy, 
23  mai  i23o,  toute  l'économie  de  cette  combinaison  (s). 

Répondant  donc,  y  dit-il  en  somme,  aux  intentions 

(i)  Cartulaire  de  Saint-Lambert,  p.  267.  —  J'avais  pris  copie  de  ces 
pièces  au  Liber  cartarum  de  Saint- Lambert,  dans  le  dessein  de  les  éditer 
comme  annexe  à  ce  travail.  On  les  trouvera  dans  la  publication  si  soignée 
que  font  de  ce  Cartulaire  MM.  Bormans  et  Schoolmeesters,  à  qui  j'ex- 
prime ici  mes  vifs  remerciements  pour  l'obligeance  avec  laquelle  les 
épreuves  de  leur  travail  ont  été  mises  à  ma  disposition  et  ont  ainsi  faci- 
lité le  mien. 

(2)  Cartulaire  de  S ainU Lambert,  p.  267. 


—  81  — 

du  légat  à  qui  nous  avons  toujours  tenu  à  témoigner 
notre  déférence,  et  attentifs  à  ce  qui  peut  être  utile  à  la 
grande  église,  objet  constant  de  notre  affection  spéciale, 
nous  avons  jugé  devoir  accorder  ce  qu'on  nous  deman- 
dait et  voici  ce  que  nous  avons  arrêté  :  Du  jour  où  le 
prévôt  Jacques  viendra  soit  à  décéder,  soit  à  se  démettre 
de  sa  prévôté,  les  profits  attachés  à  celle-ci  et  la  totalité 
de  ses  revenus,  le  bien  de  Pont-de-Loup  avec  tous  ses 
appendices,  entreront  dans  le  patrimoine  commun  des 
chanoines,  pour  en  être  le  produit  distribué  entre  ceux 
de  ces  chanoines  présents  aux  offices  quotidiens,  sui- 
vant qu'il  avait  été  réglé  précédemment  par  le  Chapitre 
même.  Les  honneurs  et  la  juridiction  de  la  prévôté,  la 
justice  de  la  Sauvenière,  hommage  de  fiefs,  tels  que 
nous  les  avons  possédés  nous-mêmes,  ajoute  l'évêque, 
lorsque   nous  occupions   cette  dignité,   continueront 
toutefois  d'appartenir  à  cette  prévôté.  Mais  tout  cela 
viendra  s'adjoindre  aux  attributions  de  l'abbé  Robert, 
si  c'est  celui-ci  qui  survit  au  prévôt  Jacques.   En  ce 
cas,  Robert  abandonnera  ce  nom  d'abbé  pour  prendre 
celui  de  prévôt  :  les  profits,  rentes  et  juridiction,  hon- 
neurs et  charges  de  l'abbaye,  ne  lui  resteront  pas  moins 
acquis  pour  en  jouir  désormais  lui  et  ses  successeurs, 
sous  le  nom  de  prévôté.  Ce  qui  disparaîtra,  en  tous  cas, 
dans  cette  fusion  et  par  le  fait  de  ce  transfert  de  revenus, 
ce  sera  le  nom  même  de  l'abbaye  :  il  en  sera  décidé- 
ment éteint,  car  s'il  arrivait  que  ce  fut  l'abbé  Robert 
qui  mourût  avant  le  prévôt  Jacques  ou  abandonnât  sa 
fonction  n'importe  de  quelle   manière,  l'arrangement 
stipulé  n'en  sera  pas  moins  exécuté  :  l'ensemble  des 
biens  et  rentes  de  la  prévôté  Pont-de-Loup  et  ses  ap- 
pendices, entreront  dès  ce  jour  aussi  dans  l'avoir  com- 
mun des  chanoines.  La  juridiction  de  la  prévôté,  avec 
ses  attributions  actuelles  continuera   d'appartenir  au 
prévôt  Jacques  et  à  ses  successeurs.    Mais  en  même 
temps  lui  seront  dévolus  les  profits,  revenus,  juridic- 
tion, charges  et  honneurs  de  l'abbatiat,  et  sous  le  nom 

n 


-  82  — 

de  prévôté,  il  en  jouira  en  remplacement  des  biens  de 
Pont-de-Loup,  cédés  aux  chanoines.  De  ce  jour  aussi 
tomberont  comme  il  a  été  dit  les  noms  d  abbé  et  d  ab- 
baye, tandis  que  la  prévôté,  avec  sa  dotation  nouvelle, 
subsistera  toujours  sous  son  nom. 

Il  eût  été  difficile,  on  le  voit,  de  prévoir  plus  minu- 
tieusement toutes  les  éventualités. 

Le  prévôt,  Jacques  de  Lorraine,  demanda  au  légat  (i), 
le  11  septembre  i23o,  de  ratifier  ces  arrangements, 
et,  comme  l'envoyé  du  Pape  lardait  peut-être  à  cou- 
ronner, par  son  approbation,  une  réorganisation  que 
lui-même  avait  provoquée,  le  Chapitre  insista  dans  le 
même  sens  et  chargea  deux  de  ses  membres  de  lui  por- 
ter ces  instances  épistolaires.  Otton  y  répondit  de 
Trêves  (2),  le  20  janvier  i23i:  en  vue  du  bien  de  l'église 
et  de  la  bonne  entente  entre  les  membres  du  Chapitre, 
il  confirmait  la  suppression  de  Xabbaye  de  Sainte- 
Marie  de  Liège,  dans  les  conditions  indiquées. 

Deux  mois  et  demi  après,  en  avril  de  la  même 
année,  le  Chapitre  de  Cologne  et  l'archevêque  de  ce 
siège,  métropolitain  de  Liège,  apportaient,  par  acte 
public,  leur  approbation  à  l'arrangement  arrêté  par 
Jean  d'Eppes  pour  l'abbaye,  la  prévôté  et  le  quartier 
de  la  Sauvenière  (3). 

Le  pape  Grégoire  IX  enfin  le  rendit  définitif,  cet 
accommodement,  par  la  bulle  de  ratification  adressée 
le  23  décembre  i23i,  au  doyen  et  au  chapitre  de  Liège  : 
du  jour  donc  où  le  chanoine  Robert  viendra  soit  à 
décéder,  soit  à  résigner  cet  office  habituellement  appelé 
Y  abbaye,  celle-ci  aura  cesser  d'exister  ;  ses  attribu- 
tions, sa  dotation  passeront  au  prévôt,  et  la  dotation 
de  la  prévôté  aux  chanoines  de  la  Cathédrale  dans  la 
mesure  de  leur  présence  au  chœur  (4). 

(1)  Cartulaire  de  Saint- Lambert,  p.  269. 

(2)  Ibidem,  p.  278. 

(3)  Ibidem,  pp.  280  et  281. 

(4)  Ibidem,  p.  291. 


—  83  — 

A  la  date  où  le  Souverain- Pontife  prononçait  le 
dernier  mot  de  l'autorité  suprême,  le  nom  de  l'abbaye 
allait,  conformément  à  ces  arrangements  mêmes,  dis- 
paraître définitivement.  L'abbé  Robert,  dont  on  avait 
prévu  avec  tant  de  détail,  le  décès  ou  la  résignation, 
Robert  de  Thorote,  frère  du  bailli  de  Champagne  et 
de  l'évêque  de  Verdun,  fut,  en  1232,  appelé  au  siège 
épiscopal  de  Langres,  et  du  jour  de  son  acceptation,  le 
titre  d'abbé  tombait,  la  dotation  de  ce  titre  se  partageait 
entre  les  chanoines  de  la  Cathédrale  et  le  prévôt  de 
celle-ci  unissait  aux  prérogatives  de  sa  charge,  celles  de 
l'abbatiat  supprimé  de  Notre-Dame. 

Par  une  rencontre  curieuse  cependant,  l'évêque  de 
Langres  ne  devait  point  mourir  parmi  l'épiscopat  fran- 
çais. A  la  mort  du  prince-évêque  Jean  d'Eppes  (2  mai 
1238),  le  choix  de  son  successeur  donna  lieu  derechef 
à  de  fâcheuses  divisions.  Les  uns  élurent  Othon  de  la 
Marck  ou  d'Eberstein;  les  autres,  un  candidat  plus 
digne,  Guillaume  de  Savoie.  L'empereur  se  prononça 
pour  le  premier;  le  pape  pour  le  second,  qui  malheu- 
reusement mourut  en  Italie  avant  d'avoir  pu  prendre 
possession  d'un  siège  qu'occupait  induement  son  rival. 
L'élection  du  successeur  de  Guillaume  dut  donc  se 
faire  en  dehors  du  territoire  occupé  par  l'intrus,  sous 
la  présidence  du  légat  :  le  choix  des  chanoines  qu'il 
avait  convoqués  à  cette  fin  auprès  de  lui,  en  France 
même,  se  porta  d'autant  plus  aisément  sur  le  prélat 
français  dont  ils  avaient  pu  sans  doute  apprécier  la 
valeur,  #alors  qu'il  remplissait  parmi  eux  les  fonctions 
archidiaconales  d'abbé  de  Sainte-Marie;  ils  élurent 
l'évêque  Robert  de  Thorote  (1).  Celui-ci,  cédant  aux 
désirs  du  légat,  quitta  Langres  pour  Liège,  comme 
huit  ans  auparavant  il  avait  quitté  Liège  pour  Langres. 

(1)  «  Fuerat  siquidem  iste  Robertus  quondam  cannonicus  Sancti 
»  Lamberti  et  abbas  Sanctse  Mariée  Leodiensis  quod  est  quidam  magnae 
»  dignitatis  titulus  in  majore  ecclesia  »  (iEgidius  Aureae,  Mon.  SS., 
t.  XXV,  p.  127). 


—  84  — 

Ce  nouveau  pontificat  devait  durer  peu  d'années  :  il 
valut  du  moins  à  Robert,  de  rencontrer  sainte  Julienne, 
et,  sur  les  instances  de  celle-ci,  de  se  trouver,  parmi  les 
évêques  du  monde  catholique,  le  premier  à  célébrer 
cette  Fête-Dieu,  dont  l'institution,  étendue  bientôt  après 
à  la  chrétienté  tout  entière,  reste  ainsi  dans  l'histoire 
la  meilleure  gloire  du  dernier  abbé  de  Notre-Dame 
de  Liège. 

Telle  est,  mon  cher  Président,  autant  qu'on  peut  la 
reconstituer  dans  une  première  étude,  l'histoire  des 
abbés  de  Sainte-Marie.  Elle  ne  fait  pas  voir  seulement 
combien  importante  était  la  fonction  occupée  du  Xe  au 
XIIIe  siècle  par  tant  d'hommes  de  mérite;  et  qui,  pré- 
vôts, doyens,  fondateurs  de  grandes  œuvres,  coadju- 
teurs  d'évêques,  évêques  eux-mêmes,  tinrent  une  si 
grande  place  dans  la  principauté.  L'étendue  et  la 
variété  de  leurs  attributions,  le  nombre  des  autorisa- 
tions et  des  approbations  dont  on  crut  devoir  s'entourer 
soit  pour  transférer  à  Saint-Lambert  les  prébendiers  de 
Notre-Dame,  soit  pour  fondre  l'abbatiat  dans  la  pré- 
vôté, tout  jusqu'au  lointain  mystérieux  dans  lequel  se 
dérobe  à  nos  yeux  l'origine  de  cette  institution,  tout 
dans  son  histoire,  n'est-il  pas  de  nature  à  nous  con- 
vaincre que  Liège  n'eut  pas  d'institution  plus  ancienne  I 

VIII. 

L'ÉGLISE  ET  LE  CLERGÉ  DE  NOTRE-DAME 

AUX-FONTS. 

Que  devinrent,  après  la  suppression  de  l'abbaye, 
l'église  et  le  clergé  de  Notre-Dame-aux-Fonts? 

On  se  souvient  qu'en  même  temps  qu'il  relevait 
dans  des  proportions  plus  vastes,  Saint- Lambert,  ses 
cloîtres,  ses  dépendances  et  le  palais  épiscopal,  Notger 
avait  aussi  reconstruit  de  fond  en  comble,  l'église  pa- 
roissiale de  Sainte-Marie;  de  quoi  l'on  a  pris  souvent 


—  85  — 

occasion  dans  la  suite,  de  lui  en  attribuer,  à  tort,  la 
fondation  première  (\).  L'humble  sanctuaire  devait 
durer  plus  longtemps  que  la  grande  basilique  notgé- 
rienne  à  l'ombre  de  laquelle  il  s'abritait.  Des  processions 
spéciales  s'y  rendaient  en  des  occasions  solennelles 
pour  implorer  l'intercession  de  la  Mère  de  Dieu.  Ainsi 
voyons-nous  les  moines  de  Stavelot,  lorsqu'ils  assiègent 
si  hardiment,  en  1071,  avec  les  reliques  de  saint  Re- 
macle,  l'empereur  Henri  IV  au  palais  de  Liège;  pro- 
mener le  cortège  de  leurs  supplications  publiques  de 
la  crypte  de  Saint-Lambert,  dans  l'église  de  Notre- 
Dame,  et  déposer  dans  celle-ci  la  châsse  du  patron  au 
nom  duquel  ils  réclamaient  justice  (2). 

Le  grand  incendie  de  n85  l'épargna,  comme  par 
miracle  :  poussées  sans  doute  par  le  vent  d'Est,  les 
flammes  semblent  s'être  jetées  de  la  Cathédrale  sur  les 
bâtiments  adjacents,  sur  le  palais  du  prince  et  sa  cha- 
pelle des  Onze-mille- Vierges  ;  elles  avaient  gagné  jus- 
qu'à la  collégiale  de  Saint-Pierre  et  l'église  de  Saint- 
Clément  et  Saint-Trond  aux  pieds  du  Publémont.  Resté 
intact  au  sein  des  flammes,  seul  debout  au  milieu  des 
ruines  (3),  le  petit  temple  de  Sainte- Marie  dut  se  retrou- 
ver alors,  pour  quelques  années  au  moins,  la  véritable 
Cathédrale.  Sa  conservation  paraissait  aux  contempo- 
rains le  témoignage  merveilleux  de  la  protection  de  la 
Vierge  pour  la  Cité  dont  elle  était  la  première  patronne. 
Aussi  est-ce  là  que,  lors  d'un  pèlerinage  solennel  fait 
peu  après  à  Liège  par  les  Hutois,  avec  les  reliques  de 
leur  saint  Do'mitien,  on  réunit  la  châsse  du  patron  de 
Huy,  et  celle  du  grand  martyr  liégeois  (4). 

Un  martyrologe  de  Munsterbilsen,  que  l'on  croit  de 

(1)  Mon.  SS.,  t.  XXV,  p.  58. 

(2)  Chapeaville,  Gesta  Pontificum  Leodiensium,  t.  II,  pp.  55 1  et  562. 

(3)  «  Nonne  et  ipsa  (  Dei  genitrix)  suam  mirabiliter  conservavit  ecele- 
»  siam...  Ma  tamen  ecclesia,  refugientibus  et  torpentibus  flammis  intacta 
»  perstitit  et  illaesa  »  (JEg\d.  Aureaev.,  Mon.  SS.,  t.  XXV,  p.  m). 

(4)  Lamberti parvis  Annales  (édit.  des  Bibliophiles  liégeois),  p.  43. 


—  86  — 

la  seconde  moitié  du  XIIe  siècle,  mentionne  une  transla- 
tion du  corps  de  saint  Lambert  faite  le  24  décembre 
«  de  l'église  de  Sainte-Marie  dans  la  crypte,  et  la  con- 
»  sécration,  ce  même  jour,  de  la  crypte  à  tous  les 
»  saints  (1).  »  A  moins  de  se  rapporter  à  la  reconstruc- 
tion de  la  Cathédrale  par  Notger,  cette  translation  ne 
peut  être  que  celle  qui,  après  la  restauration  de  Saint- 
Lambert,  à  la  suite  de  l'incendie  de  11 85,  ramena,  de 
Notre-Dame,  dans  la  chapelle  souterraine  de  la  nou- 
velle Cathédrale,  les  reliques  du  patron  national. 

On  ne  s'étonnera  pas,  qu'en  1212,  alors  que  cette 
restauration  ne  pouvait  être  achevée,  au  moins  pour 
l'ameublement  du  temple,  les  pillards  brabançons  se 
soient  attachés  surtout  à  dépouiller  l'église,  vraisem- 
blablement mieux  garnie,  de  Notre-Dame.  Un  d'entre 
eux  ne  craignit  même  pas  de  répandre  sur  le  sol  les 
hosties  consacrées,  pour  s'approprier  le  vase  qui  les 
contenait  (s). 

On  ne  sait  pas  bien,  quand,  dans  la  suite,  Sainte- 
Marie  fut  rebâtie;  mais  il  n'y  a  pas  à  douter  qu'elle 
occupait,  dès  lors,  l'emplacement  qu'elle  devait  garder 
jusqu'à  son  dernier  jour  :  son  entrée  du  moins  s'ouvrait 
encore  au  xvme  siècle,  comme  nous  le  voyons  au 
commencement  du  XIIIe,  sur  le  portail  même  de  Saint- 
Lambert  (3). 

Les  derniers  dessins  qui  nous  restent  de  Saint- 
Lambert,  nous  font  voir  ce  qu'était  Sainte-Marie  auprès 
de  la  grande  Cathédrale  et  nous  montrent  que  la  petite 
église  paroissiale  n'avait  plus  rien  gardé,  quand  elle  fut 
abattue,  des  caractères  de  l'architecture  romane  des 
jours  de  Notger.  Faut-il  prendre  pour  l'époque  de  sa 
restauration,  la  fin  du  XIVe  siècle,  alors  qu'on  y  apporta 

(1)  Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois,  t.  XII,  p.  33. 

(2)  Mon.  SS.t  t.  XXV,  p.  176. 

(3)  «  Fatigatus  tandem  pervenit  ad  porticum  an  te  ostium  eedesias 
»  sanctae  Maris  »  (Chapeaville,  Gesta  Pontificum  Leodiensium,  t.  I, 
p.  i%6  ;  Mon.  55.,  t.  XXV,  p.  42). 


—  87  — 

la  cloche  d'Eicke,  et  que  Ton  commença  d'y  enterrer 
des  bourgmestres,  comme  en  témoignaient  les  plus 
vieilles  pierres  sépulcrales  du  lieu?  Faut-il  reculer 
cette  restauration  jusqu'aux  derniers  temps  de  la  pé- 
riode ogivale  ?  Les  plus  vieux  vitraux  du  sanctuaire 
dataient  du  milieu  du  XVIe  siècle,  et  c'est  au  commen- 
cement du  suivant,  le  14  juin  1623,  que  le  chapitre  de 
Saint-Lambert  décidait  (i)  la  démolition  d  une  bou- 
tique, aux  abords  du  portail  de  la  Cathédrale,  pour 
permettre  l'érection  du  petit  portique,  en  toiture  à  double 
versant,  qui  devait  servir  d'entrée  à  Notre-Dame  (2). 

À  s'en  rapporter  aux  rares  dessins  qui  nous  en  sont 
restés,  et  aux  notes  et  souvenir  des  Liégeois  qui  l'avaient 
connue  à  la  fin  du  XVIIIe  siècle,  Notre-Dame  se  trou- 
vait établie  un  peu  en  contrebas  de  Saint- Lambert,  à  la 
droite  de  la  Cathédrale,  entre  le  portail  d'entrée  de 
l'Est,  et  la  grande  tour  du  chœur  de  cette  Cathédrale. 
Un  étroit  jardin  longeait  celle-ci  ;  entre  ce  jardin  et 
Notre-Dame-aux-Fonts,  s'étendait  le  cimetière  de  la 
petite  paroisse  (3). 

Le  chœur  s'éclairait  de  trois  fenêtres  ornées  de 
vitraux  :  la  principale  offrait  l'image  et  les  quartiers  de 
1  evêque  Robert  de  Berghes  en  prière  devant  la  Vierge  : 
elle  devait  donc  dater  de  i557  à  1564  ;  les  vitraux  d'une 
autre  représentaient  les  trois  vertus  de  foi,  d'espérance 

(1)  Bormans,  Conclusions  capitulaires,  anno  1623. 

(2)  Si  Notre-Dame-aux-Fonts  devait  se  relever  aujourd'hui  dans  son 
emplacement  et  ses  proportions  d'autrefois,  c'est  au  bas  de  la  place  Saint- 
Lambert,  dans  la  partie  de  la  voie  pavée  entre  les  lignes  du  tram  et  les 
maisons,  à  quelques  mètres  seulement  de  celles-ci  qu'elle  réapparaîtrait, 
son  porche  d'entrée  en  face  de  la  librairie  Desoer,  son  vaisseau  se  pro- 
longeant vers  TorL-nt,  et  le  chœur  venant  se  terminer,  presque  en  face, 
en  deçà  de  Souverain-Pont.  Voir  le  plan  terrier  de  Saint- Lambert,  page 
73,  du  volume  des  Conférences  de  la  Société  d'Art  et  d? Histoire  sur  la 
Révolution  française  au  pays  de  Liège,  1889. 

(3)  C'est  dans  ce  cimetière  qu'en  1299  on  enterra  les  malheureux  tués 
à  Bleret  et  à  Pousset,  et  de  la  tombe  desquels  on  ne  put  éloigner  leurs 
chiens  (Hocsem;  Chapeaville,  Gesta  Pontificum  Leodiensium,  t.  II, 
p.  333). 


—  88  — 

et  de  charité  ;  ceux  de  la  troisième  rappelaient  l'artis- 
tique et  patriotique  souvenir  de  cette  paix  de  Cateau- 
Catnbresis  qui  avait  valu  au  pays  de  Liège  la  restitu- 
tion de  Bouillon  et  d'autres  places  de  notre  frontière 
française  :  Ton  y  voyait  réunies,  par  un  étrange  con- 
traste pour  un  vitrail  d'église,  les  figures  d'Elisabeth 
d'Angleterre  et  du  roi  Philippe  II  avec  celles  du  roi 
Henri  II  et  de  l'empereur  Ferdinand  Ier  (4). 

Le  vaisseau  de  l'église  lui-même  était  percé  de  trois 
fenêtres  d'un  côté,  trois  fenêtres  de  l'autre:  toutes  étaient 
décorées  de  vitraux  du  xvie  siècle,  représentant  des 
scènes  du  Nouveau  Testament,  don  d'un  grand  prévôt 
de  la  noble  maison  de  Bocholt.  Au  fond  de  l'église, 
où  le  jubé  portait  des  orgues  de  Bernard  Picard,  trois 
fenêtres  ogivales  géminées  prenaient  jour  dans  la 
façade  ;  au-dessus  de  la  fenêtre  centrale  on  remarquait 
de  l'extérieur  un  trio  de  minces  baies  en  lancettes  ; 
elles  occupaient  le  haut  du  fronton  que  surmontait  un 
bout  de  tour  carrée,  coiffée  elle-même  d'une  petite 
flèche  aiguë.  La  cloche  principale  de  cette  tour,  venait, 
disait-on,  de  la  ville  de  Maeseyck  :  enlevée  au  cours 
de  l'expédition  des  Liégeois  contre  le  comte  de  Gueldre 
en  1397,  elle  avait  été  emportée  par  le  métier  des 
febvres,  et  donnée  par  celui-ci  à  1  église  de  la  Corpo- 
ration. 

A  Notre-Dame,  en  effet,  outre  les  autels  fondés  de 
la  Vierge,  de  sainte  Caherine,  des  saints  Simon  et 
Désir,  de  saint  Laurent  et  de  sainte  Agathe,  on  remar- 
quait celui  de  saint  Eloy  :  la  plus  vieille  paroisse  de 
Liège  était  en  même  temps  le  siège  religieux  de  sa  plus 
importante  corporation  industrielle,  celle  de  nos  vieux 
ferronniers.  Et  par  une  rencontre  non  moins  intéres- 
sante, c'était  aussi  dans  le  plus  vieux  temple  de  la 
Cité  qu'était  érigée,  —  humble  pierre  d'attente  pour  le 

(1)  Del  vaux,  Mémoires  manuscrits  sur  r  histoire  de  Liège,  t.  II,  p.  75, 
à  la  Bibliothèque  de  l'Université  de  Liège. 


—  89  — 

monument  dogmatique  de  l'avenir  :   la  confrérie  lié- 
geoise de  l'Immaculée  Conception. 

Un  plafond  de  bois  cachait  la  voûte  de  l'église  : 

Gilles  Delcour,  le  frère  du  célèbre  sculpteur,  l'avait,  à 

la  fin   du  xvne  siècle,    décoré  de   ses  peintures.   Le 

maître-autel  était  orné  d'une  Assomption  de  Bertholet, 

d'une  Conception  plutôt,  cadeau  du  commissaire  de 

Harenne;  et  le  chœur  offrait,  en  regard  d'une  autre 

Assomption,  de  Carlier,  un  saint  Charles  Borromée  en 

prière  au  milieu  des  pestiférés  donné  par  Charles  de 

Coninx,  chanoine  de  Saint-Martin  (4).  C'est  ce  tableau 

qu'emportèrent  les  spoliateurs  de  1792,  et  qui,  après 

avoir  occupé  quelque  temps  une  place  d'honneur  dans 

les  musées  de  Paris,  fut  rendu,  en  181 5,  à  la  nouvelle 

Cathédrale  de  Liège. 

Outre  les  célèbres  fonts  baptismaux  de  Hellin  et  de 
Lambert  Patras,  devenus  de  nos  jours  le  joyau  artis- 
tique de  Saint-Barthélémy,  Notre-Dame-aux- Fonts  ren- 
fermait une  chaire  de  vérité  sculptée  par  Werburc. 
Son  pavé  ne  se  composait  guère  que  de  pierres  sépul- 
crales, sous  les  sculptures  et  les  inscriptions  desquelles 
reposaient  de  nombreux  Liégeois,  dignitaires  de  l'église, 
nobles,  simples  bourgeois,  le  peintre  la  Fabrique, 
inhumé  là  en  i'/33,  et  dix  bourgmestres  de  Liège  ense- 
velis pour  la  plupart  à  côté  de  leur  femme  ou  de  leurs 
parents.  Ces  bourgmestres  étaient  Goeswin  de  Fié- 
malle,  mort  en  i386;  Gilles  de  Mollin,  en  1424;  Gé- 
rard Tollet,  en  1494;  Mathieu  de  Tongres;  Onufride 
de  Celliers,  en  153g  ;  Henri  Haweal;  deux  Jean  Piteit, 
en  i55i  et  en  1578;  Jean  de  Soheit,  en  1571;  enfin 
l'auteur  des  Nobles  devant  les  tribunaux,  le  bourg- 
mestre Jean-François  de  Malte,  décédé  en  1703  (2). 

(1)  J.  Helbig,  Histoire  de  la  peinture  liégeoise,  p.  i83. 

(2)  Recueil  héraldique  des  bourgmestres  de  Liège,  pp.  88,  i33,  164, 

219,  247,  23i,  258,  278,  280,  284,  285,  3oo,  497,  5o2,  52i,  529,  533  et  534; 

Van  den  Steen,  La  Cathédrale  de  Saint- Lambert,  p.  i35,  etc.  ;  Delvaux, 

manuscrit  cité,  t.  II,  p.  75. 

12 


—  90  — 

La  Révolution  ne  devait  pas  traiter  mieux  que  des 
dépouilles  d'évêques,  ces  derniers  ossements  de  magis- 
trats populaires  :  leurs  pierres  tombales  furent  brisées, 
réduites  en  chaux  dans  le  four  établi  au  milieu  des 
ruines,  ou  employées  aussi  à  réparer  des  murs  d'eaux, 
à  combler  un  vieux  canal  ;  quant  aux  ossements,  ils 
durent  passer  sous  la  meule  avec  les  os  de  ces  princes- 
évêques  que  ces  magistrats  communaux  avaient  aimés 
ou  combattus,  et  le  tout  servit  à  fournir  du  salpêtre  aux 
soldats  de  la  République  libératrice. 

L'humble  église  elle-même,  profanée  par  les  emplois 
les  plus  sacrilèges,  mais  qu'on  n'avait  pas  abattue  à 
cause  des  habitations  adossées  à  ses  murailles,  ne  devait 
pas  être  définitivement  plus  épargnée  que  le  grand  mo- 
nument national  dont  elle  avait  partagé  la  fortune.  En 
1798,  ce  que  les  pillages  avaient  laissé  de  mobilier  à 
Notre-Dame  avait  été  vendu,  pour  la  somme  de  622 
francs.  L'église  restait  sous  séquestre.  Accueillant  les 
propositions  de  l'administration  de  Liège,  une  loi  du 
i3  février  1801,  vint  octroyer  à  la  Ville  le  terrain  occupé 
par  les  dernières  ruines  de  la  Cathédrale  et  par  Notre- 
Dame-aux-Fonts,  à  la  condition,  pour  la  commune, 
de  se  charger  de  déblayer  celui-là  et  de  démolir  celle-ci. 
Un  an  après  rien  n'était  fait  ;  aussi  le  16  février  1802, 
le  maire  était-il  officiellement  invité  à  prendre  les  me- 
sures nécessaires  pour  la  démolition  de  Notre-Dame- 
aux-Fonts  et  des  baraques  ou  maisons  attenantes  (4). 

L  edilité  finit  par  s'exécuter.  Au  cours  des  dévas- 
tations précédentes,  les  cadavres  trop  peu  consumés 
qu'on  avait  rencontrés  dans  les  monuments  ou  le  sous- 
sol  de  la  Cathédrale,  avaient  été  entassés  dans  de 
grandes  fosses  creusées  au  cimetière  de  Notre-Dame- 
aux-Fonts  :  terres,  pierres,  restes  mortels  furent  indif- 
féremment enlevés  et  servirent  à  remblayer  soit  des 

(1)  Van  den  Steen,  ouvrage  cité;  Mémorial  de  la  ville  de  Liège, 
p.  222. 


—  91  — 

excavations  formées  par  la  Meuse  dans  ses  murs  d'eau 
négligés,  soit  celles  qui  se  trouvaient  au  quartier  d'Ou- 
tremeuse. 

Avec  l'église  furent  abattues  les  constructions  qui 
l'entouraient  et  qui  s'adossaient  au  vieux  baptistère, 
ou  s'alignaient  entre  cette  petite  église  et  la  grande 
tour  de  Saint-Lambert,  les  unes  établies  au  niveau  du 
cimetière,  d  autres  plus  bas,  sur  la  rue.  Aux  pieds  de 
celles-ci  s'ouvraient  de  petites  boutiques  dans  les- 
quelles, dès  le  XVIIe  siècle,  s'installaient  des  marchands 
d'oranges. 

Les  plus  notables  de  ces  constructions  formaient  ce 
qu'un  acte  de  1475  appelait  «  les  démorages  des  archi- 
»  prêtre  et  pleban  délie  église  Notre-Dame-aux-Fonts, 
»  joindant  al  arvol  dessous  la  tour  Saint-Lambert, 
»  d'une  part  et,  d'autre  part,  az  grez  de  la  dite 
»  église  (1).  » 

On  se  souvient  que  Gauthier  de  Ravesteyn,  le  fon- 
dateur du  chapitre  de  Saint-Materne,  invoquait  comme 
un  des  motifs  principaux  de  sa  réforme,  ce  fait  qu'on 
en  était  venu,  d'abus  en  abus,  à  n'avoir  plus  qu'un 
vicaire  pour  desservir  Notre-Dame.  Réorganisateur  si 
zélé  du  culte  dans  la  Cathédrale,  et  jusque  dans  l'hôpi- 
tal des  cloîtres,  encouragé  tout  particulièrement  d'ail- 
leurs par  un  nonce  préoccupé  d'assurer  mieux  chez 
nous  l'administration  des  paroisses  qui  relevaient  des 
collégiales  liégeoises,  l'abbé-doyen  Gauthier  n'a  pu 
manquer  de  reconstituer  autant  qu'il  en  était  besoin,  le 
service  sacerdotal  du  baptistère  et  de  la  plus  ancienne 
paroisse  de  Liège  ;  tout  au  moins  d'attacher  deux 
prêtres  à  ce  service.  Aussi  voyons-nous,  dès  le  XIIIe 
siècle,  apparaître  à  Sainte-Marie  ce  desservant  princi- 
pal, qui  prend  le  nom  d'archi prêtre  de  Liège  et  souscrit, 
avec  ce  titre,  aux  actes  de  la  Cour  allodiale.  Un  autre 
viendra  le  seconder  qui,  plus  spécialement  chargé  de 

(1)  Archives  de  TEtata  Liège,  échevins,  reg.  35,  fol.  282. 


—  92  — 

l'administration  paroissiale,  recevra  le  nom  de  pléban, 
parfois  de  curé,  plebanus  et  pastor,  dira-t-on  en  1765, 
comme  on  disait,  en  1224,  sacerdos  et  investitus.  Tous 
deux  resteront,  jusqu'à  la  fin,  les  élus  du  prévôt,  suc- 
cesseur lui-même,  pour  leur  conférer  ces  fonctions,  des 
anciens  abbés  de  Notre-Dame. 

Jusqu'au  dernier  jour,  d'ailleurs,  l'archiprêtre  de 
Notre-Dame  devait  demeurer  le  chef  du  Concile,  de  la 
réunion  des  trente-deux  curés  de  la  ville,  ou,  comme  il 
signe,  par  exemple,  dans  les  pièces  adressées  au  pape 
au  sujet  de  l'élection  du  prince  d'Outremont  en  1763  : 
«  Concilii  postorum  leodiensiutn  decanus  et  archipres- 
»  byter  nostrœ  Dominée.  »  Et  cette  qualification  n'était 
pas  qu'un  vain  honneur  :  l'archiprêtre  exerçait  véri- 
tablement les  fonctions  de  doyen  de  ce  clergé  parois- 
sial, et  de  président  effectif  des  réunions  de  ce  Concile. 
Le  local  officiel  de  ces  réunions  joignait  même  à  la 
fois  son  habitation  et  l'église  dont  ce  local  dépendait, 
comme  on  le  voit  par  un  acte  de  1688  :  «  maison  située 
»  sous  la  chambre  des  S2  pasteurs  de  N.-D.,  join- 
»  dant  vers  l'église  aux  degrés  de  la  maison  de  l'archi- 
»  prêtre,  vers  le  marché  aux  boutiques  de  la  Rose,  et 
»  derrière  à  Notre-Dame  (i).  » 

Là  tout  près  se  trouvait  le  plus  ancien  siège  de  la 
justice  échevinale  et  par  suite  du  plus  ancien  conseil  de 
la  Cité  :  ce  conseil  aussi  n  aurait-il  pas  commencé  par 
n'être  qu'une  institution  de  Notre-Dame,  et  n'est-ce  pas 
du  sol  du  domaine  de  la  Vierge,  sous  la  protection 
des  immunités  de  l'Eglise,  qu'ont  germé,  poussé  nos 
premières  franchises  communales? 

A  la  longue  d'autres  églises  de  Liège  avaient  obtenu 
le  droit  de  posséder  aussi  des  fonts  baptismaux  comme 
Sainte- Marie  :  c'avait  été  d'abord  Saint- Adalbert  pour 
le  quartier  de  l'Ile;   plus  tard  Sa int-Jean- Baptiste  dans 

(1)  Je  dois  l'indication  de  ce  détail  et  de  quelques  autres  de  ce  chapitre 
à  l'obligeance  de  M.  Thcod.  Gobert,  auteur  des  Rues  de  Liège, 


—  93  — 

le  quartier  Hors-Château;  plus  tard  enfin,  sur  la  rive 
gauche  de  la  Légia,  Saint-Servais,  à  la  fin  du  xvie 
siècle. 

Notre-Dame-aux- Fonts  n'en  restait  pas  moins,  par 
excellence,  le  baptistère  de  la  ville.  Les  vieux  registres, 
gardés  par  son  clergé,  constituaient  l'état  civil  et  le  livre 
d'or  des  citoyens  liégeois.  Les  grandes  familles  de  la 
Cité,  alors  même  qu'elles  l'eussent  pu  faire  ailleurs, 
tenaient  à  honneur  de  voir  administrer  le  sacrement 
de  l'initiation  chrétienne  à  leurs  nouveaux-nés,  dans 
le  sanctuaire  historique  de  Notre-Dame-aux-Fonts  ; 
Tévêque,  jusqu'aux  derniers  temps,  quand  il  baptisait 
ne  le  faisait  qu'en  ce  sanctuaire.  C'est  là  aussi  que  ces 
grandes  familles  aimaient  à  faire  célébrer  les  mariages 
de  leurs  membres,  et  de  là  que,  mourants,  la  plupart 
des  Liégeois  recevaient  l' Extrême-Onction. 

De  même  qu'aucune  des  collégiales  de  la  Cité  ne 
pouvait,  dit-on,  mettre  ses  cloches  en  branle  chaque 
jour,  avant  que  celles  de  Saint-Lambert  ne  se  fussent 
fait  entendre  :  de  même  nulle  des  paroisses  n'avait  à 
commencer  la  sonnerie  de  ses  offices,  avant  que  le 
signal  ne  fut  parti  du  petit  clocher  de  Notre-Dame  :  à 
celle-ci  de  déterminer  les  heures  paroissiales  de  la 
ville  entière  (a). 

En  vertu  d'un  usage  plus  surprenant  pour  nous,  et 
qui  témoignait  une  fois  de  plus  du  caractère  d'église- 
mère  qu'avait  Notre-Dame  à  Liège,  c'était  à  l'entrée  du 
chœur  de  celle-ci  que  se  présentaient  soudain,  à  quel- 
que quartier  qu'ils  appartinssent,  les  fiancés  au  mariage 
desquels  lçs  parents  s'étaient  opposés  par  des  consi- 
dérations d'antipathie,  d'âge  ou  de  rang.  Au  moment 
où  Tarchiprêtre  ou  le  pléban  arrivaient  à  l'autel  pour 
y  accomplir  une  fonction  sacrée,  ces  fiancés  décla- 
raient à  haute  voix,  devant  tous,  qu'ils  se  prenaient 
pour  époux  :  le  prêtre,  témoin  forcé  de  leur  union,  ne 

(i)  Delvaux,  manuscrit  cité. 


—  94  — 

pouvait  se  refuser  à  leur  en  donner  acte,  sauf  aux 
parents  à  intervenir,  en  certain  cas,  pour  empêcher  la 
vie  en  commun  de  mariés  trop  jeunes  (\). 

On  ne  reviendra  pas  sur  cet  autre  privilège  de 
Notre-Dame  d'être  le  siège  de  plusieurs  de  nos  plus 
importants  tribunaux.  Quand  même  ils  ne  se  tenaient 
pas  à  la  lettre  dans  cette  église,  mais  «  entre  Notre- 
»  Dame  et  Saint- Lambert  »  le  porche  de  la  Cathédrale 
qu'ils  occupaient  semblait  encore  lui  être  commun  avec 
la  petite  église.  Le  tribunal  s'installait  alors  sur  un 
grand  pallier  au  haut  de  la  première  volée  des  marches 
de  pierre,  qui,  derrière  la  porte  d'entrée,  conduisaient  à 
Saint- Lambert  :  les  statues,  si  remarquablement  sculp- 
tées, qui  décoraient  cette  porte,  la  suite  et  l'élévation 
de  ces  larges  marches,  le  dais  majestueux  de  ces  belles 
voûtes  ogivales  devaient  faire  un  cadre  artistique  pitto- 
resque et  solennel  aux  délibérations  de  ces  tribunaux 
où  1 évêque  siégeait,  en  pontife,  entouré  des  dignitaires 
de  son  clergé,  de  sa  noblesse  et  de  l'administration  de 
sa  capitale.  Le  portail  de  Saint-Lambert  n'était  cepen- 
dant plus,  dans  cette  circonstance,  qu'un  prolongement 
de  Sainte-Marie,  et  les  juges  n'avaient  d'autres  cloches 
d'appel  que  celles  de  cette  église.  C'est  ce  que  nous 
attestent  à  la  fois  nos  écrivains  judiciaires  de  la  fin  du 
XIVe  siècle  :  «  Monseigneur  de  Liège,  »  dit  Jacques  de 
Hemricourt,  en  son  Patron  del  temporaliteit  (a),  «  Mon- 
»  singnor  de  Liège  et  nul  autre  que  lui  ne  peut  siéger 
»  au  tribunal  de  paix  à  Liège  en  l'église  Notre-Dame, 
»  près  de  la  grande  église  de  Liège,  et  non  autrepart,  le 
»  samedi  et  nul  autre  jour.  »  De  même  pour  le  tribunal 
de  l'Anneau  du  palais  :  «  Quand  les  enquêtes  seront 
»  faites,  les  enquêteurs  les  devront  clore,  sceller  et 
»  rapporter  en  main  de  celui  qui  gardera  la  parole  de 
»  Monseigneur,  lequel  les  devra  remettre  pour  le  juge- 

(1)  Van  den  Steen,  ouvrage  et  page  cités. 

(2)  Raikem  et  Polain,  Coutumes  du  pays  de  Liège,  t.  I,  p.  275. 


—  95  — 

»  ment  à  rendre,  à  quelque  prud'homme  sans  suspi- 

»  cion,  et  celui-ci  les  devra  ouvrir  par  devant  l'assem- 

»  blée  des  hommes  de  Monseigneur  en  la  dite  église  de 

»  Notre-Dame  et  non  autrepart  (1).  » 

De  même  pour  la  condamnation  des  contumaces, 
qui  ne  peut  être  rendue  qu  après  sept  sommations, 
comme  le  rappelle  Jean  d'Outremeuse  :  «  Mais  à  la 
»  septième  il  convient  en  rester  là.  Alors  doit-on  les 
»  cloches  de  Notre-Dame  sonner  ;  un  homme  procla- 
»  meur  jure  doit  monter  à  l'autel  et  doit  prononcer  que 
»  l'accusé  est  fors-jugé,  »  jugé  par  contumace  («). 

Le  lieu  ou  Tévêque  se  plaçait  dans  ces  cérémonies, 
était  celui  où  nous  avons  vu  inhumer  dans  l'église,  les 
restes  mortels  de  Jean  d'Enghien  :  il  semblait  donner 
une  authenticité  plus  puissante  aux  conventions  qu'on 
y  passait  :  «  Che  fut  fait  et  covenanchié,  »  lit-on,  par 
exemple,  dans  un  acte  du  XVe  siècle,  «  en  ïéglise  paro- 
»  chial  N-D  a\  forts  à  Liège  en  lieu  condist  ou  Mons- 
»  seigneur  siet  al  Paix  (3).  » 

Au  premier  rang  des  juges  de  ce  tribunal  de  paix, 
au-dessus  de  l'archiprêtre  et  du  pléban  de  Sainte-Marie 
un  autre  dignitaire  demeura  jusqu'à  la  fin  le  régent 
suprême  de  cette  église  :  c'était  celui  qui,  en  sa  qualité 
d'héritier  des  anciens  abbés  conférait  à  l'élu  de  son  choix 
archipresbytérat  et  plébanie,  tout  en  conservant  pour 
le  ressort  entier  de  la  ville,  à  titre  toujours  d'héritier  de 
ces  abbés,  les  attributions  des  archidiacres  :  c'était  le 
grand  prévôt  de  Saint-Lambert.  Il  ne  serait  pas  sans 
intérêt  de  relever  le  détail  des  luttes  qu'il  eut  à  soutenir, 
à  ce  titre,  contre  cette  autorité  communale  qui  se  subs- 
titua de  plus  en  plus  dans  la  commune  de  Liège  aux 
vieux  pouvoirs  issus  de  la  possession  du  sol  liégeois 
par  la  communauté  religieuse  des  premiers  jours.  Ces 

(1)  Idem,  p.  275. 

(2)  Jean  d'Outremeuse,  t.  IV,  p.  275. 

(3)  Archives  de  r Etat  à  Liège,  convenances  et  testaments,  p.  433. 


—  96  — 

recherches  nous  conduiraient  trop  loin  et  ne  sont  pas 
strictement  nécessaires  pour  justifier  la  thèse  ici  déve- 
loppée. Tout  diminué  qu'il  fut,  ce  pouvoir  du  prévôt 
conserva  quelques-unes  de  ses  attributions  jusqu'au  der- 
nier jour  de  la  principauté.  Un  autre  usage,  qui  ne  prit 
fin  qu'avec  elle,  fut  celui  qui  avait  fait  de  l'archiprêtre 
de  Notre-Dame  le  garde-sceau  de  la  Cour  allodiale. 

Plus  n'est  besoin  non  plus  d'y  revenir,  pour  vous 
le  demander  une  fois  encore,  mon  cher  Président  : 
les  attributions  caractéristiques  de  cette  église,  de  son 
clergé  et  de  l'héritier  de  ses  abbés,  ces  privilèges  judi- 
ciaires, baptismaux,  matrimoniaux  de  Notre-Dame- 
aux-Fonts,  cette  primauté  de  sonnerie  et  cette  juridic- 
tion archidiaconale  et  décanale  pourraient-ils  s'expli- 
quer mieux  que  par  ce  fait  que  cette  église  était  à  Liège 
la  mère  de  toutes  les  autres  ? 

IX. 

NOTRE-DAME  ET  SAINT-LAMBERT. 

Seriez-vous  tenté  de  m'objecter  que  si  l'on  ne  peut 
contester  à  Sainte-Marie  l'honneur  d'être  la  plus  an- 
cienne paroisse  de  Liège,  si  toutes  ses  sœurs  ont  reconnu 
ce  droit  d'aînesse,  ou  plutôt  de  maternité,  il  n'est  pas 
prouvé  jusqu'ici  que  Saint-Lambert  l'ait  également  re- 
connu :  la  paroisse  de  la  Vierge  n'aurait-elle  pu  être,  de 
bonne  heure,  une  sorte  de  succursale  détachée  de  la 
Cathédrale  primitive  ? 

S'il  ne  restait  que  cette  objection  à  résoudre  pour 
emporter  votre  conviction,  mon  cher  Président,  je  ne 
désespérerais  pas  d'en  achever  la  conquête. 

Au  surplus,  nous  en  conviendrons  sans  peine,  il 
n'est  pas  aisé  de  distinguer  au  premier  coup  d'oeil  pro- 
mené sur  le  vieux  Liège,  au  temps  le  plus  ancien,  les 
limites  du  domaine  de  Saint-Lambert  et  de  celui  de 
Notre-Dame. 


—  97  — 

Vous  aurez  remarqué  pourtant,  dans  les  arrange- 
ments qui  réglèrent  la  transformation  de  l'antique 
abbaye  sous  Jean  d'Eppes,  les  mentions  répétées  de  la 
Sauvenière,  et  vous  ne  l'ignorez,  certes,  pas  :  la  Sau- 
venière  était  alors  une  de  ces  localités  autonomes, 
comme  le  furent  Avroy,  Fragnée  ou  d  autres,  dont  la 
fusion  dans  l'agglomération  liégeoise,  devait  former 
lentement  la  grande  ville. 

Le  diplôme  donné  le  23  décembre  1 107  par  l'em- 
pereur Henri  V,  en  faveur  des  immunités  des  personnes 
ecclésiastiques  à  Liège,  avait  nettement  stipulé  que  le 
pouvoir  séculier  de  la  Cité,  n'aurait  nul  droit  d'inter- 
venir dans  la  Sauvenière  —  à  la  différence  de  Liège 
même  —  si  ce  n'est  contre  les  larrons  et  dans  les  cas 
soit  d'emploi  de  fausses  mesures,  soit  de  ces  troubles 
publics  particulièrement  graves,  appelés  stuer  et  burines. 
En  ce  qui  concerne  le  cens  des  habitations,  impôt  ou 
rente,  il  en  sera  jugé,  ajoute  l'acte  impérial,  par  le  cha- 
noine auquel  il  appartient  :  les  chartes  postérieures 
nous  ont  fait  voir  que  ce  chanoine  était  le  prévôt  — 
l'administrateur  du  temporel  —  du  chapitre  de  Saint- 
Lambert  (4). 

La  Sauvenière  conserva  cette  autonomie,  quelque 
temps  encore  après  la  fusion  de  l'abbaye  et  de  la  pré- 
vôté. Aussi  l'article  77  du  Pawelhars,  met-il  en  scène 
un  certain  «  Johan  jadit  de  Harsta,  borgeois  délie 
»  Sablenier  (2)  »  et  vers  1324  encore,  le  Liber  officiorum 
Ecclesiœ  leodiensis,  continue  de  mentionner  pour  un 
dîner  obligatoire  le  bailli  de  la  Sauvenière  :  «  Villicus 
»  de  Sabuleto  cum  sua  uxore,  »  et  les  droits  du  coste 

(1)  «  5.  Si  autera  non  claustralis  sedis,  sed  mansionarie  terre  domus 
»  fuerint,  ipsas  domos  spoliandi,  obserandi,  habitatores  capiendi  jus  erit 
»  forensi  potestati;  excepta  Sabulonaria,  in  qua  forensis  potestas  nullum 
»  jus  nisi  in  latronibus,  in  falsis  mensuris,  in  seditionibus  quas  vulgo 
»  stuer  et  burine  dicimus,  judicandis;  de  censu  auteni  domorum  et  lite 
»  finium  terre,  canonicus  cujus  ea  fuerit  judicabit  »  (Raikem,  Coutumes 
de  Liège,  t.  I,  p.  334). 

(2)  Raikem,  Coutumes  de  Liège,  t.  I,  p.  98. 

13 


—  98  — 

sur  ce  mayeur  :  «  Super  villicatum  de  Sabuleto  sex- 
»  tarium  vini  et  quatuor  capones  (\).  » 

La  Sauvenière,  en  réalité,  ne  fut  réunie  à  la  ville 
de  Liège  qu'en  vertu  de  l'article  25  de  la  Paix  des 
clercs,  traité  solennel  conclu  le  7  août  1287,  entre  la 
commune  et  les  autorités  religieuses.  Cette  annexion 
fut  même  alors  payée  par  la  ville  3oo  marcs,  comme 
un  véritable  achat  de  territoire  fait  à  la  prévôté,  qui 
conserve  d'ailleurs  dans  le  quartier  cens,  rentes  et  pri- 
vilèges pareils  à  ceux  que  gardent  les  échevins  de 
Liège  (2).  On  eut  soin  de  stipuler,  dans  l'article  sui- 
vant, que  les  habitants  de  la  Sauvenière  ne  pourraient 
être  imposés  par  leurs  nouvelles  autorités  communales 
qu a  l'avenant  des  autres  quartiers  de  la  ville,  et  que 
la  grande  église  se  réservait  le  droit  de  ne  laisser  user 
que  comme  il  lui  plairait  de  la  place  «  entre  le  pont 
»  d'Ilhe  et  la  maison  Mailhar  délie  Salvenier,  »  mai- 
son sise  en  la  Basse-Sauvenière. 

Ce  quartier  de  la  Sauvenière,  alors  beaucoup  plus 
étendu  que  de  nos  jours,  comprenait  la  plus  grande 
partie  du  Publémont,  en  montant  jusqu'à  Saint-Martin 
au  moins  et  en  descendant  jusqu'à  la  Meuse  qui  lon- 
geait alors  le  pied  de  la  Sauvenière,  de  Roland  gouffre 
au  Pont-d'Ile.  Ne  ressort-il  pas  des  pièces  citées,  qu'à 
l'origine,  il  n'était  compris  ni  au  civil,  ni  au  religieux 
dans  la  localité  de  Liège  proprement  dit,  et  que  cepen- 
dant il  formait  le  patrimoine  propre  de  Saint- Lambert? 

(1)  Cité  par  F.  H  en  aux,  Bulletin  de  P Institut  archéologique  lié- 
geois, t.  IV,  p.  164. 

(2)  a  25.  Délie  Salvenier  est-il  accordeit  en  teile  manière  que  cilh 
»  délie  Salvenier  seront  à  tous  frais  délie  vilhe  et  seront  de  teile  jurisdio 
»  tion  et  de  teile  justiche  comme  li  aultres  bourgeois  ;  et  parmi  chu,  nous 
»  le  vilhe  de  Liège  devons  donner  IIIe  mars  liégeois  qui  seront  en  la 
»  disposicion  de  prevost  et  de  l'englieze,  et  ne  doit  plus  li  prevost  avoir 
»  en  le  Salvenier  que  chose  que  li  esquevins  de  Liège  gardent  et  ses  cens 
»  et  ses  rentes  ;  et  parmi  chu  doit  avoir  C  mars  de  ligois  ou  C  souldées 
»  de  terre  par  an,  de  queils  C  mars  ou  C  souldées  de  terre  par  an  cilz  de 
»  Liège  ont  asseis  fait,  et  nous  li  prevost  et  li  englieze  nous  en  tenons  bin 
»  payez  »  (Raikem,  Coutumes  de  Liège,  t.  1,  p.  400). 


—  99  — 

Géré,  —  grâce  au  privilège  d'une  antique  immunité 
sans  doute,  —  par  l'administrateur  même  de  Saint- 
Lambert,  son  prévôt,  il  lui  devait  cens,  rentes,  hom- 
mages et  recevait  de  lui  protection  et  justice.  Le  prévôt 
y  garda  même  jusqu'à  la  Révolution  française  la  nomi- 
nation des  curés  de  Saint-Michel  et  de  Saint-Nicolas- 
aux-Mouches. 

Vers  Tan  mil  déjà,  quand  Notger  veut,  au  haut  de 
la  Sauvenière,  faire  ériger  une  église  sur  l'emplacement 
redoutable  où  un  seigneur  puissant  projetait  d'élever 
un  château-fort,  n'est-ce  pas  au  plus  ancien  prévôt  dont 
le  nom  soit  venu  jusqu'à  nous,  au  prévôt  Robert,  qu'il 
fait  prendre  l'initiative  de  la  construction  (<)?  On  sait 
les  difficultés  que  le  prédécesseur  immédiat  de  Notger, 
Tévêque  Eracle,  eut  avec  les  habitants  de  Liège  (2).  On 
sait  même  qu'il  projeta  de  transférer  sur  un  tout  autre 
emplacement  que  l'ancien,  et  la  cathédrale  et  le  palais 
qu'il  avait  à  reconstruire  :  ce  fut  sur  la  Sauvenière 
qu'il  s'établit  lui-même  ;  à  son  extrémité  qu'il  com- 
mença de  bâtir  l'église  qui  ne  devint  pas  la  Cathédrale, 
comme  il  l'avait  projeté  en  965  (3),  mais  la  basilique  de 
Saint-Martin  ;  et  sur  les  flancs  de  la  Sauvenière  aussi 
qu'il  concéda  en  961,  aux  moines  de  Stavelot,  le  terrain 
que  ceux-ci  sollicitaient  de  lui  pour  s'y  ménager  un 
refuge  (4).  L'évêque  saint  Hubert  le  premier  n'avait-il 
pas  choisi,  pour  y  ériger  son  monastère  de  Saint- 
Pierre,  le  pied  du  même  Publémont  ;  n'avait-il  pas  dû 
s'entendre  pour  ramener  les  restes  de  saint  Lambert  au 
lieu  de  son  martyre  avec  les  seniores  loci  (5)  ?  Devant 
ces  indices  et  ces  faits  n'est-on  pas  autorisé  à  penser  que 
si  le  chapitre  de  Saint- Lambert  et  nos  plus  anciens 

(i)  «  Accersito  archidiacono ,  eidemque  majoris  aecclesiœ  praepo- 
»  sito,  nomine  Rotberto  »  (Anselme,  édition  Koepke;  Migne,  Patrologie 
latine,  t.  CXXXIX,  p.  1098). 

(2)  Anselme,  Ibidem,  p.  1088. 

(3)  Martène,  Amplissima  collectio,  t.  VII,  p.  54. 

(4)  Ibidem,  t.  II,  p.  47. 

(5)  Acta  sanctorum  novembris,  t.  I. 


—  too  — 

fondateurs  d'églises  collégiales  ne  purent  se  donner  un 
patrimoine  territorial  ou  ériger  des  fondations  tout  à  fait 
indépendantes  que  dans  cette  partie  de  la  future  grande 
ville,  c'est  que  le  reste  relevait  d'une  autre  autorité  reli- 
gieuse et  temporelle,  formait  le  domaine  dune  autre  ins- 
titution antérieure  à  Saint-Lambert? 

Cette  institution,  impossible  de  la  retrouver  ailleurs 
que  dans  Notre-Dame  de  Liège!  Pas  la  moindre  trace 
dans  la  première  enceinte  de  Leodium  d'une  autre 
église  peu  connue,  d'une  autre  communauté  que  celle- 
là  !  La  seule  fondation  dont  on  ait  parlé,  —  tardive- 
ment, —  la  chapelle  des  saints  Cosme  et  Damien,  par 
là-même  qu'elle  fut  toujours  donnée  pour  le  lieu  précis 
du  martyre  de  saint  Lambert,  n'a  pu  être  l'église  où  il 
allait  prier  en  dehors  de  son  habitation.  Cette  chapelle 
de  saint  Cosme,  quand  nous  en  constatons  l'existence, 
n'a  jamais,  à  aucun  moment,  rien  d'une  paroisse,  rien 
d'une  communauté  ecclésiastique,  ni  desservants,  ni 
dotation,  ni  juridiction  quelconque.  Une  légende  d'a- 
près coup  a  pu  seule  présenter  cette  chapelle,  qu'aucun 
document  ne  prouve  avoir  existé  en  dehors  de  la  Cathé- 
drale, comme  plus  ancienne  que  le  saint  en  l'honneur 
duquel  cette  Cathédrale  fut  érigée. 

Tout  nous  ramène  ainsi,  lorsque  nous  recherchons 
la  première  église  de  Liège,  à  celle  dont  la  sainte 
patronne  partage,  du  plus  loin,  avec  le  saint  martyr,  le 
culte  de  nos  aïeux  ;  à  l'abbaye  que  nous  avons  vu  rele- 
ver la  première,  après  les  destructions  des  Normands  : 
«  Prima  leodiensis  sancte  Marie;  »  au  sanctuaire  qui 
conserva  le  baptistère  de  Liège  et  l'état  civil  de  ses 
citoyens,  abrita  la  Cour  allodiale  et  l'état  civil  des  pro- 
priétés libres,  les  synodes  épiscopaux,  le  tribunal  de 
paix  de  l'évêque  et  le  tribunal  des  juges  ecclésias- 
tiques ;  à  cette  paroisse  primaire  dont  la  juridiction 
archidiaconale  s'étendait  à  toute  la  ville,  excepté  d'abord 
la  Sauvenière,  domaine  particulier  de  Saint-Lambert, 
—  à  cette  église-mère  enfin,  si  bien  reconnue  telle  par 


—  101  — 

nos  plus  vieilles  collégiales,  —  que  toutes  lui  devaient  à 
ce  titre  l'hommage  de  certaines  visites  annuelles. 

Rien  de  plus  caractéristique  à  ce  sujet  que  cette 
décision,  prise  par  le  chapitre  même  de  Saint- Lambert, 
dans  sa  réunion  du  8  avril  i5g2,  décision  à  laquelle  il 
a  déjà  été  fait  allusion. 

Les  collégiales  de  Saint-Martin,  Saint-Paul,  Sainte- 
Croix,  Saint-Jean,  Saint-Barthélémy,  ayant  omis  de  se 
conformer  à  l'usage,  le  chapitre  de  la  Cathédrale  les 
fait  rappeler  à  Tordre  par  les  prévôts  respectifs,  et  leur 
fait  transmettre,  d'après  les  chartes  de  Saint-Lambert, 
les  articles  d'un  antique  règlement,  dont  les  dispositions 
avaient  été  confirmées  comme  très  anciennes  déjà,  leur 
dit-il,  par  un  bref  du  pape  Clément  III. 

Ce  pape,  dont  le  court  pontificat  ne  s'étendit  que 
du  20  décembre  1187  au  27  mai  1191,  avait  donc 
expressément  constaté  et  confirmé,  dès  la  fin  du  xne 
siècle,  l'usage  et  l'obligation  des  collégiales  de  Liège, 
de  rendre  processionnellement,  à  certaines  époques  et 
jours  déterminés,  «  visite  à  leur  mère,  l'église  de  Notre- 
»  Dame,. c'est-à-dire  de  Notre-Dame-aux- Fonts  (i).  » 

N'aurions-nous  point  conservé  les  clausulœ  approu- 
vées par  Clément  III  et  visées  dans  ces  conclusions? 
Copie  en  avait  été,  en  i5g2,  envoyée  pour  rappel  aux 

(1)  «  VIII  april  1592.  Cum  quinque  ecclesiae  sancti  Martini  scilicet, 
»  sancti  Pauli,  Crucis,  Joannis  et  Bartholomei  ex  antiquissima  et  per 
»  sanctissimum  dominum  Papam  Clementem  tertium  confirmata  consue- 
»  tudine,  consueverint  et  teneantur  matrem  suam  ecclcsiam  Diva?  Maria? 
»  scilicet  ad  fontes,  et  hanc  certis  statutis  diebus  et  tempo  ri  bus  visitare, 
»  prout  certae  clausulae  ex  libris  cartarum  hujus  venerandi  capituli  de- 
»  sumptae,  ac  dicta  confirmatio  Papae  démentis  tertii  in  hoc  capitulo 
»  lectae,  id  fieri  debere  arguunt,  dictas  autem  ecclesiae  seu  illorum  ali- 
»  quae  in  eo  jam  aliquoties  defectuosae  extiterint,  résolu  tu  m  fuit  copias 
»  dictarum  clausularum  et  confirmationis  reverendis  et  gcnerosis  domi- 
»  nis  praepositis  ecclesiarum  sanctorum  Martini  et  Joannis,  simul  et 
»  ecclesia rum  sancti  Pauli  et  Joannis  (sic)  ac  domino  Gennaert  tradi  de- 
»  bere,  fine  et  effectu  ut  singuli  sua  capitula  seriomoneantut  officiosuo, 
»  melius  quam  hactenus  fecerunt,  satisfaciant.  —  Traditae  fuerunt  per 
»  me  singuli  s  copias  »  (Date  indiquée.  Conclusions  capitulaires,  aux 
archives  de  l'Etat  à  Liège). 


—  102  — 

prévôts  des  collégiales  en  cause,  mais  par  une  coïnci- 
dence fâcheuse,  les  procès-verbaux  de  la  plupart  de 
ces  collégiales  sont  perdus  à  cette  date  ;  les  autres  ne 
font  point,  que  Ton  sache,  mention  de  l'incident. 

Nous  trouvons  bien,  à  la  fin  du  premier  volume 
du  recueil  de  Chapeaville,  recueil  dont  on  sait  que  le 
chapitre  de  Saint-Lambert  a  surveillé  de  fort  près  la 
composition  (4),  nous  trouvons  bien  une  sorte  de  mé- 
moire qu'on  nous  donne  comme  une  ajoute  de  Gilles 
d'Orval,  et  qui  détaille  les  visites  que  les  collégiales 
liégeoises  doivent  à  «  leur  église-mère,  cest-à-dire 
»  Sainte-Marie  et  Saint-Lambert.  »  Cette  note  a  été 
rédigée  en  faveur  de  la  grande  église,  pour  établir  les 
droits  du  chapitre  et  du  doyen  de  celle-ci  à  1  égard 
de  ces  collégiales,  et,  dans  ces  indications,  on  semble 
avoir  confondu  à  plaisir  ce  qui  regardait  Saint- Lambert, 
et  ce  qui  pouvait  concerner  Notre-Dame-aux-Fonts. 

Il  en  ressort  qu'à  certaines  fêtes,  Noël,  Pâques, 
Pentecôte,  saint  Lambert,  Dédicace  des  églises,  Puri- 
fication, Ascension  et  Toussaint,  les  cinq  collégiales 
de  Saint-Martin,  Saint-Paul,  Sainte-Croix,  Saint-Jean 
et  Saint- Barthélémy,  devaient  se  faire  représenter  soit 
par  une  partie  ou  par  l'ensemble  de  leurs  écoliers,  leur 
maîtrise,  soit  par  certaines  délégations  de  chanoines  ou 
les  deux  à  la  fois  ;  les  obligations  des  deux  autres  collé- 
giales de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Denis  étaient  sem- 
blables, quoique  un  peu  moindres.  11  en  ressort  surtout 
que  ces  visites  consistaient  partie  en  processions,  et 
en  actes  de  présence  qui  devaient  se  faire  parfois  à 
Sainte-Marie,  «  ad  fontes.  » 

On  ne  saurait,  sans  autres  éléments,  faire  la  part 
exacte  de  la  seule  église  de  Sainte-Marie  dans  ces  pro- 
cessions. Mais  une  pièce  même  de  Clément  III  est  de 
nature  à  nous  éclairer,  dans  une  phrase  qu'on  n'avait 
pas  assez  remarquée,  et  comme  cette  pièce  est  la  seule 

(i)  Bormans,  Conclusions  capitulaires. 


—  403  — 

de  ce  pape,  relative  à  ce  sujet,  que  nous  trouvions 
dans  ces  livres  de  chartes  de  Saint- Lambert,  invoqués 
par  le  Chapitre  en  1592,  c'est  bien  la  substance  de  nos 
clausulœ  qui  nous  est  donnée  dans  la  lettre  pontificale 
du  14  avril  1189. 

Clément  III,  dans  cette  lettre,  ^adressant  à  Albert 
de  Rethel,  prévôt  de  la  Cathédrale  et  peut-être  abbé 
de  Sainte-Marie  à  cette  date,  confirme  d'abord  à  l'église 
de  Liège  quelques-unes  de  ses  possessions,  sans  doute 
en  ce  moment-là  plus  menacées,  plus  contestées,  et 
confirme  surtout  «  la  liberté  ou  le  privilège  dont  jouit 
»  Saint- Lambert  de  n  être  pas  soumise  envers  la  mère 
»  église  aux  mêmes  obligations  que  les  sept  autres  col- 
»  légiales  en  ce  qui  regarde  soit  l'hommage  de  déférence 
»  des  sept  collégiales  de  la  même  cité,  soit  les  stations 
y>  qu  elles  ont  à  faire  auprès  de  leur  mère  église,  à 
»  Noël,  à  la  purification  de  la  Bienheureuse  Vierge 
»  Marie,  aux  Rameaux,  à  Pâques,  à  l'Ascension,  à  la 
»  Pentecôte  et  en  d'autres  solennités  (la  fête  de  saint 
»  Lambert  ?)  comme  elles  l'ont  fait  depuis  cent  ans  et 
»  plus  et  le  font  régulièrement  à  présent  (1).  »  Il  n'y  a 
plus  à  douter  après  cela  que  dès  le  XIIe  siècle,  on  consi- 
dérait comme  une  des  prérogatives  les  plus  antiques  à 
Liège,  le  droit  de  Sainte- Marie  de  recevoir  cet  hom- 
mage filial  de  nos  plus  puissantes  collégiales  et  que 

(1)  On  avait  jusqu'ici  interprété  ce  texte  comme  une  indication  des 
obligations  des  collégiales  envers  Saint- Lambert,  mais  en  le  rapprochant 
des  termes  de  la  décision  capitulaire  de  1592,  où  il  est  si  nettement 
indiqué  que  l'église  de  Sainte-Marie  est  Notre- Dame -aux- Fonts,  il 
devient  manifeste  que  l'acte  pontifical  ne  confirme  pas  un  droit,  mais  une 
exemption  du  chapitre  de  Saint- Lambert  :  «  Clemens  episcopus  servus 
»  servorum  Dei  dilectis  filiis  Alberto  praeposito  et  capitulo  Leodiensis 
»  ecclesiae...  Libertatem  quoque  et  prerogativam  Leodiensis  ecclesise  de 
»  obsequio  septem  ecclesiarum  canonicarum  in  eadem  civitate  et  statio- 
»  nibus  ad  matrem  ecclesiam  in  Natali,  in  purificatione  Beats  Mariée, 
»  in  ramis  palmarum,  in  pascha,  in  Ascencione,  in  Henthecoste,  et  aliis 
»  solemnitatibus  sicut  centum  annis  et  amplius  fecerunt  et  hodie  incunc- 
»  tanter  faciunt  ...  auctoritate  apostolica  confirmamus  »  (Cartulaire  de 
Saint-Lambert,  p.  m). 


—  104  — 

c'était  par  une  faveur  unique  que  le  chapitre  même  de 
Saint- Lambert  avait  pu  se  soustraire  à  cette  obligation. 

Il  est  intéressant  de  rapprocher  ce  texte  de  ce  fait, 
qu'à  Huy,  le  21  septembre  u3o,  lors  de  la  consécra- 
tion de  la  maison  de  Neufmoustier,  pour  régler  la 
situation  de  la  communauté  nouvelle  en  regard  du 
premier  temple  de  la  cité  de  Pierre  l'Ermite,  l'évêque 
déclara  simplement  établir  Neufmoustier  en  face  de 
Notre-Dame  de  Huy,  dans  la  condition  des  églises  de 
Liège,  en  face  de  leur  église-mère  (1). 

Il  est  intéressant  aussi  de  noter  cet  usage  qu'obser- 
vait au  siècle  passé  le  chapitre  de  la  Cathédrale,  d'aller 
au  jour  des  morts  faire  en  procession  une  solennelle 
prière,  non  pas  au  cimetière  de  Saint-Lambert,  mais 
à  celui  de  Sainte-Marie,  à  l'ossuaire  qui,  formé  dos  et 
de  crânes  desséchés  réunis  en  forme  de  Calvaire,  s'éle- 
vait contre  le  chœur  même  de  l'église  de  Notre-Dame- 
aux- Fonts  (2). 

Que  cet  usage  se  rattache  ou  non  à  ceux  dont 
Clément  III  relevait  la  haute  antiquité;  que  les  sept 
collégiales  aient  ou  non  transformé  en  visites  à  Saint- 
Lambert  celles  qu'originairement  elles  devaient  à  Sainte- 
Marie,  qu'on  puisse  ou  non  rattacher  à  l'exemption 
maintenue  par  Clément  III  le  texte  déjà  cité,  où  le 
contemporain  de  ce  pape,  Hugues  de  Lobbes,  montrait 
Saint-Lambert  se  substituant  à  Liège  comme  église 
principale  à  Notre-Dame  ;  il  n'y  a  plus  à  le  contester 
en  présence  de  l'interprétation  officielle  donnée  en  i5g2 
à  la  lettre  de  Clément  III,  et  en  présence  du  texte 
même  de  cette  lettre  papale  rappelée  encore  dans  le 

(1)  «  Feci  eam  liber  am  cum  toto  claustro  et  situ  ta  m  in  decimatione 
»  quam  in  ceteris  exactionibus.  Remota  itaque  omni  occasione  contro- 
»  versie,  concordie  et  mu  tue  invicem  dilectionis  gratia,  decrevi,  ut  eccle- 
»  sia  béate  Marie  mater,  ista  esset  tilia,  ita  videhcet  ut  idem  Jus  et  privi- 
»  legium  sub  ipsa  matre  haberet  in  suo  ordine,  quod  ecclesie  quœ  sunt 
»  Leodii  sub  sua  matre  retinent  »  (Gilles  d'Orval,  ajoute  de  Tinterpola- 
teur  hutois,  Mon.  SS.,  t.  XXV,  p.  100). 

(2)  Van  den  Steen,  La  Cathédrale  de  Saint-Lambert,  p.  75. 


—  105  — 

bref  de  i23o,  de  Grégoire  IX  (4),  au  chapitre  de  Saint- 
Lambert  :  jusqu'à  la  fin  du  XVIe  siècle,  au  moins,  ce 
fut  une  tradition  admise  dans  ce  Chapitre  que  1  église- 
mère,  à  Liège,  était  Notre-Dame,  et  que  mère  elle  était, 
pour  la  Cathédrale  elle-même,  au  point  qu'il  avait 
fallu  l'intervention  de  la  plus  haute  autorité  de  l'Eglise 
pour  exempter  les  tout-puissants  chanoines,  électeurs 
du  prince  et  sénat  de  la  principauté,  du  devoir  de  re- 
connaître plusieurs  fois  par  an,  la  suzeraineté  religieuse 
de  leur  humble  voisine.  Est-ce  assez  clair? 

Sans  doute,  à  moins  de  produire  au  débat  des  do- 
cuments décisifs,  inconnus  ou  perdus  jusqu'ici,  on  ne 
dissipera  jamais  toutes  les  obscurités  qui  entourent  les 
premiers  commencements  de  Leodium,  mais  à  travers 
les  brouillards  qui  nous  dérobent  cette  naissance  du 
VIIe  siècle,  brouillards  semblables  à  ceux  qui  cou- 
vraient là,  dans  la  nuit  du  17  septembre,  la  marche 
criminelle  des  assassins  du  bienheureux  Lambert,  ne 
vous  semble-t-il  pas,  mon  cher  Président,  que  nous 
pouvons  distinguer  du  moins  quelques  vagues  con- 
tours, et,  si  humble  qu'il  soit,  le  premier  sanctuaire 
du  hameau  nouveau-né? 

N'avez-vous  pas  déjà  remarqué  comment,  sous 
l'action  providentielle,  les  fondations  religieuses  de 
cette  race  de  Pépin  et  d'Arnulphe,  qui  devait  nous 
donner  Charlemagne,  se  rapprochent  de  plus  en  plus, 
pendant  ce  vne  siècle,  du  val  où  le  sang  de  saint  Lam- 
bert devait  faire  lever,  lui,  la  grande  cité  wallonne? 

Les  cloîtres  des  filles  du  vieux  Pépin,  de  Gertrude 
de  Nivelles  et  de  Begge  d'Andenne,  sont  dotés,  pour 
bonne  part,  avec  leurs  patrimoines  hesbignons.  Plus 
près  de  nous,  Ode  a  élevé,  sur  les  bords  de  la  Meuse, 
la  communauté  religieuse  d'Amay  ;  saint  Arnulphe  que 
le  moyen  âge  a  voulu  croire,  —  et  rien  n'empêche  de 
partager  sa  foi,  —  le  fils  de  cette  sainte  Ode,  Arnulphe 

(1)  Carlulaire  de  Saint-Lambert,  p.  263. 

14 


—  106  — 

et  Clodulphe,  ont  établi  proche  de  ces  localités  ton- 
groises  que  nous  avons  vu  fournir  la  dotation  de  Sainte- 
Marie  de  Liège,  la  communauté  pieuse,  le  cloître  hos- 
pitalier de  Russon  (i)  ;  après  eux,  Pépin  de  Herstal 
assure  mieux  encore  cette  communauté  de  Russon. 
Plus  près  de  nous,  n'est-ce  pas,  ce  semble,  des  libéra- 
lités de  Grimoald  que  saint  Remacle  a  reçu,  pour  son 
monastère  de  Stavelot,  le  territoire  de  Horion? 

Plus  près  de  nous  encore,  à  l'extrémité  du  vallon 
sauvage  où  viendra  se  développer  Liège,  Chèvremont 
s'élève,  communauté  religieuse  du  même  caractère, 
sous  le  patronage  de  Notre-Dame,  institution  au  moins 
aussi  ancienne  et  plus  chère  encore  à  la  famille  caro- 
lingienne (2).  A  l'autre  extrémité  de  Liège,  c'est  Jupille, 
séjour  du  second  des  Pépin,  qui  garde  dans  son  église 
patronale  de  Saint-Amand  le  souvenir  d'un  de  ces 
apôtres  épiscopaux,  les  mieux  accueillis  dans  cette 
famille  des  Pépin  ;  c'est  Herstal,  où  Charles  Martel  et 
ses  successeurs  viendront  établir  leur  princière  rési- 
dence, proche  d'une  autre  église  de  Notre-Dame.  Ainsi 
le  domaine  pippinien  entoure  sur  la  droite  du  fleuve, 
de  Chèvremont  ou  d'Angleur  à  Herstal  le  futur  terri- 
toire liégeois  ;  sur  l'autre  rive  il  le  borne  encore  à 
Herstal  et  vers  la  Hesbaye.  Comment,  ce  voyant,  ne 
pas  se  demander  si  Liège  a  pu  être  autre  chose,  qu'un 
fragment  démembré  de  ce  grand  patrimoine  carolin- 
gien qui  l'enserrait  de  toutes  parts  ?  Alors  que  tous 
les  plus  anciens  établissements  religieux  d'alentour  se 
trouvent  ainsi  venir  d'ancêtres  de  Charlemagne,  quelle 
plus  vraisemblable  origine  aurait  pu  avoir  cette  com- 
munauté primitive  de  Leodium  voisine  de  leurs  rési- 
dences ? 

Là,  saint  Lambert,  rétabli  par  l'un  d'eux  sur  son 
siège  épiscopal,  vivait,   commandait,  séjournait,   offi- 

(1)  Mon,  Diplom.  reg.  Germaniœ,  t.  I,  pars  secunda,  p.  i83. 

(2)  Jos.  Demarteau,  Notre-Dame  de  Chèvremont,  p.  23. 


—  107  — 

ciait,  entouré  de  disciples  et  serviteurs  ;  là  il  avait 
déposé  les  restes  mortels  de  son  prédécesseur  saint 
Théodard  (4)  ;  c'est  vraisemblablement  pour  cette  com- 
munauté, qu'au  rapport  du  chanoine  Nicolas,  il  avait 
obtenu  ces  privilèges  dont  la  trace  se  retrouve  dans  la 
juridiction  des  abbés  de  Sainte- Marie,  sur  le  territoire 
liégeois,  de  Herstal  à  Angleur  ? 

A  la  lueur  fugitive,  mais  suffisante,  ce  me  semble, 
qui  se  détache  du  choc  de  ces  détails  et  de  ceux  recueil- 
lis ci-dessus,  le  territoire  de  Liège  m'apparaît,  à  tra- 
vers les  brumes  de  sa  première  histoire,  partagé  en 
deux  domaines  sacrés. 

Celui  de  Notre-Dame,  la  paroisse  primitive,  est  le 
plus  ancien  et  le  plus  grand  ;  c'est  dans  la  plaine  du 
fond  de  la  vallée  qu'il  s'étend,  le  long  de  la  Meuse. 
Distrait  du  vaste  patrimoine  des  ancêtres  carolingiens, 
octroyé  par  un  Pépin,  Grimoald,  Ansegise,  ou  par 
quelque  princesse  de  leur  maison,  à  saint  Amand,  à 
saint  Remacle  ou  à  saint  Théodard,  il  a  dû  son  église 
au  plus  tard  à  celui  de  ces  pontifes  dont  il  eût  à  garder 
le  tombeau. 

L'autre  domaine  joint  celui  de  Notre-Dame  :  com- 
prenant un  territoire  moins  fertile  et  plus  restreint  dans 
ses  limites,  puisqu'il  s'est  formé  le  second,  au  vu Ie 
siècle  seulement,  peut-être  même  tiré  de  l'autre,  c'est 
sur  la  montagne  inculte,  sur  le  Publémont  ou  mont 
public,  sur  le  vrai  Leodium  ce  semble,  qu'il  s'étend 
principalement  :  il  vient  s'arrêter  au  bas  de  la  Sau- 
venière,  à  ce  bras  de  Meuse  qui  sépare  Liège  de  l'île 
dont  il  sera  réservé  à  Notger  de  faire  un  troisième 
quartier  de  la  cité  :  c'est  le  domaine  nouveau  de  l'église 
et  des  frères  de  Saint- Lambert,  qui  deviendront  le 
chapitre  de  la  Cathédrale.  Le  pouvoir  de  celle-ci  ira 
toujours  si  bien  croissant,  qu'elle  finira  par  absorber, 

(i)  Jos.  Demarteau,  Vie  de  saint  Théodard,  par  Herigère,  pp.  26, 
32  et  46. 


—  108  — 

comme  nous  l'avons  vu,  dotations,  prébendes,  juri 
tion,  l'abbé,  le  nom  même  de  l'abbaye  de  Notre-Dai 
Elle  n'a  que  trop  longtemps,  trop  complètement 
oublier  l'autre  ! 

Rendons  sa  place  à  chacun  :  ni  le  temple  natioj 
du  martyr,  ni  le  Chapitre  de  ses  tréfonciers  n'y 
dront  rien  de  leur  gloire  religieuse,  de  leurs  privilq 
princiers.  La  ville  y  gagnera  d'avoir  eu  pour  bero 
son  baptistère  même  et  d'être  née  sous  le  patrom 
premier  de  la  mère  de  Dieu. 


Ce  tableau  est-il  trop  conjectural  encore?  Ces  a 
clusions,  à  défaut  de  s'appuyer  sur  un  texte   abso] 
ment  décisif,  n'ont-elles  pas  pour  elles,  autant  que 
le  crois,  de  justes  présomptions,  de  précieux  indi( 
toutes  les  vraisemblances?  J'espère  au   moins,    m« 
cher    Président,    qu'il  ressortira  de  cette  étude, 
vous   comme  pour  moi,  que  l'église  de  Sainte-Mai 
fut,  dans  Tordre  des  temps,  la  première  église  de  Liq 
Nos  pères,  dans  leurs  monuments,  faisaient  bien 
représenter  leur  cité  par  la  colonne  de  pierre  élevai 
fièrement  la  croix,  entre  saint  Lambert,  d'une  part, 
sainte  Marie,   de   l'autre.    Ensemble   Notre-Dame   et' 
saint  Lambert   avaient  fondé  Liège  ;  ensemble  ils  la 
devaient  protéger  pour  jamais  et  c'est  bien  à  l'autel  de  ] 
la  Vierge,  que  le  pontife  avait  été  prendre,  dans  la  nuit 
du  martyre,   le  courage  de  mourir  triomphant  pour 
nous  garder  l'Evangile  et  pour  fonder  la  patrie. 

Joseph  DEMARTEAU. 


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*V/e 


3] 


Z.Grandmoxt  -Doi/jdïp.s 


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I 


THI  NEW  TOMC 

i'UÈLIC  LIBRÀRT 


ASIOR,   LÈ.NOX 


noti 


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HISTOIIUS 

DE 

L'ANCIEN  BAN  D'OLNE 

ET  DE 

LA  DOMINATION  DES  CALVINISTES 

DANS  CE  TERRITOIRE  (i) 


AVANT- PROPOS 


DESCRIPTION  DE  LA  COMMUNE  ACTUELLE  D'OLNE 

Olne  est  une  des  plus  importantes  communes  rurales 
de  l'arrondissement  de  Verviers.  Elle  est  bomée  :  au 
Nord,  par  Soumagne  et  Ayeneux;  à  l'Est,  par  Xhende- 
lesse  et  Soiron  ;  au  Sud,  par  Cornesse,  Fraipont  et 
Nessonvaux  ;  à  l'Ouest,  par  Forêt  et  Magnée. 

(i)  Manuscrits  et  ouvrages  cités  dans  cette  notice  : 
Les  cent  vingt  cinq  registres  de  la  Cour  de  justice  du  ban  dOlne,  au 

dépôt  des  archives  à  Liège  ; 
Les  registres  de  la  Cour  féodale  et  allodiale  de  Dalhem,  au  dépôt  des 

archives  à  Liège  ; 
Une  liasse  sur  Saint-Hadelin  ;  les  Rendages  d'Olne,  etc.,  au  dépôt  des 

archives  à  Liège  ; 
Comptes  des  drossarts  de  Dalhem  (reg.  13,146  et  13,147  de  la  Chambre  des 

comptes),  à  Bruxelles  ; 
Archives  de  la  Cure  d'Olne,  divisées  en  cinq  recueils  ; 
Deux  registres  du  curé  Delva  ; 
Archives  du  consistoire  réformé,  provenant  de  la  mortuaire  de  Pauline 

Régnier  ; 

13 


—  110  — 

La  superficie  en  est  de  1,541  hectares  dont  environ 
la  moitié  en  terres  labourables  ;  l'autre  moitié  en  prés, 
pâtures  et  vergers. 

La  population  dépasse  3,3oo  habitants. 

Les  principaux  hameaux  sont  :  Froidbermont, 
Bois  d'Olne,  Vaux-sous-Olne,  Haute-Rafhay,  Basse- 
Rafhay,  Hansez,  Gélivaux,  Saint- Hadelin,  Faweux, 
Riessonsart. 

Topographie.  Il  est  peu  d'endroits  où  la  nature 
ait  tracé  plus  de  marques  distinctives  et  propres  à  fixer 
une  situation.    Rivière,   ruisseaux,    sources,   vallons, 

Archives  des  barons  cTOlne,  au  château  de  Baarlo,  en  Hollande; 
Christ  Quix,  Codex  diplomaticus  Aquensis,  deux  volumes,  bibliothèque 

du  Séminaire  de  Liège  ; 
M.  S.  Ernst,  Codex  diplomaticus  Limburgensis,  formant  le  tome  VI  de 

Y  Histoire  du  duché  de  Limbourg  ; 
J.  Dans,  Histoire  de  la  principauté  et  du  diocèse  de  Liège,  depuis  1724, 

quatre  volumes; 
J.  Daris,  trois  articles,  publiés  dans  les  Analectes  pour  servir  à  rhistoire 

de  Belgique 9  tome  XI V  ; 
Ant.  Delva,  curé  d'Olne,  Le  noviciat  réformé,  etc.,  se  trouve  dans  la 

bibliothèque  de  l'Université  de  Liège; 
L.  Crahay,  Coutumes  des  Pays  d*Outremeuse  ; 
Chev.  de  Harenne,  Le  château  de  la  Rochette  et  ses  seigneurs; 
E.  Poswick,  Histoire  de  la  Noblesse  limbourgeoise  ; 
G.  Nautet,  Notices  historiques  sur  r ancien  pays  de  Liège; 
H.  Delvaux,  Dictionnaire  des  communes  de  la  province  de  Liège; 
D.  Lenoir,  Histoire  de  la  réformation  dans  ranci  en  pays  de  Liège; 
Lebrun,  Journal  général  de  F  Europe,  année   1790,   bibliothèque   de 

TUniversité  de  Liège; 
X.  X.,  Grand  Calendrier  de  Hervé,  années  1792  et  1794,  bibliothèque 

de  l'Université  de  Liège  ; 
Desoer,  Ancienne  Galette  de  Liège,  années  1792  et  1793  ;  bibliothèque 

de  l'Université  de  Liège; 
Divers,  Quelques  passages  de  Namèche,  Le  Fort,  Hénaux,  Bormans. 

Avis.  Dans  le  but  de  mettre  cette  notice  à  la  portée  des  lecteurs  de 
toute  condition,  nous  avons  retranché  du  texte  les  citations  en  langues 
anciennes  ou  étrangères  ;  ces  citations  se  trouvent  en  notes  au  bas  des 
pages,  où  nous  avons  également  indiqué  nos  sources,  sauf  le  cas  où 
celles-ci  se  trouvent  suffisamment  désignées  dans  le  récit  lui-même.  En 
outre,  nous  avons  transcrit  quelques  documents  intéressants,  que  nous 
publions  en  appendice  à  la  fin  de  ce  travail. 


—  111  — 

gorges,  montagnes,  curiosités  naturelles,  tout  s'y  ren- 
contre (i). 

Transportons-nous  d'abord  sur  les  bords  de  la 
Vesdre,  qui  nous  sert  de  limite  du  côté  Sud.  Cette 
rivière  commence  à  toucher  la  commune  d'Olne  un 
peu  au-dessous  de  la  filature  de  Goffontaine,  à  l'em- 
bouchure d'un  petit  ruisseau  nommé  Ry  de  la  saute. 

Supposons  que,  au  lieu  de  n'avoir  qu'un  mince 
filet  d'eau,  cette  rivière  soit  navigable  et  que  nous 
puissions  à  partir  de  ce  point  la  descendre  en  nacelle  : 
à  notre  gauche,  nous  aurons  la  commune  de  Frai- 
pont  ;  à  notre  droite,  une  montagne  de  notre  com- 
mune, escarpée,  vraiment  inaccessible,  couverte  de 
bois-taillis,  nommée  Nairheid. 

Nous  continuons  de  descendre  la  Vesdre  le  long  de 
cette  montagne;  nous  passons  à  côté  de  la  grande  fila- 
ture de  Gomélevay,  puis  nous  trouvons  une  grosse 
pierre  qui  sert  de  séparation  entre  Olne  et  Nessonvaux. 
Ici  la  Vesdre  quitte  notre  commune,  dont  nous  ces- 
sons, sur  l'espace  d'un  kilomètre,  de  côtoyer  le  terri- 
toire. Nous  avons  à  notre  droite  Nessonvaux  qui  est 
borné  au  Sud  par  la  Vesdre  et  des  trois  autres  côtés 
par  la  commune  d'Olne,  dans  le  sein  de  laquelle  Nes- 
sonvaux forme  comme  une  vaste  échancrure. 

Nous  passons  sous  deux  ponts  et  près  d'un  moulin 
important;  à  une  centaine  de  mètres  au-dessous  de  ce 
moulin,  à  un  endroit  où  se  trouvait  autrefois  un  orme, 
nous  touchons  de  nouveau  le  territoire  d'Olne,  que 
nous  avons  à  notre  droite  et  que  nous  côtoyons  dere- 
chef sur  l'espace  de  près  de  trois  kilomètres. 

Nous  y  voyons  successivement  le  hameau  de  Moi- 
rivaux,  la  montagne  de  Coucoutnont,  en  forme  de  pain 
de  sucre,  le  vallon  des  Cheraux,  puis  la  haute  mon- 
tagne de  Hanse\. 

Nous  avons  toujours   à   gauche  la  commune  de 

(i)  Ce  passage  est  du  Grand  Calendrier  de  Hervé,  année  1794,  où  se 
trouve  une  description  d'Olne  dont  nous  avons  largement  profité. 


—  112  — 

Fraipont,  dont  nous  rasons  le  chef-lieu.  Un  peu  au- 
dessous  de  la  Basse-Fraipont,  on  a  exécuté,  lors  de  la 
construction  du  chemin  dé  fer,  une  dérivation  de  la 
Vesdre;  c'est  l'ancien  lit  qui  sert  de  limite;  nous  avons 
donc  sur  notre  gauche  un  lambeau  de  notre  territoire. 
A  droite,  nous  continuons  de  côtoyer  la  longue  mon- 
tagne appelée  Heid  de  Hanse{  ;  nous  arrivons  au  ha- 
meau nommé  la  Vanne  au  Troo\\  et  à  l'embouchure 
du  ruisseau  des  Chinaux,  la  Vesdre  quitte  définitive- 
ment notre  commune  ;  non  loin  de  là  se  trouve  là  sta- 
tion du  Trooç. 

Quittons  maintenant  notre  nacelle  et  remontons  un 
pittoresque  vallon,  le  long  du  ruisseau  des  Chinaux 
qui  sépare  les  tefritoires  d'Olne  et  de  Forêt.  Plus  haut, 
ce  vallon  s'élargit  et  devient  une  belle  vallée  très  bien 
cultivée,  au-  milieu  de  laquelle  nous  traversons  le  ha- 
meau de  Gélivaux.  Continuons  de  monter,  hâtons- 
nous  de  traverser  une  campagne  fertile  et  arrivons  au 
hameau  de  Hanseç.  Reposons-nous  ici,  nous  sommes 
sur  un  petit  plateau  d'où  nous  découvrons  un  pano- 
rama splendide. 

Après  avoir  plongé,  dans  la  profonde  vallée  de  Nes- 
sonvaùx,  nos  regards  découvrent,  sur  la  montagne  qui 
nous  fait  face  de  l'autre  côté,  le  clocher  de  l'église 
d'Olne  et  mesurent  l'énorme  circuit  que  doivent  faire 
les  habitants  de  Hansez  pour  se  rendre,  à  travers  la 
campagne,  à  leur  église  paroissiale. 

Au  lieu  de  faire  ce  circuit  et  de  suivre  la  route  vers 
Olne,  nous  préférons  aller  visiter  une  autre  partie  de 
la  commune. 

Nous  descendons  une  pente  rapide  nommée  Thier 
de  Hanses  dans  la  direction  de  Nessonvaux;  c'est  seu- 
lement à  côté  de  l'église  de  cette  localité  que  nous  quit- 
tons le  territoire  de  notre  commune,  car  toute  cette 
montagne  fait  partie  d'Olne.  En  dessous  de  l'église 
nous  trouvons  la  grand'route,  que  nous  suivons  dans 
la  direction  de  Vaux. 


—   113  — 

A  un  endroit  nommé  Tonvoye  se  trouve  la  limite 
de  Nessonvaux.  Ici  s'ouvre  un  long  et  pittoresque  val- 
lon, au  fond  duquel  coule  le  ruisseau  de  Soiron  ;  re- 
montons ce  vallon,  c  est  une  agréable  promenade  et 
nous  serons  ici  en  pleine  commune  d'Olne. 

Nous  trouvons  partout  de  verdoyantes  prairies  en- 
trecoupées parfois  de  bosquets,  de  bois  taillis.  Sur 
notre  gauche  nous  avons  les  hameaux  de  Tancrê  et  de 
F*roidbermont  ;  à  droite,  plus  étendu  et  plus  disséminé, 
celui  du  Bois-cTOlne,  dominé  par  le  Nairheid  dont 
nous  admirions  tantôt  l'autre  versant  au-dessus  de  la 
Vesdre. 

Dans  cette  vallée  de  Soiron,  que  nous  remontons, 
viennent  déboucher  quatre  vallons  secondaires  :  celui 
de  la  Vaussalle,  qui  se  dirige  vers  les  Fosses,  près  du 
village  ;  ceux  de  Tancré  et  de  Nectinry,  qui  montent 
vers  Froidbermont  et  celui  de  Longbur,  qui  va  se 
perdre  dans  la  campagne  dans  la  direction  de  la 
Haute-Rafhay.  Au  fond  de  ces  vallons  coulent  de 
maigres  ruisseaux,  qui  disparaissent  en  partie  dans  des 
chantoires  [\)  et  se  dessèchent  complètement  en  été  ;  il 
faut  excepter  la  fontaine  de  Tancré  qui  ne  tarit  jamais 
et  dont  les  eaux,  au  témoignage  du  célèbre  médecin 
Chrouet,  doivent  être  citées  parmi  les  plus  salubres  du 
pays  (2). 

Nous  voici  de  retour  à  Vaux-sous-Olne ,  vallée 
dont  une  grande  partie  appartient  à  Nessonvaux.  Nous 
y  voyons  un  ruisseau  important,  dont  nous  parlerons 
tout  à  l'heure,  car  il  est  une  des  curiosités  naturelles 
de  notre  commune.  Vers  le  haut  de  cette  vallée  nous 
voyons  s'ouvrir  trois  ravins  pittoresques,  dont  les  deux 
supérieurs,  nommés  Lutuvaux  et  Chefoux,  nous  con- 
duisent non  loin  du  village. 

Le  centre  de  la  commune,  comprenant  le  chef-lieu, 

(i)  Gouffre;  dans  le  pays  on  dit  agolina. 

(2)  W.  Chrouet,  De  la  connaissance  des  eaux  minérales,  Liège,  1729. 
Cette  citation  est  tirée  du  Grand  Calendrier  de  Hervé,  année  1794. 


—  114  — 

les  Fosses  et  le  Rafhay,  est  la  partie  la  moins  acciden- 
tée :  c  est  un  vaste  plan  incliné  vers  le  midi,  arrondi  en 
forme  de  croupe  et  sillonné  seulement  par  le  petit  ravin 
de  la  Falize  près  du  village. 

Reposons-nous  maintenant,  car  il  nous  a  fallu  une 
journée  entière  pour  parcourir  et  étudier  toute  cette 
partie  de  notre  commune  ;  nous  devons  prendre  des 
forces  avant  d'entreprendre  l'étude  de  la  section  de 
Saint-Hadelin. 

Transportons-nous  à  l'extrémité  de  la  commune  ; 
de  là,  nous  nous  dirigerons  vers  le  centre.  Le  voyageur 
qui  descend  à  la  station  de  Fléron  et  suit  la  vieille 
chaussée  vers  Soumagne  arrive  en  dix  minutes  près  de 
la  limite  de  notre  commune,  à  un  endroit  nommé  Hot- 
ton,  éloigné  d'une  grosse  lieue  du  village  d'Olne.  Je  dis 
qu'il  arrive  près  de  la  limite,  car  celle-ci  ne  touche  en 
aucun  endroit  à  la  chaussée  de  Liège  à  Aix-la-Chapelle, 
mais  ne  s'en  écarte  que  d'une  cinquantaine  de  mètres 
et  lui  reste  constamment  parallèle  sur  un  espace  de 
plus  d'un  kilomètre.  Singulière  délimitation  qui  entraîne 
cette  anomalie  que  des  maisons  situées  près  de  l'église 
d'Ayeneux  appartiennent  à  la  commune  d'Olne.  Cette 
partie  Nord-Ouest  de  notre  territoire  forme  un  plateau 
considérable,  incliné  au  midi  et  très  fertile,  au  milieu 
duquel  sont  situés  les  hameaux  de  Faweux  et  de  Ries- 
sonsart.  Ce  plateau  appartient,  pour  ainsi  dire,  à  une 
autre  région  que  la  partie  centrale  de  la  commune, 
dont  il  est  séparé  par  une  vallée  profonde  et  pittoresque, 
arrosée  par  le  ruisseau  de  Soumagne. 

Ce  ruisseau  prend  naissance  près  de  Hervé,  arrose 
Soumagne,  fait  mouvoir  plusieurs  moulins  et  une  fila- 
ture à  la  Neuville,  et  descend  vers  la  Vesdre  par  les 
fonds  de  Forêt. 

Toute  cette  vallée  est  appelée  à  un  grand  avenir 
au  point  de  vue  commercial  et  industriel,  car  elle  ne 
peut  tarder  à  devenir  un  moyen  de  communication 
entre  le  pays  de  Hervé  et  la  vallée  de  la  Vesdre. 


J 


—  H5  — 

L'église  de  Saint-Hadelin  est  pittoresquement  située 
sur  un  rocher  d'où  elle  domine  la  vallée  ;  à  celle-ci 
viennent  aboutir  deux  vallons  profonds  et  boisés  dont 
l'un,  le  Magnétrooi,  sépare  Olne  de  Magnée  et  l'autre, 
nommé  la  Basse,  remonte  vers  la  campagne  entre 
Faweuxet  Riessonsart. 

Terminons  cette  topographie  en  faisant  remarquer 
que  le  point  le  moins  élevé  de  toute  la  commune  est  à 
la  Vanne  au  Trooz,  où  il  n'y  a  que  g3  mètres  au-dessus 
de  l'océan.  Le  point  le  plus  élevé,  dans  une  prairie,  à 
la  Bouteille,  près  de  la  route  de  Xhendelesse,  est  à  275 
mètres;  il  y  a  donc  une  différence  de  niveau  de  182 
mètres.  Notons  encore  quelques  altitudes  :  Nairheid 
est  à  260  mètres,  Hansez  à  255  mètres,  Riessonsart  à 
226  mètres  et  le  village  d'Olne,  près  de  l'église,  à  223 
mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

La  plus  grande  longueur  de  la  commune,  de  Hot- 
ton  au  Ry  de  la  Saute  est  de  deux  lieues  ;  la  plus  petite 
largeur,  de  Froidheid  à  Rafhay-Soumagne,  par  le  til- 
leul, n'est  que  d'un  kilomètre. 

Curiosités  naturelles.  De  ce  nombre  est  une 
fontaine  qu'on  appelait  autrefois  Ry  de  Rode  et  dont 
les  eaux  n'apparaissent  à  la  surface  que  sur  un  faible 
espace.  C'est  probablement  le  même  ruisseau  qui  se 
perd  dans  un  pré  à  la  Basse-Xhendelesse.  Il  sort  de 
terre  au  Nord  du  village,  parcourt  le  ravin  de  la 
Fali\et  arrose  une  tannerie  et  va  se  perdre  de  nouveau 
sous  un  rocher  près  de  l'ancienne  brasserie  banale 
d'Olne.  Un  kilomètre  plus  bas,  à  Vaux,  il  reparaît  de 
nouveau,  si  fort  et  si  abondant  qu'il  fait  mouvoir  plu- 
sieurs moulins  et  usines.  Le  ruisseau  de  Soiron  dispa- 
raît de  la  même  façon  dans  une  chantoire  près  de 
Tancré. 

Une  curiosité  de  même  nature,  mais  plus  remar- 
quable à  cause  du  grand  volume  d'eau,  se  voit  près  de 
Saint-Hadelin.  Le  ruisseau  de  Soumagne  va  s'y  perdre 
sous  un  rocher  un  peu  plus  bas  que  la  filature,  pour 


—  m  — 

reparaître  au-dessus  d'un  moulin,  dans  les  Fonds   de 
Forêt. 

Non  loin  de  là,  presque  au  commencement  du 
vallon  de  Magnétrooz  est  une  galerie  naturelle,  qui 
semble  avoir  été  percée  dans  le  rocher  et  qui  d'un 
bout  à  l'autre  forme  une  rue  longue  de  3oo  pieds, 
large  de  20,  haute  de  40.  Cette  merveille  qu'on  dirait 
l'œuvre  des  Titans,  mériterait  d'être  visitée  par  les 
touristes. 

Nature  du  terrain.  Il  serait  à  désirer  que  la 
carte  géologique  de  notre  pays  fut  achevée  ;  elle  nous 
ferait  connaître  la  superposition  des  terrains  dans  notre 
commune  et  les  richesses  minérales  qu'elle  contient. 
Tout  ce  que  nous  pouvons  dire,  c'est  que  toute  la  sec- 
tion de  Saint-Hadelin  et  une  partie  du  Rafhay  appar- 
tient au  terrain  houiller  proprement  dit  et  que  presque 
tout  le  reste  de  la  commune  est  compris  dans  le  calcaire 
carbonifère.  Il  y  a  toutefois  des  roches  de  grès  non  cal- 
caires dans  la  ligne  de  collines  qui  s'élèvent  au-dessus 
de  la  Vesdre  et  M.  Destinez  a  trouvé  des  psammites  du 
Condro{  dans  le  bois  de  Longbur. 

Ces  grès  et  ces  psammites  semblent  se  rattacher  au 
système  dévonien  de  l'Ardenne. 

Productions  naturelles.  On  cultive  dans  cette 
commune  le  froment,  l'épeautre,  le  seigle,  l'orge, 
l'avoine,  les  fourrages.  La  culture  des  chardons  pour 
la  préparation  du  drap,  autrefois  considérable,  est 
presque  abandonnée  de  nos  jours. 

Une  moitié  du  territoire  est  couverte  de  belles  et 
verdoyantes  prairies.  Les  essences  qui  dominent  dans 
les  bosquets  et  bois-taillis  sont  le  chêne,  la  charmille, 
le  coudrier. 

La  profondeur  de  la  couche  végétale  varie  beau- 
coup; dans  quelques  endroits  elle  est  presque  nulle; 
dans  d'autres  elle  n'est  que  de  10  à  20  centimètres,  et 
dans  les  meilleures  terres  elle  va  jusqu'à  5o  centimètres. 


—  117  — 

La  flore  est  excessivement  variée  :  elle  ne  se  dis- 
tingue guère  de  celle  de  la  vallée  de  la  Vesdre  (1),  mais 
compte  quelques  plantes  propres  au  pays  de  Hervé. 

Industrie.  L'agriculture  et  la  fabrication  des  ca- 
nons de  fusil  forment  les  deux  principales  branches 
d'industrie  ;  la  fabrication  des  clous  est  pour  ainsi  dire 
entièrement  abandonnée.  On  trouve  aussi  dans  notre 
commune  des  fours  à  chaux,  des  carrières,  des  moulins 
à  farine,  deux  filatures,  un  lavoir  à  laine,  une  tanne- 
rie, une  fabrique  de  liqueurs,  etc. 

Il  y  a  beaucoup  de  cordonniers  et  de  maçons.  Plu- 
sieurs fermiers  s'occupent  du  commerce  des  chevaux 
de  trait. 

Foires  :  le  i5  avril  et  le  quatrième  lundi  d'octobre. 

Agglomérations.  Routes.  Outre  le  village  d'Olne, 
qui  est  régulier  et  bien  bâti,  il  n'y  a  dans  la  commune 
que  trois  agglomérations  :  celle  de  Vaux,  celle  de  Saint- 
Hadelin  et  celle  de  Riessonsart.  L'aspect  de  la  com- 
mune est  riche  et  prospère  ;  les  nombreuses  habita- 
tions y  sont  bâties  en  pierres  et  en  briques.  Les  toits 
sont  couverts  en  ardoises  ou  en  tuiles.  Les  toits  en 
chaume  sont  excessivement  rares  et  nous  ne  croyons 
pas  qu'il  y  reste  une  seule  maison  en  bois  et  argile. 

Ce  qui  a  contribué  tout  particulièrement  à  produire 
cette  aisance  et  cette  prospérité,  c'est  l'excellence  de  la 
voirie.  Le  village  d'Olne  est  traversé  par  la  route  de 
l'Etat  de  Nessonvaux  à  Micheroux.  Trois  autres  routes 
partent  du  village  :  celle  qui  se  dirige  vers  Xhendelesse 
par  la  Bouteille;  celle  qui  se  dirige  vers  Froidbermont 
par  les  Fosses;  et  celle  qui  conduit  à  Ayeneux  par 
Saint-Hadelin.  A  cette  dernière  viennent  se  raccorder 
plusieurs  autres  routes  :  aux  Six-Chemins,  la  route 
de  Forêt  avec  embranchements  vers  Hansez  et  vers 
Gélivaux  ;  à  Sdint-Hadelin,  la  route  du  Rafhay  vers 

(i)  A  consulter,  Flore  de  la  vallée  de  la  Vesdre,  par  J.  Michel,  de 

Fraipont. 

IG 


—  148  — 

Soiron;  sur  le  Faweux,  une  route  vers  Riessonsart  et 
une  route  vers  le  Fond-de-Gotte. 

Il  ne  nous  reste  qu'à  ajouter  la  route  de  la  Vesdre, 
un  petit  bout  de  route  à  la  Falize  près  du  village  et  un 
tronçon  qui  conduit  au  moulin  de  Saint-Hadelin,  pour 
donner  une  idée  complète  de  la  voirie  dans  notre  com- 
mune. La  section  de  Saint-Hadelin  et  celle  du  Bois- 
d'Olne  laissent  encore  à  désirer  sous  le  rapport  des 
voies  de  communication. 

Culte  et  Instruction.  La  commune  d'Olne  est 
divisée  en  deux  paroisses  :  Olne  et  Saint-Hadelin. 
L  église  d'Olne,  telle  qu'elle  est  aujourd'hui,  date  au 
moins  de  trois  époques  différentes,  car  elle  a  été 
reconstruite  en  1584,  en  i653  et  en  1761.  La  tour 
date  de  1584. 

L'église  de  Saint-Hadelin  est,  de  temps  immémo- 
rial, un  but  de  pèlerinage  très  suivi  ;  elle  est  insuffi- 
sante pour  la  paroisse. 

Très  peu  d'enfants  sont  privés  du  bonheur  de  l'ins- 
truction dans  la  commune  d'Olne,  qui  possède  plusieurs 
écoles  officielles;  il  y  a  de  plus  une  école  libre  à  Saint- 
Hadelin. 

I. 

L'ANCIEN  BAN  D'OLNE,  SES  LIMITES, 
SON  IMPORTANCE,  ETC. 

Pour  la  facilité  de  nos  lecteurs,  nous  croyons  utile 
de  donner  quelques  détails  préliminaires  sur  l'ancien 
ban  d'Olne,  en  d'autres  termes,  de  faire  une  description 
sommaire  de  ce  territoire  tel  qu'il  était  lors  de  la  sup- 
pression de  l'ancien  régime  en  1794. 

L'ancienne  Cour  de  justice  d'Olne  exerçait  sa  juri- 
diction sur  un  territoire  qui  coïncidait  à  peu  près  avec 
la  commune  actuelle,  et  qui  était  appelé  le  ban  d'Olne. 

Cependant  un  des  hameaux  de  notre  commune, 
nommé  encore  maintenant  le  Fief,  ne  faisait  pas  partie 


—  119  — 

du  ban  d'OIne,  mais  constituait  la  seigneurie  de  Mont- 
Saint -Hadelin,  et  dépendait  de  la  principauté  de  Sta- 
velot;  cette  petite  localité  qui  ne  comprenait  que  treize 
ou  quatorze  maisons,  possédait  une  Cour  de  justice. 

Ajoutons  qu'une  partie  du  hameau  de  Vaux-sous- 
Olne  a  été  longtemps  un  objet  de  contestation  entre  le 
seigneur  d'OIne  et  le  prince-évêque  de  Liège  (\)  ;  il  en 
est  de  même  du  hameau  de  Riessonsart. 

Sauf  ces  deux  exceptions,  les  limites  du  ban  d'OIne 
coïncidaient  avec  la  commune  actuelle  ;  ce  ban  faisait 
partie  du  comté  de  Dalhem,  qui  était  un  des  quatre 
pays  d'Outremeuse,  et  dépendait  originairement  du 
duché  de  Brabant  (2). 

Le  ban  d'OIne  ne  touchait  cependant,  par  aucune 
de  ses  limites,  au  reste  du  comté  de  Dalhem  :  c'était 
une  enclave  (3). 

Abstraction  faite  du  petit  territoire  du  Mont-Saint- 
Hadelin,  voici  quelles  étaient  les  limites  du  ban 
d'OIne  : 

Au  Sud,  séparée  d'OIne  par  la  Vesdre,  se  trouvait 
la  seigneurie  de  la  Haute-Fraipont,  dépendant  du 
prince-abbé  de  Stavelot. 

Plus  vers  l'Ouest,  notre  ban  touchait  à  une  partie 
importante  du  pays  de  Liège,  le  bailliage  d'Amercœur 
ou  de  Jupille,  dans  lequel  était  comprise  la  seigneurie 

(1)  Grand  Calendrier  de  Hervé,  année  1794. 

(2)  Les  pays  d'Outremeuse  étaient  :  Dalhem,  Rolduc,  Fauquemont  et 
le  duché  de  Limbourg.  Conquis  au  xni*  siècle  par  le  duc  de  Brabant,  ils 
furent  appelés  pays  d'Outremeuse,  étant  de  l'autre  côté  de  ce  fleuve  par 
rapport  au  Brabant.  Il  est  faux  de  dire  que  le  comté  de  Dalhem  ait  jamais 
fait  partie  du  duché  de  Limbourg,  car  les  quatre  pays  étaient  distincts 
l'un  de  l'autre.  Mais  il  est  vrai  qu'au  xvme  siècle,  la  partie  autrichienne 
des  pays  d'Outremeuse  a  été  réunie  sous  le  nom  de  province  de  Lim- 
bourg. —  N.  B.  Ne  pas  confondre  avec  la  province  belge  actuelle  de  ce 
nom,  qui  ne  renfermeras  une  seule  commune  ayant  appartenu  à  l'ancien 
duché  de  Limbourg  (Crahay,  Coutumes  d'Outremeuse,  préface). 

(3)  Nous  ne  parlons  pas  dans  cette  notice  de  quelques  fiefs  de  peu 
d'importance  que  Tévêque  de  Liège  possédait  au  ban  d'OIne  (Cour féodale 
de  Liège). 


—  120  — 

de  la  Basse-Fraipont  et   une   partie  de  celle   de    La 
Rochette. 

Deux  autres  parties  de  la  principauté  de  Liège  bor- 
naient notre  territoire  à  l'Ouest  et  au  Nord  :  lavouerie 
de  Fléron  et  le  ban  de  Soumagne. 

Enfin,  à  l'Est,  nous  trouvons  la  baronnie  de  Soiron, 
dépendance  du  duché  de  Limbourg. 

Nous  avons  négligé  de  mentionner  au  Sud  le  terri- 
toire de  Nessonvaux  qui  n'était  qu'une  enclave  faisant 
partie  de  l'avouerie  de  Fléron. 

Comme  tout  le  pays  d'Outremeuse,  Olne  faisait 
partie,  sous  le  rapport  spirituel,  du  diocèse  de  Liège; 
à  ce  point  de  vue,  il  dépendait  de  l'archidiaconé  de 
Condroz  et  du  doyenné  de  Saint-Remacle  au  pont 
d'Amercœur. 

La  paroisse  d'Olne  était  plus  étendue  que  le  ban 
de  ce  nom  ;  elle  s'étendait  sur  les  territoires  de  Mont- 
Saint-Hadelin  et  de  Nessonvaux,  et  avant  l'érection 
de  la  paroisse  de  Fraipont,  en  1788,  elle  comprenait 
la  Basse-Fraipont.  Même  après  la  séparation  de  ce 
dernier  hameau,  il  y  avait  encore  jusque  quatre  et 
même  cinq  prêtres  attachés  à  l'église  d'Olne  (i). 

Notre  église  était  remarquable  au  siècle  dernier  par 
plusieurs  monuments  qui  ont  disparu  depuis  :  au  mi- 
lieu du  chœur  il  y  avait  une  épitaphe  en  pierre  avec 
les  armes  de  l'empereur  au  milieu  et  celles  de  quatre 
évêques  de  Liège  sur  les  quatre  coins  ;  à  côté,  il  y  avait 
la  pierre  sépulcrale  de  messire  Pierre-Mathieu  d'Olne, 
chevalier  du  Saint-Empire  (2). 

Jusqu'en  1790  un  ministre  était  à  la  tête  de  la  com- 
munauté calviniste  d'Olne.  Il  occupait  le  presbytère  et 
était  assisté  d'un  lecteur-instituteur.  Le  ministre,  les 
deux  anciens  et  les  deux  diacres  formaient  le  consis- 
toire. Les  diacres  étaient  spécialement  chargés  du  soin 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  63. 

(2)  Ibidem,  doc.  70. 


—  121  — 

des  pauvres,  et  nous  avons  appris  que  les  revenus  de 
la  diaconie  étaient  de  quelques  centaines  de  florins 
qui  furent  confisqués,  en  1802,  au  profit  du  bureau  de 
bienfaisance. 

Olne  était  une  seigneurie.  Le  seigneur  nommait  les 
sept  échevins  ou  juges  de  la  Cour  de  justice,  le  fores- 
tier, le  greffier,  les  procureurs.  Il  établissait  aussi  un 
officier-bailli  tant  pour  les  causes  civiles  que  crimi- 
nelles, et  deux  assoïeurs,  c'est-à-dire  des  agents  chargés 
de  régler  le  prix  du  pain,  de  la  viande  et  de  la  bière  (4)  ; 
enfin  un  chirurgien  assermenté. 

Contrairement  à  la  coutume  suivie  dans  les  autres 
bans  du  pays,  le  seigneur  ne  nommait  pas  le  mayeur  ; 
cette  charge  était  héréditaire  et  constituait  un  véritable 
fief  du  comté  de  Dalhem. 

Nous  nous  efforcerons,  dans  cette  notice,  de  retra- 
cer exactement  les  franchises  communales  dont  le 
peuple  d'Olne  jouissait  depuis  le  xvic  siècle,  et  les  luttes 
ardentes  auxquelles  donna  lieu  l'élection  des  deux  com- 
mis ou  bourgmestres  du  ban  d'Olne. 

Le  Grand  Calendrier  de  Hervé  de  Tannée  1794, 
cite  le  village  d'Olne  comme  un  des  plus  beaux  du 
pays.  Déjà  à  cette  époque,  toutes  les  maisons  étaient 
construites  en  pierres  ou  en  briques,  couvertes  en 
ardoises  ou  en  tuiles,  rarement  en  chaume,  rangées 
très  régulièrement  et  en  forme  de  rue  sur  un  roc  qui 
lui  servait  de  pavé,  en  sorte  qu'il  ressemblait  plus  à 
une  ville  qu'à  un  village. 

L'industrie  et  le  commerce  étaient  florissants  :  à 
cette  époque,  Olne  était  un  petit  centre  ;  on  y  tenait 
tous  les  lundis  un  marché  très  suivi,  et  il  y  avait  dans 
le  village  plusieurs  négociants  très  respectables  et  dont 
le  débit  ne  le  cédait  guère  à  ceux  de  la  ville.  Cette  pros- 
périté devait  recevoir,  cinquante  ans  plus  tard,  un  rude 

(  1  )  Cour  cTOlne,  vol.  XXIV,  fol.  160  v°.  Pour  les  autres  fonctionnaires, 
voir  notre  chapitre  IV. 


—  122  — 

coup  par  rétablissement  du  chemin  de  fer,  qui  devait 
faire  refluer  vers  la  vallée  de  la  Vesdre  le  commerce  et 
l'industrie;  ne  nous  plaignons  pas  toutefois,  le  bien 
général  doit  faire  oublier  quelques  désavantages  parti- 
culiers. 

Plusieurs  habitants  d'Olne  s'occupaient  à  la  clou- 
terie, et  dans  les  communes  environnantes  beaucoup 
de  familles  travaillaient  pour  les  maîtres-cloutiers 
d'Olne.  En  1792,  le  gouvernement  venait  d'autoriser 
rétablissement  d'une  nouvelle  fenderie  dans  la  paroisse 
d'Olne  (i).  Nous  ignorons  l'emplacement  de  cette  fen- 
derie, et  il  est  douteux  qu'elle  ait  jamais  été  construite, 
tant  étaient  profondes  les  commotions  politiques  de 
l'époque. 

Il  y  avait  une  papeterie  à  Saint-Hadelin. 

Avec  la  clouterie,  l'agriculture  était  la  principale 
branche  d'industrie,  mais  elle  était  encore  bien  arrié- 
rée ;  la  culture  des  chardons  pour  la  fabrication  du  drap 
était  une  des  plus  prospères. 

Le  manque  de  bonnes  voies  de  communications 
était  la  principale  cause  de  la  situation  précaire  de 
l'agriculture  :  on  ne  voyait  partout  que  des  chemins 
étroits,  profondément  encaissés,  mal  entretenus  et  sil- 
lonnés d'ornières  profondes.  Le  principal  de  ces  che- 
mins était  la  vieille  voie  de  Liège  à  Verviers  qui  pas- 
sait sur  le  Rafhay  et  séparait  le  ban  d'Olne  d'avec  le 
territoire  de  Soumagne  et  la  vouerie  de  Fléron;  une 
partie  de  ce  chemin  existe  encore  et  passe  devant  l'an- 
cienne brasserie  du  Rafhay  ;  on  l'appelle  encore  voie 
de  Liège. 

Un  autre  chemin  important  à  cette  époque,  quoique 
mal  entretenu,  était  celui  d'Olne  vers  Soumagne;  il 
était  qualifié  de  chemin  royal.  Nous  ne  devons  pas 
oublier   le  chemin  très  fréquenté  appelé  VArdenoise 

(1)  Grand  Calendrier  de  Hervé,  année  1792,  p.  35.  Une  fenderie  est 
une  usine  où  on  prépare  les  barres  pour  la  fabrication  des  clous. 


—  123  — 

voie  (4),  qui  venait  de  Fléron,  côtoyait  le  Mont-Saint- 
Hadelin  et  se  dirigeait  vers  l'Ardenne  par  Hansez, 
Haute-Fraipont  et  Banneux;  pour  faciliter  ce  trajet, 
on  avait  établi  un  pont  sur  la  Vesdre  devant  Frai  pont. 

On  parlait  beaucoup,  à  la  fin  du  siècle  dernier,  de 
la  construction  d'une  grande  chaussée  de  Hervé  vers 
la  France  (*).  Elle  devait  passer  par  Olne,  et  le  com- 
merce de  cette  localité  en  aurait  reçu  un  singulier 
accroissement  ;  c'étaient  là  des  projets  que  la  Révo- 
lution française  et  la  conquête  du  pays  devaient  faire 
oublier. 

La  Vesdre  était  Tunique  rivière;  elle  formait  au 
Midi  la  limite  du  ban  d'Olne  qu'elle  séparait  des  prin- 
cipautés de  Liège  et  de  Stavelot.  Le  manque  de  routes 
convenables  était  cause  qu'on  se  servait  de  ce  petit 
cours  d'eau  pour  le  transport  des  marchandises;  le 
curé  Arnotte  raconte  (3)  qu'on  y  chargeait  et  déchargeait 
du  fer  en  barres,  des  clous,  des  canons  et  toutes  es- 
pèces de  denrées.  Cela  pourra  sembler  étonnant  quand 
on  considère  le  maigre  filet  d'eau  qu'on  appelle  aujour- 
d'hui la  Vesdre,  mais  il  ne  faut  pas  oublier  qu'à  cette 
époque,  la  contrée  beaucoup  plus  boisée  qu'aujourd'hui 
entretenait  beaucoup  mieux  l'humidité  du  sol,  et  que 
l'eau  de  la  rivière  n'était  pas  entièrement  accaparée 
comme  aujourd'hui  par  les  besoins  de  l'industrie  dans 
l'agglomération  verviétoise. 

La  Vesdre  était  autrefois  extrêmement  poisson- 
neuse ;  aussi  le  droit  de  pêche  dans  les  eaux  de  cette 
rivière  donna-t-il  lieu  à  bien  des  usurpations,  des  con- 
testations et  des  procès  dont  nous  rendrons  compte 
plus  loin. 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XLVII,  fol.  68.  Elle  se  nommait  ainsi  parce 
qu'elle  se  dirigeait  vers  l'Ardenne. 

(2)  Grand  Calendrier  de  Hervé,  année  1792,  p.  60. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  70. 


—  124  — 


II. 


L'ORIGINE  D'OLNE  ET  SON  HISTOIRE 
AU  XI»  ET  AU  XII*  SIÈCLE. 

Le  village  d'Olne  existait-il  l'an  mille  après  Jésus- 
Christ  ?  Nous  en  doutons,  et  s'il  existait,  il  devait  être 
bien  peu  important,  car  l'empereur  Henri  II  ayant 
fondé  la  collégiale  de  Saint-Adalbert  à  Aix-la-Chapelle, 
et  voulant  enrichir  cette  institution,  lui  donna  les  vil- 
lages de  Soiron  et  de  Soumagne,  avec  toute  la  contrée 
environnante,  sans  faire  aucune  mention  d'Olne  (*). 

Or,  il  est  bien  certain  que  le  territoire  d'Olne  était 
compris  dans  cet  acte  de  munificence  envers  la  col- 
légiale. 

La  chose  ne  nous  paraît  pas  douteuse,  car  Olne  a 
toujours  depuis  lors  appartenu  à  cette  collégiale  (2)  et 
des  documents  postérieurs  font  mention  de  cette  dona- 
tion de  saint  Henri  comme  ayant  eu  pour  objet  la 
contrée  qui  fut  nommée  plus  tard  le  ban  d'Olne.  Ainsi 
les  chanoines  de  Saint-Adalbert,  parlant  d'Olne  dans 
des  actes  publics,  ont  eu  soin  de  rappeler  qu'ils  tenaient 
cette  possession  de  saint  Henri  le  fondateur  de  leur 
Chapitre;  de  plus,  ils  affirment  que  l'église  d'Olne  a  été 
bâtie  sur  l'ordre  de  ce  même  saint  empereur  (3). 

Ce  doit  être  aussi  d'après  des  documents  authen- 
tiques que  Warnot  de  Belleflamme,   curé  d'Olne  en 

(1)  «  Villas  quoque  Soron  et  Solmaniam  in  pago  Lewa  in  comitatu... 
»  sitas  ad  usum  fratrum  Aquisgrani  in  capellà  sorum  martyrum  Adalberti 
»  et  Hermetis  habitantium  concedimus...  »(Ernst,  Codex  diplomaticus , 
t.  VI,  p.  99);  Christ.  Quix,  dans  son  Histoire  dAix>  t.  I,  p.  46,  traduit 
in  pago  Lewa  par  in  Lutticher  Gau  :  dans  le  pays  de  Liège. 

(2)  Du  moins  depuis  iio3,  date  du  diplôme  de  Henri  V  dont  nous 
parlons  plus  loin  (Ernst,  t.  VI,  p.  1 15). 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  10.  Concession  d'une  relique  de 
saint  Sébastien  ;  il  y  est  question  de  :  «  praetacta?  ecclesiae  de  Ulnà,  olim 
»  a  smo  imperatore  Henrico  exstructae  et  a  multis  sseculis  ecclesiae  nostrac 
»  unitœ...  »  (Cf.  Archives  de  Liège,  Liasse  sur  Saint-Hadelin,  n°  12, 
p.  2). 


—  125  — 

1542,  a  écrit  l'histoire  de  cette  donation  avec  beaucoup 
de  détails  très  précis,  dont  aucun  n'est  en  contradiction 
avec  les  renseignements  plus  anciens  que  nous  possé- 
dons (\). 

Remarquons  que  d'après  les  paroles  de  Warnot  et 
des  chanoines,  la  donation  susdite  a  été  faite  en  même 
temps  que  la  fondation  du  Chapitre.  On  ne  peut  donc 
pas  dire  qu'Olne  ait  été  donné  plus  tard  et  séparément  ; 
du  reste,  comment  expliquer  qu'il  ne  reste  absolument 
aucune  trace  de  cette  prétendue  donation  qui  aurait  eu 
pour  objet  le  seul  territoire  d'Olne? 

Nous  affirmons  donc,  comme  un  fait  historique- 
ment certain,  qu'en  ioo5  l'empereur  Henri  II  a  donné 
le  territoire  d'Olne  à  la  collégiale  de  Saint-Adalbert  à 
Aix,  et  qu'à  cette  époque  l'église  a  été  bâtie. 

Nous  ajoutons  comme  un  fait  probable  que  les 
populations  jusqu'alors  disséminées  sont  venues  se 
grouper  autour  du  nouveau  temple  et  ont  formé  le  vil- 
lage d'Olne.  Ce  n'est  pas  là  une  simple  hypothèse 
dépourvue  de  toute  valeur  historique;  en  effet,  Olne 
n'existait  probablement  pas  avant  ioo5,  puisque  Soiron 
et  Soumagne  sont  seuls  nommés  dans  le  diplôme  im- 
périal, tandis  qu'il  est  certain  que  le  territoire  de  notre 
commune  était  compris  dans  cet  acte  de  royale  muni- 
ficence. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  village  d'Olne  existait  au  com- 
mencement du  XIIe  siècle  (2);  au  xme,  il  dépassait  en 
importance  celui  de  Soumagne,  et  nous  apprenons  que 
l'église  de  cette  dernière  localité  dépendait  de  celle 
d'Olne  (3). 

(1)  Voy.  Appendice,  n°  II.  A  consulter  aussi  Delva,  Postillon  divin, 
p.  339. 

(2)  Il  est  cité  dans  la  sentence  de  Henri  V  :  «  parochia  Olne  quse  sita 
»  est  in  pago  Ardenne,  »  citée  dans  Quix,  t.  I,  p.  53,  et  copiée  par  Ernst, 
Codex  diplomaticus  limburgensis,  p.  1  i5. 

(3)  «  Henricus,  Dei  gratia,  Leodiensis  episcopus  ...  cum  nos  olim 
n  collationem  junspatronatus  ecclesise  de  Olne,  cui  filialis  ecclesia  de 
»  Soumagne...  »  (Archives pastorales ,  coll.  II,  doc.  2). 


—  12G  — 

L'endroit  où  le  village  fut  construit  était-il  planté 
d'aulnes,  et  faut-il  attribuer  à  la  présence  de  ces  arbres 
le  nom  qui  fut  donné  à  notre  localité?  La  chose  n'est 
pas  impossible,  car  autrefois  on  écrivait  Aulne  et  non 
pas  Olne. 

La  donation  faite  par  saint  Henri  aux  chanoines  de 
Saint-Adalbert  ne  les  a  pas  rendus  seulement  seigneurs, 
mais  véritables  souverains  du  territoire  d'Olne.  Plus 
tard,  menacés  dans  leurs  droits,  ils  ont  protesté  que  pri- 
mitivement ils  avaient  le  droit  de  souveraineté  sur  la 
terre  d'Olne,  que  celle-ci  de  sa  nature  était  terre  impé- 
riale ne  relevant  que  de  leur  Chapitre  (i). 

Dans  toute  la  suite  de  cette  histoire  cette  assertion 
se  confirmera  :  nous  verrons  le  Chapitre,  deux  siècles 
plus  tard,  céder  aux  comtes  de  Dalhem  ce  droit  de  sou- 
veraineté sur  notre  territoire,  et  le  comte  de  Dalhem 
dépouiller  les  chanoines  de  tous  leurs  droits  seigneu- 
riaux, hormis  de  leurs  revenus  fonciers. 

Véritables  seigneurs  et  souverains  d'Olne,  les  cha- 
noines de  Saint-Adalbert  étaient  trop  éloignés  et  trop 
faibles  pour  administrer  par  eux-mêmes  cette  pos- 
session. 

Ils  déléguèrent  leurs  pouvoirs  à  un  seigneur  voisin, 
qui  était  chargé  de  protéger  par  la  force  des  armes  les 
possessions  et  les  revenus  de  l'église  Saint-Adalbert, 
ainsi  que  le  prêtre  envoyé  à  Olne,  les  vassaux  et  le 
peuple  tout  entier. 

Ce  défenseur  portait  le  nom  de  voué  (2). 

Plusieurs  des  voués  d'Olne  furent  de  puissants  sou- 
verains ;  ainsi  presque  tous  les  ducs  de  la  Basse-Lotha- 
ringie paraissent  avoir  été  voués  ou  protecteurs  des 
possessions  du  Chapitre  Saint-Adalbert  à  Olne  et  aux 
environs.  Le  plus  célèbre  d'entre  eux,  Godefroid  de 
Bouillon  l'était  en  1095.  A  cette  époque,  une  lutte  san- 

(1)  Voy.  Appendice,  n°  III. 

(2)  Dans  le  record  transcrit  à  la  fin  de  cette  notice,  il  est  nommé 
vowé;  en  latin  on  disait  vocatus  ou  advocatus  ;  on  dit  aussi  avoué. 


—  127  — 

glante  avait  éclaté  entre  les  sujets  du  Chapitre  et  ceux 
de  l'abbaye  de  Stavelot,  qui  possédait  le  territoire  de 
Mont-Saint-Hadelin.  Par  suite  de  l'intervention  de 
Godefroid  et  d'Albert  de  Namur,  voué  de  Saint-Hade- 
lin,  le  différend  fut  tranché  par  un  combat  singulier 
entre  un  champion  d'Olne  et  celui  de  Saint-Hadelin; 
ce  dernier  fut  vainqueur  et  le  prince-abbé  de  Stavelot 
le  récompensa  par  le  don  d'une  terre  ;  l'acte  de  donation 
est  contenu  dans  une  charte  qui  nous  a  fait  connaître 
l'épisode  ci-dessus  (i). 

On  peut  constater  par  cette  même  charte  l'antiquité 
du  droit  de  souveraineté  que  possédaient  les  abbés  de 
Stavelot  sur  le  fief  de  Mont-Saint-Hadelin. 

Un  des  principaux  devoirs  du  voué  était  de  réunir 
trois  fois  par  an  le  peuple  d'Olne  en  un  plaid  général, 
d  entendre  les  plaintes  de  chacun  des  manants  et  de 
faire  justice  (2).  Le  peuple  de  son  côté  devait  obéir  au 
voué  du  Chapitre  et  lui  payer  ses  droits,  qui  étaient 
pour  chaque  plaid  général  :  douze  muids  de  seigle,  plus 
trente  muids  d'avoine,  huit  porcs,  quatre  pourceaux, 
huit  brebis,  trente-six  poulets  et  quinze  sous  pour  le 
vin  (3). 

Malheureusement  des  abus  ne  tardèrent  pas  à  s'in- 
troduire :  le  voué  nommé  par  le  Chapitre  ne  se  crut 
plus  obligé  de  se  transporter  à  Olne  ;  chargé  proba- 
blement de  plusieurs  autres  voueries  et  semblables 
dignités,  il  se  contentait  d'en  percevoir  les  revenus 
et  envoyait  des  sous-voués  chargés  d'administrer  à  sa 

(1)  Nous  n'avons  pas  vu  la  charte  elle-même,  mais  un  résumé  dans  le 
Registre  archivai  des  barons  d'Olne  à  Baarlo. 

(2)  Voy.  plus  loin  à  notre  chapitre  IV  de  plus  amples  détails  sur  les 
plaids  généraux. 

(3)  Voy.  S. -P.  Ernst,  Codex  diplomaticus  limburgensis,  p.  11 5  : 
«  Taie  est  autem  servitium  quod  ei  debetur  in  tribus  generalibus  placitis 
»  perannum,  XII  mald.  tritici,  et  XXX  et  I  mald.  avens,  VIII  porci  et 
»  IIII  porcelii,  VIII  friskingœ  ovinae,  XXX  et  VI  pulli,  XV  solidi  ad 
»  vinum.  » 


—  128  — 

place.  Ceux-ci  loin  de  protéger  le  peuple  l'accablaient 
d'injustices  et  de  mauvais  traitements  (i). 

C'est  ainsi  qu'en  no3  Giselbert  de  Gronsveld  (2) 
étant  voué  ou  protecteur  d'Olne,  le  peuple  accablé 
d'extorsions  par  les  sous-voués  de  ce  dernier,  envoya 
des  députés  à  Aix  où  l'empereur  Henri  V  tenait  une 
cour  plénière. 

Introduits  en  présence  du  prince  par  Thierry,  pré- 
vôt de  Saint- Adalbert,  ils  exposèrent  leurs  griefs.  L'em- 
pereur décida  qu'après  le  duc  de  Limbourg,  protecteur 
naturel  de  toute  la  contrée,  les  habitants  d'Olne  n'au- 
raient plus  qu'un  seul  voué;  qu'ils  devaient  le  recevoir 
chaque  année  en  trois  plaids  généraux  et  lui  payer  les 
droits  accoutumés.  Il  défendit  à  Giselbert  de  Gronsveld, 
le  voué  légitime,  de  nommer  des  sous-voués  et  d'exiger 
dans  les  plaids  des  droits  contre  la  justice.  Il  pouvait 
seulement  envoyer  à  Olne  de  simples  messagers,  payés 
par  lui.  Quant  aux  criminels,  le  voué  ne  pouvait  plus 
les  punir  à  sa  fantaisie,  mais  il  devait  les  faire  juger  par 
un  Conseil  (3).  Ne  serait-ce  pas  l'origine  du  tribunal 
des  échevins? 

Ce  décret  est  daté  des  Ides  d'août  1  io3  à  Aix-la- 
Chapelle.  On  remarque  que  l'empereur  y  parle  de  la 
paroisse  d'Olne,  située  en  Ardennes,  probablement 
parce  que  la  forêt  d'Ardenne  s'étendait  alors  jusqu'à 
Olne.  Ceci  n'a  rien  d'étonnant,  car  aujourd'hui  encore 
on  peut  dire  que  cette  forêt  s'étend  au  Nord  jusqu'à 
la  Vesdre. 

(1)  «  Familia  S11  Adalberti  de  parochia  Olne  ...  ad  nostrum  auxilium 
»  confugit,  verbera,  rapinas  et  multas  injurias  a  sub  advocatis  eis  illatas 
»  nobis  deploravit  »  (Ernst,  Codex  dipiomaticus  limburgensis,  p.  1 15). 

(2)  La  charte  dit  de  Grules,  voir  Ernst  à  la  même  page.  Dans  les 
vieux  documents  en  latin,  c'est  toujours  par  ce  nom  de  Grules  qu'on  dé- 
signe Gronsveld,  terre  immédiate  de  l'empire  située  non  loin  de  Maes- 
tricht  (Registre  archivai  de  Baarlo). 

Ci)  «  Si  vero  aliquis  pro  culpa  ab  advocato  deprehensus  fuerit,  consi- 
»  lio  ministrorum  débet  eum  tractare,  non  denitus  confundere  »  (Ernst, 
Codex  dipiomaticus  limburgensis,  t.  I,  p.  n5). 


—  129  — 

Ernst,  dans  son  Histoire  du  Limbourg  (\)  fait  men- 
tion d'une  autre  opinion  que  les  Olnois  préféreront  : 
c'est  que  Olne  n'est  placé  en  Ardenne  que  par  une 
erreur  ou  une  distraction  du  rédacteur  des  diplômes 
impériaux;  il  cite  plusieurs  autres  faits  semblables  :  le 
pape  Adrien  IV  en  ii5g  place  la  ville  d'Aix  en  Ar- 
denne; et  en  1216,  Honorius  III  y  met  l'abbaye  du 
Val-Dieu. 

Namèche,  dans  l'Histoire  nationale,  nous  fournit 
une  explication  plus  rationnelle  (2)  :  le  duché  de  Lim- 
bourg était  parfois  appelé  duché'  cfArdenne,  et  nous 
voyons  saint  Albert  de  Louvain,  évêque  de  Liège, 
désigner  son  oncle  Henri  le  Vieux,  duc  de  Limbourg, 
par  le  titre  de  duc  d'Ardenne.  Or,  les  ducs  de  Lim- 
bourg se  disaient  souverains  de  tout  le  pays  jusqu'à 
la  Meuse  (3). 

Les  XIe  et  XIIe  siècles  ont  été  par  excellence  les 
siècles  de  la  chevalerie,  époque  brillante  par  les 
prouesses,  la  valeur  militaire,  les  hauts  faits  d'armes, 
mais  encore  plus  triste  à  cause  des  guerres  intestines, 
des  brigandages  et  des  assassinats. 

C'était  le  peuple  des  villages  qui  souffrait  le  plus 
des  terribles  luttes  entre  les  châtelains.  Thierry  de 
Houffalize,  homme  libre  qui,  vers  1190,  était  voué 
d'Olne  ne  put  se  défendre  contre  les  attaques  de  ses 
adversaires:  il  fut  dépouillé  de  sa  charge;  le  peuple 
fut  rançonné  et  les  chanoines  de  Saint-Adalbert  es- 
suyèrent de  grandes  pertes  dans  leurs  biens  (4). 

(1)  Ernst,  Codex  diplomaticus  limburgensis,  t.  I,  p.  323. 

(2)  Histoire  nationale,  t.  IV,  p.  445.  dans  une  note. 

(3)  Ernst  admet  cette  souveraineté  sur  une  partie  du  comté  de  Dalhem  ; 
mais  après  la  bataille  de  Wœringen,  le  souverain  et  le  feudataire  se  con- 
fondirent dans  la  personne  du  duc  de  Brabant. 

(4)  «...  Vobis  etiam  districte  praecipimus  ut  virum  nobilem  Walera- 
»  mum  de  Montjoie  ex  parte  nostra  efficaciter  inducatis  quatenus  ipse 
»  deponat  et  emendet  gravem  injuria  m  ...  quam  prsedicta  nostra  ecclesia 
»  B(i  Adalberti  sustinet  in  bonis  suis  apud  Olne  et  Sorun  ...»  (Quix, 
Codex  diplomaticus  Aquensis,  t.  II,  p.  97). 


—  130  — 

Les  adversaires  de  Thierry  devaient  être  puissants, 
car  il  ne  fallut  rien  moins  que  l'intervention  de  l'empe- 
reur Henri  VI  pour  faire  rétablir  le  voué  ainsi  que  le 
Chapitre  dans  leurs  droits. 

A  la  demande  de  Henri,  Waleran,  seigneur  de 
Montjoie,  prince  de  la  famille  ducale  de  Limbourg,  fit 
au  nom  du  duc  son  maître  une  expédition  à  Olne  pour 
rétablir  Tordre  et  punir  les  usurpateurs. 

Thierry  de  Houffalize  resta  seul  maître  de  la  voue- 
rie  d'Olne,  qu'il  céda  plus  tard  en  fief  à  un  certain 
Wagger  (1)  qui,  en  1197,  avec  d'autres  chevaliers,  suivit 
le  valeureux  Waleran  de  Limbourg  et  Conrad,  arche- 
vêque de  Mayence,  dans  la  croisade  qu'ils  entreprirent 
dans  le  but  de  reprendre  Jérusalem  (2).  En  effet,  le  bruit 
de  la  mort  de  Saladin  avait  ranimé  la  confiance  des 
chrétiens,  et  leur  avait  inspiré  l'espoir  de  récupérer  la 
ville  sainte. 

Une  nombreuse  armée  s'assembla  en  Allemagne,  et 
le  prince  limbourgeois  en  fut  un  des  principaux  chefs. 
II  se  couvrit  de  gloire  dans  cette  expédition,  mais  Jéru- 
salem ne  put  être  reprise  à  cause  des  dissensions  entre 
les  chrétiens. 

Notre  modeste  localité  eut  aussi  quelque  part  à 
cette  expédition,  puisque,  comme  nous  venons  de  le 
dire,  parmi  les  compagnons  de  Waleran  se  trouvait 
Wagger,  auquel  Thierry  de  Houffalize  avait  cédé  en 
fief  la  vouerie  d'Olne.  Pour  se  procurer  l'argent  néces- 
saire à  son  équipement  et  à  son  voyage,  Wagger  céda 
en  gage  pour  la  somme  de  3i  marcs  la  vouerie  d'Olne 
et  de  Soiron  à  son  frère  Wigger  et  à  Conrad,  prévôt  de 
Saint-Adalbert.   Il  se  réserva  la  faculté  de  la  dégager 

(1)  «  Postea  vero  Aquis  in  domo  mea  Waggerus  per  manu  m  domini 
»  sui  Theodorici  de  Hyfalis  prœdictam  advocatiam  in  pignore  mihi  po- 
»  suit  ...»  (Ernst,  Codex  diplomaticus  limburgensis,  p.  161;  J.  Daris 
(d'après  Quix),  Analectes,  t.  XIV,  p.  338). 

(2)  Cette  croisade  se  place  entre  la  troisième  et  la  quatrième  croisade 
générale. 


—  131  - 

deux  ans  après  son  départ,  et  ensuite  après  chaque  an- 
née révolue. 

Il  y  eut  donc,  Tan  1197  et  les  années  suivantes, 
deux  seigneurs  qui  possédèrent  en  commun  la  vouerie 
d'Olne;  il  est  probable  que  le  seul  Wigger  résida  dans 
cette  localité,  car  il  remplaçait  son  frère  et  il  dut  pro- 
mettre à  Conrad,  son  collègue,  de  ne  rien  innover  dans 
la  vouerie  sans  le  consentement  de  celui-ci  (1). 

L'histoire  ne  nous  apprend  pas  si  Wagger  revint 
de  la  Terre-Sainte,  ni  s'il  rentra  en  possession  du  ban 
d'Olne. 

Les  voués  ou  avoués  avaient  l'habitude  à  cette 
époque  d'usurper  les  droits  seigneuriaux  aux  dépens  du 
seigneur  véritable,  surtout  si  celui-ci  n'était  qu'un  corps 
d'ecclésiastiques  ou  de  religieux  (2)  ;  cependant  les  cha- 
noines de  Saint- Adalbert  parvinrent  à  se  maintenir  en 
possession  de  tous  leurs  droits  à  Olne  pendant  deux 
siècles  et  demi.  Ainsi  nous  les  voyons  donner  en  fief 
un  moulin  banal  situé  à  Vaux-sous-Olne.  En  1224, 
ceux  qui  le  détenaient  refusèrent  de  payer  la  redevance 
entière  due'  au  Chapitre  (3).  Le  différend  finit  par  être 
soumis  au  jugement  du  Souverain-Pontife  qui  désigna 
des  arbitres  pour  examiner  et  trancher  la  question.  Ces 
arbitres  furent  le  doyen  et  des  chanoines  de  l'église 
royale  de  Notre-Dame  d'Aix.  Ils  citèrent  à  leur  tribu- 
nal les  Olnois  récalcitrants  ;  ceux-ci  n'ayant  point  obéi 
à  cette  injonction,  furent  excommuniés  (4). 

(1)  «  Wiggerus  autem  socius  meus  hoc  fideliter  promisit,  quod  in 
»  avocatia  niehil  sine  consilio  meo  statuet  vel  ordinabit  »  (Ernst,  Codex 
diplomaticus  limburgensisfp.  i6i). 

(2)  Voy.  Namèche  ou  Ernst,  au  xne  siècle. 

(3)  «  Decanus  cantor  et  canonici  judices  a  domino  papa  delegati 
»  notum  fecimus  omnibus  ...  quod  cum  altercatio  esset  de  molendino 
»  vallis  de  Olne,  parochiae  de  Olne  ...»  (Archives  pastorales,  coll.  II, 
doc.  1,  copie). 

(4)  w  Qui  citati  isti  et  de  gratia  iterum  atque  iterum  nec  venerunt  nec 
»  pro  se  miserunt,  unde  eos  pro  contumacia  excommunicavimus  ...  » 
(Ibidem). 


—  132  — 

Ils  furent  relevés  de  l'excommunication  lorsqu'ils 
eurent  envoyé  deux  d  entre  eux,  Libert  et  Everard,  pour 
s'entendre  avec  le  Chapitre;  les  juges  délégués  parle 
pape  terminèrent  le  différend  en  fixant  la  somme  que 
les  détenteurs  du  moulin  devaient  payer  annuellement 
au  doyen  de  Saint-Adalbert. 

Il  est  souvent  question  à  cette  époque  de  ce  moulin 
de  Vaux-sous-Olne.  En  1243,  Erenfried,  doyen  de 
Saint-Adalbert,  possédait  la  moitié  de  ce  moulin  ;  il 
prit  l'autre  moitié  en  location  de  concert  avec  un  cer- 
tain Bopo  du  Chêne  d'Olne  (\).  Quelques  années  plus 
tard,  le  même  Erenfried  assigna  ce  moulin  comme 
garantie  d'un  anniversaire  qu'il  avait  fondé  pour  Béa- 
trice, dame  de  Soiron  (*). 

Ces  détails  sur  le  moulin  nous  ont  fait  empiéter 
quelque  peu  sur  la  seconde  période  de  notre  histoire, 
que  nous  allons  aborder. 

III. 

LA  SEIGNEURIE  DU  BAN  D'OLNE 

EST  CÉDÉE  AUX  COMTES  DE  DALHEM. 

OLNE  AU   XIII'  SIÈCLE. 

Les  chanoines  de  Saint-Adalbert  ne  pouvaient  pas 
conserver  plus  longtemps  ce  droit  de  souveraineté  qui 
leur  était  préjudiciable,  car  ils  ne  pouvaient  pas  le 
défendre  contre  des  voisins  puissants  et  turbulents. 
Parmi  ces  derniers  nous  devons  compter  les  ducs  de 
Limbourg  qui,  loin  de  protéger  les  biens  ecclésiastiques 
enclavés  dans  les  limites  de  leur  duché,  profitaient  au 
contraire  de  leur  voisinage  pour  les  piller  et  les  ravager 
sans  cesse.  Warnot  de  Belleflamme  nous  raconte  que 

(1)  «  Cuidam  Bovo  dicto  de  quercu  de  Hone  »  (Quix,  Codex  diplo- 
maticus  Aquensis,  vol.  II,  p.  m,  n°  164). 

(2)  Ibidem,  t.  II,  p.  117,  n°  168.  Cette  charte  dit  Vaux-sous-Soiron, 
mais  on  veut  dire  évidemment  Vaux-sous-Olne. 


—  133  — 

les  Olnois  étaient  continuellement  molestés  et  rançon- 
nés par  les  troupes  1  imbourgeoises  (\). 

Nous  avons  déjà  constaté  le  caractère  de  véracité 
du  récit  de  Warnot,  et  ce  qu'il  nous  dit  ici  est  singu- 
lièrement confirmé  par  ce  que  l'histoire  nous  raconte  (*) 
de  l'humeur  guerrière  des  derniers  ducs  de  Limbourg 
surtout  de  Henri  le  Vieux  et  de  son  fils  Waleran  III. 

En  conséquence,  le  Chapitre  résolut  de  se  choisir 
un  défenseur  tellement  puissant  qu'il  n'eût  plus  rien  à 
craindre  de  personne. 

Il  y  avait  alors  en  Belgique  un  prince  pacifique  qui 
travaillait  uniquement  au  bonheur  de  ses  sujets  :  c'était 
Henri  II  surnommé  le  Magnanime,  duc  de  Brabant; 
durant  tout  son  règne  il  ne  fit  qu'une  seule  guerre,  et  le 
résultat  en  fut  des  plus  avantageux  pour  lui  :  il  fit  en 
1238  la  conquête  du  comté  de  Dalhem  (3),  qui  depuis 
lors  est  toujours  resté  uni  au  duché  de  Brabant. 

Ce  fut  ce  prince  que  les  chanoines  de  Saint- Adalbert 
choisirent,  vers  1240,  pour  voué  et  défenseur  perpétuel 
de  leur  terre  d'Olne.  En  échange  de  la  protection  qu'il 
leur  promit,  ils  s'engagèrent  à  lui  payer  chaque  année, 
hors  de  leurs  dîmes,  douze  muids  et  quatre  setiers 
d'épeautre,  et  six  muids  d'avoine,  mesure  liégeoise  (4). 

(1)  «  Porro  dicti  canonici,  ut  suorum  subditorum  bellicis  calamitatibus 
»  incessanter  a  duce  Limburgensi  oppressorum  quieti  et  tranquillitati 
»  consulerent,  et  ab  indebitis  eos  molestiis  et  vexationibus  liberos  redde- 
»  rent  ...»  (Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  5). 

(2)  Namèche,  Histoire  nationale,  t.  IV,  pp.  444  à  457. 

l3)  Ibidem,  t.  IV,  p.  556.  Cest  toujours  le  comte  de  Dalhem  qui  a 
été  reconnu  comme  souverain  à  Olne,  comme  s'il  n'avait  pas  eu  d'autre 
qualité. 

(4)  «...  Circà  annum  Domini  millesimum  ducentesimum  quadrage- 
»  simum,  eumdem  in  suorum  subditorum  advocatum  ob  crebras  Limbur- 
»  gensium  incursiones  assumpserunt,  eique  ob  id  quotannis  numerare  ... 
»  cum  certis  quibusdam  minutis  Juribus  quœ  scabini  supràdicti  adhuc 
»  hodiè  recordantur,  duodecim  modios  spelte  pactus  et  mensurae  leo- 
»  diensis,  cum  quatuor  sextariis  consimilibus  atque  octo  modios  avenae 
»  mensurœ  aquensis  efficientes  sex  modios  pactus  leodiensis,  spontè  se 
»  obligarunt  et  ultra  dederunt  »  (Récit  deWarnot,  Archives  pastorales, 
coll.  II,  doc.  5).  13 


—  134  — 

Les  termes  dont  se  sert  Warnot  de  Belleflamme 
n'indiquent  pas,  il  est  vrai,  une  translation  du  pouvoir 
souverain  sur  notre  ban,  mais  les  chanoines  de  Saint- 
Adalbert  ont  eux-mêmes  reconnu  que  le  comte  de  Dal- 
hem  est  devenu,  par  suite  de  cette  cession,  véritable 
souverain  d'Olne(i). 

Il  n'y  a  donc  pas  de  doute  quant  à  la  souveraineté. 
Mais  est-il  certain  que  les  chanoines  ont  cédé  aussi  les 
droits  seigneuriaux  proprement  dits,  notamment  le 
droit  d'établir  une  cour  de  justice  t 

F.-A.  Arnotte  répond  (2)  affirmativement  :  «  En 
»  1240,  le  Chapitre  de  Saint-Adalbert  céda  potestatem 
»  gladii  et  jurisdictionem  à  Henri  II  duc  de  Brabant, 
»  se  réservant  la  juridiction  foncière,  le  passage  de  la 
»  rivière  de  Vesdre,  les  poids  et  mesures  et  la  dîme 
»  dudit  Olne,  n'y  ayant  cependant  pas  une  cour  fon- 
»  cière  ni  tenans  ...» 

Nous  ne  savons  où  Arnotte  a  puisé  ces  détails  si 
précis.  Il  semble  reproduire  quelque  vieux  document 
latin,  car  il  croit  nécessaire  de  citer  littéralement  les 
mots  essentiels  que  le  registre  archivai  de  la  cure  re- 
produit également. 

Cette  opinion  est  conforme  au  texte  du  plus  ancien 
de  nos  records  :  «  Item  ont  lesdits  signeurs  d'One 
»  donné  à  ung  comte  de  Dolhen  le  hauteur  dudit 
»  ban  (3)  ...  »  Aussi  le  comte  de  Dalhem  est-il  dans  la 
suite  nommé  seigneur  hautain  du  ban  d'Olne. 

Le  comte  de  Dalhem  était  en  môme  temps  duc  de 
Brabant  ;  c'est  pourquoi  nous  voyons  plusieurs  fois 
dans  la  suite  Olne  figurer  dans  des  écrits  publics  comme 
faisant  partie  du  duché  de  Brabant. 

Les  règnes  si  paisibles  de  Henri  II  et  de  son  fils 
Henri  III  ne  manquèrent  pas  d'amener  une  période 

(1)  Voy.  Appendice,  n°  III. 

(2)  Archives  pastorales  .coll.  III,  doc.  70. 

(3)  Voy.  au  Chapitre  suivant,  le  commentaire  sur  le  record  des  statuts 
et  privilèges  du  ban  d'Olne. 


—  135  — 

de  tranquillité  relative  pour  les  habitants  si  longtemps 
éprouvés  de  la  seigneurie  d'Olne. 

Toute  relation  n'avait  pas  cessé  entre  les  Olnois  et 
le  duc  de  Limbourg;  ceux-ci  qui  possédaient  plusieurs 
seigneuries  sur  les  bords  de  la  Vesdre  et  de  l'Ourthe, 
revendiquaient  un  certain  droit  de  souveraineté  sur 
ces  rivières  (i)  jusqu'à  leur  embouchure  ;  par  là  même, 
ils  avaient  le  devoir  de  s'y  rendre  de  temps  à  autre 
pour  empêcher  les  usurpations  et  assurer  le  libre  exer- 
cice de  la  pêche  sur  tout  le  cours  de  ces  rivières  (2). 

Or  les  gens  d'Olne  devaient  pendant  une  nuit  hé- 
berger le  duc  avec  sa  suite  lorsqu'il  entreprenait  une 
de  ces  expéditions.  Il  s'éleva  une  contestation  entre  les 
habitants  et  le  Chapitre  de  Saint-Adalbert  sur  le  point 
de  savoir  qui  devait  supporter  les  frais  de  ce  logement. 
Le  duc  de  Limbourg,  Waleran  IV,  dans  une  charte  du 
5  avril  1263,  décide  que  le  Chapitre  en  paiera  la  moitié, 
et  les  habitants  l'autre  moitié  (3). 

Nous  avons  dit  que  le  Chapitre  de  Saint-Adalbert 
entretenait  à  ses  frais  un  prêtre  à  Olne  ;  on  comprendra 
que  nous  ne  puissions  citer  le  nom  de  tous  les  desser- 
vants à  cette  époque  reculée.  En  1224  nous  voyons  le 
nommé  H.  Remfroid,  curé  d'Olne  et  de  Soiron  (*),  figu- 
rer comme  témoin  dans  l'accord  conclu  entre  le  Cha- 
pitre et  les  meuniers  de  Vaux-sous-Olne.  Il  y  avait  donc 

(1)  Au  moins  sur  la  Vesdre,  d'après  Ernst,  Histoire  du  Limbourg, 
t.  I,  p.  60. 

(2)  «  Walraraus  dux  Limburgensis  notum  facimus  universis  quod 
»  dum  nos  proficisci  contingit  super  Weseram  et  Urtam  ad  expediendam 
»  aquam  de  indebitis  piscaturis  et  aliis  occupationibus  minus  justis,  nobis 
»  ac  nostre  comitive  debentur  expense  unius  noctis  apud  One  ...»  (Ernst, 
Codex  diplomaticus  limburgensis,  p.  263). 

(3)  «  Nos  facta  diligenti  inquisitione  et  investigatione,  invenimus  de 
»  bona  veritate  seniorum  et  fîdelium  terre  nostre  dictos  decanum  et  capi- 
»  tulum  teneri  tantum  ad  dimidietatem  dictarum  expensarum,  et  homines 
y>  dicte  parochie  ad  residuam  dimidietatem  »  (Ibidem). 

(4)  «  Testes  hujus  facii  sunt  Waltherus  cantor,  H.  Remfroid  inves- 
»  titus  de  Olne  et  Soron  ...»  (Chirographus  fidei,  Archives  pastorales, 
coll.  II,  doc.  1). 


—  13(3  — 

en  ce  moment  un  seul  prêtre  pour  Olne  et  Soiron  réu- 
nis; mais  en  1264  il  y  en  avait  un  pour  Olne  seul.  Il 
est  cité  dans  une  charte  de  1  evêque  de  Liège,  Henri  de 
Gueldres,  et  son  nom  était  Nicolas,  d  après  le  chanoine 
Quix  (i)  qui  a  transcrit  cette  pièce. 

En  vertu  de  cette  sentence  de  Henri  de  Gueldres  le 
Chapitre  avait  à  fournir  au  curé  pour  sa  subsistance  : 
une  portion  congrue  de  10  marcs  liégeois,  les  offrandes 
des  fidèles  et  la  dotation  de  la  cure  consistant  en  terres 
arables,  prés,  chapons  et  bière,  le  tiers  de  la  petite  dîme 
et  dix  muids  de  la  grosse  dîme,  partie  d'épeautre,  par- 
tie d'avoine  (*). 

Ces  prés  et  ces  terres  arables,  cités  en  1264  comme 
dotation  de  la  cure,  étaient-ils  ces  mêmes  biens  de  cure, 
adjacents  au  presbytère  et  dont  les  curés  ont  joui  jus- 
qu'en 1878  i  Nous  le  pensons,  et  nous  ferons  remarquer 
à  ce  propos  queWarnot  parle  aussi  des  prairies  (prœdia) 
qui  ont  été  comprises  dans  la  donation  faite  autrefois 
par  Henri  II  au  Chapitre  de  Saint-Adalbert  ;  dans  cette 
supposition,  ces  biens  de  cure  seraient  donc  aussi  an- 
ciens que  l'église  elle-même. 

En  1291,  un  certain  Richald  était  curé  d'Olne  ;  il 
était  en  même  temps  doyen  du  concile  de  Saint- 
Remacle-au-Pont  ;  il  prit  en  location,  des  mains  du 
Chapitre,  les  dîmes  d'Olne  et  de  Soiron,  pour  la 
somme  de  22  marcs  de  Liège,  payables  à  Pâques  et 
à  la  Saint- Remy  (a).  A  cette  époque,  le  Chapitre  était 

(1)  Quix,  Codex  diplomaticus  Aquensis,  t.  II,  p.  i3i,  cité  par 
J.  Daris.  Une  copie  de  ce  diplôme,  qui  se  trouve  dans  les  archives  de  la 
cure,  porte  le  nom  de  Richald  au  lieu  de  Nicolas. 

(2)  «  ...  Decanus  quoque  et  capitulum  ecclesiœ  S1'  Adalberti  Ri  chai  do 
»  sacerdoti  ejusdem  ecclesiœ...  assignaient  portionem  competentem  va- 
»  lentemque  deeem  marcis  leodiensibus,  silicet  oblationes  et  ea  quae  ad 
»  altaria  ipsa  et  ex  ipsis  altaribus  spectant  et  proveniunt,  res  dotales  nos- 
»  tri  rectoratus  de  One,  et  de  fructibus  jacentibus  tam  in  terris  arabilibus 
»  quam  in  pratis  ...»  (Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  2). 

(3)  «  Universis  ad  quos  présentes  litterœ  pervenerint,  nos  Richaldus 
»  investitus  de  Olne,  decanus  ecclesiœ  Sli  Remacli  leod.  notum  facimus 


—  137  — 

toujours  regardé  comme  seigneur  d'Olne,  c'est  pour- 
quoi on  ne  parle  pas  de  la  dîme,  mais  de  la  redevance 
seigneuriale  ou  census.  Richald  déclare  dans  cet  acte 
qu'il  accepte  la  dîme  aux  mêmes  conditions  que  Jean 
de  Sieudelaii  l'avait  autrefois  obtenue.  Cette  manière 
de  s'exprimer  nous  fait  croire  que  ce  Jean  de  Sieudelaii 
pourrait  bien  être  un  des  prédécesseurs  de  Richald. 

IV. 

ORGANISATION  DU  BAN  D'OLNE 

A  PARTIR  DU  XIV  SIÈCLE. 

LE   FORESTIER,   LE   MAYEUR,   LA  JUSTICE,   ETC. 

Trois  fois  par  an  le  peuple  d'Olne  était  convoqué 
et  réuni  en  un  plaid  général,  dans  lequel  les  échevins 
ou  juges  de  la  Cour  de  justice  proclamaient  les  droits 
et  les  devoirs  de  chacun.  C'était  comme  un  code  élé- 
mentaire, que  plus  tard  on  recueillit  par  écrit  et  qu'on 
a  appelé  record.  Nous  avons  transcrit  le  plus  ancien 
de  nos  records  (î),  nous  en  avons  arrangé  méthodique- 
ment les  dispositions,  combinées  avec  celles  d'autres 
records,  et  nous  les  avons  complétées  au  moyen  de  nos 
archives  et  des  commentaires  d'hommes  compétents  (a); 
nous  sommes  arrivés  ainsi  à  pouvoir  donner  une  idée 
de  l'organisation  du  ban  d'Olne  à  partir  du  XIVe  siècle; 
cette  organisation  s  est  en  partie  modifiée  plus  tard  par 
suite  des  changements  politiques. 

»  et  fatemur  quod  nos  à  viris  venerabilibus  dno  decano  et  capitulo  ecclesiae 
»  B.  Adalberti  Aquen.  census  eosdem  de  Soron  videlicet  et  deOlnequem- 
»  admodum  Johannes  de  Sieudelaii  aliquando  eosdem  census  in  pacto 
»  habere  consueverat,  pro  22  marcis  leod...  in  pactum  recipimus  ad 
»  4  annos ...  »  (Christ.  Quix,  Codex  diplomaticus  Aquensis,  t.  II,  p.  164. 
n°  242). 

(1)  Nous  avons  transcrit  en  appendice,  d'après  M.  J.  Daris,  celui  qui 
se  trouve  dans  le  vol.  CXXV  de  la  Cour  d'Olne.  MM.  Crahay  et  Casier, 
dans  les  Coutumes  d'Outremeuse,  en  ont  transcrit  un  autre  qui  est  du 
xvie  siècle. 

(2)  Surtout  de  MM.  Crahay  et  Casier,  Coutumes  d'Outremeuse. 


—  138  — 

Droits  et  Devoirs  du  Chapitre.  Les  échevins 
proclamaient  que  le  Chapitre  de  Saint-Adalbert  à  Aix 
était  seigneur  tréfoncier  du  ban  d'OIne.  Il  avait  donc 
droit,  de  la  part  de  ceux  qui  exploitaient  le  sol,  à  une 
redevance  annuelle,  ce  fut  cette  redevance,  pensons- 
nous,  qui  plus  tard  fut  appelée  dîme.  En  revanche,  le 
Chapitre  était  tenu  de  remplir  les  obligations  suivantes  : 
entretenir  à  Olne  un  prêtre  pour  le  service  divin;  lui 
fournir  les  ornements  nécessaires;  veiller  à  la  conser- 
vation et  à  l'entretien  de  l'église;  fournir  une  grosse 
cloche  dite  décimale  ou  de  la  dîme,  et  la  faire  sonner; 
livrer  les  animaux  reproducteurs,  placer  deux  barrières 
aux  deux  extrémités  du  village,  et  payer  les  échevins 
pour  les  services  qu'ils  rendaient  dans  la  perception  de 
la  dîme. 

Droits   et   Devoirs   du   Comte   de   Dalhem. 

Celui-ci  était  le  véritable  seigneur-souverain  d'OIne, 
en  vertu  de  la  cession  lui  faite  par  les  chanoines  en 
1240.  Il  devait  leur  procurer,  ainsi  qu'aux  habitants, 
pleine  sécurité  contre  toutes  les  attaques,  brigandages, 
extorsions  tant  du  dehors  que  du  dedans  (i).  Il  devait 
protéger  les  personnes  et  les  biens,  dût-il  pour  cela 
employer  la  force  armée.  En  revanche,  les  chanoines 
devaient  annuellement  lui  payer,  hors  de  la  dîme,  les 
muids  d  epeautre  et  d'avoine  énumérés  au  chapitre 
précédent  ;  en  outre  ils  lui  devaient  60  gros  ou  2  marcs 
de  bonne  monnaie  et  vingt-quatre  poules,  fournies  par 
les  habitants  pour  l'usage  des  bois  et  des  aisances  ou 
biens  communaux. 

De  leur  côté,  les  manants  avaient  à  payer  au  comte 
de  Dalhem  8  1/2  marcs.  Les  8  marcs  étaient  pour  le 
comte  lui-même;  le  1/2  marc  pour  les  échevins  et  le 
forestier,  car  ceux-ci  devaient  aider  le  receveur  dans 
la  perception  de  l'impôt.  La  perception  devait  se  faire 

(1  )  «  De  tonte  et  de  robe  et  de  mâle  accesse  »  (Voy.  Appendice,  n°  I). 


—  130  — 

vers  la  Saint-Remy,   et  être  annoncée  un   ou   deux 
dimanches  à  l'avance. 

Du  Forestier.  Les  records  l'appellent  :  garde  héré- 
ditaire des  forêts  et  des  eaux  (t)  ;  le  titre  de  sa  fonction 
indique  assez  les  devoirs  qu'il  avait  à  remplir.  Cette 
charge  ne  resta  pas  longtemps  héréditaire. 

Le  forestier  était  payé  en  partie  par  le  Chapitre  et 
en  partie  par  les  habitants  :  les  chanoines  lui  payaient 
annuellement  un  muid  d'avoine  pour  les  services  qu'il 
leur  rendait  dans  le  ban  d'Olne;  chacun  des  habitants, 
les  échevins  exceptés,  lui  payait  un  pain  et  une  poule. 

Toutes  les  poules  n'étaient  pas  pour  le  forestier  ;  il 
devait  réserver  les  vingt-quatre  dues  au  comte  de  Dal- 
hem, comme  nous  l'avons  dit  plus  haut.  Il  existait  une 
singulière  coutume,  quant  à  la  manière  de  faire  parve- 
nir les  vingt-quatre  poules  à  Dalhem  ;  une  terre  du 
ban  d'Olne  nommée  en  Agostrée  était  frappée  de  cette 
servitude  :  celui  qui  en  était  possesseur  était  tenu  de 
conduire  ou  de  faire  conduire  à  Dalhem  les  volailles 
du  comte. 

Les  habitants  de  trois  hameaux  ne  payaient  ni  le 
•pain  ni  la  poule  au  forestier,  mais  un  setier  comble  (2) 
d'avoine  au  receveur  du  Chapitre;  ces  trois  hameaux 
étaient  Froidbermont,  Gélivaux  et  Martinmont. 

Du  Mayeur.  Le  mayeur  était  le  président  du  tri- 
bunal des  échevins;  il  dirigeait  les  débats  mais  n'avait 
pas  droit  de  suffrage. 

C'était  le  mayeur  qui  était  chargé  de  rechercher 
l'auteur  d'un  méfait  et  d'instruire  la  cause  ;  à  ce  titre  il 
commandait  le  forestier.  Devant  la  Cour  il  semonnait 
les  échevins,  cest-à-dire  les  mettait  au  courant  de  tous 
les  détails  de  la  cause.   Il  interrogeait  l'accusé  et  les 

(1)  «  Fouesty  hirtable  de  bois  et  de  awe  »  (Voy.  Appendice,  n°  I). 

(2)  «  Réservez  Freubimont,  Gélivaux  et  Martinmont  lesquelles  trois 
»  villes  chascune  doit  à  charier  deseur  escript  ung  rez  styr  d'avoine  » 
(Ibidem). 


—  140  — 

témoins.  Enfin,  c'était  encore  le  mayeur  qui  était 
chargé  d'exécuter  la  sentence  prononcée  par  les  écbe- 
vins.  Les  insignes  du  mayeur,  dans  certaines  circons- 
tances solennelles,  étaient  la  verge  ou  baguette  (t). 

Remarquons  toutefois  que  le  mayeur  n'avait  pas 
juridiction  dans  les  causes  criminelles.  S'il  s'agissait  de 
quelqu'un  qui  avait  forfaict  le  corps,  c'est-à-dire  perpé- 
tré un  attentat  contre  la  vie  d  une  personne,  le  mayeur  | 
devait  le  livrer  au  voué  du  comte  de  Dalhem,  qui  le  i 
faisait  juger  par  la  Haute-Cour  de  cette  ville  (s). 

Il  en  fut  ainsi  jusqu'en  155g.  Alors  Olne  devint 
une  seigneurie  particulière  et  le  seigneur  d'Olne  obtint 
la  basse,  moyenne  et  haute  juridiction.  Les  échevins 
de  notre  Cour  de  justice  purent  alors  juger  les  causes 
criminelles;  mais  les  attributions  du  mayeur  ne  furent 
pas  pour  cela  augmentées,  car  le  seigneur  nommait  un 
officier-bailli  pour  les  causes  criminelles  et  civiles. 

La  charge  de  mayeur  était  héréditaire.  Aussi  finit- 
elle  par  tomber  dans  des  mains  incapables  et  même  en 
quenouille  (3).  Le  mayeur  se  fit  alors  remplacer  par  un 
lieutenant-mayeur.  Cette  charge  héréditaire  était  un 
véritable  fief  du  comté  de  Dalhem.  Or,  comme  chaque 
nouveau  mayeur  était  obligé  de  relever  le  fief  et  de 
prêter  serment  de  fidélité  au  souverain,  nous  avons  pu 
découvrir  le  nom  de  plusieurs  des  mayeurs  :  Johan  fils 
de  Willeame  était  mayeur  en  1426  (4)  ;  Tachin  de  Trem- 
bleur  releva  la  mayeurie  le  28  mai  1479  (s)  Wilhem 
van  Scoppem  vers  i5oo  ;  Adrien  de  Fraipont  le  6  no- 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  IX,  au  i3  mai  1680;  vol.  XXVIII,  fol.  189. 

(2)  «  Se  ly  fais  est  criminel  ou  tiel  de  quoy  il  ait  forfaict  le  corps,  ly 
»  mair  le  doit  livrer  à  vowé  en  quel  lieux  que  luy  plaist  dedens  sa  haul- 
»  teur  »  (Voy.  Appendice,  n°  I). 

(3)  En  1794  le  mayeur  héréditaire  était  Mlle  Nizet,  par  droit  féodal  ;  le 
substitut-mayeur  M.  VritholT  (Grand  Calendrier  de  Hervé,  de  1794). 
Nous  ne  parlons  pas  ici  de  l'obligation  qui  fut  imposée  aux  mayeurs 
catholiques,  vers  1660,  d'employer  un  lieutenant-mayeur  réformé. 

(4)  Le  Fort,  20  série,  t.  XIX,  fol.  307. 

(5)  Bruxelles,  Chambre  des  comptes,  reg.  13,146,  fol.  104  v°. 


—  141  — 

vembre  i5 17  (1);  Mathieu  Nizet  vers  1600;  Everard 
Nizet,  fils  de  Mathieu,  le  20  décembre  1623  (a)  et 
depuis  lors  les  Nizet,  de  père  en  fils,  jusqua  la  Révo- 
lution française. 

» 

Des  Echevins.  On  nommait  ainsi  les  sept  juges 
de  la  Cour  de  justice  du  ban  d'Olne.  La  présence  de 
ces  sept  juges  n  était  pas  strictement  requise,  car  nous 
avons  trouvé  des  sentences  prononcées  par  quatre, 
voire  même  par  trois  echevins. 

Outre  leur  charge  de  juges,  les  echevins  avaient  des 
fonctions  à  remplir  dans  certaines  ventes  publiques, 
dans  la  perception  de  la  taille  ou  de  la  dîme,  dans  la 
visite  des  cadavres  en  cas  de  mort  par  accident  (3),  etc. 

Le  père  et  le  fils,  l'oncle  et  le  neveu,  deux  frères, 
deux  cousins  ne  pouvaient  être  echevins  en  même 
temps.  Plus  tard  les  Calvinistes  obtinrent  dispense  de 
cette  prohibition  par  égard  pour  leur  petit  nombre. 

C'était  le  seigneur  qui  nommait  les  echevins  en 
observant  les  prohibitions  susdites;  il  avait  du  reste 
une  grande  latitude  dans  le  choix  à  faire  :  ainsi  les 
illettrés  n'étaient  pas  exclus,  et  nous  voyons  des  eche- 
vins de  la  Cour  d'Olne,  incapables  de  signer  leur 
nom,  se  contenter  de  marquer  d'une  croix  le  bas  des 
actes  (4). 

Une  fois  nommés,  les  echevins  étaient  inamovibles 
et  ne  pouvaient  être  révoqués  que  pour  une  cause  légi- 
time et  par  décret  du  juge  (»). 

Les  echevins  étaient  payés  au  moyen  des  amendes. 
Le  mayeur  y  avait  aussi  sa  part,  double  de  celle  de 
chaque  échevin. 

(1)  Bruxelles,  Chambre  des  comptes,  reg.  13,146,  fol.  252. 

(2)  Ibidem,  reg.  13,147,  fol.  220. 

(3)  Cour  <TOlney  vol.  XXIV,  fol.  i93  v°. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  3ia  :  «  Heuskin  -j*  eschevin 
»  d'Olne  ne  sçachant  escrire.  » 

(5)  On  verra,  notamment  dans  notre  chapitre  XV II,  que  les  réformés 
se  soucièrent  peu  de  cela. 

19 


—  142  — 

De  la  Cour  de  Justice.  Elle  était  composée  du 
mayeur  et  des  sept  échevins  ou  juges  ;  ces  derniers 
avaient  seuls  droit  de  suffrage.  La  Cour  siégeait  tous 
les  quinze  jours  dans  un  local  qui  lui  était  fourni  par 
la  communauté  du  ban  d'Olne  (\).  Ce  local  s'appelait 
le  consistoire  scabinal. 

Toute  personne  arrêtée  ou  accusée  d'un  crime  avait 
le  droit  d'être  jugée  d'après  les  lois  ou  coutumes  du 
ban  d'Olne,  l'accusateur  fût-il  noble  (2).  Ces  coutumes 
devaient  être  suivies  dans  l'interrogatoire  de  l'accusé 
et  des  témoins.  Mis  par  le  mayeur  au  courant  de 
tous  les  détails  de  la  cause,  ayant  assisté  à  tous  les 
débats,  les  échevins  pouvaient  prononcer  la  sentence 
immédiatement  si  leur  conviction  était  formée  (3); 
sinon  la  cause  était  tenue  en  délibéré. 

Ce  ne  fut  qu'après  i55g  que  la  Cour  d'Olne  siégea 
dans  les  causes  criminelles.  Les  justiciables  pouvaient 
appeler  d'une  sentence  de  cette  Cour  à  la  Haute-Cour 
de  Dalhem. 

Une  petite  Cour  de  justice  siégeait  sur  le  fief,  pour 
les  habitants  du  territoire  de  Mont-Saint- Hadèlin  ; 
on  appelait  de  ce  tribunal  à  la  Souveraine-Cour  de 
Stavelot. 

Des  Plaids  généraux.  On  désignait  sous  ce  nom 
des  assises  solennelles  présidées  par  le  seigneur  ou  son 
envoyé,  et  dans  lesquelles  les  vassaux  assemblés  étaient 
admis  à  exposer  leurs  griefs  ou  à  répondre  aux  accu- 
sations produites  contre  eux.  Ces  assises  avaient  un 
caractère  administratif  en  même  temps  qu'un  caractère 
judiciaire.  Les  échevins  avaient  coutume  d'y  rappeler 
les  droits  et  les  devoirs  de  chacun  :  aussi  bien  ceux  des 
seigneurs  ou  des  fonctionnaires  que  ceux  des  simples 
manants  ou  masuyrs. 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXIX,  fol.  86  et  124. 

(2)  «  Soit  sieur  soit  aultre  »  (Voy.  Appendice,  n°  I). 

(3)  «  Se  ly  eschevins  est  sage  »  (Ibidem). 


—  143  — 

Dans  le  principe,  ces  réunions  étaient  tenues  en 
plein  air,  sous  des  arbres  ou  à  l'abri  de  quelque  grand 
orme  (<);  mais  au  xvne  et  au  xvme  siècle  elles  se 
tenaient  au  local  ordinaire  de  la  justice,  et  ne  différaient 
des  plaids  de  quinzaine  qu'en  ce  que  tous  les  Olnois 
pouvaient  librement  s'y  faire  entendre. 

Anciennement,  le  comte  de  Dalhem  envoyait  ex- 
pressément un  voué  pour  tenir  les  plaids  généraux  ; 
mais  d'après  un  record  du  XVIe  siècle  (2)  le  mayeur  les 
tint  dans  la  suite. 

A  Olne,  les  plaids  généraux  avaient  lieu  trois  fois 
par  an  :  le  deuxième  lundi  après  les  Rois;  le  deuxième 
lundi  après  Quasimodo  et  le  deuxième  lundi  après  la 
Saint-Remy.  On  les  annonçait  à  l'église  deux  dimanches 
consécutifs,  et  le  mayeur  devait  veiller  (3)  à  cette  publi- 
cation. 

Il  en  était  ainsi  au  xvie  siècle,  mais  plus  ancienne- 
ment, le  voué  envoyé  par  le  comte  de  Dalhem,  faisait 
simplement,  dès  son  arrivée,  assembler  le  peuple  par 
le  forestier;  alors  il  demandait  si  quelqu'un  des  habi- 
tants avait  à  se  plaindre  du  voué,  du  mayeur,  des 
échevins,  du  forestier  ou  de  quelqu'un  des  habitants. 
Il  déclarait  qu'il  était  là  pour  redresser  les  torts  et 
punir  ceux  qui  se  seraient  conduits  contrairement  aux 
lois  du  pays  (*).  Il  arrivait  que  le  mayeur  n'avait  pas 
des  forces  suffisantes  pour  mettre  à  exécution  une  sen- 
tence prononcée,  car  les  coupables  se  défendaient  quel- 
quefois; dans  ce  cas,  c'était  au  voué  qu'incombait  le 
devoir  d'amener  une  troupe  assez  forte  pour  faire  res- 
pecter les  décisions  de  la  justice. 

(1)  Crahay,  Coutumes  d'Où  tremeuse  y  préface,  p.  xi. 

(2)  Record  d'Olne  du  xvi°  siècle,  transcrit  par  Crahay,  même  ouvrage 
p.  148. 

(3)  Voy.  le  même  Record,  dans  Crahay,  Coutumes  d'Où  tremeuse. 

(4)  «  Sy  yat  homme  nez  femme  qui  soit  déplaindans  de  mair,  de 
»  fouesty,  des  eschevins,  de  vouwé,  de  renty,  de  masuyr  de  l'ung  à 
»  l'autre  qui  soient  mynez  four  del  loi  du  pays,  ilh  siet  là  pour  le  radre- 
»  chier»  (Voy.  Appendice,  n°  I). 


—  144  — 

Police  des  Eaux.  Une  partie  de  la  rivière  de 
Vesdre  appartenait  à  la  seigneurie  d'Olne.  On  tirait 
une  ligne  imaginaire  au  milieu  du  lit  de  la  rivière  en 
suivant  son  cours,  et  la  moitié  qui  coulait  le  long  du 
ban  d'Olne  (1)  appartenait  à  cette  seigneurie.  La  pêche 
était  affermée  à  deux  pêcheurs  et  le  revenu  en  était  pour 
le  prévôt  de  Saint-Adalbert,  qui  devait  donner  chaque 
année  un  poisson  au  mayeur  d'Olne,  un  au  forestier  et 
un  à  chacun  des  échevins,  pour  reconnaître  leurs  ser- 
vices dans  la  surveillance  de  la  rivière.  Ces  poissons 
devaient  être  d'une  longueur  de  trois  pieds  entre  la  tête 
et  la  queue  («). 

Les  locataires  de  la  pêche  étaient  chargés  par  le 
prévôt  de  livrer  ces  poissons  :  c'était  une  des  condi- 
tions de  la  location.  Ils  devaient  les  fournir  pendant 
l'A  vent,  ou  sinon  ils  devaient  payer  la  valeur  de  pois- 
sons pareils  selon  le  prix  qu'on  en  donnait  au  marché 
de  Liège  pendant  le  même  Avent. 

Si  d'autres  que  les  deux  locataires  usurpaient  le 
droit  de  pêche,  le  forestier  devait  les  conduire  à  Olne 
devant  les  échevins,  qui  les  condamnaient  à  l'amende. 
Il  s'agit  ici  de  la  pêche  en  grand  et  en  vue  de  faire  le 
commerce  de  poissons,  car  notre  vieux  record  nous 
apprend  qu'il  était  permis  aux  Olnois  de  pêcher  en  la 
dite  rivière  pour  la  nourriture  de  leur  famille  (3). 

De  la  Brasserie  banale.  Le  seigneur  devait  veil- 
ler à  ce  qu'il  y  eût  à  Olne  une  brasserie  banale,  c'est- 
à-dire  à  l'usage  des  habitants  du  ban  ;  ceux-ci  devaient 
en  tout  temps  pouvoir  y  trouver  de  la  boisson  froide 
ou  chaude,  mais  ils  ne  pouvaient  sous  aucun  prétexte 
acheter  de  la  bière  ailleurs  qu'à  la  brasserie  banale. 

(1)  «  Dechy  enmy  leawe  »  (Voy.  Appendice,  n°  I). 

(2)  «  Del  longueche  de  trois  pieds  entre  le  cowe  et  le  tieste  »  (Ibi- 
dem). 

(3)  «  Les  masuwir  du  dit  ban  doient  pexhier  en  la  dite  eyave  pour  eux 
»  aiedier  et  nien  vendre  »  (Ibidem). 


—  Ii5  — 

Le  mayeur  devait  y  envoyer  parfois  deux  assoieurs 
pour  estimer  la  valeur  de  la  bière  et  en  fixer  le  prix.  Si 
la  bière  venait  à  faire  défaut  en  un  jour  de  fête,  on 
devait  le  lendemain  si  c'était  un  jour  ouvrable,  rebou- 
ter les  feux  dès  le  point  du  jour. 

Si  une  femme  en  travail  d'enfant  n'avait  pas  de 
quoi  acheter  à  boire,  elle  faisait  porter  un  objet  en 
garantie  à  la  brasserie,  et  on  était  obligé  de  lui  faire 
crédit  jusqua  ses  relevailles  (t),  après  lesquelles  elle 
devait  payer  dans  les  trois  jours. 

Tout  Olnois  pouvait  brasser  de  la  bière  chez  lui, 
mais  seulement  pour  l'usage  domestique,  car  il  ne 
pouvait  revendre  que  celle  achetée  à  la  brasserie  ba- 
nale (*)  ;  quand  il  y  prenait  douze  quartes  de  bière  il 
avait  droit  à  la  treizième  gratis,  et  dans  son  commerce 
il  pouvait  percevoir  un  bénéfice  de  2  deniers  sur 
chaque  quarte. 

Des  Moulins  banaux.  Il  devait  toujours  y  avoir 
au  ban  d'Olne  deux  moulins  banaux  et  dans  chaque 
moulin  deux  meuniers  assermentés,  deux  vans  et  un 
crible  et  les  mesures  de  capacité  :  setier,  demi-setier, 
pollengnou,  etc. 

Un  habitant  du  ban  d'Olne  avait  toujours  la  préfé- 
rence au  moulin  banal  :  si  des  étrangers  étaient  arrivés 
avant  lui,  il  avait  le  droit  de  faire  moudre  son  grain 
avant  eux  tous  ;  le  mayeur  avait  la  préférence  sur  tous 
les  autres  :  il  faisait  passer  son  grain  sur  la  meule  après 
celui  qui  s'y  trouvait  à  son  arrivée  et  il  ne  payait  que  la 
moitié  du  droit. 

Avant  de  se  servir  du  moulin,  tout  habitant  pouvait 
faire  relever  la  meule  et  la  nettoyer  ;  de  même  après 
avoir  moulu  son  grain,  il  pouvait  de  nouveau  faire 
relever  la   meule  et  nettoyer  le  moulin,   afin  d'avoir 

(1)  «  Et  ly  bresseur  ly  doit  croir  tout  son  païen  lit  durant  »  (Voy. 
Appendice,  n°  I). 

(a)  Cour  d'Olne,  vol.  XXI,  fol.  102. 


—  14(5  — 

toute  sa  farine  et  rien  que  sa  farine.  Si  l'un  des  mou- 
lins venait  à  se  briser,  les  Olnois  se  servaient  de  l'autre  ; 
si  aucun  des  deux  n'était  en  état,  ils  s'adressaient  au 
mayeur  pour  faire  moudre  en  dehors  de  ce  ban. 
Avaient-ils  à  se  plaindre  des  meuniers?  C'est  encore 
au  mayeur  qu'ils  devaient  faire  connaître  leurs  griefs, 
et  ce  fonctionnaire  pouvait  visiter  le  moulin  et  punir 
les  meuniers  s'il  y  avait  lieu.  En  dehors  de  ce  cas,  le 
mayeur  pouvait  toujours  trois  fois  par  an  visiter  cha- 
cun des  deux  moulins;  pour  chaque  visite  il  avait  droit, 
de  la  part  de  chaque  moulin,  à  un  gâteau  d'un  setier 
d'épeautre.  Chaque  nouveau  meunier  devait  aussi  ce 
gâteau  à  l'occasion  du  serment  qu'il  avait  à  prêter  lors 
de  son  arrivée. 

Mouches  a  Miel.  Si  quelqu'un  trouvait  un  essaim, 
il  avait  droit  à  la  moitié  de  la  valeur  de  cet  essaim, 
n'importe  où  il  le  trouvait.  Le  mayeur  et  le  dîmeur 
du  Chapitre  se  partageaient  l'autre  moitié.  Le  posses- 
seur du  sol  sur  lequel  l'essaim  avait  été  trouvé  n'avait 
droit  à  rien. 

Terrains  communaux.  Si  un  arbre  venait  à  tom- 
ber sur  un  chemin  ou  une  terre  d'aisance,  la  moitié  de 
sa  valeur  était  pour  le  mayeur,  l'autre  moitié  pour  le 
receveur  ou  dîmeur  du  Chapitre. 

Des  Chevaux  de  Trait.  Le  seigneur  d'Olne  avait 
établi  à  son  profit  une  taxe  de  deux  setiers  d'avoine  sur 
chaque  cheval  de  trait.  Comme  les  échevins  étaient 
chargés  d'assurer  la  perception  de  cette  taxe,  chacun 
d'eux  recevait  de  ce  chef  la  taxe  d'un  cheval,  c'est-à-dire 
deux  setiers  d'avoine. 

Nous  ne  parlons  pas  ici  des  bourgmestres  ou  commis 
du  ban  d'Olne  ;  cette  institution  ne  remontant  qu  au 
XVIe  siècle,  sera  bientôt  l'objet  d'un  chapitre  spécial. 


—  147  — 


V. 


LE  BAN  D'OLNE  SOUS  LES  MAISONS 
DE  BOURGOGNE  ET  D'AUTRICHE   (1384-1559). 

Nous  avons  vu  comment  la  seigneurie  d'Olne  tom- 
ba au  XIIIe  siècle  au  pouvoir  du  comte  de  Dalhem. 
Celui-ci  étant  en  même  temps  duc  de  Brabant,  notre 
localité  suivit  désormais  les  destinées  de  ce  duché  qui 
passa  avec  les  autres  provinces  belges  à  la  maison  de 
Bourgogne,  puis  à  celle  d'Autriche  dont  une  branche 
régna  plus  tard  sur  l'Espagne  et  hérita  de  notre  pays. 

Pendant  toute  cette  période,  c'était  donc  le  souve- 
rain des  Etats  belges  qui,  en  sa  qualité  de  comte  de 
Dalhem,  était  seigneur  direct  du  ban  d'Olne;  il  exerçait 
les  prérogatives  attachées  à  cette  qualité  par  l'intermé- 
diaire d'un  voué.  Ordinairement,  c'était  le  châtelain  ou 
haut-drossart  de  Dalhem  qui  prenait  cette  qualité  de 
voué  d'Olne;  ainsi  en  1453  un  nouveau  mesurage 
ayant  été  fait  pour  fixer  la  délimitation  entre  le  ban 
d'Olne  et  le  bailliage  d'Amercœur,  on  y  cite  le  châte- 
lain de  Dalhem  comme  voué  d'Olne,  représentant  le 
comte  de  Dalhem  (i). 

Plus  tard,  on  parle  cependant  d'un  certain  Simon 
Symkea  ou  Symkeau  qui  était  voué  d'Olne  sans  être 
châtelain  de  Dalhem  (2).  Ce  Symkea  était  en  même 
temps  mayeur  du  Mont-Saint-Hadelin,  territoire  dé- 
pendant de  la  principauté  de  Stavelot;  il  percevait 
donc  les  amendes  des  deux  territoires;  après  lui,  son 
fils,  Symkea  le  jeune,  agissait  de  même  ;  cela  occa- 
sionna une  confusion  de  juridiction  et  fut  cause  que 
plus  tard  le  seigneur  d'Olne  éleva  des  prétentions  sur 
le  Mont-Saint-Hadelin  (3). 

(1)  Liège,  Liasse  sur  Saint-Hadelin,  n°  6.  Ce  mesurage  était  nommé 
cerquemenage. 

(2)  Ibidem,  n°  20  v°. 

(3)  Ibidem,  n°»  12,  18,  19,  20  et  suiv. 


—  148  — 

Sous  Charles-Quint,  il  n'est  pas  souvent  question 
d'un  voué  d'Olne,  et  nous  voyons  le  mayeur  intervenir 
dans  des  affaires  qui  jusqu'alors  avaient  été  réservées 
au  voué  ou  représentant  du  comte  de  Dalhem  ;  ainsi, 
en  i53i,  le  mayeur  ordonna,  au  nom  du  souverain, 
un  cerquemenage  général,  et  y  présida  (i);  nous  savons 
déjà  que  c'était  le  mayeur,  au  XVIe  siècle,  qui  tenait  les 
plaids  généraux;  il  avait  même  le  pouvoir,  en  cas 
d'empêchement,  de  changer  l'époque  de  ces  plaids, 
pourvu  qu'il  les  fit  annoncer  à  l'église  deux  dimanches 
consécutifs  (2). 

Voilà  comment  s'exerça  pendant  cette  période,  le 
pouvoir  seigneurial;  nous  reprenons  maintenant  l'ex- 
posé des  faits. 

Un  sage  a  dit  :  heureux  les  peuples  qui  n'ont  pas 
d'histoire  ;  si  nous  pouvions  appliquer  cette  sentence  à 
notre  modeste  localité,  nous  serions  amenés  à  conclure, 
que  nos  ancêtres  vécurent  heureux  pendant  tout  le  XIVe 
siècle,  car  l'histoire  ne  nous  apprend  presque  rien  qui 
les  concerne. 

A  cette  époque,  les  chanoines  de  Saint-Adalbert 
avaient  conservé  plusieurs  vestiges  de  leur  ancienne 
puissance,  notamment  le  droit  de  pêche  dans  la  Vesdre  ; 
en  1399  le  Chapitre  céda  à  Tristant,  seigneur  de  Frai- 
pont,  pour  lui  et  ses  vassaux,  la  faculté  de  pêcher  dans 
cette  rivière,  dans  toute  sa  largeur,  depuis  le  Ry  de  la 
Saute  jusqu'au  Ry  des  Chinaux.  Tristant  et  ses  succes- 
seurs étaient  tenus  au  tribut  annuel  d'un  poisson  au 
mayeur  d'Olne,  d'un  au  forestier  et  d'un  à  chaque  éche- 
vin  ou  juge.  D'après  cet  accord,  on  ne  pouvait  pêcher 
dans  la  Vesdre  que  pendant  le  jour,  et  seulement  des 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XVIII,  fol.  180  v°,  où  Guillaume  d'Olne  rap- 
pelle ce  fait  dans  son  procès  contre  H.  Dejong. 

(2)  «  Se  at  il  la  puissance  de  relaxer  et  rcvocquer  une  qu insaine  ou 
»  deux  jusques  a  tant  qu'il  euisse  le  temps  et  Topportunitté  de  les  ten- 
»  nir  »  (Voy.  Crahay,  Coutumes  des  Pays  dOutremeuse,  Record  d'Olne, 
p.  148). 


—  149  — 

poissons  assez  grands  pour  qu'on  ne  pût  pas  les  cacher 
complètement  dans  sa  main  fermée  (1). 

Le  XVe  siècle  fut  plus  agité  et  plus  funeste  à  nos 
ancêtres  que  le  précédent  :  ils  eurent  surtout  à  souffrir 
de  la  guerre  entre  les  Liégeois  et  Philippe  de  Bour- 
gogne, notre  souverain. 

En  1464  les  Liégeois  chassèrent  leur  évêque  Louis 
de  Bourbon  et  au  mois  d'avril  1465,  ils  élurent  à  sa 
place  le  jeune  Marc  de  Bade,  sous  la  protection  du 
marquis  de  Bade  son  frère.  Aidés  par  les  troupes  alle- 
mandes amenées  par  les  princes  badois,  ils  se  mirent 
en  campagne  en  septembre  1465,  dévastèrent  le  pays 
de  Hervé,  brûlèrent  le  château  de  Dalhem  et  mirent  le 
siège  devant  Limbourg  dont  ils  tentèrent  en  vain  de 
s'emparer. 

Or  de  nombreux  Olnois  firent,  dans  ces  circons- 
tances, cause  commune  avec  les  Liégeois.  De  ce  nom- 
bre était  Watele  de  Freubemont  ou  Froidbermont, 
échevin  d'Olne  qui,  par  serment,  promit  obéissance  au 
marquis  de  Bade,  se  joignit  aux  Liégeois,  assista  avec 
eux  au  siège  de  Limbourg  et  se  rendit  coupable  de 
diverses  déprédations.  Pris  par  Frédéric  de  Withem, 
châtelain  de  Dalhem  et  enfermé  par  lui,  il  aurait  peut- 
être  payé  de  sa  tête  sa  félonie,  si  Pierre  van  Thielt, 
haut  fonctionnaire  du  duc  n'était  venu  le  délivrer  de 
sa  captivité  (2). 

Vers  le  même  temps,  Frédéric  de  Withem  s'empara 

(1)  «  Ni  prendre  poisson  dont  le  teste  ne  le  cowe  pier  four  de  poigne  » 
(Dalhem,  carton). 

(2)  «  Van  Watele  de  Freubemont,  scepenen  te  Oens  die  meynedich 
»  tsegen  mynen  voirscreven  genedigen  heere  den  mercgrave  metten 
»  Luykeneren  den  eedt  gedaen  hadde  ende  met  voer  Lymborch  ende 
»  anders  geroeft  ende  gelegen,  daer  omme  hy  te  Daelhem  gevangen  was 
»  ende  naden  lantrecht  daer  omme  lyffe  ende  goet  verboert  soude  heb- 
»  ben  ...  ende  want  meester  Peter  van  Thielt  met  zekere  bevele  van 
»  mynen  genedigen  heere  te  Dalhem  ko  m  en  is  ende  heeft  die  voirscreven 
»  Watelet  uit  die  gevanckenisse  gehaelt  ...»  (Bruxelles,  Chambre  des 
comptes,  reg.  13,146,  p.  -jZ). 

20 


—  450  — 


de  plusieurs  autres  Olnois  qui  s'étaient  également  unis 
aux  Liégeois  et  avaient  fait  serment  au  marquis  de 
Bade.  Tels  étaient  :  Jean  Buyskin  et  Reyner  Giele, 
échevins  d'Olne,  Wygier  de  Boy,  Everard  de  Som- 
mage,  Denys  de  Freubemont,  Leclerc  d'Olne,  tous 
manants  de  ce  ban  et  par  conséquent  sujets  révol- 
tés du  duc  de  Bourgogne  dans  les  terres  duquel  ils 
avaient  pillé,  saccagé  et  incendié  (4).  Ils  avaient  notam- 

!  ment  aidé  à  détruire  et  à  brûler  le  château  de  Dalhem 

i 

|  avec   ses    dépendances   et   plusieurs   autres   maisons. 

Pris  par  Frédéric  de  Withem  et  emmenés  par  lui,  ils 
auraient  payé  cher  leur  rébellion,  si  après  la  soumis- 
sion des  Liégeois  ils  n'avaient  reçu  un  appointement 
de  Guy  de  Brimeu,  seigneur  de  Hambercourt,  en 
vertu  duquel  ils  furent  rendus  à  la  liberté  et  délivrés 
de  toute  poursuite. 

Peut-être  aussi  Frédéric  de  Withem  exagérait-il 
les  fautes  de  ces  Olnois?  Ce  zélé  châtelain  nous  ap- 
prend dans  une  autre  relation  que  Jean  Postel,  curé 
d'Olne  et  maître  Jean  Stoep  s'intéressèrent  également 
à  leur  sort  et  intercédèrent  pour  eux  auprès  du  gou- 
vernement (2). 

Comme  toujours,  les  plus  pauvres  et  les  plus  hum- 
bles payèrent  pour  les  autres;  de  ce  nombre  furent  un 
certain  Grand-Heinry;  Jean  de  Hermael;  Denys,  le 
maréchal  d'Olne;  Mathoné,  charpentier  au  même  lieu, 
homme  pauvre  et  boiteux  ;  Stassele  Rifla  et  les  deux 
fils  de  Maroye,  servante  du  pléban  d'Olne,  qui  tous 
furent  aussi  accusés  d'avoir  fait  serment  au  marquis 
de  Bade,  d'avoir  pillé,  ravagé  et  incendié  les  biens  et 
les  immeubles  des  sujets  du  duc,  de  concert  avec  les 

(  1  )  a  Ende  meer  andere  die  desgelyx  viande  tsegen  raynen  genedigen 
»  heere...  metten  Luykeneren  ommegckeert  gewest  syn  ende  den  merc- 
»  grave  van  Baden  den  eedt  gedaen  hadden  ende  in  myns  voirscreven 
»  genedigen  heeren  lant  geroeft, gescandt,  ende  gebrand  ...»  (Bruxelles, 
Chambre  des  comptes,  reg.  13,146,  p.  74). 

(2)  Ibidem,  reg.  13,146,  p.  84. 


—  151  — 

Liégeois.  Pris  par  Frédéric  de  Withem,  ils  ne  furent 
relâchés  que  moyennant  le  payement  d'une  forte 
amende  (<). 

Il  en  fut  de  même  de  Olivier  de  Sommage,  qui 
avait  suivi  l'expédition  de  Hervé,  et  avait  pris  part 
au  vol  des  cloches  ainsi  qu  au  meurtre  de  plusieurs 
habitants  du  ban  de  Hervé  (2). 

Philippe  le  Bon,  notre  duc,  étant  mort  en  1467, 
son  fils  Charles  le  Téméraire  continua  la  guerre  contre 
les  Liégeois.  En  1468,  il  prit  la  ville  de  Liège  et  la 
détruisit  de  fond  en  comble  ;  le  souvenir  de  cette  fatale 
issue  de  la  lutte  est  resté  vivace  dans  nos  populations 
et  le  dévouement  des  six  cents  Franchimontois  l'a  ren- 
due célèbre. 

Un  habitant  du  ban  d'Olne,  nommé  Jean  de  Han- 
chey  ou  Hansez,  fut  accusé  en  1471  d'avoir  donné 
l'hospitalité  à  des  Liégeois  fugitifs.  Il  dut,  pour  ce 
grand  crime,  payer  une  grosse  amende  à  Frédéric 
de  Withem  (3). 

Un  autre  Olnois,  nommé  Hèry  Lambrion,  se  ren- 
dit coupable  de  faits  beaucoup  plus  odieux.  Il  se  plai- 
gnait d'avoir  été  plus  que  les  autres  manants,  ran- 
çonné par  les  Liégeois  pendant  la  guerre,  et  prétendait 
que  ses  compatriotes  devaient  les  désintéresser.  Il  alla 
jusqu'à  leur  enlever  leurs  vaches  et  d'autres  bestiaux, 
déclarant  n'agir  que  d'après  les  ordres  de  Frédéric 
de  Withem.  En  cela  Lambrion  mentait  et  le  drossart, 
l'ayant  appris,  se  mit  en  colère  contre  lui,  le  fit  arrêter 
et  mettre  en  prison  ;  il  ne  le  relâcha  que  moyennant 

(1)  Bruxelles,  Chambre  des  comptes,  reg.  13,146,  pp.  72  et  73. 

(2)  «  Van  Olivier  de  Sommage  die  desgelyx  in  myns  genedigen  heren 
»  lant  te  Hervé  gebrandt  hadde  ende  die  clocken  aldaer  helpen  nemen 
»  ende  myns  vurscreven  genedigen  heren  onderseten  mede  doot  helpe 
»  slaen  ...»  (Ibidem,  p.  72). 

(3)  «  Van  Jan  de  Hanchey  van  dat  hy  befaempt  was  dat  hy  myns  ge- 
»  nedigen  heren  vianden  fugitive  Luykere  opgehaldt  soude  hebben  ...» 
(Ibidem,  p.  119). 


-  152  — 

le  payement  dune  amende  de  3o  florins  du  Rhin  (4). 

Ce  dernier  fait  prouve  que  malgré  les  nombreux 
partisans  qu'ils  avaient  à  Olne,  les  Liégeois  n'épar- 
gnèrent pas  notre  territoire,  lors  de  l'expédition,  déjà 
mentionnée  par  nous,  qu'ils  firent  en  1465  dans  le  pays 
de  Hervé. 

D'après  les  historiens  de  la  principauté  (s),  ils  sor- 
tirent par  la  porte  de  Cornillon  et  se  répandirent  comme 
un  ouragan  sur  le  ban  de  Hervé  qui  fut  ravagé  de  fond 
en  comble  ;  les  églises  furent  profanées,  pillées  et  brû- 
lées, les  villages  incendiés,  les  bestiaux  volés  et  les 
habitants,  sans  distinction  d'âge  ni  de  sexe,  impitoya- 
blement massacrés. 

Les  habitants  du  ban  d'Olne  se  trouvaient  sur  le 
passage  de  ces  hordes  dévastatrices,  ils  étaient  les 
sujets  du  mortel  ennemi  des  Liégeois.  Il  est  donc  cer- 
tain qu'ils  ont  eu  leur  part  dans  la  calamité.  Mais  dans 
quelle  mesure  ont-ils  souffert?  Aucun  témoignage  ne 
nous  éclaire  sur  ce  point. 

Warnot  de  Belleflamme  lui-même,  notre  historien, 
ne  nous  dit  pas  un  mot  de  ces  événements  politiques 
si  rapprochés  de  lui. 

Outre  des  renseignements  précieux  sur  l'histoire 
d'Olne  au  moyen  âge,  ce  prêtre  distingué  ne  nous  a 
laissé  qu'une  courte  notice  dans  laquelle  il  nous  fait 
connaître  plusieurs  des  curés  ses  prédécesseurs. 

Il  nous  apprend  que  très  souvent  les  titulaires  de  la 
cure  ne  résidaient  pas  dans  la  paroisse,  et  qu'ils  admi- 
nistraient celle-ci  par  des  délégués.  Le  premier  curé 

(1)  «  Heiry  Lambrion  die  zekere  onderseten  van  Oens  nader  pays 
»  ende  orloge  vad  Luydick  hadde  doen  commeren  ende  angesproken 
»  voer  zekere  scade  die  hy  in  den  orloge  gehadt  hadde,  siggende  dat  hem 
»  die  Luykeneren  seuldich  waeren  ende  vervolgede  der  omme  mynshe- 
»  ren  onderseten,  nemende  der  alTkoy  ende  beesten  onder  schyn  ende 
»  bevele  dat  hem  heer  Fredcrich  van  Witthem  bevolen  soude  hebben  ...  »> 
(Bruxelles,  Chambre  des  comptes,  reg.  13,146,  p.  io3). 

(2)  Voy.  Henaux;  de  Gerlache;  Nautet,  t.  I,  p.  368. 


—  153  — 

qu'il  cite  est  Jean  Postelf  dit  aussi  Jean  de  Fléron  (4), 
qui  résida  au  milieu  de  ses  ouailles,  et  administra 
régulièrement  sa  paroisse  de  1454a  1483  ;  nous  lavons 
vu  intervenir  en  faveur  de  plusieurs  de  ses  paroissiens 
enlevés  et  emprisonnés  par  Frédéric  de  Withem. 

Vers  1482,  Jean  Postel  négocia  avec  Nicolas  Ro- 
hault, recteur  de  la  chapelle  des  Lépreux  à  Spijx,  pour 
l'échange  de  leurs  bénéfices.  Il  s'agit  probablement  de 
Spiexhe  près  de  Theux;  dans  cette  supposition  il  y 
aurait  eu  à  Spiexhe  une  léproserie  dont  Postel  serait 
devenu  le  directeur  spirituel  après  son  départ  d'Olne. 
Louis  de  Bourbon,  évêque  de  Liège,  s'adressa  aux  cha- 
noines de  Saint-Adalbert,  collateurs  de  la  cure  d'Olne, 
pour  les  prier  d'agréer  cet  échange.  Ce  prélat  semble 
avoir  beaucoup  désiré  de  placer  Postel  à  la  tête  de 
cette  léproserie  située  dans  sa  principauté,  car  maître 
Arnold  de  Ghenyck,  qu'il  envoie  à  Aix  auprès  du 
Chapitre,  était  le  même  qui  avait  négocié  l'échange 
en  question  (2). 

Nicolas  Rohault,  le  nouveau  curé,  était  de  nationa- 
lité française  ;  il  rçe  résida  pas  à  Olne,  mais  se  fit  rem- 
placer par  un  vicaire.  Il  en  fut  de  même  de  son  suc- 
cesseur, Réginald  Estuart,  également  Français,  qui 
mourut  en  i5o8. 

Toussaint  de  Noirfalize  entra  en  fonctions  la  même 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  5,  où  se  trouvent  les  autres  cités 
par  Warnot. 

(2)  «  Ludovicus  de  Bourbon,  eps  Leodiensis  dux  Bullonensis  et 
»  cornes  Lossensis  :  Fidèles  nobis  in  Christo  dilecti.  Cum  certe  nuper  sit 
»  concepta  permutatio  inter  Arnoldum  de  Ghenyck  procuratorem  Ma- 
»  gistri  Johannis  Postel  rectoris  parochialis  ecclesiœ  de  Olne  nostrae 
»  diœcesis  ex  una  et  fidelem  nostrum  computatorum  magistrum  Nico- 
»  laum  Rohault  rectorem  capellee  leprosorum  in  Spijx  ex  nostrae  dioece- 
»  sis  partibus  ex  altéra,  quae  quidem  permutatio  absque  consensu  vestro 
»  pro  dicta  ecclesia  de  Olne,  cujus  collatio  et  permutatio  ad  vos  pertinere 
»  dignoscitur,  suum  debitum  sortiri  non  potest  effectum  mittimus  in 
»  praesentiarum  fidem  nostrum  magistrum  Arnoldum  de  Ghenyck  prae- 
»  dictum  desingulis  instructum  ...  »  (Quix,  Codex  diplomaticus  Aquen- 
sis,  t.  I,  p.  53,  n°  79). 


—  154  — 

année  comme  curé  d'Olne  et  pendant  plus  de  trente  ans 
demeura  continuellement  au  milieu  de  ses  ouailles, 
qu'il  put  ainsi  prémunir  contre  les  hérésies  naissantes 
de  Luther  et  de  Calvin. 

Thierry  Warnot  de  Belleflamme,  notre  historien, 
devint  lui-même  curé  d'Olne  en  1542;  il  était  maître 
ès-arts  et  licencié  en  droit;  on  l'intitule  même  avocat 
liégeois.  Il  fut  nommé,  pensons-nous,  à  cette  cure  par 
la  faculté  des  Arts  de  Louvain,  qui  avait  le  privilège, 
dans  certains  cas,  de  conférer  des  bénéfices  réservés  au 
pape,  mais  seulement  à  des  maîtres  ès-arts  (4).  Plu- 
sieurs curés  furent  nommés  de  la  sorte,  en  vertu  de  la 
réservation  papale;  les  autres  furent  nommés  par  le 
collateur  ordinaire  le  Chapitre  de  Saint- Adalbert.  War- 
not a  fait  sculpter  une  pierre  commémorative  de  son 
entrée  à  Olne  ;  ce  petit  monument,  assez  remarquable 
et  parfaitement  conservé,  se  trouve  actuellement  dans 
le  mur  de  la  sacristie  d'Olne. 

Dès  son  arrivée,  Thierry  de  Belleflamme  fit  recons- 
truire la  maison  pastorale;  la  paroisse  fut  troublée, 
sous  l'administration  de  ce  curé,  par  tes  meurtres  et  les 
brigandages  de  l'assassin  Olnois  Bastin  Monnet,  qui 
fut  condamné  à  mort  par  la  Cour  de  Dalhem  et  exécuté 
en  1548  (2). 

Le  successeur  de  Warnot,  le  révérend  Baudouin 
Bodeçon,  fit  en  1584  reconstruire  l'église  en  partie; 
la  date  se  trouve  encore  inscrite  sur  une  pierre  de  la 
tour.  Baudouin  eut  à  soutenir,  relativement  à  la  dîme, 
un  procès  et  de  longues  difficultés  que  nous  exposerons 
au  chapitre  suivant. 

(1  )  Au  chapitre  XI  nous  expliquerons  plus  amplement  ce  privilège, 
d'après  M.  J.  Daris. 

(2)  Bruxelles,  Chambre  des  comptes,  reg.  13,146,  pp.  69!  et  suiv., 
Warnot  a  inscrit  au  catalogue  des  défunts  «  le  révd  Baudouin  le  Mares- 
»  chai,  premier  recteur  de  l'autel  des  Su  Sébastien  et  Nicolas  de  i52i  à 
»  i55i  »  (Voy.  Sommier,  p.  221). 


—  155  — 
VI. 

LA  DIME  D'OLNE  ET  LE  PROCÈS  DU  CURÉ  BODEÇON 

RELATIF  A  LA  DIME. 

Avant  d'exposer  les  démêlés  judiciaires  du  curé 
Bodeçon,  nous  croyons  utile  de  donner  quelques  expli- 
cations sur  la  dîme  d'Olne. 

La  dîme,  au  moyen  âge,  était  la  dixième  partie  des 
récoltes  que  dans  certaines  contrées  les  fidèles  cédaient 
aux  ministres  des  autels  pour  subvenir  à  leur  subsis- 
tance. Cependant  des  seigneurs  laïcs  ont  souvent  pos- 
sédé des  dîmes,  soit  à  la  suite  d'une  usurpation,  soit  à 
cause  du  patronage  d'une  église  et  d'une  concession 
faite  par  le  clergé. 

A  Olne,  l'origine  de  la  dîme  nous  paraît  avoir  été 
celle-ci  :  les  chanoines  de  Saint-Adalbert  ayant  en 
1240  cédé  la  souveraineté  du  ban  d'Olne  au  comte  de 
Dalhem,  restèrent  seigneurs  t réfonciers  de  cette  terre  et 
en  cette  qualité  avaient  droit,  de  la  part  des  occupants 
du  sol,  à  une  redevance  foncière  annuelle,  ou  cens  sei- 
gneurial (1);  mais  les  chanoines  finirent  par  ne  plus 
être  considérés  comme  les  véritables  seigneurs,  et  alors 
cette  redevance  prit  le  nom  de  dîme  ;  au  XVIe  siècle,  on 
ne  disait  jamais  autrement. 

La  dîme  se  percevait  en  nature,  et  on  distinguait  la 
grosse  et  la  menue  dîme.  La  grosse  dîme  était  la 
dixième  partie  des  grosses  récoltes,  c'est-à-dire  de  celles 
qu'on  obtenait  sur  des  terres  travaillées  à  l'aide  de  che- 
vaux, comme  les  blés,  les  avoines,  les  fourrages.  La 
menue  dîme  était  celle  qu'on  prélevait  sur  des  terres 
travaillées  à  la  main,  à  laide  de  la  bêche  ou  de  la 
pioche  ;  telle  était  la  dîme  des  jardins  potagers. 

Les  définitions  qui  précèdent  se  fondent  sur  la 
signification   du    mot   dîme,    qui  veut  dire  dixième 

(1)  Voir  le  record  du  xive  siècle  à  la  fin  de  ce  travail. 


—  150  — 

partie  ;  mais  dans  la  pratique,  il  en  était  autrement  ; 
ainsi  à  Olne  le  cultivateur  conservait  pour  lui-même 
dix  parts  de  la  récolte  et  ne  laissait  pour  la  dîme  que 
la  onzième  partie  (*). 

En  vertu  d'une  concession  du  Chapitre,  les  curés 
prédécesseurs  de  Baudouin  de  Bodeçon  jouissaient 
d'un  tiers  de  la  grosse  dîme  et  de  la  menue  entière  ;  ils 
percevaient  aussi  la  dîme  entière  des  nopales,  c'est- 
à-dire  des  terres  nouvellement  défrichées,  la  première 
année  qu'elles  étaient  mises  à  labour  (2). 

Les  curés  d'Olne  jouissaient  aussi  de  la  dîme  entière 
d'une  terre  appelée  Morivaux,  située  près  de  la  Vesdre 
à  l'extrémité  du  ban. 

A  la  fin  du  XVIe  siècle  les  chanoines  cédèrent  en 
location  leur  part  de  la  dîme  à  un  certain  Jehan  de 
Jonegueau.  Or,  au  mois  d'août  1590,  ce  Johan  usurpa 
à  son  profit  une  partie  de  la  dîme  des  terres  dites 
novales  et  une  partie  de  celle  de  Morivaux,  menaçant 
même  d'en  faire  davantage  à  l'avenir.  Baudouin  de 
Bodeçon  ne  pouvant  obtenir  satisfaction  du  Chapitre, 
présenta  le  2  octobre  suivant,  une  requête  au  Souve- 
rain-Conseil de  Brabant,  dans  laquelle  il  protesta  que 
ses  prédécesseurs  depuis  plus  de  quarante  ans  avaient 
joui  de  l'entièreté  des  dîmes  en  question. 

Le  16  octobre,  un  officier  ou  huissier  vint  à  Olne 
pour  prendre  connaissance  des  faits  produits  dans  la 
requête  du  curé.  Ayant  constaté  l'ancienneté  de  la  pos- 
session de  ce  dernier,  et  ayant  instruit  le  fait  de  l'usur- 
pation, cet  officier  somma  Jehan  de  Jonegueau  d'avoir 
à  restituer  les  dîmes  enlevées  et  à  réparer  le  dommage 
causé  (s). 

(1)  Cour  (TOlne,  reg.  XXII,  fol.  191. 

(2)  P.  Dcns,  dans  sa  Théologie,  t.  IV,  p.  98,  appelle  novales  les 
dîmes  de  cette  catégorie.  Le  Souverain-Conseil  de  Brabant  appelle  ainsi 
les  terres  où  ces  dîmes  étaient  perçues.  D'après  Dens,  les  novales  et  la 
menue  dîme  étaient  de  droit  pour  le  curé,  mais  il  ne  faut  pas  oublier 
qu'à  Olne  le  Chapitre  prétendait  être  le  véritable  curé. 

(3)  «  Le  iome  jour  dédit  mois  entre  septs  et  huits  heures  trouvé  au 


—  157  — 

Le  procès  se  termina  par  une  sentence  du  6  juillet 
1594  que  le  Souverain-Conseil  prononça  en  faveur  du 
curé,  lui  adjugeant  la  dîme  entière  des  novales,  et  de 
la  terre  de  Morivaux,  et  condamnant  le  Chapitre  à 
cesser  et  à  réparer  ï attentat  commis  et  en  outre  aux 
dépens  du  procès  (ï). 

Cette  décision,  on  le  voit,  était  tout  en  faveur  du 
curé  Bodeçon;  ce  dernier  conserva  ses  avantages  jus- 
qu'à sa  mort  :  un  record  de  la  justice  d'Olne,  en  date 
du  i3  octobre  i6o3,  en  fait  foi  (2).  Néanmoins  le  Cha- 
pitre n'avait  pas  déposé  les  armes  ;  il  n'attendait  qu'une 
occasion  favorable  pour  recommencer  les  hostilités. 

Puisque  nous  en  avons  l'occasion,  nous  exposerons 
dès  maintenant  en  peu  de  mots  les  événements  relatifs 
à  la  dîme  jusqu'au  curé  Delva.  Jean-Baudouin  de  Tilia 
qui  en  1606  obtint  la  cure  au  concours  (3),  resta  vrai- 
semblablement en  possession  paisible  de  la  dîme  pas- 
torale, mais  sous  son  successeur  Jean  Cloquier  (4),  qui 
était  déjà  curé  en  161 5,  le  Chapitre  parvint  à  obtenir 
du  Souverain -Pontife  des  bulles  qui  incorporaient  la 
cure  d'Olne  à  la  mense  du  Chapitre  (5).  Dans  ces  bulles 
on  donne  à  Cloquier  la  qualification  de  vicaire  du 
Chapitre. 

»  sdt  villaige  d'Olne  ens  lieux  contentieux,  assavoir  al  Haye  à  Réol  appe- 
»  lée  Terre  novallc,  au  Sar  et  à  la  terre  de  Noirveaux  et  après  que  par 
»  information  par  lui  prinsse,  lui  estait  apparu  de  la  possession  vel  quasi 
»  desdte*  dismes  de  tous  fruicts  appelées  Novalles  ...,  etc.  » 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  6. 

(2)  Ce  record  est  cité  dans  la  supplique  du  curé  Wilkin  au  Chapitre 
(Ibidem,  coll.  III,  doc.  28). 

(3)  J.  Daris,  dans  les  Analectes  pour  servir  à  l'histoire  de  Belgique , 
t.  XIV,  p.  352. 

(4)  Delva  dépeint  en  ces  termes  le  caractère  de  son  prédécesseur  : 
«  ...  unum  scio,  Revdum  dominum  parochum  Clockier  vertisse  hos  red- 
»  ditus  in  suos  usus,  sed  îs  fuit  satis  simplex  in  suis  et  rotundus  ...» 
(Voy.  Sommier,  p.  221).  11  s'agit  des  rentes  fondées  pour  l'autel  de  la 
Sainte  Vierge. 

(5)  Historique   de  la  question  dans  la  supplique  du  curé  Wilkin 

(Archives pastorales,  coll.  III,  doc.  28). 

21 


—  158  — 

Toutefois,  comme  les  chanoines,  conformément  aux 
anciens  records,  devaient  entretenir  le  prêtre  d'OIne, 
ils  conclurent  avec  Jean  Cloquier  une  transaction  par 
laquelle  ils  lui  assignèrent  les  biens  et  revenus  sui- 
vants :  la  maison  pastorale,  avec  un  verger  de  deux 
bonniers  et  demi,  libre  de  toute  charge  de  la  dîme; 
un  bonnier  de  terre  arable  située  sur  les  Triexhes;  la 
menue  dîme  de  Falhe\\  diverses  rentes,  montant  à 
soixante-cinq  muids  d'épeautre,  provenant  en  partie  de 
la  fondation  d'anniversaires  et  en  partie  du  bénéfice 
de  Saint-Hadelin,  qui  fut  réuni  à  la  cure;  60  florins  à 
payer  annuellement  par  le  dîmeur  du  Chapitre,  etc. 

De  son  côté,  le  curé  renonça  à  sa  part  de  la  dîme  et 
s'engagea  à  ne  plus  créer  de  difficultés  aux  chanoines 
de  Saint-Adalbert  (*).  La  transaction  fut  approuvée  par 
le  pape  Innocent  X,  le  19  décembre  1645. 

Antoine  Delva,  successeur  de  Cloquier,  sut  faire 
rendre  à  la  cure  ses  anciens  avantages;  c'est  ce  qu'on 
verra  plus  loin. 

Les  chanoines,  trop  éloignés  d'OIne,  ne  pouvaient 
par  eux-mêmes  prélever  la  dîme;  le  payement  de  cette 
redevance  se  faisait  en  nature  à  l'époque  des  récoltes,  et 
souvent  il  y  avait  contestation  de  la  part  de  l'un  ou 
l'autre  des  habitants  (2). 

Pour  échapper  à  ces  tracasseries,  les  chanoines 
avaient  coutume  de  céder  la  dîme  en  location  pour  un 
terme  de  trois  ans,  par  un  bail  ou  contrat  en  bonne  et 
due  forme  (3).  Le  locataire  ou  dîmeur  obtenait  le  droit 
de  prélever  la  dîme,  contre  le  versement  annuel  de  la 
somme  stipulée  dans  le  bail;  il  était  tenu  en  outre 
d'exonérer  les  charges  ordinaires  de  la  dîme,  telles  que 

(1)  La  transaction  est  rappelée  dans  la  bulle  d'Innocent  X  (Archives 
pastorales,  coll.  IV,  p.  24). 

(2)  Voy.  dans  les  Registres  de  la  Cour  d'OIne,  passim,  de  nombreux 
exemples,  notamment  vol.  XXVIII,  fol.  40  et  vol.  XXXIII,  fol.  6. 

(3)  Voy.  des  spécimens  de  bail  :  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  8 
et  9;  coll.  III,  doc.  8  et  14. 


—  159  — 

les  dépenses  du  culte,  l'entretien  de  l'église,  la  cloche 
décimale,  etc.  (i). 

La  dîme  d'Olne  fut  louée,  pendant  presque  un 
siècle  à  la  famille  Wilkin,  qui  était  à  cette  époque  une 
des  plus  riches  et  des  plus  honorables  du  ban  d'Olne. 

VIL 

LES  FRANCHISES  COMMUNALES  D'OLNE:  LES  DEUX 
BOURGMESTRES,  LES  RÉGLEURS,  LE  COLLECTEUR 
DES  TAILLES,  LA  RÉGENCE. 

Vers  i55o,  nous  commençons  à  trouver  dans  nos 
annales  plusieurs  mentions  de  certaines  franchises  ou 
libertés  communales;  cela  nous  engage  à  interrompre 
notre  récit  pour  en  dire  un  mot. 

Nos  ancêtres  jouissaient  déjà,  il  y  a  près  de  quatre 
siècles,  des  libertés  dont  nous  sommes  si  fiers  et  ils 
pratiquaient  le  système  électoral  le  plus  large;  ainsi,  à 
Olne,  on  élisait  dans  des  assemblées  populaires,  non 
seulement  les  magistrats  communaux,  mais  les  vicaires, 
les  marguillers  et  en  général  tous  ceux  qui  étaient  rétri- 
bués par  la  communauté. 

Nous  ne  parlerons  pas  ici  de  ces  assemblées  popu- 
laires qui  se  tenaient  à  l'église  (2)  et  avaient  pour  but, 
tantôt  l'élection  des  fonctionnaires  de  l'église,  tantôt  la 
discussion  des  comptes  des  mambours. 

Les  principales  assemblées  populaires  étaient  celles 
qui  se  tenaient  dans  le  consistoire  scabinal  et  avaient 
surtout  pour  but  l'élection  des  magistrats  communaux. 

Les  premiers  magistrats  communaux  étaient  les 
deux  commis  ou  bourgmestres  ;  ils  étaient  élusensemble 
pour  deux  ans  et  étaient  rééligibles  (3)  ;  pour  être  élu 

(1)  Voy.  chap.  IV,  devoirs  du  Chapitre. 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  5,  29  et  33.  Les  mambours 
étaient  nommés  par  le  curé  (Voy.  Sommier,  p.  2 1 5). 

(3)  Cour  d'Olne,  vol.  XIV,  au  17  décembre  1767. 


—  160  — 

bourgmestre,  il  fallait  être  manant  d'Olne  (i),  savoir  lire 
et  écrire  (*)  et  n'exercer  aucune  charge  incompatible, 
comme  celle  de  mayeur  ou  de  collecteur  des  tailles  (3). 

On  avait  coutume  de  choisir  les  bourgmestres  parmi 
les  habitants  les  plus  aisés.  De  1661  à  1673  on  ne  put 
élire  que  des  réformés;  plus  tard,  on  nomma  un  catho- 
lique et  un  réformé.  Qui  était  électeur?  Etaient-ce  seu- 
lement les  principaux  adhérités  (4),  ainsi  que  le  prétend 
le  registre  archivai  des  barons  d'Olne?  Nous  croyons 
que  tout  adhérité  ou  propriétaire  jouissait  de  ce  privi- 
lège et  nous  nous  fondons  sur  le  nombre  des  électeurs  : 
ainsi  à  l'élection  de  1751,  il  y  eut  au  moins  cent  qua- 
rante électeurs  présents  (5). 

Les  attributions  des  commis  étaient  multiples.  Une 
des  plus  importantes  était  l'administration  des  aisances 
ou  biens  communaux.  Les  terrains  de  cette  catégorie 
étaient  très  étendus  à  Olne  :  les  plus  stériles  servaient 
à  l'usage  commun  des  habitants  qui  en  tiraient  des 
pierres,  de  l'argile  ou  de  la  marne  (ô)  ;  les  plus  fertiles 
étaient  cédés  en  location  au  plus  offrant.  La  plus  an- 
cienne de  ces  adjudications  inscrite  dans  les  registres 
des  Rendages  d'Olne  est  de  Tannée  i55o,  où  nous 
voyons  onze  parcelles  cédées  pour  un  terme  de  vingt- 
sept  ans  ;  d'autres  étaient  louées  pour  quarante-deux, 
pour  soixante-dix  ou  même  pour  cent  années. 

Les  bourgmestres  intervenaient  aussi  dans  la  vente 
des  terrains  communaux.  La  vente  d'une  parcelle  devait 
être  décidée  dans  une  assemblée  de  la  communauté, 
octroyée  par  le  souverain,  affichée  et  non  frappée  d'op- 

(1)  Sur  la  présentation  des  bourgmestres  la  Cour  admettait  à  la  ma- 
nandise  les  jeunes  gens  et  les  nouveaux  venus. 

(2)  A  partir  de  1679,  Cour  d'Olne,  vol.  XIV,  fol.  i5. 

(3;  Ce  point  ne  fut  introduit  qu'en  1755  et  ne  fut  pas  toujours  ob- 
servé. 

(4)  Ceux  qui  possédaient  au  moins  quinze  bonniers  (Archives  de 
Baarlo). 

(5)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXII,  fol.  276. 

(6)  Ibidem,  vol.  XVII,  au  ieP  juin  1700. 


—  101  — 

position,  effectuée  dans  une  adjudication  publique, 
proclamée  et  enregistrée  par  la  justice;  enfin,  approuvée 
par  le  Haut-Drossart  de  Dalhem  (1). 

Les  commis  faisaient  aussi  des  acquisitions  au  nom 
de  la  communauté,  lorsque  l'utilité  en  avait  été  démon- 
trée au  souverain  et  l'autorisation  octroyée  par  lui  (2). 
Ils  faisaient  aussi  réparer  les  chemins  et  sur  leur  de- 
mande les  échevins  frappaient  d'une  amende  les  rive- 
rains négligents  (3).  Ils  s'adressaient  aussi  à  la  justice 
contre  les  manants  en  retard  de  payer  les  tailles  (4). 

Nous  touchons  ici  à  une  autre  attribution  impor- 
tante des  bourgmestres  :  ils  étaient  chargés  de  répartir 
les  tailles  en  toute  équité,  en  tenant  compte  de  la  for- 
tune immobilière  de  chacun.  Pour  leur  faciliter  cette 
besogne,  les  adhérités  ou  propriétaires  étaient  obligés 
de  faire  sous  serment  des  déclarations  qu'on  appelait 
rapports  et  par  lesquels  ils  faisaient  connaître  le 
nombre  et  l'étendue  de  leurs  immeubles  (5).  Chaque 
année  devait  se  faire  une  nouvelle  répartition  des 
tailles,  parce  que  les  besoins  actuels  du  souverain 
étaient  la  mesure  de  ïayde  ou  aide  qu'il  réclamait  des 
Etats.  La  part  de  chaque  commune  était  fixée  par 
une  députation  émanant  de  tous  les  bans  du  pays, 
et  chaque  année  les  manants  d'Olne  envoyaient  un 
député  à  Y  Etat  de  Dalhem  (ô). 

Comme  les  bourgmestres  ne  restaient  que  deux  ans 
en  fonctions,  ils  étaient  souvent  novices  dans  leur  ges- 
tion et  devaient  s'estimer  heureux  d'être  aidés  dans  la 
répartition  des  tailles  par  les  régleurs  ou  régents.  En 
effet,  les  habitants  de  chaque  hameau  choisissaient  un 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  45,  pp.  4  et  suiv. 

(2)  Acquisition  de  la  brasserie  banale;   Cour  d'Olne,  vol.  XXXIV, 
fol.  93. 

(3)  Ibidem,  vol.  XXX,  fol.  140. 

(4)  Ibidem,  vol.  VII,  au  3o  janvier  1675. 

(5)  Voy.  les  registres  des  Rapports  éCOlne,  aux  archives  de  Liège. 

(6)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  7;  Delva,  Noviciat  réformé, 
t.  I,  p.  4,  sur  Jean  Wilkin. 


—  162  — 

régleur  chargé  d'évaluer  la  valeur  des  immeubles  en 
vue  de  fixer  l'assiette  de  l'impôt  (*);  avant  d'entrer  en 
fonction,  les  régleurs  prêtaient  serment  en  mains  du 
mayeur  (a).  Il  y  eut  parfois  de  grandes  discussions  sur 
l'étendue  des  pouvoirs  des  régleurs,  mais  outre  leur 
mission  relative  aux  tailles,  on  leur  reconnaissait  le 
privilège  d'examiner  les  comptes  des  commis  à  l'expi- 
ration de  leurs  pouvoirs,  et  celui  d'aider  les  commis 
dans  l'examen  des  comptes  du  collecteur  des  tailles. 

Ce  dernier  emploi  était  conféré  par  une  adjudica- 
tion publique  au  rabais  :  celui  qui  offrait  de  lever  les 
tailles  au  plus  bas  prix  était  déclaré  adjudicataire  (s). 
Seulement  il  devait  verser  une  caution  (4)  et  ne  conser- 
vait sa  charge  que  pendant  trois  années  à  l'expiration 
desquelles  avait  lieu  une  nouvelle  adjudication. 

La  régence  d'Olne  était  formée  par  la  réunion  des 
régleurs  et  des  bourgmestres  avec  la  Cour  de  justice. 
De  tout  temps  le  mayeur  a  eu  le  droit  de  convoquer 
la  régence  ;  mais  au  seigneur  seul  appartenait  le  droit 
de  convoquer  une  assemblée  générale  de  toute  la  com- 
munauté (5). 

Pour  compléter  cette  notice  sur  nos  anciennes  fran- 
chises communales,  il  nous  reste  à  dire  que  dans  des 
cas  difficiles,  les  principaux  adhérités  étaient  invités  à 
se  réunir  avec  la  régence  afin  de  donner  leur  avis,  et 
que  le  seigneur  était  le  protecteur  naturel  de  la  commu- 
nauté. Il  en  était  parfois  aussi  l'exploiteur  :  ainsi  nous 
voyons  la  commune  d'Olne  fournir  un  local  à  la  Cour 

(1)  Voy.  sur  les  régleurs  :  Cour  d'Olne,  vol.  X,  au  6  décembre  i683; 
et  surtout  vol.  XIII,  fol.  102;  vol.  XIX,  au  8  juin  1705  et  vol.  XL,  au  10 
septembre  1770. 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  XIX,  au  8  juin  1705. 

(3)  Ibidem,  vol.  XXXVIII,  fol.  3q,  où  Simar  Spirlet  offre  de  les  lever 
à  2  %. 

(4)  Ibidem,  vol.  XXXV,  au  27  septembre  1760.  Le  collecteur  allait  à 
domicile.  En  résumé,  les  manants  déclaraient,  les  régleurs  évaluaient, 
les  commis  répartissaient  et  le  collecteur  percevait. 

(5)  Ibidem,  vol.  XVII,  au  Ier  juin  1700. 


—  463  — 

de  justice,  dont  le  seigneur  était  maître  absolu  et  dont 
seul  il  profitait,  jouissant  des  confiscations  et  d'une 
grande  partie  des  amendes.  A  partir  de  1735,  les  éche- 
vins  exigèrent  deux  chambres  pour  les  séances  de  la 
justice,  et  les  bourgmestres  en  louèrent  deux  chez  Jean 
Arnotte  au  village  (i). 

VIII. 

LA  SEIGNEURIE  D'OLNE  SOUS  WARNIER  DE  GULPEN 

ET  SES  SUCCESSEURS  (1559-1640). 

La  seconde  moitié  du  XVIe  siècle  inaugure  pour 
le  ban  d'Olne  1ère  des  seigneurs  particuliers.  Ceux 
dont  il  est  question  dans  ce  chapitre  sont  désignés 
dans  nos  archives  par  le  titre  de  seigneurs  gagiérs, 
parce  que  la  seigneurie  ne  leur  était  pas  cédée  défini- 
tivement, mais  leur  était  seulement  engagée. 

Warnier  de  Gulpen  était  depuis  longtemps  seigneur 
de  la  Rochette  et  avoué  héréditaire  de  Fléron  (2),  lors- 
que le  i5  mai  i55g  il  fit  l'acquisition  de  la  seigneurie 
d'Olne  en  l'acceptant  comme  gage  de  la  somme  mo- 
dique de  1880  florins  (3)  qu'il  avait  prêtée  au  Gouver- 
nement de  Philippe  II.  Il  ne  possédait  donc  la  sei- 
gneurie qu'à  titre  précaire,  et  le  roi  était  libre  de  la 
récupérer  quand  il  voulait. 

De  Gulpen,  résidant  à  proximité  de  ce  ban,  admi- 
nistra lui-même  sa  nouvelle  possession  ;  aussi  ne  sera- 
t-il  plus  désormais  question  d'un  voué  d'Olne.  Le  sei- 
gneur obtint  le  droit  d'établir  en  notre  ban  une  Cour 
de  justice  ayant  haute,  moyenne  et  basse  juridiction  ; 
elle  pouvait  donc  siéger  dans  les  causes  criminelles, 
qui  auparavant  devaient  être  déférées  à  la  Cour  de 
Dalhem. 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXIX,  fol.  86  et  124. 

(2)  Voy.  chevalier  de  Harenne,  La  Rochette  et  ses  seigneurs,  p.  87. 
<3;  Bruxelles,  Chambre  des  comptes,  reg.  13,146,  p.  865. 


—  164  — 

Warnier  de  Gulpen  éleva  des  prétentions  sur  la 
souveraineté  du  petit  territoire  de  Mont-Saint-Hadelin, 
qui  dépendait  de  la  principauté  de  Stavelot.  Il  y  était 
poussé  par  le  mayeur  et  les  échevins  d'Olne,  qui  pré- 
tendaient avoir  juridiction  sur  ce  fief  dont  le  seigneur 
était  alors  Gilson  de  Rahier  (i). 

Sommé  par  Gilson  d'avoir  à  établir  le  fondement 
de  ses  prétentions,  de  Gulpen  envoya  au  seigneur  de 
Saint-Hadelin  un  mémoire  dans  lequel  il  donnait  dif- 
férentes preuves  à  l'appui  de  sa  thèse.  Gilson  transmit 
ce  mémoire  à  Simon  Symkeau  le  jeune,  mayeur  établi 
par  lui  sur  le  Fief.  Le  20  février  i56i  Symkeau  écrivit 
à  son  maître  une  réfutation  complète  des  idées  émises 
par  Warnier;  il  établissait  longuement  dans  cette  lettre 
que  le  Mont-Saint-Hadelin  était  indépendant  du  sei- 
gneur de  notre  ban  ;  il  cite  notamment  la  coutume  des 
manants  de  ce  fief  de  mettre  en  tête  de  leurs  actes  im- 
portants ces  mots  :  «  de  par  Dieu,  Monsieur  Saint- 
»  Hallin  et  l'abbé  de  Stavelot  (2).  » 

Gilson  semble  avoir  tenu  bonne  note  de  cette  dé- 
monstration, et  n'avoir  admis  en  rien  les  prétentions 
du  sire  de  la  Rochette,  car  quelques  années  plus  tard 
il  cède  à  son  fils  Cristophe  :  «  ledit  plein  fief,  tous 
»  et  quelconques  leurs  droits,  clain  et  action  qu'ils 
»  ont  et  leur  compète  az  hauteur,  seigneurie,  cour, 
»  semonce,  jugement  et  autres  biens  de  Soumagne- 
»  Saint-Hallnt  (3).  » 

(1)  Voici  la  liste  des  seigneurs  connus  de  Saint-Hadelin  :  en  i357, 
Colas  ou  Colard  fils  Colas  fait  relief;  en  i385,  Rigaux  de  Fléron  ;  en 
1441,  Marie  de  Beaurieux  ;  en  1443,  Johan  de  M  an  y  de  Dommartin  ; 
en  1483,  Anzaul  fils  de  Johan,  wastart  de]  Rochette  ;  en  i5o9,  Michel 
Merlot;  en  1 53g,  Gilson  de  Rahier;  en  1571,  Cristophe  de  Rahier;  en 
1590,  Thierry  Camerling  ;  en  1598,  Jean  Curtius  ;  vers  1620,  Pierre 
Curtius  ;  en  1640,  Anne-Marie  Curtius  ;  vers  1680,  Louis  Wilroet  ; 
vers  1700  et  depuis,  les  barons  d'Olne  (Archives  de  Liège,  Liasse  sur 
Saint-Hadelin,  rassemblée  par  Ed.  Poncelet). 

(2)  Dépôt  des  archives  de  Liège,  Liasse  sur  Saint-Hadelin,  n°  12. 

(3)  Ibidem,  n°  i3.  On  disait  souvent  :  Soumagne-Seint-Hadelin.  Le 


—  105  — 

Après  quoi  Cristophe  de  Rahier  relève  le  dit  fief 
de  l'abbé  de  Stavelot,  comte  de  Manderscheidt,  sans 
aucune  mention  du  seigneur  d'Olne. 

Ce  qui  précède  n  est  que  le  premier  épisode  de  cette 
querelle,  qui  dura  presque  un  siècle  et  sur  la  suite  de 
laquelle  nous  renseignerons  nos  lecteurs. 

Warnier  de  Gulpen  ne  jouit  que  pendant  cinq  ans 
de  la  possession  de  sa  terre  d'Olne.  Il  mourut  en  1364, 
laissant  un  testament  pour  lequel  il  avait  obtenu  l'oc- 
troi royal  le  i3  septembre  de  cette  même  année. 

Par  ce  testament  il  lègue  le  ban  d'Olne  à  Guillaume 
de  Ruysschenberg  mari  de  sa  fille  Marguerite,  à  con- 
dition qu'il  donnera  la  somme  de  1000  florins  à  sa  ser- 
vante Catherine,  fille  d'Antoine  d'Elheure,  au  profit 
des  quatre  enfants  naturels  qu'il  avait  eus  de  cette 
dernière  (i). 

Ce  legs  jette  un  triste  jour  sur  la  conduite  privée 
de  Warnier  de  Gulpen  qui  mourut  à  la  fin  de  l'année 
1564  et  fut  enterré  dans  l'église  de  Forêt,  près  de  Mar- 
guerite d'Argenteau,  son  épouse,  décédée  en  i538. 
Guillaume  de  Ruysschenberg,  le  nouveau  seigneur, 
étant  fort  occupé  dans  ses  autres  possessions,  nous 
connaissons  peu  d'actes  de  lui  relatifs  à  notre  localité. 
Il  mourut  en  1 586,  mais  son  épouse,  Marguerite  de 
Gulpen,  lui  survécut  assez  longtemps;  elle  figure  dans 
un  acte  du  5  octobre  1594,  par  lequel  elle  accorde  à 
Lina  Piron,  de  Vaux-sous-Olne,  le  droit  de  faire  une 
dérivation  au  bief  du  moulin  dit  du  ban  de  Soiron, 
situé  sur  notre  territoire,  et  ce  moyennant  le  paiement 
annuel  de  2  patars  (2);  les  seigneurs  d'Olne  n'oublièrent 

* 

même  recueil  contient  (n°  11)  un  record  de  la  Cour  de  Stavelot,  sur  les 
droits  de  relief,  de  transport,  de  main -morte,  etc.,  que  le  seigneur  pou- 
vait exiger  des  surcéants  de  son  fief  de  Mont-Saint-Hadelin.  Exemple  : 
quand  quelqu'un  quittait  le  fief,  il  devait  au  seigneur  le  treizième  denier 
de  tout  ce  qu'il  emportait,  sans  compter  ce  qui  revenait  à  la  Cour. 

(1)  Chevalier  de  Harenne,  La  Rochette  et  ses  seigneurs,  p.  92. 

(2)  Cour  d'Olne,  reg.  XIX,  acte  du  2(>  mai  1704. 

tu 


—  466  — 

pas  dans  la  suite  de  réclamer  le  paiement  de  cette 
modique  redevance.  Marguerite  mourut  le  2  février 
i6o3  et  fut  enterrée  dans  l'église  de  Forêt  à  côté  de 
son  mari  (*). 

Remarquons  en  passant  que  sous  les  trois  seigneurs 
gagiers,  la  Cour  de  justice  du  ban  d'Olne  ne  resta  pas 
inoccupée  ;  elle  était  le  seul  tribunal  qui  dépendît  en- 
tièrement des  puissants  seigneurs  de  la  Rochette  ;  solli- 
citée par  eux,  elle  porta  souvent  des  sentences  en  leur 
faveur  sans  s'inquiéter  si  la  cause  était  de  son  ressort 
et  si  l'accusé  était  justiciable  d'Olne. 

Jean  de  Ruysschenberg,  fils  et  héritier  de  Guil- 
laume, s'absenta  du  pays  pendant  plusieurs  années;  il 
abandonna  l'administration  de  ses  seigneuries  à  sa 
mère,  Marguerite  de  Gulpen. 

Après  son  retour  il  renouvela  les  anciennes  préten- 
tions de  Warnier  de  Gulpen  sur  le  fief  de  Mont-Saint- 
Hadelin,  et  soutint  que  ce  fief  était  mouvant  et  dépen- 
dant de  la  seigneurie  d'Olne  ;  mais  Ruysschenberg  avait 
affaire  à  forte  partie,  le  Mont-Saint-Hadelin  ayant  été 
acheté  en  1 5g8  à  Thierry  Camerling,  pour  la  modique 
somme  de  800  florins,  par  Jean  Curtius,  bourgeois  de 
Liège,  homme  riche  et  influent  (2). 

C'est  ce  redoutable  adversaire  que  le  châtelain  de  la 
Rochette  ne  craignit  pas  d'attaquer  ;  à  sa  demande,  le 
mayeur  et  les  échevins  d'Olne  firent  une  enquête  pour 
démontrer  que  les  habitants  de  Saint-Hadelin  avaient 
toujours  dépendu  du  ban  d'Olne.  Ils  constatèrent  que 
les  surcéants  de  ce  petit  territoire  avaient  obéi  de  tout 
temps  au  son  de  la  cloche  d'Olne;  qu'ils  s'étaient  ren- 
dus aux  plaids-généraux  et  y  avaient  joui  des  mêmes 
privilèges  que  les  Olnois  ;  qu'ils  avaient  usé  des  aisances 
ou  biens  communaux  du  ban  d'Olne,  etc.  (3).  Cette  en- 
quête eut  lieu  le  4  mai  1599. 

(1)  Chevalier  de  Harenne,  La  Rochette  et  ses  seigneurs,  p.  104. 

(2)  Liasse  sur  Saint-Hadelin,  n°  17. 

(3)  Ibidem,  n°  18. 


—  167  — 

Servais  Hannotte,  mayeur  de  la  Cour  du  Fief,  fit 
une  contre-enquête  à  la  demande  de  Curtius,  pour  faire 
ressortir  la  complète  indépendance  du  Mont-Saint- 
Hadelin  vis-à-vis  d'Olne.  Parmi  les  arguments  pro- 
duits, on  remarque  celui-ci  :  les  habitants  de  Saint- 
Hadelin  jouissaient  à  Liège  de  la  franchise  de  l'octroi, 
tandis  que  ceux  d'Olne  ne  jouissaient  pas  de  ce  privi- 
lège ;  donc  le  fief  avait  toujours  été  considéré  comme 
terre  impériale  (i). 

La  justice  d'Olne  voulut  imposer  des  taxes  aux 
soixante  ou  soixante-dix  habitants  du  Mont-Saint- 
Hadelin,  et  voulut  les  forcer  de  contribuer  aux  frais 
des  patrouilles  établies  pour  assurer  la  sécurité  des 
manants.  Comme  protestation,  Jean  Curtius  envoya 
le  12  mai  1599  une  lettre  au  Haut-Drossart  de  Dal- 
hem,  pour  le  prier  de  morigéner  les  officiers  de  la 
Cour  d'Olne,  et  de  laisser  tranquilles  les  habitants  du 
Mont-Saint- Hadelin,  ce  dernier  territoire  étant  un 
plein-fief  relevant  du  prince-abbé  de  Stavelot  ;  Curtius 
ajoutait  que  si  ses  vassaux  avaient  été  autrefois  con- 
traints d'obéir  à  la  justice  d'Olne,  cette  violence  ne 
pouvait  préjudicier  à  ses  droits  ni  à  ceux  de  son  sou- 
verain (2). 

La  lutte  entre  Jean  de  Ruysschenberg  et  Curtius 
eut  des  épisodes  plus  dramatiques,  qui  sont  racontés 
par  l'historien  des  seigneurs  de  la  Rochette  (3).  Jean 
Curtius  mourut  vers  1620.  Son  second  fils,  Pierre 
Curtius,  lui  succéda  comme  seigneur  du  Mont-Saint- 
Hadelin,  et  repoussa  avec  la  même  énergie  que  son 
père  les  prétentions  de  Jean  de  Ruysschenberg.  Le 
26  janvier  1621,  il  envoya  à  Mont-Saint- Hadelin  le 
nommé  Gérard  Xhéneumont,  notaire  public  impérial. 

(1)  Liasse  sur  Saint- Hadelin,  n°  20.  Hannotte  avait  déjà  fait  une 
enquête  sous  Camerling,  le  27  avril  1596  (Ibidem,  n°  16). 

(2)  Ibidem,  n°  19. 

(3)  Chevalier  de  Harenne,  La  Rochette  et  ses  seigneurs,  pp.  m  et 
suiv. 


—  108 

Celui-ci  assembla  les  habitants  autour  du  Tilleul,  sur 
«  la  gi~ande  et  éminente  place  »  et  leur  donna  lecture 
d'un  mandement  de  leur  seigneur  Pierre  Curtius  par 
lequel  celui-ci  leur  défendait  de  reconnaître  «  autre 
»  seigneur  et  justicier  que  lui.  »  Lecture  faite,  le  man- 
dement fut  attaché  par  des  clous  au  dit  Tilleul.  C'est 
dans  cette  forme  que  se  notifiaient  toutes  les  ordon- 
nances du  seigneur  aux  manants  de  Mont-Saint- 
Hadelin  (î).  Le  5  juin  suivant,  Pierre  Curtius  défendit 
à  la  Cour  du  Fief  de  donner  copie  d'aucun  acte  à  la 
demande  du  châtelain  de  la  Rochette  ;  dans  cette  pièce 
il  se  qualifie  seigneur  d'Oupie,  Hermée  et  Soumagne- 
Saint-Hadelin  (2). 

Comme  le  litige  portait  sur  la  question  de  souve- 
raineté, le  procès  se  poursuivit  entre  Ruysschenberg 
et  le  prince  de  Stavelot  (3). 

Peu  de  temps  avant  sa  mort,  le  seigneur  de  notre 
ban  devint  créancier  d'un  capital  de  800  patacons, 
dus  par  la  communauté  d'Olne  ;  ce  capital  n'était  pas 
encore  remboursé  en  1684  ;  comme  on  le  voit,  déjà 
à  cette  époque  les  communes  contractaient  des  em- 
prunts (*). 

Jean  de  Ruysschenberg  mourut  en  i638.  Le  10  oc- 
tobre i63g,  Alexandre  baron  de  Cortenbach,  proche 
parent  du  défunt,  fit  relief  de  la  terre  d'Olne  (s). 
Cependant  Cortenbach  n'eut  jamais  que  le  titre  de 
seigneur  parce  que  Sibylle  de  Plettenberg,  veuve  du 
précédent  seigneur,  conservait,  en  vertu  de  son  contrat 
de  mariage,  l'usufruit  des  seigneuries  d'Olne  et  de  la 
Rochette  (e). 

Pierre  Curtius  ne  tarda  pas  à  suivre  son  adversaire 

(1)  Liasse  sur  Saint- Hadelin,  n°  22. 

(2)  Ibidem ,  n°  24. 

(3)  Ibidem,  n°  23. 

(4)  Cour  d'Olne,  reg.  X,  au  3i  juillet  1684. 

(5)  Bruxelles,  Chambre  des  comptes,  reg.  13,147,  fol.  314  v°. 

(6)  Chevalier  de  Harenne,  La  Rochette  et  ses  seigneurs,  p.  i52. 


—  im  — 

dans  la  tombe  :  il  mourut  en  1640,  laissant  la  terre  de 
Saint-Hadelin  à  Anne-Marie  Curtius  sa  fille  mineure. 
H.-V.  Curtius,  seigneur  d'Aaz,  frère  et  tuteur  d'Anne- 
Marie,  refusa  au  nom  de  cette  dernière  de  faire  le  relief 
de  la  seigneurie,  à  cause  du  procès  encore  indécis  avec 
le  seigneur  gagier  du  ban  d'Olne  ;  il  promet  toutefois 
de  faire  le  relief  réclamé  quand  on  lui  aura  remboursé 
les  dépenses  faites  par  sa  famille  dans  le  dit  procès, 
mais  il  proteste  contre  le  droit  de  main-morte,  trop 
élevé  vu  la  minime  valeur  du  fief,  qui  n'est  que  de 
700  à  800  florins  (\). 

A  sa  majorité,  en  1645,  An  ne- Marie  fut  pressée  de 
faire  le  relief  de  sa  seigneurie  ;  elle  ne  s'y  refusa  plus, 
le  procès  contre  le  sire  de  la  Rochette  étant  terminé  : 
«  pendant  quel  temps,  dit-elle,  le  s8r  de  Ruissenberg 
»  est  venu  à  mourir,  et  la  terre  d'Olne  a  été  désengagée 
»  des  mains  de  sa  relicte,  et  ce  procès  qui  n'était  que 
»  pure  vexation  a  été  amorti ...  (2).  »  C'est  le  cas  de  dire 
que  le  combat  finit  faute  de  combattants. 

Nous  avons  insisté  sur  cette  correspondance  d'Anne- 
Marie  Curtius  et  de  son  frère  pour  faire  connaître 
l'époque  approximative  où  l'engagère  du  ban  d'Olne  a 
pris  fin.  Cette  époque  va  de  1641  à  1644.  Ayant  fait 
ainsi  retour  à  la  couronne,  la  seigneurie  fut  vendue 
définitivement  en  1644.  C'est  ce  que  nous  verrons 
bientôt. 

IX. 

PREMIÈRE  APPARITION  DES  RÉFORMÉS 
A  OLNE  (i632).  JEAN  WILKIN. 

Pendant  que  Jean  de  Ruisschenberg  était  encore 
seigneur  d'Olne,  le  ban  de  ce  nom  fut  envahi  par  les 
troupes  hollandaises. 

(1)  Liasse  sur  Saint- Hadelin,  n08  28  et  29. 

(2)  Ibidem,  n°  3i. 


—  170  — 

En  i632,  le  prince  Frédéric  d'Orange,  second  fils 
de  Guillaume  le  taciturne,  vint  mettre  le  siège  devant 
Maestricht  et  s'en  empara  à  la  barbe  de  trois  armées 
ennemies. 

Peu  après  les  Hollandais  s'emparaient  de  Dalhem, 
Hervé,  Limbourg  et  de  tout  le  pays  d'Outremeuse, 
qu'ils  considéraient  comme  une  dépendance  de  Maes- 
tricht ;  la  conquête  en  fut  achevée  le  8  septembre  (i). 
Leur  premier  soin  fut  d'y  établir  le  culte  calviniste  : 
ils  espéraient,  en  changeant  la  religion  des  habitants 
des  pays  d'Outremeuse,  les  détacher  plus  facilement 
de  leur  souverain  légitime  (2). 

Cette  première  apparition  des  protestants  ne  dura 
que  trois  ans  :  en  i635  le  sort  de  la  guerre  replaça  le 
pays  d'Outremeuse  sous  la  domination  de  l'Espagne. 

Nous  ne  savons  si  un  ministre  protestant  vint 
s'établir  à  Olne  pendant  ces  trois  années.  Un  auteur 
calviniste  (3)  semble  le  dire,  car  il  affirme  qu'en  i635 
l'Espagne  s'empressa  «  d'éteindre  les  petites  lumières 
»  évangéliques  qui  avaient  commencé  à  briller  »  dans 
nos  contrées.  Toutefois,  cette  assertion  ne  nous  paraît 
pas  fondée,  et  nous  ne  devons  pas  lui  donner  plus 
d'importance  qu'à  celle,  absolument  erronée,  qui  se 
trouve  énoncée  dans  la  phrase  suivante.  En  effet  l'au- 
teur ajoute  que  les  églises  protestantes  supprimées 
«  persistèrent  à  maintenir  la  foi  dans  le  sanctuaire 
»  inviolable  des  cœurs,  attendant  qu'un  pouvoir  plus 
»  humain  leur  en  laissât  la  liberté.  »  Cette  assertion 
n'est  certainement  pas  exacte  en  ce  qui  concerne  notre 
localité,  car,  dans  la  suite,  Olne  a  été  pendant  plus 
d'un  siècle  au  pouvoir  des  protestants,  et  nous  consta- 

(1)  Crahay,  Coutumes  d'Outremeuse,  préface.  Toutefois,  le  chevalier 
de  Harenne,  La  Rochette  et  ses  seigneurs,  p.  146,  dit  que  Dalhem  fut 
pris  en  1629. 

(2)  G.  Nautet,  Notices  sur  V ancien  pays  de  Liège,  t.  II,  p.  249. 

(3)  D.  Lenoir,  Histoire  de  la  réformation  dans  Vancien  pays  de 
Liège,  p.  322. 


—  171  — 

tons  que  la  plupart  des  Olnois  sont  constamment  res- 
tés fidèles  à  la  foi  catholique.  Il  est  donc  faux  qu'ils 
aient  jamais  eu  d'attachement  intérieur  à  l'hérésie  et 
qu'ils  aient  attendu  un  «  pouvoir  plus  humain  »  pour 
se  hâter  d  embrasser  la  réforme. 

Plusieurs  habitants  d'Olne  se  distinguèrent  par 
leur  opposition  à  l'hérésie  de  Calvin.  Le  plus  notable 
d'entre  eux  fut  Jean  Wilkin,  époux  de  Jeanne  de 
Grandry,  qui  fut  plusieurs  fois  bourgmestre  du  ban 
d'Olne  (4)  et  député  par  ses  concitoyens  à  l'Etat  de 
Dalhem  (2).  Il  se  distingua  déjà  sous  le  curé  Jean  Clo- 
quier,  mais  nous  ne  connaîtrions  presque  rien  de  lui 
s'il  n'était  devenu  l'ami  d'Antoine  Delva  et  si,  rempli 
d'admiration  pour  les  vertus  de  ce  pasteur  dévoué,  il 
ne  s  était  attaché  à  sa  personne  tout  en  lui  rendant  des 
services  signalés. 

C'est  ainsi  que  nous  le  voyons  fournir  pour  Delva 
une  caution  de  600  florins  en  garantie  d'une  dette 
que  celui-ci  avait  contractée  pour  la  libération  de 
quatre  prisonniers  de  Xhoris,  son  village  natal,  em- 
menés par  le  colonel  Rheins  de  l'armée  française  (3). 

Aussi  Delva  l'honora-t-il  de  son  amitié  ;  il  le  dési- 
gna pour  tenir  sur  les  Fonts-Baptismaux  Antoine  de 
Bléron  son  neveu  (i).  Plus  tard  il  le  nomma  sur- 
veillant pour  la  construction  de  la  nouvelle  église  de 
Froidheid,  et  lui  confia  l'argent  qu'il  avait  collecté 
pour  cette  entreprise  (5).  Enfin  il  le  favorisa  d'un  legs 
considérable  dans  son  testament,  ne  prévoyant  pas 
que  Wilkin  le  précéderait  de  plusieurs  années  dans 
la  tombe  (ô).  Dans  ses  écrits  il  l'appelle  «  un  homme 

(1)  Registre  de  Delva,  p.  3o;  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  24, 
sur  l'adresse. 

(2)  Le  Noviciat  réformé y  t.  I,  p.  4,  se  trouve  à  l'Université  de  Liège. 

(3)  Registre  de  Delva,  pp.  44  et  3i 7. 

(4)  Ibidem,  p.  3o. 

(5)  Ibidem,  p.  35o. 
(f»  Ibidem,  p.  199. 


—  172  — 

»  grandement  estimé  en  ce  ban  »  et  ailleurs  «  un  rusé 
»  controversiste.  »  11  raconte  qu'un  jour  un  nommé 
Quedrick,  chirurgien,  protestant  hollandais  établi  à 
Olne,  voulut  l'attaquer  en  matière  de  religion  et  eut 
lieu  de  s'en  repentir  (i).  Car  Wilkin  se  moqua  de  la 
prétention  des  protestants  de  vouloir  être  apostoliques, 
tandis  qu'ils  ne  font  rien  comme  les  apôtres  le  faisaient. 

Prenant  un  exemple,  Wilkin  fit  remarquer  à  son 
contradicteur  que  quand  un  protestant  est  malade,  ses 
coreligionnaires  nont  garde  d'appeler  le  prêtre  pour 
l'oindre  de  l'huile  sacrée.  Agir  ainsi  est  pour  eux  une 
superstition,  en  quoi  ils  ne  sont  guère  apostoliques,  car 
c'est  un  apôtre,  c'est  saint  Jacques  qui,  dans  uneépître, 
recommande  aux  fidèles  de  veiller  à  ce  que  les  malades 
reçoivent  ce  sacrement.  Wilkin  cita  les  paroles  de 
l'apôtre  et  Quedrick,  ne  s'avisant  point  de  nier  l'au- 
thenticité de  1  epître,  ne  sut  que  répondre.  Pendant  sa 
longue  carrière,  Wilkin  fut  locataire  de  la  dîme,  et  son 
fils  le  fut  après  lui,  mais  son  petit-fils  Jacques  Wilkin 
fut  supplanté  par  Herman  Dejong  qui  offrit  une  sur- 
enchère. Le  dernier  membre  connu  de  cette  famille  a 
été  Clément  Wilkin,  curé  d'Olne. 

Rentrés  sous  la  domination  du  roi  d'Espagne,  en 
i635,  les  Olnois  purent  espérer  de  jouir  de  quelque 
tranquillité;  cet  espoir  dut  s'affermir  en  i638  à  la 
mort  de  Jean  de  Ruysschenberg,  leur  turbulent  sei- 
gneur, et  surtout  lorsque  sa  famille  fut  dépouillée  de 
la  seigneurie,  l'engagère  ayant  pris  fin.  Cependant,  le 
calme  ne  se  rétablit  pas  tant  que  dura  la  guerre  entre 
Philippe  IV,  notre  souverain,  et  les  Hollandais  ;  ainsi 
ces  derniers  envahirent  de  nouveau  le  comté  de  Dalhem 
en  1644  (2).  Cette  même  année  est  mémorable  dans  nos 
annales  à  un  autre  titre  :  la  seigneurie  fut  définitive- 
ment vendue  à  un  seigneur  particulier,  ainsi  que  nous 
allons  le  voir. 

(1)  Le  Postillon  divin,  p.  296,  011  se  trouve  toute  la  discussion. 

(2)  Crahay,  Coutumes  cCOutremeusey  préface,  p.  in. 


I.  jïrmoiries  des  barons  d'  ©Ine. 

II.  Jiceau  de  la  Cour  de  justice  duband'Ulne  $  jMalbertJJ. lanni  done  ). 
IH.Jfceau  de  l'ancienne  paroisse  d'Mne.représentanl  $'-  Sébastien . 
rcjfceau  du  consistoire  protestant  d'01ne.([j[rch.paslor,coll.lll,docA8. 


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—  173  — 


X. 


GUILLAUME  DE  ROYER,  PUIS  LES  DEUX  DE  TILL 
SEIGNEURS  DOLNE  (DEPUIS  1644). 

Philippe  IV,  notre  souverain,  ayant  besoin  d'argent 
pour  les  guerres  qu'il  soutenait,  avait  chargé  de  Mello, 
gouverneur  des  Pays-Bas,  de  vendre  des  seigneuries 
jusqua  concurrence  de  la  somme  qui  lui  était  néces- 
saire (4). 

Le  27  février  1644,  de  Mello  vendit  la  seigneurie 
d'Olne  au  colonel  Guillaume  de  Royer,  seigneur  de 
Lensse  et  de  Roisseau,  commandant  d'un  régiment 
d'infanterie  liégeoise  au  service  du  roi  d'Espagne.  Dans 
l'acte  de  vente  sont  énumérés  les  revenus  de  la  seigneu- 
rie ;  on  se  garda  bien  d'oublier  les  vingt-quatre  poules 
que  les  manants  devaient  chaque  année  au  seigneur. 

La  seigneurie  fut  vendue  avec  la  haute,  moyenne 
et  basse  juridiction  ;  le  seigneur  pouvait  donc  établir 
une  Cour  de  justice  aussi  bien  pour  les  causes  crimi- 
nelles que  pour  les  causes  civiles  et  les  simples  délits  ; 
comme  conséquence,  de  Royer  obtenait  le  droit  de 
nommer  tous  les  fonctionnaires  de  la  justice,  le  mayeur 
excepté  ;  celui  de  dresser  le  gibet  et  d'employer  les  ins- 
truments de  torture  ;  celui  de  percevoir  les  amendes  et 
la  valeur  des  biens  confisqués  ;  en  échange  de  ses  pré- 
rogatives seigneuriales,  le  colonel  dut  verser  la  somme 
de  1 3,200  livres,  faire  hommage  de  la  seigneurie  et 
relever  le  fief  comme  de  coutume  (2). 

Il  lui  était  défendu  de  revendre  la  terre  d'Olne  à 
une  ville,  à  un  couvent,  à  un  hospice  ou  à  d'autres 
mainmortes. 

L'histoire  ne  nous  dit  rien  de  Guillaume  de  Royer 
ni  de  ses  actes  en  qualité  de  seigneur  d'Olne  ;  du  reste 
il  ne  résidait  pas  dans  cette  terre  dont  il  se  contentait 

(1)  Introduction  de  l'acte  de  vente. 

(2)  L'original  de  cet  acte  de  vente  se  trouve  à  Baarlo. 

23 


—  174  — 

de  percevoir  les  revenus.  Saumerey  raconte  (\)  que  le 
sieur  Royer  se  substitua  le  sieur  Voiron,  par  qui  la  sei- 
gneurie fut  transmise  à  Pierre-Mathieu  d'Olne,  che- 
valier du  Saint-Empire.  La  première  affirmation  est 
exacte  :  un  certain  Voiron  a  été  seigneur  d'Olne,  car 
nous  lisons  dans  les  comptes  du  baron  de  Lamargelle, 
drossart  de  Dalhem,  que  le  3  mars  i652,  Jean  Wilkin 
d'Olne  releva  la  dite  seigneurie  au  nom  de  ce  sieur 
Voiron  (2). 

La  seconde  affirmation  de  Saumerey  semble  à  pre- 
mière vue  erronée  puisqu'il  y  a  eu  au  moins  cinq  sei- 
gneurs entre  de  Royer  et  les  barons  d'Olne.  Mais  elle 
peut  encore  être  exacte  en  ne  tenant  pas  compte  des 
usurpateurs  :  Voiron,  seigneur  légitime  dépossédé  par 
les  Hollandais  peut  parfaitement  avoir  vendu  à  Pierre- 
Mathieu  ses  droits  éventuels  à  la  terre  d'Olne,  cest- 
à-dire  pour  le  cas  où  celle-ci  serait  récupérée  par  le 
roi  d'Espagne. 

Mais  nous  devons  faire  abstraction  ici  de  la  ques- 
tion de  légitimité  :  nous  constatons  que  de  fait,  déjà  en 
1657,  la  seigneurie  était  possédée  par  un  protestant, 
Jean-Guillaume  de  Till,  qui  était  en  même  temps 
drossart  du  pays  de  Fauquemont  et  ne  vint  jamais 
résider  à  01  ne. 

Gomme  nous  l'exposerons  plus  amplement  au  cha- 
pitre suivant,  notre  localité  venait  de  tomber  au  pou- 
voir des  Hollandais  calvinistes  ;  et  le  seigneur  ne 
nomma  jamais  que  des  protestants  aux  fonctions  pu- 
bliques ;  il  priva  même  de  leurs  charges  les  fonction- 
naires catholiques  en  possession  (3). 

Le  mayeur  Gilles-Mathieu  Nizet  était  catholique  et 
ne  pouvait  être  privé  de  sa  fonction  qui  était  hérédi- 
taire; mais  de  Till  lui  défendit  de  l'exercer.  Nizet  se  fit 

(1)  Délices  du  pays  de  Liège,  art.  Olne9 1.  III,  p.  265. 

(2)  Bruxelles,  Chambre  des  comptes,  reg.  13,147,  fol.  435. 

(3)  J.  Dans,  Analectes pour  servir  à  l'histoire  de  Belgique,  t.  XIV, 
p.  354. 


—  175  — 

alors  remplacer  par  un  réformé,  combinaison  qui  fut 
agréée  par  le  Souverain  Conseil  de  Brabant  malgré  le 
seigneur  qui  s'y  opposait  (1). 

De  Till  se  garda  bien  de  renouveler  contre  Anne- 
Marie  Curtius,  dame  de  Saint-Hadelin,  le  procès  que 
Jean  de  Ruysschenberg  avait  intenté  au  père  de  cette 
dernière  ;  il  reconnut  donc  en  fait  que  le  Mont-Saint- 
Hadelin  était  indépendant  du  ban  d'Olne.  En  revanche 
il  veilla  à  ce  que  les  manants  du  Fief  ne  retirassent 
aucune  utilité  de  la  seigneurie  d'Olne,  et  défendit  sévè- 
rement aux  Olnois  de  faire  moudre  leurs  grains  au 
moulin  de  Saint-Hadelin;  il  fît  même  poursuivre  ceux 
qui  n'obtempéraient  point  à  ses  ordres  (2);  il  protégeait 
ainsi  ses  propres  intérêts  et  les  droits  de  banalité  du 
moulin  de  Vaux-sous-Olne. 

De  Till  prit  quelques  sages  mesures  en  faveur  de 
la  communauté  ;  il  fit  publier  un  règlement  contre  le 
maraudage  et  le  vagabondage  (3)  et  un  autre  en  faveur 
de  la  distribution  égale  des  tailles  ou  impôts  entre  les 
citoyens.  A  cet  effet  il  nomma  lui-même  deux  régleurs 
pour  chaque  hameau,  leur  fit  prêter  serment  et  leur  fit 
faire  une  estimation  exacte  et  consciencieuse  des  im- 
meubles, sous  peine  d'une  amende  de  20  réaux  pour 
chaque  régleur  en  défaut  d  obéir  (4). 

Si  grand  amateur  qu'il  fût  de  la  justice  distributive, 
de  Till  ne  dédaignait  pas,  à  l'occasion,  de  pressurer 
cette  même  communauté  et  de  remplir  son  escarcelle 
en  ruinant  les  pauvres  manants  du  ban  ;  ainsi  il  se 
fit  remettre  par  la  commune  la  somme  de  1,000  écus 
comme  remboursement  des  frais  qu'il  avait  effectués  en 
faisant  exécuter  un  mesurage  complet  de  la  seigneurie 
d'Olne  à  l'effet  d'en  connaître  les  limites  exactes  (5). 

(1)  Cour  d'Olne,  reg.  III,  au  23  juillet  et  au  24  septembre  i663. 

(2)  Ibidem,  reg.  I,  fol.  33. 

(3)  Archives  des  barons  d'Olne,  à  Baarlo. 

(4)  Cour  d'Olne,  reg.  II,  au  4  mai  1661. 

(5)  Ce  fait  est  rappelé  au  vol.  XVIII  de  la  Cour  d'Olne,  fol.  190  v°. 
Le  mesurage  de  la  délimitation  s'appelait  cerquemenage. 


—  17(5  — 

Ce  mesurage  remit  au  jour  une  vieille  discussion 
relative  aux  limites  de  notre  ban  du  côté  de  Soumagne, 
village  de  la  principauté  de  Liège.  Les  deux  territoires 
étaient  séparés  par  le  chemin  royal  du  Rafhay  qu'on 
appelait  communément  voie  de  Liège  ;  ce  chemin  était 
très  large,  et  le  gouvernement  du  prince-évêque  en  dis- 
putait la  possession  au  gouvernement  hollandais  alors 
maître  du  ban  d'Olne. 

L'accord  entre  les  deux  gouvernements  fut  conclu 
en  ces  termes  : 

«  Les  Etats- Généraux  auront  deux  tiers  du  chemin 
»  royal  de  Raxheveau  (*),  tendant  de  Liège  vers  Soiron, 
»  en  largeur,  à  prendre  du  côté  d'Olne  et  sa  dite 
»  Altesse  (2)  l'autre  tiers  du  côté  de  Soumagne  jusques 
»  aux  aisances  ci-devant  vendues  par  ceux  dudit  Olne 
»  joignant  vers  Olne  au  chemin  de  Soiron  auxquelles 
»  aisances  les  subjets  d'Olne  auront  accès  par  la  juri- 
»  diction  dudit  Olne  pour  en  tirer  leurs  commodités, 
»  la  séparation  de  quoi  devra  se  faire  par  mesureurs  à 
»  choisir  des  deux  côtés  en  mesurant  depuis  les  haies 
»  d'Olne  jusqu'aux  haies  de  Soumagne,  et  ensuite  les 
»  sujets  de  part  et  d'autre  y  planteront  arbres  et  pierres 
»  limitrophes  avec  les  armes  des  deux  princes  ...  (3).  » 

Jean-Guillaume  de  Till  étant  mort  en  1667,  Gilbert 
son  fils  et  héritier  exerça  les  droits  de  seigneur  d'Olne  ; 
il  est  cité  (4)  pour  la  première  fois  en  cette  qualité  le 
28  septembre  1667.  Il  vendit  la  seigneurie  à  Daniel  de 
Buirette,  bourgeois  de  Maestricht,  le  6  octobre  1668. 

Lorsque  ces  événements  se  passèrent,  les  Hollan- 
dais étaient  maîtres  d'Olne  depuis  de  longues  années. 
Nous  devons  donc  faire  un  pas  en  arrière  et  reprendre 

(1)  Rafhay. 

(2)  Le  prince-évêque  de  Liège  était  titulé  :  Son  Altesse  Sérénissime 
et  Celsissime. 

(3)  Cette  pièce  a  été  transcrite  par  J.  Daris,  A n aie c tes  pour  servir  à 
r histoire  de  Belgique,  t.  XIV,  p.  354. 

(4)  Cour  d'Olne,  reg.  V,  à  la  date  indiquée. 


—  177  — 

l'histoire  de  l'invasion  et  des  luttes  religieuses  qu  elle 
amena.  Commençons  par  faire  connaître  le  principal 
héros  de  ces  luttes. 

XI. 

DELVA  ET  SES  PREMIERS  ÉCRITS 

CONTRE  LES  PROTESTANTS. 
CAUSES  DE   L'INVASION  (1646-1656). 

L'homme  dont  nous  allons  faire  la  biographie  a  été 
la  plus  grande  figure  de  l'histoire  d'Olne.  Au  jugement 
de  ses  contemporains,  Delva  fut  l'Athanase  du  Lim- 
bourg,  une  lumière  de  l'église  dans  le  pays  wallon.  On 
a  coulé  en  bronze  bien  des  figures  qui  sont  de  chétive 
apparence  si  on  les  compare  à  ce  prêtre  du  XVIIe  siècle. 

Antoine  Delva  ou  Delvaux  était  né  à  Xhoris,  dans 
la  principauté  de  Stavelot,  vers  1602.  Sa  famille  devait 
être  riche,  car  il  nous  parle  plusieurs  fois  dans  ses  mé- 
moires de  notables  biens  patrimoniaux  qu'il  dépensa 
presque  entièrement  pour  la  bonne  cause.  Il  fit  ses 
études  à  l'Université,  alors  si  célèbre,  de  Louvain,  y 
devint  maître-ès-arts,  et  fut  peu  après  nommé  curé  à 
Olne  par  cette  même  faculté,  en  vertu  d'un  privilège 
qu'elle  avait  obtenu  du  pape  (1). 

Ce  fut  en  1646  que  Delva  devint  curé  d'Olne,  et  il 
occupa  cette  fonction  pendant  trente-deux  ans.  Faire 
le  récit  de  ce  qui  s'est  passé  pendant  cette  longue  ad- 
ministration est  une  tâche  relativement  aisée  pour  l'his- 
torien. Delva  a  beaucoup  écrit,  et  ce  sont  ses  écrits  qui 
nous  serviront  de  guide,  tant  ceux  qu'il  a  fait  imprimer 

(1)  «  La  faculté  des  Arts  de  l'Université  de  Louvain  avait  reçu  le  pri- 
»  vilège  de  conférer  les  bénéfices  réservés  au  pape,  mais  seulement  à 
»  des  maîtres- es- arts,  pendant  les  mois  de  janvier  et  de  novembre  des 
»  années  impaires  et  pendant  le  seul  mois  de  novembre  des  années  paires. 
»  L'ancien  privilège  accordé  par  les  papes  à  la  faculté  des  Arts  avait  été 
»  restreint  dans  ces  termes  pour  le  diocèse  de  Liège  par  Paul  V,  le 
»  Ier  décembre  1616  »  (Daris,  Histoire  du  diocèse,  t.  I,  p.  5). 


—  178  — 

que  ceux  qui,  restés  simples  manuscrits,  sont  conser- 
vés dans  nos  archives. 

Dès  son  arrivée  dans  la  paroisse,  il  trouva  de  quoi 
exercer  son  activité  :  «  Pour  la  maison  pastorale,  je 
»  l'ai  trouvée  en  pauvre  équipage  et  ruineuse  de  toute 
»  part  ;  j'ai  fait  du  reste  rétablir  à  mes  frais  la  porte  et 
»  les  étables  (i).  » 

Ce  ne  fut  que  plusieurs  années  plus  tard  qu'il  fit 
agrandir  le  presbytère  en  y  ajoutant  une  aile  de  bâti- 
ments pour  y  faire  un  salon  (2).  Dans  l'entre-temps  il 
s'efforçait  de  rentrer  en  possession  de  la  portion  de  la 
dîme  qui  appartenait  autrefois  au  curé.  Il  attaqua  donc 
le  Chapitre  de  Saint-Adalbert  devant  le  Souverain- 
Conseil  de  Brabant  (a).  Le  procès  se  termina  par  un 
accord  conclu  le  29  août  1648  et  par  lequel  Delva 
récupérait  un  tiers  de  la  grosse  dîme  et  deux  tiers  de 
la  menue.  C'étaient,  à  peu  de  chose  près,  les  mêmes 
avantages  dont  avaient  joui  ses  prédécesseurs  avant 
Cloquier  (i). 

Ce  ne  fut  pas  toutefois  sans  peine  ni  sans  frais  que 
Delva  obtint  ce  résultat  :  «  Si  les  pasteurs  d'Aulne  mes 
»  successeurs  prétendent  de  mes  hoirs  (5)  quelque  lésion 
»  ou  intérêt,  qu'ils  considèrent  que  pour  réunir  au 
»  pastorat  la  troisième  partie  de  la  dîme  grosse  et  deux 
»  tierces  de  la  menue,  j'ai  exposé  plus  de  3,ooo  florins 
»  et  enfin  accordé  avec  le  chapitre  amiablement,  je 
»  suis  demeuré  en  possession  paisible  desdites  dîsmes, 
»  horsmis  que  l'Hollandois  m'a  inquiété  durant  le  dif- 
»  férent  sur  ce  pays  (6).  » 

Ayant  obtenu  ces  avantages,  Delva  crut  pouvoir 
renoncer  au  bénéfice  de  Saint-Hadelin,  réuni  à  la  cure 

(1)  Registre  de  Delva,  p.  10. 

(2)  Ibidem,  p.  41. 

(3)  Analyse  de  pièces  faite  par  le  curé  Arnotte,  Archives  pastorales, 
coll.  III,  doc.  71. 

(4)  Ceux-ci  avaient  la  menue  entière.  V.  plus  haut,  chapitre  VI. 

(5)  Héritiers. 

(6)  Registre  de  Delva,  p.  10. 


—  179  — 

sous  le  curé  Cloquier.  Par  un  accorddu  27octobre  i652, 
il  céda  au  révérend  vicaire  Thomas  Collard,  desservant 
de  cette  chapelle,  une  rente  annuelle  de  120  florins 
brabant  hors  de  ce  bénéfice,  et  employa  le  reste  à  l'en- 
tretien de  la  chapelle  et  du  pont  (\). 

L'année  suivante,  levêque  ordonna  la  séparation 
complète  de  ce  bénéfice  d  avec  la  cure  d'Olne  (2)  ;  le 
prêtre  bénéficier  continua  de  seconder  Delva  en  qua- 
lité de  vicaire. 

Malgré  son  procès,  Delva  avait  conservé  de  bonnes 
relations  avec  le  Chapitre  de  Saint-Adalbert.  Celui-ci 
possédait  une  relique  insigne  :  un  bras  entier  du  saint 
martyr  Sébastien  ;  le  curé  d'Olne  demanda  et  obtint 
une  parcelle  de  cette  relique.  La  lettre  de  concession 
est  datée  du  25  juillet  i65i,  et  contient  un  magnifique 
éloge  de  notre  zélé  pasteur  (3). 

Le  19  mars  i653,  Delva  eut  la  douleur  de  perdre 
sa  mère  qui  habitait  avec  lui  :  «  Le  jour  de  Saint  Joseph 
»  décéda  Idelette  de  Bléron,  ma  pieuse  mère...  et  fut 
»  honorablement  ensépulturée.  Elle  gît  devant  le  chœur 
»  de  l'église  d'Olne,  du  côté  de  l'évangile,  devant  la 
»  porte  du  balustre  ou  treillis  (4).  » 

A  son  arrivée  dans  la  paroisse,  Delva  avait  été 
vivement  ému  à  la  vue  du  délabrement  de  l'église. 
Il  songea  à  la  reconstruire  :  du  vieux  sanctuaire  il  ne 
laissa  subsister  que  le  chœur  et  les  murs  de  la  tour  : 
«  Le  onzième  de  janvier  i653,  dit-il  dans  son  journal, 
»  j'ai  commencé  à  préparer  les  matériaux  pour  la  nef 
»  de  1  église  d'Olne,  lesquels  j'ai  payé  partie  d'aumône, 
»  partie  de  rentes  d'église.  Elle  aura  environ  quarante- 
»  cinq  pieds  d'étendue,  deux  allées  collatérales  égales  ; 
»  quatre  verrières  à  un  côté,  quatre  à  l'autre  ;  au  mi- 
»  lieu  de  la  nef  quatre  grandes  arcades  égales  à  celle 

(1)  Registre  de  Delva,  p.  i5. 

(2)  J.  Daris,  Analectes,  t.  XIV,  p.  363. 

(3)  Voy.  pièces  justificatives,  n°  IX. 

(4)  Registre  de  Delva,  p.  i5. 


—  480  — 

»  du  chœur.  Le  parvis  sera  édifié  contre  la  tour  et  les 
»  fonds  de  l'autre  côté  de  même  structure  ;  le  tout  à  la 
»  gloire  de  Dieu,  de  la  glorieuse  Vierge  Marie  et  de 
»  S*  Sébastien  notre  patron  (\).  »  L'église  a  conservé 
jusque  maintenant  la  disposition  qu'elle  reçut  alors  ; 
dans  la  reconstruction  de  1761  on  changea  seulement 
la  place  de  la  porte  d'entrée. 

Il  fallut  une  grande  énergie  à  Delva  pour  mener 
ces  travaux  à  bonne  fin,  car  il  était  déjà  harcelé  par 
les  protestants  hollandais.  Voici  à  quelle  occasion  ils 
purent  s'introduire  à  Olne  : 

La  paix  de  Westphalie,  conclue  en  1648,  reconnut 
l'indépendance  des  Provinces -Unies  ou  Hollande  (2) 
mais  elle  laissa  indécise  la  possession  du  comté  de 
Dalhem. 

Les  Hollandais  interprétèrent  en  leur  faveur  le 
traité  de  paix  et  envoyèrent  dans  nos  contrées  des 
troupes  sous  la  protection  desquelles  les  réformés  purent 
organiser  des  prêches  sur  tous  les  points  du  pays. 

Un  ministre  nommé  Chrouet  vint  s'établir  à  Olne 
dès  1649.  M  était  né  à  Spa  d'une  famille  honorable.  Sa 
mère  était  restée  catholique  fervente  mais  Remacle 
Chrouet,  son  père,  se  laissa  gagner  par  le  ministre 
Hotton,  devint  un  protestant  acharné  et  envoya  son 
fils  étudier  à  la  célèbre  académie  de  Genève. 

.  Ce  fils,  le  ministre  Henri  Chrouet,  n'était  pas  vio- 
lent de  sa  nature.  C'était,  dit  Delva,  son  principal 
adversaire,  un  homme  très  honnête  et  de  bonne  con- 
versation. Il  fit  son  premier  baptême  à  Olne  le  20  juin 
1649  î  H  vivait  encore  en  1680,  où  nous  le  voyons 
assister  au  synode  d'Anvers  et  apposer  avec  ses  con- 
frères sa  signature  au  bas  de  la  profession  de  foi  des 
églises  prétendument  réformées  des  Pays-Bas. 

(1)  Registre  de  Delva,  p.  33o. 

(2)  Nous  appellerons  hollandais  les  habitants  des  Provinces-Unies, 
quoique  à  la  rigueur  ce  nom  ne  s'applique  qu  a  ceux  d'une  partie  de  cette 
république. 


—  181  — 

Nous  tenons  ces  détails  de  l'historien  protestant 
D.  Lenoir  (\)  qui  se  trompe  cependant  sur  un  point  : 
c'est  quand  il  prétend  que,  dès  1649,  Chrouet  se  trou- 
vait déjà  en  possession  du  presbytère  d'Olne  et  de  ses 
dépendances,  y  compris  trois  hectares  de  terrain.  Ce 
ne  fut  que  treize  ans  plus  tard,  le  icr  mai  i663,  que 
Delva  fut  expulsé  de  son  presbytère;  avant  1661  la 
situation  des  réformés  était  précaire  :  ils  avaient  à 
craindre  que  notre  contrée  ne  fut  rendue  au  roi  d'Es- 
pagne en  sa  qualité  de  comte  de  Dalhem.  Ce  ne  fut 
donc  qu'après  que  le  traité  de  1661  eût  définitive- 
ment cédé  la  possession  de  notre  territoire  aux  Hol- 
landais que  ceux-ci  osèrent  employer  la  violence  et 
exiler  le  curé. 

Ils  avaient  obtenu  toutefois  dès  1649  l'usage  simul- 
tané de  l'église.  Celle-ci  devint  commune  aux  deux 
cultes  ;  mais  nous  ignorons  si  des  heures  déterminées 
furent  assignées  dès  lors  à  chaque  culte,  comme  elles 
le  furent  dans  la  suite  (2). 

Delva  comprit  combien  était  grand  le  danger  que 
courait  la  foi  du  peuple,  alors  que  l'hérésie  était  libre- 
ment prêchée  jusque  dans  le  sanctuaire.  Aussi  eut-il 
soin  d'éclairer  ses  ouailles,  dès  le  principe,  sur  les 
points  de  la  doctrine  catholique  battus  en  brèche  par 
les  protestants,  de  les  mettre  en  garde  contre  la  fal- 
sification de  la  parole  de  Dieu,  et  contre  les  inter- 
prétations fallacieuses  et  erronées.  Ce  fut  là  le  sujet 
de  toutes  ses  instructions,  car  il  déclare  qu'il  a  été 
six  ans  à  suer  pour  forcer  le  ministre  à  rendre  raison 
de  sa  croyance  (3). 

Celui-ci,  ne  se  sentant  pas  de  force,  évitait  les  con- 
troverses et  gardait  un  silence  prudent,  lorsqu'une 
circonstance  imprévue  fit  éclater  tout  à  coup  la  lutte 

(1)  Histoire  de  la  Réformation  dans  Y  ancien  pays  de  Liège,  Bru- 
xelles, 1861,  p.  323. 

(2)  Voy.  plus  loin  chapitre  XV. 

(3)  Commencement  du  Noviciat  réformé. 

24 


—  182  - 

entre  les  deux  champions.  Voici  ce  qui  les  mit  aux 
prises  (4)  : 

En  i655,  la  peste  infestait  plusieurs  villes  de  Hol- 
lande, et  des  habitants  de  nos  contrées  qui,  pour  cause 
de  religion,  s'étaient  retirés  dans  notre  pays,  durent 
fuir  devant  la  contagion.  De  ce  nombre  furent  un 
honorable  habitant  de  Stembert,  nommé  Jean  Legrand- 
henri,  et  sa  femme  originaire  de  Fraipont,  tous  deux 
de  religion  calviniste,  qui  ayant  entendu  parler  de 
l'étonnant  succès  avec  lequel  le  récollet  Louis  Preu- 
mont,  de  Verviers,  combattait  les  réformés  de  Hodi- 
mont,  commencèrent  à  douter  de  la  vérité  de  leur 
croyance  calviniste,  et  vinrent  trouver  ce  célèbre  pré- 
dicateur qui  crut  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  les 
envoyer  à  Olne,  où  il  y  avait  un  curé  et  un  ministre, 
et  où  ils  pouvaient  plus  facilement  entendre  le  pour 
et  le  contre  en  matière  de  foi. 

Delva,  pour  les  convaincre,  mit  par  écrit  cinq  thèses 
avec  promesse  que,  si  le  ministre  Chrouet  pouvait  se 
justifier  sur  ces  cinq  articles,  il  paierait  au  dit  ministre 
la  somme  de  200  patacons,  à  condition  que  le  ministre 
ferait  la  promesse  réciproque. 

Legrandhenri  et  sa  femme,  munis  de  cet  écrit, 
allèrent  trouver  Chrouet  ;  celui-ci  se  garda  bien  de 
contester  les  cinq  thèses  et  de  les  combattre  ;  il  ne 
l'essaya  même  pas,  mais  il  écrivit  cinq  nouvelles 
thèses  où  il  disait  en  substance  que  la  religion  ro- 
maine, telle  quelle  existe  de  nos  jours,  ne  date  que 
du  temps  de  la  papesse  Jeanne,  vers  l'an  85o.  Il  con- 
clut de  la  même  façon  que  Delva,  en  lui  promettant 
aussi  200  patacons  s'il  pouvait  se  justifier  sur  ces  cinq 
articles. 

Chrouet  cherchait  à  esquiver  le  débat  ;  Delva  ce- 
pendant le  prit  au  mot  et  écrivit  une  réfutation  com- 

(1)  Tout  l'épisode  qui  va  suivre  est  la  reproduction  résumée  du  récit 
de  Delva,  dans  le  Noviciat  réformé,  t.  II,  p.  87  et  suiv.  Cet  ouvrage  se 
trouve  à  la  bibliothèque  de  l'Université  de  Liège,  n°  636. 


—  183  — 

plète  de  ces  cinq  nouvelles  thèses  (i).  Dans  cet  écrit,  il 
réfute  de  main  de  maître  la  fable  ridicule  de  la  papesse 
Jeanne,  tant  par  le  silence  des  historiens  du  IXe  siècle, 
que  par  les  contradictions  de  ceux  qui,  quatre  cents 
ans  plus  tard,  ont  raconté  cette  absurde  historiette  (2). 
Il  prouve  par  de  nombreuses  citations  que  l'église 
romaine  tenait,  avant  le  IXe  siècle,  la  même  croyance 
qu'aujourd'hui,  notamment  sur  les  points  contestés 
par  Luther  et  Calvin.  Il  le  somme,  en  finissant,  de  lui 
compter  à  l'instant  les  200  patacons  promis.  Cet  écrit 
est  daté  du  1 1  août  i655. 

Chrouet  trouva  naturellement  des  raisons  pour  se 
soustraire  au  paiement  en  question  ;  mais  du  moins,  le 
curé  avait  obtenu  ce  résultat  :  de  le  faire  sortir  du  si- 
lence obstiné  qu'il  gardait  depuis  six  ans.  Encouragé  par 
ce  succès,  il  alla  plus  loin.  Il  s'engagea  publiquement 
dans  un  sermon  à  compter  au  ministre  la  somme  de 
200  patacons  s'il  pouvait  trouver  un  seul  point  de  sa 
profession  de  foi  écrit  mot  pour  mot  dans  la  Bible.  Il 
le  promettait,  à  condition  que  le  ministre  s'engagerait 
publiquement  par  une  promesse  analogue. 

Chrouet  ne  pouvait  plus  reculer  :  il  craignait  que 
son  silence  ne  fît  une  impression  défavorable  sur  le 
peuple  ;  de  plus  il  était  pressé  de  répondre  par  quelques 
Hollandais  hérétiques  réfugiés  à  Olne  à  cause  de  la 
contagion  qui  régnait  dans  leur  pays.  En  conséquence, 
il  fit  afficher  à  la  porte  du  cimetière  d'Olne  un  défi  au 
curé  dans  la  forme  suivante  : 

Antoine  Delva,  curé  d'Olne,  ayant  promis  en  ses  écrits  et  ses 
sermons  de  compter  deux  cents  patacons  au  ministre  s'il  peut 
prouver  un  seul  point  controversé  de  sa  religion  contre  l'église 
romaine  par  la   sainte   Ecriture,   Henri   Chrouet,   ministre   du 

(1)  Cet  opuscule  est  reproduit  dans  le  Noviciat  réformé,  t.  II,  pp. 
94  et  suiv. 

(2)  Nous  passons  sous  silence  d'autres  arguments  :  notamment  l'im- 
possibilité, eu  égard  à  la  série  ininterrompue  et  la  succession  immédiate 
des  papes  de  cette  époque. 


—  184  — 

S1  Evangile  à  Olne,  accepte  l'offre  du  curé,  et  par  la  présente  le 
somme  de  consigner  l'argent  promis  entre  les  mains  de  Jean 
Wilkin,  manant  d'Olne,  ou  donner  sur  le  lieu  (à  la  place)  bour- 
geois suffisamment  répondant  en  huit  jours,  à  faute  de  quoi  le 
ministre  sera  obligé  d'agir  contre  le  susdit  curé   par  toute  voie 

de  droit  qu'il  trouvera  convenir. 

Henri  CHROUET. 

M.  D.  S.  E. 
A  Olne,  le  4  septembre  i655. 

Delva  ne  pouvait  accepter  le  défi  dans  ces  condi- 
tions. Les  Hollandais  hérétiques  avaient  tout  à  dire  à 
Olne,  et  dès  que  le  ministre,  même  sans  raison,  se 
serait  permis  de  chanter  victoire,  ils  auraient  sans 
scrupule  confisqué  les  200  patacons  au  profit  de  ce 
dernier.  Il  s'agissait  pour  Delva  d'éviter  ce  danger.  Il 
rédigea  une  nouvelle  affiche  par  laquelle  il  acceptait  la 
proposition  de  Chrouet,  mais  à  condition  que  celui-ci 
déposerait  la  même  somme  entre  les  mains  du  comte 
de  Grobendonck,  gouverneur  de  Limbourg  ;  de  la 
sorte,  on  allait  combattre  à  armes  égales. 

Le  ministre  d'Olne,  sortant  du  prêche  avec  les 
siens,  prit  lecture  de  ce  billet,  et  s'adressant  à  Jean 
Wilkin,  député  du  ban  d'Olne  à  l'Etat  de  Dalhem,  lui 
demanda  :  «  Voulez-vous  répondre  de  la  somme  de 
»  200  patacons  pour  le  curé  d'Olne?  »  Wilkin  répon- 
dit :  «  Oui,  dès  que  vous  aurez  livré  la  même  somme 
»  aux  mains  du  gouverneur  de  Limbourg.  » 

De  cela,  le  ministre  ne  voulait  pas  entendre  parler. 

Quelqu'un  fit  remarquer  à  Delva  que  le  moyen  par 
lui  proposé  n'était  pas  entièrement  pratique,  que  les 
deux  endroits,  Olne  et  Limbourg,  étaient  trop  éloignés 
l'un  de  l'autre,  et  que  chacun  des  deux  adversaires 
devait  craindre  de  déposer  son  argent  le  premier,  de 
peur  qu'il  ne  fût  confisqué  avant  que  l'autre  n'eût  dé- 
posé le  sien. 

Delva  reconnut  que  cette  remarque  était  juste,  et 
il  proposa  de  suite  à  Welt  Potheuk,  un  des  réformés 
réfugiés  à  Olne,  de  déposer  de  part  et  d'autre  l'argent 


>l 


—  185  — 

entre  les  mains  de  la  même  personne  mais  sur  un  ter- 
ritoire neutre. 

Ils  choisirent  de  commun  accord  la  ville  de  Ver- 
viers,  en  la  principauté  de  Liège,  et  convinrent  de 
verser  de  part  et  d'autre  l'argent  entre  les  mains  de 
Jacquemin  Pirotte,  marchand  au  dit  lieu. 

Welt  en  informa  le  ministre.  Celui-ci  demanda  à 
réfléchir  et  le  lendemain  fit  connaître  au  curé  que, 
réflexion  faite,  il  ne  pouvait  donner  suite  à  ce  projet. 

Ceci  donna  lieu  à  «  la  protestation  solennelle  du 
»  curé  (ÏOlne  prêchée  publiquement  aux  peuples  cir- 
»  convoisins,  assemblés  à  Olne,  et  affichée  à  la  porte 
»  de  V église  dudit  lieu.  » 

Cet  écrit  est  du  12  septembre  i655  (<). 

Chrouet  sentit  qu'il  aurait  l'air  de  reculer  s'il  s'en 
tenait  là.  Il  écrivit  à  Pirotte  pour  lui  demander  s'il 
répondait  pour  le  curé  d'Olne.  Pirotte  répondit  : 
«  Oui,  il  y  a  chez  moi  un  homme  envoyé  par  Ant. 
»  Delva,  chargé  de  verser  les  200  patacons  en  même 
»  temps  que  vous  verserez  les  vôtres,  si  tel  est  votre 
»  bon  plaisir.  » 

Nous  ne  pouvons  reproduire  ici  la  longue  corres- 
pondance qui  s'échangea  entre  Chrouet,  Pirotte  et 
Delva,  et  qui  est  exposée  au  long  dans  le  Noviciat 
réformé  (2).  Contentons-nous  de  dire  que  les  deux 
lutteurs  se  défiaient  trop  l'un  de  l'autre  pour  risquer 
légèrement  leur  argent,  et  qu'il  leur  fut  impossible  de 
sentendre  sur  la  manière  de  le  déposer. 

Après  bien  des  démarches,  Chrouet  prit  le  parti  le 
plus  facile  :  il  passa  outre  et  annonça  par  affiches  qu'il 
ferait  la  preuve  annoncée  au  prêche  le  dimanche  26  sep- 
tembre à  10  heures. 

Protestation  de  Delva  :  «  ce  n'est  pas  au  prêche, 
»  où  personne  autre  que  le  ministre  ne  peut  parler; 

(i)  Le  Noviciat  réformé y  t.  I,  p.  5. 
(2)  Ibidem,  t.  I,  pp.  11  etsuiv. 


—  186  — 

»  c'est  en  public,  après  affiches,  après  le  dépôt  des  deux 
»  cents  patacons,  que  la  preuve  doit  se  faire,  et  avec 
»  l'enregistrement  des  raisons  de  part  et  d'autre.  » 

Ces  paroles  figurent  sur  une  affiche  du  25  sep- 
tembre. 

Le  prêche  eut  lieu  ;  Chrouet  prit  pour  texte  :  «  Tu 
»  ne  te  feras  pas  d'idole  taillée  »  (Exode,  20)  et  pro- 
nonça contre  le  culte  des  images  un  discours  assez 
long  qu'il  fit  imprimer,  et  qui  donna  lieu  à  plusieurs 
réponses  des  théologiens  catholiques,  comme  nous  ver- 
rons plus  loin. 

Le  lendemain,  27  septembre,  Chrouet  eut  l'audace 
d'envoyer  au  curé  Welt  Potheuk,  bourgeois  de  Leyde 
et  deux  témoins,  pour  retirer  les  200  patacons  promis, 
attendu  qu'il  avait  fourni  la  preuve  demandée  et  que 
nul  n'avait  contredit.  Delva  se  mit  à  rire,  disant  que  le 
ministre  était  par  trop  naïf  de  demander  l'argent  sans 
avoir  déposé  le  sien  et  sans  avoir  affiché  la  preuve. 
Ayant  appris  de  Welt  et  de  ses  amis  le  sujet  du  discours 
prononcé  par  Chrouet,  il  s'efforça  de  leur  faire  com- 
prendre la  vraie  signification  du  passage  de  l'exode 
relatif  au  culte  des  images. 

Le  lendemain,  on  pouvait  lire  l'affiche  suivante  sur 
la  porte  du  cimetière  d'Olne  : 

Welt  Potheuk,  Gavar  et  Plaisant,  gens  de'putés  le  27  courant 
par  le  ministre  vers  le  pasteur  d'Aulne,  pour  avoir  d'icelui  paie- 
ment des  deux  cents  patacons  en  question,  apprennent  à  leur 
grande  confusion,  devant  tout  le  monde,  de  leurs  yeux  propres... 
comment  sans  honte  et  sans  conscience  le  ministre  trompe  le 
simple  monde  et  à  tort  prétend  deux  cents  patacons  pour  un  tas 
de  mensonges. 

Donné  à  Olne,  ce  28  septembre  i655. 

Ant.  DELVA,  pasteur  d'Aulne. 

«  Dieu  soit  loué,  le  renard  s'est  fait  prendre  à  ses 
»  propres  pièges,   il  est  tombé  dans  les  filets  qu'il  a 


—  187  — 

»  tendus  pour  autrui  (\).  »  C'est  par  cette  réflexion  que 
Delva  termine  le  récit  de  cette  escarmouche. 

XII. 

PREMIÈRES  SUITES  DE   L'INVASION  HOLLANDAISE. 
NOUVEAUX  ÉCRITS  DE  DELVA  (i656-i663). 

Nous  devons  interrompre  le  récit  de  cette  polémique 
pour  dire  quelques  mots  de  la  conduite  des  Hollandais 
envahisseurs  envers  les  catholiques  du  ban  d'Olne. 

La  seigneurie  était,  comme  on  Ta  vu,  tombée  au 
pouvoir  d  un  protestant,  Jean-Guilleaume  de  Till,  gou- 
verneur du  pays  de  Fauquemont.  Celui-ci  ne  nomma 
plus  que  des  réformés  aux  emplois  publics. 

Plusieurs  fonctionnaires  furent  même  destitués  et 
remplacés  par  des  calvinistes  (2).  Tels  furent  lofficier- 
bailli  Jacques  Coulot  ;  1  echevin  Wathelet  Nizet  et  le 
greffier  Hennekin  Sévery,  dont  la  place  fut  confiée  à 
des  hommes  agréables  à  nos  maîtres  d'alors. 

La  dîme,  qui  était  une  institution  religieuse  et  avait 
pour  but  l'entretien  des  ministres  du  culte,  ne  pouvait 
trouver  grâce  devant  les  envahisseurs.  Aussi  fut-elle 
confisquée  vers  Tannée  i655.  Le  locataire  de  la  dîme, 
Jean  Wilkin  et  les  chanoines  de  Saint- Adalbert  ne  ces- 
sèrent dès  lors  de  protester  auprès  des  députés  des 
Provinces-Unies  à  Maestricht  (3).  Ceux-ci  répondirent 
que  les  chanoines  seraient  libres  de  jouir  de  leurs  an- 
ciens droits,  mais  à  condition  de  verser  la  somme  de 
600  florins  annuellement  pour  l'entretien  d'un  ministre 
à  Olne. 

Les  chanoines  adressèrent  alors  au  gouvernement 
des  Provinces-Unies  une  supplique  (4)  dans  laquelle  ils 

(1)  Le  Noviciat  réformé y  t.  I,  p.  21. 

(2)  J.  Daris,  Analectes,  t.  XIV,  p.  354. 

(3)  Padborch  et  Donder,  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  1 3  et  16; 
Registre  de  Delva,  pp.  23  et  25. 

(4)  Voy.  Pièce  justificative,  n°  III. 


—  188  — 

représentaient  que  suivant  les  records  les  plus  anciens 
de  la  justice  locale  ils  étaient  seulement  obligés  de  toute 
ancienneté  d'entretenir  un  prêtre  catholique,  et  de  pour- 
voir aux  frais  du  culte  ;  que  partant,  il  était  souveraine- 
ment injuste  de  les  forcer  à  entretenir  un  prédicant  de  la 
religion  réformée  et  d'exiger  pour  cela  la  somme  de  600 
florins  qu'ils  n'ont  jamais  donnée  à  aucun  prêtre  d'Olne. 

On  remarquera  l'appel  à  l'empereur  qui  se  trouve 
à  la  fin  de  la  supplique,  et  la  menace  que  font  les  cha- 
noines de  reprendre  le  droit  de  souveraineté  du  ban 
d'Olne,  qu'ils  n'ont  cédé  aux  comtes  de  Dalhem  que 
pour  être  protégés  par  ceux-ci. 

S'ils  avaient  pu  reprendre  ce  droit  de  souveraineté, 
ils  auraient  en  effet  rompu  tout  lien  de  dépendance 
d'avec  les  maîtres  du  comté  de  Dalhem,  les  Hollandais; 
ils  n'auraient  dépendu  que  de  l'empereur.  Menace 
vaine  et  illusoire  !  Ce  n'est  pas  pour  la  terre  d'Olne  que 
Ferdinand  III  aurait  repris  les  armes  et  troublé  la  paix 
européenne,  à  peine  rétablie  par  la  paix  de  Westphalie. 

Les  Hollandais  le  savaient  et  ne  cédaient  pas.  Les 
chanoines  se  virent  obligés  d'intenter  un  procès  en 
Hollande  aux  receveurs  des  biens  ecclésiastiques  pour 
l'affranchissement  de  la  dîme  d'Olne.  Le  Chapitre  et 
le  curé  soutinrent  ce  procès  à  frais  communs  et  le  curé 
y  assista  tant  en  son  nom  personnel  qu'au  nom  du 
Chapitre  (i). 

Le  procès  se  termina  par  un  accord  conclu  à  Maes- 
tricht  le  10  août  i656  en  ces  termes  :  «  Nous  les  dépu- 
»  tés  du  Conseil  d'Etat  des  Pays-Bas  confédérés,  et  les 
»  députés  des  chanoines  de  Saint-Adalbert,  ayant  con- 
»  féré  ensemble,  avons  résolu  que  les  mêmes  chanoines 
»  remettront  annuellement  et  provisoirement  entre  les 
»  mains  du  régisseur  des  biens  ecclésiastiques,  pour 
»  un  prédicant,  la  somme  de  3oo  florins  hollandais  (2).  » 

(1)  Registre  de  Delva,  pp.  23  et  25. 

(2)  Voy.  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.   14.  Les  paroles  citées 
sont  une  traduction  du  flamand. 


—  189  — 

Cet  accord  ne  distingue  pas  entre  la  dîme  pastorale 
et  la  dîme  capitulaire,  parce  que  le  Chapitre  revendi- 
quait la  dîme  entière,  se  réservant  d'abandonner  au 
curé  sa  part  accoutumée  (t). 

L'accord  ne  parle  pas  non  plus  des  trois  bonniers 
de  prairie  qui  étaient  une  dépendance  de  la  cure  (2). 
Il  se  trouva  quelqu'un  à  Olne  qui  voulut  en  profi- 
ter :  c'était  ce  même  Welt  Potheuk,  riche  bourgeois  de 
Leyde,  dont  nous  avons  déjà  parlé  ;  il  se  vanta  d'avoir 
reçu  en  location  du  gouvernement  hollandais  les  sus- 
dites prairies,  et  il  menaça  le  curé  de  lui  faire  restituer 
les  fruits  par  lui  perçus.  Ces  faits  devinrent  l'objet  d'une 
nouvelle  supplique  des  chanoines  (3).  Après  avoir  ex- 
posé la  question,  ceux-ci  concluent  :  «  C'est  pourquoi 
»  les  remontrants  supplient  vos  Hautes  Seigneuries 
»  d'ordonner  au  dit  Welt  Potheuk  de  désister  desdites 
»  menaces  et  de  laisser  au  présent  et  dorénavant  les- 
»  dits  pasteur  et  décimateur  tranquilles  dans  la  percep- 
»  tion  des  fruits  perçus  et  à  percevoir  desdits  douai rs 
»  en  conformité  dudit  contrat.  » 

Ils  obtinrent  cette  fois  gain  de  cause,  et  on  laissa  le 
curé  jouir  en  paix  de  son  douair  pendant  quelques 
années. 

Delva  ne  paraît  pas  s'être  occupé  beaucoup  de  ces 
démêlés  ;  en  revanche  il  défendait  vaillamment  la  foi 
de  son  troupeau  contre  les  mensonges  si  habiles  des 
hérétiques. 

Les  écrits  et  les  sermons  ne  lui  suffisaient  pas  ;  il 
sut  pénétrer  jusqu'au  milieu  du  prêche  des  réformés, 
et  couvrir  le  ministre  de  honte  et  de  confusion  devant 
tout  le  monde.  Ce  ne  fut  sans  doute  pas  par  lui-même 

(1)  Comme  en  justice  les  décisions  s'enchaînent  et  comme  l'une 
entraîne  l'autre,  l'accord  de  1 656  fut  cause  que  soixante  ans  plus  tard 
(en  1715)  le  curé  Jacques  Prayon  perdit  sa  part  de  la  dîme  dans  un  procès 
avec  le  Chapitre,  qui  posséda  désormais  la  dîme  entière. 

(2)  Ces  prairies  étaient  alors  appelées  le  douaire  du  curé. 

(3)  Voy.  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  i5. 

2.-1 


—  190  — 

qu'il  le  fit,  mais  par  un  jeune  homme,  presque  par  un 
enfant  :  «  Qu'est-il  besoin,  s'écrie-t-il  (*),  de  prêtres  et 
»  de  moines  pour  les  combattre,  quand  il  ne  faut  que 
»  des  enfants  pour  les  rendre  muets  ?  » 

Voici  comment  Delva  raconte  la  chose.  Un  jeune 
homme  de  dix-huit  ans,  François  Closet,  né  à  Lam- 
bermont,  apprenait  un  métier  à  Hodimont  chez  un 
certain  Warnier,  protestant  fanatique.  Celui-ci  s'effor- 
çait par  tous  les  moyens  de  le  détourner  de  sa  croyance 
catholique.  Il  lui  disait  parfois  :  «  Je  t'assure  que  si  tu 
»  veux  une  seule  fois  venir  avec  moi  à  Olne  pour  en- 
»  tendre  Chrouet,  tu  n'iras  plus  jamais  à  la  messe.  » 
Ennuyé  des  instances  de  son  patron,  le  jeune  Closet 
finit  par  céder,  du  moins  en  apparence,  et  le  dimanche 
suivant,  il  accompagna  son  maître  à  Olne,  où  il  rendit 
d'abord  visite  au  curé  Delva.  Quand  il  fut  arrivé  au 
prêche,  le  ministre,  entouré  de  plusieurs  anciens  et 
dignitaires  de  son  culte,  s'empressa  de  lui  demander  : 
«  Etes-vous  enfin  résolu  de  quitter  la  religion  romaine? 
»  —  Oui,  répondit  le  jeune  homme,  si  on  peut  m'en 
»  montrer  une  meilleure.  —  Vous  pouvez  m'interroger, 
»  répondit  le  ministre,  je  suis  ici  pour  vous  montrer 
»  tout  ce  que  vous  voudrez.  »  Là-dessus  Closet  accepta 
une  Bible  de  la  main  du  ministre  et  indiquant  dans  la 
profession  de  foi  qui  se  trouvait  en  tête  du  volume  la 
réponse  à  cette  question  :  «  Qu'est-ce  qu'un  sacre- 
»  ment?  »  il  demanda  au  ministre  dans  quel  endroit 
de  la  Bible  cette  définition  se  trouvait  en  termes  exprès. 
C'était  prendre  le  taureau  par  les  cornes,  car  les  réfor- 
més prétendent  ne  rien  admettre  qui  ne  se  trouve  mot 
pour  mot  dans  les  Saintes  Ecritures. 

Le  ministre  voulut  biaiser  et  passer  à  un  autre  pas- 
sage plus  important  selon  lui.  Closet  ne  voulut  rien  en- 
tendre et  insista  pour  avoir  l'explication  demandée. 

(i)  Le  Noviciat  réformé,  t.  II,  p.  107.  L'anecdote  est  racontée  aussi 
par  D.  Lenoir,  Histoire  de  la  Réformation  dans  l'ancien  pays  de  Liège, 
p.  33o. 


1 

J 


—  loi  — 

Il  passa  ensuite  aux  paroles  suivantes  de  la  profes- 
sion de  foi  qui  sont  :  «  Nous  croyons  que  les  sacre- 
»  ments  sont  ajoutés  à  la  parole  de  Dieu  pour  plus 
»  ample  confirmation  et  pour  nous  être  un  gage  de  la 
»  grâce  de  Dieu.  »  Il  demanda  derechef:  «  Dites-moi, 
»  je  vous  prie,  où  cela  se  trouve  en  termes  exprès  dans 
»  la  Sainte  Ecriture?  » 

Mais  ici  le  ministre  se  fâcha  :  «  Vous  récitez,  s'écria- 
»  t-il,  une  leçon  apprise  par  cœur;  vous  avez  été  ins- 
»  truit  et  dressé  par  quelque  moine  !  » 

Tous  les  assistants  s'unissant  au  ministre  voulurent 
se  jeter  sur  le  jeune  homme  et  lui  faire  un  mauvais 
parti.  Mais  Closet  se  retira  promptement,  non  sans 
avoir  dit  à  Warnier  son  patron  :  «  Notre  maître,  ce 
»  n  est  pas  là  ce  que  vous  m'aviez  promis.  »  Puis  il 
salua  la  troupe  et  s'en  alla. 

Les  catholiques  firent  imprimer  l'histoire  de  cette 
escarmouche  et  en  félicitèrent  l'auteur.  Chrouet  ne 
trouva  rien  à  répondre  et  se  contenta  de  dire,  pour 
couvrir  sa  défaite,  qu'il  ne  voulait  pas  avoir  affaire  à 
des  enfants. 

Pour  se  donner  un  semblant  de  victoire  sur  les  ca- 
tholiques, il  fit  répandre  à  profusion  un  opuscule  qu'il 
avait  fait  imprimer.  C'était  la  reproduction  de  son 
prêche  du  26  septembre  i655  sur  le  culte  des  images. 
Le  titre  en  était  :  Sermon  servant  de  preuve  à  plusieurs 
points  de  la  religion  catholique  controversés  contre 
V église  romaine,  prêché  en  ï église  d? Aulne  par  H. 
Chrouet,  ministre  du  Saint  Evangile  (i). 

On  remarquera  cette  prétention,  commune  à  tous 
les  écrivains  protestants  du  XVIIe  siècle,  au  titre  de 
catholiques,  par  opposition  à  celui  de  romains  ou  de 
papistes,  qu'ils  nous  octroyaient  volontiers. 

Delva  répondit  à  cette  brochure  par  l'opuscule  sui- 
vant :  Préservatif  antidotal  d  Antoine  Delva,  pasteur 

(  1  )  Tiré  du  livre  de  D.  Lenoir,  Histoire  de  la  Réformation  dans 
V ancien  pays  de  Liège» 


—  193  — 

d'Aulne,  contre  la  dyssenterie  des  mensonges,  calom- 
nies et  changements  de  bible  publiés  par  H.  Chrouet. 

Peu  après,  dans  le  but  de  défendre  un  des  points 
de  la  doctrine  catholique  les  plus  attaqués  il  publia  : 
Du  purgatoire  :  la  pitoyable  voix  de  Rama,  l'Eglise 
catholique,  apostolique  et  romaine,  la  belle  Rachel..., 
etc.,  par  A  ntoine  Delva,  cure'd'Olne,  contre  H.  Chrouet, 
ministre  de  Calvin  (\). 

Delva  ne  fut  pas  seul  à  combattre  les  erreurs  de 
Chrouet.  Le  sermon  de  celui-ci,  publié  en  brochure, 
dut  faire  quelque  sensation,  car  un  nouvel  adversaire 
parut  bientôt  pour  le  combattre  :  ce  fut  le  Père  d'As- 
troy,  récollet  du  couvent  de  Liège,  qui  mit  au  jour  le 
livre  suivant  :  Antidote  catholique,  présenté  à  Mr*  du 
duché  de  Limbourg  et  autres  pays  dOultremeuse,  par 
Barthélémy  d'Astroy,  contre  le  venin  des  hérésies  et 
des  mensonges  prêches  par  le  Sr  Henri  Chrouet,  pré- 
tendu ministre  d'Olne  (*). 

Dans  la  dédicace,  il  félicite  les  habitants  de  nos 
contrées  d'être  restés  fidèles  à  la  foi  catholique  ;  il 
rappelle  la  conférence  de  Limbourg  entre  les  docteurs 
des  deux  cultes  et  appelle  cette  conférence  :  la  tombe 
des  protestants.  Il  attaque  surtout  certains  prédicants 
réformés  qui  s'étaient  introduits  sans  aucun  droit 
dans  des  églises  catholiques,  comme  notre  Chrouet, 
comme  aussi  Goflfard,  franciscain  défroqué  devenu 
ministre  de  Dalhem.  Ce  dernier  avait  été,  pendant 
vingt-deux  ans,  missionnaire  catholique  :  fit  corruptio 
optimi  pessima  (3). 

Chrouet  répondit  par  une  brochure  dont  nous 
n'avons  pu  retrouver  le  titre,  et  d'Astroy  lui  répliqua 

(  1  )  Ces  deux  ouvrages  ont  complètement  disparu  ;  nous  en  citons  les 
titres  d'après  J.  Daris,  Analectes,  t.  XIV,  p.  353. 

(2)  Ce  titre  et  les  détails  qui  suivent  sur  les  livres  des  Pères  d'Astroy 
et  Preumont  sont  aussi  extraits  du  livre  de  D.  Lenoir. 

(3)  Delva  parle  aussi  de  ce  Goflfard  dans  Le  Noviciat  réformé,  t.  II, 
p.  11. 


—  193  — 

encore  cette  fois  par  les  Rapproches  du  ministre  Chrouet 
aux  véritables  sentiments  de  l'Eglise  romaine  {\).  Il 
nous  y  apprend  que  Chrouet  lui  semble  revenir  peu  à 
peu  au  catholicisme,  ce  qu'il  attribue  aux  prières  de  la 
mère  du  ministre  ;  celle-ci  venait  de  rendre  le  dernier 
soupir  dans  le  sein  de  l'église  catholique  comme  une 
véritable  sainte. 

Chrouet  fut  combattu  aussi  par  le  Père  Louis  Preu- 
mont,  récollet  du  couvent  de  Verviers,  dans  l'écrit 
suivant  :  Réponse  par  L.  Preumont  au  sermon  du 
26  septembre  16SS.  Il  y  prouve  que  les  bibles  protes- 
tantes sont  falsifiées  aux  endroits  controversés. 

Le  discours  du  ministre  d'Olne  avait  ainsi  fait  sur- 
gir trois  champions  de  la  cause  catholique.  Il  s'efforça 
de  répondre  à  tous  les  trois  par  une  même  brochure  : 
Défense  d'un  sermon  prêché  dans  V église  dOlne... 
contre  trois  libelles  satyriques. 

Preumont  et  Delva  ne  voulurent  pas  laisser  le  der- 
nier mot  au  prédicant  Olnois.  Le  premier  fit  paraître 
peu  après  :  Le  tombeau  de  Henri  Chrouet,  ministre 
de  la  religion  prétendue  réformée  à  Olne,  Liège,  i656. 
Ce  livre  est  dédié  à  Ferdinand  de  Lynden,  gouverneur 
du  marquisat  de  Franchimont  (2)  en  récompense  de  la 
protection  que  ce  dernier  accordait  aux  couvents  des 
Récollets  à  Verviers  et  à  Bolland. 

Il  y  a  dans  cet  écrit  un  passage  curieux.  Un  prêtre 
avait  l'année  précédente,  à  Sart  lez-Spa,  guéri  un  dé- 
moniaque et  chassé  le  démon.  S'adressant  à  Chrouet, 
Preumont  lui  dit  en  substance  :  cherchez-moi  dans  le 
territoire  d'Olne  un  semblable  démoniaque  et  quand 
vous  l'aurez  trouvé,  faites-moi  le  savoir,  alors  nous 
irons  ensemble  devant  ce  possédé.  Et  moi  le  premier, 
m'adressant  au  démon,  je  lui  commanderai  de  sortir 
de  cet  homme  et  j'ajouterai  :  si  ma  religion  romaine 

(1)  Rapproches,  c'est-à-dire  commencements  de  retour. 

(2)  Partie  de  la  Principauté  de  Liège,  qui  comprenait  :  Theux,  Ver- 
viers, Stembert,  Jalhay,  Ensival,  Spa,  Sart,  Andrimont  et  Drolenval. 


—  194  — 

n'est  pas  la  vraie,  je  te  permets,  Satan,  d'entrer  dans 
mon  corps,  de  le  torturer  et  de  l'anéantir.  Je  parlerai 
ainsi,  mais  le  démon  n'en  fera  rien,  car  la  foi  catho- 
lique est  la  seule  vraie.  Oui,  je  parlerai  de  la  sorte, 
mais  c'est  à  la  condition  qu'à  ton  tour,  ô  Chrouet,  tu 
t'adresses  à  l'esprit  mauvais,  lui  permettant,  si  ta 
croyance  n'est  pas  la  vraie,  d'entrer  dans  ton  corps,  de 
le  torturer  et  l'anéantir.  Mais  tu  ne  le  feras  pas,  car  tu 
sais  dans  le  fond  de  ton  cœur  que  ta  croyance  n'est 
que  mensonge  et  fausseté. 

D.  Lenoir,  l'historien  protestant  de  cette  polémique, 
ajoute  :  «  On  comprend  combien  des  arguments  de 
»  cette  sorte  devaient  produire  d'impression  sur  les 
»  multitudes  (4).  » 

Preumont  transcrit  dans  son  livre  diverses  appro- 
bations. Celle  de  Thomas  de  Blistein,  curé  de  Ver- 
viers,  mérite  d'être  connue  :  «  C'est  dans  ce  tombeau,  » 
dit-il,  «  que  gît  honteusement  confondu  et  abattu, 
»  Henri  Chrouet,  ministre  d'Olne,  duquel  il  ne  se  relè- 
»  vera  jamais.  » 

Ce  fut  en  1657  que  Delva  publia  le  premier  volume 
de  son  plus  bel  ouvrage:  Le  Noviciat  réformé  dressé  à 
Olne  par  le  ministre  de  Calvin,  battu  en  brèche  par 
Delva  pasteur  d'Olne  au  terroir  de  Dalhem,  pays 
d  Oultremeuse .  La  seconde  partie  fut  publiée  en  i658. 

Le  Noviciat  est  le  principal  ouvrage  de  Delva  et 
c'est  celui  où  il  fait  surtout  preuve  de  son  talent,  tant 
par  la  force  du  raisonnement  que  par  la  vivacité  et 
l'agrément  du  style.  Le  but  était  de  donner  une  dé- 
monstration claire  des  points  controversés  :  l'authen- 
ticité des  Saintes  Ecritures,  le  culte  des  images,  la 
Sainte  Eucharistie,  la  Sainte  Messe,  la  confession,  le 
purgatoire,  etc. 

Nous  ne  pouvons  résister  au  désir  d'en  citer  quelques 
extraits.  Chrouet  avait  reproché  au  curé  de  célébrer  le 

(1)  D.  Lenoir,  Histoire  de  la  Réformation  dans  Vancien  pays  de 
Liège f  p.  340. 


—  195  — 

culte  en  latin  ;  d'autre  part  il  lui  reprochait  de  prêcher 
en  wallon.  La  réponse  de  Del  va  est  des  plus  adroites  : 
L'Eglise  Romaine  fait  son  office  public  en  langue 
romaine  et  universelle  ...  En  toute  nation  qui  est 
sous  le  soleil,  il  y  en  a  qui  entendent  le  latin,  et 
pour  cela  l'église  romaine  a  voulu  que  son  office  soit 
fait  en  cette  langue  connue  de  toutes  sortes  de  nations 
du  monde,  afin  que  l'antiquité  de  cette  langue  mar- 
quât l'antiquité  de  sa  doctrine  et  de  sa  créance.  La 
doctrine  de  Calvin  était  nouvelle  et  pour  cela  on  a 
choisi  les  langues  les  plus  nouvelles  pour  en  servir 
de  marque  ...  Et  je  m'étonne  que  le  ministre  fait  ici 
son  office  public  en  langue  française  puisque  ici  à 
Olne  nous  ne  sommes  point  français  mais  wallons, 
et  parlons  ici  une  langue  fort  différente  du  français. 
Le  Français  qui  vient  en  ce  pays  pense  qu'on  y 
parle  le  meilleur  grec  d'Attique  et  n'entend  pas  plus 
ce  que  signifient  wahai,  ohai,  crama,  ecnèe,  qu'il 
n'entend  le  terme  le  plus  reculé  du  grec  ou  de  l'hé- 
breu ...  C'est  en  vain  que  Chrouet  a  été  envoyé  en 
France  pour  apprendre  le  français  et  en  est  revenu 
si  glorieux  qu'il  n'emploie  à  rien  tant  d'encre  qu'à 
décrier  le  patois  du  curé  d'Olne.  En  quoi  il  se  con- 
damne de  sa  propre  bouche,  car  si  le  curé  parle  son 
patois  en  ses  offices  publics  de  prédication  et  autres, 
sans  doute  il  parle  une  langue  que  le  peuple  com- 
prend ;  s'il  parle  français  il  parle  une  langue  que  le 
peuple  n'entend  pas  (quelle  contradiction).  Si  le  curé 
parle  latin,  Chrouet  ne  le  peut  souffrir  [lui]  qui  fait 
passer  en  maxime  qu'il  faut  faire  l'office  public  en 
langue  connue  du  peuple;  s'il  parle  en  son  patois  et 
en  langue  connue  du  peuple,  Chrouet  lui  saute  au 
collet  et  l'appelle  barbare  en  son  langage,  parce  qu'il 
ne  parle  pas  français  à  gens  qui  n'entendent  point  le 
français  (4).  » 

(1)  Le  Noviciat  réformé,  t.  I,  pp.  35o  à  352, 


—  196  — 

Chrouet  s'était  moqué  de  la  récitation  des  heures 
canoniques,  particulièrement  de  la  récitation  nocturne 
dans  certains  couvents.  Après  avoir  démontré  l'anti- 
quité et  les  avantages  de  cette  récitation,  l'auteur  ajoute 
ironiquement  :  «  Il  est  vrai  que  c'était  une  chose  bien 
»  pénible  pour  les  pauvres  ministres  chargés  d'une 
»  femme  et  d'une  quantité  d'enfants,  de  se  lever  la 
»  nuit  pour  psalmodier  et  méditer  les  louanges  de 
»  Dieu  avec  de  saints  religieux,  et  renoncer  aux  aises 
»  de  leur  corps  non  sans  mécontentement  de  leurs 
»  femmes  ...  Et  pour  cette  cause,  je  veux  bien  avouer 
»  qu'ils  ont  fait  chose  profitable  à  leur  corps  et  agréable 
»  à  leur  femme  que  d'abolir  tant  de  longs  et  pénibles 
»  offices  (1).  » 

Plus  loin,  nous  apprenons  qu'outre  Chrouet,  des 
apôtres  ou  prédicants  hollandais  étaient  venus  à  Olne. 
Seulement  c'étaient  de  singuliers  personnages  :  «  J'ai 
»  vu  céans  à  Olne  qu'un  ministre  venait  de  Maestricht 
»  pour  faire  et  administrer  la  Cène  en  une  façon  fort 
»  étrange  :  il  était  monté  sur  un  bon  cheval,  sa  femme 
»  en  croupe,  l'épée  au  côté,  la  botte  cornue  au  pied, 
»  les  éperons  dorés  et  un  habit  à  la  mode.  Tout  le 
»  monde  voyant  ce  nouvel  apôtre  se  mit  à  rire  ... 
»  disant  que  sans  autre  preuve  il  était  aisé  de  voir  que 
»  cet  homme  n'était  pas  apostolique,  ce  qui  le  fâcha 
»  tellement  qu'il  s'en  alla  avec  menaces  (s).  » 

Delva  se  plaint  aussi,  en  termes  assez  crus,  de  la 
conduite  indécente  des  réformés  à  l'église  d'Olne  : 
«  Qu'aurait  dit  saint  Paul  s'il  avait  vu  de  ses  yeux  ces 
»  gens  malhonnêtes  lâcher  leurs  eaux  dans  le  lieu  saint 
»  et  parfois  décharger  leurs  ordures  dans  nos  cime- 
»  tières,  sur  la  tête  même  de  leurs  pères,  comme  j'ai 
»  vu  faire  ici  à  Olne.  Ne  voila-t-il  pas  des  anniversaires 
»  bien  puants?  Ne  sont-ce  pas  des  cérémonies  vilaines 
»  dignes  des  reproches  du  ministre  d'Olne  pour  des 

(i)  Le  Noviciat  réformé,  p.  356. 
(2)  Ibidem,  p.  543. 


—  107  — 

»  gens  qui  ayant,  en  leur  vie  tourné  la  face  et  le  visage 
»  à  leurs  pères,  leur  tournent,  après  la  mort,  sous 
»  correction,  honteusement  le  ...  (\).  »  Il  nous  est  im- 
possible de  finir  la  citation  ;  mais  telle  qu'elle  est,  elle 
suffit  pour  faire  constater  que  Delva  ne  dédaignait  pas, 
à  l'occasion,  la  gauloiserie.  Il  parlait  latin  avec  des 
mots  français  et  n'avait  pas  encore  lu  ce  précepte  de 
Boileau  son  contemporain  : 

Le  latin  dans  les  mots  brave  l'honnêteté 
Mais  le  lecteur  français  veut  être  respecté. 

XIII. 

EXIL  DE  DELVA.  LE  POSTILLON  DIVIN  (i663-i669). 

Le  21  décembre  1661  est  une  date  décisive  et  fatale 
dans  l'histoire  d'Olne.  Les  pourparlers  entre  les  am- 
bassadeurs du  roi  d'Espagne  et  ceux  des  Provinces- 
Unies  se  terminèrent  ce  jour-là  par  un  traité  en  vertu 
duquel  le  comté  de  Dalhem  était  partagé  entre  ces  deux 
puissances. 

Pour  notre  malheur,  Olne  échut  aux  Hollandais. 
Leur  usurpation  était  ainsi  consacrée,  et  l'on  put  s'at- 
tendre de  leur  part  à  toutes  les  violences. 

Le  ier  mai  i663,  Delva  fut  expulsé  de  son  pres- 
bytère et  forcé  de  sortir  du  ban  d'Olne  (2). 

Nous  disons  :  forcé  de  sortir,  en  ce  sens  qu'il  ne 
pouvait  plus  y  remplir  ses  fonctions  pastorales  sans 
être  frappé  des  peines  les  plus  graves.  Personnelle- 
ment, il  conserva  la  liberté  de  circuler  dans  toute  sa 
paroisse.  Delva  nous  a  fait  connaître  exactement  sa 
situation  dans  un  de  ses  écrits,  dont  nous  citerons,  à  la 
fin  de  ce  chapitre,  des  passages  concluants  à  cet  égard. 

(1)  Le  Noviciat  réformé,  p.  547. 

(2)  «  Decreto  statuum  Hollandise  pulsus  sum  et  coactus  egredi  de 
»  domo  pastorali  et  adeo  etiam  de  ban  no  ulnensi  »  (Sommier  de  Delva, 

p.  219), 

20 


—  198  — 

Le  gouvernement  hollandais  ne  se  contenta  pas 
d'expulser  Delva  de  sa  maison  pastorale,  il  s'occupa 
aussi  de  lui  couper  les  vivres  et  força  le  Chapitre  de 
Saint-Adalbert  à  conclure  un  nouvel  accord,  daté  du 
24  juin  i663,  où  il  est  stipulé  que  le  Chapitre  n'aura 
plus  rien  à  prétendre  ni  à  la  maison  pastorale  ni  aux 
trois  bonniers  et  demi  de  prairie  adjacente,  ni  à  la 
terre  des  Trixhes,  lesquels  biens  sont  réservés  exclusi- 
vement à  la  République.  Après  avoir  élevé  la  rede- 
vance annuelle  des  chanoines  du  chef  de  la  dîme  à 
5oo  florins,  argent  de  Hollande,  les  députés  du  Conseil 
d'Etat  ajoutent  :  «  Bien  entendu  toutefois  que  ceux 
»  du  Chapitre  demeureront  encore  jouissant  de  la 
»  petite  dîme,  laquelle  soûlait  (avait  coutume)  compé- 
»  ter  auparavant  au  pasteur  dans  le  ban  d'Olne  ...  (4).  » 

Bref,  on  lui  ôta  toutes  ses  ressources  et  on  s'efforça 

» 

de  mettre  les  chanoines  dans  l'impossibilité  de  lui 
venir  en  aide. 

Nous  devons  rendre  toutefois  cette  justice  au  Cha- 
pitre :  bien  qu'il  n'eût  conclu  l'accord  que  pour  sauver 
les  dîmes  de  la  confiscation  et  les  conserver  pour  des 
temps  meilleurs  et,  bien  qu'il  n'en  perçût  aucun  profit, 
il  n'abandonna  pas  le  curé,  mais  lui  conserva  en 
grande  partie  ses  anciens  avantages,  ainsi  que  nous 
l'apprenons  par  les  lettres  du  doyen  Rimberg  à  Jean 
Wilkin  (2).  Sans  cela,  le  zélé  pasteur  eût  été  réduit  à  la 
mendicité  (3). 

Forcé  de  quitter  le  ban  d'Olne,  Delva  ne  dut  pas 
pour  cela  abandonner  son  troupeau,  car  Vaux-sous- 
Olne,  où  il  se  retira,  ainsi  que  Nessonvaux  et  Basse- 
Fraipont,  faisaient  partie  de  la  paroisse  d'Olne  et  ceux 
du  ban  de  ce  nom,  à  raison  de  la  proximité,  pouvaient 
facilement  rejoindre  leur  pasteur. 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  IV,  doc.  27. 

(2)  Ibidem,  coll.  II,  doc.  22,  23  et  24. 

(3)  A  moins,  bien  entendu,  qu'il   n'eût  gardé  de  ses  biens  patri- 
moniaux. 


—  1!H)  — 

Dépendances  de  la  vouerie  de  Fléron,  les  deux 
hameaux  de  Vaux  et  Nessonvaux  faisaient  partie  de  la 
Principauté  de  Liège  ;  Delva  s'y  trouvait  donc  dans 
une  complète  sécurité. 

Il  espérait,  du  reste,  que  la  Providence  le  ramène- 
rait bientôt  dans  sa  maison  pastorale.  Ainsi,  nous 
lisons  dans  ses  mémoires  (i)  qu'il  ne  vendit  pas  son 
bétail  et,  le  6  décembre  suivant,  il  indemnisa  le  nommé 
Nicolas  Xhardé,  dans  les  prairies  duquel  ce  bétail 
avait  été  placé  pendant  tout  l'été. 

Ce  fut  au  même  Nicolas  Xhardé  qu'il  emprunta 
une  grange,  qu'il  fit  aménager  pour  y  célébrer  le  Saint 
Sacrifice,  et  y  remplir  tous  les  devoirs  pastoraux.  Dès 
le  premier  dimanche,  les  paroissiens  arrivèrent  en  foule 
de  tous  les  hameaux  (*)  pour  entendre  la  Sainte  Messe 
dans  ce  temple  improvisé,  où  on  se  trouvait  cependant 
comme  en  plein  air  (a). 

Pierre  Antoine,  autre  habitant  de  Vaux,  céda  en 
location  à  Delva  une  maison  que  celui-ci  occupa  pen- 
dant tout  le  temps  de  son  exil,  même  après  qu'il  eût 
bâti  une  église  à  Froidheid  (a). 

Pendant  ce  temps,  les  Hollandais  avaient  installé 
au  presbytère  le  prédicant  Chrouet,  qui  percevait 
aussi  un  traitement  de  l'Etat.  Il  obtint  même  la  jouis- 
sance des  prairies  et  autres  biens  de  la  cure  moyennant 
un  fermage  de  u3  florins  qu'il  devait  payer  au  rece- 
veur du  gouvernement  (5). 

Il  s  éleva  une  difficulté  au  sujet  des  contributions 
de  guerre  et  autres  taxes  qui  devaient  être  réparties 
entre  les  habitants  d'après  l'importance  de  leurs  biens. 

(1)  Registre  de  Delva,  p.  43. 

(2)  «  Resedique  in  Valle  sub  Ulna  et  in  Stabulo  quod  fuit  Nicolaï 
»  Xhardé  missam  feci  et  pastoralia  omnia  officia,  concurrente  undiqua 
»  que  populo,  -a  prima  Maii  qua  egressus  sum  »  (Sommier  de  Delva, 
p.  219). 

(3)  Archives  pastorales ,  coll.  II,  doc.  18. 

(4)  Registre  de  Delva,  pp.  43,  46  et  57. 

(5)  Archives  pastorales,  coll.  IV,  doc.  26. 


—  200  - 

Qui  devait  payer  les  taxes  de  la  cure  ?  Etait-ce  le  pré- 
dicant,  le  Chapitre  ou  l'Etat  lui-même  qui  devait  sup- 
porter cette  chargea 

Les  députés  du  comté  de  Dalhem  tentèrent  de  l'en- 
dosser au  Chapitre.  Celui-ci  envoya  à  La  Haye  Jean 
Wilkin,  son  dîmeur,  pour  y  défendre  les  chanoines. 
Nous  ne  savons  quelle  fut  la  décision  prise  (i). 

Delva,  de  son  côté,  ne  se  reposait  pas  à  Vaux. 
Tantôt  il  soignait  ses  paroissiens  attaqués  par  une 
peste  qui  faisait  de  nombreuses  victimes  (2)  ;  tantôt  il 
se  rendait  à  Xhoris  et  à  Stavelot  pour  soutenir  les 
intérêts  de  sa  famille  (3)  ;  tantôt  il  s'occupait  de  payer 
la  rançon  de  quatre  habitants  de  Xhoris  pris  pendant 
la  guerre  par  le  colonel  Rheins,  de  l'escadron  du 
baron  de  Lanaux.  Il  emprunta  dans  ce  but  la  somme 
de  600  florins.  Jean  Wilkin  cautionna  pour  le  curé  et, 
par  ses  soins,  l'affaire  fut  arrangée  le  4  juin  1664(4). 

C'était,  comme  on  le  voit,  un  homme  d'une  grande 
activité.  N'oublions  pas  qu'il  écrivait  alors  un  de 
ses  plus  grands  ouvrages  de  polémique  contre  les 
protestants.  En  effet,  il  publia  en  1666  :  Le  Postillon 
divin  portant  aux  réformés  la  pure  parole  de  Dieu.., 
par  Ant.  Delva  pasteur  d'Aulne  contre  les  ministres 
d'Hollande. 

.  Dans  cet  ouvrage,  il  prouve  par  des  arguments 
solides  que  la  vraie  parole  de  Dieu,  soit  que  nous  en 
considérions  la  lettre,  soit  que  nous  en  cherchions  l'in- 
terprétation, ne  se  trouve  pas  dans  les  Bibles  des 
hérétiques,  mais  uniquement  dans  l'Ecriture  Sainte 
telle  qu'elle  est  conservée  par  l'église  catholique. 

Nous  trouvons  dans  ce  livre  des  renseignements 
précieux  sur  la  situation  de  Delva  à  l'époque  de  son 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  21. 

(2)  Sommier  de  Delva,  p.  227;  Nautet  parle  aussi  de  cette  peste  dans 
ses  Notices  historiques,  t.  II,  p.  368. 

(3)  Registre  de  Delva,  pp.  32  3  et  suiv. 

(4)  Ibidem,  pp.  44  et  317. 


—  30 1  — 

exil  :  il  ne  pouvait  remplir  les  fonctions  de  son  minis- 
tère dans  le  ban  d'Olne,  car  l'administration  des  sacre- 
ments, non  admis  par  la  Réforme,  était  sévèrement 
punie.  Nous  en  voyons  une  preuve  dans  la  discussion 
entre  Jean  Wilkin  et  le  chirurgien  Quedrick  :  «  Si 
»  quelque  prêtre,  s'écrie  Wilkin,  était  trouvé  oignant 
»  d'huile  quelque  malade,  vous  le  saisiriez  d'abord  et 
»  le  mettriez  en  prison,  en  sorte  que  loin  de  faire 
»  comme  ont  fait  les  apôtres,  vous  faites  tout  le  con- 
»  traire  de  ce  que  les  apôtres  ont  ordonné  (*).  » 

D'autre  part  nous  voyons  le  dévoué  pasteur,  pen- 
dant son  exil,  circuler  librement  dans  toute  sa  paroisse 
sans  être  inquiété  par  les  Hollandais.  Ainsi,  au  mois 
de  juillet  qui  suivit  son  expulsion,  il  vint  au  village 
d'Olne  et  même  au  presbytère  pour  un  entretien  avec 
le  ministre. 

Nous  laissons  la  parole  à  l'auteur  en  supprimant 
seulement  quelques  détails  inutiles  à  notre  but  :  «  Ce 
fut  cela  qui  nous  mit  aux  prises  avec  le  même 
Chrouet,  le  troisième  jour  de  juillet  i663,  en  sa  mai- 
son à  Aulne.  Car,  comme  un  renégat  de  Liège  se 
vantait  que  le  prédicant  Chrouet  ne  leur  enseignait 
que  la  pure  parole  de  Dieu,  en  souriant  doucement 
je  luy  répartis  :  Loin  de  là,  mon  enfant,  dis-je,  il  ne 
vous  enseigne  pas  même  un  mot  de  la  pure  parole 
de  Dieu.  Et  je  m'accorde  à  me  rendre  à  lui,  fis-je, 
s'il  peut  prouver  que  la  Bible  de  Genève  ...  soit  con- 
forme à  l'original  grec  et  hébreux  qui  va  en  l'église 
catholique  de  tout  temps.  A  quoi  ce  renégat  :  Et 
moi,  Monsieur,  dit-il,  je  veux  me  rendre  à  vous  si 
le  sieur  Chrouet  ne  peut  se  justifier  de  ce  côté,  tant 
seulement,  couchez-moi  cela  par  écrit  ...  je  le  lui 
donnai  par  écrit,  et  il  s'en  alla.  Huit  à  dix  jours 
après  je  sommai  mon  renégat  de  me  rendre  réponse 

(  i  )  Le  Postillon  divin,  p.  443  ;  au  chapitre  XV  nous  verrons  que  dès 
Tan  i656,  l'administration  du  mariage  était  sévèrement  interdite  aux 
prêtres  catholiques. 


—  202  — 

»  ...  il  tira  hors  de  sa  poche  le  même  billet  que  je  lui 
»  avais  donné,  ayant  en  bas  ces  mots  de  la  main  du 
»  prédicant  :  Le  curé  de  Vaux  (ainsi  me  baptisait-il 
»  par  moquerie)  ne  sait  ni  grec  ni  hébreux,  partant  ne 
»  peut-on  lui  donner  la  preuve  qu'il  demande.  —  Ne 
»  savais-je  pas  bien,  mon  ami,  lui  dis-je,  que  Chrouet 
»  n'était  pas  si  sot  que  d  accepter  ?  Monsieur,  dit  le 
»  renégat,  vous  n'oseriez  dire  cela  à  lui-même.  Ecoute, 
»  mon  ami,  lui  dis-je,  ma  langue  est  aussi  hardie  que 
»  ma  plume,  tant  seulement,  tiens-moi  compagnie,  et 
»  sur  le  champ  nous  voilà  à  la  maison  du  ministre, 
»  qui  descendit  à  son  cabinet,  et  nous  ayant  salués, 
»  ce  renégat  fit  plainte  sur  ce  que  je  lavais  appelé 
»  en  pleine  rue  :  Brebis  rogneuse  d'une  Bible  rogneuse 
»  et  d'une  doctrine  rogneuse  ...  (i).  » 

Le  ministre  voulut  avoir  raison  de  ces  paroles  et, 
sur  cela,  s'engagea  la  discussion,  qui  dura  depuis  une 
heure  jusque  six  heures  du  soir. 

Ce  ne  fut  pas  la  seule  rencontre  de  Delva  avec  le 
ministre,  car  il  nous  apprend  que  le  prédicant  Chrouet 
ne  sut  jamais  se  dépêtrer  d'une  objection  qu'il  lui  fit 
en  présence  de  Messieurs  de  Dalhem  et  de  Maestricht 
devant  la  brasserie  banale  d'Olne  (2).  Chrouet  préten- 
dait que  les  images  défendues  au  chapitre  XX  de  l'exode 
étaient  les  images  taillées  telles  que  celles  de  Jésus- 
Christ  et  de  la  Sainte  Vierge  qui  se  trouvent  dans  nos 
églises.  A  quoi  Delva  objectait  :  donc  le  veau  d'or 
des  Israélites  ne  devait  pas  être  défendu,  car  c'était  un 
ouvrage  de  fonte.  Oui,  répondit  le  prédicant,  seule- 
ment il  y  avait  quelque  sculpture  à  raison  de  laquelle 
il  était  défendu;  mais  il  ne  put  montrer  à  quel  endroit 
de  la  bête  était  cette  sculpture,  à  la  tête  ou  à  là  queue, 
et  il  resta  honteux  et  confus. 

Plus  loin,  Delva  se  moque  agréablement  des  pré- 

(1)  Le  Postillon  divin,  p.  358;  nous  avons  quelque  peu  rajeuni  l'or- 
thographe. 

(2)  Ibidem,  p.  25. 


—  203  — 

tendus  réformés  qui,  disait-il,  brisaient  les  christs  et 
les  statues  des  saints  comme  objets  d'indignes  supers- 
titions, tandis  qu'ils  étaient  eux-mêmes  les  gens  les 
plus  superstitieux  qu'on  puisse  trouver,  car  en  fouil- 
lant le  sol  du  ban  d'Olne  dans  tous  ses  coins  et  recoins 
pour  en  extraire  le  fer,  le  plomb  et  les  autres  minéraux, 
ils  se  servaient  d'une  sorte  de  baguette  divinatoire  pour 
découvrir  à  quel  endroit  il  y  avait  du  minerai  (î). 

Dans  le  but  de  mettre  cette  notice  à  la  portée  de 
tous,  nous  avons,  dans  nos  citations  de  Delva,  rem- 
placé par  quelques  points  les  longueurs  trop  fasti- 
dieuses de  sa  narration,  surtout  quand  elles  renferment 
des  expressions  surannées. 

Ici,  on  pourrait  se  demander  comment  il  se  fait 
que  le  français  de  Delva  soit  si  en  retard  sur  son 
siècle,  et  son  style  si  en  arrière  de  celui  de  Boileau, 
Bossuet,  et  autres  écrivains  de  cette  grande  époque 
littéraire  i  Nous  répondrons  :  Pour  un  motif  bien 
simple  ;  la  langue  française  était  alors  presque  incon- 
nue en  Belgique,  et  nous  savons  que  Delva  était  obligé 
de  prêcher  en  wallon.  Lui  et  Chrouet  étaient  à  peu 
près  les  seuls  qui  pussent  converser  en  français,  dans 
nos  environs.  Olne  était  alors  si  loin  de  Paris  ! 

On  n'étudiait  cette  langue  que  dans  les  collèges,  de 
la  même  façon  qu'on  y  apprend  aujourd'hui  les  langues 
anciennes  ou  étrangères.  Or,  Delva  avait  étudié  vers 
i635,  et  ses  professeurs  de  français  ne  pouvaient  l'avoir 
appris  qu'au  commencement  de  ce  siècle.  Aussi  le 
français  de  Delva  est-il  presque  aussi  vieux  que  celui 
de  saint  François  de  Sales,  qui  écrivait  vers  1610, 
mais  qui,  quoique  évêque  de  Genève,  vivait  en  France 
et  participait  au  mouvement  littéraire  de  ce  pays. 

(1)  Le  Postillon  divin,  p.  293. 


—  204  — 

XIV. 

DELVA  CONSTRUIT  UNE  ÉGLISE  A  FROIDHEID. 
SON  RETOUR  ET  SA  MORT  (1669-1678). 

Delva  avait  espéré  d  abord  que  son  exil  ne  durerait 
pas  longtemps;  mais  comme  la  situation  malheureuse 
de  sa  paroisse  menaçait  de  se  prolonger  indéfiniment,  il 
résolut  d'y  mettre  fin  en  bâtissant  une  nouvelle  église. 
Il  chercha  un  emplacement  avantageux. 

Si  nous  jetons  les  yeux  sur  la  carte  des  communes 
d'Olne  et  de  Nessonvaux,  nous  remarquerons  que 
celle-ci  s'avance  et  pousse  une  pointe  vers  le  centre  de 
notre  commune.  C'est  dans  ce  coin  du  territoire  de 
Nessonvaux,  près  de  Froidheid,  que  Delva  résolut  de 
bâtir  cet  édifice.  Comme  ce  territoire  faisait  partie  de  la 
principauté  de  Liège,  on  y  était  à  l'abri  des  Hollandais  ; 
en  outre,  remplacement  choisi  était  parfaitement  au 
centre  de  la  paroisse,  telle  qu'elle  était  alors  délimitée. 

Laissons  maintenant  la  parole  à  notre  vaillant  dé- 
fenseur de  la  foi  :  «  Lan  1669,  pour  qu après  ma 
»  mort,  la  paroisse  ne  reste  pas  sans  église  paroissiale, 
»  au  grand  préjudice  des  âmes  et  de  la  sainte  Foi,  je 
»  me  sois  résolu  de  dresser  une  église  paroissiale  vis- 
»  à-vis  de  Freuhez  (Froidheid)  ;  jaçoit  que  je  n'avais 
»  ni  sold  ni  maille,  j'ai  adressé  deux  requêtes,  une  en 
»  latin  au  clergé  de  Liège,  une  en  français  pour  les 
»  paroissiens  (1).  » 

La  circulaire  que  Delva  adressa  en  latin  au  clergé 
de  Liège  est  très  remarquable  par  son  éloquence;  nous 
ne  pouvons  en  donner  ici  qu'une  pâle  analyse  (2). 

Il  commence  en  rappelant  que  depuis  déjà  cinq 
ans,  il  est  expulsé  de  son  église  paroissiale  et  du  ban 
d'Olne,  et  que  pendant  tout  ce  temps  le  vrai  Dieu  n'a 
eu  pour  autel  qu'une  crèche,  et  pour  temple  qu'une 

(1)  Sommier  de  Delva,  p.  349. 

(2)  Voy.  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  18, 


—  205  — 

écurie.  Et  quelle  écurie!  Une  espèce  de  hangar  où  l'on 
est  en  partie  préservé  de  la  pluie  et  de  la  neige,  mais 
où  le  vent  et  la  tempête  entrent  par  tous  les  côtés.  On 
n'a  pas,  en  effet,  fait  de  murs  tout  à  l'entour  pour  per- 
mettre à  un  plus  grand  nombre  de  personnes  d'assister 
au  Saint  Sacrifice.  Beaucoup  de  fidèles  se  tiennent  en 
plein  air,  exposés  à  l'inclémence  de  la  saison,  les 
genoux  dans  la  boue.  Il  y  a  là  des  vieillards,  des 
infirmes,  des  malades,  des  pauvres  mal  habillés  ou 
presque  nus.  Il  y  en  a  du  ban  d'Olne,  il  y  en  a  du  pays 
de  Liège.  Et  tous  sont  restés  si  tenaces  dans  la  profes- 
sion de  leur  foi  que  le  pasteur  n'a  eu  à  déplorer  la 
perte  d'aucune  de  ses  ouailles;  non,  pas  une  n'est  tom- 
bée dans  Thérésie,  malgré  les  efforts  de  l'ennemi.  L'élo- 
quent pasteur  expose  la  nécessité  où  il  se  trouve  de 
recourir  à  la  générosité  du  clergé  liégeois  pour  bâtir 
une  église  quelconque,  si  modeste  qu  elle  soit,  pour  que 
son  peuple  se  trouve  au  moins  à  couvert.  «  Quelle 
»  honte,  dit-il,  pour  les  catholiques,  de  n'avoir  pas  un 
»  lieu  convenable  pour  abriter  le  vrai  Dieu,  et  quelle 
»  joie  pour  l'hérésie  à  la  vue  de  notre  impuissance  !  » 

Delva  n'eut  qu'à  se  féliciter  des  résultats  de  sa 
requête  ;  il  s'en  réjouit  dans  les  termes  suivants  : 

«  Le  révérend  prélat  de  Saint-Laurent  m'a  donné 
»  8  patacons  et  demi,  que  j'ai  mis  en  mains  de  Servais 
»  de  Brust,  mambour  de  l'église  pour  lors. 

»  Le  révérend  clergé  de  Liège  m'a  accordé  100 
»  pistoles  sur  ma  requête;  j'en  ai  levé  1,200  florins 
»  une  première  fois,  que  j'ai  mis  en  mains  de  Jean 
»  Wilkin,  mambour  constitué  pour  régler  l'ouvrage 
»  selon  l'adresse  de  sa  prudence  et  direction. 

»  Son  Excellence  Mme  de  Grobendonck  {*)  m'a 
»  accordé  douze  chênes  en  ses  bois.  Baudouin  Spirlet, 
»  meunier  à  Vaux,  m'en  a  donné  un  ...  (a).  » 

Suivent  quelques  autres  dons. 


(1)  Epouse  du  gouverneur  de  Limbourg. 

(2)  Sommier  de  Delva,  p.  35o. 


27 


—  20G  — 

On  mit  bientôt  la  main  à  l'œuvre,  et  Delva  s'em- 
presse de  nous  l'apprendre  dans  les  lignes  suivantes  : 

«  Le  24  avril  1670,  le  révérend  abbé  de  Beaurepart 
»  a  mis  la  première  pierre  de  la  nouvelle  église  au 
»  haut  du  val  (i).  Le  lundi  ensuivant  on  a  commencé 
»  à  maçonner. 

»  Le  16  juillet  1670  fut  achevée  la  muraille  de  la 
»  nouvelle  église  d'Aulne  par  Laurent  Lemoine,  Jean 
»  Mairlot,  Jean  le  Toxhelet,  avec  deux  assistants  (2).  » 

L'église  fut  rapidement  achevée  et  elle  fut  ouverte 
au  public  dès  1671 ,  mais  ce  ne  fut  que  soixante  ans  plus 
tard  qu'elle  fut  consacrée  par  M6r  Gillis,  évêque  d'Ami- 
zon,  suffragant  de  Liège  (3). 

Les  paroissiens  de  Delva  s'y  retrouvaient  à  peu  près 
au  complet,  chaque  dimanche,  pendant  que  l'église  du 
village,  qu'il  avait  réédifiée  à  tant  de  frais,  servait  au 
culte  des  hérétiques. 

Toutes  les  autorités  du  pays  de  Liège  avaient  aidé 
Delva  dans  son  entreprise.  M.  de  Beauregard,  haut- 
officier  de  la  vouerie  de  Fléron,  réquisitionna  même 
les  habitants  de  Vaux  et  de  Nessonvaux  pour  l'établis- 
sement d'un  cimetière  à  construire  près  de  la  nouvelle 
église,  les  menaçant  de  les  châtier  en  toute  rigueur  s'ils 
refusaient  d'y  travailler  selon  le  désir  du  curé  (4).  Cepen- 
dant, bien  que  l'archidiacre  du  Condroz  eût  accordé  la 
permission  d'établir  ce  cimetière,  nous  ne  pensons  pas 
qu'il  fut  alors  construit,  à  cause  des  événements  poli- 
tiques qui  amenèrent  le  retour  du  curé  dans  sa  maison 
pastorale. 

Pendant  qu'on  bâtissait  l'église  de  Froidheid,  celle 
de  Saint-Hadelin,  située  dans  la  petite  seigneurie  de 
Mont-Saint-Hadelin,  fut,  par  un  surcroît  d'infortune, 

(1)  Froidheid  est  situé  au-dessus  de  Vaux,  sur  le  prolongement  de  la 
même  vallée,  à  dix  minutes  d'Olne. 

(2)  Sommier  de  Delva,  p.  35o. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  IV,  doc.  i3. 

(4)  Ibidem,  coll.  II,  doc.  19. 


—  207  — 

presque  entièrement  détruite  par  un  ouragan  (i).  Pour 
la  rebâtir,  le  révérend  vicaire  Thomas  Collard  collecta 
dans  tous  les  environs,  mais  n'ayant  pu  recueillir  les 
fonds  nécessaires,  il  dut  limiter  la  dépense,  et  se  con- 
tenter d'un  toit  en  chaume.  Ceci  n'eut  lieu  que  vers 
1676,  date  qui  se  trouve  encore  inscrite  au-dessus  de  la 
porte  d'entrée  de  l'église.  Delva  intervint  du  reste  dans 
la  reconstruction,  car  nous  lisons  dansunde  ses  registres 
manuscrits  :  «  Le  25  octobre  1676,  Ton  a  contracté  que 
»  l'on  donnera  à  Orban  Cortée  pour  le  cheptage  (2) 
»  de  Saint-Hadelin,  28  patacons  et  une  tonne  de 
»  bière  (3).  » 

Delva  était  un  homme  infatigable.  Dans  le  temps  où 
il  érigeait  sa  nouvelle  église  paroissiale,  il  s'occupait 
encore  d'un  ouvrage  de  controverse. 

Ce  fut  en  1673  que  parut  ce  livre  écrit  en  latin  et 
intitulé:  Muscipula.  N'en  ayant  pas  retrouvé  un  seul 
exemplaire,  nous  ne  pouvons  en  donner  des  extraits, 
ce  que  nous  regrettons,  car  le  titre  seul  est  remarquable 
et  annonce  un  livre  intéressant.  En  voici  la  traduc- 
tion :  Souricière  ancienne  et  nouvelle  des  hérétiques 
anciens  et  nouveaux,  c'est-à-dire  méthode  par  laquelle 
on  prend  ceux  qui  prennent  les  autres,  si  évidemment 
qu'ils  ne  peuvent  se  cacher,  si  efficacement  qu'ils  ne 
peuvent  échapper,  au  moyen  des  règles  suivies  par  les 
Saints-Pères  ...  (4). 

Le  but  de  l'auteur  était  probablement  de  prouver, 
qu'en  fait  d'hérésies,  il  n'y  a  rien  de  nouveau  sous  le 
soleil,  et  que  pour  réfuter  les  protestants,  on  n'a  qu'à 

(1)  Registre  archivai  de  V église  Saint-Hadelin. 

(2)  Ouvrage  du  charpentier  dans  une  bâtisse. 

(3)  Sommier  de  Delva,  p.  35i. 

(4)  «  Veterum  et  novorum  haereticorum  muscipula  vêtus  et  nova,  id 
»  est,  uni  versas  theologise  controverse  modus  et  forma,  qua  capiuntur 
»  illi  qui  capiunt  alios,  tam  evidenter  ut  non  lateant,  tam  efficaciter  ut 
»  non  évadant,  per  régulas  sanctorum,  quoscollegit  et  sequitur  Antonius 
»  Delva  Xhorisiensis  contra  ministros  Hollandiae,  pastor  in  Ulna  » 
(Copié  de  J.  Daris,  Analectes,  t.  XIV,  p.  353). 


—  208  — 

relire  les  Saints-Pères  et  répéter,  les  arguments  par 
lesquels  ils  combattaient  les  hérétiques  des  premiers 
siècles. 

Pendant  que  Delva  se  tenait  ainsi  sur  la  brèche,  la 
Providence  semblait  le  prendre  en  pitié  et  se  préparait 
à  le  ramener  dans  sa  maison  pastorale. 

Le  roi  de  France  Louis  XIV,  désireux  de  se  venger 
de  la  Hollande  qui  lavait  mis  en  échec  en  1667,  déclara 
la  guerre  à  cette  petite,  mais  vaillante  nation. 

En  1672,  son  armée  s'empara  de  Maestricht  et  de 
tout  le  pays  environnant.  Le  marquis  du  Monceau  fut 
nommé  gouverneur  et  intendant  pour  les  pays  d'Outre- 
meuse.  En  prenant  possession  de  son  poste,  il  envoya 
une  circulaire  à  tous  les  curés  pour  leur  commander, 
au  nom  du  Roi,  de  rentrer  dans  leurs  paroisses.  Delva 
ne  pouvait  souffrir  d'être  mis  sur  le  même  pied  que  les 
autres  pasteurs  qui  avaient  abandonné  leur  troupeau  ; 
aussi  s  cmpressa-t-il  de  répondre  par  la  lettre  suivante  : 

Remontre  humblement  Antoine  Delva,  pasteur  du  ban  d'Aulne 
au  comté  de  Dalhem  qu'il  a  tenu  sus  (combattu)  le  plus  grand  con- 
cours des  hérétiques  du  pays  de  Dalhem  vingt-trois  ans  en  ça,  avec 
la  privation  de  tous  ses  biens  pastoraux,  ayant  même  été  chassé  de 
son  église  et  de  sa  maison  pastorale  neuf  ans  entiers,  nonobstant 
quoi  il  n'a  pas  quitté  sa  paroisse,  mais  il  est  resté  pasteur  d'icelle  et 
y  a  maintenu  ses  ouailles  de  douze  villages  sous  les  haies  et  dans 
les  étables  à  toute  injure  du  temps,  en  un  coin  de  la  terre  de  Liège 
courant  au  centre  de  sa  paroisse,  où  à  présent  il  a  édifié  une  église 
nouvelle  d  aumônes  ramassées  ça  et  là  (1). 

Comme  il  entend  que  Sa  Majesté  commande  à  tous  pasteurs  de 
rentrer  en  leurs  paroisses,  il  prie  d'être  tenu  pour  diligent  puisqu'il 
n'est  pas  sorti  de  la  sienne,  et  qu'il  est  prêt  de  rentrer  même  dans 
sa  maison  pastorale  s'il  plait  à  Monsieur  le  Marquis  au  blanc  de 
cette  [lettre],  lui  en  marger  le  commandement. 

Ainsi  supplie  ...  (s). 

Le  vendredi  9  juin  1673,  Delva  se  présenta  au  pres- 

(1)  Nous  nous  sommes  permis  ici  une  interversion  pour  rendre  cette 
phrase  intelligible. 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  25. 


—  209  — 

bytère  devant  le  ministre  Chrouet,  et  lui  commanda  de 
sortir  le  lendemain,  car  il  se  proposait  de  venir  avec  ses 
effets  pour  prendre  possession  de  sa  maison. 

Chrouet  lui  demanda  de  lui  montrer  Tordre  écrit  en 
vertu  duquel  il  se  permettait  de  parler  ainsi  en  maître, 
mais  Delva  lui  répondit  qu'il  était  inutile  d'épiloguer, 
car  chacun  reprend  son  bien  où  il  le  trouve,  et  il  pré- 
tendait reprendre  le  sien  (i). 

Le  lendemain  samedi,  le  curé  ne  rentra  pas  encore 
dans  la  maison  pastorale,  mais  ses  paroissiens  esca- 
ladèrent l'église  à  laide  d'échelles,  et  s'en  rendirent 
maîtres  pour  les  offices  du  dimanche. 

Le  10  juin,  le  ministre  abandonna  le  presbytère 
et  alla  protester  devant  la  Justice  de  la  violence  qui 
lui  était  faite  (2).  Cette  plainte  n  eut  naturellement  au- 
cune suite. 

Rentré  dans  la  jouissance  de  tous  ses  droits,  Delva 
mit  la  main  à  l'œuvre  pour  réparer  les  ruines  accumu- 
lées par  tant  de  secousses  violentes.  On  se  tromperait 
toutefois  bien  fort  si  Ton  s  imaginait  qu'il  passa  tran- 
quillement les  dernières  années  de  sa  vie;  ce  furent  au 
contraire  des  années  bien  malheureuses  pour  le  pasteur 
et  les  ouailles.  Nous  aurons  bientôt  l'occasion  de  donner 
plus  de  détails  sur  ces  temps  calamiteux,  en  traitant  à 
part  l'histoire  de  la  seigneurie.  Nous  y  verrons  ce  que 
les  Olnois  eurent  à  endurer  de  la  part  des  différentes 
armées  qui  envahirent  le  territoire,  et  notamment  les 
fortes  contributions  de  guerre  qu'ils  durent  payer  (3). 

Contentons-nous  de  dire  ici  que  le  Chapitre  de 
Saint- Adalbert  et  le  curé  furent  imposés  au-dessus  de 
ce  qu'ils  avaient  coutume  de  payer  en  pareil  cas. 

Le  doyen  Rimberg  s'en  plaint  dans  une  lettre  à  Jean 
Wilkin  (4)  et  le  curé  vint  protester  devant  la  Cour  de 

(1)  Cour  de  justice  d'Olnc,  vol.  VI,  au  10  juin  1673. 

(2)  Ibidem,  au  12  juin  1673. 

(3)  Voir  notre  chapitre  XVII. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  24. 


—  210  — 

justice  contre  la  taxation  arbitraire  des  commis;  il  offrit 
même  de  payer  autant  que  les  trois  moulins  ensemble, 
mais  cela  ne  fut  pas  admis  (<). 

Il  y  eut  probablement  d'autres  réclamations,  car  la 
Cour  de  justice  ayant  conféré  avec  les  bourgmestres, 
publia  un  arrangement  daté  du  18  octobre  1674,  par 
lequel  elle  indiquait  la  part  du  chapitre,  du  mayeur,  du 
curé  et  du  prédicant  calviniste  dans  les  contributions 
de  guerre  (2). 

Delva  n'ayant  pu  payer  sa  part,  les  bourgmestres 
prirent  leur  recours  au  Souverain-Conseil  (3)  de  Maes- 
tricht,  et  affirmèrent  que  la  part  du  curé  pour  les  quatre 
années  écoulées  s'élevait  à  1,864  florins,  somme  énorme 
pour  ce  temps-là.  Le  Conseil  apostilla  sa  réponse  au  bas 
de  la  supplique  des  bourgmestres  : 

La  Cour  ordonne  au  curé  d'Olne  de  payer  dans  la  huitaine  aux 
suppliants  sa  quote  des  contributions  et  autres  taxes,  suivant  le 
règlement  ci-mentionné,  jusques  au  ier  jour  de  l'an  1676. 

Fait  en  Conseil  de  Sa  Majesté  à  Maestricht  le  22  février  1677  (4). 

Delva  ne  nous  apprend  pas  comment  il  s'est  tiré  d'af- 
faire. Comme  on  le  voit,  il  a  eu  à  souffrir  des  déboires 
et  des  tracasseries  jusque  dans  ses  derniers  moments. 
Dieu  voulait  sans  doute  le  purifier  par  l'épreuve,  afin 
que  le  moment  de  sa  mort  fût  celui  de  sa  glorification. 

Il  avait  eu  la  douleur,  vers  1675,  de  perdre  Jean 
Wilkin,  son  meilleur  ami  et  conseiller;  il  comptait  bien 
peu  lui  survivre,  car  dans  son  testament  du  20  juillet 
1669,  il  lui  avait  légué  une  brasserie  dont  il  était  pro- 
priétaire (s). 

(1)  Cour  de  justice  <TOlnet  reg.  VII,  au  18  octobre  1674.  Les  trois 
moulins  sont  les  deux  moulins  banaux  d'Olne,  situés  à  Vaux,  et  celui  du 
ban  de  Soiron  situé  sur  le  territoire  d'Olne  près  de  Nessonvaux. 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  26. 

(3)  Ce  Souverain-Conseil  avait  été  organisé  par  les  Français  pour  le 
Brabant,  le  Limbourg  et  les  trois  pays  d'Outremeu9e. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  27. 

(5)  Registre  de  Delva,  p.  199. 


—  211  — 

Lui-même  rendit  son  âme  à  Dieu  le  20  octobre 
1678.  Il  reçut  sa  sépulture  dans  le  chœur  de  l'église 
d'Olne,  et,  en  1864,  on  pouvait  encore  lire  son  épi- 
taphe,  qui  résumait  admirablement  la  carrière  de  ce 
digne  prêtre  (\). 

Les  adversaires  de  Del  va  eux-mêmes  ont  rendu 
hommage  à  cet  homme  de  bien  :  de  l'aveu  de  Chrouet, 
il  fut  un  écrivain  aussi  élégant  qu'érudit,  et  un  théo- 
logien aussi  subtil  que  bien  préparé  par  l'étude  des 
livres  saints. 

Cequi  dut  assombrir  les  derniers  moments  de  Delva, 
ce  fut  la  certitude  que  de  nouveaux  malheurs  allaient 
fondre  sur  son  troupeau. 

XV. 

PERSÉCUTION  DES  CATHOLIQUES  EN  VIOLATION 

DES  TRAITÉS. 

Le  10  août  1678,  la  paix  avait  été  conclue  et  signée 
dans  la  ville  de  Nimègue  entre  le  roi  de  France  et  les 
Provinces- Unies. 

Un  article  de  ce  traité  rendait  aux  Hollandais  les 
territoires  qu'ils  possédaient  avant  la  guerre  :  Olne  et 
plusieurs  autres  communes  du  comté  de  Dalhem  leur 
furent  ainsi  de  nouveau  livrées. 

Mais  un  autre  article  de  ce  traité  stipulait  que  la 
religion  catholique  serait  librement  exercée,  que  les 
églises  seraient  réservées  à  notre  culte,  et  que  les  ecclé- 
siastiques conserveraient  leurs  biens  (2). 

Malheureusement,  ces   stipulations  ne  furent  pas 

(  1  )  Cette  pierre  tombale  fut  détruite  dans  une  restauration  de  l'église  ; 
on  y  lisait  cette  épitaphe  :  «  Fuit  Antonius  Delva  ex  agro  Xhoriensi  per 
»  academiam  Lovaniensem  pastor  in  Ulna  ab  anno  1646  ad  annum  1678  ; 
»  inter  sacros  hujus  œdis  parietes  restitit  Calvinismo,  jacet  hic  non  invi- 
»  tas,  non  ignarus  ...  » 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  Il,  doc.  29;  c'est  une  copie  d'une  partie 
du  traité. 


—  212  — 

observées  :  dès  l'an  1679,  ^es  Hollandais  oublieux  de 
leurs  promesses,  se  saisirent  des  biens-fonds  des  églises 
et  confisquèrent  les  revenus  des  ecclésiastiques. 

Ils  prirent  possession  de  notre  église  pour  y  faire 
leur  prêche;  ils  autorisèrent  l'exercice  du  culte  catho- 
lique depuis  le  matin  jusqua  neuf  heures  et  l'y  inter- 
dirent depuis  neuf  heures  jusque  midi  sous  peine  de 
25  florins  d'amende. 

Ils  défendirent  les  processions,  usurpèrent  le  droit 
de  sonner  les  cloches,  et  revendiquèrent  le  monopole 
des  sépultures,  car  ils  prétendaient  procéder  aux  funé- 
railles des  catholiques  eux-mêmes  aussi  bien  dans  les 
églises  que  dans  les  cimetières  (i). 

Ils  remirent  en  vigueur  le  règlement  du  28  mars  i656 
sur  le  mariage  et  s'attribuèrent  la  bénédiction  de  toutes 
les  unions,  même  entre  parties  catholiques.  Voici  le 
texte  d'un  des  articles  :  «  Que  nuls  ecclésiastiques  ro- 
»  mains  ou  de  quelque  autre  secte,  de  quel  nom  elles 
»  peuvent  être  nommées,  ne  s'avancent,  de  fiancer, 
»  espouser  ou  respouser  quelqu'un,  sous  peine,  la  pre- 
»  mière  fois,  que  le  lieu  de  leur  résidence  leur  sera 
»  interdit,  et  s'ils  tirent  quelque  aliment  du  pays,  iJs  en 
»  seront  déchus,  et  la  seconde  fois  bannis  de  nos  terres 
»  pour  toujours  (2).  » 

En  1684,  nos  nouveaux  maîtres  défendirent  l'admi- 
nistration publique  des  sacrements. 

En  i685,  ils  prohibèrent  les  écoles  catholiques. 

Enfin  ils  s'emparèrent  de  tous  les  biens  et  revenus 
des  ecclésiastiques  réduisant  les  prêtres  à  vivre  d'au- 
mônes (3). 

Comme  on  le  voit,  les  catholiques  étaient  mis  hors 
la  loi.  A  partir  de  i685,  ils  ne  purent  plus  aspirer  à 
aucune  fonction  publique  rétribuée;  on  peut  s'en  con- 
vaincre par  la  lecture  du  serment  que  devaient  prêter 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  28. 

(2)  Ibidem,  coll.  I,  doc.  3o  et  coll.  II,  doc.  11. 

(3)  Ibidem,  coll.  II,  doc.  28. 


—  213  — 

les  échevins  de  la  Cour  de  justice  du  ban  d'Olne,  et 
dont  voici  le  passage  principal  :  «  Nous  promettons  et 
»  jurons  qu'étant  et  demeurant  de  la  vraie  religion  chré- 
»  tienne  réformée,  nous  demeurerons  fidèles  aux  Etats- 
»  généraux  des  Provinces- Unies..., en  outre,  que  nous 
»  protégerons  et  défendrons  de  tout  temps  les  inhabi- 
»  tants  ...  et  nommément  les  prédicant,  lecteur, recteur, 
»  marguillier,  maître  d'école  et  autres  personnes  delà 
»  vraie  religion  chrétienne  réformée  (1).  » 

Le  peuple  d'Olne  gémit  secrètement  et  étouffa  ses 
plaintes,  n'osant  les  faire  éclater  au  grand  jour  de  peur 
de  rendre  son  sort  encore  plus  rigoureux. 

Ce  fut  seulement  plusieurs  années  plus  tard,  à  l'oc- 
casion du  Congrès  des  puissances  européennes  à  Aix- 
la-Chapelle  que  les  habitants  d'Olne  osèrent  élever  la 
voix  et  confier  la  défense  de  leurs  intérêts  au  prince- 
évêque  de  Liège,  «  à  cet  effet,  disaient-ils,  que  notre 
»  sainte  religion  puisse  s'exercer  sans  empêchement, 
»  que  nos  prêtres  soient  exempts  de  la  judicature 
»  laïque,  nos  curés  et  nos  ecclésiastiques  restitués  dans 
»  leurs  biens  (2).  »    • 

C'est  une  chose  remarquable  que  les  sectaires,  avec 
tous  les  moyens  dont  ils  disposaient,  aient  obtenu  si 
peu  d'apostasies  dans  le  ban  d'Olne. 

A  part  les  quelques  familles  qui  abjurèrent  la  foi 
catholique  dans  les  premières  années  de  l'invasion,  on 
peut  dire  que  la  secte  ne  recruta  plus  de  nouveaux 
adhérents.  Le  ministre  Lenoir,  qui  a  consulté  à  ce 
sujet  les  archives  de  l'église  réformée  de  Hodimont,  ne 
cite  que  le  seul  Jean  Andrès  du  ban  d'Olne,  lequel 
apostasia  en  1693  (3). 

La  persécution  rendit  les  catholiques  plus  vaillants 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  I,  doc.  106 ;  ce  serment  se  trouve  au 
long  dans  les  Registres  de  la  Cour. 

(2)  Ibidem,  coll.  II,  doc.  3o. 

(3)  D.  Lenoir,  Histoire  de  la  Réformation  dans  l'ancien  pays  de 
Liège. 

28 


—  214  — 

dans  la  défense  de  leur  foi  :  les  écrits  de  Delva  nous 
ont  appris  que  les  premiers  protestants  qui  vinrent  à 
Olne  insultaient  volontiers  les  catholiques  et  tournaient 
leurs  croyances  en  dérision.  Il  n'en  fut  plus  ainsi  dans 
la  suite,  et  nous  voyons  des  réformés  rétracter  ou  dé- 
savouer publiquement  leurs  insultes. 

Voici  ce  que  nous  lisons  dans  les  archives  de  la  jus- 
tice d'Olne  :  «  Le  nommé  Jean  Thomsin,  faisant  pro- 
»  fession  de  la  religion  réformée  à  Olne,  ayant  appris 
»  par  le  bruit  public  qu'il  est  accusé  d'avoir  dit  au 
»  sujet  des  hosties  de  1  église  romaine  des  paroles  inso- 
»  lentes  au  dernier  point,  qui  choqueraient  l'honnêteté 
»  et  la  pudeur  à  les  prononcer  seulement,  et  telles  qu'il 
»  mériterait  la  censure  même  de  ceux  de  sa  religion, 
»  s'il  les  avait  dites  comme  on  les  rapporte,  les  désa- 
»  voue  publiquement  comme  fausses  et  malicieusement 
»  inventées  contre  lui  (1).  » 

D'autre  part,  nous  lisons  dans  le  même  recueil  que 
les  calvinistes  déposèrent  une  plainte  contre  des  insultes 
dont  ils  disaient  être  l'objet  de  la  part  des  catholiques. 
Ceux-ci  avaient  osé,  avant  la  fin  du  prêche,  sonner  les 
cloches  pour  la  messe  basse  qui  se  célébrait  à  midi  ; 
de  plus,  ils  entraient  à  1  église  avant  que  tous  les  réfor- 
més ne  fussent  sortis,  et  rencontrant  ces  derniers  dans 
la  porte,  ils  ne  craignaient  pas  de  les  toucher  du 
coude  en  passant.  Pour  éviter  de  nouveaux  conflits, 
et  pour  surveiller  l'entrée  et  la  sortie  de  l'église,  de 
Buirette,  seigneur  d'Olne,  ordonna,  le  9  octobre  1686, 
au  sergent  ou  forestier  de  s'y  trouver  tous  les  jours  de 
prêche  (*). 

L'archidiacre  du  Condroz,  ayant  fait  à  cette  époque 
une  visite  de  l'église  d'Olne,  en  a  écrit  une  relation  dans 
laquelle  il  récapitule  toutes  les  confiscations  accomplies 
par  les  protestants. 

Non  seulement  les  revenus  de  la  cure  et  des  fon- 

(1)  Cour  de  justice  d'Olne,  vol.  XVII,  au  17  décembre  1699. 

(2)  Ibidem,  vol.  XLVI  (rôles  d'office),  au  12  octobre  1686. 


—  215  — 

dations,  mais  ceux  de  la  fabrique  avaient  été  confis- 
qués par  les  Hollandais.  Il  en  était  de  même  du  béné- 
fice de  Saint-Sébastien,  dont  l'autel  se  trouvait  dans 
la  petite  nef  du  côté  de  lepître.  Ce  bénéfice  avait 
été  conféré  pour  la  dernière  fois  par  Delva  au  révé- 
rend François  de  Brust,  mais  depuis  la  confiscation 
l'office  n'en  était  plus  célébré  ;  il  n'a  jamais  été  rétabli 
depuis  (1). 

Les  protestants  avaient  respecté  les  fondations  faites 
en  faveur  des  pauvres  ;  les  revenus  en  étaient  peu  con- 
sidérables et  étaient  administrés  par  deux  mambours 
désignés  par  le  curé  (*). 

Dans  le  rapport  de  l'archidiacre,  il  est  fait  mention 
d'une  école  paroissiale.  Les  institutions  de  ce  genre 
ayant  été  supprimées,  il  ne  peut  être  question  que  de 
l'école  de  Froidheid,  située  en  dehors  du  ban  d'Olne 
et  fréquentée  par  les  enfants  du  village  (3). 

Nous  verrons  bientôt  que  les  vicaires  de  Froidheid, 
de  Saint-Hadelin  et  de  Basse-Fraipont  tenaient  des 
écoles.  Ils  se  faisaient  parfois  remplacer  par  des  laïcs, 
et  l'archidiacre  exige  que  ces  instituteurs,  avant  d'être 
admis  à  enseigneur  la  religion,  fassent  une  profession 
de  foi  devant  le  curé  de  la  paroisse. 

A  cause  des  protestants,  il  n'y  avait  pas,  dans  notre 
église,  de  lumière  devant  le  Saint  Sacrement. 

La  situation  des  catholiques,  telle  que  nous  l'avons 
décrite  dans  ces  dernières  pages,  s'est  maintenue  pen- 
dant toute  la  période  hollandaise  ;  nous  devons  main- 
tenant reprendre  notre  narration. 

(1)  La  relation  de  l'archidiacre  a  été  transcrite  par  J.  Daris,  Analectes, 
t.  XIV,  p.  344. 

(2)  Sommier  de  Delva,  p.  21 5. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  V,  doc.  45. 


—  216  — 

XVI. 

LA  PAROISSE  D'OLNE  A  LA  FIN  DU  XVII'  SIÈCLE. 

BAUDOUIN  SPIRLET. 

A  la  mort  de  Delva,  son  beau-frère  et  héritier  Mar- 
tin Louys,  le  curé  de  Soiron,  Ramai,  et  le  curé  d'Ensi- 
val,  Baudouin  Spirlet,  écrivirent  une  lettre  commune 
au  révérend  Herman  de  Stockem,  archidiacre  du  Con- 
droz,  pour  obtenir  la  nomination  de  Jacques  Prayon, 
vicaire  de  Delva,  en  qualité  de  vice-curé  jusque  la 
Saint-Jean  de  1679  (i). 

Cette  demande  leur  fut  accordée.  Avant  l'expiration 
des  pouvoirs  de  Prayon,  les  chanoines  de  Saint-Adal- 
bert  nommèrent  à  la  cure  d'Olne  le  prêtre  Henri 
Abinden,  né  à  Helchteren,  village  de  la  partie  flamande 
de  la  principauté  de  Liège  (2). 

Le  nouveau  pasteur  ne  put  jouir  de  la  maison  pas- 
torale, dans  laquelle  le  prédicant  Chrouet  était  déjà 
réinstallé  ;  il  dut  se  réfugier  à  Froidheid,  probablement 
dans  la  maison  occupée  autrefois  par  Antoine  Delva  ; 
il  y  était  encore  au  18  juin  i683  (3). 

Les  supérieurs  d' Abinden  l'obligèrent  toutefois  à 
aller  faire  les  principaux  offices  pastoraux  dans  l'église 
d'Olne  ;  jugeant  avec  raison  qu'on  devait  céder  le 
moins  possible  à  l'hérésie  et  la  combattre  sur  son 
propre  terrain,  ils  forcèrent  Abinden  à  accepter  les 
heures  indiquées  par  les  réformés  pour  l'exercice  du 
culte  catholique  à  l'église  paroissiale  :  les  fidèles  de- 
vaient quitter  1  église  à  neuf  heures,  et  vers  midi,  lors- 
que le  prêche  des  hérétiques  était  terminé,  on  disait 
encore  une  messe  basse  (4). 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  3ic. 

(2)  Il  signait  son  nom  Van  den  Eynden,  mais  la  coutume  était  de  dire 
Abinden. 

(3)  Cour  de  justice  d'Olne,  vol.  XLVI  (rôles  d'office),  à  cette  date. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  2  5. 


—  217  — 

Ce  fut  vers  la  fin  du  mois  de  septembre  1679,  un 
dimanche,  que  le  curé  Abinden  alla  pour  la  première 
fois  célébrer  la  sainte  messe  dans  l'église  d'Olne.  Sous 
le  prétexte  qu'il  n'était  pas  reconnu  par  leur  gouverne- 
ment, les  Hollandais  le  firent  poursuivre  par  de  Bui- 
rette,  seigneur  du  lieu,  mais  ce  dernier  le  laissa  libre 
sur  sa  déclaration  qu'il  avait  dit  la  messe,  non  comme 
curé,  mais  comme  prêtre  de  passage  (1). 

Abinden  célébra,  depuis  lors,  tous  les  offices  solen- 
nels dans  l'église  d'Olne  ;  il  dut  pour  cela  agir  avec  une 
grande  prudence,  car  la  liberté  du  culte  était  fort  res- 
treinte et  la  transgression  des  règlements  civils  punie  de 
l'exil  ou  d'autres  peines  sévères.  Ainsi,  le  prédicant 
Chrouet  prétendait  avoir  droit  au  monopole  des  inhu- 
mations, et  le  curé  devait  éluder  les  règlements  civils 
pour  donner  la  sépulture  religieuse  aux  catholiques. 
Pour  se  tirer  d'affaires,  il  avait  l'intention  de  mettre  à 
exécution  le  projet  conçu  par  Delva  et  approuvé  par 
Farchidiacre  du  Condroz,  à  savoir  :  de  construire  un 
cimetière  près  de  l'église  de  Froidheid,  et  de  faire  dans 
celle-ci  les  cérémonies  funèbres. 

Les  habitants  du  village  s'opposaient  à  ce  projet,  et 
les  deux  commis  ou  bourgmestres,  au  nom  de  la  com- 
munauté, envoyèrent  une  protestation  au  baron  de 
Surlet,  grand-vicaire  de  Liège,  qui,  le  16  novembre 
1681,  leur  écrivit  la  réponse  suivante  : 

Messieurs, 

C'est  un  abus  de  dire  qu  on  ait  donné  à  votre  pasteur  la  per- 
mission de  faire  un  cimetière  près  de  la  neuve  église  ;  il  sait  au 
contraire  les  admonestations  bien  sérieuses  qu'on  lui  a  faites  de 
dire  la  sainte  messe  et  de  faire  les  autres  fonctions  pastorales  dans 
la  vieille  église  le  plus  assidûment  que  faire  se  pourrait,  pendant 
quel  temps  il  ferait  aussi  bien  de  chercher  condition  ailleurs, 
comme  chose  qui  servirait  tant  à  sa  propre  satisfaction  qu'à  celle 
delà  communauté  ...  (2). 

(  1)  Cour  de  justice  d'Olne,  vol.  XLVI  (rôles  d'office),  au  26  septembre 
1679. 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  33. 


—  218  — 

Abinden  resta  à  son  poste,  et  nous  pouvons  consta- 
ter qu'il  avait  conservé  l'estime  et  l'amour  de  ses  parois- 
siens qui  firent  pour  lui  de  grands  sacrifices.  Comme 
nous  l'exposerons  bientôt,  les  Olnois  durent  fournir 
vers  l'année  1690  de  grosses  contributions  de  guerre 
aux  armées  françaises;  la  part  du  curé  fut  évaluée  à  la 
somme  de  594  florins  12  patars.  Or,  le  23  décembre 
1692,  les  commis  et  les  principaux  habitants  eurent 
une  entrevue  avec  Abinden  au  consistoire,  entrevue 
dans  laquelle  ils  décidèrent  que  «  en  considération  que 
»  iceluy  est  privé  de  la  maison  pastorale,  et  qu'il  a  été 
»  forcé  de  se  pourvoir  d'autre,  il  a  été  convenu  pour 
»  son  désintéressement,  et  en  considération  des  services 
»  qu'il  rend  audit  ban,  de  lui  déduire  la  somme  de 
»  480  florins  ...  (<).  » 

Abinden  devait  à  cette  époque  avoir  quitté  Froid- 
heid  et  être  venu  s'établir  près  de  son  église  parois- 
siale, mais  nous  n'avons  pu  découvrir  la  date  exacte 
de  son  départ. 

La  nouvelle  église  bâtie  à  Froidheid  ne  devint  pas 
pour  cela  inutile  :  elle  servit  aux  habitants  de  Vaux  et 
Nessonvaux  qui  y  remplirent  leurs  devoirs  religieux. 
A  partir  de  1691,  un  prêtre  nommé  Renier  Ziane  vint 
résider  près  de  cette  chapelle  et  y  remplit  pendant  près 
de  trente-cinq  ans  les  fonctions  d'un  zélé  vicaire,  non 
seulement  les  dimanches  et  fêtes,  mais  aussi  pendant  la 
semaine,  au  grand  avantage  et  à  la  consolation  des 
fidèles  de  cette  partie  de  la  paroisse  (â). 

Le  curé  avait  appelé  auprès  de  lui  son  neveu  Jean 
Abinden,  qui  était  prêtre.  Le  dimanche,  il  l'envoyait  à 
la  Basse-Fraipont  pour  y  dire  la  messe  (s).  Le  vicaire 
Jacques  Prayon  avait  auparavant,  pendant  plusieurs 
années,  rendu  le  même  service  (4). 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  36. 

(2)  Ibidem,  coll.  V,  doc.  33. 

(3)  Ibidem,  doc.  5. 

(4)  Ibidem,  doc.  5bi«. 


—  219  — 

La  messe  fut  célébrée  d'abord  dans  la  maison  de 
Jean  Cornet,  manant  de  Fraipont;  en  1698,  une  cha- 
pelle fut  construite  par  les  soins  de  Jean  Abinden,  qui 
fit  des  collectes  dans  ce  but,  et  fut  aidé  par  les  libéralités 
de  trois  des  principaux  habitants  et  de  l'évêque  de 
Liège,  Joseph-Clément  de  Bavière,  qui  donna  l'em- 
placement :  un  terrain  communal  nommé  LesPlaces(\). 

Cette  chapelle  ne  fut  qu'un  simple  oratoire,  car  elle 
ne  fut  pas  bénie,  et  Ton  ne  pouvait  y  dire  la  messe  sans 
une  autorisation  spéciale  de  l'évêque,  autorisation  qui 
devait  être  renouvelée  tous  les  sept  ans  sur  la  demande 
des  habitants  (2).  Il  y  eut  toujours  depuis  lors  à  la 
Basse- Fraipont  des  vicaires  chargés  de  prêcher,  d'ad- 
ministrer les  sacrements  et  de  tenir  une  école. 

Le  jeune  Abinden  avait  décliné  les  offres  qui  lui 
furent  faites  par  les  habitants  de  Vaux  et  de  Nesson- 
vaux  pour  une  placedeprêtre-marguillier-instituteur(3); 
il  agréa  plus  tard  les  propositions  des  habitants  de 
Saint-Hadelin  et  alla  remplir  les  fonctions  de  vicaire 
dans  la  chapelle  de  ce  nom  (4). 

Henri  Abinden  mourut  en  1699.  Il  avait  eu,  sur  la 
fin  de  sa  vie,  des  difficultés  avec  Abel  de  Lambermont, 
ministre  d'Olne,  et  fut  forcé  de  satisfaire  aux  exigences 
de  ce  dernier  (5). 

Nous  ne  pouvons  terminer  l'histoire  religieuse  d'Olne 
au  XVIIe  siècle,  sans  dire  un  mot  d'un  des  plus  nobles 
enfants  de  notre  localité. 

Baudouin  Spirlet  était  fils  d'un  meunier  de  Vaux- 
sous-Olne  (6).  Il  se  distingua  tellement  par  son  intelli- 
gence, qu'Antoine  Delva  le  jugea  digne  d'être  envoyé  à 
l'Université  de   Louvain,   où  il  conquit  le  grade  de 

1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  26. 

2)  Ibidem, 

3)  Ibidem,  coll.  II,  doc.  37. 

4)  Registre  archivai  de  r église  Saint-Hadelin. 

5)  Cour  de  justice  d'Olne,  vol.  XIV,  fol.  93. 

6)  Son  père  était  Baudouin  Spirlet,  son  frère  Franck  Spirlet. 


—  220  — 

maître  ès-arts.  Devenu  prêtre,  il  fut  pendant  dix  ans 
vicaire-marguillier  à  Olne  (1).  En  1675,  il  fut  promu  à 
la  cure  d'Ensival  par  suite  de  la  résignation  faite  en 
sa  faveur  par  le  curé  Olivier  Polis  (2). 

Il  conserva  d'intimes  relations  avec  Antoine  Delva, 
qui  lui  laissa  par  son  testament  la  moitié  de  ses  livres, 
à  condition  de  prier  Dieu  pour  l'âme  du  testateur  (3). 
Nous  avons  déjà  rapporté  son  intervention  à  Olne  après 
la  mort  de  son  illustre  ami. 

En  1700,  Baudouin  Spirlet  fut  élu  doyen  du  Concile 
de  Saint- Remacle-au- Pont  par  ses  collègues  les  curés 
de  ce  Concile  ;  il  exerça  cette  nouvelle  fonction  tout  en 
restant  curé  d'Ensival.  En  sa  qualité  de  doyen,  il  orga- 
nisa une  collecte  en  faveur  de  l'église  de  Froidheid, 
dont  le  toit  menaçait  ruine  et  était  en  partie  détruit  (4). 
Nous  ne  devons  pas  nous  étonner  de  son  zèle  pour  cette 
chapelle,  qu'il  avait  fréquentée  dans  sa  jeunesse.  Ce 
prêtre  distingué  mourut  à  Ensival  le  ier  février  1713. 

XVII. 

LA  SEIGNEURIE  SOUS  LES  BUIRETTE  (1668-1694). 

LES  MAUX  DE  LA  GUERRE. 

Pour  la  facilité  du  lecteur,  nous  avons  réuni  dans 
les  chapitres  précédents  ce  qu'on  pourrait  appeler  notre 
histoire  religieuse  au  XVIIe  siècle.  Nous  devons  mainte- 
nant retourner  sur  nos  pas,  et  reprendre  l'histoire  de 
la  seigneurie  au  point  où  nous  l'avons  laissée.  La  sei- 
gneurie fut  achetée  le  6  octobre  1668  par  Daniel  Bui- 
rette  à  Gilbert,  fils  et  héritier  de  Jean-Guillaume  de 
Thill,  de  son  vivant  seigneur  d'Olne  (5). 

Daniel  Buirette  était  bourgeois  de  Maestricht,  et  y 

(1)  Cour  de  justice  d Olne,  vol.  VIII,  au  24  mai  1677. 

(2)  Archives  de  V église  d'Ensival. 

(3)  Registre  de  Delva,  p.  199. 

(4)  Archives  pastorales ,  coll.  V,  doc.  27». 

(5)  La  Cour  d'Olne  écrivait  toujours  de  Buirette. 


—  221  — 

résidait  habituellement  ;  cependant  on  doit  conclure  de 
certains  passages  de  notre  Cour,  qu'il  vint  parfois 
résidera  Olne  dans  une  maison  qu'il  acheta  Tan  1674, 
par  devant  cette  même  Cour. 

Avec  la  seigneurie,  il  avait  acquis  le  droit  de  nom- 
mer les  fonctionnaires  de  la  justice,  le  mayeur  excepté; 
il  eut  à  ce  sujet  de  graves  difficultés  avec  les  hollandais; 
ceux-ci  disposaient  des  échevinages  en  maîtres  absolus 
et  le  pouvoir  du  seigneur  se  trouvait  réduit  à  rien. 

Le  5  mars  1671,  le  sieur  A.  Martini,  procureur- 
général  de  Brabant,  vint  à  Olne,  fit  assembler  la 
justice,  et  en  vertu  d'une  résolution  prise  en  1666 
par  les  Etats-Généraux,  déposa  les  échevins  Wathelet 
Nizet  et  Henri  Heuskin.  Il  alléguait  qu'il  y  avait  en 
ce  ban  assez  de  personnes  faisant  profession  de  la 
religion  réformée;  qu'il  fallait  donc  observer  les  ordon- 
nances souveraines  et  remercier  les  romains,  comme 
il  disait  (1). 

De  Buirette  remarqua  que  les  Hollandais  qui  appli- 
quaient en  toute  rigueur  celles  des  ordonnances  qui 
favorisaient  la  religion  réformée,  négligeaient  de  faire 
observer  d'autres  points  très  importants.  Il  assembla 
les  échevins  le  28  juillet  1671  et  leur  rappela  qu'ils 
étaient  obligés  d'habiter  dans  le  ressort  de  la  Cour  (2). 
Or,  plusieurs  des  échevins  protestants  résidaient  dans 
d'autres  territoires,  au  détriment  de  la  justice  et  au 
grand  désavantage  des  habitants;  protégés  en  haut  lieu, 
les  échevins  ne  tinrent  aucun  compte  des  observations 
de  leur  chef. 

Les  bruits  d'une  guerre  prochaine  circulaient  en  ce 
moment,  et  de  Buirette  établit  à  Olne  un  corps  de 
veilleurs  pour  assurer  la  tranquillité  publique.  11  leur 
promit  un  drapeau,  et  leur  ordonna  d  obéir  à  Henri 
Wilkin,  qu'il  avait  nommé  capitaine  (3). 

(1)  Cour  cTOlne,  vol.  VI,  au  5  mars  1671. 

(2)  Ibidem,  au  28  juillet  1671. 

(3)  Ibidem. 

5fc> 


—  222  — 

Il  était  temps,  car  la  guerre  éclata  en  1672.  Nous 
avons  déjà  vu  comment  Louis  XIV  attaqua  la  Hol- 
lande et  s'empara  de  Maestricht  ;  à  la  fin  de  cette 
année  le  ban  d'Olne  fut  occupé  par  un  détachement 
de  l'armée  française. 

L'invasion  nous  valut,  il  est  vrai,  le  retour  de 
Delva,  mais  de  combien  de  maux  ne  fut-elle  pas  accom- 
pagnée ! 

La  population  d'Olne  souffrit  énormément  :  elle 
fut  réellement  saignée  à  blanc  par  les  contributions  de 
guerre  :  pendant  les  seules  années  1672  et  1673,  les 
Olnois  durent  payer  en  contributions  de  guerre  à  l'ar- 
mée du  roi  de  France  la  somme  de  10,822  florins. 

Pendant  le  même  laps  de  temps,  ils  durent  encore 
fournir  à  cette  armée  trois  mille  trois  cent  une  rations 
en  nature,  tant  pour  les  hommes  que  pour  les  che- 
vaux, et  la  valeur  totale  en  fut  de  4,961  florins  et 
demi. 

Enfin  ils  durent  livrer  un  nombre  considérable  de 
pièces  de  bétail,  pour  la  valeur  de  5,425  florins  (4). 

La  situation  empira  encore  vers  la  fin  de  l'année 
1673,  car  le  i3  octobre  l'Espagne  déclara  la  guerre  à  la 
France,  et  les  habitants  des  provinces  belges  furent  les 
premières  victimes  du  conflit.  Aussi  vit-on  beaucoup 
de  gens  émigrer  vers  la  principauté  de  Liège,  qui  était 
pays  neutre  ;  Verviers  reçut  un  tel  nombre  de  Lim- 
bourgeois  que  les  rues  en  furent  encombrées  (2).  Un 
détachement  de  l'armée  espagnole  traversa  le  territoire 
d'Olne  et  nous  imposa  une  contribution  de  guerre  de 
9,759  florins  et  10  patars  (3). 

Pour  comble  d'infortune,  l'empereur  intervint  dans 
la  lutte  et  une  division  de  l'armée  allemande,  com- 
mandée par  le  comte  de  Sauche,  se  dirigea  sur  Galoppe 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  26. 

(2)  Ces  faits  sont  tirés  de  Namèche  ;  celui  concernant  Verviers,  de 
Nautet,  Notices  historiques,  t.  II,  p.  332. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  26. 


—  223  — 

et  Dalhem  et  de  là  sur  Chênée  pour  se  rendre  aux 
Pays-Bas,  et  là  opérer  sa  jonction  avec  les  Espagnols 
et  les  Hollandais;  les  Impériaux  passèrent  donc  dans 
le  voisinage  d'Olne,  dont  les  habitants  durent  leur 
fournir  douze  vaches  (i). 

Plusieurs  furent  ruinés  par  ces  exécutions  multi- 
pliées ;  nous  avons  vu  que  le  curé  Delva  se  trouva  hors 
d  état  de  payer  et  que  les  tracasseries  dont  il  fut  l'objet 
avancèrent  sa  mort. 

Finalement  les  Français  furent  les  plus  forts  et  occu- 
pèrent le  pays  pendant  six  années. 

Les  échevins  établis  par  les  Hollandais  s  étant  éloi- 
gnés avec  ces  derniers,  l'intendant  du  Monceau,  qui 
gouvernait  les  pays  d'Outremeuse  au  nom  du  roi  de 
France,  écrivit  le  3  avril  1674  une  lettre  à  Daniel  de 
Buirette  pour  lui  ordonner  de  réorganiser  la  justice  à 
Ol ne,  et  de  nommer  des  personnes  capables  professant 
la  religion  catholique  et  résidant  dans  ce  ban;  sans 
quoi  il  se  verrait  obligé,  disait-il,  de  faire  lui-même  ces 
nominations  d  office  (2). 

De  Buirette  s'exécuta  :  il  vint  à  Olne  le  5  mai  sui- 
vant et  réorganisa  la  justice  d'après  les  ordres  de  l'in- 
tendant français  (3). 

Les  catholiques  ne  jouirent  pas  longtemps  de  leur 
triomphe;  la  paix  de  Nimègue  nous  ayant  rendus  à  la 
Hollande,  les  anciens  échevins  furent  rappelés  et  trois 
nouveaux  furent  nommés  d'office  par  les  commissaires 
de  Maestricht. 

Le  lieutenant-mayeur  (4)  ne  voulut  pas  les  admettre 
au  serment  sans  y  être  autorisé  par  le  seigneur  du  lieu, 
qui  finit  par  donner  son  consentement,  tout  en  pro- 
testant dans  les  termes  suivants  :   «  Le  seigneur  de  ce 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  26. 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  VI,  au  5  mai  1674. 

(3)  Même  séance. 

(4)  Le  mayeur  Nizet,  étant  catholique,  n'était  plus  admis  à  l'exercice 
de  sa  charge  et  se  faisait  remplacer  par  un  calviniste,  Gilles  André. 


— —     ^4  y    — — 

»  lieu,  ayant  appris  que  Mathieu  Nizet,  Jean-Grégoire 
»  et  Pierre  Quedricq,  seraient  pourvus  de  commissions 
»  d'échevins  ...,   signées  de  Messeigneurs  Verbolt  et 
»  Werkendam   ...,    dernièrement  commissaires   déci- 
»  seurs  députés  de  leurs  hautes  puissances  (4)  à  Maes- 
»  tricht,  comme  estant  de  la  religion  réformée  au  lieu 
»  de  ceux  qui  estaient  de  la  religion  romaine  et  qu'en 
»  vertu   des   dites  commissions,    ils  voudraient   être 
»  admis   au    consistoire   scabinal   (2),    ledit   seigneur 
»  déclare   sous    protestation    de    ne   vouloir   déroger 
»  au  droit  de  collation  qui  lui  appartient   incontes- 
»  tablement  en  vertu  de  ses  lettres  patentes  d'achat  ; 
»  déclare  de  consentir  par  respect  à  telle  admission, 
»  pourvu  que  lesdits  prénommés  passent  le  serment 
»  prescrit  par  leurs  hautes  puissances,  qui  leur  sera 
»  prélu  (3).  » 

Tous  ces  changements  ne  pouvaient  être  que  nui- 
sibles, aussi  le  seigneur  reçut-il  bientôt  des  récla- 
mations au  sujet  de  la  mauvaise  administration  de  la 
justice  (4). 

Il  vint  à  Olne  le  19  mai  1682,  et  constata  le  bien- 
fondé  des  plaintes  qu'il  avait  reçues.  En  effet,  aucun 
juge  ou  échevin  ne  résidait  dans  ce  ban  :  les  uns 
étaient  éloignés  d'une  lieue  et  demie;  d'autres  de  trois 
lieues;  d'autres  même  de  six  lieues.  Rarement  la  Cour 
était  en  nombre,  et  jamais  les  manants  ne  pouvaient 
obtenir  la  présence  d'un  juge  pour  les  cas  urgents, 
comme  les  reliefs  à  faire  en  cas  de  succession,  et  les 
testaments  en  cas  de  maladie  (s). 

Pour  obvier  à  cette  situation,  de  Buirette  nomma 
deux  échevins  surnuméraires,  catholiques  de  religion 
et  résidant  à  Olne  :   Wathelet  Nizet  et  Pierre  Pétry. 

(1)  On  titulait  ainsi  les  Etats-Généraux  de  Hollande. 

(2)  Tribunal  des  échevins. 

(3)  Cour  cTOlne,  vol.  IX,  au  17  mars  1681. 

(4)  Ibidem,  vol.  X,  au  29  septembre  1681. 

(5)  Ibidem,  au  19  mai  1682. 


—  225  — 

Nécessité  n  a  pas  de  loi  :  les  Hollandais  furent  obligés 
de  ronger  leur  frein  et  d'accepter  cette  transaction  de- 
venue nécessaire. 

Le  petit  nombre  des  réformés  occasionna  une  autre 
amélioration  dans  la  situation  des  catholiques.  Avant 
l'invasion  française  de  1672,  les  deux  commis  ou 
bourgmestres  devaient  être  de  la  religion  réformée  : 
l'un  devait  faire  partie  du  tribunal  des  échevins,  l'autre 
était  pris  parmi  les  simples  manants  (i).  A  partir  de 
1678,  il  y  eut  un  bourgmestre  de  chacun  des  deux 
cultes  :  un  catholique  et  un  réformé. 

Nous  n'avons  pas  parlé  d'un  long  procès  que 
Daniel  de  Buirette  soutint  contre  Jean-Philippe  de 
Calwaert,  seigneur  de  Fraipont  et  d'autres  lieux. 
Celui-ci,  en  vertu  d'un  accord  conclu  eh  1399  entre 
le  Chapitre  de  Saint-Adalbert  et  Tristant,  seigneur 
de  Fraipont,  prétendait  avoir  le  droit  de  pêcher  dans 
la  rivière  de  Vesdre,  aussi  loin  que  s'étendait  la 
juridiction  d'Olne  («).  De  Buirette  qui  lui  contestait 
ce  droit,  n'hésita  pas  à  le  faire  attraire  devant  les 
tribunaux.  Ce  procès  se  termina  par  une  sentence 
de  la  Haute  Cour  de  Dalhem,  du  25  octobre  1678, 
qui  déclarait  le  seigneur  de  notre  ban  mal  fondé 
et  non  recevable  dans  son  action  et  le  condamnait  aux 
dépens  (3). 

Il  était  entendu  que  le  seigneur  de  Fraipont  restait 
obligé  de  payer  annuellement  le  tribut  d'un  poisson  à 
chacun  des  officiers  de  la  Cour  d'Olne,  comme  sire 
Tristant  l'avait  promis  ;  et  que  le  seigneur  d'Olne  res- 
tait maître  de  la  pêche  dans  une  partie  de  la  Vesdre  ; 
cette  partie  fut  cédée  en  location  le  22  avril  1684,  au 
nommé  Christian  Cornet,  pour  16  florins  annuellement 
et  dix  livres  de  belles  truites  (4). 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  VI,  au  28  juillet  1671. 

(2)  Registres  de  la  Cour  féodale  et  allodiale  de  Dalhem,  carton. 

(3)  Ibidem,  reg.  V. 

(4)  Cour  d'Olne,  vol.  X,  au  3o  juin  1681. 


—  226  — 

Daniel  de  Buirette  était  mort  à  la  fin  de  1682  ; 
il  fut  remplacé  par  son  fils  Daniel-Albert  de  Buirette 
qui  releva  le  fief  devant  le  gouverneur  de  Dalhem  le 
4  janvier  i683  (4). 

Ce  jeune  seigneur  se  donna  beaucoup  de  peine  pour 
faire  observer  la  justice  distributive  dans  la  perception 
des  tailles  ;  dans  ce  but  il  réorganisa  l'institution  des 
régleurs  et  surveilla  leur  gestion  (2).  Daniel-Albert  doit 
être  décédé  vers  Tannée  1688,  car  dans  les  années  sui- 
vantes on  voit  figurer  en  tête  des  actes  le  nom  de  sa 
mère  Anne-Marie  de  Freisheim,  qui  administrait  à  la 
place  de  son  fils  puiné  Jean  de  Buirette. 

La  situation  de  fortune  de  la  famille  de  Buirette 
n'était  pas  brillante,  et  le  moment  vint  où  ses  créan- 
ciers furent  autorisés  à  faire  mettre  en  vente  la  seigneu- 
rie d'Olne,  qui  fut  achetée  par  le  baron  G.  dOlne  (a). 

L'administration  de  la  veuve  Buirette  avait  duré 
environ  quatre  ans;  elle  fut  troublée  par  des  calamités 
qui  méritent  une  attention  particulière. 

XVIII. 

DÉVASTATION  DU  BAN  D'OLNE 
PAR  L'ARMÉE  FRANÇAISE  (1689-1694). 

Le  roi  de  France  Louis  XIV  s'engagea,  en  1689, 
dans  une  nouvelle  guerre  contre  l'Allemagne  et  la  Hol- 
lande. Les  habitants  du  ban  d'Olne,  qui  se  souvenaient 
des  horreurs  de  la  guerre  précédente,  résolurent  de 
travailler  à  leur  sécurité  par  tous  les  moyens  en  leur 
pouvoir.  Une  troupe  de  veilleurs  fut  instituée,  et  un 
hangar  situé  à  l'entrée  du  village  devant  la  brasserie 

(1)  Registres  de  la  Cour  féodale  et  allodiale  de  Dalhem,  reg.  XXVII, 
à  cette  date. 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  X,  au  6  décembre  i683,  au  21  avril  1684  et  au 
19  mars  i685. 

(3)  Registres  de  la  Cour  féodale  et  allodiale  de  Dalhem9  reg.  V,  au 
3o  décembre  1694. 


—  227  — 

banale,  fut  destiné  à  servir  de  refuge  à  ces  défenseurs 
du  repos  public  (î). 

Le  but  de  l'organisation  de  ces  corps  de  veilleurs 
n'était  pas  d'écarter  l'ennemi  ou  de  lutter  contre  lui, 
mais  de  protéger  les  habitants  et  leurs  biens  contre  les 
bandes  de  maraudeurs  et  de  pillards  qui,  à  cette 
époque,  suivaient  toujours  les  armées. 

L'année  1689  se  passa  assez  tranquillement,  mais 
au  commencement  de  1690  une  armée  française,  com- 
mandée par  le  marquis  de  Boufflers,  traversa  le  pays 
pour  aller  assiéger  la  ville  de  Liège.  Un  fort  détache- 
ment de  cette  armée  vint  camper  au  ban  d'Olne  dans 
les  champs  de  Thillot  (2).  Nous  ne  savons  quels  sont 
les  champs  ainsi  désignés,  peut-être  est-ce  la  campagne 
du  Tilleul  ?  Dieu  sait  pour  quelle  somme  on  dut  ap- 
provisionner cette  armée  de  vivres  et  de  munitions  de 
toutes  sortes. 

Lorsque  toute  cette  troupe  ennemie  fut  partie  dans 
la  direction  de  Liège,  des  bandes  de  fourrageurs 
vinrent  différentes  fois  s'approvisionner  dans  nos  cam- 
pagnes. Un  jour  qu'une  semblable  troupe  de  fourra- 
geurs, partie  du  camp  des  Français  établi  près  de  la 
Chartreuse  s'avançait  vers  le  ban  d'Olne,  le  nommé 
Herman  Dejong,  propriétaire  de  la  brasserie  banale, 
homme  très  rusé,  alla  à  leur  rencontre  près  du  hameau 
des  Trois-Chênes  et  s'offrit  à  eux  pour  leur  servir  de 
guide.  Mais  au  lieu  de  les  conduire  vers  le  ban  d'Olne 
comme  ils  le  désiraient,  il  les  mena  à  un  endroit  nom- 
mé les  deux  tilleuls  dans  la  vouerie  de  Fléron,  de  sorte 
que  les  Français,  mis  au  courant  de  l'expédient  em- 
ployé contre  eux,  furent  très  irrités  et  déclarèrent  que 
si  jamais  ils  retrouvaient  cet  homme,  ils  l'assomme- 

(1)  Tous  ces  renseignements  sont  tirés  des  pièces  du  procès  entre 
Dejong  et  G.  d'Olne,  notamment  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  38, 
43  et  45. 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  38.  Voir  dans  les  historiens 
liégeois,  le  bombardement  de  Liège  par  l'armée  de  Boufflers,  en  mai  1690, 


—  228  — 

raient.  Dejong  se  vanta  de  cette  aventure  et  voulut  en 
tirer  parti  comme  d'un  service  rendu  à  la  chose  pu- 
blique ;  c'est  pourquoi  des  habitants  des  Trois-Chênes 
vinrent  plus  tard,  à  sa  demande,  témoigner  de  la  vérité 
du  fait  en  question  (1). 

On  aurait  pu  croire  que  l'armée  française  s'étant 
éloignée,  nos  ancêtres  n'avaient  plus  rien  à  craindre. 
Au  contraire  !  Il  est  impossible  de  dire  toutes  les  cala- 
mités qu'ils  eurent  à  endurer. 

Chaque  année  vint  augmenter  leurs  infortunes. 

En  1691,  c'était  la  garnison  française  de  Dinant 
qui,  voulant  se  venger  de  quelques  exécutions  faites 
par  les  alliés,  vint  enlever  à  Olne  des  hommes  et  des 
chevaux.  Singulières  représailles,  qui  s'exerçaient  sur 
des  populations  innocentes  et  inoffensives,  dont  l'unique 
crime  était  d'avoir  même  plus  de  sympathies  pour  les 
Français  que  pour  leurs  adversaires  (à). 

En  1692,  au  mois  de  janvier  ou  de  février,  c'étaient 
des  habitants  d'Olne  qui  étaient  mis  à  mort  devant  la 
maison  de  Léonard  Renkin  ;  cet  homme  devait  avoir 
encouru  l'inimitié  des  Français,  car  une  troupe  de 
leurs  soldats,  après  avoir  passé  la  nuit  à  Olne,  alla  vers 
la  demeure  de  ce  particulier  pour  la  piller  ou  la  raser. 
Quelques  Olnois  voulurent  témérairement  empêcher 
cette  exécution,  ce  qui  causa  la  mort  de  plusieurs  d'entre 
eux  ;  on  ne  dit  pas  combien  il  y  en  eut  de  tués  (3). 

Quelque  temps  après,  c'étaient  des  bataillons  fran- 
çais qui  venaient  se  faire  héberger  dans  le  village.  Le 
brasseur  Herman  Dejong  était  l'un  des  bourgmestres 
à  cette  époque  et  la  communauté  d'Olne  dut  lui  payer 
tous  les  rafraîchissements  qu'il  prétendait  avoir  fournis 
aux  troupes  étrangères.  Il  y  en  eut,  en  un  seul  jour, 
pour  3oo  florins  et  davantage  (4). 

(1)  Archives  pastorales ,  coll.  II,  doc.  43bl\ 

(2)  Ibidem,  doc.  43,  p.  3. 

(3)  Cour  d'Olne,  vol.  XIV,  fol.  i3. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  43,  p.  5. 


—  229  — 

En  i6g3,  c'était  une  partie  de  la  garnison  de  La- 
roche qui,  pour  motif  de  représailles,  vint  à  Olne  enle- 
ver le  docteur  Chrouet,  Franck,  Spirlet,  André  Gillet, 
André  son  fils  et  plusieurs  autres,  dont  il  fallut  dans 
la  suite  payer  chèrement  la  rançon  (\). 

Le  ban  d'Olne  était  fort  exposé  à  de  semblables  re- 
présailles parce  qu'il  appartenait  aux  Hollandais,  les 
pires  ennemis  de  la  France,  et  qu'il  était  dans  ce  pays 
une  des  premières  possessions  hollandaises  qui  se  pré- 
sentaient aux  coups  de  l'ennemi  ;  aussi  eut-il  encore 
plus  tard  la  visite  des  garnisons  de  Namur  et  de 
Mézières  (2). 

La  troupe  qui  envahit  notre  territoire  en  i6g3  était 
composée  d'une  foule  de  vauriens  mercenaires  qui  par- 
coururent tout  le  pays  pendant  deux  années  sous  la 
conduite  du  capitaine  Lamouche.  En  effet,  les  histo- 
riens disent  que  ce  Lamouche  commandait  une  partie 
de  la  garnison  de  Laroche  (3). 

Ce  même  capitaine  fut,  quelques  mois  plus  tard, 
le  héros  d'une  aventure  que  nous  croyons  devoir  rap- 
porter :  il  se  trouvait  le  17  mai  1694  dans  nos  envi- 
rons, lorsqu'il  apprit  la  présence  à  Soumagne.de  vingt- 
deux  soldats  hollandais  de  la  garnison  de  Maestricht. 

Il  s'élança  aussitôt  vers  ce  village  à  la  tête  de  sa 
troupe  qui  fut  renforcée  en  chemin  par  celle  du  fameux 
Cadet,  espèce  de  brigand  originaire  de  Tignée.  Saisis 
de  frayeur,  les  vingt-deux  soldats  hollandais  se  réfu- 
gièrent dans  la  tour  de  1  église  reconstruite  seulement 
depuis  quelques  années.  Lamouche  ne  s'amusa  pas  à 
parlementer,  mais  fit  de  suite  allumer  sous  la  tour  un 
grand  feu  qui  se   communiqua   avec   rapidité  à  tout 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  43,  p.  3. 

(2)  Cour  cTOlne,  vol.  XXI,  fol.  5i.  La  garnison  de  Dinant  revint 
aussi  Tan  1694.  Voy.  Ibidem,  vol.  XIV,  au  3i  décembre  1694. 

(3)  Voy.  les  historiens  liégeois  à  cette  époque.  Pour  le  fait  de  Sou- 
magne,  cf.  Nautet,   Notices  historiques  sur  l'ancien  pays  de  Liège, 

t.  III,  p.  20. 

30 


—  230  — 

l'édifice  :  celui-ci  fut  réduit  en  cendres,  et  il  n'en  resta 
que  les  murailles.  Quant  aux  Hollandais,  ils  ne  pé- 
rirent pas  tous  :  seize  d'entre  eux,  voyant  le  danger 
approcher,  se  laissèrent  choir  sur  le  toit  de  1  église  en 
prenant  soin  d'amortir  leur  chute  au  moyen  des  cordes 
du  clocher.  Là  ils  implorèrent  la  pitié  de  Lamouche 
qui  leur  fît  quartier;  les  six  autres  périrent  misérable- 
ment dans  les  flammes. 

Lamouche  s'était  mis  à  la  solde  de  la  France.  Un 
beau  jour  il  déserta  le  service  de  cette  puissance  et  se 
vendit  aux  Hollandais.  S'étant  peu  après  approché  de 
Maestricht,  alors  occupé  par  les  Français,  il  fut  surpris 
par  la  garnison  de  cette  ville  et  pendu  immédiatement 
sur  le  marché. 

Nous  avons  voulu  transcrire  ici  quelques  faits 
précis  et  certains  qui  sont  de  nature  à  donner  une 
juste  idée  des  exactions  dont  nos  ancêtres  furent  vic- 
times de  la  part  des  belligérants;  mais  on  comprendra 
qu'il  doit  y  avoir  une  foule  de  faits  semblables  dont 
nous  n'avons  pas  connaissance,  parce  que  aucun  con- 
temporain n'a  pris  soin  d'en  écrire  une  chronique 
détaillée. 

Dans  ces  temps  calamiteux,  les  plus  pauvres  étaient 
le  moins  à  plaindre,  car  les  pillages  et  les  brigandages 
continuels  enlevaient  aux  gens  aisés  le  plus  clair  de 
leur  fortune  et  les  quelques  lambeaux  qu'ils  parve- 
naient à  dérober  aux  regards  de  l'ennemi  étaient  bien- 
tôt le  prétexte  de  nouvelles  contributions  de  guerre. 

Nos  ancêtres  eurent  aussi  souvent  à  loger  des 
troupes;  ainsi,  en  1693,  au  mois  d'avril,  un  bataillon 
vint  se  loger  à  Olne  et  aux  environs,  et  les  cavaliers 
du  régiment  de  Brandebourg  allèrent  se  cantonner  à 
Hansez  et  à  Gélivaux  (4). 

De  grosses  difficultés  surgirent  entre  les  divers  ha- 
meaux du  ban  d'Olne  au  sujet  de  la  répartition  des 

(1)  Cour  cTOlne,  vol.  XIV,  fol.  45. 


—  231  — 

frais  occasionnés  tant  par  les  représailles  que  par  le 
logement  des  troupes  étrangères. 

Ainsi,  ceux  de  Hansez  et  de  Gélivaux  demandèrent 
une  diminution  dans  le  paiement  de  leurs  taxes  person- 
nelles, en  compensation  des  pertes  subies  dans  leurs 
récoltes  par  le  cantonnement  des  troupes  susdites. 
Ceux  de  Saint- Hadelin  et  de  Riessonsart  protestèrent 
contre  cette  demande,  prétendant  qu'ils  n'avaient  ja- 
mais été  eux-mêmes  indemnisés  en  pareille  circons- 
tance, et  qu'ils  étaient  même  plus  à  plaindre  que  ceux 
de  Hansez  et  de  Gélivaux,  car  à  eux  on  n'aurait  pas 
pu  enlever  du  grain  ou  de  l'avoine,  ils  n'en  avaient 
pas  récolté  du  tout  à  cause  du  passage  des  troupes  (\). 

Pour  donner  plus  de  force  à  leur  opposition,  les 
habitants  de  Saint-Hadelin  et  de  Riessonsart  présen- 
tèrent aussi  leur  note  d'anciennes  pertes  subies  par 
eux;  il  en  était  qui  remontaient  à  1672. 

En  présence  de  ces  récriminations,  la  Cour  de  jus- 
tice ne  put  procéder  à  la  répartition  des  taxes  person- 
nelles ;  elle  s'en  justifie  par  la  déclaration  suivante  : 
Les  lieutenant-maveur  et  échevins  de  cette  cour  es- 
tant  ce  mesme  jour  assemblés  à  eflfect  de  procéder 
outre  aux  taxes  personnelles,  en  suite  des  réquisi- 
tions en  faites  de  la  part  des  commis  modernes  de 
ce  ban  et  publications  ensuivies,  et  comme  sur 
mésintelligence  apportée  par  d'aucuns  des  princi- 
paulx  aussi  y  assemblés  ...  qu'ils  ne  sont  d'accord 
en- fait  au  regard  de  certaine  exécution  faite  de  la 
part  des  Hollandais  en  l'an  1672,  ni  des  représailles 
arrivées  l'an  1691  au  lieu  d'Olne,  mesme  pour  les 
logements  des  cavaliers  de  Brandebourg  qui  ont 
logé  à  Gélivaux  et  Hancé,  ni  mesme  par  la  dernière 
représaille  faite  par  la  garnison  de  Laroche  l'an  der- 
nier et  de  celle  de  Dinant  cette  année,  ce  qui  a  causé 
»  n'avoir   passé   outre   aux   dites   répartitions.    C'est 

(1)  Cour  (TOlne,  vol.  XIV,  fol.  75. 


ov>  

»  pourquoi  ils  déclarent  de  protester  comme  par  cette 
»  ils  protestent  n'être  et  n'y  aller  de  leur  faute,  comme 
»  aussi  de  tous  dommaiges  et  intérests  en  résul- 
»  tants  ...  («).  » 

Ces  difficultés  ne  purent  être  aplanies  tant  que  la 
veuve  Buirette  administra,  la  seigneurie  d'Olne.  GuiU 
leaume  d'Olne  ayant  acquis  la  seigneurie  donna  tous 
ses  soins  à  cette  affaire  et  parvint  à  l'arranger  comme 
nous  verrons  bientôt. 

XIX. 

LES  D'OLNE  ET  LE  CHATEAU  DE  FROIDBERMONT. 

Comme  la  famille  des  barons  d'Olne  a  possédé  la 
seigneurie  d'Olne  pendant  tout  un  siècle  (1694-1794) 
nous  avons  cru  utile  de  donner  quelques  détails  sur 
l'histoire  de  cette  famille  dans  les  siècles  précédents  (2). 

Les  d'Olne  font  remonter  l'origine  de  leur  famille 
aux  anciens  voués  héréditaires  du  ban  d'Olne  (3). 

Saumerey  dit  qu'ils  habitaient  le  château  de  Froid- 
bermont  au  XIVe  siècle  déjà  (4). 

Car  Froidbermont  était  un  véritable  château  :  le 
principal  corps-de-logis,  qui  fut  démoli  en  1806,  était 
considérable  à  en  juger  par  le  temps  employé  à  sa  des- 
truction, par  les  frais  occasionnés  par  la  démolition, 
et  par  le  prix  de  vente  des  matériaux.  La  ferme  actuelle 
a  été,  pensons-nous,  construite  sur  les  fondements  de 
cette  antique  demeure. 

Propriétaires  du  domaine  de  Froidbermont,  les 
d'Olne,  même  avant  d'être  seigneurs  du  ban  d'Olne, 
jouissaient  de  droits  seigneuriaux  :  ils  possédaient  plu- 

(1)  Cour  d'Olne,  au  3i  décembre  1694. 

(2)  On  peut  lire  dans  le  bel  ouvrage  de  M.  Poswick  sur  la  Noblesse 
limbourgeoise,  la  généalogie  complète  de  la  famille  des  barons  d'Olne. 

(3)  Cette  assertion  et  plusieurs  qui  suivent,  sont  tirées  du  Registre 
archivai  du  château  de  Baarlo. 

(4)  Les  délices  du  pays  de  Liège,  t.  III,  p.  265. 


—  233  — 

sieurs  dîmes,  un  moulin  banal,  une  brasserie  banale, 
le  droit  de  chasse  et  le  droit  de  pêche  dans  leurs  terres. 

Us  étaient  considérés  comme  nobles  et  étaient  alliés 
avec  plusieurs  familles  nobles  :  les  de  Presseux,  les 
Hannotte,  etc.  Si  nous  en  croyons  le  Registre  archivai 
de  la  famille,  les  d'Olne  possédaient  de  temps  immé- 
morial les  domaines  de  Vaux  et  de  Hansez.  Suivant 
la  coutume  du  temps,  ceux  d  entre  eux  qui  héritèrent 
de  ces  fiefs  prirent  le  nom  de  ces  terres,  comme  Jean 
de  Vaux,  Everard  de  Hanse\.  D'après  cette  opinion, 
c'est  une  branche  de  la  famille  des  d'Olne  qui  aurait 
été  pendant  plusieurs  générations,  en  possession  de  la 
dignité  de  mayeur  héréditaire  du  ban  d'Olne;  c'est 
ainsi  que  Bodechon  de  Vaux  l'était  en  i3g3  ;  son  fils, 
Renard  de  Vaux,  figure  dans  plusieurs  actes  au  com- 
mencement du  xve  siècle,  et  plus  tard  Everard  de 
Hansez  jouissait  de  la  même  dignité  ;  Tachin  de 
Trembleur  l'obtint  ensuite  en  1478  et  les  Nizet  au 
commencement  du  XVIIe  siècle  (4). 

La  branche  aînée  conserva  le  nom  dOlne  et  resta 
en  possession  du  domaine  de  Froidbermont.  Wathieu 
de  Freubiemont  ou  Froidbermont,  nommé  aussi  Wa- 
thieu d'Olne,  sire  de  Freubiemont,  est  cité  dans  une 
foule  de  documents  entre  1450  et  1478.  Il  fut  proprié- 
taire de  la  brasserie  banale  d'Olne;  il  épousa  Margue- 
rite de  Wodomont  dont  il  eut  beaucoup  d'enfants  par- 
mi lesquels  Jean  de  Vaux  qui  vendit  la  brasserie 
banale. 

Wathieu  de  Freubiemont  a-t-il  été  le  même  que  ce 
Wathele  de  Freubemont,  qui  en  1465  trahit  son  sou- 
verain et  s'allia  contre  lui  avec  les  Liégeois?  La  ques- 
tion demeure  indécise. 

Nous  ne  possédons  aucun  détail  sur  l'histoire  des 

(1)  Voy.  dans  notre  chapitre  IV,  la  liste  des  mayeurs,  tirée  de  la 
Chambre  des  comptes,  à  Bruxelles.  Nous  n'y  trouvons  ni  les  de  Vaux  ni 
les  de  Hanseç,  mais  cela  ne  prouve  rien,  car  cette  liste  ne  donne  aucun 
nom  antérieur  à  1478. 


—  234  — 

seigneurs  de  Froidbermont  jusqu'à  Pierre- Mathieu 
d'Olne  dont  il  est  question  à  partir  de  1662,  et  qui  ser- 
vit dans  l'armée  allemande  ;  il  fut  nommé  chevalier 
du  Saint-Empire  et  colonel  d'infanterie  au  service  de 
Sa  Majesté  Impériale  et  Royale  Léopold  d'Autriche. 

Pierre-Mathieu  et  son  frère  Servais-Mathieu  d'Olne 
reçurent  les  premiers  par  diplôme  impérial  le  droit  de 
porter  le  titre  de  baron,  pour  eux  et  leurs  descendants. 

Ils  prétendirent  aussi  au  droit  exclusif  de  porter  le 
nom  dOlne  avec  la  particule  et  firent  porter  défense 
à  leurs  cousins  et  autres  collatéraux  d'écrire  leur  nom 
autrement  que  Dolne.  Le  nommé  Mathieu-Michel 
Dolne,  ayant  écrit  son  nom  avec  la  particule,  les 
(fOlne  de  Froidbermont  déposèrent  contre  lui  une 
plainte  en  justice  et  produisirent  le  diplôme  de  l'em- 
pereur Léopold  (1). 

Saumerey  (2)  se  trompe  lorsqu'il  dit  que  Pierre- 
Mathieu  dOlne  acquit  la  seigneurie  en  1668.  Pierre- 
Mathieu  n'a  jamais  été  seigneur  de  ce  ban,  et  la  sei- 
gneurie d'Olne  fut  seulement  acquise  en  1694  par  son 
fils  le  baron  Guillaume  dOlne. 

Fidèle  à  la  coutume  suivie  par  ses  prédécesseurs, 
Pierre-Mathieu,  par  son  testament  du  25  février  1692, 
disposa  que  le  domaine  de  Froidbermont  devait  rester 
dans  sa  famille,  et  que  celui  de  ses  fils  qui  l'obtiendrait 
devrait  payer  une  rente  aux  autres  enfants  (3). 

Nous  terminerons  cette  notice  sur  les  d'Olne  en 
faisant  remarquer  que  les  droits  seigneuriaux  dont  ils 
jouissaient  à  Froidbermont  ne  les  exemptaient  pas  de 
contribuer  aux  charges  de  la  communauté  d'Olne;  en 
revanche  ils  possédaient  aussi  les  droits  attachés  à  la 
manandise  et  ne  dédaignaient  pas  d'accepter  les  fonc- 
tions soit  électives,  soit  salariées  de  ce  ban. 

(1)  Cour  fOlne,  vol.  XXIV,  fol.  216  v°. 

(2)  Les  délices  du  pays  de  Liège  y  t.  III,  p.  26 5. 

(3)  Cour  d'Olne,  vol.  XVII,  en  janvier  1700. 


—  235  — 

Cette  dernière  considération  et  le  métier  de  ban- 
quier exercé  par  Guillaume  dCOlne  ont  été  cause  que 
pendant  longtemps  nous  avions  regardé  les  cTOlne 
comme  de  simples  roturiers  qui  enrichis  au  XVIIe  siècle 
avaient  acheté  d'abord  le  titre  de  baron,  puis  la  sei- 
gneurie. Mais  les  arguments  que  les  dOlne  produisent, 
dans  leur  Registre  archivai  de  Baarlo,  à  l'appui  de 
l'antiquité  de  leur  blason,  nous  ont  semblé  très  sérieux, 
et  nous  n'avons  pas  hésité  à  en  donner  ici  un  aperçu  ; 
le  lecteur  jugera. 

XX. 

GUILLAUME  DOLNE,  SEIGNEUR  DE  CE  BAN. 
SES  PREMIERS  ACTES  (1694-1703). 

Guillaume  cTOhie,  fils  de  Pierre-Mathieu  <XOlne 
et  époux  de  Christine  de  Jennet,  acheta  à  la  veuve 
de  Daniel  de  Buirette,  le  3o  décembre  1694,  pour 
la  somme  de  34,000  florins,  la  seigneurie  d'Olne  avec 
une  maison  d'habitation  sise  dans  le  village  du  même 
nom  (\). 

Outre  son  domaine  de  Froidbermont,  Guillaume 
possédait  une  résidence  à  Liège  dans  la  paroisse  de 
Saint-Georges  (s). 

11  y  exerçait  le  commerce  de  la  banque,  si  nous  en 
croyons  la  qualification  qu'on  lui  donne  en  tête  de 
lacté  de  vente  ;  cela  nous  explique  son  opulence  extra- 
ordinaire pour  ce  temps-là  chez  un  noble  de  la  cam- 
pagne. 11  avait  déjà  à  cette  époque  plusieurs  enfants 
mariés  :  l'un,  nommé  Lambert,  était  seigneur  de  Ti- 
hange  et  de  la  Neuville  ;  un  autre,  nommé  Guillaume- 
Philippe  est,  du  vivant  de  son  père,  désigné  par  le  titre 
de  seigneur  de  Saint-Hadelin  ;  une  de  ses  filles  avait 
marié,  le  8  mai  1690,  le  bourgmestre  de  Liège,  Jean- 

(1)  Cour  de  Dalhem,  vol.  V. 

(2)  Archives  pastorales ,  coll.  II,  doc.  46*»*. 


—  230  — 

Hubert  de  Tignée.  Une  autre  de  ses  filles  était  religieuse 
et  il  avait  deux  fils  chanoines  à  Liège  (\). 

Un  des  premiers  actes  de  Guillaume  d'Olne  fut  de 
calmer  les  dissensions  qui  avaient  éclaté  entre  les 
divers  hameaux  de  la  commune  au  sujet  des  dommages 
causés  par  la  guerre. 

Il  réunit  toute  la  communauté  en  assemblée  géné- 
rale et  proposa  de  répartir  les  indemnités  également 
entre  tous  les  hameaux,  et  de  les  mettre  à  charge  des 
trois  pays  d'Outremeuse  qui  étaient  Dalhem,  Fauque- 
mont  et  Rolduc  (2). 

Cette  proposition  fut  acceptée  et  le  baron  s'employa 
de  toutes  ses  forces  au  service  de  la  communauté  : 
d'abord  il  obtint  l'élargissement  de  Chrouet,  docteur 
en  médecine,  et  des  autres  prisonniers  ;  ensuite,  il 
obtint  des  trois  pays  d'Outremeuse  que  les  habitants 
d'Olne  seraient  dédommagés  des  pertes  subies  (3).  Pour 
arriver  à  ce  résultat,  il  dut  faire  beaucoup  de  dé- 
marches. Il  eut  bientôt  l'occasion  de  rendre  de  nou- 
veaux services  à  ses  subordonnés  :  il  s'était  lié  d'amitié 
avec  Bouffiers  et  avec  d'autres  généraux  français,  à 
tel  point  que  par  eux,  il  avait  obtenu  pour  lui  et  ses 
successeurs,  la  croix  de  chevalier  de  l'ordre  de  Saint- 
Michel  (4).  Il  mit  à  profit  ces  relations  amicales  en 
faveur  des  habitants  d'Olne.  Ceux-ci  furent,  grâce  à 
lui,  exemptés  des  rations,  corvées  et  rafraîchissements 
qui  étaient  toujours  exigés  par  les  armées  belligérantes  ; 
en  d'autres  occasions,  il  empêcha  les  troupes  ennemies 
de  prendre  leurs  quartiers  dans  ce  ban  ;  il  continua  à 
interposer  ses  bons  offices  jusqu'à  la  fin  de  la  guerre, 
c'est-à-dire  jusqu'en  1697  (s). 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  48.  Le  seigneur  d'Olne  avait 
acheté  la  seigneurie  de  Saint-Hadelin,  sans  que  nous  puissions  préciser 
Ja  date. 

(2)  Cour  d'Olne,  reg.  XIV,  au  7  mars  1695. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  43. 

(4)  Archives  des  barons  d'Olne,  à  Baarlo. 

(5)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  43. 


—  237  — 

Peu  accoutumés  à  être  traités  de  la  sorte,  les  habi- 
tants d'Olne  ne  surent  comment  témoigner  leur  recon- 
naissance ;  réunis  aux  plaids-généraux,  le  3o  janvier 
1696,  ils  se  mirent  à  délibérer  sur  la  meilleure  manière 
de  témoigner  leur  reconnaissance,  et  convinrent  que 
chaque  hameau  désignerait  deux  personnes  pour  for- 
mer une  commission.  Les  délégués  offrirent  au  sei- 
gneur une  rémunération  de  1 ,000  écus  comme  marque 
de  gratitude  (i). 

En  achetant  la  seigneurie  d*01ne,  Guillaume  avait 
acquis  le  droit  de  pêche  dans  la  rivière  de  Vesdre.  Or 
le  seigneur  de  Fraipont,  Jean- Philippe  de  Calwaert, 
exerçait  la  pêche  dans  cette  rivière  comme  s'il  en  était 
le  seul  maître. 

Le  16  août  1697,  le  seigneur  d'Olne  fit  mettre  arrêt 
par  la  Cour  de  ce  ban  sur  les  biens  que  de  Calwaert 
possédait  dans  notre  territoire,  et  fit  intimer  ordre  à 
son  adversaire  d'avoir  à  cesser  la  pêche  dont  il  abu- 
sait (2). 

La  violence  appelle  la  violence.  Le  9  mai  suivant, 
le  seigneur  de  Fraipont  fit  arrêter  à  la  vanne  de  Nes- 
sonvaux  les  nommés  François  Lagarde  et  Jean  Lelahy 
pêcheurs  assermentés  du  seigneur  d'Olne,  et  les  fit 
emprisonner  à  son  château  de  la  Haute-Fraipont, 
pendant  dix  jours,  sans  les  avoir  interrogés  et  sans 
avoir  observé  aucune  formalité  de  procédure.  Il  les 
laissa  sortir  le  19  mai  après  leur  avoir  fait  signer  un 
accommodement  contre  lequel  ils  protestèrent  dans  la 
suite,  comme  ayant  été  forcés  et  contraints. 

Voici,  du  reste,  les  principaux  passages  de  la  rela- 
tion qu'ils  firent  de  leur  captivité  devant  les  échevins 
d'Olne  :  «  Par  devant  nous  la  haute  cour  et  justice 
»  d'Olne,  comparut  Jean  Burguin  lequel  a  déclaré 
»  sous  son  serment  preste  en  nos  mains  que  le  neu- 
»  vième  courant,  montant  la  rivière  de  Vesdre  sur 

(1)  Cour  d'Olne,  reg.  XV,  au  3o  janvier  1696. 

(2)  Ibidem,  au  10  avril  1C07. 

31 


—  238  — 

»  une  nacelle  avec  François  Lagarde  et  Jean  le  Lahy, 
»  pour  venir  sur  le  ban  d'Olne,  ils  auraient  été  arres- 
»  tés  à  la  hamende  de  la  venne  de  Nessonvaux  de  la 
»  part  de  Monsr  le  baron  de  Fraipont  avec  leur  barque 
»  et  filet,  et  esté  mené  dans  une  taverne  chez  le  nommé 
»  S1  Martin;  que  le  soir  ils  furent  conduits  au  château 
»  ...  ou  ayant  logé  ...  ayant  le  sieur  baron  menacé  et 
»  fait  appeler  le  mayeur  pour  leur  faire  mettre  les  fers 
»  aux  pieds  et  aux  mains,  afin,  comme  le  comparant 
»  croit,   de   les   intimider  et  déconcerter,    menaçant 
»  même  de  les  faire  fouetter  et  donner  la  marque  par 
»  les  mains  du  bourreau,  et  mesme  de  les  mettre  au 
»  pain  et  à  l'eau  ;  et  le  mardi  environ  les  neuf  heures 
»  du  soir  il  les  fit  mettre  dans  un  cachot  en  forme  de 
»  cave,  lieu  fort  humide  et  malsain,  ou  il  n  y  avait  ni 
»  fenêtre,  créneau,  ni  aucune  ouverture  pour  tirer  de 
»  l'air  ou  de  la  clarté,  que  par  la  porte  qu'on  tenait 
»  fermée,  où  ils  demeurèrent  jusques  vers  les  neuf  à 
»  dix  heures  du  matin,  hormis  qu'il  en  laissa  sortir 
»  ledit  déclarant  pour  escrire  au  seigneur  d'Olne,  ce 
»  qu'il  fit  en  sa  présence  sous  promesse  qu'il  lui  lais- 
»  serait  voir  la  réponse,  ne  laissant  ledit  baron  entrer 
»  personne  pour  leur  parler  ...  et  faisant  mesme  visi- 
»  ter  les  linges  et  les  hardes  qu'on  leur  apportait, 
»  crainte  qu'il  n'y  eut  quelque  lettre  ...  (1).  » 

Le  procès  se  termina  par  une  transaction  conclue 
entre  les  deux  seigneurs  le  18  novembre  1698.  Celui 
d'Olne  obtint  le  droit  exclusif  de  pêcher  depuis  l'em- 
bouchure du  ruisseau  de  Havegné  jusqu'à  la  limite  de 
la  seigneurie  de  Forêt  près  du  Trooz  ;  celui  de  Frai- 
pont  obtint  le  même  droit  en  amont  jusqu'à  la  limite 
de  sa  juridiction  ;  mais  il  devait  payer  le  saumon  an- 
nuel à  chacun  des  fonctionnaires  de  la  Cour  d'Olne; 
il  fut  même  condamné  par  cette  même  Cour  à  payer 
le  saumon  qu'il  avait  négligé  de  fournir  depuis  1674; 

(1)  Cour  (TOlne,  reg.  XVI,  fol.  5. 


—  239  — 

il  accepta  de  faire  ce  paiement  à  condition  d'être  main- 
tenu désormais  dans  la  possession  paisible  du  droit  de 
pêche  (î). 

Guillaume  d'Olne  avait  entrepris  ce  procès  dans 
son  propre  intérêt  ;  il  en  engagea  un  autre  pour  dé- 
fendre les  intérêts  de  la  communauté,  dont  il  s'était 
constitué  le 'défenseur. 

Un  des  principaux  habitants  d'Olne  était  en  ce 
temps-là  Herman  Dejong,  ancien  bourgmestre  et  pro- 
priétaire de  la  brasserie  banale.  C'était  un  homme  in- 
telligent, mais  retors  qui,  sous  Daniel  de  Buirette  et 
sa  veuve,  tranchait  du  maître  et  profitait  de  toute 
occasion  pour  s'enrichir  aux  dépens  de  la  commu- 
nauté. Ainsi  il  avait  usurpé,  vers  l'an  1690,  une  parcelle 
d'aisance  dans  la  Falize  derrière  sa  brasserie,  sans  ob- 
server les  formalités  usitées  pour  l'achat  des  biens 
communaux,  et  malgré  les  réclamations  de  plusieurs 
des  habitants  qui  avaient  besoin  de  la  Falize  pour  con- 
duire leur  bétail  à  l'abreuvoir  (2). 

Ce  même  Dejong  avait  été  élu  le  24  juin  1692 
bourgmestre  du  ban  d'Olne,  et  on  l'accusait  d'avoir 
mal  versé  dans  sa  gestion,  et  de  s'être  fait  rembourser 
par  la  commune  des  dépenses  non  justifiées  (3). 

En  tout  dernier  lieu  il  s'était  permis  de  convertir 
en  maison  d'habitation  pour  son  propre  usage,  le  han- 
gar qui  avait  été  construit  devant  sa  brasserie  pour  ser- 
vir d'abri  au  corps  des  veilleurs  en  temps  de  guerre. 
Guillaume  d'Olne  le  fit  assigner  le  17  juillet  1702  pour 
l'obliger  à  démolir  cette  maison  et  à  rétablir  la  liberté 
du  chemin  (4),  cela  fit  naître  une  discussion  intéressante. 

Herman  Dejong  dénia  au  seigneur  le  droit  de  s  oc- 

(1)  La  transaction  se  trouve  transcrite  Cour  d'Olne,  reg.  XXVI, 
fol.  227  ;  la  sentence  pour  le  paiement  du  saumon,  Ibidem,  reg.  XVI, 
fol.  1 12  et  123. 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  45,  p.  8. 

(3)  Cour  d'Olne,  vol.  XVIII,  fol.  194. 

(4)  Ibidem,  fol.  87. 


—  240  — 

cuper  des  affaires  de  la  communauté,  et  se  fit  délivrer 
des  records  par  trois  Cours  de  justice  du  pays  attestant 
que  les  commis  et  les  manants  des  divers  bans  gouver- 
naient leurs  communes  et  en  disposaient  indépendam- 
ment du  seigneur  (i).  Le  baron  répondit  que  si  un 
simple  manant  peut  s'opposer  à  l'aliénation  dune  par- 
celle d'aisance,  le  seigneur  ne  peut  avoir  \in  moindre 
droit,  lui  qui  représente  le  roi  et  a  plus  d'autorité  sur 
les  communes  qu'aucun  autre  (2). 

Dejong  prétendit  aussi  que  s'il  retirait  quelque 
avantage  de  la  communauté  ce  n'était  que  juste,  à 
cause  des  grands  services  qu'il  avait  rendus  à  la  chose 
publique  ;  que  le  baron  d'Olne,  sans  avoir  rendu  les 
mêmes  services,  avait  bien  exigé  de  la  communauté 
une  rémunération  de  1,000  écus.  L'argument  était 
singulier  dans  la  bouche  d'un  homme  qui  le  premier 
avait  proposé  de  présenter  à  Guillaume  d'Olne  ce 
témoignage  de  reconnaissance  (3). 

Ce  dernier  obtint  des  principaux  habitants  d'Olne 
une  déclaration  solennelle  par  laquelle  ils  témoi- 
gnaient que  les  1 ,000  écus  avaient  été  offerts  par  eux 
librement  et  spontanément,  comme  une  faible  compen- 
sation des  bienfaits  signalés  qu'ils  avaient  reçus  de 
Guillaume  d'Olne  :  «  ...  Etant  informés  du  procédé 
»  que  Herman  de  Jong  fait  à  Monsieur  Guillaume 
»  d'Olne  seigneur  dudit  ban  d'Olne  dans  le  procès 
»  qu'il  soutient  contre  iceluy  dit  seigneur,  même  qu'il 
»  a  venu  jusques  là  que  de  lui  faire  reproche  des  hon- 
»  nêtetés  et  reconnaissances  faites  pour  respect  des 
»  devoirs  par  lui  rendus  pour  la  communauté  dudit 
»  Olne,  voir  même  jusques  à  quelques  livres  de  beurre 
»  fournis  à  sa  cuisine,  chose  fort  vilaine  et  odieuse  ... 
»  ont  déclaré  de  désapprouver  et  ne  consentir  au  pro- 
»  cédé  dudit  de  Jong  en  aucune  manière  ...  déclarant 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  42. 

(2)  Ibidem,  doc.  45,  p.  2. 

(3)  Ibidem,  doc.  43,  p.  2. 


—  241  — 

»  de  plus  que  depuis  que  ledit  seigneur  d'Olne  a  eu 
»  acheté  cette  terre,  de  bien  savoir  qu'il  a  pris  et 
»  prend  les  intérêts  de  la  communauté  comme  les 
»  siens  propres  ...  déclarant  ...  en  avoir  ressenti  et 
»  ressentir  journellement  les  avantages  par  les  exemp- 
»  tions  de  rafraichissement  des  parties,  logement, 
»  fourragement,  représailles  ...  (i).  » 

Toute  cette  querelle  si  acharnée  n  eut  qu'un  maigre 
résultat  :  Herman  Dejong  conserva  la  parcelle  de  ter- 
rain dans  la  Falize  ;  il  dédommagea  seulement  la  com- 
munauté pour  avoir  empiété  sur  son  terrain  devant  la 
brasserie  et  paya  la  faible  somme  de  66  florins  pour 
l'apurement  de  ses  comptes  de  commis  (2). 

Les  soins  qu'il  donna  à  cette  affaire  retinrent-ils  à 
Olne  notre  vigilant  seigneur  ?  Ou  fut-il  retenu  par  la 
construction  de  sa  nouvelle  demeure  ?  En  tout  cas,  il 
ne  paraît  pas  avoir  passé  à  Liège  l'hiver  de  1702-1703, 
car  nous  voyons  le  12  mars  le  révérend  curé  Prayon 
demander  la  permission  de  faire  célébrer  la  sainte 
Messe  dans  le  château  de  Froidbermont,  à  cause  de 
la  difficulté  des  chemins  et  dans  l'intérêt  de  la  santé 
de  Christine  de  Jennet,  la  châtelaine  du  lieu  (3). 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  40.  Nous  avons  un  peu  rajeuni 
l'orthographe  de  cette  pièce  qui  fut  rédigée  par  le  notaire  Pétry  et  signée 
par  :  Henri  Heuskin,  Hendrick  Georis,  Warnier  Chrouet,  docteur  en 
médecine,  Gille  André,  lieutenant-mayeur,  Léonard  Mathieu,  Michel 
Moyse,  Jacques  Wilkin,  Denis  Nizet,  H.-J.  de  Lincé,  Henri  Nizet, 
mayeur  héréditaire,  Hubert  Del  vaux,  Simon  Nizet,  Thoumas  Wathy, 
Henri  Collin,  Nicolas  Remy,  Henri  Rahier,  Jean  Gilman  et  Michel 
Remy. 

(2)  Cour  cTOlne,  vol.  XVIII,  fol.  216.  La  maison  subsiste  encore,  et 
est  occupée  par  un  maréchal-ferrant.  La  pièce  de  terre  doit  être  celle 
située  près  de  la  chantoire  du  Ry  de  Rode,  sous  la  brasserie.  Voy.  Ibi- 
dem, vol.  XXXIV,  fol.  93,  l'acte  de  vente  de  la  brasserie  avec  la  par- 
celle susdite. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  44.  Froidbermont  n'est  pas 
nommé,  mais  tout  indique  qu'il  s  agit  de  cette  maison  seigneuriale. 


—  242  — 

XXI. 

GUILLAUME  UOLNE  BATIT  LE  NOUVEAU  CHATEAU. 
SES  DERNIÈRES  ANNÉES  ET  SA  MORT  (1703-1716). 

Ce  fut  en  1703  que  Guillaume  d'Olne  commença 
la  construction  du  nouveau  château.  Il  acheta  dans  ce 
but  des  prairies  situées  au-dessus  du  village,  dans  un 
endroit  alors  nommé  Au  bout. 

La  façade  de  cet  édifice  fut  bâtie  vers  le  nord,  à 
l'opposé  du  village  et  cette  disposition,  qui  semble  sin- 
gulière aujourd'hui,  était  parfaitement  justifiée  à  cette 
époque,  car  toutes  les  communications  avec  l'étranger 
se  faisaient  par  la  voie  de  Liège  qui  passait  sur  le 
Rafhay.  La  famille  dOlne  et  les  invités,  venant  de 
Liège,  arrivaient  directement  devant  la  porte  du  châ- 
teau. Celle-ci  fut  flanquée  de  deux  tours  avec  des 
dômes  en  forme  de  cloches  ;  elle  donnait  entrée  sur 
une  cour  carrée  au  fond  de  laquelle  fut  établi  le  bâti- 
ment principal. 

Sur  la  façade  de  celui-ci,  Guillaume  fit  construire 
un  beau  perron  double  avec  deux  paliers  et  une  rampe 
en  fer.  En  haut  de  la  façade  fut  sculptée  Y  aulne,  l'em- 
blème traditionnel  de  la  localité.  Les  parties  de  Tinté- 
rieur  qu'il  fit  décorer  avec  le  plus  de  goût  sont  la  cha- 
pelle et  un  salon  situé  à  l'étage,  remarquable  par  un 
plafond  cintré  en  stuc,  qui  représente  en  relief  les 
quatre  saisons. 

Le  bâtiment  lui-même  a  été  gâté  de  nos  jours,  car 
les  belles  croisées  divisées  par  des  meneaux  en  pierres 
de  taille,  ont  été  remplacées  par  de  grandes  fenêtres 
sans  caractère. 

On  a  supprimé  de  nos  jours  aussi  le  beau  jardin 
du  château  qui  s'étendait  sur  tout  l'espace  compris 
entre  l'édifice  et  le  village  ;  il  était  partagé  en  trois  ter- 
rasses et  orné  de  bassins,  de  grillages,  de  jets  d'eau, 
dont  l'effet  était  magnifique,  si  nous  en  croyons  Sau- 


—  243  — 

merey  (i).  Les  terrasses  communiquaient  entre  elles 
par  des  escaliers  ;  la  troisième  située  près  du  village, 
servait  de  bordure  à  un  étang  ou  vivier  assez  étendu. 

Ajoutons  que  le  fondateur  n'épargna  la  dépense 
dans  aucune  des  parties  de  cet  édifice,  qui  était  certai- 
nement une  des  maisons  seigneuriales  les  plus  magni- 
fiques du  pays. 

La  construction  de  ce  château  dura  plusieurs  années 
et  le  baron  fut  aidé  dans  ce  travail  par  plusieurs  ma- 
nants d'Olne  qui  fournirent  leurs  chevaux  pour  con- 
duire les  matériaux  jusqu'à  pied  d'oeuvre.  Or  le  sei- 
gneur avait  des  ennemis,  et  ceux-ci,  parmi  lesquels  Her- 
man  Dejong,  répandirent  le  bruit  que  le  baron  avait 
transgressé  les  lois  du  pays  en  exigeant  des  corvées. 

A  la  demande  de  Guillaume  d'Olne,  les  manants 
déclarèrent  devant  la  justice  qu'ils  avaient  fait  ces  cor- 
vées volontairement  et  de  leur  propre  mouvement  pour 
témoigner  leur  reconnaissance  des  bons  offices  et  des 
bienfaits  que  le  seigneur  leur  rendait  en  toute  occa- 
sion (2). 

Le  i5  février  1704,  ce  dernier  fit  afficher  une  décla- 
ration datée  de  Froidbermont  par  laquelle  il  notifiait 
à  tous  qu'il  n'exigeait  de  corvée  de  personne  et  qu'il 
poursuivrait  quiconque  oserait  affirmer  le  contraire  (3). 

Vers  ce  temps,  Guillaume  commença  un  long  pro- 
cès contre  André  le  moisne  pour  le  forcer  à  donner  sa 
démission  d'échevin  ou  juge,  car  il  était  neveu  d'un 
autre  échevin  et  fils  du  lieutenant-mayeur  (4). 

Le  seigneur  ne  put  avoir  gain  de  cause  contre  cette 
famille  qui  était  protestante  et  défendue  en  haut  lieu. 
Du  reste,  si  la  coutume  d'Olne  ne  permettait  pas  à 
deux  proches  parents  d'être  échevins  en  même  temps, 
d'autre  part  les  lois  de  la  Néerlande  défendaient  aux 

(1)  Les  délices  du  pays  de  Liège ;  t.  III,  p.  266. 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  XVIII,  fol.  240. 

(3)  Ibidem,  fol.  243. 

(4)  Ibidem,  fol.  234. 


—  244  — 

catholiques  d  exercer  cette  charge.  La  République  te- 
nait beaucoup  à  ce  que  cette  dernière  défense  fut  res- 
pectée, et  elle  dispensait  volontiers  ses  fonctionnaires 
des  autres  qualités  prescrites. 

En  ce  moment,  on  était  au  plus  fort  de  la  guerre 
que  soutenait  Louis  XIV  au  sujet  de  la  succession 
d'Espagne.  Lié  d'amitié  avec  plusieurs  généraux  fran- 
çais, Guillaume  sut  détourner  du  ban  d'Olne  beaucoup 
de  calamités  dont  les  bans  voisins  ne  furent  pas 
exempts  (4). 

Mais  il  n'avait  pas  la  même  influence  sur  les  Impé- 
riaux et  leurs  alliés,  qui  furent  malheureusement  les 
plus  forts  dans  cette  campagne  et  refoulèrent  Tarai ée 
française.  Au  mois  de  novembre  1705  le  ban  d'Olne 
dut  fournir  des  charrettes  avec  chevaux  et  conducteurs 
pour  aller  charger  des  pains  à  Maestricht  et  les  con- 
duire à  l'armée  des  alliés  qui  s'avançait  vers  le  Brabant  ; 
ces  corvées  ne  furent  pas  peu  à  charge  aux  Olnois,  car 
ils  durent  s'absenter  longtemps  et  poussèrent  jusque 
près  de  Hasselt  dans  le  comté  de  Looz. 

Herman  Dejong,  dominé  comme  toujours  par  sa 
cupidité,  voulut  tirer  profit  de  ces  circonstances  ;  mais 
ici  toute  sa  finesse  ne  lui  servit  de  rien.  Il  avait  envoyé 
un  cheval  et  une  charrette  à  l'armée  des  alliés,  sous  la 
conduite  de  son  domestique  Léonard  Desagaux.  Seu- 
lement ce  cheval  et  cette  charrette  étaient  en  si  mauvais 
état  qu'on  dut  les  abandonner  dans  les  environs  d'Asch 
en  Campine,  et  Herman  Dejong  prétendit  s'en  faire 
rembourser  la  valeur  par  les  bourgmestres  du  ban 
d'Olne,  auxquels  il  présenta  une  note  exagérée. 

Les  bourgmestres  soucieux,  comme  il  n'était  que 
juste,  des  intérêts  de  la  communauté,  ne  voulurent 
payer  qu'à  bon  escient.  Alors  Léonard  Desagaux, 
poussé  par  son  maître,  affirma  sous  serment  que  le 
cheval  et  la  charrette  avaient  été  enlevés  par  un  corps 

(1)  Archives  des  barons  d'Olne,  à  Baarlo. 


—  245  — 

de  troupes  ennemies.  Il  fut  convaincu  de  parjure  par 
les  dépositions  de  plusieurs  témoins  et  mis  en  prison, 
où  il  finit  par  avouer  son  crime  et  dire  toute  la  vérité  (*). 

Du  chef  d'avoir  excité  quelqu'un  au  parjure,  Dejong 
et  Deroo,  son  avocat,  durent  comparaître  en  justice  et 
soutenir  un  long  procès  qui  ne  se  termina  que  devant 
le  juge  supérieur.  Nous  pensons  que  ce  procès  fut  in- 
tenté à  l'instigation  de  Guillaume  d'Olne,  car  lui  et 
Dejong  ne  s'aimaient  pas,  et  plusieurs  registres  de  la 
Cour  d'Olne  sont  remplis  du  récit  de  leurs  dissensions. 

Nous  devons  reconnaître  que  Guillaume  d'Olne  ne 
resta  pas  toujours  dans  les  bornes  de  la  modération  : 
c'est  ainsi  que  dans  l'après-midi  du  dimanche  21  août 
1707,  à  son  instigation,  l'officier  criminel  du  ban  vint 
arrêter  une  trentaine  d'Olnoisqui  s'amusaient,  buvaient 
ou  jouaient  aux  cartes  dans  la  maison  de  Jean  de  Mi- 
cheroux,  brasseur  et  cabaretier,  locataire  de  Herman 
Dejong  (2).  Ils  furent  condamnés  à  payer  une  amende 
de  3  florins,  au  profit  du  seigneur,  en  conformité  du 
placart  du  6  janvier  de  la  même  année,  par  lequel  le 
gouvernement  hollandais  défendait  aux  cabaretiers  de 
vendre  bière,  vin  et  genièvre,  les  dimanches  et  jours 
de  fête  et,  aux  particuliers,  d'aller  boire  dans  les  caba- 
rets les  mêmes  jours.  De  nouvelles  poursuites  eurent 
lieu  au  mois  de  septembre. 

Par  suite  de  cette  sévérité,  le  public  déserta  la 
brasserie,  et  Jean  de  Micheroux  résolut  de  quitter  l'éta- 
blissement, au  grand  dépit  du  propriétaire  ;  celui-ci 
s'adressa  alors  aux  Etats-Généraux  dans  la  supplique 
suivante  : 

Remontre  très  humblement  Herman  Dejong  habitant  du  ban 
d'Olne  au  pays  de  Dalhem  ...  que  dans  ledit  ban  il  y  a  une  bras- 
serie banale  dont  il  est  propriétaire,  dans  laquelle  les  habitants, 

(1)  Réquisitoire  d'Isaac  Warnier,  officier  criminel  (Archives  pasto- 
rales, coll.  II,  doc.  46). 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  XX,  fol.  225;   Copie:  Archives  pastorales, 

coll.  II,  doc.  47bis. 

32 


—  246  — 

après  avoir  dû  travailler  une  semaine  entière  ...  se  rendaient  quel- 
quefois les  dimanches  après  l'office  pour  y  boire  ensemble  ou  sépa- 
rément quelques  pots  de  bière,  sans  gourmandise  et  sans  bruit,  et 
avoir  un  petit  et  honnête  entretien  ; 

Que  par  les  placarts  du  6  janvier  1707,  il  a  été  prohibé  de 
vendre  le  dimanche  vin,  brandevin,  etc. 

Que  dans  les  autres  bans  et  seigneuries  du  pays  de  Dalhem  . . . 
les  habitants  par  une  juste  interprétation  ont  borné  cela  au  temps 
de  l'office  ...  et  ont  continué  à  tirer  et  à  user  bière  et  brandevin  (I) 
non  pas  comme  à  l'ordinaire,  mais  hors  dudit  office. 

Qu'il  n'y  a  que  dans  la  dite  brasserie  banale  d'Olne,  où  le  fer- 
mier n'oserait  seulement  tirer  un  verre  de  bière,  ni  aucun  des  habi- 
tants le  boire  sans  qu'on  les  mulcte  (2)  avec  la  dernière  rigueur  ... 
pendant  que  dans  ledit  ban  d'Olne  même  on  exerce  le  débit  et  un 
commun  usage  de  brandevin  lesdits  jours  de  dimanche  et  à  toute 
heure. 

En  sorte  qu'on  peut  dire  avec  vérité  que  ledit  seigneur  ne  s'est 
porté  avec  tant  de  passion  à  faire  cesser  absolument  celui  de  la 
bière  qu'uniquement  pour  préjudicier  au  remontrant  ...  contre  qui 
il  a  dès  longtemps  conçu  haine  et  envie,  en  sorte  qu'il  a  toujours 
tâché  de  le  perdre  par  procès  et  autrement  ...  (3). 

Dejong  termine  sa  supplique  en  demandant  la  per- 
mission de  vendre  de  la  bière  le  dimanche  en  dehors 
des  offices.  Le  gouvernement  répondit-il  favorablement 
à  cette  pétition?  Nous  n'avons  pu  nous  renseigner  exac- 
tement sur  cette  question,  mais  nous  savons  que  Guil- 
laume d'Olne  se  montra  vivement  irrité,  et  traita  de 
calomnie  le  contenu  de  cette  supplique  (4).  Il  poursui- 
vit même  Dejong  du  chef  de  dénonciation  calomnieuse, 
et,  le  16  juin  1710,  la  Cour  d'Olne  condamna  l'accusé 
à  révoquer  publiquement  tout  ce  qu'il  pouvait  avoir 
dit  ou  écrit  à  charge  du  seigneur  plaignant,  à  en  faire 
«  condigne  réparation  »  et  à  lui  en  demander  pardon. 
Le  condamné  appela  immédiatement  de  cette  sentence 
au  juge  supérieur  (5). 

(1)  Genièvre. 

(2)  Met  à  l'amende. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  55. 

(4)  Cour  d'Olne,  vol.  XXI,  fol.  52. 

(5)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  55bi«. 


—  247  — 

Nous  pensons  que  ce  fut  à  l'instigation  de  Guil- 
laume d'Olne  que  des  habitants  de  ce  ban  réclamèrent 
devant  la  justice  contre  la  banalité  de  la  brasserie  ou 
du  moins  contre  l'extension  que  Dejong  voulait  lui 
donner.  Le  4  avril  1710,  le  Souverain  Conseil  de 
Brabant  décida  que  personne  ne  pouvait  acheter  de 
la  bière  qu'à  la  brasserie  banale,  et  que  personne  ne 
pouvait  revendre  d'autre  bière  ;  mais  dans  chaque 
famille  on  pouvait  brasser  de  la  bière  pour  l'usage 
domestique  (*). 

Nous  ne  dirons  rien  de  la  lutte  de  ce  seigneur 
contre?  l'arbitraire  des  Hollandais  quant  à  l'admission 
aux  emplois  judiciaires.  Nous  avons  rappelé  de  sem- 
blables querelles  sous  Buirette  et  nous  avons  à  en  faire 
connaître  d'autres  particulièrement  intéressantes.  Tous 
ces  faits  se  ressemblent  et  leur  énumération  complète 
deviendrait  fastidieuse. 

Guillaume  d'Olne  mourut  dans  son  nouveau  châ- 
teau le  22  décembre  1716;  son  épouse,  Christine  de 
Jennet,  l'avait  précédé  dans  la  tombe  le  16  juillet  de  la 
même  année  (2). 

XXII. 

* 

LE  GRAND  PROCÈS  POUR  LA  DIME  ET  RUINE 

DE  LA  CURE  (171 5).  JEAN  DEROO. 
A.  DE  LAMBERMONT,  PRÉDICANT  CALVINISTE. 

Les  premières  années  du  curé  Prayon  ne  faisaient 
guère  présager  les  difficultés  qu'il  eut  dans  la  suite,  car 
il  s'était  accordé  amiablement  avec  les  protestants  et 
avec  leur  ministre,  Abel  de  Lambermont,  pour  la 
réparation  de  la  voûte  du  chœur  de  l'église,  et  avec  ses 
paroissiens  pour  la  location  d'une  maison  d'habitation, 

(1)  Cour  cTOlne,  vol.  XXI,  fol.  102.  Rapport  fait  par  les  commis  au 
peuple  assemblé. 

(2)  J.  Dans,  Analectes,  t.  XIV,  p.  355. 


—  248  — 

ainsi  que  pour  le  paiement  de  sa  quote-part  dans  les 
contributions  de  guerre  (*). 

Prayon,  comme  ses  prédécesseurs,  jouissait  d'un 
tiers  de  la  grosse  dîme,  et  de  deux  tiers  de  la  menue  (j). 
C'était  là  ce  qu'on  appelait  la  dîme  pastorale,  qui 
depuis  près  d'un  siècle  était  cédée  en  location  aux  Wil- 
kin,  qui  exploitaient  également  la  part  du  Chapitre  de 
Saint- Adalbert.  En  1709  encore,  Jacques  Wilkin  prit 
en  location  par  des  actes  distincts,  la  dîme  pastorale  et 
la  dîme  capitulaire  (3). 

Mais  en  1712,  les  nommés  Herman  Dejong  et  Jean 
Deroo  se  présentèrent  au  Chapitre  pour  offrir  une  sur- 
enchère considérable  sur  le  prix  payé  par  Wilkin.  Ils 
proposèrent  même,  pour  l'utilité  commune  du  Chapitre 
et  du  curé,  de  prendre  en  location,  par  un  seul  bail, 
toute  la  dîme  en  général,  sauf  à  rembourser  le  curé  au 
pro  rata  de  ses  droits  ;  ce  dernier  eut  le  tort  d'accepter, 
et  le  Chapitre  seul  signa  l'acte  de  location  tant  en  son 
nom  qu'au  nom  du  curé,  mais  sans  nommer  celui-ci  (4). 
Remarquons  que  Deroo  et  Dejong  ne  reprirent  pas 
seulement  la  dîme  d'Olne,  mais  toutes  les  dîmes  de 
Saint-Adalbert  en  ce  pays,  c'est-à-dire  celle  du  ban  de 
Soiron,  celle  du  Fief  Saint- Hadelin,  celle  de  la  Basse- 
Fraipont  et  d'une  petite  partie  de  la  vouer ie  de  Fléron, 
le  tout  pour  le  prix  de  730  écus  en  espèces  outre  les 
charges  habituelles  :  entretenir  les  églises,  subvenir 
aux  nécessités  du  culte,  fournir  les  animaux  reproduc- 
teurs ...,  etc.  Le  contrat  fut  passé  sur  ce  pied  pour 
commencer  à  la  Saint-Jean  de  1712,  et  finir  le  même 
jour  de  l'an  1715  ;  or,  pendant  ces  trois  ans,  il  ne  fut 
pas  possible  au  curé  d'entrer  en  compte  ni  avec  les 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  3,  12  et  i3. 

(2)  Voy.  notre  Chapitre  VI. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  8. 

(4)  Ibidem,  doc.  14  et  17.  Jacques  Wilkin,  évincé  de  la  dîme,  exerça 
son  activité  dans  le  commerce  des  clous.  Il  alla  même  en  vendre  à  la 
foire  de  Francfort,  ce  qui  prouve  le  développement  que  l'industrie  de  la 
clouterie  avait  pris  dans  nos  environs  (Cour  fOlne,  vol.  XXIV,  fol.  79)  % 


—  249  — 

dimeurs  ni  avec  le  Chapitre,  en  sorte  qu'il  ne  put  rien 
obtenir  ;  il  fut  donc  obligé  de  leur  notifier  que  pour  un 
nouveau  terme  de  trois  ans  il  était  d'intention  de  louer 
sa  portion  séparément. 

Le  Chapitre  s'y  opposa  et  résolut  de  conserver  pour 
lui  seul  toute  la  dîme.  Il  fondait  ses  prétentions  princi- 
palement sur  un  accord  conclu  avec  les  Hollandais,  le 
10  août  i656,  et  sur  celui  du  16  juin  i663,  par  lequel 
le  Chapitre  avait  été  maintenu  dans  la  possession  de  la 
dîme,  moyennant  une  redevance  annuelle.  Dans  ces 
deux  pièces,  le  Chapitre  seul  était  nommé.  Collateur 
de  la  cure,  il  avait  négocié  pour  la  dîme  entière,  et 
réservait  sa  part  au  curé. 

Jacques  Prayon,  au  contraire,  exhibait  à  l'appui 
de  ses  prétentions  d'anciens  records  de  la  justice 
d'Olne,  et  les  actes  de  location  conclus  par  lui  et  ses 
prédécesseurs  avec  la  famille  Wilkin  ;  ces  pièces  éta- 
blissaient une  possession  immémoriale  en  faveur  du 
curé  (\).  Plusieurs  vieillards  témoignèrent  qu'ils  avaient 
vu  jadis  le  curé  Delva  récolter  lui-même  sa  part  de  la 
dîme  après  l'invasion  française  de  1672  (2). 

Malgré  ces  arguments  qui  paraissaient  péremp- 
toires,  ce  fut  le  curé  qui  perdit  son  procès,  car  par  la 
sentence  du  Conseil  d'Etat  du  26  juillet  1715,  il  était 
déclaré  mal  fondé  et  point  recevable  dans  sa  demande, 
et  on  lui  ordonnait  de  laisser  le  Chapitre  dans  la  pai- 
sible possession  de  la  dîme  entière  (3). 

Les  curés  d'Olne  se  sont  efforcés  plusieurs  fois 
pendant  le  xvme  siècle  de  récupérer  leurs  droits,  mais 
sans  succès.  Citons  notamment  (i)  la  supplique  de  Clé- 
ment Wilkin,  au  mois  d'octobre  1729.  Le  clergé  fut 
réduit  pendant  tout  ce  temps  à  vivre  d'aumônes. 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  16,  17,  18  et  19. 

(2)  Ibidem,  doc.  20.  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  citer  littéralement 
cette  pièce  remarquable. 

(3)  Ibidem,  doc.  22. 

(4)  Ibidem,  doc.  28. 


—  250  — 

Le  procès  avec  Jacques  Prayon  ne  fut  pas  le  seul 
que  le  Chapitre  eut  à  soutenir  relativement  à  la  dîme. 
Le  nommé  Simar  Spirlet  fut  condamné,  à  la  demande 
des  chanoines,  à  laisser  percevoir  la  dîme  sur  la  récolte 
des  chardons  (i),  et  le  fermier  Libert  fut  condamné  à 
payer  la  dîme  de  la  laine  et  des  agneaux  (2). 

Le  Chapitre  engagea  même  des  procès  contre  son 
propre  dîmeur,  Herman  Dejong,  qui  était  mauvais 
payeur  (s).  Nos  lecteurs  connaissent  déjà  trop  bien  ce 
personnage,  pour  que  nous  ayons  besoin  de  donner  sur 
lui  de  nouveaux  détails;  mais  il  nous  reste  un  mot  à 
dire  de  son  associé,  Jean  Deroo,  échevin  et  greffier  de 
la  Cour  de  justice  du  Mont-Saint-Hadelin. 

Ce  Jean  Deroo  suscita  de  graves  difficultés  à  Jacques 
Prayon  au  sujet  de  la  collation  du  vicariat  de  Saint- 
Hadelin.  Secondé  par  son  neveu,  l'avocat  Renand,  il 
exigea  que  ce  vicariat,  devenu  vacant,  fut  conféré  à 
Jean  Abinden,  parent  du  défunt  curé,  Henri  Abinden. 

Jacques  Prayon  refusa  et  nomma  un  autre  ;  alors 
les  habitants  de  Saint-Hadelin,  instigués  par  Deroo  et 
Renand,  conférèrent  de  leur  propre  chef  le  bénéfice  à 
Jean  Abinden  et  le  maintinrent  en  possession  malgré 
le  curé. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  étonnant  dans  cette  histoire, 
c'est  que  le  5  avril  1712,  Jean  Deroo  parvint  à  obtenir 
du  pape  Clément  XI  une  bulle  qui  accordait  le  droit 
de  patronage  sur  la  chapelle  de  Saint-Hadelin  à  la 
communauté  de  ce  nom.  Cette  bulle  était  nulle  de 
plein  droit  (4)  car  les  raisons  alléguées  par  Deroo  dans 
sa  supplique  au  pape  n'étaient  qu'une  suite  d'accrocs  à 
la  vérité  :  ainsi  il  promettait  d'augmenter  le  bénéfice 
d'une  rente  annuelle  de  dix-huit  muids,  prise  sur  ses 
propres  biens,  et  plus  tard  il  prétendit  s'être  libéré  de 

(1)  Cour  d'Olne,  reg.  XXVIII,  fol.  40. 

(2)  Ibidem,  reg.  XXXIII,  foi.  6. 

(3)  Ibidem,  reg.  XXIV,  fol.  23q  v°. 

(4)  11  y  avait  obreption  et  subrcption. 


—  251  — 

cette  obligation  en  construisant  la  nouvelle  maison 
vicariale,  et  en  y  annexant  un  jardin  et  deux  prairies. 
Or,  le  jardin  était  la  seule  chose  qu'il  eût  cédé  de  ses 
propres  biens  ;  les  prairies  provenaient  de  la  commu- 
nauté, et  la  maison,  qui  est  le  presbytère  actuel,  fut 
bâtie  en  1712  et  1713  avec  le  produit  de  la  vente  des 
biens  communaux  (i). 

La  bulle  n'obtint  pas  force  de  loi  ;  cependant  Abin- 
den  ayant  été  agréé  par  Jacques  Prayon,  resta  en  pos- 
session du  vicariat  de  Saint-Hadelin  jusqu'à  la  fin  de 
ses  jours,  c'est-à-dire  pendant  plus  de  trente-sept  ans. 

En  janvier  1729,  Jacques  Prayon  résigna  la  cure 
en  faveur  de  Clément  Wilkin,  fils  de  son  ami  Jacques 
Wilkin  (2).  On  trouvera  sur  les  curés  Prayon  et  Wilkin, 
au  chapitre  suivant,  des  détails  intéressants. 

Le  ministre  protestant  contemporain  de  ces  deux 
pasteurs  était  A  bel  de  Lambermont,  homme  remar- 
quable par  sa  science.  Il  était  le  successeur  immédiat 
de  Chrouet  et  occupait  déjà  ce  poste  en  1798,  où  nous 
lavons  vu  en  procès  avec  le  curé  Abinden. 

De  Lambermont  est  l'auteur  d'un  livre  intitulé  : 
Catéchisme  ou  abrégé  des  principaux  points  de  la  reli- 
gion chrétienne  réformée. 

Le  zèle  de  ce  ministre  ne  se  renferma  pas  dans  les 
limites  étroites  de  son  troupeau  :  sous  le  curé  Wilkin 
il  provoqua  une  réunion  du  synode  wallon,  c'est-à-dire 
des  députés  des  quatre  églises  réformées  d'Olne,  Blégny, 
Dalhem  et  Vaals  et,  sur  sa  proposition,  une  députation 
fut  envoyée  auprès  du  gouvernement  hollandais  afin 
d'obtenir  le  maintien  d'un  prédicant  calviniste  à  Hodi- 
mont,  dans  le  duché  de  Limbourg,  où  il  y  avait  alors 
vingt-deux  communiants  de  cette  secte  (3). 

(1)  Registre  archivai  de  V église  Saint-Hadelin, 

(2)  Le  Chapitre  s'efforça  d'empêcher  l'installation  de  Wilkin,  mais 
il  ne  put  y  parvenir,  parce  que  la  renonciation  de  Prayon  était  faite 
dans  les  limites  de  la  réservation  pontificale  (Daris,  Histoire  de  la  prin- 
cipauté et  du  diocèse  de  Liège,  t.  VII,  introduction,  p.  iv). 

(3)  Actes  du  consistoire  de  l'église  wallonne  d'Olne. 


—  252  — 

De  Lambermont  mourut  en  1757  :  il  avait  donc 
dirigé  les  réformés  d'Olne  pendant  près  de  soixante 
ans.  Il  eut  pour  successeur  Jean-Baptiste  Loire  qui,  à 
son  tour,  fut  remplacé  en  1784  par  Abraham -Samuel 
Borel . 

XXIII. 

LE  BAN  D'OLNE  ET  SON  ÉGLISE 
SOUS  GUILLAUME-PHILIPPE  D'OLNE.  TRACASSERIES 

DES  RÉFORMÉS  (1716-1755). 

Guillaume-Philippe  dOlne  fut  reçu  le  20  octobre 
1716  comme  héritier  de  la  seigneurie  d'Olne  par  la 
Cour  féodale  de  Dalhem,  devant  laquelle  il  releva  le 
fief  et  prêta  le  serment  accoutumé  (1). 

Outre  les  seigneuries  d'Olne  et  de  Saint-Hadelin, 
il  avait  obtenu  de  Guillaume  d'Olne  son  père,  en  vertu 
du  testament  du  27  mars  1713,  le  domaine  de  Froid- 
bermont,  le  nouveau  château  avec  ses  dépendances  et 
le  moulin  banal  de  Vaux-sous-Olne  (2). 

De  graves  difficultés  surgirent  entre  les  héritiers  (3), 
mais  le  i5  décembre  un  arrangement  fut  conclu  :  Guil- 
laume-Philippe gardait  les  immeubles  et  faisait  quelques 
concessions  à  ses  co-héritiers  (4). 

Il  avait  épousé,  le  27  janvier  1707,  la  baronne  de 
Rhoë  d'Obsinnich,  qui  possédait  les  châteaux  de  Baarlo 
et  de  Berckt  en  Hollande,  où  Guillaume-Philippe  alla 
habiter  à  plusieurs  reprises  et  où  ses  descendants  se 
sont  fixés  définitivement.  En  1727,  au  moment  où  il 
voulait  aller  en  Hollande,  le  gouvernement  hollandais 
ou  son  délégué  l'obligea  à  écrire  la  lettre  suivante  au 
curé  Prayon  : 

Comme  il  se  pourrait  que  pendant  mon  absence,  le  révérend 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  5i. 

(2)  Ibidem,  doc.  48. 

(3)  Ibidem,  doc.  52. 

(4)  Ibidem,  coll.  III,  doc.  24. 


—  253  — 

Jacques  Prayon,  curé  d'Olne,  serait  interpellé  de  la  part  de  Mon- 
sieur le  grand  vicaire  ...  de  se  rendre  à  Liège  sans  qu'il  soit  placeté 
de  nos  seigneurs  les  Etats-Généraux,  ce  qui  ne  peut  se  faire  sans 
donner  atteinte  à  l'autorité  souveraine,  aux  privilèges  du  pays  et 
à  nos  droits  jurisdictionnels,  défendons  très  expressément  au  révé- 
rend curé  de  donner  parition  à  telles  interpellations,  à  peine  qu'en 
cas  de  contravention  il  sera  traité  selon  les  lois  du  pays  ...  (i). 

On  le  voit,  nos  maîtres  d'alors  redoutaient  comme 
un  grave  danger  les  rapports  du  clergé  avec  ses  supé- 
rieurs hiérarchiques.  Ce  ne  fut  certainement  que  con- 
traint que  Guillaume- Philippe  écrivit  cette  lettre,  car 
il  s'efforça  constamment  de  favoriser  les  catholiques. 

Ainsi  nous  le  voyons  constituer  un  titre  patrimonial 
en  faveur  du  jeune  Clément  Wilkin,  pour  lui  permettre 
d'entrer  dans  les  ordres  (*)  ;  en  1729  il  voulait  conférer 
à  un  catholique,  Antoine  Rensonnet,  une  fonction  de 
juge  à  la  Cour  d'Olne,  par  le  motif  que  les  candidats 
réformés  étaient  proches  parents  de  l'un  ou  l'autre  des 
échevins  déjà  en  fonctions. 

Le  consistoire  de  l'église  wallonne  réformée  d'Olne 
recourut  aux  Etats-Généraux  afin  d'empêcher  la  nomi- 
nation de  Rensonnet.  Dans  cette  requête,  nous  rele- 
vons le  passage  suivant  qui  est  de  nature  à  faire  con- 
naître les  véritables  sentiments  de  Guillaume-Philippe 
d'Olne  : 

Vos  Hautes  Puissances  savent  assez  combien  les  catholiques- 
romains  tâchent  de  fortifier  leur  parti  et  d'affaiblir  le  nôtre  en  met- 
tant autant  qu'ils  peuvent  dans  les  charges  publiques  les  plus 
accrédités  d'entre  eux,  et  en  nous  privant  autant  qu'ils  peuvent  de 
cesmêmes  charges.  Or,  comme  il  y  a  déjà  dans  la  justice  un  éche- 
vin  catholique-romain  et  que  le  greffier  l'est  aussi,  il  est  visible 
que  si  ledit  Rensonnet  leur  était  adjoint,  tout  cela  soutenu  par  le 
seigneur  d'Olne,  fort  zélé  pour  la  même  religion,  nous  aurions  nos 
principaux  juges  comme  parties  dans  les  cas  où  il  s'agirait  des  inté- 
rêts de  notre  religion  ...  (3). 

(  1  )  A rchives  pastorales,  coll .III,  doc.  24. 
(2J  Ibidem,  doc.  26. 

(3)  Ibidem,  doc.  3r.  Des  échevins  ne  sont  jamais  juges  et  parties  s'ils 
sont  réformés. 

33 


—  254  — 

Le  gouvernement  hollandais  accueillit  cette  requête 
avec  bienveillance  et  maintint  strictement  l'exclusion 
des  catholiques  (4).  Le  16  décembre  1729,  le  seigneur 
nomma  échevin  le  notaire  Mathieu  le  moisne,  diacre 
de  1  église  réformée  et  neveu  de  deux  échevins  déjà  en 
fonctions.  Le  nouveau  juge  fut  admis  au  serment  par 
la  Cour  après  avoir  produit  un  écrit  des  Etats-Géné- 
raux, où  il  était  dit  que  ledit  Lemoisne  étant  de  la 
religion  réformée  dispense  est  accordée  sur  le  défaut 
d'autres  qualités  requises  (2). 

Le  zèle  du  petit  groupe  de  sectaires  qui  dominait 
à  Ol ne  s'exerçait  surtout  contre  le  clergé  catholique. 
Ils  appliquèrent  à  notre  commune  le  règlement  du 
25  mars  1725  sur  les  écoles,  en  vertu  duquel  il  était 
défendu  à  tout  catholique  de  tenir  école,  et  même 
de  conduire  les  enfants  sur  un  territoire  étranger 
pour  les  y  instruire,  disposition  qui  semblait  écrite 
exprès  pour  le  ban  d'Olne,  car  à  proximité  il  y  avait 
des  écoles  catholiques  à  Froidheid  et  à  Mont-Saint- 
Hadelin. 

Ce  règlement  soumettait  toutes  les  écoles  à  la  classis 
c'est-à-dire  à  l'assemblée  des  ministres  protestants  de 
la  province  (a). 

Nous  avons  vu  comment  Clément  Wilkin  devint 
curé  d'Olne  en  1729.  Trois  ans  plus  tard,  les  Hollan- 
dais lui  défendirent  de  recevoir  n'importe  quel  mande- 
ment ou  ordonnance  de  son  évêque,  à  moins  que  cette 
pièce  ne  fut  revêtue  du  placet  de  l'autorité  souveraine. 
En  1740,  ils  appliquèrent  spécialement  cette  défense  à 
la  bulle  Unigenitus  (4). 

Ils  exécutèrent  à  la  lettre  les  ordonnances  de  i656 
et  de  1684  qui  interdisaient  toute  fonction   du   culte 

(1)  Archives  pastorales  y  coll.  III,  doc.  32. 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  XXVII,  fol.  116. 

(3)  Ce  règlement  a  été  transcrit  par  J.  Daris,  Analectes,  t.  XIV, 
p.  373. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  36. 


—  255  — 

catholique  en  dehors  des  églises  ;  on  pourra  en  juger 
par  la  pièce  suivante  du  1 1  mars  1749  : 

Le  sieur  officier-criminel  du  ban  et  seigneurie  d'Olne  ...  étant 
informé  depuis  peu  que  le  sieur  Wilkin  curé  de  ce  ban  aurait  été 
si  oublieux  de  son  autorité  en  allant  porter  l'Extrême-Onction  aux 
malades,  d'avoir  le  surplis  blanc  sur  son  bras,  et  la  boite  avec  les 
hosties  sur  sa  main  découverte  ;  que  par  cette  monstration  les 
catholiques-romains  qui  se  trouvent  dans  la  rue  se  prosternent  à 
genoux  devant  ledit  sieur  curé;  de  même  en  enterrant  les  morts  ... 
le  prêtre  vient  habillé  en  surplis  blanc  avec  la  croix  à  la  main, 
en  jetant  de  l'eau  bénite  sur  le  cadavre  dans  la  rue,  les  personnes 
se  mettant  à  genoux  devant  ledit  sieur  curé,  et  comme  tels  exer- 
cices publics  sont  hautement  défendus  par  les  règlements  et  ordon- 
nances souveraines,  ledit  officier  requiert  enseignement  de  défense 
audit  sieur  curé  et  à  tous  autres  prêtres  romains  de  ce  dit  lieu  de 
ne  plus  donner  atteinte  aux  ordonnances  souveraines,  sous  peine 
d  être  punis  et  châtiés  ...  (1). 

Comme  on  le  voit,  le  zèle  des  réformés  n'était  pas 
refroidi  après  une  domination  d'un  siècle  ;  l'expérience 
aurait  cependant  dû  leur  apprendre  que  leurs  mesures 
vexatoires  ne  faisaient  que  redoubler  la  ferveur  des 
catholiques. 

On  s'étonnera  peut-être  que  l'officier-criminel  ait 
pu  écrire  une  semblable  lettre,  lui  qui  dépendait  entiè- 
rement du  seigneur,  mais  nous  croyons  que  l'appui  du 
gouvernement  hollandais  permettait  aux  réformés  de 
la  Cour  de  justice  de  faire  abstraction  de  l'autorité  sei- 
gneuriale. En  effet,  Guillaume-Philippe  était  person- 
nellement le  protecteur  des  catholiques,  et  ne  les  con- 
trariait en  rien  comme  on  peut  le  voir  encore  par  cet 
écrit  : 

Je  permets  à  Monsieur  Wilkin  curé  d'Olne  de  recueillir  ou  de 
faire  recueillir  par  qui  il  trouvera  bon  les  voix  et  suffrages  des 
inhabitants  de  ce  ban  et  à  Saint-Hadelin  à  l'effet  de  choisir  tant 
un  vicaire  qu'un  marguiller  nécessaires  à  son  église,  donnant  audit 
seigneur  curé  ma  voix  et  suffrage  pour  celui  ou  ceux  qu'il  jugera 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  40. 


—  256  — 

être  sujets  dignes  et  idoines  à  remplir  lune  et  l'autre  de  ces  deux 
places. 

En  foi  de  quoi  je  l'ai  muni  de  mes  armes  et  soussigné  ...  (i). 

Cette  pièce  témoigne  des  bons  rapports  du  baron 
avec  le  curé  Wilkin.  Si  nous  en  croyons  G.  Nautet  (2) 
ce  dernier  aurait  été  en  1745  frappé  d'interdit  par  ses 
supérieurs.  Voici  comment  :  un  particulier  de  Soiron 
qui  ne  pouvait  se  marier  parce  que  ses  parents  et  son 
propre  curé  s'y  opposaient,  avait  fabriqué  un  certificat 
avec  la  fausse  signature  de  Clément  Wilkin,  et  nanti 
de  cette  pièce,  était  allé  se  marier  à  l'église  Saint- Pierre 
à  Aix-la-Chapelle.  Le  grand-vicaire  de  Liège,  informé 
du  fait,  ^interdit  la  messe  au  curé  d'Olne  jusqu'à  sa 
justification  complète. 

Un  autre  événement  fit  beaucoup  de  bruit  vers  la 
même  époque  :  c'est  celui  de  la  mort  mystérieuse  du 
vicaire  de  Saint-Hadelin,  Jean  Abinden.  Le  19  février, 
jour  du  mardi-gras  de  l'année  1749,  l'avocat  Renand 
alla  trouver  ce  digne  prêtre,  son  voisin  et  lui  proposa 
de  faire  ensemble  une  excursion  à  Forêt.  Abinden 
résista  d'abord,  alléguant  qu'il  avait  son  école  à  tenir. 
Renand  répliqua  que  c'était  carnaval  et  qu'il  fallait  se 
divertir.  Ils  allèrent  de  compagnie  et  s'amusèrent  pro- 
bablement jusque  assez  tard  dans  la  soirée. 

Or,  le  matin,  on  trouva  Abinden  mort  sur  le  che- 
min de  Saint-Hadelin  ;  il  avait  probablement  succombé 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  35.  L'élection  du  vicaire  et  du 
marguillier  se  fit  le  lendemain,  jour  de  Saint  Jean- Baptiste.  Le  vicaire 
et  le  marguillier  qui  étaient  payés  par  la  communauté,  devaient  se  repré- 
senter chaque  année  devant  le  curé  et  les  paroissiens  assemblés  avec  la 
permission  du  seigneur.  Ordinairement  cette  assemblée  avait  Heu  le 
6  mai,  et  Ton  y  débattait  départ  et  d'autre  les  conditions  dun  nouveau 
contrat  ;  la  réunion  avait  lieu  à  l'église  et  différait  des  réunions  de  la 
communauté  proprement  dite,  qui  se  tenaient  au  consistoire  scabinal. 

(2)  Notices  historiques  sur  r ancien  pays  de  Liège,  t.  III,  p.  41.  Le 
même  auteur  parle  de  la  famine  de  1740  et  des  années  suivantes  et  de  la 
cherté  des  vivres,  rendue  plus  sensible  par  la  mort  du  grand  bienfaiteur 
de  notre  région  :  du  baron  T.  de  Woelmont. 


—  257  — 

à  une  attaque  d  apoplexie,  car  il  était  sujet  à  de  sem- 
blables accidents. 

Dans  cette  aventure  la  conduite  de  Renand  fit 
naître  les  plus  graves  rumeurs  dans  le  public.  Avait-il 
commis  l'imprudence  de  laisser  retourner  seul  son 
compagnon,  qui  était  un  vieillard  caduc  ?  Ou  avait-il 
été  témoin  de  la  catastrophe  ?  Dans  cette  seconde  sup- 
position, il  aurait  eu  grandement  tort,  connaissant  la 
mort  du  vicaire,  daller  se  coucher  sans  en  dire  un 
mot  à  personne,  pas  même  à  la  servante  d'Abinden, 
qui  dans  son  anxiété  alla  trois  fois  pendant  la  nuit 
heurter  à  la  porte  de  Renand. 

Celui-ci  aggrava  ses  torts  déjà  si  grands  en  assem- 
blant chez  lui  les  habitants  de  Saint-Hadelin,  peu  de 
jours  après  et  en  leur  demandant  de  choisir  pour 
vicaire  son  propre  neveu,  le  révérend  Chefnay.  Il 
avait  eu  soin  auparavant  de  les  influencer  en  parti- 
culier. Bref,  on  trouva  si  louche  la  conduite  de  Renand 
que  beaucoup  n'hésitèrent  pas  à  le  rendre  responsable 
de  la  mort  d'Abinden,  et  à  prononcer  le  mot  de  crime  ; 
on  en  parla  énormément  dans  tout  le  pays. 

Les  échevins  de  la  Cour  du  Fief  procédèrent  le 
1 1  avril  à  une  enquête  sur  les  causes  du  décès  de  l'abbé 
Abinden,  et  interrogèrent  notamment  la  servante  du 
défunt  (i).  Cette  enquête  n'eut  aucun  résultat  et,  le 
10  mai,  l'avocat  Renand  vint  protester  publiquement 
en  plein  tribunal  contre  cette  enquête  offensante  pour 
son  honneur  (a).  Il  n'y  eut  pas  de  poursuite  contre  lui, 
mais  il  ne  parvint  pas  à  maintenir  son  neveu  en  pos- 
session du  bénéfice  de  Saint-Hadelin,  qui  fut  conféré 
au  jeune  Arn.  Arnotte  (3). 

Il  devait,  à  cette  époque,  se  commettre  beaucoup 
de  déprédations  dans  les  campagnes  d'Olne,  car  la 
police  ordinaire  ne  suffisait  pas  à  les  réprimer,  et  nous 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  39. 

(2)  Cour  de  Saint-Hadelin,  rôles. 

(3)  Registre  archivai  de  Véglise  de  Saint-Hadelin. 


—  258  — 

voyons  de  nombreux  habitants  de  notre  ban  faire  em- 
banner  leurs  propriétés,  c'est-à-dire  obtenir  de  la  justice 
le  privilège^de  pouvoir  arrêter  et  faire  punir  chaque 
délinquant  sur  leur  simple  affirmation  {i).  Plus  tard, 
on  exigea  le  serment  (2).  Le  seigneur  lui-même,  avec 
plusieurs  autres,  demanda  cette  mesure  de  sauvegarde 
contre  «  les  particuliers  si  audacieux  que  de  voler 
»  gerbes  de  grains,  chardons  jeunes  et  mûrs,  fouler  et 
»  pâturer  les  prairies,  et  ce  malgré  les  ordonnances 
»  souveraines  souvent  publiées  (3).  » 

Nous  avons  peu  de  détails  à  donner  sur  les  der- 
nières années  de  Guillaume-Philippe  d'Olne,  qui  alla 
souvent  résider  en  Hollande  dans  les  domaines  de  sa 
femme.  Il  se  donna  toujours  beaucoup  de  peine  pour 
gagner  les  faveurs  du  gouvernement  hollandais.  C'est 
ainsi  qu'en  1748,  voulant  donner  une  marque  de  sa 
fidélité  aux  Etats-Généraux,  il  leur  offrit  un  régiment 
de  dragons,  pour  la  formation  duquel  il  fit  un  appel 
aux  jeunes  gens  désireux  de  s'enrôler  ;  il  dépensa  ainsi 
des  sommes  considérables.  Alléchés  par  l'élévation  de 
la  paie  et  le  brillant  de  l'uniforme,  de  nombreux  jeunes 
gens  du  pays  wallon  s'enrôlèrent  dans  le  régiment  du 
baron  dOlne  (4). 

Guillaume- Philippe  d'Olne  mourut  en  1755.  Son 
épouse  l'avait  précédé  dans  la  tombe.  Ils  eurent  huit 
enfants  dont  les  deux  aînés  se  succédèrent  en  qualité 
de  seigneurs  du  ban  d'Olne. 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXI,  fol.  28  et  100. 

(2)  Ibidem,  vol.  XXXII,  fol.  i65. 

(3)  Ibidem,  vol.  XXX,  fol.  123. 

(4)  G.  Nautet,  Notices  historiques  sur  l'ancien  pays  de  Liège,  t.  III, 

p.  48. 


—  259  — 
XXIV. 

LAMBERT-HENRI  D'OLNE,  PUIS  GUILLAUME-FRÉDÉ- 
RIC, SEIGNEURS  D'OLNE.  GRAVES  DISSENSIONS 
DANS  LA  COMMUNAUTÉ  (1755-1765). 

Lambert-Henri  d'Olne,  le  nouveau  seigneur,  avait 
été  lieutenant-colonel  commandant  le  régiment  des 
Pandours  du  baron  de  Trenck,  au  service  de  l'Autriche, 
pendant  la  guerre  de  succession,  puis  colonel  et  pro- 
priétaire d'un  régiment  de  dragons  au  service  de  la 
Hollande  (i). 

Pendant  le  court  espace  de  temps  qu'il  resta  seigneur 
d'Olne,  il  data  plusieurs  écrits  du  château  d'Olne,  et 
plusieurs  autres  de  Maestricht  où  se  trouvait  proba- 
blement son  régiment  (2). 

Il  réussit  à  calmer  de  graves  dissensions,  qui  déjà 
du  vivant  de  son  père  avaient  éclaté  au  sein  de  la 
communauté.  Résumons  les  faits  :  contrairement  à 
la  coutume  ancienne  d'après  laquelle  les  deux  bourg- 
mestres n'étaient  élus  que  pour  deux  ans,  Hubert  Scri- 
ver  et  Arnold  Arnotte,  nommés  en  1746,  étaient  restés 
en  fonction  pendant  quatre  années  consécutives  sans 
se  faire  réélire  en  1748  (3). 

Semblable  irrégularité  ne  doit  pas  nous  étonner, 
car  en  ce  temps-là  les  communautés  n'étaient  pas  régies 
par  une  loi  générale  du  pays  comme  les  communes 
d'aujourd'hui  ;  chacune  d'elles  avait  ses  règles  particu- 
lières. On  aurait  difficilement  trouvé  deux  communes 
gouvernées  d'après  des  statuts  identiques,  car  les  ma- 
nants assemblés  établissaient  eux-mêmes  les  règlements, 
sauf  à   ne  pas   en  tenir  compte  quand   ceux-ci    les 

(1)  J.  Daris,  Analectes,  t.  XIV,  p.  356. 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXIII,  fol.  276  et  vol.  XXXIV,  fol.  67.  Ce 
régiment  était  probablement  celui  donné  par  Guillaume-Philippe  aux 
Etats-Généraux. 

(3)  Ibidem,  vol.  XXXV,  fol.  4  et  5. 


—  260  — 

gênaient  ;  considérant  ces  règlements  comme  une 
simple  convention,  ils  prétendaient  être  libres  de  les 
abolir  ou  de  les  maintenir  à  leur  gré. 

Bref,  ce  ne  fut  que  le  3  décembre  1750  que  les  deux 
bourgmestres  Arnotte  et  Scriver  déposèrent  leurs 
comptes  ;  or,  les  habitants  trouvèrent  exagérée  l'indem- 
nité qu'ils  réclamaient  pour  leurs  peines,  dépenses  et 
pertes  de  temps  (\).  Vainement  la  communauté  fut-elle 
réunie  plusieurs  fois,  il  fut  impossible  de  se  mettre 
d'accord  ;  or,  les  deux  commis  sortants  prétendaient 
qu'avant  l'approbation  complète  de  leurs  comptes,  on 
ne  pouvait  procéder  à  l'élection  de  deux  nouveaux 
bourgmestres. 

Tel  ne  fut  pas  l'avis  du  tribunal  des  échevins  :  à  la 
demande  des  régleurs  des  divers  hameaux,  il  fixa  au 
8  mars  1751  l'élection  de  deux  nouveaux  bourgmestres. 
La  communauté  fut  convoquée  pour  ce  jour  et  les 
affiches  apposées  (tomme  de  coutume  (2). 

Grande  fut  l'anxiété  de  Scriver  et  d'Arnotte  ;  ils 
craignirent,  s'ils  cédaient  la  place  à  d'autres,  d'être 
poursuivis  pour  leur  mauvaise  gestion.  Ils  résolurent 
donc  de  se  représenter  aux  suffrages  de  leurs  conci- 
toyens, et  ils  mirent  tout  en  œuvre  pour  réussir.  Voici 
quel  fut  le  résultat  de  l'élection  : 


Simar  Spirlet, 

79  voix 

Pierre  Régnier, 

77     w 

Hubert  Scriver, 

52      » 

Arnold  Arnotte, 

52       » 

En  conséquence,  les  deux  premiers,  candidats  nou- 
veaux, furent  proclamés  bourgmestres  du  ban  d'Olne  ; 
ils  intentèrent  un  procès  à  leurs  prédécesseurs  au  sujet 
de  leur  gestion.  Arnold  Arnotte  étant  mort  dans  le 
courant  de  cette  année  1751,  le  procès  se  poursuivit 
contre  les  héritiers  du  défunt  et  dura  plusieurs  années  ; 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXI I,  fol.  262. 

(2)  Ibidem ,  fol.  276. 


—  261  — 

il  se  termina  en  1759  par  un  arrangement  à  l'amiable  (1). 

De  nouvelles  difficultés  surgirent  en  1755  :  le 
17  juillet  de  cette  année  furent  élus  bourgmestres 
Hubert  Scriver  et  Henri  Delsaute.  Or,  le  premier 
était  déjà  juge,  substitut-greffier  et  lieutenant-mayeur. 
Le  second  était  notaire  et  collecteur  des  tailles  (rece- 
veur) . 

Le  colonel  Lambert-Henri  d'Olne,  depuis  peu  in- 
vesti du  pouvoir  seigneurial,  assistait  à  l'élection  et 
protesta  verbalement  contre  la  nomination  de  Delsaute 
et  de  Scriver  (2).  Le  lendemain  il  comparut  devant  la 
Cour  et  défendit  à  celle-ci  de  recevoir  les  deux  élus 
comme  bourgmestres  et  de  les  admettre  au  serment 
en  cette  qualité.  Sur  Tordre  du  seigneur,  la  Cour  de 
justice  fixa  au  24  juillet  l'élection  de  deux  nouveaux 
bourgmestres.  Henri  Hesbignon  et  le  juge  Régnier 
furent  élus  sur  la  proposition  du  seigneur  et  malgré 
les  protestations  d'André  Lemoine,  lecteur  de  l'église 
réformée  (3). 

Dans  cette  assemblée  le  seigneur  proposa  et  fit 
adopter  un  règlement  verbal  contenant  ces  deux  dis- 
positions (4)  :  «  i°  Ne  pourront  désormais  être  élus 
»  bourgmestres  ceux  qui  exercent  la  fonction  de  mayeur, 
»  celle  de  collecteur  des  tailles  ou  une  autre  charge 
»  incompatible;  20  Personne  ne  pourra  rester  plus  de 
»  deux  ans  bourgmestre  (5)  à  moins  de  faire  renouveler 
»  son  mandat  par  les  électeurs  (g).  » 

Les  nouveaux  bourgmestres  Régnier  et  Hesbignon 
acquirent  en  1756,  au  nom  de  la  communauté,  la 
brasserie   banale   d'Olne  des  mains  des  héritiers  de 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXV,  fol.  5. 

(2)  Ibidem,  vol.  XXXIV,  fol.  21. 

(3)  Ibidem,  fol.  22. 

(4)  Nous  avons  déduit  les  termes  de  ce  règlement  des  discussions 
postérieures,  notamment  Cour  d'Olne,  vol.  XXXV,  fol.  2  à  5  et  vol.  XLI, 
au  17  et  18  décembre  1767. 

(5  et  6)  Plusieurs  prétendirent  qu'on  ne  pouvait  être  réélu  qu'après 
un  intervalle  de  deux  ans. 

34 


—  262  — 

Herman  Dejong  et  Anne  Hannotte,  pour  la  somme  de 
16,000  francs  (1).  Cette  acquisition  fut  approuvée  par 
le  gouvernement  hollandais. 

Le  colonel  dOlne  céda  en  mars  ou  en  avril  1756, 
la  seigneurie  à  son  frère  Guillaume-Frédéric,  qui  n'en 
paya  jamais  le  prix  entièrement,  mais  resta  redevable 
d'une  somme  de  10,000  écus  (2). 

Guillaume- Frédéric  résida  tantôt  à  t)lne,  tantôt 
dans  les  châteaux  de  Berckt  et  de  Baarlo,  dont  il  avait 
hérité  du  chef  de  sa  mère. 

Le  colonel  d'Olne  ayant  disparu,  les  Olnois  crurent 
qu'ils  pouvaient  désormais  se  dispenser  de  suivre  le 
règlement  imposé  par  lui  pour  l'élection  des  bourg- 
mestres. A  la  première  occasion,  en  1757,  ils  s'empres- 
sèrent de  réélire  Henri  Delsaute  et  Hubert  Scriver, 
malgré  leurs  fonctions  incompatibles.  En  1759,  ces 
deux  bourgmestres,  dont  le  mandat  touchait  à  sa  fin, 
osèrent  encore  une  fois  briguer  les  suffrages  des  élec- 
teurs. Mais  cette  fois,  le  baron  Frédéric-Guillaume 
d'Olne  s  opposa  à  leur  nomination  et  invoqua  le  récent 
règlement.  Ghisen,  drossart  de  Dalhem,  consulté  dans 
cette  circonstance,  répondit  :  «  Cette  affaire  n'est  pas 
»  de  mon  ressort  et  dépend  entièrement  des  bons  ha- 
»  bitants  d'Olne,  ceux-ci  ont  le  pouvoir  de  nommer 
»  et  de  révoquer  qui  il  leur  plait  (3).  »  Finalement, 
le  seigneur  fit  nommer  Servais  Arnotte  et  Jacques 
Chabrié. 

Vers  ce  temps,  la  collation  de  la  simple  place  de 
forestier  occasionna  bien  des  déboires  au  seigneur 
d'Olne.  Nous  savons  déjà  que  les  réformés,  qui  possé- 
daient toutes  les  fonctions  judiciaires,  se  contentaient 
parfois  d'en  percevoir  les  bénéfices  sans  même  faire 
acte  de  présence. 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXIV,  fol.  93. 

(2)  Cour  de  Dalhem,  vol.  VIII,  fol.  95. 

(3)  Cour  dOlne,  vol.  XXXV,  fol.  5. 


—  263  — 

Ainsi  Jacques  Delhaes,  forestier  d'Olne,  avait  ac- 
cepté en  août  1764  la  place  de  lecteur  à  l'église  wal- 
lonne réformée  de  Dalhem  ;  Frédéric-Guillaume  d'Olne 
le  considérant  comme  démissionnaire  par  le  fait  même 
de  son  absence,  nomma  à  sa  place  le  29  août  le  nommé 
André  Régnier.  Ce  choix  fut  approuvé  par  le  gouver- 
nement hollandais  ;  Régnier  fut  reçu  par  la  Cour  et 
prêta  le  serment  requis  (t). 

Mais  Delhaes,  soutenu  par  le  consistoire  réformé 
de  Dalhem,  recourut  au  gouvernement  pour  être  réta- 
bli dans  sa  charge  de  forestier,  sous  prétexte  qu'il 
n'était  lecteur  de  Dalhem  que  par  intérim,  et  qu'il  se 
faisait  remplacer  à  Olne  par  1  echevin  Rennotte  (2). 

Le  gouvernementhollandais  accueillit  cette  demande 
et  ordonna  au  seigneur  d'Olne  de  rétablir  Delhaes  dans 
sa  charge  de  forestier  (3).  Ce  qui  fut  fait  le  26  no- 
vembre 1764. 

Guillaume-Frédéric,  voyant  que  la  situation  restait 
la  même  et  menaçait  de  devenir  définitive,  réclama  de 
nouveau  Tannée  suivante,  sans  pouvoir  rien  obtenir. 
Plusieurs  mémoires  furent  écrits  pour  ou  contre  Del- 
haes (4).  Ce  ne  fut  que  le  3  avril  1766  que  ce  dernier 
consentit  à  donner  sa  démission  de  forestier  (5).  En  ce 
moment,  Guillaume-Frédéric  n  était  plus  maître  du 
ban  d'Olne.  Il  fut  en  quelque  sorte  un  seigneur  inter- 
mittent, car  il  avait  vendu  sa  seigneurie,  que  huit  ans 
après  il  devait  racheter. 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXVII,  au  17  et  au  19  septembre  1764. 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  45. 

(3)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXVII,  au  26  novembre  1764. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.    III,  doc.  44  et  Cour  d'Olne,  vol. 
XXXVII,  septembre  1765. 

(5)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXVII,  à  la  dernière  page. 


—  264  — 
XXV. 

LES  DERNIERS  SEIGNEURS  D'OLNE. 

LA  HOUILLÈRE  DE  GÉRARHEID.  LES  CATHOLIQUES 

EXCLUS  DE  LA  LEVÉE  DES  TAILLES  (DEPUIS  i765). 

David  Régnier  était  négociant  à  Londres  lorsqu'il 
entra  en  relation  avec  Frédéric -Guillaume  d'Olne. 
Celui-ci  avait-il  engagé  la  seigneurie  comme  garantie 
d'une  dette?  Ou,  pressé  d'argent,  l'avait-il  vendue  à  ce 
riche  marchand?  Toujours  est-il  qu'il  s'efforça  de  res- 
ter en  possession  de  la  seigneurie  et,  à  partir  du 
7  mars  1763,  soutint  un  procès  contre  ce  David 
Régnier  (*). 

La  vente  définitive  n'eut  lieu  que  le  3i  juillet  1765, 
et  le  contrat  rendait  David  Régnier  maître  du  nouveau 
château  avec  ses  dépendances  mesurant  12  bonniers, 
ainsi  que  de  la  maison  dite  seigneuriale  qui  était  sise 
dans  le  village  et  avait  été  habitée  par  les  Buirette  (%). 

David  Régnier  vint  habiter  le  nouveau  château  et 
y  resta  jusqu'à  sa  mort.  Il  se  montra  extrêmement 
jaloux  de  ses  droits  seigneuriaux  et  voulut  même  les 
étendre  au  détriment  de  la  commune.  Ainsi,  il  préten- 
dait nommer  les  régleurs  des  hameaux  et  réclamait 
pour  lui-même  les  arbres  croissant  sur  les  biens  com- 
munaux. 

La  Cour  d'Olne  lui  donna  tort  dans  un  record  que 
nous  avons  cité  (3)  et  qui  nous  a  beaucoup  servi  dans 
l'énumération  de  nos  anciennes  franchises  locales. 

A  l'époque  où  David  Régnier  (4)  était  seigneur 
d'Olne,  était  venu   se   fixer  dans  notre  commune  le 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXVI,  à  cette  date. 

(2)  Cour  de  Dalhem,  vol.  VIII,  fol.  95. 

(3)  Voy.'  notre  Chap.  VII;  Cour  d'Olne,  vol.  XXXIX,  au  29  jan- 
vier 1770  et  vol.  XL,  au  10  septembre  1770. 

(4)  Les  Régnier,  dit-on,  ont  émigré  à  Olne  après  la  révocation  de 
Tédit  de  Nantes. 


—  265  — 

nommé  Joseph  Court,  major  en  retraite,  homme  ins- 
truit et  généreux,  qui  devint  rapidement  populaire  au 
point  detre  élu  bourgmestre  de  ce  ban  à  trois  reprises 
consécutives. 

Il  s'établit  dans  sa  propriété  de  la  Basse-Rafhay, 
où  il  était  voisin  de  Jean  Desaive,  cultivateur,  qui 
habitait  dans  un  endroit  nommé  Gérarheid,  entre 
Saint- Hadelin  et  le  Fond-de-Gotte.  Sous  la  propriété 
de  ce  dernier,  Joseph  Court  découvrit  une  veine  de 
houille.  S'étant  associé  avec  Desaive,  il  demanda  et 
obtint  du  gouvernement  hollandais  le  privilège  exclusif 
d'exploiter  cette  veine  de  houille  sur  tout  son  prolon- 
gement et  prêta  serment  entre  les  mains  de  M.  d'Aul- 
bonne,  receveur  des  domaines  à  Maestricht  (î).  Il  fit 
reconnaître  et  enregistrer  ce  privilège  exclusif  par  la 
Cour  d'Olne  le  9  janvier  1766. 

Court  ne  resta  pas  longtemps  l'associé  de  Jean  De- 
saive. A  partir  de  1767,  ce  dernier  continua  seul  l'ex- 
ploitation, et  présenta  à  la  Cour  Nicolas  Radoux,  qu'il 
avait  choisi  comme  maître-ouvrier  et  auquel  il  fit  prê- 
ter serment  en  cette  qualité  (2).  L'exploitation  de  la 
houillère  dura  au  moins  dix  ans;  la  surveillance  devait 
y  être  fort  défectueuse,  si  nous  en  jugeons  par  les  nom- 
breux accidents  mortels,  qui  nécessitèrent  une  descente 
de  la  justice  d'Olne  accompagnée  du  chirurgien  asser- 
menté de  ce  ban  (3). 

Nous  devons  reconnaître  à  Joseph  Court  un  autre 
mérite,  c'est  d'avoir  lutté  courageusement  contre  l'ar- 
bitraire des  réformés  qui  prétendaient  avoir  seuls  droit 
aux  emplois  lucratifs.  On  sait  déjà  que  l'emploi  de 
collecteur  des  tailles  était  mis  en  adjudication  pour 
trois  années  et  au  rabais.  Le  5  juillet  1769,  le  bourg- 
mestre Court,  assisté  des  régleurs  des  différents  ha- 
meaux et  devant  toute  la  communauté  assemblée  à  cet 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXVIII,  fol.  41. 

(2)  Ibidem,  au  14  décembre  1767. 

(3)  Ibidem,  vol.  L  (rôles  d'office),  au  3  octobre  1768  et  au  24  juillet  177 1 . 


—  266  — 

effet,  mit  en  adjudication  la  levée  des  tailles.  Le  notaire 
Henri  Scriver,  fils  de  Hubert,  offrit  de  les  lever  à  rai- 
son de  5  %  ;  d'autres  offrirent  de  les  lever  avec  une 
rémunération  moindre  ;  enfin  Simar  Spirlet,  qui  avait 
déjà  précédemment  obtenu  cette  charge,  déclara  se 
contenter  de  2  1/2  %.  La  Cour  allait  déclarer  ce  der- 
nier adjudicataire,  lorsque  Scriver  fit  opposition,  allé- 
guant qu'un  romain  ne  pouvait  être  chargé  d'exercer 
la  fonction  ambitionnée  par  Spirlet  [\). 

Des  avocats  de  Maestricht  furent  consultés  et  décla- 
rèrent que  c'était  là  non  un  emploi  politique,  mais 
une  charge  domestique  de  la  commune,  et  qu'il  fallait 
admettre  le  nommé  Simar  Spirlet. 

Scriver  prétendait  au  contraire  que  c'était  un  em- 
ploi politique  tombant  sous  le  coup  de  la  loi  du 
icr  avril  1660.  L'issue  de  la  querelle  ne  pouvait  être 
douteuse  :  la  Cour  admit  Scriver  et  lui  conféra  provi- 
soirement le  droit  de  lever  les  tailles.  Nouvelle  protes- 
tation de  Court  :  il  fallait,  d'après  lui,  une  nouvelle 
adjudication,  afin  que  d'autres  réformés  pussent  faire 
des  offres  moins  onéreuses  pour  la  communauté.  On 
passa  outre  (2). 

Les  Scriver  ou  Schryver,  dont  nous  venons  de 
parler,  étaient  originaires  du  pays  de  Fouron.  Instruits 
et  pratiquant  la  religion  réformée,  ils  eurent  beaucoup 
d'influence  à  Olne  à  la  fin  de  la  domination  hollan- 
daise. Nous  devons  reconnaître  que  leur  gestion  fut 
souvent  intelligente.  Rappelons  notamment  que  pen- 
dant l'hiver  de  1771,  alors  que  la  peste  bovine  faisait 
des  ravages  dans  les  seigneuries  environnantes,  Hubert 
Scriver  fit  adopter  par  la  Cour  de  justice  un  règlement 
par  lequel  il  était  interdit  de  transporter  dans  le  ban 
d'Olne  des  bêtes  à  cornes,  des  fourrages  et  des  peaux 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXVIII,  fol.  39  et  41  ;  pour  le  fait  présent, 
vol.  XXXIX,  au  5  juillet  1769. 

(2)  Ibidem,  vol.  XXXIX,  au  8  juillet  1769. 


—  267  — 

d'animaux,  sans  être  muni  d'un  certificat  signé  par  le 
lieutenant-mayeur  (i). 

Ce  fut  un  des  derniers  actes  du  pro-mayeur  Scriver. 
Le  mayeur  héréditaire,  Everard  Nizet,  ayant  étudié  le 
droit,  obtint  le  18  janvier  1773  la  permission  d'admi- 
nistrer sa  charge  par  lui-même  (2). 

En  ce  moment,  David  Régnier  n'était  plus  seigneur 
d'Olne:  il  était  mort  en  1771.  Par  son  testament  du 
i5  décembre  1770,  il  avait  laissé  la  seigneurie  à  son 
fils  André,  officier  au  service  de  S.  M.  la  Reine  de  la 
Grande-Bretagne  dans  le  régiment  de  Walgrave;  l'usu- 
fruit et  l'administration  était  réservée  à  Marthe  Ré- 
gnier, veuve  de  David  (3). 

Le  20  octobre  1773,  Marthe  Régnier,  au  nom  de 
son  fils,  revendit  la  seigneurie  avec  les  immeubles  à 
Guillaume-Frédéric  baron  d'Olne  pour  la  somme  de 
18,000  écus  payables  en  6  années  (4). 

Guillaume-Frédéric  ne  fit  que  quelques  rares  appa- 
ritions au  château  d'Olne  ;  c'est  de  là  qu'il  data,  le 
12  juillet  1779,  la  nomination  de  deux  fonctionnaires 
chargés  de  faire  la  visite  des  poids  et  des  mesures  dans 
le  ban  d'Olne  (5). 

Le  3i  mai  1774,  il  avait  obtenu  de  l'évêque  de 
Liège  la  permission  de  faire  célébrer  la  Sainte  Messe 
dans  la  chapelle  du  château  (ô).  Nous  croyons  du 
reste  que  cette  demeure  fut  continuellement  habitée 
par  une  partie  de  la  famille  des  d'Olne.  C'est  ainsi 
qu'en  1786  la  même  permission  relative  à  la  célébra- 
tion de  la  Sainte  Messe  fut  accordée  à  Elisabeth  et 
Marie-Josèphe  d'Olne,  filles  de  Guillaume-Frédéric  (7). 

(1)  Cour  d'Olne,  vol.  XL,  au  14  janvier  1771. 

(2)  Ibidem,  vol.  XLI,  au  icr  février  1773. 

(3)  Cour  de  Dalhem,  vol.  VIII,  fol.  i53. 

(4)  Ibidem,  fol.  167. 

(5)  Cour  d'Olne,  vol.  XLI II,  à  cette  date. 

(6)  J.  Daris,  Analectes,  t.  XIV,  p.  356. 

(7)  Archives  pastorales,  coll.  V,  p.  21. 


—  268  — 

Celui-ci  mourut  en  1784  et  eut  pour  successeur  son 
fils  Antoine-Joseph,  baron  d'Olne,  qui  fut  le  dernier 
seigneur  de  ce  ban.  La  Révolution  française  ayant 
éclaté  et  l'invasion  des  armées  françaises  ayant  emporté 
toutes  les  institutions  féodales,  Antoine-Joseph,  dé- 
pouillé de  ses  prérogatives  de  seigneur,  ne  conserva 
que  les  immeubles  de  sa  famille,  qui  furent  vendus 
vers  i8o5,  en  sorte  qu'aucun  lien  ne  rattacha  plus  la 
commune  d'Olne  à  ses  anciens  maîtres  (i). 

Antoine-Joseph  .habita  continuellement  en  Hol- 
lande, au  château  de  Baarlo,  où  vient  de  mourir  son 
petit-fils,  Guillaume- Hubert  d'Olne,  député  aux  Etats- 
Généraux  du  royaume  des  Pays-Bas. 

XXVI. 

L'ÉGLISE  D'OLNE  A  LA  FIN  DU  RÈGNE 

DES  CALVINISTES. 

Le  curé  Gaspard  Dolne,  qui  succéda  à  Clément 
Wilkin,  était  originaire  de  cette  commune  et  avait  déjà 
pendant  près  d'un  quart  de  siècle  exercé  les  fonctions 
subalternes  du  saint  ministère  dans  cette  paroisse.  A 
peine  ordonné  prêtre,  il  fut  nommé  chapelain  de 
Froidheid,  en  sa  qualité  de  parent  du  révérend  Renier 
Ziane,  fondateur  de  l'office  créé  dans  cette  église;  il 
vint  résider  dans  la  maison  vicariale  dudit  lieu  et  y 
tint  l'école  pendant  plus  de  vingt  ans.  Il  y  était  déjà 
en  1730,  car  ce  fut  lui  qui  accepta  en  faveur  de  la  cha- 
pelle de  Froidheid  les  pieuses  libéralités  de  Pierre 
Detilf  et  de  plusieurs  autres  bienfaiteurs  (2). 

Il  alla  pendant  un  certain  temps,  aux  jours  pres- 
crits, dire  une  messe  à  la  Basse- Frai  pont  et  il  y  sou- 
tint vaillamment  le  curé  Wilkin  dans  sa  lutte  contre 
les  habitants  de  ce  hameau.  Ceux-ci,  sujets  du  prince 

(1)  Archives  des  barons  d'Olne,  à  Baarlo. 

(2)  Archives  pastorales 9  coll.  V,  doc.  35  et  suiv. 


—  2G0  — 

de  Liège  et  formant  une  commune  distincte,  suppor- 
taient difficilement  l'intervention  du  curé  de  la  paroisse 
et  prétendaient  administrer  à  leur  guise  les  affaires  de 
leur  chapelle. 

Malgré  les  défenses  réitérées  de  Clément  Wilkin, 
ils  persistaient  à  percevoir  à  l'entrée  de  leur  église,  la 
somme  d'un  liard  pour  les  dépenses  du  culte.  On  ne 
pouvait  entrer  sans  payer;  c'était  l'aumône  obligatoire. 
Le  comte  de  Rougrave,  vicaire-général  de  Liège, 
frappa  la  chapelle  d'interdit  ;  l'interdit  fut  levé  lorsque 
les  habitants  eurent  fait  leur  soumission  (*). 

Nommé  en  1752  curé  de  la  paroisse,  Gaspard 
Dolne  conserva  l'office  de  Froidheid,  qu'il  déchargea 
soit  par  lui-même,  soit  par  ses  vicaires,  en  sorte  que 
le  presbytère  de  ce  hameau  resta  inoccupé  pendant 
près  de  trente  ans  («).  Le  nouveau  pasteur  eut  à  son 
tour  des  démêlés  avec  ses  paroissiens  de  la  Basse-Frai- 
pont  :  il  avait  désigné  le  prêtre  Joseph  Dechamps 
comme  vicaire  de  cette  localité  ;  mais  le  baron  de 
Libert,  seigneur  du  lieu  et  de  nombreux  habitants, 
voulaient  conserver  le  nommé  Soiron,  prêtre  insoumis 
et  de  mauvaise  conduite  ;  de  Clercx,  archidiacre  du 
Condroz,  eut  toutes  les  peines  du  monde  à  faire  res- 
pecter l'autorité  du  curé  (3). 

L'église  paroissiale  menaçait  ruine  ;  la  reconstruc- 
tion de  i653  avait  sans  doute  été  faite  dans  de  mau- 
vaises conditions,  car  les  trois  nefs  construites  alors 
menaçaient  ruine,  tandis  que  les  parties  anciennes 
continuaient  à  défier  les  injures  du  temps. 

Nous  croyons  que  le  Chapitre  de  Saint-Adalbert 
intervint  dans  les  frais  de  la  reconstruction,  confor- 
mément aux  anciens  records,  mais  l'honneur  de  l'en- 
treprise revint  à  la  communauté  du  ban  d'Olne.  En 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  V,  doc.  9,  10,  11  et  12.  Les  habitants 
réclamaient  aussi  le  droit  d'élire  leur  prêtre,  et  d'autres  droits  trop  longs 
à  détailler. 

(2)  Ibidem,  doc.  5i. 

(3)  Ibidem,  doc.  21  et  22.  35 


—  270  — 

dehors  de  ce  ban,  trois  autres  petites  communes  fai- 
saient partie  de  notre  paroisse  :  celle  de  Mont-Saint- 
Hadelin,  celle  de  Nessonvaux  et  celle  de  la  Basse- 
Fraipont  ;  dès  le  3o  juillet  1759,  les  bourgmestres 
Scriver  et  Delsaute  écrivirent  à  ces  trois  communautés 
pour  demander  leur  intervention  dans  les  frais  de  la 
bâtisse  ;  la  réponse  fut  négative  ;  celle  des  manants  de 
la  Basse-Fraipont  fut  péremptoire  :  que  le  gouverne- 
ment hollandais  fasse  la  dépense,  ou  que  les  Olnois  se 
servent  de  leur  église  de  Froidheid  (i)  ! 

Les  bourgmestres  portèrent  plainte  devant  la  justice 
d'Olne  (2),  mais  celle-ci  était  désarmée,  les  trois  com- 
munes en  question  n'étant  pas  sous  sa  juridiction. 
L'autorisation  du  gouvernement  fut  accordée  au  mois 
d  avril  1760  et,  le  25  avril,  les  travaux  furent  mis  en 
adjudication  (3).  La  reconstruction  ne  fut  achevée  que 
Tannée  suivante;  la  présence  des  réformés  ne  permet- 
tait pas  que  le  nouveau  temple  fut  consacré;  Gaspard 
Dolne  demanda  la  faculté  de  le  bénir,  ce  qui  lui  fut 
accordé  le  17  novembre  (4).  Le  curé  ayant  voulu  intro- 
duire quelques  changements  dans  la  disposition  du 
mobilier,  le  consistoire  des  réformés  s'y  opposa  et  en 
informa  le  gouvernement  hollandais  qui  fit  de  sérieuses 
remontrances  au  curé  à  ce  sujet  (5). 

Le  curé  Gaspard  Dolne,  homme  conciliant  et  paci- 
fique, fut  estimé  par  les  réformés  eux-mêmes,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  d'être  insulté  par  un  réformé  nommé 
Jurdan  Guérin,  qui  vint  le  provoquer  jusque  dans  sa 
maison  et  jusque  dans  l'église  ;  cet  homme  fut  con- 
damné par  la  Cour  d'Olne  à  une  amende  de  5o  flo- 
rins et  aux  frais  qui  s'élevèrent  à  120  florins  (ô).  Le 

(1)  Archives  pastorales ,  coll.  V,  doc.  16. 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXVI,  au  29  juin  1761. 

(3)  Ibidem ,  au  23  juin  et  au  26  août  1760. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  42  bi*. 

(5)  Ibidem,  doc.  41  et  42. 

(6)  Cour  d'Olne,  vol.  LI,  aux  4,  18  et  25  janvier  1779. 


—  271  — 

curé  survécut  peu  à  cet  événement,  il  mourut  en  1780. 
Son  successeur,  Arnold- François  Arnotte,  était 
également  un  enfant  d'Olne.  Il  était  fils  de  Jàcquemin 
Arnotte,  ancien  bourgmestre  de  ce  ban  ;  il  se  distingua 
tellement  dans  l'étude  de  la  théologie  que  le  nommé 
Jean  Malherbe,  propriétaire  à  Vaux-sous-Olne,  réso- 
lut de  lui  céder  diverses  rentes  et  de  lui  fournir  ainsi 
un  titre  clérical,  en  attendant  qu'il  fût  suffisamment 
pourvu,  ce  qui  arriva  en  1749,  lorsque  le  jeune  prêtre 
obtint  le  bénéfice  de  Saint-Hadelin  (i). 

Arnold- François  Arnotte  fut,  pendant  toute  sa  vie, 
très  lié  avec  les  membres  de  la  famille  des  barons 
d'Olne.  En  différentes  circonstances,  il  fut  chargé  de 
défendre  les  intérêts  de  cette  famille  (s).  Ce  fut  sur  les 
instances  réitérées  du  vicaire  Arnotte  que  Guillaume- 
Frédéric  dOlne  consentit  en  1773  à  racheter  la  sei- 
gneurie, et  il  figure  dans  l'acte  d'acquisition  au  nom 
de  ce  dernier  (3). 

Arnotte  postula  la  charge  de  curé  en  1780,  à  la 
mort  de  Gaspard  Dolne.  Il  mit  en  œuvre  toutes  ses 
influences  et  obtint  même  le  certificat  suivant  du  con- 
sistoire réformé  d'Olne  : 

Nous  les  conducteurs  de  l'église  réformée  d'Olne  certifions, 
à  la  réquisition  de  Monsieur  Arnold-F.  Arnotte,  vicaire  de  cette 
paroisse,  qu'il  ne  nous  a  jamais  donné  aucun  sujet  de  plainte  dans 
les  fonctions  qu'il  a  remplies  comme  prêtre  et  vicaire  ;  qu'au  con- 
traire il  s'est  toujours  conduit  avec  prudence  pour  conserver 
Tordre  et  la  paix  entre  les  membres  des  deux  religions  ...  et  sa 
promotion  à  la  cure  d'Olne  nous  serait  très  agréable,  en  foi  de 
quoi  nous  lui  avons  donné  la  présente  attestation,  scellée  du  sceau 
de  notre  consistoire,  pour  lui  servir  où  il  en  sera  besoin  (4). 

Ce  certificat  est  signé  par  Loire,  pasteur,  H.  Schriver, 

(1)  Archives  pastorales y  coll.  III,  doc.  46ter. 

(2)  Cour  d'Olne,  vol.  XXXIV,  au  24  janvier  1757  et  suivants,  passim  ; 
Correspondance  d' Arnotte,  à  Baarlo. 

(3)  Cour  de  Dalhem,  vol.  VIII,  fol.  172. 

(4)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  48. 


-  272  — 

ancien,  Lcmoinc  et  Régnier,  diacres.  Le  cachet  en 
cire  rouge  représente  une  église  sur  un  rocher  avec 
l'inscription  :  «  Christ  est  mon  rocher.  »  Nous  citons 
textuellement  ce  certificat  pour  montrer  de  quelle 
influence  disposaient  les  réformés  même  auprès  du 
Chapitre  de  Saint-Adalbert,  collateur  de  la  cure. 

La  paroisse  d'Olne  était,  à  cette  époque,  une  des 
plus  considérables  du  pays.  Arnotte  s  efforça  de  lui 
conserver  son  importance  en  combattant  la  demande 
des  habitants  de  la  Basse-Fraipont  qui  réclamaient 
1  érection  de  leur  section  en  paroisse  distincte  ;  or,  cette 
érection  s'imposait  et  des  motifs  impérieux  la  rendaient 
inévitable  (i). 

Au  moment  où  l'évêque  Constantin  de  Hoensbroeck 
accordait  le  décret  d'érection  de  la  paroisse  de  Frai- 
pont,  le  ban  d'Olne  avait  vu  tomber  le  joug  plus  que 
séculaire  des  protestants.  Evénement  important  entre 
tous,  et  qui  mérite  bien  que  nous  lui  consacrions  un 
chapitre  spécial. 

XXVII. 

FIN  DE  LA  DOMINATION   DES  CALVINISTES 

ET  PÉRIODE  AUTRICHIENNE.   LUTTE   DES  OLNOIS 

CONTRE  LE  CHAPITRE  DE   SAINT-ADALBERT 

(1785-1789). 

Les  conflits  qui  avaient  surgi  entre  l'empereur 
Joseph  II  et  les  Etats-Généraux  de  Hollande  furent 
aplanis  le  8  novembre  1785  par  le  traité  de  Fontai- 
nebleau. 

Cet  accord  rendit  le  ban  d'Olne  à  la  maison  d'Au- 
triche. Il  fut  réuni  avec  le  comté  de  Dalhem,  aux 
autres  pays  d'Outremeuse  et  au  duché  de  Limbourg, 
un  des  Etats  des  Pays-Bas-Autrichiens  (2). 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  V,  doc.  26  et  27. 

(2)  Une  partie  des  pays  d'Outremeuse  resta  à  la  Hollande. 


—  273  — 

Voici  la  circulaire  qui  vint  apprendre  cette  nou- 
velle aux  habitants  du  ban  d'Olne  : 

Le  receveur  des  domaines  des  pays  d'Outremeuse  ...  fait 
savoir  et  notifie  au  nom  de  leurs  Nobles  Puissances  aux  habitants 
des  bans,  villages  et  seigneuries  d'Olne,  Blégny,  Trembleur  ... 
ainsi  que  de  la  ville  de  Dalhem,  lesquelles  ont  été  cédées  par  leurs 
Hautes  Puissances  à  S.  M.  Impériale  et  Royale  par  le  traité  de 
paix  conclu  à  Fontainebleau  le  8  novembre  1785,  que  par  l'article  2 1 
dudit  traité  il  a  été  stipulé  qu'il  sera  libre  aux  sujets  respectifs 
de  se  retirer  des  pays  qui  viennent  d  être  cédés  réciproquement, 
et  que  ceux  qui  resteront  jouiront  du  libre  exercice  de  leur  reli- 
gion 0). 

Les  catholiques  d'Olne  apprirent  avec  un  vif  senti- 
ment de  joie  la  nouvelle  de  ce  changement  politique; 
ils  approuvèrent  la  liberté  qu'on  laissait  aux  réformés 
de  pratiquer  leur  religion,  mais  ils  s'imaginaient  qu'au 
moins  leur  église  ne  servirait  plus  désormais  qu'au 
culte  catholique,  et  que  le  presbytère  serait  rendu  à 
leur  curé. 

En  cela  ils  se  trompaient  :  l'empereur  Joseph  II 
était  un  voltairien  qui  prétendait  réformer  la  religion 
et  le  clergé  ;  le  gouvernement  des  Provinces  Belges  à 
Bruxelles  était  imbu  des  mêmes  principes.  Sous  un 
faux  prétexte  de  tolérance,  on  exigea  le  maintien  de  la 
situation  telle  qu'elle  était  sous  les  Hollandais.  Les 
réformés,  qui  n'étaient  qu'une  poignée,  conservèrent 
ainsi  l'usage  exclusif  de  l'église  depuis  neuf  heures  du 
matin  jusque  midi,  et  le  ministre  Borel  resta  en  pos- 
session du  presbytère. 

Les  catholiques  d'Olne  eurent  Pespoir  que  le  gou- 
vernement ferait  cesser  cette  situation  s'il  était  parfai- 
tement renseigné  sur  l'état  des  affaires  religieuses  dans 
ce  ban. 

Pleins  de  cette  confiance,  le  curé  Arnotte,  les  deux 
bourgmestres  et  les  échevins  catholiques  envoyèrent  la 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  52. 


—  274  — 

supplique  suivante  aux  archiducs  Albert  et  Marie  de 
Saxe-Teschen,  gouverneurs  des  Pays-Bas  : 

C'est  avec  un  profond  respect  que  les  soussignés  :  curé,  mayeur, 
bourgmestres  et  échevins  catholiques  du  ban  d'Olne  au  comté  de 
Dalhem,  lieu  heureusement  rentré  sous  la  domination  de  S.  M. 
l'Empereur  et  Roi  ...  ont  l'honneur  de  réprésenter  à  Vos  Altesses 
Royales  que  depuis  la  possession  dudit  lieu  prise  le  17  juin  1786, 
les  Calvinistes  ou  prétendus  réformés  n'ont  cessé  de  fréquenter 
l'église  paroissiale,  enterrer  les  morts  et  y  faire  le  prêche  comme 
de  coutume,  en  devant  leur  laisser  ladite  église  libre  depuis  neuf 
heures  jusqu'à  onze,  sonner  les  cloches  et,  aux  jours  de  leur  com- 
munion, ce  qu'ils  appellent  la  Cène,  ils  sonnent  pour  distinction 
la  cloche  décimale  comme  ci-devant  lorsqu'ils  étaient  de  la  religion 
dominante. 

Que  plus  est,  on  doit  laisser  pendre  les  rideaux  ordinaires  pour 
cacher  nos  autels  pendant  leur  prêche  et  prévenir  le  ministre  pro- 
testant aux  jours  de  nos  processions  permises  et  usitées  pour  qu'il 
n'y  ait  pas  du  désordre  et  de  la  confusion  à  la  rentrée  des  dites 
processions  dans  l'église. 

Ce  qui  gêne  encore  plus,  c'est  qu'aux  jours  solennels  où  il  y  a 
un  grand  concours  de  peuple  pour  les  confessions,  on  doit  dès  les 
neuf  heures  cesser  toute  fonction  et  renvoyer  le  peuple. 

Comme  la  paroisse  contient  environ  deux  mille  cinq  cents  com- 
muniants, la  matinée  est  trop  courte  pour  pouvoir  y  faire  célébrer 
les  trois  messes  d'usage  et  faire  la  prédication,  et  pendant  leur 
prêche  on  est  souvent  obligé,  attendu  la  quantité  des  paroissiens,  de 
se  rendre  à  la  chapelle  de  Froid heid,  éloignée  de  la  paroisse  d'un 
bon  quart  de  lieue  pour  y  chercher  les  sacrements  pour  les  malades. 

Les  protestants  dudit  Olne  sont  seulement  au  nombre  de  trente- 
cinq  communiants,  dont  très  souvent  il  n'y  en  a  pas  dix  dans 
1  église.  Ils  ont  une  maison  spacieuse  audit  Olne  leur  appartenant 
en  commun,  entourée  de  murailles  avec  deux  jardins  y  contigus, 
très  propres  pour  leur  prêche  et  cimetière. 

Gêner  une  paroisse  aussi  nombreuse  pour  une  si  petite  poignée 
de  gens,  tandis  qu'une  chambre  leur  suffit  ! 

Ce  qui  oblige  les  soussignés  d'avoir  recours  à  vos  Altesses 
Royales,  afin  qu'elles  daignent  ordonner  auxdits  protestants  de  se 
conformer  à  la  dépêche  de  Vos  Altesses  Royales  du  12  novembre 
1781,  adressée  à  la  Haute  Cour  de  Limbourg,  sur  la  Tolérance  ci- 
vile des  Protestants,  et  spécialement  à  l'art.  III  de  la  dite  dépêche. 

C'est  la  grâce  ...  (1). 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  5i. 


—  275  — 

Cette  supplique  n'eut  aucun  résultat,  et  les  choses 
restèrent  dans  le  même  état.  Cependant  la  situation 
des  catholiques  ne  laissait  pas  d'être  sensiblement 
améliorée,  car  les  réformés  n'étaient  plus  omnipotents 
et  ne  disposaient  plus  des  fonctions  rétribuées. 

Les  échevins  ou  juges  restèrent  en  place,  mais  à 
chaque  vacance  un  catholique  était  nommé.  La  justice 
fut  réorganisée  :  il  y  eut  un  tribunal  d'appel  à  Dalhem, 
dont  on  pouvait  appeler  à  la  Haute-Cour  de  Lim- 
bourg  (4).  Une  école  fut  établie  au  village,  et  les  enfants 
catholiques  ne  furent  plus  obligés  d  aller  chercher  la 
science  au  pays  de  Liège  (2).  Les  chanoines  de  Saint- 
Adalbert  durent  se  réjouir  plus  que  les  Olnois  eux- 
mêmes  de  ce  changement  de  régime,  car  ils  se  trou- 
vaient libérés  du  tribut  annuel  de  200  écus  que  pendant 
cent  vingt  ans  ils  avaient  dû  payer  au  gouvernement 
hollandais  pour  le  rachat  de  la  dîme. 

Le  gouvernement  des  Pays-Bas  autrichiens  se 
borna  à  interpeller  le  Chapitre  pour  qu'il  eût  à  pro- 
duire les  titres  en  vertu  desquels  il  prétendait  jouir  de 
la  dîme  d'Olne.  Ces  titres  furent  produits  et  le  gouver- 
nement se  tint  pour  satisfait  (3). 

En  vertu  des  anciens  records,  le  Chapitre  devait 
entretenir  un  prêtre  à  Olne;  il  ne  devait  donc  pas  à  la 
rigueur  subvenir  à  la  subsistance  des  vicaires  et  autres 
prêtres  auxiliaires  que  l'augmentation  de  la  population 
avait  rendus  nécessaires.  De  fait,  sous  la  domination 
hollandaise,  le  Chapitre  ne  pouvait  faire  cette  dépense  ; 
la  communauté  des  habitants  s'en  chargeait  et  désignait 
les  vicaires  par  voie  d'élection  ;  or,  à  partir  de  1785, 
elle  voulut  forcer  les  chanoines,  devenus  plus  riches, 
à  contribuer  plus  largement  aux  frais  du  culte. 

Les  bourgmestres  Boulanger  et  Desaga  eurent,  en 
janvier  1789,  une  entrevue  avec  deux  chanoines  dé- 
fi) Cour  d'Olne,  vol.  XLV,  au  27  octobre  1788. 

(2)  Archives  pastorales ,  coll.  V,  doc.  45. 

(3)  Ibidem,  coll.  III,  doc.  Go. 


-  276  — 

pûtes  par  le  Chapitre.  Ceux-ci  promirent  une  somme 
annuelle  de  55o  florins  pour  l'entretien  des  vicaires 
et  les  nécessités  du  culte.  Dans  une  assemblée  gé- 
nérale de  la  communauté,  qui  eut  lieu  le  25  février» 
les  deux  bourgmestres  rendirent  compte  du  résul- 
tat de  leur  mission.  On  accepta  les  55o  florins,  à 
condition  que  les  vicaires  seraient  électifs  et  dési- 
gnés par  la  communauté  ;  on  invita  les  chanoines 
à  désigner  un  jour  pour  une  entrevue  avec  les  adhé- 
rités  du  ban  cTOlne  qui  seraient  convoqués  à  cet 
effet  (i). 

11  ne  convenait  pas  aux  chanoines  de  se  rendre  à 
pareille  sommation  et  de  venir  comparaître  à  la  barre 
des  manants  assemblés  ;  ils  se  dirent  que  s'ils  payaient 
les  vicaires,  ils  étaient  en  droit  de  les  nommer  d  après 
ce  principe  :  qui  paie  commande  (s). 

En  conséquence,  ils  résolurent  de  ne  plus  corres- 
pondre avec  la  communauté  et  de  trancher  la  difficulté 
par  un  accord  avec  le  curé  Arnotte  :  un  acte  fut  passé 
le  8  mai  de  la  même  année  devant  N.-J.  Legros, 
notaire  à  Soiron,  aux  conditions  suivantes  : 

i°  Le  Chapitre  versera  entre  les  mains  du  curé 
une  somme  annuelle  de  450  florins  pour  l'entretien  des 
deux  vicaires  et  le  curé  devra  payer  ceux-ci  en  deux 
termes  :  à  la  Saint-Jean  et  à  la  Noël. 

20  Le  Chapitre  versera  également  entre  les  mains 
du  curé  une  somme  annuelle  de  100  florins  pour  les 
dépenses  du  culte. 

3°  Le  curé  sera  chargé  par  le  Chapitre  de  choisir 
et  nommer  les  vicaires  qu'il  jugera  convenables  (3). 

Comme  on  pense  bien,  cette  convention  ne  fut  pas 
du  goût  de  la  communauté,  car  tout  s'arrangeait  sans 
son  intervention.  C'est  pourquoi  les  bourgmestres  ob- 
tinrent du  baron  Antoine-Joseph  d'Olne  la  faculté  de 

(1)  Archives  pastorales ,  coll.  III,  doc.  54. 
(a)  Ibidem t  doc.  55. 
(3)  Ibidem,  doc.  56. 


—  277  — 

convoquer    une   nouvelle  assemblée  pour  le   21    no- 
vembre (i). 

Nous  ne  savons  quel  fut  le  résultat  de  cette  réunion. 
Il  est  probable  que  les  événements  politiques  dont 
nous  allons  parler  vinrent  donner  d'autres  préoccupa- 
tions à  la  population  olnoise. 

XXVIII. 

LES  BELGES  INSURGÉS  CONTRE  JOSEPH  II. 
BATAILLE  D'OLNE  ET   RETOUR   DES  AUTRICHIENS 

(1789-1791). 

La  résistance  que  les  Belges  opposèrent  aux  ré- 
formes tentées  par  Joseph  II  dégénéra  en  insurrection. 
A  la  fin  de  l'année  1789,  les  Autrichiens  furent  chassés 
du  Brabant,  et,  en  1790,  ils  évacuèrent  Hervé  et  toute 
la  province  de  Limbourg  (2). 

Ces  événements  eurent  leur  contre-coup  à  Olne. 
Borel,  le  ministre  calviniste,  ne  se  trouva  plus  en  sûreté 
et  se  retira  à  Eysden  sous  la  protection  du  gouverne- 
ment hollandais.  Bien  loin  d'être  prêt  à  donner  sa  vie 
pour  son  troupeau,  il  s'enfuit  devant  le  danger  comme 
le  pasteur  mercenaire  dont  parle  l'Evangile.  Combien 
différente  avait  été  la  conduite  de  Delva  ! 

Le  départ  de  Borel  laissait  libre  le  presbytère  d'Olne 
et  le  curé  Arnotte  se  disposa  à  en  prendre  possession. 
Les  Etats  du  duché  de  Limbourg,  insurgés  contre 
l'Autriche,  étaient  favorables  aux  revendications  des 
catholiques  ;  et  un  décret  du  3  juillet  1790  autorisa  le 
curé  à  rentrer  dans  la  jouissance  pure  et  simple  de 
la  maison  pastorale  ;  il  fut  donc  dispensé,  pendant 
la  courte  période  d'indépendance  nationale,  de  payer 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  57. 

(2)  Hervé  était   le  véritable  chef-lieu  de  cette  petite  province.  La 
petite  ville  de  Limbourg  ne  l'était  que  de  nom. 

»5 


—  278  — 

la  somme  de  n3  florins  au  gouvernement  (i). Voici  com- 
ment les  calvinistes  racontent  l'invasion  des  patriotes  : 
«  Consistoire  tenu  à  Olne  le  10  juillet  1790.  Le  trou- 
»  peau  de  cette  église  étant  assemblé  le  4  courant  pour 
»  rendre  ses  hommages  au  Tout-Puissant,  a  été  chassé 
»  de  l'église  par  des  soldats  brabançons  armés  ;  le  5 
»  dito  ils  ont  trouvé  à  propos  de  briser  une  caisse  qui 
»  reposait  dans  les  bâtiments  ci-devant  habités  par 
»  nos  pasteurs,  et  qui  renfermait  une  quantité  considé- 
»  rable  de  livres,  papiers,  registres  et  lettrages  qu'ils 
»  ont  emportés  et  déchirés  ...  et  Froumy  garde-maison 
»  a  été  obligé  de  déloger  et  chercher  asîle  ailleurs.  La 
»  nuit  du  7  au  8  dito  Mr  le  révd  curé  a  pris  possession 
»  desdits  bâtiments  et  biens  possédés  ci-devant  par  les 
»  pasteurs  réformés  ...  (2).  » 

Cependant  les  Autrichiens,  ayant  reçu  de  puis- 
sants renforts,  se  disposaient  à  se  remettre  en  posses- 
sion des  provinces  belges,  et  le  duché  de  Limbourg 
était  lune  des  premières  régions  exposées  à  leurs  entre- 
prises. 

De  Luxembourg,  leur  quartier-général,  ils  s'avan- 
cèrent à  la  fin  de  juillet  jusqu'au  bord  de  la  Meuse, 
près  de  Namur. 

Vers  le  20  juillet,  un  corps  autrichien  commandé 
par  le  baron  d'Aspre,  vint  camper  à  Sprimont  (3).  Aus- 
sitôt, Monsieur  de  Schiplaeken,  intendant  militaire  de 
la  province  de  Limbourg,  qui  commandait  le  camp 
des  patriotes  belges  entre  Hervé  et  Battice,  envoya 
vers  Sprimont  deux  compagnies  sous  les  ordres  du 
major  Letange,  pour  forcer  les  Impériaux  à  rebrousser 
chemin.  Le  27  juillet,  Letange  attaqua  ces  derniers  à 
un  quart  de  lieue  de  Sprimont;  mais  après  un  combat 
de  deux  heures,  il  fut  forcé  de  battre  en  retraite  et  vint 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  IV,  pp.  27,  28  et  29. 

(2)  Actes  du  consistoire  de  V église  wallonne  a^Olne,  p.  162. 

(3)  Journal  général  de  l'Europe,  année  1790,  t.  IV,  p.  2o5. 


—  279  — 

avec  ses  hommes  camper  sur  la  campagne  du  Filpeau 
près  du  village  d'Olne  (i). 

Informé  de  l'état  des  choses  et  craignant  une  attaque 
des  Impériaux  sur  Hervé,  le  commandant  de  Schip- 
laeken  résolut  de  les  prévenir,  quitta  Battice  avec  le 
reste  de  ses  troupes  et  vint  rejoindre  à  Olne  la  troupe 
du  major  Letange.  Les  officiers  supérieurs  logèrent  au 
village,  les  autres  trouyèrent  un  refuge  au  camp  sur  le 
Filpeau  (3).  Ceci  se  passait  le  lundi  2  août. 

Nous  empruntons  ici  le  récit  (3)  d'un  chroniqueur 
contemporain  : 

Monsieur  d'Aspre  ayant  été  informé  que  des  troupes  braban- 
çonnes, tant  infanterie  que  cavalerie,  avaient  formé  un  camp  sur 
la  gauche  du  village  d'Olne,  conçut  le  dessein  de  les  surprendre. 
En  conséquence  il  fit  partir  lundi  dernier  à  minuit  un  petit  corps 
...  ce  détachement,  pour  mieux  cacher  sa  marche,  fut  contraint  de 
traverser  et  de  gravir  des  rochers  et  des  précipices,  ce  qui  joint  à 
la  pluie  qui  ne  cessa  de  tomber,  la  rendit  extrêmement  pénible. 
Les  Autrichiens  néanmoins  arrivèrent  à  Olne  à  6  heures  et  demie 
du  matin,  et  pénétrèrent  jusqu'à  l'entrée  du  camp  ennemi  sans 
avoir  été  découverts.  Ils  ne  le  furent  que  par  la  précipitation  de 
deux  de  leurs  soldats,  qui  firent  feu  sur  deux  dragons  de  Tonger- 
loo,  qui  plus  vigilants  que  les  autres  s'occupaient  à  panser  leurs 
chevaux.  Ce  bruit  répandit  l'alarme  :  on  battit  la  générale,  on  cria 
aux  armes,  mais  tout  se  fit  en  tumulte,  sans  ordre,  avec  confusion. 
Les  Autrichiens  ne  donnèrent  pas  aux  Belges  le  temps  de  se  recon- 
naître ;  l'infanterie  ayant  à  sa  tête  le  brave  commandant  d'Aspre, 
pénétra  dans  le  camp  d'un  côté,  tandis  que  la  cavalerie  commandée 
par  le  premier  lieutenant  ...  des  hussards  de  Wurmser  y  entra  de 
l'autre.  Cependant  les  Brabançons  quoique  surpris,  firent  d'abord 
une  résistance  vigoureuse,  et  firent  feu  jusqu'à  huit  heures  et  demie. 
Mais  enfin  ils  furent  obligés  d'abandonner  leur  camp,  et  se  reti- 
rèrent dans  le  village.  Le  commandant  autrichien  courut  à  l'instant 

(1)  Car  le  récit  qui  suit  place  ce  camp  sur  la  gauche  d'Olne  ;  sur  la 
gauche,  en  partant  de  Hervé,  où  l'écrivain  se  trouvait.  Journal  général 
de  l'Europe,  année  1790,  t.  IV,  p.  2o5,  note. 

(2)  Ibidem,  p.  207. 

(3)  Ibidem,  p.  206.  Ce  journal,  créé  par  des  Français  pour  la  pro- 
pagande révolutionnaire,  dans  leur  pays,  est  opposé  aux  patriotes 
belges. 


—  280  — 

aux  canons,  les  pointa  lui-même,  et  faisant  à  la  fois  les  fonctions 
de  chef  et  de  canonnier,  ses  décharges  furent  si  heureuses  qu'il 
délogea  bientôt  les  Belges  des  haies  où  ils  s'étaient  postés.  Alors 
la  déroute  fut  générale  et  complète  ;  ils  abandonnèrent  leur  camp, 
leurs  canons,  dont  un  de  trois  livres  de  balle,  et  deux  d'une  livre, 
tous  les  bagages  et  nombre  de  chevaux  tant  de  selle  que  de  trait  ; 
tout  enfin  est  resté  au  pouvoir  des  vainqueurs.  Les  vaincus  se  sau- 
vèrent à  la  hâte  et  dans  le  plus  grand  désordre,  quelques-uns 
presque  nus,  entr  autres  le  lieutenant  Henrotay,  qui  est  arrivé  à 
Ensival  en  chemise  et  n'ayant  qu'un  bas.  La  plupart  prirent  la 
route  de  Liège  ou  de  Verviers,  quelques-uns  celle  de  Visé,  Maes- 
tricht  ou  Aix-la-Chapelle;  plusieurs  ont  déjà  pris  parti  parmi  les 
Autrichiens.  La  perte  de  ceux-ci  n'est  en  tués  que  quatre  hommes, 
dont  deux  hussards,  un  grenadier  et  un  fusilier  ;  en  blessés,  un 
grenadier  et  un  fusilier  ;  en  chevaux,  trois.  Mais  la  perte  des 
Belges  est  d'environ  5o  ou  80  tués  et  de  trois  cents  blessés  ;  on  a 
déjà  retrouvé  quantité  de  cadavres  dans  les  grains.  Un  capitaine 
des  chasseurs  et  le  lieutenant  Mertens  sont  très-certainement  du 
nombre  des  morts  ;  il  n'est  pas  également  vrai  que  l'aumônier  Bro- 
sius  aît  perdu  la  vie,  puisqu'on  l'a  revu  le  lendemain  à  Liège  ... 

Les  commandants  belges  ont  attribué  ce  cruel  désastre  à  une 
trahison  des  habitants  de  la  province  de  Limbourg,  mais  il  paraît 
plutôt  qu'ils  n'ont  été  trahis  que  par  leur  imprudence,  leur  indis- 
cipline, leur  peu  de  prévoyance,  la  sécurité  impardonnable  des 
chefs.  Il  était  six  heures  du  matin,  et  tout  le  camp  était  encore 
enseveli  dans  le  plus  profond  sommeil  ;  ce  fut  le  bruit  de  la  mous- 
quetterie  qui  les  réveilla,  et  ce  terrible  réveil  ne  leur  offrit  que 
l'image  de  la  mort,  une  troupe  de  dragons  et  de  hussards  forcenés 
qui  renversaient  les  tentes  et  massacraient  ceux  qu'ils  trouvaient 
endormis,  sans  épargner  les  femmes  ni  les  enfants.  Il  n'y  avait 
point  d'officier  supérieur  au  camp  :  le  commandant  en  chef  de 
Schiplaeken  et  le  major  Letange  avaient  logé  au  village  et  eurent 
beaucoup  de  peine  à  regagner  le  camp,  d'où  ils  repartirent  bientôt 
prenant  la  route  de  Liège.  La  négligence  enfin  était  portée  au 
point  que  malgré  qu'on  sût  l'ennemi  peu  éloigné,  les  canons 
n'étaient  point  chargés,  qu'il  n'y  avait  pas  même  de  feu  au  camp, 
et  qu'à  peine  on  avait  songé  à  mettre  trois  sentinelles  à  quelques 
pas  des  tentes  ... 

Dans  son  numéro  du  g  août  1790  (i)  le  même  jour- 
nal rectifie  plusieurs  erreurs  qui  s'étaient  glissées  dans 

(1)  Journal  général  de  V Europe,  année  1790,  t.  IV,  p.  210. 


—  281  — 

son  premier  récit,   c'est-à-dire  dans  celui  que    nous 
venons  de  transcrire  : 

...  Nous  avons  reçu  de  nouveaux  détails  sur  l'affaire  d'Olne; 
les  deux  partis  nous  ont  écrit  pour  relever  quelques  erreurs  ... 
nous  nous  faisons  un  devoir  de  les  satisfaire  l'un  et  l'autre. 
Quelques  morts  Brabançons  sont  ressuscites,  à  mesure  que  le 
temps  a  permis  de  recevoir  des  nouvelles  de  tous  les  endroits  où 
en  fuyant  ils  s'étaient  réfugiés.  C'est  ainsi  qu'on  a  vu  reparaître 
le  capitaine  Elliard,  le  lieutenant  Mertens,  l'aumonier  Brosius  et 
d'autres  d'un  ordre  plus  obscur.  En  général,  les  patriotes  réduisent 
à  20  le  nombre  de  leurs  morts,  à  5o  celui  de  leurs  blessés  ;  nous 
aimons  à  le  croire,  jamais  la  destruction  de  l'espèce  humaine 
n'aura  de  charmes  pour  nous.  Ah  !  que  ne  peuvent  les  deux  partis 
déposer  et  leurs  haines  et  leurs  armes,  se  réconcilier  sincèrement, 
songer  qu'ils  sont  concitoyens,  qu'ils  sont  frères,  mettre  un  terme 
enfin  à  ces  querelles  sanglantes  qui  désolent  les  familles  ! 

On  accuse  d'erreur  encore  l'aventure  de  la  retraite  du  lieutenant 
Henrotay,  qu'on  disait  arrivé  à  Ensival  en  chemise  et  avec  un 
seul  bas.  Cet  officier  s'y  est  effectivement  retiré,  mais  après  avoir 
fait  une  vigoureuse  résistance,  et  avec  tout  son  bagage.  C'est  un 
autre  officier  qui  s'est  sauvé  dans  le  costume  annoncé;  il  n'y  avait 
donc  qu'erreur  de  nom.  Ne  connaissant  pas  plus  l'un  que  l'autre, 
on  croira  sans  peine  que  nous  n'y  avons  mis  aucune  méchanceté. 

Nous  nous  pardonnons  moins  un  passage  relatif  à  la  conduite 
des  Autrichiens,  que  nous  avons  reconnu  être  à  la  fois  une  injure 
et  Une  injustice.  Il  est  faux,  et  nous  en  avons  la  preuve  certaine, 
que  leurs  hussards  aient  massacré  des  femmes  et  des  enfants, 
même  dans  la  première  chaleur  du  combat . . . 

Le  curé  Arnotte  nous  a  aussi  laissé  quelques  lignes 
concernant  cette  bataille  ;  il  nous  dit  que  de  sa  mai- 
son pastorale  il  put  voir  une  partie  du  combat;  c'est 
donc  bien  l'endroit  dit  le  Filpeau  qui  fut  le  théâtre 
de  la  lutte.  Ayant  appris  qu'il  y  avait  beaucoup  de 
morts  et  de  blessés  dans  la  campagne,  Arnotte  fit  une 
démarche  dont  il  nous  a  laissé  une  relation. 

Il  alla  trouver  le  commandant  baron  d'Aspre  pour 
lui  offrir  son  ministère.  Le  baron  d'Aspre  agréa  sa 
demande  et  le  chargea  d'enterrer  les  morts  et  de  faire 
soigner  les  blessés;  il  lui  accorda  une  escorte  qui  l'ac- 
compagna de  tente  en  tente,  et  avec  l'aide  de  laquelle 


—  282  — 

il  put  donner  tous  les  soins  que  réclamaient  le  corps 
et  l'âme  des  pauvres  soldats  belges. 

Plusieurs  des  blessés  étaient  étendus  devant  le 
presbytère  ;  le  curé  les  soigna  ;  il  en  découvrit  d'autres 
qui  s'étaient  réfugiés  dans  des  maisons  écartées,  et  en 
administra  plusieurs,  parmi  lesquels  un  capitaine  qui 
mourut  des  suites  de  ses  blessures  (\). 

Le  même  jour  où  ils  triomphèrent  à  Olne,  les  Im- 
périaux s'emparèrent  de  Hervé  et  d'une  grande  partie 
du  duché  de  Limbourg;  mais  leur  succès  ne  fut  pas  de 
longue  durée,  car  des  renforts  arrivèrent  aux  patriotes, 
et  ils  se  réunirent  aux  environs  de  Liège  au  nombre 
de  quinze  cents,  d'autres  disent  deux  mille.  Le  7  août, 
ils  s'avancèrent  sur  la  chaussée  dans  la  direction  de 
Hervé.  A  mi-chemin,  entre  Soumagne  et  Hervé,  eut 
lieu  le  choc  des  deux  armées.  Les  Autrichiens  furent 
battus  et  perdirent  les  canons,  caissons,  tentes,  bagages 
et  autres  effets  par  eux  enlevés  à  Olne.  Pendant  la 
lutte,  un  coup  de  fusil  partit  d  une  maison  de  paysan 
située  près  de  la  chaussée,  et  vint  frapper  le  brave  et 
estimable  lieutenant-colonel  de  Restaing  ;  ce  qui  fut 
cause  qu'on  mit  le  feu  à  cette  maison.  Depuis  lors  et 
encore  aujourd'hui,  cet  endroit  porte  le  nom  de  Mai- 
son  brûlée.  Cet  accident  et  quelques  autres  coups  de 
feu  qui  partirent  des  maisons  de  Hervé  furent  cause 
de  graves  désordres  et  du  pillage  de  cette  ville,  que  les 
chefs  de  l'armée  belge  tentèrent  en  vain  d'empêcher  (2). 

Tant  d'exploits  ne  profitèrent  pas  aux  patriotes,  car 
la  discorde  éclata  entre  eux,  surtout  entre  les  chefs  et 
elle   fit   plus  que   les   armes    autrichiennes.    Déjà   le 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  58.  Les  vieillards  d'Olne,  qui 
dans  leur  jeune  âge  ont  entendu  parler  de  cette  bataille,  rattachent  par 
erreur  cet  événement  à  l'invasion  française  ;  celle-ci  n'eut  lieu  que  deux 
ans  plus  tard. 

(2)  Journal  général  de  rEurope,  année  1790,  t.  IV,  p.  383,  note. 
Del  vaux,  article  Xhendelesse.  Les  rédacteurs  du  journal,  toujours  défa- 
vorables aux  patriotes,  disent  que  de  Restaing  a  été  tué  par  un  de  ses 
propres  soldats,  dont  le  coup  est  parti  par  accident. 


—  283  — 

14  août  un  nouveau  corps  autrichien  vint  réoccuper 
la  ville  de  Hervé  et  le  ban  d'Olne  donna  passage  à  son 
arrivée,  comme  nous  l'apprend  notre  chroniqueur  : 

Un  nouveau  corps  d'environ  900  hommes  composé  d'infanterie, 
de  dragons  et  de  hussards  d'Esterhazy  était  arrivé  hier  par  la  route 
d'Aywaille  et  d'Olne  sous  les  ordres  du  comte  de  Gontreuil,  colonel 
du  régiment  de  ligne  qui  est,  pense- t-on,  commandant  de  cette 
ville  et  de  toutes  les  troupes  du  Limbourg  renforcées  encore  hier 
par  200  hommes  (1). 

Avant  la  fin  de  1790,  toute  la  Belgique  était  rentrée 
sous  le  joug.  Le  gouvernement  autrichien  laissa  le 
curé  en  possession  du  presbytère,  mais  il  dut  payer  le 
fermage  de  1 13  florins  que  le  ministre  Borel  avait  payé 
auparavant. 

Les  membres  du  consistoire  réformé  d'Olne,  crai- 
gnant d  être  dépossédés  aussi  de  l'église,  adressèrent 
une  requête  au  gouvernement  des  Pays-Bas  autrichiens 
qui  l'accueillit  avec  complaisance. 

Voici  le  texte  de  la  réponse  envoyée  aux  direc- 
teurs de  l'église  réformée  d'Olne  : 

Leurs  Altesses  Royales  (Albert  et  Marie  de  Saxe-Teschen) 
ayant  eu  rapport  de  cette  requête  et  de  l'avis  y  rendu  par  le  con- 
seiller fiscal  de  Limbourg,  elles  ont  déclaré  comme  elles  déclarent 
qu'il  est  libre  aux  suppliants  d'exercer  le  culte  de  leur  religion  à 
Olne,  comme  par  le  passé,  bien  entendu  néanmoins  qu'ils  s'arran- 
geront de  gré  à  gré  sur  les  heures  du  service  avec  le  curé  catho- 
lique ...  déclarant  au  surplus  L.  A.  R.  que  les  suppliants  pour- 
ront se  pourvoir  d'un  nouveau  pasteur  pour  remplacer  celui  qui  a 
quitté  à  l'époque  du  5  juillet  1790  et  que  ce  pasteur  jouira  comme 
ci-devant,  à  charge  des  finances  royales,  d'un  gage  annuel  de  six 
cents  florins  de  Hollande,  payable  par  la  recette  générale  du 
domaine  de  Limbourg  (2). 

Les  prévisions  du  gouvernement  ne  s'accomplirent 
pas,  aucun  nouveau  ministre  ne  vint  s'établir  à  Olne, 
et  comme  le  nombre  des  calvinistes  diminuait  d'année 

(1)  Journal  général  de  FEurope,  année  1700,  t.  IV,  p.  396. 

(2)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  5q. 


1 


—  284  — 

en  année,  il  n'y  eut  plus  désormais  dans  notre  commune 
de  ministre  de  cette  religion.  Les  réformés  furent  sou- 
mis à  la  juridiction  du  ministre  de  Verviers. 

Ils  ne  firent  plus  usage  de  l'église  paroissiale  que 
de  loin  en  loin  et  ordinairement  à  l'occasion  de  l'en- 
terrement de  leurs  coreligionnaires.  En  ce  cas  on 
sonnait  les  cloches  comme  pour  les  catholiques,  on 
introduisait  le  corps  dans  1  église  et  un  ministre  protes- 
tant adressait  à  l'assistance  un  discours  funèbre  du 
haut  de  la  chaire  de  vérité. 

Si  aucun  ministre  protestant  ne  vint  s'établir  à 
Olneni  en  1791  ni  en  1792,  nous  devons  peut-être  l'at- 
tribuer aux  graves  événements  politiques  qui  se  prépa- 
raient. En  ce  moment  l'ancien  ordre  public  et  social 
tremblait  sur  ses  bases  :  la  Révolution  triomphait  à 
Paris  et  les  armées  françaises  s'avançaient  vers  notre 
pays.  La  période  française  allait  commencer. 

XXIX. 

INVASION  FRANÇAISE  ET  FIN  DU  BAN  DOLNE. 
LA  COMMUNE  D'OLNE  DEPUIS  1792. 

Il  était  écrit  dans  les  décrets  divins  que  le  ban 
d'Olne  ne  jouirait  jamais  de  quelque  tranquillité.  Deux 
ans  s'étaient  écoulés  depuis  la  bataille  d'Olne,  lorsque 
les  révolutionnaires  français,  sous  la  conduite  de  Du- 
mouriez,  envahirent  la  Belgique.  Nous  ne  dirons  rien 
de  cette  première  occupation  qui  ne  dura  que  trois 
mois  et  nous  garderions  le  même  silence  sur  le  retour 
offensif  des  Autrichiens  en  1793,  sans  un  fait  d'armes 
qui  eut  lieu  sur  les  confins  de  notre  territoire.  Le 
4  mars  de  cette  année,  l'aile  gauche  de  l'armée  autri- 
chienne attaqua  près  de  Hervé  un  corps  français,  le 
délogea  de  son  poste  et  le  repoussa  sur  la  chaussée 
jusque  près  de  Liège.  Le  choc  le  plus  violent  eut  lieu 
à  l'endroit  nommé  Thier  du  Grand-Houx  où  un  pli  du 


—  285  — 

terrain  permit  aux  Français  de  faire  volte-face  et  de 
résister  pendant  assez  longtemps  à  l'ennemi  (i). 

On  sait  que  les  Autrichiens  furent  chassés  de  nou- 
veau en  juin  1794,  après  la  bataille  de  Fleurus,  et  que 
les  Français  se  maintinrent  chez  nous  sans  interruption 
jusqu'en  1814. 

On  sait  aussi  quel  fut  le  résultat  de  ces  invasions 
pour  notre  malheureux  pays,  auquel  les  sans-culottes 
promettaient  la  liberté,  l'égalité,  la  fraternité  ;  jamais 
nos  populations  ne  furent  plus  infortunées.  L'année 
1794  fut  particulièrement  désastreuse;  elle  est  connue 
sous  le  nom  de  maie  année,  parce  que  toutes  les  cala- 
mités s'unirent  pour  faire  de  cette  année  la  plus  rui- 
neuse dont  on  ait  gardé  le  souvenir  (2).  Il  suffira,  pour 
donner  une  idée  de  ce  que  souffrirent  nos  pères,  de 
rappeler  qu'on  ne  mangea  guère  de  pain  pendant  cette 
année  néfaste,  on  se  nourrissait  de  pommes  de  terre, 
de  légumes  et  même  de  racines  sauvages. 

Les  partisans  de  la  France  disaient  que  ces  cala- 
mités étaient  compensées  par  les  bienfaits  de  la  Révo- 
lution notamment  par  la  suppression  de  la  dîme  et  des 
seigneuries  ;  en  effet,  un  des  premiers  actes  des  Fran- 
çais avait  été  de  faire  table  rase  de  nos  anciennes  insti- 
» 

tutions. 

Nous  reconnaissons  volontiers  que  le  régime  sei- 
gneurial avait  beaucoup  d'inconvénients,  et,  pour  ne 
parler  que  de  l'organisation  judiciaire  dans  les  sei- 
gneuries, nous  avouons  que  cette  organisation  était  fort 
défectueuse  et  fort  onéreuse  pour  les  justiciables  dont 
le  nombre  était  très  restreint  et  peu  en  rapport  avec  le 
personnel  multiple  des  Cours.  Aussi,  voyons-nous  sou- 
vent les  tribunaux  des  seigneurs  s'occuper  de  véritables 

(1)  Ancienne  Galette  de  Liège  par  Desoer,  du  mardi  12  mars  1793, 
p.  5. 

(2)  Ces  détails  sont  donnés  par  Nautet,  Notices  historiques  sur  Van» 
cien  pays  de  Liège,  t.  III,  p.  349.  Cet  historien  raconte  qu'à  Verviers 
seul  quatre  mille  personnes  périrent  ;  le  cimetière  ne  suffisait  plus  à 
enterrer  les  morts. 

37 


—  286  — 

niaiseries  à  défaut  de  causes  sérieuses.  Il  serait  certes 
puéril  de  le  nier,  l'organisation  actuelle  est  infiniment 
préférable. 

Quant  à  la  dîme,  on  admet  généralement  que  c  est 
aux  fidèles  à  fournir  les  moyens  de  subsistance  à  leurs 
prêtres,  afin  que  ceux-ci  soient  exempts  de  tout  souci 
temporel  ;  dès  lors,  qu  y  avait-il  de  si  odieux  dans  la 
perception  de  la  dîme  ?  Celle-ci  se  payant  en  nature, 
on  peut  dire  que  le  cultivateur  était  moins  exposé  à 
donner  de  son  nécessaire  pour  nourrir  le  clergé  :  si 
la  récolte  était  abondante,  il  donnait  volontiers  une 
dîme  copieuse  ;  si  la  récolte  était  maigre,  chétive  aussi 
était  la  dîme;  à  Olne,  celle-ci  consistait  toujours  dans 
la  onzième  partie  de  la  récolte.  Dans  la  joie  et  l'abon- 
dance aussi  bien  que  dans  la  disette  et  la  désolation, 
le  pasteur  partageait  le  sort  de  ses  ouailles.  Quoi  de 
plus  juste  et  même  de  plus  édifiant? 

Ajoutons  que  les  Français  ont  remplacé  la  dîme 
par  une  contribution  foncière  onéreuse,  et  par  un 
impôt  plus  odieux  encore,  celui  du  sang,  car  ce  fut 
alors  que  fut  introduite  la  conscription  militaire. 

Ce  fut  vers  la  fin  de  Tannée  1795  que  les  dîmes 
furent  supprimées  ;  à  rapproche  de  la  moisson  de  1796, 
le  gouvernement  français  fit  renouveler  la  défense  de 
payer  la  dîme  (4),  défense  inutile,  car  la  gêne  inouïe 
des  cultivateurs  était  cause  qu'une  grande  quantité  de 
terrains  était  restée  inculte  (2). 

Toute  l'ancienne  organisation  ayant  été  supprimée, 
l'anarchie  régna  à  Olne  pendant  près  de  deux  ans.  Ce 
ne  fut  qu'en  1 796  que  le  citoyen  Boutenville,  délégué 
par  le  gouvernement,  désigna  un  agent  municipal, 
P.  S.  Detiffe,  et  un  adjoint  qui  fut  le  nommé  J.  Jur- 
dant  ;   ce   dernier    paraît   s'être  surtout   occupé   des 

(1)  J.  Daris,  Histoire  de  la  principauté  et  du  diocèse  de  Liège, 
t.  III,  p.  76. 

(2)  Nautet,  Notices  historiques  sur  V ancien  pays  de  Liège,  t.  III, 
p.  35 1 . 


J 


—  287  — 

affaires  de  la  commune  (i)  ;  mais  ni  lui  ni  son  collègue 
ne  furent  de  fort  zélés  républicains,  car  ils  montrèrent 
une  grande  nonchalance  à  obéir  aux  ordres  du  chef 
du  département  de  l'Ourthe  :  ayant  reçu  Tordre,  en 
1797,  de  descendre  les  cloches,  de  les  briser  et  de  les 
peser,  ils  firent  la  sourde  oreille,  et,  en  1800,  on  fut 
obligé  d'envoyer  à  Olne  le  citoyen  Provigny,  pour 
prendre  possession  des  deux  plus  petites  cloches;  ces 
deux  cloches  pesaient  ensemble  1 ,336  livres  (2).  La  plus 
grosse  fut  conservée,  car  elle  devait  servir  de  timbre 
à  l'horloge  (3).  Quoique  notre  église  soit  restée  cons- 
tamment affectée  au  culte,  l'usage  des  cloches  y  avait 
été  sévèrement  interdit  pour  toute  cérémonie  reli- 
gieuse; de  plus,  tout  acte  du  culte  fut  prohibé  en 
dehors  de  l'église. 

Cependant  notre  paroisse  eut  moins  à  souffrir  de 
la  persécution  religieuse  que  beaucoup  d'autres,  parce 
que  le  curé  Arnotte  et  ses  vicaires  firent  devant  la 
municipalité  d'Olne  la  déclaration  prescrite  par  la  loi 
du  8  mars  1797  et  contenant  le  serment  de  haine  à  la 
royauté. 

Arnotte  se  décida  à  prêter  ce  serment  lorsqu'il  eut 
reçu  de  Lys,  curé  de  Hervé  et  officiai  du  district 
d'Outremeuse,  une  lettre  par  laquelle  ce  dernier  l'in- 
formait que  l'assemblée  du  clergé,  tenue  à  Liège  le 
14  septembre,  avait  décidé  qu'on  pouvait  et  qu'on 
devait  faire  cette  déclaration  (4). 

Nous  devons  reconnaître  que  la  plupart  des  théo- 
logiens ont  condamné  ce  serment  comme  illicite,  mais 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  72 bis  et  85;  J.  Dans,  His- 
toire de  la  principauté  et  du  diocèse  de  Liège,  t.  III,  p.  69.  A  la  page  179 
le  même  auteur  dit  que  ces  deux  hommes  faisaient  partie  de  la  munici- 
palité de  Hodimont,  et  que  celle-ci  était  composée  d'hommes  peu  sym- 
pathiques à  l'ordre  nouveau. 

(2)  J.  Daris,  Histoire  de  la  principauté  et  du  diocèse  de  Liège,  t.  III, 
p.  284. 

(3)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  64  in  fine. 

(4)  Ibidem,  doc.  62. 


—  288  — 

nous  croyons  que  le  peuple  d'Olne  fut  heureux  de  la 
conduite  de  son  clergé,  car  il  conserva  l'usage  de 
l'église  paroissiale  et  resta  sous  la  direction  de  ses  pas- 
teurs, tandis  que  dans  une  foule  d'autres  localités  les 
prêtres  étaient  arrachés  à  leurs  ouailles  et  condamnés 
à  l'exil  ou  à  la  déportation. 

Cependant  l'anarchie  avait  été  vaincue  par  Bona- 
parte et  un  concordat  conclu  entre  lui  et  le  pape 
Pie  VII.  L'église  d'Olne  fut  érigée  en  succursale  ; 
Arnotte  fut  nommé  desservant  et  reçut,  à  partir 
d'août  i8o5,  un  traitement  à  charge  du  trésor.  Ses 
facultés  ayant  baissé,  il  reçut  un  coadjuteur  dans  la 
personne  de  P.  Lamarche  qui  le  remplaça  en   1806. 

La  circonscription  de  la  paroisse  resta  exactement 
ce  qu'elle  était  avant  la  Révolution,  malgré  les  efforts 
qui  furent  faits  à  plusieurs  reprises  pour  réunir  Géli- 
vaux  et  Mont-Saint-Hadelin  à  la  succursale  de  Forêt. 
Ces  tentatives  échouèrent  devant  la  ferme  volonté  des 
habitants  de  ces  hameaux  de  rester  paroissiens  d'Olne  (*). 

L'administration  municipale  fut  réorganisée  par 
suite  de  la  loi  du  17  février  1800;  elle  fut  dirigée  par 
un  maire  et  un  adjoint  assistés  d'un  Conseil  municipal. 
Le  docteur  Haxhe  fut  nommé  maire  d'Olne  par  le 
préfet  du  département  de  l'Ourthe  ;  il  fut  remplacé 
en  1807  par  G.-J.  Rahier,  également  docteur  en  méde- 
cine; celui-ci  figura  en  1811  à  la  tête  dune  souscription 
organisée  par  le  curé  Lamarche  pour  l'achat  de  deux 
nouvelles  cloches,  souscription  dans  laquelle  plusieurs 
familles  se  distinguèrent  par  leur  générosité  (2). 

Le  préfet,  en  délimitant  les  communes,  tint  large- 
ment compte  des  anciennes  subdivisions  territoriales; 
ainsi  la  commune  d'Olne  correspondait  exactement  à 
l'ancien    ban  de  ce  nom,  et  conséquemment  le  petit 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  64,  66,  68  et  78;  coll.  IV, 
pp.  18, 19  et  20.  Les  dernières  tentatives  eurent  lieu  en  1825,  1841  et  1849; 
elles  n'eurent  pour  objet  que  le  hameau  de  Gélivaux. 

(2)  Ibidem,  coll.  III,  doc.  77. 


—  289  — 

territoire  de  Mont-Saint-Hadelin  fut  érigé  en  commune 
dont  un  certain  Ancion  fut  maire  et  un  certain  Heuçe 
adjoint  (t).  Cette  commune  minuscule  ne  comptait  pas 
plus  de  soixante-dix  habitants  ;  elle  fut  supprimée  sous 
le  roi  Guillaume  et  réunie  à  celle  d'Olne. 

C'est  là  tout  ce  que  nous  avons  jugé  digne  de  men- 
tion dans  notre  histoire  locale  sous  Napoléon  Ier.  La 
chute  de  ce  dernier  et  l'érection  du  royaume  des  Pays- 
Bas  en  i8i5  entraîna  quelques  changements  dans  notre 
régime  administratif:  le  territoire  de  la  commune  fut 
agrandi  par  l'annexion  du  Fief;  le  canton  de  Hodi- 
mont  fut  supprimé  et  Olne  fut  réuni  à  celui  de  Ver- 
viers.  Cette  ville  devint  également  notre  chef-lieu 
d'arrondissement,  Malmédy  ayant  été  cédé  à  la  Prusse. 
J.-F.  Spirlet,  qui  était  maire  depuis  i8i3,  resta  à  la 
tête  de  la  commune  en  qualité  de  bourgmestre. 

Comme  on  le  sait,  la  domination  du  roi  Guil- 
laume Ier  ne  dura  que  quinze  ans  ;  une  véritable  ère  de 
progrès  et  de  tranquillité  commença  pour  notre  com- 
mune avec  la  Révolution  de  i83o  et  l'inauguration  du 
royaume  de  Belgique.  Certaines  personnes  pourraient 
croire  qu'avant  1842  l'instruction  publique  était  négli- 
gée ;  elles  seront  étonnées  d'apprendre  qu'en  i83i  il 
n'y  avait  pas  moins  de  quatre  écoles  primaires  dans  la 
commune  d'Olne,  dont  trois  payantes  et  une  gra- 
tuite (2).  Cette  école  gratuite  avait  été  établie  en  1806 
par  disposition  testamentaire  de  la  généreuse  donatrice 
Catherine  Uls.  Voici  quelques  passages  de  l'acte  de 
fondation  : 

Les  pauvres  mes  légataires,  pour  continuer  à  jouir  des  biens 
et  avantages  à  eux  légués  par  le  présent  mon  testament  seront 
tenus  . . .  d'établir  et  de  nommer  immédiatement  après  le  décès  dudit 
Lochet,  à  la  diligence  de  MM.  les  administrateurs  de  bienfaisance 
de  ladite  commune  d'Olne,  de  concert  avec  Mr  le  curé  de  cette 
même  commune,  et  sous  l'agréation  spéciale  de  celui-ci,  un  prêtre 

(1)  Archives  pastorales,  coll.  III,  doc.  67  et  76. 

(2)  Ibidem,  doc.  80. 


—  290  — 

instruit  et  de  bonnes  mœurs,  à  l'effet  de  tenir  pendant  toute  Tan- 
née et  sans  vacances  une  e'cole  publique  où  les  enfants  de  la  com- 
mune d'Olne  ou  de  celles  environnantes  qui  voudront  s'y  rendre 
seront  admis  gratuitement.  L'instituteur  leur  enseignera  à  lire,  à 
écrire,  le  calcul  décimal,  lortographe  et  leur  fera  le  catéchisme 
deux  fois  par  semaine  pendant  une  heure  chaque  fois,  à  quel  effet 
ledit  instituteur  aura  l'usage  et  la  jouissance  de  la  maison  que 
j'occupe,  ...  et  il  jouira  d'un  traitement  annuel  de  six  cent  francs 
que  lesdits  pauvres  mes  légataires  seront  tenus  de  lui  payer  par 
trimestre  ...  J'ordonne  que  ledit  instituteur  assiste  avec  ses  élèves 
en  corps  aux  quatre  services  ou  grand'messes  établies  par  le  pré- 
sent mon  testament  pour  le  repos  de  nos  âmes  ...  (i). 

Malgré  les  termes  formels  du  testament,  cette  école 
a  été  laïcisée  par  suite  de  la  loi  de  1864  sur  les  fonda- 
tions ;  c'est  aujourd'hui  1  école  communale  de  filles. 
L'église  d'Olne  était  autrefois  desservie  par  plusieurs 
prêtres  ;  après  l'érection  des  paroisses  de  Nessonvaux 
et  de  Saint-Hadelin  en  1842,  le  curé  n'eut  plus  besoin 
que  d  un  seul  vicaire  et  celui-ci,  qui  tenait  l'école  gra- 
tuite, devint  lui-même  inutile  après  la  suppression  de 
la  fondation  Uls. 

Pour  juger  des  progrès  accomplis  dans  l'ordre  ma- 
tériel pendant  les  soixante  dernières  années,  on  lira 
avec  fruit  la  description  de  la  commune  que  nous 
avons  placée  en  tête  de  ce  travail. 

XXX. 

FIN  DU  CULTE  CALVINISTE  A  OLNE  (1848). 
NOTE  SUR  LES  ANCIENS  BIENS  DE  LA  CURE. 

Nous  avons  vu  que  1  église  d'Olne  servait  encore 
aux  protestants  à  l'occasion  de  leurs  enterrements.  Le 
curé  Lamarche  eut  le  bonheur,  avant  de  mourir,  de 
voir  cette  situation  cesser,  au  grand  avantage  des 
catholiques  (2). 

(1)  Archives  pastorales f  coll.  III,  doc.  79. 

(2)  Toute  cette  relation,  une  pièce  exceptée,  est  copiée  du  Registre 
archivai  d'Olne,  pp.  3  et  suiv. 


—  291  — 

Dans  le  courant  du  mois  de  mars  1847,  M.  Car- 
ron,  colonel  retraité  et  protestant  étant  décédé  dans  la 
commune  de  Forêt,  ses  héritiers  se  tirent  autoriser  à 
l'enterrer  dans  le  cimetière  d'Olne  et  obtinrent  de 
M.  Lamarche  la  permission  de  faire  sonner  les  cloches, 
d'introduire  le  corps  dans  l'église  et  de  faire  prononcer 
le  discours  funèbre  du  haut  de  la  chaire.  M.  Leruth, 
qui  remplissait  alors  les  fonctions  de  vicaire  à  Olne, 
eut  la  douleur  d'être  témoin  de  ce  scandale  sans  pou- 
voir l'empêcher,  mais  il  dénonça  immédiatement  le 
fait  à  l'évêché.  Msr  Van  Bommel,  évêque  de  Liège,  de 
sainte  mémoire,  ordonna  aussitôt  au  curé  de  lire  au 
prône  le  dimanche  3o  mai  1847  la  note  ci-dessous  que 
Sa  Grandeur  avait  écrite  de  sa  propre  main  : 

Nous  avions  été  informés  de  l'enterrement  de  Monsieur  le 
colonel  Carron,  qui  devait  être  fait  dans  le  cimetière  d'Olne,  mais 
nous  déclarons  que  c'est  à  notre  insu  et  contrairement  à  notre 
volonté  que  le  corps  a  été  introduit  dans  l'église  et  que  le  ministre 
protestant  est  monté  en  chaire.  Le  gouvernement  Belge  a  sup- 
primé la  simultanéité  des  deux  cultes  en  offrant  aux  protestants 
qui  sont  en  nombre  suffisant  pour  faire  communauté,  de  les  aider 
à  bâtir  des  chapelles  protestantes  là  où  ils  avaient  autrefois  l'usage 
des  églises  catholiques.  Dans  plusieurs  villages  de  l'ancien  diocèse 
de  Liège,  les  protestants  ont  profité  de  ces  offres  et  ils  ont  des 
chapelles.  Depuis,  les  catholiques  ont  exclusivement  droit  à 
l'usage  de  leurs  églises.  En  conséquence,  en  ma  qualité  de  curé 
d'Olne  et  chargé  de  la  police  de  l'église,  je  déclare  que  je  ne 
tolérerai  plus  qu'on  introduise  des  corps  appartenant  aux  protes- 
tants dans  l'église  d'Olne  ni  que  les  protestants  y  prêchent  ou  y 
fassent  un  office  religieux  quelconque. 

Le  ministre  protestant  de  Verviers,  ayant  eu  con- 
naissance de  cette  déclaration,  écrivit  en  ces  termes  à 
M.  Lamarche  : 

Un  mandement  de  l'évêque  de  Liège  doit  avoir  annoncé  tout 
récemment  à  votre  paroisse  que  les  protestants  d'Olne  étaient 
désormais  privés  du  droit  de  célébrer  leur  culte  dans  le  temple 
d'Olne.  Fermement  résolu  à  demander  réparation  d'un  tel  acte 
d'injustice,  je  viens  en  ma  qualité  de  pasteur  de  l'église  de  Verviers- 


—  292  — 

Hodimont-Olne,  reconnu  par  la  loi,  vous  prier  de  me  faire  par- 
venir une  copie  dudit  mandement,  afin  que  je  sache  d'une  manière 
positive  à  quoi  m'en  tenir  à  cet  égard.  Vous  comprendrez,  Mon- 
sieur le  curé,  qu'un  droit  acquis  depuis  deux  siècles  ne  peut  être 
ainsi  anéanti  dans  le  silence  et  par  une  autorité  dont  je  ne  recon- 
nais pas  la  compétence  en  ce  cas. 

Gustave  HENRY,  pasteur. 

Cette  lettre  ayant  été  envoyée  à  Monseigneur 
l'Evêque,  Sa  Grandeur  transmit  la  réponse  suivante 
à  P.  La  marche  : 

Monsieur  le  Curé, 

Je  viens  de  déférer  au  ministère  la  lettre  du  sieur  Gustave 
Henry  que  vous  m'avez  envoyée.  Il  ne  faut  pas  y  répondre.  Soyez 
sur  vos  gardes  pour  empêcher  ce  Monsieur  de  recommencer  un 
acte  quelconque  du  culte  protestant  dans  votre  église.  La  police 
de  l'église  vous  appartient.  Veuillez  m'envoyer  un  procès-verbal 
duement  dressé  de  l'envahissement  de  la  chaire  de  vérité  dont  s'est 
rendu  coupable  le  ministre  protestant  qui  a  introduit  un  corps 
mort  dans  votre  église  à  votre  insu  et  contre  votre  volonté.  Veuil- 
lez y  mettre  le  plus  de  célérité  possible  et  agréez  ... 

(Signé)  f  CORNEILLE,  évêque  de  Liège. 

Conformément  aux  ordres  de  l'Evêque,  procès- 
verbal  de  l'acte  d'envahissement  de  l'église  et  de  la 
chaire  de  vérité  fut  dressé  par  J.-F.  Spirlet,  bourg- 
mestre de  la  commune,  et  envoyé  à  Sa  Grandeur,  qui 
le  fit  parvenir  au  ministre  de  la  justice. 

Le  pasteur  protestant  ne  négligea  aucun  moyen  de 
conserver  à  ses  coreligionnaires  l'usage  de  notre  église. 
Tantôt,  voulant  sonder  le  terrain,  il  annonçait  à 
P.  Lamarche  qu'il  allait  venir  célébrer  le  prêche  dans 
l'église  d'Olne,  tantôt  il  tâchait  de  se  concilier  l'admi- 
nistration communale.  Il  écrivait  le  29  septembre  au 
Collège  des  bourgmestre  et  échevins  : 

Messieurs, 

En  ma  qualité  de  pasteur  de  l'église  évangélique  de  Verviers- 
Hodimont  et  Olne,  j'annonçai  le  19e  juillet  passé  au  curé  d'Olne 
que  j'irais  célébrer  le  culte  évangélique  dans  votre  temple  corn- 


—  293  — 

munal,  ainsi  que  cela  s'était  fait  jusqu'à  moi.  Le  curé  me  répondit 
alors  qu'il  avait  reçu  Tordre  de  s'y  opposer. 

Or,  je  me  plais  à  reconnaître,  Messieurs,  que  c'est  à  vous  qu'il 
appartient  de  veiller  au  maintien  des  droits  acquis  à  vos  ressortis- 
sants. Vous  n'ignorez  pas  que  le  culte  évangélique  a  été  célébré 
dans  votre  temple  communal.  Vous  savez  qu'aussi  longtemps  que 
les  protestants  d'Olne  ont  eu  leur  propre  pasteur,  ils  avaient  en 
même  temps  la  jouissance  du  Temple,  et  qu'ensuite  d'autres  pas- 
teurs y  ont  officié  jusqu'à  cette  année. 

Veuillez  en  conséquence,  Messieurs,  au  nom  de  la  justice, 
vous  prononcer  dans  une  affaire  qui  est  toute  de  votre  compétence, 
et  recevoir  l'assurance  de  ma  considération  distinguée. 

(Signé)  Gustave  HENRY,  pasteur  président  (4). 

La  question  ne  fut  tranchée  que  Tannée  suivante. 
Le  21  janvier  1848,  Monseigneur  TEvêque  reçut  la 
lettre  que  voici,  dont  1  original  est  conservé  dans  les 
archives  de  Tévêché  : 

Par  suite  de  la  lettre  que  vous  avez  écrite  le  21  juillet  dernier 
à  Mr  le  ministre  de  la  justice,  j'ai  l'honneur  de  vous  informer  que 
je  viens  de  faire  connaître  au  consistoire  de  l'église  protestante 
évangélique  de  Verviers-Hodimont  que  l'art.  46  de  la  loi  du 
18  germinal  an  X  s'oppose  à  ce  que  l'église  d'Olne,  remise  au  culte 
catholique,  serve  également  au  culte  protestant,  mais  que  si  cela 
est  reconnu  nécessaire,  à  défaut  d'autres  locaux  et  de  ressources 
suffisantes  de  la  communauté,  Monsieur  le  Ministre  proposera  au 
Roi  d'allouer  un  subside  pour  aider  celle-ci  à  louer  un  local  pour 
le  service  de  son  culte,  ainsi  que  cela  a  lieu  à  Dalhem. 

Cette  lettre  émanait  du  gouvernement  provincial 
de  Liège.  Une  enquête  ayant  été  faite,  on  reconnut 
que  la  population  protestante  de  la  commune  ne  suffi- 
sait pas  pour  justifier  la  dépense  proposée  par  Mon- 
sieur le  Ministre,  dont  les  louables  intentions  n'eurent 
pas  d'autres  suites. 

La  dernière  calviniste,  Pauline  Régnier,  est  morte 
en  1887  ;  mais  il  y  a  aujourd'hui  à  Olne  plusieurs 
familles  luthériennes,  qui  font  partie  de  la  commu- 
nauté protestante  de  Nessonvaux. 

(1)  Archives  paroissiales,  coll.  III,  doc.  84. 

38 


—  294  — 

Le  curé  Lamarche  mourut  en  décembre  1848.  On 
négligea,  par  complaisance  pour  ses  héritiers,  de  faire 
apposer  les  scellés  au  presbytère.  Il  en  résulta  que 
plusieurs  pièces  importantes  furent  enlevées,  notam- 
ment l'arrêté  du  préfet  de  l'Ourthe  sur  les  biens  de  la 
cure  d'Olne  et  la  transaction  du  mois  de  février  1807 
avec  le  bail  emphythéotique  conclu  entre  le  curé 
Arnotte  et  le  bureau  de  bienfaisance.  La  disparition 
de  ces  pièces  fut  plus  tard  la  principale  cause  de  la 
spoliation  de  la  cure.  Mais  ceci  demande  une  expli- 
cation. 

Les  biens  pastoraux,  appelés  autrefois  le  douaire 
pastoral,  appartenaient  déjà  à  la  cure  en  1264.  Nous 
avons  commenté  une  charte  (1)  de  cette  année  dans 
laquelle  il  est  question  de  prairies  et  de  terres  arables 
comme  dotation  de  la  cure.  A  partir  de  cette  époque, 
les  actes  pastoraux  et  capitulaires  mentionnent  plu- 
sieurs fois  les  quatre  bonniers  et  demi  de  prairies,  pour 
lesquels  les  curés,  qui  les  exploitaient,  ne  payaient  ni 
redevance  ni  location  à  qui  que  ce  soit. 

Nous  avons  vu  que  ces  biens  furent  occupés  pen- 
dant plus  d'un  siècle  par  les  ministres  protestants.  Or 
ceux-ci,  qui  recevaient  un  traitement  du  gouvernement 
hollandais,  furent  obligés  de  payer  annuellement, 
comme  compensation,  la  somme  de  n3  florins  de 
Liège,  que  plus  tard  le  gouvernement  autrichien  con- 
tinua d'exiger  et  que  le  curé  Arnotte  paya  jusqu'au 
commencement  de  la  domination  française.  C'est  à 
cette  époque  que  les  bureaux  de  bienfaisance  furent 
institués  et  les  premiers  administrateurs  de  celui  d'Olne 
(deux  étaient  protestants)  réussirent  à  effrayer  le  curé 
en  lui  faisant  craindre  que  le  gouvernement  ne  s'em- 
parât des  biens  de  la  cure.  Ils  lui  extorquèrent  ainsi 
et  lui  firent  signer  une  déclaration  par  laquelle  il  re- 
connaissait que  ces  biens  étaient  du  domaine  autri- 

(1)  Voir  notre  chapitre  III,  à  la  fin. 


—  295  — 

chien  et  avaient  été  cédés  au  gouvernement  français. 
Cette  déclaration  ne  doit  pas  surprendre,  parce  que 
l'esprit  du  curé  Arnotte  baissait  et  qu'il  était  aux  débuts 
de  l'aliénation  mentale  qui  se  déclara  peu  de  temps 
après.  Les  biens  furent  mis  en  adjudication  et  un 
neveu  du  curé  les  prit  en  location  au  nom  de  son 
oncle  et  pour  la  tranquillité  de  celui-ci. 

La  discussion  sur  les  biens  de  la  cure  dura  jusqu'en 
1807,  époque  à  laquelle  une  transaction  fut  conclue 
qui  maintenait  le  curé  d'Olne  dans  la  jouissance  des 
biens  de  la  cure,  moyennant  une  rente  ou  bail  emphy- 
théotique  de  240  francs  payable  au  bureau  de  bienfai- 
sance. 

Cette  transaction  est  une  des  pièces  qui  furent  enle- 
vées en  1848  au  décès  de  P.  Lamarche;  la  disparition 
de  cette  pièce  laissa  la  cure  désarmée  en  présence  des 
revendications  du  bureau.  Aussi  ne  doit-on  pas  s'éton- 
ner qu'en  1878  les  biens  de  la  cure  ont  été  attribués  à 
cet  établissement  public  et  enlevés  à  la  jouissance  du 
curé  par  décision  des  tribunaux. 

J.  STOUREN,  curé. 


DICE. 


I. 

Record  des  statuts  et  privilèges  du  ban  dHDlne  (\). 

C'est  chu  que  ly  eschevins  d'Olne  saulvent  de  plusieurs  droic- 
tures  des  seigneurs  et  des  masuyrs  de  pays. 

Premièrement,  salvent  et  wardent  les  deseurdis  eschevins  que 
ly  sieurs  de  saint  Abier  d'Aix  sont  signeurs  treffonsiers  du  ban 
d'One  et  doivent  mettre  ung  priestre  tout  aournez  pour  dire  messe 
et  détenir  le  nez  de  mostir  de  fons  et  de  combe,  et  détenir  la  grosse 
clocque  et  livrer  vièrs  et  tourea  et  le  styr  délie  ville  et  doivent 
ausdis  eschevins  leur  fraix  à  jour  que  on  liève  les  cens  et  iiii  sols 
et  demy  à  chascun  des  eschevins  et  ly  mair  autant  que  deux  esche- 
vins. Et  doivent  livrer  deux  haixe  à  deux  cover  délie  ville  al  manier 
que  les  eschevins  salvent  et  wardent  ;  et  salvent  et  wardent  que 
le  vesty  doit  détenir  le  chancea  de  fons  en  combe. 

Item,  à  jour  que  le  chaylier  liève  ses  cens,  doivent  aller  ly  mair 
et  ly  eschevins  avecque  lui  lever  sesdits  cens.  Et  s'il  estoit  nulle 
rebelle  ou  défaillant  de  payr  audit  jour,  le  fouestyr  ly  doit  livrer 
wages  ;  et  se  ledis  masiwyr  ne  paiène  et  laisse  les  wages  four  de  sa 
maison,  ce  doit  estre  à  ses  despens. 

Item,  doivent  ly  sieurs  de  saint  Aubier  deseur  nommez  ung 
muid  d  avoine  à  fouesty  pour  le  service  que  les  doit  faier  en  dit  ban 
d'One. 

Item,  ont  les  dit  seigneurs  d'One  à  ung  conte  de  Dolhen  le 
halteur  du  dit  ban  al  manier  que  les  eschevins  le  salvent  et  wardent 
et  xii  muid  et  demy  de  spelt,  viii  muid  d'avoine  meseur  d'Aix,  qui 

(  i  )  Ce  record  qui  remonte  au  xiv®  siècle  a  été  transcrit  par  M.  J.  Dans, 
Analectes  pour  servir  à  Vhistoire  de  Belgique,  t,  XIV,  pp.  299  et  suiv. 


—  2U7  — 

montent  syez  muid  mesure  ligois;  laquelle  bled  et  avoine  le  chaî- 
ner de  saint  Aubier  les  doit  livrer  par  les  eschevins  deven  la  ville 
audit  ban,  là  il  aurat  de  ses  desnies  et  autant  en  doit  estre  quit  et 
le  fouesty  doit  à  maswyr  du  ban  commander  de  myner  le  dit  blés 
et  doit  aller  avecque. 

Item,  ont  encore  ledit  sieur  de  saint  Aubier  donneit  audit 
conte  de  Dolhen  siessant  vieux  gros,  qui  montent  deux  mars  de 
bonne  monoie,  asçavoir  quatre  denier  pour  duss  et  demy  monoie 
courant  en  bourse. 

Item,  ont  encore  lidit  sieur  donneit  au  dit  conte  de  Dolhen 
vintquatre  poilhe,  lesquelles  poilhes  paient  les  maswir  pour  les 
bois  et  coumoignez  du  ban  d'One. 

Item,  est  assçavoir  que  chascune  maison  du  dit  ban  doit  à 
fouesty  hirtable  de  bois  et  de  awe  ung  pain  et  une  poilhe,  se  don 
n  estoit  eschevins  ;  four  desquelles  poilhes  le  dit  fouesty  doit  payr 
les  xxiiii  poilhe  deseur  escript,  assçavoir  qu'il  at  ung  prez  en 
Agostrée  qu'on  dist  en  Agoustrée,  s'est  ilh  ensy  que  celly  qui  ten- 
rat  ledit  prez  doit  et  est  tenus  de  myner  ou  faier  myner  lesdits 
xxiiii  poilhe  à  Dolhen,  réservez  Freubimont,  Gélivaux  et  Martin- 
mont,  lesquelles  trois  villes  chascune  doit  à  charier  deseur  escript 
ung  rez  styr  d'avoine,  voier  se  don  n  estoit  eschevins. 

Lequelle  deseur  nommez  conte,  signeurs  ou  officiers  pour  les 
redvavetier  deseur  escript  doivent  warder  et  défendre  la  deseurdite 
ville  et  ban  d'One  et  les  bien  des  deseurdits  sieurs  de  saint  Aubier 
de  force,  de  tonte  et  de  robe  et  de  toute  mal  accesse. 

Item,  doit  avoir  en  la  dite  ville  et  ban  d'One  ung  mair  hirtable  ; 
lequel  mair  doit  myner  chascun  par  loy. 

Item,  s'il  estoit  ensy  que  une  homme  fus  pris  en  la  haulteur 
délie  ville  et  ban  d'One,  et  il  demande  loy,  ly  mair  doit  prendre 
bonne  ségurtiet  et  myner  par  loy.  Et  s'il  ne  peult  donner  ségurtiet, 
ly  mair  doit  mettre  le  cour  ensemble  et  le  doit  araynier  la  personne 
que  l'arat  faict  prendre  soit  sieur  soit  aultre  ;  et  le  partie  qui  seroit 
pris,  soy  peult  et  doit  respondre,  et  ly  mair  doit  semonfe  les  esche- 
vins, se  ly  eschevins  est  sage,  et  en  doit  jugiir  ;  et  s'il  n'en  est  sage, 
il  en  doit  aller  lendemain  à  son  chieffe  quérir  le  sens,  et  au  tierce 
jour  il  le  doit  four  porter.  Se  ly  fais  est  criminel  ou  tiel  de  quoy  il 
ait  forfaict  le  corps,  ly  mair  le  doit  livrer  a  vowé  en  quel  lieux  que 
luy  plaist  dedens  sa  haulteur  et  à  tant  il  en  doit  estre  quitte,  et  le 
fouesty  à  tout  le  masuwy  le  doit  aidier  mynir  à  Dolhen.  Item,  se 
accord  se  faisoit  de  quoi  argent  en  venisse  en  la  dite  ville  ou  ban, 
ly  vowé  en  doit  avoir  les  trois  pars  et  ly  mair  et  les  eschevins 
l'autre  part,  et  ly  mair  autant  que  deux  eschevins,  et  de  tous 
aultres  accord  en  tiel  manier  de  que  argen  venigne  et  naisse. 


—  298  — 

Item,  doit  mettre  le  dit  sieur  de  Dolhen  ung  vowé  lequelledoit 
venir  à  plaix  geniral  et  aux  aultres  sy  lui  plaist  et  doit  dire  au 
fouesty  qu'il  appelle  avant  les  masuwy;  et  les  doit  faier  demander 
sy  yat  homme  nez  femme  qui  soit  déplaindans  de  mair,  de  fouesty, 
des  eschevins,  de  vouwé,  de  renty,  de  masuwyr  de  l'ung  à  l'autre, 
qui  soient  mynez  four  del  loy  du  pays,  ilh  siet  là  pour  le  radrechier  ; 
et  se  ly  mair  n 'estoit  fors  assez  pour  faier  accoplir  le  jugement  des 
eschevins  ou  pour  quelconque  chose  que  ce  fusse  affaier  en  la  dite 
ville  ou  ban  pour  défendre  leur  bien  et  l'honneur  du  sieur,  le 
vouwé  le  doit  adrechier  et  amynir  force. 

Item,  monte  ly  grande  amende  trois  livres  courant  en  bourse; 
desquelles  trois  livres  ly  vouwé  en  at  cincquante  sols  et  ly  mair  et 
ly  eschevins  diez  sols,  de  quoi  ly  mair  at  ortant  que  deux  eschevins. 

Item,  monte  la  peteit  amende  xiiii  sols  parielle  monoie,  desquels 
le  moitié  vat  à  charier  de  saint  Aubier,  et  l'autre  moitié  ly  vouwé 
y  at  ens  vint  denier  et  le  remanant  vat  a  mair  et  aux  eschevins  ; 
s'at  ly  mair  autant  que  deux  eschevins. 

Item,  ont  ly  sieur  de  Dolhen  viii  mars  et  demy  en  dit  ban 
d'One  ;  desquelles  viii  mars  et  demy  le  demy  mars  vat  aux  esche- 
vins et  a  fouestyr  ;  sy  at  ly.  fouesty  ens  deux  sols  et  ly  eschevins 
le  surplus  ;  desquelles  cens  deseurdits  on  paiet  pour  quattre  denier 
diez  sols  et  demy  monnoie  courant  en  bourse. 

Lesqueis  eschevins  d'One  salvent  et  wardent  que  por  les  deseur- 
dits drois  ly  dits  eschevins  doient  venir  et  sier  delez  le  renty  ;  ly 
quelle  renty  doit  nonchier  le  jour  ung  dimenche  ou  deux  devant 
chu  que  ly  doit  venir,  par  quoi  ly  masuwy  du  dit  ban  soient  por- 
veuz  ;  lequeis  cens  vient  al  saint  Remy  à  payr. 

Item,  nos  les  dit  eschevins  d'One  saivons  et  wardons  que  ly 
yawe,  sy  avant  que  c'est  haulteur  d'One,  assçavoir  dechy  enmy 
leawe,  est  à  ung  prevost  de  saint  Aubier,  assy  s'il  y  toumenez 
rien  que  partenisse  à  nostre  dite  haulteur,  que  chela  doit  estre  à 
sieur,  ensy  que  nos  les  dits  eschevins  saivons  et  wardons. 

Item,  est  assçavoir  que  sur  la  dite  yeuwe  doit  avoir  deux 
pexheurs  ;  et  s'yl  estoit  ainsy  que  le  fouesty  en  y  trovast  plus  avant 
illz  les  doit  tous  amynir  à  One.  Lesquelles  deux  que  ly  sieur  de 
leawe  responderont  que  soient  accensez  à  la  dite  eawe,  ils  en  doient 
aller  quitte,  en  ly  aultre  en  doient  estre  corrigié  aile  enseignement 
desdis  eschevins,  soit  ung  ou  plusieurs.  Et  pourche  que  ly  esche- 
vins salvez  et  warde  les  questions  deseurdits  et  que  le  mair  en 
sommoe,  se  mes  tir  est  et  questions  en  soit  et  que  les  fouestiers 
hirtables  de  bois  et  d'eauwe  le  wardent,  ou  le  doient  warder,  se 
doient  les  dits  sieurs  de  leawe  à  mair  hirtable  un  pexhonz,  aux 
eschevins  ung  et  aux  fouesty  ung. 


—  299  — 

Lesquelles  pexhons  doient  estre  maries  et  ancrawe  et  doient 
estre  délie  longueche  de  trois  pieds  entre  le  cowe  et  le  tieste.  Et 
doient  les  dits  pescheurs  payr  les  dits  pessons  dedens  les  Advens 
entre  le  saint  Andrie  et  le  Noël.  Et  s'ensy  estoit  ou  avenoit  que  les 
pexheurs  ne  les  peussent  prendre  nez  trouver  devent  le  temps  et  le 
jour  que  dit  est,  le  dit  pexheur  doient  venir  leur  fier  sur  leur  col 
devant  le  mair  et  les  eschevins  du  ban  d'One  et  jurer,  sur  sains  de 
leur  poingne  diestre,  que  ne  tout  poient  polla  •  trouvir  ou  avoir 
devent  le  dit  terme  pour  le  dit  paiement  affaier  et  adoncque  doient 
aller  les  dit  pexheurs  et  deux  des  dit  eschevins  à  Liège  sur  la  pier 
à  rywe  à  pexheur  jurez,  et  sçavoir  que  ung  tiel  pexhon  que  dit  est 
deseur  at  paie  devent  le  dit  terme,  et  ce  que  trouvez  serat  au  dit 
pexheur  jurez,  chela  doient  payr  lesdit  pexheur  del  hauteur  d'Olne. 

Item,  salvent  les  dis  eschevins  que  ly  masuwyr  du  dit  ban 
doient  pexhier  en  la  dite  eawe  pour  eux  à  aiedier  et  nien  vendre, 
et  ce  al  enseignement  des  eschevins. 

Item,  salvent  et  wardent  que  les  masuwir  du  dit  ban  doient 
pexhier  en  la  dite  eyave  pour  eux  à  aidier  et  nien  vendre  et  ce  aile 
enseignement  des  eschevins. 

Item,  salvent  les  deseurdits  eschevins  qui  doit  avoir  en  la  dite 
ville  d'One  une  bressine  bannal;  en  laquelle  bressine  on  doit 
tousjour  trouver  cervoise  ou  buvrage  et  chu  semblant  froide  ou 
chaulde,  pour  le  ban  et  masuyr  à  servir  ;  et  doit  mettre  ly  mair 
deux  assieurs  sermentez  et  doient  assire  le  bovrage  selon  son 
valeur  à  leur  meilleur  sens.  Et  s'yl  advenoit  ainsy  que  ly  bovrage 
falisse  sur  ung  jour  solempne  tantô  et  à  premier  jour  ovrave  ledit 
bressine  tantost  à  premier  jour  deseurdit  doit  reboutter  les  feux. 

Et  s'ensy  estoit  que  fusse  une  femme  paienne  que  n'euwist 
poient  daisemenche  ou  de  finance  pour  avoir  du  bevrage,  elle  peult 
envoier  ung  wage  et  faier  porter  aile  bressinne;  et  ly  bresseur  ly 
doit  croir  tout  son  paien  lit  durant,  et  trois  jours  après  elle  doit 
payr  ledit  bresseur. 

Item,  s'ensy  estoit  que  auquel  vendeur  vouisse  revendre,  se  doit 
ilh  avoir  al  bressinne  bannal  deseurdit  xiii  quart  pour  xii,  et  peult 
waignier  deux  deniers  al  quart. 

Item,  nos  lesdis  eschevins  du  ban  d'One  salvons  et  wardons 
qu'il  doit  avoir  en  dit  ban  d'One  deux  molin  bannal,  et  en  chascun 
molin  deux  moulnier  sermentez,  deux  van  et  un  regge,  ung  stir, 
ung  destir,  ung  pollengnoux,  un  demy  pollengnou,  iiii  martea. 
Lesquel  moulnier  ne  doient  faier  point  d'alloiance  l'ung  à  l'autre 
assy  des  deux  mollins. 

Item,  sy  vint  ung  massuyr  à  molin,  et  il  peult  fair  releveir  le 
molin  et  rexhover,  et  quant  ilh  arat  mollu,  ilh  le  peult  faier  relever 


—  300  — 

et  rexhovner,  et  rescienne  le  sien  par  tout  le  molin,  pour  le  sien  à 
rescienne,  et  sa  moulteur  paiant.  Et  se  ledit  masuyr  trouve  des 
afforen  à  molin,  se  doit  ilh  mou  Ire  devant  lesdis  aftorens  ;  et  se  ly 
mair  vint  à  molin  ou  sa  moulnée,  il  doit  moulre  après  ce  qui  est 
sur  le  molin  et  à  demy  moulteur. 

Item,  peult  ledis  mair  visenter  ledis  molin,  s'il  luy  plaist,  trois 
fois  Tannée  et  fair  relever  et  xhover,  et  ne  doient  tenir  les  rens  des 
molin  que  une  rèze  quart  de  farinne. 

Item,  s'il  estoit  ensy  que  ly  ung  des  deux  molin  brixasse,  ly 
massuyr  doit  aller  moulre  sor  l'autre.  Et  s'il  n'estoit  en  pont  pour 
moulre,  ly  masuyr  doit  aller  prendre  congie  au  mair  pour  aller 
moulre  aultrepart.  Et  s'il  n'estoit  nul  des  masuyr  qui  fusse  dé- 
plaindans  des  moulniers,  ly  mair  peut  aller  visenter  le  molin. 
Se  ly  moulnier  est  trouvez  à  forfait,  il  le  doit  amender. 

Item,  doient  ly  moulnier  des  deux  molins  ung  wastel  de  ung 
stir  de  spelt,  c'est  assçavoir  chascun  molin  ung  wastel  à  chascune 
fois  des  trois  fois  qu'on  les  vat  visenter,  ensy  que  dit  est  deseur. 

Item,  tout  fois  que  vint  ung  nouvea  moulnier  en  dit  molin,  il 
doit  ung  vastea  de  ung  styr  pour  les  fealtez  que  doit  fair. 

Item,  s'il  estoit  ensy  que  on  trouvasse  moixhe  de  chetteurs,  se 
salvons  et  wardons  que  celuy  qui  le  trouve  en  doit  avoir  la  moitié, 
et  luy  mair  et  ly  charier  l'autre  moitié  à  éwalle  parchon. 

Item,  sy  tomment  arbres  sur  les  chemins  ou  aisemences,  ce 
doit  être  à  mair  et  charier  saint  Aubier,  chascun  d  eux  le  moitié 
euwallement. 

Item,  est  ensy  que  ly  sieur  at  sur  chascun  chevaux  traiant  à 
marche  ii  styr  d'avoine  à  ceux  que  ly  eschevins  salve  et  warde. 

Item,  et  pour  la  raison  de  chu  que  ly  eschevins  le  salvent  et  le 
wardent  et  le  doient  assire,  sy  ont  il  chascun  deux  ung  chevale 
assçavoir  ii  styr  d'avoine. 

Item,  est  assçavoir  que  de  ung  chieffe  renonchie  et  assegurez 
doit  on  le  petit  amende  de  xiiii  sols  courant  en  bourse. 

Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  3  ;  Cour  d'Olne,  reg.  CXXV. 

II. 

Origine  de  l'église  et  de  la  seigneurie  d'Olne, 

d'après  T.  Warnot  de  Belleflammf.,  curé  d'Olne  en   1542. 

Anno  ab  Incarnatione  Domini  millesimo  et  decimo,  Henricus 
Bavarus,  Henrici  ducis  Bavariae  filius,  cognomine  Claudus,  nona- 
gesimus  imperator,  hujusque  nominis  primus,  seu,  ut  alii  volunt, 
secundus,   catalogo   divorum    adscriptus,   qui    cœlibatum    cum 


—  301  - 

Cunegundâ  reginâ,  conjuge  suâ,  inter  sanctas  quoque  virgines 
relata,  duxit,  collegium  canonicorum  divi  Adalberti  martyris  inter 
alia  fundavit  Aquisgrani  ;  quod  praediis,  ministerialibusque  orna- 
mentis  atque  immunitatibus  mirifice  exaltavit,  vigintique  cano- 
nicis  de  suis  dominiis  bonisque  patrimonialibus  providit,  nam 
eis  inter  caetera  contulit  et  merâ  liberalitate  concessit  dominium 
directum  praedicte  ville  de  Olne,  cujus  adhùc  in  praesentiarum 
dicti  canonici  domini  trefunsarii  existunt,  quemadmodum  ipsius 
ville  scabini  statutis  temporibus  praefinitisque  diebus  ter  quotannis 
palam  coram  omnibus  profitentur  et  recordantur. 

Porro  dicti  canonici,  ut  suorum  subditorum  bellicis  calamita- 
tibus  incessanter  a  duce  Limburgensi  oppressorum  quieti  et 
tranquillitati  consulerent  et  ab  indebitis  eos  molestiis  et  vexatio- 
nibus  liberos  redderent,  ducentis  et  viginti  annis  à  praememoratâ 
collatione  per  dictum  serenissimum  imperatorem  eis  factâ,  pos- 
teaquam  Henricus  secundus,  filius  Henrici  ducis  Brabantiae 
dictus  Magnanimus  ex  Mechtilde  filia  comitis  Boloniae  terram  de 
Dolhain  bellicâ  manu  obtinuisset  circà  annum  Domini  millesi- 
mum  ducentesimum  quadragesimum  eumdem  in  suorum  subdi- 
torum advocatum  et  defensorem  ob  crebras  Limburgensium  incur- 
siones  assumpserunt  eique  ob  id  quotannis  numerare  ex  duabus 
partibus  majoris  decimae  ratione  collationis  ordinariè  ecclesie 
dicte  ville  ad  eos  spectantis  et  pertinentis  cum  certis  quibusdam 
minutis  juribus,  quae  scabini  supràdicti  adhùc  hodiè  recordantur 
duodecim  modios  spelte  pactûs  et  mensurae  Leodiensis  cum 
4  sextariis  consimilibus  atque  8  modios  avenae  mensurae  Aquensis, 
efficientes  6  modios  pactûs  Leodiensis,  sponte  se  obligarunt  et 
altro  dederunt. 

Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  5. 

III. 

Supplique  du  Chapitre  aux  Etats-Généraux 

contre  les  exactions  des  receveurs 

des  biens  ecclésiastiques   (en   1655). 

Remonstrent  les  Doyen  et  Chanoines  du  chappître  de  Saint- 
Adalbert  en  la  ville  Impériale  d'Aix  qu'ils  ont  piéça  remonstrez 
et  représentez  aux  Hauts  et  Puissants  Estats  : 

i°  Qu'ils  sont  seigneurs  Tréfonciers  du  ban  d'Aulne  d'ancienté. 

2°  Qu'à  effect  d'estre  maintenus  en  tous  et  chacun  leurs  biens 
ils  ont  transportez  au  proffict  d'un  comte  de  Dalhem  le  droict  de 

39 


—  302  — 

souverainté  dudit  band  et  terre  d'Aulne  qui  autrement    de   sa 
nature  estoit  terre  Impérialle  tenant  relief  dudit  Chappitre. 

3°  Qu'en  suitte  et  conformité  dudit  transporte  les  Sra  Chanoines 
ont  estez  effectivement  maintenus  dans  tous  et  chascuns  leurs 
biens  tant  par  ledit  comte  de  Dalhem  que  par  le  Sr  Roy  d'Espagne 
prétendant  droict  audit  comté  en  qualité  de  successeur  dudit 
comte  de  Dalhem.  Le  tout  appert  par  acte  joint  n°  i . 

4°  Ce  qu'estant  dernièrement  représenté  à  leurs  Puissances  par 
actes  péremptoires  vidimées  en  Maestrecht  en  leur  conseil  de  Bra- 
bant,  il  a  esté  ordonné  que  les  remonstrants  devront  iouir  effecti- 
vement de  tous  et  chacun  leur  bien  gisans  et  mouvant  audict  band 
d'Aulne  sans  qu'ils  pourront  estre  molestez  ni  inquiétez  ... 

5°  Et  ce  a  condition  de  nourrir  et  entretenir  un  prédicant  à 
Aulne  au  pied  du  record  ci- joint  n°  i°. 

6°  Et  comme  en  vertu  du  mesme  record  les  remonstrants  sont 
seulement  tenus  de  nourrir  un  prestre  tout  aorné  pour  dire  la 
messe  de  toute  ancienté. 

7°  Néantmoins  les  dits  s"  recepveurs  veulent  obliger  le  mesme 
Chappitre  à  nourrir  un  prédicant  de  la  Religion  Réformée. 

8°  Ce  que  ne  pouvant  estre  pour  la  clause  cy  dessus  virgulée 
à  laquelle  le  décret  desdits  Hauts  et  Puissants  Etats  est  relatif, 
lesdits  Srs  Chanoines  se  sont  adressés  en  cour  à  effect  d'obtenir 
interprétation  sur  ladite  clause,  laquelle  interprétation  ils  pressent 
et  attendent  avec  impatience. 

9°  Quoy  nonobstant  sont  les  mesmes  Remonst8  pressés  par 
lesdis  Srs  recepveurs  par  exécution  et  arrest  sur  leurs  dismes  de 
furnir  la  somme  de  6oo  fi.  bb.  avant  résolution  de  leurs  puissances. 

io°  Et  comme  les  remonstrants  ne  pensent  estre  obligés  à 
nourrir  un  prédicant  de  la  religion  réformée  et  encore  moins  ne 
pensent  estre  obligés  à  lui  donner  la  somme  prétendue  de  6oo  flor  : 
qu'ils  n'ont  jamais  donné  à  un  prestre  d'Aulne. 

1 1°  Iceux  espèrent  que  les  Hauts  Estats  ne  les  voudront  char- 
ger davantage  qu'ils  n'ont  estez  cy  devan  par  le  Roy  d'Espagne  et 
comte  de  Dalhem  ... 

12°  Aultrement  et  en  tel  cas  les  remonstrants  auront  droict  de 
retirer  le  droict  de  souveraineté  de  ladite  terre  et  band  d'Aulne  qui 
autrement  de  sa  nature  est  impérialle  excluant  telle  donation. 

1 3°  En  quelle  cas  qu'ils  seront  surchargez  ils  s'adresseront  au  S1 
empereur  pour  estre  deffendus  et  maintenus  en  leurs  biens  impé- 
riaux et  remis  en  leur  entier,  quia  cessante  causa  cessât  effect  us... 

Archives  pastorales,  coll.  II,  doc.  i3. 


TABLE  DES   MATIÈRES 


Pages 

Règlement  de  la  Société V 

Tableau  des  membres  de  la  Société VU 

NOTICES  ET  MÉMOIRES. 

I.  La  première  église  de  Liège,  l'abbaye  de  Notre-Dame. 
Lettre  à  M.  Godefroid  Kurth,  président  de  la  Section 
d'histoire  de  la  Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse 

de  Liège,  par  Joseph  Demarteau 1-108 

I.  Que  la  plus  ancienne  église  de  Liège  ne  fut  pas  Saint- 

Lambert   3 

II.  Que  la  première  église  de  Liège  n'a  pas  été  un  oratoire 

des  saints  Cosme  et  Damien 14 

III.  De  l'antiquité  du  culte  de  Notre-Dame  à  Liège.     .     .  3o 

IV.  Les  abbés  de  Notre-Dame  de  Liège 47 

V.  Attributions  de  Notre-Dame  de  Liège 58 

VI.  Suppression  de  l'abbaye  de  Notre-Dame 66 

VII.  Suppression  des  abbés  de  Notre-Dame j5 

VIII.  L'église  et  le  clergé  de  Notre- Dame-aux-Fonts  .     .     .84 

IX.  Notre-Dame  et  Saint-Lambert 96 

II.  Histoire  de  l'ancien  ban  d'Olne  et  de  la  domination  des 
Calvinistes  dans  ce  territoire,  par  J.  STOUREN,  curé 
d'Olne 109-302 

Avant-propos.  Description  de  la  commune  actuelle  d'Olne    .     109 

I.  L'ancien  ban  d'Olne,  ses  limites,  son  importance,  etc.     1 18 

I I .  L'origine  d'Olne  et  son  histoire  au  XIe  et  au  XIIe  siècle.     1 24 


—  304  — 

Pages 

III.  La  seigneurie  du  ban  d'Olne  est  cédée  aux  comtes 

de  Dalhem.  Olne  au  XIIIe  siècle i32 

IV.  Organisation  du  ban  d'Olne  à  partir  du  XIVe  siècle. 

Le  forestier,  le  mayeur,  la  justice,  etc 137 

V.  Le  ban  d'Olne  sous  les  maisons  de  Bourgogne  et 

d'Autriche 147 

VI.  La  dîme  d'Olne  et  le  procès  du  curé  Bodeçon  relatif 

à  la  dîme 1 55 

VIL  Les  franchises  communales  d'Olne  :  les  deux  bourg- 
mestres, les  régleurs,  le  collecteur  des  tailles,  la 
régence i5g 

VIII.  La  seigneurie  d'Olne  sous  Warnier  de  Gulpen  et  ses 

successeurs i63 

IX.  Première  apparition  des  réformés  à  Olne.  JeanWilkin.     169 

X.  Guillaume  de  Royer,  puis  les  deux  de  Till,  seigneurs 

d'Olne 173 

XI.  Del  va  et  ses  premiers  écrits  contre  les  protestants. 

Causes  de  l'invasion 177 

XII.  Premières  suites  de  l'invasion  hollandaise.  Nouveaux 

écrits  de  Delva 187 

XIII.  Exil  de  Delva.  Le  postillon  divin 197 

XIV.  Delva  construit  une  église  à  Froidheid.  Son  retour 

et  sa  mort 204 

XV.  Persécution  des  catholiques  en  violation  des  traités.     2 1 1 

XVI.  La  paroisse  d'Olne  à  la  fin  du  XVIIe  siècle.  Bauduin 

Spirlet 216 

XVII.  La  seigneurie  sous  les  Buirette.    Les  maux  de  la 

guerre 220 

XVIII.  Dévastation  du  ban  d'Olne  par  l'armée  française  .     .     226 

XIX.  Les  d'Olne  et  le  château  de  Froidbermont ....     232 

XX.  Guillaume  d'Olne,  seigneur  de  ce  ban.  Ses  premiers 

actes 235 

XXI.  Guillaume  d'Olne  bâtit  le  nouveau  château.  Ses  der- 

nières années  et  sa  mort 242 

XXII.  Le  grand  procès  pour  la  dîme  et  ruine  de  la  cure. 

Jean  Deroo.  A.  de  Lambermont,  prédicant  calvi- 
niste    247 

XXIII.  Le  ban  d'Olne  et  son  église  sous  Guillaume- Phi- 

lippe d'Olne.  Tracasseries  des  Réformés.     .     .     .     252 

XXIV.  Lambert-Henri  d'Olne,  puis  Guillaume-Frédéric,  sei- 


—  305  — 

Pages 

gneurs  d'Olne.  Graves  dissensions  dans  la  com- 
munauté      259 

XXV.  Les  derniers  seigneurs  d'Olne.  La  houillère  de  Gé- 

rarheid.  Les  catholiques  exclus  de  la  levée  des 
tailles 264 

XXVI.  L'église  d'Olne  à  la  fin  du  règne  des  Calvinistes     .     268 

XXVII.  Fin  de  la  domination  des  Calvinistes  et  période  au- 

trichienne. Lutte  des  Olnois  contre  le  chapitre  de 
Saint-Adalbert 272 

XXVIII.  Les  Belges  insurgés  contre  Joseph  II.  Bataille  d'Olne 

et  retour  des  Autrichiens 277 

XXIX.  Invasion  française  et  fin  du  ban  d'Olne.  La  com- 

mune d'Olne  depuis  1792 284 

XXX.  Fin  du  culte  calviniste  à  Olne.  Note  sur  les  anciens 

biens  de  la  cure 290 

Appendice 296 

DOCUMENTS. 

i35o  environ.  Record  des  statuts  et  privilèges  du  ban  d'Olne.  296 
1482.  Louis  de  Bourbon,  prince-évêque  de  Liège,  prie  les 
chanoines  de  Saint-Adalbert  d'Aix-la-Chapelle,  col- 
lateurs  de  la  cure  d'Olne,  d'agréer  l'échange  de 
bénéfices  entre  Jean  Postel,  curé  d'Olne  et  Nicolas 
Rohault,  recteur  de  la  chapelle  des  Lépreux  à  Spyx.     1 53 

1542  environ.  Origine  de  l'église  et  de  la  seigneurie  d'Olne, 
d'après  F.  Warnot,  de  Belleflamme,  curé  d'Olne  en 
1542 3oo 

i655.  Supplique  du  chapitre  de  Saint-Adalbert  à  Aix-la- 
Chapelle,  aux  Etats-Généraux,  contre  les  exactions 
des  receveurs  des  biens  ecclésiastiques 3oi 

i663,  le  5  octobre.  Accord  entre  les  Etats-Généraux  et  le 
prince  de  Liège,  touchant  les  limites  de  juridiction 
entre  le  Pays  de  Liège  et  le  ban  d'Olne 176 

1681,  le  16  novembre.  Lettre  du  baron  de  Surlet,  grand- 
vicaire  de  Liège,  aux  deux  bourgmestres  d'Olne, 
concernant  le  projet  de  construire  un  cimetière  près 
de  l'église  de  Froidheid 217 

1681.  Daniel  de  Buirette,  seigneur  d'Olne,  consent  à  ce  que 
le  lieutenant-mayeur  admette  au  serment  les  trois 
nouveaux  échevins  d'Olne,  nommés  d'office  par  les 
commissaires  de  Maestricht 223 


—  306  — 

i685  environ.  Serment  prêté  par  les  échevins  de  la  Cour  de 

justice  du  ban  d'Olne 23 1 

1694.  La  Cour  de  justice  d'Olne  se  justifie  de  ce  qu'elle  ne 
peut  procéder  à  la  répartition  des  taxes  personnelles 
entre  les  habitants  du  ban  d'Olne 23 1 

1697.  François  Lagarde  et  Jean  Lelahy,  pécheurs  assermentés 
du  seigneur  d'Olne,  emprisonnés  par  le  seigneur  de 
Fraipont,  font  relation  de  leur  captivité  devant  les 
échevins  d'Olne 237 

1 702  environ.  Les  habitants  d'Olne  déclarent  qu'ils  ont  offert 
librement  et  spontanément  1 ,000  écus  au  seigneur 
Guillaume  d'Olne 240 

1707.  Extrait  de  la  supplique  de  Herman  Dejong,  habitant 
d'Olne,  aux  Etats-Généraux,  afin  d'obtenir  la  per- 
mission de  vendre  de  la  bière  les  dimanches  .     .     .     245 

1727.  Guillaume- Philippe  d'Olne  défend  au  curé  Prayon,  de 
se  rendre  à  l'évêché  de  Liège,  sans  la  permission  des 
Etats-Généraux 252 

1729.  Requête  du  consistoire  de  l'église  wallonne  réformée 
d'Olne  aux  Etats-Généraux,  afin  d'empêcher  la  no- 
mination d'Antoine  Rensonnet  comme  juge  à  la 
Cour  d'Olne 253 

1749,  le  11  mars.  L'officier-criminel  du  ban  d'Olne  rappelle 
au  curé  l'observation  des  ordonnances  qui  interdisent 
toute  fonction  du  culte  catholique  en  dehors  des 
églises 255 

1 780.  Le  consistoire  réformé  d'Olne  certifie  qu'Arnold  Arnotte, 
vicaire  d'Olne,  a  toujours  rempli  avec  prudence  les 
fonctions  de  prêtre  et  de  vicaire 271 

1785.  Supplique  du  curé  et  d'une  partie  du  Conseil  commu- 
nal d'Olne  aux  archiducs  Albert  et  Marie,  gouver- 
neurs des  Pays-Bas,  afin  que  leur  église  ne  serve 
plus  désormais  qu'au  culte  catholique 274 

1790.  Le  gouvernement  des  Pays-Bas  autrichiens  déclare  que 
les  réformés  peuvent  librement,  comme  par  le  passé, 
exercer  le  culte  de  leur  religion 283 

1806.  Extrait  de  l'acte  de  fondation  d'une  école  gratuite  à 

Olne,  par  Catherine  Uls 289 

1847.  Le  curé  d'Olne  déclare  qu'il  ne  tolérera  plus  que  les 
protestants  se  servent  de  son  église  pour  y  faire  un 
office  religieux  quelconque 291 


—  307  — 

Paget 

1847.  L»e  ministre  protestant  de  Verviers  proteste  contre  cette 

déclaration 291 

1847.  Lettre  de  Msr  Van  Bommel,  évêque  de  Liège,  concer- 
nant le  culte  protestant  dans  l'église  des  catholiques 
à  Olne 292 

1847.  Le  ministre  protestant  de  Verviers  rappelle  aux  bourg- 

mestre et  échevins  d'Olne,  qu'il  leur  appartient  de 
veiller  à  ce  que  les  réformés  puissent  exercer  libre- 
ment leur  culte  dans  l'église  des  catholiques  .     .     .     292 

1848.  Le  gouvernement  provincial  annonce  à  M8r  Van  Bom- 

mel, évêque  de  Liège,  que  le  ministre  de  la  justice  a 
tranché  la  question  concernant  la  simultanéité  des 
deux  cultes  à  l'église  d'Olne 293 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Abinden  (Henri),  né  à  Helchteren, 
curé  d'Olne,  216;  ses  difficultés 
avec  les  protestants,  216-219;  sa 
mort,  219.  —  Jean,  neveu  du  pré- 
cédent, 218;  il  construit  une  cha- 
pelle à  la  Basse-Fraipont,  219; 
devient  vicaire  à  Saint-Hadelin, 
ibid.,  25o,  25 1;  sa  mort  mysté- 
rieuse, 256,  257. 

Adalbert  (l'église  de  Saint-),  à  Liège, 
possède  des  fonts  baptismaux,  92. 

—  (la  collégiale  de  Saint-),  à  Aix-la- 
Chapelle,  fondée  par  l'empereur 
Henri  II,  124;  le  Chapitre  possède 
la  souveraineté  sur  le  territoire 
d'Olne,  1 25-i  34.  Contestation  entre 
le  Chapitre  et  les  habitants  d'Olne, 
1 35.  Le  Chapitre  entretient  à  ses 
frais  un  prêtre  à  Olne,  1 3  5- 137, 
275.  Ses  droits  et  ses  devoirs  au 
ban  d'Olne,  i38  et  suiv.  Procès 
entre  le  Chapitre  et  le  curé  d'Olne 
concernant  la  dîme,  i55-i59,  l7%- 
Procès  avec  le  gouvernement  hol- 
landais, 188.  Accord  conclu  entre 
les  deux  partis,  188,  189,  198. 
Lutte  des  Olnois  contre  le  Cha- 
pitre, 275-277. 


Adelbold,  évêque  d'Utrecht,  6ô. 

Adrien  IV,  pape,  129. 

Aix-la-Chapelle,  10.  Les  puissances 
européennes  y  tiennent  un  Con- 
grès, 21 3.  Le  Chapitre  de  Sâirit- 
Adalbert,  V.  ce  dernier  mot. 

Agostrée  (en),  terre  du  bart  d'Olne, 
139,  297. 

Albéron  II,  évêque  de  Liège,  43. 

Aldegonde  (sainte),  fondatrice  de 
plusieurs  églises,  11. 

Alexandre,  archidiacre  et  prévôt  de 
Saint- Lambert  à  Liège,  43. 

Alleur,  63.  ' 

Aine  (l'abbaye  d'),  48,  55,  63. 

Amalrie,  abbé  de  Sainte-Marie  à 
Liège,  55. 

Amand  (saint),  évêque,  fondateur  de 
couvents  et  d'églises,  10,  107. 

—  (l'église  de  Saint-),  à  Elnone,  10; 
à  Jupille,  106. 

Amaury,  55. 

Amay  (l'abbaye  d'),  fondée  par  saîftte 
Ode,  48,  49,  io5. 

A  mer  cœur  (le  bailliage  d'),  119,  147. 

Ancion,  maire  de  Mont-Saint-Ha- 
delin,  sous  la  domination  fran- 
çaise, 289. 

40 


-  310 


Andage,  on  y  transfère  les  restes  de 
saint  Hubert,  34,  35. 

Ancienne,  possède  sept  églises  fon- 
dées par  sainte  Begge,  12,  54. 

André  (l'église  de  Saint-),  à  Elnone, 
10. 

—  (l'autel  de  Saint-),  dans  la  chapelle 
des  saints  Cosme  et  pamien,  à 
Liège,  29. 

—  (Gilles),  lieutenant-mayeurd'Olne, 
223,  241. 

Andrès  (Jean),  21 3. 

Andrimont,  fait  partie  du  marquisat 
de  Franchimont,  193. 

Angleur,  106,  107. 

Ans,  64. 

Ansegise,  107. 

Anselme,  chanoine  et  historien,  i5, 
22,  24,  29,  36,40,  42. 

Ansfried  (saint),  comte  de  Huy, 
évêque  d'Utrecht,  36. 

Antoine  (Pierre),  199. 

Aper,  père  de  saint  Lambert,  21. 

Ardenne  (1'),  123,  125,  128,  129. 

Argenteau  (Marguerite  d'),  épouse 
de  Warnier  de  Gulpen,  seigneur 
d'Olne,  i65. 

Arnotte  (Jacquemin),  bourgmestre  du 
ban  d'Olne,  271.  — François,  fils 
du  précédent,  né  à  Olne,  271  ; 
vicaire  de  Saint-Hadelin,  257, 271  ; 
curé  d'Olne,  i23,  134,  272,  273; 
sa  lutte  contre  le  Chapitre  de  Saint- 
Adalbert  d'Aix-la-Chapelle,  275- 
277;  il  soigne  les  blessés  dans  la 
guerre  entre  les  Autrichiens  et  les 
Patriotes,  281,  282;  ses  derniers 
actes  et  sa  mort,  294,  295.  —  Ar- 
nold, bourgmestre  du  ban  d'Olne, 
259,  260.  —  Servais,  bourgmestre 
du  même  ban,  262.  —  Jean,  i63. 

A rnould  (l'empereur),  36. 

Arnulphe,  io5. 

Aspre(\e  baron d'),  commandant  d'un 


corps  autrichien  dans  la  bataille 
d'Olne,  278,  279. 

Astroy  (Barthélémy  d'),  récollet  du 
couvent  de  Liège,  combat  les  er- 
reurs du  ministre  protestant  Chrou- 
et,  192. 

A  nguste  (l'empereur)  ,18. 

Aulbonne  (d'),  receveur  des  domaines 
à  Maestricht,  265. 

Aulne,  V.  Olne. 

Avroy,  5,  97. 

Awirs  (les),  72. 

Ayeneux,  109,  114,  117. 

Bade  (Marc  de),  149.  —  Le  marquis, 
frère  du  précédent,  149,  i5o. 

Balderic,  23,  41,  60. 

Baldigisle,  8. 

Banneux,  1 23. 

Barthélémy  (la  collégiale  de  Saint-; 
à  Liège,  52,  6o,  89,  ior,  102.  Elle 
possède  des  vignes  à  Liège,  59. 

Bavière  (Joseph-Clément  de),  prince- 
évêque  de  Liège,  donne  l'emplace- 
ment pour  construire  une  église  à 
la  Basse-Fraipont,  219.  —  Henri, 
3oo. 

Beauregard  (de),  haut  officier  de  IV 
vouerie  de  Fléron,  206. 

Beaurepart  (l'abbé  de),  met  la  pre- 
mière pierre  de  l'église  de  Froid- 
heid,  206. 

Beaurieux  (Marie  de),  dame  de  Saint- 
Hadelin,  164. 

Begge  (saint)  d'Andenne,  12,  io5. 

Belleflamme  (Thierry- Warnot  de;, 
curé  d'Olne,  maître  ès-artset  licen- 
cié en  droit,  124,  125,  i32,  i33, 
134,  1 36,  i52,  154.  Son  histoire 
sur  l'origine  de  l'église  et  de  la  sei- 
gneurie d'Olne,  3oo. 

Bergh  (H.  van  den),  53. 

Berghes  (Robert  de),  prince-évêque 
de  Liège,  87. 

Bernard  (saint),  43,  55. 


311  - 


Berthe  (sainte),  12. 

Bertholet,  89. 

Biwalt  (le),  4. 

Blangy  (le  couvent  de),  fondé  par 
sainte  Berthe,  12. 

Bleret,  87. 

Bleron  (Antoine  de),  171.  —  Idelette, 
179. 

Blistein  (Thomas  de),  curé  de  Ver- 
viers,  194. 

Bocholt  (de),  grand  prévôt  de  Saint- 
Lambert,  88. 

Bodeçon  (Bauduin),  curé  d'Olne,  fait 
reconstruire  l'église  en  partie,  1 54. 
Son  procès  avec  le  Chapitre  de 
Saint-Adalbert  d'Aix-la-Chapelle, 
concernant  la  dîme  d'Olne,  1 55- 
157. 

Bois  d'Olne,  hameau  de  cette  loca- 
lité, 110. 

Bologne  (Mechtilde  de),  3oi. 

Bommel  (Corneille  van),  évêque  de 
Liège.  Son  mandement  concernant 
l'exercice  du  culte  calviniste  dans 
l'église  catholique  d'Olne,  291.  Sa 
lettre  au  curé  Lamarche,  292. 

Bonaparte,  son  concordat,  288,  289. 

Borel,  ministre  protestant  à  Olne, 
273  ;  il  se  réfugie  à  Eysden, 
277. 

Boufflers  (le  marquis  de),  assiège  la 
ville  de  Liège,  227,  236. 

Bouillon,  88. 

—  (Godefroid  de),  avoué  du  ban 
d'Olne,  126,  127,  142. 

Boulanger,  bourgmestre  d'Olne,  275. 

Bourbon  (Louis  de),  prince-évêque 
de  Liège,  149,  i53. 

Bourgogne  (la  maison  de)  possède  la 
seigneurie  d'Olne,  147.  — Philippe, 
149,  i5o. 

Bouteille  (la),  près  d'Olne,  1 15,  1 17. 

Boutenville,  habitant  d'Olne,  286. 

Bovo  du  Chêne  d'Olne,  i32. 


Boy  (Wygier  de),  manant  du  ban 
d'Olne,  i5o. 

Boçon,  abbé  de  Sainte-Marie  à  Liège, 
5o,  5i,  52,  58. 

Bradant  (de).  Le  duché,  1 19,  i33.  — 
Le  duc,  129.  —  Le  souverain  con- 
seil, 1 56,  157,  175,  210. 

Brimeu  (Guy  de),  seigneur  de  Ham- 
bercourt,  i5o. 

Brosius,  aumônier  dans  l'armée  des 
patriotes,  280,  281. 

Bruno  (saint),  archevêquedeCologne, 
duc  de  Lorraine,  25. 

Brust  (Servais  de),  mambour  de 
l'église  de  Froidheid,  2o5.  —  Fran- 
çois, prêtre  bénéficier  à  Olne,  21 5. 

Buirette  (Daniel  de),  bourgeois  de 
Maestricht,  achète  la  seigneurie 
d'Olne,  176,  220;  217,  221,  239. 
11  réorganise  la  justice  d'Olne, 
223,  224.  Son  procès  contre  Jean- 
Philippe  de  Calwaert,  seigneur  de 
Fraipont,  concernant  la  pêche, 
225.  Sa  mort,  225.  —  Sa  veuve 
Anne-Marie  de  Freisheim,  226. 
Elle  vend  la  seigneurie  d'Olne, 
232,  235.  —  Ses  fils  :  a)  Daniel- 
Albert,  relève  le  fief  d'Olne  devant 
le  gouverneur  de  Dalhem,  226  ;  b) 
Jean,  ibid. 

Burguin  (Jean),  237. 

Buyskin  (Jean),  échevin  d'Olne,  i5o. 

Cadet,  229. 

Calwaert  (Jean-Philippe  de),  sei- 
gneur de  Fraipont.  Son  procès 
contre  Daniel  de  Buirette  et  Guil- 
laume d'Olne,  concernant  le  droit 
de  pêche,  225,  237,  238. 

Camerling  (Thierry),  seigneur  de 
Saint-Hadelin,  164;  il  vend  le 
Mont-Saint-Hadelin  à  Jean  Cur- 
tius,  166. 

Cartier,  peintre  liégeois,  89. 

Carron  (le  colonel),  291. 


—  312 


Cateau-Cambresis,  88. 

Celles  (l'abbaye  de),  48. 

Celliers  (Onufride  de),  bourgmestre 
de  Liège,  enseveli  dans  1  église  de 
Notre-Dame-aux-Fonts,  89. 

Chabrié (Jacques),  bourgmestre  d'Ol- 
ne,  262. 

Champagne,  83. 

Chapeaville,  19,  20,  21,  22,  23,  29, 
102. 

Charlemagne,  10,  14,  16,  io5,  106. 

Charles  Martel,  16,  3i,  106.  —  le 
Gros,  36,  39.  —  Borromée,  89.  — 
Quint,  148.  —  le  Téméraire;  sa 
guerre  contre  les  Liégeois,  1 5 1 . 

Chefnay,  prêtre,  257. 

Çhe/oux,  11 3. 

Çfiemins  (aux  six),  près  d'Olne,  1 17. 

Chênée,  223. 

Çherwx>  r  1 1. 

Çfiçvrernont,  12,  18,  25,  106. 

Çhinaux(le ruisseau  des),  près  d'Olne, 
112. 

ÇfrrQuet  (Warnier),  célèbre  médecin, 
1 1 3  ;  il  est  fait  prisonnier  par  les 
Français,  229  ;  il  est  mis  en  liberté, 
236,  241.  —  Remacle,  bourgeois 
de  Spa,  180.  —  Henri,  fils  du  pré- 
cédent, ministre  protestant  à  Olne, 
étudie  à  Genève,  180;  assiste  au 
synode  d'Anvers,  ibid.  ;  sa  corres- 
pondance avec  Antoine  Delva,  curé 
d'Olne,   180-187,    190-203;  il  est 

•  combattu  par  les  Pères  d'Astroy  et 
Preumo.nt,  192-197;  il  est  forcé  de 
quitter  le  presbytère  dont  il  s'était 
rendu  maître,  209;  il  y  rentre, 
216. 

Ciney  (l'abbaye  de),  48,  49. 

Clément  III  (le  pape)  confirme  quel- 
ques privilèges  de  l'église  de  Notre- 
Dame  à  Liège,  101,  102,  io3,  104. 
—  XI,  accorde  le  droit  de  patro- 
nage sur  la  chapelle  de  Saint-Ha- 


delin,  à  la  communauté  de  ce  nom, 
25o,  25l. 

—  (l'église  de  Saint-)  à  Liège,  85. 

Clercx  (de),  archidiacre  du  Condroz, 
fait  respecter  l'autorité  du  curé 
d'Olne  à  la  Basse-Fraipont,  269. 

Clodulphe,  106. 

Cloquier  (Jean),  curé  d'Olne,  i5y, 
i58,  171,  178,  179. 

Closet  (François),  de  Lambermont. 
Sa  discussion  avec  le  ministre  pro- 
testant d'Olne,  190,  191. 

Cloud  (Saint-),  37. 

Clovis  III,  roi  d'Austrasie,  garantit 
l'immunité  et  les  possessions  de 
Sainte-Marie  à  Liège,  3o,  3i,  32. 

Cotes  (Jehan  le),  archiprêtre  et  cha- 
noine de  Saint-Pierre  à  Liège,  65. 

Colard  ou  Colas,  seigneur  de  Saint- 
Hadelin,  164. 

Collard  (Thomas),  desservant  de  la 
chapelle  de  Saint-Hadelin  à  Olne, 
179,  207. 

Collin  (Henri),  241. 

Cologne,  25,  39.  Le  chapitre,  82. 

Condro\  (des  psammites  du)  trouvées 
dans  le  bois  de  Longbur  près 
d'Olne,  116.  —  L'archidiaconé, 
120.  —  L'archidiacre,  214,  217.  Il 
permet  d'établir  un  cimetière  à 
Froidheid,  206,  217. 

Coninx  (Charles  de),  chanoine  de 
Saint- Martin  à  Liège,  89. 

Conrad  II  (l'empereur),  41.  —  Ar- 
chevêque de  Mayence,  i3o.  — 
Prévôt  de  Saint- Adalbert  à  Aix-la- 
Chapelle,  voué  d'Olne,  i3o,  i3i. 

Cornesse,  109. 

Cornet  (Jean),  manant  de  Fraipont, 
219.  —  Christian,  225. 

Cornillon  (l'église  de),  près  de  Liège, 
55. 

Cortembach  (Alexandre,  baron  de), 
seigneur  du  ban  d'Olne,  168. 


—  313 


Cosme  et  Damien  (les  saints).  Leur 
culte  à  Liège,  25,  26;  à  Huy,  i5. 
Leurs  reliques  conservées  dans  l'é- 
glise de  Saint-Martin  à  Tours,  25, 
26. 

—  (l'oratoire  des  Saints-)  à  Liège,  2. 
Etait-ce  la  première  église  de  Liège? 
14-30,  100.  Il  était  situé  dans  la 
cathédrale  de  Saint-Lambert,  24, 

25. 

Coucoumont,  près  d'Olne,  in. 

Coi//of  (Jacquet),officier-baillid'01ne, 
187. 

Court  (Joseph),  major  en  retraite, 
bourgmestre  d'Olne,  découvre  une 
veine  de  houille  à  Olne,  265. 

Couvin,  42. 

Croix  (l'église  de  Sainte-)  à  Liège, 
27,  29  ;  sa  fondation  confirmée  par 
l'empereur  saint  Henri,  40.  Diffé- 
rend entre  le  Chapitre  de  celle-ci  et 
celui  de  Saint-Martin,  52.  Elle  doit 
visiter  à  certaines  époques  Notre- 
Dame-aux- Fonts,  60,  101,  102. 

Cunégonde  (sainte),  3oi. 

Curtius  (Jean),  bourgeois  de  Liège, 
achète  la  seigneurie  de  Saint-Ha- 
delin,  164,  166  ;  sa  lutte  avec  Jean 
de  Ruyssenberg,  seigneur  de  la 
Rochette,  167;  sa  mort,  ibid.  — 
Pierre,  fils  du  précédent,  seigneur 
du  même  lieu,  164;  il  continue  la 
lutte  avec  de  Ruyssenberg,  167, 
168;  sa  mort,  169.  Ses  enfants  : 
H  .-V. ,  seigneur  d'Aaz,  1 69  ;  Anne- 
Marie,   dame   d'Olne,    164,    169, 

'75- 
Cuyck  (Albert  de),  prince-évêque  de 

Liège,  45,  56,  60. 

Dalhem  (le  comté  de),  fait  partie  des 

pays  d'Outremeuse,  1 19,  21 1,  272; 

il  est  seigneur-souverain   d'Olne, 

121,  126,  134,   1 38,  j 55.  Le  duc 

de  Limbourg  est  souverain  d'une 


partie  du  comté,  129.  Henri  V, 
duc  de  Brabant  en  fait  la  conquête, 
1 33.  Droits  et  devoirs  du  comté 
dans  le  ban  d'Olne,  1 38.  Il  est  en- 
vahi par  les  Hollandais,  172,  181, 
188.  Il  est  partagé  entre  le  roi 
d'Espagne  et  les  Provinces-Unies, 
197. —  Le  châtelain  ou  haut-dros- 
sard,  voué  d'Olne,  143,  147,  148, 
161.  —  Le  château,  brûlé  par  les 
Liégeois,  149,  i5o.  —  La  Haute- 
Cour,  140,  142,  154,225. 

Dame  (abbaye  de  Notre-)  à  Liège,  2, 
39  ;  sa  suppression, 66-75  ;  ses  abbés, 
47-58  ;  leur  suppression,  75-84. 

Dame-aux-Fonts  (église  de  Notre-), 
église  baptismale  de  Liège,  2,  24, 
28,  33  ;  première  paroisse  et  église- 
mère,  34,  37,  44,  45,  46,  53;  son 
emplacement,  60,  87;  ses  attribu- 
tions, 58,  66  ;  son  clergé,  84-96  ; 
ses  autels  :  de  la  Sainte -Vierge, 
88,  de  Sainte-Catherine,  ibid.,  des 
Saints  Simon  et  Désir,  ibid.,  de 
Saint-Laurent,  ibid. ,  de  Saint- Eloi, 
ibid.;  ses  confréries,  89;  son  mo- 
bilier et  son  trésor,  89,  90. 

Dame  (église  de  Notre-)  à  Nivelle, 
1 1  ;  à  Chèvremont,  12  ;  à  Herstal, 
12;  à  Maestricht,  3i,  33;  à  Ton- 
gres,  3i,  32,  36;  à  Dinant,  48, 
49;  à  Paris,  38;  à  Huy,  12,  36, 
45,  5o,  5i,  52,  104;  à  Aix-la-Cha- 
pelle, ï  3 1 . 

Damien  (saint),  V.  saint  Cosme. 

Dechamps  (Joseph),  prêtre,  269. 

Dejong  (Herman),  bourgmestre  d'Ol- 
ne. Son  procès  avec  la  commune 
et  les  seigneurs  d'Olne,  148,  239, 
240,  241,  243,  244,  245,  246,  247, 
262;  il  est  locataire  de  la  dupe 
d'Olne,  172,  248,  25o;  sa  ruse  en- 
vers les  Français,  227,  228. 

Delcour  (Gilles),  pejjjtre,  89. 


—  314  — 


Delhaes  (Jacques),  forestier  d'Olne, 
263. 

Delsaute  (Henri),  notaire  et  bourg- 
mestre d'Olne,  261,  262,  270. 

Delva  ou  Delvaux  (Antoine),  né  à 
Xhoris,  curé  d'Olne,  157,  1 58, 
171  ;  ses  écrits  contre  les  Protes- 
tants, 177,  187,  197,  207;  son 
procès  contre  le  Chapitre  de  Saint- 
Adalbert  d'Aix-la-Chapelle,  au  su- 
jet de  la  dîme,  178;  il  reconstruit 
l'église  d'Olne,  179,  180;  ses  que- 
relles avec  Ch rouet,  ministre  pro- 
testant, 182-187;  son  procès  contre 
la  Hollande  au  sujet  de  la  dîme, 
188,  189;  son  exil,  197;  il  cons- 
truit une  église  à  Froidheid,  204  ; 
il  rentre  dans  sa  cure,  208;  sa 
mort,  211. 

Delvaux  (Hubert),  241. 

Denis  (la  collégiale  de  Saint-),  102. 

Denys,  i5o. 

Dens,  i56. 

Deroo  (l'avocat),  245.  —  Jean,  éche- 
vin  et  greffier  de  la  Cour  de  justice 
du  Mont-Saint-Hadelin,  247,  248  ; 
il  suscite  de  graves  difficultés  au 
curé  d'Olne,  25o. 

Desaga,  bourgmestre  d'Olne,  275. 

Desagaux  (Léonard),  244. 

Desaive  (Jean),  265. 

Destine^  116. 

Detiffe(P.S.),  agent  municipal  sous 
le  gouvernement  français,  286. 

Dodon,  assassin  de  saint  Lambert,  6. 

Drolenval,  fait  partie  du  marquisat 
de  Franchimont,  193. 

Eberstein  (Othon  d'),  83. 

Ebroin  de  Fléron,  63,  64. 

Eginhard,  34. 

Eicke,  87. 

Elbert,  64. 

Elheure  (Antoine  d'),  i65.  —  Cathe- 
rine, fille  du  précédent,  i65. 


Elisabeth  f Angleterre,  88. 

Elliard,  capitaine  dans  Tannée  bra- 
bançonne, 281. 

Elnone,  io. 

Elsloo,  47. 

Enghien  (Jean  d*),  prince-évêque  de 
Liège,  62,95. 

Ensival,  fait  partie  du  marquisat  de 
Franchimont,  ig3. 

Eppes  (Jeand'),  prévôt  de  Saint-Lam- 
bert, abbé  de  Sainte-Marie  à  Liège, 
57,  58,  78,  79,  80,  82,  83,  97. 

Eracle,  évêque  de  Liège,  5o,  99. 

Erenfried,  doyen  de  Saint-Adalbert 
à  Aix-la-Chapelle,  i32. 

Ermengarde,  42. 

Ernst,  129. 

Estuart  (Réginald),  curé  d'Olne,  1 53. 

Etienne,  prêtre  de  Liège,  53,  68.  — 
évêque  de  Liège,  14,  i5,  19,  22, 
39,  48. 

—  (église  de  Saint-),  37,  38. 
Everard,  bourgeois  d'Olne,  i32. 
Eynden  (van  den),  V.  Abinden. 
Fabien  et  Sébastien  (saints),  25. 
Falhe\  (la  dîme  de),  i58. 

Fali\e  (la),  revin  près  d'Olne,  1 14, 

1 15,  1 18. 
Fauquemont,   fait   partie  du     pays 

d'Outremeuse,  1 19. 
Ferdinand  Ier,  empereur,  88;   III, 

empereur,  188. 
Fief  (le),  hameau  d'Olne,  1 18. 
Fisen,  5o. 
Flémalle  (Goeswin  de),  bourgmestre 

de  Liège,  89. 
Fléron.  L'avouerie,  120,   122,   199, 

227.  La  route,  i23. 

—  (Jean  de),  curé  d'Olne,  1 53.  — 
Rigaux,  seigneur  de  Saint-Hade- 
lin,  164. 

Flône  (l'abbaye  de),  52,  55. 
Fond  de  Gotte,  118. 
Fonds  de  Forêt,  1 16. 


-  315  — 


Forêt,  109,  112,  114,  117. 

Fortunat,  4. 

Fosses,  39.  —  (les),  11 3,  114,  117. 

Fragnée,  97. 

Fraipont,  109,  in,  112. 

—  (la  Haute),  119,  123. 

—  (la  Basse),  112,  120,  198;  l'école 
tenue  par  un  vicaire,  21 5,  219; 
l'église,  219. 

—  (Adrien  de),  mayeur  d'Olne,  140. 
Franchimontois  (les),  1 5 1 . 
Franck,  229. 

Francon,  évêque  de  Liège,  34,  39, 
40,  47,  48. 

Frédéric,  42.  —  Prévôt  de  Saint- 
Lambert,  53.  —  Barberousse,  80. 

Freeren,  71. 

Freisheim  (Anne-Marie  de),  femme 
de  Daniel  de  Buirette,  seigneur 
d'Olne,  226. 

Frères,  71. 

Freûhe\,  V.  Froidheid. 

Freubemont  (Watele  de),  échevin 
d'Olne,  époux  de  Marguerite  de 
Wodomont,  dont  un  fils  Jean  de 
Vaux,  149,  233.  —  Denis,  manant 
du  ban  d'Olne,  1 5o. 

Froidbermont,  hameau  d'Olne,  110, 
1 1 3,   117,   139,   297;  le  château, 

232,  241. 

Froidheid,  près  d'Olne,  11 5,  119, 
218;  l'église,  171,  204,  206;  l'école 
tenue  par  le  vicaire,  2  j  *. 

Frourny,  278. 

Fulda,  34. 

Galoppe,  222. 

Gond,  10,  40. 

Gavar,  186. 

Gelinden,  79. 

Gilivaux,  hameau  près  d'Olne,  112, 
1 17,  139,  23o,  23i,  297. 

Gennaert,  101. 

Georis  (Henri),  241. 

Gerbald,  34. 


Germain  (l'église  de  Saint-),  37. 

Gertrude  (sainte),  9,  n,  12,  io5. 

Ghenyck  (Arnold  de),  i53. 

Ghisen,  drossartde  Dalhem,  262. 

Giele  (Reyner),  échevin  d'Olne,  1 5o. 

Gilles  (TOrval,  18,  19,  25,  41,43, 
48,  49,  5i,  102. 

Gillet  (André),  229. 

Gillis  (Jean- Baptiste),  évêque  d'Amy- 
zon,  suffragant  de  Liège,  consacre 
l'église  de  Froidheid,  206. 

Gilman  (Jean),  241. 

Godeschalc,  diacre  de  Liège,  19,  20; 
abbé  de  Sainte-Marie  à  Liège,  52. 

Goffard,  franciscain,  puis  ministre 
protestant,  192. 

Goffontaine,  1 1 1 . 

Gomélevqy,  ni. 

Gontreuil  (le  comte  de),  colonel  d'un 
régiment  de  ligne  dans  l'armée  au- 
trichienne, 283. 

Grandry  (Jeanne  de),  femme  de  Jean 
Wilket,bourgmestredu  band'Olne, 
171. 

Grégoire  (saint),  de  Tours,  4,  25, 
26.  —VII,  pape,  5i,  52.  —  IX, 
pape,  82,  io5.  —  Jean,  échevin 
d'Olne,  224. 

Grimoald,  34,  106,  107. 

Grobendonck  (le  comte  de),  gouver- 
neur de  Limbourg,  184;  sa  dame, 
2o5. 

Gronsveld  (Giselbert  de),  voué  d'Olne, 
128. 

Grules  (de),  V.  de  Gronsveld. 

Gueldre  (le  comte  de),  88.  —  Henri, 
prince-évêque  de  Liège,  i36. 

Guérin  (Jurdan),  270. 

Guillaume,  roi  des  Romains,  44.  — 
Ier,  roi  des  Pays-Bas,  supprime  la 
commune  du  Mont-Saint-Hadelin, 
et  la  réunit  à  celle  d'Olne,  289. 

Gulpen  (Warnier  de),  seigneur  de  la 
Rochette,  avoué  héréditaire  de  Fié- 


—  316  — 


ron  et  seigneur  du  ban  d'Olne,  i63, 
164,  i65,  166.  Il  épousa  Margue- 
rite d'Argenteau,  i65.  —  Leur 
fille  Marguerite  épouse  Guillaume 
de  Ruisschenberg,  i65,  166.  Us 
sont  tous  enterrés  dans  l'église  de 
Forêt,  ibid. 

Guntrannus,  abbé  de  Sainte-Marie  à 
Liège,  5o. 

Hadelin  (Saint-),  hameau  de  la  com- 
mune d'Olne,  110.  Son  terrain 
houiller,  1 16,  1 17.  Son  église,  1 15, 
1 18  ;  elle  est  détruite  par  un  oura- 
gan, 206,  207.  Son  moulin,  t  18, 
175.  La  papeterie,  122.  Le  béné- 
fice, i58, 178.  L'école  tenue  par  le 
vicaire,  21 5. 

—  (Mont-Saint-).  Cette  seigneurie 
dépend  de  la  principauté  de  Stave- 
lot,  119,  120,  127,  147,  164,  166. 
La  Cour  de  justice,  142.  Il  est 
érigé  en  commune  par  les  Fran- 
çais, 289,  et  réuni  à  Olne,  sous  le 
roi  Guillaume  Ier,  ibid. 

Hainaut  (le),  42. 

Hanchey  (Jean  de),  1 5 1 . 

Hannotte,  la  famille,  233. — Servais, 
mayeur  de  la  Cour  du  Fief  de 
Mont-Saint-Hadelin,  167. — Anne, 
262. 

Hanse %,  hameau  d'Olne,  no,  ni, 

112,   II7,  123,  230,  23l. 

—  (Everard  de),  mayeur  héréditaire 
du  ban  d'Olne,  233.  —  Jean,  i5i. 

Harenne  (de),  commissaire  de  Liège, 

89. 
Harsta  (Jean  de),  97. 
Hasselart  (Henri  de),  68. 
Hastière,  3g. 
Haweal  (Henri),  89. 
Haxhe,  docteur  et  maire  d'Olne  sous 

la  domination  française,  288. 
Heid  de  Han$e\,    montagne   près 

d'Olne,  112. 


Heinry  (Grand-),  bourgeois  d'Olne, 
i5o. 

Hellin,  abbé  de  Sainte-Marie  à  Liège, 
52,  53,  54,  58,  59,  60,  68,  89. 

Henri  II,  empereur,  40,  41,  124, 
125,  126,  i36.  —  IV,  empereur, 
16,  5i,  85.  —  V,  empereur,  124, 
128.  —  VI,  empereur,  1 3o.  —  V. 
roi  de  France,  88.  —  le  Pacifique, 
prince-évéque  de  Liège,  62,  64, 
125.  —  1 1 ,  de  Leyen ,  prince-évêque 
de  Liège,  42,  64,  125.  —  le  Vieux, 
duc  de  Limbourg,  129,  i33.  — 
II,  duc  de  Brabant,  i33,  134,  3oi. 
—  1 1 1 ,  le  Magnanime,  voué  d'Olne. 
fils  du  précédent,  1 33, 1 34  ;  il  épouse 
Mech tilde  de  Bologne,  3oi. 

—  archidiacre  de  Liège,  abbé  de 
Sainte-Marie  et  doyen  de  Saint- 
Paul,  55,  56,  58,  68. 

Henricourt  (Jacques  de),  94. 
Henrotay,  lieutenant  dans  l'armée 

des  Patriotes,  280,  281. 
Henry  (Gustave),  pasteur  protestant 

à  Olne,  292. 
Hérigère,  secrétaire  de  Notger,  4, 

i5,  22. 
Hermael  (Jean  de),  i5o. 
Hermalle,  21. 
Herstal,  12,  42,  106,  107. 
Hervé  (le  pays  de),  114,  117;  il  est 

dévasté  par  les  Liégeois,  149,  i5i, 

l52. 

—  (la  ville  de),  123.  Les  Hollandais 
s'en  emparent,  170.  Les  Impériaux 
la  prennent,  282.  Bataille  entre 
ceux-ci  et  les  Patriotes,  282.  Dé- 
faite des  Autrichiens,  ibid. 

Hesbaye  (la),  41,  71. 

Hesbignon    (  Henri  ) ,    bourgmestre 

d'Olne,  261. 
Heuskin,  échevin  d'Olne,  141,  221. 

—  Henri,  241. 
Heu\e,  maire-adjoint  de  Mont-Saint- 


—  317  — 


Hadelin,  sous  la  domination  fran- 
çaise, 289. 

Heylissem,  56. 

Hincmar,  34,  47. 

Hodémont  (l'église  protestante  de), 

2l3. 

Hoensbroeck  (le  comte  Constantin 

de),  prince-évêque  de  Liège,  272. 
Honorius  III,  pape,  129. 
Horion  9  106. 

Hotton,  ministre  protestant,  180. 
Houffali\e  (Thierry  de),avouéd'01ne, 

129,  i3o. 
Hubert  (saint),  4,  5,  11,  12,  i3,  14, 

17,  28,  3o,  32,  33,  34,  35,  36,  46, 

99. 

—  (le  monastère  de  Saint-),  38,  42, 
5i,  52. 

Hucbald,  i5,  22. 

Huy,  12,  i5,  25,  36,  37,  48,  67,  80. 

Innocent  X,  pape,  i58. 

Itte (sainte),  enterrée  à  Nivelles,  n. 

Jacques  (l'église  de  Saint-)  à  Liège, 

59,  68. 
Jalhay,  fait  partie  du  marquisat  de 

Franchimont,  193. 
Jean  (église  deSaint-),àChèvremont, 

12.  —  à  Liège,  25,  34,  41,  60,  92, 

101,  102. 

—  (saint),  l'Agneau, évêque  de  Liège, 
i5,  25. 

Jennet  (Christine de),  épouse  de  Guil- 
laume d'Olne,  235,  241  ;  sa  mort, 
247. 

Joconde,  romancier,  i5,  18,  19,  20, 
22,  23. 

Johan,  fils  de  Willeame,  mayeur 
d'Olne,  140. 

Jonas,  34. 

Jonegueau  (Jehan  de),  1 56. 

Joseph  II  (l'empereur),  272,  273.  Les 
Belges  se  révoltent  contre  lui,  277. 

Julien,  prêtre  de  Sainte-Marie  à 
Liège,  68. 


Julienne  (sainte),  84. 

Jupille,  106,  119. 

Jurdant(J.),  286. 

Lagarde  (François),  237,  238. 

Lamarche  (P.),  curé  d'Olne,  288  ;  il 
voit  la  fin  du  culte  calviniste  à 
Olne,  270  ;  son  démêlé  avec  le  pas- 
teur protestant  à  Verviers,29 1  -293  ; 
sa  mort,  294,  295. 

Lamargelle  (le  baron  de),  drossard 
de  Dalhem,  174. 

Lambermont  (Abel  de),  ministre  pro- 
testant à  Olne,  219,  247,  25 1  ;  il 
convoque  un  synode  wallon,  25 1  ; 
sa  mort,  252. 

Lambert  (saint),  2  ;  il  fixe  sa  demeure 
à  Liège,  3,  4;  son  martyre,  6,  7, 
8,  14,  17-29,  32,  33, 34,  43,  44,  47, 
99,  100,  106. 

—  (l'église  de  Saint-),  à  Liège,  n'est 
pas  la  plus  ancienne  église  de 
Liège,  3-14  ;  son  emplacement,  28  ; 
96-108.  —  à  Herstal,  12. 

—  (le  chapitre  de  Saint-),  à  Liège,  2  ; 
il  est  distinct  de  la  communauté  de 
Sainte-Marie,  32,  39,  42,  43,  45, 
80-104. 

—  (le- Bègue),  67. 

—  (Val-Saint-),  63. 
Lambrion  (Hery),  i5i. 
Lamouche,  capitaine  français,  229, 

23o. 
L anaux  (le  baron  de),  200. 
Landoald  (saint),  de  Wintershoven, 

maître  de  saint  Lambert,  4. 
Lantin,  71. 
Laroche,  229. 
Laurent  (l'abbaye  de  Saint-)  à  Liège, 

19,  67. 
Leclerc,  manant  du  ban  d'Olne,  i5o. 
Legia,  14,  27,  28,  93. 
Legrandhenri  (Jean),  182. 
Legros  (N.-J.),  notaire  à  Soiron, 

276. 

41 


-  318  — 


Lelahy  (Jean),  237,  238. 

Lemoine  (Laurent),  206.  —  André, 

lecteur  de  l'église  réformée  d'Olne, 

261,  272. 
Lenoir,  ministre  protestant,  21 3. 
Leodium,  l'ancien  Liège,  3,  4,  5,  9, 

2i,  33,  46,  100,  io5,  106,  107. 
Léonard  (l'église  de  Saint-),  à  Liège, 

53,  59,  68. 
Leruth,  vicaire  à  Olne,  291. 
Letange  (le  major),  attaque  les  Au- 
trichiens près  de  Sprimont,  278, 

279,  280. 
Leyen  (Henri  de),  prince-évêque  de 

Liège,  42,  49,  52,  55,  67. 
Libert,  bourgeois  d'Olne,  i32,  25o. 

—  (le  baron  de),  seigneur  de  Froid- 
heid,  269. 

Liège,  1-108. 

—  (la  chaussée  de),  à  Verviers,  1 14, 
122,  176, 

—  (le  pays  et  la  principauté  de),  1 19, 

120,  123. 

—  (le  diocèse  de),  120. 

—  (le  prince-évêque  de), son  différend 
avec  le  seigneur  d'Olne,  119;  ses 
fiefs  au  ban  d'Olne,  ibid. 

—  (la  ville  de),  prise  parle  Témé- 
raire, 1 5 1  ;  siégée  par  les  Français, 
227. 

Lier  s,  64. 

Liessies,  au  diocèse  de  Cambrai,  17. 

Limbourg  (le  duché  de),  fait  partie 

des  pays  d'Outremeuse,  119,  120, 

129,  210. 

—  (le  duc  de),  128,  i32,  i33,  i35. 

—  (la  ville  de),  149  ;  les  Hollandais 
s'en  emparent,  170. 

Lincé  (H.-J.  de),  241. 
Lixhe,  53. 
Lobbes,  11,  36. 

—  (Hugues  de),  104. 

Loire,  pasteur  protestant  à  Olne, 
271. 


Longbur,  vallon  près  d'Olne,  u3; 
on  y  a  trouvé  des  psammites  du 
Condroz,  116. 

Lorraine  (Jacques  de),  primecier  de 
Metz,  prévôt  de  Saint- Lambert  à 
Liège,  80,  81,  82. 

Lothaire,  3. 

Lotharingie  (les  ducs  de  la  Basse-;, 
sont  voués  des  possessions  du  Cha- 
pitre de  Saint-Adalbert  d'Aix-la- 
Chapelle,  situées  à  Olne,  1 26. 

Louis  le  Débonnaire,  38.  —  de  Ger- 
manie, 39.  —  XIV,  déclare  la 
guerre  à  la  Hollande,  208,  226;  il 
s'empare  de  Maestricht,  222;  il 
déclare  la  guerre  à  l'Allemagne, 
226. 

Louvain  (Albert  de),  prince-évêque  de 
Liège,  67,  129. 

Louys  (Martin),  216. 

Ludolphe,  archidiacre,  79. 

Lut  uvaux,  ravin  pittoresque  près 
d'Olne,  11 3. 

Lynden  (Ferdinand  de),  gouverneur 
du  marquisat  de  Franchimont,  i3o- 

Lys,  curé  de  Hervé,  287. 

Mabillon,  21. 

Madières,  36. 

Maeseyck,  44,  48,  88. 

Maestricht,  les  reliques  de  saint 
Lambert  y  reposent,  4,  7,  9.  — 
l'église  de  Notre-Dame,  3 1,  33 ;  — 
ville  épiscopale,  35,  44,  47  ;  —  elle 
est  prise  par  Louis  XIV,  208,  222. 
—  Le  souverain  conseil,  210. 

Magnée,  109,  11 5. 

Magnéetroo\,  vallon  près  d'Olne, 
1 15,  116. 

Mailhar  délie  Salvenier,  98. 

Mairlot  (Jean),  206, 

Malherbe  (Jean),  271. 

Matines,  39,  48. 

Malonne  (l'abbaye  de),  48, 49. 

Malmedy  (le  couvent  de),  1 1,  5i. 


—  319  — 


Malte  (Jean-François  de),  bourgmes- 
tre de  Liège,  89. 

Manderscheidt  (le  comte  de),  abbé  de 
Stavelot,  i65. 

Many  de  Dommartin  (Johan  de), 
seigneur  de  Saint-Hadelin,  164. 

Marcel  (l'église  de  Saint-),  à  Paris, 

37- 
March  (Othon  de  la),  83. 

Mareschal  (Baudouin  le),  prêtre  à 
Olne,  154. 

Marie  (l'église  de  Sainte-),  V.  Notre- 
Dame. 

Maroie,  servante  du  curé  d'Olne, 
1 5o  ;  ses  deux  fils,  ibid. 

Martin  (l'église  de  Saint-)  à  Liège, 
27,  39,  52,  60,  98,  99,  101,  102. 
—  à  Stavelot,  1 1 . 

—  (saint),  sainte  Berte  lui  dédie  sept 
églises,  12. 

Martini  (A.),  procureur-général  de 

Brabant,  221. 
Martinmont,  hameau  d'Olne,   139, 

297. 
Materne  (saint),  73. 

—  (les  chanoines  de  Saint-),  2,  56, 
73,  74,75,  76,77,  78,  79,  91. 

Mathieu  à  la  Chaîne  (l'hôpital  de 
Saint-),  56,  76,  77,  78. 

Mathieu  (Léonard),  241 .  — lemoisne, 
diacre  de  l'église  réformée  d'Olne, 
254. 

Mathoné,  i5o. 

Maurice  (l'église  de  Saint-)  à  Mau- 
beuge,  11. 

Meffe  (l'abbaye  de),  48,  49,  67,  69. 

Mello  (de),  gouverneur  des  Pays-Bas, 
173. 

Mer  lot  (Michel),  seigneur  de  Saint- 
Hadelin,  164. 

Mertens,  lieutenant  de  l'armée  bra- 
bançonne, 280,  281. 

Met{  (Herman  de),  5i. 

MicherouXy  117. 


—  (Jean  de),  245. 

Mollin  (Gilles  de),  bourgmestre  de 

Liège,  89. 
Monceau  (le  marquis  du),  gouverneur 

et  intendant  du  pays  d'Outremeuse, 

208,  223. 
Monnet  (Bastin),  1 54. 
Mont-Saint-Hadelin,  V.  Saint-Ha- 
delin. 
Montjoie  (Waléram  de),  129,  i3o. 
Monulphe  (saint),  évêque  de  Liège, 

14,  i5,  16,  17,  18,  19,  23,  27. 
Morivaux,  hameau  près  d'Olne,  i56, 

157. 
Moyse  (  M  ichel)  ,241. 
Munsterbilsen  (le  martyrologe  de), 

85, 
Nairheid,  montagne  près  d'Olne,  1 1 1 , 

u3,  1 1 5. 
Naméche,  129. 
Namur  (l'abbaye  de),  48,  49. 

—  (Albert  de),  vouédeSaint-Hadelin, 
127. 

Nautet  (G.),  256. 

Navania,  38. 

Naveroulle,  71. 

Neetinry,  vallon  près  d'Olne,  1 13. 

Nessonvaux,  109,  ni,  112,  1 13, 117, 
120,  198,  199,  204,  206. 

Neufmoustier,  104. 

Neuville  (la),  1 14. 

Nicolas  (le  chanoine),  biographe  de 
saint  Lambert,  16,  17,  18,  22,  23, 
24,27, 3o,  3i,  107.  —  curé  d'Olne, 
i36. 

Nimègue  (la  paix  de),  211,  223. 

Nivelles,  9,  11. 

Niqet  (Mademoiselle),  mayeur  héré- 
ditaire d'Olne,  140.  —  Gilles- 
Mathieu,  ibid.,  141,  174,  224.  — 
Everard, ibid.,  141 ,  267.  —  Henri, 
ibid.,  241.  —  Wathelet,  échevin 
d'Olne,  187;  il  est  déposé,  221, 224. 
—  Denis,  241.  —  Simon,  ibid. 


—  320  — 


Noirfaliçe  (Toussaint  de),curéd'01- 
ne,  1 53. 

Normands  (les),  24,33.  Ils  dévastent 
le  pays  de  Liège,  47,  48,  57,  100. 

Notger,  évêque  de  Liège,  reconstruit 
l'église  de  Saint-Lambert,  23,  24, 
25,  29,  40,  44,  47,  84,  86;  il  érige 
l'église  de  Saint- Jean,  34;  et  l'église 
de  Sainte-Croix,  99. 

Obert,  évêque  de  Liège,  42,  43,  52, 
54,  59,  60,  68. 

Ode  (sainte),  d'Amay,  17,  io5. 

—  ,  aveugle  guérie  par  l'intercession 
de  saint  Lambert,  8,  9. 

Odile,  68,  69. 

Oduin,  38. 

Olne.  Description  de  la  commune, 
109-118,  284.  Les  principaux  ha- 
meaux, 1 10.  Topographie,  1 10.  Cu- 
riosités naturelles,  1 15.  Nature  du 
terrain,  116.  Productions  natu- 
relles, 116.  Agglomérations,  117. 
Routes,  1 17.  Culte  et  instruction, 

118.  —  Le  ban,  118;  ses  limites, 

119,  288.  L'industrie  et  le  com- 
merce. —  La  seigneurie,  121,  220; 
elle  appartient  au  chapitre  de  Saint- 
Adalbert  à  Aix-la-Chapelle,  124, 
i32;  elle  est  cédée  au  comte  de 
Dalhem,  147,  i33.  Droits  et  de- 
voirs du  Chapitre  et  du  comte  de 
Dalhem,  1 38.  Les  seigneurs  ga- 
giers,  i63;  la  seigneurie  est  ven- 
due, 173.  Le  voué,  J26,  127,  128, 
129,  i3o,  1 3 1  ;  le  forestier,  139;  le 
mayeur,  ibid.  ;  les  échevins,  141; 
la  Cour  de  justice,  118,  142,  173, 
23 1;  les  plaids  généraux,  142;  la 
brasserie  banale,  144;  les  moulins, 
145,  175,  210;  la  dîme,  1 55,  247, 
275;  les- franchises  communales, 
159;  les  deux  bourgmestres,  159; 
les  régleurs,  161  ;  le  collecteur  des 
tailles,  ibid.;  la  régence,  162.  — 


L'invasion  hollandaise,  169,  177, 
187.  —  Dévastation  du  ban  d'Olne 
par  les  Français,  226.  Bataille 
d'Olne,  278.  —  La  paroisse,  120, 
i35,  i36,  216;  l'église,  i38,  252, 
268,  275  ;  la  ruine  de  la  cure,  247  ; 
les  anciens  biens  de  la  cure,  294. 
Les  réformés  à  Olne,  169, 177.  Per- 
sécution des  catholiques,  21 1,  253. 

-  (Bois  d'),  hameau  d'Olne,  1 10. 
-(Vaux-sous-),  110,  112,  n 3,  n5, 

117,  119,  120,  i3i,  198,  199. 

-  (la  famille  d').  Son  origine,  232  ; 
elle  habite  Froidbermont,  ibid.; 
elle  possède  les  domaines  de  Vaux 
et  de  Hansez,  21 3. 

-  Wathieu,  sire  de  Freubiemont, 
époux  de  Marguerite  de  Wodo- 
mont,  233.  —  Pierre -Mathieu, 
chevalier  du  Saint- Empire,  sei- 
gneur de  Froidbermont,  120,  174, 
234.  —  Servais-Mathieu,  frère  du 
précédent,  234.  —  Guillaume,  fils 
de  Pierre-Mathieu,  seigneur  de 
Froidbermont  etdeSaint-Hadelin, 
époux  de  Christine  de  Jennet,  148, 
164, 234,  235;  il  achète  la  seigneu- 
rie d'Olne,  226,  227,  232;  ses  pro- 
cès avec  Dejong,  239,  240,  241  ;  et 
avec  André  le  moisme,  243  ;  il 
construit  le  château  d'Olne,  qui 
subsiste  encore  aujourd'hui,  242, 
243  ;  sa  mort,  247.  Ses  enfants  : 

a)  Guillaume-Philippe,  qui  suit. 

b)  Lambert,  seigneur  de  Neu- 
ville, Tihange,  Vodemont,  Mau- 
ham,  époux  de  Jeanne  de  Stembier, 
235. 

c)  Anne-Catherine,  épouse  de 
Jean-Hubert  de  Tignée,  bourg- 
mestre de  Liège,  235,  237. 

d)  Marie-Agnès,  prieure  des  Car- 
mélites-Déchaussées  à  Bruxelles, 
236. 


—  321 


e)  Mathieu,  chanoine  tréfoncier 
de  Saint-Lambert,  ibid. 

f)  Pierre-Mathieu,  chanoine  de 
Saint-Jean,  ibid. 

g)  Guillaume-Philippe,  cheva- 
lier du  Saint-Empire,  seigneur 
d'Olne  et  de  Saint-Hadelin,  épouse 
Thérèse,  baronne  de  Rhoed'Obsin- 
nich,  dame  de  Baerlo,  252,  253, 
255;  sa  mort,  258.  Ils  eurent  : 

i°  Guillaume-Frédéric,  seigneur 
d'Olne,  de  Saint-Hadelin,  Baerloet 
Berckt,  époux  de  Marie-Joseph  de 
Meerwyck,  259,  262,  263;  il  vend 
la  seigneurie  d'Olne,  264;  il  la 
rachète,  267.  Sa  mort,  268.  Ses 
enfants  :  a)  Elisabeth,  267.  b)  Ma- 
rie-Josèphe,  ibid.  c)  Antoine-Jo- 
seph, dernier  seigneur  d'Olne,  268, 
276;  son  petit-fils  Guillaume-Hu- 
bert est  membre  des  Etats-Généraux 
du  royaume  des  Pays-Bas,  268. 

20  Lambert-Henri,  259,  261  ;  il 
cède  la  seigneurie  d'Olne  à  son 
frère  Guillaume-Frédéric,  268. 

—  Mathieu-Michel,  234. 

—  Gaspard,  chapelain  de  Froidheid, 
puis  curé  d'Olne,  269  ;  il  bénit  la 
nouvelle  église  d'Olne,  270,  271. 

Orange  (Guillaume  d'),  170.  —  Fré- 
déric, ibid. 

Orval,  48. 

Othon  (les  empereurs),  25.  —  Ier, 44. 
II,  36.  —  III,4i. 

Otton,  cardinal-diacre  et  légat  du 
pape  à  Liège,  80 ,  82. 

Ourthe(Y),  18,  i35. 

Outremeuse (Jean  d'),  g5.  —  Le  pays, 
119,  120,  210;  les  Hollandais  s'en 
emparent,  170. 

Outremont  (d'),  prince-évêque  de 
Liège,  92. 

Pantaléon,  25. 

Paris.  Le  siège  épiscopal,  37.  On  y 


transporte    dès   objets    d'arts    de 

Liège,  89. 
Patras  (Lambert),  auteur  des  célèbres 

fonts  baptismaux  de  Notre-Dame- 

aux-Fonts,  52,  89. 
Paul  (l'église  de  Saint-),  à  Liège,  54, 

55,  60,  101, 102;  — à  Nivelles,  11, 

53. 

—  V,  pape,  177. 

Pépin  de  Herstal,  3i,  io5,  106,  107. 

Pétry  (Pierre),  échevin  surnuméraire 
et  notaire  à  Olne,  224,  241. 

Pharàilde  (sainte).  Ses  reliques,  54. 

Pharamond,  16. 

Philippe,  roi  des  Romains,  60.  —  le 
Bon,  149,  1 5 1 .  —  II,  roi  d'Es- 
pagne, 88,  i63.  —  IV,  roi  d'Es- 
pagne, 172,  173. 

Picard  (Bernard),  88. 

Pie  VIL  Son  concordat  avec  Bona- 
parte, 88. 

Pierpont  (Hugues  de),  prince-évêque 
de  Liège,  45,  57,  64,  67,  69,  70, 

72>  74- 
Pierre  (saint),  33. 

—  (l'église  de  Saint-),  à  Liège,  33, 
34  ;  elle  est  fondée  par  saint  Hu- 
bert, 9,  i3,  28,  3o,  32,  99;  on  y 
célèbre  les  funérailles  de  ce  saint, 
12;  elle  est  brûlée,  85.  Ses  obliga- 
tions envers  la  Cathédrale,  102. 

—  à  Elnone,  10.  —  à  Stavelot,  1 1  ;  à 
Lobbes,  ibid.,  à  Nivelles,  ibid. 

—  et  Paul  (l'église  des  Saints-),  à 
Maubeuge,  1 1. 

—  l'Ermite,  104. 
Piron  (Lina),  i65. 
Pirotte  (Jacquemin),  i85. 

Piteit  (Jean),  bourgmestre  de  Liège, 

89. 
Plaisant,  186. 
Plettenberg  (Sibylle  de),  épouse  de 

Jean  de  Ruysschenberg,  seigneur 

d'Olne,  168. 


—  322  — 


Polis  (Olivier),  curé  cTEnsival,  220. 

Pont-de-Loup;  ses  franchises,  63, 77, 
81,  82. 

Postel,  dit  Jean  de  Fléron,  curé 
d'Olne,  i5o,  i53. 

Pousset,  87. 

Potheuk  (Welt),  184,  186,  189. 

Pragues,  25. 

Prajron  (Jacques),,  vicaire,  puis  curé 
d'Olne,  216,  218,  241;  il  perd  sa 
part  de  la  dîme  dan,s  uik  procès 
avec  le  Chapitre  de  Saint-^dalbert 
d'Aix-la-Chapelle,  189,  247-250. 

Prémontrés  (les),  à  Liège,  63. 

Preneste  (Guy  de),  légat-du  Pape,  57, 

72,74-79-  .    . 

Presseux(ïa  famille  de),  233. 

Preumont  (Louis),  182,  193,  194* 

Provinces-Unies  (les).  La  paix '-de 
Westphalie  reconnaît  leur  indépen- 
dance, 180,  187,  197. 

Prudence  de  Troyes,  28. 

Publfrnont,  5,  18,  27,  85,  g8v  99, 
107. 

Quedrick,  chirurgien,  protestant  hol- 
landais établi  à  Olne,  172.  —  Pierre, 
échevin  d'Olne,  224. 

Quentin  (l'église  de  Saint-),  à  Mau- 
beuge,  11. 

Quicherat,  3j. 

Radoux  (Nicolas),  265. 

Rafhay  (la  Haute  et  Basse),  hameaux 
d'Olne,  110,  11 3,  114,  11 5.  Le 
terrain  est  en  partie  houiller,  1 16. 
La  route,  117,  122,  176.  La  bras- 
serie, 122. 

Raganfroid,  8. 

Rahier  (Gilson  de),  seigneur  de  M  ont- 
Saint- Hadelin,  164.  —  Christophe, 
fils  du  précédent,  seigneur  du 
même  lieu,  ibid.  —  Henri,  241. 
—  G.-J. ,  docteur  en  médecine, 
maire  d'Olne  sous  la  domination 
française,  288. 


Raimbauld,  42. 

Ramai,  curé  de  Soiron,  216. 

Ravenstein  (Walther  ou  Gauthier 
de),  de  Chavenci,  doyen  de  Saint- 
Lambert,  abbé  de  Notre-Dame  à 
Liège;  il  réorganise  l'abbaye  de 
Notre-Dame,   56,  57,  68,  70-78, 

91. 

Réginon,  47. 

Régnier  (David),  achète  la  seigneurie 
d'Olne,  264;  sa  mort,  267.  —  An- 
dré, seigneur  d'Olne,  fils  du  précé- 
dent, officier  au  service  de  la  reine 
de  la  Grande-Bretagne,  267.  — 
Pierre,  bourgmestre  d'Olne,  260, 
261.  —  André,  forestier  d'Olne, 
263.  —  Pauline,  dernière  calviniste 
du  village  d'Olne,  293. 

Remacle  (saint),  11,  85,  106,  107. 

Rem/roid  (H.),  curé  d'Olne  et  de  Soi- 
ron, 1 35. 

Remjr  (Saint-)  à  Liège.  Le  curé,  60. 
—  Nicolas,  241.  —  Michel,  241. 

Renaud,  avocat,  25o,  256,  257;  il  est 
accusé  de  meurtre,  257. 

Renier,  chroniqueur  liégeois,  moine 
de  Saint-Jacques,  43,  77. 

Renirs,  archiprêtre  de  Liège,  65. 

Renkin  (Léonard),  23 1. 

Rennotte,  échevin  d'Olne,  263. 

Rensonnet  (Antoine),  253. 

Restaing(de),  lieutenant-colonel  dans 
l'armée  des  Patriotes,  282. 

Rethel  (Abert  de),  prévôt  de  la  cathé- 
drale de  Liège,  io3. 

Rheins,  colonel,  171,  200. 

Rhoe  d'Obsinnich  (la  baronne  de), 
épouse  de  Guillaume- Philippe 
d'Olne,  252. 

Richaire,  évêque  de  Liège,  29,  35, 
48. 

Richald,  curé  d'Olne  et  doyen  du 
concile  de  Saint-Remacle,  i36, 
137. 


-  323  - 


Riessonsart,  hameau  cTOlne,  no, 
114,  1 15,  117,  118,  1 19,  23i. 

Rimberg,  doyen  du  chapitrede  Saint- 
Adalbert,  à  Aix-la-Chapelle,  198, 
209. 

Robert,  prévôt  de  la  cathédrale  de 
Liège,  99. 

Rochette  (la  seigneurie  de  la),  120. — 
Johan,  164.  —  Anzaul,  fils  du  pré- 
cédent, ibid. 

Rodolphe,  évêque  de  Liège,  42. 

Rohault  (Nicolas),  curé  d'Olne,  i53. 

Roland,  98. 

Rolduc,  fait  partie  du  pays  d'Outre- 
meuse,  119. 

Rouen,  27,  44. 

Rougrave  (le  comte  de),  vicaire-géné- 
ral de  Liège,  jette  l'interdit  sur  la 
chapelle  de  Froidheid,  269. 

Rqyer  (Guillaume  de),  seigneur  de 
Lensse  et  de  Roisseau,  achète  la 
seigneurie  d'Olne,  173,  174. 

Ruysschenberg  (Guillaume  de),  sei- 
gneur du  ban  d'Olne  et  de  la  Ro- 
chette, époux  de  Marguerite  de 
Gulpen,  i65.  —  Jean,  fils  des  pré- 
cédents, seigneur  des  mêmes  lieux, 
époux  de  Sibylle  de  Plettenberg, 
166,  167,  168,  169,  172,  175. 

Rupert,  43. 

Russon,  106. 

Ry  de  la  Saute,  ruisseau  près  d'Olne, 
m,  11 5,  148. — de  Rode,  fontaine 
près  d'Olne,  1 15,  241.  —  des  Chi- 
naux,  148. 

Sablenier,  V.  Sauvenière. 

Salaberge  (sainte),  abbesse  de  Saint- 
Jean-de-Laon,  12. 

Saladin,  i3o. 

Sart,  fait  partie  du  marquisat  de 
Franchimont,  193. 

Sauche  (le  comte  de),  commande  l'ar- 
mée allemande,  222. 

Sauvenière  (la),  ancien  hameau  de 


Liège,  5,  81,  82,  97,  98,  99,  100, 
107. 

—  (Haute  et  Basse),  27,  5o. 
Savoie  (Guillaume  de),  83. 
Saxe-Teschen  (les  archiducs  Albert 

et  Marie  de),  gouverneurs  des  Pays- 
Bas,  274,  283. 

Schiplaeken  (de),  intendant  militaire 
de  la  province  de  Limbourg,  278, 
279,  280. 

Schryver  (Hubert), bourgmestre  d'Ol- 
ne, 259,  260,  261,262,  270,  272. 

—  Henri,  fils  du  précédent,  notaire 
d'Olne,  266. 

Scoppem  (Wilhelm  van),  mayeurd'Ol- 

ne,  140. 
Sébastien  (saint).  Ses  reliques,  179; 

patron  de  l'église  d'Olne,  180. 

—  (ie  bénéfice  de  Saint-),  àOlne,  2 1 5. 

—  (l'église  de  Saint),  à  Stavelot,  1 1 . 
Sergius,  17. 

Servais  (saint),  16,  33. 

—  (l'église  de  Saint-),  à  Maestricht, 
10;  à  Liège,  27. 

Séverin  (le  vallon  de  Saint-),  27. 
Sévery  (Hennekin),  greffier  d'Olne, 

187. 
Siefrid,   abbé    de   Sainte-Marie   et 

doyen  de  Saint-Lambert  à  Liège, 

54,55,  58,  61. 
Sieudelaii  (Jean  de),  curé  d'Olne,  \  3j. 
Sigebert  de  Gembloux,  i5,  16,  21, 

22,  24. 
Soiron,   109,   124,  125,   176.  —  Le 

ruisseau,  11 3,  11 5,  1 18.  —  La  ba- 

ronnie,  120.  —  Le  moulin,  i65, 

210.  —  La  dîme,  i36. 

—  (N.),  vicaire  à  Froidheid,  269. 

—  (Béatrice,  dame  de),  i32. 
Sommage  (Everard  de),  manant  du 

ban  d'Olne,  1 5o.  —  Olivier,  1 5 1 . 
Soumagne,  109,  114,  u5,  122,  124, 
125,   164,   176.    Le  ban,   120.  Le 
Ruisseau,  n  5. 


-  324  — 


Spa,  fait  partie  du  marquisat  de 
Franchimont,  193. 

Spiexhe,  près  de  Theux,  i53. 

Spirlet  (Simon),  162.  —  Bauduin, 
216;  notice  sur  sa  vie,  219,220;  né 
à  Olne,  2 1 9  ;  maître  ès-arts  de  l'uni- 
versité de  Louvain,  220;  vicaire- 
margu  illier  d'Olne,  ibid.  ;  curé 
d'Ensival,  ibid.  ;  doyen  du  concile 
de  Saint- Remacle,  ibid.  ;  sa  mort, 
ibid. — Simar,  bourgmestre  d'Olne, 
250,260,266,  267.  —  J. -F. bourg- 
mestre d'Olne,  289,  292. 

Sprimont,  278  ;  il  est  célèbre  par  le 
combat  entre  les  Autrichiens  et  les 
Patriotes,  ibid. 

Spyx,  V.  Spiexhe. 

Stassele  Rifla,  i5o. 

Stavelot  (l'abbaye  de),  11,  38,  5 1, 85, 
106,  127.  —  La  principauté,  119, 
123,  147,  164,  167,  168,  200.  — 
La  Souveraine-Cour,  142. 

Stembert,  fait  partie  du  marquisat  de 
Franchimont,  193. 

Steppo,  prévôt  de  Sainte-Marie  et  de 
Saint- Lambert,  43.  * 

Stockem  (Herman  de),  archidiacre  du 
Condroz,  216. 

Stoep  (Jean),  i5o. 

Sully  (Maurice  de),  38. 

Surlet  (le  baron  de),  grand-vicaire  de 
Liège,  217. 

Sjrmkea  (Simon),  voué  d'Olne  et  de 
Mont-Saint-Hadelin,  147.  —  Si- 
mon, fils  du  précédent,  ibid.  et 
164. 

Tachin  de  Trembleur,  mayeur  d'Ol- 
ne, 140. 

Tancré,  hameau  près  d'Olne,  n  3, 
1 1 5  ;  le  vallon,  1 1 3  ;  la  fontaine, 
ibid. 

Théodard  (saint),  évêque  de  Liège. 
Ses  reliques,  4,  5,  107. 

Théoduin,  évêque  de  Liège,  5o,  5i, 


52.  —  abbé  de  Sainte- Marie  à 
Liège,  52. 

Theux,  38,  39.  Il  fait  partie  du  mar- 
quisat de  Franchimont,  193. 

Thielt  (Pierre  van),  149. 

Thierry,  prêtre  de  Liège,  53,  68.  — 
prévôt  de  Saint- André  de  Cologne, 
doyen  de  Saint-Lambert  de  Liège, 
78.  —  prévôt  de  Saint- Adalbert 
d'Aix-la-Chapelle,  128. 

Thillot,  champ  près  d'Olne,  227. 

Thomsin  (Jean),  214. 

Thuin  (l'abbaye  de),  48. 

Thys,  71. 

Tignée  (Hubert  de),  bourgmestre  de 
Liège,  236. 

Tilia  (Jean- Bauduin  de),  curé  d'Olne, 
157. 

Tilice,  71. 

Till  (Jean-Guillaume  de),  drossard 
du  pays  de  Fauquemont,  seigneur 
d'Olne,  174,  175,  176,  187;  il  vend 
la  seigneurie  d'Olne,  220.  —  Gil- 
bert, fils  du  précédent,  seigneur 
d'Olne,  176. 

Tilleul  (le),  campagne  près  d'Olne, 
227. 

Tollet  (Gérard) ,  bourgmestre  deLiége , 
89. 

Tongres,  3i,  35,  44,  47,  71. 

Tonvqye,  endroit  près  d'Olne,  11 3. 

—  (Mathieu  de),  89. 

Torote  (Robert  de),  successivement 
abbé  de  Sainte-Marie  de  Liège, 
évêque  de  Langres  et  prince-évèque 
de  Liège,  57,  59,  80,  81,  83,  84. 

Toxhelet  (Jean),  206. 

Trembleur  (Tachin  de),  233. 

Trenck  (le  baron  de),  259. 

Trêves.  Les  ruines  romaines,  10. 
Le  dôme,  29,  45,  82. 

Triexhes  (les),  près  d'Olne,  i58, 198. 

Tristant,  seigneur  de  Fraipont,  148, 

225. 


—  325  — 


Trond (l'église  de  Saint-),  à  Liège,  85. 

Troo\,  112,  ii  5. 

Ulbeck,  5o. 

Ulric,abbé  de  Sainte-Marie  de  Liège, 
55. 

Uls  (Catherine),  fondatrice  d'une 
école  à  Olne,  289. 

Ursmer  (saint),  11. 

Val-Dieu,  129. 

Vanne  au  Trooz,  hameau  près 
d'Olne,  112,  11 5. 

Vaussalle,  vallon  près  d'Olne,  1 13. 

Vaux,  18.  —  sous  Olne,  V.  ce  der- 
nier mot. 

—  (Jean  de),  233.  —  Bodechon,  ibid. 
—  Renard,  ibid. 

Verbolt,   commissaire  déciseur  des 
Etats-Généraux  à  Maestricht,  224. 
Verdun,  évêque  de  Liège,  45,  83. 

—  (Henri  de),  52,  5g. 
Verriers,  109,  122;  il  fait  partie  du 

marquisat  de  Franchimont,  193. 
Vesdre  (la),  rivière,   ni,  112,   n 3, 

114,  116,  123,  128,  134,  1 35,  144, 

148,  1 56. 
Vierges  (l'église  des  Onze-mille-),  à 

Liège,  85. 
V Mer s-V  Evêque,  71,  76,  78,  79. 
Vincent  (saint),  25. 
Voiron,  seigneur  d'Olne,  174. 
Vrithoff,  substitut-mayeur  d'Olne, 

140. 
Wagger,  voué  d'Olne,  1 3o,  1 3 1 . 
Walburge  (1  église  de  Sainte-),  9.  — 

Le  quartier,  59. 
Walcand,  évêque  de  Liège,  34,  38. 
Waieran,  duc  de  Limbourg,  i3o.  — 

III,  i33.  —  IV,  i35. 
Walther,  avoué  de  Châtelet,  63. 
Waltherus,  i35. 
Waremme,  42,  55. 
Warnier,  190,  191. 
Warnot  de  Belleflamme,  V.  ce  der- 
I     nier  mot. 


Wathy  (Simon),  241. 

Wa\on,  36,  40,  45,  54. 

Werburc,  89. 
•  Wéric,  abbé  de  Liessies  dans  le  dio- 
cèse de  Cambrai,  17,  55. 

Werkendam,  commissaire  déciseur 
des  Etats-Généraux  à  Maestricht, 
224. 

Westphalie  (la  paix  de),  180. 

Wibald,  abbé  de  Sainte-Marie  de 
Liège,  43. 

Wigger,  voué  d'Olne,  i3o,  i3i. 

Wilkin  (la  famille),  1 59  ;  elle  est  lo- 
cataire de  la  dîme  pastorale  d'Olne, 
248. 

—  Clément,  curé  d'Olne,  157,  172, 
249-256, 268, 269.  —  Jean,  bourg- 
mestre du  ban  d'Olne,  époux  de 
Jeanne  de  Grandry,  171,  172, 174, 
184,  187,  198,  201,  2o5,  209,  210. 
—  Jacques,  172,  241,  248.  — 
Henri,  capitaine  des  veilleurs,  22 1 . 

Willeame,  140. 

Wilmet  (Louis),  seigneur  de  Saint- 
Hadelin,  164. 

Wintershoven,  4. 

Witthem  (Frédéric  de),  châtelain  de 
Dalhem,  149,  i5o,  i5i,  i52,  1 53. 

Woelmont  (le  baron  T.  de),  256. 

Woeringen  (la  bataille  de),  129. 

Womar,  40. 

Wulfetrude,  abbesse  de  Nivelles,  1 1 . 

Wurmster  (de),  lieutenant  des  hus- 
sards autrichiens,  278. 

Xenderlesse,  109,  n  5,  117. 

Xhardé  (Nicolas),  199. 

Xhéneumont  (Gérard),  notaire  public 
impérial,  167. 

Xhoris,  200. 

Zahringen  (Raoul  de),  évêque  de 
Liège,  45,  55,  60,  68. 

Ziane  (Renier),  vicaire  de  Froidheid, 

218,268. 

Zwentibold,  38. 

42 


—  326  — 


ÉPITAPHES. 


Delva  (Antoine),  curéd'Olne,  à  l'église 

d'Olne,  211. 
Ravenstein   (Gauthier  de),  abbé  de 


Sainte-Marie,  aux  cloîtres  de  la 
cathédrale  de  Saint- Lambert  à 
Liège,  77. 


FRAGMENTS  GÉNÉALOGIQUES. 

0/ne(d'),  232-271. 

CARTE. 


Olne,  Carte  de  l'ancien  ban  d'Olne, 
en  1794,  avec  indication  des  vieux 


chemins,  109. 


PLANCHE. 


Olne.  Armoiries  des  barons  d'Olne. 
Sceaux  de  la  Cour  de  justice,  de 


l'ancienne  paroisse  et  du  Consis- 
toire protestant,  173. 


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