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\
A'
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE Fil AN CE
MEULAN. — IVPniMRRlE: DR A. MASSON.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
TROISIÈME SÉRIE - TOME SIXIÈME
18TT à 18T8
« 0
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIETE
Rue des Grands-Augustins, 7
1878
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANGE
Séance du 5 novembre 1877.
PRÉSIDENCE DE M. TOURNOUÉR.
Par suite des présentations faites dans la réunion extraordinaire de
Fréjus et Nice, le Président proclame membres de la Société :
MM. Aradie:^ Ingénieur de la Compa^^nie du chemin de fer et du bas-
sin houiller du Var, à Fréjus (Var), présenté par MM. Brocchi et
Potier ;
Camkrk, Ingénieur des ponts- et-chaussées, à Vernon (Eure), pré-
senté par MM. Hébert et Potier ;
Flamare (ok), Archiviste du département, à Nice (Alpes-Maritimes),
, présenté par MM. Hébert et de Rosemont ;
Juge, Ingénieur des mines, à Nice (Alpes-Maritimes), présenté par
MM. Coquand et Tournouér ;
Lefèvre (Th.), rue du Pont-Neuf, 10, à Bruxelles (Belgique), pré-
senté par MM. Tournouër et G. Dollfus ;
Lemire, Docteur en médecine, rue du Cardinal Lemoine, 7, à Paris,
présenté par MM. Hébert et Vélain ;
Micrelet, Ingénieur, rue Pascale, 6, à Bruxelles (Belgique), présenté
par MM. Rutot et Yanden Broeck ;
Revellat, Ingénieur, Architecte de la ville, à Cannes (Alpes-Mari-
times), présenté par MM. Hébert et Dieulafait;
Ugarte (Samuel de), Chimiste-essayeur, à Tacna (Pérou), présenté
par MM. Brocchi et Ambr. Lefèvre.
Le Président donne lecture d'une lettre de M. lÊll© «le Oeau-
moBit» Procureur de la République à Rambouillet, qui offre à la So-
ciété une photographie de la statue élevée à M. Élie de Bcaumont, son
oncle, sur l'une des places de la ville de Caen.
'^S^481
18/7. TOliOËGK. — ZONE A A. TE.NUILOBATUS. 7
Je ne reviendrai pas sur ce que j*ai dit plusieurs fois de celle consti>
tulion du Corallien inférieur dans la Haute-Marne. Je crois qu'on peut
regarder aujourd'hui comme établi, que Toolithe à Dicérates et les
marnes sans fossiles supérieures sont deux couches contemporaines, de
métne ({ue les calcaires grumeleux glypticiens, les calcaires sub-ooli-
thiques et les marnes sans fossiles inférieures sont des faciès différents
d'un seul et même niveau géologique.
Mais ce qu'il importe de rappeler ici, c'est que, quelle que soit celle
de ces formes qu'affecte le Corallien inférieur, il repose toujours, no-
tamment dans les vallées de la Marne, de l'Aube et de la Haute-Seine,
sur une couche de 5 à 6 mètres de puissance, que nous avons désignée,
M. Royer et moi, du nom de couche à Belemnites Royeri, et de l'étude
de laquelle sortira, je l'espère, la lumière dans la question de la zone
à Ammonites tenuilohatus.
Cette couche, en effet, oolithique dans la vallée de la Marne, mar-
neuse ou marno-calcaire à Maranville et à Mussy, se partage assez net-
tement en deux parties :
La partie inférieure, qui repose sur lazoneargovienneà-4.5a6eanws
et forme, par conséquent, la transition de rOxfordieu au Corallien,
rappelle par sa faune celles des deux étages qu'elle sépare. Si, en effet,
on y trouve entre autres toute la série des Oursins qui caractérisent
d'ordinaire le Corallien, on y recueille aussi la Terebratula vi-
cinalis, la Pholadomya decemcostata, le Pecten Brontes, et quelques
autres fossiles qu'on regarde habituellement comme oxfordiens.
Or, à Poissonvaux près de Vouécourt, et à Roocourt-I a-Côte, on y
rencontre assez ïréi\\ïetnmeiï\i\e Belemnites tmicanaliculatus; et d'autre
part, à Maranville, M. Royer y a recueilli un échantillon de YAmmo-
nites bimammatus. Ces deux fossiles si caractéristiques ne peuvent
laisser aucun doute sur le niveau géologique auquel la partie inférieui'e
de la couche à Belemnites Royeri doit être rapportée : elle représente
évidemment la zone à Ammonites bimam^natus»
Quant à la partie supérieure de la même couche, elle est bien moins
riche en fossiles. Cependant, parmi ceux que M. Royer et moi y avons
recueillis ou que M. Deloisy a bien voulu me communiciuer, je puis
citer avec certitude 1'^. Tiziani^ 0pp. (I), trouvé à Maranville, Renne-
pont et Mussy, VA. compsits, recueilli entre Maranville et Longchamp,
et enfin VA^tricristatus, assez commun à Maranville et Poissonvaux.
Les deux premiers de ces fossiles montrent que le niveau qui nous
occupe appartient indubitablement à la zone à A. tenuilobatus, et la
il) Ammonite voisine de VA. polygyrdtus, Quenst., mais différente de IM. pola
yyraluK, Keiriecko.
8 TOMBECK. — ZONE A A. TENCILOBAÏUS. 5 nov.
présence de I'^. tHcristatus n'est pas un obstacle à cette conclusion ;
car, si Oppel le mentionne dans la zone à A. bimammatus, j*ai pu, de
mon côtd, examiner les fossiles recueillis par M. Dieulafait dans la zone à
A, tenuilobatus de Saint-Claude, et j'y ai reco.inu précisément ce même
A. tricristatus.
Mais si la partie supérieure de la couche à Delemnites Royeri appar-
tient à la TJOXïQk Ammonites tenuilobatus, elle ne représente néanmoins
dans la Haute-Marne qu'une partie de cette zone.
Depuis longtemps en effet, nous avons, M. Royer et moi, signalé à
la base du Corallien compacte une couche marno-calcaire, où nous
avons recueilli : à Buxières VA. bimammatus, à Vouécourt et à Maran-
ville VA, Marantiarius. Depuis, cette même couche nous a fourni en-
core : \csA, Holbeini, A» eucyphics. A, Ernesti^ P. de L. (i), trouvés,
le premier à Vouécourt, les deux autres à ïiongchamp, un peu au-des-
sous du niveau de VA. Achilles,
Cette seconde couche, qu'il faut bien se garder de confondre avec la
première, puisqu'elle est au-dessus du Corallien inférieur, tandis que
Tautre est au-dessous, renferme, comme on voit, un mélange de fos-
siles de la zone à A. bimammatus et de la zone à A. tenuilobatus.
Toutefois la présence de VA. Ilolbeiniei de 1'^. Ernesti, fossiles des
plus caractéristiques de la zone à A, tenuilobatus, doit empêcher d'y
voir autre chose qu'un second membre de cette zone.
Ainsi donc, dans la Haute-Marne, la zone à ^. tetiuilobatus présente
deux horizons distincts, l'un inférieur, l'autre supérieur au Corallien
proprement dit. C'est là évidemment une récurrence analogue à celle
qui ramène à deux niveaux dans notre Corallien la Terebratula
humeralis, à deux niveaux le Cardium corallinum^ à deux ou même
à un plus grand nombre de niveaux le Cidaris florigemma et le Glyp-
ticus hieroglyphicus.
Comme les faits que je viens de signaler sont absolument nouveaux
dans la science ; comme, en particulier, V Ammonites Marantianus et
VA. bimammatus n oui jamais été, que je sache, mentionnés au-des-
sus du Corallien inférieur, ailleurs ({ue dans la Haute-Marne, il im-
porta de mettre mes assertions hors de doute à l'aide de coupes réelles.
Je choisirai entre autres celles do Vouécourt et de Maranville.
!<> A Vouécourt. dans le ravin de Heu et le long de la route de Vié-
ville, on trouve, h partir du haut :
Oolithe fie Saucourt,
Calcaire compacte,
Calcaire grumeleux supérieur à Cidarit floriycmmti.
fl; Ammooite voisine <le VA. poiyplorus.
1877. TOMBKCK. — ZONE A A. TENU I LOB ATUS. 9
Calcaire marneux à Ammonites ÀckilleSy Ter ebratula humer alis, etc.,
Calcaire marûeux à Ammonites Holheini, A . Marantianus,
Oolithe à Dicérates,
Marnes et calcaire sub-oolithique.
Calcaire hianc à Ammnnitea tricristatun,
Marne oolithique à Behmnites unicanaliculatus,
Calcaire argovien à Ammonites Babeamis.
'i^ A Longcliamp cl dans la côte qui s'étend de Longchamp à Haran-
ville, on trouve de même, à partir du haut :
Oolithe de Saucourt,
Calcaire compacte et calcaire grumeleux supérieur à Cidaris florigemma,
Calcaire à Ammonites Achilles,
Calcaifc' à Ammonites Marantianus, A. Ernesti,
Marnes sans fossiles supérieures,
Marnes sans fossiles inférieures.
Calcaire maruv'uic à Ammonites Tiziani, A. tricristafu's.
Calcaire à Ammonites bimammatu^t
Calcaire argovien à Ammonites Babeatius.
Ces deux coupes, comme on voit, ne diffèrent guère qu'en ce que
l'oolilhe h Dicérates et les calcaires sub-oolithiques de; Vouccourt sont
remplacés à Longchamp et à Maranville par les marnes sans fossiles
supérieures et inférieures (1). Mais elles s'accordent à montrer en
dessus et en dessous du Corallien inférieur, les deux horizons de la
zone à Ammonites tcnuiîobatus que nous avons signalés précédem-
ment.
Une coupe toute pareille à celle de Maranville peut être relevée à
Mussy, dans la vallée de la Seine : car si, au-dessus de la carrière de
riment romain ouverte dans les marnes sans fossiles à l'ouest de ce
dernier village, on observe un lit à ^. Marantianus correspondant à
celui de Vouécourt ou de Maranville, on trouve d'autre part, à 80 mè-
tres plus bas, un lit à A. Tiziani, dont le niveau est identique avec
eelni de Maranville., en même tcini)s (jue dans la tranchée même du
chemin de fer existe une assise de calcaire marneux jaunâtre, qui re-
présente vraisemblablement la zone à A. himammatus,
• 1) A ci.'t éiianl même, les coupes de Vouécourt et de Longchamp sont moins
liilf rcutci» qu'elles ne le paraissent au premier abord ; car si dans le ravin de Heu.
à VoujLJurl, les marnes sj aïonlront à peine, à la cote iNoeuIou, qui touche au ravin
de lieu. eUes prennent un développement consi.Jérahle. tandis (jue l'oolithe à Dicé-
rafes se réduit presque à rien. On trouve alors, du haut en bas de la côte, la suc-
cession suivante, mise en é\idence par le tracé d'une nouvelle route : Corallien
compacte ; — marnes sans fossiles supérieures ; — lit mince de calcaire grumeleux
leprésentant l'oolithe à Dic.'rates ; — marnes sans fossiles inférieui-es ; — calcaire
sub-uulilhi(|ue ; — calcaire blanc à Ammoniies tricvi talu> : — marne à Belemnites
nnirinialicnlatus: — elc.
a • TOMBEGK. — ZONE A A. TENUILOBATLS. 5 nov.
toutes ces espèces sont inconnues dans lePtérocérien de la Haute-Marne,
tandis qu'elles sont des plus caractéristiques de notre calcaire à As-
tartes ou des niveaux inférieurs.
Je crois donc être en droit de conclure que le Ptérocérien de M. Grep-
pin est contemporain, non du Ptérocérien, mais bien du calcaire à
Âstartes de la Haute-Marne.
Avec non moins d'évidence, le niveau supérieur du Séquanien de
M. Greppin, TEpiastartien, que Tauteur donne comme en partie ooli-
thique, est notre oolithe de La Mothe (laquelle elle-même est contem-
poraine de celle de Toiuierre). Il suffirait, pour le prouver, de la posi-
tion stratigraphique de cette oolithe, puisque, comme l'oolithe de La
Mothe, elle est subordonnée à une couche où Ton ne peut méconnaître
notre calcaire à Astartes.
Mais les fossiles ajouteiil à cette preuve un argument positif; car,
parmi ceux que M. Greppin cite dans son Séquanien et qui paraissent
venir de l'oolithe épiastartienne, je relève : Cardium corallinum, Dice-
ras Munsteri, Trigonia geograpliica (T. Parkhisoni) , etc., c'est-à-dire
les fossiles les plus caractéristiques de Toolithe de La Mothe.
D'autre part, dans le Rauracien de M. Greppin, il n'est pas diffi-
cile de reconnaître notre oolithe à Dicérates et nos calcaires grumeleux
glypticiens.
Dès lors, ce qui est compris entre l'Epiastartien et le Rauracien de
M. Greppin, c'est-à-dire les couches 2 et 3 de son Séquanien, corres-
pond forcément à notre Corallien compacte.
Si donc il est vrai, comme le veulent les Suisses, que la zone à Am-
monites tenuilobatus ne soit autre chose qu'un faciès scypliicn du Sé-
quanien, du moment que le Séquanien suisse ou, plus exactement, la
partie de ce Séquanien inférieure à l'oolithe épiastartienne, répond,
ainsi que je viens de le démontrer, à notre Corallien compacte, c'est
dans des assises contemporaines de ce Corallien compacte qu'il faut
chercher la zone à ^1. tenuilobatus.
Et en effet nous avons vu plus haut que le Corallien compacte de
la Haute-Marne renferme tout au moins l'un des niveaux de celte
zone.
Aussi, quand, pour employer l'expression de M. Ern. Favre, on
trouve sur le récif corallien d'Oberbuchsiten un lit renfermant les
Ammonites polyplocus. A, Uommairei et autres fossiles de la zone à
A. tenuilobatus, il ne faut pas douter que ce lit ne représente notre
niveau supérieur de la Haute-Marne, qui, lui aussi, à Vouécourt et à
Buxières repose sur un vrai récif corallien (1).
'IJM, E<lm. IVllal a troux eau Mont- iJcs-Boiicards, dans une position idenlifiue, c'est-
IH77. RLVIGNIKR. — OBSERVATIONS. {3
Mais la similitude (sauf les noms pourtant) des subdivisions que
M. Greppin reconnaît dans le Corallien de Suisse, avec celles que pré-
sente le Corallien de la Haute-Marne, montre suffisamment qu'on y
doit trouver, comme dans la Haute-Marne, non-seulement le niveau
lie la zone à A. tenuilobatus supérieur au Rauracien, mais encore celui
qui en forme la base. — Ce fait bien établi donnerait la clé de cer-
taines bizarreries stratigraphiques. qui résultent, bien probablement,
(le ce que les géologues suisses et allemands ne veulent, par suite d'une
idée préconçue, voir de couche à A. tenuilobaCus que dans le Séqua-
iiicn.
C'est ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, que le magniflque dé-
p U coralliforme de Naltheim, qui renferme toute la faune du Glypti-
cien de la Haute-Marne et appartient par conséquent au Corallien infé-
rieur ou, pour parler comme M. Greppin, au Rauracien le plus typique,
est rangé par les Allemands et par les Suisses dans le Ptérocérien, et
même parfois dans le Portlandien I Et cela parce qu'il repose sur la
zone à A . tenuilobatus !
Que Ton restitue le Glypticien de Nattheim au Corallien inférieur,
alors tout rentre dans l'ordre, et la zone à^. tenuilobatus de la même
région descend au niveau de noire couche à Belemnitcs Royeri, où rien
ne s'oppose à ce qu'elle ait sa véritable place.
Je conclus de toute cette discussion, que l'on finira peut-être par
s'entendre au sujet de la zone à Ammonites tenuilobatus, d'abord lors-
qu'on aura révisé la nomenclature des étages jurassiques supérieurs,
de telle sorte qu'on ne donne plus, ici et là, des noms identiques à des
couches absolument différentes; — et ensuite lorsqu'on aura bien et
tliiment constaté, ailleurs que dans la Haute-Marne, l'existence de ces
deux niveaux de la zone, dont l'un est bien, comme le veulent les Mé-
ridionaux, à la jonction de lArgovien et du Corallien, tandis que l'au-
tre, ainsi que l'affirment les Suisses et les Allemands, appartient au
Corallien compacte ou Corallien moyen, qu'à tort ou à raison ils regar-
dent comme le vrai Séquanien.
M. Ruvii^nioi* ne trouve pas étonnant que des géologues d'autres
régions ne soient pas d'accord avec M. Tombeck sur la position
de certaines assises de la formation corallienne. 11 a suivi les affleure-
ments de ces terrains sur plus de 100 kilomètres de longueur dans les
AitJennes et dans la Meuse, et il a toujours trouvé la formation coral-
à-dire dans le CoraUien compacte, VAmmonitet balnearins, P. doL.,ot une Ammonite
ipie II. de Loriol a dL'crilc sous le nom d'^ . Bouc ar de nais, mais qu'il est bien dirti-
n\c de distinguer de l'.i. polyploeux. Cela parait indiquer que dans le Boulonnais les
choses se passent absolument de m^rac que dans la Haute-Marne etnOberbuchsiten.
14 BUVIGNIFR. — OBSERVATIONS. 5 nov.
lienne parfaitement limitée à la base par l'oolithe ferrugineuse, qui
recouvre les terrains à chailles, et à la partie supérieure par les argiles
à Ostrea deltoidea, qui constituent la base du groupe des Calcaires à
Astartes,
Mais si les limites supérieure et inférieure du Coral-rag sont parfaite-
ment établies, si son épaisseur d'environ 140 mètres se maintient àpeu
près la même, en diminuant toutefois un peu vers le Nord, on n*y
remarque nulle part un ordre constant de superposition et, à ce point
de vue, comme Ta déjà dit M. Buvignier, il ne présente de constant
que son inconstance. Dans toute l'étendue des deux départements, il a
pu étudier le Coral-rag avec assez de détail pour être convaincu qu'à
l'époque corallienne, pas plus qu'aujourd'hui, les Polypiers n'ont
jamais formé une nappe tapissant uniformément le fond de la mer.
Alors, comme aujourd'hui, il y avait des bancs de Polypiers se déve-
loppant tant que les courants renouvellant l'eau à la surface du banc
apportaient aux Polypes une nourriture suffisante, se restreignant au
contraire quand les courants amoncelaient sur le banc des dépôts de
nature et d'aspect variables. Ainsi un courant plus ou moins modéré
déposait des oolithes plus ou moins fines, avec de petites coquilles
minces souvent bien conservées ; tandis qu'un courant rapide roulait
des fragments de Polypiers, de Dicérates, de Nérinées et d'autres co-
quilles qui, malgré l'épaisseur de leur test, se trouvent rarement dans
un bon état de conservation. Ailleurs, comme dans les atolls de la Mer
du Sud, une vase calcaire, provenant du frottement des coquilles et des
Polypiers usés par le ressac, a donné des calcaires à grain fin» comme
les calcaires crayeux compactes de Creûe (et non pas Cretcé, comme Ta
écrit d'Orbigny et comme on l'a répété après lui).
Toutes ces variétés de calcaires, bancs de Polypiers, calcaires à en-
troques, calcaires vaseux ou crayeux compactes, calcaires à oolithes
grosses ou fines, calcaires noduleux à Dicérates, calcaires grumeleux,
etc., se trouvent réparties dans toute la formation, sans aucun ordre
constant de superposition, et les fossiles sonteux-mémes distribués dans
la formation, non pas en raison du niveau géologique, mais en raison
du faciès du gisement. Il en résulte que, si on voulait former des zones
caractérisées par la présence de certains fossiles, ces zones ne se re-
trouveraient pas dans le même ordre de superposition dans des coupes
prises dans des localités différentes.
A propos de Creûe, que quelques géologues ont voulu considérer
comme oxfordien, M. Buvignier rappelle que dans toute l'étendue de
la Meuse et des Ardennes, le Coral-rag repose sur l'oolithe ferrugineuse,
ou mieux sur le groupe de l'oolithe ferrugineuse, auquel sont subor-
données quelques assises argileuses ou calcaires, tantôt à la base, tantôt
1877. BlVir.NIKU. — OBSKRVATIONS. lî)
à la partie supérieuix». Ce groupe, dont l'épaisseur est inférieure à
10 mètres, recouvre les terrains à cliailles, Ibrmés de plus de cent mè-
tres de bancs de calcaires argileux ou siliceux, séparés par des lits
d'argile, qui se prolongent avec une constance remarquable dans toute
l'étendue de ces deux départements, en s'amincissan4 vers le nord.
Il y a lieu de remarquer que dans le col de Creùe, comme dans les
autres cols (}ui à Marbot, à Saint-Julien, à Boncourt, etc., divisent de
lest à l'ouest le massif corallien compris entre la vallée de la Meuse et
la plaine de la Woèvre, l'un des versants est formé par le calcaire à
Polypiers et l'autre par le calcaire crayeux compacte, d'origine va-
seuse. Il est hors de doute que ces dépôts vaseux, qui s'enchevêtraient
dans les inégalités du banc de Polypiers, ont dû éprouver des tasse-
ments, dont l'existence est attestée par la compression qu*y ont subie
les coquilles a test mince. Or, par suite de renchevêtrement dans les
bancs de Polypiers, ces tassements n'ont pu s'opérer sans des fissures,
qui, élargies par les influences atmosphériques, ont donné lieu aux
cols actuels.
On peut vérifier dans chacun de ces cols, que les bancs de Polypiers
se trouvent d'un côté au même niveau géologique que les calcaires va-
seux deCreûe, qui reposent, comme eux, sur les calcaires à oolithes
ferrugineuses.
Quant à la présence de fossiles oxfordiens dans les calcaires de Creûe,
il y a longtemps que M. Buvignier a cité un grand nombre de fossiles
conoimuns aux deux formations corallienne et oxfordienne et qu il a dit
que les faunes de ces deux formations ne se distinguaient que par la plus
ou moins grande abondance de certaines espèces. Ces espèces étant re-
parties en raison du faciès des terrains, c'est-à-dire en raison des con-
ditions à'hahitat que présentaient les terrains au moment de leur for-
mation, il est tout naturel que les espèces des fonds vaseux oxfordiens
se retrouvent sur les fonds vaseux coralliens, surtout lorsque, comme
à Creûe, ces fonds se sont succédé presque sans interruption.
M. Buvignier ajoute qu'à Creûe le calcaire vaseux forme toute ou
presque toute l'épaisseur du Coral-rag; de sorte que si, sans tenir
compte dessuperpositions, on voulait persister à classer Creûe dans TOx-
fordien, il y aurait là une interruption dans le Coral-rag, au niveau
supérieur duquel s'élèverait une gibbosité oxfordienne.
M. Tombeck a parlé de bancs de Polypiers situés dans les calcaires
oolithiques du calcaire à Astartes. M. Buvignier a signalé ce fait dans
\2L Statistique géologique de la Meuse et depuis deux ans il a recueilli
dans un de ces bancs plusieurs espèces de Polypiers quil n'y avait pas
remarquées précédemment et parmi lesquelles il y en a peut-être de
nouvelles.
\i} PKLLAT. — OBSEUVATIONS. 5 IIU\ .
M. Edni. Pellat présente les observations suivantes :
Ainsi que M. Tombeck vient de le faire connaître, j'ai recueilli dans
les calcaires du Mont des Boucards (Boulonnais) plusieurs Ammonites
qu'il est très-difficile de distinguer d'espèces de la zone à A^nmonites
tenuilobatus et qui sont bien voisines, l'une de VA. polyplocics, l'autre
de r^. balnearius.
Ce fait indiquerait (si Ton doit toutefois attacher tant d'importance
à deux Ammonites dont la détermination reste douteuse) que les cal-
caires du Mont des Boucards correspondent à la zone à A, tenuUoba'
tus ; mais je ne pense pas que l'on doive quant à présent tirer de ce
parallélisme un argument à l'appui de l'attribution delà zone en (|ues-
tion au Corallien plutôt qu'à l'Oxfordien supérieur ou au calcaire à
As tartes.
En effet la position exacte des calcaires du Mont des Boucards est en-
core incertaine. Je les ai d'abord classés dans lOxfordien supérieur (1).
Plus tard je les ai assimilés au Corallien compacte de la Haute-Marne,
d'après certaines considérations stratigraphiques et à la suite de la dé-
couverte, vers leur base, de fossiles réputés exclusivement coralliens (î2).
J'ai récemment (3) présenté l'étage corallien du Boulonnais comme
composé :
Dans une partie de la contrée, par les calcaires du Mont des Boucards;
Dans une autre, par les calcaires de Brucdale (incontestablement co-
ralliens) et par des calcaires analogues à ceux du Mont des Boucards
(calcaires du sondage d'Hesdin-l'Abbé).
Cette classification vient d'être adoptée par les auteurs de la Carte
géologique détaillée de la France {i)^ et l'hypothèse des faciès a été bien
souvent reproduite pour résoudre dans d'autres régions des difficultés
stratigraphiques analogues à celle que j'ai rencontrée en étudiant le
terrain jurassique supérieur du Boulonnais.
Aucune coupe, malheureusement, ne me permet d'affirmer qu'il y
ait réellement, dans le Boulonnais, deux faciès d'un même étage, au
lieu de deux étages superposés sur un point et en retrait, l'un par rap-
port à l'autre, dans une autre partie de la région.
La paléontologie ne donne pas non plus d'argument bien concluant.
L'Argovien ou Oxfordien supérieur offre quelquefois des accidents co-
ralliens et des espèces que l'on attribuait uniquement au Corallien. On
(1) Mem. Soc. Phys. et Hist. nat, Genève, t. XIX ; 1866.
(2) Bull. Soc. géol. Fr., 2« s6r., t. XXV, p. 196; 1867.
(3) Mém. Soc. Phys. et HiU. nat. Genève, t. XXUI: et ttull. Soc. fjéol. Fr,. 2* ser.,
t XXVII. p. 686*.
(4) Douvilié, feuille de Boulogne ; 1876.
1877. DACBRÉE. — DE TGHIHATCHEF : !lE8 OCÉANIQUES. 17
sait aussi que les faunes du Corallien et de TOifordien supérieur ont
entre elles les plus grandes affinités quand ces deux étages sont con-
stitués par un même massif calcaire, sans intercalation de dépôts réci-
formes.
Les calcaires du Mont des Boucards correspondent très-probable-
ment aux calcaires blancs de Creûe, coralliens pour quelques géolo-
gues, argOTÎens pour d'autres.
H. DaubPée offre à la Société, de la part de M. de Xchl-
batelier» un travail intitulé : Considérations géologiques sur les
tlea océcmiquen» et présente à ce sujet les observations sui-
vantes :
Ce travail est exti*ait de l'édition française que notre éminent con-
frère vient de publier, en l'accompagnant de nombreuses et très-inté-
ressantes annotations, de l'ouvrage du professeur Grisebach sur la
Végétation du Globe d'après sa disposition suivant les climats.
Vingt-quatre îles ou groupes d'tles y sont successivement passés en
revue, tant au point de vue de leur constitution géologique qu'à celui
de leur flore. Ce sont les Açores, Madère, les Canaries, les îles du Cap
Vert, l'île de l'Ascension, Sainte-Hélène, Madagascar, lesMascareignes,
les Seychelles, les îles Sandwich, les tlesFidgi, la Nouvelle-Calédonie,
les îles Norfolk et Chatam, la Nouvelle-Zélande, les Iles Auckland,
l'île Campbell, les Galapagos, l'Ile de Juan Fernandez, les Falkland,
nie de Tristan d'Acunha, l'archipel de Kerguelen, l'île Saint-Paul et
l'île d'Amsterdam.
Après avoir résumé les faits essentiels, en mettant à profit les docu-
ments le plus récemment publiés, M. de Tchihatchef déduit de ces
faits des conséquences parmi lesquelles nous signalerons seulement
les deux suivantes» qui intéressent à la fois la géologie et la paléonto-
logie.
lo Les affinités que les flores de certaines îles océaniques présentent
entre elles, souvent en raison inverse des distances qui séparent ces
îles, semblent indiquer que, dans une partie de l'Océanie, les îles étaient
jadis groupées tout autrement qu elles ne le sont aujourd'hui ; en sorte
qu'à l'apparition de la vie végétale, il y avait jonction entre certaines
îles actuellement séparées par des espaces considérables, tandis que
d'autres étaient tout aussi indépendantes des terres et continents voi*
sins qu'elles le sont à présent. Le premier cas est celui des îles Howe,
Norfolk, Chatam, etc.; le second, celui des Hascareignes et de Mada-
gascar. Ainsi, si nous manquons de preuves pour admettre que les
îles océaniques ne sont que les débris d'un vaste continent immergé,
2
18 DAUBRÉË. — DE TCHIHATCHEF : ÎLES OCÉANIQUES. O nov.
tout porte à croire que rOcéanie fut un jour occupée par des groupes
insulaires moins nombreux, mais beaucoup plus étendus, que ceux
qui existent aujourd'hui.
2^ Dans l'état actuel de nos connaissances, les curieuses anomalies
que nous présentent la flore et la faune des îles océaniques ne sauraient
être suffisamment expliquées, ni par leur histoire géologique, ni par
leur position à l'égard des continents, pas plus que par des influences
atmosphériques ou par les conditions bathymétriques de la mer au
milieu de laquelle elles surgissent; car, si le climat pouvait donner
lieu à de telles anomalies, celles-ci se reproduiraient dans de certaines
proportions sur la terre ferme située sous la même latitude et souvent
à peu de distance ; et quant à la profondeur des mers, elle varie con-
sidérablement, ainsi que le fait voir graphiquement la belle carte ba-
thymétrique de M. Pelermann, et elle n'a aucun rapport appréciable,
ni avec les conditions physiques des îles, ni avec l'âge de leur soulè-
vement, de sorte que les plus récentes se trouvent parfois au milieu
d'une mer très-profonde, et vice versd.
Enfin, on pourrait en dire autant des courants qui baignent les îles
océaniques, bien que l'action que les courants, en général, exercent
sur la végétation, soit beaucoup plus appréciable et plus importante
que celle des conditions bathymétriques. Toutefois cette action n'est
pas assez puissante pour modifier sensiblement la physionomie d^ne
flore. L'observation de M. Fouqué sur le nombre, relativement peu
considérable, des plantes américaines (seulement quatre espèces) qui
sont parvenues à s'établir dans les Açores, malgré la quantité de se-
mences et de fruits que leur envoie l'Amérique par l'entremise du
Gulf-stream, mérite d'être signalée. On pourrait même ajouter que, si
les courants modifiaient réellement la végétation par l'adjonction d'é-
léments étrangers, c'est le caractère américain qui aurait dû prévaloir
dans les contingents apportés par cette voie aux îles océaniques (du
moins pour celles qui ligurent dans ce travail), parce que leur majo-
rité se trouve exposée, directement ou indirectement, aux courants
venant de l'Amérique, soit de ses côtes orientales, soit de ses côtes
occidentales.
Or, si, dans de telles conditions, les courants se sont montrés im-
puissants à produire sur la végétation un efl*et d'une Importance quel-
conque, à plus forte raison leur action, en général, n'a pu avoir une
large part dans la création ou le développement du type spécial qui
caractérise la végétation de ces îles. Il est donc évident que la solution
de l'importante question dont il s'agit se rattache à certains faits qui
échappent encore à notre appréciation et qui ne pourront nous être
révélés qu'à la suite de l'étude approfondie de tous ces groupes insu-
1877. E. FAViiE. — GKOLOGIE DE LA CIUMÉE. i9
laires, disséminés, pour ainsi dire, comme autant de petits mondes, au
milieu de l'immense Océan.
M. Tournouër dépose sur le bureau un ouvrage de M. Ern. Favre et
donne à ce sujet lecture de la note suivante :
Note sur la Géologie de la Crimée»
par M. Ernest Fnvre.
J'ai riionneur d'offrir à la Société un volume intitulé : Étude strati-
graphique de la partie sud-ouest de la CHtnée. La géologie de cette ré-
gion a déjà été l'objet de Tétude de divers naturalistes, Pallas, de Ver-
neuil, Huot, Dubois de Montpéreux, etc. Les observations que j'ai faites
m*ont permis de compléter et de rcclilier sous plusieurs rapports les
recherches de mes devanciers. Une carte géologique à gg^^ et deux
planches de coupes accompagnent ce mémoire. M. P. de Loriol a bien
voulu y joindre la description des Échinides crétacés et tertiaires que
j'ai rapportés. Je résumerai brièvement les principaux traits de la géo-
logie de cette région.
La formation jurassique occupe dans le Sud de la Crimée une zone
très-accidentée, de largeur variable, qui s'étend du monastère Saint-
Georges aux environs de Théodosie, et est limitée au sud par la mer, au
nord par les terrains plus récents. On peut y distinguer trois subdivi-
sions :
1® L'inférieure, formée de marnes et de schistes argileux, avec des
grès subordonnés, se montre des deux côtés de la Ya'ila ou chaîne cal-
caire et apparaît dans l'intérieur de cette chaîne, dans la vallée de
Baïdar. Les couches en sont très-contournées sur le versant sud de la
Yaila, et elles ont été pénétrées par de nombreuses éruptions de raéla-
phyres, de diabases, de porphyres à base d'orthoclase et de porphyres
pyroxéniques. On y trouve peu de fossiles marins, mais beaucoup de
traces de végétaux et quelques bancs de lignites. C'est le prolongement
d'une formation qui acquiert une grande importance dans le Caucase
et dans l'intérieur de l'Asie, et qui appartient au terrain jurassique in-
férieur (Lias et Oolithe inférieure).
2® Les grès et conglomérats qui surmontent ce terrain en beaucoup
d'endroits doivent être classés dans le terrain jurassique moyen.
3® Une grande épaisseur de calcaires termine les dépôts jurassiques.
Ce sont des calcaires brèches, des marbres noirs, de couleurs variées,
renfermant de nombreux restes AeDiceras, de Nérhiées, deCerithiwn.
Les couches, rompues vers le sud, s'abaissent en pente douce vers le
20 R. FAVRE. — GÉOLOGIE DE LA CRIMÉE. 5 110 V.
nord ; elles forment une chaîne dont les plus hautes sommités ont en-
viron 1 500 mètres de hauteur.
Entre le pied nord de cette chaîne et les terrains crétacés, réappa-
raissent les schistes argileux, avec lesquels les calcaires jurassiques sont
en stratification discordante.
Le terrain néocoraien et les terrains plus récents reposent en strati-
fication transgrcssive sur les divers étages jurassiques. Ils forment une
série de gradins inclinés vers le nord et dont la stratification très-ré-
gulière contraste de la manière la plus marquée avec les couches, très-
soulevéeset contournées, des terrains plus anciens.
11 y a donc eu dans cette région, entre les époques jurassique et cré-
tacée, des mouvements considérables du sol, qui produisirent le soulè-
vement de la chaîne calcaire. C'est un des traits les plus caractéristi-
ques de la stratigraphie de la presqu'île. Le même phénomène s'est
passé sur le versant sud du Caucase, où j'ai eu l'occasion de l'observer.
4» Le terrain néocomien est formé de grès et de conglomérats riches
en fossiles (Belemnites latiis, Bl.^ Nautiltcs psei^do-elegans, d'0rb.,-4m-
monites AstierianiLS^ d'Orb., Ancyloceras Duvali, Ast., Ostrea Couloni,
Defr., Terebratulajanitor, Pict., Cidarispîmctata,Bœm,^ Holastercor^
datv^^ Dub,, et quelques autres Échinides). 11 est intéressant d'y retrou-
ver la Terebratulajanitor comme dans les terrains crétacés du Midi de
la France.
5^" Je n'ai pas pu établir de subdivisions dans une masse épaisse et
homogène de marnes blanches et de couches glauconieuses auxquelles
j'ai donné le nom de terrain crétacé moyen.
Qo Le terrain crétacé supérieur forme un escarpement qui se pro-
longe d'Inkerman, près de Sébastopol, jusqu'aux environs de Simphé-
ropol. Il est l'équivalent de la Craie de Meudon et peut-être de celle
de Ciply (1).
Les terrains tertiaires présentent les subdivisions suivantes :
7» Terrain nummulitique, très-épais. Il commence dans la partie
occidentale de la Crimée par un calcaire grossier à Turritella cf. T^
mierposiYa, d'Arch., Corbis subpectunculiis, d'Orb., Ostrea rarilamella,
Desh. Ailleurs, ce sont des marnes à 0. gigantea, qui reposent direc-
tement sur la Craie ; elles forment la base d'un étage puissant de cal-
caires et de marnes blancs, très-riches en fossiles (Turritella imbrica-
taria, Lam,, Serpula spirulœa, Lam., Echinolampas subcylindricus.
Des., Orbiioides Fortisi, d'Arch., et beaucoup de Nummulites).
8® Marne blanche, presque sans fossiles, occupant une grande étendue.
90 Couche à Hélix.
(1) Hébert, linll. Soc. g^^'ol. Fr., t. V,p. 100; 1876.
1877. E. FAVRE. — GÉOLOGIE DE LA CRIMÉE. îl
lO'J Étage sarmatique, formant le plateau de la Chersonnèse et la
partie mëridionale de la steppe. Les couches, presque horizontales,
plongent très-faiblement 0. N. 0. Les rives de la baie de Sébastopol
donnent une belle coupe de ce terrain. Il est constitué par un calcaire
lumaclielle, rempli de coquilles brisées, parmi lesquelles abondent sur-
tout les Mactra. Un grand nombre de couches présente, comme dans
la Hongrie et la Styrie, une structure oolithique ; les grains arrondis
qui composent la roche sont formés en majeure partie de coquilles de
Foraminifères roulées et agglutinées.
Le dépôt de ces couches a coïncidé avec de grandes éruptions volca-
iiiques,'qui avaient déjà commencé au moment de la formation de la
couche d'eau douc«, de sorte qu'on trouve dans certains bancs, aux en-
virons de Sébastopol surtout, une grande abondance de scories, de
cendres volcaniques et de grains de glauconie.
Les fossiles sont très-abondants ; on y rencontre une cinquantaine
d'espèces, parmi lesquelles les plus communes sont :
Buccinum dissitum, Eichw.,
Trochus Podolicus, Dub.,
— Blainvillci, d'Orb . ,
— papilla, Eichw.,
— Omaliusi, d'Orb.,
Turbo Beaumonti, d'Orb.,
Maetra PodoHea. Eichw.,
Eroilia Podolica, Eichw.,
Donax liteida, Eichw.,
Tapes greyaria, Partsch,
Cardium obsoletum, Eichw.
La marne^blanche et la couche à Hélix que surmonte le calcaire lu-
machelle et oolithique. paraissent devoir être aussi rapportées à Tétage
sarmatique, dont elles formeraient la partie inférieui'e. En effet, bien
que ces trois terrains reposent presque partout en stratification concor-
dante sur les terrains plus anciens, on les voit, sur le plateau de la Cher-
sonnèse, recouvrir tran.sgressivement le Nummulitique et les terrains
crétacés et jurassiques. Or, le commencement de l'époque sarmatique
a été marqué dans toute l'Europe orientale par un vaste affaissement,
qui a amené dans cette région une transgression de ce terrain sur les
roches plus anciennes. D'ailleurs, l'étage sarmatique a débuté dans la
Croatie, l'Esclavonie, la Gallicie, etc., par des marnes blanches sans
fossiles. Il est donc très-probable que celles de la Crimée sont de la
même époque. M. Hœrnes a découvert sous les couches sarmatiques
des bords de la mer de Marmara un dépôt d'eau douce qui pourrait
être l'analogue de la couche à Hélix de la Crimée.
Les couches sarmatiques sont les dépôts tertiaires les plus récents
que j'ai observés dans la partie Sud-Ouest de la Crimée.
llo Pour compléter l'énumération des terrains, il faut y ajouter quel-
ques dépôts quaternaires et récents.
22 PILIDi:. -- NtOGÈNb: I)K H.OESCI. 5 nov.
La Crimée appartient à la même région géologique que le versant
méridional du Caucase, TArménie et les montagnes delà Turquie d'Eu-
rope. L'analogie de la chaîne taurique avec les Balkans est particuliè-
rement frappante. Cette chaîne, qui s'abaisse vers le Danube par une
plaine doucement inclinée ou par des plateaux étages en gradins, est
limitée du côté sud par une grande t'aille qui aboutit au cap Ëmineh
sur la Mer Noire. Continuée en ligne droite, cette taille correspond
exactement au rivage méridional de la Crimée, au sud duquel la mer
atteint subitement une grande profondeur. La nature du relief sous-
marin entre ces deux régions confirme ce rapprochement. En effet, des
bouches du Don à une ligne dirigéedu cap Emineh au cap Saritsch en
Crimée, la mer n'a que peu de profondeur ; c'est une partie de la
steppe affaissée à 70 ou 80 mètres au-dessous de la surface de la mer.
A partir de la ligne indiquée, la profondeur augmente subitement jus-
qu'à 1 000 mètres. Cette vaste dépression est donc l'équivalent de la
région qui forme au sud des Balkans le bassin de la Maritza et qui est
occupée par de grands massifs de roches cristallines. Ainsi la chaîne
tauri([ue est le reste du versant septentrional d'une chaîne qui se trou-
vait à la place où sont aujourd'hui les profondeurs de la Mer Noire.
Cet affaissement date probablement de Tépoque miocène.
M. Daubrée dépose sur le bureau le travail suivant :
Sur le bassin néogène de la région située au nord de I^ioescl
(Valachie),
par M. Pilide.
De Bucharest à Ploesci, le chemin de fer traverse une partie de cette
immense plaine diluviale dont l'altitude moyenne au-dessus du niveau
des eaux de la Mer Noire est de liO mètres environ, et qui s'étend de-
puis le Danube jusqu'aux premiers soulèvements des Carpatlies va-
laques. Orientée comme la chaîne montagneuse elle-même, c'est-à-
dire à peu près de l'ouest à l'est, cette plaine s'élève insensiblement à
partir de Giurgiu, sur le Danube, jusqu'un peu au-dessus de Ploesci.
Ce n'est guère qu'à huit kilomètres au nord de cette ville que com-
mencent à se déployer les premiers contreforts de la frontière monta-
gneuse valaquo-transylvanienne.
Deux plateaux, à peu près de même hauteur (400'"), mais différents
en supcrlicie, sont séparés de la chaîne propreinent dite par une large
vallée et paraissent constituer ainsi l'avant-garde des collines tertiaires
que je vais étudier. Ce sont ces plateaux que l'on voit à droite et à
1877. PILIDE. — .NÉOUÈNE DE PLOESCl. 23
gauche de la route qui conduit de Ploesci à Yalenii-de-Munte.
Aussitôt que Von a franchi la vallée qui sépare ces deux plateaux de
la chaîne proprement dite, on s'engage dans une série de coteaux à
formes ballonnées, de hauteur variable, qui rappellent beaucoup ceux
qui dominent les salines de Wieliczka (Gallicie). C'est la série de ces
plateaux comprise entre Matitza et Oparitzi à Test, Slanik et Co-
mamik au nord, et la vallée de la Prahova à Touest, qui a fait Tobjet
de mes explorations.
L'ensemble du terrain ainsi délimité se compose, d'une façon géné-
rale, d'un système de couches irrégulières de marnes très-argileuses et
sableuses, de marnes calcaires, d'argiles, de grès, de sables et de cal-
caires avec ou sans fossiles. De ces diverses roches, c'est l'argile qui
semble de beaucoup prédominer.
Tous ces dépôts, fissurés et plies, ont dû subir de grands dérange*
ments, et c'est là un de leurs caractères essentiels. Aussi serait-il difii^
cile de fixer l'épaisseur de chaque couche.
On conçoit facilement que dans de pareilles conditions l'inclinaison
des couches doit varier dans d'assez grandes limites ; mais il n'en est
pas de même de leur direction, qui paraît être sensiblement constante,
c est-à-dire £.-0. Quant au sens de l'inclinaison, tous ces dépôts
plongent vers le sud.
J'ai reconnu dans cette région les étages suivants :
lo Premier étage méditerranéen,
2^ Deuxième étage méditerranéen,
30 Étage sarniatique»
4<> Étage à Congéries.
|o Premier étage méditerranéen.
Cet étage débute, à sa partie inférieure, par un système de marnes
Irès-caractérisées par la diversité de leurs couleurs. Des couches péné-
trées de fer oxydé rouge alternent fréquemment avec des couches colo-
rées en vert et en jaune. Quelques nodules, souvent même des cristaux
de gypse s'y trouvent çà et là disséminés ; mais ce n'est guère qu'à la
partie supérieure du dépôt que le gypse atteint un grand développe-
ment et forme alors des bancs assez puissants pour pouvoir être exploi-
tés avec utilité.
Ce qui ajoute encore à l'intérêt de cet étage, ce sont les beaux
amas de sel gemme qu'il renferme et qui sont exploités par le gou-
vernement Roumain à Slanik, sur la rivière du même nom, et à
Telega, sur la Doftana. Partout où j'ai pu constater le sel gemme,
je l'ai trouvé recouvert par des argiles bleues, salifères, sauf dans
quelques rares localités où, par suite des accidents du sol, le sel se fait
24 PILIDE. — NÉOGèiNE DE PLOESCI. O nov.
jour à travers toutes les formations qui le recouvrent, comme à
Slanik, sur la rive droite de la rivière qui traverse ce village.
Par endroits les argiles bleues passent à leur partie supérieure à une
marne grise, souvent assez compacte pour former des bancs résistants.
Toutes ces couches ont été fortement dérangées de leur position
primitive et, comme le fait si bien remarquer M. Fuchs (1), tantôt les
gypses et les marnes intercalées ont été relevés à peu près verticale-
ment, comme à Campina, tantôt les couches argileuses sont simple-
ment plissées et repliées sur elles-mêmes.
Je n'ai pas trouvé dans cet étage de fossiles analogues à ceux qui
fixent aujourd'hui en Autriche, avec tant de certitude, par suite des
remarquables travaux de MM. Suess (2), Th. Fuchs (3) et Hôrnes (4),
le niveau du Schlier, auquel se rattachent rigoureusement les dépôts
de sel gemme de AVieliczka et de Bochnia, et en général tous ceux du
bord extérieur nord des Carpathes. Mais le fait incontestable que cet
étage se trouve à Slanik très-visiblement recouvert par du Leithakalk,
et dans les environs de Telega par des dépôts sableux à Cerithium
Duhoisi, Hôrnes, me conduit à le séparer du suivant et à le rapprocher
de celui du Schlier^ et si le temps m'avait permis d'étendre plus à
Test ou à l'ouest le champ de mes explorations et d'étudier d'une
façon plus détaillée les différents dépôts de ce groupe, je serais, je
crois, aiTivé à identifier complètement ces deux niveaux.
A part de rares exceptions, cet étage a été constaté presque partout.
A l'extrémité nord du territoire, il s'appuye sur le grès carpathique,
par exemple à Keia sur la Doftana et près de Comarnik sur la Pra-
hova; vers le sud, au contraire, il s'enfonce sous les couches à Con-
géries, pour ne plus reparaître. Dans la partie intermédiaire, il est
irrégulièrement recouvert par les dépôts du second étage méditerra-
néen, ou par ceux de l'étage sarmatique, ou par les couches à Congé-
ries, ou même directement parle Diluvium.
i9 Deuxième étage méditerranéen.
Représenté par des calcaires, marnes, argiles, sables et grès, que
l'on voit par endroits alterner entre eux, cet étage est caractérisé par
(1) Ed. Fuchs et Sarasin, Notes sur les sources de pétrole de Campina fVala-
ehiej ; 1873.
(2) Suess, Untersuehungen iibcr den Charakter der oesterreichischen Tertiàrabla^
genmgen, Sitzungsb. der K, Àk, der Wissenschaften, I Abth., t. LIV, p. 87; 1866.
(3) Th. Fuchs, Petrefacte aus dem Schlier von Hall und Kremsmûnster iji Obéras-
terreich, Verh. der K, K. GeoL Reichsanstalt, 1874, p. 111.
(4) R. Hcirnes, Die Fauna der Schliers von Ottnang, Jahrb, der K. K, GeoL
Reichsanstalt, t. XXIV, p. 333; 1875.
1877. PILIDE. — NÉOGÈNE DE PLOESGI. 25
un certain nombre de fossiles marins qui fixent son niveau avec pré-
cision.
Le terme le plus important de ce deuxième étage est certainement
le Leithakalk, qui à Zapode, près de Slanik, recouvre le sel gemme et
détermine ainsi son âge.
Avec les Nullipores, j*ai trouvé dans ce calcaire :
Cerithium scabrum, Olivi,
Trochus sp.,
Ditrupa incurva, Reuss,
Venus 8p.,
Pecten sp.
Ce même calcaire à Nullipores a été constaté sur la rive droite de
la Grosanka, un des affluents du Slanik, un peu en amont des salines
actuellement en exploitation. Il a ici une puissance moyenne de 10
mètres, avec une inclinaison de ii? vers le sud, et il semble consti-
tuer le lit de la rivière.
Le Leithakalk n'a pas été rencontré sur les deux rives de la Doftana ;
mais au sud de Telega, dans une petite couche de sable jaune, à grains
grossiers, couvrant les dépôts du premier étage marin, j'ai pu ra-
masser quelques magnifiques exemplaires de Cerithium Duboisi,
Bornes.
Le temps ne m'a pas permis de bien fouiller les argiles mannes ver-
dâtres, à lits minces de sable intercalés, qui recouvrent le Zet^Aa^aZ/E ;
mais M. Stephanesco (1) signale dans une argile analogue : Cerithium
plicatum, Brug., Buccinum miocœnicum, Micli'., Pleurotoma spines-
cens, Partsch, P. Jouanneti, Des Moul., Ostrea crassissima, Lam., et plus
loin, dans un calcaire grossier qui pourrait bien être le Leithakalk :
Conus Berghausi, Mich*., Luci^ia miocœ^iica, Micb^, des Coraux et des
Foraminiferes ; ce qui donne une preuve de plus de l'existence de cet
étage méditerranéen en Valachie.
Les argiles verdâlres sont recouvertes, dans la région que j'ai explo-
rée, par un système de sables agglutinés en grès à leur partie su-
périeure, et qui alternent souvent, mais vers leur base seulement, avec
des lits plus ou moins minces de ces argiles. On peut les observer à
Telega, où la colline dite Rotunda en parait exclusivement formée,
aussi bien qu'à Yalenii-de-Munte, sur la rive gauche du Teleajan, etc.
Ces sables paraissent complètement dépourvus de fossiles, mais ils
se trouvent en concordance de stratification avec les argiles verdàtres.
Les différents dépôts des deux étages que je viens de décrire sont
(1) Nota asupra bassinului tertiarsia lignitului delà Bahna fJudeeul MehedintiJ,
Bul. Societxitii geografiee Romane, n* 9, p. 97; — et Note sur le bassin tertiaire
de Bahna (Roumanie), Bull, Soc, géol. Fr., 3« sôr., t. V, p. 387; 18T7.
26 HLZDË. — NÉOGÈNE DE l»LOESCI. 5 nov.
souvent imprégnés de bitume (pétrole) et contiennent parfois quelques
minces lits de lignite.
3° Étage sarmatique.
Quoique moins important que les précédents, cet étage est très-bien
caractérisé au nord de Ploesci. C'est au-dessus de Poiana, sur la rive
droite de la Prahova, au nord-ouest de Campina, quej'ai eu l'occasion
de le constater pour la première fois.
Une série de carrières est ouverte dans le flanc d'un coteau élevé,
presque exclusivement formé d'un calcaire blanc, compacte, à cassure
conchoïdale, à stratification confuse, et tout pétri de fossiles, parmi
lesquels on reconnaît :
Tapes gregaria, Partsch, 1 Cardium obsoletum, Eichw.
Ervilia Podolica, Eichw., |
Les fragments de coquilles qui composent ce calcaire sont parfois
tellement nombreux qu'ils constituent un véritable conglomérat, dont
les éléments sont réunis entre eux presque sans aucun ciment vi-
sible.
A Telega, dans le bourg même et dans les alluvions de la rivière
qui porte le même nom, on rencontre souvent de gros blocs d'un cal-
caire grossièrement oolithique, compacte, de couleur jaune-rougeâtre,
sonore, à cassure vive, et contenant, outre les fossiles ci-dessus indi-
qués : Cerithium pictum, Bast., C rubiginosum, Eichw., et de nombreux
moules de petits Gastéropodes ressemblant à des Rissoa. Ces blocs
appartiennent sans doute à une couche de Tétage sarmatique en voie
de destruction, mais sur la position de laquelle je ne suis pas encore
lixé.
Je dois encore indiquer, comme faisant partie du même étage, un
conglomérat sableux, de couleur rougeâtre, situé sur la rive droite du
Yerbileu, à quelques kilomètres en aval des salines de Slanik, et dans
lequel j'ai ramassé :
Bnccinum dupUcatum, Sow.,
Cerithium rubigitwsum, Eichw.,
— pictum, Bast.,
Ervilia Podolica, Eichw.,
Cardium obsoletum, Eichw,
L'état roulé de ces fossiles et la nature fragmentaire du dépôt lui
donnent l'aspect d'un terrain de transport.
Un dernier point sur lequel j'ai pu constater l'étage sarmatique est
la petite colline de Coda-Maiului, sur la gauche de la route qui con-
duit de Valenii-de-Munte à Ploesci.
1877. pii.iDE. — nilOgkne de ploesci. 27
La masse principale de cette colline est constituée par un calcaire
derai-dur, linement oolilhique, jaune à Vextérieur, bleuâtre à Tinté-
rieur, à cassure conchoïdale quand il est pétri de fossiles, et inégale
dans le cas contraire. De distance en distance, ce calcaire est traversé
parallèlement au plan de stratification par des lits minces de marne
très- calcaire, présentant très-fréquemment l'aspect d'un conglomérat
de coquilles réunies par un ciment calcaire. Â la partie supérieure, le
calcaire se charge d'un sable jaune, qui devient de plus en plus pré-
dominant. Dans les lits marneux on peut recueillir : Tapes gre-
gana, Partsch, Et^ilia Podolica, Eichw., Modiola Volhynica, Eicliw.,
et une Lucina qui a beaucoup de ressemblance avec la L, Dujardinù
Desh., citée par M. Coquand dans ses études sur les gîtes de pétrole
de la Valachie (1). On sait que cette coquille apparaît dans le bassin
de Vienne dans le premier étage méditerranéen (Grund, Niederkreuz-
stâtten,Pôtzleinsdorf, etc.); mais un fait curieux, dont il faut tenir
compte, est que M. Pilar (2) ne l'a retrouvée en Croatie que dans
l'étage sarmatique, où elle est même assez abondante.
Je dois aussi indiquer dans ce calcaire la présence excessivement
fréquente d'une nouvelle espèce de CeW^/imm (C. Runianum), intermé-
diaire entre le C. disjunctum, Sow., et le C. pictum, Bast.
Ce calcaire a été constaté également à Malaesci, sur la rive gauche
du Yerbileu, à Vulcanesci, sur la Cosmana, à Telega, à Pacuri, à
Stramatin, enfin sur la Doftana à un ou deux kilomètres de l'embou-
chure de cette rivière dans la Prahova. Dans toutes ces localités il pré-
sente les mômes caractères pétrographiques, mais il forme des bafics
moins puissants qu'à Coda-Maluluî.
Je ne puis donner pour le moment aucune indication sur la position
relative de ces divers horizons sar^natiques;\QïtiQ contenterai de rappe-
ler que, lithologiquement parlant, les dépôts calcaires de la rive
droite de la Prahova (Poiana) sont tout différents de ceux de Coda-
Malului, et ces derniers de ceux de la rive droite du Yerbileu (Poiana).
Quelques parties de cet étage paraissent imprégnées de pétrole,
mais je n'y ai pas constaté de lignite.
4<' Étage à Congéries,
S'il est vrai que l'étendue d'un étage augmente son importance, les
couches à Congéries doivent occuper une des premières places de cette
étude; mais ce n'est pas là tout leur mérite. Elles constituent, dans la
(1) Bull. Soc. géoL Fr,, 2«sér., t. XXIV, p. 505; 1867.
(2) Pilar, Gjnro Trecegorje i Podloga mu u glinskom Pokupju, Rad. Jugosla-
vemke ikadcmije Znanoati^t, XXV, p. 53; 1873.
28
PILIDE. — NÉOGÈNE DE PLOESCI.
5 nov.
région que j'ai explorée, un vaste réservoir de pétrole. Ce n'est en
effet que dans cet étage que Von a, jusqu'à présent, creusé avec avan-
tage les puits do pétrole. La présence de couches de lignite puis-
santes d'au moins six mètres devait aussi attirer sur lui l'attention
du Gouveraement.
Dès 1860, M. Spratt (1) avait démontré la présence de cet étage dans
la partie méridionale de la Bessarabie, en Moldavie, en Yalachie et en
Bulgarie. Il a été signalé en 1866 par M. Coquand (2) à Pacuretzi, au
nord de Ploesci, en 1870 par M. Fœtterle (3) à Matitza, près de Pacu-
retzi, et tout dernièrement par M. Stephanesco (4) à Bahna. Moi-même
j'ai eu l'occasion de le constater plus d'une fois dans la région qui
nous occupe.
Cet étage consiste en une série de couches d'une argile grise très-
tenace, de sables, de marnes sableuses et de marnes calcaires, le tout
atteignant une puissance de 200 mètres environ. Il repose, à Coda-
Halului et à Vulcanesci, sur l'étage sarmatique, et plonge vers le sud,
sous un angle de 20 à 25°, sous le gravier diluvial de la plaine du
Danube. Presque partout les couches sont dérangées de leur ancienne
position ; à Pacuretzi, centre d'une forte exploitation de pétrole, la
valeur moyenne d'un certain nombre d'angles que j'ai relevés est
voisine de 33».
Nettement caractérisé par une faune aussi riche en individus qu'en
espèces, cet étage se laisse partout facilement reconnaître. C'est sur-
tout près du bord extérieur de la zone carpathique qu'on le rencontre
le plus souvent, tandis qu'il semble disparaître au fur et à mesure
qu'on se rapproche de l'axe topographique de la chaîne.
Les principaux fossiles de cet étage ont été déterminés par MM. Neu-
majT (5) et Th. Fuchs. Ce sont :
Vivipara achatinoïdes, Desh.,
— Fuchsi, Neum.,
— Panoniea, Neum.,
— cf. V. Suessi, Neum.,
— Pilidei, Neum.,
Vivipara levantina, Neum.,
— subangularis, Neum.,
— FôUerlei, Neum.,
— Rumana, Neum.
La première espèce de cette liste, la Vivipara achatinoïdes, nous est
(1) On the Freshwaler Deposils of Bessarabia, Moldavia, Wallachia and Bulga-
ria. Quart, Journ. GeoL Soc, t. XVI, p. 281 ; 1860.
(â) Coquaud, op. cit.
(3) Fottcrle. Die Gegend zwiuhcn Bukarest und der siebenbûrgischen Grenze,
Verh. K, K. GeoL Reichi., 1870, p. 209.
(i) Stephanesco. op. cit.
(5) Neumayr, Ueber einige neue Vorkommnisse von jungtcrtidren Binnenmol'
luiken, Verh. K. K, GeoL Rvichs., 1876, p. 366.
1877. PILIDE. — NÉOGÈNE DE PLOESCI. 29
connue de la Crimée (i); les trois suivantes ont été découvertes pour
la première fois dans la Slavonie par MH. Paul et Neuroayr (2) ; les
cinq dernières sont jusqu^à présent spéciales aux dépôts valaques des
couches à Congéries. ♦
II faut ajouter à ces espèces une Melania qui, à cause de son mau-
vais état de conservation, n'a pu être déterminée; line nouvelle espèce
de Neritina, très- fréquente dans ces couches et (jui se rapproche un
peu de la N, platystoma. Brus. (3), de la Slavonie ; des Valvata et des
Bithinia que je n'ai pu déterminer.
Parmi les Bivalves, M. Th. Fuchs a reconnu :
Congeria roitriformis, Dcsh.,
— sp., très-abondante»
Cardium planum, Desh.,
— squamulosum, Desh..
— pseudo-catillus, Abich,
Cardium Àbieki, R. Hoeni.,
— Lenii, R. Hoem.,
— sp-,
Unio sp.
Tous ces fossiles sont connus de Crimée (4).
Quant à la répartition de cet étage, je l'ai constaté d'abord à Opo-
ritzi, où il semble former le sommet des collines qui dominent réglise«
puis k Pacuretzi, Matitza, Ochisori, sur le bord extérieur des Carpathes,
à Malaesci, sur le Yerbileu, à Telega, à Scumpia, à Yulcanesci sur la
Cosmana, l'un des affluents du Teleajan, dans les ravins dits Yalea
Dracului et Yalea Isvorului, où les couches à Paludines renferment des
lits puissants de lignite (j'ai trouvé là, dans les alluvions de la Cos-
mana, quelques morceaux d'Ozokérite), enfin sur la Doftana, non loin
de son embouchure dans la Prahova, à la pointe méridionale du pla-
teau triangulaire qui supporte le village de Campina, et à Campina
même sur la rive gauche de la Prahova.
Une circonstsuice remarquable est que, dans le bassin néogène de
Ploesci, de nombreuses sources salées et des efflorescences de sel
apparaissent au fond des vallées, suivant des alignements dirigés
E.-O.; ce qui semblerait annoncer une grande extension dans cette
direction des amas de sel exploités sur plusieurs points de la Yalachie.
A côté de ces sources salées, on trouve aussi des eaux minérales,
(l) Deshayes, Description des coquilles fossiles recueillies en Crimée par M. de
Verneuil, Mém. Soc.géoL Fr., P«8ér., t. III, p. 64; 1838.
(3) Paul et Neumayr, Die Congeriennund PaludinenSchiehten Slavoniens, Abh.
K. K. Geol. Reichs., t. VU, n» 3; 1875.
(3) Brusina, Fossile Binnen-Mollusken aus Dalmatien, KrocUisn und Slavonien,
p. 93; 1874.
(4) VoirR. Hoernes, Tertiàr-Studien, Jahrb. K. K. GeoL Reichs., t.XXIV, p. 33;
1874.
30 PILIDE. — NICOGÈNE DE PLOESCI. 5 nov .
notamment aux environs de Valenii-de-Mun(e, où j'ai reconnu des
sources sulfureuses, ferrugineuses et même alcalines, bien qu'en
réalité chacune d'elles possède, mais à des doses différentes, les élé-
ments qui se rencontrent dans les autres. Jc/Iois aussi signaler dans
cette même localité la présence fréquente du peroxyde de fer anhydre,
imprégnant quelques dépôts de grès.
A Slanik lessalinos sont dominées par un puissant massif d'une roche
de couleur verte, semblable à de la RhyoUthe, décomposée à sa partie
supérieure, mais très-dure et très-résistante vers le bas. Cette
roche, connue en Transylvanie sous le nom de Palla (1), n'est
autre chose qu'un tuf trachytique. Elle forme à Slanik, aussi bien
qu'à Fogarasch, la partie la plus ancienne de l'étage miocène. La di-
rection du massif qu'elle constitue à Slanik est sensiblement E.-O. Je
regrette que le temps ne m'ait pas permis d'en faire quelques ana-
lyses.
De cette étude, quelque imparfaite qu'elle soit, il me semble résulter
indubitablement :
1® Que dans la portion du bassin néogène explorée par moi, il y a
lieu d'établir les mêmes étages que ceux reconnus depuis longtemps
déjà dans l'Autriche-Hongrie;
2® Que dans la même région le sel gemme fait incontestablement
partie du premier étage méditerranéen ou Schlier;
3* Que le pétrole, quoique imprégnant tous les dépôts tertiaires, se
trouve de préférence dans les couches à Congéries.
Avant de terminer, qu'il me soit permis de dire quelques mots de la
constitution géologique de la plaine du Danube et des plateaux dont il
a été question au commencement de cette note.
Dans la région comprise entre Bucharest et les Carpathes, les ter-
rains présentent un aspect tout à fait différent de celui figuré dans
le profil que M. Stephanesco a publié il y a quelques années dans
le Bulletin de la Société géologique de France (2).
Le Lœss, qui dans le voisinage du Danube dépasse 10 mètres de
puissance, n'a plus que 5 à 0 mètres d'épaisseur à Bucharest et O^^W
à 0"'50 seulement au nord de Ploesci. A partir de cette dernière loca-
lité, il se charge souvent tellement de sable qu'il finit par être rem-
(1) Von Hauer et Stache. Géologie Siebenburgcm, p. 87; 18G3.
(2) Sur le terrain quaternaire de la Roumanie et sur quelques ossements de Mam-
mifères tertiaires et quaternaires du même pays, Bull.. .3« sér., t. I, j». 19: 1873.
1877. PILIDE. — NÉOGÈNE DE PLOESCÎ. 31
placé par une terrasse de graviers recouverte en partie de sables et
transformée le plus souvent à sa partie supérieure en un oonglomérat
grossier.
C'est ainsi que cette terrasse, qui débute à Bucharest par du sable à
grains grossiers, est constituée par du gravier de grosseur moyenne à
la gare de Ploesci et le long de la route qui conduit à Campina,
et par du gravier à gros éléments dans la vallée de Teleajan à
Strembeni, où elle atteint une puissance qui varie entre 15 et
20 mètres.
Des fragments du conglomérat de cette terrasse se détachent sou-
vent de la masse sous l'influence des agents atmosphériques et roulent
sur les talus de la vallée. C'est là l'explication de la présence de
ces grands blocs que Ton rencontre si souvent dans les allu-
vions modernes de la vallée du Teleajan, à Strembeni, à Yalenii-de-
Munte, etc.
Bien plus important que la terrasse de graviers est ce dépôt de
Lehm désigné aujourd'hui sous le nom de Berglehrn (1), que j*ai appris
à connaître en Bukowine et que j'ai retrouvé en plus d'un endroit dans
la région étudiée par moi, gisant sur la pente des collines.
Au-dessus du Lehm vient le Lœss, contenant à Strembeni des
Hélix, des Succinea, des Clausiîia, Le test de ces coquilles est blanc,
fort friable, et paraît comme calciné. Une coquille terrestre fort
abondante dans ce dépôt est le Cyclostoma elegans, souvent avec sa
teinte rosée et son opercule.
De même qu'en Bukowine, il y a lieu de distinguer dans cette por-
tion de la Yalachie les formations diluviales plus récentes des terrasses
alluviales proprement dites.
Enfin j'indiquerai comme dépôt d'une formation récente, la pré-
sence sur la rive droite de la Lupa, aux environs de Telega, un peu
avant le point où le ruisseau change son nom pour celui de Malurôsa,
d'un tuf calcaire^ connu dans le pays sous le nom de Siga, rempli
A* Hélix et de feuilles d'arbres, et que l'on trouve éparpillé sur le flanc
de la colline. Cette roche doit incontestablement son origine aux
sources chargées de carbonate de chaux que l'on voit jaillir au pied
de la colline.
M. de la Moussaye fait Id communication suivante :
(1) Paul, Grundsiigc der Géologie dcr Bukowina, Jahrb. K. K. Gcol. Rcichi
IS'ÏC, p. 328.
DE LA HOUSSAVE. -
- ENV. DE COURCEI.LES.
La vallée de la Veale aux environs de Courcellea (Aisne),
par M. le comte G. de La Moussnye.
A Uuvions.
A l'entrée du village de Courcelles du côte de Braisne, on a creusé
un puils et, sous une couclie peu épaisse de sables d'alluvion, on a
pénétré dans des sables blancs, très-purs, qu'on peut considérer
comme des sables de Rillf ; ce puits atteint une profondeur de qua-
torze mètres.
Le fond de la vallée est formé par des sables et des graviers qui
s'étendent sur une largeur de quinze à dix-huit cents mettes.
Fig. I. Plan des envirotis de Courcelles.
UonI Ngtre'UaiuC.
I. Tuilerie.
3. Carrière.
3. ArBilière.
4, D6p6l Je vi'g^laui fossiles
5. Gréa avec empreintes de feuilles.
6. CeocIritTc.
7. Gravitrc.
V. Piiinl de \ ue de la lifiiire i.
1877.
DE LA MOUSSAYE. — ENV. DE COURCELLKS.
33
1CS«.
CiCL
l.l.l.»
C^VtVt
Fig. 2. Coupe de la vallée.
Route do Reims, 00». La Veslo, r., îî9«.
.L.-.4n:ri- -----
3* plan.
S* plan.
i«rpian.
1100».
700».
1300".
900*
as, AUuvioos sableuses.
Ce. Calcaire compacte et caillasses.
Cg. Calcaire grossier.
St. Sables inférieurs.
4. Dépôt (Je végétaux fossiles.
5. Grès avec cmpreiates de feuilles.
6. Cendrière.
7. Gravie re.
Dans une gravière sise contre le chemin de fer, du coté de Limé
(7, fig. 1 et 2), j'ai trouvé de nombreuses coquilles de difilérents
terrains : les unes provenaient des sables inférieurs qu'on voit à Jon-
chery et à Châlons-sur-Vesle ; d'autres du calcaire grossier de Cha-
mery (car cette zone est à l'état de roche dans la vallée près de Cour-
celles) ; d'autres des sables moyens qui se montrent au mont
Saint-Hartin.
J'y ai recueilli aussi de nombreux débris de Conifères sllicifiés et
des silex grossièrement taillés en forme de couteaux et qu'on peut
attribuer à l'époque glaciaire dite munstérienne.
Cendrières,
La vallée est parsemée de cendrières, qui pour la plupart sont épui-
sées et recouvertes de végétation ; elles sont situées à une altitude va-
riant de 80 à 84 mètres au-dessus du niveau de la mer, et à 20 ou
25 mètres au-dessus de la Yesle. Elles ont toutes des formes irrégu-
lières et contiennent souvent des restes de lignites, qui diffèrent d'une
cendrière à l'autre ; il en est de même des coquilles. Dans celle de
Limé (6, fig. 1 et 2), qui est couverte de bois, j'ai recueilli :
Ostrea eversa,
Cyrena cuneiformis,
Melanopsii buecinoidea,
Teredina personcUa,
Cerithium involutum,
Cerithium rariahih,
Neritina globulus,
Melania inquinata,
— prœcessa.
Petit Buccin.
34 DE LA MOUSSAYE. — ENV. DE COUnCELLES. ;> nov.
Dans celle de Ciry-Salsogne je n'ai trouvé que la Cyrena cuneifor-
mis et VOstrca Sucssoniensis.
Dans colle de Braisne, qui est située à 80 mètres d'altitude environ,
contre la chaussée Brunehaut et le chemin de Braisne à Vicil-Arcy,
et qui est en exploitation, j'ai ramassé :
Ostrea hybrida,
— punctata,
— eversa,
— Suessonicnsis,
Ccrithium involutum,
— striatum,
— biseriale,
Melania inquinata.
Les couches de cette ccndrière sont ainsi disposées :
1* Terre végétale O"?.')
2*» Débris de coquilles » 10
3« Sable et débris de coquilles » 20
4" Sable et glaise » » 15
5* Cendres grises sableuses, avec Cérites et Mélanies à la base. . . » 80
6" Sable et débris de coquilles 1 »
T* Cendres grises remplies de coquilles » 60
S* Lignites avec pyrites et glauconie 2 »
Total, au maximum 'ô^lO
A la base se trouve une couche argileuse qui retient les eaux colo-
rées en ocre rouge.
Sur le bord de la cendrière, du côté sud-est, on remarque que les
couches sont inclinées vers l'intérieur de la cendrière, dans laquelle
elles se sont déversées lentement et à l'état pâteux.
Sur la route de Limé au mont Notre-Dame, près de la ferme
Bruyère et sur le bord d'un chemin, à une altitude marquée 84 mètres
sur la carte, j'ai vu de grandes dalles de grès extraites du champ
voisin (5, fig. i et 2) et remplies d'empreintes de feuilles qui m'ont
paru provenir de Lauriers, Chênes verts et Érables, qu'on peut rap-
porter à l'époque pliocène. 11 y avait donc là à cette époque un étang
ou la rive d'un cours d'eau peu rapide.
En parlant de Courcelles par la route de Reims, on monte une
côte au sommet de laquelle on trouve, sur la gauche, un chemin
nouvellement réparé, conduisant à une tuilerie (I, fig. 1); sur les bas
côtés de ce chemin, à une altitude de 90 mètres environ (4, fig. 1 et 2),
j'ai trouvé des débris de végétaux empâtés dans des détritus et par-
celles de terre, carbonate de chaux, sable et glaise, et se délitant en
copeaux irréguliers. J'ai ramassé un morceau de bois de Palmier
siliciiié, du bois et des graines de Conifères, une feuille à*AraIia et des
débris de bois dicotylédones angiospermes; j'ai donne ces échantillons
1877. SÉANCE. 37
Si on se dirige du côté de l'est, on trouve dans un champ plactî sur
la lisière du bois :
Fusus minax,
Voluta labrella,
Natica grossa,
Cardita planicosta.
Cerithium lapidum,
Turritella sulcifera, elc,
J'ai encore vu le calcaire compacte à Damery, sur le chemin qui va
de la gare au château du Duc d'Uzès, et aux environs de Chûleau-
Thierry.
Dans un champ situé au-dessus du village de Brasles, j'ai trouvé le
calcaire grossier intérieur à l'état de roche, et un peu au-desàus, dans
un terrain meuble et cultivé, des coquilles du calcaire grossier moyen
mélangées à des coquilles des sables moyens.
Conclimons.
Les terrains situés sur la rive gauche de la Vesle, du côté du mont
Saint-Martin, où a pénétré la mer des sables moyens, sont plus élevés
que les terrains de la rive droite, où Ton ne trouve pas de vestiges de
cette mer. La rive droite, où il existe un dépôt lacustre, est à une
altitude de 145 mètres; la rive gauche, au mont Saint-Hartin, atteint
une altitude de 211 mètres; à huit kilomètres au sud on trouve les
sables supérieurs à 220 mètres. Les terrains se sont donc relevés en
basculant du côté de la rive gauche, fia différence d'altitude se fait
sentir à partir de la rive droite du Murton, où l'on a peine à suivre
la continuité des couches.
Ces mouvements du sol ont dû s'opérer après le retrait de la mer
des sables moyens et des sables supérieurs, vers l'époque pliocène, et
je crois que c'est vers cette époque que se sont formées les vallées de
ce pays. Celle de la Vesle, issue d'une crevasse, s'est élargie peu à peu,
et les eaux, qui primitivement étaient presque stagnantes, ont conti-
nuellement baissé de niveau, déposant de chaque côté de la vallée les
débris provenant des terrains supérieurs.
M. Xournouei* fait observer que la présence du Laurier et du Chône
vert dans le Pliocène, signalée par M. de La Moussaye, constituerait, si elle
était vérifiée, un fait nouveau.
M. de Mortillet fart la communication suivante :
38 DE MOUÏILLET. — JADÉlfE. 5 nOV.
Origine de la «fcMléïte»
par M. G. <le Alortillet.
Les études préhistoriques nous mettent en main divers bijoux et ou-
tils de roches dont nous ignorons complètement le gisement. Parmi
ces roches se remarquent surtout le jade et la jadéïte.
Dans l'ancien continent le jade n*est connu en place qu'en Asie.
De là on a conclu que les instruments eu jade ou jadéïte trouvés assez
abondamment dans TOuest de TEurope provenaient d'Asie. En Suisse
et en France ces instruments sont relativement nombreux. Cela suppo-
serait un énorme commerce continental d'une matière lourde et en-
combrante, à une époque où très-probablement il n'y avait pas encore
de routes tracées ; considération assez importante pour faire douter du
fait.
Si ce commerce avait eu lieu, partant de gisements abondants, il ne
se serait alimenté que de la meilleure qualité; les marchands ne se
seraient pas embarrassés de roches de qualités inférieures, tout aussi
lourdes, tout aussi encombrantes, tout aussi embarrassantes que les
meilleures. Pourtant les objets de jade et de jadéïte trouvés ouvrés en
Suisse et en France sont de qualités très-diverses et très-inégales comme
emploi : les unes font d'excellents instruments, les autres n'en font que
de fort ordinaires.
En tout cas ces diverses qualités et variétés, partant d'une origine
commune, l'Asie, et se disséminant partout, devraient se trouver mêlées.
Il n'en est point ainsi. Quand on étudie avec soin la distribution, en
France et eu Suisse, des instruments en jade ou jadéite, on remarque
que les diverses variétés sont cantonnées par régions. Ainsi, dans le
bassin de la Seine et de la Somme, on rencontre une variété de ja-
déïte grenue, qui ne se trouve presque que là et qui forme la majorité
des pièces. Dans l'extrémité sud-est de la France, les Alpes-Maritimes,
leVar, les Basses-Alpes, les Boi/ches-du-Rhônc, Yaucluse, laDrôme,
etc., on recueille un grand nombre de petites haches polies en une
espèce de jadéïte impure, toute spéciale, qui évidemment doit être une
roche locale. La Suisse, principalement dans les stations lacustres du
lacdeBienne, a fourni la jadéïte et le jade le plus pur et le plus beau.
M. le Docteur Gross possède une dizaine de haches de ce genre prove-
nant de la seule station de Locras. Le Musée de Saint-Germain en a
deux de la même station.
Depuis longtemps je soutiens que le jade et la jadéïte qui ont servi à
faire des instruuacnts pendant notre époque de la pierre, sont des ma-
tériaux de nos pays. La seconde hache en jade provenant de Locras,
1877. BENOÎT. — OBSEIIVATIO.NS. 39
acquise par le Musée de Saint-Germain, vient confirmer mon asser-
tion. En effet, cet outil a été fabriqué avec un caillou. L'extrémité du
tranchant est parfaitement polie ; le coté opposé a été piqué, pour qu'il
soit rugueux et ne glisse pas dans la gaine d'emmanchure; mais l'ex-
trême bout n'a pas été touché par l'ouvrier. C'est ce bout qui permet
de reconnaître que la hache a été faite avec un caillou. Mais, au lieu
d'être un caillou simplement roulé par l'eau, c'est un caillou glaciaire.
La surface n'est pas uniformément polie et arrondie, mais bien acci-
dentée et sinueuse; de plus elle porte deux ou trois stries bien mar-
quées. Poli et stries glaciaires montrent que les habitants des stations
lacustres de la Suisse allaient chercher les matières de leurs instru-
ments dans les moraines locales des anciens glaciers alpins. Or les
moraines des environs du lac de Bienne contiennent les roches des
montagnes de la rive droite, limitant le Valais au nord. C'est donc là
qu'il faut rechercher le gisement du jade et de la plus belle jadéïte uti-
lisés en Suisse à l'époque de la pierre polie.
M. Daubrôe ne voit rien qui prouve que les stries de la hache
dont vient déparier M. de Mortillet soient d'origine glaciaire. En etfet,
les stries si connues sur les roches et sur les galets glaciaires ressem-
blent extrêmement à celles que Ton peut pro<luire artiiiciellement par
le frottement. Rien de plus facile que de tracer de pareilles stries, et
cela en peu d'instants, quelque dure que soit la roche ; il n'est pour
cela aucunement besoin du secours d'une machine. Il est donc très-
possible que les stries dont il s'agit ne soient pas d'origine glaciaire,
que l'ouvrier, par exemple, ait essayé d'user une face avant de la polir.
On ne doit d'ailleurs pas oublier que certaines stries présentées par des
échantillons aujourd'hui isolés peuvent avoir été engendrées dans l'in-
térieur des roches, comme les miroirs de frottement des liions.
Après avoir autrefois constaté expérimentalement de tels effets sur
des roches de la dureté du jade, sur le granité et le quartz par exemple,
M. Daubrée a eu plus récemment l'occasion de les reconnaître sur la
plus dure de toutes les pierres, sur le diamant (i).
M. Benoit se rappelle avoir remarqué dans la moraine de Sainte-Croix,
située à i 250 mètres d'altitude et formée do matériaux provenant des Alpes,
des cailloux glaciaires d'une roche verte, transparente, fort semblable à celle
que M. de Mortillet vient do mettre sous les yeux de la Société. Le glacier qui
a déposé cette moraine venait du massif d'Alctsch (Valais) ; c'est donc dans
celte région que l'on pourrait peut-ôlre rencontrer le gisement du jade.
(1) Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, t. LXXXIV. p. 1277.
40 ROBEIIT. — VOLCKNS DE LA HAlTE-LOIRE. 5 DOV.
M. Daubrée fait obscner que le fait signalé par M. Benoit est le pre-
mier exemple, du moins à sa connaissance, do la rencontre, en Suisse ou dans
le voisinage, du jade proprentent dit.
M. Buvl^nlei* pense qu'il ne faut pas croire qu'il y ait eu autant de
variétés de jade que de peuplades ; celles-ci ont pu le transporter dans d'autres
localités.
M. de LiCippcireiil rappelle qu'il y a même des roches employées à
l'époque historique dont les gisements sont devenus incertains; certains marbres
cipoling par exemple. Par le fait même qu'une pierre est rare, elle est recher-
chée et disparait facilement.
M. Xerquem dépose sur le bureau un travail sur les Fora-
minirère» et les £iitoiiio8tra<^s « OstracodeA du
Pliocène supérieur de Vile de Rbodes (I) et en donne
une analyse sommaire.
Le Secrétaire analyse les notes suivantes :
Volcans de la Haute-Ivoire»
par M. Félix Robert (fin) (2).
CINQUIÈME AGE. — VOLCANS A SCORIES (intermédiaires).
Époque pliocène.
Après la formation des brèches volcaniques, la nature semble se
reposer. Combien de temps ce repos a-t-il duré ? On ne peut que le
supposer. Le climat du Yelay s est alors modifié; une température
plus douce s'est répandue dans la contrée. Autour des marais et des
lacs qui existaient à cette époque, une végétation nouvelle succéda à
la flore de Ronzon : des chênes, ucs hêtres, des peupliers, des vcrnes,
des châtaigniers, etc., s'emparèrentdes terrains incultes et finirent par
former de grandes forêts, où vinrent habiter plusieurs races d'ani-
maux, dont nous avons trouvé les débris fossiles dans les alluvions et
les éruptions boueuses des volcans qui nous restent à décrire.
Les volcans intermédiaires dessinent une chaîne circulaire autour
de la ville du Puy. Ils peuvent se classer dans l'ordre suivant :
(1) Ce travail paraîtra dans le 1" volume de la 3«' série des Mémoires de la Société
géologique.
(2; Voir Bull., 3' sûr., t. II, p. 245, et t. IV. p. 355.
1877. nOBRRT. — VOLCANS DE LA HAUTE-LOIRE. 41
Courant, Peyre-Amont, le cratère de Bar, Boury, Lanthenas, Eysse-
nac, Talobre, Taulhac, Mons, Doue, La Cussol, La Roche- Lambert,
Sainte-Anne, Croustet, Mont-Serre, Solilhac et le Mont-Coquille.
Toutes ces montagnes se ressemblent beaucoup par leurs formes
arrondies, par leurs cratères en grande partie comblés par des sco-
ries et cendres volcaniques, par leurs éruptions boueuses, leurs brèches
argiloïdes et leurs coulées de laves qui forment divers plateaux basal-
tiques se correspondant entre eux. Nous ne décrirons que les plus en
relief.
Courant,
Le volcan de Courant est un des plus élevés et des plus imposants
de la chaîne. Il s* est fait jour à travers le massif de granités porphy-
roïdes qui domine au couchant le bassin de l'Emblavés. Son cratère,
en grande partie comblé par les scories, se trouve au sommet de la
montagne, à une altitude de 1 O84 mètres. Il a produit plusieurs cou-
lées basaltiques, qui ont recouvert les marnes irisées, au midi
jusqu'à Chasseleuil et Cougac, au couchant vers Soddes.
Du sommet du volcan, on jouit d'un coup d'œil splendide et Ton
peut de là se rendre compte de notre système volcani(]ue; on domine
toute la plaine de TEmblavès, couronnée par les chaînes des volcans
basaltiques anciens, trachytes et phonolithes, qui se trouvent étagées
les unes au-dessus des autres; dans le bassin du Puy, on distingue les
brèches volcaniques et les volcans à scories, qui sont disséminés sur
sa surface; au midi et au couchant ce sont les volcans modernes qui
bordent cet immense horizon.
Peyre-Amont,
Le volcan de Peyre-Amont, près Saint-Geneys, est d'un aspect sai-
sissant par sa forme arrondie et terminée en cône. A son sommet,
à une altitude de 1 100 mètres, se trouve le cratère, en grande partie
rempli par les scories qui couvrent la montagne. Plusieurs coulées
basaltiques se sont épanchées vers le nord.
Volcan de Doury.
Le cratère de Boury, situé sur la montagne qui domine Allègre, a
la forme d'un fer à cheval; il s'est affaissé du côté de l'est, mais sur
le reste de son pourtour il est d'une conservation parfaite. Une petite
butte placée à l'est, à l'endroit appelé la Croix de la Pendue, semble
4â nOBERT. — VOLCANS DE LA HAUTE-LOIRE. 5 nOV.
avoir été sur'ce point la limite du cratère. La roche est caractérisée par
une grande abondance de pyroxène et par de nombreux fragments de
granités et de gneiss vitrifiés.
Cratère de Bar.
Le volcan de Bar a succédé à celui de Boury. C'est un des plus ma-
jestueux et des plus élevés de la chaîne; son altitude est de 1 171 mètres.
Il est isolé au milieu des granités, sur lesquels il repose, et domine au
loin toute la région environnante. Il est formé en grande partie par
des scories qui sont éparses sur la montagne et qui la couvrent sur
tous les points. Quelquefois ces scories s'agglutinent et forment des
brèches scoriacées k ciment de lave. Le péridot y est très-abondant;
il est ordinairement vert clair, granulaire et parsemé de grains plus
ou moins foncés ; au contact de l'air il se décompose et prend une
couleur rouge, qui se rapproche de celle du fer oxydé ; les larmes vol-
caniques en renferment souvent dans leur intérieur.
A sa base, le volcan a près de six kilomètres de circuit; en s'élevant,
il prend la forme d'un cône tronqué, au sommet duquel se trouve un
magniiique cratère, dont les bords, [parfaitement conservés, offrent
vers le midi une seule échancrure.
Sainte- Anne,
Le volcan de Sainte-Anne, situé au couchant du village de Polignac,
près de la ferme du Collet, le long de la grand'route du Puy à Cler-
mont-Ferrand, s*est fait jour à travers un massif de brèches volca-
niques qui se continue jusqu'à Denise.
De son cratère sont sorties des éruptions boueuses, des brèches ar-
giloïdes et des coulées de laves, qui se sont répandues au levant vers
Chadrac et au nord vers Bilhac.
Les débris des animaux fossiles que Ton trouve dans les alluvîons
et les éruptions de ce volcan peuvent se classer ainsi :
Elephas meridionalis,
Hippopotamus major.
Rhinocéros leptorrhinus,
Equus robustus,
Dos urus,
Ccrvus elatus,
Cervus dama,
Hyœna brevirostris,
— spelœa,
Felis cultridens,
Catiis spelœus,
— at?us.
Volcan de Solilfiac.
Le volcan de Solilhac a une altitude de 900 mètres; il domine au
1877.
ROBERT. — VOLCANS DE LA HAVTE-LOIRE.
43
midi le valtoQ de Cussac et au nord celui de Vialette. Sa forme est ar-
rondie, son sommet couvert de scories, de larmes et de bombes volca-
niques. Le cratère, appelé Tarsou, est au couchant de la montagne;
il est demi-circulaire et entouré de laves basaltiques qui se sont dé-
versées vers Blanzac et vers Chanceaux ; ces laves contiennent souvent
du pérldot.
Les alluvions et les éruptions boueuses de ce volcan renferment les
ossements d'une nombreuse série d'animaux fossiles, dont j'ai donné
la collection au Musée du Puy.
On y trouve, du côté de Vialette :
Mattodon Borsoni,
— Àrvernensis,
Rhinocéros Etruscus,
Tapir Aroemensis,
Antilope tortieornis,
Cervus Cusanus Vialettei»
Equtis robustus,
— Ligeris,
Hycena Vialettei,
Canis avus;
Du côté de Soleilhac, dans les ravins du volcan :
La Girafe,
Le grand Daim des tourbières d'Ecosse,
Un petit Daim f Cervus dama Poligna-
Un gracd Cerf doDt les cornes se ter-
minenten palmures {CdamaSolilhacus),
Antilope Rosetii,
Rhinocéros Uchorrhinus,
Hyœna brcvirostris,
Dos urus;
A Cussac :
Elephat meridionalis,
Bos VelauHus,
Cervus elatus.
Cervus communis,
— intcrmcdius .
Doue.
Les autres volcans n'offrent rien de particulier, si ce n'est la corres-
pondance de leurs plateaux basaltiques; aussi terminerons-nous cette
description par celui de Doue, qui a donné son nom à notre savant et
honorable confrère Bertrand de Doue, qui habitait l'ancienne abbaye
construite au milieu du demi-cirque que forme le cratère.
Le volcan forme un massif allongé, composé de brèches argiloïdes,
de plusieurs coulées de laves et d'un monticule à scories; au levant, il
a donné naissance à la fameuse Roche-Rouge, par un lilon basaltique
que l'on suit dans le granité dans la direction de Doue ; au nord, un
lilon de brèche communique avec le dyke de Brunelet, au sommet
duquel on aperçoit les ruines d'une ancienne station romaine.
44 nOBERT. — VOLCANS DE LA liAL'TE-LOlRE. 3 nov.
SIXIÈME AGE. — VOLCANS BASALTIQUES MODERNES.
Époque quaternaire,
La chaîne des volcans modernes s'étend deFix à Pradelles; au-delà
du cralère-lac du Bouchet, elle se bifurque et forme une seconde
chaîne qui se dirige de Bizac vers Présailles. Nous allons décrire ceux
qui offrent le plus d'intérêt aux points de vue géologique et paléonto-
logique.
Volcan de la Durande,
Le volcan de la Durande forme un cône isolé, qui s'élève jusqu'à
1 304 mètres d'altitude et qui domine les deux bassins du Puy et de
Langeac. Il se fait remarquer par ses^brèches scoriacées et ses coulées
de laves basaltiques, qui se sont répandues vers Beyssac et entourent
en partie les marais de Limagne. Les coulées de la Durandelle et de la
montagne de Rapine achèvent de circonscrire ce cratère-lac.
Volcans de Vergezac,
Les volcans de Vergezac se divisent en deux chaînes parallèles, qui
s'arrêtent à Mont-Bonnet; leurs laves se sont accumulées surplace
et forment des massifs qui se relient entre eux. A Mont-Boimet,
le Puy- Vieux se fait remarquer par son isolement et sa forme conique.
De là la chaîne se continue sur une seule ligne jusqu'au lac du Bou-
chet. Sur ce parcours on observe le dyke basaltique du Devèze, qui
domine toute cette chaîne (son altitude est de 1430""); puis les
trois puys qui ont donné son nom au village de Trespeuix.
Cratère-lac du Bouchet,
Lorsqu'on arrive au sommet du volcan du Bouchet, on est surpris
du coup d'œil qu'offre le lac, par son étendue de quatre kilomètres de
circonférence, et par sa forme circulaire entourée d'un rebord couvert
de scories. Les eaux de ce lac n'ont point d'issue; elles arrivent du
fond du cratère et s'infiltrent dans les parois pour sortir ; ce qui donne
lieu à différentes sources très-abondantes aux environs de Cayres.
Volcans de Breysse.
Les sucs de Breysse forment une chaîne de puys qui ont beaucoup
de rapports avec ceux des environs du Puy-de-Dôme, par leurs
1877. ROBERT. — VOLCANS DE LA HALTE-LOIRE. 45
cratères et leurs coulées de laves, appelées clieyres en Auvergne.
Cette chaîne se compose du Grand et du Petit Breysse, de la montagne
du Calvaire, de celle de Goudet et du volcan de la Mlssesèle près
Bizac.
Grand- Breysse.
Parmi les volcans les plus modernes, celui Jdu Grand-Breysse se
fait particulièrement remarquer par sa ressemblance avec le Puy de
la Vache (Puy-de-Dôme); son cratère est de même évasé du côté
du couchant, et plusieurs coulées laviques ou chcyres en sont sorties
et se sont répandues dans la plaine à une grande distance.
Petiô-Breysse.
Vu de loin, le Petit-Breysse ressemble beaucoup au volcan de Pa-
riou (Puy-de-Dôme) ; son cratère est très-profond ; il a été échancré
par une coulée de laves, qui se dirige du côté du Monastier et qui a
recouvert et protégé le^s alluvions marines des bords de la Colance.
Denise, — L* Homme préhistorique.
Nous terminerons l'étude des volcans de la Haute-Loire, en faisant
connaître les animaux qui accompagnaient THomme préhistorique
pendant son séjour dans le Velay. A Jax, près de Fix, on a découvert
au pied d'un volcan, dans un banc de pouzzolanes, un squelette hu-
main fossile; ce fait m'a été attesté par H. le Curé Bérard et par plu-
sieurs notables de l'endroit. Sur les brèches volcaniques venues de
Sainte-Anne, habitait une tribu de dolicocéphales, qui fut surprise
par les premières éruptions du volcan de Denise; on a trouvé leurs
ossements fossiles très-bien conservés dans les couches d'une coulée
qui repose sur la brèche et qui s'est déversée au nord dans le vallon
de Polignac. On rencontre dans cette même coulée les débris des ani-
maux qui vivaient pendant ce dernier âge des volcans, et que l'on
peut classer ainsi, de même que ceux des Bivaux et de Saint-Privat
d'Allier :
Hippopotamus major.
Rhinocéros tichorrhinus ,
— 7negarrhinus,
Elephas primigeiUu^,
Bos primigenius,
Equun robustus,
CcrcHS communia,
Cervus elatiis,
— dama,
— renna,
Ursus spelœu*",
Hyœna spclœa,
Canii avus.
46 ROBERT. — ALLUVIONS MARINES DU PUY. 5 nov.
Observations sur les A.lluvloiis marines et les Marne»
Irisées du bassin du Pu y»
par M. Félix nol>ert«
Si l'on suit la nouvelle route du Monastier par le vallon de la Gagne,
on rencontre près du village de Couteaux les alluvions marines décou-
vertes par notre savant confrère M. Vinay ; elles s'étendent jusqu'à la
rivière de Laussonne, où Ton peut les étudier sur plus de cent mètres
de hauteur.
Elles se composent de bancs d*argiles siliceuses, rougeâtres, avec
trous de Pholades, et de bancs de sables granitiques avec cailloux rou-
lés de quartz et de grès siliceux renfermant des empreintes de coquilles
marines : Posidonia, Ammonites, Belemnites, Pecten, Terebratula et
autres espèces des terrains jurassiques.
De Tautre côté du Monastier, on retrouve les alluvions marines sur
les bords de la Colance, avec les mêmes cailloux roulés et les mêmes
coquilles marines. Elles ont là une puissance de plus de deux cents
mètres et se perdent sous les laves du volcan du Petit-Breysse et sous
celles de la montagne du Calvaire, près de Saint-Martin-de-Fru-
gères (1).
Le long de ces deux rivières, on suit ces alluvions marines depuis
Chadron et Coubon jusqu'à Chauderoles; elles contiennent parfois des
bancs intercalés de marnes irisées. La puissance de ces dépôts marins,
qui ont une largeur de 15 kilomètres sur une longueur approximative
de 30 kilomètres, ne peut être attribuée à la rupture de lacs supé-
rieurs; ils sont le résultat du déplacement de la mer jurassique,
causé par le soulèvement des montagnes de l'Isère et des Alpes, à
l'époque de l'émission des granités porphyroïdes, qui se sont fait jour
à la fin de la période secondaire.
Dans les bassins du Puy et de l'Emblavés, les marnes irisées, qui
s*élèvent jusqu'à 400 mètres, n'ont pu se déposer que dans les eaux
delà mer, qui ont trouvé une issue par la grande vallée de Laussonne
et ont formé un grand lac, circonscrit par les granités. Les alluvions
marines se sont arrêtées sur les pentes, tandis que les couches mar-
neuses, en se déposant dans des eaux tranquilles, ont atteint la hau-
teur que nous venons d'indiquer. L'absence dans ces couches de
cailloux roulés et d'alluvions sableuses provenant des orages fait sup-
poser qu'elles ne sont point le produit des eaux douces.
(1) M. G. Fabrc les a signalées de môme au-dessus de Langogne (Lozère), sous le
nom de chailles. et M. druner dans la plaine de Roanne.
1877. BORREL. — ÉBOULEMCNT DU BEC-ROUGE. 47
Ainsi se présentait notre pays au commencement de la période ter-
tiaire; c'était une suite de lacs qui communiquaient avec ceux de
l'Auvergne, jusqu'à l'Océan.
Sur refoulement de la montagne du Oec-Rouge (Savoie),
par M. L. Oorrel.
La montagne du Bec-Rouge est située sur le territoire de Sainte-Foy
(Tarentaise); le versant sur lequel l'éboulement s'opère a une largeur
de 1 450 mètres; sa pente est de Oi"8i par mètre; ce qui donne une
différence de niveau de 1 218 mètres. Si l'on ajoute à ce chiffre
celui de l'altitude du village du Miroir, qui est de 1 200 mètres, on
obtient 2 508 mètres pour la hauteur du Bec-Rouge au-dessus du ni-
veau de la mer. Le sommet du versant est à pic sur une longueur
d'enviroir 300 mètres, et sur une hauteur de 150 mètres au maximum.
Le faite de la montagne, dirigé est-ouest, forme un plateau large de
60 à 110 mètres, et légèrement incliné du côté du versant en désagré-
gation. Un habitant de la localité, qui fait pattre tous les ans, pen-
dant l'été, son bétail sur ce point culminant, m'a assuré, sur les lieux,
que celte déclivité ne datait que de quelques années.
On observe sur ce plateau de fortes dépressions qui suivent la direc-
tion de la montagne et qui paraissent être d'anciennes failles remplies
par les matériaux détachés du haut de leurs parois; l'une d'elles res-
semble à un petit vallon.
La roche est dénudée sur une certaine étendue du plateau. On y
voyait, le jour de ma visite, une grande quantité de fentes récentes,
dont trois, entre autres, d*une grande longueur dans le sens de
kl direction de la montagne» mesuraient, la plus petite O'^GO, la
moyenne 0™80 et la plus grande 3™20 de largeur. Pendant un in-
tervalle de trois heures, celle de 0°*80 s'est élargie de 0"K)2 et celle
de 3'n20 de 0"^12. La plus large fente était la plus rapprochée, et la
plus étroite la plus éloignée de la partie verticale qui s'écroule.
Toute la surface à nu de la roche qui couronne le plateau ressemble
h un immense dallage disjoint qui aurait été posé sur un terrain mou-
vant.
La montagne est formée de bancs légèrement inclinés vers Test,
d'un gneiss qui tantôt alterne avec de minces couches de quartz,
tantôt, mais plus rarement, est parsemé de grains ou rognons de la
même substance. Dans la masse d'une même couche on peut trouver
la structure massive granulaire, grise, avec passage soit au micaschiste,
soit à l'aspect arénacé avec absence de quartz.
48 BOUKEL. — ÊBOULEMENT DU BEC-ROUGE. 5 nOV.
Les causes naturelles du phénomène sont complexes et extérieures.
II tombe tous les hivers une grande quantité de neige sur cette
montagne. Toutes les fentes, toutes les dépressions du sol, qui sont
nombreuses et fortes, sont remplies de cette neige serrée, tourmentée
par le vent et qui forme de vastes et épais névés dont la fonte com-
mence en mai et ne finit qu'en juillet. Il y avait encore, le 28 juin, des
névés d'une épaisseur de 3'"50. Les^aux provenant de la fonte de ces
neiges accumulées, ainsi que celles des pluies pendant la belle saison,
s'écoulent dans les fentes de la montagne et en désagrègent les
couches. Il est à remarquer que plusieurs petites sources ont soudai-
nement jailli au pied de la montagne pendant les premiers jours de
son écroulement.
A mesure que les fentes s'élargissent, des fragments de roche
se détachent de leurs parois, tombent et, faisant fonction de coin,
aident à la poussée des tranches verticales qui tendent à se séparer de
la masse.
Il existe, au pied de la partie à pic qui s'écroule, un redan, dû
sans doute à Thomogénéité de la roche sous-jacente, qui, du reste,
est recouverte de gazon. L'eau provenant de la fonte des neiges
accumulées par les vents en hiver sur ce redan altère la cohésion de la
roche à sa base. Lorsque celle-ci est décomposée à un point qui la
rend incapable de résister à l'écrasement du poids de la masse, la
roche s'affaisse et s'écroule. Les portions terreuses, pulvérulentes, et les
petits fragments restent en route, forment une couche inclinée plus
ou moins unie, plus ou moins épaisse, tandis que les gros fragments
glissent, roulent ou bondissent sur cette couche.
n faut ajouter à ces causes destructrices les actions atmosphériques,
très-énergiques à cette altitude et qui altèrent considérablement les
roches stratifiées, surtout dans leurs parties dénudées.
Le phénomène qui se produit au Bec-Rouge n'a rien de mystérieux ni
de surnaturel. Nous voyons s'accomplir là ce <]ui s'est passé de siècle
en siècle sur plusieurs de nos montagnes, et ce qui se passera sur beau-
coup d'autres encore.
L'eau désagrège, molécule par molécule, chimiquement et de la
manière la plus naturelle, bien que lentement, les portions de la
roche qu'elle lave. La désagrégation convertit en poussière ce qui était
compacte; de là l'inclinaison des couches rocheuses comprimant par
leur poids les portions qui ont perdu leur consistance première, et
ensuite leur glissement et leur chute. Cette poussière prend la plasti-
cité de l'argile lorsqu'elle est mouillée; aussi remarque-t-on que la
chute des roches du Bec-Rouge diminue pendant les temps de pluie,
dont l'eau rend l'argile tenace, et auguicnlc notablement durant les
1877. BORREL. — ÉBOCLRUEiNr DU BEC-ROUGE. 49
temps secs et chauds, qui amènent l'évaporation de Teau et par suite
le retour à Télat friable et pulvérulent des parties devenues terreuses.
On sait que la décomposition naturelle des roches du groupe des
feldspaths amène leur réduction en matière terreuse. On sait aussi que
cette décomposition est due à Venlèvement graduel par l'eau, soit du
silicate de potasse pour certaines roches, soit du silicate de soude pour
d'autres. Cet enlèvement partiel ou total des silicates alcalins laisse
pour résidu les silicates d'alumine et de magnésie, tout à fait inso-
lubles, et sous forme d'argile spécialement.
L'écroulement du Bec-Rouge nous montre en grand et les résultats
mécaniques pour les roches non encore décomposées, et Faction chi-
mique exercée petit à petit sur leurs portions superficielles.
Dans leur parcours du sommet à la base de la montagne, presque
tous les blocs se divisent en plusieurs fragments, dont les chocs réci-
proques causent un bruit comparable à celui de la mousqueterie.
Quelques-uns de ces éclats, rejetés par le choc latéralement à la ligne
que suivait le bloc avant sa division, s'arrêtent sur la surface du ver-
sant qui est recouverte d*une couche de terre sablonneuse, formée des
détritus de la roche écroulée, et glissent ensuite lentement sur cette
terre mouvante, jusqu'à ce que, rencontrant une déclivité plus forte
que celle sur laquelle ils ont été jetés, ils repartent instantanément et
roulent jusqu'au fond de la vallée.
On voit de temps en temps, sur des points quelconques de la sur-
face du versant, s'élever des tourbillons de poussière, alors même
qu'aucun bloc ne roule. Ces tourbillons sont le résultat, les uns du
soulèvement, par des coups de brise, des parties pulvérulentes, les
autres du glissement de la poussière dans les petits ravins qui se pro-
duisent sur la pente en mouvement, et spécialement dans les trous
creusés par les pierres dans leurs bondissements.
La partie du plateau fissurée récemment a 250 mètres de longueur
sur (50 de largeur a l'est et 25 à l'ouest.
L'éboulement ne cessera que lorsque toute cette surface se sera abî-
mée. La partie verticale de la cime aura alors disparu ; la crête se sera
arrondie et la pente du versant suivra à peu près uniformément une
ligne infléchie, il se formera probablement un lac en amont des dé-
bris amoncelés de la montagne.
Les conséquences de la chute du Bec-Rouge seront la perte de toutes
les propriétés particulières assises sur son versant sud et la destruc •
tion probable du \illage des Masures par les avalanches de neige»
par suite du comblement du fond de la vallée.
Le village du Miroir, plus directement menacé et dont quelques
maisons ont déjà été renversées, est un peu protégé par une forêt sécu-
4
50 DUFOUR. — RÉI»OiNSE A M. VASSKUR. 5 nOV.
culaire et semble ne courir de dangers immédiats que dans sa partie
est.
Plus tard, Tcspcce de plateau plus ou moins incliné, plus ou moins
bombé, qui sera formé par les débris en poussière terreuse et en petits
fragments qui ne roulent pas jusqu'au fond de la vallée (5omme les
gros blocs, sera cultivable, comme le sont actuellement ses nombreux
analogues sur les flancs de nos montagnes, comme Tétait le plateau du
Miroir que recouvrent maintenant et surélèvent chaque jour les détri-
tus du Bec-Rouge.
Réponse à M. Vasaeur au sujet de Vâge des dépôts éoeènee du
diamp-Pancaucl en Gampbon (Loire- Inférieure),
par M. Du Tour.
J'ai eu riionneur de présenter à la Société géologique, dans sa séance
du 20 novembre 1876, un Essai sur les tet^ains tertiaires de Carnphon
(Loire-Inférieure) (1), dans lequel la majeure partie des couches du
Champ-Pancaud était pour la première fois assimilée au Calcaire gros-
sier supérieur, et quelques-unes seulement restaient classées dans le
Calcaire grossier moyen ou inférieur.
Quelque temps après, M. Vasseur, dans une note sur le même
sujet (2), en rapportant toute la formation au Calcaire grossier supé-
rieur, attribua cette opinion à notre émincnt confrère M. Hébert, qui
l'aurait eue dès 1855, à la suite de recherches faites par lui, cette
même anné^, dans la localité.
Malgré mon éloignement pour les questions personnelles, je dois
faire remarquer que, lorsque M. Lory présenta à la Société, dans la
séance du 5 novembre 1855, au nom de M. Cailliaud, un Aperçu sur
les terrains tertiaires inférieurs des communes de Carnphon, Ar-
thon, Ché^neréct Machccoul (3), aperçu dans lequel mon vénéré prédé-
cesseur, rapportant les dépôts d'Arthon et de Machecoul au Calcaire
grossier inférieur, relevait tous ceux de Campbon jusqu'à l'horizon de
Grignon seulement, M. Hébert, présent à la séance, se contenta de
rappeler (4) que « Lyell avait depuis longtemps signalé les lambeaux
de terrain éocène du département de la Loire-Inférieure ».
Il ne paraîtra guère douteux que si le savant professeur avait pu se
(1) Bull., 3« série, t. V, p. 73.
(2) Bull., 3* série, t. V, p. 166; séaDCc du 15 janvier IBT,!.
(3) BulL, 2' série, t. XUI, p. 36.
(I) Ibid., p. 43.
1877. SÉANCE. 51
former de visu, dès cette époque, l'opinion qu'on lui prête, il n'eut pré-
senté quelques observations dans ce sens à la suite de la lecture du
mémoire de Cailliaud.
Il doit donc y avoir confusion de date ou de fait de la partdeM. Yas-
seur. En tout cas, et comme il le reconnait lui-même, l'opinion do
M. Hébert n'ayant jamais été publiée, je ne pouvais la connaître et la
question de priorité ne saurait être douteuse.
Cela dit, je ne puis être que très-heureux de m'appuyer sur la haute
autorité du savant professeur de la Sorbonne pour l'assimilation des
couches supérieures du Champ-Pancaud, sur lesquelles seules a dû
porter son examen ; mais j'ai le regret de ne pouvoir me ranger à l'avis
de M. Vasseur, qui place aussi (1) dans le Calcaire grossier supérieur
les couches profondes de la môme localité.
Les études que j'ai continuées me portent même à accentuer davan-
tage Topinion que j'ai formulée à cet égard dans ma note du 20 no-
vembre dernier. Dans cette note, en effet, adoptant la classification
proposée par M. Hébert (2), qui divise, avec raison ce me semble, le
Calcaire grossier en supérieur et inférieur seulement, je plaçais à la
base du niveau supérieur de ce dernier étage, et en correspondance avec
le Calcaire grossier moyen, le banc à coquillages du Champ-Pancaud ;
aujourd'hui je suis plutôt porté à le faire descendre légèrement jus-
qu'à la portion la plus récente du niveau inférieur.
C'est la conviction que je voudrais faire ressortir incidemment du
travail sur les dépôts éocènes d'Arthon-Chémeré que j'ai l'honneur de
soumettre aujourd'hui à la Société.
Quant aux sables de La Close, je suis obligé de réserver mon opinion
et je ne serai en mesure de me prononcer définitivement à leur égard
qu'après avoir achevé l'étude approfondie des nombreuses espèces
fossiles que j'y ai recueillies.
M. Hébert dit qu'il ne peut s'expliquer la réclamation de M. Dufour;
il n'a jamais rien revendiqué au sujet de l'âge dos couches de Carapbon ; il
s'est borné à communiquer à M. Vasseur des notes prises autrefois et qui se
sont trouvées conformes aux observations de ce géologue.
Le secrétaire analyse la note suivante :
(1) BuU.,3'8éT,, t. V, p. 175.
(2) In Ch. Lyell, L'Ancienneté de l'Homme, add.. p. 9; 1870.
52 DiTOUR. — ÉocÈNE d'arthon-chémeré. t) nov.
Examen des dépôts éoc^nesi tTi^rlbon-Cliéineré /Lotre-
Infërieure),
par M. E. Dufour.
PI. I.
A 23 kilomètres au sud de Campbon, de l'autre côté de la Loire, se
trouvent les dépôts éocènes d'Artlion et de Cliémeré; et le même ali-
gnement, prolongé vers le sud, rencontre, à moins de dix kilomètres,
les calcaires analogues de Machecoul.
Les couches d'Arthon-Chémeré s'élcndent sans interruption entre ces
deux bourgs, sur une longueur d'environ 3 kilomètres, formant du
côté sud-est de la route qui les relie une lisière de quelques centaines
de mètres, et du côté opposé une bande de près de trois kilomètres de
largeur. La surface qu'elles occupent peut être ainsi évaluée à une di-
zaine de kilomètres carrés.
Sur celte étendue, elles forment une plaine mollement ondulée,
dont le sol sablonneux et calcaire entretient une végétation spéciale et
ti'ès-riche; je l'avais longtemps exploré avec profit comme bota-
niste, avant de l'étudier comme géologue.
Les sables du Diluvium, brun-jaunâtres et très-fins, recouvrent
toute la plaine sur une épaisseur à peu près uniforme. Les cailloux
roulés de silex et quelquefois de calcaire en ont occupé, par suite de
leur poids, la partie inférieure, et les séparent très-nettement des
sables tertiaires, d'un blond pâle, à grain plus ou moins fin, et plus ou
moins agglutinés et stratifiés, qui ont comblé sur beaucoup de points
les dépressions du calcaire sous-jacent.
Ce calcaire, en général gris-jaunâtre, à texture grossière et rempli
de galets de quartz plus ou moins volumineux, est le plus souvent
assez friable, mais quelquefois très-cohérent.
Il est exploité irrégulièrement dans un certain nombre de petites
carrières, comme moellon de médiocre qualité, pour des constructions
locales, et, dans les deux principales, pour la fabrication d'une excel-
lente chaux grasse, produite par un four établi depuis de longues
années.
L'exploitation de ces calcaires paraît d'ailleurs remonter à une
date très-reculée, et la trace en est visible sur les parois de quelques
carrières réouvertes depuis peu, après avuir été comblées par les dé-
chets d'extraction à une époque dont la tradition a perdu le souvenir
et qui pourrait avoir suivi l'occupation romaine. Car les Romains
1877. DUFouR. — tocÈME d'artiion-ciiémëiœ. îii
avaient fait d*Arthon une station importante, comme en témoignent
les briques à rebords assez abondantes sur certains points, les vestiges
d'une salle de bains à carrelage vernissé, découverts autrefois dans le
bourg même, et surtout Taqueduc amenant, de près de trois kilo-
mètres au nord, les eaux de la fontaine Bonnette, et dont j'ai constaté
la parfaite conservation sur près do 500 mètres de longueur.
Malgré leur faible relief, les ondulations du sol ont une origine vio-
lente, comme en témoignent les nombreuses petites failles que je si-
gnalerai et dont les bords ont été nivelés postérieurement par de ra-
pides courants diluviens venant de Test.
La cause immédiate de ces dislocations est d'ailleurs manifeste,
Cailliaud ayant signalé sur sa Carte géologique de la Loire-Inférieure
deux pointcments de rocbes cristallines, situés vers la limite sud-ouest
du terrain qui fait Tobjet dece travail ( PI. 1, lig. 1, S, S' ).
Ce phénomène local ayant lui-même inscrit sa date, doit être placé,
comme on le verra, peu de temps après le dépôt du Calcaire grossier
dans notre région, et avant que sa consolidation fût achevée.
Quant au mouvement général qui a porté tout le plateau h une alti-
tude moyeinie de 12 à 14 mètres au-dessus du niveau de la mer, c'est
là un phénomène subséquent, séparé du premier, comme je le démon-
trerai, par un intervalle de temps considérable.
Tous ces faits m'ont été dévoilés par l'étude dos coupes des carrières
d'Arthon, que je vais décrire dans Tordre le plus propre à faire saisir
la succession des phénomènes, tout en évitant, autant que possible,
d'inutiles répétitions.
1° Carrière du ynoulin d'Arthon, dit Moulin- Neuf (V\. I, hg.i).
La grande carrière située auprès du premier moulin d'Arthon, dit
Moulin-Neuf, est la plus rapprochée du bourg. La paroi exposée à
Test et sur laquelle la disposition des couches, plongeant au sud-ouest,
peut être le mieux observée, est orientée à peu près exactement du
nord au sud. A la partie supérieure, les intluences atmosphériques ont
déterminé la séparation du calcaire en minces plaquettes dont l'agen*
cernent rend l'allure générale plus facilement appréciable.
Vers l'entrée nord, voisine du chemin, au-dessous des sables et des
cailloux roulés du Diluvium, se trouve une couche, 4, de plus de
2"*50 de puissance, d'un conglomérat assez cohérent, divisé vers le
haut, 4', en plaquettes, jusqu'à la profondeur d'environ 0"G0, et qui
est formé de grains de quartz roulés, pisiformes, cimentés par un cal-
caire blanc-grisàtre.
o4 DLFOUR. — ÊOCÈiNE D ARTHON-CHÉMERÉ. 5 nov.
A difTëientcs hauteurs dans la niasse, sont arrêtés des nodules
aplatis, a, argilo-sableux, d'un jaune safrané, que j'ai eu l'idée de
fendre parallèlement à leur plus grande surface et dans l'intérieur
desquels j'ai trouvé, pour la première fois (1), de nombreuses em-
preintes végétales, se rapportant surtout à des Zostéracées et à des
Phragmites, et peut-être à de.s Fldbellaires,
L'ensemble de cette flore, que je me propose d'étudier avec soin
quand j'aurai pu réunir un assez grand nombre de bons exemplaires,
rappelle singulièrement celle du banc royal de Gentilly et surtout des
calcaires de Bagneux, près Paris, ce qui ne surprendra pas quand
j*aurai démontré l'ancienne existence, sur lo plateau d'Artlion, avant
la dénudation diluvienne, du Calcaire grossier supérieur, d'où les no-
dules argileux ont pu descendre, en partie, pendant la consolidation
des couches sous-jacentes.
Au-dessous, une couche de 1 mètre d'épaisseur, 3, de calcaire sa-
bleux, d'un jaune-verdâtrc pâle, renferme encore quelques-uns de
ces nodules à sa partie supérieure. On y trouve en outre quelques
fossiles, entre autres : Cardiicm aviculare, Terebellum convolutum,
Conus antediluvianiis, Orbitolites complanata, etc., qui pourraient la
faire rapporter au Calcaire grossier moyen ou au niveau le plus
élevé du Calcaire grossier inférieur; assimilation que semble con-
firmer la présence, vers le bas, de YEchinocyamus pyrtformis en
assez grande abondance.
Si l'on avance de quelques pas vers le sud, le long des parois de la
même carrière, on se trouve en présence d'une faille bien caracté-
risée, entre les parois de laquelle se montrent les mêmes couches,
dont l'ensemble s'est évidemment affaissé tout d'une pièce, attes-
tant, par la concavité de sa partie moyenne, la plasticité que ses élé-
ments les plus récents avaient encore conservée.
Sur l'autre bord de la faille, vers le sud, le dépôt a été, au
contraire, soulevé, et laisse apparaître deux couches plus anciennes,
dont il est facile de constater la discordance notable de stratification
par rapport à celles qui viennent d'être décrites et qui les recouvrent
immédiatement.
La première de ces deux couches, 2, d'une épaisseur moyenne de
0™60 et dont l'inclinaison apparente est d'environ 30» vers le sud,
est formée d'un calcaire grossier gris-jaunâtre, compacte, assez dur,
renfermant des galets quelquefois assez volumineux de quartz roulé,
souvent coloré en vert-clair. Ce banc, pétri de fossiles, et qu'on ne
peut s'empêcher de comparer au banc à coquillages du Champ-Pan-
d: nul!., 3' sér., t. V, p. 510; 1877.
1877. DUFOUH. — ÉOCÈNE D'ARTHON-CIIÉMRnÉ. 53
caud en Campbon, contient, outre la plupart des fossiles de cette der-
nière localité, un grand nombre d'autres espèces qui ne peuvent ap-
partenir qu'au Calcaire grossier inférieur.
Parmi les espèces identiques avec celles de Campbon, je citerai en
première ligne un grand Cerithium que j'avais rapporté à tort au
C, giganteum, Lam., sur l'autorité de MM. Cailliaud et Deshayes, qui
ne l'avaient connu qu'à l'état de moule. L'examen de quelques spéci-
mens de cette espèce trouvés à Campbon par M. Yasseur, et dans les-
quels une partie du test était représentée par le remplissage de loges
de Cliones, avait déterminé ce jeune géologue à l'assimiler au C. Pari,
siense. Mais de meilleurs échantillons que j'ai pu étudier m'y ont fait
trouver des différences notables, et je crois être fondé à en faire une
espèce nouvelle.
Vient ensuite le i2o5^(???arta CailUaudi, Desh., identique avec l'es-
pèce de Campbon que j'avais nommée R. Dc^/ia^esi, d'après Cailliaud.
M. Yasseur a cru pouvoir la rapporter au R. athleta, mais M. Deshayes
l'en distingue formellement. L'espèce, déjà rare à Campbon, le devient
extrêmement à Artlion, où Cailliaud seul l'a rencontrée.
Je citerai encore :
yalica cepacea,
Cyprœa inflata.
Terebellum eylindricum , CuilIiauJ ,
semblable à l'espèce de Campbon,
Yohita harpa,
Hipponix cornu-copiœ,
Cardium gratum,
Modiola cordata,
Pecten iufitmatua .',
Ostrea eymbula, etc.
Un Echinolampas désigné sous le nom d'-^. ovalis par M. Malhe-
You, mais qui pourrait bien être une aspèce nouvelle, commune à Ar-
thon, a été rencontré aussi à Campbon, non-seulement par ce savant
géologue en 1867 (1), mais encore par moi-même dès 1861 ; je l'avais
étiqueté dans ma collection E, afpnis.
J'avais recueilli en même temps, au Champ-Pancaud, un Pygo-
rhynchus probablement nouveau, mais qui est voisin du P. Grigno-
netisis très-abondant à Arthon.
Comme on le voit, la très^grande partie des espèces signalées au
Champ-Pancaud se retrouvedans le banc de coquillages d'Arthon, mé-
langée, il est vrai, avec d'autres fossiles dont la présence a pu dé-
pendre de la nature du fond ou de la profondeur de la mer; peut-
être même, de ce qu'Arthon était situé vers lenlrée du golfe dont
Campbon occupait le fond; ou enfin, d'une légère différence d'âge
qu'indiquerait la discordance des couches d'Arthon, tandis que celles
de Campbon concordent assez bien entre elles.
i\) nun,,r s.:t., t. XXIV, p. su.
56 DUFOUR. — ÉocÈNE d'arthon-ciiémeré. 5 nov.
Je ne citerai ici qne quelques-unes de ces espèces spéciales au banc
d'Arthon, reportant leur énuraération complète à la fin de ce mémoire.
Je mentionnerai d'abord un gros Nautile particulier à celte localité
et qu'on avait assimilé au N. Lamarcki, mais qui me paraît en diffé-
rer notablement et constituer une espèce nouvelle.
Tiennent ensuite :
Phorus PavisiensiSr
Trochtu crenularig,
Voluta muricina ?,
Fusus scalarinus,
Bipponix dilatata,
Lncina eontorta,
Corbis lamellosa,
Cardium verrucosum.
Cardium hippopœum,
Pectunculus pulvinatus,
Pecten tripartilu^,
Spondylus rarispina,
Chama calcaraia,
— substriatat
Ostrea flabellulay etc.
C'est-à dire, avec quelques autres, des espèces qui caractérisent en
général le Calcaire grossier inférieur.
Leur mélange à Arthon avec presque toutes celles que fournit le
banc à coquillages du Champ-Pancaud ne permet guère d hésiter à
placer cette couche de Campbon à la partie supérieure du niveau le
plus ancien du Calcaire grossier inférieur, tandis que je l'avais mise à
la base du niveau le plus récent de ce même calcaire inférieur*
Est-il nécessaire d'ajouter que rien, dans les données paléontolo-
giques qui précèdent, ne fournit d'argument en faveur de l'opinion
de M. Yasseur qui rapporte toutes ces couches de Campbon au Cal-
caire grossier supérieur?
Au-dessous du banc à coquillages d'Arthon se trouve un banc puis-
sant, 1, d'un calcaire grisâtre, compacte, peu fossilifère, dont l'ex-
plortation n'atteint pas la base. Peut-être, à une profondeur plus
grande trouverait-on le Nummulites lœvigata, que je n'ai rencontré
dans aucune des carrières; Cailliaud n'avait pas été plusheureux.il
est vrai que M. Matheron signale cette espèce; mais elle doit y être
assez rare, tandis qu'elle ne Test point dans les calcaires de Saint-
Michel près Machecoul, et qu'elle abonde dans les grès calcarifères
des îlots de la Banche et du Four.
Cela me donnerait à penser que ces derniers sont un peu plus anciens
el représenteraient le commencement du Calcaire grossier inférieur.
2« Carrière du moulin des Vignes, dit Moulin Théodule (PI. I, fig. 3 et 3>
Cette carrière, située à 150 mètres au nord-est (1<î la pn'cLdonte,
offre à peu près la même succession de couches. Seulement l'assise su
1S77. DUFOUn. — ÉOCÈNE d'arthon-chémerk. 57
péricure, 4, contenant bien moins de graviei'S quartzeux, est plus ho-
mogène, plus compacte et plus dure, et renferme de petites poches sa-
bleuses, remplies de Foraminifères peu agrégés et abondants, surtout
à la partie intérieure, où ils tbrmcnl une bande, 4'', presque continue,
de 0™1 d'épaisseur. La couche sous-jacente, 3, est aussi plus com-
pacte et plus dure à sa surface, suivant une zone, 3', de 0*^1 à 0"^i de
largeur, qui renferme un grand nombre de petits bivalves.
Cette disposition semblerait indiquer qu'après le lent affaissement
qui a dû précéder les relèvements brusques, il y a eu un temps d'ar-
rêt, pendant lequel le point en question formait le rivage où, sous une
faible profondeur d'eau limpide, se sont multipliés d'abord les Acé-
phales, puis les Foraminif%i*es, quand l'accumulation des sables eût
favorisé leur développement.
La paroi nord-est de cette carrière (PI. I, fig. 3) montre au niveau
supérieur de la portion qui s'est affaissée entre les deux bords d'une
faille, une roche, 5', plus compacte et plus blanche, non stratifiée,
et qui semblerait s'être épanchée, à l'état encore fluide, des
parties latérales, au moment de leur surélévation relative.
Toutes les couches présentent d'ailleurs en cette partie une épais-
seur plus grande que leur puissance réelle, parce qu'elles sont coupées
obliquement, leur plongement étant d'environ 15^ vers le nord-est,
c'est-à-dire inverse de celui des couches de la précédente car-
rière.
La paroi opposée (PI. I, fig. 3') porte la trace bien évidente d'une
très-ancienne exploitation superficielle, dont les excavations ont été
plus tard comblées avec les déchets de carrière qu'une abondante
végétation a pendant longtemps recouverts.
Je n'ai point rencontré dans cette carrière de nodules argileux à
empreintes végétales, soit qu'elle se soit trouvée en dehors des cou-
rants qui charriaient de tels limons, soit que les nodules aient été
arrêtés dans la partie supérieure que la dénudation a fait disparaître.
3° Carrières du four à chaux (PI. I, fig. 4 et 5).
Les deux carrières situées derrière le four à chaux d'Arthon sont
orientées à peu près N. S. La plus grande et la plus anciennement
exploitée (PI. L iig. 4) présente les couches déjà connues, et dans le
même ordre. Seulement l'argile jaune à empreintes végétales, plus
abondante, en raison, sans doute, de la proximité de son lieu d'ori-
gine, s'est arrêtée à la surface de la seconde couche, 3, déjà durcie,
et sur laquelle elle s'est étendue de manière à présenter dans la
58 DUPOUR. — ÉocÈ.NE d'arthon-chémeué. 5 nov
tranche un mince cordon, a, à peu près continu, de O"01 à peine
(rëpaisseur, séparant cette couche de celle qui l*avait recouverte, 4,
et qui n'était point alors consolidée.
A l'extrémité sud de la petite carrière (PI. I, fig. 5), les mêmes
causes ont produit les mêmes effets, et l'on observe le même cordon
d'argile à végétaux séparant les deux couches 3 et 4.
Mais ici ce cordon s'arrête nettement à une faille résultant de
l'exhaussement brusque de toute la partie nord, par suite duquel les
couches inférieures, le banc à coquillages, entre autres, avec le
grand Cérithe, les Rostellaires, etc., sont devenues visibles, tandis
que la couche supérieure, 4, et une partie, sans doute, de la cou-
che 3, dénivelées, ont été enlevées postérieurement par la dénudation,
avec les nodules argileux qu'elles pouvaient contenir.
Cette circonstance facilite l'exploitation des bancs calcaires, 1 à 3»
convenables pour la fabrication de la chaux de bonne qualité, tandis
que du côté sud de la faille la couche 4, qui se présente à la même
hauteur, renferme des graviers quartzeux en trop grande abondance
pour être propre à la cuisson.
4*^ Excavations du moulin du Points du- jour, dit Moulin- Rouge,
Les deux petites excavations supeiiicielles situées au pied du Mou-
lin-Rouge présentent cet intérêt qu'elles montrent, à 0'"50 ou 0"60
de profondeur seulement, le banc à coquillages, 2, à grands Cérithes,
recouvert de quelques centimètres à peine de la couche 3, qu'on pour-
rait nommer couche à Scutelliens, en raison du grand nombre de pe-
tits Échinodermes clypéastroïdes : Scutellina nummularia, Sismondia
Cailliaudi, Lenita patellaris et surtout Echinocyamus pyriformis,
qu'on y rencontre sur ce point.
Tout le reste du terrain, sur une épaisseur de plusieurs mètres, a dû
être enlevé par les courants diluviens, dont ce fait atteste la puis-
sance ou la continuité, et dont la direction va nous être bientôt ré-
vélée.
5^ Carrières des moulins de Retz (PI. 1, fig. 6-8).
Les couches des moulins de Retz m'ont offert une véritable énigme,
dont la solution m'a longtemps arrêté et que je n'ose nie flatter d'avoir
encore absolument éclaircie.
Ces couches sont visibles dans une petite carrière abandonnée et
située devant le second moulin de Retz, le plus éloigné vers l'ouest.
A l'entrée sud-est de la carrière, la couche à Scutelliens, 3j renier-
1877. DUFOUR. — KOCK.NE u'ARTHON-CHKMERé. 59
inanl de nombreux Echinocyamuspytnfortnis, affleure en un point, puis
disparaît brusquement, en plongeant de près de 45"" vers le nord-ouest,
sous les bancs calcaires autrefois exploités. Celui de ces bancs qui oc-
cupe le fond de Texcavation du côté nord, 5, et qui a participé au
relèvement de la couche précédente, est formé d'un calcaire très-dur,
cristallin, à lamelles spatbiques miroitantes, et d'un blond très-pâle
presque blanc. Il est creusé de cavités, b, souvent assez grandes, rem-
plies d'un sable très-fin, qui n'est guère plus coloré.
A moins de vingt mètres de distance, il s'est déjà relevé de près de
5 mètres et arrive au niveau du bord sud de la carrière, immédiate-
ment au-dessous du moulin qu'il supporte. Cette pente de près de iS^
le fait affleurer obliquement, par sa tranche, un peu plus loin, entre
les moulins de Retz et le cimetière d'Arthon, et j'ai lieu de croire que
les concrétions de calcaire sableux, bulliformes ou stalactiformes, assez
abondamment répandues dans les champs h la surface du sol, en
cet endroit, ont pris naissance au milieu des sables qui remplissent
les vides de ce calcaire. C'est, au reste, dans une position analogue,
au milieu des sables recouvrant le Calcaire grossier inférieur, que
les mêmes concrétions se retrouvent à Saint-Michel près Machecoul,
et, de l'autre côté de la Loire, à Bergon près La Chapelle-des-Marais.
Comme à Machecoul encore, la surface inférieure de ce banc est re-
couverte d'une mince couche de calcaire mamelonné en tètes de choux-
fleurs, aspect que j'ai reconnu aussi sur quelques blocs anciennement
extraits au village de La Rivière près Quilly, entre Campbon et Saint-
Gildas.
Je n'insiste sur ce fait que parce qu'il révèle, de même que la struc-
ture spathique du calcaire, l'action geysérienne contemporaine du
dépôt de ces couches ou de leur relèvement.
Dans la dépression creusée ainsi par le jeu des forces internes, des
sédiments de nouvelle nature ont formé des strates en discordance
avec les précédentes. Ce sont des marnes blanches, 6, se délitant à
l'air, et au sein desquelles les Foraminifères sont par places d'une
extrême abondance.
A certains endroits aussi, une argile verle, c, apparaît sous forme
d'amas, de veines, de traînées à liseré ferrugineux, qui ra|)pcllent
absolument les bandes, plus larges et moins irrégulières, des marnes
supérieures du Champ-Pancaud, et pourraient bien avoir une ori-
gine analogue.
Enfin ces marnes sont partiellement recouvertes par un calcaire
très-dur, 7, spathique, d'un blond pâle, en gros fragments anguleux,
ressemblant beaucoup à celui de la couche inférieure, 5, mais renfer-
mant, comme les marnes en contact, des Foraminifères qu'il est (ou-
60 DUFOUR. — ÉOCKNE D ARTIION-CliÉMERÉ. O no\ .
tcfois difficile de reconnaître, par suite de Taltéralion profonde qu'ils
ont éprouvée.
Ce calcaire s'est-il formé sur place et témoigue-t-il, par sa texture,
d'un retour de l'action geysérienne; ou bien, ce que rendent peu pro-
bable la conservation des angles et les indices d'organismes qu'il ren-
ferme, proviendrait-il, par remaniement, de la couche ancienne, 5,
surélevée dans le voisinage?
Quoi qu'il en soit, la discordance de stratification, la nature miné-
ralogique et les accidents mêmes qu'elles présentent semblent isoler
ces dernières couches, 6 et 7, des précédentes, et porteraient à voir
dans leur ensemble l'équivalent des portions supérieures du calcaire
grossier du Champ-Pancaud. Mais je ne donne cette assimilation
qu'avec une grande réserve, me proposant de faire de nouvelles re-
cherches à ce sujet.
A partir du moulin, le terrain, creusé de petites excavations qui
permettent de suivre l'amincissement des couches, s'abaisse douce-
ment vers l'ouest et se termine, après une centaine de mètres, par un
petit escarpement de 3 ou 4 mètres de hauteur, au chemin rural qui
conduit à l'église d'Arthon, en longeant le cimetière de cette commune.
Des sables tertiaires, d'un blond trcs-pâle, tout h fait semblables à
celui qui remplit les lacunes, b, de la couche 5 surplombant l'escar-
pement, ont été amoncelés à son pied par le vent du sud-ouest et,
remontant les déclivités latérales, se sont répandus sur les champs
voisins, d'un côté jusqu'au cimetière, de l'autre dans la direction du
four à chaux.
Il en est encore ainsi sur tous les points de nos côtes basses de
l'Océan qui se trouvent orientés de la même manière. Et, pour com-
pléter l'analogie, les champs d'Arthon sont recouverts en cet endroit
d'un lapis serré de l'Immortelle des dunes (Helichrysum sûœchas),
comme au temps où la mer éocène baignait le pied de la falaise, avant
la période d'exhaussement général qui a porté toute la région à son
altitude actuelle.
Il est d'ailleurs facile de reconnaître que la petite falaise qui regarde
l'ouest était soulevée avant l'époque où la dénudation a rasé toute la
surface du plateau et isolé, sous forme de lambeaux, les difTércntes
parties du bassin éocène. Car les sables du Diluvium, descendus de
son sommet, ont été retenus par les sables tertiaires adossés, et leurs
cailloux roulés de quartz et du calcaire blanc supérieur, 5 et 7, dessi-
nent de véritables festons au devant des plis du terrain par lesquels
ils se sont précipités. La direction des courants venant de l'est se
trouve en même temps inscrite d'une manière irrécusable par ce fes-
tonncment.
1877. DUFOIR. — KOCÈNE D AUTHON-CIIÉMEUÉ. ()!
En résumé, les conclusions suivantes résultent de ce travail :
i^ Dans notre région, la base du Calcaire grossier inférieur es
représentée par les grès calcariferes à XummuUtes losvigata de Machc-
coul et des Ilots de La Banche et du Four.
2^ Le banc à grands Cérithes d'Arthon, 2, est contemporain du
banc à coquillages du Champ-Pancaud en Campbon, ou lui est de
ti'ès-pcu antérieur; et tous deux correspondent à la partie supérieure
du niveau le plus ancien du Calcaire grossier inférieur.
3** Les deux couches suivantes, 3 et 4, d*Arthon, à Cardium avicu-
lare, qui renferment les nodules argileux à empreintes végétales,
représentent le niveau supérieur du Calcaire grossier inférieur, corres-
pondant au Calcaire grossier moyen des auteurs.
4*" Le mouvement du sol qui a dérangé le banc à grands Cérithes
et produit les failles des carrières, s'est effectué avant Tentiëre conso-
lidation du Calcaire grossier moyen, ce qui en précise la date.
50 Les couches 6 et 7 du moulin de Retz pourraient bien être un
lambeau du Calcaire grossier supérieur, préservé par sa position de la
dénudation générale.
6^ Le mouvement qui leur a fait prendre cette position a soulevé la
petite falaise voisine, dont la mer éocëne baignait le pied et qu'elle
entourait de ses sables soulevés par les vents du sud-ouest.
70 Le reste du Calcaire grossier supérieur et une bonne partie du
Calcaire moyen ont été enlevés par de puissants courants diluviens
venant de Test.
8*^ Enfin un rehaussement général de la contrée, accompagné d'un
effondrement partiel qui séparait du continent les îlots de La Banche
et du Four, a délimité les rivages actuels de l'Océan.
Liste des fossiles du Calcaire grossier inférieur et moyen
d'Arthon-Chémeré (I).
Céphalopodes.
Nautiltu n. fp., Mm, = N. Lamareki, Caill. (non Desh.).
Gastéropodes.
NatieapatulaîfLAtn,, Mm (Ci, CmJ. 1 Trochus crenularis, Lam. fCiJ.
— cepacea,t9im., MmfCi, Cm, HvJ. I Phorus Parisiensis.iï Orh., Mm.
(1) M veut dire que l'espèce est représentée dans la collection du Muséum do
Nantes: Mm, à l'état de moule; Me, à l'état d'empreinte; Ci, qu'elle est indiquée
dans le Calcaire grossier inférieur par MM. Michelot et Goubert; Cm, dans le
Calcaire grossier moyen par les mêmes auteurs; Hv, dans le Calcaire grossier
moyen de Hautevillo (Cotenlin) par M. Bénissent.
62
DLFOUR. — EOCE.VE D AnTHON-CHÉMERK.
o nov.
Cyprœainflata.L^m.jMm (Hv).
— elegan^,T)eÇr., Me 'HvJ.
Terebellum convolutum, Lara., Mm (Ci,
Cm, HvJ.
— f USX forme?, Lam. , Mm fHvJ.
— cylindricum, Cai!l.. Mm.
Voluta harpa, Lam., Mm.
— muricinn ?, Lam., Mm (Ci).
Conus antediluvianus, Lam., Mm (Ho).
Rostellaria Cailliaudi , Desb. , Mm,=:
R. athleta, Vass. (non
d'Orb.),= R. Deshayesi,
Caill. (non Wat.).
Fusus scalarinw!, Lam. (CiJ,
— bulbiformis, Lara . , Me (Ci, HvJ.
Cerithium n. sp,. Mm, Me,= C. gigan-
teum, Caill. /^non Lara. ),= C.
Parisienne, Vass. f non Desh.).
Cerithium globulomm, Dosh., 3Ic.
— echinulatum, Desh., Me.
— cinctum, Lam. fUv,'.
— Cordieri, Desh.
— pleur otomoïdes, Lam., Me
(HvJ.
Cassis harpœformis, Lam., Mm, Me (Ci
HvJ.
Eburnea calyculata ?, Lam., Mm.
Hipponix comu-copiœ, Lam., Mm, Me
(Ci, HoJ.
— dilatata, Lam., coll. E. Du-
four (Hc;.
Calyptrœa trochiformis, Lam., Mm (Hv).
Parmophorus elongatus ?, Lam.
Solen proximus, Desh.
Solecurtus Deshayesi, Des MouL, M.
Mactra semisulcata, Lam., var., Mm,
Me (Ci, HvJ.
Tcllina elegans, Desh. (HvJ.
— erycinoîdes, Desh., var. B.
— biangularis, Desh., Me.
Cytherea suberycinoïdes, Desh., Mm, Me.
— elegans, Lam., Me (Ci, HvJ.
— semisulcata?, Desh., Me (Ci,
HvJ.
Crassatella gibbosula, Lara., Mm, Me.
Lucina gigantea?, Desh., Mm (CiJ.
— conforta, Lam.. Afm (CiJ.
Corbis lamellosa, Lara., Me (Ci, HvJ.
Cardium gratum. Defr. , Me.
— verrucosum, Desh., var.. Me
(CiJ.
— porulosum, Lam., Mm, Me (Ci,
HvJ.
— aviculare, Lam., Me (Cm, HvJ.
— hippopœum, Desh., colJ. E. Du-
four, empr. (CiJ .
Acéphales.
Cardila eor-avium, Lam., Me.
Pecttmculus pulvinatus , Lam.. Mm
(Ci, HvJ.
Àrca rudis, Desh., Mm, Me.
— filigrana, Desh., Mm, Me.
— hyantula, Desh., Mm, Me.
Pinna margaritacea, Lam., Mm (Cm).
Modiola subcarinata, Lam. (HvJ.
— cordata, Lam., Mm (CiJ.
— Parisiensis, Desh., Mm.
Lima spathulata, Lam.. Me (Ci, HvJ.
Perna Lamarcki. Desh., Me.
Pecten (ripartitus, Desh., if.
— infumatus ?, Lam., M.
Spondylus rarispina, Lam., Mm, Me.
Chama substriata, Desh., Me.
— calcarata, Lara., Me (CiJ.
— lamellosa, Lam., Me (HvJ.
— ponderosa, Desh ., Me.
Ostrea cymbula, Lam.. var., Me.
— flabellula, Lam. (CiJ.
Ànomia tenuistriala, Desh., Mm (Ci.
CmJ.
Bryozoaires.
Eschara sp. ?
Êchinodermes.
Hemiaster subglobosus, Desor (CiJ.
— acuminatus, Desor.
RrissHS dilatatus. Desor.
I^Iacropncustcs n. sp.. M.
Micrasler suborbicnlaris. Ag.
Echinolampas ovalis, Des Mou\.. M (CiJ.
Echinanthus Cuvieri. \SiT.. coll. Mathc-
ron 'CiJ.
1877. VxVSSEin. — réponse a m. difol'r. Vh]
Pffgorhynchus Grignoiiensis, kg. y var.,
M fCiJ.
Lenila patellari^, Desor, coll. E. Du-
four fCiJ.
Eckinocyamui pyriformi^, A g., coll.
E. Dufour (Ci).
Scutellina nummularia, Ag., coll. E.
Dufour {CiJ.
Laganum tennimmum ?, Ag., coll. E.
Dufour.
SUmondia incisa ?, Desor,
— Cailliaudi, Cotteau, M.
Cœlopleurus Agcusisi, var. B. d'Arch.
Foraminipres.
Orbitolitcs complnuata, Defr., àf 'Ci, | ÀlveoUna oblonga, d'Orh., M.
Cm, HvJ. I Miliolitet eoranguinum, M.
A morphosoaircs .
Vioa xp. ?
M. Vasscur présente les observations suivantes :
Rëpo>ise à M, Ourour,
par H. G. Valseur»
Si j'ai mis à profit dans ma note les observations faites en 1855 à
Campbon par M. Hébert, je n'ai fait que mon devoir en signalant les
recherches de ce savant stratigraphe et les conclusions auxquelles il
était arrivé. J'ai d'ailleurs eu soin d'ajouter que ces dernières n'avaient
pas été publiées, et, puisque j'avais préalablement mentionné les
travaux de MM. Cailliaud, Matheron et Dufour, je ne pense pas qu'il y
aitunequestionde priorité à débattre. De plus^ j'ai seulement indiqué
l'opinion de M. Hébert, qui rapporte au Calcaire grossier supérieur les
horizons marins de Campbon. Ce rapprochement diffère des assimila-
tions proposées par les géologues précités ; c'est donc une idée nou-
velle qui ne peut donner lieu à aucune contestation de ce genre.
J'ai l'intention de publier bientôt le compte-rendu détaillé de mes
dernières recherches sur les terrains tertiaires de la Loire-Inférieure;
je me bornerai donc aujourd'hui à répondre en peu de mots au tra-
vail de M. Dufour, dont je ne puis accepter quelques conclusions.
Qu'il me soit permis, en premier lieu, de rappeler d'une manière
succincte la coupe de Campbon, où la superposition d'un petit nombre
de strates est du reste facile à constater.
La partie supérieure est constituée par des calcaires blancs, traver-
tineux, associés à des marnes argileuses plus ou moins vertes. On
trouve vers le sommet une couche à Bithinies, et dans le milieu de la
masse des coquilles saumâtres. Une marne très-argileuse, de couleur
vert foncé, sépare cet ensemble des dépôts marins sous-jacents. Ceux-
64 VASSEUR. — RÉPONSE A M. DUFOUR. 5 nov .
ci sontgréso-calcairesou sableux; ils renferment d'abondantes Ostrea
(n. sp.) et reposent sur un banc de calcaire grossier à grands Cerithium
Parisiense et fossiles variés (banc de coquillages).
Enfin le substratum est formé par un sable fin, jaunâtre, gris ou
verdâtre, peu fossilitïre dans la carrière Pancaud, mais qui constitue,
à une petite distance de là, le beau gisement coquillier du Châtelier.
Ce fut la plus inférieure de ces couches que j'étudiai dans la localité,
lorsque j'en relevai la coupe en 1876; mais M. Dufour avait parfaite-
ment remarqué que ce sable est supérieur à un calcaire marin, pétri
de Foraminifères (Alvéolines, etc.)? présentant la plus grande analo-
gie avec le calcaire à Alvéolines des environs de Drefféac. Depuis lore,
j'ai observé à mon tour cette superposition incontestable, qui vient
dissiper tous les doiltes que l'on pouvait avoir encore au sujet de l'âge
de ces terrains, et qui confirme pleinement les assimilations que m'a-
vait fait entrevoir une première étude de la faune du Châtelier.
Si nous nous reportons maintenant à l'interprétation que H. Dufour
a donnée de la succession ci-dessus décrite, nous voyons que l'au-
teur considère les calcaires d'eau douce et saumâtres comme l'équiva-
lent du Calcaire grossier supérieur, et le banc à grands Cériles comme
correspondant à l'horizon du Cerithium giganteum de Paris. De la
sorte, le sable du Châtelier peut être assimilé, suivant lui, aux sables
du Soissonnais (Cuise), et le calcaire à Foraminifères, analogue à celui
de Drefféac, est descendu à un niveau très-inférieur des terrains ter-
tiaires.
Je dois rappeler ici que, dans ma note du 15 janvier 1877, j'inter-
prétais d'une manière bien différente la coupe de Campbon, et que,
tout en regardant, à l'exemple de M. Dufour, le calcaire blanc comme
l'équivalent du Calcaire grossier supérieur, je ne pouvais voir dans
la couche à Cerithium Parisiense un représentant de la division infé-
rieure de cet étage. A l'exception de quelques grosses espèces de fos-
siles, la faune du banc de coquillages me paraissait en effet extrême-
ment semblable à celle du Châtelier, ou les mollusques des grès de
Bcauchamp, des caillasses et du calcaire à Cérites de Paris dominent
très-notablement. J'en concluais que les terrains marins en question
représentaient sans doute la base du Calcaire grossier supérieur.
Il était toutefois indispensable de préciser cette assimilatiorn et de
rechercher sous le niveau sableux un équivalent certain de la division
moyenne de l'étage dont il s'agit. Tel fut, pour moi, le but principal
d'une nouvelle excursion à Campbon, et le calcaire à Foraminifères
de M. Dufour justilia bientôt mes prévisions au-delà de toute espé-
rance.
Ce dépôt est en effet pétri de gros Foraminifères (Alvéolines, etc.).
1877. VASSEUR. — RKPONSE A M. DUrOUR. 65
mais il renferme en particulier YOrbitolUes complanata, qui caracté-
rise si bien dans la Loire-Inférieure le Calcaire grossier moyen ou à
Milioles, et qui, apparaissant, comme à Paris, dans le banc à Centhium
giganteum, monte jusqu'à la base du Calcaii*e à Cérites, où on ne l'ob-
serve que plus rarement.
Le calcaire à Foraminifères correspond donc au Calcaire grossier
moyen ou à Orbitolites de Paris, horizon d'ailleurs bien développé et
très-constant dans les bassins éocènes de la Loire-Inférieure.
Ainsi le calcaire à Alvéolines de Drefféac contient des Orbitolites, et
au Brivet, de même que dans les travaux exécutés pour le creusement
d*un puits à la nouvelle maison d'école de Saint-Gildas, j'ai trouvé ce
fossile en grande abondance.
Le calcaire de Campbon inférieur au sable constitue, suivant moi,
la partie supérieure du Calcaire à Orbitolites.
Le Cbâtelier représente sûrement soit le niveau le plus supérieur du
Calcaire grossier moyen, soit la base du Calcaire grossier supérieur.
Il n'a donc aucun rapport avec les Sables du Soissonnais, comme le
suppose H. Uufour, et il s'en suit que le prétendu banc à Cerithium
giganteum de Pancaud appartient incontestablement au Calcaire gros*
sier supérieur ou à Cérites de Paris.
J'ai encore jugé nécessaire de compléter ces observations et de re-
chercher le substratum du Calcaire à Orbitolites dans le bassin de
Campbon.
Ce terrain est visible dans les mortiers de Drefleac et à la Ferme-
Êcole voisine de ce bourg. C'est un calcaire jaunâtre, compacte, dur,
parfois grossier, et renfermant alors de petits cailloux de quartz et
de micaschiste. On y trouve quelques rares Orbitolites, VOstrea
flabellula, de nombreux Échinodermes (Echinocyamus, Lenita patel-
taris), etc.; enfin j'ai été assez heureux pour y recueillir à la Perme-
Ëcole un moule de Cerithium giganteum.
Il n'est donc plus douteux que les couches inférieures de Drefféac
correspondent à l'horizon du Cerithium giganteum de Paris et au cal-
caire coquillier et à Échinodermes (banc de Shnare) d'Arthon, dont
elles ont d'ailleurs tous les caractères litliologiqucs. En outre, à Ar-
thon, comme à Drafféac, le Calcaire à Orbitolites recouvre ce niveau et
renferme les mêmes Foraminitères (Alvéolines, etc.).
Ainsi que j'aurai occasion de le démontrer prochainement, c'est en-
core à la base du Calcaire à Orbitolites que se rattachent les couches
deChémeré etde Noirmoutier. Enfin le calcaire du Bas-Bergon, près
La-Chapelle-des-Marais, doit être assimilé au calcaire inférieur au
Shnare d'Arthon et au calcaire de Hacliecoul, que je regarde, avec
M. Dufour, comme la partie supérieure du Calcaire à Nummulites.
5
66 DE ZIGNO. — SIRÉNIENS FOSSILES D'ITALIE. 5 nov.
En résumé, la couche coquillière d'Arthon forme la partie infé*
rieure du Calcaire à Orbitolites et correspond au niveau du Cerithium
giganteum. Je n'ai pas observé le Calcaire grossier inférieur avecNum-
mulites dans le bassin de Campbon ; mais à Drefféac, sur le calcaire à
Échinoderraes et à Cerithium giganteum^ se développe l'horizon moyen
ou à Orbitolites, bien caractérisé au Brivet et à Saint-Gildas. Ce dernier
existe aussi à Campbon, où il est représenté, pour sa partie supérieure,
par le calcaire à Foraminifères de M. Dufour. Le sable du Châtelier,
qui le recouvre, est donc situé à la limite du Calcaire grossier moyeu
et du Calcaire grossier supérieur ; peu importe qu'on le mette de pré-
férence au sommet du premier ou à la base du second.
Enfin le banc à grands Cérites de Pancaud constitue encore une
couche de passage au Calcaire grossier supérieur.
Je ne puis donc, avec M. Dufour, assimiler le banc de coquillages
de Campbon au calcaire à Cerithium giganteum d'Arthon, ces deux
couches formant les limites supérieure et inférieure du Calcaire à Or-
bitolites.
Quant à la similitude par^eeZ^ des faunes de ces localités, que M. Du-
four fait valoir comme argument, elle avait été déjà parfaitement re-
marquée par M. Cailliaud; elle n'est d'ailleurs que la répétition exacte
des faits que l'on observe dans le bassin de Paris, où l'on voit nombre
de fossiles du Calcaire grossier inférieur remonter à travers tout l'é-
tage jusque dans les Sables de Beauchamp.
Sur les Siréniens fossiles de ritalle,
par M. le baron Achille de ZIgno (1).
11 y a un demi-siècle, le professeur T.-A. Catullo, publiant dans
son Saggio di Zoologia fossile délie Provincie Venete (1827) une note
sur les objets contenus dans la collection Castellini, signalait, parmi
les nombreux fossiles de celle colleclion, un groupe de côtes, en
exprimant l'opinion qu'elles avaient apparlenu à un Manatus. D'après
les indications de M. Castellini, ces côtes avaient été trouvées dans le
calcaire de Caslel-Gomberlo. C'était la première fois qu'on annonçait
la présence d'ossements d'un Sirénien dans les terrains tertiaires
d'Italie.
(1) Cette note a été présentée à la Société par M. Hébert dans la séance tenue
le 25 octobre dernier h Vence (Alpes-Maritimes), au cours de la réunion extraor-
dinaire.
1877. DE ZIGNO. — SIRÉNIENS FOSSILES D ITALIE. 67
Depuis Iors« la collection Ca$tenini étant devenue la propriété de
rUniversité de Padoue, cette pièce importante a pu être mieux étudiée.
Elle consiste en deux blocs calcaires renfermant plusieurs côtes cylin-
driques et arquées, dont la structure pierreuse et sans cavité spon-
gieuse présente les caractères des côtes de YRalitherium.
Douze ans après, le Docteur G.-D. Bruno publia (I) un excellent
travail sur un crâne et une partie de la colonne vertébrale garnie
de côtes, qu'on venait de découvrir dans les sables pliocènes de
Montiglio (Montferrat). Il rapporta ces ossements à un Gétacé ayant
beaucoup d'analogies avec les Lamantins et le Dugong, mais qui
pourtant différait des uns et de Tautre et qu'il nomma Cheiroihe^
rium subapenninum.
M. de Blainville, dans son Ostéographiey cite le travail de H. Bruno
et nomme ce Talassothérien le Lamantin du golfe du Pô.
Depuis cette époque il s'écoula une trentaine d'années sans qu'au-
cune autre note fût publiée sur les restes de Siréniens trouvés en
Italie ; et c'est seulement en 1870 que, dans les beaux travaux du Pro-
fesseur Suess et de M. Bayan, nous voyons cités des fragments de
côtes i* Halitherium trouvés dans les couches à Serpula spirulœa de
Priaboiia, Mossan et Altavilla, et dans les grès miocènes à Scutella
mbrotunda de Schio et de Sovizzo.
Deux ans après parut le magnifique mémoire de M. Capellini sur
un crâne de Sirénien découvert dans les sables pliocènes de Riosto,
aux environs de Bologne, et sur un fragment d*un autre crâne trouvé
dans le nlême terrain, dans le val di Pugna, près de Sienne (2). Dans
ces restes, M. Capellini a pu reconnaître un type générique plus voisin
du Dugong que des Halitkerium, et dont il a fait le genre Felsinothe-
rium, en décrivant l'espèce de Bologne sous le nom de F. Forestii et
celle de Toscane sous celui de F. Oervatst. Il a démontré aussi que
sous ce même type halecoriforme Ton devait ranger XHalitherium
Serresi des sables de Montpellier et le Cheirotherium subapenninum
du Pliocène de Monliglio. 11 semble donc que ce type générique serait
propre à l'époque pliocène.
L'année suivante, je découvris dans le grès miocène des collines
qui environnent au nord le plateau de Bellune, plusieurs côtes,
une portion du crâne avec l'occipital et le pariétal, un inlermaxil-
laire gauche avec son incisif, deux fragments de la mâchoire
supérieure, l'un avec de.ux molaires et l'autre avec trois, et les deux
(1) Illustrasione di tin nuovo Celacco fossile, Mcm. délia R. Accademia dellc
Scienze di Torino, 2' scr., t. I, p. 143; 1839.
(2) Sul Feltinoierio, Sirenoidc halccoreformc dei dcpuriti liUorali plioccnici
dell'anlico bacino del Mediterranco e del Mar Nero.
68 DE ZIGNO. — SIREMENS FOSSILES d'ITALIE. 5 nOY.
apophyses zygomatiques temporales. Avec ces restes, qui appar-
tiennent à une nouvelle espèce A' Halitherium, que j*ai décrite sous
le nom A*JI,Bellunense, se trouvaient des ossements de Crocodiles, de
Delphinm, de Squalodon, et des dents de Plagiostoraes.
Mais la découverte la plus importante est celle des nombreux
restes (ÏHalitherium récemment trouvés dans les terrains éocènes
du Véronais et du Viceutin. C'est sur le mont.Scuffonaro, près de
Lonigo, dans les couches calcaires sous-jacentcs aux assises à Serpula
spirulœa, qu'on a recueilli cette série de vertèbres et de côtes qu'on
observe au Musée de Florence et dont le Professeur Gervais a parlé
dans son Coup d'oeil sur les Mammifères fossiles de V Italie (1), et c'est
dans des couches du même horizon que j'ai trouvé au mont Zuello, à
l'ouest de Ronca, plusieurs crânes A' Halitherium, deux omoplates,
trois mandibules, soixante vertèbres et autant de côtes. Parmi ces
restes, j'ai pu constater l'existence de trois espèces nouvelles de
l'époque éocène, que j'ai décrites et figurées, dans mon mémoire sur
jes Siréniens fossiles de la Vénétie (i), sous les noms A* Halitherium
Veronense^ H. angustifrofis et ff. curoidefis. Avec ces Siréniens, j'ai
trouvé des ossements assez nombreux de Crocodilus^ de Trionyx, de
Palœophis, un bec de Cœlorhynchus^ des dents rostrales de Pristis et
un tibia d*un Oiseau de grande taille.
Cette association de fossiles démontre que les Siréniens de l'époque
tertiaire avaient une station littorale et vivaient surtout dans les
golfes et à Temboucbure des grands fleuves, comme ceux de l'époque
actuel le«
Dernièrement le professeur Gastaldi a enrichi la science d'un' nou-
veau Sirénien, par la découverte d'un très-beau crâne déterré dans les
sables pliocènes de Brà, près de la vallée du Tanaro. Ce crâne, [qui
sans aucun doute doit être rapporté au genre Felsinotherium^ dont il
présente tous les caractères, diffère de toutes les autres espèces du
genre par les proportions de ses os et par la courbe et la forme des
apophyses zygomatiques temporales.
Ce magnifique exemplaire, que je décris dans un mémoire' qui va
incessamment paraître, porte au nombre de huit les espèces [fossiles
des Siréniens jusqu'ici découvertes en Italie; trois d'entre "elles appar-
tiennent aux terrains éocènes et une aux terrains pliocènes de la
Vénétie; les quatre autres aux terrains pliocènes du Piémont, de la
Toscane et des environs de Bologne.
(1) Bull Soc, géol. Fr., 2« série, t. XXIX, p. 102.
(2) Annoiasioni paleontologiche. Sireiiii fossili trovati nel Vencto, Mctn dcl R
Istituto Vencto di Se, Lctt, ed Àrti, t. XVllI.
1877. DB ZICNO. — SIRÉNIENS FOSSILES D* ITALIE. G9
Il s'en suit qu'en Italie, dans une zone comprise entre les 43<* et
k7^ degrés de latitude septentrionale, les Siréniens (représentés par
des formes diverses) ont vécu pendant les trois périodes de l'époque
tertiaire.
J'ajouterai à cet aperçu quelques observations sur les carac-
tères qui me sembleut pouvoir faire distinguer les Siréniens de ces
périodes.
La forme du plan supérieur de la région pariétale m'a jusqu'ici
ser\*i pourreconnattre*à quel étage appartenaient les crânes que j'exa-
minais.
Dans les HalitheHum de l'époque éocène trouvés en France et en
Italie, la coupe verticale et transversale de la région pariétale pré-
sente une courbe qui s'unit aux temporaux sans en être sensiblement
séparée par les crêtes temporales, qui sont très-aplaties et à peine
marquées, et l'union du pariétal avec les frontaux s'opère suivant une
suture sagittiforme.
Cette union se fait de la même manière dans les HalUherium de
l'époque miocène, mais dans ceux-ci les crêtes temporales sont épaisses
et relevées, et un peu avant la limite antérieure du pariétal elles se
rapprochent Tune de l'autre, de manière à rétrécir considérablement
le plan supérieur de la région pariétale.
Dans (es Fehinotherium de l'époque pliocène, le pariétal s'unit aux
frontaux par une ligne courbe et jamais sagittiforme, et les crêtes
temporales sont minces, très-écartées l'une de l'autre, et se dirigent
en avant presque en ligne droite ou un peu oblique, sans rétrécir
aucunement le plan supérieur du pariétal.
J'avance ces faits sous toutes réserves, n'ayant pas eu à ma disposi-
tion un assez grand nombre de crânes pour pouvoir en établir la
généralisation. Je me borne pour le moment à appeler l'attention des
paléontologistes sur ces caractères, qui laissent entrevoir la probabilité
de pouvoir réunir les Siréniens des différents étages tertiaires en
autant de groupes distincts, dont le plus récent se rapprocherait
plutôt du Dugong de l'Océan Indien que des Lamantins de TOcéan
Atlantique.
70
DE ZIGNO. — SIRÉNIENS FOSSILES D* ITALIE.
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1877. COTTEA». — FOSSILES TERTIAIRES MOYENS DE CORSE. 71
Séance du 19 novembre 1877.
PRESIDENCE DE M. TOURNOUÉR.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procàs-verbal de la der*-
nière|séance, dont la rédaction est adoptée.
M. F. Cairol, Professeur de géologie à rUnîversilé catholique, rue
de Condé, 39, à Lyon (Rhône), ancien membre, est admis, sur sa
demande, à faire de nouveau partie de la Société.
Le Président annonce ensuite deux présentations.
M. CoUeau fait la communication suivante :
Observations sur les Fossiles des terrains tertîskîrem moyens
de la €3«orse et notamment sur les Éolilnidies»
par M. 6. Cotteau.
M. Locard et moi, nous venons de publier la Description de la Faune
des terrains tertiaires moyens de la Corse. Les espèces décrites dans ce
travail appartiennent à cent treize genres et sont au nombre de deux
cent quarante-sept. Dans les considérations générales qui suivent la
description des espèces, M. Locard examine comment ces différentes
espèces sont réparties dans les principaux horizons, et recherche les
conclusions géologiques et zoologiques que Ton peut en déduire.
De toutes les observations stratigraphiques dont la Corse a été suc-
cessivement l'objet, il ressort que les trois îlots de Bonifacio, d'Alcria
et de Saint-Florent font partie de la grande formation miocénique mé-
diterranéenne, bien que présentant parfois dans leur ensemble des
faciès pétrographiques bien[dilférents.
M. Locard prend pour base le bassin de Bonifacio, comme étant es-
sentiellement le plus complet, le mieux développé, et montrant en ou-
tre une série successive et noa interrompue des différents dépôts mio-
cènes.
Ces dépôts peuvent dans leur ensemble être divisés en six zones
principales :
La plus inférieure est la zone à Polymers. Elle est composée de cal-
caires subcristallins, durs, compactes, tantôt saccharoïdes, tantôt bré-
72 GOTTEAU. — FOSSILES TERTIAIRES MOYENS DE CORSE. 19 ROV.
chiformes, empâtant parfois dans leur masse des morceaux de granité
ou d'autres roches primitives et nivelant les iné^alitc» du sol graniti-
que. Cette zone est caractérisée par de nombreux Polypiers, par les
Lepralia di^uncta, Ceriopora omata, Operculina complanata, et par
quelques rares fragments de Clypéastres.
La zone à Clypeaster vient au-dessus. C'est un groupe de molasses
tantôt blanches, tantôt colorées, grossières, à éléments plus ou moins
granitiques, renfermant de nombi'eux Clypéasti*es : C. crassicostatus,
C, intermedius, C, marginatus, etc., et le Conoclypeus plagioiomus.
La troisième zone est celle du Pecten BorUfaciensis. Elle est formée
de couches plus ou moins épaisses de calcaires blancs, compactes, ri-
ches en débris organiques. Les Gastéropodes y sont nombreux; les
Oursins y abondent et y sont représentés par dix-sept espèces,
appartenant à douze genres dilSTérents. Uais le fossile dominant et
Traiment caractéristique est le Pecten Bonifaciensis, remarquable par
sa forme oblique et par sa surface épineuse; c'est une espèce spéciale
non-seulement à ce niveau, mais encore à la Corse et à la Sardaigne.
La quatrième zone, zone à Pecten cristattis, se compose de marnes
argileuses, micacées, friables, grises ou jaunâtres, se délitant facile-
ment. Les fossiles sont beaucoup moins nombreux dans cette zone que
dans la précédente, généralement assez mal conservés, et pour la plu-
part à rétat de moules intérieurs. Les Échinides sont beaucoup plus
rares ; il en est de même des Gastéropodes, qui ont en partie disparu,
tandis que les Lamellibranches ont pris un plus grand développe-
ment.
La cinquième zone est remarquable surtout par l'abondance des
Fustts et des Pleurotoma. Sa faune présente dans son ensemble une
certaine analogie avec celle de la zone à Pecten Bonifaciensis ; plu-
sieurs espèces d'Ëchinides et de Gastéropodes sont communes aux
deux zones. Celle-ci cependant se distingue par le moindre nombre
de ses Échinides et par l'absence du Pecten Bonifaciensis et de toute la
série des Lamellibranches qui l'accompagnait.
La sixième zone, ou zone à dents de Poissons, termine le terrain
miocène. C'est un grand dépôt de molasses blanches, contenant des
dents de Poissons associées à quelques autres fossiles, parmi lesquels
le plus caractéristique est le Cidaris Avenionensis. Ce dépôt forme à
l'ouest, sur la côte de Bonifacio, presque toute la falaise et atteint deSO
à iOO mètres de puissance.
Cette coupe du terrain miocène de Bonifacio, très-complète à la fon-
taine de Cadelabra, n'est pas absolument la même dans tout le bas-
sin et, sans changer dans son ensemble, elle se modifie un peu dans
ses détails, suivant les points d'observation ; elle peut cependant être
1877. GOTTBAl\ — FOSSILES TËBTIAIHES MOYCNS DE GORSE. 73
considérée, malgré ces quelques différences locales, comme représen-
tant parfaitement la classification générale du terrain miocène du Sud
de la Corse.
Dans le bassin d'Aleria, M. Locard ne retrouve plus une coupe aussi
complète, et les dépôts se sont formés dans d'autres conditions ; sou-
vent même il y a eu des remaniements dans les couches déjà existan-
tes et la série générale des strates n'est pas aussi précise que dans les
bassins de Saint-Florent et de Bonifacio. Il est cependant certains
gisements que Ton peut, grflce à leur faune, rattacher, sans trop de
difficultés, à des formations possédant un faciès semblable dans le Sud
de la Corse.
Examinant ensuite au point de vue de l'extension géographique des
espèces la faune des terrains miocènes de la Corse, H. Locard constate
que non-seulement ces terrains sont contemporains de la grande for-
mation miocénique du bassin méditerranéen, mais qu'en même temps
leur faune présente plus d'un point commua avec les auti*es gisements
miocènes de certaines régions de TEurope éloignées du bassin de la
Méditerranée, et même de l'Amérique. La Corse n'a fourni qu'un
nombre relativement restreint d'espèces nouvelles, puisque sur un
total de deux cent quarante^ept espèces, M. Locard n'en compte que
trente-cinq.
Les espèces de la Corse appartenant à des époques ou plus ancien-
nes ou plus récentes que Tépoque miocène, sont en petit nombre.
Quelques-unes s'étaient déjà montrées dans TOligocène : telles sont
]ea> Pleurotoma ramosa, Aporrhaïs pespelicani, etc.; ou dans les dé-
pôts du Miocène inférieur de l'Italie septentrionale. Quelques autres,
au contraire, tout en figurant dans les niveaux du terrain miocène
proprement dit, ont pei*sisté dans les dépôts plus récents, tels queceux
du Monte-Mario, de Tarente et de Palerme. Enlin il en existe un certain
nombre qui se sont perpétuées jusqu'à nos jours et que nous retrou-
vons aujourd'hui à l'état vivant, soit sur les côtes mêmes de la Corse,
soit dans d'autres mers éloignées plus froides ou plus chaudes. Ces es-
pèces, dont M. Locard donne l'énumération, en indiquant leur exten-
sion géographique actuelle, sont au nombre de vingt-sept, sur lesquel-
les vingt ont été signalées autour de l'ile. Quelques-unes, comme les
Aporrhaïs pespelicani p Neœra cuspidata, Teîlina pulchella, remontent
jusque dans les mers du Nord. Parmi les espèces qui se sont mainte-
nues jusqu'à nos jours, il ne se rencontre aucun Ëchinide.
Aux considérations générales que M. Locard a tirées de l'étude de
l'ensemble de la faune, je crois devoir ajouter quelques indications
spéciales aux Échinides.
74
GOTTEAU. — FOSSILES TERTIAIRES MOYENS DE CORSE. 19 nov.
Les dépôts miocènes de Corse m'ont offert quarante-cinq espèces ;
toutes sont propres au terrain miocène, à l'exception d'une seule, le
Schizaster Scillœ^ qui s'est montré à Palerme, à Asti, aux environs de
Bologne, etc., dans le terrain pliocène. Aucune, avant de se déve-
lopper dans le terrain miocène, ne s'était montrée à une époque
plus ancienne.
Sur ces quarante-cinq espèces, vingt-six ont été signalées ailleurs
que dans la Corse, soit dans les couches miocènes méditerranéennes,
soit dans les autres dépôts du môme âge existant en Europe. Ce sont :
Cidaris Avenionensis, Des Moulins,
Hipponoe Parkimoni, (Agassiz) Cotteau,
Psammechinui Serre«i.(De8 Moul.lDesor,
Scutella subroiunda, Lamarck,
Çlypeatter gibbosus, (Risso) M. de Serres,
— Seillœ, Des Moul.,
— crassicostatu^, Ag.,
— intermediuSf Des Moul.,
— - marginatus, Lam.,
— kUirostriSf Ag.,
— laganoïdes, Ag,,
— aUuSy Lam.,
— alticostatus, Michelio,
— Reidii, Wright,
Echinolampcu scutiformis, (Leske) Des
Moul . .
— hemisphœrieus, (Lam.)
Ag.,
— Hayesianu^, Desor,
Conoclypeus plagiosomus, Ag.,
Pygorhynchu^ Collombi, Desor,
Linthia cruciata, (Ag.) Desor,
Schixaster Seillœ, (Leske) Ag. ,
— Parkinsoni, Ag.,
— Desori, Wright,
Brissopsis erescerUicus, Wright,
Pericosmus latut, Ag.,
Spatangus Corsicus, Desor.
Dix-neuf espèces peuvent être considérées jusqu'ici comme particu-
lières à la Corse :
Cidaris Hollandei, Cotteau,
— Peroni, Cott.,
Psammechinus Peroni, Cott.,
Àmphiope Hollandei, Cott.,
Echinanthus Corsicui, Cott.,
Linthia Loeardi, Tournouôr,
Schizaster Corsicus, Ag.,
— Peroni, Cott.,'
— Baylci, Cott.,
Drissopsis Sismondœ, kg.,
Pericosmus Orbignyi, Cott.,
— Peroni, Cott.,
Echinocardium Peroni, Cott.,
Macropneustes Marmorœ, Desor,
— Peroni, Cott.,
Dr issus Corsicus, Cott.,
Lovenia Peroni, Cott.,
Spatangus simplex, Ag.,
— Peroni, Cott.
Quelques-unes de ces dernières espèces, décrites pour la première
lois dans notre travail, sont très-intéressantes au point de vue ^oologi-
que. Parmi les plus curieuses je citerai V Amphiope Hollandei^ remar-
quable par sa grande taille, par sa forme élargie en arrière, par ses
aires ambulacraires postérieures sensiblement plus courtes que les
autres, et surtout par ses lunules allongées, étroites, subflexueuses,
transverses, parallèles au bord postérieur. Ce caractère empêche do
confondre cette espèce avec aucune autre et en fait un type à part.
1877. GOTTBAU. — FOSSILBS TERTIAIRES MOYENS DE CORSE. 75
pour lequel je n'aurais pas hésité à élablir un genre particulier, si la
forme des lunules n'était pas aussi variable chez les Amphiope,
Je citerai également le Linthia Locardi^ qui se distingue nettement
de ses congénères par son aspect allongé, cordiforme, par son sillon
antérieur profond, par ses aires ambulacraires paires antérieures lon-
gues, arrondies, presque transverses, par ses aires ambulacraires pai-
res postérieures beaucoup plus rapprochées ; YEchinocardium PeronU
petite espèce appartenante un genre très-rare encore à l'état fossile, et
parfaitement caractérisée par sa face postérieure très-acuminée, par sa
face inférieure tout à fait plane, subcarénée et à peine arrondie sur
les bords, par son sillon antérieur peu profond à la face supérieure,
plus apparent vefs l'ambitus, par son péristome très-éloigné du bord;
le Macropneustes Peroni^ type de grande taille et qui se i*econnaîtra
toujours facilement à sa forme arrondie en avant, à sa face supérieure
surbaissée, à l'absence complète de sillon antérieur, à la disposition
de ses aires ambulacraires paires superHcielles, courtes et presque
transverses en avant, très-longues et subflexueuses en arrière, à ses
gros tubercules paraissant limités par le fasciole péripétale dans la ré-
gion postérieure, tandis qu'ils sont disséminés sur la face antérieure
tout aussi bien en dehors qu'en dedans de ce fasciole ; le Brissus Cor-
sicus^ très-grande espèce, parfaitement distincte des JBrmM* vivants ou
fossiles que nous connaissons, et qui doit sa physionomie toute par-
ticulière à la longueur démesurée de ses aires ambulacraires posté-
rieures profondément excavées.
Signalons encore une espèce du genre Lovenia, le L. Peroni. Ce
genre, caractérisé par la structure bizarre et anguleuse de ses aires
ambulacraires, par la présence, autour du sommet, d'un fasciole
interne, et par les appendices en forme d*ampoules qui marquent à
l'intérieur du test la base des tubercules, a longtemps été considéré
comme ne renfermant que des espèces vivantes. Nous en connaissons
aujourd'hui plusieurs espèces fossiles; celle de la Corse s'éloigne de
ses congénères par sa petite taille, par sa face supérieure déprimée,
par son sillon anlérieur à peine apparent à Tambitus, par ses gros
tubercules abondants et descendant très-bas vers l'ambitus. Les am-
poules intérieures de la base des tubercules ne sont pas visibles dans
notre échantillon ; mais sa forme générale, la disposition toute spéciale
de ses aires ambulacraires, la présence du fasciole interne, ne lais-
sent aucun doute sur la place générique qui lui a été assignée^
Les quarante-cinq espèces de la Corse sont réparties dans dix-neuf
genres; il n'est pas sans intérc^t d'examiner la distribution actuelle
de ces genres.
76 DE MORTILLET. — CHRONOMÈTRE DE PBNHOtâT. 19 nov.
Sur ceuombre, sept n'existent plus :
Linthia, Mériao,
Pericosmut, Ag.,
Macropneustes, Ag.
Seutellaj Lam.,
Conoclypetu, Ag.,
EehinarUhug, Ag.,
Pygorhynehug, Ag.,
Sur les douze genres qui vivent encore, sept habitent la Méditerra-
née:
Cidaris, Klein»
Psammeehinus, kg.,
Sehixaster, Ag.,
Brissopsis, kg,.
Eehinocardium, Gray,
Bristus, Klein,
Spatangut, Klein;
Cinq ont abandonné nos régions et ne se rencontrent plus que dans
les mers éloignées
Hipponoe, Gray,
Amphiope, kg.,
Clypeaster, Lam.,
Eehinolampas, Gray,
Lovenia, Desor.
Ces cinq genres sont représentés aujourd'hui par des espèces qui se
rencontrent presque toutes dans les mers équatoriales.
L'un des plus intéressants est le genre Clypeaster, Rare encore dans
les couches éocènes, il atteint le maximum de son développement à
l'époque miocène, non-seulement dans la Corse, qui en a fourni dix
espèces, mais dans presque tous les autres dépôts miocènes de TEu-
rope. On peut même dire qu'en raison du nombre de ses espèces, de
la grande taille et de l'abondance quelquefois prodigieuse des indi-
vidus, ce genre imprime à la faune de cette époque un de ses carac-
tères les plus remarquables. A l'époque pliocène, le genre Clypeaster
devient beaucoup plus rare; il ne tarde pas à disparaître complète-
ment de la Méditerranée et de toutes les mers d'Europe, et ne se
retrouve plus aujourd'hui que dans les mers chaudes.
Il en est de même du genre J^cAmoZampo^, si nombreux, si varié en
espèces dans les terrains éocène et miocène, et qui ne paraît trou-
ver, à l'époque actuelle, de conditions favorables à son existence que
dans les mers chaudes.
M. de Mortiliet fait la communication suivante :
Critique du Glironoiiiètre de Penliouët (Loire-Inférieure),
par M. Gabriel de Mortiliet.
Des travaux considérables s'exécutent depuis quelques années en
amont immédiat de Saint-Nazaire, sur la rive droite de la Loire, dans
1877. DE MORTILLBT. — CHRONOM&TRE DE PENHOUËT. 77
la baie de Penhouët, pour y établir un bassin à flot de 24 hectares.
M. Kerviler y a puisé les éléments d'un calcul chronométrique qui a
eu un grand retentissement ces temps derniers. Ce calcula été produit
successivement à la Société des Antiquaires de France, à la réunion
des Délégués des Sociétés savantes à la Sorbonne, à l'Académie des
Sciences, à la Société d'Anthropologie de Paris et à l'Association Bre-
tonne. Il en a été plusieurs fois longuement question dans divers jour-
naux scientifiques et même politiques, surtout dans la Revue archéo^
{o^tgue. C'est dans ce recueil (numéros de mars, avril et mai 1877)
qu'a paru le mémoire original de H. Kerviler.
Pour creuser le bassin, il faut enlever une niasse énorme de vase.
H. Kerviler y a reconnu deux niveaux archéologiques. L'inférieur, con-
tenant associés ensemble des objets de l'époque robenhausienne ou de
la pierre polie, et de la Gn de l'âge du bronze ou époque larnaudienne,
est à une profondeur de 8°>50 d'après le mémoire original. Le niveau
supérieur, renfermant, avec des débris de poteries romaines, une mon-
naie de Tétricus, se trouve 2<n50 plus haut.
De cette superposition d'un niveau archéologique dont la date est
connue, — Tétricus régnant en Gaule vers l'an 270 de notre ère, —
au-dessus d'un autre niveau de date inconnue, M. Kerviler a tiré les
données de son calcul chronométrique; il s'est dit : s'il a fallu seize
siècles pour former le dépôt vaseux de six mètres qui recouvre le ni-
veau romain, combien en a-t-il fallu pour former celui de 2<o50 qui
sépare les deux niveaux archéologiques ? Il est arrivé ainsi à établir
que le niveau inférieur datait au plus de cinq cents ans avant notre
ère, l'apport étant de 37 centimètres de vase par siècle.
Ce calcul parait bien précis et pourtant il s'appuie sur des chiffres
qur manquent complètement de précision. En effet, d'après la Revue
archéologique de septembre 1876 et une communication faite par
H. Kerviler à l'Association Bretonne, le niveau archéologique inférieur
n'est qu'à 6 mètres de profondeur. Le numéro d'octobre 1876 de la
Revue archéologique, dans lequel il est question pour la première fois
du calcul chronométrique, indique 7 mètres. A l'Académie des Sciences,
séance du 9 avril 1877, le même niveau est placé à 8 mètres. EnHn,
dans son mémoire original, M. Kerviler le descend à 8°)S0. II était pour-
tant facile à établir, puisque, d'après l'auteur lui-même, il se trouve
dans une couche spéciale, de 5 à 20 centimètres de puissance, formée
de sable et de gravier, et non de vase, comme le reste de l'assise.
Les 2 mètres 50 de différence qui existent entre ces divers chiffres,
contiennent pas mal de centimètres et modifient sensiblement les da-
tes cherchées, sept siècles environ.
On ne peut pas dire que ces modifications successives proviennent
78 DE MORTILLET. — CHIIONOllèTRE DE PENHOCfiT. 10 nOV.
d'observations plus exactes, plus scientifiques; car les deux derniers
travaux, la communication à l'Académie des Sciences et le mémoire
original, contiennent, Tun et l'autre, une importante contradiction
entre le chiffre donné par la figure et celui indiqué dans le texte. D'a-
près ce dernier, le niveau romain serait à 1°^50 au-dessous des bas*
ses mers, tandis qu'il ne serait qu'à 1 mètre d'après la figure.
Quant au niveau supérieur, qui ne contient que quelques tessons de
poterie et une monnaie de Tétricus plus petite qu'une pièce d'un
franc, il est perdu au milieu d'un amas uniforme de vase, de plus de
8 mètres de puissance. Comment le reconnaître exactement?
Le prétendu chronomètre n'a donc pas de base sérieuse.
Admettons pourtant, pour un instant, que M. Kerviler ait pu déter-
miner d'une manière précise ses niveaux archéologiques, au milieu de
son immense chantier encombré d'ouvriers enlevant en moyenne plus
de 500 mètres cubes de vase par jour.
Iljfaut absolument, pour que son calcul ait la moindre valeur, que
les dépôts, du haut en bas, soient entièrement identiques. Eh bieni
théoriquement la chose n'est pas possible. D'après les lois les plus sim-
ples de l'hydraulique, pour qu'un dépôt reste parfaitement homogène,
il faut que les conditions de dépôt ne subissent aucune variation. En
d'autres termes, similitude et uniformité de dépôt exigent forcément
des milieux et des conditions semblables. Or, de l'avis de M. Kerviler
lui-même, il n'en a pas été ainsi.
M. Kerviler prétend qu'il n'y a pas eu de mouvements du sol ; donc
les couches au dessous du niveau des basses mers se sont formées
dans une eau permanente. Les couches supérieures, au contraire, qui
de nos jours sont la plupart du temps émergées, se sont formées dans
des alternances diverses de submersion et d'émersion. Pour que le
chronomètre de Penhouët soit admissible, il faudrait que ces condi-
tions si différentes n'aient occasionné aucune différence dans la puis-
sance des couches des divers niveaux.
M. Kerviler a joint à son mémoire original des cartes qui montrent
que la mer autrefois, à la baie de Penhouët, s'étendait bien plus avant
dans les terres que maintenant. Or tous les géologues savent quelle est
l'influence de la côte sur les dépôts. Pour admettre le chronomètre, il
faudrait supposer qu'à Penhouët cette influence a été nulle.
Il y a plus : ces cartes montrent une petite rivière, le Brivet, se je-
tant autrefois dans la baie de Penhouët, tandis qu'aujourd'hui elle dé-
bouche dans la Loire plus en amont. Ce serait depuis le neuvième
siècle de notre ère que le Brivet aurait pris sa direction actuelle. La
présence ou l'absence de ce cours d'eau dans une toute pctile baie
n'aurait eu aucune influence sur les dépôts 1
1877. DE MORTILLCT. — GHRONÔMÈTnE DE PENHOUlT. 70
Si, comme M. Kervilcr, nous n'admettons aucun mouvement du sol
dans la baie de Penhouêt depuis la formation du niveau archéologique
inférieur, nous aurons à 8 mètres de profondeur des couches formées
dans une eau calme, loin des, côtes, sous l'influence de l'embouchure
d'un cours d'eau, tandis qu'à la surface, à 0^50 par exemple, les
couches à proximité des côtes, sans contact immédiat avec un cours
d'eau, auront été battues et rebattues par les vagues. Il est im-
possible d'établir un parallélisme entre des couches formées dans des
conditions si différentes; on ne peut p^s les comparer entre elles. Il
n'y a donc plus de bases pour un chronomètre.
Et, de fait, la grande uniformité des couches des divers niveaux pro-
clamée par M. Kerviler est une pure illusion. Pour tous ceux qui,
comme moi, ont vu les couches en place, à Penhouêt, il n'y a
pas de doute. On peut s'en assurer par les photographies faites pour
le Musée de Saint-Germain. On peut le vérifier, d'une manière bien
plus convaincante encore, par l'examen des échantillons de choix qui
se trouvent au même Musée et qui ont été pris sous la direction de
M. Kerviler. En perdant leur eau, ces échantillons se sont exfoliés et
l'on voit de petites couches très-diverses de composition et de puis-
sance, qui n'ont rien de régulier et d'uniforme. Bien habile serait
celui qui pourrait y compter les cent couches annoncées par 37 centi-
mètres de hauteur.
Pourtant ce n'est pas cent couches qu'il faudrait constater dans les
37 centimètres, mais bien trois cents feuillets. En effet, M. Kerviler
prétend que les couches sont de 0°KX)3 à 0°'0035 chacune. Cha-
que alluvion est formée de trois pellicules, l'une de détritus végétaux,
une autre de glaise, la troisième de sable. Elles coiTespondent, ajoute-
t^il, aux alluvions de la Loire pendant les différentes époques de
l'année: les végétaux arrivent à l'automne, après la chute des feuilles;
le sable et la glaise viennent s'y ajouter pendant l'hiver et l'été. C'est
là une singulière théorie.
Les couches du bassin de Penhouêt ne sont pas des couches annuel-
les, mais bien des couches produites par les inondations. En effet,
pendant la pleine, c'est-à-dire pendant les plus grosses eaux, le cou-
rant étant plus fort, le dépôt est plus grossier ; alors se forme le feuil-
let sableux. A la décroissance, les eaux sont encore troubles, mais,
comme elles ont moins de force, elles charrient des éléments plusfms;
alors se dépose le limon ou glaise. Vers la fin de la crue, de l'inonda-
tion, les eaux répanduesdans la campagne regagnent le lit du fleuve
en léchant les prairies et les champs, et elles se chargent de matières
végétales.
Voilà l'explication pure et simple du fait observé par M. Kerviler.
80 DE MORTILLBT. — CHRONOMÈTRE DE PENHOUBT. 19 nOV.
Les couches de vase de la baie de Penhouêt, semblables à celles du
Pô et de tous les fleuves qui débordent, ne sont pas des couches
annuelles régulières, mais bien des couches plus ou moins épaisses
des inondations de la Loire. Or ces inondations n*ont rien de régulier;
elles peuvent se produire plusieurs fois dans une année ou n'avoir lieu
qu'à de longs intervalles, après cinq, dix, vingt ans. On ne peut donc
rien baser de précis sur leurs dépôts comme chronomètre.
M. Kerviler a du reste reconnu que ces dépôts ne sont pas parfaite-
ment réguliers. La vase, dit-il, présente de distance en distance de
petites couches sablonneuses très-horizontales, de 1 centimètre à peine
d'épaisseur, chargées de coquilles bivalves marines. C*est bien Tinter-
calation de couches marines dans le dépôt fluviatile. Il n'y a donc
pas régularité absolue, de l'aveu même de l'auteur. Il y a alternance,
intermittence d'actions marines et d'actions fluviales, ces dernières
dominant de beaucoup, mais n'ayant rien de régulier.
11 y a plus : la couche archéologique inférieure ne peut pas être com-
parée à la couche romaine. Si cette dernière s'est formée dans l'eau,
l'autre évidemment est une couche terrestre, de formation à l'air libre.
Sa composition : sable, graviers et galets, dénote un cordon littoral.
C'est un sol tout à fait analogue à celui qui constitue les bords ac-
tuels de la baie. Cette conclusion géologique est pleinement confirmée
par les données archéologiques.
Les objets trouvés sont en général des débris ou rejets d'habitations,
tessons de poterie nombreux, os d'animaux mangés, etc. Or, comme
il n'y a pas trace de station sur pilotis, il faut bien admettre que ce
sont là les débris entourant des habitations sur la côte. Il y a eu dé-
couverte d'une dizaine de squelettes humains : crânes et ossements
étaient encore groupés. Or, dans une mer capable de déposer du sable
et du gravier, ces os auraient été disséminés; la marée et les poissons
les auraient bientôt dispersés.
Enfin, parmi les objets d'industrie, il s'en est trouvé de très-carac-
téristiques de deux époques différentes : 1^ haches en pierre avec gai-
nes en bois de cerf de l'époque robenhausienne ; i^ épées et poignards
de bronze de l'époque larnaudienne. Entre ces deux époques il y en a
une intermédiaire, l'époque morgienne. Ces découvertes archéologi-
ques faites dans une seule et même couche dénotent un très-long laps
de temps, certainement plusieurs siècles, pendant lequel il n'y a pas
eu de dépôt. Cette couche était donc à l'air libre.
Dans tous les cas, si elle avait été immergée déjà, cette considération
archéologique, dénotant une longue interruption du dépôt, suffirait
pour renverser de fond en comble le calcul chronométrique.
Ce qui montre bien que la couche archéologique inférieure a subi
tô77. VASSEUR. — CALCAIRE OROSS. DU BOIS-GOUÊT. 81
un r^rae géologique tout différent du reste de la formation, c'est
qu'elle seule est riche en objets. Elle ne peut donc être assimilée aux
autres.
En résumé, tout concorde à prouver qu'à l'époque robenhausienne
et à l'âge du bronze la couche archéologique inférieure de la baie de
Penhouêt était à sec. Cette couche, par suite d'un mouvementd'affais-
sement du sol, a été recouverte par la mer et par les eaux de la Loire.
Des dépôts successifs, produits habituellement par les inondations du
fleuve, parfois par les grandes marées, se sont peu à peu formés au-
dessus et ont plus ou moins rempli la baie.
. Quant à se servir de ces dépôts comme chronomètre pour fixer d'une
manière précise la date de la fin de l'âge du bronze, c'est faire fausse
route. Le calcul chronométrique, ainsi qu'on vient de le voir, n'a
aucune base, aucun fondement sérieux.
I. Potier fait une communication sur la Mollasse de
mot (1).
M. Yasseur fait la communication suivante :
Nouveau ^sèment rossllirèrecie Vâ(;^ du Calcaire g^ros-
sler découvert au Bols-GrOuSt^ pré« Saffré (Loire 'Inférieure),
par M. G. Vasseur.
Dans la séance du 15 janvier 1877, j'ai communiqué à la Société le
résultat d'une excursion géologique à Campbou, et j'ai essayé de dé-
montrer que, contrairement aux opinions précédemment émises, les
terrains de cette localité doivent être rapportés au Calcaire grossier
supérieur de Paris et présentent de curieuses analogies avec certaines
couches éocènes du bassin de la Manche.
Des recherches récentes dans la Loire-Inférieure m'ont permis de
compléter mes observations, que je ferai prochainement connaître à
la Société.
Cependant je no crois pas devoir attendre davantage pour signaler
aux paléontologistes un nouveau gisement fossilifère, que j'ai décou-
vert avec le concours de M. Ripaud, Maire de Saffré, aux environs
mêmes de ce bourg.
Saffi*é est situé à 31 kilomètres au nord de Nantes et à 9 kilomètres
(l) par décision do la Commission du Bulletin, cette communication a été reportée
au compte-rendu de la réunion extraordinaire deFréjus.
6
82 VASSEUR. — CALCAIRE GROSS. DU BOIS-GOUÊT. 19 nOV.
deNort et de Nozay. C'est un des points eitrêmes où le terrain éocène
a été indiqué à Test dans le bassin de Campbon; mais on n'y a signalé
jusqu'ici qu'un calcaire lacustre, avec bois silicifié, analogue aux cou--
ches supérieures de Pancaud (Campbon), et un calcaire marin à Fora*
mtnitères.
Le dépôt d'eau douce, presque complètement dénudé, s'observe à la
surface, à 25 mètres d'altitude. Hais si Ton descend vers la petite
rivière de l'Isac, on ne tarde pas à rencontrer des calcaires variés, plus
ou moins compactes, parfois fossilifères, marins; et entin des sables
grisâtres, remarquables par l'abondance et l'admirable conservation
des coquilles qu'ils renferment. C'est sur ce dernier terrain que je dé-
sire appeler immédiatement l'attention des géologues.
Pour trouver sans difficulté et pour bien observer le sable fossilifère,
il est nécessaire de traverser Tlsac, en suivant la grand'route de Saflfré
à La Saussaie. On arrive presque aussitôt au gisement dont il s'agit,
situé au hameau du Bois-Gouët, à 2 kilomètres 5 du bourg. La
couche coquillière s'y montre dans les fosses ou mortiers de
MM. Pelé et Leroux, et j'en ai constaté l'affleurement jusqu'au Bois-
Gremel, en remontant un petit vallon perpendiculaire à la route.
C'est dans les excavations en question, où le sable n'est recouvert
que par 0»40 de terre végétale, que j'ai pu recueillir, en quelques in-
stants, une centaine d'espèces de mollusques, notamment le Cerithium
heœagonum, variété à 8 pans, un Cérite qu'il semble difficile de distin-
guer du C. mutàbile, plusieurs autres espèces de ce genre, des ylu-
ricules et des Néritines abondantes, des Arches et des Pétoncles de
grande taille, des Venus^ des Lucines^ etc., entin quelques espèces et
genres nouveaux.
J'ai déjà remarqué que dans les dépôts marins de Campbon, les
mollusques du Calcaire grossier sont mélangés à un certain nombre de
fossiles des Sables de Beauchamp. Cette association intéressante existe
aussi dans le terrain du Bois-Gouët, mais ce dernier renferme quelques
espèces particulières et pourrait bien constituer un niveau un peu infé-
rieur à celui du Châtelier (Campbon).
Quoi qu'il en soit, la présence au Bois-Gouët de nombreuses Sbu/el-
Unes, dAlvéolines, de petites Nummulites et d'^hondaiDtes Orbitolites
complanatay est encore un fait qu'il importe dénoter. L'O. complanata
caractérise en effet dans la Loire-Inférieure un horizon très-constant
qui présente plusieurs niveaux. Le gisement du Bois-Gouët correspond
sans doute à la partie supérieure dece calcaire à Orbitolites ou, comme
j'aurai occasion de le démontrer, à la partie supérieure du Calcaire
grossier moyen ou à Milioles de Paris.
Si l'on fait exception du sable coquillier des douves du château de
1877. TERQUEM. -^ DAGtTLOPORA. 83
Goîslin, 0& Ton ne peul sans difficulté recueillir des fossiles, le Bois*
Gouët devient, pour la Loire*Inférieure, la seconde localité où les
coquilles du Calcaire grossier sont signalées en aussi grande abon-
dance et conservées avec le test. Par la richesse et les eicellentes con-
ditions d'étude qu'il présente, il pourra rivaliser avec Le Ch&telier,
près Campbon, et j'eepère qu'il contribuera pour une large part à faire
Gounaitre les caractères atlantiques de la faune du Calcaire grossier.
M. Terquem attire dans les termes suivants l'atteution de la Société
sur un travail de M. Munier-Chalmas :
Note 9ur les genres Dactylopora» Polytrlpa, etc.»
par M. Xerquem*
Une longue série de fossiles, comprenant les Dactylopora^ les Poly-
tripa, les Uteria, etc., avait été dans le principe considérée comme
appartenant aux Polypiers. Plus tard d'Orbigny, dans son Prodrome,
l'a rangée parmi les Foraminifères. Récemment Carpenter a étudié la
structure intérieure de ces fossiles et confirmé l'opinion de d'Orbigny.
Enfin Gûmbel a augmenté le nombre des genres connus et établi des
divisions fondées sur les données de Carpenter.
La classification do ces- fossiles parmi les Foraminifî&res laissait
quelques doutes, par l'incertitude de Tordre dans lequel il convenait
de les ranger, et en raison de leurs parois munies de chambres, de
tubes, de perforations et de pores; ensemble qui suppose l'aggrégation
d'une multitude d'animaux et qui s'éloigne ainsi du caractère propre
aux Foraminifères, considérés com?ne des animaux simples.
M. Hunier-Chalmas est venu lever toutes ces incertitudes par
une communication faite à l'Institut (1), où il démontre que toute
celte série de fossiles appartient à des Algues calcifères dont les repré-
sentants vivent encore dans nos mers.
Le genre Cymopolia reproduit exactement la forme et la constitution
des Polytripa: on voit également que les £/if ma étaient disposées
en forme de chapelets. Le genre Acetahularia représente deux autres
genres fossiles. Enfin le genre Neomeris possède la même disposition
que les Dactylopora et les Ooniolina.
Ces Algues calcifères appartiennent toutes aux régions chaudes.
Quelques botanistes les ont mentionnées dans leurs publications ,
mais aucun n'a pensé à y rapporter les divers fossiles que renferme lé
(DC.-H. Ac. Sciences, t. LXXXV, p. 811; séance du 29 oct. 1877.
8'h cu>BZ. — DÉi»ÔT VITREUX. 19 nov.
terrain éocènc. L'honneur de la découverte reste donc en son entier à
H. Hunier-Chalraas. L'obseryation qu*il a faite n'a pas besoin d'autre
démonstration que la simple vue de ces Algues, où l'on trouve la
forme extérieure et tous les détails intérieurs des fossiles (1).
Il n'est pas davantage nécessaire de démontrer l'importance de cette
communication, qui, assignant une place déBnitive à ces fossiles, sera
inscrite dans les fastes de la Paléontologie comme une de ces rares
conquêtes que la Science doit à un esprit investigateur.
H. Munier-Cbalmas a promis une seconde communication aussi
intéressante que la première ; i( est à espérer qu'elle ne tardera pas à
se produire».
M. Poniel rappelle qa'il y a déjà plus do quinze ans, il a signalé des
roches à apparence oolithique qui ne sont autre chose que des amas d'Algues
calcifères (Mélobésies). On considérait autrefois les Nullipores comme des
animaux ; M. Decaisne a fait voir que c'était en réalité des Algues calci-
fères.
H. Cloez donne lecture de la note suivante :
Note sur une motlère minérale d'apparence vitreuse qui
se dépose sur les rocliers du littoral de la Biédi terra oée,
par H. S« C:ioez«
Les membres de la Société géologique qui ont assisté à la session
extraordinaire de Nice ont pu voir de beaux spécimens de calcaire
magnésien du Cap Ferrât recouvert d'une sorte de vernis noirâtre,
déposé sous la forme d'une couche irrégulière, plus ou moins épaisse,
présentant de nombreuses saillies mamelonnées peu volumineuses.
Ce dépôt, observé et signalé en 1874 par M. de Rosemont (2), a été
attribué par lui à la décomposition de la dolomie sous l'influence des
vagues. Sa nature n'a pas été établie chimiquement ; son apparence
seule l'a fait considérer comme un produit silicate. Il m'a paru inté*
ressant de l'examiner sérieusement au point de vue chimique, et j'ai
pu constater qu'il est formé essentiellement de carbonate de chaux
agglutiné par une faible proportion de matière organique.
Ce produit, trailé à froid par de l'acide chlorhydrique étendu d'eau,
(1) J'ai à témoigner toute ma gratitude à M. Bornet, dont Textréme obli-
geance m'a permis d'étudier cette série si remarquable de sa riche collection
d'Algues.
(2j Bull. Soc. géoL,S* série, t. II, p. 219; 1874.
1877. CLOKZ. — dëpot vitrëcjx. 85
se dissout avec une vive effervescence duc au dégagement de Tacide
carbonique; il reste à peine quelques millièmes de matière insoluble,
sous la forme de légers flocons caillebotés.
En chauffant ce même produit au rouge, au contactde l'air, dans une
cuiller en platine, on détruit la matière organique ; il y a production,
d'eau et d'acide carbopique, et le résidu est presque blanc.
La détermination quantitative de la matière organique a été faite en
traitant la matière préalablement pulvérisée, par une dissolution
aqueuse saturée d'acide sulfureux, de manière à déplacer l'acide car-
bonique du carbonate de chaux, sans altérer la matière organique. La
liqueur soumise à l'ébullition, puis évaporée à siccité, £^ fourni un
résidu qui a été brûlé dans un tube à combustion. Le poids d'acide
carbonique produit aservià déterminer approximativement la propor-
tion de matière organique.
Quant à l'analyse de la partie minérale, elle ne présente rien de
particulier. J'ai constaté la présence de faibles proportions de silice,
d'oxyde de fer, de magnésie et de chlorure de sodium. Le carbonate
de chaux entre pour près de 92 centièmes dans le poids de la matière
desséchée à 100 degrés*
L'analyse a donné pour un gramme :
Carbonate de chaux 0,9180
— de magnésie 0,0090
Oxyde de fer 0,0025
SUice 0,0122
Chlorure de sodium 0,0019
Matière organique 0,0071
Eau. 0,0156
Total 0,9993
Ce dépôt vitreux a probablement pour origine le carbonate de
chaux dissous dans l'eau de mer au moyen de l'acide carbonique. Dans
les gros temps, quand la mer est agitée, que les vagues viennent se
briser contre les rochers de la côte, l'acide carbonique se dégage en
partie et le carbonate de chaux se sépare, mélangé à la matière orga-
nique, sous la forme d'une écume qui, projetée à une certaine hauteur
par la vague, se dépose sur les roches en saillie, s'y dessèche et forme la
croûte vernissée, qui ne doit pas être spéciale aux calcaires magnésiens;
en effet son existence a été constatée sur les roches feldspathiques de
la Corse par M. Descloizeaux, et d'après M. Vélain, les roches schis-
teuses feuilletées, alternant avec des quartzites, du littoral de la pro-
vince d'Oran sont également recouvertes d'un enduit vernissé de même
apparence.
86 COOUAND. — PÉTROLES DU CAUCASE. 19 nOV.
M. Vélain appuyé les conclusions de M. Cloëz. II a lui-même observé à
La Réunion le vernis en question sur des laves basaltiques ; c'était en un point
où la côte est 1res* battue. Dans un travail qui paraîtra prochainement,
M. Vélain explique ce phénomène par les mêmes raisons que M. Cloëz. Le
carbonate de chaux contenu dans l'eau de la mer provient sans doute des
récifs madréporiques qui sont situés en face de la côte.
M. Deles»e fait observer que les dunes des atolls de TOcéan Pacifique
sont souvent composées de grains calcaires et fixées ; l'on conçoit qu'elles
puissent être facilement cimentées par l'action de l'eau de mer, lorsque les
vagues sont projetées jusque sur leurs flancs.
Il fait encore remarquer que, si l'on passe un grand nombre de fois sur une
pierre un pinceau trempé dans un lait de chaux, on finit par la recouvrir d'un
vernis calcaire très-luisant. A l'Exposition universelle de 4 855, ce procédé
avait même été proposé pour la décoration des maisons, mais il était trop dis-
pendieux pour être employé. En tout cas, on peut faire quelque rapproche-
ment entre ce procédé de l'industrie et celui dont se sert la nature.
M. P^omel rappelle que l'on doit à l'un des commissaires de l'Expédi-
tion scientifique de Morée une observation, déjà très-ancienne, de roches
vernissées.
M. I^otler rappelle que M. Delesse a signalé, dans le Bulletin de 4 850,
un enduit de silice hyaline sur certaines roches.
M. de Mortillet dit qu'à Bourbonne-les-Bains il y a une source qui
couvre les cailloux d'un enduit jaunâtre.
M. «^annettaz dit que le Muséum possède un échantillon recouvert
d'un enduit luisant de pyrite ; il rappelle l'observation de M. P. Mares sur le
polissage des roches par l'action des sables soulevés par le vent, et fait
observer que souvent les stalagmites ont extérieurement un aspect vernissé.
Le secrétaire analyse la note suivante :
Description des terrains à Pétrole et à Ozokérite du versant
septentrional du CouccMe»
par M. Ck>c|uand.
Après avoir décrit en 1867 (1) les terrains pétrolifères de la Moldavie
et de la Yalachie, ainsi que les gisements bituminifères et pétrolifèresde
(1) Sur les gîtes de pétrole de la Valachie et de la Moldavie et sur Vâge des ter-
rains qui les contiennent, Bull. Soc. géol. France, 2« série, t. XXIV, p. 505.
1877. COQUANO. — l'ÉTROLES DU CAUCASE. 87
rAlbanic et de Tile deZante (1), j*ai parcouru eu 1876 la Crimée et le
vei*sant septentrional de la chaîne du Caucase, dans le but de pour-
suivre jusque sur les bords de la Mer Caspienne mes études sur les
terrains à pétrole de cette partiede la Russie. La découverte de TOzoké-
rite dans les montagnes de Kadadji, station militaire de la Circassie
située à 110 verstes au sud*est d'Ekaterinodar, dans la vallée du Kou-
ban, découverte qui avait éveillé l'attention des industriels, ne pouvait
laisser indifférente la curiosité des géologues. Je fus amené à explorer
les gisements oii cette substance minérale avait été signalée, et c*est
le résultat de mes explorations que je viens consigner dans cette
note.
Les terrains qui recèlent la cire fossile, à part quelques différences
presque insignifiantes, se rapportent, terme pour terme, à ceux de
même date qui se développent en Roumanie et en Galicie, sur les
revers méridional et oriental des Carpalhes, et ils leur ressemblent
d'une manière tellement complète qu'on les dirait jetés dans le même
moule. En réalité, ils font partie, les uns et les autres, d'une même
formation, que Ton peut suivre, presque sans interruption, depuis le
méridien de 'Bucharest jusqu'à celui de Bakou, sur la Mer Caspienne,
à travers la Bessarabie, la Nouvelle-Russie, la Crimée, rAbasie,la Cir-
cassie et le Daghestan.
Je rappellerai que j'avais établi pour la chaîne des Garpathes (i), au-
dessus des couches à Nummulites représentant le Calcaire grossier pari-
sien, la succession des terrains tertiaires de la manière suivante :
1. oligocène in- ( Etage à Fucoïdes, d'origine manne;
fôrieur : ^ Etage équivalent, à Cyrena convexaf d'origine lacustre.
il*' niveau pôtrolifère :
Etage des argiles et des grès correspondant aux grès do Fontai-
nebleau (Stampien).
3. Miocène < Etage des argiles et des calcaires marins (Molasse du bassin de
inférieur : l Vienne) .
iS* niveau pétrolifère :
Etoge des argiles, des grès et des minerais de fer à Concertes et
à Cardium macrodon, etc. (Œninghien) .
Ces quatre systèmes forment une série continue et concordante ;
les couches en sont soulevées.
-, . / Etage des argiles sableuses, des conglomérais; — terrain des
I steppes, correspondant au sous-sol du Sahara. Les couches
supérieur : | gjj g^^j horizontoles (3) .
(1) Deicription géologique des gisements bituminifères et pétrolifères de Sélenitxa
dans l'Albanie et de Chicri dans l'ile de Zante, Bull., 2« série, t. XXV, p. 20.
(2) Bull., 2* sér.. t. XXIV, p. 561.
(3) M. Capellini (Giacimenti petroliferi di Valachia e loro rapporti coi (erreni
88 CO(?UAND. — PÉTROLES OU CAUCASB. 19 DOV,
La présence des^ Cardium Gourieffi, C. macrodon, Paludina acha-
Uniformisa dans la division 4, m'avait permis d'identifier les grès et les
argiles à Congéries avec le célèbre gisement des environs de Kertsch
qui a fourni les mêmes espèces et la faune si riche en Cardium que
Deshayes a fait connaître.
Je devais retrouver les mêmes divisions dans les terrains tertiaires
de la portion de la Russie que je visitais. Les contrées qui présentent
les conditions les plus favorables pour l'étude des gisements pélroli-
lèresde ce vaste empire sont, sans contredit, les presqu'îles deKertsch
et de Taman, illustrées par les importants travaux de de Yerneuil (1)
et d'Abich (2).
Ce dernier savant a établi pour les terrains tertiaires de ces pres-
qu'îles les subdivisions suivantes :
terxiarii deiritalia centrale. Memorie dell'Àccademia délie Scienxe dell'Utituto di
Bologna, t. VII ; 1868) imprimait, un an après ma publication, ses observations
sur les mômes gisements pétrolifères. Dans le tableau comparatif des terrains
tertiaires de la Valachie et de ceux de la Crimée, du bassin de Vienne et de
lltalie centrale,. qui termine son mémoire, le savant professeur de Bologne expose
une classification semblable à la mienne, en adoptant toutefois des subdivisions
plus nombreuses.
Ce que je veux signaler dans ce travail, ce sont les divers niveaux pétrolifères
que M. Capollini a reconnus et que j'avais indiqués moi-même, ainsi que la consta-
tation du terrain oligocène à Fucoïdes, que j'avais découvert près d'Okna et de Mo-
niesli, et qui avait été contesté par M. A. Boue. M. Capellini, pour cette dernière
localité, reconnaît même, au-dessus des grès et des calcaires à Fucoïdes, des assises
qu'il classe de la manière suivante :
Ëocène ( Macigno schisteux, avec Fucoïdes et Palœodyctyon ;
supérieur: ( Argiles pétrolifères de Moniesti.
£ocène moven • \ Macigno et schistes (Galestri) de la rivière Batrinanca ;
( Argiles schisteuses pétrolifères de Batryn.
■£tZ: { Gypse» de Balryn.
Il appartenait à un savant qui connaît à fond la géologiede l'Italie, d'établir avec
l'autorité voulue le synchronisme des divers étages tertiaires qui peut être proposé
pour la Valachie et l'Apennin central. Les rapports entre la constitution géolo-
gique de l'Italie et celle de la Crimée et des versants carpathiques, que j'avais indi-
qués à mon tour, ne pouvaient échapper à sa perspicacité.
Enfin, ce n'est point sans un certain sentiment de légitime orgueil, que je vois les
idées que j'avais avancées sur Vkge des pétroles et des sels gemmes, sur les ma-
nifestations des salses et des volcans de boue, sur la contemporanôité des pétroles
et des sels en roche, avec les terrains dans lesquels ils sont emprisonnés, partagées
par ce professeur distingué.
(1) Jf moire géologique sur la Crimée, Mcm. Soc, géol. Fr., 1" sér., t. III,
n» 1 ; 1838.
(2j Éludes sur les presqu'ilcs de Kerstch ri de Tamati, Hull. Soc. géol., T sér.,
t. XXI, p. 259,1861.
1877. GOQUAND. -^ PÉTROLES DU CAUCASE. 89
a. t^Af» des argiles schisteuses brunes, rapporté par l'auteur aux gypses
(TAix (n*3 de mes divisions).
h. Etage des marnes argileuses, gypseuses et calcaires.
f. Étage des argiles feuilletées blanches.
d. Stage du calcaire à Bryozoaires.
(Ces trois étages appartiennent au Hiocène inférieur et correspondent à ma
d« division).
e. Stage du calcaire supérieur de Kertsch.
f. Staj^e falunien {non d'Orbigny) : faluns à Congéries, minerai do fer.
(Miocène supérieur, correspondant à ma 4* division) .
g. Stage diluvien marin, correspondant à mon n*5.
Ces divisions, que le développement considérable des terrains ter*-
tiaires dans les alentours de la ville de Kertsch a permis de rendre
plus nombreuses qu'en Roumanie, correspondent exactement à celles
qui ont été établies pour les terrains tertiaires des contreforts des
Garpathes. Hais elles ne se maintiennent pas dans tous leurs dé-
tails en dehors de la Grimée. Ainsi, dans la presqu'île de Taman, qui
fait face à Kertsch, les faluns sableux à Cardtum disparaissent; les
minerais de fer seulement se montrent de distance en distance au mi-
lieu des steppes qui s'étendent entre la mer d'Azof et Anapa, où on
les voit recouvrir la molasse coquîllière.
Le gisement de fer hydroxydé de Karoysch-Bouroun, distant de 12
verstes de Kertsch, et qui mesure une puissance de plus de deux
mètres, constitue un des plus remarquables accidents de l'étage à
Congéries. Avant la guerre de Grimée, le général Gourieff, l'ancien
guidededeVerneuil, qui a bien voulu m'accompagncr dans quelques-
unes de mes excursions, avait construit un haut-fourneau destiné à
en utiliser les produits. Ge gisement a été l'objet d'une mention spé-
ciale de la part de de Yerneuil, qui l'a désigné sous le nom de terrain
tertiaire récent ou de terrain de steppes, et qui admettait que la for-
mation dont il fait partie avait conservé son horizontalité primitive et
n'avait par conséquent subi aucune dislocation depuis son dépôt au
sein d'eaux saumâtres; d'après lui, c'était à cette cause qu'il fallait at-
tribuer l'existence dans la Russie méridionale de ces steppes si mono-
tones et quelquefois si arides.
Gette appréciation manque de vérité. Il n'y a qu'à consulter les lieux
et les coupes relevées par M. Abich, pour s'assurer que dans la pres-
qu'île de Kertsch le terrain tertiaire a été soulevé tout entier. Si sur
les falaises de Kamysch-^ouroun Tinclinaison est peu sensible, et si la
couche ferrugineuse semble dessiner une bande presque horizontale,
cette illusion s'évanouit bien vite, quand on voit celte couche, pres-
qu'au niveau de la mer sous le phare, s'élever graduellement à mesure
qu'on en suit le prolongement dans la direction des batteries, où elle
se montre à une hauteur de près de vingt mètres.
90 GOQUAND. — PETROLES DU CAUCASE. 19 nOV.
D'après de YerneuiU le soulèvement du Caucase et par suite celui
des Carpathes seraient antérieurs à son terrain de steppes ou, eu
d'autres ternies, au dépôt de l'étage à Congéries. C'est une erreur. Dans
mon mémoire sur les pétroles de la Yalacbie (1), j'ai démontré que
près de Maritza les assises à Congéries et Cardium macrodon étaient
relevées jusqu'à la verticale; ce fait ressort aussi très-clairement des
travaux de M. Capellini.
C'est pour avoir trop rajeuni ces dépôts, que de Yerneuil a été
amené à exprimer son étonnement de la dissemblance que l'on remar-
que entre les coquilles que la vague accumule aujourd'hui au pied de
la falaise de Kamysch-Bourouu, et les fossiles que les pluies et les
dégradations de la côte amènent au rivage, et à se demander comment
des terrains aussi récents que ceux qui constituent les plateaux des
environs de Kertsch n'offrent pas parmi leurs fossiles d'espèces ana-
logues aux mollusques qui vivent encore dans la Mer Noire. Il explique
cette exception remarquable à la loi des analogues, en supposant que
toutes les steppes de la Crimée et de la Russie méridionale ont été
jadis occupées par une mer d'eau douce ou d'eau saumâtre assez peu
profonde pour nourrir des quantités prodigieuses de coquilles.
£n réfléchissant que les assises à Congéries, au lieu d'appartenir à
une époque récente, sont contemporaines des dépôts d'CEningen, et
qu'au lieu d'être horizontales, elles sont soulevées, la différence des
faunes signalée par de Yerneuil s'explique tout naturellement par la
longueur des périodes qui séparent ces deux formations l'une de
Tautre. Quant à la présence des Congéries et de quelques coquilles
fluviatiles parmi les coquilles marines sur quelques points, très-
limités d'ailleurs, on peut s'en rendre facilement compte par l'obser-
vation et la comparaison de ce qui se passe aujourd'hui même aux
embouchures des fleuves.
Le seul dépôt qui ait consei*vé son horizontalité primitive se montre
sur la partie plate de la presqu'île de Taman. Il consiste en des sables
jaunâtres, en des marnes et en des argiles dans lesquels on recueille :
Cardium edule. Lin.»
— rusticum, Lin.,
Donax trunculus, Lin ,
Chama gryphina, Lam.^
Tellina fragilis. Lin.,
Venus gallitia, Lin.,
Pholas dactylus. Lin.,
Solen vagina, Lin.,
Mytilus edulis, Linn.,
Cerithium vulgatum, Brug.,
Buccinum reUculatum, Lin.,
Calyptrœa Chinensis, Lin.,
Etc.
C'est ce terrain que M. Abich inscrit dans sa période quaternaire
(1) Bull., 2« sér., t. XXIV. p. 5M.
1877. COQUAND. — PÉTROLES DU CAUCASE. ^l
SOUS la rubrique de terrain diluvien. II fait observer que ces coquilles
n'ont aucun rapport avec la faune appauvrie de mollusques de la Mer
Noire, mais qu'elles paraissent être presque toutes des espèces de la
Méditerranée, et que leur état d'excellente conservation démontre
qu'elles n'ont jamais été exposées à l'action des vagues sur une
plage.
Contrairement à l'opinion de Téniinent géologue russe, je ne puis
voir dans les dépôts marins un terrain quaternaire, mais bien le repré-
sentant le plus récent des sédiments de la mer subapennine, celui
qui est désigné par le nom d'étage astten et qui est si largement
développé dans tout le bassin méditerranéen. Ils ont, suivant moi,
pour équivalents, les argiles sableuses horizontales de la Moldavie et
de la Yalachie que j'ai inscrites sous le n® 6 de mes divisions et qui
constituent le véritable terrain des steppes d'une partie de la Rou-
manie.
On ne saurait nommer les presqu'îles de Taman et d'Iénikalé, entre
lesquelles s'opère la jonction de la Mer Noire et de la mer d'Azof,
sans se rappeler de suite les phénomènes curieux des salses et des
volcans de boue qui ont fondé la célébrité géologique de ces contrées.
Les volcans boueux de la presqu'île de Taman sont surtout remar-
quables par les dimensions colossales de leurs cônes. Ils rivalisent par
leur taille avec les nombreux tumulus de date ancienne dont l'ancien
royaume de Mithridate est couvert. J'ai eu l'occasion de les étudier et
d'en surprendre bon nombre en pleine activité, principalement sur
un plateau découvert et nu que traverse la route d'Ella terinodar, à
cinq verstes de Temrouck. Les accidents qui accompagnent et produi-
sent les coulées de boue n'avaient rien de nouveau pour moi. J'en
avais deviné le mécanisme dans les contrées pétrolifères de la Yalachie,
de la Moldavie, de l'Albanie, de Tile de Zante, de la Sicile, et j'en ai
donné la description dans mes divers travaux qui traitent de la géologie
de ces régions.
Ai-je besoin de rappeler ici que les forces mises en jeu pour leur
formation sont d'une simplicité très-grande. Elles consistent en des
bulles de gaz hydrogène carboné provenant de la décomposition spon-
tanée du pétrole, qui, se dégageant à travers une fissure du sol,
entraînent avec elles une certaine quantité d'eau chargée de parti-
cules argileuses très-fines. Ce jeu pacifique, répété pendant une pé-
riode de temps plus ou moins prolongée, finit par créer à la longue
des cônes et cratères d'une régularité parfaite, d'où s'échappent d'une
manière intermittente, mais toujours amenées par le gaz, des coulées
de boue liquide qui atteignent quelquefois des points assez éloignés
de leur point de départ, et qui, en se desséchant, revêtent la structure
92 COQUAND. — PÉTROLES OU CAUCASE. 19 DOV.
pseudo-prismatique de certains dykes basaltiques. On dirait des
prisraes de tourbe enlevés au louchet et placés de champ les uns à
côté des autres.
Les eaux qu'expulsent les gaz sont ordinairement salées et accom-
pagnées de pétrole, par la seule raison que les terres qu'elles traver-
sent sont imprégnées de pétrole et de chlorure de sodium. Elles sont
constamment froides.
Si je n'avais été prémuni par des études préalables contre tout sen-
timent irréfléchi d'exagération, j'avoue qu'à la vue du nombre prodi-
gieux de cônes de boue qui s'étalent entre Taman et Temrouck, j'au-
rais pu être conduit à invoquer, pour expliquer leur formation,
l'intervention d'une cause énergique pouvant se rattacher à la théorie
générale des volcans. Biais, sachant que les volcans de boue ne sur-
gissent que là où les terrains contiennent du pétrole, que leur centre
d'activité ne dépasse jamais les limites de ces terrains, que la boue
rejetée n'est autre chose que l'argile pétrolifère elle-même délayée
par les eaux d'infiltration, que l'émission de bulles, quelque pétu-
lante qu'elle se montre, surtout dans les débuts, n'est accompagnée
d'aucun dégagement de chaleur, qu'il est facile, en procédant par
voie d'ablation et en détruisant les réservoirs pétrolifères, de mettre
fin à toutes ces éjaculations, on s'explique ces phénomènes très-facile,
ment, sans être obligé de recourir à des hypothèses hardies dont la
froide appréciation démontre l'inanité.
Le phénomène des salses constitue une série d'accidents curieux
plutôt que grands. Le gaz émanant des pétroles, quoique plus pétu-
lant dans ses manifestations extérieures, est loin de produire les trans-
formations énergiques que le gaz sulfhydrique, dont l'émission se
laisse deviner seulement par une odeur sui generis, opère dans les
lagoni, les solfatares et les alunières. Rien de plus inoffensif que les
volcans de boue et les macalubcs, dans leurs causes comme dans
leurs effets.* Condamnés presque tous à une existence éphémère, ils
mènent une vie pacifique et meurent comme ils ont vécu, doucement
et sans bruit, lorsque le pétrole devient impuissant à produire du gaz.
Les pluies se chargent en peu d'années de démolir les frêles édifices
élevés par eux, et en entraînent les débris dans les ravins du voisi-
nage.
. Quant aux renseignements recueillis par le voyageur Pallas auprès
des habitants ignorants et superstitieux, relatant des tremblements de
terre, des jets de flamme et de piqrres par le volcan d'Obou, l'expé-
rience que j'en ai faite moi-même m'a démontré le peu de créance
qu'il convient de leur accorder.
J'ai dit que les eaux qui débordent des cratères vaseux étaient ordi-
1877. COQUAND. — l'^TROLBS DU CAUCASE. 93
nairement salées. On sait que les terrains pétrolières des Carpathes
sont également imprégnés de sel et qu'en Valachie, en Galicie et sur
les bords de la Caspienne, le sel gemme est l'objet d'un commerce
pratiqué sur une vaste échelle. Ceux du Caucase ne le sont pas moins,
et, pour s'en assurer, il suffit d'interroger les sources salées qu'on y
rencontre. La salure des terres est surtout trahie, et cela à des éléva-
tions souvent considérables et à une très-grande distance de la mer,
par la présence d'oasis de Salicornes qui s'étalent au milieu des
steppes ou en pleine montagne. Or, comme ces plantes ne peuvent se
développer et vivre que là où le sol est fortement imprégné de chlo-
rure de sodium, il devient évident que la salure des eaux des salses
ne saurait reconnaître d'autre origine.
Je ne saurais, par conséquent, en aucune manière, me rallier à
l'opinion de de Yerneuil, d'après qui la situation symétrique des deux
systèmes d'éruptions boueuses des environs de Bakou sur la Cas-
pienne et de la presqu'île de Taman sur la mer d'Azof ne pouvait être
l'effet du hasard et révélait une cause commune et cachée dans les
profondeurs du globe. Je ne conviendrai pas davantage que les vol-
cans à pétrole placés aux deux extrémités de la chaîne du Caucase pa-
raissent en être une dépendance et doivent être envisagés comme les
derniers symptômes de l'action énergique qui a élevé l'axe trachy-
tique de cette chaîne à la hauteur de 5 600 mètres, c'est-à-dire à 800
mètres de plus que le Mont-Blanc. Les volcans boueux ne reconnais-
sent d'autre origine que le pétrole et ne se manifestent que là ob
existent des terrains pétrolifères. Ce phénomène est identique sur tous
les points du globe ou il se manifeste.
L'existence dans la Crimée de lacs salés se rattache également à
l'imprégnation des argiles tertiaires par le chlorure de sodium. De Yer-
neuil les mentionne dans son mémoire et les considère comme d'an-
ciens délaissements de la Mer Noire. Il ajoute que le sel ne cristallise
pas tous les ans et que sa précipitation dépend de la chaleur de
l'été et de causes qui ne sont pas encore parfaitement connues. II ne
sera pas inutile de rappeler ici que la salure de la Mer Noire est à
celle de la Méditerranée dans le rapport de 1.2i à 3.53.
Parmi les lacs salés que j'ai visités, je mentionnerai celui de Tschou-
roubash, qui se trouve à quelque distance des falaises de Kamysch-Bou-
roun. Son niveau est supérieur à celui de la Mer Noire, avec laquelle
il n'a d'ailleurs aucune communication. Les salines que l'on a créées
sur ses bords fournissent, depuis un temps immémorial, une récolte
de sel chaque année. Les précipitations des premières années auraient
à coup suret depuis longtemps dépouillé les eaux du chlorure de so-
dium qu'elles tenaient en dissolution, si celles-ci avaient fait primi-
Â
9i GOQUAND. — PÉTROLES OU CAUCASE. 19 nOV.
tivement partie de la Her Noire. II est évident qu'elles ne peuvent
compenser leurs pertes que par un apport provenant d'une autre
source» et cette source ne saurait être que le lessivage par leseaux sou-
terraines des argiles tertiaires salifères, au milieu desquelles la cuvette
du lac est creusée et qui, chaque hiver, lui restituent le sel que la ré-
colte de chaque été lui a enlevé.
Quant aux lacs dans lesquels le chlorure ne cristallise pas tous les
ans, la cause m'en parait facile à trouver. C'est parce que le lessivage
par les eaux souterraines s'exerçant sur des argiles peu riches en
matières salines, il faut que les eaux soient arrivées au point de
concentration voulu pour que la précipitation du sel puisse s'effec-
tuer.
Je n'ai point d'ailleurs à m'appesantir davantage sur la salure de ces
lacs intérieurs. J'ai eu l'occasion, dans d'autres écrits, de faire con-
naître ceux qui se trouvent dans des conditions identiques en Yalacbie
et en Moldavie, et de les comparer aux chotts que l'on rencontre dans
les hauts plateaux de l'Algérie, ainsi que dans le Sahara (1).
Les détails dans lesquels je suis entré avaient pour but d'établir,
d'après les bases solides de la stratigraphie et de la paléontologie, le
synchronisme des terrains pétrolifères du Caucase avec ceux mieux
connus des Carpathes, et de démontrer leur synchronisme, ainsi que
leur communauté d'origine, tant au point de vue do leurs éléments
constitutifs qu'à celui des produits accidentels qu'ils contiennent et qui
donnent naissance à des phénomènes identiques. Ils étaient indispen-
sables pour fixer avec précision la position géologique de l'Ozokérite.
Ajoutons, pour ne plus y revenir, que, dans la chaîne du Caucase, les
pétroles sont emmagasinés dans la division a de la classification de
H. Abicb, qui correspond à la partie supérieure de l'étage oligocène, à
l'Aquitanien de plusieurs auteurs.
On distingue en minéralogie, sous le nom de Cires ou de Suifs de
montagnes, certains produits intermédiaires entre les résines fossileset
les bitumes, et dont l'aspect est celui de certains corps gras, tels que la
Naphthaline. Leur composition ne décèle que la présence du carbone
et de l'hydrogène, et leur gisement se trouvant généralement en con-
nexion avec des dépôts d'asphalte et de pétrole, d'âge et de formation
différents, semble indiquer qu'ils sont des dérivés de ces dernières sub-
stances.
L'Ozokérite a été signalée pour la première fois dans les environs de
(1) Sur l'âge des gisements de sel gemme fDjebel-MèldhJ, sur l'origine des ruis^
seaux salés (OuedrMèldhJ et des lacs salés (Chotts et SebkhaJ de l'Algérie, Bull.,
2«8ôr., t.XXy, p. 431; 1868.
1877, COQUAND. — réTROLBS DU CAUCA8B.
Slanick^près d'Okna (Moldavie). J*aî ea Toccasion d'en parler dans un
travail sur les gisements de pétrole de celte principauté. Il me reste à
faire connaître les conditions géologiques dans lesquelles cette sub*
stance se présente à Kadadji (Circassie) (1).
Kadadji est un gros bourg situé à 120 verstes au sud-est d'Eka*
terinodar, chef-lieu du gouvernement des Cosaques du Kouban, sur
te versant septentrional du Caucase, dont il commande un des passages
les plus importants. De Temrouk à Ekaterinodar, sur une distance de
220 kilomètres, on ne traverse guère que des steppes, dont quelques
coteaux ondulés interrompent seuls la monotonie. Ces coteaux vont
se perdre dans des marais impénétrables qui séparent le fleuve du
Kouban de la région des steppes proprement dites. Quand d'Ekateri-
nodar on se dirige vers le sud-est, le relief du sol s'accentue de plus en
plus, et à mesure qu'on pénètre dans le massif du Caucase, les coteaux
se transforment en collines; à Kadadji même la montagne succède
aux collines.
Le gisement d'Ozokérite est distant de 5 kilomètres environ de
Kadadji. On s'y rend en suivant dans la direction du nord-ouest la
route stratégique qui prend en écharpe le flanc des coteaux, formés
de marnes argileuses et de calcaires d'origine marine correspondant à
(1) A l'époque où je parcourais la Valachie et la Moldavie, capitalistes sérieux,
aventuriers y tout lemoDde courait après les sources de pétrolo avec le môme entra!-
nement que les chercheurs d'or après les placers de la Californie. L'élan se pro-
pagea avec la rapidité de l'éclair dans les gouvernements de Kertsch, de Taman,
d'Anapa, d'Ekaterinodar, sur tout le versant septentrional du Caucase, partout où
apparaissait le moindre indice pélroléen. Quelques années plus tard, la découverte
de gisements importants d'Ozokérite en Galicie appela d'une manière spéciale
l'attention sur quelques points où on avait constaté la présence de cette sub-
stance.
L'Ozokérite ne constituait guère à ce moment qu'une rareté minéralogique, à ce
point que ce fut avec beaucoup de peine que je parvins à m'en procurer quelques
échantillons auprès des puisatiers des puits à pétrole. Mais tout dernièrement eUe
a été trouvée en quantité considérable en Galicie, principalement à Boryslaw et à
Bzwindacz, au pied des Carpathes du Nord, dans le terrain miocène même qui con-
tient des sources de pétrole. La production s'en est élevée en 1875 à environ vingt
millions de kilogrammes. Les sortes les plus pauvres sont employées pour la fabri^
cation de la parafine ; celles de première qualité sont utilisées pour la fabrication de
la cérisine et vendues, surtout en Russie, comme cire d'abeilles, dont on peut à
peine les distinguer.
L'importance de ce produit a donné de l'intérêt aux terrains pétrolifères du
versant septentrional du Caucase, à la surface desquels le hasard avait fait décou-
vrir des traces d'Ozokérite, comme aux environs de Kadadji. Mais jusqu'à ce jour,
malgré des recherches persistantes, la cire fossile s'y est montrée aussi rare qu'en
Moldavie. Cependant l'analogie des terrains pétrolifères des Carpathes et du Caucase
rend, sinon certaine, du moins probable, l'existence de gisements d'Ozokérite en
Circassie et sur les bords de la Caspienne.
96 GOQUAND. — PÉrnOLES DU CAUCASE. 19 OOV.
rëtage miocène du bassin de Vienne. Arrivé à un point qui domine le
système montagneux désigné par les Circassiens sous le nom de Jkfon-
tagne de la Cire, on tourne brusquement à droite et on s'engage au
milieu d'argiles grisâtres, sillonnées en tout sens par des fondrières et
des ravins profonds qui en rendent le parcours pénible et fatigant.
Vers la partie moyenne de la formation argileuse, on remarque, sur-
tout après les grandes pluies, éparse sur la surface du sol, une sub-
stance translucide, de couleur d*ambre plus ou moins foncée, ductile,
fusible dans l'eau bouillante, se présentant sous la forme de grains
arrondis ou de pépites assez minces, jouissant de la propriété de s'en-
flammer et de brûler à la manière d'une bougie.
Une large tranchée pratiquée sur l'emplacement même oii l'Ozoké-
rite avait été observée, mit à découvert un banc, de deux mètres de
puissance environ, d'une argile à foulon, de couleur fuligineuse,
onctueuse au toucher, se laissantdébiterau couteau en petits copeaux,
et divisée en blocs irréguliers et polyédriques par de nombreuses
fissures se croisant en tous sens et imitant les fines veinules de carbo-
nate de chaux spathique qui traversent certains calcaires compactes.
C'estjustement dans ces fissures que s'est insinuée l'Ozokérite, sous la
forme de pellicules le plus ordinairement minces comme une feuille de
papier, ou bien, mais exceptionnellement, sous celle de petites pla-
ques de quelques millimètres d'épaisseur. On a affaire, comme on le
Voit, plutôt à de simples enduits qu'à de véritables veines ou à des
amas.
La roche étant d'une faible consistance, quelques ouvriers purent
mettre à ma disposition, dans une seule journée, plus de mille mètres
cubes que je dépeçai à loisir. Aucun changement ne se manifesta dans
les allures du terrain ni dans la manière d'être de l'Ozokérite. Mon
marteau ne mettait à découvert que les mêmes feuilles papyracées
injectées dans les fêlures de l'argile à foulon. Il m'a été impossible de
constater ni couches régulières, ni filons, ni amas, ni rognons de la
substance cireuse. J'ai estimé que la cire fossile constituait à peine les
deux millièmes de la roche abattue. Elle ne pouvait prétendre par
suite à aucune importance industrielle.
Les nombreuses recherches auxquelles je me suis livré m'ont
démontré que les points attaqués représentaient véritablement les con-
ditions normales du gisement. En elfet, si ce dernier eût contenu des
centres d'une plus grande fécondation, on aurait certainement
recueilli sur la surface du terrain des fragments plusvoluroineux d'Ozo-
kérite, tandis que ceux que l'on y ramassait, et ils n'étaient pas rares,
ne dépassaient pas les dimensions des feuillets que contenait le ter-
rain vierge. J'ajouterai que les argiles ozokéritifères exhalaient, au
1877. coQUAND. — PË^rnoLES du gaucase. 97
moment de leur extraction , une odeur très-prononcée de pétrole.
Dans l'espoir de découvrir au-dessous du gite reconnu trop pauvre
pour pouvoir être exploité, des terrains plus riches en cire fossile, le
prince Tcherbatoff avait établi deux sondages qui ont été poussés à une
profondeur de plus de 60 mètres, mais qui n'ont ramené que des argiles
brunâtres, fusant à l'air et fortement imprégnées de pétrole et de sel
marin. Le pétrole surnageait môme au-dessus des eaux qui avaient
envahi un des deux trous de sonde.
Les sources salées ne sontpoint rares dans la contrée etla présence du
sel se trahit sur une foule de points par des eflQorescences blanchâtres
ou par des champs de Salicornes.
Les montagnes de Eadadji se montrent fort riches en pétrole ; mais
leur éloignement des grands centres de consommation, la difficulté des
transports et la concurrence que leur opposent les gisements de
Ramcaya, qui empruntent la voie du Kouban, fleuve navigable
jusqu'à la saison des glaces, en rendent l'exploitation très-limitée.
Avant d'abandonner la contrée, je me fis conduire sur un point
désigné parle nom de Montagne des vieitœ puits de Naphte, d'où les
Circassiens tiraient, de temps immémorial, les goudrons qui leur ser-
vaient à lubréfier les essieux en bois de leurs chariots. Cette montagne
est distante de 15 verstes au sud de Kadadji et de 5 verstes environ de
la route militaire qui traverse le Caucase et aboutit à un petit port de
la Mer Noire.
Je me trouvai sur ce point en présence de grès à grains fins, alternant
avec des marnes et des argiles bleuâtres, d'une puissance de iS à
20 mètres, redressés jusqu'à la verticale, entièrement imprégnés d'as-
phalte, et dont on pouvait suivre le prolongement sur une longueur
de plus d'un kilomètre. Cette étendue n'est qu'un minimum ; car au
sud, comme vers le nord, on voit les roches asphaltiques se continuer
sous d'impénétrables forêts de chênes qui en masquent le parcours
extérieur. Outre ce gisement, j'en ai visité, dans les alentours, d'au-
tres moins formidables, et au dire des Cosaques qui m'escortaient,
les montagnes circon voisines en renferment aussi de nombreux dé-
pôts.
Pour montrer la riche teneur en asphalte des grès imprégnés, il me
suffira de faire remarquer que le soleil se charge de la distillation des
portions superficielles soumises à l'action de ses rayons, et que le pro-
duitde cette distillation consiste en un immense gâteau de malthe et
de bitume glutineux, qui se met en mouvement chaque été et s'avance
à la manière d'une coulée de lave visqueuse, au point que les terrains
asphaltiques sous-jacents se trouvent presque cntiurenient dissimulés
sous une couche épaisse de goudron minorai, dans laquelle s englue-
7
98 COQIAND. — Pli FROLES DL' CAUCASE. 19 nov.
rail infailliblement Timprudent qui voudrait s'y aventurer sans pré-
caution. Aussi, pour pouvoir apprécier Tiraporlance et la richesse des
grès, j'ai été obligé défaire ouvrir des tranchées de distance en dis-
tance à travers ces encroûtements.
J'omets à dessein de parler des autres gisements pétrolifères que j'ai
eu occasion d'examiner sur le versant septentrional du Caucase et qui
sont échelonnés depuis la presqu'île de Taman sur la mer d'Âzof
jusqu'à Bakou sur la Caspienne. Leur description ne consisterait guère
qu'en des répétitions fastidieuses pour le lecteur, et n'ajouterait aucun
chapitre nouveau à l'histoire des pétroles.
Je n*ai point voulu cependant quitter la station de Kadadji sans
m' assurer quelle était dans le voisinage la formation géologique sur
laquelle reposaient les terrains pétrolifères. En suivant la route stra-
tégique dans la direction de la Mer Noire, j'ai constaté que ces derniers
reposaient directement et en concordance de stratification sur la for-
mation complète du Fiyscb, que font reconnaître à première vue les
calcaires (Albérèse) à tons pâles, les grès (Macigno) et les schistes
(Galestri), et surtout la quantité prodigieuse de Fucoïdes que contien-
nent les grès et les calcaires. Le terrain à Fucoïdes reparaît sur toute
la longueur des pentes méridionales du Caucase. On le retrouve entre
Novorocitz et Anapa, oii il est recouvert invariablement par les argiles
pétrolifères et salifères.
La découverte des Fucoïdes complète l'analogie que j'ai déjà eu
l'occasion de signaler entre la constitution géologique des Carpalhes
et celle du Caucase» même dans de simples détails. Il y a à relever
en outre, comme nouvel argument d'analogie, bien qu'il soit de
valeur moindre, l'existence des bancs ferrugineux des environs de
Matitza (Principautés danubiennes), oii j'ai recueilli les Cardium ma--
crodon et C. Gourieffi et une grande partie de la faune des célèbres
falaises de Kamysch-Bouroun.
H. Capellini, dans son travail sur les gisements pétrolifères de la
Yalachie, constate, à son tour, les mêmes corrélations et reconnaît,
comme moi, plusieurs niveaux pétrolifères, dont le plus inférieur est
placé par lui dans l'Éocène moyen.
Enfin le même savant (!) a retrouvé plus tard, dans les assises à
Congériesde Castellina-Marittima (Toscane), une grande partie des Car*
dium signalés au même niveau dans les minerais de fer de Kamysch-
Bouroun et a ainsi plantédans l'Europe méridionale un nouveau jalon
qui sert à relier l'étage à Congériesde l'Italie centrale d'un coté avec le
II) La Formaiione gessosa di CastelUua Marittima e i suoi fossili, Mem. deW
A'cademia délie Scienze deli Istituto diBologna. 3* sér.; t. IV ; 187i.
1877. sÉAiNCE. 90
gisement découvert en 1871 par H. Mayer (1) à Bollène, dans le bassin
du Rhône, et d'un autre côté avec les dépôts à Congéries du bassin de
Vienne, delà Crimée et du Caucase.
En résumé, les terrains tertiaires que j'ai eu l'occasion d'étudier
dans le Caucase et ses dépendances se succèdent dans l'ordre sui*
vant (2) :
Terrain pliocène : l* £tage sobapcDDia (iUtieo) : presqu'île de Taman -* Noa
soulevé.
Terrain miocène S* Ëtage à Congéries (Œoinghien) : falaises de Ramysch
supérieur : Bouroun, presqu'île de Tamao.
Terrain miocène 8* Ëtage des calcaires mariDs, des marnes gypseuses, des
inférieur : calcaires à Bryozoaires (Falunien) : environs .de Kertsch,
deKadadji, presqu'île de Taman.
Terrain oligocène 4* Ëtage des marnes et argiles brunes et dpsgrès (Stampien);
supérieur: niveau des pétroles et des asphaltes, correspondant aux
gypses d'Ail.
Terrain oligocène 5* Ëtage des calcaires et des grès à Fucoïdes, correspondant
inférieur : aux gypses de Montmartre et deGargas.
Terrain éocène : 6^ Ëtage des calcaires ot des marnes à Nummulites.
Le soulèvement des chaînes des Carpa thés et du Caucase a donc sa
date toute écrite entre l'OEninghien et l'Astien .
Séance du 3 décembre 1877.
PRÉSIDENCE DE M. TOURNOUÉR.
H. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membres de la Société :
(1) Découverte des couches à Congéries dans le bassin du Rhône, Vierteljahre-
schrifi der NaturforschendenGesellschaft in Zurich, 1871.
(3) Mon travail aurait été plus complet sans un vol audacieux dont j'ai été victime
le jour de mon départ d'Odessa et qui me priva de mes notes et de mon argent.
Heureusement la partie qui traitait des Pétroles et que j'avais rédigée en grande
partie avant d'avoir quitté la Crimée, se trouvait renfermée dans la portion de mes
bagages expédiée en France. Je me vois donc, à mon grand regret, condamné à ne
pouvoir rien dire sur le terrain crétacé du Caucase ; car il me serait impossible de
citer un seul nom de localité ou de rivière et d'appuyer mon texte sur les coupes
que j'avais rolcvées.
â
fOO
BUDGET POUR 1877-78.
O Cl6C.
MM. Almera (Jaime), rue Sellent, 3,3®, à Barcelone (Espagne), pré-
senté par MM. Landerer et G. Dollfus;
Frieoel, Professeur de minéralogie à la Faculté des sciences, boule-
vard Saint-Michel, 60, à Paris, présenté par MM. Hébert et Jannettaz.
Le Président annonce que, par décision du Conseil, il sera publié à
l'avenir un Compte-rendu sommaire des séances. Ce compte-renda
donnera l'analyse des communications faites à chaque séance et sera
distribué par voie d'abonnement.
Sur la proposition du Conseil, la Société décide que la session ea^
traordinaire de 1878 aura lieu à Paris à une époque qui coïncidera
avec celle de la réunion du Congrès géologique international.
Le Trésorier présente les Comptes de l'exercice 1876-77 et le projel
de Budget pour l'exercice 1877-78, tel qu'il a été arrêté par le Conseil
dans sa séance du 26 novembre dernier :
Budget pour tannée I9TT • T^
(du 1" novembre 1877 au 31 octobre 1878).
RECETTES.
DÉSIGNATION
des
CBinTUS.
g 1. Produits des ré-
ceptions et des
cotisatioQS
§ S. Produits des pu-
blications ,
S 3. Recettes di<
verses
S
•3
V3
S
1
s
3
4
6
6
7
8
9
10
11
li
13
14
NATURE DES RECETTES.
Droits d'entrée et de diplôme
Cotisations de Tannée courante...
— arriérées
— anticipées
— à vie
Vente du Bulletin
— dos Mémoires
— do Vllistoire de* Progrès
de la Géologie
Recettes extraordinaires relatives
au Bulletin
Allocation ministériolle
Souscription ministérielle aux Mé-
moires
Revenus
Lo^er , chauffage , éclairage des
Sociétés météorologique, mathé-
matique, etc
Recettes diverses
Totaux
PRB vos
pour
1876— T7
RECETTES
BrricTous
en
1876—77
600fr.>
9»900
600
600
1,900
1,S00
1,000
iO
>
1,000
600
3,800
23»G70
3,900 >
80 >
640 fr.»
10.138 >
794 30
663 »
1,900 >
1,149 98
47 80
833 98
760 >
600 »
3,993 86
8,980 »
36 90
93,891 96
PBIVOBS
pour
1877—78
700fr.i
9,900 B
780
800 m
1300
1>900 M
1,000 9
90
»
1,000
600
3,950
8,880
80
94,4»
w w
1877.
BUDGET POUR 1877-78.
101
DÉPENSES.
DÉSIGNATION
des ;
S 4. PubUcalions.
S 5. Dépeaies di-
I
t
as
S t. PenoDiMl....
S t. Frais de loge-
OMOi
sa. Malérifll I Ç
1
1
8
4
5
•
9
10
11
1S
13
14
15
NATURX DES DÉPENSES.
Agant
Giitoo:gafM
— : gratificatioD
Loyer: cootribotioiu ; aMoraocee.
ChâonaM; éclairaie
Moliilier
BibUothèqQe
B^tUêiin: impreuion; pluebet..
— : port
Mémoittê •••••••■••
Frais de boreaa, de circulaires, etc.
P»rU de lettres
Placement de cotisations à vie.
Prix Viquetnel
Dépensée di?erses
Totaux
DÉPENSES
rtircis
BrriCTuiis
rtiTuts
pour
en
pour
1876-77
1876-77
18n— 76
»
»
»
1,000 fr.»
1.000 Or.»
1,000 Dr. »^
800 »
800 »
800 »
4,78S »
4,780 63
4,780 B
600 »
667 60
600 >
600 »
664 65
600 B
700 >
933 70
600 B
8,000 »
6,805 36
6,000 B
8.000 »
1,7«7 63
8,000 J
3,000 »
1.165 >
3,000 B^
1.000 >
1,771 75
1,000 B
350 »
387 48
350 B^
1,800 B
1,800 >
1.886 60
310 >
318 76
310 B
60 S
60 >
96 »
83,635 >
83,083 61
83,830 B
En résumé :
NATURE DBS RECETTES.
RECETTES |
rtivoxs
pour
1876-77
xrriCTutis
en
1876—77
•
pour
1877-76
j( 1. Produit8 des cotisations
12,800'' »
3,820 »
13,432'' 30
2,879 40
7,210 26
13,050" »
3,820 >
7,550 »
1
^3. — des publicatioDS
S 3. Recettes diverses
7,050 »
Totaux
23,6:o >
23,521 96
24,420 V
Les recettes effectuées du 1*' novembre 1876 au 31 octobre 1877 étant de 23,521'' 96
L'encaisse au 31 octobre 1876 de 105 11
Le total général des recettes est de 23,627 10
NATURE DES DÉPENSES.
$ 1. Personnel
S 2. Frais de logement. ...
S 3. Matériel
S 4. Publications
S 5. Dépenses diverses . . .
Totaux
niruis
pour
1676—77
1,200'*
5,825
1,200
13,000
2,910
23,635
DÉPENSES
BrrBCToiBS
en
1876-77
1,200" >
5,288 13
1,618 55
11,178 21
3,738 72
23,023 61
PKIVDIS
pour
1877-78
1,200"
5,320
1,400
13.000
2,910
»
>
23,830
102 DOLLFUS. ^— AUMONIEB ET ECK : BERRU. 3 déc.
Les recettes pour 1876-77 étant de 23,627'^ 10
Les dépenses de 23,023 61
11 restait en caisse au 31 octobre 1877 603 49
Les recettes prévues pour 1877-78 étant de 24,420 »
Le total général des recettes pour 1877-78 peut être évalué à 25,023 49
Les dépenses prévues étant de 23,830 »
L'excédant des recettes sur les dépenses au 31 octobre 1878 peut être
évalué à 1,193 49
La Société adopte le projet de Budget et renvoyé à l'examen de la
Commission de Comptabilité les Comptes de l'exercice 1876-77.
Sur la proposition de M. de Roys, elle vote à Tunanimité des remer-
ciements au Trésorier.
M. G. DoUfki» donne lecture de la note suivante :
Je suis chargé par nos collègues MM. Aumônier et EUsk, d'of-
frir à la Société géologique une brochure intitulée : « Notice sur la
constitution §^éolo§^l<iue de la montagne de Berru* > Ce
travail, couronné par l'Académie de Reims en 1870, mais publié seu-
lement en 1873, n'était pas encore parvenu à ma connaissance lors
de la rédaction de ma Note sur une nouvelle coupe observée à Rilly-
la-Montagne {{),
Dans leur intéressant mémoire, MM. Eck et Aumônier ont relevé les
nombreuses coupes que présente le monticule de Berru, à 5 kilomètres
à l'est de Reims, et les ont comparées à celles des collines de la mon-
tagne de Reims.
Ils ont observé au-dessus de la Craie :
A. Un sable fin, blanc, pur, avec quelques fossiles, surtout dans les
bancs de grès ferrugineux qui apparaissent à la base. Ce sable, puis-
sant de 5 à 6 mètres (couches 37 à 40), est souvent raviné et môme
détruit par le conglomérat qui le surmonte. Ou l'observe dans
les coupes des pages 10, 18, 19 et 20 de la Notice.
B. Conglomérat dit deCernay, puissant et dénature vaiûée : couches
de sable jaune, grossier, à bivalves (Cy rênes), de sable argileux ligni-
tifère, de calcaire à empreintes végétales, de poudingue à ossements
(Crocodiles et Tortues), reposant normalement sur les sables blancs
(couches 33 à 36), ou directement sur la Craie par ravinement (couches
41 à 49), comme le montrent les coupes des pages 7, 9, 12, 13 et 14.
(1) Ày\n. Soc. gêol. Nord, t. III, p. 153; 1875.
1877. DOLLFUS. — TËREBUIPORA CAPiLLARlS. i03
C. Marnes blanches ou panachées, puissantes, à rognons (couches
30 à 32).
D. Sableà, lignîtes, argiles dans tout leur développement, avec banc
à Cerithium et Ostrea vei*s le haut, terminés par un lit de cailloux
roulés.
£. Sables glauconieux blancs ou argileux, sans fossiles.
Au mamelon du Point-de-vue une série supérieure apparaît :
F. Marnes blanches et verdâtres, appartenant vraisemblablement au
Calcaire grossier supérieur.
G. Calcaire d'eau douce (Lymnées et Paludines) ; calcaire de Saiut-
Ouen sans aucun doute.
H. Calcaire marin, marneux, à Pholadomya Ludensis, des marnes
infrà-gypseuses.
I. Calcaire siliceux (meulières) de la Brie.
Diluvîum.
Les sables blancs inférieurs, A, sont ceux de Rilly, et les fossiles
qu'on a trouvés à leur base (Cardium Edwardsi, Fusus^ Pectunculus)
confirment leur rapprochement que j'ai proposé avec les sables de
Châlons-sur-Vesle. Les horizons inférieurs de Bracheux font défaut.
Le calcaire de Rilly n'apparaît pas à Berru; mais ses débris abon-r
dent dans le conglomérat de Cernay, B, que nos collègues comparent
au conglomérat de Meudon, assimilation que j'adopte bien volontiers.
Je vois en C les marnes de Dormans, avec leur faciès habituel.
MM. Eck et Aumônier y ont aperçu des fossiles (Lymnœa et Cyclas)
dont la détermination n'a malheureusement pas pu être faite.
Les couches D sont les lignites normaux du Soissonnais.
Quant à la série supérieure, F-I, indiquée pour la première fois à
Berru dans la note que j'analyse, elle fait étendre plus loin qu'on ne
les avait indiquées, les limites du rivage du bassin de Paris, et com-
plète le substantiel travail de nos collègues.
M. DoUfUBoffreensuiteàla Société une brochure (1) dans laquelle
il décrit, sous le nom de Xerebripora caplUarls (et non
capillacea, comme le porte par erreur la couverture), un Bryozoaire
nouvqjiu, intéressant comme mode de conservation par remplissage
d'une cavité interne, nouveau comme Térébripore logé dans une
Térébratule, nouveau comme Bryozoaire escharien dans les terrains
anciens. M. Dollfus tient à remercier ici H. P. Fischer des conseils
qu'il a bien voulu lui donner.
M. Dolli'us a figuré sur la même planche que le Terébripora capil-
(Ij Bull. Soc. linn. Norm.. 3« sér., t. I; 1877.
104 TORCAPl!:L. •— LIGNE D ALAIS AU POUZIN. 3 dëc.
m
îaris quelques-uns des fossiles dévoniens du même gisement, et parmi
eux le SpiHfer Roicsseau, qu'il avait réuni, d'après l'opinion des géo-
logues du Nord et de l'Allemagne, au S. lœvicosta. Val. Cette opinion
lui semble aujourd'hui contredite par Texamen du type de VËcole des
mines et par l'étude des figures de Davidson. Il espère avoir roccasion
de revenir sur ce sujet prochainement avec M. de Tromelin.
M. Touruouêr analyse la note suivante :
Note sur la G^olo§;le de la ligne cTAInîm au Pouasln^
par M. Torcapel.
J'ai rbonneur de présenter à la Société géologique un exemplaire de
mon étude des terrains traversés par le chemin de fer d'Alais au Potfr
zin (section de Robiac au Pouzin), étude que j'ai terminée à la fin de
1876 et dont l'impression a été faite dans le courant de cette année.
Ce travail comprend la carte géologique de la région traversée, à
l'échelle de 1/40,000», le profil en long de la ligne, avec douze coupes
transversales, et enfin une notice sommaire sur la constitution géolo-
gique de la contrée et sur les divers étages qu'on y observe.
La section de Robiac au Pouzin a une longueur de 9S kilomètres.
Elle prend son origine dans la vallée de la Cèze, en pleines Cévennes,
et aboutit au bord du Rhône, en coupant obliquement une bonne
partie du versant sud-est du Plateau central.
Les terrains traversés par le chemin de fer, ou existant aux abords,
sont, dans le bassin de la Cèze : le terrain houiller exploité aux mines
de Gagnières;-- le Trias complet; — l'Infralias, comprenant les
couches à Avicula contorta^ la zone de Y Ammonites planorbis et une
couche puissante de dolomie sans fossiles; — le Lias inférieur et
moyen à Gryphœa arcuata et G. cymbium ; — le Lias supérieur,
représenté par les schistes àPosidonies et par des calcaires ferrugineux
à Ammonites bifrons.
En pénétrant dans, le bassin de l'Ardèche, on trouve les niâmes
oxfordiennes à Ammonites macy^ocephalus, reposant directement, et en
stratification discordante, sur les couches supérieures du Lias. Il y a
donc ici une lacune considérable, et ce n'est que vers Aubenas et
Privas qu'on retrouve des dépôts appartenante TOolithe inférieure.
A rOxfordien inférieur succède une immense série de strates concor-
dantes, que l'on peut observer dans de magnifiques coupes et qui se
poursuit jusqu'au Néocomien supérieur ou Urgonien. Ce sont d'abord
1877. TORGAPEL. — LIGNE D'aLAIS AU POUZIN. 105
]es marnes noduleuses à A. cordattts et les calcaires compactes kA.bi'
mammatî4s, qui complètent la série oxfordienne ; puis les couches à
A. poîyplocus^ que Ton trouve ici plus développées encore que dans le
Gard, et la zone des calcaires massifs, qui termine la série jurassique.
Ces derniers calcaires forment avec les calcaires ruini formes, sans fos-
siles, qui dans le Gard se lient aux calcaires blancs à Terebratuîa Mora--
vica (i), une seule et même assise ; mais dans l'Ardëcbe cette assise
revêt un faciès diflérent et contient des fossiles qui la relient d'une
part aux calcaires sous-jacents à Ammonites poli/plocus, et d'autre
part aux calcaires à Terebratuîa janitor qui lui sont superposés. 11 en
résulte entre les faunes jurassique et néocomienne un passage graduel,
qui, joint à la concordance des strates (2), à leur liaison pétrogra-
phique, met en évidence la continuité des dépôts. On est ainsi amené
à voir dans les couches à Ammonites polyplocus et dans les calcaires
massifs les représentants des étages kimméridgien et portlandien du
bassin anglo-français.
Le terrain néocomien se présente également au complet. Je le fais
commencer aux couches à Terebratuîa janitor, dont la faune a bien
plus d'analogie avec celle des couches néocomiennes qu'avec celle des
calcaires massifs sous-jacents. Ce fait, que M. Lory a également con-
staté à Grenoble (3), est mis par mes observations hors de toute dis-
cussion.
Viennent ensuite les couches dites de Berrias, les marnes à Belem-
nites latus^ les calcaires et marnes à Spatangues, les calcaires à Crio-
cères, et les calcaires, tantôt compactes et siliceux, tantôt oolithiques
et remplis de Chama, de l'Urgonien.
Le terrain crétacé proprement dit n'est représenté dans la région
que par un lambeau enclavé par des failles dans le Néocomien et où
affleurent les msiVïïes kPîicatules et les grès et sables du Gault.
Dans la série tertiaire, nous trouvons d'abord les sables bariolés, avec
argiles réfractaires ; puis un puissant système de poudingues et de
marnes rouge&tres, que je range dans l'Éocène (4). I^ Miocène marin
n'est pas représenté. La puissante calotte basaltique du Coirou
recouvre des alluvions à Mastodontes, que j'ai rapportées au Pliocène,
(1) Voir ma Note'jur la Géologie de la ligne de Lunel au Vigan, Bull. Soe. géoL,
a«sér.,t.IV, p. 15; 1875.
(3) J'ai déjà établi, par mes coupes de la ligne de Lunel au Yigan^ la concordance
du Néocomien et du Jurassique dans le Gard; elle se retrouve dans l'Ardèche. Il y a
doncconcordanco générale dos deux formations dans les Gôvennes comme dans les
Alpes.
(3) Voir Bull., 3» sér., t. V, p. 8 ; 1876.
(4) Ce système n'avait pas encore été signalé dans TArdèche.
106 TORGAPEL. -— LIGN£ D'âLAIS AU POUZIN. 3 dëc.
mais que des documents nouvellement recueillis pourraient faire
remonter à l'époque miocène.
Le terrain quaternaire est représenté par des alluvions de divers
genres.
Dans la vallée de rArdèchC) elles se distinguent nettement en trois
' catégories, savoir, en commençant par les plus anciennes : alluvions
siliceuses des plateaux, alluvions des terrasses à cailloux plus ou
moins altérés, enfin alluvions du régime actuel.
Dans la vallée du Rhâne, les alluvions des plateaux sont également
bien distinctes, quoique réduites à de faibles lambeaux ; mais celles
des terrasses n'offrent peut-être pas des caractères aussi nettement
tranchés que dans la vallée deTÂrdèche ; ce qui peut tenir aux effets
de remaniement et de comblement qui paraissent avoir été la consé-
quence de la fonte des grands glaciers alpins. De longues études sont
par suite encore nécessaires pour établir d'une manière précise la
stratigraphie des dépôts quaternaires de la vallée du Rhône. L'obser-
vation de l'altération des roches dans les alluvions anciennes, phéno-
mène sur lequel j'insiste dans ma notice et que je crois général, me
paraît un moyen de faciliter beaucoup ces études. J'avais déjà remar-
qué cette altération dans le bassin de l'Hérault et je l'ai retrouvée éga*
lement prononcée dans l'Ardèche (1).
Je dois, pour aujourd'hui, me borner à ces quelques indications sur
les principaux faits qui ressortent du travail présenté.
J'espère pouvoir donner ultérieurement des détails plus étendus et
plus précis sur la stratigraphie, sur les caractères et le gisement des
fossiles, etc., pour quelques-uns, au moins, des étages énuméi'és ci-
dessus.
Voici, pour terminer, quelques indications techniques qui pourront,
je pense, intéresser ceux de nos confrères qui s'occupent de travaux
analogues.
Dans la rédaction de la carte, je me suis attaché à. rendre très-
claire la distinction des étages et des zones, sans nuire à la perception
nette du relief du terrain exprimé par les hachures, A cet effet, j'ai
pris pour règle de repr«5senter les diverses zones appartenant à un même
étage par la même couleur, en variant seulement l'intensité de la
teinte et appliquant la nuance la plus sombre à la zone la plus infé-
rieure. Les nuances attribuées aux différentes zones forment ainsi, par
leur rapprochement, une sorte de gamme qui se trouve en rapport
(1) M. Vanden Broeck a signalé depuis des faits analogues dans les aUuvions du
bassindelaSeino/'Bu//.. 3'sér., t. V, p 298; 1877).
1877. TORGAPEL. — LIONB D'AUIS AU P0D2IN. 107
avec le relief du terrain et concourt, avec les hachures, à le faire
ressortir.
Les zones d'un même étage sont distinguées en outre par une petite
lettre, qui, accolée à la lettre majuscule de Tétage, donne la caractéris-
tique de la zone. Ce mode de notation, déjà adopté, notamment pour
la Carte géologique de la Suisse, m'a semblé préférable aux indices
numéraux.
Je dois signaler aussi une disposition particulière du profil en long,
qui me parait propre à faciliter la rédaction et Tintclligence des docu-
ments de ce genre. Dans les profils et coupes géologiques, on est ordi-
nairement conduit, pour donner une idée nette des accidents superfi-
ciels et pour pouvoir figurer les diverses couches étudiées, à augmenter
réchelle deshauteurs et à la prendre double, quintuple, décuple, etc.,
de celle des longueurs. Mais lorsque cette exagération de l'échelle des
hauteurs devient trop forte, il arrive, si le profil a une certaine lon-
gueur, qu'il sort bientôt du cadre et qu'on est obligé de le briser à
plusieurs reprises. Il en résulte des coupures nombreuses qui rendent
le profil confus et difficile à suivre, aussi bien dans Tensemble que dans
les détails.
Ne pouvant me dispenser ici de donner le figuré détaillé du terrain
et des couches superficielles, j'étais obligé de prendre une échelle des
hauteurs au moins égale à 1/2000*, c'est-à-dire 20 fois plus forte que
celle des longueurs. Pour éviter l'inconvénient que je viens d'indiquer,
j'ai pris le parti de construire d'abord la ligne représentant le niveau
du chemin de fer, et par suite les déclivités générales du sol, à une
échelle quintuple seulement de celle des longueurs, ce qui sufilt pour
indiquer l'allure générale du terrain, et de dessiner ensuite par rapport
à la ligne ainsi obtenue, à l'échelle de 1/2 000®, le détail des accidents
et des couches superficielles ; grâce à cet artifice, j'ai obtenu un profil
qui permet, je crois, de se rendre compte aisément à la fois de l'en-
semble et des détails.
Les coupes transversales menées à chaque station du chemin de fer,
autant que possible suivant la ligne de plus grande pente des couches,
sont à l'échelle de 1/40 000«, tant pour les longueurs que pour les
hauteurs. Elles achèvent de définir la constitution géologique du sol et
permettent d'apprécier exactement la puissance des zones et des
étages.
A la suite de cette communication, M. Hébert présente les observa-
tions suivantes :
108 HÉBERT. — TEREBRATULA JANITOR. 3 dëc.
Quelqties remarques sur les gisements de la Terebratula
Janitor»
par H. Hébert.
La note de M. Torcapel, dont l'analyse vient d'être faite par
M. le Président, m'engage à appeler de nouveau l'attention de la
Société sur les gisements de la Terehratulajanitor, Je parlerai d'abord
des Cévennes.
M. Torcapel établit qu'il existe dans l'Ardèche, entre les couches à
Ammonites polyplocus et celles où abonde la Terebratula janitor
accompagnée des nombreux Céphalopodes caractéristiques de la faune
de Stramberg, une masse de calcaires plus ou moins dolomitiques,
qui atteint et dépasse 70 mètres.
Ëmilien Dumas plaçait ces calcaires dans le Corallien; si j'ai bien
compris, M. Torcapel en fait du Eimméridgien et du Portiandien.
Ë. Dumas avait raison; mais là n'est pas la question pour le moment.
Il s'agit de Tintercalation d'une série puissante de calcaires jurassiques
entre la zone à Ammonites polyplocus, dont j'entretiendrai tout à
l'heure la Société, et. les calcaires typiques à Terebratula janitor^ que
M. Torcapel est amené à placer à la base du Néocomien.
C'est à dessein que je me sers de ces termes « calcaires typiques à
Terebratula janitor n \ car, s'il est vrai, comme quelques géologues
l'affirment, que la T. janitor se Irouve dans le terrain jurassique supé-
rieur, au-dessous même de l'étage corallien, selon M. Coquand, elle
serait rare dans cette position, ou, pour ma part, je ne Tai jamais ren-
contrée. Elle abonde au contraire dans une foule de localités des
Basses-Alpes, de la Drôme, de TArdèche, etc., immédiatement au-
dessous des couches deBerrias; et là, comme à Grenoble, elle est
accompagnée de cette faune spéciale de Céphalopodes, si remarquable,
qui a été décrite de Stramberg par M. Ziltel.
On sait que cette assise ainsi définie repose souvent directement sur
les couches à Ammonites tenuilobatus et A, polyplocus. C'est le cas
pour Grenoble, pour les environs de Castellanue, etc. ; mais déjà (1)
j'avais signalé les localités de la Suisse orientale où M. Moesch avait
constaté entre ces deux zones l'existence des calcaire» à Nérinées, à
Diceras et à Terebratula Moravica. Ces faits si nets, si évidents, ont
donné lieu à des essais d'interprétation qui ne peuvent nullement en
(l) Bull. Soc. géol. Fr., 3» série, t. II, p. 118.
1877. HÉBERT. — TEREBRATULA JANITOR. 109
changer la haute signification; aussi n'ai-je pas cru nécessaire d'inter-
venir de nouveau.
C'est un argument de même nature que H. Torcapel me fournit
aujourd'hui. Dans TArdèche, les couches à Terehratula janitor ne sont
plus, comme dans le reste du grand bassin du Rbdne, immédiatement
appliquées sur la zone à Ammonites tenuilobatus; et, bien que le
système qui sépare ces deux horizons soit peu fossilifère, il est impos-
sible de n'y pas reconnaître au moins la base des calcaires qui occu->
pent la même position à Ganges et qui là se terminent par les cou-
ches si riches en Diceras Luci, Terehratula Moravica, etc.
Dans un mémoire récemment publié sur la géologie de la Gri-
mée (1), M. Ernest Favre constate (p. 29) que dans cette région la
Terébratula janitor se trouve, sans aucun doute possible, dans les
couches néocomiennes, et il admet comme certaine l'existence de cette
espèce dans le terrain crétacé inférieur du Midi de la France.
Je répète qu'on peut toujours, par une exploration suffisamment
prolongée, recueillir en grand nombre la Terehratula janitor dans
son gisement normal, qui correspond au Tithonique supérieur de
M. Zîttel, assise que je continue à placer à la base du terrain crétacé.
Cette assise est bien celle de l'Ardèche : M. Yélain, qui Ta étudiée, en a
rapporté des exemplaires de Vogué et de Berriasmêrae; et toujours
elle est recouverte par les couches de Berrias à Ammonites occita--
fdcus, A. Malbosi, A. Boissieri, etc.
Je ne veux pas nier la possibilité de l'existence de la Terehratula
janitor dans les couches à Ammonites acanthicus et A. longispinus
(A. iphicerus). Je ne puis cependant pas m'empêcher de faire remar-
quer combien les faits sur lesquels on s'appuie pour motiver cette
présence sont loin d'offrir le même caractère de certitude. Ainsi
M. Ernest Favre cite (i) d'après Pictet la Terehratula janitor aux
Voirons, oh un seul échantillon aurait été i*ecueilli. Il la place dans
l'assise supérieure de cette localité; mais, bien que depuis longtemps
il fasse rechercher les fossiles des Voirons, il n'a pu en retrouver un
seul autre exemplaire. Gette assise supérieure ainsi délimitée n'est donc
pas le Diphya-kalh.
M. Êbray a recueilli|]ce fossile à Talloires, sur les bords du lac d'An-
necy, en même temps qu'une série d'autres fossiles dont il donne la
liste; mais il n'a point indiqué d*une manière suffisamment précise la
distribution des divers fossiles, qui évidemment ne se trouvent pas
tous dans le même banc. En août 1876, j*ai passé deux jours à cxa-
(1) Étude strtUigraphique de la partie sud-ouest de la Crimée; 1877.
(2) Descr. des Foss. du terr. jur. de la mont, des Voirons, p. 54.
110 HÉBERT. — TEREBRATULA JANITOR. 3 déc.
miner ce point, avec M. Munier-Chalmas; je me suis attaché à me
rendre compte de la succession des strates. J'ai constaté là deux systèmes
de couches, renfermant tous deux des bancs schisteux fossilifères. Le
premier système est principalement composé de calcaires bréchi-
formes; je lui ai trouvé 31 mètres d'épaisseur, et non pas 8 ou 10,
comme le dit M. Ëbray. Le seul fossile que nous y ayons recueilli est
Y Ammonites Privasensis; mais les caractères de ces couches sont tout
à fait ceux des calcaires à Terebratula janitor du Dauphiné et de la
Provence. Le second système, formé de calcaires non bréchiformes,
très-nettement stratifiés et reposant sur les marnes oxfordiennes, n'a
pas moins de 75 mètres de puissance. Nous y avons trouvé Y Ammonites
trachynotus à 40 mètres au-dessous des calcaires brécbiformes; et les
lits les plus inférieurs de ce système, qui reposent directement sur les
marnes oxfordiennes, avec lesquelles ils semblent alterner, nous ont
paru renfermer encore la faune de la zone à A, poîyploais, La coupe
de Talloires étant tout à fait semblable à toutes celles que j'ai relevées
dans le Midi de la France, jusqu'à preuves plus décisives, je n'accep«*
tarai pas l'association signalée par M. Ébray.
Le troisième fait est emprunté à M. Neumayr, qui aurait recueilli la
Terebratula janitor, en Transylvanie, à la partie supérieure de la zone
k Ammonites acanthicics ; mais M. Neumayr ne donne aucune coupe de
la localité, et les renseignements qu'il fournit sur les circonstances de
son exploration indiquent clairement qu'il a récolté ses fossiles à la
surface du sol et que par conséquent il a pu recueillir mélangés les
fossiles des deux niveaux si souvent superposés : la zone à A. transi-
toriurS et Terebratula janitor et la zone à Ammonites acanthicics. J'ai
pu, grâce à l'obligeance de M. Stur, examiner les fossiles rapportés
de Gyiikos-Kô par M. Neumayr et déposés dans les collections da
Qeologische Reichsanstalt ; il m'a paru que l'Ammonite déterminée
comme Aspidoceras longispinum (Ammx>nites iphicerus) et qui se
trouve dans le même bloc qu'un exemplaire de Terebratula janitor,
n'appartient pas à l'espèce indiquée: c'est une forme plus globuleuse,
que l'on rencontre également en France dans les couches à T. janitor
et à Ammonites transitorius.
Ainsi, d'une part, incertitudes évidentes au sujet du gisement de la
Terebratula janitor dans les assises jurassiques, et, d'aulre part, faits
de plus en plus nombreux prouvant la présence de ce fossile dans des
couches considérées par tous comme franchement néocomiennes ; tel
est aujourd'hui l'état de la question.
Afin d'éviter tout malentendu, je désignerai à l'avenir la zone à
laquelle j'avais donné comme caractéristique la Terebratula janitor,
par le nom de zone à Ammonites transitorius.
1877. DIBULAPAIT. — CORALURN. 111
M. I^armn signale Timportance des recherches de M. Torcapel,
qui fait concourir au profit de la science ses fonctions d'ingénieur à la
èonstructton de la voie ferrée.
Ayant lui-même réuni les éléments de plusieurs coupes dans cette
région de l'Ardèche, aux environs de Pierremorte et des Avelas,
M. Parran confirme l'exactitude des observations de M. Torcapel rela«
tivement aux terrains oxfordien et suprà-oxfordiens et au Néocomien
inférieur.
n croit utile de signaler ici une erreur commise par H. Ë. Dumas
dans sa coupe de Pierremorte (Statistiqtce géologique du Gard, t. II,
p. 251), parce que cette erreur porte sur un point remarquable de la
région et que ce maître en géologie s'est bien rarement trompé.
É. Dumas a placé le point culminant de Pierremorte, la chapelle de
Saint-Sébastien, sur les calcaires massifs, ruiniformes et dépourvus
de fossiles, dont il a fait son quatrième sous-groupe supérieur oxfor-
dien et que MH. Coquand et Torcapel classent dans le Kimméridgien.
En réalité, la chapelle de Saint-Sébastien est bâtie sur des calcaires en
bancs minces, réglés, fossilifères, qui renferment les Ammonites de la
zone à A. polyplocus.^
H. Hébert analyse le mémoire suivant :
Étude sur les étet^em compris entre l'horizon de Z'il.ninio-
ni tes transversarius et le Ptéroc^rlen, en France
et en Suisse,
par M. DIeulafalt*
I. Limites et divisions des étages étudiés ;
Jura français depuis le département de la Haute-Marne jusqu'au
Nord de celui de V Isère.
Les maîtres de la Géologie ont établi d'abord pour les terrains juras-
siques les grandes divisions suivantes :
Portlandien,
KimméridgieD,
GorallicD,
Oxfordien,
Grande Oolithc,
Oolitho inférieure,
Lias.
112 DIEULAFAIT. ^ COUALLIEN. 3 déc.
Plus tard, plusieurs de ces groupes ont été divisés; on a, en parti-
culier, établi entre le Kimméridgien et le Corallien deux divisions
secondaires : Tune, la plus inférieure, est le Calcaire à Astartes ;
l'autre, qui lui succède, est le Ptérocérien,
Sans me préoccuper pour le moment des relations générales de ces
deux divisions avec les terrains entre lesquels elles sont comprises, je
dirai que je prends pour limite supérieure des terrains que j'étudie
dans ce mémoire, la base du Ptérocérien; et pour qu'il ne puisse
exister aucun malentendu sur ce point, j'adopte le Ptérocérien tel que
l'ont défini et limité MM. Tombeck, Royer.et de Loriol dans la Haute-
Marne ; c'est du reste le Ptérocérien des géologues du Jura.
Quel sera mon niveau inférieur ?
A une certaine hauteur dans l'étage oxfordien il existe un horizon
parfaitement défini, aussi bien dans les Alpes que dans le Jura, qui
renferme une légion de fossiles assez spéciaux, parmi lesquels Oppel a
choisi comme caractéristique Y Ammonites transversarius: c'est la zone
à A. Martelli de M. Tombeck et de ses collaborateurs dans la Haute-
Marne. Ce sera mon niveau inférieur.
Entre ces deux limites existe la succession suivante :
Calcaire à Astartes, l ^ ... , . , , .
Î supérieur. \ Corallien supérieur de M. Tombock.
moyen,
inférieur, avec le Glypticien à sa base.
Zone à Ammonites tenuilobatus (à Belemnxtes Royeri de K.Tombeck).
Zone à Ammonites bimammatus.
1® Calcaires à Astartes. — Les marnes et les calcaires avec Astartes,
dont le rôle est très-considérable dans la plus grande partie du Jura,
diminuent et disparaissent même complètement quand on s'approche
des Alpes. Il n'est pas probable que cette disparition soit l'efiet d'une
lacune, par cette raison que les conditions qui ont permis à ces petits
bivalves de se développer ne sont pas celles qui correspondent à
une mer normale ; les dépôts à Astartes sont des dépôts de rivage.
2^ Corallien. — Cet étage tire son nom de la présence des
coraux, des madrépores, etc., qu'il renferme dans toutes les localités
classiques.
On s'est beaucoup escrimé contre lui depuis quelques années ; on a
surtout dit qu'un faciès à corattx n'était qu'un accident, que les récift
coralliem avaient grandi d'une manière très-rapide, qu'ils échappaient
dès lors aux lois de la sédimentation ordinaire ; on a insisté sur cette
circonstance que les dépôts tout à fait exceptionnels du Corallien
avaient nécessairement pour correspondants, dans le temps, un faciès
1877. DIEULAFAIT. — CORALUSN. 113
de mer normale, c'est-à-dire un faciàs à Céphalopodes, etc. La con-
clusion naturelle de tous ces raisonnements a été qu'il fallait supprimer
l'étage corallien.
Si les géologues qui demandent cette suppression avaient étudié
dam le Jura ce que les géologues de cette région classique ont appelé
étage corallien, ils auraient vu que dans les points les plus classiques
iln'yapaa trace de récif; ils auraient reconnu que le type par excel-
lence, le fameux récif de Valfin, n'est pas plus un récif que les bancs
de calcaire coquillier de la mollasse moyenne du Midi de la France.
Il y a àVallin, empâtés dans les débris de coquilles et les oolithes, des
fossiles qui, sans aucun doute, ont vécu là où on les voit aujourd'hui ;
mais il en est exactement de même dans la mollasse miocène du
Midi.
Il y a plus encore : si les savants qui veulent supprimer l'étage
corallien avaient relevé une seule fois une coupe de cet étage dans
une localité classique, ils auraient constaté immédiatement que le
Corallien, au lieu d'être constitué par ces fameux récifs que jamais
personne n'a vus ni ne verra, ni dans le Jura, ni dans les Alpes, est
formé par des alternances de marnes, de calcaires plus ou moins litho-
graphiques, de calcaires oolithiques, etc., le tout en général parfaite-
ment stratifié et reproduisant, dans les détails comme dans l'ensemble,
les sédiments d'une mer parfaitement normale. A ce point de vue,
comme à tous les autres du reste, rien n indique que la mer corallienne
ait différé de la mer oxfordienne qui l'a précédée, et de la mer kim-
méri<lgienne qui l'a remplacée. L'étage corallien n'est donc pas un
faciès accidentel, comme on le répète tous les jours ; c'est un étage
constitué, comme tous les autres, par une série de dépôts stratifiés
très-réguliers.
Ceci étant, il est élémentaire que, si l'on supprime le Corallien
comme étage, on ne peut pas supprimer la chose, c'est-à-dire qu'il
faut dans ce cas allonger TOxfordien par en haut ou le Kimmérid-
gien par en bas, de toute la quantité qui constitue en réalité le Coral-
lien.
Il n'est pas douteuxque ces coraux, ces madrépores en petits amas,
qui ont frappé tous les observateurs, ne sont que des accidents ;
vouloir ne reconnaître l'étage corallien que là où se développent ces
sortes de dépôts, est une idée tellement naïve qu'il n'y a pas lieu de
s'y arrêter. Mais, d'un autre côté, prêter cette idée à des géologues
sérieux, c'est montrer que Ton n'a jamais lu leurs travaux.
Enfin, il est bien certain que les couches qui constituent l'étage
corallien (avec coraux et madrépores) des pays classiques ont pour
contemporains dans d'autres pays des sédiments qui ne renferment
8
i
tl4 DIEULAFAIT. — GORALIIEN. *3 déc.
aucun dépôt coralligèue. Ce n'est donc pas à l'aide des coraux, puis-
qu'ils n'y existent qu'à Tétai tout à fait exceptionnel, qu'on pourra
trouver les dépôts contemporains du Corallien classique, mais bien
à Taide des fossiles que renferment en abondance les dépôts réguliers
et normaux de ce même Corallien. Ce résultat sera même atteint avec
d'autant plus de certitude et de facilité, que ces dépôts réguliers con-
stituent la masse presque complète de Tétage là même où ce qu'on
appelle le faciès coralligène est le plus complètement développé.
Dans tous les cas, pour justifier ce qui précède et surtout pour bien
fixer les idées, je vais rappeler ici quelle est la composition de Vêlage
corallien dans Tune des régions les plus typiques, la Haute-Marne, au-
jourd'hui si bien connue, grâce aux travaux de MM.Tombeck, Royer,
Barotte et de Loriol. Je cite textuellement M. Tombeck :
» Dans la Haute-Marne, le Corallien se partage en trois
> grands groupes, dont chacun a au moins 60 mètres de puissance :
i 1^ Le Corallien supérieur se compose du calcaire à Aslarles et de
0 Toolithe de LaMothe, qui lui est subordonnée. Ces deux couches, que
» quelques géologues rattachent à l'étage kimméridgien, représentent
t ce que, dans le bassin de Paris, on appelle le Séquanien.
» 2^ Le Corallien moyen est constitué par ce que MM. Royer et Ba-
» rotte ont nommé depuis longtemps le Corallieh compacte, immense
» massif calcaire, tantôt marneux ou subcompacte, tantôt lithogra-
» phique, partagé aux deux tiers de sa hauteur par un lit d*oolithe
> très-constant, connu sous le nom d'oolithe de Saucourl. Quelquefois
p la partie de ce calcaire inférieure à l'oolithe de Saucourl, à Son-
» court par exemple, afiecte le faciès réciforme et grumeleux, et ne se
» distingue plus guère, que par sa position stratigraphique, du vrai
» Glypticien, dont la position normale est un peu plus bas.
« 3<» Le Corallien inférieur ou Corallien proprement dit est extrô-
» mement variable dans sa constitution » (oolithe à Diceras, cal*
caires grumeleux, calcaires suboolithiques, marnes sans fossiles,
etc.) (1).
En^présence de cette énumération et des détails contenus dans les
nombreux travaux de M. Tombeck, qui pourrait se refuser à voir dans
le Corallien de la Haute-Marne le produit d'une mer normale et même
d'une mer à très-longue période, puisque les nombreuses variations
de faunes et de dépôts que l'on constate aujourd'hui dans une même
coupe verticale n'ont pu se produire que sous l'influence de change-
ments assez profonds, sur\'enus à diverses reprises dans l'état général
de celte mer ?
{l) Bull., 3« sér., t. VI, p 6.
1877. DIEULAFAIT. — GORALLIRN. IIK
Horizùn de Tiljaiiiioiiltea teitullolMitH»* — Quand, sur
n'importe quel point des Alpes, on s' élève au-dessus de la zone à
A. transversarius, on rencontre invariablement une très-importante
manifestation vitale, indiquée par un grand nombre d*Ammonites spé-
ciales, parmi lesquelles VA. tenuilohatus a été prise pour caractéris-
tique. Pendant fort longtemps cette faune avait été totalement inconnue
dans le Jura, et comme, d'un autre côté, le Corallien classique, tel
qu'il se présente dans le Jura, était inconnu dans les Alpes, on avait
supposéquelazone à^. tenuilohatus de ces montagnes était un faciès
à Céphalopodes correspondant à un faciès sans Céphalopodes, et cer-
taines considérations avaient amené, en Suisse et en Allemagne, à la
placer sur l'horizon du calcaire à Astartesdu Jura.
En 1872 je découvris cette zone en plein Jura, avec toutes ses
espèces caractéristiques (1). Je Tavais reconnue alors depuis Trept
(Isère) jusqu'à Nantua. Dans les années suivantes je la poursuivis au
nord et je la retrouvai toujours avec les mêmes caractères. Je me suis
arrêté à Champlitte (Haute-Saône).
Du jour oii j'eus découvert en plein Jura la zone à A, tenuilohatus,
il semblait que la question de sa position dans la série des étages était
par cela même résolue. II n'en fut rien cependant, pour plusieurs rai-
sons que je vais tout d'abord examiner.
L'horizon où j'avais constamment rencontré la faune de XA. tenui^
îohaUus était celui des calcaires plus ou moins marneux et lithographi-
ques qui, pour tous les géologues du Jura, servent de base au Coral-
lien, et qui constituent ce qu'on a appelé Phaladomyen dans le Jura.
Cette découverte contredisait bien des idées émises en France et au
dehors ; cependant personne ne la contesta. J'avais eu soin, du reste, de
déposer dans les collections de la Sorbonne les pièces justificatives,
avec les indications suffisantes pour qu'il fût toujours possible de les
retrouver sur les lieux. Mais la question prit alors une face nouvelle,
ou plutôt elle se transforma en une autre qui n'avait plus, pour ainsi
dire, aucun rapport avec la première.
Jusqu'à mon exploration du Jura en 1872, on admettait que la zone
à A. tenuilohatus était sur l'horizon du calcaire à Astartes ; je mon-
tl) Celte découverte fut annoncée à la Société géologique par M. Hébert dans la
séance du 18 novembre 1872 (BulL, 3* sér., 1. 1, p. 61). Plus tard (Bull,, 3* sér.,
i. I, p« n2), M. Faisan en a réclamé l'honneur et a prétendu me l'avoir communiquée
dans une rencontre absolument fortuite au lac d'Armaille. Je ferai simplement
observer que les faits signalés par moi avaient été observés dans la région qui
s'étend de Saint-Rambert à Nantua, à plus de 50 kilomètres du lac d'Armaille,
dans des localités sur lesquelles, ni avant 1872, ni depuis lors, M. Faisan n'a écrit
un seul mot.
116 DIEULAFAIT. — GORALLlEPf. 3 dëc.
trai qu'elle était séparée de cet horizon par Vensemble complexe
dont les géologues du Jura avaient fait de tout temps Tétage corallien,
ensemble dont la puissance atteint et même dépasse parfois 200 mè-
tres. Comme il s'agissait ici d'une question de stratigraphie pure, les
paléontologistes qui voulaient placer la zone à A, tenutlobatus sur
l'horizon du calcaire à Astartes se trouvèrent fatalement amenés à cette
conséquence, que le Corallien du Jura, dans les régions où j'avais dé-
couvert la zone à ^. tenutlobatus, n'était psis le vrat Corallien. J'eus
beau représenter que les faits que j'avançais embrassaient une vaste
étendue du Jura classique, que, en particulier, la localité d'Oyonnax,
oiid'Orbigny a pris les types de son Corallien de l'Ain, faisait partie de
cette région ; rien n'y fit : le Corallien du Jura méridional et du Jura
central, même celui des localités prises jusque-là pour types, n'était pas
le rrat Corallien.
Malgré cette opposition, je continuai, dans les étés des années sui-
vantes, à m'avancer toujours au nord. J'arrivai ainsi jusqu'à Cham-
plitte, que je n'ai pas dépassé, comme je l'ai déjà dit. Partout les
résultats furent identiques avec ceux que j'avais fait connaître dès
1872; ils peuvent se formuler delà façon suivante :
D'un bout à l'autre du Jura, depuis Trept, dans le Nord de l'Isère,
jusqu'à Charaplitte, qui confine à la Haute-Marne, la zone à A. tenui--
lobatus existe caractérisée par un certain nombre de ses Céphalopodes
les plus typiques ; partout elle est inférieure à ce que les géologues du
Jura ont appelé Corallien, en y comprenant le Glypticien ; partout
elle est dans la partie supérieure de la division nommée Pholado-
myen.
Ces résultats acquis pour le Jura français, je devais essayer de décou-
vrir, par l'étude du Jura suisse, à quoi tenaient les différences pro-
fondes qui existaient et qui existent encore entre les conclusions des
géologues suisses et celles d'un certain nombre de géologues français,
les miennes en particulier.
A l'aide des belles publications de la Commission de la Carte géolo-
gique de la Suisse^ j'ai étudié un certain nombre de localités types
depuis la frontière de France jusqu'au lac de Wallenstadt, où l'ou
rentre dans les Alpes. De tout ce travail il est résulté pour moi une
idée très-nette de l'état des choses en Suisse et des causes auxquelles
il faut attribuer le désaccord signalé plus haut. Il y a longtemps que
ce résultat général est atteint, et si le mémoire actuel n'est pas publié
depuis près de deux ans, cela tient à une difiiculté que je ne pouvais
résoudre par moi-même, mais qui à elle seule suffisait pour m'arréter.
Cette difficulté résultait de la succession et des attributions admises
par M. Tombeck pour la Haute-Marne dans les horizons en question.
1877. DIEULAFAIT. — CORALLlËiN. 117
Dans cette région, en effet, la zone à A, tenuilobatus était, non sous
les calcaires à Dieeras, comme je l'avais vu partout, mais sur ces
mêmes calcaires. Remarquons bien que H. Tombeck n'a jamais mis ce
qu'il considérait comme le représentant de la zone à Ammonites tenui-
iobatussar Thorizon de l'Astartien, bien qu'on lui ait souvent attribué
cette opinion. Mais la difficulté ainsi réduite n'en restait pas moins
pour moi très-considérable, et telle qu'il m'était tout à fait impossible
de passer outre.
Quand j'ens étudié rArgovie,la fameuse localité d'Oberbuchsiten en
particulier, et qu'il fut bien établi pour moi que la zone à Céphalo-
podes d'Oberbuchsiten n'était pas la zone à A. tenuilobatus du Jura et
des Alpes, qu'elle était plus récente (1), les difficultés de la coupe de
la Haute-Marne disparuœnt immédiatement. La faune que M. Tombeck
plaçait dans la Haute-Marne sur Thorizon de celle d'Oberbuchsiten,
pouvait bien en effet être du même âge ; mais ni Tune ni l'autre ne
correspondaient à la zone à A. tenuilobatus des Alpes, ni même à
l'horizon principal de celle de Baden à Baden même.
Dès ce moment, je n'hésitai pas à dire à H. Tombeck qu'il devait
abandonner complètement sa zone à A. tenuilobatus supérieure au
calcaire à Dieeras, et chercher celle du Jura et des Alpes, c'est-à-dire
la véritable zone, au-dessous de tous ses coralliens, quelque fût du
reste leur état pétrographique, dans sa zone oxfordienne à Belemmtes
Royeri. Ce résultat est aujourd'hui complètement atteint, comme le
montre la note si importante présentée il y a un mois (2) par M. Tom*
beck. Je m'empresse d'ajouter que si, guidé par la logique des faits
observés en Argovie, j'ai pu annoncer à mon savant ami qu'il trouve-
rait là zone à Ammonites tenuilobatus dans sa zone oxfordienne à
Belemnites Royeri,je n'ai pas la moindre part à cette découverte.
La note de M. Tombeck appelle cependant quelques observations.
lo Entraîné par une logique qui me semble très-naturelle, eu égard
aux faits paléontologiques observés jusqu'ici dans la Haute-Marne,
M. Tombeck rattache la véritable zone à Ammonites tenuilobatus
(zone à Belemnites Royeri) à son ancienne zone à Céphalopodes (à
Ammonites bimammattts) , placée à la base dé son Corallien compacte,
et fait ainsi rentrer dans le Corallien la zone à Belemnites Royeri. Au
point de vue paléontologiquele raisonnement semble assez juste ; mais
au point de vue stratigraphique c'est tout autre chose. Ces deux hori-
zons sont en effet séparés par plus de cent mètres de dépôts divers et
d'ailleurs très-réguliers. Or, quand même on démontrerait qu'au
(1) Cette question sera étudiée dans un prochain mémoire.
(2j Bull, 3- sér., t. VI, p. 6.
118 DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 3 déc.
point de vue zoologique les deux faunes sont constituées par des
espèces identiques, cela ne fera jamais qu'elles ne soient séparées par
une énorme distance dans l'ordre des temps.
2^ M. Tombeck considère comme possible que la zone à Ammonites
tenuilobatus des Alpes corresponde à la fois à sa zone à Belemnites
Royeriy à son ancienne zone à Ammonites tenuilobatus et à tout ce qui
est compris entre elles doux par conséquent; il pourrait en être ainsi,
soit parce que dans les Alpes il n'y aurait pas réellement de séparation
possible entre les différentes parties, soit parce que les choses n'au-
raient pas été étudiées d'assez près par les géologues de cette région. Je
puis dès aujourd'hui vider complètement cette question.
La zone à A. tenuilobatus dans le Jura et dans les Alpes correspond
exclusivement à la zone à Belemnites Royeri de M. Tombeck ; je puis
être parfaitement explicite sur ce point, car j'ai dès aujourd'hui la cer-
titude de pouvoir retrouver dans les Alpes, au-dessus de la zone à
Ammonites tenuilobatus dont j'ai toujours parlé, la zone correspond
dant à la zone supérieure de la Haute-Marne : c'est ce que je mon-
trerai dans un prochain mémoire.
3^ Ma dernière observation est relative à un point qui doit être soi-
gneusement précisé. Il existe dans tout le Jura une faune particulière
où dominent surtout les Oursins : c'est le Glypticien des géologues du
Jura. Peu de dénominations ont contribué plus que celle-là à intro-
duire la confusion dans la géologie de cette région, par cette raison,
d'ailleurs très-simple, qu'il existe des Glypticiens au moins à quatre
niveaux. Sans entrer dans Tétude de la position de tous ces Glypti-
ciens, élude qui n'est nullement nécessaire pour le travail actuel, je
dirai que je prends pour type du Glypticien celui de M. Tombeck' dans
la Haute-Marne, et cela parce que ce Glypticien est celui de Cham-
plitte et que celui do Champlitte est le type auquel se rapporte, d'une
manière parfaite, l'horizon auquel les géologues du Jura ont appliqué
la dénomination de Glypticien. Or le Glypticien de la Haute-Marne
avec ses Oursins typiques est toujours supérieur à la zone à Ammo-
nites tenuilobatus : il en est exactement de même d'un bout à l'autre
du Jura.
Zone à ilLiiinionites bimamixiatus. — Oppel a placé la
zone à A. bimammatus entre sa zone à A, trayisversarius et sa zone à
A, tenuilobatus. C'est dans cette posilionque je l'ai toujours retrouvée,
non-seulement dans le Jura, mais dans les Alpes. Il n'en est pas de
même partout, puisque dans la Haule-Marne elle remonte, d'après
M. Tombeck, jusqu'à la base du Corallien compacte ou Corallien
moyen. D'un autre côïé, d'après notre savant collègue, VA, bimam-
matus se trouverait à Maranville exactement au niveau assigné par
isn.
DIBULAFAIT. — GOBaLUEN.
119
OppeU au-dessouâ de la zone à Belemnites Royeri. En admettant que
rien ne vienne modifier l'état de choses admis par H. Tombeck, ni la
détermination de YAmmomies himamniattis dans la Haute-Marne, il
faudi*a noter soigneusement que VA, bimammatus, au point de vue de
la géolo(fiepraiique, est une espèce aussi mauvaise que possible, et à
l'avenir on devra ne tenir compte de ses indications que dans une
meanre loat à fait générale. Ou doit en dire autant, et pour les mômes
raisons, de Vil. Maranttanus.
le pnia maintenant établir la succession des dépôts compris entre
les deux horizons pris pour linûtes (Ptérocérien en haut, zone à
A. trantversariua en bas). J*emprunte cette succession type à la
Haute-Marne, d'abord parce que, grâce aux travaux si remarquables de
M. Tombeck et de ses collaborateurs, les terrains de la Haute-Marne,
dans les étages qui nous occupent, sont bien mieux connus que dans
n'importe quelle autre partie du Jura, ensuite parce que, pour laisser
toute leur valeur à mes conclusions définitives, il est nécessaire que
mes recherches personnelles n'interviennent en aucune façon dans
la constitution de ce tableau type qui va me servir de terme de com-
paraison.
Ptérocériea.
6
CL'
6. Calcaire ^ Astartes.
5. Corallien supérieur.
4. Corallien moyen.
3. Ancienne zone à Ammùnites itnuiiobcUus de M. Tombeck.
S. Corallien inférieur.
1. Zone à A. tenuilobatut (à BelemnUti Royeri de M. Tombeck).
a. Zone à Ammonites BcLbeanus.
6. Zone à Ammonites transversarius.
II. Étude spéciale du Haut- Jura (région de Saint^Claude) ,
*
Dans la coupe de Montépilc, près Saint-Claude, donnée parËtallon,
120 DIEULAFAIT. — CORALLIKN. 3 dëc.
j'avais parfaitement reconnu^ comme dans le reste du Jura, la zone à
Ammonites tenuilohatus. L'examen détaillé de la partie inférieure de
cette division me montra un faciès assez marneux, avec Gastéropodes
(notamment des jP^^roc^esj et nombreux bivalves parmi lesquels les
Astartes ne sont pas rares. Je commençai alors à soupçonner la cause
pour laquelle, dans la Suisse orientale et ailleurs, on mettait la zone à
Ammonites tenuilobatus sur l'horizon du Calcaire à Astartes ; mais je ne
pouvais formuler cette idée avant d'avoir étudié la Suisse, surtout sa
partie orientale. Aujourd'hui cette étude est faite ; en outre, un tra-
vail qui simplifie énormément la tâche que je me suis imposée a été
publié par M. P. Choffat (1).
M. Choffat a étudié les environs de Saint-Claude, et il reconnaît que
la zone à Ammonites tenuilobatm existe parfaitement caractérisée là
où je l'avais reconnue moi-même. J'ai donc dans cet horizon une base
parfaitement nette, que je puis prendre pour plan de repère ; mais, ce
qui est plus important encore, notre savant collègue trouve là ce qu'il
considère comme le pendant de Wangen, c'est-à-dire les Céphalopodes
de la zone à Ammonites tenuilobatus mélangés avec les fossiles caracté-
ristiques de VA star tien du Jura bernois.
Coupe de Montépile. — Cette coupe, donnée d'abord par Ëtallon, Ta
été de nouveau par M. Choffat ; je l'ai relevée moi-même couche par
couche. Le tableau ci-contre (p. 121) reproduit les coupes d'Ëtaiion et
de M. Choffat, construites à l'échelle.
Comparaison des coupes. — L'épaisseur totale est de 365 mètres
pour Ëtallon, de 317'"5 pour H. Choffat. Une première détermination
faite en partant du sommet des calcaires coralliens m'a donné356 mè-
tres ; une deuxième exécutée en sens contraire m'en a donné 372. Le
chiffre de M.Choffat doit donc être un peu trop faible. Je ne me serais
pas du reste arrêté sur ce point, si je n'avais une raison spéciale, comme
on le verra dans un instant.
La division supérieure a ST'^S dans la coupe de M. Choffat, 58 dans
celle d'Ëtaiion ; il y a donc identité entre le n®9 d'Étallon et le n» 7 de
H. Choffat.
Sous la division 7 de M. Choffat vient sa division 6, dont l'épais-
seur est de 34 mètres ; elle correspond à la division 7 d'Ëtaiion, épaisse
de 37 mètres. Mais entre les divisions 7 et 9 d'Ëtaiion, il existe un
ensemble de bancs dolomitiques parfaitement stratifiés, puissant de
15 mètres, qui ne figure pas sur la coupe de M. Choffat. D'un autre
côté, ce dernier auteur appelle couches de Valfin ses divisions 7 et 6
(1) Bull. Soc. géoL, 3* sér., t. m, p. 764; 1875.
1877.
OIBDLAFAIT. — CORALLIBN.
121
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CD 60
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2^
»•«
o
Coupe de Montépile.
(Choffàt.) (Étallon.)
I
7> Calcaire blano, à Nérinôes, Di-
eeras, etc., crayeux vers la
base, plus compacte à la par-
tie supérieure 57*5
Division non signalée par M. Chof-
fàt
6. Calcaire compacte, devenant
de pins en plus blanc, sub-
cristallin 84*
5. Calcaire compacte, bleu inté-
rieurement, gris par altéra-
tion 58"
4. Marnes grises, feuilletées. 45*
Mélange de la faune des cou-
ches de Baden et de celles de
l'Astartien du Jura bernois.
Zone de ÏÀmmonitei
3. Calcaire compacte, bleuâtre,
avec quelques bancs mar-
neux 122*
2.. Couches à Hemicidarig ereniir
laris 1"
1. Marnes feuilletées et cal-
caires marneux 30*
/
^
â
j
8
7
^
9. Calcaires semblables à ceux
de 8, mais en bancs de S à 8
mètres et alternant; inférieu-
rement couches à Dieèret. 68F
8. Calcaires compactes, gris (do-
lomies) 15*
7. Dicératien : calcaire blanc
compacte 37"
6. Calcaires semblables à ceux
de 4 ; nombreux fossiles : Our-
sins, Gastéropodes, Bivalves,
etc 92»
5. Marne calcaire.
4. Calcaires gris defiimée; Ammo-
nites, Arches, Astartes. . 35"
tenuilobatw.
3. Couches semblables à celles
de 2 83»
2. Calcaires gris de fumée . 89*
1. Calcaires compactes; CidarU
Blumenbachi 2*
m mEULAFAIT. — CORALLIEN. 3 dëc.
(et nécessairement le n^ 8 d'Étallon, qui est compris entre les deux) ;
je ne crois pas ce parallélisme exact. Dans tous les cas c est un point
à démontrer.
En continuant à descendre, on trouve la division 5 de H. Cboffat,
épaisse de S8 mètres et dans laquelle aucun fossile n'est signalé.
Au-dessous vient la division 4, la plus importante de toutes; c'est
elle en effet, d'après M. Choffat, qui renferme un mélange de la faune
des couches de Baden et de celle de VAstartien du Jura bernois. Elle a
une épaisseur de 45 mètres. Pour M. Choffat, ces deux couches 5 et 4^
dont l'ensemble mesure 103 mètres, ne sont autre chose que TAstartien
ou couches de Baden de M. Mœsch. Mais que trouve-t-on en Argovie à
mettre en parallèle avec ces 103 mètres ? La coupe type de M. Mœsch,
la seule dans laquelle ce savant ait indiqué les épaisseurs, est la célèbre
coupe d'Oberbuchsiten (1). Or dans cette coupe, les Badenerschichtenr
c'est-à-dire l'ensemble qui pour M. Mœsch représente l'Astartien et
la zone à Ammonites tenuilobatus, ont une épaisseur totale de six
mètres. Ainsi, 6 mètres d'un côté, 103 mètres de l'autre, voilà pour le
cdté stratigraphique. Si M. Choffat avait montré que les espèces de la
zone à A. tenuilobatus se prolongeaient dans toute l'épaisseur de ces
103 mètres à Montépile, on concevrait le parallélisme avec l'Argovie ;
mais il n'en est rien. M. Choffat signale, sans citer aucun fossile, les
58 mètres qui constituent son Astartien supérieur, et se contente pour
les 45 mètres inférieurs de la mention : mélange de la faune de Baden
et de celle de VAstartien.
Ce n'est pas cependant que les horizons fossilifères manquent à
Montépile ; j'en citerai seulement deux, parce que leur connaissance
suffira à la marche démon travail.
Le premier est surtout développé dans la partie supérieure de la
division 4 de M. Choffat. Il y a là un grand nombre de bivalves, de gas-
téropodes, d'oursins, etc. Cet horizon avait été parfaitement vu et
signalé par Ëtallon ; il occupe la partie basse de sa division 6. Dési-
gnons-le provisoirement par la lettre A.
Plus haut, mais dans la division 5 de M. Choffat, on rencontre un
second horizon fossilifère, qui renferme des Ammonites. Désignons-le
par B. Nous sommes ici encore à plus de 150 mètres au-dessous de la
série corallienne de Montépile, quel que soit l'âge qui lui sera déûniti-
vement attribué.
Voyons maintenant comment est recouvert le système coralligène
supérieur (n» 9 d'Étallon, n° 7 de M. Choffat) aux environs de Saint-
Claude. Ëtallon va nous l'apprendre.
(1) Dcr Àargauer-Jura, p. 207.
1877. DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 123
« Immédiatement au-dessus du Dicératien se trouvent des calcaires
» qui ont le même aspect que ceux des autres assises portlandien-
» nes(l); puis une couche d'une épaisseur moyenne de 1 mètre,
» marneuse, qui se lie du reste avec les calcaires entre lesquels elle est
» insérée ; cette zone est facilement reconnaissable par ses fossiles et
> son aspect ; aussi il serait à désirer qu'elle se montr&t plus souvent ;
> elle n'existe qu'au pourtour du terrain auquel j'ai restreint mes
i courses; à Saint-Claude, les calcaires sont aussi développés qu'ailleurs,
f mais la couche marneuse n'est plus représentée que par un lit d'un
• à deux décimètres de calcaire floconneux, dont les parties s'arron-
» dissent même et deviennent noirâtresà la surface ; cette petitecouche
» est difficile à distinguer.
> La zone marneuse est assez riche en fossiles
» Excepté le Pterocera Oceani^ les autres Gastéropodes sont rares;
» les Zoophytes également ; je n'en ai trouvé qu'au Moulin-Jean entre
» Chaux-des-Prés et Prénovel ; là aussi se constate la superposition
» du Ptérocérien au Dicératien ; elle est plus visible encore entre Cro*
t zets et Ravilloles; j'ai retrouvé la même couche avec des fossiles
» identiques entre Morey et Saint-Laurent, à Moirans, à Yiry, dans la
» forêt du Fresnois, etc. (2). »
Cette citation d'Ëtallon suffit pour bien établir que les calcaires co-
ralligènesdu Haut-Jura, et en particulier ceux des environs de Saint-
Claude, sont toujours inférieurs aux calcaires et aux marnes qui ren-
ferment la faune du Ptérocérien classique. Mais si, accidentellement et
sur des points tout à fait restreints, cette faune se trouve plus ou moins
réduite, on n'est nullement en droit d'en conclure, comme Ta fait
M. Choffat, que la partie supérieure du massif coralligène correspond
au Ptérocérien (3). Du reste, la coupe de Ravilloles aux Crozets, parfai-
(1) Ëtallon appelait Porf/andten tout le Jurassique supérieur à partir du Ptérocé-
rien inclusivement.
(2) Esquisse d'une Description géologique du Haut-Jura, p. 59 et 60; 1857.
(3) Comme on admettra pendant longtemps encore des récifs dans le Jura, et que
le mode de raisonnement employé par M. Choffat l'a été souvent et par bien des géo-
logues (c'est surtout sur lui qu'on s'est appuyé pour demander la suppression de
l'étage corallien), il me semble utile d'élucider ce point uoe fois pour toutes.
Pour qu'un récif coralligène se produise, il faut un ensemble de conditions bien
connues, sur lesquelles je n'ai pas dès lors à m'étendre ici. Par contre, pour qu'un
pareil récif prenne tin, il est nécessaire que les conditions qui lui permettaient de
se développer cessent d'exister. Sans nous préoccuper de ces conditions, nous nous
trouvons, au moment où le récif s'arrête, en présence d'une éminence dont la partie
la plus élevée (un plateau plus ou moins étendu) domine d'une hauteur plus ou moins
considérable le fond de la mer qui l'entoure. Ceci étant, il est de la dernière évi-
dence qu'il s'écoulera un temps plus ou moins long avant que les sédiments nor-
maux se soient accumulés en quantité suffisante pour atteindre le sommet du récif.
124 DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 3 déc.
tement signalée par Ëtallon, comme on vient de le voir, et étudiée par
M. Choffat^ montre que le Ptérocérien le mieux caractérisé est, dans la
région de Saint-Claude même, bien mieux développé que ne le laisse-
rait supposer la citation d'Ëtallon rapportée plus haut.
La subordination des calcaires coralligènes au Ptérocérien est un
fait sur lequel je suis bien fixé depuis 1874 pour le Jura, de Champlitte
à Trept (Isère), et mes explorations dans les années suivantes ne m'ont
pas montré la moindre modification à apporter à cette opinion.
Je vais maintenant examiner la seconde coupe donnée par M. Chof-
fat, celle de Ravilloles aux Crozets (1).
Cette coupe présente, sur une épaisseur de 6 mètres, une faune très-
abondante, que M. Choffat a fait connaître et qui est, pour notre con-
frère, la faune du Ptérocérien classique ; je suis complètement de son
avis.
Au-dessous de la zone précédente viennent des calcaires compactes
et des calcaires oolithiques blancs, épais de IS'^SO, que M. Choffat
appelle couches de Valfin et qui correspondent, pour lui, aux 9i°*50
désignés par la même dénomination à Montépile.
Sous ces i S'^SO on trouve un ensemble de calcaires compactes blancs,
de calcaires feuilletés et de dolomies, mesurant en tout i6<°50, qui,
pour M. Choffat, correspond aux 103 mètres d'Astartien de Mon-
tépile.
Ainsi, à Ravilloles les deux divisions os^ar^t^n et couches de Valfin
n'ont qu'une épaisseur totale de 30^30, tandis qu'elles atteignent
194'"50 à Montépile. La différence dans la puissance est tellement
énorme que M. Choffat, pour justifier le parallélisme qu il voulait éta-
blir, devait apporter des preuves tout à fait concluantes. Au lieu de
cela, notre savant confrère se contente d'écrire : « Nous ne trouvons
Si, d'un autre côté, comme cela a dû gôoéralemeot être le cas, la vie s'est arrêtée
par envasement ou exhaussement du récif, sa surface dominera les eaux ou sera
constamment balayée par les vagues. Ceci étant, quand les profondeurs qui entou-
raient le récif seront comblées, que la partie supérieure du récif sera de niveau avec
les dépôts sédimentaires^ qu'elle pourra recevoir des dépôts normaux, il y aura né-
cessairement, entre la base de ces dépôts et la partie supérieure du récif, une
lacune correspondant à toute la période comprise entre l'instant oh la vie l'a aban-
donné et celui où il a commencée recevoir de nouveaux dépôts. De là ces àQM%
conséquences :
V Une zone quelconque d'un dépôt réciforme est toujours plus ancienne que
les couches sédimentaires régulières qui se trouvent sur son prolongement hori-
zontal .
S* Quand la vie a abandonné le récif et que ce récif est recouvert, il y a presque
toujours une lacune entre la partie supérieure du récif et la base des sédiments
ordinaires qui le recouvrent.
(1) Op. cit., p. 771.
1877. DIECJLAFAIT. — CORALLIEN. 12S
» plus ici ni la faune astartienne ni la faune de Baden» et ce n'est que
» par la position stratigraphique et par les caractères pëtrographiques
» que nous pouvons reconnaître les couches qui séparent le Corallien
» proprement dit de celui de Yalfin (1). »
, Quand on a étudié avec soin et en détail, comme je l'ai fait, les hori*
zonsqui nous occupent, dansleHautJura, quand on a constaté, comme
je l'ai fait aussi, la puissante manifestation vitale de la zone à Ammo^
nites tenuilobatus et son caractère de continuité dans lesenshorizontal,
il est très-difficile de concevoir comment elle pourrait disparaître com-
plètement à Ravilloles, à une dizaine de kilomètres de Saint*Claude.
Je l'ai cherchée dans la coupe de M. Choffat et je n'ai pas eu de peine
à la trouver. Elle y est, sinon aussi riche, au moins tout aussi bien carac-
térisée qu'à Montépile ; seulement elle est au-dessous de la division 4
de M. Choffat, de son Corallien proprement dit. Elle est donc à
Ravilloles dans la position où elle se montredans tout le Jura, au-des-
sous de tous les coralliens, quelle que soit leur composition, M. Choffat,
dans son assimilation, est certainement sorti de la rigueur scientifique,
puisqu'il ne cite aucun fossile à l'appui de sa manière de voir, et que,
bien qu*il en dise, la stratigraphie proteste également contre elle*
Mais il est bien facile de comprendre la cause de son erreur ; elle
tient à ce que le système est bien plus marneux à Ravilloles qu'à
Montépile, et à ce que par suite Y A, teyiuilobatus ne se trouve plus en
plein calcaire. La même raison fait commettre une autre erreur à
M. Choffat, par l'assimilation de ce qu*il appelle couches à Hemidda^
ris crenularis à Ravilloles, avec ce qu'il a désigné du même nom à
Montépile. Je reviendrai plus loin sur ce sujet.
Que représentent à Ravilloles les couches de Valfln et YAstartien
de M. Choffat ?
Pour moi, les couches de Valfln (n®« ii-8) correspondent à la base
de la division 7 de M. Choffat et à la division 8 d'Ëtallon à Montépile.
UAstartien n'est pas autre chose que la division dolomitique d'Étal-
Ion, 8, qui ne figure pas dans la coupe de Montépile de M. Choffat.
Enfin la partie supérieure du Corallien proprement dit de M. Choffat
à Ravilloles est le Dicératien type d'Ëtalion à Montépile.
Revenons maintenant à la coupe de Montépile et reprenons-la, en
descendant, à partir de la zone à Ammonites tenuilobatus.
Dans la coupe d'Étallon, nous trouvons deux divisions, 3 et 4, dont
les épaisseurs réunies mesurent 122 mètres ; dans celle de M. Choffat,
nous voyons au-dessous de la zone à A, tenuilobatus une division, 3,
épaisse de 122 mètres. Il y a donc ici identité entre les deux coupes.
(1) Op. cit., p. 772.
126 DIEUUFAIT. — GOBALLIEN. 3 dëc.
A la base) dans les deux coupes, vient une zone épaisse d'un ou deux
mètres, que M. Cboffat appelle zone à Hemicidaris crenularis, qu'Ëtal-
lon dénomme zone à Cidaris Blumenbachi. Ici il est nécessaire de nous
arrêter et d'examiner une question qui me semble de la plus haute
importance.
H. Cboffat place ce qu'il appelle zone à Hemicidaris crenularis au
point môme obÉtallon signale le Cidaris Blumenbachi; il n'y a pas le
moindre doute à avoir à ce sujet. Mais H. Cboffat n'a trouvé dans cette
couche aucune espèce du niveau de Y Hemicidaris crenularis ; je n'ai
pas été plus beureux. Il est certain, d'un autre côté, que les bancs dont
il est ici question ne représentent pas, comme aspect» l'horizon glyp-
ticien du Jura ; ce n'est même pas un faciès à Oursins. En6n Êtallon
n'a cité à ce niveau que quatre fossiles : Rhynchonella inconstans,
d'Orb., Terebratula vicinalis^ Ziet., T. insignis, Schloth., et Cidaris
Blumenbachi. Or ces quatre espèces sont signalées pard'Orbigny, non-
seulement dans le Corallien, mais aussi dans l'Oxfordien ; de plus,
les trois premières, que j'ai rencontrées très-communes dans les envi-
rons de Nantua, y sont dans des bancs qui dépendent de la zone à
Ammonites transversarius.
Il n'est donc pas douteux que, pour une cause ou une autre, il y a
là erreur d'assimilation de la part d'Ëtallon : la couche à Terebratula
insignis de Montépile n'est pas, à coup sûr, le Glypticien d'Ëtallon. Du
reste, c'est M. Cboffat, et non Étallon, qui appelle à Montépile cette
couche zone à Hemicidaris crenularis. Si on veut trouver à Montépile le
Glypticien d'Ëtallon, celui de Champlitte et de la Haute-Marne, il
faut aller le chercher à 163 mètres au-dessus de la zone à H. crenu-
laris de M. Cboffat, à la base de la division 6 d'Ëtallon, où du reste
ce dernier auteur signale parfaitement la présence d'Oursins. C'est la
faune A de ma coupe de Montépile.
Suivons maintenant la coupe du Pontet à Crêt-Dessus donnée par
Ëtallon (1).
Au Pontet le Callovien est mince, mais bien caractérisé par sa
faune (Ammonites macrocepJialus, etc.). Les marnes oxfordiennes à
A.cordatus font défaut et presque au contact du Callovien on voit
apparaître le calcaire à Scyphies inférieur, qui, dans sa partie haute,
montre la faune parfaitement caractérisée de 1'^. transversarius et en
particulier cette dernière espèce elle-même; l'épaisseur de cette divi-
sion est de 19 mètres.
Au-dessus vient YArgovien d'Ëtallon, auquel il donne ici une
épaisseur de 212 mètres. Voici comment Étallon caractérise cet étage :
(1) Op. cit.. p. 37.
1877. DIKULAFAIT. — CORALUEN. 127
Infërieuremeni et sopérieurement une immense quantité d'^lmmo-
nitespUaUiUs marneux, aplatis; vers la base une zone de Fucoîdes
calcaires, de petits A. compîanattcs. Rein, (non d'Orbigny), de
marnes percées de trous semblables à ceux que laissent sur nos
côtes (baiedeCancale) le Gammarum puîlex et les petites Annélides*
Vers le milieu il n'y a plus de traces d'animalisation Mais c'est
vers les calcaires supérieurs que les fossiles se trouvent en plus grand
nombre; là abondent quelquefois les Collyrites, les Dyscuter, les
Ammonites, les Panopées, les Phoîadomyes sans test (Crét-Dessus,
Prénovel), les Terebratula insignis formant lumachelle par places
(Trébayard^Prénovel, Yiry) ; puis, suivant les localités, les couches
k Astaries, Ammonites, Firmes, Phoîadomyes, Mactromyes,k gtB,ïides
Pemes /dépôt vaseux et tranquille.
» Au contact du Corallien, près des failles, les calcaires supérieurs
sont plissés, contournés, feuilletés (Yaucluse), ou se sont inclinés
plus ou moins avec les couches qui les recouvrent (La Cueille,
Crét-DessQs, Villars). Ce groupe est le plus répandu ; il existe presque
toujours seul au pied des escarpements coralliens; il forme le fond
du cirque de Yaucluse, une partie de la Combe de Tressus, pcàsse
(M>iis la eascade de Plnmen et se continue vers les Bou*
choux (1). »
J*ai relevé la coupe du Pontet à Crét-Dessus, et j'ai constaté la
rigoureuse exactitude de la description d'Ëtallon ; j'ai étudié en parti-
culier la base des escarpements calcaires formant corniche, et j'ai
retrouvé les fossiles, notamment les Ammonites, signalés par Étallon ;
seulement je m'empresse d'ajouter que cet horizon est parfaitement
celai de 1'^. tenuilobatus. Mais ce qu'il y a de curieux, c'est qu'Ëtallon
dit, de la manière la plus explicite, que cet horizon, qui à Crét-Dessus
constitue son Argovien supérieur, passe sous la cascade de
Flameii. Or cette zone à Ammonites qui passe sous la
cascade de Plumen, c'est exactement la division 4 de sa coupe
de Montépile, la zone à A, tenuilobatus^ comme je l'ai montré précé-
demment. D'où vient qu'Ëtallon place ainsi le môme horizon (qu'il
reconnaît identique lui-même) ici (Crét-Dessus) au-dessous de son Co-
rallien, là dans les parties déjà élevées de ce même Corallien ? L'expli-
cation n'est pas, je crois, difiBcile à trouver.
D'un bout à l'autre du Jura et dans la plus grande partie des Alpes,
il y a un fait stratigraphique qui a frappé tous les observateurs et par
lequel, sciemment ou non, ils ont été constamment guidés. C'est l'exis-
tence presque constante de ce grand horizon calcaire qui couronne les
D Op. cit., p. 31 et 32.
128 DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 3 déc.
marnes oxfordiennes et forme la base de ces corniches dont l'immense
développement constitue le caractère le plus saillant de l'orographie
du Jura et des Alpes. Or c'est dans la partie inférieure de ces cal-
caires qu'on retrouve, aussi bien dans le Jura que dans les Alpes, toute
la faune à Ammonites tenuilohatus ; c'est le Pholadomyen d'Ëtallonet
des géologues du Jura.
Si ces calcaires avaient toujours eu un développement identique et
avaient couronné partout les marnes et calcaires marneux oxfordiens,
nul doute qu'on n'eût placé là la limite de l'Oxfordien, comme on
l'a fait dans l'Isère, dans l'Ain, dans le Jura central et dans l'Ouest et le
Centre du Jura suisse. Hais les choses ne se sont pas passées tout à fait
ainsi : sous l'influence de certaines conditions, dont la principale était,
pour chaque point, l'éioignement plus ou moins considérable des riva-
ges, ici les dépôts marneux se sont développés plus longtemps, là, au
contraire, les calcaires ont eu un développement plus considérable.
Suivant ces variations, la faune à A. tenuilohatus se trouve tantôt dans
des calcaires marneux et même de véritables marnes, tantôt dans des
calcaires tout à fait compactes.
Il n'est pas douteux pour moi que c'est guidé par ce grand fait
qu'Étallon a parfaitement reconnu la zone supérieure de son Argovien
à Crêt-Dessus dans la zone ammonitifère qui à Montépile passe sous la
cascade de Flumen. D'un autre côté, s'il arrive à la contradiction
signalée plus haut, cela tient à une erreur d'observation que M. Chof*
fat a parfaitement reconnue et rectifiée. Ëtallon croyait avoir trouvé à
la Roche-Blanche, sur le Brayon, le véritable calcaire à Astartes, qu'il
plaçait au-dessus de son Dicératien, tandis que, en réalité, cette cou-
che à Astartes de la Roche-Blanche n'est autre que sa division 4 de la
coupe de Montépile. Ajoutons que les dépôts qui à Montépile suppor-
tent la faune à Ammonites ^enm7o6a<u5* sont constitués par des calcaires
compactes, tandis que ceux qui supportent cette faune à Crêt-Dessus
sont très-marneux.
De ce qui précède résultent en particulier les trois points suivants :
l^ L^ zone k Ammonites tenuilobatus de Montépile, non-seulement
n'est pas associée avec les fossiles de TAstartien ou du Ptérocérien, mais
elle est séparée du Ptérocérien de tous les géologues du Jura par un
ensemble épais de 200 mètres au moins, comprenant les différents hori-
zons fossilifères signalés dans le Jura, et en particulier dans la Haute-
Marne, entre la zone à Belemnites Royeri de M. Tombeck (Pholadomyen
des géologues du Jura) et le Ptérocérien.
2^ A Prénovel la zone à Ammonites tenuilohatus est au-dessous du
Corallien proprement dit de M. Choffat, c'est-à-dire exactement à la
place où je l'ai toujours et partout trouvée dans le Jura.
1877. DIEULAFAIT. — GORALMEN. 12»
3« La couche que M. Chofiat appelle zone à Bemicidaris crenularis
àMontépile, n'est pas le Glypticien d*ËtaIIon et des autres gëologucs du
Jara;elle est beaucoup plus aucieune.
Hï. Jura de VArgovie.
Les travaux de M. Mœsch sur rArgovie font loi eu Suisse, et bon
nombre des publications les plus estimées de rAIlemagne s*y ratta-
chent. Ils ont reçu en outre, dans ces derniers temps, une consécration
qae bien peu de grands travaux ont la bonne fortune d'obtenir.
L'œuTre capitale publiée par MM. Desor et de Loriol, VÉchinologie
heMique, prend comme règle absolue et comme cadre de distribu-
lion des espèces, toutes les divisions de M. Mœsch. Cétait donc, avant
lOQtJes travaux de ce savant que je devais examiner.
La zone à Ammonites tenuilohatus, que, grâce aux nombreuses et
précises indications de mon éminent maître M. Hébert, j*ai découverte,
ilya dix ans, dans le Midi de la France, et que j'ai tant étudiée et
étendue depuis lors, se retrouve en Argovie ; mais elle ne pouvait en
aucune façon me servir de plan de raccordement et, par suite, de base
de discussion, puisque nous différions du tout au tout, M. Moescb et moi,
sur sa place absolue. Il fallait donc chercher en Argovie un autre plan
sur la position absolue duquel Taccord f&t complet. J'étais parti de
Marseille avec la conviction que cet horizon commun serait le Strom-
bien de Thurmann etÉtallon, le Ptérocérien classique des géologues
du Jura, les Wettingerschichten de M. Mœsch.
La faune du Ptérocérien n'existe pas dans les Alpes méridionales,
naisjeFavais étudiée à bien des reprises dans leJura français et le Jura
suisse, notamment dans le Jura bernois et, bien plus à lest, dans la
légion de Soleure. D'un autre côté, les études si remarquables de
MM. Grappin, Jaccard, Lang, etc., ne laissaient pas subsister le moindre
doute dans mon esprit : le Ptérocérien était parfaitement caractérisé
dans les régions étudiées par ces savants. Enfin, M. Mœsch retrouvant
«D Argovie le Ptérocérien caractérisé par une quantité énorme de fos-
siles (126 espèces), j'avais là un second horizon que je connaissais par-
faitement et sur lequel, par suite, je comptais d'une manière absolue
pour asseoir ma discussion.
Ayant mon départ pour l'Argovie, j'avais relevé, dans les publica-
^ons de M. Mœsch, les points où, d'après ce savant, le Ptérocérien
élailleplus fossilifère : en première ligne se plaçaient le Randen et les
l^ern. Le Randen, situé au nord de la Suisse, en plein Jura par con-
^uent, était par cela même dans des conditions bien moins favorables
9
130 DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 3 déc.
que les Lâgern^ pour nie fournir les éléments que je cherchais,
c'est-à-dire un horizon commun au Jura de TÂrgovie et au Jura occi-
dental.
Je commençai donc mon exploration par les Lagern, me réservant
d'aller ensuite étudier le Randen si les Lâgern ne me fournissaient pas
tous les éléments dont j'avais besoin. Mais aussitôt que je me fus rendu
compte de la constitution des Lâgern, mon étonnement fut extrême.
Non-seulement, en effet, je n'y retrouvais pas la moindre trace du Pté-
rocérien tel que je le connaissais partout et tel qu'il est comprisfpar
tous les géologues du Jura, pas la moindre trace d'un seul des fossiles
qui le caractérise; mais tout ce que je voyais me maintenait, au
contraire, sans aucune hésitation possible, dans des horizons très-
inférieurs au Ptérocérien.
Je repris le mémoire de M. Mœsch, et je fus alors frappé d'un fait
que je n'avais jamais remarqué et qui cependant ressort à première
vue de l'inspection matérielle des listes de fossiles cités par M. Mœsch
dans ses Wettingerschichten (1). Sur les sept localités types choisies par
M. Mœsch pour ses Wettingerschichten^ six sont empruntées à TAr-
govie et à la région jurassique qui s'étend au nord de ce canton, la
septième se rapporte à la région de Soleure, c'est-à-dire à une région
oii le Ptérocérien classique est bien développé. Le tableau de M. Mœsch
montre que 126 espèces appartiennent aux Wettingerschichten; sur ce
nombre, 60 existent aux Lâgern. D'un autre côté, la colonne de Soleure
renferme 47 espèces ptérocériennes ; mais (et c'est là le fait auquel je
faisais allusion), quand on établit la comparaison dans le sens hori-
zontal, c'est-à-dire quand on compare entre elles les localités, on
constate immédiatement que pas une espèce des Lâgern ne se trouve à
Soleure.
Je voulus aller plus loin. Guidé par les travaux de M. Greppin, je
venais d'étudier le Jura bernois ; j'avais visité plusieurs des lieux où ce
savant a pris les types de son Ptérocérien. Le Ptérocérien de M. Greppin
n'est pas le Ptérocérien classique ; il est plus bas et correspond plutôt
au Calcaire à Astartes (2). Mais peu importe ; ici je prends le Ptérocé-
rien de M. Greppin tel que ce savant l'a défini. Je comparai la faune
des Wettingerschichten de M. Mœsch avec celle du Ptérocérien de
M. Greppin, et je reconnus que les espèces communes sont exclusive-
ment les espèces de Soleure, dont pas une ne se retrouve aux Lâgern,
la plus riche des localités prises par M. Mœsch pour types de ses Wet-
tingerschichten. D'oîi cette conséquence, qu'entre le Ptérocérien de
{l)Op. cit,, p. 199 ets.
(2) V. Tombeck, Bull., 3* sér., t. VI, p. 6.
1877. DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 131
M. Greppin et les Wettingerschichten de M. Hoesch il n'y a pas une
seule espèce commune.
Si le nombre des fossiles comparés était faible, s'ils appartenaient à
des espèces très-éloignées les unes des autres dans la série zoologique,
on pourrait suspendre son jugement ; mais il n'en est nullement ainsi.
En laissant de côté les espèces de Soleure, la liste de M. Mœsch com-
prend 79 espèces et celle de H. Greppin 187 ; et ces deux listes renfer-
ment des représentants de toute la série animale, depuis les Spon-
giaires jusqu'aux Céphalopodes ; en outre, un grand nombre de genres
sont identiques. D'où cette conséquence absolument certaine, que les
Wettingerschichten de M. Hœsch n'ont absolument rien de commun
aveciePtérocdncwdeM. Greppin.
Que représentent donc les Wettingerschichten ?
Les fossiles de cette division dans TÂrgovie, comparés à ceux du Jura
classique, établissent immédiatement que la liste de H. Hoesch ne
renferme aucun fossile cité ailleurs dans le Calcaire à Astartes supé-
rieur ou dans des dépôts plus récents. D'où cette conséquence, que
les Wettingerschichten n'atleignent même pas l'horizon du Calcaire à
Astartes du Jura classique.
Pour continuer mes recherches provisoires à l'aide de la comparaison
des fossiles, je ne pouvais songera prendre les listes générales publiéas
à diverses époques par les géologues suisses. Cette comparaison ne
pourra être faite que quand une révision générale aura été exécutée et
qu'on aura éliminé tout ce qui n'est pas rigoureusement déterminable.
Fort heureusement, ce travail est déjà fait pour un grand groupe,
celui des Ëchinides, grâce à l'œuvre magnifique de MM. Dosor et de
Loriol, Y Échinologie helvétique. J'indiquerai plus loin les changements
profonds qui doivent être apportés dans la répartition des espèces dans
les étages ; mais l'espèce existant par elle-même, nous avons dans
rj^c/imoZo^ie/ie^r^^t^ue des documents pluw{ue sufHâants pour nous
guider à coup sûrdans le travail de comparaison que je poursuis en ce
moment.
D'un autre côté, l'importance de la question actuelle est telle qu'il
faut la traiter le plus complètement possible. J'examinerai donc ici,
non pas seulement la faune du Ptérocérien donnée par M. Mœsch
en 1867, mais celle du Ptérocérien (couches de Wettingen) do VÉchi-
nologie helvétique. 11 est indispensable d'en agir ainsi, parce que,
comme je l'ai déjà dit, le Ptérocérien de Y Échinologie est exactement
celui de M. Mœsch ; en second lieu, parce que M. Mœsch a fourni aux
savants auteurs de Y Échinologie des matériaux nouveaux très-con-
sidérables, recueillis presque tous par lui-même ; enCn, parce que la
révision des espèces a été faite par MM. Dcsoret de Loriol.
132 DIEULAFAIT. ^ CORALLIEN. 3 déc.
Ptérocérien de VÉchinologie helvétique. — Le Ptérocërien de YÉchi-
nologie helvétique comprend 32 espèces (la trente-troisième» Hemi-
cidaris alpina, est d'une position encore incertaine).
De ces 32 espèces, 5 sont spéciales à TAr^ovie, 15 au Jura occidental ;
12 sont communes au Jura occidental et à TArgovie.
1® Espèces spéciales à VArgovie :
Cidaris monilifera, I Pseudodiadema complanatum,
Rhabdocidaris maxima, 1 Echinobrissus avellana,
— triaculeata, |
Le Cidaris monilifera appartient aux couches à Hemicidaris crenu-
laris ; il est donc loin d'avoir une signification ptérocérienne. Le
Pseudodiadema complanatum n'est nullement fixé de position, ou
plutôt il est lié aux Wettingeràchichten, à la limite supérieure desquels
onV^Lirouyé. Le Rhabdocidaris triaculeata est encore mal connu (il
ne s'agit que de baguettes) ; il est, comme le précédent, lié aux Wet-
tïngerschichten, au milieu desquels on Ta recueilli, et descend du reste
dans la zone de Baden. Les deux autres espèces, R, maxima et Echi-
nobrissus avellana, appartiennent aux couches de Baden, dont elles
suivront naturellement le sort définitif.
2o Espèces spéciales au Jura :
Rhabdocidaris Orbignyana,
Pseudocidaris Thurmanni,
Hemicidaris diademata,
. — mitra,
— Gresslyi,
— Desoriana,
— Hoffmanni,
Pseudodiadema florescens.
Pseudodicuiema negleetum,
— conforme,
— parvulum,
— plarUssimum,
Hcmipygus foliaceus,
Pseudosalenia aspera,
Pygurus Jurensis.
Ces 15 espèces comptent parmi les plus typiques de l'étage ptérocé-
rien du Jura ; la plupart sont même spéciales à cet étage. Remarquons
bien encore une fois, que pas une de ces espèces] Wa été trouvée en
Argovie, nHmporte à qt4el niveau.
i^ Espèces communes au Jura occidental et àV Argovie :
Cidaris cervicalis,
— elegans,
Rhabdocidaris nobilis,
Hemicidaris intcrmedia,
— crenularis,
Pseudodiadema mamillanum.
Magnosia decorata,
Stomechinus semiplacenta,
Acrosalenia angularis,
Holectypus corallintis,
Pachyclypeus semiglobus,
Pygurus tenuis.
1877. DIËULAFAIT. — COUALLIKN. 133
Ea laissant de cùUS le Stomechinus semiplacenta, sur lequel planent
encore quelques doutes, nous avons 11 espèces communes au Jura occi-
dental et àTArgovie, dans ce que VÉchinologie appelle faufie du Pté-
rocérten. Mais une conséquence aussi extraordinaire qu'inexplicable
ressort d'une manière absolue de la comparaison de cette faune dans
le Jura occidental et en Argovie : c'est que dans le Jura occidental ces
U espèces se trouvent dans le Olypticien des géologues du Jura ; au-
cune n* arrive même dans le Corallien supérieur de M, Greppin, lequel,
je l'ai montré plus haut d'après M. Tombeck, ne dépasse pas la base du
Calcaire à Astartes.
Ainsi, en résumé, le Ptérocérien de VÉchinologie helvétique com-
prend 31 espèces d'une détermination certaine. Sur ce nombre, 15,
c'est-à-dire la moitié, sont nettement ptérocérien nés; mais ces 1S es--
péces se trouvent esLcluslvement dans le Jura occidental; aucune
ne fait partie des Wettingerschichten de M. Mcesch. D'un autre côté,
11 espèces existent à la fois dans le Jura occidental et en Argovie ;
mais ces // espèces, dans le Jura occidental, appartiennent excluAl-
vement à Vhorizon du Olypticien, ou tout au plus au Rauracien
inférieur.
En présence de ce double résultat, ainsi amené à la précision et à la
rigueur d'un théorème de géométrie, il est de la dernière évidence que
le Ptérocérien de VÉchinologie helvétique ne correspond en aucune
façon au niveau spécial et bien connu que tous les géologues du Jura
ont appelé Ptérocérien ; il embrasse au contraire un grand ensemble,
aussi complexe qu'hétéroclite, de divisions parfaitement connues et,
danschaque région au moins, parfaitement limitées. Ces divisions sont
les suivantes (je continue à les emprunter à la Haute-Harne) :
•<
! Ptérocérien: zouQ k Àmmonilet orthocera.
Calcaire à Astartes.
Corallien supérieur.
Corallien moyen.
Ancienne zone à Ammonites bimammatm do M. Tombeck.
Corallien inférieur, avec Glypticien à la base.
_ Zone à Ammonites tenuilobatus .
Mais ce n'est pas tout. Si les 31 espèces du Ptérocérien de VÉchino^
logie helvétique se trouvaient mélangées partout, ou même en un seul
point,, on comprendrait l'association de VÉchinologie ; mais il xVqw est
rien. Les 15 espèces ptérocériennes sont (je le répète, tant la chose est
importante) exclusivement propres au Jura occidental ; aucune ne se
retrouve^dans les Wettingerschichten de M. Mœsch. Au contraire, les
11 espèces communes aux Wettingerschichten Qi ^\}l iwv^ occidental
sont des espèces exclusivement propres, dans celte dernière région, aux
134 DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 3 déc.
couches h Ilemicîdaris crenuîaris ou Glyplicien et tout au plus au Rau-
raclen inférieur.
Comment expliquer une pareille erreur chez les savants auteurs de
YÉchinologie helvétique ? Par cette simple raison, que MM. Desor et de
Loriol ont accepté pour cadre de distribution la classification de
M. Mcesch, et que dans cette classification régnent deux erreurs capi-
tales, qui la faussent d'une manière complète ; à savoir: la position
erronnée attribuée à la zone à Ammonites tenuiîobatus, et la mécon-
naissance de la grande lacune qui existe dans la région de Baden
à la partie supérieure de la formation jurassique. Examinons ces
deux points.
La coupe d'Oberbuchsiten, la seule pour laquelle M. Mœsch ait in-
diqué répaisseur de chaque division, est aussi sa coupe type, celle à
laquelle il a rapporté tous les terrains de TArgovie ; celle à laquelle,
par suite, MM. Desor et de Loriol rapportent tous les terrains du Jura.
C'est elle, dès lot*s, qui va me servir de terme de comparaison, et, pour
éviter tout malentendu, je la reproduis ici intégralement (V. p. 135).
Les Birmensdorfschichten sont exactement ce qu'on appelle dans le
Jura et dans les Alpes zone à Ammonites transversarim ; c'est la zone
à ^. ikfar/d/t des géologues de la Haute-Marne. Nous partons donc
d'une base absolument sûre.
Au-dessus viennent les Effingerschichten, constitués par des marnes
grises. Les Effingerschichten sont, sans le moindre doute, la partie
inférieure du grand horizon des marnes et calcaires hydrauliques dont
j'ai déjà parlé et qui a guidé tous les géologues du Jura, aussi bien en
Suisse qu'en France. Ce parallélisme, qui s'impose absolument, a du
reste été établi, d'une manière on ne peut plus nette, par M. Jaccard
dès 1869 pour le Jura vaudois et neuchâtelois. Bien plus, M. de Tribo-
let, dans une élude du plus haut intérêt, sur laquelle j'aurai à revenir,
a montré que dans la Haute-Marne la zone à A. Bàbeamis de M. Tom-
beck n'est pas autre chose que les Effingerschichten de M. Mœsch. La
zone à A. Babeanus de la Haute-Marne n'est autre que la zone à
A. himammatus du Jura et des Alpes, et 1'^. bimammatiis est placé
par M. Mœsch dans ses Effî7îgerschichten. Se suis donc en 'complet
accord avec MM. Mœsch et de Tribolet à la fois.
Les couches d'Effingen sont recouvertes, dans la coupe type de
M. Mœsch, parles Oeissbergschichten, constitués par des marnes et des
calcaires jaunâtres. Il en est exactement de même dans le Jura fran-
çais, où même la couleur jaune ne fait pas défaut. C'est la partie supé-
rieure des Calcaires hydrauliquefi de M. Jaccard, le Pholadomyen
d'Étallon et de tous les géologues du Jura qui ont employécette expres-
sion, la zone à Belcmnitcs Royeri de M. Tombcck dans la Haute-
1877.
DIEULAFAir. — COUALLIKN.
135
Localprofile im toeissen Jura.
Sûdseite des Buchsiberg bei Oberbuchsiteii.
Untore SUsswasscrmolIasse. BlàtterabdrUcke.
Bohaerze.
Platten-
kalko
Helle Kalkplatten.
Pentacrioiten ; Terel^ratula suprajureiuis,
T.insignis; Exogyra spiralts ; Trigonia
suprajurensis ; Ammonites Ulmentu
3(roo
Wettinger-
schichten
Kdrnige raube Kalk-
bànke.
Pyaurug tenuis; NucUolUeg avellana;
nhabdocidaris maxima ; Siomeehinus
asper, elc
Weisse Quaderbttnke.
4-00
Pholadamy a Protêt ; Psammobia rugosa;
Ceromya excentriea; ÀmmonUes Ulmtn-
m. A. nimbatiu, À. Holbeini; Fisch-
zàhne ; Saurier, etc
Badener-
schichten
Mergelige Kalkbanke.
Collyritestrigonalis; Holectypus Meriani;
Terebratula humeralis ; Gervillia tetra-
gona, elc
Wangenoi^
schichten
Weisse spàthige Kalk-
baoke.
NerioeeQ.
9"00
\ireisse Oolithe.
Nerineen.
Creoularis-
Feste Kalkbanke UDd
Mergelschichten
Hemicidaris crenularis, etc
schichten
Geissberg-
schichlen
Gelbe Kalkbanke und
Mergel.
Ostrea caprina: Pholadomya canalicu-
lata : Phasianella striata. etc
ElTinger-
schicliten
Graue Mergel.
Nulliporites Heehingensis ; Pentacrinus
peiitagoiialis ; Isocardia impressa, etc . .
Birmensd.-
schichten
L
Ascbgraue ruppige
Mergelkalke.
Scyphien; Eugeniacrinu^ nutans; Pen-
tacriniu lingulatux; Cidaris filograna ;
RhynchoneUa Arolica; Cranta Suevica;
Ammonites Arolicus, A. Iransversarius .
Callovicn.
Total
6-00
40*00
20-00
15"00
20*00
10"HX)
7-00
1G1»00
â
136 DIEOLAFAIT. — CORALLIEN. 3 déc.
Marne. Telle est également l'opinion de M. de Tribolet : « Le Pholado-
» myen du Jura (il s*agit du Jura suisse) est formé par un ensemble de
» couches dontlea caractères paléontologiques correspondent entière-
» ment à ceux de la zone du B. Royeri (de la Haute-Marne) (1). »
Sur tous les points qui précèdent, je suis donc en communauté com-
plète d'idées avec M. de Tribolet. D'ailleurs il est impossible d'arriver
à d'autres conclusions, quand on a suffisamment étudié le Jura en
France et en Suisse.
Nous arrivons maintenant à une difficulté tellement extraordinaire
et inexplicable, que je n'ai pas osé la formuler jusqu'ici, bien qu'elle
vienne arrêter net tout essai de raccordement entre TArgovie et le Jura
français, et même entre le Jura suisse du Nord et celui de l'Ouest. Cette
difficulté, la voici.
Lescouchesde Geissberg, nous l'avons vu plus haut, sont incontes-
tablement les représentants de X^zoueiLBelemnites Royeri de la Haute-
Marne et du Pholadomyen d'Ëtallon dans le Jura. Or c'est dans le
Pholadomyen type et là seulement que j'ai trouvé la zone à Ammonites
tenuilobatus, du nord au sud du Jura, depuis Champlitte jusqu'à Trept;
c'est dans son équivalent exact, la zone à Beîemnites Royeri, que
MM. Tombeck et Royer la trouvent aujourd'hui dans la Haute-Marne.
D'où cette conséquence absolument indiscutable, que la zoneà^mmo-
nites tenuilobatus du Jura français correspond à la partie supérieure
des couches de Geissberg, ou tout au plus à la base des Crenularis»
schichten, qui leur succèdent sans intermédiaire dans la coupe de
M. Moesch. Or, dans la succession donnée par cet auteur, non-seule-
jfnent rien ne permet de supposer qu'il en est ainsi, mais* même tout
exclut jusqu'à l'ombre d'une pareille supposition. En effet, sur les
couches de Geissberg viennent les Crenularisschichten et, par dessus,
les Wangenerschtchten, C'est seulement au-dessus de ces deux grandes
divisions, dont la puissance mesure 65 mètres, qu'on atteint la zone de
Baden ou zone à Ammonites tenuilobatus de M. Mœsch. De plus, si on
examine lesdeux divisions dont il vient d'être question, la difficulté, au
lieu de diminuer, se complique encore plus.
En effet : 1*^ la faune échinologique des Crenularisschichten de
M. Mœsch est une faune parfaitement connue, sur la signification de
laquelle il n'y a pas à hésiter ; c'est la faune du Glypticien classique du
Jura. Or, la zone à Ammonites tenuilobatus, dans le Jura, n est jamais
au-dessus, mtih toujours, au contraire, ati-dessous du Glypticien ; il en
est de même dans la Haute-Marne. Voici comment sur ce point si im-
portant s'exprime M. Tombeck : <• Le Corallien inférieur, ou Corallien
(1) De Tribolet. ttull.. :v sôr . t. IV, p. 208.
1877. DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 137
» proprement dit» est extrêmement variable dans sa constitution. A
9 Roche-sur-Rognon, Reynel, Vesaignes, etc., il se compose, à partir
» du haut, de Toolithe à Dlcérates et à Cardiutn corallinum, et des
» calcaires grumeleux à Cidaris florigemma, connus aussi sous le nom
» de calcaires glypticiens
t Mais ce qu'il importe de rappeler ici, c'est que, quelle que soit
» celle de ces formes qu'affecte le Corallien inférieur, îl repose tou-
» jours, notamment dans les vallées de la Marne, de l'Aube et de la
» Haute-Seine, sur une couche de 5 à 6 mètres de puissance, que nous
» avons désignée, M. Royer et moi, du nom de couche à Belemnites
» Royeri (1). »
Cette couche à B. RoyeH n'est autre, M. Tombeck l'admet parfai-
tement aujourd'hui, que la zone à Ammonites teiiuilobatus du Jura
et, j'ajouterai, que la zone à A.tenuilobatus des Alpes. Les relations de
cette zone avec le Glypticien sont donc bien celles que j'ai indiquées
plus haut et, je le répète, elles sont exactement les mêmes d'un bout à
l'autre du Jura.
2° La faune des Wangenerschtchten est encore une faune parfaite-
ment connue; c'est celle du Corallien inférieur de la Haute-Marne, des
calcaires et oolithes à Diceras de M. Tombeck ; c'est celle du Corallien
inférieur de tout le Haut-Jura ; c'est encore exactement celle du Rau-
racien de M, Greppin. Les Wangenerschtchten rentrent donc complè-
tement dans la loi générale de distribution du Jura classique ; ils suc-
cèdent directement et régulièrement au Glypticien.
Que faudrait-il alors pour que la succession de M. Mœsch fut en har-
monie absolue avec tout ce qui est connu dans le Jura, depuis la
Haute-Marne jusqu'au Nord de l'Isère ? Une seule chose, mais telle-
ment étrange que j'ose à peine la formuler. Il faudrait admettre que
H. Mœsch s'est trompé complètement en un point, et que la faune à
Ammonites tenuilobatus qu'il appelle faune de Baden, au lieu de suc-
céder aux Wayigenerschichten, est plus ancienne qu'eux et même plus
ancienne que les Crenularisschichten^du moins que leurs parties supé-
rieure et moyenne.
En présence de pareilles conclusions, la première chose que j'ai
faite a été d'aller étudier Birmensdorf, Baden et les Lâgern. J'avoue
que, si je ne voulais mettre les savants avec lesquels je me trouve en
désaccord, dans l'obligation de me démontrer que je suis dans l'erreur,
je ne formulerais pas les résultats do mes explorations dans cette
région; mais, comme la discussion ne peut pas durer indéiiuiment,
voici mes conclusions.
(1) Bull., 3'sér.,t. VI. p. 6 et 7.
138 DIEULAFAIT. — CORALLIEN. 3 déc.
J'ai vu aux Lagern des calcaires hydrauliques qui ue sout que la
continuation matérielle de ceux du Jura vaudois et neuchàtelois, qui ne
sont autres, par suite, que le Pholadoroyen du Jura français. Ces
calcaires renferment la zone à Ammonites tenuilohatus parfaitement
caractérisée par ses espèces les plus reconnaissables. Sous ces calcaires
à A. tenuilohatus vient un ensemble de dépôts très-réguliers, corres-
pondant, sans le moindre doute pour moi, à l'horizon del'^. Babea-
nus dans la Haute-Marne, et aux marnes et calcaires marneux qui d*un
bouta Fautive du Jura supportent le Phoiadomyen à A, tenuilobatus.
Quant aux couches de Wangen et aux Crenularisschichten, qui de-
vraient se trouver sous la zone à A. tenuilobatus, je n'ai absolument
rien vu, ni comme faune, ni comme aspect pétrographique, qui me
les rappelât.
J'ai visité les autres localités prises par M. Mœsch pour types
de ses divisions, et nulle part il ne m'a été possible de voir les choses
comme les admet ce savant. A Wangen, par exemple, je n'ai rien
aperçu au-dessus des Wangenerschichten qui correspondit à la zone
à Ammonites tenuilobatus du Jura occidental.
J'ai naturellement visité Oberbuchsiten et ses environs. Là encore
le résultat a été le même : la zone dite de Baden n'est pas du tout
la zone à A. tenuilobatus du Jura occidental, ni même la zone de
Baden à Baden ; elle est bien plus récente. On trouve à Oberbuch-
siten et ailleurs des Céphalopodes qui ont beaucoup d'analogies
avec ceux de la véritable zone à A. tenuilobatus; mais des analogies
ne sont pas des identités. D'ailleurs, si quelques types de la véritable
zone à A. tenuilobatus ont ir^\ersé\es CrenulatHsschichten, les couches
de Wangen et même des dépôts plus récents encore, cela prouve sim-
plement que la vie de ces espèces a été à très-longue période et que par
conséquent elles ne doivent pas être prises comme caractéristiques d'un
horizon limité.
L'avenir montrera si je suis dans le vrai et si, dès lors, M. Mœsch est
dans l'erreur ; mais ce qui est bien certain dès aujourd'hui, c'est que
les choses ne se passent pas en Argovie autrement que dans le reste du
Jura. Or dans tout le Jura la zone à A. tenuilobatus est inférieure au
Glypticien, c'est-à-dire à la tsainedesCrenularisschichten de M. Hœsch.
11 faudra donc nécessairement qu'on trouve à ce niveau la zone à
A. tenuilobatus en Argovie. S'il existe au-dessus des couches de Wan-
gen, qui ne sont autre chose que le Corallien inférieur du Jura, un
horizon à Céphalopodes, il s'agira de savoir ce qu'il représente, mais
à coup sûr ce ne sera pas la zone à A, tenuilobatus du Jura et des
Alpes. C'est là du reste, comme je l'ai déjà dit, un point que j'exami-
nerai dans un prochain mémoire.
1877. DieULAFAlT. — CORALLIEN. 13»
En attendant, les résultais consignés dans le travail actuel permet-
tent de résoudre, de la manière la plus simple et la plus complète,
plusieurs difficultés tout à fait capitales, signalées dès l'apparition de
YÉehinologie helvétique par l'un des savants les plus autorisés dans ces
délicates et si difficiles questions de Paléontologie appliquée à la Géo-
logie. En présentant YÉchinologieheloéHqtte à la Société géologique de
France, M. Cotteau a fait remarquer que la faune des couches de Bir-
roensdorf a sou correspondant exact en France, bien que ces couches
n'aient encore été étudiées dans notre pays que sur un petit nombre
de points. Il continue ainsi (1) :
c En France, toutes ces espèces, à l'exception de l'Jffemipedipia
» Gtcerangeri et du Dytaster gnmulostu, sont caractéristiques des
» couches oxfordiennes à Scyphia et n'en franchissent pas les limites.
» En Suisse, d'après le tableau que nous donnent MM. Desor et de
» Loriol, il en est tout autrement. Neuf de ces espèces, et parmi elles
» les plus abondantes et les plus caractéristiques, se trouvent, en
» plus ou moins grand nombre, dans les étages supérieurs.
D Les calcaires à chailles, ou couches à Hemiddaris crenularis, en
» renferment six. Les couches de Wangen, ou zone à Cardium
B corallinum, en offrent une seulement. Aucune ne se rencontre dans
» les calcaires à Apartés, Séquanien proprement dit. Mais, par un
» retour bizarre et très-difficile à expliquer, les couches de Baden,
» ou zone à Ammonites tenuilobatus, en présentent neuf.
» Si à ces espèces nous joignons les Cidaris propi7iqua et C ffugii,
9 qui n'ont pas encore été rencontrés dans les couches oxfordiennes à
t Scyphia de France, mais qui en Suisse caractérisent à la fois les
» couches de Birmensdorf et celles de Baden, nous aurons en tout onze
» espèces communes aux deux dépôts. Cette réapparition, après un in-
» tervalle de temps aussi long que celui qu'il a fallu pour former, en
» Suisse, les dépôts quelquefois si puissants des calcaires à chailles, des
> couches de Wangen et des calcaires à Astartes, a tout lieu de nous
» étonner Je veux seulement appeler l'attention sur ce
» fait singulier, unique jusqu'ici, et constater que rien de pareil ne
» s'est passé dans nos terrains de France. >
Ce retour bizarre et très-difficile à expliquer cessera d'être bizarre et
s'expliquera de lui-même si on admet que les choses sont à Baden
telles que je les ai vues, telles qu'elles existent, dans tous les cas, d'un
bouta l'autre du Jura, c'est-à-dire si on admet que la zone de Baden
succède directement aux couches de Birmensdorf, «ans lamoindre inter-
calation de Crenularisschichten ou de Wangenerschichten quelconques,
{\) Jhdl, 3" sér., t. I, p. 83; 1872.
140 DIEULAFAIT. — COHALLlEiN. 3 déc.
ceux-ci étant, en Argovie comme dans tout le reste du Jura, non au-
dessous, mais au-dessus de la zone à Ammonites tenuilohatus. Aloi*s le
passage des neufespèces des couches de Birmensdorf dans la zone à
A, tenuilobatus qui leur succède n'aura plus rien que de naturel et
de prévu. On comprendra encore très-facilement que six espèces mon-
tent dans les Crenularisschichten, qu'une seule arrive dans les couches
de Wangen, et que la faune s'éteigne, mais s'éteigne satis retour,
avant d'atteindre les calcaires à Astartes. De cette façon tout rentre
dans l'ordre, et on voit surtout disparaître la récurrence de faune, cette
autre calamité de la géologie actuelle, l'un des produits directs ot fatals
de la théorie des faciès.
La seconde erreur générale qui affecte les travaux de H. Hœsch et
par suite YÉchinologie helvétique résulte de ce que le parallélisme
établi par cet auteur entre ses divisions de l'Argovie et les divisions
classiques du Jura n'est pas exact. D'une manière générale, les divi-
sions de M. Mœsch sont plus anciennes que celles du Jura auxquelles
elles sont rapportées.
Si, comme j'en ai la conviction, les choses sont telles que je viens
de les exposer, la distribution des espèces AdMsVÉchinologiehelvétiqiie
doit être refaite de fond en comble à partir de la zone de Birmensdorf.
Ce travail ne sera certainement ni simple ni facile ; car dans le grand
et complexe ensemble qui succède à la zone de Birmensdorf (couches
k Hemicidaris crenularis, co\xchQ% de Wangeu, calcaires à Astartes,
couches de Baden, zone à Ammonites tenuilobatus), dans le tableau de
distribution de YÉchinologie, il existe un mélange complet de séries
d'espèces qui ne sont jamais mélangées dans la nature, pas plus en
Argovie qu'ailleurs.
Dans mon prochain mémoire, je montrerai quels changements doi-
vent être tout d'abord introduits dans la distribution de YÉchinologie,
si Ton veut que ce magnifique travail rende à la Géologie tous les ser-
vices qu'il est appeléà lui rendre. Il est, d'un autre côté, à peine besoin
d'ajouter que le travail paléontologique ne sera en rien affecté par ces
changements de distribution ; la valeur zoologique des déterminations
n'en sera, au contraire, que plus éclatante, puisque les erreurs nom-
breuses qui affectent la répartition des espèces dans cet ouvrage n'ont
nullement influé sur les déterminations de MM. Desor et de Loriol. Je
ne crains pas, en effet, d'affirmer dès aujourd'hui que, quand toutes
les espèces, telles que les ont définies MM. Desor et de Loriol, occupe-
ront dans YÉchinologie les positions relatives qu'elles occupent dans
la nature, les choses, à ce point de vue, coïncideront exactement en
Suisse, et particulièrement en Argovie, avec ce qui est depuis longtemps
connu dans tout IcJura classique, notamment en France.
iSl7. DIEUUPAIT. — CORALLIEN. 141
IV. Résumé et Conclusions,
Les dépôts constituant ce que les géologues du Jura ont appelé
étage corallien représentent un ensemble toujours très-puissant, mesu-
rant plus de 200 mètres dans certaines parties du Jura. Cet ensemble
n'est pas le moins du monde, comme on le répète tous les jours, un
dépôt exceptionnel ; c'est au contraire un produit normal d'une mer
parfaitement normale. La mer corallienne, il est vrai, a subi, pendant
sa longue période, des modifications nombreuses; mais ces modifica-
tions ne sont ni plus nombreuses, ni plus profondes, quecelles qu'ont
subies les autres mers anciennes, les mers oxfordiennes par exemple.
Quant à ces récifs coralliens qui ne seraient qu'un faciès anormal
d'une mer dont il faudrait chercher ailleurs les sédiments réguliers, je
n'en ai jamais vu trace, ni dans le Jura, ni dans les Alpes. Les prétendus
dépôts réciformes du Jura ne sont pas plus des récifk coralliens, que les
bancs coquilliers de la mollasse moyenne du Midi de la France.
D'un bout à l'autre du Jura, depuis Trept dans l'Isère, jusqu'à
Champlitte qui confine à la Haute-Marne, la zone à Ammonites tenui"
lobatus existe, caractérisée par un certain nombre de ses Céphalopodes
les plus typiques; partout elle est inférieure à ce que les géologues du
Jura ont appelé Corallien, en y comprenant le Olypticien ; partout
elle est dans la partie supérieure de la division appelée Pholadomyen ;
pour la Haute-Marne, elle correspond exactement à la zone du Belem-
nites Royeride MM. Tombeck et Royer.
La zone à Ammonites tenuilobatus, telle que je l'ai toujours limitée
dans le Jura et dans les Alpes, correspond exclusivement à la zone du
BelemnitesRoyeridelsi Haute-Marne.
La zone à Ammonites tenuilobatus existe bien définie dans la région
de Saint-Claude, comme l'a reconnu M. Choffat ; mais, au lieu d'être
associée aux fossiles de l'Astartien, elle est placée à plus de 200 mètres
au-dessous de l'horizon du Ptérocérien, qui recouvre directement le
calcaire à Astar tes partout ob ces deux divisions existent.
A Prénovel la zone à A. tenuilobatus est sous le Corallien inférieur
ou Corallien proprement dit de M. Chofiat, c'est-à-dire exactement
au niveau où je l'ai toujours et partout rencontrée dans le Jura.
La couche qu'à MontépileM. Choffat appelle couche à Hemicidaris
crenularis n'est pas le Glypticien des géologues du Jura ; elle ne cor-
respond nullement aux Crenularisschichten de M. Moôsch et est bien
plus ancienne.
Dans la classification des terrains jurassiques donnée par M. Moasch
pour TArgovie, régnent trois erreurs générales, qui la faussent d'une
142 DE GUANCOURTOIS. — OBSERVATIONS. 3 dëc.
manière complète à partir des couches de Birmensdorf. La première
de ces erreurs est la position relative que cet auteur attribue à la zone
à Ammonites tenuilobatus ; cette zone est à Baden, comme dans le
Jura classique, dans la partie supérieure du Pholadoroyen, au-dessous,
par suite, des Crenulartsschtchten, ou tout au plus dans leur partie infé-
rieure. La seconde erreur est de paralléliser avec les divisions classiques
du Jura occidental des divisions qui ne leur correspondent nullement
en Ârgovie. La troisième erreur est de méconnaître la grande lacune
qui existe en Argovie à la partie supérieure de la formation jurassique.
Ces trois erreurs de classification ont réagi d'une manière extrême-
ment fâcheuse sur une des œuvres paléontologiques le plus impor-
tantes et le plus remarquables de notre époque, VÉchinologie helvé*
tique. Les savants auteurs de cet ouvrage ayant pris pour cadre de dis-
tribution la classification de H. Mœsch, ont été entraînés nécessairement
dans une série d'erreurs, dont les principales sont les deux suivantes :
1^ réunion à l'état de mélange complet, de séries d'espèces parfaitement
séparées dans la nature ; i^ réapparition d'une faune nombreuse com-
plètement disparue, alors que pas une seule espèce de cette faune n'a
fait la moindre réapparition.
Une distribution nouvelle des espèces de VÉchinologie helvétique
est absolument indispensable si l'on veut que la Géologie retire de
ce magnifique travail tout le fruit que comporte sa haute valeur zoolo-
gîque.
H. de luiappareiit pense que l'idée d'un récifcorallien en place
n*imp1ique en aucune façon l'apparition brusque d'une sorte de
colonne de Polypiers au milieu des couches encaissantes. Il rappelle
que, dans un livre récent (1), M. Dana a montré comment les récifs
coralliens se forment par la trituration incessante des Polypiers
vivant sur leur surface, trituration qui, suivant les circonstances, peut
donner lieu à toutes les variétés possibles de calcaires, depuis les cal-
caires oolithiques jusqu'à ceux qui sont le plus compactes.
M. de Lapparent rappelle encore que M. Dana a indiqué les récifs
largement étalés, les Abrolhos de la côte de l'Amérique du Sud,
comme représentant probablement le type qui dominait à l'époque
jurassique.
M. die Cbaiicourtol» regrette vivement d'entendre invoquer
la formation des atolls dans une discussion sur la continuité des bancs
de coraux jurassiques. Il ne pense pas que la constatation de diverses
(1) CoraU and Coral-Islands ; 1872.
1877. DE LAPPARENT. — GRANITE DU MONT SAINT-MICHEL. 143
sortes de calcaire dans les dépôts subordonnés aux récifs coralliens ac-
tuels suffise pour faire assigner une origine corallienne à tous les cal-
caires jurassiques de texture oolitfaique et compacte.
Mais c*est surtout le rapprochement des mots atoll et jurassique qui
lui parait illogique. La notion de l'atoll est en efTet inséparable de celle
d'un cône volcanique submergé. Or aucune montagne de ce genre
n'existait à l'époque jurassique. Le rapprochement des deux mots con-
corde avec l'extension aux phénomènes plutoniques anciens, delà
qualification volcanique, qui doit être réservée aux phénomènes érup-
tifs récents ; c'est donc le résultat ou le principe de graves con-
fusions.
C'est avec de telles manières de faire intervenir dans tous les temps
géologiques les causes actuelles mises en vogue par de brillantes
études, que l'on donne crédit aux théories qui font remonter jusqu'aux
temps des premiers sédiments, non-seulement l'existence des volcans,
mais aussi celle des glaciers, en attendant qu'elles y fassent apparaître
l'Homme.
M. die IL<appareiit conteste absolument qu'il puisse y avoir une
relation de cause à effet entre la nature chimique des formations vol-
caniques et le développement des organismes calcaires. Il rappelle
que la Nouvelle-Calédonie, qui n'est pas volcanique, est entièrement
bordée de récifs coralliens, que les Huîtres prospèrent à Gancale sur
une côte exclusivement gneissique ou schisteuse, enfin que, dans les so-
litudes du Pacifique, à des milliers de kilomètres de toute côte, les
Globigérines rencontrées par le Challenger dans les eaux superficielles
ne paraissent nullement embarrassées d'emprunterdirectement à l'eau
de la mer le calcaire de leurs carapaces, qui viendront ensuite s'accu-
muler sur le fond de l'Océan pour y former des bancs de Craie.
H. de Lapparent fait la communication suivante:
Sur le Granité du Mont Saint*Micliel et sur Vâge
du Granité de 'Vires
par M. Alb. de IL<apparent«
1. Sur le Granité du Mont Saint-Michel,
Tout le monde connaît le Mont Saint-Michel, ce rocher qui s'élève
d'une manière si surprenante au milieu des grèves de. la baie d'Avran-
ches, et que l'art du Moyen-Age s'est plu à enrichir de véritables mer-
veilles architecturales. Mais si le Mont Saint-Michel captive depuis
û
144 DE LAPPARENT. — GRANITE DU MONT SAINT-MICHEL. 3 dëc.
longtemps Vattention des touristes, il parait avoir été assez négligé par
les géologues et l'on n'en a fait mention jusqu'ici que pour dire qu'il
était formé par un rocher de granité.
Or le granité normal du Cotentin est constitué, comme on sait, par
la variété connue sous le nom de granité de Vire et exploitée aujour-
d'hui, sur une grande échelle, dans le Calvados, la Manche et Tllle-et-
Vilaine. C'est encore cette variété qui forme, non loin de la côte, le
groupe des îles Chausey. Il était donc intéressant de savoir si le granité
du Mont Saint-Michel appartenait à l'espèce de Vire, ou s'il constituait
une variété distincte. C'est dans ce but que j'ai visité, au mois de sep-
tembre 1877, ce rocher, qui tant de fois avait attiré mes regards du
haut des chaînes granitiques situées entre Mortain et Avranches.
Il m'a été facile de reconnaître au premier coup de marteau, que le
granité du Mont Saint-Michel n'avait rien de commun avec le granité
gris de Vire. C'est un granité à mica blanc dominant, avec quartz gra-
nulitique et feldspath rosé; la roche est peu solide et contient toujours
de la tourmaline. L'âspect granulitique du quartz est extrêmement ca-
ractéristique et il est impossible de méconnaître dans cette roche, qui
forme toute la protubérance du Mont Saint-Michel et très-probable-
ment aussi celle du rocher voisin de Tombelaine, un membre de la
famille des granités à mica blanc ou granités à étain, dont M. Michel-
Lévy a plus d'une fois signalé Timportance. La présence constante de
la tourmaline met hors de doute cette assimilation, que le mica blanc
et l'état grenu du quartz sufliraient d'ailleurs à justifier.
Le granité du Mont Saint-Michel offre une structure stratiforme : il
forme des bancs inclinés vers l'ouest d'environ 10 degrés et séparés
les uns des autres par des filons très-réguliers de quartz demi-laiteux,
demi-corné, qui ont souvent dix centimètres d'épaisseur.
Le Mont Saint-Michel n'est pas, en Normandie, le seul affleurement
de granité à mica blanc. En explorant, avec M. Potier, les environs de
Saint-Hilaire-du-Harcouët, nous avons suivi, sur quelques centaines
de mètres, au milieu des schistes cambriens, un filon de ce même
granité, qui affecte une structure pegmatoïde très-prononcée, au point
que la tourmaline et le quartz s'y isolent en cristaux très-nets.
Depuis, dans la bande granitique qui forme la rive droite de la
vallée de la Sée, j'ai retrouvé, à Braffais, un gisement d'un granité
granulitique identique avec celui du Mont Saint-Michel.
Ainsi l'affleurement du Mont n'est pas exceptionnel dans la région ;
mais il constitue un filon, ou tout au moins une protubérance plus
considérable en ce point qu'ailleurs. Cette variété de granité traverse
en filons le granité de Vire et son éruption est, par suite, d'une époque
très-nettement postérieure.
Saa.Ala.'^ eM~ikKma.
Note dcM.SCPOOR.
trj^f T. VI n. t p.Mfr .;.
Fié.]_Plan dn teFrain calcaire d'Arlhon-Chémeré.
.■.limUm Ar^v.r
La Meule
»,-,i,.l.n-uhr~:,Jr/.aUJrtKpi,
•; • •
1877. DB LAPPARENT. — (ÎRANITK DE VIRE. lï^
Terminons par un rapprochement intéressant. Il existe sur la cdte
de Cornouailies un rocher isolé en pleine mer et surmonté par une
ancienne abbaye également dédiée à Saint-Michel. Or ce rocher est
aussi formé de granité à mica blanc, c'est-à-dire identique avec celui
qui constitue le Mont Saint-Michel de Normandie.
2. Sur tdge du Granité de Vire.
En indiquant, dans une note précédente (1), l'allure du granité de
Vire dans la région de Mortain et d'Avranches, j'ai signalé quelques
points où la pénétration de ce granité, en filons minces et réguliers,
dans les schistes cambriens, est un fait facile à vérifier.
Depuis, il m'a été donné d'observer un filon de granité encore plus
caractéristique, à cause de son éloignement du massif principal, dont
il n'est qu'une ramification. Il existe au sud-est d'Avranches, sur la
route de Saint-Hilaire, un massif granitique peu important par sa sur-
face, mais exploité dans de nombreuses carrières et dominant toute la
contrée environnante; c'est celui du tertre de La Garonnière, situé sur
la commune de Montgothier.
Sur le chemin de Montgothier au Grand-Celland par La Tonnelliëre,
on côtoie cx^nstamment le contact du granité et du schiste màclifëre:
le mélange des deux roches paraît intime; seulement les nombreux
filons granitiques qu'on observe dans la masse schisteuse rubéfiée ne
contiennent plus que du feldspath et du mica, comme si le quartz
s'était concentré tout entier dans ces gros noyaux de quartz laiteux
qui dans toute la contrée caractérisent la zone màclifère au contact
immédiat du granité.
Au sud, le massif granitique de Montgothier est étroitement limité
par une ligne qui passe au lieu dit Le Tertre. A l'ouest, on suit avec
la plus grande netteté son contact rectiligne avec le schiste màclifère
jusqu'à La Moinerie. A l'ouest de ce contact, on ne trouve plus que du
ischiste, lorsque, à trois kilomètres de là, au lieu dit Les Forges, à la
descente du chemin vicinal nouveau qui conduit de La Boulouze à
Marcilly, on retrouve un filon très-mince et très-régulier de granité,
d'environ 20 centimètres de puissance, traversant le schiste màclifère
rougeàlre. La roche du filon est sans consistance, mais les trois élë^
ments, quartz, feldspath et mica, sont parfaitement reconnaissables et
dans leurs relations habituelles, de telle sorte qu'il ne manque à ce
remplissage que la consistance pour former un vrai granité. Ce défaut
de consistance peut tenir à ce que la roche n'a pas pu cristalliser dans
(1) Bull., 3« sér.. t. V. p. 569.
40
lilî DE LAPrAIibiNT. — GUANITE DE VIUE. 3 d(îc.
an filon mince comme elle Ta fait en masse; mais, quand on réfléchit
que, dans toute la région, la croûte du granité est meuble sur plusieurs
mètres de profondeur, on sera plutôt porté à y voir le résultat d'une
altération ultérieure.
Quoi qu'il en soit, ce fait d'un filon mince distant de trois kilomètres
du massif dont il fait partie, prouve quelle liquidité possédait le gi^anite
de Vire lorsqu'il a fait éruption dans les fissures des schistes cambriens
déjà consolidés et dont il a, en une foule d*endroits, englobé des frag-
ments anguleux.
Cette observation ne fournit qu'un maximum pour Tâge du granité
de Vire ; bien que ce granité ne forme jamais de filons dans les grès
armoricains ou dans les schistes siluriens à Calymènes, ce qui semble
indiquer quil est antérieur à leur dépôt, on pourrait dire que ces
roches ne se sont pas fissurées comme les phyllades cambriens, et que
c'est pour cette cause que le granité n'y a point pénétré.
Pour échapper à cette difficulté, je rappellerai d'abord que partout,
dans le Cotentin et i'Ille^t-Yilaine, le granité se signale par un méta-
morphisme de contact énergique, qui a transformé les phyllades en-
caissants, ici en schiste mftclifère, là en leptynolite, ailleurs en véri*
table phthanite. Ce métamorphisme ne se fait jamais sentir au-delà de
quelques centaines de mètres et il est exclt^sivement limité aiuophyU
lades cambriens, partout relevés en couches presque verticales. Les
schistes et grès siluriens de Mortain, que des failles ont, sur plus d'un
point, amenés au contact immédiat du granité, n'ofiTrent pas laplus
légère trace de métamorphisme.
Il semble bien résulter de là que Férupiion du granité de Vire a eu
lieu après le dépôt des schistes cambriens et avant celui du grès armo-
ricain. Mais tâchons de préciser enœre davantage.
Sur toute la chaîne granitique de Mortain à Avranches et aussi le
long de celle qui court de Sourdeval à Sarlilly, le durcissement de la
grauwacke cambrienne au contact du granité a fait naître souvent,
comme je l'ai dit, une roche siliceuse noire, analogue à un véritable
phthanite. De plus, d'énormes noyaux de quartz blanc laiteux se sont
développés dans la zone métamorphique et quelques-uns d entre eux,
exploités pour les chaussées, ont plusieurs mètres d'épaisseur.
• Cela posé, quand on explore les environs de Villeclicu, on aperçoit,
à la partie supérieure des schistes et poudingues pourprés, plusieui-s
couches d'un grès ou conglomérat dont les élénients sont uniquement
formés par des grains roulés de quartz laiteux et d'une sorte de silex
noir. Une couche de ce genre est exploitée sur la roule de Granvilleà
Villedieu, prèsdu village de Saultchevreuil.
Or il n'existe dans les schistes cambriens, à l'exception de la zone
1S77. DE LAPPARENT. — GliAMTK DE VIUK. 147
métamorphique dure, aucune couche dont il soit possible de faire
dériver les éléments évidemment détritiques de ce conglomérat. N*est-il
pas naturel de penser quelazone métamorphique était déjà consolidée,
c'est-à-dire que le granité avait déjà fait éruption, lorsque se sont
formés, aux dépens delà zone durcie, les conglomérats f|uirouronncnl
le système des grès pourprés? De la sorte, Vâge du granité serait étroi-
tement fixé entre les phyllades cambriens, d'une part, et les pou-
dingues pourprés, de l'autre, lesquels forment la base incontestable sur
laquelle reposent, en discordance géographique, sinon en discordance
de stratification, les grès armoricains à TigillUes (ScoUthus).
Cette conclusion s'applique uniquement à la venue au jour du gra-
nité à Vétat fluide, et non pas à l'apparition de ce même granité à la
surface du sol. On confond trop souvent ces deux choses et c'est ainsi
que des auteurs, après avoir constaté qu'un massif de granité a surgi
avec dislocations au milieu d'une nappe primitivement continue de
schistes, croient pouvoir en conclure (\\xq\ éruption du granité est an-
térieure au dépôt des schistes. Je le i^épète, le mot d'éruption ne peut
s'appliquer qu'à l'épanchement d'une masse fluide, et cet épanchement
ne peut se constater que par les filons réguliers que la roche éruptive
envoie dans une autre roche d'âge défini. Mais il est évident que pos-
térieurement à cet épanchement et à la consolidation de la roche
épanchée, mille accidents ont pu la faire surgir à V(*tat solide au
milieu des roches qui la recouvraient. C'est ainsi que le granité de
Mortain a surgi, étant déjà solide, au milieu du grès armoricain et du
schiste ardoisier. Mais, dans ces conditions, le granité n'est pas plus
éruptif que ne l'étaient les couches jurassiques du pays de Bray, lors-
qu'elles surgissaient au milieu des couches crétacées par lesquelles
elles avaient été primitivement recouvertes.
Je n'admets donc, comme critérium de l'épanchement, rien autre
chose que les liions réguliers ; or, pour le granité du Cotentin, ces
filons ne s'observent que dans les phyllades cambriens ; et comme,
dans les conglomérats qui surmontent les schistes pourprés, je retrouve,
à rétat détritique, des éléments dont il m'est impossible d'apercevoir
la source ailleurs que dans les roches métamorphisécs par le granité,
je me crois autorisé à conclure, au moins jusqu'à preuve contraire,
que le granité de Vire a fait éruption entre le Cambrien, c'est-à-dire
l'étage des Urthonschiefer (étage B de Barrande), et le Silurien infé-
rieur, c'est-à-dire les schistes pourprés, équivalent probable de la
Faune primordiale ou étage C de Bohême.
Le Secrétaire donne lecture de la note suivaiile •
148 TARDY. — A(ÎK DES CIVILISATIONS. 3 déc.
L'Ago des civilisation» d'après les alluvions de la Saône*
par M. Xardy,
Ou a cherché depuis longtemps à se faire une idée de Tantiquité
des civilisations humaines. Les uns, constatant la lenteur avec laquelle
on a passé de la civilisation romaine à celle de nos jours, ont conclu à
une antiquité incommensurable, même pour les civilisations de la
Pierre polie. Plus tard, étudiant les couches de stalagmites de la ca-
verne de Kent, on a cru y trouver la preuve des premières supputations,
mais on ne tenait aucun compte des modili ations climatériques que
le cône de la Tinière aurait dû révéler. Il en tut de même dans Tétude
des couches de sable du tumulus des Noires-Mottes; cependant les va-
riations des anciens fleuves quaternaires permettaient de soupçonner
une grande diminution dans le débit de ceux-ci. il devenait donc utile
de chercher un autre chronomètre archéologique.
Parmi les moyens pouvant tendre vers ce but, j'ai ébauché en
juin 1872, dans le Bulletin, une théorie qui devait plus tard me con-
duire à la fixation des époques des grandes migrations. C'est au moyen
de cette loi du mouvement des nations, que j'ai exposée au Congrès de
1 Institut des Provinces réuni à Âutun en 1876, que j*ai pu donner les
dates de l'arrivée sur notre sol des civilisations du Bronze et de la
Pierre polie. Ces dates d'arrivée se sont trouvées fort en désaccord
avec toutes les indications données jusqu'à ce jour, quoique la loi du
mouvement des nations soit en accord avec tous les faits connus de
l'histoire, depuis les plus anciennes dates certaines de l'ancienne
Egypte.
Un tel désaccord m'engagea à chercher un nouveau chronomètre
géologique, qui exposât moins aux erreurs que ceux utilisés jusqu'à
ce jour. Mes études sur le bassin de la Saône portèrent mon atten-
tion sur les observations archéologiques de nos confrères MM. de
Ferry et Arcelin. Recueillies le long de cette rivière et publiées dans le
tome XII des Annales de V Académie de Mâcon, elles avaient alors servi
à M. Arcelin pour une tentative chronométrique, au moyen d'un calcul
de moyennes. La précision des indications publiées me donna l'idée de
faire le profil des berges de la Saône et de consigner sur ce dessin par
une lettre la position et la nature de la découverte archéologique (i).
Sauf deux ou trois points où, de l'avis même des observateurs,
la civilisation romaine se mêle aux débris des âges antérieurs, il
fl) Ce tableau sora piiblio dans les Anualn de l Académie de Mâcon.
1877. TAUDY. — AGE DES CIVILISATIONS. ^.^ 149
existe sur ce profil une grande régularité dans la disposition relative
de chaque genre de civilisation. Chacune d'elles ne commence qu*à un
niveau bien précis, mais se prolonge bien au-delà de l'arrivée d'une
nouvelle civilisation. Or la date de l'arrivée est pour le moment la
seule qu'il taille chercher à établir avec le plus d'exactitude possible.
J'ai cherché d'abord dans l'histoire à quelle époque la civilisation ro-
maine avait pu pénétrer dans le bassin de la Saône, et pour cette date
j'ai adopté celle à laquelle les Romains se sont établis sur le Rhône.
Deux mille ans nous séparent ainsi des premières stations gallo-ro«
maines. Par une règle de trois on peut calculer l'âge des stations anté-
rieures distribuées sur plus de quarante kilomètres le long de l'axe de
la vallée de la Saône. Cette étendue du profil est«je crois, la meilleure
garantie de l'exactitude des résultats qu'il permet de calculer.
On trouve ainsi que les (]uatre stations les plus profondes de la civi-
lisation du Bronze sont du vi*' siècle avant J.-C.
C'est la date que j'avais obtenue antérieurementet c'est aussi la date
que les savantes discussions de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres ont assignée, en 1873, au début de l'invasion des Gaulois. Ce
sont donc ces peuples qui ont apporté sur notre sol la civilisation du
Bronze toute formée. Leur type de race, bien connu, permet do re-*
trouver encore des groupes de ces populations et de constater que les
noms de leurs villages et leurs noms dhoinmes ont un cachet essen-
tiellement asiatique. Ces villages sont, en outre, généralement éche-
lonnés sur de grandes directions indiquant sans doute les anciennes
voies de communication.
D'après les alluvions de la Saône, ce n'est qu'entre le troisième et le
deuxième siècle avant J.-C, que le Fer an té-romain a pénétré en Oaule,
apporté sans doute par les Grecs, qui ont laissé sur notre sol, non-seu-
lement les inscriptions d'Âutun, mais encore des noms de lieux essen-
tiellement grecs, et environ 60 p. 0/0 de mots de leur langue dans
quelques-uns de nos patois.
La première apparition de la civilisation néolithique a eu lieu aux
environs de âlûcoii au xxiii° siècle avant J.-C, d'après le calcul indi-
qué plus haut sur les alluvions lehineuses de la Saône (1).
Cette première civilisalioii est caractérisée, sur notre sol, par des
silex taillés et des poteries et par fabieiice probable de haches polies.
Cette anomalie, jointe à une lacune dans la concordance des résultats
trouvés sur la Saône avec ceux de la loi de migration, m'engagea à
comparer sur le protil les époques d'invasions aux épo<iues qui leur
sont intermédiaires. A répo<iue de chacune des deux invasions gerinar
(1) Le chiffre exact donné par le calcul est 22,€y.
150 r\l:l)Y. — AGE DKS CIVIUSATIONS. 3 (léc.
nique et gauloise, il y a en quelque sorte un maximum dans le nombre
des stations, tandis qu'aux époques intermédiaires elles sont plus rares
et disséminées. Or, au milieu de Tépoque néolithique, lorsque la hache
polie apparaît, il y a un maximum dans le nombre des stations. Il n'y
a donc pas à hésiter: il faut scinder la civilisation néolithique en deux
groupes.
La seconde de ces deux civilisations est arrivée sur notre sol au
xiv^ siècle avant notre ère, d'après les alluvions de la Saône. C'est
aussi la date donnée par la loi des migrations et celle à laquelle tous
les auteurs ont conclu pour l'arrivée des Pélasges.
L'étude des noms de lieux sur le sol occupé par ces peuples m'a
permis de retrouver leur langue et leur route. Après avoir traversé le
Don dans le haut de son cours, ils ont franchi le Danube et suivi la
vallée du Pô, pour venir traverser la rivière d'Ain vers le bas de son
cours. C'est bien là la route déjà connue des invasions dites aryannes.
L'étude de cette langue, dont le dictionnaire peut servir à traduire une
foule de noms de lieux désignant leur situation topographique et
répandus sur tout le globe, prouve sans doute l'unité de langue vers
le xxiii^ siècle avant J.-C. Les peuples venaient donc peut-être de se
disperser sur la terre, qui devait alors être inhabitée. En effet la pre-
mière civilisation néolithique est séparée, sur les bords de la Saône,
de la dernière civilisation du Renne, par deux mètres de dépôts dans
lesquels il n'existe pas la moindre trace de l'existence de l'Homme.
Ces dépôts se prolongent sur les plateaux et, quoique je ne les aie suivis
encore que jusqu'à l'altitude de 330", je puis dire que par leurs carac-
tères, indiqués dans le Bulletin eu ju\i\ dernier, ils dénotent une grande
pluie dont l'effet torrentiel a été promptement arrêté par une grande
inondation.
Ce fait, ainsi que l'unité des langues, la dispersion des peuples,
cnGn cette date du xxiii® siècle avant J.-C, montrent que le récit mo-^
saïque de la Yulgate est, en dehors de toute idée religieuse, d'une
exactitude rigoureuse. L'âge que ce récit assigne à l'Homme est donc
fort probable.
La loi (les migrations et la loi des oscillations périodiques associées à
l'étude des terrasses, se trouvant ainsi vériliées jusqu'au xxiii® siècle
avant J.-C, on pourra tenter avec quelques chances de succès de fixer
l'âge des silex de Saint-Acheul, la première manifestation delà pré-
sence de l'Honinie sur notre sol. En effet, comme je l'ai dit ici en no-
vembre 1876, les silex taillés tertiaires sont l'œuvre de la nature, et
les ossements de Cétacés striés ou brisés, ou même le squelette de
Savone, sont dans de telles conditions de gisement qu'on n'en peut
rien conclure.
i877. GAUORT. — ENCHAINEMENTS DBS MAMMIFÈRES TERT. 151
Espérons que le chronomètre récemment découvert*à T embouchure
de la Loire viendra nous éclairer sur l'antiquité de l'Homme quater-
ntire^et, pour aider à ce résultat, donnons la correction climatologique
que la comparaison du profil de la Saône et du cône de la Tiniëre fait
coonaitre. A l'époque néolithique, il pleuvait environ deux fois plus
qu'à l'époque du Bronze, et durant cette dernière époque il pleuvait un
pea plus que depuis J.-C. L'étude que M. Debray a faite des tourbières
do Nord conduirait aux mêmes conclusions (1).
Séance du 17 décembre 1877.
PRÉSIDENCE DE M. TOURNOUÊR.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
Le Président annonce six présentations.
Il fait ensuite part à la Société de la mort de M. Bernard de Zimmer-
naoD.
Le Président annonce que le prix de l'abonnement annuel ap
Ompte-rendu sommaire dei «lances de la Société a été fixé par le Con-
seil i la somme de deux francs, pour les membres comme pour le
pDblic.
M. Albert Gaudry présente à la Société son ouvrage intitulé : Les
enehatnements du monde animal dans les temps géologiques, Mammi^
fères tertiaires (Y. la liste des dons), et en donne l'analyse suivante :
Sur les enelialnemento des Mamiiil fères tertiaires,
par M. Albert Gaudry.
faî l'honneur d'offrir à la Société géologique un essai sur les en-
chaînements des Mammifères tertiaires. Grâce aux travaux des strati-
graphes, on commencée pouvoir déterminer avec quelque précision
U succession des assises dans lesquelles sont ensevelies les dépouilles
clés anciens êtres ; il est naturel que nous, paléontologistes, nous
soyons séduits par le désir de comparer les créatures dont on nous
fau connaître les âges respectifs, et que nous tâchions de découvrir si
leurs modifications ont été en rapport avec leurs dates d'apparition.
'Il Voir p<mr plus «le ri Mails ïqs Ainrilcs de l'Académie de Mdcon,
io2 GAUDRY. — ENCHAÎNEMENTS DES MAMMIFÈUES TERT. 17 dt'c.
Les Mammifères, à l'époque tertiaire, présentent des conditions par-
ticulièrement favorables pour étudier les questions d'évolution ; car, à
cette époque, ils sont encore en pleine voie de développement, formant
ainsi un contraste avec la plupart des autres classes, dont les princi-
paux linéaments sont déjà dessinés. A en juger par Tétat présent de
nos connaissances (état bien provisoire, il est vrai), beaucoup de nos
genres actuels de Mammifères sont arrivés très-tardivement sur la
terre.
Dans le premier chapitre de mon livre, j'ai parlé des Marsupiaux.
Ces animaux, qui ont habité nos contrées à Tépoque secondaire et ont
eu encore quelques représentants dans la première moitié des temps
tertiaires, n'y vivent plus de nos jours. Quand nous voyons les Placen-
taires succéder aux Marsupiaux, et quand nous trouvons des fossiles
tels que le Pterodon, YHyœnodon, la Palœonictis, la Proviverra,
YArctocyon, qui présentent un mélange de caractères de Marsupiaux et
de Placentaires, il nous est permis de supposer que nos Placentaires
peuvent n'être que des Marsupiaux moditiés. Cette hypothèse est vrai-
semblable au point de vue embryogénique; car, si on ne considère pas
Fallantoïde rudimentaire du Marsupial à la lumière de la doctrine de
l'Évolution, elle semble une inutilité, et le mot d'inutilité est bien cho-
quant pour les géologues habitués à admirer les harmonies de la na-
ture à toutes les époques : quand un organe semble inutile dans les
êtres d'aujourd'hui, on peut supposer qu'il a eu son utilité dans les
êtres d'hier, ou qu'il aura son utilité dans les êtres de demain.
Le second chapitre traite des Mammifères marins. Malgré toutes les
recherches des nombreux géologues qui ont exploré les terrains
de formation marine, et malgré les grandes publications de M. Gervais
en France, de M. van Beneden en Belgique, nous avons encore peu de
notions sur les Mammifères marins antérieurs à l'époque miocène ; il
semble que le règne de ces animaux n'a eu lieu que dans la seconde
moitié des temps tertiaires. En présence de cette tardive apparition
des rois des océans, nous nous demandons ce qu'il faut croire de la loi
terripète de Bronn. L'habile paléontologiste d'Heidelberg avait supposé
que la vie avait commencé au sein de l'élément liquide et que peu à
peu les êtres étaient sortis des eaux pour gagner la terre ferme. L'é-
tude des invertébrés a pu donner quelque vraisemblance à cette hypo-
thèse ; est-elle vraie ou fausse ? Je l'ignore. Mais, quand même elle
serait vraie pour plusieurs créatures, il ne s'en suivrait pas que, dans
toutes les classes du monde organique, les genres aquatiques ont pré-
cédé les genres terrestres. Puisque les Mammifères marins paraissent
avoir eu leur règne plus tard que les Mammitères terrestres, il est dif-
ficile de dire qu*ils en sont les ancêtres ; il serait plus naturel de sup-
1877. GAUDRY. — ENCHAINEMENTS DBS MAMMIFÈRES TERT. 1S3
poser qu'ils en sont les descendants. L'examen du bassin de l'Hali-
therium tendrait à appuyer la supposition que les Mammifères
aquatiques sans membres postérieurs, tels que les Siréniens, sont
dérivés de quadrupèdes ayant des pattes de derrière, comme les
Mammifères terrestres ; car Y Halitherium avait ses membres postérieurs
bien moins réduits que ses successeurs d'aujourd'hui, les Lamantins
et les Dugongs.
De tous les Mammifères fossiles, les Pachydermes sont ceux qui inté-
ressent le plus les paléontologistes par la multitude des nuances que
leurs espèces révèlent. Ces nuances présentent des séries de dégrada-
tions qui permettent de réunir des formes dont les types extrêmes sont
très-isolés dans la nature actuelle. On découvre des liens entre le
Rhinocéros, Y Acerotherium, le PaUeothcrium, le Paloplotherium ;
entre le Tapir, YHyrachyus, le Lophiodon ; entre le Cochon, YHyo^
therium, le PalœocJiœrus, le Choeropotamus.
Si les Pachydermes se lient entre eux, ils s'enchatnent aussi avec
plusieurs des Herbivores de la nature actuelle. Entre les lourds Pachy-
dermes omnivores et les Ruminants, la distance est grande ; cependant
on commence à trouver des transitions entre ces animaux. Comme les
Pachydermes, les premiers Ruminants ont été dépourvus de bois et de
cornes ; comme eux aussi, ils ont eu dos incisives supérieures. J'ai
donné de nombreux dessins de molaires montrant comment on peut
concevoir que les gros mamelons des dents d'omnivores servant à
broyer des substances dures sont devenus insensiblement les minces
croissants des dents de Ruminants propres à triturer les herbes ou les
feuillages tendres. J'ai réuni aussi beaucoup de gravures d'os des
membres pour faire voir comment les pattes lourdes et coippliquées
des Pachydermes avaient pu se transformer en pattes fines et simpli-
fiées comme celles des Ruminants.
L'histoire des Chevaux m'a présenté des faits du même ordre que
celle des Ruminants. On commence à trouver bien des passages pour
la forme des dents et des os des membres, entre les Ongulés omnivores
à doigts compliqués et nos Chevaux d'aujourd hui dont la dentition est
herbivore et dont les pattes, devenues si fines, si simples, réalisent le
type le plus parfait de l'animal coureur.
Dans le chapitre des Proboscidiens, j'ai rappelé combien il est vrai-
semblable que nos Éléphants sont descendus des Mastodontes ; mais
nous ignorons encore de quels animaux les Mastodontes ou les Dino-
therium ont eux-mêmes été tirés.
Nous ignorons également la souche primitive des Carnivores, En
compensation, nous observons des passages entre les six familles aux-
quelles appartiennent actuellement ces animaux. On connaît des Iran-
184 DOLLFUS. — RUTOT .' FAUNE OUGOGÈNE. i 7 cléc.
sitions entre le Chien et l'Ours, entre le Chien et la Civette, entre la
Civette et Y Hyène, entre la Civette ei les MtMtélidés, entre les Mmtéli"
dés et les Félidés.
Dans le dernier chapitre, consacré aux Quadrumayies, j'ai fait re*
marquer que les observations paléontologiques diminuent Tisolement
011 ces Mammifères paraissent être aujourd'hui. VAdapis est un lien
entre les Ongulés et les Lémuriens; le Pachyderme appelé Cebo-
chcerus et le Singe nommé Oreopithecus paraissent combler un peu
Thiatus qui sépare les Quadrumanes des Ongulés.
A côté des traits d'union que j'ai cherché à mettre en lumière, il y a
encore de très-nombreuses lacunes. Cependant les quelques enchaîne-
ments que nous commençons à découvrir me semblent dignes d'inté-
rêt, car ils jettent un peu de lumière sur les voies que le Créateur a
suivies pour produire ces incessants et magnifiques changements de
décors dont la science géologique nous offre le tableau. En dehors de
son intérêt philosophique, l'étude des enchaînements des êtres fos-
siles peut avoir son utilité au point de vue de ta géologie pratique.
Jusqu'à présent les personnes qui veulent reconnaître l'âge des terrains
au moyen des fossiles qu'ils renferment ont été obligées de retenir les
listes des espèces notées comme les plus caractéristiques de chaque
étage. Ces listes deviennent si étendues que la mémoire la plus fidèle
est incapable de les conserver. Mais, s'il est vrai que dans nos pays
les Mammifères ont eu un développement progressif depuis le commen-
cement des temps tertiaires jusqu'à la fin de l'époque miocène, et qu'à
partir de ce moment ils ont diminué, il devra quelquefois suffire, pour
déterminer l'âge d'un terrain, de considérer à quel degré d'évolution
sont parvenus les fossiles qui en proviennent. Quand on m'apporte des
Mammifères fossiles à déterminer, je regarde s'ils sont plus ou moins
marsupiaux, plus ou moins ruminants, plus ou moins solipèdes, plus
ou moins lémuriens, etc. ; il me semble que souvent on peut ainsi
soupçonner leur âge, avant de s'être préoccupé de savoir s'ils doivent
porter tels ou tels noms spécifiques.
Évidemment, dans l'étatd'enfance où se trouve la Paléontologie, un
travail sur les enchaînements des êtres ne peut être qu'une ébauche ;
j'ai donc besoin de réclamer pour mon nouveau livre, encore plus
que pour mes précédents ouvrages, l'indulgence de mes savants cou-
frères.
M. G. Uollfus offre à la Société, de la part de M. Rutot, le
|e^ fascicule d'une Descnption de la Fuuiie de Z*01lgoceiio îii-
rérioui* de Ool^iciue (V. la liste des dons). Ce travail renferme
la description et la figure, due u l'habile crayon de l'auteur, de toutes
1877.
DOLLFUS. — RirrOT : FAUNE OLIOOGÈNB.
18»
les espèces des genres Strombus, Rostellaria, Murex» Triton et Typhis,
de Tancien Tongrien inférieur de Dumont, qui s'assimile très-bien
comme stratigraphie avec les formations allemandes d'Egeln et de
Magdebourg, et qui correspond vraisemblablement au Gypse dans le
bassin de Paris.
La faune décrite a des rapports remarquables avec celle de Barton
en Angleterre, et d'autres fort nets avec celle des Sables de Fontaine-
bleau (lu bassin de Paris. En effet, dans son travail, notre collègue ne
s'est pas borné à la description pure et simple des espèces ; il s'est
efforcé de les suivre dans leurs modifications dans les terrains voisins.
Recherchant la filiation des types et le groupement des formes, il a
taché de l'indiquer dans sa nomenclature ; s'inspirant de la méthode
qui pour les animaux inférieurs comprend plus largement l'espèce et
pense que le nom de la variété est souvent nécessaire pour caractériser
la sous-division géologique, il a souvent désigné par trots noms l'es-
pèce considérée. Soit le type du Typhis fistulosus, Brocchi,^qui est ré-
pandu, comme on sait, dans le Miocène; H. Rutot appelle la même
forme dans l'Oligocène moyen et supérieur, sur laquelle MH. Beyrich
et von Kœnen n'ont pas été d'accord, T, fistulosus, var. Schîotlieimi,
Beyr. Retrouvant la même espèce dans l'Oligocène inférieur, avec des
modiûcations trop peu sensibles, il lui donne le nom de T. fistulosus,
var. prisca, Rutot.
Autre exemple : soit le Triton eœpansum, Sow., découvert dans le
Laekenien supérieur et l'Oligocène inférieur, à Wemmel et à Grimmer-
tingen ; ses rapports avec le T. Flandricum, de Koninck, sont intimes,
et d'un autre côté sa liaison avec le T. angustum, Brand., est indiscu-
table. M. Rutot choisit pour type l'espèce la plus nette, la plus com-
mune, la mieux connue, et groupe les autres dans un tableau comme
celui-ci :
Éocène.
Oligocène
iufcricur.
Oligocèno
moven.
Oligocène
supérieur.
Miocène.
Triton Flandrieum , var. expama, Sow. : Bracklesham ,
Wemmel.
— var. ar^tf (a, Brand. : Barton.
— var. expansa, Sow. : Grimmertingcn.
— var. pottera, von Kœnen ; Belgique et
Allemagne.
— de Kon. (type) : Vliermael.
— de Kon. (type) : argile de Boom.
— var. foveolata, Sandb. : Weinheim.
— de Kon. (type) : Cassel, Stemberg.
— var. Tarbelliana, Grat. : bassins de
Bordeaux et do Vienne.
— var. Àpenniea, Sassi : bassin de Vienne
156 MlGUEL-Lh:VY. — OPUITES DES PYRÉNÉES. 17 dëc.
^,. . ( Triton Flayidricum, var. Tarbelliana, Grat. : sables noirs
^^'^^^^' ( d'Anvers.
En un mot, M. Rutot cherche à rejoindre, à rapprocher les docu-
ments épars sur les espèces voisines que Ton s'est eflTorcé le plus sou*
vent de séparer. Si à une certaine époque il a été excellent d'élever des
barrières infranchissables aux espèces, il n'en est plus de même aujour-
d'hui, et M. Rutot croit que, sans manquer de précision, il lui est per>
mis de suivre l'évolution et la filiation des espèces comme elles se pré-
sentent dans la nature.
M. Michel-Lévy fait la communication suivante :
Note sur quelques Opliltes des Pyrénées»
par M. A. Micliel-I^évy.
Historique.
J'ai eu récemment, grâce à l'obligeance de MM. Jacquot, Hébert et
Douvillé, l'occasion d'examiner au microscope plusieurs échantillons
d'ophitesdes Pyrénées, provenant de l'ouest et du centre de la chaîne,
et recueillis à de grandes distances les uns des autres. Un premier fait
m'a frappé et encouragé à publier le résultat de ces observations :
c'est la remarquable constance de quelques caractères de structure
et de composition minéralogique dans toute la série, constance qui
justiiie la création du nom d'ophite et permet de comparer ce groupe
de roches avec d'autres séries d'âge mieux connu.
C'est à Palassou (1) qu'on doit le nom d'ophite et la première spé-
cification de la roche éruptive qu'il désigne ainsi.
De Charpentier (2) y voit un mélange de feldspath et d'amphibole,
avec développement de minéraux accidentels, tels que la Prehnite, la
Stilbite.
Dufrénoy (3) insiste sur l'accompagnement de marnes bigarrées, de
sel gemme, de gypse, qui caractérise un grand nombre de pointements
d'ophites, et leur rattache un type pour lui essentiellement pyroxénique,
la Lherzolithe.
M. Damour déûnit avec précision la composition minéralogique de la
(1) Journal des Mines, 1798, n* 49.
(2) Essai sur la constitution géognoUique des Pyrénées ; 1823.
(3) Mémoires pour servir à une Description géologique de la France, t II p. 153;
1831.
1877. MIGHEL-LÉVT. — OPHITES DES PTRÉNÉKS. iS7
Lherzolithe, dans laquelle il trouve du përidot, du pyroxène et un
spinelle cbromifère.
H. Des Cloizeaux (i) remarque les petits quartz noirs bipyramidës
développés par métamorphisme au voisinage des ophites et de la
Lherzolithe du col deSurdé.
M. Jacquot (2) observe au voisinage de Vophite de Biarritz, qu'il
appelle une diorite, et dans des dolomies de contact, les petits quartz
bipyramidés métamorphiques noirs, que M. Des Cloizeaux avait déjà
signalés au col de Surdé ; il remarque que les marnes bigarrées qui
servent également de cortège aux ophites, ont leur silice en grande
partie soluble dans les acides.
Pour H. Hébert (3), les ophites sont également à rapporter aux dio-
rites.
C'est à M. Zirkel (4) que Ton doit le premier travail d'analyse mi-
croscopique sur les ophites pyrénéennes ; il les décrit comme un mé-
lange grenu de plagioclase et de hornblende, contenant accessoire-
ment du fer oligiste, delà magnétiteet du mica brun, et comme miné-
raux secondaires du talc et de Tépidote. Ce seraient donc de vraies
diorites. Dans quelques variétés pauvres en amphibole et riches en
feldspath (telles que Lacourt, Saint-Pé, Saint-Béat), on voit apparaître
avec l'amphibole un augitediallagique presque incolore. Les propriétés
physiques et chimiques du feldspath se rapprochent plus de celles de
l'oligoclase que de celles du labrador. M. Zirkel a trouvé de Torthose
dans une ophite (Pouzac, près Bagnères-de-Bigorre). Le mica noir est
à considérer comme un produit d'altération de la hornblende.
M. Hacpherson (5) a récemment donné une description .approfondie
des ophites de la province de Cadix ; comme il les assimile à celles des
Pyrénées, il est intéressant d'étudier sa description, qui confirme
d'ailleurs entièrement sa comparaison. Il distingue deux types princi-
paux d'ophites suivant leur degré de compacité.
Dans les plus compactes, on observe des plagioclases souvent en
groupements étoiles, et des grains de pyroxène jaunâtre en partie
(1) Manuel de Minéralogie, t. I, p. 544; 1862.
(2) Description géologique det falaiset de Biarritz, Actes de la Soe, Linnéenne de
Bordeaux, t. XXV ; 1861.
(3) BulL Soc. géol, 2« sér., t. XIX, p. 1111.
(4) Beiirœge xur geol. Kenntnist der Pyrenœen, Zeitschr, d, D. geol, GeselUch.,
t. XIX, p. 116; 1867.
(5) Sobre las Rocas eruptivat de la provincia de Cadix, Anales de la Soc. esp. de
Hist. nat., t. V ; 1876. — Un mois après la lecture de la présente notej'ai reçu
de M. Macpherson une étude sur l'ophite de Biarritz, qui confirme entièremeot mes
propres descriptions f Sobre los caractères petrograficos de las Ofitas de las cerca-
nias de Biarritz, An. Soc. esp. de Hist. nat., t. VI; 1877).
158 MIGHEL-LÉVV. — OPHITES DES PYRÉNÂES. 17 déc.
transformé en chlorite» noyés dans une pflte verte contenant de petits
cristaux des mêmes minéraux, du fer oxydulé et du fer titane.
Dans la série moins compacte, Il n'y a plus aucune trace de pâte
amorphe ; Taugite y devient diallagique et remplit les interstices des
cristaux de plagioclase. Les feldspaths, le plus souvent troubles, con-
tiennent des aiguilles d'amphibole et des inclusions gazeuses, vitreuses
et liquides (?). L'analogie de l'augite avec le diallage provient, non pas
de la présence des microlithes bruns souvent caractéristiques de ce
dernier minéral, mais simplement de la prédominance d'un clivage
parallèle aux arêtes du prisme. Cet augite diallagique est souvent
transformé en amphibole et en chlorite. On rencontre exceptionnelle-
ment de petits grains de quartz et d'hématite ; Tépidote est de forma-
tion secondaire.
H. Quiroga (i) a décrit plus récemment encore l'opbite de Pando
(Santander) ; il y signale un plagioclase trouble, avec inclusions vi-
treuses, gazeuses et liquides (?), des prismes verts d'augite diallagi-
que, de la viridite, de l'amphibole, de I'épidote,de la maguétite, du fer
oligiste et des traces de pâte vitreuse.
Enfin H. Rosenbusch, en résumant les travaux précédents, a rangé
les ophites comme une annexe à la fin du chapitre des diorites, dans sa
nouvelle pétrographie. 11 fait toutefois remarquer que, si la description
de H. Hacpherson devait s'appliquer généralement aux ophites, elles
mériteraient plutôt d'être placées dans la classe des augites- andésites
que dans celle des diorites.
Composition minéralogique et structure de quelques Ophites
DBS Pyrénées.
Or mes propres études confirment en grande partie les détermina-
tions de M. Macpherson : les ophites sont caractérisées par la pré-
sence constante du diallage ou d'un augite passant au diallage; ce
bisilicate moule des cristaux allongés de feldspath triclinique, générale-
ment groupés entre eux et qui ne méritent pas le nom de microlithes,
malgré leur allongement et leurs dimensions assez exiguës ; le tout
englobe habituellement des cristaux anciens de fer titane. C'est à ce
groupement caractéristique de feldspath de consolidation récente et de
diallage plus récent encore, que les ophites doivent leur structure
intermédiaire entre la structure granulitique et la structure microli-
thtque, mais se rattachant^ en réalité plus intimement à la première.
L Le diallage et l'augite passant au diallage con-
(1) OfUa de Pando. An. Soc. esp. deHist. nat., l. V : 187G.
1877. MIGHEL-LÉVY. — OPHITES DBS PYRÉNÉES. 169
servent les mêmes caractères dans toutes lesophites que j'ai examinées
et dont on trouvera plus loin l'ënumëration. C'est un minéral à peine
brunâtre, dépourvu de dichroïsme, présentant les traces des deux cli-
vages m, m, dont l'un paraît souvent plus facile et comme prédomi-
nant. Dans cet augite limpide on voit apparaître, par places, de fines
stries brunes, qui se résolvent aux forts grossissements en une série de
petites inclusions opaques rangées parallèlement les unes aux autres;
il m'est arrivé de constater assez fréquemment que ces stries caractéris-
tiques servent de bissectrice à l'angle fait entre eux par les clivages
m, m : on peut même les considérer comme parallèles à la face h\ , de
telle sorte que les sections précédentes appartiendraient à la zone
|}Ai. L'extinction .de ce diallage rappoj*tée aux traces du plan hi dans
les zones hxQitipgi ne paraît pas dépasser un maximum de 35^
C'est là un angle un peu faible, car le diallage présente dans ces zones
un maximum allant habituellement jusqu'à 39«. H contient ici des in-
clusions vitreuses et des pores à gaz de petites dimensions.
Au diallage des ophites se rattache une série de minéraux r\j\ pro-
viennent, les uns de sa transformation sur place et qu'on peut par
conséquent qualifier de secondaires, les autres d'une modification
chimique plus profonde du magma de la roche et qui sont dus proba-
blement à la nature des salbandes en contact avec les filons d'ophites.
A la première catégorie se rattachent l'amphibole, la serpentine et la
chlorîte; à la seconde, l'épîdote.
lo Le diallage passe à raniplill>ole dans les ophites, de la même
façon que dans les euphotides du Mont-Genèvre (I) : il verdit, devient
dichroïque, et, bien qu'on puisse parfois suivre la trace des clivages M
d'une substance à l'autre, les extinctions n'ont plus lieu simultané-
ment ; dans la zone M ^i, je n'ai pas constaté ici pour l'amphibole
d'extinction dépassant 16 à 20o, à partir de l'arête i^i ^i. Le di-
chroïsme devient parfois très-intense dans les teintes vertes et bleues
et l'on voit même apparaître par places les clivages caractéristiques de
la hornblende ; mais je pense qu'il faut le plus souvent rapporter à
l'actinote le produit de l'oMraZiVtsaa'oM du diallage.
La plupart des ophites présentent, en relation avec leur diallage, des
plages arrondies d'une substance verte concrétionnée, ayant coulédans
les interstices des autres cristaux et offrant généralement tous les carac-
tères de la serpentine ; cette substance, qui prend souvent des
teintes vives de polarisation, ne montre cependant pas d'individus
cristallins à contours définis, et passe à une matière entièrement gom-
meuse ; elle ne peut donc être toujours rapportée à la eblorlte, qui
(1) Bull Soc. gcol., 3« s6r.,t. V, p. 252.
160 HlGIlEL-LéYY. — OPHITES DES PYRÉNÉES. 17 dëc.
cependant est aussi, dans les ophites, un des termes de décomposition
de l'amphibole. La serpentine m'a paru le plus souvent devoir être
rapportée à une altération du diallage ou de l'amphibole; toutefois,
dans quelques cas particuliers, il ne serait pas Impossible qu'elle dût
son origine à des cristaux de péridot entièrement altérés.
2^ L'épldote est une cause de grandes difficultés dans la détermi-
nation précise, au microscope, des éléments minéralogiques de toute
la série de roches qui nous occupe. Elle y est abondante, mais n'y pré*
sente pas tous les caractères qu*on lui prête d'habitude dans les traités
classiques de minéralogie microscopique; ainsi HM. Zirkel et Rosen-
busch sont d* accord pour considérer l'épidote comme un minéral forte-
ment dichroïque et plus voisin, à ce point de vue, de la hornblende que
de l'augite; or, dans la séri^ d*ophites que j'ai examinée, le
dichroîsme de l'épidote est à peine perceptible, et il faut une attention
soutenue pour ne pas confondre ce minéral avec le pyroxène.
Voici quels sont les caractères qui me paraissent les plus propres à
éviter cette confusion. L'épidote, vue en plaques minces à la lumière
naturelle, présente ici une teinte très-légèrement verdâtre; il se pro-
duit à son pourtour, même lorsqu'elle est englobée dans le pyroxène,
des phénomènes bien marqués de réûexion totale, qui proviennent de
sa forte réfringence et lui donnent un certain relief, analogue à celui
du sphène ou du grenat, (juoique moins marqué. Entre les Niçois
croisés, elle se pare de couleurs brillantes (surtout dans les tons jaunes
et orangés, pour Tépaisseur habituelle des plaques minces) ; ces cou-
leurs ont une limpidité que ne présentent pas celles du pyroxène et
que la vuedu minéral à la lumière naturelle n'aurait pas fait prévoir;
car il n'offre pas ainsi une pureté et une limpidité exceptionnelles.
Un des clivages de l'épidote suivant la facep est généralement
très-marqué et produit souvent des traces régulièrement éqaidis-
tantes ; mais il n'est pas le seul et l'on en constate un autre apparte-
nant à la zonepgi, probablement voisin de ^i, qui interrompt irrégu-
lièrement, perpendiculairement à leur longueur, les faisceaux de prismes
d'épidote allongés suivant l'arête phu Ces faisceaux, régulièrement
divergents et en forme d'éventail, se montrent fréquemment, dans les
filonnets secondaires formés par l'épidote, associés au quartz et parfois
à un feldspath triclinique (oligoclase, labrador); ils s'éteignent constam-
ment suivant leur longueur, puisque l'arête j)Ai se confond avec un
des axes d'élasticité de l'épidote, substance monoclinique; quand les
faisceaux en éventail se présentent, ils sont parfaitement caractéris-
tiques et se rapportent certainement à l'épidote ; mais il peut y avoir
indécision, quand l'épidote est en grains irréguliers sans forme ex-
térieure déterminée ; car dans les zones pgi et hi g^^ k partir des
*877. MICHtL-LÉVY. -- OPHlieS D£S PYUÉNÉES. 16i
traces du clivage facile p, les extinctions oscillent entré 0 et 29© (I).
L'épidote se présente dans les ophites, non seulement en iilonnets
secondaires, mais aussi en petits agrégats de cristaux développés au
sein môme du magma de la roche. On ne peut les considérer dans ce
dernier cas comme de simples produits d'altération du pyroxène ou de
l'amphibole, car il n'y a pas de passages insensibles entre ces dlvera
minéraux ; il semble plutôt que Tépidole joue, par rapport aux
ophites, le rôle que la calcile joue par rapport aux kersantons de Bre-
tagne ; l'un et l'autre minéral fait bien partie intégrante de la roche oii
il s'est développé ; mais ils sont de consolidation récente et il semble
que le magma s'en est chargé grâce à des circonstances locales, et no-
tamment à la nature calcaire des salbandes injectées par la roche
éruptive.
I^es caractères spéciaux de l'épidote des ophites m'ont induit à
reprendre, à ce ]>oint de vue, l'étude des euphotides et des variolites de
la Durance, où l'on a signalé des filons secondaires d'épidote, notam-
ment au contact des couches calcaires voisines. Quelques échantillons
de ces filonnets secondaires provenant du Mont-Geuèvre m'ont pré-
senté une intéressante association d'oligoclase, de quartz et d'épldote
assez fortement dichroïque dans les teintes vertes. Cette épidote, bien
caractérisée, est conforme aux descriptions données par les auteurs
allemands à propos de ce minéral, et ne pourrait être confondue, à la
rigueur, qu'avec l'actinote, dont les angles d'extinction sont beaucoup
plus petits. Hais la difficulté commence à propos des filonneLs micros-
copiques dont certaines variolites sont pénétrées et que j'ai récemment
décrits (2) ; j'y ai signalé du labrador, du pyroxène ancien et un
pyroxène de consolidation récente, très-légèrement teinté de brun ou de
Yert. C'est à propos de ce dernier minéral ou tout au moins d'une
partie de ses lamelles, que je ferai ici une restriction, émettant un
doute que des études postérieures pourront peut-être lever. Ce miné-
ral est généralement à peine dichroïque ; souvent même il est entière^
ment dénué de ce caractère; il présente parfois des clivages rectangu-
laires et ses extinctions, rapportées aux clivages faciles, dépassent
même 30<>. Il semblerait donc que ma précédente détermination dût.
subsister en entier ; et cependant la limpidité des couleurs de polarisa-
tion (jaunes ou orangées) de cette substance, la prédominance fré-
quente d'un clivage, la rareté des grands angles d'extinction, enfin la
présence d'inclusions aqueuses à bulles mobiles, si rares dans le
pyroxène et relativement fréquentes dans l'épidote, ajinduisent à
(1) Annales des Mines, 7« sér., t. XII, p. 437 ; 18T7.
(2^ UulL, 3«S(3r., t. V; 1817.
IQi mCHEL-LÉVY. — OPHITES DES PYRÉNÉES. 17 déc.
penser actuellement que Ton doit avoir affaire ici à des lamelles
d'^pidote à peu près dépourvue de dichroisme et douée de plusieurs
clivages.
Eu émettant ce doute, basé sur Tétude de filonnets d'épidote bien
certainement authentiques des ophites des Pyrénées, je ferai remarquer
combien il est difficile de corroborer cette étude microscopique par
des procédés chimiques : les filonnets secondaires des variolites con-
tiennent certainement par places du pyroxène (que j'ai appelé ancien),
caractérisé par les contours extérieurs de ses sections, par la place de
ses clivages et par la position de ses extinctions ; s'il faut rapporter è
répidote le minéral que j'ai appelé pyroxène récent, on n'a pour se
décider que ses propriétés optiques si voisines de celles du pyroxène :
car d'une part l'épidote résiste aux mêmes agents que le pyroxène, et
d'autre part elle est ici en trop petite quantité pour qu'une analjrse
quantitative puisse être même ébauchée. L'analyse en masse des élé-
ments ferrugineux des variolites exclut d'ailleurs l'idée que l'épidote
puisse être en quantité sensible dans ces roches; car elle se rapporte à
un bisilicate à peu près aussi riche en magnésie qu'en chaux, tandis
que l'épidote est un monosilicate dans lequel la chaux prédomine de
beaucoup sur la magnésie.
En résumé, il y a dans les ophites^ les euphotides et les variolites,
des épidotes extrêmement peu dichroïques ou même dépourvues de
dichroisme en plaques minces ; elles sont parfois très-difficiles à dis-
tinguer du pyroxène, dont leurs angles d'extinction et leurs clivages
ne les distinguent pas toujours avec netteté. Cependant les caractères
énumérés plus haut permettront, dans bien des cas, de baser cette dis-
tinction sur un diagnostic suffisamment précis.
II. Les feldsiMitli» contenus dans les ophites sont généralement
tricliniques et composés de lamelles hémitropes juxtaposées suivant la
face Çi (mâcle de l'albite) qui parait développée. Parfois à cette pre-
mière mâcle se superpose celle de Carlsbad. Les sections feldspathiques
se présentent sous le microscope généralement très- allongées suivant
la ligne de mâcle ; il y en a un grand nombre qui appartiennent ans
lonesphi oupgt.
Au point de vue optique, les feldspaths tricliniques des ophites se
distinguent en deux grandes classes.
Les uns présentent principalement des sections allongées suivant
l'arête pgi et s'éteignent constamment suivant celte arête. Les quel-
ques sections appartenant à la zone perpendiculaire à ^i. dans les-
quelles deux lamelles hémitropes accouplées s'éteignent symétrique*
ment de part et d'autre de la ligne de mâcle, donnent pour l'angle
compris entre cette double extinction des valeurs f|ui ne dépassent pas
1877. HIGHEL-LÉVV. — OPIllTKS DES PYRI%NÉES. 163
37<». De pareilles propriétés optiques n'appartiennent qu*à l'oUf^i
ela»e(l).
La seconde catégorie do feldspath triclinique des ophites présente
surtout des sections allongées suivant l'arête ^i gx ; parmi celles qui
appartiennent h la zone perpendiculaire à g\ et qu'on reconnaît à
l'extinction symétrique de deux lamelles hémitropcs voisines de part
et d'autre de la ligne de mâclc, l'angle compris entre cette double
extinction va jus(|u'à un maximum de GS^' environ. C'est là un angle
caractéristique du labrnclorite (i).
L'oligoclase des ophites est généralement trouble et fortement atta-
qué par les actions secondaires, qui y ont développé do la calcite. La
màcle del'albite y est constante, celle de Carisbad plus rare. Dans une
des roches examinées (Saint-Béat), à l'oligoclase se trouvent associées
quelques plages plus étendues d'un felclspatti monocllnlque
dont les sections rectangulaires (appartenant à la zone^Ai ) s'éteignent
suivant les cotés du rectangle.
Les ophites à oligoclase sont généralement riches en quartz» et
l'on doit considérer ce minéral non pas comme un élément accidentel,
mais comme partie intégrante d'un grand nombre d'ophites ; il y est à
l'état granulitique, en petites plages arrondies moulant tous les autres
éléments, excepté la serpentine, et présentant de nombreuses inclu-
sions aqueuses à bulles mobiles.
On ne peut donc considérer toutes les ophites comme appartenant à
un type de roches essentiellement basique, puisque l'on y trouve une
nombreuse série caractérisée par l'oligoclase, auquel s'associent l'or-
those et le quartz récent libre.
Le labradorite est généralement plus frais que l'oligoclase; il pré-
sente fréquemment la combinaison des mâcles de l'albite et de
Carisbad; dans les ophites à labradorite, le quartz se fait rare et devient
un élément accessoire.
III. Outre les éléments précédents, qui sont de récente consolidation,
les ophites contiennent toujours du fer titane ou oxydulé en cristaux et
en débris anciens.
C'est le Ter titane qui parait le plus fréquent : il se présente
parfois en trémies hexagonales, que les plaques minces coupent sous
forme de sections en grillage d'aspect fort remarquable; le plus sou-
vent il est en grains arrondis, entourés d'une substance gris-jaunàtre,
légèrement translucide, agissant fortement sur la lumière polarisée.
On a supposé que c'étaient là des enduits d'un oxyde de litane ; je pré*
(1) Ann. di's Mines. V s.^.. t. XII. |». Hk' ; \HH.
(2) /(f.,p. 10:i.
164 MICHBL-LÉVY. — OPHITES DES PYRÉNÉES. 17 d(?C.
fère admettre, avec M. Fouqué (1), que les actions secondaires ont
développé autour du fer titane des enduits de spbénes et Ton
trouve en effet dans les ophites des points où la transformation est plus
complète et où Ton ne peut méconnaître de véritables cristaux de
spliène jaune miel, présentant des bords fortement ombrés et une
sorte de relief due aux réflexions totales que produisent les forts
indices de réfraction du sphène par rapport à ceux des substances
ambiantes.
Le Ter oïLydulé, plus rare que le fer titane, ne présente pas de
pareils enduits et donne un reflet bleuâtre dans la lumière réfléchie ;
on le voit s'entourer par places de lamelles brunes, très-dichroïques
malgré leur extrême minceur, qu'on doit rapporter à la blottie.
Ce n'est pas là un cas particulier aux ophites, et j'ai pu observer dans
un grand nombre de roches, notamment dans plusieurs basaltes du
Morvan, la même association ; le mica noir ferro- magnésien parait
jouer par rapport au fer oxydulé le même rôle que le sphène par
rapport au fer titane.
Je vais décrire sommairement quelques ophites, en énumérant
leurs minéraux composants dans l'ordre de leur consolidation pro-
bable.
I. Opbltes ik I^abrador. l^ Pointement de Laprahende,
commune de Caupenne. Cette ophite est noirâtre, cristalline, euritique.
A la loupe, on y distingue un minéral clair feldspathique et un autre
noir-verdâtre présentant des clivages.
Au microscope, le fer oxydulé domine sur le fer titane et se trouve
accompagné de lamelles de biotite.
Le lahradorite, allongé suivant l'arête A| g\, à lamelles hémitropes
suivant la loi de l'albite, avec mâcle de Carlsbad superposée, est très-
frais et limpide. Il se montre de consolidation récente, rarement cassé
et à bords intacts.
Le pyroxène est légèrement brunâtre, absolument dépourvu de
dichroïsme; il présente ses deux clivages m, m, et passe au diallage par
développement de petites inclusions granulées, brunâtres, probable-
ment parallèles à Ai. Ce passage se montre de préférence sur les bords
des plages assez étendues de pyroxène, dont le centre est limpide et ne
contient que quelques inclusions vitreuses et quelques pores à gaz. Le
pyroxène moule les éléments précédents et forme de grandes plages
également étendues dans tous les se;^is, comme hachées par les cris-
taux entre-croisés de lahradorite. '
(l) Cours du Collège de France, année 1877.
i877. MICHEL- LÉVY. — OPHiTRS DKS PYKKNÉES. 165
Le quairtz forme quelques rares granules récents, avec inclusions
aqueuses à bulles mobiles.
Enfin la roche contient de nombreuses plages de serpentine verte et
jaune, souvent en relation évidente de position avec le pyroxène, mais
parfois isolées et rappelant la forme hexagonale allongée, avec cassures
rectangulaires, du péridot. Cette serpentine agit vivement sur la
lumière polarisée et présente par places un dichroïsme bien marqué.
2^ Pointementophitique de Lès. Cette ophite est noirâtre, très-cris-
talline, grenue. On distingue à l'œil un feldspath à reflets bleuâtres et
un élément noir clivable.
Au microscope, le /er^ïan^ domine sur le fer oxydulé ; il se présente
en cristaux creux, recnpiis et entourés par un enduit grisâtre et même
parfois par des cristaux allongés de sphène.
Le îabradorite est identique avec celui de Laprabende, mais moins
abondant.
L'élément bisilicaté domine ici ; il se compose d'un très-beau py-
roxène incolore, présentant un des clivages m» m, plus marqué que
l'autre, surtout plus continu. Les grandes plages pyroxéniques sont
souvent mâclées suivant la fac-e Ai. avec axe de rotation perpendicu-
laire ; dans ce cas, la position des clivages, jointe à celle des extinc-
tions, donne une détermination précise des axes d'élasticité du miné-
ral. Il passe, comme dans l'ophite précédente, au diallage par le
développement de Unes stries brunâtres, lamelleuses, souvent parallèles
à ^1 ; les granulations sont de très-petite dimension et opaques;
elles abondent dans Tophitede Lès.
Une transformation plus, profonde du pyroxène a lieu par places: il
se montre alors d'un beau vert, avec dichroïsme intense dans les
teintes vertes et bleues; les extinctions et les clivages indiquent dans
ce cas une épigénie du diallage en hornblende. Cette hornblende
parait elle-même cà et là transformée en biotite, comme M. Zirkel
l'avait déjà remarqué pour d'autres ophites.
IL Opbites ik Oli^odase. !<> Pech de Salies, Cette ophite est
eurilique, avec taches vert d'herbe. On y voit, à Tceil nu, des clivages
diallagiques, quelques grains de quartz et de la pyrite.
Au microscope, la roche se montre riche en fer titane, parfois réti-
culé, avec enduits de sphène.
UoligoclaseQ^i rarement frais et beaucoup plus attaqué que le Iabra-
dorite des ophites précédentes ; il est allongé suivant jp^i et présente
seulement laniâcle de Talbite.
Lb pyroxène incolore ou à peine brunâtre, dépourvu de dichroïsme,
abonde dans cette ophite ; il est en grande partie sous la forme de
166 UICHEL-LéVY. — OPHITBS DES PYRÉNÉES. 17 (lëc.
diàllage avec très-fines stries brunâtres, et par places transfornié en
serpentine,
L'épidote est fréquente dans les ophitcs de Salies ; elle est très-légà-
rement verdAtre, à peine dichroîque, et présente tous les caractères
décrits ci-dessus. On la reconnaît pratiquement, entre les Niçois
croisés, à la limpidité et à l'éclat exceptionnels de ses couleurs, plus
vives encore que celles du pyroxène. Elle forme des agrégats de petites
lamelles orientés dans tous les sens, sans allongement marqué dans
une direction quelconque, avec un clivage très-prédominant. Sa conso-
lidation est postérieure à celle du pyroxène, qu'elle moule certainement
par places, bien qu'elle semble aussi y former des inclusions.
Le quartz granulitique est abondant dans les ophites de Salies et de
consolidation postérieure à celle de tous les autres éléments.
i^ Périgagne, cotDïniine de Basten^ie. Ophite noire, très-eurltique,
ressemblant aux grunsteins des auteurs allemands. On y distingue
quelques parties vert d'herbe et de la pyrite.
Au microscope, cette ophite présente la même association que celle
de Salies ; cependant le fer titane y paraît remplacé par du fer oxy^
dulê : \q pyroxène dialîagiqtie est en plus petites plages ; Vépidote y est
rare, le qimrtz granulitique très-abondant.
30 Église de Gaujacq. Celte ophite est exactemement à Toeil et au
microscope la répétition de celle de Salies.
40 Mwtt-Né, près Cauterets. Uphite euritique, gris-bleuâtre, avec
noyaux vert-foncé, perçant des calcaires à Cyathophyllum.
Cette ophite est du type à oligoclase; on y distingue au niicroscope
les éléments précédemment décrits : fer titane^ avec enduits de sphène
très-abondants, oligoclase, pyroxène peu diallagisant, rares lamelles
d^êpidote. La structure est identique avec celle de Salies ou de Lapra-
bende. Les noyaux vert-foncé, visibles à l'œil nu, sont composés d'une
matière serpentineuse, verte, amorphe, sans action sur la lumière
polarisée.
50 Biarritz. Ce gisement classique présente à Tœil deux types assex
différents, que l'étude microscopique réunit; le second n'étant que
l'état euritique du premier ; celui-ci constitue une roche vert-foncé,
avec quelques taches vert d'herbe ; il contient un minéral vert, à grands
clivages faisant entre eux des angles voisins de 120* ; il semble donc
qu'on ait affaire à de l'amphibole. On aperçoit en outre un feldspath à
clivages verdâtres nacrés. Le second type est constitué par une roche
euritique, d'un vert pâle, avec taches vert d'herbe. L'un et l'autre
sont très-durs et leurs surfaces sont polies par les vagues; car le
poinlement ophitiquede Biarritz n'est accessible qu'à marée basse.
Au microscope, l'ophite de Biarritz présente un des lypes les plus
1877. MICIIBL-LÉVY. — OPIUTKS DKS PYRÉMÉKS. |ft7
instructifs do la série, car les cpigénies y sont noml^rouses et d'une
extrême netteté. Je décrirai ici avec queUiues détails le type vert*
foncé à grands cristaux.
Le fer titane en trémies largement développées est, comme toujours,
empâté de sphène.
Uoligoclase, très-attaqué, est en partie transformé en calcite, cir-
constance à laquelle il doit de donner de vives couleurs entre les Niçois
croisés.
Le pyroxène se présente çà et là en grandes plages encore intactes,
incolores ou à peine brunâtres, absolument dépourvues de dicliroîsme;
il possède ses deux clivages caractéristiques m, m, dont Tun est plus
continu que l'autre ; sa nature diallagique est mise en évidence par la
présence, en bien des points, des inclusions caractéristiques du dial--
laçe, alignées, non seulement dans les précédents clivages, mais visi-
blement aussi suivant une foule de petites stries, servant dans la zone
phi de bissectrice à m, m, et parallèles à ^. Dans ce cas (zone
phi ) l'extinction a lieu précisément suivant ces stries. L'opliite
de Biarritz présente les plus probants exemples de ce passage du py-
roxëne au diallage, notamment sur les bords.
Au milieu des grandes plages diallagiques, on aperçoit des parties
vertes irrégulièrement limitées et se fondant, pour ainsi dire, avec le
pyroxène incolore ; ces parties colorées sont fortement dic.hroïques en
vert intense et même dans las teintes bleuâtres. Tantôt elles effacent
simplement les clivages du pyroxène, tantôt il s'y développe de fins
clivages nouveaux à angles aigus. Entre les Niçois croisés, les parties
colorées ne s'éteignent plus en même temps que le pyroxène, et quand
on peut distinguer leurs nouveaux clivages, l'extinction se fait souvent
suivant leurs bissectrices, ce qui est un des caractères de la Hornblende
pour les zones p^f etp^i (1) ; il y a donc ici, avec évidence, ouralitisa-
tion partielle du diallage.
Mais là ne s'est pas arrêtée la transformation du minéral bisilicaté ;
par places, dans les plages de diallage transformées en hornblende, on
voit de nombreuses bouppes d'une substance radiée verte, également
dichroîque, que je rapporte à la chlorite. Il y a donc eu là, non pas
une simple transformation physique, mais une modification chimique
par perte de chaux.
Or Tophite de Biarritz contient, également en abondance, un miné-
ral riche en chaux, de consolidation plus récente que le diallage, c'est
Yépidote. Elle n'a plus ici les caractères peu connus que je lui ai
trouvésdans l'opliite de Salies; c'est une substance jaune-citron, d'un
fl) inn. Minea.hr. rit., p. 133.
1(58 MÏCIIEL-LÉVY. — OPHITES DES PYRÉNÉES. 17 dëc.
dichroTsme très-sensible, en petites lamelles irrégulières, qui se parent,
comme toujoui*s, de couleurs très-brillantes entre les Niçois croisés.
Sa production date probablement de l'ouralitisation du diallage, mais
il me parait difficile d'en faire, à proprement parler, un minéral d'ori-
gine secondaire ; la transformation est trop profonde et d'un méca-
nisme trop général pour ne pas avoir été apportée en puissance parla
roche encore fondue : elle date vraisemblablement de son stade de
consolidation.
Il y a en outre de très-nombreux granules de quurtz récent, qui
paraissent de consolidation postérieure à tous les éléments pré-
cédents.
&^ Lacourt. L'ophite de Lacourt rentre absolument dans les types
précédents ; elle est riche en oligoclase bien conservé et en diallage à
grandes plages; \e fer oxydulé s,*y montre bien caractérisé. Les filon-
nets A'épidote n'y sont pas rares.
1^ Saint-Béat. Cette ophite présente à l'œil un minéral vert, à longs
cristaux fibreux, avec les clivages de l'amphibole, un feldspath blanc
nacré et quelques tachos vert d* herbe.
Au microscope, la roche de Saint-Béat m'a présenté les plus beaux
cristaux en trémies de fer titane qu'il m'ait été donné d'observer ; ils
sont de grande taille, accompagnés d'enduits de sphène et de lamelles
rouges légèrement translucides de fer oligiste.
Le feldspath triclinique est en assez grandes plages, généralement
allongées suivant les traces de la face^i ; souvent un des systèmes de
lamelles hémitropes est extrêmement étroit et même difficile à voir;
il y a de fréquentes extinctions suivant p^i dans la zone parallèle à
cette arête; dans le cas où les lamelles hémitropes s éteignent symé-
triquement de part et d'autre delà ligne de màcle (zone perpendicu-
laire à gi ), les extinctions comprennent un angle maximum de 33<^.
Ce sont là des caractères appartenant exclusivement à Yoligoclase. A
la màcle de Talbite, se superpose souvent celle de Carlsbad. Outre les
grandes plages d'oligoclase, il s'en présente aussi de petites plus allon-
gées, qui rappellent alors entièrement l'état quasi-microlithique con-
staté dans les ophites précédentes.
Quelques-unes des formes feldspathiques de Saint-Béat peuvent être
rapportées à Yorthose; je ne mentionne cette circonstance exception-
nelle que pour corroborer une observation analogue de H. Zirkei,
portant sur l'ophite de Pouzac (Bagnères-de-Bigorre).
Le pyroxène parait ici entièrement ouralitisé; il est remplacé par de
grandes plages, souvent màclées suivant la face A|, d'une amphibole
présentant un état fibreux bien marqué parallèlement à cette
face. Parfois cependant les clivages m, m sont aussi apparents. Cette
1877. HICHEL-LÉVY. — OPHITRS DES PTHÉfléeS. 160
amphibole est verte, très-sensiblement dichroïque; les extinctions
dans la zone A| gi sont souvent assez éloignées de cette arête et attei*
gnent jusqu'à 18 et 20®. Elle est probablement à rapporter en majeure
partie à Yactinote, L'aclinoteest, elle-même, par places transformée en
chlorite.
Cette ouralitisation coïncide avec une extrême abondance d!épidote,
en gros et petits cristaux enchevêtrés d'un vert-jaunâtre pâle, à peine
dichroïque;- ses nids et ses traînées sont çà et là associés à delà
calcite.
Il y a en outre beaucoup de qtuirtz granulltique, formant comme le
ciment des éléments précédents et semblant, par places, épigéniser
Poligoclase et même Tamphibole.
Je répéterai, pour Tophite de Saint-Béat, l'observation que j*ai faite
è propos de celle de Biarritz : les éléments primitifs ont ici subi des
modifications successives, qui méritent sans doute le nom de secon-
daires, puisqu'elles se sont produites aux dépens de minéraux déjà
consolidés ; mais ces modifications portent un cachet trop intime pour
ne pas constituer probablement la dernière phase de consolidation
qui a immédiatement succédé à Tépanchement de la roche.
Rang a assigner aux Ophites dans la série pétrographique.
En résumé, le minéral le plus caractéristique des ophites est le dial-
lage en grandes plages; leur structure habituelle est une structure de
passage entre l'état granulitique et l'état microlithique; le diallage
est constamment de consolidation postérieure à celle des plagioclases.
Les cristaux anciens ou grands cristaux y sont rares ; il y a générale-
ment absence de pâte amorphe et de microlithes proprement dits. Il
convient donc de comparer les ophites aux euphotides et aux gab-
bros et de les considérer comme des passages de ces roches d'un type
granulitique à celles où, comme dans les basaltes, le type porphyrique
ou microlithique domine.
On voit, par les descriptions qui précèdent, que l'analyse microsco-
pique donne tort à l'opinion jadis soutenue par MM. Yirlet d'Aoust,
Magnan et Garrigou (1), qui met en doute la nature éruptive des
ophites.
Quelles sont les régions oii paraissent des roches analogues ? On
verra plus loin que, quelle que soit l'incertitude dans laquelle on
se trouve au sujet de l'âge des ophites, aucun auteur n'a songé à les
considérer comme plus anciennes que le Trias ; ce sont donc des roches
{\)BulL, t. XXV, p. 7-24; 1868.
i70 MiCHEL-LÉVY. — OPHITES DES PYRÉNÉES. 47 déc.
relativement récentes et il nous faut laisser de coté, dans la compa-
raison poursuivie, les gabbros anciens, pour nous reporter aux roches
à dîallage et plagioclase de la série récentCv auxquelles je propose de
réserver le nom d*euphotides.
On trouve d'abord les opJdtes d'Espagne, avec lesquelles celles des
Pyrénées sont, à proprement parler, entièrement identiques. On con-
state la même identité avec une roche du massif volcanique inférieur
de La Réunion, que H. Yélain fera bientôt connaître en détail.
H. Barrois a également recueilli en Bretagne des échantillons d'une
rocbeà diallage et labrador que Ton peut absolument identifier avec
l'ophite de Laprabende.
Les euphotides et serpentines des Alpes du Dauphiné présentent
une série remarquablement analogue au point de vue minéralogique
et même à celui ilc certains détails de stinicture, tels que la consolida-
tion récente de Téléaient bisilicaté en grandes plages.
Les serpentines diallagiques, granitones et diorites de Toscane
offrent des variétés très-analogues aux ophites; cette comparaison a
déjà été faite et on la trouve explicitement développée dans un mé-
moire de M. Coquand sur les gypses du promontoire Argentario (1),
mémoire dans lequel l'auteur se montre frappé de l'analogie des phé-
nomènes métamorphiques développés en Toscane par les euphotides,
et dans les Pyrénées par les ophites : marnes bigarrées, gypse, sel
gemme, dolomies, etc., sont en effet également développés dans les
deux contrées.
La Monzonite et les roches à ouralite du Tyrol prêtent aux mêmes
observations et aux mêmes rapprochements: les phénomènes de trans-
formation du pyroxène eu actinote, en hornblende (ouralitisalion),
voire même en épidole, et euiiu eu serpentine, sont aussi fréquents
dans la série du Tyrol que dans les ophites des Pyrénées. Le méta-
morphisme des calcaires voisins des éruptions produit ici et là les
mêmes minéraux. Les belles roches métamorphiques à grenat et
hedenbergite des environs de Cauterets rappellent entièrement les
roches similaires du Tyrol. Enfin, de part et d'autre, on a des roches
i*elativement récentes présentant dans leur structure un cachet grani-
tique, à coup sur remarquable eu égard à leur âge géologique.
Si de la série basique on passe à des roches plus acides, comme le
type des ophites à oligoclase et quartz granulitique permet de le faire
sans sortir du même groupe, on trouve également des roches similaires
dans la série granulitique récente : porphyres bleus de l'Esterel, gra-
nités récents d'Algérie (Grande Galitte), de Tunisie et de l'Ile d'Elbe,
(1) Bull. Soc, gcol., 2* sér., t. III, p. 302 ; 1816.
1877. lilGHBL-LÉVY. — OPIIITES DES PYRÊffâES* 171
gransteins de Hongrie. Plusieurs de ces roches contiennent de l'am-
phibole^ de Taugite, du sphène, et M. Barrois a rapporté d'Espagne
de très-beaux types de micro-granulites récentes augitiques, faisant
littéralement le pendant, dans la série récente, de certains kersantons
et porphyres granitoîdes anciens, tels que les porphyres de Rochesson
et de Saint-Amé dans les Vosges (micro-pegmatîtes avec beaux cris*
taux anciens de pyroxëne et grande abondance de biotite).
Nous sommes donc amenés, par les considérations précédentes, à
rattacher les ophltes à une grande famille de roches granulitiques ré-
centes; elles constituent dans cette famille une classe riche en augite
diallagique; d'une part, elles passent à de véritables granulites encore
angitiques, mais admettant Toligoclase, Torthose et une grande abon-
dance de quartz granulitique ; de l'autre, elles vont jusqu'à des roches
à labrador et diallage, dans lesquelles le péridot fait peut-être son ap-
parition sous forme de serpentine secondaire. Il reste à trouver les
passages à la Lherzolithe proprement dite, qui va jusqu'à constituer
de véritables péridotites qui sont peut-être de la même famille éruptive.
Age GÉouxiiQUE des Ophit^.
Quel est l'âge géologique de ces diverses roches, et en particulier
des ophites ? Il y a malheureusement à cette question autant de ré-
ponses que d'auteurs, et, comme des géologues qui font autorité dans la
science n'ont pu se mettre d'accord sur ce sujet, il faut en conclure
qu'il présente de grandes difficultés.
Boue CTo'ii le gypse qui accompagne si fréquemment les ophites, de
l'flge des Grès bigarrés.
Dufrénoy, qui a tout au moins démontré le métamorphisme intense
développé dans leur voisinage par les ophites, les considère comme
postérieures à tous les terrains tertiaires et seulement antérieures aux
terrains diluviens.
Lyell, Cordier, MM. de Freycinet et Crouzet y voient des roches
éruptives de la période crétacée.
M. Leymerie les regarde comme antérieures à la base du Crétacé,
dans les conglomérats duquel on en trouverait des fragments.
M. Hébert voit dans les marnes bigarrées qui servent de cortège aux
ophites les représentants des Marnes irisées, et pour expliquer la pré •
sence si fréquente des pointements ophitiques au milieu du terrain
nummulitique des Pyrénées, il recourt à Thypothèse de failles multiples
mettant en contact des terrains d*âges très-divers.
M. Raulin (i) signale des cailloux d'ophite dans la carrière du
(l) Actes Soc. Linn. Bordeaux, t. XXVI ; 1866.
i7i HICHEL-LÉVY. -• OPBITES DES PYRÉNÉES. 17 déc;
Houz (Pouy d'Arzet), à la base de la Craie, et des caiîlotcx roulée d'o-
phite dans des marnières appartenant au Miocène moyçn des environs
de Dax (carrière du bois d*Oro).
La première de ces ob$ei*vations parait contredite dans une note de
M. Genreau (1), qui, à la suite de nouveaux sondages entrepris au
voisinage de Dax dans le but de rechercher le sel gemme, fait ressortir
l'intime connexion des sources salées chaudes ou froides, des gise-
ments de sel gemme et de gypse, et des pointements ophiliques de la
contrée, avec une grande ligne de fracture N. 153*^ E., qu'il rapporte
au soulèvement du Mont-Viso et qui aurait disloqué les étages infé-
rieurs de la partie moyenne du terrain crétacé dans les Pyrénées.
La coupe de la falaise de Biarritz donnée par M. Jacquot ne permet
guère de douter que le pointement classique d'ophite, entre le moulin
de Chabiague et celui de Houligna, ne soit postérieur au terrain num-
raulitique; la même observation peut s'appliquer, d'après des notes
inédites de M. Jacquot, aux pointements ophitiques des environs de
Caupeune, et notamment à la belle roche à labrador de Laprabende.
D'autre part, M. Jacquot a observé, comme M. Raulin, des galets roulés
d'ophite dans une mârrnière du Miocène moyen des environs de Dax ;
j'attache une grande importance à ces observations, parce que l'état
roulé de ces débris ne permet pas de les confondre avec les fragments
anguleux des brèches de friction qui accompagnent souvent la sortie
des roches éruptives à l'état pâteux.
Si des Pyrénées nous passons aux autres régions ou j'ai signalé des
roches analogues aux ophites, nous voyons que M. Macpherson s'est
trouvé, dans la province de Cadix (2), en présence des mêmes difficultés
que les géologues français ; pour lui, les ophites, les gypses et les sels
gemmes qui leur font cortège, sont post-nummulitiques et même mio-
cènes; ils sont certainement antérieurs au Pliocène.
Les coupes de M. Lory montrent les euphotides des Alpes pos-
térieures au Trias et même aux premières couches de l'Infrà-lias.
La Monzonite du Tyrol est, d'après les derniers travaux de MM. vom
Ruth (3) et Doelter (4), postérieure au Muschelkalk; comme MM. de
Kichthofen et de Lapparent, ces géologues considèrent la Monzonite
comme triasiquc.
En Toscane le problème parait moins ardu et plus déterminé :
(1) Soc. Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1872.
(2) Dj^quejo geologico de laprovincia de Cadix ; 1873.
(•t) Dit Monzoni im siidœslHchen Tirol, Verhandlungen des natiirh. Vereins dcr
Pr. Hheinlande und Westfalens, A* sér., t. II, Sitsungsberichte, p. 85 ; 1875.
(ij l):r geologische Bau, die Gesteinc und Mineralfundstœtten dc^ Monsonigcbirgcs
in Tirol, Jahrb. K. K. Geol. ReichsaMtaU^i. XXV, p. 207; 1875.
1877. MICHEL-LÉVY. — OPHITES DES PYRÉNÉES. 173
d'après MM. Savi et Cocchi (1), une longue suite d'ëniptions grani-
tiques s'est produite après le Nummulilique et dans les premières cou-
ches du terrain ophiolithique, que, malgré l'opinion deM. Coquand (2),
ils considèrent comme miocène. Les éruptions auraient eu pour pré-
ëtirseur le soulèvement des Apennins, de même qu'une partie au
moins des ophites semble dater du soulèvement des Pyrénées.
Considérations théoriques sur l'âge des roches granulitiques
régentes.
On Toit^ par le résumé qui précède, que Tâge des euphotides et des
ophites semble osciller entre le Trias et le Miocène, soit que Ton con-
sidère chaque groupe naturel de roches isolément, soit qu'on en
regarde l'ensemble. De patientes observations stratigraphiques sur le
terrain, corroborées par l'analyse microscopique des roches, pourront
aeoles résoudre définitivement cette question si controversée, et res-
traindre tout au moins la limite plausible des incertitudes. Je cherche-
mi, en terminant, à faire ressortir, par quelques considérations théo-
riques, l'intérêt considérable qui s'attache à la question de Tâge de la
venue granulitique récente, et en particulier des ophites qui me pa-
raissent ^n faire partie.
Cause de la récurrence granulitique tertiaire.
•
J'ai cherché, il y a quelques années (3), à établir qu'à partir de la
période tertiaire, il y avait eu récurrence d'une grande partie des types
présentés par les roches plus anciennes. Ainsi, entre la consolidation
du gneiss et le commencement de l'époque triasique, on peut distinguer
dans les roches acides deux grandes familles réunies par un type de
transition :
I. R«ebe« sraBQlUlqnefl, entièrement cristallisées, comprenant :
l*Les granités (agrégation confuse, quartz rarement polyédrique);
^ Les granulites (agrégation régulière (pegmatite graphique) et généralement
quartz à contours polyédriques réguliers);
3* Les micro^granulUes, qui sont des granulites à grains fins.
Type de tranflUloii, comprenant :
Les micro-pyromérides avec globules à extinction et quarts globulaire,
dans lesquelles une partie de la silice esta l'état colloïde.
(1) Bull., 2« sér., t. XIII, p. 226 ; 1856.
(2)Bw/^,2«s6r.,t. I,p. 421; 1844.
(3) Ànn. 3ïines, 1" sér., t. VIII, p. 406; 1875.
174 1UCH£L-LÉVY. — OPHITES DES PYRÉNÉES. 17 dëc.
n. B«elie« p«rpliy vl4ve*9 colloïdes et vitreuses, comprenant :
1* Les porphyres pétrosiliceux fluidaux, avec globules à croix noires, très-
colloïdes ;
9* Les pyromirides avec gros globules, et les rétinites ou pechsteins vitreux.
Les roches basiques anciennes peuvent également être subdivisées en
deux grands groupes : Tun ^ranuli tique» entièrement cristallisé en
éléments à peu près également développés dans tous les sens, compre-
nant les gabbros, les diabases, les diorites, etc. ; l'autre porpby-
rlqfue, plus ou moins vitreux et surtout mtcroUthtque, comprenant
de grands cristaux, mais aussi des microlithes généralement très-
allongés dans un sens déterminé, rappelant ceux qui se développent
souvent dans les laitiers de haut-fourneau (pyroxène); ce groupe se-
rait principalement représenté par les mélaphyres et les porphyriteSé
Il parait démontré que, si Ton fait abstraction des accidents locaux,
les roches dans leur évolution tendent à passer par gradations insen-
sibles du premier type au second. Seulement, les roches les plus an-
ciennes de la période tertiaire sont revenues è la structure granuH-
tique ; pour la série acide, le fait paraît incontestable et Ton connaît
dans les roches éruptives tertiaires toutes les structures préeëdemmtnt
énumérées.
Dans son récent et remarquable traité de pétrographie (1), M. Ro-
senbusch a adopté comme base de sa classification, une séparation
tranchée entre les roches an tè- tertiaires d'une part, et les roches ter-
tiaires et post-tertiaires de l'autre. Seulement il pense que ces der-
nières présentent quelques lacunes ; ainsi, parmi les roches acides
récentes il ne connaît pas de granophyres (partie des mîcro-pegma-
tites, partie des micro-pyromérides avec globules à extinction). Cette
lacune n'existe cependant pas, et j'ai déjà signalé (2) de fort belles
micro-pyromérides tertiaires avec globules à extinction, notamment
en Hongrie (Clotilde-Kluft à Schemnitz).
Pour les roches basiques, la même récurrence vers le type granoK-
tique s*est certainement produite; nous en avons pour témoins les
abondantes éruptions de diorites et d'euphotides de la Toscane; nous
savons aussi que, de ce type granulitique, les roches basiques ter-
tiaires ont passé au type microlithique, dont les basaltes sont un
exemple parfait ; dans bien des cas, il est difficile de distinguer les ba-
saltes des mélaphyres permiens (3).
Ainsi, en résumé, depuis la consolidation des gneiss jusqu*à la fin
(1) MikroskopUche Physiographie der massigen Gesteine ; 1877.
(^)C.-R. Àc. Se, 16 cet. 1876.
(3) Cf. Boricky, Studicn an dcn Melaphyrgcstcincn Bôhmens, p. 6 ; 1876.
1877. mcuEL-Livv. — ophites des pvntoiEs. 175
du Pennien d'une part, depuis la fin du NuinmuUtique jusqu'ft la pé-
riode actuelle de l'autre, nous voyons les roches passer par ^adalioDS
inseosibles, et en deux séries parallèles, du type granulitique au type
porphyrique. I-e seul changement brusque qui interrompe l'évolution
Datorelle des produits éruptifs du globe, correspond k une longue pé-
riode de repos qui comprend tout ou partie du Trias, le Jurassique, le
Crétacé et le commencement du Tertiaire.
Il n'est pas douteux, en effet, que, tout au moins en Europe, l'acti-
vité éruplive n'ait subi, pendant cette longue période, une éclipse
presque totale. La seule exception qu'il faudrait noter ici serait préci'
témentrâRe de quelques ophites et de quelques euphotides des Alpes
rtduTjTOl.
Si on tes considère comme triasiques, on les fait brusquement suc-
oéderides roches basiques de composition chimique analogue, appar-
tenant à un type franchement microlithique; car tels sont habituelle-
ment les mélaphyrcs du Permien. Cette discontinuité sans cause appa-
rente me paraît illogique, et je vais essayer de donner, au contraire,
nne explication rationnelle de la récurrence granulitique tertiaire sur-
venant après un long temps de repos.
Depuis l'admirable mémoire d'Ëlie de Beaumont sur les émanations
volcaniques et métallifères, et les travaux synthétiques de M. Daubrée,
notamment sur les météorites, on se représente volontiers le globe
terrestre comme composé d'un noyau de fer impur fondu, d'une zona
intermédiaire de scories oxydées en voie de métamorphose, enfin
d'une série de voussoirs solides traversés par de nombreuses fissures
qui laissent pénétrer l'air et l'eau de haut en bas, et qui, dans le sens
inverse, servent d'évents aux produits gazeux distillés constamment
par le centre incandescent duglobe.
C'està cesprodultsgazeux, non moins qu'aux difi'érences de densité,
qu'il faut rapporter l'enricbissementen silice des écumes supérieures
aux dépens des couches plus profondes et plusdenses. Sur une plus
petite échelle, le même phénomène se produit è la surface du sol,
pendant l'épanchement des roches éruptives : U. Fouqué a signalé les
' vérilables meulières siliceuses qui surmontent certaines niasses de
laves basiques; de même les variolilesde la Durance, qui ontsem
de condenseurs aux euphotides à labrador du Mont-Gen&vre, sont
des roches essentiellement plus acides et à oligoclase ; Ëlîe de Beau-
mont a esquissé ce point de vue théorique, en traitant des poîntemenls
detn'eisen qui servent de condenseurs aux granulites à mica blanc.
Tout en senant de véhicules à certains corps tels que le siliciuai.
et en agissant ainsi sur la compjsition chimique des éoumesqu'ils tra-
versent, les produits gazeux préparent aussi ia composition mim'ralo-
i76 MICHEL-LÉVy. — OPHITES DES PYRÉNÉES. 17 déc.
gique et même la structure que les roches encore fluides amèneront
pour ainsi dire en puissance avec elles, lors de leur ëpanchement. Car,
d'une part, certains cristaux paraissent s'être consolidés longtemps
avant la sortie de la roche qui les contient ; on sait combien les cris-
taux anciens, dont le volume et les zones d'accroissement supposent
souvent un long temps d'incubation et de développement, sont par-
fois corrodés et brisés. D'autre part on est frappé, parmi les nom-
breuses variétés de roches éruptives, de voir le cercle relativement
restreint dans lequel restent celles de même composition chimique et
de même âge; les circonstances de gisement ont sans doute une in-
fluence marquée sur le grain et sur la structure des roches, mais cette
influence me parait rester bien au-dessous de ce qu'on aurait pu eu
attendre à priori : ainsi les diverses ophites étudiées plus haut con-
stituent une famille bien spécifiée, dont la structure est très-caractéris-
tique, et cependant elles ont été recueillies dans des conditions de
gisement fort difi*érentes, les unes au sommet de hautes montagnes,
les autres au pied des Pyrénées.
Cette identité de certaines roches, les unes avec les autres, devient
encore plus frappante lorsqu'elle s'applique à des gisements très-^loi-
gnés et se poursuit jusque dans les détails microscopiques de leur
structure.
On ne peut ici arguer d'une simple identité de composition chi-
mique; car rien n'est, d'ordinaire, plus dissemblable que des roches de
même composition chimique et d'âge différent» telles, par exemple,
que certaines granulites et certains pechsteins.
Il faut donc conclure que cette spécification des roches est rœu\Te
des dissolvants et des minéralisateurs qui les ont traversées et impré-
gnées et qui ont disparu au moment de leur épanchement ; nous ne
pouvons juger de ces produits gazeux que par les effets qu'ils ont dû
produire et par le cortège encore imposant d'émanations qui accom-
pagnent les éruptions actuelles.
En tout cas, leur action a eu, pour ainsi dire, trois facteurs : la na-
ture des gaz, leur abondance, enfin le temps pendant lequel ils ont
agi pour imprégner et élaborer plus profondément les écumes des-
tinées à produire les roches éruptives. L'évolution précédemment con-
statée semble démontrer qu'à temps égal les minéralisateurs perdent
de leur puissance d'action, au fur et à mesure que le globe terrestre
vieillit. La récurrence granulilique tertiaire ne contredit pas ce fait
général ; car, si la structure de ce groupe récent est très-cristalline,
bien des indices démontrent qu'elle se relie intimement à une série
foncièrement vitreuse; telles sont, par exemple, les nombreuses inclu-
sions vitreuses que l'on observe dans les feldspaths de ces roches et
1877. DE LAPPARENT. — OBSERVATIOMS. 177
doiit on ne trouve pas le pendant dans les roches similaires anciennes.
Ainsi le cacbet et la structure des roches d'une époque géologique
semfilent liés à la nature et à l'abondance des gaz qui les ont traver-
sées et élaborées. Mais le temps pendant lequel cette action s'est
eieroée parait suppléer en partie à Tactivité propre de ces gaz, et
e'eslà cette demièrecause que je rapporte la récurrence granulitique
tertiaire, survenue après une très-longue période de repos éruptif,
pendant laquelle les gaz ont longuement élaboré les écumes qui pa-
raissent s'être épanchées après le soulèvement des Pyrénées.
On voit dès lors l'intérêt spécial que présente, à ce point de vue
ihéorique, la détermination de l'âge des ophites des Pyrénées et des
enphotides méditerranéennes.
M. Bél>ert croit triasiques les gisements des échantillons d*o-
pllite qu'il a communiqués à H. Hichel-Lévy. Aucun fait positif ne
proure le contraire. La diversité des opinions résulte uniquement de
la diversité des interprétations. 11 faut reprendre Tétudedes gisements,
êtadier, par exemple, la nature des blocs roulés qu'il a observés à la
base du Lias moyen à Hiramont et qui avaient déjà été cités comme
ophite par M. Leymerie.
Dans le Yicentin, tous les auteurs ont signalé plusieurs éruptions
de basalte pendant la période éocène. Or M. Hébert a reconnu,
dans tous les points qu'il a explorés, que le basalte était postérieur
aux Sables de Fontainebleau. Des infiltrations latérales, des filons-
couches, comme ceux de Gergovia, que l'on rencontre jusque dans la
draie et dans le terrain jurassique, ont trompé les observateurs.
De là la nécessité, lorsqu'on veut établir une classification des roches
émptives, de se tenir en garde contre des idées de succession ou de
récurrence qui ne s'appuieraient, dans l'état actuel de la science des
roches secondaires et tertiaires, que sur des faits incertains ou
erronés.
M. de I^apparent fait observer qu'il résulte précisément du
travail de M. Michel-Lévy, que l'ophite est une roche bien définie et
très-constante dans ses caractères. A ce titre, et bien qu'elle se relie à
la grande famille des euphotides, c'est-à-dire des roches à diallage et
à feldspath, elle constitue une variété qui réclame un nom spécifique.
C'est ce qu'avaient bien reconnu les géologues pyrénéens, et en parti-
culier M. Leymerie, en se fondant sur les circonstances de gisement
de cette roche. Partout l'ophite semble bien s'être épanchée à tra-
vers le terrain tertiaire, à l'époque du soulèvement des Pyrénées, en
iimenant avec elle des argiles bariolées avec gypse et sel gemme.
42
178 BARROIS. ~ GABBRO DE CROZON. 17 dëc.
M. Pomel dit que dans toute la zone méridionale de TAtias, les ophites
traversent les couches crétacées et pénètrent même jusqu'au terrain pliocène,
en tout cas jusqu'au-dessus des couches à Ostrea crassissima,
H. Véloln fait ensuite la description de rocbes qui présentent
avec celles étudiées par M. Michel-Lévy, de grandes analogies de
structure et de composition minéralogique, mais qui proviennent d*un
gisement bien éloigné ; car elles appartiennent au massif volcanique
de rile de I^a Réunion» dont elles forment la partie ancienne.
Ces roches sont à base de pyroxène et de plagioclase (oligoelase,
labrador) ; le pyroiène y parait de consolidation récente; il forme de
grandes plages déchiquetées, qui moulent les cristaux de feldspath.
Elles ont encore pour trait caractéristique l'absence de péridot, et ce
fait a son importance dans un massif volcanique où ce minéral joue un
si grand rôle. Par leur composition, elles semblent donc se rapprocher
des Augites-andésites, mais elles s'en éloignent par les caractères tirés
de la structure.
Afin de bien préciser leurs relations avec les autres roches qui
entrent dans la constitution géologique de 111e, M. Yélain fait à grands
traits l'histoire des phénomènes volcaniques qui se sont succédé pour
édifier cette grande terre. Cette succession est la suivante, en com-
mençant par les formations les plus anciennes :
Andésites à oligoelase ; andésites à labrador; roches à diallage et à
olivine, analogues aux gabbros anciens; péridotites et serpentines;
Basaltes péridotiques ;
Dolérites à anorthite ;
Trachytes;
Basaltes francs;
Laves basaltiques et doléritiques récentes.
Toutes ces rochessont d'origine récente, c'est-à-dire qu'elles appar-
tiennent à cette série éruptive qui ne remonte pas au-delà de la
période tertiaire ; mais leur âge absolu ne peut être déterminé, en
l'absence de toute roche sédimentaire.
H. Ch. Barrola signale à la Société un fllon de GAbbro
(trachy^dolérite), d'une quinzaine de mètres de puissance, intercalé
dans les grès siluriens à Scolithus de la presqu'île de Grozon
(falaise de la Mort Anglaise) (Finistère).
Cette roche, qu'il a étudiée sous la direction de MM. Fouqué et
Michel-Lévy, se montre, sous le microscope, composée de labrador en
microlithes allongés suivant les arêtes pg4 et h^ g4 , cimentés par im
pyroxène brunâtre, peu dichroïque, de consolidation plus récente.
1877. CARRZ. — - FOSSILES lL4RiNS DE BILLY. 179
passant par places au diallage. La roche contient, en outre, des grains
de fer oxydulé et, à leur voisinage, quelques lamelles de mica brun
dichroîque. Le pyroxène est par places transformé par des actions
secondaires en une matière verdâtre serpentineuse; cette substance
serpentineuse paraît très-commune dans les gabbros (euphotides ophi-
totnee de Brongniart).
Le gabbro de la Mort Anglaise est identique, par sa structure et son
aspect, avec le gabbro d'Hozimont étudié par MM. de La Vallée-Poussin
et Renarde avec certaines ophites d'Espagne décrites par H. Hacpber-
•on, et plus spécialement avec celle de Laprabende (Gaupenne) que
Tient de décrire M. Hichel-Lévy. Son âge absolu ne peut être déter-
miné en l'absence de roche sédimen taire récente; il est toutefois posté-
rieur au grand ridement des couches paléozoïques de la Bretagne, qui
a eu lieu pendant l'époque carbonifère.
M. Garez fait les communications suivantes :
Sur la présence de fV>aaIlea ixiArIna dans les «ablett de
IHlly-2a-M>nto^ne«
par M. Léon GareaE»
Je désire porter à la connaissance de la Société un fait qui résulte
des observations de M. de Laubrière et des miennes propres, et qui
jettera, je pense, un peu de lumière sur la question si dél>attue de la
position relative des sables de Ghâlons-sur-Yesle et du calcaire de
RiUy.
Je tiens à remercier M. de Laubrière de m' avoir permis de publier
la petite liste des fossiles trouvés à Rilly; car il ne fallait pas moins
que l'adresse et le zèle de ce savant pour obtenir intactes des coquilles
aussi fragiles.
Voici la coupe de la butte située à droite de la route qui va de la
gare de Rilly à Villers-Allerand ; la partie inférieure n'est habituelle-
ment pas visible ; c'est là ce qui explique comment on a pu visiter
tant de fois cette localité sans voir les fossiles :
1. Terre végétale 0»35
9. Calcaire blaoc, sans fossiles 1.05
3. Argile gris-bleuàtre, avec Phyta gigarUea, Hélix hemisphmriea, petits
fragments roulés de calcaire de Rilly 0.76
4. Sable jaune et blanc 0.72
6. Argile grise 0.36
6. Sable endurci, ferrugineux, jaune 0.15
7. Sable un peu noirâtre 0.35
180 GAREZ. — FOSSILES MARINS DE RILLY. 17 déc^.
8. Sable jaun&tro, devenant peu à peu plus blanc; coquilles marines et au-
dessous quelques galets 0.8<r
9. Sable blanc, passant au précédent; environ 4.00
10. Lit ferrugineux, avec moules de coquilles indéterminables 0.35
11. Craie.
T^es huit premières couches se voient au même endroit ; quant aux
suivantes, c'est dans le talus de la route, à 12 mètres environ de dis-
tance, que Ton peut les observer; mais il n*est pas douteux qu'elles
ne soient superposées comme je l'indique. Cela n'a d'ailleurs que peu
d'importance.
Si on met à côté la coupe qui se montre au-dessus du tunnel, on
voit par la comparaison quelles sont les couches du mamelon :
1. Terre végétale , 0"25
S. Marne gris-bleu&tre, évidemment la même que les couches 3 et 5 de la
coupe précédente, qui se trouvent là séparées par un lit de sable ... 1.06
3. Calcaire blanc-jaun&tre, à Physa, Hélix, etc. C'est le calcaire de Rilly
proprement dit ; environ 5 à 6"00
4. Sable blanc 0.90
5. Sable avec bancs horizontaux de galets 0.00
6. Sable blanc 0.10 à 0.80
7. Sable avec galets 0.80
8. Sable blanc 0.99
9. Couche de très-petits galets 0.01
10. Sable blanc, avec une ligne horizontale ferrugineuse 0.40
11. Petits galets 0.08
12. Sable blanc
Craie à 0"60 plus bas environ.
La couche i de la première coupe est la partie supérieure du cal-
caire blanc de la grande carrière, la marne de Dormans.
La couche 3 (n*' 2 de la deuxième coupe) est celle qui sépare la
marne de Dormans du calcaire de Rilly proprement dit; elle contient
à la t'ois des fragments roulés du calcaire de Rilly avec ses fossiles, et
de très-nombreuses Physa gigantea, Eeliœ hemispJiomca, etc., à l'état
de moules, mais parfaitement entières et n'ayant certainement pas été
remaniées d'une formation antérieure.
Les couches suivantes ne se correspondent plus : tandis qu'au tunnel,
comme dans la carrière type, on voit le calcaire de Rilly proprement
dit, au mamelon de la gare, au contraire, c'est un sable jaune, ana-
logue à celui de Châlons-sur-Yesle et renfermant des fossiles dans le
même état de conservation, notamment :
Cyrena angiistidens, Desh.,
— acutangularis, Desh.,
— diffieilis, Desh.,
Cyrena intermedia, Desh.,
— angusta, Desh.,
— parvula. Desh.,
ig77.
CARBZ. — FOSSILES MARINS DE RILLY.
181
Cjfrena unioniformû, Desh. ,
Cffîherea orhieularis, Edwards,
Cm'dium hyhridum, Desh.,
Cardium Edwardti, Desb.,
Peetunculiu terebratularis, Lam.
Tous ces fossiles sont caractéristiques des sables de Ghàlons-sur-
Yesle. II y avait d'ailleurs beaucoup d'autres espèces, mais leur fra-
gilité a empoché de les recueillir.
Enfin, dans les deux coupes, vient le sable blanc, plus ou moins
mAlé de galets.
Le résultat de cette comparaison est de montrer le calcaire à Physes
d*ane part, les sables fossilifères de l'autre, compris tous deux entre
les sables blancs à la base, et Targile grise surmontée de la marne de
Oormans à la partie supérieure.
Il me semble difficile, après cela, de ne pas admettre le synchro-
nisme du calcaire de Rilly, pris dans son acception large, et des sables
de Ghâlons-sur- Yesle. Le rivage, à cette époque, se trouvait entre les
deux localités que je viens de citer ; mais la côte fort basse, couverte
de lagunes et de dunes, était envahie de temps à autre par la mer, qui
y déposait ainsi des coquilles. 11 n*est pas besoin de supposer des
mouvements du sol pour expliquer cette apparition si courte de la
mer à Rilly; II suffit d'une forte tempête pour que des dunes peu éle-
vées soient couvertes par les vagues sur un espace très-considérable;
cela se voit fréquemment de nos jours et devait certainement se passer
de même à l'époque de TËocène inférieur.
Je n'ai pas entrepris, du reste, de discuter ici dans son ensemble
la question fort complexe de TËlocène inférieur du bassin; il faudrait
pour cela avoir vu tous les affleurements du calcaire de Rilly; j'ai seu-
lement voulu signaler un fait, en l'accompagnant des quelques ré-
flexions qu'il m'a suggérées.
C'est pour la même raison que je n'ai cité aucun des travaux, d'ail-
leurs fort nombreux et fort divers, qui ont été écrits sur ce sujet.
Toutefois il en est un dont je dirai quelques mots, parce qu'il semble
donner un vigoureux appui à l'opinion qui me parait commandée par
les faits; je veux parler du mémoire de MM. Aumônier et Eck, derniè-
rement présenté à la Société géologique. Dans l'étude très-sérieuse
qu'ils ont faite de la montagne de Berru, ils ont vu des sables fos-
silifères, — mais sans pouvoir recueillir d'échantillons détermi-
nables, — surmontés par des calcaires blancs. Ils concluent à la
superposition du calcaire de Rilly aux sables de Chàlons-sur- Yesle,
mais avec un peu d'hésitation, par suite de l'absence des fossiles. On
voit comment leurs observations sont corroborées par les miennes.
Hais il est un point sur lequel je ne puis suivre les géologues ré-
ISi CARBZ. — FOSSILES MARINS DE RILLT. 17 déc.
mois : ils supposent que Tcxistence des lagunes de Rilly a été causée
par un soulèvement qui aurait eu lieu à Tépoque de la Craie supé-
rieure et aurait donné à la plaine de Reims l'altitude qu'elle présente
aujourd'hui. Je ne puis admettre cette opinion; s'il me semble pro-
bable que l'exhaussement de TEst du bassin parisien a commencé
d'une manière extrêmement faible à la fin de la période secondaire,
je pense qu'il nés est prononcé tel qu'il est aujourd'hui, que beaucoup
plus tard. Je remarquerai d'abord que le calcaire de Rilly lui-même
est connu en des endroits beaucoup plus bas qu'à Rilly et que les
sables de Châlons eux-mêmes; mais le principal soulèvement est,
pour moi, postérieur même aux couches qui couronnent la montagne
de Reims, à la marne à Pholadomya Ludensis. Cette couche est à
250 mètres environ à Ludes, tandis qu'à Argenteuil, qui n'est pas le
point le plus bas, elle est à 49*030 environ; de sorte que, si le relief
du sol était le même à l'époque où s'est déposée cette assise, il y au-
rait eu 200 mètres d'eau de plus dans le centre du bassin que sur les
bords. Or la faune, absolument la même sur les deux points, a peut-
être des caractères plus littoraux encore à Orgemont qu'à Ludes, et il
n'est pas possible qu'elle se soit déposée à une profondeur aussi
grande.
Note additionnelle, — Ceci était écrit et déposé au secrétariat lors-
que je reçus le numéro du Bulletin contenant la séance du 2 avril
1877 ; j'y trouvai une nouvelle note de M. Eck sur les marnes et sables
de Rilly. N'ayant pas assisté à cette séance, je n'en avais nullement
connaissance; et, comme cet auteur me semble émettre des conclu-
sions difiérentes de celles du travail qu'il a fait avec M. Aumônier sur
la montagne de Berru, je dois faire remarquer que c'est uniquement
de ce dernier mémoire que j'entends parler, lorsque j'adopte l'opinion
exprimée par ces géologues.
Je suis, au contraire, d'un avis différent de celui que H. Eck expose
dans ses conclusions (p. 431). Il croit en effet pouvoir placer les sables
be Bracheux à la base des sables de Rilly ; or ma coupe montrant les
sables blancs au-dessous des sables à fossiles, ne permet pas de sou-
tenir cette opinion. Je n'entends pas dire cependant, que les sables de
Châlons doivent être placés uniquement entre les sables de Rilly et
l'argile lignitifère de H. Eck, à laquelle le nom de conglomérat a été
depuis longtemps donné; je n'oublie pas qu'il existe à la base des
sables blancs, à Rilly, des fossiles marins qui, malgré leur état déplo-
rable de conservation, sont probablement les mêmes que ceux de
Châlons; je tiens compte, en outre, des localités où les sables de Châ-
lons ont été vus au-dessus des marnes lacustres, et je répète ma con-
clusion, que les sables de Bracheux sont synchroniques de toute la
1877. GAREZ. — MARiXES MARINES DU GYPSE. 183
série comprise à Rilly entre la Craie et les lignites, à savoir : sables
ferrugineux à fossiles marins, sables blancs, marne à Physes, argile
bleue à Physes (conglomérat), marnes lacustres supérieures ou de
Dormans.
Swr Veœtension des marnes marine» de Vétage du Gypse
da^is TEst du l>assln de Paris,
par M. Léon
En explorant les environs de Château-Thierry, j'y ai retrouvé les
deux couches marines de la partie inférieure du Gypse, inconnues
jusqu'ici dans la région ; je veux parler des marnes à Pholadomya
Ludensis, et des couches dites marnes à Lucines, observées pour la
première fois par Goubert (1) à Argenteuil, et qui ne sont connues
que dans celte localité et quelques autres très-voisines.
D'Archiac, dans sa Description géologique du département de
l'Aisne (2), donne deux coupes très-détail lées des terrains compris
entre les sables moyens et les marnes vertes suprà-gypseuses ; Tune
est prise à 17 kilomètres du point que je signale ici, l'autre à 6 seule-
ment; et pourtant d'Archiac n'a vu aucune couche marine dans tout
cet ensemble; il aura probablement été trompé par des éboulemeuts.
Yoici la coupe que j'ai relevée à 1 500 mètres à l'est de Blesmes, à
S kilomètres environ de Château- Thierry :
1. Terre végétale ' 0"i5
9. Calcaire siliceax, caverneux 0.18
3. Marne un peu siliceuse, blanc-jaunâtre 0.05
4. Calcaire sableux 0.03
5. Marne blanchâtre, visible sur 0.10
Lacune sur environ 2.00
6. Calcaire siliceux, dur 0.08
7. Calcaire sableux 0.03
8. Calcaire siliceux, dur 0.05
8 bis. Marne jaune 0.13
9. Marne blanche 0.20
10. Calcaire contenant un peu de silice; il renferme à sa base, sur 8 centi-
mètres, des Lucines et autres coquilles 0.28
11. Marne argileuse, feuilletée, jaune-verdâtre 0.06
12. Marne compacte, blanche, à taches jaunes (des. ôbouiements k ca-
chaient partiellement) 2.18
13. Filet de marne jaune-verdâtre 0.08
14. Marne jaune quand elle est humide, blanche quand elle est sèche . . 0.11
15. Marne jaune, feuilletée, avec rares cristaux de gypse *0.15
16. Marne jaune à Pholadomyfl Ludennt 0.25
(1) Bull. Soc. géoL, 2» sér., t. XVII, p. 812.
(2) Mcm. Soc. géoL, V* sér., t. V.
CAREZ. — MARNES VAHINES DU GYPSE.
rr. Hirae blanche, avec gypse caverneux 0.08
IS. Harne jaune 0.71
18. Harne blanche très-gypieuse '. . . 0.16
90. PUet de marne fouillelâe, vorditre e.OS
91. Marne blanche 0.10
99. Calcaire siliceux, meuliériforme O.U
93. itarne blanche O.H
94. Calcaire siliceux, blanc-jauDÏIre,JevenaDl un vérilabie silex par places. O.M
ÏS, Filet de marne brune 0.006
36. Marne blanche, Teuillelâe au^milieu 099
27. Filet de raaroe jaune O.OI
1877. CABEZ. — - UARiNES MARINES DU GYPSE. 183
S6. Marne blanche ^ 0.S3
S9. Marne brune, renfermaDt du calcaire siliceux 0.03
30. Marne jaunâtre 0.24
SI. Gypse très-marneux 0.07
3S. Marne feuilletée, brunâtre. O.OS
33. Marne un peu jaune, mais très-blanche quand elle est sèche, à cassures
diargées de dendrites 0.19
SI. Gypse caverneux et marneux, disparaissant à l'est de la carrière . . 0.08
35. Marne semblable à la couche 33 0.18
36. Gypse en petits lits 0.13
37. Marne blanche, semblable à la couche 33 0.15
38. Marne brune, feuilletée 0.03
39. Marne semblable à la couobe 37 0.35
Lacune sur environ 1.00
40. Calcaire siliceux, à Litnnœa longûeata, visible sur 0.75
Dans la grande carrière de H. Bast, à Orgemont, que je prendrai
comme point de comparaison, on voit la marne à Pholadomya se-
ptréedu calcaire de Saint-Ouen par une suite d'assises diverses, et en
particulier par un banc de gypse de 1°*80, et par les sables verts, qui
n'ont que S'^SO à peine d'épaisseur {^^ environ à La Frette) (1), mais
qui se développent dans d'autres localités, surtout en remontant vers
le nord, à Montsoult par exemple. Cette partie est bien différente à
Blesmes; il ne reste aucune trace des sablés marins à Cerithium trica-
rhuUum, C. Cordteri, C pleurotomoides, etc., qui sont évidemment
remplacés ici par les marnes blanches, à cassure conchoïde, qui n'ont
pas Taspect ordinaire du calcaire de Saint-Ouen (couches 39 et pré-
cédentes). Cest d'ailleurs un fait général dans tout l'Éocène moyen et
supérieur, que les couches marines diminuent d'importance vers Test
et sont en partie remplacées par des sédiments lacustres qui prennent
un énorme développement; cela était vrai à Tépoque des sables de
Qiise, à l'époque du calcaire grossier supérieur et enfin à celle dont
nous nous occupons. Depuis la partie supérieure des sables de Beau-
ehamp jusqu'aux marnes à Pholadomya, il n'y a pas moins de 39 à
tO mètres de calcaire lacustre (Saint-Ouen et Ducy), renfermant seule-
ment quelques rares couches marines fort peu épaisses.
Quant à la masse de gypse d'Argenteuil, nous ne la retrouvons pas
identiquement; nous avons seulement une alternance remarquable de
bancs de gypse, de marnes et de calcaires siliceux. Ce sont les seuls^
restes de pierre à plâtre qui se montrent ici. Nous sommes en effet sur
It limite du gypse et du calcaire de Champigny. Tandis qu'à Nesles,
le calcaire siliceux se montre, sur la route de Château-Thierry à Hont-
mirail, avec une puissance de 4 à S mètres, sur la rive droite de la
flj V. Vasseur et Carez. Bull., 3» sér., t. IV, p. 471.
186 GAREZ. — MARNES MARINES DU GTPSE. 17 déc.
Marne, au contraire, le gypse existe sur une épaisseur à peu près
égale et est exploité en plusieurs points.
La marne à Pholadomya Ludensis (couche 16) conserve exactement
son caractère parisien et n*a pas encore de tendance à prendre celui
qu'elle présente à Ludes, dont nous ne sommes pourtant pas bien
éloignés. C'est une marne jaune-blanchâtre, plus claire quand elle
est sèche, et offrant en abondance : Pholadomya Ludensis, Crassa-
tella Desmaresti, Cardita Kickxi, Corbula ficus, Turritella communis,
Cardium granuîosum et tous les autres fossiles trouvés à Orgemont et
indiqués par Deshayes à la suite de la communication de HM. Bioche
et Fabre (1).
Elle conserve exactement son épaisseur d'Orgemont (0™40), si Ton y
comprend la marne feuilletée, avec cristaux de gypse, 15, qui en est
une dépendance et qui se distingue de même dans la carrière Bast.
Au-dessus de cette couche remarquable vient une marne, 12, d'une
épaisseur de 2 mètres environ, assez mal visible dans la carrière;
c'est le représentant de toute la troisième masse de gypse, qui atteint
jusqu'à 10 et 12 mètres dans le fond du bassin.
Nous trouvons en effet, immédiatement au-dessus, la marne à
Lucines. Ici, à la vérité, la dénomination est fautive; ce n'est plus une
marne, mais un calcaire Compacte, renfermant une assez notable
quantité de silice. Lorsqu'on l'ouvre, on aperçoit des lits couverts de
fossiles.
Son épaisseur est de 0'"28, quand à Orgemont elle n'est que de (K"20;
mais celte différence, déjà si faible, doit être diminuée, si l'on songe
qu'à Argenteuil ces couches plastiques ont été aplaties par le poids
énorme de la colline qui les surmonte, tandis qu'à Blesmes la dureté
du calcaire lui a fait conserver son volume primitif.
Cette marne renferme des pyramides quadrauguiaires semblables à
celles que Desmarest et Constant Prévost ont autrefois signalées dans
la marne à Pholadomyes et qui ont été revues depuis par tous les
observateurs. Tantôt elles sont réunies 6 par 6, comme celles citées
autrefois; tantôt elles se trouvent isolées dans la masse du calcaire.
D'ailleurs elles ont déjà été vues dans les marnes à Lucines de Ro-
mainville par Goubert (2). Quelques minces lits argilo-sableux se
trouvent dispersés dans la masse du calcaire, surtout à la partie supé-
rieure, et forment par le dessèchement un réseau de polygones irré-
guliers assez remarquable.
Les fossiles se trouvent principalement à la base; en voici la liste.
(1) BulL, 2« sér., t. XXUI, p. 321.
(2) Dull., 2« sér., t. XXIII, p. 340.
1877. GAREZ. — MARNES MARINES DU GYPSE. 187
Les quatre premiers ont déjà été indiqués par Deshayes d'après les
échantillons recueillis par Goubert à Orgemont (1).
1. Ltunna inomata? Cette coquille, très-abondante, était citée par
Deshayes comme L. Heherti, mais avec beaucoup de doute. Ce qui
aTait décidé ce savant à émettre cette opinion, c'était Taplatissement de
la coquille, car il n'avait pas vu la charnière; mais mes échantil-
lons montrent que l'aplatissement n'est qu'un accident dû à la pres-
sion subie par la marne, et que cette Lucine est au contraire une
espèce globuleuse. Je puis par suite affirmer que ce n'est pas la L. He-
berd. Cependant je ne lui donne le nom deir. inomata qu'avec doute,
car je n'ai pas pu non plus dégager la charnière; mais aucune Lucine
des sables de Fontainebleau ne ressemble à celle-ci. — A Argenteuil
elle parait avoir 12"" de longueur, sur 11""* de largeur; mais lors-
qu'elle n'est pas aplatie, les plus grands échantillons n'ont que 7°^
dans les deux dimensions.
2. Corbula subpisum, d'Orb. (des sables de Fontainebleau). Des-
hayes avait cru la reconnaître, mais il conservait des doutes par suite
de l'écrasement. Mes échantillons montrent clairement que l'opinion
du savant conchyliologue était bien fondée. Cette coquille est assez
rare.
S. Corhulomya Nystx, Desh. (des sables de Fontainebleau). Deshayes
la regardait déjà comme certaine; elle l'est en effet. C'est le fossile le
plus abondant de la couche.
4. Nucula captlîacea, Desh. (du calcaire grossier). Ce fossile a eu
bien des vicissitudes. Il est tellement déformé à Orgemont que Des-
hayes l'a pris successivement pour la Lucina sqiuimosa, puis pour une
Cytherea voisine de la C. elegans; enfin il lui avait donné provisoire-
ment le nom de Venus Oouberti. Ce n'est pas tout : il reconnut enfin
le genre auquel il appartient, et l'appela Ifucula Lyelliana, Bosquet.
Hais on comprendra qu'une détermination faite dans de telles condi-
tions ne présente pas une grande exactitude; aussi, après avoir réussi
à dégager complètement une charnière, je crois pouvoir rapporter
cette espèce à la N. capillacea. Très-abondant.
5. Cerithium Roissyi, Desh., var. a (des sables moyens, zone supé-
rieure). C'est la première fois que Ton trouve des Cérilhes dans cette
Couche; à Argenteuil, en effet, il n'y en a pas; à Blesmes, au con-
traire, ils sont presque aussi abondants que les Lucines. Mon espèce
ne peut certainement être rapportée à aucune de celles des sables de
Fontainebleau.
(1) Y. Deshayes, Descr, Animaux sans vertèbres ji. II, p. 166; eiBull., 2* Bér..
t. XVni, p . 380.
188 CAREZ. — MARNES MARLNES DU GYPSE. 17 dëc. 1877.
6. Planorhis spiruloides, Desh. (du calcaire de Ducy). Ce petit fos-
sile, inconnu au centre du bassin, montre par son abondance que le
rivage était certainement fort rapproché ; ce qui, d'ailleurs, semble
confirmé par ce fait que les couches à Lucines n*ont jamais été ren-
contrées à Ludes, malgré les nombreuses excavations faites pour
l'extraction de la marne à Pholadomya.
7. Bithinia pygmœa, Brongn. sp. Cette espèce était autrefois con-
finée dans les meulières supérieures; l'année dernière, H. Yasseur et
moi l'avons signalée dans des couches bien inférieures, les marnes à
Limnœa strigosa (1); elle descend encore aujourd'hui un nouvel
échelon. Deshayes ne la connaissait pas; cependant elle n'est pas
absolument reléguée à Blesmes; j'en ai vu un exemplaire à Sannois.
8. Une pince de Crustacé indéterminable.
9. Enfin l'on trouve quelquefois des ossements de Poissons.
Un fait bien curieux ofiert par cette assise est la présence, dans tous
les points ou. elle est visible, de lits épais à peine d'un millimètre et
couverts de petits cailloux de quartz extrêmement ténus. Il est curieux
de voir des filets aussi minces se prolonger sur une étendue de 100
kilomètres.
Au-dessus viennent quelques marnes, puis des bancs de calcaire
siliceux, entremêlés de marnes siliceuses; cette partie de la coupe
n'est pas continue; mais à 7 mètres environ au-dessus des Lucines on
voit encore du calcaire siliceux formant la partie supérieure de l'assise
de Champigny, dont l'épaisseur est ainsi fixée; plus haut sont des
marnes feuilletées, base des marnes suprà-gypseuses.
Il est bon de faire remarquer l'altitude de ces couches, bien supé-
rieure à celle qu'elles ont au centre du bassin. La base de la marne à
Pholadomya est à Blesmes à 184°'80, tandis qu'à Argenteuil elle n'est
qu'à 48'"59. La dlfi^érence de 13S<° ainsi constatée, qui est à peu près
la même pour les autres couches, montre qu'il y a eu un soulèvement
postérieur à leur dépôt dans l'Est de notre bassin.
Pour résumer en quelques mots les points principaux de la coupe
que je présente aujourd'hui, je ferai remarquer la persistance des coa-
ches marines du gypse, avec la même épaisseur, jusqu'aux limites du
bassin tertiaire; ce fait démontre bien que le gypse n'est pas un acci-
dent minéralogique qui se serait produit au sein de la mer des Phola-
domyes et des Lucines, qui devraient alors prendre un développement
très-grand là où le gypse perd de son importance. C'est l'opinion de
quelques géologues; elle me semble inadmissible.
J'insisterai aussi sur la présence du calcaire de Champigny au-
(1) Uull, 3« sér., t. V. p. 277.
7 jaBv. 1878. séance. 189
dessus des couches à Lucines, tandis qu'entre ces dernières et les Pho-
lidomyes il n'en existe pas. Évidemment cette observation faite sur
QD seul point n'autorise pas à dire que le travertin de Champigny
représente uniquement la première et la deuxième masses de gypse;
cela est vrai à Blesmes, mais il faut maintenant le chercher ailleurs.
Enfin il est à noter que la faune des marnes à Lucines, regardée
par Deshayes comme composée uniquement d'espèces miocènes, en
plésente, d'après moi, trois seulement de cette catégorie (Corhula
mhfuum, Corhulomya Nysti, Bithinia pygmœa). Les quatre autres
appirtiennent à des formations inférieures : Cerithium Roissyi, Lucina
momata, Planorbis spirulotdes, aux sables de Beauchamp; Nucula
et^lacea au calcaire grossier.
Séance du 7 janvier 1878.
PRESIDENCE DE H. TOURNOUÉR.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
Le Président annonce à la Société la mort de H. le Professeur
d'ESchwald.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membres de la Société :
MM. Arnaud (A.;, Préparateur au Muséum d'histoire naturelle, rue
du Cherche-Midi, 112, à Paris, présenté par MM. Cloëz et Yulpian;
BcELM (G.), Docteur en philosophie, au Musée de paléontologie, à
Munich (Bavière), présenté par MM. Hébert et Munier-Chalmas;
Gardner (J. s.), Park House, Saint-John's Wood Place, N. W., à
Londres (Grande-Bretagne), présenté par MM. Hébert et Munier-
Chalmas;
Miguel (Léopold), Ingénieur civil des mines, quai de la Mégisserie,
2, à Paris, présenté par MM. Friedel et Jannettaz;
Passier, Préparateur de paléontologie au Muséum d'histoire natu-
relle, à Paris, présenté par MM. Àlb. Gaudry et Fischer;
Ramond (A.), rue des Écoles, 38, à Paris, présenté par MM. Cloëz et
Yulpian.
M. Ferrand de Missol donne lecture du rapport suivant :
190 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ. 7 janv.
Rapport de la Commission de Comptabilité sur les Comptes
du Trésorier pour l'exercice 19TO-19TT,
par M. le marquis de Roys, rapporteur.
J'ai l'honneur dé présenter à la Société, au nom de la Commission
de Comptabilité, le résultat de son examen de la gestion du Trésorier
pendant l'exercice 1876-1877.
I. Recettes.
Le produit des cotisations courantes et des droits d'entrée, pris dans
son ensemble, avait été prévu pour la somme de 10 500 fr. Ce double
article s'est élevé à 10 745 fr. 11 y a donc eu une augmentation de
245 fr.
Les cotisations arriérées, évaluées 600 fr., ont produit 794 fr. 30,
avec une augmentation de i04 fr. 30. Cet article se réduira de plus en
plus, nos Trésoriers ayant fait tous les efforts possibles pour faire
rentrer l'arriéré, autrefois si considérable. Il continuera cependant
toujours à exister, parce que, par suite d'absence, de voyages, de
résidence dans des contrées très-éloignées, quelques membres peuvent
laisser passer une et même plusieurs années sans acquitter leurs coti-
sations, qui seront payées plus tard. Il ne peut plus, au reste, en ré-
sulter une perte matérielle pour la Société, puisqu'on cesse de servir
le Bulletin à tout membre qui n'a point acquitté sa cotisation pour
l'année torrespondante.
Il y a eu aussi une augmentation de 163 fr. sur les cotisations aiUt-
cipées, portées au Budget pour 500 fr.
Les cotisations à vie ont été au nooibre de trois, comme il avait été
prévu.
La vente du Bulletin, évaluée 1 200 fr., a produit 1 176 fr. 55, et
<5elle des Mémoires, prévue pour lOOOfr., n'a donné que 47 fr. 60.
Il y a donc eu pour ces deux articles une diminution de 075 fr. 95.
n y en a eu une de 15 fr. sur la vente de Y Histoire des Progrés de la
Géologie.
Nous n'avons reçu que 750 fr., au lieu de 1 000 fr., sur Vallocation
ministérielle. Les 250 fr. manquant doivent être touchés dans le cou-
rant du présent mois de janvier ; ce n'est donc qu'un faible retard. La
souscription de 600 fr. aux Mémoires a été acquittée, et le revenu des
placements s'est accru de 123 fr. 36.
Les recettes extraordinaires relatives au Bulletin, non évaluées à
cause de leur incertitude, se sont élevées à 332 fr. 95.
Le montant des loyer, chauffage et éclairage des cinq sociétés
1878. lUPPOBT DE LA COMMISSION DE GOMPTABIUTé. 191
tavantet qui se servent de notre local, prévu pour 3 200 fr., s'est élevé
13250 rr.
Sur les recettes diverses, évaluées 80 fr., il n'a été reçu que
37 fr. 90.
Les recettes avaient été prévues comme devant s'élever en totalité
i 23 670 fr. 00
Elles ont été en réalité de 23 525 fr. 86
n y a donc eu une diminution de 144 fr. 44
• Hais, comme nous l'avons dit, la Société doit toucher en janvier
ooAnnt les 250 fr. restant dûs sur Valîocation ministérielle: les
recettes ont donc été réellement supérieures aux prévisions.
n. Dépenses.
Grftoe au lèle infatigable de notre Trésorier, M. Bioche, et de notre
Ardiîvîste, H. Danglure, cette année encore nous avons pu économiser
la dépense d'un agent. La Société se joindra bien certainement à nous
pour leur en témoigner sa reconnaissance. La dépense pour \e personnel
SB réduit donc à 1 000 francs pour le traitement du garçon et à 200 fr.
pour ses gratifications ; soit eu tout, pour ce premier chapitre, 1 200 fr.
Le loyer de notre local, prévu, avec les frais accessoires de contrit
huions ei assurances, pour 4725 fr., ne s'est élevé qu'à 4 720 fr. 63. Le
dauffàge et l'éclairage, évalués 600 fr., n'ont coûté que 567 fr. 50.
n y a donc eu sur ce second chapitre 36 fr. 87 de diminution.
Haïs la dépense relative au mobilier, estimée 600 fr., s'est élevée à
884fr.85; soit une augmentation de 184 fr. 85; et il a été dépensé
pour la bibliothèque 933 fr. 70, au lieu de 700 fr. (augmentation,
233 fr. 70).
Les dépenses pour l'impression et les planches du Bulletin, prévues
pour 8000 fr., se sont élevées à 8 160 fr. 98, avec une augmentation
de l60 fr. 98; mais le port, évalué à 2000 fr., n'a coûté que
1 787 fr. 83; diminution, 212 fr. 17.
Pour les Mémoires, il avait été prévu 3000 fr., il a été dépensé
im fr. ; diminution, 1 815 fr.
Les frais de bureau, circulaires, etc., prévus pour 1 000 fr., ont atteint
1771fr. 75. Cette augmentation de 771 fr. 75 a été causée presque
tttiirementypar les frais d'impression de nouveaux diplômes. Les
fMs de lettres, évalués 350 fr., ont coûté 327 fr. 42, avec une dimi-
DQtion de 22 fr. 58.
Enfin, il y a eu une augmentation de 28 fr. 80 sur \b placement des
Wi&cotisatioyis à vie versées durant l'exercice; une de 2 fr. 75 pour le
prix Viquesnel et une de 48 fr. pour les dépenses diverses.
192
RAPPORT DE LA GOMUISSION DE COMPTABILITÉ.
7 jaav.
La totalité des dépenses prévues était de 23 635 fr. 00
Elles se sont élevées en réalité à 22979 fr. 21
Il y a donc eu une diminution sur les prévisions de. . 685 fr. 79
Compte des recettes et dépenses effectuées pendant Vannée 4876-77.
RECETTES.
DÉSIGNATION
des
cBAnraBS.
§ 1. ProdniU des\
réceptions etj
eoti8alioB8...r
g 9. Prodoits des]
publications. .
g 3. Recettes di-
verses
L
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et
S
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4
5
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9
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IS
J3
l14
NATURE
des
MCSTTIS.
Droits d'entrée et de diplôme.
Cotisations courantes
— arriérées
— anticipées
— à vie
Vente du BulUlin
— des Mémoires
— deVHistoire des Pro-
grès de la Géologie
Recettes extraordinaires re-
latives au Bulletin
Allocation ministérieile
Souscription ministérielle aux
Mémoires
Revenus
Loyer, chauffage et éclairage
des Sociétés météoroloip-
que, mathématique, etc..
Recettes diverses
Totaux
RECETTES
prévues.
eoo
9,900
600
800
l.SOO
1,900
1,000
90
»
1,000
GOO
3,800
3,900
GO
93.670 »
effectuées.
640 »
10,105 »
704 30
663 »
1,900 »
1,176 S5
47 KO
5 »
339 98
780 »
600 »
3,933 36
3,980 B
37 90
93,898 86
AcamiiTA-
non.
40 a
908 »
194 30
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339 98
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193 36
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»
1.108 61
NlUNCItOll
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a
93 48
989 80
18 »
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DÉPENSES.
DÉSIGNATION
des
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1
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NATURE
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Agent
Garçon [ gjf ufiiiûii; ; ; ; ; ]
Loyer, contril)uiions, assur.
Chauffage et éclairage
Mobilier
Bibliothèque
Bulletin : impression
— port
Mémoires
Frais de bureau, de circu-
lairee, etc.
Ports de lettres
Placem^ de cotisations à vie.
Prix Viquesnel
Dépenses diverses
Totaux...
DEPENSES
prévues.
»
1,000
900
4,798
600
800
700
8.000
9,000
3,000
1,000 a
380 »
1,900 »
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effectuées.
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900 a
4,790 63
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6K4 88
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8,160 98
1,787 83
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1,771 78
397 49
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1.430 83
9,086 69
1878.
RAPPORT DE LA GOMMISSION DE COMPTABILITE.
193
MOUTBMBNT DES COTISATIONS UNE FOIS PAYÉES ET DES PLACEMENTS
DE CAPITAUX, EXERCICE 1876-77.
Seeelle
1
iBtôrieurement au l*' novembre 1876
pendant l'année 1876-77
Legs Roberton ....
Legs de Yerneuil. . . .
Donation Dollfùs-Ausset.
Don de M. Levallois . .
DoD de M"* Viquesnel.
Totaux.
Total des capitaux encaissés .
TALBVR8.
fr. c.
65,008 55
1,800 »
66,908 55
13,000
4,663
10,000
300
7,000
»
80
»
»
100,172 35
PLACBMIIIT.
t.
e.
1,870
»
1,080
»
1,066
»
90
»
30
»
»
»
fr.
Rentes 3 */. et frais de muUtion 4 1/2 en 3 Vo 47,669
Obligations de chemins de fer 20,434
Rentes 5 */o achetées avant le 1*' novembre 1876. 20,967
Rentes 5 */o achetées pendant Tannée 1876>77. 419
Rentes 3 Vo — — — "^H
Frais de conversion d'obligations de chemins
de fer en titres nominatifs 92 30
t.
25
99
85
40
10
4,005 » — Excédant de la recette sur la dépense.
90,300 89
9,871 46
MOUVEMENT DES ENTRÉES ET DES SORTIES DES MEMBRES
AU 31 OCTOBRE 1877.
Au 31 octobre 1876, le nombre des membres inscrits sur les listes officielles
s'élevait à 524, dont :
380 membres payant la cotisation annuelle \
139 — à vie I ci. . . . 524
5 — perpétuels )
Les réceptions du l"' novembre 1876 au 31 octobre 1877 ont été de . . . 32
Total 556
A déduire pour décès, démissions et radiations 11
Le nombre des membres inscrits sur les registres au 31 octobre 1877
s'élève à. , 545
403 membres payant la cotisation annuelle,
Savoir : } 137 — à vie,
5 — perpétuels.
43
194 SÉANCE. 7 janv.
Au 31 octobre 1876, il restait en caisse une somme de. 105 fr. 14
Les receltes de l'exercice 1876-1877 ayant été de 23 525 fr. 56
Le total général des recettes était, au 31 octobre 1877,
de 23 630 fr. 70
Les dépenses s'étant élevées à 22 979 fr. 21
11 restait en caisse au l^^ novembre dernier 651 fr. 49
La Commission propose d'approuver les comptes des recettes et des
dépenses pour l'exercice 1876-1877, de voter de vifs remerciements à
MM. Danglure et Bioche, qui ont successivement géré les finances de.la
Société pendant cet exercice, pour le zèle et l'exactitude qu'ils ont
. apportés dans l'exercice de leurs fonctions, et de donner à M. Dan-
glure décharge définitive de sa gestion.
Ferrand de Missol. a. Moreau. Marquis de Rots, rapporteur.
La Société adopte à l'unanimité les conclusions de ce rapport.
Il est procédé à l'élection du Président pour l'année 1878.
M* Alb. Gaudry, ayant obtenu 109 voix sur 196 votants, est proclamé
Président pour Tannée 1878.
La Société nomme ensuite successivement :
Vice- Présidents : MM. Daubrée, Delesse, de Saporta, Potier.
Secrétaire pour V Étranger : M. Odstalet.
Vice- Secrétaire : M. G. Yasseur.
Membres du Conseil : MM. Tournouêr, Hébert.
Par suite de ces nominations, le Bureau et le Conseil sont composés
pour l'année 1878 de la manière suivante :
Président : M. Alb. GaudRY.
Vice-Présidents :
MM« Daubrée. I MM. de Saporta.
Délasse. | Potier.
Secrétaires :
MM. Brocchi, pour la France.
OusTALET, pour l'Étranger.
Trésorier :
M. BlOCHE.
Vice-Secrétaire» :
mm. dou ville.
Vasseur.
A rchiviste :
M. Danglure.
1878. DAUBRÉE. — SURFACES DE RUPTURE DE LÉCORGB TERRESTRE. lOK
Membres du Cofiseil :
MM. Jannbttaz.
Mallard.
DE ChANCOURTOIS.
DE LaPPARENT.
Delaire.
Edm. Pellat.
HH. Parran.
P. Fischer.
Benoît.
POMEL.
tournouër.
Hébert.
Dans sa séance du 17 décembre 1877, le Conseil a composé les Com-
mUsions pour l'année 1878 de la manière suivante :
1« Commission du Bulletin : MM. de Lapparent, Delaire, Sauvage,
Pellat, Tournoucr.
2» Commission des Mémoires: MM. Hébert, Gaudry, Michel-Lévy.
3® Commission de Comptabilité: MM. de Roys, Moreau, Ferrand de
Missol.
4* Commission des Archives : MM. Gervais, Tournouër, Pellat.
Séance du li janvier 1878.
PRÉSIDENCE DE M. TOimNOUÊR, puiS de M. ALB. GAUDRY.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-^
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
M. Tournouêr, Président sortant, invite M. Alb. Gaudry, élu Prési-
dent pour 1878, à le remplacer au fauteuil.
M. Alb. Gaudry remercie la Société de l'honneur qu'elle lui a fait en
l'appelant de nouveau à la présidence.
Le Président annonce ensuite deux présentations.
M. Dciul>rée communique à la Société les résultats de recber-
ebes expérimentales sur les surraces de rupture qui
traversent Z'écoree terrGmtrG9 particulièrement sur les foi lies
et ^e^ Joints.
Ces résultats ont été obtenus en exerçant une faible torsion sur des
plaques minces de gypse et de glace; au bout de quelques Instants, il
se produit de nombreuses fractures parallèles. Ces fractures ne for*
meut jamais un système unique, mais deux systèmes également incli-
nés sur Taxe de torsion, deux systèmes conjugués, A côté des fissures
principales, il en est un grand nombre qui sont plus petites, de simples
fêlures, et qui sont également liées par le parallélisme*
196 FISCHER. — COQUILLES QUAT. DU SAHARA. 14 janv»
Ces systèmes de fractures présentent de nombreux traits de ressem-
blance avec les réseaux de failles ou de filons, ainsi qu*avec des
systèmes multiples de joints conduisant à des parallélipipèdes ou à
des formes moins régulières. Ils expliquent aussi comment des fractu-
res d'orientations différentes ont pu être produites simultanément. La
force de torsion possède une composante horizontale dont il importe
de tenir compte dans les rejets. On comprend d'ailleurs que des forces
de torsion aient pu se manifester dans les pressions horizontales qui
ont agi de toutes parts dans Técorce terrestre. Enfin on Toit comment
une action lente et continue peut aboutir à des systèmes de fractures
brusques et multiples.
M. Hubert demande à H. Daubrëe s'il a essayé d'exercer des pressions
latérales.
M. Daubrée répond que par des pressions latérales s'exerçant sur des
corps solides, il n'a pas obtenu les réseaux de fractures produits par la torsion.
M. de LiCipparent pense que les grandes pressions latérales qui se
produisent dans Técorce du globe doivent, en se propageant dans des masses
hélérogènos, comme les régions où des terrains stratifiés s'adossent à des mas-
sifs granitiques, s'y transformer en mouvements de torsion.
M. l^tCkf^ett fait observer que les résultats de l'expérimentation ne sont
pas entièrement comparables aux cfiels que produisent les forces naturelleSi
en ce sens que rcxpérimentaleur n'agit qu'une seule fois sur une plaque
résistante, tandis que la nature agit à plusieurs reprises sur des roches déjà
modifiées par des causes nombreuse^ et variées.
'M. P. I<*l»clier annonce qu'il a reçu de M. L. lëtoy» lieutenant
de vaisseau, chargé d'une mission scientifique dans le Sahara, quelques
spécimens de coquilles fossilisées, probablement quater-
naires» provenant de Xeniacinin, dans le pays des Touaregs»
au sud-est d'El-GoIéah et au sud -ouest de Ghadamès.
Ces espèces, trouvées sur les bords d'une sebktia, sont au nombre
de cinq :
fo Limnœa limosa, Linné, qui vit dans le Sud de la province
d'Oran ;
io Physa Brocchii, Ehrenberg, coquille de l'Egypte et du Sud de
l'Algérie ;
30 Pîanorbis Duvcyrieri, Dcshayes, connu à l'état fossile dans un
dépôt analogue à Ghoûrd-Ma' Animer, sur la route d'EI-Ouâd à Gha*
damés (Duveyrier);
4° Melania tuberculata, Mûller, identique avec les gi^ands spécimens
des oasis du Sahara;
1878. VÉLAIN. — OBSKRVATIONS. 197
B« Enfin une nouvelle espèce de Corhicula, C. Saharica, P. Fisch. (1),
de la taille du C. pusilla d'Egypte, mais à crochets très-aigus.
Cette petite faune quaternaire rappelle celle des cJiotts de Tunisie,
telle qu'elle a été établie d*après les envois du capitaine Roudaire;
celle des dayas du Sud de ta province d*Oran, connue depuis les re-
cherches de M. Mares; et celle des environs d'Ouargta découverte par
M. Thomas et déterminée par M. Tournouêr.
Mais à Temacinin on a trouvé une Corbicule dont la présence est
digne d'attention. Le genre est en effet limité à TEst de l'Afrique;
Tespèce du Sahara serait la forme la plus occidentale, si elle vit encore.
Si, au contraire, elle est éteinte, sa disparition a dû coïncider avec
celle des Corbicules européennes, dont trois ont vécu en Angleterre,
en Belgique, en Sicile, en Grèce, durant la période tertiaire supérieure,
et dont les demiers représentants sont signalés dans le Diluvium de la
Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne.
Le dépôt de Temacinin diffère encore de ceux des chotts de Tunisie
et des dayas de TAIgérie, par l'absence du Cardium edule, dont
l'acclimatation ne s'est pas faite aussi loin.
Relativement au C. edule, H. Fischer fait remarquer que dans les
dépôts quaternaires de l'Algérie et de la Tunisie, cette coquille est
associée à des espèces lacustres. Il se demande si le mollusque n'a pas
pu se propager dans des eaux douces, et à l'appui de cette manière de
▼oir, il cite des observations de M. Ch. Yélain, qui a trouvé le C. edule
dans des eaux complètement dessalées, près du littoral de l'Algérie.
A la suite de la communication de H. P. Fischer, H. Vélain pré-
sente les observations suivantes :
Au-delà du Rio-Salado, près du cap Houssa, sur le littoral de la
province d'Oran, la côte est très-découpée, et dans le fond des petites
baies assez encaissées viennent déboucher des rivières qui pendant la
saison sèche sont séparées de la mer par une barre de sable, large
souvent de plusieui*s centaines de mètres.
Derrière cette barre, parfois assez élevée et se présentant alors sous
la forme de dunes, les cours d'eau s'étalent en donnant lieu à de petits
lacs peu profonds, mais assez étendus en longueur.
Dans un de ces lacs, j'ai recueilli, en 1873, une grande quantité de
Cardium appartenant aux deux espèces edule et rusticum; les berges
sableuses de la rivière étaient littéralement envahies par de grands et
larges /SoZm. Ce fait est d'autant plus intéressant que l'eau était tout à
fait douce, car les patrons des embarcations d\x Narval purent y retiou-
(Ij V. Journal de Conchyliologie, 3" sér., t. XVIII, p. 17, pi. u, fig. 1; 1878.
198 DE MERGEY. — CALCAIRE DE MORTEHER. 14 janv.
vêler leur provision d'eau. LesSolen paraissaient ne souffrir nullement
de leur nouvel habitat, car il nous fallut recourir à l'emploi d'une
gaffe pour pouvoir les enlever du sable.
Le Secrétaire analyse une note de H. Maurice de XrllM>let rela-
tive à des traces de Vépoque glaciaire en Bretagne (1).
Pendant Tété de 1873, H. de Tribolet a eu l'occasion de remar-
quer sur Vile Bréhat, ainsi que sur les bords de la route qui conduit
de Lannion à Plouaret, des dépôts complètement identiques avec ceux
que l'on connaît en Suisse et dans le Sud de l'Allemagne sous le nom
de Loess, et qui sont généralement regardés comme glaciaires.
Si les Vosges, le Morvan, l'Auvergne, la Lozère, ont eu leurs gla-
ciers pendant l'époque quaternaire, pourquoi la jBretagne n'aurait-
elle pas eu les siens? Ici, les monts d'Arrée, Henèbre, de Feubusquet
et de Menez étaient le point de départ de petits glaciers, de l'extrémité
desquels s'échappaient des torrents limoneux et boueux, qui ont peu
à peu rempli de leurs sédiments les vallées du Trieux et du Guery
même jusqu'aux bords de la mer. Or, pour que ceux-ci se soient
étendus jusqu'à l'île Bréhat, il faut, ou bien qu'il y ait eu alors un at-
terrissement entre la terre ferme actuelle et l'île et que, par consé-
quent, celle-ci ait fait partie du continent, ou bien que le sol de cette
partie de la Bretagne ait été plus élevé à cette époque que maintenant
Dans cette dernière hypothèse, c'est durant la seconde période conti-
nentale (soulèvement de 10 mètres du poudingue de Kerguillé) de
M. Ch. Barrois, où un soulèvement de 10 mètres faisait de l'île Bréhat
un promontoire de la côte, qu'aurait eu lieu le retrait des glaciers
bretons et par suite la formation des dépôts du Loess.
Le secrétaire analyse les notes suivantes :
Note sur la détermination de la position du Cl^alcalre lacustre
de Mortemer entre les Sables de Bracheux et les Lignites,
et sur les saMes marins de la rive droite de TOlse
compris entre les Lignites et les Sables de Cuise,
par M. N. de Alercey*
Mes dernières explorations, effectuées en 1876 et en 1877, pour la
révision du tracé de la Carte géologique du département de la Somme,
m'ont permis d'arriver à La délimitation rigoureuse de chacune des
assises qui composent le terrain éocène inférieur sur les confins des
départements de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne.
(1) V. Ànn. Soc. ghl. Nord, t. V, p. 100; 1878.
1878. DB M£RGET. — CALCAïaB DB MOarBUEE. 199
Le tracé des délimitations sur la carte au g^^, a été surtout facilité
par la détermination de deux repères dont je me propose ici de si-
gnaler rimportance, avant de présenter un travail plus étendu sur la
région que j'ai explorée.
Le premier de ces repères consiste dans le calcaire marneux lacustre
appelé par Graves Calcaire de Mortemer. Ce calcaire marneux, que
Graves regardait comme supérieur aux Lignites, leur est, au con-
traire, toujours inférieur. Sa véritable position est entre les Lignites et •
lea derniers lits des Sables de Bracheux à Ostrea heteroclita et O. BeU
Uwacina, avec lesquels il est en concordance, et qui eux-mêmes con-
tiennent des rognons marneux.
. Graves avait confondu le dernier de ces lits, dans lequel YOstrea
BeUovaeina est surtout abondante et que le Calcaire de Mortemer re-
couvre distinctement dans plusieurs localités, avec le lit coquillier à
Huîtres qui se montre souvent à la partie supérieure des Lignites.
La position du Calcaire de Mortemer étant bien comprise, on voit
a'évanouir une cause d'obscurité résultant de l'existence fréquente de
ce dépôt, sans autre recouvrement que le limon, sur des petits pla-
teaux qui forment le sommet de buttes sableuses. Contrairement à
Fopinion de Graves, les sables de ces buttes ne correspondent en rien
aux Lignites. Ces buttes, composées de Sables de Bracheux, se pré-
sentent toujours comme plus ou moins détachées au pied des collines
Ugniteuses.
Cet ordre de superposition n'est le plus souvent reconnaissable que
par une étude assez ardue; mais, dans certaines parties du Noyon-
nais, et notamment aux environs de Guiscard, il est très-apparent.
Aussi Graves, ne pouvant, à cause de la position trop élevée qu'il at-
tribuait au Calcaire de Mortemer, y réunir le calcaire marneux de
Guiscard, avait-il pourtant bien senti que la place de ce calcaire mar-
neux devait être dans les Lignites ou à la partie supérieure de ses
Sables glauconieux inférieurs, qui correspondent^ux Sables de Bra-
cheux. Ses appréciations à cet égard sont assez rapprochées de la vé-
rité (1). Elles n'ont pas été admises par M. Hébert, qui a pensé que la
calcaire marneux de Guiscard devait, comme le calcaire marneux de
Rilly, auquel il correspond, être inférieur aux Sables de Bracheux.
Un des motifs de l'opinion de M. Hébert consistait dans une super-
position qu'il avait observée des Lignites sur les sables à Ostrea hete-
roclita sans calcaire marneux entre ces deux dépôts (2). Cette obser-
vation était exacte. Mais il est facile de constater qu'à une petite dis-
(1) Graves, Topogr. géogn. dudép, de l'Oise, p. 205; 18^17.
(2) BulL Soc. géoi /•>., 2' sôr., t. XI, p. 652; 1851.
300 DE MERCBT. — CALCAIRE DE MORTEHEB. f 4 jaov.
tancjB du point signalé, le calcaire marneux recouvre nettenaent les
sables à 0. heteroclUa, dans lesquels H. Hébert a lui-même vu des
rognons calcaires. Si le calcaire marneux manque ainsi en un point,
cela tient à ce que les Lignites y atteignent les Sables de Bracheux par
suite de l'ablation du Calcaire de Mortemer.
La discordance des Lignites avec les dépôts qui les précèdent leur
fait quelquefois atteindre des parties des sables plus profondes que
celle dont il vient d'être question, et elle explique la disparition fré-
quente d'un dépôt aussi peu développé en épaisseur que le calcaire
de Mortemer*
Hais la régularité de ce dépôt calcaire, dont les premiers rudiments,
formés par les rognons marneux des sables à Ostrea heteroclita,
ne manquent presque jamais, en fait un très-bon repère pour déli-
miter la base des Lignites, qui commencent immédiatement au-dessm.
La délimitation de la partie supérieure des Lignites était facile au
moyen du banc coquillier à Huîtres, que l'on rencontre fréquemment.
Hais il ne convenait pas de faire commencer les Sables de Cuise im-
médiatement au-dessus. 11 existe, en effet, dans toute la région, une
assise sableuse marine, assez épaisse, comprise entre le banc coquil-
lier qui termine les Lignites, et la base des Sables de Cuise, avec les-
quels on l'a confondue, ou dont on n'a pas assez tenu compte*
Graves, qui avait vu ces sables en divers points, les regardait comme
représentant les derniers lits de ses Sables glauconieux inférieurs,
dans lesquels les Lignites se trouvaient intercalés ; mais il avait été
moins heureux dans leur détermination sur d'autres points, où il les
avait confondus, à cause de la présence de Y Ostrea Bellovacina, avec
le banc coquillier de la partie supérieure des Lignites. D'Archiac les
connaissait sur la rive gauche de TOise, oii M. Tabbé Lambert en a
ensuite découvert un gisement très-fossilifère à Sinceny.
Ces sables sont également très-fossilifères dans plusieurs des loca-
lités où je viens de les observer entre la rive droite de l'Oise et le bas-
sin de la Somme, dans lequel ils se montrent aussi. Ils sont surtout
caractérisés par l'abondance du Pectunculus terebratularis. Leurs affi-
nités paléontologiques et slratigraphiques les rattachent ^ux Lignites
et aux Sables de Bracheux. J'ai pu observer rigoureusement leur con-
tact avec les Sables de Cuise, marqué par un banc de ces petits galets
que l'on retrouve sur tant de points des plaines de la Picardie. C'est
au^essus de ce dernier repère que j'ai dû tracer la délimitation de la
base des Sables de Cuise.
1878. DB 11ER€BT. — FORMATION DU LIMON GLAGIAIRB. 201
IhUtur la formation du limon glaciaire du département de la
Somme par le remaniement des sables gras ou allumons de rive
dmAUsÊmons anciennes,
par M. N. de WÊercey.
Cn des faits que j'ai aussi pu reconnaître dans toute l'étendue de la
légion dont le département de la Somme occupe le centre, concerne
b limon que l'on rencontre depuis les plateaux jusqu'aux vallées.
J'ai décrit ce limon comme glaciaire, et je l'ai séparé des sables gras
ea alIUTions de me des Alluvions anciennes pr^laciaires ou inter-
^adaires étagées à divers niveaux.
Maintenant je suis arrivé à la certitude que le limon qui s'étend sur
tons les dépôts de la région a été formé par le remaniement, sinon
tODjours sur place, du moins à une petite distance, de ces sables gras
dont l'extension a été très-générale.
Cette extension des sables gras ou alluvions de rive des Alluvions
todennes s'est produite d'une manière bien différente de celle du li-
mon, puisque la formation des Alluvions anciennes a commencé sur
ks plateaux faiblement vallonnés, et qu'elle s'est continuée sur les
flancs des vallées pendant leur creusement successif (1).
An contraire, la formation du limon produit par le remaniement des
iaUes gras de divers ftges a été simultanée à toutes les altitudes, sur
toute la surface de la région. Cette formation a eu une cause unique,
qui parait purement atmosphérique et sans rapport avec les nappes
féaux douces ou marines. Un des effets les plus constants a été l'écla-
tement, que je suppose gélif (2), des silex ou autres matériaux dissé-
(1) Le sable gras des Alluvions aDciennes préglaciaires à Elephas meridionatis
Mt œliii dont rextension a été la plus générale, parce qu'elle a eu lieu au début du
creusement des vallées : c'est le Limon des plateaux d'ÉIie de Beaumont.
Les sables gras des Alluvions anciennes interglaciaires à E. primigeniut sont
loealisés sur les flancs des vallées, dont ils témoignent le creusement successif,
lus, au point de vue de la structure, ils ne se distinguent en rien du dépôt pré-
(9) J'ai soumis, en 1876, dans le laboratoire de M. Bianchi, des silex préalable-
■OU saturés d'eau, à un refroidissement produit par l'évaporation du protoxyde
d'aiole liquéfié et ayant amené instantanément la congélation du mercure, c'est-à-dire
ayant dépassé — 40*. Le résultat de cette expérience a été négatif. Les silex n'ont
tpnnyé aucune altération, tandis qu'à plusieurs reprises le verre qui les contenait
et qui recevait le jet de protoxyde d'azote, a été brisé en éclats. Le verre n'a résisté
qoe dans une dernière expérience, dont la durée a été de quelques minutes. Peut-
être but-il faire entrer un temps assez long comme facteur essentiel dans l'éclate*
OMot d'une substance aussi tenace que le silex ; peut-être aussi, pour réussir, fau-
drait-il soumettre les silex à des changements de température plusieurs fois répétés.
2Qi SÉANCE. 28 janv.
minés à la base de ce limon, sorte de boue glaciaire datant de la fin de
l'âge du Renne.
La distinction entre le sable gras et le limon produit par son rema-
niement est bien connue par tous les exploitants qui emploient le U-
mon comme terre à briques par excellence, et le sable gras, qu'ils
appellent aussi terre douce, en mélange avec le limon pour les briques
ou pur pour le mortier. L'exploitation d'une briqueterie s'arrête habi-
tuellement quand on a épuisé le limon ou terre à briques, qui ne
forme qu'une couche assez mince sur le sable gras ou terre douce, dont
l'épaisseur est, au contraire, toujours plus ou moins considérable*
Cette distinction a aussi été faite par divers géologues en Alsace, dans
le Nord de la France ou en Belgique,, mais l'explication que je propose
diffère de celles qui ont été données.
Séance du 28 janvier 1878.
PRÉSIDENCE DE H. ALB. GAUDRT.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
Le Président annonce la mort de M. Jenzsch et celle de M. Félix
Robert. Il rappelle les travaux de H. Robert sur la géologie et la pa-
léontologie du département de la Haute-Loire, et se fait l'interprète
des sentiments de regret que cette perte cause à la Société.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membres de la Société :
MM. Bergeron, rue Saint-Lazare, 75, à Paris, présenté par MM. Hé-
bert et Munier-Chalmas ;
BiDOU (L.), Ingénieur civil, via Garibaldi» 14, à Sienne (ItalieX pré-
senté par MM. de Selle et Oustalet.
Le Président annonce que le Conseil a arrêté de la manière suivante
la liste des candidats au prix Viquesnel pour Tannée 1878 :
MM. G. Fabre,
FONTANNES,
DE TaOMEUN.
Cest ainsi qu'a pu se produire l'étonoement des silex éclatés et passés à l'étal de
cacholoDg sur les surfaces déshydratées des éclats, mais demeurés souvent assez en-
tiers pour être extraits du limon sans que les éclats se détachent, si on prend le soin
d'opérer l'extraction sans chocs.
1878. JANNETTAZ. — PROPAGATION DE LA CHALEUR. S03
H. Jannettaz fait la communicalion suivante :
Note sur la propac^atlon de la Gbaleur dans les eApdcea
minérales à texture fibreuse»
par M. Ëd. Jannettaz.
Dans une note précédente, j'ai prouvé que la manière dont les
roehes propagent la chaleur n'est pas influencée par leur stratifica-
tîOD ; qu'une température déterminée s*y transmet comme si elles
Aaient massives ; que sur des calcaires stratifiés, par exemple, on
obtient un cercle pour courbe isothermique , lorsqu'on enduit de
graisse et qu*on échauffe en un de ses points, au moyen de mon ap-
pareil, une face plane produite artificiellement dans leur masse, quelle
qae soit la direction de cette face, pourvu que la masse soit bien ho-
mogène, qu'elle n'ait été soumise à aucune action mécanique, et
qu'elle n'ait pas subi de mouvement qui en ait orienté les particules
constituantes.
J'ai fait voir également que, si des éléments cristallins se superpo-
sent par couches successives, les masses qui en résultent reproduisent
Ub courbes isothermiques qu'on obtiendrait sur ces éléments; et que,
dans les minéraux, pas plus que dans les roches, il ne faut confondre
ks plans de stratification, qui résultent de dépôts successifs et juxta-
posés, avec les plans de clivage, qui tiennent à la manière dont la
cohésion varie avec la direction.
Je n'avais pris pour exemple que des minéraux à texture laminaire,
le me propose aujourd'hui de compléter cette démonstration par des
preuves tirées des minéraux à texture fibreuse.
Système cubique. J'ai opéré d*abord sur des masses dont les éléments
cristallisent dans le système cubique. Une galène finement striée de
Pegau (Styrie), un échantillon de fluorine très-finement fibreuse, n'ont
foami que des cercles. La texture n'apporte donc aucune perturbation
dans le phénomène physique.
Système rhomhoédrique. Une masse de calcaire concrétionné, à fibres
presque microscopiques, perpendiculaires aux strates dont elle est
formée, a donné comme courbe isothermique une ellipse, dont le
grand axe, parallèle aux fibres, est au petit dans le rapport 1,095,
identique avec celui qu'on observe sur le calcaire cristallisé sous une
de ses formes ordinaires, taillé parallèlement à son axe de principale
symétrie. Je me suis assuré que les fibres étaient bien parallèles à ce
dernier axe, en faisant tailler une plaque à faces parallèles, perpendi-
204 JANNETTAZ. — PROPAGATION DE LA CHALEUR. 28 janv.
culaires à leur direction; on y aperçoit au microscope polarisant les
anneaux colorés circulaires et la croix noire caractéristiques.
Un échantillon de quartz fibreux avait ses fibres perpendiculaires
à l'axe optique des cristaux ; je m'en suis convaincu en regardant au
microscope d*Amici une plaque de ce morceau à faces perpendicu-
laires aux fibres. Ici encore, Teilipse isothermique a son grand axe
parallèle aux fibres, et le rapport est de 1,31 ; le rapport qu'on obtient
sur les cristaux de quartz est de 1,312.
Dans Voligiste de l'Ile d'Elbe, dans celui de Framont, Tellipse a son
grand axe parallèle à la face a% ou base des cristaux. En généra), les
cristaux d'oligiste montrent cette face très- développée ; souvent ils
sont superposés en très-grand nombre en forme de colonnes prisma-
tiques. Le peroxyde de fer est un élément essentiel de quelques roches
(Itabirite, Sidérocriste) ; il s'y trouve en lamelles cristallines, à bases
parallèles aux plans de stratification ou de schistosité. Enfin, il forme
des masses fibreuses, souvent mélangées de limonite, ou sesquioxyde
de fer hydraté. Quelle que soit la texture du fer oligiste, qu'il se pré-
sente en lames ou en fibres accolées, l'ellipse isothermique est tou-
jours la même; le rapport de ses axes est constamment de 1,21. On
voit, en outre, que les fibres sont allongées parallèlement aux bases
des cristaux (1).
Système orthorhombiqtœ. Un échantillon de célestine fibreuse de
Vassy (Haute-Marne) m'a fourni des nombres que j'ai obser\'és dans les
mêmes directions sur des masses cristallisées, à clivages très-nets, ei
chimiquement presque pures, que notre savant confrère, M. Tombeck,
a bien voulu recueillir pour moi à Bettancourt (même département).
Système klinor?iombiqi4e. Sur un cristal de traversellite, diopside
fibreux, de Traversella (Piémont), j'ai fait dresser et polir une face
parallèle à gK L'ellipse a son grand axe à très-peu près perpendicu-
laire à la direction que prendrait l'intersection de la base et de cette
face, et le rapport des axes est de 1,25, comme dans les diopsides,
même dans ceux qui se divisent suivant la base et qui proviennent des
États-Unis (2).
(1) Au moment où j'ai lu cette note, j'avais cru remarquer que les courbes n'a-
vaient pas la môme excentricité dans les variétés fibreuses .et dans les cristaux
de l'ile d'Elbe; je m'en étais rapporté au nombre inscrit pour ces derniers dans
mon mémoire fÀnn, Ch, et Phys., V sér., t. XXIX, p. 73); j'y lisais en effet 1,1
comme rapport des axes thermiques, dans le tableau des cristaux à grand axe des
conductibilités horizontal. A la page 39, ligne 31, en parlant du fer oligiste en par-
ticulier, j'avais écrit, au contraire, 1,31. J'ai répété les expériences sur plusieurs
cristaux de localités différentes, et j'ai vu que le rapport des axes de l'ellipse y est
en réalité de 1,31, comme dans les variétés fibreuses.
(3) V. BulL, 3« sér.; t. IQ, p. 500.
1878. ARNAL'D. — CRAIE SUPÉRIEURE. 205
Les variétés fibreuses de gypse se comportent comme celles qui ne
sont que laminaires.
Sar une asbeste blanche provenant d'une amphibole grammatite,
Tellipse isothermique était caractérisée par le rapport 1,3S; or, dans
les trémolites de Gouverneur, le rapport est de 1,325 sur la face^i(l;;
il est de 1,5 sur la face h\ Le nombre obtenu sur l'asbeste est inférieur
aa maximum. Sur une asbeste verdâlre, le rapport s'est élevé à 1,416.
CMcîtuions. 1^ La texture fibreuse ne dérange pas l'orientation des
ues des courbes, tant que les fibres élémentaires restent bien toutes
orientées de même : cela était évident à priori.
2« Elle n'augmente pas l'excentricité des courbes isothermiques.
Tm ferai prochainement l'application à l'étude des serpentines, de la
ivonzite, deTenstatite et d'autres espèces minérales dont les cristaux
sont toujours plus ou moins fibreux.
n semble enfin que les cristaux s'allongent en fibres et s'accolent,
en général, suivant les directions de plus grande conductibilité ther-
mique, qui sont, il est vrai (2), celles de plus grande densité réticu-
hire et de plus grande résistance à la flexion.
H. Bioche analyse le mémoire suivant :
F»ralléll»nie de la Craie supérieure dam le IVordL et
dans le 8udl«Ouest de la Fraiioe »
par M. H. A.rnaud.
Li note de M. Coquand sur la Craie de Grimée (3) a réveillé un dé-
bat dont l'origine est déjà ancienne : la question du parallélisme de la
Gnie du Nord et de celle du Sud-Ouest de la France. Dans une note
insérée au Bulletin (4), M. Hébert persiste à contester cette assimila-
tkm. Je viens soumettre à la Société quelques observations sur ce
njet.
C'est sur l'horizon supérieur que s'établit la controverse : M. Hébert,
oonstalant dans cet horizon de la Craie du Sud-Ouest (Campanien et
Dordonien) la présence d'un certain nombre d'espèces communes aux
oonches antérieures, eu déduit la preuve du lien qui les unit, et en
coastiftue un ensemble qu'il rattache au niveau le plus ancien.
a) Àtm. Ch. et Phys,, 4» sér., t. ÏXIX, p. 59.
^ V. mes notes précédentes, et en particulier ^u//., 3» sér., t. V, p. 410.
(3J Bull., 3« série, t. V, p. 86.
(i)3«sér.. t. V, p. 99.
208 ARNAUD. — CRAIE SUPÉRIEURE. 28 jai
Qu'un certain nombre d'espèces du Coniacien et du Santonien pa
sent dans les étages supérieurs ; que dans ces derniers on recuei
même des espèces plus anciennes et qui descendent jusqu'au Gén
manien : ce sont des faits incontestables, que j'ai signalés il y a Ion
temps et que confirme une étude de plus en plus approfondie. M
que du passage de ces espèces on fasse découler rindinsibilité c
couches, c'est un résultat contre lequel protestent les consëqoHU
mêmes du système, car il n'existerait pas alors de raison sérieuse po
détacher la Craie supérieure des calcaires à Radiolites îumbricalis
Eippurites comu-vaccinum, et même du Cénomanien, avec lequel e
possède un certain nombre d'espèces communes.
Le lien qui unit les diverses assises de la Craie supérieure du Su
Ouest est un lien de continuité et non un lien d!unité : c'est là son vi
caractère, reconnu par les géologues qui l'ont le plus étudiée (1).
Mais la continuité implique l'idée de succession dans le temps i
dans l'espace.
Quelle a été la durée de cette succession? Telle est la questio
Avait-elle pris fin avant le dépôt de la Craie blanche du Nord? S'es
elle, au contraire, prolongée parallèlement et contemporainement
ce dépôt? C'est par la comparaison des faunes qu'il est possible d'ëli
cider la question ; mais pour la résoudre affirmativement, faudra-t
nécessairement produire dans les deux bassins les mêmes fossiles, sai
tenir compte des influences géographiques contemporaines du dépAl
Une telle prétention serait en opposition manifeste avec les lois nati
relies de distribution des faunes suivant les climats, les courants,
nature des eaux, leur profondeur, leur voisinage ou leur éloigneme
des côtes, leurs communications plus ou moins ouvertes, et la dire<
tion de ces communications avec la haute mer. Les discussions eng]
gées sur le Tithonique ont eu l'avantage de porter l'attention sur c
éléments, dont il n'était pas assez tenu compte dans les études ant<
rieures.
Quelles étaient dans le Sud-Ouesl les conditions de dépôt de la Cra
supérieure, et quelles relations avait ce bassin avec celui du Nord
Questions de fait pour la solution desquelles il est possible aujoui
d'hui d'utiliser certaines constatations.
Avant l'ouverture de la période de la Craie supérieure, les det
bassins étaient séparés par un puissant barrage qui s'étendait de l'es
où il se soudait au Plateau central, à l'ouest, à travers la Vende
Cette crête s'était soulevée au moment du dépôt de la Craie moyenn*
(1) V. notamment Ch. Des Moulins, Le bassin hydrographique du Couseau dans s
rapports avec la vallée de la Dordogne, p. 31.
1878. ARNAUD. — CBAIK SUPéRlECRR. 207
alcaires à EadioUies fumbricalis et à Hippuriêes comu-vaccinum, et
irait eiondé le bassin ligérien. L'existence de ce barrage, dont la
diipoaition actuelle des terrains indique les vestiges, est attestée, d'une
put, par l'absence des calcaires à Rudistes dans la région du Nord,
de l'autre, par l'atténuation graduelle de ces dépôts à mesure qu'on
itteint, au nord du bassin du Sud-Ouest, une latitude plus élevée.
L'événement qui inaugura la période de la Craie supérieure eut
pour résultat de rétablir entre ces deux bassins la communication
apprimée pendant la période précédente ; cette communication dut se
ibttvrir directe et facile, ainsi que l'attestent l'analogie des dépôts et
l'identité des faunes pendant la formation du Coniacieu et du San-
iMuen.
Le Campanien ouvrit un nouvel ordre de choses : aux derniers
temps du Santonien, le bassin du Sud-Ouest, envahi par les sables et
les argiles, avait affecté les caractères d'une formation littorale; il an-
nonçait un exhaussement du sol. Cet exhaussement coïncidait-il avec
m réveil d'activité du barrage vendéen ? Il est permis de le supposer,
et la diversité des dépôts postérieurement formés sur l'un et l'autre
de ses versants donne à cette hypothèse une certaine vraisemblance.
On pourrait en trouver un indice dans cette circonstance que les as*
s»es les plus méridionales du Santonien ligérien ne paraissent pas
avoir été recouvertes par la Craie blanche.
Ce qu'il y a de certain, c'est que le Campanien correspond dans le
Sud-Ouest à une période d'affaissement à l'est et au sud. Les marnes et
les calcaires, qui y succèdent aux dépôts arénacés, annoncent un no-
table retrait des rivages, dont le voisinage, franchement accusé jus-
(|ae4à, cesse d'être indiqué aux extrêmes limites du bassin actuel. Le
\mùn se rattache intimement à la Craie des Pyrénées. Est-ce à dire
(p'il ait perdu toute communication avec le Nord ? L'affirmative ne
serait pas exacte : l'existence du barrage vendéen rendait les commu-
nications indirectes et moins faciles, mais elle ne -les supprimait pas ;
la £iune du Nord, pour pénétrer dans le bassin, était obligée de con-
loumer le barrage et de s'engager dans la haute mer, c'est-à-dire
d'ifGnonter des conditions d'existence différentes de celles que lui of-
fraient le niveau et le milieu qu'elle occupait : de là la rareté des in-
dhidos qui doublaient le cap et s'avançaient le long du versant
méridional. Longueur du voyage, diversité de climat, différence de
constitution chimique des mers attestée par la différence des sédi-
ments, tels sont les principaux obstacles qui paraissent s'être opposés
à la confusion des faunes. Cette explication est d'autant plus plausible,
qo'i mesure qu'on se rapproche du nord -ouest les caractères distinc-
îb des bassins tendent à s'effacer, et qu'aux points les plus voisins (La
S06
ARNAUD* — CRAIE SUPÉRIEURE.
28 janv.
Tremblade, Talmont, par exemple), la faune et le caractère minera-
logique accusent une difBSrence beaucoup moins accentuée avec ceux
de la Craie du Nord.
Le Dordonien a coïncidé avec une nouvelle modification, qui a eu
pour résultat le dépdt simultané, et dans les mêmes conditions, de la
Craie de Maestricht et des calcaires jaunes supérieurs des Pyrénées. La
faune et la constitution minéralogique se donnent ici la main pour
attester cette identité.
Revenons maintenant à la question précédemment posée : la faune
du Campanien et celle du Dordonien sont-elles celles de la Craie de
Yilledieu, c'est-à-dire du Santonien?
Entre autres fossiles, avec le Campanien apparaissent pour la pre-
mière fois dans la Craie supérieure du Sud-Ouest :
Belemnitella quadrata, d'Orb.,
Baculites anceps, Lam.,
Ammonites Neubergieus, Haiier,
Cyprcta ovula. Coq.,
Bippurites Àrnaudi, Coq.,
Sphœrulites Hceninghausi, Des Moul. (1),
Terebratella Santoniensit, d'Orb.,
Crania Ignabergensit, Retz.,
Pj/rina Petroeoriemit, Des Moul.,
Conoclypeui perovalis, km..
Avec le Dordonien :
OrbitolUes média, d'Orb.,
Seaphites pulcherrimut, Rœm.,
Turriliiet ÀrekiMi, d'Orb.,
Neriêa rugosa, Hœningh.,
Turritella sinistrorsa, Coq»,
Perna Boyana, d'Orb.,
Ostrea larva, Lam.,
-— eonirostris, MUnst. ,
— ewrvirottrit, Nilss.,
Badiolites crateriformis, d'Orb.,
— Jouarmeti, d'Orb.,
— Boumoni, d'Orb.,
-* ingent, Des Moul.,
— aeuHeosêattUf d'Orb.,
Sphcerulites Sœmanni, Bayle,
Bippurites Lamareki, Baylc,
Waldheimia Clementi, Coq.,
Cardiaster ananchytis, d'Orb.,
Mieraster glyphus, SchlUt. ,
Oftaster pilula. Des.,
Ànanchytet ovata, Lam.,
— gibba, Lam.,
Cyphotoma Girumnenset Des.,
— Sœmanni, Coq.,
— inflatum, Am.,
— Àrnaudi, Cott . , etc .
Rhynchonella veticularit, Coq.,
Hemipnetutet ttriatoradiatut, d'Orb. ,
Bemicuter prunelta. Des . ,
— Moulimianus, d'Orb . »
Castidulut lapis^ancri, Lam.,
Faujasia Faujasi, d'Orb.,
— apicialis, d'Orb.,
— longa, Am.,
Bhynehopygut Marmini, d'Orb.,
Pyrina flava, Am.,
Cyphosoma Vemeuili, Cott.»
— minut, Arn.,
— pulchellum, Coii.,
Les Conoclypeus à rosette buccale lyrée :
Conoclypeui Letkei, kg, ,
— aeutw, Ag.,
— orbicularis, Ara., etc.
(l)"Le Sphœrulites Bcminghausi se montre dans les grès supérieurs santoniens,
où il joue le rôle^de précurseur, comme nombre d'espèces qui font leur première
apparition à la limite supérieure de la période qui va s'éteindre.
1878. ARNAUD. — CftAIE SlPÉIilEUttE. 209
J'omets volontairement dans celte énumt^ration : 1^ un certain nom-
bre d'espèces qui, en dehors du bassin, paraissent débutera un horizon
ioférieur; 2*^ certaines autres qui, bien que considérées comme carac-
téristiques dans la Craie du Nord, se sont montrées dans le Sud-Ouest
ao-dessous du Campanicn. Celles que je viens de citer, recueillies par
moi sux niveaux que j'indique, et dont la détermination, basée sur des
individus complets, ne semble susceptible d'aucune controverse, sont-
elles suffisantes pour constituer une nouvelle faune? Il paraît im-
possible d'identiCer les assises qui les recèlent, avec les couches
intérieures où elles ne se montrent pas. Ces couches antérieures ont
dlcs-mémes leur faune propre ; elles sont loin d'être exclusivement
composées des fossiles indiqués comme passant aux niveaux supé-
rieurs.
Dans le Sud-Ouest, Hemiaster angustipneustes (H, Stella) ne franchit
pas le Coniacien ;
Micraster brevis, cantonné dans le Coniacien moyen et supérieur,
expire dès les premières couches du Santonicn;
Botriopi/gus Toucasamis et B, Nanclasi n'occupent que la zone su-
périeure du Sanlonien inférieur ;
Cmoclypeus ovum couronne le Santonien supérieur ;
Rhynckonella Baugasi ne sort pas du Coniacien ;
R. vespertilio ne franchit pas le Santonien.
Ces fossiles communs, d'une détermination facile, permettent donc
de distinguer avec assez de certitude les niveaux successifs de la Craie
«opérieure.
Si l'on compare entre eux le Campanicn et le Dordonien, il est diffi-
cile de ne pas détacher du premier de ces étages l'horizon qui a donné
naissance à Cassidulus lapis-cancri, Faujasia Faujasi, Hemipneustes
ttriatoradiatUs, aux formes nouvelles des Conoclypeus lyres, aux Ru-
distes que l'on cherche vainement à des niveaux antérieurs.
La multiplication des formes tertiaires chez les Gastéropodes et les
Lamellibranches confirme ces données et complète la démonstration
de la légitimité de cette division.
Le Dordonien correspond-il à la Craie de Haestricbt?
Je crois qu'il suffit de citer, entre autres fossiles, et sans rappeler les
Kiidistes, dont l'identité est attestée par les travaux de M. Bayle (1),
pour que le doute ne soit pas possible :
An^iifiiflM ttriatwadiatw,
^n^hu lapif-cancri,
^h^Kap^gus Marmini,
Faujasia Faujasi»
Hemiaster prune lia,
Nerita rugo^a, etc.
{1 Bull. Soc, gM,, 2' «ér., t. XV, p. ^10.
14
ilO ARNAUD. — CKAIK SUPÉRIEUKR. . :28 janv.
Vainement con lesterai t-on Hemxpnexistes striatoradiatus et Iletnias-
ter prunelîa : les individus que j'ai recueillis ne peuvent être con-
fondus ni avec Hemiasternasutulus, Sorignet, ni avec les Hemipyieustes
dont M. Hébert a fait H, Africanm et H. Leymeriei.
\J Hemipnemtes trouvé à Beaufort-de-Mussidan dans le toit des
carrrères (Dordonien moyen) a comme longueur 0™li5 et comme
largeur 0«»104 ; le rapport est donc 0,90, comme dans le type. C'est
un individu de grande taille, qui ne peut être rapporté qu'à H. stria-
toradiatus et qui ne présente aucun des caractères exceptionnels à
l'aide desquels M. Hébert a créé les deux espèces pyrénéennes.
ffemiaster pruneîla se trouve à Mussidan au sommet du Dordonien
moyen ; il ne saurait être confondu avec H. nasutulus, qui abonde, il
est vrai, dans le Dordonien, mais à un niveau inférieur.
Les deux espèces (Ifemipneustes striatoradiatus et Hemiaster pru-
nelîa) ont d'ailleurs été déterminées par M. Cotteau, qui n'a pas hésité
à les rapporter aux types classiques.
Or, jusqu'à ce jour, les fossiles que j'ai cités plus haut n'ont point
été rencontrés dans la Craie de Yilledieu.
Si le Dordonien est contemporain des couches de Maestricht, et si
celles-ci sont supérieures à la Craie de Meudon et à la Craie blanche
du Nord, à quoi rapporter dans le Sud-Ouest les assises sur lesquelles
repose le Dordonien ?
A Talmont, dans un calcaire blanc crayeux, on recueille, entre
autres fossiles :
Ostrea vesicularis major,
— semiplana,
— Merceyi,
Cranta Ignabergensis,
Aitanchytes ovata.
OffaUer pilula,
Cardiaster ananchytiSf
Micraster glyphus^
Bourg ueticrinus ellipticui,
Etc.
Belemmtellamucronata^ il est vrai, ne s'y rencontre pas; mais, à un
niveau inférieur, dans la zone moyenne du Campanien, on a recueilli :
Beîemnitella quadrata, d'Orb.
Que conclure de cette faune ? L'existence entre elle et le Dordonien
d'un hiatus comblé par la Craie blanche du Nord ? Il me paraît plus
naturel d'attribuer à celte dernière, pour employer l'image de M. Hé-
bert, le caractère d'un magnifique développement du Campanien du
Sud-Ouest, auquel elle se lie intimement par la faune.
Il est, en effet, un des côtés de la question que son importance ne
permet pas de négliger : c'est Vordre de sticcession des faunes.
supérieur
(Calcaire
h
Hippurites) .
Turonicn,
d'Orb.; J
Craie
marneuse.
inférieur
(Craie
de
Touraine).
CéDomaDicD,
d'Orb.;
Craie
glauconieusc.
inférieur.
Manque
supé Hanovre. Saxe,
ihites Geinitzi).
mo
Tufau à silex, avec Osti
gigaf. Ammonites Rci
Tufau à Àmmonitcsl
inféngleterre; Aile-
)rd.
supérieur
(Grès
du Maine).
:P
sup
rac
inf<
Craie marneuse à /.
Perche :
Manque.
Sables
rouges à
Oslrea columba.
a
a
Grèî
B. TBnQUEM. — CLASSIFICATION DES FORAMINIFÈUES. Hl
ir, ù ToQ étudie les deux bassins sous ce rapport, il existe entre
lii parallélisme qu'on ne peut méconnaître :
Craie du Nord : Craie du Sud^Ouest :
Cnie de Maestricht à HemipneuUes
Mtriaioradiatus, etc.
AtaiedeMeudon à Ostrea semiplanaj
0. 9€Hcularû major, etc.
Oniie blanche à BelemniieUa qua-
éraia (Reims, Laon, etc.) .
1 . Craie de Mussidan à Hemipneustes
striaioradiatut, etc.
2. Craie de Talmont à Ostrea femt-
plana, 0. vesicularis major, etc.
3. Craie grise, blanchâtre, kJBelemni»
tclla quadrata (Montmoreau, etc.).
i eetle assimilation est exacte, il y aurait lieu de modifier le tableau
dvODÎque dressé par M. Hébert (1).
tas le tableau que je propose, je maintiens au-dessus des bancs à
Monttor Rochebrunei la séparation du groupe moyen et du groupe
fionr de la Craie du Sud-Ouest :
* Pirce que c'est à ce moment que s'est produit le mouvement qui
|MHPé la Craie du Nord et celle du Sud-Ouest ;
*' Parce que le développement des bancs à Ammonites est la con-
itdOD régulière et normale du développement des couches anté-
' Parce que la faune spéciale (Rudistes) de la Craie moyenne ne
lente aucun représentant au-dessous de cette division.
I. rattache au Ligérien les bancs à Terehratella Carentonensis,
idés par quelques géologues au Carentonien; il existe en effet,
leieas bancs et le Carentonien, dans le Sud-Ouest, une discordance
lifeste de stratification : ces bancs reposent, de l'Océan aux rives
laie, sur le Carentonien, et à partir de ce point, tantôt sur les ter-
la Jurassiques, tantôt sur les ligniles du Sarladais.
I M crois pas pouvoir faire descendre les argiles lignitifères des
Itales au-dessous du niveau des grès & Anorthopygus orbicularis,
/Éite lampas, etc., avec lesquels elles alternent; je rappelle à ce
il.qae les bancs à Orhitolina concava de Piédemont sont enclavés
Kà.deux bancs à Caprina adversa et à Sphœrulites foliaceus.
L Alb. Gaudry donne quelques détails sur un échantillon de
PQtrlton qu'il a remarqué dans la collection de M. Pellat.
L^Tercfuem présente quelques observations sur les dassl-
MiUoii» proposées pour les Foramliiirères. Plus il étudie
itnimaux, plus il reconnaît combien la classification de d'Orbigny
tnttionnelle et philosophique; d'une application toujours facile,
tQJN/f.,3«sér., t. III, p. 595.
212 liOhLFUS. — OBSERVATIONS. 28 jaOT.
elle passe roéthodiquement du simple au composé. Il préfère de beau-
coup cette classilication à celle adoptée par Carpenler. Il pense, en
effet, qu'on a, en général, attaché une trop grande importance à la
porosité des coquilles, et quon n'a même pas tenu compte du carac-
tère physiologique qui en ressort. 11 existe, au point de vue physiolo-
gique, une grande différence entre la perforation et la porosité du test
des Foraminifères, et on ne saurait réunir ces deux caractères pour
servir de base à une classification rationnelle (i).
M. 6. Dollfli» ne peut laisser passer sans réponse les critiques
renouvelées de M. Terquem sur les classifications des Foraminifères
établies depuis plus de 15 ans en Angleterre. Ces classifications sont
des efforts méritoires de groupement naturel des genres, en opposition
au groupement systématique imaginé par Alcide d'Orbigny. Il croit
que c'est avec raison que MM. Carpenter, Parker et Rupert Jones ont
recherché Tordre zoologique de ces animaux en tenant compte de
tous leurs caractères.
Le caractère tiré de la substance minéralogique de la coquille ne
saurait être rejeté, non plus que celui tiré de la dispersion ou de la
localisation des perforations qui donnent passage aux pseudopodes.
M. Dollfus insiste sur la différence d'organisation intérieure, invisible
encore au microscope, qui doit exister pour que la même matière sar-
codique puisse donner naissance à une si étonnante variété de formes,
de structure interne, de nature minéralogique, siliceuse, calcareuse,
porcelanée ou arénacée, comme nous en montre l'ordre des Rhizo-
podes. Il y voit, dans tous les cas, un résultat suffisant pour motiver la
création de groupes zoologiques distincts. Les pseudomorphoses, très-
fréquentes dans les tests fossiles de ces animaux, ne sauraient être un
obstacle à l'acceptation d'une classification naturelle où ces caractères
sont admis; car, si une indication disparait par la transformation, il en
reste d'autres suffisantes pour permettre la détermination de l'animal,
le géologue étant prévenu que, de même qu'une Ammonite calcaire
peut être devenue carbonatée ou pyriteuse, une Miliole porcelanée
peut se rencontrer à l'état siliceux.
(1) V. Terquem, Les Foraminifères et les EntomoUracés-Ostraeodes du Pliocène
supérieur de l'tle de Rhodes (Mém. Soc, géoL, 3* sér., t. I, n' 3), iotr., p. 5 et 6
(sous presse).
1878. poBia. — au»PARioN d uiun. 213
Séafice du 4 fèorier 1878.
PRÉSIDENCE DE M. ALB. GAUDRY.
H. Brocchi, secrétaii'e, donne lecture du procès-verbal de la dei^
lière séance, dont la rédaction est adoptée.
Le Président annonce une présentation.
M. Dfliii§;lure dépose sur le bureau le manuscrit de la Xal>le
générale et analytiqt*e des volumes JLILM à X.1K.IJL de la deuxième
tériê du Bulletin (1864-1872).
Sur la proposition de H. Daubrée, la Société vote à Tunanimité de
vib remerciements à H. Danglure.
M. Xercfuem présente un mémoire manuscrit contenant la
description des I^oramlnirérea figurés sur les planches Cl à CVI
de la DescripHon des coquilles fossiles des enviroïis de Paris par
M. Desbayes.
M. Pomel fait la communication suivante :
Sur un gisetnent c^'HIpparloii près ri'Oniu,
par M. A. Pomel.
Ehrenberg a rendu célèbre une formation de marnes crayeuses à Olo-
Ingérines et à Ostrea navicularis, très-riche en Fora min itères et autres
Sircodaires, qu'il a désignée sous le nom de craie d'Oran. Cette prc-
teudue craie parait contemporaine d'une partie des marnes subapen-
nines. A Oran même elle est constituée par des dépôts de récifs :
Coraux, Bryozoaires, Brachiopodes, Acéphales, Monomyaires, etc. ;
les Algues calcifères y sont l'élément principal de couches calcaires
paissantes; les Oursins y sont fréquents, et pai*mi eux plusieurs
espèces de Clypéastres. Dans TEst, au contraire, il n'y a plus (]ue des
marnes plus ou moins argileuses, où abondent les Turritelles, les
Notices, les Pleurotom^^ des Flàbellum, des Ceratotrochus, et qui ne
semblent plus se rattacher aux dépôts précédents que par l'abondance
des Globigérines et par la présence constante de VOstrea navicularis.
Cette formation m'a paru trop distincte, trop nettement séparée,
214 POUKL. — uii'PARioN d'oran. 4 fév.
sous les rapports lithologique et stratigraphiquc» d'une formation
gréseuse qui la recouvre et qui représente pour moi l'horizon géolo-
gique du Pliocène de TAstésan, pour laisser ces deux terrains con-
fondus sous une dénomination commune, et je Tai désignée, il y a une
vingtaine d'années, sous le nom de terrain sahélien.
Le Pliocène astien des environs d'Oran est manifestement en dis-
cordance de stratification absolue et Iransgressive avec le terrain sahé-
lien. Les grès qui le constituent sont souvent sableux ; les couches
inférieures seules sont assez dures pour fournir des matériaux de
construction; elles sont criblées de moules de coquilles, peu déter-
minables, il est vrai, mais à faciès tout à fait méditerranéen. Les osse-
ments de Baleines n'y sont pas rares. A une quarantaine de kilomè-
tres vers l'ouest, au cap Figalo, on y observe un véritable banc de
Polypiers astréens. Ailleurs on y recueille des Oursins spéciaux : Echi^
nolampaSf Spatangus, BHsstis, Brissopsis, Schizaster, etc.
Une similitude presque absolue de gisement rend probable la con-
temporanéité des molasses et calcaires des environs d'Alger, et quel-
ques Oursins identiques viennent la confirmer. C'est à la base de ces
couches que se trouve, vers Dely-Ibrahim, la TerebrcUula ampulla,
qui dans le Plaisantin caractérise les couches inférieures du terrain
astien d'une façon assez constante pour que M. Pareto ait cru devoir
en faire une subdivision distincte sous le nom de terrain plaisantin.
Sur le plateau d'Oran, à la cote 130™ environ, ces grès astiens, —
ou pliocènes, si Ton veut moins spécifier, — paraissent constituer un
manteau continu, qui se prolonge vers le sud et disparait sous les
formations quaternaires de la Sebkha. La surface est presque partout
masquée par des croûtes calcaires concrétionnées qui forment cara-
pace, ou par des atterrissements rouges, argilo-sableux, qui constituent
la terre végétale ; mais presque partout les fouilles font reconnaître la
formation gréseuse à une très-faible profondeur.
Cependant des recherches d'eau dans une dépression légère de cette
plateforme ont amené la découverte, sous rattorrissement, d'un dépôt
charbonneux dont les vases contiennent en abondance une forme
de Cardium edule, des Potamides, des Hydrobies, des Mélanopsides,
des Auricuies, indiquant un dépôt d'eaux saumâtres, un marécage,
plutôt qu'un estuaire, qui n'a pas dû s'étendre très-loin ; car d'autres
puits creusés dans la même dépression, en amont et en aval, n'en ont
point signalé l'existence.
£n Algérie la moindre découverte de traces de matières combus-
tibles donne la fièvre aux minomanes, et des fouilles de recherches
n'ont pas tardé à être enti^epriies au-delà de la nappe d'eau qui
n'avait pas été dépassée. On a traversé encore des vases noircies par
1878. I»0MEL. — HIPPAUION DORAN. 2|5
des détrilus végétaux sur quelques mètres d'épaisseur; puis on a
trouvé des blocs de grès appartenant bien certainement à la formation
pliocène et qui étaient englobés dans le dépôt de marécage; enfin, à
iSou 20 mètres de la surface, on est entré dans les calcaires mar-
neax à Mélohésies et Ostrea tuivicularis du terrain sahélien. C'est là
tout ce que les fouilles ont appris.
On peut en déduire que le dépôt charbonneux s'est opéré dans une
érosion du gi*ès pliocène, qu'il a entièrement traversé jusqu'à son
sabstratum, et qui n'a laissé comme témoins de son existence anté-
rieure que les blocs épars noyés à la base du dépôt marécageux. Tout
au plus pourrait-on penser que les détritus végétaux ont été déposés
dans un estuaire contemporain de la mer pliocène; car la séparation
est très-Dette avec le Sahélien, et on ne peut hésiter sur l'antériorité
de formation de ce dernier ten*ain.
Ce qu'il y a de plus particulièrement intéressant dans ce gisement
de la propriété Karoubi, c'est la présence de débris de Mammifères,
dont plusieurs sont malheureusement peu caractéristiques et appar-
tiennent à deux espèces au moins de Ruminants de grande taille,
mais dont quelques autres ont incontestablement appartenu à un
Hipparion, qui semble ici tout dépaysé à plusieurs points de vue.
D'abord, c'est la première fois que ce genre de Chevaux tridactyles
est signalé sur le continent africain, domaine principal du genre
EquitM à notre époque. Puis, c'est la première fois, je crois, qu'on le
cite dans une formation aussi récente, son gisement principal étant
dans les terrains qui terminent la série miocène, et |!)ar conséquent
au-dessous du terrain astien. Faudrait-il en conclure que l'âge que
j'ai attribué aux formations de l'Algérie qui font l'objet de cette note,
est erroné et doit être reculé dans la série géologi(|ue ? Je ne le pense
pas, par suite surtout des raisons paléontologiques données plus haut
pour l'identiGcation de nos grès avec les sables de TÂstésan. 11 vau-
drait mieux admettre que les Hipparion ont persisté plus longtemps
qu'on ne le croyait jusqu'ici, sinon en Europe, du moins dans le Nord
de l'Afrique.
A ce sujet je ferai remarquer que les gisements de ces animaux
fossiles ne sont pas toujours en rapports stratigrapbiques suffisants
avec les formations marines qui servent de jalons pour la détermina-
tion des âges, et que leur synchronisation laisse souvent à désirer
comme précision de détermination.
En second lieu, les pièces fossiles que je possède de r//ip/>ar/o;i
afncaiu, des molaires supérieures, ne sont pas identiques absolument
avec celles de 1'^. gracile; elles indi((uent une tailk' un peu plus
grande et plus voisine, à ce point de vuo, des formes de Pikcrnii (|uc
\r
216 TOURNOUÊa. — OBSERVATIONS. 4 fév.
de celles de Cucuron. En outre, la colonnette interne est beaucoup
plus étalée, plus aplatie, et forme à la couronne une ellipse bien plus
comprimée; et comme les plissements d*émail ont une disposition
assez particulière, il n'est rien moins que certain que l'espèce des
environs d*Oran soit identique avec celle d'Europe. Dans ce cas, il
paraîtrait plus naturel aux paléontologistes que l'espèce de l'Atlas
ait vécu à une autre époque que l'espèce qui a servi de type au
genre.
Le puits Karoubi a fourni en outre des coprolitlies de Carnivores
très-analogues à ceux des Hyènes, qui ine paraissent fournir un argu-
ment irréfutable à l'appui de mon sentiment sur l'origine maréca-
geuse de ce dépôt charbonneux. On ne comprend pas en effet com-
ment ces f&ces auraient résisté au transport dans un estuaire, sans se
délayer. Dans ce cas il ne peut être douteux que ce même dépôt ne
soit postérieur aux grès astiens, et qu'il ne se soit opéré à une époque
où ce dernier terrain avait déjà subi des émersions et des érosions; en
sorte que, si la présence des Hipparion à l'époque de ces marécages à
eaux saumâtres témoigne de leur âge tertiaire, on est cependant amené
à conclure de ce dernier fait qu'ils représentent dans la péiiode plio-
cène un horizon relativement récent.
En résumé, le genre Hipparion a été représenté en Algérie par une
espèce qui est peut-être distincte des autres, à une époque plus
récente que celle pendant laquelle celles-ci vivaient en Europe, et au
moins postérieure au Pliocène ancien de l'Astésan, mais antérieure à
l'époque quaternaire.
A la suite de cette communication, M. Xournouër expose que
l'étude qu'il a eu l'occasion de faire des coquilles d'eau douce et d'eau
saumâtre trouvées par M. Bleicher dans les marnes du puits Kharoubi,
l'avait amené à la pensée que ces marnes étaient certainement plus
anciennes que ne l'avait dit feu Paladilhe (1).
Ces coquilles sont en très-forte majorité des espèces ou des variétés
éteintes ou émigrées. Les plus caractéristiques par leur abondance
sont des Mélanopsides et dos Hydrobies nouvelles et deux nouvelles
espèces de Potamides, dont la plus grande a éti donnée comme le
P, Basteroti de Montpellier. Ce n'est pas le P. Basteroti, mais bien
une espèce nouvelle, intermédiaire entre le P. Basteroti et le P. tri-
cinctus des couches pliocènes de Sienne.
(1) Description de quelques nouvelles espèces de coquilles fossiles provenant des
marnes pleistocènes d'estuaire des environs d'Oran (Rev. Se. nat.. l. III. p. 3ÎK»;
1871).
1878. POMEL. — PETITE SYIiTE ET CHOTTS. 217
La constatation si intéressante d*un ffipparion dans les mêmes
mtroes confirme H. Tournouêr dans l'idée que ces marnes sont ter-
tiaires et appartiennent à un liorizon qui ne peut pas être bien éloigné
do celui des marnes jaunes de Montpellier ou des lignites de Casino
(Toicane).
Quant à Tassociation» avec les coquilles ci-dessus, de coquilles ter-*
mtres encore vivantes, H. Yélain et H. Pomel pensent que pour la
plus grande partie au moins, et notamment pour le Bulimus decollattisp
die doit s'expliquer par un mélange accidentel dans les terres
d'eitraction du puits.
M. Pomel foit la communication suivante :
Géoloi^e de la Petite ISyrte et de la région des Chott»
tunisiens,
par M. A. Pomel.
Dès Tannée 1872, dans mon livre Le Sahara, j'avais essayé do dé-
duire de quelques renseignements sur la flore et de considérations
générales sur la constitution géologique des autres régions du Sahara,
qo*il n'y avait point eu pénétration de la Méditerranée dans la région
des Chotts; qu'il y avait eu entre eux une barre qui n'était pas simple-
ment formée de sables, mais constituée probablement par des roches
de l'âge de la Craie chloritée.
Grâce à une mission officielle du Ministre de Tlnstruclion publique,
j'ai pu, au printemps de 1877, avec l'appui très-bienveillant du gou-
Ternemeot tunisien, aller vérifier de visu ce que mes déductions
avaient de fondé, et corroborer les confirmations qu'en avait déjà
faites M. l'Ingénieur des mines Fuchs, dans une exploration dont il a
publié les résultats sommaires dans une communication à l'Académie
des Sciences. Ce n'est pas sans satisfaction que j'ai pu constater que le
Imain crétacé encadrait et modelait en quelque sorte le seuil de
Gabès; mais ce que je n'avais pu prévoir, c'est que dans la partie de-
primée, au-dessus du terrain crétacé, ce seuil est occupé par des at-
lerrissements limoneux, d'origine continentale et non marine, qui
ippartiennent à la période quaternaire et revêtent des caractères fort
remarquables.
La partie orientale du CIiott-el-Djerid est allongée entre deux rides
rocheuses parallèles, de 300 à 600 mètres d'altitude, ayant une struc-
lure et un as{)ect à peu près semblables et très-unifornics, à crête plus
218 IH)JIKL. — l»ETITE SYRTE ET CHOnS. 4 fév.
OU moins dentelée et ppesqne dépourvue de contre*forts importants.
Ces deux chaînes ont ceci de particulier, que le versant au nord est
accidenté de corniches et d'escarpements et montre en général les
Iranches des couches, tandis que le versant opposé a sa surface plus ou
moins confondue avec le plan des couches supérieures. On pourrait en
conclure Texisteuce de failles parallèles, dont les bords auraient joué
de manière à relever dans chacune celui du nord et à abaisser au con*
traire celui du sud ; mais ce n'est là qu'une apparence, et en divers
points du versant nord on retrouve des restes des couches supérieures
plus fortement redressées, par conséquent plus disloquées et depuis
lors démantelées; en sorte qu'il est à peu près certain que ces chaînes
sont dues à des plissements dont un flanc est plus abrupt que l'autre.
Les assises les plus inférieures sont composées par des alternances
nombreuses de grès sableux, d'argiles bariolées, de marnes et de cal-
caires marneux, dans lesquels le gypse et le selsont très-fréquents,
disséminés ou en masse (montagnes de sel du Djebel-Hadlfa). Je n'ai
observé aucun débris de corps organisé dans cette série de couches,
qui, dans sa partie visible, doit dépasser 100 mètres.
Au-dessus on voit se succéder des assises plus dures, plus rigides,
qui donnent au paysage toute sa dureté par la succession des lignes
abruptes ou même des dentelures. Ce sont d'abord des grès d'un gris
obscur, très-rigides, en couches puissantes se succédant sans alter-
nances ou avec quelques minces lits argileux; ils sont associés à des
dolomies grenues, de couleur semblable, avec lesquelles on les confond
souvent à première vue. On trouve dans certains bancs des moules de
grands Inocérames, qu'il est difficile d'obtenir déterminables, et des
rognons de silex, souvent fondus avec la masse. L'épaisseur peut at-
teindre 60 à 80 mètres.
Le sommet de la formation est constitué par des calcaires blancs,
sonores, à grain plus ou moins fin, ou même compactes, dans lesquels
sont disséminés des silex. Les Inocérames des couches gréseuses n'y
sont pas rares, et ces couches appartiennent certainement à la môme
série et sont absolument concoidantes. Elles ressemblent aux calcaires
nummulitiques du bassin delà Hedjerdah, qui sont en effet en discor-
dance avec le terrain crétacé, mais elles ne sont pas identiques avec
eux et sont d'âge crétacé, comme leur substratum immédiat. Sans
doute M. Fuchs, qui les a confondus, aura été trompé par une appa-
rence, comme celle de la Kranga de El-Hammam, et n'aura pu être
averti de son illusion par l'observation des fossiles. Ces calcairos ont
été exploités pour matériaux de constructions par les Romains, et les
habitants actuels transforment les ruines de cette époque en carrières
de pierres d'appareil. En parcourant les rues de Gabès (Menzel), ou
1878. PUMKL. — PEIIIE 8YHTE ET <:HOTTî!. 210
lûeui de Bordj-UammaQi, qui est bâti sur la roche même, on peu
observer de nombreux eiemplaîres d'empreintes dlnocërames sur les
morallleg.
Je ne sais pas encore à quelle espèce peuvent être rapportées ces
SBspreintes dluocérames, dont je n'ai pu récolter que des exemplaires
ioparfiiifts; je n'ai point été non plus assez heureux pour observer
d'antre fossile déierminable. Mais, ainsi que je l'avais prévu^ on se
Ifoaveen présence bien certainement de cette formation géologique,
développée sur des surfaces immenses, qui forme tout le plateau du
Gharian de la Tripolitaine, auquel les reliefs du sud de la province de
l'Arad (Gabès) se rattachent directement par la chaîne hérissée de pi-
tons du Douîrat. La chaîne du nord du chott se rattache elle-même
sox terrains analogues du sud de l'Algérie. C'est la craie cénoma-
nienne, s'étendant peut-être jusqu'au-delà de l'étage turonien.
On peut dire d'une façon très^générale que, dans toute la portion
delà Tunisie au sud du parallèle de Sfax, tous les reliefs sont des îlots
plus ou moins vastes de cette formation crétacée dans une mer de ter-
rain quaternaire diluvien, qui revêt des caractères très-remarquables.
Ce qui frappe surtout le géologue, lorsqu'il a contourné le massif
montagneux qui de Hammam-el-Lif s'étend à Hammamet et au Za-
l^ouan, c'est retendue des surfaces ondulées ou mamelonnées à
grande échelle, oii les érosions des ravines sont rarement suffisantes
pour permettre déjuger de la composition du sol, où abondent les dé-
pressions salées, souvent très-vastes, ordinairement à sec la majeure
partie de Tannée, mais transformées par le mirage en nappes d'eau
qve Ton ne peut atteindre. Ces fonds de sebkhas sont formés de vases
arpleases plus ou moins criblées de cristaux de gypse, et sous ces
marnes les fouilles font immédiatement trouver de vraies couches de
pierre à plAtre. La surface des ondulations est souvent plus ou moins
rocaîlleose, et les fragments rocheux ont été recouverts d'une carapace
ooncrélionnée decalcaire, dont l'épaisseur dépasse rarement un mètre.
Ce calcaire est ordinairement assez impur et contient quelquefois des
coquilles d'Hélices peu difiérentes de celles qui vivent encore dans le
ptjrs. Cette croûte est de formation plus récente que le terrain dans
lequel elle s'est en quelque sorte constituée par suite de l'évaporation
noœssive des eaux que la capillarité fait monter à la surface.
Partout oii celte carapace est entamée par les ravins ou les dénuda-
tiODs, on trouve un limon plus ou moins sablonneux, souvent rou-
teUre, d'autres fois Isabelle, qui ne montre parfois que des apparences
trts-diffuses de stratification, et qui, sur d'autres points, par de légères
lunnces de couleur ou de composition, paraît se diviser en couches
plus ou moins épaisses. Il y a en certains points de vrais lits d'un sable
220 1*0MEL. — PETirK SYRTK ET CHOTTS. 4 féfr
toujours peu grossier; des cristaux lenticulaires de sulfate de cbaux
sont disséminés dans les limons, ou s'y groupent en séries réticulées,
et alors ces parties sont plus en saillie dans les escarpements et simu-
lent des niveaux de stratification. En beaucoup de lieux, la blancheur
du sol décèle la présence de véritables bancs de gypse pulvérulent ou
granuleux, qui s'intercalent, sous forme de vastes alternances lenticu*
laires, à des niveaux variés de la masse. Les fossiles sont très-rares
dans cette formation et consistent en fragments de coquilles terrestres,
qui se rencontrent également dans les bancs de gypse. J*y ai observé
le Zonites candidissimus, encore très-commun dans le pays.
C*est surtout sur les falaises de la côte qu'il faut étudier ce terrain
pour se rendre compte de sa puissance et de son homogénéité, en
dehors des variations que j'ai signalées plus haut. Le plus bel exemple
peut en être donné entre le village de Haharès et la tour de Nadour,
chez les Mahadeb, où, sur une longue étendue, on n'observe pas d'au-
tre terrain. L'île de Kerkena, en face de Sfax, en parait être entière-
ment constituée, et ce sont les croûtes calcaires de la surface que les
bateaux transportent à cette ville pour servir de pierre à chaux et de
moellons de qualité assez médiocre; là aussi il y a des sebkhas pour
compléter l'analogie.
C'est le même terrain gypso-limoneux qui pénètre par le seuil de
Gabès entre les deux chaînes crétacées qui longent le Chott-el-Fedjedj.
Au seuil même il atteint la cote maximum 60 mètres, en constituant
une colline dirigée N.-S., qui reproduit très-probablement un relief
souterrain du terrain crétacé allant du Djebel-Dissa au Djebel-lHida.
Le long du pied des deux chaînes crétacées, vers l'ouest, ce terrain se
relève sensiblement, et, comme il est en ces parages plus particuliè-
rement gypseux et blanchâtre, on le distingue à distance par la colo-
ration qu'il communique à la surface, surtout du côté du Djebel
Hadifa, entre celui-ci et le Djebel-Aziza. Au bord même du chott, le
terrain quaternaire laisse pointer un petit piton de grès à Inocérames,
qui porte le nom pittoresque de Bechima (le fanai).
Malgré des recherches attentives et répétées, je n'ai observé dans
cette formation aucune trace de fossiles marins, et les seuls fragments
de coquilles terrestres qu'on peut y voir attestent une origine conti-
nentale, sous Taction de phénomènes dont il est difficile de se faire
une idée, mais qui trouvent peut-être leurs similaires dans cette région
des grands lacs de l'Afrique centrale où les pluies tropicales font
épandi*e les nappes liquides sur des surfaces immenses. L'âge quater-
naire de cette formation éloigne aussi l'idée que la mer ait pu péné-
trer à cette époque par le seuil dans la région des chotts; on trouve
même cjuc ce seuil était ainsi constitué à une date très-ancienne de
1878. KOMCL. — PETITE STRTE ET CHOTTS. ^21
cette même période quaternaire. Sur le versant occidental, on constate
ci et là la présence de fragments de poteries romaines; on peut aussi
récoller des instruments en silex taillé des temps préhistoriques. On
se rencontre même rien sur ce seuil du lit d'un cours d'eau qui aurait
pu servir d'exutoire aux bassins des ehotts, qui étaient alors certaine-
ment iermés.
Sur le versant qui regarde la Méditerranée, la formation gypso-
limoneuse s'abaisse insensiblement vers la mer et se prolonge sous les
eaux, découvrant sur de très-grandes surfaces à la marée basse. Elle
présente sur ce versant quelques thalwegs & ravin encaissé, prenant
leur origine près de sources qui sourdent, à la température de 20 à 25
degrés centigrades, très-probablement d'un substratum du terrain cré-
tieé voisin de la surface. Ces sources ont donné lieu à des dépôts Au*
TÎalUesoude marais, qui se distinguent facilementde leur substratum,
bien qu'ils contiennent autant de cristaux de gypse que lui. Depuis
leur formation, ces dépôts ont été eux-mêmes ravinés et forment ac-
toellement les berges des ravins. Les coquilles y sont fréquentes; ce
sont des Mélanies, des Mélanopsides, des Bithynies, des Planorbes, des
Hélices et même de petits et minces Cardium edule, race d'eau à peine
saumâtre.
Dans rOued-Akarit et dans TOucd-Gabès, il n'est pas rare de ren-
contrer à la base de ce dépôt des couteaux en silex et des flèches
d'un très-beau type, à côté d'ossements, débris de repas, en sorte
qu'on est là en présence de stations préhistoriques sur un sol qui ne
pouvait être alors immerge. On peut même constater, en suivant ces
dépôts quaternaires récents jusque vers les ruines de Tépoque romaine,
et peut-être même punique, de Tacape (Gabès lybien), que les fonda-
tkms en étaient creusées dans ce terrain lui-même, dont la formation
lemonte donc à des temps comparativement très-reculés, infirmant
ainsi l'ancienne pénétration de la mer dans les lacs. Il n'y a, du reste,
tncan indice d'immersion sous- marine depuis cette époque, et les
nombreux exemplaires de Murex trunculus que Ton rencontre dans
les raines de Tacape sont des restes de l'industrie do la pourpre qui
lorisstit à l'époque romaine; ils n'y ont point été déposés par la
mer.
A Gabès, on voit apparaître dans le terrain quaternaire ancien des
bancs de poudingue dont les éléments, d'abord de petit volume, gros-
Ment ensuite notablement et proviennent des terrains crétacés du
voisiaage. Leur puissance augmente vers Test le long des rivages, et
partout ils semblent former le couronnement de la formation gypso-
limoneuse. Ils constituent ainsi un repère stratigraphique qui témoigne
<pe l'ensemble du terrain avait été soumis à des mouvements et à des
22i IH)H£L. — l'ETrrË SVaTE ET CHOTTS. 4 fév.
dénadations importantes à l'époque où s*y éont formés les dépôts à
Mélaiiies et à silex taillés.
J*ai des raisons de penser que Tile de Djerba, Tancienne Méûinx,
est, comme celle de Kerkena, uniquement formée d'atterrissements
quaternaires. De la disposition générale des côtes et des fonds, on peut
déduire que tout le golfe de la Petite Syrte, compris entre ces deox
grandes îles, a pour fond le même terrain, qui s'est insensiblement
déprimé sous la mer depuis l'époque de sa formation.
Il parait que, pendant que se produisait cet affaissement dans le
golfe même de la Syrte, il s'opérait un mouvement inverse vers le
nord, un exhaussement qui était loin de compenser le premier par
rétendue des surfaces émergées. En partant de Sfax, c'est près du Ras
Kapoudia (Caput vada), un peu avant le village de Cbeba, qu'on
trouve les premières traces de plages émergées avec Cérites, Bucardes,
Pétoncles, et cela presque au niveau actuel de la mer. Un autre bas*
fond, à apparence de chott, formait également une lagune pénétrant
dans les terres par une anfractuosité au sud et près de Selecta, ancien
poste romain. La grande lagune à l'ouest de Monastir, où Scylax a
placé son Palus tritonidis, n'est plus envahie par les grosses mers que
dans une faible étendue de la vaste surface où gisent les mêmes oo*
quilles marines. La sebkha des Ouled-Mehédra, au nord du Bordj-
Labrégal, dont les sédiments vaseux contiennent les mêmes débris
marins, est actuellement séparée de la mer par un simple oordon
littoral de dunes; cependant son émersion remonte encore au-delà
des temps romains, puisqu'aux points mêmes où passe actuellement
la route d*été sur le bord de ce bas-fond qui touche à la dune» exista
une chaussée romaine.
Ces dépôts marins sont relativement anciens, mais cependant encore
postérieurs à d'autres plages émergées du golfe de Haramamet. A Mo-
nastir, leur trace se réduit à quelques coquilles dans une couche de
quelques décimètres, couronnant une plate-forme de 6 à 6 mètres
d'altitude. A Herguela, le dépôt est plus étendu, plus puissant, oonaisH
tant en bancs de grès très-grossiers ou même de petits poudingoes;
ils forment une petite colline, qui atteint 20 mètres au village lai«*
même et sépare de la mer une petite sebkha dont je n'ai point exa«'
miné le fond. La plate-forme de la ruine romaine de Menara, pro-
longée au-delà de Bir-Loubeita à une altitude de 12 à 15 mètres, est
aussi formée de grès grossiers et de petits poudingues dans lesquels
les coquilles marines abondent, et parmi elles une espèce de Strombe,
voisine du S. coronatus, inconnue dans la mer voisine et que j'avais
déjà rencontrée dans une formation analogue de la rade d'Ai*zeu.
C'est cette tour de Menai*a qui avait été citée comme preu\'e des
1878. POMEL. — PKTmî SYRTE KT OIIOTTS. *Î3
oscillations du sol à une dpoque récente; mais ce que l*on avait pris
pour des coquilles lithophages, ce sont simplement des fossiles faisant
pirtie de la roche qui a fourni les matériaux de la construction, soit
pris sur place dans la roche quaternaire, soit transportés des carrières
qui ont fourni ceux du magnifique amphithéâtre <rEI-Djom (Tliysdnis).
Ces carrières sont, à K:tour-Sef et près de Halidia, ouvertes dans
Bne paissante succession d'assises d'un calcaire composé en presque
totalité de fragments de coquilles, avec quelques grains de sable; cest
en quelque sorte un faiun solide, dans lequel Tespèce la plus com-
mane et la mieux conservée est le Pectnnculus vioiaceus. Les assises
plongent vers le sud-ouest; elles supportent au sommet un lit d*argile
avec grosses Huîtres, et disparaissent sous Tatterrissement quaternaire
iDden, particulièrement concrétionné en ce point et allant lui-même
passer sous les dépôts de lagune de Selecta, signalés plus haut. Ce
falan se développe dans le grand triangle compris entre Selecta, le
eapDimas et Monastir. A Bembla, au sud de cette dernière ville, il y a
également au sommet un lit d*argile avec grosses Huttres; en ce point,
lapoissaDce totale doit avoisiner 100 mètres.
Ce terrain me parait être pliocène, de l'horizon de TAstien ; en effet,
il repose sur une autre formation, qui constitue le cap de Monastir,
comprenant des grès argileux, de petits conglomérats en bancs alter-
nants de 2 à 3 mètres d'épaisseur, plongeant vers le sud-est et conte-
nant divers fossiles, parmi lesquels une Térébratule et une Rhyncho-
neile sont identiques avec des fossiles fréquents dans le terrain
sahélien d'Oran, lequel doit correspondre aux marnes subapennines.
Aq nord de Souse, les collines de Couda montrent des grès gros-
siers peu cohérents, reposant sur des argiles ou sur des marnes à
empreintes de coquilles marines; une formation semblable reparaît
pris de Bir-Loubeita et m*a fourni quelques coquilles d'Huîtres
(O.fblioMa?). L&, elle forme tout le sol de la Hanga, dans le col qui
Ut oommuniquer le plateau de Gorourabalia avec le golfe d'Ham-
mamet, entre des massifs néocomiens. Il ne serait pas impossible que
ce terrain se prolongeât sous Tatterrissement de cette plaine, jusqu'au
golfe de Tunis^ et près de cette ville je crois le reconnaître dans les
<KpOts qui entourent le massif néocomien du Djebel-Hamra et qui
ptnisaent se prolonger dans les gisements à Huîtres du cap Kamart,
n Dord-ouest de Garthage. Dans ce cas, le massif néocomien du cap
Bon tarait constitué une Ile distincte à l'époque pliocène.
Ilrésalte de cet exposé de la géologie du golfe et du seuil de Gabès,
qne rancienne pénétration de la mer dans les chotts, où elle aurait
formé le Palus tritonidis, est une simple hypothèse démentie par les
ftits; le roman géographique édifté à l'aide de compilations sans
m TOURNOL'ER. — OBSEnVATIONS. 4 fév.
esprit scientifique ni critique, ne soutient pas la discussion, puisque la
seule lecture des textes démontre que les auteurs ont appliqué le
même nom à des lieux très-diiïérents et très-éloignés les uns des
autres; ce qui a causé leurs divergences.
Des nivellements récents ont du reste prouvé que le chott du Djerid
est dans toute son étendue supérieur au niveau de la mer, son point
le plus bas étant k + 15"" et le plus élevé à + 32"> près de Gab^, et
que, pour atteindre la cote C°* dans le Chott Gharsa, il fallait aller à
175 kilomètres du rivage. C'est une nouvelle preuve que ces fonds
salés ne sont point un délaissé de mer.
Quant à la théorie inventée pour les besoins du projet de restaura-
tion de la mer intérieure, d'un lac souterrain recouvert d'une croûte
flottante de sel et de boue, elle est tellement contraire aux lois de la
physique qu'elle ne mérite pas la discussion.
M. Tournouër rappelle qu'il a été trouvé à plusieurs reprises,
et d'une façon authentique, des coquilles marines à la surface des
sables du Sahara.
MM. Desor et Escher de la Linth ont rapporté au musée de Zurich,
de la région des chotts de la Tunisie, outre le Cardium edule, des Ba-
lanus miser? et une Nassa qui paraît être une espèce vivante au Cap-
Vert. On a cité aussi YArca scapha? de la mer Rouge. M. P. Fischer a
eu entre les mains, de la même région, recueillie par H. Roudaire, une
autre Arca non méditerranéenne, probablement une espèce de l'Océan
indien. Enfin, M. Tournouër a reçu de M. Thomas un certain nombre
de coquilles ou de fragments de coquilles marines recueillis par lui à
la surface des dunes dans les environs de l'oasis détruite de Sedrata,
près d'Ouargla. Parmi ces fragments, rapportables à des espèces de
Peignes, de Pétoncles, de Tritons de la Méditerranée, se trouvent le
Cardium edule, la Cyprœa moneta ou Cauri, en usage dans les trans-
actions de tous les peuples de l'Afrique, et un petit Conus indéter-
miné, mais non méditerranéen.
M. Tournouër ne voit point dans ces coquilles des témoins irrécu-
sables de Ta mer saharienne à une époque récente; il pense que leur
présence peut s'expliquer, plus ou moins facilement, par le fait de
l'homme; mais il croit utile cependant de constater le fait qu'il t
été trouvé, sur divers points du Sahara algérien, des coquilles ma-
rines, les unes appartenant à la faune de la Méditerranée, les autres
paraissant au contraire provenir soit de l'Océan atlantique, soit de la
mer Rouge et de l'Océan indien.
^878. MORIÈRE. — CRRS DE BAG^fOLES. * 225
Séance du 18 février 1878.
PRiSIDENGE DE M. ALB. GAUDRY.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance dont la rédaction est adoptée.
Pir suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membre de la Société :
M. Gaossouvre (D. de), Ingénieur des mines, à Bourges (Cher), pré-
senté par HM. Douvillé et Zeiller.
I^ Président annonce ensuite quatre présentations.
M. de Lapparent analyse la note suivante :
Note sur le gré« de Bagnoles (Orne)»
par H. Moriére*
Lors d'une excursion faite dans le département de TOrue au mois
de septembre dernier, dans le but de visiter quelques localités ou
raxistence du Lias me paraissait probable, j*eus Toccasion de voir
ehei H. Toussaint, maire de Fiers, et au Musée de la Ville, des frag-
ments de Bilobites rapportés de Bagnoles par H. Appert, négociant et
l'oo des administrateurs les plus zélés du Musée. M. Appert me mon-
tra chez lai plusieurs échantillons de la même espèce de Bilobite et
one empreinte qu'il considérait comme représentant un Poisson, et
il m'engagea vivement à faire le voyage de Bagnoles, où je pourrais
voir sur les grès d'autres empreintes très-remarquables et surtout des
traces de j!mu de boeuf.
Forcé de rentrer à Caen, je ne pus à ce moment satisfaire ma cu-
riosité, mais, depuis lors, je suis allé deux fois à Bagnoles, en no-
vembre et en décembre, et chaque fois j*ai pu recueillir une abon-
dante provision d'échantillons de grès, qui ont été déposés au Musée
d'Histoire naturelle de la Faculté des Sciences.
L'ensemble des fossiles offerts par ces échantillons ne laisse aucun
doute sur Tâge du grès de Bagnoles, qui appartient à cet étage du
Silurien inférieur que l'on a appelé en France grès à Tigillites ou cou-
dtes à Lingules, et qui parait devoir porter désormais le nom de grès
armoricain. A Bagnoles, le grès armoricain repose directement et en
45
22G* IIORIÈHE. — GRÈS DE BAGNOLfcS. 18 fëv.
Stratification discordante sur les phyllades cambriennes, niais entre
Yilledieu et Saint-Lô, comme en plusieurs autres points, il est séparé
de ces phyllades par des schistes pourprés avec poudingues, qui for-
ment également la base du Silurien inférieur dans le Calvados (surtout
à Clécy et à Fresnay-le-Puceux). Dans diverses localités de la Basse-
Normandie, à Mortain, à Domfront, à Urville dans la vallée de la
Laise, à Noron près Falaise, etc., il est facile de reconnaître, comme
aux environs de Bagnoles, que le grès armoricain est recouvert par
le schiste ardoisier à Calymene Tristani, offrant presque toujours à sa
base un minerai de fer qui est exploité à Bourberouge près Mortaîn et
qui le fut aussi pendant un certain temps à Urville (1).
Quant au grès de May, avec lequel le grès armoricain a été souvent
confondu, sa faune comprend des espèces particulières de Trilobites
et des genres spéciaux de Mollusques qui le font ranger au-dessus des
schistes à Calymènes, Le grès de May serait représenté dans cette partie
du département de l'Orne par le massif de grès entremêlé de schiste
situé entre Domfront et Mortain. Ce grès, dont les nuances sont très-
variées, n'a offert jusqu'à présent aucun fossile, mais il supporte di-
rectement les ampéliles à Graptolithes, et il a tout le faciès minéra-
logique du grès de May, dont M. de Lapparent n'hésite pas à le
regarder comme l'équivalent, après les études auxquelles le savant
Ingénieur s'est livré dans le but de compléter la Carte géologique de
la Manche commencée par M. Vieillard.
Ainsi les grès de Bagnoles, situés entre les schistes pourprés el les
schistes à Calymene Tristani, appartiennent bien réellement à l'étage
armoricain du Silurien inférieur.
Voici maintenant la liste des fossiles que j'ai pu recueillir dans ce
grès et dont la détermination est due en grande partie à M. Gaston de
Tromelin, qui a particulièrement étudié, surtout en Bretagne, le grès
armoricain, et auquel les types de M. Bouault sont devenus Irès-
familiers.
Annïlides?
TigillUes Dufrenoyi, Rouault fTrachyderma serrata, Salter) .
— Hœninghaiisi, Rouault,
Foralites Pomeli, Rouault.
Mollusques brachiopodes.
Lingula Lestieuri, Rouault,
— BrimonH, Rouault,
(1) 11 est probable que le minerai de fer actuellement en exploitation à Saint-
Rémy, sur les bords de l'Orne, est situé de la même manière. C'est ce que je roc
propose d'étudier prochainement.
i878.
UORlèllE. — GRK^ DE BAGNOLES.
227
LtRfiia Hawkeù Ronaolt,
^ Salieri, DavidsoD.
V^Glh'AUX ?
Cmsiema rugosa, d'Orb.,
• ^ furet fera, d'Orb . .
— Lefehvrei, d'Orb..
— Prevo$H, Rouault.
ikpopkgcut Barrandei, Trom. et Leb. (Arenicola baeulipuncta, Salter),
FcnUicm Halli, Rouault,
Miahài Newtoni, Rouault,
— Konineki, Rouault,
Frttna Saini-Hilairei, Rouault.
Tenmeulitet Pandêri, Rouault.
Dans rénurnération ci-dessus, la plupart des noms ont été donnés à
des fomles sans qu'on soit encore bien fixé sur les genres organiques
•nqoeb ces corps ont appartenu.
Et d'abord^ les Tigillites doivent-ils être rangés parmi les animaur
OQ parmi les plantes? Tantôt ces tiges cylindroïdes présentent de
distaooe en distance des espèces de nœuds ; tantôt elles sont à peu
près lisses ou bien elles offrent des cannelures obliques, mais toujours
ces T^^lilef sont perpendiculaires à la direction des coucbes, c'est-
à^re dans une position inverse à celle qu'auraient dû prendre des
eorpa charriés par les eaux.
Mgà ea 1838, Dufrénoy se demandait si ces tiges cylindroïdes qu'il
ivait rum touveot en Bretagne et en Normandie appartenaient à des
coraux qui auraient vécu sur la place même où on les rencontre babî-
tndlemeot, *- ou bien à des plantes qui auraient végété en même
temps que le grès se déposait, — ou enfin si elles n'étaient point d'an-
de» tiriies creusés par des coquilles lilhophages. et alors si les stries ne
feraienl pas la trace des valves de ces fossiles (i).
Les TiffillUes doivent-ils être considérés comme ayant tous été pro*
doits par un Arénicole, ou bien faut-il admettre, avec M. de Tromelin,
que si la plupart sont arénicoles, certains ont bien pu être des végé-
taux?
On n'est pas fixé davantage sur l'origine des corps désignés sous le
nom de Bilobites ou Cruziana. La plupart des géologues sont portés à
les regarder comme provenant d'Algues gigantesques, et d'autres na«
tondtstes leur refusent cette origine.
Quoi qu'il en soit, les grès à Tigillites, à Lingules et à Bilobites for-
meal un horizon constant dans tout l'Ouest de la France, et Ton doit
(1) Ànn, des Mines, 3«sér., t. XIV, p. 231.
2:28 ycRiÈRE. — grès de bagxoles. 18 fév,
y rapporter les grès à empreintes biloln^es des Yaux-d*Aubin, près
Argentan, sur lesquelles M. Deslongchamps père a publPé un travail
intéressant (1). Visitées, ainsi que celles des grès de Yignats (arron-
dissement de Falaise), dès 1826, par MM. Brébisson, Antoine Passy et
de Bazoches, ces empreintes n'eurent pas un grand retentisse-
ment dans le monde savant. M. Passy émit aloi*s Topinion que les ca-
vités bilobées que Ton voyait sur certaines roches de grès et que l'on
désignait dans le pays sous le nom de pas de bteuf, étaient des em-
preintes, non de pas, mais de corps organisés. En 1854, M. Auguste
Lcprévost appela l'attention de M. Deslongchamps sur ces singulières
empreintes et sur d'autres plus petites qui accompagnent les pre-
mières sur la roche des Yaux-d'Aubin, et qui, selon la légende de la
localité, ont été formées par les bouts de la canne de Vhomme à la ca-
lotte rouge, lorsqu'il chassait ses bœufs devant lui.
Le mémoire de M. Eudes Deslongchamps est accompagné d'un
dessin de la plaque de grès des Vaux-d'Aubin, mais le savant paléon-
tologiste, après avoir examiné diverses hypothèses relativement à la
formation de ces empreintes, termine son travail en disant : « Expli-
* que qui voudra ou qui pourra la cause des ces empreintes; quant à
» moi j'y renonce. »
Dans un ouvrage publié en 1866 (i), M. d'Archiac considérait les
empreintes des Yaux-d'Aubin comme des sortes de Cruztana, et dans
une communication faite au Congrès tenu à Nantes en 1875 par l'Asso-
ciation française pour l'avancement des Sciences, M. de Tromelin
s'exprimait ainsi: « Les grandes empreintes des Yaux-d'Aubin parais-
sent être l'impression extérieure de vrais Bilobites., probablement du
Cruziana Prevosti ou du G. rugosa, qui, comme on le sait, sont sou-
vent très-arqués. »
A Bagnoles des empreintes bilobées et autres se voient en très-
grande quantité dans un parc appartenant à H. Goupil, sur des pla-
ques de grès situées au sommet du coteau qui domine l'établissement
des bains. Ces empreintes furent signalées en 1866 par M. de La Sico-
tière à l'attention de M. Deslongchamps, qui ne put aller les visiter (3).
La Société Linnéenne de Normandie ayant fait son excursion annuelle
à Bagnoles en juin 1867, les gens du pays ne manquèrent pas de faire
voir les traces de pas d'animaux qui existent sur plusieurs plaques.
En lisant le compte-rendu de cette excursion, rédigé par M. Fauvel (4),
on voit que de l'examen des empreintes et de la discussion qui eut
(1) Mt'moires de la Société Linnéenne de Normandie, t. X, p. 19, pi. XVII.
(2) Géologie et Paléontologie, p. 413.
(:)j Bull. Soc. Linn. Norm., 2«sér., t. I, p. 83-89.
(1) Bull. Soc. Linn. Norm., 2* sér. t. II, p. 531.
187».
HORIERE. — GHES DK DAGNOLRS.
280
lieu, il ne put ressortir aucune explication scientifique satisfaisante.
On constata que le phénomène était le même qu'aux Yaux-(I*Aubin.
Si lesempreînta«( offertes par les plaques de grès du parc de M. Gou-
pil ne permettent pas de reconnaître facilement quelle est la cause
qui les a produites, il en est tout autrement de celles que les ouvriers*
mettent à découvert dans une carrière ouverte depuis quelque temps
pour l'entretien des routes, à droite de la porte d'entrée de l'établisse-
ment des bains. Là, plus que partout ailleurs, on peut assister à la dé-
monstration des cavités bilobées et reconnaître que ces cavités, attri-
buées à des pas d'animaux, sont réellement dues à des Cruziana: en.
eSet, certaines couches présentent à leur partie inférieure des Bilo-
bites arqués en saillie, et la couche placée immédiatement au-dessous
offre i sa partie supérieure les cavités occasionnées par ces Bilobites^
c'est-à-dire le phénomène des pas de bœuf.
Les Cruziana sont très-nombreux dans cette carrière et on ne peut
plas dire aujourd'hui que les Bilobites sont plus communs en Bretagne
qu'en Normandie.
J'ai recueilli dans la carrière de Bagnoles des Bilobites qui ont plus
d'an mètre de longueur, et plusieurs plaques m'ont offert des Bilo-
bites entrecroisés.
En outre des grandes empreintes bilobées, la plaque des Yaux-
tl'Aabin en présente un grand nombre de plus petites et à peu près
circulaires, qui ont aussi été rencontrées à Bagnoles et qui doivent
être rapportées au genre Rhysophycus, ainsi que l'avait pensé M. Bar-
rande. MM. de Tromelin et Lebesconte ont donné à cette espèce le
Bomde/?. ^arrandei, qui devra remplacer celui àiArenicola haculi^
pmcta attribué à ces petites empreintes par Salter, qui les avait con-
sidérées comme étant des traces d'Annélides.
Maintenant, quelque soit le corps réellement représenté par les
Cruxiana, qu'il me soit permis de dire qu'à moins d'une polymorphie
bien eitraordinaire, ce qu'on a désigné du nom de Ctncziana Prevasti
doit ap|>artenir à un autre genre.
Rouault a désigné les Cruziana sous le nom de Frœna, que M. G.
de Tromelin, dans son travail sur le Silurien de la Bretagne, conserve
seulement pour les espèces de Cruziana qui ne sont pas bilobées. Est-
ce bien alors réellement un Cruziana, ou plutôt ce que Munster a dé-
signé du nom de Lumhricaria? Dans tous les cas, le Frœna Saint-
Hilairei de Rouault a été trouvé à Bagnoles.
Le Vermiculites PandeH, Rouault, qui couvre par centaines plu-
sieurs plaques de grès, est encore une espèce incertœ sedis, que l'on
|)eut voir sur un échantillon qui se trouve aujourd'hui dans rcscalier
du Musée do Caen.
330 VORIÈRE. — GRÈS DE BAGNOLES. 18 fëv.
Le genre Dœdaltcs, dont je signale deux espèces, et le genre Verni-
lum, dont il existe aussi probablement plusieurs espèces, ne sont pas
noieux connus.
Le plus ancien genre de Brachiopode est représenté à Bagnoles
par 4 espèces, dont l'une, le Lingula Lesueuri, a aussi été signalée
par H. de Tromelin à La Lande-du -Goult (Orne).
Enfin, je dois surtout appeler Tattenlion de la Société sur des em-
preintes que j'ai fait photographier et pour la détermination desquelles
j'ai eu recours aux lumières et à l'extrême obligeance de MM. Scbim-
per et deSaporta.
Yoici ce que m'a répondu le savant naturaliste de Strasbourg :
a Les empreintes dont vous avez eu la bonté de m'envoyer une photo-
• graphie pour me demander mon avis sur la nature dos êtres orgaui-
» ques qui les ont laissées en si grande quantité dans les roches silu-
» riennes, sont de celles qui jusqu'à présent n'ont pas encore pu être
9 classées d'une manière satisfaisante. Nous trouvons ces formes ou
» d'analogues depuis les formations siluriennes inférieures jusque
» dans le Lias supérieur; mais leur plus grand développement a lieu
» pendant les époques paléozoïques.
» Vos empreintes représentent évidemment les mômes formes que
» celles qui se trouvent dans les dépôts correspondant en Amérique et
» en Angleterre (pays de Galles). Pour le cas où vous n'auriez pas sous
» la main les ouvrages de Hall et de Murchison, je joins ici les figures
» que les auteurs donnent de ces fossiles. Le Crossopodia scotica de
» Murchison me parait reproduire exactement votre fossile» comme
» les empreintes désignées par Hall sous le nom de Traits d*Annélides.
» Ce ne sont certainement pas des pistes d'Annélides; ces pistes for-
» roeraient des traînées sans appendices latéraux. Ou ne saurait non
» plus y voir les corps fossiles ou plutôt les moules d'Annélides, de
> Néréides, etc. Nous avons des Néréides fossiles dans le calcaire de So*
» lenhofen qui ont un aspect tout autre. Du reste, il ne me semble pas
» admissible qu'il y ait eu jamais des Annélides de plusieurs pieds de
» long, comme le sont quelquefois les empreintes en question, et en-
» core moins ramifiées, comme on indique et figure ces dernières.
» J'ajoute les calques de plusieurs figures données par Ludwig d'é-
» chantillons provenant du Dévonien supérieur, il me semble que ces
» empreintes ne sauraient laisser de doute sur leur origine végétale.
9 Ce n'est que dans les Caulerpées que l'on rencontre des formes qui
> l'appellent nos fossiles. Il y a des Caule^pa qui ont plusieurs pieds
» (le long et qui portent des appendices bisériés foliiformes ou verru-
» ciformes. C'est ce qui m'engage à ranger vos empreintes dans les
^ Caulerpées. »
!87ft. MOBIKRE. — GRÈS DE BAGNOLES. 231
L'éfflinent botaDÎste d'Aix m'écrivait do son coté :
c Je ne doute pas que les corps allongés, cylindriques, marqués de
p stries, dont vous m'avez envoyé une photographie, ne soient une
I Algue analogue aux Harlania de Gœppert et comparable surtout
» aox Tœnidium de Heer (1). Les Gyrochorte du même auteur (2) ont
• encore plus de rapport Ce sont là, il est vrai (les deux derniers
• tjrpes), des Algues jurassiques, mais les Harlania sont paléozoïques
I et môme Siluriens ; le ^pe que vous me signalez s'en rapprocherait,
• nais serait probablement nouveau. Tâchez donc de m'en procurer
i quelques plaques en boa état, ce qui me permettra d'établir les ca-
iraclères de ce type curieux; il se rattacherait, comme plusieurs de
tœax qui vivaient dans les mers de ces époques reculées, au groupe
» des Caulerpëes, dont les frondes consistent en expansions fistuleuses
let unicellulaires. On conçoit que, grâce à cette simplicité de
> structure, ces Algues aient occupé une place considérable dans la
1 Flore marine des temps primitifs, t
Ainsi, l'opinion des deux hommes les plus compétents est parfaite-
ment ooDOordante. Ce n'est pas à des vers, mais bien à des Algues, et
probablement à des Algues du groupe des Caulerpées, qu'il faut attri-
buer les empreintes de Bagnoles.
Après avoir examiné dernièrement des échantillons de Cruziana Le-
fdfvrei qui se trouvent au Musée de Caen et qui viennent de Combrée
(Haice-et-Loire), et surtout après avoir comparé la disposition des
sillons oblique» que Ton voit sur cette espèce et sur les empreintes de
noire plaque, je ne serais pas éloigné de partager l'opinion de M. de
Tromelio et de croire que ces empreintes ont été produites par une es-
pèce particulière de Cruziana. Faudrait-il alors regarder les Cruziana
eoinme étant des Caulerpées gigantesques? On voit que la révision du
genre Cruziana devient de plus en plus nécessaire et que l'attention
des naturalistes doit être appelée sur ce point.
S'ils continuent d'être exploités pour l'entretien des routes et les
ooDstructions, les grès de Bagnoles réservent encore aux Géologues
plus d'une découverte, et les fossiles mis au jour ne seront pas les
moins intéressants, puisqu'ils nous aideront à reconstituer la popula-
tion encore si peu connue des mers les plus anciennes.
Aussitôt que l'abaissement de la température permit aux eaux de se
nuûntenir d'une manière permanente dans les dépressions de la sur-
face du globe, de\'enues les premiers bassins des mers, le principe
njitérieux de la vie dut se manifester, mais la première ébauche des
(1) V. T. scrpentinum, Hoer, FL foss. //./»., pi. XIA', Uk. 0.
\iiOp. cit., pJ. XLVI. !ig. 1-1.
232 MORIÈUE. — GRÈS DE BAGNOLES. 18 fév.
êtres organisés nous manque complètement. Le métamorphisme
d'une grande partie des roches sédimentaires déposées dans les pre-
mières mers n*a pas peu contribué à faire disparaître les premières
archives des règnes organiques qu'elles renfermaient.
La température élevée de la mer primitive et l'influence dissolvante
de son eau devaient aussi contribuer à détruire les organismes élé-
mentaires. Aussi des tracés d'organisation à peine perceptibles ont-
elles seules été rencontrées jusqu'à présent dans le Cambrien. Dans
les assises siluriennes, si propres parleur nature à la conservation des
empreintes de corps organiques, on voit, il est vrai, un grand nombre
de Mollusques et de Crustacés, mais ces puissantes assises siluriennes
n'ont encore fourni aucune donnée positive sur les végétaux marins
qui étaient nécessaires à la noun*iture de ces animaux et qui peu-
plaient les mers de cette ancienne époque (1).
Il reste donc encore beaucoup à faire pour reconstituer la flore du
terrain silurien, et Ton parviendra, sans doute, dans un temps plus ou
moins éloigné, à assigner aux Cruziana, aux Dœdalus, aux Rhysophy-
eus» aux TigillUes, etc., la véritable place qu'ils doivent occuper dans
l'échelle des êtres et à les faire sortir de l'état d'origine douteuse dans
lequel ils sont restés jusqu'à présent. Ne nous lassons donc pas de re-
cueillir les matériaux qui pourront servir d'éléments à ces détermina-
tions, lorsque nous aurons la bonne fortune de les rencontrer.
H. de Lapparent annonce que M. de Xromelin a reconnu
Yexistence de la formation laurentienne aux lle« Scilii^
Pierre et Miquelon. Cette formation y est représentée par un
gneiss serpentineux et calcifère. Tantôt le calcaire est finement disse*
miné dans la masse, où Faction des acides révèle seule sa présence ;
tantôt il forme des veines ou des rognons offrant les apparences ordi-
naires de ÏBozoon, que M. de Tromelin considère depuis longtemps
comme un simple accident minéralogique.
M. Munier-Cbaliiiaei partage Topinion de M. de Tromelin sur la
nature inorganique de VEozoon,
MM. Daubrée et Poinel appuient cette opinion.
M. Alb. Gaudry fait observer que des zoologistes très-autorisés per-
sistent à croire à la nature organique de VEozoon.
M, «lutter met sous les yeux de la Société divers fossiles recueillis
dans les schistes d'Autun.
(1) Schimper, Traite de Paléontologie végétale, t. I, p. 22
1878. ARNAUD. — ÉTAGE TUUONIEN. 233
H. Cbapcr analyse la note suivante :
Synchrontome de l'étage turonien dans le Sud-Ouest et
dans le Midi de la France»
par M. H. il^rnaud.
La découverte, au milieu des bancs à Rudistes de la Provence, d'une
1006 renfermant divers fossiles considérés jusque-là comme propres à
laCraie supérieure, a déterminé dès 1861 M. Reynès à rattacher au
Conlacien et au Santonien le Provencien du Midi, et à en constituer
00 étage unique, qu'il considère comme syncbronique de la Craie de
Tilledieu (I).
Cette opinion, partiellement modiliée, vient d'être reprise par
M. Péron (2), qui, dans un mémoire très-éludié, cherche à démontrer
que les bancs à /i^ac^to^iïes comu-pastoris du Midi représentent dans
cdte région l'ensemble des calcaires à Rudistes du Sud-Ouest, et que
les zones désignées sous les noms d'étage mornasien et d'étage pro-
vencien, non représentées, suivant lui, dans le Sud-Ouest, doivent
être reportées dans la Craie supérieure. Les conclusions de ce mé-
moire ont provoqué une protestation de M. Hébert; mais cette protes-
tation n'ayant pas été discutée et le travail de notre savant confrère
puisant une partie de ses arguments dans diverses notes que j'ai eu
rhonneur de présenter à la Société et dont la plus récente remonte à
1809, je dois rechercher Texactitude d'un système auquel je parais
avoir involontairement contribué et duquel me détachent les études
que j'ai poursuivies.
La légitimité du système de M. Peron est subordonnée à la démon-
stration de trois points :
^ Caractère sénonien de la faune de Mornas ;
2^ Absence dans le Sud-Ouest des étages mornasien et provencien ;
3* Synchronisme de ces étages avec le Coniacien et le Santonien.
Avant d*aborder l'examen de chacun de ces points, je dois dire que
je tiens pour exactes les observations de M. Peron sur la Craie du Midi
et sur les concordances par lui établies entre le bassin de la Provence
et les assises crétacées de l'Aude : la divergence ne s'élève entre nous
que sur la valeur de la faune mornasienne et sur le parallélisme que
1) Reyncs, De l'étage dam la formation crclacêc, p. 9-13.
U) Bull., 3« sôr., t. V. p. 469.
234 ARNAUD. — ÉTAGE TURONIEN. 18 fëv.
notre savant confrère a cherché à établir entre ses assises et celles qui
lui succèdent et celles du bassin du Sud-Ouest.
I. Faune de V étage momasien.
La faune de cet étage, telle qu'elle est résumée dans le travail de
H. Peron et indiquée au mémoire de M. A. Toucas (1), présente incon-
testablement un faciès sénonien. J'ai reconnu, il y a longtemps, la
même physionomie à la faune de l'Angoumien inférieur du Sud-Ouest,
c'est-à-dire à une zone inférieure aux bancs à RadioUtes comu-pasto-
ris du Midi. Ce faciès, déterminé par la présence de certaines espèces
communes à la Craie supérieure, espèces dont le nombre s'accroft suc-
cessivement par des recherches prolongées, suffit-il pour attribuer à
la Craie supérieure les couches qui les recèlent, et doit-il l'emporter
sur les conséquences contraires que paraît devoir entraîner la présence
à un niveau supérieur des bancs à Hippwrites organisans et à H. cornu-
vaccinum? Question théorique sur laquelle la discussion peut rester
indéfiniment ouverte, mais dont la solution affirmative aurait pour
conséquence de supprimer d'une manière absolue la division admise
entre les calcaires à Hippurites et la Craie supérieure, puisque dans le
Sud-Ouest les premiers éléments de cette dernière faune s'accentuent
manifestement avant le dépôt des bancs à RadioUtes cornu^pastoris et
R, lumhricalis.
Je ne reviendrai pas sur les considérations que j'ai déjà exposées (2)
et qui m'éloignent du système de M. Reynès et de celui de M. Peron :
plus on étudie sur le terrain et mieux se dégage celte vérité que les di-
visions d'étages sont loin d'avoir, sous le rapport paléontologique, le ca-
ractère absolu que les théoriciens leur ont attribué : il n'est pas pos-
sible de soutenir qu'à chaque étage crétacé la faune se renouvelle
intégralement, ou même qu'elle n'a de représentants prématurés qu'au
niveau supérieur de l'étage précédent. Une étude suivie sans préven-
tion amène à ce résultat que les faunes s'enchaînent, que leurs pre-
miers représentants remontent toujours assez haut dans la série et que
le nombre s'en accroît avec le temps. Comment déterminer, si l'on se
place uniquement sur le terrain de la paléontologie, le moment pré-
cis où la faune s'est assez développée pour constituer un nouvel étage?
Comment arriver à connaître avec assez de certitude, eu égard surtout
à nos moyens limites d'investigation, la relation exacte des fossiles
(1) Mém. Soc. géol,, 2" sér., t. IX, n* 1, p. 31-39.
(2) Bull, Soc. géol., 2* s6r., t. XXVII, p. 18 et 30; .Mem. Soc. géoLr2* sôr., !. I
n" 4, p. 57.
1878. ARKACD. — ÉTAGE TUROMRN. 235
entre deuiétages, soit au point de vue du nombre, soit à celui de
Timportance des espèces? Si Ton étend ses recherches sur des points
âoignés, ne se trouve- t-on pas fréquemment surpris de l'apparition
inaUendue d'espèces spéciales, sur d'autres points, à des horizons in-
iiriean et que Von croyait depuis longtemps éteintes? C'est là le secret
de ce que l'on a appelé la récurrence des faunes, phénomène dû, soit
à leur retraite, soit à leur maintien dans des régions soustraites aux
ébranlements qui les ont chassées et paraissent les avoir anéanties dans
on rayon plus ou moins étendu et qu'elles reviennent souvent occu-
per au retour des conditions favorables à leur développement.
0 faut donc reconnaître qu'il doit être tenu compte d'autres élé-
ments pour la solution de ces questions, car, entre deux faunes qui se
soperposent inversement à la succession normale des étages, il ne pa-
raît pas exister de raison sérieuse pour attribuer plutôt à l'horizon su-
pfrieur la zone la plus ancienne, que la plus récente à l'horizon infé-
rieur. Au premier rang de ces éléments se placent les phénomènes
révélés par la stratigraphie et la comparaison des couches discutées
par l'examen de leurs prolongements, soit dans un même bassin, soit
dans des bassins contemporains. M. Peron l'a parfaitement compris :
aussi a-t-il jugé nécessaire, pour justifier l'attribution du Mornasien
et du Provencien à la Craie supérieure, de rechercher les rapports de
ces horizons dans le Midi avec la Craie du Sud-Ouest, et ceux des
oianies qui surmontent le Provencien de l'Aude et de la Provence avec
leCampanien du Nord de l'Aquitaine.
Ainsi limitée, la question prend un degré de précision qui en rend
la solution susceptible d'un contrôle rigoureux, car elle sort du cadre
des théories pour passer dans le domaine des faits. C'est donc dans
l'examen des deux derniers points que devra se trouver le critérium
de la solution recherchée : j'en puiserai les éléments dans un docu-
ment qui ne peut être suspect, car il a été adressé à la Société il y a
trois ans et publié par elle avant la note de M. Peron, qui ne m'a été
connue que par le Bulletin .
H. Rapports des étages angoumien, mornasien et provencien du Midi
avec la Craie du Sud- Ouest,
Avant d'aborder cette comparaison et pour y procéder utilement, il
cit nécessaire d'exposer brièvement les caractères et les conditions de
dépôt de ces étages constitutifs de la Craie moyenne du Sud-Ouest.
A. Éta^^e angoumion*
i. Angoumicn inférieur, — Au-dessus des bancs à Ammonites (A,
236 ARNAUD. — ÉTAGE TURONIEX. 18 fév.
peramplus. A, Rochebrunei, etc.) par lesquels se termine le Lîgérien
dans toute retendue du bassin du Sud-Ouest, prennent naissance,
d*une manière indépendante, comme le reconnaît très-exactement
M. Peron (1), des calcaires blancs, marneux, d'un grain fin, lithogra-
phique, fusant à la gelée et caractérisés par une faune dont j'ai indiqué
les principaux représentants (2).
Aux espèces citées, et sauf quelques rectifications, il convient d'a-
jouter entre autres :
Nerinea Paille teana, d'Orb., i Spnndyltis hystrix, Goldf.,
Isoeardia AUixenns, d'Orb., 1 Ottrea proboseidea, var. minor, d'Àrch.
Si Ton substitue NcUica Toucasiana à N. suhhulhiformis et Pecten
Dujarditii à P. squammulatus, espèces voisines et dont la confusion
est facile, et que Ton rapproche cette faune de celle que M. Peron at-
tribue à l'étage mornasien (3), on est frappé de l'analogie qui les unit,
malgré la dilTcrence des niveaux et la distance des bassins qui les
recèlent.
Ce premier horizon se développe en puissance du N.-O. au S.-E. ; il
est exploité comme castine à Fumel et occupe une partie importante
de la colline du Pech-del-Trel étudiée par M. Peron.
2. Angoumien moyen. — Ces calcaires castiniers passent graduelle-
ment à des couches d'un grain moins fin, fournissant à l'ouest quel-
ques bancs de pierre de taille (Saint-Yaize, etc.), mais s'écaillant à la
gelée dans le surplus du bassin. Au sein de ces couches persiste la
plus grande partie de la faune que je viens d'indiquer, enrichie d'es-
pèces nouvelles et notamment de grands Rudistes qui font à ce niveau
leur première apparition :
Hippurites Requieni, Math.,
H. eomu-vaccinum, Bronn,
n, organisant. Des M.,
Radiolites cornu-pas toris, d'Orb.,
R. angulosus, d'Orb..
Spkœrulites paiera, Arn.,
S. SalignacensM, Hayïe,
S. Ponsianus, etc.
Dans ces bancs j'ai recueilli une Ammonite tricarénée que je ne
puis rapporter à A. subtricaritiatiis, d'Orb., une Exogyre sessile qui
ne paraît autre que VO, Caderemis, Coq., une Térébratule lisse indé-
terminée (T, depressa?, Lam.) et uneRhynchonelle voisine de /?. dif-
formis, d'Orb., et que j'ai décrite dans Tétage provencien sous le nom
de R, Cotteaui.
(1) Op. cit., p. 483 et 489.
(2) Bull.. 2«s(5r., t. XXVII. f>. .')?.
f3) Op. cit.. p. 477.
i878. AILNAUD. — ÉTAGE TURONIEN. 237
L'Angoamien moyen suit le même développement que TAngoumion
ioiériear du N.-O. au S.-E. et occupe comme lui toute Téteuduo du
3. Angoumien supérieur, — Au-dessus de TAngoumien moyen et
avec des caractères minéralogiques différents, constitués par des cal-
aires non gélifs, cristallins au début, tendres dans les assises supé-
fieares, reposent les bancs à Radiolites lumbricalis. L'apparition de ce
Rndiste étranger aux deux zones précédentes coïncide avec une modi-
ficatioD dans la disposition du bassin du Sud-Ouest, qui, après le dé-
pôt uniforme de TAngoumien intérieur et de TAngoumien moyen,
affecte la forme d'une cuvette relevée aux deux extrémités, et limite
par suite à la région centrale les bancs à R. lumbricalù.
Ces bancs, dont on suit l'atténuation graduelle vers l'ouest jusqu'à
Bussac, cil ils sont représentés, à la tranchée de la Qrande-Porte, par
une couche verdâtre, cristalline, d'environ 0"*60 (1), n*' 8 de la coupe,
sont limités à l'est vers l'^GO.
Cette disposition, à la iin de la période angoumienne, attribue dans
k Sud-Ouest une origine diverse à la surface des dépots qui en déri-
vent, surface représentée à l'ouest, à partir de 3^40 environ, par l'An-
goamien moyen ; de 3^40 à 1<^, par l'Augoumieii supérieur; de l^à
la limite orientale du bassin, par l'Angoumien moyen (2).
B. Élta^e provencleii.
1. Protencien inférieur. — C'est sur cette surface hétérogène que
sont venus s'asseoir transgressivement les premières assises de l'étage
provencien : la mer crétacée, reprenant possession de ses anciennes
limites, recouvre toute l'étendue du bassin et donne naissance à des
couches variées suivant les conditions qui président à leur dépôt : à
l'est, région littorale, des argiles, des grès meubles ou consolidés, des
calcaires ferrugineux arénacés; au centre, des calcaires marneux; à
Touest, région de haute mer, des calcaires purs, exploités comme
pierre de taille dans toute celte partie du bassin. J'ai énuméré dans le
Mémoire précité les principaux représentants de la faune de cette
lone.
2. Provencien moyen. — Au-dessus de ces bancs de pierre de taille
et nettement séparés à l'ouest, se sont déposés des calcaires noduleux,
gélifs ou cristallins, peuplés de Rudistes (SphœruliCes Sauvagesi, S. ra-
(l) Les couches 5-6-7 de la coupe 1 du tableau des coupes de la Craie moyenne
/of . t\%.} paraissent devoir être rattachées à l'Angoutnien moyen
(î) y., op. cit,, la carte verticale de la pi. I.
238 ARNAUD. — ÉTAGE TURONIEN. 18 fëv.
diostis, S. angeoides), qui se poursuivent avec ces caractères jusqu'i la
région littorale indiquée dans la période angoumienne par la limite des
calcaires à Radiolites îumbricalis, 1^60. A partir de ce point, la roche
déjà arénacée passe latéralement à des calcaires homogènes, blancs
ou jaunes, activement exploités comme pierre de taille dans le rayon
le plus rapproché du centre : Campagne, Saint-Girq, rives du Lot de
Puy-l'Évôque à Monsempron ; plus à Test, à Aubas, Sîmeyrois, Geor-
don, l'élément arénacé domine et les grès ferrugineux stériles se snb*
stituent complètement aux calcaires de la région occidentale.
3. Provencien supérieur. — Les phénomènes qui ont présidé dans le
Sud-Ouest à la iin de la période angoumienne se reproduisent exacte^
ment à la fin du Provencien : le même travail d'exhaussement du lit
des mers à l'ouest et à Test permet à la région centrale seulement de
recevoir les marnes à Sphœrulites sinuatus» couronnement de cet
étage : Taxe delà cuvette s'est cependant déplacé, car ces marnes, li-
mitées à Touest vers 2^75, s'étendent vers Test jusque vers 1^40; leur
nature, leur faible puissance et leur faune semblent faire prévoir une
exondation prochaine du bassin, si un événement nouveau n'en vient
modifier les conditions.
La surface du Provencien offre dans le bassin du Sud-Ouest, k la fin
de cette période, la distribution suivante :
Vers l'ouest, à partir de Bussac, 3*^30, l'horizon inférieur, représenté
par les calcaires tendres du sommet de la tranchée de la Grande-Porte,
avec Hippurites comuvaccinum, Sphœrulites Ponsianus, S. paiera,
Radiolites angulosus;
Vers le centre, de 3^30 à 2^75, l'horizon moyen, représenté par les
calcaires noduleux à Sphœrulites radiosus ;
De 2'^75 à i'^40, l'horizon supérieur : marnes à S. sinuatus;
Vers l'est, de i<'40 à la limite du bassin, l'horizon moyen à S. radùh-
SlùS.
C'est à ce moment que se produit l'événement qui ouvre la période
sénonienne et par suite duquel le niveau modifié des mers les appelle
sur toute l'étendue du bassin et répand leurs premiers dépôts sur ces
divers horizons qu'elles recouvrent transgressivement de l'ouest à Test.
Ces constatations, dont l'exactitude peut être facilement contrôlée
sur le terrain, ne résultent pas, je n'hésite pas à le reconnaître, des
notes insérées au Bulletin de la Société géologique et notamment de
celle de 1869; mais des études poursuivies depuis dix ans ont dû natu-
rellement révéler des faits jusque-là inconnus et provoquer des obser-
vations nouvelles dont je viens de résumer les résultats.
Justifient-ils la réunion proposée en un même ensemble de l'An-
goumien et du Provencien du Sud-Ouest?
1878. AHNAUD. — ÉTAGE TUROiNIEN. 239
n me parait difficile, quelque faible compte que l*on veuille tenir de
Il stratigraphie, de ne pas reconnaître entre ces deux étages Tinterpo-
fltion d'un événement qui a changé le niveau des mers et leurs rela-
tions avec les autres régions. La transgressivité du Provencien, accusée,
000 sar un point susceptible d*étre expliqué par un fait postérieur au
dépôt, maïs sur tout Tensemble du bassin, en atteste Texistence et ex-
plique les modifications corrélatives de la faune. Sans doute le renou-
frileinrat n'est pas intégral : certains Rudistes, Radiolites cornupasto-
mtiR. angulosus par exemple, ont survécu, mais la substitution de
nouveaux caractères minéralogiques coïncide avec Faccès de nouvelles
espèces et justifie la division que l'étude dea faunes avait suffi pour
bire pressentir aux géologues qui se sont occupés de la Craie du Sud-
Ooeat.
la séparation admise par les auteurs entre ces deux étages doit donc
<Crd maintenue.
Poasèdent-ils des termes communs avec la Craie du Midi?
Il en est deux entre lesquels Tidentité ne me parait pas discutable;
ce sont les horizons caractérisés dans le Midi par les deux bancs à Ru-
distes:
Lliorizon inférieur, zone du Radiolites comupastoris, représenté
dans le Sud-Ouest par TAngoumien moyen ;
L'horizon supérieur, zone des Hippurites organisans et H. comu-
MKcinum, représenté dans le Sud-Ouest par le Provencien moyen et
sopérieur.
C'est entre ces deux extrêmes que se place, dans le Midi, la faune à
bciès sénonien signalée par MM. Reynès, Peron et Toucas. Je croîs
qQ*il suffit de rapprocher les listes de la faune mornasienne dressées
par ces auteurs, de celles de l'étage provencien du Sud-Ouest, pour y
reeonnaitre, malgré la distance et la diversité des conditions de dépôt,
011 Dombre^respectable d'espèces communes; j'ajouterai que, dans ma
pensée, des recherches approfondies dans les calcaires ferrugineux du
Flovenden inférieur, à l'est du bassin, en accroîtraient certainement
le chiffre.
Quoi qa'ii en soit, le niveau corrélatif de cette faune dans le bassin
du Sud-Ouest ne peut être douteux : elle correspond manifestement
ao Provencien inférieur et peut-être au Provencien moyen, car je no
sertis pas éloigné de voir dans les marnes à Sphctruliûes sinuattis,
aitigré leur faible épaisseur dans le bassin, l'équivalent complet des
bancs supérieurs à Rudistesdu Midi. Sans doute, il existe à ce niveau,
entre les deux bassins, des différences certaines, tant sous le rapport
minéralogique que sous le rapport de la faune, mais M. Peron en a
240 ARNAi'I). — ÉTAGR TURONIEN. 18 fév.
lui-iiiC*me indiqué la cause en expliquant (1) « qu'il semble que ceter-
» rain (le Provencien) aille en se développant et se subdivisant du
» Nord au Midi de la France » : observation très-juste, quej*aieu moi-
même occasion de faire dans les limites restreintes du bassin du Sud-
Ouest (2). Or ce développement coïncide toujours, ainsi que le recon-
naît très-exactement M. Peron, avec celui de la faune, qui, dans ces
conditions, s enrichit et se dédouble : de là l'explication de la faune
mornasienne, riche et développée dans le Midi, restreinte et plus
pauvre dans le Sud-Ouest.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire, pour établir la concordance
entre les deux régions, d'admettre dans le Sud-Ouest, entre l'Angou-
mien et le Provencien, l'existence d'une lacune que la transgressivité
du second permettrait de supposer ; je ne croîs pas qu'il ait existé de
vacance entre les deux étages, et le maintien d'une importante fraction
de la faune antérieure m'autorise à dire que, si les niveaux et les com-
munications des mers ont changé, si leur assiette s'est étendue, si
l'ébranlement générateur de ces modifications a éteint une partie delà
faune angoumienne, le bassin n'a cependant été complètement exondé
à aucun moment entre ces deux périodes.
III. Rapports du Santonien et du Coniacien avec la Craie du Midi,
Les rapprochements auxquels je viens de me livrer démontrent que
les étages angoumien, mornasien et provencien peuvent trouver leurs
équivalents synchroniques dans le Sud-Ouest. Ce synchronisme pos-
sible doit-il être nécessairement admis? C'est par l'étude des couches
supérieures au Provencien dans l'un et l'autre bassin que la solution
peut seulement être imposée.
Les calcaires à Hippurites de l'Aude ne terminent pas définitive-
ment, dans cette région, la série crétacée : ils sont, sur plusieurs points
(Sougraigne, Houlin-Tifibu, etc.), recouverts par des marnes bleues
que M. Peron assimile justement aux marnes du Beausset, du Plan-
d'Aups et des Martigues dans la Provence.
A quel horizon du Sud-Ouest correspondent ces marnes? Représen-
tent-elles le Coniacien inférieur? Sont-elles au contraire campaniennes,
comme le suppose M. Peron? Si cette dernière hypothèse est vérifiée,
toute l'argumentation fondée sur le parallélisme des couches anté-
rieures s'écroule, car, si à la base nous avons un terme certain de
comparaison, ce terme ferait défaut au sommet.
(1) op. cit., p. 495.
(2) Op. cit., p. 12.
1878. ARNAUD. — ÉTAGE TUROIVIEN. 241
Je crois ne pouvoir mieux Taire, pour arriver à dtSterminer exacte-
mantrftge de ces marnes, relativement à la Craie du Sud-Ouest, que
iTempranter au mémoire de M. Toucas (1) Tanalyse du Sënonien ma-
rin du Beausset.
En résumant les observations très-approfondies de ce mémoire, les
eoocbes marines présentent dans le Yar trois horizons successifs bien
déterminés :
A. A la base, des grès ferrugineux et des marnes bleues ou grises,
équivalents reconnus des marnes de Sougraigne et du Moulin-
Tiffou, avec Ostrea spinosa, 0, auricuîaris, Brongn. ;
B. Plus baut, un calcaire marneux à Botriopygm Toucasanus, avec
grandes Hippurites voisines d'^. radiosus;
G. Au sommet, les bancs à Ostrea acutirostris.
Cet ordre de succession se vérifie point par point dans le Sud-
Ooest, en tenant compte toutefois d*un phénomène inverse à celui qui
a présidé au dépôt de l'étage provencicn, je veux dire de la puissance
beaucoup plus considérable de Télage séiionien dans cette région et
da développement corrélatif de la faune.
Si Ton procède à cet examen comparatif dans la région méridionale
da bassin, la plus rapprochée des Pyrénées et de la Provence, on
constate :
A. 1. A la base, des marnes bleues ou rousses, qui s'étendent sur le
Provencien, de Fontaraiel, au nord de Périgueux, jusqu'à la
limite sud-est du bassin, avec Ostrea spinosa extrêmement abon-
dante; ces marnes existent en place au sommet de la colline du
Pech-del-Trel, avec leur faune caractéristique. — Coniacien infé-
rieur.
S. Des calcaires marneux, passant à des calcaires noduleux ou ho-
mogènes, fournissant de la pierre de taille, avec Ostrea auricu^
loris, Brongn., O, plicifera, Duj., etc. — Coniacien moyen et
supérieur.
B. 1. Des calcaires marneux ou solides, avec bancs homogènes subor-
donnés, passant au grès sur certains points, avec : Sphœruîites
Coquandi, Hippttrites radiosus, Botriopygus Toucasanus, Pyrina
ovulum, etc. — Santonien inférieur.
1 Banc marneux à Ostrea vesicuîaris et 0. prohoscidea, — Santo-
nien moyen.
C Marnes et grès à O. acutirostris. — Santonien supérieur.
Cest au-dessus de ce niveau que prennent naissance dans le Sud-
Oaest, au moment de l'occupation définitive du bassin du Midi par les
11) Mém. Soc. géol., ^ sér., t. IX, n* 4, p. 46 et s.
16
242 SEANCE. 18 fév.
eaux douces, les calcaires campaniens recouverts plus tard par le
Dordonien à Ilemipneustes striatoradiatus.
Les horizons de la Craie supérieure du Midi se trouvent donc rigou-
reusement précisés par ce rapprochement et il devient impossible de
faire remonter les marnes de Sougraigne au-dessus du Coniacien in-
férieur.
Je suis loin de méconnaître qu'une notable partie de la faune s'est
poursuivie dans la Haute-Garonne et le Sud-Ouest au-dessus de Tho-
rizon qui lui avait donné naissance; que dans la Haute-Garonne les
caractères moins nets des couches inférieures peuvent faire illusion sur
le synchronisme à établir; mais ces considérations ne peuvent influer
sur les conséquences forcées de la comparaison avec le bassin du Sud-
Ouest, dans lequel la série des couches est complète et leurs caractères
assez sûrs pour prévenir toute erreur.
Les résultats de cette étude peuvent donc se résumer dans les con-
clusions suivantes :
I. Les bancs à RadioUtes comupastoris du Midi de la France corres-
pondent à TAngoumien moyen du Sud-Ouest ;
II. Uétage mornasien, au Provencien inférieur et probablement au
Provencien moyen ;
III. Les bancs supérieurs à Rudistes, au Provencien supérieur;
lY. Les marnes de Sougraigne, Moulin-Tiffou, etc., au Coniacien in-
férieur.
Je prends occasion de cette note pour rectifier, dans mon Mémoire
sur le terrain crétacé du Sud-Ouest de la France, une erreur d'impres-
sion non relevée à TErrata : p. 41, ligne 6, le mot seconde doit être
substitué au mot troisième; et pour rappeler que le véritable niveau
des calcaires à Rudistes de Saint-Mametz, attribués par erreur dans la
note de 1869 à la base du Dordonien, et la détermination inexacte du
Sphœrulitcs Villei, rapporté à tort au RadioUtes comupastoris dans le
Carentonien, sont rétablis dans ce mémoire.
M. Munler-Cbalmas préfère les conclusions de M. Arnaud à celles
de M. Peron.
MM. G. Yasseur et G. Dollfus analysent successivement les deux
parties du mémoire suivant :
1878. DOLLFUS ET VASSEUR. — CHEMIN DE FER DE MÉUY. 243
GoDpe géologique du cbemln de Ter de Méry-sor-Olse
entre ValmondoU et Bessancourt (Seine-et-Oise) ,
l'* PARTIE : Description des coucJies rencontrées,
par HH. G. DoUfus et G. VASueur*
PI. IL
Introduction.
La loDgae série de couches que nous allons décrire a été mise au
jour en très-grande partie par les travaux d'une nouvelle voie ferrée
allant d*Erinont à Yalmondois par Méry-sur-Oise, dans la section de
TaliDondois-Hériel à Bessancourt, c'est-à-dire dans la partie de la
Toie qui s*élève à flanc de coteau du niveau de TOise au seuil de la
vallée de Montmorency par la dépression de Sognolles.
ParTinterraédiaire de M. Loustau, notre si obligeant confrère, nous
avons obtenu les autorisations nécessaires pour étudier les talus, faire
eiécQter des fouilles aux points masqués, relever les cotes, rectifier les
niveaux dont nous avions besoin en complément des tracés et profils
communiqués par la Compagnie du Nord. Qu'il nous soit permis de
remercier ici H. Vingénieur Belhomme de sa complaisance, M. le chef
desection Letort et M. Legrand de leur obligeant concours.
Notre coupe a été dessinée à l'échelle de Viooo ^n longueur et de Vie«
en hauteur, soit Vio d'exagération pour l'épaisseur des couches; la
multitude des détails ne permettait pas de réduire ces échelles. Mais il
en est résulté pour notre coupe des dimensions telles qu'elle n'a pu
trouver place dans le Bulletin de la Société géologique de France. La
gravure et l'impression en ont été faites à part, et nous ne joignons ici
qu'on schéma abrégé, donnant une idée générale de la disposition des
localités et des couches.
Les tranchées où les coupes ont été prises sont celles du côté gauche
en montant; ce sont les plus élevées et les plus continues. Nous avons
utilisé un certain nombre de carrières adjacentes à la voie, qui don-
nent des séries étendues. Les fossiles ont toujours été très-soigneuse-
ment pris en place, et les échantillons douteux réservés.
Dans ce travail en commun, qui a duré plus d'une année, les au-
leors ont fait ensemble tous les relevés ; M. Yasseur s'est spécialement
occupé du dessin, et M. Dollfus de la déterminalion des fossiles.
241 DOLLFUS ET VASSEUR. — CHEMIN DE FER DE MÉRY. 18 fév.
Description des couches.
Nous divisons la longue étendue sur laquelle il nous a été permis de
relever des coupes de détail, en plusieurs sections dans lesquelles
l'ordre ascensionnel, géographique et géolosîque, des couches coïncide
assez bien.
Nous prenons la coupe à son point'le plus éloigné de Paris et aussi
le plus bas, au bord de TOise, et nous la terminons au point culmi-
nant de la voie, près de la station de Bessancourt. La longueur totale
étudiée est de 5 kilomètres. Le niveau de TOîse est à 23 mètres au-dessus
du niveau de la mer; le point culminant des tranchées est à l'attitude
de 93 mètres et le sommet de la butte de Frépillon à 169 mètres.
Voici le tableau de ces sections et de leurs subdivisions :
/ a. Tranchée de l'Oise (calcaire grossier inférieur).
Section I ( 6. — du palier de l'église de MéWel (ctl-
I caire grossier inférieur) .
du val de Méricl < c. - de la station de Mériel (calcaire gros-
/ sier inférieur et moyen),
(entre lOise et le val de Mériel) . f ^ carrière de Mériel (calcaire grossier moyen et
\ supérieur).
ie. Petites tranchées du kilomètre 27 (calcaire
grossier moyen).
f. Carrière Quesnel (calcaire grossier moyen et
supérieur).
g. Petites tranchées de Méry (calcaire grossier w-
périeur) .
h. Carrière du viaduc de Mérj* (calcaire grossier
moyen et supérieur) .
Section III» /t. — Beslier (calcaire grossier moyen et
de la garenne Lamoignon I supérieur).
, , ,, , Ij, Tranchée Lamoignon (calcaire grossier sup6-
(entre le val de Mery et la route J ^-^^^^ ^^^^^^ ^^y^^^,
départementale n* 7). \k, — de la gare de Méry (sables moyeu).
de SognoIIe's [ '• "" inférieure de Sognolles-Mér}* (sables
(entre la route départemenUle) °»°y«»S' ^^^^^^^^ ^^ Saint-Ouen).
n- 7 et le point culminant de la J *»• - supérieure de SognoUes - Frépillon
voie, à 1500- avant la station f (marnes infrk-gypseuses, gypse In-
de Bessancourt). \ férieur).
in. Carrière Henocque (gypse, marnes bleoei,
marnes blanches, marnes vertes, mamef
à HultresU
0. Village et butte de Frépillon (marnes à Hultrei,
sables de Fontenay) .
p. Plateau de Bessancourt (meulières de Montmo-
rencv).
1878. DOLLFUS ET VASSEUR. — CUEHIN DE FEU DE HEEY. 215
Section !•
a. Tranchée de VOise, depuis Tenlrée de la Irandiée après le pont
sar l'Oise jusqu'au passage à niveau de l'église de Mériel; longueur,
JOOmèlrai; hauteur maximum de la tranchée, 8 mètres.
NoQS n'avons pu obtenir aucun renseignement sur les terrains tra-
versés dans le foncement des piles du pont sur l'Oise. Le niveau
BOfen de celte rivière est à 23 mètres au-dessus de celui de la mer;
Feolrée en tranchée est à 14 mèires plus haut. La berge est composée
(Ton sable fin, micacé, fauve, comme celui que Ton voit à l'entrée de
la coupe. Dans cette région les bancs ondulés, soudés ou disjoints
n'étaient pas aisés à poursuivre dans la distance; nous avons eu re-
ooors à des repères de peinture placés pied à pied ; cet artifice nous a
trèî^bien réussi et nous avons pu voir ensuite, à distance, l'allure
tnie du même horizon.
l' Sable fin, gris et jauae, glauconieux. un peu micacé, sans fossiles (Sables do
Cuife), visible sur 1"50
S" Argile grise, bruoe et blanche, sableuse, en lits non continus, lii^c à la
couche précédente 0.01 à 0.50
y Sable gbacooieux, calcareux. à petits cailloux de quartz vert, avec
fossiles fiiables, Dorobreux (base du Calcaire grossier inférieur) 0 70
Celte couche passe à sa partie supérieure, ou latéralement sur toute son
épaisseur, à un calcaire glauconieux, solide, sableux, grossier, à nom-
breax moules de fossiles dont nous donnons plus loin la liste.
f Calcaire sableux, très-grossier, glauconieux, plus ou moins vert et dur,
sans fossiles 0.80
t^ Calcaire sableux, gross<er, plus ou moins dur, glauconieux, généralement
sableux à la base, fossilifère 0.40 à 0.60
DUrupa plana, Sow. y | LeHUapatcllariSjLiaaésp,,
Ftcten escKaroïdes, Desh., Àstropeelen poritoïdes. Des Moul. sp.,
Ottrea muUieostata, Desh.,
*• cariosa, Desh.,
— fiabellula, Lam.,
iihinolampas (fragments),
Nummulites lœvigala, Brug. sp., ce,
— scabra, Lam.,
— Lamareki, d'Arch. (1).
f Cilcai.*e glauconieux, sableux, arénacé à la base et au sommet, sans fos-
siles 0.50 à 1.10
T CaJca«re glauconieux, grossier, un peu blanchâtre, en bancs solides, très-
fossilifère (moules) à la base 0.30 à 1.00
Cardiwn porulosum, Lam.,
îeUma rostralii, Lam.,
Chôma calcarata, Lam.,
Turritella imbricataria, Lam.,
Lunulitet urceolata, Lam..
Turbinolia tuleata, Lam.. etc.
9 Calcaire glauconieux, sableux, arénacé à la base, sans fossiles. . 0.30 à 0.80
(i; Je oe suis pas sûr que ces trois espèces soient distinctes (G. D.}.
iïQ DOIXFUS ET VASSeUR. — CHEJILN DB FER DE HÉRY. 18 fëv.
0* Calcaire glauconieux, sableux, avec rares Lenita pcUellaris et Lunulitet
ureeolata 0.70 à 1.00
10* Calcaire grossier, glauconieux, un peu blanchâtre, sableux à la base.. 0.60
Lenita patellarU, ce, | Vineularia (fragments),
Cassiduku faba, Defr., | NummulUet scabra, Lam.
Grains de glauconie moulés dans des loges de Foraminifères détruits.
Entre les bancs 9 et 10 il se développe vers Mériel, dans une zone sa-
bleuse intermédiaire, un banc solide, de 0.30 à 0.60
11* Calcaire glauconieux, grossier, en bancs irréguliers ; mêmes fossiles que
dans 10*. et en plus 0.50 à O.7O
Eehinolampds affinis, Goldf. sp., | Echinanthus Cuvieri, Goldf. sp.
19* Calcaire grossier dur, blanc-jaune, pointillé de glauconie 0.90
13* Calcaire grossier glauconieux, en plaquettes, avec quelques grains de
quartz vert ; fossiles nombreux (moules) , dont on trouvera plus loin la liste. 0.50
Au-dessus : terre végétale, épaisse de 0"60 ; blocs éboulés et débris
sur les pentes.
b. Palier de Véglise de Mériel, Cette tranchée n'est pas dans l'axe
de la voie, mais rejetée en arrière, pour livrer passage à un chemin
bifurqué qui monte à droite au-dessus de la tranchée c et à gauche
au-dessus du terrain naturel de la tranchée a. La longueur de cette
portion est de llo"", sa plus grande hauteur de 7°*, complétée par la
fouille de la cave de la maison du garde du passage à niveau.
Au-dessous do la voie (maison du garde), n** 7 à 11 : calcaire glauconieux, aré-
nacé ou endurci, sans changement, fossilifère.
11b Sable glauconieux, calcarcux, blanchâtre, endurci par places, surtout dans les
0"30 inférieurs; Xeni/o patf //an* 0.60 à 1.00
12b Calcaire dolomilique, grossier, blanchâtre, à points de glauconie, délité
au sommet 0.80 à l.SO
Idb Calcaire dolomitique, brunâtre, glauconieux ; moules de fossiles, grains
de quartz, dents de Squales 040à 0.60
Filet argileux, glauconieux, très-vert, à la base 0.05
14b Calcaire dolomitique, glauconieux, sans fossiles 1.00 à 1.50
15b Dolomie sableuse, terreuse, sans fossiles 0.20 à 0.40
16b Dolomie sableuse, ferrugineuse, glauconieusc, un peu calcaire par places ;
vestiges de fossiles /^r«rf6rafu/a 6ûmiiara;/ 0.50
17b Dolomie sableuse, calcarifcre, brun-jaune; vestiges de fossiles (Turri-
telles) 0.35 à 0.40
18b Calcaire dolomitique brunâtre, dur, à moules de fossiles variés, mécon-
naissables 0.40 à 0.45
19b Calcaire blanc, normal, avec Milioles, en plaquettes stratiQées ; végétaux
vers la base 0.70 à 0.90
Ce calcaire altéré par places passe à un calcaire dolomitique jaune,
pulvérulent.
20b Calcaire dolomitique dur, brun-foncé, à grandes cassures, avec trous de
Milioles altérées et disparues 1.00 à 1.10
1878. DOLuras bt vasseur. — gubmin db frr de miUiy. 247
llkDoloime terreuse, passant à la terra végétale l.Oo
Tare régétale, enviroo 1.00
c. Trand^ de la êtoHon de Mériel, Cctie coupure, longue de 430"^,
a nue hauteur assez uniforme de 8 à 10"^; elle comprend une voie de
ginge dans laquelle Taltération dolomilique devenue complète con-
fi»d tous les bancs distingués ailleurs en une seule masse sableuse
iMNDOgène. Elle commence au passage à niveau du palier de l'église
de Mériel et finit au remblai qui précède le pont sur la route de Hé-
rid i Villiers-Adam et à l'abbaye du Val, après la station de Mériel
(altitude, 41" environ).
12* Dolonye brune, UQ pou glauconieusc, dure ou sableuse 0.60 à 1.30
Cette couche se confond par places, à la base, avec le sable très-glau-
cooieux de la couche 11b, qui est visible sur O'SO en contrebas.
13* Dolomie calcaire, dure, brune, en bancs continus, à grandes cassures ;
Boules de fossiles indéterminables, dents do Squales, grains de quartz
vert, glaoconie ferreuse 0.40 à 0.60
ia centre de la coupe cette couche est tout entière transformée, ainsi
^ k suivante, en dolomie pulvérulente, i}run-jaune, sans fossiles.
Filet argileux vert à la base de 13*^.
Vt Calcaire dolomitique, brun, sans fossiles, dur, sableux et plus clair au
centre de la coupe 0.90 à 9.40
U* Momie Mbleusc, brune, terreuse O.SO à 0.70
W Calcaire dolomitique, plus ou moins dur, à fossiles nombreux (moules),
lié à la couche suivante 0.50 à 0.60
îmknUula hisinuata, Lam.,
Chôma eaUarata, Lam.,
TiurUeUa imhriccUaria, Lam.,
Échinides,
Foraminifères altérés.
17 Sable dolomitique jaunâtre, à fossiles variés et siliceux 0.15 à 0.50
l^miiellaimbriecUaria, L&m., \ Ostrea flabellula, Làm.,
Foraminifères altérés, mais variés et déterminables :
Cyihere (2 espèces indéterminées),
Vincularia fragilis, Defr.,
— n. sp,.
iUùeulinaringens, Lam. sp.,
TrUoeutina trigonula, Lam. sp.,
Molaima (4 espèces),
Jfodof aria (2 esp.),
ÀheoUna sp.,
MwmmulUes variolaria. Lam. (1),
iitrdia subdeltoïdea, Jones,
Crisia n. sp. (2),
Idmonea coronopus, Defr.,
Pustulopora,
Escharipora, etc.
18^ Calcaire dolomitique dur, brun, à trous de Milioles et mauvais moules de
fioMiles 0.30 à 0.50
OJPéj> signalée dans le Calcaire grossier par d'Archiac (Bull, Soe. géol.» 3* sér.,
tXmi, p. 460; 1861) (G. D.).
n Cett Tespèce que j'ai désignée sous le nom de C. angulafa dans le calcaire à
Oitilolitn du CotenUn (G. D).
248 DOLLFUS ET VASSEUR. — CHEMIN DE FER DE MÉaT. 18 fëv.
19" Calcaire normal, blanchâtre, stratifié, à Milioles et points bruns végétaux,
avec grains espacés de glauconie, délité en plaquettes au sommet; fos-
siles variés 150 à 2.00
Diastoma costellatum, Lam. sp.,
Turritella sulcata, Lam.,
Fimbria lamellosa, Lam. sp.,
Chama calcarata, Lam.,
CrastcUella limellosa, Lam.,
Crauatella compressa, Lam.,
Arca quadrilatera, Lam.,
Fabularia discolites, Defr.,
Triloculina trigonula, Lam. sp.,
Alveolina Boscii,T>etr. sp.
20° Calcaire dolomitique dur, foncé, à grandes cassures, à cellules de Milioles
cristallines, souvent à l'état de blocs démantelés sur le calcaire en pla-
quettes 1.10 à 1.80
21* Dolomie terreuse, visible seulement dans la première moitié de la coupe ;
Cardita calcitrapo'ides silicifiées 1.00
d. Carrière du val de Mériel, C'est la troisième des carrières ouvertes
dans le flanc gauche du vallon qui monte vers Vil liers-Âdam, qui nous
a fourni la coupe suivante (1) ; sa plus grande hauteur est de 13°^40, sa
distance maximum de la voie ferrée de 500™. La première carrière
étant presque adossée à la coupe c et les bancs en étant semblables
à ceux des seconde et troisième carrières, mais moins complets dans
le haut, le rabattement dans le dessin a été fait au-dessus du pont qui
suit la gare de Mériel vers Méry.
SB. Calcaire grossier, à Milioles, fin, blanc, dur; fossiles nombreux: Cardita,
Crassatella, Chama, Foraminifères, etc 0.30
C. Calcaire à Milioles, avec peu de fossiles, en deux délits 1.90
\^ Calcaire grossier tabulaire, dur, siliceux 0.25
( Calcaire en deux bancs, dolomitique par places 2.10
20^1 A. Délit inférieur 1.10
( B. Banc supérieur 1.00
21** Calcaire grossier fin, blanc, stratifié, dolomitique par places, avec fos-
siles silicifiés et débris d'Algues, se reliant au suivant 0.30
22** Calcaire grossier fin, blanc-jaune, dolomitique, à petits fossiles silicifiés 1.40
Cerithium dentieulatum, Lam.,
Rissoa eochlearella, Lam. sp.,
Natica Lorioli ?, Desh.,
Fusus bulbiformis, Lam.,
Volvaria bulloïdes, Lam.,
Cardita calcitrapoïdes, Lam. sp.,
Cardium granulosum, Lam.,
Nucula subornata, d'Orb. (moule),
23'»<
Arca quadrilatera, Lam.,
— omata?, Desh.,
Anomia tenuistriata, Desh.,
Trochammina sp, ?,
Tubeschara bifurcata, Desm. etLesuesr
sp.,
Flustra ou Membranipora (plusieurs
espèces sur de grandes Algues).
A. Calcaire grossier, pulvérulent, fossilifère, passant au suivant .... 0.90
B. Calcaire à Milioles, dur, à tubulures remplies d'une pâte plus grosse;
fossiles variés (altitude, 55"). , 0.80
Lucina concentrica, Lam.,
Arca barbatula, Lam.,
Cardium aviculare, Lam.,
Natica,
Milioles.
(1) Cette carrière appartient à M. Gobel dit Bijou.
Ig73. DOLLFIJS ET VASSEUR. — CHEMIN DE FER DE JIÉAY. 249
i. Gilcaire fin, dur, blanchâtre, pétri de Ceriihium lapidum, Lam.,
Yir. b, passant à un calcaire en plaquettes solides, blanc, mar-
SlMf'{ nQux, avec mômes fossiles 0.90 -|- 0.23 = . 0.42
B. Calcaire marneux, à grandes cassures, blanchâtre, à CerUhium
(apûittm; et calcaire marneux compacte. . . . 0.20 -|- 0.15= 0.35
SS-SO* Calciîre siliceux, dur, avec zones do Milioles 0.40 à 0.50
ST'Xaroeverdàtre, avec Cyprîf blancs et Pofamid^f écrasés. . . . 0.02 à 0.10
S8* Calcaire siliceux, dur, celluleux 0.35 à 0.40
i»^ Marne d'un blanc verdâtre 0.02 à 0.15
31' Calcaire dolomitiqae, à Milioles, dur par places, gris do fumée 0.70
Cmlhiumdenticulaium, Lann., i C^rtf/itum ind.,
•t
— €alcitrapotdes,LsLm.f I Cardium obliquum,L&m.
m
i. Calcaire siliceux, fragmentaire, dolomitique par places 0.10
B. Calcaire dolomitique pulvérulent, passant à un calcaire siliceux, gris. 0.10
j^A i. Marne brune et verte, avec quartz carié 0.02
r B. Calcaire très-fragmentaire, avec un lit do marne brune au milieu. 0.31
Mail' Calcaire dolomitique en plaquettes, avec fins granules siliceux. . . . 0.10
M kl' Calcaire siliceux gris, à Milioles et Cérites 0.20 à 0.25
N* Calcaire en plaquettes ; Lucines et Cérites écrasés 0.12
m^i Calcaire dur, siliceux 0.80
( Quartz carié 0.01
M* Calcaire en plaquettes ; traces de fossiles 0.10 à 0.20
10* Calcaire gris, siliceux, fragmentaire, à Ce rites et Milioles 0.05
A' Calcaire tabulaire, fin, blanc-jaune ; rares Milioles 0.10 à 0.15
Spkgma roUrcUa, Lam. sp., . Corbula anatina, Lam.,
Sforiella dubia. LsiUï, sp., \ CerUhium iùd.
tt* Calcaire fragmentaire, siliceux 0.70 à 0.80
fl'Xame jaunâtre, avec quartz carié en lits ondulés 0.10 à 0.15
41* Calcaire fragmentaire, gris, siliceux 0.50 à 0 70
40* Calcaire grossier dolomitique, dur, celluleux, fossilifère (Cérites, Milioles,
etc.), visible sur 0*30 à 0.40
Terre végétale et blocs démantelés 0.30 à 0.40
Nous plaçons la limite du Calcaire grossier inférieur et du Calcaire
groisier moyen entre les n^' 13 et 14, au dessus du banc à CerUhium
gi^teum; nous plaçons celle du Calcaire grossier moyen et du Cal-
ciire grossier supérieur entre les n*^^ 23 et 24. Les irrégularités qu'on
femarque dans le numérotage de la carrière d sont dues à ce qu'ayant
créé les numéros pour les couches traversées plus loin par la voie
ferrée, nous avons trouvé à Mériel la série moins complète qu'ail-
bars et différente en bien des points. Les numéros affectés du his ne
le revoient en aucun autre endroit de nos coupes et paraissent man-
fOtf sans remplacement; nous reviendrons plus loin sur ce sujet.
250
DOIXrUâ ET YASSeUR. — GUEMIN DR FSR DE MJtRY.
18 féf.
Faune du Calcaire grossier inférieur.
Couche 3*.
Myliohatei toliapicus, Ag.,
Otodus sp. (dent roulée),
Latnna élégant, A g.,
Belosepia sepioidea, Bl.,
Nantilus (fragments),
Serpula MellevUlei, Nyst et Lehon (oper->
cule),
Cerithium Cuisense, Desh. ?,
Turritella imbricataria, Lam.,
Ringicula ringent, Lara.,
Bifrontia bifrons, Lam.,
— marginata, Desh.,
Troehus (fragments),
Dentalium striatum, Sow.,
— lueidum ?, Desh.,
Corbula Lamarcki, Desh.,
Cytherea polita, Lam.,
Cratsatella trigonata, Lam.,
Cardium porulosum, Lam.,
Pectun€ul%u pulvifuUus, Lam.,
Limopsis granulahis, Lam.,
Ostrea eariosa, Desh.,
— eymbula, Lam.,
Cardita planicosta, Lam.,
— imbrieata, Lam.,
— elegans, Lam.,
— . modica, Lam. sp.,
— decussata, Lam.,
Nueula (fragments),
LunulUes ureeolata, Lam.,
Sphcenotrochus crisput, Lam. sp.,
Turfrino^ta xu/ca/a, Lam.,
Crenaster sp. ?,
NummulUes lœvigata, Brug. sp., assez
rare,
— s cabra, Lam., c,
Eseharipora milleporacea, H.-Edw. sp.,
Eupsammia troehiformis, Pallas sp.
Faune du Calcaire grossier inféneur.
Couche 13».
Dents de Squales,
Spir or bit ammonites, Defr.j ce,
Cerithium giganteum, Lam. (perforé par
des Saxicaves),
Turritella imbricataria, Lam.,
Xenophor a agglutinais, Lam. sp.,
Terebellum sopitum, Brand. sp.,
Cattidaria nodosa, Brand. sp.,
Natica (2 espèces),
Calyptrœa lœvis?, Desh.,
Fimbria lamellosa, Lam. sp.,
Chama calcarata, Lam.,
Cardium porulosum, Lam.,
Mactra semisulccUa, Lam.,
Cratsatella plumbea» Chemn. sp.,
Venus texta, Lara.,
Cylherea lœvigata, Lam.,
Turbinolia sulcata, Lara.,
Lunulites urceolata, Lam.,
Sphœnotrochus crispus, Lam. sp.,
Eseharipora milleporacea, M.-Edw. sp.,
Vincularia fragilis, Defr. fnon Michelin),
ÀlveolinaBoscii?, Defr. sp.,
Orbitolites complanata, Lam. sp., r.,
Triloculina trigonula, Lam. sp.,
Quinqueloculina saxorum, Lam. sp.,
Rotalia troehiformis, Lam. sp.,
Spiroloeulina tp. ?
Section II«
e. Petites tranchées du kilomètre 37. Les trois coupes relevées dans
cette région, longue de 432"^, ont une hauteur de 4'"10 au maximum.
On peut les relever aussitôt après avoir franchi le remblai du vallon
1878. DOLUtJS ET VASSBUR. — CHEMIN DE VER DE MART. 8S1
qui mène à Yilliers-Adam, à droite et à gauche de la sente da Gibet,
jusqu'à 42 mètres du pont de la carrière Quesnel f.
Notons une faille de 0*^50 au début de la première tranchée.
I
A. Calcaire grossier, blanchâtre, siliceux, en un gros banc, visible sur.. 0.30
. B. — pétri de Turritelles 0.30
^ C. — en plaquettes 0.10 à 0.30
D. — dolomitique, friable 0.30 à 0.10
A. Calcaire grossier à Milioles 0.30 à 0.40
B. Calcaire grossier, très-fossilifère; Foraminifères nombreux 0.20
Cardita imbricata, Lam.,
Chôma calcaraia, Lam.,
^ Corbula,
Teredo,
Fabularia discolUes, Defr.,
Orbitolites complatuiia, Lam.
Crassatella lamellosa, Lam.,
Feuilles voisines du Phyllites nereifolius, A. Brongnt.
C. Calcaire à Milioles en plaquettes; fossiles rares 1.60
19* Calcaire dur, tabulaire 0.20
SO* Calcaire en plaquettes, réduit et dégradé 0.75
SI* Calcaire descendu, en plaquettes, avec ylnomia 0.50 à 2.00
H
SO* Calcaire siliceux dur, visible sur 0.40
■
SI* Calcaire normal, blanc-jaune, avec grains do glauconio rouillée; Anomia
tenuislriata, Caulinites sp.? 0.30
S2* Calcaire dolomitique, tendre et sableux, avec lits do rognons siliceux
noirs ; parties solides à la base, sub-normales ; empreintes d'Algues cou-
vertes de Bryozoaires; fossiles silicifiés 1.60
93* Calcaire siliceux k la base, friable et percé de tubulures plus haut . . . 0.30
Blocaux et terre végétale .... . . . . 0.60
III
S9* Sable dolomitique jaune-blanc, à fossiles siliceux 1.10
Terebellum sopitum, Brand. sp.,
Natica sigaretina, Lam.,
— Lorioli, Desh.,
Voluta tortulosa, Desh.,
Ditistoma eostellatum, Lam. sp.,
Dentalium,
Turritella,
Eipponix eornucopiœ, Defr.,
Teredo,
Arca barbatula, Lam.,
Cardita calcitrapoides, Lam.,
Venus texta, Lam.,
Cardium granulosum, Lam.
23* Calcaire grossier normal, ii tubulures pleines (altitude, 50"86) 0.35
24-25* Sable dolomitique 0.80
26* Calcaire siliceux, caverneux, avec Milioles 0.35
97« Filet de marne verte 0.03
28* Calcaire siliceux, tabulaire 0.20
Ëboulis et blocaux sur 0.50
251 DOLtFUS ET VASSEUR. — CHEHIN DE FER bE MÉRY. 18 fôv.
f. Carrière Quesnel. Cette carrière, ouverte à 10™50 en contrebas de
la voie, est franchie par un pont-viaduc de 48"^ ; le front exploité est
à 4°^ à gauche du tracé; le sommet domine le rail de 4°^.
16' A. Calcaire dolomitique, un peu cristallin, bnio-jaun&tre, à cellules vides
d'anciennes Milioles ; nombreuses Terehraiula hisinuata, h^m 0.60
TwrrittUa imbricataria, Lam.,
— multisulcata, Lam.,
Diasioma eostellatum, Lam. sp.,
Chama calcarata, Lam.,
Area eondita, Desh.,
Cardium granulosum, Lam.,
Ostrea cymbula, Lam.,
Bryozoaires et Foraminifères ind.
B. Délit ferrugineux, avecyinomta tenuittriata.
17' Calcaire grossier, normal, à Milioles, sans glauconie, renfermant entre
1"20 et 1"70 (à partir de la base) une zone de 0"50 pétrie de moules de
gros fossiles 2.35
Turritella imbricataria, Lam., ce,
Chama calcarata, Lam., ce,
Lucinamutabilis, Lam.,
Venus,
Crassatella,
Àrca, etc.,
Fabularia et autres Foraminifères in-
crustés.
A. Calcaire grossier à Milioles ; mollusques rares 0.80
B. Zone fossilifère, ondulée ; moules très-variés 0.30
18'{ C. Calcaire grossier à Milioles, normal, semblable à A 1.00
Crassatella plumbea, Chem. sp., 1 Turritella terebellata, Lam.,
Chama calcarata, Lam., | Natica, etc.
19' Calcaire à Milioles, dur, tabulaire 0.20
20' Calcaire fin, à Milioles, dur, avec deux zones de petits moules de fossiles
variés à O'-SO et l"50 de la base 2.30
Arca quadrilatera, Lam.,
Cardita calcitrapoïdes, Lam.,
Corbula,
Terebellum sopitum, Brand. sp.,
Dentalium,
Orbitolites complanata, Lam.
21' Calcaire grossier jaunâtre, fossilifère : Anomia tenuistriata, Milioles, vé-
gétaux fCaulinitesJ, relié à 22 0.40
22' Calcaire à Milioles, blanchâtre, à sédimentation irrégulière, massif ou di-
visé en feuillets 1.50
Cardium aviculare, Lam.,
Uodiola subcarinata, Lam.,
Lucina concentrica, Lam.,
Arca barbatula, Lam.,
Nutmla ParisiensU, Desh.,
Anomia tenuistriata, Desh.,
Orbitolites complanata. Lam.
23' Calcaire grossier à Milioles, à tubulures remplies de grains plus jaunes
et plus grossiers ; mômes fossiles que ci-dessus (couche 22) (couche à
Annélidcs) (sommet du Calcaire grossier moyen) 0.25
24' Calcaire dur, siliceux, caverneux, dolomitique 0.30
25' Calcaire siliceux, dolomitique; quelques fossiles indéterminables. 0.30 à 0.35
26' Calcaire siliceux, plus clair, avec Céri tes 0.40
27' Marne verte, avec vestiges de fossiles saumâtres 0.03
28' Calcaire siliceux, très-dur, avec Côrites 0.25
29' Calcaire siliceux, disparaissant parfois au bénéfice de la couche suivante. 0.08
1878. DOLLFUS ET VASSEUH. — CHEMIN DE FER DE MÉRY. 253
30^ Marne blanche ou verdâtre, pouvant remplacer le n* 29 0.08 à 0.00
31' Calcaire à MUioIes, stratifié, avec Cérites et Anomies 0.80
32' Calcaire siliceux, caverneux; Ceri7/iiMmMiara 0.40
3^-34' Calcaire siliceux, fragmentaire, verdâtre 0.30
3^ Calcaire siliceux, à grandes cassures, visible sur 0.30
Blocs remaniés et terre végétale.
g. Petites tranchées de Méry. Les 300 mètres qui séparent la carrière
Quesuel de celle du Yal de Méry montrent deux petites tranchées,
hautes de 2°>50 environ, dont voici les coupes :
31* Calcaire stratifié, visible sur 0.10
39* Calcaire dur, siliceux 0.30
33* Calcaire siliceux, à Milioles 0.30
Si* Calcaire dolomitique, fossilifère : Cerithium, etc 0.15
35* Calcaire siliceux, cclluleux, gris-vert, en banc massif; Milioles, Cerithium
eristatum, LsLm. 0.50
36* Calcaire fragmentaire, siliceux, sans fossiles 0.60
3r7* Marne verte 0.02
38* Calcaire siliceux, tabulaire, dur, gris 0.S3
!A. Marne blanche * . 0.02
B. Calcaire à Milioles, Anomies, etc., pourri à la base 0.08
C. Calcaire stratifié, à Corbules 0.13
40* Calcaire siliceux, sans fossiles 0.20
41* Calcaire fin. en plaquettes; Corbules, Cériies, Sphœnia angulata, Cerithium
lapidum 0.06 à 0.10
42* Calcaire siliceux, fragmentaire 0.60
43* Quartz carié, grossier, ferrugineux 0.05
II
41* Calcaire siliceux, à Cerithium lapidum 0.10
42* Calcaire siliceux, fragmentaire 0.60
43* Quartz carié et cristallisé en rosettes, dans un sable dolomitique jaune ou
verdâtre 0.03
41* Calcaire siliceux, fragmentaire, gris 0.45
45* Marne blanc-jaunâtre 0.05
46* Calcaire dolomitique, demi-dur, brun, terreux 0.40
Cyrena sp.,
Sportella dubia, Defr. sp.,
Ànomia tenuistriata, Desh.,
Styloeœnia montieularia, Sclm. sp.
Cerithium dentieulatum, Lam.,
— lapidum, Lam.,
— semicoronatum, Lam.,
Natiea ParisiensiÉ, dOrb.,
Cardium obliquum, Lam.,
fiboulis et terre végétale.
h. Carrière du viaduc de Méry, Nous désignons ainsi la carrière
qui s'ouvre à gauche en remontant le val de Héry. Elle s'ouvre égale-
ment au dessous et au dessus de la voie, à gauche en venant delfériel,
avant le pont-viaduc.
25i D0IUO8* ET TASSEUR. — CHEMIN DE FER DE M^RT. 18 fëv.
19^ Calcaire grossier à Milioles, fîo, dar, blaao 0.95
SO^ Calcaire à Milioles, dur, légèrement teinté de jaune, en trois bancs :
A, inférieur 0.70
B, moyen, avec articles de Crinoïdes 0.18
Délit à empreintes végétales.
C, supérieur, de couleur crème; quelques Orbitolites 1.35
21^ Calcaire à Milioles, fin 0.55
SS^ Calcaire blanc, à Milioles et Orbitolites, pourri sur 0*30 au sommet ... 1.60
93^ Calcaire à Milioles et Orbitolites, fin, tendre, à tubulures remplies de sédi-
ments plus grossiers, colorés en chamois très-clair 0.30
94^ Calcaire siliceux, à Milioles, très-dur 0.95
95^ Calcaire siliceux dur, ou dolomitique et pulvérulent; filet de Milioles
dans une zone plus tendre à la base ; Natlces, Cérites, etc. ...... 0.25
96^ Calcaire siliceux, gris, ondulé, avec poches géodiques blanchâtres de
dolomie pulvérulente; fossiles rares ; un filet avec Milioles celluleuses
à la base .....*. 0.20 à 0.95
97^ Argile verdâtre en filet, avec Cyprtt et Potomid^f écrasés 0.03
98^ Calcaire siliceux, compacte, dur, grisâtre , 0.95
99-30^ Marne blanche et verte, à filets rouilles, sans fossiles 0.08
31^ Calcaire dolomitique, dur, à Milioles abondantes 1^0.85
Cerithium dentieulatum, Lam.» | Corbula pisum, Sow.,
Melania 9p„ { Grande Lucine.
39^ Calcaire siliceux, compacte à la base, celluleux au sommet; moules de
Cérites 0.35
83^ Calcaire siliceux, sans fossiles 0.30
34^ Calcaire altéré, avec Milioles, Cérites, etc 0.90 à 0.40
35^ Calcaire siliceux, pulvérulent par places 0.40
36' Calcaire siliceux, fragmentaire, gris 0.95
31^ Filet de marne brune et verte, feuilletée 0.09
38' Calcaire siliceux, jaunâtre, à grandes cassures '. 0.27
39' Calcaire granulé, tendre par places, avec silex noir, quartz carié, granu-
lations blanches, parfois en plaquettes solides, siliceux et endurci.
Lucina saxorum, La m., | Cerithium îapidum, Lam.,
Anomia tenuistriata, Desh., | — ind.
40^ Calcaire siliceux, gris, réduit à 0.06
.,,r A. Calcaire stratifié, tabulaire 0.12
( B. Délit argileux, gris et jaune 0.04
42^ Calcaire siliceux, fragmentaire, gris 0.80
43' Marne feuilletée, brune, jaune ou verdâtre, avec quartz carié 0.05
44' Calcaire siliceux, fragmentaire, avec cellules jaunes à la partie supérieure. 0.70
45' Filet de marne verdâtre 0.03
A. Calcaire siliceux, dur, avec rognons très-siliceux 0.10
.gi^i D. Calcaire à Milioles, tendre, sableux; fossiles variés 0.99
C. Calcaire gris, siliceux, à cassure en dés 0.05
D. Calcaire solide, à Milioles et autres fossUes 0.95
Cerithium dentieulatum, Lam.,
— semicoronatum, Lam.,
Natiea Parisiensis, d'Orb.,
Cardium obliquum, Lam.,
Cyrena aff. C. deperdita,
Anomia tenuislriata, Desh.,
Styloeœniamonticularia,Schu. sp.,
Foraminifères nombreux.
1878. DOLLPUS ET VASSEUR. — CHEMIN DE FBB DE lÊÈKT. S5S
Blocs éboulés et terre végétale 1»00
Dans cette deuxième section les couches plongent normalement au
sud, en contre-pente de la voie ; ce plongement est masqué en partie
par répaississement progressif des couches dans la même direction.
élection m.
t. Carrière BesUer. Cette carrière, qui s'ouvre à I6°*70 en contrebas
de la voie, au-dessous et à droite du viaduc de Méry, constitue une
excellente récapitulation des coupes particulières de la précédente
section (1).
■
f A. Calcaire à Hilioles, tabulaire; quelques moules de petits fossiles . . 0.30
Vff B. id. , un peu plus grossier, k Fabularia 0.40
I C. id. , fin. en trois bancs : 0-80, 0-50 et 1"00 2.30
19* Calcaire à Milioles, tin, tabulaire 0.30
i A. Calcaire à Milioles. fin, en trois bancs : 0""20, 0"50 et 0»15 0.86
[ B. Calcaire à Milioles, fin, normal, en deux bancs de O'SO 1.20
SI* Calcaire à Milioles, séparé du suivant par un faible délit 0.40
23* Calcaire à Milioles, fin, blanchâtre, pourri sur les O'ôO supérieurs, lié à 23. 1.50
& Calcaire fin, blanchâtre, à tubulures crème plus grossières ; fossiles variés. 0.30
24* Calcaire siliceux, très-dur 0.24
25-26^ Calcaire à Milioles altéré 0.30
27 Filet argileux, vert 0.02
2B^ Calcaire siliceux, très-dur .' 0.25
28^ Calcaire siliceux, en blocs arrondis à la partie supérieure 0.25
30^ Jf ame verte et quartz carié 0.10
sr Calcaire très-dur, à Milioles et Cert7/iium denticulatum 0.40
^ Calcaire siliceux, caverneux, argileux à la base 0.35
88-34' Calcaire siliceux, avec zone de Milioles au sommet, lié à 35.. . . . . 0.50
36^ Calcaire siliceux, dur O.ôO
96^ Calcaire blanc, fragmentaire 0.40
7i* Filet de marne verte, avec calcédoine 0.01
3t^ Calcaire siliceux, tabulaire 0.30
ay Calcaire tendre, à granules blancs et Lucina saxorum 0.04
4tf Calcaire blanc, stratifié, avec ganglions siliceux 0.22
41 W. Marne brunâtre, feuilletée, à silex noirs, irrégulière 0.04
41' Calcaire siliceux, tabulaire; rares Corbules 0.12
48^ Calcaire siliceux, gris, très-fragmentaire, à taches blanches stratifiées,
marneuses, sans fossiles 0.85
49 Marne feuilletée, brune, avec quartz carié jaune 0.05
41^ Calcaire siliceux, gris, fragmentaire, analogue à 42 0.65
48^ Marne tendre, jaunâtre 0.10
W Calcaire à Milioles, à grandes cassures, un peu grossier, avec un banc
siliceux, en dés de 0"05 à 0"10 dans le bas 0.45
d) Cette cirrière se prolongeant en cavage très-loin dans la coUiDO, sous la voie
ferrée, a dû être consolidée; les matériaux appartenaient aux couches 19 et 20.
256 DOLLFUS ET VASSEUR. — CHEMIN DE FER DE MÉRY. 18 Tév.
Cerxthium dentieulatum, [ Cardium obliqtium,
Styloccmia montieularia, |
4? Lit mince de quartz carié 0.09
48' Calcaire siliceux, très-dur à la partie inférieure 0.35
49* Calcaire blanchâtre, marneux, à filets siliceux 0.50
50* Marne tendre, gris-jaune, à rognons siliceux au sommet 0.20
51' Calcaire à Milioles, marneux à la partie supérieure 0.5M
52^ Alternances de marne gris 'blanc et de quartz carié 0.13
53* Calcaire très-siliceux 0.18
54' Marne blanche 0.25
Niveau de la voie.
j. Tranchée Lamoignon. Pour raccorder plus sûrement cette tran-
chée importante (5iS'"), qui montre le contact inférieur des Sables
moyens, nous avons fait exécuter une fouille de 4"O0 à 32 mètres
après le passage de la sente du Garde ; cette fouille rejoint les couches
supérieures de la carrière Beslier, nous permettant de donner ainsi
une coupe sans lacunes ni hésitation, à travers toutes les caillasses.
Nous reprenons le numérotage à 1°^85 en contrebas de la voie.
54j Marne blanche 0.30
5,'^ Calcaire marneux, un peu fragmentaire, jaunâtre 0.10 à 0.15
ÔCJ Calcaire très-tendre, gris 0.10
57j Calcaire jaunâtre, fragmentaire, siliceux 0.08
58j Calcaire marneux, tendre, gris 0.15
5gj ( A. Calcaire siliceux, en dés 0.05
( B. Calcaire marneux, grumeleux, avec blocs siliceux 0.15
«Oi Marne grise très-tendre, passant à un calcaire friable, avec vestiges de
Cérites (altitude, 60™90) 0.40
61j Marne brun-verdâtre 0.01
62J Marne blanchâtre. . . ' 0.08
631» Calcaire siliceux, Ubulaire 0.22
64j Marne jaune, panachée de parties siliceuses irrégulières (1) 0.25
65j Calcaire blanchâtre, fragmentaire, tendre à la base 0.10 à 0.20
OGJ Marne feuilletée, brunâtre ou verdâtre, avec taches blanches calcaires. . 0.01
67J Marne crème, tendre et douce 0.15
68Ej Calcaire solide, gris, dolomitique ; Milioles et mollusques 0.15
Cerithium dentieulatum, Lam. (2 var.),
— cristatum, Lam.,
Natica Parisiemis, d'Orb.,
Lueina,
Bryozoaires, etc.
60j Calcaire siliceux, sans fossiles^ un peu fragmentaire 0.25
7Qi Filet de marne feuilletée, très-brune, ferrugineuse 0.01
71j Calcaire siliceux» jaune, à grandes cassures, sans fossiles 0.40
72j Calcaire siliceux, fragmentaire, à Cérites 0.06
(l) Les couches 6Qj à 64j sont atteintes à l'entrée de la tranchée par deux ravi-
Domenis quaternaires profonds.
1878. DOLLFUS KT V.VSSKUR. — CHEMIN DE FiiR DE MKttY. 237
laij Mame li*ès-blanche, temiro. O.OL
74j MarDe verte, feuilletée 0.01
75j Calcaire marneux, crème, à lits endurcis 0.26
_ p A. Calcaire siliceux, crème. 0.16
* B. Le même stratifié en plaquettes 0.13
Tïi Calcaire siliceux, tabulaire 0.15
"îSi Marne blanche 0.25
79j Calcaire très-siliceux. 0.20
80i Marne calcaire, blanche, fragmentaire 0.30
81j Calcaire siliceux, compacte 0.20
8â3 Marne blanche, crasseuse 0.12
r A. Calcaire désagrégé, arénacé, dolomilique, fossilifère 0.40
8:|J } B. Calcaire très dur, fossilifère (moules) 0.25
C. Calcaire stratifié dur, fossilifère, dolomilique et friable par places. . 0.20
Turritella,
Trochu^,
Fu9us angulatuf, La m..
Natùa Paritienus, d'Orb.,
Cerithinm pleurotomiidef, Lam.,
— Bjnelli, Desh.,
— Blainvillei, Desh . ,
— dcnticulatum, Lam., var. con-
tiguum, Desh.,
— unisulcatum, Desh.,
Salariiim.
Trignnocœlia crassa, Desh.,
Cardinm obliquum, Lam.,
Modiola crenella, Desh..
Lucinay
Cardita.
Nue nia.
L'état dolomilique de la roche n'a laissé subsister aucun Foraminifère.
ft4i Calcaire marneux, blanc, concrétionné. fragmentaire; conLict inférieur
Irès-nel 0.35
85j Calcaire très-siliceux, très-dur, tabulaire; rares Cérites 0.15
9Sé Calcaire marneux, fragmentairt*, sans fossiles 0.35
Kîl Argile brunâtre ou verdàtre, avec parties calcaires blanches 0.10
SBI Marne calcaire, blanchâtre, endurcie, fragmentaire, à cassures chargées
dcdendritcs; nodules calcaires à la base; traces de Cérites ; sommet du
Calcaire gro'îûer 0.45
8Gi Argile Uès-sableuse, grise ou jaunâtre, avec galets noirs très-roulés, sans
fossiles 0.05
90!| Sable blanc ou j:iune, fin. sans fossiles ni galets, argileux à la base. . . 1.30
91j Sable jaune, avec galets, blocs do grès et fossiles roulés épars 0.50
9^ Grès dur, grisâtre, impur, masqué par un empierrement au centre de la
tranchée sur Hô™ 0.40 à 0.70
mû .Sable grossier, jaune, ferrugineux ou hlanf^hAlio, h galets, poudingues et
débris roulés variés; Nummulite^ viriolaria et autres fossiles dont on
trouvera plus loin la liste 1.60
(Vers le passage à niveau il s'intercale ici un banc de grès avec ondulations
remarquables.}
94i Sables et grès blancs, purs, sans fossiles ni galets, passant à un grès ù
cassure biaise. 2.40 à 3.00
93i Grés blanc, tabulaire, continu. 0.50
9Qi Sable calcareux, jaune, demi-tin, passant à des gros feuilletés, à stratiH-
eatioD oblique, surtout au sommet; NummulUes variolaria et fossiles
nombreux dont nous donnons plus loin là liste 1.70
HT] Sable blanc, fin. sans fossiles, visible seulemrînt au centre et au sommet
17
238 DOLLFUS RT VASSEL'R. — • CHKMIN DE FEJV DE MÉUY. i8 fév.
(\o la tranchée fO^OO du rail), sur 0.50
Il passe h la Icrro de bruyère, qui a 0"80.
k. Tranchées de la gare de Méry. Dans cette région de 522 mètres,
qui commence au passage à niveau du chemin de Méry à Frépillon,
pour finir à la roule départementale n® 7, nous observons deux tran-
chées. La première, de 200*", fait suite à la tranchée Lamoignon et ne
montre que des sables blancs ou jaunes, sans fossiles, n** 94, super-
posés à des sables à Nummulites variolana, n^ 93, et surmontés par
un banc de grès tabulaire, n® 95; des éboulis sableux et terreux puis-
sants apparaissent au-dessus.
La seconde tranchée, située à la station même de Méry, montre :
94- 95* Sable jaune, sans fossiles, parfois blanc, avec rognons gréseux alignés
vers la partie supérieure : visible lant dans la cave du garde-barrière
qu'au-dessus des rails (1.50 + 1.00) S^SO
A. Grès tabulaire, à grandes cassures, à stratification oblique; Num-
< muliles variolaria, Ostrea, etc. 0.50
B. Sable jaunâtre, à Nummulitcx variolana, galets, etc 0.50
se confondant avec le limon du bois l.oo
Faune des Sables moyens (partie inférieure).
Couche 93.
1^. .
Lamna elegam, Ag.,
Otodus obliqnus, A
Psammoearcimis Hericarti, Dos m.
Turritella ïleherti, Desh.,
Corbula gaUica, La m..
Pcctcn plebeius, La m.,
Ostrea lamellaris, Lam.,
— dorsata, Desh..
— Defrancei. Desh.,
— plicata, Defr..
— gryphina, Desh..
Trochoseris dislorla, Mich.,
Slylocœnia emarciata, Lam. sp..
Turbinolia dUpar, Defr.,
Pectunculus pulvinatu^, Chama,
Echinoryamn^, etc., remaniés.
Circophyllia fruiiratu, Goldf. sp.,
Mddrepora Solanderi, Defr.,
sp., Litharea Deshayesi, Mich. sp.,
ÀTopora Solatidfri, Defr. sp.,
Lobopsammin cariosa, Goldf. sp..
Astreopora panicfa. de Blainv. sp.,
— aapcrrima, Mich. sp..
Nummulites vario/arta, Lam. sp..
Flustra (2 espèces nouvilles).
Foraminifères roulés,
Serpnlu.
Clionia,
Enlomostracés,
CardiUt, Lucina saxorum, Ceritkiunif Cidaris,
Faune des Sables moyens (partie inférieure).
Couche 91).
lamna elega^us, Ag.,
Psammocarcinus Hericarti, Dcsm. sp.,
Corbula gallica, Lam.,
Cytherca chgau^. Lam..
Cyrena deperdita, Desh..
Trigonocœlia cancellatn, Desh.
— média, Desh . ,
Cardita sulcn'a, Brand.,
1878.
DOLLFUS ET VVSSRUa. — OHKMIiN DE FER DE MÉRY.
259
Car dit a atpera, La m.,
Teredo fp.,
Melania lactea, Lam..
— hnrdacea, Lain.,
Oxtrea dorsata, Desli. -0. hifhrida in-
cluse?), ce,
— lameilari<, Desh., r.
— eucuHari^t Lam., r..
— plient a j Dofr., r,
— gryphina. Dosh.. r,
Turbinjlia dispar, Defr.,
Lobopitammia cnrioia, iiohlf. .vp.,
Trocho^eri^ distorla, Mich. sp.,
Madrepora oruata. Mich..
Madrepnra de for mi s, Mich. sp.,
— Solunderi, Mich. (le môme
que Dendracis Geriillei ,
Defr. sp.?),
Àxopora Solanderi, Defr. sp.,
Circopkyllia truticata, Goldf. sp.,
Astreopura asperrinia, Mich. sp.,
— panicea, Blaiuv. sp.,
Stylocœnia emarciata, Lam. sp.,
Nummulites variolaria, Lam., ce.
Autres Foraminifères rouUs.
yummidiles lœvigata, Cerithium lapi-
dnm, etc.. remaniés.
Section IV.
/. Tranchca de SojfioUes-Milry, CtHte tranchée, l'une des plus
importantes de noire coupe, est fort longue. Nous commençons la
coupe au niveau de la vole de garage d'un atelier de chargement de
(ûtTres de taille.
96' Grès oblique, à Nummnlitc^ varinlaria; surfac'3 ou luléc eu rides orien-
tées E. 35* N., crêtes espacées de l™, dépressions de0"15.
97" Sable blanc, jauni à la base, avec zones ferrugineuses, sans fossiles . . 2.50
98' Grès dur, tabulaire, à surface mamelonnée, sans fossiles. . , . O.JOà 0.50
Ce grès brisé en grandes dalles descend par étages sur la pente des
sables au contact du limon.
99* Sable noir. ligniteux 0.10
400" Sable verdAtre, à fossiles nombreux (voir la liste plus loinj . . 0.35 à 0.40
101' Grès fossilifère, blanc, irrégulièrement agglutiné 0.07
1021 .Sable blanchâtre, fossilifère 0.09
103^ Grès fossilifère, à surface mamelonnée O.L'J
Les fossiles des couches 100 à 103 paraissent les mentes du haut en
bas : Cerithium scalaroïdes, C. Bmei, Cyreat dcperdila, etc.
104' Sable blanc, calcareux, consistant, marbré de jaune, sans fossiles . . . 0.30
105' Grés calcarifère. avec vestiges de fossiles 0.05
lOÔ' Calcaire blanc, dur, sans fossik»s 0.17
107* Sable calcareux, blanc ou jaunAlre. d'épaisseur variable, avec fossiles
nombreux (voir plus loin la liste); Àvicula Dcfrnncei 0.00 à 0.15
108» Filet marneux, vert 0.03
J09' Alternances de fdels très-lins d'argile grise et de sable un. blanc-gris,
avec silex noir interstratilîé (altitude. "D^j 0.15
110" Calcaire marneux, couleur crème, avec veinules argileuses, vertes. . . 0.15
i\V Filet argileux, ligniteux 0.02
11? Calcaire marneux, tendre, couleur crème 0.21
U3* Calcaire dur. à veinules vertes, en deux bancs, renfermant parfois une
zone de calcaire tendre; Bithinies écrasjcs O.Sg
Jli* Calcaire tendre, sans veinules ni fossili's 0.3») à 0.40
200 DOLLFUS ET VASSKUR. — CHKMIN DH FKR DK MÉilY. 18 fév.
115' Calcaire Mann-cn^ine, plus «m moins dur et marneux, stratifié; deux ou
trois riolils a>>ez nets; Hithimaatamn^.Di^'U 0.98
IIG' Cnicairo trrs-dwr. stralilié; rares Bilhinies 0.38
/Marnos blanches, tendres, avec Cyr lostoma inumia, Lâm,, Bithinia
pu^illa, Desh., B. subulata, Desh.:
A. Maine à flyclcstomes O.Of)
R. O^'Tï'lz f'aï'iô dans un tilel ferrugineux 0.03
in' \ C. Marne l)lant]ie h Cycluslomes 0.12) 0.40
D. Marne à Bithinies 0.02
E. Marne sans fossiles 0.03
F. Marne fissile, avec Cyclostomes dans les délits 0.08
G. Marne sans fossiles; Cyclostomes sur le délit supérieur. 0.07
118' Marne brunâtre, avec Bithinies écrasées 0.01
119' Marne blanche, tendre, avec nombreux Cyclostomes 0.11
120' Calcaire dur. avec vesti^'es de Bithinies : un délit marneux au milieu. . 0.16
121' Marne crème ou rosée, h Cyclostomes 0.07
122' Filet couleur cafi'». avec Bithinies écrasées 0.02
123' Marne blanche, à /il (/uM l'a afoini/s. Desh 0.15 à 0.25
121' Calcaire dur, à veinules vertes; délit supérieur marneux, vert. . . . 0.05
125' Calcaire dur. siliceux 0.07
126' Marne gréseuse, sableuse même au sommet, verdàtre ou jaunâtre, avec
un filet brun h la base 0.15 à 0 20
127' Grès verdAtre, calcaiifère. fissile 0.15
128' Argile saldeuse, verdàtre (mi rouill.'e. délitée, avec fossiles comprimés : 0.25
Psanvuibia Baudoui ?,
Ccrithium pleurotnmonîrf:, Lain.. ce,
— hicarinatum?, Lam., r.
Paludina Mathcroni?, Desh.,
Planorbi^,
Cardinm granulosum, Lam.. c.
Cythcrc u. sp. , aff. C. Jurinci,
MiJnst.. ce.
Débris de Poissons.
129' Calcaire tendre, h Bithinies : li. alomu^. Desh.. D. pnsilln, Desh. 0.07 à 0.20
130' Calcaire dur. à Bithini«'s 0.05 h 0.18
131' Marne blanche, crème, tendre 0.10 à 0.15
132' Calcaire marneux, couleur boi.*», grumeleux; grumeaux de petits cailloux
calcaires arrondis 0.05 à 0.12
133' Marne blanchAfre, crayeuse, assez dure, avec Fucoïdes? . ... O.îO à 0.16
181' Calcaire dur, .siliceux 0.20
135' Calcaire tendre, marneux, avec lests brisés de coquilles. ... 0.30 k 0.50
136' Calcaire siliceux, sans fo.>>hiIes 0.45
137' Calcaire compacte, avec rognons très-durs 0.15
138' Marne couleur de chocolat ou lie de vin. à n")gnons de silex à surface
bleu-turquoise et blanche, couleurs variables suivant le degré d'humi-
dité; débris de coquilles 0.00 à 0.10
Cette cou<-.he apparaît entre les deux ponts supérieurs à la voie et
prend vers le second sa plus gramle épaisseur. Comme nous l'avons
dit pour le Calraire grossier, les couches plongent et s'épaississent au
sud-sud-est, en «rcuitre- pente de la \oi(î.
130' Calcaire siliceux, blanc ou jaune, pétri de fossiles 0.06
limiirra lonffixcnta. Brong., | Planorbis rotnndatu^. Brard.
14t>' Calcainî siliceux, sans fossiles 0.25 à 0.30
lil' AriîilevcrdAtro ou jaunâtre, panachée, stratifiée 0.05 à 0.20
1878. DOLLFLS ET VASSKL'll. — CHEMIN DK FEU DE MÉilY. 261
142* Calcaire siliceux, dur. sec 0.07
143' Banc de grès verdàlre, à fossiles fen'U;£,Mneux déformés 0.20
Cerithium Cordieri, Desh., var.,
— tricarinatum, Lam.,
— echidnoïdes ?, \.2iin.,
Natita Pari^iemis, d'Orb.,
Cardium sp.?.
Psammobia neglecta?, Desh., un peu
plus in^iquilatirale que le type,
Cardita pusilla, Desh.,
Diplûdoula ind.,
Lncina (deux espèces) .
144' Sable vert, un peu argileux, passant par oxydalion à un sable jaun?,
ferrugineux, avec rognons gréseux, arrondis, très-durs, surtout à 1"20
et 4"10 de la base; au sommet, tablettes gréseuses; à la partie moyenne,
un banc à fossiles très-friables 5 50
Ostrea plicata,î)^fr., | Lucina saxonim, Làva.,
— (iar$a/a, Desh . , ) Cardita sp.
145' Marne blanche 0.00 à 0.20
116' Argile brune et verte, feuilletée. 0.03
14T Calcaire siliceux, tabulaire 0.20 à 0.50
148' Marne jaunâtre (couleur mastic), fossilifère, se développant aux dépens
de la couche 117; points ferrugineux, végétaux 0.00 à 0.07
149* Marne verte et brune, feuillet -e. fossilifère (allitude, 90%0). . . 0.15 à 0.30
Pholadomya Lndensis, Desh., | Corbula pixidicuîa, Desh..
Crassatella Desmaresti, Desh., | Psammobia sp. ?
150' Calcaire siliceux, finement slralilié, fossilifère, visible seulement à l'étal
disloqué à l'extrémité de la coupe 0.00 à 0.10
Pince de Crusia(^6 {Psammocarci nus [ Cardita divergeas, DcsU,, dcujLXixv.,
Hericartif), \ Cardium granulosum, Lam.,
Corbula pixidicuîa, Desh.,
Crassatella Desmaresti, Desh.,
Anomia,
Lucina, etc.
151' Quartz carié, grossier, ferrugineux 0.03 à 0.07
152' Calcaire siliceux, dur 0.20 à 0.30
153' Marne blanche, à points ferrugineux 1.00
Cette dernière couche n'est visible que sous le second pont; elle se
confond avec la terre végétale, (pii a égalemonl 1.00
m. Tranchée de Sor/nolles-FnlpiUon. Cette petite tranchée occupe le
point culminant de la voie et n*a que 225 mètres; elle est ouverte dans
le gypse et présente à l'entrée un éboulement important en V,des mar-
nes suprà-gypseuses et des sables supérieurs aux meulières, dans uu
ordre normal. Comme cette tranchée du gypse ne montrait pas à la
base les couches supérieures de la tranchée précédente, nous y avons
fait exécuter une fouille, qui à S™50 en contrebas du rail a retrouvé
les marnes à Pholadomya. Voici la coupe observée ;
149" Marne verte et brune, à Pholadomya, visible sur 0.10
f A. Calcaire gréseux, en pla(|uotles, à fossiles écrasés : Cardita, AnO"
150" mia, Psammobia, qU' O.Ot
' B. Cah'airo siln.rux «»u marne >iii''.'Mse, à roliaits an;:uh'ux (MK
2G2 DOLLFtS KT VASSUni. — CHh!UlN DK FIIU DK MKUV. 18 flW.
I</. Filet (le quartz can«> très-grossier 0.03
b. Marne légèrement feuilletée., brune ou blanche, avec cristaux de
quartz 0.09
f. Filet sableux, rougeâtre ou jaunâtre 0.005
152-153" Marne calcaire, blanchâtre, dure, h cassures ferrugineuses, rou-
geâtres; on y remarque un 6Iet de gypse de 0"005 à 0"05 du haut. . . 0.6H
154" Filet argileux, brun-rougeâtre, ferrugineux 0.05
155" Marne jaunâtre, avec rognons de gypse, surtout au sommet 0.60
156" Marne brunâtre, tendre, avec gypse lenticulaire, lié à 155. O.OC
/ a. Filet de gypse en fer de lance 0.02
157" j b. Gypse grossièrement cristallisé 0.18
( c. Gypse en gros cristaux (pied d'alouette) 0.V2
158" Gypse saccharoïde 0.12
159" Marne feuilletée, jaune, à fossiles écrasés 0.-20
Bairdia gp. aiï. B. punctatella, Bosq.,
ce,
Lucina inomata, Desh. (non L. lie-
béni],
Corbulomya triangnla, Nyst,
— Chevalieri, Desh.,
Cythrrca clcgaas, Lam..
yncula s p. ?,
Planorbif ind.,
Cerithium obliquatnm ?, Desh. ,
Turritella iuccrta, Desh..
Bithinia ind.
160" Gypse grossièrement cristallisé O.luà 0.12
161" Gypse compacte, mais caverneux 0.55
162" Marne grise et jaune 0.3H
/ a. Gypse saccharoïde 0.20
Délit marneux.
b. Gypse saccharoïde 0.08
Délit marneux.
ira- / ^' Gypse saccharoïde 0.09 .
Dont marneux.
d. Gypse saccharoïde 0.07
Délit marneux.
e. Gypse saccharoïde 0.10
Délit marnQUY. /
161" Gypse saccharoïde 0.21
165" Gypse enfer de lance , . . 0.04
166" Gypse saccharoïde compacte 0.20
Iffî" Deux lits de cristaux en fer de lance séparés par O'Oô de gypse saccha-
roïde 0.15
168" Gypse saccharoïde pur 1.20
Cette couche est au niveau du rail au début de la falaise gypseuse
après 1 eboulement.
1G9'" Gypse fer de lance en deux lits 0.10 h 0.15
170" Gypse saccharoïde, d'épaisseur variable, profondément raviné; les iné-
galités sont remplies par la couche 177 0.10 à 0.36
17*7" Marne couleur mastic, compacte 0.20 à 0.50
178" Lit de grands fers de lance 0.12 à 0.20
179" Gypse saccharoïde 0.30
180" Cristaux en fer de lance et argile 0.08 à 0.1 1
181" Gypse saccharoïde 0.30
182" Marne mastic O.oi
1878.
DOLLFLS ET VASSKUn. — CHEMIN DE l'E» DE MÉUY.
18J" Gynse sai'o'nro Ml*, en plafjiiolles. vi.>ible sur
Ce gypse eslravinî sous h tonv v.*;,rjtale, quia l'"20 environ.
2G3
0.15
Faune des Sables mot/eris (niveau rnoycrï).
Couches 100 à 103.
Olioa Lauinjntianu, Lani., c,
Cerithium crenatnlatnm, Desli., oo,
— scalaroïdcs, Desh., c\
Douci, Desh. (type), r.
— — \ar.cjrjn(Uum,])esh..r,
— irochiformc, Desh., o,
— mittabile, Lain., rr,
Melania hordacea, Lam., ce.
Satica Pari^ien^is, d'Orb., c,
— epiglottinti, Lam., V.
Delphinula turbinoidca. Lam., c.
Platnrbix nitidului, Laai., ce.
— rotundatu^, BrarJ, r,
BUhinia subulata, Desh.,
— Marsauxiana, Desh.,
Calyplrœa Irochiformis, Lam., r,
Cxjrena deperdita, Desh., ce,
Trigonocœlia cvassa, Desh., ce,
Modiola subrostrata, Desh., r,
Offrea cucnllaris, Lam., r,
Acicularia pavantina. d'Arch.,
Ouinqueloculines rares.
Faune ((e.<i Sables moyens (niveau supérieur).
(louclie 107.
b\uu^ iubcarinuttia, Lam..
— polygonal, Lam., var.,
Cerithium tuberculosum, Lam.. var
— tricurinatum, Lam., r,
— angH9tum, Desh . , ce,
— echidnoïdes , Lam., c,
Canrellaria dclpctt, Dosh., r.
Satica ParLncnsiK, d'Orb.. ce,
— sp f,
Bithinia conica, C. PrC*vost. r,
— pulchrit. Desh.,
Nemaîura mediana, Desh., r.
Cardium obUquum, Lam.. c.
Arca minuia, Desh., r. ' ,
Àoicnla Dcfrancci, Desli., c.
Cn'buln angulata, Lam., c,
Venn^ texta, Lam., c,
Meinbranipora n. sp..
Entomostracés,
iMuaminifères Ires-beaux et très-nom-
breux :
SpiroUna (2 espèces),
SpirolocuUna (2 esp.j .
tJaiHqiielocuUwi (5 esp.j,
Vertehralina (L esp.j.
yjd)mna aff. .Y. irrcgitl iriv, d'Orb.
La lacune c|u*on observe dans le numérotage entre les couches 170
et 177 correspond à six couches normales (|ui existent dans la carrière
Henocque et qui sont ravinées dans la tranchée du chemin de ter.
Section V.
n. Carrière Henocque. Cette carrière, ouverte dans la buUe de Fré-
pillon à proximité de la voie ferrée, sur un point culminant, donn^
eu trois endroits peu distants trois coupes dans la roruïatiiH! ^'\p>cust'
et suprà-gypscuse : 1^ en contrebas du «diemin qui niiiie d' la rouln
déparlementale n'^ 7 au village de Frépillon; 2" dans la carrière du
264 DOUrtS ET VASStUU — nilMLN UK KKll DK MKUV. 18 fêv.
fond, au niveau de ladite route; 3** dans un grand |di où tout le ter-
rain supérieur s*est affaissé dans la région gauche de la même car-
rière; ce pli, qui montre les couches tort peu dérangées, est dans l'axe
de celui observé sur la voie du chemin de Ter à l'entrée de la tran-
chée m. La succession entre la partie horizontale et la partie inclinée
est parfaitement normale, sans accident ni lacune.
I.
163-161* Gypse saccliaroïdc, avec dôlils marneux 0.55
165" Gypse en fer de lance 0.04
KkV — saccharoïde, straliflc 0.18
167' — en fer de lance, en bancs ondulos 0.10
168" — saccharoïde, jauni 0.90
169" — cristallisé en deux bancs de fer de lance 0.12
170' — saccharoïde, blanc, à grain fin . . 0.20
171" — en petits délits ondulés 0.10
172" — en fer de lance 0.03
173" — saccharoïde, blanc, fin 0.10
174" — ondulé 0.05
175' — cristallin et ondulé, cristaux en désordre 0.20
176» — saccharoïde, en trois bancs : 0.03 + 0.01 + 0.18= 0.25
177» Marne couleur mastic, à cassure fragmentaire 0.08 à 0.10
178" Gypse laminaire (grands cristauxi 0.07 à 0.10
179» __ saccharoïde 0.25 à 0.27
IBOF — en fer de lance 0.15 à 0.20
181" — saccharoïde 0.10
182» Petit lit marneux 0.03
183' Gypse en fer de lance 0.02
184" — saccharoïde 0.12 à 0.14
185' — en fer de lance 0.02
186" — saccharoïde, pur 0.83
187* Horizon do la marne à silex ménilite (altitude. 95'"} 0.52
a. Marne blanc-jaunâtre 0.00
6. Filet noir, ferrugineux 0,001
f . Marne blanche, gypseuse, à points ferreux . . 0.06
(i. Filet noir» ferrugineux O.OOl
e. Marne blanch«^tre et jaune, à grandes cassures charitîées
de dendrites noires 0.40
188' Marne très-gypsei^se, jaunâtre, surtout au sommet 0.10
189" Marne jaune et verdAtre (bleue (juand elle est humide), avec points noirs
vôg.'îtaux 0.12
190" Marne blanc-jaune, tres-wypseuse 0.20
191' Gypse saccharoïde, en lits ondulés 0.10
192" Marne grise 0.12
193» Marne gypseuse, verdàtre à la base, ferrugineuse au milieu, blanche et
gypseuse au sommet 0.80 à 0.90
194* Gypse ferrugineux, stratifié 0.10
195' Marne blanchâtre, à rognons gypseux 0.25
196* Marne verte, en HIet ondulé (altitude, 98-; 0.03
107* Gypse saccharoïde. massif (haute masse, dite aussi 1'* masse x.tH)
1878. îWLLPLS ET VASstra. — chemin de fku de méuy. 265
II.
197" Gypse comme ci-dessus, fissuro irrégulièrement au sommet.
i98« Marne plus ou moins feuilletée, blanchâtre quand elle est sèche,
bleuâli'e quand elle est humide, vert-jaune ou ferrugineuse par alté-
ration, avec très-petits lilets gypseux (altitude, lOT^lî) 8.40
199* Marne calcaire, blanchâtre, parfois bleuâtre, toujours verdàtro au
sommet; fossiles rares : Bithinia Duchasteli, Nyst. Cypris,. 0.G2
200' Marne argileuse, verdâtre, feuilletée, avec filets de petites oolithes cal-
caires, ferrugineuses 0.65
201" Marne blanchâtre, un peu feuilletée 0.22
202» Filet argileux, vert 0.02
203* Marne calcaire, bleuâtre quand elle est humide, blanche quand elle est
sèche, à cassures ferrugineuses par places; quelques parties sont
feuilletées et tachées de vert, ou grenues et jaunies ; fossiles rares, à
test pulvérulent 0.50
Bithinia Duchasteli, N'yst, 1 Limnœa ind.,
Planor bis planulatus, Desh., \ Cypris.
204* Marne argileuse, compacte à la base, feuilletée au sommet, verdâlre ou
jaunâtre; débris de Poissons ; petit lit gypseux intercalé 0.65
■ a. Marne fragmentaire, verdâlre, plus pâle et très-fendillée au sommet. 0.90
205' J b. Marne ralt!are.ise, à cassures irrégiilières 0.11
' e. Marne feuilletée, verte, avec quelques nodules blancs ' 0.15
III.
206* Marne argileuse, verdâlre vers la base, blanchâtre au sommet, com-
pacte mais fragile 1.50 à 1.70
207* Marne argileuse, blanche, crasseuse, comprise entre deux filets ferrugi-
neux, parfois jaunie et fendillée 0.07
208* Marne blanche, analogue à -201) 1.40
■ a. Filet ferrugineux 0.003
\ 6. Marne blanche, pesanle, un peu crasseuse, h points ferrugineux. . 0.15
i f. Zimo de lilets ferrugineux 0.02
» d. Marne blanche et jaune, cras.seuse, fragmentaire 0.1.'>
210' Marne feuilletée, jaune, ferrugineuse et verte par places, avec oolithes
ferrugineuses, calcaires. cri.>itaux de gypse et fossiles écrasés : 0 15
Bithinia sp. .'.
Cythcrvlca Mullcri, Miinst. sp., rou-
lées.
Cerithium plicatum, Lam..
Cyrena convera, Brongn. sp..
Psammobia plana, Brongn. sp..
2U' Marne feuilletJ'C, f<mc;e, brune ou verte, avec filets gypseux et fossi-
lifères 0.80
a. Marne feuilletée, fragmentaire 0.08
6. Lit fossilifère : Cyrena convext, Psammobia plana, Bithi-
nia sp.*, Cerithium plicatum, Cxthérides, Poissons.
c. Marne feuilletée, j)ure 0.16
d. Lit fossilifère, analogue à b.
e. Marne feuilletée 0.56
f. Fossiles nombreux : Cerithium plicatum, Cythcr^a incras-
sahf. Cyr^^ua comexa C, scmisth'itd, Dr.*h.. .
2fi6 DOtLFUS KT VASSKUU. — CHKMIN Dt£ FKK DM MÉUY. i8 fëv.
212" Argile vert foncC», compacte, mais feodillje, avec Cyrùnes bivalves en
place, non écrasées fCyrenasp. ? très-bomhje) 0.25
213* Marne feuilletée, verdàtre et brunâtre, analogue à 211, parfois jaune-
clair, avec lits ferrugineux \.i'2
a. Marne feuilletée 0.20
6. Horizon fossilifère : Psammobia plana, Cyrena eonvexa,
Planorbis depressus, Nyst, Cerithium
plicatum, Bithinia DuchastcH, Nyst,
var plicala, d'Arch. et de Vern., Cy-
thctidea Mnlleri, Miiust. sp. (noires,
roulées).
c. Marne feuilletée 0.20
d. Lit fossilifère.
e. Marne feuilletée 0.50
f. Lits fossilifères; fossiles blancs, trôs-écra ses. 0.0-2
g. Marne verte, très-fossilifère 0.50
hlodiola angu^ta, A. Braun, ce,
Cyrena convexa, Brongn., c,
Cythcrea iucrasiata. Sow., var.
obtHsangularts, c.
CerithUim plicatum, Lam.,
— elegans, Desh.,r,
Planorbis xp. ?, r.
Bithinia sp. ?, r.
214' Marne calcaire, blanchâtre, crasseuse, frag.nentaire, un peu sableuse,
avec un lit de granulations irrégulièr.'s ; lit fossilifère vers la base :
Cyrena convexa, Cerithium, Bilhinii, Umnœi, Pl:unr'ji^. Cytheridca
Mullevi. MUnst. &\)., ce, Chara ap. .* afF. C. ffrougniarli 1.00
?15" Argile vert-foncé, compacte 0.11 à U.15
2J6" Rognons blancs ou bande de calcaire compacte, très-dur, siliceux, gris. . 0.07
217* Argile d'un vert foncé, à nodules 0.15 à 0.20
218" Argile feuilletée, variable de couleur et d'alternances ; nombreux délits
ferrugineux ; lits brunâtres et blancs, sableux, sans fossiles 0.40
219" Calcaire siliceux, gris-jaune, .sec, avec dendriles, parfois en deux cor-
dons (calcaire de Brio) 0.12
220" Marne verte et jaune, feuilletée, avec bandelettes sableuses et deux lifs
calcareux de 0"05 : l'inférieur à 0"30 du sommet, le supérieur à 0"12. 0.78
221" Marne calcareuse, jaun?, à moules de fossiles et taches noires (dite mo-
lasse parisienne I) : 0.15
Cytherea intrafsata, Sow., var. glo~
bukiris, Sandb..
Cardium scobinula, Mérian,
Corbula.
Cerithium plicatum, et(!.
222" Argile verdàtre, sableuse à la base, jaune et calcarifère au sommet ; ves-
tiges des mômes fossiles 0.45
22:3' Argile verdàtre et brune, sableuse, à granulations calcaires à la base,
feuilletée au sommet; fossiles nombreu^w à la partie moyenne, sem-
blables à ceux de 221 0.80
221" Calcaire marneux et sableux, jaunâtre, compacte; un lit d'Ostren
longirostris, Lam.. dans un filet argileux vert, à la base (mo-
lasse II) 0.15 à 0.20
225" Grès calcarifère, tendre, jaune, stratifié; débris coquilliers, grains de
quartz blanc et oolithcs calcaires, lié à 220 0.40
226" ei. Sable grossier (aspect de falun). pétri de débris de coquilles et de
granulations raîoaires • 0.15
1878. DOLLFUS KT VASi^EUIl. — CHKMLN DR FtU DE MÉnV. 267
Cythereaincrassata, Sow.,
Lueina,
Corbulomya,
Corlnda,
Milioles roulées très-variées.
Balanui unguiformis ?, Sow.,
Cerithium plicatum, Lam.,
— trochleare, Larn. .
Fasus,
Salica,
Ostrea cyathula, Lam.,
6. Grès grossier, en plaquettes, à délits argileux 0.05
W Argile brune, terreuse, un ptni compacte et plasli(|ue au contact de la
couche supérieure 0.12
228" Marne calcaire, sableuse, jaune, à fossiles nombreux ; Cytherea, Ostrea.
Cérithes {molasse IIIj 0.30
229" Argile verdàtre ou blanchâtre, pétrie d'Ostrea cyathula 0.50
230" Argile verdàtre. sableuse, à fjs.siles blancs nombreux : Corbula, cic. (Voir
la liste plus loin) (altitude, 127n0) 0.25
231' Argile grise, avec (L'bris, se confondant avej le limon et la terre végé-
tale; ensemble 0.80
0. Village de Frcpilhn, Au niveau des deriiière.s maisons de Fré-
piHon, sur le chemin de Bes.sancourt, au pied du mamelon qui sépare
ces deux villages, au-dessous du niveau d'eau de la base des sables
jaunes, nous avons pu relever la succession suivante, qui se raccorde
successivement avec les dernières couches précédentes à une altitude
de 3"* h peine au dessous des couches sup[)osées redressées de la car-
rière Henoc(|ue: ce qui s*c.\pli(jue par la ï)enle naturelle de toutes les
couches vers le sud-est. Il n'y a point de lacune; la comparaison at-
tentive avec les séries analogues voisines complètes (Herblay, Sannois)
peut k- ver tous les doutes.
230* Sable argileux, verdàlre. à fossiles variés (Corbulesi, sur 0.15
231* Argile grise, un peu sableuse, à fos>iles blancs : 0 trea cyalhnla, Cythe-
rea incr.i^sai't 0.20
232* Sable blanc ou jaune, lin, niicaré, avec (juelrjues lits d'argile grise, visi-
ble sur • . . 2.00
En montant le chemin, le sable 2:»i devient rubané, panaché, rou-
geàtrê, et est bien visible sur 4'" à la bifurcation des chemins de Bes-
sancourl et de Villiers-Adam. Si l'on prend ce dernier chemin et qu'on
le suive sur environ 300 tnèlres, on trouve à droite un chemin creux
qui monte à'J'ancien moulin'de Bessancourt et dans lequel le sable est
continuellement \isible ; 30 tnètres |)lus haut des lits argileux appa-
raissent dans le sable jaune ou l'eriugineux ; on arri\e ensuite sur le
plateau.
p. Moulin de Bessanconrt. A la cole 109, sur le plateau, nous avons
relevé la coupe suivante, qui coniplèle notre coupe et la série des
couches parisiennes :
268
DOLLFUS ET VASSËUU. — CHE&IIN DE FËU DE MEUV.
i8 fôv.
S33p Sable blanc et jaune, sans fossiles.
Lacune de 2 à 3 mètres où rien n'est visible.
23dp Argile plastique, grise à la base, rouge et panachée au sommet, se char-
geant de plus en plus, vers la base, de blocs d'un calcaire siliceux,
très-dur, fossilifère, celluleu^L vers le haut, sans stratification appa-
rente (meulières); visible sur 4.00
Limnœa cylindrica, Brard,
— ventricosa, Brongn.,
— comea, Brongn.,
Bithinia Brongniarti, 6. DoUf. fB.
pygmœa, Brongn., tnDesh. (pan),
Descr.An. sans vert, bass, Paris, pi.
XXXUI, fig. 1^15),
Planorbis cornu, Brongn.,
— sp. ?,
Valvata disjuncta, G. Dollf.,
Chara medicaginula, Lam.,
— Brongniarti, Al. Braun.
S34P Diluvium de blocs anguleux de meulières et de fragments de grès fer-
rugineux en plaquettes ou granulé
235p Limon ou terre à briques
236p Terre végétale • . .
O.K)
0.20
0.10
Famie des Sables sttpéneurs (horizon des marnes à Corbules).
Couche i30.
Myliobates sp. ?,
Serpula corrugata?, Goldf.,
Balanus unguiformis, Sow.,
Bairdia subdeltoidea, MUnst. sp., var.
gibba.
Cythereis eeratoptcra, Bosq. sp.,
Cylhcrella Jonesi, Bosq.,
Cylheridea MuUeri, MUnst. sp., type
oHgocenica.
Cythere mullinervin, Reuss (1;,
— gyro^a, Rœm.,
— striatopunciaid, Rœm.,
— sp. aff. C. lœcis, Rwni..
— sp. aff. C. Irachipora. Joncs,
Ccrithium conjunclinn, Dcsh..
— Boblayei, Desh.,
— limula, Desh.,
Troehm subcarinatus, Lam.,
iVo/tca Nysti, d'Orb..
Rissoa inchouta, Desh.^
— turbinata, Defr.,
— biangulata, Desh..
Teinostoma deeussatum, Sandb.,
Tornatella limnœiformis, Sandb.,
Chcnopu^ speciosus, Scliloth.,
Calyptrœa tabellata, Desh.,
Melania Ny^ti, Dcsh. sp.,
— semidecu^sata, Lam.,
Odoitomia plicatula. Desh.,
Turbonilla Aonis, d'Orb..
— imbricataria, Desh..
— .Vyç//. d'Orb.,
Cy lie hua minuta f Desh. sp.,
Curbula subpisum, d'Orb..
— delcta, Desh.,
Cylhcrca incra'isata, Sow.,
Cardium Defrancei, Desh.,
Mytilu^ dcnlicHlatns, Lam.,
Ostrea cyathnla, Lam.,
Lucina.
Cardita,
Nucula,
Polymorphina gibba, d'Orb. sp.,
Triloculina subin/lata. Reuss (rouljs).
Oitinqueloculina angusta, Phil. sp. fid.J,
Lepralia crctacea, Des m. et Les. sp.,
Clinnia n sp.
(1) Znr fiu. Faun-J der OUgocfinschichteu von OaaK ; X«Ui).
iVf. h.)
1878. DOLKFL'S. — CMEIIIN I)K FKn DK MKliY. ifi9
2^ PARTIR : Gomparalsonfn et Classlflcatton,
par H. G. Dollfus.
Introduction.
Après Vénuroération un peu arîde de la première partie, dans la-
quelle toute interprétation et discussion des faits a été évitée, il con-
vient de faire ressortir les groupements naturels et les assimilations,
les méthodes et les observations originales que le grand nombre de
documents présentés a pu mettre en lumière.
La recherche d'une classilication nouvelle n'est point une vaine
occupation, quand elle a pour base une appréciation de plus en plus
soigneuse et approfondie des caractères et une étude de plus en plus
minutieuse et étendue des faits. A ce point de vue, la comparaison
qu'on peut faire des classitications successives n'est donc qu'une revue
des progrès continus des observations, et le court historique que je
vais faire des grandes subdivisions aujourd'hui admises dans les
formations parisiennes, n'est qu'un appel à de nouvelles observations
permettant de faire mieux encore.
La place restreinte dont je dispose m'empêchera de reproduire,
d'analyser et de commenter avec autant de détails que j'aurais désiré
le faire, tous les nombreux travaux publiés jusqu'ici sur la strati-
graphie du bassin de Paris; j'espère cependant n'en avoir omis aucun
d'important.
Les Sables inférieurs n'apparaissent presque point dans notre coupe;
je les laisserai de côté, les ayant du reste déjà étudiés ailleurs (I).
Calcaire grossier.
La subdivision d'une masse aussi importante que celle du Calcaire
grossier a, dès l'origine des études géologiques, paru néc&ssaire ; mais
elle a été différemment comprise, et c'est encore aujourd'hui, malgré
des obser\'ations nombi^euses, une entreprise délicate. Je ne connais
aucune discordance réelle dans l'épaisseur de cette masse et tout au
plus quelques ravinements ou lacunes; la succession de la faune est
continue et le cantonnement de telle ou telle espèce dans tel ou tel
niveau n'a rien d'absolu et ne permet qu'une présomption. Ainsi la
Nummulites lœvigata du Calcaire grossier inférieur n'existe pas lou-
(1) Ann, Soc, géol. Nord, t. III. p. 153; t. IV, p. 19; t. V, p. 6; 1876-77.
270 UOlXFtS. — CHEMIN DK FEft 1)K MÉRY. i8 fév.
jours dans les assises les plus basses et se retrouve dans le Calcaire
grossier moyen ; VOrbitoUées comjylanata , si abondante à la partie
supc^rieure du Calcaire j,'rossior moyen, se rencontre dès le banc à Ce-
rithium giganteum et se propage dans les Caillasses. Restent les carac-
tères minëralogiques; assez constants dans leur ordre sur toute la
surface du bassin de Paris, ils ont clé employés jusqu'ici avec avantage,
et il ne me semble guère possible de les remplacer.
A la base, le Calcaire grossier inférieur est généralement glaicco-
nieux et sableux; les points verts forment parfois la roche presque
entière ; d'autres fois ils se réduisent à des picots disséminés dans une
masse jaune-blanchAtre ; la faune renferme bon nombre d'espèces
communes avec celles des Sables inférieurs. La dernière couche du
Calcaire grossier inférieur est la couche à Cerithium giganteum, dans
laquelle la glauconie se fait rare sur bien des points, et où l'indivi-
dualité de la faune apparaît très-nettement.
Le Calcaire grossier moyen est blanc, légèrement jauni, essentielle-
ment calcaire, à débris organiques nombreux. 0.) n'y observe ni les
bancs franchement sablo-glauconieux, ni les bancs silicéo-marneux,
qui caractérisent les autres divisions. C'est une masse hoînogène, dans
laquelle on peut a grand'peine faire <les subdivisions.
Le Calcaire grossier supérieur est indiqué par la variété de sa com-
position minéralogique, par la minceur des bancs, par la fréquence
de ses accidents minéralogi(]ucs« enfin par une faune marine ou sau-
mûtre qui se propage en partie dans les Sables moyens.
Cuvicr et Brongniarl, dès 1810, puis en 18^]5, ont divisé le Calcaire
grossier en quatre systèmes; ils partageaient en deux les Caillasses
pour en faire les deux systèmes supérieurs. Sauf sur ce point, leur
classification est très-voisine de celle que j'ai adoptée.
Dans sa Description géologique du département de V Aisne (1843),
M. d'Archiac a donné une division ditférente en quatre étages, dans
laquelle il place à tort les couches à Cerithium giganteum et à Num-
mulites dans le Calcaire grossier moyen (3" étage) ; le vrai calcaire à
Milioles est réuni à la base des Caillasses pour former un autre en-
semble (2® étage). D'un autre cùlé, d'Archiac comprend dans sa
Glauconie grossière (4*^ étage) des couches qui appartiennent certai-
nement au même système que les T^ummulites et ne sauraient former
«n étage différent. Cette classification n'est pas modifiée dans Vllis^
ioire des progrès de la Géologie (1).
M. Graves distingue sous le nom de marnes du Calcaire grossier
les couches du quatrième système de Cuvier et Brongniart, tout eu
a) Uist, Pv. Gêol.. t. ir p. .',80; 1810.
1878. DOLLFUS. — CHEMIN DE FER DE MÉHY. -271
annonçant qu'il n*est pas possible de trouver une limite géognostique
entre celle division et celle qui lui est inférieure, le Calcaire grossier
supérieur présentant les mêmes variations que les niarnes qui lui sont
superposées. Pour cet auteur, le Calcaire grossier inférieur (glauconie
grossière) comprend trois divisions : calcaire ù Cerithium giganteum,
calcaire à Nummulitea lœvigata, sable glauconieux à N, lœvigata.
En 1855 Ch. dOrbigny taisait paraître son grand Tableau synoptique
des terrains qui constitueyit le sol du bassin parisien, que je ne puis
reproduire ici à cause de sa longueur, mais qui est encore aujourd'hui
ce qui a été publié de plus complet sur les couches tertiaires du bassin
de Paris.
La même année, M. Michelot donnait à la Société géologique (1) le
tableau suivant des assises du Calcaire grossier.
CaiUasses du Calcaire grossier, j ^'^'.''^^^^^ sans coquilles (tripoli de Nanlerre).
( Caillasses coquillieros (rochette).
/ Roche (de Paris) .
„ , . , . ,1 Bancs-francs (de Paris).
Clcaire grossier supérieur, à cj^uart (roches du haut de l'Aisne).
®^* I Banc vert (et couches accessoires).
\ Saint-Nom (roches du bas de l'Aisne).
Calcaire grossier moyen, à Mi-( Banc royal.
liolcs. i Vergelés (lambourdes).
_ , . *, • . / Bancs à Verrains fCerilhium giganteum)
Calcaire grossier inférieur, al,^_ , , i ^ *.
r, ... J Saint-Leu (roche des Forgets .
Nummuhtes. i , _ / ,., ...'', ...
\ Bancs a Numniuliles f^. lœvigata).
Gouberl, qui connaissait fort bien le Calcaire grossier, ne nous a
laissé que des documents incomplets et peu précis sur ses découver-
tes (2) .
En 1856. M. Michelot (3) a fixé au-dessous du banc vert, à la base
même du Calcaire grossier supérieur, le niveau du calcaire lacustre de
Longpont, dont la faune est identique avec celle du calcaire de Pro-
vins décrit par Goubert (4) et du calcaire de Saint-Parres, près Nogent-
sur-Seine, signalé par Leymcric (ô).
Calcaire grossier inférieur.
\jd contact inférieur du Calcaire grossier avec les sables fauves de
Cuise est généralement très-net; il est indiqué le plus souvent avec
m Bull., ^ sér., t. XII, p. 1315.
(2) Bull, 2* sér., t. XVII, p. 137; 18Ô9; et t. XX, p. 750; 1803.
(0) Bull., 2* sér., t. XXI, p. 212; 1801.
(4) Bull. 2- sér., t. XXIV, p. 151; 1806.
(3) Bull, 1" sér., t. XII. p. 13: 1840.
i72. DOLLFUS, — CHEMIN DE FEU D/: MKRY. 18 fcv.
ravinement par une couche de débris roulés calcaires (Polypiers,
dents de Squales), avec grains do quartz vert, qui repose sur des
sables fins, glauconieux, avec ou sans rognons, ou bien sur des lits
argilo-sableux et ai'gilo-plastiques qui couronnent tes sables de Cuise.
Ce niveau argileux du sommet des Sables inférieurs a été mis en lu-
mière par d*Archiac; il avait été confondu avec les Lignites par M. Mcl-
leville (1). Son étendue dans TAisnc et dans TOise, son importance
hydrologique doivent ne le faire oublier dans aucune classification
détaillée; sa liaison aux sables de Cuise est d ailleurs tout à fait in-
time.
Cependant les choses ne se passent pas toujours ainsi : au nord du
bassin, à Abbecourt et h Cuise, par exemple, il existe une masse assez
épaisse de sables glauconieux, fossilifères, sans débris aussi marqués,
avecî NummuUtes planulata remaniées des Sables inférieurs, et sans
N. lœvigata du Calcaire grossier inférieur, qui forme une transition
plus délicate. Parfois encore, le Calcaire grossier inférieur est dolo-
mitique et altéré presque jusqu'à la base, transformé en un sable roux,
avec ou sans rognons; sa stratification et ses fossiles ont disparu, et
son contact avec les sables de Cuise demande une grande attention
pour pouvoir être précisé.
Dans la coupe de Méry, le Calcaire grossier inférieur se compose,
en résumé, de cinq horizons :
1. Sable glauconieux, parfois calcareux et endurci, avec cailloux de quartz vert,
dents de Squales, débris roulés de Polypiers, elc 3*
2. Calcaire grossier sableux, glauconieux, à NummuUtes lœvigata. ... 4" - 6'
3. Calcaire grossier sableux, glauconieux, à CardiMm pomîojum T^ctS*
4. Sable glauconieux, calcarifère, à Lcnita patcllaris 9*-ll*
5. Calcaire grossier glauconieux, à CrriiAiMm gfiflfcrnieMm 12'etl3*
La pierre de Saint-Leu, 3, à Mollusques et à Oursins, donne un bon
type du Calcaire grossier inférieur. Les fossiles de la couche k Lenita
patellaris, 4, sont petits; je suis assez porté k les joindre à la division
inférieure. Quant au calcaire à Cerithium giganteum, c'est un horizon
sur lequel il n'y a pas à insister, et dont la faune à Tétai arénacé est
bien connue à Courtagnon, Damery, Chaumont, Grignon (inférieur),
etc.
On a remarqué dans notre série a des bancs sans fossiles; leur assi-
milation et leur groupement avec les bancs voisins sont un peu con-
ventionnels et provisoires, et donneront lieu, sans doute, à des raodi-
iications de détail.
(1) Bull. l"sér., t. Xll, p. 236; 1811.
J878. nOLLFlS. — CHEMIN DE PER DE MKHY. 273
Calcaire grossier moyen.
Le Calcaire grossier à Milioles montre les principaux niveaux sui-
vants :
1. Calcaire à Milioles et Térébratules U-16
3. Masse de calcaire à Milioles, Turritelles et fossiles variés 17
3. Calcaire à Fo^ti/arta et débris végétaux 18 et 19
4. Calcaire à Orbitolites et fossiles variés 31 et 92
5. Calcaire à tubulures, avec fossiles spéciaux 23
Cet ensemble a 12 mètres d'épaisseur environ dans notre coupe;
dans le centre du bassin sa puissance est plus grande encore et les
bancs sont plus durs que sur les bords, où Tépaisseur diminue et où les
horizons sont souvent sableux et très-fossiliferes (Grignon, Parnes,
Mouchy). La valeur industrielle la plus grande est dans les couches
moyennes (n»» 17-20).
Les divisions que je viens d'indiquer sont plus difficiles à suivre ici
que partout ailleui^s, et l'épaisseur et les légers caractères des bancs
sont variables. A la base, les bancs dit vergelés ou lambourdes, moins
puissants et plus jaunes, fournissent plutôt des moellons. La partie
moyenne est dite banc royal : c*est la belle pierre de taille; elle est
d*autant plus recherchée qu'elle est plus fine, plus blanche, moins fis-
sarée et sans fossiles. Les bancs supérieurs, qui y sont joints parfois,
en sont aussi parfois distraits et délaissés comme friables et remplis
de tubulures; la faune en est caractéristique. Le contact du Calcaire
grossier supérieur est généralement précis, et le premier banc qui
apparaît, s'il n'est pas toujours le même, est toujours très-difi'é-
rent; dans la longueur de notre coupe, on a pu observer cette va-
nation, que nous avons notée 24 bis ^,
Calcaire grossier supérieur.
Je rapprocherai mes divisions de celles de M. Michelot, point par
point, en tenant compte de la variabilité des détails.
I^ Saint-Nom est le calcaire avec Milioles inférieur des Caillasses;
parfois dolomitique et méconnaissable, il correspond aux couches
25 et 26. Le n^ 24, tablette siliceuse à Méry, banc marneux à Céritcs à
Xeriel, est un horizon inférieur accessoire, qu'il serait intéressant de
suivre sur une grande étendue, comme premier aspect d'un nouvel
ordre de choses.
F^ Banc vert est un horizon très-net, qui se compose sur les Iwrds
48
27i DOLLFUS. — CIIKMLN DE FER DE MÉIIY. 18 fév.
de rOiso, (Vapres les propres paroles de M. Micbelot, de deux filets
argileux (no* 27 et 30) circonscrivant un double banc de calcaire sili-
ceux (n°* 28 et 29) avec Cérites. Cet horizon est représenté ailleurs par
des couches d'eau douce fossilifères, du plus grand intérêt.
Le CUquart est le banc de calcaire avec Milioles qui, supérieur au
Banc vert» est symétrique du Saint-Nom placé au-dessous et avec
lequel il a la plus grande ressemblance; il porte le n^ 31 dans notre
coupe, où il est malheureusement dolomitique ou siliceux. Ici so
terminent lés Caillasses inférieures.
Banc franc et Roche (de Paris). Je comprends sous ce titre : 1® les
couches de calcaire siliceux 32 à 36, que leur transformation empêche
de décrire d'une manière complète; 2** les couches 37 à 40, qui for-
ment le grand horizon à Lucina saxorum des Caillasses. On verra, en
suivant dans les diverses carrières ce petit ensemble, combien les
couches peuvent avoir des caractères différents à de courtes distances»
tout en conservant les mêmes fossiles et la même place stratigraphique,
qui ne permettent pas de les méconnaître. Les couches 35 à 39 cor-
respondent vraisemblablement au u^ 87, Rochette, de Ch. d'Orbi-
gny. M. Michelot fait commencer sa Rocliette par le banc à Corbules,
qui est le banc à plaquettes numéroté par nous 41; aucun caractère
n'est indiqué pour son sommet. Comme dans notre coupe les couches
à Corbules sont peu épaisses et se lient à celles qui renferment les
Lucines, je suis porté à faire du tout un second ensemble sous la ru-
brique de Caillasses moyennes.
Je comprends encore comme toit dans cette division un banc sans
fossiles, mais très-bien caractérisé, que j'ai revu identique à de grandes
distances (n^' 42-44), composé d'un calcaire marneux fragmentaire,
blanc, divisé en son milieu par une couche argileuse verte, de quel-
ques centimètres d'épaisseur. Ce pourrait être la couche dite Tripoli
de Nante7*re. Comme j'aurai l'occasion de le montrer plus tard (1),
une lacune ou une dénudation sépare souvent ce banc caillasseux du
banc marin qui le surmonte. En supposant donc que les couches
42-44 soient les Caillasses sans fossiles de M. Michelot, ce qui est assez
vraisemblable, les carrières à ciel ouvert exploitant rarement sous
une plus grande épaisseur de terrains improductifs, on pourrait
croire que le sommet du Calcaire grossier est atteint. Il est loin d'en
être ainsi. Ch. d'Orbigny mentionne au-dessus de son n® 85, qui peut
correspondre à la dernière assise de M. Michelot, un calcaire à Po-
lypiers que j'ai retrouvé à Méry et dont je puis me servir comme
(1) V- Coupe géolofiique du chemin de fer de MontsouH à ilsle-Àdam, infrà.
séance du 20 mai 1878.
1878. DOLLFUî». — CHEMIN DE FER DE HÉriY. 275
base d'une nouvelle série de caillasses, d'environ O'^SO d'épaisseur,
daos laquelle nous avons pu numéroter quarante couches, nou-
Telles en très-grande partie pour la science. Cette série serait mes
Caillasses supérieures; elle se subdivise en quatre horizons marins
séparés par quatre horizons stériles, qui sont depuis la base :
I. a. Calcaire grossier à faune franchement marine (Polypiers), très-
fossilifère (n» 46) ;
b. Calcaire siliceux et marnes alternant, sans fossiles (n*** 47-59) ;
U. c. Calcaire siliceux à Céi'ites (n* 60) ;
d. Marne sans fossiles (n* 61-67) ;
m. e. Calcaire dur, à Cerithium denticulatum ci C* crUtaium .... (n* 68);
f. Marne et calcaire siliceux (n*" 69-82) ;
IT. g. Calcaire désagrégé et dolomitique, très-fossilifère (n^ 83) ;
Jb. Calcaire siliceux et marnes varices (n** 81-88);
Le contact des Sables moyens a lieu immédiatement au-dessus par
un ravinement bien marqué sur tous les points.
On trouvera dans la première partie les listes dos fossiles des diverses
assises que je viens de classer; ces faunules ont une grande ana-
logie avec la faune des Sables moyens.
Voici d'un coup d'œil la classification du Calcaire grossier supérieur
telle que je la comprends :
I/IV. Calcaire à Cardium oblignum et Cerithium
C. l Blanvillei.
Sous-groupe supérieur, 1111. Calcaire à Cerithium denticulatum et C. cris-
i Ccrdium obliquum et Ceri-\ tatum.
thium denticulatum, rll. Calcaire siliceux, à Potamiles indéterminés.
\I. Calcaire à Polypiers fStylocœniaJ.
/IV. Marne fcuillelée, de 0"04, divisant un calcaire
B. [ siliceux de 1"60.
Sous-groupe moyen, JIII. Calcaire en plaquettes, à Corbules (Rochette).
à Lueina saxorum et Corbula HI . Calcaire à Milioles et Lucina saxorum (Roche).
anatina. II. Calcaire siliceux, à fossiles indéterminés
\ (Bancs francs).
ilV. Calcaire à Milioles (dolomitique) (Cliquart).
/Marne verte \
III. Icalcairo siliceux en deux bancs. . .} ^^*'?^
(Marne verte j""*''^^-
II. Calcaire à Milioles (dolomiti(iue) (Saint-Nom).
I. Calcaire siliceux, à Potamides; roches ac-
cessoires.
De la Dolomie dans le Calcaire grossier.
La découverte de la dolomie dans le Calcaire grossier n est pas an-
cienne; on en trouve la première mention dans le compte-rendu de Ja
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276 DOLLFUS. — CIIEUIN DE FER DE MÉRT. 18 ^t^'.
course faite à Pont-Sainte-Maxence par la Société géologique sous la
direction de M. de Verneuil, lors de la session extraordinaire de Paris
en 1855 (1).
D*aprè$ M. Damour, qui en a donné peu après l'analyse et la for-
mule (2), cette roche forme des amas entre le banc à Nummulites
îœvigata et le calcaire à Cerithium giganteum, dont ils sont séparés
par une très-mince couche d'argile brune ; c'est un sable gris-jaune,
à grains fins, qui au microscope présente souvent des cristaux rhom-
boédriques complets et accessoirement des grains de quartz anguleux
et des paillettes de mica.
Depuis lors Goubert est revenu sur cette question avec quelques
développements (3) ; il a retrouvé la couche dolomitique de Pont dans
d'autres localités, « toujours intercalée dans le Calcaire grossier infé-
rieur et tenant la place qu'occupe, de Conflans-Sainte-Honorine à Crcil ,
la pierre de Saint-Leu, entre le banc à Nummulites Iœvigata et celui
à Yerrains. b 11 cite Saint-Maximin, Yerberie, Clermont-en-Beauvoisis,
Joux-la-Ville, Parmain, etc. Il croit que ces phénomènes sont contem-
porains du dépôt du Calcaire grossier lui-même, et ne saurait y voir
une dolomitisation par métamorphisme ou épigénie ou par des va-
peurs de sel magnésien. « Le sable de Clermont est le résultat d'un
double dépôt minéral simultané de carbonate calcaire et de sel de
magnésie. »
Nos observations ne me permettent pas d'accepter cette manière de
voir, qui semble généralement admise. De la coupe de Méry, il résulte
formellement : 1^ que les accidents dolomitiques se reproduisent à
plusieurs niveaux stratigraphiques; 2"* que leur degré d'intensité est
variable ; Z^ qu'ils sont postérieurs à la formation des couches.
Avant M. de Vemenil, d'autres observateurs avaient rencontré les
sables dolomitiques, mais sans en reconnaître la nature; ils les con-
sidéraient comme de simples accidents sableux du Calcaire grossier ou
comme faisant partie des Sables inférieurs.
Cuvier et Brongniart décrivent à ce niveau, à la descente de Presles»
« un sable calcaire jaunâtre, mêlé de fer chloriteux et renfermant
des rognons très-durs, souvent très-gros, formant des bancs inter-
rompus, mais horizontaux, et composés d'un calcaire sableux à grains
verts, agglutinés par un ciment spalhique (4) ».
Graves a été souvent gêné dans sa délimitation des Sables înfé-
(1) Bull, 2' sér., t. XII, p. 1328.
(2) Bull., 2' sor., t. XIII, p, 68; 1855.
rS) Bull, 2" st-r., t. XVII. p. l[\S: 1859.
(4) De^rr. fjt'ul. r»iw. Paria, .1« ôJ.. p. 234.
1878. DOLLFUS. — CHEMIN DE FEU DE MÉllY. 277
rieursetduCalcaîro grossier, par l'apparitioa dans le Calcaire grossier
inférieur de ces couches sableuses, qui lui paraissaient constituer une
liaison intime entre les deux étages (1).
D*Arcbiac a signalé les mêmes accidents sableux, sans s'y arrêter,
en bien des points de TAisne. Vers Coucy il dit : « A igauche du
chemin deFresnes, on exploite un calcaire jaunâtre, très-dur, à cas-
sure miroitante, en rognons disséminés dans un sable jaune, et, à une
distance de quelques centaines de mètres, le Calcaire grossier paraît
reprendre son caractère ordinaire (2). »
Enlin, à Laon, M. Melleville (î) a vu et bien décrit les accidents
dolomitiques ; il suppose que ces masses sont sorties à Tétat boueux
par des canaux souterrains de profondeurs inconnues, en même
temps que se formait le Calcaire grossier.
Dans la coupe de Méry nous avons observé des faits de dolomitisa-
tion en un grand nombre de points : d'abord dans des couches infé-
rieures aux bancs à Cerithium giganteum, notamment dans la tran-
chée de rOise ; puis nous avons signalé des phénomènes identiques
affectant la couche à C giganteum elle-même, dans les coupes
du palier de Téglise et de la station de Mériel ; enfm les mêmes acci-
dents se sont présentés dans les couches inférieures et moyennes du
Calcaire grossier moyen, soit dans la tranchée de la gare de Mériel,
seit dans les petites tranchées du kilomètre 27 (couche 22). Dans le
Calcaire grossier supérieur nous avons dû signaler des couches alté-
rées aussi souvent que des couches normales, et nous avons indiqué la
correspondance latérale des couches dans leurs deux états. Ainsi le
phénomène atteint indifféremment toutes les assises du Calcaire gros-
uer, mais avec une intensité fort variable; cette intensité n'est cepen-
dant point en relation avec la place stratigraphique, comme on peut
s'en convaincre en jetant les yeux sur le tableau suivant, dans lequel je
donne, comparées à l'analyse de M. Damour et entre elles, les analyses
des principales assises dolomitiques de notre coupe, que mon ami
M. J. Ogier, préparateur au Collège de France, a bien voulu exécuter
sur ma demande avec son habileté et son obligeance habituelles :
I II III IV V
Carbonate de chaux 55.3 4T.3 51.0 57.9 55.0
— de magnésie . . . 37.2 37.1 31.5 37.4 36.2
Fer, silice, etc 7.5 15.6 11.5 4.7 8.8
100.00 100.00 100.00 100.00 100.00
(1) Topoyr. gruffti. Oi^e, p. 310.
'•i} Descr. gf'ul. Aisne, p. 121; 1813.
'vi; Bull., 2* sOr., f. XVll. p. 7^2, 1800.
278 DOLLFL'g. — CHEMIN DE FER DE MÉRY. 18 fév.
Dolomio 81.2 % 75 5 «/o 81.9 «/o 79.2 o/.
Carbonate de chaux libre 3.2 »/o l'^O % 13.4 «/o 12.0 «/^
L'analyse I est celle do H. Damour; son échanlillon est du niveau
de notre couche 12 très-probablement.
Le no II est la dolomie calcarifère du sol de la carrière Quesnel (160*
Le no m est un calcaire dolomitique, à fossiles siliceux, pris à 136
mètres avant la carrière Quesnel, dans laquelle la même couche est
à rétat normal (22»).
Le no IV est un calcaire dolomitique, dur, des caillasses à Milioles,
provenant de la carrière de Mériel (31^)
Le no y est un calcaire dolomitique» sableux, des caillasses de la
tranchée Lamoignon ( 83 J).
Le no m, des petites tranchées du kilomètre 27 (Calcaire grossier
moyen), est celui qui renferme le moins de dolomie, mais sa teneur,
75 ®/o, est encore bien remarquable. Les n®* IV et V appartiennent
au Calcaire grossier supérieur ; le premier est dur, cristallin, à trous
vides de Milioles, non encore remplis de matières pulvérulentes; c*est
réchanlillon analysé le plus dolomitiqueet le plus exempt de matières
étrangères. Le ii^ V est le type le plus élevé eomme stratigraphie; sa
teneur en dolomie est moyenne ; les matières étrangères sont siliceuses ;
les fossiles, à l'état de moules, ne sont ni remplis de matière pulvéru-
lente ni siliciiiés (1).
Au point de vue géogi*aphique, on peut considérer la vallée de l'Oise
comme un des principaux centres de ces accidents magnésiens, dont
nous n'avons pas vu de traces au midi de Conflans. En face de Mériel,
à Valmondois, le chemin qui monte au plateau d'Âuvers traverse une
énorme masse de dolomie (12 mètres), dans laquelle les bancs stratifiés,
durs, à demi altérés, alternent avec des sables provenant d'un calcaire
complètement métamorphosé; à l'église de Valmondois le .Calcaire
grossier est altéré depuis la glauconie tout à fait inférieure jusqu'aux
Caillasses; à 500 mètres plus loin, à Butry- Valmondois, les carrières
du bord de l'Oise présentent une série normale complète toute intacte.
Dans la vallée du Thérain, à Mouy, à Ully-Saint- Georges, je puis
signaler des sables dolomitiques bien caractérisés. Dans la vallée de
l'Aisne, à Aizy-Jouy, on exploite une carrière de Calcaire grossier
à demi altéré, dont la partie pulvérulente passée au crible sert à
la verrerie et dont les rognons durs, fossilifères, du calcaire à
fl) M. Delcssc a déjà signalé la présence de la magnésie et la rareté de l'alumine
dans les marnes du Calpaire grossier. Revue de Gcohgie, t. IV. p. 55; 1800: et I. V.
p. 0r»;186»<.
1878. DOLLFl'S. — CHEMIN DK FEI\ DE MÊRV. 279
Mîlioles servent à rempierrement. fJe pourrais multiplier ces exem-
ples.
L'action modificatrice a été lente et continue; elle présente toutes
les transitions d'une façon successive. Les éléments les plus faibles et
les plus tendres sont d'abord atteints ; le calcaire semble devenir gré-
seux et perd sa blancheur; de petits cristaux discernables apparaissent
dans les interstices de la pâte; les fossiles sont ensuite atteints ; le test
disparait ; les cavités d'abord bien moulées s'affaissent et se remplissent
de matières pulvérulentes; enfin toute trace organique disparaît.
Quand la glauconie existe dans la roche, elle subit des modifications
successives parallèles et intéressantes : de verte qu'elle était, elle
devient brune; les grains, d'abord limités et luisants, grossissent,
s'attendrissent, prennent un aspect terreux; enfin, chaque point
giauconieux devient une petite tache jaune sans contours, avec une
auréole diffuse qui se perd dans la masse devenue cristalline.
Les caractères stratigraphiques s'altèrent successivement : les points
saillants, les fentes s'oblitèrent ; les lignes stratigraphiques se colorent,
puis disparaissent, sans laisser de traces; certains bancs plus siliceux,
moins altérables, résistent d'abord, puis s'émoussent aux angles, s'ar-
rondissent, donnent naissance h des rognons et finissent par se fondre
avec le reste en un amas irrégulier. II reste parfois des rognons intacts
de calcaire, au milieu de la masse transformée; ce qui indique en ces
points une action plus rapide que là où l'imprégnation par imbibitîon
totale n'a laissé aucune partie en dehors de l'action modificatrice
commune. C'est surtout alors qu'on voit apparaître les accidents
siliceux, soit par le remplissage de moules de coquilles, soit par la for-
mation de nodules siliceux noirs, analogues aux silex de la Craie, au
milieu d'une masse qui ne renfermait rien de semblable à l'origine.
Les fossiles se trouvent englobés, moulés, remplis de silice blonde ou
Doire, sans qu'il soit possible de savoir par quelle voie sont arrivés
ces nouveaux éléments.
Quels rapports y a-t-il entre la silicification et la dolomitisation?
C'est une question que je ne saurais élucider. Mais d'où vient cette
dolomilisation elle-même? J'ai cherché si elle n'avait pas lieu de pré-
férence sur des lignes de fracture déterminées, si elle n'atteignait pas
plutôt telle ou telle nature de roches, si elle n'était point en rapport
avec les érosions actuelles ou avec les phénomènes diluviens; mais ces
recherches sont restées sans résultat. L'action s arrête fréquemment
par une ligne droite à la base et au sommet; latéralement elle parait
bien plus ménagée. Je n'ai revu que très-rarement le filet argileux
limite dont parle M. Damour, et rien n'a pu m'indiquer les motifs
d'arrêt de l'action molcculaire postérieure qui a produit au sein de nos
280 DOLLFUS. — ClItMIN DE FKR DE MÉ.lY. 18 \é\\
terrains terliaires (1) les phénomènes si intéressants et encore si mal
connus sur lesquels j'ai cru devoir insister un peu longuement.
Sables moyens.
L'intéressante assise des Sables moyens surmonte celle du Calcaire
grossier dans presque toute son étendue géographique; sa faune pré-
sente un grand nombre d*espèces communes avec celles du même ter-
rain. Quoiqu'on observe à leur contact un ravinement important et
une différenciation minéralogique très-nette, en t'ait, ces deux masses
de rËocène sont plus liées qu'on ne le suppose.
Les Sables moyens se composent en résumé : à la base, de graviers
et sables grossiers à débris roulés ; à la partie moyenne, de sables sili-
ceux, fins, blancs, dans lesquels s'intercalent des bancs de grès calcaire
et de calcaire pur; au sommet, de sables calcareux dans lesquels s'in-
tercalent des filets marneux et des bancs calcaires formant passage à
l'assise suivante, qui est le calcaire de Saint-Ouen.
On s'accorde à placer la ligne de contact des Sables moyens et du
calcaire de Saint-Ouen au-dessus du niveau marin sablo-calcaire dit
de Mortefontaine ; cette limite, comme M. Tournouër l'a déjà fait
remarquer, est d'ailleurs assez arbitraire.
Les Sables moyens, comme assise, ont été méconnus par les premiers
géologues parisiens. Cuvier et Brongniart (â) les ont cru en certains
points intercalés dans le Calcaire grossier supérieur (Triel, Fresnes) ;
ailleurs ils les ont considérés comme remplaçant le Calcaire grossier
(Ëzanville) ou comme analogues aux sables supérieurs au Gypse
(Ermenonville, Nauteuil). La confusion était complète.
En 1821, Constant Prévost (3) s'attacha à l'étude des grès de Beau-
champ, près Pierrelaye, dans la vallée do Montmorency, et les
suivant aux environs, ne tarda pas à se convaincre que les sables de
cette localité formaient un horizon continu sous le Gypse, au sommet
du Calcaire grossier. Très- préoccupé, à ce moment, de la question du
mélange des espèces marines et des espèces continentales, ces cou-
(1) H. MatheroD a signalé dans le Crétacé du Midi des faits analogues de méta-
morphisme magnésien [Bull., 2* sôr., t. IV, p. 263; 1816) ; et nous avons vu ré-
cemment à l'ouest d'Antibes, avec M. Potier, lors de l'excursion de la Société à
Nice, des assises jurassiques moyennes également transformées. Ce phénomène
semble donc présenter un caractère d'étendue et de généralité qu'on n'avait pas
prévu au premier abord.
(2) Essai sur la Géogr. minéraL des env. de Paris, p. 26 et 88; 1811.
(3) Obs. sur les grès coquilticrs de Jkauchnmp. Bull, de la Soc. philomaihiqnc .
1821.
1878. DOLLFUS. — CHEMIN DE FEU DE MÉRY. 281
elles lui fournirent la démonstration qu'il cherchait de ralternanco
des assises marines et des assises d'eau douce. Il donna plusieurs
coupes de localités environnantes, dans lesquelles les Sables moyens
couronnent le Calcaire grossier, mais sont souvent confondus avec les
Caillasses.
En 1829, Al. Brongniart, dans sa Tliéorie de la structure de la
Terre publiée dans le Dictionnaire des Sciences naturelles (1), admit
les sables de Beauchamp comme couronnant le Calcaire grossier et
formant une dépendance des Caillasses.
En 1835, Cuvier et Brongniart ajoutèrent peu à ces détails. Il faut
arriver à d'Archiac (2) pour trouver un progrès sensible dans la clas-
sification du terrain qui nous occupe: de 1837 à 1840. cet auteur décrit
soigneusement les « Sables moyens >, qu'il partage en 3 assises dont
le peu de place dont je dispose ne me permet malheureusement pas
de donner le détail critique; en 1843, il développe le môme sujet et
donne, pour le département de T Aisne, la division suivante, à
partir du haut: 1<* calcaire marin; 2^ grès ; 3» sables.
En 1847, Graves divise les Sables moyens, avec la précision et
l'exactitude qu* on lui connaît, en trois horizons (3) :
8. Dépôts coquilliers et grès en bancs étendus, à fossiles nombreux mais petits
{Portunus Hcricarli) ; ce dépôt allerne à Nanteuil, Rozières, Ducy, avec un cal-
caire d'eau douce.
2. Sables et grès puissants, peu fossilifères.
1. Sables fossilifères, avec débris roulés et galets fNummulites variolariaj, et,
comme lit subordonné, des marnes argilo-sabicuses discontinues (base).
Bien plus tard, M. Michelot relève à Triel (4) une coupe générale
des Sables moyens, trop peu détaillée pour pouvoir nous être utile.
Ch. d'Orbigny, dans son Tableau synoptique, admet 10 divisions;
mais, comme Goubert Ta fait observer, la succession donnée renferme
une erreur importante : les sables d'Auvers, n<* 72, y sont placés au-
dessus des sables de Beauchamp, n^ 73; c'est le contraire qui est vrai
et absolument démontré. L'ordre des n~ 70 et 71 parait devoir ôlre
également inversé.
En 1859, Goubert (5) donne des documents très-utiles sur la suc-
cession des Sables moyens dans les vallées de la Marne et de l'Ourcq.
Voici ses niveaux :
(1) op. cit., t. LIV, p. 120.
(2) BuU., !'• sôr., t. IX, p. 51; 1837; t. X, p. 108, 1839; et t. XU, p. 39; 1840.
(3) Topogr. géogn, Oise, p. 430.
(1) Ha//., 2« sôr., t. XII, p. 13-21: 1805.
T); Dnll.. 2' sôr., t. XVII. p. 111.
282 DOLLFUS. — CHEMIN DE FER DE MÉllY. 18 fëv.
Sablo fin ou argileux (Mortefontainc), ou calcaire marDeuz, avec
C, supérieur. { Fwus polffgonuM, Cerithium Cordieri, C, plewrotomoïdes, C. trica-
rinatum, AvUula fragilis, Corbula angulata.
Sable à Melania kordacea do Beauchamp, remplacé par la pierre
de Lizy ou de Louvres à Mary, Etrepilly, etc.; Ceriihium
. ^ Bo\tei, C, nalarotdes, Cytherea elegaru, Portunut Heriearti.
, moyen, j . ^^^ d'ËzanYilie, de Moiselles, et grès curviligne de Beau-
b* I champ ; Cyrena deperdita, Psammobia nitida, Cerithium mu-
V tabile, C, tubereulosum.
. . ,, . ( Sable à Tossiles brisés et galets ; Nummulites variolaria. Polypiers
A, inférieur. |
Peu après, le même auteur, saisissant l'occasion des travaux de
percée du boulevard Hale&herbes, publie une coupe intéressante qui
montra la superposition du calcaira do Saint-Ouen aux Sables
moyens (i).
Entiu, poursuivant le même horizon, Goubert donne en 1861 (i) la
coupe des Sables moyens à Lizy-sur-Ourcq, où elle offre un intérêt
capital. La classification y est reprise comme suit :
c. I 5-8. Calcaire à Àvieula fragilis.
9-11. Bousin gris, passant au calcaire de Lizy; Cerithium tuberculatum,
C. Bouei, Portunus Heriearti,
13. Sables àCérithes : C. Bouei^ C. crenatulatum, C. thiarella, C. sealaroïdes.
B.{ 13. Cordon de A/ya7i/f At^au/ti.
14. Grès gris, représentant le grès exploité à Beauchamp.
15. Sables à Melania lactea; Psammobia, Cardium, Natica mutabilis, Cor-
bula gallica, Cyrena deperdita.
A. I 16-21. Sables divers, ^\ec NummulUes variolaria.
Le contact des Caillasses n*est pas indiqué; l'épaisseur des couches
12 et 19 fait défaut.
Aucun document nouveau n*a été publié, à ma connaissance, de
1861 à 1876, époque où HH. L. Garez et Vasseur ont donné la coupe
de la terrasse de La Frette-sous-CormeilIes (3). On pourra comparer
avec intérêt cette coupe avec celle de Héry.
Il demeure donc établi qu'il existe au contact du Calcaire grossier
supérieur, des sables et des couches argilo-sableuses variées, sans
fossiles, avant d'arriver au lit à débris roulés, à fossiles abondants et
brisés, considéré habituellement jusqu'ici comme la base des Sables
moyens. MM. Graves, d'Orbigny, Yasseur et Garez ont observé ces
couches sous divers aspects; elles ont donc droit à une place spéciale
dans la classification (n""* 89-92).
«
(1) BulL, 2« sér., t. XVIII, p. 80 ; 1860.
[2) Bull,, 2- sér., t. XVllI, p. 115; 1801.
(:j) Bull., 3" sér.. t. IV. p. 472.
1878 DOLLFUS. — CHEMIN DE FER DE UBaV. 283
La partie inférieure des Sables moyens peut en outre se subdiviser
en trois niveaux : i^ un niveau inférieur, à Nummuliies variolaria, à
débris du Calcaire grossier remaniés et très-roulés, à coquilles rare-
ment entières, à Ostrea abondantes (n^ 93) ; 2^ un niveau moyen,
gréseux ou sableux, pur, sans fossiles, puissant (n^s 94 et 95) ; 3^ un
niveau supérieur, à Nummuliies variolaria très-nombreuses, à éléments
calcareux abondants, à fossiles variés et brisés, à stratification oblique
(n** 96) ; c'est la couche qui est si riche à Yalmondois et à Anvers, sur
la rive opposée de FOise. Ces trois niveaux portent respectivement
dans la coupe de Lizy les n^^ 21, 20, 19, et dans la coupe de La Frette
les noi SO à 53,49, 48.
La partie moyenne des Sables moyens est écourtée dans notre coupe :
riiorizon inférieur, sable propre de Beauchamp, est sans fossiles et
confondu avec la partie moyenne, grès de Beauchamp (no* 97 et 98);
mais l'horizon supérieur, sable à Mélanies (n®* 100-103), est très-riche;
c'est la couche 43 de La Frette, la couche 12 de Lizy, à laquelle il faut
probablement joindre les couches 9-11 du même endroit, puisque
notre série paraît sans lacune, à moins qu'on ne préfère y voir les
représentants de nos couches 104 et 105. Nos couches 97-99 peuvent
s'assimiler aux couches 44 et 45 de La Frette, 13-15 de Lizy.
La couche 106 est un calcaire d'eau douce de l'horizon de celui de
Ducy, Nanteuil, etc., désigné à La Frette sous le no 41, et dont Goubcrt
nous apprend l'existence à Jaigncs, à la base de sa couche 9 de Lizy.
Ce calcaire, malheureusement sans fossiles à Méry, a par sa faune des
analogies marquées avec les sables de Beauchamp (Limnœa arenula^
ria): mais il en a d'autres aussi avec le calcaire de Saint-Ouen (Pla^
norbis planulatus), et, comme la faune des Sables moyens elle-même
reparait aussi bien dans l'épaisseur du calcaire de Saint-Ouen qu'au-
dessus, il m'est impossible de voir là une limite importante; ce n'est
qu'un simple incident dans les oscillations d'exhaussement de l'Éocène
supérieur.
La partie supérieure des Sables moyens, dite de Mortefontaine, bien
caractérisée à Méry dans une couche d'épaisseur variable (n® 107), se
trouve aujourd'hui être une des couches les plus continues et les plus
étendues de cet étage ; c'est le n® 39 de La Frette, le n® 42 de Paris
(boulevard Malesherbes), le n» 5 de Lizy, et elle est typique dans les
collines du Valois.
Les couches 108-111, incertaines comme étant sans fossiles, termi-
nent les Sables moyens sous le calcaire d'eau douce moyen de Saint-
Ouen, comme les couches 89-9i en avaient marqué le début au contact
du Calcaire grossier supérieur. H paraît exister quelque chose d'ana-
logue à Paris (n"» 40 et 41 du boulevard Malesherbes), et Ch. d'Orbigny
284 DOLLFUS. — CHEMIN DE FEU DE MÉHY. 18 fév.
a signalé (ii^ 67) des dépôts dans la même situation aax docks Napo-
léon près Saint-Ouen ; c est un détail à ne pas négliger, comme pouvant
prendre un jour de l'importance.
La faune des couches 100-103 étant plus voisine de celle des sables
du Guespel, près Survilliers, que de toute autre (1), et sa position
stratigraphique nétant pas douteuse, je suis conduit à penser que la
place de ce gîte du Guespel, sur laquelle les opinions sont partagées,
est exactement au-dessus des grès curvilignes de Beauchamp, et au
niveau des sables verts et des calcaires à Melania hordacea de cette
localité, place qui correspond exactement à celle de la partie moyenne
du niveau moyen de la coupe de Lizy, à la couche b de la coupe de
Goubert de 1857, dans laquelle la couche à Portuntis, ou pierre de
Lizy, qui vient au-dessus, n'est pas distinguée.
Calcaire de Saint-Ouen.
En tenant compte des réserves faites à propos du calcaire de Ducy,
la limite inférieure du calcaire de Saint-Ouen au-dessus de la couche à
Avicuîa Defrancci est sufUsamment précise et anciennement connue ;
il n'en est pas de môme du sommet. Nous y avons observé, sous les
marnes marines infrà-gypscuses, des sables verts marins, sur lesquels
l'attention ne s*estjusqu ici que fort peu portée, quoiqu'ils aient été
vus déjà plusieurs fois. La faune de ces sables verts les rapproche éga-
lement des Sables moyens et des marnes à Pholadomya Ludensis; je
les décrirai plus loin comme faisant partie de la période gypseuse
inférieure ou marine.
Dans ces limites, le calcaire de Saint-Ouen est formé d'une masse
marno-calcaire, de 6 à 8 mètres, blanchâtre, avec quelques lits minces,
sableux ou siliceux, avec nodules et fossiles d'eau douce variés. Ou
peut diviser celte masse en deux parties, séparées par un horizon marin
dont la liaison avec la couche à Avicules de Mortefontaine est tout
particulièrement intime. Ces deux parties sont assez semblables. Ou
peut dire cependant que la base est formée de calcaires compactes avec
prédominance des Bithinies, et que le sommet, avec assises marneuses
et nodules siliceux très- abondants, fournit de préférence des Limnées.
(1) Surtout par l'abondanco des Cyrena deperdita, Melania hordacea, Ccrithium
crenatulatum et C. Bouei; elle en a beaucoup moins avec la faune de Beauchamp,
d'une part parla rareté des Cerithium mutabile et Ostrea cucullaris, do l'autre par,
l'absence des Lucina saxorum, Ccrithium tubcrculosum, Tellina lunulata. Car-
dites, etc. Les Ccrithium scalaroïdcs, C. trochiforme, Dclphinula turbinoïdcs. Tri-
ijonorœlia crxssa, sont d'ailleurs; fnri rares à lJeau«harap.
1878. DOLLFUS. — CHEMIN DE FER DE MÉnV. 286
Ces divisions, sans être absolues, concordent assez bien avec la coupe
de La Frette et avec les autres coupes classiques, dont je vais donner
un aperçu historique.
Cuvier et Brongniart, dans leur Essai sur la géographie minéralo-
gique des environs de Paris, confondaient sous le nom de Calcaire sili-
ceux non-seulement le calcaire qui nous occupe, mais encore une
grande partie des Caillasses, le calcaire de Champigny, et même le cal-
caire de Brie; en certains points ils le considéraient enfin comme rem-
plaçant latéralement, en grande partie, le Calcaire grossier. Plus tard
les mêmes auteurs reconnurent que le Calcaire siliceux était con-
stamment au-dessus du Calcaire grossier et au-dessous du Gypse, et le
décrivirent à sa vraie place au nord de Paris, y signalant ^t7i^^a|}u-
silla, B. atomus, Limnœalongiscata,X\xnord'Ouesti\s]eco^ jndaient
encore avec les Caillasses, et au sud-est ils y rapportaier le travertin
de Champigny.
La place de ces assises donna lieu au sein delà Société géologique à
des discussions intéressantes (1). Dufrénoy distinguait le calcaire de Brie
du calcaire de Beauce, mais, rapprochant le calcaire de Champigny du
calcaire de Brie, assurait que le Calcaire siliceux était au-dessus du
Gypse (2). Cordier et Brongniart affirmaient la liaison du calcaire de
Champigny, du Calcaire siliceux, du calcaire de Saint-Oueu et des Cail-
lasses. C. Prévost croyait voir une application de ses idées théoriques
et supposait que le Calcaire siliceux s'était déposé au sud de Paris
pendant que le Calcaire grossier, le Gypse, le calcaire d*eau douce
supérieur se formaient au nord. Nérée Boubée insistait, avec vérité,
sur rindépendance du calcaire de Saint-Ouen entre le Calcaire grossier
et le Gypse.
D'Archiac étudiant dans l'Aisne une région moins étendue a décrit
le calcaire de Saint-Ouen sous le nom de marnes et calcaires marneuc»
(5« étage) du calcaire lacustre moyen (calcaire siliceux), nom qu'il
lui a conservé en I8i9 dans son Histoire des Progrès de la Géologie (3).
Graves a reconnu et décrit dans l'Oise le calcaire lacustre moyen,
sans y introduire de divisions ; il lui donnait pour base un Ut épais
d'argile verte plastique, qui est un niveau d'eau assez général.
Ch. d'Orbigny avait publié en 1836 (4) une coupe très- détaillée de
la tranchée du chemin de fer de Saint-Germain (gare Saint-Lazare) à
laquelle on pourra recourir encore avec fruit. En 1855, dans son Ta-
(1) Bull., l"scr., t. I, p. 222; 1831.
(2) Bull., 1" aér., t. IV, p. 161; 1834; Ann. Mines, 3' sor., t. YIH, p. 321 ; 1R35.
(3) T. H. p. r)61.
i\) Bull., V sér., t. vu. p. 101; 1H3(Î.
28G DOLLFUS. — GHEMIiN DE FER DE MÉRV. 18 fdv.
bîeau synoptique, il donne une coupe du calcaire d'eau douce (ii^* 60-
68), sous le nom de travertin inférieur dit de Sahit-Oiien, consacrant
ainsi ce terme typique, déjà employé dans les cours publics. 11 le dis-
tingue nettement du calcaire de Brie, mais pense que c'est l'équivalent
du calcaire de Champigny dans la Brie (n® 66).
La même année, le même auteur publie la coupe de l'embarcadère
du chemin de fer de Strasbourg, où le sommet du calcaire de Saint-Ouen
était visible sous les sables infrà-gypseux (1). En même temps, M. Mi-
chelot (2) présente la coupe de l'avenue de l'Impératrice, à Paris,
coupe montrant à la base les sables de Beauchamp et au sommet les
couches marines infrà-gypseuses ; le calcaire de Saint-Ouen y a 7"*50
d'épaisseur pour 36 lits distincts.
En 1860, Goubert, profitant des travaux du boulevard Halesherbes,
y relève une coupe minutieuse du calcaire de Saint-Ouen (3). Ce sont
des marnes uniformément variées, dont le groupement et le raccord
avec les autres coupes n'est pas sans présenter quelques difficultés.
Dans leur coupe de La Frette, MH. Vasseur et Carez reconnaissent
28 couches dans les 8 mètres du calcaire de Saint-Ouen ; la succes-
sion est très-analogue à celle de Héry, en comprenant les n^^ 13-21 en
un seul ensemble au sommet.
Les couches 108 et 109 de Méry sont bien analogues aux couches
37 et 38 de La Frette ; elles relient sans incertitude les sables de Beau-
champ et le calcaire de Saint-Ouen; notre couche 108 est même,
vraisemblablement, la couche d'argile verte du plateau de Thury-
Yalois dont parle Graves.
Notre ensemble 113-116 decalcaires à Bithinies a son analogueà La
Frette dans les couches 34-36; il est plus difficile de dire ce qu'il re-
présente dans les coupes de Ch. d'Orbigny et de Goubert. Mais les
marnes à Cyclostomes, 117-119, sont la couche 33 de HM. Vasseur et
€arez, et quelque chose des lits 35 et 36 de Goubert.
Nous avons ensuite des lits variés minces, 120-127, pour arriver à
la couche marine 128, qui est sans doute l'argile verte feuilletée de
La Frette, 27, mais qui n'apparaît pas dans les coupes parisiennes et
n'a pas été indiquée ailleurs à ma connaissance ; c'est une des nou-
veautés de notre travail de Méry. Signalons aussi le n^ 132, couche à
granulations calcaires, indiquée à La Frette sous le n^ 2i.
Notre coupe se termine par un ensemble de calcaire siliceux coupé
par des marnes violacées, dites à tort magnésiennes, à silex et Limnœa
(1) Bull., 2« sér. , t. XII, p. 1312.
(2) Ibid., p. 1314.
(3) Bull., 2' S(>r., t. XVm, p. 80.
1878. DOLLFUS. — CHEMIN DE FER DE MÉAY. 287
longiscata, qui se retrouvent dans toutes les coupes : 134-142, Méry;
13-23, La Frelte ; 47-49, gare de Strasbourg; 1-14, boulevard Males-
hcrbes; 3-8, gare Saint-Lazare; 60 et 61, raWeaw de Ch. d'Orbigny.
Voici quelques altitudes des couches supérieures du calcaire de
Saint-Ouen, pour qu'on puisse se faire une îdëe de son allui'e dans le
bassin de Paris :
HoDtsoult 108"
Méry 81.76
La Prette 57.40
Arc de l'Étoilo 65"75
Gârc de Strasbourg 48.00
Boulevard Malesherbes . . . 0.80
Formation gypseuse.
Je diviserai la grande époque du Gypse et les formations qui en
dépendent, en quatre parties, qu'on peut grouper deux à deux et qui
correspondent à des dépôts spéciaux formés dans des conditions
diverses, successives et continues ; les voici :
4. Horizon palustre et lacustre : marnes suprà>gypseuses bleues
Période lacustre. { et blanches.
3. Horizon palustre et de charriage : 1" masse gypseuse.
2. Horizon marin et saumàtre : 2«, 3« et 4* masses, gypse marin.
Période marine. ] 1. Horizon marin pur : sables verts infrà-gypseux de Mon-
ceaux.
Pour moi la période gypseuse s*étend depuis Taifaissement du bassin
parisien, après le dépôt du calcaire de Saint-Ouen, qui a amené la
faune marine des sables verts de Monceaux, faune peu différente des
Sables moyens, jusqu'au retour de la mer des marnes feuilletées à
Cyrènes, à faune peu différente de celle des Sables supérieurs. Cette
période renferme une suite continue d*états liés, mais distincts, dûs à
des exhaussements successifs du bassin, qui sont caractérisés par
des dépôts de moins en moins marins à partir de la base, puis très-
franchement lacustres. La faune marine des sables verts de la base
pénètre dans la formation gypseuse à grands cristaux et à lits mar-
neux des masses inférieures, et vient s éteindre à une longue et prin-
cipale période de charriage, caractérisée par des dépôts gypseux,
précipités, saccharoïdes, avec ossements de Mammifères et Mollusques
terrestres entraînés. Après ce moment le cours des événements change
de face : le dépôt du gypse s'arrête rapidement; des marnes impures,
séléniteuses, lui succèdent; les eaux se clarifient et des formations
de marnes blanchâtres calcaires, bien lacustres, se généralisent
avec une faune malacologiquc spéciale et des Mammifères nouveaux.
288 DOLLFUS. — CHEMIN DE FEU DE MÉHV. 18 fév.
1 . Sables verts de Monceaux.
Les sables verts infrà-gypseux sont l'horizon le moins connu de la
période gypseuse; ne renfermant guère de matériaux utiles, ils n'ont
que rarement été mis au jour.
Cuvier et Brongniart, Desmarest et Constant Prévost, ne semblent
pas les avoir connus. Ch. d'Orbigny les a distingués nettement en 1836
dans la tranchée de Monceaux du chemin de fer de Saint-Germain ;
ils y surmontent le calcaire de Saint-Ouen (n<^^ 1 et 2). Les fondations
du collège Chaptal actuel ont été faites dans cette assise. Ch. d'Orbi-
gny revit les mômes sables dans les travaux des fortifications vers
Clichy et aux docks de Saint-Ouen. La coupe qu'il a publiée eu 1855
des tranchées de la gare de l'Est à Paris (1), et qu'il avait relevée dès
1848, montre les sables verts reposant sur le calcaire de Saint-Ouen;
mais on ne sait pas exactement ce qui venait au-dessus d'eux, parce
que cette section présente des erreurs si manifestes, dont je parlerai
plus loin, qu'on ne peut lui accorder toute confiance. Enfin, à la
même époque, le même auteur, dans son Tableau synoptique, donne
le n° 59 au grès vert infrà-gypseux, et indique au-dessus (n^ 68)
une marne blanche, calcaire, à Paludines (fortifications de Clichy)
(probablement notre marne blanche 145), qui ne parait pas avoir été
revue depuis; sous le n^ 57 il signale des alternances marneuses;
enfin, sous le no 56 il désigne la marne à Pholadomya Ludensis,
mentionnée par erreur comme inférieure à la 4« masse gypseuse,
no 53.
Les autres géologues qui ont eu l'occasion de parler des sables verts
sont : M. Michelot (2), qui les a signalés au-dessus du calcaire de Saint-
Ouen à l'arc de triomphe de l'Étoile, sans contact supérieur; H. Hébert
(3), qui, en 1860, cherchant à déterminer la vraie place du calcaire
de Champigny, fut amené à étudier les horizons marins infrà-gypseux
et nous a conservé une coupe de Bry-sur-Marne dans laquelle on voyait
au-dessus du calcaire de Saint-Ouen, 1 et 2, des marnes argileuses
et des sables argileux gris, Za-g, une marne calcaire à Cérites et
Natices, 4, une marne calcaire blanche, 5, enfin une marne jaune à
Pholadomya Ludensis, 6. Le contact supérieur des sables verts, 3-5,
est formé encore ici par les marnes à Pholadwnya, en l'absence de la
4« masse gypseuse. L'analogie de cette coupe avec celle de Méry est
grande.
(1) BulL, 2o scr., t. XII. p. 1309; 1855.
(2) Bull., 2" &cr., t. XII, p. 1311; 1855.
(3; Bull.. -2" si^r., t. XVII, J). 800 ; 1800.
1878. IK>LLFUS. — CHEMIN DE FfiU DE MÉRY. 289
Quelques années plus tard, MM. Bioche et Fabre découvrirent
à Argenteull, dans la carrière Bas, au niveau de la voie ferrée, la marne
à Pholadomya au-dessus de la 4^ masse gypseuse, comme à Mont-
martre, et au-ilessous nos sables verts avec Mytilus Biochei, Desh. (1).
Récemment HM. Vasseur et Carez ont lait compléter par une touille
la base de cette coupe, et ils ont découvert, au-dessous des sables à
Myiilus, d'autres sables et grès calcarifères, verdâtres, fossilifères,
puis le calcaire de Sainl-Ouen {^).
A La Frette les sables verts sont netteiuent indiqués, 12-16, au-dessus
du calcaire de Saint-Ouen, 13; il manque la 4° masse, qui s'inter-
calerait entre les n®* 9 et 10, et les couches de marnes à Pholadomya,
3 à 8, viennent au-dessus. Celte dernière coupe se rapproche beau-
coup de celle de Méry.
D*après tous ces renseignements, on voit que la coupe de Héry pré-
sente les sables verts de Monceaux plus puissants qu'ailleurs, sans qu'il
soit possible d'y faire autant de divisions qu'à Argenteuil. C'est à la
base un grès vert, marin, très-fossilifère, 143, et plus haut une masse
de sables, 144, à fossiles disséminés assez rares et à rognons gréseux
épars; au-dessus, enfin, règne une marne calcaire, 145 (3). Il y a
lacune de la 4* masse gypseuse, très cantonnée au centre seulement
du bassin, elle contact supérieur so fait par les couches variée>s des
marnes à Pholadomya, 146-134.
Je puis encore signaler les sables verts de Monceaux à Montreuil,
soos 4 mètres de terrain quaternaire, vers la cote 47, et à la gare de
HoatsouU'Maffliers à l'altitude de 1 13"'. Les autres altitudes sont :
Collège Chaptal 40"»» Arc de l'Étoile (KP»»
Àrgeoteuil 42.50 Bry -sur- Maroc ^ . 48.»»
UFrvUe •'>'7. 10 Méry 85.»»
2. Gypse marin.
La partie inférieure du Gypse, qui renferme les horizons marins, est
composée de lits alternes, généralement très-étendus, quoique très-
minces, de marne et de gypse cristallisé ou cristallin. Cet ensemble de
couches est divisé en plusieurs masses arasez naturelles par les car-
rfers, et la science peut conserver \ très -peu près, avec avantage, cei
divisions. Nous n'avons à nous occuper ici que des i\ 3« et 4« masses.
(1) Bull.. 2* sér., t. XXIII, p. 321 ; 18^6.
(2) B\iH,^ 3« sér., t. IV, p. 475 ; 1876
($ C'est peut-être encore la marne blanche calcaire, à Paludines, dts Dorks
JUpoléon, vue par la Société géologique en lasô .'B»W/., t" s«:t , t. XII, p. laoH,
49
ifJO DOLLFUS. — CHEMIN DE FER DE MÉKY. 18 fdv.
La quatriètyie m2L%SQ^ \^ plus basse, commence aux sables verts de
Monceaux, renferme des lits marneux à Cérites, et se termine aux
Pholadomya LucJe>isis; cette masse, la plus restreinte au point de vue
géograpiiique, a été bien observée k Ârgenteuil, Montmartre, Romain-
ville; elle est confinée dans le centre du bassin.
La troisième masse commence au-dessus des marnes à Pholadomya»
comprend des lits gypseux variés et déjà puissants, et se termine à la
marne jaune à Lucitia inoniata, Desh.
La deuxième masse débute en dessus des couches à Lucines et se
termine à la haute masse de gypse saccharoïde compacte, dite aussi
première masse ; elle comprend dans sa partie supérieure des bancs
marneux puissants, avec rognons de silex ménilite de formes bizarres.
Goubcrt a découvert des fossiles marins (Cerithium tricarinatum,
C, pleurotornoides, TurriteUa incerta) dans des marnes jaunes, vers la
partie moyenne de la même masse (1).
Comme MM. Bioche et Fabre l'ont rappelé (2), la découverte de lits
marins à la base du Gypse n'est pas nouvelle; elle remonte à Desma-
rest père et à Coupé, au commencement du siècle ; mais ce n'est
qu'en 1809 que Constant Prévost et Desmarest fils (3) donnèrent une
coupe de la carrière de la Hutte-aux-Gardes à Montmartre, mettant le
fait hors de doute ; les fossiles rencontrés sont inscrits comme sem-
blables à ceux de Grignon. Cette coupe n*est depuis longtemps plus
visible.
La grande coupe de Montmartre de Cuvier et Brongniarl reproduit
à la base (4) la coupe de Desmarest, dont le n^ 1 est le n<> 16 de Tautre
coupe. Plus haut elle donne pour la troisième niasse le détail de 31
couches; mais elle ne fait pas la distinction d'une quatrième niasse;
en adoptant cette division, le nombre des bancs de la troisième masse
se réduit à 1(3, avec une épaisseur de 9 mètres. Ensuite vient la seconde
masse, avec 30 couches ayant une puissance totale de 8 mètres, et
enfin la hnute masse, épaisse de 15 à 20 mètres.
Je ne reproduirai pas le détail de ces bancs, bien que la plupart
soient facilement reconnaissables dans notre coupe, bien que très-
diminués en épaisseur.
Ch. d'Orbigny, dans son Tableau synoptique, donne une succession
qui ne s'acTorde pas avec les coupes précédentes : les marnes à Pho-
(1) BidL, 3« sér., t. XVII, p. 600; 1860; et t. XXllI, p. 340; 1866.
(2) Bull., 2« s6r., t. XXIII, p. 321; 1866.
(3) liull. Soc. philomathique, avril 1809; réimprima en 1827.
(4rff.w. sur la Gc'ogr. min. env. Pari^, p. 164; 1811; — Deser.géol. cni\ Parts.
:«• »SI., p JOO; IK-T).
1878. 1X)LLFUS. — CHtlMlN DK FEU DE MÉHY. 291
iadomyes.» 56, sont placées sous la 4^ masso du Gypse, 53; elles de-
vraient être à la place des couches 48 et oO. Ci). d'Orbigny a été
trompé en cette circonstance par la coupe du chemin de fer de TËst,
relevée par lui en 1848 (1), <|ui reproduit ù deux niveaux les mêmes
couches; deux coupes prises à deux endroits différents auront sans
doute été superposées Tune à Tautre, quand elles devaient être assi-
milées latéralement. MM. Bioche et Fabre ont indiqué cette erreur,
mais sans se rendre bien compte de toute sou importance. Les mar-
nes à Pholadomya, n^ 3S, ne sont autre chose que les marnes à i*e-
traits^ no 2; les couches 4-10 sont les divers bancs marno-gypseux
delà 4« masse, avec lits à Cériles intercalés, tels que les ont distin-
gués les premiei*s auteurs. Quoi (|u'ii en soit de la coupe du chemin
de fer de TEst, on voit combien la stratigraphie de détail de ces
niveaux est restée longtemps confuse et combien il y a encore de
lumière à y porter.
A Bry-sur-Marne, dont M. Hébert a donné la doupe et où la 4^ masse
Eut défaut, on observe au-dessus de la couche à Pholadomya des
argiles et marnes grises, vertes et jaunes, avec rognons de calcaire
coucrétionné, sur 5°*50 environ; puis le calcaire de Champigny sur
9^. Ce dernier serait donc l'équivalent de la seconde et peut-être
aussi de la l^*® masse: l'absence des couches à Lucines ou à silex mé-
nilite, non reconnues jusqu'à ce jour dans la région qu'il occupe,
m'empêche de préciser.
Nous devons à Goubert (i) une succession détaillée des assises gyp-
seuses d'Argenteuil, en deux coupes dans lesquelles la place des marnes
à Lucines est nettement établie. MM. Bioche et Fabre (3) ont complété
cette stiocessiou à la base et l'ont poursuivie jusqu'aux sables verts.
On voit dans cette coupe excellente les détails de la 4® masse, 1-7,
dtna laquelle des traces de Cérites auraient été ti^ouvées depuis, les
divers bancs qui composent les marnes à Pholadomya, 8-12, les
couches de la 3<> masse, 13-27, la marne à Lucines, 28. Cette der-
nièfe couche, n^ 1 de Goubert, est la base de la série 2 à 13, qui con-
stitue la 2« masse à Argenteuil.
La note stratigraphique de MM. Bioche et Fabre est accompagnée de
renseignements paléontologiques donnés par Deshayes sur les fos-
siles des horizons marins gypseux : les déterminations de C. Prévost
et Desmarest sont rectifiées ; de nouvelles espèces sont décrites. Des-
hayes voit dans les marnes à Pholadomyes et à Lucines un mélange
(l; BulL, 2* s6r., t. XIL p. 1309; 1855.
(2) Bii/y., 2- s6r., t. XVII, p. 812; 1860.
(3j Bull., 2« sér., t. XXIII, p. 3^1 ; 1806.
i92
DOLLFUS. — CUblMIN DR FEU DE MERY.
18fév.
des espèces des Sables moyens et des Sables supérieurs, et une raison
pour maintenir ces deux assises dans TËocène. H semble, aujourd'hui
qu'on est en possession de documents mieux conservés et plus complets,
que les espèces des sables de Fontainebleau ne pénètrent que peu, si
même elles pénètrent, dans les horizons marins infrà-gypseux, et que
ta prédominance y est marquée vers les Sables moyens. La Lucine
déterminée L. Heherti est bien plutôt la L, inomata, étant plus bom-
bée, plus régulièrement arrondie et présentant un développement
moins grand des régions latérales, etc.
MM. Vasseur et Carez ont suivi, dans une coupe encore inédite,
les divers lits gypseux d'Argenteuil à Cormeilles, Montigny, Herblay, et
les ont trouvés d*une continuité et d'une ressemblance parfaites; le
raccoi*d avec la coupe de Frépillon a été facile et, sauf l'amincissement
progressif vers l'ouest et le nord, toutes les couches se sont trouvées
prolongées à leur place dans leurs plus minutieux détails.
A la gare même d'Ermont, j'ai vu la marne à Pholadomya en place
sous un diluvium épais et des lits remaniés de 4 à 5 mètres, à l'altitude
de 55°'. J'y ai rencontré les fossiles suivants :
Macropneustes Prevosti, Desor,
Cerithium tricarinatum, Lam., var. tint-
cariiiatum.
Turritclla granulosa, Desh .
— imbricataria , Lam., var.
(non T. communU, Philippi),
Calyptrœa sp.,
Natica ind.,
Corbula pixidicula, Desh.,
Psammohia Stampinentit?, Dcsh.,
Cardium granulosum, Lam.,
Cardita divergera, Desh.
L'assimilation des couches marines infrà-gypseusesde Paris avec le
calcaire de Ludes près Reims n'est pas nouvelle; elle a été émise pour
la première fois, si je ne me trompe, par M. Raulin (1), à la suite d'une
note de M. Arnould, et confirmée lors de la réunion de la Société
géologique à Épernay (2); elle parait aujourd'hui généralement accep-
tée. Dans un travail récent (3), M. Eck a développé la faune de Ludes,
dont il a soigneusement pris des empreintes, et Tassîmilation de ces
couches avec les marnes à Pholadomya de Paris et les grès infrà-
gypseux lui parait définitive ; cette faune a toutes ses tendances vers
les Sables moyens.
(1) BulL, 1" sér., t XIV, p. 42; 1842.
(2) Bull, 2- sér., t. VL p. 707 et 733; 1849.
(3) Pr. verb. Soc. malac. Belg., t. VII, p. V; janvier 1878.
1878. IK)LLFUS. — lillEMI.N 1>Iî: fkk dk mbkv. 293
3. Gypse palustre.
Le gypse de la j^retnière niasse ou hanta masse est le plus générale-
ment exploité; c'est aussi le plus étendu, le plus lioniogène, sans lits
marneux h rejeter; c'est l'horizon rémunérateur des plâtrières des en-
virons de Paris.
La nature des petits cristaux imparfaits de la pâte saccharoîde in-
dique une formation agitée, précipitée, rapide; les grands squelettes
de Vertébrés qu'on y trouve, et ailleurs les os isolés et roulés des
mêmes espèces, témoignent du charriage des éléments. Les rares
coquilles fossiles qu'on y rencontre, HeJix, Cyclosùoma^ et les débris
de bois confirment cette opinion et indiquent des apports fluviatiles
voisins. J*ai dit que la première masse était l'horizon le plus étendu;
il semble en effet que la période gypseuse considérée dans son en-
semble, de restreinte et marine qu'elle était au début, soit devenue
plus tard et par degrés, à la fois plus étendue et palustre, par suite
d'un exhaussement général, continu et fort lent.
II est difficile de faire aucune division dans la première masse; il s'y
rencontre bien des fentes, des délits locaux; mais nous n'y avons
trouvé aucun banc d'une épaisseur continue et constante. Les fentes
verticales nombreuses témoignent de mouvements postérieurs du sol,
qui ont rompu la masse; elles sont remplies d'une argile jaune ou
d'un enduit gypseux stalactiforme, déposé par les eaux qui ont tra-
vei*sé les parties supérieures. Le toit est ondulé, souvent ferrugineux
et granuleux au contact des marnes bleues qui régnent au-dessus. La
base est également ondulée et accompagnée d'un mince filet d'argile
verte.
La première masse a 8 mètres 50 ou 9 mètres d'épaisseur à Méry,
entre les cotes 98"™ et 117™. Elle se prolonge au nord vers Villiers-Adam
et à Test sous le plateau de Montmorency, où elle est exploitée en un
grand nombre de points. Dans la ligne parallèle des collines tertiaires
la plus rapprochée au sud, d'Herblay à Urgemont, la première masse a
12 à 15 mètres d'épaisseur. A Montmartre, Cuvier et Brongniart lui
out trouvé : carrière de l'ouest, 19'"; carrière du nord, IG"*; carrière
de l'est, 2i'".
4. Marnes pahistres suprà-gypseuses.
Notre coupe montre au-dessus de la grande et haute masse gypseuse
une succession de couches variées, nettement stratifiées, (ju'on peut
diviser suivant leur nature et leur l'iiune en deux jj;rands groupes :
-S94 DOLLFUS. — CHEMIN DE FER DE MÉRY. 18 fëv.
Tinférieur lacustre, le supérieur marin ou plutôt saumâtre. Je ne
m'occuperai ici que du groupe inférieur; le supérieur sera développé
plus loin comme base des manies à Ostrea du système des sat>les
d'Étampes.
L'ensemble lacustre inférieur, couches 198-209, comprend lui-même
deux parties très-lîées, il est vrai, mais utiles i distinguer pour la
facilité de la classification : à la base les Marnes bleues, au-dessus les
Marnes blancJies.
La faune des Marnes blettes est très-pauvre; c'est à peine si deux ou
trois espèces y ont été rencontrées aux portes de Paris; à Frépillon les
fossiles sont un peu moins rares, sans être abondants ni variés. Ils se
rapportent à des espèces des Marnes blancTies pour la plus grande par-
tie (1).
La faune des Marnes blanches est bien connue aux environs de Paris
(Limnœa strigosa, Planorbis planulattts, etc.) et surtout dans TEsl.
Dans rOuest, à Sannois et à Fi-épillon, les marnes calcaires de ce
niveau ne sont point fossilifères; elles sont cependant aisément recon-
naissables dans leui*s détails.
Quoique toutes ces couches suprà-gypseuses soient ti*ès-aisément
visibles dans la plupart des carrières de gypse exploitées, et facilement
étudiables, il n'y a sur elles que peu de documents détaillés et précis.
Cuvier et Brongniart ont donné la succession qui était visible à Mont-
martre (45-19). Dans cette coupe les Marnes bleues ont été en partie
réunies à la première masse, à cause des litsgypseux assez épais qui s'y
intercalent; ces lits, très-peu épais à Argenteuil, sont à Frépillon des
filets presque nuls; c'est la même réduction proportionnelle qui
arrive pour tous les bancs gypseux à mesure qu'on s'éloigne du centre
du bassin.
Dans un grand nombre d'autres localités, Cuvier et Brongniart in-
diquent au-dessus de la haute masse des marnes ferrugineuses, jaunes,
blanches, verd&tres, etc. Ce sont autant d'aspects des Marnes bleues,
qui n'ont la couleur bleue, due au fer, qu'à l'état frais et humide; par
l'exposition à l'air, cette couleur change totalement, l'oxydation et
l'hydratation la modifiant de façons diverses vers le jaune et le
rouge.
Les renseignements fournis par d'Archiac et par Graves sont incom-
plets. A Pavant, dans l'Aisne (2), les Marnes vertes ne sont pas indi-
quées et il y a peut-être confusion entre les Marnes blanches et le
(1) M. Jannettaz a signalé vers la base des empreintes végétales qui n'ont pas
été déterminées fBulL, 2« sér., t. XIX. p. 932; 1862).
(2) Dcscr. geoL Aisne, pi. XXII. fi». 2.
1878. IlOIXFtS, — CJIKMIN DE FER DK MiiUV. 29ÎÎ
calcaire de Brie. A Moiitmélian, dans FOise (i), il csl assez difficile,
sans indications paléontologi(|ue$, de dire où commencent et où finis-
sent les deux sortes de marnas; je suppose cependant qu'elles y sont
représentées. Plus au nord, au mont Pagnotte, d*Ârchiacetde Yerneuil
ont donné (â) une coupe trop rapide, d'après laquelle le Gypse ne semble
pas exister. Enfin, les marnes à Limnées ont été signalées à Montfbrt-
l'Âmaury par M. de Roys (3). On voit combien il reste ù faire pour
obtenir une vue d'ensemble sur ces couches. Comme i)our beaucoup
d'autres niveaux du bassin de Paris, il y aurait là matière k une mono-
graphie intéressante et originale.
Dans le Tableau deCh. d'Orbigny, les marnes suprà-gypseuses com-
prennent les n'^^ 28-37. Le n^ 37 représente nos Marnes bleues, IdS-SOS»
et la masse la plus importante de cette assise; ce sont les n'^'^ 45-25 de
la coupe de Cuvier cl Brongniart. Le n^ 36, (|ue nous n'avions pas
d'abord distingué et dans le(|uel nous n'avons trouvé que des débris
de Poissons, comme Cuvier et Brongniart (n® 24), est notre n''20l; il
renfermerait, d'après Ch. d'Orbigny, la faune des Marnes vertes;
mais, comme personne, a ma connaissance, n'a revu ces fossiles à
ce niveau, c'est un point <|ui reste douteux. M. Vassour a cependant
découvert un Palceoniscus Dronguiarii, petit Cruslacé des Marnes
vertes, dans les marnes bleues de ce niveau. Il en résulterait une
liaison plus grande des marnes palustres bleues et blanches avec les
marnes saumùtres et marines, et l'indication d'une liaison des cou-
ches lacustres supra-gypseuses avec le système des sables de Fontai-
nebleau, liaison (|ue d'autres raisons permettaient déjà de supposer.
Depuis 1855 jus(|u'à ces dernières années aucun travail n'élait inter-
venu sur les marnes suprà-gypscuses. En 1877 MM. Vasseur et Carez
ont donné successivement (4) une coupe prise à Corbeil et montrant les
marnes blanches à fossiles siliceux au-dessous des marnes à Cyrène.«,
à Taltitude de 7i"\ et une coupe relevée à Villeparisis et développant
au-dessus des marnes bleues un système de huit assises de marnes
blanches et vertes, à faune caractéristiiiue, et enfin les marnes a
Cyrènes.
n figure dansées coupes, sous le nom de crosnes^ d'après une dési-
gnalion des ouvriers qui peint bien la nature salie et irrégulièrc des
dépôts, deux horizons (]ui se retrouvent idenli<]ues à Frépillon, où ils
portent les n^"" 107 et 109 et occupent le centieet le sommet des Marnes
blanches; mais a Sannois et à Corineilles ces horizons soi»t remplactvs
(1) Top. g*'ogH. Oi%c, p. 507.
{î) Bull., 2* Sl'îr.. t. H. p. U:3l; lrtl5. V. aiishi l. XII. |». LH.»: IH.Vi.
(3) DhU., -2^ SLT., f. XXIV, p. 111; IHOJi.
•ii ituli.. :y s T., I. V. p. rn ri M2.
S90 DOLLFUS. — CllCIllN UE V^W Dlâ MÉRY. 18 fév.
par de.s bancs de gypse sacchavoïde, dont l'un, dit maràbet, a O'^SO et
est exploité; c'est encore un exemple de remplacement latéral très-
intéressant. ,
En résumé, je puis assimiler nos Marnes bleues, à intercalations cal-
careuses, à faune lacustre, aux marnes identiques, avec intercalations
gypseuses, de Montmartre, et sans préjuger d'une première apparition
marine au n» 204, constater leur liaison avec les Marnes blanches.
Je puis diviser les Marnes blanches en 4 horizons : !<> n<»* 205 el
206, marne calcaire blanche ou verdâlre, n^» 1-4 de Villeparisis,
n** 38 de Ch. d'Orbigny; 2*» iV 207, les crasses moyennes, n° 5 de
Yilleparisis, n*" 34 de Ch. d'Orbigny; 3"^ n^208, marne calcaire blanche
ou verte 9 n^'" 6 et 7 de Villcparisis, n"^ 32 et 33 de Ch. dOrbigny ;
4^ n^ 209, les crasses supérieures, ii*^ 8 de Yilleparisis, n^ 31 deCh.
d'Orbigny.
Sables i»'Etampks.
Il me reste à décrire, au-dessus des marnes palustres, les Marnes
vertes, qui sont liées par leur faune, malgré l'interposition du calcaire
de Brie, aux marnes à Ostrea, aux marnes à Corbules, aux sables
d'Ëlampes et au dernier horizon marin du bassin de Paris.
Les Marnes vertes forment donc la base d'un groupe naturel assez
étendu, qui présente les subdivisior.s suivantes :
i„ . . i Sables de Fontenav (Jeurre el Morignv) .
Horizon supérieur.) „ . i "> r» .
' f Marnes et molasse a Ostrea.
Horizon moven. 1 Calcaire de Brie.
... .... i », ^ . ( Argile verlea rognons.
Horizon inférieur. } Marnes vertes. ^ „ ® . •,.»•/,
r / Marnes feuilletées a Cyrenes.
Marnes reries.
Les Marnes vertes présentent à Frépillon la composition suivante : à
la base, des couches marines fVMiilletées, 210-214, auxquelles succè-
dent d'autres marnes et argiles plus compactes, à faune saumâtre,
214 ; au sommet, des argiles vertes el variées, à rognons et nodules,
215-217, qui passent aux argiles variées contenant les rudiments du
calcaire de Brie, 218*220. (iOmparativeraent à ce quon a signalé ail-
leurs avec détail pour ces horizons, on voit que les marnes feuilletées
ont à Frépillon un plus grand développement que partout ailleurs,
tandis que les argiles vertes h rognons sont considérablementdiminuées.
Faut-il croire qu'une partie de nos Marnes vertes (214 par exemple)
remplace latéralement certains lits de l'argile verte du sommet?
1878. DOLLFUS. — CHEMIN DE FER DE MÉRY. 297
Faut-ii admettre une double lacune? Je ne sais. La question ne pourra
être résolue que par la comparaison de nombreuses coupes intermé-
diaires entre le type du centre du bassin (Romainville, Montmartre)
et la coupe de Frépillon.
Il y a soixante-dix ans déjà Cuvier et Brongniart ont donné la pre-
mière coupe de ce terrain, telle qu'elle est encore visible à Pantin.
Le Tableau de Ch. d*Orbigny montre au-dessus des Marnes blanches
les marnes feuilletées à Cyrènes, sans subdivisions ; puis les Marnes
vertes à rognons strontianifëres, très-épaisses ; un lit marneux, feuil-
leté, à ossements de Tortues etoolithes ferrugineuses; enfin le calcaire
de Brie, qui n'est que très-rudimentaire à FYépillon.
Si Ton divise les Marnes vertes eu deux masses, dont Tune, l'infé-
rieure, est feuilletée et fossilifère, et l'autre plastique et sans fossiles,
on peut dire qiie l'horizon inférieur ne dépasse guère Corbeil vers le
sud, et va en s'amincissant et en perdant ses fossiles dans cette direc-
tion, tandis que l'horizon supérieur, mince à Frépillon, s'épaissit à
mesure qu'on s'avance vei's le sud, se prolonge jusque dans la vallée
du Loing et se lie au calcaire de Brie dans son extension sud -est con-
sidérable, jusqu'aux limites mêmes du bassin tertiaire parisien.
Aux environs immédiats de Paris, l'allure, l'étendue et les détails
hydrologiques si importants des Marnes vertes ont été très-bien indi-
qués par H. Delesse dans sa remarquable Carte géologique du dépar-
tement de la Seine.
Calcaire de Bine.
J'ai peu de choses à dire sur cette formation, qui se présente à Fré-
pillon d'une façon bien rudimentaire; je remarquerai seulement qu'en
général les formations, en approchant de leur véritable limite géogra-
phique extrême, s'amincissent, perdent leurs caractères réels, acquiè-
rent un faciès troublé, tumultueux, varié, qui dififère absolument de
leur faciès central, profond et puissant.
Le calcaire de Brie, très-réduit à Sannois et peu puissant à Mont-
martre, ne commence à devenir important que vers l'est, à partir de
Pantin, Noisy-le-Sec, Villeparisis.
Molasse et marnes à Ostrea et Corbules,
La série de ces couches est assez différente suivant le point qu'on
étudie; une suite de coupes relevées entre les points extrêmes, et
comparées minutieusement, serait indispensable et fait complètement
défaut. La série visible à Frépillon présente des alternances plus ma-
SQ6 DOLLFUS. — GIIKMIN DK FBR DE MÉAV. 18 fév.
rioes et plus variées que dans les points classiques : nous y distinguons
trois bancs d'une marne calcaire jaunâtre, un peu sableuse, dite par-
fois molasse, alternant avec trois bancs d'argiles sableuses vertes ou
brunes ; ajoutons des accidents de calcaire oolithique an^nacé, et nous
aurons une idée de la composition minéralogique de lensemblc. Le
premier faciès montre les fossiles à l'état de moules très-nombreux et
très-confusément empâtés^ avec dendrites noires. Le second faciès four-
nit des fossiles à test blanc, conservé; certaines parties montrent mcnie
par lévigation des fossiles entiers, bien dégagés et solides. Les fossiles
apparaissent dans l'ordre suivant : à la base, baitc d'Ostrea longiros-
tris; au-dessus, banc puissant à 0. cyalhula; au sommet, lits à Cor-
hula sfibpisum, d*Orb.
Les coupes relevées à Montmartre et à Orgemont par Cuvier et
Brongniart (1) sont classiques et assez semblables l'une à l'autre. *
Le Tableau de Ch. d'Orbigny comprend les marnes à Ostrea sous
les n<»* 21-28.
Dans ce même Tableau figure sous le n^' 22 un calcaire à Paludines
sur lequel j'appelle un instant l'attention. C*est un horizon lacustre
très-mince, intercalé au milieu des marnes à Ostrea inférieures aux
sables de Fontainebleau. Il a été primitivement signalé à Montmartre
entre les n^^ 5 et 6 de la coupe de M. de La Jonkaire (2), puis retrouvé
en 1838 par M. de Roys à Ville-d'Âvray, dans la tranchée du chemin
de fer de Saint-Cloud (3) ; enfin M. Tournouër l'a, je crois, signalé
à Sannois (4). Nous n'en avons pas vu trace à Frépillon. La très-
minime faune connue montre une liaison avec le calcaire de Brie.
Les marnes à Ostrea occupent une large étendue dans le NonI du
bassin de Paris, au sommet des coteaux ; elles plongent et disparaissent
au sud avant Étrécby. Vers le nonl-ouest les échantillons de Cerithium
trochleare et C, plicatum signalés déjà par MM. Hébert et Rencvier (5)
à Neuilly-en-Vexîn, près Chars, font croire que de ce côté la mer était
ouverte au loin. On remarque à Frépillon l'apparition, dès la base des
marnes vertes à Cyrènes, d'une faune franchement marine apparte-
nant aux sables de Fontainebleau : Cythcrea incrassata, qu*on n'est
pas habitué à voir aussi bas ; Modiola angusta, A. Braun, du bassin
de Mayence, citée pour la première fois dans le bassin de Paris ; et plus
haut la présence de toute une faune de petites espèces bien conser-
vées, qui sont franchement marines.
(1) Descr, géol. env. Paris, 3* éd... p. 391 et 418.
(2) Y. Bull., 1" s6r.,t. I, p. 223.
(3) Bull., l**8éT., t. IX. p. 280; 1838.
(4) Bull., 2*scr., t. XXVI, p. 1065; 1869.
î5) Desrr, Fotv. tcrr. numm. snjt. rnc. Gap. vie... p. .'tr» i*t :JH; 1^04.
i878. DOLLFVS -— CHEMIN Dfi FEH DE M^BY. "^90
Sables de Fontenay.
La distinction des sables de Fontenay et des sables de Fontainebleau
est due à Ch. d'Orbigny; elle me parait fondée. En effet, au-dessus
(les sables jaunes, argileux, généralement sans fossiles au nord die
Paris, qui s'amincissent au sud et renferment une faune si bien con-
servée à Jeurre et à Morigny, apparaissent des sables ou grès quart-
zeux blancs, sans fossiles, s'accroissant en puissance vers le sud (1),
séparés des sables de Horigny par uu niveau de galets et par un ra-
vinement, et liés au sommet au calcaire de Beauce, avec lequel ils
alternent même à la base, renfermant alors une faune un peu spéciale»
dite d*Ormoy (2); ce sont^ à proprement parler, les sables et les grès
de Fontainebleau, tels qu'ils sont visibles à Fontainebleau même.
Le nom de sables de Fontenay-aux-Roses est assez bien choisi» en ce
sens que dans cette localité ou voit les sables jaunes sans fossiles, très-
puissants, succédant aux assises marneuses marines, et surmontés par
un grès blanc, dur, exploité, qui tranche nettement sur la masse in-*
fërieure. Dans notre coupe les grès propres de Fontainebleau ne sont
donc point visibles, mais seulement les sables de Fontenay, n"^ 232.
Hais dans le voisinage, à Domont, on voit s'intercaler entre les couches
232 et 23'{ une masse de grès blancs, durs, très-siliceux, à cassure
conchoîdale, qui sont l'horizon type des grès de Fontainebleau.
Les sables de Fontenay, qui sont souvent argileux à la base et au
sommet, occupent au-dessous des Meulières une étendue très-vaste
aux environs de Paris : presque tous les nouveaux forts ont été établis
dans cette assise. D'après la nature uniformément calibrée de leurs
éléments, d*après l'absence générale des fossiles, etc., je suis porté à y
voir un dépôt de dunes, dont la glauconie profondément altérée aurait
fourni la couleur ferrugineuse, et dont les infiltrations atmosphériques
auraient fait disparaître les éléments calcaires.
Mrulières de MoNTUORENCr.
Je serai très-bref sur cette formation des meulières supérieures, qui
s'étend sur le sommet de tous les plateaux aux environs de Paris, et
qui est remplacée assez loin vers le sud par le calcaire de Beauce. Les
plus anciens observateurs se sont entendus sur la place du terrain la-
(1) De Senarmoni, Essai d'une descr. géoL du dép. de Seine^t-Oise, p. 181:
18U.
(•2) HcHx'rt, Bull., si' sim.. t. VIII. p. 3li; laM ; H t. XVH, p. 107; 18.VJ.
300 DOLLFUS. — CHEMIN DE FKR DE MÉRY. 18 l'év.
custre supérieur, auquel ils ont joint, à tort, soit le calcaire de Brie,
soit le travertin de Cbampigny, là oîi ces dépôts étaient à une altitude
assez grande ou éloignés de types straligraphiques assez nets. Les puis-
sants sables ou grès de la base de ce terrain constituent un point de
repère solide. Les parties inférieures des meulières sont surtout fossi-
lifères et la faune est un peu variable suivant les points : les Potamides
sont au nord de Paris localisés en quelques points ; Ylleliœ Ramondi
n*a été trouvé qu'à Trappes (1) ; j*ai moi-même découvert une espèce
nouvelle à Frépillon (Vaîvata dtsjuncta). Le cbamp reste encore ouvert
quant à l'origine et au mode de formation de ces calcaires plus ou
moins siliceux et celluleux, dont l'apparence actuelle pourrait bien
être due à une altération postérieure, attribuable aux agents atmo-
sphériques. M. St. Meunier, dans son récent ouvrage sur le bassin de
Paris, a donné l'historique de cette question (2).
Goubert (3) a divisé le calcaire dé Beauce et les Meulières en trois
niveaux : à la base, marne et calcaire à Cyclostoma antiquuyn et Lym-
nées; à la partie moyenne, calcaire et marne à Potamides Lamarcki,
équivalent probable de la faune marine d'Ormoy ; au sommet, calcaire
puissant et compacte, irrégulier, peu fossiliière. C'est à ce dernier
étage qu'il faut limiter la série parisienne et la masse inférieure du
terrain tertiaire. Les calcaires d*eau douce de l'Orléanais, qui Viennent
au-dessus, formés dans un bassin tout différent, possèdent des carac-
tères tout autres, qui permettent d'établir ici une division de premier
ordre (4).
Tehraln quaternaire.
Les dépôts quaternaires n'occupent dans notre coupe qu'une place
insignifiante. Au-dessous de la terre végétale on ne voit qu'à de rares
endroits un limon peu épais. Le Diluvium n'est visible qu'en deux
points : au sommet du coteau de Bessancourt, où les hauts niveaux,
formés de blocs anguleux de meulières et de débris de grès mangané-
sifères, sont bien visibles, sans avoir le développement qu'on leur
connaît à Sannois par exemple; et dans la tranchée de l'Oise à Mériel,
où le gravier des bas niveaux remplit une sorte de poche dans une
fente du Calcaire grossier. La couleur est bariolée, grise, jaune ou
rouge, suivant l'importance des infiltrations. Je n'ai vu que des cail-
(1) Tournouôr, Bull., 2- sér., t. XXIV, p. 189; 1867.
(2) GéoL env. Paris, p. 294 et 344.
(3) Bw//., 2tsér., t. XXIV, p. 318; 1867.
(4) DouviilO, Bull.. 3* sér., f. IV. p. 92; 187r>.
1878. DOKLFUS. — GHRMIN DE FER DE MÉliY. 301
loux appartenant aux roches tertiaires et crétacées de la Haute Oise.
Par contre, les accidents dY'boulenient sont assez fréquents et très-
développés, comme dans toute la vallée de Montmorency (1). A la tran-
chée Lamoignon deux profonds ravinements dans les Sables moyens
et les Caillasses sont rem|)lis de débris des sables de Beauchamp et
des roches supérieures, avec coloration rougeâtreau cx)ntactdes parois
des poches. A Sognolles-Frépillon, nous avons signalé la descente
jusqu'à la voie d'un énorme glissement des assises suprà-gypseuses.
J'ai pu observer les mêmes phénomènes aux stations d'Ermont, de
Taverny, etc. A Sannois les sables quaternaires ont pénétré par des
fentes jusqu'à la base du Gypse (2). M. Alfred Desnoyers a décrit ré-
cemment les dépôts superficiels si puissants des tranchées de la nou-
velle ligne d'Épinay à Écouen (3).
Conclusions gi^nérales.
Après cette si rapide revue des éléments dont se composent la coupe
de Méry et par comparaison la série tertiaire parisienne, je puis jeter
un regard sur les groupements généraux les plus adoptés et rechercher
s'il n'en est point d'autres qui répondent mieux aux faits observés.
Lorsque Lyell et Dcshayes groupèrent sous de grandes dénomina-
tions générales les terrains tertiaires, ils donnèrent le nom d'Éocéne
aux dépôts du bassin de Paris et réservèrent le nom de Miocène aux
dépôts du bassin de la Loire (faluns). Élie de Beaumont, ne tenant
aucun compte des rapports paléontologiques des sables de Fontaine-
bleau, alors, il est vrai, mal connus, prit le terme de Miocène dans
une acception différente et le fit descendre jus(|u'au calcaire de Brie.
M. Hébert, acceptant en partie cette manière de voir, limita l'Éocène
au sommet entre les Marnes vertes à Cyrènes et les Marnes blanches,
reconnaissant ainsi les rapports des marnes à Cyrènes et des sables de
Fontainebleau, et réduisit l'Êocène supérieur au Gypse, entre les
Marnes vertes et les marnes à Pholadomyes.
A. d'Orbigny créa des noms nouveaux pour la même méthode;
il appela Suessonien A el B les sables de Bracheux et do Cuise, Pari*
sien A et B le Calcaire grossier et les Sables moyens, Falunieu A ou
Tongrien les sables de Fontainebleau, réservant le terme de Falunien
B ou Falunien propre aux dépôts du bassin de la Loire.
Pour les Vertébrés, M. P. Gervais a proposé une division fort heu-
fl) De Scnarmont, op. cit., p. 90.
f2) G. Fabrt\ Bull.. 2« sér.. t. XXVII. p. 010; 1870
i:j) «m//., a* srr.. t. V. p. l:î?: 1870.
302 DOLLFOS. — CHEMIN DE PEU DE MÉRY. 18 fév.
rense, quoique multîpHëe: de la Craie au Calcaire grossier il fit TOr-
thocène, réserva le terme d'Ëocène au Calcaire grossier et aux Sables
moyens, créa l'expression de Proïcène pour le Gypse et ses marnes, et
plaça les sables de Fontainebleau dans le Miocène inférieur.
En Allemagne, les assises tertiaires les plus basses ayant montré une
faune presque sans analogie avec les faunes parisiennes, mais liée
avec d'autres assises possédant la faune des sables de Fontainebleau,
M. Beyrich proposa pour cet ensemble le nom d'Oligocène, qui com-
prenait ainsi l'Éocène supérieur de Deshayes, le Miocène inférieur de
la plus grande partie des auteurs. Deshayes défendit la limite supé-
rieure de l'Éocène au-dessus du calcaire de Beauce, en cherchant à
démontrer par la découverte d'une faune de passage dans le Gypse la
liaison des Sables moyens et des Sables supérieurs.
Sans pouvoir parler ici en détail de toutes les classifications récem-
ment proposées par beaucoup d'excellents esprits, je dirai qu'elles me
paraissent toutes avoir le défaut, par la multitude des grandes divi-
sions proposées, de retourner au point de départ, qui est le groupe-
ment des assises en un petit nombre de grandes divisions. Hœrnes,
étudiant dans le bassin de Vienne la série tertiaire miocène com-
parée à la série pliocène d'Italie et les passages de ces grandes divi-
sions, fut amené à les réunir sous le nom de Néogène, revenant à la
division en deux grandes masses des dépots supérieurs à la Craie, pro-
posée à l'origine par M. Desnoyers sous les noms de Tertiaire et de
Quaternaire; dans ces conditions, l'Éocène ancien, ou mieux le Paléo-
gène ou Éogène formerait la masse inférieure. Il semble en effet
qu'il se place tràs-bien une très-grande division entre ce dernier ter-
rain et le terrain néogène, avec lequel la nature actuelle possède des
rapports de filiation de plus en plus évidents, le terrain paléogène
n'ayant presque aucune espèce commune avec la nature vivante.
Étant donnée la série parisienne continue et complète, où peut-on
placer une division de cette importance? Ce ne peut être qu'au som
met; car, comme on la vu dans la série parisienne et comme on
pourrait le voir dans beaucoup d'autres bassins de l'Europe occiden-
tale, la distinction la plus importante comme paléontologie, et même
comme stratigraphie, est entre les sables de Fontainebleau et les
FaluTis.
Maintenant, dans l'Êogène parisien complet et continu, où placer la
première limite? Évidemment au voisinage des couches où certains
auteurs ont cru voir le contact de l'Éocène et du Miocène inférieur,
entre le Gypse et les sables de Fontainebleau. Or, après ce que j'ai dit,
d'une part, des aflinités des couches gypseuses marines inférieures
âvec les Sables moyens, et de l'autre, des affinités mieux connues au-
1878. DOLLFLS. — CHEMIN DR FBR DE NÉRY. 303
jourd'hui des Marnes blanches suprà-gypsouses avec le calcaire de
Brie, le terrain se resserre et nous sommes obligés de reconnaître que
la transformation des formes s'est opérée pendant le dépôt d'une
même masse minérale, le Gypse supérieur, sans qu'aucun incident
stratigraphique vienne en fixer le moment précis. C'est pour cela que
je tais commencer TOIigocène au milieu du Gypse, à la base de la
première masse, de la masse principale.
Cette limite tracée, prenons la partie inférieure comme rËocène, et
examinons les masses qui la composent. Je laisserai de côté les Sables
inférieurs jusqu'au Calcaire grossier, comme suffisamment isolés et
formant TÊocène inférieur. L'Ëoct>ne moyen sera le Calcaira grossier,
limité au sommet par le ravinement de la base des Sables moyens,
et qui est une véritable division moyenne, liée par sa faune aux deux
autres. L'Éocène supérieur englobera les Sables moyens, le calcaire
de Saint-Ouen et le Gypse marin, puisqu'on y poursuit à travers des
variations et des intercalations minéralogiques diverses la même
faune et les mêmes rapports.
Désignons sous le nom d'Oligocène la grande division supérieure.
L'Oligocène inférieur sera naturellement formé des assises palustres du
Gypse. L'Oligocène moyen comprendra la faune déjà si marine des
Marnes vertes, le calcaire de Brie et les sables fossilifères d'Étam[>es.
L'Oligocène supérieur, enfin, réunira les grès de Fontainebleau et le
calcaire de Beauce.
M. Tournouér a clierclié récemment à faire ressortir les avantages
d'une division entre le calcaire de Ducy et le calcaire de Saint-Ouen
comprenant les sables de Mortefontaine; il y a là en effet une distinc-
tion importante, mais point de la valeur de celles que j'ai citées : les
rapports du calcaire de Ducy et de celui de Saint-Ouen sont encore
frappants, et la faune de Mortefontaine est une liaison trop évidente
entre les sables du Guespel et les sables de Monceaux, pour qu'il y ait
de ma part hésitation.
J'ai assez insisté, pour n'avoir pas besoin d'y revenir, sur les rap-
ports des sablas de Monceaux avec les marnes à Pholadomyes et à Lu-
cines; il y a impossibilité paléontologique, en l'absence de tout témoi-
gnage stratigraphique, pour placer une limite au milieu de ces
horizons. Séparer les marnes à Pholadomyes de la quatrième masse
qui est au-dessou6, pour en faire la base de l'Éocène supérieur, c'est
d'ailleurs diviser en deux la formation gypseuse. Séparation pour
séparation, je préfère La placer plus haut, à l'endroit où on ne constate
plus l'influence marine. Les Marnes blanches, comme MM. Garez et
Yasseur T.ont répété, à propos de Corbcil, sont liées au calcaire de Brie,
et d'autres rap[)orts palcontologiques existent entre les Marnes bleues
304
DOLLFUS. — CHEMIN DE FRH DE MÉRY.
iSfév.
et les Marnes vertes. Or nous avons constaté l'apparition dans ces
Marnes vertes des types les mieux accusés des sables de Fontainebleau.
La série est donc continue et là encore ne laisse place à aucune de
ces délimitations arbitraires suggérées par des observations incom-
plètes.
La distinction des sables d'Étampes et des grès de Fontainebleau
peut paraître étrange ; elle est cependant basée sur des faits strati-
graphiques très-nets (galets au-dessus de Morigny, alternances sa-
bleuses à la base du calcaire de Beauce) et sur des faits paléontologi-
ques suffisants pour une division de second ordre (différence entre
Morigny et Ormoy).
En terminant, je rappellerai que les résultats auxquels j'arrive avec
une indépendance d'opinion qui ne sera point suspectée, sont à peu
près ceux auxquels concluait Goubert en 1860, après les études strati-
graphiques minutieuses que j'ai eu Toccasion de rappeler. Il avait
donné les meilleures raisons pour replacer la limite de l'ancien Éocène
aux Faluns, et indiqué la liaison du Calcaire grossier avec les Sables
moyens, celle des Sables moyens et de leurs calcaires avec les Sables
supérieurs à travers la formation gypseuse, simple accident minéralo-
gique local, enfin la pénétration de la faune des Sables moyens dans
le Gypse à travers le calcaire de Saint-Ouen.
TABLEAU GÉNÉRAL DES COUCHÉS OBSERVÉES.
Oligocène supérieur.
Oligocène \ Sables
mo^en. à d'Étampes,
Oligocène \ Gypse
inférieur, f palustre.
Gypse raario.
Éocène
supérieur
Sables
movens.
Période éo§^êne«
Numéros de Im
coupe de Méry.
Meulières de Montmorency 233
. Grès de Fontainebleau
Sables de Fontenay 232
Marnes à Ostrea et molasse marine 221-231
Calcaire de Brie 218-220
Marnes vertes à Cyrèncs 210-217
Marnes blanches à Limnées 205-209
Marnes bleues suprà-gypseuses 198-204
1'* masse gypseuse 197
2» masse gypseuse 160-196
Marnes à Lucines 159
3« masse gypseuse 155-158
Marnes à Pholadomya 146-164
Sables verts de Monceaux 143-145
Calcaire de Saint-Ouen 112-142
Sables de Mortefontaine 106-111
^ duGuespel 100-105
tables ; j^ Beauchamp 97-99
Sables d'Auvers 89-96
1878. TOUUNOl'KR. — HIPPARION DE OONSTANTINE. 305
/ / /à Cardium obliquum . . 46-88
Éoeène 1 Calcaire \ supérieur, caillasses) à lucina taxorum . . . 32-45
moyen.) grossier. J ,„.,., [^Ceriihiumlapidum, . 34-31
\ f moyen, a Milioles 14-23
\ \ inférieur, glauconieux 3-13
Êocène inférieur. Sables de Cuise, partie supérieure 1 et 2
M. Edm. Pellat fait observer que la faune intëressante (Cérithes, Mi~
tyles, etc.) signalée par MM. Dollfus et Vasseur dans les marnes à Cyrènes,
au-dessus du Gypse, a été depuis longtemps recueillie à Montmëlian (Oise).
M. Xournouër annonce à la Société la découverte de dents
d'lllp|>fiirioii datis la formation tertiaire supérieure
d'eau douce de la province de Oonstantlne. H. Thomas lui
ayant envoyé récemment plusieurs dents de Mammifères provenant
d'une tranchée faite à Aîn Jourdel, à quelques kilomètres S. E. de
Constantine, H. Gaudry a reconnu parmi elles une molaire supérieure,
une molaire intérieure et une incisive de VHippaHon gracile, associées
à des dents de Ruminants indéterminés, peut-être iV Antilopes^ fût
très-simple et très -élevé.
Ces dents ont été trouvées dans un grès ferrugineux, renfermant
aussi des moules de coquilles terrestres et d'eau douce, Hélix, Meta-
nopsis, Unio, etc., indéterminables. Stratigraphiquement, d'après
M. Thomas, ce grès correspond au groupe, très-voisin, des grès et
argiles du polygone de Coudiat-Aty, si connus par leur belle faune de
coquilles fossiles : Hélix subsenilis, H. Jobœ» etc., (|ui serait donc con-
temporaine de V Hipparion gracile.
Ce grès serait inférieur au travertin à végétaux du Mansourah, et
supérieur à un autre travertin très-développé vers le Sud, à Aïii ci
Bey, et riche en co(|uilles fossiles, panui lesquelles M. Tournouèr
peut citer dès aujourd'hui un Hélix très-commun, très-voisin de
VH. Sempetnana, le Bulimus decollatus (sensu lato == B. Ravouxi,
Coquand), des Planorbes et des Limnées d'espèces éteintes, etc. Dans
ce travertin inférieur, M. Thomas a recueilli aussi, à Tigmert, des
fragments de dents d'un grand Pachyderme, probablement d'un
Hippopotame, et à Boulemsa, un fragment de mâchoire inférieure
d'un Suillien dont l'arrière- molaire est remarquablement longue et
étroite et présente, ainsi que Ta dit M. Gaudry, quelques afiinités
avec celle des Phacochœnis africains.
Ces découvertes doivent être rapprochées de celle de V Hipparion
«rOran signalé par M. Pomel, et de celle de Y Hippopotame d'Hippone
récemment décrit par M. Gaudry.
20
30(3 silv.NCi:. 4 mars
A la suite de celle communication, M. Pomol fait observer que
la découverte de Vllipparion dans les terrains à Hélix et Unio de
Constantine a une grande importance pour conduire à la détermina-
tion de leur âge. Dans son livide Le Sahara, paru en 1872, il pressen-
tait leur synchronisme avec le dépôt à Hipparion de Cucuron. Il sera
intéressant de comparer Vllipparion de Constantine avec celui d'Oran,
dont l'espèce est peut être différente de VU. gracile. C'est probable-
ment dans un terrain du même âge qu'a été découvert l'Hippopotame
de Duvivier, sur lequel M. Gaudry a publié une note dans le Bulletin.
H. Pomel doit en outre rectifier une assertion reproduite par lui,
qu'il n'existait en ce lieu que des dépôts quaternaires; cette assertion
résultait d'une confusion do nom, ainsi qu'il a pu le vérifier dans un
voyage récent.
M. Xerqueni ajoute quelques observations à celles qu'il a pré-
sentées dans la dernière séance sur les F*oi*aiiiinireres figurés
da)is V ouvrage de M. Dcshayes.
Séance du 4 mars 1878.
PRÉSlDENXf: DE M. ALB. GAUDRY.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membres de la Société :
HM. Bertrand (Marcel), Ingénieur des mines, rue Saint-Guillaume,
29, à Paris, présenté par MM. Douvillé et Zeiller ;
Davy, Ingénieur civil des mines, à Segré (Maine-et-Loire), présenté
par MM. Chaper et Douvillé ;
LippHAN, Ingénieur civil, rue de Chabrol, 51, à Paris, présenté par
MM. DelesseetG. Oollfus;
Perrier, professeur au Muséum d'histoire naturelle, rue Cuvier, 57,
à Paris, présenté par MM. Hébert et Fouqué.
Le Président annonce ensuite une présentation.
Puis il communique la nouvelle de la mort de M. Barré et se fait
l'interprète des sentiments de regrets que cette perle fait éprouver à la
Société.
M. Daubrée ra|)polle (jue M. Barré s'est toujours mis avec la plus
1878. viiu.i:r d'aoust. — systkmr d'anahiac. 307
grande complaisance à la disposition des géologues qui désiraient étu-
dier la géologie ou les mines du Banat.
M. de Raineourt annonce la découverte d'un fragment de
Reptile dans des couches situées à la base du WAwtm^ à Êclie-
;, près Vesoul (Haute-Saone), dans la carrière de la Providence.
M. Alb. Gaudry donne quelques détails sur la pièce que M. de
Raineourt vient de signaler. C'est la partie supérieure d'un museau
qui indique un énorme Reptile. Le museau est arrondi en avant; très-
près de son bord antérieur, l'intermaxillaire mesure 22 centimètres
de large. Plusieurs des dents placées sur les maxillaires ont dû avoir
une très-grande taille, à en juger par les alvéoles. Comme les narines
ne sont pas situées en avant, on ne saurait admettre que le Reptile
d'Ëchenoz fût un Crocodilien; il faut plutôt le ranger parmi les Êna-
liosauriens. La grosseur de la tête fait repousser Tidée qu'il ait eu un
cou grêle, comme les Plésiosaures. Les dents ont des cannelures trop
faibles pour être attribuées au Polyptychodon. Ce qui paraît le plus
vraisemblable, c'est qu'il était voisin des PUosaures, mais avec un
museau bien plus élargi, des dents plus rondes et moins fortement
cannelées. On pourrait inscrire ce Reptile sous le nom d'Eurysau-
rus Raincourti (1).
M. Peilal rappelle qu'il a recueilli dans les couches rhéticnnes des en-
virons d'Autun des vertèbres de Reptiles de grandes dimensions.
M. VIrlet <l*i%ou»t offre, dans les termes suivants, ses Obser^
vations sur le système des montagnes d'i%.naliuac ou de
l'Amérique centrale, sur la grande clialne voleanlQue §^aa-
témallenne, 52«r les volcans (2e ri%.mérlc|ue duIVord»
sur rorlfçlne des volcans (2) :
Le principal but que je me suis proposé par cette publication, a été
de faire ressortir Terreur commise par A. de Humboldt, qui ne voulait
voir dans les trois Amériques qu'une seule et même arête, qu'une
seule et même chaîne de montagnes, qu'il considérait comme la pro-
longation de la Grande Cordillère des Andes; erreur d'autant plus
fâcheuse, qu'émanant d'une source aussi autorisée, elle a naturellement
été adoptée sans examen par tous les géographes.
(1) V. A. (iaudry, Sur nu grand Reptile fo\silc .'/Kurysa nus Kaincourti.;, C.-R.
Àc. Se. t. LXXXVK p. 1031.
f2) Bull. Snc. géographie, 6' sér., t. XIII, p. 211; 1«"77.
30S viui.KT r»'\(rsT. — svsrKMK i» anaiilac i mars
La Grande Cordillère des Andes occupe hieii, à la vérité, la plus
grande partie de TAnjérùiue du Sud ; mais elle se termine au bassin de
l'Amazone, s'étendant de la Patagonie à la Bolivie sur plus de 40 de-
grés de latitude, c est-à-dire sur une longueur de plus de mille lieues.
Les autres chaînes de la Bolivie, celles du Pérou et deTÉquateur, n'ap-
partiennent déjà plus à celte grande chaîne.
Quant à l'Amérique centrale, qui s'étend, comme région géographi-
que, de Panama aux Montagnes Rocheuses, j'ai déjà fait connaître,
dans mon Coi<p d*œil général sur la Topographie et la Géologie du
Mexique et de V Amérique centrale (I), que celte immense surface, au
lieu d'une seule ligne de montagnes, présente une multitude de chaînes
séparées, indépendantes les unes des autres et sporadiquement dissé-
minâmes, bien qu'appartenant toutes à un même système de rides pa-
rallèles, dirigées E. 3So S.-O. ShP N., auquel j*ai donné le nom de sys-
tème dCAnnhuac, Les chaînes de ce système forment donc un angle d e
60» avec la Grande Cordillère des Andes, dont la direction est S. 5°
O.-N. 5» E.
Comme je l'ai dit aussi, ce système remarquable, qui a imprimé un
cachet tout particulier à cette grande région, me paraît dû à un im-
mense bombement de cette partie du Globe, qui, lorsque sa torsion
eût dépassé le degré de flexibilité des couches, a bien été forcé d'écla-
ter en une multitude de 'fentes, lesquelles ont donné naissance aux
diverses chaînes. Ce grand phénomène géologique, comme les inté-
ressantes expériences de M. Daubrée viennent de le démontrer, n'a
évidemment pu se produire que d'une manière violente et instantanée.
Un des traits tes plus caractéristiques de ce système de fractures
consiste dans sa coïncidence avec les phénomènes volcaniques de la
contrée. Les volcans, qui impriment eux aussi leur cachet à toute cette
région, ont en effet pu protiter, pour s'établir, des nombreux points
de moindre résistance qu'il leur otfrait, en même temps qu'il détermine
avec prwision leur limite d'Age (2), précédant l'époque quaternaire.
C'est ainsi que de l'islhme de Panama à celui de Téhuantépec, a pu
s'établir suivant ce système de fractures et sur une longueur de plus
de trois cents lieues, une ligne remarquable de volcans, qui, bien
qu'isolés et séparés les uns des autres, n'en forment pas moins une
(1) BhIL Soc. géot. France, 2* sur., t. XXIII, p. M; 1865.
ii) Les phénomtMies volcaniques proproment dits ne me paraissent pas remonter
ath-delà de l'époque lerliaire moyenne ; rien, en effet, ne démontre que des phéno-
mènes analoj^ues se soient produits pendant les périodes antérieures; «*ar toutes
les roches improprement appelées ignées ne sont, selon moi, que des roehes sim-
plemenl métamorphiques, amenées h l'état plastique et parfois forcées par pres-
sion de s injorter sous forme de dykos ilans les frnr>tun\s du sol.
1878. VlIlLKT d'aOUST. — MSJÈ:illb bANAilUAC. 309
véritable chaîne volcanique, à la(|uelle j'ai donné le nom da cfuihie
volcanique guatétnalienne, parce qu'elle occupe lout l'espace qui con-
stituait jadis Tancien royaume de Guatemala et que le petit état qui a
(.onservé ce nom est son principal centre d'activité.
Le plus célèbre des volcans de cette chaîne, qui n'en compte pas
moins de 75 s élevant à â et 3000 mètres, et quelques-uns même à
4 000 mètres et plus, est certainement celui de Conségui/ia, dans le
Nicaragua; il a donné lieu en 1835 à une éruption des plus formi-
dables, tout à fait comparable à celle du Vésuve de Tan 70.
Cette éruption du Conséguina a été le plus grand événement géo-
logi(|ue de notre époque ; elle a été précédée de détonations si formi-
dables qu'elles ont été entendues jusque dans les Antilles, à 400 lieues
de distance; ses déjections pulvérulentes, transportées par les courants
aériens à plus de 500 lieues, ont couvert le sot d'une couche fort
épaisse dans un rayon très-étendu. Cependant cette éruption, ainsi
que cela s'est du reste fréquemment vu en Amérique, a été exclusi-
vement composée de matières meubles.
Ces éruptions, que je désigne sous le nom {ïéruptiotis sèches, me
paraissent un fait important qui vient s'ajouter à ceux que j'ai déjà
signalés, pour démontrer que les phénomènes volcaniques ne procè-
dent pas, comme beaucoup de géologues semblent le supposer au-
jourd'hui, de la masse lluide intérieure du Globe, mais bien seulement
de l'intérieur de la masse consolidée formant son enveloppe.
Les volcans, pour me servir d'un terme de comparaison vulgaire,
mais très-expressif, ne seraient plus que des phénomènes sous-cuta--
n^.dùs au ramollissement et à la fusion de certaines roches par la
chaleur produite par des actions et réactions chimiques, et en ({uelque
sorte comparables à ces incendies spontanés des houillères, occasion-
nés, eux, par des inhltrations d'eau réagissant sur les pyrites conte-
nues dans les houilles. Je me propose, du reste, do revenir prochai-
nement, avec plus de détails, sur cette question intéressante, depuis
si longtemps controversée.
La première consé(|uence à tirer de cette hypothèse, c'est que la
nature des laves doit nous indi(|uer, en quelque sorte, la composition
générale des roches plus ou moins anciennes aux dépens desquelles
elles ont été engendrées. Ainsi les trachytes représentent, pour moi,
des roches essentiellement i'eldspathiques, tandis <|ue les basaltes sont
les représentants de roches argileuses. Or, toutes les roches volcani-
ques de l'Amérique centrale^ comme celles de l'Amérique du Nord,
appartenant au système basalti((ue, annonceiit une grande uniformité
de composition dans les roches souterraines ({u'elles représentent au-
jourd'liui à la surface du sol, et elles démontrent que ces rochi;^
3iO TOMBECK. — niLPONse: a m. bumgxikii. 4 mars
régnaient sans interruption dans toute l'étendue, de plus de i 800 lieues,
qui sépare Panama d'Alaska.
M. Alb. Gaudry annonce que H. K^oustau a recueilli de nom-
breux ofisementB cfuciternalres dans une sablière que la
Compagnie du Chemin de fer du Nord exploite en ce moment entre
ValmoiMlolB et L.'Iale-/kdaiii. Les ossements que ce savant
Ingénieur a remis au Muséum se rapportent aux espèces suivantes :
Elephas primigeniuî (dents à lames Jrès-minces et serrées),
Rhinocéros tichorhintis,
Cerviu tarandus,
Bos primigemm,
Equus caballuf.
Ces espèces sont caractéristiques du Quaternaire des bas niveaux ;
cela s'accorde bien avec la position du gisement, qui est au niveau
même de l'Oise.
M. Munier-Clialmas fait observer que plus on se rapproche de
l'époque actuelle, plus les lamelles des dents des Éléphants sont rapprochées.
N'y aurait-il pas en réalité deux types é'Elephas primigenius, qui auraient
vécu, Tun avec les animaux glaciaires, l'autre avec les animaux africains.
Le Secrétaire donne lecture de la note suivante :
Rèponifte aiux! observations de M. Duvignier,
par M'. Xombeek.
Dans ma note sur la position vraie de la zone à Ammonites tenuilo-
batus dans la Haute-Marne et ailleurs (1), j'ai commencé par rappeler
les différents niveaux que, de concert avec les géologues de la Haute-
Marne, je reconnais dans le Corallien de cette région.
M. Buvignier en prend occasion pour dire qu'î7 n'est pas étonnant
que je sois en désaccord avec des géologues d'autres régions sur la po-
sition de certaines assises de la formation corallienne. J'avoue que je
me demande quelles assises, parmi celles que j'ai citées, M. Buvignier
peut bien avoir en vue.
Il ne peut pas s'agir, d'abord, de celles que dans la Haute-Marne
on distingue sous les noms de calcaire à Astartes, oolithe de La Mothe
et Corallien compacte, et dont, à l'exemple de beaucoup d'autres,
(1) Bull., :r s6r.. t. VI, p. r»; séance du 5 novt^mbre 1877.
1878. TOMliKCK. — IllCPONSK A M. «l VUi.NIKR. HU
M. Royer et moi, nous avons fait le Corallien supérieur et le Corallien
moyen. M. Buvignier, en effet, retrouve dans la Meuse précisément les
mêmes assises et dans les mêmes positions (voir Statistique du dépar-
tentent de la Meuse), La seule dilférence consiste en ce que, au lieu de
les rattacher, comme nous, au Corallien, il en fait un seul tout qu'il
place dans le Kimméridgien inférieur : simple affaire d'accolade.
La gran(ie Huître, d'ailleurs, sur laquelle il s'appuie pour faire des-
cendre le Kimméridgien jusque-là, est, non pas, comme il le pense,
YOstrea delto'idca, mais bien VOstrea uncifonnis, (jue nous avons
nous-mêmes retrouvée au contact du Corallien compacte et de l'oo-
lithe à Dicérates, et (lui ne peut dès lors fournir un argument sérieux.
Quant au Corallien proprement dit ou Corallien inférieur, il ressort
avec évidence, aussi bien des observations de M. Buvignier que de sa
Statistique de la Meuse, que dans ce département ce niveau ne pré-
sente qu'un des trois facics qu'il affecte, suivant les localités, dans la
Haute-Marne. En effet, tandis (jue nous trouvons le Corallien propre-
ment dit constitué : à Boche, à Reynel, à Vésaignes, par l'oolithe à
Dicérates et les calcaires glypticiens, à Vouécourt, à Buxières, etc.,
par l'oolithe à Dicérates et les calcaires sub-oolithiques, à Maranville
entinetdans toute la vallée de l'Aube, par les marnes sans fossiles
inférieures et supérieures, — dans la Meuse, au contraire, et dans les
régions citées par M. Buvignier, le Corallien inférieur est représenté
uniquement par l'oolithe à Dicérates, et le Glypticien et les marnes
sans fossiles font complètement défaut. Tout au plus peut-on regarder
les dépôts de Creuë, que M. Buvignier range dans le Corallien infé-
rieur, comme représentant un rudiment de nos marnes sans fossiles.
On le voit donc, la Meuse fournit un mauvais point d'appui pour
juger la constitution de l'étage corallien dans la Haute-Marne.
Je profite de l'occasion pour revenir sur le seul poiiU de la classifi-
cation de nos terrains coralliens de la Haute-Marne qui ait été sérieuse-
ment contesté. Est-ce avec raison que M. Royer et moi, nous rattachons
au Corallien les assises connues sous les noms de Corallien compacte,
d'oolithe de La Mothe et de calcaire à Astartes, dont beaucoup) de géolo-
gues font un étage à part, le Séquanien, et que d'autres même rangent
dans le Kimméridgien ?
Je ne répéterai pas ici ce que j'ai dit plusieurs fois à la Société k
l'appui de notre classification. Je me bornerai à dire que le nombre
des fossiles qui traversent toute la série des terrains (juc nous appelons
coralliens, s'accroît tous les jours, et qu'il est impossible à un esprit
impartial de ne pas reconnaître à première vue (jue dans la Haute-
Marne les faunes du Corallien compacte, de l'oolithe de Lu Mothe et
du calcaire à Astartes ont beaucoup plus d'affinités avec celles de loo-
JI2 PKi.LAT. — oDSEîiVATioNS. 4 mars
lithe à Dict'rates et du Glyplicien quelles surmontent, qu'avec la
faune des niveaux klmm<'^ridgiens qui viennent au-dessus.
Parmi les fossiles qui montent ainsi du Glypticien ou de l'oolithe à
Dicérates jusque dnns le calcaire à Astartes, je cite au hasard : Tere-
hratula humerai is » Mytilus suprajurensis , M, acùiaces, Pinnigena
Saussurei, Ilinaites inœquistriatus, Cardium corallinum, Pachyerisma
Èoyen, etc., elc.
Mais le plus caractéristi<iue de tou-; est sans contredit V Ammonites
Achilles. Nous avons en effet, M. Rover et moi, recueilli cetle Ammonite :
dans le Glypticien. à Hoche-sur-Kognon ; dans les calcaires sub-ooli-
thiques, à Poissonvnux; dans les marnes sans fossiles inférieures, à
Ormoy;dans les marnes sans fossiles supérieures, aux Lavières; dans
le Corallien compacte, à Vouécourt, à Frondes, à Longcliamp, etc. ;
enfin, dans le calcaire h Astartes, à Bar-sur-Aube; en sorte qu'on
peut dire que si Ton définît l'étage corallien comme nous le faisons
dans la Haute-Marne, il n'est à peu près pas un de ses niveaux qui ne
soit caractérisé par VA, Achilles.
Cependant, comme tout groupement de couches est nécessairement
un peu arbitraire, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que la classifica-
tion qui convient à la Haute-Marne ne s'appliquât pas exactement h
toutes les régions et à ce que dans quelques-unes un autre groupement
mît mieux en évidence les afiinités et le développement de la faune.
A la suite de la lecture de cette note, M. Ëdm. I^eliat présente
les observations suivantes :
Il persiste à penser que, méinedansla Haute-Marne et dans l'Yonne,
le calcaire à Astartes se rattache au Kimméridgien plutôt qu'au Coral-
lien, ou mérite, tout au moins, de former un sous-étage intermé-
diaire. Mais c'est là une simple question d'accolade, qui perd toute
importance, M. Tomlwck acceptant que la classification appropriée à
la Haule-Marne peut ne pas convenir ailleurs.
Plusieurs fois déjà, à propos du Fullers'earlh (bajocien pour les
uns, bathonien pour d'autres), à propos aussi de l'attribution de la
fameuse zone k Avicula contorta au Jurassique ou au Trias, M. Pellat
a insisté sur la localisation des classifications qui permet à chacun de
tenir compte des afiinités paléontologiques et des diverses considéra-
tions spéciales à une région déterminée.
D'après M. Tombeck. le nombre des espèces qui traversent tout le
terrain corallien tel qu'il le comprend, s'accroît de jour en jour. Le
même t'ait ne se constate-t-il pas de proche en proche dans toute
l'étendue verticale d'une série continue, qu'aucune perturbation im-
portante n'est venue interrompre?
1878. 1)f: la lURPt:. — numhulites de nige. 313
Il ne t'audrail pas cependant, après avoir trop cru à la spécialisation
des faunes, aller trop loin dans la voie des passages d'espèces.
Ainsi, sous le nom de Terebratula humeralis M. Tombeck réunit, à
l'exempte de H. de Lorîol, des formes que quelques auteurs séparent
et qui sont caractéristiques, peutrctre, chacune des différents niveaux
où on les trouve.
Quant à VA7nmonites Achilles, si souvent citéà tort, M. Tombeck en
connaît le type; il a dû s'assurer que les exemplaires qu'il signale à
différents niveaux doivent bien lui être rapportés. Du reste, M. Pellat
admet très-volontiers l'extension verticale de cette espèce, qu'il a re-
cueillie dans l'Astarticu du Boulonnais.
M. Pellat insiste sur les réserves qu'il a faites le 3 novembre dernier
au sujet du parallélisme établi par M. Tombeck entre les calcaires du
Mont des Boucards et la zone à Atrimonites tenuilobatus. Aucune
Ammonite de cette zone n'a été reconnue au Mont des Boucards.
L'exemplaire voisin de VA. polyplocus que M. Tombeck a vu dans la
collection de M. Pellat a été décrit et figuré par M. de Loriol sous le
nom d'^. Boucardemis. Quant à VA. halnearius de Baden, il n'a été
figuré dans la Monographie du Boulonnais que pour montrer ses
points de ressemblance avec des espèces du Mont des Boucards et de
l'oolitbe aslarlienne; il n'a pas été recueilli au Mont des Boucards.
C'est, au contraire, à des niveaux beaucoup plus élevés du Boulon-
nais, dans l'Astartien notamment (grès de Wirvigne), que M. Pellat a
recueilli une forme de la zone à Aynmonites tenuilobatus, \A. Moeschi.
Mais cela ne suffit pas, selon lui, quant à présent, pour assigner une
place dans le Boulonnais à la zone à A, tenuilobatus,
M. Pellat, à propos des calcaires du Mont des Boucards et sans se
prononcer sur leur âge, persiste à croire que la composition de l'étage
corallien est très-complexe, et que, même dans le bassin de Paris, les
oolithes coralliennes no forment pas une nappe continue. Mais il re-
connaît qu'il n'a jamais été assez heureux pour constaler de visu
l'intcrcalation des faciès coralliens (intercalation très-vraisemblable
cependant) au milieu des calcaires que l'on désigne sous le nom de
coralliens compactes.
Le Secrétaire analyse une note de M. Ph. de la Ilm*pe sur les
IVuiiiinuliloA des environs de Kiœ et de Menton (1).
Dans cette note M. de la Harpe étudie les Nummulites recueillies à
(1) Par (lOcision de la cominission du Bulletin, cette note a éh» n?f)ort»5e nu
comple-rendu de la réunion extraordinaire de Fréjus et Nice.
3i4 SÉANCE. 18 mars
Âiitibes, Yence, Roquestéroii , Font de Jariel, L'Escarèiie, le col de
Braus, Mentoti et La Mortola ; il signale onze espèces, dont plusieurs
iiouvelles, et un grand nombre de variétés. Il déduit de cette étude
qu'il faut distinguer trois zones dans ces localités : 1^ les couches de
Vence et de la Font de Jariel ; i^ les couches supérieures de La Mor-
tola, auxquelles semble se rattacher une partie des calcaires du col de
Braus ; 3® les couches exj)loitées dans les carrières de La Mortola. Ces
trois zones représentent, d'après M. de la Harpe, la partie moyenne de
la période nummulitique.
A la suite de cette communication, M. Hébert fait observer que
c'est la Société géologique de France qui, dans sa session dernière, a
constaté que les couches nummulitiques des environs de Biot et de
Yence appartiennent à un horizon tout à fait différent de celles de La
Palarea. Jusque-là on ne se rendait pas bien compte des relations
entre ces divers dépôts.
Comme M. Hébert Ta fait observer, dans une des séances tenues ù
Nice, les couches de La Palarea, rapportées avec raison, dès 1850, par
M. jBellardi au Calcaire grossier parisien (1), sofjt les représentants
exacts des couches de San Giovanni llaiione à Nuynmulites perforata»
N. spira, N. complanata, etc., tandis que celles de Biot et de Yence,
011 abondent la Serpula spirulœa, les Orbitoïdes et les Échinides de
Biarritz, correspondent aux couches de Priabona et appartiennent à
rÉocène supérieur, c'est-à-dire à l'époque du Gypse.
Dans rintérét de nos réunions extraordinaires, il est utile de mon-
trer qu'elles font souvent faire à la Géologie des progrès notables.
L'exemple qui vient d'être cité n'en sera pas la seule preuve, ainsi
qu'on pourra le constater par la lecture des procès-verbaux de la
réunion de Fréjus et Nice.
Séance du 18 mars 1878.
PRÉSIDENCE DE M. ALB. GAUDRY.
M. Douvillé, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
dernière séance, dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membre de la Société :
M. Bassani, rue Gigantessa, 31, à Padoue (Italie).
(1) On doit les considérer comme correspondant aux parties moyenne et supé-
rieure du Calcaire grossier inférieur du bassin de Paris (bancs supérieurs au
Crrithium Qitjnnteum, systèrue laekénien deDuinont;.
1S78. DE (inossutivHii:. — (>is£mf.nt de. puosi'hate de chadi. 315
H. de Lappai-ent donne leclure de la note suivante :
Kote sur un nouveau glftement de phosphate de chauiiL,
par M. A. de GrosAouvre.
J'ai riionneur de porter à ]a connaissance de la Société la décou-
vertâ que j'ai faite, dans le courant de l'année dernière, d'un nouvel
horizon de phosphate de chaux, appartenant à l'étage oxfordien du
déparlemenl de la Nièvre.
Les affleuremenis de cette couche s'observent bien nettement dans
les environs de Nevers; la tranchée du chemin de fer dite de l'Ai-
guillon, visitée par la Société géologique en 1858 (1), oITre une honoe
coupe pour son étude et celte des terrains encaissants.
A l'est de la faille, à 300 mètres environ du petit pont sur le chemin
de fer, on observe la succession suivante des couches, qui plongent
vers l'est sous un angle de fi» {lig. 1) :
Fig. l.
1. Calcaires et marnes à texture gréseuse; je n'y ai rencontré comme
fossiles que la Rkynchonella spitthica; la Société y a trouvé les Am-
nionitea athleta et A. coi-onattis.
2. O'^âO à 0"' 30 d'une argile gris-verdâtre, empâtant de nombreux
rognons de même couleur; j'y ai trouvé ; Ammoailes Duncani, A.
athleta, Belemniles hastatus ; la Société y a recueilli : Ammonites per-
armatus, A. pUcatiîis, A. catlovieHsis (roule de Paris), Ostrea dilatatd
(route de Paris).
3. <î à 7 mètres de marties avec bancs de calcaire noduleux très-
dur, lie couleur jaunillrc, pi-ésenlant par (ilaces des points ferrugi-
neux. Dans le coniptc-rcndu de ta réunion de la Société géologique, il
316 DE GROSSOUVEË. — GISEMENT DE PHOSPHATE DE CHAUX. 18 mars
est dit que ce calcaire renferme quelques oolithes ferrugineuses^ mais
je n'y ai observé que des taches. La Société y a recueilli : Ammonites
pîicatilis et A. perarmatus. Comme fossiles, j'ai seulemeut rencontré,
sur le talus de la tranchée, un bel échaniiWUm d A, canaliculatus ci
un débris de Spongiaire, sans pouvoir d'ailleui's affirmer qu'ils étaient
bien en place et ne provenaient pas d'un éboulis des couches supé-
rieures. Néanmoins, ces marnes avec bancs de calcaire noduleux m'ont
paru se rapprocher, par leui*s cai*actèi*es physiciues. des marnes et cal-
caires à Spongiaires tels qu'on les observe dans le département du Cher.
4. Marnes blanches, pulvérulentes; dans le compte-rendu cette
couche est ainsi désignée : calcaire blanchâtre, marneux, avec Am-
monites pîicatilis et A, perarmatus,
5. Au-dessus se développent des calcaires blancs, compactes, hssiles,
à cassure conchoïde, qui probablement doivent être rapportés aux
calcaires lithographiques coralliens.
La couche i est, à proprement parler, un lit de rognons verdâtres,
empâtés dans une argile de couleur foncée remplissant leurs inter-
stices. Ces rognons, qui avaient été considérés (1) comme des cailloux
siliceux, sont des calcairas phosphatés : divers échantillons que U. Pe-
neau. Directeur de la station agronomique du Cher, a bien voulu ana*
lyser sur ma demande, ont présenté une teneur moyenne de 28 à 30 %
en phosphate de chaux tribasique; un fragment d'Ammonite a donné
une teneur de 55 «/o.
Ainsi que l'a remarqué la Société, les fossiles ont un aspect pro-
noncé de roulis et de charriage; si Ion examine avec attention les
rognons ou galets, on voit que la plupart d'entre eux proviennent de
débris fossiles roulés et détériorés, notamment de Pholadomyes.
Par sa faune, la couche de phosphate se rapporte à la zone à Ammo-
nites athleta d'Oppel, qui occupe la partie supérieure de son étage
kellovien ; dans la Nièvre, d'après M. Ébray (2), cette zone existe bien
caractérisée. Il résulte de là que la couche de phosphate provient d'un
remaniement de cette zone avec introduction d'acide phosphorique.
Cette couche peut encore s'observer sur la route de Paris (3), où
elle est recouverte par Toolithe ferrugineuse, qui affleure un peu au-
dessous de Four de Vaux.
D'après M. Ébray, on retrouve dans un grand nombre de localités
de la Nièvre le cordon remanié qui dans les environs de Nevers con-
stitue la couche de phosphate.
(1) Bail., 2*bLM".. t. XV, p. 081).
Cij Etndcn gv.oL sur le dcp. de la Nivirr'. p. -^H-'.
cj) BhIL. i>' soi., t. XV. p. cm.
1878. IIKBRRT. — FOSSILES DE L\ CRAIE DU NORD. 317
M. Douvillé a dé'}h signalé la présence de fossiles phosphatés dans
le terrain oxfoniien du Cher (\); ces fossiles appartiennent à la faune
de roolilhc ferrugineuse, qui dans les environs de Nevers recouvre la
couche de phosphate; par suite, le cordon remaniera fossiles phos-
phatés, parait devoir éti*e considéré comme Téquivalcnt de la couche
à Ammonites pyriteusesdu Cher.
D'autre part, M. Éhray signale dans les environs de Donzy Tappa*-
ntion, à la hase des calcaires à Spongiaires, d'une couche giauconieuse
très-fossilifère, qui représente le prolongement vers Test de l'oolitbe
ferrugineuse des hords de la Loire : cette analogie de caractères et de
position avec la couche phosphatée de Nevers rend probable la pré-
sence du phosphate de chaux dans la couche giauconieuse de Donzy.
Avant de terminer, je crois utile de faire ressortir l'association si
fréquente du phosphate de chaux et des substances ferrugineuses :
glauconie, oolithe ferrugineuse,... association qui se retrouve dans les
gisements crétacés et dans les gisements sidérolithiques, et qui permet
d'affirmer qu'en général le phosphate de chaux provient, aussi bien
que le minerai de fer, d'un dépôt de sources minérales.
M. Daabrée conArmc la généralité do Tassocialion du phosphore au
fer, qui se présente dans des gisements d'âge et de nature très-différents. Le
terrain houiller, particulièrement sur les bords de la Ruhr, les minerais de fer
très-phosphoreux du Lias, les dépôts de phosphate de chaux associés aux mi-
nerais de fer pisolithiquc dans les terrains tertiaires de Tam-el-Garonne et de
la Cùte-d'Or, les amas de la Belgique exploités d'abord pour le fer, puis pour
les phosphates, etc., offrent des exemples remarquables de cette association.
M. Hébert présente le mémoire suivant :
Remarques sur quelques I^'osalleiA de la Orale <lii Mord de
/'Europe 9
à r occasion du mémoire de M. Peron sur la Faune des caf entres
à fichinides de Rennes-les- Bains (2),
par M. Edm. llél>ert.
M. Peron a entrepris de démontrer que la faune des calcaires à
Échinides de Rennes-les-Bains est sénonienne, et que par suite il faut
rapporter à l'étage sénonien le système entier des calcaires à Hippu-
riles (le()uis la zone à Radiolites coniupastoris,
il) UhH . H'si^r.. t. m. p. 103.
2. HuU . .r s«'T.. t. V. p. IHO.
318 HÉBEUT. — FOSSILES DE LA CHAIE l>l' NORD. 18 mars
Pour justifier cette conclusion, il donne la liste des fossiles qu'il a
recueillis dans ces calcaires àÉcbinidos; mais, comme il reconnaît (1)
qu'un grand nombre des espèces iju il cite peuvent donner lieu à des
critiques, il fait suivre son travail d'une annexe paléontologique
relative aux espèces les plus importantes.
M. Peron sollicite à cette occasion les critiques de ses confrères. Je
viens répondre à son appel ; mais je me bornerai aux faits qui me sont
personnellement connus. Je vais donc examiner un certain nombre
des espèces citées par M. Peron comme caractérisant la Craie séno-
nienne du Nord, et je terminerai par quelques remarques stratigra-
phiques.
SPONDVLL'S SPINOSUS, Soioerhy,
M. Peron considère (2) cette espèce comme caractéristique de la
Craie sénonienne, bien que lui-même, M. Barrois et moi Tayons re-
cueillie dans des couches du bassin de Paris que tous les géologues,
même M. Peron, considèrent comme turoniennes. Peut-être notre
confrère a-t-il pensé qu'elle ne s'y trouvait <]u*exceptionnellement ;
mais il aurait aisément reconnu qu'il n'en était pas ainsi s'il eût con-
sulté nos collections ; il aurait vu que j'avais recueilli \q S. spùw-
sus :
lo Dans les couches à Inocerarmis labiatus et à Echinoconus subro-
tundxis : sur toute la côte de la Manche, depuis Le Tréport jusqu'à
Fécamp et Saint- Jouin au-delà d'Ëtretat; dans la vallée de la Seine,
au Mont-Arban près Rouen; dans celle de l'Yonne, à Paroy et à Sor-
mery près Joigny; dans le Perche, avec la Terebratella Dourgeoisi,
dans les carrières de La Plante et à La Fretaudière près Nogent-le-
Rotrou ;
2° Dans les couches à Holaster planus et Scaphiies Geinitzi, où il
est très-abondant partout dans le Nord de l'Europe, soit en France et
en Angleterre, soit en Hanovre, en Saxe et en Silésie. Or ces couches,
sur l'attribution desquelles j'avais autrefois longtemps hésité, sont
incontestablement turoniennes pour tous ceux qui s'occupent de la
Craie (3).
Dans aucune assise de la Craie sénonienne, cette espèce ne se montre
en aussi grande al>ondance qu'au niveau de Y Holaster planus.
(1) Op. cit., p. 178.
(2) Op. cit., p. 509.
(3) Bull. Soc. Se. hist. et nat. Yonne, t. XXX. ^2' part., p. 2.5; ttnU. Soc. géoL.
.'{• s<T., K ÏII. p. 595. tnbleau rectifiv.
1878. HKBRRT. — FOSSILKS DK LA CRAIE DU NORD. 319
TEREBRATUL.v SEMIGLOBOSA, Sowerhi/ (T, suhrotuYida, Sow.).
A l'occasion du Micraster hrevis, M. Peron dit (1) que jusqu'au
travail de MM. Hébert et Cotteau sur la Craie de ITonne (1876), les
géologiques ref^ardaient comme sénoniens les fossiles suivants : ffolas-
ter planiis, Cidaris subvesiculosa, Terebratula semiglobosa, Spondylus
spinosm. J'ai montré plus haut que c^la n'est pas exact pour le S.
spinosus; il en est de même pour les autres espèces.
La Terebratula subrotunda, Sow. (T. semiglobosa» Sow.), est extrê-
mement commune dans toute la série des couches à Inoceramus la-
biatus» aussi bien en Allemagne (2) qu'en France et en Angleterre.
ECHINOCORYS VULGARIS, Breyn.
M. Peron déclare (3) qu'il n'est pas à sa connaissance qu'on ait si-
gnalé aucune variété (V Echinocorys vulgaris dans l'étage luronien ; il
ajoute : « M. Hébert dit bien qu'on trouve celte espèce depuis la Craie
» à Inoceramus labiatus; mais c'est sans doute depuis cette Craie ex-
» cliisivenient, car dans une autre note, l'éminent géologue dit avoir
» rencontré l'espèce à un grand nombre de niveaux, presque jusqu'au
» contact des couches à /. labiatus, •
Cette dernière citation est empruntée à une note de 1858, la pre-
mière à une note de 186i. Si M. Peron eût poursuivi ses recherches
bibliographiques, il eût vu que le 15 juin 1863 (4) j'affirmais avoir
recueilli VAnanchytes gibba à Tancarville, associé à Y Echiyioconvis
subrotundics dans les couches à Inoceramus labiatus. La façon dont les
citations précédentes sont interprétées par M. Peron n'est donc pas
exacte. L'existence certaine de V Ananchytes gibba (Bchi>iocorys vulga-
ris) dans le banc à Echinoconus subrotumlus, dont la place est con-
stante au-dessous de la zone à TerebratuUna gracilis, eût été encore
mieux démontrée à M. Peron s'il eût visité nos collections; car il aurait
pu y voir trois exemplaires de cette espèce recueillis par moi à ce
niveau au cap La Roque, un à Quillebœuf même, et trois à Salzgilter
(Hanovre). U. Schlœnbach (o) a constaté le même fait de son côté.
Enfin, M. Schluler, qui fait de la Craie de l'Allemagne le principal
objet de ses recherches , déclare (6) que VAnanchytes gibba se trouve
(1) Op. cit., p. 525.
(2) Schlœnbach, SUx. d. K. Àk, Wiss., Maih -nat. CL, !'• sccl., t. LVII, p. 181;
1868.
(3) Op. cit., p. 5-20.
(i) Bull.r^'' slT., t. XX, p. G2-2.
(5) yeues Jahrh. Min.. 1869. p. 17 et 31.
(6) Verh. â. Salnrh. Ver. d. Pr. Rheinlande uud }\'cstf.. 4" s6r., t. III, p. 350.
3iO HÉBERT. — FOSSILES DE LA CHAIK DU NORD. 18 mars
dans l'Allemagne du Nord dans les couches à Inoceramus Brongniarti
et Ammonites peramjplus, au-dessous de la zone à Scaphites Geinitzi
et Holaster jylamis. J'espère que ces autorités laisseront à mes affir-
mations toute leur valeur.
De même que le Spondylus spinosus, V Ananchytes gihha est extrê-
mement commun dans les couches turoniennes à Holaster planiÂS,
Scaphites Geinitzi, Ammonites peramplus (var. junior = ^1. Prospe-
rianus, d'Orb.), de la France, de l'Angleterre et de l'Allemagne sep-
tentrionale.
HEMLVSTER LEYMERIEI, Desor.
LHemiaster que j*ai cité (1) sous le nom d'il. Leymeriei sur le che-
min de Cassis à La Ciotat, à plus de 100 mètres au-dessus de la base
des couches à Periaster Verneuili, a été trouvé pendant une excur-
sion de la Société géologique, devant M. Cotteau, déterminé par lui et
probablement conservé dans sa collection. J'en possède un autre
exemplaire, moins bon, recueilli par M. l'abbé Barges; c'est bien
VHemiaster Leymenei, II est rare dans ce gisement et n'y est pas ac-
compagné du Periaster Verneuili, Il n'a aucun rapport avec ceux que
cite M. Toucas sous le nom d'JIemiaster Heberti, qui proviennent des
marnes à Periaster Verneuili, Quant à VHemiaster Heberti que j'ai
recueilli à Ëscragnolles dans le Cénomanien inférieur, et qui res-
semble à Y H, Gauthieri, la détermination en est due à M. Cotteau.
MICRASTER BREVIS, Desor.
La longue dissertation ({ue M. Peron a consacrée à cette espèce
montre combien il y a de confusion dans les appréciations dont elle a
été l'objet. Notre confrère conclut en exprimant le désir qu'une élude
monographique minutieuse soit faite de toutes les espèces de Micraster.
Il me permettra donc bien, en attendant cette étude, de conserver mou
opinion, qui est aussi celle de M. Munier-Chalnias, à savoir qu'il n*y
a point de vrai M. brevis ni au Bcausset, ni dans les Corbière^.
Quant à la prétendue identité du M, cortestudinarium et du M.
brevis, il suffit de se reporter aux ligures que j'ai données (i) des pla-
ques ambulacraires de ces deux espèces, pour voir combien elles dif-
fèrent.
(1) Bull,, 2« sér.. t. XXI. p. 503.
(2) Mém. Soc. g^oL Fr.. 2« si';r.. t. V. pi. XXIX. tip. 18 et H».
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1878.
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1878. HÉBERT. — FOSSILES DE LA CRAIE DU NORD. 321
HOLASTER INTËGER, AgOSSiz; H. PLAGEiNTA, AçOSSiz.
M. Pérou me donne Toccasion de rectifier une citation que j'avais
faite en i8()3 de Yllolastcr integer, avec doute toutefois, dans la zone
à Micraster cortestudinarium du bassin de Paris. Je n'avais alors que
d'assez mauvais échantillons. Depuis, ayant recueilli des exemplaires
entiers, j'ai vu que l'espèce n'avait point de sillon antérieur, et j'ai
reconnu, à TËcole des Mines, que mes exemplaires appartenaient à
YHolaster placenta, Ag., qui, mentionné à la page 2 du Catalogue
raisonné et à la page 133 du Catalogua systematicus ectyporum Echi-
nodemiatum, n'a jamais été ni décrit ni figuré (1), et n'est môme plus
reproduit dans le Synopsis des Échinides fossiles, mais dont le type
(moule en plâtre M 2) existe dans les collections de l'École des Mines.
Aussi ai-je substitué le nom d'^. placenta à celui d'^. integer dans
une note lue à TAcadémie des Sciences le 25 juin 1866 et insérée
au compte-rendu de cette séance. A cette époque je croyais le Mi^
craster cortestuditiarium assez fréquent dans la zone à Jffolaster pla^
nus; j'avais donc abandonné ce Micraster comme caractéristique de
la zone, et adopté à sa place VJIolaster placenta. Mais dès que j'eus
reconnu que le Micraster de la zone à Holaster pUmus n'était pas le
Micraster cortestudinarium, ce dernier, de beaucoup le plus abondant,
bien que YHolaster placoUa ne soit pas rare au même niveau, devait
reprendre ses droits. Quant à YII, integer, il n'a jamais été trouvé
jusqu'ici dans la Craie sénonienne du bassin de Paris.
ECHINOCONUS GOMCUS, Breyn,
Cette espèce est très-commune dans les zones à Micraster coran-
guinum et à M. cortestudinarium. J'en ai recueilli quelques exem-
plaires dans la zone à Holaster jtlayius, un dans les couches à Echi-
noconus subrotundus de Quillebœuf, et un autre à Belleville-sur-Mer
dans la zone à Inoceramus labiatus. Elle est également citée dans le
Turonien d'Allemagne. Ce n'est donc pas non plus un fossile exclusi-
vement sénonien, comme le dit M. Peron.
<1) Depuis que cette note a été commuuiquée à la Société, M. Cottcau a donné de
cette espèce une description détaillée dans ses Échinides fossiles du département
de V Yonne (1«79). Il en a tiguré un échantillon incomplet. Nous en possédons une
série d'exemplaires en parfait état de conservation.
(Note ajoutée pendant l'impression J
322 HitBKRT. — FOSSILES DE LA CRAIE DU NORD. 18 mars
DISCOIDEA MINIMA, AgOSSiz.
Il est intéressant que H. Peron ait recueilli dans les couches à
Echinides des Bains de Rennes cette espèce, qui caractérisait jusqu'ici
les assises les plus inférieures du Turonien du bassin de Paris. Sa pré-
sence dans la zone à Belemnites plenta n'a rien d'étonnant, car cette
zone n'est pas autre chose que la base des couches à Inoceramus la-
biatus, et chaque année en apporte de nouvelles preuves. Entre cette
zone à Belemnites plenus et celle à Holaster subglobosus, à laquelle
M. Barrois la rattache, je mets la période entière des grès du Haine,
avec ses trois époques, telle que je Tai déjà définie plusieurs fois. La
différence d'opinion est donc considérable.
ciDARis SUBVESICULOSA, (COrhigny.
Le Cidaris subvesiculosa n'est pas rare dans les couches à Inoce^
ramiis îabiatus. M. Cotteau le cite (i) de Vernonnet, des Menus
(Sarthe) et de BrioUay (Maine-et-Loire) ; dans ces localités, c'est à ce
niveau que je Tai recueilli. M. Cotteau a donc raison de dire que cette
espèce appartient à la fois aux étages turonien etsononien. Ainsi cette
espèce, aussi bien que les Spoyidyltis spinosus et Tcrebratula semiglo-
bosa, était depuis longtemps considérée par les géologues qui s'occu-
pent de la Craie, comme se montrant dès le Turonien inférieur, el
non pas, ainsi que le dit M. Peron, comme exclusivement sénonienne.
V Holaster plmius seul avait été. regardé par quelques-uns^ toutefois
avec hésitation, comme caractérisant la base du Séiionien. J'étais de
ce nombre; mais en poursuivant mes études, j'ai été amené i recon-
naître que je devais me ranger à l'opinion des géologues allemands,
qui rattachent les couches à Scaphites Geinitzi et Hoîaster planus ik
l'étage turonien de d'Orbigny.
CIDARIS SCEPTRIFERA, MufltelL
On voit d'après ce qui précède, qu'un bon nombre d'espèces de la
Craie sénonienne du Nord se montrent aussi dans la Craie turonienne
de la même région. Il n'est donc pas étonnant de les rencontrer à ce
dernier niveau dans le Midi, et il n'y aurait absolument rien d'extra-
ordinaire à ce que des espèces exclusivement sénoniennes dans leNoixI
eussent d'abord apparu dans l'étage turonien du Midi. Tel serait le cas
(1) Pal. fr., tcrr. rrct., t. VII, p. 26.1.
1878. HÉBERT. -* FOSSILES DB LA CRAIE IHJ iXORD. 323
pour le Cidaris seeptrifera, Mantell, si en réalité M. Peron â recueilli
le type de Mantell aux Corbières dans la zone à Ëcliinides; mais
notre collègue ayant donné le nom de C, scepùrifera b des échantil-
lons du Revest qui pour moi appartiennent certainement à une autre
espèce (1), je ne puis me prononcer sur ceux des Corbières sans les
avoir vus.
CIDARIS GWBERUU, Desor.
M. Pei'on dit qu'aucun de ses amis n*a recueilli de radioles de cette
espèce dans les couches cénomaniennes de Cassis. Or, comme j'ai
cité (2) le C. gibberida dans le Cénomanien inférieur de La Bédoule
(Craie de Rouen), si M. Peron eût désiré voir les échantillons de ce gi«
spment, j'aurais pu lui montrer non-seulement deux tests, mais aussi
un radiole recueilli par moi-même dans les couches si riches en fos-
siles dont j'ai donné la faune (Pecten asper, Jl^miagter bufo, etc.), ra-
diole qui porte encore son étiquette écrite de la main de M. Cotteau.
Si donc il y a identité absolue avec l'espèce de Rennes-les-Bains, c'est
encore un fait qui n'est pas de nature à rajeunir les couches en discus-
sion.
CIDARIS GLAViGERA, Kœnig,
Cette espèce se trouve dans le bassin de Paris non-seulement dans
les zones a Micraster coranguinum et à M. corCestudinarium, mais
aussi dans la zone turonienne à Scaphites Geinitzi et Holaster planus»
où j'en ai recueilli quatre exemplaires (radioles) au Tréport, et dans
les couches inférieures à Inoceramus labiatus de Bruneval près Être-
tat (3) et de Mers, ainsi que dans celles de Scnonches.
Le Cidaris clamgera est donc encore un fossile turonien aussi bien
que sénonien.
En résumé, sur les onze espèces des calcaires à Ëchinides de Rennes-
les-Bains sur lesquelles mes recherches personnelles me permettent de
donner des renseignements précis :
Une, Cidaris gibbcrula, est jusqu'ici exclusivement cénomanienne;
Une, Diacoidca minima, appartient exclusivement au Turonien le
plus inférieur;
Les six espèces suivantes; Spondylus spinosiis, Terebratula setni-
(1) Bull , T sér., t. III. p. 100.
(2) Bull., 2« sér.. t. XXIX, p. 307.
^3) Bull.. 2' sér., t. XX. p. 621.
324 HIÎBERT. — FOSSILES DE IJi CRAIE DU NORDr 18 mars
globosa, Echinocorys vulgaris, Echinocontis conicus, Cidaris subvesi-
culosa et C clavigera, sont à la fois turoniennes et sénoniennes ;
Une autre, Holaster integer, ne se trouve pas dans la Craie sëno-
nienne du Nord ;
Enfin, le Cidaris sceptrifera et le Micraster brevù me paraissent^ le
premier mériter un nouvel examen, le second constituer une espèce
nouvelle.
J'accepte d'ailleurs volontiers la proposition que fait M. Peron de
communiquer les échantillons sur lesquels il peut y avoir doute. Cette
communication me paraîtrait utile pour le Cidaris sceptrifera et pour
le Micraster cortestudinarium recueilli par M. Gauthier dans les grès
de La Ciotat. M. Peron jugera lui-même s'il doit la faire pour d'autres
espèces. Je suis, en effet, tout disposé à examiner avec soin, sans
parti pris, tous les arguments que H. Peron croit favorables à sa
thèse.
D'après ce qui précède, on s'expliquera"^ comment sur une liste de
treize espèces que j'ai citées de la zone à Micraster cortestudinariicm
de Dieppe, il y en avait huit de Rennes-les-Bains. Ces espèces
sont pour ainsi dire caractéristiques de toute la Craie comprise entre
les couches de Rouen et celles de Meudon. C'est la présence d'un si
grand nombre d'espèces communes qui m'avait d'abord déterminé à
grouper ensemble, sous le nom de Craie marneuse (1) à Spondylu»
•pinosust tout l'étage turonien et une grande partie de l'étage
sénonien. Mais peu à peu une étude approfondie des divers bassins
crétacés de la France et de toute l'Europe septentrionale et centrale
m'a conduit à mieux comprendre les rapports mutuels des couches et
à adopter la classification que j'ai publiée dans le tome III de la
3* série du Bulletin (2), et qui ne difière de celle de d'Orbigny que par
plus de précision et plus d'exactitude dans les détails.
Maintenant il me reste à indiquer quelques faits stratigraphiques
qui ne me paraissent pas pouvoir se concilier avec la classification de
M. Peron.
Notre confrère considère la partie supérieure de la Craie de La Pa-
larea près Nice comme l'équivalent des grès à Micraster du Beausset
et des Corbières. J'ai eu occasion récemment d'examiner avec la
Société cette Craie de La Palarea, et il m'a paru, malgré le mau-
(1) Buli., 2« sér., t. XX, p. 626; 1863.
(2) Il y a dans ce tableau une erreur qu'il importe de corriger : à l'étage danien,
le calcaire de Saltholm, indiqué comme faisant partie de l'assise inférieure, doit
être i-cporlc à l'assise supérieure, avec le calcaire de Faxoc, dont il n'est qu'un
faciès particulier.
1878. UÉBËHT. — FOSSILES DE LA CRAIE DU NORD. 32S
vais état des échantillons que j*ai vus, que les Ananchytes et les Mt-
craster sont exactement les mêmes que ceux de Bidart près Biarritz.
Or la Craie de Bidart, la même que celle de 6an, au sud de Pau,
qui forme la partie supérieure des calcaires à silex de Bidache, repose
sur une série très-épaisse de grès et de schistes. Ces grès, exploités
pour dalles entre Gan et Rébenac, remarquables par de nombreuses
empreintes de Fucoîdes, sont exactement les mêmes que ceux de Celles
(Ariège). Ceux-ci sont, non pas associés aux calcaires à Hippurites
comuv(iccinum de Leychert, mais bien nettement superposés, comme
le montre la coupe que j*ai donnée (1) de cette localité, postérieure-
ment à la note de M. Garrigou citée par M. Peron. Il ne saurait y avoir
aucun doute ni sur la succession de ces couches, ni sur leur assimila-
tion depuis Foix jusqu'à Bidart. Dans les deux régions ces couches
sont inférieures à la Craie à Jlemipneustes de Monlton et d'Audignon
près Saint-Sever. La Craie de La Palarea est donc pour moi beaucoup
plus récente que les calcaires à Hippurites comuvaccinum, plus ré*
cents eux-mêmes que les grès à Ëchinides.
Dans toute la région pyrénéenne, pas plus qu'en Provence ou dans
les Alpes, je ne vois donc absolument rien qui puisse justifier l'intro-
duction dans l'étage sénonien des calcaires à Hippurites. Sans doute
il sera toujours possible d'augmenter le nombre des fossiles communs
entre ces calcaires et la Craie blanche; mais cela ne justifie aucune-
ment leur enlèvement de l'étage turonien. Leur liaison paléontolo-
gique avec le Turonien n'est pas moins incontestable. M. A. Toucas
n'a-t-il pas dit (2) que les couches à Ëchinides turoniens du Revesl
renferment déjà le Radiolites comupastoris?
M. Peron a bien voulu citer (3) m extenso un passage ou j'ai justifié
par des considérations stratigraphiques la division de l'étage turonien
du bassin d'Uchaux en deux sous-étages; mais pour exprimer complè-
tement mon opinion, il aurait fallu aussi citer cet autre passage (4)
ou il est dit qu' « ... on voit reparaître à divers niveaux dans les grès
» de Mornas.... quelques espèces des plus caractéristiques des grès
> d'Uchaux... >, et qu' • en réalité il y a plus de ressemblance entre
> les faunes des deux sous-étages qu'entre leurs caractères stratigra-
> phiques •. A l'appui de cette opinion, je cite comme se trouvant en
place dans les grès de Mornas :
Eulima amphora, d'Orb.,
(1) Bull., 2- sér., t. XXIV, p. 363; 1867.
(2) Bull., 3- sér., t. II, p. 463, et t. IV, p. 313.
(3) Bull., 3« sér., t. V, p. 489.
n) Ann. Soc. gcoL, t. VI, art. n" 2, p. 90.
dS0 CuQtJAi«D. -^ CALCAIRES A ÉcifirfiDE5. ISmani
Chenopui timpltx, d'Orb...
Cardium (hillanum, Sow.) Requienianum. Math.,
— Mcfutoniannm, d'Orb . ,
Peetuiieulut Requienianum, d'Orb.,
— Renauiiantu, d'Orb.
La paléontologie sur laquelle H. Peron s'est principalemeut appuyé
pour justifier Tintroduction des calcaires à Hippurites dans Tétage
sënonien, n'est donc aucunement favorable à cette thèse, contre
laquelle d'ailleurs la stratigraphie ne saurait trop s'élever, la partie
supérieure des calcaires à Hippurites, la zone à JI, comuvaccinum,
constituant pour toute l'Europe centrale et méridionale l'un des re-
pères géologiques les mieux marqués, reconnu par tous comme
limite entre les étages turonien et sénonien.
Les traits généraux de la classification de d'Orbigny ont été acceptés
chez toutes les nations. Les nombreuses critiques dont cette classili*
cation a été l'objet, surtout en France, m'ont longtemps empêché de
m'y rallier, jusqu'à ce qu'enfin mes propres études m'aient montre
que ces critiques ne louchaient à rien d'essentiel. J'avoue que je suis
heureux de pouvoir, sans manquer à ce qui est dû à la vérité scienti-
fique, soutenir la mémoire d'un savant dont le nom sera toujours un
honneur pour la France.
M. Daubrée informe la Société de la mesure que ri^^cadémle
des Science» vioU de prendre dans Vintérêt de la conservation
des blocs erratiques situés sur le territoire fixitiçais. Sur un
rapport fait par lui au nom de la section de Minéralogie et de M. Bel-
grand, l'Académie a nommé dans son sein une commission spéciale
chargée de veiller à la conservation des plus intéressants de ces blocs.
Pour atteindre ce but, la commission aura des délégués dans les prin-
cipales régions. Des donations de ces blocs et du sol qui les supporte
pourront être faites à l'État, h titre de monuments historiques, et les
blocs ainsi donnés seront placés sous la surveillance de l'Académie.
Le Secrétaire analyse les notes suivantes :
Observations sur la note de M, Peron sur les calcxiires à
îlctiiuldes de Rennes- les «Dalns,
par M* Coquand*
Le 80 fascicule du tome V de la 3* série du Bulletin, distribué dans
le courant de février dernier, contient un mémoire fort curieu.\ de
1878. GOQUAND. — CALCAIRES A KGHlNlDfiS. 327
H. Peron sur la classification du terrain turonien supérieur (1); left
conclusions de notre savant collègue tendent à introduire dans la Craie
sénonienne les divers niveaux à Rudistes du Sud-Ouest de la France, de
la Provence^ du Gard et de l'Aude, personnifiés par les ffippurites
organisans, H. comu-vaccinum* H. sulcatus^ Plagioptychus CoquandU
P. Aguilloni, etc., niveaux placés jusqu'ici, à tort d'après l'auteur, par
la généralité des géologues, dans la Craie moyenne, dont ils formaient
le couronnement.
Cette idée nouvelle émanant d'une autorité aussi compétente a dû
éveiller l'attention des paléontologistes du Midi, et la mienne surtout,
puisque depuis plus de quinze ans je me suis spécialisé, pour ainsi
dire, dans les questions se référant à la formation crétacée.
M. Peron trouve la justification de la nouvelle classification qu'il
propose, dans la position des marnes à Ëchinodermes de Rennes-les-
Baius et du Beausset par rapport aux calcaires à Rudiales, et dans la
récurrence que l'on peut constater sur ces deux points, comme ailleurs,
entre les assises à Ëchinodermes et les assises à HippuriUn, organisant
et H. comu'vacctnum. N'ayant eu l'occasion d'étudier da la Craie de
l'Aude que la montagne de la Clape, rapportée par d'Arobiac et par
Reynès au niveauduNéocoraiendeHauteriveet que j'ai dû faire remon-
ter à celui de Télagc urgo-aptien, je me garderai bien de formuler une
opinion personnelle sur la Montagne des Cornes, interprétée si diver-
sement par les savants qui en ont parlé, depuis d'Archiac jusqu'à
M. Peron, et qui tous sont tombés d'accord pour signaler les difficultés
de son étude.
M. Peron entre en matière en s'emparant de l'opinion émise par
Reynès, qu'aux environs des Martigues les calcaires à Hippurites de*
valent représenter la craie sénonienne, à cause d'une récurrence de
faune et d'une grande communauté de fossiles se manifestant entre les
calcaires à Hippurites et la craie qui leur est supérieure. Au Gros-
Hourre, entre deux assises riches eu Hippurites organisans et ff. cornu-
vaccinum, Reynès aurait observé une couche dure, blanchâtre, riche
en SphœruUtes sinuatus, Radiolitcs fissicostatus, Ostrea Matlieroniana
(0. plicifera), 0. Santonensis, Terebratula Nanclasi, Nucleolites minor,
et nombreux autres fossiles de l'étage sénonicn.
Ces divers fossiles, dont tous les géologues du Midi ont fait ample
provision, se trouvent bien réellement logés entre deux bancs à Hip-
purites; ils occupent bien la même position santonienne que dans les
Deux-Charentes; mais les espèces des deux bancs u Hippurites ne sont
pas les n.éines : celles qui appartiennent au niveau inférieur (mon
fl) Op. cit., p. 401).
328 GOQUAND. — CALCAIRES A ÉCHIMDES. 18 mars
étage provencien) sont les Hippurites organisans et //. cornu vac-
cinum, tandis que les Hippurites du niveau supérieur sont nouvelles;
elles seront bientôt publiées par mon savant ami M. Matheron.
Ainsi la localité du Gros-Mourre est mal choisie et va droit contre
la thèse soutenue par H. Peron : au lieu d'une récurrence de faune,
il faudrait dire une succession de faunes et d'étages distincts.
Les calcaires à Hippurites organisans et JI. cornu-vaccinum, dans
tout le massif de la Sainte-Baume, sur les versants septentrionaux de
Fétang de Ben*e qui font face aux montagnes des Martigues, suppor-
tent également Tétage santonien, sans qu'on ait jamais pu constater
la présence de ces deux Rudistes dans la masse de cet étage. Les J7.
organisans et H. comu-vaccinum, au Baou-Redoun et au Cap Canaille,
entre La Ciotat et Cassis, pénètrent peut-être dans les bancs angou-
miens à Radiolites comu-pastoris qui sont contigus à l'étage proven-
cien, mais ils ne descendent jamais plus bas et ne remontent jamais
dans le Santonien. Dans cette région, l'Angoumien est supporté direc-
tement par le Ligérien à Inoceramus lahiatus et Ammonites Requienia-
nti«. On n'y trouve point représentées par conséquent les marnes à
Ëchinodermes du Beausset, dont nous aurons à nous occuper.
Entre la Gueule d'Enfer et I^es Hartigues, les sables de Hornas
prennent une extension formidable : ils s'y montrent riches en Sphœ^
rulites Sauvagesi; noais entre leur masse et les bancs carentoniens à
Caprina adversa qui les supportent, on chercherait vainement les
marnes à Ëchinodermes du Beausset. J'avais depuis longtemps déjà
établi la position de ces divers étages dans la coupe que j'ai donnée
des environs des Martrgues (1), coupe qui a élé reproduite par M. Zittel
dans sa monographie des bivalves de Gosau. Je suis étonné que les
grès niornasiens aient échappé à l'œil si exercé de M. Peron.
Ce même fait de superposition se reproduit dans les Deux-Charentes,
où le Santonien, au point de vue de sa composition, de sa faune et de
ses Rudistes, se sépare si nettement de la Craie moyenne à Hippurites.
En Algérie, soit dans le rocher deConstantine, soitdans les montagnes
de Tébessa, soit dans les contreforts de l'Auress, qui abritent l'oasis
de Biskra, les calcaires durs à Hippurites organisans et //. cornu-vac-
cinum supportent un splendide Santonien marneux à Ëchinodermes,
mais dans lequel ces deux espèces sont remplacées par de toutes auttx^s
espèces.
Mes observations et les rectifications qui les accompagnent ne por-
tent que sur des localités que j'ai eu occasion d'étudier à diverses
reprises, et ne sont nullement une opposition dirigée contre les idées
(1) BulL, 2'sér.. t. XVllL p. LW.
4878. COQUAND. — CALCAIRES A ÉCHINIDES. 329
nouvelles professées par M. Peron , dont la compétence bien connue
commande la plus grande confiance.
J'avoue que, s'il devient solidement démontré que les marnes à
fossiles proclamés sanloniens de Rennes-les-Bains sont recouvertes
directement par les grands horizons de Rudistes qui ont rendu célèbre
la Montagne des Cornes, je n'éprouverai pas la moindre répugnance à
faire débuter la Craie supérieure par ces marnes et même par les bancs
kRadiolites comu-pastoris, en y englobant par conséquent les calcai-
res à Hippuriies organisans et H, comu-vaccinum , puisque ces marnes
renfermeraient des fossiles se rencontrant à un niveau supérieur. Hais
je ne saurais consentir à voir dans le niveau supérieur (Moulin
Tiffeau) l'équivalent de la Craie blanche de Meudon, lorsqu'au Plan
d'Aups et à Yaldonne il ne contient qu'une faune franchement santo-
nienne, et qu'on le voit passer insensiblement, par l'intermédiaire de
fossiles d'eau douce, au grand système lignitifère de Fiiveau, que
H. Peron assimile, bien à tort, à la craie garumnienne.
Après avoir éliminé, comme fournissant des arguments incomplets
ou même opposés aux idées de M. Peron, les localités énumérées ci-
dessus, examinons si la Montagne des Cornes nous fournira la solu-
tion de la question : à savoir, si les marnes à Ëchinodermes, réputées
santoniennes par le langage tout santonien des nombreux fossiles
qu'elles contiennent, sont, ou non, inférieures aux bancs à Hippu-
rites qui forment l'entablement du système orographique de la con-
trée, et si les marnes qui surmontent ces derniers sont, non point les
parallèles de celles-là, mais bien leur partie supérieure, que séparerait
de la zone inférieure un étage puissant de calcaires à Hippuriies
organisans et II. coryiu-vaccinum, lequel, dans cette hypothèse, ne
Jurait qu'une assise subordonnée, un véritable nerf dans l'en-
semble marneux.
D'Archiac (1) fait débuter sa Craie supérieure par les marnes bleues
du Moulin Tiffeau, qui occupent la position de mon étage santonien,
tel qu'on l'observe dans le Midi et le Sud-Ouest de la France. Ces
marnes reposent à Sougraigne sur les calcaires à Hippurites (étage
provencien) et elles sont recouvertes par les grès garumniens d'Alet.
Son deuxième étage (en suivant la série descendante) comprend,
sous le nom Aq premier niveau de Rudistes et de couches de Sougraigne,
les bancs à Hippurites organisans et //. comifr-vaccinum (étage pro-
vencien), avec toute leur légion de Polypiers.
Son troisième étage se compose : 1^ de calcaires marneux avec
Ëchinodermes, et 2^ du deuxième niveau de Rudistes, consistant en
(1) Lts Corbièrea, Mém. Soc. géoL, 2' série, t. VI, p. 346: 1H59.
332 COQtJAND. — CALCAIRES A ÉCHIMDES. 18 mars
j'avais rapportés à mon étage santonien, bien convaincu que leur gise-
ment se trouvait au-dessus de mon étage provencien à Hippurites.
J'ajouterai même que, lorsqu'en 1861 (1) je relevais la géologie des
environs du Beausset, je me trouvais surpris de voir les terrains en-
failles du Petit-Ganadau, dans le val d'Arenc, ne point correspondre
exactement, quant à leur composition pétrologique, à ceux qui se dé-
veloppent presque en face dans le Grand-Yallat (p. 152 et 153), et
surtout de ne plus retrouver dans un banc calcaire qui supportait mon
étage santonien à Ostrea proboscidea» O. plicifera» Rhynchonella de-
fbrmis et Cidaris (rapporté au C. Vendocinensis), les caractères des
calcaires si riches en Hippurites de La Cadière. Mais, comme ce banc
calcaire renfermait à son tour des Rudistes et qu'à cette époque (1861)
la question de la récurrence de la faune santonienne et du recouvre-
ment possible par le Provencien n'avait germé dans l'esprit d'aucun
géologue, je négligeai de vérifier si les Hippurites que j'avais rencon-
trées à la base des marnes à Ostrea proboscidea et que je rapportais à
Yff. comurvaccinum, ne pouvaient pas être angoumiennes et porter
plutôt les nomsd'ZT. Requienianus et de Radiolites cornu-pastoris.
Les nouvelles découvertes de MH. Toucas me font incliner aujour-
d'hui vers l'opinion que mon Santonien du Petit-Canadau pourrait
bien faire suite aux marnes à Ëchinodermes du Beausset, et que la
base calcaire sur laquelle il s'appuie, au lieu d'appartenir à Tétage
prm'encien à Hippurites organisans, devrait être descendue au niveau
de l'étage angoumien, le Provencien n'étant point représenté dans la
région que traverse ma coupe, mais ayant sa position clairement
définie aux environs du Beausset, oii il est possible de passer en revue
la série complète des étages crétacés et d'établir par conséquent leur
ordre de succession.
Jusqu'à présent aucune région de la Provence ne m'a montré une
faune santonienne scindée en deux par une zone de Rudistes proven-
ciens. Au dessous de l'Angoumien à Radiolites cornurpastoris, les
géologues ne rencontraient que l'étage ligérien à Inoceramus labiatus
et Hemiaster Vemeuili. Les recherches de M. Ar. Toucas auront dé-
montré que Le Beausset faisait exception à la règle générale et que
dans cette localité seule, comme dans une localité seule de l'Aude, il
existait une assise marneuse à Ëchinodermes, à fossiles santoniens,
placée au-dessous du calcaire provencien à Hippurites comu^vacci^
num, et entièrement distincte du Santonien, qui au Beausset même,
(1) Rapports qui existent entre les groupes de la Craie moyenne et de la Craie
supérieure de la Provence et du Sud-Ouest de la France, Bull., 2' série, l. IVIII.
p. 133; 1861.
1878. COQUANO. — CALCAIRES A KGHINIDES. 333
aax Martigues , au Houlin-Tiffeau et dans les Deux-Gbarentes, se
montre supérieur à ce même calcaire à Hippurites.
. Si les marnes à Echinodernies avec les fossiles cités occupent effec*
tivement la position nouvelle qui leur est assignée, et si dans les
contrées où les Rudistes font défaut, elles tiennent, au-dessus de
l'étage ligérien, la place du Santonien, comme à Bousse et à Yilledieu,
par exemple, elles devraient faire partie de la Craie supérieure, et
c'est à ce niveau qu'il conviendrait de les maintenir, sauf à leur subor-
donner les couches de Rudistes qui, comme au Beausset et à Rennes-
les-Bains, sont intercalées au milieu d'elles. La conséquence me parait
forcée.
Parmi les fossiles du Beausset énumérés par M. Peron, je ferai re-
marquer que les Spondyltis spinoms, Ostrea probascidea, O. pîiciferap
Khynckonella deformis remontent dans le Santonlen des Martigues su-
périeur aux calcaires provenciens à Hippurites, que \q Micrasterhrevi»
occupe une position identique dans les Charcutes, que M. Arnaud
cite le Cûiarisscep^rt/èradansrAngoumien, le Cpseudo-pistillumé^Jih
le Coniacien, le Santonien et le Dordonien, et le C. suhvesiculoM
depuis le Provencien jusqu'au Dordonien.
Outre les espèces de la zone à Micraster Matheroni communes au
Beausset et à Rennes-les-Bains, nous voyons dans cette dernière loca-
lité les Phasiafiella supracretacea, Janira quadricostata, Ostrea frons,
Radiolites fissicostatus, R. sinuattis : or, toutes ces espèces se retrou-
vent aux Martigues dans le Santonien superposé aux assises à Hippu-.
rites, de manière que la faune des marnes à Ëchinodermes de Rennes-
les-Bains répondrait à la fois à la faune à Micraster Matheroni du
Beausset et à la faune des assises santoniennes marines des Martigues,
lesquelles, je le répète, se trouvent séparées des premières par toute
l'épaisseur des bancs à Hippurites comu-vaccinum.
Force serait donc de reconnaître une récurrence de faune identique
avec celle que j'ai déjà eu l'occasion de signaler pour l'étage urgo-
aptien de la Clape et de l'Espagne : et Dieu sait toutes les garanties
dont je me suis entouré avant de faire une confession qui modifiait si
profondément les idées dans lesquelles j'avais vécu jusqu'alors.
Si la coupe du Beausset est réelle et si, à cause de la régularité des
terrains, on ne peut s'inscrire contre son exactitude, je partage l'avis
de M. Peron, qu'elle projette un jour nouveau sur celle de la Montagne
des Cornes, dont elle dissiperait les obscurités.
. Dans cette hypothèse, mon étage santonien devrait acquérir à sa
base une extension considérable, au détriment des étages provencien
et angoumien, qu'il absorberait; il débuterait par la zone à Radiolites
comu-pastoHs et se terminerait par celle à Belemnitella quadrata.
334 COQUAND. — CALGAIKBS A ÉGBINIDKS. 18 mars^-
Les lignites des Hartigues, du Plan d'Aups, de La Cadière, de Ck>u-
doux, caractérisés par YOstrea acutirostris, i*eprésen taraient dans le
Midi la partie supérieure du Santonien, position que leur assigne éga*
lement ce bivalve dans la Charente, eu laissant au-dessous les bancs
marins à TerebreUula Nanclasi, Osirea proboscidea, O. frons. Radio--
lites flssicostatns, ainsi que le niveau supérieur des Hippurites du
6ros-Mouri*e, assimilé à tort par Reynès à celui des Hippurites orga--
nisans et II. comu-vaccinum.
Les lignites de Fuveau, qui leur succèdent immédiatement dans la
série ascendante, deviennent naturellement les équivalents de In Craie
blanche de Heudon et de Maeslricht, le Garumnien formant le cou-
ronnement de la formation crétacée supérieure.
Donc, si les idées de M. Peron prévalent, mon étage santonien se
trouverait allongé de quatre zones nouvelles et pourrait se subdiviser
de la manière suivante, au-dessus des grès d'Uchaux (étage ligérien) :
1* Zone à Hippurites Requieniantt$ et Rouliolites cornu-^attoris (étage aogouraieo) :
— • 1'^ Divoau des Hippuriles ;
2* Sables et grès de Mornas ;
3* Zone à Micraster Matheroni ;
4" Zone à Hippurites organisant et H. cornu-vaceinum (étage provencien); —
8« niveau des Hippurites ;
fit* Zone à Rhytichonella Baugasi (étage coniacien) ;
e* Zone à Monopleura Martieensis, Rhynchouella vesperlilio, Ostrea frons, Radia^
lites fissicostatus ;
7" Zone à Hippurites (espèces nouvelles) du Gros Mourre ;— 3* niveau des Hippurites ;
a* Zone à Ostrea <uutirostris (Midi de la France) et à Micraster cortestudinarium ;
0* Zone à Belemnitella quadrata.
C'est au-dessus de cette dernière zone que dans le Nord de la France
et en Angleterre sedéveloppe la Craie blanche à Belemnitella mucro^
nata, et dans le Midi les lignites de Fuveau qui lui sont parallèles.
Le Garumnien n'a rien à voir dans ce vaste système, puisqu'il lui
est supérieur.
Avant de clore cette note, je crois devoir, dans l'intérêt de la vérité,
signaler le fait suivant : à Fépoque où, dans différents écrits, j'établis-
sais, soit pour la Provence, soit pour le Sud-Ouest de la France, les
étages en lesquels je partageais le grand tout de la formation crétacée,
H. Zittel, qui s'occupait alors de la monographie des Bivalves de
Gosau, m'annonçait que les divisions adoptées par moi relativement
aux étages santonien et provencien ne se maintenaient pas dans les
mêmes limites dans cette portion de l'Autriche; que, par exemple,
Tétage des lignites avec fossiles du Plan d'Aups et des Hartigues se
trouvait engagé entre deux niveaux de calcaires avec HippioHtes orga^
1878. COQUAND. — CALCAIRES A ÉCHINIDBS. 335
nisans, H. œmu^vaccinutn, H. sulcatus, Caprina Aguilloni, etc. Celte
position est très-bien indiquée dans ta coupe qu'il donne des environs
de Grûnsback (1) et dans les explications dont il l'accompagne.
D'un autre côté, dans le tableau (p. 103) sur lequel H. Zittel trace
le synchronisme de la Craie moyenne et de la Craie supérieure de
l'Europe centrale, le groupe à Hippurites organisai et ff, comu"
vaccinum est indiqué comme correspondant à celui de Gosau, et il
supporte à Gschliefgraben , près Gmunden, les marnes à Écliino-'
dermes, assimilées par l'auteur au Santonien des Martigues. Quels sont
ces Ëchinides ? Sont-ce ceux du Beausset et de Rennes-les-Bains, in-
férieurs aux calcaires à Hippurites organisans, ou bien ceux de l'Aqui-
taine et de TAIgérie plus anciens que ces calcaires? C'est ce que des
recherches ultérieures finiront par nous apprendre.
J'ai cru utile de placer mon mot à l'occasion du curieux travail de
noti*e savant confrère, et je m*y suis cru autorisé par les nombreux
écrits que j'ai publiés sur la formation crétacée. Il y a dans ce travail
un aperçu nouveau sur lequel l'attention des géologues doit se tenir
éveillée; il serait aussi injuste de le repousser par la question préalable
que de l'adopter avec trop de précipitation. Pour mon compte, je
prends l'engagement d'en contrôler les détails sur les lieux mômes
auxquels M. Peron a réclamé ses arguments, convaincu par avance
qu'il me sera fourni une fois de plus l'occasion d'affirmer la sûreté
avec laquelle notre confrère sait lire dans le grand livre de la Géologie.
Note additionnelle, — Depuis la rédaction du travail qui précè<le et
!«ou envoi à Paris, M. Peron a communiqué à MM. Matheron, Gauthier
et moi les fossiles de noms santoniens qu'il a recueillis dans les bancs
à Échinodermes de Rennes-les-Bains, donc au-dessous de l'horizon i
Hippurites cornu-vaccinum et H. organisans.
M. Gauthier, dont l'autorité en Ëchinologie est si bien connue, admet
que les Cyphosoma magnificum, Cidaris Jouanneti, C. sceptrifera»
C. clavigera sont identiques avec les espèces de même nom qui carac-*
tériseut le Santonien de Yilledieu et des Deux-Charentes ; toutefois il
est utile de faire remarquer que la comparaison n'est basée «que sur
l'examen de radioles.
Nous avons reconnu aussi que les Vola (Janira) quadricostata, Sponi*
dylus spinosus, Ostrea proboscidea ne diffèrent pas des espèces qui
proviennent des assises santoniennes des Deux-Charentes, de Yen-
dôme, des Martigues, du Plan d'Aups et de Gosau.
'l) Die Bivalvcn der Gosnu(icbilde in dev nordôstlichcn Alpen; IB61.
336 COQUAND. — CALGAIRICS A ËGHINIDES. 18 mar»
, Les Lima ornata et Pecten Dujardini des Bains^le-Rennes sont deux
espèces nouvelles.
Le Micraster brevis de Rennes, qui est le même que le M. HébertU
Laevivier^ n'a rien de commun avec les types sautoniens provenant de
Villedieu et des Deux-Charentes : c'est une espèce qu'il conviendra de
dédoubler.
On ne saurait donc nier dans les grès à Micraster Matheroni des
environs du Beausset et dans les marnes à Échinodermes des Bains-de-
Rennes, au-dessous de l'étage provencien à Hippurites organisans,
l'existence d'espèces franchement santoniennes, dont YEchinocarys
vulgaris accroît le nombre ; et notons que ce nombre serait bien plus
considérable si on introduisait dans l'étage turonien, ainsi que l'ont
fait MH. Schlûter et F. Rœmer, la longue liste de fossiles santoniens
qu'ils donnent, le second dans son Planermergel turouien d'OppeIn (1),
le premier dans son Obérer Planer (étage turonien de d'Orbigny), qui
comprend : 1^ la zone à Actinocamax plenus ; i? la zone à Inoceramus
labiatus ; 3^ la zone à Ammonites Woolgari ; 4^ la zone à Scaphites
Geinitzi et Spondylus spinosus; 5^ enfin, la zone à Epiaster (Micraster)
brevis (2).
Ces diverses zones seraient toutes inférieures, non-seulement au
Provencien à Hippurites comu-vaccinum, mais encore aux grès à
Ëchinodermes du Beausset et de l'Aude, puisque M. Schlûter, sous le
nom de zone à Ammonites Margœ, établit une zone supérieure à son
Turonien et qui contient Y Inoceramus digitatus, espèce associée au
Beausset au Micraster Matheroni.
Or, il advient, d'après les travaux des deux savants dont je viens de
citer les noms, que la presque totalité de la faune santonienne des
Deux-Charentes, de la Touraine, de la Provence et de l'Algérie se
trouve scindée en deux : ainsi les Ammonites Texanus et A. polyopsis,
recueillis par moi dans les mêmes bancs santoniens supérieurs aux
bancs à Hippurites organisans, sont classés par H. Schlûter. le pre-
mier au-dessous et le second au-dessus du Provencien ; les Crania
Jgnabergensis, Rhynchonélla plicatilis, Terebratula semiglobosa, Sca--
phites Geinitzi, ffolaster planus, Lim^ Hoperi, Pecten Dujardini,
P, cretosus, et tant d'autres espèces, qui en France, où les horizons des
Rudistes établissent des séparations tranchées et à l'abri de toutes in-
terprétations équivoques ou systématiques, sont incontestablement
santoniens, deviennent turoniens pour MM. Schlûter et Hœmer, les
(1) F. Rœmer, Géologie und Palœontoloyie von Oberschlesien ; 1870.
(2) C. Schlûter, Beitrag sur Ketintniss der jiingsten Àmmoneen Norddeutschlands ;
1867.
1878. COQUAND. -* TERTIAIRE ET TRAGHYTE DE LARTA. 337
représentants les plus autorisés, sans contredit, de la Géologie alle-
mande.
Cette question, que je me contente d'efDeurer aujourd'hui, je
compte la reprendre plus tard ; mais je suis bien aise de la signaler à
Tattention de H. Peron, qui trouvera certainement dans les écrits de
ces deux savants des idées bien plus radicales que celles qu'il vient
d'émettre.
Reste à débrouiller la question délicate des faunes, qui me parait
devoir entraîner l'histoire de la Craie moyenne et de la Craie supérieure
dans un débat analogue à celui qui s'est élevé à l'occasion de la place
que doit tenir dans la série stratigraphique la zone à Ammonites
temdlûhatus.
Sur les terrains tertioires et tracby tique» de la vallée de
VArtCk (Turquie d*Europe),
par M . H. Cociuand*
Je n'ai point Tintention de traduire en description géologique l'iti-
néraire qu'à deux reprises différentes j'ai suivi à travers la Turquie
d'Europe et la partie de TAnatolie qui lui fait face sur la rive asiatique
de la mer de Marmara ; je me bornerai à décrire deux stations princi-
pales, dans lesquelles il m*a été donné de séjourner un temps assez
long pour pouvoir saisir les rapports des diverses formations qui s'y
trouvent développées.
La première de mes explorations avait pour objectif la vallée de
l'Arta, un des affluents les plus considérables de la Maritza (Èbre des
Anciens).
A peine débarqué à Rodosto, en face de Tlle de Marmara, je procé-
dai à l'examen des terrains des environs, examen que les falaises du
littoral et les ravins qui dépècent les coteaux sur lesquels la ville est
bfttie rendent assez facile. Les terrains les plus rapprochés de la mer
consistent en des alternances de grès micacifères friables et d'ar-
giles marneuses grises, au milieu desquelles s'insinuent quelques
couches insignifiantes d'un lignite terreux. Les seuls fossiles que j'aie
poy observer se rapportaient à des Melanopsis, à des Melania et à des
Cardium dont le test était complètement écrasé; j'y remarquai
aussi quelques valves de Congeria (C, Balatonica, Partsch).
La présence de ce dernier bivalve me démontra que j'avais affaire
aux couches à Congérics de la Valachie et de la Moldavie, que les
géologues sont d'accord aujourd'hui pour rapporter au système
d'OEningen. ^
338 GOQCANO. — TERTIAIRE ET TRAGUYTE DE L'aRTA. 18 mars
Dans la direction de Naikbioi, en se rapprochant des montagnes
primaires de Tekir Dagh, ce système se trouve recouvert par des cal-
caires blanchâtres à Ervilia (E. Podolica) et Mactra (M. Podolica),
que l'on sait caractériser en Podolie un étage intermédiaire entre la
molasse proprement dite à Clypéasires et le calcaire à Congéries, On
reconnaît les mêmes relations d'étages entre Siliwri et Constantinople,
principalement dans les environs de San-Stephano, où d'ailleurs se
prolonge sans interruption la formation tertiaire de Rodosto.
A quelques kilomètres de Rodosto j'entrai dans la région des
steppes, que je ne devais abandonner que bien au-delà d'Andrinople.
Cette région est fertile à la vérité, mais elle ne présente qu'une suc-
cession interminable de coteaux à formes ondulées, d'une monotonie
désespérante, poudreux pendant l'été, boueux pendant la saison des
pluies, et coupés par de nombreux ruisseaux dont les rives ne sont
que des marais infranchissables.
A cinq kilomètres environ de Rodosto, sur la route qui conduit à
Eski Baba, après avoir dépassé la fontaine de Tavansi-Tcherme, on
gravit une côte escarpée et on ne tarde pas à mettre le pied sur un
grand épanchement basaltique qu'aucun accident extérieur ni un re-
lief plus accentué du sol ne signalent à l'attention des géologues, mais
que la couleur et la composition de la roche font immédiatement
reconnaître. C'est un basalte compacte, fendillé en tous sens, mais
dépourvu de structure prismatique régulière et se débitant en frag-
ments informes et assez petits. On l'utilise pour l'empierrement des
tronçons de routes que l'on rencontre de distance en distance. Je n'ai
rien remarqué de particulier dans cet épanchement basaltique, si ce
n'est, dans son voisinage, quelques afiSeurements de grès tertiaires,
mais qui ne portaient aucune trace de dérangement ni aucun indice
de métamorphisme. De là jusqu'à Andrinople, en passant par Eski
Baba, je ne rencontrai que des argiles mêlées de quelques cailloux.
Le chemin de fer me transporta en peu d'heures d'Andrinople à la
ville de Hustapha-Pacha, où je dus réclamer le secours d'un cheval
pour pénétrer dans le Rhodope.
Après avoir passé la Maritza à Hustapha-Pacha même, sur un pont
monumental en pierre, et être sorti des alluvions modernes qui
prennent dans la vallée une extension formidable, je piquai droit sur
l'ouest, pour gagner le village bulgare de Karabag, à travers une
foule de coteaux à contours émoussés, complantés en vignes et en mû-
riers, mais dont le sous-sol est complètement masqué par un épais
manteau de sables et de cailloux roulés, appartenant aux alluvions
anciennes et très-irrégulièrement stratifiés, toutefois, dans quelques
ravins jo. pus constater, sous les cailloux, Texistence d'argiles
1878. GOQUANo. — teutiairë et trachyte de l'arta. 33U
bleuâtres alternant avec des calcaires marneux et présentant çà et là
quelques ti*aces de lignites et quelques fossiles, parmi lesquels prédo-
mioaient des valves de Cardium et de Congeria (C. Balatontca), Je
ne balance point à voir dans ce système Téquivalent des couches
d'OEningen, qui sont si largement développées en Yalachie et en Mol-
davie, et que je devais retrouver plus tard sur les versants septentrio-
naux du Caucase.
Les calcaires à Congéries prennent un développement assez impor-
tant entre les villages d'Ureis et de Radikoî et constituent les premiers
contreforts saillants de la presqu'île formée par le confluent de la
Maritza et de TArta.
Douze kilomètres avant d'arriver à Karabag par la route de Tcber-
men, on voit les calcaires recouvrir un système très-puissant de grès
arkosiques dont j'aurai à parler plus tard ; puis, au-dessous du sentier
qui du village conduit aux exploitations de meules de moulin et dans
la direction de l'est, on voit déborder de dessous ces grès des argiles
grises et rougeâtres, qui sont largement développées dans la vallée de
l'Arta et qui se rattachent d'une manière intime à la formation num-
mulitique. Les grès arkosiques sont encaissés entre deux chaînes d'ori-
gine primaire (schistes cristallins) ; cependant ils en recouvrent les
lancs jusqu'à une certaine hauteur ; car on traverse, de distance en
distance, des éboulements produits dans des portions sableuses moins
résistantes et dont la blancheur fait tache sur le ton plus foncé des
roches au milieu desquelles l'accident s'est produit.
Sur la rive gauche de l'Arta je me trouvai en plein dans les argiles
rouges, qui y acquièrent un développement considérable et qui consti-
tuent la base du système montagneux qui se dresse vers le nord. Je
traversai l'Arta presque en face du village turc d'Adachal, et, à mille
mètres environ d'Iouvabik, je m'engageai dans un défilé profond,
dominé d'un côté par la montagne de Tasscapé et de l'autre, sur la
berge droite, par celle de Marlik. Je foulais sur ce point la formation
trachytîque. La roche dominante est un trachyte rougeâtre, légère-
ment carié, avec cristaux de rhyacolile maclés et mica noir hexago-
nal, escorté de tufs et de conglomérats trachytiques très-riches en
jaspes, en silex et en opales lithoïdes de toutes couleurs. Ces diverses
substances siliceuses se présentent le plus ordinairement sous la
forme de sphères de diamètre variable, qui, une fois dégagées des
Ui& qui les tiennent emprisonnées, jonchent le sol et donnent nais-
sance à un terrain qui revêt toutes les apparences d'un amas de cail-
loux roulés.
Du coteau qui domine Adachal, on voit la formation trachytique
prendre en amont de l'Arta un développement qui va toujours en
340 GOQUAND. — TERTIAIRE ET TRAGHYTE DE l'aRTA. 18 ma»
augmentant, puis constituer de véritables montagnes (de 800 à 900
mètres d'altitude) disposées en gradins superposés et d'un abord
inaccessible, enfin envahir les deux côtés de la rivière, au-dessus
de laquelle la rocbe volcanique se dresse sous forme d'escarpements
taillés à pic et ne laissant qu'un étroit espace pour le passage des
eaux. Comme c'était la saison d'été, je pus suivre le lit de TArta, où
le lithologue peut se donner le plaisir de composer la plus belle col-
lection de roches trachytiques qu'il puisse désirer. Les parois des gi-
gantesques murailles entre lesquelles je cheminais, se montrent tantôt
droites et unies, tantôt fouillées dans tous les sens et de la manière la
plus capricieuse ; elles imitent alors les formes fantastiques des ice-
bergs des mers polaires : ici ce sont des pyramides aiguës, rappelant
une accumulation de flèches gothiques et mélangées avec des colonnes
droites ou tordues de la façon la plus bizarre; là ce sont des murs
gigantesques en voie d'écroulement et couronnés par des cimes fran-
gées et découpées de la façon la plus capricieuse. Jamais les Pyrénées
ou les Alpes ne m'avaient offert un spectacle aussi étrange et aussi
saisissant.
Quant aux éléments qui entrent dans la composition de ces monta-
gnes, je signalerai en première ligne le trachyte rouge micacifère, que
l'absence du quartz sépare nettement des porphyres et qui est la roche
prédominante de la contrée ; ensuite, des espèces de wacke vacuolaire
avec druses de quartz pyramidal, des roches pétro-siliceuses noires,
lardées de cristaux effilés d'ortbose et de mica hexagonal, des pétro-
silex blanchâtres avec petits cristaux de fer oxydulé, des trachytes
verdfttres, des trachytes avec noyaux de calcédoine et de cacholong,
des ménilites. Tous ces produits, qui présentent des variétés infinies,
se rattachent à la formation trachytique, et, comme les éboulements
sont fréquents dans cette région si violemment tourmentée, le lit de la
rivière s'en trouve littéralement encombré. Cette cluse pittoresque se
termine au moulin de Hassan Pacha Oglou, au-delà duquel la vallée
s'élargit pour être ban*ée de nouveau, à quelques kilomètres plus
haut, par une autre chaîne trachytique.
Je dus quitter le bord de l'Arta au moulin, afin de gagner le village
turc dTarik Déré, qui est situé sur la rive droite. Aux trachytes âpres
et déchiquetés venaient de succéder des montagnes qui en sont bien la
continuation, mais dont les formes arrondies, quoique d'un grand
eflet, me parurent monotones à côté du paysage précédent. Le sentier
que je fus obligé de prendre était si raide, que je dûs quitter ma mon-
ture et parfois même m'attacher à sa queue, pour éviter tout faux
pas qui m'eût entraîné fatalement dans le précipice dont je suivais
l'ourlet.
1878. COQUAND. — TERTIAIRE ET TRACHYTE DE LARTA. 311
Avant de tenter cette ascension périlleuse, je pus constater que le
trachyte repose sur une formation de quartzites grisâtres et verdâtres,
se débitant, par le choc du marteau, en menus fragments, mais n'ad-
mettant ni marnes, ni argiles, ni calcaires subordonnés. Malgré des
recherches opiniâtres, je n*ai pu parvenir à découvrir dans cette for-
mation aucune trace de corps organisé, et par conséquent à détermi-
ner son âge géologique ; mais, à en juger par la proximité des schistes
cristallins sur lesquels elle s'appuie, et par le grand nombre de filons
métallifères (cuivre, plomb et zinc) qu'elle renferme et dont quelques-
uns ont été exploités par les Anciens, je serais assez disposé à la rat-
tacher à la formation dévouienne, qui dans la Turquie d'Europe, dans
la Dobrutscha et surtout sur les deux rives du Bosphore, est si nette-
ment représentée.
Les plus importants de ces filons s'observent sur le territoire
dTarik Déré, au-dessus du ruisseau de Riaké, sur le revers occidental
des escarpements trachytiques, à Tsalen Kaoja, à Dejir Doirman Déré
(vallon du Moulin), à l'entrée d'un troisième barrage trachytique.
D'Yarik Déré je me rendis à Kotzass, en franchissant la cordillère
trachytique au droit du misérable village de Goulgen ; en cet endroit,
je recoupai au-dessus des grès anciens les trachytes rouges, que la dé-
composition transforme en arènes meubles jusqu'à une assez grande
profondeur. De la crête delà montagne, où le trachyte se montre divisé
en gros prismes irréguliers, je pus constater que chaque piton qui
émergeait au-dessus des forêts paraissait coifi*é d'une gigantesque cou-
ronne murale. De là je descendis sur Kotzass, petit village situé au
pied du premier contrefort de la chaîne du Rhodope, à deux kilomètres
de l'Arta.
A deux kilomètres de Kotzass, sur le sentier de montagne de Goul-
gen, après avoir traversé plusieurs coulées basaltiques, on pénètre
dans la formation trachytique. C'est toujours la même roche rougeâtre,
à cristaux de feldspath vitreux. Parmi les matériaux éboulés qui
recouvrent les pentes du terrain dans le quartier de Kavadjik Baylar,
presque entièrement comptante en vignes, on commence à observer
des fragments de manganèse : ils se montrent d'autant plus abondants
que l'on se rapproche des lieux de leur provenance ; ces épaves n'oc-
capent point cependant une vaste superficie. On ne tarde pas à attein-
dre le gite même d'où les eaux pluviales les ont détachées et à consta-
ter que ce gite consiste en une quantité infinie de veines, généralement
d'une faible épaisseur, dont 1 entrecroisement et l'irrégularité des
directions font naître l'idée d'un Stockwert.
Comme la roche trachytique était profondément décomposée et que
les parties qui avaient résisté à la décomposition se présentaient sous
342 COQUAND. — TËHriAlHE ET TRACHYTE DE L'aRTA. i8 mars
la forme de blocs arrondis, il n'était point facile, sans quelques tra-
vaux préalables, de se renseigner sur les allures véritables du gîte,
ainsi que sur ses relations avec la roche encaissante. Les travaux
furent ordonnés et exécutés pendant que je battais les montagnes des
environs. Voici les documents que fournit une tranchée profonde ou-
verte sur la ligne même des affleurements (fig. 1).
Elle mit d'abord à découvert un puissant conglomérat trachy tique,
A, composé exclusivement de blocs de trachyte rouge, de divers
calibres, dont quelques-uns, surtout à la base, atteignaient la grosseur
de la tête. Sur divers points moins profondément atteints par les dé-
nudations, la puissance de ces assises remaniées dépasse une dizaine
de mètres et on les voit reposer directement sur le trachyte en place,
qui en a fourni les matériaux. On a évidemment sous les yeux une
formation littorale.
C'est au milieu de ces conglomérats que se trouve emmagasiné un
minerai de manganèse qui a agglutiné les uns avec les autres les
blocs dont ils se composent. Le minerai est donc contemporain de
ceux-ci et leur est subordonné. L'inspection du gisement démontre en
eifet que, lorsque les conglomérats trachytiques qui sont la base du
terrain tertiaire dans cette contrée, se stratifiaient au fond de la
mer, des sources thermo-minérales ont apporté du manganèse et
de la silice qui ont cristallisé dans les interstices laissés libres.
J'ai pu m'assurer dans la tranchée, et cela de la manière la plus
claire, que le manganèse ne pénétrait jamais dans les trachytes en
place, tandis qu'il escortait les conglomérats dans toute leur étendue.
Ce n'était donc point à des filons proprement dits que Ton avait à
faire, mais bien à des veines irrégulières et capricieuses dans leurs
allures comme dans leur épaisseur.
Le manganèse se présente le plus ordinairement en masses grenues,
jouissant de l'éclat métallique, tirant sur le gris foncé et sur le noir ;
on le rencontre également en magnifiques cristaux de formes très-
variées, tapissant de nombreuses géodes et accompagnés souvent de
quartz hyalin avec pointements pyramidaux, et de silex pyromaque
mamelonné. Les variétés bacillaires et iibreuses ne sont point rares. Il
appartient à l'espèce Pyrolusite et a fourni à l'analyse les résultats
suivants :
Humidité 10/0
Dogré chloromôtrique humide. ... 82
Degré sec 82,82
Il est, comme on peut s'en assurer, d'une pureté irréprochable et
laisse loin derrière lui tous les minerais de même nom ({ui arrivent sur
nos marchés.
COQtAND. — TERTIAIRE ET TRACHTTE DE l'aRTA.
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344 GOQUAND. — TERTIAIUE ET TRAGHVTE DE L'aUTA. 18 mars
Aux conglomérats A succodent à niveaux décroissants une série tres-
puissante de tufs trachytiques, B, roches ordinairement très-friables,
dont quelques-unes, surtout dans la partie supérieure, contiennent,
à rétat de rognons volumineux, des calcédoines, des quartz géodiques,
des jaspes de toutes les couleurs, lesquels se montrent épars et dissé-
minés sur les surfaces planes du terrain, tandis qu'ils encombrent lit-
téralement le torrent de Bataré Déré qui coule au-dessous des escarpe-
ments dont ils ont été détachés. On y observe également des Polypiers
de taille gigantesque, entièrement siliciûés, mais que leur poids et la
difficulté de les transporter mettent à Tabri de la rapacité des géologues.
Ces tufs à rognons calcédonicux sont surmontés par un système sili-
ceux, C, de plus de 10 mètres d'épaisseur, qui contient également du
manganèse, non plus cristallisé et d'aspect métallique, comme celui
des conglomérats inférieurs, mais bien en masses amorphes ou à
grains très-serrés, de couleur bleuâtre, à cassure lithoïde et ressem-
blant parles caractères extérieurs plutôt à unbasaltequ'à un véritable
minerai de manganèse.
Ces variétés, qu'on aurait été, au premier aperçu, tenté de négliger
comme substances stériles ou trop impures, ont cependant fourni à*
l'analyse les résultats suivants :
N* 1. Degré chlorométrique 72"
N» 2. — 84»
N» 3. — 82»
On voit que le n® 3 possède la même valeur que le minerai cristal-
lisé du premier gisement, et que le n^ i lui est même supérieur.
J'ajoute qu'en poursuivant à travers les terres labourées la for-
mation tertiaire jusqu'à l'éperon qui fait saillie dans la rivière de
l'Arta, bien en amont de Kotzass et justement au-dessous d'un cime-
tière bulgare, on retrouve les jaspes C, qui sur ce point ont plus de
15 mètres d'épaisseur et montrent çà et là quelques nids de manga-
nèse très-pur emprisonnés dans la masse, dont on ne pourrait
avoir raison qu'avec le secours de la dynamite.
Dans le quartier de Gurgen Déré, les bancs jaspifères C sont surmon-
tés par un ensemble très-puissant, D, de calcaires blancs, devenant
légèrement rosés dans leur partie supérieure et dont la couleur attire
de loin le regard, tant elle contraste avec la teinte foncée des roches
sous-jacentes. Ces calcaires légèrement marneux sont remplis de
Nummutites, de Polypiers de grande taille et surtout d!Ostrea gigan-
tea, Brander (0. latissima, Desh.), dont quelques exemplaires attei-
gnent véritablement des dimensions qui justifient le nom spécifique
qui leur a été appliqué.
COQUAND. — TEHTIAiHE ET TBACHYTE DE t AHTA.
34S
Enfin ces calcaires blancs passent d'une manière insensible à des
ai^iles rosées, E, d'une puissance de trente mètres environ et dans les-
quelles je n'ai pu découvrir un seul fossile.
Le système tertiaire dont je viens d'esquisser les traits principaux
batte contre un grand dyke basaltique, X, sous lequel s'abritent les
maisons de Kotzass et qui se fait remarquer autant par sa stérilité que
par la régularité des colonnades prismatiques par lesquelles il se ter-
mioe. On se croirait transporté dans les régions basaltiques classiques
de l'Ecosse et de l'Auvergne.
La rive droite de l'Arta ne m'a rien présenté de plus élevé que les
argiles rouges. Pour trouver la continuation de la série tertiaire, il
convient de se porter sur la rive gauche ; on y constate que les pre-
miers ressauu montagneux sont justement occupés par les argiles
roses E, que nous savons être supérieures aux calcaires à Oslrea gi-
D. Calcaire à Ottrca gigantea (BartaDien).
E. Argiles rosL'es [Calcaire de Saint-Ouen).
t. Grés et confilonnîrals (Sables de FoDtainebleau).
Y. Schistes cris ta [lias.
Les argiles E (fig. 2) passent à leur tour à un puissant étage de
grès et de congloméraU quartzeux. F, qui remonte des bords de
l'Arta jusqu'au-delà de Karaby, gros village bulgare bâti sur le
premier ressaut de la cbalne du Rhodope, et sous le village même
elles reparaissent, mais redressées sous un angle de 80" et constam-
inent placées au-dessous des grès F qui partagent leur inclinaison.
C'est sur ce point qu'on peut constater le plus clairement le pas-
3&6 GOQUAND. — TERTUIRE ET TRAGUYTE DE L'ARTA. 18 mars
sage ménagé des argiles aux grès, ainsi que leur alternance vers
les lignes de contact.
Les grès varient, sinon dans leur composition, du moins dans le
volume de leurs éléments constituants. La variété la plus répandue est
un grès blanchâtre, dont les grains, assez grossiers, sont fortement
reliés par un ciment feldspathique : c*est une véritable arkose. Quel-
ques bancs contiennent des cailloux de quartz hyalin d'un calibre
plus considérable et passent à un véritable poudingue. Ce sont juste-
ment ces bancs qui sont recherchés et exploités avec une très-grande
activité pour la fabrication des meules de moulin ; ces meules sont
exportées en Bulgarie, dans toute laRoumélie, en Macédoine, en Epire,
en Thessalie et jusque dans l'Asie-Mineure.
Il serait assez difficile d'évaluer avec exactitude la puissance des
grès arkosiques, à cause des failles qui les dénivellent de distance en
distance ; elle m'a paru ne pas être inférieure à une centaine de mètres.
En examinant leur passage mélangé aux argiles roses sous-jacentes,
la liaison de celles-ci avec les calcaires à Ostrea gigantea, les rapports
de subordination qui existent entre ces derniers et les tufs et conglo-
mérats trachytiques, il est impossible de ne pas voir un système con-
tinu dans les divers termes de la formation tertiaire de la vallée de
TArta, sauf à établir des subdivisions que la rareté et souvent l'ab-
sence complète de fossiles rendent assez difficile de bien préciser. Les
calcaires blancs seuls paraissent un point de repère précieux et auto-
risent à rattacher ce terrain éocène à une des divisions du terrain
éocène du Yicentin, avec lequel il présente d'autres analogies frap-
pantes, à cause de l'intrusion des produits d'origine volcanique au
milieu des sédiments d'origine marine.
Les trachytes, cela va de soi, sont évidemment antérieurs à ces sédi-
ments qui ont été en partie formés à leurs dépens; mais le basalte est
d'une date postérieure, puisqu'on voit plusieurs de ses coulées inter-
calées à divers niveaux au milieu d'eux et en interrompant la conti-
nuité. J'ai vainement recherché des fragments de cette roche dans les
argiles et les grès arkosiques.
En considérant les calcaires à Ostrea gigantea comme l'équivalent
des sables de Beauchamp (étage bartonien), ainsi que semblent l'au-
toriser la présence de la Nummulites perforata et l'habitat général de
l'Huître précitée, je trouverais dans les argiles rouges supérieures à ce
niveau le représentant du Gypse et du Calcaire de Saint-Ouen, et dans
les grès arkosiques celui des Sables de Fontainebleau. Dès loi*s on
pourrait voir dans les tu& trachytiques et dans les conglomérats man-
ganésiCères les équivalents du Calcaire grossier et des assises suesso-
niennes.
1878. COQUAND. — ENVIRONS DE PANDEBMA. 347
Ces assimilations, que je n'énonce qu'avec beaucoup de réserve,
ne me paraissent nullement forcées, si on veut bien envisager les
choses d'une manière générale. Quant à une équivalence rigoureu-
sement précise de chaque subdivision avec une subdivision corres-
pondante des bassins de Paris, de Londres ou de la Yénétie, je me
contenterai de répéter, après Bayan, que Ton connaît encore trop
peu la distribution des espèces dans les faunes tertiaires, pour qu'il
soit possible, d'après des listes de fossiles, de tenter, avec quelque
chance de succès, d'établir des parallélismes à distance. Les difficultés
se présenteraient d'autant plus grandes pour des assimilations de cette
nature par rapport aux couches éocènes de cette partie de la Turquie,
qu'en dehors de deux horizons fossilifères, la paléontologie est com-
plètement muette.
Le terrain tertiaire de ce coin de la vallée de l'Arta n'est à propre-
ment parler qu'un golfe dont l'extrémité septentrionale venait s'ap-
puyer, près du village d'Yatalick, sur les escarpements trachytiques
qui barrent la vallée, et qui, vers le sud, dans le voisinage du village
de Hangouf, rejoignait la mer éocène à travers un resserrement des
schistes cristallins. D'ailleurs, sur la route qui de l'Arta conduit à
Karaby, et dans le cimetière même du village, les ruisseaux ont mis à
découvert les terrains primaires, qui consistent en des gneiss, des
micaschistes, des schistes amphiboliques mélangés de beaucoup de
quartz. A la simple vue, il est très-facilede reconnaître, même de loin,
les montagnes qui sont composées de ces roches : leur forme ballon-
née et la régularité de leurs pentes, qu'envahissent les prairies, les
distinguent franchement des montagnes trachytiques, dont le relief à
formes heurtées, les cimes dentelées et tailladées semblent découpées
. à l'emporte-pièce.
Mes excursions dans le massif du Rhodope ou du Despote Dagh se*
terminèrent par l'étude des tranchées ouvertes pour l'établissement
du chemin de fer sur la rive droite de la Maritza. J'eus le plaisir de
recueillir dans les alluvions anciennes de Derekieuy-Déré, presque en
face de la ville de Mustapha Pacha, un fragment assez volumineux
i*uue déhnse à* ElepJias primigenitis. A partir de là je retombai en^
plein dans la région des steppes.
Notice séologiQue sur les environs de Panderma (Asie-
Mineure),
par M. H. Gcxiuand.
Panderma est situé non loin de l'antique Cysique ; l'Ile sur laquelle
cette cité était bâtie, est aujourd'hui reliée au continent par une petite
348 GOQUAND. — ENVIRONS DE PANDERMA. 18 mars
langue de terre, à peine élevée au-dessus du niveau de la mer, conver-
tie en marais dans sa partie centrale et barrée par des dunes à ses
deux extrémités.
L'amphithéâtre, dont il/Mte de très-belles ruines, est bâti sur une
leptynite blanche à mica noir, qui forme la base du système monta-
gneux de la contrée. Cette roche jouit de la propriété de se transfor-
mer en argile kaolinique, au milieu de laquelle se trouvent noyées
des sphères plus ou moins volumineuses qui ont résisté à la décompo-
sition. Quelquefois, ainsi qu'on le remarque dans les portions qui
n'ont pas été atteintes par une altération complète, les cristaux de
feldspath prennent des dimensions plus grandes et la leptynite passe
alors à un véritable granité, dans lequel se trouvent disséminées des
tourmalines noires.
Les hauteurs sont couronnées par des masses puissantes de marbre
blanc saccharôïde; mais entre elles et le granité s'interpose une for-
mation très-épaisse de talcschistes et de phyllades satinés. Le cal-
caire saccharôïde prend un grand développement sur la route de
terre, et là aussi il a pour piédestal les phyllades, qui s'avancent du
côté de Panderma, où, près de l'église de la Sainte-Trinité, on les voit
plonger à l'est sous un angle de 45°.
C'est d'ailleurs dans une position semblable et avec des caractères
identiques que se montrent les calcaires saccharoîdes dans l'Attique,
la Thessalie, la Roumélie, les Cyclades, Tile de Thasos et l'Ile de
Marmara, oix j'ai eu l'occasion de les étudier. Je renvoie à un de mes
écrits antérieurs (1), oii, en discutant l'âge des calcaires saccharoîdes
des Pyrénées et des Alpes Apuennes, j'ai été amené à leur attribuer
l'âge du Calcaire carbonifère.
Depuis l'église jusqu'à Panderma on marche sur un terrain tertiaire,
composé de cailloux incohérents, d'argiles rouges, de grès grossiers,
de poudingues à gros éléments arrondis, parmi lesquels figurent des
granités, des calcaires marneux, des marbres. C'est une formation
d'origine récente, peut-être quaternaire, à stratification confuse, dont
l'épaisseur n'est pas très-considérable ; car en face de la presqu'île
d'Antikari on la voit butter contre les calcaires blancs, aux pieds des-
quels elle ne constitue qu'un simple placage.
A deux kilomètres de Panderma, sur la route de Brousse, une ex-
ploitation de marbre est ouverte au milieu d'un terrain que je rapporte
au Dévonien supérieur. Les bancs attaqués sont presque verticaux,
d'une épaisseur très-considérable et susceptibles de fournir des blocs
(1) Histoire des terrains stratifiés de ^Italie centrale, Bull. Soc. géol., 21* série,
t. m, p. SI, et t. lY, p. 126.
1878. GOQUAND. — ENVIRONS DE PANDERMA. 349
d'une très-grande dimension ; raais la couleur du marbre, qui pré-
sente la structure glanduleuse et entrelacée des griottes de Campan,
avec talc intercalé, est d'un rose tendre et manque complètement
de ton et de feu. Je ne sais si les surfaces polies pourraient dévoiler
la structure interne des Goniatites, comme cela se vérifie quelquefois
dans les marbres de même nature de Cierp, de Sarrancolin et de
Cannes ; je n'ai pu la surprendre dans les cassures faites au marteau ;
seulement on y observe assez fréquemment des articles de Crinoîdes
passés à l'état spathique, que Ton sait être si abondants dans les
griottes des Pyrénées et de la Montagne-Noire.
J'aurais désiré constater la position réelle de ces marbres par rap-
port aux assises du Dévonien inférieur qui sont si bien développées
sur les deux rives du Bosphore ; mais leur recouvrement presque im-
médiat par des argiles et des sables tertiaires m'a privé du bénéfice de
pouvoir procéder à c^tte vérification, car il est vraisemblable que le
Dévonien de la rive asiatique du Bosphore doit se poursuivre jusque
sur le littoral de la mer^de Marmara.
Après ces premières explorations, je me dirigeai à cheval vers le
village de Tchamak Dahé (montagne des pierres à fusil), dans le voi-
sinage duquel on avait signalé l'existence d'un lignite d'excellente
qualité.
Vers le village de Sepetcheiler (village des Paniers), je mis le pied
sur le terrain tertiaire moyen, formé presque en entier de marnes et
d'argiles grises, mais admettant, à l'état subordonné, des bancs très-
épais de silex blonds, translucides sur les bords des cassures et pas-
sant à une véritable calcédoine. Ce sont justement ces bancs qui ont
fourni les blocs si nombreux que l'on trouve épars dans les monta-
gnes boisées, que recouvre un épais manteau de roches incohérentes,
parmi lesquelles on reconnaît des trachytes, des porphyres quartzi-
fères, des calcaires paléozoîques, des grès feldspathiques, des pou-
dingues polygéniques et des argiles remaniées.
Je ne puis voir dans ce dépôt superficiel qu'un terrain d'alluvions
anciennes provenant de la démolition des moraines glaciaires que je
devais rencontrer plus tard sur les flancs septentrionaux du système
orographique de l'Ida, et dont les matériaux ont été dispersés jusque
sur les bords de la mer de Marmara.
De Tchamak Dahé aux afileurements du charbon la distance est de
4 kilomètres environ, qu'il me fallut franchir à travers des forêts de
chênes impénétrables et par des sentiers profondément encaissés, où
les chevaux s'embourbaient parfois jusqu'au poitrail.
Les travaux exécutés pour la recherche du charbon étaient concen-
trés dans un périmètre de 4 à 500 mètres, dans le vallon étranglé du
SKO COQUAND. — ENVIRONS DE PANDEQllfA. 18 mars
Mesepsit, dont les eaux vont se déverser dans le lac de Hagnar. Les
couches traversées consistaient en :
1° Des bancs très-puissants de raames argileuses grises, dans les-
quels s'intercalait une couche de lignite, dont la puissance très-varia^
ble oscillait entre 2™ et 0^86; 2o un banc de silex, de S^SO d'épais-
seur, qui barrait le ruisseau ; 3^ un système marneux, analogue au
uo 1, qui reposait directement sur un puissant dépôt trachytique dont
on pouvait suivre les affleurements, sur une longueur de plus de
600 mètres.
Le charbon consistait en un lignite collant, de qualité parfaite,
brillant et laminaire, pouvant rivaliser avec les meilleurs combus-
tibles d'époque tertiaire, comme on peut en juger par l'analyse sui-
vante :
Cendres (rose pâle) 12,60
Charbon fixe 45,40
Matières volatiles 42
100
Coke agglutiné 50 0/0
Puissance calorifique 5116 calories.
En remontant le ruisseau de Mesepsit, on rencontre la fontaine de
Kestanitchermi (route du Châtaignier), puis un peu plus haut, sur le
chemin de Koncha Bonar, celle dite du Bon Enfant (Guentch Ogiou),
qui émerge du terrain trachytique.
De ce point culminant l'observateur embrasse un horizon immense,
et il peut constater que les sommités des montagnes qui s'étalent
entre l'Olympe de Brousse et le massif de l'Ida sont formées par un
calcaire compacte, à escarpements verticaux, surplombant au-dessus
des forêts qui en cachent les bases.
La coupe la plus intéressante du terrain tertiaire de la contrée m'a
été fournie par le ruisseau qui traverse le territoire de Dovantgzi Dé-
ressé. Au-dessus du trachyte massif se développe une série considérable
de tufs trachytiques, de structure et de composition très-variée, pas-
sant alternativement des breccioles à des conglomérats grossiers, dans
lesquels s'insinuent des paquets de la roche verdâtre connue sous le
nom de Vert de Vérone. Un peu plus bas, et en suivant toujours la
pente des ruisseaux, les couches se montrent mieux réglées ; les tufs
sont recouverts en stratification concordante par des argiles marneuses
contenant un nerf de lignite de 0^30, ayant pour toit des marnes
bitumineuses d'une certaine épaisseur, dans lesquelles se montrent
quelques empreintes de plantes dicotylédones et des coquilles écra-
sées qui m'ont paru appartenir aux genres Melanopsù ou Paludina.
La série vient so heurter brutalement par faille contre un escarpe-
1878. GOQUAND. — ENVIRONS DE PANDERMA. 351
ment trachytique« disposé en gradins superposés, d'oii les eaux s'é-
chappent en cascatelles d'un effet ravissant.
Au-dessous du village de Dovantgzi, le ruisseau prend le nom de
Subugla Deressé (ruisseau des Sangsues) et va se jeter dans le lac de
Hagnar. Dans tout ce trajet, le trachyte présente une foule de varié-
tés ; la plus remarquable est celle ou la roche volcanique admet des
veines et des plaques d'un jaspe vert qui, ainsi que le trachyte lui-
même, contient des cristaux disséminés derhyacoliteet de mica noir.
Je ne quitterai pas Dovantgzi sans signaler le magnifique gisement
de trachyte sur lequel a été établi le cimetière du village. Les disciples
de Mahomet ont l'habitude d'entourer leurs tombeaux d'une barrière
en marbre ou en pierres. Les habitants de l'Anatolie dont les maisons
sont bâties sur le terrain tertiaire, ne trouvant pas dans ce terrain de
matériaux résistants, vont réclamer leurs lieux de sépulture, et quel-
quefois très-loin, au terrain trachytique, qui seul peut leur fournir les
éléments grossiers de leurs monuments funèbres. Aussi est-on certain,
toutes les fois qu'on rencontre un cimetière turc, de trouver en même
temps le trachyte en place. Le géologue doit s'abstenir prudemment
de tailler ses échantillons dans le voisinage de ces lieux de repos, que
les Mahométans entourent d'un respect qu'ils poussent jusqu'au fana-
tisme.
Le trachyte, au surplus, est une roche tellement répandue dans
l'Anatolie, qu'on en rencontre à chaque pas des dépôts. Mais si on
n'a pas la bonne fortune de pouvoir l'étudier dans quelques déchirures
naturelles du sol, son histoire se traduit par un simple intérêt litholo-
gique, la terre végétale et des forêts inextricables le recouvrant pres-
que constamment et exposant le coureur de montagnes aux plus
grandes difficultés et aux plus grandes déceptions. Quand on croit
tenir dans un ravin la roche vive pour un certain temps et pouvoir
surprendre ses relations avec les terrains sédimentaires, on est fort
étonné, après quelques pas de parcours, de la voir disparaître sous un
formidable manteau d'humus.
Les ai^iles qui recouvrent ou supportent la couche lignitifère ne
peuvent être connues que par des travaux exécutés au pic ; mais leur
stratification et leur direction sont très-facilement indiquées par des
saillies rocheuses de silex, épaisses souvent de plus de trois mètres,
que Ton voit se succéder parallèlement au-dessus du sol, les eaux
pluviales ayant emporté les marnes moins résistantes dans lesquelles
les silex se trouvent enchâssés. Je n'ai jamais eu l'occasion, dans ma
longue vie de géologue, d'en observer en si grande abondance. Ils
passent au jaspe et à la calcédoine et revêtent toutes les couleurs,
depuis le blanc laiteux jusqu'au noir de jayet. Entre la fontaine du
352 GOQUAND. — ENVIRONS DE PANDERMA. 18 mars
Bon Enfant et Tchamak Déré (village des pierres à fusil), on observe
sur le chemin quelques bancs se divisant en petites plaquettes[,hap-
pant à la langue et passées à Tétat de silex nectique.
Le village de Tartarcheui, ainsi désigné à cause d*une colonie^de
Tartares que le gouvernement turc a internée dans ce district, est
séparé de celui de Sepetcheiler, distant de quatre heures et demie de la
mine, par un vallon très-profond. Les battues que je fis sur son terri-
toire ne me mirent en présence que des argiles, des silex et des tra-
chytes qui m'étaient déjà connus; les cultures et les forêts dérobaient
le plus souvent le sous-sol au regard. Je pensai que la plaine qui
n'était pas très-éloignée m'offrirait quelques particularités intéres-
santes ; mais après avoir dépassé la région des broussailles (Lidjak
Bouzi), je tombai en plein dans les steppes et il me fallut regagner le
campement sans avoir rien consigné sur mes tablettes.
Pendant que les ouvriers étaient occupés à foncer un]!petitjpuits
destiné à recouper la couche de charbon, je procédai à^l'examen^de la
montagne qui s'élevait en face des travaux.
Quelle ne fut pas ma surprise en suivant une déchirure du sol pro-
duite par un mince cours d'eau, de me trouver en présence d'unjcal-
caire gris-foncé et jaunâtre, contenant des Spirifer, des Atrypa, et
surtout des Productus. De Yerneuil, qui avait eu l'occasion d'exami-
ner ces fossiles dans ma collection, n'hésita pas, à première vue, à
leur reconnaître une physionomie carbonifère. Il avait bien voulu se
charger de leur détermination ; la mort malheureusement]le surprit
avant qu'il eût pu se livrer à ce travail. Je tâcherai de suppléer à* cette
lacune regrettable par quelques indications.
Tout d'abord il m'était impossible de rapporter cet horizon fossili-
fère au Dévonien des deux rives du Bosphore, oii les fossiles sont en-
gagés dans un psammite qui ne présente aucune analogie avec le cal-
caire que j'avais sous les yeux. Hais, d'un autre côté, comme le carac-
tère pétrographique n'a qu'une valeur bien secondaire en géologie, et
que, malgré le voisinage des deux gisements, il aurait très-bien pu se
faire que ce qui était psammite en Europe fût devenu calcaire en Asie,
je me suis assuré que les Productus recueillis dans l'Anatolie et qui
constituaient la partie la plus importante, pour ne pas dire la presque
totalité de mes découvertes, n'appartenaient ni au P. Murchisoni,
Kon., ni au P. subaculeatus, Murchis., ni au P. dissimilts, Kon., ni
enfin au P. Lorierei, d'Orb., les seules espèces dévoniennes [men-
tionnées dans le Prodrome de Paléoritologie,
Au contraire, j'y remarque :
1® Un Productus, sinon identique, du moins voisin du P. longispi-
nus, Kon.;
1878. COQUAND. — ENVIRONS DE PANDERMA. 353
i^ Un Productus voisin du P. latissimus;
30 Un Productus voisin de certaines variétés du P. giganteus, à
stries longitudinales fines et serrées ;
4** Un Productus voisin de P, costatus, Sow.;
6® Un Productus que son ornementation rapproche singulièrement
du P. Cora,
Avec ces Productus (1) je remarque :
6° Une Leptœna indéterminable ;
7® Une Terebratula (Atri/pa) très-bien conservée, qu'au premier
aspect on serait tenté de rapporter à la T. sacculus, mais qui est un
peu plus bombée et dont la valve dorsale est creusée par un sillon
médian (6 exemplaires) ;
8^ Un Polypier brancliu engagé dans la roche.
Comme on peut en juger par le nombre prédominant des Proc^uc^ta
qu'a fournis le calcaire paléozoîque et qui tous sans exception se rap-
prochent de formes spéciales au Calcaire carbonifère, si même ils ne
se confondent avec elles, je ne saurais voir dans le calcaire en ques-
tion le représentant du terrain dévonien, qui sur le Bosphore est tout
différent, ni celui des caischistes glanduleux des environs de Pan-
derma dont j'ai déjà parlé. Jusqu'à plus ample informé, je le retiens
donc comme carbonifère.
Il me fut impossible de poursuivre le prolongement de ce calcaire
paléozoîque au-delà du cercle très-étroit où se trahissait sa présence :
il se trouvait étouffé immédiatement dans le sens du redressement des
couches (N.O.-S.E., avec plongement S.0. 29o) et dans la direction
opposée, par un puissant dépôt de poudingues et de grès grossiers,
ébouleux, qui servent de base à la formation nummulitique. Celle-ci est
représentée en cet endroit par des bancs d'un calcaire noirâtre, barré
de veines spatbiques blanches, et pétri de Nummulites, parmi les-
quelles j'ai cru reconnaître le mode d'enroulement et la disposition
cloisonnée de la N. lœvigata.
Ce système se prolonge jusque dans le voisinage des marnes ter*
(1) M. Meek, qui vient de publier des fossiles paléozoïques dans le tome lY du
Report of the Geologieal Exploration of the Foriieth Parallel (1877), y donne, sous
les noms de Productus multistriatus (PI. YUI, fig. 3) et de P. eosiatutT?, Sow»
(PI. YII, fig. 4), deux espèces que je retrouve dans plusieurs des échantillons
recueillis par moi à Panderma, et que le savant paléontologiste américain décrit
comme carbonifériennes.
Bans le même ouvrage (p. 265), MM. J. Hall et Whitflcld publient sous le nom de
P. Flemingit var. Burlingtonensis (PI. V, fig. 9-12). un Productus carboniférien
de rutah qui no diffère en rien de deux de mes échantillons de l'Asie-Mineure.
Cette triple identification dissipe tous les doutes qui auraient pu me rester sur
l'âge carboniférien des calcaires à Productus que je viens de signaler. (Mai 1879.)
23
3Sjb COaCAND. — BNVIBONS DE PANDERMA. 18 mar»
tiaires fouillées sur le revers de la montagne pour la recherche du
lignite. Si sur ce point la terre végétale et les forêts cachent les lignes
de contact de ces deux termes de la série tertiaire, Finclinaison des
couches suffit pour démontrer l'antériorité des bancs nummulitiques
par rapport à ce dernier.
J'avais épuisé la géologie des montagnes ingrates voisines de notre
campement sur une étendue de 5 à 6 lieues en tous sens. Je voulus
alors étudier le massif du Mont-Ida. Après trois heures de marche
vers le sud, j'atteignis la vallée de Scutchiki (sortie de l'eau), dont le
nom est emprunté à celui d'un moulin mis en mouvement par une
source thermale très-abondante, qui jaillit du sol à la manière de la
fontaine de Yaucluse, et qui s'est emprisonnée dans une formation de
tufs tubuleux contenant de nombreux individus d'une espèce de Me^
iQxyapm que l'on peut recueillir vivante dans le ruisseau. Je traversai
ensuite un coteau peu élevé, occupé par les marnes à silex ayant pour
satellite un trachyte à surface bosselée.
Le terrain tertiaire occupe le bas de la vallée et est dominé par
4e grandes masses d'un calcaire blanc sale, à cassure conchoïde, tra-
versé par de nombreuses veines spathiques, n'offrant pour tout foa*
ûle que des articles d'entroques, reconnaissables par leur forme
ronde, leur trou médian et leur structure spathique. Malgré des re-
cherches opiniâtres, poursuivies pendant plusieurs heures par mes
compagnons et par moi, il me fut impossible de recueillir et d'obser*
ver d'autres corps oi^anisés. Et cependant la question offrait un inté^.
rfit capital. Après la découverte de ces mêmes entroques dans les cal--
schistes amygdalaires des environs de Panderma, classés par moi dans
le Dévonien, par d'autres dans la Craie, et par M. de Tchihatcheff, je
crois, dans le terrain nummulitique, il eût été important d'être exac-
tement fixé sur leur ftge. Je ne pouvais certainement pas les attribuer
à la formation nummulitique; car il eût été surprenant que dans mes
investigations qui s'adressaient de préférence aux blocs détachés des
cbnes et à la surface desquels les coquilles deviennent ordinairement
plus visibles que dans les cassures fraîches, je n'eusse pu parvenir à
surprendre aucune trace de Nummulites, surtout lorsque ces fossiles
foisonnent dans les calcaires noirs qui, à deux pas de l'endroit où je.
me trouvais, servent de support au Tertiaire moyen. Je comprends à
merveille les contradictions qu'on remarque dans les jugements des.
savants qui, n'ayant pas eu la bonne fortune de remarquer un seul
fossile, ont voulu cependant formuler une opinion.
Il est incontestable que si à Meseptif je n'avais surpris dans les deux
calcaires d'âge si différent qui s'y trouvent représentés, qu'un seul
horizon fossilifère, je n'aurais point hésité à les ranger soit dans le
1878. GOQUAND. — ENYIRONS DE PANDBRMA. SSK
teitain niimmulitique si je n'avais rencontré que des Nummulites,
soil dans le terrain carbonifère si je n'avais recueilli que des Produc-
tus. Dans des pays aussi boisés que la région de i'Asie-Hineure que je
décris, j'avoue que si on est privé du secours de la paléontologie, on
n'est jamais sûr de ne pas faire fausse route ; et d'un autre côté, pour
avoir raison des difficultés dont le géologue est enveloppé, il est indis^
pensable de se fixer pour un certain temps dans un centre, afin de
pouvoir contrôler ses premières observations par des observations
subséquentes. Parcourir la contrée au pied levé, c'est vouloir s'expo-
av à beaucoup de méprises.
Qmk qu'il en soit, du coteau qui domine le moulin, on panorama
roaguiflqne se déroulait devant moi. Je voyais se succéder en face plu*
sieors lignes de montagnes de premier ordre, étagées les unes au-
dessus des autres et se rattachaut aux cimes neigeuses d'Alludal-
Dagh, une des pointes les plus élevées du Mont-Ida.
Le revers du coteau m'amena au torrent assez large d'Acbeus Dely
Déressé, qui est dominé vers le sud-est et de chaque côté par les
mêmes calcaires à entroques que je venais de quitter. En en remon-
tant lé cours, je ne tardai point à pénétrer dans le terrain tertiaire à
silex, qui se répand de là dans le vallon de SchiOly Déressé, où je
constatai l'existence d'un affleurement insignifiant de lignite (O^SO),
noyé au milieu d'argiles noires alternant avec des bancs de silex et
' dirigées N.-S., avec une inclinaison de 60^ vers l'ouest. De gro% troncs
d'arbres dicotylédones silicifiés gisant épars au milieu du ruisseau, et
quelques Lymnées et Planorbes écrasés sont les seuls corps organisés
qne me pr^nta cette localité.
Une particularité intéressante de cette région est la profusion avec
laquelle les silex, les jaspes rouges et multicolores sont répandus à la
sarfooe des terrains : il n'est pas rare d'en rencontrer des blocs isolés
qui mesurent plus de 10 mètres cubes.
En redescendant le ruisseau, je traversai le village d'Aïvadsik (vil-
lage des Coings), où des fûts de colonnes en marbre et beaucoup de
dAris de poteries romaines indiquent l'emplacement d'une station
romaine. De là deux heures de marche me conduisirent à la petite
ville de Guenen. J'avais quitté la région montagneuse pour tomber
dans celle des coteaux, ou plutôt d'une plaine ondulée recouverte de
broussailles. Au-delà de ces terrains plats et en face de la ville se
dresse une enfilade de montagnes du premier ordre, l'Aajabouna
Daeue Dagb d'abord, et plus au sud-ouest, dans la direction de l'Ile
deTénédos, l'Ailudal Dagh, qui n'est autre que le Hont-Ida.
Mon excursion dans cette région avait pour objectif l'ascension de
C6tte dernière montagne, que je touchais presque du doigt ; mais il nfé
386 GOQCAND. — ENVIRONS DE PANDERMA. 18 mars
fut impossible, à cause des bandes de brigands qui infestaient Vida,
de trouver aucun guide. Je dus» à mon grand regret, effectuer mon re-
tour à la mine, en suivant les sentiers de montagnes qui relient 6ue«
nen au village des Paniers. Le trachyte, continuation de celui que
j'avais déjà recoupé au-dessus du moulin, constitue le premier gradin
qui sépare la plaine des régions montagneuses, et va se terminer dans
les environs du Tchammat Dagh. non loin du moulin de Kourou De-
remen Tchiffli (Moulin sec). Dans une dépression creusée dans les
argiles tertiaires (qui m'ont offert des valves de Cardium et de Conge^
ria), se dressent parfaitement détachés deux dykes parallèles de tra-
chyte, formant deux murailles verticales de 6 à 10 mètres de hauteur,
qu'on serait tenté de prendre pour des constructions cyclopéennes. Un
peu au-delà je vis un affleurement de calcaire à entroques, puis les
marnes à silex qui m'escortèrent jusqu'à mon gîte.
Je rentrai à Panderma par Salidéré. Une fois arrivé au village des
Paniers, au lieu de suivre la ligne des lacs, j'obliquai vers le nord-
ouest et ne tardai pas à sortir des régions montagneuses, pour en-
trer d'abord dans la zone des broussailles, puis, un peu plus bas,
dans des plaines mouvementées, couvertes d'une végétation vigou-
reuse, mais complètement dépourvues d'arbres.
Salidéré est bâti sur la rive gauche de l'ancien fleuve Tarsius et
adossé à un coteau entièrement formé de cailloux roulés de fort cali-
bre, pa^i lesquels on remarque des granités porphyroïdes, des gneiss,
des leptynites, des schistes amphiboleux, des micaschistes, des quartz
amorphes, des trachytes, des silex, des jaspes, des marbres saccha-
roîdes et des calcaires compactes. On a certainement sous les yeux un
dépôt superficiel dont les matériaux représentent en grande partie les
roches qui se trouvent en place dans le massif montagneux de l'Ida.
Des dépôts semblables de date récente se montrent dans le lit des
ruisseaux qui descendent des hautes cimes, et sont dispersés vers
leurs embouchures, où ils forment des craux en miniature.
Pour regagner Panderma, je suivis la route qui prend en écharpele
promontoire qui se projette en face de Cysique et passe par le village
de Beykoî, sans que le terrain traversé me révélât un fait nouveau ;
seulement j'eus l'occasion de revoir les marbres blancs en présence
desquels ma première excursion m'avait placé le jour même de mon
arrivée en Asie.
La formation trachytique, avec son escorte obligée de terrains ter-
tiaires, se continue jusqu'au-delà du golfe d'Âdramid, ainsi que dans
l'île de Méthélin. Je devais la retrouver, lors de mon excursion dans
les Cyclades, aux alentours de Smyrne, oii elle prend un développe-
ment qui rappelle la région trachytique de la vallée de l'Ârta. Ainsi
1878. DAUBRÉE. — GONTOURNfiHENTS DES TERRAINS. 357
le mont Spylos, qui se dresse à l'est, s'élève jusqu'à 976 mètres, et le
Bor Dagh, dans la presqu'île de Bera Bouroum, atteint 1 190 mètres.
En résumé, les terrains que j'ai eu l'occasion d'étudier pendant mon
séjour dans ce coin de l'Asie-Hineure sont les suivants :
1* Terrain granitique ;
2* Terrain des micaschistes et des phyllades ;
3* Terrain du calcaire saccharoïde ;
4» Terrain dévonien ;
5* Terrain du calcaire carbonifère (?) ;
6* Terrain nummulitique ;
•<• Terrain miocène (couches à CongériesJ ;
8* Alluvions anciennes.
M. Daubrée entretient la Société d'expériences tendant à
Imiter les diverses formes de ployemente» de contourne-
menta et de ri*cictures que présentent les terrains stra-
tlflés (1).
Au moyen d'un appareil qu il décrit, il a exercé sur des couches
de diverses substances (notamment sur des feuilles de plomb et sur
des couches de cire mélangée de résine ou de plâtre), soumises à
des pressions perpendiculaires au plan des couches ou verticales,
d'autres pressions parallèles à ce plan ou horizontales. Tant que les
pressions verticales restent uniformes sur toute l'étendue des couches,
les inflexions des couches demeurent régulières, et leur section se
rapproche de la forme d'une sinusoïde ; mais, dès que les pressions
verticales cessent d'être uniformes, les plis deviennent plus nombreux
et plus prononcés du côté de la moindre pression. Des inégalités
dans l'épaisseur ou dans le degré de consistance des couches condui-
sent à des résultats de même genre. On peut ainsi imiter les cour-
bures en C ou en S, dont les Alpes présentent des exemples si
nombreux, de même que les renversements de couches que l'on observe
dans les grandes chaînes de montagnes.
Ces expériences ont encore montré que des déformations autres que
des torsions peuvent également donner naissance à des plans de rup-
ture. Lorsque la pression augmente de plus en plus^ les couches,
après s'être infléchies pendant quelque temps, peuvent se rompre
tout à coup suivant des faces planes ; puis, la pression continuant, les
deux parois de la fracture glissent l'une sur l'autre et se strient mu-
tuellement, reproduisant ainsi un phénomène souvent observé dans
les failles et flions.
(1) Pour la première partie do cette communication, voir sup. p. 195.
3tt8 CUOFFAT. — CALLOYIEN ET OXFORDIEN DU JURA. 18 mars
Les plissements et les failles avec rejet peuvent donc se produire
sous l'action des mêmes efforts ; des associations de ces deux genres
d'accidents s'observent très-fréquemment dans la nature, par exemple
dans les Alpes du Dauphiné et de la Savoie, et dans le bassin houiller
du Nord de la France.
D'autres expériences ont été faites dans le but d'étudier Faction et la
réaction exercées sur un sphéroïde qui se contracte, par une enve-
loppe adhérente et non contractile. Quelle que soit la forme de l'en-
duit non contractile, il se produit des proéminences très-marquées,
sur lesquelles se dessinent de nombreuses rides présentant une ten-
dance manifeste à la régularité et au parallélisme ; ces rides sont nor-
males aux courbes qui forment la limite de l'enveloppe de l'enduit.
Ces résultats ne sont pas sans analogie avec l'idée par laquelle M. ËUe
de Beaumont a rattaché les brisements de l'écorce terrestre à la contrac-
tion de sa masse interne.
M. Parran cite un exemple de connexion entre les plans de joints et
de failles et le renversement des couches, dans le Petit Atlas, entre Boufarilc et
Blidah : les couches sont, en cet endroit, hachées en fragments parallélipipé-
diques par des joints perpendiculaires au plan de stratiGcation ; quelques-uns
de ces joints présentent un remplissage filonien ; en même temps les couches
nummulitiques paraissent plonger sous le terrain crétacé.
Le Secrétaire donne lecture des notes suivantes :
Sur le C«allovleii et TOxfordlen dam le «lura»
par M. P. Gboinit*
PI. m.
J'ai l'honneur d'offï*ir à la Société une notice intitulée : Esquisse
du Callovien et de VOxfordien dans le Jura occidental et le Jura méri-
dional, suivie d'un Supplément aiuo couches à Ammonites acanthicus
dans le Jura occidental (1).
Partant du principe qu'avant de paralléliser les terrains jurassiques
de la Franche-Comté avec ceux des contreforts des Alpes, il faut con-
naître les contrées situées entre les deux régions, j'ai commencé sur
ce sujet une série à!Études, dont cette notice forme la première
livraison.
Dans les lignes suivantes, je sortirai des limites tracées et jetterai un
(1) Mém. Soc, ÊmuL Doubs, 3* sér., t. UI.
187B. CnOVFAT. — CALLOVIEN ET OXFOBDIEN DU JOftA. 3S9
4xwp d'œil sur la disposition des mêmes terrains dans le reste de la
dialne du Jura.
I. ÉTAGE GALLOVIBN.
l^ Horizon de VAnkimt^nïtem macrooeplittlas*
Cet horizon se présente sous deux aspects : l'un, la zone de VAmmo^
nUa macroeephalus, a toujours été considéré comme callovien. G'eist
à cette zone qu'appartient Toolithe ferrugineuse des environs de Saint>
Rambert, qui a fourni tant de fossiles classiques. Ce faciès occupe deux
aires non reliées entre elles: l'une comprend le Jura oriental et se
prolonge au nord du Jura central jusque dans les environs de Bel*
fi>K; l'autre comprend le Jura méridional et le Sud du Jura occi-^
dentaK
Le second faciès est formé par la Dalle nacrée, généralement comsto-
dérée comme bathonienne, quoique MM. Desor et Gressly aient depuis
longtemps émis l'opinion de son parallélisme avec les couches à
Ammonites macroeephalus.
La Dalle nacrée, très-peu fossilifère dans le Jura bernois et le Jura
tieuchàtelois, devient plus marneuse vers l'ouest. Avec les marnes
apparaissent de nombreux fossiles, dont l'un des plus caractéristiques
est le Waldheimia digona, qu'Oppel plaçait à la partie inférieure du
Bathonien, au-dessous du W. lagenalis, tandis que ce dernier occupe
au contraire une position inférieure dans la chaîne du Jura.
Les localités oii les deux faciès se rencontrent présentent un tné*
lange des deux faunes : plusieurs Céphalopodes du faciès callovien
passent dans la Dalle nacrée, tandis que celle-ci fournit quelques
espèces au faciès callovien, entre autres le W. digona, qui s'y ren^
contre parfois en grande abondance.
Des preuves stratigraphiques, telles que la présence de bancs à faciès
callovien au-dessous de la Dalle nacrée, viennent s'ajouter aux preuves
paléontologiques.
i* Horizon des Ajoiinoiiitea ancep» et A* atlileta*
Cet horizon est formé de deux niveaux qui dans certaines contrées
présentent des différences assez grandes pour que l'on ait cherché à
en faire deux horizons distincts. Quoiqu'ils soient toujours discernables
dans le Jura et que leur distinction soit même d'une grande impor-
tance, leurs faunes ne sont pas assez tranchées pour justifier cette
séparation; je les considère comme deux niveaux appartenant au
Blême horizon.
Le niveau de Y Ammonites anceps présente un faciès à Céphalopodes
qui n'offre pas de grandes variations horizontales, sauf dans le Sud
360 GUOFFAT. — GALLOVIEN ET OXFORDIËN DU JURA. 18 mars
du département du Jura, où un caractère plus marneux et de nom-
breuses Myacées rappellent son faciès maçonnais.
Là niveau AqY A, athleta présente des caractères pétrographiques
distincts et une faune contenant quelques espèces qui lui donnent un
aspect plus récent, tels que les Ammonites Lamherti, A. cordatus,
A. tortiiuîcatus, A. omatus et A. aihleta. 11 forme la partie supérieure
du Callovien, peut toujours se distinguer des couches qui le recouvrent,
et est un des rares niveaux que l'on puisse reconnaître dans toute la
chaîne du Jura.
Il est souvent impossible de tracer une limite entre la Dalle nacrée
et le Bathouien ; d'un autre côté, son faciès callovien est intimement
lié à l'horizon des A. anceps et A, athleta. Dans la division des ter-
rains jurassiques en sous*systèmes ou groupes d'étages, il sera donc
préférable de grouper le Callovien avec le Bathonien, plutôt qu'avec
ï'Oxfordien, comme le font plusieurs auteurs. Ce groupement est indis-
pensable à l'unité des cartes géologiques de la chaîne du Jura.
II. ÉTAGE OXFORDIËN.
Le faciès franc-comtois de l'Oxfordien est formé par les couches à
Ammonites Renggeri et par celles à Pholadomya eooaltata,
1^ Couches à i^mmonltes Renf^geri (marnes oxfordlennes
ou marnes à Ammonites cordatus de plusieurs auteurs).
Ces couches contiennent une faune essentiellement composée de
Céphalopodes généralement de petite taille; à ces Céphalopodes s'a-
joutent quelques Gastéropodes, quelques Nucules et quelques Brachio-
podes, entre autres le Waldheimia impressa, qui se trouve ici à son
niveau inférieur.
i9 Couches à Y^boladomya exaltata.
Ces couches ont été décrites en premier lieu par Thirria sous le nom
Sargiles avec chailles» nom considéré à tort par quelques auteurs
comme synonyme de Glypticien,
Leur partie inférieure présente des lits de rognons marno-calcaires
dans des marnes contenant une partie de la faune des couches à
Ammonites Renggeri; k ces espèces viennent s'ajouter quehiues grosses
Myes qui donnent un caractère particulier à celte faune : Pholadomya
eœaltata, Ag., P. ^a«cicofi^a, Rœm., P. lincata, Goldf., Pleuromya
variants, Ag.
Les couches supérieures offrent une composition pétrographique
complètement ditférente; ce sont les chailïes, géodes siliceuses remplies
de silice généralement pulvérulente. Elles contiennent les mêmes
espèces que la partie inférieure et présentent jusque dans les bancs
1-878. CHOFFAT. — CALLOVIEN ET OXFORDlEiN DU JURA. 361
les plus élevés : Belemnites hastatus, B.pressultts, Ammonites cordatus,
A. Eugenii, Rhynchonella Thurmanni. Elles passent insensiblement
au Olypticien ou faciès franc-comtois de l'horizon de V Ammonites
bimammatits.
Les couches à A, Renggeri occupent une aire limitée à Test et au
sud-est par une ligne correspondant à peu près à Taxe de la chaîne
du Jura et partageant en deux parties le Jura méridional et le Jura
occidental, atteignant le bord interne de la chaîne près de Soleure et
la traversant à partir de ce point. L'aire occupée par les couches à
Pholadomya exaltata est un peu moins étendue ; leur limite sud-est
est formée par une ligne à peu près parallèle à cette première (lignes
a a et 5 6 de la carte, pi. III).
Le faciès argovien de VOœfordien est typique à l'est de la limite des
couches à Ammonites Renggeri; il est composé de trois zones.
i^ Coviches de Birniensdorr (zone de Y Ammonites transver^
sarius).
Ces couches sont constituées par un banc d*HexactineIIides avec la
faune habituelle à ces bancs : Céphalopodes, Brachiopodes et Échino-^
dermes.
So Cotiches (2'JEfl9ngen.
Ces couches sont formées par des marnes contenant quelques espèces
qui se trouvent déjà dans les couches de Birniensdorf : Ammonites
Arolicus, A. alternans, Waldheimia Mœschi, avec quelques espèces
nouvelles et d'autres qui se montrent aussi dans les marnes à Ammo-
nites Retiggeri et dans les couches à Pholadomya exaltata : Waldhei-'
mia impressa, Terebratula Galliennei, Pholadomya lineata. Les Ammo-
nites et les Brachiopodes prosentant le même mode de fossilisation
que dans les couches à Ammonites Renggeri, il y a souvent eu confu-
sion de ces deux zones.
3® Couches du Greisfe^berg.
Ces couches sont caractérisées par la disparition de la plupart des
Ammonites et des Brachiopodes des couches d'Effingen, et par l'appa-
rition d'un plus grand nombre de Myes et de quelques fossiles qui
passent dans les couches supérieures.
Le faciès argovien de l'Oxfordien occupe le Jura méridional, une
grande partie du Jura occidental et le Jura oriental (sa limite nord-
ouest est indiquée par la ligne c c de la carte).
III. HORIZON DE l' AMMONITES BIMAMMATUS.
Le Glypticien ou faciès franc-comtois de cet horizon est formé d'un
banc de Polypiers, intimement lié à la zone du Pholadomya exaltata
362 GBOTFAT. — CàLLOVIEN ET OXFORDIEN DU JURA. 18 UOUTB
lorsqu'il repose sur l'Oifordien à Sàdè» franc-comtois, succédant
assez brusquement aux couches du Oeissberg lorsqu'il recouvre le
faciès argOTien.
En se dirigeant vers le sud-est, on voit apparaître VAinmonUe$
bimammatns et disparaître les Polypiers; ils font place aux ffexacH''
nelUdes, qui se mélangent au reste de la faune du faciès à Polypiers.
Ces dernières espèces disparaissent à leur tour; on a alors un bano
d'Hexactinellides typique, ayant beaucoup de rapports avec celui des
couches de Birmensdorf et qui présente plusieurs espèces se trouvanl
déjà dans ce banc inférieur: celles qià hahitent le fond de la mer; celles
qui peuvent nager et s'approcher de la surface de l'eau sont par contre
modifiées. Les Céphalopodes caractéristiques de ce niveau sont :
Belemnites Royeriantts, Ammonites bimammatus, A. Marantianus, A.
Ptc^2ert et il. ilc^t72ef.Ija limite nord-ouest du banc d'Hexactinellides
(ligne d d) traverse le Jura occidental par Bourg et Saint-Claude et réap-
paraît dans les environs d'Olten, où se montre aussi le faciès de
mélange; le taciès typique se trouve plus à Test, dans le canton de
Schaifhouse.
Connaissant maintenant les types des deux faciès et les couches qui
les recouvrent, nous pouvons rechercher leurs rapports.
Le faciès argovien repose sur le Callovien au sud-est de la limite
des couches à Ammonites Renggeri. Si l'on vient à franchir cette
limite en se dirigeant vers le nord^ouest, on voit les couches à A^
Benggeri s'intercaler entre eux. Faibles d'abord, elles atteignent
bientôt toute^leur puissance, et alors les couchesàPholadomyaexaltata
s'interposent à leur tour entre les couches à Ammonites Renggeri et
les couches de Birmensdorf, sans que le faciès argovien perde ses
caractères distinctifs. Dans cette aire on a donc deux niveaux à Wal^
dheimia impressa et à Ammonites pyriteuses : les couches à Ammo-*
nites Renggeri et les couches d'Effingen.
A Arc-sous-Montenot, les couches de Birmensdorf contiennent
leur faune à Hexactinellides bien caractérisée^ mélangée de quelques
espèces du Glypticien. A quelques kilomètres de là, Dournon présente
à leur place la faune du Glypticien ne renfermant plus qu'une ou deux
espèces des couches de Birmensdorf. Elle est surmontée de 30 à 40
mètres de bancs marno-calcaires contenant une partie de la faune des
couches d'EflSngen et du Geissberg, surmontés eux-mêmes par la con-
tinuation du Glypticien, qui recouvre FOxfordien au sud-est de cette
localité.
Ces deux niveaux glypticiens se soudent à peu de distance pour
former le faciès franc- comtois typique, c'est-à-dire compris entre les
couches à Pholadomya exaltata et le Rauracien ou Corallien propre-
1878. CHOFFAT. — GALLOVIEN ET OXFORDIBN DU JURA. 363
mmi dit. Un coup d'œil sur le profil (PI. ni) en dira plus que cette
deieription. Ce profil est pris dans le Jura occidental, de Saint-Glande
à Fertans ; une série analogue se trouve dans le Jura bernois entre
Bienne el Delémont. Ces faits sortant en apparence des règles strati-
gnphiques peuvent s'expliquer par Vhi^thése suivante.
Il est maintenant reconnu que les bancs d'HexactinelIides fossiles
habitaient les mers profondes, de même que les Hexactinellides
actuelles. La faune des couches à Ammonites Renggeri dénotant une
profondeur moins grande, il s'ensuit qu'après le dépdt des couches à
Ammonites athleta, la mer présentait une plus grande profondeur au
sud-est qu'au nord-ouest; les couches de Birmensdorf s'y déposaient
en même temps que les couches à Ammonites Renggeri se formaient
en Franche-Comté.
Pendant le même temps avait lieu un aflaissement lent vers le nord-
ouest, ce qui permettait au banc d'HexactinelIides de s'étendre dans
cette direction, en recouvrant les terrains qui s'y étaient déjà déposés :
d'abord la partie inférieure, puis la totalité des couches à Ammonites
Renggeri, enfin la partie inférieure des couches à Pholadomya exaltaia.
Dans cette dernière zone l'approche du banc de Spongiaires est
signalée par le mélange de quelques espèces de la faune de Birmens-
dorf, qui ne se trouvent pas dans les localités plus éloignées.
Le banc de Spongiaires devint donc de plus en plus récent, jusqu'à
00 qu'il atteignit la hauteur d'Arc-sous-Montenot, au moment où il
devenait contemporain du Glypticien.
Le mouvement de la mer n'était pas un simple affaissement vers le
nord-ouest, mais un mouvementde bascule; preuve en sont les faunes
de profondeurs moins grandes qui succèdent au banc d'HexactinelIides.
(Test probablement à un exhaussement général que l'on doit attribuer
la disparition de ce banc à partir d'Arc-sous-Hontenot.
Nous avons vu que l'horizon de \ Ammonites bimammatus présente
dans le Bugey un faciès ayant une grande analogie avec les couches
de Birmensdorf et contenant une certaine quantité d'espèces qui se
trouvaient déjà à ce niveau. 11 n'est donc pas étonnant que la prince
de ces couches entre l'Oxfordien et la zone de Y Ammonites tenuilobatuê
ait passé inaperçue.
Dans le Supplément axiœ coucJies à Ammonites acanthicus dans le
Jura occidental, je donne la faune du Rauracien des environs de Saint-
Claude, faune qui présente quelques espèces des faciès coralliens.
Elle est recouverte par des strates contenant un mélange de la faune
des couches à Ammonites tenuilohatus et des Mollusques de l'Astar-
tieo. Ce n'est que plus au nord, aux Sèches des Embumets (canton
364 GUViER. — ENVIRONS DU fort-l'écluse. 18 màrs
de Yaud), que des Polypiers et des Encrines viennent s'y ajouter,
tandis que les environs du Pont ne montrent plus que l'^tartien à
faciès franc-comtois.
Les Sèches présentent un autre fait d'une grande importance : c'est
un faciès ptérocérien situé entre les couches à Ammonites acanthicus
et le Portlandien, c'est-à-dire occupant la même place que le Corallien
de Yalfin.
Note sur la Stratlf^raplile de rextrémitô sud du «lura
et des montaf^nes qui lui font suite en ISavole» aux environs
du Fort-PIËUsluses
par M. Fr. Guvter.
Le grand souterrain du Credo, sur le chemin de fer de Lyon à Ge-
nève, débouche, du côté de la Suisse, dans un cirque aussi intéres-
sant au point de vue géologique qu'au point de vue pittoresque.
Au nord, le hameau de Longeray est dominé par de grands escar-
pements de calcaires coralliens et portlandiens, disposés en plan sui-
vant un immense fer à cheval, mais dont la projection verticale des-
sine une voûte nettement accusée. La montagne apparaît donc entière
dans cette partie : c'est l'extrémité sud du Jura, et elle porte le nom de
Credo ou pointe de Sorgiaz,
Au sud, le mont du Vvuiche se dresse sur la rive gauche du Bhône.
Si, géographiquement, cette montagne est séparée du Jura, elle lui fait
suite de la manière la plus directe au point de vue géologique ; seule-
lement, le mont du Vuache s'étant fendu dans toute sa longueur sui-
vant sa ligne anticlinale, la moitié occidentale s'est affaissée en partie,
tandis que la moitié orientale a été soulevée et a atteint une altitude
moindre, sans doute, que celle du Jura (1 600°^), mais encore assez
grande (950 à 1 100°"). Ajoutons que la moitié occidentale ne s'est pas
affaissée tout entière; une portion, tout en restant bien au-dessous de
l'autre moitié, forme le prolongement de la branche ouest du fer à
cheval qui domine Longeray. C'est elle qui porte le village de Léaz,
couronné par les ruines d'un ancien château-fort; c'est elle aussi qui
borde le Rhône sur la rive droite, en le retenant, sur une longueur de
2 kilomètres 1/2, dans la faille qui correspond à l'ancienne fente lon-
gitudinale du mont du Yuache.
Toute cette région est très-tourmentée : les failles et les plissements
y abondent, et c'est ainsi qu'une coupe faite à 2 kilomètres au nord,
parallèlement à celle ci-contre, en passant par le hameau de Longeray,
aurait recoupé dans sa moitié de gauche les assises de la Grande Ooli-
the et du Fuller's earth, tandis que sa moitié de droite aurait répété
1878. CUVIEB. — EM'IRONS OU FORT -L ÉCLUSE.
.■:•■;■, r-i-^
:- .'.l'.J!:^ Roule nitionala o' I
Cbsmia de la Semiae.
Uonl du Vaaehe.
r 1
àt Contilumu.
30B coviEB. — KNYUtONS DU fort-l'écluse. 18 mars
la deuxième moitié de la coope ci-jointe. Une carte géologique détail-
lée des environs du Fort-FËcIuse aurait un grand intérêt, à la condi-
tion d'être rendue intelligible par des coupes. Le temps m'a manqué
pour ce travail.
La partie qui reste apparente de la moitié affaissée du mont Aé
Yuache est fhicturée transversalement en plusieurs endroits. C'est
dans Tune de ces fractures, faisant suite à celle que domine le fort, que
le grand souterrain du chemin de fer a été ouvert, n'ayant eu, ainsi,
que des molasses et des graviers agglomérés d'alluvions anciennes à
traverser. Une autre fracture transversale, située à i kilomètres au
sud de la précédente, donne issue au Rhône, qui, sortant du terrain
jurassique, traverse les molasses miocènes pour tomber à Bellegarde*
dans le Grès vert, puis dans le Néocomien.
La coupe ci-contre (p. 365) du mont du Yuache passe par les villages
de Léaz (Ain) et de Chevrier (Savoie). Elle indique la stratigraphie
dn mont ; et si, par la pensée, on réunit en voûte les assises indiquées,
on aura une coupe de l'extrémité sud du Jura. Comme le soulève-
ment a été moindre dans le mont du Yuache, il est probable qu'il y
a dénivellation entre ses couches et celles du Jura; mais la direction
des assises se correspond exactement sur les deux rives du Rhône.
Outre que l'examen direct suffit à établir cette allégation, deux faits,
entre autres, viennent la prouver.
D'abord, les travaux du viaduc actuellement en construction sur le
Rhône ayant nécessité l'ouverture d'une carrière au Sanglot, sur la
rive droite du fleuve, les mêmes bancs ont été retrouvés sur la rive
gauche, près d'Entremont, suivant les indications de M. Moris, Ingé-
nieur en chef des lignes de Savoie.
Le second fait est la présence, à 300 mètres en amont du fort, de
deux sources intermittentes, débouchant l'une sur la rive droite, l'au-
tre sur la rive gauche, à peu près à flei^r des hautes eaux, et exac-
tement l'une en face de l'autre. Lorsqu'il pleut sur le Jura, même à
plusieurs kilomètres du fort, la source de la rive droite donne après
quelques heures seulement; si la pluie est générale dans le pays, la
source de la rive gauche, qui reçoit les eaux du mont du Yuache^
donne aussi, mais toujours beaucoup moins que l'autre; Celle-ci devient
souvent un torrent véritablement étourdissant, qu'on entend à plu-
sieurs kilomètres de distance. Les couches portlandiennes dans les-
quelles débouchent ces sources sont très- dures et forment une sorte
dedyke de chaque côté de la cluse; mais, malgré cette résistance, elles
sont très-disloquées et constituent ainsi un immense drain dans toute
la hauteur des deux montagnes. Remarquons que ces sources ne sont
pas intermittentes dans l'acception géologique du root.
1878. GDVIBR. — ENVIRONS DU FORT-L'ÉCLUSE. 367
Le moDt du Yuacbe s'étend au sud sur onze kilomètres à partir du
Fort-r£cluse jusqu'à Chaumont. Là, il est interrompu par une autre
cluse, normale à la montagne et assez semblable à celle du fort. Au-
delà de cette cluse, et en prolongement du mont du Yuacbe, apparaît
une troisième montagne, dite mont de Mttsiège. Cette nouvelle mon-
tagne est composée des mêmes bancs que les précédentes; mais,
chose remarquable, ses bancs sont disposés d*une manière tout à fait
inyerse de ceux du mont du Yuacbe : la cassure longitudinale est res-
tée sur la même ligne; mais ici c'est la moitié Ouest qui s'est soulevée
et la moitié Est qui s'est effondrée. L'effondrement a été complet et les
alluvions ont pris la place de cette}dem!ère moitié.
A quel cataclysme rattacher la formation des montagnes qui nous
occupent, et quelle a été la direction de la force qui a déterminé cette
formation ? Je ne résoudrai pas la question : qu'il me soit seulement
permis de dire ce qu'il m'en semble.
Les monts du Yuache et de Musiège présentent la même stratifica-
tion que la généralité des montagnes de la Savoie, et leur soulève-
ment, effectué après la formation molassique, est rattaché au soulève-
ment des Alpes Occidentales; mais nous avons vu quelle liaison existe
entre les trois montagnes que nous venons d'examiner, et cependant
le Jura est regardé comme faisant partie d'un soulèvement spécial. Il y
a donc là, au moins pour moi, un point obscur, que je ne puis que
signaler aux géologues qui s'occupent de cette région. Je dirai seule-
ment qu'il me parait probable que le Jura et les montagnes de la Sa-
voie ont une origine synchronique et que tous ont été soulevés par
refoulement au moment de l'émergence des Alpes Occidentales. Il s'est
alors produit, à partir des Alpes, une pression horizontale dirigée
sensiblement E.-O., qui, refoulant l'écorce terrestre et la disloquant,^
a abaissé certaines parties et soulevé les autres. On reproduit assez
bien cette formation en soumettant plusieurs couches d'argile molle
superposées, à une pression latérale horizontale. Pour permettre des
efi>ndrements, il convient de placer les couches d'argile sur un
matelas. Ajoutons que le parallélisme des montagnes qui nous occu-
pent vient encore justi6er l'opinion d'une origine contemporaine.
Il^a été dit bien souvent que le lac de Genève s'était étendu autre-
fois jusqu'à la cluse du Fort-l'Ëcluse; je ne le pense pas, et les faits
suivants me semblent combattre cette opinion.
Un lac aurait déposé sur son fond de la vase strati6ée ou un calcaire
lacustre, tandis que le terrain sous-jacent ne se compose que d' allu-
vions tumultueuses à gros éléments, et d'alluvions diluviennes strati-
fiées recouvertes par des dépôts glaciaires. Il est vrai que ces alluvions
stratifiées renferment quelques amas d'argile jaune ou brune, mais
368 GUVIER. — ENVIRONS DU foht-l'égluse. 18 mars
cette argile ne contient aucun débris du règne animal. Elle s*est
donc déposée dans des remous en même temps que les graviers stra-
tifiés.
Ces alluvions diluviennes et glaciaires de la plaine suisse, qui ont tant
exercé les savantes recherches de MM. Alph. Favre, Colladon, Ébray,
Yogt, Renevier, etc., ont atteint près du Fort-rËcluse Taltitude de
650 mètres et une épaisseur absolue d'au moins 350 mètres. Le Rhône,
en coulant sur elles, les a profondément entamées, et comme, dans
la région qui nous occupe, ce fleuve n*a nulle part son tond entière-
ment sur le rocher, le travail d*érosion continue toujours, quoique
d'une manière très-lente aujourd'hui.
Sur la rive opposée au Fort-l'Ëcluse, il existe une ouïe ou puits
creusé dans la roche compacte par des galets durs. Celte ouïe a 15 mè-
tres de profondeur et son fond est aujourd hui à 4 mètres au-dessus
de Teau. Ces dimensions représentent donc une vingtaine de mètres
pour rabaissement du Rhône depuis le commencement du forage de
Foule ; or, à en juger d*après l'état de dégradation par les agents at-
mosphériques, rorifice de cette ouïe pourrait être à découvert depuis
une vingtaine de siècles. L'abaissement du fond du Rhône aurait donc
été, d'après cette donnée, de 1*^ par siècle environ. Aujourd'hui, il
est probable que cette hauteur pourrait être réduite à 50<:.
Du côté de la Suisse, la coupe ci-dessus indique une couche de boue
glaciaire, glac,, qui recouvre des couches d'alluvions stratifiées. Cette
couche glaciaire est bien connue des géologues suisses ; MM. Êbray (1)
et Alph. Favre (i) s'en sont occupés récemment. Elle se compose
à Chevrier d'une argile bleuâtre, empâtant une grande quantité de
cailloux siliceux et calcaires roulés ; mais je dois dire que je n'ai point
découvert de stries sur ces cailloux. Ce n'est que dans un sondage de
12 mètres de profondeur, pratiqué pour le chemin de fer près de Che-
vrier, que j'ai trouvé, au-dessous de la couche glaciaire, sur des bancs
néocomiens plans et polis, de magnifiques stries dont l'aspect indique
Faction d'une force puissante et le glissement d'un corps doué d'une
certaine élasticité.
Ces dépôts glaciaires, qui ont rendu si coûteuse la consolidation du
chemin de fer entre Bellegarde et Genève, étaient autrefois recouverts
par une grande quantité de blocs erratiques, pour la plupart de fortes
dimensions. Ces blocs exploités comme pierre de taille disparaissent
chaque jour, et leur nombre est considérablement diminué. On en
trouve jusque vers 1 100 mètres au-dessus de la mer.
(1) Bull., 3« sér., t. V, p. 115.
(2) Bull., 3* sér., t. V, p. 465.
1878. CL'viEii. — ENVIRONS DU fort-l'kcldse. 369
• La description détaillée des assises qui figurent dans la coupe des-
sinée plus haut serait oiseuse. Ces assises sont, ù partir du bas :
Callovien (cal.). Calcaires oolithiques bleus et marneux, en minces
bancs; puis calcaires gris, à cassure esquilleusc, avec veinules de
spath calcaire; ils alternent avec quelques feuillets de schistes noirs.
Cette assise se termine par une couche remplie de fossiles : Spongiai-
res, Ammonites (A. arbustigencs et autres), Bélemnites, Ëchinides (Ci*
daris Blumenhachi et ses radioles), Térébralules, etc.
Oxfordien (oxf,). Alternances nombreuses do marnes grises et bleues,
et de calcaires de même couleur, en bancs minces vers le bas, plua
puissants vers le haut. Ces calcaires supérieurs renferment, comme
ceux du Callovien, des craquelures remplies de carbonate de chaux
cristallisé. Les fossiles y sont peu abondants : Ammonites plicatilis^
A, cordatus. A, biplex, Hyboclypus gibberuhis, Panopœa et quelques
Bélemnites (D, hastatus entre autres).
Argovien (arg,). Bancs puissants de calcaire bréchiforme, avec grès
blanc, traces de grès vert, argiles jaunes et dolomies; le tout servant
de transition de TOxfordicn au Corallien.
Corallien (cor.). Calcaires blancs, cristallins et saccharoïdes, en bancs
puissants, mais tissures dans tous les sens. On y trouve assez abon-
damment : Thecosmilia trichotoma, Oidophyllia confluens et divers
autres Polypiers ; Pectcn, Cardium, Nerinea, Astarte, etc.
Kimméridgien f Ai wi.j. Étage peu développé, composé de calcaires argi-
leux gris, à cassure conchoïde, en bancs minces, avec petites interca-
lations d'argile grise. Pas de fossiles.
Portlandien (port.). Puissant étage de calcaires compactes gris, en
bancs épais, mais disloqués. Pas de fossiles.
Valafiginien (vaL). Argiles jaunes et calcaires oolithiques tendres*
de même couleur, avec quelques lentilles de quartz. Parmi les fossiles
que renferme cet étage, on remarque : Ostrea Couloni, O. macroptera,
Terebratula sella, T. Thurmanni, Pholadomya elongata, Janira
aiava, Échinides et Nautiles.
Néocomien (ndo.). Calcaires généralement blancs et souvent cristal-
lins, avec débris de Polypiers et amas de silice pulvérulente. Les seuls
fossiles qu'on y trouve sont : Spatangus retusus et quelques Rhyn-
chonelles.
Urgonien (urgX Très-peu développé, il ne se compose que de quel-
ques bancs de calcaire blanc dans lesquels je n'ai pu découvrir de
Chaîna ammonia. Au-dessus se montrent des argiles jaunes et rouges,
qu'on observe bien mieux à Bellegarde et à Pyrimont (Ain), et que
Ton retrouve dans la mtMne position près d'Auxerre; mais, pour les
géologues des Alpes, de la Suisse, de la Savoie et du Dauphiné, ces
370 GUVIBR. — ENViïio.xs DU fort-l' ÉCLUSE. 18 mars
argiles sont des molasses d'eau douce. Cette dernière classification m'a
toujours embarrassé.
Molassiqite (mol,). Molasses d'eau douce, grises ou jaunâtres, en
bancs généralement minces, plus ou moins consolidés et en stratifica-
tion concordante avec les roches sous-jacentes. Elles se composent
de grains de quartz blanc, de jaspe rouge, d'amphibole ou de serpen-
tine verte, qui donnent à la roche une teinte verdâtre qui la fait quel-
quefois ressembler beaucoup au Grès vert. Ces éléments sont aggluti-
nés par un ciment calcaire. Dans les environs de Chevrier, on trouve
quelqiies plaquettes de sulfate de chaux entre les bancs de molasse,
mais on n'y rencontre pas de fossiles.
La région que nous venons d'étudier ne présente que fort peu de
richesses industrielles minérales. Ce seraient les suivantes :
.. io Pierres de taille. Aucun banc n'en peut fournir, à cause de la
division et de la fissuration des roches ; cependant, près du sommet
nord du mont du Vuache, on trouve des bancs assez épais de Kimmé-
ridgien, composés d'un calcaire argileux, compacte, à grain fin, de cou-
leur jaunâtre mouchetée de bleu, qui pourraient peut-être servir à la
Uthographie.
• 2» Pierres brutes, moellons. Tous les bancs, même durs, ne sont
pas propres à fournir des moellons bruts. On doit les chercher dans le
Portiandien, surtout au sommet de la montagne, et dans l'Oxfordien,
qui a même fourni d'assez bons moellons de parement pour le fort
supérieur du Fort-l'Ëcluse et pour le viaduc du Credo sur le Rliône,
près de ce fort.
. 3^ Chaux, ciment romain, L^ plupart des assises oxfordiennes en
fourniraient, mais l'essai en grand n'en a pas été fait. Le Corallien
donne une belle chaux grasse, blanche et foisonnant beaucoup.
40 Sable. On en trouve quelques rares amas dans la plaine à l'est
du mont du Vuache, mais ils sont sans importance et de mauvaise
qualité. C'est près d'Arcine, à 100 mètres au-dessus du Rhône actuel,
et dans d'anciens remous de ce fleuve, qu'il faut chercher cette ma-
tière, qui y est assez abondante et de bonne qualité, surtout près du
château de ce nom.
5» Silice pulvérulente, sàblon. Près de Chevrier, on en a exploité
pour les verreries dans le Néoconiien, mais les gisements ne sont pas
assez considérables pour continuer leur exploitation.
6^ Or. Ce métal a été recherché dans les sables du Rhône, vers
le Fort-l'Écluse, mais aujourd'hui il est difficile d'y en trouver une
paillette.
1878.
BLANDET. — CHUONOLOCIE DES EXCENTRICITÉS.
371
Le Secrétaire analyse la note suivante :
Chronologie des Excentricités»
par M. Blandet (1).
Les calculs des astronomes anglais qui ont repris à cet effet le tra-
vail (le rillustre Leverricr sur les variations séculaires, ont dénoontré
que pendant le million d^années antérieur à notre âge, les excentrici-
tés dans les phases elliptiques de la Terre ont dû varier de 0,0102 à
0,0749; conséquemment il a dû exister dans sa distance au Soleil des
différences de 2 à 21 millions de kilomètres, comme le constate le ta-
bleau suivant :
TABLEAU DES EXCENTRICITÉS.
Dates.
Excentricités.
Excès
de la distance
en millions de
kilomètres.
Total des jours
d'hiver en moins
et d'été en plus.
1 800 ans après J.-C.
0,0167
4 Vs
8.1
50 000 avant notre ère.
0,0131
3'/.
6,1
100 000 —
0,0473
13 Vs
23.»
150 000 —
0,0332
9V,
16 Vî
16,1
200 000 —
0,0567
27,»
250000 —
0.0258 "
7 V,
12,5
300 000 —
0,0124
12 •/,
20,6
350000 —
0,0196
5 Vs
9,5
400 000 —
0,0170
4 'h
8,2
450 000 —
0,0308
« V?
14.9
500000 —
0,0388
11 «A
4 Vs
18.8
5.M) 000 —
0,0166
8.»
600000 —
0.0417
12
20,»
650 000 —
0,0226
6 V,
11,»
700 000 —
0,0220
6V\
10,2
•;5oooo —
0,0575
10 Vi
3 Vî
27,3
800000 —
0,0132
6,4
850000 —
0.0717
21 V,
2V5
36.4
900000 —
0.0102
4,9
950000 ~
0.0517
14 Vs
25.1
1000000 —
0,0151
4 Vs
7,3
Ces vingt coupures dans le temps, de 50000 ans chacune, k dater
de notre ère, sont des cadres chronologiques donnés par le Ciel à la
Terre; la Géologie doit chercher à les remplir. Si Ton introduit dans
(l) La mort a eiupcohô l'auteur de revoir les (épreuves de ce travail.
372 BUNDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITÉS. 18 mars
ces vingt cycles les précessions, on a autant de dates sûres, précises,
pouvant s adapter sur la Terre à des périodes remarquables et qui ont
dû impressionner sa surface.
Les savants anglais ont recherché dans le passé terrestre des maxima
et des minima de chaleur correspondant à ces périhélies et à ces aphé-
lies, et ils ont cru trouver une relation évidente entre le dernier
groupe d'excentrités violentes et leurs aphélies, d'une part, et l'épo-
que dite glaciaire de l'autre. On a contesté cette relation, et rapporté
les excès de température, non pas aux aphélies et aux périhélies,
mais à des conditions atmosphériques et géographiques. Tout récem-
ment encore, certaines observations de Mars pourraient faire supposer
l'inverse, puisque l'hiver des pôles de cette planète coïnciderait avec le
périhélie, et Tété avec l'aphélie; mais, avant de conclure ainsi, il fau-
drait prouver d'abord que c*est bien de la neige ou des glaces qui
blanchissent alternativement les pôles de Mars, et non pas des nua-
ges ou toute autre combinaison spéciale à la planète. De plus, notons
que pour bien connaître les conditions d'équilibre de température d'un
corps suspendu comme Mars dans l'espace, il faudrait au préalable
résoudre mille équations peut-être. N'allons pas chercher des ren-
seignements sur une planète; restons sur la Terre. Au fond, périhélie
ou aphélie, n'importe! L'observation précédente fût-elle exacte, on se
contenterait chronologiquement d'intervertir les rôles ; l'explication
ne ferait pas défaut, puisque la chaleur peut servir comme le froid à
fabriquer la glace. I^s savants anglais ont donc eu raison de rapporter
l'époque glaciaire aux excentricités indiquées soit en aphélie, soit en
périhélie, mais préférablement en périhélie; mais ils ont eu tort de ne
considérer que la chaleur, au lieu d'examiner la radiation solaiœ, la
puissance actinométrique en ses deux termes essentiels, la chaleur et
la lumière.
1^ Chaleur,
Dans le mémoire que j'ai publié en 1868 (1), j'ai rattaché l'excès pa-
léothermique à l'évolution de notre nébuleuse solaire ; j'ai comparé le
cours du Soleil à une immense spirale passant successivement par le
centre des différentes planètes, avant de s'affaisser sur son centre,
comme il Test aujourd'hui. La chaleur est la seule force qui pouvait à
ce point dilater le Soleil. L'astre primitif devait donc contenir une
énorme quantité de cette force vive, qui dans les premiers Soleils main-
tenait les particules à des distances effrayantes; l'astre aura subi de-
(l) BulL Soc, géol, 2* sér., t. XXV, p. 777.
1878. BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITES. 373
puis des réductions de volume successives, parallèlement aux pertes de
chaleur qu'il éprouvait en se tassant sur son centre.
Depuis 1868 la science a marché ; Thypothèse s'est affirmée et Tin*
duction permet d'aller plus loin. La chaleur spécifique des corps
étant en raison inverse de leur poids atomique, et le produit de Tua
par l'autre restant une quantité constante, il en résulte qu'on peut re-
faire les Soleils du passé en restituant à l'astre aujourd'hui condensé
la chaleur perdue et conséquemment son volume primitif. Cette force
dilatante est bien la chaleur ; du moins nous n'en connaissons pas
d'autre.
Sur ce principe, la chimie intramoléculaire scrute Tétat intérieur
des corps, leur poids, leur section, leur volume, leur vitesse, leur choc
dans chaque particule; de la connaissance de l'un quelconque de ces
termes, elle conclut à la connaissance des autres éléments et en déduit
la constitution du corps, son atomicité, son équivalent, etc. Elle a
dressé le catalogue de toutes les combinaisons terrestres, réelles ott
possibles, et ce catalogue, elle peut l'appliquer à la composition pré-
sente du Soleil, non-seulement pour les corps qui lui sont communs
avec la Terre, mais encore pour les autres, s'il en existe, qui pour-
raient se déduire de la densité.
Il est clair que la section d'un atome d'hydrogène mesure sur le
Soleil comme sur la Terre -;^* de millimètre. Pour couvrir un milli-
mètre carré, il faut sur le Soleil le même nombre d'atomes d'hydro-
gène que sur la Terre, De même pour les autres métaux connus. Pour
reconstruire et réintégrer les Soleils passés, quelque soit le prolongement
sur la verticale de Taxe solaire, il suffirait d'écarter plus les particules,
et de cet écartement on déduirait la section ou la vitesse des atomes
en raison du volume donné de ce Soleil. Le même rapport donne-
rait la composition de toutes les planètes, de Jupiter et de Saturne
surtout, auxquels il ne manque que l'illumination pour être des So-
leils mal éteints.
Mais je passe; il s'agit dans ce travail d'étudier, non pas cette évolu-
tion des retraits solaires, mais simplement les excentricités. Ici le So-
leil n'a rien gagné, ni rien perdu ; sa dynamique seule a varié dans
son application terrestre en des périodes comparativement récentes.
L'étude de la chaleur étant inséparable de celle de la lumière dans
factinométrie, il importe de les étudier ensemble.
2° Lumière photothenniqiie.
Qu'est-ce que la chaleur et la lumière? Des dérivées du mouvement
intramoléculaire du Soleil. Ces vues de l'esprit qui concluent à l'unité
374 BLA.NDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTUICITÉS. 18 mars
des forces physiques sont commodes à la spéculalion, mais n'appren-
nent rien à Tobservation. La vérité est qu'on n*en sait pas davan-
-lage (1). Les ondes thermique et lumineuse semblent congénères ; elles
.permutent; mais de là à l'identité il y a loin. En effet, si les deux tbr*
ces étaient identiques, pourquoi l'extinction de la lumière dans la
partie obscure ultrà-rouge du spectre? Et pourquoi la fluorescence
avec si peu de chaleur? Toutes deux sont des vibrations solaires;
l'onde partie chaleur ou lumière de la périphérie héliaque frappe Té-
Iher, le traverse comme mouvement, et reprend au choc de la Terre
sa quahté première, lumière ou chaleur. Mais pourquoi le flux des
vibrations Uiermiques a-t-il tant diminué dans le Soleil réduit à un
si petit volume, tandis que le flux de lumière, loin de diminuer Téclat
du Soleil, l'a augmenté en raison de la concentration de la nébuleuse?
Certes, à l'époque houillère, la chaleur débitée par le Soleil était plus
grande que de nos jours et devait contraster avec la lumière pâle et
l'éclat voilé du Soleil des Acrogènes. Enfin, il n'y a qu'une division
thermique des Végétaux, frileux ou non frileux, tandis qu'il y a cent
colorations, cent morphologies diverses dans la plante. Il n'y a
qu'une sorte de chaleur, tandis qu'il y a plusieurs sortes de lumière,
chaude, brillante et chimique, correspondant aux trois rayons du
spectre, rouge, jaune et violet, thermique, photothermique et physio-
logique.
Les vibrations solaires, en frappant le sol terrestre, ne s'y éteignent
pas et s'y continuent en métamorphisme et surtout dans la vie végé-
tale. Le sol végétal est un composé de détritus des roches et de radia-
tions solaires potentielles. On a calculé l'équivalent du travail solaire
nécessaire pour mûrir un arpent de blé ; le chiifre obtenu est énorme.
Il n'y a eu qu'un Soleil et qu'une seule vie également continus, sans
interruption, à la surface de la Terre, comme dans le Ciel ; seulement
les variations zoïques subissent une évolution parallèle à l'évolution
de l'astre, leur moteur. La vie végétative a calqué ses périodes sur
celles du Soleil qu'elle reflète, depuis les couches de houille déposées
dans les plis du terrain carbonifère, jusqu'aux lignites tertiaires ; la
difiérence entre ces dépôts, c'est que la houille est surtout le produit
de la grande évolution solaire, de ce mouvement d'ensemble qui a
tant concentré le Soleil, tandis que les lignites sont surtout le pro-
duit accidentel des excentricités, c'est-à-dire d'illuminations tempo-
raires et limitées. Les lignites synchronisent les excentricités, dont ils
sont les équivalents terrestres; l'excès de vie a égalé l'excès de lumière ;
(!) La fumicre est la chaleur visible; elle est plus matérielle; c'est pour le So-
leil une perte de substance; on dirait un organisme qui saigne.
Kj8. BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTBIGITI^S. 378
le lionibre des calories solaires perdues se chiffre sur la quantité des
équivalents mécaniques du travail accompli dans les changements
des flores. Les variations séculaires tiennent la balance et mesurent
à certaines époques les doses et les pesées de Soleil; expressions
quantitatives de la radiation contemporaine, elles ne marquent nul-
lement la qualité ou révolution de cette radiation, il y a souvent
palingénèse et retour k des formes archaïques dans la succession des
flores tertiaires ; mais la palingénèse n'est que simulée: le retour à
un même périhélie ayant ramené les mêmes conditions climatéri-
ques, a commandé la réadaptation des organismes et restitué la roor-*
phologie, en restituant le milieu. Après la magnifique expansion
miocène, un nouveau penéen semble se reproduire dans la Grande-
Bretagne avec la pauvreté des flores pliocènes ; mais les richesses
miocènes, un instant compromises ou étouffées par les violences qua-
ternaires, se sont reproduites avec les accalmies subséquentes; et
ces richesses miocènes, ces flores qui semblent disparues dans le
Pliocène, on les voit reprendre parmi nous et nous inonder de leur
postérité. La palingénèse n'est donc pas réelle; elle est simulée.
II résulte de ce trop court exposé du travail lumineux dans le passé,
qu'il est permis de saisir certains rapports de chronologie entre les
excentricités et les périodes correspondant au million d'années qui
nous a précédés ; mais il me paraît diificile d'étendre plus loin le syn-
chronisme et de remonter davantage, car la distance rapetisse telle-
ment les objets, qu'il sei*ait impossible de saisir au-delà les écarts de
quelques millions de myriamètres dans la distance de la Terre au So-
leil. Il n'en est pas de même du phénomène d'ensemble qui a fait évo-
luer notre nébuleuse ; les diflerenecs y sont tellement tranchées qu'el-
les frappent les regards.
Assurément cette nébuleuse a dû passer successivement ou passera
par les types notés par le Père Secchi. L.es trois états stellaires, rouge,
jaune, blanc, ont dû précéder notre époque et modifier, avec le spec-
tre de ces temps-là, la vie sur la Terre. Le Soleil imparfait des Acro-
{ènes n'a pu arriver jusqu'à la fleur ni jusqu'à photographier son
image dans cet organe; ses singulières couleurs sont restées dans le
tronc, dans les racines, dans ces résidus de la houille d'où la chimie
les retire aujourd'hui, en écartant par la chaleur les particules et en
leur restituant leur atomicité première, avec leur distance et leur vi-
tesse initiale passée ; car la vitesse a suppléé la masse dans ces pri-
mitifs Soleils. Le Soleil moderne, qui passe par le type d'Arcturus,
tend au type violet ; il est probable que le rayon violet n'a pas dit son
dernier mot et qu'il ménage quelque surprise à la Morphologie.
Paisse *t-il modifier assez la vue dans les organismes futurs, pour
376 BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITÉS. . 18 mars
leur permettre de voir à la clarté des étoiles après rextinction hélîà-
que dont les astronomes nous menacent.
La Géologie est donc bien l'inventaire du Soleil dépensé et du tra-
vail accompli à la surface de la Terre, dans les glaciers, dans les tufs
zoïques, dans les ligniles; ceux-ci, véritables amas de radiations
ensevelies ou éteintes, mais que la chimie ressuscite, sont bien des
excès de Soleil, comme les glaciers en sont des défauts. Ce ne sont
pas simplement des dépôts plus heureux que les autres et épargnés
par la dénudation et par Tablation ; ce sont des excès de vie syno-
nymes de périhélies. En ce million d'années écoulées, quand Thorizon
zoïque s'illumine et jette un vif éclat, c'est qu'un lignite se dépose
sur la Terre, devant un périhélie dans le Ciel.
3^ Atty^action.
' L'attraction joue un rôle trop important à la surface de la Terre
pour ne pas y laisser ses empreintes; une force qui dans les variations
planétaires a pu déplacer le Soleil de son centre, a dû agir très-éner-
giquement sur notre globe, et y aura constitué la majeure partie de la
glyptique terrestre. L'onde attractive, si onde il y a, n'agit pas direc-
tement comme les deux autres ondes, mais indirectement et en soule-
vant les trois fluides terrestres, l'air, la mer et le liquide igné du
centre.
' Son action sur l'air qu'elle déplace, élève ou abaisse, est du ressort
de la Météorologie, qui l'étudié ; elle ne peut être encore bien appré-
ciée; cependant il est permis de supposer que l'atmosphère s*élève
en périhélie et s'abaisse en aphélie, qu'elle pèse plus ou moins à la
surface; d'où il est permis de tirer ou de prévoir plusieurs conséquen-
ces majeures dans les phénomènes terrestres. Tout périhélie doit
soulager les liquides sous-jacents dans la pression qu'ils supportent;
tout aphélie, au contraire, doit augmenter cette pression. L'eau n'a
donc pas toujours horreur du vide jusqu'à une hauteur absolue et
invariable; il en est de môme pour la sève des végétaux et pour le
sang des animaux. Les périhélies, en faisant affluer à la surface des
corps les liquides organiques, ont dû accroître le volume de ces corps
et favoriser la tendance au développement exagéré, gigantesque, des
premiers êtres; témoin les grandes Fougères, les Labyrinthodontes,
les Proboscidiens des premiers âges. Qui ne sait l'action du Soleil sur
la tige du végétal, que l'astre attire et fait monter à lui, pour ainsi
dire, comme il attire TOcéan.
• Ainsi les trois forces solaires qui agissent au carré de la distance,
chaleur, lumière, attraction, ont eu simultanément leur maximum
.1878^ BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITÉS. 377
d'action en périhélie, et leur minimum en aphélie; ce qui doit per-
mettre de distinguer ces deux époques dans la chronologie terrestre,
où* le travail de ces trois facteurs s'ajoute ou se supplée, s'il ne se su-
perpose. L'attraction, il est vrai, n*a pu marquer dans le travail d'en-
semble de l'évolution solaire, le centre du Soleil restant à la même
distance de la terre, nonobstant le volume et la périphérie. Les excen-
tricités constituent ici les seules différenciations, selon qu il y a périhé-
lie ou aphélie.
• L'attraction, évidente dans l'appareil si sensible des mers, gouverne
le jeu des marées; mais agit-elle plus en périhélie qu'en aphélie? La
Ihéorie l'indique d'après les différentes positions de la terre sur la li-
gne des absides. Mais qui a jamais songé à véritier cette différence pro-
bable, en raison du jeu des préccssions^et même simplement des sai-
sons, dans le niveau des mers sur l'un ou l'autre hémisphère? On a
bien noté en Scanie et au Chili des différences de ce niveau, mais
dans un tout autre but, et sans noter les saisons. Or, indépendamment
des variations du sol qui changent l'assiette des mers, indépendam-
ment de l'appel polaire qui précipite les mei*s vers ces régions, comme
dans le Gult'stream, il y a plus ou moins, à certaines dates, récurrence du
flot, balancement interpolairc, et comme déménagement des océans.
Pourquoi l'hémisphère austral est-il en grande partie submergé? Cette
submersion a-t-elle pour cause une de ces révolutions excentricitai-
-res, et dans l'avenir, le périhélie alternant du côté boréal, sera-ce notre
tour d'être inondés? La submersion, aujourd'hui australe, nous sera-
t-elle dévolue? Autant de questions que je me pose et qu'il est diffi-
cile de résoudre, en raison des deux facteurs communs en présence, le
Platonisme et le Neptunisme.
Sans doute les affaissements et les soulèvements du sol ont fait de
tout temps varier l'assiette des mers, puisque celles-ci ont pu faire
treize fois retour dans le seul dépôt de la houille. Les plages soule-
vées de la Méditerranée, la mer pliocène aux pieds des Alpes, les co-
quilles tertiaires du Ghor, sur le bord oriental de la Mer Morte, le
mont Tryphaine dans le pays de Galles, etc., montrent assez rinstabi->
iité du sol; mais dans ces variations le plutonisme peut n'être pas
seul facteur, et le niveau des mers peut avoir seul oscillé sur la ver-
ticale, ou fait une partie du chemin en altitude. S'il y a eu récurrence
océanique, la glyptique terrestre doit en garder les empreintes; or ces
empreintes sont trop générales, trop nombreuses, pour ne pas accuser
le phénomène des récurrences propres. Il a fallu des marées plus
Portes que les nôtres, une masse des eaux bien plus soulevée et
bien plus agitée, pour produire ces énormes dénudations et ablations
qui nous étonnent. Quant à la submersion présente de l'hémisphère
378 BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTBIGITËS. 18 mars.
austral, elle aurait été amenée aussi par un périhélie quelconque
remontant à Toriginc de la sphère. La masse des eaux, refoulée
sur un plancher encore mou et flexible, y aura pesé davantage; sous
cette surcharge Técorce a cédé et s'est affaissée du côté austral,
tandis que du côté boréal, obéissant à son élasticité, elle s'est re«
dressée et s'est soulevée davantage. Les périhélies subséquents, en
promenant et ramenant les mers, auront accentué davantage ce
système, d'où l'infériorité relative de l'hémisphère austral comme con-^
tinent et comme centre organique de développement de la vie, infé-
riorité qui a existé do tout temps sur cette moitié du globe.
L'action des eaux sur les parties basses des continents est manifeste :
les falaises, les caps, les promontoires de nos vallées y indiquent assez
un travail maritime analogue au travail côtier actuel. Les échancmres
du flot s'y lisent en des phénomènes identiques; la mer s'est attaquée
autrefois à ces anciens rivages, qu'elle a abandonnés, mais elle s'attaque
encore aujourd'hui aux estuaires, qu'elle se charge de déblayer et d'en*
tretenir libres par le jeu des marées, puisqu il n'y a d'estuaires et d'em-
bouchures libres que dans les Océans, et que les Méditerranées, privées
de marées, n'offrent que des deltas, c'est-à-dire des embouchures
remblayées et en partie comblées par l'apport fluviatile.
Ces considérations nous ramènent à l'ancienne théorie du creusement
des vallées par Teffort maritime : de fait, les fleuves sont bien plus des
appareils de remblaiement que de déblaiement, et si le flot marin a au-
jourd'hui la puissance de maintenir libres les embouchures, il a eu
celle de les percer dans les marées des périhélies anciens. Les parties
basses de nos continents ont été longtemps le domaine des mers, et l'as*
pect mamelonné de nos collines, échelonnées perpendiculairement au
rivage, simule encore le panorama d'une mer agitée. La vague, dont la
puissance nulle à la base est maximum au sommet, en s'attaquant aux
reliefs terrestres, a pu les façonner à sa ressemblance et stéréolyper son
image. Sur quelques points du littoral, le flot, en rencontrant une faille
ou un Qord, s'y sera engagé de préférence, et aura poussé un cône de
percement jusqu'aux massifs montagneux. Ce drain ou sillon aura été
produit d'aval en amont, comme dans la théorie des cataractes, sans
besoin de soulever le lit supérieur des fleuves. Telle est l'ancienne
théorie du percement marin des vallées par le trépan des mers ; lui
seul aurait eu la puissance de faire cette trouée; la masse liquide aura
dénudé les dépôts sur son passage et aligné leurs épaves en terrasses,
en traînées latérales, en cordons simulant des moraines, et il aura pu
placarder les blocs et les débris de la dénudation jusque sur les contre-
forts du massif montagneux.
Fluides ou solides, ce ne sont pas les fleuves qui ont creusé les val-
1878. BLANDET. — CIIRON'OLOUIE DES EXCENTRICITÉS. 379
lées; mais ils se sont introduits dans les thalwegs abandonnés par le
flot en retraite. Ilsn'ont pu faire ces thalwegs, puisqu'il leur fallait cette
pente même pour tomber. D'ailleurs, qui leur aurait donné cette puis-
sance érosive? Leur lit était énorme, mais sans courant; ce lit était la
vailé43 même du tlcuve tout entière, un long boyau d*eau saumâtre re-
tenant Teau des vallées secondaires et souvent barré par des dunes inté-
rieures, dont les collines de lœss situées au milieu du cours du Rhin
peuvent être les vestiges, les dernières épaves. L'estuaire a dû se frac«*
tionner en plusieurs bassins de retenue indépendants, échelonnés en
une série de lacs rappelant la disposition du cours actuel du fleuve
Saint-Laurent. A chaque lac aboutissait Taffluent d'une vallée secon-
daire. Les hauts niveaux étaient ainsi maintenus dans les afQuents,
même dans les plus petits. Tel aura été le régime laurentien des
fleuves.
Après ce régime, contemporain des trois lits majeurs, les fleuves se
sont véritablement creusé un lit propre; ilsonteu un courant spéciaU
qui leur a permis de s approprier leur nouvelle et modeste demeure ;
ils ont repris, remanié les laisses maritimes ; enfin ils se sont établis
chez eux tels que nous les voyons, dans leur état perfectionné, différent
(le la Potamogénèsc.
Si Ton prend la Seine pour exemple de ce travail théorique, on se
représentera le flot marin d'un périhélie s'attaquant d'abord à la faille
normande et remontant consécutivement jusqu'au Morvan. « Tout se
» serait passé y>, présume M. Bcigrand, a dans le percement de notre
» vallée, comme si un courant marin, la mer des Molasses, s'était su-
» bitement déversé par dessus le plateau de Langres pour venir drainer
» nos contrées et pour tomber ensuite dans la Manche. » C'est bien la
mer en effet dont l'irrésistible effort a creusé notre vallée; seulement
elle ne l'a pas attaquée de ce coté supérieur, mais du côté inférieur,
atlantique, tout naturellement. Un long estuaire aura suivi cette trouée
du flot, et ce boyau, renflé déjà à tous les aflluents, se sera ensuite frac-
tionné en lacs ou bassins de retenue. Un de ces bassins se voit encore
sur le plateau du Morvan, où il sert au flottage. Au point où un affluent
tombait dans une de ces flaques d'eau, le bassin s'élargissait et élar-
gissait en un golfe la vallée elle-même ; c'est pour cela qu'à Pont-de-
l'Arche, à Poissy, à Maisons-Alfort, à La Celle, à Montereau, l^
vallée de la Seine s'élargit en des cirquesqui ont été des golfes, autour
de l'embouchure de l'Eure, de l'Oise, de la Marne, du Loing, de l'Yonne*
Grûce à ces bassins de retenue, l'apport fluviatile a pu atteindre les
plus hauts niveaux et maintenir à des altitudes et sur des sections
inouïes le cours ou plutôt la surface mouillée des moindres aflluents.
Sans cette retenue, il serait impossible de concevoir des coui*s d'eau
380 BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITÉS. 18 mars
géantsdèsleur naissance, comme la Vanne, dont la section, aujourd'hui
de 10 mètres, atteignait 1 100 mètres dansie moindre de ses lits majeurs •
Toutes les vallées sèches aboutissant à des sortes d'entonnoir ou de
cirque témoignent assez du refoulement et du régime lacustre des
cours d'eau de cette époque, où mille fjords lacustres découpaient notre
plateau.
Tout ceci ne s'applique qu'à la partie basse des continents; dans la
partie montagneuse, le creusement des vallées a été TefTet du pluto-
nisme et de la pente furieuse des fleuves. La ligue de démarcation entre
ces deux régimes si différents est très-saillante dans nos fleuves de
l'Atlantique; tous, dirigés au nord dans leur partie montagneuse, se
courbent subitement au-delà, pour se diriger à l'ouest vers TOcéan. C'est
qu'à cette courbe limite, Adour, Garonne, Loire, Seine, Meuse, Rhin,
Elbe, chacun tombait dans un fjord maritime à l'origine, qui a reculé
jusqu'à la mer et qu'il s'est approprié ensuite pour en faire son lit ac-
tuel. Ainsi la Loire et l'Allier pliocènes tombaient dans le golfe de Ne-
vers, laisse de la mer des faluns, qu'ils se sont appropriés jusqu'à la
mer sur les pas de l'Océan en retraite.
Toutes ces péripéties du flot auront suivi le jeu des périhélies et des
aphélies et leur auront été subordonnées.
Le rôle de l'attraction est encore plus accusé dans le fluide interne
sous-cortical.
De par le degré géothermique, ce fluide existe, puisque, au-delà
de 90 kilomètres et par une température de 3 000 degrés, toutes les
roches intérieures sont en fusion ou liquides ; la température intérieure
peut s'être arrêtée à ce chifi're limite, oii la cohésion est rompue et la
liquidité satisfaite. Si l'océan intérieur existe, la marée est indéniable;
car l'attraction n'y perd aucun de ses droits. Appelez cela tension,
poussée, efforts, réaction de l'intérieur, cela ne fait rien à la chose.
J'assimile les deux marées, et le même schéma qui sert à figurer la ma-
rée extérieure peut représenter la marée intérieure, en quadrature
comme en opposition et en conjonction; seulement la courbe des ma-
rées ne sera pas circonscrite, mais inscrite, et conséquemment sous-
jacentc à l'écran cortical. Pour différencier les deux marées dans le
discours, je propose d'appeler la marée haute plutonicnne 'plimmure»
et la marée basse ampose, des deux mots grecs TOyjUfiitpa et oifiizoat^.
La marée intérieure serait bien plus forte que celle de la surface, en
raison du nombre des molécules attirées, n'était la densité plus
grande du liquide.
La force centrifuge doit encore joindre son jeu à celui de l'attraction
newtonienne, en projetant contre la circonférence le fluide emporté
par la rotation autour de Taxe polaire.
1878. BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITÉS. 381
Enfin, la chimie intérieure doit travailler le bain igné : toutes les
affinités ne sont pas encore satisfaites en dedans; l'action moléculaire
peut y sommeiller, mais elle n'y est pas morte ; elle y est susceptible
de réveils terribles.
Toutes ces actions réunies tourmentent la surface; leurs efforts
combinés la déforment et renfoncent au besoin. Si Ton veut se faire
une idée de ce qui se passe à l'intérieur, on n'a qu'à regarder le So-
leil, ses projections, ses cyclones, ses tempêtes. Le fluide central répèle
cette agitation, mais sur un type infiniment amoindri. Notons encore
que la marée intérieure est couverte, conséquemment comprimée; la
tension doit donc y être excessive en certains points déterminés, qui
sont les parties faibles de Técorce; et l'intensité des effets accumulés
sur ces points mesure la poussée totale de la force contre la surface
entière. Si Ton couvrait le Soleil d'une enveloppe analogue à la
nôtre, les jets d'hydrogène et les protubérances actuelles seraient
capables de projeter le couvercle dans l'espace et de l'y réduire en
matières zodiacales. Notre enveloppe, qui jouit de soupapes de sûreté,
n'a plus rien de semblable à redouter.
Le fluide intérieur doit surtout faire effort contre l'extérieur dans les
périhélies, selon la quantité du rapprochement solaire. Agit il par des
coups de tampon directement appliqués sur la surface? En certains
points c'est possible, et les tremblements de terre sembleraient l'indi-
quer ; mais généralement une atmosphère intérieure doit se superposer
au bain igné. La pyrosphère transmet indirectement ses efforts pour
s'échapper de sa prison à cette atmosphère lourde, pesante, où domi-
nent les sulfures, les carbures et les chlorures, tous ces gaz qui s'é-
chappent les premiers dans les éruptions des volcans et qui projettent
au loin le bouchon du cratère et les cendres de la cheminée, ou qui,
s'infiltrant dans le sol, forment le grisou des mines.
Au reste, cette atmosphère est nouvelle ; elle ne parait pas avoir tou«
jours existé. Au début des âges il ne s'est produit que des épanche-
ments sans projection : les granités ont d'abord bavé à la surface; puis
est venue la mer des gneiss, déversée sans efforts comme la partie su-
périeure de l'océan central, et roulant au dehors.ses lames rubannées
et ses vagues ondulées dans une direction constante. Ensuite, quand
Técorce a été consolidée, et surtout après le départ des roches secon-
daires, qui ont dû laisser un vide intérieur, ce vide a été rempli par
des explosions successives de gaz, (jui désormais ont constitué au bain
liquide une atmosphère propre, et ont rendu l'éruption huileuse, telle
qu'on l'observe encore aujourd'hui, ou même simplement solfatarienne
ou geysérienne, et non lavique.
Il se peut que les courants montagneux ou même l'émersion des con-
382 BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTHICITÉS. 18 mars
tinents soient le produit du coup de tampon pyrosphérique et comme
l'estompe de l'agitation du bain métallique; mais il me paraît plus pro-
bable de rapporter ces bombements à la pression continue des gaz qui
s'accumulent et circulent sous l'enveloppe, et qui finissent par y former
des creux ou des drains correspondant aux reliefs de l'extérieur.
Il n'est même pas besoin d'invoquer le choc direct ou indirect de
l'intérieur pour agir sur la surface : celle surface vibre; sa trépida-
tion est continue et les tremblements de terre en sont la plus haute
expression. Vainement objectera-t-on les résultats négatifs de MM. Pissis
et Perrey au sujet de finiluence des périhélies de saison; si ces péri-
hélies sont trop courts et trop peu accentués pour accélérer la tré-
pidation, il n'en est pas de même des périhélies et des précessions dans
les grandes excentricités.
Si la sphère vibre à l'égal des lames courbes vibrantes, les lois de
l'optique lui sont applicables; donc sur la surface il y aura des parties
agitées et des parties calmes, des nœuds et des ventres, selon que les
vibrations s'ajouteront ou se retrancheront, seront de signe égal ou
contraire. Conséquerament les mers seront jetées sur des lieux en re-
pos, comme le sable se lasse sur les concavités nodales; les montagnes,
au contraire, se dresseront sur des centres d'oscillation, et leurs axes
seront constamment agités. Multiplions l'étendue des lames, et les cou-
cavités ou convexités s'y accuseront au mémerapportque sur la sphère.
Les vibrations normales ou tangenlielles, longitudinales ou trans-
versales, obliques même, expliqueraient assez bien l'entrecroisement
des courants montagneux. Dans ce système, la surface séismique serait
la traduction des oscillations intérieures. Celle surface n'est pas seule-
ment Y^, comme le pensait Ëlie de Beaumonl; tout sol émergé, toute
terre soulevée, l'ayant été par l'eflbrt brusque ou lent des vibrations,
elle serait le rapport même des terres aux océans, .\. La Suède et le
Chili seraient les centres d'ébranlements continus, tandis que la Russie,
la Finlande, le Canada, seraient les lieux d'élection du repos, là où
les ondes interfèrent et se détruisent conséquemment.
Le système des failles s'explique par ces vibrations : la continuité
rectiligne de la faille à travers la diversité des couches sédimentaires
indique que la faille s'est opérée d'emblée et d'une fois. S'est-elle opé-
rée du fond à la surface, ou inversement? L'arrêt des liions avortés à
l'intérieur démontre que la fêlure de l'écorce a commencé par le fond,
et conséquemment que c'est bien de l'intérieur qu'est parti l'ébranle-
ment qui a fait éclater l'enveloppe terrestre. La force concassante est
venue d'en bas.
Cette interprétation du réseau des failles peut se substituer avanta-
geusement à la théorie du retrait et u toutes ses conséquences.
1878. BUNDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITES. 383
D'abord, le retrait peut-il bien se soutenir devant cette simple ob-
servation, qucla totalité de l'écorce terrestre, supposée de 90 kilomètres,
doit garder encore en son centre, et au taux du degré géothermique,
plus de 1 500 degrés de chaleur ? Une telle température peut-elle être
considérée comme un véritable refroidissement? D'autre part, le
système pentagonal et les grands cercles de comparaison s'appuyant
surtout sur la présence et la direction des failles, qui ne voit que le
système exposé ci-dessus peut continuer en beaucoup de ses points
rétablissement du réseau pentagonal?
. De fait, soulèvement ou etl'ondreroent, qu'importe à Thypothèse des
périhélies? Leur influence, qu'elle se traduise par des enfoncements
ou par des reliefs, n'accuse pas moins une vive réaction de l'intérieur
produite parles forces cosmiques. L'écorce a été brisée en plusieurs com*
partimentscirconscrits par des failles; grâce à ce réseau multiple,la ca-
lotte sphérique se compose de voussoirs articulés, où la mobilité partielle
ne nuit pas à la résistance de l'ensemble. Le jeu des failles a dû servir
d'échappement à la réaction intérieure et il a eu heu bien des fois, si
l'on en croit les miroirs, les plaques laminées et les surfaces polies des
salbandes et des épontes, indices de nombreux mouvements de va-et-
vieiU.
Le même effet providentiel s'observe dans la répartition inégale de
l'obliquité de l'écliptique et du jeu des excentricités, répartition qui
corrige les forces l'une par l'autre, l'aphélie par les chaleurs de l'été,
et le froid des hivers par le périhélie, adoucissant ainsi les violences,
pour y substituer un état moyen et modéré.
Le rûle terrestre de l'attraction a été plus général encore que celui de
la lumière; elle a soulevé les montagnes, non pas comme des champi-
gnons, mais comme elle soulève encore le vaisseau sur la vague; pour
l'océan intérieur comme pour l'océan extérieur, directe ou réfléchie,
l'action est la même dans son principe, qui est la dynamique solaire.
J'ai dit qu'on pouvait expliquer la prédominance des mers australes
par un appel périhélique de ces mers, qui en aura occasionné l'effon-
drement dans le passé; par suite de cette submersion, les bouches à
feu ont été noyées et éteintes sur cet hémisphère, et l'action plutonique
a dû se transporter sur l'hémisphère opposé. Je rapporte l'origine de
cet événement aux premiers âges, mais de tout temps la marée inté-
rieure empêchée au côté austral a dû se rejeter sur le côté boréal. Si
le neptunisme a prédominé au sud, le plutonisme l'a emporté au nord,
principalement dans les grandes excentricités qui ont soulevé nos con«
tinents.
En résumé, chaleur, lumière et attraction ont agi conjointement sur
le globe qu'elles ont impressionne.
384 BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXGENTRIG1TI^.S. 18 Riar»
Les excentricités nous serviront de chronomètres pour enregistrer à
la surface l'action de la dynamique solaire, accalmie pour accalmie,
paroxysme pour paroxysme; à la plus grande somme d'attraction ou
de lumière correspondra le plus grand soulèvement ou le plus vif éclat
des flores.
Les rapprochements géo-solaires ont été successivement, dans le
million d'années antérieur h notre époque (en chiffres ronds et approxi-
mativement), de : 4, 3, 13, 9, 16, 7, 12, 5, 4, 8, li, 4,' 12, 6, 6, 16, 3, 21,
2, 14, 4 millions de kilomètres. Ces chiffres au carré peuvent figurer
les différents degrés de la force attractive dans la série, et donnent
ainsi : 16, 9, 169, 81, 256, 49, 144, 25, 16, 64, 121, 16, 144, 36, 36,
256, 9, 441, 4, 196, 16. Si Ton évalue à 4 mètres la hauteur de la
marée actuelle sur la surface terrestre, le chiffre 16 du rapprochement
correspondant k cette hauteur pourra devenir Tindicc de l'attraction,
et on en déduira les autres termes de la série, dans laquelle aux
4 mètres actuels correspondront, pour la hauteur approximative des
marées au-dessus du niveau des mers, des chiffres tels que : 2, 42, 20,
64, 12, 36, 6, 4, 16, 30, 4, 36, 9, 9, 64, 2, 110, 1, 49, 4 mètres. Les
récurrences auront suivi la même progression. Ces chiffres grandis-
sent beaucoup la hauteur des marées et des récurrences: car, si en
certains points géographiques, la marée, pour Texcentricilé 0,0167,
atteint 10 et 20 mètres, comme dans le canal de Bristol ou à la baie de
Fundy, le flot a dû atteindre en ces mêmes lieux, pour l'excen-
tricité 0,0747, 250 et 500 mètres.
Les horizons profonds auront répété les péripéties des horizons su-
perficiels, mais les excès des plimmures et des amposes n'y sont pas
appréciables; la valeur hypsométrique des soulèvements peut seule
donner une idée de la hauteur de ce facteur, la marée intérieure.
Singulier effet des excentricités! Les rôles auront été intervertis pour
les deux facteurs des marées 1 Avec une excentricité de 0,0747, la Lune
n'a plus agi comme 3 et le Soleil comme 1 dans le soulèvement des
mers; tout au contraire, l'action du Soleil aura été prépondérante
dans les périhélies de certaines phases elliptiques de la Terre.
Quoi qu'il en soit, ces phases elliptiques sont nos meilleurs chrono-
mètres: ni le dépôt, ni l'accumulation et la superposition des couches
stratigraphiques n'ont cette sûreté des causes célestes. J'ose donc ris-
quer le tableau ci-contre, où je n'ai inscrit pour points de repère que
certaines localités classiques, qu'il est facile de synchroniser partout
ailleurs.
L'interprétation de tout ce tableau serait trop longue ; je la bornerai
aux faits principaux.
Pe l'ère acluclle(0,0167) jusqu'à Texcentricité 0,0131, rien à dire.
(3«sér., t. YI, p. 384.)
0.016'tuelle.
impose.
0,013s(iue complète.
olcanique : volcans romains.
0,047:gne; Etna mo^en.
everacnts alpms.
0,0L'3lveau basalte : système chilien.
des chaînes sous-marines méditerranéennes.
0,056' soulèvements quaternaires.
it subapennin.
0,0254îl.
les.
0,0424ix basalte : soulèvement général méditerranéen.
nt subapennin.
0,019é)ressan et rhodanien.
partiel en Auvergne.
0,017(
s des Açores, Madère, Qir.
0,030tantaliennes.
0,038€les Canaries.
dos chaînes sous-marines des Açores et du (]ap-Vert.
0,016(
sables graniti(iues de l'Eure.
0,Oiricanlaliennes.
des Hébrides.
O,022(ile (iergovie.
arienne.
0.022(» solfalarienne.
:)Ioanique; Eifel vieux.
0,0573.1 Plateau centrai.
u pavs de Urav.
0,013-;
de l'axe île l'Apennin.
0,0741vulcanisme dans la série.
u vulcanisme dans presque
),0103'anipose dans la mer intér
tous les axes monta;'neux
rieure,
0.uiu:4anip(
érolithiques.
0,051731 des Pyrénées orientales.
des roclïes graniticjues et porphyroïdes
0,015Ij? orographique. Ampose.
n'
1878. BLANDET. — CHRONOUmiE DES EXCENTRICITÉS. 385
sinon que raccalmic présente s'accentue encore plus en remontant
jus(|u'à 50 000 ans. C'est l'Age de l'Histoire et de la Préhistoire; il
appartient donc aux éludes historiques; mais d'épigraphie géologique,
aucune trace, si ce n'est dans l'établissement des tourbes anciennes.
Ces produits de l'accalmie fluviatile ont débuté après la rentrée des
lleuves dans leur lit et l'épuration des transports diluviens. L'époque
si calme 0,0131 aura favorisé leur développement depuis l'an 75 000,
terminaison des troubles quaternaires.
La débâcle (juaternaire aura duré tout le temps compris entre les
deux cycles 0,0473 et 0,0131 ; c'aura été le temps des violences dilu-
viennes, des grands convois détritiques et erratiques, et des colma-
tages divers : limon gris et limon rouge, lœss, lehm, etc.
Au cycle 0,0473 et à ses quatre associés, 0,0332, 0,0567, 0,0258
et 0,0ii4, correspondent lu série dite glaciaire et ses subdivisions.
L'adaptation des excentricités aux phases glaciaires est pleine de rensei-
gnements et répond à tout le questionnaire de l'observation géolo-
gi(|ue sur cette curieuse épo.'|ue. J'examinerai successivement les dates
ou le synchronisme, le climat, l'hydrographie, la vulcanicité et la bio-
logie de cette époque.
Dates, L'époque glaciaire est une, continue, et a duré cinq excentri-
cités, soit 2oO 000 ans; l'excentricité moyenne y a été de 0,0420. On y
remarque cependant deux rémissions en 0,0258 et 0,0332. Les quatre
divisions anthropologiques de La Magdeleine, de Solutré, du Moustier
et de Saint-Aclieul se parallélisent ainsi : La Magdeleine répond à
0,Oi73, époque du Renne; Solutré à 0,0332, époque du Cheval ancien ;
Le Moustier à 0,0o67, époque de l'Ours et de l'Éléphant, ainsi que du
plus grand IVoid ; Saint-Acheul, enfin, à 0,0258 et 0,0424, époques des
Uhinocéros velus.
Climat, L'épocjue a été simultanément chaude et froide. La Terre
en aphélie était éloignée de (|uelques millions de lieues de plus du
Soleil; mais à travers le souille glacé des aphélies, on sent la tiède
haleine des périhélies qui leur succèdent. Cette alternance de froids
condensateurs et d'évaporalions tropicales exagérées a permis à ce
climat excessif de fabri(|uer une quantité prodigieuse de glaces; et la
chaleur des i)ériliélies étant insulïi>ante pour fondre le stock gla-
ciaire, il en est résulté une accumulation déglaces qui n*a fait que
s'accroître juscju'à la lin en 0,0473. La grande excentricité 0,0567,
(jui tient le milieu du froid, n'est donc point l'époque maximum du
stock glaciaire, lequel ne peut pas être ligure par un losange, comme
le pense M. Uenevier, mais par un triangle ayant pour base l'excentri-
cité 0,0473 et pour sommet l'excentricité 0.0424.
L'IIi/drographic a obéi à un accès d'attraction sensible; le retour of-
io
386 BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITÉS. 18 mars
fensif des océans sur les rivages a été fréquent. La mor des Galles a
inondé TAnglelerre en 0,0473, et Ta réduite à l'état d'archipel. Avec
0,0332 se parallélise la mer de Bridlington. Une mer lombarde
quelconque, la mer glaciale au pied des Alpes, se synchronise avec le
maximum de froid, d'attraction et d'excentricité. Au reste l'hydrogra-
phie de la vallée du Pô n'a pas toute la clarté de la vallée de la Tamise;
si Ton n'admet qu'une ou deux mers lombardes, elles se parallélisent
difflcilement; que deviennent alors les mers anglaises qui ont précédé
les Galles et Bridiinglon? Se peut-il qu'une vallée aussi inondable que
rËridanienne, quand l'Angleterre était sous l'eau en Suifolk, à Chilles-
ford, soit restée émergée? La solution de ce problème incombe à
M. Maver.
L'hydrographie marine quaternaire a surtoutélé caractérisée par les
fjords qui ont entouré les Alpes, à plusieurs reprises, d'une ceinture
d'eau saumutre, comme le démontrent les trois étages alpins de
Sharpe et leurs cuvettes superposées.
Les fleuves <|uaternaires étaient énormes, non point par l'abondance
des pluies, mais par le barrage des vallées, qui étaient déjà ébauchées,
creusées même, mais sans issue; de déluge, il n'y en a pas eu, il ne
pouvait pas y en avoir, puisque les glaciers condensaient la précipita-
tion atmosphérique et retardaient la pluie dans la nuée qui les ali-
mentait. Malgré la grande évaporation équatoriale, la pluie arrivait
gelée et l'époque était sèche.
Vulcanicité, La vulcanicité de cette époque contraste avec la nôtre;
au lieu de ces horizons plats et uniformes de nos excentricités, le pano-
rama s'accentue tel qu'Ëlie de Beaumont en a fait la magnifique des-
cription. De nouveaux systèmes de montagnes s'ajoutent aux premiers,
les bas-fonds marins se dressent, les isthmes succèdent aux détroits
et la terre prend, perd, reprend son domaine.
C'est ainsi que les récifs d'Aventure et de Médine, entre la Tunisie
et la Sicile, ceux de l'archipel grec oriental, ceux de Tanger à Gibraltar,
les détroits des côtes flamandes et normandes, devenus isthmes pen-
dant 50 000 ans, auront ouvert un long passage soit à l'aller, soit au
retour des faunes quaternaires.
Biologie. Cette époijuc a dû être un temps d'épreuve pour la vie ter-
restre, fuyant devant les récurrences ou les tremblements de terre,
instable sur un sol envahi par le flot. Il ne faut pas cependant s'exa-
gérer ces influences ni celle du climat. Si la flore miocène, plus
assujettie au sol et au climat, semble s'éteindre au nord dans le Plio-
cène et le Quaternaire, la faune, plus indépendante, s'y est aflirmée
chez nous; les formes chaudes et froides y abondent péle-méle, sans
que ce mélange ait une grande valeur climatérique. Poils et laines.
1878. BLANDET. — CHRONOLOGIE DES EXCENTRICITÉS. 387
fourrures, peaux glabres ou velues, ne sont pas un indice sûr, thermique
ou athermique; car autrement pourquoi la Hyène et le Singe velus
sous les tropiques? Pourquoi le Lion africain avec son épaisse crinière,
tandis que le Lion de la Thrace était sans jupe ? Ce sont-là des orne-
ments dont la nature s*est plue ù illustrer l'animal, comme elle s'est
plu à jeter sur le Mammouth un long manteau de poils, moins pour le
préserver du froid que pour en faire un spécimen de majesté et de
puissance. D'ailleurs ces formes velues ne se sont pas ainsi transfor-
mées chez nous; elles nous venaient du Nord, berceau de toute exis-
tence et de toute vie sur la Terre, puisque le pôle a été habitable et
refroidi le premier. La vie a bien plus descendu vers l'équateur qu'elle
n'est remontée vers le pôle; la race nègre, en particulier, est moins
une souche qu'une dégénérescence.
L époque glaciaire a été unique et ne se rencontre plus en remontant
dans le passé, car on s'y trouve alors devant un soleil plus dilaté,
plus proche et plus chaud, qui a dû rendre impossible son re-
tour ; mais dans l'avenir, vienne une série d'excentricités aussi violentes
et aussi continues, et une autre époque glaciaire nous ferait retour :
nos mers soulevées changeraient d'assiette, nos fleuves seraient barrés
par les soulèvements du sol, les lits majeurs renaîtraient, les glaciers
s'étendraient de nouveau dans les plaines, et les coquilles arctiques re-
prendraient le chemin des mers du Sud.
Après cette série d'excentricités violentes, correspondant au Plio-
cène et au Quaternaire, on trouve une série correspondant au Bfiocène.
Ce sont les huit excentricités : 0,0196; 0,0170; 0,0308; 0,0388;
0,0166; 0,0417; 0,0i26; 0,0220. Ces cycles représentent des condi-
tions modérées dues à la dynamique solaire nuxlérée et un régime k
peu près similaire au nôtre, excepté pour les trois grandes excentri-
cités : 0,0308; 0,0388; 0,0il7, qui expliquent les éruptions du Canlal
et de l'Auvergne, avec lesquelles elles se synchronisent.
Le caractère principal de cette époque est la prédominance du ré-
gime lacustre : les vallées étaient creusées; mais, barrées comme elles
l'étaient par des soulèvements du sol, elles retenaient des eaux sau-
roûtres et sans issue. Dans les périhélies, la surface liquide devenait
une boue où pullulait la faune marécageuse. Cette époque fut
donc surtout celle des Pachydermes; jamais aucune autre ne leur
fut plus favorable. C'est aussi l'essor de la vie végétale; jamais plus
riche flore ne s'est épanouie devant un Soleil plus vif et plus
concentré. Cet astre a pu conséquemment photographier son image,
surtout dans la fleur épanouie des dicotylédonées polypétales. La flore
polaire miocène de Disko nous apprend que I9 Soleil contemporain
transportait encore ses radiations sur le pôle, et que, de son côté, la
388 BL.V.NDET. — CHRONOLOGIE DES EXCKNTUICITÉS. 18 mars
mer apportait les germes végétaux dans ces régions aujourd'hui si
déshéritées.
Cette épof|ue n'a eu qu*une vuloanicilé modérée et qui s'est passée
en éruptions de toutes sortes: geysériennos, sollalariennes, arénacées,
sidérolithiques, sulfureuses, minérales, etc., qui ont tant moditié la
composition de la surface.
Avant cette longue période de repos, la série avait été plus accen-
tuée; elle s'était terminée, comme elle avait débuté, par de violentes
excentricités, telles que 0,0o7o; 0,0747 ; 0,0ol7, dont la moyenne est
0,0G13. Cette série correspond à TÉocèiie et se fait remarquer de suite
par le retour des granuliles et des porpliyroïdes, revenues des profon-
deurs du globe pour attester la force d'attraction qui les ramenait
à la surface en perforant l'écorcc solide et épaiiisicqui les contenait.
Cette éruption jure avec l'épanchement primordial des granités, ((ui
sont sortis sans eifort ; et l'issue en gerbe ou en éventail des proto-
gines à travers une boutonnière opérée dans le masMt alpin s'expli-
querait mieux à l'époque éoctne, avec les granulites et les violentes
projections porphyroïdes.
La vulcanicité a eu son eH'ort maximum à la date de 0,0747; tous
les axes montagneux ont vibré devant un tel rapjirochement solaire de
5 000 000 de lieues en périhélie. La Terre, en reproduisant sur une
petite échelle les périhélies de Vénus et de Mercure, s'est hérissée de
hautes montagnes, comme en ont ces planètes; sa surface, jusqu'alors
plane, comme en témoigne assez l'universalité des mers anciennes,
s'est diversiliée; tous les reliefs ont été ébauchés; les failles principales
se sont produites, formant dès l'origine i\cs rejets considérables, que
n'avait pas encore nivelés la dénudalion atmosphéiique^ de sorte que
récorce de la terre pouvait assez ressembler à celle d'une châtaigne.
Cette période orogéni(|ue fut aussi celle du creusement des vallées
principales, qui toutes ont été ébauchées par elle.
Parallèlement à l'agitation de la marée intérieure, de hautes récur-
rences marines se sont produites: la nier nummulitique en 0,0747; la
mer bartonienne en 0,0o7r>; mers agitées, mais, en raison du travail
thermi(iue, plus chaudes ([ue les nôtres. Le cliniat, doux et uniforme
malgré les aphélies, n'a pas permis aux glaciers de se former, en rai-
son des conditions solaires spéciales aujourdhui à récjuateur seule-
ment, mais universelles a cette éjioque où le Soleil en périhélie était
rapproché de plus d'un million de lieues de notre planète : or un lu-
minaire de deux millions et demi de lieues de diamètre, par sa puis-
sance aclinoniétrique, assimilait toute la surface de la Terre aux ré-
gions écjualoi iales actuelles, où jamais les glaciers n'ont pu prendre
pied et ont dégénéré en diluvium, on phénomènes de transport et
1878. PAPIER. — (ilSEMENT DE l'HIPP. HIPPONENSIS. 389
de charriage, aux pieds des Alpes comme aux pieds des Pyrénées.
L'excentricité 0,0151 clôt la série par une période de calme qui me
parait correspondre au climat et au régime crétacés. Ainsi linit le mil-
lion d'années dont j'ai essayé d'esquisser le synchronisme terrestre.
La division de ce million d'années dans les trois grou{)es glaciaire,
geysérien et orogénique, justifie pleinement la trilogie ancienne du
Pliocène, du Miocène et de rÉocène, qui s'accuse à première vue au
Ciel comme sur la Terre.
J'ai rempli de faits le cadre des astronomes; ces faits concordent-ils
avec la théorie ? Astrologue du passé, ai-je prévu juste dans cet alma-
nach rétrospectif? La perturbation excentricitaire, aujourd'hui de
0,0107, a-t-elle agi dans les excentricités antérieures: 0,0131 ; 0,0473;
0,0332; 0,0oG7 ; O.OiriS ; 0,04ii, etc.? Cette perturbation a-t-elle été
triple de la nôtre en 0,0o67, et (juintuple en 0,0747 ? Y a-t-il eu 3 ou 5
fois plus d'excès de chaleur, de lumière et de vulcanicité à ces épo-
ques qu'à la nôtre? J'ose l'affirmer; car la théorie ne peut être con-
testée. Si elle était atta({uée par les faits, j'en appellerais -^ plus ample
connaissance des faits.
Séance du i^^ avril 1878.
PRÉSIDENCE DE M. ALD. GAUDRY.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
Le Président annonce la mort de M. Barotte et se fait l'interprète
des regrets que cette mort cause u la Société.
il annonce ensuite quatre présentations.
Le Secrétaire donne lecture de la note suivante :
Sur le gisement p>v'C26* de rilippopotnniua Ilipponenals,
par M. I^aplor.
La découverte de dents d*////)/jaWo>i dans les terrains à Ilelix et Unio
des environs de Constantine a fait revivre pour quelques instants notre
Ilippopotamus Ilipponcnsis, en fournissant à M. Pomcl l'occasion de
rectifier une assertion résultant d'une siniple confusion de nom. Je
3ft) PAPIRn. — GISEMENT DE l'hIPP. HIPPONENSIS. 1" avril
crois devoir saisir aussi cette heureuse circonstance pour revenir sur la
lettre qui accompagnait Tenvoi des dents de cet Hippopotame à M. Sau-
vage, et sur celle que j*ai eu l'honneur d'adresser peu de temps après
à H. A. Gaudry, qui avait bien voulu se charger de la détermination de
ces fossiles.
Dans chacune d'elles, je crois avoir été suflisamment précis en disant
qu'ils avaient été découverts à Duvivier, sur la rive gauche de la Sey-
bouse, à S 8 kilomètres au sud-est de Bone, à plus de 85 kilomètres de
la mer suivant les nombreux lacets de la rivière, et dans un lit de cail-
loux roulés et agglomérés appartenant selon toute probabilité à l'étage
pliocène. Aussi ai-je été assez surpris, en apprenant que le savant Pro-
fesseur du Muséum les avait désignés comme ayant été exhumés à
Bone, et qu'il avait donné à l'espèce qu'ils caractérisaient le nom
A*Hippopotamus Hippo^iensis, pour rappeler, non-seulement que
c'était à l'Académie d'Hippone qu'on devait de la connaître, mais aussi
qu'elle avait été découverte non loin des ruines de Vancienne Ilippone.
Pour éviter que cette dernière considération ne donne lieu à plus de
méprises et de confusion, j'estime donc qu'il serait prudent de rem-
placer le nom de Bone par celui de Duvivier partout où le premier
est indiqué dans la notice de M. Gaudry comme lieu de provenance.
J'ai moi-même pris déjà la liberté de remplacer l'un par l'autre
dans le Bulletin de V Académie d*IIippone (année 1877), bien convaincu
que mon savant collègue ne m'en voudrait point d'avoir pris sur moi
(le faire cette rectification sans le consulter préalablement.
Enfin, pour préciser encore davantage mes indications antérieures,
j'ajouterai ici que le puits au fond duquel les dents fossiles de notre
Hippopotame ont été rencontrées, à 8 mètres de profondeur, n'était
qu'à 60 mètres de distance de la Seybouse et à 40 mètres au plus de
la gare du chemin de fer de Bone à Guelma, c'est-à-dire au niveau
de la rivière et à 94 mètres au-dessus de la mer. II était creusé tout
entier dans un poudingue de calcaire gréseux, où j'espère récolter
prochainement des coquilles fossiles identiques avec celles qu'on ren-
contre en si grande quantité dans la formation subapeunine qui touche
à Constantine et s'étend sur beaucoup d'autres points de la province,
notamment à Millésimo, près de Guelma.
Sur les bords de l'Uued-el-Maïze, qui longe ce village à l'ouest et
débouche dans la Seybouse à 500 mètres plus loin, j'ai recueilli en
effet, en 1865, en compagnie de l'instituteur communal, feu M. Du-
cauge, des Hélix subsenilis. Crosse, et des Bulimus Bavouxi, Coq.,
empâtés dans des calcaires marneux blancs, identiques avec ceux qui
servent de base à l'ancien télégraphe aérien d'Aïii-el-Hadj-Baba. Et,
particularité bonne à signaler, c'est dans un bloc de calcaire de même
i878. DAL'BRÉK. — INCHUSTATIOiNS ZÉOLITIIIQUES. 391
nature et qui provenait d'une petite ruine romaine situc'e au pied de
la Mahouna, sur les bords de l'Oued-Zemba, à 3 ou 4 kilomètres du
gîte précédent, que, vers 1838, un colon de Millésirao, M. Savineau,
trouvait plusieurs fragments d'ivoire, de 0*"1S à 0'"20 de lo.ig, disper-
sés depuis malheureusement, mais à la reclicrche desquels je ne me
suis pas moins déjà lancé, dans Tespoir de les retrouver et d'aug-
menter ainsi la liste des Mammifères fossiles observés jusqu'ici dans
la grande formation subapennine de la province de Constant! ne.
M. Alb. Oaudry fait observer qu'il s'est borné à étudier scientiûquc-
ment les pièces envoyées par M. Papier, sans prétendre préciser leur gisement.
M. Dnubrée fait hommage à la Société d'un travail qu'il vient
de |)ublier dans le Journal de la Société géologique de Londres (1),
sur les traita de ressemblance entre les incrustations
zéolithiques ei siliceuses formées par les sources tlier-
maies à Vépoque actuelle « et celles qiCon observe dans les
rocbes amy^çdlaloTdes e^ autres rocbes volcaniques
décomposées.
D'après des faits observés dans les bassins de sources thermales de
quatre localités où des fouilles ont été exécutées, on reconnaît que,
sous l'action des eaux minérales, des zéolithes cristallisées, notamment
la Chabasie, la Christianite, la Mésotype, se sont produites dans les
boursouflures des bri(|ues. Ces silicates y sont accompagnés de diverses
substances, parmi lesquelles se trouvent l'opale (variété hyalite) et le
quartz calcédoine en petits sphérolitlies fibreux et rayonnes, agissant
fortement sur la lumière polarisée.
En examinant au microscope la pâte de ces ménies briques coupées
en tranches minces, on a reconnu que les mêmes substances se sont
formées jusque dans ses 'moindres pores.
Il est impossible de ne pas être frappé de la ressemblance que pré-
sentent dans ce gisement contemporain les zéolithes et leurs minéraux
connexes, avec la manière d'être de tout cet ensemlde de minéraux,
telle qu'on la constate dans les roches amygdaloïdes basiques, aussi
bien de répo({ue tertiaire <iuo des éj)0(|ues anciennes. La constitution
intime de la pûle, non moins ({ue les géodes visibles à l'œil nu, mani-
feste une ressemblance complète.
De cette similitude résulte une véritable démonstration expérimen-
tale de la formation ile.^ mêmes minéraux dans toutes les roches
amygdaloïdes.
1) Qnfirl. J. Gol. .SV., t. XXXIV. p. l.i. \H1H,
39â sÉANGE. 15a\nl
Il est remarquable de voir que la silice s'est déposée à 1 état anhydre,
c'est-à-dire comme quartz calcédoine^ à une température inférieure à
70 degrés. C'est un résultat bien différent de celui auquel on arrive
dans les conditions ordinaires des laboratoires.
H. «fannettaas fait connaître la composition cliimiqiue
de matières envoyées de la Ouyane rrançnise à l'Exposition
permanente des Colonies comme arf^ileis ou comme minerai»
de Ter.
Les unes, compactes, sont des variétés d'hydrargilile, contenant 7 à
8 0/0 d'oxyde de fer. Les autres sont des variétés pisolithîques de per-
oxyde de fer et de limonite, renfermant de 15 à 20 0/0 d'alumine.
L'ensemble rappelle la roche appelée Bauxite, qui est, comme on sait,
un des meilleurs minerais d'aluminium.
M. Stanislas Meunier avait déjà indirjué, il y a plusieurs années, la
présence d'une variété pisolithiquc de Bauxite; il ncn a pas donné
d'analyse; mais, d'après la couleur brune de cette substance, on peut
présumer qu'elle doit être assez riche on oxyde de fer. Celles de l'Expo-
sition des Colonies françaises proviennent de la Crique Boulanger.
Elles figureront à l'Exposition universelle.
Le Secrétaire analyse deux notes de M. Tard y sur les périodes
quaternaire, pliocène et miocène (1).
Séance du 15 avril 1878.
PRÉSIDEN'CE DE M. ALB. GAUDRY.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
Le Président annonce la mort de M.Belgrand et rappelle en quelques
mots les importants travaux de notre savant et regretté collègue.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membres de la Société :
MM. EvANS (John), F.R.S., F.G.S., à Nash Mills, Ilemel Ilempstead
(Hertfordshire) (Grande-Bretagne) , présenté par MM. A. Gaudry et
Prestwich ;
Galton (Douglab), F.R.S., F.G.S., Chestcr Street, li, Grosvenor
(1) V. infrà, j». 101 e! 110.
1878. SKANCK. 393
Place, à Londres (S.W.) (Grande-Bretagne), présenté par les mê-
mes;
Hughes (Th.M«K.), Professeur Woodwardien de Géologie au Collège
de la Trinité, à Cambridge (Grande-Bretagne), présenté par les
mêmes ;
Janvrin (James), rue de Valois, 35, à Paris, présenté par MM. Cot-
teau et Berlhelot.
M. P. Fischer dépose sur le bureau un exemplaire de la I^a-
léontologio des terrains tertiaires de Vile de Rliodes (1).
Dans cet ouvrage il a étudié, avec l'aide de MM. G. Colteau, Man-
zoni et Tournouér, les Rayonnes, les Échinodermes, les Bryozoaires
et les Mollusques. La proportion des formes éteintes ou émigrées que
l'on trouve dans les strates fossilifères de Rhodes classe ces dépôts
dans le Pliocène supérieur, sur l'horizon de Monte Pellegrino, Fica-
razzi, Cos, Chypre, etc., et bien au-dessus des marnes subapennines.
Les fossiles lacustres ont été recueillis dans des couches plus anciennes
que les fossiles marins ; ils annoncent des changements remarquables
dans la configuration de la région, car on y voit des Unio, genre qui
n'existe plus aujourd'hui à Rhodes et qui indique une communication
avec le continent durant la période pliocène.
f
M. Munier-CIialiiias appelle l'attention de la Société sur le
Cidaris Forctiiiainiiieri, Desor. Depuis Desor on a cité cet
Ëchinide comme se trouvant à la fois dans le Calcaire pisolithique et
dans la Craie supérieure du Danemarck ; en réalité fespèce du Cal-
caire pisolithique est très-diiïcrente de celle du Danemarck : elle doit
être réunie au C, Tombecki, Desor, (|ui a été établi sur un jeune indi-
vidu trouvé à Meudon. Le véritable C. Forchhammeri doit être consi-
déré comme spécial jusqu'à présent au terrain crétacé supérieur du
Nord de l'Europe.
M. Alb. Giauciry présente, au nom de M. IVouel, des photogra-
phies de l>ois ^'JÊIan de forme particulière, trouvés da>is la forêt
d'OrUans (commune de Chanteau).
M. de Lacvivier fait la communication suivante :
(1) Môm. Soc. (jr'ol. Fr., .T série, t. I, niém. ii" 2. Cet ouvrage est en vente au
prix (Je 5 fr. pour les meiiibres iJe la Sociôtô, et au prix de 12 fr. pour le public.
é
39i DE LAGVIVIER. ^ TURONIEN DE L*AR1ÈGE. 15 avril
Note sur le terrain turonien du départetnent de ri%.riège,
par M. de I^acviviei*.
La région la plus intéressante pour Tétude du terrain turonien de
l'Ariège est celle qui s'étend de Montségur à Bénaïx, vers la limite
orientale du département (fig. 1).
Le Jurassique, A, se développe depuis la gorge de la Frau, où se
montre le Lias fossilifère, jusqu'au village de Montségur. Le vieux
château est situé sur un rocher très-escarpé, B, dont les bancs, forte-
ment redressés, renferment des fossiles néocoraiens. Au-dessous de
ces calcaires affleurent des marnes noires, liasiques, sur lesquelles ils
paraissent reposer en discordance.
Au-delà du ravin dans lequel coule un ruisseau, se dresse le coteau
de Serrelongue. Le versant sud présente une brèche néocomienne, à
gros éléments calcaires et schisteux, C. L'inclinaison de ces couches
est peu visible. L'autre versant est constitué par des marnes jaunâtres
fissiles, par des calcaires marneux de la même couleur, et par des
bancs de grès grossier, D, plongeant tous vers le sud. Ces dernières
assises appartiennent au Gault.
Au-delà du ruisseau se dresse le coteau de Morenci. La partie inférieure
est formée par des marnes jaunes fissiles, assez épaisses, avec des bancs
de calcaire marneux intercalés. Par dessus viennent des grès fins, jau-
nes, micacés, auxquels succèdent des grès rougeâtres et des grès gros-
siers à galets de quartz blanc, surmontés eux-mêmes par des grès fins
et par des grès à gros éléments. Ces couches, E, plongent légèrement
vers le nord; celles qui suivent sont renversées, avec plongement au
S.O. La crête est constituée par un escarpement de calcaires, F, d'un
blanc grisâtre, d'une épaisseur de 8 à 10i°. M. Mussy, qui a donné une
coupe de cette région (1), considère ces calcaires comme dévoniens, de
même que ceux qui supportent le château de Montségur. J'ai dit plus
haut que ceux-ci sont néocomiens. Quant à ceux de Morenci, ils ren-
ferment en assez grande quantité des Rudistes mal conservés, Sphéru-
lites ou Hippurites; ce sont les premiers bancs fossilifères du Turo-
nien.
En descendant vers Bénaïx on trouve des grès jaunes à empreintes
charbonneuses, avec calcaire marneux et marnes fissiles intercalés. G;
puis, une épaisseur considérable, 200"* environ, de marnes feuilletées,
jaunes et bleuâtres. H, qui se poursuivent jusqu'à la métairie de Gouret.
Ici commence un deuxième niveau fossilifère; il est constitué par des
(I) Carte gêol. H min. du dqt. deiÀrirge: 1870.
DB LACVIVIER. — TDDONIEN DE L AR1E6E.
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396 DE LACVIVIER. — TUROMEN DE l'aUIÈGK. 13 avril
calcaires grossiers, jaunâtres, I, pétris de Rudistes, principalement de
grosses Hippurites.
Un peu plus bas, il y a un petit tertre où se trouve un banc
A' Hippurites organisais. Avec ce fossile on recueille un grand nom-
bre de petites Caprines, plusieurs espèces d'Hippurites et le Spondfjlus
hippuritarum. Sur ce point les terres sont cultivées et il n'est pas fa-
cile de voir la succession des couches; mais en allant un peu plus à
l'ouest, vers Peyries, on traverse des champs couverts d'Hippurites, de
Plagioptychus, de Cyclolites, (ÏEpisons, de Phyllocœnia, de Synas-
trœa, iY Astrocœnia,
En descendant, on trouve un grand développement de marnes jau-
nâtres fissiles, J, avec plaquettes de calcaire cristallisé, renfermant
quelques bancs degrés et des bancs de calcaire. Ceux-ci sont remplis
de fossiles. Ce système se poursuit jusqu'au ruisseau et remonte au-
delà vers le tertre sur lequel est situé le village de Bénaïx.
Après les marnes viennent des grès en dalles, un banc peu épais de
calcaire avec petites Hippurites, et d'autres bancs, K, remplis d'Hippu-
rites de grande taille et surtout de Sphérulites, qui dominent ici. II
n'y a plus de Caprines, ni de Cyclolites, et les Polypiers cités plus
haut deviennent très-rares. Le tout se termine par des calcaires sans
fossiles, d'une épaisseur de l™oO à 2*", par des grès en dalles et par
des marnes jaunâtres, L.
Ces couches forment un escarpement assez élevé vers l'est. Une
faille met le Turonien en contact avec les argiles rouges et violacées,
M, du terrain que M. Leymerie considère comme représentant le Ga-
rumnien dans TAriège. Ces argiles et les calcaires qui les surmontent
plongent en sens inverse des couches précédentes et contournent le
Turonien, qui s'atténue rapidement vers l'est, du côté de Pages, où il
n'y a plus que des grès grossiers à galets, lesquels disparaissent bien-
tôt eux-mêmes.
Le deuxième niveau fossilitère, celui de Bénaïx, s'étend de l'ouest à
Test, sur une longueur de 1 500 à 2000 mètres, avec une épaisseur de
800'" environ.
Le Turonien de Bénai\ offre une certaine analogie avec ce que Ton
trouve dans la Provence. Les calcaires à Rudistes de Morenci pour-
raient bien représenter le niveau à RadiolUes oornupastoris ; les
grès, les calcaires marneux et les marnes qui les surmontent, occu-
pent la place des grès du Beausset à Micraster Matheroni, Il faudrait
peut-être rapporter à ce niveau les couches à nombreux Micraster et
à Ilolcuitcr des environs de Foix. Quant au deuxième niveau fossilifère
que l'on trouve à Bénaïx, il représente bien les calcaires a Hippurites
cormcvaccinurn.
i878.
DE LACVIVIER. — TURONIEN DE l'aRIÈGE.
397
Liste des fossiles trouvés à Bcnaix.
Spondylus hippuritarum, d'Orb.,
Synastrœa Covbarica, d'Orb.,
Pliyllocœnia compressa, M. Edw. et H.,
Hippurites corniivaccinum, Bronn,
— organisans. Des M.,
— (3 espèces nouvelles),
Sphœrulites mammillari^, Math.,
— ToHcasiana, d'Orb.,
Radioliles acuticostata, d'Orb.,
RadioUtcs (2 espèces nouvelles),
Bayleia n. sp.,
Plagioptychus paradoxus, Math., r,
— (2 espèces nouvelles),
— n. sp.,
Cyclolites giganteaj d'Orb.,
— Ligericnsis, M. Edw. et H.,
Episcris macrostoma. de Frora.
Le Turonien a été signalé non loin de là vers Test, à Fontestorbes.
On le trouve aussi vers le nord-ouest, à Pereille, à l'extrémité de
l'arête de terrains secondaires dirigée N. O.-S. E., qui s'étend de
ce point jusque dans le Saint-Gironnais. Ici, de même qu'à Bénaïx,
une faille met en contact les argiles rouges et violacées avec le Turo-
nien. Au bord du chemin, à droite, on voit affleurer des marnes
bleues, que surmontent des calcaires remplis d'Hippurites et un con-
glomérat gréseux à galets de quartz. Les couches sont très-redressées
et plongent 0. N. 0. On y trouve YHippuntes organisans et d'autres
Rudistes appartenant à des espèces nouvelles ou indéterminables.
Dans les grès qui s'étendent à la partie supérieure et descendent en-
suite vers Coume-Escure, j'ai recueilli une grosse Natice, des Poly-
piers et deux Oursins indéterminables.
Les assises turonicnnes n'ont pas une grande importance dans cette
localité (i) ; mais elles prennent un développement considérable vers
Ro(iuefixade, Leichert et Saint-Sirac, dans la vallée du Scios, où elles
ont été signalées pour la première fois par M. Garrigou (i). Toutefois,
leur étude est ici plus difficile, les terres cultivées ne permettant pas
de bien voir l'allure des couches.
La crête de Roquefixade est formée par les calcaires à Orbitoïdes.
A la base de l'escarpement on voit les marnes versicolores triasiques,
et dans les champs qui s'étendent au-dessous du village on trouve
plusieurs gisements de Rudistes dans des couches argileuses et gré-
seuses, que l'on peut suivre sur le territoire des conmiunes de Lei-
chert et de Saint-Sirac, jus([u'à Soula.
Dans sa note sur le terrain crétacé des Pyrénées (3), M. Hébert si-
gnale l'existence d'une faille qui, dans la commune de Leichert, met
en contact les couches triasiques et le Turonien. J'ai pu vériiier Texac-
(1) C'est à Pereille-d'en-Haut que l'on peut étudier le Turonien.
(2) Bull. Soc. géol..^'' sér., t. XXII, p. 508, et t. XXIII. p. '119; 1865-()().
(;j/ Bull., 2« sér., t. XXIV, p. 323; 1867.
é
400 DE LACVIVIRU. — TUItONIEN DK LAniKGK. 15 avril
bert (1), que ce système doit l'ormer un éloge à part, supérieur à celui
dont je m'occupe.
De même, je ne suis pas d'accord avec notre confrt;re pour ce qui
est des relations des couches ù Rudistes avec les couciics qui les pré-
cèdent. Ainsi que Ta montré M. Hébert, le Turonien est en contact
par t'aille avec le Trias à Roquelixade et à Leichert. A Saint-Sirac il
bute contre une brèche jurassique.
En suivant la crête du Pech vers Foix, il faut aller au-delà de cette
ville pour retrouver le Turonien. Le rocher sur lequel est bâti le châ-
teau est constitué par les calcaires à Requienia. Je ne crois pas devoir
admettre, avec M. Leymerie (3), qu*il appartienne à la craie turo-
nienne; il doit être considéré comme un témoin isolé d'une couche
extérieure enlevée, que Ton retrouverait à Leichert et à Sainl-Sirac.
C'est un témoin, en effet, qui reliait ce qui existe sur la rive gauche
de TArget, à ce que les érosions et les alluvions ont fait disparaître
entre Foix et Monlgaillard (3).
Dans la partie qui regarde Saint-Sauveur, on trouve des calcaires
pétris d'Orbitoïdes et renfermant aussi des baguettes de Cidaris,
Ces calcaires sont surmontés par un conglomérat h IWebrateîla
Delbosi, Héb., 2'erebratula tamarindî4s, Sow., Oursins, etc., visible au
pied du roc. Puis vient un système de marnes et de grès (|uc l'on peut
suivre au-delà de la rivière, sur le flanc de la montagne de Saint-Sau-
veur, jusqu'au rocher de Caralp. Un peu avant d'arriver dans cette
localité, au Baslié (4), les argiles et les grès à Orbiloïdes sont surmon-
tés par un système de marnes feuilletées, de calcaires et de conglomé-
rat gréseux à Rudistes, de calcaires noduleux à Micraster Ilebcrti,
Lacv., et à Holastcr Irigeri, Cott., qui représente le Turonien et
vient buter par faille contre le granité décomposé. J'ai recueilli sur ce
point YHippurites cornuvaccinum.
Il y a un petit lambeau de Turonien un peu plus loin, au rocher de
Caralp; mais de là à Saint-Girons on n*en trouve plus sur le versant
méridional de la crête.
Je ne connais pas de couches appartenant à cet étage sur le versant
nord. Cependant j'ai en ma possession une petite Hippurite provenant
d'une localité appelée Laplagne, située derrière Cadarcet; il est possi-
ble que le Turonien se trouve de ce cùlé.
(1) UuïL, 3t s6r., t. III. p. 595.
(2) Bull.. 2' sér., t. XX, p. 270; 1863.
(3j M. Ambayrac. professeur au collège de F'oi\, avait leinarquij un poinleraent
de calcaire à Rcquienies à Rieucourtès, avant rclai)Iissement «le la voie fenve de
Foix à Tarascon ; les travaux de déblaiement l'ont fait disparaître.
.1} Bull.. 3« scr., t. V. p. 038.
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litaM^ tcpo^r de Wursttr. SMuhggw fr<
1878. TARDV. — CLASSIFIC \TION DE l'kP. QUATKitNAIRE. 401
Ce terrain a été signalé ù Sainte-Croix et à Fabas, avec des Hippuri-
tes et autres fossiles de ce niveau, par MM. Garrigou, Leymerie, Ma-
gnan et Mussy. Ces auteurs l'indiquent aussi dans d*autres localités,
telles que Pradièrcs, Armeiliiac, Yernajoul, etc. ; mais ils décrivent
comme turoniennes des couches appartenant aux grès de Celles ou à
des étages inférieurs à celui dont je m'occupe.
J*arrélerai ici cette étude du Turonien, me réservant d*y revenir plus
tard et de donner des limites plus précises.
Essai sur /'fi^e des silex taillés de (Salnt-^clieul et sur la
clnasIflcAtloii de Vépoque Quaternnire»
par M. Xnrdy (I).
I/étude i\es alluvions de la Saône et la discussion des documents
historiques m*ont amené u conclure que tous les huit oj neuf siècles
il se produit une grande migration humaine, et que le G"-* siècle avant
notre ère, épo(|ue de l'introduction du Bronze sur notre sol, a été
aussi répO(iue des invasions gauloises en Europe.
La migration qui a précédé celle du 6' siècle a donc dû avoir lieu
au IV'; or, c*est la date indi(|uée par les alluvions de la Saône pour
i'arrixéc des peuples armés de haches polies, et c'est xiussi la date
admise par tous les anciens histoiiens pour l'arrivée i\Q^ peuples
pélasges, et pour celle de la conquête de la Palestine par les Juifs.
L'invasion antérieure a dû, d'après la loi, se produire au îi^ ou
23« siècle.
De la comparaison des données fournies par le cône de la Tinière
u M. Morlol, avec celles de la Saône et avec les résultats des études de
M. Debray sur les tourbières d'Ancre, on doit conclure qu'au début de
l'époque néolithique le climat se ressentait encore de l'époque qua-
ternaire, qui venait de se terminer par un grand cataclysme. En effet,
entre les silex taillés solutréens qu'on dit avoir été trouvés dans les
marnes bleues du lit de la Saône et les premières stations néolithiques,
il y a environ deux mètres de dépôts qui indiquent une lacune, un
hiatus, une absence complète de l'Homme au moment de leur forma-
tion. A la base de ces deux mètres se trouve un dépôt dont on peut
suivre la trace sur tous les plateaux.
Ce dépôt, très-peu épais, a été laissé par un courant assez violent
pour retourner tous les galets sur lesquels il a passé, et cependant
(1) Com'iiuniration faite à la sôan 'C «lu 1" a\ril 1K7H. V. sup., p. :iOi'.
26
402 TARDY. — CLASSIFICATION DE LKI». QUATEHNAIRE. l?î avril
assez boueux pour les empâter d'un limon rouge argileux. Par ses
allures, par sa nature, on peut soupçonner que c'est le produit d'une
grande pluie dont l'effet torrentiel a élé rapidement arrêté par une
grande inondation. C'est la traduction exacte du récit mosaïque du
déluge de Noé.
Ce cataclysme a évidemment précédé la civilisation néolithique et
succédé aux civilisations paléolithiques. Quant à sa durée, je n'en puis
rien dire; toutefois les allures et la faible épaisseur du dépôt aban-
donné semblent indiquer que ce phénomène n'a eu qu'une courte
durée. L'hiatus aurait donc été de peu d'étendue.
Les données climatériques fournies par la comparaison des alluvions
de la Saône, des tourbières de la Somme et des dépôts torrentiels du
cône de la Tinière indiquent pour le début de l'époque moderne un
régime très-pluvieux, qui aurait dû entraîner dans la vallée de la
Saône des alluvions bien plus considéraMes (]ue celles des époques
suivantes pour la même durée. M. de Quatrefages a objecté à M. Ar-
celin qu*à cette époque le sol avait dû être bien plus boùé; il aurait dû
dire : bien plus couvert de végtftation. En effet, d'après MM. de Ferry
et Arcelin, cette première assise est brune et même parfois noire; ce
qui indique la présence d'une grande quantité de détritus végétaux
intimement mêlés au limon. Cet excès de végétation a empêché l'excès
de limon.
Cette date du 22" siècle, assignée ainsi à l'arrivée des premiers
peuples néolithiques, correspond aussi exactement que possible aux
indications de l'Histoire, et [trouve l'exactitude du récit mosaï |ue et
de la chronologie généralement adoptée pour la Vulgate.
Pendant l'époque quaternaire, les rivières et les mers ont, dans
leurs retraits progressifs, laissé des terrasses sur leurs rives et rivages.
L'Homme a abandonné sur ces terrasses divers débris de ses civilisa-
lions successives, et de même (|u'à chacun des niveaux des alluvions
limoneuses post-quaternaires de la Saône on trouve des témoins de
civilisations différentes, on voit sur chaque terrasse une civilisation
nouvelle.
Ce rapprochement semble déjà indiquer que les terrasses succes-
sives doivent se suivre à huit siècles de distance environ. Depuis mes
études sur les environs de Ravenne. cela me semble encore plus pro-
bable, puisque durant la période contemporaine on peut relever dans
la vallée du Pô divers indices d'oscillations périodiques. Ces oscilla-
tions ont une amplitude très-faible; mais elles n'en existent pas moins.
Leur durée depuis le début de notre ère est de huit siècles : quatre
siècles d'exhaussement et quatre d'affaissement, à peu près, car la
durée niovenne déduite de l'ensemble des faits est de 830 ans. C^»s
i878. TARDY. — CLASSIFIC VTION DR LÉP. QUATERNAIRE. 403
oscillations ont donc à peu près la même période que rintervalie des
migrations. J'ai pu, par suite, les considérer comme concomitantes et
en parfaite relation, pour toute la durée de l'existence de l'Homme
quaternaire et moderne, avec les migrations humaines.
Il était aussi rationnel de penser que ces oscillations de nos conti-
nents ont été en rapport avec certaines moditications climatériques.
Ainsi, on a dit que les plateaux de l'Aubrac avaient été abandonnés
à la vaine pâture au xivc siècle de notre ère. Cette date correspond
très-exactement avec celle d'un des maxima d'exhaussement du sol
dans la vallée du Pô. Cet abandon des hauts plateaux de TAubrac, qui
étaient autrefois très-bien cultivés et, au dire de M. Broca, couverts
fie fermes, ne peut tenir qu'à une modification du climat.
Un autre fait, plus discutable, peut avoir la môme origine : c'est
l'abandon, vers la même époque, de la culture de la vigne en Nor-
mandie.
Si, au xive siècle, au moment d'un maximum dans l'exhaussement
(lu sol de la Flautc-Italie, il y a eu une niodification du climat, et que
ce changement ait été concomitant d'une des oscillations périodi-
ques, on doit retrouver à d'autres dates quel(|ues indices de ces varia-
tions climatériques périodiques. Ces dates de refroidissement ou
(l'échauflement de notre atmosphère seraient le vi® siècle de notre ère
et les 3*\ 11* et 19« siècles avant Jésus-Christ. Or, des savantes dis-
cussions qui eurent lieu en 1873 entre MM. Chabas et Fr. Lenormant,
il résulte que les Eléphants qui étaient abondants au 17« siècle en
Ninivie, dis|)arurent complètement de ce pays entre les 12* et 10«
siècles. Ces discussions viennent ainsi confirmer l'idée de la pério-
dicité des oscillations de 8 en 8 siècles (I).
Mais ces oscillations sont-elles générales cl ont-elles le même sens
dans une région assez étendue pour influencer le climat?
Je viens de faire le relevé des diverses observations datées que j*ai
pu rencontrer depuis quelijues années. A part un désaccord à l'épo-
que récente, qui me semble })lus apparent que réel, je ne trouve
qu'une observation isolée qui i^^oil en complet désaccord avec toutes
les autres. C'est une observation de M. Rigaux relative au retrait de
la mer du vii*^ au x" siècle dans les environs de Saint-Oiner (i). Toutes
(1) Quant à la nature de colle modification, il faudrait, pour l'estimor, avoir des
renseignements sur la reproduction des animaux \ivant en liberté, durant ces der-
nières années.
li?) D'après une publication plus récente de MM. Gosselet et l\. Ri;^auT, le désac-
cord, quoique subsistant encore, peut être diminué: mais les études entreprises par
M. de Mercey sur les crnupos de la So*n ne pourront bien rétablir un jour la concor-
dance.
40& TARDY. » CLASSIFICATION DE l'rP. QUATERNAIRE. 15 avril
les autres observations, en Bretagne et en Italie, concordent assez bien
pour les époques d'immersion, qui ont frappé Tesprit des habitants
et ont été notées pour cette raison. Quant aux époques d'émersion,
elles ont passé inaperçues sur la côte de Bretagne à cause des puis-
santes érosions de la mer qui ont produit partout des falaises ou des
plages à pentes rapides. Il n'a donc pu y avoir de grands changements
dans la forme du littoral aux époques de soulèvement.
La différence plus apparente que réelle qui existe dans les diverses
observations faites à notre époque, tient à ce que, d'après la loi d'os-
cillation périodique trouvée dans la vallée du Pô, nous venons de
passer par un point mort, c'est-à-dire que le sens de l'oscillation vient
de changer. Il en résulte que les observations du siècle dernier doivent
indiquer un affaissement et que les renseignements plus récents doi-
vent signaler un exhaussement. C'est en effet ce qui a lieu, et on pour-
rait même ajouter que ce mouvement est général pour tous les conti-
nents, pour i'Euro()e comme pour la Nouvelle-Zélande.
On peut, d'après cela, à mon avis, admettre que les oscillations ont
partout lieu comme en Italie, c'est-à-dire régulièrement avec une pé-
riodicité de huit siècles. Cette conclusion est du reste d'accord avec les
observations de la Géologie quaternaire, qui relève sur toutes les côtes
et dans toutes les vallées des hauteurs de terrasses à peu près identi-
ques, il est donc assez rationnel de croire que les oscillations quater-
naires se sont, comme les oscillations modernes, suivies à huit siècles
d'intervalle, au moins dans la période la plus rapprochée de l'époque
moderne. Cette conclusion me semble d'autant plus facile à accepter
que les terrasses modernes et les terrasses quaternaires se suivent sans
interruption, et que leurs hauteurs au-dessus des cours d'eau actuels
forment une progression géométrique.
Dans un pretnier aperçu sur ces terrasses, j'avais, d'après un grand
nombre d'observations, trouvé 1,7 pour raison de cette progression.
Depuis lors j'ai vu un grand nombre de mes confrères employer des
nombres ronds dont la progression a i pour raison. Je me range à ce
dernier chiffre et ma terrasse de là à 17 mètres deviendra la terrasse
de 10 mètres, tandis que celle de ii) à iU"" deviendra celle de 20"*
D'après M. Belgrand, les terrasses sont dues à des temps d'arrêt
dans le niveau des eaux qui s'est abaissé par brusques saccades. Mais
si cette explication rend très-bien compte de l'ensemble du phéno-
mène, elle ne suffit pas pour en expliquer quelques détails. Ainsi, par
exemple, dans chaque terrasse on trouve, reposant sur un sous-sol
ancien, une série d'assises sédimentaires bien stratifiées et bien nive-
lées parallèlement à la surface supérieure de la terrasse. Ces assises
font donc, à n'en pas douter, partie intégrante de la terrasse, et leur
1878. TAHDY. — CI.ASMFICAIION DE LKF. (iUATLHN VlHK. 405
superposition sur (|uel(]ues mètres dépaisseur (loinaiide nécessaire-
ment un mouvement d'alFaissement du sol qui les porte. Cet aflaisse-
ment constitue le temps d'arrêt de la lliéorie de M. Ikl^rand. Sou
amplitude est moindre (^uecejle du mouvement d'exhaussement; c'est
pour(|uoi rabaissement du niveau i\e^ eaux est ia solution iinale de
ces divers mouvements du sol. Cette superposition des assises par
suite d'un adaissement du sol n'empêche pas, ainsi que je Tai déjà dit,
les dépots de Ichm de se taire surtout à l'époque des hautes eaux
moyennes des rivières. C est là un t'ait d'observation résultant de Té-
tude de nos cours d'eaux actuels, et qui ne modilie en rien les preu-
ves des oscillations périodiques et successives.
De ce qui précède il résulte qu'une terrasse connnence à Tépoque
d'un maximum d'exhaussement, ))our continuer à se former pendant
toute la période d atraissement, et se terminer lorsqu'un nouvel
exhaussement commence.
D'après cela, l'à^^^e d'un objet trouvé dans une terrasse est donné
par répo(|ue de Texhaussement immédiatement antérieur, et par celle
de ralfaissement maximum (|ui suit. Ce sont là les deux limites entre
les(|uelles se place l'objet ou la date de sa perte au milieu des allu-
vions, de quelque nature (ju'elles soient.
Dans une coupe très-bien i'jite de M. Roujou^ on peut voir, ainsi
que je l'ai constaté pour plusieurs autres rivières, (]ue la terrasse de
l'époque néolithi(|ue ( i) est celle de o mètres au-dessus de l'étiage des
rivières actuelles. Celle sur hnfuelle est bâti un dolmen vient immé-
diatement après; c'est la terrasse de 2'"oO environ. La Saône, dira-t-
on, ne donne pas de telles indications; en effet* on y trouve les sta-
tions néolilhi({ues à i mètres au-dessus de l'étiage. Cela tient, d'abord,
à ce que le bassin de la Saône ne communique avec celui du Rhône
(|ue par un étroit poulet, (|ui le rend en (|ueh|ue sorte indépendant
des variations du fleuve; en second lieu, à ce que les diverses sta-
tions humaines indi((uées correspondent à des époques de guerres et
ne sont sans doute que des postes d'embuscade placés le long de la
rivière à une époque (|ui correspond justement au début de Texhaus-
sement du sol, à une période d'abaissement du lit.
On ne peut donc pas opposer les faits observés sur la Saône à ceux
que présentent les autres rivières, et on reconnaîtra (|ue la terrasse de
10 mètres, qui précède immédiatement celle de 5 mètres, est celle sur
laquelle se sont partout installés les hommes de l'épociue magdalé-
(1) J'appelle néolilliique cette civilisation de silex tailles et de poterie sans pierre
polie. i|ue rétu<]e des alluvions de la Saune force à hi^parcr de la pierre polie
(Y. Bull., :]• sér.. I. VI, p. 118 ; séance du 3 décembre 187'7).
406 TAnDY. — CLASSIFICATION DK LKP. QUATEUNAIIIK. 15 avril
iiienne. Au-dessus vient la terrasse de 20 mètres, qui renferme encore
(les (K^bris abondants de l'industrie humaine. Plus haut, enfin, se
trouve la terrasse de 40 mètres t|ui, contient à Saint-Acheul des ha-
ches parfaitement taillées.
Puisque ces terrasses sont des parties d'une progression renfermant
les terrasses actuelles, on peut admettre qu* elle; ont été soumises aux
mêmes lois d'une façon ininterrompue, et que, par conséquent, leur âge
est calculable approximativement en partant des données fournies
plus haut. De cette façon, Tûgo de la terrasse de 10"^ sera compris
entre les 23« et 27» siècles, celui de la terrasse de 20«» entre les
31" et 35% celui de la terrasse de 40'" entre les 39° et 43^ Les
silex taillés de Saint-Acheul trouvés dans la moitié supérieure de cette
dernière terrasse sont donc de la seconde moitié de la période corres-
pondante de quatre siècles, c'est-à-dire de moins de quaranle-et-un
siècles avant Jésus-Clirist.
Il reste à démontrer que ces silex taillés sont bien la trace la plus
ancienne laissée par Tllomme sur notre sol, et j'aurai prouvé la véra-
cité scientifique du texte de la Vulgate, en même temps que j'aurai
donné la classitication de la période quaternaire.
Au-dessus de la terrasse de 40 mètres se trouve celle tleSO, au sein
de laquelle on n'a rencontré jus(|u à ce jour aucun vei>tigc de l'exis-
tence de l'Homme, quoifju'à cette épO(}ue il } ait eu de grands ani-
maux sur notre sol. En effet c'est à ce niveau qu'il faut placer la faune
de Montreuil près de Paris, tandis que c'est au niveau de la terrasse de
40" qu'il convient, je crois, de rapporter la faune de Saint-Germain -
au-Mont-d'Or près de Lyon. Ces deux faunes sont un peu dinérenles,
mais leurs différences ne sont pas assez tranchées pour qu'on ait été
conduit de prime abord à les séparer profondément lune de l'autre.
La meilleure preuve en est dans l'opiiiion de celui de nos confrères
(|ui aie mieux étudié l'ensemble du Bassin de Paris. Il aurait volon-
tiers placé à un seul et même niveau Saint-Acheul et Montreuil, parce
que, sans doute, la base de la terrasse do 80'" se trouve à Montreuil
former le sous-sol ancien de la terrasse de 40'", ainsi (jue je l'ai ob-
servé autrefois. A cette époque, en 1869, on pouvait assez facilement,
en comparant la grande sablière de Montreuil avec les sables exploités
plus bas dans la plaine vers la route de Yincennes, reconnaître (|ue
ces deux formations n'étaient pas contemporaines.
Au-dessus de la terrasse de 80'" on trouve celle de KîO ; celle-ci,
comme la précédente, renferme encore une faune un peu différente de
celles des époques suivantes dans le temps. Je crois cependant (jue ces
différences ne sont pas assez tranchées pour expli<|uer ù elles seules
l'absence de l'Homme dans les terrasses plus élevées r|ue celle de 'lO'".
1878. TAUDV. — CLASSIFICATION DK L*ÉP. QUATER.NAIRË. 407
Cette absence doil d'aulant plus étonner que c'est justement dans ces
hautes terrasses qu'on retrouve les espèces considérées comme plus
méridionales. Au contraire, au moment où parait THomme de Saint-
Acheul, le Mammouth est le seul des grands Éléphants qui ait sur-
vécu. L'Homme serait donc, pourrait-on croire, arrivé à une époque
rooins clémente et ferait ainsi exception aux lois paléontologiques;
il obéirait k d'autres lois, qui le différencient essentiellement de 1 ani-
mal, dont il a pourtant les formes.
Je crois que la faune de la terrasse 4le 160" doit être en partie celle
de la brèche du fond de la grotte Saint-Jean à Santenay ; cependant je
dois faire à ce sujet des réserves, car je ne connais pas assez bien l'al-
titude de ce point pour en bien juger. Cette terrasse est aussi celle à
la(|uelle appartient le ielim supérieur de la Bresse, celui qui ne ren-
ferme (lue des Succinea et pas Allclix,
Parmi les réserves à faire relativement à la grotte Saint-Jean, il en
est une motivée sur ce fait que la brèche de la Pointe du Bois appar-
tient à la terrasse de 320"^. Or la distance entre ces deux localités est
très-faible, ainsi que leur dliférence de niveau. Il convient donc de
chercher ailleurs un type de la faune de 160 mètres.
Au-dessus de la terrasse île 320'" se trouve celle de 600, à laquelle
appartient une brèche exploitée par M. Faisan à 51K)"^ d'altitude envi-
ron et dans laquelle il a reconnu la présence de ÏElephas meridiona-
lis. Cet ainm^l rattacherait ainsi la période des terrasses du Quater-
naire à celle des alluvions anciennes du Pliocène.
Entre ces deux époques, des terrasses et des alluvions anciennes à
E.mendionalis, doit-on placer, comme Ta dit M. de Rosemont, la pé-
riode des glaciers (|ualernaircs, ou doit-on intercaler ces grands gla-
ciers entre les diverses terrasses? Pour répondre a cette question, il
faut, je crois, étudier la coupe (|ue notre confrère a donnée dans le
Bulletin (1).
Tout d'abord, on peut remaniuer que M. de Rosemont ne parle que
des terrasses de 80" et au-.lessous. La terrasse de 80'" autour de Ge-
nève doit se trouver vers l'altitude moyenne de 450'", si elle existe. Or
il n'y a pas de plaines plates à ce niveau autour du lac de Genève,
mais une vaste plaine Irès-ondalée, couverte d'alluvions, qui se main-
tient vers ce niveau moyen. 0;i peut donc, en toute raison, admettre
l'existence de cette terrasse autour du lac. Il en résulte que, si les gla-
ciers doivent être intercalés entre les terrasses, le front du glacier du
Rhône se trouvait dès celle épj|ue dans la vallée du Valais. Il se
pourrait alors fort bien c|ue dans la vallée de l'Isère les glaciers se fus-
1) Bull., :/ s if., f. IJI. p. !«;>; \'3 avril 187r».
408 TARDY. — CLASSIFICVnON DE l/ÊP. QUATERNAIRE. IS avril
sent à cette môme ëpoque retirés en amont de Bellenlre. L'étude de la
vallée de la Tarentaise ne pourrait pas alors aider à trancher la ques-
tion.
En Bresse te<^ terrasses sont postérieures aux glaciers de la grande
extension, puisque, ainsi que je Taî indiqué en juin 1877 (1), on re-
trouve trois lehms superposés (3) reposant sur les dépôts glaciaires
de la Dombes, à Vancia par exemple. Mais ces dépôts de lehm sont
originaires de la vallée de la Saône et cessent vers Lyon, un peu à
Test de Miribel. A partir de Montluel on ne trouve plus que des
argiles sans aucune coquille, ni Siiccinéc ni autre; rien n'indique la
séparation des divers dépôts, en sorte qu'il est impossible de dire si
les argiles qui recouvrent les dépôts glaciaires de Loyes, de Cliazey
ou de Lagnieu, sont de tel ou tel niveau. On ne peut donc ici résou-
dre le problème posé par M. de Rosemont.
En Italie, on trouve en face de la vallée de Suze, sur la colline de
Turin, le lehm de la terrasse de GOO"* vers TEremo. Ce lelim l'ait dé-
faut sur la moraine de Rivoli, au débouché de la vallée de Suze.
On doit aussi remarquer (|uest tous ces lehms étaient postérieurs
aux petites moraines d*Avigliana, ceux qui leur sont supérieurs en
altitude auraient dû suffîr, vu leur grande puissance à Cavaretto et à
Rivoli, pour combler les lacs d'Aviglianaet pour tout niveler sous un
manteau uniforme. Pour ces diverses raisons, je crois devoir rester
dans l'opinion que j'ai déjà exprimée dans le Bulletin en 1872, en
donnant un premier aperçu sur l'époque quaternaire d'après mes
observations aux environs de Turin (3).
Un autre motif, tirédeslois paléontologiques, me semble encore mi-
liter en faveur de l'intercalation des terrasses entre les diverses phases
glaciaires de l'époque quaternaire. En effet on rencontre les ossements
de VElcphas meridiotialis dans les alluvions anciennes, qui sont cer-
tainement antérieures ù la plus grande extension des glaciers quater-
naires; ensuite on les retrouve dans diverses terrasses successives ((ua-
ternaires. Il y aurait donc eu, en quelque sorte, en admettant que les
glaciei*s et les terrasses soient deux époques successives, une récur •
reuce de \E, meridtonalis, à moins, cependant, ((ue les ossements
trouvés dans les assises quaternaires ne soient des débris remaniés et
enlevés aux alluvions anciennes. Ce pourrait être te cas des gisements
tels que celui de Montreuil, ù cause de son altitude par rapport à celle
de la Seine; mais ce ne peut pas être le cas de gisements du genre de
(1) Bull., 3* .^6r., t. V, p. 712 et s.
(2j Le troisième, la terre rouge des tranchées de M.irgnolas, doit Olre autre cln»sc
qu'uQ lehm.
a; DulL, 2" sér.. t. XXIX, p. 5r»0 et b.
1878. TAUDY. — CLASSIFICATION DE LÉP. QUATËRNAIIIE. 409
celui qui m'a été indiqué par M. Faisan. Ici plus de doule possible,
YE, niendionalis est bien du début de l'époque quaternaii'e.
11 me semble donc suffisamment démontré (|ue, si nous n'avons pas
une preuve absolue de Tintercalalion des glaciers entre chaque ter-
rasse, l'hypothèse de la succession de ces deux régimes est inadmissi-
ble en maintes circonstances, tandis que le système de l'intercalation
satisfait à tous les faits connus. Il est vrai que l'intercalation d'une
terrasse entre chaque groupe de moraines oblige à modifier sur un
grand nombre de points les idées admises. Ainsi, pour en citer un
exemple qui rend homn)age à la science et à la perspicacité d'un de
nos plus regrettés confrères, il faut admettre, avec Éd Lartet, que
l'époque quaternaire glaciaire avait un climat doux et très-égal, pro-
pre à la vie des grands Mammifères.
En eflet, que devait être un climat dont les fleuves pouvaient à un
moment donné avoir des crues de près de 300'^ de haut? C'est le cas
de la terrasse de 600"^ dans la région de la Saône; car à cette époque
le plateau de la Bresse, dont l'altitude ne dépasse guère SOO'" au-
dessus de la mer actuelle, existait déjà ; il y avait ainsi 300'" de hau-
teur d'eaux limoneuses sur la Bresse, c'est-à-dire d'eaux de pluie
ayant lavé les plateaux (1).
Hais, dira-t-on probablement, si les eaux ont atteint le niveau de
(K)0(n, comme rindi(]uent les dépôts de lehm situés à cette haute alti-
tude, les eaux se sont maintenues a ce niveau jusqu'à leur brusque
abaissement au niveau de la terrasse suivante de 320°^ Cette manière
de concevoir les choses ne s'accorJe pas avec les faits que j'ai observés,
et ici encore je ne puis partager l'opinion de M. Belgrand. En effet,
nous avons vu que l'intercalation des terrasses et des groupes de mo-
raines est la solution la plus satisfaisante. Or le groupe de moraines
qui doit s'intercaler entre la terrasse de 600"» et celle de 320" est con-
stitué en Italie par les moraines de Rivoli, et en Bresse entre la
terrasse de 3i0"' et celle de 160*" existe le groupe formé par les mo-
raines de Loyes, de Chazey et de Lagnieu, et par une autre plus ea
amont (2). Ces deux dernières reposent sur une alluvion qui n'est
qu'à 20"* au plus au-dessus du fleuve actuel. Il résulte de cette si-
tuation que l'érosion de tous les dépôts antérieurs de la vallée du
Rhône s'est produite entre la terrasse de 320"* et celle de 160"", c'est-
à-dire entre l'époque de la moraine de Loyes et celle des moraines
de Chazey et de Lagnieu.
Pour ((ue cette puissante érosion ait pu se faire, il faut, de toute-
(1) Voir iufrà la note du tableau liiial de {'Essai suivant.
2) V. la note (Ij ci-dessus.
410 TARDY. — CLASSIFICATION DE L*ÉP. QUATËIt.NAIRC. 15 avril
nécessité, que la mer se soil abaissée presque au niveau actuel ; en
sorte que le niveau des eaux a passé successivement du niveau de 310""
à celui de 20*^ au-dessus du niveau actueU pour revenir ensuite à
celui de 160'". Ce régime, qui paraît si extraordinaire au premier abord,
est cependant le seul qui puisse expliquer la succession des dépôts er-
ratiques de la Bresse. En effet, sur la moraine proprement dite, celle
dont Taspect est à peu près identi(|uc avec celui des moraines ac-
tuelles, on trouve ce que j'ai appelé une moraine de chute, tombée de
glaciers flottants. Ce dépôt, assez diflicile à e\plit|uer sans Tinterca-
lation des terrasses, trouve une explication facile dans cette théorie :
c'est le produit de la fusion du glacier lorsque celui-ci a été soulevé
par le niveau croissant des eaux.
L'époque quaternaire a donc été une époi^uede grandes oscilla-
tions tendant vers un minimum dont on peut ù peine, à notre époque,
deviner Tamplitude. Mais cela n'indi(]ue pas quel fut le ivgime clinia-
térique ou météorologi(}ue de celle épofjue. Le défaut de fossiles avant
la terrasse de 160", leur absence complète dans tous les lehms argi-
leux de la vallée du Rhône, empêchent d'étudier le ré^^ime d'une ter-
rasse en particulier en dehors de la région parcourue par les eaux de
la Saône. Mais dans la zone soumise k l'influence de celte rivière, on
trouve, même dans des limons très-gras ressemblant beaucoup à ceux
du Rhône, des fossiles qui permettent de suivre une terrasse et les dé-
pôts de son époque.
C'est ainsi que sur les deux versanls du promontoire bressan qui se
termine au sud à Lyon, notamment à La Pape, on voit dans les lehms
du niveau de 80'" des Hélix déterminés par M. Tournouér, dont
j'ai déjà donné les noms, en attendant une monographie des coquilles
quaternaires des environs de Lyon. Ces Hélix, qu'on ne rencontre
jamais dans le lehm à Succinées de 160'", commencent à se montrer
à 110'" environ au-dessus du fleuve, puis deviennent très-abondants
au niveau de la terrasse de 80"; au-dessous on les retrouve encore,
mais généralement brisés ou roulés, ce <[ui montre qu'ils ont été
remaniés et que leur âge ne dépasse pas les limites de la terrasse de *
80"^.
A l'époque de ces Ildix, ainsi que cela ressort de ce (jue j'ai dit
précétiemmenl, la terrasse se formait \ers 80" au-dessus du fleuve
actuel, dont le niveau indique à très -peu près celui du lit ancien à
l'époque de cette terrasse. Il y avait donc à celte épo(|uc environ 80"'
d'eau vers Lyon dans le lit du Rhône lors des hautes eaux moyennes.
En effet, ainsi que je l'ai déjà dit au sujet des terrasses de lia 17'" et de
iOà 29'", c'est le moment où, dans nos cours d'eaux actuels, se forment
les terrasses. Mais, outre ces niveaux déjà élevés de Î5()", il y avait des
1878. TAnDY. — CLASSIFICATION DE LKl». QUATËRNAIHE. 411
crues extraordinaires <ie liO", dont ont été victimes les Hélix enva-
ses à La Pape. Ces chiffres doivent de prime abord paraître bien extra-
ordinaires ; mais <]uand on les compare au ré^nme actuel de nos neuves,
on trouve une singulière harmonie entre ces données d'ûges si divers.
Ainsi, il existe le même rapport entre les hautes crues annuelles de la
Saône et ses crues extraordinaires, <|u*entre les deux niveaux de 80 et
de 110"*. Cette harmonie me semble prouver, à elle seule, (|ue les faits
sont bien interprétés et ({ue notre épo(|ue est bien la suite du régime
quaternaire. Il me paraît donc que je ne me suis pas trop avancé eu
concluant que la durée des oscillations a du être à peu près la même
pendant toute la période qui s'est écoulée entre Tllomme de Saint-
Acheul et nous, puisque, durant l'époque où l'on peut à peu près saisir
les mouvements oscillatoires du sol, ceux-ci semblent éprouver un
ralentissement.
Il semble aus>i (|ue, pour obtenir la climatologie d'une des phases
de répoque (|uaternaire, par exemple pour obtenir le débit du fleuve
et la quantité de pluie, il suflise de multiplier les données de Tobser-
vation actuelle par le rapport entre les hautes eaux moyennes an-
nuelles de nos cours il'eaux et les hauteurs des anciennes terrasses aux
mêmes lieux. Ce procédé si simple on apparence peut-il donner <les
résultats bien exacts? Je n'entreprendrai pas de le prouver, ni d'établir
par des calculs directs le débit de nos fleuves quaternaires, quoique
ce soit par une tentative de ce genre que j'aie débuté dans mes
études sur cette épO(iue géologique, et que celle-ci m'ait valu la bien-
veillante sympathie de mes savants confrères.
J'ai dit jusqu'ici (jue la nier et nos cours d'eaux étaient revenus
entre chaque ternisse à leur zéro, soit d'altitude, soit d'étiage, de
l'époque actuelle. Celte manière de m'exprimer n'était pas exacte. En
ell'et, on trouve dans plusieurs vallées des alluvions quaternaires pro-
fondes, (jui se prolongent verticalement bien au-dessous de Tétiage ac-
tuel. L'un des meilleurs exemples à citer, parce <|u'il est daté, est fourni
par les alluvions intérieures de la [)laine de Grenelle-Paris, qui ont livré
à M. Martin divers objets archéologiques permettant de fixer l'époque
à laquelle le lit de la Seine occupait ce point. Ici, pourra-t-on dire, il
n'y a qu'un simple déplacement du lit; mais cependant (juelleest l'ori-
gine des sables (|u on retire dans ces carrières bien au-dessous de
l'éliagc des basses eaux, sinon des alluvions abandonnées sur la rive
convexe par un courant dont le lit principal était bien plus profond.
Ce lit, pour son érosion, a exigé un exhaussement du sol un peu plus
considérable que celui (|ue l'on constate aujourd'hui. Il en est de même
et sur une plus grande échelle dans le bassin du Uhône. Tous les son-
dages faits pour l'établissement des ponts indi(|uenl une grande pro-
412 TARDY. — CLASSIFICATION Dt l'ëP. QLATëUNAIKE. 15 avril
fondeur d*alluvions, et celle-ci indique une érosion plus profonde que
le niveau actuel. On pourrait supposer qu'étant à une époque éloignée
du dernier maximum de raffaissement du soi, ces alluvions peuvent
avoir été déposées durant la dernière période d'affaissement.
Les monuments construits depuis la conquête de la Gaule par les
Romains prouvent que le lit n'a presque pas changé depuis cette
époque, soit dans la vallée du Rhône, soit dans celle de la Seine, etc.
Les alluvions profondes remplissant d'anciens lits sont donc d'une
époque antérieure k la conquête romaine. Elles sont dans la plaine de
Grenelle, en partie au moins, contemporaines de l'Homme quater-
naire; mais sur la rivière d'Ain, au Pont-d'Ain par exemple, elles
peuvent bien être de l'épotiue de la première grande érosion quater-
naire, c'est-à-dire de l'époque qui sépare les hautes terrasses de 3iO'"
et de KK)"*. En effet, c'est sur des aUuvions déjà nivelées dans la
vallée de l'Ain, (|ue reposent les dépôts morainiques de Chazey. Ces
alluvions ont au Pont-d'Ain environ 18 mètres de profondeur; ce qui
indi(|ue que l'exhaussement du sol à intercaler entre les deux terrasses
de SiO^ et de IGO*" a dû atteindre sur notre littoral et amener à la
surface des points situés à 18"^ au-dessous du zéro actuel.
Ainsi, s'il y a eu depuis le début de l'époque des grandes terrasses
diminution dans les hauteurs successives dos niaxima d'atfaissement,
il y a eu aussi, d'autre part, diminution dans les profondeurs des
raaxima d'exhaussement (je devrais dire : dans les hauteurs des
maxima d'exhaussement; mais je mesure ces maxima par des profon-
deurs d'alluvions).
L'érosion du lit du tleuve a été d'environ IS*" au-dessous du lit ac-
tuel, à l'époque qui précède la moraine de Chazey. D'après ce que j'ai
dit précédemment, le remplissage de la vallée a été de près de iiO^ au-
dessus de son étiage actuel, avant l'arrivée de cette moraine. Il y a
donc eu une oscillation de 40*" d'affaissement environ entre l'exhausse-
ment qui sépare la moraine de Loyes de celle de Chazey et le dépôt de
celle-ci.
La moraine de Loyes repose de même sur une alluvion qui n'est pas
le produit du torrent de son glacier, puisque le courant de l'alluviou
immédiatement en contact avec le glaciaire venait du Sud-Eï>t, tandis
que l'alluvion inférieure indique un courant venu du Nord. La posi-
tion successivement abaissée des ({uatre moraines du groupe montre
qu'on ne peut les classer de part et d'autre du maximum (|ui sépare
les deux terrasses de 320"* et de 160'". En elfet, pendant l'exhaussement
des eaux, cet exhaussement eût soulevé le glacier et il n'aurait pas pu
se former de moraine. Il est donc nécessaire de placer ces quatre mo-
raines entre la terrasse de SiU"* et le maximum d'émcrsion du sol.
1878. TAIIDY. — CLASSIFICATION DE I/kP. QUATERNAIRE. 413
La position des deux moraines de Loyes et de Chazey sur des allu-
vions formées avant leur dépôt est une preuve que chaque moraine
suit une oscillation spéciale et se trouve correspondre au point mort
(|ui sépare un aifaissement d*un exhaussement. Or une moraine ne se
forme que quand un glacier est stationnaire, c'est-à-dire n'avance ni
ne recule. De là on peut conclure que les glaciers avancent pendant
Taflaissement des continents et reculent pendant leur exhaussement.
Cette conclusion se trouvant être en accord avec les faits observés de
nos jours dans les Alpes et dans le Caucase, on peut dire que la théo-
rie ci-dessus est vraie. En effet on doit se rappeler que depuis un demi-
siècle environ notre sol s'exhausse, ainsi que je Vai indiqué ci-dessus.
Le groupement des- moraines par série de 4 est un fait très-constant;
toutefois, il faut assez souvent de patientes recherches pour les trou-
ver toutes les quatre. Ainsi, sur le plateau de la Dombes je n'ai pu les
indiquer toutes, parce que deux seulement sont connues. La plus an-
cienne est celle de Lyon; puis vient celle de Vancia, qui serait restée
inconnue sans les travaux du fort. Les deux autres peuvent se deviner
au relief du sol, mais on ne sera certain de leur position que lorsque
dos travaux les auront mises au jour. L'une doit se trouver vers Mar-
gnolas ou Faramans, et l'autre forme sans doute le sommet sud-est du
plateau de la Dombes.
On peut encore citer comme exemples de ces groupes de moraines
les quatre moraines d'Aviglinna, à l'ouest de Turin, les quatre crêtes
de la moraine de Uivoli au-dessus d'Alpignano, les moraines de la
vallée de La Mure à Yizille, qui retiennent quatre lacs, et un grand
nombre d'autres, tant en France que dans la Haute-Italie. Ce groupe-
ment par quatre est donc une loi de la nature, qui indique qu'entre
une terrasse et le maximum d'émersion qui la suit, il y a quatre oscil-
lations secondaires, concourant au but final.
Ces oscillations secondaires, intimement unies aux oscillations prin-
cipales, n'ont rien d'étonnant dans la nature, et l'astronomie en four-
nit maintes preuves, par exemple dans les mouvements de Taxe de la
Terre : préclassions des équinoxes et nutations.
L'époque actuelle étant, à n'en pas douter, la suite de l'époque qua-
ternaire, il m'a paru intéressant de rechercher à notre époque la du-
rée de ces diverses phases secondaires qui s'intercalent dans une os-
cillation entière de huit siècles de durée, ainsi que je l'ai dit en
commençant.
L'intercalation des quatre moraines dans une demi-oscillation pri-
maire nécessite, à mon avis, quatre mouvements d'affaissement du sol
ayant précédé ces <]uatre moruines, et quatre oscillations ascendantes
contemporaines du retrait de leurs glaciers.
414 TARDY. — CLASSIFICATION DE LÉP. yUATERNAiaE. 15 avril
En outre, la moraine de Loyes ne peut avoir ét(j contemporaine du
maximum d'atraissement de la terrasse de 3iO'"; donc il faut ajouter
aux exhaussements du sol qui suivent les quatre moraines, un cin-
quième qui clôt l'époque de la terrasse de 3iO" (1). On aura ainsi,
entre le maximum d'une terrasse et le maximum d'cxliaussement
qui la suit, neuf phases simples, 4 ascendantes et 5 descendantes.
En supposant ces phases simples égales entre elles, ce qui, sans être
vrai, ne doit pas s*<5loigner beaucoup de la vi*rilé, on aura la durée de
chacune en divisant ladurée de la demi-oscillation primaire par 1).
A notre époque, si les choses se passent comme au début de l'époque
Al*'
quaternaire, un glacier doit avjncer pendant -^^ ans , soit pendant
46 ans environ, et reculer ensuite durant la iném's) périoJede temps, y
compris la demi-durée de chaque point mort.
Depuis que le niveau des terrasses s'est abaissé sudisarainent pour
ne plus nuire à la régularité de la formation (\o^ moraines, il a dû se
former, outre les (juatre moraines précédemment indiquée'^, une cin-
quième au moment de raiïaissement maximum corresj)()n(lant à
chaque terrasse. De plus, les quatre morainos de ch:i(|ue phasu an-
cienne ne correspondant (ju'a une demi-oscillation, il doit y avoir, pour
la régularité du phénomène, quatre aulres moraines dans la seconde
moitié d'une oscillation entière. Chacune de ces phases entières com-
prend donc neuf moraines, qui doivent, au moins depuis le début de
l'époque moderne, s'étager dans les hautes vallées de nos montagnes.
La moraine qui correspond au maximum d'atlaissement devant être
plus considérable (|uc les autres et plus a\ancée, parce qu'elle est
poussée |)ar un glacier plus considérable, doit encore aider ù l'enche-
vêtrement que l'on observe dans les Alpes et qui rend une élude de
détail impossible.
D'après les laits généralement connus, on peut supposer que
nous sommes en ce moment soit dans la première, soit dans la troi-
sième phase de 46 ans de durée (]ui suit un maximum d'immersion.
Pour préciser davantai;e, il faudrait pouvoir coniparer entre eux les
(1) On poul facilemcDl se rondrc compte de la iKiccssiL» do cet exliaiissonient
intercalé entre la terrasse et la première moraine du groupe tuixant. en étudiant
la coupe de Lojes. D'abord, prenant les n"* impairs pour indicjucr les affaissements
ilu sol et les n"' pairs pour les exhaussements, 1«» n" 1 correspond à la terrasse;
|»our le d^*p(^t de rallu\iv^n qui est sous la moraine, il faut une érosion, donc un
exhaussement/^; ensuite le dôpôt des cailloux se fait au début de l'affaissement 3,
la moraine arrive pendant cet affaissement ;j, et à la fin de celui-ci se produit le
dépôt si sin^'ulier (jui flanque cette moraine à l'ouest et la masque dans le chemin
creux de La Croizetti». L'exhaussement 4 vient après, qui rele\e la vallée jusqu'à
20" en contre-bas de la vallée a«rtuelie. avant le d<q>nt i\vn allusions et de la mo-
raine de Chaz.'> .
1878. TARDY. — CLASSIFICATION DE LÉP. QUATERNAIRE. 415
mouvements des glaciers, les inondations des rivières et les variations
de niveau de nos côtes, depuis environ un si«Vle. Bien des éléments
nécessaires pour cette comparaison me manquant, je me bornerai à
rechercher les probabilités auxquelles j'étais arrivé lors de la publica-
tion de mes études sur le Quaternaire de la Haute-Italie.
D'abord, le nombre rond que j'avais indiqué ou du moins laissé
soupçonner dans mon tableau final (1), est erroné, puisqu en supposant
le maximum d'affaissement en 1800, le maximum suivant ne peut ar-
river qu'en 189i, ce qui nous placerait à Tépoquede l'avancement des
glaciers, tandis que, au contraire, ils reculent partout. Mais il faut re-
marquer que dans celte première étude je n'ai donné que des nombres
ronds de siècles. Maintenant, si je cherche à préciser davantage le
point où nous sommes, je remarque, d'après les dates indiquées par
M. Ch. Grad, (|ue les glaciers des Alpes reculent depuis plus de 27 ans.
En admettant le nombre rond de 30 ans, on aura pour la date du
maximum le plus voisin l'année IS'tS, et pour le début de l'exhausse-
ment précédent l'année 1756. Quelle est de ces deux dates celle de
ratfaissemenl maximum d une oscillation principale? D'après la der-
nière date, l'affaissement précédent aurait eu lieu en 9i6, et l'affaisse-
ment secondaire postérieur en 1018. Or nous savons par les monuments
de Ravenne (le dernier pavé de San-Vitale étant du 11° siècle) que
le sol a cessé d'être couvert par la mer vers le début de ce siècle. An-
térieurement, la station du lac de Varèse dont j'ai parlé en 1872
indique une date d'immersion postérieure au i^'^ siècle de notre ère.
Or les deux dates correspondant au maxima de 18i8 et de 1756 sont
188 et 96; la ])lus rapprochée de nous paraît encore ici la meilleure.
D'après la date de 1848, qui semble ainsi ne pas s'éloigner beaucoup
de la vérité, on peut établir la double série suivante de dates pour les
divers maxima d'immersion et d'émersion des oscillations passées :
APRÈS J.-r. AVANT J.-C.
Affaissements . . 1818 — 1018 — 188 — 612 — 1172 — 2302 — 3132 — 39G2
Exhaussements. — 1133 — C03 — 227 — 1057 — 1887 — 2717 — 3547 —
La série supérieure de ces dates indique l'âge des terrasses. Parmi
ces dates, celle de 1848 est à peu près à égale distance des deux plus
grandes crues du siècle dans notre bassin. L'année 1433 correspond
assez bien à l'abandon des plateaux cultivés de l'Aubrac. La date de
1018 est en accord, ainsi que je l'ai dit ci-dessus, avec les observations
faites à Kavenne. Celle de 188 répond assez bien aux données du lac
de Varèse. Ensuite, parmi les dates antérieures à J.-C, celle de 1057
(1) DuH.. 2* sér.. t. XXIX. p. 'm.
416 TARDY. — OSCILLATIONS MIOC, PLIOC. ET QUATERNAIIIES. 15 avril
correspond très-bien aux indications fournies par MM. Chabas et
F. Lenormant relativement à la disparition des Ëldpliants des plaines
de la Ninivie. La date de 2302 coïncide à peu près avec l'époque assi-
gnée par Moïse au Déluge (texte de la Yulgate). Enfin, la dernière,
3962, est aussi voisine que possible de la première date de la Yul-
gate. On peut k peu près dire que c*est là une exactitude suffisante;
cependant, si on tenait compte du ralentissement indiqué par les mi-
grations des peuples, qui sont évidemment des résultantes des oscilla-
tions des cx>ntinents, on trouverait certainement des dates encore plus
concordantes.
En résumé, Tépoque quaternaire ne forme avec l'époque moderne
qu'une seule et même période, soumise à des lois d'oscillations bien
définies. Ces oscillations, comme un grand nombre de mouvements as-
tronomiques, sont associées avec d'autres oscillations plus faibles,
concordantes avec les premières et en nombre déterminé. Les oscilla-
tions, qui au début de l'époque quaternaire avaient une grande éten-
due, ont perdu progressivement cette étendue et tendent vers ^uii état
de repos.
Ce qui sépare l'époque quaternaire de l'époque actuelle, est un fait
géologique peu important (1), qui aurait passé inaperçu sans la disposi-
tion des alluvions quaternaires de la Bresse. Celles-ci, déposées par des
courants venus du Sud, ont été remani4ics par un courant venant du
Nord, entre l'époque du Renne et l'époque néolithique.
Ce régime à oscillations fréquentes et multiples, de courte durée,
peut paraître de prime abord contraire à toutes les probabilités; aussi,
pour montrer qu'il n'est pas en désaccord avec les lois de la nature,
je vais étudier à ce point de vue toute la série des assises de la Bresse,
et profiter de cette occasion pour fixer leur âge géologique.
Essai sur les osclllntlons des époques mloeène, pliocone
et ciunternalre,
par M. Tard y (2).
Dans un important travail sur la géologie du Haut-Couitat-Venais-
sin, M. Fontannes a parlé très en détail. Tannée dernière, des forma-
tions tertiaires de celte partie moyenne du bassin du Rhône.
(1) Ce fait, peu important quant aux dépôts qu'il a abandonnés et aux traces qu'il
a laissées, a une grande importance théorique au point de vue de la science pure,
car on le retrouve à d'autres époques,
(2) Communication faite à la séanre du l" avril 1878. X.sup.. p. 39ï.
1878. TARDY. — OSCILLATIONS MIOC, PLIOC. ET QUATEHNAIHES. 417
A la base de la série incontestablement tertiaire, il cite, au-dessus
d'une assise de poudingues. une alluvion à dents de Lamna. Cette
ailuvion est marine, mais jusqu'ici tous les dépôts renfermant des
dents de Lamna me paraissent placés dans de telles conditions qu'on
est autorisé à les regarder comme des dépôts côtiers. Cette alluvion,
adossée auprès de Saint-Paul-Trois-Cliateaux aux montagnes qui cou-
pent la vallée du Uhône vers Donzère et Viviers, indi(|ue probable-
ment un rivage de la mer à une époque intermédiaire entre les pou-
dingues et les molasses à ScutcUa Paidemis. Partout où l'on a pu
déterminer avec queUjue précision l'âge des formations erratiques
miocènes, on a été conduit à les placer au niveau des assises de pou-
dingues de la colline de Turin, et dans toutes les régions où Ion a
rencontré des assises de cet âge, on les a trouvées associées à des dé-
pôts erratiques.
Il me senible donc rationnel de penser que le poudingue de la col-
line de Saint-Paul-Trois-(^hûteaux est aussi, à cause de sa position
slraligrapliique, du même ûge que ceux de Barrême, des environs de
Turin, du pourtour du Jura, etc.; c'est-à-dire immédiatement infé-
rieur ù la zone à Ilellx Ramondi. Sur cette dernière zone, partout où
elle est recouverte par un dépôt marin, on voit aussi celui-ci prendre
le faciès et les caractères des molasses; or, vers Saint-Paul, l'alluvion
à dents de Lamna est intercalée entre des poudingues miocènes et des
molases; je crois donc pouvoir, sans crainte de me tromper, en faire
un équivalent de la zone à Ilelûc Ramondi et dire (juclle indique le
rivage de la mer à cette époque. D'après les coupes données par
M. Fontannes, ces couches plongent à peu près vers l'est- nord -est, soit
dans la même direction que Tenseinble des couches secondaires ob-
servées par la Société dans les Basses-Alpes en 187i.
Grâce à un supplément d'informations que m'a fourni très^ obligeam-
ment M. Fontannes, je puis ajouter qu'il y a prestjue i<lentilé entre
les formations secondaires des Basses-Alpes et les forniations tertiaires
du Haut-Comtat quant à leurs dislocations. Les failles (|ui découpent
les terrains des Basses-Alpes se retrouvent dans le Haut-Comtat, où
elles sont postérieures à l'alluvion a Ilelix Ramondi. Néanmoins, ou
peut remarquer que des couches a //. Ramondi ont été signalées, il y
a déjà longtemps, par M. É. Benoît, \x Coligny (Ain), au pied de la
grande falaise du Jura qui regarde la Bresse. Ces assises de calcaire
blanc crayeux, avec des lits de silex, s'appuient, notamment entre
Coligny et la gare du chemin de fer, contre un grand éboule-
ment tombé du haut de la falaise et renversé. La falaise jurassi-
que de la Bresse est donc plus ancienne que le mouvement qui a
dérangé les assises des molasses à Saint-Paul-Trois-Châteaux, ainsi
27
418 TARDY. — OSCILLATIONS MIOG., PLIOG. ET QUATERNAIRES. 15 avril
que Talluvion à dents de Lamna sur laquelle celles-ci reposent.
Par la nature même de leur faune, ces assises à Ilelix Ramondi
prouvent que les régions qu'elles occupent étaient des continents etdes
bassins d'eau douce plus élevés que le niveau des mers. Indiquer à
quelle altitude se trouve aujourd'hui le niveau do rancienne mer me
semble possible, vu le nombre déjà considérable de points où l'on a
reconnu la présence de ces assises continentales.
Parmi ces points il convient de citer Coligny et la forêt de Villers-
Cotterets, où Ton trouve d'une part la faune déjà citée par M. Benoit
(Hélix Ramondi et Cerithium Lamarcki), et d'autre part celle des
meulières de Beauce, qui est, je crois, considérée comme synchra-*
nique. Cependant il importe de faire ressortir que ces assises peu
épaisses représentent une époque assez longue et fort peu connue.
En effet, j'ai pu en 1869 observer au nord de Saint-Leu-Taverny, à
Vouest d'une carrière de grès, dans un chemin neuf qui montait sur le
plateau de Taverny à travers la foret de Montmorency, vers le fort des
Anglais, une coupe de la série des Meulières depuis la partie supé-
rieure des sables de Fontainebleau. On voyait dans cette coupe, repo*
sant sur les grès ou sables blancs, un lit de grès rouge cimenté par de
l'oxyde de fer, produit, sans doute, par l'action du lac tertiaire. Au-des«
sus venait unecouched'un calcaire siliceux, nankin, ocreux, compacte,
avec Potamides Lamarcki seul, et recouverte par un calcaire ou meu-
lière d'une pâte analogue à celle de la couche précédente, ne contenant
que des graines de Chara etdes Planorbes. Enfin, après une certaine
épaisseur de meulière grenue, d'une teinte plus claire que la précé-
dente et sans fossiles, on trouvait les vraies meulières de Montmo-
rency. Celles-ci, en plaquettes mal délitées, sont, en ce point très-
élevé, d'une faible puissance, mais vers le nord-est elles prennent une
plus grande épaisseur et sont remplies, surtout à leur surface supé-
rieure, de graines de Cluira, de Planorbes et de grosses Limnées.
Du côté de Saint-Prix, vers la tour de M. Double, on exploitait à la
même époque des meulières présentant une coupe un peu différente :
sous un Diluvium assez intéressant à cause de ses allures bizarres, on
trouvait des meulières à Limnées et autres fossiles, ressemblant, comme
toute$i les autres do la surface, à des cargneules du Trias aux cavités
bourrées d'argile. Au-dessous do ces meulières, au lieu du calcaire
siliceux compacte, dur au toucher, de la coupe précédente, on voyait
des argiles d'abord exemptes de meulières, puis, un peu plus bas, rem*
plies de blocs anguleux, souvent tranchants, en sorte qu'on était tenté
de croire que les argiles n'avaient pénétré au milieu de co tas de
pierres cassées que par infdlration. Parmi ces blocs anguleux, on
ramassait vers la base des morceaux assez épais d'un calcaire siliceux
1878. TARDY. — OSCILLATJOiNS MIOC, PLIOC ET QUATERNAIRES. 419
très-compacte, couverts, sur une de leurs faces, d'empreintes très-par-
faites de Cerithium Lamarcki, Ces blocs viennent, d'après la coupe
précédente, de la base du syst*;nie des meulières, et les argiles, ainsi
que le cassage des blocs à Potamides, sont postérieures à la formation
de ces assises, mais inférieures à la couche des meulières à Limnées (1).
Dans cette situation, les argiles et les meulières cassées occupent la
place des poudingues de Barréme et de plusieurs autres régions, et
sans doute aussi celle des conglomérats striés de la colline de Turin.
Daus le département de l'Ain, au nord de Coligny, on trouve aussi
çà et là des blocs d'un calcaire blanc très-analogue à celui de Coligny.
Est-ce le résultat d'un phénomène du même genre que celui qui a pro-
duit le cassage des meulières des argiles versicolores de la forêt de
Montmorency? On ne peut le dire; mais on serait tenté de le croire,
envoyant les rapports entre ces calcaires blancs crayeux et d'autres
poudingues situés plus au sud.
Les meulières dites de Montmorency devraient ainsi se diviser au
moins en trois assises : Tune, la couche à Potamides, antérieure très-
probablement à toute la série erratique miocène; une autre formée des
argiles et des meulières brisées, correspondant à la série erratique;
eniin, la troisième, supérieure à ce système, formée de meulières à
Limnées et correspondant à la série de Y Hélix Ramotidi, située au bord
des grands lacs, au pied des montagnes de notre pays. S'il en est ainsi
eisi l'assise supérieure existe à Villers-Cotterets, au nord-est de Paris,
elle y serait à la même altitude environ que la couche à i/dt^? de Coli-
gny, c'est-à-dire à 250"^ au-dessus de la mer. C'est aussi à très-peu
près l'altitude d'un autre gisement situé plus au sud, vers Bourg.
Au-dessus des assises à Hélix Ramondi de notre pays on trouve des
molasses. De même, dans le Haut-Comtat M. Fontannes indi(|ue sur
l'assise à dents de Lamna les molasses à Scutella Paulensis, D'après
les diverses indications publiées par M. Fontannes, il me semble qu'on
peut sans beaucoup d'erreur rattacher à ce niveau les molasses décrites
par M. Ë. Benoit sous le nom de molasses bleues des Usses et de Saint-
Hartin-de-Bavel. Ces molasses indiquent déjà par leur faune une mer
profonde. Il y a donc eu depuis l'époque de VHelix Ramondi un
grand changement, et tandis que la Bresse et plusieurs grandes vallées
étaient occupées par des lacs à l'époque de VH. Ramondi, la mer oc-
cupa ensuite toutes ces plaines. 11 y a donc eu un affaissement et une
pénétration des eaux de la mer dans les lacs pour rétablir ré(|uilibre.
La cessation ou la diminution des pluies qui alimentaient ces grands
(1) M: Potier met on doute la superposition des meulières à Limnées ; c'est un
point à vérifier sur le terrain.
420 TARDY. — OSCILLATIONS MIOC, PLIOC. ET QUATERNAIRES. 15 avril
lacs aurait du reste conduit à peu près au même rtisultat. Lune ou
Tautre de ces deux solutions est admissible, car les deux dépôts ma-
rins et lacustres ont encore aujourd'hui a peu près la même altitude
sur tout le [ourtour du Jura méridional. Cette altitude uniforme pour
ces deux dépôts successifs, Tun lacustre et l'autre marin, semble même
indiquer pour notre région un changement dû surtout à la ce>satiou
des pluies, puisque notre pays n'a pas été aiïecté par des disloca-
tions postérieures considérables. Il n'en a pas été de même dans le
Haut-Comtat : en elfet, d'après les coui)es de M. Fontannes, il y a
superposition des assises à Scutdla PaulcHsis sur celles à dents de
Lamna; il y a donc eu un affaissement bien évident, et, comme je
l'ai indique plus haut, ces couches ont été disloquées.
Dans le Ilaul-Comtat, au-dessus des assises à Scutelles on trouve
d'autres molasses à Pecten boiedictics et Echinolampas. Il me semble
que ces fossiles indi(iuent plutôt un accroissement de profondeur de la
mer, et pour cette raison je rapprocheiai cette assise des molasses
grises marines, qui présentent la même l'aune (jue les molasses bleues,
mais qui leur sont supérieures, au dire de M. É. Benoît dans son étude
sur la région du Rhône et des Usses. C'est à ce niveau que doivent se
placer, je crois, les sables compactes qu'on voit à Priay au niveau de
l'Ain et à la base de ce monticule (|ue j'ai toujours considéré comme
la ])arre formée à son embouchure par cette rivière à cette époque.
Au-dessus de ces molasses de Priay on trouve un banc calcaire qui
couronne la barre et en indique la fin ; c'est donc la manpie d'un
changement de régime. Il en est de même des débris d'une assise cal-
caire que M. Fontannes signale au sommet de la colline de Saint-
Paul-Trois-Chateaux, à 306"' d'altitude. En effet, entre ces dernières
couches de molasses et les grès à Tcrebrntulina calathiscus» il y a une
profonde lacune et une grande dislocation de nos massifs montagneux.
Ainsi que je l'ai déjà dit, c'est entre les barres de Priay et de Varain-
bon (|ue se place le soulèvement du Haut-Jura.
Le changement de régime indiqué par les assises calcaires de Priay et
de la colline de Saint-Paul semble avoir été un mouvement d'oscillation
ascendante du sol. Cela explicpierait pounjuoi MM. A. Favreet É. Be-
noît ne peuvent s'entendre sur la nature du dépôt des molasses grises.
Le soulèvement ayant été trop laible pour refouler la nier plus loin
que le bassin étudié par M. Benoît, celui-ci ne constate que des assises
marines, tandis que M. Favre reconnaît à Genève une intercalation
d'assises d'eau douce ou d'estuaires. Cet exhaussement a du reste été
de courte durée; car, sauf la nature minéralogique du dépôt, on n'en
trouve pas d'autre trace, ni dans la Bresse vers Priay, ni dans le
Haut-Comtat. Au-dessus de ces assises vient, je crois, se placer le grès
!878. TARDY. — OSCILLATIONS MIOC, PLIOC. ET QUATEliNAIRES. 421
coquillier de la Suisse, de la Savoie et de Saint-Laurcnt-Graiid-Vaux
dans le Jura.
Ce dernier gisement, situé aujourd'hui à 800™ d'altitude, c'ost-à-
(lire à au moins 500"* plus haut que les dépots du même i\ge de la Sa-
voie, indique une (hslocation considérable, qui se placerait au niveau
des molasses à débris de fossiles du bassin des Usses, ainsi que je Tai
déjà prouvé.
Partout oii on constate ce grand mouvement de dislocation, soit
dans les Basses-Alpes, soit dans le Haut-Comtat, soit dans le Haut-
Jura, il présente à peu près les mêmes caractères, en sorte qu'on est
de prime abord tenté de le considérer comme d'un âge unique dans
toutes ces régions diverses. Ce qui semble le plus intéressant, c'est que
les lignes de plus grande pente de ces diverses parties segmentées se
dirigent toutes vers le massif nord-ouest des Alpes, en sorte qu'on se-
rait en droit de supposer (jue c'est à cette grande dislocation qu'est
dû l'étirage des protogines du Mont-Blanc. Cette conclusion, tout à
fait d'accord avec les expériences de M. Daubrée, permet de fixer l'âge
de Técrasement des masses schisteuses du Mont-Blanc par une puis-
sante poussée venue de l'ouest du bassin de la Saône et du Rhône.
Cela n'empêcherait pas les débuts de cet écrasement d'être d'une date
antérieure à l'époque crétacée; car, ainsi que je l'ai fait rcmanfuer a
propos du Crétacé de Saint-Hilaire, près de Chalon-sur-Saône, les
couches sont versées vers Test et les failles plongent vers l'ouest.
Ce grand mouvement, auquel est dû le soulèvement du Ilaut-Jura,
a aussi émergé les plaines de la Savoie, puisque sur les dernières as-
sises de molasses à débris de fossiles on trouve des marnes d'eau douce.
Mais u cette épo<|ue la mer existait encore en Bresse et y avait même
un niveau plus élevé qu'auparavant.
C'est dans cette mer que se sont formées les barres de Lagnieu et
de Varambon, qui indiquent un niveau situé â plus de 300" d'altitude
actuelle, c'est-à-dire à plus de oO"* au-dessus du niveau de la barre de
Priay. A l'époque quaternaire, ainsi que je l'ai démontré plus haut, les
glaciers ont avancé avec la mer et reculé avec elle.. 11 en était dtîjà de
même à l'épocjue miocène, puis(|u'on trouve empâtés dans les assises
supérieures de grès de la barre de Varambon, des cailloux polyédri-
ques qui n'ont pus été roulés et (jui, par leur position en dehors de la
barre, sont évidemment le produit d'un transport sur radeau. Ce
transport ne peut être attribué à i'iio'ume, car (^elui-ci n'existait pas
encore. En elfet, bien que ce soit à ce niveau que se rapporte le silex
que j'ai rapporté d'Aurillac% el (|ue tous les archéologiques l'aient cru
taillé, j'ai déjà montré (ju'il n'a été trouvé de prétendus silex taillés ter-
tiaires qu'à des époques de formations erratifjues : soit à répoc|uedes
^ii TARDY. — OSCILLATIONS MIOC, IMJOC ET QUATEUNAIRES. 15 avril
;?1acicrs de la colline de Turin, soit h Tépoque du dépôt erratique de
Varambon et de Raubbe, soit encore à Tépoque des glaciers pliocènes.
Quant à THomme de Savone, tous ceu3C qui ont vu les marnes plio-
cènes de Biot, de Nice, etc., savent combien il doit être difficile de
distinguer un glissement de Tétat naturel. Il en est de même de
l'Homme des molasses. Quant aux stries sur les ossements, on n*en
trouve que dans des terrains marins, et, comme les stries et les en-
tailles faites sur dos bois aujourd'hui silicifiês , elles doivent être
dues à des dents d'animaux. Quant au crâne pliocène californien, il
était bien dans un terrain pliocène, mais on a depuis lors trouvé dans
ces couches aurifères d'anciennes exploitations inconnues des pion-
niers américains actuels; ce crâne ne prouve donc rien, pas plus que
bien d'autres faits dont l'annonce est venue couronner cette théorie
établie sur des faits mal interprétés.
Les cailloux de Varambon n'ayant pu être transportés par l'Homme,
ont dû franchir la barre, soit dans des racines d'arbres, soit dans des
glaces ilottantes. Si je me suis arrêté à cette seconde explication, c'est
qu'à la même époque on trouve à Raubbe-en-Délémont de puissants
dépôts erratiques; c'est encore parce qu'à Aurillac on rencontre à ce
niveau des cailloux striés.
A partir de cette époque erratique, qui, comme de nos jours, clôt
une période d'affaissement, la mer se retire et avec elle les glaciers.
On ne peut cependant pas établir de liaison entre ces derniers dépôts
marins et les grès à Tevébratulina calathiscus, qui indiquent déjà un
retrait sensible de la mer; néanmoins, tout me porte à penser qu'il
n'y a pas là de lacune importante. Mais avant de poursuivre, il con-
vient, je crois, de résumer les oscillations que je viens d'indiquer.
A part l'époque erratique miocène, dont j'ai dit peu de chose et qui,
par l'intercalation d'assises sédimentaircs et d'assises de poudingues,
rappelle à s'y méprendre l'époque quaternaire formée du même nombre
de phases, on ne trouve dans la période que j'ai examinée que deux
exhaussements et deux affaissements. A la période lacustre de Y Hélix
Ramondi succède d'^ibord, en Bresse, sans changement de niveau, une
mer qui s'élève cependant bientôt, pour s'abaisser de nouveau, puis se
relever encore jusque vers 300°* d'altitude. C'est pendant ce nouvel
affaissement du sol, vers le moment ou il va dépasser le niveau de la
mer précédente, que se produit le grand effort qui culbute contre les
Alpes toute la chaîne secondaire ([ui leur sert de ceinture à l'ouest.
Cet effet semble attribuable à un affaissement du plateau central de la
France, et le tremblement de terre du 8 octobre 1877 paraît être en-
core dû à la même cause. On peut s'étonner alors que la mer des mo-
lasses, qui est en partie postérieure à ce mouvement et qui a atteint
1878. TARDY. — > OSCILLATIONS MIOC, PLIO€. ET QUATERNAIRES. 423
après lui 300'" d'altitude, n*ait pas laissé de traces dans le bassin de
la Seine. La raison en est sans doute que ce bassin ne présentait que
de longues plages à peine inclinées et sans doute aussi aucune rivit^.re
importante pouvant donner lieu à des dépôts d*estuaire comme ceux
de TAin.
Dans les coupes de M. Fontannes, les assises à Terebratulina cala-
thiscus ne font pas suite immédiate aux assises précédentes; elles
commencent une série nouvelle qui indique un retrait de la mer.
Aux assises à rtT(;6ra^u/ma succèdent une couche k Pecten, puis des
marnes à Corbulas. Ainsi que le dit M. Fontannes, on voit que le ri-
vage se rapproche beaucoup du Haut-Cointat. En effet, la couche qui
suit fournit à M. Fontannes VAncillaria glandiformis et Vllelix Colon-
geoni; c'est aussi Tassise du Nassa Michaxuii. Ces deux derniers fossiles
existent en Bresse, Tun en place, l'autre roulé dans les alluvions plio-
cènes. Néanmoins, vu sa situation dans la 4* assise de la série de
M. Fontannes, le Nassa Michaudi ne peut être en Bresse qu'antérieur
à la série d'eau douce. Cela prouve le cantonnement <les fossiles et
leur perpétuité. En effet, le Nassa de la Bresse ne peut être contempo-
rain de VAncillana du Haut-Comtat, mais doit l'être de la Terehra^
tulina ou du Pecten qui la suit. C'est pour cela qu'au niveau de VAn^
dllariaîe placerai les lignites à Mclanopsis de Priay et de Yarambon.
Sous ces lignites j'ai pu voir un jour des argiles blanches et des sables
gras micacés ; ces couches correspondent peut-être à la zone à Tere-
bratulina, à Pecten et à Corbules, car elles reposaient sans doute di-
rectement sur les molasses de la barre de Yarambon. La série d'as-
sises comprises entre celle à Terebratulina et celle à Hélix Delphinen"
sis indique un retrait constant de la mer, c'est-à-dire une oscillation
asœndante du sol.
La série suivante, au contraire, indique un affaissement. H. Fon-
tannes se demande si ces changements de faune ne sont pas l'effet de
causes étrangères aux oscillations. Peut-être a-t-il raison de ne pas
vouloir multiplier indéfiniment les oscillations; mais, loi*squ on voit
qu'en subdivisant les oscillations principales de l'époque quaternaire
et moderne, suivant diverses indications, en oscillations secondaires,
tertiaires, etc., on peut arriver aux phases météorologiques décou-
vertes par M. Ch. Sainte-Claire Deville, on est fort tenté de pousser le
système à l'extrême (1).
A ces nouvelles assises marines à Cardita Jouanneti et Ostrea cras-
sissitna semblent correspondre en Bresse les couches que M. É. Benoit
(1) Ultôrieureinent je montrerai que de letude de ces oscillalions on peut enfin
conclure que les époques ^'laciaires sont dues à la procession des équinoxcs.
M4 TARDY. — OSCILLATIONS MIOC, PLIOC. ET QUATERNAIRES. 15 avril
a nommées molasses lacustres, c'est-à-dire les sables inférieurs de
Hollon, de Priay et de Vararabon, ainsi que les sables de Couzance
qui au chêne de la Vierge recouvrent nettement le système des argiles
à lignites d'Orbagna.
Apres ce nouvel affaissement de peu d'importance, il se produit un
nouvel exhaussement très-considérable, qui repousse la mer et donne
naissance à la série d'eau douce de la Bresse. On entre à ce moment
dans un régime climatérique tout différent, car, quel que soit le régime
du sol, la mer est refoulée pour longtemps. Aux couches à Ostrea
crassissima succède dans le Haul-Comtat la série des assises du mont
Léberon à IleliiV Christoli. C'est à ce niveau qu'il faut rapporter les
tufs de Moximieux, ceux de Loves, et aussi ceux de la chapelle de
Notre-Dame-de-Bellor, entre Foissiat, Beaupont et Cormoz, au milieu
de la Bresse. Ces tufs indiquent donc ici, comme le bano de calcaire
des molasses de Priay, le début d'une émersion du sol. La flore du
Pas de la Mougudo, dans le Cantal, permet d'établir un point de re-
père entre cette région volcanique et le bassin du Rhône. Les dépôts
marins de cette époque n'ont pas encore été étudiés par M. Fontannes;
mais l'étude de la Bresse peut maintenant suffire à indiquer les oscil-
lations.
L'assise continentale des marnes à tufs est recouverte par une puis-
sante série de sables, ceux de Foissiat et des puits profonds de la
Dombes, dont j'ai signalé en 1877 l'origine fluviatile (1). Le retour des
grands fleuves, la superposition des dépôts, la nature de ceux-ci, tout
démontre que le sol s'affaisse de nouveau, et en effet sur le cône des
sables de la Dombes repose un cône de cailloux indiquant un régime
(le plus en plus pluvieux. A ces faits déjà concordants avec tous ceux
signalés précédemment, je puis ici en ajouter un nouveau qui con-
corde aussi avec des faits de l'époque actuelle.
La flore du Pas de la Mougudo nous a été conservée grâce à une pluie
de cendres volcanicfues (cinérites I de M. Rames). Celte éruption est
donc contemporaine et postérieure à la flore qui à Meximieux s'est
évidemment perpétuée pendant la période de pluies que nous révèle
le nouveau régime du Rhône à cet ûge. Léruption des cinérites est
donc ici, comme l'éruption du Vésuve de l'an 79 de notre ère, con-
temporaine d'un envahissement de la mer. En est-il de même à toute
époque et pour toutes les grandes coulées i' On ne peut vraiment le
dire, mais il y a tout lieu de le penser. Dans cette hypothèse, les vieux
basaltes d'Aurillac correspondraient à l'oscillation qui a amené à ^^OO'"*
d'altitude le^ molasses de Varambon ; les tufs ponceux G et H de
(1; IhlU.. \Y Si^r.. I. V. I». 701.
J878. TARDY. — OSCILLATIONS MIOC, PLIOG. ET QUATERNAIRES. 425
M. Rames pourraient être contemporains de l'arrivée du Cardita
Jouanneti,
L'affaissement du sol ne s'est pas arrêté durant toute la formation
des assises de la Bresse; car sur les assises fluviatiles dues à nos ri-
vières, on trouve des couches de marnes qui s'élèvent jusque vers l'al-
titude de 400"\ Le même fait est signalé par M. Fontannes. Cet énorme
affaissement du sol, sans retour de la mer, avec la preuve, par les al-
titudes actuelles de tous ces dépôts, que le sol n'a depuis subi aucune
dislocation, nous force à admettre un régime de pluies considérables
capables de refouler la mer.
Bientôt cependant le sol se soulève de nouveau, soit d'un seul trait,
soit avec une saccade indiquée par les couches de Saint-André-d*Hu-
riat, près de Mâcon. Le Uhône et la Saône abaissent leur lit jusque
vei*s 70™ au-dessus du lit actuel, et le prolongent à travers tous les dé-
pôts anciens jusqu'en aval du Haul-Comtat-Venaissin. C'est dans ce
lit qu'à la suite d'une nouvelle oscillation descendante, la mer est
venue déposer la faune de Saint-Ariès. Celle-ci est à Visan à 185™
d'altitude, ce qui indiijue un niveau un peu plus élevé pour la merde
cet âge. Il se pourrait donc que le Pccten scabrelliis, qui est commun
aux couches à Centhmm vidgatum du Haut-Comtat et aux assises de
Saint-Martin-de -Bavel, fut dans cette dernière localité, située vers
300'" d'altitude, un représentant de la série de Saint-Ariès, qui se ter-
mine bientôt par un nouveau reirait de la mer et par un dépôt de
Congéries.
Après le retrait de la mer à TerebratuUna, il y a eu un nouvel
avancement, avec le Cardita Jouanneti, auquel correspond peut-être
l'éruption des tufs ponceux G et H de M. Rames dans le Cantal, ainsi
<lue,sans doute, celle du rocher Corneille au Puy-en-Velay. Puis la mer
lait place au continent de VHippan'on gracile et des végétaux de
Meximieux. Un nouvel alfaisseraent amène l'éruption des cinérites I
de M. Rames et les dépôts caillouteux du sous-sol de la Dombes.
Ensuite le sol s'émerge et la vallée du Rhône se creuse. Dans cette
Vallée, M. Fontannes trouve son groupe marin de Saint-Ariès et des
alluvions anciennes. De mon côté, j'y vois le dépôt glaciaire pliocène à
la hase, au-dessus les alluvions anciennes recouvertes d'un lehm, puis
lin de ces dépôts <|ue j'ai nommés moraines de chute, enfin les pre-
niiers glaciers quaternaires. Dans le Cantal, M. Rames place ù cet âge
trois éruptions volcaniques : le conglomérat K, les trachytes L et les
phoiiolithes M, N et 0. Dans le Velay, M. F. Robert place les phono-
lilhes et les trachytes vers ré|)oque de nos premières molasses, et les
volcans ù scories restent seuls pour l'époque de Saint-Ariès et des gla-
<^icrs pliocènes. Ce désaccord entre M. Rames et M. Robert est grave.
426 TARDY. — OSCILLATIONS MIOG., PLIOC. ET QUATERNAIRES. 15 avril
Lia présence des alluvions anciennes sur la moraine du glacier plio-
cène à Saint-Clair nécessite un exhaussement du sol, qui a i'ail reculer
le glacier et a permis son remplacement par un torrent. L'entassement
do ces alluvions sur près de 100 mètres de hauteur ne peut s'expli-
quer que par un afTaissemenl postérieur, qui a aussi amené l'éruption
des basaltes de M. Rames et l'avancement du premier glacier quater-
naire. L'affaissement devenant plus considérable que 300 mètres au-
dessus de la mer actuelle, les eaux limoneuses ont déposé sur Talluvion
une couche de lehm, et plus tard elles ont servi de véliicule au glacier
qui a laissé choir sa moraine de chute. Ce n'est alors qu'à l'époque du
retrait que le glacier s'est en quelque sorte atterri et a formé une
moraine terrestre à Lyon et aux Mercières. Cette manière de concevoir
les faits est dans ce cas en parfait accord avec ce que j'ai dit précé-
demment de l'époque quaternaire. Il ne peut donc rester de doutes
que sur la portion comprise entre le début de la faune de Saint-Ariès
et la base des alluvions anciennes. Faut-il faire les couches à Congé-
ries de Saint-Ariès presque contemporaines de la base des alluvions
dites anciennes, et, avec M. Robert, n'avoir que les volcans k scories
à placer au niveau de l'affaissement de Saint-Ariès et des glaciers
pliocènes?
Cela pourrait paraître des plus simples, et dans ce cas les quartzites
signalés par M. Fontanncs dans les assises à Ostrca des environs de
Hauterive seraient les correspondants du phénomène glaciaire plio-
cène. Cette grande simplicité disparaît si on veut tenir compte des ré-
sultats des études si consciencieuses et si patientes de M. Rames. Ayant
visité avec notre savant confrère quelques points de la région, je ne
puis hésiter à considérer ses travaux comme une buse solide d'apprécia-
tion. Je prends donc le parti de préférer une classification qui s'accorde
avec la sienne, et de placer les tracliytes et les phonolithes dans la série
pliocène. Cette solution a l'avantage de mettre en parfait accord les
diverses propositions et conclusions indiquées dans le courant de cette
note. Celte harmonie me parait être une des meilleures raisons qu'on
puisse invoquer en faveur de ce système, qui établit ainsi un parallé-
lisme très-remarquable entre les formations miocènes supérieures et
celles du Pliocène. Par exemple, une seule éruption correspond de
part et d'autre aux deux premières oscillations de chaque période;
ensuite, à chacune des deux oscillations subsé(|uentes il y a une puis-
sante éruption. La symétrie est encore parfaite si on considère les
formations errati(|ues.
Il y a donc beaucoup de raisons ))our admettre ce classement, mais
je puis encore en faire ressortir une autre, ([ui vient, à ma grande sa*
tisfaclion, faire l'éloge des travaux de nos maîtres en géologie. C'est
(878. TARDY. — OSCILLATIONS MIOC, PLIO€. ET QUATERNA1RC8. 427
que cette symétrie cadre parlaitement avec les grandes divisions posées
depuis longtemps dans le Miocène et le Pliocène.
Il est donc tout à fait téméraire de vouloir, comme on Ta tenté à
plusieurs reprises, remanier les limites posées à ces terrains par les
fondateurs de la science.
A cette première conclusion, il faut en ajouter d*autres, qu'on peut,
à mon avis, assimiler à des lois qui régleraient d'une façon immuable
le sol de la terre.
Le sol de nos continents subirait un mouvement perpétuel d'exhaus-
sement ou d'affaissement par rapport au niveau, variable peut-être
lui-raéme. des océans.
Aux avancements des mers ou affaissements du sol semblent cor-
respondre l'avancement des glaciers et l'élévation de la zone des pluies.
Aux retraits des mers ou exhaussements du sol correspondraient au
contraire un régime pluvial différent et le retrait des glaciers.
Enfin, les émissions de matières volcaniques semblent être des con-
sé(|uences plus ou moins directes de l'avancement des mers.
Au point de vue de l'époque quaternah'e, il y a relation complète
entre les diverses parties de tout l'ensemble, en sorte qu'il n'est pas
nécessaire de créer une théorie spéciale à cette période, mais seulement
de reconnaître que ce qui est exigé par les faits de l'époque quater-
naire l'est aussi par ceux des autres âges.
De plus, on peut faire ressortir l'identité qui paraît exister entre
l'époque (|uaternaire et celle des glaciers miocènes, en sorte qu'on est
tenté de se croire en présence de deux termes d'une série de phéno-
mènes à retours périodiques.
Au point de vue de l'Homme, on peut ajouter que le retrait des
glaciers semble avoir pour cause une variation atmosphérique qui rend
infertiles les hauts plateaux et qui pousse hors de leur patrie les no-
mades de la Haute-Asie; au contraire, les plateaux maritimes deviennent
alors habitables. Aux épocfues d'affaissement, ces derniers cessent
d'être habitables et les premiers le redeviennent. Aux épo(|ues sèches,
si le froid est plus vif. Tété est plus chaud, même sous le pôle, et
c'est ainsi qu'on explique pourquoi les mers polaires ont été autrefois
plus accessibles qu'elles ne le sont aujourd'hui, par exemple au xv^ siè-
cle. N'est-ce pas encore là un fait en relation avec les oscillations?
Un court résumé me semble utile à donner; j'y indi(iue par A les
affaissements, par S les exhaussements ou soulèvements, par D les
époques de dislocations du sol, par C les époques continentales, et par
un trait noir les lacunes à combler. Enfin, pour l'époque de l'Homme,
je donne des dates approxiniatives à un siècle près en avant ou en ar-
rière; c'est tout ce qu'il est possible de faire.
428 TARDT. — OSCILLATIONS MIOG., TLIOC. ET QUATEHNAIRES. 15 avril
Résumé des oscillations des époques actuelle, quaternaire, pliocèfie et
miocène supérieure.
S. Depuis 1818 après J.-C. Retrait des glaciers des Alpes, du Caucase, de l'ilima-
lava, du Spitzherg.
A. » 1100 » » Avancement des Aîlaciers d'après M. Cil. Grad ; affaisse-
nients : vallée du Pô et côtes françaises.
S. » 1000 » » Lo dernier pavé de San-Vitale à Ravenne est du xi*
siècle. — Invasion mongole.
A. » 600 » » Immersions : monuments de Ravenne; côtes de France.
S. » 200 » » Un peu après, invasion des Barbares dans l'empire
romain.
A. » 200 avant J.-C. Éruption du Vésuve en 79 après J.-C. (c'est, d'après
le calcul, l'époque d'un affais.sement secondaire).
S. » 650 » » Arrivée de la civilisation du bronze sur les bords de
la Saône au vr siècle.
A. » lOIVO » » Disparition des Eléphants des plaines de la Ninivie au
xi« siècle.
S. » 1150 » » Arrivée de la civilisation de la hache polie sur ia
Saône au xiv* siècle.
A. » 1900 » » Terrasses de 5" environ au-dessus des grandes ri-
vières.
S. » 2300 » » Arrivée sur la Saône d'une civilisation de silex taillés
et de poteries au xxii* siècle.
A. Fin du Quaternmre. — Terrasses de 10". — Dernière alluvion des plateaux ;
volcans.
S. Depuis 3100 avant J.-C. Fondation de la 3' grande pyramide de Gizeh, d'après
M. Chabas. en 3007-3010.
A. Terrasses de 20" environ. — Civilisations quaternaires.
S. » 3900 » » Fin de la terrasse de 40", dont l'alluvion supérieure
contient les silex de Saint-Achcul.
A- Terrasse de lO™. dont les premières alluvions ne ren-
ferment pas l'Homme.
S. __^-.
A. Terrasse de 80". — Faune de Montreuil près Paris; Lehm à Hélix de
La Pape et de Satlionay près Lyon.
S. —— — ^^ Retrait des glaciers vers le Haut-Bugey.
A. Terrasse de 160". — Lehm à Succinra oblonga de Vancia.
S. Moraines de Loyes, Chazey, Lagnieu, etc. Creusement de la vallée du
Rhône.
A Terrasse de 320". — Blocs alpins épars le long du Jura vers 400"
d'altitude.
S. Moraines de Lyon, de Vancia, de Margiiolas et de Crans.
A. (1) Terrasse de 600"". — Lehm de l'Eromo sur la colline de Tuiin.
S.
(1) Une disciissi.)n dos faits énoncés dans ces E:i<ai^ ot leur trani>fvirmalion gra-
phique me semblent |)rouver (ju'il faut intercaler entre la terrasse do GOO" et celle
de 3iH)'" les moraines de Rivoli en Italie et celles du groupe do Lyon. Vancia et
A.
1878. TARDY. — OSCILLATIONS MIOC , PLIOG. ET QUATERNAIRES. 429
[ Fin du Pliocène. — Moraine de chute qui est sans cloute le conglomérat bres-
\ San des auteurs.
(Lehin sur les aliuvions anciennes; entassement de celles-ci. — Éruption
des basaltes; roches Q et R de M. Rames.
S. Début des aliuvions anciennes. Retrait des glaciers. Conglomérat, aliu-
vion sous les basaltes.
A. Moraine pliocène de Lyon-Saint-Clair. ^ Eruption des phonolithes du
Cantal, série des roches M, N et 0 (Rames).
S. Premier lit de fond des vallées.
A. Eruption des trachytes (Rames).
S. Marnes à Congéries de Saint-Ariès. — Abaissement définitif du lit de la
SatNne.
A. (?D.) Ostrea cucuUata avec galets de quartzites. — Marnes supérieures de
Saint-André-dHuriat. — Conglomérat trachytique K (Rames).
S. Sables et tufs de la zone des sables de Saint-André-d'Huriat.
A. Nassa semistriata du groupe de Saint-Ariès de M. Fontannes déposé
dans la vallée du Rhône.
S. Creusement de la vallée de la Saône jusqu'à la mer avant la Gn de la
Bresse.
Fin du iliocî'tuj. — Dernières marnes à lignites de la Bresse et \
de la Dombes. / Çinérites I
Cailloux et sables des puits profonds de la Dombes et de ( (Rames).
Foissiat. /
S. C. /r«/ij: C/iri's/o/i du MontLéberon. — Tufs de Meiimieux, de Loyes, do
Notre-Dame-de-Bellor. — Flore de la Rlougudo (Rames et de Saporta).
A. Ostrea crassissima , Cardita Jouanncti, — Sables do Molion et de
Couzance. — Tufs ponceux G et H (Rames).
C. AnciUaria, Hélix Delphiuensis, lin des Nassa Miehaudi, — Lignites
de Molion et d'Orbagnn.
Corbules. Pecten Leithajanus, Terebratulina calathiscus , — Dernières
molasses en Bresse.
Erratique dans la molasse de Yarambon. — Cailloux striés dans le
Cantal.
Grotte de Baume. — Molasses des barres du Rhône à Lagnieu et de l'Ain
à Varambon. — Fleuve à Machairodus du Cantal (Rames).
S. D. Renversement vers l'est de la colline de Saint-Paul-Trois-Châteaux et
du Jura oriental; écrasement du Mont-Blanc.
A. Muschelsandî^tein à Sainl-Laurent-Grand-Vaux (Haut-Jura oriental) et aux
Usses. — Vieux basalte E (Rames).
S. Calcaire de la C4)Iline de Saint-Paul-Trois-Chùteaux. — Molasse d'eau
douce à Genève. — Molasse calcaire de Priay.
A. Pecten bencdictux, Scutella Paulenns. — Molasse grise et bleue des
Usses. — Barre de Priay.
S. C. Sables à dents de Lamua; Hélix Ramundi (Coligny). — Calcaire et meu-
lières à Liinnées de la Beauce.
Crans. Les quatre autres moraines : Loyes, Chazey, Lagnieu , etc., se placi^nt
ainsi entre les terrasses de .i'iO" et de IGO". Ces résultats de nouvelles études,
joints à la présence dans la série pliocène d'un impiirtaut diluvium du Nord, peu-
vent modifier un peu les limites respectives des périodes quaternaire, pliocène
et miocène. (yote ajoutée pendant l'impression. J
S.
A.
430 POTIER. — ROCHES ÉAUPTIVES. 15 avril
PoDdinpaes
et marnes
le long du
Jura.
Lits de
marnes et de
poudingues
de Barrénie.
PondingQos
Argiles à
QnarUites,
et marnes
meulières
etc.,
le la colline
de la
du
do Turin.
Beauce.
Cantal.
Calcaire à Ceritkium Lamareki de la Bresse et du bassin de Paris.
S. { Sables bigarrés du Haut-Comtat. — Sidôrolithique du pourtour du Jura
— Sables ferrugineux de Fontainebleau.
Mer. — Érosion de la Craie du Haut-Comtat et dépôt des sables ci-dessus.— Sables
de Fontainebleau.
H. Potier fait la communication suivante :
Sur la composition de quelques rocliea éruptives
des environs de Fréjua,
par M. Potier.
Parmi les roches éruptives rencontrées dans la réunion extraordi-
naire de la Société à Fréjus se trouvent : 1» des porphyres quartzifè^
res; i^ des porphyres globuleux; 3® des pechsteins, parmi les roches
acides; 4^ des mélaphyres; Sp les roches dites trachytiques des envi-
rons d'Antibes et de Biot, dont le nom doit être modifié puisqu'elles
ne contiennent pas trace de sanidine, et 6^ les roches trappéennes qui
traversent le terrain hou i lier.
Les analyses suivantes font connaître la composition de ces roches :
1 • s 4 ft •
Silice 80.20 77.00 70.30 50.60 51.00 55.00
(Oxygène).... 42.76 41.04 37.47 20.98 27.18 29.31
Alumine 8.60 10.60 10.30 21.30 27.00 24.30
(Oxygène).... 4.01 4.91 4.80 11.28 12.60 11.32
Oxyde de fer... 1.60 3.60 3.00 9.00 5.60 4.00
(Oxygène).... 0.48 1.08 0.90 2.70 1.68 1.20
Chaux 0.60 1.60 1.30 8.30 9.60 0.()0
(Oxygène).... 0.17 0.46 0.37 2.36 2.72 0.17
Magnésie 0.30 0.60 » 2.60 4.60 3.60
(Oxygène).... 0.12 0.24 » 1.04 1.81 1.44
Potesse 5.20 3.15 5.90 0.60 » 1.70
(Oxygène).... 1.01 0.60 1.14 0.12 » 0.33
Soude 2.50 2.65 1.40 2.40 » 2.20
(Oxygène).... 0.63 0.66 0.36 0.61 » 0.50
Perte au feu.... 1.00 0.80 7.80 2.30 2.20 8.60
Le n** 1 provient des environs de Bagnols, le n** 2 d'un point situé un peu au
mord de Saint-RaphaDl, le n** 3 de la Colle de Grane, le n* 4 du Logis de Paris^ le
sï* 5 de Vilieneuve-Loubet» le n* 6 des travaux de Pra-Bousquct [les Vaux).
Ces analyses confirment les déductions tirées de rcxamen des ro-
1878. TOURNOUÊR. — ALLOCUTION PRÉSIDENTIELLE. 431
ches: la prédominance de Torthose dans les roches acides, du labrador
dans les roches 4 et 5, et de Toligoclase dans la roche 6.
J'ajouterai que le fer est à l'étal d'oligiste entièrement soluble dans
les acides dans les roches 1 et 2, de fer oxydulé dans les roches 4 et 5;
les acides enlèvent, avec le fer, la chaux et la magnésie presque com-
plètement dans les échantillons légèrement altérés. Quant à la roche
qui se trouve en dykcs dans le terrain houiller, la grande quantité
d'eau qu'elle contient explique l'altération profonde dont elle parait
atteinte sous le microscope.
L'analogie entre les roches 4 et 5 est évidente, et il est clair que le
nom de trachyte ne saurait convenir aux roches de Biot et d'Antibes,
désignées primitivement par les auteurs de la Carte géologique de la
France sous le nom de mélaphyres; si leur âge récent empêche de
leur conserver ce nom, la nomenclature en vigueur leur imposerait^
celui d'andésite pyroxénique; mais le pyroxène y est si rare et le feld-
spath si évidemment du labrador, que le nom de labradorite, récem-
ment proposé par M. Fouqué pour des roches du Cantal, serait préfé-
rable.
Séance du 25 avril i878.
PRÉSIDENCE DE M. TOURNOUÊR, président pour 1877.
Le Préaldent ouvre la séance par roUocuilon suivante :
Messieurs,
Depuis notre dernière séance générale annuelle à pareille époque,
de nouveaux vides se sont encore faits parmi nous. Sans parler des
coups très-récents et très-sensibles qui ont frappé la Société, votre
dernier Président sorti a le devoir de vous rendre compte des pertes
qu'elle a faites dans le courant de Tannée 1877.
Dans ce court intervalle, nous avons perdu 8 de nos collègues, dont
5 membres français :
M. Cercelet, membre de la Société depuis 1844 ;
M. Ernest Maire, depuis 1842;
M. Levallois, Inspecteur général des Mines, auteur de la Carte géo-
logique du déparlement de la Meurthe, ancien Président de la Société,
dont il faisait partie depuis 1832, c'est-à-dire presque depuis sa fonda-
tion. Dans les dernières années de sa vie, et dans les loisirs que lui
43i TOURNOUËH. — ALLOCtTIO.N PRKSIDK.NTIELLE. io avril
avait laissés raccomplissemciit d'une longue et haute carrière admi-
nistrative, M. Levallois était redevenu l'un dos membres les plus zélés
et les plus assidus de la Société, uiî de ceux qui s'intéressaient le plus
à ses travaux et à son avenir; et, pour nous doïiner une preuve de cet
intérêt, il avait voulu remplir les conditions qui lui permettaient d'ê-
tre compté à perpétuité parmi les meuîbres de la Société et de se sur-
vivre ainsi à lui-même au milieu de nous. Son nom sera donc toujours
inscrit en tête de nos listes, en compagnie de queUiucs autres égale-
ment honorés;
M. Reynès, qui était des nôtres depuis 18()0, Conservateur du Musée
d'Histoire naturelle de Marseille, auquel il avait cédé d'importantes
collections paléontologicjues, dont sa lin prématurée Ta empêché de
tirer tout le parti qu'il se [iroposait pour la publication d'une grande
monographie des Ammonites depuis longtemps commencée;
M. L. Ville, membre de la Société depuis i8ol, Inspecleur général
des Mines en Algérie, où il résidait depuis plus de trente ans et dont
il n'a cessé d'étudier et de taire connaître la géologie, l'hydrologie et
les ressources minérales, par de nombreux travaux qui lémoignent de
sa valeur scientitique et de sa rare activité. Notre coll«'-gue, et son ami
M. Delesse, en informant la Société géologique, dans sa séance du iî8
mai 1877, de la perte qu'elle venait de l'aire, a déjà rendu à la mé-
moire de M. Ville un premier hommage, au(|uel la Société, en cette
séance générale, s'associe par l'organe de son Président.
A rétranger nous avons perdu trois sociétaires :
En Saxe, M. Jenzsch, minéralogiste distingué;
En Russie, M. de Zihmeumann et M.d'Eiguwald, Profi\sseur a l'Uni-
versité de Saint-Pétersbourg, dont la mort est même antérieure a
1877, mais n'a été portée à notre connaissance (jue depuis la dernière
séance générale. M. d'Eichwald a attaché son nom à la géognosie, à la
paléontologie et à la zoologie de la Russie, par une série de publica-
tions scientifiques importantes et très-variées, qui se sontsuccéJé pen-
dant près de 40 ans. depuis 18:^9 jusqu'en 18G7, et paruii les(|ut'Hes il
me suffira de rappeler la Fauna Caspio-Caucasia et les Lcthœa Ros-
sica.
Ces pertes inévitables, qu'amène pour nous chaque année nou-
velle, jointes à un certain nombre de démissions ou de radiations ré-
glementaires, sont à peine compensées, je dois le dire, [)ar les recrues
ordinaires que nous taisons autour de nous.
La Société, peu après sa fondation, en 1834, comptait déjà 323 mem-
bres; en 1844, elle en comptait 441; en 185(), TiiO. A partir de cette
époque, le mouvement de progression s'arrête malheureusement : en
18(18, le nombre des membres est de îj'iO; dix ans apiès, au moment
1878. TOUnNOLÉR. — ALLOCUTION PRF^SIDENTIELLE. 433
actuel, en 1878, il n'est que de 546 (1), dont 400 membres français en-
viron ; c'est-à-dire que, depuis vingt ans et plus, le chiffre des socié-
taires est à peu près slationnaire un peu au-dessus de 500.
Ce n'est pas assez I Ce chiffre n'est pas en rapport avec le dévelop-
pement, avec l'importance, avec la popularité même, que la Géologie
a conquis dans le monde depuis quarante ans! 11 maintient d'ailleurs
forcément dans des limites trop restreintes nos ressources budgétaires,
qui s'alimentent en très-grande partie par le produit des cotisations
annuelles, et ce n'est que grâce à une libéralité très-récente, que la So-
ciété peut donner quelque encouragement effectif à la culture de la
science qu'elle a pour mission de propager, par l'établissement du prix
Viquesnel. Je suis heureux d'ailleurs de pouvoir dire que cette mo'
deste, mais intelligente fondation est déjà jugée par ses fruits; à peine
institué depuis trois ans, le prix Viquesnel est déjà devenu, et deviendra
chaque année davantage, pour les jeunes membres laborieux de la
Société, une distinction recherchée, un salutaire et sérieux stimulant,
qui les soutient dans la poursuite de travaux et d'études où ils n'ont
souvent d'autre récompense à attendre que l'estime de leui*s maîtres
ou de leurs anciens.
Cette année, ayant à décerner ce prix pour la troisième fois depuis
sa fondation, la Société en a jugé digne :
M. Georges Fabre, Sous-Inspecteur des Forêts à Alais (Gard), qui a
su mettre heureusement à profit pour la science sa résidence officielle
dans un arrondissement forestier assez ingrat et dans une région
géologique difficile et peu connue.
Par cette distinction, la Société récompense en M. Fabre huit années
d'études persévérantes sur le département de la Lozère ; études en
partie résumées dans la Carte géologique, minéralogique et agronomi-
quedu canton de Mende, qui joint à sa valeur scientifique et théorique
le mérite d'une utilité pratique d'application agricole et forestière :
heureuse alliance de la Géologie et de la Sylviculture, qui n'est pas
sans exemple dans notre Société et qui a droit à toute notre sympathie.
Je regrette, et la Société regrettera vivement avec moi, que M. Fa-
bre, retenu par des devoirs de famille, n'ait pu se rendre aujourd'hui
parmi nous pour y recevoir la récompense honorable que le suffrage
de ses collègues lui a décernée.
Le Président annonce ensuite deux présentations.
(1) Le nombre actuel est en réalitô plus élevé que celui de 1868, parce que celui-
c.\ comprenait une certaine (juantité de non-valeurs financières, qui ont été depuis
éliminées par \me administration plus rigoureuse.
58
4ii4 I». FISCniCR. — NKCROLOGIR DAI.C. D'onBii;.\Y. 25 avril
M. p. Fischer donne lecture de la notice suivante :
Notice sur la vie et les travaux
d'AlGiae ct'Orblgny,
par M. P. Fisclier.
MeSSIElUUS,
Plus de vin^'t ans se sont écoulés depuis la mort d'Alcîde d'Orbignv.
Les luttes ardentes soulevées par Tapparltion de ses doctrines se sont
éteintes; les idées justes, pratiques, qu'il a produites, ont été accep-
tées; en un mot, le jugement impartial de la postérité commence pour
ses œuvres. Les membres de la Société géologique ont pensé (|u'il était
temps de rendre à ce grand naturaliste un hommage mérité, et je crois
être Tinterprète de leurs vœux en retraçant devant vous l'histoire de
sa trop courte carrière.
Alcide-Charles-Viclor d'Orbigny naquit à Couëron (Charenle-Inlé-
rieure) le 6 septembre 180i. Son père, Charles-Marie d'Orbigny, ori-
ginaire de Saint-Domingue, après avoir pris du service comme chirur-
gien de marine, exerçait la médecine ù Couëron; il résida ensuite à
Ësnandes et se fixa enfin à La Rochelle.
D'Orbigny père avait des notions étendues en histoire naturelle. En
parcourant le littoral de TAuniset de la Vendée, illustré par les re-
cherches de Réaumur, il résolut de rassembler la collection des ani-
maux marins de cette contrée. Secondé par son compatriote Fleuriau
de Bellevue, il réussit dans son œuvre, et c'est à ces deux naturalistes
que l'on doit la fondation de notre premier musée régional français,
celui de La Rochelle. Les espèces les plus rares, envoyées à Paris,
ont été décrites par Latreille, Savigny, Cuvier, Audouin et Milne
Edwards.
Alcide d'Orbigny et son frère Charles accompagnaient leur père
dans ses excursions ; ils apprenaient ainsi à chercher et à observer;
leur talent précoce de dessinateur trouvait à chaque pas l'occasion de
s'exercer.
C'est en dessinant quelques petites coquilles recueillies sur la plage
d'Esnandes, qu Alcide d'Orbigny conçut le projet d'étudier les corps
organisés presque microscopiques qu'on classait aloi-s parmi les Cé-
phalopodes polythalames de Lamarck.
Les auteurs du siècle dernier et du commencement du xu*» : Planci,
Soldani, Mùller, Schroter, Spengler, Boys et Walker, Fichtel et Moll,
Montagu, etc., avaient représenté un grand nombre de ces formes élé-
1878. p. FisciiKft. — NKGuoLor.iK d'alc. d'ohbignv. 435
gantes, connues sous le non) de Nautllus. On trouve en effet une res-
semblance frappante entre ces petites coquilles cloisonnées et celles
des vrais Nautiles. Mais aucun naturaliste n'avait cherché à subdiviser
convenablement les prétendus Céphalopodes microscopiques. Les cou-
pes proposées par Lamarck étaient fondées sur des analogies si peu
naturelles, que sa famille des Ortliocérées, par exemple, renfermait
les genres Béleranite, Orthocère, Nodosaire, Hippurite, Conilite, c'est-
à-dire des Céphalopodes dibranches et lélrabranches, des Foramini-
ftres et des Acéphales. Denys de Monlfort, dans sa Conchyliologie sys-
tématique, essaya le premier de réformer les Polythalames, en créant
plusieurs genres, mais l'imperfection de ses dessins et surtout le peu
de confiance qu'on accordait à sa probité scientifique empêchèrent les
nomenclateurs d'adopter ses subdivisions.
Cette tûche honorable était réservée à Alcide d'Orbigny. Il avait étu-
dié les Céphalopodes microscopiques avec une véritable passion. Quel-
ques flacons de sable de Rimini lui dévoilèrent l'immensité du sujet
de ses recherches; loin d'en être effrayé, il sentit redoubler son ar-
deur. L'histoire de sa vie nous le montre tout aussi courageux lors-
qu'il commence son recueil encyclopédique sur l'Amérique méridio-
nale, et lorsqu'il entreprend la publication de la Paléontologie fran-
çaise. Les grands travaux exerçaient sur lui une véritable séduction.
Après sept années d'étude, il résuma ses découvertes dans le Ta-
bleau méthodique de la classe des Céphalopodes, publié en 18i6. Les
Céphalopodes microscopiques y étaient distingués, sous le nom de
Foraminifères, des autres Céphalopodes; les GOO espèces indiquées par
les auteurs ou considérées comme nouvelles étaient réparties en
63 genres, et ceux-ci rangés dans 5 classes.
Pour la caractéristique de ces classes, d'Orbigny s'est servi du mode
de groupement des loges ou des segments de la coquille.
Ainsi, les loges placées sur une seule ligne, bout à bout, appartien-
nent aux Stichostèyues ; enroulées en spirale sur un seul axe, elles
constituent les Ilélicostègues ; les Entomostègues sont également en-
roulés en spirale, mais les loges sont superposées sur deux axes; chez
lesÊnallostêgues les loges sont assemblées par alternance sur deux ou
trois axes distincts, sans décrire une spirale; enfin, les Agathistègues
sont formés de segments pelolonés sur un axe commun, chaque seg-
ment décrivant la moitié d'une circonférence.
A ces premières subdivisions d'Orbigny en ajouta plus tard deux
autres : les Monostègues pour les Foraminifères composés d'une seule
loge, et les Cyclostègues dont le test discoïdal est formé de loges con-
ceotriques, simples ou multiples, et sans spirale.
Cet arrangement si ingénieux n'est, il faut bien l'avouer, qu'un sys-
436 p. Fisciien. — .nécrologie d alc. d'ordigny'. 25 avril
lème; mais ses avantages sont tels que beaucoup de naturalistes Je
maintiennent encore, parce (|u'il facilite les reclierclies et qu'il conduit
rapidement à la distinction des genres.
Est-il naturel? Je ne le pense pas. D'Orbigny, qui avait circonscrit
avec tant de sagacité l'ordredes Agatbistègues et (jui avait, le premier,
remarqué la structure non poreuse de leur test, n'a pas entrevu le
parti qu'on pouvait tirer de l'étude de la structure intime de la co-
quille. Reuss et Carpenler ont modifié ultérieurement l'histoire natu-
relle des Foramin itères, en s'appuyant sur cette donnée fondamentale;
ils ont pensé avec raison, ce me semble, que des êtres dont les seg-
ments sont privés de porcs et dont tous les pseudopodes se concentrent
pour sortir par une ouverture unique de la coquille, sont plus parfaits
que ceux dont le test est criblé de trous et dont chaque loge, mise en
communication avec le liquide ambiant, contient une partie, en quel-
que sorte isolable, de l'agrégat. Chez les premiers l'individualité se
prononce; chez les autres la colonie se soupçonne.
L'application de ces principes a eu pour ettet de réformer l'ordre
des Monostègucs, où étaient rassemblés les OrhuUna, qui proviennent
peut-être par génération alternante des Globigerina; les OoUna, qui
n'ont d'ailinités qu'avec les Dentalina et les Frondicidaria; Jes Dacty-
lopora, qui sont des végétaux, etc.
En avançant dans sa carrière scientifique, d'Orbigny n'a jamais né-
gligé les Foraminiferes, objets de ses premières recherches. Il a sans
cesse complété, perfectionné son œuvre; rien n'était plus agréable
pour lui que l'envoi de sables de fond, où il était certain de découvrir
des formes nouvelles.
C'est ainsi qu'il nous a fait connaître les Foraminiferes vivants de
l'Amérique méridionale, ceux des Canaries, de Cuba et des Antilles,
et les espèces fossiles de la Craie blanche du bassin de Paris et des
terrains tertiaires du bassin de Vienne. Dans son ouvrage sur les Fora-
miniferes de Vienne, il a consigné ses idées sur la distribution de
ces animaux dans les mers actuelles et dans les couches anciennes,
et il a tracé la caractéristique de tous les genres admis à cette époque.
L'ensemble de ses travaux est tellement important, qu'on peut con-
sidérer d'Orbigny comme le créateur de cette branche de la science;
c'est là son véritable domaine ; mais, par une singulière ironie du sort,
le savant qui a le mieux connu ces innombrables formes, qui les a
distinguées, séparées, distribuées, ne devait pas découvrir l'organisa-
tion des animaux qui les construisent. Un de ses contemporains, Du-
jardin, en 1835, observant dans un verre d'eau de mer quelques Mi-
lioles et Gromies, vit leurs singuliers pseudopodes et reconnut sans
peii»e que leurs tissus étaient homogènes, composés uniquement de
1878. p. FiscriEit. — NKCiiOLOGii-: d'alc. i/oubigny. 437
cette matière difïluenle, visqueuse, privée de cellules, qu'il avait appelée
sarcode. Les Forain i ni t'ères, jusqu'alors rapprochés des Mollusques,
lurent détthus de leur rang, relégués au degré le plus infime de l'é-
chelle des êtres, à côté des Infusoires et au-desbOus des Spongiaires.
Il reste à expliquer comment des animaux de structure aussi élé-
mentaire peuvent construire des coquilles aussi compliquées, et pour-
quoi leur test répète les formes les plus variées des Mollusques cépha-
lopodes et gastéropodes. Ne sont-ils ([u'une ébauche imparfaite des
Mollusques, arrêtée au début et ne dépassant pas la constitution in-
térieure d'un œuf avant l'apparition du blastoderme, comme M. A.
Gaudry est porté à le croire? Ou bien existe-t-il pour les différents ty-
pes zoologiques ce qu'on pourrait nommer des répétitions de formes,
des é<iuivalences, comme celles qu'on trouve entre les Mammifères
monodelphes et les didelphes?
Peu de temps après la publication de son Tableau méthodique de la
dusse des Céphalopodes, d'Orbigny, dont le nom était remarqué, fut
chargé d'une mission scientifique dans l'Amérique méridionale. Tous
ses désirs étaient comblés : il allait donc accomplir un voyage lointain,
périlleux, dans des régions inconnues; il allait se trouver face à face
avec la libre nature et utiliser cet amour de l'observation qui n^atten-
dait qu'une occasion convenable pour se développer dans toute son
ampleur.
Il partit en juin 1826 et rentra en France en mars 1834; ces huit an-
nées furent employées fructueusement à parcourir le continent améri-
cain, depuis les régions froides et arides de la Patagonie jusqu'aux fo-
rêts vierges de la zone torride. Il foula le rivage des deux océans qui
forment la ceinture du nouveau continent, et gravit les plateaux les
plus élevés de la chaîne des Andes. Que de sujets d'étude pour un
naturaliste dans ces changements de régions, de climats, d'altitudes,
de faunes et de flores, dans ces modifications des milieux qui impri-
ment aux êtres vivants des caractères indélébiles !
L'histoire naturelle de rAméri(|ue du Sud était h cette époque bien
peu avancée. Quelques voyageurs : Humboldt et Bonpland, Spix et
Marlius, le prince de Wied-Neuwied, Auguste Saint-Hilaire, avaient
décrit les aninjaux et les plantes du Brésil et du Pérou ; mais la géolo-
gie, ainsi que la paléontologie, étaient à peine efïleurées, et l'on sait
quelles surprises ces sciences nous réservaient lorsqu'on exhuma les
faunes quaternaires du limon dc^ Pampas et des cavernes du Brésil,
aujourd'hui si bien connues par les travaux de R. Owen, P. Gervais,
Darwin, Lund, Burmcisler, etc.
D'Orbigny put donner son ténjoignage sur une (juestion générale qui
avait beaucoup occupé Buflbn et ses contemporains. Buflbn avait éta-
438 p. FISCIIRR. — NÉCllOLOtilE D*ALC. U'onBKiNY. 25a\ril
bit comme une loi, qu'aucun Mammifère de TAmérique méridionale
ne se retrouvait dans l'ancien continent et réciproquement, ce qui im-
pliquaitTidéc d'une création zoologique indépendante. Combattu avec
vivacité par Wosmaer, notre grand zoologiste soutint victorieusement
son opinion. 11 posait ainsi les bases de la distribution géographique
des animaux, science qui domine aujourd'hui la zoologie, et sans la-
(fuelle celle-ci n'est plus qu'une aride nomenclature ou une suite fas-
tidieuse de descriptions.
Non-seulement d'Orbigny vérifia la loi de Bufïbn, mais, en exami-
nant tantôt les animaux marins, tantôt les animaux terrestres du
nouveau continent, il formula des conclusions d'une portée considé-
rable.
Ainsi les Mollusques et les Foraminiferes des rivages atlantique et
pacifique lui révèlent l'existence de deux faunes tout à fait distinctes.
Quelques années après, C. B. Adams, P. Carpenler, A. Gould, conlir-
raent cette belle découverte, d'après l'analyse des faunes marines de
TAmérique centrale et du Mexique. Mais ces matériaux n'ont acquis
toute leur valeur qu'entre les mains d'Edouard Forbcs, c le plus in-
struit et le plus original des naturalistes de notre époque (1) », et de
ses élèves : Woodward, Mac' Andrew, JelFreys, W. Thomson, Carpenler,
Wallace, etc.
La part de d'Orbigny dans rétablissement des provinces zoologi(|ues
est donc prépondérante ; les applications de ses découvertes à la Géo-
logie ne sont pas moins dignes d'intérêt. Il conclut» de cette dissem-
blance des faunes actuelles, que certains bassins tertiaires, dont les
faunes diffèrent, ont pu être déposés simultanément.
En formant ses collections de Mollusques terrestres et lluviatiles
vivants de l'Amérique, il s'aperçoit que le nombre des espèces est en
rapport direct avec l'élévation de la température, et que les formes
des zones chaudes ne se retrouvent pas dans les zones froides ou tem-
pérées. Les effets de l'altitude rappellent ceux de la latitude; les
espèces des hauts plateaux sont aussi pou nombreuses que celles des
régions froides; à mesure qu'on s'élève, elles décroissent rapidement,
et au-delà de 4 400 mètres la vie n'est plus possible pour les Mollus-
ques américains, dont la limite supérieure est toutefois beaucoup plus
élevée que celle des Mollusques européens. Il existe donc une véri-
table distribution suivant l'altitude, comme il existe une répartition
des animaux marins suivant les profondeurs.
On n'aurait qu'une faible idée du travail de d'Orbigny sur l'Amé-
(l) Suivant les expressions de W. Thomson. La abimes de la mer -tnl. française:,
p. îj.
1878. p. FISGHEB. — .NÉCaOLOGlE DALC. U'OUBIGNY. 439
rique si Ton se bornait à citer la partie zoologique et géologique. Il
s'est occupé, avec non moins de succès, de la géographie, de l'ethno-
graphie et de l'anthropologie. Ses recherches sur l'Homme américain
ont une haute valeur.
La race américaine fut admise et caractérisée par Buffon. a II n*y a,
disait-il, pour ainsi dire, dans tout le nouveau continent, qu'une seule
et même race d'hommes, qui tous sont plus ou moins basanés, et, à
l'exception du Nord de l'Amérique, tout le reste de cette vaste partie
du monde ne contient que des hommes parmi lesquels il n*y a presque
aucune diversité (1). »
Blumenbach considéra l'Américain comme une des quatre variétés
naturelles du genre humain; mais Cuvier, qui cherchait dans Tana-
tomie des caractères pour ses divisions anthropologiques, ne put ad-
mettre une race Américaine ayant une valeur équivalente à celle des
trois grandes races Caucasique, Mongolique et Éthiopique. c Les Amé-
ricains, dit-il, n'ont pas de caractère à la fois précis et constant qui
puisse en faire une race particulière (2). » Avec une modestie bien
digne de son talent, il avoue aussi qu'il ne sait où classer les Malais et
les Papous.
L'entité de la race Américaine était donc à démontrer. Le polygé-
niste Morton s'est chargé de ce soin pour les Américains du Nord, et
d'Orbigny pour ceux du Sud.
Aiais après avoir confirmé la valeur de cette grande famille humaine,
d'Orbigny a voulu élucider l'histoire de ses variétés, de ses subdivi-
sions, de ses tribus, travail difficile, car les historiens et les voyageurs
citent les noms d'un millier de nations américaines. Il réduit considé-
rablement ce chiffre, en n'admettant que 39 familles principales. Aidé
par la connaissance des langues et par les relations historiques, il pose
en principe, qu'une même nation, à laquelle on a donné les noms de
Guaranis, Galibis ou Caraïbes, s'étendait jadis des Antilles ù la Plata
et du pied des Andes au littoral de l'Océan Atlantique; hypothèse har-
die et que les anthropologistes ont généralement acceptée.
Une observation de détail des plus curieuses est relative aux Pata-
gons; elle a permis de rectifier les erreurs accréditées sur la taille gi-
gantesque de ces peuples depuis les voyages de Magellan en 1520 et
du Commodore Bvron en 1764.
Après un séjour de huit mois en Patagonie, d'Orbigny donna sur
cette contrée mystérieuse les premiers renseignements scientifiques
de quelque valeur. Durant cette période, il dut échanger son bâton de
(l) T. III, p. 510.
'.'2) R^ijnc animal, p. ^i.
440 p. FlSCHEll. — NÉCROLOGIE D ALC. D ORBIGNY. 20 avril
touriste contre le fusil du soldat. Assiégé dans Carmen par les Pata-
gons, il eut l'occasion involontaire de voir un grand nombre de ces
sauvages, dont la taille moyenne est de 5 pieds 4 pouces, résultat qur
confirme pleinement l'opinion exprimée par de Bougainville dans sa
lettre àDom Pernéty : o Nous avons fait alliance avec ces Patagons s»
décriés et que nous n'avons trouvés ni plus grands, ni même aussi
méchants que les autres hommes (1). »
Le Haut-Pérou ou Bolivie était alors unpayspresquenussi peu connu
des Européens que la Palagonie. L'exploration de cette contrée fut
favorisée à d'Orbigny par le président Santa-Cruz. Peu de temps au-
paravant, un savant géologue anglais, Pentland, avait entrepris la
topographie dc/la région et établi, à l'aide d'un grand nombre de
hauteurs et de distances lunaires, près de cent positions géographi-
ques. Ce travail fut complété par notre compatriote, qui a publié d'ex-
cellentes cartes géographiques et géologiques de la Bolivie. Il pénétra
dans la partie orientale de cette contrée, oii vivent des Indiens civilisés
depuis longtemps par des missions de Jésuites, dont l'histoire est aussi
curieuse que celle du gouvernement théocralique du Paraguay. H
atteignit les limites extrêmes de la Bolivie et s'arrêta à San Corazon.
f L'idée, dit-il, d'être parvenu h GOO lieues des côtes du Grand Océan,
à peu près à égale distance de l'Océan Atlantique, me causait un plai-
sir que je ne pourrais exprimer. Atteindre ce but m'avait paru souvent
un rêve. «
Mais cette joie si pure était troublée par le souvenir de la patrie;
lorsque son attention n'était plus absorbée par l'étude, il se reportait
sans cesse auprès des êtres qui lui étaient chers. Il nous raconte qu'une
nuit, campé dans la province de Chiquitos, il entendit un jeune indien
qui jouait sur la flûte les airs nationaux de son village, c Cette mu-
sique monotone et triste, au milieu de l'obscurité et du silence des
forêts, me conduisit insensiblement à des idées des plus mélancoliques.
Ce pauvre Indien, me disais-je, à peine à seize lieues de son pays,
cherche à se le rappeler et souffre d'en être éloigné. Cette pensée
me ramena nàalgré moi vers ma patrie, dont j'étais séparé déjà depuis
six années, et que je n'osais entrevoir, perdu que j'étais alors au sein
des déserts du centre de TAmérique. Lorsque quelques incidents me
ramenaient ainsi vers un autre hémisphère, qui pouvait seul me rendre
au bonheur, je cherchais à soulever le voile de l'avenir, à pressentir
dans le lointain de ma vie les jouissances et les peines qu'il nie réser-
vait... L'aube du jour me surprenait encore au milieu de mes ré-
;1) Junni. hist. de Dom Peructy, t. II, p. Oôl.
1878. p. FISCHKK. — NKGROLOGIE DALC. u'onBIGNY. 441
flexions, plus souvent couvertes de sombres nuages qu'éclairées des
rayons de l'espoir. »
De retour dans le Bas-Pérou, d'Orbigny termina ses explorations à
Lima; en 1834 il revit enfin la France.
Tel est le résumé bien incomplet de ce voyage, dont la publication,
conduite avec l'activité qui caractérisait notre collègue, l'occupa de
1834 à 1847. Neuf volumes et environ 500 planches relatives aux
sujets les plus divers suflirent à peine à faire connaître les maté-
riaux considérables qu'il avait recueillis. « Cet immense ouvrage, a
dit Élie de Beaumont, présente dans un cadre prescfue encyclopédique
une des monographies les plus étendues qu'on ail données d'aucune
région de la terre. t>
Tout en rédigeant son voyage en Amérique, d'Orbigny travaillait
concurremment à d'autres ouvrages. On est stupéfait de cette incroya-
ble facilité d'observation et de production. Ainsi, de 1834 à 1847, il a
publié avec de Férussac une magnifique Histoire naturelle des Cépha-
lopodes ; avec Webb et Berthelol V Histoire naturelle des Canaries; avec
Ramon de la Sagra \ Histoire naturelle de Cuba et des Atitilles, Puis,
il fit paraître une Histoire naturelle des Crinoïdes, une Galerie orni-
thologique des Oiseaux d'Europe, plusieurs notes sur la station nor-
male des Mollusques bivalves, sur les lois (|ui président a la distribu-
tion des Mollusques marins cùtiers, sur les Bélemnites, les Ammonites,
les ConoteiUhis, les SpiruUrostra; en outre, une série de mémoires
paléontologiques, parmi lesquels on remarque : la Paléontologie dtc
voyage de M. Hommairc de Hell dans les steppes de la Mer Caspienne,
le Caucase et la Crirnce; la Paléontologie des terrains secondaires et
tertiaires de la Russie d'Europe et des montagnes de V Oural, insérée
clans le ])el ouvrage de Murchison, de Verneuil et de Keyserling ; le
Mémoire sur'les Fora mini j ères de la Craie blanche du bassin de Paris,
Knlin, subjugué par le charme des études sur le monde ancien, il com-
mença sa Paléontologie française ou Description zoologique et géologique
de tous les ani)naux rtiollusqucs et rayonnes fossiles de France, ouvrage
cjui fut sa principale occupation durant les dernières années de sa vie.
Le cadre de la Paléontologie française est immense. Nos faunes fos-
s^iles sont si variées, si remarquables par le nombre des espèces, qu'on
désespère d'en possédtjr un catalogue pres(|ue com[)let; mais celte
tentative courageuse, malgré ses imperfections, a été de la plus grande
milité pour nos géologues et nos paléontologistes, qui eurent enlin le
livre et le guide qui leur man([uaient. On peut dire, sans crainte d'êtro
démenti, ({ue la plupart des géologues do province sont les élèves de
d'Orbigny, par l'usage journalier qu'ils font de son ouvrage.
Je me souviens de l'eflet que produisit dans le inonde savant l'appa-
442 p. FISCHER. — .NÉCROLOGIE d'aLC D OHBICNY. 25 avril
rition de la Paléontologie française. Que de formes nouvelles turent
dévoilées! Que d'animaux étranges lurent reconstitués! On connut
enfin les étonnantes variations des Céphalopodes, dont les genres
Conoteuthis, Belemnitella, Spirulirostra, Nautiloceras, C7i/ptoceras,
BacuWia, Ancyloceras, Toxoceras, ïlamulina, Ptychoceras, Ilelico-
ceras, ffeteroceras , Rliynchoteuthis, ont été créés par d'Orbigny, qui
d'ailleurs avait dc^à décrit un grand nombre de types génériques nou-
veaux parmi les Céphalopodes vivants.
Les livraisons de la Paléontologie française publiées sous sa direc-
tion comprennent : les Céphalopodes et une partie des Gastéropodes
des terrains jurassiques ; les Céphalopodes, les Gastéropodes, les La-
mellibranches, les Brachiopodes, les Bryozoaires et une partie des
Ëchinides de la Craie. Le tout forme 8 volumes de texte, accompagnés
de près de 1 000 planches.
Parmi les sujets les plus intéressants de cette publication, on doit
citer les Bryozoaires de la Craie, dont l'étude et la description ont
exigé une somme de travail surprenante. A part quelques mémoires
de Lamouroux, Milne-Edwards, von Hagenow et Reuss, rien de com-
plet n'avait été publié sur l'ensemble des Bryozoaires. La plupart des
genres étaient à créer; quant aux espèces inédites, leur nombre était
immense. On sait que les dépôts de la Craie supérieure nous transmet-
tent dans un état de conservation admirable une faune de Bryozoaires
infiniment plus riche que celle des Faluns et des Crags, et surtout que
la faune actuelle, qui est pourtant bien connue par les récentes explo-
rations sous-marines.
Loin de se borner à la description des Bryozoaires de la Craie,
d'Orbigny examina comparativement ceux des autres formations géo-
logiques et des mers actuelles. Le résultat de cette étude forme un
véritable Synopsis, où il a indiqué toutes les espèces de Bryozoaires,
vivantes et fossiles, au nombre de 1 929, dont 879 sont crétacées. Conçu
sur le même plan que l'histoire des Foraminifères du bassin de Vienne,
ce livre est appelé à rendre de grands services. « Nous ne savons pas,
dit-il, quel jugement sera porté sur cet immense travail, mais nous
pouvons ajouter avec vérité, que de tous nos travaux paléonlologi-
ques et géologiques, c'est certainement celui qui nous a offert le plus
de difficultés à vaincre, et celui que nous regardons comme le plus
difficile à traiter. »
Presque à la même époque un autre naturaliste français, mort pré-
maturément, Jules Haiine, préparait sur les Bryozoaires jurassiques un
travail remarquable publié en 1854.
Jules Haime était guidé dans l'étude de ces animaux par des prin-
cipes dilTérents de ceux de d'Orbigny : il n'accordait une véritable
1878. p. FiscHEii. — NÉCROLOGIE d'alc. d'orbigny. 443
valeur qu*à la structure fondamentale des cellules (ou, pour parler la
langue moderne, des zooœcia), tandis que d'Orbigny, tout en tenant
compte de cette structure, cherchait des caractères de première valeur
dans le groupement des cellules de chaque colonie. On voit reparaître,
dans ce dernier mode de classification, les idées systématiques qui
l'avaient dirigé lorsqu'il publia ses travaux sur les Foraminifères.
Mais les inconvénients d'un pareil système sont palpables; pour n'en
citer qu'un exemple, le Bryozoaire vivant appelé Flustrapilosa^^v
Linné est placé par d'Orbigny dans 4 genres, suivant que la colonie
est fixée sur des algues cylindriques, étendue sur chaque face d'un
fucoïde, ou étalée à la surface d'une coquille, et suivant que les cel-
lules sont parallèles, alternes ou disposées bout à bout. La plus
légère modification dans le substratum d'un Bryozoaire, la forme
rampante ou dressée des colonies, le degré plus ou moins avancé de
calcification des cellules, deviennent ainsi des caractères génériques et
spécifiques.
La merveilleuse patience de d'Orbigny, ainsi que son habileté à ti-
rer parti des moindres caractères distinctifs, sont attestées par la col-
lection (le Bryozoaires qu'il a formée. Elle comprend plusieurs milliers
(le tubes, dont chacun est parfois rempli de ces petits fossiles. Il lui a
fallu examiner au microscope chaque spécimen, le classer et le nommer.
Aussi peut-on lui rendre ce témoignage, dont Cuvier était si fier
lorqu'il disait « qu'il ne croyait pas avoir été moins utile à la science
par les collections qu'il a créées, que par tous ses autres ouvrages ».
J'arrive maintenant aux livres qui résument en quelque sorte la
doctrine scientifique de d'Orbigny : à son Prodrome de Paléontologie
Urati graphique universelle et à son Cours élémentaire de Paléontolo-
gie, publiés en 1850 et 1852.
Dans le Prodrome il a cherché à dresser la liste de tous les animaux
invertébrés (Mollusques et Rayonnes) connus à l'état fossile. L'utilité
d'un pareil ouvrage avait été pressentie par BufTon : a C'est surtout
dans les coquillages et les poissons, premiers habitants du globe, que
l'on peut compter un plus grand nombre d'espèces qui ne subsistent
plus; nous n'entreprendrons pas d'en donner ici Ténumération, qui,
quoique très-longue, serait encore incomplète; ce travail sur la vieille
nature exigerait seul plus de temps qu'il ne m'en reste à vivre, et je
ne puis que le recommander à la postérité (1). »
D'Orbigny admit 18 000 espèces, représentées par 40000 noms spé-
cifiques plus ou moins bien appliqués. Voilà le bilan d'une partie de
la Paléontologie en 1850. Quelques chiffres indiqueront les progrès
(1^ T. IV. p. i:)G Minérmtr'.
444 p. FiscfiEH. — NÉCROLOGIE d'alc. d'orbig.ny. 25 avril
rapides de la science depuis cette époque. Eu 1868, Bigsby (1) signale
8897 espèces dans les seuls terrains siluriens. Deshayes (2), en 1865,
avait décrit 2 815 espèces de Mollusques dans un petit bassin de la mer
éocène. Il est donc permis de supposer cju'à la lin du dix-neuvième
siècle on connaîtra plus de 100000 fossiles.
Le Prodrome n'eût été qu'une laborieuse compilation, comme Y In-
dex palœontologicus de Bronn, si d'Orbigny n'avait eu recours à une
méthode nouvelle, dont les résultats furent considérables. Pour lui,
le nom et la nature du fossile n*ont qu une importance secondaire,
primée par celle de Tâge.
« La première notion à obtenir dans l'étude paléontologique, dit-il
» (3), c'est la date. Sans ces recherclies préalables, point de paléon-
» tologie possible, ou seulement le chaos. Il nous semble qu'on n'a
» pas compris ce principe, car le plus souvent on a procédé en sens
» contraire. Comparons un instant, comme se trouvant tout à fait
» dans les mûmes rapports, les médailles à l'histoire de l'Homme, les
» êtres fossiles à l'histoire du monde terrestre. Lorsqu'un historien
» veut tirer parti des médailles, cherche-t-il, pour les appliquer, à
» les classer par nature de métal, ou commence-t-il à rechercher
» quelle est la ressemblance, entre eux, des personnages historiques
» qui y sont représentés? Un historien, un archéologue riraient cer-
» tainement de cette question ainsi posée, et recourraient, de suite, à
» la date, sans songer à la nature du métal, et surtout sans examiner
» si quelques-uns des empereurs romains ont de la ressemblance avec
)> Napoléon. Cette ressemblance, en aucun cas, ne leur ferait placer
T> les empereurs romains aux Tuileries, pas plus qu'ils ne mettraient
» Napoléon au Capitole. Nous sommes pourtant obligé de le dire :
» c'est ainsi qu'on a souvent procédé en paléontologie. »
En conséquence il divisa les terrains sédimentaires en 27 étages, dis-
tingués par des noms de désinence uniforme et rappelant, par leur
radical, l'appellation vulgaire sous laquelle ils étaient connus des géo-
logues. Les espèces ayant été réparties dans chaque étage, l'auteur
obtint ainsi 27 faunes éteintes.
Quand il compara entre elles les espèces qui sous un même nom
avaient été inscrites par les auteurs dans des formations différentes, il
constata presque toujours de graves erreurs de détermination. Fortilié
par ces preuves, il arriva peu à peu à considérer comme démontré,
(1) Thésaurus siluricus.
(2) Description des animaux sa/iî vertèbres de'couvcrls dans le bassin de Paris
1856-1865.
(3) Prod. Pal., t. 1, p. XV.
1878. p. FISCHER. — NÉCROLOGIE D ALC. D'ORBIGNr. 445
qu'aucune espèce ne passait d'un étage dans un autre, et que par
conséquent la nature nous présentait le tableau de 28 créations dis-
tinctes (en y comprenant l'époque actuelle), puisque la vie s'était re-
nouvelée î28 fois à la surface de la Terre.
C'est dans cette manière de grouper les êtres et de considérer la
Paléontologie, que réside l'originalité de d'Orbigny. W. Smith en An-
gleterre, Alexandre Brongniart en France, avaient créé la Stratigraphie,
en démontrant que le sol est divisé en couches, que l'ordre des su-
perpositions n'est pas interverti, que des fossiles semblables se trou-
vent dans toutes les parties des mômes couches et à de grandes dis-
tances; Cuvier avait assis la Paléontologie sur des bases solides, en
prouvant que les animaux fossiles sont différents des êtres vivants;
mais d'Orbigny alla plus loin encore, lorsqu'il afllrma qu'un grand
nombre de fois toutes les espèces animales avaient disparu pour faire
place à des formes nouvelles. Dans chacun de ses étages il nota l'ap-
parition et l'extinction d'ordres, de familles, de genres, d'espèces. En
un mot, il établit la doctrine des créations successives.
Cette doctrine a eu pour conséquence d'introduire dans l'étude de
la Paléontologie stratigraphique un esprit d'examen rigoureux; on
scruta de plus près les espèces, surtout lorsque des gisements non
synchroniques renfermaient des formes voisines; on évita les erreurs
si fréquentes de nos devanciers, qui donnaient les noms d'espèces
éocènes à des espèces miocènes, et qui annonçaient que la plupart des
êtres tertiaires avaient encore leurs analogues vivants; on découvrit
une foule de nuances qui avaient passé inaperçues et qui nous révèlent
aujourd'hui Tâge relatif d'un même type. Bref, l'élan futdonné et tous
les jeunes géologues s'engagèrent dans la voie tracée par d'Orbigny.
Le maître se montrait d'ailleurs d'une rare intransigeance sur ces
questions. « Si nous trouvions dans la nature, disait-il, des formes
> qui, après l'analyse la plus scrupuleuse, ne nous offriraient encore
» aucune différence appréciable, quoiqu'elles fussent séparées par un
» intervalle de quelques étages..., nous ne balancerions pas un in-
» stant à les regarder néanmoins comme distinctes (1). »
Alais aujourd'hui, la doctrine des créations successives répond-elle
à nos conceptions sur l'histoire de la Terre ? Non, sans doute. D'Orbi-
gny, pour expliquer les vingt-huit renouvellements du monde vivant,
avait recours à l'hypothèse de destructions générales des êtres, de
cataclysmes marquant la fin de chaque étage. Il se faisait ainsi Técho
des idées développées par Cuvier dans le Discours sur les Révolutions
de la surface du Globe» et il accommodait son système de perturbations
(1) Prudr. Pal., l. I, p. XXXVIII.
446 p. FISCHER. — NÉCROLOGIE DALC. D'ORBIGNY. 25 avril
finales avec la théorie des soulèvements d'ËIie de Beaumont. « La se-
9 paratîon par faunes distinctes successives qu'on trouve dans chaque
» étage géologique, ne serait donc que la conséquence visible des sou-
» lèvements et des affaissements de divei'ses valeurs qu'a dû subir dans
» toutes ses parties la croûte consolidée de Técorce terrestre (1). > Et
plus loin : c Chacun des étages qui se sont succédé dans les âges du
» monde renferme sa faune spéciale, bien tranchée, distincte des
» faunes inférieures et supérieures... Ces faunes ne se sont pas succédé
» par passage de forme ou par remplacement graduel, mais bien par
» anéantissement brusque. Comme, en effet, on ne rencontre, nulle
> part, de transition d'une forme spécifique à une autre, au contact
» de deux âges successifs,,... l'extinction des espèces d'une faune à
x> chaque étage est évidemment un fait général (â). »
Ces conclusions sont formellement attaquées par la science mo-
derne. Ainsi, dans son Parallèle entre les dépôts siluriens de Bohême
et de Scandinavie , M. Barrande a montré , dès 1856 , que si , en
Bohême, la faune primordiale est brusquement interrompue par l'ap-
parition des porphyres, et la faune suivante par l'arrivée des trapps,
en Scandinavie au contraire, les trois faunes qui se sont succédé sans
interruption apparente sont tout aussi nettement distinctes. Si, d'autre
part, chacune des trois faunes générales de la Bohème coïncide avec
un dépôt sédimentaire particulier : argileux, argilo-siliceux ou cal-
caire, en Scandinavie le passage d'une faune à une autre se fait dans
des couches de même nature, de sorte que l'influence du milieu est
nulle, c Le parallèle entre la Bohême et la Scandinavie nous montre
donc, que le renouvellement général des êtres dans les mers a été
également indépendant et des révolutions de la surface du globe, et
des variations dans la nature des dépôts sédimentaires (3). >
Quant à l'extinction de toutes les espèces à la fin de chaque étage,
même indépendamment des cataclysmes, elle n'est pas mieux établie
que la transformation brusque de ces espèces. Comme l'a dit avec
raison Darwin, « je n'admets l'existence d'aucune loi fixe et nécessaire,
obligeant tous les habitants d'une contrée à se transformer à la fois
également et brusquement. Je crois au contraire que le procédé de
modification doit être extrêmement lent, et que la variabilité de cha-
que espèce est complètement indépendante de la variabilité de toutes
les autres (4) ».
(1) Cours de Paléont., t. I, p. 185.
(ii) Cours de Paléont., t. II, p. i?5i?.
(3) Op. cit., p. 05.
(I) De VorUjinc des expoces., trad. fr.. p. 11-2.
1878. r. FISCHEH. — NÉCROLOGIE d'aLC DORBltiNV. 447
La disseclion de chaque étage en petites couches, et l'analyse pa-
léontologique de chacun de ces dépôts, si faciles pour les terrains
tertiaires, nous montrent que de l'Ëocène au Miocène, du Miocène au
Pliocène, du Pliocène au Quaternaire et à l'époque actuelle, la transi-
tion est insensible, quand on a sous les;yeux tous les éléments de la
série.
Deshayes, après ses longs travaux sur la faune éocène, résume ainsi
ses impressions à ce sujet. « En définitive, quel spectacle nous offre le
bs^ssin de Paris? Des apparitions d'espèces et leur extinction plus ou
moins rapide; les unes résistant peu aux causes de destruction, les
autres un peu plus, d'autres plus encore, toutes enfin disparaissante
certaines limites, les plus vivaces servant de lien commun à toutes les
parties de l'ensemble, et les autres rattachant entre elles les sous-di-
visions d'une moindre importance (1). »
Mais nul n'a élevé la voix plus vivement que Philippi, en faveur de
l'extinction indépendante et non simultanée des espèces, a II n'y a pas
de séparation, disait-il, entre l'Ëocène, le Miocène et le Pliocène ; nos
distinctions sont purement subjectives et abusives; la création a tou-
jours continué lentement son œuvre. »
D'Ârchiac a développé les mêmes idées en ces termes : a Les ani-
maux et les végétaux qui nous entourent ne sont que les descendants
ou les représentants de ceux qui les ont précédés.... Les divisions que
nous cherchons à établir, les mots terrain ou époque, formation, sys-
tème ou période, groupe, etc., dont nous nous servons pour les dési-
gner, ne sont que des moyens plus ou moins artificiels pour coordon-
ner et classer les faits.... Le commencement d'une de ces divisions
représentatives du temps n'est séparée de la fin de celle qui Ta précé-
das, que par des différences le plus souvent conventionnelles, par con-
séquent sans valeur absolue (2). i
On ne peut contester la valeur de ces objections ; mais elles ne ren-
versent pas ce fait fondamental, qu'à un moment donné il a existé
sur la Terre une faune et une flore éocènes, par exemple, distinctes
des faunes et des fiores crétacées et miocènes. Toute la discussion
porte sur le remplacement, soit insensible et dépendant, soit indépen-
dant et brusque, de la faune et de la flore de chaque période.
Les naturalistes tendent aujourd'hui à considérer la création comme
une force constante, sans intermittence, puisque chaque couche révèle
des apparitions et des extinctions spécifiques. Dans cette hypothèse,
les différences des êtres suivant leur âge géologique sont les conse-
il) Descr. Animaux sans vert. bass. Paris, t. II, p. 171.
(2) Géol, et Pnléont,, p. 315 et 31(5; 1866.
450 p. FlSGHEIl. — NÉCROLOGIE D'ALC. d'oRBIGNY. 25 avril
nombreux ouvrages, d'Orbigny songeait peu aux besoins réels de la
vie. Peut-être espérait-il qu'on viendrait à lui, supposant avec quelque
naïveté, qu'il suffit de mériter une situation pour l'obtenir. Irrité,
enfin, de la négligence, sinon de l'hostilité, des savants officiels, il
demanda une place de professeur. J'ai le regret de dire que sa requête
fut mal reçue. Les zoologistes n'appréciaient pas ses découvertes ori-
ginales sur la distribution géographique des animaux, pas plus que
ses efforts pour arriver à établir une classification des Foraminif'ères,
des Bryozoaires ou des Céphalopodes; ils n'attachaient d'ailleurs
aucune importance aux travaux si pénibles de spécification et de taxo-
nomie; les géologues étaient exaspérés par les idées de ce novateur;
sa terminologie des étages provoquait un concert de récriminations
ou de railleries; enfin, zoologistes et géologues s'entendaient à mer-
veille pour déclarer que la Paléontologie n'était pas une science, mais
uniquement la zoologie ou la botanique des êtres fossiles.
Un décret du chef de l'État dut triompher de ces résistances : en
1853 une chaire de Paléontologie fut instituée au Muséum d'Histoire
naturelle; A. d'Orbigny en était nommé titulaire.
Il semblerait que dès lors le nouveau professeur allait jouir paisi-
blement de la position qu'il considérait comme le but suprême de sa
carrière. Il n'en fut rien. Fatigué de la lutte, harcelé par de mesquines
inimitiés ou par des jalousies mal déguisées, il demanda au travail un
surcroît de fatigue pour oublier les blessures qu'on ne lui ménageait
pas et qu'il ressentait trop vivement peut-être, il s'enferma plus long-
temps au milieu de ses chères collections ; mais ce genre de vie finit
par altérer sa robuste santé; une affection du cœur se déclara avec
tout son cortège de souffrances et d'angoisses. Bientôt le travail lui
devint impossible, et après une année de douleurs, la mort le délivra
le 30 juin 1857, à l'âge de 55 ans seulement.
Il léguait à ses enfants le plus précieux des héritages : un nom il-
lustre dans la science.
En résumant en quelques mots notre appréciation sur le savant
dont nous venons de raconter la vie, nous dirons : qu'il a dû sa supé-
riorité comme paléontologiste et géologue aux connaissances qu'il
avait acquises par ses voyages et par la pratique de la Zoologie. Ses
doctrines sur la chronologie des êtres fossiles, en dépit de leur exagé-
ration, ses immenses travaux paléontologiques, malgré quelques er-
reurs inséparables de toute œuvre étendue, ont renouvelé la science
dans notre pays et assuré à notre compatriote une place méritée parmi
les grands géologues de ce siècle.
1878. p. FISCHER. — iNÉCROLOGlE d'aLC. D*OIlBIGNY. 481
Liste des ouvrages (VAlcide d'Orbigny.
Monographie d'un nouveau genre de Mollusques gastéropodes de la famille des
Trocho'ides, nommé Scissurelle fMém, Société d'Hist, nat. Paris, t. Ij; 1823,
Notice sur deux esphes du genre Ptéroeère, observées dans le Calcaire Jurassique
du département de la Charente-Inférieure fÀnn, Se. nat,, t. Y) ; 1825.
Notice sur les becs de Céphalopodes fossiles (Ann, Se. nat., t. V) ; 1825.
Tableau méthodique de la classe des Céphalopodes fÀnn. Se. nat., t. VU): 1826.
Voyage dans l'Amérique méridionale, 9 vol. in-l"; 1831-1817.
Notice sur un nouveau genre de Cétacé, des rivières du Centre de l'Amérique
méridionale (Nouv. Ann. Muséum d^Hist, nat., t. III); 1834.
Synopsis terrestrium et fluviatilium MoUuseorum Americanorum fMag. Zool.,
t. V) ; 1835.
Galerie omithologiqne dex Oiseaux d'Europe (52 livraisons) ; 1836-1838.
Mémoire sur des espèces et sur des genres nouveaux de l'ordre des Nudibranehes
observés sur les côtes de France (Mag. Zool., t. VII) ; 1837.
Mémoire sur une seconde espèce vivante de la famille des Crinoïdes ou Eneri-
nes, servant de type au nouveau genre Holope (Holopus) (Mag, Zool., t. VII); 1837.
Description d'une nouvelle espèce du genre Couroucou [Mag. Zool., t. VII) ; 1837.
Mémoire sur la distribution géographique des Oiseaux passereaux dans l'Ame-
Hque méridionale fC.-R. Ac. Se. t. VII) ; 1838.
Nouvelle espèce du genre de Zoophytes échinodermes nommé Galérite (Rev, Zool .
t. I); 1838.
Note sur le genre Caprine fRev. Zool., t. II) ; 1839.
Histoire naturelle générale et particulière des Céphalopodes acétabuUfères vivants
et /bwi7«; 1839-1818 (en collaboration avec de Férussac).
Mémoire sur les For aminif ères de la Craie blanche du bassin de Paris fMém. Soc.
qéoL France, 1" sér., t. IV); 1810.
Mollusques, Échinodermes, Polypiers, Foraminifères des îles Canaries, in Webb
et Berlhelot : Histoire des iles Canaries; 1839-1840.
Ornithologie, Foraminifères, Mollusques de l'ile de Cuba et des Antilles, in Ra-
mon de la Sagra, Histoire naturelle de Cuba; 1830-1843.
Histoire naturelle générale et particulière des Crinoïdes vivants et fossiles, com-
prenant la description soologique et géologique de ces animaux; 1840.
Paléontologie française. Description soologique et géologique de tous les animaux
mollusques et rayonnes fossiles de France, l^ partie : terrains cr«3tac6s ; Céphalo^
podes. Gastéropodes, Lamellibranches, Brachiopodes, BryosoaireSy Échinodermes;
1810-1856; — 2« partie: terrains jurassiques: Céphalopodes, Gastéropodes; 1842-
1856.
Considérations paléontologiques et géographiques sur ta distribution des Cépha-
lopodes acétabuUfères (Ann. Se. nat., 2' sér., ZooL, t. XVI; et Bull. Soc. géoL,
l'-sér., t. XII); 1811.
Considérations soologiques. géologiques et géologico-géographiques sur les Am-
monites du terrain crétacé (Ann. Se. nat., 2* sér., Zool., t. XVI); 1841.
Nouvelle espèce de Volute (V. Lagillerliana) :Rev. Zool.. t. IV); 1841.
Description de quelques espèces de Mollusques fossiles de France fRev. Zool,
t. IV); 1841.
Considérations sur les Céphalopodes des terrains crétacés fAnn. Se. nat., :?* sér..
Zool.. t. XVII) ; 1812.
452 p. FISCHER. — NÉCROLOGIE DALC. D*ORBIGNY. 25 avril
Mémoire sur deux nouveaux genres de Céphalopodes fossiles fies Conotcuthis et
Spirulirostra), offrant des passages d'un côté entre la Spirule et la Sèche, de l'autre
entre les Jiélemnites et les OmmaUrèphes fÀnn. Se. nat., 2* sér., Zool.. i. XVII;;
1842.
Coquilles et Échinodermes fossiles de Colombie, recueillis de 48V à 4833, par
M. lioussingault ; 1812.
Note sur des œufs de Mollusques recueillis en Patagonie [Ànn. Se. nat., 2" s6r.,
Zool.,i. XVII); 1842.
Quelques considérations zoologiques et géologiques sur les Rudistes [Ànn. Se.
nat., 2« sér., Zool., t. XVII ; et Bull. Soc. géoL, 1" sér., t. XIII) ; 1812.
Considérations générales sur le grand système tertiaire des Pampas fC-R. Àc.
Se, t. XIV) ; 1812.
Considérations générales et coup d'œil d'ensemble sur les grands faits géologi-
ques dont l'.imérique méridionale a été le théâtre fC.-R. Ac. Se, i. XV); 1812.
Sur l'absence du Gault et du Néocomien dans le bassin crétacé de la Loire 'Bull,
Soc. géol., r'sôr., t. XIIÎ); 1842.
Sur l'application de VHélicomHre à la mesure des coquilles turbinées f.inn. Se.
na<.,2« sér., Zoo/., i. IVll'.ei Bull. Soc. géol.. l^ sér., t. XIIIi; 1842.
Mémoire sur les Bélemnites (Ànn. Se. nat., 2« sér., Zool., t. XVIII); 1812.
Considérations géologiques et géologico-géographiques sur l'ensemble des Mol-
lusques gastéropodes des terrains crétacés [Ànn. Se. nat., 2* sér., Zool., L XX;
et Bull. Soc. géol.. V sér., t. XIV); 1843.
Quelques considérations sur la station normale des animaux mollusques bivalves
fAnn. Se. nat., 2«sér., Zool., t. XIX; et Bull. Soc. géol., !'• sér., t. XIV) ; 1843.
Note sur des traces de remaniements au sein des couches de Gault ou terrain al-
bien de France et de Savoie f Bull. Soc. géol. Fr.,l"sér., t. XIV); 1843.
Paléontologie du voyage de M. Hommaire de Hell dans les Sleppes de la mer
Caspienne, le Caucase, la Crimée et ta Russie méridionale ; 1844.
Recherches sur les lois qui président à la distribution des Mollusques côtiers
marins fAnn. Se. nat., 3' sér., Zool., t. III); 1845.
Mollusques du système secondaire et du terrain tertiaire, in Murchison, de Ver-
neuil et de Keyserling, Géologie de la Russie d'Europe ; 1845.
Mollusques vivants et fossiles, ou Description de toutes les espèces de coquilles et
de mollusques classées suivant leur distribution géologique et géographique, V vo-
lume; 1845-1847.
Considérations soologiques sur les Bélemnites : — Recherches sur les Ammonites
(Thèses présentées à la Faculté des Scieoces de Paris) ; 1846.
Foraminifères fossiles du bcusin tertiaire de Vienne f.iutriche] ; 1846.
Considérations zoologiques et géologiques sur les Brachiopodes ou Palliobran-
ches fAnn. Se. nat., 3* sér., Zool., t. VIII); 1847.
Sur les Mollusques vivants et fossiles f Arch. Bibl. univ.,i. VI): 1847.
Cours élémentaire de Paléontologie et de Géologie stratigraphiques ; 184i>-18')2.
Description de quelques genres nouveaux de Mollusques bryozoaires (Rev. et Mag.
Zool.. t. I); 1819.
Note sur la classe des Amorphozoaires (Rpv. et Mag. Zool., t. I); 1849.
Note sur les fossiles de l'étage danien (Bull. Soc. géol., 2* sér., t. VII); 1850.
Prodrome de Paléontologie stratigraphique universelle des animaux mollusques
et rayonné^ ; 1^0-1852.
Recherches zoologiques sur la marche successive de Vanimalisation à la surface
du globe, depuis les temps zoologiques les plus anciens jusqu'à l'époque actuelle
fC.-R. .4f . Se, t. XXX) ; 1850.
1878. GOSSELKT. — NÉCROLOGIE DE d'oHALIUS. 453
Mémoire sur Vinstant d'apparition, dans les âges du monde, des ordres d'ani-
maux, comparé au degré de perfection de l'ensemble de leurs organes fC.~R. Àc.
Se, t. XXXI); 1850.
Recherches phyuo logiques sur le^ milieux d'existence des animaux dans les dges^
géologiques fC.-R, Ac. Se, t. XXXI); 1850.
Note sur quelques esphes remarquables d'Ammonites des étages néocomien e
aptien de France (Journ. ConchyL, 1. 1) ; 1850.
Description d'un nouveau genre de coquilles bioalves, nommé Myllite (Myllita)
(Journ. ConchyL, t. I) ; 1850.
Note sur quelques espèces nouvelles de Bryozoaires fossiles des terrains crétacés
de la France (Rev. et Mag. Zool., t. II) ; 1850.
Catalogue des espèces fossiles de Mollusques bryozoaires, de Polypiers et d'Amor-
phosoaires de l'étage néocomien {Rev. et Mag. Zool., t. II); 1850.
Recherches soologiques sur la classe des Mollusques bryozoaires (Ann. Se. nat.,
3« sér., Zool., t. XVI); 1851.
Note sur un nouveau genre de coquille lamellibranche d'eau douce découvert
dans les rivières de la Nouvelle-Grenade par M. Acosta (Rev, et Mag. Zol.,U III) ;
1851.
Notice sur le genre Heleroceras, de la classe des Céphalopodes f Journ. Conehyl.,
t. II) ; 1851.
Note sur une nouvelle espèce géante du genre Terebrirostra, de la classe des
Brachiopodes (Journ. ConchyL, t. II) ; 1851.
Notice sur le genre Hamulina (Journ. ConchyL, t. III); 1852.
Note sur quelques coquilles fossiles, recueillies dans les montagnes de la Nouvelle-
Grenade, par M. le général Joaquin Acosta (Journ. ConchyL, l. IV); 1853.
Note sur le nouveau genre Hypotrema (Journ. ConchyL, t. IV); 1853.
Note rectificative sur divers genres d'Échinoïdes (Rev. et Mag. Zool., t. VI; ;
1854.
Description de quelques espèces d'Ammonites nouvelles des terrains jurassiques
et crétacée (Rev. et Mag. Zool., t. VIIIj ; 1856.
Notice analytique sur les travaux de Géologie, de Paléontologie et de Zoologie de
M. Alcide d'Orbigny ; 1856.
En outre, de nombreux articles dans le Dictionnaire universel d'Histoire natu-
relle de Ch. d'Orbigny,
M. Gosselet donne lecture de la notice suivante :
Notice nécrologique sur
Jean- Baptiste- Julien d'Omalius d'Halioy,
par M. J. Gosselet.
Le géologue éminent dont j'ai à retracer la vie et les travaux eut
l'honneur, bien que bel^^e, de présider la Société géologique de
France pendant l'année 1832. Ce fait exceptionnel d'une Société allant
chercher son président dans un pays étranger était suffisamment
motivé par les services que d'Omalius d'Hulloy avait rendus à la Géo-
logie française.
4S4 GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE d'oMALIUS. 25 avril
Dès 1810, alors que l'empire français s'étendait du Weser aux Pyré-
nées, de la Hanche au Garigliano,d'Omalius d'HalIoy était chargé, sous
la direction de Coquebert de Montbret, de dresser la carte minéralogique
de ce vaste territoire. Comment avait-il mérité d'être désigné pour celte
importante mission? Comment s'en acquitta-t-il ? C'est ce que je vais
essayer de rappeler, en prenant comme guide la notice que notre con-
frère M. Dupont, Directeur du Musée d'Histoire naturelle de Bruxelles,
a consacrée à son illustre maître (1). Il nous a montré d'Omalius sous
un jour tout nouveau : à nous qui avions connu le savant aimable, le
théoricien érudit et sensé, le divulgateur populaire, H. Dupont nous
révèle un d'Omalius d'un autre âge, géologue pratique, explorateur
infatigable, observateur profond, ce que nous pouvons appeler un
géologue d'action. Est-il étonnant que nous ayons perdu de vue ce
savant, qui dès 1814 avait laissé le marteau pour se dévouer à
l'administration de son pays?
Jean-Baptiste-Julicn d'Omalius d'Halloy [i) naquit à Liège le 16 fé-
vrier 1783, d'une famille noble. En 1801 ses parents l'envoyèrent à Paris
pour terminer son éducation d'homme du monde et pour apprendre
le beau langage dans les cours littéraires, les théâtres et les salons où
se formait alors le goût de l'Europe entière. Quel attrait pour un
jeune homme de 18 ans! Mais d'Omalius pensait à tout autre chose.
Sa première visite est pour le Muséum. A ses parents qui lui demandent
quelle société il fréquente, il répond qu'il va au cours de Fourcroy.
A sa mère qui lui reproche de ne pas lui parler de la Comédie française,
il écrit : « Cuvier, le célèbre Cuvier, nom que les amants des
sciences ne peuvent entendre sans émotion, vient de commencer son
cours 1 » Après trois ans d'une correspondance de ce genre, les parents
sont vaincus et sa mère lui écrit : « Au reste, mon ami, apprends ce
que tu veux et comme cela t'amuse. »
Déjà la vocation du jeune d'Omalius pour la Géologie s'était décla-
rée. Sous prétexte de visites à des membres de sa famille, il avait
parcouru l'Ardenne et la Lorraine, en notant soigneusement toutes
ses observations sur les terrains qu'il traversait. Une fois l'opposition
de ses parents vaincue, il renonce à la diligence, qu'il avait déjà
manquée plusieurs fois avec plaisir; désormais, quand il vient à
Paris, c'est à pied, le marteau à la main ; quand il retourne chez lui,
c'est par une autre route, fût-elle un peu plus longue : ainsi, pour
aller de Paris à Namur, il passe par Rouen.
(1) Annuaire de l Académie R. de Belgique, XLII« année, p. 181; 1876.
(2) Haiioy, hameau voisin de Cincy, où la famille d'Omalius possédait un châ-
teau.
1878. GOSSCLET. — NÉCROLOGIE DE DOMALÏUS. 4o5
En 1806 et 1807 il parcourt en tous sens la Belgique, TEifel, le
Hundsrûck, les Vosges.
Eu 1808, à l'ûgo de 2o ans, il publie dans le Journal des Mines un
Essai sur la Géologie du Nord de la France. Il y passe en revue tou-
tes les contrées qu'il a explorées, en signale les principales masses
minérales et en trace nettement l'âge relalil*. C'est un progrès immense
sur les descriptions purement minéralogi ]ues de Monnet. D'Omalius
fait de la stratigraphie. Le premier sur le continent, il reconnaît que
le calcaire jurassique, qu'il nommait alors ancien calcaire horizontal,
est antérieur à la craie, et cette distinction, il la fonde non-seulement
sur la position stratigraphi(|uc, mais aussi sur la différence des fossiles.
Dans ce mémoire de 1808, d'Omalius s'est attaché surtout à signaleret
à caractériser les régions naturelles. Il comprenait que la Géologie est
la base de la Géographie, et il posa alors des lois qui de nos jours sont
encore à découvrir par bien des géographes. Le premier, il dit que les
rivières peuvent couler dans un sens opposé à la pente générale du sol;
qu'une chaîne de montagnes est caractérisée moins par une série de
hauteurs en apparence continues, que par la nature et la direction de
ses couches. C'est que d'Omalius faisait de la géographie sur la nature
et non dans son cabinet.
Les éloges que lui valut son Essai le décidèrent à entreprendre l'ex-
ploration de tout l'empire.
En 1809, il part à pied d'Halloy, • traverse l'Ardenne jusqu'à Bouil-
lon, puis s'engageant en Lorraine, il observe les oolithes de Brillon
et (le Savonnières et détermine leur position géologique entre le cal-
caire grossier (lias) qui repose sur le terrain ardoisier, et la craie. A
Dijon, il retrouve le même calcaire grossier ; il en conclut que le
bassin dont les bords sont formés par cet ancien a calcaire horizontal »
s'est recourbé depuis les Vosges vers le Morvan, de nïême qu'il se
recourbe entre l'Ardenne et les Vosges.
« Descendant la Sajne jusqu'à Lyon, il observe sur la rive gauche les
plaines de la Bresse, et sur la rive droite les montagnes granitiques
(lu Tarare bordées par le « calcaire à Gryphées ». Il gravit alors le Jura,
en observe de nouveau les calcaires et la structure et arrive à Genève.
» L'étude (lu Salùve se fait sous la direction du professeur Jurlne.
Il remonte l'Arve et visite Chamounix... La Tarentaise fait l'objet
(le loîïgues obs(»rvations à cause du travad de Brochant de Villiere,
qu'il appréciait bt»auooup.
» Passant eiilin les Alpes au Petit-Saint-Bernard, il descend la
vallée d'Aoste et arrive à la colline de la Superga. Il s'étonne d'y
trouver des fossiles dont les formes rappellent des espèces modernes,
quoique les rA>uches y soient sensiblement inclinées.
456 GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE d'omalius. 25 avril
« Ce terrain, dit-il, me paraîtrait dans nos contrées un fait bien
» singulier et tout à fait contraire à ce ique j*ai observé jusqu'à pré-
« sent. »
B II traverse la plaine de Piémont jusqu*à Coni et les Alpes Mari-
times au col de Tende. On n'avait encore rien publié sur cette région.
Il y retrouve les terrains de la Tarentaise, fortement inclinés, com-
posés de roches talqueuses, de schistes, de quarlzite et surtout de
c calcaire bituminifere «. Du calcaire blanchâtre moins incliné qu'il
raccorde à celui du Jura, surmonte ces terrains et se continue jusqu'à
Nice et Antibes.
> L'explorateur entre alors dans les montagnes de TEstércl. Il les
reconnaît forméesde porphyre, de granité, de micaschistes sur lesquels
repose du « grès rouge des Vosges ». Il retrouve bientôt son calcaire du
Jura qu'il suit de Toulon à Marseille. Il observe les couches d'Aix si
connues par leurs fossiles, puis remonte le Rhône jusqu'à Orange.
» La région calcaire qui borde les Cévennes est de même rapportée
au calcaire du Jura. Près de Béziers, il découvre le terrain volcanique.
Il détermine l'existence du terrain de transition dans les montagnes
méridionales des Cévennes.
» Après avoir visité Toulouse, il gravit les Pyrénées. Il en regarde le
calcaire arqué des contreforts comme de même âge que celui du
Jura, les couches carbonifères et siluriennes de Bagnères comme son
terrain biluminifère, et observe sur le sommet le granité et lesophites.
» Il recoupe le bassin de Bordeaux dont les calcaires tendres et les
dépôts sablonneux le portent à les rattacher aux terrains postérieurs
à la Craie. Il observe celle-ci avec ses silex pyromaques dans la Sain-
tonge, puis le calcaire de la Bourgogne avant d'entrer dans le Poitou.
Là se présentent avec un sol plus élevé des schistes luisants et le gra-
nité, et bientôt des calcaires bituminifères auxquels succèdent les
ardoises d'Angers, qu'il assimile naturellement aux ardoises de l'Ar-
denne.
> 11 atteint enfin l'ancien calcaire horizontal et la craie marneuse du
bassin de Paris et en suit les couches jusqu'à Alençon. De là, i-ecou-
pant les dépôts du même bassin, il revient à Halloy par Saint-Quen-
tin.
» C'est un voyage de près de 700 lieues (1). »
A peine d'Omalius était-il de retour chez lui et occupé à rédiger ses
notes, qu'un décret le nommait sous-lieutenant. C'était Tanéantisse-
ment de tous ses projets d'étude. Aussi accourut-il à Paris implorer
la protection des savants. Coquebert de Montbret, Directeur du bu-
(1) Dupunt, ^'otice sur la vie et les travaux de J.-B.-J. d'Omalius d'Halloy,p. 43-47
1878. GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE d'oMALIUS. 457
reau de Statistique, qui avait déjà pu apprécier le jeune géologue, le
fit charger de lever la carte minéralogique de TEmpire. D'Omalius se
mit immédiatement à l'œuvre.
En 1810 il explora le pays de Bray et la Champagne; en 1811, la
Beauce, la Touraine, TOrléanais, le Nivernais, le Berry, l'Auvergne,
le Poitou, le Périgord, la Gascogne, le Languedoc, le Bourbonnais, le
Lyonnais, le Jura, la Franche-Comté et la Lorraine. Il avait fait
4 219 kilomètres en 4 mois et demi de voyage.
En 1812, il part de Ciney, toujours à pied ; 20 jours plus tard, il
est à Milan, après avoir traversé TArdenne, la Lorraine, les Vosges,
la Forêt-Noire, la Suisse, et franchi le Saint-Gothard. Il explore l'Ita-
lie, puis revient à Halloy par la Croatie, l'Illyrie, la Carniole, le Tyrol,
la Bavière, le Wurtemberg, le Grand-Duché de Bade et le Luxem-
bourg. C'est un voyage de 1 100 lieues fait en 6 mois.
Dès lors sa grande œuvre est presque terminée : il a parcouru l'em-
pire dans tous les sens, visité les pays voisins pour y puiser des termes
de comparaison ; il n'a plus qu'à rédiger.
Il avait déjà publié plusieurs notes sur des observations locales re-
cueillies pendant ses voyages : sur la roche porphyrique de Deville
dans les Ardennes, sur la route du col de Tende, sur les calcaires
d'eau douce du Plateau central, sur ceux des départements de Rome
et de rOmbrone et du royaume de Wurtemberg. Toujours son esprit
judicieux avait su titefr de ces faits particuliers des déductions touchant
aux questions fondamentales de la science. Ainsi, ayant remarqué que
les divers lambeaux de calcaire d'eau douce des vallées de la Loire et
dePAllier sont en couches horizontales, mais à des niveaux différents,
il en avait conclu (|u'ils se sont formés dans une série de lacs étages
qui communiquaient avec les lacs tertiaires des environs de Paris.
Le 16 août 1813, d'Omalius lut à l'Institut un premier mémoire des-
tiné à servir d'explication à la carte géologique qu'il méditait. Dans ce
mémoire, il expose la structure générale du bassin de Paris, tel que
nous le comprenons actuellement, améliore la classification des ter-
rains tertiaires proposée par Brongniart, établit dans le terrain cré-
tacé les divisions que nous avons conservées, signale la petite île ju-
rassique du pays de Bray, enfin, explique la stratification transgressive
des couches tertiaires sur le terrain crétacé.
Voici comment un des maîtres de la Science apprécie ce mémoire :
« ...M. d'Omalius a apporté deux modifications fort importantes aux
vues de Cuvier et de Brongniart : 1° en démontrant que leur calcaire
siliceux était superposé au calcaire grossier et non placé bout à bout
comme ils le disaient ; 2*^ en prouvant que les grès coquilliers et non
coquilliers supérieurs ne formaient qu'un seul dépôt marin. En outre.
460 GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE D*0MAL1US. 25 avril
fissures et failles. Les trois premières espèces de joints donnent aux
matières qui composent l'écorcedu globe des formes massives, fragmen-
taires, cristallines et organiques. Laissant ces deux dernières divisions
décote, il subdivise les formes massives en couches, bancs, lits, dykes,
filons, veines, coulées, amas, etc.; les formes fragmentaires, en blocs,
rognons, nids, cailloux, noyaux, fragments anguleux, grains. Il définit
ces divers termes. Cette communication n'était qu'un chapitre de ses
Éléments de Géologie publiés la même année.
Quelques mois après, il en lit un second chapitre, celui qui conte-
nait la classification des terrains (1).
Il n'y aurait certainement pas aujourd'hui un géologue disposé à
accepter cette classification, basée sur des caractères tirés à la fois du
mode et de l'époque de la formation. Si du reste on veut se faire
une idée de la marche de la science, il suf&t de comparer les classifi-
cations admises successivement par d'Omalius depuis sou J^^ai sur la
Géologie du Nord de la France jusqu'à la 8« édition de ses Éléments
de Géologie,
En 1808, il reconnaît dans le Nord de la France deux grands
groupes de terrains : les terrains en couches inclinées et les ter-
rains en couches horizontales ; les premiers comprennent le terrain
trappéen, le terrain ardoisier et les schistes rouges, tous trois pri-
vés de fossiles, et de plus le terrain bituminilère, qui contient des
corps organisés ; les seconds sont divisés en grès rouge, calcaire gros-
sier ancien (jurassique), craie, calcaire grossier récent, grès blanc
(sables de Bruxelles et grès landénien) et terrain meuble.
En 1822, les grands groupes stratigraphiques sont portés au nombre
de six : terrains primordiaux, subdivisés en terrain primitif et terrain
de transition ; terrains pénéens (grès rouge) ; terrains ammonéens
(zechstein, trias, jurassique) ; terrains crétacés ; terrains mastozoîques
et terrains pyroïdes (roches volcaniques).
On voit quel grand pas avait fait la classification géologique; mais
aussi William Smith, avait publié ses admirables travaux sur la
géologie de l'Angleterre.
En 1831, une partie des terrains primordiaux, le granité et les por-
phyres, sont réunis aux terrains pyroïdes sous le nom général de
terrains plutoniens, et mis hors série. Le grand ensemble des terrains
neptuniens est divisé en : terrains hémylisiens, subdivisés eux-mêmes
en talqueux, ardoisier, anthraxifôre, houiller; terrains ammonéens,
subdivisés en penéen, keuprique, liasique, jurassique, crétacé; terrains
tériaires, subdivisés, d'après leur formation, en tritonien, nymphcen,
(1) Bull. Soc. gcoL, l'* sér., t. I, p. 213.
1878. GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE DOMALIUS. 461
diluvien ; terrains modernes. A part les terrains tériaires, c'est la
classification actuelle.
En 1853. d'Omalius admet comme grande division le terrain qua-
ternaire et change le nom de tériaire en celui de tertiaire, qui cor-
respond à ceux de secondaire substitué à ammonéen, et de primaire
remplaçant hémylisien. Les terrains tertiaires sont désignés sous les
noms proposés par Lyell, de pliocène, miocène, éocène.
Pour le terrain pénéen, nous voyons d'Omalius, dans cette cir-
constance comme dans beaucoup d'autres, se plier aux idées régnan-
tes, a Ce groupe, dit-il (1), a iiguré dans mes publications de 1808
sous le nom de formation du grès rouge; plus tard je me suis con-
formé à l'usage qui s'était introduit de le diviser en deux, sous les
noms de terrain keuprique ou triasique et de terrain pénéen ou per-
mien; mais je ne me prêtais qu'à regret à cette séparation parce
qu'il me paraissait que ces groupes, pris isolément, ne méritaient pas
d'être placés sur le même rang que les terrains jurassique et crétacé.
Aussi, lorsque M. Marcou a publié, dans la Bibliothèque universelle
de Genève de 1859, des considérations qui font ressortir les rapports
du terrain pénéen avec le terrain triasique et qui tendent à le retirer
des terrains primaires, j'ai cru pouvoir revenir à ma première classifl-
cation
» ... En conséquence, il s'ap:issait de savoir quel nom je donnerais
à cette association, celui de ^rè^ ro^^^e n'étant plus admissible dans
l'état actuel de la science, ni conforme aux règles de nomenclature
que je suis maintenant, et il m'a paru que je pouvais prendre celui de
permien, que les auteurs de la Géologia of Russia ont substitué à celui
du pénéen que j'avais proposé en 183i. »
Ce fut sa seule protestation contre le procédé peu délicat de Mur-
chison, créant le nom depermicn dans un moment où il avait oublié,
dit-il, le terme de pénéen admis alors par tous les géologues, et
conservant ensuite la première de ces dénominations pour se confor-
mer à l'usage.
D'Omalius venait souvent à la Société géologique. Il écoutait atten-
tivement toutes les communications, surtout celles des jeunes gens; il
applaudissait à leurs découvertes; s'il avait à présenter quelques cri-
tiques, c'était toujours avec la plus extrême bienveillance.
Lorsqu'un géologue connu exprimait une opinion contraire à la
sienne, il n'hésitait pas à relever le gant, tout en s'excusant a de sa
témérité à émettre une opinion différente de celle d'ungéologue
si éminent. Mais, ajoutait-il, comme ce sont les discussions de ce
(1) PrccU éh'm. de Géologie, 8« l'd., p. 293, en note.
462 GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE D*OMALIUS. 25 avril
genre qui contribuent à fixer la science, j'espère que la Société ne
trouvera pas mauvais que je lui soumette ma façon de penser sur
cette question » .
Il était convaincu que rien n'est plus utile pour les savants que
d'échanger contradictoirement leurs idées, et cette conviction lui fai-
sait rechercher la discussion avec une véritable passion.
Un jour, dans un de ses entretiens avec Constant Prévost, la conver-
sation roulait sur la théorie des causes actuelles. Constant Prévost la
soutenait avec toute l'ardeur d'un apôtre; d'Omalius faisait sans cesse
des objections. Enfin, Constant Prévost poussé à bout se fâche, et
d'Omalius, avec ce rire devenu légendaire, lui dit : o Je suis de votre
avis, mais je voulais connaître vos raisons. »
Si dans une de nos séances les communications étaient peu nom-
breuses, il introduisait quelque question grosse d'orages, comme celle
du grès de Luxembourg, ou il interpellait un de nos maîtres pour lui
faire développer quelque idée nouvelle.
Plusieurs fois il pria M. Barrande d'exposer l'état de la science au
sujet de la faune primordiale. Il aurait voulu voir cette faune .s'enri-
chir sous le rapport zoologique; elle devait, selon lui, renfermer des
vertébrés. Il pensait que les grands types d'organisation avaient. dû
exister dès les premiers temps de la création.
Il était d'ailleurs partisan du transformisme. En 1846 il fit à la
Société une communication oii il développa toutes les raisons qui
militent en faveur de cette théorie; il eut alors pour adversaires
Agassiz, qui défendait la théorie des créations réitérées et successives,
et Michelin, qui soutenait les idées de de Blainville sur la translation.
En Géologie, une des théories que d'Omalius développa le plus sou-
vent, est celle de l'éjaculation des matières meubles : argile, sable et
même galets. Il l'appliquait à l'argile plastique, à Targile à silex, aux
sables et aux minerais de fer qui remplissent des poches à la surface
des terrains primaires du Condros. Cette hypothèse, qui rencontra
d'abord une vive opposition, compte aujourd'hui beaucoup d'adhé-
rents; mais l'origine éruptive des cailloux roulés et des poudingues
trouverait encore beaucoup d'incrédules. Les idées de d'Omalius sur
ce sujet demandent donc à être expliquées (1).
Il supposait que des sources analogues aux Geysers pouvaient dépo-
ser de la silice en abondance, et qu'avant leur consolidation complète,
des fragments de cette silice encore pâteux ont pu être roulés et ar-
rondis par un faible transport. Il citait comme preuve des boules
d'argile encore molles qu'il avait vues se former sur la pente d'une
(1) BulL Soc. géol, 2« sér., t. V, p. 71.
1878. GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE D'OMALIUS. 463
colline argileuse des environs de Renaix , par l'effet d*uné pluie
d*orage (1). Il appliquait cette théorie au poudingue deBurnot, à celui
qui couronne les collines de Cassel et à d'autres encore.
Quant aux dépôts bréchiformes composés do cailloux anguleux, il
les expliquait par le fendillement de roches, soit au moment de leur
dessi*chement, soit plus tard sous l'influence des phénomènes météo-
rologiques; ces fragments auraient été cimentés à nouveau par une
matière injectée. C'est l'explication qu'il donnait en particulier pour
la brèche de Berlaimont (2).
Ou le voit, d*Omalius n'était pas neptunien ; il avait fait ses pre-
miers travaux à une époque où l'école de Werner était tombée dans
le discrédit, et où l'étude de l'Auvergne par Guettard, Desmarest,
d'Aubuisson, avait convaincu les plus incrédules de l'importance
géogéniquc des phénomènes éruptifs. D'Omalius s'était inspiré de ces
idées, et pendant tout le cours de sa vie il fut un défenseur infati-
gable de la chaleur centrale.
Du reste il ne tenait pas aux hypothèses, qu'il nommait le roman
de Za «cjence (3) . Dès qu'une théorie nouvelle se présentait avec un cer-
tain degré de probabilité, il s'empressait de l'accepter. C'est ainsi qu'il
adopta la théorie des cratères de soulèvement, sans toutefois rompre
de lances en sa faveur. Il fut plus ardent pour celle des soulèvements
appliquée à la structure et à l'âge des montagnes. Il avait suivi en
1831 le cours d'Ëlie de Beaumont et avait été séduit par ce langage
si clair, par cette théorie qui se présentait d'une manière si scienti-
tique et qui faisait dire à Arago que la Géologie était enfin entrée dans
une voie positive.
Mais si d'Omalius adopta la théorie, s'il en fit une première appli-
cation au relief du Hundsrûck (4), application dans laquelle il eut
comme adversaire Êlie de Beaumont lui-même, puis une seconde aux
dernières révolutions qui ont agi sur le sol de la Belgique (5), il com-
battit à l'occasion les exagérations de quelques partisans de la nou-
velle doctrine. C'est ainsi qu'il soutint contre Rozet que les granités et
les amphibolites des Vosges ne pouvaient avoir soulevé cette chaîne à
son niveau actuel. Il voyait dans le relief des Vosges (6) et de la Forôt-
Noire le résultat d'un mouvement de bascule qui s'était fait sentir
jusque dans le bassin de Paris et en Bavière, et d'une grande fracture
(1) Bull. Soc. géoL, !'• sér., t. XIII, p. 60, en note.
(2) BulL Soc. géol.,2' sér., t. X, p. 611.
|3) Lettre à Agassiz. V. Dupont, op. cit., p. 97.
(4) Bull. Soc. géoL, V sér., t. VI, p. 255.
(5) Bull. Soc. géol, V sér., t. XIII, p. 55.
(6) Bull Soc. géol, V sér., t. VI, p. 51.
464 GOSSELET. — NÉGUOLOGIE DE d'oMALIUS. ^5 avril
qui avait effondré la vallée du Bhin. Il expliquait volontiers Forigine
des vallées par des fractures et des dislocations (1).
Il adopta aussi dès son apparition la théorie des glaciers. II eut en
outre l'idée d'expliquer le transport de certains blocs par des glaces
de fond produites dans des fleuves à l'époque quaternaire. II
renouvela cette hypothèse au Congrès des sciences préhistoriques de
Bruxelles, à propos d*un bloc de grès enseveli dans le limon.
D'Oraalius était opposé à la théorie des causes actuelles; il l'accep-
tait en principe, mais la repoussait dans ses conséquences. « Unedoc-
> trine, disait-il (2), qui expliquerait toute l'histoire de notre globe
> par l'action des phénomènes qui se passent actuellement doit
» mériter la préférence sur celles qui recourent à des hypothèses qui
• font intervenir des phénomènes plus énergiques. Personne ne peut
• élever de doutes à ce sujet, de sorte que la question est de savoir si
» la doctrine dite des cames actuslles ne forme point d'hypothèses, et si
v elle explique tous les faits constatés par l'observation. Je demande-
» rai, en conséquence, si ce n'est point faire des hypothèses que de
» dire qu'il se forme, sous les eaux limpides de nos mers actuelles,
» des dépôts aussi puissants que ceux que nous présente la série des
> anciens terrains neptuniens ; que les corps organisés qui sont enve-
» loppés dans ces dépôts s'y transforment en fossiles semblables à
» ceux que nous trouvons dans les terrains anciens;.... » D'Omalius
combattait ainsi successivement les conclusions les plus logiques de
la doctrine des causes actuelles, celles mêmes qui sont maintenant
admises par tous les géologues.
A plusieurs reprises il déclara qu'avant l'époque quaternaire il
n'y a pas eu de volcans à cratères (3). II soutint contre Ëlie de Beau-
mont, que les cordons littoraux ne pouvaient se produire sur nos côtes
qu'en prenant comme base d'anciennes barres diluviennes (4).
Ce qui lui inspirait de Téloignement au sujet de la théorie des
causes actuelles, c'était l'exagération de la doctrine par l'école de
Lyell, la substitution des hypothèses basées sur un changement d'axe
de la terre à celles qui reposent sur la chaleur centrale, l'idée de
ravinements considérables à la surface des continents (5); c'était sur-
tout la tyrannie (6) que les partisans des causes actuelles prétendaient
exercer sur les esprits au nom de la logique. D'Omalius protestait en
(1) Bull.Soe. géoL, 2«sér., t. II, p. 399.
(2) Bull. Soc. géol.,^ sér., t. IV, p. 532.
(3) Bull. Soc. géoL, 2« sér., t. XI, p. 80, et t. XII. p. 111.
(4) Bull. Soc. géol., 2* sér., t. III, p. 244.
(5) Bull. Soc. géol., 2« sér., t. I, p. 400.
{(î) Bull. Soc. géoL, 2« sér., t. IV, p. 532.
liOSSEI.F.T. — NÉCnOLOùlE DE DOMALIUS. 4Ki
btuur lie l'iDeOiitiu. Et cependant il irahiiail pas les tiypothùses gra-
lulu». a 11 faut ïaiie (les hypothèses pour expliquer les faiu, disait-
il iH, mais il faut^n tire sobre. » Il se refusait à attribuer l'extension
des glacierJ qualeinaires à un refroidissement du Soleil, parce que,
bien qu'il i)*y eût dans cette idéo rien d'impossible, la diiDiiiutioii de
la chaleur centrale lui paraissait une cause suf&sante.
Plus tard il parut revenir à des senliments moins opposés aux
cause3 actuelles- 11 se contenta de blâmer l'exàgt! ration de ceux qui
croient que ■ les phénomènes que nous voyons agir sous nos yeux
> n'ont jamais pu avoir plus d'énergie et produire des effets plus
> étendus que ceux qu'ils produisent maintenant; c'est comme si
• quelqu'un qui n'aurait jamais vu les effets d'une température au-
* dessous de zéro contestait que le refroidissement peut transformer
■ de l'eau en glace (â) i.
Réduite k ces termes, l'opposition ded'Omalius à la théorie des causes
actuelles ralliera beaucoup de partisans ; mais ce n'est plus une oppo-
sition: c'est une adhésion véritable, adhésion de priucipe,au moins,
aux idées défendues avec tant de vaillance par mon vénéré maître
Constant Prévost. Jamais cet illustre géologue, dont la vie se consuma
à défendre les causes actuelles, ne prétendit que les phénomènes géo-
logiques ont toujours eu l'intensité et les effets que nous constatons
aujourd'hui. Il se bornait à affirmer que les causes étaient restées les
mêmes, que les loia de la nature n'étaient pas changées ; mais il
reconnaissait volontiers que les circonstances ayant été différentes, les
résultats avaient pu être différents. C'est là, à proprement parler, la
doctrine des causes actuelles. Quant aux idées développées avec tant
d'éclat et de succès par Lyell et son école, elles mériteraient plutôt
d'être qualiGées du nom de théorie des effets actuels,
D'Omalius avait pu remarquer dans les nombreuses discussions qu'il
avait soutenues, combien il est important de fixer la signification des
termes géologiques. Cette pensée avait en partie inspiré ses premiers
travaux didactiques. Il y revint plus tard et lut en lS6i à notre Société
une note sur quelques additions ou modifications que l'ott pourrait
introduire dans le Dictionnaire de l'Académie française en ce qui
concerne la Géologie (3),
Dans sa jeunesse, il avait accueilli avec ardeur les idées de Coque-
bert de Montbret, qui voulait l'aire de la Géologie la base de la Géo-
graphie et de la Statistique. 11 crut pouvoir diviser les pays en régions
m BuU. Soc. gfol., 3' sér., t. 111, p. 40î.
PI Bull Soc.-jéol. a-sùrje, t. SU, p. 37.
(3) Buii. Sot. géol, 2- sér., t. XII, p. in.
466 GOSSELiiT. — NÉCROLOGIE DE D OHALIUS. 25 avril
naturelles caractérisées par leur constitution géognostique ; mais il
reconnut bien vite que ces divisions géographiques naturelles n'étaient
pas toujours en rapport avec les divisions politiques. Il chercha
néanmoins à concilier ces deux ordres de considérations dans les
notions de géographie qui accompagnent plusieurs éditions de ses
Éléments de Géologie, et dans la notice qu'il lut en 1861 à la Société
sur les divisions géographiqiœs de la région comprise entre le Rhin et
les Pyrénées (1).
Il cherchait dans l'Ethnographie la solution des difficultés que la
Géographie lui avait présentées. Comme résultat de ses études, il
publia jusqu'à cinq éditions d'un petit traité des races humaines.
Il fit en outre plusieurs communications à la Société d'Anthropologie;
dans l'une d'elles il combattait l'origine asiatique de la race indo-
germanique.
ri avait été un des premiers à accepter l'idée de la contemporanéité
de l'Homme et des animaux de l'époque quaternaire. Aussi, lorsque
le Congrès des sciences préhistoriques se réunit à Bruxelles en 1872,
fut-il tout naturellement choisi comme président.
Beaucoup d'entre nous assistaient à ce congrès; ils se rappellent la
vigueur et l'entrain de cet illustre vieillard, toujours à notre tête dans
les excursions les plus lointaines ; ils se rappellent les touchantes
manifestations de popularité qui lui furent prodiguées par ses conci-
toyens comme par les étrangers, par le public comme par les sa-
vants!
Si d'Omalius a joui pendant toute sa vie de cette popularité presque
sans exemple, c'est qu'il marchait avec son époque et en suivait tous
les progrès; c'est que les jeunes savants trouvaient toujours auprès
de lui les encouragements les plus affectueux et les conseils les plus
désintéressés ; c'est que jamais il n'a profité de son nom et de sa posi-
tion pour imposer sa manière de voir. Soucieux de sa liberté, il savait
respecter celle des autres.
Qu'on ne dise pas que c'était manque de convictions ! D'Omalius
tenait à ses idées quand il les croyait fondées, mais il était assez
modeste pour admettre que, pas plus qu'un autre, il n'était à l'abri
d'erreurs. Il défendait ses opinions avec ténacité, ne se j^endait que
loi'squ'il ne lui restait plus un seul argumenta faire valoir; mais une
fois convaincu, il acceptait loyalement les faits et les idées qu'il avait
combattus, et s'en faisait même au l)esoin le vigoureux défenseur.
Lorsque, dans ces dernières années, on discuta les vues de Dumont
sur la géologie stratigraphique de la Belgique, d'Omalius les défendit
(1) DuU. Soc. (jPoL, 2' sôr., t. XIX, p. 2ir).
1878. MORIÈRE. — ASTÉRIE DE L OXF. DES YACHES-NOIRES. 467
pied à pied (i). Il avait à cela d'autant plus de mérite, que les opi-
nions qu'il combattait étaient sur plusieurs points conformes à sa
première manière de voir. Ainsi, dès 1808, il avait reconnu Tanalo-
gie du terrain silurien du Brabant avec le terrain ardoisier de l'^r-
denne, celle de la bande du Poudingue de Burnot avec Tensem-
ble que Dumont avait appelé terrain rbénan. Sur ces deux points
néanmoins, il soutint les idées contraires de Dumont. Le 7 février 1874
il lisait encore à l'Académie de Belgique un plaidoyer contre Tassimila-
tîon du Poudingue de Burnot au terrain rhénan; il avait alors 91
ans.
Quinze jours plus tard, on le trouvait étendu sans connaissance dans
une tranchée des environs de Bruxelles. Il se préoccupait depuis
longtemps d'une des questions les plus difficiles de la géologie de la
Belgique et du Nord de la France, de Torigine du limon qui couvre
toutes nos plaines et qui atteint souvent 10 mètres d'épaisseur. Il
croyait que cette immense nappe était sortie par éjaculation de Tinté-
rieur de la terre (2). Dans le but de trouver quelques faits à l'appui
de cette théorie, il avait entrepris seul l'excursion qui devait lui être
fatale.
Il se remit un peu, mais lorsque la Société géologique de France se
réunit à Mons le 30 août 1874, elle se vit privée de celui qu'elle avait
toujours choisi pour présider ses séances extraordinaires en Belgique
ou dans le Nord de la France : elle dut se borner à envoyer à M.
d'Oraalius un télégramme pour lui témoigner son affectueux souvenir.
Quelques mois plus lard, le lo janvier 1875, s'éteignait celui qui
était à la fois le dernier survivant et le membre le plus âgé de cette
génération de grands géologues français qui ont pour noms : Alexandre
Brongniart, Constant Prévost, Élie de Beaumont, Jean-Baptiste-Julien
d'Omalius d'Halloy (3).
H. l^emoine fait une communication sur de nombreux osse-
ments rossiles recueillis dam les terrains tertinires des envi-
rons de Reims.
H. Morière met sous les yeux de la Société un magnifique
(1) Bull. Soc, géol, ^ sér., l. XVI, p. 212: t. XIX. p. 917; vi t. XX. p. 813.
(2) Bull. Soc. géoL, !'• sér., t. XIII, p. 60; 1811; — Bull. Ac. Belg.. 2e sér.,
.XXXI, p. 484; 1871.
(3) Pour la liste des travaux de M. d'Omalius, voir Bu//. Soc. géol., 3e sér.. t. HJ,
p. 166; 1875.
433 GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE DOMALIUS. 25 avril
il a beaucoup étendu les horizons déjà tracés, et il a saisi avec une
rare justesse de coup d'œil cette disposition générale si remarquable
des dépôts tertiaires du Nord de la France, que personne u*avait com-
prise auparavant, et qui ne pouvait Tétre qu'en procédant, comme
Ta t'ait M. d'Omalius, des bords ou des limites extérieures du bassin
vers son centre (1). »
Il restait une lacune dans les études ded*Omalius : il n*avait pas en-
core visité la Bretagne. Il y consacra Tété de 1813 et revint cliez lui
en passant par la Normandie, le Boulonnais et Lille. Le résultat immé-
diat de ce voyage fut une note où il fit ressortir l'analogie des terrains
primaires de la Bretagne avec ceux de TÂrdenne, et des roches grani-
tiques du même pays avec celles du Plateau central.
La même année la carte géologique était terminée et remise au Con-
seil des Mines.
Mais alors le canon grondait de toutes parts, la France épuisée
voyait son sol foulé par l'ennemi, et lorsque la paix permit aux
esprits de se remettre à l'étude, d'Omalius d'Halloy avait cessé d'être
français.
Sur l'ordre formel de son père, il entra dans l'administration et peu
après fut nommé gouverneur de la province de Namur. Au milieu des
honneurs, il dut bien des fois regretter ses amis de France, ses longs
voyages à pied, ses succès à Tlnstitut. Mais d'Omalius était l'homme
du devoir ; il avait accepté des fonctions, et quai qu'il pût lui en coû-
ter, il s'y donna tout entier.
Un instant on put espérer qu'il allait revenir à ses chères études.
Coquebert de Montbret lui avait écrit : « Depuis que nous nous
» sommes occupés, vous et moi, de la carte minéralogique de France,
> penonne n'a publié de travail semblable sur ce royaume, tandis que
» les Anglais ont mis au jour les cartes de Smith, Greenough et
» plusieurs autres du même genre. Plusieurs persoimes se sont
» plaintes que notre travail n'eût pas d'autre publicité que d'avoir
» été déposé à l'École des Mines et dans le cabinet de M. Brongniart.
» J'ai pris sur moi ce printemps de le mettre sous les yeux de l'Insti-
> tut. Il y aurait deux partis à prendre relativement ^ cet ouvrage :
» en remettre le manuscrit à l'Institut qui, d'après une délibération
> qu'il a prise, en ferait faire des copies également manuscrites, ou
» bien en faire porter les teintes plates, qui caractérisent les diffé-
» rentes natures de terrain, sur des cartes qu'on autoriserait un
» marchand à fournir au public (2). »
(1) D'Archiac, Cours de Paléonl. strat., t. I, p. 398 et 399.
(2) Dupont, op. cit., p. 77.
J878. GOSSELET. — NÉCROLOGIE DE O'OMALIUS. 459
D'Omalius avait sur la carte des vues différentes de celles de Coque-
bert. Celui-ci voulait faire une carte minéralogique et agronomique,
tandis que d'Omalius désirait qu'elle fût géologique et stratigraphique.
Il se rendit donc à Paris et décida Coquebert à publier de suite une
carte géologique à petite échelle, laissant les détails pour une grande
carte qui, elle, pourrait être agronomique.
La petite carte géologique fut donc publiée dans les Annales des
Mines en 1822 et accompagnée d'un mémoire explicatif, qui n'était
autre chose qu'un véritable traité de Géologie.
En 1828, d'Omalius donna une nouvelle édition de la carte, en y
ajoutant le Sud de l'Angleterre pour montrer les relations du bassin
de Londres avec celui de Paris, et trois coupes géologiques, Tune de
Bruxelles à Spire, la seconde de Paris à Colmar, la troisième d'Hirson
en Auvergne.
Si on veut juger des services que rendit la carte de d*0malius, il
faut se rappeler que jusqu'en 1841 il n'y en eût point d'autre pour la
France, et que ce fût seulement en 1831 que H. Boue fit paraître une
carte géologique comprenant la partie occidentale de l'Europe.
La carte de 1828 fil partie d'un volume où d'Omalius réunit les
différents mémoires qu'il avait publiés. Il leur faisait subir des modi-
fications qui toutes n'étaient pas également heureuses, car, ne pouvant
plus faire d'explorations géologiques, il avait dû adopter, sans les
contrôler, les observations des autres.
La Révolution des Pays-Bas, en 1830, rendit d'Omalius à la Géolo-
gie; mais un changement complet s'était fait dans son esprit. Laissant
les détails de côté, il ne s'occupe plus que des théories géologiques,
de la philosophie de la science, de la définition des termes. En même
temps, il s'efface avec une modestie que l'on peut qualifier d'exagérée;
il paraît oublier ce qu'il a fait, à tel point qu'il le fait oublier aux
autres. Il interroge comme s'il était encore sur les bancs, et dans le
fait, pendant ses séjours à Paris, il suit assidûment les cours, comme
il le faisait en 1801. Il devient, en un mot, le d'Omalius que nous
avons connu.
Lors de la fondation de notre Société, il s'inscrit un des premiers
sur la liste.
En 1831, l'année même de l'inauguration de la Société, il lui com-
munique un mémoire sur la Structure de Vécorce solide du globe (1).
Il fait remarquer que l'écorce terrestre n'est pas une masse cohérente,
mais qu'elle se compose de parties séparées par des joints ; il divise
ceux-ci en joints de texture, joints de stratification, joints d'injection,
(1) Bull. Soc. géol. Fr., 1" sôr., t. I, p. 168.
470 PONTANNES. — NÉOGÈPIE DE CCCURO!*. £9 avril
C'est à décrire aussi exactement que possible tous les dépôts néogè-
nes qui s'étendent aux pieds du Lubcron, à établir aussi sûrement
que les obstacles inhérents à la configuration de la région le permet-
tent, la position relative de chacun d'eux, à les rattacher ensuite à
ceux que j'ai décrits et classés dans quelques monographies antérieu-
res, que je m'appliquerai particulièrement dans cette étude. Quant à
la partie paléontologique, déjà traitée avec tant de soin et de compé-
tence, au moins pour les zones les plus fossilifères, je me bornerai à
ajouter quelques données supplémentaires aux notions intéressantes
que l'on doit à MH. Gaudry, Fischer et Tournouër.
Il n'est que juste de rappeler aussi les noms de M. E. Dumortier, le
premier paléontographe des marnes de Cabrières ; de MM. Ëm. Arnaud,
de Christol, P. Gen'ais, Se. Gras, Matheron, qui ont, à diverses repri-
ses, publié d'importants travaux sur les terrains ou les fossiles tertiai-
res du département de Vaucluse.
I. Coupes géologiques.
La région qui a été plus spécialement l'objet de mes recherches est
comprise entre les villes ou villages de Lourmarin, de Yaugines, de
Cucuron, de Cabrières, alignés au pied du Luberon, et ceux de Cadc-
net et de Villelaure, qui s'élèvent sur le bord septentrional de lu
plaine alluviale de la Durance. Sillonnée par de nombreux torrents
qui, descendant de la chaîne néocomienne, ont creusé dans la vallée
de larges sillons, aujourd'hui pres(|ue toujours à sec, disloquée par
le soulèvement d'un récif de la mer helvétienne, qui perce à peine
actuellement la nappe des formations récentes, cette contrée présente
une série d'accidents orographiques relativement favorables à un
examen détaillé de la constitution du sous-sol.
Malheureusement, il est sou vent difficile de suivre sans interruption
toutes les assises depuis la base jusqu'au sommet du groupe mio-
cène. Certaines d'entre elles, suffisamment en évidence sur quelques
points, se laissent à peine deviner sur d'autres, soit qu'une inclinai-
son trop faible les fasse disparaître sous les dépôts qui leur ont suc-
cédé, soit que les éboulis de la montagne ou les alluvions de la vallée
les couvrent d'un revêtement impénétrable. Ces obstacles, joints à la
pauvreté en fossiles des zones inférieure et moyenne, m'ont engagé à
relever et à présenter ici plusieurs coupes parallèles, qui, en se com-
plétant à certains points de vue, se contrôlassent à d'autres et pussent
ainsi réduire autant que possible les chances d'erreur. En voici l'ana-
lyse, en allant de l'ouest à Test.
1878. FONTANNES. — NÉOGÈNE DE CUCUftON. 47i
I. Coupe de la combe de Lourmarin à Cadenet (PI. IV, fig. 1).
Cette coupe, que j'ai prolongée au nord et au midi, afin de montrer
les rapports des couches inférieures de cette région avec la mollasse
des environs d'Aptetde Rognes (Bouches-du-Rhône) (1), cette coupe,
dis-je, est une de celles dont Tensemble présente le plus de clarté, le
soulèvement de Fîlot crétacé de La Oeboulliùre n'ayant exercé qu'une
influence à peine sensible sur Tallure normale des couches. C'est en
même temps celle qui, grâce à la gorge de Lourmarin, permet d'étu-
dier le plus facilement la base du Miocène marin (2).
La combe de Lourmarin, qui livre un passage si pittoresque à l'Ai-
guebrun et à la route d'Apt à Pertuis, est en effet la seule coupure de
quelque importance qui traverse la grande ondulation crétacée du
Luberon et mette en communication le bassin d'Apt et celui de la Du-
rance; aussi est-il assez surprenant qu'aucun géologue n'ait encore
profité d'un accident topographique aussi favorable, pour étudier les
dépôts tertiaires plaqués sur les flancs de la roche néocomienne. Il
eût été facile de reconnaître que les couches à Pecten planosulcatus,
dites Mollasse de Cucuron, loin de représenter la base des terrains
miocènes marins, s'y trouvent au contraire presque au sommet et ne
peuvent par conséquent être parallélisées avec la mollasse de Saint-
Pau l-Trois-ChAteaux, de Montségur, etc., en un mot, avec toutes les
formations mollassiques du bassin du Rhône, caractérisées par Tabon-
(1) Je n'ai pu consacrer assez de temps à l'examen des terrains secondaires et
éocènes des environs d'Apt et de Rognes pour garantir tous les détails de cette
coupe sur ces points extrêmes ; je me suis surtout appliqué à reconnaître l'âge e^
la position de la mollasse, qu'il était important de relier aux dépôts du plateau de
Cucuron.
(2) Depuis la présentation de cette note, j'ai pu m'assurcr de la présence des
marnes et calcaires d'eau douce jusqu'au pied du versant septentrional du Lube-
ron. Ils sont même assez épais sur la rive gauche du torrent qui vient se jeter dans
l'Aiguehrun à peu près vers le point où, sur la coupe 1 de la planche IV, com-
mence le pointillé qui unit le Néocomien du Luberon à celui des environs d'Apt.
Sur les flancs du monticule qui s'élève au nord de ce torrent et qu'on peut désigner
sous le nom de Les Grégaires, comme sur ceux des plateaux des Créts et de Bonnieux,
on voit clairement, en effet, le Néocomien supporter un calcaire marneux blanchâtre,
souvent pétri de minuscules Bithinies (?), fortement incliné vers le sud sous la tui-
lerie des Grégoires, et subordonné à la mollasse. Les Sables et argiles bigarrés
paraissent manquer sur ce point, mais on reconnaît une partie de leurs éléments
dans le conglomérat à cailloux verdâtres par lequel débute la mollasse marine.
La coupe du massif compris entre le Néocomien du Luberon et la route de Bon-
nieux pourra donc ôlre rectifiée et complétée à l'aide de ces données supplémen-
taires .
i72 FOÎITANSES. — KÉOGÈSE BE CUCUBON. 29 avri]
dance d'un Pecten improprement désigné sous le nom de P. scabrius-
cului. Mallieron (;= P. pree^cabriusculua, Fonl.).
Il n'y a en effet qu'à examiner les escarpements qui dominent la
roule depuis le Pas du Lancier (lig. 1) jusqu'à l'issue méridionale de
pas du Lander.
la combe, pour reconnaître l'erreur dans laquelle on est tombé jus-
qu'ici. Voici les diverses assises que j'y ai rencontrées :
a. Terrain crétatè : Néocomien. ~ Calcaire à grain 6o, litliographiqat;, jaune
clair, grisâtre par alIËralinn, allcrcBDl en lianes peu épais avec des couches mar-
neuses assez riclies en Spatangues.
I^ calcaire néocomien m'a paru sur ce point passablement dislo-
qué, et l'inclinaison générale vers le sud y est soumise à de nombreu-
ses variations. Les strates semblent moins inclinées sur la rive
droite que sur la rive gauche de l'Aigucbrun ; de plus, le plongemeni
n'est pas le même des deux c«^tés du torrent, ce qui pourrait faire sup-
poser l'existence d'une t'aille ou tout au moins d'une fracture ayani
déterminé le passage des eaux, et que celles-ci auraientpcuà peu élar-
gie et atTuuillée, ainsi qu'en témoignenL les roches souvent usées,
(otmé&s, excavées, des immenses parois de la combe.
1. Sabte marneux, grii-eerdàlre, incohérent, parsemé de nodulet tahai-
ret blanchdtrru . — Dans Il-s 18 mètres infi^ricurs sont répartis 4 à 5 bancs
de galels de silex vcrdâtres à la surface, souvent d'assez Torte taille. Stralili-
calion Irès-caprtcieusc ; les galets du silex forment parfois des amas chao-
tiques. — Épaisseur approximative 10 à HfOO
3. Conglomérat ou plutûl bridie caUairi à iUmfntt de tonte taille dans
le plut grand iiiordre. — Faciès très- tourmenta. Les cailloux néoconiiens do-
minent il'uno manière sensible; quelques-uns Kont pcrfoiiïs. On remarque
Missi des galcls et inenie des hlocs d'un grès siliceux rougeAtre, prove-
nant sans doute do la di^nudalinn des Sables et argiles btgarré.s. Le tout est
cluientt.' par un sable fin, marneux, venlâlre. analogue il celui igiiie^l sub-
1878. PONTANNES. — NÉOGÈNE DE GUGURON. 473
ordonné au conglomérat. — Épaisseur 4"00
3. Mollasse calcaire bréchoïde, très-compacte, très-dure, à éléments peu
volumineux et de plus en plus petits à mesure qu'on se rapproche de la
partie supérieure. — Les débris organiques deviennent au contraire de plus
en plus abondants, et dans les 25-30 mètres supérieurs forment presque à
eux seuls la masse du dépôt. Les parties plus particulièrement accessibles
aux dissolvants atmosphériques montrent en relief des débris de PectenfP,
prœscabriusculus ?J, des v&lvea d'Huîtres de petite taille, des baguettes d'Our-
sins fCidaris ÀvenionensisJ, des Bryozoaires (NuUipores, ce), des Spon-
giaires, etc. L'ensemble de cette assise est divisé assez régulièrement en
bancs de 30 à 40 centimètres. — Épaisseur totale 70 à 80"00
La mollasse calcaire à Nullipores fait corps avec le calcaire nëoco-
mien et ne se distingue pas facilement à une simple inspection de la
chaîne du Luberon; elle se prolonge jusqu'à l'issue de la gorge de
Lourmarin, où ses dernières couches sont subordonnées aux dépôts
meubles qui constituent le sous-sol du bas plateau de Cucuron.
4. Marne sableuse jaunâtre. — L'inclinaison de cette assise, d'abord égale à celle
du substratum, c'est-à-dire à près de 45*, diminue ensuite peu à peu. Je n'ai pas
recueilli de fossiles sur ce point.
En se dirigeant vers Lourmarin, on marche sur cette même marne
sableuse, plus ou moins recouverte par les alluvions, et dont l'épais-
seur est difficile à évaluer par suite des modifications que subit l'incli-
naison des strates. Je ne croîs pas cependant qu'elle puisse être moin-
dre que i50'"00
A 400 mètres environ de la combe, commence une série de buttes
ou mamelons qui dénotent la présence d'une roche plus résistante.
5. Grès dur, calcaire, jaundire, à empreintes ocreuses ; dents et os de Poissons,
Balanes, Turritella bicarinata, Pecten substriatus, Àrca Turonica? — Dans le haut,
ce grès devient très-ferrugineux cl se charge d'un grand nombre de petits galets
calcaires. — Épaisseur 3 à 4"00
C'est ce grès calcaire qui couronne la butte des Oinoux et supporte,
un peu plus au sud, le château de Lourmarin ; les érosions qui ont
laissé subsister ces deux monticules, ont mis à nu, à leur base, les
marnes sableuses jaunes, 4, qu'on voit passer par transitions peu sen-
sibles au grès ferrugineux, 5.
Entre Lourmarin et la colline de Cadenet, dont les pentes septen-
trionales sont désignées sous le nom de Les Gardis, le sous-sol est for-
mé de sables jaunes ou verdâlres, plus ou moins marneux, au milieu
desquels pointent quelques bancs d'une lumachelle ferrugineuse rou-
geâire, 6 ; mais la rareté et le peu de développement des affleurements
ne permettent pas d'étudier convenablement ces dépôts. Il n'en est pas
de même des Gardis, au pied desquels j'ai pu relever la coupe suivante :
474 FONTANNES. — iNÉOGÈNF. DK GUCURON. 29 avril
7. a. Sables marneux jaunâtres
6. Calcaire marno-sableux (1" banc) ; Pecten scabrinsculus, P. plano-
sukatns, P, subvarius, Ostrea Boblayci, 0. digitalina, Àrca Tura-
nica, Panopœa, Tapes, Echinolampas hemiKphœricu^, etc. — Épaisseur. 2"00
c. Sable marneux; faune peu variée : Pecten scabrinsculuf de grande
Uille 8 à 10.00
d. Calcaire marno-sableux (2* banc) : Pecten scabriuscuhis ; nombreuses
empreintes de petites espèces 1 .00
e. Sable marneux peu fossilifère 4.00
f. Calcaire marno-sableux (3* banc) : Pecten scabriu^culus 4.00
g. Marne sableuse jaune, peu fossilifère
Les couches qui suivent ces alternances de sables marneux pauvres
en fossiles, et <te calcaires marno-sableux piu^^ntant au contraire une
faune remarquable par le nombre des individus et par les dimensions
decertainsd'entreeux,sonten partie recouvertes par les caillouxébou-
lés des Alluvions anciennes, qui couronnent le plateau. Cependant, en
redescendant du côté de Cadenet, on peut encore reconnaître la pré-
sence, sinon mesurer exactement Tépaisseur des assises suivantes :
Limon rouge, cimentant sur certains points le cailloutis superposé
Calcaire et marnes palustres à Hélix Christoli 30 à 40"'00
Marnes grises à Proto rotifera 10 à U'.OO
Ces marnes grises reposent plus ou moins directenient sur le dernier
banc de calcaire marneux à Pecten scabriuscuhis, qui projette, en avant
des dépôts superposés, une sorte (rentablcment, sur le bord du(|uel
s'élèvent les ruines du Château. Au-dessous, la colline s'abaisse brus-
quement, en formant un escarpement de près de 100 mètres, qui do-
mine la plaine de la Uurance, et le long ducfuel s'échelonnent les mai-
sons deCadenet. On peut y étudier, dans des conditions plus propices, les
assises marno-sableuses des environs de Lourmarin, et surtout celles
Immédiatement subordonnées aux couches à P. scabnusculus, enta-
mées ici par la pioche, qui jadis y creusa d'assez dangereux abris et
qui en extrait aujourd'hui de médiocres matériaux de construction.
II. Coupe de Vaugines au Castelar (PI. IV, fig. 2).
Quoiijue la plupart des assises .subordonnées au limon rouge soient
difficiles à reconnaître dans la petite combe de La Georgette, creusée au
nord de Vaugines, sur les flancs du Luberon, cette coupe n'en est pas
moins intéressante à suivre jus(|ue-là, à cause du plongement anui^-
mal des assises tertiaires que M. Se. Gras a cru y observer.
« Il est à remarquer, dit cet auteur, <]ue les couches tertiaires dont
1878. -FONTANNES. — NÉOGÈNE DE CUGURON. 475
nous venons de parler (calcaire lacustre et limon rouge), au lieu de
se relever contre la base du Léberon, qu'elles recouvrent sur une
grande longueur, plongent au contraire de son côté, et qu'elles con-
servent cette inclinaison discordante jusqu'au contact même du cal-
caire néocomien. En cherchant à nous rendre compte de la cause
d'une disposition aussi anormale, nous avons pensé qu'on pouvait la
trouver dans une ondulation souterraine du terrain néocomien, qui, à
une certaine distance du Léberon, aurait renversé contre lui les cou-
ches adjacentes (i). • Cette hypothèse est appuyée par deux coupes (2),
qui lui donnent la plus grande vraisemblance.
Or, lorsqu'après avoir gravi les collines qui avoisinent Vaugines, on
continue l'ascension du Luberon, on arrive dans une petite combe qui
sépare en efi^et le limon rouge du calcaire crétacé, mais dont les ter-
rains n'appartiennent ni à l'une ni à Tautre de ces deux formations.
La grange La Georgette, située à une altitude de près de SÛOi», sur
la pente septentrionale de la combe, est adossée à un grès mollassique
très-dur, qui supporte les assises suivantes :
o. Marne sableuse verdàtre.
6. Marne sableuse foncôe; épaisseur approximative, 20 à 25 mètres.
c. Sable marneux jaunâtre.
d. Sable jaune compacte.
Ces sables plus ou moins marneux et compactes, dont je ne puis
préciser le niveau, faute de fossiles, mais qui appartiennent bien cer-
tainement à la zone moyenne du Miocène marin, plongent très-évi-
demment vers le sud, et je ne puis m'expliquer l'assertion de M. Se.
Gras, qu'en supposant que ce géologue s'est borné à parcourir du re-
gard les monticules rougeâtres qui s'élèvent au nord de Vaugines. En
effet, de Vaugines même on ne peut soupçonner l'existence de la
combe de La Georgette, et le limon rouge qui, près du village, plonge
vers le nord, parait butter contre la craie. Mais il suffit de suivre les
ravins qui découpent en une longue série de collines parallèles la
nappe de limon étendue au pied du Luberon, pour voir celle-ci se
relever bien avant d'atteindre le calcaire néocomien.
En parcourant la combe de La Georgette, on peut retrouver toute la
série miocène du plateau de Cucuron, mais dans des conditions peu
favorables aux observations; il faut donc se borner à en constater la
présence, et aller les étudier près dd village même de Vaugines. On
ne tarde pas à dépasser la ligne synclinale et à voir apparaître, sous
le limon rouge, a, les assises suivantes, fortement inclinées vers le sud :
(1) Descr, géoL dép. Vaucluse, p. 209.
(2) Op. cit., pi. I, tig. 7, et pi. II, tig. 15.
476 FONTANNES. — NÉOGÈNE DE GUGUIfON. 29 avri
h. Calcaire blanc à Hélix Ckrittoli,
c. Marne à lignite.
d. Marne et sable fin, sans fossiles (?}. — Ce dépôt est très-constant; on le ren-
contre dans toute cette région à la limite des formations marines et des dépôts
lacustres.
e. Marne grise à Proto rotifera et Cardita Jouanneti,
f. Calcaire marno-sableux à Peeten scabriutculus, P, Cavarum, P. planosulccUus.
alternant avec des marnes foncées, caillouteuses, à Ventis islandicoïdes, Tellina
laeunosa, renfermant de véritables bancs d'Ostrea digitalina. Le calcaire forme
trois bancs bien distincts, dont les épaisseurs relatives sont les mêmes qu'aux
Gardis (Y. coupe I).
Cette dernière assise, qui, soulevée par le repli crétacé de La Dcboul-
lière, forme dans tout le bassin de Cucuron un bourrelet parallèle à
la chainodu Luberon, porte généralement dans le pays le nom de la
Roche, A Vaugines, où elle est fortement redressée, elle repose sur des
sables marneux, à peu près sans fossiles, formant talus au nord de la
route qui traverse le village.
Au sud de la Roche s'étend une vaste plaine creusée dans des couches
très-meubles, dont Tétude serait bien difficile sans l'inlercalation, dans
cette puissante masse sableuse, de bancs plus compactes qui pré-
sentent quelques affleurements intéressants et seirvent ainsi de points
de repère. Voici la série des couches que j'ai pu reconnaître :
g. Sable marneux jaunâtre, immédiatement subordonné à la Roche de Vaugines et
entaillé par la nouvelle route ; visible sur 15 k 20"00
La culture no permet pas d'observer les dépôts qui suivent, sur une
longueur de près de 100 mètres ; au-delà on trouve :
h. Calcaire marneux, pétri de débris de coquilles formant lumachelle ; ce
banc est exploité. — Épaisseur 2.00
t. Marne sableuse grise 1 à 2.00
y. Calcaire marneux, se divisant en plaquettes dont les joints montrent des
empreintes et des moules en grand nombre. Toutes les coquilles paraissent
de très-petite taille; les Corbules dominent. On reconnaît aussi quelques
Gastéropodes, de petits Peeten (P. Fachsi, vàr.?), des Arches, etc — 4.00
k. Marne sableuse grise 2.00
(.Marne sableuse compacte, à nodules calcaires blanchâtres : pinces de
Cancériens, Anomia, Peeten Fuchsi, var.?
m. Marne sableuse grossière, grise, tachetée d'hydroxyde de fer, et bancs
compactes intercalés.
Les couches l et m. qui forment un repli de terrain assez accentué,
peuvent avoir ensemble une épaisseur de 7 à 8.00
n. Sable marneux, peu épais, constituant une légère dépression entre la
couche précédente et la suivante.
0. Marne plus ou moins sableuse, grisâtre 3.00
Au-delà, il est de nouveau impossible d'observer le sous-sol jusqu'au
pointcment de calcaire néocomien de La Deboullicre, qui explique le
1878. PONTANNES. — NÉOGÈNE DE CUCURON. 477
plongement vers le nord des couches qu'on rencontre depuis ici jus-
qu'à Yaugines. En suivant le Laval, qui le traverse par une étroite
coupure, on peut voir distinctement la structure en voûte de cet îlot
crétacé, dont les flancs sont à certains niveaux criblés de perforations.
Les assises tertiaires qui au midi sont soulevées par la Craie de La
Deboullière appartiennent à un groupe fort important à cause de sa
constance dans tout le bassin du Rhône et comprenant :
p. Sable jauDâtre, fcrrugiDeuz, avec ÎDtercalatioDS de lits plus ou moins
marneux : Myliobates, Ostrea crassitsima, Pecten tubstriatus, Àmphiope
perspicillata. — Épaisseur 10 à 15"00
q. Grès lumacheiie caractérisé par l'abondance des moules d'une petite es-
pèce de Cardium; dents de Squales, Turritclla bicarinata, etc.
Les sables à Amphiopes et le grès à Bucardes peuvent s'observer
aussi sur la roule de Cadenet à Cucuron, où ils forment un petit ma-
melon en face de la grange Ripert.
Les couches étant inclinées vers le sud depuis La Deboullière, on
parcourt de nouveau toute la partie moyenne et supérieure des forma-
tions miocènes en se dirigeant vers la colline qui fait suite à celle de
Cadenet, de l'autre côté du Laval, et dont voici la coupe :
a. Marne sableuse grise, mouchetée d'hydroxyde de fer, compacte au som-
met ; visible sur 45*00
6. Alternances de calcaire marno-sableux à Pecten scabriusculiu et P. pla-
nosulcatus, et de marne sableuse grise (7 de la coupe des Gardis et f de
celle de Yaugines) 40 à 45.00
e. Marne grise k Proto rotifera. Venus islandicoïdes, etc 5 à 6.00
d. Marne argileuse, bleuâtre, sans fossiles ? 3 à 4.00
e. Marne à lignite 15 à 20.00
f. Calcaire blanc à Hélix Christoli 50 à 55.00
Le calcaire blanc, qui s'élève abruptement au-dessus du plateau
formé par les couches à Pecten scabriusculics, est recouvert d'un cail-
loutis à ciment sableux, dans lequel j'ai remarqué de nombreux cail-
loux impressionnés. On sait que ce caractère a joué un rôle prédomi-
nant dans la classification de certains conglomérats et poudinguesdu
Uauphiné, assimilés par quelques géologues au Nagelfluh mollassique
de la Suisse. Le cailloutis du Castelar (1), qu'on retrouve d'ailleurs au
sommet des collines de Cadenet, de Yillelaure, est classé par H. Se.
Gras dans son terrain lacustre supérieur, et parallélisé par conséquent
avec les poudingues à coquilles d'eau douce du Bas-Dauphiné, dont
les environs de La Tour-du-Pin présentent un des meilleurs types.
(1) C'est ainsi qu'on désigne à Cadenet la colline qui s'élève sur la rive gauche
du torrent du Laval au-dessus de Notre-Dame des Anges.
478 FONTANNES. — NÉOGÈNE DE CUCURON. 29 avril
m. Coupe de Cucuron au mont Luhcron (PI. IV, fig. 3).
Cucuron, depuis longtemps inscrit dans les annales de la Géologie,
est bâti sur les dernières assises de cette masse sableuse qui supporte
les couches à Pecten planosulcatus, et dont les érosions ont épargné un
monticule couronné aujourd'hui par les ruines d'un vieux château. Ces
sables fins, marneux, jaunâtres, à peu près sans fossiles, deviennent
dans le haut de plus en plus marneux et noirâtres, et passent enfin au
calcaire marno-sableux à P , planosulcatus, qui, fortement incliné vers
le nord, dessine au-dessus de la petite ville une crête aiguë, désignée
sous le nom de Roclie de Cucuron,
Si du chemin de Yaugines qui traverse Cucuron, on monte vers le
Luberon, en passant au pied de l'Ermitage, perché sur une colline de
limon rouge, on rencontre toute la partie supérieure du Miocène, for-
mée par les assises suivantes :
1. Marne sableuse, foncée, k Pccien golarium, P. scabriusculus, P. Cava-
mm de petite taille; nombreux Bryozoaires; visible sur 4 à 5"00
"2, Calcaire marno-sableux à Pecten planoutlcatus (1" banc), P. scabrius-
eulus de grande taille, P. nimius, P. subvarius. etc 9 à 10.00
3. Marne sableuse ne renfermant que quelques débris de coquilles.. 10 à 12.00
4. Alternances de bancs plus ou moins calcaires, de marnes sableuses et
de petits lits de galets; Ostrea digitalina, Yenm islandicoides 13.50
5. Calcaire marno-sableux à Pecten pianos ulcatui (9* banc) , Ostrea Bo-
blayei, nombreux Pecten atteignant de fortes dimensions 2.00
6. Marne sableuse, foncée, avec intercalations de lits do galets de petite
taille ; Ârca Turonica,, c; banc d'Ostrea digitalina 4.00
7. Calcaire mamo - sableux à Pecten planosulcatus , P. scabriu^culus
(3» banc) • 0.30
8. Marne grise à Proto rotifera 6.00
9. Marne argileuse, veinée d'hydroxyde de fer; Eastonia rugosa..., 1 à 8.00
C'est la partie supérieure des marnes de Cabrières, caractérisée plus
à Test par un banc d'Ostrea crassissima intercalé dans les couches à
Eastonia rugosa.
10. Marne grisâtre et sable fin jaunâtre 12 à 11.00
Cette dernière assise, qui ne m*a fourni aucun fossile, sépare les
derniers dépôts à faune marine des couches palustres, qui forment un
peu plus loin deux monticules; le premier donne la coupe suivante :
11. Marne grise à Melanopsis Narsolina 10"00
12. Marne à lignite, pétrie de Bithinies fB. LeberonensisJ, Planorbes, Lim-
nées, c. Les Hélix (H, Christoli) ne deviennent abondants que dans
la partie supérieure.
Les couches de lignite, peu épaisses, sont au nombn» de 3 ou 4 et
1878. FO.NTANNES. — NÉOGÈNE DE GUCURON. 479
présentent le môme faciès que celles qui affleurent au même niveau
dans le bassin de Vis an et dans le Bas-Dauphiné septentrional... 5 à 8.00
13. Calcaire blanc à Hélix Christoli; nombreuses tubulures, géodes tapis-
sées de cristaux.
Le calcaire blanc devient plus marneux dans le haut et passe au
limon rouge, qui constitue le second monticule et dont les dernières
couches cinjentcnt les fragments d'une brèche assez épaisse (20 mètres
environ), dont l'aspect m'a rappelé celle de Pikermi.
A partir du vallon qui sépare le calcaire à Hélix du limon rouge,
les couches se redressent contre le Luberon, et, en redescendant la
pointe septentrionale du mamelon de l'Ermitage, on voit réapparaître
successivement les marnes et calcaires d'eau douce, les marnes à Proto
rotifcra, souvent cachées par la culture, mais se révélant par de
nombreux galets perforés disséminés dans les champs, puis les cal-
caires marneux à Pecten scabriitsculus, dont l'épaisseur sur ce point
m'a paru très-réduite.
Le vallon qui longe la montagne derrière ce premier plan de col-
lines a été creusé, comme celui de La Georgette, dans les sables mar-
neux, peu fossilifères, qui s'étendent au sud de Cucuron etde Yau-
gines. Ici aussi on voit pointer, comme au nord de La DebouIIière,
quelques bancs plus compactes, qui présentent de nombreuses em-
preintes, parmi lesquelles dominent celles d'Acéphales de petite
taille.
Enfin, le chemin de Cadenet à Apt, avant de s'engager dans la gorge
étroite et pittoresque qui lui livre passage, -entame les sables ferrugi-
neux à Amphiope pcrspi dilata et Ostrea crassissima (i" niveau), qui
ne sont séparés des couches crétacées que par 15 à 20 mètres de sables
grisâtres, plus ou moins marneux.
Je n'ai pas pu observer en cet endroit la mollasse à Pecten prœsca-
briusculus et Nullippres de la combe de Lourmarin, qui offre d'ail-
leurs, à quelques centaines de mètres plus à l'est, de très-beaux af-
fleurements.
IV. Coupe du mont Luberon à Villelaure par les ravins du Canauc
et du Vabre (PI. IV, fig. 4).
Ainsi que je viens de le faire remarquer, la mollasse à Nullipores,
qui n'est pas visible à l'entrée de la gorge suivie par le chemin d'Apt,
apparaît très-nettement plus à l'est, sur les bords escarpés du torrent
(lu Canauc. Elle repose sur un gisement fort intéressant des Sables et
argiles bigarrés, dont voici la coupe :
480 FONTANNES. — NÉOGÈNE DE GUGURON. 29 avHI
Calcaire néocomien.
a. Sable siliceux blanc, veiné d'argile blanche et ocreuse 8"00
6. Argile ocreuse, de teinte claire, veinée de blanc 8 à 10.00
c. Sable argilo-siliceux, blanchâtre, renfermant de gros blocs d'un grès
calcédonieux, à cassure brillante, d'un rouge vineux très-vif, parsemé
par places de veines et de taches d'un blanc mat. Ces blocs sont régu-
lièrement alignés et formaient peut-être une couche continue 10 à 12.00
d. Sable argilo-siliceux, gris-jaunâtre 4 à 5.00
Ces sables et argiles supportent la mollasse à Pecten prœscabritis--
cultis, débutant ici, comme dans tout le bassin du Rhône, par des lits
de galets de silex à surface verdâtre, et caractérisée par une abondance
extraordinaire de Nullipores. Les Pecten sont aussi très-nombreux,
mais à Tétat fragmentaire et par conséquent assez difficiles à déter-
miner; on y reconnaît cependant les P. prœscabriusculus et P. latis^
simtis, si constants à ce niveau, ainsi que de nombreux Bryozoaires,
des Polypiers, etc.
En suivant la ligne de contact des formations crétacée et tertiaire,
on peut étudier quelques affleurements isolés de la mollasse à Nulli-
pores, des sables verdâtres et du conglomérat que j'ai signalés à l'en-
trée de la gorge de Lourmarin ; mais ils sont le plus souvent couverts
d'une masse d'alluvions ou plutôt d'éboulis, atteignant parfois, au
pied même des pentes néocomiennes, l'épaisseur de 15 à 20 mètres.
Aussi, pour reconnaître la série complète des assises miocènes, faut-il
explorer tous les ravins qui sillonnent les contreforts du Luberon en-
tre Cucuron et Cabrières.
L'un des plus favorables aux observations stratigraphiques est le
ravin du Yabre, qui se dirige en droite ligne vers le sud jusqu'à An-
souis, où son mince filet d'eau se réunit aux ruisseaux des Clots et du
Reynard pour former le Marderie (1), qui se jette dans la Durance
entre Cadenet et Yillelaure.
A l'altitude approximative de 580 mètres, le Yabre coupe la mol-
lasse à Nullipores, presque verticale, contre laquelle s'appuie, avec
une inclinaison notablement moindre, la masse puissante des sabler
caractérisés dans leurs couches inférieures par les Amphiope perspicil-
laia, Ostrea crassissima, Pecten FucJisi, var. ?, etc.
Plus bas, vers 470 mètres d'altitude, des bancs gréso-calcaires, pé-
tris de Pecten de petite taille du groupe du P. scabriusculus, suppor-
tent les marnes grises à Proto rotifera et Ancillaria glandifortnis,
(1) Dans toute la Provence, dans le Comtat et jusqu'à Valence au moins, ce nom
malsonnant est aussi communément employé pour désigner de petits cours d'eau,
que ceux de nant dans les Alpes et de gave dans les Pyrénées pour désigner les
torrents.
1878. FONTANNRS. — NKOGÈNE DE CUCURO?f. 481
moins inclinées encore que les assises subordonnées; puis, en conti-
nuant vers le sud, on ne larde pas à reconnaître sur les flancs du ra.
vin les marnes et sables sans fossiles ?, les marnes et calcaire à lignite
et Ilelix ChristoU, enfin le limon rouge, dont les strates, de moins en
moins inclinées, deviennent à peu près horizontales vers le chemin de
Cucuron à Cabrières, où passe la ligne synclinale de celte cuvette mio-
cène.
Au-delà, les mêmes couches se redressent de plus en plus en sens
contraire, jusqu'à la route de Grambois, au nord de laquelle on peut
facilement se rendre compte de Ténorme développement des marnes
sableuses noirâtres subordonnées aux couches à Pecten planosulcatus,
et qui certainement dépassent ici ^00 mètres. Les fossiles y sont très-
rares et je ne puis citer de ce niv^.au que des valves de petite taille
d'un Pecten du groupe du P. Fuchsi.
Entre la route de Grambois et Ansouis, le Yabre traverse les sables
et grès à Amphiope perspicillata et Ostrea crassissimat qui constituent
une série de buttes (^Tronc, Sarlin,etc.), aussi caractéristiques de cette
formation que les fossiles qu*on y rencontre. Les strates en sont d*abord
faiblement inclinées vers le nord, mais un peu en amont du mamelon
qui porte le village et le beau château d' Ansouis, elles plongent de
nouveau et assez fortement vers le sud.
Cette nouvelle direction, qui est la directiou normale, localement
modifiée par l'ondulation crétacée de La Deboullière, met en évidence
sur la rive gauche du Reynard, au pied même de la butte d*Ansouis,
une marne sableuse foncée, au-dessus de la(]uelle, en gravissant Les
Patis, versant septentrional de la colline de Villelaure, on peut rele-
ver la coupe suivante :
a. Calcaire mollassiquo blanchâtre, jaunâtre dans le haut, pétri de débris
de coquilles et de valves de Balanes 15 à 2fl"00
k. Calcaire maroo-sableux ferrugineux : Turritella bicarinata, Pecten «co-
ffriwiculus et P. Cacarum de petite taille, nombreux moules de Cor-
bules 4 à 5.00
c. Sable marneux jaunAtre, devenant de plus en plus grossier et ferrugi-
neux ; débris d'Huitres et de Peignes de petite taille 6â 8.00
d. Calcaire marno-sableux micacé : Ostrea Boblayei, empreintes de Solen,
de Corbules, ce 1.50
e. Calcaire marno-sableux micacé : Pecten planosulcatus, P. subvarius, P.
seabriuscultis, Echinolampas cf. E. hemisphœricu^ 8 à 10.00
La plupart des espèces atteignent des dimensions exeeptioanelles.
Les couches superposées à cette dernière assise, qui représente la
Roche de Cucuron, sont recouvertes par d'épais éboulis; elles se ré-
vèlent cependant par des débris i\[x\ permettent de constater la pré-
31
482 FOMANNES. — NÊOT.KM: de CUCUIION. 2î) avril
seiice, au-dessus des marnes à Proto rôti fera, des marnes el calcaire
blanc à Ilrlix ChrisloU. Ce dernier, qui affleure ici a près de ÎÎOO mè-
tres d'altitude, se retrouve a 230 mètres au-dessus du village de Vîlle-
laure, sur le versant méridional de cette même colline, dont le sommet,
comme celui des ilôts du Castelar, de Cadenel, est constitué par le
limon rouge et par les alluvions à cailloux impressionnés.
V. Coupe du rnont Luhcron à Vcttmg de la Bonde par GaWièrcs-
d Aiguës (PI. lY, lig. 5).
Les coupes qui précèdent suffiraient amplement à taire connaître
les divers dépôts tertiaires qui affleurent entre le Luberon et la Du-
rance. Je crois cependant devoir y joindre celle des environs immé-
diats de Cabrières-d'Aigues, à cause de la notoriété accjuise à ce
gisement, qui est sans contredit un des meilleurs types du Miocène
supérieur dans le bassin du Rhône.
Lorsqu'on se rend de Cucuron à Cabrières, on aperçoit au nord-est
de ce dernier village un immense talus sablonneux, — sorte de digue
respectée par les torrents de la montagne, — qui s'étend perpendiculai-
rement au Luberon sur une longueur d'au moins 7 k 800 mètres. Si
on le remonte jusqu'à son extrémité, on voit que les couches int'é.
Heures de la masse qui le constitue sont fortement redressées contre
un calcaire mollassique, ferrugineux, à Ostrea crassissitua, Pecten cl*.
P. prœscabriusculiis, Panopées, superposé lui-même à une lumachelle
grisâtre, compacte, très-dure, avec conglomérat à la base.
Les sables qui reposent sur la mollasse à Pecten cl*. P. prœscabrius-
cuhis sont marneux, jaune-verdâtres et tort peu fbssilitères. On re-
marque toutefois, dans presque toute la masse, des débris de Peignes
de petite faille, et quelques couches un peu inoins pauvres m'ont
fourni des Ostrea caudata, Pecten suhstriatus, Scutelta Panlensis,
ainsi que des dents de Lamna et de Mt/îiobaûcs en assez grande
abondance. L'épaisseur de celte formalioii est considérable, mais dd-
licile à évaluer; elle m'a paru dépasser iOO mètres.
Les couches superposées à ces sables, qui constituent la zone
moyenne du Miocène marin du plateau de Cucuron, viennent, par
suite d'une cassure très-nette, buter contre eux avec une inclinaison
très-faible. Ce sont des marnes sableuses grises, où l'on rencontre
plusieurs bancs iVOstrca digitaiina, ainsi que d'assez nombreux Pec-
ten, le plus souvent en njauvaisélat. Ces marnes, qui deviennent jau-
nâtres dans le haut, supportent l'ensemble des couches caractérisées
par le» P. scabriuaculus, P. Cavarum, P. planosulcatus, qui compren-
1878.
- nk«;enr rk cicuHO^.
48J
nent ici, îk la baiw, un bano lie caicaira marneux pétri de Turritella
fncarinata. Le Pecten Cavarum, qui occupe un niveau un peu supé-
rieur, e^t remarquable sur ce point par les dimensions qu'il acquiert
et par la saillie des cinq r<Mes principales de la valve gauche.
La Roche de Cabrières forme un plateau presque horizontal, qui dis-
parait sous les marnes à Anciilaria gtandifonnis pi'ès du chemin de
(kicurou; ù partir de là on peut reconnallre la série normale des l'or-
rnations continentales à Melanopsis Narzolina, ù Hélix Ch-istali et à
Nipparion gracile.
Les strates continuent ù plonger vers le sud, mais sous un angle de
plus en plus faible, jusqu'à la route de Pertuis, au-delà de laquelle on
les voit se redresser vivementen sens conlrarre et border d'une falaise
abrupte la rive sepietitrionale du gracieux étang de la BOnde. C'est
le prolongement de la Roclie qui dans les coupes précédejites domine
Cucuron et Vaugines, et va se souder à la chaîne du Luberon entre ce
dernier village et Lourmarin.
Yi. Coupe de Saint -Ckn'slophe (Bouehes-du-Rhùne) (fig. 2).
Les gigantesques travaux entrepris pour agrandir et améliorer le
bassin d'épuration où séjournent les eaux de la Durance avant de se
rendre i Marseille, m'ont permis de découvrir un gisement d'un grand
intérêt pour les éludes que je poursuis dans le bassin du fthùne.
Au pied de la butte calcaire qui se dresse en face du pittoresque
liémicjcle de collines encadrant l'îrnmeiise réservoir de Saint-Chris-
tophe, on a établi, pour le service des chantiers, un chemin qui, tout
|)rès de sa jonction avec la roule de Bogues, passe sur un lambeau de
marnes plaqué contre la Craie. A première vue je lus frappé <le l'ana-
Ic^ie de ce dépôt (a, fig, 2) avec certain faciès des marnes messi-
niennes du bassin de Visan, de l'Ardèche, de la Drôme, etc.
Fig. 2.
48i FOî^TA.VNRS. — NKOG^.NE DE CCCCJRON. 29 avril
Ce sont (les marnes argileuses grises et jaunes, alternant par bancs
de O'^IO à 0'"20, cloisonnées de filets plus clairs et renfermant des
nodules blanchâtres provenant peut-être de Tallération de galels cal-
caires. J'eus assez de i)eineà trouver quelque fossile qui vînt confirmer
le rapprochement que me suggérait Taspect pétrologiqne du gisement;
je parvins cependant à recueillir plusieurs fragments du Tuvritella
subangidata et quelques valves du Corhula gibba.
C'est peu, mais cela suffit, je crois; car si le Corbula gibba est peu
caractéristi<]ue, même en ne considérant que le bassin du Rliûne, c*est
bien cependant dans les marnes du groupe de Saint-Ariès qu'il se
trouve le plus communément et le plus constamment. Quant au Tur-
ritella subangidata, je ne le connais encore que des dépots messiniens
(sec, Mayer), où il accompagne soit le Cerithium vidgatutn (marnes et
faluns de Saint-Ariès), soit le Pecten Comitatus (argile de Bouchet).
Ce n'est pas, d'ailleurs, la première fois qu'un gisement appartenant
incontestablement à ce groupe néogène ne m'offre guère, pour toute
faune, que le Turritella subangulata; mais il est ordinairement Irèb-
abondant et souvent accompagné d'un Oursin, toujours en mauvais
état, que je rapporte provisoirement au Schizaster des marnes pi io-
cènes du Roussillon (S. SciUœ, Desor ?).
Les marnes à Turritelles de Saint-Christophe sont sensiblement in-
clinées vers le sud; elles m'ont paru se relier ù d'autres dépôts qui
affleurent à quelques centaines dp mètres de là.
Au-dessus du hameau de Barcot, situé à l'extrémité du pont de la
Durance et transformé, depuis la reprise des travaux, en une vaste cité
ouvrière, la route de Rognes coupe une argile grise, dure, compacte,
nettement stratifiée, et dont les bancs sont séparés par de petits lits de
sable jaunâtre. Celui-ci forme, dans le haut, des couches plus épaisses,
qui alternent assez régulièrement avec l'argile. Sur les joints sableux
de la partie inférieure, j'ai observé de nombreux débris végétaux. Les
couches plongent vers le sud et ont été manifestement entamées, éro-
dées par les alluvions qui les ont recouvertes d'un épais cailloutis.
Je n'ai pas réussi à y trouver le moindre fossile, mais tous les carac-
tères que Je viens de signaler rappellent les formations saumâtres ou
d'eau douce superposées dans plusieurs gisements du bassin de Visan
aux couches à Cerithium vidgatum. Je ne fais cependant ce rappro-
chement (|ue sous toutes réserves et en attendant que de nouvelles re-
cherches m'aient procuré des éléments d'appréciation moins problé-
matiques.
1878. FONTANNES. — NÊOGK.NE DE CL'CUKON. 483
liésuiné.
Je D*ai pas jugé à propos de présenter a la suite de chacune des cou*
pes qui précèdent le résumé des faits slrati^raphiques qu'elles met-
tent en évidence; c eût été surcharger crlte Étude de redites inutiles.
Mais, avant de décrire et de classer les depuis qu'elles rencontrent, il
est indispensable d'indiquer la succession des diverses assises, telle
qu elle ressort des observations que je viens d'exposer. La voici dans
Tordre ascendant :
Nêoeomien, — Monl-Luberon, La Deboullière (Yaucluse), Saint-Chns-
lophe (Bouches-du-RhAnc) .
Sables et argiles bi;;arrôs, avec iotercalatioQ de grès calcédooicux.
— Flancs du Luberon 30 à 40*
CoQglomJral à galets de silei à surface verdàlre. — Gorge de Lour-
inarin 10 15
Mollasse sableuse gris-verdàtre. — Gorge de Lourinarin 35 45
Conglomérat bréchiforme à gros éléments calcaires. — Gorge de
Lourmarin, ravin du Canauc 2 4
Mollasse calcaire, compacte, à Nullipores : Pecten prœKabriu^culun,
Cidaria Avenionenùs. — Gorge de Lourmarin, ravin du Canauc,
Cadenot 60 70
Mollasse calcaire, ferrugineuse, à Pecten xiibbenedictut, Ostrea crat-
tittima ? — Cabrières-d'Aigues 1 S
Marne sableuse, jaunâtre, à dents et ossements de Poissons. — Le
Roure, Cabrières 15 20
Sable marneux plus ou moins grossier, à Àmphiopc perspicillata,
Ostrea cra^xissima. — Le Roure, La Deboullière, Grange Ripert,
Sorlin 15 25
Grès calcaire, grès h Cardium, Turritella bicarinala, — Le Roure.
La Deboullière, Grange Ripert 2 8
Marne sableuse, noirâtre ou jaune-vcrdàtre, à Pecten Fuchn,
var. ? — Lourmarin, La Deboullière, Cucuron, Le Vabre, Ansouis,
Cabrières ? 150 200
Marne sableuse, alternant avec une lumachelle marno-calcaire; Pec-
ten Fuchsi, var.?, Corbules (cc), Scutt'IIes. — Lourmarin, Vaugines,
Aosouis 15 20
Calcaire marno-sableux, à Pecten planositlcatui, P. scabriu^citlu^,
Cardita Jouanneti, alternant ave<î des couches de marne caillou-
teuse à Venus islandicoïdes, Tellinu lacunosa, et des bancs d'0«-
trea digitalina. — Cadenet, Cucuron, Cabrières, Villelaure, Le Cas-
telar 30 40
Marne grise, à Ancillaria glandiformis, Proto rolifera, Rotella sub-y
tuturalif, Cardita Jouanneti. — Cadenet, Cucuron, Cabrières, Le.
Castelar \ 10 12
Marne grise à Ostrea crassissima [2^ niveau), Eastonia rugosa. — '
Mêmes localités
Marne et sable sans fossiles ;?;. — Cucuron, Cadenet, Cabrièreb.... 8 10
486 PONTANNES. — NÉOGKNE DE CL'CURON. 29 avril
Maroe à lignite et MelanopsU Narzoliua. — Cucuron \
Calcaire maroeux à Hélix Chrhlolù — Cucuron, Cabrières, Ville-! 40 50
laure. Le Castelar, Cadcnet )
Limoo rougeâtre à Hipparion gracile. — Cucuron, Cabrières, etc.
Épaisseur maximum ? 50 55
Enjlralification discordante avec les assi^es[préce'dentes :
Argile grise à Tarritella subangulata, Corbula gibbu. — Saint-Chris-
tophe Visible sur 4 5
Argile marno-sableuse à empreintes végétales . . .• ? .15 àO
Si on additionne les épaisseurs que je viens d*indiquer, on obtient
le total approximatif de 5 à 600 mètres pour toutes les assises tertiai-
res qui s'étendent à la base du versant méridional du Luberon, ce
qui, bien entendu, ne saurait signilier que, sur aucun point, on puisse
observer, ou même supposer avec raison, un développement aussi con-
sidérable; car il est manifeste que certaines assises n atteignent sou-
vent leur maximum d'épaisseur qu'au détriment de celles entre les-
quelles elles sont comprises. C'est d*ailleurs ce que j'ai pu constater
déjà dans le bassin de Yisan, où le développement de la mollasse à
Pecten j^rœscabriusculus est soumis à de notables variations.
H. DeSCRII»TION et CLASî>1FICATI0N des TEiUiy^INS.
Dans une étude récente sur les terrains tertiaires du bassin du
Rhône, j'ai donné une classification des formations néogèncs du Com-
tal, qui peut être considérée comme typique et servir d'échelle slrati-
graphique pour toute la région du Sud-Est. Je la reproduis ici, en
mettant en regard des différentes zones «{ue j'ai distinguées les cou-
ches qui, suivant moi, les représentent dans la vallée de la Duraînce. H
est évident que la plupart des assises étant des dépôts de rivage ou de
mer peu profonde, les caractères en sont trop variables pour que la
concordance puisse être établie pour tous les termes de la série. Je
crois cependant que les points de repère sont assez nombreux pour
(|ue les parallélismes indiqués ici présentent des garanties suffisantes
d'exactitude. C'est d*ailleui*s ce que je m'elî'orcerai de démontrer, en
mettant en évidence pour chaque assise les analogies sur lesquelles a
clé basée la classification ci-contre :
FJMANMiS. — M^ÈNË I>E CUCUIION.
a l à l*S 3 .«-2 > = ,o.-| <3 .2 g I
i ï î îij ; Il ; =l-sî- - -s s ^ ^•,,-
s ' I ilJ I 11 3 I 53- î î i * ~ i
■S ■' >: yî. S H S i i4-: s - I I s I
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■= . s C t.n 3 e-î; ^ a g &a^2 -g a = B ■= g *
5* -a w 5 5 5 m â '« o5<«âa ■ "3 -gis
488 FOWTANlfES. — ISÉOGÈNE DE CCCURON. 29 avril
Sables et argiles bigarrés (I). — Le principal intérêt du gisenaent du
Canauc réside dans la présence de blocs d'un grès rouge, le plus sou-
vent parsemé de taches ou de veines d'un blanc mat, qui sont alignés
comme s'ils étaient les débris d'un banc régulier, fragmenté par suite
d'altérations ou par le fait d'une précipitation irréguliëre de la silice
agglutinante. Quoi qu'il en soit, il m'a paru certain que ce grès fait
partie intégrante de la formation argilo-siliceuse au milieu de laquelle
il se trouve, — en d'autres termes, qu'il n'est nullement erratique.
Dans l'espoir qu'une étude minutieuse de la nature de cette roche
pourrait fournir quelque éclaircissement sur l'origine, aujourd'hui
discutée, des sables et argiles bigarrés, j'en ai remis plusieurs frag-
ments à H. Michel Lévy. Voici le résultat de l'examen microscopique
auquel notre savant confrère a bien voulu les soumettre :
a Au microscope, les divers échantillons se comportent à ]>eu près
de même : ce sont des grès à grains quarlzeux, recimentés générale-
ment par de la belle calcédoine (mélange de silice colloïde et cristalli-
sée), par places par de l'opale byalitique (silice colloïde sous forme de
sphérolithes à zones concentriques).
» Dans le grès à cassure conchoïde brillante (comme les ladères), la
calcédoine domine à l'exclusion de l'opale.
• Les grains de quartz sont roulés, parfois brisés; leurs inclusions
caractéristiques à liquide aqueux, avec bulles mobiles, sont parfois à
contours polyédriques. J'inclinerai à penser qu'ils proviennent de la
démolition de la granulite.
»Ce qui confirmerait cette hypothèse, c'est qu'on voit quelques très-
rares débris d'une substance brunûtre, fortement polychroïque dans
les tons bruns, et sans trace de clivages; ce doit être <le la tourmaline,
minéral fréquent dans la granulite et qui résiste bien, comme le
quartz, aux causes de démolition qui ont altéré les autres éléments.
» Autour de chaque grain de quartz ou de tourmaline, on voit une
couronne estompée d'hématite rouge qui expli(|ue la coloration de la
roche ; puis le dment calcédonieux est incolore et limpide. »
Les Sables et argiles bigarrés n'ont pas encore été signalés sur le
versant méridional du Luberon, où ils n'existent sans doute qu'à l'état
de lambeaux difficiles à reconnaître au milieu des éboulis de la mon-
tagne. Le gisement du Canauc, d'un abord relativement facile, n'en
est donc que plus intéressant. Ses caractères sont, d'ailleurs, les mê-
mes que ceux des sables argilo-siliceux de Se. Gras, qui se retrouvent
(1) Bien que cette formation soit tout à fait indépendante des terrains qui font l'ob-
jet de celte étude, je crois devoir intercaler ici les observations que j'ai recueillies
»ur ces d:»p(Ms, dont Vh^e et Torijjnnc» sont loin d'ùtr;? di'iiiitiveniint établis.
1878. FONTANNES. — NÊOGKNTi: DE GUGURON. 489
identiques sur un grand nombre de points de la Provence, du Comtat,
duDauphiné (i).IIsseraltaclienl enoutre, très-probablement, aux sa-
bles et argiles bigarrés du Gard« placés par Émilien Dumas à la base
de son étage uzégien, aux formations de même nature signalées par
H. Fabre dans la JiOzère et par M. Potier dans les Alpes-Marilimes,
pour ne citer que quelques gisements du Midi de la France ; car il est
à présumer, d'après les travaux de nombreux géologues suisses, ita-
liens, autrichiens, que des dépôts analogues existent dans la plus
grande partie du bassin méditerranéen.
On sait que Se. Gras a attribué à ces sables et argiles une origine
éruptive ou geysérienne, hypothèse admise par M. Ch. Lory dans son
savant ouvrage sur le Dauphiné, et depuis par un grand nombre
d'auteurs.
Je n'entrerai pas ici dans de plus amples détails au sujet de cette
formation, qui ne se rattache que très-indirectement aux terrains qui
doivent faire l'objet de la présente étude. Elle a été d'ailleui's trop
exactement décrite et classée par MM. Gras et Lory, et le bassin de
Cucuron n'apporte qu'un trop faible contingent aux notions que nous
possédons déjii, pour que je ne me borne pas à renvoyer, en ce qui
concerne ces dépôts, aux travaux de mes prédécesseurs, analysés et
discutés dans mes études antérieures.
Mollasse à Pecten prœscabnuscuhis, — Sur le versant septentrional
du mont Luberon, les sables et argiles bigarrés sont surmontés de
marnes et calcaires sextiens à Smevdis, Potamides, empreintes végé-
tales, etc. Ces dépôts lacustres ou saumatres, qui semblent avoir rem-
pli des bassins isolés, le plus souvent d'une étendue assez restreinte,
manquent, je crois, dans les environs immédiats de Cucuron, mais re-
paraissent plus à l'est, d'après Se. Gras, autour de Grambois.
Sans vouloir insister sur un rapprochement que la paléontologie ne
peut encore confirmer, je ferai remarquer que le calcaire d'eau douce
de Montélimar et de Salles (Drôme), considéré généralement comme
plus récent, présente des localisations analogues. La coupe du vallon
des Escharavelles (1) est, à ce point de vue, particulièrement instruc-
tive, en ce qu'elle montre le calcaire d'eau douce bien développé sur la
berge occi(lentale,oiiil forme le platcaude La Garde-Adhémar, et man-
quant absolument sur la berge occidentale, où la mollasse marine re-
(1) D(.*s blocs d'un grès semblahK' à celui ilu Canauc se rcnconlrcnt en abon-
dance dans le bassin de Visan. principalement dans les environs de Saint-Paui-
Trois-Chàteaux et de Chanlenierle, où ils sont souvent accompagnés fie fragments
il'nne brèche à éléments siliceux cimentés par de la silice gélatineuse.
(2) Fontannes, Le bassin de. Visau. pi. VI.
490 FONTANNES. — NÊOGÈ.NK DE Ct'CURON. 29 avril
pose directement sur les Sables et argiles bigarrés II en est ù peu près
de même sur le versant méridional du Luberon.
Les premières assises qu'on observe, près de Cucuron, au-dessus
des dépôts argilo-siliceux, appartiennent à la zone intérieure du Mio-
cène marin, à la Mollasse à Pecten prœscahrinsculus. Attribuées au
Grès vert sur la carte de Se. Gras, elles ont été maintenues à ce ni*
veau dans la Description géologique du dt^partement de Vaiicluse, mais
avec une hésitation dont on doit tenir compte à Tauteur.
Cette erreur est d'autant plus regrettable qu'elle a été, jusqu'à ce
jour, la source de confusions lâcheuses dans les rapprochements ({u'on
a établis entre les stations typiques de la mollasse dans le Dauphiné et
certains gisements de la Provence, et je puis d'autant moins me l'ex-
pliquer, que les couches à P, prœscabriusculus se présentent ici avec
des caractères qui ne laissent aucun doute sur leur identité.
A la base, on constate aisément la présence de plusieurs lits de ga-
lets gris ou blonds, à surface verdâtre; or je ne connais pas un point
du bassin du Rhône, depuis le Jura jusqu'à la Mé^literranée, où l'on
ne trouve ce poudingue ou conglomérat à la base du Miocène marin,
aussi bien contre les flancs des montagnes encaissantes qu'au centre
des cuvettes formées par les soulèvements, loi*squc celles-ci sont à
leur tour disloquées.
Au-dessus s'étendent des sables marneux verdûtres, où je n'ai re-
cueilli aucun fossile, mais qui représentent probablement la base de
la Mollasse sableuse à Scutella Paulensis du Dauphiné. J'ai dit ail-
leurs, en effet, que cette formation comjjrenait deux assises assez dis-
tinctes : la première composée de sables plus ou moins grossiers,
caractérisés parles Pecten Davidi, P. Justianus, P. pavonaceus; la
seconde constituée par un sable plus marneux, presque toujours pétri
de Nullipores et renfermant le plus souvent les Scutella Paulensis et
Pecten prœscabriusculus en très-grande abondance. Cette dernière
assise passe à la mollasse marneuse à Pecten subie ncdictus.
Les sables à /'. Davidi, si bien développés sur la colline de Saint-
Paul -Trois-Chàtcaux , font souvent défaut. Dans un récent mé-
moire (1), j'ai donné une coupe passant par le village de Barry et par
Suze-la-Rousse, qui montre les bancs à Nullipores reposant directe-
ment sur la craie. Ailleurs, et c'est précisément le cas sur toute la li-
sière des formations secondaires subalpines, ils sont représentés par
un sable fin, marneux, verdalre, pauvre en fossiles, absolument ana-
logue à celui qui alïleure dans la gorge de Lourmarin. Ce dépôt, qui
a été parfois désigné sous le nom de Sables à Anomics, est générale-
(1; Le bassin de Visuu, p. '21, lîg. H.
1878! FONTAN.NKS. — NKOCiKNK UK CUCUHON. 401
ment subordonné, dans le Dauphinc, ù un banc inarno-calcairc, pétri
de Pecten prœscdhviiisculus ou de P, suhhenedictus, qui viennent
brusquement pulluler au milieu de ces sables presque dépourvus
jusque-là de débris orgaiiic|ues.
Les sables verdûtres de la gorge de Lourmarin supportent un con-
glomérat bréclioïde, dont les éléments, souvent de t'orle taille, sont en-
tremêlés dans un désordre véritablement chaotique; la plupart sont à
peine roulés et paraissent être des blocs éboulés d'une falaise voisine.
La grande majorité d'entre eux est calcaire et s'est détachée sans doute
du Néocomien du mont Luberon, caractère (fui distingue nettement ce
dépôt des lits de silex verdutre subordonnés ù la mollasse sableuse et
qui ne renferment qu'un petit nombre de galets calcaires.
Ce second conglomérat est loin d'être aussi constant dans le Sud-Est
que le premier. Je l'ai cependant observé sur plusieurs points, entre
autres sur le bord septentrional du bassin tertiaire de Yisan. Dans les
environs du Pègue, par exemple, la base de la mollasse présente avec
celle de la combe de Lourmarin une telle analogie de composition, de
faciès, qu'il me parait diflicile de mettre en doute le niveau strati-
graphique que, malgré l'absence de toute donnée paléontologique, je
crois devoir a^sigIler ù ces dépôts.
L'assise puissante qui se développe au-dessus de ce dernier conglo-
mérat local, avec le(]uel elle est dailleurs intimement liée, est celle
dont les caractères pétrographiqucs s'éloignent le plus de ceux qu'on
est habitué à observer à ce niveau. On est tenté de croire à (juelque
effet de métamorphisme, tant la roche a acquis de cohésion, de du-
reté, et c'est probablement à ce faciès, un peu exceptionnel, j'en con-
viens, qu'est dû le classement de cette assise dans le Grès vert.
Je ne reviendrai pas sur la description que j'en ai donnée en analy-
sant la coupe de Lourmarin. Les fossiles, très-abondants, surtout à la
partie supérieure, sont généralement brisés en menus fragments, et
forment avec la gangue une masse absolument compacte. Cependant,
plus à l'est, au-dessus des sables argilo-siliceux du Canauc, la roche
devient beaucoup moins dure, plus marneuse, et fournit quelques
exemplaires plus facilement dcterminables ; ils appartiennent aux
e.Hpèces suivantes :
•
halamift tintinnabnUim, Linné. — Délennination hasci* sur ([nelques valves cl par-
tant un peu empirique.
Oiirea sp. ? — Fragment indéterniinahle.
Ànomia costata, Brocclii. — .1. cphippium, Liimj, var., pour plusieurs auteurs
fMaver, etc.).
Pi^cten prœsrabriu^culns, Fonlannes. — C'est le /*. scahrin^cuhts de tous les au-
tiMirs qui ont trùiti* «lc»s terrains tertiaires du Sud-K>l. les yiseuienls de Cucu-
roM et «le Cadenet exceptes.
492 FONTANNES. — NÉOtiÈNE DE GUCURON. 29 avril
Pecten latUHmui, Brocchi. — Bien qu'il soit assez surprenant de trouver un type
subapennin à la base du Miocène marin, je crois cependant qu'il serait diflicile
d'établir une distinction sur des divergeuces de quelque valeur. Cette forme,
d'ailleurs, qu'elle soit typique ou ne représente qu'une variété de l'espèce de
Brocchi, est citée d'un grand nombre de gisements miocènes.
Cidaris Àvenionensis, Des Moulins. — Les baguettes de cet Oursin paraissent très-
communes dans le grès raoiiassique de la gorge de Lourmarin, dont les cassures
fraîches présentent parfois un aspect semblable à celui du calcaire à Entroques.
Le C. Avenionensis, dont le tvpe a été pris dans la Mollasse des Angles, près
Avignon, est une des espèces les plus constantes à ce niveau dans tout le Sud-
Est.
Echinolampag tcutiformis, Leske? — Fragments assez nombreux, mais très-frustes.
Je n'ai trouvé qu'un seul exemplaire entier, et encore est-il déformé. Espèce com-
mune à la base de la Mollasse dans tout le bassin du Rhône.
Bryozoaires. — Très-abondants. Le plus caractéristique est un Nullipore dont les
colonies, atteignant souvent d'assez grandes dimensions, forment des bancs épais
et justiflent la dénomination de Mollasse à Nullipores que j'ai parfois donnée à cet
horizon. On sait que les Nullipores caractérisent aussi par leur extrême abon-
dance certains niveaux du Miocène en Italie et en Autriche.
Cette liste ne contient à la vérité (|u*un bien petit nombre d'espèces;
je crois cependant qu'elle vient utilement corroborer les données de
la stratigraphie, et qu'elle permet de considérer définitivement le Grès
vert de H. Se. Gras comme représentant, sur le plateau de Cucuron,
la Mollasse à Pecten prœscabriusculus du Comtàt, du Dauphiné, du
Bugey, etc.
Les affleurements du versant méridional du Luberon se relient au
nord à la mollasse de Bonnieux, superposée au calcaire sextien, et
qui, de même que la mollasse typique du bassin de Visan, peut se
subdiviser en trois assises : i^ la mollasse sableuse, dans laquelle a
été creusé le ravin que domine le village; 2° la mollasse marneuse,
exploitée pour les fours sur la route de Lourmarin; 3^ la mollasse
calcaire, qui recouvre le plateau de Eonnieux.
Au sud, cette même mollasse l'orme plusieurs monticules autour de
Rognes (Bouches-du-Rhone), où elle est largement exploitée. Là aussi
elle repose parfois sur des dépôts rougeâtres ou violacés, sans inler-
calation du calcaire blanc à Ifelix ou a Potamides.
Sdhlcs et grès à Ostrea crassissima (l'f niveau). — Au-dessus de la
Mollasse à Pecten prœscabriiiscultis, on observe dans le Haut-Comtat
des alternances de sables fins plus ou moins marneux et de grès cal-
caires, caractérisés dans leur ensemble par l'apparition de VOstrea
crassissima. Bien (jue cette zone se distingue nettement de la précé-
dente dans cette région, ainsi (|ue dans une partie du Dauphiné, je
crois qu'au double point de vue paléonlologique et orographique, elle
lui est liée par des affinités telles, (|ue dans un travail embrassant un
1878. FONTANNES. — NÉOGK.NR DE CICLRON. 493
cadre moins restreint que ces monographies, on serait autorisé à la
réunir à la Mollasse à Pecten prœscabriuscuhis.
Cette opinion s*appuie surtout sur la liaison intime que présentent
ces deux zones sur le liane des montagnes qui les ont redressées. Il
n'est donc pas étonnant que leur distinction offre quelques difficultés,
au milieu des éboulis épais qui recouvrent le plus souvent les couches
miocènes adossées au Luberon. Je crois cependant qu'on peut rappor-
ter aux Sables et grès à Oatrea crassûssima les couches marno-calcaires
ferrugineuses, immédiatement subordonnées aux Sables à Pecten
Fiichsi, var., dans la coupe de Cabrières. J'y ai recueilli en effet des
fragments d'une Huître de grande taille (O. crassissima?), de Peignes,
dePanopées, de Bryozoaires, etc., le tout malheureusement en si mau-
vais état que je ne puis citer aucune espèce avec certitude. II se pour-
rait donc aussi que cette assise fit encore partie de la Mollasse à Pecten
pr(rscabnuscu!iis, dont elle représenterait le dernier terme. Mais ce
qu*il y a de certain, cependant, c*e:)t qu'entre la mollasse calcaire et
les sables ferrugineux à Âmphiopes, il existe, au pied du Luberon, une
zone de sables plus ou moins marneux, (|ui occupe exactement la
même position stratigraphique que les sables et grès marneux à Os-
trea crassissima dans le Nord du département de Vaucluse.
Sables et grès à Pecten FuscJisi, var, — A partir de ces dépôts, qui
constituent pour moi la zone moyenne du Miocène moyen marin, les
assimilations indiquées dans le tableau qui précède reprennent toutes
les a[fparences de certitude qu'elles montraient pour les assises inté-
rieures. En effet, à la base de la zone supérieure, on trouve dans les
environs de Cucuron des sables ferrugineux absolument identiques,
sous tous les rapports, avec les sables à Amphiope perspicillata du
Conilat-Yenaissin. Voici les fossiles que j'ai recueillis à ce niveau :
lamna, Galcoccrdn, Myliohates, etc. — Denis et ichthyodorylithcs (c). Il est toujours
facile de donner des noms spécifiques à ces débris ; mais ces déterminations, en
l'état de nos connaissances, n'ayant aucune valeur paléontologique. et la strati-
graphie pouvant s'appuyer sur des données plus certaines, je me bornerai à
constater l'abondance à ce niveau des restes de Lamnidés et surtout de Mylioba-
tes, fait qui implique certaines conditions de formation intéressantes à noter.
Balamii tintinnabulum, Linné, et B. mlcatus, Bruguière. — On rapporte générale-
ment à Tune ou l'autre de ces deux espèces la plupart des valves de Balanes des
terrains néogènes, selon qu'elles simt striées ou non. Je me conforme à l'usage,
sans vouloir afllrmer, en aucune façon, la fixité de ces deux types depuis le début
de l'époque miocène.
Ottrea crasgisnma, Lamarck. — Ici, comme dans le bassin de Visan, l'O. crassis-
tima est très-abondant à la base de cette zone, qu'il relie à la précédente; mais
à partir de cet horizon, on ni} le trouve plus qu'à l'état sporadi(]ue, jusqu'aux
«lernicres couches marines du Miocène supérieur, où il forme <le nouveau un
banc d'une constance remnn|unble dans le Cointal et la Provence. Plus au nord,
494 FONTA.VNES. — NKOGKNE DR CUCUnO.N. 29 avril
on n'en observe, à la limite supérieure des dépots miorènes, que <le rares
spécimens ou des fragments roulés. C'est au niveau des sables à Amphiopes que
cette espèce est le plus conforme au type de la Touraine. et particulièrement de
Pontlevoy, où elle est aussi associée à de nombreux exemplaires d'une espèce
d'Amphiope.
Ottrea cf. 0. f;iM/;?y«i>. Schlotheim. — Bien qu*il soit le plus souvent assez difficile
de distinguer cette espèce de la précédente, je crois cependant pouvoir l'intro-
duire dans la faune miocène du Sud-Est. d'après quelques exemplaires dont le
crochet est plus large, moins allcmgé qu'il ne l'est généralement daoïs le type de
Lamarck, et dont la 'valve inférieure montre des ])lis obsolètes. VO. Gingenmt
accompagne souvent d'ailleurs VO. cra^si^sima (Sud-Ouest, Touraine, Suisse, bas-
sin du Danube, etc.).
Oxlrea digiiatinaf Dubois de Montpéreux in Fischer et TournouOr. — Celte espèce
se rencontre dans pres(]ue tout le Miocène du bassin du Rhône ; à la base, elle
passe souvent à la forme connue sous Je nom d'O, caudaia, Milnster in Goldfuss,
et commune dans la mollasse h Pcctcn prœKabrimculu^, Les exemplaires de
Cucuron sont identiques, d'après M. Fuohs, avec ceux du bassin du Danube, et
quelques-uns ne présentent aucune différence avec VO. digitnlina <lu Sud-Ouest.
Ànomia coHala, Brocchi in Fischer et Tournouèr (:= .1. ephippium, Linné in
Mayer). — La taille est petite à ce niveau; les côtes sont peu accusées.
Pccten substriatHs, d'Orbigny in Tournouër (= P, pmio, Linné in Mayer). — Ce
Pectcn est tine des nombreuses espèces <jui montrent avec quelle réserve il
convient de baser des conclusions sur la comparaison do listes faunîques dres-
sées par divers auteurs. Tous sont d'accord sur la forme, mais tandis que les
partisans du transformisme, désireux de faire ressortir la succession des modifi-
cations même les plus minimes, lui donnent un nom d'espèce éteinte, d'autres,
croyant à l'origine très-ancienne de certains types vivants, la confondent sous une
même dénomination avec l'espècî actuelle. Dans mes études antérieures, je l'ai
citée .sous le nom de P. pusio. employé <lans tous les ouvrages de M. Mayer;
mais M. TournouOr ayant adopté celui de P. imburiatus dans son dernier travail
sur les /aluns du Sud-Ouest et de la Touraine, je crois devoir suivre son exem-
ple, afm de faciliter la comparaison des faunes (Ls divers bassins tertiaires de
la France. — Quelque soit d'ailleurs Je nom qu'on lui donne, le type des sables à
Amphiopes du bassin du Rhône me paraît identique avec celui de la Touraine.
Pecten Fuchsi. Fontannes, var.? — Le P. Ceiestini, Font., (jui caractérise par son
abondance toute la zone supérieure du Miocène moyen dans le bassin de Visan,
est tout au moins très-rare dans les environs de Cucuron ; on y rencontre par
contre, assez communément, une espèce de pelite tailJe. voisine du P. Fuchti,
Font. Cette dernière espèce, dont le type se tnmve dans les sables à Amphiope.<:
du Haul-Comtat, a été créée alors que j'ignorais le nom donné récemment à la
Janire commune dans les faluns de Pontlevoy, de Bo^ée, etc. Je crois, cepen-
dant, que certaines différences, signalées ailleurs (1), autorisent le maintien des
deux dénominations ; mais ce qu'il y a de certain, c'est que la forme de Cucuron.
par le développement des oreillettes, par le nombre des côtes et par la conca-
vité des valves supérieures, se rapproche plus du type de la Touraine que celle
du Comtat-Venaissin.
ScHtella Panlensii, Agassiz.— Le type a été pris dans la mollasse à Nulliporca et
Pecten prœscabrin^culus de Saint-Paul-Trois-Chàteaux, où il est très-conimuo ;
c'est son niveau le plus ordinaire dans le Sud-Est: (H>pendant il monte plus haut.
(1) Le hamtin '1^ Vinnn. p. J07.
1878. FONTANNKS — NKOGKNR DE (XCURON. 49.*)
aussi bien dans le Dauphiné que clans la Provence. C'est le cas dans les environs
de Cucuron, où on le retrouve encore dans les couches à Cardita Jynuïuieti.
Amphiype penpicillat^i, Desor. — CeUe espèce, qui a toujours passé pour une ra-
reté dans le bassin du Rhône, y est au contraire d'une extrême abondance. Elle
forme un banc non moins constant que le SetUella Paulensis, dans le Dauphiné,
leComtat et la Pro\ence ; malheureusement la plupart des exemplaires sont ré-
duits en fragments.
Bryozoaires. — Les Bryozoaires Cellepora, RetepnrUt etc.), ordinairement Irès-aboQ-
danls dans les sables à Amphiopes. y sont au contraire très-rares au pied du
Luberon .
J'ai recueilli, en outre, ù peu près au niveau de VOstrea crassissima
(les moules lïllelix charries sans doule de quelque cote voisine au
milieu de ces sables ; il serait iort possible, d'ailleurs, que de minu-
lieuses recherches révélassent sur ce point la présence de l'assise d'eau
douce à Hélices et IManorbes (|ue Se. Gras a signalée dans les environs
de Pertuis, au-dessus des couches à Ostrea crassissima.
J'ajouterai aussi quelques mots à ceux qui suivent la citation de
\ Amphiope perspiciUata. Celle espèce, qui n'a encore joué aucun rôle
stratigraphi(|ue, est appelée, je crois, à devenir un excellent point de
repère. On sait en elfet (ju'une forme très-voisine se rencontre en as-
sez grande abondance ù Oisly, près de Pontlevoy, dans des sables
niarno-quartzeux qui ne renlerment guère, en dehors de ce fossile,
que yOstrea crassissima (1). Le faciès paléonlologique et pétrographi-
que des couches ù Amphiopes est donc à peu près le même dans le
bassin de la Loire et dans celui du Rhône. Quant à leur position strati*
graphique relativement aux faluns de Pontlevoy, je laisse le soin de la
déterminer à M. Douvillé, qui étudie en ce moment TOrléanais et le
Blésois pour le service de la Carte géologique dt^taillée de la France (i)»
Je me bornerai u dire ici que dans le Sud-Kst la plus grande partie
des espèces du Blésois se rencontre plutôt au-dessus qu'au-dessous des
sables à Amphiopes.
Do môme que sur tous les points du bassin du Rhône où j'ai réussi a
Felrouver les Sables à Amphiopes, ceux-ci supportent dans les environs
de Cucuron un grès mollassique peu épais, pétri de débris de fossiles.
Caractérisée dans le Comtatet le Dauphiné par uneCardite que j'ai cru
pouvoir identilier avec le C. Michaudi de Tersanne, celle assise pré-
sente au pied du Luberon des moules non moins abondants d'un
(1) C'est à l'obligeance de M. Le Mesie que je dois d'avoir pu étudier cet inté-
n>ssaot gisement.
(2j D'après M. Douvillé. qui a bien voulu me faire part de ses observations, les
couches à Amphiopes et Ostrea n'a^sîs';ima sont superposées au Falunien du
BUroîs et supportent un dépcU deau douce (marnes à Ilelij TuronemixJ , ~ suc-
cession qui rappelle exaclemiMit eelle (pie jai obserxée près tie Pertuis. et qui
496 FONTANNF.S. — NÉOGÈNË DE CUGl'RON. 29 a\Til
Cardium de petite taille, que mes échantillons ne me permettent pas
de déterminer spécifiquement. En dehors de ce fossile, je ne puis citer,
malgré l'abondance des débris, que le TurritcUa bicarinata, commun,
au moins à partir de ce niveau, dans tout le Miocène rhodanien.
Dans le Nord du département de Vaucluse, j'ai pu indiquer, sous
toutes réserves, une douzaine d'espèces de cet horizon, mais Tincerti-
tude de la plupart des déterminations, basées sur des moules ou de ra-
res empreintes, ôte tout intérêt à la reproduction de cette liste dans
la présente étude. J'ajouterai seulement que les types les moins dou-
teux appartiennent au niveau des faluns de la Touraine et du Sud-
Ouest.
C'est au-dessus du grès à Bucardes, dont j'ai indiqué divers pointe-
ments sur les coupes 1, 2 et 3 de la planche lY, que se développe cette
puissante masse de sables plus ou moins marneux ou argileux, qui,
partout dans le bassin du Rhône, est subordonnée aux formations litto-
rales constituant le dernier terme du Miocène marin.
J'ai déjà signalé la difficulté qu'on éprouvait à évaluer, avec quelque
certilude, l'épaisseur de cette assise, qui sur certains points peut bien
dépasser 200 mètres. La localisation des rares fossiles qu'on y trouve,
rend au moins aussi difficile la tâche de lui appliquer une désignation
également justifiée dans le Nord et dans le Midi de la vallée du Rhône.
J'ai adopté celle de Sables et grès à Terehratulina calathiacus pour le
Dauphiné et le Comtat, et désigné parfois la partie supérieure sous le
iiom de Grès à Patelles (P» Tonmouên, P. Delphinensis, P. Vindas^
dna, etc.).
Au midi du Luberon, je n'ai encore pu reconnaître dans toute l'épais-
seur de cette formation que quelques retardataires des faunes précé-
dentes: Ostrea di(jitalina, var., Pecten Fuclisi, var., P. siibstriatus,
Arca cf. A, Turonica, Corhula sp,? Mais cette liste pourra sans
doute s'augmenter de quelques espèces, par Tétude minutieuse des
moules et empreintes laissés sur plusieurs bancs coquilliers intercalés
dans la masse.
Cette zone présente un remarquable développement dans toute
l'étendue du bassin du Rhône, depuis les contreforts du Jura jus(|u'aux
bords de la Méditerranée, et sa subordination, partout évidente, aux
couches à Ancillaria glanai fo)*mis, Nassa Michaudi, Cardita Joiianneti,
ne peut laisser aucundoute sur la place que je lui assigne dans la série
de nos formations miocènes. Elle a été cependant désignée jusqu'à ce
jour, dans les travaux oii il est fait mention des environs de Cucurou
vient il l'appui do l'hypothèse que j'ai émise relativement aux conditions de forma-
tion de ces l>anos d'Huîtres de grande taille.
1878. FONTANNES. — NÉOGÈNE DE CUGURON. 497
OU de Cadenet, sous le nom de MoUasse sableuse, et assimilée aux cou-
clies caractërisées dans le Corntat par le Scutella Pauletisis.
Celte erreur tient sans doute à deux causes : la preunùre, c'est qu'au-
dessus de celte assise on trouve dans cette région quelcfues espèces
de la mollasse marnocalcaire de Saint-Paul-Trois-Chûteaux et de
Hontségur ; la seconde réside certainement dans la fausse attribu-
tion au Grès vert de la véritable Mollasse à Pecten prœscabriusculvis,
bien distinctement subordonnée, au pied du Luberon, à la zone à
Pecten Fuchsi,
Marnes et calcaires sableux à Cardita Jouanneti, — Le grand nombre
de types nouveaux qui apparaît au-dessus de la zone précédente m'a
engagé à placer ici la limite entre le Miocène moyen et le Miocène
supérieur; mais il faut bien avouer que le plan précis où doit passer
cette limite est loin d'être facile à déterminer, et je ne serais nullement
surpris qu'elle ne fût un jour plus ou moins judicieusement déplacée.
C'est là une de ces questions d'accolades, très-secondaires à mon avis,
et qui, d'ailleurs, ne pourront être utilement abordées que lorsque,
dans tous les bassins tertiaires de l'Europe, on se sera livré h des études
monographiques minutieuses, analogues à celles que, malgré leur indé-
niable aridité, je poursuis depuis plusieurs années dans le bassin du
Rhône.
\jSl zone caractéiûsée dans la vallée de la Durance, comme dans le
Corntat, par le Cardita Jouanneti, se compose de marnes plus ou moins
sableuses, alternant avec des bancs d'un calcaire marno-sableux, sou-
vent ferrugineux, rempli de paillettes de mica noir (1). Ces bancs, au
nombre de trois, occupent la base de la série, et leur épaisseur dimi-
nue graduellement.
A ces variations dans la nature pétrologique du dépôt correspondent
naturellement des modifications sensibles dans la faune qu'on y ren-
contre. Tandis que les Huîtres, les Anomies, les Peignes et quelques
Dimyaires dominent dans les couches calcaires et y atteignent un re-
marquable développement individuel et numérique, les couches mar-
neuses se chargent peu à peu de Gastéropodes, jusqu'à ce que ceux-ci
parviennent à leur maximum d'abondance dans les Marnes à ^nct7-
laria glandiformis, dites Marnes de Cabriêres.
En jetant un coup d'œil sur l'échelle stratigraphique du bassin de
Yisan, le meilleur type (|u'on puisse consulter pour la classiiication
(1) L'abondance du mica noir à ro nivoau est intéressante à noter, en ce qu'elle
peut fournir quoique indication sur la nature des roches au détriment desquelles
ces dépôts ont été formés. Dans la zone précédente, certaines couches sableuses
contiennent aussi beaucoup de mica, mais il est presque exclusivement blanc.
3i
600
FONTANNES. — NEOGENE DE CUCl'RON.
29 avril
*Panopœa Mevardi, Doshaycs (1),
♦ — l?M(iî)//)/itMEichwaI(i,
Echinolampas hemigphœricus, Agassiz,
ScutellaFaujaxi, Defrance? (2),
Bryozoaires,
Polypiers.
Celte liste, qui, à Texception des Peignes, des Huîtres et des Échini-
des, est basée presque exclusivement sur l'étude de moules et d'em-
preintes, mais dont j'ai cependant exclu les espèces trop incertaines,
montre tout d'abord Tallinité incontestable de cette faune avec celle qui
se rencontre dans les couches à Pecten Vindascmui du Comtat. EU
je ne saurais admettre que cette affinité, d*accord avec les données de
la stratigraphie, puisse être contrebalancée par quelques types persis-
tants, et d'ailleurs fort ubiquistes, de la Mollasse de Saint-Paul-Trois-
Châteaux, h laquelle la Mollasse jaune de Cucuroti est assimilée dans
tous les travaux publiés jusqu'à ce jour sur les terrains tertiaires du
bassin du Rhône, et dont elle est séparée stratigraphiquement par
une épaisseur énorme de sables et de grès.
D'un autre côté, toutes les espèces littorales qui se rencontrent dans
les bancs à Pecten planosulcatus se retrouvent dans les marnes à Ancil-
laria glandiformis et lient ainsi la Mollasse de Cucuron aux Marnes
de Cabrières aussi étroitement que les alternances pétrograpliiques que
j*ai signalées. Il serait donc impossible, à mon avis, de séparer ces
deux termes, et de rejeter le premier dans l'Helvétien supérieur ou
Miocène moyen (pars), tout en maintenant le second dansleToctonien
ou Miocène supérieur.
Les couches de marne sableuse qui alternent au pied du Luberon
avec les bancs calcaires ne m'ont présenté qu'un petit nombre d'espèces
déterminables, qui toutes, d'ailleurs, se retrouvent dans les marnes à
Ancillaria glayidiformis. Je citerai parmi les plus abondantes : Nassa
Ayguesii, Turritella bicarinata, Ostrea digitalina, Anomia costata.
Venus islandicoïdes, TelUna lacimosa. Mais ce qui caractérise plus
spécialement ces dépôts, ce sont les bancs d* Ostrea digitalina et les lits
de petits galets qu'on y observe et qui leur donnent un faciès absolu-
ment identique avec celui de certaines couches du même horizon, qui
affleurent au |)ied de la montagne de Vaux, dans le Midi de la Drômc.
(1) Cette csi>èce atteint ici un très-beau dôveîoppcment. Les exemplaires mesu-
rant 120"" (Je diamètre anlëro-postèrieur ne sont pas rares.
(2) Même observation que pour V Echinolampas hemigphœricus . Le plus grand
exemplaire que j'aie recueilli dépasse 130"" de diamètre; malheureusement, la gan-
gue ne laisse à découvert qu'une faible partie du test. Cette détermination ne peut
donc être considirée comme absolument certaine, d'autant plus que les zones
interporifères paraisp<*nt moins larges qu'elles ne devraient être d'après la des-
cripti«)n de M. Desor 'Syn., p. 2:33; .
1878.
FO.NTANIMES. — NÉOGÈNE DE CUCURON.
501
Les Marnes de Cabriêres, caractérisées à la partie supérieure par
YAncillaria rugosaci par un banc d'Osûrea crassissvna, ont été l'objet
d'études trop consciencieuses de la part de MM. Dumortier, Fischer et
Tournoucr, pour qu'il soit nécessaire d'en décrire à nouveau la Faune.
Je me bornerai donc, pour résumer ici tous les documents indispensa-
bles à la classification des terrains néogenes de cette région, à repro-
duire la liste des espèces cité&s dans le mémoire de M. Gaudry, en y
ajoutant un certain nombre de types, do.it plusieurs sont décrits dans
l'appendice paléontologique joint à cette étude (1).
Gastéropodes.
Murex Gaudrji . Fisch. et Tourn., ar,
— Dujardini, TourDOuôr, r,
— Arnaudi, Fisch. et Tourn., rr,
— ftriœformis, Hichclotti, c,
— pentodon, Fisch. et Tourn., r,
— VindobonensU, Hdrnes, c,
— perplexus, Fisch. et Tourn., rr,
— lapilloides, Fisch. et Tourn., ar,
* — subprodiictus, Fontannes, rr,
* — Dertoneims, Maver, r,
* — incisus, Broderip, rr,
PoUia exitculpta, Dujardin, r,
* — Tournouêri, Fontannes, ac.
Purpura Dumorlieri, Fisch. et Tourn., r,
Futus pachyrhynchu^, Fisch. et T., r,
— provincialis, Fisch. et Tourn., ar,
Fcuciolaria Tarbelliana, Grateloup, r,
Cancellaria Westiana, Grateloup, r,
* — Jîrocc/itî, Crosse, rr,
* — Druentica, Fontannes, rr,
* — Dsydieri, Fontannes, rr,
* — Gaudryi, Fonlannes, rr,
Fieula clathrata, Lamarck, var., rr,
Pirula rusticula, Basterol, ar,
Nassa eburnoides, Matheron, r,
— conglobata, Brocchi, var., rr,
— Ayguesii, Fontannes, rr,
* — CaudcUemU, Fontannes, rr,
— Dujardini, Deshayes, ce,
— acrostyla, Fisch. et Tourn., c.
— cytharella, Fisch. et Tourn., c,
Nassa Sallomaeensis, Mayer, var., ac,
— Cabrierensig, Fontannes, ac,
* — gubduplicata, d'Orb., var., rr,
* — sublapsa, Fontannes, rr,
* — Dexivœ, Fontannes, rr,
Terebra modesta, Defrance, ce,
— acuminata, Borson, r,
— Cacellensis, Costa, var., r,
— Algarbiorum, Costa, var., ar,
* — Cuueana, Costa, ar,
Ancillaria g lundi for mis, Lamarck, ce,
Conus Aldrovandii, Brocchi, r,
— Mercatii, Brocchi, ac,
— macuhsus, Grateloup. r,
— canaliculatu^, Brocchi, ce,
PUurotoma ramosa, Basterot, ac,
— Jouanneti, Des Moulins, ce,
— asperulata, Lamarck, ac,
♦ — gradala, Defrance, rr,
— calcarata, Gratelouj», c,
— Ca6r»>re/ww,Fisch. et T., ce,
— tenuilirala, Fisch. et T., r,
— pseudobeliscus, Fischer et
Tourn., ar,
— granulatuincta, Miïnsicr^r,
— Saporlai, Fisch. et T., ar,
♦ — Caudellensis, Fontannes, rr,
Defrancia calathiscus, Fisch. et T., rr,
Mitra fuHformis, Brocchi, r,
♦ — apcrUi, Bellardi, var.. r,
♦ — balhmophora, Fonlannes, ar,
(l) Les espèces que j'ai ajoutées à la liste de MM. Fischer et TournouCr sont pré-
cédées d'un astérisque; elles sont au nombre de 65 (37 Gastéropodes et 28 Lamel-
libranches) et portent ainsi à 178 le nombre des espèces connues jusqu'à ce jour
des Marnes de Cabriêres (115 Gastéropodes et6J Lamellibranches).
502
FONTANNES. — NEOCKNE DE CUCURON.
29 avril
* Mitra ebenus, Lamarck, r.
— Manzonii, Fisch. et Tourn., ar,
Columbella Turonica, Mayer, var.,ac.
— filosa, Dujardin, r,
— porcata, Fisch . et Tqurn. ,ar,
Erato lœvis, Donovan, rr,
Cyprœa prœsanguinolenta, Fontannes,r,
* — affinis, Dujardin, rr,
Natica cuthele, Fisch. et Tourn., ce,
* — hyperetithele. FoDtannes, r,
— Moirenci, Fisch. et Tourn., c,
— Leberonensis, Fisch. et Tourn., c,
— Volhynica, d'Orb., c,
— Josephinia, Bisso, ar,
Cerithium lignitarum, Eichwald, ar,
— papavcraceum, Bastcrot, r,
— prŒ(fo/io/um, Fisch. et T. ,ac,
— Dertoneme, Mayer, c,
— piclum, Basterot. r,
— trilineatum, Philippi, rr,
— Deydieri, Font., rr,
— perversum, Linné, rr,
Pyramidella plicosa, Bronn, rr.
Eulima subulata, Donovan, rr,
Turritella bicarinata, Eichwald, c,
— pusio, Fisch. et Tourn., ce,
Proto rotifera, Fisch. et Tourn., ce,
* Proto cathedralis, Brongniart, var., rr,
Mesalia Cabrierensis, Fisch. et T., c,
Rissoa aff. R. curta, Dujardin, rr,
Vermetus intortus, Lamarck, ac,
* — carinatus. Homes, rr,
* Fossarus costatus, Brocchi, var., ar,
Turbo muricatus, Dujardin. ac,
Trochus miUegranufs, Philippi,var..ac,
— Mariinxanus, Matheron, r,
* — CabrierensU, Fon tannes, ar,
* — prœlineatuSy Fontannes, r,
* — Àyguesii, Fontannes, rr,
* — aîiflfu/ariiç, EichwahJ, var., ar,
*Clanculus Araonis, Basterot, var., ar,
Rotella subsuluralis. d'Orbigny, ce,
— maiidarinus, Fischer, ac,
*Àd€orbis Woodi, Hornes, rr.
Fissurella Italica, Defrance, ar,
*Emarginula clathratœformis, Eïchw.,rr,
Calyptrœa Chinensis, Linn(^, c,
— deformis, Lamarck, rr,
Crepidula gibbosa, Defrance ?, rr,
*Capulus sulcosus, Brocchi, var., rr,
Dcnlalium fossile, Linné, ac,
*Aclœon semistriatus . Graleloup, r,
Bulla Lajonkaireana, Basterot, r,
— lignaria, Linné, rr.
LAXELI.IBR.\>'CnES.
Ostrea crassissima. Lamarck, ce,
— digitalina, Dubois, var.. ce,
Ànomia costala, Brocchi, ce,
Pecten improvisui, Fisch. et Tourn., r,
— Cavarum, Fontannes, ar,
— substriatus, d'Orbigny, c,
— Escofjierœ, Fontannes, rr,
Àvicula phalœnaeea, Lamarck, r,
Pema aff. P. Rollei, Hornes, r,
MytHui Susensis. Fontannes, r,
Modiola cf. AT. Matheroni, Fontannes, rr,
Lithodomus cf. I. Xvittnsis, Mayer, r,
ArcaTuronica. Dujardin, c,
— Rhodanica, Fontannes, r,
— barbata, Linné, r,
— lactea, Linné, ar,
— Rollei, HOrnes, r,
— Noœ, Linné, c,
— variabilis, Mayer, rr,
— clathrata, Defrance, r,
Pectuneulus glycimeris, Linné, r, |
*Nucula uucleus, Linné?, rr,
*Leda fragilis, Linné, rr,
Chama gryphoïdes, Linné, r,
Cardium Darwinif Mayer, ac,
— papillosum, Poli, r,
— Avisanensef Fontannes, ac,
Lucina globulosa, Deshayes, rr,
* — drntata, Basterot, r,
* — eommutata, Philippi, r,
*Diplodonta rotundata, Montagu. r,
* — Fischeri, Fontannes, r,
Crassalellaprovincialis, Fisch. et T., ar.
Cardita crassa, Lamarck, ar,
— Jouanneti, Basterot, ce,
* — Partschi, GoJdfuss, var., r,
* — goniopleura, Fontannes, rr,
Venus clathrata, Dujardin, ar,
— plicata. Gmelin, c,
— islandicoides, Lamarck, c,
— timbonaria, Lamarck, r,
— Arnaudi, Fisch. et Tourn., rr.
1878. FONTANNES. — NÉOGÈNE DE CUCUUON. 303
Cytherea Pedemontanu, Ag., c, j * Psammobia Labordei, Basterot, r.
— aff. C. Erycina, Linné, r,
Tapes œnigmaticuft, Fisch. et Tourn.,rr,
• — eurinus. Fonte nnes, rr,
*Venerupis decussata, PhiJippi in Ilôr-
nes, ar,
* Lulraria elUptica, Lamarck, r,
Tellina pUmata, Linné, c,
— tUiptica, Lamarck, r,
Fragilia abbreviata, Dujardin, c,
Àreopagia ventricosa, de Serres, c,
Easlonia rugoia, Chemnitz, ce,
Solen marginatus, Pulteney, c,
Solecurtus candidux, Renieri, r,
* Trigonia anatina, Gmelin in Hdrnes, ar,
Corbula Escoffierœ, Fontannes, ce,
* — revoluta, Broechi, r,
* — carinata, Dujardin. r.
Sphrnia anatitia, Basterot, r,
*Gasirochœnadubia, Pennant, ar,
Parupholas Branderi, Basterot, ar,
*Pholas Luberonensis, Font., rr.
J*ai déjà dit que, malgré la présence d'une notable quantité d'espè-
ces du Miocène moyen de la Touraine et du Sud-Ouest, les Marnes de
Cabrières avaient été considérées comme représentant le Miocène su-
périeur dans le bassin du Rhône. C'est à un niveau à peu près identi-
que que M. Mayer les a placées, en les faisant rentrer dans leTortonien
de sa classilication, et M. Fuchs, avec qui j'ai eu le plaisir de visiter ce
gisement classique, a reconnu que de tout le Miocène du bassin de
Vienne, c'était avec l'argile de Grinzing qu'elles avaient le plus d'a-
nalogie, tant au point de vue de l'ensemble de la faune qu'à celui de
la fréquence des types qui la composent. Il m'avait d'ailleurs suffi de
lire les intéressants travaux du géologue hongrois, pour en déduire un
rapprochement analogue, que j'avais ainsi formulé : • Par l'ensemble
de ses fossiles, le groupe des marnes et sables à Cardita Jouanneti me
parait correspondre aux assises qui, dans le bassin de Vienne, sont
subordonnées à l'argile de Baden, c'est-à-dire à la partie inférieure
et moyenne du deuxiènte étage méditerranéen, les couches de Baden
renfermant de nombreuses espèces qui, dans le bassin du Khône, ne
font leur apparition que dans les marnes et faluns du groupe deSaint-
Ariès (1). »
On sait aussi, grâce aux travaux de M. G. Capellini, que cet horizon
est très-distinctement représenté en Italie par une série de dépôts sub-
ordonnés à la formation gypseuse et caractérisés par les mêmes fos-
siles que le Tortonicn du Comtat et de la Provence.
Sables et mai*nes à lignite et fossiles terrestres (Hélix ChristoliJ. —
C'est ainsi que j'ai désigné, dans mes études antérieures, les formations
continentales superposées dans le Comtat à la zone k Cardita Jouan-
neti, et débutant par des dépôts ligniteux plus ou moins importants,
dont j'ai suivi les affleurements depuis le département de l'Ain jusqu'à
celui des Bouches-du-Rhône.
(1) Le bassin de Viian, p. 53.
Wk
FONTANNES. — NEOGENK DE CUCDRON.
29 avril
Sur le plateau de Cueuron, cette zone, séparée de la précédente par
quelques mètres de marne et de sable sans fossiles (?), se subdivise
naturellement en trois assises: marneuse, calcaire et limoneuse; la
première caractérisée p^LvleMelanopsis Narzolina, la seconde par Y Hé-
lix Christoli, déjà commun d'ailleurs dans les marnes subordonnées, «
la troisième par XHipparion gracile.
Les fossiles de cette zone, comme ceux des Marnes de Cabrières, ont
été étudiés et décrits avec beaucoup de soin par les savants auteurs
du mémoire sur les Animaux fossiles du Mont-Léberon, Voici les espè-
ces qu'ils y ont reconnues :
!** Marnes à Melanopsis Narzoh'na et calcaire marneux «i Hélix
Christoli.
Melanopsis Narzolina, Bonclli, ce,
Succinea primœva, MathcroD, r,
Hélix Christoli, Mathcron, ce.
Planorbis prœcorneus, Fisch. et T., ce,
— Matheroni, Fisch. et T., ce,
Bilhtpiia Lebcronensis, Fisch. et T.. c.
A cette liste je puis ajouter aujourd'hui :
Neritina Dumortieri, Font., ar,
Limnœa Heriacensis, Font., e.
Limnœa CucuronensU, Font., r.
— Deydieri, Font., r.
2** Limons rougeâtres à Hipparion gracile.
Macharodus cuUridens, Kaup (sp. Cu-
vicr),
Hyœna eximia, Roth et Wagner,
Ictilherium hipparionum, Gaudry (sp.
Gervais),
— Orbignyi, Gaudry (sp. Gau-
dry et Larlet),
Dinotherium giganteum, Kaup ?,
Rhinocéros Schleiermacheri, Kaup,
Acerolherxum incinvum, Kaup (sp. Cu-
vier),
Hipparion gracile, Kaup (sp. de Chris-
tol).
Sus major, Gervais,
Hclladotherium Duvenwyi. Gaudry (sp.
Larlet),
Tragoceras amaltheus, Gaudry (sp. Roth
et Wagner),
Gasella deperdita, Gervais ?,
Palœoceras Lindermayeri ?, Roth et Wa-
gner,
Cervus Matheroni, Gervais,
Testudo de dimension gigantesque.
— de taille moyenne,
— de petite taille.
Cette faune a été regardée par M. Gaudry comme caractéristique du
Miocène supérieur, et les limons rougeâtres du mont Luberon ont été
maintenus, dans un ouvrage récent du même auteur, au niveau des
gisements de Plkermi (Grèce), de Baltavar (Hongrie), de Goncud (Espa-
gne). Ce classement fixe donc la position stratigraphique des couches
lacustres subordonnées, qui ne sauraient être rangées dans le Pliocène
inférieur sans y entraîner les limons à ossements.
Je ne reviendrai pas ici sur les paraliélisnies que j'ai cru devoir éta-
blir entre les divers dépôts superposés au Miocène supérieur marin
1878. FONTANNES. — NÉOGÈNE DE CUCURON. 805
dans la vallée du Rhône. Je sais qu ils ne sont pas admis, en partie du
moins, par quelques géologues, mais sans connaître les données stra-
tigraphiques sur lesquelles on pourrait s'appuyer pour considérer, par
exemple, les couches h lignite de Tersanne (Drome), d'Heyrieu (Isère),
de la Bresse, comme d*un âge plus récent que celles du Comtat et de
la Provence.
S*il s'agît de taire passer toute cette zone du Miocène supérieur dans
le Pliocène inférieur, c est encore là une de ces questions d'accolade
que je m'abstiendrai de discuter, les limites stratigraphiques étant le
plus souvent aussi arbitraires que les limites spécifiques. Mais ce que
je crois pouvoir maintenir, c'est que les formations continentales im-
médiatement superposées aux sables à Nassa Michaudi et Hélix Del-
phinensis dans le Uauphiné et la Bresse, aux couches à CardUa Jovian-
neti dans le Comtat et la Provence, sont antérieures au groupe de
Saint>Ariès, classé par les uns dans le Miocène supérieur, parles autres
dans le Pliocène inférieur.
Cette opinion ne s'appuie pas seulement sur la coupe de Hauterive,
très-difficile à relever et dont l'interprétation peut être controversée,
mais sur toutes celles que j'ai observées dans la vallée du Rhône et
qui présentent à cet égard une remarquable concordance. Celle ques-
tion, d'ailleurs, est longuement disculée dans ma dernière étude sur
les terrains néogènes du Sud-Est; il est donc inutile de revenir ici sur
les arguments que j'ai fait valoir en faveur' de ma manière de voir, et
sur les doutes que me laissent encore certaines solutions provisoires
que j'ai cru devoir proposer.
On sait combien il est difficile déclasser les formations terrestres ou
d'eau douce qui ne sont pas distinctement intercalées entre deux assi-
ses marines d'ûge nettement (létern)inable, ou d'établir le synchronis-
me de dépôts qui se formaient simultanément sous les eaux de la mer
et sur les terres exondées. Cette tâche est certainement aussi délicate
que celle de rattacher les dépôts de rivage, de bas-fonds ou de récifs,
aux dépôts de mer profonde, et les efforts tentés dans cette voie sont
trop récents pour que, dans un grand nombre de cas, les résultats
obtenus puissent être regardés comme définitifs.
il est bien certain que les marnes à lignite du bassin du Rhône doi-
vent être contemporaines, soit des sables à Nassa Michaicdi ou à Car-
dita Jouanneti, soit peut-être des marnes et faluns de Saint-Ariès, et
j'ai déjà signalé, pour le Bas-Dauphiné septentrional, le synchro-
nisme probable de certaines assises marines, saumâtres et con-
tinentales. Mais c'est là une question que je ne saurais traiter encore
avec tout le développement qu'elle comporte, les terrains pliocènes et
quaternaires du Sud-Est étant trop imparfaitement connus pour qu'on
S06 FONTANNES. — NÉOGÈNE DE GUGURON. 29 avril
puisse l'aborder dès aujourd'hui sans laisser à Thypothèse un champ
beaucoup trop vaste.
Alluvions anciennes. — Les îlots lortoniens que les érosions ont dé-
coupés sur le bord septentrional de la plaine de la Durance sont cou-
ronnés par un poudingue peu cohérent, à ciment inarno-sableux,
dont les cailloux, en grande partie calcaires, sont souvent impressioti-
nés. Des dépôts analogues se retrouvent dans le Comlat, notamment
au sommet des collines tertiaires qui s élèvent entre Valréas et
Nyons.
Par contre, je ne crois pas en avoir observé de semblables dans le
fond des vallées, où les alluvions présentent des caractères bien diffé-
rents.
Ces callloutis, considérés par M. Se. Gras comme le prolongement
aminci d'un terrain de transport très-puissant dans les Basses-Alpes,
ont été classés par cet auteur au sommet des terrains tertiaires et dé-
crits très-exactement sous le nom de terrain lacustre supérieur. M. Se.
Gras les assimile donc ainsi aux poudingues du Bas-Dauphiné et en
particulier des environs de La Tour-du-Pin. Je crois en effet qu'ils
pourraient être reliés, non pas précisément aux poudingues nnocènes
de H. Lory, mais peut-être aux dépôts que le savant professeur de
Grenoble a appelés glaise de Chambaran et des plateaux viennois, et
a parallélisés avec le conglomérat bressan, pliocène pour lui comme
pour Ëlie de Beaumont.
On sait que, dans ces dernières années, ces terrains de transport
ont été rattachés aux dépôts glaciaires, si bien étudiés dans TAin et le
Rhône par MH. Faisan et Chantre, et rapportés par eux à la période
quaternaire. Cette attribution enti*aina même, tout d'abord, dans le
même étage, les couches à Valvata Vanciana eiPaliuiina Ih^esseli du
plateau des Bombes.
Pour ma part, je n'ai jamais pensé que la faune de Yancia pût être
quaternaire, et si je n'ai pas exprimé ma manière de voir à cet égard,
c'est que j'étais persuadé que de nouvelles recherches ne tarderaient
pas à faire revenir les explorateurs de la Bresse sur une appréciation
basée uniquement sur les données fournies par le forage d'un puits.
Aujourd'hui que les auteurs de l'intéressante note publiée dans le
Bulletin (i) sont eux-mêmes divisés sur ce point, je ne me crois
plus astreint à la même réserve et me range résolument à l'avis de
M. Tournouër (2).
(1) BulL Soc. géol., 3' sér., t. lU. p. 741; 1875.
(2) Observations sur les terrains tertiaires de la Dresse {Bull , 3* sér., t. V,
p. 732: 1877).
1878. FONTANNES. — NÉOGÈNE DE CtCURON. 507
Mais la rétrocession à la période tertiaire des couches à Valvata
Fancmwa doit-elle forcément entraîner celle de toutes les alluvions
dites anciennes par M. Fournet, et glaciaires par M. Faisan ? N'est-on
pas là en présence de quelque problème analogue à celui que j'ai
cherché à résoudre dans mon étude sur le vallon de la Fuly? C'est là
une question qui ne me parait pas définitivement tranchée, la solution
proposée en quelques mots par M. Tournouër ne s appuyant encore
sur aucun argument stratigraphique irréfutable.
Cependant, à en juger d'après les observations que j'ai eu l'occasion
de faire sur plusieurs points du bassin du Rhône où j'ai rencontré les
poudingues à cailloux impressionnés^ je crois qu'il faudra en revenir,
pour une partie au moins de ce qu'on appelle les Alluvions anciennes,
à la classification de MM. Gras et Lory, reprise aujounlhui par
MM. Tournouër et Tardy.
Et à ce propos, j'ajouterai que parmi les conclusions présentées par
M. Tournouër à la suite du travail de M. Tardy, il en est une qui me
semble particulièrement intéressante; car elle vient appuyer une de
celles que j'ai formulées dans la première de ces monographies. Il pa-
rait, en effet, que sur le plateau des Dombes, les fossiles des marnes à
Valvata Vanciana, en place à la base .de la masse des Alluvions an-
ciennes, se retrouvent à la partie supérieure remaniés avec le Nassa
Michaudi et autres fossiles marins. Or, j'ai fait remarquer en 1875,
que dans les masses caillouteuses qui couvrent les berges du vallon
de la Fuly, on pouvait distinguer deux horizons : l'un (à cailloux im-
pressionnés), que j'ai regardé comme le plus ancien, ne contenant
dans son ciment sableux que des fossiles des sables à Hélix Delphi-
nensis, en place sous ce même manteau d'alluvions; l'autre, qui est
évidemment plus récent, ne renfermant que des débris de coquilles
marines des sables à Nassa Michaudi,
Ce fait vient, suivant moi, à Tappui de l'opinion émise par
M. Lory (1) et des conclusions récemment formulées par M. Tour-
nouër, et j'ai pensé qu'il était utile d'appeler de nouveau l'attention
sur cette observation. Elle pourra peut-être contribuer à fixer le
sort de ces alluvions, sur l'âge et l'origine desquelles les géologues
de la Bresse ont quelque peine à se mettre d'accord, le Miocène, le
Pliocène et le Quaternaire, les torrents du Diluvium et ceux des gla-
(1) « n est possible qu'il existe dans les alluvions anciennes de la Bresse et de
nos vallées alpines, des (K'ipôts inférieurs, contemporains des couches marines
subapennines de l'Italie ou tout au moins des dépôts pliocénes du val d'Arno, et
d'autre part, des dépôts supérieurs, correspondant aux alluvions anciennes qui se
sont formées sur cet autre versant des Alpes postérieurement au retour de la
mer pliocène. »
608 FONTANNES. — NÉOGÈXE DE CUCURON. 29 avril
ciers élant chargt5s, à tour de rôle, de leur donner rhospitalilé ou
de leur servir de moyens de transport.
Mais, en somme, et malgré quelques points encore obscurs, on voit
que plus les observations deviennent rigoureuses, au sud comme au
nord de Lyon, plus la série tertiaire de la Bresse et en général de tout
le département de TAin se révèle identique, au moins dans ses traits
généraux, avec celle du Dauphiné, du Comtat, etc. Ce résultat aurait
été certainement atteint plus tôt, si les géologues du Sud-Est n'avaient
pas aussi étroitement limité le champ de leurs recherches et mis leurs
divergences sur le compte de prétendues localisations de phénomè-
nes. Tout tend, au contraire, à établir une uniformité remarquable
dans la succession des phénomènes telluriques et biologiques qui ont
affecté le bassin du Rhône pendant la période tertiaire.
La série de TAin, semblable à celle qu'on observe dans le Bas-
Dauphiné septentrional, laquelle ne dlfiere de la série du Comtat et
de la Provence que par l'absence de queli^ues couches d'un dévelop-
pement peu important, — la série de l'Ain, dis-je, comprend toutes
les zones signalées dans cette étude depuis la mollasse à Pecten prce-
scabriusculus jusqu'aux alluvions qui couronnent les collines torto-
niennes de la rive gauche du Rhône.
Les couches y sont presque horizontales dans la Bresse, comme
dans le Nord du Dauphiné, observation faite souvent déjà et en
parfait accord avec les données des coupes que j'ai publiées. Partout,
en effet, vers le milieu de la vallée du Rhône, la zone moyenne du
Miocène marin, c'est-à-dire les sables à TerebratuUna calathiscus de
Vienne et de Tersanne, à Pecten Celestini du bassin de Yisan, à P.
Fuchsi, var., des environs deCucuron, constituent le fond de cuvettes
formées par les divers soulèvements qui ont disloqué les dépôts ter-
tiaires. Et c'est dans celte masse puissante, mais peu cohérente, que
les cours d'eau ont façonné un grand nombre de vallées, y compris
celle du Rhône dans les environs de Lyon (1), vallées d'autant plus
larges que la faible inclinaison des strates donnait plus d'étendue à
leurs affleurements. Au-dessus de ces sables ou des dépôts littoraux
qui les surmontent, s'étendent les débris d'une immense nappe
marnO'Sableuse, d'origine continentale, constituant, suivant leur
importance, des îlots comme dans le bassin de la Durancc, de petits
massifs comme dans les environs de Visaii, ou de vastes plateaux
comme dans le Bas-Dauphiné et le département de l'Ain.
(1) J'ai sigoalé en 1877, dans les environs d'Irij^ny (Rlione), le premier gisement
des sabl(»s à TerebratuUna caiathiuus qui ait éid observé sur la rive droite du
Rhône; il se relie aux dépots de môme nature qui, sur la rive gauche, forment la
base des haïmes viennoises.
1878. FONTA.NNES. — NÉOGÈNE DE CUCL'RON. 809
Quant à la mollasse à Pccten prœscahriusculus, si on n'eu a encore
signalé aucun gisement dans la Bresse, elle n'en a pas moins précédé,
là comme partout ailleurs, les sables supérieurs de l'Helvétien, ainsi
qu'en témoignent les nombreux affleurements du Bugey, oii les sou-
lèvements du Jura l'ont mise en évidence et portée sur certains points
à de grandes hauteurs.
Il est donc permis de croire : 1° que nous connaissons dès aujour-
d'hui toute la succession des dépôts qui se sont formés dans la partie
française du bassin du Rhône, depuis la Mollasse proprement dite
jusqu'aux Alluvions anciennes; i"" que cette succession présente au
double point de vue pétrographique et paléontologique une grande
uniformité, au moins dans les traits principaux, et qu'il est possible,
par conséquent, d'en faire rentrer les termes divers dans les subdivi-
sions que j'ai proposées pour les dépôts tertiaires du bassin de Visan,
la meilleure échelle stratigraphique qu'on puisse consulter pour la
classification des terrains néogènes du Sud -Est de la France.
Marnes à Turritella subangulata, — Si les formations qui pré-
cèdent, et qu'à l'exception des Alluvions anciennes, j'ai réunies sous
le nom de groupe de Visan, sont suffisamment connues, au moins sur
toute la lisière des Alpes, il est loin d'en être de même du groupe de
Saint- A n'es, formé, en grande partie, de dépôts marins que j'ai cru
pouvoir rapporter au début de l'époque pliocène.
Cependant un certain nombre de faits me paraissent aujourd'hui
hors de discussion. L'un d'eux, et le plus important peut-être, est
encore conûrmé par les gisements que j'ai découverts sur la rive
gauche de la Durance : c'est la constance de la discordance de stratifi-
cation qui sépare les deux groupes. La coupe 1 de la planche IV
montre en effet, d'une manière indiscutable, l'indépendance absolue
des marnes de Bacot et de Saint-Christophe relativement aux assi-
ses miocènes des environs de Cucuron. La classification adoptée plus
haut pour ces dépôts, malgré la pénurie des documents paléontolo-
giques, me paraît d'ailleurs incontestable, bien que je ne puisse encore
préciser la place qu'ils occupent dans le groupe dont ils font partie.
Les gisements que j'ai étudiés jusqu'ici présentent des faunes si
diverses, et les coupes y sont si peu nettes, que dans plusieurs cas je
n'ai pu voir clairement si j'avais affaire à un faciès ou à un niveau
diflérent. Cependant, ce qui me paraît établi sur des preuves suffi-
santes, c'est que le groupe de Saint-Ariès comporte au moins deux
grandes subdivisions : une zone inférieure, composée, en grande par-
tie, de marnes marines plus ou moins sableuses, renfermant souvent
de nombreux débris des falaises au pied desquelles elles se sont for-
mées, et caractérisées par le Ccrithium vuJgatum et par un banc
5i0 FONTANNES. — NÉOGÈNE DE GUGURON. 39 avril
d'Huîtres au sommet; une zone supérieure, constituée par des marnes
souvent blanchâtres, t'euillelées, à joints sableux, dont le fossile ca-
ractéristique le plus incontestable est le Potamid^ Basteroti.
Les dépôts dont le classement ne peut être encore aussi rigoureuse*
ment établi sont : 1^ les marnes de la vallée du Rhône caractérisées
par le Pecten Comitatus, Font., qui représentent, soit un faciès
moins littoral des couches à Ccrithium vulgatum, soit une formation
un peu plus récente ; 2® les marnes à Congeria suhcarhiata, qui pour-
raient bien n'être qu* un faciès de cet horizon si polymorphe des
couches à Congéries, mais que quelques géologues croient plus
anciennes que les marnes à Cerithium vulgatum, sans qu'il soit pos-
sible de leur opposer des coupes d'une netteté irréfutable.
Le gisement de Saint-Christophe ne saurait m'autoriser à entrer
dans la discussion de ces diverses questions, que j*ai déjà traitées,
d'ailleurs, dans mes études sur le Comtat. Je me bornerai donc à dire
qu'il offre plutôt les caractères des couches à Pecten Comitatus (argile
de Bouchet) que ceux des marnes à Cerithium vulgatum (marnes de
Saint-Ai'iès). Quant aux marnes de Bacot, elles me semblent se ratta-
cher, par le grand nombre des débris végétaux qui en tapissent les
feuillets, aux marnes à Potamides Basteroti, telles qu'elles se présen-
tent dans le bassin de Théziers.
Mais ce sont là des hypothèses que je n'émets que sous toutes
réserves. Ce qui me paraît parfaitement établi, c'est que le gisement
de Saint-Christophe n'est que le prolongement oriental de cette for-
mation marneuse dont les érosions ont épargné un important chaînon
en face d'Avignon, et qui, remontant au moins jusqu'au sud des
départements de la Loire et de l'Isère, présente de nombreux affleure-
ments sur les deux rives du Rhône et se retrouve dans la plupart des
vallées transversales qui en sont tributaires.
Condusiom. — Désireux de maintenir à celte étude le caractère
monographique qui lui convient et dont elle s'est départie le moins
possible, je ne reviendrai pas ici sur quelques questions d'un intérêt
plus général, dont j'ai dû aborder plus haut la discussion, et je
me bornerai à formuler les conclusions suivantes, plus spécialement
relatives aux terrains tertiaires de la vallée de la Durance :
io Les Sables et argiles bigarrés de lÉocène existent à l'élat de
lambeaux plus ou moins importants sur les pentes méridionales du
mont Luberon ; ils s'y présentent avec les mêmes caractères que dans
le Comtat et contiennent des blocs d'un grès calcédonieux rougeâtre,
analogues à ceux qu'on rencontre sur les flancs des collines de Saint-
Paul-Trois-Châleaux, de Chantemerle, etc.
1878. FONTANNES. — NÉOGÈNE DE CUOURON. 811
2® Les dépôts attribués au Grès vert sur la carie de M. Se. Gras
appartiennent en réalité à la mollasse à Pecten prœscabriusculus ou
Mollasse proprement dite, et se relient aux dépôts mollassiques de
Bonnieux (Yaucluse) et de Rognes (Bouches-du-Rhône).
3*^ La zone souvent désignée sous le nom de a Mollasse sableuse »
ou de « Mollasse grise » n'est nullement subordonnée à la mollasse de
Saint-Paul-Trois*Châteaux et ne saurait être par conséquent parallé-
lisée avec la mollasse sableuse à Scutella Paulaisis de cette dernière
localité. Elle représente cette puissante formation gréso-sableuse qui,
partout dans le bassin du Rhône, constitue le terme moyen de la
série marine du Miocène, et qui est caractérisée par le TerebratuUna
calathiscHs dans le Bas-Dauphiné, par le Pecten Celestini dans le
bassin de Yisan. Cette zone renferme à sa base un banc d'Amphiopes
et de nombreux Ostrca crassissima, deux fossiles très-constants à ce
niveau dans les départements de la Drôme et de Yaucluse, et qui se
retrouvent, dans des conditions stratigraphiques et pétrographiques
absolument semblables, en Touraine, et notamment dans les environs
de Pontlevoy, oii, comme dans ceux de Pertuis, ils sont immédiate-
ment subordonnés à des dépôts d'eau douce (1).
4" Les dépôts d'eau douce, d'épaisseur et de composition très-
variables, qui, dans la vallée de la Durance, recouvrent les couches à
Amphiopes et Ostrea crassissima, sont dus à une oscillation du sol
qui a pu se produire sur un certain nombre de points du bassin du
Hliône, mais qui, probablement, n'a pas eu la même amplitude que
les mouvements auxquels sont dues les alternances ultérieures de
dépôts marins et continentaux. Il est possible cependant que ses effets
puissent être constatés dans des localités où jusqu'ici ils ont échappé
à l'observation, et qu'on lui reconnaisse dans l'avenir une extension
plus grande que celle qui ressort des données actuelles (2).
(1) l'Àmphiope abondant à ce niveau en Touraine n'est pas VA. perspicillata,
mais bien, d'après M. Cotteau. VA. bioculata, espèce très-voisine, d'ailleurs, de
la première, et appartenant incontestablement au môme groupe. Quant à l'Ostrea
crtississima, il présente identiquement le même faciès dans les deux régions.
(2) MM. Gras et Lory ont signalé la présence de la mollasse marine sous des
coijphes d'eau douce, qu'ils ont, je crois, parallélisées avec les calcaires de La
(iarde-Adhémar, ce qui, théoriquement, je le reconnais, n'a rien d'invraisemblable.
Cependant, n'ayant pu encore constater une semblable intercalation sur aucun
point du bassin du Rhône, je serais assez disposé à admettre, jusqu'à preuve
contraire, que les dépôts d'eau douce observés au-dessus de ces premières cou-
ches de mollasse marine représentent, non le calcaire de La Garde-Adhémar. sur
lequel repose le groupe complet de Visan, mais bien les formations continentales
des environs de Pertuis et de Cucuron, superposées aux bancs gréseux à Am-
phiopes et (htrca crassissima (1" niveau) et par conséquent d'un âge plus récent,
su FONTANNES. — NÉOGÈNE DE GUGURON. 29 avCftl
5° Les couches marno-calcaires dites a Mollasse de Cucuron » ou
a Mollasse jaune » ne correspondent pas, comme on l'a soutenu jusqu'à
ce jour, à la mollasse de Saint-Paul-Trois-Châleaux, de Montségur,
etc., dont elles sont séparées stratigrapliiquenient par une épaisseur
énorme de sables et de grès. Elles sont le prolongement, notablement
développé, d*une assise que j'ai signalée dans le Comtat sous le nom
de Calcaire marno-sableux à Pecteti Vindascinus, et qui n'a encore
été citée d'aucune autre région. Cette assise, qui est liée par des al-
ternances aux marnes de Cabrières à AnciUaria glandiformis, est le
seul niveau connu du Pecten scabriuscuîus type, confondu jusqu'ici
avec le P. prœscabriusculus, caractéristique d'un niveau bien inférieur.
6° Sauf cette dernière assise, que je n'ai encore rencontrée que
dans le Comtat et la Provence, la série marine du plateau de Cucuron
est identique avec celle qu*on peut observer dans la vallée du Rhône,
depuis les contreforts du Jura jusqu'au littoral méditerranéen.
70 La formation continentale qui lui succ^e débute par des
couches de lignite qu'on peut suivre au nord jusque dans le départe-
ment de l'Ain. Il est probable, malgré de sensibles divergences fau-
niques, que les dépôts terrestres et d'eau douce superposés au lignite
(calcaire marneux à ffelix Christoli, limon rougeâtre à Hipparion
gracile) ont leurs représentants homotaxiques dans les sables et grès
compris entre le lignite et les alluvions anciennes dans le Bas-Dau-
pbiné, la Bresse, etc.
8° Toute cette série m'a paru en stratification concordante ou légè-
rement transgressive, et les diverses assises en sont intimement lié-es
entre elles. Je l'ai désignée d'une manière générale sous le nom de
groupe de Visan et rapportée au Miocène, la faune mammalogiquedes
limons de Cucuron, qui en constituent le dernier terme, ayant été re--
gardée par M. Â. Gaudry comme caractéristique du Miocène supérieur.
9° Le groupe de Saint- A nés est représenté dans les environs de
Cucuron par les marnes à Turritella suhangulata de Saint-Christophe,
qui se relient à l'ouest aux dépôts analogues des environs d'Avignon.
Comme partout ailleurs, il est ici en discordance de stratification avec
le groupe de Visan; cette circonstance, jointe à la présence d'une faune
très-distincte de celle des marnes de Cabrières et incontestablement
plus récente, m'a engagé à considérer le groupe de Saint-Ariès comme
représentan t la base du Pliocène inférieur marin dans le bassin du Rhône.
10' Il est possible que les marnes de Bacot représentent les dépôts
saumâtres ordinairement superposés aux couches marines du groupe
de Saint-Ariès, mais les docuaients paléontologi(|ues faisant absolu-
ment défaut jusqu'ici, je ne puis indiquer ce rapprochement que sous
toutes réserves.
1878. FONTANNBS. — FOSSILES NÉOGÈNES DE CUeURON. 613
Description de quelques espècses et variétés nouvelles des
terrains néo^ènes du plateau de Cueuron,
t
par M. Fontanne».
PI. V et Vf.
Â. Marnes à Cardita Jouanneti.
i . Murex subprodugtus, Fontannes.
PI. V, fig. i.
Testa elongata ; spira brcvÎK ; — anfractut SS earinati, antiee attenucUi, tutura
parum profunda sejuncti; ultimus maximus , posHce depretsus,5l4 tuius longitudi-
fiit œquans; — lirœ spirales obsoletissimœ ; nodi longitudinales 7-8, in earinavix
prominentes, superne et infeme evanescentes, in ultimo anfractu ohsoleti; — apertura
tlongata; labrum subacutum, interius 5-6 tuberculatum ; cauda subreeta, brevis,
subumbilicata ; umbilicun linearis ; canalis apertus.
Long., 17; lat., 9 millira.
Lt Murex suhproductus, qui fail partie du groupe du M. Lassaignei,
Basterot (pi. III, iig. 17), n'est peut-être qu'une forte variété locale
du M. productics, Bellardl. Il présente aussi quelque analogie avec le
M. sublavatus, m Hûrnes, non Grateloup. Mais le type de Cabrières
diffère de ces trois espèces par la brièveté de la spire, par la dépres-
sion de la partie postérieure des tours, par l'atténuation très-sensible
des stries transverses et par l'absence de côtes longitudinales ; celles-
ci sont remplacées par des tubercules obsolètes, qui n'ondulent que
légèrement la carène du dernier tour, mais qui sont un peu plus sail-
lants sur les tours précédents.
2. PoLLiA TouRNOUÉRi, i^^on^annes.
PI. V, fig. 5 a et 6.
Pollia exscnlpta, Dujardin, var., in Fischer et Tournouër, op. cit., p. 121, pi, XVI,
fig. 13 et 14.
Testa ovata; spira acuta ; — anfractus convexi, subcarinati, longitudinaliter
eostatif spiraliter lirati; ultimus dimidium testœ superans, antiee valde attenua-
tui ; — costœ longitudinales 7, crassœ, in medio prominentes, versus caudam eva-
neseentes, interstitiis subœqualibus disjunctœ; costulœ transversœ 40, angustœ,
interstitiis major ibus, tenuissime 2-4 striatis, separatœ, interstitio postico majore;
suturam marginante ; — apertura angusta ; labrum intus €-7 plicato-nodosum ,
eolumella antiee 3, postice / tuberculata ; plicœ posticœ labri et columellœ magis
productœ ; umbilicux linearis, margine rotundato. minute 5 striato, cinctus.
Long», 13; lat., 7 1/2 millim.
MM. Fischer et Tournouër ont décrit et figuré cette espèce sous le
33
514 FONTANNES. — FOSSILES NÉOGÈNES DE GUGURON. 49 avril
uom de P. exsculpta, var., nom spécifique sous lequel ils compre-
naient, en outre du type de Dujardin, le petit Pollia commun à
Pontlevoy. Or, c'est évidemment de ce dernier que le Pollia de
Cabrières se rapproche le plus, sans toutefois qu*on puisse le rappor-
ter à la même espèce : le canal est en effet plus long, la spire plus
aiguë; les tours sont plus détachés, plus carénés, les côtes plus
épaisses, moins nombreuses, moins obliques, etc.
Mais le P. cxsculpta, Duj., n en est pas moins représenté à Cabrières
par une variété qui tend vers le P. Meneghinii, Bell., de Stazzano, et
(|ui se distingue très-facilement d'ailleurs du P. Toumomri.
3. Cangellaria Druentiga, Fontamies.
PI. V, fig. 2.
Testa ovata, acuta, utraque extremilate acuminata, subumbiliccUa, longitxidina-
litcr. costata, transversim striata; — anfraetus 6-7 earinati, infeme canaliculati, ad
angulum tenuiter nodosi ; uUimus magnut, 3j3 altitudinis testœ œquans, in medio
depressus; — costœ longitudinales 43, ad lahrum sensim obliquœ et parum promi-
nentes ; costulœ transversœ angustœ, inierstUiis majoribus, striatis, separatœ, ver-
sus umbilicum densissimœ, striis incrementi decussatœ; — apertura angusta,
superne aeuta, intégra, anguste canaliculata ; columella biplicata ; labrum acutum;
callum parum expansum; umbilicus latus, parum profundus.
Long., 36 ; lat., 16 millim.
Cette espèce, remarquable par la forme de l'ouverture et par la
dépression du milieu des tours, ne peut être confondue, je crois, avec
aucune de ses congénères. Le type dc^nt elle se rapprocherait le plus
me semble être le C, contorta, Basterot, qui présente une ouverture
plus large, moins anguleuse, des côtes longitudinales plus étroites,
moins nombreuses, trois dents saillantes à la columelle, un bourrelet
ombilical plus prononcé, limité en avant et en arrière par des sillons
plus profonds, etc. Le C, Druentica est aussi voisin, sous certains
rapports, du C. imhricata, Hôrnes, espèce primitivement confondue
par cet auteur avec le C. contorta,
4. Cangellaria Gaudrti, Fontannes,
PI. V, lig. 3 fl et 6.
Testa ovato-ventrieosa, umbilicata, longitudinaliter costata, transversim striata ;
— anfraetus 6-7 eonvexi,carinati, infeme canaliculati; supremi multiplie ati ; ultimus
magnus, 315 altitudinis testœ œquans ; ^ costœ longitudinales 40, crassœ, inearina
pruductœ; costulœ transversœ 9, interstitiis subœqualibus, striatis, separatœ ; —
apertura subtrigona : labrum intus 14 sukatum ; columella triplicata ; basis inté-
gra ; umbilicus mediocris.
Long., 17; lat.. 19 millim.
1878. FONTANNES. — FOSSILES NÉOGENES DE GUGURON. 815
Ce type n*est pas éloigné du C. ampullacea, Brocchi m Bellardi
(Mon., pi. IV, fig. 13) ; il s'en distingue, toutefois, nettement par une
taille plus petite, par une forme plus allongée, moins ventrue, par
une spire plus élevée, par des côtes moins nombreuses sur l'avant-
lernier tour (20 au lieu de 30) ; cependant le passage de l'ornementa-
tiOD finement cancellée de celui-ci à la costulation espacée, grossière,
du dernier tour, est assez brusque, caractère qui s'observe aussi chez
le C. Brocchii, Crosse in d'Ancona. En outre, l'ombilic du C. ampul-
lacea est plus large, le cordon qui le borde postérieurement est plus
épais, et la partie horizontale des tours est notablement plus large.
Le C. scrobicuîaia, Hôrnes, dont le C. Gaudryi se rapproche aussi à
quelques égards, a une spire beaucoup plus élevée, des côtes moins
fortes sur le dernier tour, moins nombreuses sur ceux qui précèdent,
un pli de moins à la columelle, un dernier tour moins embras-
sant, etc.
5. Cancellaria Deydieri, Fontannet.
PI. V, fig. iaeib.
Teita obtusa, umbilieata, longitudinalUer eostata, transversim mlaUa; —
mfraetus 5 carinati, infra plani, carina valde prominerUe; ultimtu maanmug,
2/5 omnis altitudinis œquans ; — costœ longitudinales 40-44, crassœ, produetœ,
ybliquœ ; eostulœ Iransversœ SS, in plicis attenuatœ, interstitiis duplis, striaHt,
teparcUœ; — apertura trigona, aeuta, intégra, tenue canalieulata ; columella tri-
ilieata; labrum interius striatum; umbilicus medioeris, profundus ; eallum infeme
•xpantum.
Long., 17; lat., 14 millim.
Je ne connais aucune forme qui puisse se confondre avec le C. Dey-
iieri, remarquable par la brièveté de sa spire, par ses tours fortement
carénés, par son ornementation vigoureuse, peu en rapport avec
l'exiguité de sa taille, et par la largeur de la partie horizontale de ses
derniers tours (1).
6. FicuLA CLATHRATA, Lamurck, var. Cabrierensis, Fontannes.
PI. V, fig. 6.
Ànfractus ultimus antice minus abrupte attenuatus; spira magis prominula;
:ostulœ concentricœ numerosiores; interstitia minora quam in Turotiense typo.
Long. ,43; lat., 31 millim.
Des côtes transverses de même épaisseur, mais plus rapprochées et
(1) Une grande partie des espèces décrites et figurées dans cet appendice m'ont
Slé obligeamment communiquées par M. Deydier, à qui je suis heureux de pou-
roir témoigner ici toute ma reconnaissance.
516 FONTANNES. — FOSSILES NÉOGÈNES DE CCCUROIf. 29 avril
partant plus nombreuses, une spire un peu plus élevée, un dernier
tour légèrement plus ventru, sont les seuls caractères qui différen-
cient les exemplaires de Cabrières de ceui qu'on rencontre si abon-
damment dans les faluns de la Touraine. Ces différences ne me
paraissent pas avoir une valeur spécifique; il est bon toutefois de
les signaler, car elles semblent témoigner d'un acheminement vers
le F. geometra, qui remplace le F. clathrata dans le Pliocène du
Sud-Est.
Les exemplaires du bassin de Vienne assimilés à ceux de Pontlevoy
et désignés par Homes, d'abord sous le nom de F. reticulata, Lara.,
puis sous celui de F. cingulata, Bronn, ont au contraire des côtes
transverses plus espacées et beaucoup plus saillantes.
7. Nassa Caudellensis, Fontannes.
PI. V, fig. 8.
Testa ovato-ventricosa, fragilit, transversim tenue striata; spira longa. acutis-
rima; — anfractui 7-8 rotundati, tutura profunda dùijuncti; ultimus globosut,
ij5 altitudinis testœ œquans, spiraliler 46-18 striatux, striis prope suturam et basim
paulo profundioribun ; supremi dense longitudinah'ter plicati ; — apertura sub-
rotundata ; labrum tenue, subacutum; columella brevis, excavata ; callum columel-
lare parum eipansum.
Long., 17; lat., 13 millim.
La forme globuleuse des tours, une spire longue et aiguë, consti-
tuent les caractères distinclifs les plus saillants du N. Caudellensis. Le
type dont il se rapproche le plus est le Buccinum conglobatissimum,
Costa (pi. XV, tig. 6 a et b), du groupe des Nassa mutabilis, N. con-
globata, N, Rosthomi, etc. ; il en diffère par une spire relativement
plus allongée, plus aiguë, par un dernier tour plus arrondi et dont
le maximum d'épaisseur se trouve plus en avant, par des stries
transverses plus fines, plus serrées, et par la costulation des quatre
tours qui suivent les tours embyronnaires.
8. Nassa Dexiv.£, Fontannes.
PI. V, fig. 7.
Testa oblonga, crassa, longitudinaliter costata. spiraliter lirata ; — anfractus
7 snbconvexi, sutura parum profunda separati ; ultimus spira paulo minor : —
co^tœ longitudinales 41, crassœ, productœ, interstitiis subœqualibus scjunctœ, fere
verticales; sli'iœ transversœ 41-42, in medio paulo latiores, in cœtrri^ anfracti-
bus angustiores ;— apertura rotundata ; labrum extus varicosum, intus 6 dentatum ;
columella brevis, arcuata, rugosa, infra plica prominente munita : callum expan-
sum; eanalis brevis, latus, recurvus: basisreflexa, profunde sulcata.
Long., 7; Ial.,3 1,;? millim.
1878. FONTANNES. — FOSSILES NÉOGÈNES DE CUCURON. 517
Le Nassa Dexivœ représente dans le bassin du Rhône ces petites
espèces relativement fréquentes dans le Falunien de la Touraine et
rares dans le Sud-Est, telles que les N. Turonensis, N. Blesensis, etc.
Je crois cependant que la forme qui s'en rapproche le plus est le
N. serraticosta, Bronn, déjà signalé par M. Cocconi dans le Miocène
supérieur, et qu on retrouve dans les marnes et faluns du groupe de
Saint-Âriès.
L'espèce de Cabrières se distingue du type pliocène par une forme
plus trapue, analogue à celle de la variété figurée par Hôrnes, par des
côtes plus fortes, moins serrées, par des stries transverses moins rap-
prochées, plus profondes, par la saillie du pli inférieur de la colu-
inelle, par les rugosités qui couvrent celle-ci, par le développement
de la callosité columellaire, enfin par le sillon profond qui entoure la
base et que les côtes ne franchissent pas.
Par certains caractères, le N. Dexivœ se rapproche du N. prisma-
tica, Brocchi, dont, au premier abord, il semble être une réduction.
Il est voisin aussi du Buccinum Jani, Mayer, sans toutefois qu'on
puisse le confondre avec l'espèce des marnes tortoniennes de Stazzano*
9. Nassa subduplicata, d'Orhigny, var. Druentica, Fontannes.
PI. V, fig. iO.
Te%ta elonqata; spira major ; costœ rariores (8j; séries postica tuberculorum
obsoleta, paucislriata.
Long., 16: lat.,7 niillim.
La variété de Cabrières se rapproche sensiblement de celle que
H. Manzoni a signalée à Sogliano (Due lemhi miocenici, pi. I, lig. 9)
jet qui, d'après cet auteur, se trouverait aussi à Grund et à Asti ; les
caractères qui la distinguent du type, à en juger du moins par la
figure de Hôrnes (pi. XIII, lig. 6-9), sont une spire relativement plus
élevée, un dernier tour moins convexe, des côtes longitudinales moins
nombreuses, une atténuation très-sensible des tubercules qui bordent
la suture, et probablement aussi une expansion un peu plus grande
de la callosité columellaire.
10. Nassa sublapsa, Fontannes,
PI. V, fig, 9.
Tetla polita, elongata, spir aliter lirata; xpira longa, acuta; — anfractus 7-8 tub-
eonveii, sutura simplici bene diuincta separati: suprcmi tenue eostulati et carinati,
costuHs cariixaque in uUimis evanescentibus ; anfractus ultimus 2-5 longitudinis
testœ paululum supcran^. transversim tt-t^ strintu^ : strive lenuissimie, œqualet;^^
818 PONTANNES. — P08S1LES NÉOGÈNES DE GUGURON. 29 avril
apertura ovat^i ; labrum acutum, subreflexum ; columella parum concava; canalis
IcUe apertus.
Long., 8 ; lat., 3 millim.
Cette espèce est très-voisine du Buccinum Deshayesi, Mayer (= B,
haccatum, var., Dujardin; B, poUtum, Grateloup), et représente cer-
tainement à Cabrières ce type, qui accompagne le Nassa subduplicata
dans plusieurs gisements du même horizon. Les variations que pré-
sente la forme du bassin du Rbône sont cependant plus accusées que
dans l'espèce précédente. La carène et les tubercules disparaissent sur
les derniers tours ; toute la coquille est finement et régulièrement
striée; les sutures, qui sont moins obliques, ne sont pas bordées du
sillon profond qu'on observe sur le type du Sud-Ouest et du bassin
de la Loire; le bord du labre est légèrement renversé en arrière;
enfin, pour un même nombre de tours, le N. sublapsa est d'une taille
notablement plus petite. Il s'éloigne donc encore plus du Buccinum
politum tel que l'entend H. Hayer.
H. Pleurotoha gradata, Defrance in Bellardi.
Espèce du groupe du P, interrupta pliocène et souvent confondue
avec lui. Le seul exemplaire que je connaisse de Cabrières est en tous
points conforme à la description deM. Bellardi et suffisamment distinct
du P, asperulata figuré dans les Aniïnaux fossiles du Mont-Léberon,
pi. XVII, fig. 14, pour qu'il soit permis de douter que ce dernier
puisse être aussi rapporté à l'espèce de Defrance, ainsi que le suppose
le savant professeur de Turin.
Jusque sur le dernier tour on reconnaît, malgré l'usure, les tuber-
cules du bourrelet postérieur, qui sont plus fins et surtout plus serrés
que ceux du bourrelet antérieur. M. Bellardi croit que certaines
variations relient le P. gradata, commun dans le Miocène supérieur
de Stazzano et de Santa Âgata, au P, interrupta, qui, d'après lui,
serait exclusivement pliocène.
i2. Pleurotoma Caudellensis, Fonmn>ics.
PI. V, fig. il a et 6.
Testa parva, elongata ; spira longa, aeuta ; — anfractus 8-9, siUuris superfida-
libus separati, carinati, carina simplice, in supremis acuta, in cateris rotundata,
suturœ anlicœ proxima, \eTcavati, \spiraliter lirati, poHice margine obsoUto,
striato, muniti; lirœ tranwersa striis incrcmcnti tenuissimis, undulatis . decus-
satœ; anfractus ultimus anlice subdeprcssus, dimidium\testœ paululumsuperans:
— apertura subtriangularis ; labrum acutum; columcUa subplicata (?) ; cauda
subrecta, brevis, transversim tenue striata et costulata, ad carinam Icviter sulcata.
Long., 11 i;.>; ht., 4 1/2 miyim.
1878. FONTANNES. — FOSSILRS NëOGëNES DE GUGURO?!. 519
A en juger d'après les analogies de rornementation, la place do
cette espèce me parait être près des Rouaidiia Lapugyensis et R. sub-
terehralis du Miocène supérieur de Santa Agata, de Stazzano, de
Lapugy. Quant au sous*genre auquel elle doit être attribuée, il est
assez difficile à établir. En admettant la présence d'une dent columel-
laire vaguement indiquée par un léger renflement de la columelle, le
P, Caudellensis appartiendrait non aux RoiuiuUia, mais aux Borso-
nia, le sinus du labre se trouvant en arrière de la carène. Quoi qu*il
en soit, la forme de Cabrières se distingue du P. Lapugyensis, Hayer
tnBelIardi, par une spire plus allongée, plus aiguë, par un canal plus
court, par une ouverture plus large, par une carène arrondie, non
dentelée, etc.
13. Mitra batumophora, Fontannes,
PI. V, lig. 12.
Testa fusiformis ,' spira brevis, aeuta; — anfractus 8, suturis obsoletis disjuncti,
earinati ; carina in ultimis magis prominens, suturœ aniicœ proxima; anfractus
ultimus tjS omnis longitudinis œquans, antice obtuse attcnuatus, 4-5 teiiue striaius;
sutura leviter subcanalicuïata ; — apertura elongata, angusta ; labrum acutum ;
columella quadriplieata, vix contorta.
Long. , 18 ; lat. , 6 milliro .
Je ne connais pas le M. goniophora de Tortone, localité typique,
dont les exemplaires figurés par Hôrnes s'éloignent sensiblement, à. en
juger par la figure donnée par M. Bellardi ; mais les différences que
présente la forme de Cabrières sont trop importantes pour qu'on puisse
la rattacher, soit au type italien, soit à la variété du bassin de Vienne,
dont elle se rapproche davantage.
Les principaux caractères distinctifs du M. bathmophora sont les
suivants : brièveté de la spire ; forme allongée du dernier tour et par-
tant de l'ouverture, dont le bord droit se soude au tour précédent par
un angle extrêmement aigu; sutures superficielles, très-légèrement
canaliculées sur les deux derniers tours; proximité de la carène et de la
suture antérieure ; stries de la base moins profondes, moins serrées
que dans l'espèce de Tortone.
Malgré cela, je n'en crois pas moins à la proche parenté des deux
espèces, celle de Cabrières constituant, par sa forme allongée, par ses
tours plus embrassants, une variation notable du type de Lapugy,
auquel elle se relie par sa carène et par les quatre plis de sacolumelle,
mais qui est lui-même assez différent du M. goniophora, in Bellardi.
520 FONTAÎINES. — FOSSILES NÉOGÈNES DE GUGURON. 29 avril
14. CYPRiEÀ PRiESANGUiNOLENTA, Fontunnes,
PL V, fig. 13 a et h.
Testa ovat(M>blonga, gibbosa, subtus subconvexa, antice paulum attenuata ; —
apertura submedia, angusta, antice vix dilatata ; labrum leviter sinuosum, in
medio paulo latius, SjS omnis latitudinis œquans. tenuiter et regulariter 47 denta-
tum; eolumella obsolète dentata, dentés 4â subuniformes, anticus major, acutus, a
cœteris canali obliquo separatus.
Long., 20; lat., 13 millim.
Ainsi que MM. Fischer et Tournouër Tont déjà fait observer, c est
avec le C. sanguiywUnta, Gmelin m Bornes, que l'espèce de Cabriëres
présente le plus d'analogie; elle en diffère par une forme relativement
plus large, plus gibbeuse, qui la rapproche du C. pyrum, par une
ouverture plus médiane, moins dilatée vers le tiers antérieur, par les
dentelures fines, régulières, qui couvrent la columelle, tout en s'atté-
nuant légèrement d'avant en arrière, comme dans le C. amygda-
lum, enfin par l'absence de sillon marginal le long du bord droit.
15. Natica htpereuthele, Fontannes,
PI. V, fig. U.
Testa magna, crassa, 9vato-ventricosa, umbilicata ; spira elongata ; — anfractus 5
globosi, suturis profundis, parum obliquis, sejuncti ; striœ incrementi densis-
simœ, tenues sed bene distinctes; anfractus ultimw 2j5 altitudinis testœ œquans,
postice subdepressus ; — umbilicus in medio callo crasso subtectus; eolumella
subsinuata.
Long., 72; lat., 52 millim.
Grande espèce du groupe du Natica redempta, Michelotti, caractéri-
sée par la hauteur de la spire, par la forme globuleuse des tours, dont
le dernier est légèrement déprimé en arrière et sur les flancs, par le
peu d'obliquité des sutures. Le N, euthele, Fischer et Tournouër
(op. cit., pi. XVIII, fig. 19), s'en distingue très-facilement, mais il est
possible que l'exemplaire qui n'est représenté que de dos sous le
n» 18 de la même planche doive être rapporté au N, hypereuthele, à
en juger du moins d'après la hauteur de la spire ; car l'inclinaison des
sutures rappelle plutôt la forme élancée du N. euthele, fort commun
à Cabrières, et dont les caractères, d'après les auteurs de l'espèce, se
conservent à tout âge.
16. Cerithiuh Deydieri, Fontannes.
PI. V, fig. 15 a et b.
Testa turrita, acula, ventricosa ; — anfractus 8-9 subplani, suturis profundis sepa-
rati, longitudinaliter i8-50 plicati, cingulis transversis in supremis 3, in cœteris â,
1878. FONTANNES. — FOSSILES NÉOGÈNES DE GUGURON. 821
omati ; anfractus ultimus SjS totiut longitudinis œquans, antice abrupte attenua-
tus, 6-7 cingulcUus ; basis excavata, tenue spir aliter lirata ; — apertura subrotunda;
eallum columellare crassum, expansumy productum ; eanalis brevis, reftexus.
Long., 11 1/2; lat., 4 1/2 millim.
Le C. Deydieri représente probablement dans le bassin du Rhône le
C. Puymoriœ, Mayer, des faluns de la Touraine, quoique des diffé-
rences assez sensibles permettent de distinguer facilement ces deux
espèces. La forme générale du type de Cabrières est moins aiguë et
même légèrement ventrue, rappelant ainsi en petit la silhouette du
C. îignitarum, Eichw. ; la base n'est pas creusée en gouttière ; les côtes
longitudinales sont plus fines ; les cordons transverses, plus nom-
breux, plus larges, surtout sur le dernier tour, déterminent dans cette
région^ par leur entrecroisement avec les plis verticaux, non des
carrés, mais des rectangles allongés transversalement; les sutures
sont plus larges, plus profondes. En outre, je n*ai remarqué aucune
trace des varices signalées par M. Mayer sur le dernier tour du C. Puy-
moriœ.
17. FossARUS cosTATUS, Brocchi, var. crassicostata, Fon tannes.
PI. VI, fig. laetb.
Costœ transversœ crassœ, rugosœ, altematim magis prominentes ; costulœ longi-
tudinales tenues, proximiores ; — anfractus ultimus magif expansus, postice excava-
tus ; — columella subrecla; labrum valde sinuatum ; umbilicus subnullus.
Long., 15 ; lat., 14 millim.
Les alternances dans l'épaisseur des côtes transverses, à peine indi-
quées dans le type, s'accentuent d'une manière très-sensible dans la
variété de Cabrières ; toutes les côtes, d'ailleurs, deviennent très-
fortes, très-rugueuses ; les costules longitudinales, au contraire, sont
plus fines, plus serrées, moins obliques, et se voient à peine à l'œil
nu, entre les épais et grossiers cordons qui couvrent le dernier tour;
la partie antérieure de la columelle fait avec le labre un angle moins
ouvert; enfin, la spire est à peine aussi élevée que dans le type de
Brocchi, dont la variété crassicostata atteint presque la taille maxi-
mum et avec lequel elle parait avoir plus d'affinité qu'avec la forme
du Miocène moyen de la Touraine.
18. Trochus PR.f:LiNEATUS, FoYitannes,
PI. VI, fig. 2.
Testa solida, cono'idea, imperforata, spir aliter obsolète striata; apex subacutus ;
— anfractus 6-7 siibventricosi, sutura parum profunda sejuncti; ultimus ad péri-
pheriam obture angulatus, dimidiam testœ partem leviter superans, transversim
striis inœquidistantibus notatus, lineis ru/is paululum undultUis, obliquis, circi"
K2S FONTANNBS. — FOSSIIXS NÉOGÈNES DE CUGUa(N«. 29 avril
ter 28, pietut; — bâtis convexa, coneentrice tenuiter striata; apertura subovala;
iabrum aeuHstimum, intus inerastaium ; dens columellaris medianut, crassus,
prominulus.
Long., 24; lat., 32 millim.
Cette espèce est voisine du T. miocœnicus de Touraine et du groupe
méditerranéen des T. fragaroXdes, Lam. ( = ? T. turbinatus, Born),
et T. lineatus, Costa. Elle diffère du dernier, avec lequel elle offre
le plus d'analogie, par des tours généralement moins convexes
dans leur partie verticale, plus bombés à la base, par une spire rela-
tivement plus haute, par des stries analogues à celles du T. fraga-
rondes, mais moins profondes, par une dent columellaire sensible-
ment plus forte que celle des deux espèces vivantes, enfin par une
coloration toute différente.
La convexité de la base, plus largement arrondie à la périphérie, la
proéminence de la dent columellaire, Tinclinaison moins grande du
plan de l'ouverture sur Taxe vertical, distinguent l'espèce deCabrières
du T, miocœnicus, Hayer, d'ailleurs fortement strié et autrement
coloré, ainsi que du T. pseudofragaroïdes. Font., de Tersanne.
En somme, le T. prœlineatus vient se placer, suivant moi, entre le
jT. miocœnicus du Falunien et le type vivant des environs de Naples,
désigné par Costa sous le nom de T. lineatus.
19. Troghus Cabrierensis, Fontannes.
PI. VI, fig. 3.
Testa conoïdea, traiisversim tenue striata, longitudinaliter nodoso-plicata; apex
plus minusve acuminatus ; — anfractus 6-7 subconvexi, basi eanaliculati, uUimo
plerumque exeepto ; plicœ longitudinales 4i-44, raro numerosiores, obliquœ, in
anfractibus supremis nullœ, in penultimo prominulœ. in ultimo interdum evanescen-
tes, ad suturant posticam magis prominentes, anticam non attingentes; eostulœ
spirales inœquales, majoribus 4-9 minoribus interpositis ; striœ incrementi hene
distinctœ; anfractus ultimus dimidium altitudinis testœ subœquans ; — basis pla-
niuscula, coneentrice striata; umbilicus mediocris ; apertura subquadrata ; colu-
mella antiee subangulata ; callum vix reflexum.
Long, y 16; lat, 8 millim.
Espèce très-polymorphe, dont certains exemplaires, presque entiè-
rement dépourvus d'ornementation, rappellent le T, tumidtcs, m Wood,
tandis que d'autres, à spire acuminée, mais moins élevée, se rap*
prochent à certains égards du T. magus de la Méditerranée.
Les variations les plus importantes portent sur la hauteur relative
de la spire, sur la profondeur des sutures, sur le nombre, la proémi-
nence et la persistance des tubercules allongés qui ornent la partie
postérieure des tours, sur le nombre et la saillie des costuies trans-
1878. FONTANNES. — FOSSILES NÉOGÈNES DE GUGUHON. 8t3
verses, qui parfois même sont à peine visibles. Cette extrême varia-
bilité permettra peut-être de relier, par des formes transitoires, le
T, Cabrierensts au T, Colonjoni, Font., de Tersanne, qui en est voisin,
mais dont toute la surface, sauf les tours embryonnaires, porte des
sillons longitudinaux beaucoup plus nombreux, des stries concen-
triques plus profondes, et dont Tombilic est notablement plus petit ;
l'ouverture, chez ce dernier, me semble aussi moins haute et la colu-
melle plus anguleuse.
20. Troghus ÂTGUEsn, Fontannes.
PI. VI, fig. taetb.
Testa eonica, imperforata; apex subcentralis, subacutus ,'— anfraehu 7-^ iubplani,
tpxraliter tenue striati ; costulœ transversœ 5, alternatim punctis ru/U numerotis-
txmxs, interstitiùt albis œqiMlibus, separatis, omatœ; costula mediana suturœ anticœ
proximior, ibi puncti obliqui, latioret, in postica et antica eostula verticales,
Uneares, numerosiores ; anfractus ultimus angulatus, 2/5 longitudinis testœ vix
superans, antice subconvexus ; — basis tenuiter striata ; costula coneerUricœ alter^
natim punctis ru/is pictœ ; apertura subquadrangulata.
Long., 14; Ut., II millim.
Le grossissement que je donne sous le no 4 6 de la planche YI, fera
comprendre, mieux que la plus minutieuse description, Tornementa-
tion délicate de cette jolie espèce. Dans les parties où la coquille est
parfaitement conservée, il est difficile de reconnaître si les points
foncés sont en relief sur les costules concentriques; mais ils for-
ment une série de saillies très-nettes, partout où les premières cou-
ches du test ont disparu.
Sous le rapport de la forme générale, le T. Ayguesii a beaucoup
d'analogie avec certaines variétés du T. miliaris de Touraine.
21. Trociius angulatus, Eichwald, var. Druentica, Fontannes.
PI. VI, fig. 5.
Testa conoïdea, subcarinata, ad peripheriam leviter canaliculata; — costulœ
transversœ magis prominulœ, nonnullœ. paulo majores; — columella tenuis, sub~
recta, vix unidentata ; apertura subquadrangulata ; labrum acutum, interius
viride margaritaceum.
Long., 9; lat., 10 millim.
La variété de Cabrières participe à la fois de celle de Steinabrunn,
figurée par Homes (pi. XLIY, fig. 10), et de la forme actuelle connue
sous le nom de T, divaricatus. Carénée comme la première, dont elle
a la taille, elle s*en distingue par des tours légèrement canaliculés à la
périphérie, surtout dans le jeune âge, par des costules transverses
K24 FONTANNES. — FOSSILES NÉOGÈNES DE CUGUaON. 29 avril
moins unitbrmes, un peu plus saillantes, par une base plus plane,
par un ombilic généralement moins ouvert et par une dent columel-
laire très-obsolète. Ces trois derniers caractères rapprochent la variété
Druentica du type méditerranéen, qui n'est jamais, je crois, canali-
culé, et dont la columelle, plus forte et moins droite, forme à sa
jonction avec le labre un angle plus aigu. L'intérieur de Touverture
montre aussi, chez la variété du Sud-Est, cette belle nacre d*un vert
assez intense qu'on remarque chez la plupart des exemplaires du
T. divaricatus et qui a été signalée par Lamarck. La forme du Miocène
supérieur rhodanien semble donc intermédiaire entre celle du â^ étage
méditerranéen du bassin de Vienne et la forme actuelle.
M. Mayer a décrit sous le nom de T, Castremis une espèce de Castell*
Arquato qui s'en rapproche beaucoup, et qui n'est peut-être, d'après
lui, qu'une forte variété du T, Adnalicus,
22. Clangulus Araonis, Basterot, var. vaîdecincta, Fontannes.
PI. VI, fig. 6.
Testa erassa ; — anfraetus subcarinati; cinguH nodiferi, valde inœquales, in
anfractu ultimo majores 5, interstiUis latis, striato-nodosis, séparait ; nodi cras-
stores, magù prominentes.
LoDg., 8; lat., 11 millim.
Au premier abord, l'ornementation de cette espèce parait tellement
éloignée de celle de Bordeaux, qu'on hésite à la lui rapporter, même
à titre de variété bien distincte. Cependant, en examinant avec soin
un certain nombre d'exemplaires du C Araonis type, on en trouve
qui présentent les mêmes alternances dans l'épaisseur et la saillie des
côtes spirales, alternances qui ne font que s'accentuer dans la variété
de Cabrières, dont l'ornementation a plus de relief.
L'ouverture présente aussi quelques légères différences : la dent
supérieure de la columelle, qui joue un certain rôle dans la distinc-
tion de cette espèce et du C corallimis, L., est ici bien moins forte ;
par contre, celle qui se trouve immédiatement au-dessous est relati-
vement très-développée, car cette dernière est très-obsolète, aussi
bien sur les exemplaires de la Touraine que sur le type méditerranéen.
23. AacA Rhodanica, Fontannes.
PI. VI, fig. 11 a et 6.
Testa ovato-cuneata, transversa, gibbosa, inœquilateralis, radiatim costala, antice
rotundata, postice angusta, subrostrata ; — coslœ 5S-56, sublœvigatœ, œqnaiex,
interstitiis angustissimis separatœ ; — umbon^s tumidi; areu minima. clongata,
1878. POÎiTANNES. — FOSSILES NÉOGÉNES DE GUCURON. 525
gulcis declivibus sculpta ; dénies minuti, numerosi, densistimi, subuniformes , extre-
mitâtes marginis cardinalis attingentes ; — margo palliaris valde sinuatus.
Long., 17; lat.,27 millim.
Dans sa Monographie des Ârcides tertiaires du Musée de Zurich,
M. Mayer a rapporté à YArca diîuvii, à titre de i^ariété, une espèce
voisine en effet du type pliocène, mais a remarquable par sa forme en
coin, par ses crochets très-forts et tordus et par ses côtes serrées ». Ces
divers caractères, très-marqués sur certains exemplaires [de Grund,
s'accusent encore davantage chez une Arche de Cabrières, rapportée
aussi à r^. diluvii par MM. Fischer et Tournouêr, et qui se retrouve
identique dans le Comtat-Venaissin. Comme cette forme, très-constante,
on le voit, et d'ailleurs bien distincte du type subapennin, se ren-
contre toujours dans le bassin du Rhône à un niveau inférieur, et
jamais, à ma connaissance du moins, dans le groupe de Saint-Ariès, je
crois utile de l'élever au rang d'espèce.
On peut d'ailleurs constater d'autres différences que celles signalées
par M. Mayer. La charnière est plus rectilignc et ne décrit pas en
avant et en arrière une courbe aussi prononcée que dans VA. diluvii.
Les dents sont plus nombreuses, plus fines, plus uniformes; aux
deux extrémités elles sont moins fortes, moins espacées, moins cour-
bées; elles garnissent généralement tout le bord cardinal etnelaissetit
pas de chaque côté ces angles unis qu'on remarque sur l'espèce plio-
cène. Les côtes qui, à l'intérieur du bord Ipalléal, correspondent aux
interstices de la surface, sont plus étroites et non déprimées dans le
milieu. Enfin, la coquille est plus mince et généralement un peu
moins inéquilatérale.
24. DiPLODONTA FiscHERi, Fontunnes.
PI. VI, fig. 12 a-c.
Testa suborbicularis, convexiuscula, vix inœquilateralis, antice et postice paulu-
lum subtruncata, transversim lineis itierementi irregulariter striata, posterius
obtuse carinata ; — umbones minitni, marginem cardinalem non superantes ; margo
cardinalis angustissimus, bidentatus ; in valva dextra dens cardinalis postieus,
et anticus in sinistra, majores bifidique ; nymphœ lineares, suleo angusto sepa-
ratce; — impressio pallii profunda, inferne multiplicata.
Long., 11 1/2; lai., 12 millim.
Cette espèce est probablement l'analogue miocène d\x D. elliptica,
Deshayes, du bassin de Paris, et doit être voisine de l'espèce de la
colline de Turin dont Hichelotti a rapporté quelques valves au type
bartonien. Bien qu'il existe en effet une assez grande analogie entre
ces deux espèces de bassins et de niveaux différents, les divergences
596 fonTannes. — fossiles néogènes de gucuron. 20 avril
sont cependant trop sensibles pour qu'on puisse les confondre sous
une même dénomination spécifique. Un rapide examen des figures
données par Deshayes (1) suffît pour montrer que le D, elliptica pré-
sente une ligne cardinale plus oblique, des crocbets plus saillants, des
valves plus bombées, plus nettement carénées, plus déprimées en
arrière de la carène.
En outre, dans le type rhodanien les nymphes sont moins longues,
moins saillantes à leurs extrémités, et la charnière, dans son
ensemble, rappellerait plutôt celle du D. Auversiensis figuré sur la
même planche.
LeD. Fischeri, très-rare dans les marnes de Cabrièi*es, se ren-
contre aussi au môme niveau dans le bassin de Yisan.
28. CARorTA GONIOPLEURA, Fontannes,
PI. VI, fig. 13 a-d.
Testa trantversa, subtrapexia, valde ifutquilateralis, earinata, ante earinam
depressa, postiee iubconeava et truncata, hngitudinaliter costata; — costœ49 an-
tiee planœ, vix prominentes, prope earinam angulosœ fapice cuiguli posticoj, ad
bcuim tenue squamulosœ, postiee rotundatœ; duœ ultimœ crassœ, prominulœ, squa-
mosœ; interstitia minima, paulum profunda, antiee fere superfidalia ; ttriœ
ineremenH in œtate juvenili nodosœ, in adulto dentitsimœ sed bene distinctœ ; —
margo ventralis vix sinuatus, leviter crenulatus ; umbonet obliqui, vix prowiinenr
tes; lunula ehngata, angustissima, suleo profundo sejuneta;in valva sinistra den-
tés erassiuseuli ; — impressio muscularis antica magna, ovato-rotunda.
LoDg., 12; lat, 24? millim.
L*omementation de cette espèce la distingue nettement de ses
congénères et en particulier du C. Auingeri, Hornes, du bassin de
Vienne, qui, sous le rapport de la forme générale, ofire quelque ana-
logie avec elle.
26. Tapes ecrinus, Fontanyies.
PI. VI, fig. 14 a-c.
Testa transversa, valde inœquilateralis, antiee rotundata, postiee obtuse earinata,
subangulata, eoneentriee eostulata ; — eostulœ minutissimœ, posterius majores;
lineœ radiales tenuissimœ, vixeonspieuœ;-^ apex obtusus, marginem cardinalem vix
superans ; margo palliaris subsinuatus ; dentés cardinales très, divaricati, lamelli-
formes, prominentes, in valva sinistra duo anteriores inœqualiter bifidi; — sinus
palliaris late apertus, rotundatus.
Long., 11 Vi; lat> ^8 millim.
Le Tapes eurinus est voisin du T. geographicus, Gmelin, type médi-
terranéen que M. Cocconi a signalé dans les deux étages du Pliocène
(1) An, sans vert., t. I, pi. XLYI.
1878. FONTANNES. ^ FOSSILES NÉOGÊMBS DE CDCURON. S27
de Casteir Ârquato. Il s'en distingue, — aussi bien que du T. îœtus,
Poli, qui, d'après la figure de Brocchi, n'en est pas éloigné, — par son
côté antérieur plus court, plus largement arrondi, non excavé sous
les crochets, par ses bords cardinal et paliéal moins rectiiignes, moins
parallèles, par son côté postérieur très-légèrement rostre, par les
costules arrondies, fines, régulières, saillantes, très-serrées, qui
ornent la coquille en avant de la carène et dont quelques-unes se
soudent pour former, sur la partie postérieure, une ornementation
moins fine, mais tout aussi régulière. Le sinus est aussi largement
arrondi et même un peu plus grand que dans le T. geograph%cu&.
Par son contour, le T. eurinus rappelle certaines variétés du T. gre-
garius des Cerithien-Schichten du bassin de Vienne (l), dont il est
d'ailleurs parfaitement distinct.
27. Pholas Luberonrnsis, Fontannes,
PI. VI, fig. 15.
Testa elongata, valde inœquilateralù, convexiuscula, antiee sinuata, paulum
rostrala, striis coneentrUis costulisque radiantibus omata ; — costulœ tenuiisimœ,
densissimœ, denticuliferœ, quarum SO in medio testœ bene dÎMtinctœ, posteritu
subito evanescentes ; eadempars lineis transversis non undulalit solummodo notata.
LoDg., 13; lat., 33 millim.
Espèce du groupe du P. cylindrica, mais plus éloignée du P. dac-
tylus que le type du Crag. Par sa forme générale, elle offre quelque
analogie avec le P. candida, dont elle se distingue par son côté anté-
rieur échancré, légèrement rostre, et surtout par la multiplicité des
costules rayonnantes qui couvrent le milieu des valves et disparaissent
brusquement vers le tiers postérieur, oii Ton n'aperçoit que des stries
d'accroissement irrégulières et dépourvues des ondulations qui ornent
les lamelles du P, dactylus.
Quant au P. cylindrica, Sow., il est relativement plus large, plus
échancré, plus rostre à l'avant ; le bord paliéal est plus arrondi vers
le milieu; les crochets paraissent plus excentriques ; enfin, l'ornemen-
tation se rapproche beaucoup plus de celle du P. candida, auquel il
a été réuni par quelques auteurs, et de celle du P. dactylus, dont
Wood le croit plus voisin.
(1) Bornes, pi. II, Og. 2 /.
528 FONTAiNNES. — FOSSILES NÉOGÈNES DE CUCURON. 2S
B. Marnes à Hélix Christoli.
1. Neritina Dumortieri, Fontannes.
PL VI, fig. 7 a et 6.
Testa ovato-globosa, trantversim dilatata, brunea, maculis candidis. num
minutis, irregularibui, omata ; spira brevis; apex obtusus; — anfraetus 3 eo
uUimus maximw, éjS altitudinis testœ œquans, prope suturam plerumque t
f^f . _ apertura tubquadrata, obliqua, marginibus acutis, fere parallelU ; l
acutum; eolumella in medio 9^1 crenulata; callum crassum, expansum, i
prominens, rugosum,
Lung., 71/3; lat., 7 millim.
L*épaisseur de la callosité coluroellaire, qui s*étend en demi'<
bien au-delà des points de jonction du labre et de la columelle, <
forme à la base de l'ouverture une assez forte saillie, la forme de
verture, dont les bords sont presque parallèles, tandis que da
espèces voisines Touverture se rétrécit à la base et paraît plutôt
triangulaire, la dépression qui marque généralement le d<
tour un peu au-dessus de la suture, constituent les caractères di
tifs les plus saillants de cette espèce, que je ne connais encore qu
marnes à ffeliœ Christoli de Cucuron. Sa coloration la plus habi
rappelle celle du Nerithia micans, Gaudry et Fischer, de l'Attiq
dans le bassin du Rhône c'est avec le N, picta, in Mayer, des coi
à Congéries du Comtat, que le N. Dumortieri présente le plus d
logie.
2. SUGGINEA PRIM.EVA, Mathcron.
PI. VI, fig. Saetb.
Testa elongata, striis inerementi tenuibus notata; spira brevissima; apex
eulostis ; — anfraetus S, sutura profunda, parum obliqua, in ultimo mar^
separati ; ultimus magnus, Ijft omnis longitudinis super ans; — apertura ol
anliee medioeriter dilatata; eolumella vix conlorta, in medio paulum subco
Long., 9; lat.,4 1/3 millim.
Cette espèce, qui n'a encore été ni décrite ni figurée, a été ra
chéeparMM. Fischer et Tournouër du S. Pfeifferi, Rossraàsslei
en est, en effet, plus voisine que du S. putris type, dont une vî
cependant, n'est pas sans analogie avec l'espèce de Cucuron. C*
variété olivula, propre au Sud-Ouest de la France et abondante
les régions littorales des Basses-Pyrénées et des Landes, habitî
ajoute à l'intérêt de ce rapprochement.
Le S,primœva se distingue d'ailleurs de ces deux espèces par la J
élancée de l'ouverture, dont le bord antérieur est relativemei
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1878. SÉANCE. 589
élargi, par une colunielle à peine concave au milieu, par le peu
d'obliquité du dernier tour, marqué à la partie inférieure d'une dé-
pression qui borde la suture.
3. LiMNyEA CuGURONENSis, Fontunnes,
PI. VIvfig. Qaeib.
Testa tenuU. ovato-oblonga, imperforata, longitudinaliter tenue et regulariter
striata ; spira brevis, acuminata ; — anfractus 4-5 convexi, suttwis profundù
sejuncli; ultimus tnagnus, %5 totius longitudinis non otnnino attingens; — apertura
hte ovata, ruperne angulata ; labrum acutum ; eolumella uniplicata.
Long., 8; lat., 4 1/2 roillim.
Petite espèce du groupe du L. ovaia, très-voisine des variétés des
environs d*Auch figurées in Dupuy, pi. XXIII, et surtout de celle que
Pfeiffer en a détachée sous le nom de L. vulgaris. Le L. Cucuronensis
diffère de cette dernière par des tours plus détachés, par une spire
plus haute, plus acuminée, et par une ouverture plus anguleuse au
sommet.
4. LiMNiEA Deydieri, Fontannes.
PI. VI, fig. 10 a et b.
Testa tenuissima, ovato^lobosa, subperforata ; spira brevissima; — anfractus 5-4
fonvexi; ultimus maximus, ventricosus, 215 altitudinis testœ leviter super ans, lineis
incrementi irregulariter striatus ; — apertura magna, superne rotundata : labrum
acutum, paulum reflexum ; umbilicus minimus, callo columellari fere omnino
tflCtUS.
LoDg., 7 1/2; lat., 6 millim.
Cette espèce est voisine de la précédente; il est cependant facile de
la reconnaître à sa spire moins élevée, à son dernier tour globuleux,
sans fente ombilicale, à son ouverture plus arrondie et à son bord
légèrement évasé. Ces divers caractères semblent accuser une ten-
dance vers le type auricularia.
Les L, Deydieri et L. Cucuronensis diffèrent assez sensiblement du
type pleistocène que M. Sandberger a assimilé au L. ovata (i).
A la suite de cette communication, M. Xournouer dit que depuis la
publication de leur travail sur les Mollusques du Mont-Léberon, M. P. Fischer
et lui ont eu Toccasion d'étudier de nouveaux fossiles recueillis dans la Mol-
lasse de Cucuron, dont ils donneront prochainement ta liste à la Société ;
de cette étude il résulte toujours pour lui qu'au point de vue palëontologique,
(1) land-u, Siissw. Conch.y pi. XXXV, fig. 14.
34
B30 BARR0I8. — CRÉTACÉ DR LA PROV. d'OVIÉDO. 29 avril
Ja mollasse à Pecten scabriuseulus de Cucuron peut difficilcmenl être séparée
de la mollasse à Scutella Paulensis de Saint-Paul-Trois-ChAleaux et de Montsé-
gur (Drôme).
M. Ch. Oari*ols rend compte de ses recherches sur le terrain
crétncé de la province ^'Ovlédo (Espagne) .
Le terrain crélacé des Pyrénées se prolonge vers l'ouest dans les
monts cantabriques jusque dans les provinces de Léon et d*Oviédo ; il
s*étend au-delà du terrain jurassique^ sur le Trias et sur les terrains
paléozoïques.
Dans la province d'Oviédo, il se présente dans deux conditions stra-
tîgraphiques distinctes *: il forme des outliers dans les falaises, et un
grand bassin au centre du pays. Sa composition n'est pas la même
dans ces deux régions.
Les divisions inférieures, visibles seulement dans les outliers, sont,
de bas en haut :
i 0 Calcaire de Lianes, à Cerithium (C. Gassendii ?} ;
2» Calcaire de Luanco, avec Nerinea Titan, Caprotina Lonsdalei,
Ostrea macroptera, Janira atava, Terebratella Vemeuiliana, Wal-
dheimia pseudojurensis, Orbitolina disco'idea, 0. conoïdea.
Les divisions supérieures, qui existent seules dans le grand bassin
central d'Oviédo, sont, de bas en haut :
i» Poudingue de Posada, plus développé au nord qu'au sud du bas-
sin ; il représente le conglomérat de Camarade des Pyrénées ;
2° Tuffeau de San Bartolomé, à Orbitolina concava. Cette couche
contient les deux variétés d'Orbitolines de laSarthe; elle appartient
au Cénomanien. qui n'a pas un beau développement dans la province
d'Oviédo; les fos.<iiles de cette région rapportés à plusieurs reprises au
Cénomanien appartiennent à l'Urgonien ou au Turonien;
3® Tuffeau de Castiello, h Periaster Verneuili (Turonien). A la base
se trouvent des marnes sableuses à Ammonites Rochebrunei, A. Deve^
rianus, Ostrea columba, Jnoceramus labiatus, Fena^ter Venieuili,
Terebratula inversa. A la partie supérieure il y a des calcaires com-
pactes, alternant avec des bancs sableux jaunes, et contenant : Ostrea
columba, Ilippurites comuvaccinum, II. organisans.
4° Marne rose de Noréna, C'est une marne blanche, avec taches roses,
épaisse de plus de 40 mètres, où M. Barrois n*a pu trouver de fossiles.
Elle est en stralilication concordante avec le Turonien, et on peut y
voir le représentant du Sénonien.
Au-dessus des assises crétacées se montrent à Oviédo des marnes
gypseuses éocènes, avec Planorbes et Limnées,
En résumé, le Crétacé du bassin d'Oviédo est composé de deux se-
1878. IIERMITË. — SILURIEN DES ENV. D*ANGERS. SSl
ries de couches eu stratification transgrcssive entre elles : la première
série comprend i'Urgonien et est épaisse de 40 mètres; la seconde
comprend leCénomanien et les divisions supérieures, et a 120 mètres
d'épaisseur; elle atteint une extension superliciellô bien plus considé-
rable que la précédente.
A la suite de cette communication, M. OoÊÊeau présente quelques
observations sur les Éctiinlclea recueillis en ISspcàgne par
M, Barrois. Parmi les espèces assez nombreuses rencontrées à Prieto,
il a reconnu, à un premier et rapide examen, les Cidaris malum,
Pseudodiadona dubium, Discoidea ci/lindrica, Heteraster ohlongus,
c*tc. ; ces espèces caractérisent au Rimet , dans le département do
risère, l'étage uryonien (aptien, Albin Gras), et ne peuvent laisser
aucun doute sur la place que doivent occuper les couches observées
par M. Barrois à Prieto. M. Cotteau signale également de nombreux
exemplaires du Pseudodiadema Malbosi, tout à fait identiques avec
ceux qui se trouvent à la Clape (Aude).
M. Liory fait observer que si on envisage Tétago aption comme le fai-
sait d'Orbigny, il n'est pas possible d'y rapporter la faune échinologique du
Rimet. L'horizon du Rimct se présente dans l'épaisseur môme de Tétage
urgonien ; sa faune est donc essentiolloroont urgonienno. A Sainte-Suzanne,
près d'Orthez, dans les Basses-Pyrénées, on trouve des marnes aptiennes et
des calcaires à Orbitolines qui sont complètement indépendants de ces
marnes et qui appartiennent à Tétago urgonien. L'étage aptien, tel que le
comprenait d'Orbigny, n'existe ni dans le département de Tlsère, ni en Suisse.
M. Loyinerle dit qu'il n*y a pas dans les Pyrénées do Néocomien
proprement dit; les calcaires à Caprotina Lofisdalei du massif de la Clape
sont intercalés entre des marnes qui, au-dessus et au-dessous, contiennent des
fossiles aptiens.
M. Hébert présente les deux notes suivantes :
Étude préliminaire du terrain silurien des environs c2'A.ngers,
par M. Henri Hermlte*
Le terrain silurien de l'Anjou se compose principalement d'une
série puissante de schistes renfermant quelques bandes de grès d'une
faible épaisseur.
Les exploitations bien connues des schistes ardoisiers des environs
53i IIERXITE. — SILL'IUKN DES ENV. D ANGERS. 29 aviii
(l'Angers ont permis d'y recueillir les principaux fossiles de la Faune
seconde. Ces schistes, peu fossilifères, no sont malheureusement
exploités que dans un très-petit nombre de localités. Aussi esl-il
facile de comprendre les difiScultés que les géologues ont éprouvées
pour établir des successions et pour donner des coupes suffi.samment
exactes dans un pays peu accidenté, bien cultivé, «t où de nombreux
plis ramènent à la surface des couches différentes, mais d'apparence
minéralogique souvent très-voisine» et ne renfermant des fossiles que
dans quelques assises relativement peu épaisses, intercalées au milieu
des schistes ardoisiers proprement dits.
M. Cacarrié, dans sa Description géologique du départeme>it de
Maine-et-Loire (1845), a donné quelques coupes du terrain qui nous
occupe ; mais, après avoir reconnu l'existence de schistes et de grès
quartzeux, qu'il plaça à la partie inférieure du terrain silurien, il
renonça à indiquer leur succession sur le tracé graphique, et se bortia
à figurer le terrain silurien par des hachures verticales, sans tenir
compte des plissements qui font réapparaître les couches de même
âge.
M. le docteur Farge a publié en 1871 une note sur les progrès de
la Géologie et de la Paléontologie dans le département de Maine-et-
Loire. Cet excellent observateur augmentait considérablement par ce
travail nos connaissances géologiques sur le terrain silurien de
l'Anjou. Il y signalait la présence des grès à Bilobites à Combré et à
Segré, et donnait la succession suivante :
l*" Grès à Bilobites ,
2® Minerais de fer,
3<* Schistes à Calymene Trislani.
De plus, M. Farge a découvert dans les phtanites exploités sur un
grand nombre de points pour l'empierrement des routes, de nom-
breux échantillons de Graptolithes. La paléontologie et la stratigra-
phie sont d'accord pour placer ces couches au-dessus des ardoises à
Calymene Tristani,
Ainsi que l'a fait remarquer M. Farge, les couches à Graptolithes
forment un repère précieux. On constate en effet qu'elles se trouvent
sur plusieurs lignes parallèles dirigées N.O.-S.E. ; la répétition de
ces lignes indique donc autant de plis au milieu de ces puissantes
assises schisteuses.
Mon but, dans cette note, est de compléter les observations de mes
prédécesseurs et de signaler un certain nombre de faits restés inaper-
çus. J'indiquerai d'abord la succession des assises siluriennes, telle
qu'on peut l'observer dans les environs immédiats d'Angers.
1878. HERMITE. — SILURIEN DES ENV. DANGERS. 533
Au nord des fours à chaux d*Angers, qui exploitent les calcaires
du Dévonien inférieur, on voit une belle coupe faite récemment par
le chemin de fer d'Angers à Segré. Celte coupe, désignée sous le nom
de tranchée des Granges, présente la succession suivante.
1** Schistes inférieurs^, — A l'extrémité de la tranchée on observe,
au contact de grès dont je parlerai tout à l'heure, sur une épaisseur
de 20 mètres, des schistes grossiers, verdâtres, présentant parfois, au
voisinage des grès, des teintes rouges assez vives. On les retrouve
à 400'" environ, dans une carrière où l'on exploite les grès qui leur sont
supérieurs et qui reparaissent par suite d'un plissement.
Ces schistes constituent la base du terrain silurien des environs
d'Angers; je n*ai pu voir jusqu'à présent aucune assista (|ui leur soit
inférieure. Malgré des recherches attentives, je n'y ai rencontré au-
cune trace de corps organisés.
La lacune qui existe dans cette coupe ne me permet pas d'établir
l'épaisseur de ce dépôt d'une manière suffisamment précise; je lui
donne une puissance de 200 mètres, mais je considère ce chiffre comme
un minimum.
2** Grès à Bilohites, — Au-dessus des schistes on voit une alter-
nance de grès et de schistes luisants, lustrés, plus ou moins ferrugi-
neux, présentant des leintes parfois assez vives. Les Bilobitcs y sont
rares; c'est un fait général aux environs d'Angers. Ces couches ont
une douzaine de mètres d'épaisseur.
3** Minerai de fer. — Au-dessus des grès à Bilobites, mais sans
qu'on puisse établir une ligne de démarcation bien tranchée, on
observe une série assez puissante, où dominent des schistes souvent
ferrugineux, qui présentent môme des lits de minerai de fer. On
remarque dans ces couches quehjues bancs de grès, souvent difficiles
à différencier des grès à Bilobites. Comme on le voit, la distinction
entre les couches 2 et 3 n'est pas facile à établir. On peut dire, d'une
façon générale, que les grès dominent à la partie inférieure et les
schistes ferrugineux à la partie supérieure.
Les Bilobites sont extrêmement tares dans le minerai de fer; je n'en
ai rencontré qu'un seul exemplaire, à Reculée. Je n'ai pas constaté la
présence d'autres fossiles dans cette assise.
Certains bancs sont assez ferrugineux pour avoir donné lieu autre-
fois à une ex[)loitation, ainsi que l'ont montré les travaux du chemin
de fer, qui ont mis à nu une ancienne galerie où l'on a trouvé quelques
outils.
Cette assise a près de 40 mètres d'épaisseur.
4^* Schistes noirs sans fossiles, — Au-dessus des couches ferrugi-
neuses on voit (les schistes noirs, se divisant en lames assez régu-
531 HRRMITE. — SILURIEN DES ENV. d'aNGERS. S9 avril
lières ; je n'y ai point rencontré de fossiles. Ils ont une puissance
de 60 mètres.
6» Grès supérieurs, — On observe ensuite une assise d*environ 15 mè-
tres d'épaisseur, fortnée par des grès sans fossiles, à pâte homogène,
parfois un peu lustrés et rappelant le faciès des grès à Bilobites ; mais
ils sont plus tendres, et l'absence, dans leur voisinage, de couches
ferrugineuses permet de les distinguer de ceux-ci.
6<> Schistes à Calymene Ttnstani, — Les grès supérieurs sont sur-
montés par des schistes noirs, fissiles, que l'on voit sur une épaisseur de
45 mètres environ; mais la voie ferrée cessant d'entamer le coteau, on
est obligé de chercher quelques rares affleurements sur le flanc de la
colline. On constate ainsi la présence des schistes 50 mètres plus loin.
Ici nous trouvons un horizon intéressant, que j'ai suivi sur une assez
grande distance dans la direction du nord-ouest, ainsi que je le mon-
trerai plus loin.
Sur le sol l'on voit en assez grande abondance des nodules argilo-
siliceux, renfermant presque toujours un ou plusieurs fossiles, dont je
donnerai plus loin une liste détaillée. Il me suffira pour le moment
de signaler les Calymene Tristani, C. Aragoi, Dahnanites socialis, qui
fixent d'une façon positive la place de ces couches dans la série silu-
rienne. L'étude de ces schistes à nodules et leur direction m'ont mon-
tré qu'ils constituent le prolongement des couches célèbres de La
Hunaudière, localité située à environ vingt lieues d'Angers.
Je n*ai pu malheureusement établir les relations des ardoises avec
les couches à nodules, n'ayant pas été assez heureux pour observer
celles-ci dans le voisinage des ardoisières ; mais il est évident que par
leur faune ces assises sont très-voisines. N'ayant pas fait d'observa-
tions personnelles sur ce point, j'adopterai, jusqu'à preuve du
contraire, l'opinion de MM. deTromelin et Lebesconte (1), quf placent
les schistes ù nodules au-dessus des ardoises d'Angers.
Telle est la série des couches que l'on voit dans la tranchée des
Granges. En continuant à se diriger vers les fours à chaux, on ne
rencontre malheureusement, avant d'arriver au calcaire dévonien,
que des coupes insuffisantes; aussi sur ce point la succession est-elle
difficile k établir. Je ferai néanmoins remarquer qu'au-dessus des
schistes à nodules, ainsi que j'ai pu le constater dans d'autres locali-
tés, on observe une assez grande épaisseur de schistes non fossili-
fères ; puis on arrive aux phtanites, qui sont séparés des calcaires
dévoniens par une série assez puissante de schistes esquilleux, rudes
au toucher et sans fossiles.
(1) BhIL Soe. ijêol,, y sér., t. IV. p. 594.
1878. HERMITE. — SILURIEN OES ENV. D*ANGBRS. 535
Il est regrettable qu'on ne puisse observer les allures des couches
entre la tranchée des Granges et les fours à chaux ; car cette lacune
nous empêche d'évaluer exactement l'épaisseur des assises siluriennes
des environs d*Angers. Je pense cependant que les dépôts compris
entre les grès à Bilobites et les calcaires du Dévonien inférieur ont
environ 600 mètres de puissance. Je crois ce chiffre assez rapproché
de la réalité, et on peut l'adopter jusqu'à ce que des coupes nouvelles
aient donné le moyen de le rectifier.
J'ai suivi les différentes assises étudiées à la tranchée des Granges
dans la région comprise entre la Mayenne et la Loire. J'ai constaté
entre Juigné-Bené et Bouchemaine l'existence de trois lignes anticli-
nales bien déterminées ; il existe en outre un assez graiiJ nombre de
plis secondaires, dont on ne peut que difficilement donner le tracé, à
cause de leur peu d'importance et du petit nombre des affleurements
que Ton rencontre.
L'ensemble du bassin a été plissé dans la direction N.O.-S.E., et
cette direction est suffisamment régulière pour faciliter notablement
les recherches que l'on exécute pour suivre les couches.
En partant de Juigné-Bené (tig. i) et se dirigeant vers le sud, on ren-
contre un premier pli convexe,qui forme le plateau deMontreuil-Belfroy.
Le bord méridional de ce pli, en marchant vers la tranchéedes Granges,
est formé par les pentes des coteaux qui descendent vers la Mayenne.
Une deuxième ligne anticlinale occupe, auprès du château de La
Place, la vallée du Brionneau.
Enfin nous trouvons un troisième pli convexe, assez compliqué, au
nord d'une faille, aux environs de Grézillé. Les localités suivantes
jalonnent ce pli : Grézillé, La Bcaumette, Les Ponts-de-Cé, Juigné-
sur-Loire, Saint-Jean-des-Mauvrets. La faille est alignée suivant Pru-
nier, Sainte-Gemme, La Fontenelle, Les Plessis, Beaumont.
En résumé, le terrain compris entre la Mayenne et le confluent de
la Loire et de la Maine est formé par deux bassins séparés par le pli
convexe du Brionneau ; les extrémités nord et sud de cette région
s'infléchissent dans deux directions opposées, à cause des deux lignes
anticlinales nord et sud dont j*ai parlé plus haut.
Je ne dirai que quelques mots des plissements du terrain compris
entre la Loire et le Layon. Les grès à Bilobites ne se voient plus au
sud de la ligne Prunier-Beaumont ; on aperçoit surtout des schistes
affectant fréquemment une teinte lie devin fortement prononcée, et
renfermant quelques bandes de schistes gréseux de faible épaisseur. Les
schistes rouges et verts indiqués par M. Triger à La Pointe (1) appar-
(1) V. lc> profils ;».r)i.).:3'if(ue.< de la ligne (k* Paris a Brest, roseau (i'Orloans.
53G
HBRIIITB. — SILURIEN DES ElfV. DAN«R8.
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1878. HCRMITE. — SILURIEN DES ENV. d' ANGERS. 537
tiennent à ce niveau, et non pas au terrain dévonien, comme l'avait
cru ce géologue. On observe dans cette région une série de carrières
dephtanites qui déterminent une ligne syncUnale passant par Mozéet
Denée et se prolongeant par Ëpiré jusqu'à Saint-Martin-du-Fouilloux.
Avant d'arriver au calcaire dévonien de Pont-Barré, dans la vallée
du Layon, on retrouve les phtanites sur une ligne allant de Mont-
Benault à Pierre-Bise. L'amplitude des plis de cette région est donc
peu considérable, puisqu'ils ne ramènent pas à la surface les grès à
Bilobites et que leur partie la plus élevée n'arrive pas jusqu'au cal-
caire dévonien.
Je vais maintenant indiquer les principales localités oii l'on peut
étudier les différentes assises siluriennes que je viens de passer en
revue.
l^ Les schistes intérieurs se voient, ainsi que je l'ai déjà dit, à la
tranchée des Granges ; on les retrouve sur le prolongement d'une
ligne dirigée N.O.-S.E., aux environs de Montreuil-Belfroy, où on
peut relever quelques coupes. Ils se présentent fréquemment sous un
aspect un peu lustré.
Ils reparaissent dans la vallée du Brionneau, mais ici les coupes
sont insuffisantes.
La ligne anticlinale sud présente entre Les Musses et La Beaumette
une belle coupe de ces schistes. Ils sont généralement résistants et
durs ; leur couleur est sombre ; ils forment le long de la rivière un
escarpement d'un kilomètre do longueur.
2® Les grès à Bilobites constituent une partie de l'escarpement de
Montreuil-Belfroy ; ils coupent la route de ce bourg à Juigné-Bené.
Sur le bord méridional de la même ligne anticlinale, on peut les
suivre à une grande distance : le chemin de fer d'Angers à Segré
les coupe à Reculée ; on les voit également près de Tartifune et du
château de La Perrière, oii ils sont exploités. On les retrouve à la
station de Montreuil-Belfroy, et de là on peut les suivre par Le Ples-
sis-Macé et la forêt de Longuenée jusqu'à Vern (i). Cette dernière
localité est bien plus fossilifère que les environs d'Angers, où les
Bilobites sont assez rares, puisqu'ils paraissent avoir échappé jusqu'à
présent aux observateurs. Cependant H. Farge en a signalé un en
1871, recueilli non en place auprès des ardoisières. Près de Yern j'ai
rencontré ces fossiles en assez grande abondance sur le coteau qui va
de la ferme de La Thébaudaie à La Bonnetière, en passant par La
Morlaye.
(1) Je crois avec M. Farge que les quartzites exploités à L'Espérance appartien-
nent à l'horizon des grès à Bilobites.
538 HBHMITE. — SiLURIBN DBS ENV. DANGERS. Ï9 avril
Tout le long du boni méridional de la ligne anticlinale nord, ou
peut constater que le plongeaient des grès à Bilobites et des autves
assises siluriennes a lieu en sens inverse de la pente générale de la
cuvette. Ainsi, à la tranchée des Granges le plongement des couches
est de 70* vers le N. E. ; près du château de La Perrière il est de 45"*.
Sur la route de Yern à Cuillou, près de La Gomietière, le plongement
a également lieu dans le sens que je viens d'indiquer.
J*ai tenu à signaler ce fait pour prémunir les observateurs contre
une cause d'erreur. Il arrive en effet que le plongement des couches
en sens inverse de la pente générale du bassin est tel quil y a renver-
sement complet. On peut faire cette observation dans la tranchée du
chemin de fer de Segré à Angers, à cent pas du point où il coupe la
route d'Avrillé à La Membrolle : on y remarque que les grès su*
périeurs de la tranchée des Granges recouvrent, suivant des pentes
peu inclinées, des schistes où j*ai recueilli des nodules et des fossiles
caractéristiques deThorizon de La Hunaudière.
Les grès à Bilobites, accompagnés des couches ferrugineuses, se
voient sur les flancs de la vallée du Brionneau. On les retrouve ù La
Papillaye, à Grézillé, à La Beaumette, à Prunier, à La Fontcnelle, a
Beaumont; mais les minerais de fer ont disparu. On peut étudier
facilement les grès dans ces localités^ mais j'avoue n'avoir pas élé
assez heureux pour y rencontrer des Bilobites. Ce sont seulement des
considérations stratigraphiques qui m'ont guidé pour les placer à ce
niveau.
3^ Les minerais de fer forment un horizon très- variable. Ils sont
bien développés à Reculée et à Tartifune près d'Angers. On voit éga-
lement sur le sol des fragments de minerai près de MontreuilBelfroy.
La présence de ces couches dans la forêt de Longuenée est indiquée
par les scories de forge qu'on y rencontre sur un certain nombre de
points. Ces couches paraissent très-peu développées à Vern.
Sur le flanc nord de la vallée du Brionneau, les minerais de fer repa-
raissent; on en trouve fréquemment des morceaux épars ; leur position
par rapport aux grès que j'assimile aux grès à Bilobites, est bien celle
que nous avons constatée à la tranchée des Granges.
M. Millet, dans sa Paléontologie de Maine-et-Loire (1854), cite les
rainerais de fer au Jardin des Plantes d'Angers et au Champ-de-Mars(l).
Ces deux gisements sont sur le prolongement du système des grès à
fiilobites et minerai de fer qui occupent les deux flancs de la vallée
du Brionneau aux environs du château de La Place.
En général, les couches de minerai de fer sont surtout développées
(1) Op. cit., p. 29.
1878. HERIfITE. — SILURIEN DBS ENV. D* ANGERS. 539
sur le bord septentrional du bassin. Je crois que les émissions ferru-
gineuses, qui ont eu lieu avec une intensité variable suivant la direc*
tion N.O.-S.E., ont diminué rapidement d'importance vers le sud ;
aussi les couches ferrugineuses manquent-elles aux environs de La
Papillaye, de Grézillé, de Prunier, et sur le prolongement des lignes
passant parées points. Néanmoins les grès que j*assimile aux grès à
Bilobites sont assez fréquemment ferrugineux et ont sur certains
points le faciès des grès inférieurs de la tranchée des Granges.
4^ et 5° On peut étudier les schistes noirs sans fossiles et les grès
supérieurs à Reculée, oii il existe une ancienne exploitation. On
constate aussi leur pi'ésence à Tartifune et au passage à niveau du
chemin de fer sur la route d'Avrillé à La Hembrolle ; mais à partir de
ce point, en se dirigeant vers Yern, on ne retrouve point d'aflDleurement
qui permette de rapporter sûrement à cet horizon soit les schistes, soit
les fragments de grès épars sur le sol.
A Yern je n*ai pu constater la présence des grès supérieurs ; aussi je
crois que cet horizon y est peu important.
Près de Juigné-Bené on retrouve, de Tautre coté de la ligne anti-
clinale nord, des grès schisteux très-tendres, blanchâtres, que leur
situation me fait rapporter à cet horizon; mais c'est en vain que j'ai
cherché à constater leur présence le long des plis situés au sud de la
ligne anticlinale nord.
6** Les schistes anloisiers fossilitères à Calymene Tristani ne se
voient que dans un nombre très-restreint de localités : aux environs
deTrélazé, à l'ancienne ardoisière d'Avrillé, à La Pouèze.
En revanche, les schistes à nodules qui sont la continuation de
l'horizon de La Ilunaudière peuvent être étudiés sur un très-grand
nombre de points. Je n'ai toutefois constaté leur présence que sur le
bord méridional de la ligne anticlinale nord. On les observe à Angers
près de la tranchée des Granges, et à Reculée à quelques centaines
de mètres du chemin de fer. De Reculée au bois de La Perrière, ils
sont recouverts par le Diluvium; mais on les retrouve au bois de
\a Perrière, à l'entrée d'Avrillé, au passage à niveau du chemin de
Ter de la roule d'Avrillé à La MembroUe. De ce point on peut les
suivre presque constamment jusqu'au-delà de Yern, dans une direc-
tion jalonnée par les fermes suivantes : Le Buisson, Les Ruaulx, La
Ségerie,La Babinière, La Maison-Neuve , L'Ermitage, Grande-Haie,
Les Blanches, L'Ébaupin, La Chollaie, Rotlier. Cette dernière ferme est
située à environ 4 kilomètres à l'ouest de Yern. Les schistes à nodules
se montrent donc presque sans discontinuité sur une longueur de
30 kilomètres. Le temps m'a manqué pour les suivre plus à l'ouest.
Les schistes à nodules de La Hunaudière se prolongent vers l'est au-
540 HERMITS. — SILURIEN DES ENV. d'aNGERS. 29 avril
delà de Gbâteaubriant ; j'ai constaté leur présence près du moulin
situé à l'est de la ferme du Pont-Mabias, sur la roule de Cbâteau-
briant à Saint-Julien-de-Youvantes. Une distance de 32 kilomètres
seulement sépare cet afSeurenient du point extrême que j'ai observé à
l'ouest de Yern ; aussi je crois que des recherches attentives comble-
ront la lacune qui existe encore entre les schistes à nodules d'Angers
et ceux de La Hunaudière.
On observe en général deux sortes de norlules, facilement recon-
naissables au premier coup d'œil. Les uns ont une teinte jaunâtre
terreuse, sont assez tendres et très-fossilifères. Les autres sont
noirs, très-durs, et ne renferment que rarement des fossiles ; on les
enlève des champs, ainsi que les grès qui se trouvent fréquemment
dans leur voisinage, et on les utilise pour l'empierrement des chemins
vicinaux, surtout aux environs de La Meignanne et du Plessis-Macé.
Parfois les nodules fossilifères sont pétris uniquement d'Orehis, de
Dalmayiites, de Placoparia ou de Bivalves. Je pense que ces divers
fossiles sont cantonnés à des niveaux différents , mais l'absence
d'affleurements m'empêche d'indiquer ces successions, qui ne doivent
avoir, du reste, qu'une importance secondaire.
Au-dessus des couches à nodules on trouve, avant d'arriver aux
phtanites à Graptolithes, une bande épaisse de schistes; une seconde
bande schisteuse sépare les phtanites des calcaires dévoniens.
Les phtanites se montrent sur différents points: aux environs de
Saint-Barthélémy, aux Pommerayes près d'Avrillé, où ils sont exploi-
tés, à La Meignanne, sur le bord de la route d'Angers, à 200 mètres du
bourg. Aucune de ces localités n'est fossllitère. Les exploitations de
Cuillon, près de Yern, qui sont sur le prolongement de la ligne que
je viens de jalonner, ont fourni à M. Farge une certaine quantité de
Graptolithes.
Les schistes voisins des phtanites ne m*ont pas paru fossilifères.
En résumé, j'ai montré dans cette note :
1^ Qu'à la base du terrain silurien de T Anjou il existe une bande de
schistes inférieurs aux grès à Bilobites ;
2® Que les grès à Bilobites, quoique peu fossilitères, sont largement
représentés aux environs d'Angers ;
3o Qu'il ne faut pas confondre les gros à Bilobites avec les grès
supérieurs, qui constituent d'ailleurs un horizon beaucoup moins
important ;
4® Que la faune des sc^fs^e^ à nodules de La Hunaudière est bien
développée dans le département de Maine-et-Loire.
Yoici la liste des espèces que j'ai recueillies dans les diverses
couches siluriennes des environs d'Angers :
1878 HEniflTK. — SILURIEN DES ENV. D'ANGERS. 541
1** Faune des grès à Bilobites.
Crusiatia Prevosti, Rouauli. Vern.
— voisine du C. affinis, Rouault. Angers, Vern.
2o Faune des schistes à nodules,
Ceratiocaris sp.
Calymene Tristani, Brongniart.
— Aragoi, Rouault.
Dalmanitcs 50cia/i>., Barrande, var. proœva.
— macrophthalma, Brongniart.
Lichat Ueberti, Rouault.
Àsaphus iwbilis, Barrande.
Illtmus giganteus, Burmeister.
Placoparia Tourneminei, Rouault.
Cheirurus Guillieri, de Tromelin.
Œufs d'origine indéterminée.
Primitia sp.
LituUes intermedins, de Verneuil et Barrande.
Endoceras Dalimieri, Barrande.
Bellerophon hilohatus, Sowerby.
— acutu^, Sowerby.
Trochus ?
Conularia n. sp.
Hyolites striatnlu^, Barrande.
— distincUi^, Barrande.
— n. sp.
— ? n. sp.
Lyr odesma Sacheri, Muniev-ilhdilmsLS (L. Wfî/m, de Tromelin).
— Gallica, Munier- Chalmas fL, Dufeti, de Tromelin) .
— sp.
Cardiolaria sp.
Ctenodonta sp.
Redonia Dcshayesiann, Rouault.
Tellinomya ?
Spirifer sp.
Lingula Morieret?, de Tromelin.
Orthis Berthoiu ?, Rouault.
— Riheiroi. Sharpe.
Tenlaculites À nglicus ?, Sha rpe .
Remarques sur la faune des schistes à nodules.
1« Les échantillons de Calymene Aragoi Qi de C. Tristani des envi-
rons d'Angers ont souvent conservé leur lest. Cette particularité m'a
permis de constater certaines différences dans rornementation des
deux espèces. Dans le C. Tristani, la tête, le thorax et le pygidiura
sont couverts de nombreuses granulations arrondies, légèrement irré-
542 HBBVITE. — SILURIEN DES BNV. DANGKaS. !29 avril
gulièi*es et assez fortes, tandis que dans le C Aragoi ces granulations
sont bien plus Unes sur la tête et sur les premiers anneaux du thorax.
M. Barrande n'avait pu constater de granulations, sur les échantil-
lons de C. Aragoi de Bohême, que sur le pygidium et sur les plèvres ;
cela tenait, comme semble Tindiquer le savant auteur du Système
silurien du Centre de la Bohême, à Têtat imparfait de conservation
de ces échantillons.
So Les individus que je rapporte au Dalmanites socialis, Barr.,
variété proœva, ont les yeux bien plus forts que les spécimens de
Bohême avec lesquels j'ai pu les comparer. Cette observation avait
déjà été faite par MM. de Tromelin et Lebesconte. L'appendice caudal
me parait plus allongé et plus grêle que dans l'espèce de Bohême. Il y
a encore d'autres diftérences, sur lesc|uelles je reviendrai plus tant, et
qui me font penser que les individus de France doivent être séparés
spécifiquement de l'espèce de Bohême.
3** Mes échantillons de Dalmanites macrophthahnus présentent
bien les caractères figurés par M. de Yerneuil. Je ferai remarquer en
outre, que toute la surface du test, tête, thorax et pygidium, est cou-
verte de granulations fines, serrées et bien accusées; les granulations
sont atténuées sur les segments de l'axe.
4^ Je possède des fragments d'IUœnus giga>iteus montrant que les
plèvres et les articulations de l'axe portent des stries ou de petits
sillons irréguliers, parallèles ou obliques, formés par des séries de
ponctuations peu accusées, fines et très-rapprochées.
6o Quelques nodules renferment une grande quantité de corps
ayant la forme de petits ellipsoïdes et ressemblant à ceux que
M. Barrande a figurés dans son ouvrage (t. I, suppl., pi. XVIil,
fig. 31-33) et indiqués comme étant des œufs d'origine indéter-
minée; mes échantillons sont plus allongés que ceux do Bohême.
M. Hall (i) rapporte les mêmes corps à des tiges de plantes.
6° La mauvaise conservation des spécimens de Primitia que je pos-
sède ne me permet pas de les rapporter avec certitude au P, simplex,
Jones, signalé par MM. de Tromelin et Lebesconte comme largement
répandu dans l'Ouest de la France.
70 Je rapporte à YEndoceras Dalimieri, comme le font MM. de
Tromelin et Lebesconte, les individus qui ont un grand siphon mar-
ginal. La dernière loge a 8 centimètres, mais elle devait être plus
grande. J'ai constaté que sur un individu dont le diamètre est de
O'"0â5, les cloisons sont séparées par un intervalle de 0'°005. Le siphon
occupe à peu près les 2/5 de la cloison, comme l'indiquent MM. de
<1) Natural ïïisL New'-York, Palœontology . t. II, pi. IX, Gg, 4.
1878. HBRMITE. — SILURIEN DES ENV. u'aNGERS. 543
Tromelin et Lebesconte. L'angle mesuré sur un de mes échantillons
est de 4"^ ; ce qui indique une forme très-allongée. Je possède un
exemplaire qui porte de petites côtes transverses équidistantes et assez
rapprochées, croisées par des côtes longitudinales plus espacées,
comme dans VOrthoceras arenosum, Barr. L'assimilation de cette
espèce à celle de M. Barrande reste indécise parce que celle-ci n'a été
ni décrite ni figurée.
8^ Je rapporte au Bellerophon bilobatus, Sow., une espèce très-
abondante, ayant les caractères figurés par Murchison (1). Quelques-
uns de mes échantillons présentent le test : la région dorsale n'offre
pas de bande longitudinale, et toute la surface est couverte d'un
réseau très-élégant de stries longitudinales fines et très-serrées, croi«
sées par des stries transversales également fines et serrées.
9^ L'espèce de Conularia que je signale dans la faune des schiste»
à nodules rappelle par ses ornements le C nobilis, Barr.
IQo Un des Hyolites que j'ai recueillis constitue une espèce
distincte, intermédiaire comme taille entre YH. maximus, Barr., et
VH, rohustus, Barr.
lio Je signalerai aussi la présence d'un fossile que je ne range
qu'avec doute dans le genre Hyolites, Il s'éloigne des véritables
Hyolites par la présence d'un sillon longitudinal médian sur la
grande face.
12^ J'ai recueilli deux exemplaires de Lyrodesma Sacheri, Mun.-Gh.,
avec le test ; on ne peut voir la charnière, mais la forme générale cor-
i*espond bien à celle de l'espèce décrite par M. Munier-Chalmas et qui
provient des grès de La Bouexière. Comme cette dernière, mes échan-
tillons sont lisses et ne présentent que quelques rares stries d'accrois-
sement.
3° Faune des phtanites à Chraptolithes.
J'ai recueilli peu deGraptolithes ; aussi me contenterai-je de repro-
duire la liste donnée par M. Farge :
Graptolithus Becki, Barrande.
— Sedgwicki ?,Vori\ock.
Diplograpsus folium, Hisinger.
Diplograpsus pristis, HisÎDger.
Rastrites peregrinus, Barrande.
Je rappellerai que M. de Tromelin a signalé dans ces couches
l'existence du Graptolithus colonus, et j'ajouterai à cette liste un
Graptolithe voisin du G. ^MrncwZa^i^*, que j'ai recueilli à Saint-Mar-
lin-du-Fouilloux.
(1) Siluria, pi. VII, fig. 9.
Wk HERMITE. — SILURIEN SUP. DE LA 1IE1GNANN3* 39 avri.
Sur la présence du Silurien supérleor à E«a Meic^anne,
près d'Aïïkf;erm (Maine-et-Loire),
par M. Henri Hermlte.
Le Silurien supérieur n'existe dans TOuest de la France que sur un
petit nombre de points isolés. Les localités de Saint-Sauveur-le-
Yicomte et de Feuguerolles sont très-connues des géologues. Depuis
quelques années, des recherches attentives ont fait découvrir les
couches à Cardioîa interrupta dans les départements de la Sarthe, de
la Loire-Inférieure et de la Mayenne; je citerai surtout les gisements de
Chemiré, Yillepot, Dcrval, Lusanger.
Le Silurien supérieur existe également dans le département de
Maine-et-Loire, oii j*ai récemment constaté sa présence près du bourg
de LaMeignanne, à li kilomètres au nord-ouest d'Angers. On extrait
dans cette localité un calcaire blanc-grisâtre, parfois de couleur fon-
cée, assez semblable à celui que l'on exploite aux fours à chaux
d'Angers et que Ton considère comme appartenant au Dévonien,
d'après les fossiles qui y ont été recueillis par MM. Bayan et Guéran-
ger. Je crois que les calcaires de La Meignaune font partie de la ligne
synclinale jalonnée par les points suivants : Angei*s, La Meignanne,
Vern, Saint-Julien-de-Vouvantes et Erbray. J'ajouterai qu'à Vern on
trouve une faune riche et nombreuse, appartenant au Dévonien infé-
rieur, et qu'à Erbray des calcaires d'une apparence minéralogique ana-
logue renferment des fossiles du Silurien supérieur et du Dévonien
inférieur. On sait que dans cette dernière localité la séparation des
deux étages n'a pas encore été établie.
Au sud de La Meignanne, à 200 pas du bourg, on observe dans la
tranchée du chemin qui conduit à Angers, des phtanites intercalés
dans des schistes. Sur ce point les phtanites ne sont pas fossilifères ;
mais cet horizon est tellement bien caractérisé dans le département
de Maine-et-Loire, que je n'hésite pas à le rapporter au niveau des
couches à Graptolithes, dont les espèces étudiées par M. Farge et par
M. de Tromelin indiquent la partie supérieure de la Faune seconde
plutôt que le niveau inférieur de la Faune troisième. Cependant la
présence du Graptolithus colonus, cité par M. de Tromelin, paraît
à jpWori favorable à cette dernière opinion ; mais le petit nombre
d'échantillons trouvés jusqu'à présent et leur état de conservation
permettent de n'accorder à cette espèce qu'une faible importance.
A quelques centaines de mètres du point que je viens de signaler,
on voit, dans la partie nord du bourg de La Meignanne, une grande
Ï878. HEaHlTB. — SILDnlE^ SUP. UB la HEICNAKHe. oK
carrière dans laquelle on exploite des calcaires. Le plan incliné par
lequel on y descend donne ta coupe suivante (fig. 1) (1) :
Fig. I.
} a 1
I . Schislt's grisfllrea leiTuui
ï, Schistts noirs 0"50
3, Calcaire bréchoïde 7 »
t. Schistes noirs 2 »
6. Calcaires grisâtres 3 >
a. Schistes noirs 2 »
7. Calcaires grisSlres 30 i 40 »
8. Schisles el calcaires ampélileux
Les calcaires 7 sont exploités pour la fabrication ào la chaux ; ils
sont irès-peu l'ussilKères ; je n'y aï recueilli que quelques tiges de
Crinoîiles imléteriniiiables.
Contre ces calcaires s'appuient des schistes très-noirs, 8, chairs <fe
matières charbonneuses et renlerinaut de grands sphéroïdes apladïi
d'un calcaire noir. Ces sphéroïdes contiennent une grande quantité
d'Orthocères et de petites bivalves, dont les plus caractéristiques se
retrouvent dans les couches du Silurien supérieur de la Bohême et de
l'Ouest de la France.
Je me suis demandé cependant si les calcaires 7 ne seraient pas
supérieurs à cette assise par suite du plissement des couches 2, 3, 4,
tS et 6. Dans celte hypothèse, ces différentes couches devraient être
reployëes vers le milieu de la carrière et formeraient ainsi par leur
redoublement l'assise 8, qui porte des calcaires sur chacun de ses
lianes. Alors la grande masse des calcaires, qui ressemblent beaucoup
à ceux qui sont exploités aux fours à chaux d'Angers et de Vern, se
trouverait au-dessus du Silurien supérieur et pourrait être placée
naturellement dans le Dévonien intérieur, comme ceux de ces der-
nières localités (2).
J'ai donc cherché les fossiles du Silurien supérieur à la basedeces
11) Dana celle coupe "les couches sont légèrement renversées.
9i l'ai vu dans la collection de la Sorhonne des nodules provenant du Yrétot,
idcDtiq jes avec ceui de La Heignanne el renfermant les mdiDes rosslles .
54ft LOAT. — MASSIFS PRIMITIFS DES ALPES. 29 avril
calcaires, dans les couches noires qui les séparent des schistes. Je n*ai
rencontré aucun fossile dans ces assises et n*ai pu y trouver aucun
des sphéroïdes calcaires qui sont si abondamment répandus dans la
couche 8. J'ajouterai qu'au point de vue minéralogique l'assise 8 dif-
fère beaucoup de l'ensemble des couches 2 à 6 : les calcaires do-
minent dans cellesH^i et les schistes ampéliteux dans la première. II
me parait difficile d'admettre une si grande variation minéralogique à
une aussi faible distance. Aussi ces diverses raisons me font-elles pen-
ser que les schistes et les calcaires ampéliteux renfermant la fauoe
du Silurien supérieur sont intercalés au milieu des bancs calcaires.
Il en résulte que la plus grande partie des calcaires exploités à la
carrière de LaMeignanne appartiennent au Silurien supérieur, mal-
gré leur grande ressemblance minéralogique avec les calcaires dévo-
niens d'Angers et de Vern.
Ce fait étonnera moins si l'on se rappelle que les calcaires d'Erbray
et de SaintJulien-de-Youvantes renferment des espèces du Silurien
supérieur et des espèces du Dévonien inférieur.
Liste des espèces recueillies dans les calcaires ampéliteux de La Mei-
gnanne,
Orthocerat ambigena, Barr.
— faseiolatum, Barr.
— aflf. 0. Bohemieum, Barr.
— air. 0. dulce, Barr.
— sp.
Platystomasp.
Cardiola interrupta, Sow.
, — air. C. tenuistriata, Goldf.(l). '
Terebratula aff. T, obovata, Barr.
J'ai recueilli en outre un certain nombre d'autres bivalves non
encore décrites.
En résumé, cette faune est bien caractérisée par son abondance en
Orthocères et en petites bivalves ; elle présente le faciès général des
couches correspondantes do l'Ouest de la France et renferme les prin-
cipales espèces du Silurien supérieur de Feugueroltes, Le Yrétot,
Saint-Sauveur-le- Vicomte, etc.
M. Kiory présente à la Société des proflls géologiques de
§
(l) J'ai vu dans la collection de la Sorbonne des échantillons de la même espèce
provenant dcFeuguerolles.
1878 GOSSELET. — SUBUEflSION DL N. DE LA FRANGE. B47
divers mastfiirs prlmitira des ililpea» tendant à démontrer
ruairormité de constitution et de «tructure de ces
massifs.
Ils sont composés de roches cristallines stratiformes, qui se succè-
dent, comme l'a indiqué Cordier, suivant un ordre constant ; savoir :
io Gneiss, prenant en partie la texture granitoîde, avec deux micas,
Tun noir, Tautre blanc ou un peu verdâtre ;
2^ Micaschistes, contenant souvent des couches de calcaire cipolin ;
3® Groupe des Schistes talqueux, chloriteux ou amphtboliques.
Ces trois groupes, et surtout le dernier, contiennent souvent des
amas concordants de roches spéciales : ainsi la protogine, granitoîde
ou plus ou moins schisteuse, se présente au Pelvoux et au Mont-Blanc
comme subordonnée au groupe supérieur. Mais les roches massives
en filons, dykes ou amas transversaux postérieurs aux terrains encais-
sants, sont assez restreintes pour qu'on puisse en faire abstraction
dans la structure de l'ensemble.
Dans la zone de terrains cristallins qui touche immédiatement à la
plaine italienne, ces terrains sont restés sensiblement horizontaux jus-
qu'après le dépôt des schistes licstrés (Trias) et des calcaires du Brian-
connais (Lias), et ils constituent de grandes chaînes de ploiement,
comparables à celles du Jura.
Dans la zone du Mont-Blanc, au contraire, les schistes cristallins
ont été redressés après le dépôt des grès houillers, mais avant celui
des couches triasiques et liasiques; ils ont été ensuite disloqués par
des failles, qui ont déterminé l'atTaissement des terrains secondaires
dans les dépressions ainsi produites.
Le massif du Pelvoux représente encore, dans son ensemble, une
grande voûte rompue ; mais les autres massifs ne sont que des por-
tions de grands plis crevés analogues, dont on peut reconstituer la
régularité en faisant abstraction des failles qui les ont disloqués. C'est
ainsi que le massif de Belledonne et celui des Grandes-Rousses, dans
rOisans, ne sont que les deux versants opposés d'un même pli ; et que
le Mont-Blanc représente le flanc oriental d'un grand pli dont le flanc
occidental est caché sous les terrains secondaires, et à la partie mé-
diane duquel appartient le Brévent. Les roches du Mont-Blanc plon-
geant au S.E. ont pu, d'autre part, être redi*essées au voisinage de
la grande faille ancienne qui limite ce massif de c^ côté, et la struc-
ture en éventail pourrait n'être ainsi que le résultat d'un repli de l'é-
tage supérieur des schistes cristallins (protogine et talcschistes) sous la
forme d'un V très-aigu.
H. GoBAeiet annonce avoir reconnu que le IVorcI de la
5&8 POMEL. — STROMBBS QUATERNAIRKS. 29 avHI
France a été couvert par les eaux marines vers la fin du
trolslénie siècle de Vère chrétienne. Il v a eu dans toute cette
région un affaissenient du sol à ce moment; la mer $*est ensuite retirée
au neuvième siècle. Les dépôts marins qui se sont formés pendant ces
six siècles ont environ 2<"50 d'épaisseur ; ils recouvrent une couche de
tourbe, qui repose elle-même sur des sables marins souvent très-
épais.
M. P. Fisclier met sous les yeux de la Société des Stromiies
trouvés par M. Pomel en ilLl§^érie, à quatre ou cinq mètres du ri-
vage, dans les conditions de gisement d*un cordon liUorai. Ces
Strombes sont d'une forme intermédiaire entre le S. coronatus du
Pliocène et le S, bicbonius vivant aux Iles du Cap Vert; c*est une forme
actuellement disparue dans la Méditerranée et émigrée dans TAtlau-
tique.
A la suite de cette communication M. Pomel fait les observa-
tions suivantes :
Les Strombes présentés par M. Fischer ont été recueillis par moi, il
y a près de 15 ans^ dans un dépôt quaternaire de rivage du golfe d*Ar-
zeu, entre cette ville et Saint-Leu. Le conglomérat qui les renferme
émerge à peine des sables de la plage et contient, soit au même point,
soit au voisinage, des coquilles de Pectunculus violaceus et des frag-
ments iïAstroUes calycularis. Il ne peut pas y avoir de doute sur
l'âge quaternaire de ce gisement, parce qu'il est dominé par une col-
line de 60 à 80 mètres, constituée par des grès et sables pliocènes déjà
émergés et formant rivage à l'époque du dépôt du conglomérat sous
les eaux de la mer.
Ces plages quaternaires sont fréquentes sur la côte d'Algérie à un
niveau très-peu élevé au-dessus des eaux actuelles ; leur faune est
presque celle de la Méditerranée, et on y rencontre une espèce d'Ëlé-
phant qui paraît voisine de VE. antiquus et qui se retrouve dans les
alluvions quaternaires anciennes de la Mitidja et autres lieux.
Les deux Strombes que j'ai rapportés de la côte orientale de la Tuni-
sie ont été recueillis dans des gisements semblables, qui se poursui-
vent de Monastir à Nabel ; mais l'un d'eux me parait assez différent
des autres pour constituer au moins une variété.
J'avais cru, par suite d'un renseignement erroné, que ce Strombe
avait été retrouvé vivant dans la Méditerranée, et dès lors je n'avais
pas attaché d'importance à cette découverte ; il a fallu toute l'autorité
en ces matières de notre collègue M. Fischer, pour me faire abandon-
ner cette erreur et comprendre qu'il y avait là un fait intéressant à
signaler aux paléontologistes.
i878. PÛMEL. — ELASUOTHERIL'M. K49
Séance du 6 mai 1878.
»
PRÉSIDENCE DE M. ALB. GAUDRY.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membre de la Société :
M. BoRNEMANN (L.-G.)i Tuc de Naples, 5i, à Paris, présenté par
MH. Bassani et P. Fischer.
Le Président annonce ensuite une présentation.
Puis il donne lecture de l'extrait suivant du Testament de
notre regretté confrère, M. Barotte s
« Je donne et lègue...
« 12» A la Société géologique de France, dont le siège est à Paris,
rue des Grands- Augustins, n° 7, la somme de douze mille francs en
capital. Cette somme sera placée par ladite Société en rentes sur
l'État et son revenu sera employé par elle à accorder des secours à
ceux de ses membres qui pourraient se trouver dans un véritable be-
soin. Je désire que ce legs soit un noyau d'une caisse de secours pour
ceux des membres de la Société qui pourraient avoir besoin d'y recou>
rir. Qu'il soit ou non donné, satisfaction à ce désir exprimé, l'emploi
de cette rente sera entièrement à la disposition du Conseil d'adminis-
tration de la Société géologique, qui ne sera pas obligé d'en rendre
compte à la Société. Je laisse audit Conseil la faculté d'employer le
produit de cette rente à secourir des membres, des anciens membres
ou des veuves et orphelins d'anciens membres de la Société. Dans le
cas où certaines années il n'y aurait pas lieu à donner une destination
à cette rente, elle serait alors capitalisée. »
Le Président donne lecture d'une lettre de M. Koinraievsky
annonçant la découverte par M. Brandt d*un crAne complet
(fElasmotlieriuiii.
A la suite de cotto lecture, M. Pomel fait observer que le Muséum
d'Histoire naturelle possède un crâne qui avait été considéré par M. Lauril-
lardetpar lui comme pouvant se rapporter à VElasmotherium,
550 DAUBBéE. — €H%LCI;a DÉVELOPPÉC Dâ^ LSS BOCHES. 6 m»
H. Daubrée fait la communication suivante :
expérience» relatives à la clialeiir «léveloppée dans
les rœlie* par les aelion» méecmitiiiea, particuUè-
remerU dans les argiles. Conséquences pour certains phénomènes
géologiques, notamment pour le
par H.
PI. VII.
L'un des caractères les plus remarquables des roches qui ont subi
les transformations minéralogiques comprises sous le nom de m^tomor-
phisme, c'est que les roches ainsi transformées sont souvent associées
entre elles sur des régions considérables, tandis que d'autres régions,
plus étendues encore, ne présentent pas de modifications semblables.
C'est ainsi que dans les Alpes, les roches de tous les âges, carbonifères,
triasiques, jurassiques, crétacées, éoccnes, ont un faciès lithologique
d'ancienneté, surprenant pour l'observateur qui les voit pour la pre-
mière fois. Les Ardennes, le Taunus, le pays de Galles présentent aussi
des massifs entiers qui ont été transformés. Au contraire, en Russie,
les terrains silurien et dévonien paraissent avoir conservé leurs carac-
tères originaires.
De nombreux exemples ont appris que le métamorphisme régional
s'est développé dans des pays dont les roches ont subi des disloca-
tions, tandis qu'il ne s'est guère produit dans les contrées, telles
qu'une partie de l'Europe occidentale ou des États-Unis, dans lesquelles
les couches ont à peu près conservé leur horizontalité première.
Les transformations dont il s'agit ont, selon toute vraisemblance,
été engendrées sous l'influence d'une élévation de température. Aussi
ce contraste a-t-il été, en général, attribué à cette circonstance que
récorce terrestre aurait reçu des émanations calorifiques plus considé-
rables dans les portions fracturées, où elle devait être plus directe-
ment en rapport avec des exhalaisons chaudes qui sortaient des
masses internes, lors même qu'on ne verrait pas d'intercalation de
roches éruptives. C'est ce qui parait encore avoir lieu aujourd'hui
pour certains pays, par exemple pour la Toscane.
Tout en faisant une part aux émanations calorifiques et chimiques
qui ont pu arriver des profondeurs du globe et jouer un rôle dans le
métamorphisme régional, de même que dans le métamorphisme de
juxtaposition, il est une cause plus immédiate et plus générale, qui
me paraît devoir appeler l'attention : c'est la chaleur engendrée par les
1878. DAUBRÉË. — CHALEUR DÉVELOPPÉE DANS LES ROCHES. 55i
actions mécaniques mêmes, qui ont marqué leurs traces dans ces
massifs par des ploiements et des contournements nombreux des
couches.
En présence de l'énergie des poussiies qui ont produit de toutes
parts, dans l'écorce terrestre, des déplacements relatifs, et dans
diverses roches , des mouvements intérieurs , on est frappé de
l'énorme quantité de travail qui a dû être mise en jeu. On est porté à
penser que tout ce travail n'a pas été transformé en effets purement
mécaniques, et qu'une partie a pu être employée à échauffer les
couches soumises à ses efforts. C'est, en effet, le propre des actions
mécaniques de se partager, dans la plupart des cas, en deux parties.
Tune correspondant à des déformations, l'autre à des variations de
température.
Partant de cette idée générale, M. Robert ' Hallet (1) a récemment
calculé la quantité de travail que produirait l'écrasement de roches, et
il a cherché ainsi à rendre compte de la haute température des
régions profondes qui sont le siège des volcans. Mais aucune mesure
thermométrique n'a été prise pour justifier cette hypothèse sur des
parties du globe qui échappent d'ailleurs à notre investigation.
D'après les principes bien connus de la thermodynamique, il m'a
paru utile de rechercher, par des expériences directes, comment des
actions mécaniques, telles que nous en constatons de si certains et si
nombreux vestiges dans l'écorce terrestre, ont pu engendrer des élé-
vations de température dans les roches.
Ce qui importait surtout, c'était de rechercher les effets calorifiques
produits par des mouvements intérieurs. Cependant j'ai tenté aussi
d'observer ceux qui se produisent dans le frottement mutuel des
roches.
Les expériences dont je vais rendre compte ont été faites au point
de vue du géologue, plutôt qu'à celui du physicien qui mesure compa-
rativement les quantités de travail et les calories correspondantes.
J'en exposerai d'abord les résultats, puis je signalerai les déductions
qu'on en peut tirer pour certains phénomènes géologiques, particu-
lièrement pour le métamorphisme.
I. Expériences.
i° Chaleur produite dans les roches par des mouvements intérieurs.
N'ayant plus à ma disposition les appareils puissants d'emboutis-
(1) Philosophical Tranmctiomt ofthe Royal Society, t. CLXIII, p. 147; 1874.
t)6i DADBRéE. — CHALEUR DÉVELOPPÉE DANS LES BOCHES. 6 mai
sage au moyeu desquels j'avais précédemment fait des études sur la
schistosité (1), j*ai dû avoir recours à d'autres procédés.
On a d'abord essayé d'aplatir des balles d'argile en les lançant, au
moyen d'un canon de fusil, contre une plaque fixe; ces balles étaient
préservées de la chaleur des gaz de la poudre au moyen de bourres
épaisses. Mais, au lieu de s*aplatir, elles se sont toujours réduites en
une poussière très-fine, dont on ne pouvait rien recueillir.
Je me proposais d'établir un appareil cylindrique, à double piston,
dans l'intérieur duquel l'argile aurait reçu un mouvement de va-et-
vient indéfini, lorsque je reconnus que plusieurs appareils employés
dans l'industrie pourraient remplir le même but. J'ai pu en profiter,
grâce à l'obligeance de MM. Boulet frères, constructeurs, et de
M. Lacroix, leur ingénieur, ainsi qu'à celle de MM. Tiphine, fabricants
de briques, à qui je tiens à adresser ici l'expression de mes remercie-
ments.
Les expériences qui suivent ont été faites, sauf une, sur des argiles
fermes, dites dw^es, c'est-à-dire ne contenant que la moindre quantité
d'eau possible pour être travaillées ; à cause de leur cohésion, elles
se trouvaient dans les conditions les plus favorables à un échauffe-
ment.
Écoulement soits la pression de cylindres wiis et de cônes cannelés,'^
De l'argile ferme a été soumise à l'action de deux paires de cylindres
lamineurs, ayant 0"'30 de diamètre, et mus par une machine à vapeur
de 3 chevaux. Apros avoir passé successivement entre les deux paires
de cylindres, dont la vitesse était pour l'une de 28 tours, pour l'autre
de 14 tours par minute, l'argile marquait un échauffement sensible
au ihennomèlre (0^3 à 0^4) (2). Il suffit pour cela d'un temps très-
court, de (|uatre secondes au plus, pendant lequel s'opère le laminage.
Deux cônes cannelés circulairement, à la manière des cylindres
servant à étirer le fer, ont leurs axes disposés parallèlement, de telle
sorte que le plus petit diamètre de l'un soit placé en opposition du
plus grand diamètre de l'autre (PI. VII, fig. 1). Par conséquent, à
vitesse égale des axes, les circontérences opposées ont des vitesses
différentes et t'ont subir un déchirement énergique à l'argile qui passe
entre les cylindres, pendant leur mouvement. Des peignes-racleurs
placés au-dessus des cônes lamineurs en détachent constamment
l'argile, à mesure qu'elle a été laminée et déchirée. Comme ces
racleurs ne sont pas en contact avec les cannelures, il reste toujours,
(1) Mémoires des Savants étrangers, t. XVII ; 1860.
(J; Dos thermomètres enfoncés dans différentes parties de l'argile servaient à en
prendre la t<Mnpéralure.
1878. DAUBRÉE. — CHALEUR DÉVELOPPÉE DANS LES ROCHES. SS3
k la surface de chaque cône, un enduit d'argile, qui a 1"*°^5 d'épais-
seur. Ainsi Targile ne trotte que sur elle-même, ce qui est important,
comme analogie avec le phénomène naturel.
En opérant sur 20 kilogrammes d'argile, on a constaté, au bout de
quatre tours seulement, une augmentation de température de 3^5 à i°;
or, à chaque tour, l'argile est déchirée et pressée pendant moins
d'une seconde; l'augmentation de température ne correspond donc
qu'à un travail d'environ quatre secondes. Si Ton continue à opérer
sur la même argile, une buée qui ne tarde pas à apparaître autour de
l'argile adhérente aux cannelures, y décèle, indépendamment de toute
mesure, un accroissement notable de température.
Mouvement dans des tonneaux malaxeurs, — L'appareil connu
sous le nom de tonneau malaxeur, et qui ressemble grossièrement au
tonneau ou tine à mortier, permet de prolonger le mouvement beau-
coup plus longtemps qu'on ne le peut avec les cylindres ; aussi a-t-il
produit des élévations de température incomparablement plus fortes.
Le tonneau de MM. Boulet, sur lequel j'ai expérimenté d* abord,
est destiné à corroyer des argiles très-fermes. Il consiste en une boîte
cylindrique en fonte, placée verticalement et ouverte à sa partie supé-
rieure, qui a 0™75 de diamètre sur 0™80 de hauteur. Un gros arbre en
fer, également vertical, placé au milieu, reçoit un mouvement de
rotation. Cet arbre est muni, sur une partie de sa hauteur, de deux
systèmes de lames inclinées ou couteaux, qui servent à diviser la
terre, tout en l'obligeant à descendre. Ce même arbre porte à sa partie
inférieure deux roues à palettes en fer, superposées Tune à l'autre,
qui^ après avoir trituré la pâte et l'avoir fortement comprimée contre
les parois, l'expulsent au dehors, par un orifice placé près du fond.
L'argile n'est poussée hors du tonneau qu'après avoir fait plusieurs
tours, dont le nombre dépend de son degré de plasticité. Ce tonneau
malaxeur est mû par une machine à vapeur de 4 chevaux ; il a une
contenance d'environ 1/5 de mètre cube, et peut élaborer 2 mètres
cubes par heure, en faisant environ six tours par minute.
Un tonneau malaxeur d'une disposition un peu différente de celui
dont il vient d'être question, est représenté sous les n®' 2 et 3 de la
planche VIL
Pour préserver les parois métalliques du cylindre d'une usure
rapide, les arêtes extrêmes des palettes en sont séparées par une
distance de trois centimètres : sur toute cette épaisseur, il y a donc
une couche permanente d'argile, contre laquelle frotte l'argile mise
en mouvement. De plus, dans l'expérience dont il va être rendu
compte, le fond du cylindre métallique était lui-même recouvert
d'une couche d'argile deO'"20 d'épaisseur. Par suite de cette double
8S4 DAUBRÉE. — CHALEUR DéVBLOPPÉE DANS LES ROCHES. Binai
disposition, une condition essentielle se trouvait réalisée : comme dans
les cônes cannelés, Targile ne frottait que contre elle-même, et sans
aucune intervention des parois métalliques.
La pâte sur laquelle on a opéré d* abord était du limon de TEscaut,
que Ton emploie pour la fabrication des briques. Le tonneau étant en
mouvement, on prenait, de dix en dix minutes, la température des
mottes qui en sortaient, puis on les rejetait immédiatement dans le
cylindre. La température de^cette aririle, qui était d'abord de 8<>5 (celle
de Tair étant de 13°), s'est constamment et régulièrement accrue pen-
dant deux heures, au bout desquelles elle a atteint 29° ; il y avait
donc une augmentation de 21°. D'après la forme régulière de la courbe
qui représente les résultats de ces mesures (PI. VU, fig. 4), l'accrois-
sement de température aurait contiimé, si l'on n'avait pas été forcé
d'arrêter l'opération (1). L'échauflement de l'argile n'a pas tardé à
s'annoncer parla vapeur que l'on voyait s'en exhaler.
D'autres expériences ont été faites avec des tonneaux malaxeurs qui
fonctionnent à l'usine de MM. Tiphine et qui difit^rent des précédents
par la disposition des palettes ; ils sont mus par une machine à vapeur
de 6 chevaux. De même que dans les aulres expériences, ce n'est pas
contre les parois métalliques du cylindre, mais contre une couche
d'argile de 0"K)3 d'épaisseur, que frotte l'argile mise en mouvement.
La pâte ferme sur laquelle on a opéré ne renfermait, outre son eau
de carrière, qu'environ 30 litres d'eau par mètre cube, soit environ
3 pour 100 de son volume ou 2 pour 100 de son poids. Pour cette
argile, l'arbre du tonneau fait 4, 5 tours par minute, et le tonneau se
vide dans l'espace d'environ sept minutes.
Dans une première expérience, pendant que la rotation s'opérait, la
vanne d'écoulement était fermée et on l'ouvrait de temps à autre pour
faire sortir un échantillon d'argile. La température initiale étant 17°3,
l'argile expulsée de cinq en cinq minutes a marqué les températures
suivantes : 19o, 22°, 25°3, 27°, 28°3.
On a ensuite malaxé la même argile d'une manière continue, pen-
dant vingt-cinq minutes, sans ouvrir la vanne; puis on en a fait suc-
cessivement sortir des morceaux, après 25, 35 et 45 minutes de
rotation. La température, qui était de 18» au commencement de l'opé-
ration, est devenue :
Au bout do 25 minutes 36°3
» 36 » 38°8
» 45 » 40°1
(1) La niachÏDC devait être expédiée sans retard, k l'étranger.
187$. DAUBRÉG. — CHALEUR DÉVELOPPÉE DANS LES ROCHES. tSSti
C'est ce quexprime la courbe dessinée sous le n^ 8 de la
planche VIL
L'expérience a été reprise sur environ 140 kilogrammes d*argiie,
le tonneau restant fermé. La température, qui était de 14^ aa début
de l'opération, s'est élevée, au bout d'une heure, jusqu'à 44®o, soit de
plus de 30.
Les courbes qui expriment les accroissements thermométriqaes
mesurés s'élèvent moins rapidement vers la fin de l'opération, ce qui
s'explique par les causes de refroidissement qui interviennent.
D'un autre côté, on a opéré dans un tonnean semblable, non plus
sur de l'argile ferme, mais sur de l'argile molle : c'était la pâte précé-
demment employée, à laquelle on avait ajouté environ 35 litres d'eau
par mètre cube, c'est-à-dire à peu près autant que pour la première
opération ; la nouvelle pâte était ainsi beaucoup plus plastique.
La température, qui était d'abord de 12^8, était arrivée, après dix
minutes de rotation (1), à 13<'8; après vingt minutes, à 14^2; c'est-à-dire
quen vingt minutes elle ne s'était accrue que d'environ 1^4, tandis
que dans les expériences précédentes, la même argile, moins aqueuse,
s'était échauffée de 15» pendant le même temps.
La comparaison de ce dernier résultat (PI. VU, fig. (5) avec les pré-
cédents montre combien le degré de consistance de l'argile a d'in-
fluence sur son échauffement. Toutes conditions égales, la masse
s'échauffe beaucoup plus rapidement quand elle est maigre que lors-*
qu'elle est plastique; ce qui se comprend, à cause de la facilité avec
laquelle, dans ce dernier cas, les particules, en quelque sorte lubré-
fiées, glissent les unes sur les autres. C'est un fait dont il convient de
se souvenir pour les déductions géologiques.
Pour un même temps, l'élévation de température produite dans
l'argile au moyen des cylindres lamineurs est beaucoup plus grande que
celle que l'on obtient dans le tonneau malaxeur. Dans ce dernier cas,
l'argile, après avoir subi une forte pression entre la palette et la paroi,
s'échappe au bout d'un temps très-court, pour ne subir que des mou-
vements gyratoires; réchauffement considérable de la masse est dû
surtout à la durée de l'opération. On pourrait sans doute le rendre
bien plus fort encore, si l'on augmentait la hauteur des palettes qui
produisent la principale pression, hauteur qui, dans les machines
employées, ne dépassait guère 1 décimètre.
(1) Le tonDcau faisant deux tours par miDute.
556 DAUBRÉE. — CHALEUR DÉVELOPPÉE DANS LES ROCHES. 6 mai
i9 Chaleur développée dans le frottement mutuel des roches.
Le frottement, qui cause une chaleur si sensible lorsque deux métaux
frottent l'un contre l'autre, produit, en général, des effets bien moins
marqués quand il s'agit de roches. Comme c'est précisément le cas
qui intéresse spécialement le géologue, il n'est pas inutile de rappeler
quelques exemples d'effets calorifiques fort notables, que des opéra-
tions industrielles peuvent fournir.
Lorsque deux meules horizontales arrivent à frotter l'une contre
l'autre, elles peuvent s'échauffer fortement et, par suite, échauffer la
farine au point de l'avarier. Cet effet se produisait surtout autrefois en
Alsace, quand, antérieurement à l'emploi des meules de silex carié de
La Ferté-sous-Jouarre, on employait celles de grès des Vosges, qui ne
présentaient pas une taille aussi convenable à la circulation de Tair.
Dans l'opération préliminaire de la taille du diamant connue sous
le nom de brutage, où deux diamants sont soumis non-seulement à
un frottement, mais encore à un choc mutuel, la pierre s'échauffe
assez pour ramollir le mastic qui la porte» surtout lorsque l'opéra-
tion, au lieu de se faire à la main, s'exécute sur la meule. En outre,
lors du polissage à la meule, le diamant peut s'échauffer bien plus
encore, et pour l'éviter, on doit le tremper de temps à autre dans
l'eau. On a vu le diamant noir ou carbonado devenir incandescent,
en travaillant à sec pour forer des roches quartzeuses.
11 est toujours difficile de mesurer rapidement de faibles variations
de température qui peuvent se produire sur un corps solide; cepen-
dant j'ai cherché à m'en rendre compte, surtout dans le but de
constater l'influence de la pression.
Une plaque circulaire de marbre, M (PI. VU, fig. 7 et 8), fixée sur
un tour de lapidaire à axe vertical, T, recevait un mouvement de
rotation très-rapide. En même temps, on appuyait sur une petite
partie de sa surface, non loin de sa circonférence, une autre plaque
de marbre, m, de petite dimension, sur laquelle on avait appliqué un
poids, P, et que l'on maintenait immobile. Pour constater la tempéra-
ture de la surface immobile, après qu'elle avait subi un frottement,
on se servait d'un thermomètre à alcool, ayant un réservoir d'une
grande capacité, dont le fond aplati, formé d'un verre mince, pouvait
être appliqué sur cette plaque (PI. VII, fig. 9). Les accroissements
ainsi observés devaient être inférieui*s à la réalité et ne représentaient
que des minima; cependant ils ont été très-notables, même pour des
temps très-courts, comme le montre le tableau ci-après (1) :
(1) Ces essais ont été faits avec l'obligeant concours de M. Napoli.
1878. DADBRÉE. •— CHALEUR DÉVELOPPÉE DANS LES ROCHES. 5S7
Nombre de tours
Accroissement
Temps.
de la roue.
Chemin parcouru.
observé.
1 minute.
445
155-
4'>5
0 secondes.
60
21
20
5 —
30
10,50
107
3 —
15
5,25
105
1 —
5
1,75
0«6
Bien que ces résultats soient relatifs à des expériences distinctes, je
les ai rapprochés dans la figure 10 (PI. YII). La courbe par laquelle
j*ai tenté de les réunir présente une irrégularité qui s'explique notam-
ment par la manière dont agit le refroidissement.
De Pargile sèche de Yaugirard, qu'on a fait frotter sur du calcaire,
s'est également échauffée, quoique une partie notable se réduisit en
poussière. En augmentant le poids qui presse sur le prisme, on a
reconnu, comme on pouvait s'y attendre, que la chaleur produite
augmente avec la pression.
L'influence de la pression sur la chaleur produite peut d'ailleurs se
constater dans maintes circonstances, par exemple quand ou carbo-
nise partiellement du bois en le frottant sur lui-même, à la manière
de ce qui se pratique chez certaines peuplades sauvages dans le but
d'allumer du feu.
Lorsqu'il y a choc, il suffit d'un instant très-court pour que la
température s'élève beaucoup. C'est ainsi que, dans les expériences de
HH. Piobert et Morin sur le tir, les moellons calcaires contre lesquels
frappait le boulet acquéraient, sur une faible épaisseur, d'après les
auteurs des expériences, la saveur légèrement caustique de la chaux
vive. Dans le choc de deux pierres, il se développe souvent assez de
chaleur pour produire de la lumière et de la chaleur.
II. Déductions géologiques, particulièrement en ce qui concerne
LE MÉTAMORPmSME.
Lorsque les couches ont subi les actions qui les ont infléchies, elles
étaient à Tétat solide; mais, comme il n'existe aucun corps parfaite-
ment rigide, ces roches, en même temps qu'elles se déformaient,
paraissent avoir subi aussi des mouvements intérieurs, ayant une
certaine analogie avec ceux dont nous venons d'étudier les effets dans
l'argile.
Un des faits qui amènent à cette conclusion, c'est que beaucoup de
ces roches ont acquis, dans ces mouvements, la structure feuilletée. Il
ne s'agit pas seulement des argiles, mais aussi des calcaires et des
fW8 DAVBREE. — GHALBUB UÉVBliOfPte DAMS LES ROCBBS. 6 mai
quartzites qui sont si souvent schisteux, par exemple dans les Alpes.
Les conditions dans lesquelles la structure schisteuse a pris naissance
sont maintenant démontrées, non-seulement par robsenratioD, mais
aussi par Texpériencc. On sait que cette structure décèle une certaine
mobilité moléculaire, une sorte de malléabilité, dans les rocbeaoà
elle a pris naissance, à la condition toutefois que celles-ci aient été
soumises à des pressions suffisamment énergiques.
Sans qu'il y ait eu besoin de pressions considérables, on a pu, en
malaxant Targile pendant un temps très-court, réchauffer fort nota-
blement. A plus forte raison, les mouvements naturels ont-ils pu
élever, de même, la température dans Tintérieur de roclies moins
plastiques, sous les pressions énormes qui étaient en jeu, et lors
même que les déplacements moléculaires n'auraient eu que peu
d'amplitude.
D'un autre côté, une faible élévation de température suffit déjà
pour faire naître des réactions chimiques dans des masses telles que
les roches qui nous occupent. L'eau de carrière dont toutes les roches
sont imprégnées, et celle qui y trouvait accès, favorisaient ces réac-
tions, qui ont pu se prolonger pendant un long laps de temps. C'est ce
que démontre la production contemporaine de silicates cristallisés, de
la famille des zéolithes, dans les briques romaines, à des températures
qui quelquefois n'atteignaient pas 50^ (i).
L'expérience fait donc bien comprendre que certains effets de méta-
morphisme régional puissent simplement dériver de la chaleur que
des actions mécaniques ont provoquée dans les roches.
Dans l'étendue d*un même bassin houiller, le combustible présente
souvent de grandes différences au point de vue de la proportion des
matières volatiles qu'il renferme, et Tanthracite peut s'y rencontrer en
même temps que la houille proprement dite.
Cette modification se fait souvent loin de toute roche éruptive appa-
rente : c'est ainsi qu'elle se présente, avec une netteté remarquable,
dans les bassins de Mons et de Yalenciennes, où la houille passe de
l'état gras à l'état demi-gras et à l'état maigre, à mesure que l'on
arrive à des faisceaux de couches plus profondes. La couche puissante
du Creusot, dont la position est voisine de la verticale, de grasse
qu'elle est vei*s l'affleurement, devient anthraciteuse dans la profon-
deur.
Hais ailleurs, des différences analogues se présentent dans des
couches appartenant à un même niveau, et indépendamment de leur
(1) Zéolithes formées parles eaux thermales de Luxeuil (Haute-Saône). Bull, Soc.
géol, 2« sér., t. XVm, p. 108 ; 1860.
4878. DAUBRÉC. — CHALEUR DÉVELOPPÉE DAMS LES ROCHES. S59
profondeur. Daus les monts Appalaches, d'après de nombreuses ana-
lyses, rapprochées d'observations exactes sur le terrain, dont on est
redevable à MM. Rogers (1), Tanthracite se montre dans la région
orientale, où les roches sont le plus disloquées. A mesure qu'on
s'avance vers l'ouest, la proportion de matière bitumineuse augmente
très-régulièrement, de telle sorte que la perte en matières volatiles se
montre en rapport avec les plissements des couches. Ce contraste a été
attribué par MM. Rogers à de grandes quantités de vapeur et de ma-
tières gazeuses qui seraient sorties dans les régions fracturées. Mais,
quand on se reporte aux coupes qui montrent l'association de l'an-
thracite à des couches où les plis sont aussi prononcés et aussi rap*
proches les uns des autres que dans les Alpes, et qu'on tient compte
des expériences qui précèdent, il paraît très-possible que, dans la
région dont il s*agit, réchauffement produit par les actions méca-
niques soit intervenu pour déterminer une sorte de distillation lente.
On peut croire qu'il en est de même, et à plus forte raison, pour le
combustible des Alpes, qui appartient au véritable terrain houiller et
qui consiste toujours en anthracite.
Les roches pierreuses, quoique sans doute moins impressionnables
par la chaleur que les dépôts charbonneux avec leurs principes vola-
tils, présentent également des différences, selon qu'elles ont à peu
près conservé leur position originelle ou qu'elles ont été fortement
infléchies et contournées.
D'une part, dans les régions où les couches sont restées horizon-
tales, les roches argileuses ne se présentent pas à Tétat de véritables
phyllades, même dans les terrains très-anciens, siluriens et autres.
D'autre part, des phyllades bien caractérisés et susceptibles, par
exemple, d'être exploités comme ardoises, sont connus dans des ter-
rains comparativement récents, à la condition toutefois que ces ter-
rains aient été disloqués : tels sont ceux que l'on rencontre dans le
terrain nummulitique des Alpes, du Dauphiné (Saint-Jean-de-Mau-
rienne) et de la Suisse (Glaris), ainsi que dans celui des Pyrénées.
La transformation d'argiles proprement dites en phyllades corres-
pond à des modifications chimiques et minéralogiques fort remar-
quables, mais qui ne sont pas encore bien éclaircies. Ce qui paraît
certain, c'est qu'en général, des silicates alumineux nouveaux, le plus
ordinairement hydratés, se sont formés entre les feuillets, où ils se
trouvent à un état très-confusément cristallisé, souvent comme des
pellicules excessivement minces. Dans les phyllades des Ardennes,
d'après d'anciennes analyses de M. Sauvage, il s'est formé un silicate
(1) American Geologùt, 1843, p. 433.
560 DAOBRÉe. — CHALEUR DÉVELÛI>I>ÊK DANS LES HOCHES. 6 mai
du groupe de la chlorite. Ailleurs, c'est rottrélite, la séricite et
d'autres combinaisons.
Pour les schistes carbonifères de Petit-Cœur en Tarentaise, on a
une idée des réactions qui s'y sont produites, par le silicate en écailles
cristallines qui est venu se déposer sur les empreintes des végétaux
houillers (1).
Les schistes gris-lustrés qui occupent un si grand développement
dans le Queyras, aux environs de Bardonèche et du Hont-Cenis, ainsi
que sur le versant piémontais des Alpes autour du mont Yiso, et que
Ton rapporte, malgré leur aspect cristallin, au terrain triasique, sont
très- remarquables à cet égard. Comme ils ont Taspect et Tonctuosité
du talc, on les a nommés talcschistes, pseudo-talcschistes, schistes
calcaréo-talqueux ; mais, comme Ta montré M. Lory, leur faible
teneur en magnésie prouve que ce n'est pas au talc qu'ils doivent ces
caractères. D'un autre côté, il résulte d'une analyse que M. Terreil a
bien voulu faire récemment sur ma demande, que ces paillettes
consistent en un silicate d'alumine hydraté, à peu près inattaquable
par les acides, et se rapprochant de la pyrophyllite.
Quelles que soient les espèces minérales qui se sont produites et
qui ont déterminé la transformation en phyllade, ces espèces pa-
raissent correspondre à une certaine élévation de température. Or,
d'après les expériences dont il vient d'être question, ainsi que d'après
celles qui expliquent Torigine de la schistosité, il parait bien probable
que, lors du redressement et du ploiement des couches auxquelles
ces phyllades appartiennent, la chaleur développée par les actions
mécaniques a été assez forte pour provoquer la formation des combi-
naisons nouvelles que nous y observons.
De même, on sait que le calcaire a souvent acquis des caractères
particuliers lorsqu'il appartient à des couches fortement redressées.
Cette relation, d'après des études récentes de M. Hull (2), serait aussi
claire dans le Sud-Est de l'Irlande, aux environs de Cork, que dans
les Alpes. A l'occasion de ses études sur les Alpes glaronnaises
(Glaernicsh), M. Baltzer a été conduit à chercher la cause de certains
changements dans la chaleur développée par la friction (3).
Malgré l'état de solidité où ces couches paraissent s'être trouvées
lorsqu'elles ont été infléchies, les mouvements moléculaires qu'elles
ont éprouvés sont attestés par la déformation des fossiles qu'on y
constate souvent, à la manière de celle qui est fréquente dans les
(1) Terreil, C-R. Àc. Scietirw, t. LUI, p. 120; 1861.
(2) Journ. Geol. Soc. Ireland, 2» sér., t. IIL
(3j Neues Jahrb. fur Minéralogie. 1876, p. 127.
1878. DAUBRÉE. — GUALEUa DËVELOl'PÉE DANS LES ROCHES. 561
schistes. Cest ainsi que, dans les couches du Grand -Moveran
(canton de Vaud) , qui présentent un renversement si imposant,
certaines Ammonites enchâssées dans le calcaire le plus solide ont
été comprimées ou étirées et offrent une disposition ovale; le rap-
port du grand axe au petit varie souvent de 1,30 jusqu'à 4,60 (1).
Il en est de même dans les calcaires d'Allevard, remarquables par
la schistosité grossière qu'ils ont acquise.
J'ajouterai qu'une des Ammonites du Moveran ayant été coupée en
deux par le milieu, parallèlement à ses côtés, a été polie; M. Jan-
nettaz, qui a bien voulu, sur ma prière, l'examiner au point de vue
de la conductibilité de la chaleur, a reconnu que les ellipses d'égale
conductibilité ont leur grand axe dirigé parallèlement à la direction
de l'allongement relatif maximum (PI. VII, fig. 11).
D'après ce que l'on vient de constater expérimentalement sur les
argiles, il ne me paraît guère douteux que les couches calcaires aient
souvent éprouvé des mouvements intérieurs assez énergiques pour
acquérir ainsi une augmentation notable de température.
Le développement fréquent de la structure schisteuse dans les
roches calcaires qui ont été infléchies conduit à la même conclusion.
Entre autres exemples, je rappellerai les calcaires phylladifôres et
lustrés (souvent désignés sous le nom de cipolin), comme ceux qui
sont si développés dans la Mauriennc et dans la Tarentaise, et qui sont
attribués au terrain triasique , et les calschistes de Sembrancher
(Valais), employés sous forme de grandes plaques dans une partie de
la Suisse.
La rareté des fossiles dans les calcaires tourmentés des Alpes et
autres contrées est bien connue de tous les géologues, qui en re-
trouvent à grand'peine quelques débris. A part toute considération
théorique sur le mode originel de dépôt de ces couches très-épaisses,
on conçoit que, dans les mouvements intérieurs, les fossiles n'aient
pas été seulement déformés, mais aussi qu'ils aient pu se triturer au
point de disparaître (2).
Non-seulement le calcaire, ainsi corroyé, a pu changer de texture et
prendre un état cristallin ; mais encore, en présence de l'élévation de
la température qui s'y est produite, certains minéraux s'y sont déve-
loppés. C'est ainsi que la présence si fréquente de l'albite en petits
(1) Ces déformations sont à distinguer do l'aplatissement suivant les côtés, qui
est très-fréquent et que peut expliquer la simple pression du poids des couches.
(-2) Telle est aussi Topinion à laquelle est arrivé M. Edward Hull, à la suite de
ses études précitées sur les calcaires des environs de Cork, qui sont en couches
contournées et qui contiennent des fossiles déformés (Jonrn. Geol.Soc. Ireland.
^ sér., t. IV. p. 111; 1877).
33
S&i DAUBRÉB. — CHALEUR DÉVELOPPÉE DANS LES ROCHES. 6 mai
cristaux très-nets, qui sont disséminés de toutes parts, dans les cal-
caires magnésiens du Trias de la Savoie, ne peut s'expliquer sans une
élévation générale de température dans ces couches.
Les roches quartzeuses et les quartz! tes, qui sont aussi très-souvent
devenus schisteux, donneraient lieu à des considérations analogues.
On a vu plus haut que dans le malaxage, Targile s*échauffe d*autant
plus, à mouvement égal, qu elle est plus dure, c'est-à-dire que les
glissements moléculaires sont moins faciles et que le travail absorbé
est plus considérable. D'après ce fait, on est autorisé à supposer que,
quand des roches plus cohérentes que ces argiles ont été soumises à
des actions mécaniques assez puissantes pour y déterminer un cer-
tain mouvement intérieur, elles étaient dans des conditions encore
plus favorables pour s'échauffer.
Dans les expériences au tonneau malaxeur, Targile subit des mou-
vements gyratoires réitérés, tandis que dans beaucoup de cas naturels,
lors des inflexions des roches, les mouvements peuvent avoir été plus
simples et d'un moindre trajet. Mais il importe de se rappeler combien
est grande l'influence de la pression sur la chaleur produite, et com-
bien la force motrice employée dans les expériences qui précèdent est
faible par rapport aux actions qui ont été mises en jeu dans les dislo-
cations mécaniques de Técorce du globe. Aussi paraît-il bien difScile
de ne pas admettre que, dans ces dernières conditions, un déplace-
ment, même très-faible, dès qu'il a été suffisant, par exemple, pour
provoquer une structure schisteuse dans des calcaires ou des quart-
zites, n'ait pas été accompagné d'une élévation notable de tempéra-
ture.
A part les mouvements moléculaires qui se sont produits dans les
roches, en raison d'une sorte de malléabilité, les couches ont dû fré-
quemment frotter les unes sur les autres, pendant qu'elles se défor-
maient. En dehors de toute considération géométrique, le fait est mis
en évidence par les stries que présentent souvent leurs surfaces de
jonction, dans les Alpes, dans le Jura et ailleurs ; surfaces qui, dans
quelques expériences, ont été également imitées avec leurs stries. Ces
frottements étaient accompagnés de pressions énormes, et par consé-
quent n'ont pu s'opérer sans produire aussi une certaine quantité de
chaleur, lors même que le déplacement aurait été court et que les
surfaces frottantes ne se seraient pas émaillées, comme il est souvent
arrivé pour les parois des failles.
D'ailleurs, dans un même massif, certaines parties ont dû s'échauf-
fer plus que d'autres.
En résumé, dans des massifs où le métamorphisme s'est développé
sur de grandes dimensions et loin de l'apparition de toute roche érup-
i878. DAUBRËG. — CHALEUR DÉVELOPPÉE DANS LES ROCHES. 583
tive, tels qu'en présentent bien des régions des Alpes, la chaleur qui
a présidé à la transformat'on des roches et à l'apparition de nouvelles
espèces minérales, peut avoir été causée par les actions mécaniques
mêmes que subissaient ces roches. La Thermodynamique, qui a déjà
jeté une si vive lumière sur divers phénomènes chimiques et physiques,
devra porter aussi son flambeau dans la Géologie.
EXPLICATION DE LA PLANCHE VU.
Fig. 1. — Cônes cannelés employés à la préparation de la terre à briques, qui
y est non seulement laminée, mais aussi déchirée, à cause de la différence de
vitesse des surfaces opposées l'une à l'autre. — Échelle, X,
Fig. 2. — Tonneau malaxeur utilisé pour les expériences relatives au développe-
ment de la chaleur dans les roches par les actions mécaniques. — ABCD, section
du cylindre destiné à recevoir l'argile à malaxer; EÉ, arbre vertical animé d'un
mouvement autour de son axe ; HH, lame hélicoïdale portée par l'arbre EE et forçant
l'argile à descendre, pour subir l'action triturante ; P, P, palettes courbes triturant
l'argile et la faisant frotter sur les deux couches d'argile qui recouvrent, l'une les
parois verticales, l'autre le fond du tonneau ; S, orifice ou buse par où l'argile sort
après le malaxage. L'arbre EE est actionné par l'engrenage RR, et supporté
par la crapaudineT. — Échelle, ^.
Fig. 3. — Vue, en projection horizontale, des palettes P, P, dont la tangente au
point extrême fait un angle de 25 à 30' avec l'élément voisin du cylindre ; E. pro-
jection horizontale de l'arbre moteur. La Ûèche indique le sens du mouvement. —
Échelle. ^.
Fig. 4. — Courbe représentant les températures successivement prises par de
l'argile ferme triturée sur elle-même dans le tonneau malaxeur de MM. Boulet.
Fig. 5. — Courbe représentant les températures prises successivement par de
l'argile /errne triturée sur elle-même dans le tonneau malaxeur de MM. Tiphine.
Fig. 6. — Courbe représentant les températures successivement prises par de
l'argile molle triturée sur elle-même dans le tonneau malaxeur de MM. Tiphine.
Fig. 7. — Appareil destiné à provoquer un développement de chaleur par le
frottement mutuel de deux plaques de marbre. — T, tour de lapidaire, à axe ver-
tical, entraînant dans son mouvement, qu'on peut rendre plus ou moins rapide, une
plaque circulaire de marbre, M : m. autre plaque de marbre, maintenue immobile
à la main et pressée sur la première par le poids P, variable à volonté. La flèche
indique le sens du mouvement. — Échelle, -j-
Fig. 8. — Vue en plan de l'appareil précédent. — Même échelle.
Fig. 9. — Thermomètre à fond plat, à réservoir volumineux et h tige très-fine,
destiné à mesurer par application les températures successivement prises par la
plaque m des deux figures précédentes. — Échelle, — .
Fig. 10. — Courbe des températures successivement prises par la plaque m.
Fig. IL — Ammonite déformée, des couches calcaires fortement redressées de
l'étage oxfordien du Grand-Moveran. — Les deux lignes rectangulaires indiquent la
direction des axes de conductibilité thermique maximum et minimum. — Échelle, -7--
564 PARRAN. — DOLOMIBS JUR. DRS CÉVENNES. 6 mai
H. Xerquem présente un travail sur Les Foramlnirereift
et les Entomostracés-ostracodes du Pliocène supé-
rieur de Vile de Rbodefi et en lit Tintroduction (1).
H. Potier fait une communication sur les Oolomles des
AlpeA-Marltimes (2).
A la suite de cette communication, M. Pnrran présente les obser-
vations suivantes sur ^les Dolomies JurasiftiqueM des Cé-
vénnea s
Les terrains jurassiques de l'Aveyron, de la Lozère et du Gard, dans
la région où ces trois départements viennent se réunir, présentent,
comme ceux de la région provençale dont s*est occupé M. Potier, plu-
sieurs niveaux de dolomies substituées aux calcaires sur de grandes
étendues. Sans parler de ceux qui occupent la base du Lias, je signa-
lerai en particulier celui de l'Oolithe inférieure (Calcaire à entroques),
reconnu par Ëm. Dumas, et celui qui forme les escarpements supé-
rieurs de la Grande Oolithe et qui est recouvert, tantôt par les marnes
calloviennes ou oxfordiennes (environs du Yigan), tant<)t par les cal-
caires lithographiques à Ammonites polyplocus (bdLSsïn de la, Dourbie),
comme M. Potier Ta observé en Provence.
Les étages suprà-oxfordieus compris entre les couches à A, poly-
plocus et les premières assises néocomiennes présentent aussi fré-
quemment, aux environs de Sumène et de Ganges, des masses dolo-
mitiques substituées aux calcaires, à différentes hauteurs ; mais elles
sont beaucoup plus irrégulières et plus limitées. Celle qui a le plus de
régularité recouvre immédiatement le gros banc calcaire surmontant
les couches à A.polyplocus.
Avec la période jurassique finissent les émanations magnésiennes
qui ont imprimé aux dépôts de cette période un caractère si particu-
lier. Les dépôts de la période crétacée présentent des caractères d'un
ordre tout différent ; aussi je n'hésite pas à rapporter à la formation
jurassique toutes les assises calcaires des environs de Ganges renfer-
mant des dolomies, ce qui est d'accord avec les indications paléonto-
logiques.
La fréquence et l'épaisseur des dolomies de la période jurassique,
rapprochées des dépôts ferrugineux et pyriteux de cette époque, ainsi
(1) Ce travail est publié dans les Mémoires de la Société géologique (3« sér.,
t. 1, n»3).
(2) Par décision de la Commission du Bulletin, cette communication a été repor-
tée au compte-rendu de la réunion extraordinaire de Fréjus et Nice (V. Bull., 3' sér.,
t. V, p. 836).
4878. CORNET. — OSSEMENTS FOSSILES. S66
que des amas de gypse callovieifsignalés par M. Lory, autorisent à
penser que ces substances minérales, cortège inséparable des roches
vertes basiques appelées par Durocher ferro-calcifères et magné-
siennes, proviennent de la profondeur, et qu'elles ont accompagné
l'éruption de ces roches vertes, bien que, par des causes incoimueSi
celles-ci se trouvent très-rarement enclavées dans les dépôts juras-
siques de la région dont il s'agit. Ces substances se sont étalées par
places dans ces dépôts pendant leur formation, donnant ainsi lieu à
des amas lenticulaires et interstratifiés de dolomie, de fer oxydé ou
l)yriteux, et plus rarement de gypse.
Comme je l'ai dit plus haut, les dépôts de la période crétacée, sur-
tout ceux qui sont supérieurs à TAptien, présentent dans le bassin du
Hhône des caractères tout différents. Les quartzites, les sables siliceux
purs sans fossiles, les argiles réfractaires, blanches ou colorées, qui
forment le cortège habituel des roches éruptives acides, semblent dé-
montrer que celles-ci ont prédominé dans la période crétacée et dans
la région dont il s'agit, bien que l'enclave de la roche éruptive elle-
même n'ait pas été reconnue dans ces dépôts stratifiés.
Séance du 20 mai 1878.
PRÉSIDENCE DE M. ALB. GAUDRY.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance, dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membre de la Société :
M. Calmette-Terral, cours Morand, 49, à Lyon (Rhône), présenté
par MM. A. Gaudry et Bioche.
Le Président annonce ensuite une présentation.
Puis il communique une lettre du Président de la section de Bonne-
ville du Club alpin français, invitant la Société géologique à se faire
représenter à l'inauguration du monument élevé dans Chamonix à
Jacques Balmat. Cette inauguration aura lieu le 12 août prochain.
H. A. Gaudry donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre de
M. Cornet relative à la découverte c^'ossements dans un puits
naturel du bassin houiller de liions s
11 existe dans le Hainaut, entre le terrain houiller et le terrain cré-
tacé, un dépôt très-important de sables et d'argiles avec lignite, que
Dumont a rapporté à tort à son système aachénien. C'est dans ce dépôt
566 GOTTBAU. — ÉCHINIDES GARCXNIEPIS. 20 nUÛ
que se trouvent les fruits de Cycadëes et de Conifères décrits par feu
E. Ccëmans (1). Ces débris organiques appartiennent tous à des espèces
nouvelles, et comme on n'a pas, jusqu'à ce jour, trouvé de restes
d'animaux, l'âge des couches dont je parle reste indéterminé : elles
sont plus récentes que le terrain houiller et plus anciennes que le ter-
rain crétacé moyen.
Le terrain houiller du Hainaut est traversé par de nombreuses failles
et Ton y rencontre aussi des puits naturels qui ont jusqu'à 100 mètres
de diamètre. Le plus souvent les roches qui remplissent les failles et
les puits sont des sables et des argiles avec lignite, identiques avec
ceux qui constituent le dépôt d'âge inconnu qui recouvre le terrain
houiller.
Or, il y a quelques jours, au puits Sainte-Barbe du Charbonnage de
Bernissart, dans le bassin de Mons, on a rencontré dans une faille
ou puits naturel, à Hî mètres de profondeur, des argiles avec lignite,
renfermant une quantité incroyable d'ossements, qui, malheureuse-
ment, sont très-altérés et tombent rapidement en poussière. Cependant
le Préparateur du Musée de Bruxelles, M. de Pauw, est descendu dans
la mine et a rapporté plusieurs pièces en assez bon état, entre autres
des fragments d'une immense carapace de Tortue et un morceau
d'une mâchoire qui était entière dans la faille et qui mesurait plus de
4 mètres (je dis quatre mètres) de longueur. Tous les débris re-
cueillis semblent avoir appartenu à des Ueptilcs.
A la suite de cette lecture, M. A. Oaudry rappelle les dimensions de
quelques animaux fossiles. La mâchoire inférieure du Pliosaurus grandis
décrit par M. Owen a 4 ""77 ; M. Gervais a signalé un fémur de 0™85 dans la
collection de M. Lennier ; M. Owen en a cité un d'égale longueur, provenant du
Kimmcridgien de Swaindon. Les fémurs du Cetiosaurus de la Grande Oolilhe
d'Enslowbridge, près d'Oxford, ont 64 pouces, soit 4 ""60. Un Gavial qui
aurait des membres de 3 mètres, aurait à peine une tête longue de 4 mètres.
La portion dentaire des mâchoires inférieures à'Iguanodan d'Angleterre qu'a
décrites M. Owen ne dépasse guère un demi-mètre do longueur.
M. Cotteau, au nom de M. I^oymerle et au sien, offre à la
Société un Mémoire sur le type garumnlen, suivi d'une Descrip-
tion des Oursins de la colonie (V.la Liste des dom), M. Leyme-
rie se propose d'envoyer à la Société un résumé stratigraphique de
son travail, qui comprend une description de la montagne d'Ausseing,
(1) Description de la Flore fossile du premier étage du terrain crétacé du Hai-
naut, Mém. cour. Àc. R. Belgique, t. XXXHI.
1878.
COTTKAU. — ÉCIILNIDES D^ALGÉHIE.
567
uo aperçu des principaux gites du département de la Haute-Garonne
et une notice sur la faune d'Auzas. H. Cotteau $e borne par suite à
donner quelques détails sur les espèces d*Éckinides qu'il a décrites et
figurées. Elles sont au nombre de quinze (i) :
Cjfphosoma pseudomagnificum, Cotteau,
MUropsis Des'ori, CoUeau.
— microstoma, ' Cotteau ,
— Leymeriei, Cotteau,
ScUenia granulosa, Forbes,
Echinobrissus Leymeriei, Cotteau.
Echinolampas Miche Uni, Cotteau,
Echinanthus subrotundus, Cotteau ,
Echinocorys semiglobus. Cotteau,
Offaster pilula, Desor,
Hemiaster nasutulus, Sorigoet,
— canaliculatuf, Cotteau,
Schisaster antiquus, Cotteau,
MicraHer Tercensis» Cotteau,
Cyclatter coloniœ, Cotteau.
Sur ce nombre,, cinq espèces : Salenia graniUosa, Echinocorys
semiglobus, Offaster pilula, Hemiaster nasutulus et Micraster Tercen-
sis, appartiennent, sans aucune incertitude possible, au terrain cré-
tacé. Les deux plus abondantes : Echinocorys semiglobus et Micraster
Tercensis, sont également très-répandues dans la craie de Bédat prè^
Tercis.
Deux e.^ipèces : Echinolampas Michelini et Echinanthus subrotun-
dus, paraissent se rattacher, la seconde surtout, au terrain tertiaire
inférieur.
Huit autres sont nouvelles ou n'ont pas encore été signalées en de-
hors du gisement étudié. Au point de vue zoologique, plusieurs sont
très-dignes de fixer l'attention, notamment les Micropsis Desori,
M. microstoma et M. Leymenei, déjà décrits dans la Paléontologie
française, et qui constituent trois types très-diiférents et parfaitement
caractérisés d'un genre fort rare en espèces et en individus.
11 faut encore citer le Schizaster antiquus, G*est la première fois que
ce genre, considéré jusqu'ici comme exclusivement propre au terrain
tertiaire et à l'époque actuelle, est indiqué dans le terrain cré-
tacé. Une seconde espèce de Schizaster, toute différente de celle-ci,
mais également bien caractérisée, a été récemment communiquée à
M. Cotteau par M. Blanchet, qui l'avait recueillie dans la craie de
Bédat près Tercis.
H. Cotteau offre ensuite à la Société, au nom de MM. Peron,
Gautbler et au sien, le quatrième fascicule des Éclilnldes
fossiles d'ilLl^érle. Ce fascicule comprend la description strati-
graphique de l'étage cénomanien, si largement développé dans les
diverses régions de l'Algérie et si riche en fossiles, notamment en
(1) Non compris un Echinoconux qu'il n'a pu déterminer spécifiquement.
$68 DOUVILLÉ. — BATHONIEN DE TOLX. 20 OMÎ
ËchiDÎdes. Les genres Cardiaster, Holaster, Epiaster et Hemiaster
sont décrits à la suite de ce travail stratigraphique. Le genre Ht-
miaster comprend à lui seul plus de vingt espèces, toutes spéciales au
Nord de l'Afrique. Quatre d'entre elles : H. Aumaîensis, H. Nicatsei,
II, BcUnemis et //. DcsvauxU avaient éré décrites en 1862 par M. Co-
quand. Seize espèces sont nouvelles.
M. Douvillé fait la communication suivante :
Note sur le Batbonlen des environs de Xoul et de
rVeu rcbAieau»
par H. H. Douvillé.
Le terrain bathonien des environs de Toul est connu depuis long-
temps par les travaux de M. Husson (1); ce géologue y a distingué de
bas en haut les assises suivantes :
l* Marne avec nodules.
^ Calcaire miliairc inférieur.
y Marne argileuse.
4' Calcaire siliceux.
5* Calcaire et marnes à Oursins.
6* Calcaire miliairc supérieur.
!• Calcaire à Polypiers.
8" Calcaire à oolithes difformes et minerai de fer.
0" Marnes à Térébratules et OHrea costata.
M. Husson attribue cette dernière couche à l'Oxfonlieii inférieur, la
couche 8 au Cornbrash et la couche 7 au Forest-Marble des géolo-
gues anglais.
iN'olre regretté confrère, M. Levallois, avait étudié de son côté le
m^'me ensemble de couches et spécialement la coupe qui avait été
mise à découvert par les travaux du canal entre Toul et Liverdun. A
la suite du mémoire de MM. Terquem et Jourdy sur le Bathonien de
la Moselle, il avait revu ses échantillons et mis en ordre les notes qu'il
avait recueillies précédemment; peu de temps avant sa mort, il a bien
voulu nous communiquer les uns et les autres. Les divisions ((u'il éta-
blit coïncident à peu près avec celles de M. Husson. Les couches 1 à 6
constituent un même ensemble de calcaires oolithiques plus ou moins
jaunâtres, connus et exploités dans le pays sous le nom de balin; ces
calcaires forment trois massifs principaux (2, 4 et 6), séparés par des
assises également oolithiques, mais plus marneuses et moins cohé-
(1) Esquisse géologique de V arrondissement de Toul ; 1848.
1878. DOUVILLÉ. — BATHONIEN DK TOUL. S69
rentes (1, 3 et 5). Les calcaires moyens présentent sur quelques points
des bancs gréseux ; c^est le calcaire siliceux de H. Husson. Les fossiles
sont à peu près les mêmes dans toute la hauteur de ce premier
groupe; ils ne se rencontrent guère que dans les assises marneuses;
nous signalerons principalement, avec M. Levallois, le Clypeus Ploti
et YOstrea acuminaia. Le Clypeus Ploti est surtout abondant dans la
couche 5 (marnes à Oursins de M. Husson).
Dans toutes les assises marneuses on rencontre des nodules ooli-
thiques de forme discoïdale, légèrement déprimés sur une de leurs
faces, et qui ont reçu des ouvriers !e nom de culots.
La 7° assise comprend, outre le calcaire à Polypiers qui en occupe
la partie supérieure, des calcaires compactes et des calcaires ooli-
thiques blancs ou bleuâtres, plus ou moins développés. Elle est peu
fossilifère.
La 8« assise, ou k^ niveau fossilifère de M. Levallois, est formée de
marnes ooli thiques souvent brunâtres, mélangées irrégulièrement de
pierrailles oolilhiqucs. M. Levallois y cite VAnabacia orhulites et r^t?i-
cula echinata, fossiles signalés par M. Lonsdaledans le Cornbrash du
Willsliire: de là l'assimilation faite par M. Husson et admise par
M. Levallois. Le premier de ces fossiles est toujours extrêmement
abondant et permet de reconnaître facilement cette couche.
La dernière assise se distingue nettement, par ses caractères minéra-
logiques, des couches toujours plus ou moins oolithiques que nous
avons rencontrées justju'ici. Elle est formée de marnes grises ou
bleuâtres et de calcaires marneux. On y trouve en abondance YOstrea
Knorri, Voitz in Zieten (0. costata, Goldf. non Sow.), et la Rhyncho-
nella variam. M. Levallois, tout en assimilant, comme M. Husson,
cette couche à l'Oxfordien inférieur ou Callovien, reconnaissait cepen-
dant que o^tte assimilation n*étaitque provisoire; c'est ainsi qu'il
écrit dans ses notes que a les couches qu'il a assimilées au Forest-
* Marble représentent les couches blanches et marneuses que l'on
» observe au nord de Tellancoui t (à la Tuilerie), et que ces couches,
> d'après M. Piette, sont le prolongement dos calcaires blancs de
» Rumigny à Rhyncho>iella decorata, considérés dans le N. E. de la
> France comme le type de la Grande Oolithe de Minchinhampton ».
Plus loin il ajoute au sujet de son Callovien : « Peut-être serait-il
» mieux rattaché au Bathonien, à cause de son fossile caractéristique,
» YOstrea Knorri, qui, u Béfort, en Suisse et en Souabe, affecte le
> Bathonien supérieur. »
Chargé en 1876 de revoir les contours de la feuille de Nancy pour
l'exécution de la Carte géologique détaillée, nous avons pu vérifier
tout d*abord Texactitude des coupes données par MH. Husson et Le-
870 DOUYILLÉ. — BATHONIEN DE TOVL. 20 OUti
vallois ; nous avons pu aussi, grâce aux travaux exécutés pour la
défense de la ville, observer quelques faits nouveaux.
Une des coupes les plus intéressantes est celle que l'on peut relever
entre le fort de Doromartin, la redoute de Cbaudenay et le fort de
Villey-le-Sec. Le premier de ces forts est établi sur la partie inférieure
des argiles oxfordiennes, bien caractérisée aux environs de Toul par
le Belemnites hastattcs, toujours de petite taille. Ces argiles reposent
sur des bancs noduleux de calcaire marneux, qui ont été entamés par
les fossés du fort sur environ 1 mètre de hauteur : nous avons recueilli
dans les calcaires les fossiles suivants :
Ammonites tumidu^, Reinecke ( = ^. macrocephalus, Schlotheim ; := i. macro-
cephalus rotundus, Quenst., Ceph.J.
À. Jacquoti, Douvillé ( =. i. maerocephalus compressus, Quenst., Ceph.,p. 182,
pi. XV, fig. 1).
À. Galilœi, Oppel.
À. cf. anceps.
RhynchoneUa Badensù (I), Oppel (Deslongchamps, Bull. Soc. Linn. Normandie,
t. IV. pi. IV, fig. 2).
Waldheimia sublagenalis (1), Davidson (Deslongchamps, loc. eii.» fig. 8).
W. obovata, Sow. (Deslongchamps, loc. cit., fig. 5).
De ces fossiles les trois premiers caractérisent le Callovien inférieur,
et les trois derniers sont identiques avec les échantillons de la Sarthe
figurés par M. Deslongchamps comme provenant également du Callo-
vien inférieur.
En suivant le chemin militaireà Testdu fort, on retrouve, à l'entrée
du bois, le calcaire noduleux tendre du Callovien, puis au-dessus, au
point 302, les argiles verdâtres, avec petites concrétions calcaires et
Belemnites hastatus, de la base de l'Oxfordien. En redescendant, on ne
retrouve plus les calcaires marneux du Callovien ; les argiles de-
viennent seulement plus calcaires et plus jaunes; un peu au-dessous,
tout au bas de la côte, les fondations du caniveau pour l'écoulement
des eaux ont entamé des marnes grises renfermant en abondance
XOstrea Knorri. Les couches continuant à se relever vere l'est, on voit
affleurer au-dessous un banc de calcaire marneux, caractérisé par
l'extrême abondance de la RhynchoneUa varians. Ce banc se poursuit
jusqu' à la redoute dite de Chaudenay, établie à l'extrémité du bois
vers le point 300. Les fossés de la redoute entament, sur environ
4 mètres de hauteur, des calcaires marneux avec R, varians, Acan-
thothyris cf. spinosa, Dysaster ovalis. Les mêmes couches re-
montent jusqu'à Villey-le-Sec, où les travaux du fort ont mis à
découvert la coupe suivante (de haut en bas) :
iU Voir plus loin les réserves faites au sujet de ces «léterminations.
1878. DOOVILLÉ. — BATHONIKN DE TOUL. 671
Couches marneuses avec Rhynchojœlla variatis 2"00
Marnes et calcaires jaunâtres, peu fossilifères 2, 00
Marnes noires, peu fossilifères, avec Waldheimia ornithocephala. . . 7, 00
Caillasses oolithiques, avec Anabacia orbuUtes 5, 00
Calcaire dur, ooiithique.
Nous reconnaissons dans ces dernières assises les couches 8 et 7 de
MM. Husson et Levallois.
La coupe que nous venons de décrire montre que la couche 9 est
surmontée par le Callovien inférieur (zone à Ammonites macrocepha-
lus d'Oppel) : elle doit donc représenter le Bathonien supé-
rieur. Cette couche 9 peut se diviser elle-même en trois niveaux
secondaires : le niveau supérieur où domine V Ostrea Knorri, le niveau
moyen caractérisé par la Rhynchonella varians et V Acanthothyris cf.
spinosa, le niveau inférieur avec Waldheimia ornithocephala. Nous
avons pu observer en plusieurs points le niveau supérieur et le niveau
moyen, mais le niveau inférieur n'est que très-rarement visible et
probablement presque toujours caché par les éboulis des couches su-
périeures. Ainsi le fort du Tlllot est établi, comme celui de Dommartin,
à la limite inférieure de TOxfonlien : les fossés du côté de l'ouest
entament des argiles bleuâtres avec Belemniûes hastatus ; du côté de
Test, on voit apparaiti*c au-dessous, sur une épaisseur de 2 mètres
environ, des alternances de marnes et calcaires gréseux jaunâtres et
bleuâtres, qui représentent le Callovien du fort de Dommartin, mais
qui, sur ce point, sont dépourvus de fossiles. Au-dessous se mon-
trent des calcaires marneux blanc-bleuâtres, également sans fossiles.
Ces couches se prolongent vers l'est et viennent affleurer sur les talus
(le la route de Colombey et dans les champs au-dessous, où Von ra-
masse en abondance VOstrea Knorri, Plus bas, en descendant vers
la Bourade, on retrouve la lumachelle à Rhynchonella varians, puis,
uo peu plus loin, les couches oolithiques à Anabacia orbulites.
Au nord de Toul, on revoit les marnes à Ostrea Knorri dans le
ravin au sud de Yilley-Saint-Ëtienne. Nous y avons recueilli, en outre
de la Rhynchonella varians et de X Acanthothyris cf. spinosa, plu-
sieurs exemplaires bien caractérisés de la Waldheimia lagenalis, fos-
sile caractéristique du Bathonien supérieur. Nous avons retrouvé les
mêmes fossiles à l'est de Sexey-aux-Bois.
Ces couches affleurent également en une foule de points au sud de
Toul, sur la route de Colombey. Ainsi, à la base du coteau de Cre-
zllles, on voit affleurer les marnes à Ostrea Knorri ; au-dessous des
deux côtés de la route, sur le plateau qui domine la rive gauche de la
Bourade, on rencontre en abondance la Rhynchonella varians et
\ Acanthothyris cf. spinosa. La partie inférieure de ces couches est
S72 DOUVILLÉ. — BATHONIEN DE TOUL. 20 mai
constituée par des calcaires grisâtres, en plaquettes, qui reposent sur
les caillasses oolithiques à Anabacia orbulites.
Au point coté 298, avant d'arriver à Colombey, on retrouve les
argiles à Ostrea £norrt; au-dessous, on peut recueillir dans les
champs la Rhynchonella varia>ts, V Acanthothyris cf. spinosa et la
Waldheimta lagenalis. En remontant vers Colombey, on voit affleurer
au-dessous les caillasses oolithiques avec Andbacia orbulites.
En résumé, on voit que cet ensemble de couches montre aux envi>
rons de Toul, et plus au sud jusqu'à Colombey, des caractères
cx)nstants ; la présence, dans la zone moyenne, de la Waldheimia lage-
nalis, et la position de ces couches au-dessous du Callovien inférieur
montrent bien que nous avons ici le représentant du ^ Bathonien supé-
rieur.
Nous avons vu que H. Levallois avait reconnu que les calcaires
blancs sous-jacents de la couche 7, tantôt compactes et à Polypiers,
tantôt plus ou moins finement oolithiques, étaient le prolongement
des calcaires à Rhynchonella decorata du département des Aixlennes;
cette couche représentera alors le Bathonien moyen, c est-à-dire la
Grande Oolithe. Quant à la couche 8, elle pourra être considérée
comme couche de passage et rattachée soit au Bathonien supérieur à
cause de V Anabacia orbulites et de VAvicula echinata, soit au Batho-
nien moyen à cause du Clypeus Ploti qu'elle renferme encore. Par ses
caractères minéralogiques elle se rattache plutôt au système inférieur.
Les assises 1 à 6 forment uu ensemble de couches bien homogène,
dans lequel il ne nous a pas paru possible d'établir de subdivisions ;
elles représentent pour nous l'équivalent de la Terre à foulon. Les géo-
logues lorrains ont discuté longtemps sur la limite à établir entre
celle-ci et la Grande Oolithe ; ils nous paraissent avoir presque tou-
jours donné trop d'importance à ce dernier étage. La Grande Oolithe
de Bath présente sans doute une faune toute spéciale, mais presque
uniquement formée de Gastropodes et de Lamellibranches; les Cépha-
lopodes y sont extrêmement rares ; les Brachiopodes man(}uent à peu
près complètement; nous ne trouvons pas là d'éléments paléontolo-
giques suffisants pour caractériser un niveau. Il n'en est pas de même
des couches supérieures (Bradford-clay, Forest-marble et Cornbrash)
et des couches inférieures (Fuller's earth), qui présentent une
faune de Brachiopodes et de Céphalopodes parfaitement caracté-
risée et qu'il a été possible de retrouver dans une grande partie de
l'Europe, depuis l'Angleterre jusqu'en Pologne. C'est ce que les sa-
vants allemands ont bien reconnu, et les élèves d'Oppel (i) distinguent
(1; Waagen, Die Formenreihe des Ammonites subracJiatus, p. i05; lH'-\
1878. DOUVILLÉ. — BATHONIEN DE TOUL. 573
maintenant dans le Bathonien la zone à Ammonites aspidoxdes et la
lonek A. ferruginevcs. La Grande Oolithe doit être considérée seule-
ment comme un accident oolithique ou corallien entre ces deux zones ;
dans le Nord et TEst de la France elle possède cependant des caractères
assez constants : au point de vue lithologique, elle présente presque
toujours, après exposition à l'air, une teinte blanche qui contraste
avec la couleur jaunâtre des assises du Fullei*'s earth (oolithe blanche
de Marquise, des Ardennes et des environs de Toul) ; au point de vue
paléontologique, elle renferme des Rhynchonelles d'une forme spé-
ciale : c'est dans le Boulonnais la R, Hopkinsi, qui se rattache par
quelques-unes de ses variétés à la R, decorata si abondante dans les
Ardennes; ce dernier fossile manque dans la Meurthe, mais il repa-
raît au sud dans la Côte-d'Or et la Haute-Saône.
Nous avons vu jusqu'ici que les trois étages du terrain bathonien
présentaient des caractères constants depuis Toul jusqu'à Colombey.
Plus au sud les étages supérieurs se modifient rapidement; le Batho-
nien inférieur conserve & peu près les mêmes caractères ; on constate
seulement la diminution progressive des lits marneux par Tenvahisse-
ment de l'élément calcaire. C'est ainsi qu'au nord de Neufchâteau,
sur les bords du Vair, la couche marneuse de la base est remplacée
par un banc dur caverneux de calcaire oolithique.
L'étage moyen devient vers le sud de moins en moins oolithique ; au
nord d'Autreville, entre Toolithe blanche et les couches à Anabacia
orbulites on voit s'intercaler un banc de O°80 de calcaire dur, blan-
châtre, encore oolithique par places. A Test de Tranqueville, et plus au
nord, dans le bois du Raidon, les calcaires blancs sont bien dévelop-
pés ; ils sont compactes à leur partie supérieure et oolithiques à leur
partie inférieure. En approchant de Neufchâteau, les calcaires com-
pactes se développent de plus en plus aux dépens des calcaires ooli-
thiques; on les voit affleurer dans la vallée du Vair depuis le point
42i au-dessus d'Attignéville, jusqu'à Saint-Élophe, où ils forment le
bas de la montée. A Neufchâteau même, les calcaires oolithiques ont
disparu et la tranchée du chemin de fer au nord de la ville ne montre
plus que des calcaires compactes, régulièrement stratifiés.
Les calcaires compactes de Neufchâteau ne nous ont pas présenté de
fossiles déterminables, mais un de nos confrères, M. Bertrand, qui les
a suivis plus à l'est, jusque dans le département de la Haute-Saône, a
recueilli à ce niveau, à Port-d'Atelier, un échantillon, bien caractérisé
de la Rhynchonella decorata. Ces couches représentent donc bien
notre Bathonien moyen.
L'étage supérieur se prolonge au sud de Colombey, sans se modifier
tout d'abord. Le faciès marneux se retrouve à l'est de la ferme de
S74 DOUVILLÉ. — BATHONIEN DE TOUL. 20 mai
Commet (commune de Saulxures-Ies-Yanncs), où on peut encore
observer la superposition des argiles à Ostrea Knorri, des manies à
Rhvnchonella varions et des caillasses à Anabada orbulites. Au cime-
tière d'Autreville on recueille en abondance la Rhynchonella variam;
plus au sud, en montant à la croix de Tranqueville, on ne voit plus
affleurer les caillasses à Aiiabacia orbulites ; les calcaires blancs sont
recouverts par des calcaires grisâtres en plaquettes, puis par des
marnes grises très-fossilifères, dans lesquelles on i*ecueil1e la Rhyn-
chonella variants, Y Acanthothyris cf. spinosa, et tout à fait au som-
met V Ostrea Knorri,
A Touest des points que nous venons de signaler, les couches se
modifient rapidement par l'augmentation progressive de rélémenl
calcaire. Ainsi, à Martigny les flancs du vallon sont constitués par des
calcaires marneux, dans lesquels nous avons recueilli la Rhynchonella
varions et V Acanthothyris cf. spinosa; au-dessus on voit appa-
raître des calcaires oolithiques, avec parties spathiques, qui affleurent
sur tout le plateau à l'ouest. En approchant de Ruppes, ces calcaires
sont recouverts par des calcaires marneux grisâtres, caractérisés par
VAmmonites Jacquoti, et représentant par suite le Callovien inférieur.
Les calcaires oolithiques et spathiques doivent donc être attribués au
Bathonien supérieur; ils représentent ce que Ton a appelé dans la
Haute-Marne la Dalle nacrée.
Au sud, la Dalle nacrée occupe tout le plateau jusqu'à Saint-ËIophe;
à la descente on voit affleurer au-dessous, d'abord des calcaires gri-
sâtres, un peu marneux, dans lesquels nous avons retrouvé V Ostrea
Knorri, puis les calcaires blancs compactes. Le plateau de la rive
gauche est couronné de même par la Dalle nacrée, qui se poursuit
jusqu'au dessus de Neufchâteau. A l'ouest de la route^ vers le bois Le
Coq, la Dalle nacrée est recouverte par les couches inférieures du Cal-
lovien, caractérisées ici par le Colly rites ellipticus. A l'est, la roule
neuve qui descend à Fruze donne une bonne coupe de tout le Batho-
nien et entame même les bancs supérieurs du Calcaire àentroques;
dans cette coupe nous avons recueilli, dans les calcaires gris de la
base du Bathonien supérieur, la Rhynchonella variam et V Ostrea
Knorri, En se rapprochant de Neufchâteau, on voit la Dalle nacrée
reposer sur des calcaires grisâtres, durs et fins, se débitant facilement
en plaquettes utilisées pour la couverture des maisons ; les bancs
inférieurs sont plus marneux et reposent directement sur les calcaires
compactes. Dansées parties marneuses nous avons recueilli VAmmo-
nites di5C2« (Sow., Oppel), la Terebratula intermedia, la Rhyncho-
nella varians et V Ostrea costata.
Nous avons cité les couches inférieures du Callovien au nord de
1878. DOUVILLÉ. — BATHOMEN DE TOUK. 576
Neufchâteau ; on les retrouve de l'autre côté de la Meuse entre Neuf-
château et Frébécourt, où nous avons recueilli : WcUdheimia&bovata^
Sow., TT. sublagenalis, Dav., souvent plus petite et plus renflée que
le type, Terebratula Sœmanni, Oppel, variété plus plate que Téchan-
tillon jBguré par M. Deslongchamps (i), Rhynchonella Bademis,
Oppel, Collyrites ellipticus. On peut suivre ces mêmes couches plus
au sud jusqu'à LilfoI-le-Petit, oii elles contiennent VAmmonites
tumidics, la Terebratula Sœmanni et le Collyrites ellipticus ; elles
sont recouvertes par le minerai de fer à Ammonites anceps, repré-
sentant le Callovien supérieur. La faune du Callovien inférieur,
dans cette région, présente une analogie extrême avec celle des
couches du même âge dans le Calvados, telle qu'elle a été décrite de-
puis longtemps par M. E.-E. Deslongchamps (2). C'est pour faire res-
sortir cette analogie que nous avons adopté les noms de fossiles
employés par cet auteur, bien que pour quelques-uns d'entre eux il y
ait des réserves à faire, tout au moins pour la Waldheimia sablage-
nalis et la Rhynchonella Badensis, dont les types appartiennent au
Bathonien supérieur.
Le tableau ci-contre (p. 576) résume la composition du teirain ba-
thonien dans la région que nous venons d'étudier.
Nous aurions voulu ajouter à ce tableau la comparaison avec les
divisions du Bathonien de la Moselle, telles qu'elles ont été établies
par MM. Terquem et Jourdy. Malheureusement il se présente ici des
difficultés qui ne pourraient être résolues que par une étude directe
sur le terrain, étude qu'il ne nous a pas été possible de faire. Nous
croyons toutefois devoir mentionner l'opinion de M. Levaliois, telle
qu'elle est exprimée dans les notes qu'il nous a communiquées.
On sait que MM. Terquem et Jourdy ont distingué de bas en haut
trois zones caractérisées par VAmmonites subfurcatus, VA, Parkinsoni
et r^. querciniis, et à la partie supérieure une 4** zone très-peu fossi-
lifère. Pour M. Levaliois, les zones i et 2 embrassent la succession
complète des couches qui constituent le terrain bathonien, les marnes
noires à Ostrea Knorri de Friauville, qui terminent la 2® zone, étant
le prolongement des couches à O, Knorri des environs de Toul
(couche 9; Callovien de M. Levaliois); dès lors, dit M. Levaliois,
« les 3» et 4^ zones ne sont qu'une superfétation ; ce n'est que la
» 2« zone, mais prise à quelques lieues plus à l'ouest. Les calcaires
» oolithiques miliaires, dits calcaires d'Étain, et les calcaires terreux
» bruns de Rouvres (4' zone), ne sont autres que mon Cornbrash
(1) Bull. Soc. LinJi. Norm,, t. IV, pi. IV. fig. 19 et 19 a; 1859.
(2) Notet sur le terrain callovien, Bull. Soc, Linn. Normandie, t. IV; 1859.
DODVILLÉ. — BATHOMEK OK TOCIL.
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1 (rnuc)io h Anabitcùi orbuUtci). lequel o.sl oom[)ris dans la ilivisioii
" lie la S" loiiedeMM. Toiijucm et Jourdy iiililuliîc Marnes el cal-
» oaircs manioiix de Jainisy, "
M. Coidella donne locliire do la tiolc suivanl.' :
^'ole sur le-% Mines du Laurluin el sur les nuiivoaiix faites
/le initierai de zinc (SmlthAonlIe),
])ar M. A. Coivlolln.
Les mines du Laurium, giilce ù la relbnte dits scoiios plombilV-ios
ft ù une nouvelle et aclive exploilalJoii, cotnmeiieoiit ii reprendre leur
ancienne réputalion.
Leuresplaitalioii remonte ù une (J|)oque très-reculée; elle était en
pleine activité du temps do Périclès. et avant l'invasion de Xercès la
valeur de leur production annuelle di-passait i 000 000 de francs.
La guerre du Péloponnèse leur porta un coup fatal, et ce ne fut que
longtemps apr^s, que, sur les sa^es conseils de Xénophon, les travaux
l'ureiil repris, mais avec moins d'antiviié et de succè-'. La situation se
maintint ta même sons Philippe de Macédoine et sous la donnnation
romaine, jusqu'aux dei'nii'ies années du i'"" siècle de H-rc cln-étienne.
A partir de celte époque, aucun auteur, sauf Pausanias, n'en l'ait la
moindre mention.
Los travaux exécutés par les Anciens .«ont innnenscs, el lorsque
l'on considère l'énorme quanlilé des ecvolarles (déblais des mines) et
des scories plombirères, on jM-ut se l'aire une idée de la riclie-istî îles
giles exploités, du temps et du noaibiï! d'ouvriers ([u'il a fallu pour
atteindre un pareil résultat.
En me basant sur la qnanlilé des scories, qui s'élî-ve à 2 000 000
de tonnes, d'une teneur moyenne de 10. .'J 0,0 d-.! plondi, et sur celle
d(?s ecvolades, qui atteint environ iOO (KX) 000 de tonne';, d'une teneur
de 4 à li 0,0 de plomli et de I 000 à 7 (KM) jjrammes d'argent par
tonne de plomlv j'ai réussi ;i établir les chillies suivants :
Le travail continu a duré 300 ans ; le travail des mines, du lavage
et de la fonderie :i nécessité enviion loOOO ouvriers; il a été oxtiait et
traité 4 400 000 tonnes de minerai, qui ont pi-oiluit environ 2 000 tXX)
de tonnes de plomb d'œuvre. d'une valeur totale de i 000 003 OtHt de
francs.
I^ terrain qui contient le minerai est constitué principalem;;nt par
des schistes et des calcaires cristallins métantorphiiiues, alternant en-
tre eux en siralifiralion coucordanti' et reposant sur le granité, Ohii-
i
1
I
57S CORDKIXA. — MINUS |)L' LAI iUUM. 20 mil i
ci torn)e le soininct d'une montagne située presque au milieu du
terrain métalliti'ie, et ayant îbO mètres d'allitude au-dessus du niveau
de la mer. Il est à grain fin et composé d'andésine, d'oligoclase, de
. biolile et de quartz, selon les récents travaux de M. le professeur
Szabo.
Dans la localité de Plakâ (1) le granité est recouvert par une roche
métamorphique très-intéressante, que j'appelle plakite. Le plakitc
peut é(re considéré comme une roche subordonnée au micaschiste ; il
«st formé d'oligoclase, de mica, de quartz et quelquefois de chloritc.
il passe insensiblement à un leptynite, à son contact avec le granité, et
à un plakite très-micacé, à son contact avec le micaschiste.
Le micaschiste est très-talqueux ; il passe souvent au chloritoschisic
et est veiné de calcaire et de quartz ; il occupe une grande superlicie
dans le Laurium et alterne avec le calcaire cristallin.
Celui-ci constitue des bancs très-puissants, très-souvent transformés
par des sources ferrugineuses en carbonate double de chaux et de fer.
Parfois il est imprégné de sulfures de plomb, de zinc ou de cuivre, ou
d'arséniate de nickel.
On trouve aussi souvent une roche verdâlre, semblable à la serpen-
tine, mais stratifiée et en couches généralement concordantes avec les
autres assises sédimentaires. M. Szabo la considère comme une trans-
formation de diorite en glaucophane-trapp. On rencontre souvent des
blocs de ce trapp dans le calcaire ferrit'ère.
Le territoire métallifère du Laurium est traversé par de puissants
liions de granité à andésine ou de roches feldspathiques, qui se diri-
gent de l'est à Touest, avec une inclinaison de 4o<> vers le nord.
Les minerais de plomb argentifère et de zinc se présentent indis-
tinctement dans ces diverses roches, tantôt en liions réguliers traver-
sant les schistes, tantôt en masses irrégulières au milieu des calcaires,
mais surtout en amas et couches d'une grande étendue au contact des
schistes. C'est ce que montrent les anciens puits que l'on a déblayés.
Dans la seule circonscription de Camarésa on a jusqu'à ce jour constaté
pour la couche inférieure de contact une superficie continue de 3 à 4
kilomètres carrés.
La puissance des gîtes métallifères de contact varie de 1 à 7 mè-
tres ; ils forment plusieurs niveaux. Quatre de ces niveaux avaient été
reconnus et exploités par les Anciens. Les travaux modernes de recher-
ches ont démontré l'existence de plusieurs autres gîtes intacts et situés
à des ni\eaux inférieurs.
Les minerais de plomb argenlilère sont à l'état de sulfure mélangé
']) y. 1.1' Ituirium. p. ir».
1878. COllDKLLA. — MI.NKS 1)1 LAURIIM. 579
(le blende, ou dp carbonale associé a du carbonale de zinc (smithso-
njtc), à des sous-sult'ates de plomb et (ie fer, à de la malachite, ù de
Tazurite, etc. La masse (jui remplit les gîtes se compose d'ocre, de car-
bonate de ter, de carbonate de chaux souvent zincifère, de spath fluor,
de pyrites de cuivre et de fer, d'anlimoine, d'arsenic, de quartz et de
fragments de schistes et de calcaire.
La teneur des minerais varie de 8 à 3o 0/0 de plomb, et de i 000 à
11 000 grammes d'argent par tonne de plomb. Les Anciens n'exploi-
taient pas les minerais calaminaires ; ils considéraient cette pierre
lourde, plus ou moins compacte, comme une matière nuisible pour le
lavage et la fusion de leurs mmerais, et cherchaient autant que pos-
sible à la .séparer. Ils ont souvent creusé dans la roche calaminaire
des puits et des galeries pour aérer et mettre en communication leurs
chantiers d'exploitation, ou pour y rechercher le minerai de plomb
très- argentifère qu'elle renlerme. Ces minerais de zinc sont tantôt in-
tercalés dans les bancs calcaires sous la forme d'amas irréguliers et de
filons, tantôt mélangés avec les minerais de plomb.
C'est dans le puits Hiiarion, à Berséco, qu'on découvrit en 1870 les
premiers gStes calaminaires, à 32 mètres au-dessous des anciennes
exploitations. Ils forment de.s lentilles qui ont jusqu'à 6 mètres d'épais-
seur.
Lorsqu'en 1868 je creusais le puits de recherches de Berséco, j'avais
trouvé dans une géode, à peu de distance du toit du gite, des cristaux
d'oxyde de zinc, que j'avais considérés comme un minéral nouveau (1).
Ce minéral, qui a été comme le précurseur du gîte calaminaire, se
retrouve aujourd'hui en petites ({uanlités dans presque toutes les
exploitations de minerais de zinc du Laurium. Il est de couleur ver-
dâtre, d'un éclat adamantin vitreux, et cristallisé dans le système
rhombique. C'est une variété cuprifère de l'arséniate de zinc hydraté
nommé Âdamine et décrit en 1866 par MM. Friedel et Des Cloizeaux,
qui l'avaient découvert dans les minerais d'argent de Chanarcillo. Ce
môme minéral a été retrouvé en 1868 (c'est-a-dire à la même épo(|ue
que dans le Laurium), en petits cristaux généralement colorés en rouge
par l'arséniate de cobalt, dans une mine de cuivre carbonate près do
Toulon.
Aussitôt la découverte du zinc dans le puits Hiiarion, l'existence du
minerai de zinc exploitable fut reconnue dans tout le Laurium, soit à
la surface, soit aux murs des gîtes plombitères. Ainsi on a trouvé dans
le mur de la couche inférieure de plomb de Camarésa, sur une grande
il} V. Le Lmu'iinn, p. TiU.
^0 CORDEI.LA. — MINES UL' LAruiiM. iO mai
surface, lie très riches dépôts de Smithsonite, qui assurent pour plu-
sieurs années une exploitation régulière et rémunératrice.
Parfois cependant le minerai de zinc est englobé dans la masse
plombiTère; il est alors très- ferr itère et contient aussi une petite quan-
tité de plomb, d'arsenic et de cuivre.
La teneur des minerais de zinc varie de 38 à 52 0/0; ils offrent une
si grande variété de couleurs et de textures qu'il est souvent difficile de
les rtîconnaîlre sans un essai préalable.
L'expérience que j'ai acquise dans les mines du Laurium me fait
croire que la richesse minérale de cette contrée a été formée à troU
époques dillérenlcs.
Tout d'abord , des sources minérales ont déposé au eontact des
roches métamorphiques et dans leurs crevasses, les sulfures de plomb,
de zinc, de cuivre, de fer, d'antimoine, d'arsenic.
Plus tard, des eaux ferrifères ont altéré et transformé le calcaire
saccharoïde en carbonate double de fer et de chaux.
Enlin, des eaux zincilères ont déposé des gîtes indépendants ou
remplacé le mur des gîtes plombilères ])ar de la calamine native.
Les émanations gazeuses et les sources ferrifères et zincifères ont
ultérieurement altéré en grande partie les sulfures et produit des car-
bonates, des sulfates, des sous-sulfates, des arséniates, etc.
Quel(jues-uns des sulfures, comme, par exemple, celui de cuivre,
ont été transformés en oxydules ou réduits à l'état métallique. J'ai
trouvé à Berséco, dans un amas superlicicl, de l'oxyde de cuivre mêlé
à du cuivre métallique. Sur d'autres points on a rencontré des échan-
tillons constatant l'épigénie de la Smithsonite et la désoxydation de*
sulfures. On a trouvé un gros noyau de galène très-argentifère, en-
veloppé (l'ocre, d'oxydule de cuivre et de cuivre métallique, et enfoui
dans une niasse calaminaire qui foi niait un griffon entre des parois
d'un calcaire très-cristallin.
Enfin, les grands cristaux scalénoédriques de carbonate de chaux
qui abondent dans les gîtes métallifères du Laurium sont parfois
transformés, soit en Smithsonite, soit en carbonate de fer.
Toutefois on pourrait citer dans le Laurium maints faits <|ui
feraient supposer la formation directe de la Smithsonite par la dé-
composition de la blende. Ainsi, dans le puits Jean-Baptiste, à Cama-
résa, on trouve souvent dans la Smithsonite des noyaux de blende,
au voisinage desquels se présentent de grands et beaux cristaux de
sulfate de chaux. Mais il est plus que probable que ces noyaux de
blende ont été précipités dans la Smithsonite par de l'acide sulfhy-
drique accidentellement contenu dans les sources qui déposaient le-
j.arbonate de zinc.
1878. LOLSTAU ET KKLllOMMK. — S<}M3A<3li: DE MO.NSOULT. 581
Il est probable (jue ce sont les sources terri ieres qui ont aussi dé-
|Ose le nickel. C'est en 1869 que j'ai constaté Texistence de ce métal
dans le Laurium, à Télat d'arséniate. (]e minéral se trouve dans le
calcaire l'crritère ; il est de couleur vert émeraude, feuilleté et radié,
cl ressemble au diaspore (Ij.
Plus tard on a conslalé des matières nickélitères dans des speiss de
tbui*s à manche tournis par la fusion d'anciennes scories plombit'ères
el d'ecvolades. Dans la mine André, les minerais de plomb du ^îte
superticiel contiennent de 0,5 à 2 0/0 de nickel.
M. G. DoIU'us donne lecture de la noie suivante :
Xote^ur un auiida^o cxt^cutc à Moiiaouli (Seinc-ct-Oise),
par MM. L«oustnu et Oeltioiiime.
Nous avons l'honneur de présenter à la Société géolo^'ique le détail
des couches traversées par un puits et un forage à la station de Mon-
soult-Maffliers, à 24 kilomètres de Paris, sur la nouvelle ligne d'Ëpinay
ù Beaumont-sur-Oise et Beauvais.
Ce travail avait pour but une recherche d'eau pour l'alimentation
des locomotives en ce point, le plus élevé de la voie. Entrepris à
Taltitude de 113'"30 au-dessus du niveau de la mer, par un puits de
2"*25 de diamètre sur une profondeur de 29"', il a été poursuivi en
forage par les soins de M. Drappier aîné, de Taverny, jus(iu'à 10o'"70
de profondeur, c'est-à-dire jusqu'à i7'"90 au-dessous du niveau de
rOise à Beau mont, qui est de 2î)"*i)0 en moyenne, el jusqu'à 7'"G0 de
hauteur absolue au-dessus du niveau de la mer. Si la nappe ascendante
atteinte, qui se maintient à 37'" en contrebas de l'ouverture, n'est pas
jugée ultérieurement suffisante, le Iravad sera continué plus avant. Le
forage, qui est lubé, a 0'"22 de diamètre.
M. G. Dollfus, auquel nous avons communi([ué nos renseignements,
a bien voulu joindre (iuel([ues délails stratigraphiques et paléontolo-
giques à la nomenclature asse^L aride des couches telle ({u'olle a été
établie d'après le journal des travaux.
fl) L? Luurium. p. f»?.
«%82
LOl'STAr ET BEIJIUMME. — SONDAGE DE UONSOll.T.
SO mai
Coupe ycoloyiquc du puits de MonsouU.
Altitude supérieure, 113"™îK).
Terrain
quaternaire.
Calcaire lacustre
moven .
Sables
et
;^rès
MJDvens.
(iifcirjure /^nissiiT
/. Terre argileuse uu
marne rouge
"71 Marne jaune
70 Calcaiix?
69 Marne
m Calcaire
1)7 Sable
m (irès
GT) Sable
til Grès
63 Sable
6-i Grès
Cl Sable
60 Sable
f 50 Calcaire
r>8 Marne
r>7 Calcaire
56 Marne
r>5 Calcaire
51 Marne
53 Calcaire
52 Marne
51 Calcaire
50 Marne
40 Calcaire
48 Calcaire
47 Marne
46 Calcaire
15 Calcaire
41 Marne
43 Calcaire
4-2 Marne
Il Marne
40 Calcaire
30 Calcaire
;W Marne
37 Calcaire
36 Marne
35 Calcaire
3 1 Calcaire
33 Marne
32 Roche
31 Roche
30 Roche
29 Roche
28 Roche
27 Argile grise.
26 Roche
• • • •
Kpaisse«r. 5*25 Profon«leur. 5"2i
l/îO 6.95
1.88 8.83
^•15 10.98
0.24 11.^
O.'ST} 11.57
0.70 12.27
6.65 18.92
0.55 19.47
6.03 26.40
0.15 26.85
1.55 28.40
1.13 29.53
1.00 30.53
0.27 ;i0.80
0.-2U 31.00
0.70 31.70
0.25 31.95
0.15 32.10
0.30 32.10
O.Oî» 32.49
0.29 32.78
0.21 .32.91»
0.31 33.30
0.10 33.40
1.40 31.80
0.25 35.05
0.21 35. 2î»
0.10 35.39
0.41 35.80
0.25 36.05
1.05 37.10
0.25 37.a'>
0.30 37.65
0.15 37.80
0.23 38.03
0.10 38.13
0.87 39.00
0.80 39.80
0.25 10. a»)
0.75 40.80
l.K) 41.90
0.90 42.80
1.40 44.20
0.45 41.65
1.20 45.85
1878,
DDU.VTs. — î!:o.\Dv(;i: m: monsollt.
im
Sables inr*ii(;ur
20 Sabb
24 Roche
2:J Sable inicac '.
•i'2 Grès vert
21 Gros vert
20 Sable
19 Grès
18 Grès
17 Ar^'ile à lignite. .
10 Sal)le à lignite . . .
15 Sable vert foni^.C*. .
/ 1 1 Sable vert ehlorito
13 Sable gris clilorité,
(Itiide
12 Sable gris chlori-
té. compacte, alter-
nant avec des argi-
les plastiïiues, va-
riant de couleur et
d'épaisseur, et se
confondant avec ces
argiles
11 Grès chlorité très-
dur
8.00
51.35
0,50
51.85
0.50
55.35
o.r)
55.80
0.55
56.35
0.20
50.55
0.00
57.15
0.50
57.05
1.00
58.65
J.15
01.80
12.00
71.10
12.00
87.00
1.00
11.00
0.70
Altitude inférieure, 7'"()0.
01. (X)
105.00
105.70
A la suite de cette lecture M. G. Dolll'u.-» présente les observations
.suivantes :
Observations sur le sondage de ^tEoiisoult,
|)ar M. G. Dollf'u».
PI. VUI.
HH. Loustau et Bellioinme, Ingénieurs au Chemin de i'er du Nord,
ont bien voulu me communiquer la coupe du sondage de Monsoult
qu'on vient de voir, en me demandant d'y joindre quelques détails et
commentaires pouvant en augmenter l'intérêt. Qu'il me soit permis
tout d'abord de remercier ces Messieurs de l'extrême bonté avec
laquelle ils m'ont fourni tous les moyens d'enquête, par la permission
de visiter les travau.x et de parcourir la voie ferrée, et par la commu-
nication des profils et des échantillons conservés.
La butte de Monsoult est située au nord-ouest de celle de Montmo-
rency ; elle fait partie du même massif; le point du sondage est voisin
du point culminant de la voie. Celle-ci, partant d'Ëpinay, gagne la.
^)U\ iioixFis. — so.NDAi;!-: DK MO.NSOLLT. 20 mai
plaine irÉrdiivillc, Moiselles, Atlainville, etc., en s*élevantdc plus en
plus, pour venir descendre avec rapidité dans la vallée de l'Oise par
le vallon de Presles, à peu près de la hauteur dont elle s'est élevée.
Cette descente de MonlsouU-Mafflicrs à Presles et Beaumont-sur-Oise
est classi(iue en gi^logie, rancienne grand'route, qui descend aussi
rapidement, ayant fourni aux premiers observateurs une coupe typi-
que. 11 est intéressant de revoir aujourd'hui cette coupe avec les deux
éléments nouveaux du puits de Monsoult et des travaux du chemin
de for, qui, s'ahaissant ù flanc de coteau, sur le même parcours, en-
lame dans des tranchées presque continues les couches tertiaires
sous-jacenles.
Dans leur premier ouvrage (l), Cuvier et Brongniart ont donné la
coupe suivante de la descente de Mallïiers, et celle coupe est repro-
duite sans changement dans la Description géologique des environs de
Paris, dernière publication des mêmes auteurs (2).
V Calcaire d'eau «I.mico eu frd;;ments.
2^' Lit mince de mai ne «liau doui^e feuilletée, appli(|ué larilôl sur un lit miocc de
ca'caire friable, rougeàtre, reufermanl un assez {jjrand nombre de coquilles ma-
rineô mal conservées, tantôt sur le grès même ou ^ur le sable.
3" lires dur en assises assez épais>es. ne renfermant pas de coquilles.
r Calcaire marin, dont les assises supiM-ieures sont dures, siliceuses, et ivnfer-
nienl des (•i>quill(»s marines et nota'.nment des Cérites.
Second' dcxrcnte avant Prrslcs.
.V Calcaire marin bonn»gène. mais temlre, en assises épais,ses.
C Sable calcaire jaunAlre, mêlé de fer (îhlorileux et renfermant des rognons
très-durs, souvent très-gros, formant des bancs interrompus, mais horizontaux,
et composés d'un calcaii-c sableux à grains verts, agglutinés par un ciment spa-
Ihiqiie. et ressemblant à un porpliyre à petits grains. — Ce sable calcaire, qui est
la partie inférieure de la formation du calcaire grossier, est ici d'une épaisseur
i:»mense; il forme tous les coteaux des envin^ns de Beaumont. La foret de Gamelle
est placée sur ce sable; on remarqut» partout des rognons durs, souvent en partie
eompisés de grains très-gros de sable <|uartzeux, en sorte <|u'ils passent aux
poudingues à petits grains.
■7" Enfin la craie, dont le voisinage était annoncé par ces diverses roclu*s, paraît
dans un espace tres-circunscril à l'est d«» B.'aumont.
Le calcaire \v^ i est connu aujourd'luii sous le nom de Calcaire de
Saint-Ouen. Le lit n® 2 et le lit inconstant qui l'accompagne occupent
la place des couches de Mortefontaine. Le grès dur n® 3 a pris le nom
(le Sables parisiens moyens, et au-dessous (n" 4) sont les Caillasses,
CCS couches si variées du Calcaii*e grossier supérieur. Le calcaire marin
n** 5 est le Calcaire grossi'jr moyen normal. Tout est régulier jusjiu*ici .
(1) KsSiii sur la Géographie luin'niiniiifai djs cnrir-iw: d.' Pari^, p. 81: 1811.
^•>) Op. cit., p. 'i.'H; \HS'k
1878. DOîJ.Fts. — s(»M)\(;k dk monsoult. î)88
mais on remarquera la confusion dos couclies désignées sous le u^ 6,
confusion (|ui ne doit point nous étonner, car on sait qu'à ce moment
les caractères des Sables inférieurs et leur individualité n'étaient point
reconnus; mais plus lard, M. Graves, qui connaissait cependant les
Sables inférieurs dans leurs détails, a décrit encore avec incertitude
]es dépôts sableux analogues visibles dans le département de TOise et
situés à une très-petite distance au nord (1). Quelque temps après,
d'Archiac ayant, dans son Histoire des Progrès de la Géologie, repro-
ché à M. Raulin d'avoir réuni les sables nummulitiques au calcaire
grossier, dans sa Carte géogaostiquc du plateau tertiaire parisien,
celui-ci se défendit en citant la coupe de la descente de Presles, dans
laquelle le calcaire grossier u se lie aux sables glaucon itères, et par un
passage de composition, et par sa stratilication (2) •.
C'est qu'en effet, par suite dune altération dolomitique des couches
inférieures et moyennes du Calcaire grossier, dont j'ai entretenu la
Société gétdogique à propos de la coupe du chemin de fer de Méry-
sur-Oise, la distinction du Calcaire grossier inférieur et des Sables de
Cuise est parfois fort délicate dans celle région, et il n'est pas éton-
nant que M. Drappier s'y soit trompé également dans le sondage de
Monsoult. Le Calcaire grossier, dans sa partie inférieure et moyenne,
est ici si dolomitique, si altéré, si sableux, qu'il est méconnaissable
et qu'il a pu, dans la moi lié inférieure de son épaisseur, être indi-
qué sous la rubrique erronée de sables inférieurs.
La coupe du chemin de fer ne permet pas de douter de ce fait; elle
ramène le Calcaire grossier et hîs Sables inférieurs à leur épaisseur
normale et permet de préciser la limite i\^s altérations. Pour faciliter
la comparaison i\Q^ deux sources de renseignements, j'étudierai suc-
cessivement chaque terrain dans ses détails sur la voie et dans le
sondage.
Je commencerai la coupe à la partie inférieure, c'est-à-dire à la plus
basse pour le sondage, à la plus éloignée de Paris pour la voie. J'ai
pris pour type de numérotage les couches du puits, en réservant une
dizaine de numéros à la base pour le cas où le sondai^e serait pro-
longé inférieurement. Des lettres indiqueront les subdivisions que j'ai
cru devoir établir.
Craie blanche.
La voie ferrée ouvre dans la berge de l'Oise, juste avant le pont de
(Ij E^sai de topKjr.tphir g'^iinottiffuc du d'p. de /Ï)ist, p. -^Hi, S-JÔ, :JG0 (glau-
Conii* supériiMin'î.
li} Dull. Svc. f/r'w/., 2' >.•!• . t VHi. p. Kil; IH.'»!.
686 IHM.U'IJS. — soMUGK DE MONSoiLT. 20 mai
B(*auiiioiit une tranciiéc qui, approfondie par une fouille, iifa permis
(Je relever la coupe suivante :
/. LimoD et terre végétait» 0*40
c. Craie brisée, dômaniclje surplace, cmi fragments an;^Mleux. jaunis 2,00
1. Craie blanche, avec lits stratifiés do silex noirs tabulaires ou cornus,
plongeant faiblement au sud-est, visible sur 5.66
Cette couciie rcnferuie :
Itclemnitella mucronatn. Schh»l!). ï»[>.,
(hirea vesieularis, Lam.,
— UUcrali^, Niisson,
Mwjn^ pumilu^. Sow.,
Rhyuckonella octopUcata, Sow. sp.,
Pcntetagonnster Goniasler, Astroot}-
ninnij latus ?. Forbes mUixon.
Lignitcs (ht Sofsso7inais.
Entre le point précédent et la station de Nointel, la voie ferrée, au
niveau du sol, monte insensiblement sans qu'aucun fait géologique
soit visible. Après Nointel, la montée devient plus rapide et la petite
tranchée des Fortes-Terres, aujourd'hui empierrée, a montré, au-des-
sous d'un limon épais, des blocs calcareux et siliceu.\ à Cerithium funa-
tara, Cyrena cuneiformis, Ostrea Bellovacina, dispersés sur une argile
plastique grise, panachée de rouge, avec grands cristaux de gypse. Le
contact immédiat avec la Craie n'est point visible; j'estime à 3 ou 4
mètres l'importance de la lacune dans la série des couches observées.
Dans la tranchée dite de Nointel, on voit à la base une argile noire,
ligniteuse, puis un banc pétri d* Ostrea Bellovacina, enfin une argile
grise avec des débris très-broyés de Cyrena cuneiformis. Un limon
épais recouvre le tout et occupe bientôt seul toute la hauteur de la
tranchée.
J'ai tout lieu de croire que ce sont ces couches qui ont été atteintes
les dernières dans le sondage de Monsoiilt; car un échantillon du
u"" il qui m'a été remis était composé d'un grès dur, glauconieux,
avec Osirca Bellovacina, et une argile noire ligniteuse, prise à la base
(le la couche 12, m'a donné après lévigation :
Cyrena cuneiformis. Fer., | Cylheridea Ugnilarum, G. DoUf. (1),
Crrithium fHnatum,MaLni., \ — Rnper ti, 0. HoWf. [i).
(y est la faune bi(»n caractérisée des Lignites du Soissoiinais.
(Ij Ann, Soc. (jr>d. Sjrd. t. IV, p. îî2; 187G. — C. Mulleri, MUnst. sp. in R.
Joues, pars', Tert. Entum. EnrjL, pi. vu, fig. 11; 1856.
'.'2} Xnn. Stc. gtuA. Sonl, t. V, p. iM ; 1H77. — T. }lkU:ri, M inst. sp. in R Jonjs
purs . np. rit., pi. vi. Ii;j. in.
1878. DOLLFIS. — ï^ONDA(;K \)E MONSOVtT. 587
Dans la tranchée de la station de Presles, avant Presles^ sous un
éboulis considérable de calcaire grossier surmonté d'un limon épiû»
(4"'O0), on voit en place des sables gris et jaunâtres, interstratiliés
avec des argiles noires et grises, sans fossiles. A la station même, le
sable est jaunâtre et visible sur i"'50 sous la même- épaisseur de
limon. •
Ces diverses couches concordent absolument avec celles signalées
dans le sondage sous le n" 1:2. A Nuufles et ailleurs les Ligniles pré-
sentent au sommet les mêmes alternances et les mêmes caractères.
Après avoir traversé le rù de Presles, on entre dans la tranchée du
Moulin Joly. En contrebas de la voie, une excavation sur le bord delà
roule montre encore des sables demi-tins, gris, devenant jaunes par
altération et alternant avec des argiles grises. Je crois qu'il s'agit encore
ici des sables supérieurs des Lignites, mais en l'absence de lit de galets
visible et d'aucun renseignement analogue fourni par le sondage, je
ne saurais être pleinement ailirmatif. La tranchée au-dessus de la voie
terrée est sans conteste tout entière dans les Sables de Cuise.
Sablci: de Cuise.
La très-grande épaisseur et la mobilité des sables glauconit'ères
ont obligé d'empierrer la tranchée du Moulin Joly ; on n*y voit plus
aujourd'hui que bien peu de chose; cependant, dans un chemin mon-
tant, latéral h la voie, avant le contact du Calcaire grossier, qui est
bien visible, on aperçoit les sables avec leurs caractères habituels,
c'est-à-dire fins, couleur fauve, un peu micacés. Un peu plus haut, à
une vingtaine de mètres hors du plan de la voie, une carrière est
ouverte dans le Calcaire grossier inférieur ; j'y reviendrai plus loin.
Je n'ai vu dans toute cette masse sableuse (15"' environ) aucun fos-
sile; dans le sondage les couches 14 et 15 n'ont également fourni au-
cun débris aulhenti()ue; j'ai cependant recueilli dans les décombres
une NummulUes planulata.
Comme dans toute la région géographique environnante, les Sables
de Cuise se terminent au sommet par des couches argileuses. Ainsi,
au Moulin Joly j'ai relevé les détails suivants :
/ 19. Calcaire sableux et glauconieux en plaquettes.
^ , . .1 18, Sablo elauconieux grossier, à petits cailloux (Je quartz
Calcaire grossier. { » i^i • ïr r • . i r -
^ i veit ; (If^bris coquilliers : Eupsammia (rochiforrnts,
ynmmnlitcs scahra (r;<0
Raviiienient.
588 DOLLFis. — soNDAGi: DE Mo.NSDi LT. 20 mal
s hl > I ^' ^^^^^ fi'rrugi lieux ou noir, gravier sans fussilea, ptissant
. i à un sable fin, gris ou ferrugJDOux 0.40
P .^ ^^) c. Bande d'argile griie, ondulée, très-foncée à l'étal humide. 0.20
»'i ') ^- Sable gris uu jaune, fin. avec lits fins d'argile grise 0.85
Sun» '• ' ^* ^'*o''*î grise et noire», avec panachures blanches, points li-
\ gnileui. empreintes végétales 0.85
16. Sable jaune ou gris, fin, avec quelques lits argileux 1 .00
La qualilication de « sables à lignite » el (Je • ligiiites j», attribuée à
cet ensemble (10 et 17) dans le sondage, est exagérée; la quantité de
matière végétale est très restreinte : il s*agit d'argiles plus ou moins
noires, foncées, surtout à l'état humide, et grises à Tétat sec dans leur
généralité. Quant ù la coloration indiquée comme i> verte » pour les
sables 14 et 15, elle est exacte : au voisinage de l'atmosphère, sous
l'influence des infiltrations pluviales ou souterraines, je n'ai observé
que la coloration grise ou fauve. Dans les tranchées du Val Pendant
et du Bois du Bosquet, dans celle de la nouvelle grand'route au kil.
i9.7 (depuis Pari.<), route qui date de 18i5, mais qui n'est pas rectifiée
sur la dernière carte de l'État-.Major, partout les Sables de Cuise
sont visibles, et souvent sur une grande épaisseui*, avec leur cou-
leur fauve ou grise. J'insiste à dessein sur ces variations de colora-
tion, car elles ont été longtemps un obstacle aux assimilations des
assises, et elles sont encore pour les commençants une source d'in-
certitude et d'erreur.
Calcaire grossier iyifVrieur et moyen.
La carrière de Calcaire grossier située au sommet de la butte du
Moulin Joly. au contact des Sables de Cuise, m'a fourni la coupe sui-
vante :
Terre végétale 0"10
Blocaux démantelés 0.40
2^ J b. Calcaire glauconieux en tablettes fnable>, avec Kchinidcs 0.50
( a. Le même normal, aven Luunlitea urccolala 0.20
gy ( ft. Délit friable à yummulitoi ftcabra 0. 10
* a. Calcaire dur. avec quelques ytnnmulitcs 0.20
22 ( ^. Calcaire glauconieux, quart/eux. s<»li(le, avec .V. scabra 0.30
* a. Délit friable, trés-glauconieux 0. 10
21. Calcaire dur, glauconieux. (juartzoux, ave-; fossiles variés de nuance plus
pâle (Chaîna, etc.) 0.50
19-20. Sable glauconieux .>an.s fussilcs 1 .Û()
. / b. Calcaire gréseuv dur. O.'M)
[ a. Sable glauconieux. mal visible
Celte dernière <!oiiche est ù tivs-pcu de distanco des Sables inlV'-
rieurs.
1878. I OIXFLS. — SONDAt.E DE MONSOULT. 589
Dans la tranchée suivante, dite 'lu Val Pendant, entre les poteaux
kilométriques 30,0 et 30,3, la coupe, escarpée et frès-élevée, est très-
difficile à établir. A la base on voit un empierrement de 6 mètres
environ, recouvrant les sables fauves jusqu'au contact d'un premier
banc solide de calcaire grossier glauconieux, à grains de quartz, de
O^ÔO d'épaisseur, qui a été conservé dans la maçonnerie (n® 18). Plus
haut on observe un sable dolomitique jaunâtre, sur 4™00, couronné
par un banc de dolomie solide, brunâtre; enfin, des sables dolomiti-
ques, mêlés au limon.
Dans un chemin creux parallèle h la voie, montant au-dessus de la
tranchée, j'ai pu étudier la série suivante, toute altérée, dont l'assimi-
lation aux couches normales est difficile :
a. Dolomie sableuse jaune 1*20
6. Dolomie dure; vestiges de fossiles fTurritellesJ 1.20
25 { f. Doloraie sableuse jaune, à nignons aligni'îs 1.40
d. Dolomie brune, dure 0. 10 à 0.50
f . Dolomie sableuse jaune 0.40
.' a. Calcaire glaucooieux, grossier, sub-normal. fossilifère 0.20
\ 6. Calcaire glauconieuT. quarlzcux, semi-dolomitique. irrégulièrement
endurci 2.10
f . Dolomie sableuse 2.00
(
Cette dernière couche surmontait le banc solide glauconieux, de
0'"()0, à cailloux de quartz vert, base du Calcaire grossier, dontj'ai
parlé dans la tranchée (n" 18).
Au kil. 30,1, après un petit pont métallique supérieur, un grand
cboulement de calcaire grossier surmonte une dolomie jaune à ro-
gnons au maximum d'altération.
La tranchée du Bois du Bosquet montre la série du Calcaire gros-
sier inférieur moins altérée, (|uoique encore très-dolomiliquc.
Au-dessus du contact très-ondulé, et chargé de détritus grossiers,
des Sables de Cuise, qui est au niveau de la voie au kil. 29,73, la paroi
donne la succession suivante, de haut en bas :
Calcaire en plaquettes et doloniio sableuse; linjon.
25. Calcaire sableux, glauconieux, fossilifèrcT. 1"00
/ Calcaire glauconieux blanchâtre, à Ëchinides 0.35
( Calcaire dur. dolomitique 0.35
23. Calcaire glauconieux, sub-normal, à lAuiulitc^ 0.65
22. Calcaire tendre, à Summiilitcs xcabra 0.55
21. Calcaire grenu, à Lcnitapatcllari^. aie 0 60
Calcaire dur, très-vert, sub-normal 0.40
19-20
( Calcaire très-dur, bien dolomitique 0.f>i)
Zone très-verte.
IM) DoiJFLs. — s«im>\(;k \n: monsoii.t. iOmai
Calcaire nonnai, plauconieux, pâle, fossilifèie 0.40
18 \ Calcaire dur ou tendre 0.30 à 0.50
Calcaire tabulaire ou sableux: cailloux, fossiles roulés friables, clc 0.30
A la sortie de la même tranchée vers Monsoult, au-delà d'une fente,
ou puits naturel, remplie d'argile rouge et de cailloux de silex du
Diluvium, on voyait :
_ ( Dolomie sableuse à rognons r>»00
( Dolomie jaune sableuse 1.30
24. Calcaire dur dolomitique 0.60
23. Calcaire dur brunàlre 0.50
22. Calcaire sub-normal. à Lunulilc^ 0.60
Un peu plus loin l'altération atteint la couche à LunuUtes et la
masse tout enlière n'est qu'un sable jaune dolomitique, pulvérulent.
La voie s'engage ensuite dans la ti^anchéedu Bois des Communes,
où les mêmes accidents sableux ont nécessité l'empierrement des
talus ; quehfues bancs restés normaux et solides ont été seuls, de place
en place, utilisés dans la muraille; ainsi au kil. 29,1, à 1 mètre au-
dessus du rail , on voit un banc de calcaire grossier dolomitique
(u** 29), pétri de TurriteUa iruhricataria, qui rappelle à s'y méprendre
celui de Mériel, puis un calcaire sub-normal à Fabularia discolites et
Anomies (n» 26).
Enlin, au kil. 28,8, à 4 ou K mètres au-dessus des Turritelles, règne
un banc continu de calcaire siliceux, dur, sec, ondulé, stratiûé, épais
de 0'"60, sans fossiles, qui, je suppose, forme la base du Calcaire gros-
sier supérieur (n^ 33).
Ce qu'il est le plus facile d'observer est la pente rapide des bancs
du Calcaire grossier en contre-sens du relèvement de la voie; le plon-
gcment vers le sud-est n'est nulle part plus évident.
On remarquera, en passant, que la distinction du Calcaire grossier
en inférieur et moyen n'est pas visible ; elle se perd dans la masse
dolomitique n" 25, dans laijuelle les couches à Cen'thium giganteura
et les couches inrérieures et moyennes du Calcaire grossier moyen
sont confondues. Le même phénomène est visible au même niveau
dans le sondage de iMonsoult, auquel nous allons revenir.
Les couches de la base du Calcaire grossier, i\^^ 18 et 19, sont
indi(|uces dans le journal du sondage comme « grè^ » ; c'est qu'en
effet la nature gréseuse du Calcaire grossier inférieur paraît être un
caractère assez constant. La même (jualilication reparaît pour les
couches 21 et 22, dont la division en assises de O^^oO à 0"^()0 est assez
liabituelle. Enlin, le « sable micacé » 23 n'est (|u'un banc localement
1878. UOLLFLS. — SONDAGE DK WO.NSOUI/r. 591
moins dur, peut-être dolomitique, du Calcaire grossier glauconieux
inférieur; la roche 24 est un banc solide du même ordre.
Sous le u^ 25 on a trouvé à Monsoult 8 mètres d'un « sable » qui
est une dolomic sableuse, et qui occupe la place du banc à Cerithium
gigantcum, sommet du Calcaire grossier inférieur, et une bonne
moitié du Calcaire grossier moyen. La coupe du chemin latéral à la
voie dans la tranchée du Val Pendant fait comprendre ce détail;
mais, tandis que dans le sondage Taltération s'est arrêtée aux couches
26-28, elle a atteint dans la tranchée du Bois des Communes les
n®» 29 à 32. La couche 26 du forage était vraisemblablement une
dolomie dure, et la couche 27, désignée comme « argile grise », un
sable dolomitique grisâtre. Les bancs normaux de calcaire grossier a
pierres de taille, qui sont désignés plus haut sous le nom de roche,
concordent assez bien dans leurs principaux délits avec ceux que j'ai
eu l'occasion d'indiquer, avec M. Yasseur, comme constants dans la
coupe de Méry, au sommet du Calcaire grossier moyen.
Calcaire t/rossier supérieur,
m
Dans la fin de la tranchée du Bois des Communes, vers le passage
à niveau de la grand'roule nationale n° 1 rectifiée, le Calcaire gros-
sier supérieur, qui se développe au-dessus du banc siliceux en un cor-
don dont j'ai déjà parlé, est si haut et forme une paroi si droite
qu'il n'est point abordable.
Dans les tranchées du Moulin Béhu les Caillasses ont été ravinées,
démantelées et mêlées aux débris des Sables de Beauchamp. Ce n'est
qu'au kil. 28,3 qu'on peut observer, un peu au-dessus de la voie, un
calcaire lin, siliceux, en plaquettes, renfermant des empreintes nom-
breuses de Corbula, Lucina, Niicula, Sportella duhia, etc., et formant
un horizon bien reconnaissable.
Au-dessus, sur in^SO environ, sont des marnes blanches, dures,
mais fragiles, sans fossiles, qui forment un niveau très-constant à
la partie supérieure des Caillasses moyennes (n^ 47).
C'est la dernière tranchée où apparaisse le Calcaire grossier.
Le sondage de Monsoult offre au contraire une série détaillée des
Caillasses, dont j'ai pu contrôler l'exactitude et préciser les détails.
Descendu dans le puits en voie d'agrandissement, j'ai relevé, avec
l'aide si obligeante de M. l'ingénieur Legrand, les couches suivantes,
en partant de la couche la plus élevée visible à ce moment :
57 . Calcaire siliceux 0''25
56. Marne blanche O.fJO
Calcaire siliceux dur 0.20
5.
'}\)i DOLLKis. — soNDAO.i-: i)i: MoNsoii.T. SO mai
io. Marne jaune 0.;ir»
53. Caleaire siliceux 0.32
52. Marne feuilletée O.lo
49-51 . Calcaire siliceux 0.80
j b. Caleairc siliceux 0.10
( a. Ar;;ile brune feuillet(>e 0.02
Îc. Calcaire marneux, siliceux, hlan-". fraunicntaire. analo;4ue à a 0.70
6. Filet arA,Mleux vert 0.02
^ a. Calcaire marneux, siliceux, hlane., fragile 0.72
16. Marne blanchâtre teindre 0. 10
45. Calcaire siliceux, en plaquettes, avec: Sporiclln dubin. Desh. <ip.,Sphœnia
rostrala, Lam. sp.. Cerithium, .\ucHla. etc 0.40
44 . Calcaire fragmentaire 0. 10
43. Calcaire siliceux très-dur 0.35
, ,, ( b. Filet d'arfïile brune 0.02
4if 1
( a. Calcaire siliceux, jaune, celluleux 0.25
/ f. Calcaire siliceux fragmentaire 0.25
; c. Argile verte et (juarlz carii» 0.u3
\ d. Calcaire grenu, fussilifère : Orithium dt'uliculalum, Xalica Parisien-
41 ■ si':, Lucina. Cardila. etc. ;ni(>;des) 0.30
/ c. Calcaire siliceux 0.06
b. Calcaire dur 0.15
a. Marne verte 0.02
40. Calcaire dolomitique, fossililèce : Ctridiium diutîndutum, Desh., C. se-
micoronatum. Lam. , Cardita. Cythcrra. .Milioles 0.40
39. Calcaire siliceux très-dur 0.30
L'eau ne permeltait pa.s de voir plus profomléinent, mais il était ù
croire (|ue la couche 33, qualiliée marne par les ouvriers, était la
couche (le calcaire grossier lin, à Cardium aincuïare, généralement
pourrie, (|ui se trouve au sommet du Calcaire gros^ier moyen. Les
u^" 34 et 35, formés d'un calcaire dur siliceux, représentent le Saint-
Nom; les h*'^ 36-38 sont les horizons siliceux compris entre les deux
bandes d'argile verte (|ui représentent \q Banc vert dans la région;
les n"=* 39 et 40 sont le Cliquavt et forment le sommet des Caillasses
inférieures, d'après la classification (]ue j'ai adoptée (1) à la suite du
travail sur la Coupe géologique du chemin de fer de Mêr y-sur-Oise
(|ue M. Vasseur et moi avons récemment pré.senté ù la Société (2).
Les couches 41-43 représentent les assises à Lucina saxotnim; les
nos 4i_46sont la Rochette proprement dite, avec sa faunule si caraclé-
risti(|ue, telle que nous l'avons vue en place dans les tranchées du
Moulin Héhu ; la couche 47 et ses trois subdivisions, que sa nature
et son é[)aisseur suflhaient à distinguer, terminent les Caillasses
niovonnes.
fi; V. çj//>.. p. 2':).
'2 V. .<tip.. p. '>\:\.
1878. DOLLKUS. — SOISDAiiK DE MONSOULT. 893
Malheureusement, au-dessus de cette série si reconnaissable, l'ana-
logie avec Méry-sur- Oise cesse brusquement; la coupe de Monsoult
présente très-sûrement une lacune : elle montre des alternances de
marnes et de calcaires siliceux sans caractères, que j'hésite quelque
peu ^ placer. Cependant, à Méry, beaucoup plus haut, il est vrai, la
même monotonie et les mêmes épaisseurs s'observent, si Ton saute
26 numéros : la série qui se serait terminée à la couche 44 de Méry,
reprendrait vers le n® 70 de la même coupe, pour finir au n» 79, avant
le sommet des Caillasses supérieures ravinées plus ou moins profon-
dément par les Sables moyens. Quoi qu'il en soit, par lacune ou par
discordance, il existe en ce point une modification très-digne de re-
marque à la série normale des couches.
Sables moyens.
Le contact des Sables moyens et du Calcaire grossier n'est pas vi-
sible sur la voie ferrée; il a lieu vraisemblablement au niveau de la
voie, vers le kil. 28, avant la tranchée de la Fontaine du Roy. Cette
tranchée, agrandie par une sablière adjacente, montre les Sables
moyens sur 10 mètres environ de hauteur, et donne la coupe sui-
vante :
Terre de bruyère 0*40
64. Sable impur, avec gros blocs de grès démantelés 1.00
63. Sable blanc, pur, avec fllets stratifiés jaunes 6.00
61-62. Sable un peu ferrugineux, un peu plus grossier, à lits obliques; très-
rares Nummulites imriolaria, aucun autre débris fossile 2.00
60. Sable blanc, fin, sans fossiles, visible sur 1 . 00
Des fentes ferrugineuses, obliques, entrecoupées, ti a versent très-irrégulièrement
toute la masse.
Les couches 60-6i, qui ne sont pas faciles à distinguer de la masse
totale, ne sont visibles qu'au bas et au début de la tranchée.
Le déblai du Bois Huard ne montre que des sables sans carac-
tères; mais au passage à niveau du chemin de Mafiliers à Belloy, plu-
sieurs carrières abandonnées montrent, sur 2 mètres environ d'épais-
seur, un grès dur recouvert par les marnes .et calcaires de l'étage de
Saint-Ouen. Ce grès ne m'a fourni aucun fossile et le contact avec le
Calcaire de Saint-Ouen ne m'a offert aucune des couches de passage
qu'on observe quelquefois ailleurs : ni calcaire de Ducy, ni couches
de Mortefontaine, ni argile verte du Valois.
Dans la grande tranchée de Monsoult les Sables moyens plongent
dès l'entrée sous le Calcaire de Saint-Ouen.
38
Hdï
IIOLLFLS. — «ONDAGK l)K MONSOLLT.
SOmaf
Ces rcnîjeigneraents Irès-peu complels sont peu développés parie
sondage. Traversés entre {{""22 et isO'^oS, aux altitudes absolues de
i02'n08 et SS'"??, les Sables moyens ont donc I8"'31 d'épaisseur. ï-.es
échantillons extraits montrent à la base (n^61) un niveau à at>ondantes
NximmuUtes variolaria, qui a fourni (]uel(|ues autres fossiles, dont
voici une liste abrégée :
Psammocarcinu^ Hfricarti,bi}sm. sp..
Cerithium mutabUcy Lam..
Sandbcrgeria (plusieurs esptvcs'.
Mclania hordacea, Lam.,
Lvcina gibhosula. Lain.,
— elegans, Dofr.,
Cardita pulchra, Dosh.,
Trigonocœlia mcdia. Dcsh..
Cytherea,
Vectcn .
TvrcdOy
Turbinolia sp.7,
Dendrosmilia Duraliana, Edw. et U.
Slylocœnia emarciata, Lam. sp..
yummnlites variolaria. Lam.,
Dactylopora cylindracca, Lam.
Je crois que c'est le niveau dos lits obliques de la base de la tran-
chée de la Fontaine du Uov.
Plus haut, dans l'épaisseur du n® 65, dans un sable jaune pâle, fin,
sans qu'il ail été possible don préciser la place, on a rencontré des
fossiles en abondance, que j'ai pu facilement déterminer :
Ceriihium scalnroïdcfi, Oesh..
— tiara, Lam..
— tiarella. Desh..
— crenatnlatum, Desh.,
— Bouei, Desh.,
— bicarinatum. Laoï.,
— commune^ Desh. iSandher-
gerin;.
Mclanûi h'irdacra, Lam. BnyauiaJ.
Delphinula turbinoïdcs, Lam..
Natica microglossa, Desh.,
— Parùtiensix, d'Orb..
Cyrrua depcrdita. Desh..
Trigonocœlia rrawa, Desh..
Tellina lunnhita. F)esh.,
Douai retu'ui. Lam..
Cardila ehganx, Lam.,
Cardium obliquum. Lam., var. minor.
Cette zone est exactement celle que M. Vasseur et moi avons signa-
lée dans la tranchée de Sognolles-Méry , au sommet de la partie
moyenne des Sables moyens, dans une situation non douteuse. Le
sondage indique le n° 67 comme une couche sableuse; il n'en a pas
été malheureusement conservé de témoin, mais elle serait assez bien
la couche de Mortefontaine, dont l'existence inconstante entre le grès
tabulaire et le Calcaire de Sainl-Ouen a été signalée par Cuvier el
Brongniart, ainsi qu'on Ta vu au commencement.
Calcaire de Saint-Ouen.
J'ai dit plus haut qu'au passage à niveau du chemin de'Maffliers à
1878. DOLLFUS. — SONDAGE DK MONSeULT. 595
Belloy, vers lekil. ^6,7, le contact du Calcaire de Saint-Ouen sur
les Sables moyens était visible; voici la coupe que l'on peut re-
lever :
Limon, terre à briques avec Pupa et Suceinea l-OO
f. Marnes altérées et plaquettes de calcaire siliceux dur, avec Chara et
Cypris 0.60
e. Marne blanche et jaune 0.35
gg^/ d. Calcaire dur, couleur claire 0.05
c. Marne à Bithinies et rognons de couleurs variées 0.20
6. Calcaire à Bithinies 0.40
a. Argile verte et brune, à Bithinies 0. 10
66-67. Sable jaune et roux, impur 0.06
65. Sable ou grès blanc massif
Je ne puis guère m'arrêler sur tous les détails de celte coupe; les
Bithinies, qui sont fort abondantes, sont : B, pmilla, Desh., B. ato-
miis, Desh., B. suhulata, Desh.
Dans la tranchée de MonsouU, aujourd'hui masquée, le Calcaire de
Saint- Oucn apparaissait sous un très-épais limon, d'abord sous la
forme de marnes à Bithinies (Kil. 26,5), puis sous celle de marnes
violacées, dites magnésiennes, à Limnœa longiscata (Kil. 26,3-26,2).
Le sol de la voie reste très-humide jusqu'au kil. 26, 1; puis il devient
assez rapidement absorbant et apparaît sableux sous un limon de
plus de 4 mètres de puissance.
Le sondage de Monsoult ayant rencontré le Calcaire de Saint-Ouen
(n*» 72) sur 6 mètres d'épaisseur, immédiatement au-dessous du limon,
qui avait 5'"25, je ne puis aflirmer qu'il n'ait pas eu une plus grande
puissance, et suis même porté à croire qu'il devait en avoir un peu
plus. Cependant les sables verts inl'rà-gypseux, dits de Monceaux, se
présentaient au-dessus, dans une tranchée de la gare de Monsoult,
au niveau du puits, sur une grande épaisseur (Kil. 24,4). On y
vovail :
T. V. Terre végétale 0"60
/. Limon à briques 1 . 00
e. Débris argileux, marneux 0.50 à 1.50
d. Blocs arrondis de grès marneux foncé 0.30
c. Argile verte avec gros bancs siliceux 0.40
6. Argile verte et brune, plastique; quartz carié 0.10
a (n" 73). Sables verts, sans fossiles 3 à 4.00
Sous le n** 69 viendraient se ranger les couches à Bithinies de la
base; sous le n** 70, la marne calcaire moyenne, plus solide; enfin, les
marnes magnésiennes supérieures seraient en partie la couche 71. Je
suppose qu'une portion des sables verts existe très-peu en contrebas de
396 DOLLFUS. — SONDAGE DE MONSOILT. M mai
ta voie, sous un épais limon, au point culminant et sur le versant
de la grande tranchée de Monsoult qui regarde Paris. Cet étage ne
peut entrer toutefois dans la liste des formations du sondage, qu il
surmonte à courte dislance.
D'après ce que M. Garez m'a fait voir dans les tranchées de ta ligne
de Luzarches, les bancs siliceux c de la dernière coupe seraient les
représentants de l'assise à Pholadomt/a Ludensis, et les blocs arrondis
de grès marneux d le faciès éloigné des marnes à Lucines, horizon
bien connu du Gypse marin inférieur.
La position absolue des contacts des formations et leurs épaisseurs
sont si bien connues par les profils dressés par la Compagnie du
Nord, et par les détails des tranchées et du sondage, que j'ai cru
devoir en résumer les éléments en deux petits tableaux qui feront
ressortir l'inclinaison des couches et leur amincissement. On verra
l'uniformité sensible de ces inclinaisons et l'amincissement croissant
et proportionnel à la distance des couches du côté où elles se re-
lèvent.
J'ai été amené à calculer aussi, suivant les mêmes données, l'épais-
seur |)ro6a6/<? des ligniles à Monsoult, et j'ai trouvé 29 mètres; la
profondeur absolue de la Craie au même point serait donc —3»
Altitude.
à Monsoult. sur la voie. Dist. Plong. IdcHo.
Base du Calcaire do Saint-Oueu. 102-08 113-70 2»l 11-62 -^T"
'181
Couche à Corbulcs 78.00 91.66 1.0 16.66 -^
416
Base du Calcaire grossier 55.65 74.61 5.1 18.96 -^^rr
351
Base des Sables de Cuise 26.00 55.08 6.6 29.08 -i—
440
Niveau à 0«/rea (fond du puits). 7.60 49.74 9.8 42.14 —4-
430
Sommet de la Craie (probable).. — 3.00 +42.00 9.5 45.00 -i-
4 <0
Épaisseur.
Distance DifTérence Amincis-
à Monsoult. sur la voie, moyenne. d'épaisseur. semem.
Sables moyens.... 18» 15- 2*9 3" --ir
Calcaire grossier . . 29 24 4.5 5 ---—
° 900
Sables de Cuise. .. . 28 19 6.1 9 --rn-
0/8
Lignites 29 13 8.4 16 -^
1878. DOLLFUS. — SONDAGE I)K MONSOULT. 597
Je (lirai un mot, en terminant, de la butte même de Honsoult, qui
s'élève de 70™ environ au-dessus de la gare.
A l'entrée du village, dans une briqueterie, on exploite le gypse eu
cavage. Un puits d'extraction a donné la coupe suivante :
4. Maraes variées, bleues, blanches, vertes, etc. , sans gypse 16"00
3. Masse gypseuse supérieure 3.50
2. Marne blanche à rognons 2.00
1. Masse gypseuse inférieure 3.25
L'orifice du puits étant à 2i™ environ au-dessus du sondage de
Monsoult, la base serait assez bien au niveau des marnes à rognons
que j'ai signalées au sommet des sables verts à la station.
Je n'ai pu étudier les détails des marnes 1-4, mais les talus de la
briqueterie montraient au-dessus, 5, les Marnes vertes, qui, avec un
aspect bleuâtre, renfermaient en abondance : Cyrena convexa, Cerî-
thium plicatum, Psammohia plana. Certains lits contenaient en grand
nombre les oolithes ferrugineuses caractéristiques du même niveau.
Au-dessus venaient des marnes grises et bleues, k Corbula pisu7n et
Ostrea cyathula, qui m'ont paru bien réduites, et enfin les sables
jaunes supérieurs, dits de Fontenay, très-puissants.
Il résulte principalement de cette étude, q^ue les couches du bassin
de Paris sont déjà réduites à Monsoult, et que les horizons fossilifères
y sont en particulier peu développés; faut-il l'attribuer au voisinage
assez proche de la Craie, qui se relève si vivement vers Méru au
nord-ouest, et à l'existence d'un continent, à partir du Calcaire de
Saint-Ouen, sur la périphérie du Bray ? Il n'est possible de faire que
des suppositions, étant donné le petit nombre de points où la série
tertiaire est connue dans toute son épaisseur et dans tous ses détails.
En tout cas Monsoult parait situé à la limite nord-ouest des sables
d'Auvers à Nurnmulitcs vaynolaria, et des sables de Mortefontaine à
Cerithium tAcaHnatum, tandis (|ue l'épaisseur et les caractères que le
niveau moyen des Sables moyens et le Calcaire de Saint-Ouen pré-
sentent encore vers Monsoult, point nord-ouest extrême où ils sont
CDinius, prouvent une étendue très-notablement plus grande. De même,
la quatrième et la troisième masse du gypse, qui ont disparu, ont eu
une limite maximum qu'on peut préciser du côté de Monsoult, tandis
que la seconde et la première masse, ainsi que les marnes supérieures,
par suite du manque de témoins plus éloignés dans la même direction
nord-ouest, démontrent une étendue plus grande, mais difTicile à fixer
et({uele calcul des amincissements proportionnels permet seul, pour
le présent, d'iiidiquer d'une facoirapproximalive.
598
BONNEAU DU MARTRAY. — BLOC ERRATIQUE.
iOmai
Le Secrétaire donne lecture de la note suivante :
Note sur un t>Ioc erratique szVz^J dayis la valUe de la Drag^net
près de Aloulins-Engilbert (Nièvre), à 2 kilomètres environ
de la faille occidentale du Morvan,
par M. Bonneau clu Martray.
Le bloc erratique qui fait l'objet de cette note est situé sur le côté
droit de la vallée de la Drague, à 450 mètres des bords actuels du petit
ruisseau de ce nom et à 2 kilomètres environ de la taille occidentale
du Morvan, comprise entre Moulins-Engilbert et Saint-Honoré.
Il se trouve à la surface du sol et repose sur les argiles tertiaires
qui recouvrent une grande partie du département de la Nièvre, bien
qu'elles aient été érodéeset remaniées par des courants diluviens, dont
la puissance et l'intensité restent amplement démontrées par la pré-
sence de nombreux débris de roches cristallines arrachés aux flancs
du Morvan et répandus un peu partout.
L'inspection des lieux (tig. i) semblerait montrer que, par suite
Fig. i. — Coupe transversale de la vallée de la Dragnc.
Bloc erratique. Route.
Lit actoel de la Dragno»
É^^fe7E£?^"^^'^^=S
— ^ fy.
a. — Alluvions.
d. — Diluvium.
F. — Faille probable.
: li^r.
A. t. — Argiles tertiaires.
0. i. — Oolithe inférieure.
d'une circonstance particulière, le bloc a été rejeté en dehors de l'axe
du courant principal, et c'est sans doute à ce fait que doivent être
attribuées et sa conservation et sa présence à une aussi courte distance
de son point d'émission, dont je ferai mention tout à l'heure.
Les autres blocs qui dans la débâcle diluvienne durent accompagner
celui-ci, obéissant à l'action de la pesanteur, n'auront probablement
pas quitté le fond de la vallée et ont ainsi forcément disparu, soit
1878. sÉANCK. «09
qu'ils aient ëtti eiilraiiiés au loin dans les vallées dont la Drague est
tributaire, soit qu'ils aient éié recouverts sur les lieux mêmes par les
alluvions postérieures.
Bien que la situation du bloc au milieu de terrains qui portent
l'empreinte visible de l'action diluvienne, semble révéler quel a dû
être son mode de transport, je me garderai bien de me prononcer ou-
vertement dans ce sens, réservant pour l'action glaciaire une inter-
vention contre laquelle aucune preuve ne paraît exister.
Le bloc possède bien en etlet le faciès d'un gigantesque galet aux:
arêtes abattues et arrondies; mais lorsqu'on voit dans le Morvan
même et dans tous les autres pays à rojbes cristallines, tant de blocs
en place et non moins arrondis par le seul effet de la gelée et des
autres influences atmosphériques, il devient impossible de dire s'il
n'eu a pas été de même pour le bloc en question, et si lesécaillements
qu'il a dû subir n'ont pas contribué uniquememt à lui donner son
aspect actuel, tout en taisant disparaître les traces que le transport
glaciaire aurait pu laisser.
Avant d'indiquer sa forme et ses dimensions, je donnerai sur sa
nature quelques renseignements que je dois à l'obligeance de M. Mi-
cbel-Lévy.
Le bloc est formé d'une micro-granulite appartenant aux porphyres
quartzitères du Morvan, immédiatement postérieurs aux porphyres
noirs et contemporains du Carbonifère supérieur.
On trouve dans le voisinage de la faille, à une courte distance en
amont du point où la Drague fait son entrée dans les terrains de
séilimcnt, plusieurs liions de micro-granulite d'une direction générale
N.N.E. -S.S.O., dont quelques variétés ont avec le bloc une ressem-
blance assez grande pour qu'il soit permis d'y voir son point d'émis-
sion. Cette origine étant admise, le trajet parcouru par le bloc varie-
rait entre 4 et 5 kilomètres.
La longueur de l'erratique est de 2™75; son plus grand diamètre
de 1™ environ, et sa forme rappelle assez un prisme triangulaire dont
les arêtes auraient été abattues au point de lui donner un aspect,
cylindroïde; son cube peut être évalué à 2 mètres.
Séance du 3 juin 1878.
PRÉSIDENCE DE M. ALB. GAUDRY.
H. Douvillé, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
dernière séance, dont la rédaction est adoptée.
600 TORCAPEL. — GLACIERS QUAT. DES CÉVENNES- 3 juin
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Prési-
dent proclame membre de la Société :
M. Michaux, à Bonnières (Seine-et-Oise), et rue de Londres, 58, à
Paris, présenté par MM. Bergeron et Vasseur.
Le Secrétaire analyse la note suivante :
Les Olaciera quaternaires des GôveiineiH
par M. Xoreapel.
PL IX.
Bien que les observations relatives aux phénomènes glaciaires se
soient multipliées dans ces dernières années, on est encoi*e loin
d'être d'accord sur les conditions climatériques de celte période, et on
voit émettre chaque jour à ce sujet les opinions les plus contradic-
toires, certains auteurs prétendant (|uc la majeure partie de l'Europe
et notamment la France centrale se recouvrirent alors d'un épais man-
teau de glace, d^autrcs niant, 'au contraire, l'existence ancienne des
glaciers en dehors de la région des Alpes.
Sans avoir la prétention de trancher cette question difficile, je pense
que les faits que je vais signaler pourront avoir quelque intérêt en ce
qu'ils paraissent établir d'une façon assez précise le caractère qu'a eu
cette épo(iue dans les Cévennes et dans la partie méridionale du
Plateau central.
La chaîne des Cévennes est, par son altitude médiocre et par sa con-
figuration, très-peu propre à favoriser le développement des glaciers.
Dans les régions élevées on ne trouve que des plateaux mamelonnés
ou des crêtes alignées suivant des lignes droites. Les quelques cirques
qu'on y rencontre n'ont qu'une faible superiicie et ne sont guère qu'à
une altitude moyenne de 1200 à iSOO*" ; les points culminants des ver-
sants qui les dominent ne dépassent pas 1600 à 1700"^. Ces conditions
ne sont en rien comparables à celles qu'ofïre le massif alpin, et il est
évident que les phénomènes de l'époque glaciaire n'ont pu avoir dans
les Cévennes un développement aussi étendu que dans les Alpes. On
conçoit même qu'on ait pu mettre en doute a priori que de véritables
glaciers aient pu s'y constituer.
Cependant, en 1868 M. Ch. Martins (1) démontra qu'un glacier
(1) Sur l'ancienne existence, durant la période quaternaire, d'un glacier de
second ordre occupant le cirque de la vallée de Palhrres fC -R. Ac, Se. 9 novem-
bre 18«8j.
V *
1878. TOBCAPEL. — GLACIERS QUAT. DES GÉVENNES. 601
avait anciennement existé dans le cirque de Pallières, non loin du som-
met de la Lozère. Les traces si bien décrites par cet éminent géologue
ne laissent aucun doute dans l'esprit de tous ceux qui ont quelque
habitude de ce genre de dépôts, et l'existence d'anciens glaciers dans la
région des Cévennes est depuis lors bien établie.
Mais l'observation de M. Martins, restée isolée jusqu'ici, ne suffit pas
pour donner une idée générale de l'étendue et de l'intensité des phé-
nomènes de la période glaciaire dans cette région. C'est pour essayer
de combler cette lacune que je vais rapporter les quelques observations
que j'ai pu taire dans le massif de TAigoual, pendant mon séjour au
Yigan. Cette montagne, point culminant des Cévennes du Gard, est^un
peu moins élevée que la Lozère et située à environ 37 kilomètres plus
au sud. Les traces glaciaires y sont par suite un peu moins accusées;
elles y sont cependant encore suflisaniment nettes et elles s'y pré-
sentent sous des aspects variés, qui permettent déjuger avec précision
du caractère et de l'intensité des phénomènes.
Les dépôts glaciaires que je vais décrire sont groupés sur une ligne
orientée N.-S., partant de la montagne d'Aulas, près la ferme de
Ginestous, passant par le hameau de Pueylong, la source de THérault,
le ravin de Trépalous, et aboutissant au hameau des Fons. Cette ligne,
qui laisse un peu à droite le sommet de l'Âigoual, est très-facile à
suivre sur la carte de l'Élat-major (feuilles du Vigan et d'Alais). La
coupe ci-jointe (PI. IX, fig. i) donne la position el l'altitude des dé-
pôts, ainsi que la constitution géologique du sol sur lequel ils reposent.
Glaciers de la montagne d'Aulas.
Cette montagne forme un plateau élevé, coupé par deux cours d'eau
coulant de l'est à l'ouest, la Dourbie et le Pueylong, auxquels corres-
pondent deux petites vallées sensiblement parallèles, dont la première
est entièrement granitique, et la seconde entièrement dans les schistes
talqueux et micacés plus ou moins altérés par métamorphisme au
contact du granité; toutefois la crête et une faible partie du versant de
gauche de la vallée de Pueylong sont granitiques.
Les pentes de la vallée de la Dourbie sont partiellement recouvertes
par dessables granitiques mélangés de blocs qui peuvent provenir en
partie de l'action glaciaire, mais qui peuvent également être attribués
à la décomposition sur place de la roche sous-jacente, car il n'y a ici
aucune preuve d'un transport par les glaces.
Il n'en est pas de même pour la vallée de Pueylong. Près du hameau
du même nom, ou voit sur la rive droite un dépôt détriti(|ue argilo-
002 TORCAPEL. — GLACIERS QUAT. DES CÉVCNNES. 3 juin
sableux, évidemment forme de schistes triturés, tandis que sur le flanc
gauche de la vallée repose, sur les schistes métamorphiques, une série
de blocs de granité anguleux, disséminés sans ordre particulier, et qui
ne peuvent provenir que du sommet eu l'orme de piton qui domine
ce vei*sant à l'altitude de 1 352°^. On ne saurait attribuer la présence
de ces blocs à un éboulement, car la pente est trop douce pour qu ils
aient pu rouler si loin du point de départ. En outre, ils ne sont pas
entassés ou dispersés par ordre de dimension ou de poids, comme
il arrive dans un éboulemont, mais bien disséminés dans un dépôt
sableux. Le transport par les eaux n'est pas non plus admissible, c^r
la*pente du mamelon sur lequel ils reposent n*est parcourue par
aucun cours d'eau. Le transport par un petit glacier |>eut donc seul
expliquer la disposition particulière de ces blocs. Quant aux schistes
broyés de la rive droite, qui représentent pour moi la moraine opposée
du glacier, on n'y voit pas de blocs. Les schistes qui forment le flanc
droit et la partie haute du vallon ne sont en eflet pas assez résistants
ni assez escarpés pour avoir pu fournir des blocs. Un ne peut d'ailleurs
admettre que ce dépôt soit le produit de la décomposition de la roche
sur place ou une alluvion ordinaire, car il n'existe pas de dépôt <ie ce
genre sur les plateaux schisteux de la contrée (la roche y est ordinai-
rement à nu), et les dépôts d'alluvion existant dans le voisinage des
cours d'eau à versants schisteux sont formés de terre et de fragments
de schiste.
H est assez difficile d'apprécier la puissance de ces dépôts, qui for-
ment comme des na|)pes d'épaisseur variable. Le dépôt de sables et de
blocs grarutiques du versant gauche ne paraît pas dépasser une dizaine
de mètres. Quant à celui de droite, il est plus raviné et laisse voir par
place le rocher; mais il semble former presque entièrement le
mamelon qui domine le village de Pueylong; il aurait alors une
vingtaine de mètres d'épaisseur. Ce mamelon et la traînée de blocs
qui lui fait face sur le flanc gauche semblent marquer la limite
extrême de l'extension du glacier, car je n'ai plus remarqué do dépôt
de ce genre à l'aval de Pueylong. Le glacier ne serait doiic pas des-
cendu au-dessous de 1 iOO'". La surface du bassin de réception est de
iOO hectares et le point culminant est à 1 42i«» au-dessus du niveau
de la mer.
Glaciers de VAiyoul.
Le sommet de l'Aigoual présente une crête étroite, limitée brusque-
ment du côté sud par des versants abruptes, d'où sortent les sources de
1878. TORCAPEL. — GLACIERS Qt'AT. DES CÉVENNES. 603
VHérauU; mais du côlé opposé cette crête émet des ramiOcations qui
encaissent des ravins profonds, se prolongeant vers le nord avec des
pentes modérées. L'un de ces ravins, désigné sous le nom de Trépa-
lous (i), part de la cime même de l'Aigoual (1 567"") et aboutit au
hameau des Fons. Il a une direction N.-S., et sa partie supérieure,
divisée en deux branches, est dominée par les cimes de rAijjrouai et
des contreforts voisins, dont Tensemble offre à Taccumulation des
ueiges un bassin d'environ 270 hectares.
Ces conditions de superficie, d'altitude, d'exposition, étant ici beau-
coup plus favorables au développement des phénomènes glaciaires,
nous devons en retrouver des traces bien mieux caractérisées qu'à la
montagne d'Aulas. C'est en effet ce qui a lieu.
Disons d'abord que le versant sud de l'Aigoual est entièrement formé
de schistes talqueux, dans lesquels on remarque des bancs de calcaire
cristallin, répartis à trois niveaux différents. Au sommet se sont fait
jour de nombreux liions do porphyre et de iraidronite, qui ont altéré
les caractères du schiste ; celui-ci devient micacé, passe au gneiss, et
ses feuillets sont très-contournés. Les contreforts qui constituent le
versant nord sont de granité porphyroïde, mais le schiste apparaît
dans le fond des ravins, à leur partie supérieure.
Si maintenant, partant du hameau des Fons, nous remontons le
ravin de Trépalous, nous trouvons d'abord le lit du ruisseau encombré
de gravier et de blocs plus ou moins volumineux et peu roulés. La
disposition de ces blocs en lignes allongées, parallèles à la direction du
cours d'eau, et formant des amas irréguliers où les blocs dominent de
beaucoup sur le gravier, ne laisse aucun doute sur l'origine de ces
dépôts, qui sont évidemment le produit des eaux torrentielles.
Mais un peu plus loin, à 1 kil. i/i environ dos Fons, on arrive au
pied d'un talus assez raide, de 30'" environ de hauteur, qui termine
une terrasse dont tous les caractères indiquent une moraine glaciaire.
En effet, les blocs volumineux (beaucoup atteignent 2 à 3'" dans leur
plus grande dimension, bien (jue les sommets ne présentent pas de
grands escarpements) de granité et de gneiss, souvent encore à arêtes
vives, et relativement peu nombreux, ({u'elle renferme, sont disséminés
dans le dépôt et non pas entassés comme dans les éboulementset dans
les alluvions observées plus bas. La masse du dépôt est formée de sable
en partie trituré, et même boueux; ce qui ne se voit jamais dans les
(l)J'ai visité le ravin de Trépalous en 1871, avec M. P. Cazalis de Fondouce. L'an
dernier. M. G. Fabre a bien voulu, dans une de ses tournées forestières et sur la
demande que je lui en avais faite, examiner les lieux et me confirmer l'exactitude
de mes observations. .
6()4 TORCAPEL. — r.LACIKItS QL-AT. DES GÉVENNES. 3 juin
alluvions torrentielles de la contrt^^, où le sable est toujours plus ou
moins grossier. Ce dépôt s'étend sans interruption sur une longueur
d'environ 500"*. Il est plaqué contre le versant gauche de la vallée, le
ravin coulant entre la moraine et le rocher qui forme le versant
droit. Sa surface a une pente générale beaucoup plus faible que le
fond de la vallée, en sorte que son épaisseur va toujours en diminuant
et n'est guère que d'une quinzaine de mètres au confluent des deux
branches du ravin.
Le contrefort qui sépare ces deux branches est d'ailleurs entière-
ment recouvert par les restes de la moraine médiane; les blocs y sont
particulièrement abondants. Ces dépôts morainiques se continuent
dans les deux branches supérieures et forment des sortes de terrasses
étagécs à divers niveaux, qui marquent les phases du retrait du glacier.
A i kil. environ du sommet de l'Aigoual, les moraines cessent, mais
les flancs du ravin continuent à être recouverts, jusqu'à plus de
100 mètres de hauteur au-dessus du fond, de nombreux blocs anguleux.
Plusieurs de ces blocs sont formés du schiste à feuillets contournés
qu'on observe au sommet delà montagne, tandis que le contrefort sur
lequel ils reposent est de granité porphyroïiie. La présence de ces blocs
en ce point ne peut évidemment s'expliquer que par un transport
glaciaire. Enfin, on remarque sur le contrefort de gauche des roches
granitiques offrant des parois dirigées dans le sens du ravin et qui
paraissent avoir été usées et rabotées par une action énergique et pro-
longée; on y observe môme sur quelques points comme des traces de
stries ou de cannelures. Je n'ai pas vu de cailloux striés dans ces
dépôts, mais on sait que les stries ne se conservent guère que sur les
calcaires durs ou autres roches très-résistanles, qui font ici défaut.
Tous ces faits suflisent pour démontrer l'existence, dans le ravin de
Trépalous, d'un ancien glacier dont les blocs épars sur les versants
qui l'encaissent représentent les moraines latérales,, tandis que les
dépôts plus ou moins boueux du fond de la vallée en représentent les
moraines terminales et profondes. Ce glacier, dont l'origine était au
sommet de l'Aigoual, s'étendait vers le nord sur 2600"* de longueur
et descendait jusqu'à la cote i 150'". Je n'ai pas vu de traces indiquant
qu'il soit descendu plus bas, et on ne peut guère supposer, en raison
de la faible pente (jue présente la vallée vers Les Fous, que l'érosion
ait fait disparaître ces traces dans une mesure un peu notable.
Si du versant nord de l'Aigoual nous passons au versant sud, nous
ne devons trouver que des vestiges beaucoup plus faibles de l'époque
glaciaire. L'exposition au sud et le peu de développement du versant
pouiraient même faire supposer qu'il est inutile d'en chercher sur ce
point.
W78. TORCAPEL — (iLACIFJlS Ql'AT. DKS CKVKNNES. fl05
J'ai cependant observé prt's des sources de THérault un dépôt
qui me parait suffisamment caractérisé pour être attribué ù cette
époque. Au sommet du ravin de la Daupliine (I 300"') on remarque
une dépression que dominent, comme une sorte d'amphithéâtre de 5 à
600 mètres de développement, les pentes qui aboutissent au sommet
de l'Aigoual. Or le fond de cette espèce de cuvette, qui est tonnée de
terrain schisteux, est recouvert d'un dépôt de sable argileux, mêlé de
blocs anguleux. Ce dépôt a été raviné par les eaux sur une épaisseur
de 5 à 6"; son épaisseur totale paraît être un peu plus forte. La faible
pente superficielle ne permet pas (Kattribuer à des éboulements le
transport des blocs qu'il renferme. D'ailleurs cesbiocs, étant granitiques
ou porphyriques, ne sauraient provenir que du sommet de la monta-
gne, et non de la décomposition de la roche sous-jacente. Nous
sommes donc bien encore ici en présence d'un dépôt d'origine gla-
ciaire.
Cet amas n*a en somme qu'une importance très-limitée, mais cette
importance est en rapport avec les conditions d'exposition, d'altitude
«t autres qui lui sont particulières.
Résumé et conclusions.
En résumé : 1® dans la vallée de Trépalous, exposée en plein nord
et dominée par un cirque de réception de 270 hectares partant du
sommet de l'Aigoual, le glacier s'est avancé jusqu'à l'altitude de
1180™; 2o dans la vallée de Pueylong, orientée de l'est à l'ouest,
dominée par des versants moins élevés et ne présentant qu'un bassin
de réception de 200 hectares, le glacier s'est arrêté ù 1 200*" ; 3" sur
le versant sud de l'Aigoual, à la cote 1300"', des traces de l'action
glaciaire existent encore, mais singulièrement réduites.
Ces faits si concordants entre eux, concordent en outre parfaitement
avec les observations de M. Ch. Martins sur l'ancien glacier de
Palhères. Le savant professeur dit en effet que la limite terminale de
ce glacier se trouvait à 950"' au-dessus du niveau de la mer. Si on
tient compte de la latitude plus élevée, de la superficie beaucoup plus
considérable du bassin de réception (570 hectares), et de l'altitude
plus forte du point culminant (1 663"*), on voit que l'extension un peu
plus grande de ce glacier est suffisamment expliquée.
Il parait donc établi par cet ensemble d'observations, que les gla-
ciers quaternaires ne sont pas descendus dans les vallées ni sur les bas
plateaux des Cévennes, et que par suite il n'y a pas eu dans ces mon-
tagnes de grands glaciers comparables à ceux du massif alpin. Il ne s'y
K06 TORCAPEL. — GLACIERS QUAT. DES CÉVENNES. 3 juin
est développé dans le voisinage des sommets, là où les conditions
étaient les plus favorables, que des glaciers de dimensions très-réduites,
dont la plupart n'étaient sans doute que temporaires et dont les débâcles
successives suffisent pour expliquer les amas de sable et de gros blocs
qu'on trouve répandus au pied de certains escarpements et dans le
voisinage des ravins montagneux, ù leur débouché dans les basses
vallée:!*.
L'absence de blocs et de dépôts glaciaires sur les plateaux secon-
daires, l'aspect hérissé que présentent les roches calcaires qui forment
le revêtement de ces plateaux, les flancs tortueux et irré^uliers des
vallées, conduisent à la même conclusion; car rien ne rappelle ici les
actions mécaniques si énergiques dont les vallées et les veinants des
Alpes portent partout l'empreinte.
D'où il me parait en outre résulter, comme conséquence générale,
que le froid qui a régné h l'époque glaciaire n'a pas été excessif, mais
que celte période a plutôt été caractérisée par une grande humidité
accompagnée d'un abaissement relativement modéré de la température-
Si on considère en effet que les neiges persistent actuellement jusqu'au
mois (le mai dans les ravins de l'Aigouul. on admettra sans difficulté
qu'un abaissement assez faible de la température moyenne, joint à des
chûtes plus abondantes, suffirait pour en perpétuer la présence et
pour leur permettre de s'accumuler de nouveau et de reproduire les
phénomènes décrits plus haut. On arrive ainsi à la conclusion à la-
quelle ont déjà été conduits plusieurs observateurs : que la période
glaciaire a été plutôt uneépoqued'huraidité que de froid excessif.
Massif du Mézeng.
J'ai eu récemment occasion de faire une excursion dans le massif du
Mézenc, qui forme le point culminant de toute la chaîne des Cévennes.
Ce que j'ai pu y observer concorde parfaitement avec les faits et con-
clusions que je viens d'exposer.
Ce massif montagneux présente, dans son ensemble, un vaste pla-
teau à l'altitude moyenne de 1300'", sur lequel émergent les pics
phonolithiques désignés dans le pays sous le nom de sucs, et dont le
plus élevé est le Mézenc (1 754"')- Les autres n'ont qu'une altitude
notablement moindre (1 ;00 à 1 600"') et se dressent sous forme de
dents ou de pyramides isolées sur la surface générale du plateau.
Cette disposition donne à la contrée un aspect étrange et que les tou-
ristes apprécient à juste titre; mais elle est évidemment la moins
propre à favoriser la production des phénomènes glaciaires, puisque
1878. TORCAHEL. — GLACIEKS QUAT. DES CÉVKNNES. 607
les neiges abondantes qui tombent sur ces pics isolés se dispersent sur
leurs flancs dans leur mouvement de descente, au lieu de s'accumuler,
comme il le faudrait pour former des glaciers à moraines. Je pensais
cependant que, vu son altitude générale et sa situation au nord de la
chaîne, cette région n'avait pu échapper entièrement à l'influence de
la période glaciaire, et je crois en avoir en effiet trouvé les traces dans
les amas de blocs que l'on observe au pourtour de la base de ces pics,
et dont la disposition ne me paraît pouvoir être expliquée que par
un transport glaciaire.
Ces amas ofl'rent d'abord ce caraoUVe constant qu'ils ont leur limite
inférieure à l'altitude d'environ I 300^. Ensuite, ils sontsurtout déve-
loppés dans les points où deux S2<C5 étant voisins l'un de l'autre, il
résulte du rapprochement de leur base une espèce de cirque plus ou
moins accusé. Les blocs, constitués par le trachyte et la phonolithc,
sont à angles vifs, mesurent souvent plusieurs mètres dans leur plus
grande dimension et sont entassés confusément, quelques-uns étant
•comme plantés dans la masse. On croirait à un éboulement, mais la
pente de la surface (5 à 6"") et la distance à laquelle les roches se trou-
vent des escarpements, excluent cette origine, et on ne voit pas non plus
comment auraient pu se former des courants capablesd'entraîner de tels
blocs. En admettant d'ailleurs l'hypothèse de courants, on ne saurait
expliquer pourquoi leur action se serait constamment arrêtée à une
altitude uniforme, alors que les pentes, au lieu de s'adoucir, devien-
nent au contraire plus fortes vers l'aval. L'existence de petits glaciers
circonscrivant la base des pics rend au contraire parfaitement compte
do tous ces faits.
La figure 2 de la planche IX indi(jue la disposition générale d'un de
ces amas, celui qui entoure la base du suc situé à 2 kilomètres environ
au N. E. du village de Sainte-Eulalie.
Le sommet, formé de phonolithe, est à l'altitude 1534'". Lu base est
entourée par les basaltes anciens, qui recouvraient autrefois le plateau
d'une nappe probablement continue. Au pied même du cône se trouve
un talus d'éboulis, e; puis vient le basalte, B, que Ton aperçoit en place
dans les érosions de la couche superficielle; enfin, plus bas, le terrain
glaciaire,^, formé de blocs phonolilhiques mêlés à des blocs basalti-
ques. Tous ces blocs sont anguleux et reposent sur le granité.
Dans tous les amas que j'ai examinés, les blocs m'ont paru presque
en contact et avec très-peu de matière terreuse ou argileuse inter-
posée. Cette absence de limon me semble tenir à la résistance qu'ofl*rent
lesphonolithes, soit aux agents atmosphériques, soit à l'action méca-
nique, d'ailleurs bien peu énergique, de petits glaciers se mouvant sur
des surfaces presque planes ou mêmes convexes.
008 DAUBRÉE. — DÉFOHMATIONS KT CASSUKES PAU GLISSEUENT. 3 juin
Cette composition des amas et les conditions de leur gisement ne
permettent pas d'admettre, avec M. Tournaire (1), que leur entraîne-
ment soit dû k un déplacement lent de leur masse, par voie de glis-
sement, sous Vinfluence des pluies. Cette cause peut être invoquée
pour expliquer les amas de blocs produits dans les vallées de la
Haute-Loire par la destruction des nappes basaltiques ou trachy tiques,
et reposant sur des argiles tertiaires; mais ici le substratum est émi-
nemment résistant.
Ainsi donc, si nous i^econ naissons encore ici les traces de la période
glaciaire, nous arrivons de même à conclure que ses etlets ont été
restreints et sont restés dans les limites que nous leur avions déjà
reconnues.
M. Daubrée communique les Expériences qu'il a faites
sur la x>^oduction de cléronnations et de €5ci»8ui*eM pai*
^llBsement. Dans cos expériences, qui font suite à celles dont il a
déjà entretenu la Société, il a exercé une pression longitudinale sur
un parallélipipèdedc mastic à mouler, substance à la fois flexible et
cassante. Il a obtenu ainsi : i^ deux systèmes de fentes à peu près
i*eclangulaires et symétriquement inclinées sur l'axe du parai lélipipède,
qui traversent le bloc en faisant glisser Tune des parties sur l'autre;
2® des fissures parallèles minces et très-nombreuses, groupées en deux
systèmes respectivement parallèles aux fentes principales et ayant
pour bissectrice la direction de la pression.
Par leur mode d'association, par leurs dispositions parallèles et par
leur répartition en plusieurs systèmes, ces cassures artificielles rappel-
lent tout à fait les cassures de divers ordres qui traversent de toutes
parts récorce terrestre. Elles imitent les failles avec leurs formes et
leurs rejets, qui sont produits par les poussées mêmes qui ont ouvert
ces fentes. On voit de plus comment les joints, souvent si intimement
associés aux failles, dont ils sont un diminutif, ont pu prendre nais-
sance en même temps que ces dernières. Ces directions de fissures
étant des lignes de moindre résistance, on comprend comment les
vallées d'érosion se rattachent souvent aux failles. Enfin, on a une
explication probable de la disposition à peu près rectangulaire si fré-
quente dans les joints et dans les failles. Il suffit d'une très-faible
déformation pour que ces systèmes de cassures prennent naissance
simultanément. Certaines contrées, le Nord de la France par exemple,
offrent des exemples de ce double système de cassures.
(1) Sur la constitution géologique du drp. de la Ïlaute-Loire . Bull., 2* sér..
t. XXVI, p. 1106; 1869.
1878. POTIER. — G.VSSL'nES DANS LES CORPS ISOTROPES. 609
A la suite (le cette communication, M. Daubivc donne lecture de la
note suivanle :
Sur la clirection des cassures dans les corps Isotropes»
par M. Potier.
Les nouvelles expériences de M. Daubrée sur Técraseraent des
prismes, expériences dans lesquelles deux systèmes de cassures, d'im-
]K)rlance à peu près égale, sont déterminés par Tapplication d'ui>e
pression unique, présentent trop d'intérêt pour la géologie pour qu'on
n'en rechei'che pas l'explication théorique.
Si Ton suppose un corps solide, fortement pressé dans une direc-
tion unique, verticale par exemple, il est bien dair que les deux
fragments que l'on obtiendrait en déterminant une section, soit ho-
rizontale, soit verticale, n'auront aucune tendance à glisser l'une sur
l'autre.
Si, au conli^ire, la section est inclinée, la pression aura pour effet
de faire glisser ces deux fragments; (]uand le corps solide n'a pas été
coupé, la cohésion s'oppose h ce mouvement tant que la pression n'est
pas trop forte; lorsque celle-ci devient considérable, le glissement a
lieu et doit avoir lieu suivant la section pour laiiuelle la tendance au
glissement serait la plus grande; cette tendance, nulle pour une sec-
tion horizonlale ou verticale, est maximum pour une section inclinée
Si Ton supposait donc un corps soumis uni(|uement à des pressions
toutes parallèles entre elles, il |>ourrait se rompre indifféremment
suivant toutes les sections inclinées h 45^ sur la direction de ces pres-
sions; mais si, en dehors des pressions verticales (|ue nous supposerons
les plus considérables, il est soumis en outre ù des pressions Est-Ouest,
s'opposant à un glissement dans ce sens, les mouvements auront lieu
dans le sens du méridien, les surfaces de glissement étant des plans
dirigés Est-Ouest, plongeant, soit au Sud, soit au Nord, de 4.'>, et fai-
sant par conséquent entre eux uii angle droit.
Si, au contraire, on supposait les pressions Est-Ouest très-fortes
relativement aux pressions verticales, comme cela paraît être le cas
pour un grand nombre de phénomènes géologiques, les surfaces de
glissement seront verticales, formant avec le méridien des angles
de Vy\
Le cro(|uis ci-4lessous représente la rupture théorique dans le pre-
mier cas.
39
GIO HÉBERT ET HL'NIER-CIIALMAS. — TEllTIAlRE DU MCENTIN. 3 juiu
,- — • \
/*■ — y~ -'■■
N 1 L-.-.-; s
A<
Il est remarquable que la direclioii des plans de rupture laisse indé-
terminé le sens de la pression maximum supportée par le corps, cl
que dans le cas du croquis figuré, on ne puisse dire si celte pression
était verticale ou horizontale, que d'après le sens du glissement, qui
ne peut être estimé qu'en essayant de reconstituer le solide primitif
(ce qui est bien souvent impossible), afin de savoir dans quel sens il
s'est allongé.
La coexistence obligatoire de ces deux directions de rupture per-
mettra dans beaucoup de cas de distinguer les cassures accompagnées
ou non de rejets, des autres cassures formées par tension, telles que
celles qui peuvent se produire au sommet d un anticlinal, la direction
de celles-ci étant toujours unique et perpendiculaire à la tension.
Bien que ces considérations ne soient rigoureusement applicables
qu'aux corps isotropes ou offrant dans tous les sens une égale résis-
tance au glissement, elles s'appliquent encore au cas où les corps
n'ont pas été préalablement cUxh^s, sauf en ce qui concerne la valeur
des angles.
M. IIél>ert expose, au nom de M. Jiluiiior-dialnicis et au
sien, la première partie des résultats de leurs recherches sur les terrahis
tertiaires chi VIeeutin :
Dans cette première communication il ne sera question que des
couches tertiaires les plus anciennes (groupe de Spilecco) et de la
Craie qui les supporte.
lo La Craie (ou Scaglia) la plus récente de cette région et des ré-
gions voisines est caractérisée par: Stenonia Uiberculosa, Ananchytes
gihba (grosse variété de Tercis), IIoIa,ster pihda, grandes espèces d'Ho-
lastcr, Infidaster, Inocérames, etc. Elle est donc plus ancienne que la
Craie supérieure du Midi de la France, et à plus forte raison que celle
du Nord.
Au contact avec le terrain tertiaire, la surface de laCraie est ravinée,
souvent même profondément, et recouverte (|uelquefois (Asiago) par
l'Éocène supérieur. La concordance avec le terrain tertiaire n'est donc
que locale et apparente.
La Craie peut reposer, sans dislocation aucune, sur le basalte, de
manière i\ paraître s'être déposée par-dessus; elle renferme des lits
1878. ZEIL1.ER. — DICIUNOPHYLLUM IIOBUSTUM. 611
réguliers et étendus de celte roche, mais on reconnaît qu'on a affaire
à des filons-couches, qui souvent conduisent aux cheminées d'érup-
tion.
De pareilles observations peuvent être laites même dans le terrain
jurassique.
2o Groupe de Spilecco, composé de calcaires, d'argiles et de tufs,
dont la faune, quoique peu riche, a fourni 38 espèces. C'est un ensem-
ble tout particulier de fossiles, sans liens avec aucune autre faune
connue.
Les tufs sont tantôt ù la base, tantôt au-dessus des calcaires; ils
sont stratifiés, renferment des débris corrodés des calcaires, soit en
petits nodules, soit en amandes allongées, encore en place, et présen-
tent une ou plusieurs couches. 11 y a toute évidence que les tufs
résultent de la désagrégation des calcaires. Celte désagrégation a été
probablement le résultat d'émissions aqueuses thermales, acides,
ayant procédé, accompagné et suivi les éruptions basaltiques. La pré-
sence fréquente de ces tufs à la base du terrain tertiaire s'explique par
le passage facile ouvert aux sources à la surface inégale et ravinée de
la Craie, et par la plus grande porosilé des couches tertiaires infé-
rieures, qui permettait une désagrégation plus facile.
La postériorité de ces phénomènes est prouvée par le voisinage
immédiat de dykes de basalte dans lesquels on peut voir des lam-
beaux de calcaire verticaux ou repliés en V.
M. Hébert cite un grand nombre de localités où les faits consignés
dans ce travail ont été observés par M. Munier-Chalmas et par lui.
11 annonce que la suite de ce travail démonlrera.que les éruptions
basaltiques de ces régions sont postérieures aux couches à Clypéastres
de Schio.
M. Zeiller fait la communicalion suivante :
Sur une nouvelle espoco de Dlcritnopliylluiu»
par M. H. Zolllei*.
PI. X.
M. Grand'Eury a, le premier, signalé l'existence dans le terrain
houiller supérieur d'un nouveau genre de Conifères caractérisé par
ses feuilles linéaires une ou deux fois bifurquées, et auquel il a donné
le nom caractéristique de Dicranophyllian (feuilles fourchues). 11 en a
fait connaître deux espèces, le D, galUcum, très-répandu dans U;s
612 ZFJLLEU. — DICUANOPHTLLtM UODUSTUM. 3 juio
terrains houillcrs du Centre, et le D, striatum, beaucoup plus rare
que le pn^cédent.
J*ai trouvé dans les collections de TÊcoie des Mines un échantillon
provenant du terrain houiller d'Alais (Gard), qui appartient à une
troisième espèce, différente du D. gallicum par sa taille beaucoup
plus grande, plus voisine du D. striatum, mais distincte de celui-ci
par Tangle plus ouvert de la bifurcation de ses feuilles et par le
peu de distance qui sépare le point d*attache de la feuille de son
point de bifurcation. Cet échantillon est représenté pi. X, fig. l.
DICRANOPHYLLUM ROBUSrUM, ZeiUcr.
PI. X.
Feuilles larges de 5 à 6 millimètres à la base, se divisant à une dis-
lance d'environ 15'"'" de leur point d'attache en deux branches cigales,
larges de 2 à 2'"'^'5, faisant entre elles un angle de 20 à SO'el séparées
par un sinus arrondi. Chacune de ces branches se montre marquée
(le 5 nervures principales, entre lesquelles on distingue des nervures
secondaires beaucoup plus iines; la base même de la feuille paraît
n'avoir que 5 nervures principales, mais elles se divisent par dicho-
tomie vers la hauteur de la bifurcation, un peu au-dessus ou un peu
au-dessous, de manière à former 5 nervures dans chaque branche.
L'échantillon que j'ai pu étudier ne présente aucune feuille com-
plète; toutes celles qui sont adhérentes au rameau sont rompues ou
déchirées à 2 ou 3 cenlimètres de leur point d'attache, et le reste de
la plaque n'offre que des fragments encore plus incomplets; il est
impossible de savoir avec certitude si les branches se subdivisent ou
non à leur tour; en tout cas, si celte séparation avait lieu, elle ne se
produirait (|u assez loin de la première bifurcation, car sur plusieurs
fragments de feuilles les branches alteignent jusqu'à 7 cenlimètres
sans se diviser ; mais je crois plutôt qu'elles ne se divisaient pas une
seconde fois, l'un de ces fragments paraissant s'amincir peu à peu et
se terniiiier en pointe obtuse.
La surface du rameau, dont l'échantillon figuré ne présente que ie
moule, est divisée en compartiments rhomboïdaux très-allongés dans
le sens vertical, ayant 3 à 4^'" de longueur sur une largeur maxima
de 4 à o"''", et striés longitudinalement; ils se montrent très-légère-
ment bombés sur le moule, et par conséquent ils étaient déprimés
sur la tige elle-même. On remarque vers l'une de leurs extrémités le
point ou la feuille devenait libre, et c'est la position de ce point, qui
doit être placé à la partie supérieure, qui m'a conduit à orienter cette
/,
1878. ZRILLER. — DICnANOPHYLIXM ROBUSTL'M. 613
empreinle telle qu'elle est dessin<^e pi. X, fig. 1, et non pas en sens
inverse, comme on aurait été porté naturellement à le faire par la
direction des feuilles et de quelques petits bourgeons dont je n*ai pas
encore parlé.
Ces bourgeons ont une forme ovoule; ils sont composés d'écaillés
lancéolées très-aiguci, pourvues d'une carèiio saillante sur le do*; leurs
extrémités se prolongeant au sommet du bourgeon lui donnent une
apparence chevelue. Elles étaient sans doute assez coriaces, car elles
sont transformées en lamelles charbonneuses d'une épaisseur notable.
M. Grand'Eury a figuré des bourgeons semblables sur le D. galli-
cum (i) ; il paraissait probable, vu leur nombre et la rareté relative
d^ ramifications des axes feuilles dans les Dicranophyllum, qu'ils
devaientétrc considérés comme des bourgeons floraux.
La présence d'organes mules sur l'échantillon que je figure ici vient
donner plus de poids encore à cette attribution. On remarifuo en a
deux empreintes, sur lesquelles M. de Saporta a récemment, en exa-
minantcet échantillon, appelé mon attention. Ce sont deux petits axes
striés longitudinaletnent, et élargis a une extrémité en une sorte de
chapeau épais, charbonneux, qui paraît divisé en un certain nombre
de secteurs rayonnants. Il est impossible de ne pas voir lu des étami-
nés semblables ou tout au moins très-analogues à celles des Taxiis,
Sur l'un de ces organes, que la fig. 3 représente grossi, la matière
charbonneuse du chapeau a disparu en partie, et l'on voit l'empreinte
laissée sur la roche par la face supérieure des lobes : cette empreinte
se montre finement chagrinée, et l'on reconnaît, avec un grossissement
un peu plus fort, que cette apparence est due à l'impression du réseau
cellulaire, entièrement semblable à celui qu'on observe sur la face
supérieure des lobes de Técusson slaminal des Taxus, Sur l'autre, oa
voit, à droite et à gauche du pédicellc, sous le chapeau, deux corps
ovoïdes qui ne peuvent être que la partie pendante des sacs polli-
niques. Il est permis de croire que ces étamines, ainsi constituées,
étaient attachées à un axe sortant de l'un des bourgeons écailleux
restés adhérents au rameau. C'est ce (|ui a lieu chez un grand nombre
de Conifères, et notamment chez les Ifs.
En résumé, la constitution de ces organes, dont l'attribution au
rameau feuille près du^iuel ils se trouvent ne peut guère donner lieu
à un doute, fixe la place des Dicranophyllum dans la tribu des Taxi-
nées, où ils doivent, sans doute, se ranger près des Gingko. Il est inté-
ressant de rappeler que les organes mâles attribués par M. 0. Heer et
par M. de Saporta aux Baiera, genre intermédiaire, en quelque sorte,
(1) GraiurEury, Fb>rc carbonifère, p. 273, pi. XIV. ti^v 8.
614 ZëILLëR. — DICIIAXOPIIYLI.UM ROBUSTUM. 3 juin
entre les Dicranophyllum et les Gingho, sont construits sur ce même
type, avec des sacs polliniques réunis eu verticilles au sommet de courts
pédicellcs (1).
L'échantillon représente pi. X, (ig. i, appartenait évidemment à
une tfgeou à un rameau déjà âgé, et c'est ce (|ui explique la dispo-
sition singulière des feuilles, qui se présentent rebroussées vers le bas,
et dont le renversement a dû entraîner, par pression, l'inflexion vers
le bas des bourgeons placés au-dessous d'elles. On remarque, notam-
ment sur la feuille la plus basse, que, partie du rameau presque à
angle droit, elle se renverse brusquement en arrière, puis s*étale et
prend une direction à peu près horizontale ou plutôt légèrement
pendante.
Le même fait s'observe très-fréquemment chez le D. gallicum, ainsi
que j'ai pu le constater sur divers échantillons d'Âhun fort bien con-
servés, qui se trouvent à l'École des Mines. Les feuilles de cette espèce,
qui étaient persistantes, s'attachaient sur les rameaux par un écusson
rhomboïdal plus allongé vers le bas que vers le haut, comme on le voit
dans un grand nombre de Conifères. Elles devaient, d'après ce que
j'ai pu observer, présenter à leur base une section rhomboïdale et se
raccorder avec l'écusson par quatre arêtes saillantes, dont deux situées
dans le plan moyen de la feuille et les deux autres dans un plan ver-
tical, l'arête inférieure formant carène sur l'écusson. Sur les jeunes
rameaux, on les voit se détacher presque normalement à Taxe, puis
s'infléchir pour se dresser vers le haut, en faisant avec cet axe un
angle de 45**; sur les rameaux plus âgés, ou à la partie inférieure des
mêmes rameaux dont le sommet est garni de feuilles dressées, on les
voit rester normales à l'axe sur une certaine longueur et ne se redres-
ser que vers leur extrémité; sur des parties plus ûgées encore, on les
voit, dès leur base, se recourber vers le bas, puis reprendre peu à
peu, en s'infléchissaiit, une direction horizontale ou même légère-
ment ascendante. Enfin, les rameaux plus gros ne présentent plus que
des feuilles qui se rebroussent immédiatement, s'appliquant presque
sur l'écusson dont elles sont parties, et qui s'écartent ensuite peu à peu,
jusqu'à un angle de 45% mais restent toutes dirigées vers la base du
rameau qui les porte. On est, dans ce cas, porté tout d'abord à orien-
ter ces rameaux en sens inverse, et à regarder les feuilles comme par-
tant de la partie intérieure et non du haut de l'écusson qui forme leur
base.
C'est le cas (|ui se présente pour l'échantillon ligure pi. X, Hg. 1,
que j'aurais orienté inversement, comme je l'ai dit plus haut, si je
(l; De Saporta. Pal. fr.. -2' >«t.. Plantes jurassiques, p. t>f;t*:fî4. CLVI, fip. ** et :{.
1878. ZEILLER. — DICRANOPHYLLUM ROni-STUU. G15
n'avais eu égard qu'à la disposition des feuilles, et si l'étude du D.
gallicum ne m'avait éclairé sur le vrai sens à lui donner.
J'ajouterai qu'on observe chez plusieurs Conifères vivants des exem-
ples d'un semblable renversement des feuilles; je citerai, par exemple,
V Araucaria brasilioisis et surtout VA. Cunninghami, dont les feuilles,
sur les jeunes rameaux, et sur la tige elle-même entre les verticilles
de branches les plus récents, se montrent dirigées vers le haut; sur
les parties un peu plus âgées, elles sont étalées normalement h l'axe;
enfin, sur les parties plus anciennes de la tige principale ou des ra-
meaux, surtout des rameaux de premier ordre, elles sont complète-
ment renversions et font avec Taxe, du coté du bas, un angle égal à
celui qu'elles faisaient précédemment de l'autre côté; quehiues-unerS
même sont presque appliquées contre l'écorce. Ainsi, aux deux extré-
mités d'un même rameau, on trouve des feuilles dirigées en sens exac-
tement inverses. C'est ce qu'on observe souvent dans le D, gallicum
sur des fragments de branche sufîisamment longs.
J'ajouterai, au sujet du 1). gallicum, qu'on voit assez fréquemment
les rameaux présenter les traces d'inégalités notables dans leur déve-
loppement : j'ai vu sur des échantillons du terrain liouiller d'Ahun,
cil cette espèce est très-abondante, les feuilles, espacées seulement de
3 à 4"'" dans le sens vertical sur un certain point d'une branche, se
montrer sur un autre point de la même branche espacées de 7, 8, 9 et
10^™. Les parties où les feuilles sont plus rapprochées paraissent
correspondre, comme l'a indiqué M. Grand'Eury, aux points de rami-
fication, ainsi ({u'on l'observe encore dans beaucoup de Conifères
et, par exemple, dans V Araucaria Cunninghami ((ue j'ai cité tout à
l'heure.
EXPLICATION DE LA PLANCHE X.
Fig. 1. — Dicranopliyllitm robustum, ZoilliT.
Fraj^inents de ruineaii portant plusiijur.s feuilh-s et des bourgeons floraux à 1 ais-
selle de quelfjues-unes d'entre elles.
En a, deux élamines, compos.'es chaonn.* d'un petit a\e. ép;inoui au sonink't en un
C'Cusson plurilobé, ipii porte les sacs pollinifpies.
Fig. 2 et 2'. — Fra/Ljments de feuilles provenant de la partie pi>stérieure de la
mOmc plaque.
Fig. 3. — Une des étaniines a /^çrosMe.
1^ Secrétaire donne lecture do la note suivante :
616 PËiioN. — itKPONSii: A M. LRYUEUiE. 3 juin
Observations sur le Mchnoire de M. Peron sur les «calcaires
à' Ccliinidea des Oains de Rennes,
par M. L«oyniorio*
Je puis affirmer que les calcaires à Hippuriles qui couronnent la
Montagne des Cornes sont supérieurs aux couches à Échinides ; il ne
peut y avoir le moindre doute à cet égard.
Quant à la place de ces deux assises dans la série crétacée, je pense
qu*elles sont une dépendance de la craie turonienne. Voici deux faits à
Fappui de cette opinion :
ï'^La marne bleue du Moulin Tiffou et le grès d*Âlet appartiennent
tous deux à la même formation et me paraissent suffire pour repré-
senter le «St^nom'cn dans la région de Uenncs-les-Bains, le Garumnien
rutilant, qui surmonte le grès, correspondant à l'étage danien.
i^ Dans la Haute-Garonne, où le Turonien est à peine représenté, il
existe cependant, sur le petit plateau de Paillon, derrière Saint-Mar-
tory, un gîte très-restreint et tout exceptionnel de fossiles silicifiés et
fragmentés, où Ton est surpris de voir des Polypiers et quelques Mol-
lusques des Bains de Rennes : Ileliastrea criharia, Columnastrea
striata, Leptoria radiata, Ostrea from, des Rudistes indéterminables
et une Caprine voisine de C. AguUloai. Or, dans ce gîte singulier, qui
pour moi est encore une véritable colonie, ces fossiles de Rennes sont
mêlés avec des Spongiaires caractéristiques de la craie turonienne,
parmi lesquels M. de Fromcntel a reconnu : Siphoncndea brevicostata,
S, jnriformis et S. nuciformis (S, MicheUnf, de From.).
M. Peron fait la réponse suivante :
Réponse aux observations de M. Lei/merie,
par M. Peron.
La note de M. Leyraerie apporte un nouveau et précieux témoignage
en faveur d'un fait que j*ai cherché précisément à mettre en lumière
dans mon mémoire sur Rennes-les-Bains: c'est la superposition des
calcaires à Hippurites sur les couches à Micraster brccis (1), superpo-
(l) Mîil^iv l'avis cxfuimo «lans une précLMlentc séancu f)ar l'un île mes horunahles
contra» licteurs, je maintiens le nom cIo Micnisfcr brciia à l'espèce de Rcnnes-les-
Bains, par eetle raison excellente (pie c'est f)ré<'isi;menl sur les Mirrn^frr de rv\W
lo.-alitô que l'espèce de ce nom a clé •.iv-e par A.izassiz et Djsor.
1878. SKANCE. 6^7
sition qui était restée douteuse et que plusieurs géologues ont complè-
tement niée.
Quant aux motifs invoqués pour classer ces deux assises comme une
dépendance deTétage turonien, je ne saurais, malgré la grande consi-
dération que j'ai pour Topinion du savant professeur, la regarder
comme susceptible d'infirmer aucune de mes conclusions. De ce fait
que les quelques mètres de marnes du Moulin Tiffou, très-différentes
paléontologiquement des couches subordonnées, sont admis comme
sénoniens, il me parait difficile d'en conclure qu'ils suffisent pour
représenter l'étage et qu'aucune autre couche inférieure n'y peut trou^
ver place.
La preuve tirée de la colonie turonienne de Saint-Hartory ne me
parait pas non plus concluante. Je me réserve de la discuter ultérieu-
rement.
Mon mémoire a provoqué d'assez vives discussions de divers côtés.
Déjà de nombreuses réponses ont été présentées à la Société, et ces
réponses ne me sont connues encore que par le trop court résumé
donné dans le Compte-roidu sommaire. Je juge donc nécessaire d'atten-
dre l'impression et la publication de ces notes pour répliquer à toutes
en môme temps. Parmi les géologues qui ont discuté mes conclusions,
il en est d'ailleurs dont l'opinion s'est depuis lors beaucoup modifiée
dans le sens de ma manière de voir. La communication des fossiles des
couches litigieuses, et les discussions poursuivies par correspondance
me semblent avoir gagné à cette manière de voir de nouvelles et pré-
cieuses adhésions parmi les géologues du Midi, même parmi ceux qui
jus(}u'ici avaient professé des idées tout à fait contraires.
L'attention est maintenant appelée sur les faits que j'ai signalés r
des recherches à ce sujet se poursuivent en ce moment sur divers
points, et nous pouvons espérer que bientôt de nouveaux arguments
seront apportés dans la question.
M. niuiiier-Clisàliiiaar fait une communication sur la MLatr^
phologie des CrinoTdes.
Séance du 17 juin 1878.
PRÉSIDENCE DE iM. ALD. GAUDUY.
M. Brocchi, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernièrv^
séance, dont la rédaction est arloptéc.
618 TOURNOL'ËR. — CÉRITES DV PUITS KHAROUBI. 17 Juin
li lit ensuite une lettre de M. Y. Payot relative à remplacement du
monument élevé à Balmat à Chamonix. Cette lettre est renvoyée au
Conseil.
M. Cotteau, en offrant à la Société son Rapport sur TExposl-
tlon géologique et paléontologlquo du HAvre (Y. la
Liste des dom), insiste sur rintérét tout à fait exceptionnel que pré-
sentait celte exposition. Due à l'initiative de la Société géologique
de Normandie et parfaitement installée dans les anciens bâtiments
du Palais de Justice, elle constituait assurément un des plus grands
attraits du congrès de TAssocialion française pour Tavancement des
Sciences.
M. Cotteau signale les séries qui lui ont paru les plus complètes.
L*étage kimmérigdicn, avec ses nombreux ossements de Reptiles et de
Poissons, avec ses Mollusques si parfaitement conservés et toujours
revêtus de leur test, avec ses Échinides aux espèces variées et parmi
lesquelles on remar([uait plus de trente magnifiques exemplaires du
Rhabdocidaris Orbignyana, attirait surtout Tattenlion. L'étage céno-
manien ne le cédait en rien pour le nombre et la beauté des fossilas
ù l'étage kinimérigdien. M. Cotteau ne croit pas qu'il existe ailleurs
un ensemble cénomanicn plus complet et représenté par des exem-
plaires plus parfaits.
Une collection de roches exposée par la Société géologique de Nor-
mandie, dont elle est la propriété, complétait les séries paléontolo-
giques.
Tous les murs étaient recouverts de plans, de dessins, de photogra-
phies, de coupes, de cartes, au milieu desquels se détachait la grande
carte géologique de la Normandie dressée par M. Lennier. Ce n'est en-
core qu'un essai, mais si, grûce aux encouragements des Conseils géné-
raux, cette carte peut être mise complètement à exécution, elle sera uu
véritable monument pour la Géologie de la Normandie.
D'autres salles étaient consacrées aux objets préhistoriques et à la
Géologie applicfuée.
C'était la première fois qu'une exposition géologique et paléontolo-
gique était organisée, et on peut dire (fue son succès, à tous les points
de vue, a été complet.
M. Xournouei* annonce qu'après avoir examiné de nouveau
les débites des Manio» » Ili|>i»nrlun du puits Kharoubi
près Oran (1), il a reconnu que, si la très-grande majorité s'éloigne
{Ij V suprà, p. ilO, scanr;* du 1 ftH riiT 187H.
1878. UÉfi&RT ET MCNIER-CHALMAS. — TERTIAIRE DU VICENTIN. 619
sensiblement du Potamidea Basteroti type de Montpellier, cependant
ce type ou ses variétés s'y trouvent réellement représentés par quelques
individus qui, malgré leur rareté, suffisent à rattacher les autres,
comme variété africahie, à l'espèce typique du Midi de la France.
Relativement aux Coquilles marlnea trouvées dans la région
des Obott» «aliarleii» par divers explorateurs, M. Tournouër
met sous les yeux de la Société : 1° des Cardium edule trouvés par
M. Mares dans les dayas élevées du Sud de la province d*Oran, et par
MM. Roudaire et Lechâtelier dans la grande dépression orientale du
ChottHelrir; 2^ diverses coquilles marines recueillies dans les dunes
de Sedrata, au sud d'Ouargla, par M. Thomas; et 3<^ les coquilles
mêmes rapportées par MM. Desor et Escher de la Linth des oasis du
Souf etqui sont: Cardium edule, Balanus sp,?, et Nassa gibbosula, L.
(espèce méditerranéenne, non atlantique).
Le Cardium edule semble seul avoir vécu en place, pendant Tépoque
quaternaire, dans les divers bassins, étages à des altitudes très-diffé-
rentes, où l'on trouve ses nombreux débris ; mais, à lui seul, il
ne suffit pas à prouver Texistcnce d'une mer saharienne continue,
communiquant avec la Méditerranée d'une part, avec l'Océan atlanti-
que de l'autre t Sa présence dans des bassius saumâtres, isolés les
uns des autres, peut s'expliquer par le fait des Oiseaux palmipè-
des, etc.
Les coquilles marines de Sedrata, absolument roulées ou fragmen-
tées, ont été recueillies à la surface des sables mobiles qui ont recou-
vert cette ancienne oasis, et leur présence doit être attribuée au fait de
l'homme, même pour les espèces que leur origine lointaine et non
méditerranéenne rend plus singulier de rencontrer ici.
Il en est de même sans doute de celles du Souf; elles ont cependant
été trouvées, d'après M. Desor, dans des conditions de gisement qui
leur donnent plus d'importance, c'est-à-dire dans des sables stratifiés
torrentiellement et recouverts par une croûte gypseuse.
Théoriquement, il n'est pas invraisemblable qu'une partie au moins
du sol africain de cette région ait participé aux grands phénomènes
géologiques d'exhaussement, d'affaissementou de fracture, qui pendant
l'époque quaternaire ont affecté si gravement le bassin de la Méditer-
ranée et isolé, par exemple, les terres voisines de la Sicile et de Malte,
où ont été trouvés des débris d'ËIéphants, mais les faits conchyliolo-
giques sur lesquels on a appuyé l'hypothèse d'une grande mer saha-
rienne récente ne sont pas jusqu'à ce jour concluants en faveurdc cette
hypothèse.
M. Hébert termine l'exposé des rcclierchc.s qu'il a entreprises
620 HÉBERT ET MUNIER-GHALHAS. — TERTIAIRE DU VICENTIN. 17 juin
avec M. Munier-Cliciliiias sur les terrains tertiaires du
Vlcentin (i) :
30 Coîiches à Alvéoïines de Monte Valîeco (Bolca) et Monte Portale,
— La superposition au n» i serait, à Mussolirio et à Monte Sivieri
(Bolca) : à la base, couches à structure brëchoîdes, nombreux Nul-
lipores. Crustacés, petites Nummulites ; puis, couches à Alvéolipies
proprement dites, avec lits de Poissons et de Végétaux à la partie
supérieure.
Le calcaire de Monte Portale, qui termine ce système, nous a donné
une belle série de fossiles avec le test, dont un certain nombre du
Calcaire grossier inférieur parisien : Cerithium giganteum, Natica
cœpacea, N, hybrida, Terebellum sopitum, Hipponix comucopiœ, Lucina
gigantea, Corbis lamcllosa, Orbitolites complanata et beaucoup d'es|)è-
ces nouvelles. — En haut, couches sauraàtres avec Cyrènes, Cycles-
tomes, etc.
40 Calcaires à Êchinides de Brusa-Fcrri et Lignites de Monte Pulli,
près Valdagno. — La base de ce système e§t marine (Nummulites
Pratti, d'Arch., ce, Ranina Marestiana, Kœnig, PetHaster, Schizaster,
etc.) ; lits de Palmiers, Alvéoïines rares; puis couches à Nummulites
granulosa?, recouvertes à Monte Prelii par des bancs saumâtres et des
lignites renfermant quelques espèces de Monte Portale, avec Orbitolites
complanata, mais surtout une riche faune nouvelle. Plusieurs espèces
(Anomya dcntata, Pyrula Hantkeni, Natica cochlearia, etc.) caracté-
risent les lignites inférieurs de la Hongrie.
5*' Horizon de San Giovanni Ilarione, caractérisé en Italie, comme
en Hongrie, par l'association des mêmes ^\x\ïi\n\x\\iQ^(N. perforata,
N. spira, N. complanata); nombreux Echinides (Prenaster Alpinus,
Pericosmics spatango'idcs, Conoclypus cono'ideus, Amblypygus dilatatus,
Cyphosoma Blongianum, etc.).
6** Horizon de Ronca, avec les couches saumâtres à Cérites à la base
et les calcaires à Corbis major en haut. En Hongrie cet horizon est
nettement compris entre le n^'S et les couches équivalentes au système
de Priabona. Sa place, qu'il n'a pas été possible d'observer en Italie,
se trouve donc rigoureusement fixée.
De nombreux faits démontrent que toutes les éruptions basaltiques
sont postérieures aux assises précédentes.
M. Rivière communique la note suivante :
(1) V. SHprà, p. 610.
4878. RIV1^.RE. — GROTTE DE GRIMALDI. 621
Note sur la Orotte de Orlmaldl,
par H. Ëm. Rivière.
La grotle de Grimaldi a été découverte fortuitement pendant les
derniers mois de Tannée 1872, dans une carrière en exploitation pour
les travaux du port de Menton.
Elle est située sur la commune de Ventimiglia, en Italie, au pied
même de la tour de Grimaldi, et immédiatement au-dessus des ca-
vernes des Baoussé-Ronssé, dites grottes de Menton, dans le même
massif rocheux, mais à une altitude plus grande. En effet, tandis que
le plateau qui précède rentrée 4e ces dernières est à 28 mètres au-
dessus du niveau de la mer, la grotte de Grimaldi est à 70 mètres
environ au-dessus de la Méditerranée et à 4 mètres au-dessus de la
route de la Corniche, sur laquelle elle s'ouvre par un orifice mesu-
rant à peine 0°*40 de diamètre, orifice complètement masqué par des
plantes croissant dans les fissures de la roche.
La grotte de Grimaldi a dû se prolonger autrefois jusqu'au bord
d*un large ravin qui descend à la mer, et dont elle n'était séparée
que par la route de Gênes.
Quoiqu'il en soit, à l'époque où j'ai été informé de la trouvaille
d'ossements que Ton venait de faire, la grotte ne présentait qu'un
couloir étroit et tortueux, rempli d'une sorte de magma blanchâtre,
dans lequel étaient empâtés de nombreux débris d'animaux, magma
recouvert d'une couche stalagmitique touchant presque à la voûte de
la grotte, surtout dans la partie la plus reculée. Cette accumulation
dans le fond du couloir s'explique d'autant plus facilement que cette
partie de la grotte était en contre-bas de l'entrée.
La grotte de Grimaldi ne m'a présenté aucune trace de l'Homme et
n'a jamais été habilée par lui.
Les animaux dont j'ai recueilli avec soin le plus de débris qu'il m'a
été possible, constituent une faune des plus curieuses par la différence
qu'elle présente avec celle des grottes de Menton, et non moins
intéressante au point de vue géographique. M. Gaudry a bien voulu,
par ses savantes déterminations, m'aider à la classer (1). Je citerai
notamment :
CarnaMiler* t IJrsus ferox,
(1) Si, comme genres, les déterminations ne sont pas douteuses, comme espèces
elles ne sont pas toutes définitives, et jusqu'h ce qu'une étude plus complète en ait
été faite, je crois devoir mettre quehpies points d'interrogation.
6ii lUVlKllE. — (ÎROTTE DE (ÎIUMVLDl. 17 juin
CaniK lupus,
— rulpes,
Gulo xprlfrus, un peu plus |M*lit que relui dont j'ai trouvé un
maxillaire inférieur dans les grottes «Je Menton.
Ilyirna spelœa de grande taille.
— fuscii,
Phoca mnnachus,
Felis speliCfif
— leo,
— antiqua.
RoBgenr* t Tandis ((u'à Menton les Rongeurs sont extrêmement nombreux, à
Grimaldi, par contre, je n'ai trouvé que quelques osseniunts
appartenant au genre Lcpus.
ProboMcIdleBM t FAephas meridiotialis caractérisé par quelques dents et ossements.
ParhydermcM i Rhinoccros Icptorrhinus [\m}Ci}s très-nombreuses},
Equns de grande taille.
Hippopotamus majar.
Sus de très-grande taille.
nuiuliiaDlM t Les Cer\idés, dont j'ai recueilli un très-grand nombre d'andouil-
1ers et de bois brisés, sont particulièrement intéressants et
semblent appartenir aux :
(\'rvus mpfjaceros f,
— Falconcri .\
— Brownii .'.
Cervus capreolus.
— elaphus,
— dama.
Ils seront prochainement du reste l'objet d'une étude spéciale.
Les autres Ruminants apf)artiennenl au genre Cupra, très-pro-
bablement à la C. pHmigeuid. de taille tivs-grande, et à un Bos
plus petit que le /i. primiç/enius.
Rrpillcfi X Je n'eD ai trouvé aucune trace à (rrimaldi; à Menton, au contraire.
les Raua se ivncontraienl en grand nombre.
oiNcauK s Si nombreux aussi dans les grottes de Mentim, ne sont représentés
dans la grotte de Grimaldi (]ue par un seul débris, un humérus
brisé de Te Iras.
PolMMOB* s Font complètement défaut à Grimaldi; à Menton, ils étaient très-peu
nombreux et appartenaient au genre Saumon.
MolluMincM : Les Cixpiilles de Grimaldi sont purement terrestres et appartiennent
au genre HcUx ,IL Mriensis': j'en ai trouvé seulement deux
.spécimens, tous deux recou\ei ts d'un encnuUemcnt stalag-
miti(|ue.
Certaines espèces animales, telles (jue le Rhinocéros leptorrhinus et
V Hippopotamus major, qui ne se retrouvent pas dans les grottes
lie Menton, semblent indiquer pour la ^TOtte de Grimaldi une
é[>0({ue un peu plus ancienne ; de plus, l'absence de l'Homme, soit
comme o.ssemcnts, soit comme industrie, semble également donner
pour Grimaldi une date antérieure à l'arrivée de l'Homme dans la
xMDntrée.
1878. SAUVAGE. ^ POISSONS FOSSILES. 023
M. Xournouer fait observer combien il est étrange de trouver en-
semble THippopotamo, animal vivant sur dos lorrains bas et inondés, et le
Glouton, qui a un tout autre habitat.
Le Secrétaire présente le travail suivant :
Notes sur les Poissons Tossllea (suite) (i),
par M. H. E. Sauvci^o.
PL Xl-XIfl.
VII. Sur un Myliobales des terrains tertiaires de Paris.
PI. XI, fig. 3 et a.
M. Emile Rivière a bien voulu me communiquer une plaque den-
taire supérieure de Mjiiobate trouvée à Montmartre (Paris) et prove-
nant probablement des marnes à Pholadomya Ludensis. Cette plaque,
longue de 0""043 ei large de 0"K)40, me paraît être inédite (M, Rivierei,
Sauvg.), se distinguant des M. micropleurus et M, toliapicus par le
bombement beaucoup plus considérable de la plaque dentaire. Le
bord antérieur est à peine usé par le mouvement du frottement des
mâchoires. On compte 9 chevrons dentaires, un peu arqués en arrière ;
leur longueur est contenue 6 fois dans la largeur. Les chevrons laté-
raux, dont on voit deux rangées, sont de même longueur ; la série
externe est composée de losanges plus étroits et plus allongés ; les
chevrons de la série interne sont en forme d*hexagones réguliers dans
la partie postérieure de la plaque, d'hexagones irrégutiers et plus
allongés dans la parlic antérieure. Cette inégalité des losanges peut
servir à distinguer l'espèce du M, toliapicus Aq l'argile de Londi*es. Les
Af. yrieridionalis, P. Gerv., et M. c7*assHs, P. Gerv., des sables marins
de Montpellier, se séparent du M. Rivierei par Tétroitesse de la plaque
dentaire ; chez le Myliobate de Saucats (Gironde) figuré par Gervals
les chevrons ^nt plus larges {T),
VIII. Sur le Ptychodus Trigeri, Sauvg.
PI. XI, fig. 1-16.
Dans mes Recherches sur les Poissons fossiles des terrains crétacés
(1) V. liulL Soc. géol. Fr., 3« scr., t. III, p. G31 ; 1875.
(i?) P. Gervais, Zool. et Palcont. fr., pi. LCVII, lig. 10.
.1)!24 SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 17 juio
de la Sarthe (1), j'ai fait brièvement connaître, sous le nom de
Piychodus Trigeri, n. sp„ une espèce trouvée par M. Triger dans le
Cdnomanien, groupe du Pecten asper, d'Yvrë-rÉvêque ; je d«5eris et
figure aujourd'hui cette intéressante espèce.
La dent étudiée est très-haute, tort bombée, à racine large. La face
antérieure est inclinée, tandis que la face postérieure est perpendiculaire
et même un peu rentrante ; elle présente à sa base une profonde
excavation. Le bord du plateau de la couronne est en épais bourrelet ;
ce bord est fortement excavé au coté postérieur et porte des rides peu
marquées.
Le sommet de la dent présente une ornementation toute caracté-
ristique : le centre est occupé par une bande transversale, assez large,
finement granuleuse, les points étant l'extrémiié des tubes calcari-
fères ; en avant partent quelques plis très-ir réguliers, peu saillants,
souvent interrompus, qui sont bientôt remplacés par des granulations,
ou plutôt par de gros granules allongés et pliciformes. Au côté pos-
térieur «e voient quelques gros plis ramitiés, qui ne tardent pas à
se perdre et entre lesquels est une surface très-tinement granuleuse.
Tout le reste de la dent est orné de granules forts, allongés, disposés
en cercles concentriques, se relevant vers les deux faces, l'antérieure
et la postérieure. Ces granulations, ou plutôt ces rides, fortes, épaisses,
sont peu ù peu remplacées vers la face antérieure par d'autres granules
plus petits, de sorte ({ue sur cette face ils forment des stries allongiies
et interrompues.
Les mêmes caractères se retrouvent sur une dent un peu plus petite
provenant de la craie de Périgueux et faisant partie de la collection
de Paléontologie du Muséum. Trois dents trouvées dans la même
localité appartiennent aussi à la même espèce; c« sont des dents anté-
j*ieures, légèrement tordues sur elles-mêmes. Les dimensions de ces
dents sont :
Hauteur (le la couronne 26 10 11 10 8
Diamètre bi-transversal 3*2 22 16 17 11
Diamètre autèi'o-poslérieur i^7 19 — 13 13 9
Agassiz (2) a décrit sous le nom de Ptychodm Mortom une dent trou-
vée dans le Grès vert d'Amérique, qui, t au lieu de grosses rides trans-
versales simples, présente de gros plis ramifiés naissant de la partie la
plus saillanlede la dent et s'atténuant insensiblement vers le bourrelet
horizontal qui sépare la couronne de la racine ». Cette disposition
<ionne à la dent, par la vue de dessus, l'aspect d'une dent û\icrodus.
(1) Anti. Se, fjcol.. t. II, n" 7.
[2) Pui:s. fo^a.. t. III. p. 158. pi. XXV.. fi^:. l-M.
1878. SAUVAC.R. — POISSONS FOSSILES. Gît)
Le mètne nom de Ptychodi4S'Morloni a cié appliquo par Dixon (i) à
une petite dent antérieure trouvée dans la craie de Shoreliam et chez
laquelle le sommet présente des stries rayonnantes. J*avais tout
d'abord étiqueté P. Mortoni la dent recueillie dans le Cénomanien de
la Sartbe, tout en constatant d'assez grandes différences avec le type
figuré par Agassiz, différences qui auraient pu être attribuées à une
position autre dans les mâchoires. Ayant retrouvé exactement les
mêmes caractères sur d'autres dents, j'ai pensé devoir séparer l'espèce
étudiée de celle de la Craie d'Amérique. Je disais quelques lignes plus
haut que les dents de P. Mortoni avaient l'aspect d'une dent A'Acrodus;
sur les dents de Ptychodus Trigeri on ne voit pas les gros plis qui
caractérisent l'autre espèce, ou du moins ces plis sont fort peu nom-
breux; il n'y a guère qu'une série de granules.
IX. Sur un Onchus du terrain houiller d^ F Allier,
PI. XI, fig. 4.
On trouve assez fréquemment dans les terrains carbonifères, dans
ceux d'Angleterre principalement, des rayons osseux, supports des
dorsales de Poissons cartilagineux dont les restes ne sont pas parvenus
jusqu'à nous. Agassiz distingue ces ichthyolithes sous six noms
différents : Oracanthus, Gyracanthus, Triptychius, Ptychacanthus,
Sphenacanthus et Onchv^s. Ces derniers, caractérisés par l'absence de
dentelures au bord postérieur et par les sillons qui parcourent les faces
latérales, ont été recueillis dans les couches siluriennes de Ludlow,
dans le Vieux grès rouge d'Angleterre et dans le Calcaire carbonifère ;
Agassiz en a fait connaître six formes différentes.
Je tiens de l'obligeance de M. A. Delesse un Onchus provenant du
terrain houiller de Buxière-lcs-Mines (Allier), qui me parait indiquer
une espèce nouvelle, que je désigne sous le nom d'O. simplex. Le
rayon, long de 0°K)53, large de 0'"065 à la base, est légèrement arqué;
le bord postérieur est beaucoup plus épais que l'antérieur ; on remar-
que un sillon placé plus près du bord antérieur que du postérieur
et parcourant le rayon dans toute sa longueur.
Un autre rayon, plus petit (0'n013),me semble se rapporter à la
même espèce ; la surface porte deux sillons.
L'O. simplex se distingue facilement des autres espèces décrites, par
la présence d'un ou deux sillons sur ses faces, les autres espèces por-
tant un beaucoup plus grand nombre de sillons séparés par des eûtes
souvent épaisses.
(1) Fois. Smsex. p. 301. pi. XXXI, fig. G et 7.
40
G2C SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 17 juiu
X. Sur U7i Palfeoniscus du tet*rain houiller de Buxiêre (Allier),
PI. XII.
Avec VOncJiKs ci-dessus décrit, M. A. Delessea trouvé dans le terrain
houiller de Buxière-les-Mines (Allier) un Palœoniscus qui se distingue
de toutes les autres espèces du même niveau par la position qu'occupe
la dorsale, opposée à l'origine des ventrales, bien que la dorsale soit
aussi reculée que dans les autres espèces du genre.
Chez ce Palœoniscus, que je désigne sous le nom de P. Delessei, le
corps est assez court, la hauteur n*étant contenue que deux fois et
demie dans la longueur, caudale non comprise. Le dos est peu voûté
et la ligne dorsale à peine plus bombée que la ligne abdominale. La
tête, presque aussi longue que haute, a son profil fortement incliné et
bombé; sa longueur est comprise un peu plus de trois fois dans la
longueur du corps, caudale non comprise; le museau est obtus, la
bouche étant fendue jusqu'au niveau du bord postérieur de l'œil; l'œil,
situé en avant du milieu de la longueur de la tête, est contenu un peu
plus de trois lois dans la longueurde celle-ci, son diamètre étant égal à
la longueur du museau. Le maxillaire est large à sa partie postérieure ;
rintermaxillaire, qui le borde, est beaucoup plus étroit; la mâchoire
inférieure est forte; comme dans toutes les autres espèces du genre, les
rayons branchioslèges devaient être robustes. L'appareil operculaire
est relativement peu développé.
Ce qui caractérise l'espèce, ai-je dit plus haut, c'est à la fois la
position reculée de la dorsale et son avancement par rapport à Fanale.
La dorsale, peu développée, commence au-dessus des ventrales pour
se terminer bien avant l'origine de l'anale ; plus haute que longue, la
nageoire est composée de rayons peu nombreux, 20 au maximum,
grêles et serrés ; les deux ou trois premiers sont plus courts que les
suivants, de telle sorte que la nageoire a la forme d'une faulx.
Toute trace des pectorales a disparu. II ne reste qu'une empreinte
vague des ventrales, suflisante toutefois pour que l'on puisse constater
que ces nageoires s'attachaient au milieu de l'espace qui sépare Torigine
de la caudale du bord postérieur de la tête.
L'unale, beaucoup moins haute que la dorsale, mais aussi longue
(|u'clle, est placée plus près des ventrales que de la base de la caudale.
Cette dernière nageoire, dont il ne reste que la partie antérieure, est
construite comme dans toutes les autres espèces du genre.
En avant de la dorsale et de l'anale sont quelques écailles plus
grandes que les autres. Les écailles qui recouvrent le corps sont lisses,
un peu plus grandes dans la partie antérieure du tronc, disposées en
1878. SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 627
une vingiaine de sȔrie.^ transvel^ales entre Torigine de la dorsale et
Tcspace qui sépare l'anale des ventrales ; ces écailles sont insérées en
ligne droite et non en série onduleuse, comme on le remarque chez
quelques autres espèces du genre ; les écailles qui garnissent le lobe
inférieur de la caudale sont plus petites que celles qui recouvrent le
lobe supérieur.
Les dimensions prises sur l'exemplaire décrit sont :
Hauteur in«'iximuin, 0"052 ; hauteur au pédicule caudal. O^OSO; longueur du corps,
sans la caudale. Û"150 ; longueur de la léle, 0"045 : distance de l'extrémité du
museau à la dorsale. 0'"087 ; du museau aux ventrales, 0"085 ; du museau à l'anale,
0-117.
Xï. Sur un Poisson du terrain Imnrnéridgien de Morestel.
PI. Xin, iig. 2.
Les couches kiniinéridgiennes de Morestel, dans l'Isère, caractérisées
par VOsirca virgula, contemporaines de celles que Ton trouvée Cerin,
à Arinaille, à Orbagnoux, à Seyssel (Ain), contiennent en partie la
même flore. M. de Saporta y a signalé, en effet, des Fougères
(Sphenopteris desmomera» Sap.), des Cycadées (Zamites Fenconis, Br.;
Sphetiozamites Rossii, Zign.), des Araucariées (Pachyphyllum unci-
natum, Sap.), qui ont été indiquées dans les diverses stations citées
plus haut. Mais, tandis que les calcaires d'Orbagnoux, d'Armaille, de
Pierre-Châlel, et surtout ceux de Cerin, nous ont conservé les restes
de nombreux ichthyolilhes, on n'avait pas encore, à ma connaissance,
signalé de Poissons dans les assises de Morestel. Aussi ai-je examiné
avec intérêt un ichlhyoiitlie dont je dois la communication à Tobli-
geance de notre collègue M. Charles Brongniart.
Cet ichthyolithe, contenu dans un calcaire légèrement siliceux, d'un
gris bleuâtre, a le corps ovalaire ; la hauteur est comprise trois fois et
un tiers dans la longueur, sans la caudale ; cette hauteur diminue
rapidement dans la partie postérieure, après le niveau de la dorsale,
de telle sorte que la hauteur maximum atteignant 21 millimètres,
elle n'est plus que de 7 millimètres au niveau du pédicule de la
caudale.
La tête est grosse, le museau obtus ; la ligne dorso-rostrale est légè-
rement bombée de Torigine de la dorsale à la partie postérieure de la
tête; a partir de ce point la ligne rostrale s'incline fortement. La longueur
de la tête est contenue trois fois dans la longueur du corps, non
compris la caudale; la hautt*ur de la tête est égale aux deux tiers de
su longueur. L'(i?ilest arrondi, placé un peu en avant, contre la ligne
Gis SAt'VAGE. — POISSONS FOSSILES. 17 juin
(lu front ; son diamètre, égal à la longueur du museau, est contenu
un peu moins de quatre fois dans la longueur de la tête. La bouche,
peu fendue, est armée de dents relativement fortes ; un intermaxillaire
étroit la borde dans toute sa longueur ; cet os présente à sa partie
interne un processus vertical peu allongé, qui semble indiquer que la
bouche était susceptible d'une certaine dilatation ; derrière Tinter-
maxillaire allongé, se trouve le maxillaire dont la partie postérieure
est à peine élargie. L'appareil operculaire est bien développé; l'oper-
cule est grand, de forme carrée, à bord inférieur obliquement coupé;
le préopercule est arrondi ; son l>ord postérieur est entier. Les rayons
branchiostèges, au nombre de douze, sont longs et forts.
La colonne vertébrale, peu robuste, est composée d'environ 40 vertè-
bres, dont 22 abdominales. Les cotes, au nombre de 10 paires, sont
longues et grêles et arrivent jusqu'au bord de la cavité abdomi-
nale ; les ncurapophyses correspondantes sont grêles ; à la région
caudale, les apophyses sont déliées, courtes, assez fortement inclinées
en arrière.
La dorsale est insérée très en arrière, au-dessus de l'espace compris
entre les ventrales et l'anale. La nageoire, presque aussi haute que
longue, est tronquée ; on peut y compter 17 rayons assez fortement
bianchus; les trois antérieurs, plus courts que les suivants, ne parais-
sent pas être divisés ; on ne voit pas de fulcres à la partie antérieure
de la nageoire. Les rayons interapophysaires sont au nombre de 16 ;
les deux premiers sont presque horizontaux ; les rayons sont plus
longs à la partie antérieure (ju'à la partie postérieure de la nageoire.
L'anale, insérée vis-à-vis du tiers postérieur de la longueur de la
dorsale, ne se prolonge certainement pas jusqu'à la caudale. La
nageoire est fortement tronquée ; on y compte environ 20 rayons ; les
premiers sont épais et soutenus par des osselets dont les deux premiers
sont tiès-longs.
Les pectorales, composées de i7 rayons, sont tronquées ; leur lon-
gueur est égale à la distance qui sépare l'extrémité du museau du
centre de l'œil. Les ventrales, insérées beaucoup plus près de l'anale
que de l'attache des ventrales, sont courtes, un peu arrondies ; on
y voit un rayon épineux et cinq rayons mous ; l'os du bassin est
court.
Longueur sans la rautlalc. 0""075 ; de la loto. O^O-Jô ; liautour du corps, O'iUM ;
diamètre de l'œil, 0"-00G.
Le Poisson que je viens de décrire doit certainement prendre place
dans la famille des Pachycormi, près du ^qwvq Eunjcory,ius» établi par
M. A. Wagner en 1863 pour un Poisson des schistes lithographiques
1878. SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 629
de la Bavière (1), et classé par le savant paléontologiste dans sa famille
des Caturini, entre les genres Caturus et Liodesmus, Ainsi que je
Tai indiqué ailleurs (2), ces deux derniers genres doivent être regardés
comme les types de la iannlle des Caturi, caractérisée par la carde
dorsale protégée par des demi-vertèbres séparées et par les nageoires
garnies de fulcres sur deux rangées, tandis que les genres Eurycor-
miis, Pachi/cormus, Amhlysemius, Sôrobilodus, llirissonotus, forment
la famille des Pachyconni, chez lesquels la colonne vertébrale est
entièrement ossifiée et les nageoires dépourvues de fulcres. Voisin du
genre Eurycovmm, l'iclithyolithe de Morestel s*en distingue par la
dorsale plus reculée et plus longue, opposée non aux ventrales, mais
à l'espace compris entre les ventrales et l'anale, et s'étendant au-dessus
deTanale, de telle sorte que le Poisson trouvé à Morestel me semble
devoir constituer le type d'un genre nouveau, que Ton peut caractériser
ainsi :
Genre eurystethus, Saucagc, 1878 (3).
Apparence des Euryconnns. Colonne vertébrale bien ossifiée, devant
se recourber à peine dans le lobe supérieur de la caudale. Museau
obtus ; bouche peu fendue, un peu prolractile, formée par un inler-
maxillaire que borde le maxillaire ; dents fortes et crochues. Rayons
brandi iostèges nombreux. Dorsale assez longue, placée derrière les
ventrales et en partie opposée à Tanalcqui est longue et ne s'étend
pas jusfju'à la cauda- e ; pas de fulcres aux nageoires ; ventrales com-
posées de cinq rayons mous et d'un rayon épineux.
Je désigne l'espèce type sous le nom d* Eitrystethus Broyigniarti,
Sauvg.
XII. Sur un maxillaire de Gyrodus trouvé aiuc environs de Nancy,
PI. XI, ù^. 2 et 2 rt.
Les genres Pycnodas et Gyrodus, abondamment représentés pendant
les époques jurassi(|ue et crétacée, paraissent avoir été fort rares
dans les mers liasiques ; on n'y connaît, en ell'et, que la présence d'une
.seule espèce, le Pycnodus liasicus, signalé par M. Egerton dans les
couches liasiques de Barrow-on-Soar ; dans le Lias, le sous-ordre des
Lepidoplcuridœ est représenté par les Amblyurus, et surtout par les
{\) Mouogr. fous. Fischc au^ d. lilhar/r. Schief. hinjenis, \. p. 97. pi. IV.
(2) n^xdi sur la faun^ ichth]r>l'f(jiqnf dr la prrif)di' linéique, .inn. Se. (j^ol., 1875.
f.'l) De eùpù;^ JnrA?o, et rjrnScZy pt»itrine.
630 SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 17 juin
Tetragonolepis et les Dapcdiiis, communs à Lymc-Regis, à Barrow,
à Banwell, à Seefeld, à Haiig, à Neidengeri, à Boll.
M. G. Fabre m'a communiqué un maxillaire intérieur du côté droit,
qui aurait été trouvé par M. YauUrin dans le Lias des environs de
Nancy, et qui, bien que ressemblant à celui qu'Agassiz a figuré sous
le nom de Pycnodus umbotiatus (1), me paraît indiquer une espèce
nouvelle, que je désigne sous le nom de Gyrodus Fabrei,
Ce maxillaire, tronqué dans sa partie antérieure, est d'assez grande
taille, O'^OGo. La face externe est partagée en deux par un large sillon ;
les parties symphysaire et dentaire sont assez fortement inclinées en
sens inverse. La face interne est armée de dents disposées suivant
quatre rangées ; les deux rangées externes se trouvent sur un plan
presque horizontal, tandis que les deux autres sont fortement inclinées
de haut en bas et de dehors en dedans ; ces deux dernières rangées
sont, du reste, sur un plan beaucoup plus élevé que les deux autres.
Les dents de la série principale, au nombre de 9, sont grandes,
obliquement dirigées de dedans en dehors, de forme ovalaire, le dia-
mètre transversal l'emportant beaucoup sur le dianiètre longitudinal,
pour les dents postérieures du moins ; ces dents diminuent assez
rapidement de grandeur, de telle sorte que la 8'^ n'a que la moitié de
>a largeur de la 2*" ; la 7*", par suite d'anomalie, sans doute, est arrondie
et beaucoup plus petite que les autres. Toutes ces dents sont lisses.
La rangée interne est composée de huit dents petites et arrondies :
les i""®, 2« et 8» correspondent à Tintervalle qui séparent deux des dents
de la série principale. La première présente le cercle concentrique qui
caractérise les dents des Gyrodus; ce cercle est irrégulièrement fes-
tonné ; au-dessus de lui s'élève une partie saillante, déprimée au
centre et irrégulièrement festonnée. La seconde dent ressenible à la
première. Les suivantes montrent à leur sommet une dépression bien
marquée.
Les dents de la série externe sont disposées suivant deux rangées.
La rangée médiane comprend 14 dents régulièrement arrondies et
placées dans un profond sillon vis-à-vis des intervalles qui séparent
les dents de la rangée externe ; les postérieures sont fortement poin-
tillées ; les plus antérieures sont usées.
Les dents de la rangée externe, au nombre de 13, sont ovalairement
allongéesdans le sens transversal ; ces dents, les postérieures du moins,
sont un peu plus larges que longues. La partie externe de la dent dépasse
le bord externe de la mamlibule, de telle sorte (ju'en regardant la
mâchoire par son bord externe, on voit une série de dents obtusémont
(1) Pnis^. fnss.. t. II. pi. I.XXU a. lig. 1-1.
1878. SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 031
arrondies, insérées sur une forte racine, aussi large au sommet qu'à
la base.
XIII. Sur un Poisson des terrains tertiaires des Bouches-du- Rhône.
Pl.XIII, fig. 1.
La collection de Géologie du Muséum d'Histoire naturelle possède
un Poisson provenant des terrains tertiaires des Bouches-du-Hhùne,
qui m'a été communiqué par MM. Daubrée et Stanislas Meunier.
Ce Poisson, dont la partie la plus antérieure de la tôte manque, est
de forme ovalaire ; sa plus grande hauteur, mesurée au niveau de
l'attache des ventrales, devait être comprise trois fois dans la longueur
totale, caudale comprise ; la hauteur diminue rapidement, de telle
sorte que son maximum étant de 39 millimètres, au niveau de la troi-
sième épine dorsale, cette hauteur n'est plus que de 12 millimètres au
niveau du pédicule caudal ; la ligne ventrale est plus arquée que la
ligne dorsale.
La tète est grosse et sa longueur devait être comprise près de quatre
fois dans la longueur totale du corps. La ligne rostro-dorsale est
bombée et brusquement inclinée, ce qui me fait croire que le museau
devait ôtre gros et court. L'œil est grand et arrondi ; son diamètre
vertical égale, ou surpasse même un peu, la distance qui le sépare du
boi*d postérieur de la tête ; il n'est séparé de l'interopercule que par
un faible espace. L'opercule est peu développé ; les bords supérieur
et inférieur sont obliquement taillés ; le bord antérieur est vertical,
tandis que le bord postérieur, par suite de l'obliquité des bords supé-
rieur et inférieur, est arrondi. Le préopercule paraît avoir été étroit;
on n'y aperçoit aucune dentelure le long du bord. Les rayons bran-
chiostèges sont au nombre de cin({.
La colonne vertébrale, assez robuste, est en ligne presque droite,
mais se relève un peu dans la région caudale. On compte 10 vertèbres
abdominales et iï caudales, soit i4 vertèbres ; elles sont ù peine plus
longues que hautes. Les côtes, au nombre de 7 ou 8 paires, sont lon-
gues et assez fortes. Les neurapophyscs correspondantes sont longues ;
les trois premières, qui ne correspondent pas à des osselets interapo-
physaires, sont inclinées en éventail.
Dans la région caudale, neurapophyses et hémapophysesont nicmc
force et même inclinaison; elles sont assez courtes et s'inclinent en
arrière à partir de la sixième avant-dernière vertèbre.
Les deux dorsales sont contiguës. La dorsale épineuse commence en
dessus de l'aplomb des ventrales ; elle est soutenue par dt»s osselets
632 Sauvage. — poissons fossiles. I7jain
interapopbysaires qui viennent s'appuyer contre les neurapophyses
correspondantes; les épines sont fortes et paraissent diminuer régu-
lièrement de hauteur, depuis la seconde, la plus longue, jusqu'à la
dernière; la seconde épine a comme hauteur le diamètre vertical de
Tœil ; le nombre des épines parait avoir été de 13.
La dorsale molle ne semble guère avoir que la moitié de la longueur
de la première nageoire ; elle est ovalairement arrondie et sa hauteur
égale celle des plus longues épines de la nageoire antérieure; elle se
termine à une distance de la caudale plus petite que sa propre lon-
gueur. Les rayons qui la composent sont grêles et déliés ; ils sont
soutenus par des osselets courts et inclinés en avant, n'arrivant pas
au contact des neurapophyses, à peine inclinées à leur niveau; on
compte 10 ou il de ces osselets.
La caudale est arrondie, comprise environ cinq fois dans la longueur
totale du corps ; les rayons en sont assez fortement bifurques ; on y
compte 19 grands rayons et au lobe inférieur 3 ou 4 petits. Dès l'an-
tépénultième vertèbre, les apophyses s'allongent et s'inclinent pour
soutenir la nageoire ; aux deux dernières vertèbres les neurapophyses
s'inclinent beaucoup moins que les hémapophyses ; une plaque trian-
gulaire étroite supporte les rayons principaux.
L'anale s'insère en avant de la dorsale molle, au niveau de son
tiers antérieur. La nageoire commence par deux épines soutenues par
de longs osselets ; le nombre des rayons mous n'a pu être compté. Les
ventrales sont formées d'un rayon épineux et de 5 rayons mous; elles
sont courtes et attachées à un os du bassin long et triangulaire. Les
pectorales ont disparu sans laisser de traces.
Longueur approximative, D'ails ; longueur sans la tête. O^OOO; hauteur maximum,
0*0 11 ; longueur de la caudale, 0"026 ; diamètre de l'œil, O^OIS.
Un examen, même rapide, permet de reconnaître que le Poisson
dont je viens d'indiquer les caractères doit rentrer dans la famille
des Scombéroïdes, telle qu'elle a été comprise par Cuvier et Valen-
(Mcnnes, abstraction faite, toutefois, des genres Lepidopus, Thyrsitcs,
GempylicSf Xiphias, Ilistiophorus, et de quelques autres encore, qui
ont formé pour MM. Agassiz et Gùnther les familles des Trichiurîdœ et
des Xiphidœ (1).
Se basant sur la formule de la colonne vertébrale, M. A. Giinther
a admis deux familles parmi les Scombéroïdes : les Carangidœ (Caranx,
Arr/i/rciosus, Serioîa» Nauclcrus, Tcmnodori, Chorinemiis, Lichia,
Platax, Zaïicltiii, Equula, Karhis, etc.), chez lestiuels l'on compte
1 Cal. Fifhcs Hrit, Musrum. I. II.
i
1878. SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 633^
10 vertèbres abdominales et 14 caudales, et les Scombridœ (Scomber,
Pelamys, Thynnus, Cybium, Echeneis, Neptonemtis, Zeus, Siromateus,
Coryphœyia, Diana, Mené, etc.), qui ont un plus grand nombre de'
vertèbres. Par sa formule vertébrale, 10-14, le Poisson décrit plus haut
rentrerait dans la famille des Carangîdés, bien que Ton ne voye aucun
genre dans lequel on puisse le placer.
Malgré la formule de la colonne vertébrale, le faciès général est
bien plutôt celui de certains Scombridés, tels que ceux pour lesquels
H. Gûnther a formé sa troisième section, Cyttina,
Il est vrai que tous les Poissons composant la famille des Carangîdés ,
aussi bien que celle des Scombridés, ont la dorsale épineuse moins
développée que la dorsale molle et que Tanale, tandis que l'inverse se
remarque sur l'exemplaire étudié, la dorsale épineuse étant plus
longue que la dorsale molle ; en supposant que, par suite de la fossi-
lisation, toute trace de la dorsale postérieure ait disparu, les deux
nageoires n'en auraient pas moins un inégal développement. Chez les
Zeusti \esCyttus, qui font partie de la famille des Scombridés de
M. Gûnther, la dorsale épineuse n'est guère plus courte que la seconde
dorsale, et, sous ce rapport, notre Poisson rappelle les Zeus et les
Cyttua. Les Zeics de la Méditerranée, des côtes atlantiques de l'Europe
(Z. faher, Z, pungio), des mers du Cap (Z. capetisis), du Japon
(Z, nebulosus, Z, japonùcs) et d'Australie (Z. australis) ont trois ou
quatre épines à l'anale et 7 rayons branchiostèges ; les Cyttus des mers
de Madère (C, roseus) et d'Australie (C, aiistralis) ont 8 rayons bran-
chiostèges et 6 ou 8 rayons mous aux ventrales. Par la présence de
5 rayons branchiostèges, de deux épines à l'anale, par la formule des
ventrales, 1-5, le Poisson que nous étudions ne peut rentrer ni dans
l'un ni dans l'autre de ces genres; la formule de la colonne verté-
brale, 10-14, l'en éloigne d'ailleurs, les Zeus (Z. faher) ayant
14 vertèbres abdominales et 18 caudales. Nous sommes dès lors con-
duits à admettre un genre nouveau qui, par le faciès extérieur, pourra
prendre rang dans la section Cyttina des Scombridés, tandis que, par
le squelette, on devra le placer dans la famille des Carangidés, groupe
des Carangina, dans le voisinage des genres qui, comme les Argy-
reiosus, les Microptei^yx, les Seriola, ont la ligne latérale non armée
et les épines de la première dorsale réunies par une membrane.
Genre desmiciithys. Sauvage, 1878 (1).
Corps haut et comprimé; tète grande; œil très-grand. Rayons
(Ij De âeçfÀÔ^^ lii^n ; tyOùZy poisson : poisson réunissant plusieurs groupes entre
eux.
634 SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 17 juin
brancinostèges au nombre de cinq. Ventrales insérées sous les pecto-
rales, avec cinq rayons mous. Anale commençant par deux épines
soutenues par de longs osselets, non dilatés en plaques. Dorsale épi-
neuse au moins aussi longue que la dorsale molle ; rayons interapo-
physaires non dilatés. Caudale arrondie ou à peine échancrée. Formule
de la colonne vertébrale 10-14.
L'espèce type prendra le nom de Desmichthys Dauhrei, Sauvg.
XIV. Sur une Clupe des marnes de Lorca (Espagne).
PI. XI, fig. 5.
Dans la localité où avait été trouvé richthyolithe décrit par moi
sous le nom de Trachinopsis Iberica (1), M. Delanouë a recueilli
un autre Poisson contenu dans une marne grisâtre homogène ; cette
marne serait, suivant notre regretté collègue, subordonnée aux dépôts
à soufre del^rca et appartiendrait probablement au Pliocène intérieur.
Le Poisson étudié ici a le corps allongé régulièrement, la hauteur
étant comprise près de six fois dans la longueur totale du corps,
caudale comprise ; cette hauteur diminue peu dans la partie posté-
rieure, de telle sorte que son maximum étant de 21™'" un peu en
arrière de l'attache des pectorales, elle est encore de IS'""' au niveau
du pédicule caudal.
Nous ne savons rien de la forme exacte de la tête, la partie anté-
rieure manquant. La tête devait toutefois être assez allongée, la ligne
rostro-dorsate étant peu inclinée. L'œil parait avoir été assez grand ;
il est séparé du bord postérieur de la tête par un intervalle égal à son
diamètre vertical. Le préopercule porte de fortes stries rayonnantes ;
le bord postérieur de l'opercule est régulièrement arrondi.
La colonne vertébrale est grêle et les vertèbres sont courtes ; nous
voyons 18 vertèbres abdominales et 30 caudales, soit 48 vertèbres.
Toutes les apophyses, ainsi que les côtes, .sont grêles et déliées; les
côtes sont longues; des traces de côtes sternales se voient près des
ventrales.
La dorsale s'insère à peine en avant de rattache des ventrales, un
peu plus près de l'origine de la caudale que du bout du museau. La
nageoire est courte; nous y comptons 12 ou 13 rayons, dont les pre-
miers sont les plus longs et atteignent près des deux tiers de la hauteur
du corps au point correspondant.
La caudale est fortement bifurquéc et les lobes en sont pointus et de
(l) Bull. Soc. géoL Fr.. 2' sér., t. III. p. 639, pi. XXIV : 1875.
1878. SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. 635
même longueur. Lu longueur de la nageoire devait être comprise un
peu moins de six fois dans la longueur totale du corps. Les gros
rayons, fortement branchus, sont au nombre de 28.
L'anale est longue et se termine à une distance de la caudale moindre
que sa propre longueur ; elle commence un peu plus près de la cau-
dale que de l'attache des ventrales. Les rayons, dont nous ne pouvons
compter exactement le nombre, sont courts.
Les ventrales s'insèrent plus près des pectorales que de l'anale ;
elles sont courtes et grêles, ainsi que les pectorales ; nous voyons
15 rayons à ces dernières nageoires.
Les écailles paraissent avoir été assez minces et assez grandes.
Longueur approximative, O^llô; longueur sans la tôte, 0"'087; longueur de la
caudale. 0"021 ; hauteur du corps, 0'"025 ; distance de la dorsale à la caudale, 0"045 ;
de l'anale à la caudale, 0"'022 ; des ventrales à l'anale, O^OSô; des pectorales aux
ventrales, 0"'025 ; longueur des pectorales, 0"012.
Par la forme du corps, les stries rayonnantes du préopercule, celte
Clupe paraît se rapprocher beaucoup plus des espèces de l'Océan
Indien que de celles de l'Atlantique; je la désigne sous le nom de
Clupea Lorcœ,
XV. Su7* la Clupea Larteti, Sauvage.
PI. XIII, fig. 3.
Les calcaires de Hakcl, dans le Liban, sont riches en débris de
Clupes ; Blainville, Agassiz, Heckel, Pictct et Humbert ont fait con-
naître huit espèces se rapportant au genre Clupea et provenant du
gisement précité. Grâce à la bienveillance de M. A. Gaudry, j'ai pu
étudier dans les collections de Paléontologie du Muséum d'Histoire
naturelle une espèce recueillie par Abdullah-Bey et que j'avais som-
mairement décrite il y a quelques années (i).
Cette espèce, désignée sous le nom de Clupea Larteti, rappelle
la C. serdinoides, Pictet, du même niveau; elle est en forme d'ovale
allongé ; la hauteur maximum, qui se trouve au niveau de l'origine
de la dorsale, est contenue trois fois et un quart dans la longueur du
corps, caudale non comprise.
La tête est plus allongée que chez les autres espèces du Liban ;
plus longue que la hauteur du corps, elle est comprise deux fois et
(lentie dans la longueur du corps ; sa hauteur est contenue une fois
(1) L. Larlel. Essai sur la Géolngic de la Palestine et des contrées avoisinantes.
telles que VÈijypte et l'Arabie, 2" partie : Paléontologie, p. 29.
636 SAUVAGE. — POISSONS FOSSILES. i7 jeiD
et un tiers dans la longueur. Ije profil supérieur est peu iocliné,
comme chez la plupart des Clupes, d'ailleurs. La bouche est très peu
l'endue, la mâchoire supérieure dépassant un peu rinférieure ; Tinter-
maxillaire est court ; le maxillaire est long, large à son extrémité
postérieure, plus arqué en avant que chez les autres espèces figurées
par Fictet ; la mandibule est forte, triangulaire. L'opercule, assez
grand, est un peu plus haut que large, arrondi en arrière; le préoper-
culc est long, étroit ; le sous-opercule et Tinteropercule sont petits
et présentent en arrière une légère sinuosité rentrante devant Finser-
tion de la pectorale, ainsi qu on l'observe chez la Clupea Gaudryi. Les
rayons branchiostèges sont longs et minces. L'œil est très-grand,
oblong, situé L>eaucoup plus près du museau que du bord postérieur
de la t«!'te.
La colonne vertébrale est grêle et légèrement incurvée; je compte
18 verU'fbres abdominales et 20 caudales, soit 38 vertèbres; elles sont
plus longues que hautes; les côtes, au nombre de 12 paires, sont
fines et longues ; elles atteignent le bord inférieur de la cavité ab-
dominale. Les neurapophyses correspondantes sont grêles et courtes,
un peu incurvées en avant, plus courtes sous la première partie de la
dorsale ; à la région caudale elles s'allongent beaucoup et deviennent
plus fortes ; elles sont semblables aux hémapophyses correspondantes,
qui sont toutefois plus inclinées en arrière. On voit distinctement deux
séries d'apophyses minces, qui s'étendent jusque près de la partie pos-
térieure du corps.
Lo dentelure du ventre est produite par des côtes sternales, à angle
postérieur saillant et se prolongeant assez haut sur l'abdomen ; on
compte 9 paires de ces pièces en arrière des ventrales, et environ
14 paires en avant de ces nageoires.
La dorsale est située très-sensiblement en avant du milieu de la
longueur totale, au milieu de la longueur, caudale non comprise ; elle
est peu étendue, occupant moins du tiers de la ligne du dos; on y
compte 14 rayons faibles, soutenus par des osselets courts et grêles,
au nombre de 15 ; il existe quelques osselets libres entre cette nageoire
et la partie postérieure de la tête.
L'anale est placée plus près des ventrales que de la caudale ; la na-
geoire est très-étendue et va jusque près du pédicule de la caudale,
commençant en arrière de la dorsale ; les rayons qui la composent,
au nombre de 26, sont supportés par des osselets interapophysaires
longs et forts. Les premiers rayons sont de beaucoup les plus longs, de
sorte (jue la nageoire est tronquée, comme on l'observe chez la Clupea
brcvissnna, IMainv.
La caudale est grande, comprise près de (juatre fois dans la Ion-
1878. TARDY. — GUÉTACÉ ET TERTIAIRE DE VITROLLES. 637
gucur totale du corps, partagée en deux lobes aigus ; on compte
23 grands rayons.
Les pectorales sont médiocres, un peu arrondies, composées de
12 rayons. L'origine des ventrales est située un peu en avant du mi-
lieu de la nageoire dorsale ; elles sont courtes et composées d'un petit
nombre de rayons.
EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche XI.
Fig. l-I 6. Ptychodus Trigeri, Sauvg. Cénomanien de la Sartho.
Fig. 2 et 2 a. Gyrodus Fabrei, Sauvg. Lias de Nancy.
Fig. 3 et 3 o. Myliobates Rivicrei, Sauvg. Tertiaire de Montmartre (Paris).
Fig. 4. Onchus simplex, Sauvg. Terrain houillcr de l'Allier.
Fig. 5. Clupea Lorcœ, Sauvg. Tertiaire supérieur de Lorca (Kspagne).
Planche XII.
Palœoniscus Delessei, Sauvg. Terrain houiller de Buxières-les-Mines (Allier).
Planche XIII.
Fig. 1. Desmichthys Daubrei, Sauvg. Tertiaire des Bouchcs-du-Rhône.
Fig. 2. Eurystethus Brongmarti, Sauvg. Kimméridgien de Morestel (Ain).
Fig. 3. Clupea Larteti, Sauvg. Hakel (Libani.
Le Secrétaire donne lecture de la note suivante :
De la limite entre le Crétacé et le Xert faire aux environs
de Vitrolles (Bouches-du-Rhône),
par M. Tard y.
Dans la première feuille de la 15" partie de ses Recherches palëon-
tologiques sur les terrains du Midi de la France, M. Hatlieron décrit
avec une très-grande précision la stratigraphie de l'ensemble des assises
crétacées, afin de bien fixer son point de vue sur la limite entre la série
tertiaire et la série crétacée.
Il fait, tout d'abord, remarquer qu'entre Ausseing et Belbèze (Haute-
Garonne), il est impossible de placer le doigt sur la limite entre le Cré-
tacé et le Numraulitique; c'est-à-dire qu'en ce point il y aurait passage
insensible. C'est possible, mais cela ne m'est pas encore absolument
démontré. Ensuite il passe au Vitrollien, qui, d'après une découverte
récemment faite dans les tranchées du chemin de fer de Marseille à
Aix, appartient, par les fossiles de ses assises inférieures, au Garu-
mnien supérieur de M. Leymerie. Continuant cette description détaillée
C38 TARDY. — CRKTACÉ KT TERTIAIUE DE VITROLLES. 17 juin
avec la précision qui caractérise ses travaux, notre confrère signale
la rubéfaction des couches inférieures du système des environs de
Vitrolles, dont il a fait le ViiroUien, Cette rubéfaction, si on la com-
pare à ce qui se produit de nos jours, si on la compare aussi aux assises
analogues de la série tertiaire, surtout dans les groupes les mieux étu-
diés, indique que l'assise rubéfiée a servi plus ou moins longtemps
de surface terrestre.
A l'appui de cette aflirmation, je citerai d'abord les argiles rouges,
mêlées de cailloux de la roche calcaire sous-jacente, qui constituent
la surface de tous les plateaux jurassi(jues de notre pays. Ensuite je
rappellerai une coupe que j'ai publiée cette année à propos de la clas-
siiication de l'époque qui nous précède. Dans cette coupe, j'ai montré
que la surface des grès de Fontainebleau, sous les premières couches
du calcaire de Beauce, meulières h Potamides, est cimentée par de
l'oxyde de fer(l). Sur un autre point, au même niveau, à Cernay,
M. Stan. Meunier (2) a découvert ce qu'il nomme un alios miocène. Ces
trois faits ne sont pas isolés, mais ils suflisent, je crois, pour rappeler
à tous mes confrères un grand nombre do faits analogues et les con-
vaincre que souvent, à la séparation de deux terrains, la surface su-
périeure des assises du système inférieur est rubéliée.
Sans prétendre que ce caractère doit être mis au rang des données
paléontologiques, je serais disposé a penser que là où celles-ci man-
quent, il serait possible de s'aider du caractère de la rubéfaction du
sol pour fixer le point précis de la limite de deux étages. C'est bien là
le cas du Vitrollien, dont la partie la plus inférieure est de l'époque
garumnienne, tandis que les assises qui le recouvrent immédiatement
à Vitrolles sont franchement tertiaires. La limite entre le système cré-
tacé et le système tertiaire se trouve donc dans le groupe de Vitrolles ;
mais Tabsence des fossiles rend la solution impossible par la paléon-
tologie. C'est pour cela que je propose le caractère de la rubéfaction,
qui placera la grande séparation des deux systèmes entre le Vitrollien
rouge ou inférieur et le Vitrollien non coloré ou supérieur. De cette
division, d'après les indications fournies par M. Matheron, il paraît
encore résulter que le groupe de Montolieu (Aude) serait à la base du
terrain tertiaire du Midi de la France.
Quant à la limite à établir aux environs d'Ausseing et de Belbèze,
celle-ci étant sous un fond marin, puisque les premières couches ter-
tiaires sont des assises à Alvéolines, il est tout naturel de penser que
les premières invasions de la mer ont eu, comme actuellement sur nos
(1) Snprà. p. 418 et 419.
(2) C.-R. Ac. Se, t. LXXXV, p. 1-2U»; séance «lu 17 (U:c. 1877 : — La Sature, n" «lu
'22 (Icc. 1S77. p. C2 et 03.
1878. TAHDY. — CRÉTACÉ ET TERTIAIRE DE VITROLLES. 639
côtes, pour premier cfTet de dégrader et de faire disparaître l'alios
lacustre ou continental qui aurait donné la limite précise entre le
Tertiaire et le Crétacé. Cette limite est donc, dans cette région, proba-
blement ondulée, comme toutes les surfaces érodées aujourd'hui par
les mers. En effet, les premières assises tertiaires sont mélangées d*un
grand nombre de blocs et de fossiles crétacés. Cela prouve l'érosion
et rend la fixation de la limite précise très-difficile.
Ici cette fixation n'est du reste pas d'une grande importance, puis-
que la séparation paléontologique est bien nette. Il n'en est pas de
même dans le groupe de Yitrolles, oQ les fossiles manquent dans la
série supérieure, qui, par sa nature minéralogique et par sa couleur,
dit M. Hatheron,diifère essentiellement de la série inférieure. Le carac-
tère de la rubéfaction devient dans ce cas de quelque utilité; c'est ce
qui m'engage à le signaler à l'attention des géologues.
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SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
RËUIWIOIV E:X.XRi%ORDIlVAIRE
A PARIS
du 5 au 14 s^tembre 1878.
Les membres de la Société qui ont assisté à cette réunion, sont :
MM. Almera, de Barcelone.
Berson (Eugène).
Berthelin.
Bertrand (Marcel).
BiLLON.
Bioghe.
Bleigher.
Briart, de Mariemont (Bel-
gique).
Brogghi.
Brolemann (Henri).
Bureau.
Capellini, de Bologne.
Garez.
Chancourtois (de).
Choffat, de Zurich.
Cf.OEZ.
COLLOT.
CossiGNY (de).
Danglure.
MM. Daubrée.
Delaire.
Delesse.
Delvaux, de Mons.
Dewalque, de Liège.
Didelot.
DlEULAFAlT.
DoNON DE Cannes.
DOUVILLÉ (H.).
Dru (Léon).
Fabre (G.).
Favrb (Alph.), de Genève.
FONTANNBS.
Gaudry (Alb.).
GouiN.
GuiscARDi, de Naples.
GUYBBDBT.
GUYOT.
Hébert.
Jannettaz.
44
iiht
SKANCE.
i sepl.
MM . La Houssate (de).
Lapparent (A. de).
LORY.
LiNDGREEN,deLun(I (Suède).
Lykiardopoui.0.
Margfjue (de).
Matheron.
Mayer, de Zurich.
MiEG, de Mulhouse.
MoREAU (Albert).
Horel DE Glasville.
MouRLON, de Bruxelles.
Mumer-Chalmas.
Paris.
Pellat.
PlSANl.
PoMEL.
MM. Rauond.
Renevier, de Lausanne.
RiBEiRO, de Lisbonne.
Rosemont (de).
RuTOT, de Bruxelles.
Saporta (de).
Sauvage.
Serre (de).
Stepiianesco, de Bucli&rest.
Tardy.
tournouêr.
Tromelin (de).
YANDENBROEGK,deBru\elles.
Vélain (Ch.).
ViLANOVA, de Madrid.
ZVLOF.
Un certain nombre des Membres du Congrès géologique internatio-
nal ont pris part aux travaux de cette session qui avait été organisée
à leur intention. Nous citerons parmi eux les personnes suivantes qui
ne font pas partie de la Société géologique :
MM. Bassani.
Bergehon.
bontemps.
CoPE, États-Unis.
GiORDANO,de Rome.
Hantken (de), de Budapest.
Jarza (de), de Bilbao.
Karrer, de Vienne.
Lelorrain (D*^).
MM. Lenmer.
Malaise, de Gembloux.
Michaux (A.).
MlZIWJEZKI.
ROYER.
Seigaru, de Bucharest.
Selwyn« Canada.
SoLANO, de Madrid.
Séance du 4 septembre 1878.
PRÉSIDENCE DE M. ALB. GAUDRY.
Le mercredi 4 septembre, la Société s'est réunie, à trois heures
dans son local de la rue des Grands-Augustins.
M. Goudry, Président annuel, après avoir déclaré la session ou-
1878. SÉANCE. 643
verte, expose les motifs qui ont (létermin(5 la Société à choisir celte
année Paris comme siège de la réunion extraordinaire et remercie les
personnes étrangères présentes de l'empressement ({u'elles ont mis à
répondre à son appel.
Il invite ensuite les membres delà Société à procéder à l'élection du
bureau qui devra présider aux travaux de la session.
Par suite des résultats du scrutin le bureau est ainsi constitué :
Président : M. Barrande.
Vice-Présidents :iliyi, Loi\Y, Renevier, Briart, et Mater.
Secrétaires : MM. Ch. Vi^lain et Fontannes.
H. Yélain soumet à l'approbation de la Société le plan des excur-
sions projetées dans les environs de Paris, et donne quelques indica-
tions au sujet de la première partie de ces excursions dont le programme
imprimé vient d'être distribué.
Jeudi, 5 septembre. — Vanves, Meudon et Bellevue : rcnrlez-vous à la Porte do
Versailles (à l'extrémité de la rue do Vaugirard, aux fortiûcations), à dix heures et
demie. — Visites aux carrières d'argile plastique de Vanves. — Traversée du parc
d'Issy, Calcaire grossier. — Descente à la carrière d'Armagnac, Craie blanche.
Calcaire pisolithiqnc, Marnes blanches de Meudon. — Remontée au val Fleury.
Conglomérat de Meudon et argile plastique. — A la station de Bellevue, Sables et
grès de Beauchamp. — ^^ Route des Gardes, Sables de Fontainebleau. — Sous les
bruyères de Sèvres, Meulières de Beauce. — Retour à Paris par la station de
Bellevue à 5 h.
Vendredi, 6 septembre. — Étampes, Morigny et Jeurrei : départ à sept heures du
matin de la gare d'Orléans pour la station d'Étampes, arrivée à Étampes à 8 h. 50.
— Traversée d'Étampes pour la c«Me Saint-Martin. Calcair^'s de Beauce et Sables de
Fontainebleau (horizon d'Ormoy). — Déjeuner à Étampes à midi. — A une heure et
demie, départ en voiture pour Morigny et Jeurres. Horizons fossilifères des Sables
de Fontainebleau. — Retour par Étrechy à 4 h. 25 ; arrivée à Paris à 6 h. 05.
Samedi, 7 septembre. — Maignelay (Coivrel et Mortemer) : départ de Paris par
la gare du Nord à 6 h., arrivée à Maignelay, à 9 h 60. — Transport en omnibus à
la butte de Ciivrol, Sables de Bracheui fossilifères. Calcaires lacustres de Mortemer^
Lignites, Sables marins fossilifères avec galets. — Retour à Maignelay. à midi,
déjeûner. — Pour les membres qui voudront retourner à Paris, départ de Maignelay
en omnibus, 1 h. 30. — Environs de Mortemer, 2 h. 30, Sables de Bracheux fossili-
fères. Calcaire lacustre avec végétaux. — Départ de Maignelay, 7 h. 5, arrivée à
Paris, 9 h. 55.
Lundi, 9 septembre. — Payit de Bray : départ de Paris, gare Saint-Lazare (ligne
de Paris à Dieppe, par Pontoise). 6 h. 20 du matin, arrivée à Gournay, 9 h. 22. —
Déjeûner à Gorberoy. — Dîner à Gournay à sept heures. — Retour à Paris, par
le train partant à 8 h. 46 et arrivant à Paris à 11 h. 55.
Mercredi. 11 septembre. — La Frette et SarmoU : Rendez-vous à la gare de
l'Ouest (Paris Saint-Lazare) à 8 h., départ h 8 h, 10 pourMaisons-Laffite. — De Maisons
à La Frette par la Seine ; Calcaire grossier, Tranchée de la Frette; Sables de Beau-
6U SÉANCE. 10 SOpl.
champ fossilifères et calcaire de Saint-Oucn. — Déjeuner à Conneil. à 11 h. —
Traversée des buttes Sannois, Meulières supérieures fossilifères fLîmnea cornea.
L. tylindrica. Bancs à polamidet. Graines et liges de CharaJ. — Sannois et Argen-
tcuil (carrières Bapst), Marnes vertes et marnes à Cyrena eontexa (miocène inférieur).
Série complète du Gypse parisien (éocène supérieur). — Retour par Argcnteuil à 5 h
36 ; arrivée à Paris à 6 h. 05.
Jeudi 12 septembre. — Vernon : Rendez-vous à la gare do TOuest (Paris Saint-
Lazare) à 7 h. 30 pour départ à 7 h. 45 (déjeûner à Vernon à neuf heures et demie).
— Course en voiture : 1* A Courcaille près Blaru : terrain tertiaire fossilifère ; faille ;
Sables éruptils ; 2* A Yernonct et à Pressaguy : Craie blanche, craie marnetfse,
craie glauconieuse (fossiles de Rouen) ; Puits artésien de la Madeleine. Collection
du forage (rafraîchissements), Diluvium, Graviers delà Seine. — Retour de Vernon
par le train de 5 h. arrivant à Paris à 7 h. 35.
Vendredi, 13 septembre. — Pierre fonds et Cttise : rendez- vous à la gare du Nord
à 7 h. — Départ à 7 h. 20 pour Compiègne, arrivée à 8 h. 47. — De Compiègne à
Pierrefonds par Saint-Pierre en Châtre, en voiture : Sables de Bracheux et ligriitos
(Bancs à Ostrea bellovacinaj. — Déjeuner à Pierrefonds à 11 h. — De Pierrefonds à
la Gorge du Han. — Sables inférieurs du Soissonnais (horizon fossilifère de Cuise-
Lamotte) ; Glauconie du Calcaire grossier inférieur (couche à dents de squales). —
Retour à Compiègne par les Beaux-Monts ; Dîner à Compiègne à 6 h. </« ; Départ
pour Paris à 8 h. 40 ; Arrivée à 11 h.
La rédaction de ce programme est acceptée sans modilications.
Séance du iO septembre 1878.
PRESIDENCE DE M. ALD. GAUDRY.
M. Ch. Yélain, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
^fiière séance ; la rédaction en est adoptée.
M. le Président lit une lettre de M. Barrande, dans laquelle le savant
paléontologiste exprime tout à la fois ses remerciments et ses regrets
de ne pouvoir accepter la présidence à laquelle on a bien voulu l'ap-
peler, pour des raisons de santé qui l'obligent à se tenir éloigné des
travaux de la réunion extraordinaire.
La Société décide qu'il ne sera pas procédé au remplacement de
M. Barrande, et lui décerne à l'unanimité la présidence d'honneur de
la session.
M. le Président communique ensuite une lettre dans laquelle
M. Prestwich annonce qu'une indisposition subite l'a empêché de se
rendre à cette réunioiii comme il l'avait annoncé.
Sur l'invitation du Prisidcnt, M. Ed. «lannettasE reiul compte,
1878. JANNETTAZ. — INAUGURATION DU MONUMENT DE BALMAT. 645
dans les termes suivanls de la cérémonie de l'inauguration du monu-
ment de Balmat à Chamonix, qu'il a été appelé à présider cormufr
délégué de la Société géologique de France.
Compte-rendu de la Fête d'Inauguration du monument
élevé à la mémoire de «lacques Oalmat, le dimancTie
44 août 4878,
par M. Ed. «lannettaz»
délégué de la Société géologique de France.
Messieurs»
Le compte-rendu de la réunion exti*aordinaire à Genève et â Cha-
monix (Bulletin, 3® série, tome III, p. 654) a raconté l'épisode tou-
chant qui signala l'excursion du 5 septembre. Après avoir traversé la
mer de glace, la Société était arrivée au Chapeau^ lorsque M. Alph.
Favre, président de la session, rappela les services rendus par les
guides de Chamonix, en particulier par le plus célèbre d'entre eux
qui, le premier, a franchi le Mont-Blanc. M. Jannettaz proposa d'ou-
vrir une souscription pour subvenir aux frais d'un monument élevé à
Jacques Balmat.
Le soir, dans un banquet, M. Hoêl, sous-inspecteur des forêts à Bon-
neville, promena religieusement au milieu des convives émus l'alpcns-
tock tout enrubané de Balmat.
La souscription fut ouverte avec enthousiasme. Sanctionné peu de^
temps après par le conseil, elle trouva des adhérents, même parmi les
membres de la Société qui n'avaient pas pris part aux excursions du
mois de septembre ; elle atteignit 800 francs.
Il fut convenu que le monument serait simple, comme la vie de
l'homme dont il devait honoi*er la mémoire; qu'un bloc de protoginc
tiré du Mont-Blanc en fournirait la base, et qu'un médaillon incrusté
dans la pierre y reproduirait les traits du célèbre guide de Chamonix.
M. deMaulde, sous-préfet de Bonneville, et M. Tairraz, maire à cette
époque, voulurent bien se charger de faire amener le bloc de la mon-
tagne, et de s'entendre avec un artiste capable d'exécuter le projet de
la Société. La dépense tut un peu plus forte que ne le permettait la
première souscription. Le Conseil allait aviser aux moyens de couvrir
complètement la différence, lorsque le Club alpin français lui demanda,
de prendre l'excès de dépense à son compte. Le Conseil de la Société
géologique accueillit avec sympathie la demande du Comité central du^
Club alpin.
656 JANNBTTAZ. — ; INAUGURATION DU MONUMENT DE BALMAT. 10 SCpt.
La scclion alpine de Bonneville-Chamonix pensa dès lors à organiser
une inauguration solennelle; aidée du concours universel des Cha-
moniards, elle en fit Tobjet d'une iete, qui fut fixée au dimanche
1 1 août 1878.
Délégué pour représenter la Société géologique de France par son
président, M. Albert Gaudry, M. Jannettaz fut prié par les organisa-
teurs de la fête d*en accepter la présidence.
Le premier rendez-vous était fixé à Bonneville, le vendredi 9 août,
à neuf heures et demie du matin. A dix heures, M Blanc, président
de la section du Club alpin, dite section de Bonneville-Chamonix,
assisté de M. Maillot, secrétaire général, et de plusieurs de ses col-
lègues, reçut M. Jannettaz, président général delà fêle, M. Yézian, pré-
sident de la section du Club alpin du Jura, M. Boisson d'Ëcole, vice-
président de la même section, M. Durandeau, président de la section
de la Côte 'd'Or et du Morvan, M. Viennois, de la même section.
A midi, deux omnibus emmenaient une caravane d'alpinistes qui fit
avec succès Tascension du mont Buet. On sait que de la cime de celle
montagne on a la plus belle vue que donnent les Alpes sur la chaîne
du Mont-Blanc.
Le dimanche, à Taube, des fanfares sonnent la diane. Une nom-
breuse population remplit les rues du bourg. Toutes les fenêtres sont
pavoiséesde drapeaux, où se mêlent les couleurs de toutes les nations.
Une haie de sapins ornés de banderolles et d'oriflammes aux couleurs
nationales décore les rues, à rentrée desquelles se dressent d'éléganls
arcs de triomphe en Thonneur du héros de la fête, en même temps que
de la Société géologique de France et des Clubs alpins.
A neuf heures, M. Jannettaz, président général de la fêle, accompagné
par M. Blanc et Tétat-major deTalpinisme réuni à Chamonix, va ren-
dre visite à M. le Préfet de la Haute-Savoie, arrivé la veille, ainsi que
MM. Chaumontel, sénateur, et Philippe, député d'Annecy. A ces mes-
sieurs viennent bientôt se joindre M. Charles Durier, délégué par le
Comité central du Club alpin français, et M. Caron.
A dix heures, tout le moiide est rassemblé devant Thôtel Klotz, à
l'entrée du bourg. M. Orsal Constant, conseiller général du canton,
suivi de M. Jose[>h Tairraz, de toute la municipaUté, et des fonction-
naires de la commune, nous souhaitent la bienvenue en quelques
paroles fort applaudies.
Le cortège se forme : en tête marchent MM. Edouard Jannettaz,
Durier, Blanc, le préfet de la Haute-Savoie, M. le sous-préfet de
Bonneville, MM. Chaumontel et Chardon, sénateui*s, MM. Philippe et
Ducroz, députés, MM. Orsal, conseiller général, Folliguet, conseiller
d'arrondissement, M. le maire de Chamonix et le conseil municipal.
,4^78. JAN.NEÎTAZ. -— l.NAUr.UHATlON DU MONUMENT DE BALMAT. 647
M. Venancc Payot, représentant de la Société géologique de France,
MM. les présidents et délégués spéciaux des Clubs alpins. Viennent en-
suite, entre la fanfare de Saint-Gervais-les-Bains et celle de Sallanches,
les parents de Jac(}ues Balmat, un peloton des six plus vieux guides de
Chamonix avec bâtons, piolets, cordes et sacs, en tenue de montagne,
ayant à leur tête le guide-chef, et le doyen des guides de la vallée qui
porte, couvert de rubans et de fleura, un des longs bâtons de Jacques
Balmat. Entre la fanfare de Sallanches et celle de Bonneville se pla-
cent les écoles des garçons et des filles avec oriflammes et bouquets de
violettes à la main, et MM. les sociétaires des différents Clubs alpins
français et étrangers. Enfin, la fanfare de Mégève est suivie des habi-
tants et de leurs invités.
A onze heures, ce long cortège arrive sur la place, et se range au-
tour du monument qui se dresse au bas du peiTon de l'élise. M. le
Curé de Chamonix descend de l'église pour se réunir à rassemblée.
Le monument consiste en un socle composé d'une protogine rose de
Pornienaz, d'une protogine grise un peu altérée, couverte d'une druse
de quartz cristallisé, du glacier d'Ârgentière, enfin, d'un jaspe de
Servoz, Vaudogne.
Sur ces blocs est assise une pyramide conique taillée dans une pro-
togine grise provenant des moraines de la mer de glace. Dans la pro-
togine est encastré un médaillon en bronze dû au ciseau de M. Emile
Sanson, statuaire, qui a exécuté le monument dans son entier.
Une inscription rappelle les noms de la Société géologique de
France, du Club alpin français, et la date de l'ouverture de la sous-
cription.
Au moment de l'arrivée du cortège, le monument est enveloppé
d'un long voile qui le dérobe aux regards. Les corps de musique
réunis font entendre, sous la direction de M. Abbiate, leur morceau
d'ensemble. Le beau chant des Allobroges est exécuté avec un rare
bonheur. Des applaudissements longs et réitérés témoignent de l'im-
pression profonde qu'il excite dans les cœurs.
M. Jannettaz prononce l'allocution suivante :
Messieurs,
J'éprouve une de ces émotions douces, et qui font époque dans la
vie, en ce moment où je prends la parole devant vous.
Mes collègues de la Société géologique de France ont tous ressenti la
même impression de bonheur et de fierté, lorsqu'ils ont appris que
l'inauguration du monument érigé â Jacques Balmat allait avoir
lieu.
6i8 JANNËTTAZ. — INAUGURATION DU MONUMENT DE BALMAT. 10 Sept.
La Société géologique n'a pa cependant se faire représenter à cetle
solennité par un aussi grand nombre de ses membres qu'elle l'aura»t
voulu. Elle organise un congrès international, qui va s'ouvrir dans
quelques jours. La raison de patriotisme a seule retenu la plupart de
nos collègues à Paris. Car les géologues ont eu de tout temps pour la
vallée de Chamonix une affection particulière. Cette vallée, en eflet^ a
été le lieu de prédilection de nos plus illustres maîtres, lorsqu'ils vou-
laient étudier la structure des montagnes et les évolutions de leurs
glaciers.
Et ces hommes, trop grands pour être ingrats, les de Saussure, les
Dolomieu, lesCordier, les Ëlie de Beaumont, les Âgassiz, combien de
fois ont-ils fait dans leurs ouvrages, dans leurs discours, dans leurs
entretiens le juste éloge de l'intrépidité, de l'expérience et du dévoue-
ment des guides de Chamonix !
Aussi, étions-nous accourus en grand nombre en 1875, lorsque
le programme de notre session extraordinaire, nous appela dans cetle
ville; en arrivant parmi vous il nous semblait que nous venions chez
des amis de vieille date.
Non-seulement vous avez témoigné à la Société géologique Testime
dont on entoure partout les corps savants ; vous lui avez fait, il y a
trois ans, une réception cordiale, je dirai même magnifique. Nous Ta-
vons acceptée sans résen^e, et nous le pouvions, parce que nous savions
quel était votre plus cher désir et que nous songions à le réaliser.
Votre vœu était le nôtre, comme celui de tous les amis des régions
alpines. Récemment encore, le président du Club alpin français,
M. Joaiine, s'écriait, en parlant du hameau des Pèlerins, ou Jacques
Balmat est né : <c Pas une pierre ne rappelle au voyageur le nom du
« montagnard intrépide, du guide habile et dévoué, qui fraya la route
< du Mont-Blanc à de Saussure. »
Cette plainte chaleureuse retentissait à nos oreilles sur la Mer de
glace, et lorsque le savant Genevois, qui présidait notre session extra-
ordinaire, M. Alphonse Favre, nous eut rappelé la première ascension
du Mont-Blanc, je fis à son éloquent discours la réponse que devait
faire un président annuel de la société; une acclamation unanime ac-
cueillii ma proposition d'élever à nos frais un monument à Jacques
Balmat.
Nous ne sommes pas restés seuls pour accomplir cette œuvre de jus-
tice. Le Club alpin français a voulu nous y aider.
Au nom de la Société, je remercie le Club alpin, pour la part qu'il a
prise dans notre souscription, ainsi que la section Bonneville-Cha-
monix, et particulièrement son secrétaire général, M. Emile Maillot,
auquel nous devons l'organisation de cette fête. Merci également au
1878. JANNETTAZ. — INAUGURATION DU MONUMENT DE BAKMAT. 6'49
Club alpin suisse de la sympathie qu'il vient de nous exprimer ce
matin. Au nom de tous, j'adresserai non-seulement des remerciments,
mais encore de sincères félicitations à M. Sanson, Thabile artiste qui
a ordonné ce monument et sculpté ce médaillon, où il fait revivre à
nos yeux la vaillante figure du guide qu'on appelait le vainqueur du
Mont-Blanc.
C'était déjà un brillant témoignage de gratitude que donnaient en-
.semble à Balmat les grandes sociétés françaises, et même étrangères,
et la foule de nos concitoyens qui nousentourent. Hais il fallait davan-
tage à sa mémoire. Vous Tavez compris, MM. les sénateurs, MM. les
députés, M. le Préfet de la Haute-Savoie, M. le Sous-Préfet de Bonne-
ville, et vous, MM. les fonctionnaires de ce département, qui vous êtes
joints à nous. Nous ne pouvions rendre à Balmat qu'un hommage
privé. Votre présence. Messieurs les représentants oflSciels du pays,
l'éclat de votre autorité personnelle, ajoutent à cette cérémonie un
autre caractère, celui des honneurs publics.
Quel était donc cet homme, dont la gloire est devenue nationale?
Une première fois bienfaiteur de son pays, lorsqu'il y introduisit le
mouton mérinos, Balmat ne se contenta pas de cette réputation, qui
aurait sufli à l'ambition du plus grand nombre. Enfant des montagnes,
il en aimait les beautés; il ne tarda pas à prendre rang parmi les guides
les plus hardis et les plus expérimentés.
C'était l'époque où la méthode d'observation imprimait aux sciences
naturelles un essor irrésistible, où de Saussure publiait cet immortel
ouvrage qu'il a intitulé : « Voyage dans les Alpes. »
Encouragés par de Saussure, auquel son grand savoir donnait tant
d'autorité, les guides de Chamonix avaient résolu d'atteindre le som-
met du Mont-Blanc, ils échouèrent dans plusieurs tentatives, quels
que fussent leur courage et leur audace. Balmat poui*suivit leur projet
avec ardeur. Dans la nuit du 6 juillet 1786, après plusieurs autres pas-
sées dans les glaces, malgré une tourmente horrible de neige, malgré
le froid, dont il faillit mourir, il trouva le passage cherché en vain jus-
que-là.
Il entraîna bientôt avec lui le docteur Paccard.
Ce n'est pas devant vous, Messieurs du Club alpin, ni devant vous.
Messieurs les guides, que j'ai besoin d'exalter le mérite de celte mé-
morable ascension. Mais, mon esprit s'arrête malgré moi sur cette lutte
de deux hommes contre tant de difficultés. Dans ces régions où les
forces de la nature ont toute leur indépendance, où elles agissent en
masses indomptables, un jour deux hommes sont allés les braver en
face.
Sans autre resfource que kur énergie, sans autres moyens de di-
650 JA.NNETTAZ. — INALT.CftATlON DU MONUMENT DE BALNAT. 10 SCpt.
rcction que le génie et Texpérience de Balmat, ignorant, malgré la
science dePaccard, les conditions atmosphériques de ces lieui élevés,
ils cheminent avec calme et sans ci*ainte. En vain les gouffres se multi-
plient, se croisent et forment comme un dédale autour d*eui ; en vain
ils se voient obligés de s*aider du bras et de la pioche pour se creuser
à chaque pas dans la neige mobile, et sur une surface étroite et glis-
sante, des marches qui peuvent fuir sous leui's pieds ; ils montent réso-
lument, pendant de longues heures.
D'un coup d'oeil sûr, Balmat reconnaît l'endroit accessible. Il est par-
venu au faîte; il y a bientôt amené son généreux compagnon, qui sur-
monte toutes ses fatigues, pour témoigner plus tard de cette victoire.
Ne touchant plus de la terre que ce dernier sommet qu'elle envoie
dans l'espace, il demeura quelques instants comme fasciné par le spec-
tacle nouveau qui s'étalait à ses yeux, comme enivré en même temps
d'un légitime orgueil.
Cette ascension lui valut les compliments les plus flatteurs de ses
contemporains. Et nous, après un assez long intervalle de temps, nous
saluons avec le méme^nthousiasme le théâtre de son triomphe.
Pourquoi la destinée n'a-t-elle pas respecté ce mâle courage ? Après
avoir franchi les cîmes de ces montagnes, il s'était proposé d'en scruter
les profondeurs; il y cherchait de l'or.
Là aussi. Messieurs, il était un pionnier. Avait-il pressenti que la
conquête du métal précieux abandonnée depuis plusieurs siècles,
allait de nouveau passionner les hommes? C'était bien loin de nous, en
Sibi'rie et surtout dans le Nouveau-Monde, que cette recherche devait
réussir.
Il serait téméraire d'aflirmer qu'il est inutile de fouiller les Alpes, ou
que la découverte d'un gisement métallifère y <lemeurait infructueuse.
La postérité impartiale ne juge pas d'une entreprise d'après son
succès.
Elle met au nombre des services rendus par Balmat ce dernier
effort, qui eut pour lui comme on sait, un résultat bien funeste; il
périt, hélas t <ians des abîmes, auprès de Sixt, et ces montagnes jalouses
l'ont enfoui pour toujours. De cet homme célèbre il ne reste que le
souvenir !
Le monument que nous inaugurons est donc plus qu'une satisfac-
tion donnée à notre reconnaissance : il remplace une tombe.
Que l'âme de Balmat y vienne jouir de l'admiration qu'elle a laissée
parmi nous. Qu'elle y vienne consoler ceux qui l'aimaient. Car c'est
l'âme d'un héros.
Balmat, Messieurs, a poussé jusqu'au sacrilicc de sa vie l'amour des
grandes actions.
1878. JANNETTAZ. — INAUGIRVTION DU MONUMENT DE BALMAT. 05 1
Puissent nos descendants dire un jour de nous que nous avons
comme lui concouru au bien de l'humanité, à la gloire de la patrie 1
L'orateur aurait voulu pouvoir dire à l'assistance combien il était heu-
reux de l'accueil qu'elle a t'ait à son allocution. Il aurait pu remercier
aussi le ciel, si brumeux le matin, d'avoir enfin souri à son tour. AIoi's
qu'il étendait la main dans la direction du Mont-Blanc, montrant le
nouveau champ de bataille où Jacques Balmat s'est illustré, à ce mo-
ment était tiré le rideau qui voilait encore le médaillon, et, par une
coïncidence heureuse, le soleil, perçant la nuesi longtemps épaisse,
inondait de lumière les glaces de la montagne, la vallée, son monu-
ment, et la foule rassemblée pour cette fête.
A M. Jannettaz succède M. Ch. Durier, auquel on doit un grand et
bel ouvrage sur le Mont-Blanc. Dans son discours, plein de mots spi-
rituels, M. Durier analyse le mérite individuel de chacun des guides de
Chamonix qu'il connaît si bien; sa parole touchante va droit au cœur
de ces hommes dévoués au voyageur, dont ils méritent pleinement la
confiance.
Enfin, M. le Préfet, en quelques termes élégants et dignes, exprime
éloquemment le souci que le gouvernement a eu de se faire repré-
sentera cette cérémonie.
Les diverses fanfares avaient exécuté d'excellents morceaux entre
ces discours. La cérémonie se termine par un défilé des jeunes gar-
çons et des jeunes filles, qui viennent un à un déposer des bouquets
au pied du monument. Uneémotion indicible s'est emparé de tous les
cœurs. Puis le cortège se reforme, fait le tour de la ville, pendant que
les fanfares font entendre de tous côtés des airs nobles et harmo-
nieux.
Un banquet réunit bientôt près de 300 convives.
A la table d'honneur se sont assis, sans distinction de rangs ou do
fonctions, MM. Jannettaz, Durier, délégué du Comité central du Club
alpin; Durandeau, président de la section de la Côte-d'or et Morvan ;
Vézian, président de la section du Jura; Blanc, président de la section
de Bonneville-Chamonix; Emile Maillot, secrétaire-général de cette
section; Borrel, président de la section delarentaise; Caron, membre
de la Direction centrale du Club alpin français, ainsi que MM. le Pré-
fet de la Haute-Savoie, le Sous-Préfet de Bonneville, le Recteur de
l'Académie de Cfiambéry, Chardon, Chaumontel, sénateurs, Philippe,
Ducroz, députés, M. Orsat, conseiller général du canton, Joseph
Tairraz, vice-président de la section alpine de Bonneville Chamonix,
le maire de Chamonix, le guide-chef, Emile Maison, rédacteur des
Aljjes d'Annecy, etc., etc. On y remarque en outre M'"^» Éd. Jannettaz,
Caron et de Montravel.
65i JANNETTAZ. — INAUCUHATION DU MONUMENT DE BALMAT. 10 scpl.
M. Jannettaz remercie M. le Préfet et les autorités présentes de leur
concours sympathique.
M. le Préfet dit combien il aime ces touchantes réunions de mon-
tagnes, si bien faites pour unir et rapprocher tous les cœurs, et il ter-
mine en portant un toast au gouvernement de la République.
M. Ch. Durier boit à la Société géologique de France, aux Clubs
alpins, et en particulier à la jeune section de Bonneville-Chamonix du
Club alpin français.
M. Caron, dans une improvisation pleine d'esprit, remercie les
guides de Chamonix, et porte un toast reconnaissant à M. Joanne,
président du Club alpin français, qu*une maladie a empêché d'assister
à cette fête. Il en porte un en même temps au Club alpin anglais.
Le Guide-chef adresse des remerciements à la Société géologique de
France et au Club alpin français.
M. le Recteur de l'Académie de Chambéry se lève et porte un toast à
H. Talbert, l'heureux instigateur des caravanes scolaires.
M. Blanc, avocat, remercie la Société géologique de France et
le Club alpin français. Il rappelle ce qu'était l'homme dans Balmat ;
ses paroles ardentes de patriotisme excitent un enthousiasme géné-
ral.
Le silence s'étant rétabli, H. Emile Maillot donne communication
de lettres ou de télégrammes qu'il a reçus à l'occasion de la fête.
Dans une lettre adressée à M. Blanc, M. Mercier, premier Président
de la cour de cassation. Président d'honneur de la section de Bonne-
ville-Chamonix^ s*excuse de ne pouvoir assister à la cérémonie d'inau-
guration. M. Mercier était retenu à Paris par ses fonctions. Après cette
lettre, dont la lecture soulève de très-vifs applaudissements, il est
donné connaissance d'une lettre de M. Freundier, Président central du
Club alpin suisse. L'assemblée a le regret d'apprendre que la santé de
M. Freundier l'a empêché de se rendre à Chamonix. Le comité central
du Club alpin suisse avait exprimé le matin par télégramme adressé à
M. Jannettaz sa sympathie cordiale pour les géologues et alpinistes
réunis. M. Alph. Favre, le savant géologue genevois, témoigne égale-
ment de son grand regret de ne pouvoir assister à cette fêle. Il rappelle
le plaisir qu'il avait éprouvé à se trouver il y a trois ans au milieu des
géologues français. Nous pensons nous aussi à sa direction aimable et
savante, lorsqu'il présidait, il y a trois ans, nos excursions géologiques ;
nous sentons comme un vide auprès de nous dans cette circonstance ;
mais la Société helvétique des sciences naturelles se réunissait à Berne
le dimanche 11 août, et M. Alph. Favre devait lui présenter un tra-
vail scientili(|ue.
Après la lecture do ces lettres, M. Chardon, sénateur, se lève et porte
1878. JA.NNETTAZ. — INAUGUIUTION DU MONL'MENT DE BALMAT. 653
un loasl ù la prospérité de Chamonix et au développement des voies
de communication dans la vallée.
M. Ducroz, député, remercie en termes brillants et affectueux la mu-
nicipalité de Chamonix de l'éclat qu'elle a su donnera la fête.
M. Martin, avocat, rappelle que Balmat et de Saussure sont insépa-
rablement unis dans la mémoire des enfants de Chamonix, comme
dans l'histoire des premières ascensions du Mont-Blanc. Sous cette
innovation, comme citoyen d'un peuple voisin et ami, comme Gene-
vois, il boit à Chamonix , à l'alliance des peuples sous les auspices
de la science et de la fraternité.
M. Yézian porte la santé de MM. Jannettaz, Durier et Caron.
Enfln, M. Borrel, dans un discours d'une éloquence saisissante,
montre combien l'initiative prise par la Société géologique de France
d'élever un monument à la mémoire de Balmat, serrera les liens qui
unissent si étroitement déjà les nouveaux départements français aux
anciens. Il rappelle le courage et les éminentes qualitésdeson compa-
triote Balmat. Il termine en buvant à l'union et à la confraternité des
géologues et des alpinistes. Des acclamations unanimes couvrent ces
dernières paroles.
Au sortir du banquet, M. le Préfet de la Haute-Savoie, M. le Recteur
de l'Académie de Chambéry, prient MM. Jannettaz et Durier de se
joindre à eux pour obtenir du Guide-chef l'amnistie pleine et entière
des punitions encourues jusqu'à cette époque par les guides.
M. le Guide-chef accorde enfin l'amnistie, en reconnaissant qu'il ne
peut rien refuser en cette solennité au délégué de la Société géologique
de France, malgré sa crainte d'affaiblir en rien cette ferme discipline
qui donne tant de vertus à la corporation des guides de Chamonix.
Le soir, les maisons, les hôtels, sont illuminés avec profusion, et les
ïeux de la ville vont jeter leurs reflets jusque sur les forêts voisines,
pendant que sur les hauteurs du Brévent, de la Flégère, de la Pierre-
Pointue« de Montanvert, s'allument des bûchers gigantesques.
Puis des différents hôtels partent des fusées brillantes, des gerbes de
lumières de toutes couleurs.
Tout à coup le pavillon de Bellevue est en flammes. M. le marquis
et M. le comte de Nicolaï participent à notre fête patriotique.
Bientôt les fanfares parcourent une dernière fois les rues de la ville
et la fête se termine par une belle retraite aux flambeaux.
Telle a été. Messieurs, cette fête de l'inauguration du monument
élevé à Balmat, dont la Société géologi()ue de France a pris l'initia-
tive (I).
(Ij Nous n'aurions pu prcn-ln» nous-nu^mos des notes suffisantes pour un compte-
65i cil. VÉI.AIN. — LXCinSlON DE hëudon. 10 sept.
La Sociétés par Torganc de son Président, atlresse à M. Jannettaz
ses plus vifs remcrctmcnls pour le soin avec lequel il s est acquitté de
la mission dont il avait été chargé.
M. Cil. Vélaln donne le conapte-rendu de Texcursion de Meudon.
Excursion de Meudon.
L'excursion de Vaugirard et de Meudon est devenue Vexcursion
classique du bassin de Paris ; c*est, en effet, de toutes celles qu'on peut
faire dans l'étendue d'une journée, aux environs de la capitale, la
seule qui permette d'observer, presque dans leur ensemble, les divers
termes des terrains tertiaires parisiens, et de plus leur substratum, les
assises crétacées sur lesquelles ils reposent.
Aussi la Société géologique n'a-t-elle jamais manqué de la porter à
son programme, à chacune de ses réunions extraordinaires tenues à
Paris (3 septembre 1835-10 août 1867) ; et c'est encore pour celte raison
qu'on la trouvait de nouveau inscrite en télé des excursions projetées
pour cette nouvelle session.
Le 5 septembre, à 10 heures, la Société s est donc trouvée réunie à la
porte de Versailles, à l'extrémité de la rue <ie Vaugirard, pour se ren-
dre, comme en 1867, sous la direction de M. Hébert, dans les grandes
exploitations d'argile plastique du faubourg d'Issy. La coupe intéres-
sante olferle par ces carrières, au travers des dépôts de l'éocène infé-
rieur et n)oyen, est maintenant trop connue pour que je veuille la rap-
porter ici ; je rappellerai seulement qu'en raison de l'assèchement du
sol des carrières et de l'avancement des Iravaux, la Société a pu voir,
sous les argiles bigarrées, qui supportent les bancs d'argile plastique
proprement dite exploités, ces argiles noires, lignileuses et pyritilères,
qui ne sont que très-rarement atteintes et dans lesquelles ont été re-
connus quelques fossiles pyriteux (Cérilhes et paludines indét.).
Au sommet de ces mêmes masses argileuses, sous les bancs sableux
et ferrugineux qui commencent la série des fausses glaises, de beaux
échantillons de vivianitc ont été recueillis.
La partie supérieure des fausses glaises, largement découverte, s'est
rendu. Aussi avons-nous 6to heureux de recevoir de M. Joseph Thévenel.. avocat, se-
crôtaire-adjoint de la section du Ctab alpin français Bonncviile-Chamonix. Je récit
plein de verve et d'humour, d'élogance et d'exactitude, qu'il a puMiê dans r.-l//o-
broife, journal de la Ilaule-Savoie. n**» 38 et ÎM. dimanche 18 et dimanche 25 août
1878. M. Thévenel nous pardonnera les emprunts que nous avons faits à sa notice
vraiment historique.
1878. en. VÉLAIN. — EXCURSION DE MEUDON. 683
montrée très-inégale et profondément ravinée sous les sables glau-
conieux à Nummulites lœvigata qui la recouvrent. La Société a lon-
guement examiné cette surface de contact intéressante qui témoigne
en ce point d'une lacune considérable correspondant à tout le dépôt
des sables supérieurs du Soissonnais (horizons de la N. planulata).
Par contre, si, en 1867, elle avait pu observer en ces mêmes points
la série presque complète des diverses assises du calcaire grossier, no-
tamment les bancs à Cérithes sur les lambourdes à miliolites, aujour-
d'hui ces dernières assises, presque complètement enlevées, n'étaient
plus visibles. Pour compléter son élude, la Société s'est alors trans-
portée, au-dessus du parc d'Issy, dans toute une série de carrières
maintenant abandonnées, mais qui lui ont encore fourni des affleure-
ments suflisamnicnt nets dans le calcaire grossier supérieur.
Plus loin, la nouvelle route du Val coupe en tranchée les caillasses ;
on a pu de la sorte examiner en détail cette longue alternance de cal-
caires compactes, parfois siliceux, de lits argileux, de marnes schis-
teuses et de lits sableux avec silex cariés et pseudomorphoses de gypse
qui se décomposent là, sur une épaisseur de 7 mètres, en 18 ou 20 cou-
ches distinctes comprenant à divers niveaux des petits bancs fossilifères
où prédominent les Ceriêh, cristatum et Echino'ides.
En ce point, un petit sentier, longeant le sommet des Crayères, con-
duit à la plus importante des exploitations de ci aie. C'est par là que de-
vait s'opérer la descente; mais avant de s'y engager, la Société, séduite
par la beauté du site, s'est arrêtée un moment pour admirer le magni-
ijque panorama de la vallée de la Seine qui se déroulait sous ses yeux,
en écoutant les détails pleins d'intérêt donnés par M. Hébert sur la
constitution géologique des coteaux formant l'encaissement de la
vallée ainsi que sur la marche des principaux phénomènes qui ont
pré.sidé à la formation de son relief.
La carrière d'Armagnac, en pleine exploitation, a permis d'observer
les niveaux inférieurs de la craie blanche à B: mucronata^ qui ne sont
mis au jour qu'à de rares intervalles. Tels sont sous les assises à M,
Brongniarti qui forment le sol des carrières souterraines, celles à
Magas pumilus^ puis, sous les silex carriés, celles où abondent le
cyphosoma corollaire avec les baguettes du Cidaris pseudo-hirudo.
Un certain nombre de fossiles, malgré le peu de temps consacré à
cette visite, ont été recueillis, notamment plusieurs il/tcra^^er, dont un
qui s'écartait sensiblement du M, Brongniarti.
Cette faune de la craie blanche de Meudon, assez variée, s*enrichit
de jour en jour, grâce aux recherches actives de M. Armagnac qui
recueille avec soin tout ce que ses ouvriers mettent au jour. La collec-
tion importante qu'il a su ainsi rassembler, disposée dans un local à
656 VIÎLAIN. — EXCURSION DE MEUDON. 10 Sept.
rentrée même des carrières, a été examinée avec beaucoup d'intérêt
par ceux des membres que ces questions paléontologiques intéressent
plus spécialement. M. Cope a pu donner de la sorte, quelques rensei-
gnements sur les restes de Sauriens et de Poissons exposés ; il a
remarqué que les reptiles appartiennent au Mosasaurus et mieux
encore comme l'avait déjà fait observer M. Hébert (Métn, Soc. géoL,
2° série, t. V, p. 348) eu genre Leiodon, Les Poissons sont les Squales
que Ton trouve habituellement à ce niveau : il signale le genre En-
chodus avec une mûchoire de Saurodon qui lui paraît devoir appar-
tenir à une espèce nouvelle. Quant aux dents attribuées au genre
Smirocephaîus, il pense qu'elles appartiennent plutôt à celui qu'il a
établi sous le nom d*Empo.
Les genres sus-nommés se rencontrent également dans la craie
d'Angleterre et du Kansas, à l'exception du genre Mosasaurits pro-
prement dit ; ce dernier avec Enchodus se trouvent dans le Maestrich-
tien de Hollande, qui doit correspondre au calcaire pisolithique de
France et au grès n" 5 de New-Jersey.
Les dépôts qui sont directement superposés aux assises supérieures
de la craie à Belemnitelle, jaunies, durcies et perforées, ont été ensuite
étudiées.
En présence du calcaire pisolitique et des marnes blanches stron-
tianifàres qui le recouvrent, M. Hébert a développé les raisons qui lut
ont permis d'assigner à ces dépôts leur âge véritable.
En 1855, Ch. d'Orbigny qui. le premier, 20 ans auparavant, avait
signalé l'existence de ce calcaire pisolitique, persistait encore à lui
rattacher les marnes blanches, et séparait le tout de la craie pour eu
faire le premier terme des terrains tertiaires, malgré les observations
déjà publiées à ce sujet par M. Hébert (Bull., 2* série, t. XI, p. 418
et 645); de vives discussions s'élevèrent entre ces deux géologues
à cette même place. M. Michelot de sou côté ne voulait voir dans ces
marnes qu'un dépôt absolument local, de peu d'intérêt, résultant
d'un remaniement sur place de la craie sous-jacente.
Aujourd'hui de semblables objections ne pouvaient se produire;
depuis longtemps la position des marnes blanches est déûnitivement
acquise.
Déjà, en 1867, M. Munier-Chalmas y signalait la présence d'espèces
appartenant à la faune lacustre de Rilly ; plus tard, alors que
MM. Cornet et Briard venaient de nous faire connaître la faune si nou-
velle (lu calcaire de Mons, quelques espèces marines, les plus com-
munes parmi celles caractéristiques de cet horizon, telles que Cen-
thinm inopinatum, Cornetia maudunensis, etc., y furent également
découvertes.
EXCURSION DE MEUDON.
CroÉ» lAmt IfltiàÀnf.
1878. Gif. VKLAIN. — EXCURSION DE MEUOON. 659
Ces espèces marines et lacustres ne sont pas mélangées dans les
marnes blanches; il est remarquable d'avoir à signaler que la Palu-
dîna aspcrsa et les autres espèces de Rilly, Bulimus Rillyensis, Ilelix
heynispheHca, etc., se tiennent spécialement dans des concrétions blan-
châtres avec veinules d'argile verte qui occupent les parties moyenne
et supérieure des marnes, tandis que les fossiles marins conservés à
l'état de moules externes, s'observent dans des nodules calcaires, durs
et jaunâtres, qui se cantonnent à la base même du dépôt. Ces blocs,
souvent assez volumineux, en apparence roulés, avaient été déjà remar-
qués, mais on les attribuait au calcaire pisolitique sous-jacent, qu'on
supposait ainsi avoir été remanié. Un examen attentil' de ces nodules m
situ montre qu'ils appartiennent bien au dépôt marneux encaissant et
que leurs formes arrondies tiennent uniquement à des altérations chi-
miques. Les espèces ({u'ils renferment sont d'ailleurs différentes de
celles du calcaire pisolitique et se retrouvent avec le test dans les
marnes encaissantes. Les collections de la Sorbonne possèdent ainsi
un grand exemplaire du Driardia Grilleti, d'une conservation par-
faite, recueilli dans les marnes par M. Grillet, en 1876 (1).
Le sommet des marnes blanches est en partie masqué par les ébou-
lis de l'argile plastique et du calcaire grossier qui se voient au-dessus.
Dans le petit sentier qui longe la crayère à l'ouest, pour se diriger
vers le bas Meudon, la coupe, plus nette, montre, entre l'argile plas-
tique, en ce point très-réduite, et les marnes blanches, une petite
couche d'argile jaune, bariolée de blanc avec parties ligniteuses, entre-
mêlée de petits nodules ou concrétions calcaires et de cristaux de
gypse, dont l'épaisseur est tout au plus de 0™30. C'est là le repré-
sentant du conglomérat de Meudon qu'on devait aller voir plus loin,
au Val-Fleury.
Dans ce gisement classique, le conglomérat à Coryphodon et à Gas-
tornis repose directement sur le calcaire pisolitique raviné, les marnes
blanches ayant été enlevées, et ne se trouvant plus qu'à l'état de dé-
bris roulés, à la base des couches à ossements. Mais ce contact inté-
ressant qui se voyait autrefois d'une façon si nette, reste maintenant
le plus souvent masqué sous lesébouliset les remblais, l'exploitation
de l'argile plastique, en ce point, étant délaissée.
Au moment du passage de la Société, une tranchée récemment ou-
verte à l'entrée de la carrière, en vue d'une reprise momentanée des
travaux, a permis de relever la coupe suivante, dont je demande la
(1; Voici la liste dos espèces obtenues jusqu'ici et déciiles par M. Munier-Ghalinas:
Cerithinm inopinatum, Dcsb. C. MauduMiise. Briirdia Griletli, Cometia Man-
dunensis, Melanopsis Vrlaini. Troehus..., Natica.... Corhula\. . Cardita..., Vteria
parisiftisù: Politrypn roffwica (algues verlicillôes).
660 CH. VIÎLAIN. — EtCVRSION DE HEUDON- 10 Mpl.
permission <je laisser la trace dans le Bulletin; ce giscmeut célèbre,
comme bon nombre de ceui du bassin de Paris, tendant de jour en
jour à disparaître :
1878 CH. VRLAIN. — EXCt'IVSlOiN DE UBL'DOiN. 661
La première partie de la course était terminée; la Société, après
s'être arrêtée un instant, près de la station de Bcllevue, pour voir un
maigre affleurement de sables verdâtres argileux, entremêlés de ro-
gnons gréseux, qui appartiennent à l'horizon de Beauchamp, s'est
transportée sur le plateau des Bruyères de Sèvres pour examiner les
sables de Fontainebleau et les meulières de Beauce qui forment la cou-
verture du plateau et représentent là les derniers dépôts tertiaires qui
se soient faits dans le bassin de Paris, à Texception toutefois du pou-
dingue ferrugineux et manganésifère remplissant des poches dans ces
argiles qui, signalé autrefois par Eugène Robert (BulL, l^"^ série,
t. Xn, p. 374), par Ch. d'Orbigny (2^ série, t. XII, p. 1259), et rapporté
par eux à des phénomènes de l'époque quaternaire, pourrait bien
être d'âge pliocène.
A cinq heures elle reprenait la route de Paris, où elle était de re-
tour à six heures.
Cette seconde partie de la course a été signalée, au début, par un
incident dont nous avons gardé tous si agréable souvenir, que j'en-
courerais de graves reproches si je le passais ici sous silence.
Au sortir des sables de Beauchamp, la Société, gravissant la route
des Gardes pour gagner le plateau de Sèvres, traversait, sans pouvoir
s'en rendre compte, toute la série des assises tertiaires intermé-
diaires entre ces sables éocènes et ceux de Fontainebleau, en raison
du nombre toujours croissant des constructions et des jardins qui
s'entassent à flanc de coteau et masquent tous les affleurements.
Elle regrettait ainsi d'être forcée d'interrompre le cours de ses obser-
vations, quand tout à coup, et par le fait d'un de ses membres, elle
se trouva transportée dans une de ces charmantes villas où sous
les bosquets, contre l'envahissement desquels elle protestait il n'y a
qu un instant, se trouvaient réunis, à son intention, les meilleurs pro-
duits de la période actuelle.
Je ne pouvais mieux terminer ce compte-rendu rapide de notre
première journée qu'en rappelant le repos bienfaisant que nous goû-
tâmes en ce charmant séjour, les toots de bonne confraternité entre
les géologues qui y furent portés, et je crois me faire l'interprète des
sentiments de tous les membres présents, en adressant à H. de Chan-
courtois nos plus vifs remercîmcnts pour la cordialité de cette récep-
tion imprévue.
Prof. Oope remarked that the excursion to Meudon had inte-
rested him very much, in as much as he had been able to observe for
the second time the horizon and fossils of the Soissonnais. The first
662 COPE. — EXCURSION DE MEUDON. 10 Sept.
lime that lie liad seen the dcposUs of this formation was in 1874,
while acting as geologist and paleontologist of the Exploration W. of
the 100^^. Meridian of the Engineers of the United States under Lieut.
G M. Wheeler.
He stated that the had discovered at that time in the N. W. région
of New Mexico, an extensive série ofdeposits including a tract of 3000
square miles (engl.)) and a depth of 1500 feet (engl.) which contains
the remains of the vertebrate types already discovered at Mendon
and others localities iiear Paris in the Soissonnais. The beds are very
différent in minerai caracter from those of France, consistingof alter-
nating beds of sandstone and calcareo arenaceous mari, without
lignite or plastic clay.
He had oblained in this région 150 individuals of Coryphodon of six
or more species; of four species of Ilyracotherium, of the ungulates.
Of the unguiculates, he had procured the jaws of a species very near
to the Palœonictis gigayitea, Bl. which he had called Ambloctomits
sinosus, and a genus (Oxyœna) intermediate betwen this type and Pte-
rodon, with others. With thèse were found the bones of a large bird
(Diatryma gigantea) which nearly reserable the corresponding parts
of the Gastomis parisiepisis,
The reptiles of the same région are true crocodiles and turties. The
only tishes obtained are Lepidostei which left abundant remains and
correspond to the Lepidosteus Suessonie^isis of Gervais.
It is évident from the preceding, that the faciès of this faune of New
Mexico is quile that of the Suessonien, a resemblance which is inte-
resling in view of the wide séparation of the localities.
It may be added that the lermirine animais referred by prof. Cope to
a suborder under the name of Mesodonta hâve been found in the Sois-
sonnais of Uheims by D"" Lemoine (1).
(1) Le professeur Cope fait remarquer que l'excursion de Meudon la intéressé à
un haut degré, en lui fournissant l'occasioD d'observer pour la seconde fois rhorizon
et les fossiles du Soissonnais. Il avait déjà rencontré ces dépéts en 1874 lorsqu'il
avait pris part à l'exploration de la région à l'ouest du 100* parallèle avec les ingé-
nieurs des États-Unis, en qualité de géologue et de paléontologue, sous la direction
du lieutenant G. M. Wheeler.
Il ajoute (ju'il avait alors découvert dans la partie N. 0. du Nouveau-Mexique une
série très-développée de dépôts occupant 3,000 milles carrés, et ayant une épais-
seur de 1,500 pieds, qui lui ont fourni les mêmes types de vertébrés déjà observés
à Meudon et dans le Soissonnais. Les couches sont très-difTérentes de celles de
France par leur carartère min^ralogique et consistent en lits alternants de grés et
de marnes calcaro-sableuses sans lignites ni argile plastique.
II a recueilli dans cette région, parmi les ungulcs, 150 individus du genre Corif-
phodon appartenant au moins à 6 espèces et 4 espèces âHyracothcrium, Parmi les
1878. TOURNOUÊR. — EXCURSION D*ÉTAMPËS. 663
H. Xouraouër lit le compte-rendu de Texcursion d'Ëtampes :
La journée du 6 septembre a été employée par la Société à visiter aux
environs d'Êtampes l'étage marin des « Sables de Fontainebleau »
(étage tongrien, d'Orbigny ; tongrien, Dumont prô parte et Rupélien,
Dumont) et la partie intérieure du « Calcaire lactcstre de la Beauce »
qui surmonte ces sables.
Cette course, qui est devenue classique pour la connaissance des ter-
rains tertiaires supérieurs du bassin de Paris, avait été déjà exé-
cutée par la Société, il y a 23 ans, jour pour jour, lors de la Réunion
extraordinaire à Paris en 1855, à une époque oii les gisements fossi-
lifères des environs d*Étampes étaient presque encore une nouveauté.
Depuis cette époque, ces gisements ont été explorés avec beaucoup
de soin, et le dernier grand ouvrage de Deshayes en a fait connaître
la faune malacologique et permis de la comparer à celle d'autres
bassins synchroniques de la Belgique, de TAIIemagne, du sud-ouest
de la France ou de Tltalie; la connaissance de Tétage tongrien en
général ayant fait de grands progrès depuis une vingtaine d'années.
Aux environs d'Étampes,rattention s'était particulièrement portée,
depuis 1855, tant au point de vue stratigraphique qu'au point de vue
paléontologique, sur les couches de transition qui séparent la for-
mation marine de la formation d'eau douce supérieure et sur cette
dernière formation ; ces deux points méritaient l'intérêt de la Société.
L'ensemble des couches à étudier se présente d'ailleurs auprès
d'Êtampes de la façon la plus heureuse. La vallée de la Juine est
creusée dans le calcaire de Beauce inférieur qui occupe la surface de
tous les plateaux environnants, et dans la masse des sables de Fon-
tainebleau qui forment les deux parois de la vallée ; le fond de celle-
ci ast constitué par la fonnation d'eau douce de la Brie et par les
uoguiculés, il a recueilli les mâchoires d'une espèce très-voisine du Palaeonictû
giganêea, El., qu'il a nommée Àmbloctomus sinosus, et un genre fOxyœnaJ, inter-
médiaire entre ce type et le Pterodon, ainsi que beaucoup d'autres. Il a trouvé
dans le même dépôt les ossements d'un grand oiseau fDiatryma giganteaj qui res-
semblent beaucoup aux parties correspondantes du Gattomis parisiensis ,
Les reptiles de la même région sont do vrais crocodiles et des tortues. Les seuls
poissons qu'il a obtenus sont des Lepidostei représentés par des débris abondants
et correspondant au Lepidosteus Suessnnieniis do Gervais.
U est évident, d'après co qui précède, que le faciès de cette faune du Nouveau-
Mexique est tout â fait celui de la faune du Suessonien, ressemblance du plus haut
intérêt, par suite du grand éloignement des deux localités.
On peut ajouter que les Lémuriens rapportés par le professeur Copo à un sous-
ordre, sous le nom «le MesodontUy ont été trouvés également dans le Suessonien
de Rheims par le D' Lemoino.
G6% TOURNOUKR. — EXCURSION DÉTAMPKS. 10 Sept.
marnes vertes, substratum visible de tout le système précédent. Les
gisements fossilifères les plus importants pour l'étude de ce groupe
dans le bassin de Paris sont tous rassemblés dans cette petite région :
pour la partie inférieure et moyenne des sables de Fontainebleau, en
aval d*Étampes, entre cette ville et le village d'Êtrechy; pour la partie
supérieure des sables et pour le calcaire de Beauce, en amont de la ville.
Les convenances pratiques de la course ont obligé la Société à
prendre la coupe des terrains à étudier par le haut et à les descendre
ensuite successivement, ce qui n'offrait aucune difficulté à cause de
leur peu de complexité et grâce à la concordance parfaite des assises.
La Société s*est donc rendue dans la matinée au-delà de la ville
d*Êtampes, jusqu à la côte Saint-Martin, qui lui a offert une belle coupe
du calcaire de la Beauce couronnant en escarpement de 18 à 20 mètres
la masse dessables purs de Fontainebleau.
La coupe de cet escarpement, relevée avec MM. Munier-Chalmas et
Vélain dans des conditions favorables qui permettaient de bien voir
les couches inférieures, souvent masquées par les déblais des extrac-
tions, donne de haut en bas la succession suivante, à peu près con-
stante dans toute la longueur de la falaise malgré l'inégalité d'épai.s-
seur et Tallure variable de ces dépôts de transition :
Coupe du Calcaire de Beauce inférieur (fig.- 1).
8. Calcaire bréchoïde, présentant à la base des bancs à Hélix \
1. Banc ligniteux > 15"50
6. Calcaire marneux à Limnœa Stampinensis, c. c, Planorbis, r.. Hélix, r. r. )
5. Marnes à Paludestrina Duhuissoni et à Potamides Lamareki 0"40 \
4. Maraes et sables ligniteux 0. 10 j
3. Marnes à Paludestrincs et à Potamides 0.30 f
> i*9n
2. Marnes avec silex en rognons ou meuliériformes à Cyclostoma anti-
quum, Hclii Munieri, Pupa, etc 0.30
1 . Marnes à Paludestrines. Potamides Lamareki, r. r 0. 10
C'est dans l'assise n° 2, caractérisée par Tabondance du Cyclostoma
antiquum, Brong., qu'aété trouvée par M. Munier-Chalmas toute une
faune de coquilles presque toutes terrestres et nouvelles, qui a été
en grande partie décrite par Deshayes (10 Hélix, 10 Pupa, 2 Cyclos-
tomes, plusieurs Limnées et Planorbes) (1).
(1) V. Munior-Chalmas. Bullrtiu S}C. gr'ol. drFrancv, 2* série, t. XXVII, pag. 69?.
!.\CIjKS10N D'LTAMPES
rr wi 1 -
U / fi y j^
Tig 2 -Coupe do Lt Satltcrc du Carrefour C_Calcoirc de Bne
- ^i.»Ar -tr -^
lOnM^Au ^»t<.lren.
1878. TOURNOLKR. — EXCURSION D'ÉTAU4*ES. 667
La Société a porté son attention sur ces premières assises qui corres-
pondent aux meulières de Montmorency, Palaiseau, Rambouillet, etc.,
et pour mieux étudier le contact des deux formations, elle s'est trans-
portée à Touest dans la direction de Chalô-Saint-Mars, en remontant le
petit vallon de la Challouette pendant i kilomètres environ, jusqu'à la
sablière du Carrefour, siluée un peu avant le moulin de Yassé, où elle
a pu voir la coupe suivante (fig. 2), relevée en détail par H. Yélain :
• i
Terre végétale.
Calcaire de Beauce avec blocs de silex, en éboulis 0"50
Banc lignileux 0.02
8. Marne fragmentaire avec silex et parties calcaires 0.60
7. Calcaire siliceux en plaquettes discontinues 0.05
6. Marne sableuse grisâtre à Paludestrines 0.05
5. Marne schisteuse brune à fossiles marins : Cardita Bazini, Cytherea ir^
craisata (var. inmorj, Cerithium plicatum, var. Galeottii,, etc., (faune
d'Ormoy) 0. 12
4 . Marne lignitcuse à Potamides Lamarki 0. 15
Marnes blanches à Paludestrines, rares Limnées 1 .30
Banc lignitcux.
2. Marnes compactes à Paludestrines avec Limnées et Planorbcs, c. c 0.20
1 . Marnes et bancs lignitcux à Paludestrines et à Potamides passant par des
silex noirs charbonneux qui renferment encore la Paludestrina Dubuit-
soni et plus rarement le Potamides Lamarki 0.20 à 0.40
•1
Cette coupe qui correspond très-bien, je crois, sauf l'épaisseur des
couches, à celle de la côte Saint-Martin, est intéressante parce qu'elle
met hors de doute la liaison de la petite faune marine d'Ormoy (n^ 5)
caractérisée par la Cardita Bazùii, avec les premiers dépôts de la for-
mation d'eau douce du calcaire de la Beauce; question qui avait donné
lieu à de vives discussions, il y a une vingtainne d'années, dans le sein
de ta Société géologique (i).
La coupe de Châlo-Saint-Hars donne raison à cet égard à l'opi-
nion soutenue par M. Hébert dans cette controverse. Je dois dire,
d'un autre côté, que j'ai recueilli moi-même, en 1855, dans ta masse
et môme dans la partie inférieure de la masse des Sables blancs
exploités à la côte Saint-Martin, c'est-à-dire à 15 ou 20 mètres au-
dessous des premières couches du calcaire de Beauce, au milieu des
petits galets qui caractérisent souvent la base des Sables, ta Cardita
Dazini, associée au Pectunculus ohovatus et à plusieurs autres fos-
siles de Morigny. La faune d'Ormoy, ou du moins l'espèce considérée
comme la plus caractéristique de la petite faune d'Ormoy, descend
(1; V. Bulletiu Soc. géol., i' sério, t. XVH, pa^'. il, et pag. 107, 1869. — C«mpr«-
rendus de V.ic. se. même annijo. etc.
668 TOURNOUËR. — EXCURSION D ÉTAMPES. 10 Sept.
donc bien au-dessous du calcaire de Bauce, dans les Sables même de
Fontainebleau, comme le prétendait Ch. d'Orbigny (1).
La récurrence, à Châlo-Saint-Hars, de cette faune marine au milieu
de dépôts franchement lacustres, on môme temps que la concordance
parfaite des assises contenant des faunes d'origine si distincte, témoi-
gnent des oscillations répétées et tranquilles de ce rivage avant son
émersion définitive.
Il n'en est pas de même partout, et généralement la masse du cal-
caire de Beauce succède à la masse des sables ou des grès de Fontaine-
bleau sans rinterposition de couches fluvio-marines.
A la Ferté-Âleps (2), à quelques lieues à Test d'Ëtampes, le calcaire
de Beauce est séparé de la masse des sables purs de Fontainebleau par
une zone de sable jaune ocreux ou brun, renfermant des coquilles
terrestres ou lacustres parfaitement conservées et caractéristiques,
comme Cyclostoma ayitiquum, Limnœa Drongniarti^ L, comea, L, Oou-
berti, petites Hélix diverses, et à la base des restes très-intéressants de
grands Vertébrés terrestres : Anthracotherium magnum. Rhinocéros
(Acerotherium) hrivate^ise, Gelocvcs, sp., etc. Cette coupe se voyait dans
une grande sablière située derrière la station du chemin de fer, sur la
rive droite de TEssone.
Dans le nord du département, dans la vallée de Chevreuse et du côté
de Trappes, les meulières de Rambouillet, équivalent selon moi de ces
sables jaunes de la Ferté-Aleps et des calcaires siliceux de la côte Saint-
Martin, sont séparées des sables de Fontainebleau par un calcaire
lacustre blanc ou nankin, dans lequel j'ai trouvé moi-même à Elan-
court, près de Trappes (3), Y Hélix Ramondi, Brong., avec la Paludes-
trina Dubuissoni, etc.
Je mentionne ici ces deux gisements de la Ferté-Aleps et d'Elan-
court à cause de leur importance palcontologiquc : la présence, à un
niveau stratigrapliique parfaitement net au-dessus des sables de
Fontainebleau, de VAthracothenum magnum et de V Hélix Ramondi,
relie heureusement notre calcaii^ de Beauce inférieur au miocène
(1) Le retard apporU'î tiaas Tiiupression de co Compte-rendu me permet de citer à
l'appui de mon observation une observation toute récente et toute semblable de
M. Stanislas Meuni»jr qui a constaté à Pierrefite, au-dessous du Sable à petits galets
siliceux, une couche fossilifère avec cAtcs û'Halitherium, dents de Squales, et
nombreuses coquilles roulées parmi lesquelles la Cardita Basini associée à la
faune de Morigny ou de Jeurrc, Pect, obovahis, Melania semidecussata, etc. (V. La
Nature, octobre 1879. 7* année, pag. 307).
(2) V. Goubert. Bull. Soc. géol. 18G7, t. t. XXIV, p. 315. — Munier-Chalmas. ib.,
1870, t. XX VII, p. 692. — Tournouër, ib., 1872, t. XXIX, p. 479.
(3) V. Tournouër. \Sei,Bull. Soc. géol , t XXIV. p, 488.
1878. TOURNOl'Ëft. — EXCURSION DÉTAMPES. 669
inférieur d'eau douce des vallées de la f^ire et de la Garonne et au
calcaire blanc de l'Agenais.
Dans le bassin de Paris. la base du calcaire de Beauce est donc
caractérisée paléontologiquement par plusieurs coquilles terrestres ou
lacustres spéciales, comme : Jleliœ Ramondi, H. Munieri, Cyclostoma
antiquum, Limnœa Brongniarti, L. cornea, L. cylindrica, Planorhis
cornu ( typus ), Paludestrina Dubuissoni^ Potamides Lamarcki
(typus), etc.; par plusieurs Vertébrés terrestres, comme : AtUhraco^
therium magnum. Rhinocéros brivatense, etc., et accidentellement,
dans le sud du bassin, par des couches fluvio-marines ou marines à
Potamides Lamarcki, Cerithium plicatum, Cardita Bazini, etc.
Les couches variées de marnes, de sables, de calcaires purs ou sili-
ceux, de meulières, qui renferment ces fossiles, forment avec la masse
plus importante des calcaires supérieurs d'£tampes un ensemble qui
constitue le premier groupe ou groupe inférieur de l'ancien calcaire de
Beauce (calcaire du Gâtinais de M. de Roys) qui comprend pour moi
le calcaire nankin de Trappes, les meulières de Villers-Cotterets,
Montmorency, Rambouillet, Épcrnon, Palaiseau, etc., et les calcaires
d'Étampes (pro parte). Ce groupe est séparé par des assises argileuses,
signalées par Constant Prévost et par M. de Roys, du groupe supérieur
des calcaires à Hélix de V Orléanais (Pon tournois, Pithiviers, Fay-aux-
Loges, Orléans, Yilleromain, etc.), topographiquement et paléontolo-
giquement distinct du groupe inférieur (1). Cette distinction a été mal
comprise [)ar Deshayes dans ses indications de localités des espèces
se rapportant soit au calcaire de Beauce, soit aux meulières.
De Chalô-Saint'Mars la Société est revenue sur ses pas jusqu'à
Êtampes, et, dans Taprès - midi, elle s'est dirigée lentement sur
Êtrechy, où elle devait reprendre le chemin de fer de Paris après avoir
vu les gisements classiques de Morigny et de Jeurre à la base des
sables de Fontainebleau. Â la sortie d'Étampes, elle a revu, sans pou-
voir s'y arrêter, ces sables exploités pour les verreries dans de grandes
carrières au niveau même de la route de Paris; et passant sur la rive
droite de la Juine et traversant le village de Morigny, elle est arrivée
à la sablière connue sous ce nom par tous les paléontologistes et qui
est située avant la ferme de Malassis, à peu de distance et à peu
de hauteur au-dessus de la rivière, manifestement dominée pshr toute
l'épaisseur des collines de la rive droite dont la masse est constituée
par les sables sans fossiles couronnés par les grès et par le calcaire
lacustre du plateau. La Société a pu recueillir facilement dans cette
(l) V. TournouOr, Bull. Soc. géoi. t. XXIV. p. 184, 1867; — Douvillô, Ibid.,
.r série, t. IV. p. 92. 18Tr).
670 TOURNOUËR. — EXCURSION D'ÉTAMPES. 10 Sept.
sablière, peu exploitée cependant, les fossiles caractéristiques de
Horigny : Pectunculiis obovatus, Cytherea incrassata, C. splendida,
Cardium tenuisulcatum , Lucina Heberti , Tellhia Nysti, Corbuîa
ffenckeliusiana, Dentalium acutum, Natica Nysti, Cerithium trochleare
(charmante variété locale, à 1 carènes), Buccinum Gossardi, Nyst,
Pleurotoma helgica, Mûnst., P. Stoppanii, Desh., Typhis cuniculosus,
Durch. Les Chenopus speciosics, Schlot., Triton fla^idricum, Kôn.,
Cassidaria Buchi, Bol., Cerithium plicatum var., Galeotii, Avicula
Stampinensis, Cardita Kichœi, etc., sont plus rares. L'analogie de cette
faune avec celle de Kleinspawen ou de Berg a frappé plusieurs de nos
collègues étrangers qui faisaient partie de la course. Les fossiles sont
parfaitement conservés dans un sable fin micacé ; la faune a un carac-
tère parfaitement marin, celui d'une faune de fond sableux, de mer
relativement profonde. «
De la sablière de Morigny, la Société, repassant de nouveau la Juinc,
s'est rendue à la sablière voisine et non moins classique de Jeurre, sur
la route de Paris. La paroi de celte excavation montre, au-dessous de
la terre végétale et d'un terrain de transport caillouteux, quelques
mètres de sable fin comme celui de la sablière de Morigny et contenant
de même en très-grande abondance les Cytherea splendida, C, incras-
sata, Lucina Heberti^ etc. Le sol même de la carrière qui supporte ce
sable est formé au contraire par une marne sableuse jaune, qui n'est
pas toujours à découvert et qui contient la faune proprement dite de
Jeurre et d'Étrechy, c'est-à-dire la Natica crassatina en abondance, avec
YOstrea cyathula et une quantité de Cérites et d'autres fossiles qu'on
ne trouve pas à Morigny. L'état des lieux n'a pas permis à la Société de
faire une récolte satisfaisante des fossiles de ce niveau. C'est cette
couche de Jeurre cependant, ou son prolongement du côté d*Êtrechy
où elle affleure sur le bord de la route (la Société s'y est arrêtée) à
côté du pont du chemin de fer, et du côté de Saint-Michel d'Étampes
dans les anciens emprunts de la ligne ferrée, qui a fourni la plus
grande partie de nos espèces tongriennes du bassin de Paris. Notre
collègue, M. Bezançon, qui a fait une exploration toute particulière
des gisements des environs d'Ëtampes, a bien voulu relever pour moi
dans Deshayes le total des espèces afférentes aux différents gisements.
Pour Jeurre et Étrechy, on trouve dans Deshayes : Acéphales, 40 es-
pèces ; Gastéropodes, 86 ; total, 126. A quoi il faut ajouter d'après les
recherches personnelles et ultérieures de M. Bezançon : Acéphales, 26;
Gastéropodes, 41 ; total actuellement connu : 193 espèces de Mollus-
ques, dont 66 Acéphales et 129 Gastéropodes.
Pour Morigny, Deshayes a indiqué : Acéphales, 34 ; Gastéropodes,
36; total, 90 espèces. A quoi il faut ajouter peu de chose, d'après
1878. TOURNOUÊR. — EXCURSION d'étampes. 671
M. Bezançon, environ 7 pour les Acéphales et 5 pour les Gastéropodes,
total actuel : 102 espèces de Mollusques, dont 41 Acéphales et 61 Gas-
téropodes.
Sur ces 102 espèces de Horigny, il y en aurait 84 de communes avec
Jeurre et Ëtrechy ; proportion qui me semble exagérée, parce qu'on
fait entrer peut-être en ligne de compte d'un côté des espèces de Mo-
rigny qui se trouvent dans les sables supérieurs de Jeurre et de Tautre,
des espèces propres de Jeurre qui se trouvent accidentellement et re-
maniées à Morigny, ou en place dans la couche profonde équivalente
de Jeurre.
Enfin la petite faune, dite d'Ormoy, à laquelle il ne faut pas donner
trop d'importance, ne compte guère que 25 espèces (7 Acéphales et
18 Gastéropodes), dont 8 ou 9 sont spéciales, parmi lesquelles : Car~
dita Bazifii, sous les réserves faites ci-dessus, Potamides Lamarchi,
Cerithium abbreviatum. Murex conspicuus, Calyptrœa labellata, etc.
En résumé, on peut compter :
Pour Jeurre et Étrechy 193 espèces.
Pour Morigny 102
Pour Ormoy 25
Total 320 espèces.
Si de ce chiffre on retire environ 80 espèces communes entre les
trois niveaux, il reste 249 espèces de Mollusques pour la faune ton-
grienne des environs d'Êtampes, aujourd'hui connue (1).
Malgré le grand nombre d'espèces communes indiqué plus haut
entre la faune de Jeurre et celle de Morigny, ces deux faunes sont
cependant sensiblement différentes, si l'on tient compte des espèces
que l'on trouve abondamment d'un côté ou de l'autre et qui ne sont
pas les mêmes, par suite des conditions biologiques différentes des
deux dépôts. On a cité plus haut les espèces les plus communes ou les
les plus caractéristiques de Morigny. Les espèces caractéristiques de
Jeurre et d'Étrechy sont les suivantes : Ostrea cyathula, Pecten decus-
satiis , Pectimcuhis angusticostatus , Lucina Thierensi, Crassaiella
Bronni, Cytherea incrassata (variété). Syndosmya (plusieurs espèces),
Corbulomya Nysti ; Natica crassatina, Deshayesia parisiensis, Rissoa
turbinata, Melania? setnidecussata^ TVochus subincrassatttë, Cerithium
(Potamides) conjunctum, C. elegans, Desh. (non Blainv.), C, trochleare
(plusieurs variétés spéciales), C. plicatum, var., C. intradentatum, C,
(1) V. dans le Journal de Conchyologie, pattim, 1864-79, descriptions do divers
fossiles de ces gisements par MM. Maycr, Bezançon, Cossmann. — V. aussi S^-Meu-
nier, in la Nature. 1879.
07îf TOURNOUÉll. — EXCLUSION d'ÉTAMPES. iO Sept.
Boblayei, C, limula; Purpura monoplex, P,? Ileberti, Voluia RcUhieri,
V. modesta, etc.
La présence de ces espèces ou Tabsence de certaines autres donne i
la faune de Jeurre un caractère ti'ès-différent de celui de la faune de
Horigny qui était une faune de fond sableuK et de mer assez profonde.
Ici au contraire, la présence de Naticidées de types particuliers comme
la Natica crassatina ou la Deshayesia, l'abondance de Cérites tous de
la section des Potamidinés, des Melania? semidecussata, des petits
TVochics, des Rtssoa, des Purpura, des Corhula, Corhulomya, Syndos^
mya, la plus grande rareté des Pleurotomes ou des Buccins, donnent k
la faune malacologique un caractère évident de faune de rivage, de
fond plus littoral et moins sableux qu'à Morigny; caractère qui est
d'ailleurs indiqué par la nature marneuse du dépôt et confirmé par la
rencontre de quelques espèces de Mollusques fluviatiles, Nerititta,
Hydrohia, Cyrena, et de débris assez nombreux de Mammifères marins
amis des estuaires ou des embouchures. Les c6iQs A* Halitherium, sans
doute de Y H, Ouettardi dont une tête a été retrouvée ici prés par
M. Munier-Chalmas, ne sont pas rares à ce niveau, non plus que les
dents de Squales (Jeurre, Champigny, dans un sable à petits galets
noirs).
Il faut noter enfin que c'est dans les sables de Jeurre que H. Bezançon
a découvert une Nummulite qui est le dernier représentant de ce genre
dans les terrains tertiaires du bassin de Paris (1), et qui est fort rare,
quoique les Nummulites abondent encore au même niveau dans le
tongrien du Sud-Ouest ou de la Ligurie. Cette Nummulite appartient
au groupe de la M, planulata, c'est-à-dire à un type de petites espèces
probablement littorales, à en juger du moins par les conditions du
dépôt et les associations de Mollusques tout à fait analogues des gise*
ments, cependant fort éloignés par le temps, de Cuise- Lamothe, de
Gaas et de Jeurre.
Cet horizon de Jeurre correspond pour les environs d'Étampes au
calcaire coquillier supérieur et aux marnes à Ostrea longirostris des
environs de Paris; aux sables de Bergh, de Klein Spawen, de Kassel,
et de Weinbeim dans le bassin du Rhin (Vieux-Jonc est plutôt repré-
senté dans notre bassin par Saint-Christophe-en-Halatte) ; et c'est aussi
cet horizon seulement qui nous donne quelques points communs pour
synchroniser notre tongrien de Paris avec celui de la Bretagne ou avec
celui du Sud-Ouest, si richement représenté par le calcaire à astéries de
(1) Tournouër, BuU. Soc. géol.. 2« série, t. XXVI, p. 974, 1869. — Depuis que j'ai
fait connaître cette première Nummulite de Jeurre, M. Bezançon en a encore re-
connu une seronde et très-petite espèce dans les ni(?mes sables.
1878. TOURNOUÊR. — EXCURSION D ÉTaMPES. 673
Bordeaux et par les marnes de Gaas, de Lourquen ou de Lesperon près
de Dax. Ces points communs sont : Natica crassatina, Deshayesia (au
moins comme genre), Cerithium trochleare, C, plicatum, C clegatis,
(Deshayes), Melania ? semideciissata, Ostrea longirostris, 0. cyathula?
et quelques autres espèces, enfin iNTummu/tï^ (au moins, comme genre;
car Tespèce est différente). Ces rapports sont faibles et suffisen t à peine
pour synchroniser sûrement les dépôts des deux bassins qui apparte-
naient certainement à des mers ouvertes de deux côtés opposés, et plus
séparées que ne le sont aujourd'hui l'Océan atlantique et la mer du
Nord. Notre tongrien de Paris appartient évidemment par sa faune,
aujourd'hui bien connue, à ce dernier bassin, et nos dépôts devaient
se relier aux dépôts du bassin Rhénan que j'ai cités plus haut, quoique
les traces de cette liaison au nord de Yillers-Cotterets aient tout à fait
disparu sous l'action puissante des érosions quaternaires.
Après avoir donné quelques instants à l'affleurement des couches à
Cerithium conjunctum du pont d'Étrechy, la Société a terminé son
excursion à la station de ce village. Si elle eut eu un peu plus de temps
à sa disposition, elle eût pu voir à quelques centaines de mètres à l'est
de cette station, dans une petite carrière dépendant de la ferme de
Yintué, le substratum de toutes les couches qu'elle avait visitées dans
la journée, c'est à dire le falun à Natica crassatina et à Pectuncultts
o6(>tra/2tô (variété particulière) reposant directement sur les marnes et
sur le calcaire de Brie, qui est ici fossilifèreet qui présente notamment
(j'ai déjà cité ce fait) une grande Limnée du type de la pyramidalis,
encore innommée, qui n'a pas été connue de Deshayes. Plus en aval
dans les champs, avant la station de Chamarande, on voit enfin les
marnes vertes exploitées pour les tuileries.
Toutes ces assises reposent donc dans cette région les unes sur les
autres en stratification parfaitement concordante; mais je terminerai en
rappelant qu'il n'en est pas partout de même, et qu'on a signalé depuis
longtemps des faits de discordance de stratification entre les Sables de
Fontainebleau proprement dits et les teiTains sous-jacents; faits qui
ont été pris en considération par Élie de Beaumont pour l'établisse-
ment de la limite du Miocène et de l'Ëocène, dans la Carte géolo-
gique de France. M. Potier m'en a fait voir un bel exemple dans la
vallée de l'Yères, dans la sablière de Yillecresne : là, l'envahissement
de ces sables a raviné jusqu'aux marnes vertes, en creusant des poches
dans le calcaire de Brie et dans un petit calcaire marin marneux à
empreintes de Cerithium pUcatum intimement lié à ce dernier. Ce cal-
caire marin est certainement celui de Belleville, de Sannois, de la
vallée de la Bièvre, etc., et le C. plicatum, dont il a gardé les em-
preintes, appartient à la variété ornée de ce niveau et des marnes
43
674 TOURNOUËR. — EXCURSION d'étampes. 10 Sept.
de Jeurre et d'Ëtrechy. Il y a donc ici discordance, par ravinement,
entre les sables purs de Fontainebleau et les couches équivalentes
des faluns de Jeurre et d'Ëtrechy ; et cette discordance ne vient-elle
pas à l'appui de la différence paléontologique que j'ai indiquée entre
la faune de Morigny et la faune de Jeurre ? En tout cas, j'insiste sur
cette différence qui témoigne d'un changement important dans le fond
des mers entre les deux dépôts, du moins dans la région de Paris et
d'Êlampes ; plus au Sud, du côté et au-delà de Nemours où le dépôt
marin va en s'atrophiant, je crois que les deux ou trois faunes que
l'on distingue si bien à Ëlampes, vont en se confondant.
Il y a d'ailleurs quelques espèces très-caractéristiques qui relient
l'une à l'autre ces trois faunes de Jeurre, de Morigny et d'Ormoy et
il y a beaucoup d'intérêt pour le paléontologiste à suivre ces types
dans la série qu'ils ont traversée et à étudier les formes diverses et
successives qu'ils y ont prises en rapport avec les conditions diffé-
rentes dont ces formes sont les expressions. Ainsi le Cerithium troch-
leare, dont on connaît le polymorphisme, n'est pas le même dans les
marnes de Jeurre que dans les sables de Morigny, et celui d'Ormoy
est encore différent. Le Cerithium plicatum du premier niveau (Jeurre,
Versailles, Montmartre, Saint-Christophe, etc.) est différent de celui
de Morigny qui est le Oaleottii de Belgique, et celui-ci se distingue
encore de celui d*Ormoy; de même pour les Cytherea incrnssata et
C. splendida, etc.
Enfin, n'oublions pas de rappeler que cette faune tongrienne
d'Étampes, intéressante à étudier en elle-même et dans son dévelop-
pement intrinsèque, n'a presque aucun rapport, on peut le dire, avec
la faune précédente de l'époque du gypse parisien et n'en a aucun
avec la faune subséquente des faluns de la Loire. La mer miocène
proprement dite, celle des faluns et de la mollasse, n'a pas pénétré
dans le bassin de Paris dont la série tertiaire se clôt aux sables de
Fontainebleau et au calcaire de Beauce.
M. Matlieroii rappelle, à propos de cette excursion, que déjà il avait
fait remarquer que le type du Cerithium plicatum provient du bassin de Mont-
pellier et que Tespèce désignée sous ce nom dans le bassin de Paris, en est
très-différente.
M. TournouSr signale entre ces doux cérithes de nombreux rapports
et déclare que le Cerithium plicatum est un type polymorphe dans lequel il y a
peut-être lieu de distinguer plusieurs espèces : c'est ainsi, pour en citer un
exemple, que la forme trouvée à Morigny se rapporte à la variété Gatêottii
do Belgique.
1878. DE LAPPARENT. — EXGCASION DANS LE PAYS DE BRAY. 675
M. Renevier n'admet pas que les alternances de petites couches
marines, saumàtres ou lacustres, vues près du Moulin de Vassé, témoignent
d*oscillations du sol et soient dues nécessairement à des affaissements suivis
d'exhaussements ; ces alternances se forment actuellement dans les Deltas où
elles sont dues uniquement aux actions des vents, des courants ou des
marées.
H. de E«apparent, en l'absence de M. de Hercey, donne quel-
ques indications au sujet de la course de Heignelay et présente
ensuite le compte-rendu de l'excursion de Gournay qu'il a dirigée :
Course du lundi 9 septembre dans le pays de Bray*
Partie de Paris, par la gare Saint-Lazare, à six heures vingt minutes
du matin, la Société débarquait, trois heures après, à 6ournay-en-
Bray. L'attention s'est d'abord portée sur la tranchée de la gare, où
l'on a pu constater la superposition des plaquettes ferrugineuses, avec
trigonîes du portlandien supérieur, à un sable verdàtre fin, contenant
des rognons durs avec moules de grands Cardium. On a pris ensuite la
route de Gournay à Songeons, qui se maintient pendant près de deux
kilomètres sur l'afileurement du portlandien supérieur, et ce n'est qu'à
la naissance du méplat culminant qu'il a été possible de constater la
présence de l'argile bleue du portlandien moyen. Sur la route, pres-
que horizontale à partir de ce point, on a pu voir se succéder ensuite
les sables et grès calcaires, puis les calcaires marneux du portlandien
inférieur, enfin la lumachelle arénacée à Oryphœa virgula, bien visible
au calvaire qui domine Haincourt.
En ce point, la Société a quitté un moment la grande route pour
observer, au-dessous des lumachelles, en allant vers Haincourt, les
argiles bleues et noires pyriteuses, entremêlées de lumachelles bleuâtres,
puis les calcaires lithographiques-kimméridiens. Ces derniers calcaires
ont été retrouvés ensuite au point culminant de la grande route à
l'altitude 214, où ils forment une arête rectiligne bien marquée suivant
la direction du sud-est au nord-ouest.
Après avoir observé, sous ces calcaires, des argiles noires et bleues,
appartenant au Kimméridien inférieur, on a retrouvé les mêmes for-
mations en ordre inverse, avec plongement au nord-est. Un peu avant
la tuilerie de Buicourt, la Société a pris le chemin qui conduit à l'église
de ce village, observant successivement : le portlandien inférieur, le
portlandien supérieur avec ses argiles grasses bariolées, les terres
réfractaires et les sables blancs du néocomien inférieur, les grès ferru-
676 DE LAPPARëNT. — KXGURSION DANS LE PATS DK BRAY. 10 flept.
gîneux et les argiles noires du néocoraien supérieur, enfin les glaises
panachées, les sables vert et le gault.
On a constaté la rapide succession de ces diverses assises et le peu
d*intervalle qui sépare la glaise panachée de la craie turonienne, dans
laquelle se maintient le chemin qui conduit du carrefour de la Tuilerie
de Buicourt à Gerberoy.
Le déjeûner a eu lieu à Gerberoy, par un temps magnifique, qui n'a
plus cessé de demeurer tel jusqu'au soir. Après le repas, la Société s*est
dirigée vers la route de Gournay, et au carrefour de Wambez, on a
observé l'apparition de la glauconie de Rouen, en couches verticales ou
dans une faille, tout contre la craie marneuse supérieure. Prenant en-
suite le petit chemin qui se détache à gauche de la grande route en se
dirigeant au sud et au sud-ouest par les dernières maisons de Wambez,
on a pu se faire une idée nette de la composition du néocomien, et spé-
cialement des sables blancs inférieui*s, exploités dans deux carrières,
directement au-dessous de la route.
Sur le côté nord de cette même route se trouve une petite carrière à
sable, ouverte dans le portlandien supérieur ; le sable y est recouvert par
un grès ferrugineux fossilifère, dont on a remarqué l'analogie avec les
grès synchroniques du Boulonnais.
Peu après le point culminant de la route, situé en plein calcaire
lithographique, les voitures ont pris le chemin d'Hannaches, traver-
sant en tranchée le Kimméridien supérieur et, au pied de la montée
d'Âuchy-en-Bray, on a pu voir un affleurement de la couche fossilifère
à Ostrea catalaunica de Lor., qui forme exactement la base du portlan-
dien.
Le retour à Gournay s'est efiectué par le village d'Auchy et la des-
cente de l'ancien bois de Ferrières ; on a visité les exploitations récem-
ment ouvertes sur cette côte et ou les argiles réfractaires ont été
retrouvées, dans leur position normale, à la base des sables blancs
néocomiens.
A la chute du jour, la Société était réunie à l'Hôtel du Nord, à
Gournay, et, après le diner, tout le monde reprenait la route de Paris,
ou l'on arrivait sans encombre à onze heures et demie.
M. Pellat indique en quelques mots les relations du pays de
Bray avec le Boulonnais :
En 18G6 et 1870 (1), d'après quelques renseignements qui m'avaient
été fournis par HM. de Mercey et Sœmann, et à l'aide de fossiles
fl) Mém. de la Soc, de physique et d'histoire naturelle de Genève, 1866; — BulL,
de la Soc. géol. de France, 2* sér., t. XXIV ; — Ibid.] t. XXVU. — V. aussi, t. XXVI,
notes sur la Géologie du Pays de Bray, par M. de Lapparent.
1878. DE LAPPARENT. — EXCURSION DANS LE PAYS DE BRAY. 677
recueillis par M. Morel de Glasville, j*ai pu comparer le Portlandien
du Boulonnais à celui du pays de Bray et constater, dans cette der-
nière région, Texistence du Portlandien supérieur (Portlandien an-
glais) du Portlandien moyen (partie supérieure du Kimmeridge clay),
dn Portlandien inférieur (le Portlandien français, très-improprement
appelé portlandien, par suite d'une fausse assimilation avec le Port-^
laud-stone).
L'excursion dirigée, avec autant de savoir que d'amabilité, par.
M. de Lapparent, nous conduisait dans la seule région qui, avec le
Boulonnais, offre cette série complète.
Le Portlandien inférieur, dont M. de Lapparent vient de nous mon-
trer quelques affleurements sur la route de Gournay à Songeons pa-
rait bien, comme je l'avais indiqué, présenter, dans le Bray, un faciès
intermédiaire entre celui du Boulonnais et celui de l'est et du sud du
bassin de Paris.
Nous avons vu des sables blancs, avec Anomia suprajuremis, ana-
logues à ceux du Mont-Lambert (Boulonnais), alterner avec des
sédiments calcaires rappelant ceux d'Auxerre ou du Barrois et conte-
nant des fossiles très-rares ou inconnus au même niveau à Boulogne.
Je citerai, notamment, une Terebratula que l'on retrouve dans le
Portlandien d'Auxerre, plus petite, à crochet plus épais, à plis plus
accentués que la Terebratula subsella des zones sous-jacentes à Am-
moniles caletanus et à Ammo7iites orthoceras.
C'est sans doute à la partie supérieure du Portlandien inférieur du
Bray, qu'il faut placer les grès du Mesnil-Mauger, dans lequel H. Morel
de Glasville a recueilli de nombreux exemplaires de YHemxcidis Hof-
manni et de VEchinobr issus Haimei, Des grès à Hemicidaris et à Echi-
nohrùsus terminent aussi à Boulogne le Portlandien inférieur.
Nous n'avons pu voir le Portlandien moyen (argiles à Ostrea ea?-
pansa et à Cardium morinicum). Il existe, paraît-il, à une très-faible
profondeur, à la gare de Gournay. On peut présumer que ce sous-étage
qui manque, par émersion, à Auxerre, est bien près, à Gournay, de sa
limite méridionale.
En nous montrant trois affleurements de Portlandien supérieur,
M. de Lapparent nous a cité l'extrême variabilité de ce sous-étage. Je
ne saurais nier une variabilité dont le Boulonnais offre aussi de nom^
breux exemples; mais je crois que les couches bien différentes obser-
vées à la gare de Gournay, à Duicourt, et, dans l'après-midi, à peu de
distance de Gerberoy, ne sont pas synchroniques.
A la gare de Gournay nous avons vu des sables roux à Trigonia ra-
diata, Banett., et à Cardium Pellati^ de Lor., qui m'ont paru corres-
pondre exactement aux couches inférieures du Portlandien supérieur
678 SÉANCE. 10 sept.
du Boulonnais (mon assise P* remplie des mêmes fossiles). Ces sables
roux sont surmontés par le Wealdien. L'absence des couches plus éle-
vées du Portlandien supérieur doit provenir d'une émersion. Le Port-
landien supérieur qui manque absolument à Auxerre, comme le Port-
landien moyen, et dans lequel, à Boulogne, j'ai distingué plusieurs
assises, n'a probablement déposé à Gouroay que ses sédiments infé-
rieurs, par suite d'un recul vers le nord, et le Wealdien est venu les
recouvrir en stratification transgressive.*
Les plaquettes grisâtres recueillies en revenant de Gerberoy, et dans
lesquelles pullulent Corbula aittissiodorensis, Gott., Corbiceîla PeUaH^
de Lor., Anisocardia, DentcUium, etc., représentent parfaitement un
niveau plus élevé du Portlandien supérieur du Boulonnais (P*).
Enfin il y a identité complète entre les sables ferrugineux avec les
fers géodiques de Buicourt et ceux d'Ëcaux et Bupembert (Boulonnais;,
qui avaient été rapportés au Wealdien, dans lesquels j'ai recueilli des
Cyrènes (Cyrena ferruginea^ de Loriol) et des Trigonies (Trigonia
Edmundi, Mun.), et qui constituent à Boulogne le faciès littoral du
Portlandien supérieur le plus élevé.
Séance du 14 septembre £878.
PRESIDENCE DE M. RENEVIER.
M. Ch. Vélain, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der-
nière séance; la rédaction en est adoptée.
M. le Président annonce ensuite une présentation.
M. 8téptianes<M>, professeur de géologie à Bucharest, place
sous les yeux de la Société une mâchoire inférieure de Chameau qu'il
a trouvée sur le bord de TOlto, près de Slatina en Roumanie, dans
une couche de sables et.de graviers, avec des ossements de Rhinocéros
et d'Éléphant :
D*un examen comparatif fait, avec H. Gaudry, dans les galeries du
Muséum il résulte que cette mâchoire a dû appartenir à un individu
adulte très-voisin de ceux qui vivent actuellement en Arabie et dans
la Bactriane, quoique de taille plus petite.
M. de Mereey présente le compte-rendu de l'excursion de Mai-
gnelay.
1878. DB MERGEY. — - EXCURSION A MAGNELAT. 679
Course du samedi 7 septembre & Maignelay*
PI. XIV, tig. 1-8.
En descendant de wagon à la station de Maignelay à 9 h. 50, vers
115"^ d'altitude, la Société est immédiatement montée dans des voitures
qui l'attendaient, et elle a pris la route de Tricot, en commençant
par traverser, sur une longueur de 1 kilomètre environ, le bourg de
Maignelay, bâti sur un plateau limoneux.
Après avoir laissé, à droite de la route et à un peu plus de 1 kilo-
mètre de Maignelay, un moulin, la Société a pu apercevoir, à la base
des talus, la Craie affleurant vers Hi°^ d'altitude au commencement
d'une descente.
En arrivant à la fin de cette descente, à 2 kilomètres de Maignelay
et à l'altitude de 108 mètres, à la croisée du chemin de Grèvecœur'à
Coivrel, la Société a mis pied à terre et a pris à droite le chemin qui
monte par une rampe assez douce vers Coivrel.
Après avoir laissé à gauche le chemin de Godenvillers, à 117" d'al-
titude et, à 30 mètres plus loin, adroite et à 119'°, un chemin de
traverse qui contourne à l'ouest la butte de Coivrel, la Société s'est
presque aussitôt arrêtée à la hauteur d'un banc de calcaire affleu-
rant, à 121°^ d'altitude, sur une longueur de quelques mètres des
deux côtés du chemin, à gauche au-dessus d'une mare, et à droite
dans une partie du talus non envahie par la végétation (fig. 2).
Ce calcaire 6, épais seulement de 0"*25, très-dur, subgréseux, de*
couleur gris-clair, fétide au choc, correspond aux bancs supérieurs du
calcaire d'eau douce exploité dans les carrières de Mortemer.
La position que ce calcaire (décrit en d'autres points par Graves
comme superficiel et postérieur aux lignites) occupe sur le flanc de la
butte de Coivrel et sous une grande épaisseur d'autres dépôts a attiré
l'attention de la Société. Elle a pu aussi constater que ce calcaire re-
pose sur la dernière couche des Sables de Bracheux (a«) formée par un
sable marneux verdâtre avec rognons marneux blancs et lits d'Huîtres
(Ostrea heteroclita et 0. Bellovacina) disposés en alternats et appa-
rente sur une hauteur d'environ i^QO.
La Société a pu ensuite, en continuant à monter, voir que le calcaire
est recouvert par des argiles grises, vertes et jaunes 6^, puis sableuses
et orangées b*^ (1) sur lesquelles sont bâties, vers l'altitude de 126*",
les premières maisons de Coivrel.
(1) Voir la note (1) ci-dossous.
680 DE MERGEY. — EXCURSION A MAIGNELAT. 14 Sept.
Arrivée dans Coivrel, vers raltitude de ISl*", à la croisée d'une ruelle
à gauche et de la rue de Montigny à droite, la Société a pris le der-
nier chemin. Elle a laissé à gauche, à la sortie du village, le chemin
du Bois de Montigny, et elle est descendue jusqu'à la patte-d*oie formée
par la rencontre des chemins de Maignelay et de Montigny et du
chemin qui eontourne à l'ouest et au sud la butte de Coivrel.
En ce point, vers 120™ d'altitude, le Calcaire de Mortemer, épais
de 0°^33, affleure à environ O^^GO de hauteur dans les talus du chemin
descendant de Coivrel.
Un membre, M. Carez, a recueilli un moule interne de Paludine
dans ce calcaire très-dur.
La Société a pu constater, comme précédemment, que le calcaire b
repose là encore sur le sable marneux verdâtre à Huîtres a\ et qu'il
est recouvert par des argiles jaunâtres 0* (1] qui retiennent un niveau
d'eau recueilli à quelques mètres plus haut par des captages établis
dans des pâtures occupant les deux côtés du chemin jusque vers le vil-
lage de Coivrel où la Société est retournée.
Revenue à la croisée de Crèvecœur, la Société a continué directe-
ment, en prenant la ruelle qui fait suite à la rue de Montigny, et, après
être descendue dans un fond et avoir laissé un peu à gauche, à quel-
ques mètres en contre-bas, une source sourdant au nord d'un pigeon-
nier abandonné de forme hexagonale, elle est entrée, en tournant vers
la droite, dans une exploitation dont le pied se trouve à 126°> d'alti-
tude et oii elle a pu relever la coupe suivajnte (tig. 3) :
e. Limon sableux. , 0*^
d. Sable jaunâtre, clair, UD peu glauconieux S. 20
c*. Falun coquillier à Cérithes, Cyrènes et Huîtres 2.00
Cet épais falun coquillier cS dans lequel les coquilles sont brisées
et plus abondantes que le sable argileux, un peu brun, qui les lie, est
connu dans le pays sous le nom d'écaillette. Il a été présenté à la So-
ciété par M. de Mercey comme pouvant appartenir aux sables coquil-
liers supérieurs aux lignitcs ou sables de Sinceny; mais, avec la re-
marque que le Pectuncuhis terebratularis, espèce qui caractérise ba-
il) M. (Jo Mercey a présenté ces argiles coujme appartenant a l Argile plastique,
dépôt qu'il a été, depuis, conduit à associer au Calcaire de Mortemer.
Depuis la course de la Société, en commençant à suivre le chemin qui coDtourDe
vers le sud la butte de Coivrel, M. de Mercey a relevé, au-dessus du Calcaire do
Mortemer qui incline fortement vers Vaumont, 4"00 d'argile jaune b* plus calcaire à
la base et 1»00 d'argile orangée b*\
1878. DE MERCEY. — EXCURSION A MAIGNELAY. 681
bituellement par son abondance les sables de Sinceny, paraissait faire
complètement défaut (1).
En quittant cette exploitation, la Société, après être revenue à la rue
de Crèvecœur et avoir contourné, vers ISS"" d'altitude, l'église de
Coivrel, a pris le chemin de Tricot.
Après la sortie du village de Coivrel, bâti sur les Sables clairs un peu
glauconieux supérieurs à l'écaillette qui correspond en réalité aufalun
des Lignites(2) et immédiatement avant un chemin qui se dirige au
sud pour rejoindre le chemin de Hontgerain, la Société a visité, à droite
et à gauche (fig. 4) du chemin, des sablières ouvertes dans ces sables
clairs qui s'étendent uniformément sur tous les sommets de la butte de
Coivrel.
L'entrée de ces sablières se trouve vers 130"*(X) d'altitude. Le sable
jaunâtre clair un peu glauconieux d est exploité depuis environ SIMX)
en contre-bas du chemin jusqu'à 4°*00 au-dessus. Il est plus argileux
et bariolé vers le haut. De nombreux galets ainsi que des blocs de grès
avec moules de coquilles provenant de la destruction des couches les
plus élevées de celte assise se présentent immédiatement au-dessus
du sable et à la base du limon sableux superficiel, épais de 0'"80.
Après avoir laissé ensuite à gauche un chemin de traverse qui con-
duit à la route de Maignelay à Tricot et traversé un autre plateau
sableux vers l'altitude de 133">, la Société a aperçu à gauche, en
commençant à descendre, des bâtiments abandonnés et de grandes
excavations plantées sur l'emplacement d'une ancienne cendrière,
puis, de chaque côté du chemin, des pâtures qui témoignent de la na-
ture argileuse du sol.
Avant d'atteindre la croisée d'un chemin de traverse vers le pied de
(1) Depuis la course do la Société, M. de Mcrcey a observé ce falun dans une
exploitation ouverte au sud de la précédente et où il est entamé sur une épaisseur
de 3"00.
Encore plus au sud, immédiatement avant d'atteindre le chenoin de Tricot, un
sondage effectué dans une cave a permis à M. de Mercey de constater que l'écail-
lette, épaisse do 3"55 et toujours très-discordante à sa surface supérieure avec les
sables clairs (sables de Sinceny) qui la recouvrent sur une épaisseur de d"00,
repose, dans la situation relative où se présente habituellement le falun coquillicr
des Lignites (V. notice explic. de la feuille 21 de la Carte géol. dét.}, sur des marnes
avec alternats ligniteux épaisses de 0"*70 et qui reposent elles-mêmes sur de l'ar-
gile plastique bleue que l'on a traversée sur 2"60 d'épaisseur jusqu'à la rencontre
d'un sable verdâtre.
Dans un puits situé à 8 mètres au sud du sondage précédent, l'écaillette paraissait
au sommet sous le sable et, au fond du puits, la sonde a rencontré le calcaire do
Mortemer à environ 2"00 au-dessous de la base de l'écaillette, à un niveau corres-
pondant, vers 122" d'altitude, au milieu de l'argile plastique traversée dans la cave.
(î) V. la note (l) ci-dessus.
68S DB MERGEY. — EXCURSION A MAIGNELAT. 14 Sept.
la butte, la Société a visité deux sablières ouverts sur le côté droit du
chemin et dont la première présente, à sa partie supérieure, vers
114m d'altitude, le contact du Calcaire de Hortemer h (1) représenté
seulement par quelques plaquettes avec le sable marneux avec ro-
gnons et à huîtres aK Le reste de la masse des sables est exploité
jusqu'à 8™00 plus bas au fond de la dernière sablière, et à WM en
contre-bas de la croisée des chemins, à 108"^ d'altitude ou à 2"KX) au-
dessus du point coté 106"^ à quelques centaines de mètres plus à l'est.
La Société est ensuite revenue sur ses pas jusqu'au chemin de tra-
verse qui, vers l'altitude de 132°^, s'embranche sur le côté nord du
chemin de Tricot à Coivrel, pour conduire à la route de Maignelay à
Tricot en côtoyant le flanc droit d'un petit vallon. Après avoir suivi
ce chemin sur une longueur de 180 mètres environ, la Société a obli-
qué vers la droite par un sentier qui l'a conduite jusqu'auprès du bord
oriental du plateau, sur l'emplacement d'anciennes extractions de grès.
Ces grès d* se présentent, vers l'altitude de 133°^, en assez gros
blocs épars à la partie supérieure des sables jaunâtres clairs un peu
glauconieux, qui forment bien distinctement le recouvrement des
Lignites c exploités autrefois immédiatement au-dessous, vers l'est, dans
des cendrières faisant suite, dans la direction du nord, à celle que la
Société avait aperçue précédemment près du chemin de Tricot à Coi-
vrel. La Société a pu constater que ces grès sont coquilliers, mais qu'ils
n'offrent que des moules peu déterminables. H. de Hercey les a assi-
milés aux couches coquîllières des sables supérieurs aux Lignites des
bords de l'Oise (Sables de Sinceny).
En prenant alors le sentier qui côtoie le bord est du plateau et en
le suivant vers le nord, la Société est arrivée, à environ 131°^ d'al-
titude et au nord de l'emplacement d'un moulin et signal de trian-
gulation qui n'existent plus, à la jonction de ce sentier avec le chemin
qui relie à la route le chemin de Coivrel à Tricot.
La Société, après avoir alors suivi sur une longueur d'environ
40 mètres la partie du chemin qui conduit au chemin de Tricot, est
(1) Depuis la course de la Société, M. de Mercey, en suivant le chemin qui se
dirige vers le nord, a observé sur le bord ouest de ce chemin et à 50 mètres de la
croisée, vers 112" d'altitude, le contact du calcaire de Mortemer 6 et des sables
marneux a*.
Plus loin, avant le coude à gauche et à 150 mètres à l'ouest du chemin, M. de
Mercey a vu le calcaire de Mortemer 6 affleurer, à 114" d'altitude, au fond d'une an-
cienne exploitation d'argile plastique jaune et grise 6* que recouvre de l'argile sa-
bleuse orangée 6**. Cette exploitation se trouve située à 150 mètres seulement au
nord-est de l'ancienne cendrière aperçue par la Société en descendant et qui était
ouverte sur le flanc du coteau à un niveau immédiatement supérieur à celui de l'af-
fleurement exploité d'argile plastique.
1878. DE MERCET. — EXCURSION A MAIGNBLAT. 683
entrée, à 132°^ d'altitude, sur le cdté ouest du chemin, dans une cen-
drièrequi était encore exploitée en 1877.
Cette cendrière, ouverte sur le flanc d'un petit vallon, présente la
succession suivante de dépôts depuis le plateau jusqu'à environ 9°KK)
au-dessous de son niveau (fig. K).
e. Limon sableux, avec galets et blocs do grès
coquilliers d* remaDiés à la base, formant un
dépât superficiel d'épaisseur variable et au
maximum de 0*80
Sables \
de I d. Sables jaun&tres clairs ou assez blancs 6.00
Sinceny. )
Rayineronnt prononcé par suite duquel les
couches c', c* et e' sont plus ou moins en-
tamées.
c' Argile sableuse gris vert 0*30
c* — sableuse gris-bleu 0.20
es — sableuse à Cérithes et Cyrènes 0. 10
c^ Falun coquillier brun à Huîtres, etc 0.80
Lignites. { Ravinement léger. } S"09
c' Marne violette 0.30
e* Marnes fissiles grises et jaunes avec veines
de lignite 1.10
e* Lignite avec filets d'argile jaune 0.00
En sortant de cette cendrière, l'attention de la Société a été appelée
par H. de Hercey sur les deux points pouvant paraître bien vérifiés
par l'exploration qui venait d*être effectuée, c'est-à-dire :
lo Sur la position du Calcaire de Mortemer sur les flancs nord, ouest
et est delà butte de Coivrel, immédiatement au-dessus de la dernière
couche des Sables de Bracheux, et bien certainement au-dessous des
Lignites, dont ils sont séparés par des argiles plus ou moins plastiques
retenant un niveau d'eau.
2o Sur l'existence au-dessus des Lignites d'un épais massif de sables
de couleur jaunâtre claire avec galets et grès coquilliers (1) à la partie
supérieure, sables qui forment une assise bien distincte reconnue pour
la première fois à Sinceny.
La Société a, ensuite, repris le chemin qui conduit à la route de
Tricot à Haignelay. Elle a aperçu à droite et à gauche d'anciennes
cendrières plantées, et, après avoir traversé un plateau inférieur au
(l) De riches gisements de ces couches coquillières devaient être visités aux en-
virons de Boulogne-Ia-Grasso dans l'après-midi; mais les moyens do transport
dont disposait la Société no lui ont pas permis de circuler avec assez de rapidité
pour remplir celte partie du programme.
On signalera ici, comme le plus riche de ces gisements, celui du moulin de Bou-
logne, vers l'intersection des chemins d'Onvillers et d'Hainvillers à Conchy.
G84 DE MCRGCT. — EXCURSION A MAIGNfiLAY. 14 Sept.
précédent, vers 1 18 mètres d'altitude, et coupé les Sables de Bracheux,
elle est arrivée, à une faible hauteur au-dessus de leur base, sur la
route de Tricot à Maignelay, à 109*° d'altitude et à 3 kilomètres de
Maignelay.
£n se dirigeant vers Maignelay, et après avoir dépassé le point coté
108"^, la Société a aperçu à gauche, immédiatement après la croisée
du chemin de Godenvillers à Coivrel, à 107*° d'altitude, un puits à
marner dans lequel la Craie à R, pilula a été rencontrée à 2°W de
profondeur ou à 105°^ d'altitude sous le limon et le Tertiaire remanié.
La Société est arrivée à Maignelay vers 12 h. 15. Elle a déjeuné à
riiôtel de l*Aigle et est repartie vers 2 heures dans la direction de
Tricot (1).
Après avoir dépassé le chemin de la cendrière par lequel elle était
descendue le matin sur la roule et être arrivée à 200 mètres plus loin,
immédiatement avant un coude à droite, au haut d'une montée
à laquelle succède, à 112"* d'altitude, une descente vers Tricot, la
Société a laissé à gauche et en contre-bas de la route une ancienne
sablière ouverte dans le sable glauconieux (Olattconie type) jusqu'au
voisinage de la craie ; elle a bientôt aperçu à droite, à 200 mètres plus
loin, une autre sablière ouverte à 108°* d'altitude, et est ensuite arrivée
à Tricot vers 100™ d'altitude.
De Tricot la Société s'est rendue directement à Ck)urcelles-Ëpayelles
où, à 92 mètres d'altitude, elle a pris le chemin de traverse de Belloy.
Après avoir suivi ce chemin jusque vers 96 mètres d'altitude, elle a pris
à gauche le chemin de traverse de Mortemer et, presque aussitôt, à
droite, le chemin de traverse de Cuvilly qu'elle a suivi, en s'élevant
sur un coteau sableux, jusqu'à environ 100 mètres au-delà du moulin
de Courcelles-Épayelles coté 100™.
Arrivée alors à 99™ d'altitude, à l'entrée d'une sablière exploitée à
droite du chemin et en contre-bas de 3"O0 environ, la Société a pu,
en y entrant, relever la coupe suivante (fig. 6) :
e. Limon brun avec quelques fragments de calcaire 0*30
6. Calcaire de Mortemer en plaquettes 0.15
a*. Sable verdàtre marneux avec rognons marneux et lits
ggl^l I d'Huîtres fOstrea heteroclUa et 0. BellovacinaJ dont
■• l l'un au contact du calcaire 0.75
Bracheux I ^'* ^^^^^ gris-blanc ou vert, coquillicr, avec rognons gré-
seux à Anoraies à la partie supérieure et quelques
galets à la base 1.10
Ravinement.
a*. Sable gris-jaune coquillier 0.40
(l) MM. Damour et Delesse sont retournés à Paris par le train partant de Mai-
gnelay à l h. 51.
1878. DE MBRGEY. — EXCURSION A MAIGNEUT. 685
Plusieurs membres ont fait une abondante récolte de fossiles (mal-
heureusement très-fragiles) dans ce gisement de Sables de Bracheux.
Il a été facile de constater que le banc de Calcaire de Hortemer, dont
on observait l'affleurement, devait s*étendre à la surface du plateau où
l'on se trouvait, et qui, vers l'est, se relie à celui où sont ouvertes les
grandes exploitations de Hortemer qui allaient être visitées (Y. iig. 1).
La Société a pu aussi, de ce point, se rendre bien compte de la posi-
tion que le Calcaire de Hortemer occupe vers le premier tiers de la
hauteur do la butte de Coivrel dont elle apercevait à l'horizon, vers
l'ouest, le flanc oriental qu'elle avait exploré le matin (Y. fig. i).
Le temps manquant pour faire directement à pied, par la traverse,
le trajet jusqu'à Hortemer, la Société, remontée en voiture, rétrograda
jusqu'à Courcelles-Épayelles, d'où elle suivit la chaussée romaine jus-
qu'à la patte-d'oie, à l'extrémité sud-est de Rollot, vers 108 mètres
d'altitude, et, à partir de là, la route d'Amiens à Compiègne jusqu'à
la croisée du chemin de traverse de Courcelles à Hortemer, vers
96 mètres d'altitude.
Prenant alors à gauche et entrant presque aussitôt dans le village de
Hortemer, U Société en suivit la rue principale pendant environ
400 mètres jusqu'à un sentier à droite, à 94 mètres d'altitude, qui la
conduisit à environ 250 mètres plus au sud dans la principale exploi-
tation de Calcaire de Hortemer, ouverte dans le Grand Bois vers sa
lisière nord, à 96 mètres d'altitude, et où elle a pu relever la coupe
suivante (Y. iig. 7) :
e Limon argileux (y^O \
6' Argile grise et jaune avec concrétions marneuses, trës-
calcaire à la base 1.25
^ Calcaire en banc, un peu celluleux, gris-jaunâtre (banc
vert) 0. 15
6* Sable blanc ou vert clair et sable jaune et vert agglutiné à \ 2«33
la base 0.67
frs Calcaire grisâtre divisé en deux lits (liais) 0. 10
6* Calcaire grisâtre rubanné de veines noirâtres en banc
épais (banc de dessous) 0. 16
a* Marne sableuse verdâtre avec lit d'Huîtres adhérentes au
calcaire
L'exploitation s'arrête sur la marne sableuse verdâtre avec lit
d'Huitres adhérentes au calcaire. D'après les ouvriers, la Craie se ren-
contrerait à environ 12™00 au-dessous de la base du calcaire.
Les membres de la Société ont pu constater dans cette carrière que
le Calcaire de Hortemer présente les caractères d'un calcaire d'eau
douce et qu'il contient des empreintes végétales (tiges et graines de
686 DB H£RGEY. — EXCURSION A MAIGNELAY. 14 Sept.
Chara) ; mais ils n'ont pu compléter son étude en se rendant dans
d'autres exploitations ouvertes plus au sud et surtout sur le côté ouest
de la route d'Amiens à Compiègne, où les divers bancs calcaires se
présentent à leur maximum de développement.
Avant de retourner vers Maignelay, M. de Mercey a fait remarquer
à la Société que la ligne de contact du Calcaire de Mortemer et des
Sables de Bracheux, qui se présente dans l'exploitation du Grand
Bois de Mortemer, vers l'altitude de 93°", se trouve à 99°" dans l'ex-
ploitation voisine du moulin coté lOO^^à Courcelles-Épayelles, à 114°^
dans l'exploitation du chemin de Tricot à Coivrel, sur le flanc oriental
de la butte de Coivrel, et à l!^!"^ à la patte-d'oie des chemins de
Hontigny, Maignelay, etc. , sur le flanc occidental de cette butte; et
que, quoique le relèvement de l'est à l'ouest paraisse plus accentué
dans la butte de Coivrel que sur le plateau de Mortemer, il n'est pas
possible d'établir entre les deux quelle est l'allure du bombement
crayeux aligné de Méry à Margny près Compiègne (V. fig. 1).
En suivant de nouveau la route de Rollot, la Société a pu voir que
le niveau du plateau de Mortemer correspondait à celui de la partie de
la montée de Rollot, voisine de la limite des départements de l'Oise et
de la Somme, et au-dessus de laquelle ont été ouvertes autrefois des
exploitations de Lignites au voisinage de la patte-d'oie à l'extrémité
sud-est de Rollot.
Après avoir repris à cette patte-d'oie, vers 108'° d'alttiude, la chaus-
sée romaine conduisant à Courcelles-Épayelles, la Société s'est arrêtée
quelques instants pour visiter des sablières ouvertes dans un petit
bois au sud de Rollot, sur le bord est du chemin qui s'embranche
à droite un peu au-dessous du point coté HO'" sur la carte de l'état*
major, mais sans doute par erreur, au lieu de 101 "^ (1).
Le Calcaire de Mortemer, à l'état de plaquettes, parait d'abord sous
le limon superficiel, vers lOO^^ d'altitude, à la partie supérieure d'un
massif sableux que la Société a coupé en descendant ce chemin sur
une longueur d'environ 160 mètres, et en relevant dans trois sa-
blières contiguês, et notamment, dans la dernière, la coupe suivante
(fig. 8) :
«. Limon sableux. 0"80
b. Calcaire de Mortemer 0. 10
a^. Sable verdâtre maroeux avec rognons marneux et lits d'Huîtres
(Ottrea heteroelUa et O, BellovaeinaJ 0.90
(1) M. de Mercey a été conduit par des observations barométriques à faire ceUo
rectification.
1878. GH. VÉLAIN. — EXCURSION DE LA FRETTE A SANNOIS. 687
a'. Sable vert clair, coquillier, avec rognons gréseux à Anomies à la
partie supérieure 2"00
Ravinement.
a* Sable blanchâtre ou vert-jaune clair avec veines jaunes et lit co-
quillier à la base 8.50
Au-dessous de la dernière couche de sable exploitée un puits ouvert
vers l'eitrémité des sablières, et maçonné jusqu'à la rencontre de la
Craie, a traversé sur environ 6 mètres d'épaisseur le reste du massif
sableux qui doit être formé par la Glauconie sans fossiles ai.
La puissance du massif des Sables de Bracheux, qui se présente en
son entier dans ces sablières, entre le Calcaire de Mortemer et la Craie,
parait être d'environ 11 mètres.
£n sortant de ces sablières, la Société est retournée directement à
Haignelay, oîi elle est arrivée à 6 heures. Elle a dîné à l'hôtel de
l'Aigle et elle est repartie à 7 h. 05 pour Paris, oii elle est arrivée
à9h.5S.
H. Garez annonce qu'il a trouvé quelques fossiles dans lecal*
caire de Hortemer pendant l'excursion de la Société. Ce sont : lo à la
butte do Coivrel, une Paludine ; 3^ à Mortemer même, des Bithinies,
des Planorbes et une autre espèce mal conservée qui parait être une
Limnée.
Au premier coup d'œil, la Paludine, la Bithinie et le Planorbe se
sont montrés très-diflerents des Paludina aspersa, Bithinia Nysti et
Planorhis Roissyi du calcaire de Rilly ; quant à la Limnée, elle était
trop mal conservée pour pouvoir la déterminer, mais on sait que ce
genre n'est pas représenté à Rilly. Aussi, sans pouvoir préciser actuel-
lement quel est le représentant exact, dans l'Est, du calcaire de Mor-
temer, il est déjà permis de dire qu'il est bien diflërent par sa faune
du calcaire de Rilly; une étude attentive des fossiles recueillis per-
mettra de faire une assimilation plus précise.
M. Ch. Vélaln résume ainsi les observations faites pendant l'ex-
cursion de La Frette :
Ecccursion de Lia lurette èi fSannols*
A l'exception d'un faible représentant des sables de Beauchamp, la
Société, dans son excursion précédente à Meudon, n'avait rien pu ob-
server des couches comprises entre le calcaire grossier et les sables de
688
CH. TÉLAIN. — EXCURSION RR LA FBETTE A SANNOIS. 14 sepi.
Fontainebleau ; c'est pour combler cette lacune que l'excursion de La
Frette et de Sannois avait été organisée.
Le 10 septembre, à 8 heures, la Société se réunissait donc à la gare
de rOuest pour descendre à Maisons-LaHilte et de là gagner La Frette,
par la rive droite de la Seine.
A quelque distance des premières maisons du village, une tranchée
ouverte en 1874 pour l'installation d'un petit chemin de fer destiné à
transporter sur les buttes de Cormeil les matériaux destinés à l'élé-
vation d'un nouveau fort, avait mis à jour la succession complète des
dépôts compris entre le calcaire grossier et le gypse, et notamment
celle des diverses zones reconnues dans les sables de Beaucharop,
assises complexes dont il est si difficile maintenant, dans le bassin
de Paris, de pouvoir observer les contacts directs.
Coupe S.'0,'N,-E, de la terrasse de la Seine à la Frette,
Chemin
Seine de La
FI ■ balage. Frette.
TTT
■ ' ' ■
m'
M. Argiles à meulières de la Beauce.
wi. Plaquettes siliceuses à P. Lamarcki.
.g «g J S. Sables de Fontainebleau,
o *"■ 1 6. Calcaire de Brie.
Marnes vertes.
Marnes jaunes à Cyrena eonvexa,
4. Marnes à Linin<^es.
8. Haute masse.
^^G. Gypse. J 2. Masse moyenne.
l. Masse inférieure.
P. Marnes marines infrà-gypseuses è Ph, ludensis.
a.
0) Ico
c
§( / 0. Calcaire de Saint-Ouen.
^ Iq l B. Sables de Beauchamp.
!>! CK Caillasses.
a I C«. Calcaire à Cérithes.
C Calcaire à Miliolites
CH. v£lA1\. -
EXCVItSION DE L,\ PIIËTTB A EtANNOIS.
Cette succession avait déjà été relevée en détail et publiée dans le
Bulletin (S-n» série, t. IV, p. 472), par MM. Carez et Vasseur; je me
l)ornerai donc dans ce compte- rendu à remellro sous les yeux de la
Société cette coupe, dont elle a pu vérifier loxactitude, en me conten-
tant de rappeler ici ses traits généraux, afin de signaler les points qui
ont plus particulièrement Tixé l'attention.
La tranchée s'ouvre dans les caillasses du calcaire grossier qui, peu
de temps après, se montrent recouvertes par les sables de IBeaucharop.
Ce contact est des plus intéressant : .
Contact des S«blcs de Beauchamp el des Caillasses <]ans la tranchée de la Frette.
: l>locs calcaire»
Les caillasses se terminent là, à l'altitude de 33 mètres, par un cal-
caire marneux, d'aspect brécboïde (n" i), peu épais, dont la surrace
supérieure, assez profondément ravinée, porte encore la trace de nom-
breuses perforations. Les sables de Beauchamp débutent au-dessus
par des sables jaunâtres (ii" 2) entremêlés de petits lits marneux, dans
lesquels on reconnaît quelques moules de coquilles marines apparte-
nant à la faune d'Anvers, et renfermant, avec de petits galets de
quartz noirs, des blocs calcaires arrachés aux caillasses ou au calcaire
àCérithes, rouléS; profondément altérés et perforés.
7. Calcaire >le Ducy. — 0. Sables à Uelaaia hurducra. — 5. (Iri's i Liron.>fs, —
4. Sables de llejuoliamp (oiveau moyen).
Une alHHidaiite moisson de lossiles a été i'ailo na niveau dns O. Cu-
cullaris dans les couches marines de Beaucliamp proprement dites
(n''4), qui se présentent, tout d'abonl, dans une partie un peu exca-
vée de la tranchée, recouvertes par un calcaire gréseux d'eau douce
690 CH. VBLAIN. — EXCUltSION UK L\ FRE1TK A SANNOIS. 14 Sept.
(Cycl. mumia; L. arenularia) (n'Ci) criblé & sa partie supérieure de
perforations tabulaires simples ou ramifiées, vraisemblablement dues
à desAnnéiiiles, et remplies par les sables jaunes à Melania hordacea
qui sont au-dessus (n" 6) .
Ces grès sont imprégnés de silice ; il en est de même des tubulures
oti les fossiles sont eux-mêmes siliciJiés et, par suite, bien conservés,
circonstance qui vient indiquer que cette solidification est postérieure
au dép<ît des bancs à Itmnées ; elle parait, du reste, s'être fait irrégu-
lièrement et ne s'est pas étendue bien loin, car à peu de distance ce
grùs devient calcarifère et passe de la sorle à un véritable calcaire,
tandis que du cdté opposé, en dépassant de quelques mètres cette ex-
cavation, on voit le banc s'amincir en devenant sableux; puis dispa-
raître, et les sables à Alélanies sont alors directement en contact avec
ceux k 0. Citcullaris.
Celte disposition qui vient nous indiquer l'origine fluviatile de ce
petit dépât, n'est pas spéciale à cette localité. J'ai déjà eu occasion de
robser\'cr dans la plaine de Beaucliamp, ainsi qu'en témoigne la coupe
suivante relevée en 1870 avec M. Munier-Clialmas, dans une exploita-
tion de grès située près de la route de Taverny au-delà de la station
d'Herblay :
Coupe de la sablière d'Herblay
*T^g
9 Calcaire de Sainl-Ouon
B. Haraus h Àvicula fragilit.
7. Cfticaii-u deDiicr.
6. Sables verts à Mtlania horducea.
5. Pocho sableuse avec Cyclotiomei et Limnitt.
•. Lui
a Saxor
EXCURSION DE LA FRETTE A ARGENTEUIL
1878. GB. VÉLAIN. — EXCURSION DE LA FRETTB A SANPfOIS. (593
La Société a examiné ensuite avec intérêt sur les sables à Mélanies
les calcaires siliceux qui correspondent à ces calcaires lacustres de
Ducy qu'on avait autrefois confondus avec ceux de Saint-Ouen, et
dont M. Hunier-Chalmas a le premier rectifié la position. Une petite
zone de calcaires gréseux pétris A*Avicula fragilis représente l'hori-
zon de Hortefontaine et termine cette série. La formation lacustre de
Saiut-Ouen se développe ensuite sur une épaisseur de 8 mètres; au
milieu des nombreuses alternances de marnes et de calcaires avec
accidents siliceux, qui terminent ainsi Téocène moyen, la Société a pu
constater les niveaux fossilifères habituels, les bancs à Bithinia pu-
silla, ceux à L. longiscata et à Cyclostotna mumia.
Malheureusement les éboulis et la végétation masquaient en grande
partie les détails des masses marines infrà-gypseuses, et la Société n'a
fait que constater, de la sorte, la présence, sur le calcaire de Saint-
Ouen du premier niveau fossilifère marin à Ceriihium tricarinatum
et à C. Cordieri (n^ 12 de la coupe Yasseur et Garez) de cette nouvelle
série.
Le déjeuner avait été préparé à La Frette; l'après-midi, la Société
s'est transportée dans les environs du nouveau fort de Montigny-les-
Ck>rmeil, après avoir jeté un coup-d'œil sur les sables de Fontai-
nebleau, qui sont là représentés, comme à Heudou, par des sables
micacés très-pauvres en fossiles.
Les meulières de Beauce, activement exploitées sur tout ce plateaiu,
sont très- fossilifères. Les Limnea Brongniarti^ L. comea et L. cylin-
drica^ le Planorbis cornu et les graines du Chara medicaginula y sont
particulièrement abondants. A la partie inférieure, sous les argiles
bariolées au milieu desquelles s'isolent les blocs de meulières, la
Société a pu voir les larges plaquettes siliceuses à P. Lamarhi qui
représentent là cette succession de marnes et de calcaires à Paludes-
trines, très-développés sous le calcaire de Beauce à la côte Saint-
Martin, près d'Ëtampes, au milieu desquels vient s'intercaler, au
moulin de la Chalouctte, la petite faune marine d'Ormoy.
Sur le revers est des buttes de Sannois, avant de descendre dans
les grandes exploitations du gypse, on a pu voir, sous les sables mi-
cacés, les marnes à Huîtres, puis la série complète des marnes vertes
et de celles à Cyrena convexa, qui sont là très-riches et renferment
notamment un lit où abondent des débris de Poissons avec le Paleo"
niscus.
L'excursion s'est enfin terminée dans les carrières Bapst, sous la
butte d'Orgemont, où la Société a pu voir successivement sous les
marnes supra-gypseuses à Limnea strigosa, la haute masse du Gypse,
la masse moyenne avec ses marnes jaunes à Lucina Héberti: puis,
694 H. DOUVILLK. — EXCURSION A VERNON. 14 Sept.
dans lés petites carrières aujourd'hui abandonnées, situées près du
chemin de fer, la masse inférieure avec les marnes marines infra-
gypseuses à Ph. ïudensis, qui lui avaient échappées en grande partie
dans la tranchée de La Frette.
A cinq heures l'excursion était terminée et la Société était de re-
tour à Paris à 6 heures et demie.
M. de Cbaiicourtols» présente le compte-rendu de l'excursion
de Vernon :
Course du 12 septetnbre 1878, à Vernon.
H. de Glianeourtolf», qui, en proposant la course de Vernon,
s'était chargé de l'organiser et de la conduire avec le concours de
M. Douvillé, désire d'abord assumer la responsabilité des défauts de la
planche lithographiée de caries et de coupes avec légendes qu'il a fait
dresser spécialement en vue de cette course.
Le travail de lithographie, assez complexe, a été entravé par divers
contretemps résultant de la coïncidence du Congrès de Géologie avec
l'Exposition universelle. Les épreuves qui ont pu être distribuées au
départ laissent donc beaucoup à désirer sous plusieurs rapports et ne
doivent être acceptées qu'à titre |)rovisoire.
La planche va, dit-il, recevoir les corrections et additions nécessaires,
surtout en ce qui touche la mise en évidence des faits d'alignements et
de leurs rapports, pour être jointe au compte-rendu de l'excursion
à insérer dans le Bulletin de la Société.
M. Douvillé, à qui on doit principalement la partie de la carte géolo-
gique détaillée comprenant les environs de Vernon, où il a i*econuu les
faits éruptifs sur lesquels on se proposait d'appeler particulièrement
l'attention, avait rédigé de son côté une notice itinéraire autographiée,
distribuée aussi au départ, et a guidé la coui'se pendant la majeure
partie du temps.
M. de Chancourtois lui cède en conséquence la parole pour le compte
à rendre, se réservant de la reprendre au sujet de la dernière
station.
M. Douvillé résume dans les termes suivants la première partie
de l'excursion :
En quittant Vernon par la route de Pacy, la Société a visité un peu
au sud de Bizy des exploitations ouvertes dans la craie blanche à silex
1878. II. DOUVILLÉ. — EXCURSION A VKRNON. 695
roses; elle y a recueilli VEchinocorys gibbus et la Rhynchonella lim-
bâta, c'est Thorizon du Micraster coranguinum. Les silex y forment
des lits parallèles à la stratification, orientés à IBO^ (N. 30° 0.) et plon-
geant de SS'^ vers le S.-E.
Presqu immédiatement au-delà, au tournant de la route on exploite
des sables siliceux, purs, jaunâtres, assez fins : la Société y a remarqué
de petits galets noirs avellauaires paraissant provenir de la partie infé-
rieure de Texcavation. L'argile plastique sur laquelle ces sables
reposent n'était pas directement visible en ce point; elle donne au-
dessus de Bizy un niveau de sources importantes utilisées pour Tali-
mentation d'eau de Vernon. Au-dessus des sables jaunes on voit
aflQeurerle calcaire grossier dans le (alus de la route qui monte vers
Pacy.
La Société quittant la route, est montée à gauche dans le bois de
Bizy vers Saînt-Meauxe : le calcaire grossier inférieur se montre d'abord
plus ou moins disloqué dans le talus du chemin, puis à mi-côte la
Société a vu un premier affleurement des sables granitiques blancs ou
rougeâlres avec gros grains de quartz. Au-delà un peu avant Sainte-
Meauxe on voit affleurer une argile plastique jaunâtre retenant l'eau
d'une série de mares et recouverte par un lit de petits galets noirs
avellanaircs identiques à ceux que la Société avait observés au bas de
la montée, sur la route de Pacy. Entre les deux affleurements il existe
une dénivellation de 30 mètres environ due à la présence d'une faille
qui coïncide précisément avec l'apparition des sables granitiques.
Sur le plateau, dans la traversée de la forêt de Bizy, le sous-sol
géologique est peu visible. La Société a rejoint le chemin de Blaru et
dépassé le chemin de fer de Pacy pour étudier une carrière ouverte au
N. de Courcaille en contre-bas du chemin de fer, dans les assises du
calcaire grossier supérieur. On peut y relever de bas en haut la coupe'
suivante:
P Calcaire blanchâtre en bancs peu épais avec empreintes de Cériiket'
lits siliceux à la partie supérieure 6*00
2^ Lit de calcaire corrodé et partiellement doiomitisé 0.40
8- Marne blanche 0.80
4* Lit de calcaire corrodé et dolomitisô 0"40 à 0.60
Ce lit dans les points où il n'est pas altéré présente de nombreuses
empreintes de fCerithes, Natica, etc.).
5* Marne violacée d'épaisseur très variable 0" à 0.30
Elle renferme de nombreux fossiles avec leur tét {Cerithium denltcw-
latum, Natica, etc.).
6* Caillasses diflicilement accessibles 8-00
Ces couches sont à peu près horizontales au fond de la carrière,
696 H. DOL' VILLE. — EXCL'i.SlON A VERNON. 14 sepl.
mais du côté ouest elles s'infléchissent en plongeant vers le sud et
viennent butter contre une masse irrégulière de sables granitiques :
ces sables d'une belle couleur blanche sont principalement composés
de grains de quartz à angles éraoussés, reliés par un ciment argileux,
onctueux au toucher. Quelques mètres à l'O. de lacarrièreon retrouve
le calcaire grossier au-delà des sables granitiques ; ceux-ci se présentent
donc ici sous forme de dyke ou de remplissage de t'ente. On a vu
par la coupe de la carrière que certains lits sont coiTodés et dolo-
mitisés dans le voisinage des sables.
Au-dessus de la carrière» sur la voie du chemin de ter, on voit encore
affleurer les Caillasses, les couches plongent vers l'Ouest et en avan-
çant dans celte direction on rencontre successivement des marnes
et calcaires glanduleux qui représentent le Calcaire de Champigny,
puis des Marnes blanches et des Marnes vertes recouvertes par des
blocs disloqués de Meulière de Brie.
Les couches sont ensuite brusquement interrompues par l'apparition
des sables granitiques remplissant ici un large entonnoir ; c'est le pro-
longement du dyke observé précédemment dans la carrière à un
niveau bien plus inférieur : les sables présentent ici leur teinte rou-
geâtrc habituelle. Au-delà on retrouve les Meulières de Brie et les
Marnes vertes. On ne peut mettre en doute ici le mode de gisement
des sables granitiques qui constituent bien certainement un remplissage
de fente; rappelons en outre la corrosion et la dolomitisation de cer-
taines assises calcaires dans le voisinage des sables, et la pureté plus
grande de ces sables dans la partie profonde (base de la carrière)
que dans la partie haute (tranchée du chemin de fer).
L'heure déjà avancée a empêché la Société de visiter plus à l'Est
quelques affleurements intéressants des mêmes sables granitiques.
C'est ainsi qu'à Rue de Normandie on retrouve la faille de Saint-
Meauxe avec remplissage de sables granitiques; dans le fond de la
vallée à Rue de Normandie on observe les affleurements de l'argile
plastique, tandis que sur la hauteur les tranchées du chemin de fer
n'ont plus rencontré que la craie, traversée de fentes ou entonnoirs
remplis par les sables granitiques; dans le voisinage des filons la
craie est souvent dolomitisée, tandis que les sables sont eux-mêmes
entourés par une salbande d'argile à silex.
La Société est rentrée directement à Yernon qu elle a traversé sans
s'arrêter, pour aller examiner sur la rive droite de la Seine les escar-
pements crayeux qui dominent Vernonnet et dont la coupe détaillée
a été donnée par M. Hébert , en 1872 (BulL Soc. géoL, 2» série,
t. XXIX, p. 468).
Le haut de la falaise est couronné par des bancs solides avec
1878. DE CHANCOHTOIS. — EXCURSION A VERNON. 697
Micraster cortestvdinarium, exploités pour pierres de taille. Au-des-
sous, la falaise est constituée par la craie marneuse dans laquelle
on peut distinguer trois zones : la partie supérieure formée de craie
tendre sans silex et caractérisée par la Terehratulina gracilis; la
partie moyenne également formée de craie tendre, tendre mais avec
silex noirs, renferme la Rhynchonella Cwoieri et YEchinoconus suhro-
tundiis; enfin la partie inférieure plus marneuse présente en abon-
dance Ylnoceramv^ labiatus.
En se dirigeant deVernonnet vers Pressagny on voit les couches se
relever peu à peu et au-delà des Fourneaux la craie glauconieuse appa-
raît au-dessous de la craie marneuse. Cette craie est bien visible un peu
avant le château de la Madeleine et la Société a pu y recueillir les
fossiles caractéristiques de Vétage (Epiaster crassissimus. Ammonites
varians).
H. de Glicincsourtoia reprend la parole pour rendre compte
des observations faites dans le parc de la Madeleine, dont la proprié-
taire, M°^<> Thénard, l'a chargé de faire les honneurs par un télégramme
annonçant qu'à son grand regret elle arriverait de voyage trop tard
pour recevoir la Société, comme elle le désirait.
Le nom de la localité vient d'une légende du xii» siècle d'après
laquelle Adjutor, seigneur de Vcrnon, serait revenu de la Terre-Sainte
en une nuit, avec l'intervention de Sainte Madeleine, pour y fonder
un prieuré où il a si bien terminé une vie commencée assez mal,
qu'il a mérité d'être canonisé.
Parmi les miracles que l'on attribue à Saint Adjutor il y a lieu de
noter la fermeture d'un goufiVe où l'eau de la Seine tourbillonnait au
pied de la colline du prieuré et qui était Teffroi des mariniers, cette
légende n'était certainement pas étrangère aux faits hydrologiques
dont il va être question.
Quant à la détermination de l'emplacement du prieuré, elle est
conforme à la tendance naturelle qui, au Moyen-Age, a fait placer tant
d'asiles religieux dans les situations les plus pittoresques, car de la
terrasse, malgré sa faible altitude (33"» c'est-à-dire 23"65 au-dessus
du zéro de l'échelle du pont de Yernon) on jouit d'une admirable vue
de la vallée de la Seine, et naturellement aussi la condition orogra-
phique exceptionnelle coïncide avec une condition géologique égale-
ment exceptionnelle qui méritait d'autant mieux la visite de la Société
qu'elle avait donné lieu à une application très-utile des connaissances
stratigraphiques.
Le soulèvement au(|uel est dû en principe la vallée de la Seine a
laissé dans la région de Yernon le terrain crétacé plus élevé sur le
698 DE GHANGOURTOIS. — EXCURSION A VERNON. 14 Sept.
flanc droit que sur le flanc gauche et la dénivellation résulte non-
seulement de l'ondulation générale, mais de chutes brusques opérées
suivant les fentes dont le faisceau a préparé le travail d'érosion qui a
creusé la vallée.
La faille de Bizy offre le terme extrême de ce faisceau de fentes, au
bord sud-ouest, tandis que les termes extrêmes au bord opposé coïnci-
dent sans doute avec les deux bras du fleuve.
Mais, outre cette accidentation générale, la lèvre droite de la dernière
fente qui loge le pied du coteau de la Madeleine a été bombée en ce
point de manière que l'érosion ultérieure y a mis à nu les couches de
la craie glauconieuse, ce qui sur les bords de la Seine ne se revoit qu'à
Rouen.
L'allui*e et la délimitation de ce bombement local déjà signalé dans
la carte de H. Passy, sont précisés dans la carte et les coupes de la
planche jointe au présent compte-rendu.
Par suite de la dénivellation générale, le terrain éocène ne se
retrouve pas sur le flanc droit de la vallée et en ^conséquence les
sources y font défaut, particulièrement sur la terrasse où ont été bâtis
le prieuré et ensuite le château, qui autrefois ne s'alimentaient d*eau
que par un puits de vingt-cinq mètres traversant la craie jusqu'au
niveau de la Seine.
Mais le relèvement exceptionnel des couches offrant précisément son
maximum au même point, et les fossiles de Rouen s'y trouvant au
niveau même de la terrasse, on a vu la possibilité d'atteindre par un
forage d'une cinquantaine de mètres la nappe d'eau des sables verts
inférieurs au Gault qui, à Paris, n'est atteinte qu'à environ 550mèti*es
de profondeur et, eu égard aux afileurementsies plus voisins des sables
verts qui dans le pays de Bray se montrent à Taltilude minimum de
80 mètres, on pouvait espérer que Teau jaillirait au-dessus de la tei"-
rassc dont l'altitude est, on vient de le dire, de 33 mètres.
Il y avait cependant à redouter la diminution de pression résultant
nécessairement du fait que les fentes correspondant au lit de la Seine
donnent lieu à des fuites dont l'existence et 1 importance sont prouvées
par les nombreux bouillonnements qui se remarquent dans le cours du
fleuve et par l'augmentation considérable de son débit en aval de
Vernon.
^mexhénard qui, s'intéressant aux éludes scientifiques, se rendait
bien compte des difficultés comme des chances de succès, n'a pas craint
d'entreprendre le forage, qui pouvait cependant ne produire qu'un
complément des notions stratigraphiques, mais qui a été heureusement
profitable. Aidée par sa fille W" Marguerite, douée aussi des mêmes
dispositions de famille, elle a recueilli et classé soigneusement une
1878. DE CHANGOURTOIS. — EXCURSION A VfigNON. 609
série d'échantillons représentant les résultats non-seulement du forage
mais de l'exploration géologique extérieure.
La Société trouvait donc à la Madeleine, pour tous les sujets d'obser-
vations, des conditions spéciales et des préparatifs que l'on avait
encore cherché à compléter pour la circonstance.
Le sous-sol avait été mis à nu dans une allée presque culminante
aux abords de laquelle on avait souvent trouvé des Ammonites dans
le sol crayeux, mais les tranchées étaient déjà au-dessous de la couche
fossilifère remaniée et c'est dans les déblais provenant d'une galerie
percée au flanc du coteau à l'altitude de 21 mètres pour l'utilisation des
eaux artésiennes, que l'on a pu continuer fructueusement la recherche
des fossiles de la craie glauconieuse dont les récoltes personnelles ont
été ensuite enrichie à l'aide d'une réserve formée tout exprès.
Le parcours de la galerie aui*ait donné lieu d'observer l'allure des
bancs de silex et la pénétration du diluvium dans les évasements
des fentes de la craie; mais les principales pénétrations ont nécessité
des soutènements qui les masquent. L'heure s'avançait d'ailleurs et
l'évolution de plus de quarante personnes eut pris beaucoup de temps;
on s'est donc borné ù observer le contact du diluvium et de la craie
dans un saut de loup qui limite le parc à l'ouest du côté de Pressagny.
Le diluvium, caillouteux et plus ou moins sableux ou argileux,
formant le sol de la terrasse occupée par le haut du parc et par la
lande de Pressagny, où il est exploité pour gravier et matériaux
d'empierrement, marque le fond d'un sillon dont le creusement a
précédé celui du sillon moins large au fond duquel coule naturelle-
ment la Seine.
L'un des flancs du saut de loup laisse voir les pénétrations, mais pour
la détermination des allures des fentes il faut s'en rapporter au relevé
qui a été fait lors du percement de la galerie et dont le résultat sera
figuré sur la planche annexée au présent compte-rendu.
L'attention de la Société a été ensuite appelée sur un petit bassin
naturel béant dans le terre plein alluvial qui borde la Seine.
Ce bassin qui parait correspondre à l'emplacement du goufire légen-
daire est allongé au nord-ouest suivant le prolongement de la ligne
marquée par la rive du fleuve en amont, oii l'on peut placer la der-
nière des failles dont il a été question. L'eau s'y tient au même niveau
que dans la Seine, mais elle n'y gèle jamais, ce qui donne à penser que
la cavité est située sur la faille riveraine et reçoit un suintement de
l'eau de la nappe artésienne dont la température au débouché du
forage est encore ù 17o.
Au sujet (les directions des failles, fentes et fissures locales, il suffit
pour le moment de signaler leur concordance avec les autres directions
700 DE CHANCOURTOIS. — EXCURSION A VERNON. 14 Sepl.
stratigraphiques de la contrée. Cette concordance sera Tobjet d'ane
note additionnelle visant la planche complétée (i).
La Société s'est ensuite occupée du puits artésien au sujet duquel
des explications ont été données par H. de Chancourtois qui en avait
conseillé l'entreprise et par M. Léon Dru qui en avait fait exécuter
les travaux.
Il convenait de se tenir à une certaine distance de la faille riveraine
pour éviter de tomber dans un brouillage. On a en conséquence
profité d'un puits ordinaire creusé à l'angle du parc formé par la
bifurcation de la grande route et de l'ancien chemin de Pressagny.
Ce puits avait traversé :
Au-dessous du manteau de diluvium de ; 5°O0
La craie plus ou moins sableuse avec grandes Ammonites,
Inocérames et silex spongiaires, offrant sur une épaisseur de
près de 21 mètres les assises suivantes :
Craie tendre 1 .00
Craie avec peu de silex 4.00
Craie avec lits de gros silex 10.00
Craie avec peu de silex 5.74
Le forage commencé au fond du puits à la profondeur de. . 25'"74
a traversé les couches de la base de la craie, du Gault et des sables
verts dont la série détaillée sur la planche avec \e^ dénominations du
registre du maître sondeur peut se résumer comme il suit :
N»* 1 à 5. Craie tendre avec deux lits durs de 0"30 et 0'50 4.68
6 et 7. Craie, tuffeau avec lits de gros silex 2.38
8. Craie, luffeau avec lits de petits silex 2.25
9. Craie tendre 1.86
10 à 14. Craie plus ou moins glauconieuse avec nodules de pyrite. . 2.61
15. Argile bleuâtre légèrement micacée 8.64
16, 17 et 18. Argiles et sables glauconieux avec pyrites et gravier gris
jaunâtre 4.70
19. Sable fin 5.55
20, 21 et 22. Sables argileux et glauconieux avec Lignites et nodules de
phosphorite et de pyrite présentant les fossiles du Gault. 2.04
23. Argile sableuse et glauconieuse 6"09
24, 25 et 20. Gravier gris jaunâtre, sables et argile sableuse avec nodules
de phosphorite et de pyrite présentant les fossiles du
Gault 1.96
27 et 28. Sables en partie glauconieux et lit de nodules 1 .56
29. Sables fins dans lesquels on s'est arrêté à la profondeur de 69.90
(1) Cette note fait suite au compte-renthi de la course, p. 70.'i.
1878. DE CHANCOURTOIS. — EXCURSION A VERNON. 701
La collection des échantillons qui représente la section verticale
complète du terrain donnée par Tensemble des deux puits montre la
grande analogie, pour ne pas dire Fldentité, quant à la nature et à
Tordre de succession, des couches traversées à la Madeleine et des
couches travei*sées par les puits de Paris ou relevées dans les coupes
de Rouen.
En tenant compte de l'amincissement des couches de Paris au cap
La Hève on avait calculé que la nappe d'eau retenue par Targile du
Gault serait atteinte à moins de 50 mètres.
L'eau a commencé à monter de la profondeur de 48°*, après le per-
cement de la couche n° 15, c'était un succès théorique au point de vue
de la stratigraphie.
Mais l'élévation n'a d'abord atteint que l'altitude 12^35, c'est-à-dire
que l'eau restait à 20^6^ du sol, ce qui ne suffisait pas pour en tirer
parti. C'est pourquoi le forage a été approfondi et heureusement l'as-
cension, augmentée après la couche n» 18 et surtout après le perce-
ment de la couche argileuse n^ 23, a atteint, en niveau statique,
après que la couche n<^ 24 a été traversée à la profondeur de 67*^7,
l'altitude de 28'»65.
L'eau restait ainsi encore à 4'"35 du sol; on n'a pas néanmoins
poussé plusl oin parce que la nature des sables, devenus très-fins,
maigres et par suite très-mobiles, en même temps qu'elle rendait
l'approfondissement difiicile et pouvait faire craindre des accidents,
indiquait qu'on avait probablement dépassé les alternances de lits
argileux.
Après avoir coincé un tube en bois (de 0°^175 de diamètre intérieur
et de 0'"280 de diamètre extérieur) dans l'argile n^ 15, de manière à
empêcher toute déperdition à travers la Craie et avoir définitivement
fixé le tube en cuivre (de O'^lfiO de diamètre) pénétrant dans les sables
en lorgnette, on a essayé de faire écouler Teau sur le flanc du coteau
en lui faisant franchir, au moyen d'un syphon, les4'"35qui séparaient
son niveau statique de celui du sol, mais le jeu de cet appareil était
promptement interrompu par le dégagement des gaz dissous qui ve-
naient remplir le coude supérieur.
On a donc percé le coteau par une galerie permettant Técoule-
mentà l'altitude de 21'^34 ou à 11^36 du sol, c'est-à-dire sous une
charge de 7""50 qui détermine un débit de 190 litres par minute.
L'eau, après avoir formé une petite cascade au sortir de la galerie,
descend dans un bélier placé en contre-bas, à la cote 14™08, de ma-
nière à marcher sous 6'"53 de chiite; ce bélier renvoie 39 ou 35 litres,
c'est-à-dire environ 1/6" du débit, à des réservoirs étages dans une tour
élevée au-dessus du puits dont les niveaux sont aux altitudes domi-
TOi DE CHANCOURTOIS. — EXCURSION DE VERNON. 14 Sept.
nantes de 3"*30 et 40*"30, qui assurent la distribution dans toutes
les parties de la propriété.
Le débit ne s'est pas notablement ressenti des alternances des
périodes sèches et pluviales qu*a subies le bassin de Paris depuis Taché-
vement du forage en 1868.
Le succès théorique est donc devenu un succès pratique dont on
doit d'autant plus se féliciter que les conditions favorables étaient
plus étroitement circonscrites à tous égards.
L'eau, lorsqu'elle a commencé à surgir, était très-légèrement sulfu-
reuse, s'irisait à sa surface et rouillait le sable qu'elle laissait déposer,
mais elle a bientôt coulé limpide et très-bonne à boire.
Elle doit être assez chargée d'acide carbonique dans la nappe sou-
terraine. En effet, le gravier de la Seine qui est à Pressagny très-co-
quillier et dont les grains sont de plus fortement incrustés, comme
pralinés, tient certainement ces caractères accidentels de la qua-
lité des sources qui bouillonnent dans le fleuve. Or Teau de ces sources
qui, comme on l'a indiqué plus haut, doivent provenir de fuites arté-
siennes, ne peut dissoudre le calcaire de la Craie dans un trajet d'une
dizaine de mètres que si elle est notablement acidulée.
Mais l'eau du forage dans son ascension par le tube à l'abri du
contact de la Craie dans le parcours de la galerie longue de i20^
qu'elle traverse, perd l'excès de gaz dissous, et elle sort, en définitive,
plutôt douce.
Après avoir étudié les intéressantes perspectives de la vallée de la
Seine, la Société a jeté un coup d'œil sur les installations remarqua-
blement artistiques de l'intcrieur du château où figurent de nom-
breux souvenirs de voyage, comprenant des éléments géologiques et
archéologiques dignes d'attention .
La Société invitée alors à prendre place autour d'une table que le
beau temps avait permis de dresser en plein air et sur laquelle un
goûter solide, avaitété élégamment servi, a ainsi terminé sou excursion
par une séance dont la journée, bien que passée sans fatigue, avait
cependant accentué l'intérêt gastronomique.
M. Hébert a été naturellement fort applaudi lorsqu'il a exprimé ks
sentiments de gratitude de la Société en portant la santé de la châ-
telaine, à laquelle on était redevable d'une hospitalité aussi instructive
que gracieuse.
M. Giordano a été non moins vivement applaudi lorsqiie, parlant
au nom de nos confrères étrangers et avec l'autorité d'un savant qui a
fait l'ascension du Cervin et le tour du globe, il a résumé l'apprécia-
tion de la dernière station de la course en déclarant qu'on ne pouvait
trop remercier d'avoir été amené dans un aussi bon port.
i878. DE CHANCOUHTOIS. — ALIGN. GÉOL. DE VERNON. 703
La Société, après avoir pris quelqnes instants de repos, a regagné
directement Vernon.
A la suite de ce compte-rendu, M. de Gltanooartois présente
la note suivante :
Sur les ali|çneiiieiite géologiques relevés dans les
environs cie Vernon*
Afin de faire apprécier les relations des directions de détail relevées
dans la galerie du puits artésien de la Madeleine avec les directions
des autres accidents géologiques et de réunir en même temps les pre-
miers éléments de l'étude des faits d'alignements de la contrée, on a
figuré d*abord les résultats du relevé fait en 1867, sur le plan de la
galerie dessiné au-dessous de la coupe (PI. XV), et on a construit
une rose ou, plus exactement, une demi-rose de direction en mesurant
des parallèles aux lignes du plan. On a ensuite redressé cette rose de
manière à placer la ligne de foi Nord-Sud parallèlement au méridien
moyen de la carte, en limitant dans une zone extérieure le tracé des
directions relevées dans la galerie, et on a tracé dans le demi-cercle
intérieur les directions marquées sur la carte par les traits les plus
saillants de la configuration géographique et géologique, c'est-à-dire
par les alignements des cours d'eau et des vallées, des flancs abruptes
des terrasses qui dominent la série des failles, et enfin les dykes d'ar-
giles et d'arènes kaolineuses.
Du rapprochement graphique des deux séries de faits ressortent tout
d'abord des coïncidences frappantes.
On voit les orientemeiits 9<>, 16°, 19o de la première se groupant
autour de l'orientement 14» de la seconde ; les orientements 115% 117»,
123®, 128% 1510, {69^ se correspondent exactement dans les deux
séries; les orientements 126o et 166<> de la première semblent n'être
respectivement que des variantes des orientements concordants 128^ et
i6&"; enfin l'orientement 156o prend place entre l'orientement concor-
dant ISl*» et l'orientement ISS*» de la seconde série.
Seuls, dans le second quandrant (Sud-Est), l'orientement 109^ et les
orientements très-voisins l'un de l'autre 140^ et 142^, ne sont pas repré-
sentés par des fentes nettement accusées dans la galerie où les orien-
tements 39o et GQodu premier quadrant (Nord-Est) fournis par la carte,
font aussi défaut ; mais on aperçoit immédiatement que les directions
109*^, 39**, 60^ sont exactement ou à un degré près perpendiculaires
aux directions des fentes 19'', 128", 151**.
1878. DE CHANCOIÎRTOIS. — ALIGN. GKOL. DE VERNON. 704
Il importe de constater les rapports remarquables des directions de
ces alignements avec les directions générales déterminées par Elie
de Beaumont et classées définitivement par lui dans son réseau pen-
tagonal : L'orientement 14^ est, à un degré près, celui du cercle local
appartenant au système du primitif du Rbin ; l'orientement 123^ est
sensiblement celui du cercle local appartenant au système du primitif
du Thuringerwald ; les orientements 140° et 142° coïncident encore
sensiblement avec celui du cercle local appartenant au système du
bissecteur diamétral des lies Ioniennes ; enfin Torientement ISl^ est
sensiblement aussi celui du cercle local d'un système dont l'auteur de
cette note a commencé à faire ressortir l'importance en Europe, dans
son mémoire sur l'application du réseau pentagonal à la coordination
des gîtes minéraux (Comptes-rendus de l'Académie des Sciences^ 1863)
et qu'il caractérise suivant la méthode proposée dans ce mémoire, par
l'indication du cercle normal commun classé par lui dans le réseau
comme diamétral de la Basse-Loire. Pour faire apprécier l'impor-
tance de ce système il suifit de rappeler qu'il comprend le cercle de
comparaison qui, déterminé par le cours inférieur du Rhin au-
dessous de Coblentz, va passer par l'Etna et longe en Afrique le
lac Tanganjika.
Le parallélisme sur lequel Élie de Beaumont a originairement fondé
ses systèmes d'alignements ne pouvant être sur le globe qu'une appa-
rence régionale, la caractérisation de ces systèmes par leur cercle de
comparaison moyeu, suivant la méthode conservée par l'auteur du
réseau pentagonal, exige des commentaires pour être bien comprise.
La caractérisation de chacun de ces systèmes de grands cercles par
leur normal, c'est-à-dire par le grand cercle qui les relie tous, comme
l'équateur relie tous les méridiens, est, au contraire, absolument nette
et a l'avantage d'infirmer, sinon de réduire à néant, dès à présent,
l'objection que les adversaires de la systématisation pentagonalc tirent
vulgairement de la multiplicité des cercles de comparaison indivi-
duellement signalés par Ëlie de Beaumont, car elle montre comment
la plupart de ces cercles rentrent déjà dans des systèmes qui ont pour
normaux des cercles principaux du réseau ; c'est ainsi, par exemple,
que le dodécaédrique rhomboïdal du cap Dénia rentre dans l'un des
systèmes dont il vient d'être question, celui du bissecteur des Iles
Ioniennes.
Il est donc bon de ne pas négliger l'occasion qui se présente de faire
remarquer que le système du primitif du Rhin, du primitif du Thu-
ringerwald et du bissecteur des Iles Ioniennes ont respectivement
pour normaux le bissecteur diamétral de Bassorah, le bissecteur dia-
métral de l'île d'Alboran ou du Mont Seny et le primitif de Lisbonne.
1878. DE CIIANCOURTOIS. — ALIGN. GÉOL. DE VERNON. 705
Pour terminer les observalioris relatives à la région de Vernon, ii
convient de faire encore une remarque concernant Torientement
i40°-i42<' : 11 peut sembler étonnant, au premier abord, qu'un orien-
tement si largement et si nettement accusé par les lignes du cours de
la Seine et des dykes d*argile$ ou d*arènes kaolineuses, ne se retrouve
pas dans les fentes de détail. Mais cette direction tient évidemment la
position moyenne dans le secleur du quadrant du Sud-Est occupé par
lesorientements relevés. Il est même à noter qu'elle est exactement bis-
sectrice de l'angle des deux directions extrêmes des fentes iiS^ et I680.
On comprend dès lors que le ridement de Técorce terrestre, dont
Tallure générale est marquée par des traits dominants au point de
vue topograpliique comme au point de vue géologique, a pu, dans le
détail, ne faire que développer les fissures dues à des ridements an-
térieurs, qui se trouvaient distribuées avec des obliquités symétriques
le long de son parcours. Ce ne serait là qu'un résultat analogue, sous
beaucoup de rapports, à celui que l'on observe dans une table d'ébé-
nisterie où une fente de retrait produite dans le bois de fond ne
détermine souvent dans la partie correspondante du bois de placaj^e
qu'une série de fissures dirigées suivant les fibres de ce dernier.
Enfin, abstraction du principe de systématisation pentagonale, on
peut dire que l'étude des faits d'alignements embrassant depuis les
faits topographiques les plus généraux jusqu'aux faits stratigrapbiques
de dernier détail, donne dans cette petite région des résultats qui sont
d'accord avec ceux d'une étude semblable relative à une région beau-
coup plus étendue du Nord de la France qui était exposée au Champ
de Mars dans le pavillon du Ministère des Travaux publics, comme
avec ceux de l'étude des alignements topographiques de la Norwège»
exposée par M. Kjerulf.
Cette nouvelle étude confirme les résultats des premières recherches
du même genre que l'auteur de la présente note avait faites antérieu-
rement et dont il demande la permission de reproduire une conclu-
sion publiée par lui en 1862 daus les Études stratxgraphiques sur la
région de la Haute-Marne : « Que la région considérée soit étendue
» ou restreinte, plane ou montueuse, continentale ou maritime ; par-
I tout, à tous les degrés, à tous les points de vue, une attention per-
0 sévérante fait apercevoir les traces d'un réseau de lignes entre-
» croisées de directions plus ou moins nombreuses, mais nettement
» définissables, d'où, pour se servir d'une figure déjà employée par
» M. Ëlie de Beaumont, les résultats bruts de l'observation paraissent
» dépendre comme la broderie dépend du canevas.
» Et ces traces régulières sont la traduction d'une sorte de craquelé
» de la cFOùte inférieure qui, se propageant toujours à travers les
45
70(5 H. DOUVILLÉ. — SABLES ÉRDPIIFS. 14 Sept.
» couches successives des sédiments ou des épanchements superficiels,
x> non-seulement ouvre le passage aux émanations de la masse interne
» pour Valimentation continue des dépôts communs et l'accumulation
» adventive des matières exceptionnellement utiles, mais encore» alors
» même qu il ne donne pas lieu à des arêtes saillantes par les déni-
» vellations de ses cx)mpartiments, prépare, en tailladant le sol, tous
f les accidents du relief dont les érosions ne viennent ensuite que
• déblayer et modeler les contours. »
Le mot craquelé, qui a été employé pour désigner le résultat com-
plexe de Tentrecroisement d'un grand nombre de faisceaux de fentes,
n'était pas très-heureux parce qu'il peut paraître impliquer l'idée que
ces fentes sont dues à des phénomènes de retrait. Mais le rapproche-
ment des directions des fentes ou fissures et de celles des rides monta-
gneuses indique bien que les accidents de fracture pris en considé-
ration doivent être attribués aux mouvements, soulèvements et refou-
lements de l'écorce terrestre.
M. Douvillé résume ensuite rapidement l'état de la question des
sables dits éruptire.
Les sables granitiques, en relation intime avec les argiles à silex et
à meulières, ont été signalés pour la première fois par de Sénarmont
dans sa description géologique du département de Seine-et-Oise, puis
par H. Passy dans sa carte géologique de l'Eure. Les auteurs de la
Carte géologique de la France les avaient distingués sous le nom. de
terrain de sable granitique et d'argile à silex.
Les explorations nécessitées par l'exécution de la carte géologique
détaillée nous ont conduits, M. Potier et moi, à reprendre l'étude de
cette formation ; les premiers résultats obtenus ont été résumés dans
une communication faite à l'Académie des sciences le 6 mai 1872. Nous
avions reconnu tout d'abord que le mode de gisement de ces dépôts
était essentiellement différent de celui des différentes assises du terrain
tertiaire. Les sables granitiques associés à des dépôts souvent puissants
d'argile plastique exploités sur plusieurs points, se présentent en amas
souvent très-puissants et dont la réunion constitue de longues bandes
parallèles, régulièrement orientées; les sables et les argiles ne sont
jamais ni stratifiés, ni recouverts par des couches stratifiées; leur
structure est massive et rappelle celle d'une masse de granité en décom-
position ; l'argile affecte au milieu d'eux la forme de veines ou d'amas
irréguliers. Les exploitations se présentent généralement sous forme de
vastes entonnoirs ayant souvent plus de 6"^ de profondeur et ouverts
1878. H. DOUVILLÉ. — SABLES ÉBUPTIFS. 707
indistinctement soit dans toutes les assises du terrain tertiaire, soit dans
la craie. Sur certains points comme dans la carrière que la Société )a
visité à Courcaille, on peut s'assurer directement qu'ils constituent un
remplissage de faille.
Au point de vue de leur composition minéralogique, les sables sont
essentiellement formés de grains de quartz réunis par un ciment argi-
leux dont la proportion atteint environ 15 0/0 du poids total. Les
grains de quartz sont de grosseur très-variable presque tous brisés et
à angles émoussés, ils proviennent de roches anciennes, gneiss et gra-
nité; quelques-uns, bipyramidés, proviennent de roches porphyriques.
Le ciment est constitué par une argile très-pure onctueuse au toucher
et, comme le montre le tableau ci-dessous, présentant une composi-
tion analogue à celle des argiles dites plastiques :
Sic* Âl'0> Fe«0' CaO MgO Alcalis Eau
Ciment du Sable granitique de ( -^ ^^ «« «.^ ^ «^ ^ ,.. ^ -, ,« ^*
Bonneval (56.50 «8.00 0.85 0.10 » 0.75 13.90
Argiles plas-r d'Abondant.... 50.60 35.20 0.40 » » » 13.10
tiques ( de Montercau . . 61.10 21.60 » » » » 10.00
Quand le sable est mis en suspension dans Tcau, les deux éléments
se séparent immédiatement en deux couches nettement distinctes, le
quartz se précipite au fond, tandis que la matière argileuse se dépose
plus lentement au-dessus. Cette séparation si facile montre que le
sable granitique s'étant déposé dans une eau tranquille ou courante,
le départ simultané des deux éléments n'a pu s'effectuer que dans une
masse à l'état bouenx.
Enfin, dans le voisinage de ces dépôts, on retrouve des traces indiscu-
tables d'actions thermo-chimiques, les calcaires sont corrodés et dolo-
mitisés; la craie a été non-seulement dolomitisée mais encore dissoute
et remplacée par de l'argile au milieu de laquelle on retrouve les
silex inattaqués souvent à peu de distance de leur position primitive.
De cet ensemble de faits nous tirions les conclusions suivantes :
« Que le terrain de sables granitiques ne fait pas partie de la série
» sédimentaire, mais qu'il est d'origine éruptive, — que l'éruption ou
» plutôt l'injection de ces sables est postérieure au dépôt du calcaire
I de Beauce. » Nous indiquions en outre que ces dépôts devaient être
rattachés aux Sables de la forêt d'Orléans.
Dans une communication faite un peu plus tard (3 juin 187:2] à la
Société géologique, l'un de nous précisait les relations de ces sables
avec les failles et dislocations que présentent les assises tertiaires au
sud de Yernon ; il mettait en évidence l'existence d'une faille s'étendant
depuis Yernon jusqu'à Perdrcauville et intéressant toutes les assises
708 II. DOU VILLE. — SABLKS ÉHLPTIFS. 14 Sept.
du lerrain tertiaire, y compris le calcaire de la Beauce, et montrait que
les sables granitiques se présentaient sous la forme de filons d'injec-
tion intimement liés à la faille précédente.
Enfin, en 1876, paraissait la feuille d'Evreux de la Carte géologique
détaillée sur laquelle étaient marqués tous les affleurements des sables
granitiques qu'il avait été possible de relever.
L'année suivante, M. Stanislas Meunier communiquait à l'Institut
(30 août 1877) les résultats de ses études sur la composition litholo-
gique des sables kaoli niques signalés par M. Ch. Yélain à Hontainville.
Il reconnaissait la présence des deux éléments qu il est possible de
séparer par lévigation : une partie argileuse qu'il désigne sous le nom
de limon de nature kaoliniquc et un gravier principalement formé de
grains de quartz, présentant tantôt la forme bipyramidée, tantôt
dépourvu de forme cristalline et renfermant des inclusions liquides avec
bulles de gaz comme le quartz ordinaire des granités. Il y signale
encore des grains de silex, de grès ou de quartzite, de feldspath plus
ou moins décomposé, des débris de corps organisés siliciûés, enfin des
fragments de meulières dont les vacuoles sont remplies d'une pous-
sière blanche uniquement composée de cristaux microscopiques de
quartz bipyramidé.
M. Stanislas Meunier explique de la manière suivante l'origine de ces
sables : « Ces sables sont éruptifs à la manière du sable glauconieux
» apporté à la surface par les eaux jaillissantes de nos puits artésiens
» de Grenelle et de Passy; ils constituent une sorte à' alluvion verticale.
n Avant tout le granité constituant le soubassement de nos terrains
» stratifiés a été attaqué par les eaux, sans doute chaudes et peut-être
» chargées de principes salins ou acides... L'eau jaillissante a entraîné
» ces matériaux au travers d'une épaisse succession découches strati-
1^ fiées dont les éléments insolubles sont entrés en mélange avec les
» débris granitiques. »
Ces hypothèses viennent compléter et préciser les vues que nous
avions émises tout d'abord. Nous avions dit que les sables granitiques
étaient des dépôts boueux injectés de bas en haut dans des fentes
préexistantes ; nous ajouterons avec M. Stanislas Meunier que ces boues
résultent de la décomposition du granité par les sources thermales; il
s'est produit là, sur une bien plus vaste échelle, des phéiiomènes ana-
logues à ceux (jue Ton observe dans les salzes ou volcans de boue.
Nous ajouterons, en terminant, que des hypothèses différentes ont
été proposées pour expliquer le mode de gisement des sables gra-
nitiques : quel(iues géologues ont voulu y voir des dépôts analogues
aux dépôts diluviens et ayant rempli de haut en bas les poches et les
fissures dans lesquels on les observe aujourd'hui : malgré les termes
i878. II. DOLVILLK. — S.VBLËS ÉiaTTlFS. 709
(le « limon » et d* < alluvions vorlicales t> employés par M. Stanislaîi
Meunier, il nous paraît impossible d'attribuer ù des alluvions superfi-
cielles la formation des argiles pures qui accompagnent ou cimentent
les sables granitiques. Sans doute il existe en bien des points des
coucbes ayant une composition analogue à celle des sables granitiques;
il nous suffira de citer les sables des plateaux de l'Eure, et les sables de
la Sologne ; les argiles plastiques de TËocène inférieur à Montereau,
Provins, etc., ont, comme on l'a vu plus haut, une composition tout
à fait analogue à celle des argiles qui accompagnent les sables grani-
tiques; au sud de Montereau on retrouve même au niveau de Targile
plastique de véritables sables granitiques. Mais tous ces dépôts se dis-
tinguent des dépôts vraiment stratifiés par leur composition et leur
texture particulière et par l'absence complète de fossiles; il nous
suffira de citer, comme terme de comparaison, les argiles du Gault,
qui peuvent être considérées comme le type des argiles sédimentaires
pures et le dépôt argileux qui se dépose actuellement au fond de la
Méditerranée. Aussi croyons-nous que tous les dépôts de sables gra-
nitiques, d'argiles plastiques et d'argiles bariolées, doivent être consi-
dérés comme de véritables dépôts d'épanchements boueux.
D'autres géologues ont supposé que les prétendus liions de sables
granitiques n'étaient que des lambeaux d'une couche bouleversée et
disloquée par des failles, celte couche occupant vraisemblablement
comme à Montereau le niveau de l'argile plastique. Or, dans la région
qui nous occupe plus particulièrement, entre la Seine et l'Eure, nous
n'avons jamais observé h ce niveau de dépôt analogue aux sables
granitiques.
Enfin nous signalerons encore une hypothèse mixte qui consiste à
attribuer l'élément quartzcux seulement à une couche sous-jacente
également placée au niveau de 1 argile plasti(|ue, et à admettre que
l'élément argileux seul a été amené par des sources thermales.
Il est bien possible que sur certains points il y ait eu entraînement
dessables de l'argile plastique; mais dans le plus grand nombre de cas
nous croyons que le sable quartzcux qu'on peut retirer par lévigalion
des sables granitiques diflere essentiellement par la forme et la gros-
seur des grains de celui des couches régulièrement stratifiées qui aflleu-
rent sur les points voisins.
Nous avons eu également occasion d'observer des dépôts tout à fait
analogues aux sables granitiques de l'Eure, dans le département de la
Dordogne, entre Excideuil et Thiviers. Us se présentent en amas puis-
sants d'apparence filonienne dans les calcaires jurassiques; ils sont
associés à des argiles plastiques pures et à des minerais de fer géodi-
ques (hémalhile brune) qui sont exploités par puits et galeries (Le
710 H. DOUVILLÉ. — SABLES ÉRUPTIFS. ^ H Sept.
Cliatenet, Lage); ces dépôts filonieiis se relient intimement aux dépôts
superiiciels de minerais de fer en grains et doivent être rattachés à la
période sidérolitliique. 11 y aurait ainsi en France dans les terrains
tertiaires trois époques distinctes d'épanchements ayant donné nais-
sance à des dépôts présentant entre eux les plus grandes analogies :
i<> Base de l'éocène : Argiles plastiques proprement dites de Yaugi-
rard, Montereau, Provins, etc. ; Sables granitiques do Hontereau ;
Sables granitiques en filons sur la rive gauche de TEure et au N. de
Chartres (d'après H. Potier). A cette période se rattache la majeure
partie des argiles à silex, dont la formation peut s'expliquer par l'ac-
tion sur la craie de boues acides, c'est-à-dire par des phénomènes
du même ordre que ceux qui ont donné naissance aux sables grani-
tiques. Nous citerons comme exemple les argiles à silex de Gh&teau-
Landon, de la Sologne, du Blaisois et du pays Charti*ain.
!2^ EoGENE SUPÉRIEUR (terrain siderolithique) : Argiles plastiques de
la Dordogneet sables granitiques d'Excideuil; Argiles siliceuses (impré-
gnées de silice soluble) d'Argenton, de Vierzon, de Hehun, etc., en
filons ou amas, et en relation avec les dépôts de minerais de fer en
grains ; Sables granitiques plus ou moins purs de tout le versant N.
du plateau central (Bellac, Yic-Exemplet), et de la Brenne, également
en relation avec des minerais de fer en grains.
3^ Miocène moyen : Sables de la Sologne ; Argiles à meulières et
sables granitiques du déparlement de l'Eure; Sables granitiques de
Maisse (d'après M. Michel-Lévy), du Plessis-Piquet (d'après H. G.
Fabre). Bull. Soc. géoL, 3* série, 1. 1, p. 389 (16 juin 1873),
M. Xouraouer ne croit pas que les sables indiqués par M. Douvillé
comme éruptifs soient venus de bas en haut ; il les attribue à un phénomène de
surface, et estime que, au moins dans les points visités, les faits observés
peuvent être expliqués par des remplissages de failles, ou de fractures par
des apports diluviens.
M. Renevier» sans contester leur modo d'origine, critique seulement
le mot d'éruptif appliqué à ces sables.
M. cle CShftncourtoia fait alors remarquer qu'il faut distinguer dans
les roches dites érupiives, celles venues à la manière des laveSy et celles venues
à la manière bouetue; c'est à cette seconde catégorie qu'appartiennent les
sables en question. II importe sans doute do le spéciQer.
M. I<'oiitanne» signale une grande analogie entre ces sables et ceux
1878. CH. VÉLAIN. — EXC. DE CUISE-LA-MOTTE. 711
des carrières de Nyons, mentionnes par Gras. Il en a, lui-mômc, observe do
semblables, avec concrétions siliceuses, sur les flancs du Lëberon.
M. Ch. Vilain présente le compte-rendu de l'excursion de
Cuise-la-Motte :
Excursion de Culae-la-HIotte.
La journée du 13 septembre a été consacrée à l'étude des sables
uummulitiques. Ces sables ne sont pas représentés dans les environs
immédiats de Paris, ainsi que la Société avait pu le constater dans ses
excursions précédentes; leurs principaux affleurements, compris entre
les lignites et la glauconie à Nummulites et à dents de Squale du cal-
caire grossier, se voient, au N.-E., dans les départements de l'Oise et
de l'Aisne, entre Compiègne et Laon, notamment dans 1c Soissonnais
cil ils forment les flancs de toutes les vallées sur une hauteur qui peut
atteindre jusqu'à 60 mètres, comme aux environs de Yailly, dans la
vallée de l'Aisne.
Toutefois, cette épaisseur varie et plus grandes encore sont les
variations qu'ils présentent dans leur composition. Aussi les subdivi-
sions en trois groupes siliceux coquillier, glauconieux, qu'on a tenté
d'y établir, sont-elles purement artilicielles ou seulement appliquablcs
à une région peu étendue.
A leur partie inférieure, ces sables sont le plus souvent, très-quar-
tzeux, à grains tins et peu colorés, mais en quelques points on peut
les voir calcariferes et micacés, au Vieux-Mont, au Graind'Or près
de Machemont (Oise) par exemple ; en d'autres, très-glauconieux
comme dans les vallons d'Antrèches, de Nampcel et de Touay-le-
Mont. Assez uniformément colorés en jaune, ils prennent, dans leur
partie moyenne, des teintes vives et s'entremêlent de veinules argi-
leuses avec petits filets ligniteux.
Les rognons tuberculeux, dolomitiques, calcaires ou siliceux, si
fréquents dans ces sables à ce point qu'on les avait regardés comme
constituant un caractère spécial, s'y trouvent eux-mêmes non pas
cantonnés à la base comme l'avait déclaré M. Melleville, ni à la partie
supérieure comme d'autres l'ont pensé, mais indifféremment à ces
deux niveaux et quelquefois même dans toute l'étendue de la masse
sablonneuse; à la butte du Châtelet, par exemple, sous la forêt do
Laigue, au confluent de l'Oise et de l'Aisne, on peut voir ces con-
crétions en nombre considérable disposées par lits continus, en des-
sous comme au dessus des lits coquilliers à A^ planulata.
712 CH. VÉLAIN. — EXC. DE CUISE-LA-MOTTE. 14 Sepl.
Ces lits coquillicrs, qui euK-mêines ne sont pas constants, viennent
au-dessus des bancs argileux à colorations vives, ils sont alors fré-
quemment recouverts par des sables chargés de glauconie ; le passage
de ces masses sablonneuses au calcaire grossier s'opère ainsi d'une
façon insensible. Fréquemment leurs dernières assises se signalent
encore par des débris nombreux de bois pétrifié> percés par les tarets
(Lagny, ravin de Mcrcin, etc.) ou se terminent par des lits feuilletés
d'argiie verdâtre (Buttes des Usages de Cuise et de Saint-Pierre en
Chastres, talus des Beaux-Monts, dans la forêt de Compiégne) qui
constituent un niveau d'eau, dont les ruissellements incessants donnent
à la partie supérieure des talus un aspect marécageux.
D'une façon générale on peut dire que dans ces sables, les rognons
tuberculeux se montrent surtout dans le nord de la vallée de l'Aisne,
tandis que les bancs coquilliers se développent dans le sud. Ces bancs
ne renferment pas moins de 500 espèces qui présentent avec celles du
calcaire grossier de grandes analogies ; les recherches de H. Wattelet
dans le Soissonnais ont montré que celte belle faune se distribuait
en deux horizons distincts séparés généralement par une masse de
sables sans fossiles dont l'épaisseur, qui n'est que de deux mètres sous
la montagne de Laon, peut aller jusqu'à dix mèti'es (à Cœuvrespar
exemple).
Le premier de ces horizons, celui d'Aisy (du nom d'une localité du
Soissonnais où il se montre particulièrement riche), renferme plus de
150 espèces, dont 39 sont spéciales, ou tout au moins caractéristiques,
en raison de leur abondance. Telles sont, en première ligne : RotteU
laria Geoffroyi, Wat.; Umbrella Laudunensis, Mell.; Natica splendida,
Desh ; Cerithium gibbosuîum, Mell.; Crassatella Thallavigfiesi, Desh.,
C. propinqua, Welt., Cytherea Suessonnoisis, Walt., Pectwiculus ova-
tus. Watt., etc. (I).
Le second, désigné par lui sous le nom de Mercin (environs de
Soissons), est beaucoup plus connu sous celui de Cuise-la-Motte. Sur
les contreforts de la butte qui séparent la vallée du Vindy de celle du
rude Berne, au-dessous du village de Cuise, cet horizon se développe,
en effet, sur une épaisseur de quatre mètres environ et les fossiles
extrêmement abondants y sont de plus faciles à extraire et d'une par-
faite conservation.
C'est ce riche gisement, si souvent visité, que la Société avait eu
en vue d'explorer.
(1) Je crois qu'il ne sera pas sans intérêt de donner ici la coupe de ce riche gise-
ment, telle (ju'elle se voyait encore il y a quelques années ; la végétation et les
éboulis en masquent aujourd'hui les principaux détails.
Il alllenre sijr le bord /;îau<hu do la roule de Vailly h Laon, en vue des deux
EXCURSION DE CITISE LA MOTTE.
_ Jtipéittùv jiiioir /tai' la- ^tactét^.
Contact des Sables de Ctuso et des lignite»
entre Vivier Frère Robert et les Beaux Monta.
%-,.
^-^À
Ai» abx y. ffUfw, .£ ^ £»('' ^ /<M- '
1878, CH. VÉLAin. — EIC. DE GUISE-LA-MâTTI. 71tt
A cet effet, le 13 septembre, elle se rendait i Ckimpiègne, ob des
voilures t'attendaient pour la conduire à Pierrel'onds.
Après une courte visite au château pendant les préparatifs du
déjeuner, elle se dirigeait par la route de Trosly, vers les gorges dit
Han, où se trouvent sous la forêt les gttes foasîlîfôres en question.
Derrière le petit lac qui dépend de l'établissement thermal, on a pu
voir, sur une grande épaisseur, lessables sans fossiles; plus loin, en
deçà da Fontenoy, les premiers niveaux à Nummulites pUmulata se
présentent. Le grand talus qui borde la route, sur la droite, donne au
travers de ces sables une bonne coupe qui les montre couronnés par
le calcaire grossier. Les fossiles sont en ce point nombreux, mais
villages contigus, Aisy et Jouy; cinq mètres de sables sans fossiles lépsTeot les
bancs à Cardites qui le lermiDeot de ceux arec Tsuoe de Cuise qui sont visibles sou
le petit bois qui domine la route.
Coupe du gisement fossilifère d'Aisy-Jouy.
U. Terre végétale
E. BsDC^de Cardites fC plamcoita J
D. Banc de Turritelles. fT. hybrida.J
C. Banc de Pectoocles. (P. itmtat.j
B. Principal gîte coquillier.
A. Hiveau dos Roslellaires. (R. Gtoffrnyi.)
— Sables jaunes sans fossiles/
716 CH. VÉLAIN. — EXC. DE CUISE-LA-MOTTE. 14 sept.
fragiles et mal conservés; cependant, dans les bancs à petites Turri-
telles, la Société a pu recueillir quelques beaux exemplaires de la
Nerita Schmidelliana, Chemn., dont un se trouvait encore muni de
son opercule. Ces bancs correspondent exactement à ceux du ravin
de Mercin, ils en ont l'aspect et la richesse. Les sables qui les renfer-
ment, jaunes et argileux, se chargent comme d*habitude, à leur partie
supérieure de glauconie et passent ainsi insensiblement à la Glau-
conie sableuse à Nummulites lœvigata qui les recouvre.
La Société a pu examiner de la sorte tous les détails du calcaire
grossier inférieur, qui se développe ensuite jusqu'à la croisée du point
i26,en deçà du hameau de Pisselotte. Là, dans les bancs à Ditrupa et
Hilioles, on a pu explorer un niveau à Oursins très-remarquable qui
a fourni une riche récolte.
La Société s'est ensuite engagée sous la forêt pour gagner la butte
des Usages de Cuise.
Au-delà des Mariolles, la route suivie entame de nouveau le calcaire
grossier dont les Lambourdes sont exploitées sur le plateau ; elle con-
tourne leur affleurement pendant quelque temps, puis traverse, à la
descente, les assises inférieures, qui sont alors à l'état de sables calca-
rifôres chargés de rognons tuberculeux, soudés en bancs ou en blocs
tabulaires. Au-dessous se trouvent les sables glauconieux, à gros
grains avec N. planulata, ils alileurent surtout au tournant de la
route, où l'on peut y reconnaître parmi des sables roux et grossiers un
petit banc qui, sur une épaisseur de 0"*05 environ, n'est composé que
de dents de Squales et de débris de Reptiles et de Poissons. Cette petite
couche à ossements appartient encore au calcaire grossier, on peut
voir au-dessous les argiles vertes et les sables glauconieux qui forment
la partie supérieure des sables de Cuise.
A peu de distance de ce dernier gisement, sur la droite, s'ouvrent
au sommet des gorges du Han, au lieudit le Fond Couturier, les
sablières célèbres dans les sables coquilliers. C'est là que la Société
devait se rendre ; l'après-midi toute entière a été consacrée à l'explo-
ration des divers gîtes coquilliers qui composent ce gisement clas-
sique (1).
(1) Ces gltcs sont au nombre de trois principaux, on les trouvera indiqués sur la
petite carte au l/40000o, qui représente le parcours de l'excursion.
P Sablière principale, au sommet du petit monticule qui surplombe le rond-point
de la gorge du Han.
(Les fossiles, dont la teinte fauve-clair ou jaunâtre est tout à fait caractéristique,
sont distribués par petits lits continus au milieu de sables (juartzeux d'où on les
extrait facilement. Ils s'y présentent fréquemment roulés. — Ce dépôt porte tout le
caractère d'une plage ancioiino) .
1878. CH. VÉLAIN. — EXC. DE CUISE-LA-MUTTE. 717
Une ample moisson de fossiles a été faite; cette faune est désor-
mais trop connue pour que je veuille rapporter ici la liste complète
des espèces recueillies, je mentionnerai seulement la découverte de
quelques espèces rares, telles que Pkolas Levesquei, Wat., Mêla-
nopsis Dufresnoyi Wat., Melania Cuvieri, Desh., Ovula tuberculosa,
Desli., en fragments.
Le retour s'est effectué par les Beaux-Monts. Vers quatre heures, les
voitures s étaient rendues aux étangs de la Bouillie pour attendre la
Société, afin de la ramener à Compiègne.
Le sol de la forêt est presque en entier recouvert, sur une épaisseur
d'une dizaine de mètres, par des sables quartzeux, blancs ou grisâtres,
parfois gréseux, sans fossiles; par place et notamment dans le
voisinage des petites collines (les Beaux-Honts, Saint-Pierre-en-
Chastres, etc.) qui se dressent dans la partie du Nord et de TEst, ces
sables sont recouverts par des lits d'argile bariolée, jaune ou grisâtre,
entremêlée de galets ou le plus souvent d'accidents ligniteux, sur les-
quels reposent des sables argileux jaunes à Cyrena cuneiformis, ter-
minés par un banc (ÏOstrea hellovaccina que viennent couronner des
marnes compactes où des calcaires marneux blanchâtres à fossiles
lacustres (Planorbes, Bithynies, empreintes de tiges de Chara...) ; ces
dernières couches n'étant pas constantes. Tout ce système appartient
aux lignites ; il plonge régulièrement vers le S.-E. et disparaît sous
les sables de Cuise, qui reposent ainsi tantôt sur le calcaire lacustre,
tantôt et le plus souvent sur le banc d'Huître sous-jacent, (coupe,
N.O.-S.E., de Compiègne au M^ Berry, carte de l'excursion de Cuise»
fig. i), tandis que dans la direction opposée, vers Compiègne, les
sables de Bracheux, représentés par des sables glauconieux et micacés
qui reposent directement sur la craie blanche à Bélemnitelles, se mon-
trent au-dessous.
2* Divers trous, sous Je gisement préct'îdent dans le petit ravin qui limite au N.-O.
le monticule. (Les espèces d'estuaire ou de rivage telles que Neritina tricarinata,
N. jfomirùi, Melanopsis Parkinsoni, Cyreiia cycladiformis, etc., sont abondantes.
Il est à remarquer que toutes ces espèces sont toujours intactes et bien conservées,
tandis que celles qui proviennent d'eaux plus profondes sont toujours roulées et plus
ou moins brisées) .
3» Petite sablière sur la gauche de la route qui descend vers l'étang de la Rouil-
lie. (Les Côrithcs y abondent et s'y trouvent presque à l'exclusion de toute autre
espèce, C. Papale; C. acutuw ; C. dctritum, etc.).
4" Sur le revers opposé de la Butte, dans les grandes sablières ouvertes au-dessus
du village de Cuise, se trouve encore un riche gisement où abonde la Cyrena
Gravesi. Desh., qui formeàelle seule des bancs entiers. 8 à 10 mètres de sables sans
fossiles séparent ces lits coquilliers d'un nouvel horizon fossilifère avec Rostellaria
lœvigatn, Cerilh. gibbosulum, PfctHncnlus ovatus, Turritella hybrida, etc.. qui
correspond h cehii d'Aisy et allleure sur la nouvelle route de Cuise.
718 GH. VÉLAIN. — EXG. DE GUISE- LA-MOTTE.
La Société a fait plusieurs haltes dans la forêt pour examiner les
diverses parties de ce système; une tranchée nouTelle ouverte à
peu de distance de Yivier-frëre-Robert, lui a permis de constater,
sous les sables de Guise, la position du calcaire lacustre supérieur
("carte de l'excursion de Cuise, fig. 2) dans lequel on a reconnu l'équi-
valent du calcaire de Hortemer.
Les bancs à Cy rênes et à Huîtres (0. bellovacina, 0. spamaeensis)
ont été revus près du champ de tir, sous les Beaux-Honts, le calcaire
lacustre cesse en ce point. Malheureusement Theure trop avancée n'a
pas permis de descendre jusqu'à la faisanderie pour atteindre les
affleurements des sables de Bracheux; on a dû revenir directement sur
Compiègne afin de pouvoir diner avant de prendre le train de 8 h. 40
pour Paris.
M. le Président, au nom des géologues étrangers qui ont assisté à la
réunion, adresse à la Société géologique et notamment, sur la demande
de M. Matheron, à ceux de ses membres qui ont dirigé les excur-
sions, quelques paroles de remerciement, vivement applaudies, et
prononce ensuite la clôture delà session extraordinaire de 1878.
i™^ ' V^ib <ianrUa-^iayf/&t
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-Talus Coivpel à Tricol.
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ErbeDc de* lanôa«in:tÛMM>
6 _ Sablière
riij.S — Sablière du bois au sud de HolIoL
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TABLE GENERALE DES ARTICLES
CONTENUS DANS CE VOLUME,
Piges.
ToMBECK. — Sur la position vraie do la zone à Ammonites tenuilobaîus
dans la Haute-Marne et ailleurs 6
BuviGNiEB, Pellat. — Obsorvations sur la communication précédente. . 4 3
Daubréb. — Présentation des Considérations géologiques sur tes Ites
océaniques de M. do Tchihatchef 47
Ern. Favre. — Note sur la Géologie do la Crimée 4 9
PiLiDB. — Sur le bassin néogcno de la région située au nord do Ploosci
(Valachio) tt
G. de La Moussaye. — La vallée de la Veslo aux environs de C40ur-
celles (Aisne) 32
G. de Mortillet. — Origine de la Jadéïte 38
F. Robert. — Volcans de la Haute-Loire (fin) 40
F. Robert, — Observations sur les AUu viens marines et les Marnes
irisées du bassin du Puy 46
G. BoRREL. — Sur réboulcment de la montagne du Bec-Rouge (Savoie). 47
DuFOUR. — Réponse à M. Vasscur au sujet de Tâgo des dépôts éocènes
du Champ-Pancaud on Campbon (Loire-Inférieure) 50
DuFouR. — Examen des dépôts éocènes d'Arthon-Chéméré (Loiitî-Infé-
rieure) (Pi. 1) 5S
G. Vasseur. — Réponse à M. Dufour 63
A. DE ZiGNo. Sur les Siréniens fossiles de Tltalie 66
G. CoTTEAU. — Obson'ations sur les fossiles des terrains tertiaires
moyens de la Corse et notamment sur les Échinides 74
G. DE Mortillet. — Critique du Chronomètre de Ponhouët (Loiro-lnfô-
rieuro) 76
G. Vasseur. — Nouveau gisement fossilifère de Tàgo du Calcaire gros-
sier découvert à Bois-Gouct, près SafTré (Loire-Infôriourc) ... 81
4i II. 4 881. 46
7iO TABLE GÉNÉRALE DES AliTlCLES.
Pagaf.
Terquem. — Note sur les genres Daciylopora, Polylripa, etc. 83
S. Cloëz. — Note sur une matière minérale d'apparence vitreuse qui se
dépose sur les rochers du littoral de la Méditerranée 84
CoQUAND. — Description des terrains à Pétrole et à Ozokérite du versant
septentrional du Caucase 86
Le Trésorier. — Budget pour Tannée \ 877-78 4 00
G. DoLLFus. — Présentation d'une Notice sur la constitution géologique
de la montagne de Berru par MM. Aumônier et Eck 402
G. DoLLFUs. — Sur le Terebripova capillaris 4 03
ToRCAPEL. — Note sur la Géologie de la ligne d'Alais au Pouzin 40i
HÉBERT. — Quelques remarques sur les gisements do la Terebratula
Janitor 108
DiEULAFAiT. — Étude sur les étages compris entre Tliorizon de V Ammo-
nites transversal' ius et le Ptérocéricn en France et en Suisse. . Mi
De Lapparent. — Sur le Granité du Mont-Saint-Michel et sur Tâge du
granité de Vire 4 43
Tardy. — L'âge des civilisations d'après les alluvions de la Saône. ... 4 48
ÀLB. Gaudry. — Sur les enchaînements des Mammifères tertiaires. 454
G. DoLLFLS. — Présentation du 4**' fascicule d'une Description de la
faune de l'Oligocène inférieur de Belgique par M. Rulot 454
A. Michel-Lévy. — Note sur quelques Ophites des Pyrénées 456
VÉLAiN. — Sur des roches du massif volcanique de l'Ile de la Réunion. 478
Ch. Barrois. — Sur un filon de Gabbro de la presqu*11e de Crozon. . , 4 78
L. Garez. — Sur la présence de fossiles marins dans les sables de Riliy- *
ia-Montagne 4 79
L. Garez. — Sur l'extension des marnes marines do l'étage du Gypse
dans l'Est du bassin de Paris 483
De Roys. — Rapport de la Gommission de Gomplabilité sur les comptes
du Trésorier pour l'exercice 4 876-77 4 90
Daubrée. — Recherches expérimentales sur les surfaces de rupture qui
traversent l'écorce terrestre, particulièrement sur les failles et
les joints 495
P. Fischer. — Sur dos coquilles fossiles probablement quaternaires
recueillies par M. L. Say à Temacinin (Sahara) 496
VÉLAiN. — Observations sur la communication précédente 497
M. DE Tribolet. — Note sur des traces de l'époque glaciaire en Bretagne. 4 98
N. DE Mercey. — Note sur la détermination de la position du Galcairo
lacustre do Mortemor entre les Sables de Bracheux et les
Lignilos, et sur les Sables marins do la rive droite de l'Oise
compris entre les Ligniles et les Sables de Guise 198
N. de Mlrcey. — Note sur. la formation du limon glaciaire du départe-
ment de la Somme par le remaniement des sables gras ou
TABLE GI^mLRALE DES ARTICLES. 721
Pages.
alluvions de rive des AUuvions ancienne 20 <
Ed. Jannettaz. — Noie sur la propagation de la chaleur dans les espèces
minérales à texture fibreuse 203
H. Arnaud. — Parallélisme do la Craie supérieure dans le nord et dans
le sud-ouost de la France 205
Terquem. — Sur les classifications proposées pour les Foraminifères. . . 2H
G. DoLLFUS. — Obser\'ations sur la communication précédente 212
PoMEL. — Sur un gisement d*Hipparion près d'Oran 243
TouRNOuËR. — Observations sur la communication précédente 216
PoyEL. — Géologie de la Petite Syrtc et de la région des Chotts tuni-
siens 217
TouRNOuËR. — Observations sur la communication précédente 224
MoRiÈRE. — Note sur le grès de Bagnoles (Orne) 225
De Tromelin. — Existence de la formation laurentienne aux Iles Saint-
Pierre et Miquelon 232
II. Arnaud. — Synchronisme de Tétage turonien dans le sud-ouest et
dans le midi de la France 233
G. DoLLFUS et G. Vasseur. — Coupe géologique du chemin de fer do
Méry-sur-Oise entre Yalmondois et Bessancourt (Scine-ot-Oisc).
1" partie : Description des couches rencontrées (PI 11) 243
G. DoLLFus. — Id, 20 partie : Comparaisons et classification 267
TouRNOuËR. — Découverte de dents d'Hipparion dans la formation ter-
tiaire supérieure d'eau douce do la province do Constantine. . 305
De Raincourt. — Découverte d'un Reptile dans le Lias d'Échenoz.. . . 307
Alb. Gaudry. — Sur VEarysaurut Raincourti 307
VmLET-D*AousT. — Observations sur le système des montagnes d'Ana-
huac ou de l'Amérique centrale, sur la grande chaîne volca-
nique Guatémalienne, sur les volcans do l'Amérique du Nord,
sur l'origine des volcans 307
Alb. Gaudry. — Ossements quaternaires recueillis par M. Loustau dans
une sablière entre Yalmondois et l'Isle-Adam 310
ToMBECK. — Réponse aux observations de M. Buvignier 310
Pellat. — Observations sur la communication précédente 312
Ph. de La Harpe. — Note sur les Nummulites des environs de Nice et
de Menton 313
Hébert. — Observations sur la communication précédente 314
A. de Grossouvre. — Note sur un nouveau gisement de phosphate de
chaux 315
Hébert. — Remarques sur (piclquos fossiles de la craio du nord de
l'Europe, à l'occasion du mémoire de M. Peron sur la faune
des calcaires à Échinidos de Rennes-les-Bains 3 H
Daubrée. — Mesure prise par l'Académie des Sciences dans l'intérêt
722 TABLE GÉM^RALE DES ARTICLES.
Pages.
(lo la conservation dos blocB erratiques situés sur le territoire
français 326
CoQUAND. — Observations sur la note de M. Peron sur les calcaires à
Échinidos do Rennes-les-Bains 326
CoQUAND. — Sur les terrain} tertiaires et tracby tiques de la vallée de
l'Arta (Turquie d'Europe) 337
CoQUAND.. — Note géologique sur les environs do Pandemia (Asie-
Mineure) 347
Daubrée. — Expériences tendant à imiter les diverses formes de
ploiements, de contoumements et de fractures que présentent
les terrains stratifiés 337
P. Choffat. — Sur le Callovien et lOxfordien dans le Jura (PI. III). . . 358
Fr. Cuvier. — Note sur la stratigraphie de l'extrémité du Jura et des
montagnes qui lui font suite en Savoie, aux environs du Fort-
l'Écluse 364
Blandet. — Chronologie des Excentricités 371
Papier. — Sur le gisement précis de VHippopoiamus Hipponensis 389
Daubrée. — Sur les traits do ressemblance entre les incrustations zéo-
lithiques et siliceuses formées par les sources thermales à
répoque actuelle et celles qu'on observe dans les roches
amygdaloïdes et autres roches volcaniques décomposées. . . . 391
Jannettaz. — Sur des argiles et des minerais de fer de la Guyanne
française 392
P. Fischer. — Présentation de la Paléontologie des terrains tertiaires de
rilo de Rhodes 393
MuNiER-CnALMAS. — Sur le Cidaris Forchammeri, Desor 393
De Lacvivier. — Note sur le terrain turonien du département de rAriègo . 394
Tardy. — Essai sur l'âge des silex taillés de Saint-Acheul et sur la
classification do l'époque quaternaire 401
Tardy. — Essai sur les oscillations des époques miocène, plioc^^ne et
quaternaire 416
Potier. — Sur la composition de quelques roches éruptives des environs
de Frcjus 430
TouRNouËR. — Allocution présidentielle 431
P. Fischer. — Note sur la vie et les travaux d'Alcide d'Orbigny 434
J. GossELET. — Notice nécrologique sur Jean- Baptiste-Julien d'Oma-
lius d'Ualloy 453
FoNTANNEs. — Los terrains néogènes du plateau de Cucuron (Vaucluso),
(Cadenet, Cabrières-d'Aigucs) (PI. IV) 469
FoNTANNES. — Description de quelques espèces et variétés nouvelles des
terrains ncogènes du plateau de Cucuron (PI. V et VI) 513
Barrois. — Sur le terrain crétacé de la province d'Oviedo (Espagne) . . 530
TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 723
Pages.
CoTTEAU. — Sur les Échinidos recueillis en Espagne par M. Barrois. . 531
H. IIermite. — Étude préliminaire du terrain silurien dos environs d'An-
gers 534
H. HbRMiTfi. — Sur la présence du silurion supérieur à La Moignanno,
près d'Angers (Mainc-ot-Loiro) 544
LoRY. — Sur Tuniformilé de constitution et de structure de divers
massifs primitifs dos Alpes 546
GossELET. — Sur la submersion du nord de la Franco par les eaux de
la mer vers la fin du IIP siècle 547
P. Fischer et Pomel. — Sur des Strombes recuueillis dans un dépôt qua-
ternaire du rivage du golfe d'Arzou 648
Daubrée. — Expériences relatives à la chaleur développée dans les
roches par les actions mécaniques, particulièrement dans les
argilos. Consé(iuences pour certains phénomènes géologiques
notamment pour le métamoqihisme (PI. Vil) 550
Parran — Sur les Dolomies jurassiques dos Ccvennos 564
Cornet. — Sur la découverte d'ossements dans un puits naturel du bassin
houiiler de Mons 565
CoTTEAu. — Sur les Échinides do la colonie garumnienno 566
DouviLLÉ. — Note sur le Bathonien des environs do Toul ot de Neufchâ-
toau 568
A. CoROELLA. — Note sur les mines du Laurium et sur les nouveaux
gîtes do minerai de zinc (Smithsonito) 577
LousTAU et Belhomme. — Note sur un sondage exécuté à Monsoult
(Soino-et-Oise) 581
G. DoLLFUs. — Observations sur lo sondage précédent (PI. VIII) 583
Bonneau du Mahtray. — Note sur un bloc erratique situé dans la vallée
de la Dragne, près do Moulins-Engilbort [Nièvre) à t kilomè-
tres environ de la faille occidentale du Morvan 598
ToncAPEL. — Los glaciers quaternaires dos Cévennes JPl. IX) 600
Daubrée. — Expériences sur la production do déformations et de cas-
sures par glissement 608
Potier. — Sur la direction dos cassures dans les corps isotropes 609
Hébert ot Munier-Ciialmas. — Recherches sur les terrains tertiaires du
Viccntin (Résumé de la 4 ^'^ partie). 610
R. Zkiller. — Sur une nouvelle espèce do Dicranophyllum (PI. X) 6H
Levmerie. — Observations sur le mémoire de M. Peron sur les calcaires
à Échinidos dos Bains de Rennes 616
Peron. — Réponse aux observations de M. Leymorie 616
CoTTEAU. — Sur l'Exposition géologique et paléontologiquo du Havre.. 618
TouRNouËR. — Sur les ('frites des marnes k Hipparion du puits Kharoubi
près Oran 618
7i4 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES.
Pages.
TouRNouËR. — Sur los coquilles marines trouvées dans la région des
Cholts sahariens 649
HÉBERT et Munier-Ghalmas. — Recherches sur les terrains tertiaires du
Vicentin (Résumé de la 2* partie) 619
Em. Rivière. — Note sur la grotte de Grimaldi 624
H. E. Sauvage. — Note sur les Poissons fossiles (suite) (PI. XI-XIII). . 623
Tardy. — Sur la limite entre le Crétacé et le Tertiaire aux environs de
Vitrolles (Bouches-du- Rhône) 637
Ch. Vélain. — Procès-verbal de la réunion extraordinaire à Paris. ... 644
Ed. Jannettaz. — Compte-rendu de la Fôte d'inauguration du monu-
ment élevé à la mémoire de Jacques Balmat 645
Ch. Vélain. — Compte-rendu de Texcursion à Meudon 654
Cope. — Sur les analogies de la faune du Nouveau Mexique avec celle
du Suessonien 661
TouRNOuËR. — Compte-rendu de l'excursion à Étampes 663
De Lapparent. — Compte-rendu de l'excursion dans le pays de Bray. . 675
De Mercey. — Compte-rendu de Texcursion à Maignelay (PI. XIV) .... 679
Ch. Vélain. — Excursion de la Frette à Sannois 687
DouviLLÉ. — Compte-rendu de TExcursion de Vernon (4'"» partie) 694
De Chancourtois. — Compte-rendu de Texcursion de Vernon (2® partie) . 697
De Chancourtois. — Sur les alignements géologiques relevés dans les
environs de Vernon 703
DouviLLÉ. — Résumé de la question des Sables dits éruptifs 706
Ch. Vélain. — Excursion à Cuise-la-Motte 74 4
FIN DE LA table GENERALE DES ARTICLES.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANGE
TABLE
DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
POUR LE SIXIEME VOLUME
(troisième série)
Année 1999-1^99
Actions mécaniques. Expériences rela-
tives à la chaleur développée dans
les roches par les — , particulièrement
sur les argiles. Conséquences pour
certains phénomènes géologiques, no-
tamment pour le métamorpnisme, par
M. Daubroe (PI. VII). 550.
Àlais, Note sur la géologie do la ligne
d' — au Pouzin par M. Torcapel, 104.
Algérie. Remarques de M. P. Fischer
sur des Strombes recueillis par M. Po-
rael en — ; Observations de ce der-
nier sur leur gisement, 518.
Alignements géologiques. Sur les — re-
levés dans les environs de Vernon,
par M. do Chancourtois, 703.
AUuvions, Observations de H. Félix Ro-
bert sur les — marines du bassin du
Puy, 48. = L'âge des civilisations
d'après les— de la Saône. par M.Tardy,
148.
Alpes. Profils géologiques de divers
massifs des — , tendant h démcmtrer
leur uniformité de constitution et do
structure, par M. Lory, 516.
Am'Jrique du Nord. Sur' les volcans do
r— , par M. Virlct d'Aoust, 307.
Anahuac. Observations de M. Virlet
d'Aoust sur le système de montagnes
d* — ou de l'Amérique centrale, 'Ml.
Anaers (Environs d'). Etude préliminaire
au terrain silurien des — , par M. H.
Hermite, 531. = Sur la présence du
silurien supérieur à La Meignannc
près — , par M. H. Hermite, 514.
Argiles. Composition chimique d' — delà
(Guyane française, par M. Ed. Jannettaz,
392.=Expôrjences relatives àla chaleur,
développée dans les roches par les
actions mécaniques, particulièrement
dans les — . Conséquences pour cer-
tains phénomènes géologiques, no-
tamment pour le métamorphisme, par
M. Daubrée IPI. Vil), 550,
Ariège (Département de 1'). Note sur le
terrain turonien du — , par M. de Lac-
vivier, 394.
Arnaud (H.). Parallélisme de la craie
supérieure dans le Nord et le Sud-
Ouest de la France. 205. = Svnchro-
nisme de l'étage turonien dans le
Sud-Ouest et dans le Midi par /(f. Obs.
de M. Munier-Chalmas, 2.')3.
Arta (Vallée de 1') (Turquie d'Europe).
Sur les terrains tertiaires et trachy-
tiques de la—, par M. Coquand, 337.
Arlhon-Chém^ré (Koinvinféricure). Exa-
men des ilénAts éocènes d' — , par
M. Dufour (PI. I), 52.
726
TABLE DES MATIERES.
B
Bagnoles (Orne). Sur le grés de—, par
M. Morière, 225.
Balmàt (Jac(|ucs). Compte-rendu par
M. Ed. Jannettaz de la fête d'inaugu-
ration du monument élevé à la mé-
moire de — , 645.
Barrois (Ch.i. Sur un filon de Gabbro
ftrach^-doléritej intercalé dans les
grès siluriens à Scolithu^ de la pres-
qu'île deCrozon (falaise de la Mort-
Anglaise) (Finistère), 178. = Sur le
terrain crétacé de la province d'Oviédo
(Espagne). Obs. de MM. Lory et Ley-
raerie, 530. = Observations de M. Cot-
teau sur les Échinides recueillis par
M. Barrois, 531.
Bassin houiUer. Sur des ossements dé-
couverts dans le — de Mons, par
M. Cornet. Obs. de M. Alb. Gaudry,
56.^.
Bathonien. Note sur le— des environs
de Toul et de Neufchàteau, par M. H.
Douvillé, 5G8.
Bfc-Rouae (Montagne du) (Savoie). Sur
réboufement de la— , par M. L. Borrel,
47.
Belgique. Présentation, par M. G. DoUfus,
du 1" fascicule de la description de
la Faune de l'Oligocène inférieur de — ,
par M. Rutot, 154.
Belhomuf. et LousTAU. Note sur un son-
dage exécuté à Montsoult (Seine-et-
Oise). 581.
Benoit. Observations, 39.
Berru (Montagne de). Notice sur la
constitution géologique de la—, par
MM. Aumônier et Eck, 102.
Blandet. Chronologie des [Excentricités,
371. -
Blocs erratiques. Mesure prise par l'Aca-
démie des sciences pour la conserva-
tion des — situés sur le territoire fran-
çais, par M. Daubrée, 326. = Note sur
un — situé dans la vallée de la Dragne,
près Moulins-Engilbert (Nièvre), à 2 ki-
mètres environ de la faille occiden-
tale du Morvan, par M. Bonneau du
Marlray. 598.
Bois-Gonët, près Saffré (Loire-Inferieure).
Nouveau gisement fossilifère décou-
vert au—, par M. G. Vasseur, 81.
Bo'NEAU DU Martray. — Notc sur un
bloc erratique situé dans la vallée de
la Dragne, près de Moulins-Engilbert
(Nièvre), à a kilomètres environ delà
faille occidentale du Morvan. 598.
BoRRKL (L.). Sur l'éboulement de la mon-
tagne du Boc-Rouge (Savoie), 47.
Bray (Pays de—). Compte-rendu, par
M. de Lapparent, de l'excursion dans
le — . Observations de M. Pellat, 675.
Bretagne. Sur des traces de l'époque
glaciaire en — , par M. Maurice de Tri-
bolet, 198.
Budget pour l'année 1877-78, 100.
Bureau pour l'année 1877-78, 194.
BuviGNiER. Observations au sujet d'une
note de M. Tombeck sur la position
vraie de la zone à Ammonites tenui-
lobatus dans la Haute-Marne et ail-
leurs, 13. = Observations, 40. = Ré-
ponse de M. Tombeck aux observa-
tions de M. Buvignier, 310.
G
Calcaire lacustre. Note sur la détcrrai-
tion de la position du — de Mortemer
entre les Sables de Bracheux et les
lignites, par M. N. de Mercey, 198.
Calcaires à Ëchinides. Observations de
M. Coquand sur la note de M. Peron
sur les — de Rennes-les-Bains, 326.
= Id. de M. Leymerie; réponse de
Peron, 616.
Callovicn. Sur le— dans le Jura, par
M. P. CholTat [V\. Illi, 358.
Carez (Léon). Sur la présence de fossiles
marins dans les sables de Rilly-la-
Monlagne, 179. = Sur l'extension des
marnes marines de l'étage du Gypse
dans l'Est du bassin de Paris, 183. =
Observ., 687.
Cassures et (K'formations par glissement.
Expériences sur la production de — ,
par M. Daubrée, 326. = Sur la direc-
tion des — dans les corps isotropes,
par M. Potier, 609.
Caucase. Description des terrains à Pé-
trole et à Ozokérite du versant sep-
tentrional du — , par M. Coquand, 86.
Cériihes. Sur les— des marnes à Hippa-
rion du puits de Kharoubi près Oran,
par M. Tournouër, 618.
Cevennes. Sur les Dolomies jurassiques
des — , par M. Parran, 564. = Les pla-
ciers quaternaires des—, par M. Tor-
capel (PL IX). 600.
Chaîne volcanique. Observations sur la
grande — guatémalienne, par M. Virlet
d'Aousl. 307.
Chaleur. Note sur la propagation de
TABLt UES MATIËUE3.
727
lu — dans les espèces minérales à
texture fibreuse, par M. Ed. Jannettaz,
203. = Expériences relatives à la —
développée dans les roches par les
actions mécaniques, particulièrement
dans les argiles. Conséquences poor
certains phénomènes géologiques, no-
tamment pour le métamorphisme, par
M. Daubrée (PI. VII), 550.
Champ-Pancaud en Campbon (Loire-In-
férieure). Réponse de M. Dufour à
M. Yasseur au sujet de l'âge des dé-
pôts éocènes de — . Obs. de M. Hébert,
50. = Réponse de M. Vasseur à M. Du-
four, 63.
Gha>xourtois (de). Observations. 142.
= Compte-rendu d'une excursion à
Vernon (2« partie), p. 697. = Sur les
alignements géologiques relevés dans
les environs de Vernon, 703. = Obs.,
700.
Choffat (P.). Sur le Callovien et l'Ox-
fordien dans le Jura (PI. 111), 358.
Chotts sahariens. Sur les coquilles ma-
rines trouvées dans la légion des — ,
par M. TournouOr, 619.
Chotta tunisiens. Giologie des — , par
M. Pomel. Obs. de M. Tournouër, 217.
Chronologie des Excentricités , par
M. Bian<let, 371.
Chronomètre. Critique du — de PenhouOt
(Loire-lnférieurej, par M. G. de Mor-
tiliet, 76.
Cidaris Forchhammeri, Desor, Sur le — ,
par M. Munier-Chalmas, 393.
Civilisations. L'âge des — d'après les
alluvions de la Saône, par M. Tardy,
148.
Classification. Essai sur la — de l'époque
quaternaire, par M. Tardy, 401.
Glokz (S.). Note sur une matière miné-
rale d'apparence vitreuse qui se dé-
6 ose sur les roches du littoral de la
éditerranée. Obs. de MM. Vélain, Do-
lesse. Pomel, Potier, de Mortillet et
Jannettaz, 85.
Commissions pour l'année 1877-78, 194.
Commission de Comptabilité'. Rapport
de la — sur les Comptes du Trésorier
{)ûur l'exercice 1876-77, par M. de
loys. 190.
Composition chimique. Sur la — d'argiles
et de minerais de fer de la Guyane
Française, par M. Ed. Jannettaz, 392.
= Sur la — de quelques roches érup-
tives des environs de Fréjus. par
M. Potier, 430
Comptes. Rapport de la Commission de
Comptabilité sur les — du Trésorier
pour l'exercice 1876-77, par M. de
Roys, 190.
Consiantine. Sur la découverte de dents
d'Hipparion dans la formation ter-
tiaire supérieure d'eau douce de la pro-
vince de — , par M. Tournouôr, 305.
Contournem>ents. Expériences tendant à
imiter les diverses formes de — que
& résentent les terrains stratifiés, par
. Daubrée. Obs. de M. Parran, 357.
CoPE (Prof.). Observations, 661.
CoQUA.ND. Description des terrains à Pé-
trole et Ozokérite du versant septen-
trional du Caucase, 86. = Observa-
tions sur la note de M. Perôn sur les
calcaires à Echinides de Rennes-les-
Bains, 326. = Sur les terrains ter-
tiaires et trachyliques de la vallée de
l'Arta (Turquie d'Europe), 337. = Note
géologique sur les environs de Pan-
derma (Asie-Mineure), 347.
Coquilles marines. Sur les — trouvées
dans la région des Chotts sahariens,
par M. Tournouër, 619.
CoRDRLLA (A.). Note sur les mines du
Laurium et sur les nouveaux gîtes de
minerais de zinc (Smithsonite), 577.
Cornet. Découverte d'ossements dans
un puits naturel du bassin houillcr
de Mons. Obs. de M. Alb. Gaudry,565.
Corps isotropes. Sur la direction des
cassures dans les — , par M. Potier,
609.
Corse. Observations sur les fossiles des
terrains tertiaires moyens de la —
et notamment sur les Echinides, par
M. G. Cotteau. 71.
CoTTFUu (G.). Observations sur les fos-
siles des terrains tertiaires moyens
de la Corse et notamment sur les
Echinides, 71. = Observations sur les
Echinides recueillis par M. Barrois
dans le terrain crétacé de la province
d'Oviédo (Espagne), 531. = Sur les
Echinides de la colonie garumnionne,
567. = Sur l'exposition géologique et
paléontologique du Havre. 618.
Craie supérieure. V. Terrain crétacé.
Crimée. Note sur la géologie de la — ,
par M. Em. Favre, 19.
Croson (Presqu'île de) (Finistère). Sur
un filon de Gabbro (trachy-dolérito)
intercalé dans le gneiss silurien à
Scolithus do la — ( falaise de la
Mort-Anglaise), par M. Ch. Barrois,
178.
Cucuron (Plateau de). Les terrains néo-
gènes du— (Cadenet, Cabrières d'Ai-
guës), par M. Fontannes (PI. IV), 469.
=: Description de quelques esiȏces el
variétés nouvelles des terrains pré-
cités, par id. (PI. V et VI). Obs. de
M. Tournouer. 513.
Cuise-la-Motte. Compte-rendu de l'ex-
cursion à — . par M. Ch. Vélain, 711.
Clvier (Fr.). Note sur la stratigraphie
de l'extrémité Sud du Jura et des
montagnes qui lui font suite en Savoie,
aux environs de Fort-l'Ecluse, 361.
728
TABLE D&A MATIEHES.
D
Ddclylopora. Sur le genre—, par M. Ter-
quoni, 83.
DàUBRie. Présentation des Considéra-
tions géologiques de M. Tchihatchef
sur les Iles océaniques. 17. = Obser-
vations, 39. = Résultats des recher-
ches expérimentales sur les surfaces
de rupture qui traversent l'écorce ter-
restre, particulièrement sur les failles
et les joints. Obs. de MM. Hébert, de
Lapparent et Labat. 195. = Obs. 232,
316. = Mesure prise par l'Acadé-
mie des sciences pour la conserva-
tion des blocs erratiques situés sur
le territoire français. 326. = Expé-
riences tendant à imiter les diverses
formes de ploiements, de contourne-
ments et de fractures que présentent
les terrains stratifiés. Oos. de M. Par-
ran, 357. = Sur les traits de ressem-
blance entre les incrustations zéolithi-
ques et siliceuses formées par les
sources thermales à l'époque actuelle,
et celles qu'on observe dans les ro-
ches amygdaloïdes et autres roches
volcaniques décomposées, 391. :=Ex-
Î)ôriences relatives à la chaleur déve-
oppée dans les roches par les actions
mécaniques, particulici*ement dans les
argiles. Conséquences pour certains
phénomènes géologiques, notamment
pour le métapnormisme (PI. VII), 550.
= Expéi iences sur la production de
déformations et de cassures par glis-
sement, 608.
Déformations et cassures par glisse-
ment. Expériences sur la production
de—, par M. Daubrôe, 608.
Dblesse. Observations, 86.
Dicranophyllum. Sur une nouvelle espèce
de—, par M. R. Zeiller (PI. X), 611.
DiEULAFAiT. Etudes sur les étagt^s com-
pris entre l'horizon de ÏÀmmonites
transversarius et le Ptérocérien, en
France et en Suisse. Obs. de MM. de
Lapparent et de Chancourtois, 111.
DoLLFUS (G.). Présentation d'une notice
sur la Constitution géologique de la
montagne de Berru, par MM. Aumô-
nier et Eck, et de la description du
Terebripora eapillaris, 102. = Id, du
l* fascicule d une Description de la
faune de l'Oligocène inférieur de la
Belgique, par M. Rutot, 154. = Obser-
vations au sujet de la communication
de M. Terquem sur les classitications
proposées pour lesForaminifères, 212.
= Coupe géologique du chemin de
fer de Méry-sur-Oise, entre Valmon-
dois et Bessancourl (Seine>et-Oise) ;
2« partie : Comparaison et classiûca-
tion, 269. = Observations sur le son-
dage de Monsoult (PI. VIII), 583.
DoLLPus (G.) et Vàssbur. Coupe géolo-
gique du chemin de fer de Méry-sur-
Oise), U* partie : Description des cou-
ches rencontrées. Obs. de M. Pellat
(PI. II), 243.
Dolomies, Sur les — jurassiques des Ce-
vennes, par M. Parran, 561.
Douvii.LÉ (H.). Note sur le Bathonien
des environs de Toul et de Neufchâ-
teau, 568. = Compte-rendu d'une ex-
cursion à Vernon (I" partie), 694. —
Résumé de l'état de la question des
sables dits éruptifs. Obs. de MM. Tour-
nouër, Rencvier, de Chancourtois et
Fontannes, 706.
Dragne (Vallée de la), près Moulins-En-
gilbert (Nièvre). Note sur un bloc er-
ratique situé dans la — , à 2 kilomè-
tres environ de la faille occidentale
du Morvan, par M. Bonneau du Mar-
tray, 598.
DuFouR. Réponse à M. Vasseur au sujet
de l'âge des dépôts éocènes du Ghamp-
Pancaud en Campbon (Loire-Infé-
rieure). Obs. de M. Hébert, 50. =
Examen des dépôts éocènes d'Arthon-
Chéméré (Loire-Inférieure) (PI. I). 2.
= Réponse de M. Vasseur à M. Du-
four, 63.
E
Eboulement. Sur 1* — do la montagne du
Bec-Rouge (Savoie), par M. L. Borrel,
47.
Echenox (Haute-Saône). Sur la décou-
verte d'un fragment de Reptile dans
le lias de—, par M. de Raincourt.
Obs. de M. Pellat, 307.
Echinidcs. Observations sur les fossiles
des terrains tertiaires moyens de la
Corse et notamment sur les — , par
M. G. Cotteau, 71. = Sur les — de la
colonie garumnienne, par idf., 567.
Ecorce terrestre. Résultats de recher-
ches expérimentales sur les surfaces
de rupture qui traversent ï — , parti-
culièrement sur les failles et les joints,
par .M. Daubrée. Obs. de MM. Hébert.
de Lapparent et Labat, 195.
TABLE DES MATIERES.
729
Enchaînements Sur les — dos Mammi-
fères tertiaires, par M. Albert Gaudry,
151.
Éocène. Réponse à M. Vasseur au sujet
de l'âge des dépôts éocènes du Champ-
PancaudeoCamphon (Loire-Inférieure),
par M. Dufour. Obs. de M. Hébert, 50.
= Examen des dépôts éocènes d'Ar-
thon-Chéméré (Loire-Inférieure), par
M. Dufour (PI. Ij, 32. = Réponse de
M. Vasseur à M. Dufour. 63.
Époque glaciaire. Sur des traces de 1' —
en Bretagne, par M. Maurice de Tri-
bolet, 198.
Époque miocène. Essai sur les oscilla-
lions de r— par M. Tardy, 416.
Époque pliocène. Essai sur' les oscilla-
tions ae r — , par M. Tardy. 416.
Époque quaternaire. Essai sur la classi-
fication de r— , par M. Tardy, 401. =
Essai sur les oscillations de 1' — , par
tU, 416.
Espèces minérales. Note sur la propaga-
tion de la chaleur dans les — a texture
, fibreuse, par M. Ëd. Jannettaz, 203.
Ètampes, Compte-rendu de l'excursion
à — , par M. Tournouër. Obs. de MM. Ma-
theron et Renevier, 663.
Europe. Remarques de M. Hébert sur
quelques fossiles de la Craie du Nord
de r — , à l'occasion du mémoire de
M. Peron sur la faune des calcaires à
Échinides de Rennes-les-Bains, 317.
Eurysaurus Rainconrti. Sur 1' — , par
M. Alb. Gaudry, 307.
Expontion géologique et paléorUologique
au Havre. Sur f— , par M. Coiteau,
618.
F
Failles. Recherches expérimentales, par
M. Daubrée sur les surfaces de rup-
ture qui traversent l'écorce terrestre
et pnncipalement sur les— et les
joints. Obs. de MM. Hébert, de Lap-
parent et Labat, 195.
Faune, Présentation, par M. G. Dollfas,
du l**" fascicule de la description de
la — oligocène inférieure de la Belgique,
par M. Rutot, 154.
Favre (Ern.j. Note sur la géologie de
la Crimée, 19.
Fischer (P.). Sur des coquilles fossi-
lisées^ probablement quaternaires, re-
cueillies par M. L. Say à Temacinin
(Sahara). Obs. de M. Vélain, 196. =
Présentation de la Paléontologie des
terrains tertiaires de l'Ile de Rliodes,
393. = Notice sur la vie et les travaux
d'Alcide d'Orbigny, 431. = Sur des
Strombes recueillis par M. Pomel en
Algérie. Obs. de ce dernier sur leur
gisement, 548.
FoifTAirriES. Les terrains néogènes du
plateau de Cucuron (Vaucluse) (Cade-
net; Cabrières-d'Aigues) (PI, IV). 469.
^ Description de quelques espèces
et variétés nouvelles des terrains pré-
cités (PI. V et VI). Obs. de M. Tour-
Douâr, 513. = Obs. 710.
Foraminifères. Sur les classifications
proposées des—, par M. Terquem.
Obs.de M. Dolifus, 211.
Formation laurenticnne. Sur l'existence
de la— aux Iles Saint-Pierre et Mi-
auelon. par M. de Tromelin. Obs. de
[M. Munier-Chalmas, Daubrée, Po-
roel et Alb. Gaudry, 232.
For t-l Ecluse, Note sur la stratigraphie
de l'extrémité sud du Jura et des mon-
tagnes qui lui font suite en Savoie I
aux environs du — , par M. Fr. Cuvicr,
361.
Fossiles, Sur les — des terrains ter-
tiaires moyens de la Corse et notam-
ment sur les Échinides, par M. G. Cot-
teau, 71. = Sur la présence de —
marins dans les sables de Rilly-la-
Montagne, par M. L. Carez, 179. =
Sur des coquilles fossilisées, proba-
blement quaternaires, recueillies par
M. L. Say. à Temacinin (Sahara), par
M. P. Fischer. Obs, de M. Vélain, 196.
= Remarques de M. Hébert sur quel-
ques fossiles de la Craie du Nord de
1 Europe, à l'occasion du mémoire do
M. Peron sur la faune des calcaires à
Échinides de Rennes-les-Bains, 317.
= Description de quelques espèces et
variétés nouvelles des terrains néo-
gènes du plateau de Cucuron (Vau-
cluse), par M. Fontannes (PI. V et VD.
Obs. de M Tournouër, 513.
Fractures. Expériences tendant à imiter
les diverses formes de — que présen-
tent les terrains stratifiés, par M. Dau-
brée. Obs. de M. Parran, 357.
France. Parallélisme de la Craie supé-
rieure dans le Nord et le Sud-Ouest
de la — , par M. H. Arnaud, 205. =
Etude sur les étages compris entre
l'horizon de V Ammonites transversa-
rius et le Plôrocérien en — et en Suisse,
par M. Dieulafait. Obs. de MM. de Lap-
parent et de Chancourlois, 111. =
Synchronisme de l'étage turonien dans
le' Sud-Ouest et dans le Midi de la
France, par M. H. Arnaud. Obs. de
M. Munier-Chalmas, 233. := Mesure
prise par l'Académie des sciences pour
la conservation des blocs erratiques
situés sur le territoire français, par
730
TABLE DES MATlEaES.
M. Daubrée, 326. = Sur la submersion
du Nord de la — par les eaux marines
vers la fin du in« siècle, par M. Gos-
selet, 547.
Fréjus. Sur la composition de quelques
roches éruptives des environs de — ,
par M. Potier, 430.
G
Gabbro, Sur un filon de — (Irachy-do- i
l6rite) intercalé dans le grès silurien
à scolithus de la presqu'île de Grozon
(falaise do la Mort-Anglaise) (Finis-
tère), par M. Ch. Barrois, 178.
Garummen. Sur les Échinides de la co-
lonie du — , par M. G. Cotteau, 567.
Gàudry (Albert). Sur les enchaînements
des Mammifères tertiaires. 151. =
Obs. 232. = Sur VEurysaurus Rain-
courti, 307. = Sur des ossements
quaternaires recueillis par M. Lous-
tau dans une sablière entre Valmon-
dois et risle-Adam ; Obs. de Munier-
Chalmas, 310. = Id., 391.
Géologie. Présentation, par M. Daubrée,
des Considérations géologiques de
M. de Tchihatchcf sur les Iles océani-
ques, 17. = Note sur la — de la Cri-
mée, par M. Ern. Favre, 19. = Consti-
tution géologique de la montagne de
Berru, par BÎM. Aumônier et Eck, 102.
•= Note sur la — de la liçne d'Alais
au Pouzin, par M. Torcapcl. Obs. de
M. Parran, 101. = —de la Petite Syrie
et de la région des chotts tunisiens,
par M. Pomel. Obs. de M. Tournoudr,
217. = Note géologique sur les en-
virons de Panderma (Asie-Mineure),
par H. Coquand, 317
Gisement fosnlifère. Nouveau — de l'âge
du Calcaire grossier découvert au
Bois-Gou6t, Drès Saflré (Loire-Infé-
rieure), par M. G. Yasseur, 81. =
Quelques remarques sur les gisements
de la Terebratula janitor, par M. Hé-
bert, 108. = Sur le gisement précis
de ÏHippotamus hipponensis. par
M. Papier. Obs. de M. Alb. Gaudry.
389.
Glaciers. Les — quaternaires des Cé-
vennes, par M. Torcapel (PI. II), 600.
GossELET (J.). Notice nécrolo^que sur
Jean-Baptiste-Julien d'Omahus d'Haï-
loy, 453. = Sur la submersion du
Nord de la Franco par les eaux ma-
rines vers la fin du iii« siècle. 547.
Granité, Sur le — du Mont Saint-Michel
et sur l'âge du— de Vire, par M. Alb.
de Lapparent. 143.
Grès, Note sur les— de Bagnoles (Orne),
par M. Morière. 225.
Grimaldi. Note sur la grotte do — . par
M. Rivière. Obs. de M. Tournoaer
621.
Grossouvre (de). Note sur un nou-
veau gisement de phosphate de chaux.
Obs. de M. Daubrée. 315.
Grotte, No(e sur la — de Grimaldi, par
M. Ém. Rivière. Obs. de M. Tournouêr,
621.
Guatemala Observations sur la grande
chaîne volcanique guatémalienne, par
M. Virlet d'Aousl, 307.
H
Udvre (Le). Sur l'exposition géologique et
paléontologique du — , par M. Cotteau,
618.
HÉBERT. Obvservations, 51. = Quelques
remarques sur les gisements de la
Terebratula janitor, 108. = Observa-
tions, 177. — Id., 196. = Observa-
tions au sujet d'une note de M. Ph. de
La Harpe sur les Nummuliles des en-
virons de Nice el de Menton, 314. =
Remarques sur quelques fossiles de
la Craie du Nord do l'Europe, à l'oc-
casion du mémoire de M. Peron sur
la faune des calcaires à Ëchinidcs de
Rennes -les-Bains, 317.
HÉBERT et Mumer-Chalmas. Recherches
sur les terrains tertiaires du Vicenliu.
610 et 619.
Hermite (Henri). Ëtude préliminaire du
terrain silurien des environs d'Angers,
531. = Sur la présence du Silurien
supérieur à La Meignanue, près An-
gers. 541.
Ilipparion. Sur un gisement d' — , près
d Oran, par M. Pomel. Observations
de M. Tournouër, 213. = Sur la dé-
couverte de dents d' — dans la for-
mation tertiaire supérieure d'eau douce
de Constantine, par M. Tournouér, 305.
Horizon. Etude sur les étages compris
entre 1' — de V Ammonites transversa-
rius et le Ptérocérien an France el en
Suisse, par M. Dieulafait. Obs. de
MM. de Lapparent et de Chancourtais,
111.
TABI.K DES MATIKhES.
731
I
Iles océanîqiKfx. Présentation, par M. Dau-
bréo des Considérations géologiques
de M. de Tchihatchef sur les—, 17.
Incrustations zéolithiaues et siliceuses.
Traits de ressemblance entre les —
formées par les sources thermales
à l'épociue actuelle, et celles qu'on ol)-
servo dans les roches amygdaloïdes
et autres roches volcaniques décom-
posées, par M. Daubrée, 891.
Isle-Àdam. Sur des ossements quater-
naires recueillis par M. Loustau dans
une sablière entre Yalmondois et 1' — ,
par M. Alb. Gaudry. Obs. de M. Mu-
nier-Chalmas, 310.
Italie, Sur les Siréniens fossiles d' — ,
par M. Ach. de Ziguo, 66.
j
Jadéïte. Origine de la—, par M. de Mor-
tillet. Obs. de MM. Daubrée, Benoit,
Buvignier et de Lapparent, 38.
Jan.hettaz (Ed.). Observations, 86. =
Note sur la propagation de la chaleur
dans les espèces minérales à texture
fibreuse, 203. = Sur la composition
chimique d'argiles et de minerais de
fer de la Guyane française, 392. =^
Compte-rendu de la fête d'inauguration
du monument élevé à la mémoire de
Jacques Balmat, 615.
Joints. Recherches expérimentales par
M. Daubrée sur les surfaces de rup-
ture qui traversent l'écorce terrestre
et principalement sur les failles et
les—. Obs. de MM. Hébert, de Lappa-
rent et Labat. 195.
Jura. Sur le Callovien et l'Oxfordien
dans le—, par M. P. Choffat {PI. Ill),
358. = Note sur la stratigraphie de
l'extrémité sud du — et des montagnes
qui lui font suite en Savoie, aux en-
virons du Fort-l'Écluse, par M. Fr. Cu-
vier. 364.
Jurassique. V. Terrain jurassique.
Labat. Observations, 196.
Lactivier (de). Note sur le terrain luro-
nien du département de l'Ariège. 394.
La Fre«f .Compte-rendu d'une excursion
de — à Sannois. par M. Ch. Yélain,
687.
La Harpe (Ph. de). Note sur les Nummu-
lites des environs de Nice et de Men-
ton. Obs. de M. Hébert, 313.
La Moussayb (G. de). La vallée de la
Vesle aux environs de Courcelles
(Aisne). Obs. de M. Tournouer, 32.
Lapparent (Alb. de). Observations, 40.
=: Jdf., 142. = Sur le Granité du Mont
Saint-Michel et sur l'âge du Granité
de Vire, 143. = Observations, 177. =
/(f., 196. = Compte-rendu de l'excur-
sion dans le pays de Bray. Obs. de
M. Pellat, 675.
Laurentien. V. Formation laurentienne.
Laturium. Note de M. A. Cordella sur les
mines du— et sur les nouveaux gîtes
de minerai de zinc (Smithsonite), 577.
Letmerie. Observations 531. = Obser-
vons sur le mémoire de M. Peron sur
les Calcaires à Ëchinides de Rennes-
les-Bains. Réponse de M. Peron, 616.
Limite. De la — entre le Crétacé et le
Tertiaire aux environs de Vitrolles
(Bouches-du-Rhône). par M. Tardv,
637.
Limon glaciaire. Note sur la formation
du — du département de la Somme
par le remaniement des sables gras
ou alluvions de rive des alluvions an-
ciennes, par M. N. de Mercev, 201.
Loire (Département de la Haute-). Vol-
cans du—, par M. Félix Robert, 40.
LoRY. Observations, 531. = Présen-
tation des profils géologiques de di-
vers massifs primitifs des Alpes, ten-
dant à démontrer leur uniformité de
constitution et de structure, 547.
Loustau et Belhomme. Note sur un son-
dage exécuté à Montsoult (Seinc-et-
Oise), 581.
7:)i
TABLE DES MATlEiVES.
M
Maignelay. Compte-rendu d'une excur-
sion à — , par M. N. de Mercoy.Obs. de
M. Carez (Pi. XIV), 679.
Mammifères, Sur les enchaînements des
— tertiaires, par M. Alb. Gaudrv,
151.
Marne (Département de la Haute-). Sur
la position vraie de la zone à Ammo-
nites lenuilobatus dAus le — et ailleurs,
par M. Tombeck. Obs. de MM. Bu-
vignier et Pellat, 6. ^ Réponse de
M. Tombeck aux observations de
M. Buvignier. Obs. de M. Pellat, 310.
Marnes irisées, Obs. de M. Félix Robert
sur les — du bassin du Puy, 46.
Marnes marines. Sur l'extension des —
de l'étage du Gypse dans l'Est du bas-
sin de Paris, par M. L. Carez, 183.
Massifs primitifs des Alpes. Protils géo-
logiques des — tendant à démontrer
leur uniformité de constitution et de
structure, par M. Lory. 546.
Matheron. Observations, 674.
Matière minérale. Note sur une — d'ap-
f)arence vitreuse qui se dépose sur
es rochers du littoral de la Méditer-
ranée, par M. S. Clo<?z. Obs. de MM. Vô-
lain, belesse, Pomel, Potier, de Mor-
tillet et Janneltaz, 85.
Méditerranée, Note sur une matière mi-
nérale d'apparence vitreuse qui se dé-
pose sur les rochers du littoral de
la—, par M. S. CloOz. Obs. de MM. Vé-
lain, Delesse, Pomel, Potier, de Mor-
tillet et Jannettaz, 85.
Mercey (N. de) Note sur la détermination
de la position du calcaire lacustre de
Mortemer entre les Sables de Bra-
cheux et les Lignites, et sur les Sables
marins de la rive droite de l'Oise,
compris entre les Lignites et les Sa-
bles de Cuise, 198. = Note sur la
formation du limon glaciaire du dé-
partement de la Somme par le rema-
niement des Sables gras ou aliuvion
de rive des alluvions anciennes, 201.
= Compte-rendu d'une excursion à
Maignelay. Obs. de M. Carez (PI. XIV),
679.
Menton. Note sur les Nummulites des
environs de — , par M. Ph. de La
Harpe. Obs. de M. Hébert, 313.
Méry-sur-Oise. Coupe géologique de—,
eMtreValmondoisetBessancourl(Seine-
el-Oise) 1" partie : Description des
couches rencontrées. Obs. cle M. Pel-
lat (PL II), 'H^. = 2« partie : Compa-
raison et classification, par *V. G.
Dollfus, 269.
Métamorphisme, Expériences relatives
à la chaleur développée dans les ro-
ches par les actions mécaniques, par-
ticulièrement dans les argiles. Consé-
quences pour certains phénomènes
géologiques, notamment pour le—,
par M. Daubrée (PI. VU), 550.
Mendon. Comple-rendu par M. Ch. Vé-
laiu de l'excursion à — . Obs. de M. Cooe.
654. '^
MicuEL-LÉvv (A.). Sur quelques Ophites
des Pyrénées. Obs. de MM. Hébert,
de Lapparent, Pomel et Vélain, 156.
Minerais de fer. Composition chimique
de— de la Guyane française, par M. Ed.
Jannettaz. 392.
Minerais de zinc. (Smithsonite). Note
sur les nouveaux gîtes de — , par
M. A. Cordelia, 577.
Miquelon (Ile). Sur l'existence do la for-
mation laurentienne à 1'—, par M. de
Tromelin. Obs. par MM. Munier-Chal-
mas, Daubrée, Pomel et Alb. Gaudrv.
232.
Mons, Sur des ossements découverts
dans le bassin houiller de — , par
M. CorneL Obs. de M. Alb. Gauorv,
565.
MonsouU (Seine-et-Oise). Note sur un
sondage exécuté à—, par MM. Lous-
tau et Belhomme, 581. = Obs. sur ce
sondage, par M. G. Dollfus (PI. VIII),
583.
Montaones (Système des). Observations
sur le — d'Anahuac ou de l'Amérique
centrale, par M. Virlet d'Aousl, 307.
Mont Saint-MicheL Sur le Granité du—,
par M. Alb. de Lapparent, 143.
MoRiéRE. Note sur les grès de Bagnoles
(Orne), 225.
Mortemer. Note sur la détermination de
la position du Calcaire lacustre de —
entre les sables de Bracheux et les
Lignites, par M. N. de Mercey, 198.
MoRTiLLET (lie). Origine de la Jadéite.
Obs. de MM. Daubrée, Benoit. Buvi-
gnier et de Lapparent. 38. = Critique
du Chronomètre de Penhouèt (Loire-
Inférieure), 76. = Observations, 86.
Munier-Chalmas. Observations, 232. =
Id,, 242. = Id.. 310. = Sur le Cidaris
Forchhammeri, Desor, 393.
Mu.mer-Chalnas et Hébert. Recherches
sur les terrains tertiaires du Vicentin,
610 et 619.
TABLE DES HATlKnES.
733
N
Séo()ène. Noie sur le bassin— de la ré-
gion située au nord de Ploesci (Va-
lachie), par M. Pilide, 32. = Les ter-
rains— (lu plateau de Cucuron (Vau-
cluseK r.aaenet; Cabrières-d'Aigues,
par M. Fontannes (PI. IV), 469. = Des-
cription de quelques espèces et va-
riétés nouvelles des terrains précités,
par Id. (PI. V et VI). Obs. de M. Tour-
nouër, 51.3.
Neufchdteau, Note sur le Bathonicn des
environs de — , par M. Douvillé,
.568-
Nice, Note sur les Nuramuliles des en-
virons de — , par M. Ph. de La Harpe.
Obs. de M. Hébert, 313.
Nummulites. Note sur les — des environs
de Nice et de Menton, par M. Ph. de
La Harpe. Obs. de M. Hébert, 313.
0
Oise. Sur les Sables marins de la rive
droite de 1' — , entre les Lignites et les
Sables de Cuise, par M. N. de Mercey.
198.
Oligocène. Présentation par M. G. Dollfus
du 1*' fascicule de la Description de
la faune de l' — inférieur de Belgique,
par M. Riitot, 154.
Om.ilius d'Halloy. (Jean-Baptiste-Julien
d'— ). Notice nécrologique sur — , par
M. Gosselet, 453.
Ophites. Note sur quelques — des Py-
rénées, par M. A. Michel-Lôvy. Obs.
de MM. Hébert, de Lapparent, Pomel
et Vélain, 156.
Oran (Algérie). Sur un gisement d'Hip-
parion près d' — , par M. Pomel. Obs.
de M. Tournouër, 212. = Sur les Cé-
rites des marnes à Hipparion du puits
de Rharoubi près — . par Id., 618.
Orbig.xy (Alcide d*). Notice sur la vie et
les travaux d' — , par M. P. Fischer,
431.
Ossements. Sur des — quaternaires re-
cueillis par M. Loustau, dans une sa-
blière entre Valmondois et l'IsIc-Adam,
par M. Alb. Gaudry. Obs. de M. Mu-
nier-Chalmas, 310. = Sur des — dé-
couverts dans un puits naturel du bas-
sin houiller de Mons, par M. Cornet.
Obs. de H. Alb. Gaudry. 565.
Ovie'do (Province d') (Espagne). Sur le
terrain crétacé de la — , par M. Ch.
Barrois. Obs. de MM. Lory et Ley-
merie, 5.30. = Obs. de M. Cotteau sur
les Ëchinides recueillis dans le terrain
précité, 531.
Oxfordien. Sur 1' — dans le Jura, par
M. P. Choffat (PI. ÏII). 358.
Oxokérite. — Description des terrains
à — et à Pétrole du versant septen-
trional du Caucase, par M. Coquand,
86.
Panderma (Asie-Mineure). Noie géologi-
que sur les environs de — , par M. Co-
quand, 347.
Paléontologie. Présentation par M. P.
Fischer de la — des terrains de l'Ile
de Rhodes, 393.
Papier. Sur le gisement précis de Vniv-
popotamus Hipponenns. Obs. dcM. Alo.
Gaudry, 389.
Paris, Procès-verbal do la réunion ex-
traordinaire à—, par M. Ch. Vélain
(PI. XIV et XV), 611.
Paris (Bassin de — ). Sur l'extension des
marnes marines de l'étage ilu Gypse
dans l'Est du — , par M. L. Garez, 183.
Parran. Obs., 111. = Id., 358. = Sur
les Dolomies jurassiques des Géven-
nes. 561.
Pellat (Edm.), Observations au sujet
d'une note de M. Tombeck sur la po-
sition vraie de la zone à Ammonites
tenuilobatus dans la Haute Marne et
ailleurs, 16. = Observations, 305. =
Obs. au sujet d'une réponse de M. Tom-
beck aux oos. faites par M. Buvignier,
312. = Observations, 676.
Penhouët (Loire-Inférieure). Critique du
chroBomètie de — , par M. G. de Mor-
tillet, 76.
Petite S«/r/f. Géologie de la — , par M. Po-
mel. Obs. de M. TournouCr, 217,
Pétrole. Description des terrains à — et
734
TABLE DKS MATIÈRES.
k Ozokérite du versant septentrional
du Caucase, par M. Coquand, 86.
Phosphate de chaur. Notes sur un nou-
veau gisement de-, par M. A. de
Grossouvre. Obs. de M. Hébert, Hlf).
PiLiDE. Sur le bassin néo^ène de la
région située au Nord de Ploesci (Va-
laciiie), 22.
Ploesci (Valachie). Note de M. Pilide
sur le bassin néogène de la région si-
tuée au nord de — . 22.
Ployements. Expériences tendant à imiter
les diverses formes de — que présen-
tent les terrains stratifiés, par M. Dau-
brée. Obs. de M. Parran, 357.
Poissons foitsiles. Note sur les — ^suite-,
par M. H,-E. Sauvage (PI. XI-XIII),
623.
Polytripa.. Sur le genre — , par M. Ter-
quem, 83.
POMEL. Observations, 84. = W., 86. =
Id., 178. = Sur un gisement d'Hippa-
rion près Oran. Obs. de M. Tournouër.
213. = Géologie de la Petite Syrte et
de la région des Chotts tunisiens. Obs.
d7d., 217. = Obs. 232. = Observa-
tions sur des Stromlies recueillis en
Algérie, M8.
Potier. Observations, 86. = Sur la com-
position de (|uelques roches éruptives
des environs de Fréjus, 430. = Sur la
direction des cassui'es dans les corps
isotropes, 609.
PoHzin, Note sur la géologie d'Alais au
— , par M. Torcapel, 104.
Profils géologiques de divers massifs
des Alï>es tendant à montrer leur uni-
formité de constitution et de structui-e,
|3ar M. Lory, 546.
Ptrroce'rien. Ëtude .sur les étages compris
entre l'horizon de VÀmnwhites trans-
versarius cl le — , en France et en
Suisse, par M. Dieulafait. Obs. de
MM. de Lapparent et de Chan(U)urtois,
111.
Puy rBassin du). Obs. de M. Félix Robert
sur les alluvions marines et les marnes
irisées du — , 16.
Pyrénées. Note sur quelques Ophites des
— , par M. Michel-Lévy. Obs. Je MM. Hé-
bert, de Lapparent, Pomel et Vélain,
156.
Q
Quaternaire. V. Terrain quaternaire.
R
Raincourt (de). Sur la découverte d'un
fragment de Reptile Jans le lias d'Eche-
noz (Haute-Saône). Obs. de M. Pellat
307.
Recherches expérimentales par M. Dau-
brée sur les surfaces qui traversent
l'écoroe terrestre, particuHèrement sur
les failles et les jomts. Obs. de MM. Hé-
bert, de Lapparent et La bat, 195.
Renevieh. Observations, 675. = Id, 710.
Rennes-les-Bains. Obs. de M. Coquand
sur la note de M. Peron sur la faune
des calcaires à Échinides de — , 326. =
Id. de M. Leymerie ; réponse de M. Pé-
rou, 616.
Reptile. Sur la découverte d'un fragment
de — , dans le lias d'Echenoz (Haute-
Saône), par M. de Raincourt. Obs. de
M. Pellat, 307.
Réunion extraordinaire. Procès-verbal
de la— à Paris, par M. Ch. Vélam
(PI. XIV et XV), 641.
Rhodes (lie de). Présentation par M. P.
Fischer de la paléontologie des terrains
tertiaires de F—, 397.
Rilly-la-Montagne. Sur la présence de
fossiles marins dans les sables de — ,
par M. L. Garez, 179.
Rivière (Em.). Note sur la grotte de Gri-
maldi. Obs. de M. Tournouër. 621.
Robert (Félix). Volcans de la Haute-
Loire, 40. = Observations sur les al-
luvions marines et les marnes irisées
du bassin du Puy, 46.
Roches éruptives. Sur la composition de
quelques — des environs de Fréjus, par
M. Potier, 430.
RoYS (de). Rapport de la Commission de
Comptabilité sur les comptes du tré-
sorier pour l'exercice 1876-1877, 190.
Sables dits éruptifs. Résumé de l'état de
la (juestion des — , par M. Douvillé.
Obs. de MM. TournouOr, Renevier, de
Chanrourtois et Fontannes, 706.
Sables marins. Note sur les— de la rive
droite de l'Oise entre les Lignites et les
Sables de Cuise, par M. N. de Mercey,
198.
TABLE DES MATIERES.
735
Saint'Acheul. Essai sur l'âge des silex ]
taillés (Je— , par M. Tardy, 401.
Saint-Pierre (lie). Sur l'existence de la
formation laurentienne dans 1' — , par
M. de Tromelin. Obs. par MM. Munier-
Chalmas, Daubrée, Pomel et Alb. Gau-
dry, 232.
Sannois. Compte-rendu d une excursion
de la Fretle à—, par M. Ch. Vélain,
«87.
Sauvage (H.-E.). Note sur les Poissons
fossiles (suite) (PI. XI-XUI), 623.
Silex taillés. Essai sur Tage des^ de
Saint-Acheul, par M. Tardy, 401.
Silurien, V. Terrain Silurien,
Siréniens, Sur les— fossiles d'Italie, par
M. Ach. de Zigno, 66.
Somme (Département de la). Note sur la
formation du limon glaciaire du — par
le remaniement des Sables gras ou al-
iuvions de rive dcsalluvions anciennes,
par M. N. de Mercey, 201 .
Sondage. Note sur un — exécuté à Mon-
soult (Seine-et-Oise), par MM. Loustau
et Belhomme, 581. = Obs. sur ce son-
dage, par M. G. Dollfus (PI. VIII), 58.3.
Stratigraphie, Note sur la— de l'extré-
mité sud du Jura et des montagnes
qui lui font suite en Savoie, aux envi-
rons du Fort-l'Écluse, par M. Fr. Cu-
vier, 364.
Slrombes, Remarques de M. Fischer sur
des — recueillis par M, Pomel en Al-
fjérie. Observations de ce dernier sur
eur gisement, 518.
Submersion, Sur la — du Nord de la
France par les eaux marines vers la
fin du IIP siècle, par M. Gosselct, 547.
Suisse, Étude sur les étages compris
entre l'horizon de ï Ammonites trans-
versarius et le Ptérocérien en France
et en — , par M. Dieulafait. Obs. de
MM. de Lapparent et de Chancourtois,
111.
Surfaces de rupture. Recherches ex-
périmentales par M. Daubrée sui* les —
qui traversent l'écorce terrestre, par-
ticulièrement sur les failles et les joints.
Obs. de MM. Hébert, de Lapparent et
Labat, 195.
Tardt. L'âge de la civilisation d'après
les alluvions de la Saône, 148. = Essai
sur l'âge des silex taillés de Saint-
Acheul et sur la classification de l'épo-
que quaternaire, 401. = Id, Sur les
oscillations des époques miocène, plio-
cène et quaternaire, 416. = De la limite
entre le Crétacé et le Tertiaire aux
environs de YitroUes (Bouchcs-du-
Rhône), 637.
Temacinin (Sahara) Sur des coquilles
fossilisées, probablement quaternaires
recueillies a— par MM. L. Say et P.
Fischer. Obs. de M. Vélain, 196.
Terebratula janitor. Quelques remarques
sur les gisements de la — , par M. Hé-
bert, 108.
Terebripora capellaris. Description du
—, par M. G. Dollfus, 103.
Terqueh. Sur les genres Daetylopora,
Polytripa, etc. Obs. de M. Pomel, 83.
= Sur Its classifications pnmosées
des Foraminifères. Obs. de M. Dollfus.
211.
Terrain crétacé. Parallélisme de la Craie
supérieure dans le Nord et dans le
Sud-Ouest de la Francej par M. H. Ar-
naud, 205. = Synchronisme de l'étage
turonien dans lé Sud-Ouest et dans le
Midi de la France, par Id, Obs. de M.
Munier-Chalmas, 233 = Remarques
de M. Hébert sur quelques fossiles
de la Craie du Nord de l'Europe à l'oc-
casion du mémoire de M. Peron sur la
Faune des calcaires à Échinides de
Rennes-les-Bains, 3l7.=0bs. de M. Co-
auand sur la note précitée de M. Peron,
326. = Note sur le terrain turonien
dans le département de l'Ariège par
M. de Lacvivier, 394. ^ Sur le — de
la province d'Oviedo (Espagne), par
M. Ch. Barrois. Obs. de MM. Lory et
Leymerie, 530. = Observations de
M. Gotteau sur les Ëchinides recueillis
Êar M. Barrois dans le terrain précité,
il. = De la limite entre le — et le ter-
tiaire aux environs de YitroUes (Bou-
ches-du-Rhône), par M. Tardy, 637.
Terrain jurassique. Sur la position vraie
de la zone à Ammonites tenuilobatus
dans la Haute-Marne et ailleurs, par
M. Tombcck. Obs. de MM. Buvignier et
Pcllat, 6. = Ëtude sur les étages com-
pris entre l'horizon de V Ammonites
transversarius et le Ptérocérien en
France et en Suisse, par M. Dieulafait.
Obs. de MM. de Lapparent et de Chan-
courtois, 111. = Réponse de M. Tom-
beck aux observations de M. Buvi-
g nier. Obs. de M. Pellat, 310. = Sur le
allovien et l'Oxfordien dans le Jura,
par M. P. Choffat (PI. III), 358. = Sur
les Dolomies jurassiques des Cévennes,
par M. Parran, 564. = Note sur le Ba-
thonien des environs de Toul et de
Neufchâteau, par M. H. Dou ville, 568.
Terrain quaternaire. Note sur la forma-
tion du limon glaciaire du département
de la Somme par le remaniement des
Sables gras ou alluvions de rive des
alluvions anciennes, par M. N. de Mer-
cey, 201. := Sur (les ossements qua-
47
736
TABLE DES MATIRRES.
ternaires rccueiUis par M. Loustau
dans une sablière entre Yalmondois
et l'IsIe-Adam, par M. Alb. Gaudry.
Obs. de M. Munier-Ghalmas, 310. =
Essai sur l'âge des silex taillés de
Saint-Acheul et sur la classification de
Tépoque quaternaire, par M. Tardy,
401. = Id. Sur les oscillations du — ,
par Id,f 416.
Terrain silurien. Sur le çrès de Ba-
f noies (OmQ), par M. Morière, 2S5. =:
tude prélifflmaire du — des environs
d'Aneers, par M. H. Hermite, 531. —
Sur la présence du — supérieur à la
Meignanne, près Angers, par Id,, 544.
Terrains stratifiés. Expériences tendant
k imiter les diverses formes de ploye-
ments, de contoumements et de frac-
tures oue présentent les — , par M. Dau-
brée. Obs. de M. Parran, 3d7.
Terrain tertiaire. Note de M. Pilide sur
le Bassin néoftène de la ré^on située
au Nord de Ploesci (Yalachie), 23. =
La vallée de la Yesle aux environs de
Courcelles (Ain), par M. G. de La Mous-
saye. Obs. de M. Toumouër, 32. ^
Réponse à M. Vasseur au sujet de
Tâge des dépôts éocènes du Champ-
Pancaud en Gampbon (Loire-Inférieure),
par M. Dufour. Obs. de M. Hébert, 50.
^ Examen des dépôts éocènes d'Ar-
thon-Ghéraéré (Loire-Inférieure), par
M. Dufour (PI. I), 53. = Réponse de
M. Vasseur à M. Dufour. 63. = Obser-
vations sur les fossUes au — moyen de
la Corse et notamment sur les Ëchi-
nides, par M. G. Cotteau, 71. = Nou-
veau gisement fossilifère de l'Age du
Calcaire grossier découvert au Bois-
Gouét, près Saffré (Loire-Inférieure),
par M. G. Vasseur, 81. = Sur la
Srésence de fossiles marins dans les
ables de Rilly-la-Montagne, par M. L.
Garez, 179. = Sur l'extension des
Marnes marines et de l'étage du Gypse
dans l'Est du bassin de Paris, par
M. L. Garez, 183. = Sur la détermi-
nation de la position du Calcaire lacus-
tre de Mortemer entre les Sables de
Bracheux et les Lignites et sur les
sables marins de la rive droite de
roise, entre les Lignites et les Sables
de Cuise, par M. N. de Mercey, 198.
:= Coupe géologique du chemin de fer
de Méry-sur-Oise, entre Valmondois
et Bessancourt (Seine-et-Oise), Impar-
tie; Description des couches, par
MM. G. Dollius et G. Vasseur. Obs. de
M. Pellat, (PI. II), 343. = 3* partie;
Comparaison et classification, par M. G.
Dollrus, 369. = Sur le— de la vallée
de l'Arta (Turquie d'Europe), par
M. Coquand, 337. = Présentation par
M. P. Fischer de la Paléontologie des
terrains tertiaires de l'Ile de Rnodes,
393. = Essai sur \qs oscillations des I
époques miocène et pliocène, par
M. Tardy, 416. = Les terrains néogè-
nes du plateau de Cucuron (Vaucluse)
(Cadenet; Cabrières- d'Aiguës), par
M. Fontannes (Pi. IV) « 469. = Descrip-
tion de quelques espèces et variétés
nouvelles des terrains précités, par Id,,
(?l V. et VI). Obs. de M. Toumouér,
513. = Recherches sur les — du Vicen-
tin, par MM. Hébert et MunieMIhalmas,
610 et 619. = De la limite entre le— et
le Crétacé aux environs de VitroUes
(Bouches-du-Rhône), par M. Tardy, 637.
Tertiaire. V. Terrain tertiaire.
Terrain traehytique. Sur le — de l'Arta
(Turquie d'Europe), par M. Coquand,337.
ToMBECK. Sur la position vraie de la zone
à Ammonites tenuilobatus dans la
Haute-Marne et ailleurs. Obs. de
MM. Buvignier et Pellat, 6. := Réponse
aux observations de M. Buvignier.
Obs. de M. Pellat, 310.
ToRCAPEL. Note sur la géologie de la
ligne d'Alais au Pouzin. Obs. de
M. Parran, 104. = Les placiers quater-
naires des Cévennes (PI. II), 600.
Tout, Note sur le Bathonien des environs
de—, par M. H. Douvillé, 568.
TouRNOUËR. Observations, 37. = /cf., au
sujet d'une communication de M. Po-
mel sur un gisement d'Hipparion près
d'Oran, 216. = Id,, au sujet dTune
communication d'Id,, sur la Petite
Syrte et les Chotts tunisiens, 331. :=
Sur la découverte de dents d'Hipparion
dans la formation tertiaire supérieure
d'eau douce de Constantine, 305. :=
Allocution présidentielle, 431. = Obs.
539. = Sur les Cérithes des marnes à
Hipparion du puits Kharoubi près
Oran et sur les coquilles marines trou-
vées dans la région des Chotts saha-
riens, 618. = Observations, 631. ^
Compte-rendu de l'excursion d'Ëtam-
pes. Observ. de MM. Matheron et Re-
nevier, 663. = Obs., 710.
Traits de ressemblance. Sur les — entre
les incrustations zéolithiques et sili-
ceuses formées par les sources ther-
males à l'épocme actuelle, et celles
qu'on observe dans les roches amygda-
loïdes et autres roches volcaniques
décomposées, par M. Daubrée, 391.
Tribolet (Maurice de). Sur des traces
de l'époque glaciaire en Bretagne, 198.
Tromelin (de). Sur l'existence de la for-
mation laurentienne aux Iles Saint-
Pierre et Bliquelon. Obs. de MM. Mu-
nier-Ghalmas, Daubrée, Pomel et Alb.
Gaudry, 332.
Turonien. Synchronisme de l'étage —
dans le sud-ouest et dans le Midi de
la France, par M. H. Arnaud. Obs. de
M. Munier-Chalmas, 333. = Note sur
le terrain — du département de l'Ariège,
par M. de Larvivier, 39^1.
TABLE DES UATiERES-
737
V
Valm(mdois, Sur des ossements quater-
naires recueillis par M. Loustau dans
une sablière entre — et rislo-Adam par
M. Alb. Gaudry. Obs. de M. Munier-
Chalmas, 310.
Yassecr (G.j. Réponse h M. Dufour, 63.
= Nouveau gisement fossilifère de
l'âge du Calcaire grossier découvert
au Bois-Gouët, près Saffré (Loire-Infé-
rieure, 81.
Vasseur (G.) et G. Dollfus. Coupe géo-
logique du chemin de fer de Mcry-sur-
Oise, entre Yalmondois et Bessancourt
(Seine-et-Oise). V partie : Description
des couches rencontrées. Obs. de M.
Pellat (PI. n;, 243.
y^LAiN (Ch.)* Observations, 86. = Id,,
178. = Observations au sujet d'une
communication de M. P. Fischer sur
des coquilles fossilisées, probablement
quaternaires recueillies à Tomacinin
(Sahara), par M. L. Say, 197. = Procès-
verbal de la réunion extraordinaire à
Paris (PI. XIV et XV), p. 641. =
Compte-rendu de l'excursion à Meudon.
Observations de M. Cope, 651. =
Compte-rendu d'une excursion de La
Frette à Sannois, 637. = Id, de
l'excursion à Cuise-la-Motte, 711.
Vemon, Compte-rendu d'une excursion
à— tl" partie), par M. Douvillé, 091. —
Id. (2* partie), par M. de Chancourtois,
697. = Sur les alignements géologiques
relevés dans les environs de — , par /d.,
703.
Ve^le (La vallée de la), aux environs de
Courcelles (Ain), par M. G. de La
Moussaye. Obs. de M. Toumouér, 32.
Vicentin, Recherches sur les terrains
tertiaires du—, par MM. Hébert et
Munier-Chalmas, 610 et 619.
Vire, Sur l'âge du Granité de — , par
M. Alb. de Lapparent, 143.
ViRLET d'Aoust. Observations sur le sys-
tème des montagnes d'Anahuac ou de
l'Amérique centrale, sur la grande
chaîne volcanique Guatémalienne, sur
les volcans de l'Amérique du Nord et
sur l'origine des volcans, 307.
Vitrolles (Bouches-du-Rhône). De la
limite du Crétacé et du Tertiaire aux
environs de—, par M. Tardy, 627.
Volcans, — de la Haute-Loire, par
M. Félix Robert, 40. = Sur les— de
l'Amérique du Nord et sur l'origine
des— par M. Virlet-d'Aoust, 307.
z
Zeillbr (R.) Sur une nouvelle espèce de
Dieranophyllum (PI. X), 611.
ZiGifo (Ach. de). Sur les Siréniens fossiles
d'Italie, 66.
Zone, Sur la position vraie de la — à
Ammonites tenuilobattu dans la Haute- '
Marne et ailleurs, par M. Tombeck.
Obs. de MM. Buvignier et Pellat, 6. —
Réponse de M. Tombeck aux observa-
tions de M. Buvignier. Obs. de M. Pel-
lat, 310.
TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES
DKCRirs, Fir.taES, uiscrTES ou dénommes a nouveau
ET DBS SYNONYMIES INDIQUÉES (*) DANS CE VOLUME
Ammonites Jacquoti, Dou ville = Am.
macrocephalus compres-
sus, Quenstedt, 570.
— tumidiis, Rcinecke := Am.
macrocephalus , Schlo-
theim =: Am. macroce-
phalus rotundus, Quens-
tedt, 570.
Àmphiope Hollandei, Cott., 74.
Àrea rhodanica. Font., 524.
Àstenas Deslongchampsi, Moriére, 468.
Bellerophon bilobatus, Sow., 543.
Bithinia pygmœa, Brgnt. sp., 188.
Brissus corsicus, Cotteau. 75.
Calymene Àragoi, Rouault, 511.
— Tristani, Brongn., 541.
Cancellaria Dey die ri, Font., 515.
— druentica. Font., 514.
— Gandryi. Font., 514.
Cardita gonioplcura. Font., 5:26.
Cardium Requienianum, Math. = Car-
dium hillanum, Sow., 326.
Cerithium Deydieri, Font., 520.
— giganteum, Caill., non Desh.,
'62.
— pUcatum, Lk., 673-671.
— hoiwyi, Desh., 188.
— rumanum, Pilide, 27.
Cidaris claviaera, Kœnig, 323.
— Forcnammeri, Desor, 393.
— gibberula, Desor, 323.
— Uollandei, Cott., 74.
— Peroni, Cott., 74.
— sceptrifera, Mant., 322.
— snbvesiculosa, d'Orb., 322.
Clancuhis Araonis, Bast., var. valde-
cincta, Font., 524.
Clupea Lartelif Sauvg., 635.
— Lorcœ, Sauvg., 634.
Corbicula saharica, P. Fisch., 197.
Corbula subpisum, d'Orb., 187.
Corbuhmya iyysti, Desh., 187.
Cyclaster colonifr, Cott., 566.
Cyprœa prœsanguinolenta, Font., 520.
Dactylopora, 83.
Dalmanites macrophthalmns, Brong.,
542.
— socialiSfBairr. , var . proceva,
542.
Desmichthys Daubrei, Sauvg., Q:i3.
Dicranophyllum robustum^ Zeiller, 612.
Diplodonta Fischeri, Font., 525.
Discoidea minima, Ag., 322.
Echinanthui corsicus, Cott., 74.
Echinocardium Peroni, Cott., 75.
Echinoconus conicus, Breyn., 321.
Echinocorys vulyaris, Breyn., 319.
Endoceras Dalimieri, Barr., 542.
Eury sauras Raincourti, 6aud., 307.
Eurystethus Brongniarti, Sauvg., 629.
Ficula clathrata, Lk , var. cabrierensis.
Font., 515.
Fossarus costatus, Brocchi, var. crassi-
costata, Font., 521.
Gouiolina, 83.
Gyrodus Fabrei. Sauvg., 629.
Halitherium angustifrons, de Zigno, 68.
— beilunense, de Zigno, 68.
— eurvidens, de Zigno, 68.
— veronensc. de Zigno, 68.
Hemiaster Leymeriei, Desor, 320.
Hipparion gracile. 305.
Htppopotamus hipponensis, Gaudry, 389.
Holaster inlèger, Ag., 321.
— placenta, Ag., 321.
Illœnus gtganteus, Burm., 542.
Limnœa cùcuronensis, Font., 529.
— Deydieri. Font., 529.
— limosa. Linné, 196.
Linthia Locardi, Toum., 71-75.
Lovenia Peroni, Cott., 75.
Lucina inornata?, Desh., 187.
Lyrodcsma Sacheri, Mun.-Chalm., 513.
Macropneustes Peroni, Cott., 75.
Melania tuberculata, MUller, 196.
Micraster brevùt. Desor, 320.
— Heberli, Lacv. =: Mie. brevis,
336.
(ly Les noms en caraclèros romains sont ceux cjue les auteurs placent en synonymie.
740
TABLE DES GENUES Kï DES ESPECES.
Micropit Desori, Cott., 567.
— micros toma. Coll., 567.
— Leymeriei, Cott., 567.
Mitra bathmophora. Font., 519.
Murex subproaucluSt Font., 513.
Myliobates Ricierei, Sauvg., 623.
Nhssa Caudellentis, Font., 516.
— Dexivœ, Font., 516.
— subduplicata, d'Orb., var. Druen-
tica, Font., 517.
— sublapsa, Font., 517.
Natica hyperenthele, Font., 520.
Nautilus Lamarckii, Caill., (non Desh.}.
61.
Neritina Dumorlieri, Font., 528.
Nucula capillaceOy Desh., 187.
Onchws simplet, Sauvg., 625.
Ostrea digitalina, Dub., 491.
— gigantea, Brander ^ 0. latissima,
Desh., 344.
— matheroniana = 0. pltctfera, 327.
Palœoniscu^ Delessei, Sauv., 626.
Pecten bomfaeiensis, 72.
— substriatus, d'Orb.
Pericosmus Orbignyi, Cott. 74.
— Peroni, Cott. 74.
Pholas luberonensU, Font., 527.
Physa Brocchii, Ehrenberg, 196.
Planorbi^ Duvettrieri, Desh , 196.
— spiruloïdes, Desh,, 188,
Pleurotoma gradata, Def. in Bell., 518.
— caudellensis. Font,, 518.
Pollia lournoum. Font., 513.
Polytripa, 83.
Psammechinus Peroni, Cott., 74.
Ptychodus Trigeri, Sauvg., 623.
Rhysophyeus Barrandei, Trom. et Leb.
rs Arenicola baculipiucta,
Salter, 227.
Rostellaria Deshayesi, Caill., {non Wat.),
55-62.
Schixaster antiguus, Cott., 567.
— Baylei, Calt, 74.
— Peroni, Cott., 74.
Spatangu^ Peroni. Cott., 75.
Spondylus spinosus, Sow.. 318.
Suecinea prtmœva. Math., 528.
Tapes eurinus. Font., 526.
Terebellum cylindrieum, CaUlaud, 55.
Terebratula semighboia, Sow. = T. sub-
rotunda, Sow., 319.
Terebripora eapillaris, G. Dollf., 103.
Tigillites Dufrenoyi, Rouault = Trachy-
derma serrata, Saltor, 226.
Troehus angulatns, d'Eichw., var. Druen-
iica. Font, 523.
— Aygueu, Font., 523.
— caorierensis. Pont., 522.
— prœlineatw. Font., 521.
Typhis jistulosus, var. prisea, Rutot, 155.
— fistulosus , var. Scklotheimi,
Beyr., 155.
Uleria, 83.
LISTE DES PLANCHES
I. p. 5Î. DuFouR. — Fig. i , Plan du terrain calcaire d'Arthon-Chéméré ;
fig. 2, Coupe de la carrière du Moulin Neuf; fig. 3 et 3', Coupes de la
carrière du Moulin des Vignes; fig. 4, Coupe de la grande carrière du
four à chaux ; fig. 5, Coupe de la petite carrière d*td. ; fig. 6, Coupe de
la carrière et des excavations du 2® Moulin de Retz; fig. 7 et 8, Coupes
transversales en d! et d,
II. p. 243. G. DoLLFUS et G. Yasseur. — Coupe géologique du chemin de
for de Méry-sur-Oise, entre Bessancourt et Yalmondois (Seine-et-Oise).
III. p. 358. P. Choffat. — Carte: 4® des limites N.-O. des bancs d'Hexacti-
nellides : d d àe Thorizon de V Ammonites bimammatut, c c des couches
de Birmensdorf; t^ des limites S.-E. des zones 6 6 à Pholad.exaltata, a a
à Amm, Reiigijeri, — Coupes verticales indiquant le passage du faciès
Franc-Comtois au faciès Argovion.
IV. p. 469. FoNTANNEs. — Fig. 4 , Coupe d'Apt (Vaucluse) à Rognes (Bou-
chos-du~Rhône) ; fig. 2, Coupe dé Vaugines au Castelar; fig. 3, Coupe
du mont Luberon à Cucuron; fig. 4, Coupe du mont Luberon à Ville-
laure ; fig. 5, Coupe de Cabrières-d*Aigues à l'étang do la Bonde.
V. p. 543. FoNTANNEs. — Fig. 4, Murex subproductiu. Font. ; fig. 2. Can-
cellaria Druentica, id. ; fig. 3 a et 6, C, Gaudryi, id, ; fig. 4 a et 6, C. Dey-
dieri, id, ; fig. 5 a et b, PoUia Toumouêri, id. ; fig. 6, Ficula da-
thrata, Lamck., var. Cabrientis, Font. ; fig. 7, Nassa Dexivœ, Font.;
fig. 8, N. caudeUeruis, id.; fig. 9, N. sublapsa^ id.; fig. 4 0, N. eub-
duplicata, d*Orb., var. Druentica, Font.; fig. 4 4 a et b, Pleurotoma Cau-
deUensis, Font. ; fig. 4 2, Mitra bathmophora, id.; fig. 43 aet 6, Cyprœa
prœsanguinolanta, id.; fig. 4 4. Natica hypereuthele^ id.; fig. 4 5. Ceri-
tkium Deydieri, id.
VI. p. 54 3. FoNTANNES. — Fig. 4 a et 6, Fauarut coitatut, Brocchi, var.
crassicoetalus. Font.; fig. 2. Trachus prœlineatus. Font.; fig. 3. T, Ca-
742 LISTE DES PLANCHES.
brierensis, id,; fig. 4 a cl 6, T. Ayguesii, id.; fig. 5, 7. angulatw,
Eichwald, var. Druentica, Font.; fig. 6. Clanculus Araonis, Basserot,
var. valdecincla. Font.; fig. 7 a et 6, Neritina Dumortieri, id,; fig. 8
a et b, Succinea primœva, Math.; fig. 9 a et 6^ Limnœa Cucuronensis,
Font.; fig. 40 a et 6, L. Deydieri, id.; fig. 41 a et b, Arca Rhodanien,
id, ; fig. 4 2 a-c, Diplodonia Fischer i, id, ; fig, 4 3 a-d, Cardita gonio'
pleura, id. ; fig. 4 4 a-c. Tapes urinus, id.; fig. 4 5, Pholas Luhero-
nensis, id,
VII. p. 550. Daubrée. — Fig. 4, Cônes cannelés employés à la préparation
de la terre à briques, qui y est non seulement laminée, mais aussi
déchirée, à cause de la différence de vitesse des surfaces opposées
Tune à Tautre. Échelle ^/^^; fig. 2, Tonneau malaxeur utilisé pour les
expériences relatives au développement de la chaleur dans les roches
par les actions mécaniques ; ABCD, section du cylindre destine à recevoir
Targile à malaxer; EE, arbre vertical animé d'un mouvement autour de
son axe; IIH, lame hélicoïdale portée par Tarbre EE et forçant Targile
à descendre pour subir Faction triturante ; PP, palettes courbes tritu-
rant Targile et la faisant frotter sur les deux couches d'argile qui recou-
vrent, Tune les parois verticales, Taulre le fond du tonneau ; S, orifice
ou base par où Targile sort après le malaxage. L'arbre EE est actionné
par l'engrenage RR, et supporté par la crapaudine T. Échelle Vs« ;
fig. 3, Vue, en projection horizontale, des palettes PP, dont la tangente
au point extrême fait un angle de 25 à 30® avec l'élément voisin du
cylindre ; E projection horizontale de l'arbre moteur; la flèche indique
le sens du mouvement. Échelle 7a« î ^i8* ^i Courbe représentant les
températures successivement prises par de l'argile ferme triturée sur
elle-môme dans le tonneau malaxeur de M. M. Boulet ; fig. 5, û/., dans
le tonneau malaxeur de M. M. Tiphine ; fig. 6, td., par de l'argile
molle triturée sur elle-même dans le tonneau malaxeur précité ; fig. 7,
Appareil destiné à provoquer un développement de chaleur par le frot-
tement mutuel de deux plaques de marbre; T, tour do lapidaire à axe
vertical, entraînant dans son mouvement, qu'on peut rendre plus ou
moins rapide, une plaque de marbre M ; m autre plaque de marbre,
maintenue immobile à la main et pressée par la première par le
poids P, variable à volonté. La flèche indique le sens du mouvement.
Échelle V4Î ^S- S» ^u® on plan de l'appareil précédent. Mémo échelle;
fig. 9, Thermomètre à fond plat, à réservoir volumineux et à tige très
fine, destiné à mesurer par application les températures successivement
prises par la plaque M des deux figures précédentes. Échelle V» ; fig. 4 0,
Courbe dos températures successivement prises par la plaque M ; fig. 44,
Ammonite déformée des couches calcaires fortement redressées do
Tctago oxfordien du Grand-Movoran. — Les deux lignes rox? tan cul aires
LISTE DES PLANCHES. 7'i3
indiquent la direction dos axes de conductibilité thermique maximum
et minimum. Échelle Vs»
VIII. p. 583. G. DoLLFUS. — Profil géologique du chemin de fer de Monsoult
à Beaumont (Seino-et-Oise).
IX. p. 600. ToRCAPEL. — Fig. \ . Coupe géologique entre Ginestous et les
Fons. Fig. 2, Coupe du Suc de Sainte-Eulalie.
X. p. 6H. R. Zeiller. — Dicranophyllum robustum, Zeiller. Fragments de
rameaux portant plusieurs feuilles et des bourgeons floraux à Taisseile
de quelques-unes d'entre elles, a^ Deux étamines composées chacune
d'un petit axe, épanoui au sommet en un écusson plurilobé, qui poi^
les sacs polliniques ; fig. 2 et %\ Fragments de feuilles provenant de la
partie postérieure delà même plaque; fig. 3, Une des étamines a grossie.
XI. p. 623. H. E. Sauvage. — Fig. 4-4 6, Ptychodus Trigeri, Sauvg.; fig. 2
et 2a, Girodus Fabrei, Sauvg.; fig. 3 et 3a, Myliobates Rivieri, Sauvg.;
fig. 4, Onchus simpleXj Sauvg.; fig. 5, Clupea Lorcœ, Sauvg.
XII. H. B. Sauvage. — Palœoniscus Delessei, Sauvg.
XIII. H. E. Sauvage. — Fig. 1, Desmichthys Daubrei, Sauvg.; fig. *ê, Eurys-
teihus Brongniartij Sauvg.; fig. 3. Clupea Larteti, Sauvg.
XIV. p. 679. N. DE Mercey. — Fig. 4, Coupe de Maignelay à Mortemer par
Coivrel ; fig. 2, Talus du chemin de Coivrel à Crèvecœur ; fig. 3,
Sablière au N. de Coivrel entre les chemins de Crèvecœur et de Tricot ;
fig. 5, Cendricre au nord-ouest du signal et moulin (détruit) de Coivrel ;
fig. 6, Sablière au sud-est du moulin de Courcellos-Epayolles ; fig. 7,
Carrière du Grand Bois de Mortemer.
XV. p. 697. De Chancourtois. — Puits artésien du château de la Madeleine
(propriété de M™° veuve H. Thénard), commune de Pressagny-l'Or-
gueilleux près de Vernon (Eure), foré par M. M. Dru en 4 868. Section
verticale du forage. — Coupe longitudinale suivant Taxe de la galerie
et du bélier. — Section verticale des terrains tertiaires et crétacés. —
Coupe S.-O.-N.-E. suivant la ligne AA' passant par le château de la
Madeleine au sud du sondage. — Carte géologique des environs de
Vernon sur report de la Carte de TÉtat-major, d'après la feuille d'Évreux
de la Carte géologique détaillée de la France.
48
DATES DE PUBLICATION.
Livraison I. Fouilles 1-3 et A.
2.
3.
1.
5.
(i.
8.
9.
10.
4-9 et B. PI. I,
10-13, C et D.
14-16 et E.
17-20, F, G et H. PI. ii,
i>l-25etl.
26-33. PI. iv-vi,
31-36. PI. VII,
37-10.
4 1-45.
février
mars
juin
octobre
mars
juillet
octobre
décembre
187N.
1879.
PI. viii-xiii, juillet
PI. XIV, octobre
1880.
KRRATm.
P. "07. 1. '2\. Au lieu de « cette séparation si facile montre que le sable granitique
s étant déjxjsé dans une eau tranquille ou courante, le départ simultané des deux
ék'inents n'a pu s'effectuer que dans une masse à l'état boueux » lire : « cette sépa-
rati(»n si facile montre que le sable granitique n'a pa^ été déposé dans une eau
Iraruiuille ou courante ; le dépôt simultané des deux éléments n'a pu s'effectuer que
dans um.' mas>e à l'état boueux. »
Meulan, imp. de À. Masson.
I
LISTE DES OUVRAGES
REÇUS EN DON OU EN ÉCHANGE
PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANGE
du 48 juin au 4 novanhrc 1877.
lo OUVRAGES NON PÉRIODIQUES.
(Les no7ns des donateurs sont en italiqtie,)
Arceîin (Adr.). Les formations tertiaires et quaternaires des envi-
rons de Hac4)n : TArgile à silex ; l'Époque glaciaire ; l'Érosion des val-
lées ; l'Ancienneté de l'Homme, in-S®, 95 p., 3 pi.; Paris, 1877, chez
F. Savy.
— Essai de classification des stations préhistoriques du département
de Saôqe-et-Loirc, gr. in-8o, iO p.; Autun, 1877.
Arnaud (H.). Études pratiques sur la Craie du Sud-Ouest, 2® partie :
Profils géologiques des chemins de fer des Charentes, région crétacée,
gr. in-8o, 36 p., 7 pi.; Bordeaux, 1877.
Barcena (Mar,). Noticia cientifica de una parte del estado de Hi-
dalgo, in-8^ 50 p., 3 pi.; Mexico, 1877.
Bassani. Ittiodontoliti del Veneto, in-S^, 40 p.; Padoue, 1877.
Belt (Th.). The Glacial Period in the Southern Hémisphère, in-8»,
30 p.; Londres, 1877.
Boricky (Em.). Die Arbeiten der chemisch-petrologischen Abthei-
lung der Landesdurchforschung von Bohmen,( enthaltend : Elemente
einer neuen chemisch-mikroskopischen Mineral-und Gesteinanalyse,
in-4s 80 p., 2 pi.; Prague, 1877.
Brocchi (P.). Description de quelques Crustacés fossiles appartenant
à la tribu des Raniniens, gr. in-8o, 8 p., 1 pi.; Paris, 1877.
Carte géologique détaillée de la France, feuilles 2 (Dunkerque), 11
(Abbeville), 95 (Orléans) et 109 (Gien); Paris, 1877.
Choifat (P.). Age du gisement fossilifère des Sèches des Amburnets,
in-8o, 2 p.; Lausanne, 1877 (M. Renevier).
Claus (C). Traité de Zoologie, traduit sur la troisième édition al-
lemande et annoté par G. Moquin-Tandon, fasc. 5-7, gr. in-8^ 624
p.; Paris, 1877, chez F. Savy.
A
2 DONS. — 18 JLlN-4 NOV. 1877.
Cornet. Notice sur le bassin liouiller limbourgeois, in-S», ii p.;
Liëge, 1877.
— et Driart. Sur le relief du sol en Belgique après les temps paléo-
zoïques, in-8°, 47 p., 7 pi.; Litige, 1877.
Coltcau (G.). Paléontologie française, 1"^^ sér., Anhnaux invertébrés.
Terrain jurassique, 38° livraison, Échinôdennes réguliers, f. 12-14,
pi. 191-202 ; sept. 1877 ; Paris, chez G. Masson (Comité de la Paléon-
tologie française).
Davidson (Th.). What is a Brachiopod ?, in-8S 31 p., 4 pi., i tabl.;
Londres, 1877.
— On the Bracliiopoda of the Inferior Oolite of Bradford Abbasand
its vicinity, with Noies by the editor (J. Buckraan) on the Fossil Beds
of B. A. and its vicinity, in-S», 29 p., 4 pl.;Sherborne, 1877.
— Sur les Brachiopodes tertiaires de Belgique, traduit de l'anglais
par Th. Lefèvre, gr. in-8o, 20 p., 2 pi.; Bruxelles, 1874.
— Qu'est-ce qu'un Brachiopode? Mémoire inédit, traduit de l'anglais
par Th. Lefèvre, gr. in-S*^, 52 p., 4 pi., 1 tabl.; Bruxelles, 1875.
Delesse. Sur les gisements de Chaux phosphatée de l'Estramadure,
in'8°, G p. ; Paris, 1877.
Delvatuc (Em.). Note sur un Forage exécuté à Mons en septembre
1876, in-8o, 17 p.; Liège, 1877.
Favre (Alph.). Rapport du Président de la Société de Physique et
d'Histoire naturelle de Genève pour la période annuelle du 31 mai
1876 au 1^^ juin 1877, in-4«, 16 p.; Genève, 1877.
Favre (Em.). Étude stratigraphique de la partie sud-ouest de la
Crimée, suivie de la Description de quelques Échinides de cette région,
par M. P. de Loriol, in-4o, 76 p., 4 pi.; Genève, Bâle et Lyon, 1877,
chez H. Georg.
Feistmantel (Ott.). Ueber das Verhâltniss gewisser fossilen Floren
und Landfaunen untereinander und zuden gleichzeiligen Meeresfau-
nen in Indien, Afrika und Australien, gr. in-8o, 38 p., 1 pi.; Calcutta,
1877.
Fliche. De la Végétation des Tourbières dans les environs de Troyes,
gr. in-8o, 13 p.; Nancy
Fromentcl (de). Paléontologie française, 1"^ sér., Animaux inverté-
brés. Terrain crétacé, 27° livr., t. Vllf, Zoophytes, f. 28-30, pi. 109-
129; juillet 1877; Paris, chez G. Masson (Comité de la Paléontologie
irançaise).
Geological Sw^vey of India. Mcmoirs of the — . Palœontologia in-
dica : Indian terliary and post-lertiary Verlebrala, t. I, 2; sér. X, 2 :
Molar tcelh and othcr remains of Mammalia, par R. Lydekher, gr.
in-4o, 76 p., 7 pi.; Calcutta, 1876.
DONS. — 18 ji;iN-4 Nov. 1877. ;i
— Id, : S(5r. XI, 1 : Jurassic (oolitic) Flora of Kach, par Ott. Feist-
mantel, gr. iïi-4o, 92 p., 12 pi.; Calcutta, 187(5.
Geological Survey of the State ofNew York. Palieontology. Illustra-
tions of Devonian Fossils : Gasteropoda, Pteropoda, Ccpbalopoda,
Crustacea and Corals of thc Upper Helderberg, Hamilton and Chemung
groups, par J. Hall, in-4^ 160 p., 133 pi.; Albany, 1876, chez Weed,
Parsons et C'® ; New York, chez E. Bierstadt.
Geological Survey of the Territories, U. S. — . Hiscellaneous publi-
cations, 1 : Lists of élévations, principally in that portion of the U. S.
West Mississipi river, 4** éd., par H. Gannett, in-8®, 167 p., 1 pi.; WaS'
hington, 1877.
Geologischc Specialkarte von Elsass-Lothringen. Abhandlungen zur
— , t. I, n® 3 : Das Gneiss-Gebiet von Markirch ira Ober-Elsass, par
P. Groth, in-4^ 96 p., 1 pi.; Strasbourg, 1877, chez R. Schultz et C'<».
— Id., 1. 1, n*» 4 : Ueber die Trias in Elsass-Lothringen und Luxem-
burg, par E. W. Benecke, in-4^ 350 p., 9 pi.; Strasbourg, 1877,
chez les n)êmes.
Grad (Ch,), Notice sur les grottes de Cravanche et l'Homme préhis-
torique en Alsace, in-8% iO p.; Colmar, 1877.
Grcenough. A Geological Map of England and Wales, 6 feuilles;
Londres, 1865 (Société géologiqtœ de Londres).
Laguna (Max.) et M. de la Paz Graells. Discursos leidos ante la Real
Academia de Ciencias exactas, tisicas y naturaies, en la recepcion pub-
lica del Sr. Don M. L., in-8% 58 p.; Madrid, 1877.
Lapparent (A. de). L'état de nature et les îles coralliennes, in-8®,
16 p.; Louvain, 1877.
— Le déplacement de Taxe des pôles, in-8% 21 p.; Louvain, 1877.
Lasaiilx (A. von). Kryslallographische Notizen, gr. in-8®, 12 p.,
1 pi.; Leipzig, 1877.
Lefèvre (Th.), Note sur le gisement des fruits et des bois fossiles re-
cueillis dans les environs de Bruxelles, in-8o, 14 p.; Liège, 1875.
— Note sur la présence de TErgeron fossilifère dans les environs de
Bmxelles, gr. in-8^, 6 p.; Bruxelles, 1875.
— Sur la disposition d'un travail préparatoire à la rédaction des
listes paléontologiqucs, in-8'^, 3 p.; Bruxelles, 1876.
— Rapport sur la description de la Rostellaria robusta de M. Rutot,
gr. in-8o, 8 p.; Bruxelles, 1876.
— Rapport sur le travail de M. Vincent intitulé : Description de la
Faune de l'étage landenien inférieur de la Belgique, gr. in-8®, 4 p. ;
Bruxelles, 1877.
Leymene, Note sur Texistcnce du Mercure coulant dans lesCévennes,
in-8^ Il p.; Toulouse,....
4 DONS. — 18 juiN-4 Nov. 1877.
•— Mémoire sur le terrain crétacé du Midi de la France, gr. in-S^",
27 p.; Montpellier, 1877.
Liversidge (Arch.), On tbe formation of Hoss Gold and Silver, in-S"",
7 p.; Sydney, 1876.
— On a remarkable example of contoried Slate, in-8^ 2 p., S pi-;
Sydney, 1876.
— Fossiliferous siliceous depositfrom theRichmond River, N. S. W.,
in-8^ 4 p., 1 pi.; Sydney, 1876.
Lossen. Kritische Bemerkungen zur neueren Taunus-Literalur, in-S^,
23 p.; Berlin, 1877.
Ludwig (R.). Fossile Crocodîliden aus der Tertiârformation des
Hainzer Beckens, in-4^ 73 p., 16 pi.; Cassel, 1877.
Marsh, Introduction and succession of Vertebrate life in America,
in-4% 57 p.; Nashvilie, 1877.
Raulin. Éléments de Géologie, 2« édition, in-12, 132, 154, 174 et
140 p., 3 pi.; Paris, 1874.
Renevier. Notice sur ma Carte géologique de la partie sud des Alpes
Yaudoises et régions limitrophes, in-8s 45 p., 1 pi.; Genève, 1877.
— Renseignements géographiques et géologiques sur le Sud de
l'Afrique extraits des lettres du missionnaire P. Berthoud, in~8% 7 p.;
Lausanne, ....
— Observations sur le Cours de géologie comparée de Stanislas
Meunier, in-8^ 4 p.; Lausanne, ....
Rouville (P. de). Notice biographique sur Paul Tournai, in-8°, 64 p.;
Narbonne, 1876.
Seguenza. Brevissimi Cenni intorno le formazioni terziarie délia
provincia di Reggio-Calabria, in-8<», 31 p.; Messine, 1877.
Smith (J. L,), Researches on the solid Carbon compounds in Météo-
rites, in-8<^, 17 p.; New-Haven, 1876.
— A Description of the Rochestcr, Warrenlon and Cynlhiana Mc-
teoric Stones, which fell respeclively december 21, 1876, january 3,
1877, and january 23, 1877, with some Remarks on the previous falls
of Météorites in the same régions, in-8o, 11 p.; New-Haven, 1877.
Smithe (Fr.). On the occurence of Plicatula lœvigata of d'Orbigny in
the Middle Lias of Gloucestershire; On the Middie Lias of North Glou*
cestershire. The Spinatus zone, in-8% 65 p., 2 pi.; Gloucester, 1877.
Stache (G.) et C. John. Geologische und petrogi'aphische Beitrâge
zur Kenntniss der âlteren Eruptiv-und Masscngesteine der Mittel-und
Ost-AIpen : L Die Gesteine der Zwôlferspilzgruppe in Westtirol, gr.
in-8% 100 p., 2 pi.; Vienne, 1877.
Tchihatchef (P . de). Considérations géologiques sur les îles océani-
ques, gr. in-8°, 54 p.; Paris, 1878, chez J.-B. Balllière et (ils.
DONS.. — 18 jui?(-4 Nov. 1877. 5
Tre^jelyan (W. C). Sir —, Bart. in 1853 and 1875 : To Ihe Secre-
tary of the Alliance; Speech of Sir W. C. T., Chairman at the public
dinner given to Sir G. Grey, at Alnwick, on Easter Monday, March
28*\ 1833; Letter from Sir W. G. T. to the Hon. Secretary of the
Noltingham Band ofHope Union, gr. in-8°, 4 p.; Manchester,...
IVomelin (G. de) et Ch. de Grasset. Étude sommaire des Faunes
paléozoïques du Bas-Languedoc (extrait), in-8«, 7 p.; Le Havre,
1877.
— et P. Lebesconte. Observations sur les terrains primaires du Nord
du département d'Ille-et-Yilaine et de quelques autres parties du
massif breton (Paléozoïque de l'Ouest de la France), gr. in-8% 43 p.;
Paris, 1877.
2^ OUVRAGES PÉRIODIQUES.
France. Paris. Académie des Sciences. Comptes-rendus hebdoma-
daires des séances de 1—, t. LXXXIV, no« 25 et 20; 1877.
Des Cloizeaux. — Sur une nouvelle Anthophyllite de Bamle, en Norwége, 1473.
Guignet. — Sur le Fer nickelé de Sainte-Catherine, au Brésil, 1507.
Daubrée. — Observations sur la communication de M. Guignet, 1506.
Pisani. — Description de plusieurs minéraux, 1509.
— Id., t. LXXXV, no» 1-18; 1877.
s. Kern. — Sur un nouveau métal, le Davyum, 72.
Lunay. — Sur le Fer nickelé de Sainte-Catherine, 84.
Daubrée. — Expériences d'après lesquelles la forme fragmentaire des fers mé-
téoriques peut être attribuée à une rupture sous l'action de gaz fortement comprimés,
tels que ceux qui proviennent de l'explosion de la dynamite, 115 ; — Conséquences
à tirer des expériences faites sur l'action des gaz produits par la dynamite, relati-
vement aux météorites et à diverses circonstances de leur arrivée dans l'atmo-
sphère, 253 ; — Recherches expérimentales faites avec les gaz produits par l'explo-
sion de la dynamite, sur divers caractères des météorites et des bolides qui les
apportent, 314; — Observations sur la Description, par M. L. Smith, des pierres
météoriques de Rochester, Warrenton et Cynthiana, 678.
Hébert et Munier-Chalmas. — Recherches sur les terrains tertiaires de l'Europe
méridionale : Terrains tertiaires de la Hongrie, 123, 181 ; — Id.: id. du Yicentin,
259, 320.
Loymerie. — Du phénomène ophitique dans les Pyrénées de la Haute-Garonne,
197; — Les Pyrénées marquent la vraie ligne de séparation entre les étages éocène
et miocène du terrain tertiaire, 384.
Gosselet. — Les calcaires dévoniens supérieurs du Nord de la France, 454.
G. de Saporta. — Sur la découverte d'une plante terrestre dans la partie moyenne
du terrain silurien, 500; — Découverte de plantes fossiles tertiaires, dans le voisi-
nage immédiat du pôle nord, 561.
Marignac. — Sur un bloc erratique de granité des environs de Genève, 563.
L. Smith. — Description des pierres météoriques do Rochester, Warrenton et
Cynthiana, qui sont respectivement tombées les 21 décembre 1876, 3 janvier et
6 DONS. — 18 JUiiN-i Nov. i877.
23 janvier 1877, avec quelques remarques sur les chutes précédentes de météorites
dans la môme région. 678.
Renault. — Sur les débris organisés contenus dans les quartz et les silex du
Roannais, 715.
Munier-Chalmas . — Observations sur les Algues calcaires appartenant au groupe
des Siphonées verticillées (Dasycladées Harv.) et confondues avec les Foramini-
fères, 814.
— Annales des Mines, 7® série, t. XI ; 1877.
Oppermann. — Note sur la préparation mécanique des minerais de zinc à Amme-
berg (Suède), 261.
Kcllcr. — Notice sur la consolidation des carrières souterraines sous l'empla-
cement des réservoirs de Montrouge, 284.
— Bulletin des travaux de Chimie exécutés par les Ingénieurs des mines dans les
Laboratoires départementaux, 323.
G. Rolland. — Mémoire sur la Géologie de Kongsberg (Norwége), 391.
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— Annales des Sciences géologiques, t. VIII ; 1877.
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Marsh. — Note sur les caractères des Odontornithes, et indication d'un nouveau
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n«» 52 et 53; 1877.
R. Zeiller. — Flore carbonifère du Centre de la France; travaux de M. Grand'Eury,
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— Id., 7e année, n«« 1-18; 1877.
— Le grand Tremblement de terre du Pérou, 18.
E. Oustalet. — Les Bisons d'Amérique ti'après les travaux de M. J.-A. Allen, 85
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Broca. — Les races fossiles de l'Europe occidentale, 169.
Lennier. — La Géologie normande; l'embouchure de la Seine, 193.
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Potier. — Le Tunnel du Pas-de-Calais au point de vue géologique, 241.
Hébert. — Recherches sur les terrains tertiaires de la Hongrie et du Viccntin,
par MM. H. et Munier-Chalmas, 309.
H. de Varigny. — La Mongolie et les Mongols, 370.
McndeleelT. — L'origine du Pétrole, 409.
— Socitté centrale d'Agriculture de France. Bulletin des séances de
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— Société d'Anthropologie de — . Ballelins de la — , 2« sér., t. XII,
r\^^ 2 et 3 ; 1877.
Pielte et J. Sacazc. — La montagne d'Espiaup, 225.
Bertrand. — Sur les découvertes faites dans la baie de Penhouet à Saint-Nazaire,
300.
— Société botanique de France. Bulletin de la — , t. XXIV, n» I,
etRev. bibl., AetB; 1877.
— Société de Géographie. Bulletin de la — , 6° sér., t. XIII, avril-
juin; 1877.
Harmand. — Les îles de Poulo-Condor, le Haut Don-naï et ses habitants, 523.
Lanhen. -— Note sur la république du Transvaal, 610.
— Id., t. XIV, juillet-septembre; 1877.
— Résumé des travaux et des explorations exécutés dans le Colorado pendant la
campagne de 1876, sous la direction de M. Hayden, 58.
Edm. Fuchs. — Note sur l'isthme de Ghabès et l'extrémité orientale de la dépres-
sion saharienne, 218.
Amiens. Société Linnéenne du Nord de la France. Bulletin mensuel,
t. III, 11°» 61-64; 1877.
Josse. — Note sur l'ancienne étendue des baies de Somme et d'Authie, 320.
DeMercey. — Sur deux questions concernant les croupes de la Somme, 336.
Auxerre. Société des Sciences historiques et naturelles de TYonne.
Bulletin de la —, 2° sér., t. XI, !«' sem.; 1877.
Dunkerque. Société D. pour l'encouragement des Sciences, des
Lettres et des Arts. Mémoires de la — , t. XIX; 1874-73.
Lyon. Commission de Météorologie de — , XXXII« année; 1875.
Rouen. Société des Amis des Sciences naturelles de — . Bulletin de
la —, 2« sér., t. XII, 2® sem.; 1876.
Boutillier. — Rapport géologique sur l'excursion faite à Amiens le 11 juin 1876,
173 ; — Note sur un dépôt alluvial de Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados) contenant des
Nummulites, 183; — Compte-rendu de l'excursion faite à Clermont-Ferrand et dans
ses alentours en juin-juillet 1876.. 237.
Saint-Étienne. Société de l'Industrie minérale. Bulletin de la — ,
2« st*r., t. VI, no» 1 et 2; 1877.
— Comptes-rendus mensuels des réunions de la — , juin-sept. 1877.
Boulangier. — Sur un gisement de Cuivre en Auvergne (concession d'Agnat et
d'Azerat), 12 (juillet).
Henry. — Sur les gîtes de cuivre gris, 14 fid,J\ — Sur le Pays de l'Huile dans
l'Amérique du Nord, 16; — Sur las bassins anthraxifères de la Pensylvanie, 10
(août).
De Radominski. — Recherches sur le Cérium, 6 (août).
Saint-Quentin. Société académique des Sciences, Arts, Belles-
LcUrcs, Agriculture et Industrie de — , 3^ sér., t. XIV; 1873-76.
8 DONS. — 18 juiN-4 Nov. 1877.
Toulouse. Matériaux pourrHistoire primitive etnaturellede rHomme,
par M. Ém. Cartailhac, 2« sér., t. VIII, n^*» 6-8 ; 1877.
— Société d'Histoire naturelle de — . Bulletin de la — , t. XI, n° 1 ;
1876-77.
Fagot. — Catalogue des Mollusques des Petites-Pyrénées de la Haute-Garonno
comprises entre Cazères et Saint-Martory, 33.
Trutat. — Le Massif de la Maladetta et la station de la Dent de la Maladetta, 51.
Troyes. Société académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et
Belles-Lettres du département de TAube. Mémoires de la — , 3« sér.,
t. XIII; 1876.
Valenciennes. Société d'Agriculture, Sciences et Arts de l'arrondis-
sement de — . Revue agricole, industrielle, littéraire et artistique,
t. XXX, n°« 6-8 ; 1877.
Allemagne. Berlin. Akademieder Wissenschat'ten zu — . Monatsbericht
der K. P. — , 1877, mars-juillet.
Beyrich. — Uebcr jurassische Ammoniten von Mombassa, 96.
Vora Rath. — Ueber eine neue krystallisirte Tellurgold-Verbindung, den Bun-
sen in Krcnner's, 292.
Websky. — Ueber Hornquecksilber von el Doctor in Mexico, 461.
— Geologischen Gesellschaft. ZeiUchrift der D. — , t. XXIX, n®» 1
et 2; 1877.
A. Krause. — Die Fauna der sogcn. Beyrichien-oder Choneten-Kalke des nord-
deutschcn Diluviums, 1.
Hilgendorf. — Noch einmal PlanorhU multiformis, 50.
A. Halfar. — Ueber die metamorphosirlen Culmschichten in der nàchslon Umge-
bung von Rohmker Halle, sowie Uber zwei neuc im nordwesUichen Oberharze
beobachtete Culmkalk-Vorkommen, 63.
Rammelsberg. — Ueber Nephelin, Monacit und Silberwismuthglanz, 77.
G. Wolff. — Das australische Gold, seine Lagcrstàlten und seine Associationen,
82.
K. Hofmann. — An H. G. vom Rath, 185.
P. Herler. — An H. G. vom Rath, 194.
Th. Wolf. — An H. G. vom Rath, 197, 412.
L. von Ammon. — An H. W. Dames, 198.
G. Boehm. — Beitrage zur gcognostischen Kcnntniss der Hilsmulde.. 215.
Weiss. — Ueber die Entwickelung der fossilen Floren in dcn geologischen Perio-
den, 252; — Ueber neucre Untersuchungen an Fruclificalionen der Steinkohlen-
Calamaricn, 259.
E. Datho. — Die Diallaggranulite der sàchsischen Granulilformation, 274.
Lossen. — Kritische Bcmerkungen zur neueren Taunus-Literatur, 341.
Edm. Naumann. — Die Vuleaninsel Ooshima und ihre jiingste Eruption, 364.
Arzruni. — Uebcr die Ergebnisse der Forschung auf dem Gebiete der chemischen
Krystallographie, 392.
Kayser. — An II. Beyrich, 407.
F. Saudberger. — An H. Lossen, 410.
DONS. — 18 JULN-4 NOV. 1877. 9
Dresde. Naturwissenschaftlicben Gesellschaflt Isis iii — . Sitzungs-
Berichteder-,1877, 1-6.
Ida von Boxbcrg. — Ueber Nicderlassungeii aus der Renthicrzeit im Mayenne-
Dcpartement, 1.
H. Engelhardt. — Bcmerkungen Uber Tertiàrpflanzen von Stedten bei Halle a. S.,
14; — Ueber Petrefacten von Borna und Zittau, 16; — Tertiàrpflanzen von Kun-
zcndorf bei Sagan in Schlesien, 18.
A. Dittmarsch. — Ueber die Géologie des Elbthales bei Meissen, 17.
H. B. Geinitz. — Ueber Versteinerungen aus dem Elbthale bei Meissen, 17; —
Ueber Pterodactylen, 29; — Ueber die fossilen Pferde, 42.
E. Geinitz. — Ueber die Entw^ickelung und die HauptresuUate der mikrosko-
pischen Pétrographie, 41.
Gotha. Hiltheilungen aus /. Perthes' geographischer Anstalt ûber
wichtige neueErforschuiigen auf dem Gesammtgcbieteder Géographie^
t. XXUI, 1)0* 7-10; 1877.
Jung. — Die geographischen GrundzUge von SUd-Australien (suite), 351.
Stuttgart. Neues Jahrbuch fur Minéralogie, Géologie und Palseonto-
logie, 1877, n«» 4 et 5.
K. Zittel. — Beitrâge zur Systematik der fossilen Spongien, 337.
Tdrnebohm. — Ueber die wichtigercn Diabas-und Gabbro-Gesteine Schwedens
(6n), 379. •
G. A. Koch. — Ueber Eiskrystalle in lockerem Schutte. 449.
H. Trautschold. — Der russische Jura, 475 ; — 497.
Cahusen. — Ueber die jurassischcn Bildungen im sUdwestlichen Theile des Gou-
vernements Rjâsan, 483.
Briefwechsel : — A. Pichler, 394; — E. Geinitz, 394; — F. Mauser, 395; —
G. Ulrich, 494;— M. Braun, 498; — Des Cloizeaux, 499; — Krenner, 504; —
P. Sandberger, 508 ; — Ott. Feistmantel, 509.
— Wûrtteinbergische nalurwissenschaftliche Jahreshefte, t. XXXIII,
no* 1 et 2; 1877.
0. Fraas. — Ueber die altère Steinzeit in Schwabcn, 46; — Ueber die Carte géolo-
gique de la Terre par M. J. Marcou, 65.
Kober. — Ueber eine Muschelkalkhdhle bei Nagold, 58.
Probst. — Beitrâge zur Kenntniss der fossilen Fische aus der Molasse von Bal
iringen : II. Batoidei, 69.
Th. Engel. — Der treme Jura in Schwabcn, 101.
K. Miller. — Foraminiferen in der schwâbisch-schweizcrischen miocàncn Mceres-
molasse als Leitfossilien, 295.
Alsace-Lorraine, Colmar. Société d'Histoire naturelle de — . Bulletin
de la —, 16° et 17« années; 1875-76.
Fessenmayer. — Troisième Étude de Gôoli)gie agricole appliquée à l'Alsace. De la
perméabilité dés roches par l'eau et do la formation des sources, 271.
Ch. Grad. — Notice sur les grottes de Cravanche et l'Hoaune pr«5historiquc en
Alsace, 443.
Mulhouse. Société industrielle de — . Bulletin de la — . Bulletin
D
10 DONS. — 18 iuiN-4 Nov. 1877.
spécial publié à l'occasion du SO*"» anniversaire de la fondation de la
Société. Annexes, 1876.
— Id., t. XLVII, juillet-novembre; 1877.
M. Micg. — Note sur la grotte de Cravanche, 367.
Autriche- Hongrie, Bude-Pesth. Fôldtani Intézet. A Magyar K. —
Évkonyvc, t. VI,'nM;1877.
J. B(ickh. — Megjegyzcsck az « Uj adatok a d6li Bakony-(ÏJld-és dslénytani isme-
rctéhez », 1.
— Geologischen Anstalt. Mitlheilungen aus dem Jahrbuclie der K.
llngarischen — , t. VI, n^ 1; 1877.
J. Bockh. — Bemerkungcn zu der « Neue Datcn zur geologischen und palaoooto-
logischcn Kenntniss des sUdlichen Bakony », 1.
Léobcn, Pribram et Schemnitz. Bergakademien zu — . Berg-und
Hùttenmânnisches Jahrbuch der K. K. — , t. XXV, n«» 3; 1877.
Bertels. — Ueber den Naphta-Distrikt des nordwestlichen Kaukasns, 267.
B. Helmhacker. — Ueber das Vorkommen des Stcinsaizes, 283.
V. Radimsky. — Die Insel Pago in Dalmatien und deren Lignit-Yorkommen,
3-25.
Vienne. Geologischen Reichsanstalt. Abhandlungen der K. K. —,
t. IX; 1877.
F. Karrer. — Géologie der K. Franz-Josefs Hochquellen-Wasserleitung. Eine
Studie in den Tertiar-Bildungen am Westrande des alpinen Thciles der Niedemng
von Wien, 1.
Jahrbuch der K. K. —, t. XXVI, n^» 1-4; 1876.
A. Koch. — Neue Beitrâge zur Géologie der Frusca Gora in Ostsiavonien, 1.
F. Seeland. — Der HUttenberger Erzberg und seine nachsle Umgebung, 49.
Schneider. — Geologische Uebersicht Uber den hollandisch-ostindischen Archipel,
113.
M. Kclb. — Die SooIeque'IIcn von Galizien, 135.
R. Hœrnes. — Anthracotherium magnum, Cuv., aus dem Kohlenablagerungen
von Trifail, 209.
G. Haberlandt. — Ueber Testudo prœeepx, n. sp.. die erste fossile Landschild-
krote des Wiener Beckens, 243.
Neumayr. — Das Schiefergebirge der Halbinsel Chalkidike und der thessalische
Olymp, 219.
Paul. — Grundzuge der Géologie der Bukowina, 261.
J. Niedzwiedzki. — Beitrâge zur Géologie der Karpathen, 331.
Br. Walter. — Die Erziagerstatten der sUdlichen Bukowina, 343.
E. von Kvassay. — Ueber don Natron und Székboden im ungarischen Tieflande,
427.
Mincralogische Mittheilungen. K. Than. — Analyse der Harkanyer Therme, 1.
R. Helrahacker. — Pyrit von Waldenstein in Kiirnthen, 13; •— Mincralogische
Beobachtungen aus dem (istlichen Bohmen,25.
R. von Drasche. — Wcilerc Bemerkungcn (iber die Géologie von Réunion und
Maurilius, 38; — Einige Worte Ubcr den geologischen Bau von SUd-Luzon, 157.
IJONS. — 18 juiN-4 Nov. 1877. 11
E. Doricky. — Ueber einige ankeritabnliche Minérale der silurischeu Eisenstcin-
lager und der KohleoformatioD Bcihmons und Uber die ohemische Constitution der
untcr dem Namen Aukerit vereinigten Mineralsubstanzcn, 47.
Edm. Nemioar. — Die Krystallform des Barytoculestins, 59; — Die Eruptivgesteine
der Gegend von Banow in Mahren, 143.
C. W. C. Fuchs. — Bericht Uber die vulkanischen Ereigoisse des Jahres 1875, 71.
E. Kalkowsky. — Ueber grUne Scbiefer Niederschlesiens, 87.
Websky. — Ueber Beryll von Eidsvold in Norwegen, 117.
E. Ludwig. — Chcmische Analyse der Darkauer jodhaltigen Salzsoole, 119.
Gooch. — Ueber vulkanische Gesleine der Galopagos-Inseln, 133.
À. Streng. — Ueber die mikroskopische Unlerscheidung von Ncpbelin und Apa-
til, 167.
Loebisch et Sipôcz. — Analyse des Wassers vom Mare morto auf der Insel
Lacroma, 171.
W. Suida. — Ueber das Verhalten des Eisenoxydes bei hohen Temperaturcn,
175.
E. Geinitz. — Ueber einige GrUnschiefer des sachsischen Erzgebirges, 189.
J. Terglav. — Die petrographische BeschafTenheit der im Grazer Devon vorkom-
menden Tuffe, 207.
Fr. Berweth. — Felsarten aus der Gegend von Rosignano und Castellina marilima,
sUdIich von Pisa, 229.
Notizcn : Yerwandlung von Grammatit in Talk bei Gegenwart von Olivin, 65;
Ueber Leucit, 66; Note zu Laspeyres'Abhandiung : Krystallographische Bemerkun-
gen zum Gyps; 67; Ueber die Wirkung verdUnnter Essigsàure auf dolomitische
Kalke, 69; Regcluiassige Ycrwachsung von Eisenkies mit Eisenglanz, 141; Minérale
aus dem nordwestlichen Theile Schlesicns, 141 ; Bemerkungen Uber die Pechsteine
von Arran, 185; Biotit-Zwillinge vom Vesuv, 187; Der Stern von Este, 241; Entstc-
hung einer scbaligen Textur im Steinsalzo durch Schlag, 242 ; Sulfuricin und Mela-
nophiogit, 243.
— Id., t. XXYII, n«l;1877.
E. Tictze. — Ueber einen kurzcn Ausflug nach Krasnowo.isk im wesllichen Tur-
kestan, 1.
D. Stur. — Ist das Sphenophyllum in der That einc Lycopodiaceae ?, 7.
Paul et Tietze. — Studien in der Sandsteinzono der Karpathen, 33.
Miner alogische Miuheilungen. R. Heirahacker. — Gold von Sysertsk am Ural, 1;
— Ueber Diabas von Almaden und Melapbyr von Hankock, 13.
R. MUller. — Untersuchungen Uber die Ein wirkung des koblensaurehaltigen
Wassers auf einige Mineralien und Gesteine, 25.
R. von Drasche. — Bemerkungen Uber die japanischen Vulkane Asama-Yama,
Jaki-Yama, Iwa-wasi-Yama und Fusi-Yama, 49.
Edm. Ncminar. — Nachtrag zur chemischen Analyse des Mejonits, 61.
C. Dœlter. — Beitrëge zur Minéralogie des Fassa-und Fleimser-Thales, U, 65.
Ç. W. C. Fuchs. — Bericht Uber die vulkanischen Ereignisse des Jahres 1876,
83.
Notizen : Zur Kenntniss der Mineralvorkommen von Kalusz, 95; Siraonyit von
IschI, 97; KUnstliche Darstellung der Pseudomorphose von Malachit nach Atacamit
97; Leonhardit aus dem Fioitcnthale, 9S: Grundform des Yesuvian, 98; Ein neuer
Barytfeldspath, 99.
Vcrhaiidluiigeii der K. K. —, 1877, ii«^ 8-12.
12 DOiNS. — 18 juiN-4 Nov. 1877.
Neumayr. — Ueber einen Conglomeratgang im KarpatheDsaodstein des Unghvarcr
Comitates in Ungarn, 126; — Die Zooe der Terebratula Aipafia io den SUdalpen,
177.
J. von Schrocckinger. — I. Posepnyl, ein neues Harz aus Californien; II. Fluorit,
aïs noues Mineralvorkommen in dem Ouecksilberbergwerke zu Idria, 126.
J. A. Gamper. — Studien Uber Labradorite von Kiew, 190; — Anorthit vom
Monzoni, 131.
G. von Hauer. — Der artesische Brunnen in Gaudenzdorf, 135; — Kn stallogene-
tische Beobachtungen, Y, 162.
H. Wult. — Aufnabmen in Oesterreichisch-Podolien, 137.
G. A. Koch. — Kurze Erlâuterungen zur Yorlage der geologiscfaen Aufoahms-
kartc des Selvrettagebieles, 137; — Ein Beitrag zu den geologischen Aufnahmen im
Rhatikon und der Selvrettagruppe, 202.
R. Hœrnes. — Beitrâgc zur Kenntniss der Tertiiir-Ablagcrungen in den Sttdalpen,
I-II, 115, 178; — Zur Géologie der Steiermark, I-II, 198.
y. Hanscl. — Die petrographische Beschaffcnheil des Trachytes der sUdlichen
Bukowina, 150.
y. Hilber. — Die Miocânschichten von Gamlitz bei Ehrenhaosen in Steiermark,
166.
Radimski. — I. Ueber den geologischen Bau der Insel Pago; II. Hippuritenfun-
dort beiScardona in Dalmatien, 181.
0. Feistmantel. — Geologische Mittheilungen aus Ost-Indicn, 183.
G. Paul. — Petrefaktenfund in Karpathensandstein, 185.
0. Lenz. — Reisebericht aus Ostgalizien, 187.
E. Tielze. — Reisebericht aus Ostgalizien. 188.
F. Toula. — Petrefaktenfunde im Wechsel-Semmering-Gebiele, 195.
G. Stacbe. — Orientirungs-Touren im Aufnahmsgebicte derersten Section sUdr
wârts und nordwarts vom unteren yintschgau, 205.
A. Bittner. — Die Tertiàr-bildungen von Bassano und Schio, 207.
yacek. — Die Sette Gommuni, 211.
Belgique. Liège. Société géologique de B. Procès-verbal de la
séance du 15 juillet 1877.
J. deMacar. — Sur la synonymie de quelques couches de houille du bassin de
Hervé, 163.
G. Dewalquc. — Échantillons de Galène octaédrique du fllon de Chienheid (Pe-
pinster), 165.
Ad. Firket. — Sur un échantillon de Barytine cristallisée provenant du système
houiller, 166.
Ch. de la y allée Poussin. — Sur l'origine des dépressions des cailloux impres-
sionnés, 107.
Canada. Montréal. Exploration géologique du C. Rapport des opéra-
lions de 1875-76; 1877.
Selwyn. — Rapport sommaire des explorations géologiques, 1; — R. sur l'explo-
ration à la Colombie-britannique, 30; — Forages pratiqués sur la rivière du Cygne,
près du Fort Pelly, en 1875, 323.
Macoun. — Notes géographiques et topographiques sur les rivières de la Paix
inférieure et Athabaskaw, 09; — Rapport sur la Botanique de la région parcourue
entre l'Ile de Vancouver et Carllon, sur la Saskatchewan, 125.
DONS. — IH joii\-4 Nov. 1877. 13
Whiteaves. — ' Notes sur quelques fossiles recueillis durant l'expédition de
M. Selwyn, 110.
G. M. Dawson. — Rapport sur les explorations dans la Colombie-britannique,
256.
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R. W. Elis. — Rapport sur les sondages pratiqués dans le territoire du Nord-
Ouest, durant Tété de 1875, 311.
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Se. Barlow. — Rapport sur l'exploration et l'étude des terrains houillers du
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Renevier. — Notice sur les Blocs erratiques de Monthey (Valais) devenus la pro-
priété de la S. T. des S. N., 105.
LISTE DES OUVRAGES
REÇUS EN DON OU EN ÉCHANGE
PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
du S novembre 4877 au 7 janvier 4878.
lo OUVRAGES NON PÉRIODIQUES.
(Les noms des donateurs sont en italique,)
Achiardi (Ant. d*). Hinerali Toscan! (Ematite, Baritina, Farmaco-
siderite, Preenite, Epidoto, Sperchise), gr. in-S^, 6 p. ; Pise, 1877.
Aumônier et Eck. Notice sur la Constitution géologique de la mon-
tagne de Berru, in-8^ 68 p. ; Reiras, 1873.
Barrande (J,). Système silurien du Centre de la Bohême, !<'• partie:
Recherches paléontologiques, t. II: Classe des Mollusques. Ordre des
Céphalopodes. Texte, 4® et 5« parties : Éludes générales sur les Nanti-
lides paléozoîques, 2 vol. in-4^ 1505 p»; — Supplément et série
tardive, texte et planches, 2 vol. in-4*', 295 p. et pi. 461-544; Prague
et Paris, 1877.
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Centre de la Bohême, vol. II, texte Y, iD-8°, 268 p., 4 pi.; Prague et
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W. Branco. — Notiz Uber das Vorkommen des Muschelkalkes bei Altmersleben in
der Âitmark, 511.
Liebisch. — Ueber den Zusammenhang der geometrischen Gesetze der Krystal-
lographie, 515 ; — Ueber die Symmetrie der Krystallzwillinge und Uber équiva-
lente Zwillingsazen, 625.
Struckmann. — Ueber die Fauna des unteren Korallen-Ooliths von Yôlksen am
Deister unweit Hannover, 534.
Pohlig. — Der archâische District von Strehla bel Riesa i. S., 545.
F. Rœmer. — Notiz tlber das Vorkommen des Moschus-Ochsen fOviboi moi-
ehatut, Blainv.) im Ldss des Rheinthals, 593.
Th. Wolf. — Ueber eine Âscheneruption des Cotopaxl in Ecuador, 594.
Stelzner. — Ueber den rothen Gneiss des sachsischen Erzgebirges, 597.
K. A. Lossen. — Ueber die Gliederung derjenigen palaeozoischen Schichten im
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215.
Th. Fuchs. — Ueber die Krâfte, durch welche die Meeressedim^te von der
KUste gegen die Tiefe zu bewegt werden, 225.
A. Bittner. — Das Alpengebiet zwischen Vicenza und Yerona, 226.
F. Teller. — Aufnahmen im oberen Oetz-und Passeierthale, 231.
D. Stur. — Zwei Notizen tlber die Aracauriten im nord-ôstlichen Bdhmen, 237.
F. Toula. — Beitrage zur Kenntniss der Grauwacken-Zone der nôrdlichen Alpeo,
S4a
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A. Jentzsch. — Ueber Baron von Richthofen's Lôss-Theorie, 251.
Rochata. — Die alten Bergbaue auf Edelmetalle in Oberkâmten, 258.
H. Wolf. — Die geologischen AufschlUsse làngs der Salzkammergut-Bahn, 259.
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N. Yon Kokscharow. — Tersuch, die problematiscbe Krystallisalion des Pe-
rowskits zu erklaren, 300.
LISTE DES OUVRAGES
REÇUS EN DON OU EN ÉCHANGE
PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANGE
du 7 janvier au 4 mars 1878.
l® OUVRAGES NON PÉRIODIQUES.
(Les noms des donateurs sont en italique.)
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Dublin, 1876.
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1877.
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gr. in-8% 38 p., 8 pi.; Bordeaux, 1877.
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Collot (L.). Réunion de la Société géologique de France, à Digne, le
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— Compte-rendu sommaire de la Réunion de la Société géologique
de France dans les Alpes, en 1875, gr. in-8o, 10 p. ; Montpellier, 1875.
— Ëtudes morphologiques sur les feuilles des très-jeunes végétaux,
gr. in-8<>, 8 p., 1 pi. ; Montpellier, 1876.
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Geologische Profile durch das Kohlenfeld von Zwickau, par M. H.
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cal, and Tabular, in-8s 264 p., 8 pi. ; Sydney, 1877 (La même).
Saporta (comte G. de). Paléontologie française, 2* série : Végétaux.
Terrain jurassique, 25« livr. : Conifères ou Aciculariées, t. III, f. 16 à
18, pi. 38 à 43; janv. 1878; Paris, chez G. Hasson (Comité de la
P. fr.).
Stapff(F.M.). Studien ûber die Wârmevertheilung im Gotthard.
I Theil, in4s 6 p., 1 pi. ; Berne, 1877.
Taram^lli (T,). Dei terreni morenici ed alluvionali del Friuli. Mono-
grafia geologica, gr. in-8'', 99 p., 2 pi. ; Udine...,
— Alcune osservazioni sul Ferretto délia Brianza, gr. in-8^, 38 p.,
1 pi.; Milan, 1877.
— Catalogo ragionato délie Rocce del Friuli, in4<*, 67 p., 7 pi.;
Rome, 1877.
Terqicem. Essai sur le classement des animaux qui vivent sur la
plage et dans les environs de Dunkerque, 2» fascicule, 40 p., 6 pi.;
Dunkerque,...
Virlet d'Aoust. Observations sur le système des montagnes d'Ana-
huac ou de l'Amérique centrale, sur la grande chaîne volcanique gua-
témalienne, sur les Volcans de l'Amérique du Nord, sur l'origine des
Volcans, in-»>, 36 p. ; Paris, 1877.
2® OUVRAGES PÉRIODIQUES.
France, Paris. Académie des Sciences. Comptes-rendus hebdoma-
daires des séances de T— , t. LXXXVI, n°» 1-8; 1878.
Daubrée. — Recherches expérimentales sur les cassures qui traversent i'écorce
terrestre, particulièrement celles qui sont connues sous les noms de joints et failles,
DONS. — 7 JA.NV.-4 MAI\S 1878. 33
77, 283, 428 ; — Imitation des cupules et érosions caractéristiques que présente la
surface des météorites, dans une opération industrielle, par l'action d'un courant
d'air rapide s.ur des pierres incandescentes, 517.
Des Cloizeaux. — Sur un nouveau gisement de l'Adamine, 88.
St. Meunier. — Contributions paléontologiques, 122.
A. Michel-Lévy. — De l'emploi du microscope polarisant à lumière parallèle pour
la détermination des espèces minérales contenues dans les plaques minces des
roches éruptives, 346.
Hermite. — Sur l'unité des forces en Géologie (3* note), 391.
St. Meunier et G. Tissandier. — Présence des sphérules magnétiques, analo-
gues à ceux dos poussières atmosphériques, dans des roches appartenant aux an-
ciennes périodes géologiques, 450.
Tboulet. — Séparation des éléments non ferrugineux des roches, fondée sur leur
différence de poids spéciûque, 454.
Mayençon. — Sur quelques produits volatils des mines de houille incendiées, 491.
Vélain. — Sur la constitution géologique de l'île de La Réunion, 1" partie, 497.
Hébert. — Remarques sur la note de M. Vélain, 500.
Contejean. — Origine et répartition du calcaire dans les sables maritimes, 500.
Wilm. — Analyse des eaux minérales sulfureuses d'Aix-en-Savoie et de Mariiez,
543.
— Club Alpin français. Bulletin trimestriel, 1877, 4« trimestre.
— Journal des Savants, 1877, déc, et 1878, janv.
— Muséum d'Histoire naturelle de — . Nouvelles Archives du —,
t. IX; 1873.
David. — Journal d'un voyage dans le Centre de la Chine et dans le Thibet orien-
tal (suite), BuU., 3.
— Id., t. X;1874.
David. — Journal d'un voyage dans le Centre de la Chine et dans le Thibet orien-
tal (suite), Bull., 3.
— Revue scientifique de la France et de l'Étranger, 2« sér.,7« année,
n*>» 28-30 et 32 ; 1878.
R. Kerviler. — La chronologie préhistorique; It chronomètre préhistorique* de
Saint-Nazaire, 686.
G. de Mortillet. — La chronologie préhistorique; le chronomètre préhistorique de
Saint-Nazaire, 688.
De Saporta. — Les anciens climats de l'Europe et le développement de la végé-
tation, 741.
— Société de Botanique de France. Bulletin delà —, t. XXIV, n® 2;
1877.
— Société de Géographie. Bulletin de la —, 6« sér., t. XIV, nov. et
décembre; 1877.
A. Nordenskjold. — L'expédition de 1878 à la Mer glaciale de Sibérie, 500
L. Wysse. —L'exploration de l'isthme du Darien en 1876-77, 561.
J.-B. Paquier. — Pamir et Kachgarie (suite), 581.
Rocher. — Itinéraire de Ch'ung-cii'ing à Yun-nan-fu, 602.
H
34 DONS. — 7 JANV.-4 MARS 1878.
Amiens. Société Linnéenne du Nord de la France. Bulletin mensuel,
t. II, n*>« 24, 30 et 40; 1874-75.
A. P. Alexandre. — La Craie de Saint -Maurice, 87.
R. Vion. — Les Tourbières, 175.
N. de Mercey. — Géologie résumée des cantons de la Somme; canton d'Amiens
(suite), 332.
— Id., t. m, no» 44, 47 et 59 ; 1876-77.
N. de Mercey. — Géologie résumée des cantons de la Somme; canton d'Amiens
(suite), 67.
— Id., t. lY, no»67.69;1878,
G. d'Ault-Dumesnil. — Excursion géologique de la Société Linnéenne à Beauvais,
34.
Lille. Société géologique du Nord. Annales de la —, t. IV; 1876-77.
Gosselet. — Relations des sables d'Anvers avec les systèmes diestien et boldé-
rien, 1; — Sondage à Bonsies, 17; — Aperçu sur la constitution géologique de la
forêt de Mormal, 125; — Sur une coupe du terrain dévonien relevée par M. de La
Vallée-Poussin sur la route de Haillot à Andenelle, 136; — Quelques réflexions sur
la structure et Tàge du terrain houiller du Nord de la France à l'occasion du Mé-
moire de M. Breton et de celui de M. l'abbé Boulay, 159; — La marne de la Por-
queric (éocènc inférieur), 179; — Découverte du terrain houiller sous la meule cré-
tacée à Quièvrechain. 209; — Compte-rendu de l'excursion dans les Ardennes du
23 août au 5 septembre 1876, 210; — Sur la découverte d'Oldhamia dans les ardoises
d'Haibes et sur la structure géologique de l'Ardenne, 232; — Sur des exemplaires
de Pleurodyctium problematicum, 237; — Le calcaire dévonien supérieur dans le
Nord-Est de l'arrondissement d'Avesnes, 238 ; — Résumé de l'excursion à Loffre et
à Roucourt et exposé de la constitution géologique des environs de Douai, 283; —
Quelques documents pour l'étude des schistes de Famenne, 303.
Debray. — Squelette humain trouvé dans la tourbe a Aveluy (Somme), 15; — Note
sur une médaille romaine trouvée dans la tourbe à Aire (Pas-de-Calais), 122.
G. Dollfus. — Description et classiGcation des dépôts tertiaires des environs de
Dieppe, 19.
Bouvart. — Sur la géologie des environs de Rethel, 33.
Ch. Barrois. — Observations sur la note de M. Bouvart, 36; — Note préliminaire
sur le terrain silurien de l'Ouest de la Bretagne, 38; — Sur le Pecten Hasbachii,
58 ; ■— Le terrain dévonien de la Rade de Brest, 59 ; — Les minerais de fer de la
Bretagne, 130; — Observations sur les mémoires de MM. Breton et Boulay, 176; —
Note sur les traces de l'époque glaciaire en quelques points des côtes de la Bre-
tagne, 186 ; — Relation d'un voyage géologique en Espagne, 292.
Ern. Vanden Brœck. — Seconde lettre sur quelques points de la géologie des en-
virons de Bruxelles, 106.
Ortlieb. — Observations sur la lettre de M. Vanden Brœck, 121.
Lud. Breton. — Étude sur le prolongement au sud de la zone houillère du Pas-
de-Calais, 138.
Chellonneix. — Note sur la position 6\i Belemnites plenus au Cap Blanc-Nez, 205;
— Sur une Bélemnitelle de la zone à Ammonites variuns du Petit Blanc-Nez, 208;—
Compte-rendu des travaux de la Société, 273.
Cnrnailles. — Sur un orage à Vendhuille (Aisne\. 209.
DONS. — 7 JANV.-4 MARS 1878. 35
Jaonel. — Lettre sur les couches fossilifères de Vireux, 235.
J. de Guerne. — Sur les Heteropsammia, 238.
Lyon. Association des Amis des Sciences naturelles. Compte-rendu
de Vannée 1876; 1877.
— Muséum d'Histoire naturelle de — . Archives du — , 1. 1; 1872-76.
Ducrost et Lortet. — Études sur la station préhistorique de Solutré, 7.
A. Locard. ~ Notes sur les broches osseuses des environs de Bastia (Corse),
37.
Lortet. — Etude sur le Lagomys Corsicanus (Cuvier) de Bastia (Corse), 53.
Lortet et Chantre. — Études paléontologiques dans le bassin du Rhône ; période
quaternaire, 59,
De SaportaetMarion. — Recherches sur les Végétaux fossiles de Meximieux, 131
et 171.
Alb. Faisan. — Études sur la position stratigraphique des tufs de Meximieux, de
Pérouges et de Monlluel, 135.
— Rapport à M. le Préfet sur les travaux exécutés pendant Tannée
1873, par M. Lortet; 1874.
A. Faisan. — L'histoire géologique des environs de Lyon étudiée dans les gale-
ries du M. d'H. n. du Palais Saint-Pierre, 33.
— Id. 1874; 1875.
— Id. 1875; 1876.
— Id. 1876; 1877.
Rouen. -Société des Amis des Sciences naturelles de — . Bulletin de
la —, i^ sér., t. XII, l^' sem.; 1877.
Saint-Ëtienne. Société de l'Industrie minérale. Comptes-rendus
mensuels des réunions de la — , 1877, décembre.
Chansselle. — Houilles de Dorabrowa (Pologne russe), 3.
— Id., 1878, janvier.
Toulouse. Matériaux pour l'Histoire primitive et naturelle de
l'Homme, 2^ sér., t. VHI, livr. 11 et H; 1877.
— Société d'Histoire naturelle de — . Bulletin de la — , t. XI, n*» 2;
1877.
Rey-Lescurc. — Dislocations dans les terrains du Sud-Ouest de la France. Sys-
tèmes du Quercy, du Castrais, des Pyrénées et de l'Auvergne, 107.
F. Regnault. — Grotte du Mas-d'Azil (Ariègej, 128.
Valenciennes, Société d'Agriculture, Sciences et Arts de l'arrondis-
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t. XXX, n<^*9etl0; 1877.
Allemagne. Berlin. Akademie der Wissenscliaften zu — . Monalsbe-
richt der K. P. — , 1877, novembre.
Ramniclsbcrg. — Ucber die Zusammeosel^^ung des Aoscliynils uml Samarskits,
36 DONS. — 7 JANV.-4 UARS 1878.
Peters. — Ueber zwei fussile Wirbelthiere, Probairachus vicetinus und ncmitri-
chut sehisticola, aus den Tertiarbildungen von Ponte bei Lavcrdà im Yiceotioischen.
678.
M. Bauer. — Ucber das Krystallsystem und die HauptbrechuDgs-CoêfGcienten des
Kaliglimmers, 684.
Gotha. Hittheilungen aus J. Perthes' geographischer Anstalt ûber
wîchtige neue Erforschungeu auf dem Gesamrotgebieteder Geographiei
t. XXIV, no i ; 1878.
Stuttgart. Neues Jahrbuch fur Mineralogie,^Geologie und Palaeonto-
logie, 1877, n^» 6-9.
W. Branco. — Die Yulkane des Hernikerlandes bei . FrosinoDe in Mittel-Italien,
561.
Dunker. — Ueber die môglichst fehlerfreic Ermittelung der Wàrme des Innero der
Erde und das Gesetz ihrer ZuDahme mit der Tiefe, 590.
Holtenroth. — Ueber das Gesetz der Temperaturzunahme nach der Tiefe unterzu
Grundlegung der Dunker'schen Beobachtungen im Bohrloch zu Sperenberg. 607.
A. von Lasaulx. — Bromjodsilber von Dernbach; Polarisationserscheinung an
Sphàrolithen, 616.
A. Pichler. — Hineralien bei Nasereit; die Stellung der Schwatzerkalke, 620.
A. Frenzel. — Ueber das sogen. Arsenikwismuth, 621 ; — Ueber den Selenwis
muthglanz, 935.
H. Hofer. — Ueber eine angebliche blitzàhnlicbc Erscheinung wâbrend des Berg-
sturzes bei SteinbrUck, 621.
Schafliaeutl. — Ueber eine neue Koralle. Ktenodema, in Diceratenkalk von Kell-
heim, 622.
0. Feistmantel. •— Die Rajmahal- Flora, 626; — Die Flora von Kach und Rajma
bal, 809.
Brauns. — Berichtigung liber verschiedene Trigonien der Salzbergmergel, 629.
G. Steinmann. — Radiolarien in den Ancylocerasmergeln von Hallein, 630.
A. Baltzer.— Beitriige zur Geognosie der Schweizer-Alpen (suite), 673.
— Die X Sitzung des Oberrheinischen geologischen Vereins, 693.
E. Cohen. — Titaneisen von den Diamantfeldern in Sud-Afrika, 695.
A. Knop. — Ueber die Zusammensetzung der Olivinfelsknollen im Basalte des LQt-
zelberges bei Sasbach im Kaiserstuhl. 697; — Ueber Pseudomorphosen von Cimolit
nach Augit im Basait von Sasbach im K., 699.
Von Klipslein. — Ueber Diluvial-Wirbclthiere aus Huhlen des Grauwackekalkes
im Lahnthale; Vorkommen des Wavellitund Phospliorit bei Staffel, 701.
Ziltel. — Ueber eine Unlersuchungen der fossilen Spnngien, 705, 709.
Fr. Rolle. — Ueber ein Vorkommen fossiler Pflanzen zu Obererlenbach (Wetterau),
769.
K. Pettersen. — Ueber das Vorkommen des Olivinfels im nôrdiichen Norwegen»
II, 784.
M. Neumayr. — Bcmerkungen Uber den russischen Jura, 791.
N. von Kokscharow. — Das Kryslallisationssyslem des Glimmers ; Uber Skorodit
und Brookit; Walnewil, ein neues Mmeral. 798.
C. W. GUmbcI.— Die pflanzenfiihrendcD Schichten bei Neumarkt in SUdtyrol, 805.
C. Dœller. — Ueber seine Unlersuchungen Ihoncrdehaltiger Pyroxene, 806.
C. Klein. — Ueber die Mineralien Kryolith, Pachnolith und Thomscnolith, 808.
Fischer. — Ueber das Katzenauge. 811.
DON?. — 7 iANV.-4 MARS 1878. 37
0. Ileer. — Die 3 Lieferung dcr Flora fossilis Helveliœ; die hssila Flora Sibiriens;
Uber die PflaDzen des Roberthales in Spitzbergen, 819.
F. Henrich. — Ueber die Temperaturen in dem Bohrioche zu Sperenberg und die
dariiber aufgestcllten Rechnungen und SchlUsse, 897.
A. Weisbach. — Ueber die Silberkiese, 906;— Ueber das sogen. ArseDikwismuth
und Uber den Agricolit, 926.
Em. Riedl. — Ueber Bergsturz und Rutschung,'_914.
Kuschel. — Milarit, 925.
Alsace-Lorrainç, Mulhouse. Société industrielle de — . Bulletin de
la — , 1877, supplément de décembre.
Autriche-Hongrie. Léoben, Pribram et Schemnitz. Berg-und Hûtten*
mànnisches Jahrbuch der K. K. Bergakademien zu — , t. XXVI, n° l ;
1878.
Vienne. Geologischen Reichsanslalt. Verhaudlungen der K. K. — ,
1877, n«» 16-18.
R. Hôrnes. — Beitrage zur Kenntniss der Tertiar-Ablagerungen der SUdalpen, III,
275.
0. Lenz. — Zur Oypsfrage in Ostgalizien, 277; — Petrefakten von der Loango-
KUste iWest-Afrika). 278.
B. Raffelt. — Ueber einen Fund von 19 Zahnen von Ptychodus latissimiu, Agas-
siz, in einer Planerkalkgrube in Settenz bei Teplitz, 279.
E. Dôll. — Der Meteorsteinfall von Soko-Banja, nordôstlich von Aleksinac, am
13 Oct. 1877, 283.
C. von Hauer. — Die Eisenquelle in Ober-Weidlingau bei Wien, 288; — Krystal-
logenctische Beobachtungen, VI, 296.
E. von Mojsisovics. — Vorlage der Schlussbàndo von Barrandc's Cephalopoden
des siiurischen Systems von Bôhmen, 289.
y. Hilber. — Die Miocân-Schichten dcr Umgebung des Sausal-Gebirgcs in Steicr-
mark, 293.
E. Tietzc. — Bemerkungen Uber die Tektonik des Albursgcbirges in Persien, 299.
M. Vacek. — Vorlage der Karteder Setto Comuni, 301.
— Id., 1878, n^M-3.
Fr. von Hauer. — Jahresbericht, 1.
— Mittheiiungen der Geologen der K. Ungarischen geologischen Anslalt liber ihre
Aufnahmsarbciton iin Jahre 1877, 13.
C. J. Wagner. — Geologische Skizze des Hausruck-Gcbirges, 29.
F. Babanek. — Ueber den feuerfesten Lehm von Drahlin nàchst Pribram, 34.
F. Seeland. — Der Bergbau auf Rotheisenstein und Braunstcin auf dem Kok, nord-
westlich von Uggowitz, 36.
D. Stur. — Vorlage seiner Culm-Flora der Ostrauer und Waldenburgen Schichten,
38.
Fr. Toula. — Ueber Devon-Fossilien aus dem Eisenburger Comitate. 47.
0. Lenz. — Gabbro von der WestkUste Afrika's, 52.
Fleischhacker. — Das Vorkommen mariner Fossilicn bei Gleichenborg. 53.
V. Hilber. — Die zweite Mediterranslufe bei Hartberg in Oslsteiermark, 53.
G. Thenius. — Untersuchung der Braunkohle und des feuerfesten Thones von
Wildshul in OberOsterreich hinsichtiich ihrer chemischcn Zusammensetzung und
ViTwendung zu industriellcn Zwecken, 51.
38 DOiNS. — 7 JANV.-4 MARS .1878.
E. Dôll. — Notizen liber Pseudomorphosen, 57.
B. von Mojsisovics. — Ueber die sQdtiroler Quarzporphyr-Tafel, 58.
A. Bittner. — Vorlage der Kaiie der Tredici Communi, 59.
F. Teller. — Geologische Mittheiluogeo aus der Œtzthaler-Gnippe, 64.
Belgique. Bruxelles. Annales de la Société raalacologique de B., t. X;
1875.
Rutot. — Note sur quelques Fossiles recueillis dans le Diluvium des environs de
Tongres, Mém., 7; — Relation au point de vue palcontologique de Texcursion en-
treprise les 1'' et 2 août 1875, aux environs de Namur, par les membres de la
Société malacologique, 103.
G. Vincent. — Note sur la Faune bruxellienne des environs do Bruxelles, Mém.,
23; — Note sur quelques Scalaires éocènes des environs de Bruxelles, 87; — Notes
sur trois coquilles fossiles du terrain laekenien des environs de Bruxelles fPecten
nitidulus, G. Vincent; Pleurotama Heberti, Nyst et Le Hon; Triton fusiforme,
G. Vincent), 123.
Houzeau do Lehaie. — Note sur les alluvions de la Trouille dans les environs de
Mons, Mém., 32.
Th. Davidson [traduit par Th. Lefévre). — Qu'est-ce qu'un Brachiopode?, Mém„
36; — Sur les Brachiopodes du Landenien de Chercq, Bull., LXIl.
Watelet. — Notice sur les Sables inférieurs du Soissonnais et sur leurs équiva-
lents, Mém., 111.
Th. Lefcvre. — Sur deux Brachiopodes du Landenien de Chercq, près Tournai,
Bull., X; — Sur la course faite à Cassel par la section de Géologie du Congrès tenu
à Lille par l'Association française pour l'avancement des Sciences, XI ; — Une nou-
velle espèce pour la faune laekcnienne supérieure, XIV ; — Note sur la présence
de l'ergeron fossilifère dans les environs de Bruxelles, XXX.
Seghers. — Débris fossiles recueillis dans le Campinien à Genck, Bull., XXXIV.
Vanden Brœck. — Course aux environs d'Anvers, Bull., XXXV: — Note sur la
présence do l'argile oligocène sous les sables pliocènes du Kiel, près d'Anvers,
LXXV; — Notes sur une excursion scientifique en Suisse, CXXIX.
Malaise. — Sur quelques fossiles du Diluvium, Bull., LV.
Tournouër. — Sur quelques Brachiopodes nouvellement découverts dans les bas-
sins tertiaires de la France, Bull., LX.
A. Thielens. — Voyage en Italie et en France, II, Bull., LXXXIV.
États-Unis. New-Haven. Academy of Arts and Sciences. Transac-
tions ot* tlie Connecticut — , t. IV, n° 1; 1877.
— American Journal of Science and Arts (The), 3° sér., t. XV,
nû»85et86;1878.
U. Shepard. — On a new minerai, Pyrophosphorite : an Anhydrous Pyrophos
phate of Lime from the West Indies, 49.
S. W. Ford. — Description of two new species of Primordial Fossils, 124; — Note
on Lingulella cœlata, 127; — Note on tho development of Olenellus asaphoides. 129
Washington. Geological and Geographical Survey of the Terrilories.
Annual Report of the U. S. — , 9^ — ; 1875.
F. V. Hayden. — Report, 1.
A. C. Peale. — Geological Report ou the Grand River District, 31.
F. M. Endlich. — G. R. on the Southeaslorn District, lOJ
DOXS. — 7 JA.NV.-4 MARS 1878. 39
W. H. Holmes. G. R. on Ihe San Juan District, 237.
B. F. Mudge. — Notes on Ihe Tertiary and Crelaceous periods of Kansas, 277.
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E. D. Cope. — Descriptions of Fishes from the Cretaceous and Tertiary Deposits
west of the Mississippi River, 67; — Prof. Owen on the Pythonomorpha, 299.
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oflhe — for 1876; 1877.
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Ihe R. —, 2«sér., t. IV, n«» 3 et 4; 1876-77.
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Slates, and Carboniferous limestones, of the district of Mourne, in the North-East of
Ireland. 91; — Description of a Fossil Spide, Àrchitarbus subovalis, frora the
Middio Coal Measures, Bumley, Lancashire. 222;— On Graphie Felspar, from Co.
Donegal, 225; — On Elvanite, or Whitestone, from Middieton Hiil, Longnor HalJ,
Shrewsbury, 226; — Note on the Chemical Composition of the SJievenalargy Tachy-
Ivte, 231.
R. Kane. — Anniversary Address, 104.
Edw. HuH. — Notes on the Structure of Haulbowline Island, Cork Harbour, and
on the Geoiogical âge of the Flexures of the Strata in the S. W. of Ireland, 111; — On
the Upper Limit of the essentially Marine Beds of the Carboniferous System of the
British Isles, and tho necessity for tho establishment of a Middle Carboniferous
Group, 224 ; — On the Nature and Origin of the Beds of Chert in the Upper Carboni-
ferous Limestones of Ireland, 245.
G. H. Kinahan. — Irish Drifl. Sub-Group — Meteoric Drift. 115; — An Outlier of
Glacialoid or Re-arranged Glacial Drifl on Stratified Gravel (Esker Period), Mourno
Demesne, County Down, 122; —Irish Drift. Subgroups— Aqueous and Glacial Drifts,
210.
J. Nolan. — Notes of a Geoiogical Tour through the Siebengebirge and the Lower
Eifel, 124; —On a Remarkable Yolcanic Aggloméra to nearDundalk, 233.
Th. Plunkett. — A Detailed Account ot the Exploration of Rnockmore Caves in Fer-
managh, 131.
W. L. Green. — On a Probable Origin for many Magncsian Limestones and Dolo-
mites, for the Serpentine Streaks in Verde Antique Marble, and for the Serpentine
found in Eoxoon Canadense and other Limestone Fossils, 140.
R. Mallct. — On some of the conditions i:;fluencing the Projection of Discrète
Solid Materials from Yolcanoes, and on the Mode in which Pompei was overbohel-
roed, 144.
Edw. Hardman. — On the Age and Mode of Formation of Lough Neagh, Ireland ;
wilh Notes on the Physical Geography and Geology of the Surrounding country,
170; — On the Origin of Anthracite ; with Suggestions as to the possible Corrélation
in Time and Manner of Production of the Anthracites of Southern Ireland, Wales,
Dovonshire, and France, 200 ; — On a Triple System of Post-Miocene Faults in the Ba-
saltic Région around Lough Neagh, 239.
Ch. Tichborne. — On the Occurence of Magnetic Oxide of Iron at Kilbride, Co.
Wicklow, 219.
A. von Lasaulx. — On the Discovery of Tridymite in the Trachyto Porphyfy of
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40 DONS. — 7 JANV.-4 MARS 1878.
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and on the Limes suitable for the Manufacture of Rleaching Powder, 249.
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T. R. Joncs. — Notes on some Fossil Bivalved Entomostraca, 100.
C. J. A. Meyer. — Micrastcrs in the English Chalk. Two or more species?, 1L5.
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W. T. Blanford. — Geological notes on the Great Indian Désert between Sind and
Rajputana, 10.
Oit. Feistmantel. — On the occurence of the cretaceous genus Omphalia near
Namcho Lake, Tibet, about 75 miles north of Lhassa, 21 ; — - Note on Euheria in the
Gondwana formation, 26; — Notes on fossil floras in India, IX-XIII 68.
R. Lydekker. — Notices of new and other verlebrata from Indian Tertiary and
Secondary Rocks, 30 ; — Notices of new or rare Mammals from the Siwaliks. 76.
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W. Th'^obald. — Description of a néw Emydinc from the upper Tertiaries of the
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W. King. — Note on the rocks of tho Lower Godavari. 55.
V. Bail. — On tho At,garh sandstonos ncar CutUïck, 03.
C. A. Hack't. — Note on the Arvaii Séries in North-Eastern Rajputana, &1.
Th. W. H. Hughes. — Borings for Coal in India, 92.
W. Waagen. — Note on the Geology of India, 98.
Italie. Rome. Accaclemia dei Lincei. Atti dolla R. — , 3^ sér. : Trans-
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Gastaldi. — Relazione soprà una Memoria del Pr. Issel intitolata : Nuove ricerche
sulle caverne ossifere dolla Liguria. 30.
Striivcr. — Relazione sopra una Memoria del Pr. de Stcfani intitolata : Sulle tracée
attribuite ail' Uomo pliocenico nel Sene.se, 31 .
Cossa. — Ricerche chimiche sui minerali e roccie dell' isola di Vulcano. P Allimie
potassico contenenle tallio. cesio e rubio, 34.
Ponzi, — Sulle epoche del Vulcanismo italiano, 35.
Capellini. — Pachyacanthu^ vel Priscodelphinus, 49.
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42 DONS. — 7 JANV.-4 MAHS 1878.
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ten) di? Raden (Ar;;ovi(»). l'"'' partie, n" 1.
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V. G. A. i'.iederniann. — J/ft*/'»rfon ajigusîidcnx, Cuv.. n" 3.
B;ilo. Nadirt'orsclientle»! ricsellschart in — . Verliandluiigen rîcr — ,
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Alb. MUller. — l»' er die anoniialen LageningsverhàUnisse im westliclien Basler
Jura, 428.
Gentive. Sociéu' de Physique et d'Histoire naturelle de — . Mémoires
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A. Favre. — Rapport pour la période annuelle du 31 mai 1876 au 1^' juin 1877,
353.
LISTE DES OUVRAGES
IIKÇUS KN DON OU EN ÉCHANGE
PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANGE
du 4 mars au 6 mai ÎS78.
1» OL'VHAGES NON PÉUIODlgUES.
(Les noms des donateurs sont en italique )
Barrois (Ch.), Noie sur les traces de l'époque glaciaire en quelques
points (les côtes de la Bretagne, in-8^, 19 p.; Lille, 1877.
— Les sables de Sissonne (Aisne) et les Alluvions de la vallée de la
Souche, in-»\ 17 p.; Lille, 1878.
— et /. de Guerne. Description de cjuelques espèces nouvelles de la
Craie de l'Est du bassin de Paris, in-8o, 24 p.; Lille, 1878.
JkUaviaasch Gciiootschap va)i Kunstea en Weienschajjj^cn. Tweede
Vervolg-Catalogus der Bibliotek van het — , in-8o, 217 p.; Batavia et
La llave, 1877.
Beyrich. Ueber einen Ptericlitliys von Gcrolstein, in-8<», 6 p., 1 pi.;
Berlin, 1877.
Dauhrt'e. Recherches expérimentales sur les cassures ([ui traversent
récoroe terrestre, particulièrement celles ([ui sont connues sous les
non)S(le;V>i/i^5 et de failles, in-4'*, 17 p.; Paris, 1878.
— On Points ot'Similarity IxHween Zeolitic and Siliceous Incrusta-
lions ol' récent Formation by Thermal Springs, and Ihose observed in
Amygdaloids and olher altered Volcanic Rocks, in-8'\ 13 p., 1 pi.;
Lon^'lres, 1878.
Evans (John), Les âges de la Pierre, instruments, armes et orne-
ments de la Grande-Bretagne, traduit de l'anglais [)ar M. E. Barbier,
in-8^, 694 p., 1 pi.; Paris, chez Germer Baillière et G«, 1878.
Favé et DanOrce. Académie dt>t Science-?. Funérailles do M. Belgrand.
Discours de MM. —, in-4", 10 p.; Paris, 1878.
Favre (Ern.). La zone à Ammonifrs d'-anthicus dans les Alpes de la
i^uissc et de la Savoie, in-4"', 114 p., 9 pi.: Pari^, chez F. Siivy ; BAle
et Genève, chez II. Georg; Berlin, chez II. rrifMlla.ider et liU, 1877.
— Bevu'» gé()'ogi([ii<.' sH'-Svî pour raimco 1877, VHi. in-8', 84 p.;
Gjnèvo, Bile et I.von, cIjv/. II. (i 'org. 1^78.
4i no.Ns. — 4 MAHs-f) 3IVÏ 1878.
FritsL'U (Ant.). Die Reptilien und Fisohe der i>ôliniiscljeii Kreide-
formation, in-4% 58 p., iOpl.; Prague, chez Fr. Hiviiac» 1878.
Gaudry (Alb.). Sur un gi'and Reptile fossile (V Eurt/sauras Rain^
courti), in-4^ 2 p.; Paris, 1878.
Geological Exploration of the Fortieth Paraîlel. Reporl of ihe — ;
t. Il : Descriptive Geologi/, par MM. A. Hague et S. F. Emmons, in-4^
002 p., 20 pi.; Washington, 1877.
Geological Survey of the Tcrritones. Miscellaneous Publications,
n" 1 : Lists of Elévations principally in tliat portion of the U. S. west
of the Mississij)pi River, par M. H. Gannett, 4^ édit., in-8®, 178 p.,
1 pi., Washington, 1877.
— Id., n* 8.* Fur-hearing Animais: A Monograph of North Ameri-
can Mustelidas, in which an account of the Wotverene, the Martens
or Sables, the Ermine, the Mink and various other kinds of Weasels,
several species of Skunks, the Badger, the Land and Sea Otters, and
numerous exolic allies of thèse animais, is contributed to the Hiï^lorv
of North American Mammals, par M. Eli. Coues, in-8^ 362 p., 20 pi.;
Washington, 1877.
Geylcr (Th.), Palaconlologie, Géographie. A. Phytopalaeontologie,
in-8% 44 p.;
Hall (J.). The Louisvilie Limestones. Note on llie hythaulic beds
and associated limestones at the Falls of theOhio, in-4**, 1(5 p.; ...,
«877.
Hollande. Géologie de la Corse, gr. in -8^, 116 p., 5 pi.; Paris, chez
G. Masson, «878.
Journal de Conchyliologie. Index général et systématique des ma-
tières contenues dans les vingt premiers volumes du — publiés tous
la direction de MM. Crosse, Fischer, Bernardi et Petit de la Saussayo
(18501872), in-8^ 208 p.; Paris, chez II. Crosse, 1878.
Labat. Note médicale sur Niederbronn (Alsace), in-8«, 11 p.; Nancv,
1878.
Lf.ymerie. Eléments de Géologie, comprenant un lexitjueoii se trou-
vent indiqués les caractères zoologi{|ues des fossiles, 3*' éd., in-12,
616 p.; Paris, chez G. Masson et J. B. Baillière; Toulouse, chez P.
Privât, 1878.
— Éléments de Minéralogie et de Lithologie, in-li, 294 p.; Paris,
chez G. Masson et J. B. Baillière; Toulouse, chez P. Privât, 1878.
Lortet, Muséum d'Histoire naturelle de Lyon. Rapport a M. le Préfet
sur les travaux exécutés pendant Tannée 1877, gr. in-8^ 27 p.; Lyon,
Bûle et Genève, chez H. Georg, 1878.
Matheroa (Ph.). Recherches paléontologiques sur le Midi de la
France, ou Étude sur les animaux fossiles découvcMtwIans cette ré-
no.Ns. — \ MAUs-G MAI 1878. io
gion, préscntaiil la description cl la fii^urc des espaces nouvel le>, dou-
leuses ou peu connues, avec rénuinération niélliôdique des corps
organises fossiles qui les accompagnent dans leurs gisements strati-
graphifjues, 1'^'' et 2o livr. : texte, feuille 0 1 ; planches B 15, 18 et 20;
C 8, 9, 11, 13, 14, 17 et 21 ; F 22 et G 10, in-fol.; Marseille, chez l'au-
teur, mars 1878.
Omboni (O,), Le Marocche, antiche moreno mascherale da frane,
in-8^ 16 p.; Milan, 1878.
PiiV)ia(G.}, Sulla Fauna fossile giurescdel Monte Cavallo in Friuli,
in-i", 62 p., 9 pi.; Venise, 1878.
Ponzi (0,). Cronaca subappennina o abbozzo d'un quadro générale
del periodo glaciale, in-4<', 81 p.; Uome, 1875.
— Sloria dei Vulcani Laziali, in-4% 19 p., 1 pi.; Kome, 1875.
— Dei Monti Mario e Vaticano e del lorosollevamenlo, in-4<>, 14 p.,
2 pi.; Rome, 1875.
— Lavori degli Insetti nelle ligniti del Monte Vaticano, in-4«, 3 p.;
Rome, 1876.
— I fossili del Monte Vaticano, in-4^ 37 p., 3 pi.; Rome, 1876.
— La Tuscia romana e la Tolfa, in-4", 54 p., 2 pi.; Rome, 1877.
Przewalsky (N. M.). Reisc des russischen Gencralstabs-obersten —
von Kuhlscha uber den Thian-Schan an den Lob-Nor und Altyn-Tag,
1870 und 1877, in-4^ 31 p., 2 pi.; Gotha, chez /. Perthcs, 1878.
PiiriqicUij (P.). Metasomatic development of Ihe Copper-bearing
Rocks of Lake Superior, in-8'\ 58 p , 1 tabl.; Philadelphie, 1878.
Sfarhe (O.), Geologische Uebersichtskarte der Kùsteidander von
Œstorreich-Ungarn und des angrenzenden Gebietes von Krain, Steier-
murk und Kroatien, mit besonderer Riicksicht auf die Verbreitung
<ler Sùss und Rrackwasser Faciès der Liburnischen Stute oder der
untersten S('hichtengru|)pe der Eocànformation in Gorz-Gradisca ,
Krain, Triest, Istrien, Kroatien und Dalmatien, 1 f.; Vienne, 1S78.
Tiit-amelli (T.). Del Granito nella formazione serpentinosa delT
Apennino Pavese, in-S®, 27 p.; Mdan, 1878.
landrn IJrneck (K,), Note sur les Foraminifères de Targile des
poldtîrs, in-8", 10 p.; Bruxelles, 1877.
— Note sur l'altération des roches quaternaires des environs de
Paris par les agents atraosphérii^ues; — Seconde note sur le Quater-
naire des environs de Paris. Réponse aux observations de M. Hobert,
gr. in•8^ 7 p.; I^aris, 1877,
— Note sur les Foraminitères du littoral du Gard, 7 p.; Nimes,
1878.
— Monographie des Foraminitères carbonifères et permicns (le
genre Fusnlhm cxce[)tô) par II. B. Brady, in-8", 9 p.; Bruxelles, 1878.
46 DO.NS. -;- 4 MARS-6 MAI 1878.
— Cl P. Cogeh. Observations sur les couches quaternaires et plio-
ci*ne^ Hc Mcrxcin, près d'Anvers, ^r. in-8\ 8 p.; Bruxelles. 1877.
Wios. Giiiilc «le la ^.arie j^M'olo^'ique du Grand-Duché de Luxem-
lK^u^^^ m S". î)ti p.. '3 pi.; Lux^Mnour^', chez. P. Bruck, 1877 (Société
^^cs ^':/V ci'v natu/rllcs (hc Gruiul-Dcchc de Laxciiibourg) ,
■■- {'[ P. M. Sif:;en. Carte géolo^n(|ue du Grand-Duché de Luxem-
î.(»u.:^. S r.; !877 (La mémo).
Zeiller (n.). Déienninaiion des étages houillers à l'aide de la Flore
fossile. Résumé des travaux de M. Grand'Eury, in-8'', 53 p.; Paris,
chez Dunod, 1877.
2'' OUVRAGES PÉRIOblgUES.
France, Paris. Académie des Sciences. Comptes-rendus hebdoma-
daires des séances de T—, t. LXXXVI, n^« 9-17 ; 1878.
DaubrcM». — Rapport sur rint^^i-Ol que prôsenlo la conservation de certains blocs
erratiques situos sur le territoire français, et sur TouvrajL'e de ÎDI. Faisan et
(Ihantre, relatif aux anciens glaciers et au terrain eiratique de la partie moyenDC du
bassin du RhAne, 505; — Expôrienoes tendant à imiter des formes diverses de
ploiements, contournements vi ruptures que pr^-sentent les terrains stratiGés, 733,
86J, 9;?8; — FApériences relatives à la chaleur qui a pu se développer par les
actions môcani(pies <lans l'intérieur des roches, particulièrement dans les argiles-,
cons'îquences pour certains plu^nomènes géologiques, notamment pour le métamor-
phisme, 1017.
J. Garnier. — Sur la (iarniorile. fiSJ.
Stan. Meunier.— Production artilicielle <le la Brodianlite, 680; — Sur le mode
de formation de la brèche nivît^oritique de Sainte-Catherine 'Brcsil,', 913.
Cri>. — Les Tii,'illi(es siluriennes, HS7.
De Saporta. — Ohservatitms sur la nature des \è,!j[otaux réunis dans le groupe
des Nocgifcrathiu; géniMalités et type du Noeggcrathia foli-tsa, Stern., 71(); — Id.:
types du .Y. flahellata. Lindl. et Hutt., et du .V. cychpteroides, Gœpp., 801; — Id,:
type des N. expanm et cuneifolia de Brongniart. 809.
Trutat et Gourdon. — Sur une carte des bh)cs errati(|ues de la vallée de l'Arboust,
ancien glai^ier d'Oo (environs de Luchon, Haute-Garonne), 752.
Fouquc et Michel-L.'îvy. — Surquelqui's faits niMivcaux du perlilisme des roches
et sur la reproducti j.i arlilicieUe des fissures perlitiques, 771.
Vélain. — Sur la constitution g.^ologiquo de l'il..» de la Réunion (?• partie), 900.
Lory. — Protils géolo.iîiques de (fuelques massifs primitifs des Alpes, 1106.
A. (iaudry. — Sur un «jrand RejJtile fossile [['JùirysaKrw; Uainconrli/, 1031.
B. de Chancourtius. — Moyens simples d'imiter la formation des chaînes de mon-
tagnes sur un «^lobe et celle des cinpies v»)Icaniques sur un plan, conformément à
la théorie des soulèvements, 1091.
A. Favre. — Expjrience.s sur les efîjfs de» ref«ndements ou écrasemeuls? lat;;-
raux en G-jologie, lo!.)?.
— Annales des Mines, 7^* sér., t. XII, 3« iivr ; 1877.
DONS. — 4 MARS-G MAI i878. 47
R. Zciller. — DJlennination des étages liouillers à l'aide de Ja fl»»re fossile, lifa-
suiaé des travaux de M. (irand'Eui v, :Hl.
A. Michel-Lé vy. — De leiuploi du iincroscop î poiarisaiil à luiiiièie p u%d'è!ç
pour la détermination des e.'îpèces minérales en plaques minces, 302.
— Journal des Savants. 1878, lévrier et mars.
— Société cenliale (rA^ricullurc de France. Bulletin des séances
de la —, t. XXXVn, n«^ 9 et 10; 1877.
— Société d'Anthropologie de — . Bulletins de la — , 2'' sdr , t. XII,
n<^4;1877.
— Société de Botanique de France. Bulletin de la — , t. XXIV, rcv.
bibl., E;1877.
— Société de Géographie. Bulletin de la — , 7» sér., l. XV, janv.;
1878.
Amiens. Société Linnéenne du Nord de la France. Mémoires de la — ,
t. IV; 1874-77.
De Mercey. — Sur la classificati«»n de la période rjuaternaire en Picardie, 18 ; —
Description de VlnoccramHS JUantelli, 3^4.
Boulogne. Société académique de — . Bulletin de la —, t. Il, n**' 3
et 4; 1873-77.
J. Barrois. — Sur la flore f(»ssile de l'étage liouiller du Boulonnais, 190.
Stendel. — Sur un échantillon d'Hypiinm sannentomin découvert à Schussenried,
200.
Châlons-sur-Marnc. Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et
Arts du département do la Marne. Mémoires de la — . 1870-77.
Épinal. Société d'Émulation du département des Vosges. Annales
de la -, 1877.
Havre (Le). Société géologique de Normandie. Bulletin de la —,
t. III, n° 1 ; 1875-70.
A. Lécureur. — Résunu^ des séances de la Société, années 1875 et 1876, 9.
— E.\cursions géologiques. 1875-1876, 10.
Ëm. Savalîe. — Sur une télé de Teleo^auni^ trouvée à Bléville, 52.
Partridge. — Note sur la Roche des Demoiselles de Fontenailles, 58; — Note sur
la couche d'argile entre la Craie et le Diluvium. falaises de Bléville, 62.
A. Descanips. — Le banc tourbeuv des Meules. 61.
rh. Quin. — Le plus ancien (iéologue, 71.
Lyon. Commission de Météorologie de — » 1870.
Saint-Étienne.' Société de l'Industrie minérale. Bulletin de la—,
S^^sér., t. VI, n^ 4 ; 1877.
Comptes-rendus mensuels des séances, 1878, fév. -avril.
C.oignet. — Terrain houiller de l'Ile de Yesso (Japon), 32 (fév.).
Toulouse. Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de
— . Mémoires de l'— , 7» sér., t. VIII ; 1870.
Lnymerie. — Note sur i'exislenre du Mercure coulant dans les Cévennoa, 311
4H DONS. — 'l 3IAilS-(> MAI 1 S78.
Noulet. — N«»îo sur un gisement «lu Cnni^ pnhrtlyij'i, »l.ir.> 1-,' Mi» 'fn? toulou-
sain, 100; — Note sur un ^'isomcnt n.iuveau du Cadtiroihrrium Caylurif 401.
— 1(1., 7"scM-.,t.IX;l877.
Lavocat. — PaPontologi»». Discussion stir I«»?î Cîr^vnux fossile^ cli? l'Amtîrique du
Nord, 139.
— Malériaux pour THisloirc primilive et nalurelle de l'Homme,
par M. Ém. Cartailhac, 2^ sér., l. IX, n^ ii; 1877.
— !(]., 2' sur., l. X, n-^ 1 et 2; J878.
G. dcMortillet. — Détermination exacte de la position du Solutréen. 15.
Fagot. — Introduction à l'Étude sur les Mollusques des alluvions quaternaires du
Lauraguais, 17.
Chouquet. — Vestiges de l'industrie humaine dans le Diluvium de la vallée de la
Marne, 22.
— Société d'Histoire naturelle de — . Bulletin de la — , t. XI» n" 1 ;
«878.
Valenciennes. Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Tarrondis-
sement de — . Uevue agricole, industrielle, littéraire cl artistique,
t. XXX, n«MletI2; 1877.
Allemagne, Berlin. Akademie der Wissenscliaften zu — . Monalsbe-
richt der K. P. — , 1877, décembre.
— Id., 1878, janvier.
Ranimelsherg. — Ueher die Zusammenselzung des Peîalits und Pollucits von
Elba.9; — Ueber Markasit und seine regelmassigen Verwachsungen mit Eisenkies,
15.
— Geologisclien Gesellscliaft. Zeilschrift der I). —, t. XXIX, n''4;
1877.
Th. Fuchs. — Geologisrhe Uehersichl der jlingeren Tertiarbildungen des Wiener
Beckens und des Ungansch-Sleierischen Tieflandes, Cj.'}.
Th. Liehisch. — Mineralogisch-peirographische Mittheilungen aus dem Bcrliner
mineralogischen Muséum : L Ueher die von Dr. G. Schweinfurth in der niittelae-
gyptischen Wiiste gesammelten massigen Gesteine; II. Ueber einigo Gesleine aus
Central-Africa ; III. Ueber einige Syenitporphyre des SUdlichen Norwegens; IV.
Ueber die Granitporphyre Niederschlesiens; V. Muscovil in Quarzporphyr von
Kupferberg in Schlesien ; VI. Ueber Hornbiendegneisse und Serpentine von Fran-
kenstein in Schlesien, 710.
Cl. SchlUter. — Verbreilung der Inoceramen in den Zonen der norddeutsehen
Kreide, 735.
L. van Werweke. — Bemerkungen zur Geologischen Karte .von Luxemburg des
Ilerrn N. Wies, 713.
E. Beyrich. — Ueber einen Ptcrodactylm von Gerolstein, 751.
II. Creilner. — Der rothe Gneiss des sàchsischen Erzgebirges, seine Verbandver-
haltnisse und genelischeu Beziehuugen zu der archiiischcn Schichtenreihe, 757.
W. Dames. — Ueber Uoplolichas und Conoliclms. zwei Unlergaltungen von Ii-
chas. 793.
Rammelsberg. — Ueher die Zusammenselzung <]cs Aeschynits und Samarskits.
^15; — Ueher (Icu Knlkelsengranal von Sisscisk. «19.
lx>^s. — 4 MARS-G MAI 1878. 49
H. Abich. — Das thrialetische Thcrnialqucllensystcm in Karthalinien vom geolo-
gi.schea Slandpunktc betrachtct, 820.
Fr. Schmidt. — Bemerkungen Ubcr Richthofen's China, 830, 836.
WUrlteDberg. -^ Ucber Jura bei Goslar. 832.
Sadebeck. — Uobcr KrystallzwillingC; 835.
Kaikowsky. — Uebcr den rothen Gneiss des Erzgebirges, 837.
W. Braoco. — BeobachtiiDgen Uber dcn Jura in Lothriogen. 841.
M. de Tribolet. — Ueber den Parallelismus der obcren Jurabildungen des
Schweizer Jura und von Hannovcr, 843.
Hauchecorne. — Ueber gedigen Kupfer aus der Grube Calumet und Hccla Mine
in Keweenow-Gounty, Mich., 846; — Neue ÀufschlUsse bci dem Steiakoblenbecken
an der Worm bei Aachen, 846.
LosscD. — Ueber Gcsteinsproben aus der Umgegend von Wildungcn uod vom
Kellerwald, 846.
Kayser. — Ueber die Oberhelderberg-schichten im Staatc New-York, 848; —
Ueber Spirifersp. aus dem rheinischen Unterdevon, 851.
Speyer. — Ueber Mculodon-Zahne von Fulda, 852; — Ueber das Niveau der Pe-
dina aspera, kg.. 853.
Bonn. Nalurhistorischcn Vereines der preussischen Rheinlande und
Westfalens. Verhandlungen des — , 4°sér., t. III, n« 2; 1876.
G. Seligmann.^ Beschreibung der auf der Grube Friedrichsscgen vorkommcnden
Mineralien, Verh., 241.
F. Muck. — Chemische Beitràge zur Kcnnlniss der Steinkohlcn, Verh,. 267.
H. Laspeyrcs. — Die Krystailform des Strontianits von Hanim in Wcstfalen, Verh.,
306.
C. SchlUter. — Verbreitung der Gepbalopoden in der obereo Kreide Norddeutsch-
lands, Verh., 330; — Ueber das Yorkommen von Emscher in Erankreich und
England, SUx., 94.
Fabricius. — Ueber den Bergslurz bei Caub, Corr., 60; — Ueber intéressante
Mineralvorkommnisse im Kreise Biedenkopf. 106.
Yod Dechen. — Ueber aoaloge Dislocationen bei Oberwinter, Corr,, 61 ; — Ueber
die gcologischen Yerhàltnisse der Devonformation im rechtsrheinischen Taunus
und im links rheinischen Soonwalde, Idar-und Hochwalde, 61; — Ueber die Stem-
berger Kuchen, 82; — Ueber neues Abdruck der geologischen Uebersichtskarle
von Belgien von A. Dumont, 135 ; — Ueber die Thermalquellcn zu Bad-Œynhausen,
SUx., 87. — De la Yallée Poussin und A. Renard : Mémoire sur les caractères miné-
ralogiques et stratigraphiques des roches dites plutonienncs de la Belgique et do
l'Ardenne française, 219; — Dr. Bishof : Die feuerfcsten Thonc, deren Yorkommen,
Zusammeosetzung, Untersuchung, Behandiung und Anwendung. etc., 232.
Andra. — Ueber Pflanzen der Gulmflora von Herborn ; Uber Homalonotus o6lif-
tw, Sandbg., von Daleiden; Uber fossile Knochen von Wellen bei Trier, Corr.,
76 ; — Ueber zwei Mineralmassen aïs fossile Zàhne eingesandte und in einer Saad-
grube am Wclschberge bei WaldbOckelheim gefundene; Rhodea moravica, Ettg.,
aus den Culmschichten von Herborn, 121.
Yon der Marck. — Ueber die Bildung der sog. Sternberger Kurhen, Corr., 81 ;
— Ueber die Gewinnung des Strontianits von Drensteinfurth. 82.
Ehrenberg. — Ueber die Bleierz-Ablagcrungen im Buntsaodstein zu Maubach bei
DUren, Corr., 96.
Ribbentrop. — Ueber charakteristische Devon-Yersteinerungen der Eifel, Corr.,
103 ; — Ueber kohlensâurehaltige Quellon bci Pelm unweit Gerol^lein, IW).
hO D0K6. — 4 lIARS-6 MAI 1878.
Vom Rath. — Ueber scintn Besuch der basaltischen Berge des Plattcnsee's in
Ungarn, Corr., 109 ; — Ueber eine Anzahl von Krystallen des AmazODeDsteins, Sitx.,
103 ; — Einige BemerkuDgen zu dem Yortrage von Mohr Uber die Farder und das
Vorkommen von Kohlenfldtzen zwischen Lagen basaltischer Gesteine daselbst, 132;
— Miltheilung von einem Brief des Pr. Wolf Uber die Géologie der Provinz Loja,
'138; — Ueber die Uraânderung der Enstatits zu Steatit, 136; — Ueber eioe iiach
Ungarn unternoramene Reise, 138.
Zirkel. — Ueber die Auffindung von Augit-Andesiten im Siebengebirge, Corr,,
127.
Heusler. — Gebirgs-und Erdbewegungen bei Oberwinter, Corr., 129.
Koch. — Ueber eigenlhUmliche Yorkommen in dem Taunus-Quarzit, Corr,, 130.
SchondorfT. — Zu dem chemischen Beitràgen zur Kenntniss der Steinkohien von
Dr. F. Muck, Corr., 138.
Stein. — Ueber das Yorkommen von Eisschliffen in der norddeulscheo Ebeoe,
Sitx., 98.
Troschel. — Ueber den bei Attendorn gefundenen Scliâdel einer jungen Hysna
(spelaea?), Sitx,, 104; — Ueber ein Geschenk von Moa-Knocben durch Dr. J. von
Haast, 244.
Mohr. — Ueber das Yorkommen von Rohicnflôtze zwischen zwei Lagem von
Basait und Dolerit auf dem Farocrinsein, Si(x., 114, 124; — Ueber den Fayalit,
126; — Ueber die Entstehung des Braunsteins oder Manganhyperoxyds, 234.
Schumacher. — Ueber das Yerhalten verschiedener Feldspathe in der Weissglul,
SUS., 235.
— Id., 4» sér., t. IV, n«l;1877.
A. Wichmann. — Mikroskopischo Untersuchungen Uber die Sericit-Gesteine des
rechlsrheinischen Taunus, Verh,, 1.
H. Laspeyres. — Beitrag zur Kenntniss der Nickelerze, Verh., 29.
G. Angelbis. — Petrographische Beitrâge, Verk,, 119.
G. vom Rath. — Minerai ogische Beitrâge : 1. Ueber die sogen. okta&drischen
Krystalle des Eisenglanzes vom Yesuv ; 2. Ueber einige durch vulkanische Dâmpfe
gebildete Mineralien des Yesuv und die Parallelverwachsung der neugebildeten
Krystalle (Augit, Hornblende, Biotit) auf âlteren Augiten ; 3. Ueber Zwillinge des
Turnerit (Monazit); 4. Ueber den Skorodit von Dernbach (3 Kilom. N. W. von
Montabaur); 5. Paramorphosen von Butil nach Brookit (Arkansil}; 6. Ueber Acht-
lingskrystalle des Rutils von Magnet Cove, Arkansas; 7. Ueber eine regelmassige
Verwachsung von Quarz und Kalkspath; 8. Ueber Fassaitkrystalle von Traversella
mit eingeschalteten Zwillingsplatten sowie das Fassait-Yorkommen von Kohutowa
bei Schemnitz, Verh., 131;— Ueber die Krystallisation des Goldes, Sits., 4; —
Ueber eine eigenthUmIiche Zwillingsbildung des Speiskobalt's, 6; — Ueber eine
Pseudomorphose des Rutils nach Eisenglanz, 8; — 0. Silvestri: Sopra alcunc Pa-
raffine ed altri Carburi d'idrogeno omologhiche trovansi contenuti in una lava dell*
Etna, 40; —Ueber drei neuo Mincralspecies (Ludlamit, Strengit, Polydymit), 45; —
Ueber das neu entdeckte Yorkommen des Zinnsteins unfem Campiglia, 59; — Ueber
das Yorkommen von Wismuth und Zinnstein auf Tasmanien, 63; — Ueber eine
Sammlung von Gesteins-und GangstUcken der Goldiagerstàtte von YOrôspatak in
SiebenbUrgen, 80.
Lehmann. — Die pyrogenen Quarze in den Laven des Niederrheins, Verh., 203.
Andrâ. — Ueber Pecopterit plumosa, Brongn., und damit synonyme Arten, Sitx»,
26; — Ueber eine Alge und einen InsectenflUgel aus der Steinkohlenfonnation Bcl-
giens, 27; — C^ber Àspidites silesiacw, 57.
DONS. — 4 MARS-6 MAI 1878. 51
Schaailhauson. — Ueber angoblîch oachgemachto alte Stcingeràthe uncl alterthUm-
liche Funde am Oberwerth bei Coblenz, Siix,, 32.
Gurlt. — Uebor die gcologtsche Untcrsucbuog Spaniens, Si^x., 37.
Dresde. NatarwissenschaFtlicheii Gesellschaft Isù in — . Sitzungs-
Berichte der —, 1877, n*>« 7-12.
Roscber. — ^^Das ZîQnerzvorkommen^oGorowall, 117.
Gotha. Hittheilungen aus J. Perthes* geographischer Anstalt ûber
wichtige neue Erforschungen auf dem Gesammtgebiete der Géographie,
t. XXIV, n*»» 3 et 4 ; 1878.
Leipzig. Naturforschenden Gesellschaft zu — . Sitzungsberichte der
— , t. IV,no«2-10;1877.
Credoer. — Ueber einneues Yorkommeo des Àlumites, 21.'
Stuttgart. Neues Jahrbuch fur Minéralogie, Géologie und Palaeonto-
logie, 1878, n^» 1-3.
H. Hdfer. — Studicn aus KârntCD : IV. Die Felsentôpfe (Rieseokessel) bei Pdrt-
scbacb, 1.
F. Saodberger. — Ueber Basait und Dolerit bei Scbwarzenfels io Hessen, 22 ;
— PlagioDit uDd Mcneghinit bei Goldkronach ; Braunit und Lithiophorit im Schwarz-
wald, 46; —291.
A. Baltzer. — Beitrage zur Geognosie der Schweizer-Alpeo : 4. Ueber die nord-
liche Grënzregion der Finsteraarhorn-Cenlraimasse, 26.
N. von Kokscharow. — Versuch einer Erklàruog der Krystallisation des Pe-
rowskit, 38.
Des Cloizeaux. — Ueber Topas-Kry stalle aus Mexico; Uber den Milarit; Uber
Perowskiti; Vorkommen des Tridymit im Mont Dore, 40.
Fr. Maurcr. — Ueber die Lagerungsverbâltnisse des Devon im Ruppbachthale, 48.
Schrauf. — Ueber Brookit, 50.
G. vom Rath. — Ueber den Aschenfall in Norwegen, 52.
P. Klien. — Adamit aus dem Laurion-Gebirge; Ghromgranat von Jordansmuril in
Schlesicn, 53.
A. Weisbach. — Yerwachsung von Quarz und Kaikspath, 51.
Fr. Scharflf. — Die Taunus-Albite, 55; — Topas und Quarz, 168.
P. Platz. — Gletscher-Spuren ira Schwarzwald, 56.
Benecke. — Der Buntsandstein in den Vogesen ; das Werk von G. Bleicher, 57.
K. Zittel. — Ueber Juraspongien, 58.
Th. Wolf. — Geognostische Mittheilungen aus Ecuador : 5. Der Cotopaxi und
seine letzte Eruption am 26. Juni 1877, 113.
Weiss. — Ueber dyadische Pflanzen von FUnfkirchen und Neumarkt. 179.
A. Kenngotl. — Ueber den Ungfwarit. Nontronit, Polydymil, 180.
Ad. Pichler. — Beitrage zur Geognosie Tirols, 185.
M. Braun. — Torkommnisso im Laurion-Gebirge, 188.
E. Stôhr. — Mikroskopische Prâparate fossiler Radiolarien, 191.
C. Ochsenius. — Fund fossiler Mastodonten in Ghilc, 191.
K. Dalmer. — Die Feldspathpseudomorphosen der Wilhelmsleite bei Ilmenau,
225.
A. Wichmann. — Einige Bemerkungcn Uber die Sericitgcsteine des Tannus, 265
Kalkowsky. — Der Granilporphyr von Boucha bei Leipzig. 276.
5:2 DONS. — 4 MARS-6 MAI 1878.
A. Sadebeck. — Gegen die Tetartoedrie des Titaneisens und Uber dessen Fia
cbenbestimmungcn, 387 ; — Ueber den Namen Markasit, 989.
C. W. GUmbcI. — Einige Bemerkungen Uber Graptolithcn, S99; — - Das Gestein der
Julicrsâule, der Lavezstem im Oberengadin uad Sericîtgneiss io den Bflndener
Alpeo, 296.
AUace-Lorraine. Mulhouse. Société industrielle de — . Bulletin de
la —, t. XLVIII, janv.-mars; 1878.
M. Mieg. — Notes sur Bagnéres-de-Bigorre et ses environs, 133.
Autriche-Hongrie. Cracovie. Akademija umiejetnosci w — . Spra-
wozdanie koroîsyi fizyjograficznéj, oroz Hateryjaly do fizyjograGi Ga-
lîcyi, t. X; 1876.
Stan. Olszewski. — Rys geologiczny poinocno wschodDiej czcsci Podola Austry-
jackiego, Mat. (3* part.), 115.
Z. Suszyckiego. — Poklady siarki, oleju i wosku zieranego w Dzwiniaczu,
tudziez : Ogolny poglad na pochodzenie oleju ziemnego, 171.
Stan. Zareoznego. — Dodatek do fauny warstw tytonskich w Rogozoiku i w
Maruszynic, 180.
— Id., t. XI; 1877.
A. Altha. — Sprawozdanic z podrozy odbytej w r. 1875 w niektorycb czesciacb
Podola Galicyjskiego, Mat. (3* part.), 198; — Stosunki topograticzno-geologiczne
kolei Tamowsko-Leluchowskiej, 319.
Vienne. Geologiscbeu Reichsanslalt. Yerhandlungen der K. K. — ,
1878, no* 4-7.
Tietze. — Zur Frago Uber das Altcr der Lias>Kohlen von Bersaska, 69 ; — Die
Funde Nehring's im Diluvium bci WolfenbUttel und deren Bcdeutung fUr die Theo-
rioen ttber LOssbildung, 113 ; — Ueber das Yorkomnien von Kiszeitspuren in den
Ostkarpathen, 149.
0. Lcnz. — Die Beziehungen zwischen Ifyirock, Laterit und Berglehm. 79; —
Ueber polirte Felsen in den Bettcn einiger afrikanischer Strtime, 101 ; — Zur Géo-
logie der GoIdkUste in Wcstafrika, 119 ; — Geologische Mittbeilungen aus West-
afrika, 148.
H. Hofer. — Erdbeben am 13. und 13. Dec. 1877, 83.
F. J. Wilk . — Die geologischen Yerhaltnisse Finnlands, 85.
J. von Schroeckinger. — Ueber die Erbohruog einer neuen Therme bci Brtix,
89.
Neumayr. — Ueber isolirtc Cephalopodent}'pen im Jura Mitteleuropa's, 94.
K. Paul. — Aufnahmen in Ostgalizien, 94.
E. von Mojsisovics. — Ueber die Daonella des WUrzburger Hauptmuschelkalkes,
97.
R. Hœrnes. — Ein Beitrag zur Kenntniss der sarmatischen Ablageruogen von
Wiesen im Œdonburger Comitat, 98; — Yorkommen des Ànthraeotherium magnum
in der Kohlo des Schylthales in SiebenbUrgcn, 146.
V. liilber. — Hernalscr Tegel bei St. Georgen, Wildon 0., 101.
G. Stache. — ZurFaiina der Bellerophonkalke SUdtirols, 104.
K. John.— Cheniischc Untersuchung einer Kohle und verschiedcner silberhal-
tiger Bleiglanzo aus Persien, 131.
Clnr. — Nittheilungen nus Gleirhenbor^, IVi?.
DONS. -* 4 MAR$-6 MAI 1878. 53
G. roD Hauer. — Die Mineralquellea von Ischl, 123.
A. Bittner. — Das Tertiâr von MarosUca, 127; — Yorkommen von H^lstàtter
Petrefakten im Piestinger Thaïe und ander Hohen Wand bei Wiener Neustadt, 158.
Th. Fuchs. — Zur Flysôhfrage, 135.
F. von Hochstetter. — Ueber einen neuen geologischen Aufschlu9S im Oebiete
der CarUbader Thermen, 146.
Belgique. Liège. Société géologique de B. Annales de la —, t. II ;
1874-75.
G. Dewalque. — Rapport annuel, XXXI; ^Débris de Céphalaspides dans l'étage
tauDusiende l'Ardenne, XLIY; — Sur quelques fossiles triaaiques du grand-duché
de Luxembourg, LVni ; — Sur une nouvelle boussole de poche, LX ; — Sur le
Diluviura crayeux de Sainte-Walburge, LXYII; — Sur YEUtoirtâis^nomii camhritn
et silurien en géologie par M. T. Sterry Hunt, LXXXYn; — Fossiles du poudingue
d'Alhcur, XCIII ; — Compte-rendu de l'excursion du 19 septembre, CYI ; — Passage
par alternance du poudingue de Burnot au calcaire de Givet, CXXYIII; — Compte-
rendu de l'excursion à Stattc, Moha, Huccorgne et Fallais, CXXIX; — Fossiles dévo-
niens de Kinkempois, CtXIII.
Houzeau. — Dents de Ptôrodactyles et de Motasaurus graeilis dans la Craie du
Hainaut, XLIY; — Fossiles yprésiens des environs de Mons, LXIY.
Malaise. — Sur quelques roches porphyriques de Belgique, XLIY; — Quelques
roots sur le poudingue d'Alheur (Romsée), XCII.
Firket. — Sur des fossiles végétaux de l'argile plastique d'Andenne, XLYIII; —
Procès-verbaux de la réunion extraordinaire tenue à Huy et à Liège du 19 au SS
septembre 1875, CIII; — Fossiles du poudingue de Burnot proprement dit; âge de
cette assise, CXXIY ; — Modiola du schiste houiller d'Angleur, CLXII.
Rutot. — Note sur des cristaux de gypse rencontrés dans le Limbourg belge,
LYII ; — Sur le terrain crétacé de Liège, LXY : — Note sur le gisement de fossiles
herviens de la Croix Polinard, près Battice, LXXY; — Sur des sables du plateau
de Hervé, LXXXII ; — Note sur la formation des concrétions appelées grès fistuleux
et tubulations sableuses contenues dans l'étage bruxellien des environs de Bruxelles,
6; — Note sur l'extension de Lamna elegam k travers les terrains crétacé et
tertiaire, 34; — Note sur la découverte, à l'est de Bruxelles, de l'argile glauconi-
fère appartenant à la partie supérieure du terrain laekenien, S06^ — Note sur une
coupe du système bruxellien observée à Ixclles, S13.
A. Briart et F. Cornet. — Sur la présence du système tongrien do Dûment dans
le pays de Hervé, sur la rive droite de ia Meuse, LXXIU.
Cornet et Briart. — Note sur l'existence dans le terrain houiller du Hainaut, de
bancs de calcaire à Crinoïdes, 52; — Sur le synchronisme du système hervieo de
la province de Liège et de la Craie blanche moyenne du Hainaut, 108.
Çh. de la Yallée Poussin. — Note sur les porphyroïdes de Pitet et de la Chapelle
Saint-Sauveur, CXXX.
J. van Scherpenzeel Thim. — Compte-rendu de l'excursion du 21 septembre
1875, CXLYII: — Massif anthraxifère d'Angleur, compris entre l'Ourthoet la Meuse,
CLX ; — Coupe du système houiller par un plan passant par l'axe des bures de
l'Arbre-Saint-Michel et du Bois d'Yvoz, CLXIII.
Fr. Dcwalque. — Note sur la glauconie d'Anvers, 3.
Nesterowsky. — Description géologique de la partie nord-est de la chaîne de
Salaïr, en Altaï, gouvernement du Tomsk, 12.
Th. Lefèvrc. — Note sur le gisement des fruits et des bois fossiles recueillis dans
los environs de Bruxelles, 42.
54 DONS. •— 4 HAR8-6 HAÏ 1878.
A. Massart. — Gisements métallifères du district de Garthagène (Espagne), 58.
P. Jf. van Beneden. — Un Oiseau fossile nouveau des cavernes de la Nouvelle-
Zôlande. 123.
W. Spring. — - Hypothèses sur la cristallisation, 131.
Firket et Gillet. — Note sur le Soufre natif de l'argile plastique d'Andenne, 178.
G. Petit-Bois. — Aperçu géologique de la vallée du Kara-Sou (Asie-llineure),
173.
L. Chevron. — Analyses de quelques roches cristallines de la Belgique et de
l'Ardenne française, 189.
G. Ubaghs. — La Chelonia Hoffmamni, Gray, du tuffeau de Maestricht, 197.
— Id., t. III; 1875-76.
G. Dewalque. — > Rapport annuel, XXXIX; — Zinc cristallisé artificiellement»
LXYIU ; — Tourmaline dans la diorite quartzifère de Quenast, LXXXI ; — Résultats
du forage d'un puits artésien à Utrecht, XG ; — Note sur le dépOt scaldisien des
environs d'Herenthals, 7 ; — Note sur quelques localités pliocènes de la rive gauche
de l'Escaut, 12.
Rutot. — Note sur la présence de la barytîne dans le schiste rouge de l'étage du
poudingue de Burnot, LUI; — Note sur la découverte d'une nouvelle station de
l'Homme préhistorique en Belgique. LXXXV; — Note sur les divisions à établir
entre quelques espèces de grandes Rostellaircs des terrains éocène et oligocène,
76.
Gh. de la Vallée Poussin. — Excavation de la vallée de la Meuse, LY; — Sur la
structure de certaines masses psammitiques, GXIII; — Note sur les cristaux de
quartz de la carrière de Nil-Saint-Yincent, 53.
R. Malherbe. — Des horizons coquilliers du système houîller de Liège, LXYH ;
— Note sur la rencontre d'une faille transversale dans la galerie Est des eaux ali*
mentaires de la ville do Liège, LXXYU ; — Géodes de quartz cristallisé dans le
système houiller, LXXXIY ; — Observations sur l'allure du système houîller entre
Mélen et Gharneux (province de Liège), 80; — Do la stérilité du système houiUer
entre Saive, Jupille et la Xhavée, 89.
Malaise. — Présence de VOldkamia radiata dans le massif devillien de Grand-
Halloux, LXX ; — Traces de macles d'andalousite dans un phyllade revinien, XCI.
L.-G. de Koninck. — Note sur deux échantillons de PhUlipsia trouvés dans le
phtanite houiller de Gasteau, près Mons, LXXIY ; — - Receptaeulitei Neptwni d'Aus-
tralie, LXXY; — Notice sur quelques fossiles recueillis par G. Dewalque dans le
système gedinnien d'A. Dumont, 25.
L.-L. de Koninck. — Note sur un échantillon minéralogique (aurichalcite?) re-
cueilli à Flémalle, LXXY; — Dufrénile? de Mokta-el-Haddid, près Bone (Algérie),
LXX VI.
Faly. — Procès-verbaux de la session extraordinaire tenue à Mons, du 9 au 13
sept. 1876, XCllI.
Gornct. — Gompte-rendu de l'excursion du 10 sept., CXII; — Sur l'âge des cou-
ches vues dans la course du 11 sept., GXXVU.
Briart. — Gompte-rendu de l'excursion du 10 sept, (silurien), GXIV; — Id, du
11 sept., CXXVL
Houzeau de Lehaye. — Gompte-rendu de l'excursion du 12 sept., GXXXVU.
Fr. Dewalque. — Note sur une Vivianite blanche, 3.
Lebour. — Note sur deux fossiles du calcaire carbonifère du Northumberland,
21.
Société R. des Sciences de — , 2« sér., t. VI ; 1876.
DONS. — 4 MARS-6 MAI 1878. 55
De Koninck. — Recherches sur les Fossiles paléozoïqucs de la Nouvelle-OaUes
du Sud (Australie), n* 3.
Espagne, Madrid. Comision del Mapa geologico de — . Boletin de la
—, t. IV, no 2; 1877.
Is. Goodbau. — Resena fisico-geologica de la proviocia de Tarragona (fin), 341.
Abella y Casariego. — Dates topograûco-geologicos del concejo de Teverga, pro-
vÎDcia de Oviedo, 351.
L. M. Vidal. — Nota acerca del sistemo cretaceo do los Pirineos de Cataluna,
367.
Ch. Barrois. — Relacion de un viaje geologico por Espana, 373.
M. Zuaznavar. — Datos geologico-mineros de la proviocia de Burgos, 383.
F. M. Donayre. — Datos para una resena fisica y geologica de la région S. E. de
la provincia de Almeria, 386.
États-Unis. Boston. Acaderoy of Arts and Sciences. Proceedings of
the American —, 2« sér., t. Y, n» 1 ; 1877.
New-Haven. American Journal of Science and Arts (The), 3® sër.,
t. XV, no- 87 et 88; 1878.
Lawr. Smith. — Tantalite from Coosa County, Alabama, its mode of occurence
and composition, 303.
Àlb. Chester. — Note on the Crystallization of Yariscite, 307.
0. C. Marsh. — Notice of New Dinosaurian Reptiles, 341.
J. Jf. Stevenson. — On the Surface Geology of Southwest Pennsylvania, and adjoi-
ning portions of Maryland and West Virginia, 346.
J. D. Dana. — On the Driflless Intcrior ofNorth America, 360.
Fr. Prime. — On the Discovery of Lower Silurian Fossils in Limestone associated
with Hydromica slates, and on other points in the Geology of Lehjgh and North*
ampton Counties, Eastern Pcnnsylvania, 361.
1. C. Russell. — On the Intrusive Nature of the Triassic Trap Sheets of New
Jersey, 377.
J. W. Mallet. — On the chemical composition of Guanajuatite, or selenide of
Bismuth, from Guanajuato. Mexico, 394.
E. W. daypole. — On the occurence of a Tree-like fossil plant, Glfpiodindiron,
in the Upper Silurian (Clinton) Rocks of Ohio, 303.
Grande-Bretagne. Association for the advancement of Science.
Report of the XLV^ Meeting of the British —, héld at Glasgow ; 1876.
w. Pengelly. — Twelfth Report of the Committco for Exploring Kent's Cavem,
Dcvonshirc, Rep,, 1.
A. S. Herschcl et G. A. Lebour. — Third Report of the Committee on Expert-
ments to détermine the Thermal Conductivities of certain Rocks, showing espe-
cially the Geological Aspects of the investigation, Rtp., 19.
De Rance. — Second Report of the Committee for investigating the circulation of
the Underground Waters in the New Red Sandstone and Permian Formations of
England, and the quantity and character of the water supplied to various towns
and districts from thèse formations, Rep., 96 ; — On the Variation in Thickness of
the Middie Goal Measures of the Wigan Coal-Geld, Comm., 89.
H. W. Crosskey. — Fourth report of the Committee appointed for the purpose of
reoording the position, height above the sea, lithological characters, size, and
({6 DONS. — 4 MAR8-6 MAI 1878.
origin of Ihe more important of the Erralir Blocks of England and Walea, reporting
other matters of interest connected with the same, and taking measurea for their
préservation, Rep., 110.
R. H. Tiddeman. — Fourth Report of the Committee appointed for the parpose of
assisting intho Exploration of the Settle Caves (Victoria Cave), Rep,. 115.
J. Young. — Address, Comm., 73j — On Siliceoua Sponges from the Çart>onife-
rous Limestone near Glasgow, 09.
Duc d'Argyll. — On the Physical Structure of the Highlands in connexion with
their Geological History, Comm,, 81 .
J. Bryce. — On the Granité of Strath-Errick, Lough Ness, Comm,. 87. .
J. Çroll. — On the Tidal-Retardation Argument for the Age of the Earth, Comm.,
88.
Ant. Fritsch. — On Labyrinthodont Remains from the Upper Carboniférous (Gas-
Coal) of Bohemia, ComvL, 89.
6. A. Gibson. — On the Physical Geology and Geological Structure of Foula,
Comm.» 90.
Edw. Hull. — On the Upper Limit of the essentially Marine Beds of the Carboni-
lerous System of the British Isles, and the necessity for the establishment of a
Middie Carboniferous Group, Comm., 90 ; — On a Deep Bering for Coal at Scarle.
near Lincoln, 91.
Ton Lasaulx. — On somc New Minerais, and on Doubly-refracting Garnets, Comm.,
92.
G. A. Lcbour. — On the changes affecting the Southern Extension of the Lowest
Carboniferous Rocks, Comm., 93.
D. Milne-Horac. — On the Parallel roads of Glen Roy, Comm., 93; — On High-
level Terraces in Carron Valley, County of Linlithgow, 94.
C. W. Peach. — On Circinnate Vomation of Sphenopteris affinU from the Ear>
liest Stage to Completion ; and on the Discovery of Staphylopteris, a Genus œw to
British Rocks, Comm., 94, 144.
R. Russell et J. V. Holmes. — On the Raised Beach on the Cumberland Coast,
betwcen Whitehaven and Bowncss, Comm., 95.
E. Sewell. — Notes on the Drifls and Bouldcrs of the upper part of the Valley of
the Wharfe, Yorkshire, Comm., 95.
W. A. Traill. — On certain pre-Carboniferous and metamorphosed Trapdykes and
the associated Rocks of North Mayo, Ireland, Comm., 97.
W. C. Williamson. — Récent Rescarches into the Organization of some of the Plants
of the Coal-Measures, Comm,, 98; — On somc of the Physiological and Morpholo-
gical Features seen in the Plants of the Coal-Measures, 145.
E. A. WUnsch. — On the Junction of Granit and Old Red Sandstone at Corrie and
Glen Sannox, Arran, Comm., 98.
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Menc^hini et G.istaldi. — Relazione sulla Menioria del prof. Segucnza : Studi
ffeologici e paleontologici sut Cretaceo medio dellltalia Méridionale, 103.
'Capellini. — Il caloarc di Leitha, il Sarmatiaao e gli Slrati a Congcrie nei mooti
di Livorno, di Castellina marittima, i\\ Miemo e di Montecatini, 111.
A. Dossâ. — Sulla diabase peridotifera di Mosso nel Biellese. 112.
B. Lotti. — SuU'orizonte nummulitico presso Castelnuovo dell' Abate in provincia
di Siena, 118.
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Java. Amsterdam. Jaarbock van hel Mijnwezen in Nederlandsch
Oosl-Indic, 0'^ arnit'e, l. H; 1877.
Verbiîok. — Palaeontolojçie van Nederlandsch-lndie, 3; — Id, Yerhandeling n* 1 •
Die Eoranfornialion von Bornéo und ihre Versteinerungen, 11; — Ueber die Glie-
deruryg dor Eocànformation auf der Insein Bornéo. 15; — Voorloopig Yerslag over
een geologischen Verkennin«slocht door Bengkoelen en Palenibang, gedaan in do
Maaudeu ruei tt)l Decemher 1876, 111 ; — Over een onderzoek naar kolen aan de rîvier
Scpoeti, in de residentie Lampongsche districten, Sumatra's-Zuidkust, 176; —
Tweedo vifrvolg op de Opgave van geschriflen handelende over de Géologie, Miné-
ralogie en Topographie van Nederlandsch Oost-Indie, 226.
Osk. IMtr/^er. — Pal. van N. I. Verh. 1 : Die fossilen Mollusken der Eocànforma-
tion auf der Insel Bornéo, Iti.
Mcnteil. — Yerslag \an een onderzoek naar Tinerls op het eiland Singkep, 145.
Everwijn. — Kolen in de residentie Lampongsche districten op Sumatra, 189.
Hooze. — Arlesische pulboring op het eiland Onrust bij Batavia, 190.
Fennenia. — Mededeeling omtrent eene aardstorting in het laras Pau, afdeeling
Agam. Padangsrhe Bovenlanden, 195.
Van Dijk. — Achtste arti?sische pulboring te Batavia, op Salemba, nabij het land-
goetl Struiswijk. 198; — Mededeeling omtrent de boring van een arlesischen put
op het Koningsplcin te Batavia, 211.
Van Sriioclo. — Afmetinson \an de nieren in de nabijheid van Alahan-Pandjang
DONS. — '* MAltS-() MAI 1878. 59
iu de afdeoling XIII en IX Kotta's.. residenlie Padangsche Bovenlanden, op Sunia-
Ira's Westkust, 221.
Batavia. Geiiootschap van Kunsten en Weteiiscliappen. Nolulen van
de Algemeene en Bestuurs-Vergaderingen van liet Bataviaasch — ,
t. XV, no 1 ; 1877.
— Tijdschritt voor Indische Taal -, Land-en Volkenkundc, uilge-
geven door het B. —, t. XXIV, n«* 4 et 5; 1877.
— Verhandelingen van het B. —, t. XXXIX, n» 1 ; 1877.
Luxembourg (Grand-Duché de), Luxembourg. Société des Sciences
naturelles du — , t. II; 1854.
J. P. Brimmcyr. — Esquisse des environs de la ville d'Echternaili, 25.
Majerus. — Noies sur le terrain jurassique du Grand-Duché de luxembourg,
précédées de quelques Considérations générales sur la configuration du pays, ré-
sumées de divers auteurs, 37.
Fr. Fischer. — Description des minerais de fer du G. D. deL., 151.
A. Moris. — Catalogue des fossiles recueillis dans le terrain jurassique du G. I).
de L. et faisant partie du musée de la Société, 189.
— Id., t. V; 1837 -1)2.
Sivcring. — Minerai de fur trouvé dans les communes du FuUulietle et de Iteltburri,
fl7; — Note sur les roches quarizeuses des Ardeuues, 88.
— Id., t. VI; 1863.
— Id., t. VII; 1864.
I". Router. — Analyses de minettes ou di- minerais do for en loclie, *):l.
— Id., t. VIII; 1865.
N. Wies. — NotiiM' sur l'aurien lac de I)(m\en. llî).
— Id.,t. IX; 18G6.
N. Wies. — Notice sur les terrains paléozoïques du G. D. de L.. 1.
F. Reuter. — Les minettes ou minerais de fer en roche du G. D. de L., 187.
— Id., t. X; 1867-68.
Sivering. — Direction et inclinaison du çres infraliasicfue sous la ville de Luxem-
bourg, 251.
— Institut royal grand-ducal de — , section des Sciences natu-
relles et mathématiques (ci-devant Société des Sciences naturelles).
Publications de T— , t. XI ; 1869-70.
— Id., t. XII; 1871-72.
Sicgen. — Notices sur les gisements de minerai de fer des tort'.iius (piatcrnuires
du G. D. deL., 133.
— Id., t. XIII; 1873.
— Id.,t. XIV; 1874.
— Notice sur quelques ustensiles trouvés dans le terrain dilu\ieii h Slrassen.
Wasserhillig l'I Kahler 19.
60 DONS. — 4 MAIlS-6 MAI 1878.
— Ici., t. XV; 1875.
— Id., t. XVI; 1877.
K. KUntgen. — Die Trilobiten des K. G.-H. nalurhislorischen Muséums, 127; —
Die Mollusken unserer SammluDg. 170.
Suisse. Sociélé paléontologique suisse. Mémoires de la — , t. IV;
1877.
p. do Loriol. — Monographie pàléOQtologique des couches de la zone à Ammonites
tenuilobatus (Badener Schichtenl de Baden (Argovie) (suite), n^ 1; — Monographie
ées Crinoïdes fossile» de la Suisse (l'« partie), n«5.
L. RUtimeyer. — Die Rinder <icr Tertiar-Epoche, nebsl Yoistudien zu einer NatUr-
lichen Geschichte dcr Anlilopeu {V* partie), n" 2.
ErD. Favre. — La zone à Ammonites acanthicus dans les Alpes de la Suisse et de
la Savoie, n*3.
C. J. Forsyth Major. — Beitrage zur Gescliichte der fossilen Pferde insbesondere
Italiens (!'• partie), n* 4.
LISTE DES OUVRAGES
REÇUS EN DON OU EN ÉCHANGE
PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANGE
du 6 mai au il juin 1878,
1» OUVRAGES NON PÉRIODIQUES.
(Les nonis des donateurs sont en italiques.)
Belgrand et Lemoine. Ponts et Chaussées. Service hydromëtrique de
la Seine. Observations sur les cours d*eau et la pluie centralisées pen-
dant Tannée 1876, gr. in-8«, 60 p., avec 8 pi. in-fol.; Paris, 1877
(Ministère des Travaux publics).
Brongniart (Ch.), Noie rectiflcative sur quelques Diptères tertiaires,
et en particulier sur un Diptère des marnes tertiaires (miocène infé-
rieur) de Chadrat (Auvergne), la Protomyia Oustaleti, qui devra
s'appeler P/ecia Oustaleti, iii-8®, 10 p.; Lille, 1878.
— Sur la découverte d'un Orthoplère coureur de la l'amille des
Phasmiens dans les terrains suprà-houillers de Commentry (Allier)
(Protophasma Dumasii), gr. in-8<*, 4 p. ; Bruxelles, 1878.
Capellini. II calcare di Leitha, il Sarroatiano e gli strati a Congerie
nei monti di Livorno, di Castellina Marittima, di Hiemo e di Monte
Catini. Considerazioni geologichc e paleontologiche, in-4'', 19 p.;
Rome, 1878.
— DellaPietra Leccese e di alcuni suoi fossili, in-4% 34 p., 3 pi.;
Bologne, 1878.
Carte géologique de la Suisse. Matériaux pour la — , in-4o, 13"livr.:
Geologische Beschreibung der Sentis-Gruppe, par M. Arn. Escherde
la Linth, 382 p., 6 pi.; — Zur Paléontologie des Senlisgebirges. Ueber
einige neue und weniger bekannte Petrefacten aus der Kreide des
Sentisgebirges, par M. Cas. Mœsch, 16 p., 3 pi.; Berne, 1878, chez J.
Dalp.
— Id., 14* livr. : Geologische Beschreibung des Kantons St. Galleii
und seiner Umgebungen. I. Molasse und Jiingrre Ablagorungon, pav
62 DONS. — G iiÂi-17 JUIN 1878.
M. Â. Gutzwiller, 152 p., i pi.; — II. Kalksteiii-uad Scbiet'ergcbiete
der Kantone Schwyz und Zug und des Bûrgeustocks bei Stanz, par
M. Fr. J. Kaufniann, 190 p., S pL; Palaeontologie der Pariserstufe von
Einsiedeln und seinen Umgebungen, par M. K. Mayer . 100 p., 4 pi.,
1 tabl.; Berne, 1877, chez J. Dalp.
Clarke (W. B.}. Remarks on Ihe Sedimentary Formations of New
South Wales, illustrated by références to other provinces ofAustra-
lasia, 4th édition, with Appendices containing Lists oftossils of N. S.
W. described by European Palaîontologists, in-8**, 166 p., 5 pi.;
Sydney, 1878.
Cope(E. D.), Paleontological Bulletin. N® 26: On soine new or
little known Reptiles and Fishes of the Cretaceous n<> 3 of Kansas;
Descriptions of Extinct Vertebrata from the Pennian and Triassic
Formations of the United States; on Reptilian remaius from the Dakota
Beds of Colorado, in-»>, 22 p.; Philadelphie, 1877.
— Id, N® 28 : Descriptions of New Vertebrata from the Upper Ter-
tiary formations of the West ; on some Saurians l'ound in the Triassic
of Pennsylvania, by C. M. Wheathley; on tho Vertebrata of the Dakota
Epoch of Colorado, in-8o, 29 p.; Philadelphie, 1878.
— Id, N"* 29 : Descriptions of Extinct Batrachia and Reptilia from
the Permian Formation of Texas, in-8", 26 p.; Philadelphie, 1878.
— Descriptions of Fishes from the Cretaceous and Tertiary deposils
West of the Mississippi river, in-8'*, 11 p. ; Washington, 1878.
— On the Saurians recenlly discovered in the Dakota beds of Colo-
rado, in-8o, 15 p.; Salem, 1878.
— The relation of Animal Motion to Animal Evolution, in-8'', 9 p.;
..., lo78.
— A new Opisthocœlous Dinosaur; Prof. Marsh ou Permian
Reptiles, in-8o, 3 p.; ..., 1878.
— Cope's Vertebrate Palœontology of New Mexico, in-8% 4 p.;
— American Fossils. An Account of Some of Professor Cope's Impor-
tant Discoveries in Paleontology, in-fol., 1 p.; Philadelphie, 1878.
Cordella (André). Le Laurium, gr. in-S», 120 p., 6 pi.; Marseille,
1871.
Cotteau (O.), La Géologie au Congrès du Havre, in-8<>, 20 p.;
Auxerre, 1878.
— L'e.\position géologique et paléontologique du Havre, in-8o, 7 p ;
Paris, 1878.
— Observations sur les Fossiles des terrains tertiaires moyens de la
Coi-se et notamment sur les Ëchinides, gr. in-8% 6 p.; Paris, 1878.
— , Peron et Gauthier, Ëchinides fossiles de l'Algérie. Description
des espèces déjà recueillies dans v.c pays et Considérations sur leur
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tovoi gorno-proraichlennoi karté ce vertikalinimeraxréxomexapadnoi
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dobacsféliîinek Maganrajza, in-4o, 116 p., 1 pi.; Budapest, 1875 (La
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Ickintetlel a vas iegtôbb chemiai é^ physikai tulajdonsagaira, in-4o,
88 p., 4 tabl., 2 pi.; Budapest, 1877 (La même).
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nyélettani vizsgalata, l*' fasc, in4^, 40 p.; Budapest, 1877 (La
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quis de Croizier et son ouvrage : L'art khmer, in-8**, 16 p.; Paris, 1878,
chez Ern. Leroux.
Legmerie et Cotteau. Mémoire sur le type garumnien, comprenant
une description de la montagne d^Ausseing, un aperçu des principaux
gîtes du département de la Haute-Garonne et une notice sur la faune
d'Auzas, par M. L., suivi d'une description des Oursins de la colonie,
par M. C, gr. in*, 72 p., 7 pi.; Paris, 1878.
Merceg (N. de). Note sur les Croupes de la Somme ù Ailly-sur-
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Somme, à Breilly, à La Chaussée-Tirancourt, etc., gr. in-8<>, 12 p.;
Paris, 1877.
— Sur deux questions concernant les Croupes de la Somme; nou-
velles indications sur les croupes de la Somme, in-8<>, 16 p.; Amiens,
1877.
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Prendel (R,), Description du Météorite de Vavilovka,gr. in-S*», 5 p.;
Cherbourg, 1877.
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— Le Musée géologique de Lausanne en 1877, in-8o, 6 p.; Lausanne,
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projeté, in-8<>, 24 p., 2 pi.; Lausanne, 1878, chez Rouge et Dubois.
Reyer (Éd.). Vulkanologische Studien : L Beschaffenheitdes Magma
im Hauptgange; IL Cbarakteristik der massigen Ergûsse, gr. in-8^
12 p.; Vienne, 1878.
Bittich (A. F.). Die Ethnographie Russland's, in-4<^, 50 p., 2 pi.;
Gotha, 1878, chez /. Perthes,
Rosemont (A, de Clmmhrun de). Ëtude sur la plage de Nice. Son
état ancien et son état présent; — La brèche quaternaire de Santenay,
gr. in^*», 37 p.; Nice, 1878, chez Cauvin-Empereur.
— Le Préhistorique rajeuni par l'Histoire et la Géologie, gr. iu-8«,
19 p.; Nice, 1878, chez Cauvin-Empereur.
Saporta (comte G, de). Essai descriptif sur les Plantes fossiles des
arkoses de Brives près Le Puy-en-Velay, in-8% 72 p., 6 pi.; Le Puy,
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France. Paris. Académie des Sciences. Comptes-rendus hebdoma-
daires des séances de 1—, l. LXXXVI, n«« 18-23 ; 1878.
Daubrée. —Expériences rclalives à la chaleur qui a pu se développer par les
actions mécaniques dans l'intérieur des roches, particulièrement dans les argiles-,
leurs déductions quant à certains phénomènes géologiques, notamment au méta-
morphisme (suite), 1104; — Sur le grand nombre de joints, la plupart perpendicu-
laires entre eux, qui divisent le fer météorique de Sainte- Catherine (Brésil). 1433.
Hautefeuille . — Reproduction du quartz par la voie sèche, 1194.
V. H. Hermite. — Sur l'unité des forces eu Géologie (suite), 1207, 1281.
Hébert et Munier-Chalmas . — Nouvelles recherches sur les terrains ternaires du
Vicentin, 1310.
De Lesseps. — Sur les découvertes faites en Arabie par le capitaine Burtoo,
13t4.
P. Gervais. — Nouvelles recherches sur les Mammifères fossiles propres à l'Amé-
rique méridionale, 1359.
Leymerie. — Sur la Craie des Pyrénées centrales, 1362.
F, Pisani. — Sur divers minéraux, lettsomite, hypersthène et labradorite de
l'hypérite de lAveyron, 1418.
Cloôz. — Production artiHcielle du natron ou carbonate de soude naturel, par
l'action du carbonate de magnésie sur le chlorure de sodium, 1446.
B. Renault. — Structure des Lepidodendron (L. Rhodumnensej, 1467.
Dieulafait. — Présence et rôle des sels ammoniacaux dans les mers modernes
et dans les terrains salifères de tous les âges, 1470.
— Annales des Mines, 7» sér., t. XIII, l" livr.; 1878.
H. Kuss. — Mémoire sur les mines et usines d'Almaden, 39.
G. Rolland. — Notice sur les tollurures d'or et d'argent du comté de Boulder
(Colorado, États-Unis), 159.
— Annales des Sciences géologiques, t. IX, n<> 1 ; 1878.
Leymerie. — Mémoire sur le type Garunmien comprenant une description de la
montagne d'Ausseing, un aperçu des principaux gttes du département de la Haute-
Garonne et une notice sur la faune d'Auzas, n* 1.
Cotteau. — Description des Échinides de la colonie du Garumuien, n» 1 (p. 55).
Hébert. — Observations sur le mémoire de M. A. Leymerie intitulée Mémoire
sur le type garumnien, n* 1 bis.
— Journal des Savants, 1878, avril et mai.
— Société centrale d'Agriculture de France, Bulletin des séances
de la —, t. XXXVIII, n^» 1 et 2; 1878.
Badoureau. — Sur les gisements de chaux phosphatée de l'Estramadure, 80.
— Société botanique de France. Bulletin de la —, t. XXIV, ses-
sion mycologique de Paris; 1877.
— Société de Géographie. Bulletin de la —, 6« sér., t. XV, niai-s;
1878.
1
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J. Le Long. — Les Pampas de la République argentine, 193.
Amiens. Société Linnéenne du Nord de la France. Bulletin mensuel,
t. IV, no 71; 1878.
Âuxerrc. Société des Sciences historiques et naturelles de ITonne.
Bulletin de la —, 2» sér., t. XII, 2« sera.; 1878.
G. Cotteau. —• La Géologie au Congrès du Havre, 173 {2« partie); — Sur des
fossiles crétacés de l'Yonne. XLIL
Hébert. — Présence du BeUmniUs ultimtu dans l'Yonne, XL; — Sur les ter-
rains tertiaires de la Hongrie et du Yicentin, XLL
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