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Full text of "Bulletin de la Société géologique de France"

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\ 

A' 


SOCIÉTÉ   GÉOLOGIQUE 


DE    Fil  AN  CE 


MEULAN.    —  IVPniMRRlE:  DR   A.   MASSON. 


BULLETIN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE 


DE    FRANCE 


TROISIÈME   SÉRIE   -   TOME   SIXIÈME 


18TT    à 18T8 


«  0 


PARIS 

AU   SIÈGE    DE   LA   SOCIETE 

Rue  des  Grands-Augustins,  7 

1878 


SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE 


DE    FRANGE 


Séance  du  5  novembre  1877. 

PRÉSIDENCE    DE     M.     TOURNOUÉR. 


Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  réunion  extraordinaire  de 
Fréjus  et  Nice,  le  Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Aradie:^  Ingénieur  de  la  Compa^^nie  du  chemin  de  fer  et  du  bas- 
sin houiller  du  Var,  à  Fréjus  (Var),  présenté  par  MM.  Brocchi  et 
Potier  ; 

Camkrk,  Ingénieur  des  ponts- et-chaussées,  à  Vernon  (Eure),  pré- 
senté par  MM.  Hébert  et  Potier  ; 

Flamare  (ok),  Archiviste  du  département,  à  Nice  (Alpes-Maritimes), 
,  présenté  par  MM.  Hébert  et  de  Rosemont  ; 

Juge,  Ingénieur  des  mines,  à  Nice  (Alpes-Maritimes),  présenté  par 
MM.  Coquand  et  Tournouér  ; 

Lefèvre  (Th.),  rue  du  Pont-Neuf,  10,  à  Bruxelles  (Belgique),  pré- 
senté par  MM.  Tournouër  et  G.  Dollfus  ; 

Lemire,  Docteur  en  médecine,  rue  du  Cardinal  Lemoine,  7,  à  Paris, 
présenté  par  MM.  Hébert  et  Vélain  ; 

Micrelet,  Ingénieur,  rue  Pascale,  6,  à  Bruxelles  (Belgique),  présenté 
par  MM.  Rutot  et  Yanden  Broeck  ; 

Revellat,  Ingénieur,  Architecte  de  la  ville,  à  Cannes  (Alpes-Mari- 
times), présenté  par  MM.  Hébert  et  Dieulafait; 

Ugarte  (Samuel  de),  Chimiste-essayeur,  à  Tacna  (Pérou),  présenté 
par  MM.  Brocchi  et  Ambr.  Lefèvre. 

Le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  lÊll©  «le  Oeau- 
moBit»  Procureur  de  la  République  à  Rambouillet,  qui  offre  à  la  So- 
ciété une  photographie  de  la  statue  élevée  à  M.  Élie  de  Bcaumont,  son 
oncle,  sur  l'une  des  places  de  la  ville  de  Caen. 


'^S^481 


18/7.  TOliOËGK.   —  ZONE  A  A.    TE.NUILOBATUS.  7 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  ce  que  j*ai  dit  plusieurs  fois  de  celle  consti> 
tulion  du  Corallien  inférieur  dans  la  Haute-Marne.  Je  crois  qu'on  peut 
regarder  aujourd'hui  comme  établi,  que  Toolithe  à  Dicérates  et  les 
marnes  sans  fossiles  supérieures  sont  deux  couches  contemporaines,  de 
métne  ({ue  les  calcaires  grumeleux  glypticiens,  les  calcaires  sub-ooli- 
thiques  et  les  marnes  sans  fossiles  inférieures  sont  des  faciès  différents 
d'un  seul  et  même  niveau  géologique. 

Mais  ce  qu'il  importe  de  rappeler  ici,  c'est  que,  quelle  que  soit  celle 
de  ces  formes  qu'affecte  le  Corallien  inférieur,  il  repose  toujours,  no- 
tamment dans  les  vallées  de  la  Marne,  de  l'Aube  et  de  la  Haute-Seine, 
sur  une  couche  de  5  à  6  mètres  de  puissance,  que  nous  avons  désignée, 
M.  Royer  et  moi,  du  nom  de  couche  à  Belemnites  Royeri,  et  de  l'étude 
de  laquelle  sortira,  je  l'espère,  la  lumière  dans  la  question  de  la  zone 
à  Ammonites  tenuilohatus. 

Cette  couche,  en  effet,  oolithique  dans  la  vallée  de  la  Marne,  mar- 
neuse ou  marno-calcaire  à  Maranville  et  à  Mussy,  se  partage  assez  net- 
tement en  deux  parties  : 

La  partie  inférieure,  qui  repose  sur  lazoneargovienneà-4.5a6eanws 
et  forme,  par  conséquent,  la  transition  de  rOxfordieu  au  Corallien, 
rappelle  par  sa  faune  celles  des  deux  étages  qu'elle  sépare.  Si,  en  effet, 
on  y  trouve  entre  autres  toute  la  série  des  Oursins  qui  caractérisent 
d'ordinaire  le  Corallien,  on  y  recueille  aussi  la  Terebratula  vi- 
cinalis,  la  Pholadomya  decemcostata,  le  Pecten  Brontes,  et  quelques 
autres  fossiles  qu'on  regarde  habituellement  comme  oxfordiens. 

Or,  à  Poissonvaux  près  de  Vouécourt,  et  à  Roocourt-I a-Côte,  on  y 
rencontre  assez  ïréi\\ïetnmeiï\i\e Belemnites  tmicanaliculatus;  et  d'autre 
part,  à  Maranville,  M.  Royer  y  a  recueilli  un  échantillon  de  YAmmo- 
nites  bimammatus.  Ces  deux  fossiles  si  caractéristiques  ne  peuvent 
laisser  aucun  doute  sur  le  niveau  géologique  auquel  la  partie  inférieui'e 
de  la  couche  à  Belemnites  Royeri  doit  être  rapportée  :  elle  représente 
évidemment  la  zone  à  Ammonites  bimam^natus» 

Quant  à  la  partie  supérieure  de  la  même  couche,  elle  est  bien  moins 
riche  en  fossiles.  Cependant,  parmi  ceux  que  M.  Royer  et  moi  y  avons 
recueillis  ou  que  M.  Deloisy  a  bien  voulu  me  communiciuer,  je  puis 
citer  avec  certitude  1'^.  Tiziani^  0pp.  (I),  trouvé  à  Maranville,  Renne- 
pont  et  Mussy,  VA.  compsits,  recueilli  entre  Maranville  et  Longchamp, 
et  enfin  VA^tricristatus,  assez  commun  à  Maranville  et  Poissonvaux. 

Les  deux  premiers  de  ces  fossiles  montrent  que  le  niveau  qui  nous 
occupe  appartient  indubitablement  à  la  zone  à  A.  tenuilobatus,  et  la 

il)  Ammonite  voisine  de  VA.  polygyrdtus,  Quenst.,  mais  différente  de  IM.  pola 
yyraluK,  Keiriecko. 


8  TOMBECK.    —   ZONE   A   A.    TENCILOBAÏUS.  5  nov. 

présence  de  I'^.  tHcristatus  n'est  pas  un  obstacle  à  cette  conclusion  ; 
car,  si  Oppel  le  mentionne  dans  la  zone  à  A.  bimammatus,  j*ai  pu,  de 
mon  côtd,  examiner  les  fossiles  recueillis  par  M.  Dieulafait  dans  la  zone  à 
A,  tenuilobatus  de  Saint-Claude,  et  j'y  ai  reco.inu  précisément  ce  même 
A.  tricristatus. 

Mais  si  la  partie  supérieure  de  la  couche  à  Delemnites  Royeri  appar- 
tient à  la  TJOXïQk  Ammonites  tenuilobatus,  elle  ne  représente  néanmoins 
dans  la  Haute-Marne  qu'une  partie  de  cette  zone. 

Depuis  longtemps  en  effet,  nous  avons,  M.  Royer  et  moi,  signalé  à 
la  base  du  Corallien  compacte  une  couche  marno-calcaire,  où  nous 
avons  recueilli  :  à  Buxières  VA.  bimammatus,  à  Vouécourt  et  à  Maran- 
ville  VA,  Marantiarius.  Depuis,  cette  même  couche  nous  a  fourni  en- 
core :  \csA,  Holbeini,  A»  eucyphics.  A,  Ernesti^  P.  de  L.  (i),  trouvés, 
le  premier  à  Vouécourt,  les  deux  autres  à  ïiongchamp,  un  peu  au-des- 
sous du  niveau  de  VA.  Achilles, 

Cette  seconde  couche,  qu'il  faut  bien  se  garder  de  confondre  avec  la 
première,  puisqu'elle  est  au-dessus  du  Corallien  inférieur,  tandis  que 
Tautre  est  au-dessous,  renferme,  comme  on  voit,  un  mélange  de  fos- 
siles de  la  zone  à  A.  bimammatus  et  de  la  zone  à  A.  tenuilobatus. 

Toutefois  la  présence  de  VA.  Ilolbeiniei  de  1'^.  Ernesti,  fossiles  des 
plus  caractéristiques  de  la  zone  à  A,  tenuilobatus,  doit  empêcher  d'y 
voir  autre  chose  qu'un  second  membre  de  cette  zone. 

Ainsi  donc,  dans  la  Haute-Marne,  la  zone  à  ^.  tetiuilobatus  présente 
deux  horizons  distincts,  l'un  inférieur,  l'autre  supérieur  au  Corallien 
proprement  dit.  C'est  là  évidemment  une  récurrence  analogue  à  celle 
qui  ramène  à  deux  niveaux  dans  notre  Corallien  la  Terebratula 
humeralis,  à  deux  niveaux  le  Cardium  corallinum^  à  deux  ou  même 
à  un  plus  grand  nombre  de  niveaux  le  Cidaris  florigemma  et  le  Glyp- 
ticus  hieroglyphicus. 

Comme  les  faits  que  je  viens  de  signaler  sont  absolument  nouveaux 
dans  la  science  ;  comme,  en  particulier,  V Ammonites  Marantianus  et 
VA.  bimammatus  n  oui  jamais  été,  que  je  sache,  mentionnés  au-des- 
sus du  Corallien  inférieur,  ailleurs  ({ue  dans  la  Haute-Marne,  il  im- 
porta de  mettre  mes  assertions  hors  de  doute  à  l'aide  de  coupes  réelles. 
Je  choisirai  entre  autres  celles  do  Vouécourt  et  de  Maranville. 

!<>  A  Vouécourt.  dans  le  ravin  de  Heu  et  le  long  de  la  route  de  Vié- 
ville,  on  trouve,  h  partir  du  haut  : 

Oolithe  fie  Saucourt, 

Calcaire  compacte, 

Calcaire  grumeleux  supérieur  à  Cidarit  floriycmmti. 

fl;  Ammooite  voisine  <le  VA.  poiyplorus. 


1877.  TOMBKCK.   —  ZONE  A   A.   TENU I LOB ATUS.  9 

Calcaire  marneux  à  Ammonites  ÀckilleSy  Ter ebratula  humer alis,  etc., 

Calcaire  marûeux  à  Ammonites  Holheini,  A .  Marantianus, 

Oolithe  à  Dicérates, 

Marnes  et  calcaire  sub-oolithique. 

Calcaire  hianc  à  Ammnnitea  tricristatun, 

Marne  oolithique  à  Behmnites  unicanaliculatus, 

Calcaire  argovien  à  Ammonites  Babeamis. 

'i^  A  Longcliamp  cl  dans  la  côte  qui  s'étend  de  Longchamp  à  Haran- 
ville,  on  trouve  de  même,  à  partir  du  haut  : 

Oolithe  de  Saucourt, 

Calcaire  compacte  et  calcaire  grumeleux  supérieur  à  Cidaris  florigemma, 

Calcaire  à  Ammonites  Achilles, 

Calcaifc'  à  Ammonites  Marantianus,  A.  Ernesti, 

Marnes  sans  fossiles  supérieures, 

Marnes  sans  fossiles  inférieures. 

Calcaire  maruv'uic  à  Ammonites  Tiziani,  A.  tricristafu's. 

Calcaire  à  Ammonites  bimammatu^t 

Calcaire  argovien  à  Ammonites  Babeatius. 

Ces  deux  coupes,  comme  on  voit,  ne  diffèrent  guère  qu'en  ce  que 
l'oolilhe  h  Dicérates  et  les  calcaires  sub-oolithiques  de;  Vouccourt  sont 
remplacés  à  Longchamp  et  à  Maranville  par  les  marnes  sans  fossiles 
supérieures  et  inférieures  (1).  Mais  elles  s'accordent  à  montrer  en 
dessus  et  en  dessous  du  Corallien  inférieur,  les  deux  horizons  de  la 
zone  à  Ammonites  tcnuiîobatus  que  nous  avons  signalés  précédem- 
ment. 

Une  coupe  toute  pareille  à  celle  de  Maranville  peut  être  relevée  à 
Mussy,  dans  la  vallée  de  la  Seine  :  car  si,  au-dessus  de  la  carrière  de 
riment  romain  ouverte  dans  les  marnes  sans  fossiles  à  l'ouest  de  ce 
dernier  village,  on  observe  un  lit  à  ^.  Marantianus  correspondant  à 
celui  de  Vouécourt  ou  de  Maranville,  on  trouve  d'autre  part,  à  80  mè- 
tres plus  bas,  un  lit  à  A.  Tiziani,  dont  le  niveau  est  identique  avec 
eelni  de  Maranville.,  en  même  tcini)s  (jue  dans  la  tranchée  même  du 
chemin  de  fer  existe  une  assise  de  calcaire  marneux  jaunâtre,  qui  re- 
présente vraisemblablement  la  zone  à  A.  himammatus, 

•  1)  A  ci.'t  éiianl  même,  les  coupes  de  Vouécourt  et  de  Longchamp  sont  moins 
liilf  rcutci»  qu'elles  ne  le  paraissent  au  premier  abord  ;  car  si  dans  le  ravin  de  Heu. 
à  VoujLJurl,  les  marnes  sj  aïonlront  à  peine,  à  la  cote  iNoeuIou,  qui  touche  au  ravin 
de  lieu.  eUes  prennent  un  développement  consi.Jérahle.  tandis  (jue  l'oolithe  à  Dicé- 
rafes  se  réduit  presque  à  rien.  On  trouve  alors,  du  haut  en  bas  de  la  côte,  la  suc- 
cession suivante,  mise  en  é\idence  par  le  tracé  d'une  nouvelle  route  :  Corallien 
compacte  ;  —  marnes  sans  fossiles  supérieures  ;  —  lit  mince  de  calcaire  grumeleux 
leprésentant  l'oolithe  à  Dic.'rates  ;  —  marnes  sans  fossiles  inférieui-es  ;  —  calcaire 
sub-uulilhi(|ue  ;  — calcaire  blanc  à  Ammoniies  tricvi  talu>  :  — marne  à  Belemnites 
nnirinialicnlatus:  —  elc. 


a  •    TOMBEGK.   —  ZONE  A  A.    TENUILOBATLS.  5   nov. 

toutes  ces  espèces  sont  inconnues  dans  lePtérocérien  de  la  Haute-Marne, 
tandis  qu'elles  sont  des  plus  caractéristiques  de  notre  calcaire  à  As- 
tartes  ou  des  niveaux  inférieurs. 

Je  crois  donc  être  en  droit  de  conclure  que  le  Ptérocérien  de  M.  Grep- 
pin  est  contemporain,  non  du  Ptérocérien,  mais  bien  du  calcaire  à 
Âstartes  de  la  Haute-Marne. 

Avec  non  moins  d'évidence,  le  niveau  supérieur  du  Séquanien  de 
M.  Greppin,  TEpiastartien,  que  Tauteur  donne  comme  en  partie  ooli- 
thique,  est  notre  oolithe  de  La  Mothe  (laquelle  elle-même  est  contem- 
poraine de  celle  de  Toiuierre).  Il  suffirait,  pour  le  prouver,  de  la  posi- 
tion stratigraphique  de  cette  oolithe,  puisque,  comme  l'oolithe  de  La 
Mothe,  elle  est  subordonnée  à  une  couche  où  Ton  ne  peut  méconnaître 
notre  calcaire  à  Astartes. 

Mais  les  fossiles  ajouteiil  à  cette  preuve  un  argument  positif;  car, 
parmi  ceux  que  M.  Greppin  cite  dans  son  Séquanien  et  qui  paraissent 
venir  de  l'oolithe  épiastartienne,  je  relève  :  Cardium  corallinum,  Dice- 
ras  Munsteri,  Trigonia  geograpliica  (T.  Parkhisoni) ,  etc.,  c'est-à-dire 
les  fossiles  les  plus  caractéristiques  de  Toolithe  de  La  Mothe. 

D'autre  part,  dans  le  Rauracien  de  M.  Greppin,  il  n'est  pas  diffi- 
cile de  reconnaître  notre  oolithe  à  Dicérates  et  nos  calcaires  grumeleux 
glypticiens. 

Dès  lors,  ce  qui  est  compris  entre  l'Epiastartien  et  le  Rauracien  de 
M.  Greppin,  c'est-à-dire  les  couches  2  et  3  de  son  Séquanien,  corres- 
pond forcément  à  notre  Corallien  compacte. 

Si  donc  il  est  vrai,  comme  le  veulent  les  Suisses,  que  la  zone  à  Am- 
monites tenuilobatus  ne  soit  autre  chose  qu'un  faciès  scypliicn  du  Sé- 
quanien, du  moment  que  le  Séquanien  suisse  ou,  plus  exactement,  la 
partie  de  ce  Séquanien  inférieure  à  l'oolithe  épiastartienne,  répond, 
ainsi  que  je  viens  de  le  démontrer,  à  notre  Corallien  compacte,  c'est 
dans  des  assises  contemporaines  de  ce  Corallien  compacte  qu'il  faut 
chercher  la  zone  à  ^1.  tenuilobatus. 

Et  en  effet  nous  avons  vu  plus  haut  que  le  Corallien  compacte  de 
la  Haute-Marne  renferme  tout  au  moins  l'un  des  niveaux  de  celte 
zone. 

Aussi,  quand,  pour  employer  l'expression  de  M.  Ern.  Favre,  on 
trouve  sur  le  récif  corallien  d'Oberbuchsiten  un  lit  renfermant  les 
Ammonites  polyplocus.  A,  Uommairei  et  autres  fossiles  de  la  zone  à 
A.  tenuilobatus,  il  ne  faut  pas  douter  que  ce  lit  ne  représente  notre 
niveau  supérieur  de  la  Haute-Marne,  qui,  lui  aussi,  à  Vouécourt  et  à 
Buxières  repose  sur  un  vrai  récif  corallien  (1). 

'IJM,  E<lm.  IVllal  a  troux  eau  Mont- iJcs-Boiicards, dans  une  position  idenlifiue,  c'est- 


IH77.  RLVIGNIKR.    —   OBSERVATIONS.  {3 

Mais  la  similitude  (sauf  les  noms  pourtant)  des  subdivisions  que 
M.  Greppin  reconnaît  dans  le  Corallien  de  Suisse,  avec  celles  que  pré- 
sente le  Corallien  de  la  Haute-Marne,  montre  suffisamment  qu'on  y 
doit  trouver,  comme  dans  la  Haute-Marne,  non-seulement  le  niveau 
lie  la  zone  à  A.  tenuilobatus  supérieur  au  Rauracien,  mais  encore  celui 
qui  en  forme  la  base.  —  Ce  fait  bien  établi  donnerait  la  clé  de  cer- 
taines bizarreries  stratigraphiques.  qui  résultent,  bien  probablement, 
(le  ce  que  les  géologues  suisses  et  allemands  ne  veulent,  par  suite  d'une 
idée  préconçue,  voir  de  couche  à  A.  tenuilobaCus  que  dans  le  Séqua- 
iiicn. 

C'est  ainsi,  pour  ne  prendre  qu'un  exemple,  que  le  magniflque  dé- 
p  U  coralliforme  de  Naltheim,  qui  renferme  toute  la  faune  du  Glypti- 
cien  de  la  Haute-Marne  et  appartient  par  conséquent  au  Corallien  infé- 
rieur ou,  pour  parler  comme  M.  Greppin,  au  Rauracien  le  plus  typique, 
est  rangé  par  les  Allemands  et  par  les  Suisses  dans  le  Ptérocérien,  et 
même  parfois  dans  le  Portlandien  I  Et  cela  parce  qu'il  repose  sur  la 
zone  à  A .  tenuilobatus  ! 

Que  Ton  restitue  le  Glypticien  de  Nattheim  au  Corallien  inférieur, 
alors  tout  rentre  dans  l'ordre,  et  la  zone  à^.  tenuilobatus  de  la  même 
région  descend  au  niveau  de  noire  couche  à  Belemnitcs  Royeri,  où  rien 
ne  s'oppose  à  ce  qu'elle  ait  sa  véritable  place. 

Je  conclus  de  toute  cette  discussion,  que  l'on  finira  peut-être  par 
s'entendre  au  sujet  de  la  zone  à  Ammonites  tenuilobatus,  d'abord  lors- 
qu'on aura  révisé  la  nomenclature  des  étages  jurassiques  supérieurs, 
de  telle  sorte  qu'on  ne  donne  plus,  ici  et  là,  des  noms  identiques  à  des 
couches  absolument  différentes;  —  et  ensuite  lorsqu'on  aura  bien  et 
tliiment  constaté,  ailleurs  que  dans  la  Haute-Marne,  l'existence  de  ces 
deux  niveaux  de  la  zone,  dont  l'un  est  bien,  comme  le  veulent  les  Mé- 
ridionaux, à  la  jonction  de  lArgovien  et  du  Corallien,  tandis  que  l'au- 
tre, ainsi  que  l'affirment  les  Suisses  et  les  Allemands,  appartient  au 
Corallien  compacte  ou  Corallien  moyen,  qu'à  tort  ou  à  raison  ils  regar- 
dent comme  le  vrai  Séquanien. 


M.  Ruvii^nioi*  ne  trouve  pas  étonnant  que  des  géologues  d'autres 
régions  ne  soient  pas  d'accord  avec  M.  Tombeck  sur  la  position 
de  certaines  assises  de  la  formation  corallienne.  11  a  suivi  les  affleure- 
ments de  ces  terrains  sur  plus  de  100  kilomètres  de  longueur  dans  les 
AitJennes  et  dans  la  Meuse,  et  il  a  toujours  trouvé  la  formation  coral- 

à-dire  dans  le  CoraUien  compacte,  VAmmonitet  balnearins,  P.  doL.,ot  une  Ammonite 
ipie  II.  de  Loriol  a  dL'crilc  sous  le  nom  d'^ .  Bouc  ar  de  nais,  mais  qu'il  est  bien  dirti- 
n\c  de  distinguer  de  l'.i.  polyploeux.  Cela  parait  indiquer  que  dans  le  Boulonnais  les 
choses  se  passent  absolument  de  m^rac  que  dans  la  Haute-Marne  etnOberbuchsiten. 


14  BUVIGNIFR.    —    OBSERVATIONS.  5   nov. 

lienne  parfaitement  limitée  à  la  base  par  l'oolithe  ferrugineuse,  qui 
recouvre  les  terrains  à  chailles,  et  à  la  partie  supérieure  par  les  argiles 
à  Ostrea  deltoidea,  qui  constituent  la  base  du  groupe  des  Calcaires  à 
Astartes, 

Mais  si  les  limites  supérieure  et  inférieure  du  Coral-rag  sont  parfaite- 
ment établies,  si  son  épaisseur  d'environ  140 mètres  se  maintient  àpeu 
près  la  même,  en  diminuant  toutefois  un  peu  vers  le  Nord,  on  n*y 
remarque  nulle  part  un  ordre  constant  de  superposition  et,  à  ce  point 
de  vue,  comme  Ta  déjà  dit  M.  Buvignier,  il  ne  présente  de  constant 
que  son  inconstance.  Dans  toute  l'étendue  des  deux  départements,  il  a 
pu  étudier  le  Coral-rag  avec  assez  de  détail  pour  être  convaincu  qu'à 
l'époque  corallienne,  pas  plus  qu'aujourd'hui,  les  Polypiers  n'ont 
jamais  formé  une  nappe  tapissant  uniformément  le  fond  de  la  mer. 
Alors,  comme  aujourd'hui,  il  y  avait  des  bancs  de  Polypiers  se  déve- 
loppant tant  que  les  courants  renouvellant  l'eau  à  la  surface  du  banc 
apportaient  aux  Polypes  une  nourriture  suffisante,  se  restreignant  au 
contraire  quand  les  courants  amoncelaient  sur  le  banc  des  dépôts  de 
nature  et  d'aspect  variables.  Ainsi  un  courant  plus  ou  moins  modéré 
déposait  des  oolithes  plus  ou  moins  fines,  avec  de  petites  coquilles 
minces  souvent  bien  conservées  ;  tandis  qu'un  courant  rapide  roulait 
des  fragments  de  Polypiers,  de  Dicérates,  de  Nérinées  et  d'autres  co- 
quilles qui,  malgré  l'épaisseur  de  leur  test,  se  trouvent  rarement  dans 
un  bon  état  de  conservation.  Ailleurs,  comme  dans  les  atolls  de  la  Mer 
du  Sud,  une  vase  calcaire,  provenant  du  frottement  des  coquilles  et  des 
Polypiers  usés  par  le  ressac,  a  donné  des  calcaires  à  grain  fin»  comme 
les  calcaires  crayeux  compactes  de  Creûe  (et  non  pas  Cretcé,  comme  Ta 
écrit  d'Orbigny  et  comme  on  l'a  répété  après  lui). 

Toutes  ces  variétés  de  calcaires,  bancs  de  Polypiers,  calcaires  à  en- 
troques,  calcaires  vaseux  ou  crayeux  compactes,  calcaires  à  oolithes 
grosses  ou  fines,  calcaires  noduleux  à  Dicérates,  calcaires  grumeleux, 
etc.,  se  trouvent  réparties  dans  toute  la  formation,  sans  aucun  ordre 
constant  de  superposition,  et  les  fossiles  sonteux-mémes  distribués  dans 
la  formation,  non  pas  en  raison  du  niveau  géologique,  mais  en  raison 
du  faciès  du  gisement.  Il  en  résulte  que,  si  on  voulait  former  des  zones 
caractérisées  par  la  présence  de  certains  fossiles,  ces  zones  ne  se  re- 
trouveraient pas  dans  le  même  ordre  de  superposition  dans  des  coupes 
prises  dans  des  localités  différentes. 

A  propos  de  Creûe,  que  quelques  géologues  ont  voulu  considérer 
comme  oxfordien,  M.  Buvignier  rappelle  que  dans  toute  l'étendue  de 
la  Meuse  et  des  Ardennes,  le  Coral-rag  repose  sur  l'oolithe  ferrugineuse, 
ou  mieux  sur  le  groupe  de  l'oolithe  ferrugineuse,  auquel  sont  subor- 
données quelques  assises  argileuses  ou  calcaires,  tantôt  à  la  base,  tantôt 


1877.  BlVir.NIKU.    —   OBSKRVATIONS.  lî) 

à  la  partie  supérieuix».  Ce  groupe,  dont  l'épaisseur  est  inférieure  à 
10  mètres,  recouvre  les  terrains  à  cliailles,  Ibrmés  de  plus  de  cent  mè- 
tres de  bancs  de  calcaires  argileux  ou  siliceux,  séparés  par  des  lits 
d'argile,  qui  se  prolongent  avec  une  constance  remarquable  dans  toute 
l'étendue  de  ces  deux  départements,  en  s'amincissan4  vers  le  nord. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  que  dans  le  col  de  Creùe,  comme  dans  les 
autres  cols  (}ui  à  Marbot,  à  Saint-Julien,  à  Boncourt,  etc.,  divisent  de 
lest  à  l'ouest  le  massif  corallien  compris  entre  la  vallée  de  la  Meuse  et 
la  plaine  de  la  Woèvre,  l'un  des  versants  est  formé  par  le  calcaire  à 
Polypiers  et  l'autre  par  le  calcaire  crayeux  compacte,  d'origine  va- 
seuse. Il  est  hors  de  doute  que  ces  dépôts  vaseux,  qui  s'enchevêtraient 
dans  les  inégalités  du  banc  de  Polypiers,  ont  dû  éprouver  des  tasse- 
ments, dont  l'existence  est  attestée  par  la  compression  qu*y  ont  subie 
les  coquilles  a  test  mince.  Or,  par  suite  de  renchevêtrement  dans  les 
bancs  de  Polypiers,  ces  tassements  n'ont  pu  s'opérer  sans  des  fissures, 
qui,  élargies  par  les  influences  atmosphériques,  ont  donné  lieu  aux 
cols  actuels. 

On  peut  vérifier  dans  chacun  de  ces  cols,  que  les  bancs  de  Polypiers 
se  trouvent  d'un  côté  au  même  niveau  géologique  que  les  calcaires  va- 
seux deCreûe,  qui  reposent,  comme  eux,  sur  les  calcaires  à  oolithes 
ferrugineuses. 

Quant  à  la  présence  de  fossiles  oxfordiens  dans  les  calcaires  de  Creûe, 
il  y  a  longtemps  que  M.  Buvignier  a  cité  un  grand  nombre  de  fossiles 
conoimuns  aux  deux  formations  corallienne  et  oxfordienne  et  qu  il  a  dit 
que  les  faunes  de  ces  deux  formations  ne  se  distinguaient  que  par  la  plus 
ou  moins  grande  abondance  de  certaines  espèces.  Ces  espèces  étant  re- 
parties en  raison  du  faciès  des  terrains,  c'est-à-dire  en  raison  des  con- 
ditions à'hahitat  que  présentaient  les  terrains  au  moment  de  leur  for- 
mation, il  est  tout  naturel  que  les  espèces  des  fonds  vaseux  oxfordiens 
se  retrouvent  sur  les  fonds  vaseux  coralliens,  surtout  lorsque,  comme 
à  Creûe,  ces  fonds  se  sont  succédé  presque  sans  interruption. 

M.  Buvignier  ajoute  qu'à  Creûe  le  calcaire  vaseux  forme  toute  ou 
presque  toute  l'épaisseur  du  Coral-rag;  de  sorte  que  si,  sans  tenir 
compte  dessuperpositions,  on  voulait  persister  à  classer  Creûe  dans  TOx- 
fordien,  il  y  aurait  là  une  interruption  dans  le  Coral-rag,  au  niveau 
supérieur  duquel  s'élèverait  une  gibbosité  oxfordienne. 

M.  Tombeck  a  parlé  de  bancs  de  Polypiers  situés  dans  les  calcaires 
oolithiques  du  calcaire  à  Astartes.  M.  Buvignier  a  signalé  ce  fait  dans 
\2L  Statistique  géologique  de  la  Meuse  et  depuis  deux  ans  il  a  recueilli 
dans  un  de  ces  bancs  plusieurs  espèces  de  Polypiers  quil  n'y  avait  pas 
remarquées  précédemment  et  parmi  lesquelles  il  y  en  a  peut-être  de 
nouvelles. 


\i}  PKLLAT.    —  OBSEUVATIONS.  5    IIU\ . 

M.  Edni.  Pellat  présente  les  observations  suivantes  : 

Ainsi  que  M.  Tombeck  vient  de  le  faire  connaître,  j'ai  recueilli  dans 
les  calcaires  du  Mont  des  Boucards  (Boulonnais)  plusieurs  Ammonites 
qu'il  est  très-difficile  de  distinguer  d'espèces  de  la  zone  à  A^nmonites 
tenuilobatus  et  qui  sont  bien  voisines,  l'une  de  VA.  polyplocics,  l'autre 
de  r^.  balnearius. 

Ce  fait  indiquerait  (si  Ton  doit  toutefois  attacher  tant  d'importance 
à  deux  Ammonites  dont  la  détermination  reste  douteuse)  que  les  cal- 
caires du  Mont  des  Boucards  correspondent  à  la  zone  à  A,  tenuUoba' 
tus  ;  mais  je  ne  pense  pas  que  l'on  doive  quant  à  présent  tirer  de  ce 
parallélisme  un  argument  à  l'appui  de  l'attribution  delà  zone  en  (|ues- 
tion  au  Corallien  plutôt  qu'à  l'Oxfordien  supérieur  ou  au  calcaire  à 
As  tartes. 

En  effet  la  position  exacte  des  calcaires  du  Mont  des  Boucards  est  en- 
core incertaine.  Je  les  ai  d'abord  classés  dans  lOxfordien  supérieur  (1). 
Plus  tard  je  les  ai  assimilés  au  Corallien  compacte  de  la  Haute-Marne, 
d'après  certaines  considérations  stratigraphiques  et  à  la  suite  de  la  dé- 
couverte, vers  leur  base,  de  fossiles  réputés  exclusivement  coralliens  (î2). 
J'ai  récemment  (3)  présenté  l'étage  corallien  du  Boulonnais  comme 
composé  : 

Dans  une  partie  de  la  contrée,  par  les  calcaires  du  Mont  des  Boucards; 

Dans  une  autre,  par  les  calcaires  de  Brucdale  (incontestablement  co- 
ralliens) et  par  des  calcaires  analogues  à  ceux  du  Mont  des  Boucards 
(calcaires  du  sondage  d'Hesdin-l'Abbé). 

Cette  classification  vient  d'être  adoptée  par  les  auteurs  de  la  Carte 
géologique  détaillée  de  la  France  {i)^  et  l'hypothèse  des  faciès  a  été  bien 
souvent  reproduite  pour  résoudre  dans  d'autres  régions  des  difficultés 
stratigraphiques  analogues  à  celle  que  j'ai  rencontrée  en  étudiant  le 
terrain  jurassique  supérieur  du  Boulonnais. 

Aucune  coupe,  malheureusement,  ne  me  permet  d'affirmer  qu'il  y 
ait  réellement,  dans  le  Boulonnais,  deux  faciès  d'un  même  étage,  au 
lieu  de  deux  étages  superposés  sur  un  point  et  en  retrait,  l'un  par  rap- 
port à  l'autre,  dans  une  autre  partie  de  la  région. 

La  paléontologie  ne  donne  pas  non  plus  d'argument  bien  concluant. 
L'Argovien  ou  Oxfordien  supérieur  offre  quelquefois  des  accidents  co- 
ralliens et  des  espèces  que  l'on  attribuait  uniquement  au  Corallien.  On 

(1)  Mem.  Soc.  Phys.  et  Hist.  nat,  Genève,  t.  XIX  ;  1866. 

(2)  Bull.  Soc.  géol.  Fr.,  2«  s6r.,  t.  XXV,  p.  196;  1867. 

(3)  Mém.  Soc.  Phys.  et  HiU.  nat.  Genève,  t.  XXUI:  et  ttull.  Soc.  fjéol.  Fr,.  2*  ser., 

t   XXVII.  p.  686*. 

(4)  Douvilié,  feuille  de  Boulogne  ;  1876. 


1877.  DACBRÉE.  —  DE  TGHIHATCHEF  :   !lE8  OCÉANIQUES.  17 

sait  aussi  que  les  faunes  du  Corallien  et  de  TOifordien  supérieur  ont 
entre  elles  les  plus  grandes  affinités  quand  ces  deux  étages  sont  con- 
stitués par  un  même  massif  calcaire,  sans  intercalation  de  dépôts  réci- 
formes. 

Les  calcaires  du  Mont  des  Boucards  correspondent  très-probable- 
ment aux  calcaires  blancs  de  Creûe,  coralliens  pour  quelques  géolo- 
gues, argOTÎens  pour  d'autres. 

H.  DaubPée  offre  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  de  Xchl- 

batelier»  un  travail  intitulé  :  Considérations  géologiques  sur  les 
tlea  océcmiquen»  et  présente  à  ce  sujet  les  observations  sui- 
vantes : 

Ce  travail  est  exti*ait  de  l'édition  française  que  notre  éminent  con- 
frère vient  de  publier,  en  l'accompagnant  de  nombreuses  et  très-inté- 
ressantes annotations,  de  l'ouvrage  du  professeur  Grisebach  sur  la 
Végétation  du  Globe  d'après  sa  disposition  suivant  les  climats. 

Vingt-quatre  îles  ou  groupes  d'tles  y  sont  successivement  passés  en 
revue,  tant  au  point  de  vue  de  leur  constitution  géologique  qu'à  celui 
de  leur  flore.  Ce  sont  les  Açores,  Madère,  les  Canaries,  les  îles  du  Cap 
Vert,  l'île  de  l'Ascension,  Sainte-Hélène,  Madagascar,  lesMascareignes, 
les  Seychelles,  les  îles  Sandwich,  les  tlesFidgi,  la  Nouvelle-Calédonie, 
les  îles  Norfolk  et  Chatam,  la  Nouvelle-Zélande,  les  Iles  Auckland, 
l'île  Campbell,  les  Galapagos,  l'Ile  de  Juan  Fernandez,  les  Falkland, 
nie  de  Tristan  d'Acunha,  l'archipel  de  Kerguelen,  l'île  Saint-Paul  et 
l'île  d'Amsterdam. 

Après  avoir  résumé  les  faits  essentiels,  en  mettant  à  profit  les  docu- 
ments le  plus  récemment  publiés,  M.  de  Tchihatchef  déduit  de  ces 
faits  des  conséquences  parmi  lesquelles  nous  signalerons  seulement 
les  deux  suivantes»  qui  intéressent  à  la  fois  la  géologie  et  la  paléonto- 
logie. 

lo  Les  affinités  que  les  flores  de  certaines  îles  océaniques  présentent 
entre  elles,  souvent  en  raison  inverse  des  distances  qui  séparent  ces 
îles,  semblent  indiquer  que,  dans  une  partie  de  l'Océanie,  les  îles  étaient 
jadis  groupées  tout  autrement  qu  elles  ne  le  sont  aujourd'hui  ;  en  sorte 
qu'à  l'apparition  de  la  vie  végétale,  il  y  avait  jonction  entre  certaines 
îles  actuellement  séparées  par  des  espaces  considérables,  tandis  que 
d'autres  étaient  tout  aussi  indépendantes  des  terres  et  continents  voi* 
sins  qu'elles  le  sont  à  présent.  Le  premier  cas  est  celui  des  îles  Howe, 
Norfolk,  Chatam,  etc.;  le  second,  celui  des  Hascareignes  et  de  Mada- 
gascar. Ainsi,  si  nous  manquons  de  preuves  pour  admettre  que  les 
îles  océaniques  ne  sont  que  les  débris  d'un  vaste  continent  immergé, 

2 


18  DAUBRÉË.  —   DE   TCHIHATCHEF  :    ÎLES   OCÉANIQUES.  O  nov. 

tout  porte  à  croire  que  rOcéanie  fut  un  jour  occupée  par  des  groupes 
insulaires  moins  nombreux,  mais  beaucoup  plus  étendus,  que  ceux 
qui  existent  aujourd'hui. 

2^  Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  les  curieuses  anomalies 
que  nous  présentent  la  flore  et  la  faune  des  îles  océaniques  ne  sauraient 
être  suffisamment  expliquées,  ni  par  leur  histoire  géologique,  ni  par 
leur  position  à  l'égard  des  continents,  pas  plus  que  par  des  influences 
atmosphériques  ou  par  les  conditions  bathymétriques  de  la  mer  au 
milieu  de  laquelle  elles  surgissent;  car,  si  le  climat  pouvait  donner 
lieu  à  de  telles  anomalies,  celles-ci  se  reproduiraient  dans  de  certaines 
proportions  sur  la  terre  ferme  située  sous  la  même  latitude  et  souvent 
à  peu  de  distance  ;  et  quant  à  la  profondeur  des  mers,  elle  varie  con- 
sidérablement, ainsi  que  le  fait  voir  graphiquement  la  belle  carte  ba- 
thymétrique  de  M.  Pelermann,  et  elle  n'a  aucun  rapport  appréciable, 
ni  avec  les  conditions  physiques  des  îles,  ni  avec  l'âge  de  leur  soulè- 
vement, de  sorte  que  les  plus  récentes  se  trouvent  parfois  au  milieu 
d'une  mer  très-profonde,  et  vice  versd. 

Enfin,  on  pourrait  en  dire  autant  des  courants  qui  baignent  les  îles 
océaniques,  bien  que  l'action  que  les  courants,  en  général,  exercent 
sur  la  végétation,  soit  beaucoup  plus  appréciable  et  plus  importante 
que  celle  des  conditions  bathymétriques.  Toutefois  cette  action  n'est 
pas  assez  puissante  pour  modifier  sensiblement  la  physionomie  d^ne 
flore.  L'observation  de  M.  Fouqué  sur  le  nombre,  relativement  peu 
considérable,  des  plantes  américaines  (seulement  quatre  espèces)  qui 
sont  parvenues  à  s'établir  dans  les  Açores,  malgré  la  quantité  de  se- 
mences et  de  fruits  que  leur  envoie  l'Amérique  par  l'entremise  du 
Gulf-stream,  mérite  d'être  signalée.  On  pourrait  même  ajouter  que,  si 
les  courants  modifiaient  réellement  la  végétation  par  l'adjonction  d'é- 
léments étrangers,  c'est  le  caractère  américain  qui  aurait  dû  prévaloir 
dans  les  contingents  apportés  par  cette  voie  aux  îles  océaniques  (du 
moins  pour  celles  qui  ligurent  dans  ce  travail),  parce  que  leur  majo- 
rité se  trouve  exposée,  directement  ou  indirectement,  aux  courants 
venant  de  l'Amérique,  soit  de  ses  côtes  orientales,  soit  de  ses  côtes 
occidentales. 

Or,  si,  dans  de  telles  conditions,  les  courants  se  sont  montrés  im- 
puissants à  produire  sur  la  végétation  un  efl*et  d'une  Importance  quel- 
conque, à  plus  forte  raison  leur  action,  en  général,  n'a  pu  avoir  une 
large  part  dans  la  création  ou  le  développement  du  type  spécial  qui 
caractérise  la  végétation  de  ces  îles.  Il  est  donc  évident  que  la  solution 
de  l'importante  question  dont  il  s'agit  se  rattache  à  certains  faits  qui 
échappent  encore  à  notre  appréciation  et  qui  ne  pourront  nous  être 
révélés  qu'à  la  suite  de  l'étude  approfondie  de  tous  ces  groupes  insu- 


1877.  E.    FAViiE.  —   GKOLOGIE   DE   LA    CIUMÉE.  i9 

laires,  disséminés,  pour  ainsi  dire,  comme  autant  de  petits  mondes,  au 
milieu  de  l'immense  Océan. 

M.  Tournouër  dépose  sur  le  bureau  un  ouvrage  de  M.  Ern.  Favre  et 
donne  à  ce  sujet  lecture  de  la  note  suivante  : 


Note  sur  la  Géologie  de  la  Crimée» 
par  M.  Ernest  Fnvre. 

J'ai  riionneur  d'offrir  à  la  Société  un  volume  intitulé  :  Étude  strati- 
graphique  de  la  partie  sud-ouest  de  la  CHtnée.  La  géologie  de  cette  ré- 
gion a  déjà  été  l'objet  de  Tétude  de  divers  naturalistes,  Pallas,  de  Ver- 
neuil,  Huot,  Dubois  de  Montpéreux,  etc.  Les  observations  que  j'ai  faites 
m*ont  permis  de  compléter  et  de  rcclilier  sous  plusieurs  rapports  les 
recherches  de  mes  devanciers.  Une  carte  géologique  à  gg^^  et  deux 
planches  de  coupes  accompagnent  ce  mémoire.  M.  P.  de  Loriol  a  bien 
voulu  y  joindre  la  description  des  Échinides  crétacés  et  tertiaires  que 
j'ai  rapportés.  Je  résumerai  brièvement  les  principaux  traits  de  la  géo- 
logie de  cette  région. 

La  formation  jurassique  occupe  dans  le  Sud  de  la  Crimée  une  zone 
très-accidentée,  de  largeur  variable,  qui  s'étend  du  monastère  Saint- 
Georges  aux  environs  de  Théodosie,  et  est  limitée  au  sud  par  la  mer,  au 
nord  par  les  terrains  plus  récents.  On  peut  y  distinguer  trois  subdivi- 
sions : 

1®  L'inférieure,  formée  de  marnes  et  de  schistes  argileux,  avec  des 
grès  subordonnés,  se  montre  des  deux  côtés  de  la  Ya'ila  ou  chaîne  cal- 
caire et  apparaît  dans  l'intérieur  de  cette  chaîne,  dans  la  vallée  de 
Baïdar.  Les  couches  en  sont  très-contournées  sur  le  versant  sud  de  la 
Yaila,  et  elles  ont  été  pénétrées  par  de  nombreuses  éruptions  de  raéla- 
phyres,  de  diabases,  de  porphyres  à  base  d'orthoclase  et  de  porphyres 
pyroxéniques.  On  y  trouve  peu  de  fossiles  marins,  mais  beaucoup  de 
traces  de  végétaux  et  quelques  bancs  de  lignites.  C'est  le  prolongement 
d'une  formation  qui  acquiert  une  grande  importance  dans  le  Caucase 
et  dans  l'intérieur  de  l'Asie,  et  qui  appartient  au  terrain  jurassique  in- 
férieur (Lias  et  Oolithe  inférieure). 

2®  Les  grès  et  conglomérats  qui  surmontent  ce  terrain  en  beaucoup 
d'endroits  doivent  être  classés  dans  le  terrain  jurassique  moyen. 

3®  Une  grande  épaisseur  de  calcaires  termine  les  dépôts  jurassiques. 
Ce  sont  des  calcaires  brèches,  des  marbres  noirs,  de  couleurs  variées, 
renfermant  de  nombreux  restes  AeDiceras,  de  Nérhiées,  deCerithiwn. 
Les  couches,  rompues  vers  le  sud,  s'abaissent  en  pente  douce  vers  le 


20  R.    FAVRE.  —   GÉOLOGIE    DE   LA   CRIMÉE.  5  110 V. 

nord  ;  elles  forment  une  chaîne  dont  les  plus  hautes  sommités  ont  en- 
viron  1 500  mètres  de  hauteur. 

Entre  le  pied  nord  de  cette  chaîne  et  les  terrains  crétacés,  réappa- 
raissent les  schistes  argileux,  avec  lesquels  les  calcaires  jurassiques  sont 
en  stratification  discordante. 

Le  terrain  néocoraien  et  les  terrains  plus  récents  reposent  en  strati- 
fication transgrcssive  sur  les  divers  étages  jurassiques.  Ils  forment  une 
série  de  gradins  inclinés  vers  le  nord  et  dont  la  stratification  très-ré- 
gulière contraste  de  la  manière  la  plus  marquée  avec  les  couches,  très- 
soulevéeset  contournées,  des  terrains  plus  anciens. 

11  y  a  donc  eu  dans  cette  région,  entre  les  époques  jurassique  et  cré- 
tacée, des  mouvements  considérables  du  sol,  qui  produisirent  le  soulè- 
vement de  la  chaîne  calcaire.  C'est  un  des  traits  les  plus  caractéristi- 
ques de  la  stratigraphie  de  la  presqu'île.  Le  même  phénomène  s'est 
passé  sur  le  versant  sud  du  Caucase,  où  j'ai  eu  l'occasion  de  l'observer. 

4»  Le  terrain  néocomien  est  formé  de  grès  et  de  conglomérats  riches 
en  fossiles  (Belemnites  latiis,  Bl.^  Nautiltcs psei^do-elegans,  d'0rb.,-4m- 
monites  AstierianiLS^  d'Orb.,  Ancyloceras  Duvali,  Ast.,  Ostrea  Couloni, 
Defr.,  Terebratulajanitor,  Pict.,  Cidarispîmctata,Bœm,^  Holastercor^ 
datv^^  Dub,,  et  quelques  autres  Échinides).  11  est  intéressant  d'y  retrou- 
ver la  Terebratulajanitor  comme  dans  les  terrains  crétacés  du  Midi  de 
la  France. 

5^"  Je  n'ai  pas  pu  établir  de  subdivisions  dans  une  masse  épaisse  et 
homogène  de  marnes  blanches  et  de  couches  glauconieuses  auxquelles 
j'ai  donné  le  nom  de  terrain  crétacé  moyen. 

Qo  Le  terrain  crétacé  supérieur  forme  un  escarpement  qui  se  pro- 
longe d'Inkerman,  près  de  Sébastopol,  jusqu'aux  environs  de  Simphé- 
ropol.  Il  est  l'équivalent  de  la  Craie  de  Meudon  et  peut-être  de  celle 
de  Ciply  (1). 

Les  terrains  tertiaires  présentent  les  subdivisions  suivantes  : 

7»  Terrain  nummulitique,  très-épais.  Il  commence  dans  la  partie 
occidentale  de  la  Crimée  par  un  calcaire  grossier  à  Turritella  cf.  T^ 
mierposiYa,  d'Arch.,  Corbis  subpectunculiis,  d'Orb.,  Ostrea  rarilamella, 
Desh.  Ailleurs,  ce  sont  des  marnes  à  0.  gigantea,  qui  reposent  direc- 
tement sur  la  Craie  ;  elles  forment  la  base  d'un  étage  puissant  de  cal- 
caires et  de  marnes  blancs,  très-riches  en  fossiles  (Turritella  imbrica- 
taria,  Lam,,  Serpula  spirulœa,  Lam.,  Echinolampas  subcylindricus. 
Des.,  Orbiioides  Fortisi,  d'Arch.,  et  beaucoup  de  Nummulites). 

8®  Marne  blanche,  presque  sans  fossiles,  occupant  une  grande  étendue. 

90  Couche  à  Hélix. 

(1)  Hébert,  linll.  Soc.  g^^'ol.  Fr.,  t.  V,p.  100;  1876. 


1877.  E.    FAVRE.  —   GÉOLOGIE   DE   LA    CRIMÉE.  îl 

lO'J  Étage  sarmatique,  formant  le  plateau  de  la  Chersonnèse  et  la 
partie  mëridionale  de  la  steppe.  Les  couches,  presque  horizontales, 
plongent  très-faiblement  0.  N.  0.  Les  rives  de  la  baie  de  Sébastopol 
donnent  une  belle  coupe  de  ce  terrain.  Il  est  constitué  par  un  calcaire 
lumaclielle,  rempli  de  coquilles  brisées,  parmi  lesquelles  abondent  sur- 
tout les  Mactra.  Un  grand  nombre  de  couches  présente,  comme  dans 
la  Hongrie  et  la  Styrie,  une  structure  oolithique  ;  les  grains  arrondis 
qui  composent  la  roche  sont  formés  en  majeure  partie  de  coquilles  de 
Foraminifères  roulées  et  agglutinées. 

Le  dépôt  de  ces  couches  a  coïncidé  avec  de  grandes  éruptions  volca- 
iiiques,'qui  avaient  déjà  commencé  au  moment  de  la  formation  de  la 
couche  d'eau  douc«,  de  sorte  qu'on  trouve  dans  certains  bancs,  aux  en- 
virons de  Sébastopol  surtout,  une  grande  abondance  de  scories,  de 
cendres  volcaniques  et  de  grains  de  glauconie. 

Les  fossiles  sont  très-abondants  ;  on  y  rencontre  une  cinquantaine 
d'espèces,  parmi  lesquelles  les  plus  communes  sont  : 


Buccinum  dissitum,  Eichw., 
Trochus  Podolicus,  Dub., 

—  Blainvillci,  d'Orb . , 

—  papilla,  Eichw., 

—  Omaliusi,  d'Orb., 
Turbo  Beaumonti,  d'Orb., 


Maetra  PodoHea.  Eichw., 
Eroilia  Podolica,  Eichw., 
Donax  liteida,  Eichw., 
Tapes  greyaria,  Partsch, 
Cardium  obsoletum,  Eichw. 


La  marne^blanche  et  la  couche  à  Hélix  que  surmonte  le  calcaire  lu- 
machelle  et  oolithique.  paraissent  devoir  être  aussi  rapportées  à  Tétage 
sarmatique,  dont  elles  formeraient  la  partie  inférieui'e.  En  effet,  bien 
que  ces  trois  terrains  reposent  presque  partout  en  stratification  concor- 
dante sur  les  terrains  plus  anciens,  on  les  voit,  sur  le  plateau  de  la  Cher- 
sonnèse,  recouvrir  tran.sgressivement  le  Nummulitique  et  les  terrains 
crétacés  et  jurassiques.  Or,  le  commencement  de  l'époque  sarmatique 
a  été  marqué  dans  toute  l'Europe  orientale  par  un  vaste  affaissement, 
qui  a  amené  dans  cette  région  une  transgression  de  ce  terrain  sur  les 
roches  plus  anciennes.  D'ailleurs,  l'étage  sarmatique  a  débuté  dans  la 
Croatie,  l'Esclavonie,  la  Gallicie,  etc.,  par  des  marnes  blanches  sans 
fossiles.  Il  est  donc  très-probable  que  celles  de  la  Crimée  sont  de  la 
même  époque.  M.  Hœrnes  a  découvert  sous  les  couches  sarmatiques 
des  bords  de  la  mer  de  Marmara  un  dépôt  d'eau  douce  qui  pourrait 
être  l'analogue  de  la  couche  à  Hélix  de  la  Crimée. 

Les  couches  sarmatiques  sont  les  dépôts  tertiaires  les  plus  récents 
que  j'ai  observés  dans  la  partie  Sud-Ouest  de  la  Crimée. 

llo  Pour  compléter  l'énumération  des  terrains,  il  faut  y  ajouter  quel- 
ques dépôts  quaternaires  et  récents. 


22  PILIDi:.   --  NtOGÈNb:   I)K  H.OESCI.  5  nov. 

La  Crimée  appartient  à  la  même  région  géologique  que  le  versant 
méridional  du  Caucase,  TArménie  et  les  montagnes  delà  Turquie  d'Eu- 
rope. L'analogie  de  la  chaîne  taurique  avec  les  Balkans  est  particuliè- 
rement frappante.  Cette  chaîne,  qui  s'abaisse  vers  le  Danube  par  une 
plaine  doucement  inclinée  ou  par  des  plateaux  étages  en  gradins,  est 
limitée  du  côté  sud  par  une  grande  t'aille  qui  aboutit  au  cap  Ëmineh 
sur  la  Mer  Noire.  Continuée  en  ligne  droite,  cette  taille  correspond 
exactement  au  rivage  méridional  de  la  Crimée,  au  sud  duquel  la  mer 
atteint  subitement  une  grande  profondeur.  La  nature  du  relief  sous- 
marin  entre  ces  deux  régions  confirme  ce  rapprochement.  En  effet,  des 
bouches  du  Don  à  une  ligne  dirigéedu  cap  Emineh  au  cap  Saritsch  en 
Crimée,  la  mer  n'a  que  peu  de  profondeur  ;  c'est  une  partie  de  la 
steppe  affaissée  à  70  ou  80  mètres  au-dessous  de  la  surface  de  la  mer. 
A  partir  de  la  ligne  indiquée,  la  profondeur  augmente  subitement  jus- 
qu'à 1 000  mètres.  Cette  vaste  dépression  est  donc  l'équivalent  de  la 
région  qui  forme  au  sud  des  Balkans  le  bassin  de  la  Maritza  et  qui  est 
occupée  par  de  grands  massifs  de  roches  cristallines.  Ainsi  la  chaîne 
tauri([ue  est  le  reste  du  versant  septentrional  d'une  chaîne  qui  se  trou- 
vait à  la  place  où  sont  aujourd'hui  les  profondeurs  de  la  Mer  Noire. 
Cet  affaissement  date  probablement  de  Tépoque  miocène. 

M.  Daubrée  dépose  sur  le  bureau  le  travail  suivant  : 

Sur  le  bassin  néogène  de  la  région  située  au  nord  de  I^ioescl 

(Valachie), 

par  M.  Pilide. 

De  Bucharest  à  Ploesci,  le  chemin  de  fer  traverse  une  partie  de  cette 
immense  plaine  diluviale  dont  l'altitude  moyenne  au-dessus  du  niveau 
des  eaux  de  la  Mer  Noire  est  de  liO  mètres  environ,  et  qui  s'étend  de- 
puis le  Danube  jusqu'aux  premiers  soulèvements  des  Carpatlies  va- 
laques.  Orientée  comme  la  chaîne  montagneuse  elle-même,  c'est-à- 
dire  à  peu  près  de  l'ouest  à  l'est,  cette  plaine  s'élève  insensiblement  à 
partir  de  Giurgiu,  sur  le  Danube,  jusqu'un  peu  au-dessus  de  Ploesci. 
Ce  n'est  guère  qu'à  huit  kilomètres  au  nord  de  cette  ville  que  com- 
mencent à  se  déployer  les  premiers  contreforts  de  la  frontière  monta- 
gneuse valaquo-transylvanienne. 

Deux  plateaux,  à  peu  près  de  même  hauteur  (400'"),  mais  différents 
en  supcrlicie,  sont  séparés  de  la  chaîne  propreinent  dite  par  une  large 
vallée  et  paraissent  constituer  ainsi  l'avant-garde  des  collines  tertiaires 
que  je  vais  étudier.  Ce  sont  ces  plateaux  que  l'on  voit  à  droite  et  à 


1877.  PILIDE.  —   .NÉOUÈNE   DE   PLOESCl.  23 

gauche  de  la  route  qui  conduit  de  Ploesci  à  Yalenii-de-Munte. 
Aussitôt  que  Von  a  franchi  la  vallée  qui  sépare  ces  deux  plateaux  de 
la  chaîne  proprement  dite,  on  s'engage  dans  une  série  de  coteaux  à 
formes  ballonnées,  de  hauteur  variable,  qui  rappellent  beaucoup  ceux 
qui  dominent  les  salines  de  Wieliczka  (Gallicie).  C'est  la  série  de  ces 
plateaux  comprise  entre  Matitza  et  Oparitzi  à  Test,  Slanik  et  Co- 
mamik  au  nord,  et  la  vallée  de  la  Prahova  à  Touest,  qui  a  fait  Tobjet 
de  mes  explorations. 

L'ensemble  du  terrain  ainsi  délimité  se  compose,  d'une  façon  géné- 
rale, d'un  système  de  couches  irrégulières  de  marnes  très-argileuses  et 
sableuses,  de  marnes  calcaires,  d'argiles,  de  grès,  de  sables  et  de  cal- 
caires avec  ou  sans  fossiles.  De  ces  diverses  roches,  c'est  l'argile  qui 
semble  de  beaucoup  prédominer. 

Tous  ces  dépôts,  fissurés  et  plies,  ont  dû  subir  de  grands  dérange* 
ments,  et  c'est  là  un  de  leurs  caractères  essentiels.  Aussi  serait-il  difii^ 
cile  de  fixer  l'épaisseur  de  chaque  couche. 

On  conçoit  facilement  que  dans  de  pareilles  conditions  l'inclinaison 
des  couches  doit  varier  dans  d'assez  grandes  limites  ;  mais  il  n'en  est 
pas  de  même  de  leur  direction,  qui  paraît  être  sensiblement  constante, 
c  est-à-dire  £.-0.  Quant  au  sens  de  l'inclinaison,  tous  ces  dépôts 
plongent  vers  le  sud. 
J'ai  reconnu  dans  cette  région  les  étages  suivants  : 

lo  Premier  étage  méditerranéen, 

2^  Deuxième  étage  méditerranéen, 

30  Étage  sarniatique» 

4<>  Étage  à  Congéries. 

|o  Premier  étage  méditerranéen. 

Cet  étage  débute,  à  sa  partie  inférieure,  par  un  système  de  marnes 
Irès-caractérisées  par  la  diversité  de  leurs  couleurs.  Des  couches  péné- 
trées de  fer  oxydé  rouge  alternent  fréquemment  avec  des  couches  colo- 
rées en  vert  et  en  jaune.  Quelques  nodules,  souvent  même  des  cristaux 
de  gypse  s'y  trouvent  çà  et  là  disséminés  ;  mais  ce  n'est  guère  qu'à  la 
partie  supérieure  du  dépôt  que  le  gypse  atteint  un  grand  développe- 
ment et  forme  alors  des  bancs  assez  puissants  pour  pouvoir  être  exploi- 
tés avec  utilité. 

Ce  qui  ajoute  encore  à  l'intérêt  de  cet  étage,  ce  sont  les  beaux 
amas  de  sel  gemme  qu'il  renferme  et  qui  sont  exploités  par  le  gou- 
vernement Roumain  à  Slanik,  sur  la  rivière  du  même  nom,  et  à 
Telega,  sur  la  Doftana.  Partout  où  j'ai  pu  constater  le  sel  gemme, 
je  l'ai  trouvé  recouvert  par  des  argiles  bleues,  salifères,  sauf  dans 
quelques  rares  localités  où,  par  suite  des  accidents  du  sol,  le  sel  se  fait 


24  PILIDE.  —   NÉOGèiNE  DE  PLOESCI.  O  nov. 

jour  à  travers  toutes  les  formations  qui  le  recouvrent,  comme  à 
Slanik,  sur  la  rive  droite  de  la  rivière  qui  traverse  ce  village. 

Par  endroits  les  argiles  bleues  passent  à  leur  partie  supérieure  à  une 
marne  grise,  souvent  assez  compacte  pour  former  des  bancs  résistants. 

Toutes  ces  couches  ont  été  fortement  dérangées  de  leur  position 
primitive  et,  comme  le  fait  si  bien  remarquer  M.  Fuchs  (1),  tantôt  les 
gypses  et  les  marnes  intercalées  ont  été  relevés  à  peu  près  verticale- 
ment, comme  à  Campina,  tantôt  les  couches  argileuses  sont  simple- 
ment plissées  et  repliées  sur  elles-mêmes. 

Je  n'ai  pas  trouvé  dans  cet  étage  de  fossiles  analogues  à  ceux  qui 
fixent  aujourd'hui  en  Autriche,  avec  tant  de  certitude,  par  suite  des 
remarquables  travaux  de  MM.  Suess  (2),  Th.  Fuchs  (3)  et  Hôrnes  (4), 
le  niveau  du  Schlier,  auquel  se  rattachent  rigoureusement  les  dépôts 
de  sel  gemme  de  AVieliczka  et  de  Bochnia,  et  en  général  tous  ceux  du 
bord  extérieur  nord  des  Carpathes.  Mais  le  fait  incontestable  que  cet 
étage  se  trouve  à  Slanik  très-visiblement  recouvert  par  du  Leithakalk, 
et  dans  les  environs  de  Telega  par  des  dépôts  sableux  à  Cerithium 
Duhoisi,  Hôrnes,  me  conduit  à  le  séparer  du  suivant  et  à  le  rapprocher 
de  celui  du  Schlier^  et  si  le  temps  m'avait  permis  d'étendre  plus  à 
Test  ou  à  l'ouest  le  champ  de  mes  explorations  et  d'étudier  d'une 
façon  plus  détaillée  les  différents  dépôts  de  ce  groupe,  je  serais,  je 
crois,  aiTivé  à  identifier  complètement  ces  deux  niveaux. 

A  part  de  rares  exceptions,  cet  étage  a  été  constaté  presque  partout. 
A  l'extrémité  nord  du  territoire,  il  s'appuye  sur  le  grès  carpathique, 
par  exemple  à  Keia  sur  la  Doftana  et  près  de  Comarnik  sur  la  Pra- 
hova;  vers  le  sud,  au  contraire,  il  s'enfonce  sous  les  couches  à  Con- 
géries,  pour  ne  plus  reparaître.  Dans  la  partie  intermédiaire,  il  est 
irrégulièrement  recouvert  par  les  dépôts  du  second  étage  méditerra- 
néen, ou  par  ceux  de  l'étage  sarmatique,  ou  par  les  couches  à  Congé- 
ries,  ou  même  directement  parle  Diluvium. 

i9  Deuxième  étage  méditerranéen. 

Représenté  par  des  calcaires,  marnes,  argiles,  sables  et  grès,  que 
l'on  voit  par  endroits  alterner  entre  eux,  cet  étage  est  caractérisé  par 

(1)  Ed.  Fuchs  et  Sarasin,  Notes  sur  les  sources  de  pétrole  de  Campina  fVala- 
ehiej  ;  1873. 

(2)  Suess,  Untersuehungen  iibcr  den  Charakter  der  oesterreichischen  Tertiàrabla^ 
genmgen,  Sitzungsb.  der  K,  Àk,  der  Wissenschaften,  I  Abth.,  t.  LIV,  p.  87;  1866. 

(3)  Th.  Fuchs,  Petrefacte  aus  dem  Schlier  von  Hall  und  Kremsmûnster  iji  Obéras- 
terreich,  Verh.  der  K,  K.  GeoL  Reichsanstalt,  1874,  p.  111. 

(4)  R.  Hcirnes,  Die  Fauna  der  Schliers  von  Ottnang,  Jahrb,  der  K.  K,  GeoL 
Reichsanstalt,  t.  XXIV,  p.  333;  1875. 


1877.  PILIDE.  —  NÉOGÈNE  DE   PLOESGI.  25 

un  certain  nombre  de  fossiles  marins  qui  fixent  son  niveau  avec  pré- 
cision. 

Le  terme  le  plus  important  de  ce  deuxième  étage  est  certainement 
le  Leithakalk,  qui  à  Zapode,  près  de  Slanik,  recouvre  le  sel  gemme  et 
détermine  ainsi  son  âge. 

Avec  les  Nullipores,  j*ai  trouvé  dans  ce  calcaire  : 


Cerithium  scabrum,  Olivi, 

Trochus  sp., 

Ditrupa  incurva,  Reuss, 


Venus  8p., 
Pecten  sp. 


Ce  même  calcaire  à  Nullipores  a  été  constaté  sur  la  rive  droite  de 
la  Grosanka,  un  des  affluents  du  Slanik,  un  peu  en  amont  des  salines 
actuellement  en  exploitation.  Il  a  ici  une  puissance  moyenne  de  10 
mètres,  avec  une  inclinaison  de  ii?  vers  le  sud,  et  il  semble  consti- 
tuer le  lit  de  la  rivière. 

Le  Leithakalk  n'a  pas  été  rencontré  sur  les  deux  rives  de  la  Doftana  ; 
mais  au  sud  de  Telega,  dans  une  petite  couche  de  sable  jaune,  à  grains 
grossiers,  couvrant  les  dépôts  du  premier  étage  marin,  j'ai  pu  ra- 
masser quelques  magnifiques  exemplaires  de  Cerithium  Duboisi, 
Bornes. 

Le  temps  ne  m'a  pas  permis  de  bien  fouiller  les  argiles  mannes  ver- 
dâtres,  à  lits  minces  de  sable  intercalés,  qui  recouvrent  le  Zet^Aa^aZ/E  ; 
mais  M.  Stephanesco  (1)  signale  dans  une  argile  analogue  :  Cerithium 
plicatum,  Brug.,  Buccinum  miocœnicum,  Micli'.,  Pleurotoma  spines- 
cens,  Partsch,  P.  Jouanneti,  Des  Moul.,  Ostrea  crassissima,  Lam.,  et  plus 
loin,  dans  un  calcaire  grossier  qui  pourrait  bien  être  le  Leithakalk  : 
Conus  Berghausi,  Mich*.,  Luci^ia  miocœ^iica,  Micb^,  des  Coraux  et  des 
Foraminiferes  ;  ce  qui  donne  une  preuve  de  plus  de  l'existence  de  cet 
étage  méditerranéen  en  Valachie. 

Les  argiles  verdâlres  sont  recouvertes,  dans  la  région  que  j'ai  explo- 
rée, par  un  système  de  sables  agglutinés  en  grès  à  leur  partie  su- 
périeure, et  qui  alternent  souvent,  mais  vers  leur  base  seulement,  avec 
des  lits  plus  ou  moins  minces  de  ces  argiles.  On  peut  les  observer  à 
Telega,  où  la  colline  dite  Rotunda  en  parait  exclusivement  formée, 
aussi  bien  qu'à  Yalenii-de-Munte,  sur  la  rive  gauche  du  Teleajan,  etc. 

Ces  sables  paraissent  complètement  dépourvus  de  fossiles,  mais  ils 
se  trouvent  en  concordance  de  stratification  avec  les  argiles  verdàtres. 

Les  différents  dépôts  des  deux  étages  que  je  viens  de  décrire  sont 

(1)  Nota  asupra  bassinului  tertiarsia  lignitului  delà  Bahna  fJudeeul MehedintiJ, 
Bul.  Societxitii  geografiee  Romane,  n*  9,  p.  97;  —  et  Note  sur  le  bassin  tertiaire 
de  Bahna  (Roumanie),  Bull,  Soc,  géol.  Fr.,  3«  sôr.,  t.  V,  p.  387;  18T7. 


26  HLZDË.  —  NÉOGÈNE  DE   l»LOESCI.  5  nov. 

souvent  imprégnés  de  bitume  (pétrole)  et  contiennent  parfois  quelques 
minces  lits  de  lignite. 

3°  Étage  sarmatique. 

Quoique  moins  important  que  les  précédents,  cet  étage  est  très-bien 
caractérisé  au  nord  de  Ploesci.  C'est  au-dessus  de  Poiana,  sur  la  rive 
droite  de  la  Prahova,  au  nord-ouest  de  Campina,  quej'ai  eu  l'occasion 
de  le  constater  pour  la  première  fois. 

Une  série  de  carrières  est  ouverte  dans  le  flanc  d'un  coteau  élevé, 
presque  exclusivement  formé  d'un  calcaire  blanc,  compacte,  à  cassure 
conchoïdale,  à  stratification  confuse,  et  tout  pétri  de  fossiles,  parmi 
lesquels  on  reconnaît  : 

Tapes  gregaria,  Partsch,  1       Cardium  obsoletum,  Eichw. 

Ervilia  Podolica,  Eichw.,  | 

Les  fragments  de  coquilles  qui  composent  ce  calcaire  sont  parfois 
tellement  nombreux  qu'ils  constituent  un  véritable  conglomérat,  dont 
les  éléments  sont  réunis  entre  eux  presque  sans  aucun  ciment  vi- 
sible. 

A  Telega,  dans  le  bourg  même  et  dans  les  alluvions  de  la  rivière 
qui  porte  le  même  nom,  on  rencontre  souvent  de  gros  blocs  d'un  cal- 
caire grossièrement  oolithique,  compacte,  de  couleur  jaune-rougeâtre, 
sonore,  à  cassure  vive,  et  contenant,  outre  les  fossiles  ci-dessus  indi- 
qués :  Cerithium  pictum,  Bast.,  C  rubiginosum,  Eichw.,  et  de  nombreux 
moules  de  petits  Gastéropodes  ressemblant  à  des  Rissoa.  Ces  blocs 
appartiennent  sans  doute  à  une  couche  de  Tétage  sarmatique  en  voie 
de  destruction,  mais  sur  la  position  de  laquelle  je  ne  suis  pas  encore 
lixé. 

Je  dois  encore  indiquer,  comme  faisant  partie  du  même  étage,  un 
conglomérat  sableux,  de  couleur  rougeâtre,  situé  sur  la  rive  droite  du 
Yerbileu,  à  quelques  kilomètres  en  aval  des  salines  de  Slanik,  et  dans 
lequel  j'ai  ramassé  : 


Bnccinum  dupUcatum,  Sow., 
Cerithium  rubigitwsum,  Eichw., 
—         pictum,  Bast., 


Ervilia  Podolica,  Eichw., 
Cardium  obsoletum,  Eichw, 


L'état  roulé  de  ces  fossiles  et  la  nature  fragmentaire  du  dépôt  lui 
donnent  l'aspect  d'un  terrain  de  transport. 

Un  dernier  point  sur  lequel  j'ai  pu  constater  l'étage  sarmatique  est 
la  petite  colline  de  Coda-Maiului,  sur  la  gauche  de  la  route  qui  con- 
duit de  Valenii-de-Munte  à  Ploesci. 


1877.  pii.iDE.  —  nilOgkne  de  ploesci.  27 

La  masse  principale  de  cette  colline  est  constituée  par  un  calcaire 
derai-dur,  linement  oolilhique,  jaune  à  Vextérieur,  bleuâtre  à  Tinté- 
rieur,  à  cassure  conchoïdale  quand  il  est  pétri  de  fossiles,  et  inégale 
dans  le  cas  contraire.  De  distance  en  distance,  ce  calcaire  est  traversé 
parallèlement  au  plan  de  stratification  par  des  lits  minces  de  marne 
très- calcaire,  présentant  très-fréquemment  l'aspect  d'un  conglomérat 
de  coquilles  réunies  par  un  ciment  calcaire.  Â  la  partie  supérieure,  le 
calcaire  se  charge  d'un  sable  jaune,  qui  devient  de  plus  en  plus  pré- 
dominant. Dans  les  lits  marneux  on  peut  recueillir  :  Tapes  gre- 
gana,  Partsch,  Et^ilia  Podolica,  Eichw.,  Modiola  Volhynica,  Eicliw., 
et  une  Lucina  qui  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  la  L,  Dujardinù 
Desh.,  citée  par  M.  Coquand  dans  ses  études  sur  les  gîtes  de  pétrole 
de  la  Valachie  (1).  On  sait  que  cette  coquille  apparaît  dans  le  bassin 
de  Vienne  dans  le  premier  étage  méditerranéen  (Grund,  Niederkreuz- 
stâtten,Pôtzleinsdorf,  etc.);  mais  un  fait  curieux,  dont  il  faut  tenir 
compte,  est  que  M.  Pilar  (2)  ne  l'a  retrouvée  en  Croatie  que  dans 
l'étage  sarmatique,  où  elle  est  même  assez  abondante. 

Je  dois  aussi  indiquer  dans  ce  calcaire  la  présence  excessivement 
fréquente  d'une  nouvelle  espèce  de  CeW^/imm  (C.  Runianum),  intermé- 
diaire entre  le  C.  disjunctum,  Sow.,  et  le  C.  pictum,  Bast. 

Ce  calcaire  a  été  constaté  également  à  Malaesci,  sur  la  rive  gauche 
du  Yerbileu,  à  Vulcanesci,  sur  la  Cosmana,  à  Telega,  à  Pacuri,  à 
Stramatin,  enfin  sur  la  Doftana  à  un  ou  deux  kilomètres  de  l'embou- 
chure de  cette  rivière  dans  la  Prahova.  Dans  toutes  ces  localités  il  pré- 
sente les  mômes  caractères  pétrographiques,  mais  il  forme  des  bafics 
moins  puissants  qu'à  Coda-Maluluî. 

Je  ne  puis  donner  pour  le  moment  aucune  indication  sur  la  position 
relative  de  ces  divers  horizons  sar^natiques;\QïtiQ  contenterai  de  rappe- 
ler que,  lithologiquement  parlant,  les  dépôts  calcaires  de  la  rive 
droite  de  la  Prahova  (Poiana)  sont  tout  différents  de  ceux  de  Coda- 
Malului,  et  ces  derniers  de  ceux  de  la  rive  droite  du  Yerbileu  (Poiana). 

Quelques  parties  de  cet  étage  paraissent  imprégnées  de  pétrole, 
mais  je  n'y  ai  pas  constaté  de  lignite. 

4<'  Étage  à  Congéries, 

S'il  est  vrai  que  l'étendue  d'un  étage  augmente  son  importance,  les 
couches  à  Congéries  doivent  occuper  une  des  premières  places  de  cette 
étude;  mais  ce  n'est  pas  là  tout  leur  mérite.  Elles  constituent,  dans  la 

(1)  Bull.  Soc.  géoL  Fr,,  2«sér.,  t.  XXIV,  p.  505;  1867. 

(2)  Pilar,  Gjnro  Trecegorje  i  Podloga  mu  u  glinskom  Pokupju,  Rad.  Jugosla- 
vemke  ikadcmije  Znanoati^t,  XXV,  p.  53;  1873. 


28 


PILIDE.  —   NÉOGÈNE  DE   PLOESCI. 


5  nov. 


région  que  j'ai  explorée,  un  vaste  réservoir  de  pétrole.  Ce  n'est  en 
effet  que  dans  cet  étage  que  Von  a,  jusqu'à  présent,  creusé  avec  avan- 
tage les  puits  do  pétrole.  La  présence  de  couches  de  lignite  puis- 
santes d'au  moins  six  mètres  devait  aussi  attirer  sur  lui  l'attention 
du  Gouveraement. 

Dès  1860,  M.  Spratt  (1)  avait  démontré  la  présence  de  cet  étage  dans 
la  partie  méridionale  de  la  Bessarabie,  en  Moldavie,  en  Yalachie  et  en 
Bulgarie.  Il  a  été  signalé  en  1866  par  M.  Coquand  (2)  à  Pacuretzi,  au 
nord  de  Ploesci,  en  1870  par  M.  Fœtterle  (3)  à  Matitza,  près  de  Pacu- 
retzi, et  tout  dernièrement  par  M.  Stephanesco  (4)  à  Bahna.  Moi-même 
j'ai  eu  l'occasion  de  le  constater  plus  d'une  fois  dans  la  région  qui 
nous  occupe. 

Cet  étage  consiste  en  une  série  de  couches  d'une  argile  grise  très- 
tenace,  de  sables,  de  marnes  sableuses  et  de  marnes  calcaires,  le  tout 
atteignant  une  puissance  de  200  mètres  environ.  Il  repose,  à  Coda- 
Halului  et  à  Vulcanesci,  sur  l'étage  sarmatique,  et  plonge  vers  le  sud, 
sous  un  angle  de  20  à  25°,  sous  le  gravier  diluvial  de  la  plaine  du 
Danube.  Presque  partout  les  couches  sont  dérangées  de  leur  ancienne 
position  ;  à  Pacuretzi,  centre  d'une  forte  exploitation  de  pétrole,  la 
valeur  moyenne  d'un  certain  nombre  d'angles  que  j'ai  relevés  est 
voisine  de  33». 

Nettement  caractérisé  par  une  faune  aussi  riche  en  individus  qu'en 
espèces,  cet  étage  se  laisse  partout  facilement  reconnaître.  C'est  sur- 
tout près  du  bord  extérieur  de  la  zone  carpathique  qu'on  le  rencontre 
le  plus  souvent,  tandis  qu'il  semble  disparaître  au  fur  et  à  mesure 
qu'on  se  rapproche  de  l'axe  topographique  de  la  chaîne. 

Les  principaux  fossiles  de  cet  étage  ont  été  déterminés  par  MM.  Neu- 
majT  (5)  et  Th.  Fuchs.  Ce  sont  : 


Vivipara  achatinoïdes,  Desh., 

—  Fuchsi,  Neum., 

—  Panoniea,  Neum., 

—  cf.  V.  Suessi,  Neum., 

—  Pilidei,  Neum., 


Vivipara  levantina,  Neum., 

—  subangularis,  Neum., 

—  FôUerlei,  Neum., 

—  Rumana,  Neum. 


La  première  espèce  de  cette  liste,  la  Vivipara  achatinoïdes,  nous  est 


(1)  On  the  Freshwaler  Deposils  of  Bessarabia,  Moldavia,  Wallachia  and  Bulga- 
ria.  Quart,  Journ.  GeoL  Soc,  t.  XVI,  p.  281  ;  1860. 

(â)  Coquaud,  op.  cit. 

(3)  Fottcrle.  Die  Gegend  zwiuhcn  Bukarest  und  der  siebenbûrgischen  Grenze, 
Verh.  K,  K.  GeoL  Reichi.,  1870,  p.  209. 

(i)  Stephanesco.  op.  cit. 

(5)  Neumayr,  Ueber  einige  neue  Vorkommnisse  von  jungtcrtidren  Binnenmol' 
luiken,  Verh.  K.  K,  GeoL  Rvichs.,  1876,  p.  366. 


1877.  PILIDE.  —  NÉOGÈNE  DE  PLOESCI.  29 

connue  de  la  Crimée  (i);  les  trois  suivantes  ont  été  découvertes  pour 
la  première  fois  dans  la  Slavonie  par  MH.  Paul  et  Neuroayr  (2)  ;  les 
cinq  dernières  sont  jusqu^à  présent  spéciales  aux  dépôts  valaques  des 
couches  à  Congéries.       ♦ 

II  faut  ajouter  à  ces  espèces  une  Melania  qui,  à  cause  de  son  mau- 
vais état  de  conservation,  n'a  pu  être  déterminée;  line  nouvelle  espèce 
de  Neritina,  très- fréquente  dans  ces  couches  et  (jui  se  rapproche  un 
peu  de  la  N,  platystoma.  Brus.  (3),  de  la  Slavonie  ;  des  Valvata  et  des 
Bithinia  que  je  n'ai  pu  déterminer. 

Parmi  les  Bivalves,  M.  Th.  Fuchs  a  reconnu  : 


Congeria  roitriformis,  Dcsh., 

—  sp.,  très-abondante» 
Cardium  planum,  Desh., 

—  squamulosum,  Desh.. 

—  pseudo-catillus,  Abich, 


Cardium  Àbieki,  R.  Hoeni., 

—  Lenii,  R.  Hoem., 

—  sp-, 
Unio  sp. 


Tous  ces  fossiles  sont  connus  de  Crimée  (4). 

Quant  à  la  répartition  de  cet  étage,  je  l'ai  constaté  d'abord  à  Opo- 
ritzi,  où  il  semble  former  le  sommet  des  collines  qui  dominent  réglise« 
puis  k  Pacuretzi,  Matitza,  Ochisori,  sur  le  bord  extérieur  des  Carpathes, 
à  Malaesci,  sur  le  Yerbileu,  à  Telega,  à  Scumpia,  à  Yulcanesci  sur  la 
Cosmana,  l'un  des  affluents  du  Teleajan,  dans  les  ravins  dits  Yalea 
Dracului  et  Yalea  Isvorului,  où  les  couches  à  Paludines  renferment  des 
lits  puissants  de  lignite  (j'ai  trouvé  là,  dans  les  alluvions  de  la  Cos- 
mana, quelques  morceaux  d'Ozokérite),  enfin  sur  la  Doftana,  non  loin 
de  son  embouchure  dans  la  Prahova,  à  la  pointe  méridionale  du  pla- 
teau triangulaire  qui  supporte  le  village  de  Campina,  et  à  Campina 
même  sur  la  rive  gauche  de  la  Prahova. 

Une  circonstsuice  remarquable  est  que,  dans  le  bassin  néogène  de 
Ploesci,  de  nombreuses  sources  salées  et  des  efflorescences  de  sel 
apparaissent  au  fond  des  vallées,  suivant  des  alignements  dirigés 
E.-O.;  ce  qui  semblerait  annoncer  une  grande  extension  dans  cette 
direction  des  amas  de  sel  exploités  sur  plusieurs  points  de  la  Yalachie. 

A  côté  de  ces  sources  salées,  on  trouve  aussi  des  eaux  minérales, 

(l)  Deshayes,  Description  des  coquilles  fossiles  recueillies  en  Crimée  par  M.  de 
Verneuil,  Mém.  Soc.géoL  Fr.,  P«8ér.,  t.  III,  p.  64;  1838. 

(3)  Paul  et  Neumayr,  Die  Congeriennund  PaludinenSchiehten  Slavoniens,  Abh. 
K.  K.  Geol.  Reichs.,  t.  VU,  n»  3;  1875. 

(3)  Brusina,  Fossile  Binnen-Mollusken  aus  Dalmatien,  KrocUisn  und  Slavonien, 
p.  93;  1874. 

(4)  VoirR.  Hoernes,  Tertiàr-Studien,  Jahrb.  K.  K.  GeoL  Reichs.,  t.XXIV,  p.  33; 
1874. 


30  PILIDE.  —  NICOGÈNE  DE   PLOESCI.  5  nov . 

notamment  aux  environs  de  Valenii-de-Mun(e,  où  j'ai  reconnu  des 
sources  sulfureuses,  ferrugineuses  et  même  alcalines,  bien  qu'en 
réalité  chacune  d'elles  possède,  mais  à  des  doses  différentes,  les  élé- 
ments qui  se  rencontrent  dans  les  autres.  Jc/Iois  aussi  signaler  dans 
cette  même  localité  la  présence  fréquente  du  peroxyde  de  fer  anhydre, 
imprégnant  quelques  dépôts  de  grès. 

A  Slanik  lessalinos  sont  dominées  par  un  puissant  massif  d'une  roche 
de  couleur  verte,  semblable  à  de  la  RhyoUthe,  décomposée  à  sa  partie 
supérieure,  mais  très-dure  et  très-résistante  vers  le  bas.  Cette 
roche,  connue  en  Transylvanie  sous  le  nom  de  Palla  (1),  n'est 
autre  chose  qu'un  tuf  trachytique.  Elle  forme  à  Slanik,  aussi  bien 
qu'à  Fogarasch,  la  partie  la  plus  ancienne  de  l'étage  miocène.  La  di- 
rection du  massif  qu'elle  constitue  à  Slanik  est  sensiblement  E.-O.  Je 
regrette  que  le  temps  ne  m'ait  pas  permis  d'en  faire  quelques  ana- 
lyses. 


De  cette  étude,  quelque  imparfaite  qu'elle  soit,  il  me  semble  résulter 
indubitablement  : 

1®  Que  dans  la  portion  du  bassin  néogène  explorée  par  moi,  il  y  a 
lieu  d'établir  les  mêmes  étages  que  ceux  reconnus  depuis  longtemps 
déjà  dans  l'Autriche-Hongrie; 

2®  Que  dans  la  même  région  le  sel  gemme  fait  incontestablement 
partie  du  premier  étage  méditerranéen  ou  Schlier; 

3*  Que  le  pétrole,  quoique  imprégnant  tous  les  dépôts  tertiaires,  se 
trouve  de  préférence  dans  les  couches  à  Congéries. 

Avant  de  terminer,  qu'il  me  soit  permis  de  dire  quelques  mots  de  la 
constitution  géologique  de  la  plaine  du  Danube  et  des  plateaux  dont  il 
a  été  question  au  commencement  de  cette  note. 

Dans  la  région  comprise  entre  Bucharest  et  les  Carpathes,  les  ter- 
rains présentent  un  aspect  tout  à  fait  différent  de  celui  figuré  dans 
le  profil  que  M.  Stephanesco  a  publié  il  y  a  quelques  années  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France  (2). 

Le  Lœss,  qui  dans  le  voisinage  du  Danube  dépasse  10  mètres  de 
puissance,  n'a  plus  que  5  à  0  mètres  d'épaisseur  à  Bucharest  et  O^^W 
à  0"'50  seulement  au  nord  de  Ploesci.  A  partir  de  cette  dernière  loca- 
lité, il  se  charge  souvent  tellement  de  sable  qu'il  finit  par  être  rem- 

(1)  Von  Hauer  et  Stache.  Géologie  Siebenburgcm,  p.  87;  18G3. 

(2)  Sur  le  terrain  quaternaire  de  la  Roumanie  et  sur  quelques  ossements  de  Mam- 
mifères tertiaires  et  quaternaires  du  même  pays,  Bull..  .3«  sér.,  t.  I,  j».  19:  1873. 


1877.  PILIDE.  —  NÉOGÈNE  DE   PLOESCÎ.  31 

placé  par  une  terrasse  de  graviers  recouverte  en  partie  de  sables  et 
transformée  le  plus  souvent  à  sa  partie  supérieure  en  un  oonglomérat 
grossier. 

C'est  ainsi  que  cette  terrasse,  qui  débute  à  Bucharest  par  du  sable  à 
grains  grossiers,  est  constituée  par  du  gravier  de  grosseur  moyenne  à 
la  gare  de  Ploesci  et  le  long  de  la  route  qui  conduit  à  Campina, 
et  par  du  gravier  à  gros  éléments  dans  la  vallée  de  Teleajan  à 
Strembeni,  où  elle  atteint  une  puissance  qui  varie  entre  15  et 
20  mètres. 

Des  fragments  du  conglomérat  de  cette  terrasse  se  détachent  sou- 
vent de  la  masse  sous  l'influence  des  agents  atmosphériques  et  roulent 
sur  les  talus  de  la  vallée.  C'est  là  l'explication  de  la  présence  de 
ces  grands  blocs  que  Ton  rencontre  si  souvent  dans  les  allu- 
vions  modernes  de  la  vallée  du  Teleajan,  à  Strembeni,  à  Yalenii-de- 
Munte,  etc. 

Bien  plus  important  que  la  terrasse  de  graviers  est  ce  dépôt  de 
Lehm  désigné  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Berglehrn  (1),  que  j*ai  appris 
à  connaître  en  Bukowine  et  que  j'ai  retrouvé  en  plus  d'un  endroit  dans 
la  région  étudiée  par  moi,  gisant  sur  la  pente  des  collines. 

Au-dessus  du  Lehm  vient  le  Lœss,  contenant  à  Strembeni  des 
Hélix,  des  Succinea,  des  Clausiîia,  Le  test  de  ces  coquilles  est  blanc, 
fort  friable,  et  paraît  comme  calciné.  Une  coquille  terrestre  fort 
abondante  dans  ce  dépôt  est  le  Cyclostoma  elegans,  souvent  avec  sa 
teinte  rosée  et  son  opercule. 

De  même  qu'en  Bukowine,  il  y  a  lieu  de  distinguer  dans  cette  por- 
tion de  la  Yalachie  les  formations  diluviales  plus  récentes  des  terrasses 
alluviales  proprement  dites. 

Enfin  j'indiquerai  comme  dépôt  d'une  formation  récente,  la  pré- 
sence sur  la  rive  droite  de  la  Lupa,  aux  environs  de  Telega,  un  peu 
avant  le  point  où  le  ruisseau  change  son  nom  pour  celui  de  Malurôsa, 
d'un  tuf  calcaire^  connu  dans  le  pays  sous  le  nom  de  Siga,  rempli 
A* Hélix  et  de  feuilles  d'arbres,  et  que  l'on  trouve  éparpillé  sur  le  flanc 
de  la  colline.  Cette  roche  doit  incontestablement  son  origine  aux 
sources  chargées  de  carbonate  de  chaux  que  l'on  voit  jaillir  au  pied 
de  la  colline. 


M.  de  la  Moussaye  fait  Id  communication  suivante  : 


(1)  Paul,   Grundsiigc  der  Géologie  dcr  Bukowina,  Jahrb.  K.  K.  Gcol.  Rcichi 
IS'ÏC,  p.  328. 


DE   LA  HOUSSAVE.  - 


-  ENV.   DE  COURCEI.LES. 


La  vallée  de  la  Veale  aux  environs  de  Courcellea  (Aisne), 
par  M.  le  comte  G.  de  La  Moussnye. 

A  Uuvions. 

A  l'entrée  du  village  de  Courcelles  du  côte  de  Braisne,  on  a  creusé 
un  puils  et,  sous  une  couclie  peu  épaisse  de  sables  d'alluvion,  on  a 
pénétré  dans  des  sables  blancs,  très-purs,  qu'on  peut  considérer 
comme  des  sables  de  Rillf  ;  ce  puits  atteint  une  profondeur  de  qua- 
torze mètres. 

Le  fond  de  la  vallée  est  formé  par  des  sables  et  des  graviers  qui 
s'étendent  sur  une  largeur  de  quinze  à  dix-huit  cents  mettes. 


Fig.  I.  Plan  des  envirotis  de  Courcelles. 


UonI  Ngtre'UaiuC. 


I.  Tuilerie. 
3.  Carrière. 

3.  ArBilière. 

4,  D6p6l  Je  vi'g^laui  fossiles 


5.  Gréa  avec  empreintes  de  feuilles. 

6.  CeocIritTc. 

7.  Gravitrc. 

V.  Piiinl  de  \  ue  de  la  lifiiire  i. 


1877. 


DE   LA   MOUSSAYE.  —   ENV.   DE  COURCELLKS. 


33 


1CS«. 


CiCL 


l.l.l.» 


C^VtVt 


Fig.  2.  Coupe  de  la  vallée. 

Route  do  Reims,  00».  La  Veslo,  r.,  îî9«. 


.L.-.4n:ri- ----- 


3*  plan. 
S*  plan. 

i«rpian. 


1100». 


700». 


1300". 


900* 


as,  AUuvioos  sableuses. 

Ce.  Calcaire  compacte  et  caillasses. 

Cg.  Calcaire  grossier. 

St.  Sables  inférieurs. 


4.  Dépôt  (Je  végétaux  fossiles. 

5.  Grès  avec  cmpreiates  de  feuilles. 

6.  Cendrière. 

7.  Gravie re. 


Dans  une  gravière  sise  contre  le  chemin  de  fer,  du  coté  de  Limé 
(7,  fig.  1  et  2),  j'ai  trouvé  de  nombreuses  coquilles  de  difilérents 
terrains  :  les  unes  provenaient  des  sables  inférieurs  qu'on  voit  à  Jon- 
chery  et  à  Châlons-sur-Vesle  ;  d'autres  du  calcaire  grossier  de  Cha- 
mery  (car  cette  zone  est  à  l'état  de  roche  dans  la  vallée  près  de  Cour- 
celles)  ;  d'autres  des  sables  moyens  qui  se  montrent  au  mont 
Saint-Hartin. 

J'y  ai  recueilli  aussi  de  nombreux  débris  de  Conifères  sllicifiés  et 
des  silex  grossièrement  taillés  en  forme  de  couteaux  et  qu'on  peut 
attribuer  à  l'époque  glaciaire  dite  munstérienne. 


Cendrières, 

La  vallée  est  parsemée  de  cendrières,  qui  pour  la  plupart  sont  épui- 
sées et  recouvertes  de  végétation  ;  elles  sont  situées  à  une  altitude  va- 
riant de  80  à  84  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  à  20  ou 
25  mètres  au-dessus  de  la  Yesle.  Elles  ont  toutes  des  formes  irrégu- 
lières et  contiennent  souvent  des  restes  de  lignites,  qui  diffèrent  d'une 
cendrière  à  l'autre  ;  il  en  est  de  même  des  coquilles.  Dans  celle  de 
Limé  (6,  fig.  1  et  2),  qui  est  couverte  de  bois,  j'ai  recueilli  : 


Ostrea  eversa, 
Cyrena  cuneiformis, 
Melanopsii  buecinoidea, 
Teredina  personcUa, 
Cerithium  involutum, 


Cerithium  rariahih, 
Neritina  globulus, 
Melania  inquinata, 
—     prœcessa. 
Petit  Buccin. 


34  DE   LA   MOUSSAYE.  —   ENV.    DE  COUnCELLES.  ;>  nov. 

Dans  celle  de  Ciry-Salsogne  je  n'ai  trouvé  que  la  Cyrena  cuneifor- 
mis  et  VOstrca  Sucssoniensis. 

Dans  colle  de  Braisne,  qui  est  située  à  80  mètres  d'altitude  environ, 
contre  la  chaussée  Brunehaut  et  le  chemin  de  Braisne  à  Vicil-Arcy, 
et  qui  est  en  exploitation,  j'ai  ramassé  : 


Ostrea  hybrida, 

—  punctata, 

—  eversa, 

—  Suessonicnsis, 


Ccrithium  involutum, 

—  striatum, 

—  biseriale, 
Melania  inquinata. 


Les  couches  de  cette  ccndrière  sont  ainsi  disposées  : 

1*  Terre  végétale O"?.') 

2*»  Débris  de  coquilles »  10 

3«  Sable  et  débris  de  coquilles »  20 

4"  Sable  et  glaise » »  15 

5*  Cendres  grises  sableuses,  avec  Cérites  et  Mélanies  à  la  base.   .   .  »  80 

6"  Sable  et  débris  de  coquilles 1    » 

T*  Cendres  grises  remplies  de  coquilles »  60 

S*  Lignites  avec  pyrites  et  glauconie 2    » 


Total,  au  maximum 'ô^lO 

A  la  base  se  trouve  une  couche  argileuse  qui  retient  les  eaux  colo- 
rées en  ocre  rouge. 

Sur  le  bord  de  la  cendrière,  du  côté  sud-est,  on  remarque  que  les 
couches  sont  inclinées  vers  l'intérieur  de  la  cendrière,  dans  laquelle 
elles  se  sont  déversées  lentement  et  à  l'état  pâteux. 

Sur  la  route  de  Limé  au  mont  Notre-Dame,  près  de  la  ferme 
Bruyère  et  sur  le  bord  d'un  chemin,  à  une  altitude  marquée  84  mètres 
sur  la  carte,  j'ai  vu  de  grandes  dalles  de  grès  extraites  du  champ 
voisin  (5,  fig.  i  et  2)  et  remplies  d'empreintes  de  feuilles  qui  m'ont 
paru  provenir  de  Lauriers,  Chênes  verts  et  Érables,  qu'on  peut  rap- 
porter à  l'époque  pliocène.  11  y  avait  donc  là  à  cette  époque  un  étang 
ou  la  rive  d'un  cours  d'eau  peu  rapide. 

En  parlant  de  Courcelles  par  la  route  de  Reims,  on  monte  une 
côte  au  sommet  de  laquelle  on  trouve,  sur  la  gauche,  un  chemin 
nouvellement  réparé,  conduisant  à  une  tuilerie  (I,  fig.  1);  sur  les  bas 
côtés  de  ce  chemin,  à  une  altitude  de  90  mètres  environ  (4,  fig.  1  et  2), 
j'ai  trouvé  des  débris  de  végétaux  empâtés  dans  des  détritus  et  par- 
celles de  terre,  carbonate  de  chaux,  sable  et  glaise,  et  se  délitant  en 
copeaux  irréguliers.  J'ai  ramassé  un  morceau  de  bois  de  Palmier 
siliciiié,  du  bois  et  des  graines  de  Conifères,  une  feuille  à*AraIia  et  des 
débris  de  bois  dicotylédones  angiospermes;  j'ai  donne  ces  échantillons 


1877.  SÉANCE.  37 

Si  on  se  dirige  du  côté  de  l'est,  on  trouve  dans  un  champ  plactî  sur 
la  lisière  du  bois  : 


Fusus  minax, 
Voluta  labrella, 
Natica  grossa, 


Cardita  planicosta. 
Cerithium  lapidum, 
Turritella  sulcifera,  elc, 


J'ai  encore  vu  le  calcaire  compacte  à  Damery,  sur  le  chemin  qui  va 
de  la  gare  au  château  du  Duc  d'Uzès,  et  aux  environs  de  Chûleau- 
Thierry. 

Dans  un  champ  situé  au-dessus  du  village  de  Brasles,  j'ai  trouvé  le 
calcaire  grossier  intérieur  à  l'état  de  roche,  et  un  peu  au-desàus,  dans 
un  terrain  meuble  et  cultivé,  des  coquilles  du  calcaire  grossier  moyen 
mélangées  à  des  coquilles  des  sables  moyens. 

Conclimons. 

Les  terrains  situés  sur  la  rive  gauche  de  la  Vesle,  du  côté  du  mont 
Saint-Martin,  où  a  pénétré  la  mer  des  sables  moyens,  sont  plus  élevés 
que  les  terrains  de  la  rive  droite,  où  Ton  ne  trouve  pas  de  vestiges  de 
cette  mer.  La  rive  droite,  où  il  existe  un  dépôt  lacustre,  est  à  une 
altitude  de  145  mètres;  la  rive  gauche,  au  mont  Saint-Hartin,  atteint 
une  altitude  de  211  mètres;  à  huit  kilomètres  au  sud  on  trouve  les 
sables  supérieurs  à  220  mètres.  Les  terrains  se  sont  donc  relevés  en 
basculant  du  côté  de  la  rive  gauche,  fia  différence  d'altitude  se  fait 
sentir  à  partir  de  la  rive  droite  du  Murton,  où  l'on  a  peine  à  suivre 
la  continuité  des  couches. 

Ces  mouvements  du  sol  ont  dû  s'opérer  après  le  retrait  de  la  mer 
des  sables  moyens  et  des  sables  supérieurs,  vers  l'époque  pliocène,  et 
je  crois  que  c'est  vers  cette  époque  que  se  sont  formées  les  vallées  de 
ce  pays.  Celle  de  la  Vesle,  issue  d'une  crevasse,  s'est  élargie  peu  à  peu, 
et  les  eaux,  qui  primitivement  étaient  presque  stagnantes,  ont  conti- 
nuellement baissé  de  niveau,  déposant  de  chaque  côté  de  la  vallée  les 
débris  provenant  des  terrains  supérieurs. 

M.  Xournouei*  fait  observer  que  la  présence  du  Laurier  et  du  Chône 
vert  dans  le  Pliocène,  signalée  par  M.  de  La  Moussaye,  constituerait,  si  elle 
était  vérifiée,  un  fait  nouveau. 

M.  de  Mortillet  fart  la  communication  suivante  : 


38  DE   MOUÏILLET.  —   JADÉlfE.  5  nOV. 

Origine  de  la  «fcMléïte» 
par  M.   G.  <le  Alortillet. 

Les  études  préhistoriques  nous  mettent  en  main  divers  bijoux  et  ou- 
tils de  roches  dont  nous  ignorons  complètement  le  gisement.  Parmi 
ces  roches  se  remarquent  surtout  le  jade  et  la  jadéïte. 

Dans  l'ancien  continent  le  jade  n*est  connu  en  place  qu'en  Asie. 
De  là  on  a  conclu  que  les  instruments  eu  jade  ou  jadéïte  trouvés  assez 
abondamment  dans  TOuest  de  TEurope  provenaient  d'Asie.  En  Suisse 
et  en  France  ces  instruments  sont  relativement  nombreux.  Cela  suppo- 
serait un  énorme  commerce  continental  d'une  matière  lourde  et  en- 
combrante, à  une  époque  où  très-probablement  il  n'y  avait  pas  encore 
de  routes  tracées  ;  considération  assez  importante  pour  faire  douter  du 
fait. 

Si  ce  commerce  avait  eu  lieu,  partant  de  gisements  abondants,  il  ne 
se  serait  alimenté  que  de  la  meilleure  qualité;  les  marchands  ne  se 
seraient  pas  embarrassés  de  roches  de  qualités  inférieures,  tout  aussi 
lourdes,  tout  aussi  encombrantes,  tout  aussi  embarrassantes  que  les 
meilleures.  Pourtant  les  objets  de  jade  et  de  jadéïte  trouvés  ouvrés  en 
Suisse  et  en  France  sont  de  qualités  très-diverses  et  très-inégales  comme 
emploi  :  les  unes  font  d'excellents  instruments,  les  autres  n'en  font  que 
de  fort  ordinaires. 

En  tout  cas  ces  diverses  qualités  et  variétés,  partant  d'une  origine 
commune,  l'Asie,  et  se  disséminant  partout,  devraient  se  trouver  mêlées. 
Il  n'en  est  point  ainsi.  Quand  on  étudie  avec  soin  la  distribution,  en 
France  et  eu  Suisse,  des  instruments  en  jade  ou  jadéite,  on  remarque 
que  les  diverses  variétés  sont  cantonnées  par  régions.  Ainsi,  dans  le 
bassin  de  la  Seine  et  de  la  Somme,  on  rencontre  une  variété  de  ja- 
déïte grenue,  qui  ne  se  trouve  presque  que  là  et  qui  forme  la  majorité 
des  pièces.  Dans  l'extrémité  sud-est  de  la  France,  les  Alpes-Maritimes, 
leVar,  les  Basses-Alpes,  les  Boi/ches-du-Rhônc,  Yaucluse,  laDrôme, 
etc.,  on  recueille  un  grand  nombre  de  petites  haches  polies  en  une 
espèce  de  jadéïte  impure,  toute  spéciale,  qui  évidemment  doit  être  une 
roche  locale.  La  Suisse,  principalement  dans  les  stations  lacustres  du 
lacdeBienne,  a  fourni  la  jadéïte  et  le  jade  le  plus  pur  et  le  plus  beau. 
M.  le  Docteur  Gross  possède  une  dizaine  de  haches  de  ce  genre  prove- 
nant de  la  seule  station  de  Locras.  Le  Musée  de  Saint-Germain  en  a 
deux  de  la  même  station. 

Depuis  longtemps  je  soutiens  que  le  jade  et  la  jadéïte  qui  ont  servi  à 
faire  des  instruuacnts  pendant  notre  époque  de  la  pierre,  sont  des  ma- 
tériaux de  nos  pays.  La  seconde  hache  en  jade  provenant  de  Locras, 


1877.  BENOÎT.  —  OBSEIIVATIO.NS.  39 

acquise  par  le  Musée  de  Saint-Germain,  vient  confirmer  mon  asser- 
tion. En  effet,  cet  outil  a  été  fabriqué  avec  un  caillou.  L'extrémité  du 
tranchant  est  parfaitement  polie  ;  le  coté  opposé  a  été  piqué,  pour  qu'il 
soit  rugueux  et  ne  glisse  pas  dans  la  gaine  d'emmanchure;  mais  l'ex- 
trême bout  n'a  pas  été  touché  par  l'ouvrier.  C'est  ce  bout  qui  permet 
de  reconnaître  que  la  hache  a  été  faite  avec  un  caillou.  Mais,  au  lieu 
d'être  un  caillou  simplement  roulé  par  l'eau,  c'est  un  caillou  glaciaire. 
La  surface  n'est  pas  uniformément  polie  et  arrondie,  mais  bien  acci- 
dentée et  sinueuse;  de  plus  elle  porte  deux  ou  trois  stries  bien  mar- 
quées. Poli  et  stries  glaciaires  montrent  que  les  habitants  des  stations 
lacustres  de  la  Suisse  allaient  chercher  les  matières  de  leurs  instru- 
ments dans  les  moraines  locales  des  anciens  glaciers  alpins.  Or  les 
moraines  des  environs  du  lac  de  Bienne  contiennent  les  roches  des 
montagnes  de  la  rive  droite,  limitant  le  Valais  au  nord.  C'est  donc  là 
qu'il  faut  rechercher  le  gisement  du  jade  et  de  la  plus  belle  jadéïte  uti- 
lisés en  Suisse  à  l'époque  de  la  pierre  polie. 

M.  Daubrôe  ne  voit  rien  qui  prouve  que  les  stries  de  la  hache 
dont  vient  déparier  M.  de  Mortillet  soient  d'origine  glaciaire.  En  etfet, 
les  stries  si  connues  sur  les  roches  et  sur  les  galets  glaciaires  ressem- 
blent extrêmement  à  celles  que  Ton  peut  pro<luire  artiiiciellement  par 
le  frottement.  Rien  de  plus  facile  que  de  tracer  de  pareilles  stries,  et 
cela  en  peu  d'instants,  quelque  dure  que  soit  la  roche  ;  il  n'est  pour 
cela  aucunement  besoin  du  secours  d'une  machine.  Il  est  donc  très- 
possible  que  les  stries  dont  il  s'agit  ne  soient  pas  d'origine  glaciaire, 
que  l'ouvrier,  par  exemple,  ait  essayé  d'user  une  face  avant  de  la  polir. 
On  ne  doit  d'ailleurs  pas  oublier  que  certaines  stries  présentées  par  des 
échantillons  aujourd'hui  isolés  peuvent  avoir  été  engendrées  dans  l'in- 
térieur des  roches,  comme  les  miroirs  de  frottement  des  liions. 

Après  avoir  autrefois  constaté  expérimentalement  de  tels  effets  sur 
des  roches  de  la  dureté  du  jade,  sur  le  granité  et  le  quartz  par  exemple, 
M.  Daubrée  a  eu  plus  récemment  l'occasion  de  les  reconnaître  sur  la 
plus  dure  de  toutes  les  pierres,  sur  le  diamant  (i). 

M.  Benoit  se  rappelle  avoir  remarqué  dans  la  moraine  de  Sainte-Croix, 
située  à  i  250  mètres  d'altitude  et  formée  do  matériaux  provenant  des  Alpes, 
des  cailloux  glaciaires  d'une  roche  verte,  transparente,  fort  semblable  à  celle 
que  M.  de  Mortillet  vient  do  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société.  Le  glacier  qui 
a  déposé  cette  moraine  venait  du  massif  d'Alctsch  (Valais)  ;  c'est  donc  dans 
celte  région  que  l'on  pourrait  peut-ôlre  rencontrer  le  gisement  du  jade. 

(1)  Comptes-rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  LXXXIV.  p.  1277. 


40  ROBEIIT.  —   VOLCKNS  DE   LA   HAlTE-LOIRE.  5  DOV. 

M.  Daubrée  fait  obscner  que  le  fait  signalé  par  M.  Benoit  est  le  pre- 
mier exemple,  du  moins  à  sa  connaissance,  do  la  rencontre,  en  Suisse  ou  dans 
le  voisinage,  du  jade  proprentent  dit. 

M.  Buvl^nlei*  pense  qu'il  ne  faut  pas  croire  qu'il  y  ait  eu  autant  de 
variétés  de  jade  que  de  peuplades  ;  celles-ci  ont  pu  le  transporter  dans  d'autres 
localités. 

M.  de  LiCippcireiil  rappelle  qu'il  y  a  même  des  roches  employées  à 
l'époque  historique  dont  les  gisements  sont  devenus  incertains;  certains  marbres 
cipoling  par  exemple.  Par  le  fait  même  qu'une  pierre  est  rare,  elle  est  recher- 
chée et  disparait  facilement. 

M.  Xerquem  dépose  sur  le  bureau  un  travail  sur  les  Fora- 
minirère»  et  les  £iitoiiio8tra<^s  «  OstracodeA  du 
Pliocène  supérieur  de  Vile  de  Rbodes  (I)  et  en  donne 
une  analyse  sommaire. 

Le  Secrétaire  analyse  les  notes  suivantes  : 


Volcans  de  la  Haute-Ivoire» 

par  M.  Félix  Robert  (fin)  (2). 

CINQUIÈME  AGE.  —  VOLCANS  A  SCORIES  (intermédiaires). 

Époque  pliocène. 

Après  la  formation  des  brèches  volcaniques,  la  nature  semble  se 
reposer.  Combien  de  temps  ce  repos  a-t-il  duré  ?  On  ne  peut  que  le 
supposer.  Le  climat  du  Yelay  s  est  alors  modifié;  une  température 
plus  douce  s'est  répandue  dans  la  contrée.  Autour  des  marais  et  des 
lacs  qui  existaient  à  cette  époque,  une  végétation  nouvelle  succéda  à 
la  flore  de  Ronzon  :  des  chênes,  ucs  hêtres,  des  peupliers,  des  vcrnes, 
des  châtaigniers,  etc.,  s'emparèrentdes  terrains  incultes  et  finirent  par 
former  de  grandes  forêts,  où  vinrent  habiter  plusieurs  races  d'ani- 
maux, dont  nous  avons  trouvé  les  débris  fossiles  dans  les  alluvions  et 
les  éruptions  boueuses  des  volcans  qui  nous  restent  à  décrire. 

Les  volcans  intermédiaires  dessinent  une  chaîne  circulaire  autour 
de  la  ville  du  Puy.  Ils  peuvent  se  classer  dans  l'ordre  suivant  : 

(1)  Ce  travail  paraîtra  dans  le  1"  volume  de  la  3«'  série  des  Mémoires  de  la  Société 
géologique. 

(2;  Voir  Bull.,  3'  sûr.,  t.  II,  p.  245,  et  t.  IV.  p.  355. 


1877.  nOBRRT.  —    VOLCANS   DE   LA   HAUTE-LOIRE.  41 

Courant,  Peyre-Amont,  le  cratère  de  Bar,  Boury,  Lanthenas,  Eysse- 
nac,  Talobre,  Taulhac,  Mons,  Doue,  La  Cussol,  La  Roche- Lambert, 
Sainte-Anne,  Croustet,  Mont-Serre,  Solilhac  et  le  Mont-Coquille. 

Toutes  ces  montagnes  se  ressemblent  beaucoup  par  leurs  formes 
arrondies,  par  leurs  cratères  en  grande  partie  comblés  par  des  sco- 
ries et  cendres  volcaniques,  par  leurs  éruptions  boueuses,  leurs  brèches 
argiloïdes  et  leurs  coulées  de  laves  qui  forment  divers  plateaux  basal- 
tiques se  correspondant  entre  eux.  Nous  ne  décrirons  que  les  plus  en 
relief. 

Courant, 

Le  volcan  de  Courant  est  un  des  plus  élevés  et  des  plus  imposants 
de  la  chaîne.  Il  s* est  fait  jour  à  travers  le  massif  de  granités  porphy- 
roïdes  qui  domine  au  couchant  le  bassin  de  l'Emblavés.  Son  cratère, 
en  grande  partie  comblé  par  les  scories,  se  trouve  au  sommet  de  la 
montagne,  à  une  altitude  de  1 O84  mètres.  Il  a  produit  plusieurs  cou- 
lées basaltiques,  qui  ont  recouvert  les  marnes  irisées,  au  midi 
jusqu'à  Chasseleuil  et  Cougac,  au  couchant  vers  Soddes. 

Du  sommet  du  volcan,  on  jouit  d'un  coup  d'œil  splendide  et  Ton 
peut  de  là  se  rendre  compte  de  notre  système  volcani(]ue;  on  domine 
toute  la  plaine  de  TEmblavès,  couronnée  par  les  chaînes  des  volcans 
basaltiques  anciens,  trachytes  et  phonolithes,  qui  se  trouvent  étagées 
les  unes  au-dessus  des  autres;  dans  le  bassin  du  Puy,  on  distingue  les 
brèches  volcaniques  et  les  volcans  à  scories,  qui  sont  disséminés  sur 
sa  surface;  au  midi  et  au  couchant  ce  sont  les  volcans  modernes  qui 
bordent  cet  immense  horizon. 

Peyre-Amont, 

Le  volcan  de  Peyre-Amont,  près  Saint-Geneys,  est  d'un  aspect  sai- 
sissant par  sa  forme  arrondie  et  terminée  en  cône.  A  son  sommet, 
à  une  altitude  de  1 100  mètres,  se  trouve  le  cratère,  en  grande  partie 
rempli  par  les  scories  qui  couvrent  la  montagne.  Plusieurs  coulées 
basaltiques  se  sont  épanchées  vers  le  nord. 

Volcan  de  Doury. 

Le  cratère  de  Boury,  situé  sur  la  montagne  qui  domine  Allègre,  a 
la  forme  d'un  fer  à  cheval;  il  s'est  affaissé  du  côté  de  l'est,  mais  sur 
le  reste  de  son  pourtour  il  est  d'une  conservation  parfaite.  Une  petite 
butte  placée  à  l'est,  à  l'endroit  appelé  la  Croix  de  la  Pendue,  semble 


4â  nOBERT.  —   VOLCANS  DE   LA  HAUTE-LOIRE.  5  nOV. 

avoir  été  sur'ce  point  la  limite  du  cratère.  La  roche  est  caractérisée  par 
une  grande  abondance  de  pyroxène  et  par  de  nombreux  fragments  de 
granités  et  de  gneiss  vitrifiés. 

Cratère  de  Bar. 

Le  volcan  de  Bar  a  succédé  à  celui  de  Boury.  C'est  un  des  plus  ma- 
jestueux et  des  plus  élevés  de  la  chaîne;  son  altitude  est  de  1 171  mètres. 
Il  est  isolé  au  milieu  des  granités,  sur  lesquels  il  repose,  et  domine  au 
loin  toute  la  région  environnante.  Il  est  formé  en  grande  partie  par 
des  scories  qui  sont  éparses  sur  la  montagne  et  qui  la  couvrent  sur 
tous  les  points.  Quelquefois  ces  scories  s'agglutinent  et  forment  des 
brèches  scoriacées  k  ciment  de  lave.  Le  péridot  y  est  très-abondant; 
il  est  ordinairement  vert  clair,  granulaire  et  parsemé  de  grains  plus 
ou  moins  foncés  ;  au  contact  de  l'air  il  se  décompose  et  prend  une 
couleur  rouge,  qui  se  rapproche  de  celle  du  fer  oxydé  ;  les  larmes  vol- 
caniques en  renferment  souvent  dans  leur  intérieur. 

A  sa  base,  le  volcan  a  près  de  six  kilomètres  de  circuit;  en  s'élevant, 
il  prend  la  forme  d'un  cône  tronqué,  au  sommet  duquel  se  trouve  un 
magniiique  cratère,  dont  les  bords,  [parfaitement  conservés,  offrent 
vers  le  midi  une  seule  échancrure. 

Sainte- Anne, 

Le  volcan  de  Sainte-Anne,  situé  au  couchant  du  village  de  Polignac, 
près  de  la  ferme  du  Collet,  le  long  de  la  grand'route  du  Puy  à  Cler- 
mont-Ferrand,  s*est  fait  jour  à  travers  un  massif  de  brèches  volca- 
niques qui  se  continue  jusqu'à  Denise. 

De  son  cratère  sont  sorties  des  éruptions  boueuses,  des  brèches  ar- 
giloïdes  et  des  coulées  de  laves,  qui  se  sont  répandues  au  levant  vers 
Chadrac  et  au  nord  vers  Bilhac. 

Les  débris  des  animaux  fossiles  que  Ton  trouve  dans  les  alluvîons 
et  les  éruptions  de  ce  volcan  peuvent  se  classer  ainsi  : 


Elephas  meridionalis, 
Hippopotamus  major. 
Rhinocéros  leptorrhinus, 
Equus  robustus, 
Dos  urus, 
Ccrvus  elatus, 


Cervus  dama, 
Hyœna  brevirostris, 

—      spelœa, 
Felis  cultridens, 
Catiis  spelœus, 

—   at?us. 


Volcan  de  Solilfiac. 
Le  volcan  de  Solilhac  a  une  altitude  de  900  mètres;  il  domine  au 


1877. 


ROBERT.  —   VOLCANS  DE  LA  HAVTE-LOIRE. 


43 


midi  le  valtoQ  de  Cussac  et  au  nord  celui  de  Vialette.  Sa  forme  est  ar- 
rondie, son  sommet  couvert  de  scories,  de  larmes  et  de  bombes  volca- 
niques. Le  cratère,  appelé  Tarsou,  est  au  couchant  de  la  montagne; 
il  est  demi-circulaire  et  entouré  de  laves  basaltiques  qui  se  sont  dé- 
versées vers Blanzac  et  vers  Chanceaux  ;  ces  laves  contiennent  souvent 
du  pérldot. 

Les  alluvions  et  les  éruptions  boueuses  de  ce  volcan  renferment  les 
ossements  d'une  nombreuse  série  d'animaux  fossiles,  dont  j'ai  donné 
la  collection  au  Musée  du  Puy. 

On  y  trouve,  du  côté  de  Vialette  : 


Mattodon  Borsoni, 

—         Àrvernensis, 
Rhinocéros  Etruscus, 
Tapir  Aroemensis, 
Antilope  tortieornis, 


Cervus  Cusanus  Vialettei» 
Equtis  robustus, 

—      Ligeris, 
Hycena  Vialettei, 
Canis  avus; 


Du  côté  de  Soleilhac,  dans  les  ravins  du  volcan  : 


La  Girafe, 

Le  grand  Daim  des  tourbières  d'Ecosse, 

Un  petit  Daim  f  Cervus  dama  Poligna- 

Un  gracd  Cerf  doDt  les  cornes  se  ter- 


minenten  palmures  {CdamaSolilhacus), 
Antilope  Rosetii, 
Rhinocéros  Uchorrhinus, 
Hyœna  brcvirostris, 
Dos  urus; 


A  Cussac  : 


Elephat  meridionalis, 
Bos  VelauHus, 
Cervus  elatus. 


Cervus  communis, 
—      intcrmcdius . 


Doue. 


Les  autres  volcans  n'offrent  rien  de  particulier,  si  ce  n'est  la  corres- 
pondance de  leurs  plateaux  basaltiques;  aussi  terminerons-nous  cette 
description  par  celui  de  Doue,  qui  a  donné  son  nom  à  notre  savant  et 
honorable  confrère  Bertrand  de  Doue,  qui  habitait  l'ancienne  abbaye 
construite  au  milieu  du  demi-cirque  que  forme  le  cratère. 

Le  volcan  forme  un  massif  allongé,  composé  de  brèches  argiloïdes, 
de  plusieurs  coulées  de  laves  et  d'un  monticule  à  scories;  au  levant,  il 
a  donné  naissance  à  la  fameuse  Roche-Rouge,  par  un  lilon  basaltique 
que  l'on  suit  dans  le  granité  dans  la  direction  de  Doue  ;  au  nord,  un 
lilon  de  brèche  communique  avec  le  dyke  de  Brunelet,  au  sommet 
duquel  on  aperçoit  les  ruines  d'une  ancienne  station  romaine. 


44  nOBERT.  —   VOLCANS  DE   LA   liAL'TE-LOlRE.  3  nov. 

SIXIÈME  AGE.  —  VOLCANS  BASALTIQUES  MODERNES. 

Époque  quaternaire, 

La  chaîne  des  volcans  modernes  s'étend  deFix  à  Pradelles;  au-delà 
du  cralère-lac  du  Bouchet,  elle  se  bifurque  et  forme  une  seconde 
chaîne  qui  se  dirige  de  Bizac  vers  Présailles.  Nous  allons  décrire  ceux 
qui  offrent  le  plus  d'intérêt  aux  points  de  vue  géologique  et  paléonto- 
logique. 

Volcan  de  la  Durande, 

Le  volcan  de  la  Durande  forme  un  cône  isolé,  qui  s'élève  jusqu'à 
1  304  mètres  d'altitude  et  qui  domine  les  deux  bassins  du  Puy  et  de 
Langeac.  Il  se  fait  remarquer  par  ses^brèches  scoriacées  et  ses  coulées 
de  laves  basaltiques,  qui  se  sont  répandues  vers  Beyssac  et  entourent 
en  partie  les  marais  de  Limagne.  Les  coulées  de  la  Durandelle  et  de  la 
montagne  de  Rapine  achèvent  de  circonscrire  ce  cratère-lac. 

Volcans  de  Vergezac, 

Les  volcans  de  Vergezac  se  divisent  en  deux  chaînes  parallèles,  qui 
s'arrêtent  à  Mont-Bonnet;  leurs  laves  se  sont  accumulées  surplace 
et  forment  des  massifs  qui  se  relient  entre  eux.  A  Mont-Boimet, 
le  Puy- Vieux  se  fait  remarquer  par  son  isolement  et  sa  forme  conique. 
De  là  la  chaîne  se  continue  sur  une  seule  ligne  jusqu'au  lac  du  Bou- 
chet.  Sur  ce  parcours  on  observe  le  dyke  basaltique  du  Devèze,  qui 
domine  toute  cette  chaîne  (son  altitude  est  de  1430"");  puis  les 
trois  puys  qui  ont  donné  son  nom  au  village  de  Trespeuix. 

Cratère-lac  du  Bouchet, 

Lorsqu'on  arrive  au  sommet  du  volcan  du  Bouchet,  on  est  surpris 
du  coup  d'œil  qu'offre  le  lac,  par  son  étendue  de  quatre  kilomètres  de 
circonférence,  et  par  sa  forme  circulaire  entourée  d'un  rebord  couvert 
de  scories.  Les  eaux  de  ce  lac  n'ont  point  d'issue;  elles  arrivent  du 
fond  du  cratère  et  s'infiltrent  dans  les  parois  pour  sortir  ;  ce  qui  donne 
lieu  à  différentes  sources  très-abondantes  aux  environs  de  Cayres. 

Volcans  de  Breysse. 

Les  sucs  de  Breysse  forment  une  chaîne  de  puys  qui  ont  beaucoup 
de  rapports  avec  ceux  des    environs  du  Puy-de-Dôme,   par   leurs 


1877.  ROBERT.  —    VOLCANS  DE   LA   HALTE-LOIRE.  45 

cratères  et  leurs  coulées  de  laves,  appelées  clieyres  en  Auvergne. 
Cette  chaîne  se  compose  du  Grand  et  du  Petit  Breysse,  de  la  montagne 
du  Calvaire,  de  celle  de  Goudet  et  du  volcan  de  la  Mlssesèle  près 
Bizac. 

Grand- Breysse. 

Parmi  les  volcans  les  plus  modernes,  celui  Jdu  Grand-Breysse  se 
fait  particulièrement  remarquer  par  sa  ressemblance  avec  le  Puy  de 
la  Vache  (Puy-de-Dôme);  son  cratère  est  de  même  évasé  du  côté 
du  couchant,  et  plusieurs  coulées  laviques  ou  chcyres  en  sont  sorties 
et  se  sont  répandues  dans  la  plaine  à  une  grande  distance. 

Petiô-Breysse. 

Vu  de  loin,  le  Petit-Breysse  ressemble  beaucoup  au  volcan  de  Pa- 
riou  (Puy-de-Dôme)  ;  son  cratère  est  très-profond  ;  il  a  été  échancré 
par  une  coulée  de  laves,  qui  se  dirige  du  côté  du  Monastier  et  qui  a 
recouvert  et  protégé  le^s  alluvions  marines  des  bords  de  la  Colance. 

Denise,  —  L* Homme  préhistorique. 

Nous  terminerons  l'étude  des  volcans  de  la  Haute-Loire,  en  faisant 
connaître  les  animaux  qui  accompagnaient  THomme  préhistorique 
pendant  son  séjour  dans  le  Velay.  A  Jax,  près  de  Fix,  on  a  découvert 
au  pied  d'un  volcan,  dans  un  banc  de  pouzzolanes,  un  squelette  hu- 
main fossile;  ce  fait  m'a  été  attesté  par  H.  le  Curé  Bérard  et  par  plu- 
sieurs notables  de  l'endroit.  Sur  les  brèches  volcaniques  venues  de 
Sainte-Anne,  habitait  une  tribu  de  dolicocéphales,  qui  fut  surprise 
par  les  premières  éruptions  du  volcan  de  Denise;  on  a  trouvé  leurs 
ossements  fossiles  très-bien  conservés  dans  les  couches  d'une  coulée 
qui  repose  sur  la  brèche  et  qui  s'est  déversée  au  nord  dans  le  vallon 
de  Polignac.  On  rencontre  dans  cette  même  coulée  les  débris  des  ani- 
maux qui  vivaient  pendant  ce  dernier  âge  des  volcans,  et  que  l'on 
peut  classer  ainsi,  de  même  que  ceux  des  Bivaux  et  de  Saint-Privat 
d'Allier  : 


Hippopotamus  major. 
Rhinocéros  tichorrhinus , 
—         7negarrhinus, 
Elephas  primigeiUu^, 
Bos  primigenius, 

Equun  robustus, 
CcrcHS  communia, 


Cervus  elatiis, 

—  dama, 

—  renna, 
Ursus  spelœu*", 
Hyœna  spclœa, 
Canii  avus. 


46  ROBERT.  —  ALLUVIONS  MARINES  DU  PUY.  5  nov. 

Observations   sur    les   A.lluvloiis    marines  et  les  Marne» 

Irisées  du   bassin  du   Pu  y» 

par  M.  Félix  nol>ert« 

Si  l'on  suit  la  nouvelle  route  du  Monastier  par  le  vallon  de  la  Gagne, 
on  rencontre  près  du  village  de  Couteaux  les  alluvions  marines  décou- 
vertes par  notre  savant  confrère  M.  Vinay  ;  elles  s'étendent  jusqu'à  la 
rivière  de  Laussonne,  où  Ton  peut  les  étudier  sur  plus  de  cent  mètres 
de  hauteur. 

Elles  se  composent  de  bancs  d*argiles  siliceuses,  rougeâtres,  avec 
trous  de  Pholades,  et  de  bancs  de  sables  granitiques  avec  cailloux  rou- 
lés de  quartz  et  de  grès  siliceux  renfermant  des  empreintes  de  coquilles 
marines  :  Posidonia,  Ammonites,  Belemnites,  Pecten,  Terebratula  et 
autres  espèces  des  terrains  jurassiques. 

De  Tautre  côté  du  Monastier,  on  retrouve  les  alluvions  marines  sur 
les  bords  de  la  Colance,  avec  les  mêmes  cailloux  roulés  et  les  mêmes 
coquilles  marines.  Elles  ont  là  une  puissance  de  plus  de  deux  cents 
mètres  et  se  perdent  sous  les  laves  du  volcan  du  Petit-Breysse  et  sous 
celles  de  la  montagne  du  Calvaire,  près  de  Saint-Martin-de-Fru- 
gères  (1). 

Le  long  de  ces  deux  rivières,  on  suit  ces  alluvions  marines  depuis 
Chadron  et  Coubon  jusqu'à  Chauderoles;  elles  contiennent  parfois  des 
bancs  intercalés  de  marnes  irisées.  La  puissance  de  ces  dépôts  marins, 
qui  ont  une  largeur  de  15  kilomètres  sur  une  longueur  approximative 
de  30  kilomètres,  ne  peut  être  attribuée  à  la  rupture  de  lacs  supé- 
rieurs; ils  sont  le  résultat  du  déplacement  de  la  mer  jurassique, 
causé  par  le  soulèvement  des  montagnes  de  l'Isère  et  des  Alpes,  à 
l'époque  de  l'émission  des  granités  porphyroïdes,  qui  se  sont  fait  jour 
à  la  fin  de  la  période  secondaire. 

Dans  les  bassins  du  Puy  et  de  l'Emblavés,  les  marnes  irisées,  qui 
s*élèvent  jusqu'à  400  mètres,  n'ont  pu  se  déposer  que  dans  les  eaux 
delà  mer,  qui  ont  trouvé  une  issue  par  la  grande  vallée  de  Laussonne 
et  ont  formé  un  grand  lac,  circonscrit  par  les  granités.  Les  alluvions 
marines  se  sont  arrêtées  sur  les  pentes,  tandis  que  les  couches  mar- 
neuses, en  se  déposant  dans  des  eaux  tranquilles,  ont  atteint  la  hau- 
teur que  nous  venons  d'indiquer.  L'absence  dans  ces  couches  de 
cailloux  roulés  et  d'alluvions  sableuses  provenant  des  orages  fait  sup- 
poser qu'elles  ne  sont  point  le  produit  des  eaux  douces. 

(1)  M.  G.  Fabrc  les  a  signalées  de  môme  au-dessus  de  Langogne  (Lozère),  sous  le 
nom  de  chailles.  et  M.  druner  dans  la  plaine  de  Roanne. 


1877.  BORREL.  —  ÉBOULEMCNT  DU  BEC-ROUGE.  47 

Ainsi  se  présentait  notre  pays  au  commencement  de  la  période  ter- 
tiaire; c'était  une  suite  de  lacs  qui  communiquaient  avec  ceux  de 
l'Auvergne,  jusqu'à  l'Océan. 


Sur  refoulement  de  la  montagne  du  Oec-Rouge  (Savoie), 

par  M.  L.  Oorrel. 

La  montagne  du  Bec-Rouge  est  située  sur  le  territoire  de  Sainte-Foy 
(Tarentaise);  le  versant  sur  lequel  l'éboulement  s'opère  a  une  largeur 
de  1  450  mètres;  sa  pente  est  de  Oi"8i  par  mètre;  ce  qui  donne  une 
différence  de  niveau  de  1  218  mètres.  Si  l'on  ajoute  à  ce  chiffre 
celui  de  l'altitude  du  village  du  Miroir,  qui  est  de  1  200  mètres,  on 
obtient  2  508  mètres  pour  la  hauteur  du  Bec-Rouge  au-dessus  du  ni- 
veau de  la  mer.  Le  sommet  du  versant  est  à  pic  sur  une  longueur 
d'enviroir  300  mètres,  et  sur  une  hauteur  de  150  mètres  au  maximum. 
Le  faite  de  la  montagne,  dirigé  est-ouest,  forme  un  plateau  large  de 
60  à  110  mètres,  et  légèrement  incliné  du  côté  du  versant  en  désagré- 
gation. Un  habitant  de  la  localité,  qui  fait  pattre  tous  les  ans,  pen- 
dant l'été,  son  bétail  sur  ce  point  culminant,  m'a  assuré,  sur  les  lieux, 
que  celte  déclivité  ne  datait  que  de  quelques  années. 

On  observe  sur  ce  plateau  de  fortes  dépressions  qui  suivent  la  direc- 
tion de  la  montagne  et  qui  paraissent  être  d'anciennes  failles  remplies 
par  les  matériaux  détachés  du  haut  de  leurs  parois;  l'une  d'elles  res- 
semble à  un  petit  vallon. 

La  roche  est  dénudée  sur  une  certaine  étendue  du  plateau.  On  y 
voyait,  le  jour  de  ma  visite,  une  grande  quantité  de  fentes  récentes, 
dont  trois,  entre  autres,  d*une  grande  longueur  dans  le  sens  de 
kl  direction  de  la  montagne»  mesuraient,  la  plus  petite  O'^GO,  la 
moyenne  0™80  et  la  plus  grande  3™20  de  largeur.  Pendant  un  in- 
tervalle de  trois  heures,  celle  de  0°*80  s'est  élargie  de  0"K)2  et  celle 
de  3'n20  de  0"^12.  La  plus  large  fente  était  la  plus  rapprochée,  et  la 
plus  étroite  la  plus  éloignée  de  la  partie  verticale  qui  s'écroule. 

Toute  la  surface  à  nu  de  la  roche  qui  couronne  le  plateau  ressemble 
h  un  immense  dallage  disjoint  qui  aurait  été  posé  sur  un  terrain  mou- 
vant. 

La  montagne  est  formée  de  bancs  légèrement  inclinés  vers  Test, 
d'un  gneiss  qui  tantôt  alterne  avec  de  minces  couches  de  quartz, 
tantôt,  mais  plus  rarement,  est  parsemé  de  grains  ou  rognons  de  la 
même  substance.  Dans  la  masse  d'une  même  couche  on  peut  trouver 
la  structure  massive  granulaire,  grise,  avec  passage  soit  au  micaschiste, 
soit  à  l'aspect  arénacé  avec  absence  de  quartz. 


48  BOUKEL.  —  ÊBOULEMENT  DU  BEC-ROUGE.  5  nOV. 

Les  causes  naturelles  du  phénomène  sont  complexes  et  extérieures. 

II  tombe  tous  les  hivers  une  grande  quantité  de  neige  sur  cette 
montagne.  Toutes  les  fentes,  toutes  les  dépressions  du  sol,  qui  sont 
nombreuses  et  fortes,  sont  remplies  de  cette  neige  serrée,  tourmentée 
par  le  vent  et  qui  forme  de  vastes  et  épais  névés  dont  la  fonte  com- 
mence en  mai  et  ne  finit  qu'en  juillet.  Il  y  avait  encore,  le  28  juin,  des 
névés  d'une  épaisseur  de  3'"50.  Les^aux  provenant  de  la  fonte  de  ces 
neiges  accumulées,  ainsi  que  celles  des  pluies  pendant  la  belle  saison, 
s'écoulent  dans  les  fentes  de  la  montagne  et  en  désagrègent  les 
couches.  Il  est  à  remarquer  que  plusieurs  petites  sources  ont  soudai- 
nement jailli  au  pied  de  la  montagne  pendant  les  premiers  jours  de 
son  écroulement. 

A  mesure  que  les  fentes  s'élargissent,  des  fragments  de  roche 
se  détachent  de  leurs  parois,  tombent  et,  faisant  fonction  de  coin, 
aident  à  la  poussée  des  tranches  verticales  qui  tendent  à  se  séparer  de 
la  masse. 

Il  existe,  au  pied  de  la  partie  à  pic  qui  s'écroule,  un  redan,  dû 
sans  doute  à  Thomogénéité  de  la  roche  sous-jacente,  qui,  du  reste, 
est  recouverte  de  gazon.  L'eau  provenant  de  la  fonte  des  neiges 
accumulées  par  les  vents  en  hiver  sur  ce  redan  altère  la  cohésion  de  la 
roche  à  sa  base.  Lorsque  celle-ci  est  décomposée  à  un  point  qui  la 
rend  incapable  de  résister  à  l'écrasement  du  poids  de  la  masse,  la 
roche  s'affaisse  et  s'écroule.  Les  portions  terreuses,  pulvérulentes,  et  les 
petits  fragments  restent  en  route,  forment  une  couche  inclinée  plus 
ou  moins  unie,  plus  ou  moins  épaisse,  tandis  que  les  gros  fragments 
glissent,  roulent  ou  bondissent  sur  cette  couche. 

n  faut  ajouter  à  ces  causes  destructrices  les  actions  atmosphériques, 
très-énergiques  à  cette  altitude  et  qui  altèrent  considérablement  les 
roches  stratifiées,  surtout  dans  leurs  parties  dénudées. 

Le  phénomène  qui  se  produit  au  Bec-Rouge  n'a  rien  de  mystérieux  ni 
de  surnaturel.  Nous  voyons  s'accomplir  là  ce  <]ui  s'est  passé  de  siècle 
en  siècle  sur  plusieurs  de  nos  montagnes,  et  ce  qui  se  passera  sur  beau- 
coup d'autres  encore. 

L'eau  désagrège,  molécule  par  molécule,  chimiquement  et  de  la 
manière  la  plus  naturelle,  bien  que  lentement,  les  portions  de  la 
roche  qu'elle  lave.  La  désagrégation  convertit  en  poussière  ce  qui  était 
compacte;  de  là  l'inclinaison  des  couches  rocheuses  comprimant  par 
leur  poids  les  portions  qui  ont  perdu  leur  consistance  première,  et 
ensuite  leur  glissement  et  leur  chute.  Cette  poussière  prend  la  plasti- 
cité de  l'argile  lorsqu'elle  est  mouillée;  aussi  remarque-t-on  que  la 
chute  des  roches  du  Bec-Rouge  diminue  pendant  les  temps  de  pluie, 
dont  l'eau  rend  l'argile  tenace,  et  auguicnlc  notablement  durant   les 


1877.  BORREL.  —  ÉBOCLRUEiNr  DU  BEC-ROUGE.  49 

temps  secs  et  chauds,  qui  amènent  l'évaporation  de  Teau  et  par  suite 
le  retour  à  Télat  friable  et  pulvérulent  des  parties  devenues  terreuses. 

On  sait  que  la  décomposition  naturelle  des  roches  du  groupe  des 
feldspaths  amène  leur  réduction  en  matière  terreuse.  On  sait  aussi  que 
cette  décomposition  est  due  à  Venlèvement  graduel  par  l'eau,  soit  du 
silicate  de  potasse  pour  certaines  roches,  soit  du  silicate  de  soude  pour 
d'autres.  Cet  enlèvement  partiel  ou  total  des  silicates  alcalins  laisse 
pour  résidu  les  silicates  d'alumine  et  de  magnésie,  tout  à  fait  inso- 
lubles, et  sous  forme  d'argile  spécialement. 

L'écroulement  du  Bec-Rouge  nous  montre  en  grand  et  les  résultats 
mécaniques  pour  les  roches  non  encore  décomposées,  et  Faction  chi- 
mique exercée  petit  à  petit  sur  leurs  portions  superficielles. 

Dans  leur  parcours  du  sommet  à  la  base  de  la  montagne,  presque 
tous  les  blocs  se  divisent  en  plusieurs  fragments,  dont  les  chocs  réci- 
proques causent  un  bruit  comparable  à  celui  de  la  mousqueterie. 
Quelques-uns  de  ces  éclats,  rejetés  par  le  choc  latéralement  à  la  ligne 
que  suivait  le  bloc  avant  sa  division,  s'arrêtent  sur  la  surface  du  ver- 
sant qui  est  recouverte  d*une  couche  de  terre  sablonneuse,  formée  des 
détritus  de  la  roche  écroulée,  et  glissent  ensuite  lentement  sur  cette 
terre  mouvante,  jusqu'à  ce  que,  rencontrant  une  déclivité  plus  forte 
que  celle  sur  laquelle  ils  ont  été  jetés,  ils  repartent  instantanément  et 
roulent  jusqu'au  fond  de  la  vallée. 

On  voit  de  temps  en  temps,  sur  des  points  quelconques  de  la  sur- 
face du  versant,  s'élever  des  tourbillons  de  poussière,  alors  même 
qu'aucun  bloc  ne  roule.  Ces  tourbillons  sont  le  résultat,  les  uns  du 
soulèvement,  par  des  coups  de  brise,  des  parties  pulvérulentes,  les 
autres  du  glissement  de  la  poussière  dans  les  petits  ravins  qui  se  pro- 
duisent sur  la  pente  en  mouvement,  et  spécialement  dans  les  trous 
creusés  par  les  pierres  dans  leurs  bondissements. 

La  partie  du  plateau  fissurée  récemment  a  250  mètres  de  longueur 
sur  (50  de  largeur  a  l'est  et  25  à  l'ouest. 

L'éboulement  ne  cessera  que  lorsque  toute  cette  surface  se  sera  abî- 
mée. La  partie  verticale  de  la  cime  aura  alors  disparu  ;  la  crête  se  sera 
arrondie  et  la  pente  du  versant  suivra  à  peu  près  uniformément  une 
ligne  infléchie,  il  se  formera  probablement  un  lac  en  amont  des  dé- 
bris amoncelés  de  la  montagne. 

Les  conséquences  de  la  chute  du  Bec-Rouge  seront  la  perte  de  toutes 
les  propriétés  particulières  assises  sur  son  versant  sud  et  la  destruc  • 
tion  probable  du  \illage  des  Masures  par  les  avalanches  de  neige» 
par  suite  du  comblement  du  fond  de  la  vallée. 

Le  village  du  Miroir,  plus  directement  menacé  et  dont  quelques 
maisons  ont  déjà  été  renversées,  est  un  peu  protégé  par  une  forêt  sécu- 

4 


50  DUFOUR.    —   RÉI»OiNSE    A    M.    VASSKUR.  5  nOV. 

culaire  et  semble  ne  courir  de  dangers  immédiats  que  dans  sa  partie 

est. 

Plus  tard,  Tcspcce  de  plateau  plus  ou  moins  incliné,  plus  ou  moins 
bombé,  qui  sera  formé  par  les  débris  en  poussière  terreuse  et  en  petits 
fragments  qui  ne  roulent  pas  jusqu'au  fond  de  la  vallée  (5omme  les 
gros  blocs,  sera  cultivable,  comme  le  sont  actuellement  ses  nombreux 
analogues  sur  les  flancs  de  nos  montagnes,  comme  Tétait  le  plateau  du 
Miroir  que  recouvrent  maintenant  et  surélèvent  chaque  jour  les  détri- 
tus du  Bec-Rouge. 


Réponse  à  M.  Vasaeur  au  sujet  de  Vâge  des  dépôts  éoeènee  du 
diamp-Pancaucl  en  Gampbon  (Loire- Inférieure), 

par  M.  Du  Tour. 

J'ai  eu  riionneur  de  présenter  à  la  Société  géologique,  dans  sa  séance 
du  20  novembre  1876,  un  Essai  sur  les  tet^ains  tertiaires  de  Carnphon 
(Loire-Inférieure)  (1),  dans  lequel  la  majeure  partie  des  couches  du 
Champ-Pancaud  était  pour  la  première  fois  assimilée  au  Calcaire  gros- 
sier supérieur,  et  quelques-unes  seulement  restaient  classées  dans  le 
Calcaire  grossier  moyen  ou  inférieur. 

Quelque  temps  après,  M.  Vasseur,  dans  une  note  sur  le  même 
sujet  (2),  en  rapportant  toute  la  formation  au  Calcaire  grossier  supé- 
rieur, attribua  cette  opinion  à  notre  émincnt  confrère  M.  Hébert,  qui 
l'aurait  eue  dès  1855,  à  la  suite  de  recherches  faites  par  lui,  cette 
même  anné^,  dans  la  localité. 

Malgré  mon  éloignement  pour  les  questions  personnelles,  je  dois 
faire  remarquer  que,  lorsque  M.  Lory  présenta  à  la  Société,  dans  la 
séance  du  5  novembre  1855,  au  nom  de  M.  Cailliaud,  un  Aperçu  sur 
les  terrains  tertiaires  inférieurs  des  communes  de  Carnphon,  Ar- 
thon,  Ché^neréct  Machccoul  (3),  aperçu  dans  lequel  mon  vénéré  prédé- 
cesseur, rapportant  les  dépôts  d'Arthon  et  de  Machecoul  au  Calcaire 
grossier  inférieur,  relevait  tous  ceux  de  Campbon  jusqu'à  l'horizon  de 
Grignon  seulement,  M.  Hébert,  présent  à  la  séance,  se  contenta  de 
rappeler  (4)  que  «  Lyell  avait  depuis  longtemps  signalé  les  lambeaux 
de  terrain  éocène  du  département  de  la  Loire-Inférieure  ». 

Il  ne  paraîtra  guère  douteux  que  si  le  savant  professeur  avait  pu  se 

(1)  Bull.,  3«  série,  t.  V,  p.  73. 

(2)  Bull.,  3*  série,  t.  V,  p.  166;  séaDCc  du  15  janvier  IBT,!. 

(3)  BulL,  2'  série,  t.  XUI,  p.  36. 
(I)  Ibid.,  p.  43. 


1877.  SÉANCE.  51 

former  de  visu,  dès  cette  époque,  l'opinion  qu'on  lui  prête,  il  n'eut  pré- 
senté quelques  observations  dans  ce  sens  à  la  suite  de  la  lecture  du 
mémoire  de  Cailliaud. 

Il  doit  donc  y  avoir  confusion  de  date  ou  de  fait  de  la  partdeM.  Yas- 
seur.  En  tout  cas,  et  comme  il  le  reconnait  lui-même,  l'opinion  do 
M.  Hébert  n'ayant  jamais  été  publiée,  je  ne  pouvais  la  connaître  et  la 
question  de  priorité  ne  saurait  être  douteuse. 

Cela  dit,  je  ne  puis  être  que  très-heureux  de  m'appuyer  sur  la  haute 
autorité  du  savant  professeur  de  la  Sorbonne  pour  l'assimilation  des 
couches  supérieures  du  Champ-Pancaud,  sur  lesquelles  seules  a  dû 
porter  son  examen  ;  mais  j'ai  le  regret  de  ne  pouvoir  me  ranger  à  l'avis 
de  M.  Vasseur,  qui  place  aussi  (1)  dans  le  Calcaire  grossier  supérieur 
les  couches  profondes  de  la  môme  localité. 

Les  études  que  j'ai  continuées  me  portent  même  à  accentuer  davan- 
tage Topinion  que  j'ai  formulée  à  cet  égard  dans  ma  note  du  20  no- 
vembre dernier.  Dans  cette  note,  en  effet,  adoptant  la  classification 
proposée  par  M.  Hébert  (2),  qui  divise,  avec  raison  ce  me  semble,  le 
Calcaire  grossier  en  supérieur  et  inférieur  seulement,  je  plaçais  à  la 
base  du  niveau  supérieur  de  ce  dernier  étage,  et  en  correspondance  avec 
le  Calcaire  grossier  moyen,  le  banc  à  coquillages  du  Champ-Pancaud  ; 
aujourd'hui  je  suis  plutôt  porté  à  le  faire  descendre  légèrement  jus- 
qu'à la  portion  la  plus  récente  du  niveau  inférieur. 

C'est  la  conviction  que  je  voudrais  faire  ressortir  incidemment  du 
travail  sur  les  dépôts  éocènes  d'Arthon-Chémeré  que  j'ai  l'honneur  de 
soumettre  aujourd'hui  à  la  Société. 

Quant  aux  sables  de  La  Close,  je  suis  obligé  de  réserver  mon  opinion 
et  je  ne  serai  en  mesure  de  me  prononcer  définitivement  à  leur  égard 
qu'après  avoir  achevé  l'étude  approfondie  des  nombreuses  espèces 
fossiles  que  j'y  ai  recueillies. 

M.  Hébert  dit  qu'il  ne  peut  s'expliquer  la  réclamation  de  M.  Dufour; 
il  n'a  jamais  rien  revendiqué  au  sujet  de  l'âge  dos  couches  de  Carapbon  ;  il 
s'est  borné  à  communiquer  à  M.  Vasseur  des  notes  prises  autrefois  et  qui  se 
sont  trouvées  conformes  aux  observations  de  ce  géologue. 

Le  secrétaire  analyse  la  note  suivante  : 


(1)  BuU.,3'8éT,,  t.  V,  p.  175. 

(2)  In  Ch.  Lyell,  L'Ancienneté  de  l'Homme,  add..  p.  9;  1870. 


52  DiTOUR.  —  ÉocÈNE  d'arthon-chémeré.  t)  nov. 


Examen  des    dépôts   éoc^nesi   tTi^rlbon-Cliéineré  /Lotre- 

Infërieure), 

par  M.  E.  Dufour. 

PI.  I. 

A  23  kilomètres  au  sud  de  Campbon,  de  l'autre  côté  de  la  Loire,  se 
trouvent  les  dépôts  éocènes  d'Artlion  et  de  Cliémeré;  et  le  même  ali- 
gnement, prolongé  vers  le  sud,  rencontre,  à  moins  de  dix  kilomètres, 
les  calcaires  analogues  de  Machecoul. 

Les  couches  d'Arthon-Chémeré  s'élcndent  sans  interruption  entre  ces 
deux  bourgs,  sur  une  longueur  d'environ  3  kilomètres,  formant  du 
côté  sud-est  de  la  route  qui  les  relie  une  lisière  de  quelques  centaines 
de  mètres,  et  du  côté  opposé  une  bande  de  près  de  trois  kilomètres  de 
largeur.  La  surface  qu'elles  occupent  peut  être  ainsi  évaluée  à  une  di- 
zaine de  kilomètres  carrés. 

Sur  celte  étendue,  elles  forment  une  plaine  mollement  ondulée, 
dont  le  sol  sablonneux  et  calcaire  entretient  une  végétation  spéciale  et 
ti'ès-riche;  je  l'avais  longtemps  exploré  avec  profit  comme  bota- 
niste, avant  de  l'étudier  comme  géologue. 

Les  sables  du  Diluvium,  brun-jaunâtres  et  très-fins,  recouvrent 
toute  la  plaine  sur  une  épaisseur  à  peu  près  uniforme.  Les  cailloux 
roulés  de  silex  et  quelquefois  de  calcaire  en  ont  occupé,  par  suite  de 
leur  poids,  la  partie  inférieure,  et  les  séparent  très-nettement  des 
sables  tertiaires,  d'un  blond  pâle,  à  grain  plus  ou  moins  fin,  et  plus  ou 
moins  agglutinés  et  stratifiés,  qui  ont  comblé  sur  beaucoup  de  points 
les  dépressions  du  calcaire  sous-jacent. 

Ce  calcaire,  en  général  gris-jaunâtre,  à  texture  grossière  et  rempli 
de  galets  de  quartz  plus  ou  moins  volumineux,  est  le  plus  souvent 
assez  friable,  mais  quelquefois  très-cohérent. 

Il  est  exploité  irrégulièrement  dans  un  certain  nombre  de  petites 
carrières,  comme  moellon  de  médiocre  qualité,  pour  des  constructions 
locales,  et,  dans  les  deux  principales,  pour  la  fabrication  d'une  excel- 
lente chaux  grasse,  produite  par  un  four  établi  depuis  de  longues 
années. 

L'exploitation  de  ces  calcaires  paraît  d'ailleurs  remonter  à  une 
date  très-reculée,  et  la  trace  en  est  visible  sur  les  parois  de  quelques 
carrières  réouvertes  depuis  peu,  après  avuir  été  comblées  par  les  dé- 
chets d'extraction  à  une  époque  dont  la  tradition  a  perdu  le  souvenir 
et  qui  pourrait  avoir  suivi  l'occupation  romaine.  Car  les  Romains 


1877.  DUFouR.  —  tocÈME  d'artiion-ciiémëiœ.  îii 

avaient  fait  d*Arthon  une  station  importante,  comme  en  témoignent 
les  briques  à  rebords  assez  abondantes  sur  certains  points,  les  vestiges 
d'une  salle  de  bains  à  carrelage  vernissé,  découverts  autrefois  dans  le 
bourg  même,  et  surtout  Taqueduc  amenant,  de  près  de  trois  kilo- 
mètres au  nord,  les  eaux  de  la  fontaine  Bonnette,  et  dont  j'ai  constaté 
la  parfaite  conservation  sur  près  do  500  mètres  de  longueur. 

Malgré  leur  faible  relief,  les  ondulations  du  sol  ont  une  origine  vio- 
lente, comme  en  témoignent  les  nombreuses  petites  failles  que  je  si- 
gnalerai et  dont  les  bords  ont  été  nivelés  postérieurement  par  de  ra- 
pides courants  diluviens  venant  de  Test. 

La  cause  immédiate  de  ces  dislocations  est  d'ailleurs  manifeste, 
Cailliaud  ayant  signalé  sur  sa  Carte  géologique  de  la  Loire-Inférieure 
deux  pointcments  de  rocbes  cristallines,  situés  vers  la  limite  sud-ouest 
du  terrain  qui  fait  Tobjet  dece  travail  (  PI.  1,  lig.  1,  S,  S'  ). 

Ce  phénomène  local  ayant  lui-même  inscrit  sa  date,  doit  être  placé, 
comme  on  le  verra,  peu  de  temps  après  le  dépôt  du  Calcaire  grossier 
dans  notre  région,  et  avant  que  sa  consolidation  fût  achevée. 

Quant  au  mouvement  général  qui  a  porté  tout  le  plateau  h  une  alti- 
tude moyeinie  de  12  à  14  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  c'est 
là  un  phénomène  subséquent,  séparé  du  premier,  comme  je  le  démon- 
trerai, par  un  intervalle  de  temps  considérable. 

Tous  ces  faits  m'ont  été  dévoilés  par  l'étude  dos  coupes  des  carrières 
d'Arthon,  que  je  vais  décrire  dans  Tordre  le  plus  propre  à  faire  saisir 
la  succession  des  phénomènes,  tout  en  évitant,  autant  que  possible, 
d'inutiles  répétitions. 


1°  Carrière  du  ynoulin  d'Arthon,  dit  Moulin- Neuf  (V\.  I,  hg.i). 

La  grande  carrière  située  auprès  du  premier  moulin  d'Arthon,  dit 
Moulin-Neuf,  est  la  plus  rapprochée  du  bourg.  La  paroi  exposée  à 
Test  et  sur  laquelle  la  disposition  des  couches,  plongeant  au  sud-ouest, 
peut  être  le  mieux  observée,  est  orientée  à  peu  près  exactement  du 
nord  au  sud.  A  la  partie  supérieure,  les  intluences  atmosphériques  ont 
déterminé  la  séparation  du  calcaire  en  minces  plaquettes  dont  l'agen* 
cernent  rend  l'allure  générale  plus  facilement  appréciable. 

Vers  l'entrée  nord,  voisine  du  chemin,  au-dessous  des  sables  et  des 
cailloux  roulés  du  Diluvium,  se  trouve  une  couche,  4,  de  plus  de 
2"*50  de  puissance,  d'un  conglomérat  assez  cohérent,  divisé  vers  le 
haut,  4',  en  plaquettes,  jusqu'à  la  profondeur  d'environ  0"G0,  et  qui 
est  formé  de  grains  de  quartz  roulés,  pisiformes,  cimentés  par  un  cal- 
caire blanc-grisàtre. 


o4  DLFOUR.    —  ÊOCÈiNE   D  ARTHON-CHÉMERÉ.  5  nov. 

A  difTëientcs  hauteurs  dans  la  niasse,  sont  arrêtés  des  nodules 
aplatis,  a,  argilo-sableux,  d'un  jaune  safrané,  que  j'ai  eu  l'idée  de 
fendre  parallèlement  à  leur  plus  grande  surface  et  dans  l'intérieur 
desquels  j'ai  trouvé,  pour  la  première  fois  (1),  de  nombreuses  em- 
preintes végétales,  se  rapportant  surtout  à  des  Zostéracées  et  à  des 
Phragmites,  et  peut-être  à  de.s  Fldbellaires, 

L'ensemble  de  cette  flore,  que  je  me  propose  d'étudier  avec  soin 
quand  j'aurai  pu  réunir  un  assez  grand  nombre  de  bons  exemplaires, 
rappelle  singulièrement  celle  du  banc  royal  de  Gentilly  et  surtout  des 
calcaires  de  Bagneux,  près  Paris,  ce  qui  ne  surprendra  pas  quand 
j*aurai  démontré  l'ancienne  existence,  sur  lo  plateau  d'Artlion,  avant 
la  dénudation  diluvienne,  du  Calcaire  grossier  supérieur,  d'où  les  no- 
dules argileux  ont  pu  descendre,  en  partie,  pendant  la  consolidation 
des  couches  sous-jacentes. 

Au-dessous,  une  couche  de  1  mètre  d'épaisseur,  3,  de  calcaire  sa- 
bleux, d'un  jaune-verdâtrc  pâle,  renferme  encore  quelques-uns  de 
ces  nodules  à  sa  partie  supérieure.  On  y  trouve  en  outre  quelques 
fossiles,  entre  autres  :  Cardiicm  aviculare,  Terebellum  convolutum, 
Conus  antediluvianiis,  Orbitolites  complanata,  etc.,  qui  pourraient  la 
faire  rapporter  au  Calcaire  grossier  moyen  ou  au  niveau  le  plus 
élevé  du  Calcaire  grossier  inférieur;  assimilation  que  semble  con- 
firmer la  présence,  vers  le  bas,  de  YEchinocyamus  pyrtformis  en 
assez  grande  abondance. 

Si  l'on  avance  de  quelques  pas  vers  le  sud,  le  long  des  parois  de  la 
même  carrière,  on  se  trouve  en  présence  d'une  faille  bien  caracté- 
risée, entre  les  parois  de  laquelle  se  montrent  les  mêmes  couches, 
dont  l'ensemble  s'est  évidemment  affaissé  tout  d'une  pièce,  attes- 
tant, par  la  concavité  de  sa  partie  moyenne,  la  plasticité  que  ses  élé- 
ments les  plus  récents  avaient  encore  conservée. 

Sur  l'autre  bord  de  la  faille,  vers  le  sud,  le  dépôt  a  été,  au 
contraire,  soulevé,  et  laisse  apparaître  deux  couches  plus  anciennes, 
dont  il  est  facile  de  constater  la  discordance  notable  de  stratification 
par  rapport  à  celles  qui  viennent  d'être  décrites  et  qui  les  recouvrent 
immédiatement. 

La  première  de  ces  deux  couches,  2,  d'une  épaisseur  moyenne  de 
0™60  et  dont  l'inclinaison  apparente  est  d'environ  30»  vers  le  sud, 
est  formée  d'un  calcaire  grossier  gris-jaunâtre,  compacte,  assez  dur, 
renfermant  des  galets  quelquefois  assez  volumineux  de  quartz  roulé, 
souvent  coloré  en  vert-clair.  Ce  banc,  pétri  de  fossiles,  et  qu'on  ne 
peut  s'empêcher  de  comparer  au  banc  à  coquillages  du  Champ-Pan- 

d:  nul!.,  3'  sér.,  t.  V,  p.  510;  1877. 


1877.  DUFOUH.   —   ÉOCÈNE   D'ARTHON-CIIÉMRnÉ.  53 

caud  en  Campbon,  contient,  outre  la  plupart  des  fossiles  de  cette  der- 
nière localité,  un  grand  nombre  d'autres  espèces  qui  ne  peuvent  ap- 
partenir qu'au  Calcaire  grossier  inférieur. 

Parmi  les  espèces  identiques  avec  celles  de  Campbon,  je  citerai  en 
première  ligne  un  grand  Cerithium  que  j'avais  rapporté  à  tort  au 
C,  giganteum,  Lam.,  sur  l'autorité  de  MM.  Cailliaud  et  Deshayes,  qui 
ne  l'avaient  connu  qu'à  l'état  de  moule.  L'examen  de  quelques  spéci- 
mens de  cette  espèce  trouvés  à  Campbon  par  M.  Yasseur,  et  dans  les- 
quels une  partie  du  test  était  représentée  par  le  remplissage  de  loges 
de  Cliones,  avait  déterminé  ce  jeune  géologue  à  l'assimiler  au  C.  Pari, 
siense.  Mais  de  meilleurs  échantillons  que  j'ai  pu  étudier  m'y  ont  fait 
trouver  des  différences  notables,  et  je  crois  être  fondé  à  en  faire  une 
espèce  nouvelle. 

Vient  ensuite  le  i2o5^(???arta  CailUaudi,  Desh.,  identique  avec  l'es- 
pèce de  Campbon  que  j'avais  nommée  R.  Dc^/ia^esi,  d'après  Cailliaud. 
M.  Yasseur  a  cru  pouvoir  la  rapporter  au  R.  athleta,  mais  M.  Deshayes 
l'en  distingue  formellement.  L'espèce,  déjà  rare  à  Campbon,  le  devient 
extrêmement  à  Artlion,  où  Cailliaud  seul  l'a  rencontrée. 

Je  citerai  encore  : 


yalica  cepacea, 
Cyprœa  inflata. 

Terebellum    eylindricum  ,    CuilIiauJ  , 
semblable  à  l'espèce  de  Campbon, 
Yohita  harpa, 


Hipponix  cornu-copiœ, 
Cardium  gratum, 
Modiola  cordata, 
Pecten  iufitmatua .', 
Ostrea  eymbula,  etc. 


Un  Echinolampas  désigné  sous  le  nom  d'-^.  ovalis  par  M.  Malhe- 
You,  mais  qui  pourrait  bien  être  une  aspèce  nouvelle,  commune  à  Ar- 
thon,  a  été  rencontré  aussi  à  Campbon,  non-seulement  par  ce  savant 
géologue  en  1867  (1),  mais  encore  par  moi-même  dès  1861  ;  je  l'avais 
étiqueté  dans  ma  collection  E,  afpnis. 

J'avais  recueilli  en  même  temps,  au  Champ-Pancaud,  un  Pygo- 
rhynchus  probablement  nouveau,  mais  qui  est  voisin  du  P.  Grigno- 
netisis  très-abondant  à  Arthon. 

Comme  on  le  voit,  la  très^grande  partie  des  espèces  signalées  au 
Champ-Pancaud  se  retrouvedans  le  banc  de  coquillages  d'Arthon,  mé- 
langée, il  est  vrai,  avec  d'autres  fossiles  dont  la  présence  a  pu  dé- 
pendre de  la  nature  du  fond  ou  de  la  profondeur  de  la  mer;  peut- 
être  même,  de  ce  qu'Arthon  était  situé  vers  lenlrée  du  golfe  dont 
Campbon  occupait  le  fond;  ou  enfin,  d'une  légère  différence  d'âge 
qu'indiquerait  la  discordance  des  couches  d'Arthon,  tandis  que  celles 
de  Campbon  concordent  assez  bien  entre  elles. 

i\)  nun,,r  s.:t.,  t.  XXIV,  p.  su. 


56  DUFOUR.  —  ÉocÈNE  d'arthon-ciiémeré.  5  nov. 

Je  ne  citerai  ici  qne  quelques-unes  de  ces  espèces  spéciales  au  banc 
d'Arthon,  reportant  leur  énuraération  complète  à  la  fin  de  ce  mémoire. 

Je  mentionnerai  d'abord  un  gros  Nautile  particulier  à  celte  localité 
et  qu'on  avait  assimilé  au  N.  Lamarcki,  mais  qui  me  paraît  en  diffé- 
rer notablement  et  constituer  une  espèce  nouvelle. 

Tiennent  ensuite  : 


Phorus  PavisiensiSr 
Trochtu  crenularig, 
Voluta  muricina  ?, 
Fusus  scalarinus, 
Bipponix  dilatata, 
Lncina  eontorta, 
Corbis  lamellosa, 
Cardium  verrucosum. 


Cardium  hippopœum, 
Pectunculus  pulvinatus, 
Pecten  tripartilu^, 
Spondylus  rarispina, 
Chama  calcaraia, 
—      substriatat 
Ostrea  flabellulay  etc. 


C'est-à  dire,  avec  quelques  autres,  des  espèces  qui  caractérisent  en 
général  le  Calcaire  grossier  inférieur. 

Leur  mélange  à  Arthon  avec  presque  toutes  celles  que  fournit  le 
banc  à  coquillages  du  Champ-Pancaud  ne  permet  guère  d  hésiter  à 
placer  cette  couche  de  Campbon  à  la  partie  supérieure  du  niveau  le 
plus  ancien  du  Calcaire  grossier  inférieur,  tandis  que  je  l'avais  mise  à 
la  base  du  niveau  le  plus  récent  de  ce  même  calcaire  inférieur* 

Est-il  nécessaire  d'ajouter  que  rien,  dans  les  données  paléontolo- 
giques  qui  précèdent,  ne  fournit  d'argument  en  faveur  de  l'opinion 
de  M.  Yasseur  qui  rapporte  toutes  ces  couches  de  Campbon  au  Cal- 
caire grossier  supérieur? 

Au-dessous  du  banc  à  coquillages  d'Arthon  se  trouve  un  banc  puis- 
sant, 1,  d'un  calcaire  grisâtre,  compacte,  peu  fossilifère,  dont  l'ex- 
plortation  n'atteint  pas  la  base.  Peut-être,  à  une  profondeur  plus 
grande  trouverait-on  le  Nummulites  lœvigata,  que  je  n'ai  rencontré 
dans  aucune  des  carrières;  Cailliaud  n'avait  pas  été  plusheureux.il 
est  vrai  que  M.  Matheron  signale  cette  espèce;  mais  elle  doit  y  être 
assez  rare,  tandis  qu'elle  ne  Test  point  dans  les  calcaires  de  Saint- 
Michel  près  Machecoul,  et  qu'elle  abonde  dans  les  grès  calcarifères 
des  îlots  de  la  Banche  et  du  Four. 

Cela  me  donnerait  à  penser  que  ces  derniers  sont  un  peu  plus  anciens 
el  représenteraient  le  commencement  du  Calcaire  grossier  inférieur. 

2«  Carrière  du  moulin  des  Vignes,  dit  Moulin  Théodule  (PI.  I,  fig.  3  et  3> 

Cette  carrière,  située  à  150  mètres  au  nord-est  (1<î  la  pn'cLdonte, 
offre  à  peu  près  la  même  succession  de  couches.  Seulement  l'assise  su 


1S77.  DUFOUn.  —  ÉOCÈNE  d'arthon-chémerk.  57 

péricure,  4,  contenant  bien  moins  de  graviei'S  quartzeux,  est  plus  ho- 
mogène, plus  compacte  et  plus  dure,  et  renferme  de  petites  poches  sa- 
bleuses, remplies  de  Foraminifères  peu  agrégés  et  abondants,  surtout 
à  la  partie  intérieure,  où  ils  tbrmcnl  une  bande,  4'',  presque  continue, 
de  0™1  d'épaisseur.  La  couche  sous-jacente,  3,  est  aussi  plus  com- 
pacte et  plus  dure  à  sa  surface,  suivant  une  zone,  3',  de  0*^1  à  0"^i  de 
largeur,  qui  renferme  un  grand  nombre  de  petits  bivalves. 

Cette  disposition  semblerait  indiquer  qu'après  le  lent  affaissement 
qui  a  dû  précéder  les  relèvements  brusques,  il  y  a  eu  un  temps  d'ar- 
rêt, pendant  lequel  le  point  en  question  formait  le  rivage  où,  sous  une 
faible  profondeur  d'eau  limpide,  se  sont  multipliés  d'abord  les  Acé- 
phales, puis  les  Foraminif%i*es,  quand  l'accumulation  des  sables  eût 
favorisé  leur  développement. 

La  paroi  nord-est  de  cette  carrière  (PI.  I,  fig.  3)  montre  au  niveau 
supérieur  de  la  portion  qui  s'est  affaissée  entre  les  deux  bords  d'une 
faille,  une  roche,  5',  plus  compacte  et  plus  blanche,  non  stratifiée, 
et  qui  semblerait  s'être  épanchée,  à  l'état  encore  fluide,  des 
parties  latérales,  au  moment  de  leur  surélévation  relative. 

Toutes  les  couches  présentent  d'ailleurs  en  cette  partie  une  épais- 
seur plus  grande  que  leur  puissance  réelle,  parce  qu'elles  sont  coupées 
obliquement,  leur  plongement  étant  d'environ  15^  vers  le  nord-est, 
c'est-à-dire  inverse  de  celui  des  couches  de  la  précédente  car- 
rière. 

La  paroi  opposée  (PI.  I,  fig.  3')  porte  la  trace  bien  évidente  d'une 
très-ancienne  exploitation  superficielle,  dont  les  excavations  ont  été 
plus  tard  comblées  avec  les  déchets  de  carrière  qu'une  abondante 
végétation  a  pendant  longtemps  recouverts. 

Je  n'ai  point  rencontré  dans  cette  carrière  de  nodules  argileux  à 
empreintes  végétales,  soit  qu'elle  se  soit  trouvée  en  dehors  des  cou- 
rants qui  charriaient  de  tels  limons,  soit  que  les  nodules  aient  été 
arrêtés  dans  la  partie  supérieure  que  la  dénudation  a  fait  disparaître. 

3°  Carrières  du  four  à  chaux  (PI.  I,  fig.  4  et  5). 

Les  deux  carrières  situées  derrière  le  four  à  chaux  d'Arthon  sont 
orientées  à  peu  près  N.  S.  La  plus  grande  et  la  plus  anciennement 
exploitée  (PI.  L  iig.  4)  présente  les  couches  déjà  connues,  et  dans  le 
même  ordre.  Seulement  l'argile  jaune  à  empreintes  végétales,  plus 
abondante,  en  raison,  sans  doute,  de  la  proximité  de  son  lieu  d'ori- 
gine, s'est  arrêtée  à  la  surface  de  la  seconde  couche,  3,  déjà  durcie, 
et    sur  laquelle  elle  s'est  étendue  de  manière  à  présenter  dans  la 


58  DUPOUR.  —  ÉocÈ.NE  d'arthon-chémeué.  5  nov 

tranche  un  mince  cordon,  a,  à  peu  près  continu,  de  O"01  à  peine 
(rëpaisseur,  séparant  cette  couche  de  celle  qui  l*avait  recouverte,  4, 
et  qui  n'était  point  alors  consolidée. 

A  l'extrémité  sud  de  la  petite  carrière  (PI.  I,  fig.  5),  les  mêmes 
causes  ont  produit  les  mêmes  effets,  et  l'on  observe  le  même  cordon 
d'argile  à  végétaux  séparant  les  deux  couches  3  et  4. 

Mais  ici  ce  cordon  s'arrête  nettement  à  une  faille  résultant  de 
l'exhaussement  brusque  de  toute  la  partie  nord,  par  suite  duquel  les 
couches  inférieures,  le  banc  à  coquillages,  entre  autres,  avec  le 
grand  Cérithe,  les  Rostellaires,  etc.,  sont  devenues  visibles,  tandis 
que  la  couche  supérieure,  4,  et  une  partie,  sans  doute,  de  la  cou- 
che 3,  dénivelées,  ont  été  enlevées  postérieurement  par  la  dénudation, 
avec  les  nodules  argileux  qu'elles  pouvaient  contenir. 

Cette  circonstance  facilite  l'exploitation  des  bancs  calcaires,  1  à  3» 
convenables  pour  la  fabrication  de  la  chaux  de  bonne  qualité,  tandis 
que  du  côté  sud  de  la  faille  la  couche  4,  qui  se  présente  à  la  même 
hauteur,  renferme  des  graviers  quartzeux  en  trop  grande  abondance 
pour  être  propre  à  la  cuisson. 

4*^  Excavations  du  moulin  du  Points  du- jour,  dit  Moulin- Rouge, 

Les  deux  petites  excavations  supeiiicielles  situées  au  pied  du  Mou- 
lin-Rouge présentent  cet  intérêt  qu'elles  montrent,  à  0'"50  ou  0"60 
de  profondeur  seulement,  le  banc  à  coquillages,  2,  à  grands  Cérithes, 
recouvert  de  quelques  centimètres  à  peine  de  la  couche  3,  qu'on  pour- 
rait nommer  couche  à  Scutelliens,  en  raison  du  grand  nombre  de  pe- 
tits Échinodermes  clypéastroïdes  :  Scutellina  nummularia,  Sismondia 
Cailliaudi,  Lenita  patellaris  et  surtout  Echinocyamus  pyriformis, 
qu'on  y  rencontre  sur  ce  point. 

Tout  le  reste  du  terrain,  sur  une  épaisseur  de  plusieurs  mètres,  a  dû 
être  enlevé  par  les  courants  diluviens,  dont  ce  fait  atteste  la  puis- 
sance ou  la  continuité,  et  dont  la  direction  va  nous  être  bientôt  ré- 
vélée. 

5^  Carrières  des  moulins  de  Retz  (PI.  1,  fig.  6-8). 

Les  couches  des  moulins  de  Retz  m'ont  offert  une  véritable  énigme, 
dont  la  solution  m'a  longtemps  arrêté  et  que  je  n'ose  nie  flatter  d'avoir 
encore  absolument  éclaircie. 

Ces  couches  sont  visibles  dans  une  petite  carrière  abandonnée  et 
située  devant  le  second  moulin  de  Retz,  le  plus  éloigné  vers  l'ouest. 

A  l'entrée  sud-est  de  la  carrière,  la  couche  à  Scutelliens,  3j  renier- 


1877.  DUFOUR.    —   KOCK.NE  u'ARTHON-CHKMERé.  59 

inanl  de  nombreux  Echinocyamuspytnfortnis,  affleure  en  un  point,  puis 
disparaît  brusquement,  en  plongeant  de  près  de  45""  vers  le  nord-ouest, 
sous  les  bancs  calcaires  autrefois  exploités.  Celui  de  ces  bancs  qui  oc- 
cupe le  fond  de  Texcavation  du  côté  nord,  5,  et  qui  a  participé  au 
relèvement  de  la  couche  précédente,  est  formé  d'un  calcaire  très-dur, 
cristallin,  à  lamelles  spatbiques  miroitantes,  et  d'un  blond  très-pâle 
presque  blanc.  Il  est  creusé  de  cavités,  b,  souvent  assez  grandes,  rem- 
plies d'un  sable  très-fin,  qui  n'est  guère  plus  coloré. 

A  moins  de  vingt  mètres  de  distance,  il  s'est  déjà  relevé  de  près  de 
5  mètres  et  arrive  au  niveau  du  bord  sud  de  la  carrière,  immédiate- 
ment au-dessous  du  moulin  qu'il  supporte.  Cette  pente  de  près  de  iS^ 
le  fait  affleurer  obliquement,  par  sa  tranche,  un  peu  plus  loin,  entre 
les  moulins  de  Retz  et  le  cimetière  d'Arthon,  et  j'ai  lieu  de  croire  que 
les  concrétions  de  calcaire  sableux,  bulliformes  ou  stalactiformes,  assez 
abondamment  répandues  dans  les  champs  h  la  surface  du  sol,  en 
cet  endroit,  ont  pris  naissance  au  milieu  des  sables  qui  remplissent 
les  vides  de  ce  calcaire.  C'est,  au  reste,  dans  une  position  analogue, 
au  milieu  des  sables  recouvrant  le  Calcaire  grossier  inférieur,  que 
les  mêmes  concrétions  se  retrouvent  à  Saint-Michel  près  Machecoul, 
et,  de  l'autre  côté  de  la  Loire,  à  Bergon  près  La  Chapelle-des-Marais. 

Comme  à  Machecoul  encore,  la  surface  inférieure  de  ce  banc  est  re- 
couverte d'une  mince  couche  de  calcaire  mamelonné  en  tètes  de  choux- 
fleurs,  aspect  que  j'ai  reconnu  aussi  sur  quelques  blocs  anciennement 
extraits  au  village  de  La  Rivière  près  Quilly,  entre  Campbon  et  Saint- 
Gildas. 

Je  n'insiste  sur  ce  fait  que  parce  qu'il  révèle,  de  même  que  la  struc- 
ture spathique  du  calcaire,  l'action  geysérienne  contemporaine  du 
dépôt  de  ces  couches  ou  de  leur  relèvement. 

Dans  la  dépression  creusée  ainsi  par  le  jeu  des  forces  internes,  des 
sédiments  de  nouvelle  nature  ont  formé  des  strates  en  discordance 
avec  les  précédentes.  Ce  sont  des  marnes  blanches,  6,  se  délitant  à 
l'air,  et  au  sein  desquelles  les  Foraminifères  sont  par  places  d'une 
extrême  abondance. 

A  certains  endroits  aussi,  une  argile  verle,  c,  apparaît  sous  forme 
d'amas,  de  veines,  de  traînées  à  liseré  ferrugineux,  qui  ra|)pcllent 
absolument  les  bandes,  plus  larges  et  moins  irrégulières,  des  marnes 
supérieures  du  Champ-Pancaud,  et  pourraient  bien  avoir  une  ori- 
gine analogue. 

Enfin  ces  marnes  sont  partiellement  recouvertes  par  un  calcaire 
très-dur,  7,  spathique,  d'un  blond  pâle,  en  gros  fragments  anguleux, 
ressemblant  beaucoup  à  celui  de  la  couche  inférieure,  5,  mais  renfer- 
mant, comme  les  marnes  en  contact,  des  Foraminifères  qu'il  est  (ou- 


60  DUFOUR.  —   ÉOCKNE   D  ARTIION-CliÉMERÉ.  O  no\ . 

tcfois  difficile  de  reconnaître,  par  suite  de  Taltéralion  profonde  qu'ils 
ont  éprouvée. 

Ce  calcaire  s'est-il  formé  sur  place  et  témoigue-t-il,  par  sa  texture, 
d'un  retour  de  l'action  geysérienne;  ou  bien,  ce  que  rendent  peu  pro- 
bable la  conservation  des  angles  et  les  indices  d'organismes  qu'il  ren- 
ferme, proviendrait-il,  par  remaniement,  de  la  couche  ancienne,  5, 
surélevée  dans  le  voisinage? 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  discordance  de  stratification,  la  nature  miné- 
ralogique  et  les  accidents  mêmes  qu'elles  présentent  semblent  isoler 
ces  dernières  couches,  6  et  7,  des  précédentes,  et  porteraient  à  voir 
dans  leur  ensemble  l'équivalent  des  portions  supérieures  du  calcaire 
grossier  du  Champ-Pancaud.  Mais  je  ne  donne  cette  assimilation 
qu'avec  une  grande  réserve,  me  proposant  de  faire  de  nouvelles  re- 
cherches à  ce  sujet. 

A  partir  du  moulin,  le  terrain,  creusé  de  petites  excavations  qui 
permettent  de  suivre  l'amincissement  des  couches,  s'abaisse  douce- 
ment vers  l'ouest  et  se  termine,  après  une  centaine  de  mètres,  par  un 
petit  escarpement  de  3  ou  4  mètres  de  hauteur,  au  chemin  rural  qui 
conduit  à  l'église  d'Arthon,  en  longeant  le  cimetière  de  cette  commune. 

Des  sables  tertiaires,  d'un  blond  trcs-pâle,  tout  h  fait  semblables  à 
celui  qui  remplit  les  lacunes,  b,  de  la  couche  5  surplombant  l'escar- 
pement, ont  été  amoncelés  à  son  pied  par  le  vent  du  sud-ouest  et, 
remontant  les  déclivités  latérales,  se  sont  répandus  sur  les  champs 
voisins,  d'un  côté  jusqu'au  cimetière,  de  l'autre  dans  la  direction  du 
four  à  chaux. 

Il  en  est  encore  ainsi  sur  tous  les  points  de  nos  côtes  basses  de 
l'Océan  qui  se  trouvent  orientés  de  la  même  manière.  Et,  pour  com- 
pléter l'analogie,  les  champs  d'Arthon  sont  recouverts  en  cet  endroit 
d'un  lapis  serré  de  l'Immortelle  des  dunes  (Helichrysum  sûœchas), 
comme  au  temps  où  la  mer  éocène  baignait  le  pied  de  la  falaise,  avant 
la  période  d'exhaussement  général  qui  a  porté  toute  la  région  à  son 
altitude  actuelle. 

Il  est  d'ailleurs  facile  de  reconnaître  que  la  petite  falaise  qui  regarde 
l'ouest  était  soulevée  avant  l'époque  où  la  dénudation  a  rasé  toute  la 
surface  du  plateau  et  isolé,  sous  forme  de  lambeaux,  les  difTércntes 
parties  du  bassin  éocène.  Car  les  sables  du  Diluvium,  descendus  de 
son  sommet,  ont  été  retenus  par  les  sables  tertiaires  adossés,  et  leurs 
cailloux  roulés  de  quartz  et  du  calcaire  blanc  supérieur,  5  et  7,  dessi- 
nent de  véritables  festons  au  devant  des  plis  du  terrain  par  lesquels 
ils  se  sont  précipités.  La  direction  des  courants  venant  de  l'est  se 
trouve  en  même  temps  inscrite  d'une  manière  irrécusable  par  ce  fes- 
tonncment. 


1877.  DUFOIR.   —  KOCÈNE  D  AUTHON-CIIÉMEUÉ.  ()! 

En  résumé,  les  conclusions  suivantes  résultent  de  ce  travail  : 

i^   Dans  notre   région,  la  base  du  Calcaire  grossier  inférieur  es 
représentée  par  les  grès  calcariferes  à  XummuUtes  losvigata  de  Machc- 
coul  et  des  Ilots  de  La  Banche  et  du  Four. 

2^  Le  banc  à  grands  Cérithes  d'Arthon,  2,  est  contemporain  du 
banc  à  coquillages  du  Champ-Pancaud  en  Campbon,  ou  lui  est  de 
ti'ès-pcu  antérieur;  et  tous  deux  correspondent  à  la  partie  supérieure 
du  niveau  le  plus  ancien  du  Calcaire  grossier  inférieur. 

3**  Les  deux  couches  suivantes,  3  et  4,  d*Arthon,  à  Cardium  avicu- 
lare,  qui  renferment  les  nodules  argileux  à  empreintes  végétales, 
représentent  le  niveau  supérieur  du  Calcaire  grossier  inférieur,  corres- 
pondant au  Calcaire  grossier  moyen  des  auteurs. 

4*"  Le  mouvement  du  sol  qui  a  dérangé  le  banc  à  grands  Cérithes 
et  produit  les  failles  des  carrières,  s'est  effectué  avant  Tentiëre  conso- 
lidation du  Calcaire  grossier  moyen,  ce  qui  en  précise  la  date. 

50  Les  couches  6  et  7  du  moulin  de  Retz  pourraient  bien  être  un 
lambeau  du  Calcaire  grossier  supérieur,  préservé  par  sa  position  de  la 
dénudation  générale. 

6^  Le  mouvement  qui  leur  a  fait  prendre  cette  position  a  soulevé  la 
petite  falaise  voisine,  dont  la  mer  éocëne  baignait  le  pied  et  qu'elle 
entourait  de  ses  sables  soulevés  par  les  vents  du  sud-ouest. 

70  Le  reste  du  Calcaire  grossier  supérieur  et  une  bonne  partie  du 
Calcaire  moyen  ont  été  enlevés  par  de  puissants  courants  diluviens 
venant  de  Test. 

8*^  Enfin  un  rehaussement  général  de  la  contrée,  accompagné  d'un 
effondrement  partiel  qui  séparait  du  continent  les  îlots  de  La  Banche 
et  du  Four,  a  délimité  les  rivages  actuels  de  l'Océan. 

Liste  des  fossiles  du  Calcaire  grossier  inférieur  et  moyen 

d'Arthon-Chémeré  (I). 

Céphalopodes. 
Nautiltu  n.  fp.,  Mm,  =  N.  Lamareki,  Caill.  (non  Desh.). 

Gastéropodes. 

NatieapatulaîfLAtn,,  Mm  (Ci,  CmJ.         1    Trochus  crenularis,  Lam.  fCiJ. 
—     cepacea,t9im.,  MmfCi,  Cm,  HvJ.   I   Phorus  Parisiensis.iï Orh.,  Mm. 

(1)  M  veut  dire  que  l'espèce  est  représentée  dans  la  collection  du  Muséum  do 
Nantes:  Mm,  à  l'état  de  moule;  Me,  à  l'état  d'empreinte;  Ci,  qu'elle  est  indiquée 
dans  le  Calcaire  grossier  inférieur  par  MM.  Michelot  et  Goubert;  Cm,  dans  le 
Calcaire  grossier  moyen  par  les  mêmes  auteurs;  Hv,  dans  le  Calcaire  grossier 
moyen  de  Hautevillo  (Cotenlin)  par  M.  Bénissent. 


62 


DLFOUR.    —    EOCE.VE  D  AnTHON-CHÉMERK. 


o  nov. 


Cyprœainflata.L^m.jMm  (Hv). 
—      elegan^,T)eÇr.,  Me  'HvJ. 
Terebellum  convolutum,  Lara.,  Mm  (Ci, 

Cm,  HvJ. 

—  f USX  forme?,  Lam. ,  Mm  fHvJ. 

—  cylindricum,  Cai!l..  Mm. 
Voluta  harpa,  Lam.,  Mm. 

—  muricinn  ?,  Lam.,  Mm  (Ci). 
Conus  antediluvianus,  Lam.,  Mm  (Ho). 
Rostellaria  Cailliaudi ,  Desb. ,   Mm,=: 

R.    athleta,    Vass.   (non 
d'Orb.),=  R.  Deshayesi, 
Caill.  (non  Wat.). 
Fusus  scalarinw!,  Lam.  (CiJ, 

—  bulbiformis,  Lara . ,  Me  (Ci,  HvJ. 
Cerithium  n.  sp,.  Mm,  Me,=  C.  gigan- 

teum,  Caill.  /^non Lara. ),=  C. 


Parisienne,  Vass.  f  non  Desh.). 
Cerithium  globulomm,  Dosh.,  3Ic. 

—  echinulatum,  Desh.,  Me. 

—  cinctum,  Lam.  fUv,'. 

—  Cordieri,  Desh. 

—  pleur  otomoïdes,    Lam.,     Me 

(HvJ. 
Cassis  harpœformis,  Lam.,  Mm,  Me  (Ci 

HvJ. 
Eburnea  calyculata  ?,  Lam.,  Mm. 
Hipponix  comu-copiœ,  Lam.,   Mm,  Me 
(Ci,  HoJ. 
—        dilatata,  Lam.,   coll.    E.  Du- 
four  (Hc;. 
Calyptrœa  trochiformis,  Lam.,  Mm  (Hv). 
Parmophorus  elongatus  ?,  Lam. 


Solen  proximus,  Desh. 

Solecurtus  Deshayesi,  Des  MouL,  M. 

Mactra  semisulcata,  Lam.,   var.,  Mm, 

Me  (Ci,  HvJ. 
Tcllina  elegans,  Desh.  (HvJ. 

—  erycinoîdes,  Desh.,  var.  B. 

—  biangularis,  Desh.,  Me. 
Cytherea  suberycinoïdes,  Desh.,  Mm, Me. 

—  elegans,  Lam.,  Me  (Ci,  HvJ. 

—  semisulcata?,  Desh.,  Me  (Ci, 

HvJ. 
Crassatella  gibbosula,  Lara.,  Mm,  Me. 
Lucina  gigantea?,  Desh.,  Mm  (CiJ. 

—  conforta,  Lam..  Afm  (CiJ. 
Corbis  lamellosa,  Lara.,  Me  (Ci,  HvJ. 
Cardium  gratum.  Defr. ,  Me. 

—  verrucosum,  Desh.,  var..  Me 

(CiJ. 

—  porulosum,  Lam.,  Mm,  Me  (Ci, 

HvJ. 

—  aviculare,  Lam.,  Me  (Cm,  HvJ. 

—  hippopœum,  Desh.,  colJ.  E.  Du- 

four,  empr.  (CiJ . 


Acéphales. 

Cardila  eor-avium,  Lam.,  Me. 
Pecttmculus    pulvinatus ,     Lam..     Mm 

(Ci,  HvJ. 
Àrca  rudis,  Desh.,  Mm,  Me. 

—  filigrana,  Desh.,  Mm,  Me. 

—  hyantula,  Desh.,  Mm,  Me. 
Pinna  margaritacea,  Lam.,  Mm  (Cm). 
Modiola  subcarinata,  Lam.  (HvJ. 

—  cordata,  Lam.,  Mm  (CiJ. 

—  Parisiensis,  Desh.,  Mm. 
Lima  spathulata,  Lam..  Me  (Ci,  HvJ. 
Perna  Lamarcki.  Desh.,  Me. 
Pecten  (ripartitus,  Desh.,  if. 

—  infumatus  ?,  Lam.,  M. 
Spondylus  rarispina,  Lam.,  Mm,  Me. 
Chama  substriata,  Desh.,  Me. 

—  calcarata,  Lara.,  Me  (CiJ. 

—  lamellosa,  Lam.,  Me  (HvJ. 

—  ponderosa,  Desh .,  Me. 
Ostrea  cymbula,  Lam..  var.,  Me. 

—  flabellula,  Lam.  (CiJ. 
Ànomia  tenuistriala,    Desh.,    Mm  (Ci. 

CmJ. 


Bryozoaires. 


Eschara  sp.  ? 


Êchinodermes. 


Hemiaster  subglobosus,  Desor  (CiJ. 

—         acuminatus,  Desor. 
RrissHS  dilatatus.  Desor. 
I^Iacropncustcs  n.  sp..  M. 


Micrasler  suborbicnlaris.  Ag. 
Echinolampas  ovalis,  Des  Mou\..  M  (CiJ. 
Echinanthus  Cuvieri.  \SiT..  coll.  Mathc- 

ron  'CiJ. 


1877.  VxVSSEin.  —  réponse  a  m.  difol'r.  Vh] 


Pffgorhynchus  Grignoiiensis,  kg. y  var., 

M  fCiJ. 
Lenila  patellari^,  Desor,   coll.  E.  Du- 

four  fCiJ. 
Eckinocyamui  pyriformi^,    A  g.,     coll. 

E.  Dufour  (Ci). 


Scutellina    nummularia,    Ag.,   coll.  E. 

Dufour  {CiJ. 
Laganum  tennimmum  ?,  Ag.,   coll.  E. 

Dufour. 
SUmondia  incisa  ?,  Desor, 

—         Cailliaudi,  Cotteau,  M. 
Cœlopleurus  Agcusisi,  var.  B.  d'Arch. 


Foraminipres. 

Orbitolitcs  complnuata,   Defr.,    àf  'Ci,   |   ÀlveoUna  oblonga,  d'Orh.,  M. 
Cm,  HvJ.  I   Miliolitet   eoranguinum,  M. 

A  morphosoaircs . 
Vioa  xp.  ? 

M.  Vasscur  présente  les  observations  suivantes  : 


Rëpo>ise  à  M,  Ourour, 
par  H.  G.  Valseur» 

Si  j'ai  mis  à  profit  dans  ma  note  les  observations  faites  en  1855  à 
Campbon  par  M.  Hébert,  je  n'ai  fait  que  mon  devoir  en  signalant  les 
recherches  de  ce  savant  stratigraphe  et  les  conclusions  auxquelles  il 
était  arrivé.  J'ai  d'ailleurs  eu  soin  d'ajouter  que  ces  dernières  n'avaient 
pas  été  publiées,  et,  puisque  j'avais  préalablement  mentionné  les 
travaux  de  MM.  Cailliaud,  Matheron  et  Dufour,  je  ne  pense  pas  qu'il  y 
aitunequestionde  priorité  à  débattre.  De  plus^  j'ai  seulement  indiqué 
l'opinion  de  M.  Hébert,  qui  rapporte  au  Calcaire  grossier  supérieur  les 
horizons  marins  de  Campbon.  Ce  rapprochement  diffère  des  assimila- 
tions proposées  par  les  géologues  précités  ;  c'est  donc  une  idée  nou- 
velle qui  ne  peut  donner  lieu  à  aucune  contestation  de  ce  genre. 

J'ai  l'intention  de  publier  bientôt  le  compte-rendu  détaillé  de  mes 
dernières  recherches  sur  les  terrains  tertiaires  de  la  Loire-Inférieure; 
je  me  bornerai  donc  aujourd'hui  à  répondre  en  peu  de  mots  au  tra- 
vail de  M.  Dufour,  dont  je  ne  puis  accepter  quelques  conclusions. 

Qu'il  me  soit  permis,  en  premier  lieu,  de  rappeler  d'une  manière 
succincte  la  coupe  de  Campbon,  où  la  superposition  d'un  petit  nombre 
de  strates  est  du  reste  facile  à  constater. 

La  partie  supérieure  est  constituée  par  des  calcaires  blancs,  traver- 
tineux,  associés  à  des  marnes  argileuses  plus  ou  moins  vertes.  On 
trouve  vers  le  sommet  une  couche  à  Bithinies,  et  dans  le  milieu  de  la 
masse  des  coquilles  saumâtres.  Une  marne  très-argileuse,  de  couleur 
vert  foncé,  sépare  cet  ensemble  des  dépôts  marins  sous-jacents.  Ceux- 


64  VASSEUR.     —    RÉPONSE  A  M.    DUFOUR.  5  nov . 

ci  sontgréso-calcairesou  sableux;  ils  renferment  d'abondantes  Ostrea 
(n.  sp.)  et  reposent  sur  un  banc  de  calcaire  grossier  à  grands  Cerithium 
Parisiense  et  fossiles  variés  (banc  de  coquillages). 

Enfin  le  substratum  est  formé  par  un  sable  fin,  jaunâtre,  gris  ou 
verdâtre,  peu  fossilitïre  dans  la  carrière  Pancaud,  mais  qui  constitue, 
à  une  petite  distance  de  là,  le  beau  gisement  coquillier  du  Châtelier. 
Ce  fut  la  plus  inférieure  de  ces  couches  que  j'étudiai  dans  la  localité, 
lorsque  j'en  relevai  la  coupe  en  1876;  mais  M.  Dufour  avait  parfaite- 
ment remarqué  que  ce  sable  est  supérieur  à  un  calcaire  marin,  pétri 
de  Foraminifères  (Alvéolines,  etc.)?  présentant  la  plus  grande  analo- 
gie avec  le  calcaire  à  Alvéolines  des  environs  de  Drefféac.  Depuis  lore, 
j'ai  observé  à  mon  tour  cette  superposition  incontestable,  qui  vient 
dissiper  tous  les  doiltes  que  l'on  pouvait  avoir  encore  au  sujet  de  l'âge 
de  ces  terrains,  et  qui  confirme  pleinement  les  assimilations  que  m'a- 
vait fait  entrevoir  une  première  étude  de  la  faune  du  Châtelier. 

Si  nous  nous  reportons  maintenant  à  l'interprétation  que  H.  Dufour 
a  donnée  de  la  succession  ci-dessus  décrite,  nous  voyons  que  l'au- 
teur considère  les  calcaires  d'eau  douce  et  saumâtres  comme  l'équiva- 
lent du  Calcaire  grossier  supérieur,  et  le  banc  à  grands  Cériles  comme 
correspondant  à  l'horizon  du  Cerithium  giganteum  de  Paris.  De  la 
sorte,  le  sable  du  Châtelier  peut  être  assimilé,  suivant  lui,  aux  sables 
du  Soissonnais  (Cuise),  et  le  calcaire  à  Foraminifères,  analogue  à  celui 
de  Drefféac,  est  descendu  à  un  niveau  très-inférieur  des  terrains  ter- 
tiaires. 

Je  dois  rappeler  ici  que,  dans  ma  note  du  15  janvier  1877,  j'inter- 
prétais d'une  manière  bien  différente  la  coupe  de  Campbon,  et  que, 
tout  en  regardant,  à  l'exemple  de  M.  Dufour,  le  calcaire  blanc  comme 
l'équivalent  du  Calcaire  grossier  supérieur,  je  ne  pouvais  voir  dans 
la  couche  à  Cerithium  Parisiense  un  représentant  de  la  division  infé- 
rieure de  cet  étage.  A  l'exception  de  quelques  grosses  espèces  de  fos- 
siles, la  faune  du  banc  de  coquillages  me  paraissait  en  effet  extrême- 
ment semblable  à  celle  du  Châtelier,  ou  les  mollusques  des  grès  de 
Bcauchamp,  des  caillasses  et  du  calcaire  à  Cérites  de  Paris  dominent 
très-notablement.  J'en  concluais  que  les  terrains  marins  en  question 
représentaient  sans  doute  la  base  du  Calcaire  grossier  supérieur. 

Il  était  toutefois  indispensable  de  préciser  cette  assimilatiorn  et  de 
rechercher  sous  le  niveau  sableux  un  équivalent  certain  de  la  division 
moyenne  de  l'étage  dont  il  s'agit.  Tel  fut,  pour  moi,  le  but  principal 
d'une  nouvelle  excursion  à  Campbon,  et  le  calcaire  à  Foraminifères 
de  M.  Dufour  justilia  bientôt  mes  prévisions  au-delà  de  toute  espé- 
rance. 

Ce  dépôt  est  en  effet  pétri  de  gros  Foraminifères  (Alvéolines,  etc.). 


1877.  VASSEUR.   —  RKPONSE  A  M.   DUrOUR.  65 

mais  il  renferme  en  particulier  YOrbitolUes  complanata,  qui  caracté- 
rise si  bien  dans  la  Loire-Inférieure  le  Calcaire  grossier  moyen  ou  à 
Milioles,  et  qui,  apparaissant,  comme  à  Paris,  dans  le  banc  à  Centhium 
giganteum,  monte  jusqu'à  la  base  du  Calcaii*e  à  Cérites,  où  on  ne  l'ob- 
serve que  plus  rarement. 

Le  calcaire  à  Foraminifères  correspond  donc  au  Calcaire  grossier 
moyen  ou  à  Orbitolites  de  Paris,  horizon  d'ailleurs  bien  développé  et 
très-constant  dans  les  bassins  éocènes  de  la  Loire-Inférieure. 

Ainsi  le  calcaire  à  Alvéolines  de  Drefféac  contient  des  Orbitolites,  et 
au  Brivet,  de  même  que  dans  les  travaux  exécutés  pour  le  creusement 
d*un  puits  à  la  nouvelle  maison  d'école  de  Saint-Gildas,  j'ai  trouvé  ce 
fossile  en  grande  abondance. 

Le  calcaire  de  Campbon  inférieur  au  sable  constitue,  suivant  moi, 
la  partie  supérieure  du  Calcaire  à  Orbitolites. 

Le  Cbâtelier  représente  sûrement  soit  le  niveau  le  plus  supérieur  du 
Calcaire  grossier  moyen,  soit  la  base  du  Calcaire  grossier  supérieur. 
Il  n'a  donc  aucun  rapport  avec  les  Sables  du  Soissonnais,  comme  le 
suppose  H.  Uufour,  et  il  s'en  suit  que  le  prétendu  banc  à  Cerithium 
giganteum  de  Pancaud  appartient  incontestablement  au  Calcaire  gros* 
sier  supérieur  ou  à  Cérites  de  Paris. 

J'ai  encore  jugé  nécessaire  de  compléter  ces  observations  et  de  re- 
chercher le  substratum  du  Calcaire  à  Orbitolites  dans  le  bassin  de 
Campbon. 

Ce  terrain  est  visible  dans  les  mortiers  de  Drefleac  et  à  la  Ferme- 
Êcole  voisine  de  ce  bourg.  C'est  un  calcaire  jaunâtre,  compacte,  dur, 
parfois  grossier,  et  renfermant  alors  de  petits  cailloux  de  quartz  et 
de  micaschiste.  On  y  trouve  quelques  rares  Orbitolites,  VOstrea 
flabellula,  de  nombreux  Échinodermes  (Echinocyamus,  Lenita  patel- 
taris),  etc.;  enfin  j'ai  été  assez  heureux  pour  y  recueillir  à  la  Perme- 
Ëcole  un  moule  de  Cerithium  giganteum. 

Il  n'est  donc  plus  douteux  que  les  couches  inférieures  de  Drefféac 
correspondent  à  l'horizon  du  Cerithium  giganteum  de  Paris  et  au  cal- 
caire coquillier  et  à  Échinodermes  (banc  de  Shnare)  d'Arthon,  dont 
elles  ont  d'ailleurs  tous  les  caractères  litliologiqucs.  En  outre,  à  Ar- 
thon,  comme  à  Drafféac,  le  Calcaire  à  Orbitolites  recouvre  ce  niveau  et 
renferme  les  mêmes  Foraminitères  (Alvéolines,  etc.). 

Ainsi  que  j'aurai  occasion  de  le  démontrer  prochainement,  c'est  en- 
core à  la  base  du  Calcaire  à  Orbitolites  que  se  rattachent  les  couches 
deChémeré  etde  Noirmoutier.  Enfin  le  calcaire  du  Bas-Bergon,  près 
La-Chapelle-des-Marais,  doit  être  assimilé  au  calcaire  inférieur  au 
Shnare  d'Arthon  et  au  calcaire  de  Hacliecoul,  que  je  regarde,  avec 
M.  Dufour,  comme  la  partie  supérieure  du  Calcaire  à  Nummulites. 


5 


66  DE  ZIGNO.   —  SIRÉNIENS  FOSSILES  D'ITALIE.  5  nov. 

En  résumé,  la  couche  coquillière  d'Arthon  forme  la  partie  infé* 
rieure  du  Calcaire  à  Orbitolites  et  correspond  au  niveau  du  Cerithium 
giganteum.  Je  n'ai  pas  observé  le  Calcaire  grossier  inférieur  avecNum- 
mulites  dans  le  bassin  de  Campbon  ;  mais  à  Drefféac,  sur  le  calcaire  à 
Échinoderraes  et  à  Cerithium  giganteum^  se  développe  l'horizon  moyen 
ou  à  Orbitolites,  bien  caractérisé  au  Brivet  et  à  Saint-Gildas.  Ce  dernier 
existe  aussi  à  Campbon,  où  il  est  représenté,  pour  sa  partie  supérieure, 
par  le  calcaire  à  Foraminifères  de  M.  Dufour.  Le  sable  du  Châtelier, 
qui  le  recouvre,  est  donc  situé  à  la  limite  du  Calcaire  grossier  moyeu 
et  du  Calcaire  grossier  supérieur  ;  peu  importe  qu'on  le  mette  de  pré- 
férence au  sommet  du  premier  ou  à  la  base  du  second. 

Enfin  le  banc  à  grands  Cérites  de  Pancaud  constitue  encore  une 
couche  de  passage  au  Calcaire  grossier  supérieur. 

Je  ne  puis  donc,  avec  M.  Dufour,  assimiler  le  banc  de  coquillages 
de  Campbon  au  calcaire  à  Cerithium  giganteum  d'Arthon,  ces  deux 
couches  formant  les  limites  supérieure  et  inférieure  du  Calcaire  à  Or- 
bitolites. 

Quant  à  la  similitude  par^eeZ^  des  faunes  de  ces  localités,  que  M.  Du- 
four fait  valoir  comme  argument,  elle  avait  été  déjà  parfaitement  re- 
marquée par  M.  Cailliaud;  elle  n'est  d'ailleurs  que  la  répétition  exacte 
des  faits  que  l'on  observe  dans  le  bassin  de  Paris,  où  l'on  voit  nombre 
de  fossiles  du  Calcaire  grossier  inférieur  remonter  à  travers  tout  l'é- 
tage jusque  dans  les  Sables  de  Beauchamp. 


Sur  les  Siréniens  fossiles  de  ritalle, 
par  M.  le  baron  Achille  de  ZIgno  (1). 

11  y  a  un  demi-siècle,  le  professeur  T.-A.  Catullo,  publiant  dans 
son  Saggio  di  Zoologia  fossile  délie  Provincie  Venete  (1827)  une  note 
sur  les  objets  contenus  dans  la  collection  Castellini,  signalait,  parmi 
les  nombreux  fossiles  de  celle  colleclion,  un  groupe  de  côtes,  en 
exprimant  l'opinion  qu'elles  avaient  apparlenu  à  un  Manatus.  D'après 
les  indications  de  M.  Castellini,  ces  côtes  avaient  été  trouvées  dans  le 
calcaire  de  Caslel-Gomberlo.  C'était  la  première  fois  qu'on  annonçait 
la  présence  d'ossements  d'un  Sirénien  dans  les  terrains  tertiaires 
d'Italie. 

(1)  Cette  note  a  été  présentée  à  la  Société  par  M.  Hébert  dans  la  séance  tenue 
le  25  octobre  dernier  h  Vence  (Alpes-Maritimes),  au  cours  de  la  réunion  extraor- 
dinaire. 


1877.  DE  ZIGNO.  —  SIRÉNIENS  FOSSILES  D  ITALIE.  67 

Depuis  Iors«  la  collection  Ca$tenini  étant  devenue  la  propriété  de 
rUniversité  de  Padoue,  cette  pièce  importante  a  pu  être  mieux  étudiée. 
Elle  consiste  en  deux  blocs  calcaires  renfermant  plusieurs  côtes  cylin- 
driques et  arquées,  dont  la  structure  pierreuse  et  sans  cavité  spon- 
gieuse présente  les  caractères  des  côtes  de  YRalitherium. 

Douze  ans  après,  le  Docteur  G.-D.  Bruno  publia  (I)  un  excellent 
travail  sur  un  crâne  et  une  partie  de  la  colonne  vertébrale  garnie 
de  côtes,  qu'on  venait  de  découvrir  dans  les  sables  pliocènes  de 
Montiglio  (Montferrat).  Il  rapporta  ces  ossements  à  un  Gétacé  ayant 
beaucoup  d'analogies  avec  les  Lamantins  et  le  Dugong,  mais  qui 
pourtant  différait  des  uns  et  de  Tautre  et  qu'il  nomma  Cheiroihe^ 
rium  subapenninum. 

M.  de  Blainville,  dans  son  Ostéographiey  cite  le  travail  de  H.  Bruno 
et  nomme  ce  Talassothérien  le  Lamantin  du  golfe  du  Pô. 

Depuis  cette  époque  il  s'écoula  une  trentaine  d'années  sans  qu'au- 
cune autre  note  fût  publiée  sur  les  restes  de  Siréniens  trouvés  en 
Italie  ;  et  c'est  seulement  en  1870  que,  dans  les  beaux  travaux  du  Pro- 
fesseur Suess  et  de  M.  Bayan,  nous  voyons  cités  des  fragments  de 
côtes  i* Halitherium  trouvés  dans  les  couches  à  Serpula  spirulœa  de 
Priaboiia,  Mossan  et  Altavilla,  et  dans  les  grès  miocènes  à  Scutella 
mbrotunda  de  Schio  et  de  Sovizzo. 

Deux  ans  après  parut  le  magnifique  mémoire  de  M.  Capellini  sur 
un  crâne  de  Sirénien  découvert  dans  les  sables  pliocènes  de  Riosto, 
aux  environs  de  Bologne,  et  sur  un  fragment  d*un  autre  crâne  trouvé 
dans  le  nlême  terrain,  dans  le  val  di  Pugna,  près  de  Sienne  (2).  Dans 
ces  restes,  M.  Capellini  a  pu  reconnaître  un  type  générique  plus  voisin 
du  Dugong  que  des  Halitkerium,  et  dont  il  a  fait  le  genre  Felsinothe- 
rium,  en  décrivant  l'espèce  de  Bologne  sous  le  nom  de  F.  Forestii  et 
celle  de  Toscane  sous  celui  de  F.  Oervatst.  Il  a  démontré  aussi  que 
sous  ce  même  type  halecoriforme  Ton  devait  ranger  XHalitherium 
Serresi  des  sables  de  Montpellier  et  le  Cheirotherium  subapenninum 
du  Pliocène  de  Monliglio.  11  semble  donc  que  ce  type  générique  serait 
propre  à  l'époque  pliocène. 

L'année  suivante,  je  découvris  dans  le  grès  miocène  des  collines 
qui  environnent  au  nord  le  plateau  de  Bellune,  plusieurs  côtes, 
une  portion  du  crâne  avec  l'occipital  et  le  pariétal,  un  inlermaxil- 
laire  gauche  avec  son  incisif,  deux  fragments  de  la  mâchoire 
supérieure,  l'un  avec  de.ux  molaires  et  l'autre  avec  trois,  et  les  deux 

(1)  Illustrasione  di  tin  nuovo  Celacco  fossile,  Mcm.  délia  R.  Accademia  dellc 
Scienze  di  Torino,  2'  scr.,  t.  I,  p.  143;  1839. 

(2)  Sul  Feltinoierio,  Sirenoidc  halccoreformc  dei  dcpuriti  liUorali  plioccnici 
dell'anlico  bacino  del  Mediterranco  e  del  Mar  Nero. 


68  DE  ZIGNO.   —  SIREMENS  FOSSILES  d'ITALIE.  5  nOY. 

apophyses  zygomatiques  temporales.  Avec  ces  restes,  qui  appar- 
tiennent à  une  nouvelle  espèce  A' Halitherium,  que  j*ai  décrite  sous 
le  nom  A*JI,Bellunense,  se  trouvaient  des  ossements  de  Crocodiles,  de 
Delphinm,  de  Squalodon,  et  des  dents  de  Plagiostoraes. 

Mais  la  découverte  la  plus  importante  est  celle  des  nombreux 
restes  (ÏHalitherium  récemment  trouvés  dans  les  terrains  éocènes 
du  Véronais  et  du  Viceutin.  C'est  sur  le  mont.Scuffonaro,  près  de 
Lonigo,  dans  les  couches  calcaires  sous-jacentcs  aux  assises  à  Serpula 
spirulœa,  qu'on  a  recueilli  cette  série  de  vertèbres  et  de  côtes  qu'on 
observe  au  Musée  de  Florence  et  dont  le  Professeur  Gervais  a  parlé 
dans  son  Coup  d'oeil  sur  les  Mammifères  fossiles  de  V Italie  (1),  et  c'est 
dans  des  couches  du  même  horizon  que  j'ai  trouvé  au  mont  Zuello,  à 
l'ouest  de  Ronca,  plusieurs  crânes  A' Halitherium,  deux  omoplates, 
trois  mandibules,  soixante  vertèbres  et  autant  de  côtes.  Parmi  ces 
restes,  j'ai  pu  constater  l'existence  de  trois  espèces  nouvelles  de 
l'époque  éocène,  que  j'ai  décrites  et  figurées,  dans  mon  mémoire  sur 
jes  Siréniens  fossiles  de  la  Vénétie  (i),  sous  les  noms  A* Halitherium 
Veronense^  H.  angustifrofis  et  ff.  curoidefis.  Avec  ces  Siréniens,  j'ai 
trouvé  des  ossements  assez  nombreux  de  Crocodilus^  de  Trionyx,  de 
Palœophis,  un  bec  de  Cœlorhynchus^  des  dents  rostrales  de  Pristis  et 
un  tibia  d*un  Oiseau  de  grande  taille. 

Cette  association  de  fossiles  démontre  que  les  Siréniens  de  l'époque 
tertiaire  avaient  une  station  littorale  et  vivaient  surtout  dans  les 
golfes  et  à  Temboucbure  des  grands  fleuves,  comme  ceux  de  l'époque 
actuel  le« 

Dernièrement  le  professeur  Gastaldi  a  enrichi  la  science  d'un' nou- 
veau Sirénien,  par  la  découverte  d'un  très-beau  crâne  déterré  dans  les 
sables  pliocènes  de  Brà,  près  de  la  vallée  du  Tanaro.  Ce  crâne,  [qui 
sans  aucun  doute  doit  être  rapporté  au  genre  Felsinotherium^  dont  il 
présente  tous  les  caractères,  diffère  de  toutes  les  autres  espèces  du 
genre  par  les  proportions  de  ses  os  et  par  la  courbe  et  la  forme  des 
apophyses  zygomatiques  temporales. 

Ce  magnifique  exemplaire,  que  je  décris  dans  un  mémoire' qui  va 
incessamment  paraître,  porte  au  nombre  de  huit  les  espèces  [fossiles 
des  Siréniens  jusqu'ici  découvertes  en  Italie;  trois  d'entre  "elles  appar- 
tiennent aux  terrains  éocènes  et  une  aux  terrains  pliocènes  de  la 
Vénétie;  les  quatre  autres  aux  terrains  pliocènes  du  Piémont,  de  la 
Toscane  et  des  environs  de  Bologne. 


(1)  Bull  Soc,  géol.  Fr.,  2«  série,  t.  XXIX,  p.  102. 

(2)  Annoiasioni  paleontologiche.  Sireiiii  fossili  trovati  nel  Vencto,  Mctn    dcl  R 
Istituto  Vencto  di  Se,  Lctt,  ed  Àrti,  t.  XVllI. 


1877.  DB  ZICNO.   —  SIRÉNIENS  FOSSILES  D* ITALIE.  G9 

Il  s'en  suit  qu'en  Italie,  dans  une  zone  comprise  entre  les  43<*  et 
k7^  degrés  de  latitude  septentrionale,  les  Siréniens  (représentés  par 
des  formes  diverses)  ont  vécu  pendant  les  trois  périodes  de  l'époque 
tertiaire. 

J'ajouterai  à  cet  aperçu  quelques  observations  sur  les  carac- 
tères qui  me  sembleut  pouvoir  faire  distinguer  les  Siréniens  de  ces 
périodes. 

La  forme  du  plan  supérieur  de  la  région  pariétale  m'a  jusqu'ici 
ser\*i  pourreconnattre*à  quel  étage  appartenaient  les  crânes  que  j'exa- 
minais. 

Dans  les  HalitheHum  de  l'époque  éocène  trouvés  en  France  et  en 
Italie,  la  coupe  verticale  et  transversale  de  la  région  pariétale  pré- 
sente une  courbe  qui  s'unit  aux  temporaux  sans  en  être  sensiblement 
séparée  par  les  crêtes  temporales,  qui  sont  très-aplaties  et  à  peine 
marquées,  et  l'union  du  pariétal  avec  les  frontaux  s'opère  suivant  une 
suture  sagittiforme. 

Cette  union  se  fait  de  la  même  manière  dans  les  HalUherium  de 
l'époque  miocène,  mais  dans  ceux-ci  les  crêtes  temporales  sont  épaisses 
et  relevées,  et  un  peu  avant  la  limite  antérieure  du  pariétal  elles  se 
rapprochent  Tune  de  l'autre,  de  manière  à  rétrécir  considérablement 
le  plan  supérieur  de  la  région  pariétale. 

Dans  (es  Fehinotherium  de  l'époque  pliocène,  le  pariétal  s'unit  aux 
frontaux  par  une  ligne  courbe  et  jamais  sagittiforme,  et  les  crêtes 
temporales  sont  minces,  très-écartées  l'une  de  l'autre,  et  se  dirigent 
en  avant  presque  en  ligne  droite  ou  un  peu  oblique,  sans  rétrécir 
aucunement  le  plan  supérieur  du  pariétal. 

J'avance  ces  faits  sous  toutes  réserves,  n'ayant  pas  eu  à  ma  disposi- 
tion un  assez  grand  nombre  de  crânes  pour  pouvoir  en  établir  la 
généralisation.  Je  me  borne  pour  le  moment  à  appeler  l'attention  des 
paléontologistes  sur  ces  caractères,  qui  laissent  entrevoir  la  probabilité 
de  pouvoir  réunir  les  Siréniens  des  différents  étages  tertiaires  en 
autant  de  groupes  distincts,  dont  le  plus  récent  se  rapprocherait 
plutôt  du  Dugong  de  l'Océan  Indien  que  des  Lamantins  de  TOcéan 
Atlantique. 


70 


DE  ZIGNO.   —  SIRÉNIENS  FOSSILES  D* ITALIE. 


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1877.  COTTEA».   —  FOSSILES  TERTIAIRES  MOYENS  DE  CORSE.  71 


Séance  du  19  novembre  1877. 

PRESIDENCE     DE     M.    TOURNOUÉR. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procàs-verbal  de  la  der*- 
nière|séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  F.  Cairol,  Professeur  de  géologie  à  rUnîversilé  catholique,  rue 
de  Condé,  39,  à  Lyon  (Rhône),  ancien  membre,  est  admis,  sur  sa 
demande,  à  faire  de  nouveau  partie  de  la  Société. 

Le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 
M.  CoUeau  fait  la  communication  suivante  : 


Observations  sur  les  Fossiles  des  terrains  tertîskîrem  moyens 
de  la  €3«orse  et  notamment  sur  les  Éolilnidies» 

par  M.  6.  Cotteau. 

M.  Locard  et  moi,  nous  venons  de  publier  la  Description  de  la  Faune 
des  terrains  tertiaires  moyens  de  la  Corse.  Les  espèces  décrites  dans  ce 
travail  appartiennent  à  cent  treize  genres  et  sont  au  nombre  de  deux 
cent  quarante-sept.  Dans  les  considérations  générales  qui  suivent  la 
description  des  espèces,  M.  Locard  examine  comment  ces  différentes 
espèces  sont  réparties  dans  les  principaux  horizons,  et  recherche  les 
conclusions  géologiques  et  zoologiques  que  Ton  peut  en  déduire. 

De  toutes  les  observations  stratigraphiques  dont  la  Corse  a  été  suc- 
cessivement l'objet,  il  ressort  que  les  trois  îlots  de  Bonifacio,  d'Alcria 
et  de  Saint-Florent  font  partie  de  la  grande  formation  miocénique  mé- 
diterranéenne, bien  que  présentant  parfois  dans  leur  ensemble  des 
faciès  pétrographiques  bien[dilférents. 

M.  Locard  prend  pour  base  le  bassin  de  Bonifacio,  comme  étant  es- 
sentiellement  le  plus  complet,  le  mieux  développé,  et  montrant  en  ou- 
tre une  série  successive  et  noa  interrompue  des  différents  dépôts  mio- 
cènes. 

Ces  dépôts  peuvent  dans  leur  ensemble  être  divisés  en  six  zones 
principales  : 

La  plus  inférieure  est  la  zone  à  Polymers.  Elle  est  composée  de  cal- 
caires subcristallins,  durs,  compactes,  tantôt  saccharoïdes,  tantôt  bré- 


72  GOTTEAU.  —  FOSSILES  TERTIAIRES  MOYENS  DE  CORSE.         19  ROV. 

chiformes,  empâtant  parfois  dans  leur  masse  des  morceaux  de  granité 
ou  d'autres  roches  primitives  et  nivelant  les  iné^alitc»  du  sol  graniti- 
que. Cette  zone  est  caractérisée  par  de  nombreux  Polypiers,  par  les 
Lepralia  di^uncta,  Ceriopora  omata,  Operculina  complanata,  et  par 
quelques  rares  fragments  de  Clypéastres. 

La  zone  à  Clypeaster  vient  au-dessus.  C'est  un  groupe  de  molasses 
tantôt  blanches,  tantôt  colorées,  grossières,  à  éléments  plus  ou  moins 
granitiques,  renfermant  de  nombi'eux  Clypéasti*es  :  C.  crassicostatus, 
C,  intermedius,  C,  marginatus,  etc.,  et  le  Conoclypeus  plagioiomus. 

La  troisième  zone  est  celle  du  Pecten  BorUfaciensis.  Elle  est  formée 
de  couches  plus  ou  moins  épaisses  de  calcaires  blancs,  compactes,  ri- 
ches en  débris  organiques.  Les  Gastéropodes  y  sont  nombreux;  les 
Oursins  y  abondent  et  y  sont  représentés  par  dix-sept  espèces, 
appartenant  à  douze  genres  dilSTérents.  Uais  le  fossile  dominant  et 
Traiment  caractéristique  est  le  Pecten  Bonifaciensis,  remarquable  par 
sa  forme  oblique  et  par  sa  surface  épineuse;  c'est  une  espèce  spéciale 
non-seulement  à  ce  niveau,  mais  encore  à  la  Corse  et  à  la  Sardaigne. 

La  quatrième  zone,  zone  à  Pecten  cristattis,  se  compose  de  marnes 
argileuses,  micacées,  friables,  grises  ou  jaunâtres,  se  délitant  facile- 
ment. Les  fossiles  sont  beaucoup  moins  nombreux  dans  cette  zone  que 
dans  la  précédente,  généralement  assez  mal  conservés,  et  pour  la  plu- 
part à  rétat  de  moules  intérieurs.  Les  Échinides  sont  beaucoup  plus 
rares  ;  il  en  est  de  même  des  Gastéropodes,  qui  ont  en  partie  disparu, 
tandis  que  les  Lamellibranches  ont  pris  un  plus  grand  développe- 
ment. 

La  cinquième  zone  est  remarquable  surtout  par  l'abondance  des 
Fustts  et  des  Pleurotoma.  Sa  faune  présente  dans  son  ensemble  une 
certaine  analogie  avec  celle  de  la  zone  à  Pecten  Bonifaciensis  ;  plu- 
sieurs espèces  d'Ëchinides  et  de  Gastéropodes  sont  communes  aux 
deux  zones.  Celle-ci  cependant  se  distingue  par  le  moindre  nombre 
de  ses  Échinides  et  par  l'absence  du  Pecten  Bonifaciensis  et  de  toute  la 
série  des  Lamellibranches  qui  l'accompagnait. 

La  sixième  zone,  ou  zone  à  dents  de  Poissons,  termine  le  terrain 
miocène.  C'est  un  grand  dépôt  de  molasses  blanches,  contenant  des 
dents  de  Poissons  associées  à  quelques  autres  fossiles,  parmi  lesquels 
le  plus  caractéristique  est  le  Cidaris  Avenionensis.  Ce  dépôt  forme  à 
l'ouest,  sur  la  côte  de  Bonifacio,  presque  toute  la  falaise  et  atteint  deSO 
à  iOO  mètres  de  puissance. 

Cette  coupe  du  terrain  miocène  de  Bonifacio,  très-complète  à  la  fon- 
taine de  Cadelabra,  n'est  pas  absolument  la  même  dans  tout  le  bas- 
sin et,  sans  changer  dans  son  ensemble,  elle  se  modifie  un  peu  dans 
ses  détails,  suivant  les  points  d'observation  ;  elle  peut  cependant  être 


1877.  GOTTBAl\  —  FOSSILES  TËBTIAIHES  MOYCNS  DE  GORSE.  73 

considérée,  malgré  ces  quelques  différences  locales,  comme  représen- 
tant parfaitement  la  classification  générale  du  terrain  miocène  du  Sud 
de  la  Corse. 

Dans  le  bassin  d'Aleria,  M.  Locard  ne  retrouve  plus  une  coupe  aussi 
complète,  et  les  dépôts  se  sont  formés  dans  d'autres  conditions  ;  sou- 
vent même  il  y  a  eu  des  remaniements  dans  les  couches  déjà  existan- 
tes et  la  série  générale  des  strates  n'est  pas  aussi  précise  que  dans  les 
bassins  de  Saint-Florent  et  de  Bonifacio.  Il  est  cependant  certains 
gisements  que  Ton  peut,  grflce  à  leur  faune,  rattacher,  sans  trop  de 
difficultés,  à  des  formations  possédant  un  faciès  semblable  dans  le  Sud 
de  la  Corse. 

Examinant  ensuite  au  point  de  vue  de  l'extension  géographique  des 
espèces  la  faune  des  terrains  miocènes  de  la  Corse,  H.  Locard  constate 
que  non-seulement  ces  terrains  sont  contemporains  de  la  grande  for- 
mation miocénique  du  bassin  méditerranéen,  mais  qu'en  même  temps 
leur  faune  présente  plus  d'un  point  commua  avec  les  auti*es  gisements 
miocènes  de  certaines  régions  de  TEurope  éloignées  du  bassin  de  la 
Méditerranée,  et  même  de  l'Amérique.  La  Corse  n'a  fourni  qu'un 
nombre  relativement  restreint  d'espèces  nouvelles,  puisque  sur  un 
total  de  deux  cent  quarante^ept  espèces,  M.  Locard  n'en  compte  que 
trente-cinq. 

Les  espèces  de  la  Corse  appartenant  à  des  époques  ou  plus  ancien- 
nes ou  plus  récentes  que  Tépoque  miocène,  sont  en  petit  nombre. 
Quelques-unes  s'étaient  déjà  montrées  dans  TOligocène  :  telles  sont 
]ea>  Pleurotoma  ramosa,  Aporrhaïs pespelicani,  etc.;  ou  dans  les  dé- 
pôts du  Miocène  inférieur  de  l'Italie  septentrionale.  Quelques  autres, 
au  contraire,  tout  en  figurant  dans  les  niveaux  du  terrain  miocène 
proprement  dit,  ont  pei*sisté  dans  les  dépôts  plus  récents,  tels  queceux 
du  Monte-Mario,  de  Tarente  et  de  Palerme.  Enlin  il  en  existe  un  certain 
nombre  qui  se  sont  perpétuées  jusqu'à  nos  jours  et  que  nous  retrou- 
vons aujourd'hui  à  l'état  vivant,  soit  sur  les  côtes  mêmes  de  la  Corse, 
soit  dans  d'autres  mers  éloignées  plus  froides  ou  plus  chaudes.  Ces  es- 
pèces, dont  M.  Locard  donne  l'énumération,  en  indiquant  leur  exten- 
sion géographique  actuelle,  sont  au  nombre  de  vingt-sept,  sur  lesquel- 
les vingt  ont  été  signalées  autour  de  l'ile.  Quelques-unes,  comme  les 
Aporrhaïs  pespelicani p  Neœra  cuspidata,  Teîlina  pulchella,  remontent 
jusque  dans  les  mers  du  Nord.  Parmi  les  espèces  qui  se  sont  mainte- 
nues jusqu'à  nos  jours,  il  ne  se  rencontre  aucun  Ëchinide. 

Aux  considérations  générales  que  M.  Locard  a  tirées  de  l'étude  de 
l'ensemble  de  la  faune,  je  crois  devoir  ajouter  quelques  indications 
spéciales  aux  Échinides. 


74 


GOTTEAU.  —  FOSSILES  TERTIAIRES  MOYENS  DE  CORSE.         19  nov. 


Les  dépôts  miocènes  de  Corse  m'ont  offert  quarante-cinq  espèces  ; 
toutes  sont  propres  au  terrain  miocène,  à  l'exception  d'une  seule,  le 
Schizaster  Scillœ^  qui  s'est  montré  à  Palerme,  à  Asti,  aux  environs  de 
Bologne,  etc.,  dans  le  terrain  pliocène.  Aucune,  avant  de  se  déve- 
lopper dans  le  terrain  miocène,  ne  s'était  montrée  à  une  époque 
plus  ancienne. 

Sur  ces  quarante-cinq  espèces,  vingt-six  ont  été  signalées  ailleurs 
que  dans  la  Corse,  soit  dans  les  couches  miocènes  méditerranéennes, 
soit  dans  les  autres  dépôts  du  môme  âge  existant  en  Europe.  Ce  sont  : 


Cidaris  Avenionensis,  Des  Moulins, 
Hipponoe  Parkimoni,  (Agassiz)  Cotteau, 
Psammechinui  Serre«i.(De8  Moul.lDesor, 
Scutella  subroiunda,  Lamarck, 
Çlypeatter  gibbosus,  (Risso)  M.  de  Serres, 

—  Seillœ,  Des  Moul., 

—  crassicostatu^,  Ag., 

—  intermediuSf  Des  Moul., 
— -       marginatus,  Lam., 

—  kUirostriSf  Ag., 

—  laganoïdes,  Ag,, 

—  aUuSy  Lam., 

—  alticostatus,  Michelio, 

—  Reidii,  Wright, 


Echinolampcu  scutiformis,  (Leske)  Des 

Moul . . 

—  hemisphœrieus,     (Lam.) 

Ag., 

—  Hayesianu^,  Desor, 
Conoclypeus  plagiosomus,  Ag., 
Pygorhynchu^  Collombi,  Desor, 
Linthia  cruciata,  (Ag.)  Desor, 
Schixaster  Seillœ,  (Leske)  Ag. , 

—  Parkinsoni,  Ag., 

—  Desori,  Wright, 
Brissopsis  erescerUicus,  Wright, 
Pericosmus  latut,  Ag., 
Spatangus  Corsicus,  Desor. 


Dix-neuf  espèces  peuvent  être  considérées  jusqu'ici  comme  particu- 
lières à  la  Corse  : 


Cidaris  Hollandei,  Cotteau, 

—      Peroni,  Cott., 
Psammechinus  Peroni,  Cott., 
Àmphiope  Hollandei,  Cott., 
Echinanthus  Corsicui,  Cott., 
Linthia  Loeardi,  Tournouôr, 
Schizaster  Corsicus,  Ag., 

—  Peroni,  Cott.,' 

—  Baylci,  Cott., 
Drissopsis  Sismondœ,  kg., 


Pericosmus  Orbignyi,  Cott., 

—         Peroni,  Cott., 
Echinocardium  Peroni,  Cott., 
Macropneustes  Marmorœ,  Desor, 

—  Peroni,  Cott., 

Dr  issus  Corsicus,  Cott., 
Lovenia Peroni,  Cott., 
Spatangus  simplex,  Ag., 
—        Peroni,  Cott. 


Quelques-unes  de  ces  dernières  espèces,  décrites  pour  la  première 
lois  dans  notre  travail,  sont  très-intéressantes  au  point  de  vue  ^oologi- 
que.  Parmi  les  plus  curieuses  je  citerai  V Amphiope  Hollandei^  remar- 
quable par  sa  grande  taille,  par  sa  forme  élargie  en  arrière,  par  ses 
aires  ambulacraires  postérieures  sensiblement  plus  courtes  que  les 
autres,  et  surtout  par  ses  lunules  allongées,  étroites,  subflexueuses, 
transverses,  parallèles  au  bord  postérieur.  Ce  caractère  empêche  do 
confondre  cette  espèce  avec  aucune  autre  et  en  fait  un  type  à   part. 


1877.  GOTTBAU.   —  FOSSILBS  TERTIAIRES  MOYENS  DE  CORSE.  75 

pour  lequel  je  n'aurais  pas  hésité  à  élablir  un  genre  particulier,  si  la 
forme  des  lunules  n'était  pas  aussi  variable  chez  les  Amphiope, 

Je  citerai  également  le  Linthia  Locardi^  qui  se  distingue  nettement 
de  ses  congénères  par  son  aspect  allongé,  cordiforme,  par  son  sillon 
antérieur  profond,  par  ses  aires  ambulacraires  paires  antérieures  lon- 
gues, arrondies,  presque  transverses,  par  ses  aires  ambulacraires  pai- 
res postérieures  beaucoup  plus  rapprochées  ;  YEchinocardium  PeronU 
petite  espèce  appartenante  un  genre  très-rare  encore  à  l'état  fossile,  et 
parfaitement  caractérisée  par  sa  face  postérieure  très-acuminée,  par  sa 
face  inférieure  tout  à  fait  plane,  subcarénée  et  à  peine  arrondie  sur 
les  bords,  par  son  sillon  antérieur  peu  profond  à  la  face  supérieure, 
plus  apparent  vefs  l'ambitus,  par  son  péristome  très-éloigné  du  bord; 
le  Macropneustes  Peroni^  type  de  grande  taille  et  qui  se  i*econnaîtra 
toujours  facilement  à  sa  forme  arrondie  en  avant,  à  sa  face  supérieure 
surbaissée,  à  l'absence  complète  de  sillon  antérieur,  à  la  disposition 
de  ses  aires  ambulacraires  paires  superHcielles,  courtes  et  presque 
transverses  en  avant,  très-longues  et  subflexueuses  en  arrière,  à  ses 
gros  tubercules  paraissant  limités  par  le  fasciole  péripétale  dans  la  ré- 
gion postérieure,  tandis  qu'ils  sont  disséminés  sur  la  face  antérieure 
tout  aussi  bien  en  dehors  qu'en  dedans  de  ce  fasciole  ;  le  Brissus  Cor- 
sicus^  très-grande  espèce,  parfaitement  distincte  des  JBrmM*  vivants  ou 
fossiles  que  nous  connaissons,  et  qui  doit  sa  physionomie  toute  par- 
ticulière à  la  longueur  démesurée  de  ses  aires  ambulacraires  posté- 
rieures profondément  excavées. 

Signalons  encore  une  espèce  du  genre  Lovenia,  le  L.  Peroni.  Ce 
genre,  caractérisé  par  la  structure  bizarre  et  anguleuse  de  ses  aires 
ambulacraires,  par  la  présence,  autour  du  sommet,  d'un  fasciole 
interne,  et  par  les  appendices  en  forme  d*ampoules  qui  marquent  à 
l'intérieur  du  test  la  base  des  tubercules,  a  longtemps  été  considéré 
comme  ne  renfermant  que  des  espèces  vivantes.  Nous  en  connaissons 
aujourd'hui  plusieurs  espèces  fossiles;  celle  de  la  Corse  s'éloigne  de 
ses  congénères  par  sa  petite  taille,  par  sa  face  supérieure  déprimée, 
par  son  sillon  anlérieur  à  peine  apparent  à  Tambitus,  par  ses  gros 
tubercules  abondants  et  descendant  très-bas  vers  l'ambitus.  Les  am- 
poules intérieures  de  la  base  des  tubercules  ne  sont  pas  visibles  dans 
notre  échantillon  ;  mais  sa  forme  générale,  la  disposition  toute  spéciale 
de  ses  aires  ambulacraires,  la  présence  du  fasciole  interne,  ne  lais- 
sent aucun  doute  sur  la  place  générique  qui  lui  a  été  assignée^ 

Les  quarante-cinq  espèces  de  la  Corse  sont  réparties  dans  dix-neuf 
genres;  il  n'est  pas  sans  intérc^t  d'examiner  la  distribution  actuelle 
de  ces  genres. 


76  DE  MORTILLET.  —  CHRONOMÈTRE  DE  PBNHOtâT.  19  nov. 


Sur  ceuombre,  sept  n'existent  plus  : 


Linthia,  Mériao, 
Pericosmut,  Ag., 
Macropneustes,  Ag. 


Seutellaj  Lam., 
Conoclypetu,  Ag., 
EehinarUhug,  Ag., 
Pygorhynehug,  Ag., 

Sur  les  douze  genres  qui  vivent  encore,  sept  habitent  la  Méditerra- 
née: 


Cidaris,  Klein» 
Psammeehinus,  kg., 
Sehixaster,  Ag., 
Brissopsis,  kg,. 


Eehinocardium,  Gray, 
Bristus,  Klein, 
Spatangut,  Klein; 


Cinq  ont  abandonné  nos  régions  et  ne  se  rencontrent  plus  que  dans 


les  mers  éloignées 

Hipponoe,  Gray, 
Amphiope,  kg., 
Clypeaster,  Lam., 


Eehinolampas,  Gray, 
Lovenia,  Desor. 


Ces  cinq  genres  sont  représentés  aujourd'hui  par  des  espèces  qui  se 
rencontrent  presque  toutes  dans  les  mers  équatoriales. 

L'un  des  plus  intéressants  est  le  genre  Clypeaster,  Rare  encore  dans 
les  couches  éocènes,  il  atteint  le  maximum  de  son  développement  à 
l'époque  miocène,  non-seulement  dans  la  Corse,  qui  en  a  fourni  dix 
espèces,  mais  dans  presque  tous  les  autres  dépôts  miocènes  de  TEu- 
rope.  On  peut  même  dire  qu'en  raison  du  nombre  de  ses  espèces,  de 
la  grande  taille  et  de  l'abondance  quelquefois  prodigieuse  des  indi- 
vidus, ce  genre  imprime  à  la  faune  de  cette  époque  un  de  ses  carac- 
tères les  plus  remarquables.  A  l'époque  pliocène,  le  genre  Clypeaster 
devient  beaucoup  plus  rare;  il  ne  tarde  pas  à  disparaître  complète- 
ment de  la  Méditerranée  et  de  toutes  les  mers  d'Europe,  et  ne  se 
retrouve  plus  aujourd'hui  que  dans  les  mers  chaudes. 

Il  en  est  de  même  du  genre  J^cAmoZampo^,  si  nombreux,  si  varié  en 
espèces  dans  les  terrains  éocène  et  miocène,  et  qui  ne  paraît  trou- 
ver, à  l'époque  actuelle,  de  conditions  favorables  à  son  existence  que 
dans  les  mers  chaudes. 

M.  de  Mortiliet  fait  la  communication  suivante  : 

Critique  du  Glironoiiiètre  de  Penliouët  (Loire-Inférieure), 

par  M.  Gabriel  de  Mortiliet. 

Des  travaux  considérables  s'exécutent  depuis  quelques  années  en 
amont  immédiat  de  Saint-Nazaire,  sur  la  rive  droite  de  la  Loire,  dans 


1877.  DE  MORTILLBT.   —  CHRONOM&TRE  DE  PENHOUËT.  77 

la  baie  de  Penhouët,  pour  y  établir  un  bassin  à  flot  de  24  hectares. 
M.  Kerviler  y  a  puisé  les  éléments  d'un  calcul  chronométrique  qui  a 
eu  un  grand  retentissement  ces  temps  derniers.  Ce  calcula  été  produit 
successivement  à  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  à  la  réunion 
des  Délégués  des  Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne,  à  l'Académie  des 
Sciences,  à  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris  et  à  l'Association  Bre- 
tonne. Il  en  a  été  plusieurs  fois  longuement  question  dans  divers  jour- 
naux scientifiques  et  même  politiques,  surtout  dans  la  Revue  archéo^ 
{o^tgue.  C'est  dans  ce  recueil  (numéros  de  mars,  avril  et  mai  1877) 
qu'a  paru  le  mémoire  original  de  H.  Kerviler. 

Pour  creuser  le  bassin,  il  faut  enlever  une  niasse  énorme  de  vase. 
H.  Kerviler  y  a  reconnu  deux  niveaux  archéologiques.  L'inférieur,  con- 
tenant associés  ensemble  des  objets  de  l'époque  robenhausienne  ou  de 
la  pierre  polie,  et  de  la  Gn  de  l'âge  du  bronze  ou  époque  larnaudienne, 
est  à  une  profondeur  de  8°>50  d'après  le  mémoire  original.  Le  niveau 
supérieur,  renfermant,  avec  des  débris  de  poteries  romaines,  une  mon- 
naie de  Tétricus,  se  trouve  2<n50  plus  haut. 

De  cette  superposition  d'un  niveau  archéologique  dont  la  date  est 
connue,  —  Tétricus  régnant  en  Gaule  vers  l'an  270  de  notre  ère,  — 
au-dessus  d'un  autre  niveau  de  date  inconnue,  M.  Kerviler  a  tiré  les 
données  de  son  calcul  chronométrique;  il  s'est  dit  :  s'il  a  fallu  seize 
siècles  pour  former  le  dépôt  vaseux  de  six  mètres  qui  recouvre  le  ni- 
veau romain,  combien  en  a-t-il  fallu  pour  former  celui  de  2<o50  qui 
sépare  les  deux  niveaux  archéologiques  ?  Il  est  arrivé  ainsi  à  établir 
que  le  niveau  inférieur  datait  au  plus  de  cinq  cents  ans  avant  notre 
ère,  l'apport  étant  de  37  centimètres  de  vase  par  siècle. 

Ce  calcul  parait  bien  précis  et  pourtant  il  s'appuie  sur  des  chiffres 
qur manquent  complètement  de  précision.  En  effet,  d'après  la  Revue 
archéologique  de  septembre  1876  et  une  communication  faite  par 
H.  Kerviler  à  l'Association  Bretonne,  le  niveau  archéologique  inférieur 
n'est  qu'à  6  mètres  de  profondeur.  Le  numéro  d'octobre  1876  de  la 
Revue  archéologique,  dans  lequel  il  est  question  pour  la  première  fois 
du  calcul  chronométrique,  indique  7  mètres.  A  l'Académie  des  Sciences, 
séance  du  9  avril  1877,  le  même  niveau  est  placé  à  8  mètres.  EnHn, 
dans  son  mémoire  original,  M.  Kerviler  le  descend  à  8°)S0.  II  était  pour- 
tant facile  à  établir,  puisque,  d'après  l'auteur  lui-même,  il  se  trouve 
dans  une  couche  spéciale,  de  5  à  20  centimètres  de  puissance,  formée 
de  sable  et  de  gravier,  et  non  de  vase,  comme  le  reste  de  l'assise. 

Les  2  mètres  50  de  différence  qui  existent  entre  ces  divers  chiffres, 
contiennent  pas  mal  de  centimètres  et  modifient  sensiblement  les  da- 
tes cherchées,  sept  siècles  environ. 

On  ne  peut  pas  dire  que  ces  modifications  successives  proviennent 


78  DE  MORTILLET.  —  CHIIONOllèTRE  DE  PENHOCfiT.  10  nOV. 

d'observations  plus  exactes,  plus  scientifiques;  car  les  deux  derniers 
travaux,  la  communication  à  l'Académie  des  Sciences  et  le  mémoire 
original,  contiennent,  Tun  et  l'autre,  une  importante  contradiction 
entre  le  chiffre  donné  par  la  figure  et  celui  indiqué  dans  le  texte.  D'a- 
près ce  dernier,  le  niveau  romain  serait  à  1°^50  au-dessous  des  bas* 
ses  mers,  tandis  qu'il  ne  serait  qu'à  1  mètre  d'après  la  figure. 

Quant  au  niveau  supérieur,  qui  ne  contient  que  quelques  tessons  de 
poterie  et  une  monnaie  de  Tétricus  plus  petite  qu'une  pièce  d'un 
franc,  il  est  perdu  au  milieu  d'un  amas  uniforme  de  vase,  de  plus  de 
8  mètres  de  puissance.  Comment  le  reconnaître  exactement? 

Le  prétendu  chronomètre  n'a  donc  pas  de  base  sérieuse. 

Admettons  pourtant,  pour  un  instant,  que  M.  Kerviler  ait  pu  déter- 
miner d'une  manière  précise  ses  niveaux  archéologiques,  au  milieu  de 
son  immense  chantier  encombré  d'ouvriers  enlevant  en  moyenne  plus 
de  500  mètres  cubes  de  vase  par  jour. 

Iljfaut  absolument,  pour  que  son  calcul  ait  la  moindre  valeur,  que 
les  dépôts,  du  haut  en  bas,  soient  entièrement  identiques.  Eh  bieni 
théoriquement  la  chose  n'est  pas  possible.  D'après  les  lois  les  plus  sim- 
ples de  l'hydraulique,  pour  qu'un  dépôt  reste  parfaitement  homogène, 
il  faut  que  les  conditions  de  dépôt  ne  subissent  aucune  variation.  En 
d'autres  termes,  similitude  et  uniformité  de  dépôt  exigent  forcément 
des  milieux  et  des  conditions  semblables.  Or,  de  l'avis  de  M.  Kerviler 
lui-même,  il  n'en  a  pas  été  ainsi. 

M.  Kerviler  prétend  qu'il  n'y  a  pas  eu  de  mouvements  du  sol  ;  donc 
les  couches  au  dessous  du  niveau  des  basses  mers  se  sont  formées 
dans  une  eau  permanente.  Les  couches  supérieures,  au  contraire,  qui 
de  nos  jours  sont  la  plupart  du  temps  émergées,  se  sont  formées  dans 
des  alternances  diverses  de  submersion  et  d'émersion.  Pour  que  le 
chronomètre  de  Penhouët  soit  admissible,  il  faudrait  que  ces  condi- 
tions si  différentes  n'aient  occasionné  aucune  différence  dans  la  puis- 
sance des  couches  des  divers  niveaux. 

M.  Kerviler  a  joint  à  son  mémoire  original  des  cartes  qui  montrent 
que  la  mer  autrefois,  à  la  baie  de  Penhouët,  s'étendait  bien  plus  avant 
dans  les  terres  que  maintenant.  Or  tous  les  géologues  savent  quelle  est 
l'influence  de  la  côte  sur  les  dépôts.  Pour  admettre  le  chronomètre,  il 
faudrait  supposer  qu'à  Penhouët  cette  influence  a  été  nulle. 

Il  y  a  plus  :  ces  cartes  montrent  une  petite  rivière,  le  Brivet,  se  je- 
tant autrefois  dans  la  baie  de  Penhouët,  tandis  qu'aujourd'hui  elle  dé- 
bouche dans  la  Loire  plus  en  amont.  Ce  serait  depuis  le  neuvième 
siècle  de  notre  ère  que  le  Brivet  aurait  pris  sa  direction  actuelle.  La 
présence  ou  l'absence  de  ce  cours  d'eau  dans  une  toute  pctile  baie 
n'aurait  eu  aucune  influence  sur  les  dépôts  1 


1877.  DE  MORTILLCT.  —  GHRONÔMÈTnE  DE  PENHOUlT.  70 

Si,  comme  M.  Kervilcr,  nous  n'admettons  aucun  mouvement  du  sol 
dans  la  baie  de  Penhouêt  depuis  la  formation  du  niveau  archéologique 
inférieur,  nous  aurons  à 8  mètres  de  profondeur  des  couches  formées 
dans  une  eau  calme,  loin  des,  côtes,  sous  l'influence  de  l'embouchure 
d'un  cours  d'eau,  tandis  qu'à  la  surface,  à  0^50  par  exemple,  les 
couches  à  proximité  des  côtes,  sans  contact  immédiat  avec  un  cours 
d'eau,  auront  été  battues  et  rebattues  par  les  vagues.  Il  est  im- 
possible d'établir  un  parallélisme  entre  des  couches  formées  dans  des 
conditions  si  différentes;  on  ne  peut  p^s  les  comparer  entre  elles.  Il 
n'y  a  donc  plus  de  bases  pour  un  chronomètre. 

Et,  de  fait,  la  grande  uniformité  des  couches  des  divers  niveaux  pro- 
clamée par  M.  Kerviler  est  une  pure  illusion.  Pour  tous  ceux  qui, 
comme  moi,  ont  vu  les  couches  en  place,  à  Penhouêt,  il  n'y  a 
pas  de  doute.  On  peut  s'en  assurer  par  les  photographies  faites  pour 
le  Musée  de  Saint-Germain.  On  peut  le  vérifier,  d'une  manière  bien 
plus  convaincante  encore,  par  l'examen  des  échantillons  de  choix  qui 
se  trouvent  au  même  Musée  et  qui  ont  été  pris  sous  la  direction  de 
M.  Kerviler.  En  perdant  leur  eau,  ces  échantillons  se  sont  exfoliés  et 
l'on  voit  de  petites  couches  très-diverses  de  composition  et  de  puis- 
sance, qui  n'ont  rien  de  régulier  et  d'uniforme.  Bien  habile  serait 
celui  qui  pourrait  y  compter  les  cent  couches  annoncées  par  37  centi- 
mètres de  hauteur. 

Pourtant  ce  n'est  pas  cent  couches  qu'il  faudrait  constater  dans  les 
37  centimètres,  mais  bien  trois  cents  feuillets.  En  effet,  M.  Kerviler 
prétend  que  les  couches  sont  de  0°KX)3  à  0°'0035  chacune.  Cha- 
que alluvion  est  formée  de  trois  pellicules,  l'une  de  détritus  végétaux, 
une  autre  de  glaise,  la  troisième  de  sable.  Elles  coiTespondent,  ajoute- 
t^il,  aux  alluvions  de  la  Loire  pendant  les  différentes  époques  de 
l'année:  les  végétaux  arrivent  à  l'automne,  après  la  chute  des  feuilles; 
le  sable  et  la  glaise  viennent  s'y  ajouter  pendant  l'hiver  et  l'été.  C'est 
là  une  singulière  théorie. 

Les  couches  du  bassin  de  Penhouêt  ne  sont  pas  des  couches  annuel- 
les, mais  bien  des  couches  produites  par  les  inondations.  En  effet, 
pendant  la  pleine,  c'est-à-dire  pendant  les  plus  grosses  eaux,  le  cou- 
rant étant  plus  fort,  le  dépôt  est  plus  grossier  ;  alors  se  forme  le  feuil- 
let sableux.  A  la  décroissance,  les  eaux  sont  encore  troubles,  mais, 
comme  elles  ont  moins  de  force,  elles  charrient  des  éléments  plusfms; 
alors  se  dépose  le  limon  ou  glaise.  Vers  la  fin  de  la  crue,  de  l'inonda- 
tion, les  eaux  répanduesdans  la  campagne  regagnent  le  lit  du  fleuve 
en  léchant  les  prairies  et  les  champs,  et  elles  se  chargent  de  matières 
végétales. 

Voilà  l'explication  pure  et  simple  du  fait  observé  par  M.  Kerviler. 


80  DE  MORTILLBT.  —  CHRONOMÈTRE  DE  PENHOUBT.  19  nOV. 

Les  couches  de  vase  de  la  baie  de  Penhouêt,  semblables  à  celles  du 
Pô  et  de  tous  les  fleuves  qui  débordent,  ne  sont  pas  des  couches 
annuelles  régulières,  mais  bien  des  couches  plus  ou  moins  épaisses 
des  inondations  de  la  Loire.  Or  ces  inondations  n*ont  rien  de  régulier; 
elles  peuvent  se  produire  plusieurs  fois  dans  une  année  ou  n'avoir  lieu 
qu'à  de  longs  intervalles,  après  cinq,  dix,  vingt  ans.  On  ne  peut  donc 
rien  baser  de  précis  sur  leurs  dépôts  comme  chronomètre. 

M.  Kerviler  a  du  reste  reconnu  que  ces  dépôts  ne  sont  pas  parfaite- 
ment réguliers.  La  vase,  dit-il,  présente  de  distance  en  distance  de 
petites  couches  sablonneuses  très-horizontales,  de  1  centimètre  à  peine 
d'épaisseur,  chargées  de  coquilles  bivalves  marines.  C*est  bien  Tinter- 
calation  de  couches  marines  dans  le  dépôt  fluviatile.  Il  n'y  a  donc 
pas  régularité  absolue,  de  l'aveu  même  de  l'auteur.  Il  y  a  alternance, 
intermittence  d'actions  marines  et  d'actions  fluviales,  ces  dernières 
dominant  de  beaucoup,  mais  n'ayant  rien  de  régulier. 

11  y  a  plus  :  la  couche  archéologique  inférieure  ne  peut  pas  être  com- 
parée à  la  couche  romaine.  Si  cette  dernière  s'est  formée  dans  l'eau, 
l'autre  évidemment  est  une  couche  terrestre,  de  formation  à  l'air  libre. 
Sa  composition  :  sable,  graviers  et  galets,  dénote  un  cordon  littoral. 
C'est  un  sol  tout  à  fait  analogue  à  celui  qui  constitue  les  bords  ac- 
tuels de  la  baie.  Cette  conclusion  géologique  est  pleinement  confirmée 
par  les  données  archéologiques. 

Les  objets  trouvés  sont  en  général  des  débris  ou  rejets  d'habitations, 
tessons  de  poterie  nombreux,  os  d'animaux  mangés,  etc.  Or,  comme 
il  n'y  a  pas  trace  de  station  sur  pilotis,  il  faut  bien  admettre  que  ce 
sont  là  les  débris  entourant  des  habitations  sur  la  côte.  Il  y  a  eu  dé- 
couverte d'une  dizaine  de  squelettes  humains  :  crânes  et  ossements 
étaient  encore  groupés.  Or,  dans  une  mer  capable  de  déposer  du  sable 
et  du  gravier,  ces  os  auraient  été  disséminés;  la  marée  et  les  poissons 
les  auraient  bientôt  dispersés. 

Enfin,  parmi  les  objets  d'industrie,  il  s'en  est  trouvé  de  très-carac- 
téristiques de  deux  époques  différentes  :  1^  haches  en  pierre  avec  gai- 
nes en  bois  de  cerf  de  l'époque  robenhausienne  ;  i^  épées  et  poignards 
de  bronze  de  l'époque  larnaudienne.  Entre  ces  deux  époques  il  y  en  a 
une  intermédiaire,  l'époque  morgienne.  Ces  découvertes  archéologi- 
ques faites  dans  une  seule  et  même  couche  dénotent  un  très-long  laps 
de  temps,  certainement  plusieurs  siècles,  pendant  lequel  il  n'y  a  pas 
eu  de  dépôt.  Cette  couche  était  donc  à  l'air  libre. 

Dans  tous  les  cas,  si  elle  avait  été  immergée  déjà,  cette  considération 
archéologique,  dénotant  une  longue  interruption  du  dépôt,  suffirait 
pour  renverser  de  fond  en  comble  le  calcul  chronométrique. 

Ce  qui  montre  bien  que  la  couche  archéologique  inférieure  a  subi 


tô77.  VASSEUR.   —  CALCAIRE  OROSS.   DU  BOIS-GOUÊT.  81 

un  r^rae  géologique  tout  différent  du  reste  de  la  formation,  c'est 
qu'elle  seule  est  riche  en  objets.  Elle  ne  peut  donc  être  assimilée  aux 
autres. 

En  résumé,  tout  concorde  à  prouver  qu'à  l'époque  robenhausienne 
et  à  l'âge  du  bronze  la  couche  archéologique  inférieure  de  la  baie  de 
Penhouêt  était  à  sec.  Cette  couche,  par  suite  d'un  mouvementd'affais- 
sement  du  sol,  a  été  recouverte  par  la  mer  et  par  les  eaux  de  la  Loire. 
Des  dépôts  successifs,  produits  habituellement  par  les  inondations  du 
fleuve,  parfois  par  les  grandes  marées,  se  sont  peu  à  peu  formés  au- 
dessus  et  ont  plus  ou  moins  rempli  la  baie. 

.  Quant  à  se  servir  de  ces  dépôts  comme  chronomètre  pour  fixer  d'une 
manière  précise  la  date  de  la  fin  de  l'âge  du  bronze,  c'est  faire  fausse 
route.  Le  calcul  chronométrique,  ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  n'a 
aucune  base,  aucun  fondement  sérieux. 


I.  Potier  fait   une   communication  sur    la  Mollasse    de 
mot  (1). 

M.  Yasseur  fait  la  communication  suivante  : 

Nouveau  ^sèment  rossllirèrecie  Vâ(;^  du  Calcaire  g^ros- 

sler  découvert  au  Bols-GrOuSt^ pré«  Saffré (Loire 'Inférieure), 

par  M.  G.  Vasseur. 

Dans  la  séance  du  15  janvier  1877,  j'ai  communiqué  à  la  Société  le 
résultat  d'une  excursion  géologique  à  Campbou,  et  j'ai  essayé  de  dé- 
montrer que,  contrairement  aux  opinions  précédemment  émises,  les 
terrains  de  cette  localité  doivent  être  rapportés  au  Calcaire  grossier 
supérieur  de  Paris  et  présentent  de  curieuses  analogies  avec  certaines 
couches  éocènes  du  bassin  de  la  Manche. 

Des  recherches  récentes  dans  la  Loire-Inférieure  m'ont  permis  de 
compléter  mes  observations,  que  je  ferai  prochainement  connaître  à 
la  Société. 

Cependant  je  no  crois  pas  devoir  attendre  davantage  pour  signaler 
aux  paléontologistes  un  nouveau  gisement  fossilifère,  que  j'ai  décou- 
vert avec  le  concours  de  M.  Ripaud,  Maire  de  Saffré,  aux  environs 
mêmes  de  ce  bourg. 

Saffi*é  est  situé  à  31  kilomètres  au  nord  de  Nantes  et  à  9  kilomètres 

(l)  par  décision  do  la  Commission  du  Bulletin,  cette  communication  a  été  reportée 
au  compte-rendu  de  la  réunion  extraordinaire  deFréjus. 

6 


82  VASSEUR.    —   CALCAIRE  GROSS.   DU  BOIS-GOUÊT.  19  nOV. 

deNort  et  de  Nozay.  C'est  un  des  points  eitrêmes  où  le  terrain  éocène 
a  été  indiqué  à  Test  dans  le  bassin  de  Campbon;  mais  on  n'y  a  signalé 
jusqu'ici  qu'un  calcaire  lacustre,  avec  bois  silicifié,  analogue  aux  cou-- 
ches  supérieures  de  Pancaud  (Campbon),  et  un  calcaire  marin  à  Fora* 
mtnitères. 

Le  dépôt  d'eau  douce,  presque  complètement  dénudé,  s'observe  à  la 
surface,  à  25  mètres  d'altitude.  Hais  si  Ton  descend  vers  la  petite 
rivière  de  l'Isac,  on  ne  tarde  pas  à  rencontrer  des  calcaires  variés,  plus 
ou  moins  compactes,  parfois  fossilifères,  marins;  et  entin  des  sables 
grisâtres,  remarquables  par  l'abondance  et  l'admirable  conservation 
des  coquilles  qu'ils  renferment.  C'est  sur  ce  dernier  terrain  que  je  dé- 
sire appeler  immédiatement  l'attention  des  géologues. 

Pour  trouver  sans  difficulté  et  pour  bien  observer  le  sable  fossilifère, 
il  est  nécessaire  de  traverser  Tlsac,  en  suivant  la  grand'route  de  Saflfré 
à  La  Saussaie.  On  arrive  presque  aussitôt  au  gisement  dont  il  s'agit, 
situé  au  hameau  du  Bois-Gouët,  à  2  kilomètres  5  du  bourg.  La 
couche  coquillière  s'y  montre  dans  les  fosses  ou  mortiers  de 
MM.  Pelé  et  Leroux,  et  j'en  ai  constaté  l'affleurement  jusqu'au  Bois- 
Gremel,  en  remontant  un  petit  vallon  perpendiculaire  à  la  route. 
C'est  dans  les  excavations  en  question,  où  le  sable  n'est  recouvert 
que  par  0»40  de  terre  végétale,  que  j'ai  pu  recueillir,  en  quelques  in- 
stants, une  centaine  d'espèces  de  mollusques,  notamment  le  Cerithium 
heœagonum,  variété  à  8  pans,  un  Cérite  qu'il  semble  difficile  de  distin- 
guer du  C.  mutàbile,  plusieurs  autres  espèces  de  ce  genre,  des  ylu- 
ricules  et  des  Néritines  abondantes,  des  Arches  et  des  Pétoncles  de 
grande  taille,  des  Venus^  des  Lucines^  etc.,  entin  quelques  espèces  et 
genres  nouveaux. 

J'ai  déjà  remarqué  que  dans  les  dépôts  marins  de  Campbon,  les 
mollusques  du  Calcaire  grossier  sont  mélangés  à  un  certain  nombre  de 
fossiles  des  Sables  de  Beauchamp.  Cette  association  intéressante  existe 
aussi  dans  le  terrain  du  Bois-Gouët,  mais  ce  dernier  renferme  quelques 
espèces  particulières  et  pourrait  bien  constituer  un  niveau  un  peu  infé- 
rieur à  celui  du  Châtelier  (Campbon). 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  présence  au  Bois-Gouët  de  nombreuses  Sbu/el- 
Unes,  dAlvéolines,  de  petites  Nummulites  et  d'^hondaiDtes  Orbitolites 
complanatay  est  encore  un  fait  qu'il  importe  dénoter.  L'O.  complanata 
caractérise  en  effet  dans  la  Loire-Inférieure  un  horizon  très-constant 
qui  présente  plusieurs  niveaux.  Le  gisement  du  Bois-Gouët  correspond 
sans  doute  à  la  partie  supérieure  dece  calcaire  à  Orbitolites  ou,  comme 
j'aurai  occasion  de  le  démontrer,  à  la  partie  supérieure  du  Calcaire 
grossier  moyen  ou  à  Milioles  de  Paris. 

Si  l'on   fait  exception  du  sable  coquillier  des  douves  du  château  de 


1877.  TERQUEM.   -^  DAGtTLOPORA.  83 

Goîslin,  0&  Ton  ne  peul  sans  difficulté  recueillir  des  fossiles,  le  Bois* 
Gouët  devient,  pour  la  Loire*Inférieure,  la  seconde  localité  où  les 
coquilles  du  Calcaire  grossier  sont  signalées  en  aussi  grande  abon- 
dance et  conservées  avec  le  test.  Par  la  richesse  et  les  eicellentes  con- 
ditions d'étude  qu'il  présente,  il  pourra  rivaliser  avec  Le  Ch&telier, 
près  Campbon,  et  j'eepère  qu'il  contribuera  pour  une  large  part  à  faire 
Gounaitre  les  caractères  atlantiques  de  la  faune  du  Calcaire  grossier. 

M.  Terquem  attire  dans  les  termes  suivants  l'atteution  de  la  Société 
sur  un  travail  de  M.  Munier-Chalmas  : 


Note  9ur  les  genres  Dactylopora»  Polytrlpa,  etc.» 

par  M.  Xerquem* 

Une  longue  série  de  fossiles,  comprenant  les  Dactylopora^  les  Poly- 
tripa,  les  Uteria,  etc.,  avait  été  dans  le  principe  considérée  comme 
appartenant  aux  Polypiers.  Plus  tard  d'Orbigny,  dans  son  Prodrome, 
l'a  rangée  parmi  les  Foraminifères.  Récemment  Carpenter  a  étudié  la 
structure  intérieure  de  ces  fossiles  et  confirmé  l'opinion  de  d'Orbigny. 
Enfin  Gûmbel  a  augmenté  le  nombre  des  genres  connus  et  établi  des 
divisions  fondées  sur  les  données  de  Carpenter. 

La  classification  do  ces-  fossiles  parmi  les  Foraminifî&res  laissait 
quelques  doutes,  par  l'incertitude  de  Tordre  dans  lequel  il  convenait 
de  les  ranger,  et  en  raison  de  leurs  parois  munies  de  chambres,  de 
tubes,  de  perforations  et  de  pores;  ensemble  qui  suppose  l'aggrégation 
d'une  multitude  d'animaux  et  qui  s'éloigne  ainsi  du  caractère  propre 
aux  Foraminifères,  considérés  com?ne  des  animaux  simples. 

M.  Hunier-Chalmas  est  venu  lever  toutes  ces  incertitudes  par 
une  communication  faite  à  l'Institut  (1),  où  il  démontre  que  toute 
celte  série  de  fossiles  appartient  à  des  Algues  calcifères  dont  les  repré- 
sentants vivent  encore  dans  nos  mers. 

Le  genre  Cymopolia  reproduit  exactement  la  forme  et  la  constitution 
des  Polytripa:  on  voit  également  que  les  £/if ma  étaient  disposées 
en  forme  de  chapelets.  Le  genre  Acetahularia  représente  deux  autres 
genres  fossiles.  Enfin  le  genre  Neomeris  possède  la  même  disposition 
que  les  Dactylopora  et  les  Ooniolina. 

Ces  Algues  calcifères  appartiennent  toutes  aux  régions  chaudes. 
Quelques  botanistes  les  ont  mentionnées  dans  leurs  publications , 
mais  aucun  n'a  pensé  à  y  rapporter  les  divers  fossiles  que  renferme  lé 

(DC.-H.  Ac.  Sciences,  t.  LXXXV,  p.  811;  séance  du  29  oct.  1877. 


8'h  cu>BZ.  —  DÉi»ÔT  VITREUX.  19  nov. 

terrain  éocènc.  L'honneur  de  la  découverte  reste  donc  en  son  entier  à 
H.  Hunier-Chalraas.  L'obseryation  qu*il  a  faite  n'a  pas  besoin  d'autre 
démonstration  que  la  simple  vue  de  ces  Algues,  où  l'on  trouve  la 
forme  extérieure  et  tous  les  détails  intérieurs  des  fossiles  (1). 

Il  n'est  pas  davantage  nécessaire  de  démontrer  l'importance  de  cette 
communication,  qui,  assignant  une  place  déBnitive  à  ces  fossiles,  sera 
inscrite  dans  les  fastes  de  la  Paléontologie  comme  une  de  ces  rares 
conquêtes  que  la  Science  doit  à  un  esprit  investigateur. 

H.  Munier-Cbalmas  a  promis  une  seconde  communication  aussi 
intéressante  que  la  première  ;  i(  est  à  espérer  qu'elle  ne  tardera  pas  à 
se  produire». 

M.  Poniel  rappelle  qa'il  y  a  déjà  plus  do  quinze  ans,  il  a  signalé  des 
roches  à  apparence  oolithique  qui  ne  sont  autre  chose  que  des  amas  d'Algues 
calcifères  (Mélobésies).  On  considérait  autrefois  les  Nullipores  comme  des 
animaux  ;  M.  Decaisne  a  fait  voir  que  c'était  en  réalité  des  Algues  calci- 
fères. 

H.  Cloez  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 


Note  sur  une  motlère  minérale  d'apparence  vitreuse  qui 
se  dépose  sur  les  rocliers  du  littoral  de  la  Biédi  terra oée, 

par  H.  S«  C:ioez« 

Les  membres  de  la  Société  géologique  qui  ont  assisté  à  la  session 
extraordinaire  de  Nice  ont  pu  voir  de  beaux  spécimens  de  calcaire 
magnésien  du  Cap  Ferrât  recouvert  d'une  sorte  de  vernis  noirâtre, 
déposé  sous  la  forme  d'une  couche  irrégulière,  plus  ou  moins  épaisse, 
présentant  de  nombreuses  saillies  mamelonnées  peu  volumineuses. 

Ce  dépôt,  observé  et  signalé  en  1874  par  M.  de  Rosemont  (2),  a  été 
attribué  par  lui  à  la  décomposition  de  la  dolomie  sous  l'influence  des 
vagues.  Sa  nature  n'a  pas  été  établie  chimiquement  ;  son  apparence 
seule  l'a  fait  considérer  comme  un  produit  silicate.  Il  m'a  paru  inté* 
ressant  de  l'examiner  sérieusement  au  point  de  vue  chimique,  et  j'ai 
pu  constater  qu'il  est  formé  essentiellement  de  carbonate  de  chaux 
agglutiné  par  une  faible  proportion  de  matière  organique. 

Ce  produit,  trailé  à  froid  par  de  l'acide  chlorhydrique  étendu  d'eau, 

(1)  J'ai  à  témoigner  toute  ma  gratitude  à  M.  Bornet,  dont  Textréme  obli- 
geance m'a  permis  d'étudier  cette  série  si  remarquable  de  sa  riche  collection 
d'Algues. 

(2j  Bull.  Soc.  géoL,S*  série,  t.  II,  p.  219;  1874. 


1877.  CLOKZ.  —  dëpot  vitrëcjx.  85 

se  dissout  avec  une  vive  effervescence  duc  au  dégagement  de  Tacide 
carbonique;  il  reste  à  peine  quelques  millièmes  de  matière  insoluble, 
sous  la  forme  de  légers  flocons  caillebotés. 

En  chauffant  ce  même  produit  au  rouge,  au  contactde  l'air,  dans  une 
cuiller  en  platine,  on  détruit  la  matière  organique  ;  il  y  a  production, 
d'eau  et  d'acide  carbopique,  et  le  résidu  est  presque  blanc. 

La  détermination  quantitative  de  la  matière  organique  a  été  faite  en 
traitant  la  matière  préalablement  pulvérisée,  par  une  dissolution 
aqueuse  saturée  d'acide  sulfureux,  de  manière  à  déplacer  l'acide  car- 
bonique du  carbonate  de  chaux,  sans  altérer  la  matière  organique.  La 
liqueur  soumise  à  l'ébullition,  puis  évaporée  à  siccité,  £^  fourni  un 
résidu  qui  a  été  brûlé  dans  un  tube  à  combustion.  Le  poids  d'acide 
carbonique  produit  aservià  déterminer  approximativement  la  propor- 
tion de  matière  organique. 

Quant  à  l'analyse  de  la  partie  minérale,  elle  ne  présente  rien  de 
particulier.  J'ai  constaté  la  présence  de  faibles  proportions  de  silice, 
d'oxyde  de  fer,  de  magnésie  et  de  chlorure  de  sodium.  Le  carbonate 
de  chaux  entre  pour  près  de  92  centièmes  dans  le  poids  de  la  matière 
desséchée  à  100  degrés* 

L'analyse  a  donné  pour  un  gramme  : 

Carbonate  de  chaux 0,9180 

—       de  magnésie 0,0090 

Oxyde  de  fer 0,0025 

SUice 0,0122 

Chlorure  de  sodium 0,0019 

Matière  organique 0,0071 

Eau. 0,0156 

Total 0,9993 

Ce  dépôt  vitreux  a  probablement  pour  origine  le  carbonate  de 
chaux  dissous  dans  l'eau  de  mer  au  moyen  de  l'acide  carbonique.  Dans 
les  gros  temps,  quand  la  mer  est  agitée,  que  les  vagues  viennent  se 
briser  contre  les  rochers  de  la  côte,  l'acide  carbonique  se  dégage  en 
partie  et  le  carbonate  de  chaux  se  sépare,  mélangé  à  la  matière  orga- 
nique, sous  la  forme  d'une  écume  qui,  projetée  à  une  certaine  hauteur 
par  la  vague,  se  dépose  sur  les  roches  en  saillie,  s'y  dessèche  et  forme  la 
croûte  vernissée,  qui  ne  doit  pas  être  spéciale  aux  calcaires  magnésiens; 
en  effet  son  existence  a  été  constatée  sur  les  roches  feldspathiques  de 
la  Corse  par  M.  Descloizeaux,  et  d'après  M.  Vélain,  les  roches  schis- 
teuses feuilletées,  alternant  avec  des  quartzites,  du  littoral  de  la  pro- 
vince d'Oran  sont  également  recouvertes  d'un  enduit  vernissé  de  même 
apparence. 


86  COOUAND.  —  PÉTROLES  DU  CAUCASE.  19  nOV. 

M.  Vélain  appuyé  les  conclusions  de  M.  Cloëz.  II  a  lui-même  observé  à 
La  Réunion  le  vernis  en  question  sur  des  laves  basaltiques  ;  c'était  en  un  point 
où  la  côte  est  1res* battue.  Dans  un  travail  qui  paraîtra  prochainement, 
M.  Vélain  explique  ce  phénomène  par  les  mêmes  raisons  que  M.  Cloëz.  Le 
carbonate  de  chaux  contenu  dans  l'eau  de  la  mer  provient  sans  doute  des 
récifs  madréporiques  qui  sont  situés  en  face  de  la  côte. 

M.  Deles»e  fait  observer  que  les  dunes  des  atolls  de  TOcéan  Pacifique 
sont  souvent  composées  de  grains  calcaires  et  fixées  ;  l'on  conçoit  qu'elles 
puissent  être  facilement  cimentées  par  l'action  de  l'eau  de  mer,  lorsque  les 
vagues  sont  projetées  jusque  sur  leurs  flancs. 

Il  fait  encore  remarquer  que,  si  l'on  passe  un  grand  nombre  de  fois  sur  une 
pierre  un  pinceau  trempé  dans  un  lait  de  chaux,  on  finit  par  la  recouvrir  d'un 
vernis  calcaire  très-luisant.  A  l'Exposition  universelle  de  4  855,  ce  procédé 
avait  même  été  proposé  pour  la  décoration  des  maisons,  mais  il  était  trop  dis- 
pendieux pour  être  employé.  En  tout  cas,  on  peut  faire  quelque  rapproche- 
ment entre  ce  procédé  de  l'industrie  et  celui  dont  se  sert  la  nature. 

M.  P^omel  rappelle  que  l'on  doit  à  l'un  des  commissaires  de  l'Expédi- 
tion scientifique  de  Morée  une  observation,  déjà  très-ancienne,  de  roches 
vernissées. 

M.  I^otler  rappelle  que  M.  Delesse  a  signalé,  dans  le  Bulletin  de  4  850, 
un  enduit  de  silice  hyaline  sur  certaines  roches. 

M.  de  Mortillet  dit  qu'à  Bourbonne-les-Bains  il  y  a  une  source  qui 
couvre  les  cailloux  d'un  enduit  jaunâtre. 

M.  «^annettaz  dit  que  le  Muséum  possède  un  échantillon  recouvert 
d'un  enduit  luisant  de  pyrite  ;  il  rappelle  l'observation  de  M.  P.  Mares  sur  le 
polissage  des  roches  par  l'action  des  sables  soulevés  par  le  vent,  et  fait 
observer  que  souvent  les  stalagmites  ont  extérieurement  un  aspect  vernissé. 

Le  secrétaire  analyse  la  note  suivante  : 

Description  des  terrains  à  Pétrole  et  à  Ozokérite  du  versant 

septentrional  du  CouccMe» 

par  M.  Ck>c|uand. 

Après  avoir  décrit  en  1867  (1)  les  terrains  pétrolifères  de  la  Moldavie 
et  de  la  Yalachie,  ainsi  que  les  gisements  bituminifères  et  pétrolifèresde 

(1)  Sur  les  gîtes  de  pétrole  de  la  Valachie  et  de  la  Moldavie  et  sur  Vâge  des  ter- 
rains qui  les  contiennent,  Bull.  Soc.  géol.  France,  2«  série,  t.  XXIV,  p.  505. 


1877.  COQUANO.   —  l'ÉTROLES  DU   CAUCASE.  87 

rAlbanic  et  de  Tile  deZante  (1),  j*ai  parcouru  eu  1876  la  Crimée  et  le 
vei*sant  septentrional  de  la  chaîne  du  Caucase,  dans  le  but  de  pour- 
suivre jusque  sur  les  bords  de  la  Mer  Caspienne  mes  études  sur  les 
terrains  à  pétrole  de  cette partiede  la  Russie.  La  découverte  de  TOzoké- 
rite  dans  les  montagnes  de  Kadadji,  station  militaire  de  la  Circassie 
située  à  110  verstes  au  sud*est  d'Ekaterinodar,  dans  la  vallée  du  Kou- 
ban,  découverte  qui  avait  éveillé  l'attention  des  industriels,  ne  pouvait 
laisser  indifférente  la  curiosité  des  géologues.  Je  fus  amené  à  explorer 
les  gisements  oii  cette  substance  minérale  avait  été  signalée,  et  c*est 
le  résultat  de  mes  explorations  que  je  viens  consigner  dans  cette 
note. 

Les  terrains  qui  recèlent  la  cire  fossile,  à  part  quelques  différences 
presque  insignifiantes,  se  rapportent,  terme  pour  terme,  à  ceux  de 
même  date  qui  se  développent  en  Roumanie  et  en  Galicie,  sur  les 
revers  méridional  et  oriental  des  Carpalhes,  et  ils  leur  ressemblent 
d'une  manière  tellement  complète  qu'on  les  dirait  jetés  dans  le  même 
moule.  En  réalité,  ils  font  partie,  les  uns  et  les  autres,  d'une  même 
formation,  que  Ton  peut  suivre,  presque  sans  interruption,  depuis  le 
méridien  de 'Bucharest  jusqu'à  celui  de  Bakou,  sur  la  Mer  Caspienne, 
à  travers  la  Bessarabie,  la  Nouvelle-Russie,  la  Crimée,  rAbasie,la  Cir- 
cassie et  le  Daghestan. 

Je  rappellerai  que  j'avais  établi  pour  la  chaîne  des  Garpathes  (i),  au- 
dessus  des  couches  à  Nummulites  représentant  le  Calcaire  grossier  pari- 
sien, la  succession  des  terrains  tertiaires  de  la  manière  suivante  : 

1.  oligocène  in-  (  Etage  à  Fucoïdes,  d'origine  manne; 

fôrieur  :        ^  Etage  équivalent,  à  Cyrena  convexaf  d'origine  lacustre. 

il*'  niveau  pôtrolifère  : 
Etage  des  argiles  et  des  grès  correspondant  aux  grès  do  Fontai- 
nebleau (Stampien). 

3.  Miocène     <  Etage  des  argiles  et  des  calcaires  marins  (Molasse  du  bassin  de 
inférieur  :      l      Vienne) . 

iS*  niveau  pétrolifère  : 
Etoge  des  argiles,  des  grès  et  des  minerais  de  fer  à  Concertes  et 
à  Cardium  macrodon,  etc.  (Œninghien) . 

Ces  quatre  systèmes  forment  une  série  continue  et  concordante  ; 
les  couches  en  sont  soulevées. 
-,  .     /  Etage  des  argiles  sableuses,  des  conglomérais;  —  terrain  des 

I      steppes,  correspondant  au  sous-sol  du   Sahara.   Les  couches 
supérieur  :     |      gjj  g^^j  horizontoles  (3) . 

(1)  Deicription  géologique  des  gisements  bituminifères  et  pétrolifères  de  Sélenitxa 
dans  l'Albanie  et  de  Chicri  dans  l'ile  de  Zante,  Bull.,  2«  série,  t.  XXV,  p.  20. 

(2)  Bull.,  2*  sér..  t.  XXIV,  p.  561. 

(3)  M.  Capellini  (Giacimenti  petroliferi  di  Valachia  e  loro   rapporti    coi   (erreni 


88  CO(?UAND.  —  PÉTROLES  OU  CAUCASB.  19  DOV, 

La  présence  des^  Cardium  Gourieffi,  C.  macrodon,  Paludina  acha- 
Uniformisa  dans  la  division  4,  m'avait  permis  d'identifier  les  grès  et  les 
argiles  à  Congéries  avec  le  célèbre  gisement  des  environs  de  Kertsch 
qui  a  fourni  les  mêmes  espèces  et  la  faune  si  riche  en  Cardium  que 
Deshayes  a  fait  connaître. 

Je  devais  retrouver  les  mêmes  divisions  dans  les  terrains  tertiaires 
de  la  portion  de  la  Russie  que  je  visitais.  Les  contrées  qui  présentent 
les  conditions  les  plus  favorables  pour  l'étude  des  gisements  pélroli- 
lèresde  ce  vaste  empire  sont,  sans  contredit,  les  presqu'îles  deKertsch 
et  de  Taman,  illustrées  par  les  importants  travaux  de  de  Yerneuil  (1) 
et  d'Abich  (2). 

Ce  dernier  savant  a  établi  pour  les  terrains  tertiaires  de  ces  pres- 
qu'îles les  subdivisions  suivantes  : 

terxiarii  deiritalia  centrale.  Memorie  dell'Àccademia  délie  Scienxe  dell'Utituto  di 
Bologna,  t.  VII  ;  1868)  imprimait,  un  an  après  ma  publication,  ses  observations 
sur  les  mômes  gisements  pétrolifères.  Dans  le  tableau  comparatif  des  terrains 
tertiaires  de  la  Valachie  et  de  ceux  de  la  Crimée,  du  bassin  de  Vienne  et  de 
lltalie  centrale,. qui  termine  son  mémoire,  le  savant  professeur  de  Bologne  expose 
une  classification  semblable  à  la  mienne,  en  adoptant  toutefois  des  subdivisions 
plus  nombreuses. 

Ce  que  je  veux  signaler  dans  ce  travail,  ce  sont  les  divers  niveaux  pétrolifères 
que  M.  Capollini  a  reconnus  et  que  j'avais  indiqués  moi-même,  ainsi  que  la  consta- 
tation du  terrain  oligocène  à  Fucoïdes,  que  j'avais  découvert  près  d'Okna  et  de  Mo- 
niesli,  et  qui  avait  été  contesté  par  M.  A.  Boue.  M.  Capellini,  pour  cette  dernière 
localité,  reconnaît  même,  au-dessus  des  grès  et  des  calcaires  à  Fucoïdes,  des  assises 
qu'il  classe  de  la  manière  suivante  : 

Ëocène        (  Macigno  schisteux,  avec  Fucoïdes  et  Palœodyctyon  ; 

supérieur:      (  Argiles  pétrolifères  de  Moniesti. 

£ocène  moven  •  \  Macigno  et  schistes  (Galestri)  de  la  rivière  Batrinanca  ; 

(  Argiles  schisteuses  pétrolifères  de  Batryn. 

■£tZ:      {  Gypse»  de  Balryn. 

Il  appartenait  à  un  savant  qui  connaît  à  fond  la  géologiede  l'Italie,  d'établir  avec 
l'autorité  voulue  le  synchronisme  des  divers  étages  tertiaires  qui  peut  être  proposé 
pour  la  Valachie  et  l'Apennin  central.  Les  rapports  entre  la  constitution  géolo- 
gique de  l'Italie  et  celle  de  la  Crimée  et  des  versants  carpathiques,  que  j'avais  indi- 
qués à  mon  tour,  ne  pouvaient  échapper  à  sa  perspicacité. 

Enfin,  ce  n'est  point  sans  un  certain  sentiment  de  légitime  orgueil,  que  je  vois  les 
idées  que  j'avais  avancées  sur  Vkge  des  pétroles  et  des  sels  gemmes,  sur  les  ma- 
nifestations des  salses  et  des  volcans  de  boue,  sur  la  contemporanôité  des  pétroles 
et  des  sels  en  roche,  avec  les  terrains  dans  lesquels  ils  sont  emprisonnés,  partagées 
par  ce  professeur  distingué. 

(1)  Jf moire  géologique  sur  la  Crimée,  Mcm.  Soc,  géol.  Fr.,  1"  sér.,  t.  III, 
n»  1  ;  1838. 

(2j  Éludes  sur  les  presqu'ilcs  de  Kerstch  ri  de  Tamati,  Hull.  Soc.  géol.,  T  sér., 
t.  XXI,  p.  259,1861. 


1877.  GOQUAND.  -^  PÉTROLES  DU  CAUCASE.  89 

a.    t^Af»  des  argiles  schisteuses  brunes,  rapporté  par  l'auteur  aux  gypses 
(TAix  (n*3  de  mes  divisions). 

h.    Etage  des  marnes  argileuses,  gypseuses  et  calcaires. 

f.    Étage  des  argiles  feuilletées  blanches. 

d.  Stage  du  calcaire  à  Bryozoaires. 

(Ces  trois  étages  appartiennent  au  Hiocène  inférieur  et  correspondent  à  ma 
d«  division). 

e.  Stage  du  calcaire  supérieur  de  Kertsch. 

f.  Staj^e  falunien  {non  d'Orbigny)  :  faluns  à  Congéries,  minerai  do  fer. 

(Miocène  supérieur,  correspondant  à  ma  4*  division) . 

g.  Stage  diluvien  marin,  correspondant  à  mon  n*5. 

Ces  divisions,  que  le  développement  considérable  des  terrains  ter*- 
tiaires  dans  les  alentours  de  la  ville  de  Kertsch  a  permis  de  rendre 
plus  nombreuses  qu'en  Roumanie,  correspondent  exactement  à  celles 
qui  ont  été  établies  pour  les  terrains  tertiaires  des  contreforts  des 
Garpathes.  Hais  elles  ne  se  maintiennent  pas  dans  tous  leurs  dé- 
tails en  dehors  de  la  Grimée.  Ainsi,  dans  la  presqu'île  de  Taman,  qui 
fait  face  à  Kertsch,  les  faluns  sableux  à  Cardtum  disparaissent;  les 
minerais  de  fer  seulement  se  montrent  de  distance  en  distance  au  mi- 
lieu des  steppes  qui  s'étendent  entre  la  mer  d'Azof  et  Anapa,  où  on 
les  voit  recouvrir  la  molasse  coquîllière. 

Le  gisement  de  fer  hydroxydé  de  Karoysch-Bouroun,  distant  de  12 
verstes  de  Kertsch,  et  qui  mesure  une  puissance  de  plus  de  deux 
mètres,  constitue  un  des  plus  remarquables  accidents  de  l'étage  à 
Congéries.  Avant  la  guerre  de  Grimée,  le  général  Gourieff,  l'ancien 
guidededeVerneuil,  qui  a  bien  voulu  m'accompagncr  dans  quelques- 
unes  de  mes  excursions,  avait  construit  un  haut-fourneau  destiné  à 
en  utiliser  les  produits.  Ge  gisement  a  été  l'objet  d'une  mention  spé- 
ciale de  la  part  de  de  Yerneuil,  qui  l'a  désigné  sous  le  nom  de  terrain 
tertiaire  récent  ou  de  terrain  de  steppes,  et  qui  admettait  que  la  for- 
mation dont  il  fait  partie  avait  conservé  son  horizontalité  primitive  et 
n'avait  par  conséquent  subi  aucune  dislocation  depuis  son  dépôt  au 
sein  d'eaux  saumâtres;  d'après  lui,  c'était  à  cette  cause  qu'il  fallait  at- 
tribuer l'existence  dans  la  Russie  méridionale  de  ces  steppes  si  mono- 
tones et  quelquefois  si  arides. 

Gette  appréciation  manque  de  vérité.  Il  n'y  a  qu'à  consulter  les  lieux 
et  les  coupes  relevées  par  M.  Abich,  pour  s'assurer  que  dans  la  pres- 
qu'île de  Kertsch  le  terrain  tertiaire  a  été  soulevé  tout  entier.  Si  sur 
les  falaises  de  Kamysch-^ouroun  Tinclinaison  est  peu  sensible,  et  si  la 
couche  ferrugineuse  semble  dessiner  une  bande  presque  horizontale, 
cette  illusion  s'évanouit  bien  vite,  quand  on  voit  celte  couche,  pres- 
qu'au  niveau  de  la  mer  sous  le  phare,  s'élever  graduellement  à  mesure 
qu'on  en  suit  le  prolongement  dans  la  direction  des  batteries,  où  elle 
se  montre  à  une  hauteur  de  près  de  vingt  mètres. 


90  GOQUAND.  —  PETROLES  DU  CAUCASE.  19  nOV. 

D'après  de  YerneuiU  le  soulèvement  du  Caucase  et  par  suite  celui 
des  Carpathes  seraient  antérieurs  à  son  terrain  de  steppes  ou,  eu 
d'autres  ternies,  au  dépôt  de  l'étage  à  Congéries.  C'est  une  erreur.  Dans 
mon  mémoire  sur  les  pétroles  de  la  Yalacbie  (1),  j'ai  démontré  que 
près  de  Maritza  les  assises  à  Congéries  et  Cardium  macrodon  étaient 
relevées  jusqu'à  la  verticale;  ce  fait  ressort  aussi  très-clairement  des 
travaux  de  M.  Capellini. 

C'est  pour  avoir  trop  rajeuni  ces  dépôts,  que  de  Yerneuil  a  été 
amené  à  exprimer  son  étonnement  de  la  dissemblance  que  l'on  remar- 
que entre  les  coquilles  que  la  vague  accumule  aujourd'hui  au  pied  de 
la  falaise  de  Kamysch-Bourouu,  et  les  fossiles  que  les  pluies  et  les 
dégradations  de  la  côte  amènent  au  rivage,  et  à  se  demander  comment 
des  terrains  aussi  récents  que  ceux  qui  constituent  les  plateaux  des 
environs  de  Kertsch  n'offrent  pas  parmi  leurs  fossiles  d'espèces  ana- 
logues aux  mollusques  qui  vivent  encore  dans  la  Mer  Noire.  Il  explique 
cette  exception  remarquable  à  la  loi  des  analogues,  en  supposant  que 
toutes  les  steppes  de  la  Crimée  et  de  la  Russie  méridionale  ont  été 
jadis  occupées  par  une  mer  d'eau  douce  ou  d'eau  saumâtre  assez  peu 
profonde  pour  nourrir  des  quantités  prodigieuses  de  coquilles. 

£n  réfléchissant  que  les  assises  à  Congéries,  au  lieu  d'appartenir  à 
une  époque  récente,  sont  contemporaines  des  dépôts  d'CEningen,  et 
qu'au  lieu  d'être  horizontales,  elles  sont  soulevées,  la  différence  des 
faunes  signalée  par  de  Yerneuil  s'explique  tout  naturellement  par  la 
longueur  des  périodes  qui  séparent  ces  deux  formations  l'une  de 
Tautre.  Quant  à  la  présence  des  Congéries  et  de  quelques  coquilles 
fluviatiles  parmi  les  coquilles  marines  sur  quelques  points,  très- 
limités  d'ailleurs,  on  peut  s'en  rendre  facilement  compte  par  l'obser- 
vation et  la  comparaison  de  ce  qui  se  passe  aujourd'hui  même  aux 
embouchures  des  fleuves. 

Le  seul  dépôt  qui  ait  consei*vé  son  horizontalité  primitive  se  montre 
sur  la  partie  plate  de  la  presqu'île  de  Taman.  Il  consiste  en  des  sables 
jaunâtres,  en  des  marnes  et  en  des  argiles  dans  lesquels  on  recueille  : 


Cardium  edule.  Lin.» 

—        rusticum,  Lin., 
Donax  trunculus,  Lin  , 
Chama  gryphina,  Lam.^ 
Tellina  fragilis.  Lin., 
Venus  gallitia,  Lin., 
Pholas  dactylus.  Lin., 


Solen  vagina,  Lin., 
Mytilus  edulis,  Linn., 
Cerithium  vulgatum,  Brug., 
Buccinum  reUculatum,  Lin., 
Calyptrœa  Chinensis,  Lin., 
Etc. 


C'est  ce  terrain  que  M.  Abich  inscrit  dans  sa  période  quaternaire 

(1)  Bull.,  2«  sér.,  t.  XXIV.  p.  5M. 


1877.  COQUAND.  —  PÉTROLES  DU  CAUCASE.  ^l 

SOUS  la  rubrique  de  terrain  diluvien.  II  fait  observer  que  ces  coquilles 
n'ont  aucun  rapport  avec  la  faune  appauvrie  de  mollusques  de  la  Mer 
Noire,  mais  qu'elles  paraissent  être  presque  toutes  des  espèces  de  la 
Méditerranée,  et  que  leur  état  d'excellente  conservation  démontre 
qu'elles  n'ont  jamais  été  exposées  à  l'action  des  vagues  sur  une 
plage. 

Contrairement  à  l'opinion  de  Téniinent  géologue  russe,  je  ne  puis 
voir  dans  les  dépôts  marins  un  terrain  quaternaire,  mais  bien  le  repré- 
sentant le  plus  récent  des  sédiments  de  la  mer  subapennine,  celui 
qui  est  désigné  par  le  nom  d'étage  astten  et  qui  est  si  largement 
développé  dans  tout  le  bassin  méditerranéen.  Ils  ont,  suivant  moi, 
pour  équivalents,  les  argiles  sableuses  horizontales  de  la  Moldavie  et 
de  la  Yalachie  que  j'ai  inscrites  sous  le  n®  6  de  mes  divisions  et  qui 
constituent  le  véritable  terrain  des  steppes  d'une  partie  de  la  Rou- 
manie. 

On  ne  saurait  nommer  les  presqu'îles  de  Taman  et  d'Iénikalé,  entre 
lesquelles  s'opère  la  jonction  de  la  Mer  Noire  et  de  la  mer  d'Azof, 
sans  se  rappeler  de  suite  les  phénomènes  curieux  des  salses  et  des 
volcans  de  boue  qui  ont  fondé  la  célébrité  géologique  de  ces  contrées. 

Les  volcans  boueux  de  la  presqu'île  de  Taman  sont  surtout  remar- 
quables par  les  dimensions  colossales  de  leurs  cônes.  Ils  rivalisent  par 
leur  taille  avec  les  nombreux  tumulus  de  date  ancienne  dont  l'ancien 
royaume  de  Mithridate  est  couvert.  J'ai  eu  l'occasion  de  les  étudier  et 
d'en  surprendre  bon  nombre  en  pleine  activité,  principalement  sur 
un  plateau  découvert  et  nu  que  traverse  la  route  d'Ella terinodar,  à 
cinq  verstes  de  Temrouck.  Les  accidents  qui  accompagnent  et  produi- 
sent les  coulées  de  boue  n'avaient  rien  de  nouveau  pour  moi.  J'en 
avais  deviné  le  mécanisme  dans  les  contrées  pétrolifères  de  la  Yalachie, 
de  la  Moldavie,  de  l'Albanie,  de  Tile  de  Zante,  de  la  Sicile,  et  j'en  ai 
donné  la  description  dans  mes  divers  travaux  qui  traitent  de  la  géologie 
de  ces  régions. 

Ai-je  besoin  de  rappeler  ici  que  les  forces  mises  en  jeu  pour  leur 
formation  sont  d'une  simplicité  très-grande.  Elles  consistent  en  des 
bulles  de  gaz  hydrogène  carboné  provenant  de  la  décomposition  spon- 
tanée du  pétrole,  qui,  se  dégageant  à  travers  une  fissure  du  sol, 
entraînent  avec  elles  une  certaine  quantité  d'eau  chargée  de  parti- 
cules argileuses  très-fines.  Ce  jeu  pacifique,  répété  pendant  une  pé- 
riode de  temps  plus  ou  moins  prolongée,  finit  par  créer  à  la  longue 
des  cônes  et  cratères  d'une  régularité  parfaite,  d'où  s'échappent  d'une 
manière  intermittente,  mais  toujours  amenées  par  le  gaz,  des  coulées 
de  boue  liquide  qui  atteignent  quelquefois  des  points  assez  éloignés 
de  leur  point  de  départ,  et  qui,  en  se  desséchant,  revêtent  la  structure 


92  COQUAND.  —  PÉTROLES  OU  CAUCASE.  19  DOV. 

pseudo-prismatique  de  certains  dykes  basaltiques.  On  dirait  des 
prisraes  de  tourbe  enlevés  au  louchet  et  placés  de  champ  les  uns  à 
côté  des  autres. 

Les  eaux  qu'expulsent  les  gaz  sont  ordinairement  salées  et  accom- 
pagnées de  pétrole,  par  la  seule  raison  que  les  terres  qu'elles  traver- 
sent sont  imprégnées  de  pétrole  et  de  chlorure  de  sodium.  Elles  sont 
constamment  froides. 

Si  je  n'avais  été  prémuni  par  des  études  préalables  contre  tout  sen- 
timent irréfléchi  d'exagération,  j'avoue  qu'à  la  vue  du  nombre  prodi- 
gieux de  cônes  de  boue  qui  s'étalent  entre  Taman  et  Temrouck,  j'au- 
rais pu  être  conduit  à  invoquer,  pour  expliquer  leur  formation, 
l'intervention  d'une  cause  énergique  pouvant  se  rattacher  à  la  théorie 
générale  des  volcans.  Biais,  sachant  que  les  volcans  de  boue  ne  sur- 
gissent que  là  où  les  terrains  contiennent  du  pétrole,  que  leur  centre 
d'activité  ne  dépasse  jamais  les  limites  de  ces  terrains,  que  la  boue 
rejetée  n'est  autre  chose  que  l'argile  pétrolifère  elle-même  délayée 
par  les  eaux  d'infiltration,  que  l'émission  de  bulles,  quelque  pétu- 
lante qu'elle  se  montre,  surtout  dans  les  débuts,  n'est  accompagnée 
d'aucun  dégagement  de  chaleur,  qu'il  est  facile,  en  procédant  par 
voie  d'ablation  et  en  détruisant  les  réservoirs  pétrolifères,  de  mettre 
fin  à  toutes  ces  éjaculations,  on  s'explique  ces  phénomènes  très-facile, 
ment,  sans  être  obligé  de  recourir  à  des  hypothèses  hardies  dont  la 
froide  appréciation  démontre  l'inanité. 

Le  phénomène  des  salses  constitue  une  série  d'accidents  curieux 
plutôt  que  grands.  Le  gaz  émanant  des  pétroles,  quoique  plus  pétu- 
lant dans  ses  manifestations  extérieures,  est  loin  de  produire  les  trans- 
formations énergiques  que  le  gaz  sulfhydrique,  dont  l'émission  se 
laisse  deviner  seulement  par  une  odeur  sui  generis,  opère  dans  les 
lagoni,  les  solfatares  et  les  alunières.  Rien  de  plus  inoffensif  que  les 
volcans  de  boue  et  les  macalubcs,  dans  leurs  causes  comme  dans 
leurs  effets.*  Condamnés  presque  tous  à  une  existence  éphémère,  ils 
mènent  une  vie  pacifique  et  meurent  comme  ils  ont  vécu,  doucement 
et  sans  bruit,  lorsque  le  pétrole  devient  impuissant  à  produire  du  gaz. 
Les  pluies  se  chargent  en  peu  d'années  de  démolir  les  frêles  édifices 
élevés  par  eux,  et  en  entraînent  les  débris  dans  les  ravins  du  voisi- 
nage. 

.  Quant  aux  renseignements  recueillis  par  le  voyageur  Pallas  auprès 
des  habitants  ignorants  et  superstitieux,  relatant  des  tremblements  de 
terre,  des  jets  de  flamme  et  de  piqrres  par  le  volcan  d'Obou,  l'expé- 
rience que  j'en  ai  faite  moi-même  m'a  démontré  le  peu  de  créance 
qu'il  convient  de  leur  accorder. 

J'ai  dit  que  les  eaux  qui  débordent  des  cratères  vaseux  étaient  ordi- 


1877.  COQUAND.   —  l'^TROLBS  DU  CAUCASE.  93 

nairement  salées.  On  sait  que  les  terrains  pétrolières  des  Carpathes 
sont  également  imprégnés  de  sel  et  qu'en  Valachie,  en  Galicie  et  sur 
les  bords  de  la  Caspienne,  le  sel  gemme  est  l'objet  d'un  commerce 
pratiqué  sur  une  vaste  échelle.  Ceux  du  Caucase  ne  le  sont  pas  moins, 
et,  pour  s'en  assurer,  il  suffit  d'interroger  les  sources  salées  qu'on  y 
rencontre.  La  salure  des  terres  est  surtout  trahie,  et  cela  à  des  éléva- 
tions souvent  considérables  et  à  une  très-grande  distance  de  la  mer, 
par  la  présence  d'oasis  de  Salicornes  qui  s'étalent  au  milieu  des 
steppes  ou  en  pleine  montagne.  Or,  comme  ces  plantes  ne  peuvent  se 
développer  et  vivre  que  là  où  le  sol  est  fortement  imprégné  de  chlo- 
rure de  sodium,  il  devient  évident  que  la  salure  des  eaux  des  salses 
ne  saurait  reconnaître  d'autre  origine. 

Je  ne  saurais,  par  conséquent,  en  aucune  manière,  me  rallier  à 
l'opinion  de  de  Yerneuil,  d'après  qui  la  situation  symétrique  des  deux 
systèmes  d'éruptions  boueuses  des  environs  de  Bakou  sur  la  Cas- 
pienne et  de  la  presqu'île  de  Taman  sur  la  mer  d'Azof  ne  pouvait  être 
l'effet  du  hasard  et  révélait  une  cause  commune  et  cachée  dans  les 
profondeurs  du  globe.  Je  ne  conviendrai  pas  davantage  que  les  vol- 
cans à  pétrole  placés  aux  deux  extrémités  de  la  chaîne  du  Caucase  pa- 
raissent en  être  une  dépendance  et  doivent  être  envisagés  comme  les 
derniers  symptômes  de  l'action  énergique  qui  a  élevé  l'axe  trachy- 
tique  de  cette  chaîne  à  la  hauteur  de  5  600  mètres,  c'est-à-dire  à  800 
mètres  de  plus  que  le  Mont-Blanc.  Les  volcans  boueux  ne  reconnais- 
sent d'autre  origine  que  le  pétrole  et  ne  se  manifestent  que  là  ob 
existent  des  terrains  pétrolifères.  Ce  phénomène  est  identique  sur  tous 
les  points  du  globe  ou  il  se  manifeste. 

L'existence  dans  la  Crimée  de  lacs  salés  se  rattache  également  à 
l'imprégnation  des  argiles  tertiaires  par  le  chlorure  de  sodium.  De  Yer- 
neuil les  mentionne  dans  son  mémoire  et  les  considère  comme  d'an- 
ciens délaissements  de  la  Mer  Noire.  Il  ajoute  que  le  sel  ne  cristallise 
pas  tous  les  ans  et  que  sa  précipitation  dépend  de  la  chaleur  de 
l'été  et  de  causes  qui  ne  sont  pas  encore  parfaitement  connues.  II  ne 
sera  pas  inutile  de  rappeler  ici  que  la  salure  de  la  Mer  Noire  est  à 
celle  de  la  Méditerranée  dans  le  rapport  de  1.2i  à  3.53. 

Parmi  les  lacs  salés  que  j'ai  visités,  je  mentionnerai  celui  de  Tschou- 
roubash,  qui  se  trouve  à  quelque  distance  des  falaises  de  Kamysch-Bou- 
roun.  Son  niveau  est  supérieur  à  celui  de  la  Mer  Noire,  avec  laquelle 
il  n'a  d'ailleurs  aucune  communication.  Les  salines  que  l'on  a  créées 
sur  ses  bords  fournissent,  depuis  un  temps  immémorial,  une  récolte 
de  sel  chaque  année.  Les  précipitations  des  premières  années  auraient 
à  coup  suret  depuis  longtemps  dépouillé  les  eaux  du  chlorure  de  so- 
dium qu'elles  tenaient  en  dissolution,  si  celles-ci  avaient  fait  primi- 


 


9i  GOQUAND.  —  PÉTROLES  OU  CAUCASE.  19  nOV. 

tivement  partie  de  la  Her  Noire.  II  est  évident  qu'elles  ne  peuvent 
compenser  leurs  pertes  que  par  un  apport  provenant  d'une  autre 
source»  et  cette  source  ne  saurait  être  que  le  lessivage  par  leseaux  sou- 
terraines  des  argiles  tertiaires  salifères,  au  milieu  desquelles  la  cuvette 
du  lac  est  creusée  et  qui,  chaque  hiver,  lui  restituent  le  sel  que  la  ré- 
colte de  chaque  été  lui  a  enlevé. 

Quant  aux  lacs  dans  lesquels  le  chlorure  ne  cristallise  pas  tous  les 
ans,  la  cause  m'en  parait  facile  à  trouver.  C'est  parce  que  le  lessivage 
par  les  eaux  souterraines  s'exerçant  sur  des  argiles  peu  riches  en 
matières  salines,  il  faut  que  les  eaux  soient  arrivées  au  point  de 
concentration  voulu  pour  que  la  précipitation  du  sel  puisse  s'effec- 
tuer. 

Je  n'ai  point  d'ailleurs  à  m'appesantir  davantage  sur  la  salure  de  ces 
lacs  intérieurs.  J'ai  eu  l'occasion,  dans  d'autres  écrits,  de  faire  con- 
naître ceux  qui  se  trouvent  dans  des  conditions  identiques  en  Yalacbie 
et  en  Moldavie,  et  de  les  comparer  aux  chotts  que  l'on  rencontre  dans 
les  hauts  plateaux  de  l'Algérie,  ainsi  que  dans  le  Sahara  (1). 

Les  détails  dans  lesquels  je  suis  entré  avaient  pour  but  d'établir, 
d'après  les  bases  solides  de  la  stratigraphie  et  de  la  paléontologie,  le 
synchronisme  des  terrains  pétrolifères  du  Caucase  avec  ceux  mieux 
connus  des  Carpathes,  et  de  démontrer  leur  synchronisme,  ainsi  que 
leur  communauté  d'origine,  tant  au  point  de  vue  do  leurs  éléments 
constitutifs  qu'à  celui  des  produits  accidentels  qu'ils  contiennent  et  qui 
donnent  naissance  à  des  phénomènes  identiques.  Ils  étaient  indispen- 
sables pour  fixer  avec  précision  la  position  géologique  de  l'Ozokérite. 
Ajoutons,  pour  ne  plus  y  revenir,  que,  dans  la  chaîne  du  Caucase,  les 
pétroles  sont  emmagasinés  dans  la  division  a  de  la  classification  de 
H.  Abicb,  qui  correspond  à  la  partie  supérieure  de  l'étage  oligocène,  à 
l'Aquitanien  de  plusieurs  auteurs. 

On  distingue  en  minéralogie,  sous  le  nom  de  Cires  ou  de  Suifs  de 
montagnes,  certains  produits  intermédiaires  entre  les  résines  fossileset 
les  bitumes,  et  dont  l'aspect  est  celui  de  certains  corps  gras,  tels  que  la 
Naphthaline.  Leur  composition  ne  décèle  que  la  présence  du  carbone 
et  de  l'hydrogène,  et  leur  gisement  se  trouvant  généralement  en  con- 
nexion avec  des  dépôts  d'asphalte  et  de  pétrole,  d'âge  et  de  formation 
différents,  semble  indiquer  qu'ils  sont  des  dérivés  de  ces  dernières  sub- 
stances. 

L'Ozokérite  a  été  signalée  pour  la  première  fois  dans  les  environs  de 

(1)  Sur  l'âge  des  gisements  de  sel  gemme  fDjebel-MèldhJ,  sur  l'origine  des  ruis^ 
seaux  salés  (OuedrMèldhJ  et  des  lacs  salés  (Chotts  et  SebkhaJ  de  l'Algérie,  Bull., 
2«8ôr.,  t.XXy,  p.  431;  1868. 


1877,  COQUAND.  —  réTROLBS  DU  CAUCA8B. 

Slanick^près  d'Okna  (Moldavie).  J*aî  ea  Toccasion  d'en  parler  dans  un 
travail  sur  les  gisements  de  pétrole  de  celte  principauté.  Il  me  reste  à 
faire  connaître  les  conditions  géologiques  dans  lesquelles  cette  sub* 
stance  se  présente  à  Kadadji  (Circassie)  (1). 

Kadadji  est  un  gros  bourg  situé  à  120  verstes  au  sud-est  d'Eka* 
terinodar,  chef-lieu  du  gouvernement  des  Cosaques  du  Kouban,  sur 
te  versant  septentrional  du  Caucase,  dont  il  commande  un  des  passages 
les  plus  importants.  De  Temrouk  à  Ekaterinodar,  sur  une  distance  de 
220  kilomètres,  on  ne  traverse  guère  que  des  steppes,  dont  quelques 
coteaux  ondulés  interrompent  seuls  la  monotonie.  Ces  coteaux  vont 
se  perdre  dans  des  marais  impénétrables  qui  séparent  le  fleuve  du 
Kouban  de  la  région  des  steppes  proprement  dites.  Quand  d'Ekateri- 
nodar  on  se  dirige  vers  le  sud-est,  le  relief  du  sol  s'accentue  de  plus  en 
plus,  et  à  mesure  qu'on  pénètre  dans  le  massif  du  Caucase,  les  coteaux 
se  transforment  en  collines;  à  Kadadji  même  la  montagne  succède 
aux  collines. 

Le  gisement  d'Ozokérite  est  distant  de  5  kilomètres  environ  de 
Kadadji.  On  s'y  rend  en  suivant  dans  la  direction  du  nord-ouest  la 
route  stratégique  qui  prend  en  écharpe  le  flanc  des  coteaux,  formés 
de  marnes  argileuses  et  de  calcaires  d'origine  marine  correspondant  à 

(1)  A  l'époque  où  je  parcourais  la  Valachie  et  la  Moldavie,  capitalistes  sérieux, 
aventuriers  y  tout  lemoDde  courait  après  les  sources  de  pétrolo  avec  le  môme  entra!- 
nement  que  les  chercheurs  d'or  après  les  placers  de  la  Californie.  L'élan  se  pro- 
pagea avec  la  rapidité  de  l'éclair  dans  les  gouvernements  de  Kertsch,  de  Taman, 
d'Anapa,  d'Ekaterinodar,  sur  tout  le  versant  septentrional  du  Caucase,  partout  où 
apparaissait  le  moindre  indice  pélroléen.  Quelques  années  plus  tard,  la  découverte 
de  gisements  importants  d'Ozokérite  en  Galicie  appela  d'une  manière  spéciale 
l'attention  sur  quelques  points  où  on  avait  constaté  la  présence  de  cette  sub- 
stance. 

L'Ozokérite  ne  constituait  guère  à  ce  moment  qu'une  rareté  minéralogique,  à  ce 
point  que  ce  fut  avec  beaucoup  de  peine  que  je  parvins  à  m'en  procurer  quelques 
échantillons  auprès  des  puisatiers  des  puits  à  pétrole.  Mais  tout  dernièrement  eUe 
a  été  trouvée  en  quantité  considérable  en  Galicie,  principalement  à  Boryslaw  et  à 
Bzwindacz,  au  pied  des  Carpathes  du  Nord,  dans  le  terrain  miocène  même  qui  con- 
tient des  sources  de  pétrole.  La  production  s'en  est  élevée  en  1875  à  environ  vingt 
millions  de  kilogrammes.  Les  sortes  les  plus  pauvres  sont  employées  pour  la  fabri^ 
cation  de  la  parafine  ;  celles  de  première  qualité  sont  utilisées  pour  la  fabrication  de 
la  cérisine  et  vendues,  surtout  en  Russie,  comme  cire  d'abeilles,  dont  on  peut  à 
peine  les  distinguer. 

L'importance  de  ce  produit  a  donné  de  l'intérêt  aux  terrains  pétrolifères  du 
versant  septentrional  du  Caucase,  à  la  surface  desquels  le  hasard  avait  fait  décou- 
vrir des  traces  d'Ozokérite,  comme  aux  environs  de  Kadadji.  Mais  jusqu'à  ce  jour, 
malgré  des  recherches  persistantes,  la  cire  fossile  s'y  est  montrée  aussi  rare  qu'en 
Moldavie.  Cependant  l'analogie  des  terrains  pétrolifères  des  Carpathes  et  du  Caucase 
rend,  sinon  certaine,  du  moins  probable,  l'existence  de  gisements  d'Ozokérite  en 
Circassie  et  sur  les  bords  de  la  Caspienne. 


96  GOQUAND.   —  PÉrnOLES  DU  CAUCASE.  19  OOV. 

rëtage  miocène  du  bassin  de  Vienne.  Arrivé  à  un  point  qui  domine  le 
système  montagneux  désigné  par  les  Circassiens  sous  le  nom  de  Jkfon- 
tagne  de  la  Cire,  on  tourne  brusquement  à  droite  et  on  s'engage  au 
milieu  d'argiles  grisâtres,  sillonnées  en  tout  sens  par  des  fondrières  et 
des  ravins  profonds  qui  en  rendent  le  parcours  pénible  et  fatigant. 
Vers  la  partie  moyenne  de  la  formation  argileuse,  on  remarque,  sur- 
tout après  les  grandes  pluies,  éparse  sur  la  surface  du  sol,  une  sub- 
stance translucide,  de  couleur  d*ambre  plus  ou  moins  foncée,  ductile, 
fusible  dans  l'eau  bouillante,  se  présentant  sous  la  forme  de  grains 
arrondis  ou  de  pépites  assez  minces,  jouissant  de  la  propriété  de  s'en- 
flammer et  de  brûler  à  la  manière  d'une  bougie. 

Une  large  tranchée  pratiquée  sur  l'emplacement  même  oii  l'Ozoké- 
rite  avait  été  observée,  mit  à  découvert  un  banc,  de  deux  mètres  de 
puissance  environ,  d'une  argile  à  foulon,  de  couleur  fuligineuse, 
onctueuse  au  toucher,  se  laissantdébiterau  couteau  en  petits  copeaux, 
et  divisée  en  blocs  irréguliers  et  polyédriques  par  de  nombreuses 
fissures  se  croisant  en  tous  sens  et  imitant  les  fines  veinules  de  carbo- 
nate de  chaux  spathique  qui  traversent  certains  calcaires  compactes. 
C'estjustement  dans  ces  fissures  que  s'est  insinuée  l'Ozokérite,  sous  la 
forme  de  pellicules  le  plus  ordinairement  minces  comme  une  feuille  de 
papier,  ou  bien,  mais  exceptionnellement,  sous  celle  de  petites  pla- 
ques de  quelques  millimètres  d'épaisseur.  On  a  affaire,  comme  on  le 
Voit,  plutôt  à  de  simples  enduits  qu'à  de  véritables  veines  ou  à  des 
amas. 

La  roche  étant  d'une  faible  consistance,  quelques  ouvriers  purent 
mettre  à  ma  disposition,  dans  une  seule  journée,  plus  de  mille  mètres 
cubes  que  je  dépeçai  à  loisir.  Aucun  changement  ne  se  manifesta  dans 
les  allures  du  terrain  ni  dans  la  manière  d'être  de  l'Ozokérite.  Mon 
marteau  ne  mettait  à  découvert  que  les  mêmes  feuilles  papyracées 
injectées  dans  les  fêlures  de  l'argile  à  foulon.  Il  m'a  été  impossible  de 
constater  ni  couches  régulières,  ni  filons,  ni  amas,  ni  rognons  de  la 
substance  cireuse.  J'ai  estimé  que  la  cire  fossile  constituait  à  peine  les 
deux  millièmes  de  la  roche  abattue.  Elle  ne  pouvait  prétendre  par 
suite  à  aucune  importance  industrielle. 

Les  nombreuses  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  m'ont 
démontré  que  les  points  attaqués  représentaient  véritablement  les  con- 
ditions normales  du  gisement.  En  elfet,  si  ce  dernier  eût  contenu  des 
centres  d'une  plus  grande  fécondation,  on  aurait  certainement 
recueilli  sur  la  surface  du  terrain  des  fragments  plusvoluroineux  d'Ozo- 
kérite,  tandis  que  ceux  que  l'on  y  ramassait,  et  ils  n'étaient  pas  rares, 
ne  dépassaient  pas  les  dimensions  des  feuillets  que  contenait  le  ter- 
rain vierge.  J'ajouterai  que  les  argiles  ozokéritifères  exhalaient,  au 


1877.  coQUAND.  —  PË^rnoLES  du  gaucase.  97 

moment  de  leur  extraction ,  une  odeur  très-prononcée  de  pétrole. 

Dans  l'espoir  de  découvrir  au-dessous  du  gite  reconnu  trop  pauvre 
pour  pouvoir  être  exploité,  des  terrains  plus  riches  en  cire  fossile,  le 
prince  Tcherbatoff  avait  établi  deux  sondages  qui  ont  été  poussés  à  une 
profondeur  de  plus  de  60  mètres,  mais  qui  n'ont  ramené  que  des  argiles 
brunâtres,  fusant  à  l'air  et  fortement  imprégnées  de  pétrole  et  de  sel 
marin.  Le  pétrole  surnageait  môme  au-dessus  des  eaux  qui  avaient 
envahi  un  des  deux  trous  de  sonde. 

Les  sources  salées  ne  sontpoint  rares  dans  la  contrée  etla  présence  du 
sel  se  trahit  sur  une  foule  de  points  par  des  eflQorescences  blanchâtres 
ou  par  des  champs  de  Salicornes. 

Les  montagnes  de  Eadadji  se  montrent  fort  riches  en  pétrole  ;  mais 
leur  éloignement  des  grands  centres  de  consommation,  la  difficulté  des 
transports  et  la  concurrence  que  leur  opposent  les  gisements  de 
Ramcaya,  qui  empruntent  la  voie  du  Kouban,  fleuve  navigable 
jusqu'à  la  saison  des  glaces,  en  rendent  l'exploitation  très-limitée. 

Avant  d'abandonner  la  contrée,  je  me  fis  conduire  sur  un  point 
désigné  parle  nom  de  Montagne  des  vieitœ puits  de  Naphte,  d'où  les 
Circassiens  tiraient,  de  temps  immémorial,  les  goudrons  qui  leur  ser- 
vaient à  lubréfier  les  essieux  en  bois  de  leurs  chariots.  Cette  montagne 
est  distante  de  15  verstes  au  sud  de  Kadadji  et  de  5  verstes  environ  de 
la  route  militaire  qui  traverse  le  Caucase  et  aboutit  à  un  petit  port  de 
la  Mer  Noire. 

Je  me  trouvai  sur  ce  point  en  présence  de  grès  à  grains  fins,  alternant 
avec  des  marnes  et  des  argiles  bleuâtres,  d'une  puissance  de  iS  à 
20  mètres,  redressés  jusqu'à  la  verticale,  entièrement  imprégnés  d'as- 
phalte, et  dont  on  pouvait  suivre  le  prolongement  sur  une  longueur 
de  plus  d'un  kilomètre.  Cette  étendue  n'est  qu'un  minimum  ;  car  au 
sud,  comme  vers  le  nord,  on  voit  les  roches  asphaltiques  se  continuer 
sous  d'impénétrables  forêts  de  chênes  qui  en  masquent  le  parcours 
extérieur.  Outre  ce  gisement,  j'en  ai  visité,  dans  les  alentours,  d'au- 
tres moins  formidables,  et  au  dire  des  Cosaques  qui  m'escortaient, 
les  montagnes  circon voisines  en  renferment  aussi  de  nombreux  dé- 
pôts. 

Pour  montrer  la  riche  teneur  en  asphalte  des  grès  imprégnés,  il  me 
suffira  de  faire  remarquer  que  le  soleil  se  charge  de  la  distillation  des 
portions  superficielles  soumises  à  l'action  de  ses  rayons,  et  que  le  pro- 
duitde  cette  distillation  consiste  en  un  immense  gâteau  de  malthe  et 
de  bitume  glutineux,  qui  se  met  en  mouvement  chaque  été  et  s'avance 
à  la  manière  d'une  coulée  de  lave  visqueuse,  au  point  que  les  terrains 
asphaltiques  sous-jacents  se  trouvent  presque  cntiurenient  dissimulés 
sous  une  couche  épaisse  de  goudron  minorai,  dans  laquelle  s  englue- 

7 


98  COQIAND.    —    Pli  FROLES  DL'   CAUCASE.  19  nov. 

rail  infailliblement  Timprudent  qui  voudrait  s'y  aventurer  sans  pré- 
caution. Aussi,  pour  pouvoir  apprécier  Tiraporlance  et  la  richesse  des 
grès,  j'ai  été  obligé  défaire  ouvrir  des  tranchées  de  distance  en  dis- 
tance à  travers  ces  encroûtements. 

J'omets  à  dessein  de  parler  des  autres  gisements  pétrolifères  que  j'ai 
eu  occasion  d'examiner  sur  le  versant  septentrional  du  Caucase  et  qui 
sont  échelonnés  depuis  la  presqu'île  de  Taman  sur  la  mer  d'Âzof 
jusqu'à  Bakou  sur  la  Caspienne.  Leur  description  ne  consisterait  guère 
qu'en  des  répétitions  fastidieuses  pour  le  lecteur,  et  n'ajouterait  aucun 
chapitre  nouveau  à  l'histoire  des  pétroles. 

Je  n*ai  point  voulu  cependant  quitter  la  station  de  Kadadji  sans 
m' assurer  quelle  était  dans  le  voisinage  la  formation  géologique  sur 
laquelle  reposaient  les  terrains  pétrolifères.  En  suivant  la  route  stra- 
tégique dans  la  direction  de  la  Mer  Noire,  j'ai  constaté  que  ces  derniers 
reposaient  directement  et  en  concordance  de  stratification  sur  la  for- 
mation complète  du  Fiyscb,  que  font  reconnaître  à  première  vue  les 
calcaires  (Albérèse)  à  tons  pâles,  les  grès  (Macigno)  et  les  schistes 
(Galestri),  et  surtout  la  quantité  prodigieuse  de  Fucoïdes  que  contien- 
nent les  grès  et  les  calcaires.  Le  terrain  à  Fucoïdes  reparaît  sur  toute 
la  longueur  des  pentes  méridionales  du  Caucase.  On  le  retrouve  entre 
Novorocitz  et  Anapa,  oii  il  est  recouvert  invariablement  par  les  argiles 
pétrolifères  et  salifères. 

La  découverte  des  Fucoïdes  complète  l'analogie  que  j'ai  déjà  eu 
l'occasion  de  signaler  entre  la  constitution  géologique  des  Carpalhes 
et  celle  du  Caucase»  même  dans  de  simples  détails.  Il  y  a  à  relever 
en  outre,  comme  nouvel  argument  d'analogie,  bien  qu'il  soit  de 
valeur  moindre,  l'existence  des  bancs  ferrugineux  des  environs  de 
Matitza  (Principautés  danubiennes),  oii  j'ai  recueilli  les  Cardium  ma-- 
crodon  et  C.  Gourieffi  et  une  grande  partie  de  la  faune  des  célèbres 
falaises  de  Kamysch-Bouroun. 

H.  Capellini,  dans  son  travail  sur  les  gisements  pétrolifères  de  la 
Yalachie,  constate,  à  son  tour,  les  mêmes  corrélations  et  reconnaît, 
comme  moi,  plusieurs  niveaux  pétrolifères,  dont  le  plus  inférieur  est 
placé  par  lui  dans  l'Éocène  moyen. 

Enfin  le  même  savant  (!)  a  retrouvé  plus  tard,  dans  les  assises  à 
Congériesde  Castellina-Marittima  (Toscane),  une  grande  partie  des  Car* 
dium  signalés  au  même  niveau  dans  les  minerais  de  fer  de  Kamysch- 
Bouroun  et  a  ainsi  plantédans  l'Europe  méridionale  un  nouveau  jalon 
qui  sert  à  relier  l'étage  à  Congériesde  l'Italie  centrale  d'un  coté  avec  le 

II)  La  Formaiione  gessosa  di  CastelUua  Marittima  e  i  suoi  fossili,  Mem.  deW 
A'cademia  délie  Scienze  deli  Istituto  diBologna.  3*  sér.;  t.  IV  ;  187i. 


1877.  sÉAiNCE.  90 

gisement  découvert  en  1871  par  H.  Mayer  (1)  à  Bollène,  dans  le  bassin 
du  Rhône,  et  d'un  autre  côté  avec  les  dépôts  à  Congéries  du  bassin  de 
Vienne,  delà  Crimée  et  du  Caucase. 

En  résumé,  les  terrains  tertiaires  que  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier 
dans  le  Caucase  et  ses  dépendances  se  succèdent  dans  l'ordre  sui* 
vant  (2)  : 

Terrain  pliocène  :   l*  £tage  sobapcDDia  (iUtieo)  :  presqu'île  de  Taman    -*  Noa 

soulevé. 

Terrain    miocène  S*  Ëtage  à   Congéries  (Œoinghien)  :    falaises   de  Ramysch 
supérieur  :  Bouroun,  presqu'île  de  Tamao. 

Terrain    miocène  8*  Ëtage  des   calcaires  mariDs,  des  marnes  gypseuses,  des 
inférieur  :  calcaires  à  Bryozoaires  (Falunien)  :  environs  .de  Kertsch, 

deKadadji,  presqu'île  de  Taman. 

Terrain  oligocène  4*  Ëtage  des  marnes  et  argiles  brunes  et  dpsgrès  (Stampien); 
supérieur:  niveau  des  pétroles  et  des  asphaltes,  correspondant  aux 

gypses  d'Ail. 

Terrain  oligocène  5*  Ëtage  des  calcaires  et  des  grès  à  Fucoïdes,  correspondant 
inférieur  :  aux  gypses  de  Montmartre  et  deGargas. 

Terrain  éocène  :    6^  Ëtage  des  calcaires  ot  des  marnes  à  Nummulites. 

Le  soulèvement  des  chaînes  des  Carpa thés  et  du  Caucase  a  donc  sa 
date  toute  écrite  entre  l'OEninghien  et  l'Astien . 


Séance  du  3  décembre  1877. 

PRÉSIDENCE   DE    M.    TOURNOUÉR. 

H.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membres  de  la  Société  : 

(1)  Découverte  des  couches  à  Congéries  dans  le  bassin  du  Rhône,  Vierteljahre- 
schrifi  der  NaturforschendenGesellschaft  in  Zurich,  1871. 

(3)  Mon  travail  aurait  été  plus  complet  sans  un  vol  audacieux  dont  j'ai  été  victime 
le  jour  de  mon  départ  d'Odessa  et  qui  me  priva  de  mes  notes  et  de  mon  argent. 
Heureusement  la  partie  qui  traitait  des  Pétroles  et  que  j'avais  rédigée  en  grande 
partie  avant  d'avoir  quitté  la  Crimée,  se  trouvait  renfermée  dans  la  portion  de  mes 
bagages  expédiée  en  France.  Je  me  vois  donc,  à  mon  grand  regret,  condamné  à  ne 
pouvoir  rien  dire  sur  le  terrain  crétacé  du  Caucase  ;  car  il  me  serait  impossible  de 
citer  un  seul  nom  de  localité  ou  de  rivière  et  d'appuyer  mon  texte  sur  les  coupes 
que  j'avais  rolcvées. 


â 


fOO 


BUDGET   POUR   1877-78. 


O  Cl6C. 


MM.  Almera  (Jaime),  rue  Sellent,  3,3®,  à  Barcelone  (Espagne),  pré- 
senté par  MM.  Landerer  et  G.  Dollfus; 

Frieoel,  Professeur  de  minéralogie  à  la  Faculté  des  sciences,  boule- 
vard Saint-Michel,  60,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Hébert  et  Jannettaz. 

Le  Président  annonce  que,  par  décision  du  Conseil,  il  sera  publié  à 
l'avenir  un  Compte-rendu  sommaire  des  séances.  Ce  compte-renda 
donnera  l'analyse  des  communications  faites  à  chaque  séance  et  sera 
distribué  par  voie  d'abonnement. 

Sur  la  proposition  du  Conseil,  la  Société  décide  que  la  session  ea^ 
traordinaire  de  1878  aura  lieu  à  Paris  à  une  époque  qui  coïncidera 
avec  celle  de  la  réunion  du  Congrès  géologique  international. 

Le  Trésorier  présente  les  Comptes  de  l'exercice  1876-77  et  le  projel 
de  Budget  pour  l'exercice  1877-78,  tel  qu'il  a  été  arrêté  par  le  Conseil 
dans  sa  séance  du  26  novembre  dernier  : 


Budget  pour    tannée    I9TT  •  T^ 
(du  1"  novembre  1877  au  31  octobre  1878). 

RECETTES. 


DÉSIGNATION 
des 

CBinTUS. 


g  1.  Produits  des  ré- 
ceptions et  des 
cotisatioQS 


§  S.  Produits  des  pu- 
blications  , 


S  3.   Recettes   di< 
verses 


S 

•3 

V3 

S 


1 
s 

3 

4 
6 
6 

7 
8 

9 

10 
11 

li 

13 


14 


NATURE  DES  RECETTES. 


Droits  d'entrée  et  de  diplôme 

Cotisations  de  Tannée  courante... 

—  arriérées 

—  anticipées 

—  à  vie 

Vente  du  Bulletin 

—  dos  Mémoires 

—  do  Vllistoire  de*  Progrès 

de  la  Géologie 

Recettes  extraordinaires  relatives 
au  Bulletin 

Allocation  ministériolle 

Souscription  ministérielle  aux  Mé- 
moires 

Revenus 

Lo^er ,  chauffage  ,  éclairage  des 
Sociétés  météorologique,  mathé- 
matique, etc 

Recettes  diverses 

Totaux 


PRB  vos 

pour 
1876— T7 


RECETTES 


BrricTous 

en 
1876—77 


600fr.> 
9»900 

600 

600 
1,900 
1,S00 
1,000 


iO 

> 
1,000 

600 
3,800 


23»G70 


3,900      > 
80      > 


640  fr.» 

10.138  > 

794  30 

663  » 

1,900  > 

1,149  98 

47  80 


833  98 

760  > 

600  » 

3,993  86 


8,980      » 
36    90 


93,891    96 


PBIVOBS 

pour 
1877—78 


700fr.i 

9,900  B 

780 

800  m 
1300 

1>900  M 

1,000  9 

90 

» 
1,000 


600 
3,950 


8,880 
80 


94,4» 


w      w 


1877. 


BUDGET  POUR  1877-78. 


101 


DÉPENSES. 


DÉSIGNATION 
des  ; 


S  4.  PubUcalions. 


S  5.  Dépeaies  di- 


I 

t 
as 


S  t.  PenoDiMl.... 

S  t.  Frais  de  loge- 
OMOi 

sa.  Malérifll I    Ç 


1 

1 
8 
4 
5 


• 
9 
10 
11 
1S 
13 
14 
15 


NATURX  DES  DÉPENSES. 


Agant 

Giitoo:gafM 

—     :  gratificatioD 

Loyer:  cootribotioiu ;  aMoraocee. 

ChâonaM;  éclairaie 

Moliilier 

BibUothèqQe 

B^tUêiin:  impreuion;  pluebet.. 

—     :  port 

Mémoittê  •••••••■•• 

Frais  de  boreaa,  de  circulaires,  etc. 

P»rU  de  lettres 

Placement  de  cotisations   à   vie. 

Prix  Viquetnel 

Dépensée  di?erses 

Totaux 


DÉPENSES 


rtircis 

BrriCTuiis 

rtiTuts 

pour 

en 

pour 

1876-77 

1876-77 

18n— 76 

» 

» 

» 

1,000  fr.» 

1.000  Or.» 

1,000  Dr.  »^ 

800      » 

800      » 

800      » 

4,78S      » 

4,780    63 

4,780      B 

600      » 

667    60 

600      > 

600      » 

664    65 

600      B 

700      > 

933    70 

600      B 

8,000      » 

6,805    36 

6,000      B 

8.000      » 

1,7«7    63 

8,000      J 

3,000     » 

1.165      > 

3,000      B^ 

1.000      > 

1,771     75 

1,000      B 

350      » 

387    48 

350      B^ 
1,800      B 

1,800      > 

1.886    60 

310      > 

318    76 

310      B 
60      S 

60      > 

96      » 

83,635      > 

83,083    61 

83,830      B 

En  résumé  : 


NATURE  DBS  RECETTES. 

RECETTES                       | 

rtivoxs 

pour 
1876-77 

xrriCTutis 

en 

1876—77 

• 

pour 
1877-76 

j(  1.  Produit8  des  cotisations 

12,800''    » 
3,820      » 

13,432''  30 
2,879    40 
7,210    26 

13,050"    » 
3,820      > 

7,550      » 

1 

^3.        —       des  publicatioDS 

S  3.  Recettes  diverses 

7,050      » 

Totaux 

23,6:o     > 

23,521    96 

24,420      V 

Les  recettes  effectuées  du  1*'  novembre  1876  au  31  octobre  1877  étant  de  23,521''  96 
L'encaisse  au  31  octobre  1876  de  105    11 


Le  total  général  des  recettes  est  de 23,627    10 


NATURE  DES  DÉPENSES. 


$  1.  Personnel 

S  2.  Frais  de  logement. ... 

S  3.  Matériel 

S  4.  Publications 

S  5.  Dépenses  diverses  . . . 

Totaux 


niruis 

pour 
1676—77 


1,200'* 
5,825 
1,200 
13,000 
2,910 


23,635 


DÉPENSES 


BrrBCToiBS 

en 
1876-77 


1,200"  > 
5,288  13 
1,618  55 
11,178  21 
3,738    72 


23,023    61 


PKIVDIS 

pour 
1877-78 


1,200" 
5,320 
1,400 
13.000 
2,910 


» 

> 


23,830 


102  DOLLFUS.   ^—  AUMONIEB   ET   ECK   :    BERRU.  3  déc. 

Les  recettes  pour  1876-77  étant  de 23,627'^  10 

Les  dépenses  de 23,023    61 

11  restait  en  caisse  au  31  octobre  1877 603    49 

Les  recettes  prévues  pour  1877-78  étant  de 24,420    » 

Le  total  général  des  recettes  pour  1877-78  peut  être  évalué  à 25,023   49 

Les  dépenses  prévues  étant  de 23,830   » 

L'excédant  des  recettes  sur  les  dépenses  au  31  octobre  1878  peut  être 
évalué  à 1,193    49 

La  Société  adopte  le  projet  de  Budget  et  renvoyé  à  l'examen  de  la 
Commission  de  Comptabilité  les  Comptes  de  l'exercice  1876-77. 

Sur  la  proposition  de  M.  de  Roys,  elle  vote  à  Tunanimité  des  remer- 
ciements au  Trésorier. 

M.  G.  DoUfki»  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

Je  suis  chargé  par  nos  collègues  MM.  Aumônier  et  EUsk,  d'of- 
frir à  la  Société  géologique  une  brochure  intitulée  :  «  Notice  sur  la 
constitution  §^éolo§^l<iue  de  la  montagne  de  Berru*  >  Ce 

travail,  couronné  par  l'Académie  de  Reims  en  1870,  mais  publié  seu- 
lement en  1873,  n'était  pas  encore  parvenu  à  ma  connaissance  lors 
de  la  rédaction  de  ma  Note  sur  une  nouvelle  coupe  observée  à  Rilly- 
la-Montagne  {{), 

Dans  leur  intéressant  mémoire,  MM.  Eck  et  Aumônier  ont  relevé  les 
nombreuses  coupes  que  présente  le  monticule  de  Berru,  à  5  kilomètres 
à  l'est  de  Reims,  et  les  ont  comparées  à  celles  des  collines  de  la  mon- 
tagne de  Reims. 

Ils  ont  observé  au-dessus  de  la  Craie  : 

A.  Un  sable  fin,  blanc,  pur,  avec  quelques  fossiles,  surtout  dans  les 
bancs  de  grès  ferrugineux  qui  apparaissent  à  la  base.  Ce  sable,  puis- 
sant de  5  à  6  mètres  (couches  37  à  40),  est  souvent  raviné  et  môme 
détruit  par  le  conglomérat  qui  le  surmonte.  Ou  l'observe  dans 
les  coupes  des  pages  10, 18, 19  et  20  de  la  Notice. 

B.  Conglomérat  dit  deCernay,  puissant  et  dénature  vaiûée  :  couches 
de  sable  jaune,  grossier,  à  bivalves  (Cy rênes),  de  sable  argileux  ligni- 
tifère,  de  calcaire  à  empreintes  végétales,  de  poudingue  à  ossements 
(Crocodiles  et  Tortues),  reposant  normalement  sur  les  sables  blancs 
(couches  33  à  36),  ou  directement  sur  la  Craie  par  ravinement  (couches 
41  à  49),  comme  le  montrent  les  coupes  des  pages  7,  9, 12,  13  et  14. 

(1)  Ày\n.  Soc.  gêol.  Nord,  t.  III,  p.  153;  1875. 


1877.  DOLLFUS.    —  TËREBUIPORA  CAPiLLARlS.  i03 

C.  Marnes  blanches  ou  panachées,  puissantes,  à  rognons  (couches 
30  à  32). 

D.  Sableà,  lignîtes,  argiles  dans  tout  leur  développement,  avec  banc 
à  Cerithium  et  Ostrea  vei*s  le  haut,  terminés  par  un  lit  de  cailloux 
roulés. 

£.  Sables  glauconieux  blancs  ou  argileux,  sans  fossiles. 

Au  mamelon  du  Point-de-vue  une  série  supérieure  apparaît  : 

F.  Marnes  blanches  et  verdâtres,  appartenant  vraisemblablement  au 
Calcaire  grossier  supérieur. 

G.  Calcaire  d'eau  douce  (Lymnées  et  Paludines)  ;  calcaire  de  Saiut- 
Ouen  sans  aucun  doute. 

H.  Calcaire  marin,  marneux,  à  Pholadomya  Ludensis,  des  marnes 
infrà-gypseuses. 

I.  Calcaire  siliceux  (meulières)  de  la  Brie. 

Diluvîum. 

Les  sables  blancs  inférieurs,  A,  sont  ceux  de  Rilly,  et  les  fossiles 
qu'on  a  trouvés  à  leur  base  (Cardium  Edwardsi,  Fusus^  Pectunculus) 
confirment  leur  rapprochement  que  j'ai  proposé  avec  les  sables  de 
Châlons-sur-Vesle.  Les  horizons  inférieurs  de  Bracheux  font  défaut. 

Le  calcaire  de  Rilly  n'apparaît  pas  à  Berru;  mais  ses  débris  abon-r 
dent  dans  le  conglomérat  de  Cernay,  B,  que  nos  collègues  comparent 
au  conglomérat  de  Meudon,  assimilation  que  j'adopte  bien  volontiers. 

Je  vois  en  C  les  marnes  de  Dormans,  avec  leur  faciès  habituel. 
MM.  Eck  et  Aumônier  y  ont  aperçu  des  fossiles  (Lymnœa  et  Cyclas) 
dont  la  détermination  n'a  malheureusement  pas  pu  être  faite. 

Les  couches  D  sont  les  lignites  normaux  du  Soissonnais. 

Quant  à  la  série  supérieure,  F-I,  indiquée  pour  la  première  fois  à 
Berru  dans  la  note  que  j'analyse,  elle  fait  étendre  plus  loin  qu'on  ne 
les  avait  indiquées,  les  limites  du  rivage  du  bassin  de  Paris,  et  com- 
plète le  substantiel  travail  de  nos  collègues. 

M.  DoUfUBoffreensuiteàla  Société  une  brochure  (1)  dans  laquelle 
il  décrit,  sous  le  nom  de  Xerebripora   caplUarls  (et  non 

capillacea,  comme  le  porte  par  erreur  la  couverture),  un  Bryozoaire 
nouvqjiu,  intéressant  comme  mode  de  conservation  par  remplissage 
d'une  cavité  interne,  nouveau  comme  Térébripore  logé  dans  une 
Térébratule,  nouveau  comme  Bryozoaire  escharien  dans  les  terrains 
anciens.  M.  Dollfus  tient  à  remercier  ici  H.  P.  Fischer  des  conseils 
qu'il  a  bien  voulu  lui  donner. 
M.  Dolli'us  a  figuré  sur  la  même  planche  que  le  Terébripora  capil- 

(Ij  Bull.  Soc.  linn.  Norm..  3«  sér.,  t.  I;  1877. 


104  TORCAPl!:L.   •—   LIGNE  D  ALAIS  AU   POUZIN.  3  dëc. 

m 

îaris  quelques-uns  des  fossiles  dévoniens  du  même  gisement,  et  parmi 
eux  le  SpiHfer  Roicsseau,  qu'il  avait  réuni,  d'après  l'opinion  des  géo- 
logues du  Nord  et  de  l'Allemagne,  au  S.  lœvicosta.  Val.  Cette  opinion 
lui  semble  aujourd'hui  contredite  par  Texamen  du  type  de  VËcole  des 
mines  et  par  l'étude  des  figures  de  Davidson.  Il  espère  avoir  roccasion 
de  revenir  sur  ce  sujet  prochainement  avec  M.  de  Tromelin. 

M.  Touruouêr  analyse  la  note  suivante  : 


Note  sur  la  G^olo§;le  de  la  ligne  cTAInîm  au  Pouasln^ 

par  M.  Torcapel. 

J'ai  rbonneur  de  présenter  à  la  Société  géologique  un  exemplaire  de 
mon  étude  des  terrains  traversés  par  le  chemin  de  fer  d'Alais  au  Potfr 
zin  (section  de  Robiac  au  Pouzin),  étude  que  j'ai  terminée  à  la  fin  de 
1876  et  dont  l'impression  a  été  faite  dans  le  courant  de  cette  année. 

Ce  travail  comprend  la  carte  géologique  de  la  région  traversée,  à 
l'échelle  de  1/40,000»,  le  profil  en  long  de  la  ligne,  avec  douze  coupes 
transversales,  et  enfin  une  notice  sommaire  sur  la  constitution  géolo- 
gique de  la  contrée  et  sur  les  divers  étages  qu'on  y  observe. 

La  section  de  Robiac  au  Pouzin  a  une  longueur  de  9S  kilomètres. 
Elle  prend  son  origine  dans  la  vallée  de  la  Cèze,  en  pleines  Cévennes, 
et  aboutit  au  bord  du  Rhône,  en  coupant  obliquement  une  bonne 
partie  du  versant  sud-est  du  Plateau  central. 

Les  terrains  traversés  par  le  chemin  de  fer,  ou  existant  aux  abords, 
sont,  dans  le  bassin  de  la  Cèze  :  le  terrain  houiller  exploité  aux  mines 
de  Gagnières;--  le  Trias  complet;  —  l'Infralias,  comprenant  les 
couches  à  Avicula  contorta^  la  zone  de  Y  Ammonites  planorbis  et  une 
couche  puissante  de  dolomie  sans  fossiles; —  le  Lias  inférieur  et 
moyen  à  Gryphœa  arcuata  et  G.  cymbium  ;  —  le  Lias  supérieur, 
représenté  par  les  schistes  àPosidonies  et  par  des  calcaires  ferrugineux 
à  Ammonites  bifrons. 

En  pénétrant  dans,  le  bassin  de  l'Ardèche,  on  trouve  les  niâmes 
oxfordiennes  à  Ammonites  macy^ocephalus,  reposant  directement,  et  en 
stratification  discordante,  sur  les  couches  supérieures  du  Lias.  Il  y  a 
donc  ici  une  lacune  considérable,  et  ce  n'est  que  vers  Aubenas  et 
Privas  qu'on  retrouve  des  dépôts  appartenante  TOolithe  inférieure. 

A  rOxfordien  inférieur  succède  une  immense  série  de  strates  concor- 
dantes, que  l'on  peut  observer  dans  de  magnifiques  coupes  et  qui  se 
poursuit  jusqu'au  Néocomien  supérieur  ou  Urgonien.  Ce  sont  d'abord 


1877.  TORGAPEL.  —  LIGNE  D'aLAIS  AU  POUZIN.  105 

]es  marnes  noduleuses  à  A.  cordattts  et  les  calcaires  compactes  kA.bi' 
mammatî4s,  qui  complètent  la  série  oxfordienne  ;  puis  les  couches  à 
A.  poîyplocus^  que  Ton  trouve  ici  plus  développées  encore  que  dans  le 
Gard,  et  la  zone  des  calcaires  massifs,  qui  termine  la  série  jurassique. 
Ces  derniers  calcaires  forment  avec  les  calcaires  ruini formes,  sans  fos- 
siles, qui  dans  le  Gard  se  lient  aux  calcaires  blancs  à  Terebratuîa  Mora-- 
vica  (i),  une  seule  et  même  assise  ;  mais  dans  l'Ardëcbe  cette  assise 
revêt  un  faciès  diflérent  et  contient  des  fossiles  qui  la  relient  d'une 
part  aux  calcaires  sous-jacents  à  Ammonites  poli/plocus,  et  d'autre 
part  aux  calcaires  à  Terebratuîa  janitor  qui  lui  sont  superposés.  11  en 
résulte  entre  les  faunes  jurassique  et  néocomienne  un  passage  graduel, 
qui,  joint  à  la  concordance  des  strates  (2),  à  leur  liaison  pétrogra- 
phique,  met  en  évidence  la  continuité  des  dépôts.  On  est  ainsi  amené 
à  voir  dans  les  couches  à  Ammonites  polyplocus  et  dans  les  calcaires 
massifs  les  représentants  des  étages  kimméridgien  et  portlandien  du 
bassin  anglo-français. 

Le  terrain  néocomien  se  présente  également  au  complet.  Je  le  fais 
commencer  aux  couches  à  Terebratuîa  janitor,  dont  la  faune  a  bien 
plus  d'analogie  avec  celle  des  couches  néocomiennes  qu'avec  celle  des 
calcaires  massifs  sous-jacents.  Ce  fait,  que  M.  Lory  a  également  con- 
staté à  Grenoble  (3),  est  mis  par  mes  observations  hors  de  toute  dis- 
cussion. 

Viennent  ensuite  les  couches  dites  de  Berrias,  les  marnes  à  Belem- 
nites  latus^  les  calcaires  et  marnes  à  Spatangues,  les  calcaires  à  Crio- 
cères,  et  les  calcaires,  tantôt  compactes  et  siliceux,  tantôt  oolithiques 
et  remplis  de  Chama,  de  l'Urgonien. 

Le  terrain  crétacé  proprement  dit  n'est  représenté  dans  la  région 
que  par  un  lambeau  enclavé  par  des  failles  dans  le  Néocomien  et  où 
affleurent  les  msiVïïes  kPîicatules  et  les  grès  et  sables  du  Gault. 

Dans  la  série  tertiaire,  nous  trouvons  d'abord  les  sables  bariolés,  avec 
argiles  réfractaires  ;  puis  un  puissant  système  de  poudingues  et  de 
marnes  rouge&tres,  que  je  range  dans  l'Éocène  (4).  I^  Miocène  marin 
n'est  pas  représenté.  La  puissante  calotte  basaltique  du  Coirou 
recouvre  des  alluvions  à  Mastodontes,  que  j'ai  rapportées  au  Pliocène, 

(1)  Voir  ma  Note'jur  la  Géologie  de  la  ligne  de  Lunel  au  Vigan,  Bull.  Soe.  géoL, 
a«sér.,t.IV,  p.  15;  1875. 

(3)  J'ai  déjà  établi,  par  mes  coupes  de  la  ligne  de  Lunel  au  Yigan^  la  concordance 
du  Néocomien  et  du  Jurassique  dans  le  Gard;  elle  se  retrouve  dans  l'Ardèche.  Il  y  a 
doncconcordanco  générale  dos  deux  formations  dans  les  Gôvennes  comme  dans  les 
Alpes. 

(3)  Voir  Bull.,  3»  sér.,  t.  V,  p.  8  ;  1876. 

(4)  Ce  système  n'avait  pas  encore  été  signalé  dans  TArdèche. 


106  TORGAPEL.  -—   LIGN£  D'âLAIS  AU  POUZIN.  3  dëc. 

mais  que  des  documents  nouvellement  recueillis  pourraient  faire 
remonter  à  l'époque  miocène. 

Le  terrain  quaternaire  est  représenté  par  des  alluvions  de  divers 
genres. 

Dans  la  vallée  de  rArdèchC)  elles  se  distinguent  nettement  en  trois 
'  catégories,  savoir,  en  commençant  par  les  plus  anciennes  :  alluvions 
siliceuses  des  plateaux,  alluvions  des  terrasses  à  cailloux  plus  ou 
moins  altérés,  enfin  alluvions  du  régime  actuel. 

Dans  la  vallée  du  Rhâne,  les  alluvions  des  plateaux  sont  également 
bien  distinctes,  quoique  réduites  à  de  faibles  lambeaux  ;  mais  celles 
des  terrasses  n'offrent  peut-être  pas  des  caractères  aussi  nettement 
tranchés  que  dans  la  vallée  deTÂrdèche  ;  ce  qui  peut  tenir  aux  effets 
de  remaniement  et  de  comblement  qui  paraissent  avoir  été  la  consé- 
quence de  la  fonte  des  grands  glaciers  alpins.  De  longues  études  sont 
par  suite  encore  nécessaires  pour  établir  d'une  manière  précise  la 
stratigraphie  des  dépôts  quaternaires  de  la  vallée  du  Rhône.  L'obser- 
vation de  l'altération  des  roches  dans  les  alluvions  anciennes,  phéno- 
mène sur  lequel  j'insiste  dans  ma  notice  et  que  je  crois  général,  me 
paraît  un  moyen  de  faciliter  beaucoup  ces  études.  J'avais  déjà  remar- 
qué cette  altération  dans  le  bassin  de  l'Hérault  et  je  l'ai  retrouvée  éga* 
lement  prononcée  dans  l'Ardèche  (1). 

Je  dois,  pour  aujourd'hui,  me  borner  à  ces  quelques  indications  sur 
les  principaux  faits  qui  ressortent  du  travail  présenté. 

J'espère  pouvoir  donner  ultérieurement  des  détails  plus  étendus  et 
plus  précis  sur  la  stratigraphie,  sur  les  caractères  et  le  gisement  des 
fossiles,  etc.,  pour  quelques-uns,  au  moins,  des  étages  énuméi'és  ci- 
dessus. 

Voici,  pour  terminer,  quelques  indications  techniques  qui  pourront, 
je  pense,  intéresser  ceux  de  nos  confrères  qui  s'occupent  de  travaux 
analogues. 

Dans  la  rédaction  de  la  carte,  je  me  suis  attaché  à.  rendre  très- 
claire  la  distinction  des  étages  et  des  zones,  sans  nuire  à  la  perception 
nette  du  relief  du  terrain  exprimé  par  les  hachures,  A  cet  effet,  j'ai 
pris  pour  règle  de  repr«5senter  les  diverses  zones  appartenant  à  un  même 
étage  par  la  même  couleur,  en  variant  seulement  l'intensité  de  la 
teinte  et  appliquant  la  nuance  la  plus  sombre  à  la  zone  la  plus  infé- 
rieure. Les  nuances  attribuées  aux  différentes  zones  forment  ainsi,  par 
leur  rapprochement,  une  sorte  de  gamme  qui  se  trouve  en  rapport 

(1)  M.  Vanden  Broeck  a  signalé  depuis  des  faits  analogues  dans  les  aUuvions  du 
bassindelaSeino/'Bu//..  3'sér.,  t.  V,  p  298;  1877). 


1877.  TORGAPEL.  —  LIONB  D'AUIS  AU   P0D2IN.  107 

avec  le  relief  du  terrain  et  concourt,  avec  les  hachures,  à  le  faire 
ressortir. 

Les  zones  d'un  même  étage  sont  distinguées  en  outre  par  une  petite 
lettre,  qui,  accolée  à  la  lettre  majuscule  de  Tétage,  donne  la  caractéris- 
tique de  la  zone.  Ce  mode  de  notation,  déjà  adopté,  notamment  pour 
la  Carte  géologique  de  la  Suisse,  m'a  semblé  préférable  aux  indices 
numéraux. 

Je  dois  signaler  aussi  une  disposition  particulière  du  profil  en  long, 
qui  me  parait  propre  à  faciliter  la  rédaction  et  Tintclligence  des  docu- 
ments de  ce  genre.  Dans  les  profils  et  coupes  géologiques,  on  est  ordi- 
nairement conduit,  pour  donner  une  idée  nette  des  accidents  superfi- 
ciels et  pour  pouvoir  figurer  les  diverses  couches  étudiées,  à  augmenter 
réchelle  deshauteurs  et  à  la  prendre  double,  quintuple,  décuple,  etc., 
de  celle  des  longueurs.  Mais  lorsque  cette  exagération  de  l'échelle  des 
hauteurs  devient  trop  forte,  il  arrive,  si  le  profil  a  une  certaine  lon- 
gueur, qu'il  sort  bientôt  du  cadre  et  qu'on  est  obligé  de  le  briser  à 
plusieurs  reprises.  Il  en  résulte  des  coupures  nombreuses  qui  rendent 
le  profil  confus  et  difficile  à  suivre,  aussi  bien  dans  Tensemble  que  dans 
les  détails. 

Ne  pouvant  me  dispenser  ici  de  donner  le  figuré  détaillé  du  terrain 
et  des  couches  superficielles,  j'étais  obligé  de  prendre  une  échelle  des 
hauteurs  au  moins  égale  à  1/2000*,  c'est-à-dire  20  fois  plus  forte  que 
celle  des  longueurs.  Pour  éviter  l'inconvénient  que  je  viens  d'indiquer, 
j'ai  pris  le  parti  de  construire  d'abord  la  ligne  représentant  le  niveau 
du  chemin  de  fer,  et  par  suite  les  déclivités  générales  du  sol,  à  une 
échelle  quintuple  seulement  de  celle  des  longueurs,  ce  qui  sufilt  pour 
indiquer  l'allure  générale  du  terrain,  et  de  dessiner  ensuite  par  rapport 
à  la  ligne  ainsi  obtenue,  à  l'échelle  de  1/2  000®,  le  détail  des  accidents 
et  des  couches  superficielles  ;  grâce  à  cet  artifice,  j'ai  obtenu  un  profil 
qui  permet,  je  crois,  de  se  rendre  compte  aisément  à  la  fois  de  l'en- 
semble et  des  détails. 

Les  coupes  transversales  menées  à  chaque  station  du  chemin  de  fer, 
autant  que  possible  suivant  la  ligne  de  plus  grande  pente  des  couches, 
sont  à  l'échelle  de  1/40  000«,  tant  pour  les  longueurs  que  pour  les 
hauteurs.  Elles  achèvent  de  définir  la  constitution  géologique  du  sol  et 
permettent  d'apprécier  exactement  la  puissance  des  zones  et  des 
étages. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Hébert  présente  les  observa- 
tions suivantes  : 


108  HÉBERT.   —  TEREBRATULA  JANITOR.  3  dëc. 


Quelqties  remarques  sur  les  gisements  de  la  Terebratula 

Janitor» 

par  H.  Hébert. 

La  note  de  M.  Torcapel,  dont  l'analyse  vient  d'être  faite  par 
M.  le  Président,  m'engage  à  appeler  de  nouveau  l'attention  de  la 
Société  sur  les  gisements  de  la  Terehratulajanitor,  Je  parlerai  d'abord 
des  Cévennes. 

M.  Torcapel  établit  qu'il  existe  dans  l'Ardèche,  entre  les  couches  à 
Ammonites  polyplocus  et  celles  où  abonde  la  Terebratula  janitor 
accompagnée  des  nombreux  Céphalopodes  caractéristiques  de  la  faune 
de  Stramberg,  une  masse  de  calcaires  plus  ou  moins  dolomitiques, 
qui  atteint  et  dépasse  70  mètres. 

Ëmilien  Dumas  plaçait  ces  calcaires  dans  le  Corallien;  si  j'ai  bien 
compris,  M.  Torcapel  en  fait  du  Eimméridgien  et  du  Portiandien. 
Ë.  Dumas  avait  raison;  mais  là  n'est  pas  la  question  pour  le  moment. 
Il  s'agit  de  Tintercalation  d'une  série  puissante  de  calcaires  jurassiques 
entre  la  zone  à  Ammonites  polyplocus,  dont  j'entretiendrai  tout  à 
l'heure  la  Société,  et.  les  calcaires  typiques  à  Terebratula  janitor^  que 
M.  Torcapel  est  amené  à  placer  à  la  base  du  Néocomien. 

C'est  à  dessein  que  je  me  sers  de  ces  termes  «  calcaires  typiques  à 
Terebratula  janitor  n  \  car,  s'il  est  vrai,  comme  quelques  géologues 
l'affirment,  que  la  T.  janitor  se  Irouve  dans  le  terrain  jurassique  supé- 
rieur, au-dessous  même  de  l'étage  corallien,  selon  M.  Coquand,  elle 
serait  rare  dans  cette  position,  ou,  pour  ma  part,  je  ne  Tai  jamais  ren- 
contrée. Elle  abonde  au  contraire  dans  une  foule  de  localités  des 
Basses-Alpes,  de  la  Drôme,  de  TArdèche,  etc.,  immédiatement  au- 
dessous  des  couches  deBerrias;  et  là,  comme  à  Grenoble,  elle  est 
accompagnée  de  cette  faune  spéciale  de  Céphalopodes,  si  remarquable, 
qui  a  été  décrite  de  Stramberg  par  M.  Ziltel. 

On  sait  que  cette  assise  ainsi  définie  repose  souvent  directement  sur 
les  couches  à  Ammonites  tenuilobatus  et  A,  polyplocus.  C'est  le  cas 
pour  Grenoble,  pour  les  environs  de  Castellanue,  etc.  ;  mais  déjà  (1) 
j'avais  signalé  les  localités  de  la  Suisse  orientale  où  M.  Moesch  avait 
constaté  entre  ces  deux  zones  l'existence  des  calcaire»  à  Nérinées,  à 
Diceras  et  à  Terebratula  Moravica.  Ces  faits  si  nets,  si  évidents,  ont 
donné  lieu  à  des  essais  d'interprétation  qui  ne  peuvent  nullement  en 

(l)  Bull.  Soc.  géol.  Fr.,  3»  série,  t.  II,  p.  118. 


1877.  HÉBERT.   —  TEREBRATULA  JANITOR.  109 

changer  la  haute  signification;  aussi  n'ai-je  pas  cru  nécessaire  d'inter- 
venir de  nouveau. 

C'est  un  argument  de  même  nature  que  H.  Torcapel  me  fournit 
aujourd'hui.  Dans  TArdèche,  les  couches  à  Terehratula  janitor  ne  sont 
plus,  comme  dans  le  reste  du  grand  bassin  du  Rbdne,  immédiatement 
appliquées  sur  la  zone  à  Ammonites  tenuilobatus;  et,  bien  que  le 
système  qui  sépare  ces  deux  horizons  soit  peu  fossilifère,  il  est  impos- 
sible de  n'y  pas  reconnaître  au  moins  la  base  des  calcaires  qui  occu-> 
pent  la  même  position  à  Ganges  et  qui  là  se  terminent  par  les  cou- 
ches si  riches  en  Diceras  Luci,  Terehratula  Moravica,  etc. 

Dans  un  mémoire  récemment  publié  sur  la  géologie  de  la  Gri- 
mée (1),  M.  Ernest  Favre  constate  (p.  29)  que  dans  cette  région  la 
Terébratula  janitor  se  trouve,  sans  aucun  doute  possible,  dans  les 
couches  néocomiennes,  et  il  admet  comme  certaine  l'existence  de  cette 
espèce  dans  le  terrain  crétacé  inférieur  du  Midi  de  la  France. 

Je  répète  qu'on  peut  toujours,  par  une  exploration  suffisamment 
prolongée,  recueillir  en  grand  nombre  la  Terehratula  janitor  dans 
son  gisement  normal,  qui  correspond  au  Tithonique  supérieur  de 
M.  Zîttel,  assise  que  je  continue  à  placer  à  la  base  du  terrain  crétacé. 
Cette  assise  est  bien  celle  de  l'Ardèche  :  M.  Yélain,  qui  Ta  étudiée,  en  a 
rapporté  des  exemplaires  de  Vogué  et  de  Berriasmêrae;  et  toujours 
elle  est  recouverte  par  les  couches  de  Berrias  à  Ammonites  occita-- 
fdcus,  A.  Malbosi,  A.  Boissieri,  etc. 

Je  ne  veux  pas  nier  la  possibilité  de  l'existence  de  la  Terehratula 
janitor  dans  les  couches  à  Ammonites  acanthicus  et  A.  longispinus 
(A.  iphicerus).  Je  ne  puis  cependant  pas  m'empêcher  de  faire  remar- 
quer combien  les  faits  sur  lesquels  on  s'appuie  pour  motiver  cette 
présence  sont  loin  d'offrir  le  même  caractère  de  certitude.  Ainsi 
M.  Ernest  Favre  cite  (i)  d'après  Pictet  la  Terehratula  janitor  aux 
Voirons,  oh  un  seul  échantillon  aurait  été  i*ecueilli.  Il  la  place  dans 
l'assise  supérieure  de  cette  localité;  mais,  bien  que  depuis  longtemps 
il  fasse  rechercher  les  fossiles  des  Voirons,  il  n'a  pu  en  retrouver  un 
seul  autre  exemplaire.  Gette  assise  supérieure  ainsi  délimitée  n'est  donc 
pas  le  Diphya-kalh. 

M.  Êbray  a  recueilli|]ce  fossile  à  Talloires,  sur  les  bords  du  lac  d'An- 
necy, en  même  temps  qu'une  série  d'autres  fossiles  dont  il  donne  la 
liste;  mais  il  n'a  point  indiqué  d*une  manière  suffisamment  précise  la 
distribution  des  divers  fossiles,  qui  évidemment  ne  se  trouvent  pas 
tous  dans  le  même  banc.  En  août  1876,  j*ai  passé  deux  jours  à  cxa- 

(1)  Étude  strtUigraphique  de  la  partie  sud-ouest  de  la  Crimée;  1877. 

(2)  Descr.  des  Foss.  du  terr.  jur.  de  la  mont,  des  Voirons,  p.  54. 


110  HÉBERT.    —  TEREBRATULA  JANITOR.  3  déc. 

miner  ce  point,  avec  M.  Munier-Chalmas;  je  me  suis  attaché  à  me 
rendre  compte  de  la  succession  des  strates.  J'ai  constaté  là  deux  systèmes 
de  couches,  renfermant  tous  deux  des  bancs  schisteux  fossilifères.  Le 
premier  système  est  principalement  composé  de  calcaires  bréchi- 
formes;  je  lui  ai  trouvé  31  mètres  d'épaisseur,  et  non  pas  8  ou  10, 
comme  le  dit  M.  Ëbray.  Le  seul  fossile  que  nous  y  ayons  recueilli  est 
Y  Ammonites  Privasensis;  mais  les  caractères  de  ces  couches  sont  tout 
à  fait  ceux  des  calcaires  à  Terebratula  janitor  du  Dauphiné  et  de  la 
Provence.  Le  second  système,  formé  de  calcaires  non  bréchiformes, 
très-nettement  stratifiés  et  reposant  sur  les  marnes  oxfordiennes,  n'a 
pas  moins  de  75  mètres  de  puissance.  Nous  y  avons  trouvé  Y  Ammonites 
trachynotus  à  40  mètres  au-dessous  des  calcaires  brécbiformes;  et  les 
lits  les  plus  inférieurs  de  ce  système,  qui  reposent  directement  sur  les 
marnes  oxfordiennes,  avec  lesquelles  ils  semblent  alterner,  nous  ont 
paru  renfermer  encore  la  faune  de  la  zone  à  A,  poîyploais,  La  coupe 
de  Talloires  étant  tout  à  fait  semblable  à  toutes  celles  que  j'ai  relevées 
dans  le  Midi  de  la  France,  jusqu'à  preuves  plus  décisives,  je  n'accep«* 
tarai  pas  l'association  signalée  par  M.  Ébray. 

Le  troisième  fait  est  emprunté  à  M.  Neumayr,  qui  aurait  recueilli  la 
Terebratula  janitor,  en  Transylvanie,  à  la  partie  supérieure  de  la  zone 
k  Ammonites  acanthicics ;  mais  M.  Neumayr  ne  donne  aucune  coupe  de 
la  localité,  et  les  renseignements  qu'il  fournit  sur  les  circonstances  de 
son  exploration  indiquent  clairement  qu'il  a  récolté  ses  fossiles  à  la 
surface  du  sol  et  que  par  conséquent  il  a  pu  recueillir  mélangés  les 
fossiles  des  deux  niveaux  si  souvent  superposés  :  la  zone  à  A.  transi- 
toriurS  et  Terebratula  janitor  et  la  zone  à  Ammonites  acanthicics.  J'ai 
pu,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Stur,  examiner  les  fossiles  rapportés 
de  Gyiikos-Kô  par  M.  Neumayr  et  déposés  dans  les  collections  da 
Qeologische  Reichsanstalt ;  il  m'a  paru  que  l'Ammonite  déterminée 
comme  Aspidoceras  longispinum  (Ammx>nites  iphicerus)  et  qui  se 
trouve  dans  le  même  bloc  qu'un  exemplaire  de  Terebratula  janitor, 
n'appartient  pas  à  l'espèce  indiquée:  c'est  une  forme  plus  globuleuse, 
que  l'on  rencontre  également  en  France  dans  les  couches  à  T.  janitor 
et  à  Ammonites  transitorius. 

Ainsi,  d'une  part,  incertitudes  évidentes  au  sujet  du  gisement  de  la 
Terebratula  janitor  dans  les  assises  jurassiques,  et,  d'aulre  part,  faits 
de  plus  en  plus  nombreux  prouvant  la  présence  de  ce  fossile  dans  des 
couches  considérées  par  tous  comme  franchement  néocomiennes  ;  tel 
est  aujourd'hui  l'état  de  la  question. 

Afin  d'éviter  tout  malentendu,  je  désignerai  à  l'avenir  la  zone  à 
laquelle  j'avais  donné  comme  caractéristique  la  Terebratula  janitor, 
par  le  nom  de  zone  à  Ammonites  transitorius. 


1877.  DIBULAPAIT.   —  CORALURN.  111 

M.  I^armn  signale  Timportance  des  recherches  de  M.  Torcapel, 
qui  fait  concourir  au  profit  de  la  science  ses  fonctions  d'ingénieur  à  la 
èonstructton  de  la  voie  ferrée. 

Ayant  lui-même  réuni  les  éléments  de  plusieurs  coupes  dans  cette 
région  de  l'Ardèche,  aux  environs  de  Pierremorte  et  des  Avelas, 
M.  Parran  confirme  l'exactitude  des  observations  de  M.  Torcapel  rela« 
tivement  aux  terrains  oxfordien  et  suprà-oxfordiens  et  au  Néocomien 
inférieur. 

n  croit  utile  de  signaler  ici  une  erreur  commise  par  H.  Ë.  Dumas 
dans  sa  coupe  de  Pierremorte  (Statistiqtce  géologique  du  Gard,  t.  II, 
p.  251),  parce  que  cette  erreur  porte  sur  un  point  remarquable  de  la 
région  et  que  ce  maître  en  géologie  s'est  bien  rarement  trompé. 
É.  Dumas  a  placé  le  point  culminant  de  Pierremorte,  la  chapelle  de 
Saint-Sébastien,  sur  les  calcaires  massifs,  ruiniformes  et  dépourvus 
de  fossiles,  dont  il  a  fait  son  quatrième  sous-groupe  supérieur  oxfor- 
dien et  que  MH.  Coquand  et  Torcapel  classent  dans  le  Kimméridgien. 
En  réalité,  la  chapelle  de  Saint-Sébastien  est  bâtie  sur  des  calcaires  en 
bancs  minces,  réglés,  fossilifères,  qui  renferment  les  Ammonites  de  la 
zone  à  A.  polyplocus.^ 

H.  Hébert  analyse  le  mémoire  suivant  : 

Étude  sur  les  étet^em  compris  entre  l'horizon  de  Z'il.ninio- 
ni  tes  transversarius  et  le  Ptéroc^rlen,  en  France 
et  en  Suisse, 

par  M.  DIeulafalt* 


I.  Limites  et  divisions  des  étages  étudiés  ; 
Jura  français  depuis  le  département  de  la  Haute-Marne  jusqu'au 

Nord  de  celui  de  V Isère. 

Les  maîtres  de  la  Géologie  ont  établi  d'abord  pour  les  terrains  juras- 
siques les  grandes  divisions  suivantes  : 

Portlandien, 

KimméridgieD, 

GorallicD, 

Oxfordien, 

Grande  Oolithc, 

Oolitho  inférieure, 

Lias. 


112  DIEULAFAIT.   ^  COUALLIEN.  3  déc. 

Plus  tard,  plusieurs  de  ces  groupes  ont  été  divisés;  on  a,  en  parti- 
culier, établi  entre  le  Kimméridgien  et  le  Corallien  deux  divisions 
secondaires  :  Tune,  la  plus  inférieure,  est  le  Calcaire  à  Astartes  ; 
l'autre,  qui  lui  succède,  est  le  Ptérocérien, 

Sans  me  préoccuper  pour  le  moment  des  relations  générales  de  ces 
deux  divisions  avec  les  terrains  entre  lesquels  elles  sont  comprises,  je 
dirai  que  je  prends  pour  limite  supérieure  des  terrains  que  j'étudie 
dans  ce  mémoire,  la  base  du  Ptérocérien;  et  pour  qu'il  ne  puisse 
exister  aucun  malentendu  sur  ce  point,  j'adopte  le  Ptérocérien  tel  que 
l'ont  défini  et  limité  MM.  Tombeck,  Royer.et  de  Loriol  dans  la  Haute- 
Marne  ;  c'est  du  reste  le  Ptérocérien  des  géologues  du  Jura. 

Quel  sera  mon  niveau  inférieur  ? 

A  une  certaine  hauteur  dans  l'étage  oxfordien  il  existe  un  horizon 
parfaitement  défini,  aussi  bien  dans  les  Alpes  que  dans  le  Jura,  qui 
renferme  une  légion  de  fossiles  assez  spéciaux,  parmi  lesquels  Oppel  a 
choisi  comme  caractéristique  Y  Ammonites  transversarius:  c'est  la  zone 
à  A.  Martelli  de  M.  Tombeck  et  de  ses  collaborateurs  dans  la  Haute- 
Marne.  Ce  sera  mon  niveau  inférieur. 

Entre  ces  deux  limites  existe  la  succession  suivante  : 

Calcaire  à  Astartes,  l  ^      ...  ,  .        ,  ,     . 

Î     supérieur.       \  Corallien  supérieur  de  M.  Tombock. 
moyen, 
inférieur,  avec  le  Glypticien  à  sa  base. 
Zone  à  Ammonites  tenuilobatus  (à  Belemnxtes  Royeri  de  K.Tombeck). 
Zone  à  Ammonites  bimammatus. 

1®  Calcaires  à  Astartes. —  Les  marnes  et  les  calcaires  avec  Astartes, 
dont  le  rôle  est  très-considérable  dans  la  plus  grande  partie  du  Jura, 
diminuent  et  disparaissent  même  complètement  quand  on  s'approche 
des  Alpes.  Il  n'est  pas  probable  que  cette  disparition  soit  l'efiet  d'une 
lacune,  par  cette  raison  que  les  conditions  qui  ont  permis  à  ces  petits 
bivalves  de  se  développer  ne  sont  pas  celles  qui  correspondent  à 
une  mer  normale  ;  les  dépôts  à  Astartes  sont  des  dépôts  de  rivage. 

2^  Corallien.  —  Cet  étage  tire  son  nom  de  la  présence  des 
coraux,  des  madrépores,  etc.,  qu'il  renferme  dans  toutes  les  localités 
classiques. 

On  s'est  beaucoup  escrimé  contre  lui  depuis  quelques  années  ;  on  a 
surtout  dit  qu'un  faciès  à  corattx  n'était  qu'un  accident,  que  les  récift 
coralliem  avaient  grandi  d'une  manière  très-rapide,  qu'ils  échappaient 
dès  lors  aux  lois  de  la  sédimentation  ordinaire  ;  on  a  insisté  sur  cette 
circonstance  que  les  dépôts  tout  à  fait  exceptionnels  du  Corallien 
avaient  nécessairement  pour  correspondants,  dans  le  temps,  un  faciès 


1877.  DIEULAFAIT.   —  CORALUSN.  113 

de  mer  normale,  c'est-à-dire  un  faciàs  à  Céphalopodes,  etc.  La  con- 
clusion naturelle  de  tous  ces  raisonnements  a  été  qu'il  fallait  supprimer 
l'étage  corallien. 

Si  les  géologues  qui  demandent  cette  suppression  avaient  étudié 
dam  le  Jura  ce  que  les  géologues  de  cette  région  classique  ont  appelé 
étage  corallien,  ils  auraient  vu  que  dans  les  points  les  plus  classiques 
iln'yapaa  trace  de  récif;  ils  auraient  reconnu  que  le  type  par  excel- 
lence, le  fameux  récif  de  Valfin,  n'est  pas  plus  un  récif  que  les  bancs 
de  calcaire  coquillier  de  la  mollasse  moyenne  du  Midi  de  la  France. 
Il  y  a  àVallin,  empâtés  dans  les  débris  de  coquilles  et  les  oolithes,  des 
fossiles  qui,  sans  aucun  doute,  ont  vécu  là  où  on  les  voit  aujourd'hui  ; 
mais  il  en  est  exactement  de  même  dans  la  mollasse  miocène  du 
Midi. 

Il  y  a  plus  encore  :  si  les  savants  qui  veulent  supprimer  l'étage 
corallien  avaient  relevé  une  seule  fois  une  coupe  de  cet  étage  dans 
une  localité  classique,  ils  auraient  constaté  immédiatement  que  le 
Corallien,  au  lieu  d'être  constitué  par  ces  fameux  récifs  que  jamais 
personne  n'a  vus  ni  ne  verra,  ni  dans  le  Jura,  ni  dans  les  Alpes,  est 
formé  par  des  alternances  de  marnes,  de  calcaires  plus  ou  moins  litho- 
graphiques, de  calcaires  oolithiques,  etc.,  le  tout  en  général  parfaite- 
ment stratifié  et  reproduisant,  dans  les  détails  comme  dans  l'ensemble, 
les  sédiments  d'une  mer  parfaitement  normale.  A  ce  point  de  vue, 
comme  à  tous  les  autres  du  reste,  rien  n  indique  que  la  mer  corallienne 
ait  différé  de  la  mer  oxfordienne  qui  l'a  précédée,  et  de  la  mer  kim- 
méri<lgienne  qui  l'a  remplacée.  L'étage  corallien  n'est  donc  pas  un 
faciès  accidentel,  comme  on  le  répète  tous  les  jours  ;  c'est  un  étage 
constitué,  comme  tous  les  autres,  par  une  série  de  dépôts  stratifiés 
très-réguliers. 

Ceci  étant,  il  est  élémentaire  que,  si  l'on  supprime  le  Corallien 
comme  étage,  on  ne  peut  pas  supprimer  la  chose,  c'est-à-dire  qu'il 
faut  dans  ce  cas  allonger  TOxfordien  par  en  haut  ou  le  Kimmérid- 
gien  par  en  bas,  de  toute  la  quantité  qui  constitue  en  réalité  le  Coral- 
lien. 

Il  n'est  pas  douteuxque  ces  coraux,  ces  madrépores  en  petits  amas, 
qui  ont  frappé  tous  les  observateurs,  ne  sont  que  des  accidents  ; 
vouloir  ne  reconnaître  l'étage  corallien  que  là  où  se  développent  ces 
sortes  de  dépôts,  est  une  idée  tellement  naïve  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de 
s'y  arrêter.  Mais,  d'un  autre  côté,  prêter  cette  idée  à  des  géologues 
sérieux,  c'est  montrer  que  Ton  n'a  jamais  lu  leurs  travaux. 

Enfin,  il  est  bien  certain  que  les  couches  qui  constituent  l'étage 
corallien  (avec  coraux  et  madrépores)  des  pays  classiques  ont  pour 
contemporains  dans  d'autres  pays  des  sédiments  qui  ne  renferment 

8 


i 


tl4  DIEULAFAIT.   —  GORALIIEN.  *3  déc. 

aucun  dépôt  coralligèue.  Ce  n'est  donc  pas  à  l'aide  des  coraux,  puis- 
qu'ils n'y  existent  qu'à  Tétai  tout  à  fait  exceptionnel,  qu'on  pourra 
trouver  les  dépôts  contemporains  du  Corallien  classique,  mais  bien 
à  Taide  des  fossiles  que  renferment  en  abondance  les  dépôts  réguliers 
et  normaux  de  ce  même  Corallien.  Ce  résultat  sera  même  atteint  avec 
d'autant  plus  de  certitude  et  de  facilité,  que  ces  dépôts  réguliers  con- 
stituent la  masse  presque  complète  de  Tétage  là  même  où  ce  qu'on 
appelle  le  faciès  coralligène  est  le  plus  complètement  développé. 

Dans  tous  les  cas,  pour  justifier  ce  qui  précède  et  surtout  pour  bien 
fixer  les  idées,  je  vais  rappeler  ici  quelle  est  la  composition  de  Vêlage 
corallien  dans  Tune  des  régions  les  plus  typiques,  la  Haute-Marne,  au- 
jourd'hui si  bien  connue,  grâce  aux  travaux  de  MM.Tombeck,  Royer, 
Barotte  et  de  Loriol.  Je  cite  textuellement  M.  Tombeck  : 

» Dans   la  Haute-Marne,  le  Corallien    se   partage  en   trois 

>  grands  groupes,  dont  chacun  a  au  moins  60  mètres  de  puissance  : 
i  1^  Le  Corallien  supérieur  se  compose  du  calcaire  à  Aslarles  et  de 

0  Toolithe  de  LaMothe,  qui  lui  est  subordonnée.  Ces  deux  couches,  que 
»  quelques  géologues  rattachent  à  l'étage  kimméridgien,  représentent 
t  ce  que,  dans  le  bassin  de  Paris,  on  appelle  le  Séquanien. 

»  2^  Le  Corallien  moyen  est  constitué  par  ce  que  MM.  Royer  et  Ba- 
»  rotte  ont  nommé  depuis  longtemps  le  Corallieh  compacte,  immense 
»  massif  calcaire,  tantôt  marneux  ou  subcompacte,  tantôt  lithogra- 
»  phique,  partagé  aux  deux  tiers  de  sa  hauteur  par  un  lit  d*oolithe 

>  très-constant,  connu  sous  le  nom  d'oolithe  de  Saucourl.  Quelquefois 
p  la  partie  de  ce  calcaire  inférieure  à  l'oolithe  de  Saucourl,  à  Son- 
»  court  par  exemple,  afiecte  le  faciès  réciforme  et  grumeleux,  et  ne  se 
»  distingue  plus  guère,  que  par  sa  position  stratigraphique,  du  vrai 
»  Glypticien,  dont  la  position  normale  est  un  peu  plus  bas. 

«  3<»  Le  Corallien  inférieur  ou  Corallien  proprement  dit  est  extrô- 

»  mement  variable  dans  sa  constitution »  (oolithe  à  Diceras,  cal* 

caires  grumeleux,  calcaires  suboolithiques,  marnes  sans  fossiles, 
etc.)  (1). 

En^présence  de  cette  énumération  et  des  détails  contenus  dans  les 
nombreux  travaux  de  M.  Tombeck,  qui  pourrait  se  refuser  à  voir  dans 
le  Corallien  de  la  Haute-Marne  le  produit  d'une  mer  normale  et  même 
d'une  mer  à  très-longue  période,  puisque  les  nombreuses  variations 
de  faunes  et  de  dépôts  que  l'on  constate  aujourd'hui  dans  une  même 
coupe  verticale  n'ont  pu  se  produire  que  sous  l'influence  de  change- 
ments assez  profonds,  sur\'enus  à  diverses  reprises  dans  l'état  général 
de  celte  mer  ? 

{l)  Bull.,  3«  sér.,  t.  VI,  p    6. 


1877.  DIEULAFAIT.    —  GORALLIRN.  IIK 

Horizùn  de  Tiljaiiiioiiltea  teitullolMitH»*  —  Quand,  sur 
n'importe  quel  point  des  Alpes,  on  s' élève  au-dessus  de  la  zone  à 
A.  transversarius,  on  rencontre  invariablement  une  très-importante 
manifestation  vitale,  indiquée  par  un  grand  nombre  d*Ammonites  spé- 
ciales, parmi  lesquelles  VA.  tenuilohatus  a  été  prise  pour  caractéris- 
tique. Pendant  fort  longtemps  cette  faune  avait  été  totalement  inconnue 
dans  le  Jura,  et  comme,  d'un  autre  côté,  le  Corallien  classique,  tel 
qu'il  se  présente  dans  le  Jura,  était  inconnu  dans  les  Alpes,  on  avait 
supposéquelazone  à^.  tenuilohatus  de  ces  montagnes  était  un  faciès 
à  Céphalopodes  correspondant  à  un  faciès  sans  Céphalopodes,  et  cer- 
taines considérations  avaient  amené,  en  Suisse  et  en  Allemagne,  à  la 
placer  sur  l'horizon  du  calcaire  à  Astartesdu  Jura. 

En  1872  je  découvris  cette  zone  en  plein  Jura,  avec  toutes  ses 
espèces  caractéristiques  (1).  Je  Tavais  reconnue  alors  depuis  Trept 
(Isère)  jusqu'à  Nantua.  Dans  les  années  suivantes  je  la  poursuivis  au 
nord  et  je  la  retrouvai  toujours  avec  les  mêmes  caractères.  Je  me  suis 
arrêté  à  Champlitte  (Haute-Saône). 

Du  jour  oii  j'eus  découvert  en  plein  Jura  la  zone  à  A,  tenuilohatus, 
il  semblait  que  la  question  de  sa  position  dans  la  série  des  étages  était 
par  cela  même  résolue.  II  n'en  fut  rien  cependant,  pour  plusieurs  rai- 
sons que  je  vais  tout  d'abord  examiner. 

L'horizon  où  j'avais  constamment  rencontré  la  faune  de  XA.  tenui^ 
îohaUus  était  celui  des  calcaires  plus  ou  moins  marneux  et  lithographi- 
ques qui,  pour  tous  les  géologues  du  Jura,  servent  de  base  au  Coral- 
lien, et  qui  constituent  ce  qu'on  a  appelé  Phaladomyen  dans  le  Jura. 
Cette  découverte  contredisait  bien  des  idées  émises  en  France  et  au 
dehors  ;  cependant  personne  ne  la  contesta.  J'avais  eu  soin,  du  reste,  de 
déposer  dans  les  collections  de  la  Sorbonne  les  pièces  justificatives, 
avec  les  indications  suffisantes  pour  qu'il  fût  toujours  possible  de  les 
retrouver  sur  les  lieux.  Mais  la  question  prit  alors  une  face  nouvelle, 
ou  plutôt  elle  se  transforma  en  une  autre  qui  n'avait  plus,  pour  ainsi 
dire,  aucun  rapport  avec  la  première. 

Jusqu'à  mon  exploration  du  Jura  en  1872,  on  admettait  que  la  zone 
à  A.  tenuilohatus  était  sur  l'horizon  du  calcaire  à  Astartes  ;  je  mon- 

tl)  Celte  découverte  fut  annoncée  à  la  Société  géologique  par  M.  Hébert  dans  la 
séance  du  18  novembre  1872  (BulL,  3*  sér.,  1. 1,  p.  61).  Plus  tard  (Bull,,  3*  sér., 
i.  I,  p«  n2),  M.  Faisan  en  a  réclamé  l'honneur  et  a  prétendu  me  l'avoir  communiquée 
dans  une  rencontre  absolument  fortuite  au  lac  d'Armaille.  Je  ferai  simplement 
observer  que  les  faits  signalés  par  moi  avaient  été  observés  dans  la  région  qui 
s'étend  de  Saint-Rambert  à  Nantua,  à  plus  de  50  kilomètres  du  lac  d'Armaille, 
dans  des  localités  sur  lesquelles,  ni  avant  1872,  ni  depuis  lors,  M.  Faisan  n'a  écrit 
un  seul  mot. 


116  DIEULAFAIT.   — GORALLlEPf.  3  dëc. 

trai  qu'elle  était  séparée  de  cet  horizon  par  Vensemble  complexe 
dont  les  géologues  du  Jura  avaient  fait  de  tout  temps  Tétage  corallien, 
ensemble  dont  la  puissance  atteint  et  même  dépasse  parfois  200  mè- 
tres. Comme  il  s'agissait  ici  d'une  question  de  stratigraphie  pure,  les 
paléontologistes  qui  voulaient  placer  la  zone  à  A,  tenutlobatus  sur 
l'horizon  du  calcaire  à  Astartes  se  trouvèrent  fatalement  amenés  à  cette 
conséquence,  que  le  Corallien  du  Jura,  dans  les  régions  où  j'avais  dé- 
couvert la  zone  à  ^.  tenutlobatus,  n'était  psis  le  vrat  Corallien.  J'eus 
beau  représenter  que  les  faits  que  j'avançais  embrassaient  une  vaste 
étendue  du  Jura  classique,  que,  en  particulier,  la  localité  d'Oyonnax, 
oiid'Orbigny  a  pris  les  types  de  son  Corallien  de  l'Ain,  faisait  partie  de 
cette  région  ;  rien  n'y  fit  :  le  Corallien  du  Jura  méridional  et  du  Jura 
central,  même  celui  des  localités  prises  jusque-là  pour  types,  n'était  pas 
le  rrat  Corallien. 

Malgré  cette  opposition,  je  continuai,  dans  les  étés  des  années  sui- 
vantes, à  m'avancer  toujours  au  nord.  J'arrivai  ainsi  jusqu'à  Cham- 
plitte,  que  je  n'ai  pas  dépassé,  comme  je  l'ai  déjà  dit.  Partout  les 
résultats  furent  identiques  avec  ceux  que  j'avais  fait  connaître  dès 
1872;  ils  peuvent  se  formuler  delà  façon  suivante  : 

D'un  bout  à  l'autre  du  Jura,  depuis  Trept,  dans  le  Nord  de  l'Isère, 
jusqu'à  Charaplitte,  qui  confine  à  la  Haute-Marne,  la  zone  à  A.  tenui-- 
lobatus  existe  caractérisée  par  un  certain  nombre  de  ses  Céphalopodes 
les  plus  typiques  ;  partout  elle  est  inférieure  à  ce  que  les  géologues  du 
Jura  ont  appelé  Corallien,  en  y  comprenant  le  Glypticien  ;  partout 
elle  est  dans  la  partie  supérieure  de  la  division  nommée  Pholado- 
myen. 

Ces  résultats  acquis  pour  le  Jura  français,  je  devais  essayer  de  décou- 
vrir, par  l'étude  du  Jura  suisse,  à  quoi  tenaient  les  différences  pro- 
fondes qui  existaient  et  qui  existent  encore  entre  les  conclusions  des 
géologues  suisses  et  celles  d'un  certain  nombre  de  géologues  français, 
les  miennes  en  particulier. 

A  l'aide  des  belles  publications  de  la  Commission  de  la  Carte  géolo- 
gique de  la  Suisse^  j'ai  étudié  un  certain  nombre  de  localités  types 
depuis  la  frontière  de  France  jusqu'au  lac  de  Wallenstadt,  où  l'ou 
rentre  dans  les  Alpes.  De  tout  ce  travail  il  est  résulté  pour  moi  une 
idée  très-nette  de  l'état  des  choses  en  Suisse  et  des  causes  auxquelles 
il  faut  attribuer  le  désaccord  signalé  plus  haut.  Il  y  a  longtemps  que 
ce  résultat  général  est  atteint,  et  si  le  mémoire  actuel  n'est  pas  publié 
depuis  près  de  deux  ans,  cela  tient  à  une  difiiculté  que  je  ne  pouvais 
résoudre  par  moi-même,  mais  qui  à  elle  seule  suffisait  pour  m'arréter. 
Cette  difficulté  résultait  de  la  succession  et  des  attributions  admises 
par  M.  Tombeck  pour  la  Haute-Marne  dans  les  horizons  en  question. 


1877.  DIEULAFAIT.   —  CORALLlËiN.  117 

Dans  cette  région,  en  effet,  la  zone  à  A,  tenuilobatus  était,  non  sous 
les  calcaires  à  Dieeras,  comme  je  l'avais  vu  partout,  mais  sur  ces 
mêmes  calcaires.  Remarquons  bien  que  H.  Tombeck  n'a  jamais  mis  ce 
qu'il  considérait  comme  le  représentant  de  la  zone  à  Ammonites  tenui- 
iobatussar  Thorizon  de  l'Astartien,  bien  qu'on  lui  ait  souvent  attribué 
cette  opinion.  Mais  la  difficulté  ainsi  réduite  n'en  restait  pas  moins 
pour  moi  très-considérable,  et  telle  qu'il  m'était  tout  à  fait  impossible 
de  passer  outre. 

Quand  j'ens  étudié  rArgovie,la  fameuse  localité  d'Oberbuchsiten  en 
particulier,  et  qu'il  fut  bien  établi  pour  moi  que  la  zone  à  Céphalo- 
podes d'Oberbuchsiten  n'était  pas  la  zone  à  A.  tenuilobatus  du  Jura  et 
des  Alpes,  qu'elle  était  plus  récente  (1),  les  difficultés  de  la  coupe  de 
la  Haute-Marne  disparuœnt  immédiatement.  La  faune  que  M.  Tombeck 
plaçait  dans  la  Haute-Marne  sur  Thorizon  de  celle  d'Oberbuchsiten, 
pouvait  bien  en  effet  être  du  même  âge  ;  mais  ni  Tune  ni  l'autre  ne 
correspondaient  à  la  zone  à  A.  tenuilobatus  des  Alpes,  ni  même  à 
l'horizon  principal  de  celle  de  Baden  à  Baden  même. 

Dès  ce  moment,  je  n'hésitai  pas  à  dire  à  H.  Tombeck  qu'il  devait 
abandonner  complètement  sa  zone  à  A.  tenuilobatus  supérieure  au 
calcaire  à  Dieeras,  et  chercher  celle  du  Jura  et  des  Alpes,  c'est-à-dire 
la  véritable  zone,  au-dessous  de  tous  ses  coralliens,  quelque  fût  du 
reste  leur  état  pétrographique,  dans  sa  zone  oxfordienne  à  Belemmtes 
Royeri.  Ce  résultat  est  aujourd'hui  complètement  atteint,  comme  le 
montre  la  note  si  importante  présentée  il  y  a  un  mois  (2)  par  M.  Tom* 
beck.  Je  m'empresse  d'ajouter  que  si,  guidé  par  la  logique  des  faits 
observés  en  Argovie,  j'ai  pu  annoncer  à  mon  savant  ami  qu'il  trouve- 
rait là  zone  à  Ammonites  tenuilobatus  dans  sa  zone  oxfordienne  à 
Belemnites  Royeri,je  n'ai  pas  la  moindre  part  à  cette  découverte. 

La  note  de  M.  Tombeck  appelle  cependant  quelques  observations. 

lo  Entraîné  par  une  logique  qui  me  semble  très-naturelle,  eu  égard 
aux  faits  paléontologiques  observés  jusqu'ici  dans  la  Haute-Marne, 
M.  Tombeck  rattache  la  véritable  zone  à  Ammonites  tenuilobatus 
(zone  à  Belemnites  Royeri)  à  son  ancienne  zone  à  Céphalopodes  (à 
Ammonites  bimammattts) ,  placée  à  la  base  dé  son  Corallien  compacte, 
et  fait  ainsi  rentrer  dans  le  Corallien  la  zone  à  Belemnites  Royeri.  Au 
point  de  vue  paléontologiquele  raisonnement  semble  assez  juste  ;  mais 
au  point  de  vue  stratigraphique  c'est  tout  autre  chose.  Ces  deux  hori- 
zons sont  en  effet  séparés  par  plus  de  cent  mètres  de  dépôts  divers  et 
d'ailleurs   très-réguliers.  Or,  quand  même  on  démontrerait  qu'au 

(1)  Cette  question  sera  étudiée  dans  un  prochain  mémoire. 
(2j  Bull,  3-  sér.,  t.  VI,  p.  6. 


118  DIEULAFAIT.   —  CORALLIEN.  3  déc. 

point  de  vue  zoologique  les  deux  faunes  sont  constituées  par  des 
espèces  identiques,  cela  ne  fera  jamais  qu'elles  ne  soient  séparées  par 
une  énorme  distance  dans  l'ordre  des  temps. 

2^  M.  Tombeck  considère  comme  possible  que  la  zone  à  Ammonites 
tenuilobatus  des  Alpes  corresponde  à  la  fois  à  sa  zone  à  Belemnites 
Royeriy  à  son  ancienne  zone  à  Ammonites  tenuilobatus  et  à  tout  ce  qui 
est  compris  entre  elles  doux  par  conséquent;  il  pourrait  en  être  ainsi, 
soit  parce  que  dans  les  Alpes  il  n'y  aurait  pas  réellement  de  séparation 
possible  entre  les  différentes  parties,  soit  parce  que  les  choses  n'au- 
raient pas  été  étudiées  d'assez  près  par  les  géologues  de  cette  région.  Je 
puis  dès  aujourd'hui  vider  complètement  cette  question. 

La  zone  à  A.  tenuilobatus  dans  le  Jura  et  dans  les  Alpes  correspond 
exclusivement  à  la  zone  à  Belemnites  Royeri  de  M.  Tombeck  ;  je  puis 
être  parfaitement  explicite  sur  ce  point,  car  j'ai  dès  aujourd'hui  la  cer- 
titude de  pouvoir  retrouver  dans  les  Alpes,  au-dessus  de  la  zone  à 
Ammonites  tenuilobatus  dont  j'ai  toujours  parlé,  la  zone  correspond 
dant  à  la  zone  supérieure  de  la  Haute-Marne  :  c'est  ce  que  je  mon- 
trerai dans  un  prochain  mémoire. 

3^  Ma  dernière  observation  est  relative  à  un  point  qui  doit  être  soi- 
gneusement précisé.  Il  existe  dans  tout  le  Jura  une  faune  particulière 
où  dominent  surtout  les  Oursins  :  c'est  le  Glypticien  des  géologues  du 
Jura.  Peu  de  dénominations  ont  contribué  plus  que  celle-là  à  intro- 
duire la  confusion  dans  la  géologie  de  cette  région,  par  cette  raison, 
d'ailleurs  très-simple,  qu'il  existe  des  Glypticiens  au  moins  à  quatre 
niveaux.  Sans  entrer  dans  Tétude  de  la  position  de  tous  ces  Glypti- 
ciens, élude  qui  n'est  nullement  nécessaire  pour  le  travail  actuel,  je 
dirai  que  je  prends  pour  type  du  Glypticien  celui  de  M.  Tombeck' dans 
la  Haute-Marne,  et  cela  parce  que  ce  Glypticien  est  celui  de  Cham- 
plitte  et  que  celui  do  Champlitte  est  le  type  auquel  se  rapporte,  d'une 
manière  parfaite,  l'horizon  auquel  les  géologues  du  Jura  ont  appliqué 
la  dénomination  de  Glypticien.  Or  le  Glypticien  de  la  Haute-Marne 
avec  ses  Oursins  typiques  est  toujours  supérieur  à  la  zone  à  Ammo- 
nites tenuilobatus  :  il  en  est  exactement  de  même  d'un  bout  à  l'autre 
du  Jura. 

Zone  à  ilLiiinionites  bimamixiatus.  —  Oppel  a  placé  la 
zone  à  A.  bimammatus  entre  sa  zone  à  A,  trayisversarius  et  sa  zone  à 
A,  tenuilobatus.  C'est  dans  cette  posilionque  je  l'ai  toujours  retrouvée, 
non-seulement  dans  le  Jura,  mais  dans  les  Alpes.  Il  n'en  est  pas  de 
même  partout,  puisque  dans  la  Haule-Marne  elle  remonte,  d'après 
M.  Tombeck,  jusqu'à  la  base  du  Corallien  compacte  ou  Corallien 
moyen.  D'un  autre  côïé,  d'après  notre  savant  collègue,  VA,  bimam- 
matus se  trouverait  à  Maranville  exactement  au  niveau  assigné  par 


isn. 


DIBULAFAIT.   —  GOBaLUEN. 


119 


OppeU  au-dessouâ  de  la  zone  à  Belemnites  Royeri.  En  admettant  que 
rien  ne  vienne  modifier  l'état  de  choses  admis  par  H.  Tombeck,  ni  la 
détermination  de  YAmmomies  himamniattis  dans  la  Haute-Marne,  il 
faudi*a  noter  soigneusement  que  VA,  bimammatus,  au  point  de  vue  de 
la  géolo(fiepraiique,  est  une  espèce  aussi  mauvaise  que  possible,  et  à 
l'avenir  on  devra  ne  tenir  compte  de  ses  indications  que  dans  une 
meanre  loat  à  fait  générale.  Ou  doit  en  dire  autant,  et  pour  les  mômes 
raisons,  de  Vil.  Maranttanus. 

le  pnia  maintenant  établir  la  succession  des  dépôts  compris  entre 
les  deux  horizons  pris  pour  linûtes  (Ptérocérien  en  haut,  zone  à 
A.  trantversariua  en  bas).  J*emprunte  cette  succession  type  à  la 
Haute-Marne,  d'abord  parce  que,  grâce  aux  travaux  si  remarquables  de 
M.  Tombeck  et  de  ses  collaborateurs,  les  terrains  de  la  Haute-Marne, 
dans  les  étages  qui  nous  occupent,  sont  bien  mieux  connus  que  dans 
n'importe  quelle  autre  partie  du  Jura,  ensuite  parce  que,  pour  laisser 
toute  leur  valeur  à  mes  conclusions  définitives,  il  est  nécessaire  que 
mes  recherches  personnelles  n'interviennent  en  aucune  façon  dans 
la  constitution  de  ce  tableau  type  qui  va  me  servir  de  terme  de  com- 
paraison. 


Ptérocériea. 


6 


CL' 


6.  Calcaire  ^  Astartes. 


5.  Corallien  supérieur. 


4.  Corallien  moyen. 


3.  Ancienne  zone  à  Ammùnites  itnuiiobcUus  de  M.  Tombeck. 


S.  Corallien  inférieur. 


1.  Zone  à  A.  tenuilobatut  (à  BelemnUti  Royeri  de  M.  Tombeck). 
a.  Zone  à  Ammonites  BcLbeanus. 


6.  Zone  à  Ammonites  transversarius. 


II.  Étude  spéciale  du  Haut- Jura  (région  de  Saint^Claude) , 

* 

Dans  la  coupe  de  Montépilc,  près  Saint-Claude,  donnée  parËtallon, 


120  DIEULAFAIT.   —  CORALLIKN.  3  dëc. 

j'avais  parfaitement  reconnu^  comme  dans  le  reste  du  Jura,  la  zone  à 
Ammonites  tenuilohatus.  L'examen  détaillé  de  la  partie  inférieure  de 
cette  division  me  montra  un  faciès  assez  marneux,  avec  Gastéropodes 
(notamment  des  jP^^roc^esj  et  nombreux  bivalves  parmi  lesquels  les 
Astartes  ne  sont  pas  rares.  Je  commençai  alors  à  soupçonner  la  cause 
pour  laquelle,  dans  la  Suisse  orientale  et  ailleurs,  on  mettait  la  zone  à 
Ammonites  tenuilobatus  sur  l'horizon  du  Calcaire  à  Astartes  ;  mais  je  ne 
pouvais  formuler  cette  idée  avant  d'avoir  étudié  la  Suisse,  surtout  sa 
partie  orientale.  Aujourd'hui  cette  étude  est  faite  ;  en  outre,  un  tra- 
vail qui  simplifie  énormément  la  tâche  que  je  me  suis  imposée  a  été 
publié  par  M.  P.  Choffat  (1). 

M.  Choffat  a  étudié  les  environs  de  Saint-Claude,  et  il  reconnaît  que 
la  zone  à  Ammonites  tenuilobatm  existe  parfaitement  caractérisée  là 
où  je  l'avais  reconnue  moi-même.  J'ai  donc  dans  cet  horizon  une  base 
parfaitement  nette,  que  je  puis  prendre  pour  plan  de  repère  ;  mais,  ce 
qui  est  plus  important  encore,  notre  savant  collègue  trouve  là  ce  qu'il 
considère  comme  le  pendant  de  Wangen,  c'est-à-dire  les  Céphalopodes 
de  la  zone  à  Ammonites  tenuilobatus  mélangés  avec  les  fossiles  caracté- 
ristiques de  VA  star  tien  du  Jura  bernois. 

Coupe  de  Montépile.  —  Cette  coupe,  donnée  d'abord  par  Ëtallon,  Ta 
été  de  nouveau  par  M.  Choffat  ;  je  l'ai  relevée  moi-même  couche  par 
couche.  Le  tableau  ci-contre  (p.  121)  reproduit  les  coupes  d'Ëtaiion  et 
de  M.  Choffat,  construites  à  l'échelle. 

Comparaison  des  coupes.  —  L'épaisseur  totale  est  de  365  mètres 
pour  Ëtallon,  de  317'"5  pour  H.  Choffat.  Une  première  détermination 
faite  en  partant  du  sommet  des  calcaires  coralliens  m'a  donné356 mè- 
tres ;  une  deuxième  exécutée  en  sens  contraire  m'en  a  donné  372.  Le 
chiffre  de  M.Choffat  doit  donc  être  un  peu  trop  faible.  Je  ne  me  serais 
pas  du  reste  arrêté  sur  ce  point,  si  je  n'avais  une  raison  spéciale,  comme 
on  le  verra  dans  un  instant. 

La  division  supérieure  a  ST'^S  dans  la  coupe  de  M.  Choffat,  58  dans 
celle  d'Ëtaiion  ;  il  y  a  donc  identité  entre  le  n®9  d'Étallon  et  le  n»  7  de 
H.  Choffat. 

Sous  la  division  7  de  M.  Choffat  vient  sa  division  6,  dont  l'épais- 
seur est  de  34  mètres  ;  elle  correspond  à  la  division  7  d'Ëtaiion,  épaisse 
de  37  mètres.  Mais  entre  les  divisions  7  et  9  d'Ëtaiion,  il  existe  un 
ensemble  de  bancs  dolomitiques  parfaitement  stratifiés,  puissant  de 
15  mètres,  qui  ne  figure  pas  sur  la  coupe  de  M.  Choffat.  D'un  autre 
côté,  ce  dernier  auteur  appelle  couches  de   Valfin  ses  divisions  7  et  6 

(1)  Bull.  Soc.  géoL,  3*  sér.,  t.  m,  p.  764;  1875. 


1877. 


OIBDLAFAIT.  —  CORALLIBN. 


121 


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Coupe  de  Montépile. 
(Choffàt.)  (Étallon.) 


I 


7>  Calcaire  blano,  à  Nérinôes,  Di- 
eeras,  etc.,  crayeux  vers  la 
base,  plus  compacte  à  la  par- 
tie supérieure 57*5 

Division  non  signalée  par  M.  Chof- 
fàt  

6.  Calcaire  compacte,  devenant 
de  pins  en  plus  blanc,  sub- 
cristallin  84* 

5.  Calcaire  compacte,  bleu  inté- 
rieurement, gris  par  altéra- 
tion  58" 


4.  Marnes  grises,  feuilletées.  45* 
Mélange  de  la  faune  des  cou- 
ches de  Baden  et  de  celles  de 
l'Astartien  du  Jura  bernois. 

Zone  de  ÏÀmmonitei 


3.  Calcaire  compacte,  bleuâtre, 
avec  quelques  bancs  mar- 
neux     122* 


2..  Couches  à  Hemicidarig  ereniir 
laris 1" 

1.  Marnes  feuilletées  et  cal- 
caires marneux 30* 


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8 


7 


^ 


9.  Calcaires  semblables  à  ceux 
de  8,  mais  en  bancs  de  S  à  8 
mètres  et  alternant;  inférieu- 
rement  couches  à  Dieèret.   68F 


8.  Calcaires  compactes,  gris  (do- 
lomies) 15* 

7.  Dicératien  :     calcaire    blanc 
compacte 37" 


6.  Calcaires  semblables  à  ceux 
de  4  ;  nombreux  fossiles  :  Our- 
sins, Gastéropodes,  Bivalves, 
etc 92» 


5.  Marne  calcaire. 


4.  Calcaires  gris  defiimée;  Ammo- 
nites, Arches,  Astartes.  .    35" 

tenuilobatw. 


3.  Couches  semblables  à  celles 
de  2 83» 


2.  Calcaires  gris  de  fumée  .    89* 

1.  Calcaires  compactes;  CidarU 
Blumenbachi 2* 


m  mEULAFAIT.  —  CORALLIEN.  3  dëc. 

(et  nécessairement  le  n^  8  d'Étallon,  qui  est  compris  entre  les  deux)  ; 
je  ne  crois  pas  ce  parallélisme  exact.  Dans  tous  les  cas  c  est  un  point 
à  démontrer. 

En  continuant  à  descendre,  on  trouve  la  division  5  de  H.  Cboffat, 
épaisse  de  S8  mètres  et  dans  laquelle  aucun  fossile  n'est  signalé. 

Au-dessous  vient  la  division  4,  la  plus  importante  de  toutes;  c'est 
elle  en  effet,  d'après  M.  Choffat,  qui  renferme  un  mélange  de  la  faune 
des  couches  de  Baden  et  de  celle  de  VAstartien  du  Jura  bernois.  Elle  a 
une  épaisseur  de  45  mètres.  Pour  M.  Choffat,  ces  deux  couches  5  et  4^ 
dont  l'ensemble  mesure  103  mètres,  ne  sont  autre  chose  que  TAstartien 
ou  couches  de  Baden  de  M.  Mœsch.  Mais  que  trouve-t-on  en  Argovie  à 
mettre  en  parallèle  avec  ces  103  mètres  ?  La  coupe  type  de  M.  Mœsch, 
la  seule  dans  laquelle  ce  savant  ait  indiqué  les  épaisseurs,  est  la  célèbre 
coupe  d'Oberbuchsiten  (1).  Or  dans  cette  coupe,  les  Badenerschichtenr 
c'est-à-dire  l'ensemble  qui  pour  M.  Mœsch  représente  l'Astartien  et 
la  zone  à  Ammonites  tenuilobatus,  ont  une  épaisseur  totale  de  six 
mètres.  Ainsi,  6  mètres  d'un  côté,  103  mètres  de  l'autre,  voilà  pour  le 
cdté  stratigraphique.  Si  M.  Choffat  avait  montré  que  les  espèces  de  la 
zone  à  A.  tenuilobatus  se  prolongeaient  dans  toute  l'épaisseur  de  ces 
103  mètres  à  Montépile,  on  concevrait  le  parallélisme  avec  l'Argovie  ; 
mais  il  n'en  est  rien.  M.  Choffat  signale,  sans  citer  aucun  fossile,  les 
58  mètres  qui  constituent  son  Astartien  supérieur,  et  se  contente  pour 
les  45  mètres  inférieurs  de  la  mention  :  mélange  de  la  faune  de  Baden 
et  de  celle  de  VAstartien. 

Ce  n'est  pas  cependant  que  les  horizons  fossilifères  manquent  à 
Montépile  ;  j'en  citerai  seulement  deux,  parce  que  leur  connaissance 
suffira  à  la  marche  démon  travail. 

Le  premier  est  surtout  développé  dans  la  partie  supérieure  de  la 
division  4  de  M.  Choffat.  Il  y  a  là  un  grand  nombre  de  bivalves,  de  gas- 
téropodes, d'oursins,  etc.  Cet  horizon  avait  été  parfaitement  vu  et 
signalé  par  Ëtallon  ;  il  occupe  la  partie  basse  de  sa  division  6.  Dési- 
gnons-le provisoirement  par  la  lettre  A. 

Plus  haut,  mais  dans  la  division  5  de  M.  Choffat,  on  rencontre  un 
second  horizon  fossilifère,  qui  renferme  des  Ammonites.  Désignons-le 
par  B.  Nous  sommes  ici  encore  à  plus  de  150  mètres  au-dessous  de  la 
série  corallienne  de  Montépile,  quel  que  soit  l'âge  qui  lui  sera  déûniti- 
vement  attribué. 

Voyons  maintenant  comment  est  recouvert  le  système  coralligène 
supérieur  (n»  9  d'Étallon,  n°  7  de  M.  Choffat)  aux  environs  de  Saint- 
Claude.  Ëtallon  va  nous  l'apprendre. 

(1)  Dcr  Àargauer-Jura,  p.  207. 


1877.  DIEULAFAIT.   —  CORALLIEN.  123 

«  Immédiatement  au-dessus  du  Dicératien  se  trouvent  des  calcaires 
»  qui  ont  le  même  aspect  que  ceux  des  autres  assises  portlandien- 
»  nes(l);  puis  une  couche  d'une  épaisseur  moyenne  de  1  mètre, 
»  marneuse,  qui  se  lie  du  reste  avec  les  calcaires  entre  lesquels  elle  est 
»  insérée  ;  cette  zone  est  facilement  reconnaissable  par  ses  fossiles  et 

>  son  aspect  ;  aussi  il  serait  à  désirer  qu'elle  se  montr&t  plus  souvent  ; 

>  elle  n'existe  qu'au  pourtour  du  terrain  auquel  j'ai  restreint  mes 
i  courses;  à  Saint-Claude,  les  calcaires  sont  aussi  développés  qu'ailleurs, 
f  mais  la  couche  marneuse  n'est  plus  représentée  que  par  un  lit  d'un 
•  à  deux  décimètres  de  calcaire  floconneux,  dont  les  parties  s'arron- 
»  dissent  même  et  deviennent  noirâtresà  la  surface  ;  cette  petitecouche 
»  est  difficile  à  distinguer. 

>  La  zone  marneuse  est  assez  riche  en  fossiles 

»  Excepté  le  Pterocera  Oceani^  les  autres  Gastéropodes  sont  rares; 
»  les  Zoophytes  également  ;  je  n'en  ai  trouvé  qu'au  Moulin-Jean  entre 
»  Chaux-des-Prés  et  Prénovel  ;  là  aussi  se  constate  la  superposition 
»  du  Ptérocérien  au  Dicératien  ;  elle  est  plus  visible  encore  entre  Cro* 
t  zets  et  Ravilloles;  j'ai  retrouvé  la  même  couche  avec  des  fossiles 
»  identiques  entre  Morey  et  Saint-Laurent,  à  Moirans,  à  Yiry,  dans  la 
»  forêt  du  Fresnois,  etc.  (2).  » 

Cette  citation  d'Ëtallon  suffit  pour  bien  établir  que  les  calcaires  co- 
ralligènesdu  Haut-Jura,  et  en  particulier  ceux  des  environs  de  Saint- 
Claude,  sont  toujours  inférieurs  aux  calcaires  et  aux  marnes  qui  ren- 
ferment la  faune  du  Ptérocérien  classique.  Mais  si,  accidentellement  et 
sur  des  points  tout  à  fait  restreints,  cette  faune  se  trouve  plus  ou  moins 
réduite,  on  n'est  nullement  en  droit  d'en  conclure,  comme  Ta  fait 
M.  Choffat,  que  la  partie  supérieure  du  massif  coralligène  correspond 
au  Ptérocérien  (3).  Du  reste,  la  coupe  de  Ravilloles  aux  Crozets,  parfai- 

(1)  Ëtallon  appelait  Porf/andten  tout  le  Jurassique  supérieur  à  partir  du  Ptérocé- 
rien inclusivement. 

(2)  Esquisse  d'une  Description  géologique  du  Haut-Jura,  p.  59  et  60;  1857. 

(3)  Comme  on  admettra  pendant  longtemps  encore  des  récifs  dans  le  Jura,  et  que 
le  mode  de  raisonnement  employé  par  M.  Choffat  l'a  été  souvent  et  par  bien  des  géo- 
logues (c'est  surtout  sur  lui  qu'on  s'est  appuyé  pour  demander  la  suppression  de 
l'étage  corallien),  il  me  semble  utile  d'élucider  ce  point  uoe  fois  pour  toutes. 

Pour  qu'un  récif  coralligène  se  produise,  il  faut  un  ensemble  de  conditions  bien 
connues,  sur  lesquelles  je  n'ai  pas  dès  lors  à  m'étendre  ici.  Par  contre,  pour  qu'un 
pareil  récif  prenne  tin,  il  est  nécessaire  que  les  conditions  qui  lui  permettaient  de 
se  développer  cessent  d'exister.  Sans  nous  préoccuper  de  ces  conditions,  nous  nous 
trouvons,  au  moment  où  le  récif  s'arrête,  en  présence  d'une  éminence  dont  la  partie 
la  plus  élevée  (un  plateau  plus  ou  moins  étendu)  domine  d'une  hauteur  plus  ou  moins 
considérable  le  fond  de  la  mer  qui  l'entoure.  Ceci  étant,  il  est  de  la  dernière  évi- 
dence qu'il  s'écoulera  un  temps  plus  ou  moins  long  avant  que  les  sédiments  nor- 
maux se  soient  accumulés  en  quantité  suffisante  pour  atteindre  le  sommet  du  récif. 


124  DIEULAFAIT.  —  CORALLIEN.  3  déc. 

tement  signalée  par  Ëtallon,  comme  on  vient  de  le  voir,  et  étudiée  par 
M.  Choffat^  montre  que  le  Ptérocérien  le  mieux  caractérisé  est,  dans  la 
région  de  Saint-Claude  même,  bien  mieux  développé  que  ne  le  laisse- 
rait supposer  la  citation  d'Ëtallon  rapportée  plus  haut. 

La  subordination  des  calcaires  coralligènes  au  Ptérocérien  est  un 
fait  sur  lequel  je  suis  bien  fixé  depuis  1874  pour  le  Jura,  de  Champlitte 
à  Trept  (Isère),  et  mes  explorations  dans  les  années  suivantes  ne  m'ont 
pas  montré  la  moindre  modification  à  apporter  à  cette  opinion. 

Je  vais  maintenant  examiner  la  seconde  coupe  donnée  par  M.  Chof- 
fat,  celle  de  Ravilloles  aux  Crozets  (1). 

Cette  coupe  présente,  sur  une  épaisseur  de  6  mètres,  une  faune  très- 
abondante,  que  M.  Choffat  a  fait  connaître  et  qui  est,  pour  notre  con- 
frère, la  faune  du  Ptérocérien  classique  ;  je  suis  complètement  de  son 
avis. 

Au-dessous  de  la  zone  précédente  viennent  des  calcaires  compactes 
et  des  calcaires  oolithiques  blancs,  épais  de  IS'^SO,  que  M.  Choffat 
appelle  couches  de  Valfin  et  qui  correspondent,  pour  lui,  aux  9i°*50 
désignés  par  la  même  dénomination  à  Montépile. 

Sous  ces  i  S'^SO  on  trouve  un  ensemble  de  calcaires  compactes  blancs, 
de  calcaires  feuilletés  et  de  dolomies,  mesurant  en  tout  i6<°50,  qui, 
pour  M.  Choffat,  correspond  aux  103  mètres  d'Astartien  de  Mon- 
tépile. 

Ainsi,  à  Ravilloles  les  deux  divisions  os^ar^t^n  et  couches  de  Valfin 
n'ont  qu'une  épaisseur  totale  de  30^30,  tandis  qu'elles  atteignent 
194'"50  à  Montépile.  La  différence  dans  la  puissance  est  tellement 
énorme  que  M.  Choffat,  pour  justifier  le  parallélisme  qu  il  voulait  éta- 
blir, devait  apporter  des  preuves  tout  à  fait  concluantes.  Au  lieu  de 
cela,  notre  savant  confrère  se  contente  d'écrire  :  «  Nous  ne  trouvons 

Si,  d'un  autre  côté,  comme  cela  a  dû  gôoéralemeot  être  le  cas,  la  vie  s'est  arrêtée 
par  envasement  ou  exhaussement  du  récif,  sa  surface  dominera  les  eaux  ou  sera 
constamment  balayée  par  les  vagues.  Ceci  étant,  quand  les  profondeurs  qui  entou- 
raient le  récif  seront  comblées,  que  la  partie  supérieure  du  récif  sera  de  niveau  avec 
les  dépôts  sédimentaires^  qu'elle  pourra  recevoir  des  dépôts  normaux,  il  y  aura  né- 
cessairement, entre  la  base  de  ces  dépôts  et  la  partie  supérieure  du  récif,  une 
lacune  correspondant  à  toute  la  période  comprise  entre  l'instant  oh  la  vie  l'a  aban- 
donné et  celui  où  il  a  commencée  recevoir  de  nouveaux  dépôts.  De  là  ces  àQM% 
conséquences  : 

V  Une  zone  quelconque  d'un  dépôt  réciforme  est  toujours  plus  ancienne  que 
les  couches  sédimentaires  régulières  qui  se  trouvent  sur  son  prolongement  hori- 
zontal . 

S*  Quand  la  vie  a  abandonné  le  récif  et  que  ce  récif  est  recouvert,  il  y  a  presque 
toujours  une  lacune  entre  la  partie  supérieure  du  récif  et  la  base  des  sédiments 
ordinaires  qui  le  recouvrent. 

(1)  Op.  cit.,  p.  771. 


1877.  DIECJLAFAIT.   —  CORALLIEN.  12S 

»  plus  ici  ni  la  faune  astartienne  ni  la  faune  de  Baden»  et  ce  n'est  que 
»  par  la  position  stratigraphique  et  par  les  caractères  pëtrographiques 
»  que  nous  pouvons  reconnaître  les  couches  qui  séparent  le  Corallien 
»  proprement  dit  de  celui  de  Yalfin  (1).  » 

,  Quand  on  a  étudié  avec  soin  et  en  détail,  comme  je  l'ai  fait,  les  hori* 
zonsqui  nous  occupent,  dansleHautJura,  quand  on  a  constaté,  comme 
je  l'ai  fait  aussi,  la  puissante  manifestation  vitale  de  la  zone  à  Ammo^ 
nites  tenuilobatus  et  son  caractère  de  continuité  dans  lesenshorizontal, 
il  est  très-difficile  de  concevoir  comment  elle  pourrait  disparaître  com- 
plètement à  Ravilloles,  à  une  dizaine  de  kilomètres  de  Saint*Claude. 
Je  l'ai  cherchée  dans  la  coupe  de  M.  Choffat  et  je  n'ai  pas  eu  de  peine 
à  la  trouver.  Elle  y  est,  sinon  aussi  riche,  au  moins  tout  aussi  bien  carac- 
térisée qu'à  Montépile  ;  seulement  elle  est  au-dessous  de  la  division  4 
de  M.  Choffat,  de  son  Corallien  proprement  dit.  Elle  est  donc  à 
Ravilloles  dans  la  position  où  elle  se  montredans  tout  le  Jura,  au-des- 
sous de  tous  les  coralliens,  quelle  que  soit  leur  composition,  M.  Choffat, 
dans  son  assimilation,  est  certainement  sorti  de  la  rigueur  scientifique, 
puisqu'il  ne  cite  aucun  fossile  à  l'appui  de  sa  manière  de  voir,  et  que, 
bien  qu*il  en  dise,  la  stratigraphie  proteste  également  contre  elle* 
Mais  il  est  bien  facile  de  comprendre  la  cause  de  son  erreur  ;  elle 
tient  à  ce  que  le  système  est  bien  plus  marneux  à  Ravilloles  qu'à 
Montépile,  et  à  ce  que  par  suite  Y  A,  teyiuilobatus  ne  se  trouve  plus  en 
plein  calcaire.  La  même  raison  fait  commettre  une  autre  erreur  à 
M.  Choffat,  par  l'assimilation  de  ce  qu*il  appelle  couches  à  Hemidda^ 
ris  crenularis  à  Ravilloles,  avec  ce  qu'il  a  désigné  du  même  nom  à 
Montépile.  Je  reviendrai  plus  loin  sur  ce  sujet. 

Que  représentent  à  Ravilloles  les  couches  de  Valfln  et  YAstartien 
de  M.  Choffat  ? 

Pour  moi,  les  couches  de  Valfln  (n®«  ii-8)  correspondent  à  la  base 
de  la  division  7  de  M.  Choffat  et  à  la  division  8  d'Ëtallon  à  Montépile. 
UAstartien  n'est  pas  autre  chose  que  la  division  dolomitique  d'Étal- 
Ion,  8,  qui  ne  figure  pas  dans  la  coupe  de  Montépile  de  M.  Choffat. 
Enfin  la  partie  supérieure  du  Corallien  proprement  dit  de  M.  Choffat 
à  Ravilloles  est  le  Dicératien  type  d'Ëtalion  à  Montépile. 

Revenons  maintenant  à  la  coupe  de  Montépile  et  reprenons-la,  en 
descendant,  à  partir  de  la  zone  à  Ammonites  tenuilobatus. 

Dans  la  coupe  d'Étallon,  nous  trouvons  deux  divisions,  3  et  4,  dont 
les  épaisseurs  réunies  mesurent  122  mètres  ;  dans  celle  de  M.  Choffat, 
nous  voyons  au-dessous  de  la  zone  à  A,  tenuilobatus  une  division,  3, 
épaisse  de  122  mètres.  Il  y  a  donc  ici  identité  entre  les  deux  coupes. 

(1)  Op.  cit.,  p.  772. 


126  DIEUUFAIT.   —  GOBALLIEN.  3  dëc. 

A  la  base)  dans  les  deux  coupes,  vient  une  zone  épaisse  d'un  ou  deux 
mètres,  que  M.  Cboffat  appelle  zone  à  Hemicidaris  crenularis,  qu'Ëtal- 
lon  dénomme  zone  à  Cidaris  Blumenbachi.  Ici  il  est  nécessaire  de  nous 
arrêter  et  d'examiner  une  question  qui  me  semble  de  la  plus  haute 
importance. 

H.  Cboffat  place  ce  qu'il  appelle  zone  à  Hemicidaris  crenularis  au 
point  môme  obÉtallon  signale  le  Cidaris  Blumenbachi;  il  n'y  a  pas  le 
moindre  doute  à  avoir  à  ce  sujet.  Mais  H.  Cboffat  n'a  trouvé  dans  cette 
couche  aucune  espèce  du  niveau  de  Y  Hemicidaris  crenularis  ;  je  n'ai 
pas  été  plus  beureux.  Il  est  certain,  d'un  autre  côté,  que  les  bancs  dont 
il  est  ici  question  ne  représentent  pas,  comme  aspect»  l'horizon  glyp- 
ticien  du  Jura  ;  ce  n'est  même  pas  un  faciès  à  Oursins.  En6n  Êtallon 
n'a  cité  à  ce  niveau  que  quatre  fossiles  :  Rhynchonella  inconstans, 
d'Orb.,  Terebratula  vicinalis^  Ziet.,  T.  insignis,  Schloth.,  et  Cidaris 
Blumenbachi.  Or  ces  quatre  espèces  sont  signalées  pard'Orbigny,  non- 
seulement  dans  le  Corallien,  mais  aussi  dans  l'Oxfordien  ;  de  plus, 
les  trois  premières,  que  j'ai  rencontrées  très-communes  dans  les  envi- 
rons de  Nantua,  y  sont  dans  des  bancs  qui  dépendent  de  la  zone  à 
Ammonites  transversarius. 

Il  n'est  donc  pas  douteux  que,  pour  une  cause  ou  une  autre,  il  y  a 
là  erreur  d'assimilation  de  la  part  d'Ëtallon  :  la  couche  à  Terebratula 
insignis  de  Montépile  n'est  pas,  à  coup  sûr,  le  Glypticien  d'Ëtallon.  Du 
reste,  c'est  M.  Cboffat,  et  non  Étallon,  qui  appelle  à  Montépile  cette 
couche  zone  à  Hemicidaris  crenularis.  Si  on  veut  trouver  à  Montépile  le 
Glypticien  d'Ëtallon,  celui  de  Champlitte  et  de  la  Haute-Marne,  il 
faut  aller  le  chercher  à  163  mètres  au-dessus  de  la  zone  à  H.  crenu- 
laris de  M.  Cboffat,  à  la  base  de  la  division  6  d'Ëtallon,  où  du  reste 
ce  dernier  auteur  signale  parfaitement  la  présence  d'Oursins.  C'est  la 
faune  A  de  ma  coupe  de  Montépile. 

Suivons  maintenant  la  coupe  du  Pontet  à  Crêt-Dessus  donnée  par 
Ëtallon  (1). 

Au  Pontet  le  Callovien  est  mince,  mais  bien  caractérisé  par  sa 
faune  (Ammonites  macrocepJialus,  etc.).  Les  marnes  oxfordiennes  à 
A.cordatus  font  défaut  et  presque  au  contact  du  Callovien  on  voit 
apparaître  le  calcaire  à  Scyphies  inférieur,  qui,  dans  sa  partie  haute, 
montre  la  faune  parfaitement  caractérisée  de  1'^.  transversarius  et  en 
particulier  cette  dernière  espèce  elle-même;  l'épaisseur  de  cette  divi- 
sion est  de  19  mètres. 

Au-dessus  vient  YArgovien  d'Ëtallon,  auquel  il  donne  ici  une 
épaisseur  de  212  mètres.  Voici  comment  Étallon  caractérise  cet  étage  : 

(1)  Op.  cit..  p.  37. 


1877.  DIKULAFAIT.   —  CORALUEN.  127 

Infërieuremeni  et  sopérieurement  une  immense  quantité  d'^lmmo- 
nitespUaUiUs  marneux,  aplatis;  vers  la  base  une  zone  de  Fucoîdes 
calcaires,  de  petits  A.  compîanattcs.  Rein,  (non  d'Orbigny),  de 
marnes  percées  de  trous  semblables  à  ceux  que  laissent  sur  nos 
côtes  (baiedeCancale)  le  Gammarum  puîlex  et  les  petites  Annélides* 

Vers  le  milieu  il  n'y  a  plus  de  traces  d'animalisation Mais  c'est 

vers  les  calcaires  supérieurs  que  les  fossiles  se  trouvent  en  plus  grand 
nombre;  là  abondent  quelquefois  les  Collyrites,  les  Dyscuter,  les 
Ammonites,  les  Panopées,  les  Phoîadomyes  sans  test  (Crét-Dessus, 
Prénovel),  les  Terebratula  insignis  formant  lumachelle  par  places 
(Trébayard^Prénovel,  Yiry)  ;  puis,  suivant  les  localités,  les  couches 
k  Astaries,  Ammonites,  Firmes,  Phoîadomyes,  Mactromyes,k  gtB,ïides 
Pemes  /dépôt  vaseux  et  tranquille. 

»  Au  contact  du  Corallien,  près  des  failles,  les  calcaires  supérieurs 
sont  plissés,  contournés,  feuilletés  (Yaucluse),  ou  se  sont  inclinés 
plus  ou  moins  avec  les  couches  qui  les  recouvrent  (La  Cueille, 
Crét-DessQs,  Villars).  Ce  groupe  est  le  plus  répandu  ;  il  existe  presque 
toujours  seul  au  pied  des  escarpements  coralliens;  il  forme  le  fond 
du  cirque  de  Yaucluse,  une  partie  de  la  Combe  de  Tressus,  pcàsse 
(M>iis  la  eascade  de  Plnmen  et  se  continue  vers  les  Bou* 
choux  (1).  » 

J*ai  relevé  la  coupe  du  Pontet  à  Crét-Dessus,  et  j'ai  constaté  la 
rigoureuse  exactitude  de  la  description  d'Ëtallon  ;  j'ai  étudié  en  parti- 
culier la  base  des  escarpements  calcaires  formant  corniche,  et  j'ai 
retrouvé  les  fossiles,  notamment  les  Ammonites,  signalés  par  Étallon  ; 
seulement  je  m'empresse  d'ajouter  que  cet  horizon  est  parfaitement 
celai  de  1'^.  tenuilobatus.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  curieux,  c'est  qu'Ëtallon 
dit,  de  la  manière  la  plus  explicite,  que  cet  horizon,  qui  à  Crét-Dessus 
constitue  son  Argovien  supérieur,  passe  sous  la  cascade  de 
Flameii.  Or  cette  zone  à  Ammonites  qui  passe  sous  la 
cascade  de  Plumen,  c'est  exactement  la  division  4  de  sa  coupe 
de  Montépile,  la  zone  à  A,  tenuilobatus^  comme  je  l'ai  montré  précé- 
demment. D'où  vient  qu'Ëtallon  place  ainsi  le  môme  horizon  (qu'il 
reconnaît  identique  lui-même)  ici  (Crét-Dessus)  au-dessous  de  son  Co- 
rallien, là  dans  les  parties  déjà  élevées  de  ce  même  Corallien  ?  L'expli- 
cation n'est  pas,  je  crois,  difiBcile  à  trouver. 

D'un  bout  à  l'autre  du  Jura  et  dans  la  plus  grande  partie  des  Alpes, 
il  y  a  un  fait  stratigraphique  qui  a  frappé  tous  les  observateurs  et  par 
lequel,  sciemment  ou  non,  ils  ont  été  constamment  guidés.  C'est  l'exis- 
tence presque  constante  de  ce  grand  horizon  calcaire  qui  couronne  les 

D  Op.  cit.,  p.  31  et  32. 


128  DIEULAFAIT.  —  CORALLIEN.  3  déc. 

marnes  oxfordiennes  et  forme  la  base  de  ces  corniches  dont  l'immense 
développement  constitue  le  caractère  le  plus  saillant  de  l'orographie 
du  Jura  et  des  Alpes.  Or  c'est  dans  la  partie  inférieure  de  ces  cal- 
caires qu'on  retrouve,  aussi  bien  dans  le  Jura  que  dans  les  Alpes,  toute 
la  faune  à  Ammonites  tenuilohatus  ;  c'est  le  Pholadomyen  d'Ëtallonet 
des  géologues  du  Jura. 

Si  ces  calcaires  avaient  toujours  eu  un  développement  identique  et 
avaient  couronné  partout  les  marnes  et  calcaires  marneux  oxfordiens, 
nul  doute  qu'on  n'eût  placé  là  la  limite  de  l'Oxfordien,  comme  on 
l'a  fait  dans  l'Isère,  dans  l'Ain,  dans  le  Jura  central  et  dans  l'Ouest  et  le 
Centre  du  Jura  suisse.  Hais  les  choses  ne  se  sont  pas  passées  tout  à  fait 
ainsi  :  sous  l'influence  de  certaines  conditions,  dont  la  principale  était, 
pour  chaque  point,  l'éioignement  plus  ou  moins  considérable  des  riva- 
ges, ici  les  dépôts  marneux  se  sont  développés  plus  longtemps,  là,  au 
contraire,  les  calcaires  ont  eu  un  développement  plus  considérable. 
Suivant  ces  variations,  la  faune  à  A.  tenuilohatus  se  trouve  tantôt  dans 
des  calcaires  marneux  et  même  de  véritables  marnes,  tantôt  dans  des 
calcaires  tout  à  fait  compactes. 

Il  n'est  pas  douteux  pour  moi  que  c'est  guidé  par  ce  grand  fait 
qu'Étallon  a  parfaitement  reconnu  la  zone  supérieure  de  son  Argovien 
à  Crêt-Dessus  dans  la  zone  ammonitifère  qui  à  Montépile  passe  sous  la 
cascade  de  Flumen.  D'un  autre  côté,  s'il  arrive  à  la  contradiction 
signalée  plus  haut,  cela  tient  à  une  erreur  d'observation  que  M.  Chof* 
fat  a  parfaitement  reconnue  et  rectifiée.  Ëtallon  croyait  avoir  trouvé  à 
la  Roche-Blanche,  sur  le  Brayon,  le  véritable  calcaire  à  Astartes,  qu'il 
plaçait  au-dessus  de  son  Dicératien,  tandis  que,  en  réalité,  cette  cou- 
che à  Astartes  de  la  Roche-Blanche  n'est  autre  que  sa  division  4  de  la 
coupe  de  Montépile.  Ajoutons  que  les  dépôts  qui  à  Montépile  suppor- 
tent la  faune  à  Ammonites  ^enm7o6a<u5*  sont  constitués  par  des  calcaires 
compactes,  tandis  que  ceux  qui  supportent  cette  faune  à  Crêt-Dessus 
sont  très-marneux. 

De  ce  qui  précède  résultent  en  particulier  les  trois  points  suivants  : 

l^  L^  zone  k  Ammonites  tenuilobatus  de  Montépile,  non-seulement 
n'est  pas  associée  avec  les  fossiles  de  TAstartien  ou  du  Ptérocérien,  mais 
elle  est  séparée  du  Ptérocérien  de  tous  les  géologues  du  Jura  par  un 
ensemble  épais  de  200  mètres  au  moins,  comprenant  les  différents hori- 
zons  fossilifères  signalés  dans  le  Jura,  et  en  particulier  dans  la  Haute- 
Marne,  entre  la  zone  à  Belemnites  Royeri  de  M.  Tombeck  (Pholadomyen 
des  géologues  du  Jura)  et  le  Ptérocérien. 

2^  A  Prénovel  la  zone  à  Ammonites  tenuilohatus  est  au-dessous  du 
Corallien  proprement  dit  de  M.  Choffat,  c'est-à-dire  exactement  à  la 
place  où  je  l'ai  toujours  et  partout  trouvée  dans  le  Jura. 


1877.  DIEULAFAIT.   —  GORALMEN.  12» 

3«  La  couche  que  M.  Chofiat  appelle  zone  à  Bemicidaris  crenularis 
àMontépile,  n'est  pas  le  Glypticien  d*ËtaIIon  et  des  autres  gëologucs  du 
Jara;elle  est  beaucoup  plus  aucieune. 


Hï.  Jura  de  VArgovie. 

Les  travaux  de  M.  Mœsch  sur  rArgovie  font  loi  eu  Suisse,  et  bon 
nombre  des  publications  les  plus  estimées  de  rAIlemagne  s*y  ratta- 
chent. Ils  ont  reçu  en  outre,  dans  ces  derniers  temps,  une  consécration 
qae  bien  peu  de  grands  travaux  ont  la  bonne  fortune  d'obtenir. 
L'œuTre  capitale  publiée  par  MM.  Desor  et  de  Loriol,  VÉchinologie 
heMique,  prend  comme  règle  absolue  et  comme  cadre  de  distribu- 
lion  des  espèces,  toutes  les  divisions  de  M.  Mœsch.  Cétait  donc,  avant 
lOQtJes  travaux  de  ce  savant  que  je  devais  examiner. 

La  zone  à  Ammonites  tenuilohatus,  que,  grâce  aux  nombreuses  et 
précises  indications  de  mon  éminent  maître  M.  Hébert,  j*ai  découverte, 
ilya  dix  ans,  dans  le  Midi  de  la  France,  et  que  j'ai  tant  étudiée  et 
étendue  depuis  lors,  se  retrouve  en  Argovie  ;  mais  elle  ne  pouvait  en 
aucune  façon  me  servir  de  plan  de  raccordement  et,  par  suite,  de  base 
de  discussion,  puisque  nous  différions  du  tout  au  tout,  M.  Moescb  et  moi, 
sur  sa  place  absolue.  Il  fallait  donc  chercher  en  Argovie  un  autre  plan 
sur  la  position  absolue  duquel  Taccord  f&t  complet.  J'étais  parti  de 
Marseille  avec  la  conviction  que  cet  horizon  commun  serait  le  Strom- 
bien  de  Thurmann  etÉtallon,  le  Ptérocérien  classique  des  géologues 
du  Jura,  les  Wettingerschichten  de  M.  Mœsch. 

La  faune  du  Ptérocérien  n'existe  pas  dans  les  Alpes  méridionales, 
naisjeFavais  étudiée  à  bien  des  reprises  dans  leJura  français  et  le  Jura 
suisse,  notamment  dans  le  Jura  bernois  et,  bien  plus  à  lest,  dans  la 
légion  de  Soleure.  D'un  autre  côté,  les  études  si  remarquables  de 
MM. Grappin,  Jaccard,  Lang,  etc.,  ne  laissaient  pas  subsister  le  moindre 
doute  dans  mon  esprit  :  le  Ptérocérien  était  parfaitement  caractérisé 
dans  les  régions  étudiées  par  ces  savants.  Enfin,  M.  Mœsch  retrouvant 
«D  Argovie  le  Ptérocérien  caractérisé  par  une  quantité  énorme  de  fos- 
siles (126  espèces),  j'avais  là  un  second  horizon  que  je  connaissais  par- 
faitement et  sur  lequel,  par  suite,  je  comptais  d'une  manière  absolue 
pour  asseoir  ma  discussion. 

Ayant  mon  départ  pour  l'Argovie,  j'avais  relevé,  dans  les  publica- 
^ons  de  M.  Mœsch,  les  points  où,  d'après  ce  savant,  le  Ptérocérien 
élailleplus  fossilifère  :  en  première  ligne  se  plaçaient  le  Randen  et  les 
l^ern.  Le  Randen,  situé  au  nord  de  la  Suisse,  en  plein  Jura  par  con- 
^uent,  était  par  cela  même  dans  des  conditions  bien  moins  favorables 

9 


130  DIEULAFAIT.    —  CORALLIEN.  3  déc. 

que  les  Lâgern^  pour  nie  fournir  les  éléments  que  je  cherchais, 
c'est-à-dire  un  horizon  commun  au  Jura  de  TÂrgovie  et  au  Jura  occi- 
dental. 

Je  commençai  donc  mon  exploration  par  les  Lagern,  me  réservant 
d'aller  ensuite  étudier  le  Randen  si  les  Lâgern  ne  me  fournissaient  pas 
tous  les  éléments  dont  j'avais  besoin.  Mais  aussitôt  que  je  me  fus  rendu 
compte  de  la  constitution  des  Lâgern,  mon  étonnement  fut  extrême. 
Non-seulement,  en  effet,  je  n'y  retrouvais  pas  la  moindre  trace  du  Pté- 
rocérien  tel  que  je  le  connaissais  partout  et  tel  qu'il  est  comprisfpar 
tous  les  géologues  du  Jura,  pas  la  moindre  trace  d'un  seul  des  fossiles 
qui  le  caractérise;  mais  tout  ce  que  je  voyais  me  maintenait,  au 
contraire,  sans  aucune  hésitation  possible,  dans  des  horizons  très- 
inférieurs  au  Ptérocérien. 

Je  repris  le  mémoire  de  M.  Mœsch,  et  je  fus  alors  frappé  d'un  fait 
que  je  n'avais  jamais  remarqué  et  qui  cependant  ressort  à  première 
vue  de  l'inspection  matérielle  des  listes  de  fossiles  cités  par  M.  Mœsch 
dans  ses  Wettingerschichten  (1).  Sur  les  sept  localités  types  choisies  par 
M.  Mœsch  pour  ses  Wettingerschichten^  six  sont  empruntées  à  TAr- 
govie  et  à  la  région  jurassique  qui  s'étend  au  nord  de  ce  canton,  la 
septième  se  rapporte  à  la  région  de  Soleure,  c'est-à-dire  à  une  région 
oii  le  Ptérocérien  classique  est  bien  développé.  Le  tableau  de  M.  Mœsch 
montre  que  126 espèces  appartiennent  aux  Wettingerschichten;  sur  ce 
nombre,  60  existent  aux  Lâgern.  D'un  autre  côté,  la  colonne  de  Soleure 
renferme  47  espèces  ptérocériennes  ;  mais  (et  c'est  là  le  fait  auquel  je 
faisais  allusion),  quand  on  établit  la  comparaison  dans  le  sens  hori- 
zontal, c'est-à-dire  quand  on  compare  entre  elles  les  localités,  on 
constate  immédiatement  que  pas  une  espèce  des  Lâgern  ne  se  trouve  à 
Soleure. 

Je  voulus  aller  plus  loin.  Guidé  par  les  travaux  de  M.  Greppin,  je 
venais  d'étudier  le  Jura  bernois  ;  j'avais  visité  plusieurs  des  lieux  où  ce 
savant  a  pris  les  types  de  son  Ptérocérien.  Le  Ptérocérien  de  M.  Greppin 
n'est  pas  le  Ptérocérien  classique  ;  il  est  plus  bas  et  correspond  plutôt 
au  Calcaire  à  Astartes  (2).  Mais  peu  importe  ;  ici  je  prends  le  Ptérocé- 
rien de  M.  Greppin  tel  que  ce  savant  l'a  défini.  Je  comparai  la  faune 
des  Wettingerschichten  de  M.  Mœsch  avec  celle  du  Ptérocérien  de 
M.  Greppin,  et  je  reconnus  que  les  espèces  communes  sont  exclusive- 
ment  les  espèces  de  Soleure,  dont  pas  une  ne  se  retrouve  aux  Lâgern, 
la  plus  riche  des  localités  prises  par  M.  Mœsch  pour  types  de  ses  Wet- 
tingerschichten. D'oîi  cette  conséquence,  qu'entre  le  Ptérocérien  de 

{l)Op.  cit,,  p.  199  ets. 

(2)  V.  Tombeck,  Bull.,  3*  sér.,  t.  VI,  p.  6. 


1877.  DIEULAFAIT.   —  CORALLIEN.  131 

M.  Greppin  et  les   Wettingerschichten  de  M.  Hoesch  il  n'y  a  pas  une 
seule  espèce  commune. 

Si  le  nombre  des  fossiles  comparés  était  faible,  s'ils  appartenaient  à 
des  espèces  très-éloignées  les  unes  des  autres  dans  la  série  zoologique, 
on  pourrait  suspendre  son  jugement  ;  mais  il  n'en  est  nullement  ainsi. 
En  laissant  de  côté  les  espèces  de  Soleure,  la  liste  de  M.  Mœsch  com- 
prend 79  espèces  et  celle  de  H.  Greppin  187  ;  et  ces  deux  listes  renfer- 
ment des  représentants  de  toute  la  série  animale,  depuis  les  Spon- 
giaires jusqu'aux  Céphalopodes  ;  en  outre,  un  grand  nombre  de  genres 
sont  identiques.  D'où  cette  conséquence  absolument  certaine,  que  les 
Wettingerschichten  de  M.  Hœsch  n'ont  absolument  rien  de  commun 
aveciePtérocdncwdeM.  Greppin. 

Que  représentent  donc  les  Wettingerschichten  ? 

Les  fossiles  de  cette  division  dans  TÂrgovie,  comparés  à  ceux  du  Jura 
classique,  établissent  immédiatement  que  la  liste  de  H.  Hoesch  ne 
renferme  aucun  fossile  cité  ailleurs  dans  le  Calcaire  à  Astartes  supé- 
rieur ou  dans  des  dépôts  plus  récents.  D'où  cette  conséquence,  que 
les  Wettingerschichten  n'atleignent  même  pas  l'horizon  du  Calcaire  à 
Astartes  du  Jura  classique. 

Pour  continuer  mes  recherches  provisoires  à  l'aide  de  la  comparaison 
des  fossiles,  je  ne  pouvais  songera  prendre  les  listes  générales  publiéas 
à  diverses  époques  par  les  géologues  suisses.  Cette  comparaison  ne 
pourra  être  faite  que  quand  une  révision  générale  aura  été  exécutée  et 
qu'on  aura  éliminé  tout  ce  qui  n'est  pas  rigoureusement  déterminable. 

Fort  heureusement,  ce  travail  est  déjà  fait  pour  un  grand  groupe, 
celui  des  Ëchinides,  grâce  à  l'œuvre  magnifique  de  MM.  Dosor  et  de 
Loriol,  Y Échinologie  helvétique.  J'indiquerai  plus  loin  les  changements 
profonds  qui  doivent  être  apportés  dans  la  répartition  des  espèces  dans 
les  étages  ;  mais  l'espèce  existant  par  elle-même,  nous  avons  dans 
rj^c/imoZo^ie/ie^r^^t^ue  des  documents  pluw{ue  sufHâants  pour  nous 
guider  à  coup  sûrdans  le  travail  de  comparaison  que  je  poursuis  en  ce 
moment. 

D'un  autre  côté,  l'importance  de  la  question  actuelle  est  telle  qu'il 
faut  la  traiter  le  plus  complètement  possible.  J'examinerai  donc  ici, 
non  pas  seulement  la  faune  du  Ptérocérien  donnée  par  M.  Mœsch 
en  1867,  mais  celle  du  Ptérocérien  (couches  de  Wettingen)  do  VÉchi- 
nologie  helvétique.  11  est  indispensable  d'en  agir  ainsi,  parce  que, 
comme  je  l'ai  déjà  dit,  le  Ptérocérien  de  Y  Échinologie  est  exactement 
celui  de  M.  Mœsch  ;  en  second  lieu,  parce  que  M.  Mœsch  a  fourni  aux 
savants  auteurs  de  Y  Échinologie  des  matériaux  nouveaux  très-con- 
sidérables, recueillis  presque  tous  par  lui-même  ;  enCn,  parce  que  la 
révision  des  espèces  a  été  faite  par  MM.  Dcsoret  de  Loriol. 


132  DIEULAFAIT.   ^  CORALLIEN.  3  déc. 

Ptérocérien  de  VÉchinologie  helvétique.  —  Le  Ptérocërien  de  YÉchi- 
nologie  helvétique  comprend  32  espèces  (la  trente-troisième»  Hemi- 
cidaris  alpina,  est  d'une  position  encore  incertaine). 

De  ces  32  espèces,  5  sont  spéciales  à  TAr^ovie,  15  au  Jura  occidental  ; 
12  sont  communes  au  Jura  occidental  et  à  TArgovie. 

1®  Espèces  spéciales  à  VArgovie  : 

Cidaris  monilifera,  I      Pseudodiadema  complanatum, 

Rhabdocidaris  maxima,  1      Echinobrissus  avellana, 

—  triaculeata,  | 

Le  Cidaris  monilifera  appartient  aux  couches  à  Hemicidaris  crenu- 
laris  ;  il  est  donc  loin  d'avoir  une  signification  ptérocérienne.  Le 
Pseudodiadema  complanatum  n'est  nullement  fixé  de  position,  ou 
plutôt  il  est  lié  aux  Wettingeràchichten,  à  la  limite  supérieure  desquels 
onV^Lirouyé.  Le  Rhabdocidaris  triaculeata  est  encore  mal  connu  (il 
ne  s'agit  que  de  baguettes)  ;  il  est,  comme  le  précédent,  lié  aux  Wet- 
tïngerschichten,  au  milieu  desquels  on  Ta  recueilli,  et  descend  du  reste 
dans  la  zone  de  Baden.  Les  deux  autres  espèces,  R,  maxima  et  Echi- 
nobrissus avellana,  appartiennent  aux  couches  de  Baden,  dont  elles 
suivront  naturellement  le  sort  définitif. 

2o  Espèces  spéciales  au  Jura  : 


Rhabdocidaris  Orbignyana, 
Pseudocidaris  Thurmanni, 
Hemicidaris  diademata, 
.  —       mitra, 

—  Gresslyi, 

—  Desoriana, 

—  Hoffmanni, 
Pseudodiadema  florescens. 


Pseudodicuiema  negleetum, 

—  conforme, 

—  parvulum, 

—  plarUssimum, 
Hcmipygus  foliaceus, 
Pseudosalenia  aspera, 
Pygurus  Jurensis. 


Ces  15  espèces  comptent  parmi  les  plus  typiques  de  l'étage  ptérocé- 
rien du  Jura  ;  la  plupart  sont  même  spéciales  à  cet  étage.  Remarquons 
bien  encore  une  fois,  que  pas  une  de  ces  espèces]  Wa  été  trouvée  en 
Argovie,  nHmporte  à  qt4el  niveau. 

i^  Espèces  communes  au  Jura  occidental  et  àV Argovie  : 


Cidaris  cervicalis, 

—     elegans, 
Rhabdocidaris  nobilis, 
Hemicidaris  intcrmedia, 
—         crenularis, 
Pseudodiadema  mamillanum. 


Magnosia  decorata, 
Stomechinus  semiplacenta, 
Acrosalenia  angularis, 
Holectypus  corallintis, 
Pachyclypeus  semiglobus, 
Pygurus  tenuis. 


1877.  DIËULAFAIT.    —   COUALLIKN.  133 

Ea  laissant  de  cùUS  le  Stomechinus  semiplacenta,  sur  lequel  planent 
encore  quelques  doutes,  nous  avons  11  espèces  communes  au  Jura  occi- 
dental et  àTArgovie,  dans  ce  que  VÉchinologie  appelle  faufie  du  Pté- 
rocérten.  Mais  une  conséquence  aussi  extraordinaire  qu'inexplicable 
ressort  d'une  manière  absolue  de  la  comparaison  de  cette  faune  dans 
le  Jura  occidental  et  en  Argovie  :  c'est  que  dans  le  Jura  occidental  ces 
U  espèces  se  trouvent  dans  le  Olypticien  des  géologues  du  Jura  ;  au- 
cune n* arrive  même  dans  le  Corallien  supérieur  de  M,  Greppin,  lequel, 
je  l'ai  montré  plus  haut  d'après  M.  Tombeck,  ne  dépasse  pas  la  base  du 
Calcaire  à  Astartes. 

Ainsi,  en  résumé,  le  Ptérocérien  de  VÉchinologie  helvétique  com- 
prend 31  espèces  d'une  détermination  certaine.  Sur  ce  nombre,  15, 
c'est-à-dire  la  moitié,  sont  nettement  ptérocérien  nés;  mais  ces  1S  es-- 
péces  se  trouvent  esLcluslvement  dans  le  Jura  occidental;  aucune 
ne  fait  partie  des  Wettingerschichten  de  M.  Mcesch.  D'un  autre  côté, 
11  espèces  existent  à  la  fois  dans  le  Jura  occidental  et  en  Argovie  ; 
mais  ces  //  espèces,  dans  le  Jura  occidental,  appartiennent  excluAl- 
vement  à  Vhorizon  du  Olypticien,  ou  tout  au  plus  au  Rauracien 
inférieur. 

En  présence  de  ce  double  résultat,  ainsi  amené  à  la  précision  et  à  la 
rigueur  d'un  théorème  de  géométrie,  il  est  de  la  dernière  évidence  que 
le  Ptérocérien  de  VÉchinologie  helvétique  ne  correspond  en  aucune 
façon  au  niveau  spécial  et  bien  connu  que  tous  les  géologues  du  Jura 
ont  appelé  Ptérocérien  ;  il  embrasse  au  contraire  un  grand  ensemble, 
aussi  complexe  qu'hétéroclite,  de  divisions  parfaitement  connues  et, 
danschaque  région  au  moins,  parfaitement  limitées.  Ces  divisions  sont 
les  suivantes  (je  continue  à  les  emprunter  à  la  Haute-Harne)  : 


•< 


!   Ptérocérien:  zouQ k Àmmonilet  orthocera. 
Calcaire  à  Astartes. 
Corallien  supérieur. 
Corallien  moyen. 
Ancienne  zone  à  Ammonites  bimammatm  do  M.  Tombeck. 
Corallien  inférieur,  avec  Glypticien  à  la  base. 
_  Zone  à  Ammonites  tenuilobatus . 

Mais  ce  n'est  pas  tout.  Si  les  31  espèces  du  Ptérocérien  de  VÉchino^ 
logie  helvétique  se  trouvaient  mélangées  partout,  ou  même  en  un  seul 
point,,  on  comprendrait  l'association  de  VÉchinologie  ;  mais  il  xVqw  est 
rien.  Les  15  espèces  ptérocériennes  sont  (je  le  répète,  tant  la  chose  est 
importante)  exclusivement  propres  au  Jura  occidental  ;  aucune  ne  se 
retrouve^dans  les  Wettingerschichten  de  M.  Mœsch.  Au  contraire,  les 
11  espèces  communes  aux  Wettingerschichten  Qi  ^\}l  iwv^  occidental 
sont  des  espèces  exclusivement  propres, dans  celte  dernière  région,  aux 


134  DIEULAFAIT.   —  CORALLIEN.  3  déc. 

couches  h  Ilemicîdaris  crenuîaris  ou  Glyplicien  et  tout  au  plus  au  Rau- 
raclen  inférieur. 

Comment  expliquer  une  pareille  erreur  chez  les  savants  auteurs  de 
YÉchinologie  helvétique  ?  Par  cette  simple  raison, que  MM.  Desor  et  de 
Loriol  ont  accepté  pour  cadre  de  distribution  la  classification  de 
M.  Mcesch,  et  que  dans  cette  classification  régnent  deux  erreurs  capi- 
tales, qui  la  faussent  d'une  manière  complète  ;  à  savoir:  la  position 
erronnée  attribuée  à  la  zone  à  Ammonites  tenuiîobatus,  et  la  mécon- 
naissance de  la  grande  lacune  qui  existe  dans  la  région  de  Baden 
à  la  partie  supérieure  de  la  formation  jurassique.  Examinons  ces 
deux  points. 

La  coupe  d'Oberbuchsiten,  la  seule  pour  laquelle  M.  Mœsch  ait  in- 
diqué répaisseur  de  chaque  division,  est  aussi  sa  coupe  type,  celle  à 
laquelle  il  a  rapporté  tous  les  terrains  de  TArgovie  ;  celle  à  laquelle, 
par  suite,  MM.  Desor  et  de  Loriol  rapportent  tous  les  terrains  du  Jura. 
C'est  elle,  dès  lot*s,  qui  va  me  servir  de  terme  de  comparaison,  et,  pour 
éviter  tout  malentendu,  je  la  reproduis  ici  intégralement  (V.  p.  135). 

Les  Birmensdorfschichten  sont  exactement  ce  qu'on  appelle  dans  le 
Jura  et  dans  les  Alpes  zone  à  Ammonites  transversarim  ;  c'est  la  zone 
à  ^.  ikfar/d/t  des  géologues  de  la  Haute-Marne.  Nous  partons  donc 
d'une  base  absolument  sûre. 

Au-dessus  viennent  les  Effingerschichten,  constitués  par  des  marnes 
grises.  Les  Effingerschichten  sont,  sans  le  moindre  doute,  la  partie 
inférieure  du  grand  horizon  des  marnes  et  calcaires  hydrauliques  dont 
j'ai  déjà  parlé  et  qui  a  guidé  tous  les  géologues  du  Jura,  aussi  bien  en 
Suisse  qu'en  France.  Ce  parallélisme,  qui  s'impose  absolument,  a  du 
reste  été  établi,  d'une  manière  on  ne  peut  plus  nette,  par  M.  Jaccard 
dès  1869  pour  le  Jura  vaudois  et  neuchâtelois.  Bien  plus,  M.  de  Tribo- 
let,  dans  une  élude  du  plus  haut  intérêt,  sur  laquelle  j'aurai  à  revenir, 
a  montré  que  dans  la  Haute-Marne  la  zone  à  A.  Bàbeamis  de  M.  Tom- 
beck  n'est  pas  autre  chose  que  les  Effingerschichten  de  M.  Mœsch.  La 
zone  à  A.  Babeanus  de  la  Haute-Marne  n'est  autre  que  la  zone  à 
A.  himammatus  du  Jura  et  des  Alpes,  et  1'^.  bimammatiis  est  placé 
par  M.  Mœsch  dans  ses  Effî7îgerschichten.  Se  suis  donc  en 'complet 
accord  avec  MM.  Mœsch  et  de  Tribolet  à  la  fois. 

Les  couches  d'Effingen  sont  recouvertes,  dans  la  coupe  type  de 
M.  Mœsch,  parles  Oeissbergschichten,  constitués  par  des  marnes  et  des 
calcaires  jaunâtres.  Il  en  est  exactement  de  même  dans  le  Jura  fran- 
çais, où  même  la  couleur  jaune  ne  fait  pas  défaut.  C'est  la  partie  supé- 
rieure des  Calcaires  hydrauliquefi  de  M.  Jaccard,  le  Pholadomyen 
d'Étallon  et  de  tous  les  géologues  du  Jura  qui  ont  employécette  expres- 
sion, la  zone  à  Belcmnitcs  Royeri  de  M.  Tombcck  dans  la  Haute- 


1877. 


DIEULAFAir.    —  COUALLIKN. 


135 


Localprofile  im  toeissen  Jura. 
Sûdseite  des  Buchsiberg  bei  Oberbuchsiteii. 


Untore  SUsswasscrmolIasse.  BlàtterabdrUcke. 


Bohaerze. 


Platten- 
kalko 


Helle  Kalkplatten. 


Pentacrioiten  ;  Terel^ratula  suprajureiuis, 
T.insignis;  Exogyra  spiralts  ;  Trigonia 
suprajurensis ;  Ammonites  Ulmentu 


3(roo 


Wettinger- 
schichten 


Kdrnige  raube  Kalk- 
bànke. 


Pyaurug  tenuis;  NucUolUeg  avellana; 
nhabdocidaris  maxima  ;  Siomeehinus 
asper,  elc 


Weisse  Quaderbttnke. 


4-00 


Pholadamy a  Protêt  ;  Psammobia  rugosa; 
Ceromya  excentriea;  ÀmmonUes  Ulmtn- 
m.  A.  nimbatiu,  À.  Holbeini;  Fisch- 
zàhne  ;  Saurier,  etc 


Badener- 
schichten 


Mergelige  Kalkbanke. 


Collyritestrigonalis;  Holectypus  Meriani; 
Terebratula  humeralis  ;  Gervillia  tetra- 
gona,  elc 


Wangenoi^ 
schichten 


Weisse  spàthige  Kalk- 
baoke. 


NerioeeQ. 


9"00 


\ireisse  Oolithe. 


Nerineen. 


Creoularis- 

Feste  Kalkbanke  UDd 
Mergelschichten 

Hemicidaris  crenularis,  etc 

schichten 

Geissberg- 
schichlen 

Gelbe  Kalkbanke  und 
Mergel. 

Ostrea  caprina:  Pholadomya  canalicu- 
lata  :  Phasianella  striata.  etc 

ElTinger- 
schicliten 

Graue  Mergel. 

Nulliporites  Heehingensis  ;  Pentacrinus 
peiitagoiialis  ;  Isocardia  impressa,  etc . . 

Birmensd.- 
schichten 


L 


Ascbgraue  ruppige 
Mergelkalke. 


Scyphien;  Eugeniacrinu^  nutans;  Pen- 
tacriniu  lingulatux;  Cidaris  filograna  ; 
RhynchoneUa  Arolica;  Cranta  Suevica; 
Ammonites  Arolicus,  A.  Iransversarius . 


Callovicn. 


Total 


6-00 


40*00 


20-00 


15"00 


20*00 


10"HX) 


7-00 


1G1»00 


â 


136  DIEOLAFAIT.   —  CORALLIEN.  3  déc. 

Marne.  Telle  est  également  l'opinion  de  M.  de  Tribolet  :  «  Le  Pholado- 
»  myen  du  Jura  (il  s*agit  du  Jura  suisse)  est  formé  par  un  ensemble  de 
»  couches  dontlea  caractères  paléontologiques  correspondent  entière- 
»  ment  à  ceux  de  la  zone  du  B.  Royeri  (de  la  Haute-Marne)  (1).  » 

Sur  tous  les  points  qui  précèdent,  je  suis  donc  en  communauté  com- 
plète d'idées  avec  M.  de  Tribolet.  D'ailleurs  il  est  impossible  d'arriver 
à  d'autres  conclusions,  quand  on  a  suffisamment  étudié  le  Jura  en 
France  et  en  Suisse. 

Nous  arrivons  maintenant  à  une  difficulté  tellement  extraordinaire 
et  inexplicable,  que  je  n'ai  pas  osé  la  formuler  jusqu'ici,  bien  qu'elle 
vienne  arrêter  net  tout  essai  de  raccordement  entre  TArgovie  et  le  Jura 
français,  et  même  entre  le  Jura  suisse  du  Nord  et  celui  de  l'Ouest.  Cette 
difficulté,  la  voici. 

Lescouchesde  Geissberg,  nous  l'avons  vu  plus  haut,  sont  incontes- 
tablement les  représentants  de  X^zoueiLBelemnites  Royeri  de  la  Haute- 
Marne  et  du  Pholadomyen  d'Ëtallon  dans  le  Jura.  Or  c'est  dans  le 
Pholadomyen  type  et  là  seulement  que  j'ai  trouvé  la  zone  à  Ammonites 
tenuilobatus,  du  nord  au  sud  du  Jura,  depuis  Champlitte  jusqu'à  Trept; 
c'est  dans  son  équivalent  exact,  la  zone  à  Beîemnites  Royeri,  que 
MM.  Tombeck  et  Royer  la  trouvent  aujourd'hui  dans  la  Haute-Marne. 
D'où  cette  conséquence  absolument  indiscutable,  que  la  zoneà^mmo- 
nites  tenuilobatus  du  Jura  français  correspond  à  la  partie  supérieure 
des  couches  de  Geissberg,  ou  tout  au  plus  à  la  base  des  Crenularis» 
schichten,  qui  leur  succèdent  sans  intermédiaire  dans  la  coupe  de 
M.  Moesch.  Or,  dans  la  succession  donnée  par  cet  auteur,  non-seule- 
jfnent  rien  ne  permet  de  supposer  qu'il  en  est  ainsi,  mais*  même  tout 
exclut  jusqu'à  l'ombre  d'une  pareille  supposition.  En  effet,  sur  les 
couches  de  Geissberg  viennent  les  Crenularisschichten  et,  par  dessus, 
les  Wangenerschtchten,  C'est  seulement  au-dessus  de  ces  deux  grandes 
divisions,  dont  la  puissance  mesure  65  mètres,  qu'on  atteint  la  zone  de 
Baden  ou  zone  à  Ammonites  tenuilobatus  de  M.  Mœsch.  De  plus,  si  on 
examine  lesdeux  divisions  dont  il  vient  d'être  question,  la  difficulté,  au 
lieu  de  diminuer,  se  complique  encore  plus. 

En  effet  :  1*^  la  faune  échinologique  des  Crenularisschichten  de 
M.  Mœsch  est  une  faune  parfaitement  connue,  sur  la  signification  de 
laquelle  il  n'y  a  pas  à  hésiter  ;  c'est  la  faune  du  Glypticien  classique  du 
Jura.  Or,  la  zone  à  Ammonites  tenuilobatus,  dans  le  Jura,  n  est  jamais 
au-dessus,  mtih  toujours,  au  contraire,  ati-dessous  du  Glypticien  ;  il  en 
est  de  même  dans  la  Haute-Marne.  Voici  comment  sur  ce  point  si  im- 
portant s'exprime  M.  Tombeck  :  <•  Le  Corallien  inférieur,  ou  Corallien 

(1)  De  Tribolet.  ttull..  :v  sôr  .  t.  IV,  p.  208. 


1877.  DIEULAFAIT.  —  CORALLIEN.  137 

»  proprement  dit»  est  extrêmement  variable  dans  sa  constitution.  A 
9  Roche-sur-Rognon,  Reynel,  Vesaignes,  etc.,  il  se  compose,  à  partir 
»  du  haut,  de  Toolithe  à  Dlcérates  et  à  Cardiutn  corallinum,  et  des 
»  calcaires  grumeleux  à  Cidaris  florigemma,  connus  aussi  sous  le  nom 
»  de  calcaires  glypticiens 

t  Mais  ce  qu'il  importe  de  rappeler  ici,  c'est  que,  quelle  que  soit 
»  celle  de  ces  formes  qu'affecte  le  Corallien  inférieur,  îl  repose  tou- 
»  jours,  notamment  dans  les  vallées  de  la  Marne,  de  l'Aube  et  de  la 
»  Haute-Seine,  sur  une  couche  de  5  à  6  mètres  de  puissance,  que  nous 
»  avons  désignée,  M.  Royer  et  moi,  du  nom  de  couche  à  Belemnites 
»  Royeri  (1).  » 

Cette  couche  à  B.  RoyeH  n'est  autre,  M.  Tombeck  l'admet  parfai- 
tement aujourd'hui,  que  la  zone  à  Ammonites  teiiuilobatus  du  Jura 
et,  j'ajouterai,  que  la  zone  à  A.tenuilobatus  des  Alpes.  Les  relations  de 
cette  zone  avec  le  Glypticien  sont  donc  bien  celles  que  j'ai  indiquées 
plus  haut  et,  je  le  répète,  elles  sont  exactement  les  mêmes  d'un  bout  à 
l'autre  du  Jura. 

2°  La  faune  des  Wangenerschtchten  est  encore  une  faune  parfaite- 
ment connue;  c'est  celle  du  Corallien  inférieur  de  la  Haute-Marne,  des 
calcaires  et  oolithes  à  Diceras  de  M.  Tombeck  ;  c'est  celle  du  Corallien 
inférieur  de  tout  le  Haut-Jura  ;  c'est  encore  exactement  celle  du  Rau- 
racien  de  M,  Greppin.  Les  Wangenerschtchten  rentrent  donc  complè- 
tement dans  la  loi  générale  de  distribution  du  Jura  classique  ;  ils  suc- 
cèdent directement  et  régulièrement  au  Glypticien. 

Que  faudrait-il  alors  pour  que  la  succession  de  M.  Mœsch  fut  en  har- 
monie absolue  avec  tout  ce  qui  est  connu  dans  le  Jura,  depuis  la 
Haute-Marne  jusqu'au  Nord  de  l'Isère  ?  Une  seule  chose,  mais  telle- 
ment étrange  que  j'ose  à  peine  la  formuler.  Il  faudrait  admettre  que 
H.  Mœsch  s'est  trompé  complètement  en  un  point,  et  que  la  faune  à 
Ammonites  tenuilobatus  qu'il  appelle  faune  de  Baden,  au  lieu  de  suc- 
céder aux  Wayigenerschichten,  est  plus  ancienne  qu'eux  et  même  plus 
ancienne  que  les  Crenularisschichten^du  moins  que  leurs  parties  supé- 
rieure et  moyenne. 

En  présence  de  pareilles  conclusions,  la  première  chose  que  j'ai 
faite  a  été  d'aller  étudier  Birmensdorf,  Baden  et  les  Lâgern.  J'avoue 
que,  si  je  ne  voulais  mettre  les  savants  avec  lesquels  je  me  trouve  en 
désaccord,  dans  l'obligation  de  me  démontrer  que  je  suis  dans  l'erreur, 
je  ne  formulerais  pas  les  résultats  do  mes  explorations  dans  cette 
région;  mais,  comme  la  discussion  ne  peut  pas  durer  indéiiuiment, 
voici  mes  conclusions. 

(1)  Bull.,  3'sér.,t.  VI.  p.  6  et  7. 


138  DIEULAFAIT.   —  CORALLIEN.  3  déc. 

J'ai  vu  aux  Lagern  des  calcaires  hydrauliques  qui  ue  sout  que  la 
continuation  matérielle  de  ceux  du  Jura  vaudois  et  neuchàtelois,  qui  ne 
sont  autres,  par  suite,  que  le  Pholadoroyen  du  Jura  français.  Ces 
calcaires  renferment  la  zone  à  Ammonites  tenuilohatus  parfaitement 
caractérisée  par  ses  espèces  les  plus  reconnaissables.  Sous  ces  calcaires 
à  A.  tenuilohatus  vient  un  ensemble  de  dépôts  très-réguliers,  corres- 
pondant, sans  le  moindre  doute  pour  moi,  à  l'horizon  del'^.  Babea- 
nus  dans  la  Haute-Marne,  et  aux  marnes  et  calcaires  marneux  qui  d*un 
bouta  Fautive  du  Jura  supportent  le  Phoiadomyen  à  A,  tenuilobatus. 
Quant  aux  couches  de  Wangen  et  aux  Crenularisschichten,  qui  de- 
vraient se  trouver  sous  la  zone  à  A.  tenuilobatus,  je  n'ai  absolument 
rien  vu,  ni  comme  faune,  ni  comme  aspect  pétrographique,  qui  me 
les  rappelât. 

J'ai  visité  les  autres  localités  prises  par  M.  Mœsch  pour  types 
de  ses  divisions,  et  nulle  part  il  ne  m'a  été  possible  de  voir  les  choses 
comme  les  admet  ce  savant.  A  Wangen,  par  exemple,  je  n'ai  rien 
aperçu  au-dessus  des  Wangenerschichten  qui  correspondit  à  la  zone 
à  Ammonites  tenuilobatus  du  Jura  occidental. 

J'ai  naturellement  visité  Oberbuchsiten  et  ses  environs.  Là  encore 
le  résultat  a  été  le  même  :  la  zone  dite  de  Baden  n'est  pas  du  tout 
la  zone  à  A.  tenuilobatus  du  Jura  occidental,  ni  même  la  zone  de 
Baden  à  Baden  ;  elle  est  bien  plus  récente.  On  trouve  à  Oberbuch- 
siten et  ailleurs  des  Céphalopodes  qui  ont  beaucoup  d'analogies 
avec  ceux  de  la  véritable  zone  à  A.  tenuilobatus;  mais  des  analogies 
ne  sont  pas  des  identités.  D'ailleurs,  si  quelques  types  de  la  véritable 
zone  à  A.  tenuilobatus  ont  ir^\ersé\es  CrenulatHsschichten,  les  couches 
de  Wangen  et  même  des  dépôts  plus  récents  encore,  cela  prouve  sim- 
plement que  la  vie  de  ces  espèces  a  été  à  très-longue  période  et  que  par 
conséquent  elles  ne  doivent  pas  être  prises  comme  caractéristiques  d'un 
horizon  limité. 

L'avenir  montrera  si  je  suis  dans  le  vrai  et  si,  dès  lors,  M.  Mœsch  est 
dans  l'erreur  ;  mais  ce  qui  est  bien  certain  dès  aujourd'hui,  c'est  que 
les  choses  ne  se  passent  pas  en  Argovie  autrement  que  dans  le  reste  du 
Jura.  Or  dans  tout  le  Jura  la  zone  à  A.  tenuilobatus  est  inférieure  au 
Glypticien,  c'est-à-dire  à  la  tsainedesCrenularisschichten  de  M.  Hœsch. 
11  faudra  donc  nécessairement  qu'on  trouve  à  ce  niveau  la  zone  à 
A.  tenuilobatus  en  Argovie.  S'il  existe  au-dessus  des  couches  de  Wan- 
gen, qui  ne  sont  autre  chose  que  le  Corallien  inférieur  du  Jura,  un 
horizon  à  Céphalopodes,  il  s'agira  de  savoir  ce  qu'il  représente,  mais 
à  coup  sûr  ce  ne  sera  pas  la  zone  à  A,  tenuilobatus  du  Jura  et  des 
Alpes.  C'est  là  du  reste,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  un  point  que  j'exami- 
nerai dans  un  prochain  mémoire. 


1877.  DieULAFAlT.   —  CORALLIEN.  13» 

En  attendant,  les  résultais  consignés  dans  le  travail  actuel  permet- 
tent de  résoudre,  de  la  manière  la  plus  simple  et  la  plus  complète, 
plusieurs  difficultés  tout  à  fait  capitales,  signalées  dès  l'apparition  de 
YÉehinologie  helvétique  par  l'un  des  savants  les  plus  autorisés  dans  ces 
délicates  et  si  difficiles  questions  de  Paléontologie  appliquée  à  la  Géo- 
logie. En  présentant  YÉchinologieheloéHqtte  à  la  Société  géologique  de 
France,  M.  Cotteau  a  fait  remarquer  que  la  faune  des  couches  de  Bir- 
roensdorf  a  sou  correspondant  exact  en  France,  bien  que  ces  couches 
n'aient  encore  été  étudiées  dans  notre  pays  que  sur  un  petit  nombre 
de  points.  Il  continue  ainsi  (1)  : 

c  En  France,  toutes  ces  espèces,  à  l'exception  de  l'Jffemipedipia 
»  Gtcerangeri  et  du  Dytaster  gnmulostu,  sont  caractéristiques  des 
»  couches  oxfordiennes  à  Scyphia  et  n'en  franchissent  pas  les  limites. 
»  En  Suisse,  d'après  le  tableau  que  nous  donnent  MM.  Desor  et  de 
»  Loriol,  il  en  est  tout  autrement.  Neuf  de  ces  espèces,  et  parmi  elles 
»  les  plus  abondantes  et  les  plus  caractéristiques,  se  trouvent,  en 
»  plus  ou  moins  grand  nombre,  dans  les  étages  supérieurs. 

D  Les  calcaires  à  chailles,  ou  couches  à  Hemiddaris  crenularis,  en 
»  renferment  six.  Les  couches  de  Wangen,  ou  zone  à  Cardium 
B  corallinum,  en  offrent  une  seulement.  Aucune  ne  se  rencontre  dans 
»  les  calcaires  à  Apartés,  Séquanien  proprement  dit.  Mais,  par  un 
»  retour  bizarre  et  très-difficile  à  expliquer,  les  couches  de  Baden, 
»  ou  zone  à  Ammonites  tenuilobatus,  en  présentent  neuf. 

»  Si  à  ces  espèces  nous  joignons  les  Cidaris  propi7iqua  et  C  ffugii, 
9  qui  n'ont  pas  encore  été  rencontrés  dans  les  couches  oxfordiennes  à 
t  Scyphia  de  France,  mais  qui  en  Suisse  caractérisent  à  la  fois  les 
»  couches  de  Birmensdorf  et  celles  de  Baden,  nous  aurons  en  tout  onze 
»  espèces  communes  aux  deux  dépôts.  Cette  réapparition,  après  un  in- 
»  tervalle  de  temps  aussi  long  que  celui  qu'il  a  fallu  pour  former,  en 
»  Suisse,  les  dépôts  quelquefois  si  puissants  des  calcaires  à  chailles,  des 
>  couches  de  Wangen  et  des  calcaires  à  Astartes,  a  tout  lieu  de  nous 

»  étonner Je  veux  seulement  appeler  l'attention  sur  ce 

»  fait  singulier,  unique  jusqu'ici,  et  constater  que  rien  de  pareil  ne 
»  s'est  passé  dans  nos  terrains  de  France.  > 

Ce  retour  bizarre  et  très-difficile  à  expliquer  cessera  d'être  bizarre  et 
s'expliquera  de  lui-même  si  on  admet  que  les  choses  sont  à  Baden 
telles  que  je  les  ai  vues,  telles  qu'elles  existent,  dans  tous  les  cas,  d'un 
bouta  l'autre  du  Jura,  c'est-à-dire  si  on  admet  que  la  zone  de  Baden 
succède  directement  aux  couches  de  Birmensdorf,  «ans  lamoindre  inter- 
calation  de  Crenularisschichten  ou  de  Wangenerschichten  quelconques, 

{\)  Jhdl,  3"  sér.,  t.  I,  p.  83;  1872. 


140  DIEULAFAIT.    —  COHALLlEiN.  3  déc. 

ceux-ci  étant,  en  Argovie  comme  dans  tout  le  reste  du  Jura,  non  au- 
dessous,  mais  au-dessus  de  la  zone  à  Ammonites  tenuilohatus.  Aloi*s  le 
passage  des  neufespèces  des  couches  de  Birmensdorf  dans  la  zone  à 
A,  tenuilobatus  qui  leur  succède  n'aura  plus  rien  que  de  naturel  et 
de  prévu.  On  comprendra  encore  très-facilement  que  six  espèces  mon- 
tent dans  les  Crenularisschichten,  qu'une  seule  arrive  dans  les  couches 
de  Wangen,  et  que  la  faune  s'éteigne,  mais  s'éteigne  satis  retour, 
avant  d'atteindre  les  calcaires  à  Astartes.  De  cette  façon  tout  rentre 
dans  l'ordre,  et  on  voit  surtout  disparaître  la  récurrence  de  faune,  cette 
autre  calamité  de  la  géologie  actuelle,  l'un  des  produits  directs  ot  fatals 
de  la  théorie  des  faciès. 

La  seconde  erreur  générale  qui  affecte  les  travaux  de  H.  Hœsch  et 
par  suite  YÉchinologie  helvétique  résulte  de  ce  que  le  parallélisme 
établi  par  cet  auteur  entre  ses  divisions  de  l'Argovie  et  les  divisions 
classiques  du  Jura  n'est  pas  exact.  D'une  manière  générale,  les  divi- 
sions de  M.  Mœsch  sont  plus  anciennes  que  celles  du  Jura  auxquelles 
elles  sont  rapportées. 

Si,  comme  j'en  ai  la  conviction,  les  choses  sont  telles  que  je  viens 
de  les  exposer,  la  distribution  des  espèces  AdMsVÉchinologiehelvétiqiie 
doit  être  refaite  de  fond  en  comble  à  partir  de  la  zone  de  Birmensdorf. 
Ce  travail  ne  sera  certainement  ni  simple  ni  facile  ;  car  dans  le  grand 
et  complexe  ensemble  qui  succède  à  la  zone  de  Birmensdorf  (couches 
k  Hemicidaris  crenularis,  co\xchQ%  de  Wangeu,  calcaires  à  Astartes, 
couches  de  Baden,  zone  à  Ammonites  tenuilobatus),  dans  le  tableau  de 
distribution  de  YÉchinologie,  il  existe  un  mélange  complet  de  séries 
d'espèces  qui  ne  sont  jamais  mélangées  dans  la  nature,  pas  plus  en 
Argovie  qu'ailleurs. 

Dans  mon  prochain  mémoire,  je  montrerai  quels  changements  doi- 
vent être  tout  d'abord  introduits  dans  la  distribution  de  YÉchinologie, 
si  Ton  veut  que  ce  magnifique  travail  rende  à  la  Géologie  tous  les  ser- 
vices qu'il  est  appeléà  lui  rendre.  Il  est,  d'un  autre  côté,  à  peine  besoin 
d'ajouter  que  le  travail  paléontologique  ne  sera  en  rien  affecté  par  ces 
changements  de  distribution  ;  la  valeur  zoologique  des  déterminations 
n'en  sera,  au  contraire,  que  plus  éclatante,  puisque  les  erreurs  nom- 
breuses qui  affectent  la  répartition  des  espèces  dans  cet  ouvrage  n'ont 
nullement  influé  sur  les  déterminations  de  MM.  Desor  et  de  Loriol.  Je 
ne  crains  pas,  en  effet,  d'affirmer  dès  aujourd'hui  que,  quand  toutes 
les  espèces,  telles  que  les  ont  définies  MM.  Desor  et  de  Loriol,  occupe- 
ront dans  YÉchinologie  les  positions  relatives  qu'elles  occupent  dans 
la  nature,  les  choses,  à  ce  point  de  vue,  coïncideront  exactement  en 
Suisse,  et  particulièrement  en  Argovie,  avec  ce  qui  est  depuis  longtemps 
connu  dans  tout  IcJura  classique,  notamment  en  France. 


iSl7.  DIEUUPAIT.  —  CORALLIEN.  141 

IV.  Résumé  et  Conclusions, 

Les  dépôts  constituant  ce  que  les  géologues  du  Jura  ont  appelé 
étage  corallien  représentent  un  ensemble  toujours  très-puissant,  mesu- 
rant  plus  de  200  mètres  dans  certaines  parties  du  Jura.  Cet  ensemble 
n'est  pas  le  moins  du  monde,  comme  on  le  répète  tous  les  jours,  un 
dépôt  exceptionnel  ;  c'est  au  contraire  un  produit  normal  d'une  mer 
parfaitement  normale.  La  mer  corallienne,  il  est  vrai,  a  subi,  pendant 
sa  longue  période,  des  modifications  nombreuses;  mais  ces  modifica- 
tions ne  sont  ni  plus  nombreuses,  ni  plus  profondes,  quecelles  qu'ont 
subies  les  autres  mers  anciennes,  les  mers  oxfordiennes  par  exemple. 
Quant  à  ces  récifs  coralliens  qui  ne  seraient  qu'un  faciès  anormal 
d'une  mer  dont  il  faudrait  chercher  ailleurs  les  sédiments  réguliers,  je 
n'en  ai  jamais  vu  trace,  ni  dans  le  Jura,  ni  dans  les  Alpes.  Les  prétendus 
dépôts  réciformes  du  Jura  ne  sont  pas  plus  des  récifk  coralliens,  que  les 
bancs  coquilliers  de  la  mollasse  moyenne  du  Midi  de  la  France. 

D'un  bout  à  l'autre  du  Jura,  depuis  Trept  dans  l'Isère,  jusqu'à 
Champlitte  qui  confine  à  la  Haute-Marne,  la  zone  à  Ammonites  tenui" 
lobatus  existe,  caractérisée  par  un  certain  nombre  de  ses  Céphalopodes 
les  plus  typiques;  partout  elle  est  inférieure  à  ce  que  les  géologues  du 
Jura  ont  appelé  Corallien,  en  y  comprenant  le  Olypticien  ;  partout 
elle  est  dans  la  partie  supérieure  de  la  division  appelée  Pholadomyen  ; 
pour  la  Haute-Marne,  elle  correspond  exactement  à  la  zone  du  Belem- 
nites  Royeride  MM.  Tombeck  et  Royer. 

La  zone  à  Ammonites  tenuilobatus,  telle  que  je  l'ai  toujours  limitée 
dans  le  Jura  et  dans  les  Alpes,  correspond  exclusivement  à  la  zone  du 
BelemnitesRoyeridelsi  Haute-Marne. 

La  zone  à  Ammonites  tenuilobatus  existe  bien  définie  dans  la  région 
de  Saint-Claude,  comme  l'a  reconnu  M.  Choffat  ;  mais,  au  lieu  d'être 
associée  aux  fossiles  de  l'Astartien,  elle  est  placée  à  plus  de  200  mètres 
au-dessous  de  l'horizon  du  Ptérocérien,  qui  recouvre  directement  le 
calcaire  à  Astar tes  partout  ob  ces  deux  divisions  existent. 

A  Prénovel  la  zone  à  A.  tenuilobatus  est  sous  le  Corallien  inférieur 
ou  Corallien  proprement  dit  de  M.  Chofiat,  c'est-à-dire  exactement 
au  niveau  où  je  l'ai  toujours  et  partout  rencontrée  dans  le  Jura. 

La  couche  qu'à  MontépileM.  Choffat  appelle  couche  à  Hemicidaris 
crenularis  n'est  pas  le  Glypticien  des  géologues  du  Jura  ;  elle  ne  cor- 
respond nullement  aux  Crenularisschichten  de  M.  Moôsch  et  est  bien 
plus  ancienne. 

Dans  la  classification  des  terrains  jurassiques  donnée  par  M.  Moasch 
pour  TArgovie,  régnent  trois  erreurs  générales,  qui  la  faussent  d'une 


142  DE  GUANCOURTOIS.  —  OBSERVATIONS.  3  dëc. 

manière  complète  à  partir  des  couches  de  Birmensdorf.  La  première 
de  ces  erreurs  est  la  position  relative  que  cet  auteur  attribue  à  la  zone 
à  Ammonites  tenuilobatus ;  cette  zone  est  à  Baden,  comme  dans  le 
Jura  classique,  dans  la  partie  supérieure  du  Pholadoroyen,  au-dessous, 
par  suite,  des  Crenulartsschtchten,  ou  tout  au  plus  dans  leur  partie  infé- 
rieure. La  seconde  erreur  est  de  paralléliser  avec  les  divisions  classiques 
du  Jura  occidental  des  divisions  qui  ne  leur  correspondent  nullement 
en  Ârgovie.  La  troisième  erreur  est  de  méconnaître  la  grande  lacune 
qui  existe  en  Argovie  à  la  partie  supérieure  de  la  formation  jurassique. 

Ces  trois  erreurs  de  classification  ont  réagi  d'une  manière  extrême- 
ment fâcheuse  sur  une  des  œuvres  paléontologiques  le  plus  impor- 
tantes et  le  plus  remarquables  de  notre  époque,  VÉchinologie  helvé* 
tique.  Les  savants  auteurs  de  cet  ouvrage  ayant  pris  pour  cadre  de  dis- 
tribution la  classification  de  H.  Mœsch,  ont  été  entraînés  nécessairement 
dans  une  série  d'erreurs,  dont  les  principales  sont  les  deux  suivantes  : 
1^  réunion  à  l'état  de  mélange  complet,  de  séries  d'espèces  parfaitement 
séparées  dans  la  nature  ;  i^  réapparition  d'une  faune  nombreuse  com- 
plètement disparue,  alors  que  pas  une  seule  espèce  de  cette  faune  n'a 
fait  la  moindre  réapparition. 

Une  distribution  nouvelle  des  espèces  de  VÉchinologie  helvétique 
est  absolument  indispensable  si  l'on  veut  que  la  Géologie  retire  de 
ce  magnifique  travail  tout  le  fruit  que  comporte  sa  haute  valeur  zoolo- 
gîque. 

H.  de  luiappareiit  pense  que  l'idée  d'un  récifcorallien  en  place 
n*imp1ique  en  aucune  façon  l'apparition  brusque  d'une  sorte  de 
colonne  de  Polypiers  au  milieu  des  couches  encaissantes.  Il  rappelle 
que,  dans  un  livre  récent  (1),  M.  Dana  a  montré  comment  les  récifs 
coralliens  se  forment  par  la  trituration  incessante  des  Polypiers 
vivant  sur  leur  surface,  trituration  qui,  suivant  les  circonstances,  peut 
donner  lieu  à  toutes  les  variétés  possibles  de  calcaires,  depuis  les  cal- 
caires oolithiques  jusqu'à  ceux  qui  sont  le  plus  compactes. 

M.  de  Lapparent  rappelle  encore  que  M.  Dana  a  indiqué  les  récifs 
largement  étalés,  les  Abrolhos  de  la  côte  de  l'Amérique  du  Sud, 
comme  représentant  probablement  le  type  qui  dominait  à  l'époque 
jurassique. 

M.  die  Cbaiicourtol»  regrette  vivement  d'entendre  invoquer 
la  formation  des  atolls  dans  une  discussion  sur  la  continuité  des  bancs 
de  coraux  jurassiques.  Il  ne  pense  pas  que  la  constatation  de  diverses 

(1)  CoraU  and  Coral-Islands  ;  1872. 


1877.  DE  LAPPARENT.   —  GRANITE  DU  MONT  SAINT-MICHEL.  143 

sortes  de  calcaire  dans  les  dépôts  subordonnés  aux  récifs  coralliens  ac- 
tuels suffise  pour  faire  assigner  une  origine  corallienne  à  tous  les  cal- 
caires jurassiques  de  texture  oolitfaique  et  compacte. 

Mais  c*est  surtout  le  rapprochement  des  mots  atoll  et  jurassique  qui 
lui  parait  illogique.  La  notion  de  l'atoll  est  en  efTet  inséparable  de  celle 
d'un  cône  volcanique  submergé.  Or  aucune  montagne  de  ce  genre 
n'existait  à  l'époque  jurassique.  Le  rapprochement  des  deux  mots  con- 
corde avec  l'extension  aux  phénomènes  plutoniques  anciens, delà 
qualification  volcanique,  qui  doit  être  réservée  aux  phénomènes  érup- 
tifs  récents  ;  c'est  donc  le  résultat  ou  le  principe  de  graves  con- 
fusions. 

C'est  avec  de  telles  manières  de  faire  intervenir  dans  tous  les  temps 
géologiques  les  causes  actuelles  mises  en  vogue  par  de  brillantes 
études,  que  l'on  donne  crédit  aux  théories  qui  font  remonter  jusqu'aux 
temps  des  premiers  sédiments,  non-seulement  l'existence  des  volcans, 
mais  aussi  celle  des  glaciers,  en  attendant  qu'elles  y  fassent  apparaître 
l'Homme. 

M.  die  IL<appareiit  conteste  absolument  qu'il  puisse  y  avoir  une 
relation  de  cause  à  effet  entre  la  nature  chimique  des  formations  vol- 
caniques et  le  développement  des  organismes  calcaires.  Il  rappelle 
que  la  Nouvelle-Calédonie,  qui  n'est  pas  volcanique,  est  entièrement 
bordée  de  récifs  coralliens,  que  les  Huîtres  prospèrent  à  Gancale  sur 
une  côte  exclusivement  gneissique  ou  schisteuse,  enfin  que,  dans  les  so- 
litudes du  Pacifique,  à  des  milliers  de  kilomètres  de  toute  côte,  les 
Globigérines  rencontrées  par  le  Challenger  dans  les  eaux  superficielles 
ne  paraissent  nullement  embarrassées  d'emprunterdirectement  à  l'eau 
de  la  mer  le  calcaire  de  leurs  carapaces,  qui  viendront  ensuite  s'accu- 
muler sur  le  fond  de  l'Océan  pour  y  former  des  bancs  de  Craie. 

H.  de  Lapparent  fait  la  communication  suivante: 

Sur  le  Granité  du  Mont  Saint*Micliel  et  sur  Vâge 

du  Granité  de  'Vires 

par  M.  Alb.  de  IL<apparent« 

1.  Sur  le  Granité  du  Mont  Saint-Michel, 

Tout  le  monde  connaît  le  Mont  Saint-Michel,  ce  rocher  qui  s'élève 
d'une  manière  si  surprenante  au  milieu  des  grèves  de. la  baie  d'Avran- 
ches,  et  que  l'art  du  Moyen-Age  s'est  plu  à  enrichir  de  véritables  mer- 
veilles architecturales.  Mais  si  le  Mont  Saint-Michel  captive  depuis 


û 


144  DE  LAPPARENT.    —  GRANITE  DU   MONT  SAINT-MICHEL.  3  dëc. 

longtemps  Vattention  des  touristes,  il  parait  avoir  été  assez  négligé  par 
les  géologues  et  l'on  n'en  a  fait  mention  jusqu'ici  que  pour  dire  qu'il 
était  formé  par  un  rocher  de  granité. 

Or  le  granité  normal  du  Cotentin  est  constitué,  comme  on  sait,  par 
la  variété  connue  sous  le  nom  de  granité  de  Vire  et  exploitée  aujour- 
d'hui, sur  une  grande  échelle,  dans  le  Calvados,  la  Manche  et  Tllle-et- 
Vilaine.  C'est  encore  cette  variété  qui  forme,  non  loin  de  la  côte,  le 
groupe  des  îles  Chausey.  Il  était  donc  intéressant  de  savoir  si  le  granité 
du  Mont  Saint-Michel  appartenait  à  l'espèce  de  Vire,  ou  s'il  constituait 
une  variété  distincte.  C'est  dans  ce  but  que  j'ai  visité,  au  mois  de  sep- 
tembre 1877,  ce  rocher,  qui  tant  de  fois  avait  attiré  mes  regards  du 
haut  des  chaînes  granitiques  situées  entre  Mortain  et  Avranches. 

Il  m'a  été  facile  de  reconnaître  au  premier  coup  de  marteau,  que  le 
granité  du  Mont  Saint-Michel  n'avait  rien  de  commun  avec  le  granité 
gris  de  Vire.  C'est  un  granité  à  mica  blanc  dominant,  avec  quartz  gra- 
nulitique  et  feldspath  rosé;  la  roche  est  peu  solide  et  contient  toujours 
de  la  tourmaline.  L'âspect  granulitique  du  quartz  est  extrêmement  ca- 
ractéristique et  il  est  impossible  de  méconnaître  dans  cette  roche,  qui 
forme  toute  la  protubérance  du  Mont  Saint-Michel  et  très-probable- 
ment aussi  celle  du  rocher  voisin  de  Tombelaine,  un  membre  de  la 
famille  des  granités  à  mica  blanc  ou  granités  à  étain,  dont  M.  Michel- 
Lévy  a  plus  d'une  fois  signalé  Timportance.  La  présence  constante  de 
la  tourmaline  met  hors  de  doute  cette  assimilation,  que  le  mica  blanc 
et  l'état  grenu  du  quartz  sufliraient  d'ailleurs  à  justifier. 

Le  granité  du  Mont  Saint-Michel  offre  une  structure  stratiforme  :  il 
forme  des  bancs  inclinés  vers  l'ouest  d'environ  10  degrés  et  séparés 
les  uns  des  autres  par  des  filons  très-réguliers  de  quartz  demi-laiteux, 
demi-corné,  qui  ont  souvent  dix  centimètres  d'épaisseur. 

Le  Mont  Saint-Michel  n'est  pas,  en  Normandie,  le  seul  affleurement 
de  granité  à  mica  blanc.  En  explorant,  avec  M.  Potier,  les  environs  de 
Saint-Hilaire-du-Harcouët,  nous  avons  suivi,  sur  quelques  centaines 
de  mètres,  au  milieu  des  schistes  cambriens,  un  filon  de  ce  même 
granité,  qui  affecte  une  structure  pegmatoïde  très-prononcée,  au  point 
que  la  tourmaline  et  le  quartz  s'y  isolent  en  cristaux  très-nets. 

Depuis,  dans  la  bande  granitique  qui  forme  la  rive  droite  de  la 
vallée  de  la  Sée,  j'ai  retrouvé,  à  Braffais,  un  gisement  d'un  granité 
granulitique  identique  avec  celui  du  Mont  Saint-Michel. 

Ainsi  l'affleurement  du  Mont  n'est  pas  exceptionnel  dans  la  région  ; 
mais  il  constitue  un  filon,  ou  tout  au  moins  une  protubérance  plus 
considérable  en  ce  point  qu'ailleurs.  Cette  variété  de  granité  traverse 
en  filons  le  granité  de  Vire  et  son  éruption  est,  par  suite,  d'une  époque 
très-nettement  postérieure. 


Saa.Ala.'^  eM~ikKma. 


Note  dcM.SCPOOR. 


trj^f  T.  VI  n.  t  p.Mfr .;. 


Fié.]_Plan  dn  teFrain  calcaire  d'Arlhon-Chémeré. 


.■.limUm  Ar^v.r 


La  Meule 


»,-,i,.l.n-uhr~:,Jr/.aUJrtKpi, 


•;  •  • 


1877.  DB  LAPPARENT.    —  (ÎRANITK  DE  VIRE.  lï^ 

Terminons  par  un  rapprochement  intéressant.  Il  existe  sur  la  cdte 
de  Cornouailies  un  rocher  isolé  en  pleine  mer  et  surmonté  par  une 
ancienne  abbaye  également  dédiée  à  Saint-Michel.  Or  ce  rocher  est 
aussi  formé  de  granité  à  mica  blanc,  c'est-à-dire  identique  avec  celui 
qui  constitue  le  Mont  Saint-Michel  de  Normandie. 

2.  Sur  tdge  du  Granité  de  Vire. 

En  indiquant,  dans  une  note  précédente  (1),  l'allure  du  granité  de 
Vire  dans  la  région  de  Mortain  et  d'Avranches,  j'ai  signalé  quelques 
points  où  la  pénétration  de  ce  granité,  en  filons  minces  et  réguliers, 
dans  les  schistes  cambriens,  est  un  fait  facile  à  vérifier. 

Depuis,  il  m'a  été  donné  d'observer  un  filon  de  granité  encore  plus 
caractéristique,  à  cause  de  son  éloignement  du  massif  principal,  dont 
il  n'est  qu'une  ramification.  Il  existe  au  sud-est  d'Avranches,  sur  la 
route  de  Saint-Hilaire,  un  massif  granitique  peu  important  par  sa  sur- 
face, mais  exploité  dans  de  nombreuses  carrières  et  dominant  toute  la 
contrée  environnante;  c'est  celui  du  tertre  de  La  Garonnière,  situé  sur 
la  commune  de  Montgothier. 

Sur  le  chemin  de  Montgothier  au  Grand-Celland  par  La  Tonnelliëre, 
on  côtoie  cx^nstamment  le  contact  du  granité  et  du  schiste  màclifëre: 
le  mélange  des  deux  roches  paraît  intime;  seulement  les  nombreux 
filons  granitiques  qu'on  observe  dans  la  masse  schisteuse  rubéfiée  ne 
contiennent  plus  que  du  feldspath  et  du  mica,  comme  si  le  quartz 
s'était  concentré  tout  entier  dans  ces  gros  noyaux  de  quartz  laiteux 
qui  dans  toute  la  contrée  caractérisent  la  zone  màclifère  au  contact 
immédiat  du  granité. 

Au  sud,  le  massif  granitique  de  Montgothier  est  étroitement  limité 
par  une  ligne  qui  passe  au  lieu  dit  Le  Tertre.  A  l'ouest,  on  suit  avec 
la  plus  grande  netteté  son  contact  rectiligne  avec  le  schiste  màclifère 
jusqu'à  La  Moinerie.  A  l'ouest  de  ce  contact,  on  ne  trouve  plus  que  du 
ischiste,  lorsque,  à  trois  kilomètres  de  là,  au  lieu  dit  Les  Forges,  à  la 
descente  du  chemin  vicinal  nouveau  qui  conduit  de  La  Boulouze  à 
Marcilly,  on  retrouve  un  filon  très-mince  et  très-régulier  de  granité, 
d'environ  20  centimètres  de  puissance,  traversant  le  schiste  màclifère 
rougeàlre.  La  roche  du  filon  est  sans  consistance,  mais  les  trois  élë^ 
ments,  quartz,  feldspath  et  mica,  sont  parfaitement  reconnaissables  et 
dans  leurs  relations  habituelles,  de  telle  sorte  qu'il  ne  manque  à  ce 
remplissage  que  la  consistance  pour  former  un  vrai  granité.  Ce  défaut 
de  consistance  peut  tenir  à  ce  que  la  roche  n'a  pas  pu  cristalliser  dans 

(1)  Bull.,  3«  sér..  t.  V.  p.  569. 

40 


lilî  DE   LAPrAIibiNT.   —   GUANITE  DE   VIUE.  3  d(îc. 

an  filon  mince  comme  elle  Ta  fait  en  masse;  mais,  quand  on  réfléchit 
que,  dans  toute  la  région,  la  croûte  du  granité  est  meuble  sur  plusieurs 
mètres  de  profondeur,  on  sera  plutôt  porté  à  y  voir  le  résultat  d'une 
altération  ultérieure. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  fait  d'un  filon  mince  distant  de  trois  kilomètres 
du  massif  dont  il  fait  partie,  prouve  quelle  liquidité  possédait  le  gi^anite 
de  Vire  lorsqu'il  a  fait  éruption  dans  les  fissures  des  schistes  cambriens 
déjà  consolidés  et  dont  il  a,  en  une  foule  d*endroits,  englobé  des  frag- 
ments anguleux. 

Cette  observation  ne  fournit  qu'un  maximum  pour  Tâge  du  granité 
de  Vire  ;  bien  que  ce  granité  ne  forme  jamais  de  filons  dans  les  grès 
armoricains  ou  dans  les  schistes  siluriens  à  Calymènes,  ce  qui  semble 
indiquer  quil  est  antérieur  à  leur  dépôt,  on  pourrait  dire  que  ces 
roches  ne  se  sont  pas  fissurées  comme  les  phyllades  cambriens,  et  que 
c'est  pour  cette  cause  que  le  granité  n'y  a  point  pénétré. 

Pour  échapper  à  cette  difficulté,  je  rappellerai  d'abord  que  partout, 
dans  le  Cotentin  et  i'Ille^t-Yilaine,  le  granité  se  signale  par  un  méta- 
morphisme de  contact  énergique,  qui  a  transformé  les  phyllades  en- 
caissants, ici  en  schiste  mftclifère,  là  en  leptynolite,  ailleurs  en  véri* 
table  phthanite.  Ce  métamorphisme  ne  se  fait  jamais  sentir  au-delà  de 
quelques  centaines  de  mètres  et  il  est  exclt^sivement  limité  aiuophyU 
lades  cambriens,  partout  relevés  en  couches  presque  verticales.  Les 
schistes  et  grès  siluriens  de  Mortain,  que  des  failles  ont,  sur  plus  d'un 
point,  amenés  au  contact  immédiat  du  granité,  n'ofiTrent  pas  laplus 
légère  trace  de  métamorphisme. 

Il  semble  bien  résulter  de  là  que  Férupiion  du  granité  de  Vire  a  eu 
lieu  après  le  dépôt  des  schistes  cambriens  et  avant  celui  du  grès  armo- 
ricain. Mais  tâchons  de  préciser  enœre  davantage. 

Sur  toute  la  chaîne  granitique  de  Mortain  à  Avranches  et  aussi  le 
long  de  celle  qui  court  de  Sourdeval  à  Sarlilly,  le  durcissement  de  la 
grauwacke  cambrienne  au  contact  du  granité  a  fait  naître  souvent, 
comme  je  l'ai  dit,  une  roche  siliceuse  noire,  analogue  à  un  véritable 
phthanite.  De  plus,  d'énormes  noyaux  de  quartz  blanc  laiteux  se  sont 
développés  dans  la  zone  métamorphique  et  quelques-uns  d  entre  eux, 
exploités  pour  les  chaussées,  ont  plusieurs  mètres  d'épaisseur. 
•  Cela  posé,  quand  on  explore  les  environs  de  Villeclicu,  on  aperçoit, 
à  la  partie  supérieure  des  schistes  et  poudingues  pourprés,  plusieui-s 
couches  d'un  grès  ou  conglomérat  dont  les  élénients  sont  uniquement 
formés  par  des  grains  roulés  de  quartz  laiteux  et  d'une  sorte  de  silex 
noir.  Une  couche  de  ce  genre  est  exploitée  sur  la  roule  de  Granvilleà 
Villedieu,  prèsdu  village  de  Saultchevreuil. 

Or  il  n'existe  dans  les  schistes  cambriens,  à  l'exception  de  la  zone 


1S77.  DE  LAPPARENT.   —  GliAMTK   DE  VIUK.  147 

métamorphique  dure,  aucune  couche  dont  il  soit  possible  de  faire 
dériver  les  éléments  évidemment  détritiques  de  ce  conglomérat.  N*est-il 
pas  naturel  de  penser  quelazone  métamorphique  était  déjà  consolidée, 
c'est-à-dire  que  le  granité  avait  déjà  fait  éruption,  lorsque  se  sont 
formés,  aux  dépens  delà  zone  durcie, les  conglomérats f|uirouronncnl 
le  système  des  grès  pourprés?  De  la  sorte,  Vâge  du  granité  serait  étroi- 
tement fixé  entre  les  phyllades  cambriens,  d'une  part,  et  les  pou- 
dingues  pourprés,  de  l'autre,  lesquels  forment  la  base  incontestable  sur 
laquelle  reposent,  en  discordance  géographique,  sinon  en  discordance 
de  stratification,  les  grès  armoricains  à  TigillUes  (ScoUthus). 

Cette  conclusion  s'applique  uniquement  à  la  venue  au  jour  du  gra- 
nité à  Vétat  fluide,  et  non  pas  à  l'apparition  de  ce  même  granité  à  la 
surface  du  sol.  On  confond  trop  souvent  ces  deux  choses  et  c'est  ainsi 
que  des  auteurs,  après  avoir  constaté  qu'un  massif  de  granité  a  surgi 
avec  dislocations  au  milieu  d'une  nappe  primitivement  continue  de 
schistes,  croient  pouvoir  en  conclure  (\\xq\  éruption  du  granité  est  an- 
térieure au  dépôt  des  schistes.  Je  le  i^épète,  le  mot  d'éruption  ne  peut 
s'appliquer  qu'à  l'épanchement  d'une  masse  fluide,  et  cet  épanchement 
ne  peut  se  constater  que  par  les  filons  réguliers  que  la  roche  éruptive 
envoie  dans  une  autre  roche  d'âge  défini.  Mais  il  est  évident  que  pos- 
térieurement à  cet  épanchement  et  à  la  consolidation  de  la  roche 
épanchée,  mille  accidents  ont  pu  la  faire  surgir  à  V(*tat  solide  au 
milieu  des  roches  qui  la  recouvraient.  C'est  ainsi  que  le  granité  de 
Mortain  a  surgi,  étant  déjà  solide,  au  milieu  du  grès  armoricain  et  du 
schiste  ardoisier.  Mais,  dans  ces  conditions,  le  granité  n'est  pas  plus 
éruptif  que  ne  l'étaient  les  couches  jurassiques  du  pays  de  Bray,  lors- 
qu'elles surgissaient  au  milieu  des  couches  crétacées  par  lesquelles 
elles  avaient  été  primitivement  recouvertes. 

Je  n'admets  donc,  comme  critérium  de  l'épanchement,  rien  autre 
chose  que  les  liions  réguliers  ;  or,  pour  le  granité  du  Cotentin,  ces 
filons  ne  s'observent  que  dans  les  phyllades  cambriens  ;  et  comme, 
dans  les  conglomérats  qui  surmontent  les  schistes  pourprés,  je  retrouve, 
à  rétat  détritique,  des  éléments  dont  il  m'est  impossible  d'apercevoir 
la  source  ailleurs  que  dans  les  roches  métamorphisécs  par  le  granité, 
je  me  crois  autorisé  à  conclure,  au  moins  jusqu'à  preuve  contraire, 
que  le  granité  de  Vire  a  fait  éruption  entre  le  Cambrien,  c'est-à-dire 
l'étage  des  Urthonschiefer  (étage  B  de  Barrande),  et  le  Silurien  infé- 
rieur, c'est-à-dire  les  schistes  pourprés,  équivalent  probable  de  la 
Faune  primordiale  ou  étage  C  de  Bohême. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivaiile  • 


148  TARDY.    —   A(ÎK   DES   CIVILISATIONS.  3  déc. 


L'Ago  des  civilisation»  d'après  les  alluvions  de  la  Saône* 

par  M.  Xardy, 

Ou  a  cherché  depuis  longtemps  à  se  faire  une  idée  de  Tantiquité 
des  civilisations  humaines.  Les  uns,  constatant  la  lenteur  avec  laquelle 
on  a  passé  de  la  civilisation  romaine  à  celle  de  nos  jours,  ont  conclu  à 
une  antiquité  incommensurable,  même  pour  les  civilisations  de  la 
Pierre  polie.  Plus  tard,  étudiant  les  couches  de  stalagmites  de  la  ca- 
verne de  Kent,  on  a  cru  y  trouver  la  preuve  des  premières  supputations, 
mais  on  ne  tenait  aucun  compte  des  modili  ations  climatériques  que 
le  cône  de  la  Tinière  aurait  dû  révéler.  Il  en  tut  de  même  dans  Tétude 
des  couches  de  sable  du  tumulus  des  Noires-Mottes;  cependant  les  va- 
riations des  anciens  fleuves  quaternaires  permettaient  de  soupçonner 
une  grande  diminution  dans  le  débit  de  ceux-ci.  il  devenait  donc  utile 
de  chercher  un  autre  chronomètre  archéologique. 

Parmi  les  moyens  pouvant  tendre  vers  ce  but,  j'ai  ébauché  en 
juin  1872,  dans  le  Bulletin,  une  théorie  qui  devait  plus  tard  me  con- 
duire à  la  fixation  des  époques  des  grandes  migrations.  C'est  au  moyen 
de  cette  loi  du  mouvement  des  nations,  que  j'ai  exposée  au  Congrès  de 
1  Institut  des  Provinces  réuni  à  Âutun  en  1876,  que  j*ai  pu  donner  les 
dates  de  l'arrivée  sur  notre  sol  des  civilisations  du  Bronze  et  de  la 
Pierre  polie.  Ces  dates  d'arrivée  se  sont  trouvées  fort  en  désaccord 
avec  toutes  les  indications  données  jusqu'à  ce  jour,  quoique  la  loi  du 
mouvement  des  nations  soit  en  accord  avec  tous  les  faits  connus  de 
l'histoire,  depuis  les  plus  anciennes  dates  certaines  de  l'ancienne 
Egypte. 

Un  tel  désaccord  m'engagea  à  chercher  un  nouveau  chronomètre 
géologique,  qui  exposât  moins  aux  erreurs  que  ceux  utilisés  jusqu'à 
ce  jour.  Mes  études  sur  le  bassin  de  la  Saône  portèrent  mon  atten- 
tion sur  les  observations  archéologiques  de  nos  confrères  MM.  de 
Ferry  et  Arcelin.  Recueillies  le  long  de  cette  rivière  et  publiées  dans  le 
tome  XII  des  Annales  de  V Académie  de  Mâcon,  elles  avaient  alors  servi 
à  M.  Arcelin  pour  une  tentative  chronométrique,  au  moyen  d'un  calcul 
de  moyennes.  La  précision  des  indications  publiées  me  donna  l'idée  de 
faire  le  profil  des  berges  de  la  Saône  et  de  consigner  sur  ce  dessin  par 
une  lettre  la  position  et  la  nature  de  la  découverte  archéologique  (i). 
Sauf  deux  ou  trois  points  où,  de  l'avis  même  des  observateurs, 
la  civilisation  romaine  se  mêle  aux  débris  des  âges  antérieurs,  il 

fl)  Ce  tableau  sora  piiblio  dans  les  Anualn  de  l  Académie  de  Mâcon. 


1877.  TAUDY.    —   AGE   DES  CIVILISATIONS.  ^.^  149 


existe  sur  ce  profil  une  grande  régularité  dans  la  disposition  relative 
de  chaque  genre  de  civilisation.  Chacune  d'elles  ne  commence  qu*à  un 
niveau  bien  précis,  mais  se  prolonge  bien  au-delà  de  l'arrivée  d'une 
nouvelle  civilisation.  Or  la  date  de  l'arrivée  est  pour  le  moment  la 
seule  qu'il  taille  chercher  à  établir  avec  le  plus  d'exactitude  possible. 

J'ai  cherché  d'abord  dans  l'histoire  à  quelle  époque  la  civilisation  ro- 
maine avait  pu  pénétrer  dans  le  bassin  de  la  Saône,  et  pour  cette  date 
j'ai  adopté  celle  à  laquelle  les  Romains  se  sont  établis  sur  le  Rhône. 
Deux  mille  ans  nous  séparent  ainsi  des  premières  stations  gallo-ro« 
maines.  Par  une  règle  de  trois  on  peut  calculer  l'âge  des  stations  anté- 
rieures distribuées  sur  plus  de  quarante  kilomètres  le  long  de  l'axe  de 
la  vallée  de  la  Saône.  Cette  étendue  du  profil  est«je  crois,  la  meilleure 
garantie  de  l'exactitude  des  résultats  qu'il  permet  de  calculer. 

On  trouve  ainsi  que  les  (]uatre  stations  les  plus  profondes  de  la  civi- 
lisation du  Bronze  sont  du  vi*'  siècle  avant  J.-C. 

C'est  la  date  que  j'avais  obtenue  antérieurementet  c'est  aussi  la  date 
que  les  savantes  discussions  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres  ont  assignée,  en  1873,  au  début  de  l'invasion  des  Gaulois.  Ce 
sont  donc  ces  peuples  qui  ont  apporté  sur  notre  sol  la  civilisation  du 
Bronze  toute  formée.  Leur  type  de  race,  bien  connu,  permet  do  re-* 
trouver  encore  des  groupes  de  ces  populations  et  de  constater  que  les 
noms  de  leurs  villages  et  leurs  noms  dhoinmes  ont  un  cachet  essen- 
tiellement asiatique.  Ces  villages  sont,  en  outre,  généralement  éche- 
lonnés sur  de  grandes  directions  indiquant  sans  doute  les  anciennes 
voies  de  communication. 

D'après  les  alluvions  de  la  Saône,  ce  n'est  qu'entre  le  troisième  et  le 
deuxième  siècle  avant  J.-C,  que  le  Fer  an  té-romain  a  pénétré  en  Oaule, 
apporté  sans  doute  par  les  Grecs,  qui  ont  laissé  sur  notre  sol,  non-seu- 
lement les  inscriptions  d'Âutun,  mais  encore  des  noms  de  lieux  essen- 
tiellement grecs,  et  environ  60  p.  0/0  de  mots  de  leur  langue  dans 
quelques-uns  de  nos  patois. 

La  première  apparition  de  la  civilisation  néolithique  a  eu  lieu  aux 
environs  de  âlûcoii  au  xxiii°  siècle  avant  J.-C,  d'après  le  calcul  indi- 
qué plus  haut  sur  les  alluvions  lehineuses  de  la  Saône  (1). 

Cette  première  civilisalioii  est  caractérisée,  sur  notre  sol,  par  des 
silex  taillés  et  des  poteries  et  par  fabieiice  probable  de  haches  polies. 
Cette  anomalie,  jointe  à  une  lacune  dans  la  concordance  des  résultats 
trouvés  sur  la  Saône  avec  ceux  de  la  loi  de  migration,  m'engagea  à 
comparer  sur  le  protil  les  époques  d'invasions  aux  épo<iues  qui  leur 
sont  intermédiaires.  A  répo<iue  de  chacune  des  deux  invasions  gerinar 

(1)  Le  chiffre  exact  donné  par  le  calcul  est  22,€y. 


150  r\l:l)Y.    —    AGE    DKS  CIVIUSATIONS.  3  (léc. 

nique  et  gauloise,  il  y  a  en  quelque  sorte  un  maximum  dans  le  nombre 
des  stations,  tandis  qu'aux  époques  intermédiaires  elles  sont  plus  rares 
et  disséminées.  Or,  au  milieu  de  Tépoque  néolithique,  lorsque  la  hache 
polie  apparaît,  il  y  a  un  maximum  dans  le  nombre  des  stations.  Il  n'y 
a  donc  pas  à  hésiter:  il  faut  scinder  la  civilisation  néolithique  en  deux 
groupes. 

La  seconde  de  ces  deux  civilisations  est  arrivée  sur  notre  sol  au 
xiv^  siècle  avant  notre  ère,  d'après  les  alluvions  de  la  Saône.  C'est 
aussi  la  date  donnée  par  la  loi  des  migrations  et  celle  à  laquelle  tous 
les  auteurs  ont  conclu  pour  l'arrivée  des  Pélasges. 

L'étude  des  noms  de  lieux  sur  le  sol  occupé  par  ces  peuples  m'a 
permis  de  retrouver  leur  langue  et  leur  route.  Après  avoir  traversé  le 
Don  dans  le  haut  de  son  cours,  ils  ont  franchi  le  Danube  et  suivi  la 
vallée  du  Pô,  pour  venir  traverser  la  rivière  d'Ain  vers  le  bas  de  son 
cours.  C'est  bien  là  la  route  déjà  connue  des  invasions  dites  aryannes. 
L'étude  de  cette  langue,  dont  le  dictionnaire  peut  servir  à  traduire  une 
foule  de  noms  de  lieux  désignant  leur  situation  topographique  et 
répandus  sur  tout  le  globe,  prouve  sans  doute  l'unité  de  langue  vers 
le  xxiii^  siècle  avant  J.-C.  Les  peuples  venaient  donc  peut-être  de  se 
disperser  sur  la  terre,  qui  devait  alors  être  inhabitée.  En  effet  la  pre- 
mière civilisation  néolithique  est  séparée,  sur  les  bords  de  la  Saône, 
de  la  dernière  civilisation  du  Renne,  par  deux  mètres  de  dépôts  dans 
lesquels  il  n'existe  pas  la  moindre  trace  de  l'existence  de  l'Homme. 
Ces  dépôts  se  prolongent  sur  les  plateaux  et,  quoique  je  ne  les  aie  suivis 
encore  que  jusqu'à  l'altitude  de  330",  je  puis  dire  que  par  leurs  carac- 
tères, indiqués  dans  le  Bulletin  eu  ju\i\  dernier,  ils  dénotent  une  grande 
pluie  dont  l'effet  torrentiel  a  été  promptement  arrêté  par  une  grande 
inondation. 

Ce  fait,  ainsi  que  l'unité  des  langues,  la  dispersion  des  peuples, 
cnGn  cette  date  du  xxiii®  siècle  avant  J.-C,  montrent  que  le  récit  mo-^ 
saïque  de  la  Yulgate  est,  en  dehors  de  toute  idée  religieuse,  d'une 
exactitude  rigoureuse.  L'âge  que  ce  récit  assigne  à  l'Homme  est  donc 
fort  probable. 

La  loi  (les  migrations  et  la  loi  des  oscillations  périodiques  associées  à 
l'étude  des  terrasses,  se  trouvant  ainsi  vériliées  jusqu'au  xxiii®  siècle 
avant  J.-C,  on  pourra  tenter  avec  quelques  chances  de  succès  de  fixer 
l'âge  des  silex  de  Saint-Acheul,  la  première  manifestation  delà  pré- 
sence de  l'Honinie  sur  notre  sol.  En  effet,  comme  je  l'ai  dit  ici  en  no- 
vembre 1876,  les  silex  taillés  tertiaires  sont  l'œuvre  de  la  nature,  et 
les  ossements  de  Cétacés  striés  ou  brisés,  ou  même  le  squelette  de 
Savone,  sont  dans  de  telles  conditions  de  gisement  qu'on  n'en  peut 
rien  conclure. 


i877.  GAUORT.   —  ENCHAINEMENTS  DBS  MAMMIFÈRES  TERT.  151 

Espérons  que  le  chronomètre  récemment  découvert*à  T  embouchure 
de  la  Loire  viendra  nous  éclairer  sur  l'antiquité  de  l'Homme  quater- 
ntire^et,  pour  aider  à  ce  résultat,  donnons  la  correction  climatologique 
que  la  comparaison  du  profil  de  la  Saône  et  du  cône  de  la  Tiniëre  fait 
coonaitre.  A  l'époque  néolithique,  il  pleuvait  environ  deux  fois  plus 
qu'à  l'époque  du  Bronze,  et  durant  cette  dernière  époque  il  pleuvait  un 
pea  plus  que  depuis  J.-C.  L'étude  que  M.  Debray  a  faite  des  tourbières 
do  Nord  conduirait  aux  mêmes  conclusions  (1). 


Séance  du  17  décembre  1877. 

PRÉSIDENCE   DE    M.    TOURNOUÊR. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  six  présentations. 

Il  fait  ensuite  part  à  la  Société  de  la  mort  de  M.  Bernard  de  Zimmer- 
naoD. 

Le  Président  annonce  que  le  prix  de  l'abonnement  annuel  ap 
Ompte-rendu  sommaire dei  «lances  de  la  Société  a  été  fixé  par  le  Con- 
seil  i  la  somme  de  deux  francs,  pour  les  membres  comme  pour  le 
pDblic. 

M.  Albert  Gaudry  présente  à  la  Société  son  ouvrage  intitulé  :  Les 
enehatnements  du  monde  animal  dans  les  temps  géologiques,  Mammi^ 
fères  tertiaires  (Y.  la  liste  des  dons),  et  en  donne  l'analyse  suivante  : 

Sur  les  enelialnemento  des  Mamiiil fères  tertiaires, 

par  M.  Albert  Gaudry. 

faî  l'honneur  d'offrir  à  la  Société  géologique  un  essai  sur  les  en- 
chaînements des  Mammifères  tertiaires.  Grâce  aux  travaux  des  strati- 
graphes,  on  commencée  pouvoir  déterminer  avec  quelque  précision 
U  succession  des  assises  dans  lesquelles  sont  ensevelies  les  dépouilles 
clés  anciens  êtres  ;  il  est  naturel  que  nous,  paléontologistes,  nous 
soyons  séduits  par  le  désir  de  comparer  les  créatures  dont  on  nous 
fau connaître  les  âges  respectifs,  et  que  nous  tâchions  de  découvrir  si 
leurs  modifications  ont  été  en  rapport  avec  leurs  dates  d'apparition. 

'Il  Voir  p<mr  plus  «le  ri  Mails  ïqs  Ainrilcs  de  l'Académie  de  Mdcon, 


io2  GAUDRY.   —  ENCHAÎNEMENTS  DES  MAMMIFÈUES    TERT.  17  dt'c. 

Les  Mammifères,  à  l'époque  tertiaire,  présentent  des  conditions  par- 
ticulièrement favorables  pour  étudier  les  questions  d'évolution  ;  car,  à 
cette  époque,  ils  sont  encore  en  pleine  voie  de  développement,  formant 
ainsi  un  contraste  avec  la  plupart  des  autres  classes,  dont  les  princi- 
paux linéaments  sont  déjà  dessinés.  A  en  juger  par  Tétat  présent  de 
nos  connaissances  (état  bien  provisoire,  il  est  vrai),  beaucoup  de  nos 
genres  actuels  de  Mammifères  sont  arrivés  très-tardivement  sur  la 
terre. 

Dans  le  premier  chapitre  de  mon  livre,  j'ai  parlé  des  Marsupiaux. 
Ces  animaux,  qui  ont  habité  nos  contrées  à  Tépoque  secondaire  et  ont 
eu  encore  quelques  représentants  dans  la  première  moitié  des  temps 
tertiaires,  n'y  vivent  plus  de  nos  jours.  Quand  nous  voyons  les  Placen- 
taires succéder  aux  Marsupiaux,  et  quand  nous  trouvons  des  fossiles 
tels  que  le  Pterodon,  YHyœnodon,  la  Palœonictis,  la  Proviverra, 
YArctocyon,  qui  présentent  un  mélange  de  caractères  de  Marsupiaux  et 
de  Placentaires,  il  nous  est  permis  de  supposer  que  nos  Placentaires 
peuvent  n'être  que  des  Marsupiaux  moditiés.  Cette  hypothèse  est  vrai- 
semblable au  point  de  vue  embryogénique;  car,  si  on  ne  considère  pas 
Fallantoïde  rudimentaire  du  Marsupial  à  la  lumière  de  la  doctrine  de 
l'Évolution,  elle  semble  une  inutilité,  et  le  mot  d'inutilité  est  bien  cho- 
quant pour  les  géologues  habitués  à  admirer  les  harmonies  de  la  na- 
ture à  toutes  les  époques  :  quand  un  organe  semble  inutile  dans  les 
êtres  d'aujourd'hui,  on  peut  supposer  qu'il  a  eu  son  utilité  dans  les 
êtres  d'hier,  ou  qu'il  aura  son  utilité  dans  les  êtres  de  demain. 

Le  second  chapitre  traite  des  Mammifères  marins.  Malgré  toutes  les 
recherches  des  nombreux  géologues  qui  ont  exploré  les  terrains 
de  formation  marine,  et  malgré  les  grandes  publications  de  M.  Gervais 
en  France,  de  M.  van  Beneden  en  Belgique,  nous  avons  encore  peu  de 
notions  sur  les  Mammifères  marins  antérieurs  à  l'époque  miocène  ;  il 
semble  que  le  règne  de  ces  animaux  n'a  eu  lieu  que  dans  la  seconde 
moitié  des  temps  tertiaires.  En  présence  de  cette  tardive  apparition 
des  rois  des  océans,  nous  nous  demandons  ce  qu'il  faut  croire  de  la  loi 
terripète  de  Bronn.  L'habile  paléontologiste  d'Heidelberg  avait  supposé 
que  la  vie  avait  commencé  au  sein  de  l'élément  liquide  et  que  peu  à 
peu  les  êtres  étaient  sortis  des  eaux  pour  gagner  la  terre  ferme.  L'é- 
tude des  invertébrés  a  pu  donner  quelque  vraisemblance  à  cette  hypo- 
thèse ;  est-elle  vraie  ou  fausse  ?  Je  l'ignore.  Mais,  quand  même  elle 
serait  vraie  pour  plusieurs  créatures,  il  ne  s'en  suivrait  pas  que,  dans 
toutes  les  classes  du  monde  organique,  les  genres  aquatiques  ont  pré- 
cédé les  genres  terrestres.  Puisque  les  Mammifères  marins  paraissent 
avoir  eu  leur  règne  plus  tard  que  les  Mammitères  terrestres,  il  est  dif- 
ficile de  dire  qu*ils  en  sont  les  ancêtres  ;  il  serait  plus  naturel  de  sup- 


1877.  GAUDRY.  —  ENCHAINEMENTS  DBS  MAMMIFÈRES  TERT.  1S3 

poser  qu'ils  en  sont  les  descendants.  L'examen  du  bassin  de  l'Hali- 
therium  tendrait  à  appuyer  la  supposition  que  les  Mammifères 
aquatiques  sans  membres  postérieurs,  tels  que  les  Siréniens,  sont 
dérivés  de  quadrupèdes  ayant  des  pattes  de  derrière,  comme  les 
Mammifères  terrestres  ;  car  Y Halitherium  avait  ses  membres  postérieurs 
bien  moins  réduits  que  ses  successeurs  d'aujourd'hui,  les  Lamantins 
et  les  Dugongs. 

De  tous  les  Mammifères  fossiles,  les  Pachydermes  sont  ceux  qui  inté- 
ressent le  plus  les  paléontologistes  par  la  multitude  des  nuances  que 
leurs  espèces  révèlent.  Ces  nuances  présentent  des  séries  de  dégrada- 
tions qui  permettent  de  réunir  des  formes  dont  les  types  extrêmes  sont 
très-isolés  dans  la  nature  actuelle.  On  découvre  des  liens  entre  le 
Rhinocéros,  Y Acerotherium,  le  PaUeothcrium,  le  Paloplotherium  ; 
entre  le  Tapir,  YHyrachyus,  le  Lophiodon  ;  entre  le  Cochon,  YHyo^ 
therium,  le  PalœocJiœrus,  le  Choeropotamus. 

Si  les  Pachydermes  se  lient  entre  eux,  ils  s'enchatnent  aussi  avec 
plusieurs  des  Herbivores  de  la  nature  actuelle.  Entre  les  lourds  Pachy- 
dermes omnivores  et  les  Ruminants,  la  distance  est  grande  ;  cependant 
on  commence  à  trouver  des  transitions  entre  ces  animaux.  Comme  les 
Pachydermes,  les  premiers  Ruminants  ont  été  dépourvus  de  bois  et  de 
cornes  ;  comme  eux  aussi,  ils  ont  eu  dos  incisives  supérieures.  J'ai 
donné  de  nombreux  dessins  de  molaires  montrant  comment  on  peut 
concevoir  que  les  gros  mamelons  des  dents  d'omnivores  servant  à 
broyer  des  substances  dures  sont  devenus  insensiblement  les  minces 
croissants  des  dents  de  Ruminants  propres  à  triturer  les  herbes  ou  les 
feuillages  tendres.  J'ai  réuni  aussi  beaucoup  de  gravures  d'os  des 
membres  pour  faire  voir  comment  les  pattes  lourdes  et  coippliquées 
des  Pachydermes  avaient  pu  se  transformer  en  pattes  fines  et  simpli- 
fiées comme  celles  des  Ruminants. 

L'histoire  des  Chevaux  m'a  présenté  des  faits  du  même  ordre  que 
celle  des  Ruminants.  On  commence  à  trouver  bien  des  passages  pour 
la  forme  des  dents  et  des  os  des  membres,  entre  les  Ongulés  omnivores 
à  doigts  compliqués  et  nos  Chevaux  d'aujourd  hui  dont  la  dentition  est 
herbivore  et  dont  les  pattes,  devenues  si  fines,  si  simples,  réalisent  le 
type  le  plus  parfait  de  l'animal  coureur. 

Dans  le  chapitre  des  Proboscidiens,  j'ai  rappelé  combien  il  est  vrai- 
semblable que  nos  Éléphants  sont  descendus  des  Mastodontes  ;  mais 
nous  ignorons  encore  de  quels  animaux  les  Mastodontes  ou  les  Dino- 
therium  ont  eux-mêmes  été  tirés. 

Nous  ignorons  également  la  souche  primitive  des  Carnivores,  En 
compensation,  nous  observons  des  passages  entre  les  six  familles  aux- 
quelles appartiennent  actuellement  ces  animaux.  On  connaît  des  Iran- 


184  DOLLFUS.   —  RUTOT  .'  FAUNE  OUGOGÈNE.  i  7  cléc. 

sitions  entre  le  Chien  et  l'Ours,  entre  le  Chien  et  la  Civette,  entre  la 
Civette  et  Y  Hyène,  entre  la  Civette  ei  les  MtMtélidés,  entre  les  Mmtéli" 
dés  et  les  Félidés. 

Dans  le  dernier  chapitre,  consacré  aux  Quadrumayies,  j'ai  fait  re* 
marquer  que  les  observations  paléontologiques  diminuent  Tisolement 
011  ces  Mammifères  paraissent  être  aujourd'hui.  VAdapis  est  un  lien 
entre  les  Ongulés  et  les  Lémuriens;  le  Pachyderme  appelé  Cebo- 
chcerus  et  le  Singe  nommé  Oreopithecus  paraissent  combler  un  peu 
Thiatus  qui  sépare  les  Quadrumanes  des  Ongulés. 

A  côté  des  traits  d'union  que  j'ai  cherché  à  mettre  en  lumière,  il  y  a 
encore  de  très-nombreuses  lacunes.  Cependant  les  quelques  enchaîne- 
ments que  nous  commençons  à  découvrir  me  semblent  dignes  d'inté- 
rêt, car  ils  jettent  un  peu  de  lumière  sur  les  voies  que  le  Créateur  a 
suivies  pour  produire  ces  incessants  et  magnifiques  changements  de 
décors  dont  la  science  géologique  nous  offre  le  tableau.  En  dehors  de 
son  intérêt  philosophique,  l'étude  des  enchaînements  des  êtres  fos- 
siles peut  avoir  son  utilité  au  point  de  vue  de  ta  géologie  pratique. 
Jusqu'à  présent  les  personnes  qui  veulent  reconnaître  l'âge  des  terrains 
au  moyen  des  fossiles  qu'ils  renferment  ont  été  obligées  de  retenir  les 
listes  des  espèces  notées  comme  les  plus  caractéristiques  de  chaque 
étage.  Ces  listes  deviennent  si  étendues  que  la  mémoire  la  plus  fidèle 
est  incapable  de  les  conserver.  Mais,  s'il  est  vrai  que  dans  nos  pays 
les  Mammifères  ont  eu  un  développement  progressif  depuis  le  commen- 
cement des  temps  tertiaires  jusqu'à  la  fin  de  l'époque  miocène,  et  qu'à 
partir  de  ce  moment  ils  ont  diminué,  il  devra  quelquefois  suffire,  pour 
déterminer  l'âge  d'un  terrain,  de  considérer  à  quel  degré  d'évolution 
sont  parvenus  les  fossiles  qui  en  proviennent.  Quand  on  m'apporte  des 
Mammifères  fossiles  à  déterminer,  je  regarde  s'ils  sont  plus  ou  moins 
marsupiaux,  plus  ou  moins  ruminants,  plus  ou  moins  solipèdes,  plus 
ou  moins  lémuriens,  etc.  ;  il  me  semble  que  souvent  on  peut  ainsi 
soupçonner  leur  âge,  avant  de  s'être  préoccupé  de  savoir  s'ils  doivent 
porter  tels  ou  tels  noms  spécifiques. 

Évidemment,  dans  l'étatd'enfance  où  se  trouve  la  Paléontologie,  un 
travail  sur  les  enchaînements  des  êtres  ne  peut  être  qu'une  ébauche  ; 
j'ai  donc  besoin  de  réclamer  pour  mon  nouveau  livre,  encore  plus 
que  pour  mes  précédents  ouvrages,  l'indulgence  de  mes  savants  cou- 
frères. 

M.  G.  Uollfus  offre  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  Rutot,  le 
|e^  fascicule  d'une  Descnption  de  la  Fuuiie  de  Z*01lgoceiio  îii- 
rérioui*  de  Ool^iciue  (V.  la  liste  des  dons).  Ce  travail  renferme 
la  description  et  la  figure,  due  u  l'habile  crayon  de  l'auteur,  de  toutes 


1877. 


DOLLFUS.  —  RirrOT  :   FAUNE  OLIOOGÈNB. 


18» 


les  espèces  des  genres  Strombus,  Rostellaria,  Murex»  Triton  et  Typhis, 
de  Tancien  Tongrien  inférieur  de  Dumont,  qui  s'assimile  très-bien 
comme  stratigraphie  avec  les  formations  allemandes  d'Egeln  et  de 
Magdebourg,  et  qui  correspond  vraisemblablement  au  Gypse  dans  le 
bassin  de  Paris. 

La  faune  décrite  a  des  rapports  remarquables  avec  celle  de  Barton 
en  Angleterre,  et  d'autres  fort  nets  avec  celle  des  Sables  de  Fontaine- 
bleau (lu  bassin  de  Paris.  En  effet,  dans  son  travail,  notre  collègue  ne 
s'est  pas  borné  à  la  description  pure  et  simple  des  espèces  ;  il  s'est 
efforcé  de  les  suivre  dans  leurs  modifications  dans  les  terrains  voisins. 
Recherchant  la  filiation  des  types  et  le  groupement  des  formes,  il  a 
taché  de  l'indiquer  dans  sa  nomenclature  ;  s'inspirant  de  la  méthode 
qui  pour  les  animaux  inférieurs  comprend  plus  largement  l'espèce  et 
pense  que  le  nom  de  la  variété  est  souvent  nécessaire  pour  caractériser 
la  sous-division  géologique,  il  a  souvent  désigné  par  trots  noms  l'es- 
pèce considérée.  Soit  le  type  du  Typhis  fistulosus,  Brocchi,^qui  est  ré- 
pandu, comme  on  sait,  dans  le  Miocène;  H.  Rutot  appelle  la  même 
forme  dans  l'Oligocène  moyen  et  supérieur,  sur  laquelle  MH.  Beyrich 
et  von  Kœnen  n'ont  pas  été  d'accord,  T,  fistulosus,  var.  Schîotlieimi, 
Beyr.  Retrouvant  la  même  espèce  dans  l'Oligocène  inférieur,  avec  des 
modiûcations  trop  peu  sensibles,  il  lui  donne  le  nom  de  T.  fistulosus, 
var.  prisca,  Rutot. 

Autre  exemple  :  soit  le  Triton  eœpansum,  Sow.,  découvert  dans  le 
Laekenien  supérieur  et  l'Oligocène  inférieur,  à  Wemmel  et  à  Grimmer- 
tingen  ;  ses  rapports  avec  le  T.  Flandricum,  de  Koninck,  sont  intimes, 
et  d'un  autre  côté  sa  liaison  avec  le  T.  angustum,  Brand.,  est  indiscu- 
table. M.  Rutot  choisit  pour  type  l'espèce  la  plus  nette,  la  plus  com- 
mune, la  mieux  connue,  et  groupe  les  autres  dans  un  tableau  comme 
celui-ci  : 


Éocène. 


Oligocène 
iufcricur. 


Oligocèno 
moven. 

Oligocène 
supérieur. 


Miocène. 


Triton  Flandrieum ,  var.   expama,  Sow.   :  Bracklesham , 

Wemmel. 

—  var.  ar^tf (a,  Brand.  :  Barton. 

—  var.  expansa,  Sow.  :  Grimmertingcn. 

—  var.  pottera,  von  Kœnen  ;  Belgique  et 

Allemagne. 

—  de  Kon.  (type)  :  Vliermael. 

—  de  Kon.  (type)  :  argile  de  Boom. 

—  var.  foveolata,  Sandb.  :  Weinheim. 

—  de  Kon.  (type)  :  Cassel,  Stemberg. 

—  var.   Tarbelliana,    Grat.   :    bassins   de 

Bordeaux  et  do  Vienne. 

—  var.  Àpenniea,  Sassi  :  bassin  de  Vienne 


156  MlGUEL-Lh:VY.   —  OPUITES  DES  PYRÉNÉES.  17  dëc. 

^,.     .  (   Triton  Flayidricum,  var.  Tarbelliana,  Grat.  :   sables  noirs 

^^'^^^^'         (  d'Anvers. 

En  un  mot,  M.  Rutot  cherche  à  rejoindre,  à  rapprocher  les  docu- 
ments épars  sur  les  espèces  voisines  que  Ton  s'est  eflTorcé  le  plus  sou* 
vent  de  séparer.  Si  à  une  certaine  époque  il  a  été  excellent  d'élever  des 
barrières  infranchissables  aux  espèces,  il  n'en  est  plus  de  même  aujour- 
d'hui, et  M.  Rutot  croit  que,  sans  manquer  de  précision,  il  lui  est  per> 
mis  de  suivre  l'évolution  et  la  filiation  des  espèces  comme  elles  se  pré- 
sentent dans  la  nature. 

M.  Michel-Lévy  fait  la  communication  suivante  : 


Note  sur  quelques  Opliltes  des  Pyrénées» 
par  M.  A.  Micliel-I^évy. 

Historique. 

J'ai  eu  récemment,  grâce  à  l'obligeance  de  MM.  Jacquot,  Hébert  et 
Douvillé,  l'occasion  d'examiner  au  microscope  plusieurs  échantillons 
d'ophitesdes  Pyrénées,  provenant  de  l'ouest  et  du  centre  de  la  chaîne, 
et  recueillis  à  de  grandes  distances  les  uns  des  autres.  Un  premier  fait 
m'a  frappé  et  encouragé  à  publier  le  résultat  de  ces  observations  : 
c'est  la  remarquable  constance  de  quelques  caractères  de  structure 
et  de  composition  minéralogique  dans  toute  la  série,  constance  qui 
justiiie  la  création  du  nom  d'ophite  et  permet  de  comparer  ce  groupe 
de  roches  avec  d'autres  séries  d'âge  mieux  connu. 

C'est  à  Palassou  (1)  qu'on  doit  le  nom  d'ophite  et  la  première  spé- 
cification de  la  roche  éruptive  qu'il  désigne  ainsi. 

De  Charpentier  (2)  y  voit  un  mélange  de  feldspath  et  d'amphibole, 
avec  développement  de  minéraux  accidentels,  tels  que  la  Prehnite,  la 
Stilbite. 

Dufrénoy  (3)  insiste  sur  l'accompagnement  de  marnes  bigarrées,  de 
sel  gemme,  de  gypse,  qui  caractérise  un  grand  nombre  de  pointements 
d'ophites,  et  leur  rattache  un  type  pour  lui  essentiellement  pyroxénique, 
la  Lherzolithe. 

M.  Damour  déûnit  avec  précision  la  composition  minéralogique  de  la 

(1)  Journal  des  Mines,  1798,  n*  49. 

(2)  Essai  sur  la  constitution  géognoUique  des  Pyrénées  ;  1823. 

(3)  Mémoires  pour  servir  à  une  Description  géologique  de  la  France,  t  II  p.  153; 
1831. 


1877.  MIGHEL-LÉVT.   —  OPHITES  DES  PTRÉNÉKS.  iS7 

Lherzolithe,  dans  laquelle  il  trouve  du  përidot,  du  pyroxène  et  un 
spinelle  cbromifère. 

H.  Des  Cloizeaux  (i)  remarque  les  petits  quartz  noirs  bipyramidës 
développés  par  métamorphisme  au  voisinage  des  ophites  et  de  la 
Lherzolithe  du  col  deSurdé. 

M.  Jacquot  (2)  observe  au  voisinage  de  Vophite  de  Biarritz,  qu'il 
appelle  une  diorite,  et  dans  des  dolomies  de  contact,  les  petits  quartz 
bipyramidés  métamorphiques  noirs,  que  M.  Des  Cloizeaux  avait  déjà 
signalés  au  col  de  Surdé  ;  il  remarque  que  les  marnes  bigarrées  qui 
servent  également  de  cortège  aux  ophites,  ont  leur  silice  en  grande 
partie  soluble  dans  les  acides. 

Pour  H.  Hébert  (3),  les  ophites  sont  également  à  rapporter  aux  dio- 
rites. 

C'est  à  M.  Zirkel  (4)  que  Ton  doit  le  premier  travail  d'analyse  mi- 
croscopique sur  les  ophites  pyrénéennes  ;  il  les  décrit  comme  un  mé- 
lange grenu  de  plagioclase  et  de  hornblende,  contenant  accessoire- 
ment du  fer  oligiste,  delà  magnétiteet  du  mica  brun,  et  comme  miné- 
raux secondaires  du  talc  et  de  Tépidote.  Ce  seraient  donc  de  vraies 
diorites.  Dans  quelques  variétés  pauvres  en  amphibole  et  riches  en 
feldspath  (telles  que  Lacourt,  Saint-Pé,  Saint-Béat),  on  voit  apparaître 
avec  l'amphibole  un  augitediallagique  presque  incolore.  Les  propriétés 
physiques  et  chimiques  du  feldspath  se  rapprochent  plus  de  celles  de 
l'oligoclase  que  de  celles  du  labrador.  M.  Zirkel  a  trouvé  de  Torthose 
dans  une  ophite  (Pouzac,  près  Bagnères-de-Bigorre).  Le  mica  noir  est 
à  considérer  comme  un  produit  d'altération  de  la  hornblende. 

M.  Hacpherson  (5)  a  récemment  donné  une  description  .approfondie 
des  ophites  de  la  province  de  Cadix  ;  comme  il  les  assimile  à  celles  des 
Pyrénées,  il  est  intéressant  d'étudier  sa  description,  qui  confirme 
d'ailleurs  entièrement  sa  comparaison.  Il  distingue  deux  types  princi- 
paux d'ophites  suivant  leur  degré  de  compacité. 

Dans  les  plus  compactes,  on  observe  des  plagioclases  souvent  en 
groupements  étoiles,  et  des  grains  de  pyroxène  jaunâtre  en  partie 

(1)  Manuel  de  Minéralogie,  t.  I,  p.  544;  1862. 

(2)  Description  géologique  det  falaiset  de  Biarritz,  Actes  de  la  Soe,  Linnéenne  de 
Bordeaux,  t.  XXV  ;  1861. 

(3)  BulL  Soc.  géol,  2«  sér.,  t.  XIX,  p.  1111. 

(4)  Beiirœge  xur  geol.  Kenntnist  der  Pyrenœen,  Zeitschr,  d,  D.  geol,  GeselUch., 
t.  XIX,  p.  116;  1867. 

(5)  Sobre  las  Rocas  eruptivat  de  la  provincia  de  Cadix,  Anales  de  la  Soc.  esp.  de 
Hist.  nat.,  t.  V  ;  1876.  —  Un  mois  après  la  lecture  de  la  présente  notej'ai  reçu 
de  M.  Macpherson  une  étude  sur  l'ophite  de  Biarritz,  qui  confirme  entièremeot  mes 
propres  descriptions  f Sobre  los  caractères  petrograficos  de  las  Ofitas  de  las  cerca- 
nias  de  Biarritz,  An.  Soc.  esp.  de  Hist.  nat.,  t.  VI;  1877). 


158  MIGHEL-LÉVV.   —  OPHITES  DES  PYRÉNÂES.  17  déc. 

transformé  en  chlorite»  noyés  dans  une  pflte  verte  contenant  de  petits 
cristaux  des  mêmes  minéraux,  du  fer  oxydulé  et  du  fer  titane. 

Dans  la  série  moins  compacte,  Il  n'y  a  plus  aucune  trace  de  pâte 
amorphe  ;  Taugite  y  devient  diallagique  et  remplit  les  interstices  des 
cristaux  de  plagioclase.  Les  feldspaths,  le  plus  souvent  troubles,  con- 
tiennent des  aiguilles  d'amphibole  et  des  inclusions  gazeuses,  vitreuses 
et  liquides  (?).  L'analogie  de  l'augite  avec  le  diallage  provient,  non  pas 
de  la  présence  des  microlithes  bruns  souvent  caractéristiques  de  ce 
dernier  minéral,  mais  simplement  de  la  prédominance  d'un  clivage 
parallèle  aux  arêtes  du  prisme.  Cet  augite  diallagique  est  souvent 
transformé  en  amphibole  et  en  chlorite.  On  rencontre  exceptionnelle- 
ment de  petits  grains  de  quartz  et  d'hématite  ;  Tépidote  est  de  forma- 
tion secondaire. 

H.  Quiroga  (i)  a  décrit  plus  récemment  encore  l'opbite  de  Pando 
(Santander)  ;  il  y  signale  un  plagioclase  trouble,  avec  inclusions  vi- 
treuses, gazeuses  et  liquides  (?),  des  prismes  verts  d'augite  diallagi- 
que, de  la  viridite,  de  l'amphibole,  de  I'épidote,de  la  maguétite,  du  fer 
oligiste  et  des  traces  de  pâte  vitreuse. 

Enfin  H.  Rosenbusch,  en  résumant  les  travaux  précédents,  a  rangé 
les  ophites  comme  une  annexe  à  la  fin  du  chapitre  des  diorites,  dans  sa 
nouvelle  pétrographie.  11  fait  toutefois  remarquer  que,  si  la  description 
de  H.  Hacpherson  devait  s'appliquer  généralement  aux  ophites,  elles 
mériteraient  plutôt  d'être  placées  dans  la  classe  des  augites- andésites 
que  dans  celle  des  diorites. 

Composition  minéralogique  et  structure  de  quelques  Ophites 

DBS  Pyrénées. 

Or  mes  propres  études  confirment  en  grande  partie  les  détermina- 
tions de  M.  Macpherson  :  les  ophites  sont  caractérisées  par  la  pré- 
sence constante  du  diallage  ou  d'un  augite  passant  au  diallage;  ce 
bisilicate  moule  des  cristaux  allongés  de  feldspath  triclinique,  générale- 
ment groupés  entre  eux  et  qui  ne  méritent  pas  le  nom  de  microlithes, 
malgré  leur  allongement  et  leurs  dimensions  assez  exiguës  ;  le  tout 
englobe  habituellement  des  cristaux  anciens  de  fer  titane.  C'est  à  ce 
groupement  caractéristique  de  feldspath  de  consolidation  récente  et  de 
diallage  plus  récent  encore,  que  les  ophites  doivent  leur  structure 
intermédiaire  entre  la  structure  granulitique  et  la  structure  microli- 
thtque,  mais  se  rattachant^  en  réalité  plus  intimement  à  la  première. 

L  Le  diallage  et  l'augite  passant  au  diallage  con- 

(1)  OfUa  de  Pando.  An.  Soc.  esp.  deHist.  nat.,  l.  V  :  187G. 


1877.  MIGHEL-LÉVY.   —  OPHITES  DBS  PYRÉNÉES.  169 

servent  les  mêmes  caractères  dans  toutes  lesophites  que  j'ai  examinées 
et  dont  on  trouvera  plus  loin  l'ënumëration.  C'est  un  minéral  à  peine 
brunâtre,  dépourvu  de  dichroïsme,  présentant  les  traces  des  deux  cli- 
vages m,  m,  dont  l'un  paraît  souvent  plus  facile  et  comme  prédomi- 
nant. Dans  cet  augite  limpide  on  voit  apparaître,  par  places,  de  fines 
stries  brunes,  qui  se  résolvent  aux  forts  grossissements  en  une  série  de 
petites  inclusions  opaques  rangées  parallèlement  les  unes  aux  autres; 
il  m'est  arrivé  de  constater  assez  fréquemment  que  ces  stries  caractéris- 
tiques servent  de  bissectrice  à  l'angle  fait  entre  eux  par  les  clivages 
m,  m  :  on  peut  même  les  considérer  comme  parallèles  à  la  face  h\  ,  de 
telle  sorte  que  les  sections  précédentes  appartiendraient  à  la  zone 
|}Ai. L'extinction  .de  ce  diallage  rappoj*tée  aux  traces  du  plan  hi  dans 
les  zones  hxQitipgi  ne  paraît  pas  dépasser  un  maximum  de  35^ 
C'est  là  un  angle  un  peu  faible,  car  le  diallage  présente  dans  ces  zones 
un  maximum  allant  habituellement  jusqu'à  39«.  H  contient  ici  des  in- 
clusions vitreuses  et  des  pores  à  gaz  de  petites  dimensions. 

Au  diallage  des  ophites  se  rattache  une  série  de  minéraux  r\j\  pro- 
viennent, les  uns  de  sa  transformation  sur  place  et  qu'on  peut  par 
conséquent  qualifier  de  secondaires,  les  autres  d'une  modification 
chimique  plus  profonde  du  magma  de  la  roche  et  qui  sont  dus  proba- 
blement à  la  nature  des  salbandes  en  contact  avec  les  filons  d'ophites. 
A  la  première  catégorie  se  rattachent  l'amphibole,  la  serpentine  et  la 
chlorîte;  à  la  seconde,  l'épîdote. 

lo  Le  diallage  passe  à  raniplill>ole  dans  les  ophites,  de  la  même 
façon  que  dans  les  euphotides  du  Mont-Genèvre  (I)  :  il  verdit,  devient 
dichroïque,  et,  bien  qu'on  puisse  parfois  suivre  la  trace  des  clivages  M 
d'une  substance  à  l'autre,  les  extinctions  n'ont  plus  lieu  simultané- 
ment ;  dans  la  zone  M  ^i,  je  n'ai  pas  constaté  ici  pour  l'amphibole 
d'extinction  dépassant  16  à  20o,  à  partir  de  l'arête  i^i  ^i.  Le  di- 
chroïsme devient  parfois  très-intense  dans  les  teintes  vertes  et  bleues 
et  l'on  voit  même  apparaître  par  places  les  clivages  caractéristiques  de 
la  hornblende  ;  mais  je  pense  qu'il  faut  le  plus  souvent  rapporter  à 
l'actinote  le  produit  de  l'oMraZiVtsaa'oM  du  diallage. 

La  plupart  des  ophites  présentent,  en  relation  avec  leur  diallage,  des 
plages  arrondies  d'une  substance  verte  concrétionnée,  ayant  coulédans 
les  interstices  des  autres  cristaux  et  offrant  généralement  tous  les  carac- 
tères de  la  serpentine  ;  cette  substance,  qui  prend  souvent  des 
teintes  vives  de  polarisation,  ne  montre  cependant  pas  d'individus 
cristallins  à  contours  définis,  et  passe  à  une  matière  entièrement  gom- 
meuse  ;  elle  ne  peut  donc  être  toujours  rapportée  à  la  eblorlte,  qui 

(1)  Bull  Soc.  gcol.,  3«   s6r.,t.  V,  p.  252. 


160  HlGIlEL-LéYY.   —   OPHITES  DES  PYRÉNÉES.  17  dëc. 

cependant  est  aussi,  dans  les  ophites,  un  des  termes  de  décomposition 
de  l'amphibole.  La  serpentine  m'a  paru  le  plus  souvent  devoir  être 
rapportée  à  une  altération  du  diallage  ou  de  l'amphibole;  toutefois, 
dans  quelques  cas  particuliers,  il  ne  serait  pas  Impossible  qu'elle  dût 
son  origine  à  des  cristaux  de  péridot  entièrement  altérés. 

2^  L'épldote  est  une  cause  de  grandes  difficultés  dans  la  détermi- 
nation précise,  au  microscope,  des  éléments  minéralogiques  de  toute 
la  série  de  roches  qui  nous  occupe.  Elle  y  est  abondante,  mais  n'y  pré* 
sente  pas  tous  les  caractères  qu*on  lui  prête  d'habitude  dans  les  traités 
classiques  de  minéralogie  microscopique;  ainsi  HM.  Zirkel  et  Rosen- 
busch  sont  d* accord  pour  considérer  l'épidote  comme  un  minéral  forte- 
ment dichroïque  et  plus  voisin,  à  ce  point  de  vue,  de  la  hornblende  que 
de  l'augite;  or,  dans  la  séri^  d*ophites  que  j'ai  examinée,  le 
dichroîsme  de  l'épidote  est  à  peine  perceptible,  et  il  faut  une  attention 
soutenue  pour  ne  pas  confondre  ce  minéral  avec  le  pyroxène. 

Voici  quels  sont  les  caractères  qui  me  paraissent  les  plus  propres  à 
éviter  cette  confusion.  L'épidote,  vue  en  plaques  minces  à  la  lumière 
naturelle,  présente  ici  une  teinte  très-légèrement  verdâtre;  il  se  pro- 
duit à  son  pourtour,  même  lorsqu'elle  est  englobée  dans  le  pyroxène, 
des  phénomènes  bien  marqués  de  réûexion  totale,  qui  proviennent  de 
sa  forte  réfringence  et  lui  donnent  un  certain  relief,  analogue  à  celui 
du  sphène  ou  du  grenat,  (juoique  moins  marqué.  Entre  les  Niçois 
croisés,  elle  se  pare  de  couleurs  brillantes  (surtout  dans  les  tons  jaunes 
et  orangés,  pour  Tépaisseur  habituelle  des  plaques  minces)  ;  ces  cou- 
leurs ont  une  limpidité  que  ne  présentent  pas  celles  du  pyroxène  et 
que  la  vuedu  minéral  à  la  lumière  naturelle  n'aurait  pas  fait  prévoir; 
car  il  n'offre  pas  ainsi  une  pureté  et  une  limpidité  exceptionnelles. 

Un  des  clivages  de  l'épidote  suivant  la  facep  est  généralement 
très-marqué  et  produit  souvent  des  traces  régulièrement  éqaidis- 
tantes  ;  mais  il  n'est  pas  le  seul  et  l'on  en  constate  un  autre  apparte- 
nant à  la  zonepgi,  probablement  voisin  de  ^i,  qui  interrompt  irrégu- 
lièrement, perpendiculairement  à  leur  longueur,  les  faisceaux  de  prismes 
d'épidote  allongés  suivant  l'arête  phu  Ces  faisceaux,  régulièrement 
divergents  et  en  forme  d'éventail,  se  montrent  fréquemment,  dans  les 
filonnets  secondaires  formés  par  l'épidote,  associés  au  quartz  et  parfois 
à  un  feldspath  triclinique  (oligoclase,  labrador);  ils  s'éteignent  constam- 
ment suivant  leur  longueur,  puisque  l'arête  j)Ai  se  confond  avec  un 
des  axes  d'élasticité  de  l'épidote,  substance  monoclinique;  quand  les 
faisceaux  en  éventail  se  présentent,  ils  sont  parfaitement  caractéris- 
tiques et  se  rapportent  certainement  à  l'épidote  ;  mais  il  peut  y  avoir 
indécision,  quand  l'épidote  est  en  grains  irréguliers  sans  forme  ex- 
térieure déterminée  ;  car  dans  les  zones  pgi  et  hi  g^^  k  partir  des 


*877.  MICHtL-LÉVY.   --  OPHlieS  D£S  PYUÉNÉES.  16i 

traces  du  clivage  facile  p,  les  extinctions  oscillent  entré  0  et  29©  (I). 
L'épidote  se  présente  dans  les  ophites,  non  seulement  en  iilonnets 
secondaires,  mais  aussi  en  petits  agrégats  de  cristaux  développés  au 
sein  môme  du  magma  de  la  roche.  On  ne  peut  les  considérer  dans  ce 
dernier  cas  comme  de  simples  produits  d'altération  du  pyroxène  ou  de 
l'amphibole,  car  il  n'y  a  pas  de  passages  insensibles  entre  ces  dlvera 
minéraux  ;  il  semble  plutôt  que  Tépidole  joue,  par  rapport  aux 
ophites,  le  rôle  que  la  calcile  joue  par  rapport  aux  kersantons  de  Bre- 
tagne ;  l'un  et  l'autre  minéral  fait  bien  partie  intégrante  de  la  roche  oii 
il  s'est  développé  ;  mais  ils  sont  de  consolidation  récente  et  il  semble 
que  le  magma  s'en  est  chargé  grâce  à  des  circonstances  locales,  et  no- 
tamment à  la  nature  calcaire  des  salbandes  injectées  par  la  roche 
éruptive. 

I^es  caractères  spéciaux  de  l'épidote  des  ophites  m'ont  induit  à 
reprendre,  à  ce  ]>oint  de  vue,  l'étude  des  euphotides  et  des  variolites  de 
la  Durance,  où  l'on  a  signalé  des  filons  secondaires  d'épidote,  notam- 
ment au  contact  des  couches  calcaires  voisines.  Quelques  échantillons 
de  ces  filonnets  secondaires  provenant  du  Mont-Geuèvre  m'ont  pré- 
senté une  intéressante  association  d'oligoclase,  de  quartz  et  d'épldote 
assez  fortement  dichroïque  dans  les  teintes  vertes.  Cette  épidote,  bien 
caractérisée,  est  conforme  aux  descriptions  données  par  les  auteurs 
allemands  à  propos  de  ce  minéral,  et  ne  pourrait  être  confondue,  à  la 
rigueur,  qu'avec  l'actinote,  dont  les  angles  d'extinction  sont  beaucoup 
plus  petits.  Hais  la  difficulté  commence  à  propos  des  filonneLs  micros- 
copiques dont  certaines  variolites  sont  pénétrées  et  que  j'ai  récemment 
décrits  (2)  ;  j'y  ai  signalé  du  labrador,  du  pyroxène  ancien  et  un 
pyroxène  de  consolidation  récente,  très-légèrement  teinté  de  brun  ou  de 
Yert.  C'est  à  propos  de  ce  dernier  minéral  ou  tout  au  moins  d'une 
partie  de  ses  lamelles,  que  je  ferai  ici  une  restriction,  émettant  un 
doute  que  des  études  postérieures  pourront  peut-être  lever.  Ce  miné- 
ral est  généralement  à  peine  dichroïque  ;  souvent  même  il  est  entière^ 
ment  dénué  de  ce  caractère;  il  présente  parfois  des  clivages  rectangu- 
laires et  ses  extinctions,  rapportées  aux  clivages   faciles,  dépassent 
même  30<>.  Il  semblerait  donc  que  ma  précédente  détermination  dût. 
subsister  en  entier  ;  et  cependant  la  limpidité  des  couleurs  de  polarisa- 
tion (jaunes  ou  orangées)  de  cette  substance,  la  prédominance  fré- 
quente d'un  clivage,  la  rareté  des  grands  angles  d'extinction,  enfin  la 
présence  d'inclusions   aqueuses  à  bulles  mobiles,  si  rares  dans  le 
pyroxène  et  relativement  fréquentes  dans  l'épidote,  ajinduisent  à 

(1)  Annales  des  Mines,  7«  sér.,  t.  XII,  p.  437  ;  18T7. 
(2^  UulL,  3«S(3r.,  t.  V;  1817. 


IQi  mCHEL-LÉVY.   —  OPHITES  DES  PYRÉNÉES.  17  déc. 

penser  actuellement  que  Ton  doit  avoir  affaire  ici  à  des  lamelles 
d'^pidote  à  peu  près  dépourvue  de  dichroisme  et  douée  de  plusieurs 

clivages. 

Eu  émettant  ce  doute,  basé  sur  Tétude  de  filonnets  d'épidote  bien 
certainement  authentiques  des  ophites  des  Pyrénées,  je  ferai  remarquer 
combien  il  est  difficile  de  corroborer  cette  étude  microscopique  par 
des  procédés  chimiques  :  les  filonnets  secondaires  des  variolites  con- 
tiennent certainement  par  places  du  pyroxène  (que  j'ai  appelé  ancien), 
caractérisé  par  les  contours  extérieurs  de  ses  sections,  par  la  place  de 
ses  clivages  et  par  la  position  de  ses  extinctions  ;  s'il  faut  rapporter  è 
répidote  le  minéral  que  j'ai  appelé  pyroxène  récent,  on  n'a  pour  se 
décider  que  ses  propriétés  optiques  si  voisines  de  celles  du  pyroxène  : 
car  d'une  part  l'épidote  résiste  aux  mêmes  agents  que  le  pyroxène,  et 
d'autre  part  elle  est  ici  en  trop  petite  quantité  pour  qu'une  analjrse 
quantitative  puisse  être  même  ébauchée.  L'analyse  en  masse  des  élé- 
ments ferrugineux  des  variolites  exclut  d'ailleurs  l'idée  que  l'épidote 
puisse  être  en  quantité  sensible  dans  ces  roches;  car  elle  se  rapporte  à 
un  bisilicate  à  peu  près  aussi  riche  en  magnésie  qu'en  chaux,  tandis 
que  l'épidote  est  un  monosilicate  dans  lequel  la  chaux  prédomine  de 
beaucoup  sur  la  magnésie. 

En  résumé,  il  y  a  dans  les  ophites^  les  euphotides  et  les  variolites, 
des  épidotes  extrêmement  peu  dichroïques  ou  même  dépourvues  de 
dichroisme  en  plaques  minces  ;  elles  sont  parfois  très-difficiles  à  dis- 
tinguer du  pyroxène,  dont  leurs  angles  d'extinction  et  leurs  clivages 
ne  les  distinguent  pas  toujours  avec  netteté.  Cependant  les  caractères 
énumérés  plus  haut  permettront,  dans  bien  des  cas,  de  baser  cette  dis- 
tinction sur  un  diagnostic  suffisamment  précis. 

II.  Les  feldsiMitli»  contenus  dans  les  ophites  sont  généralement 
tricliniques  et  composés  de  lamelles  hémitropes  juxtaposées  suivant  la 
face  Çi  (mâcle  de  l'albite)  qui  parait  développée.  Parfois  à  cette  pre- 
mière mâcle  se  superpose  celle  de  Carlsbad.  Les  sections  feldspathiques 
se  présentent  sous  le  microscope  généralement  très- allongées  suivant 
la  ligne  de  mâcle  ;  il  y  en  a  un  grand  nombre  qui  appartiennent  ans 
lonesphi  oupgt. 

Au  point  de  vue  optique,  les  feldspaths  tricliniques  des  ophites  se 
distinguent  en  deux  grandes  classes. 

Les  uns  présentent  principalement  des  sections  allongées  suivant 
l'arête  pgi  et  s'éteignent  constamment  suivant  celte  arête.  Les  quel- 
ques sections  appartenant  à  la  zone  perpendiculaire  à  ^i.  dans  les- 
quelles deux  lamelles  hémitropes  accouplées  s'éteignent  symétrique* 
ment  de  part  et  d'autre  de  la  ligne  de  mâcle,  donnent  pour  l'angle 
compris  entre  cette  double  extinction  des  valeurs  f|ui  ne  dépassent  pas 


1877.  HIGHEL-LÉVV.    —   OPIllTKS   DES   PYRI%NÉES.  163 


37<».  De  pareilles  propriétés  optiques  n'appartiennent  qu*à  l'oUf^i 
ela»e(l). 

La  seconde  catégorie  do  feldspath  triclinique  des  ophites  présente 
surtout  des  sections  allongées  suivant  l'arête  ^i  gx  ;  parmi  celles  qui 
appartiennent  h  la  zone  perpendiculaire  à  g\  et  qu'on  reconnaît  à 
l'extinction  symétrique  de  deux  lamelles  hémitropcs  voisines  de  part 
et  d'autre  de  la  ligne  de  mâclc,  l'angle  compris  entre  cette  double 
extinction  va  jus(|u'à  un  maximum  de  GS^'  environ.  C'est  là  un  angle 
caractéristique  du  labrnclorite  (i). 

L'oligoclase  des  ophites  est  généralement  trouble  et  fortement  atta- 
qué par  les  actions  secondaires,  qui  y  ont  développé  do  la  calcite.  La 
màcle  del'albite  y  est  constante,  celle  de  Carisbad  plus  rare.  Dans  une 
des  roches  examinées  (Saint-Béat),  à  l'oligoclase  se  trouvent  associées 
quelques  plages  plus  étendues  d'un  felclspatti  monocllnlque 
dont  les  sections  rectangulaires  (appartenant  à  la  zone^Ai  )  s'éteignent 
suivant  les  cotés  du  rectangle. 

Les  ophites  à  oligoclase  sont  généralement  riches  en  quartz»  et 
l'on  doit  considérer  ce  minéral  non  pas  comme  un  élément  accidentel, 
mais  comme  partie  intégrante  d'un  grand  nombre  d'ophites  ;  il  y  est  à 
l'état  granulitique,  en  petites  plages  arrondies  moulant  tous  les  autres 
éléments,  excepté  la  serpentine,  et  présentant  de  nombreuses  inclu- 
sions aqueuses  à  bulles  mobiles. 

On  ne  peut  donc  considérer  toutes  les  ophites  comme  appartenant  à 
un  type  de  roches  essentiellement  basique,  puisque  l'on  y  trouve  une 
nombreuse  série  caractérisée  par  l'oligoclase,  auquel  s'associent  l'or- 
those  et  le  quartz  récent  libre. 

Le  labradorite  est  généralement  plus  frais  que  l'oligoclase;  il  pré- 
sente fréquemment  la  combinaison  des  mâcles  de  l'albite  et  de 
Carisbad;  dans  les  ophites  à  labradorite,  le  quartz  se  fait  rare  et  devient 
un  élément  accessoire. 

III.  Outre  les  éléments  précédents,  qui  sont  de  récente  consolidation, 
les  ophites  contiennent  toujours  du  fer  titane  ou  oxydulé  en  cristaux  et 
en  débris  anciens. 

C'est  le  Ter  titane  qui  parait  le  plus  fréquent  :  il  se  présente 
parfois  en  trémies  hexagonales,  que  les  plaques  minces  coupent  sous 
forme  de  sections  en  grillage  d'aspect  fort  remarquable;  le  plus  sou- 
vent il  est  en  grains  arrondis,  entourés  d'une  substance  gris-jaunàtre, 
légèrement  translucide,  agissant  fortement  sur  la  lumière  polarisée. 
On  a  supposé  que  c'étaient  là  des  enduits  d'un  oxyde  de  litane  ;  je  pré* 

(1)  Ann.  di's  Mines.  V  s.^..  t.  XII.  |».  Hk' ;  \HH. 
(2) /(f.,p.  10:i. 


164  MICHBL-LÉVY.    —   OPHITES  DES   PYRÉNÉES.  17  d(?C. 

fère  admettre,  avec  M.  Fouqué  (1),  que  les  actions  secondaires  ont 
développé  autour  du  fer  titane  des  enduits  de  spbénes  et  Ton 
trouve  en  effet  dans  les  ophites  des  points  où  la  transformation  est  plus 
complète  et  où  Ton  ne  peut  méconnaître  de  véritables  cristaux  de 
spliène  jaune  miel,  présentant  des  bords  fortement  ombrés  et  une 
sorte  de  relief  due  aux  réflexions  totales  que  produisent  les  forts 
indices  de  réfraction  du  sphène  par  rapport  à  ceux  des  substances 
ambiantes. 

Le  Ter  oïLydulé,  plus  rare  que  le  fer  titane,  ne  présente  pas  de 
pareils  enduits  et  donne  un  reflet  bleuâtre  dans  la  lumière  réfléchie  ; 
on  le  voit  s'entourer  par  places  de  lamelles  brunes,  très-dichroïques 
malgré  leur  extrême  minceur,  qu'on  doit  rapporter  à  la  blottie. 
Ce  n'est  pas  là  un  cas  particulier  aux  ophites,  et  j'ai  pu  observer  dans 
un  grand  nombre  de  roches,  notamment  dans  plusieurs  basaltes  du 
Morvan,  la  même  association  ;  le  mica  noir  ferro- magnésien  parait 
jouer  par  rapport  au  fer  oxydulé  le  même  rôle  que  le  sphène  par 
rapport  au  fer  titane. 

Je  vais  décrire  sommairement  quelques  ophites,  en  énumérant 
leurs  minéraux  composants  dans  l'ordre  de  leur  consolidation  pro- 
bable. 

I.  Opbltes  ik  I^abrador.  l^  Pointement  de  Laprahende, 
commune  de  Caupenne.  Cette  ophite  est  noirâtre,  cristalline,  euritique. 
A  la  loupe,  on  y  distingue  un  minéral  clair  feldspathique  et  un  autre 
noir-verdâtre  présentant  des  clivages. 

Au  microscope,  le  fer  oxydulé  domine  sur  le  fer  titane  et  se  trouve 
accompagné  de  lamelles  de  biotite. 

Le  lahradorite,  allongé  suivant  l'arête  A|  g\,  à  lamelles  hémitropes 
suivant  la  loi  de  l'albite,  avec  mâcle  de  Carlsbad  superposée,  est  très- 
frais  et  limpide.  Il  se  montre  de  consolidation  récente,  rarement  cassé 
et  à  bords  intacts. 

Le  pyroxène  est  légèrement  brunâtre,  absolument  dépourvu  de 
dichroïsme;  il  présente  ses  deux  clivages  m,  m,  et  passe  au  diallage  par 
développement  de  petites  inclusions  granulées,  brunâtres,  probable- 
ment parallèles  à  Ai.  Ce  passage  se  montre  de  préférence  sur  les  bords 
des  plages  assez  étendues  de  pyroxène,  dont  le  centre  est  limpide  et  ne 
contient  que  quelques  inclusions  vitreuses  et  quelques  pores  à  gaz.  Le 
pyroxène  moule  les  éléments  précédents  et  forme  de  grandes  plages 
également  étendues  dans  tous  les  se;^is,  comme  hachées  par  les  cris- 
taux entre-croisés  de  lahradorite.     ' 

(l)  Cours  du  Collège  de  France,  année  1877. 


i877.  MICHEL- LÉVY.   —  OPHiTRS  DKS  PYKKNÉES.  165 

Le  quairtz  forme  quelques  rares  granules  récents,  avec  inclusions 
aqueuses  à  bulles  mobiles. 

Enfin  la  roche  contient  de  nombreuses  plages  de  serpentine  verte  et 
jaune,  souvent  en  relation  évidente  de  position  avec  le  pyroxène,  mais 
parfois  isolées  et  rappelant  la  forme  hexagonale  allongée,  avec  cassures 
rectangulaires,  du  péridot.  Cette  serpentine  agit  vivement  sur  la 
lumière  polarisée  et  présente  par  places  un  dichroïsme  bien  marqué. 

2^  Pointementophitique  de  Lès.  Cette  ophite  est  noirâtre,  très-cris- 
talline, grenue.  On  distingue  à  l'œil  un  feldspath  à  reflets  bleuâtres  et 
un  élément  noir  clivable. 

Au  microscope,  le  /er^ïan^ domine  sur  le  fer  oxydulé  ;  il  se  présente 
en  cristaux  creux,  recnpiis  et  entourés  par  un  enduit  grisâtre  et  même 
parfois  par  des  cristaux  allongés  de  sphène. 

Le  îabradorite  est  identique  avec  celui  de  Laprabende,  mais  moins 
abondant. 

L'élément  bisilicaté  domine  ici  ;  il  se  compose  d'un  très-beau  py- 
roxène  incolore,  présentant  un  des  clivages  m»  m,  plus  marqué  que 
l'autre,  surtout  plus  continu.  Les  grandes  plages  pyroxéniques  sont 
souvent  mâclées  suivant  la  fac-e  Ai.  avec  axe  de  rotation  perpendicu- 
laire ;  dans  ce  cas,  la  position  des  clivages,  jointe  à  celle  des  extinc- 
tions, donne  une  détermination  précise  des  axes  d'élasticité  du  miné- 
ral. Il  passe,  comme  dans  l'ophite  précédente,  au  diallage  par  le 
développement  de  Unes  stries  brunâtres,  lamelleuses,  souvent  parallèles 
à  ^1  ;  les  granulations  sont  de  très-petite  dimension  et  opaques; 
elles  abondent  dans  Tophitede  Lès. 

Une  transformation  plus,  profonde  du  pyroxène  a  lieu  par  places:  il 
se  montre  alors  d'un  beau  vert,  avec  dichroïsme  intense  dans  les 
teintes  vertes  et  bleues;  les  extinctions  et  les  clivages  indiquent  dans 
ce  cas  une  épigénie  du  diallage  en  hornblende.  Cette  hornblende 
parait  elle-même  cà  et  là  transformée  en  biotite,  comme  M.  Zirkel 
l'avait  déjà  remarqué  pour  d'autres  ophites. 

IL  Opbites  ik  Oli^odase.  !<>  Pech  de  Salies,  Cette  ophite  est 
eurilique,  avec  taches  vert  d'herbe.  On  y  voit,  à  Tceil  nu,  des  clivages 
diallagiques,  quelques  grains  de  quartz  et  de  la  pyrite. 

Au  microscope,  la  roche  se  montre  riche  en  fer  titane,  parfois  réti- 
culé, avec  enduits  de  sphène. 

UoligoclaseQ^i  rarement  frais  et  beaucoup  plus  attaqué  que  le  Iabra- 
dorite des  ophites  précédentes  ;  il  est  allongé  suivant  jp^i  et  présente 

seulement  laniâcle  de  Talbite. 

Lb  pyroxène  incolore  ou  à  peine  brunâtre,  dépourvu  de  dichroïsme, 
abonde  dans  cette  ophite  ;  il  est  en  grande  partie  sous  la  forme  de 


166  UICHEL-LéVY.   —  OPHITBS  DES  PYRÉNÉES.  17  (lëc. 

diàllage  avec  très-fines  stries  brunâtres,  et  par  places  transfornié  en 
serpentine, 

L'épidote  est  fréquente  dans  les  ophitcs  de  Salies  ;  elle  est  très-légà- 
rement  verdAtre,  à  peine  dichroîque,  et  présente  tous  les  caractères 
décrits  ci-dessus.  On  la  reconnaît  pratiquement,  entre  les  Niçois 
croisés,  à  la  limpidité  et  à  l'éclat  exceptionnels  de  ses  couleurs,  plus 
vives  encore  que  celles  du  pyroxène.  Elle  forme  des  agrégats  de  petites 
lamelles  orientés  dans  tous  les  sens,  sans  allongement  marqué  dans 
une  direction  quelconque,  avec  un  clivage  très-prédominant.  Sa  conso- 
lidation est  postérieure  à  celle  du  pyroxène,  qu'elle  moule  certainement 
par  places,  bien  qu'elle  semble  aussi  y  former  des  inclusions. 

Le  quartz  granulitique  est  abondant  dans  les  ophites  de  Salies  et  de 
consolidation  postérieure  à  celle  de  tous  les  autres  éléments. 

i^  Périgagne,  cotDïniine  de  Basten^ie.  Ophite  noire,  très-eurltique, 
ressemblant  aux  grunsteins  des  auteurs  allemands.  On  y  distingue 
quelques  parties  vert  d'herbe  et  de  la  pyrite. 

Au  microscope,  cette  ophite  présente  la  même  association  que  celle 
de  Salies  ;  cependant  le  fer  titane  y  paraît  remplacé  par  du  fer  oxy^ 
dulê  :  \q  pyroxène  dialîagiqtie  est  en  plus  petites  plages  ;  Vépidote  y  est 
rare,  le  qimrtz  granulitique  très-abondant. 

30  Église  de  Gaujacq.  Celte  ophite  est  exactemement  à  Toeil  et  au 
microscope  la  répétition  de  celle  de  Salies. 

40  Mwtt-Né,  près  Cauterets.  Uphite  euritique,  gris-bleuâtre,  avec 
noyaux  vert-foncé,  perçant  des  calcaires  à  Cyathophyllum. 

Cette  ophite  est  du  type  à  oligoclase;  on  y  distingue  au  niicroscope 
les  éléments  précédemment  décrits  :  fer  titane^  avec  enduits  de  sphène 
très-abondants,  oligoclase,  pyroxène  peu  diallagisant,  rares  lamelles 
d^êpidote.  La  structure  est  identique  avec  celle  de  Salies  ou  de  Lapra- 
bende.  Les  noyaux  vert-foncé,  visibles  à  l'œil  nu,  sont  composés  d'une 
matière  serpentineuse,  verte,  amorphe,  sans  action  sur  la  lumière 
polarisée. 

50  Biarritz.  Ce  gisement  classique  présente  à  Tœil  deux  types  assex 
différents,  que  l'étude  microscopique  réunit;  le  second  n'étant  que 
l'état  euritique  du  premier  ;  celui-ci  constitue  une  roche  vert-foncé, 
avec  quelques  taches  vert  d'herbe  ;  il  contient  un  minéral  vert,  à  grands 
clivages  faisant  entre  eux  des  angles  voisins  de  120*  ;  il  semble  donc 
qu'on  ait  affaire  à  de  l'amphibole.  On  aperçoit  en  outre  un  feldspath  à 
clivages  verdâtres  nacrés.  Le  second  type  est  constitué  par  une  roche 
euritique,  d'un  vert  pâle,  avec  taches  vert  d'herbe.  L'un  et  l'autre 
sont  très-durs  et  leurs  surfaces  sont  polies  par  les  vagues;  car  le 
poinlement  ophitiquede  Biarritz  n'est  accessible  qu'à  marée  basse. 

Au  microscope,  l'ophite  de  Biarritz  présente  un  des  lypes  les  plus 


1877.  MICIIBL-LÉVY.    —   OPIUTKS  DKS  PYRÉMÉKS.  |ft7 

instructifs  do  la  série,  car  les  cpigénies  y  sont  noml^rouses  et  d'une 
extrême  netteté.  Je  décrirai  ici  avec  queUiues  détails  le  type  vert* 
foncé  à  grands  cristaux. 

Le  fer  titane  en  trémies  largement  développées  est,  comme  toujours, 
empâté  de  sphène. 

Uoligoclase,  très-attaqué,  est  en  partie  transformé  en  calcite,  cir- 
constance à  laquelle  il  doit  de  donner  de  vives  couleurs  entre  les  Niçois 
croisés. 

Le  pyroxène  se  présente  çà  et  là  en  grandes  plages  encore  intactes, 
incolores  ou  à  peine  brunâtres,  absolument  dépourvues  de  dicliroîsme; 
il  possède  ses  deux  clivages  caractéristiques  m,  m,  dont  Tun  est  plus 
continu  que  l'autre  ;  sa  nature  diallagique  est  mise  en  évidence  par  la 
présence,  en  bien  des  points,  des  inclusions  caractéristiques  du  dial-- 
laçe,  alignées,  non  seulement  dans  les  précédents  clivages,  mais  visi- 
blement aussi  suivant  une  foule  de  petites  stries,  servant  dans  la  zone 
phi  de  bissectrice  à  m,  m,  et  parallèles  à  ^.  Dans  ce  cas  (zone 
phi  )  l'extinction  a  lieu  précisément  suivant  ces  stries.  L'opliite 
de  Biarritz  présente  les  plus  probants  exemples  de  ce  passage  du  py- 
roxëne  au  diallage,  notamment  sur  les  bords. 

Au  milieu  des  grandes  plages  diallagiques,  on  aperçoit  des  parties 
vertes  irrégulièrement  limitées  et  se  fondant,  pour  ainsi  dire,  avec  le 
pyroxène  incolore  ;  ces  parties  colorées  sont  fortement  dic.hroïques  en 
vert  intense  et  même  dans  las  teintes  bleuâtres.  Tantôt  elles  effacent 
simplement  les  clivages  du  pyroxène,  tantôt  il  s'y  développe  de  fins 
clivages  nouveaux  à  angles  aigus.  Entre  les  Niçois  croisés,  les  parties 
colorées  ne  s'éteignent  plus  en  même  temps  que  le  pyroxène,  et  quand 
on  peut  distinguer  leurs  nouveaux  clivages,  l'extinction  se  fait  souvent 
suivant  leurs  bissectrices,  ce  qui  est  un  des  caractères  de  la  Hornblende 
pour  les  zones p^f  etp^i  (1)  ;  il  y  a  donc  ici,  avec  évidence,  ouralitisa- 
tion  partielle  du  diallage. 

Mais  là  ne  s'est  pas  arrêtée  la  transformation  du  minéral  bisilicaté  ; 
par  places,  dans  les  plages  de  diallage  transformées  en  hornblende,  on 
voit  de  nombreuses  bouppes  d'une  substance  radiée  verte,  également 
dichroîque,  que  je  rapporte  à  la  chlorite.  Il  y  a  donc  eu  là,  non  pas 
une  simple  transformation  physique,  mais  une  modification  chimique 
par  perte  de  chaux. 

Or  Tophite  de  Biarritz  contient,  également  en  abondance,  un  miné- 
ral riche  en  chaux,  de  consolidation  plus  récente  que  le  diallage,  c'est 
Yépidote.  Elle  n'a  plus  ici  les  caractères  peu  connus  que  je  lui  ai 
trouvésdans  l'opliite  de  Salies;  c'est  une  substance  jaune-citron,  d'un 

fl)  inn.  Minea.hr.  rit.,  p.  133. 


1(58  MÏCIIEL-LÉVY.    —   OPHITES  DES  PYRÉNÉES.  17  dëc. 

dichroTsme  très-sensible,  en  petites  lamelles  irrégulières,  qui  se  parent, 
comme  toujoui*s,  de  couleurs  très-brillantes  entre  les  Niçois  croisés. 
Sa  production  date  probablement  de  l'ouralitisation  du  diallage,  mais 
il  me  parait  difficile  d'en  faire,  à  proprement  parler,  un  minéral  d'ori- 
gine secondaire  ;  la  transformation  est  trop  profonde  et  d'un  méca- 
nisme trop  général  pour  ne  pas  avoir  été  apportée  en  puissance  parla 
roche  encore  fondue  :  elle  date  vraisemblablement  de  son  stade  de 
consolidation. 

Il  y  a  en  outre  de  très-nombreux  granules  de  quurtz  récent,  qui 
paraissent  de  consolidation  postérieure  à  tous  les  éléments  pré- 
cédents. 

&^  Lacourt.  L'ophite  de  Lacourt  rentre  absolument  dans  les  types 
précédents  ;  elle  est  riche  en  oligoclase  bien  conservé  et  en  diallage  à 
grandes  plages;  \e  fer  oxydulé  s,*y  montre  bien  caractérisé.  Les  filon- 
nets  A'épidote  n'y  sont  pas  rares. 

1^  Saint-Béat.  Cette  ophite  présente  à  l'œil  un  minéral  vert,  à  longs 
cristaux  fibreux,  avec  les  clivages  de  l'amphibole,  un  feldspath  blanc 
nacré  et  quelques  tachos  vert  d* herbe. 

Au  microscope,  la  roche  de  Saint-Béat  m'a  présenté  les  plus  beaux 
cristaux  en  trémies  de  fer  titane  qu'il  m'ait  été  donné  d'observer  ;  ils 
sont  de  grande  taille,  accompagnés  d'enduits  de  sphène  et  de  lamelles 
rouges  légèrement  translucides  de  fer  oligiste. 

Le  feldspath  triclinique  est  en  assez  grandes  plages,  généralement 
allongées  suivant  les  traces  de  la  face^i  ;  souvent  un  des  systèmes  de 
lamelles  hémitropes  est  extrêmement  étroit  et  même  difficile  à  voir; 
il  y  a  de  fréquentes  extinctions  suivant  p^i  dans  la  zone  parallèle  à 
cette  arête;  dans  le  cas  où  les  lamelles  hémitropes  s  éteignent  symé- 
triquement de  part  et  d'autre  delà  ligne  de  màcle  (zone  perpendicu- 
laire à  gi  ),  les  extinctions  comprennent  un  angle  maximum  de  33<^. 
Ce  sont  là  des  caractères  appartenant  exclusivement  à  Yoligoclase.  A 
la  màcle  de  Talbite,  se  superpose  souvent  celle  de  Carlsbad.  Outre  les 
grandes  plages  d'oligoclase,  il  s'en  présente  aussi  de  petites  plus  allon- 
gées,  qui  rappellent  alors  entièrement  l'état  quasi-microlithique  con- 
staté dans  les  ophites  précédentes. 

Quelques-unes  des  formes  feldspathiques  de  Saint-Béat  peuvent  être 
rapportées  à  Yorthose;  je  ne  mentionne  cette  circonstance  exception- 
nelle que  pour  corroborer  une  observation  analogue  de  H.  Zirkei, 
portant  sur  l'ophite  de  Pouzac  (Bagnères-de-Bigorre). 

Le  pyroxène  parait  ici  entièrement  ouralitisé;  il  est  remplacé  par  de 
grandes  plages,  souvent  màclées  suivant  la  face  A|,  d'une  amphibole 
présentant  un  état  fibreux  bien  marqué  parallèlement  à  cette 
face.  Parfois  cependant  les  clivages  m,  m  sont  aussi  apparents.  Cette 


1877.  HICHEL-LÉVY.    —  OPHITRS   DES  PTHÉfléeS.  160 

amphibole  est  verte,  très-sensiblement  dichroïque;  les  extinctions 
dans  la  zone  A|  gi  sont  souvent  assez  éloignées  de  cette  arête  et  attei* 
gnent  jusqu'à  18  et  20®.  Elle  est  probablement  à  rapporter  en  majeure 
partie  à  Yactinote,  L'aclinoteest,  elle-même,  par  places  transformée  en 
chlorite. 

Cette  ouralitisation  coïncide  avec  une  extrême  abondance  d!épidote, 
en  gros  et  petits  cristaux  enchevêtrés  d'un  vert-jaunâtre  pâle,  à  peine 
dichroïque;- ses  nids  et  ses  traînées  sont  çà  et  là  associés  à  delà 
calcite. 

Il  y  a  en  outre  beaucoup  de  qtuirtz  granulltique,  formant  comme  le 
ciment  des  éléments  précédents  et  semblant,  par  places,  épigéniser 
Poligoclase  et  même  Tamphibole. 

Je  répéterai,  pour  Tophite  de  Saint-Béat,  l'observation  que  j*ai  faite 
è  propos  de  celle  de  Biarritz  :  les  éléments  primitifs  ont  ici  subi  des 
modifications  successives,  qui  méritent  sans  doute  le  nom  de  secon- 
daires, puisqu'elles  se  sont  produites  aux  dépens  de  minéraux  déjà 
consolidés  ;  mais  ces  modifications  portent  un  cachet  trop  intime  pour 
ne  pas  constituer  probablement  la  dernière  phase  de  consolidation 
qui  a  immédiatement  succédé  à  Tépanchement  de  la  roche. 

Rang  a  assigner  aux  Ophites  dans  la  série  pétrographique. 

En  résumé,  le  minéral  le  plus  caractéristique  des  ophites  est  le  dial- 
lage  en  grandes  plages;  leur  structure  habituelle  est  une  structure  de 
passage  entre  l'état  granulitique  et  l'état  microlithique;  le  diallage 
est  constamment  de  consolidation  postérieure  à  celle  des  plagioclases. 
Les  cristaux  anciens  ou  grands  cristaux  y  sont  rares  ;  il  y  a  générale- 
ment absence  de  pâte  amorphe  et  de  microlithes  proprement  dits.  Il 
convient  donc  de  comparer  les  ophites  aux  euphotides  et  aux  gab- 
bros  et  de  les  considérer  comme  des  passages  de  ces  roches  d'un  type 
granulitique  à  celles  où,  comme  dans  les  basaltes,  le  type  porphyrique 
ou  microlithique  domine. 

On  voit,  par  les  descriptions  qui  précèdent,  que  l'analyse  microsco- 
pique donne  tort  à  l'opinion  jadis  soutenue  par  MM.  Yirlet  d'Aoust, 
Magnan  et  Garrigou  (1),  qui  met  en  doute  la  nature  éruptive  des 
ophites. 

Quelles  sont  les  régions  oii  paraissent  des  roches  analogues  ?  On 
verra  plus  loin  que,  quelle  que  soit  l'incertitude  dans  laquelle  on 
se  trouve  au  sujet  de  l'âge  des  ophites,  aucun  auteur  n'a  songé  à  les 
considérer  comme  plus  anciennes  que  le  Trias  ;  ce  sont  donc  des  roches 

{\)BulL,  t.  XXV,  p.  7-24;  1868. 


i70  MiCHEL-LÉVY.   —  OPHITES  DES  PYRÉNÉES.  47  déc. 

relativement  récentes  et  il  nous  faut  laisser  de  coté,  dans  la  compa- 
raison poursuivie,  les  gabbros  anciens,  pour  nous  reporter  aux  roches 
à  dîallage  et  plagioclase  de  la  série  récentCv auxquelles  je  propose  de 
réserver  le  nom  d*euphotides. 

On  trouve  d'abord  les  opJdtes  d'Espagne,  avec  lesquelles  celles  des 
Pyrénées  sont,  à  proprement  parler,  entièrement  identiques.  On  con- 
state la  même  identité  avec  une  roche  du  massif  volcanique  inférieur 
de  La  Réunion,  que  H.  Yélain  fera  bientôt  connaître  en  détail. 
H.  Barrois  a  également  recueilli  en  Bretagne  des  échantillons  d'une 
rocbeà  diallage  et  labrador  que  Ton  peut  absolument  identifier  avec 
l'ophite  de  Laprabende. 

Les  euphotides  et  serpentines  des  Alpes  du  Dauphiné  présentent 
une  série  remarquablement  analogue  au  point  de  vue  minéralogique 
et  même  à  celui  ilc  certains  détails  de  stinicture,  tels  que  la  consolida- 
tion récente  de  Téléaient  bisilicaté  en  grandes  plages. 

Les  serpentines  diallagiques,  granitones  et  diorites  de  Toscane 
offrent  des  variétés  très-analogues  aux  ophites;  cette  comparaison  a 
déjà  été  faite  et  on  la  trouve  explicitement  développée  dans  un  mé- 
moire de  M.  Coquand  sur  les  gypses  du  promontoire  Argentario  (1), 
mémoire  dans  lequel  l'auteur  se  montre  frappé  de  l'analogie  des  phé- 
nomènes métamorphiques  développés  en  Toscane  par  les  euphotides, 
et  dans  les  Pyrénées  par  les  ophites  :  marnes  bigarrées,  gypse,  sel 
gemme,  dolomies,  etc.,  sont  en  effet  également  développés  dans  les 
deux  contrées. 

La  Monzonite  et  les  roches  à  ouralite  du  Tyrol  prêtent  aux  mêmes 
observations  et  aux  mêmes  rapprochements:  les  phénomènes  de  trans- 
formation du  pyroxène  eu  actinote,  en  hornblende  (ouralitisalion), 
voire  même  en  épidole,  et  euiiu  eu  serpentine,  sont  aussi  fréquents 
dans  la  série  du  Tyrol  que  dans  les  ophites  des  Pyrénées.  Le  méta- 
morphisme des  calcaires  voisins  des  éruptions  produit  ici  et  là  les 
mêmes  minéraux.  Les  belles  roches  métamorphiques  à  grenat  et 
hedenbergite  des  environs  de  Cauterets  rappellent  entièrement  les 
roches  similaires  du  Tyrol.  Enfin,  de  part  et  d'autre,  on  a  des  roches 
i*elativement  récentes  présentant  dans  leur  structure  un  cachet  grani- 
tique, à  coup  sur  remarquable  eu  égard  à  leur  âge  géologique. 

Si  de  la  série  basique  on  passe  à  des  roches  plus  acides,  comme  le 
type  des  ophites  à  oligoclase  et  quartz  granulitique  permet  de  le  faire 
sans  sortir  du  même  groupe,  on  trouve  également  des  roches  similaires 
dans  la  série  granulitique  récente  :  porphyres  bleus  de  l'Esterel,  gra- 
nités récents  d'Algérie  (Grande  Galitte),  de  Tunisie  et  de  l'Ile  d'Elbe, 


(1)  Bull.  Soc,  gcol.,  2*  sér.,  t.  III,  p.  302  ;  1816. 


1877.  lilGHBL-LÉVY.   —  OPIIITES  DES  PYRÊffâES*  171 

gransteins  de  Hongrie.  Plusieurs  de  ces  roches  contiennent  de  l'am- 
phibole^ de  Taugite,  du  sphène,  et  M.  Barrois  a  rapporté  d'Espagne 
de  très-beaux  types  de  micro-granulites  récentes  augitiques,  faisant 
littéralement  le  pendant,  dans  la  série  récente,  de  certains  kersantons 
et  porphyres  granitoîdes  anciens,  tels  que  les  porphyres  de  Rochesson 
et  de  Saint-Amé  dans  les  Vosges  (micro-pegmatîtes  avec  beaux  cris* 
taux  anciens  de  pyroxëne  et  grande  abondance  de  biotite). 

Nous  sommes  donc  amenés,  par  les  considérations  précédentes,  à 
rattacher  les  ophltes  à  une  grande  famille  de  roches  granulitiques  ré- 
centes; elles  constituent  dans  cette  famille  une  classe  riche  en  augite 
diallagique;  d'une  part,  elles  passent  à  de  véritables  granulites  encore 
angitiques,  mais  admettant  Toligoclase,  Torthose  et  une  grande  abon- 
dance de  quartz  granulitique  ;  de  l'autre,  elles  vont  jusqu'à  des  roches 
à  labrador  et  diallage,  dans  lesquelles  le  péridot  fait  peut-être  son  ap- 
parition sous  forme  de  serpentine  secondaire.  Il  reste  à  trouver  les 
passages  à  la  Lherzolithe  proprement  dite,  qui  va  jusqu'à  constituer 
de  véritables  péridotites  qui  sont  peut-être  de  la  même  famille  éruptive. 

Age  GÉouxiiQUE  des  Ophit^. 

Quel  est  l'âge  géologique  de  ces  diverses  roches,  et  en  particulier 
des  ophites  ?  Il  y  a  malheureusement  à  cette  question  autant  de  ré- 
ponses que  d'auteurs,  et,  comme  des  géologues  qui  font  autorité  dans  la 
science  n'ont  pu  se  mettre  d'accord  sur  ce  sujet,  il  faut  en  conclure 
qu'il  présente  de  grandes  difficultés. 

Boue  CTo'ii  le  gypse  qui  accompagne  si  fréquemment  les  ophites,  de 
l'flge  des  Grès  bigarrés. 

Dufrénoy,  qui  a  tout  au  moins  démontré  le  métamorphisme  intense 
développé  dans  leur  voisinage  par  les  ophites,  les  considère  comme 
postérieures  à  tous  les  terrains  tertiaires  et  seulement  antérieures  aux 
terrains  diluviens. 

Lyell,  Cordier,  MM.  de  Freycinet  et  Crouzet  y  voient  des  roches 
éruptives  de  la  période  crétacée. 

M.  Leymerie  les  regarde  comme  antérieures  à  la  base  du  Crétacé, 
dans  les  conglomérats  duquel  on  en  trouverait  des  fragments. 

M.  Hébert  voit  dans  les  marnes  bigarrées  qui  servent  de  cortège  aux 
ophites  les  représentants  des  Marnes  irisées,  et  pour  expliquer  la  pré  • 
sence  si  fréquente  des  pointements  ophitiques  au  milieu  du  terrain 
nummulitique  des  Pyrénées,  il  recourt  à  Thypothèse  de  failles  multiples 
mettant  en  contact  des  terrains  d*âges  très-divers. 

M.  Raulin  (i)  signale  des  cailloux  d'ophite  dans  la  carrière  du 

(l)  Actes  Soc.  Linn.  Bordeaux,  t.  XXVI  ;  1866. 


i7i  HICHEL-LÉVY.    -•  OPBITES  DES   PYRÉNÉES.  17  déc; 

Houz  (Pouy  d'Arzet),  à  la  base  de  la  Craie,  et  des  caiîlotcx  roulée  d'o- 
phite  dans  des  marnières  appartenant  au  Miocène  moyçn  des  environs 
de  Dax  (carrière  du  bois  d*Oro). 

La  première  de  ces  ob$ei*vations  parait  contredite  dans  une  note  de 
M.  Genreau  (1),  qui,  à  la  suite  de  nouveaux  sondages  entrepris  au 
voisinage  de  Dax  dans  le  but  de  rechercher  le  sel  gemme,  fait  ressortir 
l'intime  connexion  des  sources  salées  chaudes  ou  froides,  des  gise- 
ments de  sel  gemme  et  de  gypse,  et  des  pointements  ophiliques  de  la 
contrée,  avec  une  grande  ligne  de  fracture  N.  153*^  E.,  qu'il  rapporte 
au  soulèvement  du  Mont-Viso  et  qui  aurait  disloqué  les  étages  infé- 
rieurs de  la  partie  moyenne  du  terrain  crétacé  dans  les  Pyrénées. 

La  coupe  de  la  falaise  de  Biarritz  donnée  par  M.  Jacquot  ne  permet 
guère  de  douter  que  le  pointement  classique  d'ophite,  entre  le  moulin 
de  Chabiague  et  celui  de  Houligna,  ne  soit  postérieur  au  terrain  num- 
raulitique;  la  même  observation  peut  s'appliquer,  d'après  des  notes 
inédites  de  M.  Jacquot,  aux  pointements  ophitiques  des  environs  de 
Caupeune,  et  notamment  à  la  belle  roche  à  labrador  de  Laprabende. 
D'autre  part,  M.  Jacquot  a  observé,  comme  M.  Raulin,  des  galets  roulés 
d'ophite  dans  une  mârrnière  du  Miocène  moyen  des  environs  de  Dax  ; 
j'attache  une  grande  importance  à  ces  observations,  parce  que  l'état 
roulé  de  ces  débris  ne  permet  pas  de  les  confondre  avec  les  fragments 
anguleux  des  brèches  de  friction  qui  accompagnent  souvent  la  sortie 
des  roches  éruptives  à  l'état  pâteux. 

Si  des  Pyrénées  nous  passons  aux  autres  régions  ou  j'ai  signalé  des 
roches  analogues  aux  ophites,  nous  voyons  que  M.  Macpherson  s'est 
trouvé,  dans  la  province  de  Cadix  (2), en  présence  des  mêmes  difficultés 
que  les  géologues  français  ;  pour  lui,  les  ophites,  les  gypses  et  les  sels 
gemmes  qui  leur  font  cortège,  sont  post-nummulitiques  et  même  mio- 
cènes; ils  sont  certainement  antérieurs  au  Pliocène. 

Les  coupes  de  M.  Lory  montrent  les  euphotides  des  Alpes  pos- 
térieures au  Trias  et  même  aux  premières  couches  de  l'Infrà-lias. 

La  Monzonite  du  Tyrol  est,  d'après  les  derniers  travaux  de  MM.  vom 
Ruth  (3)  et  Doelter  (4),  postérieure  au  Muschelkalk;  comme  MM.  de 
Kichthofen  et  de  Lapparent,  ces  géologues  considèrent  la  Monzonite 
comme  triasiquc. 

En  Toscane  le  problème  parait  moins  ardu  et  plus  déterminé  : 

(1)  Soc.  Sciences,  Lettres  et  Arts  de  Pau,  1872. 

(2)  Dj^quejo  geologico  de  laprovincia  de  Cadix  ;  1873. 

(•t)  Dit  Monzoni  im  siidœslHchen  Tirol,  Verhandlungen  des  natiirh.  Vereins  dcr 
Pr.  Hheinlande  und  Westfalens,  A*  sér.,  t.  II,  Sitsungsberichte,  p.  85  ;  1875. 

(ij  l):r  geologische  Bau,  die  Gesteinc  und  Mineralfundstœtten  dc^  Monsonigcbirgcs 
in  Tirol,  Jahrb.  K.  K.  Geol.  ReichsaMtaU^i.  XXV,  p.  207;  1875. 


1877.  MICHEL-LÉVY.   —  OPHITES  DES  PYRÉNÉES.  173 

d'après  MM.  Savi  et  Cocchi  (1),  une  longue  suite  d'ëniptions  grani- 
tiques s'est  produite  après  le  Nummulilique  et  dans  les  premières  cou- 
ches du  terrain  ophiolithique,  que,  malgré  l'opinion  deM.  Coquand  (2), 
ils  considèrent  comme  miocène.  Les  éruptions  auraient  eu  pour  pré- 
ëtirseur  le  soulèvement  des  Apennins,  de  même  qu'une  partie  au 
moins  des  ophites  semble  dater  du  soulèvement  des  Pyrénées. 


Considérations  théoriques  sur  l'âge  des  roches  granulitiques 

régentes. 

On  Toit^  par  le  résumé  qui  précède,  que  Tâge  des  euphotides  et  des 
ophites  semble  osciller  entre  le  Trias  et  le  Miocène,  soit  que  Ton  con- 
sidère chaque  groupe  naturel  de  roches  isolément,  soit  qu'on  en 
regarde  l'ensemble.  De  patientes  observations  stratigraphiques  sur  le 
terrain,  corroborées  par  l'analyse  microscopique  des  roches,  pourront 
aeoles  résoudre  définitivement  cette  question  si  controversée,  et  res- 
traindre  tout  au  moins  la  limite  plausible  des  incertitudes.  Je  cherche- 
mi,  en  terminant,  à  faire  ressortir,  par  quelques  considérations  théo- 
riques, l'intérêt  considérable  qui  s'attache  à  la  question  de  Tâge  de  la 
venue  granulitique  récente,  et  en  particulier  des  ophites  qui  me  pa- 
raissent ^n  faire  partie. 

Cause  de  la  récurrence  granulitique  tertiaire. 

• 

J'ai  cherché,  il  y  a  quelques  années  (3),  à  établir  qu'à  partir  de  la 
période  tertiaire,  il  y  avait  eu  récurrence  d'une  grande  partie  des  types 
présentés  par  les  roches  plus  anciennes.  Ainsi,  entre  la  consolidation 
du  gneiss  et  le  commencement  de  l'époque  triasique,  on  peut  distinguer 
dans  les  roches  acides  deux  grandes  familles  réunies  par  un  type  de 
transition  : 

I.  R«ebe«  sraBQlUlqnefl,  entièrement  cristallisées,  comprenant  : 

l*Les  granités  (agrégation  confuse,  quartz  rarement  polyédrique); 

^  Les  granulites  (agrégation  régulière  (pegmatite  graphique)  et  généralement 

quartz  à  contours  polyédriques  réguliers); 
3*  Les  micro^granulUes,  qui  sont  des  granulites  à  grains  fins. 
Type  de  tranflUloii,  comprenant  : 

Les  micro-pyromérides  avec  globules  à  extinction  et  quarts  globulaire, 
dans  lesquelles  une  partie  de  la  silice  esta  l'état  colloïde. 

(1)  Bull.,  2«  sér.,  t.  XIII,  p.  226  ;  1856. 

(2)Bw/^,2«s6r.,t.  I,p.  421;  1844. 

(3)  Ànn.  3ïines,  1"  sér.,  t.  VIII,  p.  406;  1875. 


174  1UCH£L-LÉVY.   —  OPHITES  DES  PYRÉNÉES.  17  dëc. 

n.  B«elie«  p«rpliy vl4ve*9  colloïdes  et  vitreuses,  comprenant  : 

1*  Les  porphyres  pétrosiliceux  fluidaux,  avec  globules  à  croix  noires,  très- 
colloïdes  ; 
9*  Les  pyromirides  avec  gros  globules,  et  les  rétinites  ou  pechsteins  vitreux. 

Les  roches  basiques  anciennes  peuvent  également  être  subdivisées  en 
deux  grands  groupes  :  Tun  ^ranuli tique»  entièrement  cristallisé  en 
éléments  à  peu  près  également  développés  dans  tous  les  sens,  compre- 
nant les  gabbros,  les  diabases,  les  diorites,  etc.  ;  l'autre  porpby- 
rlqfue,  plus  ou  moins  vitreux  et  surtout  mtcroUthtque,  comprenant 
de  grands  cristaux,  mais  aussi  des  microlithes  généralement  très- 
allongés  dans  un  sens  déterminé,  rappelant  ceux  qui  se  développent 
souvent  dans  les  laitiers  de  haut-fourneau  (pyroxène);  ce  groupe  se- 
rait principalement  représenté  par  les  mélaphyres  et  les  porphyriteSé 

Il  parait  démontré  que,  si  Ton  fait  abstraction  des  accidents  locaux, 
les  roches  dans  leur  évolution  tendent  à  passer  par  gradations  insen- 
sibles du  premier  type  au  second.  Seulement,  les  roches  les  plus  an- 
ciennes de  la  période  tertiaire  sont  revenues  è  la  structure  granuH- 
tique  ;  pour  la  série  acide,  le  fait  paraît  incontestable  et  Ton  connaît 
dans  les  roches  éruptives  tertiaires  toutes  les  structures  préeëdemmtnt 
énumérées. 

Dans  son  récent  et  remarquable  traité  de  pétrographie  (1),  M.  Ro- 
senbusch  a  adopté  comme  base  de  sa  classification,  une  séparation 
tranchée  entre  les  roches  an tè- tertiaires  d'une  part,  et  les  roches  ter- 
tiaires et  post-tertiaires  de  l'autre.  Seulement  il  pense  que  ces  der- 
nières présentent  quelques  lacunes  ;  ainsi,  parmi  les  roches  acides 
récentes  il  ne  connaît  pas  de  granophyres  (partie  des  mîcro-pegma- 
tites,  partie  des  micro-pyromérides  avec  globules  à  extinction).  Cette 
lacune  n'existe  cependant  pas,  et  j'ai  déjà  signalé  (2)  de  fort  belles 
micro-pyromérides  tertiaires  avec  globules  à  extinction,  notamment 
en  Hongrie  (Clotilde-Kluft  à  Schemnitz). 

Pour  les  roches  basiques,  la  même  récurrence  vers  le  type  granoK- 
tique  s*est  certainement  produite;  nous  en  avons  pour  témoins  les 
abondantes  éruptions  de  diorites  et  d'euphotides  de  la  Toscane;  nous 
savons  aussi  que,  de  ce  type  granulitique,  les  roches  basiques  ter- 
tiaires ont  passé  au  type  microlithique,  dont  les  basaltes  sont  un 
exemple  parfait  ;  dans  bien  des  cas,  il  est  difficile  de  distinguer  les  ba- 
saltes des  mélaphyres  permiens  (3). 

Ainsi,  en  résumé,  depuis  la  consolidation  des  gneiss  jusqu*à  la  fin 

(1)  MikroskopUche  Physiographie  der  massigen  Gesteine  ;  1877. 

(^)C.-R.  Àc.  Se,  16  cet.  1876. 

(3)  Cf.  Boricky,  Studicn  an  dcn  Melaphyrgcstcincn  Bôhmens,  p.  6  ;  1876. 


1877.  mcuEL-Livv.  —  ophites  des  pvntoiEs.  175 

du  Pennien  d'une  part,  depuis  la  fin  du  NuinmuUtique  jusqu'ft  la  pé- 
riode actuelle  de  l'autre,  nous  voyons  les  roches  passer  par  ^adalioDS 
inseosibles,  et  en  deux  séries  parallèles,  du  type  granulitique  au  type 
porphyrique.  I-e  seul  changement  brusque  qui  interrompe  l'évolution 
Datorelle  des  produits  éruptifs  du  globe,  correspond  k  une  longue  pé- 
riode de  repos  qui  comprend  tout  ou  partie  du  Trias,  le  Jurassique,  le 
Crétacé  et  le  commencement  du  Tertiaire. 

Il  n'est  pas  douteux,  en  effet,  que,  tout  au  moins  en  Europe,  l'acti- 
vité éruplive  n'ait  subi,  pendant  cette  longue  période,  une  éclipse 
presque  totale.  La  seule  exception  qu'il  faudrait  noter  ici  serait  préci' 
témentrâRe  de  quelques  ophites  et  de  quelques  euphotides  des  Alpes 
rtduTjTOl. 

Si  on  tes  considère  comme  triasiques,  on  les  fait  brusquement  suc- 
oéderides  roches  basiques  de  composition  chimique  analogue,  appar- 
tenant à  un  type  franchement  microlithique;  car  tels  sont  habituelle- 
ment les  mélaphyrcs  du  Permien.  Cette  discontinuité  sans  cause  appa- 
rente me  paraît  illogique,  et  je  vais  essayer  de  donner,  au  contraire, 
nne  explication  rationnelle  de  la  récurrence  granulitique  tertiaire  sur- 
venant après  un  long  temps  de  repos. 

Depuis  l'admirable  mémoire  d'Ëlie  de  Beaumont  sur  les  émanations 
volcaniques  et  métallifères,  et  les  travaux  synthétiques  de  M.  Daubrée, 
notamment  sur  les  météorites,  on  se  représente  volontiers  le  globe 
terrestre  comme  composé  d'un  noyau  de  fer  impur  fondu,  d'une  zona 
intermédiaire  de  scories  oxydées  en  voie  de  métamorphose,  enfin 
d'une  série  de  voussoirs  solides  traversés  par  de  nombreuses  fissures 
qui  laissent  pénétrer  l'air  et  l'eau  de  haut  en  bas,  et  qui,  dans  le  sens 
inverse,  servent  d'évents  aux  produits  gazeux  distillés  constamment 
par  le  centre  incandescent  duglobe. 

C'està  cesprodultsgazeux,  non  moins  qu'aux difi'érences  de  densité, 
qu'il  faut  rapporter  l'enricbissementen  silice  des  écumes  supérieures 
aux  dépens  des  couches  plus  profondes  et  plusdenses.  Sur  une  plus 
petite  échelle,  le  même  phénomène  se  produit  è  la  surface  du  sol, 
pendant  l'épanchement  des  roches  éruptives  :  U.  Fouqué  a  signalé  les 
'  vérilables  meulières  siliceuses  qui  surmontent  certaines  niasses  de 
laves  basiques;  de  même  les  variolilesde  la  Durance,  qui  ontsem 
de  condenseurs  aux  euphotides  à  labrador  du  Mont-Gen&vre,  sont 
des  roches  essentiellement  plus  acides  et  à  oligoclase  ;  Ëlîe  de  Beau- 
mont  a  esquissé  ce  point  de  vue  théorique,  en  traitant  des  poîntemenls 
detn'eisen  qui  servent  de  condenseurs  aux  granulites  à  mica  blanc. 

Tout  en  senant  de  véhicules  à  certains  corps  tels  que  le  siliciuai. 
et  en  agissant  ainsi  sur  la  compjsition  chimique  des  éoumesqu'ils  tra- 
versent, les  produits  gazeux  préparent  aussi  ia  composition  mim'ralo- 


i76  MICHEL-LÉVy.   —  OPHITES  DES  PYRÉNÉES.  17  déc. 

gique  et  même  la  structure  que  les  roches  encore  fluides  amèneront 
pour  ainsi  dire  en  puissance  avec  elles,  lors  de  leur  ëpanchement.  Car, 
d'une  part,  certains  cristaux  paraissent  s'être  consolidés  longtemps 
avant  la  sortie  de  la  roche  qui  les  contient  ;  on  sait  combien  les  cris- 
taux anciens,  dont  le  volume  et  les  zones  d'accroissement  supposent 
souvent  un  long  temps  d'incubation  et  de  développement,  sont  par- 
fois corrodés  et  brisés.  D'autre  part  on  est  frappé,  parmi  les  nom- 
breuses variétés  de  roches  éruptives,  de  voir  le  cercle  relativement 
restreint  dans  lequel  restent  celles  de  même  composition  chimique  et 
de  même  âge;  les  circonstances  de  gisement  ont  sans  doute  une  in- 
fluence marquée  sur  le  grain  et  sur  la  structure  des  roches,  mais  cette 
influence  me  parait  rester  bien  au-dessous  de  ce  qu'on  aurait  pu  eu 
attendre  à  priori  :  ainsi  les  diverses  ophites  étudiées  plus  haut  con- 
stituent une  famille  bien  spécifiée,  dont  la  structure  est  très-caractéris- 
tique, et  cependant  elles  ont  été  recueillies  dans  des  conditions  de 
gisement  fort  difi*érentes,  les  unes  au  sommet  de  hautes  montagnes, 
les  autres  au  pied  des  Pyrénées. 

Cette  identité  de  certaines  roches,  les  unes  avec  les  autres,  devient 
encore  plus  frappante  lorsqu'elle  s'applique  à  des  gisements  très-^loi- 
gnés  et  se  poursuit  jusque  dans  les  détails  microscopiques  de  leur 
structure. 

On  ne  peut  ici  arguer  d'une  simple  identité  de  composition  chi- 
mique; car  rien  n'est,  d'ordinaire,  plus  dissemblable  que  des  roches  de 
même  composition  chimique  et  d'âge  différent»  telles,  par  exemple, 
que  certaines  granulites  et  certains  pechsteins. 

Il  faut  donc  conclure  que  cette  spécification  des  roches  est  rœu\Te 
des  dissolvants  et  des  minéralisateurs  qui  les  ont  traversées  et  impré- 
gnées et  qui  ont  disparu  au  moment  de  leur  épanchement  ;  nous  ne 
pouvons  juger  de  ces  produits  gazeux  que  par  les  effets  qu'ils  ont  dû 
produire  et  par  le  cortège  encore  imposant  d'émanations  qui  accom- 
pagnent les  éruptions  actuelles. 

En  tout  cas,  leur  action  a  eu,  pour  ainsi  dire,  trois  facteurs  :  la  na- 
ture des  gaz,  leur  abondance,  enfin  le  temps  pendant  lequel  ils  ont 
agi  pour  imprégner  et  élaborer  plus  profondément  les  écumes  des- 
tinées à  produire  les  roches  éruptives.  L'évolution  précédemment  con- 
statée semble  démontrer  qu'à  temps  égal  les  minéralisateurs  perdent 
de  leur  puissance  d'action,  au  fur  et  à  mesure  que  le  globe  terrestre 
vieillit.  La  récurrence  granulilique  tertiaire  ne  contredit  pas  ce  fait 
général  ;  car,  si  la  structure  de  ce  groupe  récent  est  très-cristalline, 
bien  des  indices  démontrent  qu'elle  se  relie  intimement  à  une  série 
foncièrement  vitreuse;  telles  sont,  par  exemple,  les  nombreuses  inclu- 
sions vitreuses  que  l'on  observe  dans  les  feldspaths  de  ces  roches  et 


1877.  DE  LAPPARENT.  —  OBSERVATIOMS.  177 

doiit  on  ne  trouve  pas  le  pendant  dans  les  roches  similaires  anciennes. 

Ainsi  le  cacbet  et  la  structure  des  roches  d'une  époque  géologique 
semfilent  liés  à  la  nature  et  à  l'abondance  des  gaz  qui  les  ont  traver- 
sées et  élaborées.  Mais  le  temps  pendant  lequel  cette  action  s'est 
eieroée  parait  suppléer  en  partie  à  Tactivité  propre  de  ces  gaz,  et 
e'eslà  cette  demièrecause  que  je  rapporte  la  récurrence  granulitique 
tertiaire,  survenue  après  une  très-longue  période  de  repos  éruptif, 
pendant  laquelle  les  gaz  ont  longuement  élaboré  les  écumes  qui  pa- 
raissent s'être  épanchées  après  le  soulèvement  des  Pyrénées. 

On  voit  dès  lors  l'intérêt  spécial  que  présente,  à  ce  point  de  vue 
ihéorique,  la  détermination  de  l'âge  des  ophites  des  Pyrénées  et  des 
enphotides  méditerranéennes. 

M.  Bél>ert  croit  triasiques  les  gisements  des  échantillons  d*o- 
pllite  qu'il  a  communiqués  à  H.  Hichel-Lévy.  Aucun  fait  positif  ne 
proure  le  contraire.  La  diversité  des  opinions  résulte  uniquement  de 
la  diversité  des  interprétations.  11  faut  reprendre  Tétudedes  gisements, 
êtadier,  par  exemple,  la  nature  des  blocs  roulés  qu'il  a  observés  à  la 
base  du  Lias  moyen  à  Hiramont  et  qui  avaient  déjà  été  cités  comme 
ophite  par  M.  Leymerie. 

Dans  le  Yicentin,  tous  les  auteurs  ont  signalé  plusieurs  éruptions 
de  basalte  pendant  la  période  éocène.  Or  M.  Hébert  a  reconnu, 
dans  tous  les  points  qu'il  a  explorés,  que  le  basalte  était  postérieur 
aux  Sables  de  Fontainebleau.  Des  infiltrations  latérales,  des  filons- 
couches,  comme  ceux  de  Gergovia,  que  l'on  rencontre  jusque  dans  la 
draie  et  dans  le  terrain  jurassique,  ont  trompé  les  observateurs. 

De  là  la  nécessité,  lorsqu'on  veut  établir  une  classification  des  roches 
émptives,  de  se  tenir  en  garde  contre  des  idées  de  succession  ou  de 
récurrence  qui  ne  s'appuieraient,  dans  l'état  actuel  de  la  science  des 
roches  secondaires  et  tertiaires,  que  sur  des  faits  incertains  ou 
erronés. 

M.  de  I^apparent  fait  observer  qu'il  résulte  précisément  du 
travail  de  M.  Michel-Lévy,  que  l'ophite  est  une  roche  bien  définie  et 
très-constante  dans  ses  caractères.  A  ce  titre,  et  bien  qu'elle  se  relie  à 
la  grande  famille  des  euphotides,  c'est-à-dire  des  roches  à  diallage  et 
à  feldspath,  elle  constitue  une  variété  qui  réclame  un  nom  spécifique. 
C'est  ce  qu'avaient  bien  reconnu  les  géologues  pyrénéens,  et  en  parti- 
culier M.  Leymerie,  en  se  fondant  sur  les  circonstances  de  gisement 
de  cette  roche.  Partout  l'ophite  semble  bien  s'être  épanchée  à  tra- 
vers le  terrain  tertiaire,  à  l'époque  du  soulèvement  des  Pyrénées,  en 
iimenant  avec  elle  des  argiles  bariolées  avec  gypse  et  sel  gemme. 

42 


178  BARROIS.    ~  GABBRO  DE  CROZON.  17  dëc. 

M.  Pomel  dit  que  dans  toute  la  zone  méridionale  de  TAtias,  les  ophites 
traversent  les  couches  crétacées  et  pénètrent  même  jusqu'au  terrain  pliocène, 
en  tout  cas  jusqu'au-dessus  des  couches  à  Ostrea  crassissima, 

H.  Véloln  fait  ensuite  la  description  de  rocbes  qui  présentent 
avec  celles  étudiées  par  M.  Michel-Lévy,  de  grandes  analogies  de 
structure  et  de  composition  minéralogique,  mais  qui  proviennent  d*un 
gisement  bien  éloigné  ;  car  elles  appartiennent  au  massif  volcanique 
de  rile  de  I^a  Réunion»  dont  elles  forment  la  partie  ancienne. 

Ces  roches  sont  à  base  de  pyroxène  et  de  plagioclase  (oligoelase, 
labrador)  ;  le  pyroiène  y  parait  de  consolidation  récente;  il  forme  de 
grandes  plages  déchiquetées,  qui  moulent  les  cristaux  de  feldspath. 
Elles  ont  encore  pour  trait  caractéristique  l'absence  de  péridot,  et  ce 
fait  a  son  importance  dans  un  massif  volcanique  où  ce  minéral  joue  un 
si  grand  rôle.  Par  leur  composition,  elles  semblent  donc  se  rapprocher 
des  Augites-andésites,  mais  elles  s'en  éloignent  par  les  caractères  tirés 
de  la  structure. 

Afin  de  bien  préciser  leurs  relations  avec  les  autres  roches  qui 
entrent  dans  la  constitution  géologique  de  111e,  M.  Yélain  fait  à  grands 
traits  l'histoire  des  phénomènes  volcaniques  qui  se  sont  succédé  pour 
édifier  cette  grande  terre.  Cette  succession  est  la  suivante,  en  com- 
mençant par  les  formations  les  plus  anciennes  : 

Andésites  à  oligoelase  ;  andésites  à  labrador;  roches  à  diallage  et  à 
olivine,  analogues  aux  gabbros  anciens;  péridotites  et  serpentines; 

Basaltes  péridotiques  ; 

Dolérites  à  anorthite  ; 

Trachytes; 

Basaltes  francs; 

Laves  basaltiques  et  doléritiques  récentes. 

Toutes  ces  rochessont  d'origine  récente,  c'est-à-dire  qu'elles  appar- 
tiennent à  cette  série  éruptive  qui  ne  remonte  pas  au-delà  de  la 
période  tertiaire  ;  mais  leur  âge  absolu  ne  peut  être  déterminé,  en 
l'absence  de  toute  roche  sédimentaire. 

H.  Ch.  Barrola  signale  à  la  Société  un  fllon  de  GAbbro 

(trachy^dolérite),  d'une  quinzaine  de  mètres  de  puissance,  intercalé 
dans  les  grès  siluriens  à  Scolithus  de  la  presqu'île  de  Grozon 
(falaise  de  la  Mort  Anglaise)  (Finistère). 

Cette  roche,  qu'il  a  étudiée  sous  la  direction  de  MM.  Fouqué  et 
Michel-Lévy,  se  montre,  sous  le  microscope,  composée  de  labrador  en 
microlithes  allongés  suivant  les  arêtes  pg4  et  h^  g4 ,  cimentés  par  im 
pyroxène  brunâtre,  peu  dichroïque,  de  consolidation  plus  récente. 


1877.  CARRZ.   — -  FOSSILES  lL4RiNS  DE  BILLY.  179 

passant  par  places  au  diallage.  La  roche  contient,  en  outre,  des  grains 
de  fer  oxydulé  et,  à  leur  voisinage,  quelques  lamelles  de  mica  brun 
dichroîque.  Le  pyroxène  est  par  places  transformé  par  des  actions 
secondaires  en  une  matière  verdâtre  serpentineuse;  cette  substance 
serpentineuse  paraît  très-commune  dans  les  gabbros  (euphotides  ophi- 
totnee  de  Brongniart). 

Le  gabbro  de  la  Mort  Anglaise  est  identique,  par  sa  structure  et  son 
aspect,  avec  le  gabbro  d'Hozimont  étudié  par  MM.  de  La  Vallée-Poussin 
et  Renarde  avec  certaines  ophites  d'Espagne  décrites  par  H.  Hacpber- 
•on,  et  plus  spécialement  avec  celle  de  Laprabende  (Gaupenne)  que 
Tient  de  décrire  M.  Hichel-Lévy.  Son  âge  absolu  ne  peut  être  déter- 
miné en  l'absence  de  roche  sédimen taire  récente;  il  est  toutefois  posté- 
rieur au  grand  ridement  des  couches  paléozoïques  de  la  Bretagne,  qui 
a  eu  lieu  pendant  l'époque  carbonifère. 

M.  Garez  fait  les  communications  suivantes  : 


Sur  la  présence   de    fV>aaIlea    ixiArIna  dans  les    «ablett  de 

IHlly-2a-M>nto^ne« 

par  M.  Léon  GareaE» 

Je  désire  porter  à  la  connaissance  de  la  Société  un  fait  qui  résulte 
des  observations  de  M.  de  Laubrière  et  des  miennes  propres,  et  qui 
jettera,  je  pense,  un  peu  de  lumière  sur  la  question  si  dél>attue  de  la 
position  relative  des  sables  de  Ghâlons-sur-Yesle  et  du  calcaire  de 
RiUy. 

Je  tiens  à  remercier  M.  de  Laubrière  de  m' avoir  permis  de  publier 
la  petite  liste  des  fossiles  trouvés  à  Rilly;  car  il  ne  fallait  pas  moins 
que  l'adresse  et  le  zèle  de  ce  savant  pour  obtenir  intactes  des  coquilles 
aussi  fragiles. 

Voici  la  coupe  de  la  butte  située  à  droite  de  la  route  qui  va  de  la 
gare  de  Rilly  à  Villers-Allerand  ;  la  partie  inférieure  n'est  habituelle- 
ment pas  visible  ;  c'est  là  ce  qui  explique  comment  on  a  pu  visiter 
tant  de  fois  cette  localité  sans  voir  les  fossiles  : 

1.  Terre  végétale 0»35 

9.  Calcaire  blaoc,  sans  fossiles 1.05 

3.  Argile  gris-bleuàtre,  avec  Phyta  gigarUea,  Hélix  hemisphmriea,  petits 
fragments  roulés  de  calcaire  de  Rilly 0.76 

4.  Sable  jaune  et  blanc 0.72 

6.  Argile  grise 0.36 

6.  Sable  endurci,  ferrugineux,  jaune 0.15 

7.  Sable  un  peu  noirâtre 0.35 


180  GAREZ.   —  FOSSILES  MARINS  DE  RILLY.  17  déc^. 

8.  Sable  jaun&tro,  devenant  peu  à  peu  plus  blanc;  coquilles  marines  et  au- 
dessous  quelques  galets 0.8<r 

9.  Sable  blanc,  passant  au  précédent;  environ 4.00 

10.  Lit  ferrugineux,  avec  moules  de  coquilles  indéterminables 0.35 

11.  Craie. 

T^es  huit  premières  couches  se  voient  au  même  endroit  ;  quant  aux 
suivantes,  c'est  dans  le  talus  de  la  route,  à  12  mètres  environ  de  dis- 
tance, que  Ton  peut  les  observer;  mais  il  n*est  pas  douteux  qu'elles 
ne  soient  superposées  comme  je  l'indique.  Cela  n'a  d'ailleurs  que  peu 
d'importance. 

Si  on  met  à  côté  la  coupe  qui  se  montre  au-dessus  du  tunnel,  on 
voit  par  la  comparaison  quelles  sont  les  couches  du  mamelon  : 

1.  Terre  végétale , 0"25 

S.  Marne  gris-bleu&tre,  évidemment  la  même  que  les  couches  3  et  5  de  la 
coupe  précédente,  qui  se  trouvent  là  séparées  par  un  lit  de  sable  ...    1.06 

3.  Calcaire  blanc-jaun&tre,  à  Physa,  Hélix,  etc.  C'est  le  calcaire  de  Rilly 
proprement  dit  ;  environ 5  à  6"00 

4.  Sable  blanc 0.90 

5.  Sable  avec  bancs  horizontaux  de  galets 0.00 

6.  Sable  blanc 0.10  à  0.80 

7.  Sable  avec  galets 0.80 

8.  Sable  blanc 0.99 

9.  Couche  de  très-petits  galets 0.01 

10.  Sable  blanc,  avec  une  ligne  horizontale  ferrugineuse 0.40 

11.  Petits  galets 0.08 

12.  Sable  blanc 

Craie  à  0"60  plus  bas  environ. 

La  couche  i  de  la  première  coupe  est  la  partie  supérieure  du  cal- 
caire blanc  de  la  grande  carrière,  la  marne  de  Dormans. 

La  couche  3  (n*'  2  de  la  deuxième  coupe)  est  celle  qui  sépare  la 
marne  de  Dormans  du  calcaire  de  Rilly  proprement  dit;  elle  contient 
à  la  t'ois  des  fragments  roulés  du  calcaire  de  Rilly  avec  ses  fossiles,  et 
de  très-nombreuses  Physa  gigantea,  Eeliœ  hemispJiomca,  etc.,  à  l'état 
de  moules,  mais  parfaitement  entières  et  n'ayant  certainement  pas  été 
remaniées  d'une  formation  antérieure. 

Les  couches  suivantes  ne  se  correspondent  plus  :  tandis  qu'au  tunnel, 
comme  dans  la  carrière  type,  on  voit  le  calcaire  de  Rilly  proprement 
dit,  au  mamelon  de  la  gare,  au  contraire,  c'est  un  sable  jaune,  ana- 
logue à  celui  de  Châlons-sur-Yesle  et  renfermant  des  fossiles  dans  le 
même  état  de  conservation,  notamment  : 


Cyrena  angiistidens,  Desh., 

—  acutangularis,  Desh., 

—  diffieilis,  Desh., 


Cyrena  intermedia,  Desh., 

—  angusta,  Desh., 

—  parvula.  Desh., 


ig77. 


CARBZ.  —  FOSSILES  MARINS  DE  RILLY. 


181 


Cjfrena  unioniformû,  Desh. , 
Cffîherea  orhieularis,  Edwards, 
Cm'dium  hyhridum,  Desh., 


Cardium  Edwardti,  Desb., 
Peetunculiu  terebratularis,  Lam. 


Tous  ces  fossiles  sont  caractéristiques  des  sables  de  Ghàlons-sur- 
Yesle.  II  y  avait  d'ailleurs  beaucoup  d'autres  espèces,  mais  leur  fra- 
gilité a  empoché  de  les  recueillir. 

Enfin,  dans  les  deux  coupes,  vient  le  sable  blanc,  plus  ou  moins 
mAlé  de  galets. 

Le  résultat  de  cette  comparaison  est  de  montrer  le  calcaire  à  Physes 
d*ane  part,  les  sables  fossilifères  de  l'autre,  compris  tous  deux  entre 
les  sables  blancs  à  la  base,  et  Targile  grise  surmontée  de  la  marne  de 
Oormans  à  la  partie  supérieure. 

Il  me  semble  difficile,  après  cela,  de  ne  pas  admettre  le  synchro- 
nisme du  calcaire  de  Rilly,  pris  dans  son  acception  large,  et  des  sables 
de  Ghâlons-sur- Yesle.  Le  rivage,  à  cette  époque,  se  trouvait  entre  les 
deux  localités  que  je  viens  de  citer  ;  mais  la  côte  fort  basse,  couverte 
de  lagunes  et  de  dunes,  était  envahie  de  temps  à  autre  par  la  mer,  qui 
y  déposait  ainsi  des  coquilles.  11  n*est  pas  besoin  de  supposer  des 
mouvements  du  sol  pour  expliquer  cette  apparition  si  courte  de  la 
mer  à  Rilly;  II  suffit  d'une  forte  tempête  pour  que  des  dunes  peu  éle- 
vées soient  couvertes  par  les  vagues  sur  un  espace  très-considérable; 
cela  se  voit  fréquemment  de  nos  jours  et  devait  certainement  se  passer 
de  même  à  l'époque  de  TËocène  inférieur. 

Je  n'ai  pas  entrepris,  du  reste,  de  discuter  ici  dans  son  ensemble 
la  question  fort  complexe  de  TËlocène  inférieur  du  bassin;  il  faudrait 
pour  cela  avoir  vu  tous  les  affleurements  du  calcaire  de  Rilly;  j'ai  seu- 
lement voulu  signaler  un  fait,  en  l'accompagnant  des  quelques  ré- 
flexions qu'il  m'a  suggérées. 

C'est  pour  la  même  raison  que  je  n'ai  cité  aucun  des  travaux,  d'ail- 
leurs fort  nombreux  et  fort  divers,  qui  ont  été  écrits  sur  ce  sujet. 

Toutefois  il  en  est  un  dont  je  dirai  quelques  mots,  parce  qu'il  semble 
donner  un  vigoureux  appui  à  l'opinion  qui  me  parait  commandée  par 
les  faits;  je  veux  parler  du  mémoire  de  MM.  Aumônier  et  Eck,  derniè- 
rement présenté  à  la  Société  géologique.  Dans  l'étude  très-sérieuse 
qu'ils  ont  faite  de  la  montagne  de  Berru,  ils  ont  vu  des  sables  fos- 
silifères, —  mais  sans  pouvoir  recueillir  d'échantillons  détermi- 
nables,  —  surmontés  par  des  calcaires  blancs.  Ils  concluent  à  la 
superposition  du  calcaire  de  Rilly  aux  sables  de  Chàlons-sur- Yesle, 
mais  avec  un  peu  d'hésitation,  par  suite  de  l'absence  des  fossiles.  On 
voit  comment  leurs  observations  sont  corroborées  par  les  miennes. 

Hais  il  est  un  point  sur  lequel  je  ne  puis  suivre  les  géologues  ré- 


ISi  CARBZ.   —  FOSSILES  MARINS  DE  RILLT.  17  déc. 

mois  :  ils  supposent  que  Tcxistence  des  lagunes  de  Rilly  a  été  causée 
par  un  soulèvement  qui  aurait  eu  lieu  à  Tépoque  de  la  Craie  supé- 
rieure et  aurait  donné  à  la  plaine  de  Reims  l'altitude  qu'elle  présente 
aujourd'hui.  Je  ne  puis  admettre  cette  opinion;  s'il  me  semble  pro- 
bable que  l'exhaussement  de  TEst  du  bassin  parisien  a  commencé 
d'une  manière  extrêmement  faible  à  la  fin  de  la  période  secondaire, 
je  pense  qu'il  nés  est  prononcé  tel  qu'il  est  aujourd'hui,  que  beaucoup 
plus  tard.  Je  remarquerai  d'abord  que  le  calcaire  de  Rilly  lui-même 
est  connu  en  des  endroits  beaucoup  plus  bas  qu'à  Rilly  et  que  les 
sables  de  Châlons  eux-mêmes;  mais  le  principal  soulèvement  est, 
pour  moi,  postérieur  même  aux  couches  qui  couronnent  la  montagne 
de  Reims,  à  la  marne  à  Pholadomya  Ludensis.  Cette  couche  est  à 
250  mètres  environ  à  Ludes,  tandis  qu'à  Argenteuil,  qui  n'est  pas  le 
point  le  plus  bas,  elle  est  à  49*030  environ;  de  sorte  que,  si  le  relief 
du  sol  était  le  même  à  l'époque  où  s'est  déposée  cette  assise,  il  y  au- 
rait eu  200  mètres  d'eau  de  plus  dans  le  centre  du  bassin  que  sur  les 
bords.  Or  la  faune,  absolument  la  même  sur  les  deux  points,  a  peut- 
être  des  caractères  plus  littoraux  encore  à  Orgemont  qu'à  Ludes,  et  il 
n'est  pas  possible  qu'elle  se  soit  déposée  à  une  profondeur  aussi 
grande. 

Note  additionnelle,  —  Ceci  était  écrit  et  déposé  au  secrétariat  lors- 
que je  reçus  le  numéro  du  Bulletin  contenant  la  séance  du  2  avril 
1877  ;  j'y  trouvai  une  nouvelle  note  de  M.  Eck  sur  les  marnes  et  sables 
de  Rilly.  N'ayant  pas  assisté  à  cette  séance,  je  n'en  avais  nullement 
connaissance;  et,  comme  cet  auteur  me  semble  émettre  des  conclu- 
sions difiérentes  de  celles  du  travail  qu'il  a  fait  avec  M.  Aumônier  sur 
la  montagne  de  Berru,  je  dois  faire  remarquer  que  c'est  uniquement 
de  ce  dernier  mémoire  que  j'entends  parler,  lorsque  j'adopte  l'opinion 
exprimée  par  ces  géologues. 

Je  suis,  au  contraire,  d'un  avis  différent  de  celui  que  H.  Eck  expose 
dans  ses  conclusions  (p.  431).  Il  croit  en  effet  pouvoir  placer  les  sables 
be  Bracheux  à  la  base  des  sables  de  Rilly  ;  or  ma  coupe  montrant  les 
sables  blancs  au-dessous  des  sables  à  fossiles,  ne  permet  pas  de  sou- 
tenir cette  opinion.  Je  n'entends  pas  dire  cependant,  que  les  sables  de 
Châlons  doivent  être  placés  uniquement  entre  les  sables  de  Rilly  et 
l'argile  lignitifère  de  H.  Eck,  à  laquelle  le  nom  de  conglomérat  a  été 
depuis  longtemps  donné;  je  n'oublie  pas  qu'il  existe  à  la  base  des 
sables  blancs,  à  Rilly,  des  fossiles  marins  qui,  malgré  leur  état  déplo- 
rable de  conservation,  sont  probablement  les  mêmes  que  ceux  de 
Châlons;  je  tiens  compte,  en  outre,  des  localités  où  les  sables  de  Châ- 
lons ont  été  vus  au-dessus  des  marnes  lacustres,  et  je  répète  ma  con- 
clusion, que  les  sables  de  Bracheux  sont  synchroniques  de  toute  la 


1877.  GAREZ.  —  MARiXES  MARINES  DU  GYPSE.  183 

série  comprise  à  Rilly  entre  la  Craie  et  les  lignites,  à  savoir  :  sables 
ferrugineux  à  fossiles  marins,  sables  blancs,  marne  à  Physes,  argile 
bleue  à  Physes  (conglomérat),  marnes  lacustres  supérieures  ou  de 
Dormans. 


Swr  Veœtension  des  marnes  marine»  de  Vétage   du  Gypse 

da^is  TEst  du  l>assln  de  Paris, 

par  M.  Léon 


En  explorant  les  environs  de  Château-Thierry,  j'y  ai  retrouvé  les 
deux  couches  marines  de  la  partie  inférieure  du  Gypse,  inconnues 
jusqu'ici  dans  la  région  ;  je  veux  parler  des  marnes  à  Pholadomya 
Ludensis,  et  des  couches  dites  marnes  à  Lucines,  observées  pour  la 
première  fois  par  Goubert  (1)  à  Argenteuil,  et  qui  ne  sont  connues 
que  dans  celte  localité  et  quelques  autres  très-voisines. 

D'Archiac,  dans  sa  Description  géologique  du  département  de 
l'Aisne  (2),  donne  deux  coupes  très-détail lées  des  terrains  compris 
entre  les  sables  moyens  et  les  marnes  vertes  suprà-gypseuses  ;  Tune 
est  prise  à  17  kilomètres  du  point  que  je  signale  ici,  l'autre  à  6  seule- 
ment; et  pourtant  d'Archiac  n'a  vu  aucune  couche  marine  dans  tout 
cet  ensemble;  il  aura  probablement  été  trompé  par  des  éboulemeuts. 

Yoici  la  coupe  que  j'ai  relevée  à  1  500  mètres  à  l'est  de  Blesmes,  à 
S  kilomètres  environ  de  Château- Thierry  : 

1.  Terre  végétale ' 0"i5 

9.  Calcaire  siliceax,  caverneux 0.18 

3.  Marne  un  peu  siliceuse,  blanc-jaunâtre 0.05 

4.  Calcaire  sableux 0.03 

5.  Marne  blanchâtre,  visible  sur 0.10 

Lacune  sur  environ 2.00 

6.  Calcaire  siliceux,  dur 0.08 

7.  Calcaire  sableux 0.03 

8.  Calcaire  siliceux,  dur 0.05 

8  bis.  Marne  jaune 0.13 

9.  Marne  blanche 0.20 

10.  Calcaire  contenant  un  peu  de  silice;  il  renferme  à  sa  base,  sur  8  centi- 
mètres, des  Lucines  et  autres  coquilles 0.28 

11.  Marne  argileuse,  feuilletée,  jaune-verdâtre 0.06 

12.  Marne  compacte,  blanche,  à  taches  jaunes  (des.  ôbouiements  k  ca- 
chaient partiellement) 2.18 

13.  Filet  de  marne  jaune-verdâtre 0.08 

14.  Marne  jaune  quand  elle  est  humide,  blanche  quand  elle  est  sèche   .  .  0.11 

15.  Marne  jaune,  feuilletée,  avec  rares  cristaux  de  gypse *0.15 

16.  Marne  jaune  à  Pholadomyfl  Ludennt 0.25 

(1)  Bull.  Soc.  géoL,  2»  sér.,  t.  XVII,  p.  812. 

(2)  Mcm.  Soc.  géoL,  V*  sér.,  t.  V. 


CAREZ.   —  MARNES  VAHINES  DU  GYPSE. 


rr.  Hirae  blanche,  avec  gypse  caverneux 0.08 

IS.  Harne  jaune 0.71 

18.  Harne  blanche  très-gypieuse '.  .  .  0.16 

90.  PUet  de  marne  fouillelâe,  vorditre e.OS 

91.  Marne  blanche 0.10 

99.  Calcaire  siliceux,  meuliériforme O.U 

93.  itarne  blanche O.H 

94.  Calcaire  siliceux,  blanc-jauDÏIre,JevenaDl  un  vérilabie  silex  par  places.  O.M 

ÏS,  Filet  de  marne  brune 0.006 

36.  Marne  blanche,  Teuillelâe  au^milieu 099 

27.  Filet  de  raaroe  jaune O.OI 


1877.  CABEZ.   — -  UARiNES  MARINES  DU  GYPSE.  183 

S6.  Marne  blanche ^ 0.S3 

S9.  Marne  brune,  renfermaDt  du  calcaire  siliceux 0.03 

30.  Marne  jaunâtre 0.24 

SI.  Gypse  très-marneux 0.07 

3S.  Marne  feuilletée,  brunâtre. O.OS 

33.  Marne  un  peu  jaune,  mais  très-blanche  quand  elle  est  sèche,  à  cassures 

diargées  de  dendrites 0.19 

SI.  Gypse  caverneux  et  marneux,  disparaissant  à  l'est  de  la  carrière  .  .  0.08 

35.  Marne  semblable  à  la  couche  33 0.18 

36.  Gypse  en  petits  lits 0.13 

37.  Marne  blanche,  semblable  à  la  couche  33 0.15 

38.  Marne  brune,  feuilletée 0.03 

39.  Marne  semblable  à  la  couobe  37 0.35 

Lacune  sur  environ 1.00 

40.  Calcaire  siliceux,  à  Litnnœa  longûeata,  visible  sur 0.75 

Dans  la  grande  carrière  de  H.  Bast,  à  Orgemont,  que  je  prendrai 
comme  point  de  comparaison,  on  voit  la  marne  à  Pholadomya  se- 
ptréedu  calcaire  de  Saint-Ouen  par  une  suite  d'assises  diverses,  et  en 
particulier  par  un  banc  de  gypse  de  1°*80,  et  par  les  sables  verts,  qui 
n'ont  que  S'^SO  à  peine  d'épaisseur  {^^  environ  à  La  Frette)  (1),  mais 
qui  se  développent  dans  d'autres  localités,  surtout  en  remontant  vers 
le  nord,  à  Montsoult  par  exemple.  Cette  partie  est  bien  différente  à 
Blesmes;  il  ne  reste  aucune  trace  des  sablés  marins  à  Cerithium  trica- 
rhuUum,  C.  Cordteri,  C  pleurotomoides,  etc.,  qui  sont  évidemment 
remplacés  ici  par  les  marnes  blanches,  à  cassure  conchoïde,  qui  n'ont 
pas  Taspect  ordinaire  du  calcaire  de  Saint-Ouen  (couches  39  et  pré- 
cédentes). Cest  d'ailleurs  un  fait  général  dans  tout  l'Éocène  moyen  et 
supérieur,  que  les  couches  marines  diminuent  d'importance  vers  Test 
et  sont  en  partie  remplacées  par  des  sédiments  lacustres  qui  prennent 
un  énorme  développement;  cela  était  vrai  à  Tépoque  des  sables  de 
Qiise,  à  l'époque  du  calcaire  grossier  supérieur  et  enfin  à  celle  dont 
nous  nous  occupons.  Depuis  la  partie  supérieure  des  sables  de  Beau- 
ehamp  jusqu'aux  marnes  à  Pholadomya,  il  n'y  a  pas  moins  de  39  à 
tO  mètres  de  calcaire  lacustre  (Saint-Ouen  et  Ducy),  renfermant  seule- 
ment quelques  rares  couches  marines  fort  peu  épaisses. 

Quant  à  la  masse  de  gypse  d'Argenteuil,  nous  ne  la  retrouvons  pas 
identiquement;  nous  avons  seulement  une  alternance  remarquable  de 
bancs  de  gypse,  de  marnes  et  de  calcaires  siliceux.  Ce  sont  les  seuls^ 
restes  de  pierre  à  plâtre  qui  se  montrent  ici.  Nous  sommes  en  effet  sur 
It  limite  du  gypse  et  du  calcaire  de  Champigny.  Tandis  qu'à  Nesles, 
le  calcaire  siliceux  se  montre,  sur  la  route  de  Château-Thierry  à  Hont- 
mirail,  avec  une  puissance  de  4  à  S  mètres,  sur  la  rive  droite  de  la 

flj  V.  Vasseur  et  Carez.  Bull.,  3»  sér.,  t.  IV,  p.  471. 


186  GAREZ.  —  MARNES  MARINES  DU  GTPSE.  17  déc. 

Marne,  au  contraire,  le  gypse  existe  sur  une  épaisseur  à  peu  près 
égale  et  est  exploité  en  plusieurs  points. 

La  marne  à  Pholadomya  Ludensis  (couche  16)  conserve  exactement 
son  caractère  parisien  et  n*a  pas  encore  de  tendance  à  prendre  celui 
qu'elle  présente  à  Ludes,  dont  nous  ne  sommes  pourtant  pas  bien 
éloignés.  C'est  une  marne  jaune-blanchâtre,  plus  claire  quand  elle 
est  sèche,  et  offrant  en  abondance  :  Pholadomya  Ludensis,  Crassa- 
tella  Desmaresti,  Cardita  Kickxi,  Corbula  ficus,  Turritella  communis, 
Cardium  granuîosum  et  tous  les  autres  fossiles  trouvés  à  Orgemont  et 
indiqués  par  Deshayes  à  la  suite  de  la  communication  de  HM.  Bioche 
et  Fabre  (1). 

Elle  conserve  exactement  son  épaisseur  d'Orgemont  (0™40),  si  Ton  y 
comprend  la  marne  feuilletée,  avec  cristaux  de  gypse,  15,  qui  en  est 
une  dépendance  et  qui  se  distingue  de  même  dans  la  carrière  Bast. 

Au-dessus  de  cette  couche  remarquable  vient  une  marne,  12,  d'une 
épaisseur  de  2  mètres  environ,  assez  mal  visible  dans  la  carrière; 
c'est  le  représentant  de  toute  la  troisième  masse  de  gypse,  qui  atteint 
jusqu'à  10  et  12  mètres  dans  le  fond  du  bassin. 

Nous  trouvons  en  effet,  immédiatement  au-dessus,  la  marne  à 
Lucines.  Ici,  à  la  vérité,  la  dénomination  est  fautive;  ce  n'est  plus  une 
marne,  mais  un  calcaire  Compacte,  renfermant  une  assez  notable 
quantité  de  silice.  Lorsqu'on  l'ouvre,  on  aperçoit  des  lits  couverts  de 
fossiles. 

Son  épaisseur  est  de  0'"28,  quand  à  Orgemont  elle  n'est  que  de  (K"20; 
mais  celte  différence,  déjà  si  faible,  doit  être  diminuée,  si  l'on  songe 
qu'à  Argenteuil  ces  couches  plastiques  ont  été  aplaties  par  le  poids 
énorme  de  la  colline  qui  les  surmonte,  tandis  qu'à  Blesmes  la  dureté 
du  calcaire  lui  a  fait  conserver  son  volume  primitif. 

Cette  marne  renferme  des  pyramides  quadrauguiaires  semblables  à 
celles  que  Desmarest  et  Constant  Prévost  ont  autrefois  signalées  dans 
la  marne  à  Pholadomyes  et  qui  ont  été  revues  depuis  par  tous  les 
observateurs.  Tantôt  elles  sont  réunies  6  par  6,  comme  celles  citées 
autrefois;  tantôt  elles  se  trouvent  isolées  dans  la  masse  du  calcaire. 
D'ailleurs  elles  ont  déjà  été  vues  dans  les  marnes  à  Lucines  de  Ro- 
mainville  par  Goubert  (2).  Quelques  minces  lits  argilo-sableux  se 
trouvent  dispersés  dans  la  masse  du  calcaire,  surtout  à  la  partie  supé- 
rieure, et  forment  par  le  dessèchement  un  réseau  de  polygones  irré- 
guliers assez  remarquable. 

Les  fossiles  se  trouvent  principalement  à  la  base;  en  voici  la  liste. 

(1)  BulL,  2«  sér.,  t.  XXUI,  p.  321. 

(2)  Dull.,  2«  sér.,  t.  XXIII,  p.  340. 


1877.  GAREZ.  —  MARNES  MARINES  DU  GYPSE.  187 

Les  quatre  premiers  ont  déjà  été  indiqués  par  Deshayes  d'après  les 
échantillons  recueillis  par  Goubert  à  Orgemont  (1). 

1.  Ltunna  inomata?  Cette  coquille,  très-abondante,  était  citée  par 
Deshayes  comme  L.  Heherti,  mais  avec  beaucoup  de  doute.  Ce  qui 
aTait  décidé  ce  savant  à  émettre  cette  opinion,  c'était  Taplatissement  de 
la  coquille,  car  il  n'avait  pas  vu  la  charnière;  mais  mes  échantil- 
lons montrent  que  l'aplatissement  n'est  qu'un  accident  dû  à  la  pres- 
sion subie  par  la  marne,  et  que  cette  Lucine  est  au  contraire  une 
espèce  globuleuse.  Je  puis  par  suite  affirmer  que  ce  n'est  pas  la  L.  He- 
berd.  Cependant  je  ne  lui  donne  le  nom  deir.  inomata  qu'avec  doute, 
car  je  n'ai  pas  pu  non  plus  dégager  la  charnière;  mais  aucune  Lucine 
des  sables  de  Fontainebleau  ne  ressemble  à  celle-ci.  —  A  Argenteuil 
elle  parait  avoir  12""  de  longueur,  sur  11""*  de  largeur;  mais  lors- 
qu'elle n'est  pas  aplatie,  les  plus  grands  échantillons  n'ont  que  7°^ 
dans  les  deux  dimensions. 

2.  Corbula  subpisum,  d'Orb.  (des  sables  de  Fontainebleau).  Des- 
hayes avait  cru  la  reconnaître,  mais  il  conservait  des  doutes  par  suite 
de  l'écrasement.  Mes  échantillons  montrent  clairement  que  l'opinion 
du  savant  conchyliologue  était  bien  fondée.  Cette  coquille  est  assez 
rare. 

S.  Corhulomya  Nystx,  Desh.  (des  sables  de  Fontainebleau).  Deshayes 
la  regardait  déjà  comme  certaine;  elle  l'est  en  effet.  C'est  le  fossile  le 
plus  abondant  de  la  couche. 

4.  Nucula  captlîacea,  Desh.  (du  calcaire  grossier).  Ce  fossile  a  eu 
bien  des  vicissitudes.  Il  est  tellement  déformé  à  Orgemont  que  Des- 
hayes l'a  pris  successivement  pour  la  Lucina  sqiuimosa,  puis  pour  une 
Cytherea  voisine  de  la  C.  elegans;  enfin  il  lui  avait  donné  provisoire- 
ment le  nom  de  Venus  Oouberti.  Ce  n'est  pas  tout  :  il  reconnut  enfin 
le  genre  auquel  il  appartient,  et  l'appela  Ifucula  Lyelliana,  Bosquet. 
Hais  on  comprendra  qu'une  détermination  faite  dans  de  telles  condi- 
tions ne  présente  pas  une  grande  exactitude;  aussi,  après  avoir  réussi 
à  dégager  complètement  une  charnière,  je  crois  pouvoir  rapporter 
cette  espèce  à  la  N.  capillacea.  Très-abondant. 

5.  Cerithium  Roissyi,  Desh.,  var.  a  (des  sables  moyens,  zone  supé- 
rieure). C'est  la  première  fois  que  Ton  trouve  des  Cérilhes  dans  cette 
Couche;  à  Argenteuil,  en  effet,  il  n'y  en  a  pas;  à  Blesmes,  au  con- 
traire, ils  sont  presque  aussi  abondants  que  les  Lucines.  Mon  espèce 
ne  peut  certainement  être  rapportée  à  aucune  de  celles  des  sables  de 
Fontainebleau. 


(1)  Y.  Deshayes,  Descr,  Animaux  sans  vertèbres ji.  II,  p.  166;  eiBull.,  2*  Bér.. 
t.  XVni,   p .  380. 


188  CAREZ.   —  MARNES  MARLNES  DU  GYPSE.  17  dëc.  1877. 

6.  Planorhis  spiruloides,  Desh.  (du  calcaire  de  Ducy).  Ce  petit  fos- 
sile, inconnu  au  centre  du  bassin,  montre  par  son  abondance  que  le 
rivage  était  certainement  fort  rapproché  ;  ce  qui,  d'ailleurs,  semble 
confirmé  par  ce  fait  que  les  couches  à  Lucines  n*ont  jamais  été  ren- 
contrées à  Ludes,  malgré  les  nombreuses  excavations  faites  pour 
l'extraction  de  la  marne  à  Pholadomya. 

7.  Bithinia  pygmœa,  Brongn.  sp.  Cette  espèce  était  autrefois  con- 
finée dans  les  meulières  supérieures;  l'année  dernière,  H.  Yasseur  et 
moi  l'avons  signalée  dans  des  couches  bien  inférieures,  les  marnes  à 
Limnœa  strigosa  (1);  elle  descend  encore  aujourd'hui  un  nouvel 
échelon.  Deshayes  ne  la  connaissait  pas;  cependant  elle  n'est  pas 
absolument  reléguée  à  Blesmes;  j'en  ai  vu  un  exemplaire  à  Sannois. 

8.  Une  pince  de  Crustacé  indéterminable. 

9.  Enfin  l'on  trouve  quelquefois  des  ossements  de  Poissons. 

Un  fait  bien  curieux  ofiert  par  cette  assise  est  la  présence,  dans  tous 
les  points  ou.  elle  est  visible,  de  lits  épais  à  peine  d'un  millimètre  et 
couverts  de  petits  cailloux  de  quartz  extrêmement  ténus.  Il  est  curieux 
de  voir  des  filets  aussi  minces  se  prolonger  sur  une  étendue  de  100 
kilomètres. 

Au-dessus  viennent  quelques  marnes,  puis  des  bancs  de  calcaire 
siliceux,  entremêlés  de  marnes  siliceuses;  cette  partie  de  la  coupe 
n'est  pas  continue;  mais  à  7  mètres  environ  au-dessus  des  Lucines  on 
voit  encore  du  calcaire  siliceux  formant  la  partie  supérieure  de  l'assise 
de  Champigny,  dont  l'épaisseur  est  ainsi  fixée;  plus  haut  sont  des 
marnes  feuilletées,  base  des  marnes  suprà-gypseuses. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  l'altitude  de  ces  couches,  bien  supé- 
rieure à  celle  qu'elles  ont  au  centre  du  bassin.  La  base  de  la  marne  à 
Pholadomya  est  à  Blesmes  à  184°'80,  tandis  qu'à  Argenteuil  elle  n'est 
qu'à  48'"59.  La  dlfi^érence  de  13S<°  ainsi  constatée,  qui  est  à  peu  près 
la  même  pour  les  autres  couches,  montre  qu'il  y  a  eu  un  soulèvement 
postérieur  à  leur  dépôt  dans  l'Est  de  notre  bassin. 

Pour  résumer  en  quelques  mots  les  points  principaux  de  la  coupe 
que  je  présente  aujourd'hui,  je  ferai  remarquer  la  persistance  des  coa- 
ches  marines  du  gypse,  avec  la  même  épaisseur,  jusqu'aux  limites  du 
bassin  tertiaire;  ce  fait  démontre  bien  que  le  gypse  n'est  pas  un  acci- 
dent minéralogique  qui  se  serait  produit  au  sein  de  la  mer  des  Phola- 
domyes  et  des  Lucines,  qui  devraient  alors  prendre  un  développement 
très-grand  là  où  le  gypse  perd  de  son  importance.  C'est  l'opinion  de 
quelques  géologues;  elle  me  semble  inadmissible. 

J'insisterai  aussi  sur  la  présence  du  calcaire  de  Champigny  au- 

(1)  Uull,  3«  sér.,  t.  V.  p.  277. 


7  jaBv.  1878.  séance.  189 

dessus  des  couches  à  Lucines,  tandis  qu'entre  ces  dernières  et  les  Pho- 
lidomyes  il  n'en  existe  pas.  Évidemment  cette  observation  faite  sur 
QD  seul  point  n'autorise  pas  à  dire  que  le  travertin  de  Champigny 
représente  uniquement  la  première  et  la  deuxième  masses  de  gypse; 
cela  est  vrai  à  Blesmes,  mais  il  faut  maintenant  le  chercher  ailleurs. 

Enfin  il  est  à  noter  que  la  faune  des  marnes  à  Lucines,  regardée 
par  Deshayes  comme  composée  uniquement  d'espèces  miocènes,  en 
plésente,  d'après  moi,  trois  seulement  de  cette  catégorie  (Corhula 
mhfuum,  Corhulomya  Nysti,  Bithinia  pygmœa).  Les  quatre  autres 
appirtiennent  à  des  formations  inférieures  :  Cerithium  Roissyi,  Lucina 
momata,  Planorbis  spirulotdes,  aux  sables  de  Beauchamp;  Nucula 
et^lacea  au  calcaire  grossier. 


Séance  du  7  janvier  1878. 

PRESIDENCE     DE     H.    TOURNOUÉR. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  à  la  Société  la  mort  de  H.  le  Professeur 
d'ESchwald. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Arnaud  (A.;,  Préparateur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  rue 
du  Cherche-Midi,  112,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Cloëz  et  Yulpian; 

BcELM  (G.),  Docteur  en  philosophie,  au  Musée  de  paléontologie,  à 
Munich  (Bavière),  présenté  par  MM.  Hébert  et  Munier-Chalmas; 

Gardner  (J.  s.),  Park  House,  Saint-John's  Wood  Place,  N.  W.,  à 
Londres  (Grande-Bretagne),  présenté  par  MM.  Hébert  et  Munier- 
Chalmas; 

Miguel  (Léopold),  Ingénieur  civil  des  mines,  quai  de  la  Mégisserie, 
2,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Friedel  et  Jannettaz; 

Passier,  Préparateur  de  paléontologie  au  Muséum  d'histoire  natu- 
relle, à  Paris,  présenté  par  MM.  Àlb.  Gaudry  et  Fischer; 

Ramond  (A.),  rue  des  Écoles,  38,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Cloëz  et 
Yulpian. 

M.  Ferrand  de  Missol  donne  lecture  du  rapport  suivant  : 


190  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ.  7  janv. 

Rapport  de  la  Commission  de  Comptabilité  sur  les  Comptes 
du  Trésorier  pour  l'exercice  19TO-19TT, 

par  M.  le  marquis  de  Roys,  rapporteur. 

J'ai  l'honneur  dé  présenter  à  la  Société,  au  nom  de  la  Commission 
de  Comptabilité,  le  résultat  de  son  examen  de  la  gestion  du  Trésorier 
pendant  l'exercice  1876-1877. 

I.  Recettes. 

Le  produit  des  cotisations  courantes  et  des  droits  d'entrée,  pris  dans 
son  ensemble,  avait  été  prévu  pour  la  somme  de  10  500  fr.  Ce  double 
article  s'est  élevé  à  10  745  fr.  11  y  a  donc  eu  une  augmentation  de 
245  fr. 

Les  cotisations  arriérées,  évaluées  600  fr.,  ont  produit  794  fr.  30, 
avec  une  augmentation  de  i04  fr.  30.  Cet  article  se  réduira  de  plus  en 
plus,  nos  Trésoriers  ayant  fait  tous  les  efforts  possibles  pour  faire 
rentrer  l'arriéré,  autrefois  si  considérable.  Il  continuera  cependant 
toujours  à  exister,  parce  que,  par  suite  d'absence,  de  voyages,  de 
résidence  dans  des  contrées  très-éloignées,  quelques  membres  peuvent 
laisser  passer  une  et  même  plusieurs  années  sans  acquitter  leurs  coti- 
sations, qui  seront  payées  plus  tard.  Il  ne  peut  plus,  au  reste,  en  ré- 
sulter une  perte  matérielle  pour  la  Société,  puisqu'on  cesse  de  servir 
le  Bulletin  à  tout  membre  qui  n'a  point  acquitté  sa  cotisation  pour 
l'année  torrespondante. 

Il  y  a  eu  aussi  une  augmentation  de  163  fr.  sur  les  cotisations  aiUt- 
cipées,  portées  au  Budget  pour  500  fr. 

Les  cotisations  à  vie  ont  été  au  nooibre  de  trois,  comme  il  avait  été 
prévu. 

La  vente  du  Bulletin,  évaluée  1  200  fr.,  a  produit  1  176  fr.  55,  et 
<5elle  des  Mémoires,  prévue  pour  lOOOfr.,  n'a  donné  que  47  fr.  60. 
Il  y  a  donc  eu  pour  ces  deux  articles  une  diminution  de  075  fr.  95. 
n  y  en  a  eu  une  de  15  fr.  sur  la  vente  de  Y  Histoire  des  Progrés  de  la 
Géologie. 

Nous  n'avons  reçu  que  750  fr.,  au  lieu  de  1 000  fr.,  sur  Vallocation 
ministérielle.  Les  250  fr.  manquant  doivent  être  touchés  dans  le  cou- 
rant du  présent  mois  de  janvier  ;  ce  n'est  donc  qu'un  faible  retard.  La 
souscription  de  600  fr.  aux  Mémoires  a  été  acquittée,  et  le  revenu  des 
placements  s'est  accru  de  123  fr.  36. 

Les  recettes  extraordinaires  relatives  au  Bulletin,  non  évaluées  à 
cause  de  leur  incertitude,  se  sont  élevées  à  332  fr.  95. 

Le   montant   des   loyer,  chauffage  et  éclairage  des  cinq  sociétés 


1878.  lUPPOBT  DE  LA  COMMISSION  DE  GOMPTABIUTé.  191 

tavantet  qui  se  servent  de  notre  local,  prévu  pour  3  200  fr.,  s'est  élevé 
13250  rr. 

Sur  les  recettes  diverses,  évaluées  80  fr.,  il  n'a  été  reçu  que 
37  fr.  90. 

Les  recettes  avaient  été  prévues  comme  devant  s'élever  en  totalité 
i 23  670  fr.  00 

Elles  ont  été  en  réalité  de 23  525  fr.  86 

n  y  a  donc  eu  une  diminution  de 144  fr.  44 

•  Hais,  comme  nous  l'avons  dit,  la  Société  doit  toucher  en  janvier 
ooAnnt  les  250  fr.  restant  dûs  sur  Valîocation  ministérielle:  les 
recettes  ont  donc  été  réellement  supérieures  aux  prévisions. 

n.  Dépenses. 

Grftoe  au  lèle  infatigable  de  notre  Trésorier,  M.  Bioche,  et  de  notre 
Ardiîvîste,  H.  Danglure,  cette  année  encore  nous  avons  pu  économiser 
la  dépense  d'un  agent.  La  Société  se  joindra  bien  certainement  à  nous 
pour  leur  en  témoigner  sa  reconnaissance.  La  dépense  pour  \e personnel 
SB  réduit  donc  à  1 000  francs  pour  le  traitement  du  garçon  et  à  200  fr. 
pour  ses  gratifications  ;  soit  eu  tout,  pour  ce  premier  chapitre,  1  200  fr. 

Le  loyer  de  notre  local,  prévu,  avec  les  frais  accessoires  de  contrit 
huions  ei  assurances,  pour  4725  fr.,  ne  s'est  élevé  qu'à  4  720  fr.  63.  Le 
dauffàge  et  l'éclairage,  évalués  600  fr.,  n'ont  coûté  que  567  fr.  50. 
n  y  a  donc  eu  sur  ce  second  chapitre  36  fr.  87  de  diminution. 

Haïs  la  dépense  relative  au  mobilier,  estimée  600  fr.,  s'est  élevée  à 
884fr.85;  soit  une  augmentation  de  184  fr.  85;  et  il  a  été  dépensé 
pour  la  bibliothèque  933  fr.  70,  au  lieu  de  700  fr.  (augmentation, 
233  fr.  70). 

Les  dépenses  pour  l'impression  et  les  planches  du  Bulletin,  prévues 
pour  8000  fr.,  se  sont  élevées  à  8 160  fr.  98,  avec  une  augmentation 
de  l60  fr.  98;  mais  le  port,  évalué  à  2000  fr.,  n'a  coûté  que 
1 787 fr.  83;  diminution,  212  fr.  17. 

Pour  les  Mémoires,  il  avait  été  prévu  3000  fr.,  il  a  été  dépensé 
im  fr.  ;  diminution,  1 815  fr. 

Les  frais  de  bureau,  circulaires,  etc.,  prévus  pour  1 000  fr.,  ont  atteint 
1771fr.  75.  Cette  augmentation  de  771  fr.  75  a  été  causée  presque 
tttiirementypar  les  frais  d'impression  de  nouveaux  diplômes.  Les 
fMs  de  lettres,  évalués  350  fr.,  ont  coûté  327  fr.  42,  avec  une  dimi- 
DQtion  de  22  fr.  58. 

Enfin,  il  y  a  eu  une  augmentation  de  28  fr.  80  sur  \b  placement  des 
Wi&cotisatioyis  à  vie  versées  durant  l'exercice;  une  de  2  fr.  75  pour  le 
prix  Viquesnel  et  une  de  48  fr.  pour  les  dépenses  diverses. 


192 


RAPPORT  DE  LA  GOMUISSION  DE  COMPTABILITÉ. 


7  jaav. 


La  totalité  des  dépenses  prévues  était  de 23  635  fr.  00 

Elles  se  sont  élevées  en  réalité  à 22979  fr.  21 

Il  y  a  donc  eu  une  diminution  sur  les  prévisions  de. .         685  fr.  79 


Compte  des  recettes  et  dépenses  effectuées  pendant  Vannée  4876-77. 

RECETTES. 


DÉSIGNATION 

des 

cBAnraBS. 


§  1.  ProdniU  des\ 
réceptions  etj 
eoti8alioB8...r 


g  9.  Prodoits  des] 
publications. . 


g  3.  Recettes  di- 
verses   


L 


1 
*» 

et 
S 

m 
e 

2 


1 

9 
3 
4 
5 
6 
7 
8 

9 

iO 
il 

IS 
J3 


l14 


NATURE 
des 

MCSTTIS. 


Droits  d'entrée  et  de  diplôme. 
Cotisations  courantes 

—  arriérées 

—  anticipées 

—  à  vie 

Vente  du  BulUlin 

—  des  Mémoires 

—  deVHistoire  des  Pro- 
grès de  la  Géologie 

Recettes  extraordinaires  re- 
latives au  Bulletin 

Allocation  ministérieile 

Souscription  ministérielle  aux 
Mémoires 

Revenus  

Loyer,  chauffage  et  éclairage 
des  Sociétés  météoroloip- 
que,  mathématique,  etc.. 

Recettes  diverses 

Totaux 


RECETTES 


prévues. 


eoo 

9,900 
600 
800 
l.SOO 
1,900 
1,000 

90 

» 
1,000 

GOO 

3,800 


3,900 
GO 


93.670  » 


effectuées. 


640    » 

10,105    » 

704  30 

663    » 

1,900    » 

1,176  S5 

47  KO 

5    » 

339  98 
780    » 

600    » 
3,933  36 


3,980    B 
37  90 


93,898  86 


AcamiiTA- 
non. 


40  a 
908  » 
194  30 
i63    » 

»      » 


339  98 

»      » 

»      a 
193    36 


80 

a 


a 

» 


1.108  61 


NlUNCItOll 


a 
a 
a 
a 
a 

93  48 
989  80 

18    » 


» 
a 

» 
a 


» 

a 


a      a 

19  10 

1,983  os] 


DÉPENSES. 


DÉSIGNATION 

des 

cBAPirau. 


S 1.  Personnel... 


1 
9 

g  9.  Frais  de  lo-(  4 
gement (  8 

g  3.  Matériel....}  1^ 

8 

g  4.  Publications!  9 
MO 
11 


■a 
» 


NATURE 
des 

DiPKMSES. 


g  8.  Dépenses  di-H9 

verses 113 

'l4 
l18 


l 


Agent 

Garçon  [  gjf  ufiiiûii;  ;  ;  ;  ;  ] 

Loyer,  contril)uiions,  assur. 

Chauffage  et  éclairage 

Mobilier 

Bibliothèque 

Bulletin  :  impression 

—      port 

Mémoires 

Frais  de  bureau,  de  circu- 
lairee,  etc. 

Ports  de  lettres 

Placem^  de  cotisations  à  vie. 

Prix  Viquesnel 

Dépenses  diverses 

Totaux... 


DEPENSES 


prévues. 


» 

1,000 

900 

4,798 

600 

800 

700 

8.000 

9,000 

3,000 


1,000  a 
380  » 

1,900  » 

310  a 

80  » 


effectuées. 


»     a 

1.000    a 

900    a 

4,790  63 

867  86 

6K4  88 

933  70 

8,160  98 

1,787  83 

1,188    a 

1,771  78 
397  49 

1,998  80 
319  78 

98    » 


i 


•:3,638  a    99,979  91 


ÀUOIIBJITA- 
TION. 


a  ,a 

a   a 

a   a 

a   a 

a   a 

18«8S 

933  70 

160  98 

a   a 

a   a 

771  78 

a   a 

98  80 

9  75 

48  » 


DIMIXUTIO!!. 


a  a 
a  a 
»  a 
43T 
39  80 
a  a 
a  a 
a   a 

919  n 

1,815  a 

a   a 
99  88 

a   a 
»   a 

a   a 


1.430  83 


9,086  69 


1878. 


RAPPORT  DE  LA  GOMMISSION   DE  COMPTABILITE. 


193 


MOUTBMBNT  DES  COTISATIONS  UNE  FOIS  PAYÉES  ET  DES  PLACEMENTS 

DE  CAPITAUX,  EXERCICE  1876-77. 


Seeelle 


1 


iBtôrieurement  au  l*'  novembre  1876 
pendant  l'année  1876-77 


Legs  Roberton  .... 
Legs  de  Yerneuil.  .  .  . 
Donation  Dollfùs-Ausset. 
Don  de  M.  Levallois  .  . 
DoD  de  M"*  Viquesnel. 


Totaux. 


Total  des  capitaux  encaissés  . 


TALBVR8. 

fr.      c. 
65,008    55 
1,800      » 


66,908    55 


13,000 
4,663 

10,000 

300 

7,000 


» 
80 

» 

» 


100,172   35 


PLACBMIIIT. 


t. 

e. 

1,870 

» 

1,080 

» 

1,066 

» 

90 

» 

30 

» 

» 

» 

fr. 


Rentes  3  */.  et  frais  de  muUtion  4  1/2  en  3  Vo  47,669 

Obligations  de  chemins  de  fer 20,434 

Rentes  5  */o  achetées  avant  le  1*'  novembre  1876.  20,967 

Rentes  5  */o  achetées  pendant  Tannée  1876>77.  419 

Rentes  3  Vo       —            —                     —  "^H 
Frais  de  conversion  d'obligations  de  chemins 

de  fer  en  titres  nominatifs 92    30 


t. 

25 

99 

85 

40 

10 


4,005    »    —  Excédant  de  la  recette  sur  la  dépense. 


90,300    89 


9,871    46 


MOUVEMENT  DES  ENTRÉES  ET  DES  SORTIES  DES  MEMBRES 

AU  31  OCTOBRE  1877. 

Au  31  octobre  1876,  le  nombre  des  membres  inscrits  sur  les  listes   officielles 
s'élevait  à  524,  dont  : 

380  membres  payant  la  cotisation  annuelle \ 

139       —        à  vie I    ci.  .   .  .      524 

5       —        perpétuels ) 

Les  réceptions  du  l"'  novembre  1876  au  31  octobre  1877  ont  été  de  .  .  .       32 

Total 556 

A  déduire  pour  décès,  démissions  et  radiations 11 

Le  nombre  des  membres  inscrits  sur  les  registres  au  31  octobre  1877 
s'élève  à.  , 545 

403  membres  payant  la  cotisation  annuelle, 
Savoir  :    }      137       —       à  vie, 

5       —       perpétuels. 

43 


194  SÉANCE.  7  janv. 

Au  31  octobre  1876,  il  restait  en  caisse  une  somme  de.         105  fr.  14 
Les  receltes  de  l'exercice  1876-1877  ayant  été  de 23  525  fr.  56 

Le  total  général  des  recettes  était,  au  31  octobre  1877, 

de 23  630  fr.  70 

Les  dépenses  s'étant  élevées  à 22  979  fr.  21 

11  restait  en  caisse  au  l^^  novembre  dernier 651  fr.  49 

La  Commission  propose  d'approuver  les  comptes  des  recettes  et  des 
dépenses  pour  l'exercice  1876-1877,  de  voter  de  vifs  remerciements  à 
MM.  Danglure  et  Bioche,  qui  ont  successivement  géré  les  finances  de.la 
Société  pendant  cet  exercice,  pour  le  zèle  et  l'exactitude  qu'ils  ont 
.  apportés  dans  l'exercice  de  leurs  fonctions,  et  de  donner  à  M.  Dan- 
glure décharge  définitive  de  sa  gestion. 

Ferrand  de  Missol.    a.  Moreau.    Marquis  de  Rots,  rapporteur. 
La  Société  adopte  à  l'unanimité  les  conclusions  de  ce  rapport. 

Il  est  procédé  à  l'élection  du  Président  pour  l'année  1878. 

M*  Alb.  Gaudry,  ayant  obtenu  109  voix  sur  196  votants,  est  proclamé 
Président  pour  Tannée  1878. 

La  Société  nomme  ensuite  successivement  : 

Vice- Présidents  :  MM.  Daubrée,  Delesse,  de  Saporta,  Potier. 

Secrétaire  pour  V Étranger  :  M.  Odstalet. 

Vice- Secrétaire  :  M.  G.  Yasseur. 

Membres  du  Conseil  :  MM.  Tournouêr,  Hébert. 

Par  suite  de  ces  nominations,  le  Bureau  et  le  Conseil  sont  composés 
pour  l'année  1878  de  la  manière  suivante  : 

Président  :  M.  Alb.  GaudRY. 

Vice-Présidents  : 

MM«  Daubrée.  I  MM.  de  Saporta. 

Délasse.  |         Potier. 

Secrétaires  : 
MM.  Brocchi,  pour  la  France. 
OusTALET,  pour  l'Étranger. 

Trésorier  : 

M.  BlOCHE. 


Vice-Secrétaire»  : 
mm.  dou ville. 
Vasseur. 


A  rchiviste  : 
M.  Danglure. 


1878.   DAUBRÉE.  —  SURFACES  DE  RUPTURE  DE  LÉCORGB  TERRESTRE.   lOK 


Membres  du  Cofiseil  : 


MM.  Jannbttaz. 
Mallard. 

DE  ChANCOURTOIS. 
DE  LaPPARENT. 

Delaire. 
Edm.  Pellat. 


HH.  Parran. 
P.  Fischer. 
Benoît. 

POMEL. 

tournouër. 
Hébert. 


Dans  sa  séance  du  17  décembre  1877,  le  Conseil  a  composé  les  Com- 
mUsions  pour  l'année  1878  de  la  manière  suivante  : 

1«  Commission  du  Bulletin  :  MM.  de  Lapparent,  Delaire,  Sauvage, 
Pellat,  Tournoucr. 

2»  Commission  des  Mémoires:  MM.  Hébert,  Gaudry,  Michel-Lévy. 

3®  Commission  de  Comptabilité:  MM.  de  Roys,  Moreau,  Ferrand  de 
Missol. 

4*  Commission  des  Archives  :  MM.  Gervais,  Tournouër,  Pellat. 


Séance  du  li  janvier  1878. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  TOimNOUÊR,  puiS  de  M.  ALB.  GAUDRY. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der-^ 
nière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  Tournouêr,  Président  sortant,  invite  M.  Alb.  Gaudry,  élu  Prési- 
dent pour  1878,  à  le  remplacer  au  fauteuil. 

M.  Alb.  Gaudry  remercie  la  Société  de  l'honneur  qu'elle  lui  a  fait  en 
l'appelant  de  nouveau  à  la  présidence. 

Le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 

M.  Dciul>rée  communique  à  la  Société  les  résultats  de  recber- 
ebes  expérimentales  sur  les  surraces  de  rupture  qui 

traversent  Z'écoree  terrGmtrG9  particulièrement  sur  les  foi  lies 
et  ^e^  Joints. 

Ces  résultats  ont  été  obtenus  en  exerçant  une  faible  torsion  sur  des 
plaques  minces  de  gypse  et  de  glace;  au  bout  de  quelques  Instants,  il 
se  produit  de  nombreuses  fractures  parallèles.  Ces  fractures  ne  for* 
meut  jamais  un  système  unique,  mais  deux  systèmes  également  incli- 
nés sur  Taxe  de  torsion,  deux  systèmes  conjugués,  A  côté  des  fissures 
principales,  il  en  est  un  grand  nombre  qui  sont  plus  petites,  de  simples 
fêlures,  et  qui  sont  également  liées  par  le  parallélisme* 


196  FISCHER.   —  COQUILLES  QUAT.   DU  SAHARA.  14  janv» 

Ces  systèmes  de  fractures  présentent  de  nombreux  traits  de  ressem- 
blance avec  les  réseaux  de  failles  ou  de  filons,  ainsi  qu*avec  des 
systèmes  multiples  de  joints  conduisant  à  des  parallélipipèdes  ou  à 
des  formes  moins  régulières.  Ils  expliquent  aussi  comment  des  fractu- 
res d'orientations  différentes  ont  pu  être  produites  simultanément.  La 
force  de  torsion  possède  une  composante  horizontale  dont  il  importe 
de  tenir  compte  dans  les  rejets.  On  comprend  d'ailleurs  que  des  forces 
de  torsion  aient  pu  se  manifester  dans  les  pressions  horizontales  qui 
ont  agi  de  toutes  parts  dans  Técorce  terrestre.  Enfin  on  Toit  comment 
une  action  lente  et  continue  peut  aboutir  à  des  systèmes  de  fractures 
brusques  et  multiples. 

M.  Hubert  demande  à  H.  Daubrëe  s'il  a  essayé  d'exercer  des  pressions 
latérales. 

M.  Daubrée  répond  que  par  des  pressions  latérales  s'exerçant  sur  des 
corps  solides,  il  n'a  pas  obtenu  les  réseaux  de  fractures  produits  par  la  torsion. 

M.  de  LiCipparent  pense  que  les  grandes  pressions  latérales  qui  se 
produisent  dans  Técorce  du  globe  doivent,  en  se  propageant  dans  des  masses 
hélérogènos,  comme  les  régions  où  des  terrains  stratifiés  s'adossent  à  des  mas- 
sifs granitiques,  s'y  transformer  en  mouvements  de  torsion. 

M.  l^tCkf^ett  fait  observer  que  les  résultats  de  l'expérimentation  ne  sont 
pas  entièrement  comparables  aux  cfiels  que  produisent  les  forces  naturelleSi 
en  ce  sens  que  rcxpérimentaleur  n'agit  qu'une  seule  fois  sur  une  plaque 
résistante,  tandis  que  la  nature  agit  à  plusieurs  reprises  sur  des  roches  déjà 
modifiées  par  des  causes  nombreuse^  et  variées. 

'M.  P.  I<*l»clier  annonce  qu'il  a  reçu  de  M.  L.  lëtoy»  lieutenant 
de  vaisseau,  chargé  d'une  mission  scientifique  dans  le  Sahara,  quelques 
spécimens  de  coquilles  fossilisées,  probablement  quater- 
naires» provenant  de  Xeniacinin,  dans  le  pays  des  Touaregs» 
au  sud-est  d'El-GoIéah  et  au  sud -ouest  de  Ghadamès. 

Ces  espèces,  trouvées  sur  les  bords  d'une  sebktia,  sont  au  nombre 
de  cinq  : 

fo  Limnœa  limosa,  Linné,  qui  vit  dans  le  Sud  de  la  province 
d'Oran  ; 

io  Physa  Brocchii,  Ehrenberg,  coquille  de  l'Egypte  et  du  Sud  de 
l'Algérie  ; 

30  Pîanorbis  Duvcyrieri,  Dcshayes,  connu  à  l'état  fossile  dans  un 
dépôt  analogue  à  Ghoûrd-Ma'  Animer,  sur  la  route  d'EI-Ouâd  à  Gha* 
damés  (Duveyrier); 

4°  Melania  tuberculata,  Mûller,  identique  avec  les  gi^ands  spécimens 
des  oasis  du  Sahara; 


1878.  VÉLAIN.    —   OBSKRVATIONS.  197 

B«  Enfin  une  nouvelle  espèce  de  Corhicula,  C.  Saharica,  P.  Fisch.  (1), 
de  la  taille  du  C.  pusilla  d'Egypte,  mais  à  crochets  très-aigus. 

Cette  petite  faune  quaternaire  rappelle  celle  des  cJiotts  de  Tunisie, 
telle  qu'elle  a  été  établie  d*après  les  envois  du  capitaine  Roudaire; 
celle  des  dayas  du  Sud  de  ta  province  d*Oran,  connue  depuis  les  re- 
cherches de  M.  Mares;  et  celle  des  environs  d'Ouargta  découverte  par 
M.  Thomas  et  déterminée  par  M.  Tournouêr. 

Mais  à  Temacinin  on  a  trouvé  une  Corbicule  dont  la  présence  est 
digne  d'attention.  Le  genre  est  en  effet  limité  à  TEst  de  l'Afrique; 
Tespèce  du  Sahara  serait  la  forme  la  plus  occidentale,  si  elle  vit  encore. 
Si,  au  contraire,  elle  est  éteinte,  sa  disparition  a  dû  coïncider  avec 
celle  des  Corbicules  européennes,  dont  trois  ont  vécu  en  Angleterre, 
en  Belgique,  en  Sicile,  en  Grèce,  durant  la  période  tertiaire  supérieure, 
et  dont  les  demiers  représentants  sont  signalés  dans  le  Diluvium  de  la 
Grande-Bretagne,  de  la  France  et  de  l'Allemagne. 

Le  dépôt  de  Temacinin  diffère  encore  de  ceux  des  chotts  de  Tunisie 
et  des  dayas  de  TAIgérie,  par  l'absence  du  Cardium  edule,  dont 
l'acclimatation  ne  s'est  pas  faite  aussi  loin. 

Relativement  au  C.  edule,  H.  Fischer  fait  remarquer  que  dans  les 
dépôts  quaternaires  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie,  cette  coquille  est 
associée  à  des  espèces  lacustres.  Il  se  demande  si  le  mollusque  n'a  pas 
pu  se  propager  dans  des  eaux  douces,  et  à  l'appui  de  cette  manière  de 
▼oir,  il  cite  des  observations  de  M.  Ch.  Yélain,  qui  a  trouvé  le  C.  edule 
dans  des  eaux  complètement  dessalées,  près  du  littoral  de  l'Algérie. 

A  la  suite  de  la  communication  de  H.  P.  Fischer,  H.  Vélain  pré- 
sente les  observations  suivantes  : 

Au-delà  du  Rio-Salado,  près  du  cap  Houssa,  sur  le  littoral  de  la 
province  d'Oran,  la  côte  est  très-découpée,  et  dans  le  fond  des  petites 
baies  assez  encaissées  viennent  déboucher  des  rivières  qui  pendant  la 
saison  sèche  sont  séparées  de  la  mer  par  une  barre  de  sable,  large 
souvent  de  plusieui*s  centaines  de  mètres. 

Derrière  cette  barre,  parfois  assez  élevée  et  se  présentant  alors  sous 
la  forme  de  dunes,  les  cours  d'eau  s'étalent  en  donnant  lieu  à  de  petits 
lacs  peu  profonds,  mais  assez  étendus  en  longueur. 

Dans  un  de  ces  lacs,  j'ai  recueilli,  en  1873,  une  grande  quantité  de 
Cardium  appartenant  aux  deux  espèces  edule  et  rusticum;  les  berges 
sableuses  de  la  rivière  étaient  littéralement  envahies  par  de  grands  et 
larges /SoZm.  Ce  fait  est  d'autant  plus  intéressant  que  l'eau  était  tout  à 
fait  douce,  car  les  patrons  des  embarcations  d\x  Narval  purent  y  retiou- 

(Ij  V.  Journal  de  Conchyliologie,  3"  sér.,  t.  XVIII,  p.  17,  pi.  u,  fig.  1;  1878. 


198  DE  MERGEY.    —   CALCAIRE  DE  MORTEHER.  14  janv. 

vêler  leur  provision  d'eau.  LesSolen  paraissaient  ne  souffrir  nullement 
de  leur  nouvel  habitat,  car  il  nous  fallut  recourir  à  l'emploi  d'une 
gaffe  pour  pouvoir  les  enlever  du  sable. 

Le  Secrétaire  analyse  une  note  de  H.  Maurice  de  XrllM>let  rela- 
tive à  des  traces  de  Vépoque  glaciaire  en  Bretagne  (1). 

Pendant  Tété  de  1873,  H.  de  Tribolet  a  eu  l'occasion  de  remar- 
quer sur  Vile  Bréhat,  ainsi  que  sur  les  bords  de  la  route  qui  conduit 
de  Lannion  à  Plouaret,  des  dépôts  complètement  identiques  avec  ceux 
que  l'on  connaît  en  Suisse  et  dans  le  Sud  de  l'Allemagne  sous  le  nom 
de  Loess,  et  qui  sont  généralement  regardés  comme  glaciaires. 

Si  les  Vosges,  le  Morvan,  l'Auvergne,  la  Lozère,  ont  eu  leurs  gla- 
ciers pendant  l'époque  quaternaire,  pourquoi  la  jBretagne  n'aurait- 
elle  pas  eu  les  siens?  Ici,  les  monts  d'Arrée,  Henèbre,  de  Feubusquet 
et  de  Menez  étaient  le  point  de  départ  de  petits  glaciers,  de  l'extrémité 
desquels  s'échappaient  des  torrents  limoneux  et  boueux,  qui  ont  peu 
à  peu  rempli  de  leurs  sédiments  les  vallées  du  Trieux  et  du  Guery 
même  jusqu'aux  bords  de  la  mer.  Or,  pour  que  ceux-ci  se  soient 
étendus  jusqu'à  l'île  Bréhat,  il  faut,  ou  bien  qu'il  y  ait  eu  alors  un  at- 
terrissement  entre  la  terre  ferme  actuelle  et  l'île  et  que,  par  consé- 
quent, celle-ci  ait  fait  partie  du  continent,  ou  bien  que  le  sol  de  cette 
partie  de  la  Bretagne  ait  été  plus  élevé  à  cette  époque  que  maintenant 
Dans  cette  dernière  hypothèse,  c'est  durant  la  seconde  période  conti- 
nentale (soulèvement  de  10  mètres  du  poudingue  de  Kerguillé)  de 
M.  Ch.  Barrois,  où  un  soulèvement  de  10  mètres  faisait  de  l'île  Bréhat 
un  promontoire  de  la  côte,  qu'aurait  eu  lieu  le  retrait  des  glaciers 
bretons  et  par  suite  la  formation  des  dépôts  du  Loess. 

Le  secrétaire  analyse  les  notes  suivantes  : 

Note  sur  la  détermination  de  la  position  du  Cl^alcalre  lacustre 

de  Mortemer  entre  les  Sables  de  Bracheux  et  les  Lignites, 

et  sur  les  saMes  marins  de  la  rive  droite  de  TOlse 

compris  entre  les  Lignites  et  les  Sables  de  Cuise, 

par  M.  N.  de  Alercey* 

Mes  dernières  explorations,  effectuées  en  1876  et  en  1877,  pour  la 
révision  du  tracé  de  la  Carte  géologique  du  département  de  la  Somme, 
m'ont  permis  d'arriver  à  La  délimitation  rigoureuse  de  chacune  des 
assises  qui  composent  le  terrain  éocène  inférieur  sur  les  confins  des 
départements  de  la  Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne. 

(1)  V.  Ànn.  Soc.  ghl.  Nord,  t.  V,  p.  100;  1878. 


1878.  DB  M£RGET.  —  CALCAïaB  DB  MOarBUEE.  199 

Le  tracé  des  délimitations  sur  la  carte  au  g^^,  a  été  surtout  facilité 
par  la  détermination  de  deux  repères  dont  je  me  propose  ici  de  si- 
gnaler rimportance,  avant  de  présenter  un  travail  plus  étendu  sur  la 
région  que  j'ai  explorée. 

Le  premier  de  ces  repères  consiste  dans  le  calcaire  marneux  lacustre 
appelé  par  Graves  Calcaire  de  Mortemer.  Ce  calcaire  marneux,  que 
Graves  regardait  comme  supérieur  aux  Lignites,  leur  est,  au  con- 
traire, toujours  inférieur.  Sa  véritable  position  est  entre  les  Lignites  et  • 
lea  derniers  lits  des  Sables  de  Bracheux  à  Ostrea  heteroclita  et  O.  BeU 
Uwacina,  avec  lesquels  il  est  en  concordance,  et  qui  eux-mêmes  con- 
tiennent des  rognons  marneux. 

.  Graves  avait  confondu  le  dernier  de  ces  lits,  dans  lequel  YOstrea 
BeUovaeina  est  surtout  abondante  et  que  le  Calcaire  de  Mortemer  re- 
couvre distinctement  dans  plusieurs  localités,  avec  le  lit  coquillier  à 
Huîtres  qui  se  montre  souvent  à  la  partie  supérieure  des  Lignites. 

La  position  du  Calcaire  de  Mortemer  étant  bien  comprise,  on  voit 
a'évanouir  une  cause  d'obscurité  résultant  de  l'existence  fréquente  de 
ce  dépôt,  sans  autre  recouvrement  que  le  limon,  sur  des  petits  pla- 
teaux qui  forment  le  sommet  de  buttes  sableuses.  Contrairement  à 
Fopinion  de  Graves,  les  sables  de  ces  buttes  ne  correspondent  en  rien 
aux  Lignites.  Ces  buttes,  composées  de  Sables  de  Bracheux,  se  pré- 
sentent toujours  comme  plus  ou  moins  détachées  au  pied  des  collines 
Ugniteuses. 

Cet  ordre  de  superposition  n'est  le  plus  souvent  reconnaissable  que 
par  une  étude  assez  ardue;  mais,  dans  certaines  parties  du  Noyon- 
nais,  et  notamment  aux  environs  de  Guiscard,  il  est  très-apparent. 
Aussi  Graves,  ne  pouvant,  à  cause  de  la  position  trop  élevée  qu'il  at- 
tribuait au  Calcaire  de  Mortemer,  y  réunir  le  calcaire  marneux  de 
Guiscard,  avait-il  pourtant  bien  senti  que  la  place  de  ce  calcaire  mar- 
neux devait  être  dans  les  Lignites  ou  à  la  partie  supérieure  de  ses 
Sables  glauconieux  inférieurs,  qui  correspondent^ux  Sables  de  Bra- 
cheux. Ses  appréciations  à  cet  égard  sont  assez  rapprochées  de  la  vé- 
rité (1).  Elles  n'ont  pas  été  admises  par  M.  Hébert,  qui  a  pensé  que  la 
calcaire  marneux  de  Guiscard  devait,  comme  le  calcaire  marneux  de 
Rilly,  auquel  il  correspond,  être  inférieur  aux  Sables  de  Bracheux. 

Un  des  motifs  de  l'opinion  de  M.  Hébert  consistait  dans  une  super- 
position qu'il  avait  observée  des  Lignites  sur  les  sables  à  Ostrea  hete- 
roclita sans  calcaire  marneux  entre  ces  deux  dépôts  (2).  Cette  obser- 
vation était  exacte.  Mais  il  est  facile  de  constater  qu'à  une  petite  dis- 

(1)  Graves,  Topogr.  géogn.  dudép,  de  l'Oise,  p.  205;  18^17. 

(2)  BulL  Soc.  géoi  /•>.,  2'  sôr.,  t.  XI,  p.  652;  1851. 


300  DE  MERCBT.  —  CALCAIRE  DE  MORTEHEB.  f  4  jaov. 

tancjB  du  point  signalé,  le  calcaire  marneux  recouvre  nettenaent  les 
sables  à  0.  heteroclUa,  dans  lesquels  H.  Hébert  a  lui-même  vu  des 
rognons  calcaires.  Si  le  calcaire  marneux  manque  ainsi  en  un  point, 
cela  tient  à  ce  que  les  Lignites  y  atteignent  les  Sables  de  Bracheux  par 
suite  de  l'ablation  du  Calcaire  de  Mortemer. 

La  discordance  des  Lignites  avec  les  dépôts  qui  les  précèdent  leur 
fait  quelquefois  atteindre  des  parties  des  sables  plus  profondes  que 
celle  dont  il  vient  d'être  question,  et  elle  explique  la  disparition  fré- 
quente d'un  dépôt  aussi  peu  développé  en  épaisseur  que  le  calcaire 
de  Mortemer* 

Hais  la  régularité  de  ce  dépôt  calcaire,  dont  les  premiers  rudiments, 
formés  par  les  rognons  marneux  des  sables  à  Ostrea  heteroclita, 
ne  manquent  presque  jamais,  en  fait  un  très-bon  repère  pour  déli- 
miter la  base  des  Lignites,  qui  commencent  immédiatement  au-dessm. 

La  délimitation  de  la  partie  supérieure  des  Lignites  était  facile  au 
moyen  du  banc  coquillier  à  Huîtres,  que  l'on  rencontre  fréquemment. 
Hais  il  ne  convenait  pas  de  faire  commencer  les  Sables  de  Cuise  im- 
médiatement au-dessus.  11  existe,  en  effet,  dans  toute  la  région,  une 
assise  sableuse  marine,  assez  épaisse,  comprise  entre  le  banc  coquil- 
lier qui  termine  les  Lignites,  et  la  base  des  Sables  de  Cuise,  avec  les- 
quels on  l'a  confondue,  ou  dont  on  n'a  pas  assez  tenu  compte* 

Graves,  qui  avait  vu  ces  sables  en  divers  points,  les  regardait  comme 
représentant  les  derniers  lits  de  ses  Sables  glauconieux  inférieurs, 
dans  lesquels  les  Lignites  se  trouvaient  intercalés  ;  mais  il  avait  été 
moins  heureux  dans  leur  détermination  sur  d'autres  points,  où  il  les 
avait  confondus,  à  cause  de  la  présence  de  Y  Ostrea  Bellovacina,  avec 
le  banc  coquillier  de  la  partie  supérieure  des  Lignites.  D'Archiac  les 
connaissait  sur  la  rive  gauche  de  TOise,  oii  M.  Tabbé  Lambert  en  a 
ensuite  découvert  un  gisement  très-fossilifère  à  Sinceny. 

Ces  sables  sont  également  très-fossilifères  dans  plusieurs  des  loca- 
lités où  je  viens  de  les  observer  entre  la  rive  droite  de  l'Oise  et  le  bas- 
sin de  la  Somme,  dans  lequel  ils  se  montrent  aussi.  Ils  sont  surtout 
caractérisés  par  l'abondance  du  Pectunculus  terebratularis.  Leurs  affi- 
nités paléontologiques  et  slratigraphiques  les  rattachent  ^ux  Lignites 
et  aux  Sables  de  Bracheux.  J'ai  pu  observer  rigoureusement  leur  con- 
tact avec  les  Sables  de  Cuise,  marqué  par  un  banc  de  ces  petits  galets 
que  l'on  retrouve  sur  tant  de  points  des  plaines  de  la  Picardie.  C'est 
au^essus  de  ce  dernier  repère  que  j'ai  dû  tracer  la  délimitation  de  la 
base  des  Sables  de  Cuise. 


1878.  DB  11ER€BT.  —   FORMATION  DU  LIMON  GLAGIAIRB.  201 

IhUtur  la  formation  du  limon  glaciaire  du  département  de  la 
Somme  par  le  remaniement  des  sables  gras  ou  allumons  de  rive 
dmAUsÊmons  anciennes, 

par  M.  N.  de  WÊercey. 

Cn  des  faits  que  j'ai  aussi  pu  reconnaître  dans  toute  l'étendue  de  la 
légion  dont  le  département  de  la  Somme  occupe  le  centre,  concerne 
b  limon  que  l'on  rencontre  depuis  les  plateaux  jusqu'aux  vallées. 

J'ai  décrit  ce  limon  comme  glaciaire,  et  je  l'ai  séparé  des  sables  gras 
ea  alIUTions  de  me  des  Alluvions  anciennes  pr^laciaires  ou  inter- 
^adaires  étagées  à  divers  niveaux. 

Maintenant  je  suis  arrivé  à  la  certitude  que  le  limon  qui  s'étend  sur 
tons  les  dépôts  de  la  région  a  été  formé  par  le  remaniement,  sinon 
tODjours  sur  place,  du  moins  à  une  petite  distance,  de  ces  sables  gras 
dont  l'extension  a  été  très-générale. 

Cette  extension  des  sables  gras  ou  alluvions  de  rive  des  Alluvions 
todennes  s'est  produite  d'une  manière  bien  différente  de  celle  du  li- 
mon, puisque  la  formation  des  Alluvions  anciennes  a  commencé  sur 
ks  plateaux  faiblement  vallonnés,  et  qu'elle  s'est  continuée  sur  les 
flancs  des  vallées  pendant  leur  creusement  successif  (1). 

An  contraire,  la  formation  du  limon  produit  par  le  remaniement  des 
iaUes  gras  de  divers  ftges  a  été  simultanée  à  toutes  les  altitudes,  sur 
toute  la  surface  de  la  région.  Cette  formation  a  eu  une  cause  unique, 
qui  parait  purement  atmosphérique  et  sans  rapport  avec  les  nappes 
féaux  douces  ou  marines.  Un  des  effets  les  plus  constants  a  été  l'écla- 
tement,  que  je  suppose  gélif  (2),  des  silex  ou  autres  matériaux  dissé- 

(1)  Le  sable  gras  des  Alluvions  aDciennes  préglaciaires  à  Elephas  meridionatis 
Mt  œliii  dont  rextension  a  été  la  plus  générale,  parce  qu'elle  a  eu  lieu  au  début  du 
creusement  des  vallées  :  c'est  le  Limon  des  plateaux  d'ÉIie  de  Beaumont. 

Les  sables  gras  des  Alluvions  anciennes  interglaciaires  à  E.  primigeniut  sont 
loealisés  sur  les  flancs  des  vallées,  dont  ils  témoignent  le  creusement  successif, 
lus,  au  point  de  vue  de  la  structure,  ils  ne  se  distinguent  en  rien  du  dépôt  pré- 

(9)  J'ai  soumis,  en  1876,  dans  le  laboratoire  de  M.  Bianchi,  des  silex  préalable- 
■OU  saturés  d'eau,  à  un  refroidissement  produit  par  l'évaporation  du  protoxyde 
d'aiole  liquéfié  et  ayant  amené  instantanément  la  congélation  du  mercure,  c'est-à-dire 
ayant  dépassé  —  40*.  Le  résultat  de  cette  expérience  a  été  négatif.  Les  silex  n'ont 
tpnnyé  aucune  altération,  tandis  qu'à  plusieurs  reprises  le  verre  qui  les  contenait 
et  qui  recevait  le  jet  de  protoxyde  d'azote,  a  été  brisé  en  éclats.  Le  verre  n'a  résisté 
qoe  dans  une  dernière  expérience,  dont  la  durée  a  été  de  quelques  minutes.  Peut- 
être  but-il  faire  entrer  un  temps  assez  long  comme  facteur  essentiel  dans  l'éclate* 
OMot  d'une  substance  aussi  tenace  que  le  silex  ;  peut-être  aussi,  pour  réussir,  fau- 
drait-il soumettre  les  silex  à  des  changements  de  température  plusieurs  fois  répétés. 


2Qi  SÉANCE.  28  janv. 

minés  à  la  base  de  ce  limon,  sorte  de  boue  glaciaire  datant  de  la  fin  de 
l'âge  du  Renne. 

La  distinction  entre  le  sable  gras  et  le  limon  produit  par  son  rema- 
niement est  bien  connue  par  tous  les  exploitants  qui  emploient  le  U- 
mon  comme  terre  à  briques  par  excellence,  et  le  sable  gras,  qu'ils 
appellent  aussi  terre  douce,  en  mélange  avec  le  limon  pour  les  briques 
ou  pur  pour  le  mortier.  L'exploitation  d'une  briqueterie  s'arrête  habi- 
tuellement quand  on  a  épuisé  le  limon  ou  terre  à  briques,  qui  ne 
forme  qu'une  couche  assez  mince  sur  le  sable  gras  ou  terre  douce,  dont 
l'épaisseur  est,  au  contraire,  toujours  plus  ou  moins  considérable* 

Cette  distinction  a  aussi  été  faite  par  divers  géologues  en  Alsace,  dans 
le  Nord  de  la  France  ou  en  Belgique,,  mais  l'explication  que  je  propose 
diffère  de  celles  qui  ont  été  données. 


Séance  du  28  janvier  1878. 

PRÉSIDENCE    DE     H.     ALB.      GAUDRT. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  la  mort  de  M.  Jenzsch  et  celle  de  M.  Félix 
Robert.  Il  rappelle  les  travaux  de  H.  Robert  sur  la  géologie  et  la  pa- 
léontologie du  département  de  la  Haute-Loire,  et  se  fait  l'interprète 
des  sentiments  de  regret  que  cette  perte  cause  à  la  Société. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Bergeron,  rue  Saint-Lazare,  75,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Hé- 
bert et  Munier-Chalmas  ; 

BiDOU  (L.),  Ingénieur  civil,  via  Garibaldi»  14,  à  Sienne  (ItalieX  pré- 
senté par  MM.  de  Selle  et  Oustalet. 

Le  Président  annonce  que  le  Conseil  a  arrêté  de  la  manière  suivante 
la  liste  des  candidats  au  prix  Viquesnel  pour  Tannée  1878  : 

MM.  G.  Fabre, 

FONTANNES, 
DE  TaOMEUN. 

Cest  ainsi  qu'a  pu  se  produire  l'étonoement  des  silex  éclatés  et  passés  à  l'étal  de 
cacholoDg  sur  les  surfaces  déshydratées  des  éclats,  mais  demeurés  souvent  assez  en- 
tiers pour  être  extraits  du  limon  sans  que  les  éclats  se  détachent,  si  on  prend  le  soin 
d'opérer  l'extraction  sans  chocs. 


1878.  JANNETTAZ.   —  PROPAGATION  DE  LA  CHALEUR.  S03 

H.  Jannettaz  fait  la  communicalion  suivante  : 


Note  sur  la  propac^atlon  de  la  Gbaleur  dans  les  eApdcea 

minérales  à  texture  fibreuse» 

par  M.  Ëd.  Jannettaz. 

Dans  une  note  précédente,  j'ai  prouvé  que  la  manière  dont  les 
roehes  propagent  la  chaleur  n'est  pas  influencée  par  leur  stratifica- 
tîOD  ;  qu'une  température  déterminée  s*y  transmet  comme  si  elles 
Aaient  massives  ;  que  sur  des  calcaires  stratifiés,  par  exemple,  on 
obtient  un  cercle  pour  courbe  isothermique ,  lorsqu'on  enduit  de 
graisse  et  qu*on  échauffe  en  un  de  ses  points,  au  moyen  de  mon  ap- 
pareil, une  face  plane  produite  artificiellement  dans  leur  masse,  quelle 
qae  soit  la  direction  de  cette  face,  pourvu  que  la  masse  soit  bien  ho- 
mogène, qu'elle  n'ait  été  soumise  à  aucune  action  mécanique,  et 
qu'elle  n'ait  pas  subi  de  mouvement  qui  en  ait  orienté  les  particules 
constituantes. 

J'ai  fait  voir  également  que,  si  des  éléments  cristallins  se  superpo- 
sent par  couches  successives,  les  masses  qui  en  résultent  reproduisent 
Ub courbes  isothermiques  qu'on  obtiendrait  sur  ces  éléments;  et  que, 
dans  les  minéraux,  pas  plus  que  dans  les  roches,  il  ne  faut  confondre 
ks  plans  de  stratification,  qui  résultent  de  dépôts  successifs  et  juxta- 
posés, avec  les  plans  de  clivage,  qui  tiennent  à  la  manière  dont  la 
cohésion  varie  avec  la  direction. 

Je  n'avais  pris  pour  exemple  que  des  minéraux  à  texture  laminaire, 
le  me  propose  aujourd'hui  de  compléter  cette  démonstration  par  des 
preuves  tirées  des  minéraux  à  texture  fibreuse. 

Système  cubique.  J'ai  opéré  d*abord  sur  des  masses  dont  les  éléments 
cristallisent  dans  le  système  cubique.  Une  galène  finement  striée  de 
Pegau  (Styrie),  un  échantillon  de  fluorine  très-finement  fibreuse,  n'ont 
foami  que  des  cercles.  La  texture  n'apporte  donc  aucune  perturbation 
dans  le  phénomène  physique. 

Système  rhomhoédrique.  Une  masse  de  calcaire  concrétionné,  à  fibres 
presque  microscopiques,  perpendiculaires  aux  strates  dont  elle  est 
formée,  a  donné  comme  courbe  isothermique  une  ellipse,  dont  le 
grand  axe,  parallèle  aux  fibres,  est  au  petit  dans  le  rapport  1,095, 
identique  avec  celui  qu'on  observe  sur  le  calcaire  cristallisé  sous  une 
de  ses  formes  ordinaires,  taillé  parallèlement  à  son  axe  de  principale 
symétrie.  Je  me  suis  assuré  que  les  fibres  étaient  bien  parallèles  à  ce 
dernier  axe,  en  faisant  tailler  une  plaque  à  faces  parallèles,  perpendi- 


204  JANNETTAZ.   —   PROPAGATION  DE  LA  CHALEUR.  28  janv. 

culaires  à  leur  direction;  on  y  aperçoit  au  microscope  polarisant  les 
anneaux  colorés  circulaires  et  la  croix  noire  caractéristiques. 

Un  échantillon  de  quartz  fibreux  avait  ses  fibres  perpendiculaires 
à  l'axe  optique  des  cristaux  ;  je  m'en  suis  convaincu  en  regardant  au 
microscope  d*Amici  une  plaque  de  ce  morceau  à  faces  perpendicu- 
laires aux  fibres.  Ici  encore,  Teilipse  isothermique  a  son  grand  axe 
parallèle  aux  fibres,  et  le  rapport  est  de  1,31  ;  le  rapport  qu'on  obtient 
sur  les  cristaux  de  quartz  est  de  1,312. 

Dans  Voligiste  de  l'Ile  d'Elbe,  dans  celui  de  Framont,  Tellipse  a  son 
grand  axe  parallèle  à  la  face  a%  ou  base  des  cristaux.  En  généra),  les 
cristaux  d'oligiste  montrent  cette  face  très- développée  ;  souvent  ils 
sont  superposés  en  très-grand  nombre  en  forme  de  colonnes  prisma- 
tiques. Le  peroxyde  de  fer  est  un  élément  essentiel  de  quelques  roches 
(Itabirite,  Sidérocriste)  ;  il  s'y  trouve  en  lamelles  cristallines,  à  bases 
parallèles  aux  plans  de  stratification  ou  de  schistosité.  Enfin,  il  forme 
des  masses  fibreuses,  souvent  mélangées  de  limonite,  ou  sesquioxyde 
de  fer  hydraté.  Quelle  que  soit  la  texture  du  fer  oligiste,  qu'il  se  pré- 
sente en  lames  ou  en  fibres  accolées,  l'ellipse  isothermique  est  tou- 
jours la  même;  le  rapport  de  ses  axes  est  constamment  de  1,21.  On 
voit,  en  outre,  que  les  fibres  sont  allongées  parallèlement  aux  bases 
des  cristaux  (1). 

Système  orthorhombiqtœ.  Un  échantillon  de  célestine  fibreuse  de 
Vassy  (Haute-Marne)  m'a  fourni  des  nombres  que  j'ai  obser\'és  dans  les 
mêmes  directions  sur  des  masses  cristallisées,  à  clivages  très-nets,  ei 
chimiquement  presque  pures,  que  notre  savant  confrère,  M.  Tombeck, 
a  bien  voulu  recueillir  pour  moi  à  Bettancourt  (même  département). 

Système  klinor?iombiqi4e.  Sur  un  cristal  de  traversellite,  diopside 
fibreux,  de  Traversella  (Piémont),  j'ai  fait  dresser  et  polir  une  face 
parallèle  à  gK  L'ellipse  a  son  grand  axe  à  très-peu  près  perpendicu- 
laire à  la  direction  que  prendrait  l'intersection  de  la  base  et  de  cette 
face,  et  le  rapport  des  axes  est  de  1,25,  comme  dans  les  diopsides, 
même  dans  ceux  qui  se  divisent  suivant  la  base  et  qui  proviennent  des 
États-Unis  (2). 

(1)  Au  moment  où  j'ai  lu  cette  note,  j'avais  cru  remarquer  que  les  courbes  n'a- 
vaient pas  la  môme  excentricité  dans  les  variétés  fibreuses  .et  dans  les  cristaux 
de  l'ile  d'Elbe;  je  m'en  étais  rapporté  au  nombre  inscrit  pour  ces  derniers  dans 
mon  mémoire  fÀnn,  Ch,  et  Phys.,  V  sér.,  t.  XXIX,  p.  73);  j'y  lisais  en  effet  1,1 
comme  rapport  des  axes  thermiques,  dans  le  tableau  des  cristaux  à  grand  axe  des 
conductibilités  horizontal.  A  la  page  39,  ligne  31,  en  parlant  du  fer  oligiste  en  par- 
ticulier, j'avais  écrit,  au  contraire,  1,31.  J'ai  répété  les  expériences  sur  plusieurs 
cristaux  de  localités  différentes,  et  j'ai  vu  que  le  rapport  des  axes  de  l'ellipse  y  est 
en  réalité  de  1,31,  comme  dans  les  variétés  fibreuses. 

(3)  V.  BulL,  3«  sér.;  t.  IQ,  p.  500. 


1878.  ARNAL'D.  —  CRAIE  SUPÉRIEURE.  205 

Les  variétés  fibreuses  de  gypse  se  comportent  comme  celles  qui  ne 
sont  que  laminaires. 

Sar  une  asbeste  blanche  provenant  d'une  amphibole  grammatite, 
Tellipse  isothermique  était  caractérisée  par  le  rapport  1,3S;  or,  dans 
les  trémolites  de  Gouverneur,  le  rapport  est  de  1,325  sur  la  face^i(l;; 
il  est  de  1,5  sur  la  face  h\  Le  nombre  obtenu  sur  l'asbeste  est  inférieur 
aa  maximum.  Sur  une  asbeste  verdâlre,  le  rapport  s'est  élevé  à  1,416. 

CMcîtuions.  1^  La  texture  fibreuse  ne  dérange  pas  l'orientation  des 
ues  des  courbes,  tant  que  les  fibres  élémentaires  restent  bien  toutes 
orientées  de  même  :  cela  était  évident  à  priori. 

2«  Elle  n'augmente  pas  l'excentricité  des  courbes  isothermiques. 
Tm  ferai  prochainement  l'application  à  l'étude  des  serpentines,  de  la 
ivonzite,  deTenstatite  et  d'autres  espèces  minérales  dont  les  cristaux 
sont  toujours  plus  ou  moins  fibreux. 

n  semble  enfin  que  les  cristaux  s'allongent  en  fibres  et  s'accolent, 
en  général,  suivant  les  directions  de  plus  grande  conductibilité  ther- 
mique, qui  sont,  il  est  vrai  (2),  celles  de  plus  grande  densité  réticu- 
hire  et  de  plus  grande  résistance  à  la  flexion. 

H.  Bioche  analyse  le  mémoire  suivant  : 


F»ralléll»nie  de  la  Craie  supérieure  dam  le  IVordL  et 

dans  le  8udl«Ouest  de  la  Fraiioe  » 

par  M.  H.  A.rnaud. 

Li  note  de  M.  Coquand  sur  la  Craie  de  Grimée  (3)  a  réveillé  un  dé- 
bat dont  l'origine  est  déjà  ancienne  :  la  question  du  parallélisme  de  la 
Gnie  du  Nord  et  de  celle  du  Sud-Ouest  de  la  France.  Dans  une  note 
insérée  au  Bulletin  (4),  M.  Hébert  persiste  à  contester  cette  assimila- 
tkm.  Je  viens  soumettre  à  la  Société  quelques  observations  sur  ce 
njet. 

C'est  sur  l'horizon  supérieur  que  s'établit  la  controverse  :  M.  Hébert, 
oonstalant  dans  cet  horizon  de  la  Craie  du  Sud-Ouest  (Campanien  et 
Dordonien)  la  présence  d'un  certain  nombre  d'espèces  communes  aux 
oonches  antérieures,  eu  déduit  la  preuve  du  lien  qui  les  unit,  et  en 
coastiftue  un  ensemble  qu'il  rattache  au  niveau  le  plus  ancien. 

a)  Àtm.  Ch.  et  Phys,,  4»  sér.,  t.  ÏXIX,  p.  59. 

^  V.  mes  notes  précédentes,  et  en  particulier  ^u//.,  3»  sér.,  t.  V,  p.  410. 

(3J  Bull.,  3«  série,  t.  V,  p.  86. 

(i)3«sér..  t.  V,  p.  99. 


208  ARNAUD.   —  CRAIE  SUPÉRIEURE.  28  jai 

Qu'un  certain  nombre  d'espèces  du  Coniacien  et  du  Santonien  pa 
sent  dans  les  étages  supérieurs  ;  que  dans  ces  derniers  on  recuei 
même  des  espèces  plus  anciennes  et  qui  descendent  jusqu'au  Gén 
manien  :  ce  sont  des  faits  incontestables,  que  j'ai  signalés  il  y  a  Ion 
temps  et  que  confirme  une  étude  de  plus  en  plus  approfondie.  M 
que  du  passage  de  ces  espèces  on  fasse  découler  rindinsibilité  c 
couches,  c'est  un  résultat  contre  lequel  protestent  les  consëqoHU 
mêmes  du  système,  car  il  n'existerait  pas  alors  de  raison  sérieuse  po 
détacher  la  Craie  supérieure  des  calcaires  à  Radiolites  îumbricalis 
Eippurites  comu-vaccinum,  et  même  du  Cénomanien,  avec  lequel  e 
possède  un  certain  nombre  d'espèces  communes. 

Le  lien  qui  unit  les  diverses  assises  de  la  Craie  supérieure  du  Su 
Ouest  est  un  lien  de  continuité  et  non  un  lien  d!unité  :  c'est  là  son  vi 
caractère,  reconnu  par  les  géologues  qui  l'ont  le  plus  étudiée  (1). 

Mais  la  continuité  implique  l'idée  de  succession  dans  le  temps  i 
dans  l'espace. 

Quelle  a  été  la  durée  de  cette  succession?  Telle  est  la  questio 
Avait-elle  pris  fin  avant  le  dépôt  de  la  Craie  blanche  du  Nord?  S'es 
elle,  au  contraire,  prolongée  parallèlement  et  contemporainement 
ce  dépôt?  C'est  par  la  comparaison  des  faunes  qu'il  est  possible  d'ëli 
cider  la  question  ;  mais  pour  la  résoudre  affirmativement,  faudra-t 
nécessairement  produire  dans  les  deux  bassins  les  mêmes  fossiles,  sai 
tenir  compte  des  influences  géographiques  contemporaines  du  dépAl 
Une  telle  prétention  serait  en  opposition  manifeste  avec  les  lois  nati 
relies  de  distribution  des  faunes  suivant  les  climats,  les  courants, 
nature  des  eaux,  leur  profondeur,  leur  voisinage  ou  leur  éloigneme 
des  côtes,  leurs  communications  plus  ou  moins  ouvertes,  et  la  dire< 
tion  de  ces  communications  avec  la  haute  mer.  Les  discussions  eng] 
gées  sur  le  Tithonique  ont  eu  l'avantage  de  porter  l'attention  sur  c 
éléments,  dont  il  n'était  pas  assez  tenu  compte  dans  les  études  ant< 
rieures. 

Quelles  étaient  dans  le  Sud-Ouesl  les  conditions  de  dépôt  de  la  Cra 
supérieure,  et  quelles  relations  avait  ce  bassin  avec  celui  du  Nord 
Questions  de  fait  pour  la  solution  desquelles  il  est  possible  aujoui 
d'hui  d'utiliser  certaines  constatations. 

Avant  l'ouverture  de  la  période  de  la  Craie  supérieure,  les  det 
bassins  étaient  séparés  par  un  puissant  barrage  qui  s'étendait  de  l'es 
où  il  se  soudait  au  Plateau  central,  à  l'ouest,  à  travers  la  Vende 
Cette  crête  s'était  soulevée  au  moment  du  dépôt  de  la  Craie  moyenn* 

(1)  V.  notamment  Ch.  Des  Moulins,  Le  bassin  hydrographique  du  Couseau  dans  s 
rapports  avec  la  vallée  de  la  Dordogne,  p.  31. 


1878.  ARNAUD.   —  CBAIK  SUPéRlECRR.  207 

alcaires  à  EadioUies  fumbricalis  et  à  Hippuriêes  comu-vaccinum,  et 
irait  eiondé  le  bassin  ligérien.  L'existence  de  ce  barrage,  dont  la 
diipoaition  actuelle  des  terrains  indique  les  vestiges,  est  attestée,  d'une 
put,  par  l'absence  des  calcaires  à  Rudistes  dans  la  région  du  Nord, 
de  l'autre,  par  l'atténuation  graduelle  de  ces  dépôts  à  mesure  qu'on 
itteint,  au  nord  du  bassin  du  Sud-Ouest,  une  latitude  plus  élevée. 

L'événement  qui  inaugura  la  période  de  la  Craie  supérieure  eut 
pour  résultat  de  rétablir  entre  ces  deux  bassins  la  communication 
apprimée  pendant  la  période  précédente  ;  cette  communication  dut  se 
ibttvrir  directe  et  facile,  ainsi  que  l'attestent  l'analogie  des  dépôts  et 
l'identité  des  faunes  pendant  la  formation  du  Coniacieu  et  du  San- 
iMuen. 

Le  Campanien  ouvrit  un  nouvel  ordre  de  choses  :  aux  derniers 
temps  du  Santonien,  le  bassin  du  Sud-Ouest,  envahi  par  les  sables  et 
les  argiles,  avait  affecté  les  caractères  d'une  formation  littorale;  il  an- 
nonçait un  exhaussement  du  sol.  Cet  exhaussement  coïncidait-il  avec 
m  réveil  d'activité  du  barrage  vendéen  ?  Il  est  permis  de  le  supposer, 
et  la  diversité  des  dépôts  postérieurement  formés  sur  l'un  et  l'autre 
de  ses  versants  donne  à  cette  hypothèse  une  certaine  vraisemblance. 
On  pourrait  en  trouver  un  indice  dans  cette  circonstance  que  les  as* 
s»es  les  plus  méridionales  du  Santonien  ligérien  ne  paraissent  pas 
avoir  été  recouvertes  par  la  Craie  blanche. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  le  Campanien  correspond  dans  le 
Sud-Ouest  à  une  période  d'affaissement  à  l'est  et  au  sud.  Les  marnes  et 
les  calcaires,  qui  y  succèdent  aux  dépôts  arénacés,  annoncent  un  no- 
table retrait  des  rivages,  dont  le  voisinage,  franchement  accusé  jus- 
(|ae4à,  cesse  d'être  indiqué  aux  extrêmes  limites  du  bassin  actuel.  Le 
\mùn  se  rattache  intimement  à  la  Craie  des  Pyrénées.  Est-ce  à  dire 
(p'il  ait  perdu  toute  communication  avec  le  Nord  ?  L'affirmative  ne 
serait  pas  exacte  :  l'existence  du  barrage  vendéen  rendait  les  commu- 
nications indirectes  et  moins  faciles,  mais  elle  ne -les  supprimait  pas  ; 
la  £iune  du  Nord,  pour  pénétrer  dans  le  bassin,  était  obligée  de  con- 
loumer  le  barrage  et  de  s'engager  dans  la  haute  mer,  c'est-à-dire 
d'ifGnonter  des  conditions  d'existence  différentes  de  celles  que  lui  of- 
fraient le  niveau  et  le  milieu  qu'elle  occupait  :  de  là  la  rareté  des  in- 
dhidos  qui  doublaient  le  cap  et  s'avançaient  le  long  du  versant 
méridional.  Longueur  du  voyage,  diversité  de  climat,  différence  de 
constitution  chimique  des  mers  attestée  par  la  différence  des  sédi- 
ments, tels  sont  les  principaux  obstacles  qui  paraissent  s'être  opposés 
à  la  confusion  des  faunes.  Cette  explication  est  d'autant  plus  plausible, 
qo'i  mesure  qu'on  se  rapproche  du  nord -ouest  les  caractères  distinc- 
îb  des  bassins  tendent  à  s'effacer,  et  qu'aux  points  les  plus  voisins  (La 


S06 


ARNAUD*  —  CRAIE  SUPÉRIEURE. 


28  janv. 


Tremblade,  Talmont,  par  exemple),  la  faune  et  le  caractère  minera- 
logique  accusent  une  difBSrence  beaucoup  moins  accentuée  avec  ceux 
de  la  Craie  du  Nord. 

Le  Dordonien  a  coïncidé  avec  une  nouvelle  modification,  qui  a  eu 
pour  résultat  le  dépdt  simultané,  et  dans  les  mêmes  conditions,  de  la 
Craie  de  Maestricht  et  des  calcaires  jaunes  supérieurs  des  Pyrénées.  La 
faune  et  la  constitution  minéralogique  se  donnent  ici  la  main  pour 
attester  cette  identité. 

Revenons  maintenant  à  la  question  précédemment  posée  :  la  faune 
du  Campanien  et  celle  du  Dordonien  sont-elles  celles  de  la  Craie  de 
Yilledieu,  c'est-à-dire  du  Santonien? 

Entre  autres  fossiles,  avec  le  Campanien  apparaissent  pour  la  pre- 
mière fois  dans  la  Craie  supérieure  du  Sud-Ouest  : 


Belemnitella  quadrata,  d'Orb., 
Baculites  anceps,  Lam., 
Ammonites  Neubergieus,  Haiier, 
Cyprcta  ovula.  Coq., 
Bippurites  Àrnaudi,  Coq., 
Sphœrulites  Hceninghausi,  Des  Moul.  (1), 
Terebratella  Santoniensit,  d'Orb., 
Crania  Ignabergensit,  Retz., 
Pj/rina  Petroeoriemit,  Des  Moul., 
Conoclypeui  perovalis,  km.. 

Avec  le  Dordonien  : 

OrbitolUes  média,  d'Orb., 
Seaphites  pulcherrimut,  Rœm., 
Turriliiet  ÀrekiMi,  d'Orb., 
Neriêa  rugosa,  Hœningh., 
Turritella  sinistrorsa,  Coq», 
Perna  Boyana,  d'Orb., 
Ostrea  larva,  Lam., 

-—    eonirostris,  MUnst. , 

—    ewrvirottrit,  Nilss., 
Badiolites  crateriformis,  d'Orb., 

—  Jouarmeti,  d'Orb., 

—  Boumoni,  d'Orb., 
-*       ingent,  Des  Moul., 

—  aeuHeosêattUf  d'Orb., 
Sphcerulites  Sœmanni,  Bayle, 
Bippurites  Lamareki,  Baylc, 
Waldheimia  Clementi,  Coq., 


Cardiaster  ananchytis,  d'Orb., 
Mieraster  glyphus,  SchlUt. , 
Oftaster  pilula.  Des., 
Ànanchytet  ovata,  Lam., 

—  gibba,  Lam., 
Cyphotoma  Girumnenset  Des., 

—  Sœmanni,  Coq., 

—  inflatum,  Am., 

—  Àrnaudi,  Cott . ,  etc . 


Rhynchonella  veticularit,  Coq., 
Hemipnetutet  ttriatoradiatut,  d'Orb. , 
Bemicuter  prunelta.  Des . , 

—  Moulimianus,  d'Orb .  » 
Castidulut  lapis^ancri,  Lam., 
Faujasia  Faujasi,  d'Orb., 

—  apicialis,  d'Orb., 

—  longa,  Am., 
Bhynehopygut  Marmini,  d'Orb., 
Pyrina  flava,  Am., 
Cyphosoma  Vemeuili,  Cott.» 

—  minut,  Arn., 

—  pulchellum,  Coii., 

Les  Conoclypeus  à  rosette  buccale  lyrée  : 
Conoclypeui  Letkei,  kg, , 

—  aeutw,  Ag., 

—  orbicularis,  Ara.,  etc. 


(l)"Le  Sphœrulites  Bcminghausi  se  montre  dans  les  grès  supérieurs  santoniens, 
où  il  joue  le  rôle^de  précurseur,  comme  nombre  d'espèces  qui  font  leur  première 
apparition  à  la  limite  supérieure  de  la  période  qui  va  s'éteindre. 


1878.  ARNAUD.    —  CftAIE  SlPÉIilEUttE.  209 

J'omets  volontairement  dans  celte  énumt^ration  :  1^  un  certain  nom- 
bre d'espèces  qui,  en  dehors  du  bassin,  paraissent  débutera  un  horizon 
ioférieur;  2*^  certaines  autres  qui,  bien  que  considérées  comme  carac- 
téristiques dans  la  Craie  du  Nord,  se  sont  montrées  dans  le  Sud-Ouest 
ao-dessous  du  Campanicn.  Celles  que  je  viens  de  citer,  recueillies  par 
moi  sux  niveaux  que  j'indique,  et  dont  la  détermination,  basée  sur  des 
individus  complets,  ne  semble  susceptible  d'aucune  controverse,  sont- 
elles  suffisantes  pour  constituer  une  nouvelle  faune?  Il  paraît  im- 
possible d'identiCer  les  assises  qui  les  recèlent,  avec  les  couches 
intérieures  où  elles  ne  se  montrent  pas.  Ces  couches  antérieures  ont 
dlcs-mémes  leur  faune  propre  ;  elles  sont  loin  d'être  exclusivement 
composées  des  fossiles  indiqués  comme  passant  aux  niveaux  supé- 
rieurs. 

Dans  le  Sud-Ouest,  Hemiaster  angustipneustes  (H,  Stella)  ne  franchit 
pas  le  Coniacien  ; 

Micraster  brevis,  cantonné  dans  le  Coniacien  moyen  et  supérieur, 
expire  dès  les  premières  couches  du  Santonicn; 

Botriopi/gus  Toucasamis  et  B,  Nanclasi  n'occupent  que  la  zone  su- 
périeure du  Sanlonien  inférieur  ; 

Cmoclypeus  ovum  couronne  le  Santonien  supérieur  ; 

Rhynckonella  Baugasi  ne  sort  pas  du  Coniacien  ; 

R.  vespertilio  ne  franchit  pas  le  Santonien. 

Ces  fossiles  communs,  d'une  détermination  facile,  permettent  donc 
de  distinguer  avec  assez  de  certitude  les  niveaux  successifs  de  la  Craie 
«opérieure. 

Si  l'on  compare  entre  eux  le  Campanicn  et  le  Dordonien,  il  est  diffi- 
cile de  ne  pas  détacher  du  premier  de  ces  étages  l'horizon  qui  a  donné 
naissance  à  Cassidulus  lapis-cancri,  Faujasia  Faujasi,  Hemipneustes 
ttriatoradiatUs,  aux  formes  nouvelles  des  Conoclypeus  lyres,  aux  Ru- 
distes  que  l'on  cherche  vainement  à  des  niveaux  antérieurs. 

La  multiplication  des  formes  tertiaires  chez  les  Gastéropodes  et  les 
Lamellibranches  confirme  ces  données  et  complète  la  démonstration 
de  la  légitimité  de  cette  division. 
Le  Dordonien  correspond-il  à  la  Craie  de  Haestricbt? 

Je  crois  qu'il  suffit  de  citer,  entre  autres  fossiles,  et  sans  rappeler  les 

Kiidistes,  dont  l'identité  est  attestée  par  les  travaux  de  M.  Bayle  (1), 

pour  que  le  doute  ne  soit  pas  possible  : 


An^iifiiflM  ttriatwadiatw, 
^n^hu  lapif-cancri, 
^h^Kap^gus  Marmini, 


Faujasia  Faujasi» 
Hemiaster  prune  lia, 
Nerita  rugo^a,  etc. 


{1  Bull.  Soc,  gM,,  2'  «ér.,  t.  XV,  p.  ^10. 


14 


ilO  ARNAUD.   —   CKAIK   SUPÉRIEUKR.  .  :28  janv. 

Vainement  con lesterai t-on  Hemxpnexistes  striatoradiatus  et  Iletnias- 
ter  prunelîa  :  les  individus  que  j'ai  recueillis  ne  peuvent  être  con- 
fondus ni  avec  Hemiasternasutulus,  Sorignet,  ni  avec  les  Hemipyieustes 
dont  M.  Hébert  a  fait  H,  Africanm  et  H.  Leymeriei. 

\J Hemipnemtes  trouvé  à  Beaufort-de-Mussidan  dans  le  toit  des 
carrrères  (Dordonien  moyen)  a  comme  longueur  0™li5  et  comme 
largeur  0«»104  ;  le  rapport  est  donc  0,90,  comme  dans  le  type.  C'est 
un  individu  de  grande  taille,  qui  ne  peut  être  rapporté  qu'à  H.  stria- 
toradiatus et  qui  ne  présente  aucun  des  caractères  exceptionnels  à 
l'aide  desquels  M.  Hébert  a  créé  les  deux  espèces  pyrénéennes. 

ffemiaster  pruneîla  se  trouve  à  Mussidan  au  sommet  du  Dordonien 
moyen  ;  il  ne  saurait  être  confondu  avec  H.  nasutulus,  qui  abonde,  il 
est  vrai,  dans  le  Dordonien,  mais  à  un  niveau  inférieur. 

Les  deux  espèces  (Ifemipneustes  striatoradiatus  et  Hemiaster  pru- 
nelîa) ont  d'ailleurs  été  déterminées  par  M.  Cotteau,  qui  n'a  pas  hésité 
à  les  rapporter  aux  types  classiques. 

Or,  jusqu'à  ce  jour,  les  fossiles  que  j'ai  cités  plus  haut  n'ont  point 
été  rencontrés  dans  la  Craie  de  Yilledieu. 

Si  le  Dordonien  est  contemporain  des  couches  de  Maestricht,  et  si 
celles-ci  sont  supérieures  à  la  Craie  de  Meudon  et  à  la  Craie  blanche 
du  Nord,  à  quoi  rapporter  dans  le  Sud-Ouest  les  assises  sur  lesquelles 
repose  le  Dordonien  ? 

A  Talmont,  dans  un  calcaire  blanc  crayeux,  on  recueille,  entre 
autres  fossiles  : 


Ostrea  vesicularis  major, 

—  semiplana, 

—  Merceyi, 
Cranta  Ignabergensis, 
Aitanchytes  ovata. 


OffaUer  pilula, 
Cardiaster  ananchytiSf 
Micraster  glyphus^ 
Bourg ueticrinus  ellipticui, 
Etc. 


Belemmtellamucronata^  il  est  vrai,  ne  s'y  rencontre  pas;  mais,  à  un 
niveau  inférieur,  dans  la  zone  moyenne  du  Campanien,  on  a  recueilli  : 

Beîemnitella  quadrata,  d'Orb. 

Que  conclure  de  cette  faune  ?  L'existence  entre  elle  et  le  Dordonien 
d'un  hiatus  comblé  par  la  Craie  blanche  du  Nord  ?  Il  me  paraît  plus 
naturel  d'attribuer  à  celte  dernière,  pour  employer  l'image  de  M.  Hé- 
bert, le  caractère  d'un  magnifique  développement  du  Campanien  du 
Sud-Ouest,  auquel  elle  se  lie  intimement  par  la  faune. 

Il  est,  en  effet,  un  des  côtés  de  la  question  que  son  importance  ne 
permet  pas  de  négliger  :  c'est  Vordre  de  sticcession  des  faunes. 


supérieur 
(Calcaire 


h 


Hippurites) . 


Turonicn, 
d'Orb.;       J 

Craie 
marneuse. 


inférieur 

(Craie 

de 

Touraine). 


CéDomaDicD, 

d'Orb.; 

Craie 

glauconieusc. 


inférieur. 


Manque 


supé  Hanovre.   Saxe, 
ihites  Geinitzi). 


mo 


Tufau  à  silex,  avec  Osti 
gigaf.  Ammonites  Rci 


Tufau  à  Àmmonitcsl 


inféngleterre;  Aile- 
)rd. 


supérieur 

(Grès 
du  Maine). 


:P 


sup 


rac 


inf< 


Craie  marneuse  à  /. 


Perche  : 
Manque. 


Sables 

rouges  à 

Oslrea  columba. 


a 


a 


Grèî 


B.  TBnQUEM.   —  CLASSIFICATION   DES  FORAMINIFÈUES.  Hl 

ir,  ù  ToQ  étudie  les  deux  bassins  sous  ce  rapport,  il  existe  entre 
lii  parallélisme  qu'on  ne  peut  méconnaître  : 

Craie  du  Nord  :  Craie  du  Sud^Ouest  : 

Cnie  de  Maestricht  à  HemipneuUes 

Mtriaioradiatus,  etc. 
AtaiedeMeudon  à  Ostrea  semiplanaj 

0. 9€Hcularû  major,  etc. 
Oniie  blanche  à  BelemniieUa  qua- 

éraia  (Reims,  Laon,  etc.) . 


1 .  Craie  de  Mussidan  à  Hemipneustes 
striaioradiatut,  etc. 

2.  Craie  de  Talmont  à  Ostrea  femt- 
plana,  0.  vesicularis  major,  etc. 

3.  Craie  grise,  blanchâtre,  kJBelemni» 
tclla  quadrata  (Montmoreau,  etc.). 


i  eetle  assimilation  est  exacte,  il  y  aurait  lieu  de  modifier  le  tableau 

dvODÎque  dressé  par  M.  Hébert  (1). 

tas  le  tableau  que  je  propose,  je  maintiens  au-dessus  des  bancs  à 

Monttor  Rochebrunei  la  séparation  du  groupe  moyen  et  du  groupe 

fionr  de  la  Craie  du  Sud-Ouest  : 

*  Pirce  que  c'est  à  ce  moment  que  s'est  produit  le  mouvement  qui 

|MHPé  la  Craie  du  Nord  et  celle  du  Sud-Ouest  ; 

*'  Parce  que  le  développement  des  bancs  à  Ammonites  est  la  con- 

itdOD  régulière  et  normale  du  développement  des  couches  anté- 


'  Parce  que  la  faune  spéciale  (Rudistes)  de  la  Craie  moyenne  ne 
lente  aucun  représentant  au-dessous  de  cette  division. 
I. rattache  au  Ligérien  les  bancs  à  Terehratella  Carentonensis, 
idés  par  quelques  géologues  au  Carentonien;  il  existe  en  effet, 
leieas  bancs  et  le  Carentonien,  dans  le  Sud-Ouest,  une  discordance 
lifeste  de  stratification  :  ces  bancs  reposent,  de  l'Océan  aux  rives 
laie,  sur  le  Carentonien,  et  à  partir  de  ce  point,  tantôt  sur  les  ter- 
la Jurassiques,  tantôt  sur  les  ligniles  du  Sarladais. 
I M  crois  pas  pouvoir  faire  descendre  les  argiles  lignitifères  des 
Itales  au-dessous  du  niveau  des  grès  &  Anorthopygus  orbicularis, 
/Éite  lampas,  etc.,  avec  lesquels  elles  alternent;  je  rappelle  à  ce 
il.qae  les  bancs  à  Orhitolina  concava  de  Piédemont  sont  enclavés 
Kà.deux  bancs  à  Caprina  adversa  et  à  Sphœrulites  foliaceus. 

L  Alb.  Gaudry  donne  quelques  détails  sur  un  échantillon  de 
PQtrlton  qu'il  a  remarqué  dans  la  collection  de  M.  Pellat. 

L^Tercfuem  présente  quelques  observations  sur  les  dassl- 
MiUoii»  proposées  pour  les  Foramliiirères.  Plus  il  étudie 
itnimaux,  plus  il  reconnaît  combien  la  classification  de  d'Orbigny 
tnttionnelle  et  philosophique;  d'une  application  toujours  facile, 

tQJN/f.,3«sér.,  t.  III,  p.  595. 


212  liOhLFUS.    —   OBSERVATIONS.  28  jaOT. 

elle  passe  roéthodiquement  du  simple  au  composé.  Il  préfère  de  beau- 
coup cette  classilication  à  celle  adoptée  par  Carpenler.  Il  pense,  en 
effet,  qu'on  a,  en  général,  attaché  une  trop  grande  importance  à  la 
porosité  des  coquilles,  et  quon  n'a  même  pas  tenu  compte  du  carac- 
tère physiologique  qui  en  ressort.  11  existe,  au  point  de  vue  physiolo- 
gique, une  grande  différence  entre  la  perforation  et  la  porosité  du  test 
des  Foraminifères,  et  on  ne  saurait  réunir  ces  deux  caractères  pour 
servir  de  base  à  une  classification  rationnelle  (i). 

M.  6.  Dollfli»  ne  peut  laisser  passer  sans  réponse  les  critiques 
renouvelées  de  M.  Terquem  sur  les  classifications  des  Foraminifères 
établies  depuis  plus  de  15  ans  en  Angleterre.  Ces  classifications  sont 
des  efforts  méritoires  de  groupement  naturel  des  genres,  en  opposition 
au  groupement  systématique  imaginé  par  Alcide  d'Orbigny.  Il  croit 
que  c'est  avec  raison  que  MM.  Carpenter,  Parker  et  Rupert  Jones  ont 
recherché  Tordre  zoologique  de  ces  animaux  en  tenant  compte  de 
tous  leurs  caractères. 

Le  caractère  tiré  de  la  substance  minéralogique  de  la  coquille  ne 
saurait  être  rejeté,  non  plus  que  celui  tiré  de  la  dispersion  ou  de  la 
localisation  des  perforations  qui  donnent  passage  aux  pseudopodes. 

M.  Dollfus  insiste  sur  la  différence  d'organisation  intérieure,  invisible 
encore  au  microscope,  qui  doit  exister  pour  que  la  même  matière  sar- 
codique  puisse  donner  naissance  à  une  si  étonnante  variété  de  formes, 
de  structure  interne,  de  nature  minéralogique,  siliceuse,  calcareuse, 
porcelanée  ou  arénacée,  comme  nous  en  montre  l'ordre  des  Rhizo- 
podes.  Il  y  voit,  dans  tous  les  cas,  un  résultat  suffisant  pour  motiver  la 
création  de  groupes  zoologiques  distincts.  Les  pseudomorphoses,  très- 
fréquentes  dans  les  tests  fossiles  de  ces  animaux,  ne  sauraient  être  un 
obstacle  à  l'acceptation  d'une  classification  naturelle  où  ces  caractères 
sont  admis;  car,  si  une  indication  disparait  par  la  transformation,  il  en 
reste  d'autres  suffisantes  pour  permettre  la  détermination  de  l'animal, 
le  géologue  étant  prévenu  que,  de  même  qu'une  Ammonite  calcaire 
peut  être  devenue  carbonatée  ou  pyriteuse,  une  Miliole  porcelanée 
peut  se  rencontrer  à  l'état  siliceux. 

(1)  V.  Terquem,  Les  Foraminifères  et  les  EntomoUracés-Ostraeodes  du  Pliocène 
supérieur  de  l'tle  de  Rhodes  (Mém.  Soc,  géoL,  3*  sér.,  t.  I,  n'  3),  iotr.,  p.  5  et  6 
(sous  presse). 


1878.  poBia.  —  au»PARioN  d  uiun.  213 


Séafice  du  4  fèorier  1878. 

PRÉSIDENCE    DE   M.    ALB.    GAUDRY. 

H.  Brocchi,  secrétaii'e,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dei^ 
lière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  une  présentation. 

M.  Dfliii§;lure  dépose  sur  le  bureau  le  manuscrit  de  la  Xal>le 
générale  et  analytiqt*e  des  volumes  JLILM  à  X.1K.IJL  de  la  deuxième 
tériê  du  Bulletin  (1864-1872). 

Sur  la  proposition  de  H.  Daubrée,  la  Société  vote  à  Tunanimité  de 
vib  remerciements  à  H.  Danglure. 

M.  Xercfuem  présente  un  mémoire  manuscrit  contenant  la 
description  des  I^oramlnirérea  figurés  sur  les  planches  Cl  à  CVI 
de  la  DescripHon  des  coquilles  fossiles  des  enviroïis  de  Paris  par 
M.  Desbayes. 

M.  Pomel  fait  la  communication  suivante  : 


Sur  un  gisetnent  c^'HIpparloii  près  ri'Oniu, 

par  M.  A.  Pomel. 

Ehrenberg  a  rendu  célèbre  une  formation  de  marnes  crayeuses  à  Olo- 
Ingérines  et  à  Ostrea  navicularis,  très-riche  en  Fora  min  itères  et  autres 
Sircodaires,  qu'il  a  désignée  sous  le  nom  de  craie  d'Oran.  Cette  prc- 
teudue  craie  parait  contemporaine  d'une  partie  des  marnes  subapen- 
nines.  A  Oran  même  elle  est  constituée  par  des  dépôts  de  récifs  : 
Coraux,  Bryozoaires,  Brachiopodes,  Acéphales,  Monomyaires,  etc.  ; 
les  Algues  calcifères  y  sont  l'élément  principal  de  couches  calcaires 
paissantes;  les  Oursins  y  sont  fréquents,  et  pai*mi  eux  plusieurs 
espèces  de  Clypéastres.  Dans  TEst,  au  contraire,  il  n'y  a  plus  (]ue  des 
marnes  plus  ou  moins  argileuses,  où  abondent  les  Turritelles,  les 
Notices,  les  Pleurotom^^  des  Flàbellum,  des  Ceratotrochus,  et  qui  ne 
semblent  plus  se  rattacher  aux  dépôts  précédents  que  par  l'abondance 
des  Globigérines  et  par  la  présence  constante  de  VOstrea  navicularis. 

Cette  formation  m'a  paru  trop  distincte,  trop  nettement  séparée, 


214  POUKL.  —  uii'PARioN  d'oran.  4  fév. 

sous  les  rapports  lithologique  et  stratigraphiquc»  d'une  formation 
gréseuse  qui  la  recouvre  et  qui  représente  pour  moi  l'horizon  géolo- 
gique du  Pliocène  de  TAstésan,  pour  laisser  ces  deux  terrains  con- 
fondus sous  une  dénomination  commune,  et  je  Tai  désignée,  il  y  a  une 
vingtaine  d'années,  sous  le  nom  de  terrain  sahélien. 

Le  Pliocène  astien  des  environs  d'Oran  est  manifestement  en  dis- 
cordance de  stratification  absolue  et  Iransgressive  avec  le  terrain  sahé- 
lien. Les  grès  qui  le  constituent  sont  souvent  sableux  ;  les  couches 
inférieures  seules  sont  assez  dures  pour  fournir  des  matériaux  de 
construction;  elles  sont  criblées  de  moules  de  coquilles,  peu  déter- 
minables,  il  est  vrai,  mais  à  faciès  tout  à  fait  méditerranéen.  Les  osse- 
ments de  Baleines  n'y  sont  pas  rares.  A  une  quarantaine  de  kilomè- 
tres vers  l'ouest,  au  cap  Figalo,  on  y  observe  un  véritable  banc  de 
Polypiers  astréens.  Ailleurs  on  y  recueille  des  Oursins  spéciaux  :  Echi^ 
nolampaSf  Spatangus,  BHsstis,  Brissopsis,  Schizaster,  etc. 

Une  similitude  presque  absolue  de  gisement  rend  probable  la  con- 
temporanéité  des  molasses  et  calcaires  des  environs  d'Alger,  et  quel- 
ques Oursins  identiques  viennent  la  confirmer.  C'est  à  la  base  de  ces 
couches  que  se  trouve,  vers  Dely-Ibrahim,  la  TerebrcUula  ampulla, 
qui  dans  le  Plaisantin  caractérise  les  couches  inférieures  du  terrain 
astien  d'une  façon  assez  constante  pour  que  M.  Pareto  ait  cru  devoir 
en  faire  une  subdivision  distincte  sous  le  nom  de  terrain  plaisantin. 

Sur  le  plateau  d'Oran,  à  la  cote  130™  environ,  ces  grès  astiens,  — 
ou  pliocènes,  si  Ton  veut  moins  spécifier,  —  paraissent  constituer  un 
manteau  continu,  qui  se  prolonge  vers  le  sud  et  disparait  sous  les 
formations  quaternaires  de  la  Sebkha.  La  surface  est  presque  partout 
masquée  par  des  croûtes  calcaires  concrétionnées  qui  forment  cara- 
pace, ou  par  des  atterrissements  rouges,  argilo-sableux,  qui  constituent 
la  terre  végétale  ;  mais  presque  partout  les  fouilles  font  reconnaître  la 
formation  gréseuse  à  une  très-faible  profondeur. 

Cependant  des  recherches  d'eau  dans  une  dépression  légère  de  cette 
plateforme  ont  amené  la  découverte,  sous  rattorrissement,  d'un  dépôt 
charbonneux  dont  les  vases  contiennent  en  abondance  une  forme 
de  Cardium  edule,  des  Potamides,  des  Hydrobies,  des  Mélanopsides, 
des  Auricuies,  indiquant  un  dépôt  d'eaux  saumâtres,  un  marécage, 
plutôt  qu'un  estuaire,  qui  n'a  pas  dû  s'étendre  très-loin  ;  car  d'autres 
puits  creusés  dans  la  même  dépression,  en  amont  et  en  aval,  n'en  ont 
point  signalé  l'existence. 

£n  Algérie  la  moindre  découverte  de  traces  de  matières  combus- 
tibles donne  la  fièvre  aux  minomanes,  et  des  fouilles  de  recherches 
n'ont  pas  tardé  à  être  enti^epriies  au-delà  de  la  nappe  d'eau  qui 
n'avait  pas  été  dépassée.  On  a  traversé  encore  des  vases  noircies  par 


1878.  I»0MEL.   —   HIPPAUION   DORAN.  2|5 

des  détrilus  végétaux  sur  quelques  mètres  d'épaisseur;  puis  on  a 
trouvé  des  blocs  de  grès  appartenant  bien  certainement  à  la  formation 
pliocène  et  qui  étaient  englobés  dans  le  dépôt  de  marécage;  enfin,  à 
iSou  20  mètres  de  la  surface,  on  est  entré  dans  les  calcaires  mar- 
neax  à  Mélohésies  et  Ostrea  tuivicularis  du  terrain  sahélien.  C'est  là 
tout  ce  que  les  fouilles  ont  appris. 

On  peut  en  déduire  que  le  dépôt  charbonneux  s'est  opéré  dans  une 
érosion  du  gi*ès  pliocène,  qu'il  a  entièrement  traversé  jusqu'à  son 
sabstratum,  et  qui  n'a  laissé  comme  témoins  de  son  existence  anté- 
rieure que  les  blocs  épars  noyés  à  la  base  du  dépôt  marécageux.  Tout 
au  plus  pourrait-on  penser  que  les  détritus  végétaux  ont  été  déposés 
dans  un  estuaire  contemporain  de  la  mer  pliocène;  car  la  séparation 
est  très-Dette  avec  le  Sahélien,  et  on  ne  peut  hésiter  sur  l'antériorité 
de  formation  de  ce  dernier  ten*ain. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  particulièrement  intéressant  dans  ce  gisement 
de  la  propriété  Karoubi,  c'est  la  présence  de  débris  de  Mammifères, 
dont  plusieurs  sont  malheureusement  peu  caractéristiques  et  appar- 
tiennent à  deux  espèces  au  moins  de  Ruminants  de  grande  taille, 
mais  dont  quelques  autres  ont  incontestablement  appartenu  à  un 
Hipparion,  qui  semble  ici  tout  dépaysé  à  plusieurs  points  de  vue. 

D'abord,  c'est  la  première  fois  que  ce  genre  de  Chevaux  tridactyles 
est  signalé  sur  le  continent  africain,  domaine  principal  du  genre 
EquitM  à  notre  époque.  Puis,  c'est  la  première  fois,  je  crois,  qu'on  le 
cite  dans  une  formation  aussi  récente,  son  gisement  principal  étant 
dans  les  terrains  qui  terminent  la  série  miocène,  et  |!)ar  conséquent 
au-dessous  du  terrain  astien.  Faudrait-il  en  conclure  que  l'âge  que 
j'ai  attribué  aux  formations  de  l'Algérie  qui  font  l'objet  de  cette  note, 
est  erroné  et  doit  être  reculé  dans  la  série  géologi(|ue  ?  Je  ne  le  pense 
pas,  par  suite  surtout  des  raisons  paléontologiques  données  plus  haut 
pour  l'identiGcation  de  nos  grès  avec  les  sables  de  TÂstésan.  11  vau- 
drait mieux  admettre  que  les  Hipparion  ont  persisté  plus  longtemps 
qu'on  ne  le  croyait  jusqu'ici,  sinon  en  Europe,  du  moins  dans  le  Nord 
de  l'Afrique. 

A  ce  sujet  je  ferai  remarquer  que  les  gisements  de  ces  animaux 
fossiles  ne  sont  pas  toujours  en  rapports  stratigrapbiques  suffisants 
avec  les  formations  marines  qui  servent  de  jalons  pour  la  détermina- 
tion des  âges,  et  que  leur  synchronisation  laisse  souvent  à  désirer 
comme  précision  de  détermination. 

En  second  lieu,  les  pièces  fossiles  que  je  possède  de  r//ip/>ar/o;i 
afncaiu,  des  molaires  supérieures,  ne  sont  pas  identiques  absolument 
avec  celles  de  1'^.  gracile;  elles  indi((uent  une  tailk'  un  peu  plus 
grande  et  plus  voisine,  à  ce  point  de  vuo,  des  formes  de  Pikcrnii  (|uc 


\r 


216  TOURNOUÊa.    —   OBSERVATIONS.  4  fév. 

de  celles  de  Cucuron.  En  outre,  la  colonnette  interne  est  beaucoup 
plus  étalée,  plus  aplatie,  et  forme  à  la  couronne  une  ellipse  bien  plus 
comprimée;  et  comme  les  plissements  d*émail  ont  une  disposition 
assez  particulière,  il  n'est  rien  moins  que  certain  que  l'espèce  des 
environs  d*Oran  soit  identique  avec  celle  d'Europe.  Dans  ce  cas,  il 
paraîtrait  plus  naturel  aux  paléontologistes  que  l'espèce  de  l'Atlas 
ait  vécu  à  une  autre  époque  que  l'espèce  qui  a  servi  de  type  au 
genre. 

Le  puits  Karoubi  a  fourni  en  outre  des  coprolitlies  de  Carnivores 
très-analogues  à  ceux  des  Hyènes,  qui  ine  paraissent  fournir  un  argu- 
ment  irréfutable  à  l'appui  de  mon  sentiment  sur  l'origine  maréca- 
geuse de  ce  dépôt  charbonneux.  On  ne  comprend  pas  en  effet  com- 
ment ces  f&ces  auraient  résisté  au  transport  dans  un  estuaire,  sans  se 
délayer.  Dans  ce  cas  il  ne  peut  être  douteux  que  ce  même  dépôt  ne 
soit  postérieur  aux  grès  astiens,  et  qu'il  ne  se  soit  opéré  à  une  époque 
où  ce  dernier  terrain  avait  déjà  subi  des  émersions  et  des  érosions;  en 
sorte  que,  si  la  présence  des  Hipparion  à  l'époque  de  ces  marécages  à 
eaux  saumâtres  témoigne  de  leur  âge  tertiaire,  on  est  cependant  amené 
à  conclure  de  ce  dernier  fait  qu'ils  représentent  dans  la  péiiode  plio- 
cène un  horizon  relativement  récent. 

En  résumé,  le  genre  Hipparion  a  été  représenté  en  Algérie  par  une 
espèce  qui  est  peut-être  distincte  des  autres,  à  une  époque  plus 
récente  que  celle  pendant  laquelle  celles-ci  vivaient  en  Europe,  et  au 
moins  postérieure  au  Pliocène  ancien  de  l'Astésan,  mais  antérieure  à 
l'époque  quaternaire. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Xournouër  expose  que 
l'étude  qu'il  a  eu  l'occasion  de  faire  des  coquilles  d'eau  douce  et  d'eau 
saumâtre  trouvées  par  M.  Bleicher  dans  les  marnes  du  puits  Kharoubi, 
l'avait  amené  à  la  pensée  que  ces  marnes  étaient  certainement  plus 
anciennes  que  ne  l'avait  dit  feu  Paladilhe  (1). 

Ces  coquilles  sont  en  très-forte  majorité  des  espèces  ou  des  variétés 
éteintes  ou  émigrées.  Les  plus  caractéristiques  par  leur  abondance 
sont  des  Mélanopsides  et  dos  Hydrobies  nouvelles  et  deux  nouvelles 
espèces  de  Potamides,  dont  la  plus  grande  a  éti  donnée  comme  le 
P,  Basteroti  de  Montpellier.  Ce  n'est  pas  le  P.  Basteroti,  mais  bien 
une  espèce  nouvelle,  intermédiaire  entre  le  P.  Basteroti  et  le  P.  tri- 
cinctus  des  couches  pliocènes  de  Sienne. 

(1)  Description  de  quelques  nouvelles  espèces  de  coquilles  fossiles  provenant  des 
marnes  pleistocènes  d'estuaire  des  environs  d'Oran  (Rev.  Se.  nat..  l.  III.  p.    3ÎK»; 

1871). 


1878.  POMEL.   —  PETITE  SYIiTE   ET  CHOTTS.  217 

La  constatation  si  intéressante  d*un  ffipparion  dans  les  mêmes 
mtroes  confirme  H.  Tournouêr  dans  l'idée  que  ces  marnes  sont  ter- 
tiaires et  appartiennent  à  un  liorizon  qui  ne  peut  pas  être  bien  éloigné 
do  celui  des  marnes  jaunes  de  Montpellier  ou  des  lignites  de  Casino 
(Toicane). 

Quant  à  Tassociation»  avec  les  coquilles  ci-dessus,  de  coquilles  ter-* 
mtres  encore  vivantes,  H.  Yélain  et  H.  Pomel  pensent  que  pour  la 
plus  grande  partie  au  moins,  et  notamment  pour  le  Bulimus  decollattisp 
die  doit  s'expliquer  par  un  mélange  accidentel  dans  les  terres 
d'eitraction  du  puits. 

M.  Pomel  foit  la  communication  suivante  : 


Géoloi^e  de  la  Petite  ISyrte  et  de  la  région  des  Chott» 

tunisiens, 

par  M.  A.  Pomel. 

Dès  Tannée  1872,  dans  mon  livre  Le  Sahara,  j'avais  essayé  do  dé- 
duire de  quelques  renseignements  sur  la  flore  et  de  considérations 
générales  sur  la  constitution  géologique  des  autres  régions  du  Sahara, 
qo*il  n'y  avait  point  eu  pénétration  de  la  Méditerranée  dans  la  région 
des  Chotts;  qu'il  y  avait  eu  entre  eux  une  barre  qui  n'était  pas  simple- 
ment formée  de  sables,  mais  constituée  probablement  par  des  roches 
de  l'âge  de  la  Craie  chloritée. 

Grâce  à  une  mission  officielle  du  Ministre  de  Tlnstruclion  publique, 
j'ai  pu,  au  printemps  de  1877,  avec  l'appui  très-bienveillant  du  gou- 
Ternemeot  tunisien,  aller  vérifier  de  visu  ce  que  mes  déductions 
avaient  de  fondé,  et  corroborer  les  confirmations  qu'en  avait  déjà 
faites  M.  l'Ingénieur  des  mines  Fuchs,  dans  une  exploration  dont  il  a 
publié  les  résultats  sommaires  dans  une  communication  à  l'Académie 
des  Sciences.  Ce  n'est  pas  sans  satisfaction  que  j'ai  pu  constater  que  le 
Imain  crétacé  encadrait  et  modelait  en  quelque  sorte  le  seuil  de 
Gabès;  mais  ce  que  je  n'avais  pu  prévoir,  c'est  que  dans  la  partie  de- 
primée,  au-dessus  du  terrain  crétacé,  ce  seuil  est  occupé  par  des  at- 
lerrissements  limoneux,  d'origine  continentale  et  non  marine,  qui 
ippartiennent  à  la  période  quaternaire  et  revêtent  des  caractères  fort 
remarquables. 

La  partie  orientale  du  CIiott-el-Djerid  est  allongée  entre  deux  rides 
rocheuses  parallèles,  de  300  à  600  mètres  d'altitude,  ayant  une  struc- 
lure  et  un  as{)ect  à  peu  près  semblables  et  très-unifornics,  à  crête  plus 


218  IH)JIKL.    —   l»ETITE  SYRTE  ET  CHOnS.  4  fév. 

OU  moins  dentelée  et  ppesqne  dépourvue  de  contre*forts  importants. 
Ces  deux  chaînes  ont  ceci  de  particulier,  que  le  versant  au  nord  est 
accidenté  de  corniches  et  d'escarpements  et  montre  en  général  les 
Iranches  des  couches,  tandis  que  le  versant  opposé  a  sa  surface  plus  ou 
moins  confondue  avec  le  plan  des  couches  supérieures.  On  pourrait  en 
conclure  Texisteuce  de  failles  parallèles,  dont  les  bords  auraient  joué 
de  manière  à  relever  dans  chacune  celui  du  nord  et  à  abaisser  au  con* 
traire  celui  du  sud  ;  mais  ce  n'est  là  qu'une  apparence,  et  en  divers 
points  du  versant  nord  on  retrouve  des  restes  des  couches  supérieures 
plus  fortement  redressées,  par  conséquent  plus  disloquées  et  depuis 
lors  démantelées;  en  sorte  qu'il  est  à  peu  près  certain  que  ces  chaînes 
sont  dues  à  des  plissements  dont  un  flanc  est  plus  abrupt  que  l'autre. 

Les  assises  les  plus  inférieures  sont  composées  par  des  alternances 
nombreuses  de  grès  sableux,  d'argiles  bariolées,  de  marnes  et  de  cal- 
caires marneux,  dans  lesquels  le  gypse  et  le  selsont  très-fréquents, 
disséminés  ou  en  masse  (montagnes  de  sel  du  Djebel-Hadlfa).  Je  n'ai 
observé  aucun  débris  de  corps  organisé  dans  cette  série  de  couches, 
qui,  dans  sa  partie  visible,  doit  dépasser  100  mètres. 

Au-dessus  on  voit  se  succéder  des  assises  plus  dures,  plus  rigides, 
qui  donnent  au  paysage  toute  sa  dureté  par  la  succession  des  lignes 
abruptes  ou  même  des  dentelures.  Ce  sont  d'abord  des  grès  d'un  gris 
obscur,  très-rigides,  en  couches  puissantes  se  succédant  sans  alter- 
nances ou  avec  quelques  minces  lits  argileux;  ils  sont  associés  à  des 
dolomies  grenues,  de  couleur  semblable,  avec  lesquelles  on  les  confond 
souvent  à  première  vue.  On  trouve  dans  certains  bancs  des  moules  de 
grands  Inocérames,  qu'il  est  difficile  d'obtenir  déterminables,  et  des 
rognons  de  silex,  souvent  fondus  avec  la  masse.  L'épaisseur  peut  at- 
teindre 60  à  80  mètres. 

Le  sommet  de  la  formation  est  constitué  par  des  calcaires  blancs, 
sonores,  à  grain  plus  ou  moins  fin,  ou  même  compactes,  dans  lesquels 
sont  disséminés  des  silex.  Les  Inocérames  des  couches  gréseuses  n'y 
sont  pas  rares,  et  ces  couches  appartiennent  certainement  à  la  môme 
série  et  sont  absolument  concoidantes.  Elles  ressemblent  aux  calcaires 
nummulitiques  du  bassin  delà  Hedjerdah,  qui  sont  en  effet  en  discor- 
dance avec  le  terrain  crétacé,  mais  elles  ne  sont  pas  identiques  avec 
eux  et  sont  d'âge  crétacé,  comme  leur  substratum  immédiat.  Sans 
doute  M.  Fuchs,  qui  les  a  confondus,  aura  été  trompé  par  une  appa- 
rence, comme  celle  de  la  Kranga  de  El-Hammam,  et  n'aura  pu  être 
averti  de  son  illusion  par  l'observation  des  fossiles.  Ces  calcairos  ont 
été  exploités  pour  matériaux  de  constructions  par  les  Romains,  et  les 
habitants  actuels  transforment  les  ruines  de  cette  époque  en  carrières 
de  pierres  d'appareil.  En  parcourant  les  rues  de  Gabès  (Menzel),  ou 


1878.  PUMKL.    —   PEIIIE  8YHTE   ET  <:HOTTî!.  210 

lûeui  de  Bordj-UammaQi,  qui  est  bâti  sur  la  roche  même,  on  peu 
observer  de  nombreux  eiemplaîres  d'empreintes  dlnocërames  sur  les 
morallleg. 

Je  ne  sais  pas  encore  à  quelle  espèce  peuvent  être  rapportées  ces 
SBspreintes  dluocérames,  dont  je  n'ai  pu  récolter  que  des  exemplaires 
ioparfiiifts;  je  n'ai  point  été  non  plus  assez  heureux  pour  observer 
d'antre  fossile  déierminable.  Mais,  ainsi  que  je  l'avais  prévu^  on  se 
Ifoaveen  présence  bien  certainement  de  cette  formation  géologique, 
développée  sur  des  surfaces  immenses,  qui  forme  tout  le  plateau  du 
Gharian  de  la  Tripolitaine,  auquel  les  reliefs  du  sud  de  la  province  de 
l'Arad  (Gabès)  se  rattachent  directement  par  la  chaîne  hérissée  de  pi- 
tons du  Douîrat.  La  chaîne  du  nord  du  chott  se  rattache  elle-même 
sox  terrains  analogues  du  sud  de  l'Algérie.  C'est  la  craie  cénoma- 
nienne,  s'étendant  peut-être  jusqu'au-delà  de  l'étage  turonien. 

On  peut  dire  d'une  façon  très^générale  que,  dans  toute  la  portion 
delà  Tunisie  au  sud  du  parallèle  de  Sfax,  tous  les  reliefs  sont  des  îlots 
plus  ou  moins  vastes  de  cette  formation  crétacée  dans  une  mer  de  ter- 
rain quaternaire  diluvien,  qui  revêt  des  caractères  très-remarquables. 
Ce  qui  frappe  surtout  le  géologue,  lorsqu'il  a  contourné  le  massif 
montagneux  qui  de  Hammam-el-Lif  s'étend  à  Hammamet  et  au  Za- 
l^ouan,  c'est  retendue  des  surfaces  ondulées  ou  mamelonnées  à 
grande  échelle,  oii  les  érosions  des  ravines  sont  rarement  suffisantes 
pour  permettre  déjuger  de  la  composition  du  sol,  où  abondent  les  dé- 
pressions salées,  souvent  très-vastes,  ordinairement  à  sec  la  majeure 
partie  de  Tannée,  mais  transformées  par  le  mirage  en  nappes  d'eau 
qve  Ton  ne  peut  atteindre.  Ces  fonds  de  sebkhas  sont  formés  de  vases 
arpleases  plus  ou  moins  criblées  de  cristaux  de  gypse,  et  sous  ces 
marnes  les  fouilles  font  immédiatement  trouver  de  vraies  couches  de 
pierre  à  plAtre.  La  surface  des  ondulations  est  souvent  plus  ou  moins 
rocaîlleose,  et  les  fragments  rocheux  ont  été  recouverts  d'une  carapace 
ooncrélionnée  decalcaire,  dont  l'épaisseur  dépasse  rarement  un  mètre. 
Ce  calcaire  est  ordinairement  assez  impur  et  contient  quelquefois  des 
coquilles  d'Hélices  peu  difiérentes  de  celles  qui  vivent  encore  dans  le 
ptjrs.  Cette  croûte  est  de  formation  plus  récente  que  le  terrain  dans 
lequel  elle  s'est  en  quelque  sorte  constituée  par  suite  de  l'évaporation 
noœssive  des  eaux  que  la  capillarité  fait  monter  à  la  surface. 

Partout  oii  celte  carapace  est  entamée  par  les  ravins  ou  les  dénuda- 
tiODs,  on  trouve  un  limon  plus  ou  moins  sablonneux,  souvent  rou- 
teUre,  d'autres  fois  Isabelle,  qui  ne  montre  parfois  que  des  apparences 
trts-diffuses  de  stratification,  et  qui,  sur  d'autres  points,  par  de  légères 
lunnces  de  couleur  ou  de  composition,  paraît  se  diviser  en  couches 
plus  ou  moins  épaisses.  Il  y  a  en  certains  points  de  vrais  lits  d'un  sable 


220  1*0MEL.   —  PETirK  SYRTK   ET  CHOTTS.  4  féfr 

toujours  peu  grossier;  des  cristaux  lenticulaires  de  sulfate  de  cbaux 
sont  disséminés  dans  les  limons,  ou  s'y  groupent  en  séries  réticulées, 
et  alors  ces  parties  sont  plus  en  saillie  dans  les  escarpements  et  simu- 
lent des  niveaux  de  stratification.  En  beaucoup  de  lieux,  la  blancheur 
du  sol  décèle  la  présence  de  véritables  bancs  de  gypse  pulvérulent  ou 
granuleux,  qui  s'intercalent,  sous  forme  de  vastes  alternances  lenticu* 
laires,  à  des  niveaux  variés  de  la  masse.  Les  fossiles  sont  très-rares 
dans  cette  formation  et  consistent  en  fragments  de  coquilles  terrestres, 
qui  se  rencontrent  également  dans  les  bancs  de  gypse.  J*y  ai  observé 
le  Zonites  candidissimus,  encore  très-commun  dans  le  pays. 

C*est  surtout  sur  les  falaises  de  la  côte  qu'il  faut  étudier  ce  terrain 
pour  se  rendre  compte  de  sa  puissance  et  de  son  homogénéité,  en 
dehors  des  variations  que  j'ai  signalées  plus  haut.  Le  plus  bel  exemple 
peut  en  être  donné  entre  le  village  de  Haharès  et  la  tour  de  Nadour, 
chez  les  Mahadeb,  où,  sur  une  longue  étendue,  on  n'observe  pas  d'au- 
tre terrain.  L'île  de  Kerkena,  en  face  de  Sfax,  en  parait  être  entière- 
ment constituée,  et  ce  sont  les  croûtes  calcaires  de  la  surface  que  les 
bateaux  transportent  à  cette  ville  pour  servir  de  pierre  à  chaux  et  de 
moellons  de  qualité  assez  médiocre;  là  aussi  il  y  a  des  sebkhas  pour 
compléter  l'analogie. 

C'est  le  même  terrain  gypso-limoneux  qui  pénètre  par  le  seuil  de 
Gabès  entre  les  deux  chaînes  crétacées  qui  longent  le  Chott-el-Fedjedj. 
Au  seuil  même  il  atteint  la  cote  maximum  60  mètres,  en  constituant 
une  colline  dirigée  N.-S.,  qui  reproduit  très-probablement  un  relief 
souterrain  du  terrain  crétacé  allant  du  Djebel-Dissa  au  Djebel-lHida. 
Le  long  du  pied  des  deux  chaînes  crétacées,  vers  l'ouest,  ce  terrain  se 
relève  sensiblement,  et,  comme  il  est  en  ces  parages  plus  particuliè- 
rement gypseux  et  blanchâtre,  on  le  distingue  à  distance  par  la  colo- 
ration qu'il  communique  à  la  surface,  surtout  du  côté  du  Djebel 
Hadifa,  entre  celui-ci  et  le  Djebel-Aziza.  Au  bord  même  du  chott,  le 
terrain  quaternaire  laisse  pointer  un  petit  piton  de  grès  à  Inocérames, 
qui  porte  le  nom  pittoresque  de  Bechima  (le  fanai). 

Malgré  des  recherches  attentives  et  répétées,  je  n'ai  observé  dans 
cette  formation  aucune  trace  de  fossiles  marins,  et  les  seuls  fragments 
de  coquilles  terrestres  qu'on  peut  y  voir  attestent  une  origine  conti- 
nentale, sous  Taction  de  phénomènes  dont  il  est  difficile  de  se  faire 
une  idée,  mais  qui  trouvent  peut-être  leurs  similaires  dans  cette  région 
des  grands  lacs  de  l'Afrique  centrale  où  les  pluies  tropicales  font 
épandi*e  les  nappes  liquides  sur  des  surfaces  immenses.  L'âge  quater- 
naire de  cette  formation  éloigne  aussi  l'idée  que  la  mer  ait  pu  péné- 
trer à  cette  époque  par  le  seuil  dans  la  région  des  chotts;  on  trouve 
même  cjuc  ce  seuil  était  ainsi  constitué  à  une  date  très-ancienne  de 


1878.  KOMCL.   —   PETITE  STRTE  ET  CHOTTS.  ^21 

cette  même  période  quaternaire.  Sur  le  versant  occidental,  on  constate 
ci  et  là  la  présence  de  fragments  de  poteries  romaines;  on  peut  aussi 
récoller  des  instruments  en  silex  taillé  des  temps  préhistoriques.  On 
se  rencontre  même  rien  sur  ce  seuil  du  lit  d'un  cours  d'eau  qui  aurait 
pu  servir  d'exutoire  aux  bassins  des  ehotts,  qui  étaient  alors  certaine- 
ment iermés. 

Sur  le  versant  qui  regarde  la  Méditerranée,  la  formation  gypso- 
limoneuse  s'abaisse  insensiblement  vers  la  mer  et  se  prolonge  sous  les 
eaux,  découvrant  sur  de  très-grandes  surfaces  à  la  marée  basse.  Elle 
présente  sur  ce  versant  quelques  thalwegs  &  ravin  encaissé,  prenant 
leur  origine  près  de  sources  qui  sourdent,  à  la  température  de  20  à  25 
degrés  centigrades,  très-probablement  d'un  substratum  du  terrain  cré- 
tieé  voisin  de  la  surface.  Ces  sources  ont  donné  lieu  à  des  dépôts  Au* 
TÎalUesoude  marais,  qui  se  distinguent  facilementde  leur  substratum, 
bien  qu'ils  contiennent  autant  de  cristaux  de  gypse  que  lui.  Depuis 
leur  formation,  ces  dépôts  ont  été  eux-mêmes  ravinés  et  forment  ac- 
toellement  les  berges  des  ravins.  Les  coquilles  y  sont  fréquentes;  ce 
sont  des  Mélanies,  des  Mélanopsides,  des  Bithynies,  des  Planorbes,  des 
Hélices  et  même  de  petits  et  minces  Cardium  edule,  race  d'eau  à  peine 
saumâtre. 

Dans  rOued-Akarit  et  dans  TOucd-Gabès,  il  n'est  pas  rare  de  ren- 
contrer à  la  base  de  ce  dépôt  des  couteaux  en  silex  et  des  flèches 
d'un  très-beau  type,  à  côté  d'ossements,  débris  de  repas,  en  sorte 
qu'on  est  là  en  présence  de  stations  préhistoriques  sur  un  sol  qui  ne 
pouvait  être  alors  immerge.  On  peut  même  constater,  en  suivant  ces 
dépôts  quaternaires  récents  jusque  vers  les  ruines  de  Tépoque  romaine, 
et  peut-être  même  punique,  de  Tacape  (Gabès  lybien),  que  les  fonda- 
tkms  en  étaient  creusées  dans  ce  terrain  lui-même,  dont  la  formation 
lemonte  donc  à  des  temps  comparativement  très-reculés,  infirmant 
ainsi  l'ancienne  pénétration  de  la  mer  dans  les  lacs.  Il  n'y  a,  du  reste, 
tncan  indice  d'immersion  sous- marine  depuis  cette  époque,  et  les 
nombreux  exemplaires  de  Murex  trunculus  que  Ton  rencontre  dans 
les  raines  de  Tacape  sont  des  restes  de  l'industrie  do  la  pourpre  qui 
lorisstit  à  l'époque  romaine;  ils  n'y  ont  point  été  déposés  par  la 
mer. 

A  Gabès,  on  voit  apparaître  dans  le  terrain  quaternaire  ancien  des 
bancs  de  poudingue  dont  les  éléments,  d'abord  de  petit  volume,  gros- 
Ment  ensuite  notablement  et  proviennent  des  terrains  crétacés  du 
voisiaage.  Leur  puissance  augmente  vers  Test  le  long  des  rivages,  et 
partout  ils  semblent  former  le  couronnement  de  la  formation  gypso- 
limoneuse.  Ils  constituent  ainsi  un  repère  stratigraphique  qui  témoigne 
<pe  l'ensemble  du  terrain  avait  été  soumis  à  des  mouvements  et  à  des 


22i  IH)H£L.   —  l'ETrrË  SVaTE  ET  CHOTTS.  4  fév. 

dénadations  importantes  à  l'époque  où  s*y  éont  formés  les  dépôts  à 
Mélaiiies  et  à  silex  taillés. 

J*ai  des  raisons  de  penser  que  Tile  de  Djerba,  Tancienne  Méûinx, 
est,  comme  celle  de  Kerkena,  uniquement  formée  d'atterrissements 
quaternaires.  De  la  disposition  générale  des  côtes  et  des  fonds,  on  peut 
déduire  que  tout  le  golfe  de  la  Petite  Syrte,  compris  entre  ces  deox 
grandes  îles,  a  pour  fond  le  même  terrain,  qui  s'est  insensiblement 
déprimé  sous  la  mer  depuis  l'époque  de  sa  formation. 

Il  parait  que,  pendant  que  se  produisait  cet  affaissement  dans  le 
golfe  même  de  la  Syrte,  il  s'opérait  un  mouvement  inverse  vers  le 
nord,  un  exhaussement  qui  était  loin  de  compenser  le  premier  par 
rétendue  des  surfaces  émergées.  En  partant  de  Sfax,  c'est  près  du  Ras 
Kapoudia  (Caput  vada),  un  peu  avant  le  village  de  Cbeba,  qu'on 
trouve  les  premières  traces  de  plages  émergées  avec  Cérites,  Bucardes, 
Pétoncles,  et  cela  presque  au  niveau  actuel  de  la  mer.  Un  autre  bas* 
fond,  à  apparence  de  chott,  formait  également  une  lagune  pénétrant 
dans  les  terres  par  une  anfractuosité  au  sud  et  près  de  Selecta,  ancien 
poste  romain.  La  grande  lagune  à  l'ouest  de  Monastir,  où  Scylax  a 
placé  son  Palus  tritonidis,  n'est  plus  envahie  par  les  grosses  mers  que 
dans  une  faible  étendue  de  la  vaste  surface  où  gisent  les  mêmes  oo* 
quilles  marines.  La  sebkha  des  Ouled-Mehédra,  au  nord  du  Bordj- 
Labrégal,  dont  les  sédiments  vaseux  contiennent  les  mêmes  débris 
marins,  est  actuellement  séparée  de  la  mer  par  un  simple  oordon 
littoral  de  dunes;  cependant  son  émersion  remonte  encore  au-delà 
des  temps  romains,  puisqu'aux  points  mêmes  où  passe  actuellement 
la  route  d*été  sur  le  bord  de  ce  bas-fond  qui  touche  à  la  dune»  exista 
une  chaussée  romaine. 

Ces  dépôts  marins  sont  relativement  anciens,  mais  cependant  encore 
postérieurs  à  d'autres  plages  émergées  du  golfe  de  Haramamet.  A  Mo- 
nastir, leur  trace  se  réduit  à  quelques  coquilles  dans  une  couche  de 
quelques  décimètres,  couronnant  une  plate-forme  de  6  à  6  mètres 
d'altitude.  A  Herguela,  le  dépôt  est  plus  étendu,  plus  puissant,  oonaisH 
tant  en  bancs  de  grès  très-grossiers  ou  même  de  petits  poudingoes; 
ils  forment  une  petite  colline,  qui  atteint  20  mètres  au  village  lai«* 
même  et  sépare  de  la  mer  une  petite  sebkha  dont  je  n'ai  point  exa«' 
miné  le  fond.  La  plate-forme  de  la  ruine  romaine  de  Menara,  pro- 
longée au-delà  de  Bir-Loubeita  à  une  altitude  de  12  à  15  mètres,  est 
aussi  formée  de  grès  grossiers  et  de  petits  poudingues  dans  lesquels 
les  coquilles  marines  abondent,  et  parmi  elles  une  espèce  de  Strombe, 
voisine  du  S.  coronatus,  inconnue  dans  la  mer  voisine  et  que  j'avais 
déjà  rencontrée  dans  une  formation  analogue  de  la  rade  d'Ai*zeu. 

C'est  cette  tour  de  Menai*a  qui  avait  été  citée  comme  preu\'e  des 


1878.  POMEL.    —    PKTmî  SYRTE  KT  OIIOTTS.  *Î3 

oscillations  du  sol  à  une  dpoque  récente;  mais  ce  que  l*on  avait  pris 
pour  des  coquilles  lithophages,  ce  sont  simplement  des  fossiles  faisant 
pirtie  de  la  roche  qui  a  fourni  les  matériaux  de  la  construction,  soit 
pris  sur  place  dans  la  roche  quaternaire,  soit  transportés  des  carrières 
qui  ont  fourni  ceux  du  magnifique  amphithéâtre  <rEI-Djom  (Tliysdnis). 

Ces  carrières  sont,  à  K:tour-Sef  et  près  de  Halidia,  ouvertes  dans 
Bne  paissante  succession  d'assises  d'un  calcaire  composé  en  presque 
totalité  de  fragments  de  coquilles,  avec  quelques  grains  de  sable;  cest 
en  quelque  sorte  un  faiun  solide,  dans  lequel  Tespèce  la  plus  com- 
mane  et  la  mieux  conservée  est  le  Pectnnculus  vioiaceus.  Les  assises 
plongent  vers  le  sud-ouest;  elles  supportent  au  sommet  un  lit  d*argile 
avec  grosses  Huîtres,  et  disparaissent  sous  Tatterrissement  quaternaire 
iDden,  particulièrement  concrétionné  en  ce  point  et  allant  lui-même 
passer  sous  les  dépôts  de  lagune  de  Selecta,  signalés  plus  haut.  Ce 
falan  se  développe  dans  le  grand  triangle  compris  entre  Selecta,  le 
eapDimas  et  Monastir.  A  Bembla,  au  sud  de  cette  dernière  ville,  il  y  a 
également  au  sommet  un  lit  d*argile  avec  grosses  Huttres;  en  ce  point, 
lapoissaDce  totale  doit  avoisiner  100  mètres. 

Ce  terrain  me  parait  être  pliocène,  de  l'horizon  de  TAstien  ;  en  effet, 
il  repose  sur  une  autre  formation,  qui  constitue  le  cap  de  Monastir, 
comprenant  des  grès  argileux,  de  petits  conglomérats  en  bancs  alter- 
nants de  2  à  3  mètres  d'épaisseur,  plongeant  vers  le  sud-est  et  conte- 
nant divers  fossiles,  parmi  lesquels  une  Térébratule  et  une  Rhyncho- 
neile  sont  identiques  avec  des  fossiles  fréquents  dans  le  terrain 
sahélien  d'Oran,  lequel  doit  correspondre  aux  marnes  subapennines. 

Aq  nord  de  Souse,  les  collines  de  Couda  montrent  des  grès  gros- 
siers peu  cohérents,  reposant  sur  des  argiles  ou  sur  des  marnes  à 
empreintes  de  coquilles  marines;  une  formation  semblable  reparaît 
pris  de  Bir-Loubeita  et  m*a  fourni  quelques  coquilles  d'Huîtres 
(O.fblioMa?).  L&,  elle  forme  tout  le  sol  de  la  Hanga,  dans  le  col  qui 
Ut  oommuniquer  le  plateau  de  Gorourabalia  avec  le  golfe  d'Ham- 
mamet,  entre  des  massifs  néocomiens.  Il  ne  serait  pas  impossible  que 
ce  terrain  se  prolongeât  sous  Tatterrissement  de  cette  plaine,  jusqu'au 
golfe  de  Tunis^  et  près  de  cette  ville  je  crois  le  reconnaître  dans  les 
<KpOts  qui  entourent  le  massif  néocomien  du  Djebel-Hamra  et  qui 
ptnisaent  se  prolonger  dans  les  gisements  à  Huîtres  du  cap  Kamart, 
n  Dord-ouest  de  Garthage.  Dans  ce  cas,  le  massif  néocomien  du  cap 
Bon  tarait  constitué  une  Ile  distincte  à  l'époque  pliocène. 

Ilrésalte  de  cet  exposé  de  la  géologie  du  golfe  et  du  seuil  de  Gabès, 
qne  rancienne  pénétration  de  la  mer  dans  les  chotts,  où  elle  aurait 
formé  le  Palus  tritonidis,  est  une  simple  hypothèse  démentie  par  les 
ftits;  le  roman  géographique  édifté  à   l'aide  de  compilations  sans 


m  TOURNOL'ER.    —  OBSEnVATIONS.  4  fév. 

esprit  scientifique  ni  critique,  ne  soutient  pas  la  discussion,  puisque  la 
seule  lecture  des  textes  démontre  que  les  auteurs  ont  appliqué  le 
même  nom  à  des  lieux  très-diiïérents  et  très-éloignés  les  uns  des 
autres;  ce  qui  a  causé  leurs  divergences. 

Des  nivellements  récents  ont  du  reste  prouvé  que  le  chott  du  Djerid 
est  dans  toute  son  étendue  supérieur  au  niveau  de  la  mer,  son  point 
le  plus  bas  étant  k  +  15""  et  le  plus  élevé  à  +  32">  près  de  Gab^,  et 
que,  pour  atteindre  la  cote  C°*  dans  le  Chott  Gharsa,  il  fallait  aller  à 
175  kilomètres  du  rivage.  C'est  une  nouvelle  preuve  que  ces  fonds 
salés  ne  sont  point  un  délaissé  de  mer. 

Quant  à  la  théorie  inventée  pour  les  besoins  du  projet  de  restaura- 
tion de  la  mer  intérieure,  d'un  lac  souterrain  recouvert  d'une  croûte 
flottante  de  sel  et  de  boue,  elle  est  tellement  contraire  aux  lois  de  la 
physique  qu'elle  ne  mérite  pas  la  discussion. 

M.  Tournouër  rappelle  qu'il  a  été  trouvé  à  plusieurs  reprises, 
et  d'une  façon  authentique,  des  coquilles  marines  à  la  surface  des 
sables  du  Sahara. 

MM.  Desor  et  Escher  de  la  Linth  ont  rapporté  au  musée  de  Zurich, 
de  la  région  des  chotts  de  la  Tunisie,  outre  le  Cardium  edule,  des  Ba- 
lanus  miser?  et  une  Nassa  qui  paraît  être  une  espèce  vivante  au  Cap- 
Vert.  On  a  cité  aussi  YArca  scapha?  de  la  mer  Rouge.  M.  P.  Fischer  a 
eu  entre  les  mains,  de  la  même  région,  recueillie  par  H.  Roudaire,  une 
autre  Arca  non  méditerranéenne,  probablement  une  espèce  de  l'Océan 
indien.  Enfin,  M.  Tournouër  a  reçu  de  M.  Thomas  un  certain  nombre 
de  coquilles  ou  de  fragments  de  coquilles  marines  recueillis  par  lui  à 
la  surface  des  dunes  dans  les  environs  de  l'oasis  détruite  de  Sedrata, 
près  d'Ouargla.  Parmi  ces  fragments,  rapportables  à  des  espèces  de 
Peignes,  de  Pétoncles,  de  Tritons  de  la  Méditerranée,  se  trouvent  le 
Cardium  edule,  la  Cyprœa  moneta  ou  Cauri,  en  usage  dans  les  trans- 
actions de  tous  les  peuples  de  l'Afrique,  et  un  petit  Conus  indéter- 
miné, mais  non  méditerranéen. 

M.  Tournouër  ne  voit  point  dans  ces  coquilles  des  témoins  irrécu- 
sables de  Ta  mer  saharienne  à  une  époque  récente;  il  pense  que  leur 
présence  peut  s'expliquer,  plus  ou  moins  facilement,  par  le  fait  de 
l'homme;  mais  il  croit  utile  cependant  de  constater  le  fait  qu'il  t 
été  trouvé,  sur  divers  points  du  Sahara  algérien,  des  coquilles  ma- 
rines, les  unes  appartenant  à  la  faune  de  la  Méditerranée,  les  autres 
paraissant  au  contraire  provenir  soit  de  l'Océan  atlantique,  soit  de  la 
mer  Rouge  et  de  l'Océan  indien. 


^878.  MORIÈRE.  —  CRRS  DE  BAG^fOLES.  *    225 

Séance  du  18  février  1878. 

PRiSIDENGE  DE  M.  ALB.  GAUDRY. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Pir  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Gaossouvre  (D.  de),  Ingénieur  des  mines,  à  Bourges  (Cher),  pré- 
senté par  HM.  Douvillé  et  Zeiller. 

I^  Président  annonce  ensuite  quatre  présentations. 
M.  de  Lapparent  analyse  la  note  suivante  : 


Note  sur  le  gré«  de  Bagnoles  (Orne)» 
par  H.  Moriére* 

Lors  d'une  excursion  faite  dans  le  département  de  TOrue  au  mois 
de  septembre  dernier,  dans  le  but  de  visiter  quelques  localités  ou 
raxistence  du  Lias  me  paraissait  probable,  j*eus  Toccasion  de  voir 
ehei  H.  Toussaint,  maire  de  Fiers,  et  au  Musée  de  la  Ville,  des  frag- 
ments de  Bilobites  rapportés  de  Bagnoles  par  H.  Appert,  négociant  et 
l'oo  des  administrateurs  les  plus  zélés  du  Musée.  M.  Appert  me  mon- 
tra chez  lai  plusieurs  échantillons  de  la  même  espèce  de  Bilobite  et 
one  empreinte  qu'il  considérait  comme  représentant  un  Poisson,  et 
il  m'engagea  vivement  à  faire  le  voyage  de  Bagnoles,  où  je  pourrais 
voir  sur  les  grès  d'autres  empreintes  très-remarquables  et  surtout  des 
traces  de  j!mu  de  boeuf. 

Forcé  de  rentrer  à  Caen,  je  ne  pus  à  ce  moment  satisfaire  ma  cu- 
riosité, mais,  depuis  lors,  je  suis  allé  deux  fois  à  Bagnoles,  en  no- 
vembre et  en  décembre,  et  chaque  fois  j*ai  pu  recueillir  une  abon- 
dante provision  d'échantillons  de  grès,  qui  ont  été  déposés  au  Musée 
d'Histoire  naturelle  de  la  Faculté  des  Sciences. 

L'ensemble  des  fossiles  offerts  par  ces  échantillons  ne  laisse  aucun 
doute  sur  Tâge  du  grès  de  Bagnoles,  qui  appartient  à  cet  étage  du 
Silurien  inférieur  que  l'on  a  appelé  en  France  grès  à  Tigillites  ou  cou- 
dtes  à  Lingules,  et  qui  parait  devoir  porter  désormais  le  nom  de  grès 
armoricain.  A  Bagnoles,  le  grès  armoricain  repose  directement  et  en 

45 


22G*  IIORIÈHE.   —  GRÈS  DE  BAGNOLfcS.  18  fëv. 

Stratification  discordante  sur  les  phyllades  cambriennes,  niais  entre 
Yilledieu  et  Saint-Lô,  comme  en  plusieurs  autres  points,  il  est  séparé 
de  ces  phyllades  par  des  schistes  pourprés  avec  poudingues,  qui  for- 
ment également  la  base  du  Silurien  inférieur  dans  le  Calvados  (surtout 
à  Clécy  et  à  Fresnay-le-Puceux).  Dans  diverses  localités  de  la  Basse- 
Normandie,  à  Mortain,  à  Domfront,  à  Urville  dans  la  vallée  de  la 
Laise,  à  Noron  près  Falaise,  etc.,  il  est  facile  de  reconnaître,  comme 
aux  environs  de  Bagnoles,  que  le  grès  armoricain  est  recouvert  par 
le  schiste  ardoisier  à  Calymene  Tristani,  offrant  presque  toujours  à  sa 
base  un  minerai  de  fer  qui  est  exploité  à  Bourberouge  près  Mortaîn  et 
qui  le  fut  aussi  pendant  un  certain  temps  à  Urville  (1). 

Quant  au  grès  de  May,  avec  lequel  le  grès  armoricain  a  été  souvent 
confondu,  sa  faune  comprend  des  espèces  particulières  de  Trilobites 
et  des  genres  spéciaux  de  Mollusques  qui  le  font  ranger  au-dessus  des 
schistes  à  Calymènes,  Le  grès  de  May  serait  représenté  dans  cette  partie 
du  département  de  l'Orne  par  le  massif  de  grès  entremêlé  de  schiste 
situé  entre  Domfront  et  Mortain.  Ce  grès,  dont  les  nuances  sont  très- 
variées,  n'a  offert  jusqu'à  présent  aucun  fossile,  mais  il  supporte  di- 
rectement les  ampéliles  à  Graptolithes,  et  il  a  tout  le  faciès  minéra- 
logique  du  grès  de  May,  dont  M.  de  Lapparent  n'hésite  pas  à  le 
regarder  comme  l'équivalent,  après  les  études  auxquelles  le  savant 
Ingénieur  s'est  livré  dans  le  but  de  compléter  la  Carte  géologique  de 
la  Manche  commencée  par  M.  Vieillard. 

Ainsi  les  grès  de  Bagnoles,  situés  entre  les  schistes  pourprés  el  les 
schistes  à  Calymene  Tristani,  appartiennent  bien  réellement  à  l'étage 
armoricain  du  Silurien  inférieur. 

Voici  maintenant  la  liste  des  fossiles  que  j'ai  pu  recueillir  dans  ce 
grès  et  dont  la  détermination  est  due  en  grande  partie  à  M.  Gaston  de 
Tromelin,  qui  a  particulièrement  étudié,  surtout  en  Bretagne,  le  grès 
armoricain,  et  auquel  les  types  de  M.  Bouault  sont  devenus  Irès- 
familiers. 

Annïlides? 

TigillUes  Dufrenoyi,  Rouault  fTrachyderma  serrata,  Salter) . 

—  Hœninghaiisi,  Rouault, 
Foralites  Pomeli,  Rouault. 

Mollusques  brachiopodes. 

Lingula  Lestieuri,  Rouault, 

—  BrimonH,  Rouault, 

(1)  11  est  probable  que  le  minerai  de  fer  actuellement  en  exploitation  à  Saint- 
Rémy,  sur  les  bords  de  l'Orne,  est  situé  de  la  même  manière.  C'est  ce  que  je  roc 
propose  d'étudier  prochainement. 


i878. 


UORlèllE.    —   GRK^  DE  BAGNOLES. 


227 


LtRfiia  Hawkeù  Ronaolt, 
^     Salieri,  DavidsoD. 


V^Glh'AUX  ? 


Cmsiema  rugosa,  d'Orb., 
•  ^       furet  fera,  d'Orb . . 

—  Lefehvrei,  d'Orb.. 

—  Prevo$H,  Rouault. 

ikpopkgcut  Barrandei,  Trom.  et  Leb.  (Arenicola  baeulipuncta,  Salter), 
FcnUicm  Halli,  Rouault, 
Miahài  Newtoni,  Rouault, 

—       Konineki,  Rouault, 
Frttna  Saini-Hilairei,  Rouault. 
Tenmeulitet  Pandêri,  Rouault. 


Dans  rénurnération  ci-dessus,  la  plupart  des  noms  ont  été  donnés  à 
des  fomles  sans  qu'on  soit  encore  bien  fixé  sur  les  genres  organiques 
•nqoeb  ces  corps  ont  appartenu. 

Et  d'abord^  les  Tigillites  doivent-ils  être  rangés  parmi  les  animaur 
OQ  parmi  les  plantes?  Tantôt  ces  tiges  cylindroïdes  présentent  de 
distaooe  en  distance  des  espèces  de  nœuds  ;  tantôt  elles  sont  à  peu 
près  lisses  ou  bien  elles  offrent  des  cannelures  obliques,  mais  toujours 
ces  T^^lilef  sont  perpendiculaires  à  la  direction  des  coucbes,  c'est- 
à^re  dans  une  position  inverse  à  celle  qu'auraient  dû  prendre  des 
eorpa  charriés  par  les  eaux. 

Mgà  ea  1838,  Dufrénoy  se  demandait  si  ces  tiges  cylindroïdes  qu'il 
ivait  rum  touveot  en  Bretagne  et  en  Normandie  appartenaient  à  des 
coraux  qui  auraient  vécu  sur  la  place  même  où  on  les  rencontre  babî- 
tndlemeot,  *-  ou  bien  à  des  plantes  qui  auraient  végété  en  même 
temps  que  le  grès  se  déposait,  —  ou  enfin  si  elles  n'étaient  point  d'an- 
de»  tiriies  creusés  par  des  coquilles  lilhophages.  et  alors  si  les  stries  ne 
feraienl  pas  la  trace  des  valves  de  ces  fossiles  (i). 

Les  TiffillUes  doivent-ils  être  considérés  comme  ayant  tous  été  pro* 
doits  par  un  Arénicole,  ou  bien  faut-il  admettre,  avec  M.  de  Tromelin, 
que  si  la  plupart  sont  arénicoles,  certains  ont  bien  pu  être  des  végé- 
taux? 

On  n'est  pas  fixé  davantage  sur  l'origine  des  corps  désignés  sous  le 
nom  de  Bilobites  ou  Cruziana.  La  plupart  des  géologues  sont  portés  à 
les  regarder  comme  provenant  d'Algues  gigantesques,  et  d'autres  na« 
tondtstes  leur  refusent  cette  origine. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  grès  à  Tigillites,  à  Lingules  et  à  Bilobites  for- 
meal  un  horizon  constant  dans  tout  l'Ouest  de  la  France,  et  Ton  doit 


(1)  Ànn,  des  Mines,  3«sér.,  t.  XIV,  p.  231. 


2:28  ycRiÈRE.  —  grès  de  bagxoles.  18  fév, 

y  rapporter  les  grès  à  empreintes  biloln^es  des  Yaux-d*Aubin,  près 
Argentan,  sur  lesquelles  M.  Deslongchamps  père  a  publPé  un  travail 
intéressant  (1).  Visitées,  ainsi  que  celles  des  grès  de  Yignats  (arron- 
dissement de  Falaise),  dès  1826,  par  MM.  Brébisson,  Antoine  Passy  et 
de  Bazoches,  ces  empreintes  n'eurent  pas  un  grand  retentisse- 
ment dans  le  monde  savant.  M.  Passy  émit  aloi*s  Topinion  que  les  ca- 
vités bilobées  que  Ton  voyait  sur  certaines  roches  de  grès  et  que  l'on 
désignait  dans  le  pays  sous  le  nom  de  pas  de  bteuf,  étaient  des  em- 
preintes, non  de  pas,  mais  de  corps  organisés.  En  1854,  M.  Auguste 
Lcprévost  appela  l'attention  de  M.  Deslongchamps  sur  ces  singulières 
empreintes  et  sur  d'autres  plus  petites  qui  accompagnent  les  pre- 
mières sur  la  roche  des  Yaux-d'Aubin,  et  qui,  selon  la  légende  de  la 
localité,  ont  été  formées  par  les  bouts  de  la  canne  de  Vhomme  à  la  ca- 
lotte rouge,  lorsqu'il  chassait  ses  bœufs  devant  lui. 

Le  mémoire  de  M.  Eudes  Deslongchamps  est  accompagné  d'un 
dessin  de  la  plaque  de  grès  des  Vaux-d'Aubin,  mais  le  savant  paléon- 
tologiste, après  avoir  examiné  diverses  hypothèses  relativement  à  la 
formation  de  ces  empreintes,  termine  son  travail  en  disant  :  «  Expli- 
*  que  qui  voudra  ou  qui  pourra  la  cause  des  ces  empreintes;  quant  à 
»  moi  j'y  renonce.  » 

Dans  un  ouvrage  publié  en  1866  (i),  M.  d'Archiac  considérait  les 
empreintes  des  Yaux-d'Aubin  comme  des  sortes  de  Cruztana,  et  dans 
une  communication  faite  au  Congrès  tenu  à  Nantes  en  1875  par  l'Asso- 
ciation française  pour  l'avancement  des  Sciences,  M.  de  Tromelin 
s'exprimait  ainsi:  «  Les  grandes  empreintes  des  Yaux-d'Aubin  parais- 
sent être  l'impression  extérieure  de  vrais  Bilobites.,  probablement  du 
Cruziana  Prevosti  ou  du  G.  rugosa,  qui,  comme  on  le  sait,  sont  sou- 
vent très-arqués.  » 

A  Bagnoles  des  empreintes  bilobées  et  autres  se  voient  en  très- 
grande  quantité  dans  un  parc  appartenant  à  H.  Goupil,  sur  des  pla- 
ques de  grès  situées  au  sommet  du  coteau  qui  domine  l'établissement 
des  bains.  Ces  empreintes  furent  signalées  en  1866  par  M.  de  La  Sico- 
tière  à  l'attention  de  M.  Deslongchamps,  qui  ne  put  aller  les  visiter  (3). 
La  Société  Linnéenne  de  Normandie  ayant  fait  son  excursion  annuelle 
à  Bagnoles  en  juin  1867,  les  gens  du  pays  ne  manquèrent  pas  de  faire 
voir  les  traces  de  pas  d'animaux  qui  existent  sur  plusieurs  plaques. 
En  lisant  le  compte-rendu  de  cette  excursion,  rédigé  par  M.  Fauvel  (4), 
on  voit  que  de  l'examen  des  empreintes  et  de  la  discussion  qui  eut 

(1)  Mt'moires  de  la  Société  Linnéenne  de  Normandie,  t.  X,  p.  19,  pi.  XVII. 

(2)  Géologie  et  Paléontologie,  p.  413. 

(:)j  Bull.  Soc.  Linn.  Norm.,  2«sér.,  t.  I,  p.  83-89. 
(1)  Bull.  Soc.  Linn.  Norm.,  2*  sér.  t.  II,  p.  531. 


187». 


HORIERE.    —   GHES  DK  DAGNOLRS. 


280 


lieu,  il  ne  put  ressortir  aucune  explication  scientifique  satisfaisante. 
On  constata  que  le  phénomène  était  le  même  qu'aux  Yaux-(I*Aubin. 
Si  lesempreînta«(  offertes  par  les  plaques  de  grès  du  parc  de  M.  Gou- 
pil ne  permettent  pas  de  reconnaître  facilement  quelle  est  la  cause 
qui  les  a  produites,  il  en  est  tout  autrement  de  celles  que  les  ouvriers* 
mettent  à  découvert  dans  une  carrière  ouverte  depuis  quelque  temps 
pour  l'entretien  des  routes,  à  droite  de  la  porte  d'entrée  de  l'établisse- 
ment des  bains.  Là,  plus  que  partout  ailleurs,  on  peut  assister  à  la  dé- 
monstration des  cavités  bilobées  et  reconnaître  que  ces  cavités,  attri- 
buées à  des  pas  d'animaux,  sont  réellement  dues  à  des  Cruziana:  en. 
eSet,  certaines  couches  présentent  à  leur  partie  inférieure  des  Bilo- 
bites  arqués  en  saillie,  et  la  couche  placée  immédiatement  au-dessous 
offre  i  sa  partie  supérieure  les  cavités  occasionnées  par  ces  Bilobites^ 
c'est-à-dire  le  phénomène  des  pas  de  bœuf. 

Les  Cruziana  sont  très-nombreux  dans  cette  carrière  et  on  ne  peut 
plas  dire  aujourd'hui  que  les  Bilobites  sont  plus  communs  en  Bretagne 
qu'en  Normandie. 

J'ai  recueilli  dans  la  carrière  de  Bagnoles  des  Bilobites  qui  ont  plus 
d'an  mètre  de  longueur,  et  plusieurs  plaques  m'ont  offert  des  Bilo- 
bites entrecroisés. 

En  outre  des  grandes  empreintes  bilobées,  la  plaque  des  Yaux- 
tl'Aabin  en  présente  un  grand  nombre  de  plus  petites  et  à  peu  près 
circulaires,  qui  ont  aussi  été  rencontrées  à  Bagnoles  et  qui  doivent 
être  rapportées  au  genre  Rhysophycus,  ainsi  que  l'avait  pensé  M.  Bar- 
rande.  MM.  de  Tromelin  et  Lebesconte  ont  donné  à  cette  espèce  le 
Bomde/?.  ^arrandei,  qui  devra  remplacer  celui  àiArenicola  haculi^ 
pmcta  attribué  à  ces  petites  empreintes  par  Salter,  qui  les  avait  con- 
sidérées comme  étant  des  traces  d'Annélides. 

Maintenant,  quelque  soit  le  corps  réellement  représenté  par  les 
Cruxiana,  qu'il  me  soit  permis  de  dire  qu'à  moins  d'une  polymorphie 
bien  eitraordinaire,  ce  qu'on  a  désigné  du  nom  de  Ctncziana  Prevasti 
doit  ap|>artenir  à  un  autre  genre. 

Rouault  a  désigné  les  Cruziana  sous  le  nom  de  Frœna,  que  M.  G. 
de  Tromelin,  dans  son  travail  sur  le  Silurien  de  la  Bretagne,  conserve 
seulement  pour  les  espèces  de  Cruziana  qui  ne  sont  pas  bilobées.  Est- 
ce  bien  alors  réellement  un  Cruziana,  ou  plutôt  ce  que  Munster  a  dé- 
signé du  nom  de  Lumhricaria?  Dans  tous  les  cas,  le  Frœna  Saint- 
Hilairei  de  Rouault  a  été  trouvé  à  Bagnoles. 

Le  Vermiculites  PandeH,  Rouault,  qui  couvre  par  centaines  plu- 
sieurs plaques  de  grès,  est  encore  une  espèce  incertœ  sedis,  que  l'on 
|)eut  voir  sur  un  échantillon  qui  se  trouve  aujourd'hui  dans  rcscalier 
du  Musée  do  Caen. 


330  VORIÈRE.   —  GRÈS  DE  BAGNOLES.  18  fëv. 

Le  genre  Dœdaltcs,  dont  je  signale  deux  espèces,  et  le  genre  Verni- 
lum,  dont  il  existe  aussi  probablement  plusieurs  espèces,  ne  sont  pas 
noieux  connus. 

Le  plus  ancien  genre  de  Brachiopode  est  représenté  à  Bagnoles 
par  4  espèces,  dont  l'une,  le  Lingula  Lesueuri,  a  aussi  été  signalée 
par  H.  de  Tromelin  à  La  Lande-du  -Goult  (Orne). 

Enfin,  je  dois  surtout  appeler  Tattenlion  de  la  Société  sur  des  em- 
preintes que  j'ai  fait  photographier  et  pour  la  détermination  desquelles 
j'ai  eu  recours  aux  lumières  et  à  l'extrême  obligeance  de  MM.  Scbim- 
per  et  deSaporta. 

Yoici  ce  que  m'a  répondu  le  savant  naturaliste  de  Strasbourg  : 

a  Les  empreintes  dont  vous  avez  eu  la  bonté  de  m'envoyer  une  photo- 
•  graphie  pour  me  demander  mon  avis  sur  la  nature  dos  êtres  orgaui- 
»  ques  qui  les  ont  laissées  en  si  grande  quantité  dans  les  roches  silu- 
»  riennes,  sont  de  celles  qui  jusqu'à  présent  n'ont  pas  encore  pu  être 
9  classées  d'une  manière  satisfaisante.  Nous  trouvons  ces  formes  ou 
»  d'analogues  depuis  les  formations  siluriennes  inférieures  jusque 
»  dans  le  Lias  supérieur;  mais  leur  plus  grand  développement  a  lieu 
»  pendant  les  époques  paléozoïques. 

»  Vos  empreintes  représentent  évidemment  les  mômes  formes  que 
»  celles  qui  se  trouvent  dans  les  dépôts  correspondant  en  Amérique  et 
»  en  Angleterre  (pays  de  Galles).  Pour  le  cas  où  vous  n'auriez  pas  sous 
»  la  main  les  ouvrages  de  Hall  et  de  Murchison,  je  joins  ici  les  figures 
»  que  les  auteurs  donnent  de  ces  fossiles.  Le  Crossopodia  scotica  de 
»  Murchison  me  parait  reproduire  exactement  votre  fossile»  comme 
»  les  empreintes  désignées  par  Hall  sous  le  nom  de  Traits d*Annélides. 
»  Ce  ne  sont  certainement  pas  des  pistes  d'Annélides;  ces  pistes  for- 
»  roeraient  des  traînées  sans  appendices  latéraux.  Ou  ne  saurait  non 
»  plus  y  voir  les  corps  fossiles  ou  plutôt  les  moules  d'Annélides,  de 
>  Néréides,  etc.  Nous  avons  des  Néréides  fossiles  dans  le  calcaire  de  So* 
»  lenhofen  qui  ont  un  aspect  tout  autre.  Du  reste,  il  ne  me  semble  pas 
»  admissible  qu'il  y  ait  eu  jamais  des  Annélides  de  plusieurs  pieds  de 
»  long,  comme  le  sont  quelquefois  les  empreintes  en  question,  et  en- 
»  core  moins  ramifiées,  comme  on  indique  et  figure  ces  dernières. 

»  J'ajoute  les  calques  de  plusieurs  figures  données  par  Ludwig  d'é- 
»  chantillons  provenant  du  Dévonien  supérieur,  il  me  semble  que  ces 
»  empreintes  ne  sauraient  laisser  de  doute  sur  leur  origine  végétale. 
9  Ce  n'est  que  dans  les  Caulerpées  que  l'on  rencontre  des  formes  qui 
>  l'appellent  nos  fossiles.  Il  y  a  des  Caule^pa  qui  ont  plusieurs  pieds 
»  (le  long  et  qui  portent  des  appendices  bisériés  foliiformes  ou  verru- 
»  ciformes.  C'est  ce  qui  m'engage  à  ranger  vos  empreintes  dans  les 
^  Caulerpées.  » 


!87ft.  MOBIKRE.    —   GRÈS  DE  BAGNOLES.  231 

L'éfflinent  botaDÎste  d'Aix  m'écrivait  do  son  coté  : 

c  Je  ne  doute  pas  que  les  corps  allongés,  cylindriques,  marqués  de 
p  stries,  dont  vous  m'avez  envoyé  une  photographie,  ne  soient  une 
I  Algue  analogue  aux  Harlania  de  Gœppert  et  comparable  surtout 
»  aox  Tœnidium  de  Heer  (1).  Les  Gyrochorte  du  même  auteur  (2)  ont 

•  encore  plus  de  rapport  Ce  sont  là,  il  est  vrai  (les  deux  derniers 

•  tjrpes),  des  Algues  jurassiques,  mais  les  Harlania  sont  paléozoïques 
I  et  môme  Siluriens  ;  le  ^pe  que  vous  me  signalez  s'en  rapprocherait, 

•  nais  serait  probablement  nouveau.  Tâchez  donc  de  m'en  procurer 
i  quelques  plaques  en  boa  état,  ce  qui  me  permettra  d'établir  les  ca- 
iraclères  de  ce  type  curieux;  il  se  rattacherait,  comme  plusieurs  de 
tœax  qui  vivaient  dans  les  mers  de  ces  époques  reculées,  au  groupe 
»  des  Caulerpëes,  dont  les  frondes  consistent  en  expansions  fistuleuses 
let  unicellulaires.  On  conçoit  que,  grâce  à  cette  simplicité  de 
>  structure,  ces  Algues  aient  occupé  une  place  considérable  dans  la 
1  Flore  marine  des  temps  primitifs,  t 

Ainsi,  l'opinion  des  deux  hommes  les  plus  compétents  est  parfaite- 
ment ooDOordante.  Ce  n'est  pas  à  des  vers,  mais  bien  à  des  Algues,  et 
probablement  à  des  Algues  du  groupe  des  Caulerpées,  qu'il  faut  attri- 
buer les  empreintes  de  Bagnoles. 

Après  avoir  examiné  dernièrement  des  échantillons  de  Cruziana  Le- 
fdfvrei  qui  se  trouvent  au  Musée  de  Caen  et  qui  viennent  de  Combrée 
(Haice-et-Loire),  et  surtout  après  avoir  comparé  la  disposition  des 
sillons  oblique»  que  Ton  voit  sur  cette  espèce  et  sur  les  empreintes  de 
noire  plaque,  je  ne  serais  pas  éloigné  de  partager  l'opinion  de  M.  de 
Tromelio  et  de  croire  que  ces  empreintes  ont  été  produites  par  une  es- 
pèce particulière  de  Cruziana.  Faudrait-il  alors  regarder  les  Cruziana 
eoinme  étant  des  Caulerpées  gigantesques?  On  voit  que  la  révision  du 
genre  Cruziana  devient  de  plus  en  plus  nécessaire  et  que  l'attention 
des  naturalistes  doit  être  appelée  sur  ce  point. 

S'ils  continuent  d'être  exploités  pour  l'entretien  des  routes  et  les 
ooDstructions,  les  grès  de  Bagnoles  réservent  encore  aux  Géologues 
plus  d'une  découverte,  et  les  fossiles  mis  au  jour  ne  seront  pas  les 
moins  intéressants,  puisqu'ils  nous  aideront  à  reconstituer  la  popula- 
tion encore  si  peu  connue  des  mers  les  plus  anciennes. 

Aussitôt  que  l'abaissement  de  la  température  permit  aux  eaux  de  se 
nuûntenir  d'une  manière  permanente  dans  les  dépressions  de  la  sur- 
face du  globe,  de\'enues  les  premiers  bassins  des  mers,  le  principe 
njitérieux  de  la  vie  dut  se  manifester,  mais  la  première  ébauche  des 


(1)  V.  T.  scrpentinum,  Hoer,  FL  foss.  //./».,  pi.  XIA',  Uk.  0. 
\iiOp.  cit.,  pJ.  XLVI.  !ig.   1-1. 


232  MORIÈUE.   —  GRÈS  DE  BAGNOLES.  18  fév. 

êtres  organisés  nous  manque  complètement.  Le  métamorphisme 
d'une  grande  partie  des  roches  sédimentaires  déposées  dans  les  pre- 
mières mers  n*a  pas  peu  contribué  à  faire  disparaître  les  premières 
archives  des  règnes  organiques  qu'elles  renfermaient. 

La  température  élevée  de  la  mer  primitive  et  l'influence  dissolvante 
de  son  eau  devaient  aussi  contribuer  à  détruire  les  organismes  élé- 
mentaires. Aussi  des  tracés  d'organisation  à  peine  perceptibles  ont- 
elles  seules  été  rencontrées  jusqu'à  présent  dans  le  Cambrien.  Dans 
les  assises  siluriennes,  si  propres  parleur  nature  à  la  conservation  des 
empreintes  de  corps  organiques,  on  voit,  il  est  vrai,  un  grand  nombre 
de  Mollusques  et  de  Crustacés,  mais  ces  puissantes  assises  siluriennes 
n'ont  encore  fourni  aucune  donnée  positive  sur  les  végétaux  marins 
qui  étaient  nécessaires  à  la  noun*iture  de  ces  animaux  et  qui  peu- 
plaient les  mers  de  cette  ancienne  époque  (1). 

Il  reste  donc  encore  beaucoup  à  faire  pour  reconstituer  la  flore  du 
terrain  silurien,  et  Ton  parviendra,  sans  doute,  dans  un  temps  plus  ou 
moins  éloigné,  à  assigner  aux  Cruziana,  aux  Dœdalus,  aux  Rhysophy- 
eus»  aux  TigillUes,  etc.,  la  véritable  place  qu'ils  doivent  occuper  dans 
l'échelle  des  êtres  et  à  les  faire  sortir  de  l'état  d'origine  douteuse  dans 
lequel  ils  sont  restés  jusqu'à  présent.  Ne  nous  lassons  donc  pas  de  re- 
cueillir les  matériaux  qui  pourront  servir  d'éléments  à  ces  détermina- 
tions, lorsque  nous  aurons  la  bonne  fortune  de  les  rencontrer. 

H.  de  Lapparent  annonce  que  M.  de  Xromelin  a  reconnu 
Yexistence  de  la  formation  laurentienne  aux  lle«  Scilii^ 
Pierre  et  Miquelon.  Cette  formation  y  est  représentée  par  un 
gneiss  serpentineux  et  calcifère.  Tantôt  le  calcaire  est  finement  disse* 
miné  dans  la  masse,  où  Faction  des  acides  révèle  seule  sa  présence  ; 
tantôt  il  forme  des  veines  ou  des  rognons  offrant  les  apparences  ordi- 
naires de  ÏBozoon,  que  M.  de  Tromelin  considère  depuis  longtemps 
comme  un  simple  accident  minéralogique. 

M.  Munier-Cbaliiiaei  partage  Topinion  de  M.  de  Tromelin  sur  la 
nature  inorganique  de  VEozoon, 

MM.  Daubrée  et  Poinel  appuient  cette  opinion. 

M.  Alb.  Gaudry  fait  observer  que  des  zoologistes  très-autorisés  per- 
sistent à  croire  à  la  nature  organique  de  VEozoon. 

M,  «lutter  met  sous  les  yeux  de  la  Société  divers  fossiles  recueillis 
dans  les  schistes  d'Autun. 

(1)  Schimper,  Traite  de  Paléontologie  végétale,  t.  I,  p.  22 


1878.  ARNAUD.   —  ÉTAGE  TUUONIEN.  233 

H.  Cbapcr  analyse  la  note  suivante  : 


Synchrontome  de  l'étage  turonien  dans  le  Sud-Ouest  et 

dans  le  Midi  de  la  France» 

par  M.  H.  il^rnaud. 

La  découverte,  au  milieu  des  bancs  à  Rudistes  de  la  Provence,  d'une 
1006  renfermant  divers  fossiles  considérés  jusque-là  comme  propres  à 
laCraie  supérieure,  a  déterminé  dès  1861  M.  Reynès  à  rattacher  au 
Conlacien  et  au  Santonien  le  Provencien  du  Midi,  et  à  en  constituer 
00  étage  unique,  qu'il  considère  comme  syncbronique  de  la  Craie  de 
Tilledieu  (I). 

Cette  opinion,  partiellement  modiliée,  vient  d'être  reprise  par 
M.  Péron  (2),  qui,  dans  un  mémoire  très-éludié,  cherche  à  démontrer 
que  les  bancs  à /i^ac^to^iïes  comu-pastoris  du  Midi  représentent  dans 
cdte  région  l'ensemble  des  calcaires  à  Rudistes  du  Sud-Ouest,  et  que 
les  zones  désignées  sous  les  noms  d'étage  mornasien  et  d'étage  pro- 
vencien, non  représentées,  suivant  lui,  dans  le  Sud-Ouest,  doivent 
être  reportées  dans  la  Craie  supérieure.  Les  conclusions  de  ce  mé- 
moire ont  provoqué  une  protestation  de  M.  Hébert;  mais  cette  protes- 
tation n'ayant  pas  été  discutée  et  le  travail  de  notre  savant  confrère 
puisant  une  partie  de  ses  arguments  dans  diverses  notes  que  j'ai  eu 
rhonneur  de  présenter  à  la  Société  et  dont  la  plus  récente  remonte  à 
1809,  je  dois  rechercher  Texactitude  d'un  système  auquel  je  parais 
avoir  involontairement  contribué  et  duquel  me  détachent  les  études 
que  j'ai  poursuivies. 

La  légitimité  du  système  de  M.  Peron  est  subordonnée  à  la  démon- 
stration de  trois  points  : 

^  Caractère  sénonien  de  la  faune  de  Mornas  ; 

2^  Absence  dans  le  Sud-Ouest  des  étages  mornasien  et  provencien  ; 

3*  Synchronisme  de  ces  étages  avec  le  Coniacien  et  le  Santonien. 

Avant  d*aborder  l'examen  de  chacun  de  ces  points,  je  dois  dire  que 
je  tiens  pour  exactes  les  observations  de  M.  Peron  sur  la  Craie  du  Midi 
et  sur  les  concordances  par  lui  établies  entre  le  bassin  de  la  Provence 
et  les  assises  crétacées  de  l'Aude  :  la  divergence  ne  s'élève  entre  nous 
que  sur  la  valeur  de  la  faune  mornasienne  et  sur  le  parallélisme  que 

1)  Reyncs,  De  l'étage  dam  la  formation  crclacêc,  p.  9-13. 
U)  Bull.,  3«  sôr.,  t.  V.  p.  469. 


234  ARNAUD.   —  ÉTAGE  TURONIEN.  18  fëv. 

notre  savant  confrère  a  cherché  à  établir  entre  ses  assises  et  celles  qui 
lui  succèdent  et  celles  du  bassin  du  Sud-Ouest. 


I.  Faune  de  V étage  momasien. 

La  faune  de  cet  étage,  telle  qu'elle  est  résumée  dans  le  travail  de 
H.  Peron  et  indiquée  au  mémoire  de  M.  A.  Toucas  (1),  présente  incon- 
testablement un  faciès  sénonien.  J'ai  reconnu,  il  y  a  longtemps,  la 
même  physionomie  à  la  faune  de  l'Angoumien  inférieur  du  Sud-Ouest, 
c'est-à-dire  à  une  zone  inférieure  aux  bancs  à  RadioUtes  comu-pasto- 
ris  du  Midi.  Ce  faciès,  déterminé  par  la  présence  de  certaines  espèces 
communes  à  la  Craie  supérieure,  espèces  dont  le  nombre  s'accroft  suc- 
cessivement par  des  recherches  prolongées,  suffit-il  pour  attribuer  à 
la  Craie  supérieure  les  couches  qui  les  recèlent,  et  doit-il  l'emporter 
sur  les  conséquences  contraires  que  paraît  devoir  entraîner  la  présence 
à  un  niveau  supérieur  des  bancs  à  Hippwrites  organisans  et  à  H.  cornu- 
vaccinum?  Question  théorique  sur  laquelle  la  discussion  peut  rester 
indéfiniment  ouverte,  mais  dont  la  solution  affirmative  aurait  pour 
conséquence  de  supprimer  d'une  manière  absolue  la  division  admise 
entre  les  calcaires  à  Hippurites  et  la  Craie  supérieure,  puisque  dans  le 
Sud-Ouest  les  premiers  éléments  de  cette  dernière  faune  s'accentuent 
manifestement  avant  le  dépôt  des  bancs  à  RadioUtes  cornu^pastoris  et 
R,  lumhricalis. 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  les  considérations  que  j'ai  déjà  exposées  (2) 
et  qui  m'éloignent  du  système  de  M.  Reynès  et  de  celui  de  M.  Peron  : 
plus  on  étudie  sur  le  terrain  et  mieux  se  dégage  celte  vérité  que  les  di- 
visions d'étages  sont  loin  d'avoir,  sous  le  rapport  paléontologique,  le  ca- 
ractère absolu  que  les  théoriciens  leur  ont  attribué  :  il  n'est  pas  pos- 
sible de  soutenir  qu'à  chaque  étage  crétacé  la  faune  se  renouvelle 
intégralement,  ou  même  qu'elle  n'a  de  représentants  prématurés  qu'au 
niveau  supérieur  de  l'étage  précédent.  Une  étude  suivie  sans  préven- 
tion amène  à  ce  résultat  que  les  faunes  s'enchaînent,  que  leurs  pre- 
miers représentants  remontent  toujours  assez  haut  dans  la  série  et  que 
le  nombre  s'en  accroît  avec  le  temps.  Comment  déterminer,  si  l'on  se 
place  uniquement  sur  le  terrain  de  la  paléontologie,  le  moment  pré- 
cis où  la  faune  s'est  assez  développée  pour  constituer  un  nouvel  étage? 
Comment  arriver  à  connaître  avec  assez  de  certitude,  eu  égard  surtout 
à  nos  moyens  limites  d'investigation,  la  relation  exacte  des  fossiles 

(1)  Mém.  Soc.  géol,,  2"  sér.,  t.  IX,  n*  1,  p.  31-39. 

(2)  Bull,  Soc.  géol.,  2*  s6r.,  t.  XXVII,  p.  18  et  30;  .Mem.  Soc.  géoLr2*  sôr.,  !.  I 
n"  4,  p.  57. 


1878.  ARKACD.   —   ÉTAGE  TUROMRN.  235 

entre deuiétages,  soit  au  point  de  vue  du  nombre,  soit  à  celui  de 
Timportance  des  espèces?  Si  Ton  étend  ses  recherches  sur  des  points 
âoignés,  ne  se  trouve- t-on  pas  fréquemment  surpris  de  l'apparition 
inaUendue  d'espèces  spéciales,  sur  d'autres  points,  à  des  horizons  in- 
iiriean  et  que  Von  croyait  depuis  longtemps  éteintes?  C'est  là  le  secret 
de  ce  que  l'on  a  appelé  la  récurrence  des  faunes,  phénomène  dû,  soit 
à  leur  retraite,  soit  à  leur  maintien  dans  des  régions  soustraites  aux 
ébranlements  qui  les  ont  chassées  et  paraissent  les  avoir  anéanties  dans 
on  rayon  plus  ou  moins  étendu  et  qu'elles  reviennent  souvent  occu- 
per au  retour  des  conditions  favorables  à  leur  développement. 

0  faut  donc  reconnaître  qu'il  doit  être  tenu  compte  d'autres  élé- 
ments pour  la  solution  de  ces  questions,  car,  entre  deux  faunes  qui  se 
soperposent  inversement  à  la  succession  normale  des  étages,  il  ne  pa- 
raît pas  exister  de  raison  sérieuse  pour  attribuer  plutôt  à  l'horizon  su- 
pfrieur  la  zone  la  plus  ancienne,  que  la  plus  récente  à  l'horizon  infé- 
rieur. Au  premier  rang  de  ces  éléments  se  placent  les  phénomènes 
révélés  par  la  stratigraphie  et  la  comparaison  des  couches  discutées 
par  l'examen  de  leurs  prolongements,  soit  dans  un  même  bassin,  soit 
dans  des  bassins  contemporains.  M.  Peron  l'a  parfaitement  compris  : 
aussi  a-t-il  jugé  nécessaire,  pour  justifier  l'attribution  du  Mornasien 
et  du  Provencien  à  la  Craie  supérieure,  de  rechercher  les  rapports  de 
ces  horizons  dans  le  Midi  avec  la  Craie  du  Sud-Ouest,  et  ceux  des 
oianies  qui  surmontent  le  Provencien  de  l'Aude  et  de  la  Provence  avec 
leCampanien  du  Nord  de  l'Aquitaine. 

Ainsi  limitée,  la  question  prend  un  degré  de  précision  qui  en  rend 
la  solution  susceptible  d'un  contrôle  rigoureux,  car  elle  sort  du  cadre 
des  théories  pour  passer  dans  le  domaine  des  faits.  C'est  donc  dans 
l'examen  des  deux  derniers  points  que  devra  se  trouver  le  critérium 
de  la  solution  recherchée  :  j'en  puiserai  les  éléments  dans  un  docu- 
ment qui  ne  peut  être  suspect,  car  il  a  été  adressé  à  la  Société  il  y  a 
trois  ans  et  publié  par  elle  avant  la  note  de  M.  Peron,  qui  ne  m'a  été 
connue  que  par  le  Bulletin . 

H.  Rapports  des  étages  angoumien,  mornasien  et  provencien  du  Midi 

avec  la  Craie  du  Sud- Ouest, 

Avant  d'aborder  cette  comparaison  et  pour  y  procéder  utilement,  il 
cit  nécessaire  d'exposer  brièvement  les  caractères  et  les  conditions  de 
dépôt  de  ces  étages  constitutifs  de  la  Craie  moyenne  du  Sud-Ouest. 

A.  Éta^^e  angoumion* 

i.  Angoumicn  inférieur,  —  Au-dessus  des  bancs  à  Ammonites  (A, 


236  ARNAUD.  —  ÉTAGE  TURONIEX.  18  fév. 

peramplus.  A,  Rochebrunei,  etc.)  par  lesquels  se  termine  le  Lîgérien 
dans  toute  retendue  du  bassin  du  Sud-Ouest,  prennent  naissance, 
d*une  manière  indépendante,  comme  le  reconnaît  très-exactement 
M.  Peron  (1),  des  calcaires  blancs,  marneux,  d'un  grain  fin,  lithogra- 
phique, fusant  à  la  gelée  et  caractérisés  par  une  faune  dont  j'ai  indiqué 
les  principaux  représentants  (2). 

Aux  espèces  citées,  et  sauf  quelques  rectifications,  il  convient  d'a- 
jouter entre  autres  : 

Nerinea  Paille teana,  d'Orb.,  i  Spnndyltis  hystrix,  Goldf., 

Isoeardia  AUixenns,  d'Orb.,  1  Ottrea  proboseidea,  var.  minor,  d'Àrch. 

Si  Ton  substitue  NcUica  Toucasiana  à  N.  suhhulhiformis  et  Pecten 
Dujarditii  à  P.  squammulatus,  espèces  voisines  et  dont  la  confusion 
est  facile,  et  que  Ton  rapproche  cette  faune  de  celle  que  M.  Peron  at- 
tribue à  l'étage  mornasien  (3),  on  est  frappé  de  l'analogie  qui  les  unit, 
malgré  la  dilTcrence  des  niveaux  et  la  distance  des  bassins  qui  les 
recèlent. 

Ce  premier  horizon  se  développe  en  puissance  du  N.-O.  au  S.-E.  ;  il 
est  exploité  comme  castine  à  Fumel  et  occupe  une  partie  importante 
de  la  colline  du  Pech-del-Trel  étudiée  par  M.  Peron. 

2.  Angoumien  moyen.  —  Ces  calcaires  castiniers  passent  graduelle- 
ment à  des  couches  d'un  grain  moins  fin,  fournissant  à  l'ouest  quel- 
ques bancs  de  pierre  de  taille  (Saint-Yaize,  etc.),  mais  s'écaillant  à  la 
gelée  dans  le  surplus  du  bassin.  Au  sein  de  ces  couches  persiste  la 
plus  grande  partie  de  la  faune  que  je  viens  d'indiquer,  enrichie  d'es- 
pèces nouvelles  et  notamment  de  grands  Rudistes  qui  font  à  ce  niveau 
leur  première  apparition  : 


Hippurites  Requieni,  Math., 
H.  eomu-vaccinum,  Bronn, 
n,  organisant.  Des  M., 
Radiolites  cornu-pas toris,  d'Orb., 


R.  angulosus,  d'Orb.. 
Spkœrulites  paiera,  Arn., 
S.  SalignacensM,  Hayïe, 
S.  Ponsianus,  etc. 


Dans  ces  bancs  j'ai  recueilli  une  Ammonite  tricarénée  que  je  ne 
puis  rapporter  à  A.  subtricaritiatiis,  d'Orb.,  une  Exogyre  sessile  qui 
ne  paraît  autre  que  VO,  Caderemis,  Coq.,  une  Térébratule  lisse  indé- 
terminée (T,  depressa?,  Lam.)  et  uneRhynchonelle  voisine  de  /?.  dif- 
formis,  d'Orb.,  et  que  j'ai  décrite  dans  Tétage  provencien  sous  le  nom 
de  R,  Cotteaui. 

(1)  Op.  cit.,  p.  483  et  489. 

(2)  Bull..  2«s(5r.,  t.  XXVII.  f>.  .')?. 
f3)  Op.  cit..  p.  477. 


i878.  AILNAUD.    —    ÉTAGE  TURONIEN.  237 

L'Angoamien  moyen  suit  le  même  développement  que  TAngoumion 
ioiériear  du  N.-O.  au  S.-E.  et  occupe  comme  lui  toute  Téteuduo  du 


3.  Angoumien  supérieur,  —  Au-dessus  de  TAngoumien  moyen  et 
avec  des  caractères  minéralogiques  différents,  constitués  par  des  cal- 
aires  non  gélifs,  cristallins  au  début,  tendres  dans  les  assises  supé- 
fieares,  reposent  les  bancs  à  Radiolites  lumbricalis.  L'apparition  de  ce 
Rndiste  étranger  aux  deux  zones  précédentes  coïncide  avec  une  modi- 
ficatioD  dans  la  disposition  du  bassin  du  Sud-Ouest,  qui,  après  le  dé- 
pôt uniforme  de  TAngoumien  intérieur  et  de  TAngoumien  moyen, 
affecte  la  forme  d'une  cuvette  relevée  aux  deux  extrémités,  et  limite 
par  suite  à  la  région  centrale  les  bancs  à  R.  lumbricalù. 

Ces  bancs,  dont  on  suit  l'atténuation  graduelle  vers  l'ouest  jusqu'à 
Bussac,  cil  ils  sont  représentés,  à  la  tranchée  de  la  Qrande-Porte,  par 
une  couche  verdâtre,  cristalline,  d'environ  0"*60  (1),  n*'  8  de  la  coupe, 
sont  limités  à  l'est  vers  l'^GO. 

Cette  disposition,  à  la  iin  de  la  période  angoumienne,  attribue  dans 
k  Sud-Ouest  une  origine  diverse  à  la  surface  des  dépots  qui  en  déri- 
vent, surface  représentée  à  l'ouest,  à  partir  de  3^40  environ,  par  l'An- 
goamien  moyen  ;  de  3^40  à  1<^,  par  l'Augoumieii  supérieur;  de  l^à 
la  limite  orientale  du  bassin,  par  l'Angoumien  moyen  (2). 

B.  Élta^e  provencleii. 

1.  Protencien  inférieur.  —  C'est  sur  cette  surface  hétérogène  que 
sont  venus  s'asseoir  transgressivement  les  premières  assises  de  l'étage 
provencien  :  la  mer  crétacée,  reprenant  possession  de  ses  anciennes 
limites,  recouvre  toute  l'étendue  du  bassin  et  donne  naissance  à  des 
couches  variées  suivant  les  conditions  qui  président  à  leur  dépôt  :  à 
l'est,  région  littorale,  des  argiles,  des  grès  meubles  ou  consolidés,  des 
calcaires  ferrugineux  arénacés;  au  centre,  des  calcaires  marneux;  à 
Touest,  région  de  haute  mer,  des  calcaires  purs,  exploités  comme 
pierre  de  taille  dans  toute  celte  partie  du  bassin.  J'ai  énuméré  dans  le 
Mémoire  précité  les  principaux  représentants  de  la  faune  de  cette 
lone. 

2.  Provencien  moyen.  —  Au-dessus  de  ces  bancs  de  pierre  de  taille 
et  nettement  séparés  à  l'ouest,  se  sont  déposés  des  calcaires  noduleux, 
gélifs  ou  cristallins,  peuplés  de  Rudistes  (SphœruliCes  Sauvagesi,  S.  ra- 


(l)  Les  couches  5-6-7  de  la  coupe  1  du  tableau  des  coupes  de  la  Craie  moyenne 
/of .  t\%.}  paraissent  devoir  être  rattachées  à  l'Angoutnien  moyen 
(î)  y.,  op.  cit,,  la  carte  verticale  de  la  pi.  I. 


238  ARNAUD.   —  ÉTAGE  TURONIEN.  18  fëv. 

diostis,  S.  angeoides),  qui  se  poursuivent  avec  ces  caractères  jusqu'i  la 
région  littorale  indiquée  dans  la  période  angoumienne  par  la  limite  des 
calcaires  à  Radiolites  îumbricalis,  1^60.  A  partir  de  ce  point,  la  roche 
déjà  arénacée  passe  latéralement  à  des  calcaires  homogènes,  blancs 
ou  jaunes,  activement  exploités  comme  pierre  de  taille  dans  le  rayon 
le  plus  rapproché  du  centre  :  Campagne,  Saint-Girq,  rives  du  Lot  de 
Puy-l'Évôque  à  Monsempron  ;  plus  à  Test,  à  Aubas,  Sîmeyrois,  Geor- 
don,  l'élément  arénacé  domine  et  les  grès  ferrugineux  stériles  se  snb* 
stituent  complètement  aux  calcaires  de  la  région  occidentale. 

3.  Provencien  supérieur.  —  Les  phénomènes  qui  ont  présidé  dans  le 
Sud-Ouest  à  la  iin  de  la  période  angoumienne  se  reproduisent  exacte^ 
ment  à  la  fin  du  Provencien  :  le  même  travail  d'exhaussement  du  lit 
des  mers  à  l'ouest  et  à  Test  permet  à  la  région  centrale  seulement  de 
recevoir  les  marnes  à  Sphœrulites  sinuatus»  couronnement  de  cet 
étage  :  Taxe  delà  cuvette  s'est  cependant  déplacé,  car  ces  marnes,  li- 
mitées à  Touest  vers  2^75,  s'étendent  vers  Test  jusque  vers  1^40;  leur 
nature,  leur  faible  puissance  et  leur  faune  semblent  faire  prévoir  une 
exondation  prochaine  du  bassin,  si  un  événement  nouveau  n'en  vient 
modifier  les  conditions. 

La  surface  du  Provencien  offre  dans  le  bassin  du  Sud-Ouest,  k  la  fin 
de  cette  période,  la  distribution  suivante  : 

Vers  l'ouest,  à  partir  de  Bussac,  3*^30,  l'horizon  inférieur,  représenté 
par  les  calcaires  tendres  du  sommet  de  la  tranchée  de  la  Grande-Porte, 
avec  Hippurites  comuvaccinum,  Sphœrulites  Ponsianus,  S.  paiera, 
Radiolites  angulosus; 

Vers  le  centre,  de  3^30  à  2^75,  l'horizon  moyen,  représenté  par  les 
calcaires  noduleux  à  Sphœrulites  radiosus  ; 

De  2'^75  à  i'^40,  l'horizon  supérieur  :  marnes  à  S.  sinuatus; 

Vers  l'est,  de  i<'40  à  la  limite  du  bassin,  l'horizon  moyen  à  S.  radùh- 

SlùS. 

C'est  à  ce  moment  que  se  produit  l'événement  qui  ouvre  la  période 
sénonienne  et  par  suite  duquel  le  niveau  modifié  des  mers  les  appelle 
sur  toute  l'étendue  du  bassin  et  répand  leurs  premiers  dépôts  sur  ces 
divers  horizons  qu'elles  recouvrent  transgressivement  de  l'ouest  à  Test. 

Ces  constatations,  dont  l'exactitude  peut  être  facilement  contrôlée 
sur  le  terrain,  ne  résultent  pas,  je  n'hésite  pas  à  le  reconnaître,  des 
notes  insérées  au  Bulletin  de  la  Société  géologique  et  notamment  de 
celle  de  1869;  mais  des  études  poursuivies  depuis  dix  ans  ont  dû  natu- 
rellement révéler  des  faits  jusque-là  inconnus  et  provoquer  des  obser- 
vations nouvelles  dont  je  viens  de  résumer  les  résultats. 

Justifient-ils  la  réunion  proposée  en  un  même  ensemble  de  l'An- 
goumien  et  du  Provencien  du  Sud-Ouest? 


1878.  AHNAUD.   —  ÉTAGE  TUROiNIEN.  239 

n  me  parait  difficile,  quelque  faible  compte  que  l*on  veuille  tenir  de 
Il  stratigraphie,  de  ne  pas  reconnaître  entre  ces  deux  étages  Tinterpo- 
fltion  d'un  événement  qui  a  changé  le  niveau  des  mers  et  leurs  rela- 
tions avec  les  autres  régions.  La  transgressivité  du  Provencien,  accusée, 
000  sar  un  point  susceptible  d*étre  expliqué  par  un  fait  postérieur  au 
dépôt,  maïs  sur  tout  Tensemble  du  bassin,  en  atteste  Texistence  et  ex- 
plique les  modifications  corrélatives  de  la  faune.  Sans  doute  le  renou- 
frileinrat  n'est  pas  intégral  :  certains  Rudistes,  Radiolites  cornupasto- 
mtiR.  angulosus  par  exemple,  ont  survécu,  mais  la  substitution  de 
nouveaux  caractères  minéralogiques  coïncide  avec  Faccès  de  nouvelles 
espèces  et  justifie  la  division  que  l'étude  dea  faunes  avait  suffi  pour 
bire  pressentir  aux  géologues  qui  se  sont  occupés  de  la  Craie  du  Sud- 
Ooeat. 

la  séparation  admise  par  les  auteurs  entre  ces  deux  étages  doit  donc 
<Crd  maintenue. 
Poasèdent-ils  des  termes  communs  avec  la  Craie  du  Midi? 
Il  en  est  deux  entre  lesquels  Tidentité  ne  me  parait  pas  discutable; 
ce  sont  les  horizons  caractérisés  dans  le  Midi  par  les  deux  bancs  à  Ru- 
distes: 

Lliorizon  inférieur,  zone  du  Radiolites  comupastoris,  représenté 
dans  le  Sud-Ouest  par  TAngoumien  moyen  ; 

L'horizon  supérieur,  zone  des  Hippurites  organisans  et  H.  comu- 
MKcinum,  représenté  dans  le  Sud-Ouest  par  le  Provencien  moyen  et 
sopérieur. 

C'est  entre  ces  deux  extrêmes  que  se  place,  dans  le  Midi,  la  faune  à 
bciès  sénonien  signalée  par  MM.  Reynès,  Peron  et  Toucas.  Je  croîs 
qQ*il  suffit  de  rapprocher  les  listes  de  la  faune  mornasienne  dressées 
par  ces  auteurs,  de  celles  de  l'étage  provencien  du  Sud-Ouest,  pour  y 
reeonnaitre,  malgré  la  distance  et  la  diversité  des  conditions  de  dépôt, 
011  Dombre^respectable  d'espèces  communes;  j'ajouterai  que,  dans  ma 
pensée,  des  recherches  approfondies  dans  les  calcaires  ferrugineux  du 
Flovenden  inférieur,  à  l'est  du  bassin,  en  accroîtraient  certainement 
le  chiffre. 

Quoi  qa'ii  en  soit,  le  niveau  corrélatif  de  cette  faune  dans  le  bassin 
du  Sud-Ouest  ne  peut  être  douteux  :  elle  correspond  manifestement 
ao  Provencien  inférieur  et  peut-être  au  Provencien  moyen,  car  je  no 
sertis  pas  éloigné  de  voir  dans  les  marnes  à  Sphctruliûes  sinuattis, 
aitigré  leur  faible  épaisseur  dans  le  bassin,  l'équivalent  complet  des 
bancs  supérieurs  à  Rudistesdu  Midi.  Sans  doute,  il  existe  à  ce  niveau, 
entre  les  deux  bassins,  des  différences  certaines,  tant  sous  le  rapport 
minéralogique  que  sous  le  rapport  de  la  faune,  mais  M.  Peron  en  a 


240  ARNAi'I).    —   ÉTAGR   TURONIEN.  18  fév. 

lui-iiiC*me  indiqué  la  cause  en  expliquant  (1)  «  qu'il  semble  que  ceter- 
»  rain  (le  Provencien)  aille  en  se  développant  et  se  subdivisant  du 
»  Nord  au  Midi  de  la  France  »  :  observation  très-juste,  quej*aieu  moi- 
même  occasion  de  faire  dans  les  limites  restreintes  du  bassin  du  Sud- 
Ouest  (2).  Or  ce  développement  coïncide  toujours,  ainsi  que  le  recon- 
naît très-exactement  M.  Peron,  avec  celui  de  la  faune,  qui,  dans  ces 
conditions,  s  enrichit  et  se  dédouble  :  de  là  l'explication  de  la  faune 
mornasienne,  riche  et  développée  dans  le  Midi,  restreinte  et  plus 
pauvre  dans  le  Sud-Ouest. 

Je  ne  pense  pas  qu'il  soit  nécessaire,  pour  établir  la  concordance 
entre  les  deux  régions,  d'admettre  dans  le  Sud-Ouest,  entre  l'Angou- 
mien  et  le  Provencien,  l'existence  d'une  lacune  que  la  transgressivité 
du  second  permettrait  de  supposer  ;  je  ne  croîs  pas  qu'il  ait  existé  de 
vacance  entre  les  deux  étages,  et  le  maintien  d'une  importante  fraction 
de  la  faune  antérieure  m'autorise  à  dire  que,  si  les  niveaux  et  les  com- 
munications des  mers  ont  changé,  si  leur  assiette  s'est  étendue,  si 
l'ébranlement  générateur  de  ces  modifications  a  éteint  une  partie  delà 
faune  angoumienne,  le  bassin  n'a  cependant  été  complètement  exondé 
à  aucun  moment  entre  ces  deux  périodes. 

III.  Rapports  du  Santonien  et  du  Coniacien  avec  la  Craie  du  Midi, 

Les  rapprochements  auxquels  je  viens  de  me  livrer  démontrent  que 
les  étages  angoumien,  mornasien  et  provencien  peuvent  trouver  leurs 
équivalents  synchroniques  dans  le  Sud-Ouest.  Ce  synchronisme  pos- 
sible doit-il  être  nécessairement  admis?  C'est  par  l'étude  des  couches 
supérieures  au  Provencien  dans  l'un  et  l'autre  bassin  que  la  solution 
peut  seulement  être  imposée. 

Les  calcaires  à  Hippurites  de  l'Aude  ne  terminent  pas  définitive- 
ment, dans  cette  région,  la  série  crétacée  :  ils  sont,  sur  plusieurs  points 
(Sougraigne,  Houlin-Tifibu,  etc.),  recouverts  par  des  marnes  bleues 
que  M.  Peron  assimile  justement  aux  marnes  du  Beausset,  du  Plan- 
d'Aups  et  des  Martigues  dans  la  Provence. 

A  quel  horizon  du  Sud-Ouest  correspondent  ces  marnes?  Représen- 
tent-elles le  Coniacien  inférieur?  Sont-elles  au  contraire  campaniennes, 
comme  le  suppose  M.  Peron?  Si  cette  dernière  hypothèse  est  vérifiée, 
toute  l'argumentation  fondée  sur  le  parallélisme  des  couches  anté- 
rieures s'écroule,  car,  si  à  la  base  nous  avons  un  terme  certain  de 
comparaison,  ce  terme  ferait  défaut  au  sommet. 


(1)  op.  cit.,  p.  495. 

(2)  Op.  cit.,  p.  12. 


1878.  ARNAUD.   —  ÉTAGE  TUROIVIEN.  241 

Je  crois  ne  pouvoir  mieux  Taire,  pour  arriver  à  dtSterminer  exacte- 
mantrftge  de  ces  marnes,  relativement  à  la  Craie  du  Sud-Ouest,  que 
iTempranter  au  mémoire  de  M.  Toucas  (1)  Tanalyse  du  Sënonien  ma- 
rin du  Beausset. 

En  résumant  les  observations  très-approfondies  de  ce  mémoire,  les 
eoocbes  marines  présentent  dans  le  Yar  trois  horizons  successifs  bien 
déterminés  : 

A.  A  la  base,  des  grès  ferrugineux  et  des  marnes  bleues  ou  grises, 
équivalents  reconnus  des  marnes  de  Sougraigne  et  du  Moulin- 
Tiffou,  avec  Ostrea  spinosa,  0,  auricuîaris,  Brongn.  ; 

B.  Plus  baut,  un  calcaire  marneux  à  Botriopygm  Toucasanus,  avec 
grandes  Hippurites  voisines  d'^.  radiosus; 

G.  Au  sommet,  les  bancs  à  Ostrea  acutirostris. 

Cet  ordre  de  succession  se  vérifie  point  par  point  dans  le  Sud- 
Ooest,  en  tenant  compte  toutefois  d*un  phénomène  inverse  à  celui  qui 
a  présidé  au  dépôt  de  l'étage  provencicn,  je  veux  dire  de  la  puissance 
beaucoup  plus  considérable  de  Télage  séiionien  dans  cette  région  et 
da  développement  corrélatif  de  la  faune. 

Si  Ton  procède  à  cet  examen  comparatif  dans  la  région  méridionale 
da  bassin,  la  plus  rapprochée  des  Pyrénées  et  de  la  Provence,  on 
constate  : 

A.  1.  A  la  base,  des  marnes  bleues  ou  rousses,  qui  s'étendent  sur  le 

Provencien,  de  Fontaraiel,  au  nord  de  Périgueux,  jusqu'à  la 
limite  sud-est  du  bassin,  avec  Ostrea  spinosa  extrêmement  abon- 
dante; ces  marnes  existent  en  place  au  sommet  de  la  colline  du 
Pech-del-Trel,  avec  leur  faune  caractéristique.  —  Coniacien  infé- 
rieur. 
S.  Des  calcaires  marneux,  passant  à  des  calcaires  noduleux  ou  ho- 
mogènes, fournissant  de  la  pierre  de  taille,  avec  Ostrea  auricu^ 
loris,  Brongn.,  O,  plicifera,  Duj.,  etc.  —  Coniacien  moyen  et 
supérieur. 

B.  1.  Des  calcaires  marneux  ou  solides,  avec  bancs  homogènes  subor- 

donnés, passant  au  grès  sur  certains  points,  avec  :  Sphœruîites 
Coquandi,  Hippttrites  radiosus,  Botriopygus  Toucasanus,  Pyrina 
ovulum,  etc.  —  Santonien  inférieur. 
1  Banc  marneux  à  Ostrea  vesicuîaris  et  0.  prohoscidea,  —  Santo- 
nien moyen. 
C  Marnes  et  grès  à  O.  acutirostris.  —  Santonien  supérieur. 

Cest  au-dessus  de  ce  niveau  que  prennent  naissance  dans  le  Sud- 
Oaest,  au  moment  de  l'occupation  définitive  du  bassin  du  Midi  par  les 

11)  Mém.  Soc.  géol.,  ^  sér.,  t.  IX,  n*  4,  p.  46  et  s. 

16 


242  SEANCE.  18  fév. 

eaux  douces,  les  calcaires  campaniens  recouverts  plus  tard  par  le 
Dordonien  à  Ilemipneustes  striatoradiatus. 

Les  horizons  de  la  Craie  supérieure  du  Midi  se  trouvent  donc  rigou- 
reusement précisés  par  ce  rapprochement  et  il  devient  impossible  de 
faire  remonter  les  marnes  de  Sougraigne  au-dessus  du  Coniacien  in- 
férieur. 

Je  suis  loin  de  méconnaître  qu'une  notable  partie  de  la  faune  s'est 
poursuivie  dans  la  Haute-Garonne  et  le  Sud-Ouest  au-dessus  de  Tho- 
rizon  qui  lui  avait  donné  naissance;  que  dans  la  Haute-Garonne  les 
caractères  moins  nets  des  couches  inférieures  peuvent  faire  illusion  sur 
le  synchronisme  à  établir;  mais  ces  considérations  ne  peuvent  influer 
sur  les  conséquences  forcées  de  la  comparaison  avec  le  bassin  du  Sud- 
Ouest,  dans  lequel  la  série  des  couches  est  complète  et  leurs  caractères 
assez  sûrs  pour  prévenir  toute  erreur. 

Les  résultats  de  cette  étude  peuvent  donc  se  résumer  dans  les  con- 
clusions suivantes  : 

I.  Les  bancs  à  RadioUtes  comupastoris  du  Midi  de  la  France  corres- 
pondent à  TAngoumien  moyen  du  Sud-Ouest  ; 

II.  Uétage  mornasien,  au  Provencien  inférieur  et  probablement  au 
Provencien  moyen  ; 

III.  Les  bancs  supérieurs  à  Rudistes,  au  Provencien  supérieur; 

lY.  Les  marnes  de  Sougraigne,  Moulin-Tiffou,  etc.,  au  Coniacien  in- 
férieur. 

Je  prends  occasion  de  cette  note  pour  rectifier,  dans  mon  Mémoire 
sur  le  terrain  crétacé  du  Sud-Ouest  de  la  France,  une  erreur  d'impres- 
sion non  relevée  à  TErrata  :  p.  41,  ligne  6,  le  mot  seconde  doit  être 
substitué  au  mot  troisième;  et  pour  rappeler  que  le  véritable  niveau 
des  calcaires  à  Rudistes  de  Saint-Mametz,  attribués  par  erreur  dans  la 
note  de  1869  à  la  base  du  Dordonien,  et  la  détermination  inexacte  du 
Sphœrulitcs  Villei,  rapporté  à  tort  au  RadioUtes  comupastoris  dans  le 
Carentonien,  sont  rétablis  dans  ce  mémoire. 

M.  Munler-Cbalmas  préfère  les  conclusions  de  M.  Arnaud  à  celles 
de  M.  Peron. 

MM.  G.  Yasseur  et  G.  Dollfus  analysent  successivement  les  deux 
parties  du  mémoire  suivant  : 


1878.  DOLLFUS  ET  VASSEUR.   —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉUY.  243 


GoDpe  géologique  du  cbemln  de  Ter  de  Méry-sor-Olse 

entre  ValmondoU  et  Bessancourt  (Seine-et-Oise) , 


l'*  PARTIE  :  Description  des  coucJies  rencontrées, 
par  HH.  G.  DoUfus  et  G.  VASueur* 

PI.  IL 


Introduction. 

La  loDgae  série  de  couches  que  nous  allons  décrire  a  été  mise  au 
jour  en  très-grande  partie  par  les  travaux  d'une  nouvelle  voie  ferrée 
allant  d*Erinont  à  Yalmondois  par  Méry-sur-Oise,  dans  la  section  de 
TaliDondois-Hériel  à  Bessancourt,  c'est-à-dire  dans  la  partie  de  la 
Toie  qui  s*élève  à  flanc  de  coteau  du  niveau  de  TOise  au  seuil  de  la 
vallée  de  Montmorency  par  la  dépression  de  Sognolles. 

ParTinterraédiaire  de  M.  Loustau,  notre  si  obligeant  confrère,  nous 
avons  obtenu  les  autorisations  nécessaires  pour  étudier  les  talus,  faire 
eiécQter  des  fouilles  aux  points  masqués,  relever  les  cotes,  rectifier  les 
niveaux  dont  nous  avions  besoin  en  complément  des  tracés  et  profils 
communiqués  par  la  Compagnie  du  Nord.  Qu'il  nous  soit  permis  de 
remercier  ici  H.  Vingénieur  Belhomme  de  sa  complaisance,  M.  le  chef 
desection  Letort  et  M.  Legrand  de  leur  obligeant  concours. 

Notre  coupe  a  été  dessinée  à  l'échelle  de  Viooo  ^n  longueur  et  de  Vie« 
en  hauteur,  soit  Vio  d'exagération  pour  l'épaisseur  des  couches;  la 
multitude  des  détails  ne  permettait  pas  de  réduire  ces  échelles.  Mais  il 
en  est  résulté  pour  notre  coupe  des  dimensions  telles  qu'elle  n'a  pu 
trouver  place  dans  le  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France.  La 
gravure  et  l'impression  en  ont  été  faites  à  part,  et  nous  ne  joignons  ici 
qu'on  schéma  abrégé,  donnant  une  idée  générale  de  la  disposition  des 
localités  et  des  couches. 

Les  tranchées  où  les  coupes  ont  été  prises  sont  celles  du  côté  gauche 
en  montant;  ce  sont  les  plus  élevées  et  les  plus  continues.  Nous  avons 
utilisé  un  certain  nombre  de  carrières  adjacentes  à  la  voie,  qui  don- 
nent des  séries  étendues.  Les  fossiles  ont  toujours  été  très-soigneuse- 
ment pris  en  place,  et  les  échantillons  douteux  réservés. 

Dans  ce  travail  en  commun,  qui  a  duré  plus  d'une  année,  les  au- 
leors  ont  fait  ensemble  tous  les  relevés  ;  M.  Yasseur  s'est  spécialement 
occupé  du  dessin,  et  M.  Dollfus  de  la  déterminalion  des  fossiles. 


241     DOLLFUS  ET  VASSEUR.  —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉRY.     18  fév. 


Description  des  couches. 

Nous  divisons  la  longue  étendue  sur  laquelle  il  nous  a  été  permis  de 
relever  des  coupes  de  détail,  en  plusieurs  sections  dans  lesquelles 
l'ordre  ascensionnel,  géographique  et  géolosîque,  des  couches  coïncide 

assez  bien. 

Nous  prenons  la  coupe  à  son  point'le  plus  éloigné  de  Paris  et  aussi 
le  plus  bas,  au  bord  de  TOise,  et  nous  la  terminons  au  point  culmi- 
nant de  la  voie,  près  de  la  station  de  Bessancourt.  La  longueur  totale 
étudiée  est  de  5  kilomètres.  Le  niveau  de  TOîse  est  à  23  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer;  le  point  culminant  des  tranchées  est  à  l'attitude 
de  93  mètres  et  le  sommet  de  la  butte  de  Frépillon  à  169  mètres. 

Voici  le  tableau  de  ces  sections  et  de  leurs  subdivisions  : 

/  a.  Tranchée  de  l'Oise  (calcaire  grossier  inférieur). 
Section  I  (  6.       —       du  palier  de  l'église  de  MéWel  (ctl- 

I  caire  grossier  inférieur) . 

du  val  de  Méricl  <  c.        -        de  la  station  de  Mériel  (calcaire  gros- 

/  sier  inférieur  et  moyen), 

(entre  lOise  et  le  val  de  Mériel) .  f  ^   carrière  de  Mériel  (calcaire  grossier  moyen  et 

\  supérieur). 

ie.  Petites  tranchées  du   kilomètre  27  (calcaire 
grossier  moyen). 
f.  Carrière  Quesnel  (calcaire  grossier  moyen  et 
supérieur). 
g.  Petites  tranchées  de  Méry  (calcaire  grossier  w- 
périeur) . 
h.  Carrière  du  viaduc  de  Mérj*  (calcaire  grossier 
moyen  et  supérieur) . 
Section  III»  /t.       —     Beslier  (calcaire  grossier  moyen  et 

de  la  garenne  Lamoignon       I  supérieur). 

,   ,    ,,  ,  Ij,  Tranchée  Lamoignon  (calcaire  grossier  sup6- 

(entre  le  val  de  Mery  et  la  route J  ^-^^^^  ^^^^^^  ^^y^^^, 

départementale  n*  7).  \k,       —       de  la  gare  de  Méry  (sables  moyeu). 

de  SognoIIe's  [  '•       ""       inférieure  de  Sognolles-Mér}*  (sables 

(entre  la   route   départemenUle)  °»°y«»S'  ^^^^^^^^  ^^  Saint-Ouen). 

n-  7  et  le  point  culminant  de  la  J  *»•      -       supérieure  de  SognoUes  -  Frépillon 
voie,  à  1500-  avant  la  station  f  (marnes  infrk-gypseuses,  gypse  In- 

de Bessancourt).  \  férieur). 

in.  Carrière  Henocque  (gypse,  marnes  bleoei, 
marnes  blanches,  marnes  vertes,  mamef 
à  HultresU 
0.  Village  et  butte  de  Frépillon  (marnes  à  Hultrei, 
sables  de  Fontenay) . 
p.  Plateau  de  Bessancourt  (meulières  de  Montmo- 
rencv). 


1878.  DOLLFUS  ET  VASSEUR.    —  CUEHIN  DE  FEU  DE  HEEY.  215 


Section   !• 

a.  Tranchée  de  VOise,  depuis  Tenlrée  de  la  Irandiée  après  le  pont 
sar  l'Oise  jusqu'au  passage  à  niveau  de  l'église  de  Mériel;  longueur, 
JOOmèlrai;  hauteur  maximum  de  la  tranchée,  8  mètres. 

NoQS  n'avons  pu  obtenir  aucun  renseignement  sur  les  terrains  tra- 
versés dans  le  foncement  des  piles  du  pont  sur  l'Oise.  Le  niveau 
BOfen  de  celte  rivière  est  à  23  mètres  au-dessus  de  celui  de  la  mer; 
Feolrée  en  tranchée  est  à  14  mèires  plus  haut.  La  berge  est  composée 
(Ton  sable  fin,  micacé,  fauve,  comme  celui  que  Ton  voit  à  l'entrée  de 
la  coupe.  Dans  cette  région  les  bancs  ondulés,  soudés  ou  disjoints 
n'étaient  pas  aisés  à  poursuivre  dans  la  distance;  nous  avons  eu  re- 
ooors  à  des  repères  de  peinture  placés  pied  à  pied  ;  cet  artifice  nous  a 
trèî^bien  réussi  et  nous  avons  pu  voir  ensuite,  à  distance,  l'allure 
tnie  du  même  horizon. 

l' Sable  fin,  gris  et  jauae,  glauconieux.  un  peu  micacé,  sans  fossiles  (Sables  do 
Cuife),  visible  sur 1"50 

S"  Argile  grise,  bruoe  et  blanche,  sableuse,  en  lits  non  continus,  lii^c  à  la 
couche  précédente 0.01  à  0.50 

y  Sable  gbacooieux,  calcareux.  à  petits    cailloux    de  quartz  vert,  avec 

fossiles  fiiables,  Dorobreux  (base  du  Calcaire  grossier  inférieur) 0  70 

Celte  couche  passe  à  sa  partie  supérieure,  ou  latéralement  sur  toute  son 
épaisseur,  à  un  calcaire  glauconieux,  solide,  sableux,  grossier,  à  nom- 
breax  moules  de  fossiles  dont  nous  donnons  plus  loin  la  liste. 

f  Calcaire  sableux,  très-grossier,  glauconieux,  plus  ou  moins  vert  et  dur, 

sans  fossiles 0.80 

t^  Calcaire  sableux,  gross<er,  plus  ou  moins  dur,  glauconieux,  généralement 

sableux  à  la  base,  fossilifère 0.40  à    0.60 

DUrupa  plana,  Sow. y  |   LeHUapatcllariSjLiaaésp,, 

Ftcten  escKaroïdes,  Desh.,  Àstropeelen  poritoïdes.  Des  Moul.  sp., 


Ottrea  muUieostata,  Desh., 
*•     cariosa,  Desh., 
—     fiabellula,  Lam., 

iihinolampas  (fragments), 


Nummulites  lœvigala,  Brug.  sp.,  ce, 

—  scabra,  Lam., 

—  Lamareki,  d'Arch.  (1). 


f  Cilcai.*e  glauconieux,  sableux,  arénacé  à  la  base  et  au  sommet,  sans  fos- 
siles  0.50  à    1.10 

T  CaJca«re  glauconieux,  grossier,  un  peu  blanchâtre,  en  bancs  solides,  très- 
fossilifère  (moules)  à  la  base 0.30  à    1.00 


Cardiwn  porulosum,  Lam., 
îeUma  rostralii,  Lam., 
Chôma  calcarata,  Lam., 


Turritella  imbricataria,  Lam., 
Lunulitet  urceolata,  Lam.. 
Turbinolia  tuleata,  Lam..  etc. 


9  Calcaire  glauconieux,  sableux,  arénacé  à  la  base,  sans  fossiles.  .    0.30  à    0.80 
(i;  Je  oe  suis  pas  sûr  que  ces  trois  espèces  soient  distinctes  (G.  D.}. 


iïQ  DOIXFUS  ET  VASSeUR.  —  CHEJILN  DB  FER  DE  HÉRY.  18  fëv. 

0*  Calcaire  glauconieux,  sableux,  avec  rares  Lenita  pcUellaris  et  Lunulitet 

ureeolata 0.70  à    1.00 

10*  Calcaire  grossier,  glauconieux,  un  peu  blanchâtre,  sableux  à  la  base..    0.60 

Lenita  patellarU,  ce,  |    Vineularia  (fragments), 

Cassiduku  faba,  Defr.,  |  NummulUet  scabra,  Lam. 

Grains  de  glauconie  moulés  dans  des  loges  de  Foraminifères  détruits. 

Entre  les  bancs  9  et  10  il  se  développe  vers  Mériel,  dans  une  zone  sa- 
bleuse intermédiaire,  un  banc  solide,  de 0.30  à    0.60 

11*  Calcaire  glauconieux,  grossier,  en  bancs  irréguliers  ;  mêmes  fossiles  que 

dans  10*.  et  en  plus 0.50  à    O.7O 

Eehinolampds  affinis,  Goldf.  sp.,  |   Echinanthus  Cuvieri,  Goldf.  sp. 

19*  Calcaire  grossier  dur,  blanc-jaune,  pointillé  de  glauconie 0.90 

13*  Calcaire  grossier  glauconieux,  en  plaquettes,  avec  quelques  grains  de 

quartz  vert  ;  fossiles  nombreux  (moules) ,  dont  on  trouvera  plus  loin  la  liste.  0.50 
Au-dessus  :  terre  végétale,  épaisse  de  0"60  ;  blocs  éboulés  et  débris 

sur  les  pentes. 

b.  Palier  de  Véglise  de  Mériel,  Cette  tranchée  n'est  pas  dans  l'axe 
de  la  voie,  mais  rejetée  en  arrière,  pour  livrer  passage  à  un  chemin 
bifurqué  qui  monte  à  droite  au-dessus  de  la  tranchée  c  et  à  gauche 
au-dessus  du  terrain  naturel  de  la  tranchée  a.  La  longueur  de  cette 
portion  est  de  llo"",  sa  plus  grande  hauteur  de  7°*,  complétée  par  la 
fouille  de  la  cave  de  la  maison  du  garde  du  passage  à  niveau. 

Au-dessous  do  la  voie  (maison  du  garde),  n**  7  à  11  :  calcaire  glauconieux,  aré- 
nacé  ou  endurci,  sans  changement,  fossilifère. 
11b  Sable  glauconieux,  calcarcux,  blanchâtre,  endurci  par  places,  surtout  dans  les 

0"30  inférieurs;  Xeni/o  patf //an* 0.60  à    1.00 

12b  Calcaire  dolomilique,  grossier,  blanchâtre,  à  points  de  glauconie,  délité 

au  sommet 0.80  à    l.SO 

Idb  Calcaire  dolomitique,  brunâtre,  glauconieux  ;  moules  de  fossiles,  grains 

de  quartz,  dents  de  Squales 040à    0.60 

Filet  argileux,  glauconieux,  très-vert,  à  la  base 0.05 

14b  Calcaire  dolomitique,  glauconieux,  sans  fossiles 1.00  à    1.50 

15b  Dolomie  sableuse,  terreuse,  sans  fossiles 0.20  à    0.40 

16b  Dolomie  sableuse,  ferrugineuse,  glauconieusc,  un  peu  calcaire  par  places  ; 

vestiges  de  fossiles /^r«rf6rafu/a  6ûmiiara;/ 0.50 

17b  Dolomie  sableuse,  calcarifcre,  brun-jaune;  vestiges  de  fossiles  (Turri- 

telles) 0.35  à    0.40 

18b  Calcaire  dolomitique  brunâtre,  dur,  à  moules  de  fossiles  variés,  mécon- 
naissables   0.40  à    0.45 

19b  Calcaire  blanc,  normal,  avec  Milioles,  en  plaquettes  stratiQées  ;  végétaux 

vers  la  base 0.70  à    0.90 

Ce  calcaire  altéré  par  places  passe  à  un  calcaire  dolomitique  jaune, 

pulvérulent. 
20b  Calcaire  dolomitique  dur,  brun-foncé,  à  grandes  cassures,  avec  trous  de 

Milioles  altérées  et  disparues 1.00  à    1.10 


1878.       DOLuras  bt  vasseur.  —  gubmin  db  frr  de  miUiy.  247 

llkDoloime  terreuse,  passant  à  la  terra  végétale l.Oo 

Tare  régétale,  enviroo 1.00 

c.  Trand^  de  la  êtoHon  de  Mériel,  Cctie  coupure,  longue  de  430"^, 
a  nue  hauteur  assez  uniforme  de  8  à  10"^;  elle  comprend  une  voie  de 
ginge  dans  laquelle  Taltération  dolomilique  devenue  complète  con- 
fi»d  tous  les  bancs  distingués  ailleurs  en  une  seule  masse  sableuse 
iMNDOgène.  Elle  commence  au  passage  à  niveau  du  palier  de  l'église 
de  Mériel  et  finit  au  remblai  qui  précède  le  pont  sur  la  route  de  Hé- 
rid  i  Villiers-Adam  et  à  l'abbaye  du  Val,  après  la  station  de  Mériel 
(altitude,  41"  environ). 

12*  Dolonye  brune,  UQ  pou  glauconieusc,  dure  ou  sableuse 0.60  à    1.30 

Cette  couche  se  confond  par  places,  à  la  base,  avec  le  sable  très-glau- 
cooieux  de  la  couche  11b,  qui  est  visible  sur  O'SO  en  contrebas. 
13*  Dolomie  calcaire,  dure,  brune,  en  bancs  continus,  à  grandes  cassures  ; 
Boules  de  fossiles  indéterminables,  dents  do  Squales,  grains  de  quartz 

vert,  glaoconie  ferreuse 0.40  à    0.60 

ia  centre  de  la  coupe  cette  couche  est  tout  entière  transformée,  ainsi 
^  k  suivante,  en  dolomie  pulvérulente,  i}run-jaune,  sans  fossiles. 
Filet  argileux  vert  à  la  base  de  13*^. 
Vt  Calcaire  dolomitique,  brun,  sans  fossiles,  dur,  sableux  et  plus  clair  au 

centre  de  la  coupe 0.90  à    9.40 

U*  Momie  Mbleusc,  brune,  terreuse O.SO  à    0.70 

W  Calcaire  dolomitique,  plus  ou  moins  dur,  à  fossiles  nombreux  (moules), 

lié  à  la  couche  suivante 0.50  à    0.60 


îmknUula  hisinuata,  Lam., 
Chôma  eaUarata,  Lam., 
TiurUeUa  imhriccUaria,  Lam., 


Échinides, 
Foraminifères  altérés. 


17  Sable  dolomitique  jaunâtre,  à  fossiles  variés  et  siliceux 0.15  à    0.50 

l^miiellaimbriecUaria,  L&m.,  \   Ostrea  flabellula,  Làm., 

Foraminifères  altérés,  mais  variés  et  déterminables  : 

Cyihere  (2  espèces  indéterminées), 
Vincularia  fragilis,  Defr., 
—        n.  sp,. 


iUùeulinaringens,  Lam.  sp., 

TrUoeutina  trigonula,  Lam.  sp., 

Molaima  (4  espèces), 

Jfodof aria  (2  esp.), 

ÀheoUna  sp., 

MwmmulUes  variolaria.  Lam.  (1), 

iitrdia  subdeltoïdea,  Jones, 


Crisia  n.  sp.  (2), 
Idmonea  coronopus,  Defr., 
Pustulopora, 
Escharipora,  etc. 


18^  Calcaire  dolomitique  dur,  brun,  à  trous  de  Milioles  et  mauvais  moules  de 

fioMiles 0.30  à    0.50 

OJPéj>  signalée  dans  le  Calcaire  grossier  par  d'Archiac  (Bull,  Soe.  géol.»  3*  sér., 
tXmi,  p.  460;  1861)  (G.  D.). 

n  Cett  Tespèce  que  j'ai  désignée  sous  le  nom  de  C.  angulafa  dans  le  calcaire  à 
Oitilolitn  du  CotenUn  (G.  D). 


248     DOLLFUS  ET  VASSEUR.  —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉaT.     18  fëv. 

19"  Calcaire  normal,  blanchâtre,  stratifié,  à  Milioles  et  points  bruns  végétaux, 
avec  grains  espacés  de  glauconie,  délité  en  plaquettes  au  sommet;  fos- 
siles variés 150  à    2.00 


Diastoma  costellatum,  Lam.  sp., 
Turritella  sulcata,  Lam., 
Fimbria  lamellosa,  Lam.  sp., 
Chama  calcarata,  Lam., 
CrastcUella  limellosa,  Lam., 


Crauatella  compressa,  Lam., 
Arca  quadrilatera,  Lam., 
Fabularia  discolites,  Defr., 
Triloculina  trigonula,  Lam.  sp., 
Alveolina  Boscii,T>etr.  sp. 

20°  Calcaire  dolomitique  dur,  foncé,  à  grandes  cassures,  à  cellules  de  Milioles 
cristallines,  souvent  à  l'état  de  blocs  démantelés  sur  le  calcaire  en  pla- 
quettes   1.10  à    1.80 

21*  Dolomie  terreuse,  visible  seulement  dans  la  première  moitié  de  la  coupe  ; 

Cardita  calcitrapo'ides  silicifiées 1.00 

d.  Carrière  du  val  de  Mériel,  C'est  la  troisième  des  carrières  ouvertes 
dans  le  flanc  gauche  du  vallon  qui  monte  vers  Vil liers-Âdam,  qui  nous 
a  fourni  la  coupe  suivante  (1)  ;  sa  plus  grande  hauteur  est  de  13°^40,  sa 
distance  maximum  de  la  voie  ferrée  de  500™.  La  première  carrière 
étant  presque  adossée  à  la  coupe  c  et  les  bancs  en  étant  semblables 
à  ceux  des  seconde  et  troisième  carrières,  mais  moins  complets  dans 
le  haut,  le  rabattement  dans  le  dessin  a  été  fait  au-dessus  du  pont  qui 
suit  la  gare  de  Mériel  vers  Méry. 

SB.  Calcaire  grossier,  à  Milioles,  fin,  blanc,  dur;  fossiles  nombreux:  Cardita, 

Crassatella,  Chama,  Foraminifères,  etc 0.30 

C.  Calcaire  à  Milioles,  avec  peu  de  fossiles,  en  deux  délits 1.90 

\^  Calcaire  grossier  tabulaire,  dur,  siliceux 0.25 

(  Calcaire  en  deux  bancs,  dolomitique  par  places 2.10 

20^1      A.  Délit  inférieur 1.10 

(      B.  Banc  supérieur 1.00 

21**  Calcaire  grossier  fin,  blanc,  stratifié,  dolomitique  par  places,  avec  fos- 
siles silicifiés  et  débris  d'Algues,  se  reliant  au  suivant 0.30 

22**  Calcaire  grossier  fin,  blanc-jaune,  dolomitique,  à  petits  fossiles  silicifiés  1.40 


Cerithium  dentieulatum,  Lam., 
Rissoa  eochlearella,  Lam.  sp., 
Natica  Lorioli  ?,  Desh., 
Fusus  bulbiformis,  Lam., 
Volvaria  bulloïdes,  Lam., 
Cardita  calcitrapoïdes,  Lam.  sp., 
Cardium  granulosum,  Lam., 
Nucula  subornata,  d'Orb.  (moule), 


23'»< 


Arca  quadrilatera,  Lam., 
—    omata?,  Desh., 

Anomia  tenuistriata,  Desh., 

Trochammina  sp,  ?, 

Tubeschara  bifurcata,  Desm.  etLesuesr 
sp., 

Flustra    ou    Membranipora    (plusieurs 
espèces  sur  de  grandes  Algues). 

A.  Calcaire  grossier,  pulvérulent,  fossilifère,  passant  au  suivant  ....    0.90 

B.  Calcaire  à  Milioles,  dur,  à  tubulures  remplies  d'une  pâte  plus  grosse; 

fossiles  variés  (altitude,  55"). ,    0.80 


Lucina  concentrica,  Lam., 
Arca  barbatula,  Lam., 
Cardium  aviculare,  Lam., 


Natica, 
Milioles. 


(1)  Cette  carrière  appartient  à  M.  Gobel  dit  Bijou. 


Ig73.          DOLLFIJS  ET  VASSEUR.   —  CHEMIN  DE  FER  DE  JIÉAY.  249 

i.  Gilcaire  fin,  dur,  blanchâtre,  pétri  de  Ceriihium  lapidum,  Lam., 
Yir.  b,  passant  à  un  calcaire  en  plaquettes  solides,  blanc,  mar- 

SlMf'{       nQux,  avec  mômes  fossiles 0.90 -|- 0.23  =  .  0.42 

B.  Calcaire  marneux,  à  grandes  cassures,  blanchâtre,  à  CerUhium 

(apûittm;  et  calcaire  marneux  compacte.  .  .  .    0.20 -|- 0.15=  0.35 

SS-SO*  Calciîre  siliceux,  dur,  avec  zones  do  Milioles 0.40  à  0.50 

ST'Xaroeverdàtre,  avec  Cyprîf  blancs  et  Pofamid^f  écrasés.  .  .   .    0.02  à  0.10 

S8*  Calcaire  siliceux,  dur,  celluleux 0.35  à  0.40 

i»^  Marne  d'un  blanc  verdâtre 0.02  à  0.15 

31' Calcaire  dolomitiqae,  à  Milioles,  dur  par  places,  gris  do  fumée 0.70 

Cmlhiumdenticulaium,  Lann.,  i  C^rtf/itum  ind., 


•t 


—      €alcitrapotdes,LsLm.f  I  Cardium  obliquum,L&m. 

m 

i.  Calcaire  siliceux,  fragmentaire,  dolomitique  par  places 0.10 

B.  Calcaire  dolomitique  pulvérulent,  passant  à  un  calcaire  siliceux,  gris.  0.10 

j^A  i.  Marne  brune  et  verte,  avec  quartz  carié 0.02 

r  B.  Calcaire  très-fragmentaire,  avec  un  lit  do  marne  brune  au  milieu.  0.31 

Mail'  Calcaire  dolomitique  en  plaquettes,  avec  fins  granules  siliceux.  .  .  .  0.10 

M  kl' Calcaire  siliceux  gris,  à  Milioles  et  Cérites 0.20  à  0.25 

N*  Calcaire  en  plaquettes  ;  Lucines  et  Cérites  écrasés 0.12 

m^i  Calcaire  dur,  siliceux 0.80 

(  Quartz  carié 0.01 

M*  Calcaire  en  plaquettes  ;  traces  de  fossiles 0.10  à  0.20 

10*  Calcaire  gris,  siliceux,  fragmentaire,  à  Ce  rites  et  Milioles 0.05 

A' Calcaire  tabulaire,  fin,  blanc-jaune  ;  rares  Milioles 0.10  à  0.15 

Spkgma  roUrcUa,  Lam.  sp.,  .   Corbula  anatina,  Lam., 

Sforiella  dubia.  LsiUï,  sp.,  \   CerUhium  iùd. 

tt*  Calcaire  fragmentaire,  siliceux 0.70  à  0.80 

fl'Xame  jaunâtre,  avec  quartz  carié  en  lits  ondulés 0.10  à  0.15 

41*  Calcaire  fragmentaire,  gris,  siliceux 0.50  à  0  70 

40*  Calcaire  grossier  dolomitique,  dur,  celluleux,  fossilifère  (Cérites,  Milioles, 

etc.),  visible  sur 0*30  à  0.40 

Terre  végétale  et  blocs  démantelés 0.30  à  0.40 

Nous  plaçons  la  limite  du  Calcaire  grossier  inférieur  et  du  Calcaire 
groisier  moyen  entre  les  n^'  13  et  14,  au  dessus  du  banc  à  CerUhium 
gi^teum;  nous  plaçons  celle  du  Calcaire  grossier  moyen  et  du  Cal- 
ciire  grossier  supérieur  entre  les  n*^^  23  et  24.  Les  irrégularités  qu'on 
femarque  dans  le  numérotage  de  la  carrière  d  sont  dues  à  ce  qu'ayant 
créé  les  numéros  pour  les  couches  traversées  plus  loin  par  la  voie 
ferrée,  nous  avons  trouvé  à  Mériel  la  série  moins  complète  qu'ail- 
bars  et  différente  en  bien  des  points.  Les  numéros  affectés  du  his  ne 
le  revoient  en  aucun  autre  endroit  de  nos  coupes  et  paraissent  man- 
fOtf  sans  remplacement;  nous  reviendrons  plus  loin  sur  ce  sujet. 


250 


DOIXrUâ  ET  YASSeUR.  —  GUEMIN  DR  FSR  DE  MJtRY. 


18  féf. 


Faune  du  Calcaire  grossier  inférieur. 

Couche  3*. 


Myliohatei  toliapicus,  Ag., 

Otodus  sp.  (dent  roulée), 

Latnna  élégant,  A  g., 

Belosepia  sepioidea,  Bl., 

Nantilus  (fragments), 

Serpula  MellevUlei,  Nyst  et  Lehon  (oper-> 

cule), 
Cerithium  Cuisense,  Desh.  ?, 
Turritella  imbricataria,  Lam., 
Ringicula  ringent,  Lara., 
Bifrontia  bifrons,  Lam., 

—  marginata,  Desh., 
Troehus  (fragments), 
Dentalium  striatum,  Sow., 

—  lueidum  ?,  Desh., 
Corbula  Lamarcki,  Desh., 
Cytherea  polita,  Lam., 
Cratsatella  trigonata,  Lam., 
Cardium porulosum,  Lam., 


Pectun€ul%u  pulvifuUus,  Lam., 
Limopsis  granulahis,  Lam., 
Ostrea  eariosa,  Desh., 
—     eymbula,  Lam., 
Cardita  planicosta,  Lam., 

—  imbrieata,  Lam., 

—  elegans,  Lam., 

—  .  modica,  Lam.  sp., 

—  decussata,  Lam., 
Nueula  (fragments), 
LunulUes  ureeolata,  Lam., 
Sphcenotrochus  crisput,  Lam.  sp., 
Turfrino^ta  xu/ca/a,  Lam., 
Crenaster  sp.  ?, 

NummulUes  lœvigata,  Brug.  sp.,  assez 
rare, 
—  s  cabra,  Lam.,  c, 

Eseharipora  milleporacea,  H.-Edw.  sp., 
Eupsammia  troehiformis,  Pallas  sp. 


Faune  du  Calcaire  grossier  inféneur. 

Couche  13». 


Dents  de  Squales, 

Spir  or  bit  ammonites,  Defr.j  ce, 

Cerithium  giganteum,  Lam.  (perforé  par 

des  Saxicaves), 
Turritella  imbricataria,  Lam., 
Xenophor a  agglutinais,  Lam.  sp., 
Terebellum  sopitum,  Brand.  sp., 
Cattidaria  nodosa,  Brand.  sp., 
Natica  (2  espèces), 
Calyptrœa  lœvis?,  Desh., 
Fimbria  lamellosa,  Lam.  sp., 
Chama  calcarata,  Lam., 
Cardium  porulosum,  Lam., 
Mactra  semisulccUa,  Lam., 


Cratsatella  plumbea»  Chemn.  sp., 
Venus  texta,  Lara., 
Cylherea  lœvigata,  Lam., 
Turbinolia  sulcata,  Lara., 
Lunulites  urceolata,  Lam., 
Sphœnotrochus  crispus,  Lam.  sp., 
Eseharipora  milleporacea,  M.-Edw.  sp., 
Vincularia  fragilis,  Defr.  fnon  Michelin), 
ÀlveolinaBoscii?,  Defr.  sp., 
Orbitolites  complanata,  Lam.  sp.,  r., 
Triloculina  trigonula,  Lam.  sp., 
Quinqueloculina  saxorum,  Lam.  sp., 
Rotalia  troehiformis,  Lam.  sp., 
Spiroloeulina  tp.  ? 


Section  II« 


e.  Petites  tranchées  du  kilomètre  37.  Les  trois  coupes  relevées  dans 
cette  région,  longue  de  432"^,  ont  une  hauteur  de  4'"10  au  maximum. 
On  peut  les  relever  aussitôt  après  avoir  franchi  le  remblai  du  vallon 


1878.            DOLUtJS  ET  VASSBUR.  —  CHEMIN  DE  VER  DE  MART.  8S1 

qui  mène  à  Yilliers-Adam,  à  droite  et  à  gauche  de  la  sente  da  Gibet, 
jusqu'à  42  mètres  du  pont  de  la  carrière  Quesnel  f. 
Notons  une  faille  de  0*^50  au  début  de  la  première  tranchée. 

I 

A.  Calcaire  grossier,  blanchâtre,  siliceux,  en  un  gros  banc,  visible  sur..  0.30 

.  B.       —      pétri  de  Turritelles 0.30 

^  C.       —      en  plaquettes 0.10  à  0.30 

D.       —      dolomitique,  friable 0.30  à  0.10 

A.  Calcaire  grossier  à  Milioles 0.30  à  0.40 

B.  Calcaire  grossier,  très-fossilifère;  Foraminifères  nombreux 0.20 


Cardita  imbricata,  Lam., 
Chôma  calcaraia,  Lam., 


^    Corbula, 


Teredo, 

Fabularia  discolUes,  Defr., 
Orbitolites  complatuiia,  Lam. 
Crassatella  lamellosa,  Lam., 
Feuilles  voisines  du  Phyllites  nereifolius,  A.  Brongnt. 

C.  Calcaire  à  Milioles  en  plaquettes;  fossiles  rares 1.60 

19*  Calcaire  dur,  tabulaire 0.20 

SO*  Calcaire  en  plaquettes,  réduit  et  dégradé 0.75 

SI*  Calcaire  descendu,  en  plaquettes,  avec  ylnomia 0.50  à    2.00 

H 

SO*  Calcaire  siliceux  dur,  visible  sur 0.40 

■ 

SI*  Calcaire  normal,  blanc-jaune,  avec  grains  do  glauconio  rouillée;  Anomia 

tenuislriata,  Caulinites  sp.? 0.30 

S2*  Calcaire  dolomitique,  tendre  et  sableux,  avec  lits  do  rognons  siliceux 
noirs  ;  parties  solides  à  la  base,  sub-normales  ;  empreintes  d'Algues  cou- 
vertes de  Bryozoaires;  fossiles  silicifiés 1.60 

93*  Calcaire  siliceux  k  la  base,  friable  et  percé  de  tubulures  plus  haut  .  .  .    0.30 
Blocaux  et  terre  végétale ....  .  .      .   .    0.60 

III 

S9*  Sable  dolomitique  jaune-blanc,  à  fossiles  siliceux 1.10 


Terebellum  sopitum,  Brand.  sp., 
Natica  sigaretina,  Lam., 

—      Lorioli,  Desh., 
Voluta  tortulosa,  Desh., 
Ditistoma  eostellatum,  Lam.  sp., 
Dentalium, 
Turritella, 


Eipponix  eornucopiœ,  Defr., 

Teredo, 

Arca  barbatula,  Lam., 

Cardita  calcitrapoides,  Lam., 

Venus  texta,  Lam., 

Cardium  granulosum,  Lam. 


23*  Calcaire  grossier  normal,  ii  tubulures  pleines  (altitude,  50"86) 0.35 

24-25*  Sable  dolomitique 0.80 

26*  Calcaire  siliceux,  caverneux,  avec  Milioles 0.35 

97«  Filet  de  marne  verte 0.03 

28*  Calcaire  siliceux,  tabulaire 0.20 

Ëboulis  et  blocaux  sur 0.50 


251  DOLtFUS  ET  VASSEUR.   —  CHEHIN  DE  FER  bE  MÉRY.  18  fôv. 

f.  Carrière  Quesnel.  Cette  carrière,  ouverte  à  10™50  en  contrebas  de 
la  voie,  est  franchie  par  un  pont-viaduc  de  48"^  ;  le  front  exploité  est 
à  4°^  à  gauche  du  tracé;  le  sommet  domine  le  rail  de  4°^. 

16'  A.  Calcaire  dolomitique,  un  peu  cristallin,  bnio-jaun&tre,  à  cellules  vides 

d'anciennes  Milioles  ;  nombreuses  Terehraiula  hisinuata,  h^m 0.60 


TwrrittUa  imbricataria,  Lam., 
—        multisulcata,  Lam., 
Diasioma  eostellatum,  Lam.  sp., 
Chama  calcarata,  Lam., 


Area  eondita,  Desh., 
Cardium  granulosum,  Lam., 
Ostrea  cymbula,  Lam., 
Bryozoaires  et  Foraminifères  ind. 


B.  Délit  ferrugineux,  avecyinomta  tenuittriata. 
17'  Calcaire  grossier,  normal,  à  Milioles,  sans  glauconie,  renfermant  entre 
1"20  et  1"70  (à  partir  de  la  base)  une  zone  de  0"50  pétrie  de  moules  de 
gros  fossiles 2.35 


Turritella  imbricataria,  Lam.,  ce, 
Chama  calcarata,  Lam.,  ce, 
Lucinamutabilis,  Lam., 
Venus, 


Crassatella, 
Àrca,  etc., 

Fabularia  et   autres  Foraminifères  in- 
crustés. 


A.  Calcaire  grossier  à  Milioles  ;  mollusques  rares 0.80 

B.  Zone  fossilifère,  ondulée  ;  moules  très-variés 0.30 

18'{  C.  Calcaire  grossier  à  Milioles,  normal,  semblable  à  A 1.00 

Crassatella  plumbea,  Chem.  sp.,       1    Turritella  terebellata,  Lam., 

Chama  calcarata,  Lam.,  |  Natica,  etc. 

19'  Calcaire  à  Milioles,  dur,  tabulaire 0.20 

20'  Calcaire  fin,  à  Milioles,  dur,  avec  deux  zones  de  petits  moules  de  fossiles 

variés  à  O'-SO  et  l"50  de  la  base 2.30 


Arca  quadrilatera,  Lam., 
Cardita  calcitrapoïdes,  Lam., 
Corbula, 


Terebellum  sopitum,  Brand.  sp., 

Dentalium, 

Orbitolites  complanata,  Lam. 


21'  Calcaire  grossier  jaunâtre,  fossilifère  :  Anomia  tenuistriata,  Milioles,  vé- 
gétaux fCaulinitesJ,  relié  à  22 0.40 

22'  Calcaire  à  Milioles,  blanchâtre,  à  sédimentation  irrégulière,  massif  ou  di- 
visé en  feuillets 1.50 


Cardium  aviculare,  Lam., 
Uodiola  subcarinata,  Lam., 
Lucina  concentrica,  Lam., 
Arca  barbatula,  Lam., 


Nutmla  ParisiensU,  Desh., 
Anomia  tenuistriata,  Desh., 
Orbitolites  complanata.  Lam. 


23'  Calcaire  grossier  à  Milioles,  à  tubulures  remplies  de  grains  plus  jaunes 
et  plus  grossiers  ;  mômes  fossiles  que  ci-dessus  (couche  22)  (couche  à 

Annélidcs)  (sommet  du  Calcaire  grossier  moyen) 0.25 

24' Calcaire  dur,  siliceux,  caverneux,  dolomitique 0.30 

25'  Calcaire  siliceux,  dolomitique;  quelques  fossiles  indéterminables.    0.30  à  0.35 

26' Calcaire  siliceux,  plus  clair,  avec  Céri tes 0.40 

27'  Marne  verte,  avec  vestiges  de  fossiles  saumâtres 0.03 

28'  Calcaire  siliceux,  très-dur,  avec  Côrites 0.25 

29'  Calcaire  siliceux,  disparaissant  parfois  au  bénéfice  de  la  couche  suivante.  0.08 


1878.  DOLLFUS  ET  VASSEUH.  —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉRY.  253 

30^  Marne  blanche  ou  verdâtre,  pouvant  remplacer  le  n*  29 0.08  à  0.00 

31'  Calcaire  à  MUioIes,  stratifié,  avec  Cérites  et  Anomies 0.80 

32' Calcaire  siliceux,  caverneux;  Ceri7/iiMmMiara 0.40 

3^-34'  Calcaire  siliceux,  fragmentaire,  verdâtre 0.30 

3^  Calcaire  siliceux,  à  grandes  cassures,  visible  sur 0.30 

Blocs  remaniés  et  terre  végétale. 

g.  Petites  tranchées  de  Méry.  Les  300  mètres  qui  séparent  la  carrière 
Quesuel  de  celle  du  Yal  de  Méry  montrent  deux  petites  tranchées, 
hautes  de  2°>50  environ,  dont  voici  les  coupes  : 


31*  Calcaire  stratifié,  visible  sur 0.10 

39*  Calcaire  dur,  siliceux 0.30 

33*  Calcaire  siliceux,  à  Milioles 0.30 

Si*  Calcaire  dolomitique,  fossilifère  :  Cerithium,  etc 0.15 

35*  Calcaire  siliceux,  cclluleux,  gris-vert,  en  banc  massif;  Milioles,  Cerithium 

eristatum,  LsLm. 0.50 

36*  Calcaire  fragmentaire,  siliceux,  sans  fossiles 0.60 

3r7*  Marne  verte 0.02 

38*  Calcaire  siliceux,  tabulaire,  dur,  gris 0.S3 

!A.  Marne  blanche *  .  0.02 

B.  Calcaire  à  Milioles,  Anomies,  etc.,  pourri  à  la  base 0.08 

C.  Calcaire  stratifié,  à  Corbules 0.13 

40*  Calcaire  siliceux,  sans  fossiles 0.20 

41*  Calcaire  fin. en  plaquettes;  Corbules,  Cériies,  Sphœnia  angulata,  Cerithium 

lapidum 0.06  à  0.10 

42*  Calcaire  siliceux,  fragmentaire 0.60 

43*  Quartz  carié,  grossier,  ferrugineux 0.05 

II 

41*  Calcaire  siliceux,  à  Cerithium  lapidum 0.10 

42*  Calcaire  siliceux,  fragmentaire 0.60 

43*  Quartz  carié  et  cristallisé  en  rosettes,  dans  un  sable  dolomitique  jaune  ou 

verdâtre 0.03 

41*  Calcaire  siliceux,  fragmentaire,  gris     0.45 

45*  Marne  blanc-jaunâtre 0.05 

46*  Calcaire  dolomitique,  demi-dur,  brun,  terreux 0.40 


Cyrena  sp., 

Sportella  dubia,  Defr.  sp., 
Ànomia  tenuistriata,  Desh., 
Styloeœnia  montieularia,  Sclm.  sp. 


Cerithium  dentieulatum,  Lam., 

—  lapidum,  Lam., 

—  semicoronatum,  Lam., 
Natiea  ParisiensiÉ,  dOrb., 
Cardium  obliquum,  Lam., 

fiboulis  et  terre  végétale. 

h.  Carrière  du  viaduc  de  Méry,  Nous  désignons  ainsi  la  carrière 
qui  s'ouvre  à  gauche  en  remontant  le  val  de  Héry.  Elle  s'ouvre  égale- 
ment au  dessous  et  au  dessus  de  la  voie,  à  gauche  en  venant  delfériel, 
avant  le  pont-viaduc. 


25i  D0IUO8*  ET  TASSEUR.  —  CHEMIN  DE  FER  DE  M^RT.  18  fëv. 

19^  Calcaire  grossier  à  Milioles,  fîo,  dar,  blaao 0.95 

SO^  Calcaire  à  Milioles,  dur,  légèrement  teinté  de  jaune,  en  trois  bancs  : 

A,  inférieur 0.70 

B,  moyen,  avec  articles  de  Crinoïdes 0.18 

Délit  à  empreintes  végétales. 

C,  supérieur,  de  couleur  crème;  quelques  Orbitolites 1.35 

21^  Calcaire  à  Milioles,  fin 0.55 

SS^  Calcaire  blanc,  à  Milioles  et  Orbitolites,  pourri  sur  0*30  au  sommet  ...  1.60 
93^  Calcaire  à  Milioles  et  Orbitolites,  fin,  tendre,  à  tubulures  remplies  de  sédi- 
ments plus  grossiers,  colorés  en  chamois  très-clair 0.30 

94^  Calcaire  siliceux,  à  Milioles,  très-dur 0.95 

95^  Calcaire  siliceux  dur,  ou  dolomitique  et  pulvérulent;  filet  de  Milioles 

dans  une  zone  plus  tendre  à  la  base  ;  Natlces,  Cérites,  etc.  ......  0.25 

96^  Calcaire  siliceux,   gris,  ondulé,  avec  poches  géodiques  blanchâtres  de 
dolomie  pulvérulente;  fossiles  rares  ;  un  filet  avec  Milioles  celluleuses 

à  la  base  .....*.      0.20  à  0.95 

97^  Argile  verdâtre  en  filet,  avec  Cyprtt  et  Potomid^f  écrasés 0.03 

98^  Calcaire  siliceux,  compacte,  dur,  grisâtre , 0.95 

99-30^  Marne  blanche  et  verte,  à  filets  rouilles,  sans  fossiles 0.08 

31^  Calcaire  dolomitique,  dur,  à  Milioles  abondantes 1^0.85 

Cerithium  dentieulatum,  Lam.»  |  Corbula  pisum,  Sow., 

Melania  9p„  {  Grande  Lucine. 

39^  Calcaire  siliceux,  compacte  à  la  base,  celluleux  au  sommet;  moules  de 

Cérites 0.35 

83^  Calcaire  siliceux,  sans  fossiles 0.30 

34^  Calcaire  altéré,  avec  Milioles,  Cérites,  etc 0.90  à  0.40 

35^  Calcaire  siliceux,  pulvérulent  par  places 0.40 

36' Calcaire  siliceux,  fragmentaire,  gris 0.95 

31^  Filet  de  marne  brune  et  verte,  feuilletée 0.09 

38' Calcaire  siliceux,  jaunâtre,  à  grandes  cassures '.  0.27 

39'  Calcaire  granulé,  tendre  par  places,  avec  silex  noir,  quartz  carié,  granu- 
lations blanches,  parfois  en  plaquettes  solides,  siliceux  et  endurci. 

Lucina  saxorum,  La  m.,  |  Cerithium  îapidum,  Lam., 

Anomia  tenuistriata,  Desh.,  |  —        ind. 

40^  Calcaire  siliceux,  gris,  réduit  à 0.06 

.,,r  A.  Calcaire  stratifié,  tabulaire 0.12 

(  B.  Délit  argileux,  gris  et  jaune 0.04 

42^  Calcaire  siliceux,  fragmentaire,  gris 0.80 

43'  Marne  feuilletée,  brune,  jaune  ou  verdâtre,  avec  quartz  carié 0.05 

44'  Calcaire  siliceux,  fragmentaire,  avec  cellules  jaunes  à  la  partie  supérieure.  0.70 

45'  Filet  de  marne  verdâtre 0.03 

A.  Calcaire  siliceux,  dur,  avec  rognons  très-siliceux 0.10 

.gi^i  D.  Calcaire  à  Milioles,  tendre,  sableux;  fossiles  variés 0.99 

C.  Calcaire  gris,  siliceux,  à  cassure  en  dés 0.05 

D.  Calcaire  solide,  à  Milioles  et  autres  fossUes 0.95 


Cerithium  dentieulatum,  Lam., 

—        semicoronatum,  Lam., 
Natiea  Parisiensis,  d'Orb., 
Cardium  obliquum,  Lam., 


Cyrena  aff.  C.  deperdita, 
Anomia  tenuislriata,  Desh., 
Styloeœniamonticularia,Schu.  sp., 
Foraminifères  nombreux. 


1878.  DOLLPUS  ET  VASSEUR.  —  CHEMIN  DE  FBB  DE  lÊÈKT.  S5S 

Blocs  éboulés  et  terre  végétale 1»00 

Dans  cette  deuxième  section  les  couches  plongent  normalement  au 
sud,  en  contre-pente  de  la  voie  ;  ce  plongement  est  masqué  en  partie 
par  répaississement  progressif  des  couches  dans  la  même  direction. 

élection  m. 

t.  Carrière  BesUer.  Cette  carrière,  qui  s'ouvre  à  I6°*70  en  contrebas 
de  la  voie,  au-dessous  et  à  droite  du  viaduc  de  Méry,  constitue  une 
excellente  récapitulation  des  coupes  particulières  de  la  précédente 
section  (1). 

■ 

f  A.  Calcaire  à  Hilioles,  tabulaire;  quelques  moules  de  petits  fossiles  .  .  0.30 

Vff  B.             id.                ,  un  peu  plus  grossier,  k  Fabularia 0.40 

I  C.             id.                ,  fin.  en  trois  bancs  :  0-80, 0-50  et  1"00 2.30 

19*  Calcaire  à  Milioles,  tin,  tabulaire 0.30 

i  A.  Calcaire  à  Milioles.  fin,  en  trois  bancs  :  0""20,  0"50  et  0»15 0.86 

[  B.  Calcaire  à  Milioles,  fin,  normal,  en  deux  bancs  de  O'SO 1.20 

SI*  Calcaire  à  Milioles,  séparé  du  suivant  par  un  faible  délit 0.40 

23*  Calcaire  à  Milioles,  fin,  blanchâtre,  pourri  sur  les  O'ôO  supérieurs,  lié  à  23.  1.50 

&  Calcaire  fin,  blanchâtre,  à  tubulures  crème  plus  grossières  ;  fossiles  variés.  0.30 

24*  Calcaire  siliceux,  très-dur 0.24 

25-26^  Calcaire  à  Milioles  altéré 0.30 

27  Filet  argileux,  vert 0.02 

2B^  Calcaire  siliceux,  très-dur .' 0.25 

28^  Calcaire  siliceux,  en  blocs  arrondis  à  la  partie  supérieure 0.25 

30^  Jf ame  verte  et  quartz  carié 0.10 

sr  Calcaire  très-dur,  à  Milioles  et  Cert7/iium  denticulatum 0.40 

^  Calcaire  siliceux,  caverneux,  argileux  à  la  base 0.35 

88-34'  Calcaire  siliceux,  avec  zone  de  Milioles  au  sommet,  lié  à  35..  .  .  .  .  0.50 

36^  Calcaire  siliceux,  dur O.ôO 

96^  Calcaire  blanc,  fragmentaire 0.40 

7i*  Filet  de  marne  verte,  avec  calcédoine 0.01 

3t^  Calcaire  siliceux,  tabulaire 0.30 

ay  Calcaire  tendre,  à  granules  blancs  et  Lucina  saxorum 0.04 

4tf  Calcaire  blanc,  stratifié,  avec  ganglions  siliceux 0.22 

41  W.  Marne  brunâtre,  feuilletée,  à  silex  noirs,  irrégulière 0.04 

41' Calcaire  siliceux,  tabulaire;  rares  Corbules 0.12 

48^  Calcaire  siliceux,  gris,  très-fragmentaire,  à  taches  blanches  stratifiées, 

marneuses,  sans  fossiles 0.85 

49  Marne  feuilletée,  brune,  avec  quartz  carié  jaune 0.05 

41^  Calcaire  siliceux,  gris,  fragmentaire,  analogue  à  42 0.65 

48^  Marne  tendre,  jaunâtre 0.10 

W  Calcaire  à  Milioles,  à  grandes  cassures,  un  peu  grossier,  avec  un  banc 

siliceux,  en  dés  de  0"05  à  0"10  dans  le  bas 0.45 

d)  Cette  cirrière  se  prolongeant  en  cavage  très-loin  dans  la  coUiDO,  sous  la  voie 
ferrée,  a  dû  être  consolidée;  les  matériaux  appartenaient  aux  couches  19  et  20. 


256  DOLLFUS  ET  VASSEUR.   —   CHEMIN  DE  FER  DE  MÉRY.  18  Tév. 

Cerxthium  dentieulatum,  [      Cardium  obliqtium, 

Styloccmia  montieularia,  | 

4?  Lit  mince  de  quartz  carié 0.09 

48'  Calcaire  siliceux,  très-dur  à  la  partie  inférieure 0.35 

49*  Calcaire  blanchâtre,  marneux,  à  filets  siliceux 0.50 

50*  Marne  tendre,  gris-jaune,  à  rognons  siliceux  au  sommet 0.20 

51'  Calcaire  à  Milioles,  marneux  à  la  partie  supérieure 0.5M 

52^  Alternances  de  marne  gris 'blanc  et  de  quartz  carié 0.13 

53*  Calcaire  très-siliceux 0.18 

54'  Marne  blanche 0.25 

Niveau  de  la  voie. 

j.  Tranchée  Lamoignon.  Pour  raccorder  plus  sûrement  cette  tran- 
chée importante  (5iS'"),  qui  montre  le  contact  inférieur  des  Sables 
moyens,  nous  avons  fait  exécuter  une  fouille  de  4"O0  à  32  mètres 
après  le  passage  de  la  sente  du  Garde  ;  cette  fouille  rejoint  les  couches 
supérieures  de  la  carrière  Beslier,  nous  permettant  de  donner  ainsi 
une  coupe  sans  lacunes  ni  hésitation,  à  travers  toutes  les  caillasses. 
Nous  reprenons  le  numérotage  à  1°^85  en  contrebas  de  la  voie. 

54j  Marne  blanche 0.30 

5,'^  Calcaire  marneux,  un  peu  fragmentaire,  jaunâtre 0.10  à  0.15 

ÔCJ  Calcaire  très-tendre,  gris 0.10 

57j  Calcaire  jaunâtre,  fragmentaire,  siliceux 0.08 

58j  Calcaire  marneux,  tendre,  gris 0.15 

5gj  (  A.  Calcaire  siliceux,  en  dés 0.05 

(  B.  Calcaire  marneux,  grumeleux,  avec  blocs  siliceux 0.15 

«Oi  Marne  grise  très-tendre,  passant  à  un  calcaire  friable,  avec  vestiges  de 

Cérites  (altitude,  60™90) 0.40 

61j  Marne  brun-verdâtre 0.01 

62J  Marne  blanchâtre.  .  .  ' 0.08 

631»  Calcaire  siliceux,  Ubulaire 0.22 

64j  Marne  jaune,  panachée  de  parties  siliceuses  irrégulières  (1) 0.25 

65j  Calcaire  blanchâtre,  fragmentaire,  tendre  à  la  base 0.10  à  0.20 

OGJ  Marne  feuilletée,  brunâtre  ou  verdâtre,  avec  taches  blanches  calcaires.  .  0.01 

67J  Marne  crème,  tendre  et  douce 0.15 

68Ej  Calcaire  solide,  gris,  dolomitique  ;  Milioles  et  mollusques 0.15 


Cerithium  dentieulatum,  Lam.  (2  var.), 

—       cristatum,  Lam., 
Natica  Parisiemis,  d'Orb., 


Lueina, 
Bryozoaires,  etc. 


60j  Calcaire  siliceux,  sans  fossiles^  un  peu  fragmentaire 0.25 

7Qi  Filet  de  marne  feuilletée,  très-brune,  ferrugineuse 0.01 

71j  Calcaire  siliceux»  jaune,  à  grandes  cassures,  sans  fossiles 0.40 

72j  Calcaire  siliceux,  fragmentaire,  à  Cérites 0.06 

(l)  Les  couches  6Qj  à  64j  sont  atteintes  à  l'entrée  de  la  tranchée  par  deux  ravi- 
Domenis  quaternaires  profonds. 


1878.  DOLLFUS  KT   V.VSSKUR.    —  CHEMIN   DE  FiiR   DE   MKttY.  237 

laij  Mame  li*ès-blanche,  temiro. O.OL 

74j  MarDe  verte,  feuilletée 0.01 

75j  Calcaire  marneux,  crème,  à  lits  endurcis 0.26 

_  p  A.  Calcaire  siliceux,  crème. 0.16 

*  B.  Le  même  stratifié  en  plaquettes 0.13 

Tïi  Calcaire  siliceux,  tabulaire 0.15 

"îSi  Marne  blanche 0.25 

79j  Calcaire  très-siliceux. 0.20 

80i  Marne  calcaire,  blanche,  fragmentaire 0.30 

81j  Calcaire  siliceux,  compacte 0.20 

8â3  Marne  blanche,  crasseuse 0.12 

r  A.  Calcaire  désagrégé,  arénacé,  dolomilique,  fossilifère 0.40 

8:|J  }  B.  Calcaire  très  dur,  fossilifère  (moules) 0.25 

C.  Calcaire  stratifié  dur,  fossilifère,  dolomilique  et  friable  par  places.  .  0.20 

Turritella, 
Trochu^, 


Fu9us  angulatuf,  La  m.. 
Natùa  Paritienus,  d'Orb., 
Cerithinm  pleurotomiidef,  Lam., 

—  Bjnelli,  Desh., 

—  Blainvillei,  Desh . , 

—  dcnticulatum,  Lam.,  var.  con- 

tiguum,  Desh., 

—  unisulcatum,  Desh., 
Salariiim. 


Trignnocœlia  crassa,  Desh., 

Cardinm  obliquum,  Lam., 

Modiola  crenella,  Desh.. 

Lucinay 

Cardita. 

Nue  nia. 


L'état  dolomilique  de  la  roche  n'a  laissé  subsister  aucun  Foraminifère. 
ft4i  Calcaire  marneux,  blanc,   concrétionné.  fragmentaire;  conLict  inférieur 

Irès-nel 0.35 

85j  Calcaire  très-siliceux,  très-dur,  tabulaire;  rares  Cérites 0.15 

9Sé  Calcaire  marneux,  fragmentairt*,  sans  fossiles 0.35 

Kîl  Argile  brunâtre  ou  verdàtre,  avec  parties  calcaires  blanches 0.10 

SBI  Marne  calcaire,  blanchâtre,  endurcie,  fragmentaire,  à  cassures  chargées 

dcdendritcs;  nodules  calcaires  à  la  base;  traces  de  Cérites  ;  sommet  du 

Calcaire  gro'îûer 0.45 

8Gi  Argile  Uès-sableuse,  grise  ou  jaunâtre,  avec  galets  noirs  très-roulés,  sans 

fossiles 0.05 

90!|  Sable  blanc  ou  j:iune,  fin.  sans  fossiles  ni  galets,  argileux  à  la  base.   .   .     1.30 

91j  Sable  jaune,  avec  galets,  blocs  do  grès  et  fossiles  roulés  épars 0.50 

9^  Grès  dur,  grisâtre,  impur,  masqué  par  un  empierrement  au  centre  de  la 

tranchée  sur  Hô™ 0.40  à    0.70 

mû  .Sable  grossier,  jaune,  ferrugineux  ou  hlanf^hAlio,  h  galets,  poudingues  et 

débris  roulés  variés;  Nummulite^  viriolaria  et  autres  fossiles  dont  on 

trouvera  plus  loin  la  liste 1.60 

(Vers  le  passage  à  niveau  il  s'intercale  ici  un  banc  de  grès  avec  ondulations 
remarquables.} 
94i  Sables  et  grès  blancs,  purs,  sans  fossiles  ni  galets,  passant  à  un  grès  ù 

cassure  biaise. 2.40  à    3.00 

93i  Grés  blanc,  tabulaire,  continu. 0.50 

9Qi  Sable  calcareux,  jaune,  demi-tin,  passant  à  des  gros  feuilletés,  à  stratiH- 

eatioD  oblique,  surtout  au  sommet;  NummulUes  variolaria  et  fossiles 

nombreux  dont  nous  donnons  plus  loin  là  liste 1.70 

HT]  Sable  blanc,  fin.  sans  fossiles,  visible  seulemrînt  au  centre  et  au  sommet 

17 


238  DOLLFUS   RT   VASSEL'R.    — •   CHKMIN    DE   FEJV    DE   MÉUY.  i8  fév. 

(\o  la  tranchée  fO^OO  du  rail),  sur 0.50 

Il  passe  h  la  Icrro  de  bruyère,  qui  a  0"80. 

k.  Tranchées  de  la  gare  de  Méry.  Dans  cette  région  de  522  mètres, 
qui  commence  au  passage  à  niveau  du  chemin  de  Méry  à  Frépillon, 
pour  finir  à  la  roule  départementale  n®  7,  nous  observons  deux  tran- 
chées. La  première,  de  200*",  fait  suite  à  la  tranchée  Lamoignon  et  ne 
montre  que  des  sables  blancs  ou  jaunes,  sans  fossiles,  n**  94,  super- 
posés à  des  sables  à  Nummulites  variolana,  n^  93,  et  surmontés  par 
un  banc  de  grès  tabulaire,  n®  95;  des  éboulis  sableux  et  terreux  puis- 
sants apparaissent  au-dessus. 

La  seconde  tranchée,  située  à  la  station  même  de  Méry,  montre  : 

94- 95*  Sable  jaune,  sans  fossiles,  parfois  blanc,  avec  rognons  gréseux  alignés 
vers  la  partie  supérieure  :  visible  lant  dans  la  cave  du  garde-barrière 
qu'au-dessus  des  rails  (1.50  +  1.00) S^SO 

A.  Grès  tabulaire,  à  grandes  cassures,  à  stratification  oblique;  Num- 
<         muliles  variolaria,  Ostrea,  etc. 0.50 

B.  Sable  jaunâtre,  à  Nummulitcx  variolana,  galets,  etc 0.50 

se  confondant  avec  le  limon  du  bois l.oo 

Faune  des  Sables  moyens  (partie  inférieure). 

Couche  93. 


1^. . 


Lamna  elegam,  Ag., 
Otodus  obliqnus,  A 
Psammoearcimis  Hericarti,  Dos  m. 
Turritella  ïleherti,  Desh., 
Corbula  gaUica,  La  m.. 
Pcctcn  plebeius,  La  m., 
Ostrea  lamellaris,  Lam., 

—  dorsata,  Desh.. 

—  Defrancei.  Desh., 

—  plicata,  Defr.. 

—  gryphina,  Desh.. 
Trochoseris  dislorla,  Mich., 
Slylocœnia  emarciata,  Lam.  sp.. 
Turbinolia  dUpar,  Defr., 

Pectunculus  pulvinatu^,  Chama, 
Echinoryamn^,  etc.,  remaniés. 


Circophyllia  fruiiratu,  Goldf.  sp., 
Mddrepora  Solanderi,  Defr., 
sp.,  Litharea  Deshayesi,  Mich.  sp., 

ÀTopora  Solatidfri,  Defr.  sp., 
Lobopsammin  cariosa,  Goldf.  sp.. 
Astreopora  panicfa.  de  Blainv.  sp., 

—  aapcrrima,  Mich.  sp.. 

Nummulites  vario/arta,  Lam.  sp.. 
Flustra  (2  espèces  nouvilles). 
Foraminifères  roulés, 
Serpnlu. 
Clionia, 
Enlomostracés, 

CardiUt,  Lucina  saxorum,  Ceritkiunif  Cidaris, 


Faune  des  Sables  moyens  (partie  inférieure). 

Couche  91). 


lamna  elega^us,  Ag., 
Psammocarcinus  Hericarti,  Dcsm.  sp., 
Corbula  gallica,  Lam., 
Cytherca  chgau^.  Lam.. 


Cyrena  deperdita,  Desh.. 
Trigonocœlia  cancellatn,  Desh. 

—  média,  Desh . , 

Cardita  sulcn'a,  Brand., 


1878. 


DOLLFUS  ET   VVSSRUa.    —   OHKMIiN   DE    FER    DE  MÉRY. 


259 


Car  dit  a  atpera,  La  m., 

Teredo  fp., 

Melania  lactea,  Lam.. 

—      hnrdacea,  Lain., 
Oxtrea  dorsata,  Desli.    -0.  hifhrida  in- 
cluse?), ce, 

—  lameilari<,  Desh.,  r. 

—  eucuHari^t  Lam.,  r.. 

—  plient  a  j  Dofr.,  r, 

—  gryphina.  Dosh..  r, 
Turbinjlia  dispar,  Defr., 
Lobopitammia  cnrioia,  iiohlf.  .vp., 
Trocho^eri^  distorla,  Mich.  sp., 
Madrepora  oruata.  Mich.. 


Madrepnra  de  for  mi  s,  Mich.   sp., 

—  Solunderi,   Mich.    (le  môme 

que    Dendracis  Geriillei , 

Defr.  sp.?), 
Àxopora  Solanderi,  Defr.  sp., 
Circopkyllia  truticata,  Goldf.  sp., 
Astreopura  asperrinia,  Mich.  sp., 

—  panicea,  Blaiuv.  sp., 
Stylocœnia  emarciata,  Lam.  sp., 
Nummulites  variolaria,  Lam.,  ce. 
Autres  Foraminifères  rouUs. 
yummidiles   lœvigata,    Cerithium   lapi- 

dnm,  etc..  remaniés. 


Section   IV. 


/.  Tranchca  de  SojfioUes-Milry,  CtHte  tranchée,  l'une  des  plus 
importantes  de  noire  coupe,  est  fort  longue.  Nous  commençons  la 
coupe  au  niveau  de  la  vole  de  garage  d'un  atelier  de  chargement  de 
(ûtTres  de  taille. 

96'  Grès  oblique,  à  Nummnlitc^  varinlaria;  surfac'3  ou  luléc  eu  rides  orien- 
tées E.  35*  N.,  crêtes  espacées  de  l™,  dépressions  de0"15. 

97"  Sable  blanc,  jauni  à  la  base,  avec  zones  ferrugineuses,  sans  fossiles  .   .  2.50 

98'  Grès  dur,  tabulaire,  à  surface  mamelonnée,  sans  fossiles.   .    ,    .     O.JOà  0.50 
Ce  grès  brisé  en  grandes  dalles  descend  par  étages  sur  la  pente  des 
sables  au  contact  du  limon. 

99*  Sable  noir.  ligniteux 0.10 

400"  Sable  verdAtre,  à  fossiles  nombreux  (voir  la  liste  plus  loinj  .   .     0.35  à  0.40 

101'  Grès  fossilifère,  blanc,  irrégulièrement  agglutiné 0.07 

1021  .Sable  blanchâtre,  fossilifère 0.09 

103^  Grès  fossilifère,  à  surface  mamelonnée O.L'J 

Les  fossiles  des  couches  100  à  103  paraissent  les  mentes  du  haut  en 
bas  :  Cerithium  scalaroïdes,  C.  Bmei,  Cyreat  dcperdila,  etc. 

104'  Sable  blanc,  calcareux,  consistant,  marbré  de  jaune,  sans  fossiles    .   .   .  0.30 

105'  Grés  calcarifère.  avec  vestiges  de  fossiles 0.05 

lOÔ'  Calcaire  blanc,  dur,  sans  fossik»s 0.17 

107*  Sable  calcareux,  blanc  ou  jaunAlre.  d'épaisseur  variable,   avec  fossiles 

nombreux  (voir  plus  loin  la  liste);  Àvicula  Dcfrnncei 0.00  à  0.15 

108»  Filet  marneux,  vert 0.03 

J09'  Alternances  de  fdels  très-lins  d'argile  grise  et  de  sable  un.  blanc-gris, 

avec  silex  noir  interstratilîé  (altitude.  "D^j 0.15 

110"  Calcaire  marneux,  couleur  crème,  avec  veinules  argileuses,  vertes.   .   .  0.15 

i\V  Filet  argileux,  ligniteux 0.02 

11?  Calcaire  marneux,  tendre,  couleur  crème 0.21 

U3*  Calcaire  dur.  à  veinules  vertes,  en  deux  bancs,  renfermant  parfois  une 

zone  de  calcaire  tendre;  Bithinies  écrasjcs O.Sg 

Jli*  Calcaire  tendre,  sans  veinules  ni  fossili's 0.3»)  à  0.40 


200  DOLLFUS   ET   VASSKUR.    —  CHKMIN    DH   FKR   DK   MÉilY.  18  fév. 

115'  Calcaire  Mann-cn^ine,  plus  «m  moins  dur  et  marneux,  stratifié;  deux  ou 

trois  riolils  a>>ez  nets;  Hithimaatamn^.Di^'U 0.98 

IIG'  Cnicairo  trrs-dwr.  stralilié;  rares  Bilhinies 0.38 

/Marnos  blanches,  tendres,  avec   Cyr lostoma  inumia,  Lâm,,  Bithinia 
pu^illa,  Desh.,  B.  subulata,  Desh.: 

A.  Maine  à  flyclcstomes O.Of) 

R.  O^'Tï'lz  f'aï'iô  dans  un  tilel  ferrugineux 0.03 

in' \    C.  Marne  l)lant]ie  h  Cycluslomes 0.12)       0.40 

D.  Marne  à  Bithinies 0.02 

E.  Marne  sans  fossiles 0.03 

F.  Marne  fissile,  avec  Cyclostomes  dans  les  délits 0.08 

G.  Marne  sans  fossiles;  Cyclostomes  sur  le  délit  supérieur.     0.07 

118'  Marne  brunâtre,  avec  Bithinies  écrasées 0.01 

119'  Marne  blanche,  tendre,  avec  nombreux  Cyclostomes 0.11 

120'  Calcaire  dur.  avec  vesti^'es  de  Bithinies  :  un  délit  marneux  au  milieu.   .     0.16 

121'  Marne  crème  ou  rosée,  h  Cyclostomes 0.07 

122'  Filet  couleur  cafi'».  avec  Bithinies  écrasées 0.02 

123'  Marne  blanche,  à  /il (/uM l'a  afoini/s.  Desh 0.15  à    0.25 

121'  Calcaire  dur,  à  veinules  vertes;  délit  supérieur  marneux,  vert.   .       .   .     0.05 

125'  Calcaire  dur.  siliceux 0.07 

126'  Marne  gréseuse,  sableuse  même  au  sommet,  verdàtre  ou  jaunâtre,  avec 

un  filet  brun  h  la  base 0.15  à    0  20 

127'  Grès  verdAtre,  calcaiifère.  fissile 0.15 

128'  Argile  saldeuse,  verdàtre  (mi  rouill.'e.  délitée,  avec  fossiles  comprimés  :    0.25 

Psanvuibia  Baudoui ?, 


Ccrithium  pleurotnmonîrf:,  Lain..   ce, 

—        hicarinatum?,  Lam.,  r. 
Paludina  Mathcroni?,  Desh., 
Planorbi^, 
Cardinm  granulosum,  Lam..  c. 


Cythcrc  u.  sp. ,  aff.  C.  Jurinci, 

MiJnst..  ce. 
Débris  de  Poissons. 


129'  Calcaire  tendre,  h  Bithinies  :  li.  alomu^.  Desh..  D.  pnsilln,  Desh.  0.07  à    0.20 

130'  Calcaire  dur.  à  Bithini«'s 0.05  h    0.18 

131' Marne  blanche,  crème,  tendre 0.10  à    0.15 

132'  Calcaire  marneux,  couleur  boi.*»,  grumeleux;  grumeaux  de  petits  cailloux 

calcaires  arrondis 0.05  à    0.12 

133'  Marne  blanchAfre,  crayeuse,  assez  dure,  avec  Fucoïdes?  .   ...    O.îO  à    0.16 

181'  Calcaire  dur,  .siliceux 0.20 

135'  Calcaire  tendre,  marneux,  avec  lests  brisés  de  coquilles.   ...     0.30  k    0.50 

136'  Calcaire  siliceux,  sans  fo.>>hiIes 0.45 

137' Calcaire  compacte,  avec  rognons  très-durs 0.15 

138'  Marne  couleur  de  chocolat  ou  lie  de  vin.  à  n")gnons  de  silex  à  surface 
bleu-turquoise  et  blanche,  couleurs  variables  suivant  le  degré  d'humi- 
dité; débris  de  coquilles 0.00  à    0.10 

Cette  cou<-.he  apparaît  entre  les  deux  ponts  supérieurs  à  la  voie  et 
prend  vers  le  second  sa  plus  gramle  épaisseur.  Comme  nous  l'avons 
dit  pour  le  Calraire  grossier,  les  couches  plongent  et  s'épaississent  au 
sud-sud-est,  en  «rcuitre- pente  de  la  \oi(î. 

130'  Calcaire  siliceux,  blanc  ou  jaune,  pétri  de  fossiles 0.06 

limiirra  lonffixcnta.  Brong.,  |       Planorbis  rotnndatu^.  Brard. 

14t>'  Calcainî  siliceux,  sans  fossiles 0.25  à  0.30 

lil'  AriîilevcrdAtro  ou  jaunâtre,  panachée,  stratifiée 0.05  à  0.20 


1878.  DOLLFLS  ET   VASSKL'll.    —  CHEMIN    DK   FEU   DE  MÉilY.  261 

142*  Calcaire  siliceux,  dur.  sec 0.07 

143'  Banc  de  grès  verdàlre,  à  fossiles  fen'U;£,Mneux  déformés 0.20 


Cerithium  Cordieri,  Desh.,  var., 

—  tricarinatum,  Lam., 

—  echidnoïdes  ?,  \.2iin., 
Natita  Pari^iemis,  d'Orb., 
Cardium  sp.?. 


Psammobia    neglecta?,    Desh.,  un  peu 

plus  in^iquilatirale  que  le  type, 
Cardita  pusilla,  Desh., 
Diplûdoula  ind., 
Lncina  (deux  espèces) . 


144'  Sable  vert,  un  peu  argileux,  passant  par  oxydalion  à  un  sable  jaun?, 
ferrugineux,  avec  rognons  gréseux,  arrondis,  très-durs,  surtout  à  1"20 
et  4"10  de  la  base;  au  sommet,  tablettes  gréseuses;  à  la  partie  moyenne, 
un  banc  à  fossiles  très-friables 5  50 

Ostrea  plicata,î)^fr.,  |       Lucina  saxonim,  Làva., 

—      (iar$a/a,  Desh . ,  )       Cardita  sp. 

145' Marne  blanche 0.00  à  0.20 

116' Argile  brune  et  verte,  feuilletée.         0.03 

14T  Calcaire  siliceux,  tabulaire 0.20  à  0.50 

148'  Marne  jaunâtre  (couleur  mastic),  fossilifère,  se  développant  aux  dépens 

de  la  couche  117;  points  ferrugineux,  végétaux 0.00  à  0.07 

149*  Marne  verte  et  brune,  feuillet -e.  fossilifère  (allitude,  90%0).   .   .     0.15  à  0.30 

Pholadomya  Lndensis,  Desh.,  |       Corbula  pixidicuîa,  Desh.. 

Crassatella  Desmaresti,  Desh.,  |       Psammobia  sp.  ? 

150'  Calcaire  siliceux,  finement  slralilié,  fossilifère,  visible  seulement  à  l'étal 

disloqué  à  l'extrémité  de  la  coupe 0.00  à    0.10 

Pince  de   Crusia(^6  {Psammocarci nus  [       Cardita  divergeas,  DcsU,,  dcujLXixv., 
Hericartif),  \       Cardium  granulosum,  Lam., 


Corbula  pixidicuîa,  Desh., 
Crassatella  Desmaresti,  Desh., 


Anomia, 
Lucina,  etc. 


151'  Quartz  carié,  grossier,  ferrugineux 0.03  à  0.07 

152'  Calcaire  siliceux,  dur 0.20  à  0.30 

153'  Marne  blanche,  à  points  ferrugineux 1.00 

Cette  dernière  couche  n'est  visible  que  sous  le  second  pont;  elle  se 

confond  avec  la  terre  végétale,  (pii  a  égalemonl 1.00 

m.  Tranchée  de  Sor/nolles-FnlpiUon.  Cette  petite  tranchée  occupe  le 
point  culminant  de  la  voie  et  n*a  que  225  mètres;  elle  est  ouverte  dans 
le  gypse  et  présente  à  l'entrée  un  éboulement  important  en  V,des  mar- 
nes suprà-gypseuses  et  des  sables  supérieurs  aux  meulières,  dans  uu 
ordre  normal.  Comme  cette  tranchée  du  gypse  ne  montrait  pas  à  la 
base  les  couches  supérieures  de  la  tranchée  précédente,  nous  y  avons 
fait  exécuter  une  fouille,  qui  à  S™50  en  contrebas  du  rail  a  retrouvé 
les  marnes  à  Pholadomya.  Voici  la  coupe  observée  ; 

149"  Marne  verte  et  brune,  à  Pholadomya,  visible  sur 0.10 

f  A.  Calcaire  gréseux,  en  pla(|uotles,  à  fossiles  écrasés  :  Cardita,  AnO" 

150"  mia,  Psammobia,  qU' O.Ot 

'  B.  Cah'airo  siln.rux  «»u  marne  >iii''.'Mse,  à  roliaits  an;:uh'ux (MK 


2G2  DOLLFtS   KT  VASSUni.    —  CHh!UlN   DK   FIIU   DK   MKUV.  18  flW. 

I</.  Filet  (le  quartz  can«>  très-grossier 0.03 
b.  Marne  légèrement  feuilletée.,  brune  ou  blanche,  avec  cristaux  de 

quartz 0.09 

f.  Filet  sableux,  rougeâtre  ou  jaunâtre 0.005 

152-153"  Marne  calcaire,   blanchâtre,   dure,  h  cassures  ferrugineuses,  rou- 

geâtres;  on  y  remarque  un  6Iet  de  gypse  de  0"005  à  0"05  du  haut.   .   .  0.6H 

154"  Filet  argileux,  brun-rougeâtre,  ferrugineux 0.05 

155"  Marne  jaunâtre,  avec  rognons  de  gypse,  surtout  au  sommet 0.60 

156"  Marne  brunâtre,  tendre,  avec  gypse  lenticulaire,  lié  à  155. O.OC 

/  a.  Filet  de  gypse  en  fer  de  lance 0.02 

157"  j  b.  Gypse  grossièrement  cristallisé 0.18 

(  c.  Gypse  en  gros  cristaux  (pied  d'alouette) 0.V2 

158"  Gypse  saccharoïde 0.12 

159"  Marne  feuilletée,  jaune,  à  fossiles  écrasés 0.-20 


Bairdia  gp.  aiï.  B.  punctatella,  Bosq., 

ce, 
Lucina  inomata,  Desh.   (non  L.  lie- 

béni], 
Corbulomya  triangnla,  Nyst, 
—         Chevalieri,  Desh., 


Cythrrca  clcgaas,  Lam.. 

yncula  s  p.  ?, 

Planorbif  ind., 

Cerithium  obliquatnm  ?,  Desh. , 

Turritella  iuccrta,  Desh.. 

Bithinia  ind. 


160"  Gypse  grossièrement  cristallisé O.luà    0.12 

161"  Gypse  compacte,  mais  caverneux 0.55 

162"  Marne  grise  et  jaune 0.3H 

/  a.  Gypse  saccharoïde 0.20 

Délit  marneux. 

b.  Gypse  saccharoïde 0.08 

Délit  marneux. 

ira-  /  ^'  Gypse  saccharoïde 0.09  . 

Dont  marneux. 

d.  Gypse  saccharoïde 0.07 

Délit  marneux. 

e.  Gypse  saccharoïde 0.10 

Délit  marnQUY.  / 

161"  Gypse  saccharoïde 0.21 

165"  Gypse  enfer  de  lance ,   .   .    0.04 

166"  Gypse  saccharoïde  compacte 0.20 

Iffî"  Deux  lits  de  cristaux  en  fer  de  lance  séparés  par  O'Oô  de  gypse  saccha- 
roïde  0.15 

168"  Gypse  saccharoïde  pur 1.20 

Cette  couche  est  au  niveau  du  rail  au  début  de  la  falaise  gypseuse 
après  1  eboulement. 

1G9'"  Gypse  fer  de  lance  en  deux  lits 0.10  h    0.15 

170"  Gypse  saccharoïde,  d'épaisseur  variable,  profondément  raviné;  les  iné- 
galités sont  remplies  par  la  couche  177 0.10  à    0.36 

17*7"  Marne  couleur  mastic,  compacte 0.20  à    0.50 

178"  Lit  de  grands  fers  de  lance 0.12  à    0.20 

179"  Gypse  saccharoïde 0.30 

180"  Cristaux  en  fer  de  lance  et  argile 0.08  à    0.1 1 

181"  Gypse  saccharoïde 0.30 

182"  Marne  mastic O.oi 


1878. 


DOLLFLS  ET  VASSKUn.  —  CHEMIN  DE  l'E»  DE  MÉUY. 


18J"  Gynse  sai'o'nro Ml*,  en  plafjiiolles.  vi.>ible  sur 

Ce  gypse  eslravinî  sous  h  tonv  v.*;,rjtale,  quia  l'"20  environ. 


2G3 

0.15 


Faune  des  Sables  mot/eris  (niveau  rnoycrï). 
Couches  100  à  103. 


Olioa  Lauinjntianu,  Lani.,  c, 
Cerithium  crenatnlatnm,  Desli.,  oo, 

—  scalaroïdcs,  Desh.,  c\ 
Douci,  Desh.  (type),  r. 

—  —    \ar.cjrjn(Uum,])esh..r, 

—  irochiformc,  Desh.,  o, 

—  mittabile,  Lain.,  rr, 
Melania  hordacea,  Lam.,  ce. 
Satica  Pari^ien^is,  d'Orb.,  c, 

—      epiglottinti,  Lam.,  V. 
Delphinula  turbinoidca.  Lam.,  c. 


Platnrbix  nitidului,  Laai.,  ce. 

—        rotundatu^,  BrarJ,  r, 
BUhinia  subulata,  Desh., 

—       Marsauxiana,  Desh., 
Calyplrœa  Irochiformis,  Lam.,  r, 
Cxjrena  deperdita,  Desh.,  ce, 
Trigonocœlia  cvassa,  Desh.,  ce, 
Modiola  subrostrata,  Desh.,  r, 
Offrea  cucnllaris,  Lam.,  r, 
Acicularia  pavantina.  d'Arch., 
Ouinqueloculines  rares. 


Faune  ((e.<i  Sables  moyens  (niveau  supérieur). 

(louclie    107. 


b\uu^  iubcarinuttia,  Lam.. 

—  polygonal,  Lam.,  var., 
Cerithium  tuberculosum,  Lam..  var 

—  tricurinatum,  Lam.,  r, 

—  angH9tum,  Desh . ,  ce, 

—  echidnoïdes ,  Lam.,  c, 
Canrellaria  dclpctt,  Dosh.,  r. 
Satica  ParLncnsiK,  d'Orb..  ce, 

—  sp  f, 

Bithinia  conica,  C.  PrC*vost.  r, 

—       pulchrit.  Desh., 
Nemaîura  mediana,  Desh.,  r. 
Cardium  obUquum,  Lam..  c. 


Arca  minuia,  Desh.,  r.  '  , 

Àoicnla  Dcfrancci,  Desli.,  c. 
Cn'buln  angulata,  Lam.,  c, 
Venn^  texta,  Lam.,  c, 
Meinbranipora  n.  sp.. 
Entomostracés, 

iMuaminifères    Ires-beaux  et    très-nom- 
breux : 
SpiroUna  (2  espèces), 
SpirolocuUna  (2  esp.j . 
tJaiHqiielocuUwi  (5  esp.j, 
Vertehralina  (L  esp.j. 
yjd)mna  aff.  .Y.  irrcgitl  iriv,  d'Orb. 


La  lacune  c|u*on  observe  dans  le  numérotage  entre  les  couches  170 
et  177  correspond  à  six  couches  normales  (|ui  existent  dans  la  carrière 
Henocque  et  qui  sont  ravinées  dans  la  tranchée  du  chemin  de  ter. 


Section    V. 


n.  Carrière  Henocque.  Cette  carrière,  ouverte  dans  la  buUe  de  Fré- 
pillon  à  proximité  de  la  voie  ferrée,  sur  un  point  culminant,  donn^ 
eu  trois  endroits  peu  distants  trois  coupes  dans  la  roruïatiiH!  ^'\p>cust' 
et  suprà-gypscuse  :  1^  en  contrebas  du  «diemin  qui  niiiie  d'  la  rouln 
déparlementale  n'^  7  au  village  de  Frépillon;  2"  dans  la  carrière  du 


264  DOUrtS  ET   VASStUU     —  nilMLN    UK  KKll   DK   MKUV.  18  fêv. 

fond,  au  niveau  de  ladite  route;  3**  dans  un  grand  |di  où  tout  le  ter- 
rain supérieur  s*est  affaissé  dans  la  région  gauche  de  la  même  car- 
rière; ce  pli,  qui  montre  les  couches  tort  peu  dérangées,  est  dans  l'axe 
de  celui  observé  sur  la  voie  du  chemin  de  Ter  à  l'entrée  de  la  tran- 
chée m.  La  succession  entre  la  partie  horizontale  et  la  partie  inclinée 
est  parfaitement  normale,  sans  accident  ni  lacune. 

I. 

163-161*  Gypse  saccliaroïdc,  avec  dôlils  marneux 0.55 

165"  Gypse  en  fer  de  lance 0.04 

KkV      —     saccharoïde,  straliflc 0.18 

167'     —     en  fer  de  lance,  en  bancs  ondulos 0.10 

168"     —     saccharoïde,  jauni 0.90 

169"     —     cristallisé  en  deux  bancs  de  fer  de  lance 0.12 

170'      —     saccharoïde,  blanc,  à  grain  fin   .   . 0.20 

171"      —     en  petits  délits  ondulés 0.10 

172"      —     en  fer  de  lance 0.03 

173"      —     saccharoïde,  blanc,  fin 0.10 

174"      —     ondulé 0.05 

175'      —     cristallin  et  ondulé,  cristaux  en  désordre 0.20 

176»      —     saccharoïde,  en  trois  bancs  :  0.03  +  0.01  +  0.18= 0.25 

177»  Marne  couleur  mastic,  à  cassure  fragmentaire 0.08  à  0.10 

178"  Gypse  laminaire  (grands  cristauxi 0.07  à  0.10 

179»      __     saccharoïde 0.25  à  0.27 

IBOF      —     en  fer  de  lance 0.15  à  0.20 

181"      —     saccharoïde 0.10 

182»  Petit  lit  marneux 0.03 

183'  Gypse  en  fer  de  lance 0.02 

184"      —     saccharoïde 0.12  à  0.14 

185'      —     en  fer  de  lance 0.02 

186"      —     saccharoïde,  pur 0.83 

187*  Horizon  do  la  marne  à  silex  ménilite  (altitude.  95'"} 0.52 

a.  Marne  blanc-jaunâtre 0.00 

6.  Filet  noir,  ferrugineux 0,001 

f .  Marne  blanche,  gypseuse,  à  points  ferreux .   .    0.06 

(i.  Filet  noir»  ferrugineux O.OOl 

e.  Marne  blanch«^tre  et  jaune,  à   grandes  cassures  charitîées 

de  dendrites  noires 0.40 

188'  Marne  très-gypsei^se,  jaunâtre,  surtout  au  sommet 0.10 

189"  Marne  jaune  et  verdAtre  (bleue  (juand  elle  est  humide),  avec  points  noirs 

vôg.'îtaux 0.12 

190"  Marne  blanc-jaune,  tres-wypseuse 0.20 

191'  Gypse  saccharoïde,  en  lits  ondulés 0.10 

192"  Marne  grise 0.12 

193»  Marne  gypseuse,  verdàtre  à  la  base,  ferrugineuse  au  milieu,  blanche  et 

gypseuse  au  sommet 0.80  à  0.90 

194*  Gypse  ferrugineux,  stratifié 0.10 

195'  Marne  blanchâtre,  à  rognons  gypseux 0.25 

196*  Marne  verte,  en  HIet  ondulé  (altitude,  98-; 0.03 

107*  Gypse  saccharoïde.  massif  (haute  masse,  dite  aussi  1'*  masse x.tH) 


1878.  îWLLPLS  ET  VASstra.  —  chemin  de  fku  de  méuy.  265 

II. 

197"  Gypse  comme  ci-dessus,  fissuro  irrégulièrement  au  sommet. 

i98«  Marne  plus  ou  moins  feuilletée,  blanchâtre  quand  elle  est  sèche, 
bleuâli'e  quand  elle  est  humide,  vert-jaune  ou  ferrugineuse  par  alté- 
ration, avec  très-petits  lilets  gypseux  (altitude,  lOT^lî) 8.40 

199*  Marne   calcaire,    blanchâtre,    parfois    bleuâtre,     toujours   verdàtro   au 

sommet;  fossiles  rares  :  Bithinia  Duchasteli,  Nyst.  Cypris,. 0.G2 

200'  Marne  argileuse,  verdâtre,  feuilletée,  avec  filets  de  petites  oolithes  cal- 
caires, ferrugineuses 0.65 

201"  Marne  blanchâtre,  un  peu  feuilletée 0.22 

202»  Filet  argileux,   vert 0.02 

203*  Marne  calcaire,  bleuâtre  quand  elle  est  humide,  blanche  quand  elle  est 
sèche,  à  cassures  ferrugineuses  par  places;  quelques  parties  sont 
feuilletées  et  tachées  de  vert,  ou  grenues  et  jaunies  ;  fossiles  rares,  à 
test  pulvérulent 0.50 

Bithinia  Duchasteli,  N'yst,  1       Limnœa  ind., 

Planor bis  planulatus,  Desh.,  \       Cypris. 

204*  Marne  argileuse,  compacte  à  la  base,  feuilletée  au  sommet,  verdâlre  ou 

jaunâtre;  débris  de  Poissons  ;  petit  lit  gypseux  intercalé 0.65 

■  a.  Marne  fragmentaire,  verdâlre,  plus  pâle  et  très-fendillée  au  sommet.  0.90 
205'  J  b.  Marne  ralt!are.ise,  à  cassures  irrégiilières 0.11 

'  e.  Marne  feuilletée,  verte,  avec   quelques  nodules  blancs '    0.15 

III. 

206*  Marne  argileuse,  verdâlre  vers  la  base,  blanchâtre  au  sommet,  com- 
pacte mais  fragile 1.50  à  1.70 

207*  Marne  argileuse,  blanche,  crasseuse,  comprise  entre  deux  filets  ferrugi- 
neux, parfois  jaunie  et  fendillée 0.07 

208*  Marne  blanche,  analogue  à  -201) 1.40 

■  a.  Filet  ferrugineux 0.003 

\  6.  Marne  blanche,  pesanle,  un  peu  crasseuse,  h   points  ferrugineux.  .  0.15 

i  f.  Zimo  de  lilets  ferrugineux 0.02 

»  d.  Marne  blanche  et  jaune,  cras.seuse,  fragmentaire 0.1.'> 

210'  Marne  feuilletée,  jaune,   ferrugineuse  et  verte  par  places,  avec  oolithes 

ferrugineuses,  calcaires.  cri.>itaux  de  gypse  et  fossiles  écrasés  :  0  15 

Bithinia  sp.  .'. 

Cythcrvlca  Mullcri,  Miinst.  sp.,  rou- 
lées. 


Cerithium  plicatum,  Lam.. 
Cyrena  convera,  Brongn.  sp.. 
Psammobia  plana,  Brongn.  sp.. 


2U'  Marne  feuilletJ'C,  f<mc;e,   brune  ou  verte,    avec  filets  gypseux  et  fossi- 
lifères   0.80 

a.  Marne  feuilletée,  fragmentaire 0.08 

6.  Lit  fossilifère  :  Cyrena  convext,  Psammobia  plana,  Bithi- 
nia sp.*,  Cerithium  plicatum,  Cxthérides,  Poissons. 

c.  Marne  feuilletée,  j)ure 0.16 

d.  Lit  fossilifère,  analogue  à  b. 

e.  Marne  feuilletée 0.56 

f.  Fossiles  nombreux  :  Cerithium  plicatum,  Cythcr^a  incras- 

sahf.  Cyr^^ua  comexa   C,  scmisth'itd,  Dr.*h.. . 


2fi6  DOtLFUS  KT   VASSKUU.   —  CHKMIN   Dt£   FKK   DM  MÉUY.  i8  fëv. 

212"  Argile  vert  foncC»,  compacte,  mais  feodillje,  avec  Cyrùnes  bivalves  en 

place,  non  écrasées  fCyrenasp.  ?  très-bomhje) 0.25 

213*  Marne  feuilletée,  verdàtre  et  brunâtre,  analogue  à  211,  parfois  jaune- 
clair,  avec  lits  ferrugineux \.i'2 

a.  Marne  feuilletée 0.20 

6.  Horizon  fossilifère  :  Psammobia  plana,    Cyrena  eonvexa, 

Planorbis  depressus,  Nyst,  Cerithium 
plicatum,  Bithinia  DuchastcH,  Nyst, 
var  plicala,  d'Arch.  et  de  Vern.,  Cy- 
thctidea  Mnlleri,  Miiust.  sp.  (noires, 
roulées). 

c.  Marne  feuilletée 0.20 

d.  Lit  fossilifère. 

e.  Marne  feuilletée 0.50 

f.  Lits  fossilifères;  fossiles  blancs,  trôs-écra ses. 0.0-2 

g.  Marne  verte,  très-fossilifère 0.50 


hlodiola  angu^ta,  A.  Braun,  ce, 
Cyrena  convexa,  Brongn.,  c, 
Cythcrea  iucrasiata.  Sow.,  var. 
obtHsangularts,  c. 


CerithUim  plicatum,  Lam., 
—  elegans,  Desh.,r, 

Planorbis  xp.  ?,  r. 
Bithinia  sp.  ?,  r. 

214'  Marne  calcaire,  blanchâtre,  crasseuse,  frag.nentaire,  un  peu  sableuse, 
avec  un  lit  de  granulations  irrégulièr.'s  ;  lit  fossilifère  vers  la  base  : 
Cyrena  convexa,  Cerithium,  Bilhinii,  Umnœi,  Pl:unr'ji^.  Cytheridca 

Mullevi.  MUnst.  &\).,  ce,  Chara  ap.  .*  afF.  C.  ffrougniarli 1.00 

?15"  Argile  vert-foncé,  compacte 0.11  à    U.15 

2J6"  Rognons  blancs  ou  bande  de  calcaire  compacte,  très-dur,  siliceux,  gris.  .    0.07 

217*  Argile  d'un  vert  foncé,  à  nodules 0.15  à    0.20 

218"  Argile  feuilletée,  variable  de  couleur  et  d'alternances  ;  nombreux  délits 

ferrugineux  ;  lits  brunâtres  et  blancs,  sableux,  sans  fossiles 0.40 

219"  Calcaire  siliceux,  gris-jaune,  .sec,  avec  dendriles,  parfois  en  deux  cor- 
dons (calcaire  de  Brio) 0.12 

220"  Marne  verte  et  jaune,  feuilletée,  avec  bandelettes  sableuses  et  deux  lifs 

calcareux  de  0"05  :  l'inférieur  à  0"30  du  sommet,  le  supérieur  à  0"12.    0.78 
221"  Marne  calcareuse,  jaun?,  à  moules  de  fossiles  et  taches  noires   (dite  mo- 
lasse parisienne  I)  : 0.15 


Cytherea  intrafsata,  Sow.,  var.  glo~ 

bukiris,  Sandb.. 
Cardium  scobinula,  Mérian, 


Corbula. 

Cerithium  plicatum,  et(!. 


222"  Argile  verdàtre,  sableuse  à  la  base,  jaune  et  calcarifère  au  sommet  ;  ves- 
tiges des  mômes  fossiles 0.45 

22:3'  Argile  verdàtre  et  brune,  sableuse,  à  granulations  calcaires  à  la  base, 
feuilletée  au  sommet;  fossiles  nombreu^w  à  la  partie  moyenne,  sem- 
blables à  ceux  de  221 0.80 

221"  Calcaire  marneux  et  sableux,  jaunâtre,  compacte;  un  lit  d'Ostren 
longirostris,  Lam..  dans  un  filet  argileux  vert,  à  la  base  (mo- 
lasse II) 0.15  à   0.20 

225"  Grès  calcarifère,  tendre,  jaune,  stratifié;  débris  coquilliers,  grains  de 

quartz  blanc  et  oolithcs  calcaires,  lié  à  220 0.40 

226"  ei.  Sable  grossier  (aspect  de  falun).  pétri  de  débris  de  coquilles  et  de 

granulations  raîoaires • 0.15 


1878.  DOLLFUS   KT   VASi^EUIl.    —  CHKMLN   DR   FtU  DE  MÉnV.  267 


Cythereaincrassata,  Sow., 

Lueina, 

Corbulomya, 

Corlnda, 

Milioles  roulées  très-variées. 


Balanui  unguiformis  ?,  Sow., 
Cerithium  plicatum,  Lam., 

—        trochleare,  Larn. . 
Fasus, 
Salica, 
Ostrea  cyathula,  Lam., 

6.  Grès  grossier,  en  plaquettes,  à  délits  argileux 0.05 

W  Argile  brune,  terreuse,    un  ptni  compacte  et  plasli(|ue  au  contact  de  la 

couche  supérieure 0.12 

228"  Marne  calcaire,  sableuse,  jaune,  à  fossiles  nombreux  ;  Cytherea,  Ostrea. 

Cérithes  {molasse  IIIj 0.30 

229"  Argile  verdàtre  ou  blanchâtre,  pétrie  d'Ostrea  cyathula 0.50 

230"  Argile  verdàtre.  sableuse,  à  fjs.siles  blancs  nombreux  :  Corbula,  cic.  (Voir 

la  liste  plus  loin)  (altitude,  127n0) 0.25 

231'  Argile  grise,  avec  (L'bris,  se  confondant  avej  le  limon  et  la  terre  végé- 
tale; ensemble 0.80 

0.  Village  de  Frcpilhn,  Au  niveau  des  deriiière.s  maisons  de  Fré- 
piHon,  sur  le  chemin  de  Bes.sancourt,  au  pied  du  mamelon  qui  sépare 
ces  deux  villages,  au-dessous  du  niveau  d'eau  de  la  base  des  sables 
jaunes,  nous  avons  pu  relever  la  succession  suivante,  qui  se  raccorde 
successivement  avec  les  dernières  couches  précédentes  à  une  altitude 
de  3"*  h  peine  au  dessous  des  couches  sup[)osées  redressées  de  la  car- 
rière Henoc(|ue:  ce  qui  s*c.\pli(jue  par  la  ï)enle  naturelle  de  toutes  les 
couches  vers  le  sud-est.  Il  n'y  a  point  de  lacune;  la  comparaison  at- 
tentive avec  les  séries  analogues  voisines  complètes  (Herblay,  Sannois) 
peut  k- ver  tous  les  doutes. 

230*  Sable  argileux,  verdàlre.  à  fossiles   variés  (Corbulesi,  sur 0.15 

231*  Argile  grise,  un  peu  sableuse,  à  fos>iles  blancs  :  0  trea  cyalhnla,  Cythe- 
rea incr.i^sai't 0.20 

232*  Sable  blanc  ou  jaune,  lin,  niicaré,  avec  (juelrjues  lits  d'argile  grise,  visi- 
ble sur •  .  .    2.00 

En  montant  le  chemin,  le  sable  2:»i  devient  rubané,  panaché,  rou- 
geàtrê,  et  est  bien  visible  sur  4'"  à  la  bifurcation  des  chemins  de  Bes- 
sancourl  et  de  Villiers-Adam.  Si  l'on  prend  ce  dernier  chemin  et  qu'on 
le  suive  sur  environ  300  tnèlres,  on  trouve  à  droite  un  chemin  creux 
qui  monte  à'J'ancien  moulin'de  Bessancourt  et  dans  lequel  le  sable  est 
continuellement  \isible  ;  30  tnètres  |)lus  haut  des  lits  argileux  appa- 
raissent dans  le  sable  jaune  ou  l'eriugineux  ;  on  arri\e  ensuite  sur  le 
plateau. 

p.  Moulin  de  Bessanconrt.  A  la  cole  109,  sur  le  plateau,  nous  avons 
relevé  la  coupe  suivante,  qui  coniplèle  notre  coupe  et  la  série  des 
couches  parisiennes  : 


268 


DOLLFUS   ET  VASSËUU.  —  CHE&IIN   DE  FËU   DE  MEUV. 


i8  fôv. 


S33p  Sable  blanc  et  jaune,  sans  fossiles. 

Lacune  de  2  à  3  mètres  où  rien  n'est  visible. 

23dp  Argile  plastique,  grise  à  la  base,  rouge  et  panachée  au  sommet,  se  char- 
geant de  plus  en  plus,  vers  la  base,  de  blocs  d'un  calcaire  siliceux, 
très-dur,  fossilifère,  celluleu^L  vers  le  haut,  sans  stratification  appa- 
rente (meulières);  visible  sur 4.00 


Limnœa  cylindrica,  Brard, 

—  ventricosa,  Brongn., 

—  comea,  Brongn., 
Bithinia  Brongniarti,  6.  DoUf.   fB. 

pygmœa,  Brongn.,  tnDesh.  (pan), 
Descr.An.  sans  vert,  bass,  Paris,  pi. 


XXXUI,  fig.  1^15), 
Planorbis  cornu,  Brongn., 

—       sp.  ?, 
Valvata  disjuncta,  G.  Dollf., 
Chara  medicaginula,  Lam., 
—     Brongniarti,  Al.  Braun. 


S34P  Diluvium  de  blocs  anguleux  de  meulières  et  de  fragments  de  grès  fer- 
rugineux en  plaquettes  ou  granulé 

235p  Limon  ou  terre  à  briques 

236p  Terre  végétale •  .  . 


O.K) 
0.20 
0.10 


Famie  des  Sables  sttpéneurs  (horizon  des  marnes  à  Corbules). 

Couche  i30. 


Myliobates  sp.  ?, 

Serpula  corrugata?,  Goldf., 

Balanus  unguiformis,  Sow., 

Bairdia  subdeltoidea,  MUnst.   sp.,  var. 

gibba. 
Cythereis  eeratoptcra,  Bosq.  sp., 
Cylhcrella  Jonesi,  Bosq., 
Cylheridea  MuUeri,   MUnst.    sp.,    type 

oHgocenica. 
Cythere  mullinervin,  Reuss  (1;, 

—  gyro^a,  Rœm., 

—  striatopunciaid,  Rœm., 

—  sp.  aff.  C.  lœcis,  Rwni.. 

—  sp.  aff.  C.  Irachipora.  Joncs, 
Ccrithium  conjunclinn,  Dcsh.. 

—  Boblayei,  Desh., 

—  limula,  Desh., 
Troehm  subcarinatus,  Lam., 
iVo/tca  Nysti,  d'Orb.. 
Rissoa  inchouta,  Desh.^ 

—  turbinata,  Defr., 

—  biangulata,  Desh.. 
Teinostoma  deeussatum,  Sandb., 


Tornatella  limnœiformis,  Sandb., 
Chcnopu^  speciosus,  Scliloth., 
Calyptrœa  tabellata,  Desh., 
Melania  Ny^ti,  Dcsh.  sp., 

—  semidecu^sata,  Lam., 
Odoitomia plicatula.  Desh., 
Turbonilla  Aonis,  d'Orb.. 

—  imbricataria,  Desh.. 

—  .Vyç//.  d'Orb., 
Cy  lie  hua  minuta  f  Desh.  sp., 
Curbula  subpisum,  d'Orb.. 

—  delcta,  Desh., 
Cylhcrca  incra'isata,  Sow., 
Cardium  Defrancei,  Desh., 
Mytilu^  dcnlicHlatns,  Lam., 
Ostrea  cyathnla,  Lam., 
Lucina. 

Cardita, 

Nucula, 

Polymorphina  gibba,  d'Orb.  sp., 

Triloculina  subin/lata.  Reuss  (rouljs). 

Oitinqueloculina  angusta,  Phil.  sp.  fid.J, 

Lepralia  crctacea,  Des  m.  et  Les.  sp., 

Clinnia  n  sp. 


(1)  Znr  fiu.  Faun-J  der  OUgocfinschichteu  von  OaaK  ;  X«Ui). 


iVf.  h.) 


1878.  DOLKFL'S.    —  CMEIIIN   I)K   FKn   DK   MKliY.  ifi9 

2^  PARTIR  :  Gomparalsonfn  et  Classlflcatton, 

par  H.  G.  Dollfus. 

Introduction. 

Après  Vénuroération  un  peu  arîde  de  la  première  partie,  dans  la- 
quelle toute  interprétation  et  discussion  des  faits  a  été  évitée,  il  con- 
vient de  faire  ressortir  les  groupements  naturels  et  les  assimilations, 
les  méthodes  et  les  observations  originales  que  le  grand  nombre  de 
documents  présentés  a  pu  mettre  en  lumière. 

La  recherche  d'une  classilication  nouvelle  n'est  point  une  vaine 
occupation,  quand  elle  a  pour  base  une  appréciation  de  plus  en  plus 
soigneuse  et  approfondie  des  caractères  et  une  étude  de  plus  en  plus 
minutieuse  et  étendue  des  faits.  A  ce  point  de  vue,  la  comparaison 
qu'on  peut  faire  des  classitications  successives  n'est  donc  qu'une  revue 
des  progrès  continus  des  observations,  et  le  court  historique  que  je 
vais  faire  des  grandes  subdivisions  aujourd'hui  admises  dans  les 
formations  parisiennes,  n'est  qu'un  appel  à  de  nouvelles  observations 
permettant  de  faire  mieux  encore. 

La  place  restreinte  dont  je  dispose  m'empêchera  de  reproduire, 
d'analyser  et  de  commenter  avec  autant  de  détails  que  j'aurais  désiré 
le  faire,  tous  les  nombreux  travaux  publiés  jusqu'ici  sur  la  strati- 
graphie du  bassin  de  Paris;  j'espère  cependant  n'en  avoir  omis  aucun 
d'important. 

Les  Sables  inférieurs  n'apparaissent  presque  point  dans  notre  coupe; 
je  les  laisserai  de  côté,  les  ayant  du  reste  déjà  étudiés  ailleurs  (I). 

Calcaire  grossier. 

La  subdivision  d'une  masse  aussi  importante  que  celle  du  Calcaire 
grossier  a,  dès  l'origine  des  études  géologiques,  paru  néc&ssaire  ;  mais 
elle  a  été  différemment  comprise,  et  c'est  encore  aujourd'hui,  malgré 
des  obser\'ations  nombi^euses,  une  entreprise  délicate.  Je  ne  connais 
aucune  discordance  réelle  dans  l'épaisseur  de  cette  masse  et  tout  au 
plus  quelques  ravinements  ou  lacunes;  la  succession  de  la  faune  est 
continue  et  le  cantonnement  de  telle  ou  telle  espèce  dans  tel  ou  tel 
niveau  n'a  rien  d'absolu  et  ne  permet  qu'une  présomption.  Ainsi  la 
Nummulites  lœvigata  du  Calcaire  grossier  inférieur  n'existe  pas  lou- 

(1)  Ann,  Soc,  géol.  Nord,  t.  III.  p.  153;  t.  IV,  p.  19;  t.  V,  p.  6;  1876-77. 


270  UOlXFtS.    —  CHEMIN   DK  FEft   1)K  MÉRY.  i8  fév. 

jours  dans  les  assises  les  plus  basses  et  se  retrouve  dans  le  Calcaire 
grossier  moyen  ;  VOrbitoUées  comjylanata ,  si  abondante  à  la  partie 
supc^rieure  du  Calcaire  j,'rossior  moyen,  se  rencontre  dès  le  banc  à  Ce- 
rithium  giganteum  et  se  propage  dans  les  Caillasses.  Restent  les  carac- 
tères minëralogiques;  assez  constants  dans  leur  ordre  sur  toute  la 
surface  du  bassin  de  Paris,  ils  ont  clé  employés  jusqu'ici  avec  avantage, 
et  il  ne  me  semble  guère  possible  de  les  remplacer. 

A  la  base,  le  Calcaire  grossier  inférieur  est  généralement  glaicco- 
nieux  et  sableux;  les  points  verts  forment  parfois  la  roche  presque 
entière  ;  d'autres  fois  ils  se  réduisent  à  des  picots  disséminés  dans  une 
masse  jaune-blanchAtre  ;  la  faune  renferme  bon  nombre  d'espèces 
communes  avec  celles  des  Sables  inférieurs.  La  dernière  couche  du 
Calcaire  grossier  inférieur  est  la  couche  à  Cerithium  giganteum,  dans 
laquelle  la  glauconie  se  fait  rare  sur  bien  des  points,  et  où  l'indivi- 
dualité de  la  faune  apparaît  très-nettement. 

Le  Calcaire  grossier  moyen  est  blanc,  légèrement  jauni,  essentielle- 
ment calcaire,  à  débris  organiques  nombreux.  0.)  n'y  observe  ni  les 
bancs  franchement  sablo-glauconieux,  ni  les  bancs  silicéo-marneux, 
qui  caractérisent  les  autres  divisions.  C'est  une  masse  hoînogène,  dans 
laquelle  on  peut  a  grand'peine  faire  <les  subdivisions. 

Le  Calcaire  grossier  supérieur  est  indiqué  par  la  variété  de  sa  com- 
position minéralogique,  par  la  minceur  des  bancs,  par  la  fréquence 
de  ses  accidents  minéralogi(]ucs«  enfin  par  une  faune  marine  ou  sau- 
mûtre  qui  se  propage  en  partie  dans  les  Sables  moyens. 

Cuvicr  et  Brongniarl,  dès  1810,  puis  en  18^]5,  ont  divisé  le  Calcaire 
grossier  en  quatre  systèmes;  ils  partageaient  en  deux  les  Caillasses 
pour  en  faire  les  deux  systèmes  supérieurs.  Sauf  sur  ce  point,  leur 
classification  est  très-voisine  de  celle  que  j'ai  adoptée. 

Dans  sa  Description  géologique  du  département  de  V Aisne  (1843), 
M.  d'Archiac  a  donné  une  division  ditférente  en  quatre  étages,  dans 
laquelle  il  place  à  tort  les  couches  à  Cerithium  giganteum  et  à  Num- 
mulites  dans  le  Calcaire  grossier  moyen  (3"  étage)  ;  le  vrai  calcaire  à 
Milioles  est  réuni  à  la  base  des  Caillasses  pour  former  un  autre  en- 
semble (2®  étage).  D'un  autre  cùlé,  d'Archiac  comprend  dans  sa 
Glauconie  grossière  (4*^  étage)  des  couches  qui  appartiennent  certai- 
nement au  même  système  que  les  T^ummulites  et  ne  sauraient  former 
«n  étage  différent.  Cette  classification  n'est  pas  modifiée  dans  Vllis^ 
ioire  des  progrès  de  la  Géologie  (1). 

M.  Graves  distingue  sous  le  nom  de  marnes  du  Calcaire  grossier 
les  couches  du  quatrième  système  de  Cuvier  et  Brongniart,  tout  eu 

a)  Uist,  Pv.  Gêol..  t.  ir  p.  .',80;  1810. 


1878.  DOLLFUS.    —  CHEMIN   DE  FER   DE  MÉHY.  -271 

annonçant  qu'il  n*est  pas  possible  de  trouver  une  limite  géognostique 
entre  celle  division  et  celle  qui  lui  est  inférieure,  le  Calcaire  grossier 
supérieur  présentant  les  mêmes  variations  que  les  niarnes  qui  lui  sont 
superposées.  Pour  cet  auteur,  le  Calcaire  grossier  inférieur  (glauconie 
grossière)  comprend  trois  divisions  :  calcaire  ù  Cerithium  giganteum, 
calcaire  à  Nummulitea  lœvigata,  sable  glauconieux  à  N,  lœvigata. 

En  1855  Ch.  dOrbigny  taisait  paraître  son  grand  Tableau  synoptique 
des  terrains  qui  constitueyit  le  sol  du  bassin  parisien,  que  je  ne  puis 
reproduire  ici  à  cause  de  sa  longueur,  mais  qui  est  encore  aujourd'hui 
ce  qui  a  été  publié  de  plus  complet  sur  les  couches  tertiaires  du  bassin 
de  Paris. 

La  même  année,  M.  Michelot  donnait  à  la  Société  géologique  (1)  le 
tableau  suivant  des  assises  du  Calcaire  grossier. 

CaiUasses  du  Calcaire  grossier,    j  ^'^'.''^^^^^  sans  coquilles  (tripoli  de  Nanlerre). 

(  Caillasses  coquillieros  (rochette). 

/  Roche  (de  Paris) . 
„  ,    .  ,  .  ,1  Bancs-francs  (de  Paris). 

Clcaire   grossier    supérieur,  à    cj^uart  (roches  du  haut  de  l'Aisne). 

®^*  I  Banc  vert  (et  couches  accessoires). 

\  Saint-Nom  (roches  du  bas  de  l'Aisne). 

Calcaire  grossier  moyen,  à  Mi-(  Banc  royal. 

liolcs.  i  Vergelés  (lambourdes). 

_  ,    .  *,  •  .  /  Bancs  à  Verrains  fCerilhium  giganteum) 

Calcaire    grossier    inférieur,    al,^_       ,      ,      i     ^        *. 

r,  ...  J  Saint-Leu  (roche  des  Forgets  . 

Nummuhtes.  i  ,  _ /         ,.,       ...'',      ... 

\  Bancs  a  Numniuliles  f^.  lœvigata). 

Gouberl,  qui  connaissait  fort  bien  le  Calcaire  grossier,  ne  nous  a 
laissé  que  des  documents  incomplets  et  peu  précis  sur  ses  découver- 
tes (2) . 

En  1856.  M.  Michelot  (3)  a  fixé  au-dessous  du  banc  vert,  à  la  base 
même  du  Calcaire  grossier  supérieur,  le  niveau  du  calcaire  lacustre  de 
Longpont,  dont  la  faune  est  identique  avec  celle  du  calcaire  de  Pro- 
vins décrit  par  Goubert  (4)  et  du  calcaire  de  Saint-Parres,  près  Nogent- 
sur-Seine,  signalé  par  Leymcric  (ô). 

Calcaire  grossier  inférieur. 

\jd  contact  inférieur  du  Calcaire  grossier  avec  les  sables  fauves  de 
Cuise  est  généralement  très-net;  il  est  indiqué  le  plus  souvent  avec 

m  Bull.,  ^  sér.,  t.  XII,  p.  1315. 

(2)  Bull,  2*  sér.,  t.  XVII,  p.  137;  18Ô9;  et  t.  XX,  p.  750;  1803. 
(0)  Bull.,  2*  sér.,  t.  XXI,  p.  212;  1801. 

(4)  Bull.  2-  sér.,  t.  XXIV,  p.  151;  1806. 

(3)  Bull,  1"  sér.,  t.  XII.  p.   13:  1840. 


i72.  DOLLFUS,    —  CHEMIN   DE  FEU   D/:  MKRY.  18  fcv. 

ravinement  par  une  couche  de  débris  roulés  calcaires  (Polypiers, 
dents  de  Squales),  avec  grains  do  quartz  vert,  qui  repose  sur  des 
sables  fins,  glauconieux,  avec  ou  sans  rognons,  ou  bien  sur  des  lits 
argilo-sableux  et  ai'gilo-plastiques  qui  couronnent  tes  sables  de  Cuise. 
Ce  niveau  argileux  du  sommet  des  Sables  inférieurs  a  été  mis  en  lu- 
mière par  d*Archiac;  il  avait  été  confondu  avec  les  Lignites  par  M.  Mcl- 
leville  (1).  Son  étendue  dans  TAisnc  et  dans  TOise,  son  importance 
hydrologique  doivent  ne  le  faire  oublier  dans  aucune  classification 
détaillée;  sa  liaison  aux  sables  de  Cuise  est  d  ailleurs  tout  à  fait  in- 
time. 

Cependant  les  choses  ne  se  passent  pas  toujours  ainsi  :  au  nord  du 
bassin,  à  Abbecourt  et  h  Cuise,  par  exemple,  il  existe  une  masse  assez 
épaisse  de  sables  glauconieux,  fossilifères,  sans  débris  aussi  marqués, 
avecî  NummuUtes  planulata  remaniées  des  Sables  inférieurs,  et  sans 
N.  lœvigata  du  Calcaire  grossier  inférieur,  qui  forme  une  transition 
plus  délicate.  Parfois  encore,  le  Calcaire  grossier  inférieur  est  dolo- 
mitique  et  altéré  presque  jusqu'à  la  base,  transformé  en  un  sable  roux, 
avec  ou  sans  rognons;  sa  stratification  et  ses  fossiles  ont  disparu,  et 
son  contact  avec  les  sables  de  Cuise  demande  une  grande  attention 
pour  pouvoir  être  précisé. 

Dans  la  coupe  de  Méry,  le  Calcaire  grossier  inférieur  se  compose, 
en  résumé,  de  cinq  horizons  : 

1.  Sable  glauconieux,  parfois  calcareux  et  endurci,  avec  cailloux  de  quartz  vert, 

dents  de  Squales,  débris  roulés  de  Polypiers,  elc 3* 

2.  Calcaire  grossier  sableux,  glauconieux,  à  NummuUtes  lœvigata.   ...  4"  -  6' 

3.  Calcaire  grossier  sableux,  glauconieux,  à  CardiMm  pomîojum T^ctS* 

4.  Sable  glauconieux,  calcarifère,  à  Lcnita  patcllaris 9*-ll* 

5.  Calcaire  grossier  glauconieux,  à  CrriiAiMm  gfiflfcrnieMm 12'etl3* 

La  pierre  de  Saint-Leu,  3,  à  Mollusques  et  à  Oursins,  donne  un  bon 
type  du  Calcaire  grossier  inférieur.  Les  fossiles  de  la  couche  k  Lenita 
patellaris,  4,  sont  petits;  je  suis  assez  porté  k  les  joindre  à  la  division 
inférieure.  Quant  au  calcaire  à  Cerithium  giganteum,  c'est  un  horizon 
sur  lequel  il  n'y  a  pas  à  insister,  et  dont  la  faune  à  Tétai  arénacé  est 
bien  connue  à  Courtagnon,  Damery,  Chaumont,  Grignon  (inférieur), 

etc. 

On  a  remarqué  dans  notre  série  a  des  bancs  sans  fossiles;  leur  assi- 
milation et  leur  groupement  avec  les  bancs  voisins  sont  un  peu  con- 
ventionnels et  provisoires,  et  donneront  lieu,  sans  doute,  à  des  raodi- 
iications  de  détail. 

(1)  Bull.  l"sér.,  t.  Xll,  p.  236;  1811. 


J878.  nOLLFlS.    —  CHEMIN  DE  PER   DE  MKHY.  273 

Calcaire  grossier  moyen. 

Le  Calcaire  grossier  à  Milioles  montre  les  principaux  niveaux  sui- 
vants : 

1.  Calcaire  à  Milioles  et  Térébratules U-16 

3.  Masse  de  calcaire  à  Milioles,  Turritelles  et  fossiles  variés 17 

3.  Calcaire  à  Fo^ti/arta  et  débris  végétaux 18  et  19 

4.  Calcaire  à  Orbitolites  et  fossiles  variés 31  et  92 

5.  Calcaire  à  tubulures,  avec  fossiles  spéciaux 23 

Cet  ensemble  a  12  mètres  d'épaisseur  environ  dans  notre  coupe; 
dans  le  centre  du  bassin  sa  puissance  est  plus  grande  encore  et  les 
bancs  sont  plus  durs  que  sur  les  bords,  où  Tépaisseur  diminue  et  où  les 
horizons  sont  souvent  sableux  et  très-fossiliferes  (Grignon,  Parnes, 
Mouchy).  La  valeur  industrielle  la  plus  grande  est  dans  les  couches 
moyennes  (n»»  17-20). 

Les  divisions  que  je  viens  d'indiquer  sont  plus  difficiles  à  suivre  ici 
que  partout  ailleui^s,  et  l'épaisseur  et  les  légers  caractères  des  bancs 
sont  variables.  A  la  base,  les  bancs  dit  vergelés  ou  lambourdes,  moins 
puissants  et  plus  jaunes,  fournissent  plutôt  des  moellons.  La  partie 
moyenne  est  dite  banc  royal  :  c*est  la  belle  pierre  de  taille;  elle  est 
d*autant  plus  recherchée  qu'elle  est  plus  fine,  plus  blanche,  moins  fis- 
sarée  et  sans  fossiles.  Les  bancs  supérieurs,  qui  y  sont  joints  parfois, 
en  sont  aussi  parfois  distraits  et  délaissés  comme  friables  et  remplis 
de  tubulures;  la  faune  en  est  caractéristique.  Le  contact  du  Calcaire 
grossier  supérieur  est  généralement  précis,  et  le  premier  banc  qui 
apparaît,  s'il  n'est  pas  toujours  le  même,  est  toujours  très-difi'é- 
rent;  dans  la  longueur  de  notre  coupe,  on  a  pu  observer  cette  va- 
nation,  que  nous  avons  notée  24  bis  ^, 

Calcaire  grossier  supérieur. 

Je  rapprocherai  mes  divisions  de  celles  de  M.  Michelot,  point  par 
point,  en  tenant  compte  de  la  variabilité  des  détails. 

I^  Saint-Nom  est  le  calcaire  avec  Milioles  inférieur  des  Caillasses; 
parfois  dolomitique  et  méconnaissable,  il  correspond  aux  couches 
25  et  26.  Le  n^  24,  tablette  siliceuse  à  Méry,  banc  marneux  à  Céritcs  à 
Xeriel,  est  un  horizon  inférieur  accessoire,  qu'il  serait  intéressant  de 
suivre  sur  une  grande  étendue,  comme  premier  aspect  d'un  nouvel 
ordre  de  choses. 

F^  Banc  vert  est  un  horizon  très-net,  qui  se  compose  sur  les  Iwrds 

48 


27i  DOLLFUS.   —  CIIKMLN  DE  FER  DE  MÉIIY.  18  fév. 

de  rOiso,  (Vapres  les  propres  paroles  de  M.  Micbelot,  de  deux  filets 
argileux  (no*  27  et  30)  circonscrivant  un  double  banc  de  calcaire  sili- 
ceux (n°*  28  et  29)  avec  Cérites.  Cet  horizon  est  représenté  ailleurs  par 
des  couches  d'eau  douce  fossilifères,  du  plus  grand  intérêt. 

Le  CUquart  est  le  banc  de  calcaire  avec  Milioles  qui,  supérieur  au 
Banc  vert»  est  symétrique  du  Saint-Nom  placé  au-dessous  et  avec 
lequel  il  a  la  plus  grande  ressemblance;  il  porte  le  n^  31  dans  notre 
coupe,  où  il  est  malheureusement  dolomitique  ou  siliceux.  Ici  so 
terminent  lés  Caillasses  inférieures. 

Banc  franc  et  Roche  (de  Paris).  Je  comprends  sous  ce  titre  :  1®  les 
couches  de  calcaire  siliceux  32  à  36,  que  leur  transformation  empêche 
de  décrire  d'une  manière  complète;  2**  les  couches  37  à  40,  qui  for- 
ment le  grand  horizon  à  Lucina  saxorum  des  Caillasses.  On  verra,  en 
suivant  dans  les  diverses  carrières  ce  petit  ensemble,  combien  les 
couches  peuvent  avoir  des  caractères  différents  à  de  courtes  distances» 
tout  en  conservant  les  mêmes  fossiles  et  la  même  place  stratigraphique, 
qui  ne  permettent  pas  de  les  méconnaître.  Les  couches  35  à  39  cor- 
respondent vraisemblablement  au  u^  87,  Rochette,  de  Ch.  d'Orbi- 
gny.  M.  Michelot  fait  commencer  sa  Rocliette  par  le  banc  à  Corbules, 
qui  est  le  banc  à  plaquettes  numéroté  par  nous  41;  aucun  caractère 
n'est  indiqué  pour  son  sommet.  Comme  dans  notre  coupe  les  couches 
à  Corbules  sont  peu  épaisses  et  se  lient  à  celles  qui  renferment  les 
Lucines,  je  suis  porté  à  faire  du  tout  un  second  ensemble  sous  la  ru- 
brique de  Caillasses  moyennes. 

Je  comprends  encore  comme  toit  dans  cette  division  un  banc  sans 
fossiles,  mais  très-bien  caractérisé,  que  j'ai  revu  identique  à  de  grandes 
distances  (n^' 42-44),  composé  d'un  calcaire  marneux  fragmentaire, 
blanc,  divisé  en  son  milieu  par  une  couche  argileuse  verte,  de  quel- 
ques centimètres  d'épaisseur.  Ce  pourrait  être  la  couche  dite  Tripoli 
de  Nante7*re.  Comme  j'aurai  l'occasion  de  le  montrer  plus  tard  (1), 
une  lacune  ou  une  dénudation  sépare  souvent  ce  banc  caillasseux  du 
banc  marin  qui  le  surmonte.  En  supposant  donc  que  les  couches 
42-44  soient  les  Caillasses  sans  fossiles  de  M.  Michelot,  ce  qui  est  assez 
vraisemblable,  les  carrières  à  ciel  ouvert  exploitant  rarement  sous 
une  plus  grande  épaisseur  de  terrains  improductifs,  on  pourrait 
croire  que  le  sommet  du  Calcaire  grossier  est  atteint.  Il  est  loin  d'en 
être  ainsi.  Ch.  d'Orbigny  mentionne  au-dessus  de  son  n®  85,  qui  peut 
correspondre  à  la  dernière  assise  de  M.  Michelot,  un  calcaire  à  Po- 
lypiers que  j'ai  retrouvé  à  Méry  et  dont  je  puis  me  servir  comme 

(1)  V-  Coupe  géolofiique    du   chemin   de  fer  de  MontsouH  à  ilsle-Àdam,  infrà. 
séance  du  20  mai  1878. 


1878.  DOLLFUî».   —  CHEMIN  DE  FER  DE  HÉriY.  275 

base  d'une  nouvelle  série  de  caillasses,  d'environ  O'^SO  d'épaisseur, 
daos  laquelle  nous  avons  pu  numéroter  quarante  couches,  nou- 
Telles  en  très-grande  partie  pour  la  science.  Cette  série  serait  mes 
Caillasses  supérieures;  elle  se  subdivise  en  quatre  horizons  marins 
séparés  par  quatre  horizons  stériles,  qui  sont  depuis  la  base  : 

I.  a.  Calcaire  grossier  à  faune  franchement  marine  (Polypiers),  très- 
fossilifère (n»  46)  ; 

b.  Calcaire  siliceux  et  marnes  alternant,  sans  fossiles (n***  47-59)  ; 

U.  c.  Calcaire  siliceux  à  Céi'ites (n*  60)  ; 

d.  Marne  sans  fossiles (n*  61-67)  ; 

m.  e.  Calcaire  dur,  à  Cerithium  denticulatum  ci  C*  crUtaium  ....  (n*  68); 

f.  Marne  et  calcaire  siliceux (n*"  69-82)  ; 

IT.  g.  Calcaire  désagrégé  et  dolomitique,  très-fossilifère (n^  83)  ; 

Jb.  Calcaire  siliceux  et  marnes  varices (n**  81-88); 

Le  contact  des  Sables  moyens  a  lieu  immédiatement  au-dessus  par 
un  ravinement  bien  marqué  sur  tous  les  points. 

On  trouvera  dans  la  première  partie  les  listes  dos  fossiles  des  diverses 
assises  que  je  viens  de  classer;  ces  faunules  ont  une  grande  ana- 
logie avec  la  faune  des  Sables  moyens. 

Voici  d'un  coup  d'œil  la  classification  du  Calcaire  grossier  supérieur 
telle  que  je  la  comprends  : 

I/IV.  Calcaire  à   Cardium  oblignum  et  Cerithium 
C.                        l  Blanvillei. 

Sous-groupe  supérieur,      1111.  Calcaire  à  Cerithium  denticulatum  et  C.  cris- 
i  Ccrdium  obliquum  et  Ceri-\  tatum. 

thium denticulatum,        rll.  Calcaire  siliceux,  à  Potamiles  indéterminés. 

\I.  Calcaire  à  Polypiers  fStylocœniaJ. 

/IV.  Marne  fcuillelée,  de  0"04,  divisant  un  calcaire 

B.                       [  siliceux  de  1"60. 

Sous-groupe  moyen,        JIII.  Calcaire  en  plaquettes,  à  Corbules  (Rochette). 

à  Lueina  saxorum  et  Corbula  HI .  Calcaire  à  Milioles  et  Lucina  saxorum  (Roche). 

anatina.                 II.  Calcaire    siliceux,    à  fossiles  indéterminés 

\  (Bancs  francs). 

ilV.  Calcaire  à  Milioles  (dolomitique)  (Cliquart). 
/Marne  verte \ 
III.  Icalcairo  siliceux  en  deux  bancs.   .   .}  ^^*'?^ 
(Marne  verte j""*''^^- 
II.    Calcaire  à  Milioles  (dolomiti(iue)  (Saint-Nom). 
I.      Calcaire  siliceux,   à  Potamides;  roches  ac- 
cessoires. 

De  la  Dolomie  dans  le  Calcaire  grossier. 

La  découverte  de  la  dolomie  dans  le  Calcaire  grossier  n  est  pas  an- 
cienne; on  en  trouve  la  première  mention  dans  le  compte-rendu  de  Ja 


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1. 


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276  DOLLFUS.   —  CIIEUIN  DE  FER   DE  MÉRT.  18  ^t^'. 

course  faite  à  Pont-Sainte-Maxence  par  la  Société  géologique  sous  la 
direction  de  M.  de  Verneuil,  lors  de  la  session  extraordinaire  de  Paris 
en  1855  (1). 

D*aprè$  M.  Damour,  qui  en  a  donné  peu  après  l'analyse  et  la  for- 
mule (2),  cette  roche  forme  des  amas  entre  le  banc  à  Nummulites 
îœvigata  et  le  calcaire  à  Cerithium  giganteum,  dont  ils  sont  séparés 
par  une  très-mince  couche  d'argile  brune  ;  c'est  un  sable  gris-jaune, 
à  grains  fins,  qui  au  microscope  présente  souvent  des  cristaux  rhom- 
boédriques  complets  et  accessoirement  des  grains  de  quartz  anguleux 
et  des  paillettes  de  mica. 

Depuis  lors  Goubert  est  revenu  sur  cette  question  avec  quelques 
développements  (3)  ;  il  a  retrouvé  la  couche  dolomitique  de  Pont  dans 
d'autres  localités,  «  toujours  intercalée  dans  le  Calcaire  grossier  infé- 
rieur et  tenant  la  place  qu'occupe,  de  Conflans-Sainte-Honorine  à  Crcil , 
la  pierre  de  Saint-Leu,  entre  le  banc  à  Nummulites  Iœvigata  et  celui 
à  Yerrains.  b  11  cite  Saint-Maximin,  Yerberie,  Clermont-en-Beauvoisis, 
Joux-la-Ville,  Parmain,  etc.  Il  croit  que  ces  phénomènes  sont  contem- 
porains du  dépôt  du  Calcaire  grossier  lui-même,  et  ne  saurait  y  voir 
une  dolomitisation  par  métamorphisme  ou  épigénie  ou  par  des  va- 
peurs de  sel  magnésien.  «  Le  sable  de  Clermont  est  le  résultat  d'un 
double  dépôt  minéral  simultané  de  carbonate  calcaire  et  de  sel  de 
magnésie.  » 

Nos  observations  ne  me  permettent  pas  d'accepter  cette  manière  de 
voir,  qui  semble  généralement  admise.  De  la  coupe  de  Méry,  il  résulte 
formellement  :  1^  que  les  accidents  dolomitiques  se  reproduisent  à 
plusieurs  niveaux  stratigraphiques;  2"*  que  leur  degré  d'intensité  est 
variable  ;  Z^  qu'ils  sont  postérieurs  à  la  formation  des  couches. 

Avant  M.  de  Vemenil,  d'autres  observateurs  avaient  rencontré  les 
sables  dolomitiques,  mais  sans  en  reconnaître  la  nature;  ils  les  con- 
sidéraient comme  de  simples  accidents  sableux  du  Calcaire  grossier  ou 
comme  faisant  partie  des  Sables  inférieurs. 

Cuvier  et  Brongniart  décrivent  à  ce  niveau,  à  la  descente  de  Presles» 
«  un  sable  calcaire  jaunâtre,  mêlé  de  fer  chloriteux  et  renfermant 
des  rognons  très-durs,  souvent  très-gros,  formant  des  bancs  inter- 
rompus, mais  horizontaux,  et  composés  d'un  calcaire  sableux  à  grains 
verts,  agglutinés  par  un  ciment  spalhique  (4)  ». 

Graves  a  été  souvent  gêné  dans  sa  délimitation  des  Sables  înfé- 


(1)  Bull,  2'  sér.,  t.  XII,  p.  1328. 

(2)  Bull.,  2'  sor.,  t.  XIII,  p,  68;  1855. 
rS)  Bull,  2"  st-r.,  t.  XVII.  p.  l[\S:  1859. 

(4)   De^rr.  fjt'ul.  r»iw.  Paria,  .1«  ôJ..  p.  234. 


1878.  DOLLFUS.    —  CHEMIN   DE   FEU   DE   MÉllY.  277 

rieursetduCalcaîro  grossier,  par  l'apparitioa  dans  le  Calcaire  grossier 
inférieur  de  ces  couches  sableuses,  qui  lui  paraissaient  constituer  une 
liaison  intime  entre  les  deux  étages  (1). 

D*Arcbiac  a  signalé  les  mêmes  accidents  sableux,  sans  s'y  arrêter, 
en  bien  des  points  de  TAisne.  Vers  Coucy  il  dit  :  «  A  igauche  du 
chemin  deFresnes,  on  exploite  un  calcaire  jaunâtre,  très-dur,  à  cas- 
sure miroitante,  en  rognons  disséminés  dans  un  sable  jaune,  et,  à  une 
distance  de  quelques  centaines  de  mètres,  le  Calcaire  grossier  paraît 
reprendre  son  caractère  ordinaire  (2).  » 

Enlin,  à  Laon,  M.  Melleville  (î)  a  vu  et  bien  décrit  les  accidents 
dolomitiques  ;  il  suppose  que  ces  masses  sont  sorties  à  Tétat  boueux 
par  des  canaux  souterrains  de  profondeurs  inconnues,  en  même 
temps  que  se  formait  le  Calcaire  grossier. 

Dans  la  coupe  de  Méry  nous  avons  observé  des  faits  de  dolomitisa- 
tion  en  un  grand  nombre  de  points  :  d'abord  dans  des  couches  infé- 
rieures aux  bancs  à  Cerithium  giganteum,  notamment  dans  la  tran- 
chée de  rOise  ;  puis  nous  avons  signalé  des  phénomènes  identiques 
affectant  la  couche  à  C  giganteum  elle-même,  dans  les  coupes 
du  palier  de  Téglise  et  de  la  station  de  Mériel  ;  enfm  les  mêmes  acci- 
dents se  sont  présentés  dans  les  couches  inférieures  et  moyennes  du 
Calcaire  grossier  moyen,  soit  dans  la  tranchée  de  la  gare  de  Mériel, 
seit  dans  les  petites  tranchées  du  kilomètre  27  (couche  22).  Dans  le 
Calcaire  grossier  supérieur  nous  avons  dû  signaler  des  couches  alté- 
rées aussi  souvent  que  des  couches  normales,  et  nous  avons  indiqué  la 
correspondance  latérale  des  couches  dans  leurs  deux  états.  Ainsi  le 
phénomène  atteint  indifféremment  toutes  les  assises  du  Calcaire  gros- 
uer,  mais  avec  une  intensité  fort  variable;  cette  intensité  n'est  cepen- 
dant point  en  relation  avec  la  place  stratigraphique,  comme  on  peut 
s'en  convaincre  en  jetant  les  yeux  sur  le  tableau  suivant,  dans  lequel  je 
donne,  comparées  à  l'analyse  de  M.  Damour  et  entre  elles,  les  analyses 
des  principales  assises  dolomitiques  de  notre  coupe,  que  mon  ami 
M.  J.  Ogier,  préparateur  au  Collège  de  France,  a  bien  voulu  exécuter 
sur  ma  demande  avec  son  habileté  et  son  obligeance  habituelles  : 

I              II  III  IV  V 

Carbonate  de  chaux 55.3  4T.3  51.0  57.9  55.0 

—       de  magnésie  .   .   .          37.2  37.1  31.5  37.4  36.2 

Fer,  silice,  etc 7.5  15.6  11.5  4.7  8.8 


100.00        100.00        100.00        100.00        100.00 


(1)  Topoyr.  gruffti.  Oi^e,  p.  310. 

'•i}  Descr.  gf'ul.  Aisne,  p.  121;  1813. 

'vi;  Bull.,  2*  sOr.,  f.  XVll.  p.  7^2,  1800. 


278  DOLLFL'g.  —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉRY.  18  fév. 

Dolomio 81.2  %      75  5  «/o      81.9  «/o      79.2  o/. 

Carbonate  de  chaux  libre 3.2  »/o      l'^O  %      13.4  «/o      12.0  «/^ 

L'analyse  I  est  celle  do  H.  Damour;  son  échanlillon  est  du  niveau 
de  notre  couche  12  très-probablement. 

Le  no  II  est  la  dolomie  calcarifère  du  sol  de  la  carrière  Quesnel  (160* 

Le  no  m  est  un  calcaire  dolomitique,  à  fossiles  siliceux,  pris  à  136 
mètres  avant  la  carrière  Quesnel,  dans  laquelle  la  même  couche  est 
à  rétat  normal  (22»). 

Le  no  IV  est  un  calcaire  dolomitique,  dur,  des  caillasses  à  Milioles, 
provenant  de  la  carrière  de  Mériel  (31^) 

Le  no  y  est  un  calcaire  dolomitique»  sableux,  des  caillasses  de  la 
tranchée  Lamoignon  (  83  J). 

Le  no  m,  des  petites  tranchées  du  kilomètre  27  (Calcaire  grossier 
moyen),  est  celui  qui  renferme  le  moins  de  dolomie,  mais  sa  teneur, 
75  ®/o,  est  encore  bien  remarquable.  Les  n®*  IV  et  V  appartiennent 
au  Calcaire  grossier  supérieur  ;  le  premier  est  dur,  cristallin,  à  trous 
vides  de  Milioles,  non  encore  remplis  de  matières  pulvérulentes;  c*est 
réchanlillon  analysé  le  plus  dolomitiqueet  le  plus  exempt  de  matières 
étrangères.  Le  ii^  V  est  le  type  le  plus  élevé  eomme  stratigraphie;  sa 
teneur  en  dolomie  est  moyenne  ;  les  matières  étrangères  sont  siliceuses  ; 
les  fossiles,  à  l'état  de  moules,  ne  sont  ni  remplis  de  matière  pulvéru- 
lente ni  siliciiiés  (1). 

Au  point  de  vue  géogi*aphique,  on  peut  considérer  la  vallée  de  l'Oise 
comme  un  des  principaux  centres  de  ces  accidents  magnésiens,  dont 
nous  n'avons  pas  vu  de  traces  au  midi  de  Conflans.  En  face  de  Mériel, 
à  Valmondois,  le  chemin  qui  monte  au  plateau  d'Âuvers  traverse  une 
énorme  masse  de  dolomie  (12  mètres), dans  laquelle  les  bancs  stratifiés, 
durs,  à  demi  altérés,  alternent  avec  des  sables  provenant  d'un  calcaire 
complètement  métamorphosé;  à  l'église  de  Valmondois  le  .Calcaire 
grossier  est  altéré  depuis  la  glauconie  tout  à  fait  inférieure  jusqu'aux 
Caillasses;  à  500  mètres  plus  loin,  à  Butry- Valmondois,  les  carrières 
du  bord  de  l'Oise  présentent  une  série  normale  complète  toute  intacte. 
Dans  la  vallée  du  Thérain,  à  Mouy,  à  Ully-Saint- Georges,  je  puis 
signaler  des  sables  dolomitiques  bien  caractérisés.  Dans  la  vallée  de 
l'Aisne,  à  Aizy-Jouy,  on  exploite  une  carrière  de  Calcaire  grossier 
à  demi  altéré,  dont  la  partie  pulvérulente  passée  au  crible  sert  à 
la  verrerie  et  dont    les  rognons  durs,   fossilifères,    du  calcaire   à 


fl)  M.  Delcssc  a  déjà  signalé  la  présence  de  la  magnésie  et  la  rareté  de  l'alumine 
dans  les  marnes  du  Calpaire  grossier.  Revue  de  Gcohgie,  t.  IV.  p.  55;  1800:  et  I.  V. 
p.  0r»;186»<. 


1878.  DOLLFl'S.    —  CHEMIN    DK  FEI\   DE  MÊRV.  279 

Mîlioles  servent  à  rempierrement.  fJe  pourrais  multiplier  ces  exem- 
ples. 

L'action  modificatrice  a  été  lente  et  continue;  elle  présente  toutes 
les  transitions  d'une  façon  successive.  Les  éléments  les  plus  faibles  et 
les  plus  tendres  sont  d'abord  atteints  ;  le  calcaire  semble  devenir  gré- 
seux et  perd  sa  blancheur;  de  petits  cristaux  discernables  apparaissent 
dans  les  interstices  de  la  pâte;  les  fossiles  sont  ensuite  atteints  ;  le  test 
disparait  ;  les  cavités  d'abord  bien  moulées  s'affaissent  et  se  remplissent 
de  matières  pulvérulentes;  enfin  toute  trace  organique  disparaît. 
Quand  la  glauconie  existe  dans  la  roche,  elle  subit  des  modifications 
successives  parallèles  et  intéressantes  :  de  verte  qu'elle  était,  elle 
devient  brune;  les  grains,  d'abord  limités  et  luisants,  grossissent, 
s'attendrissent,  prennent  un  aspect  terreux;  enfin,  chaque  point 
giauconieux  devient  une  petite  tache  jaune  sans  contours,  avec  une 
auréole  diffuse  qui  se  perd  dans  la  masse  devenue  cristalline. 

Les  caractères  stratigraphiques  s'altèrent  successivement  :  les  points 
saillants,  les  fentes  s'oblitèrent  ;  les  lignes  stratigraphiques  se  colorent, 
puis  disparaissent,  sans  laisser  de  traces;  certains  bancs  plus  siliceux, 
moins  altérables,  résistent  d'abord,  puis  s'émoussent  aux  angles,  s'ar- 
rondissent, donnent  naissance  h  des  rognons  et  finissent  par  se  fondre 
avec  le  reste  en  un  amas  irrégulier.  II  reste  parfois  des  rognons  intacts 
de  calcaire,  au  milieu  de  la  masse  transformée;  ce  qui  indique  en  ces 
points  une  action  plus  rapide  que  là  où  l'imprégnation  par  imbibitîon 
totale  n'a  laissé  aucune  partie  en  dehors  de  l'action  modificatrice 
commune.  C'est  surtout  alors  qu'on  voit  apparaître  les  accidents 
siliceux,  soit  par  le  remplissage  de  moules  de  coquilles,  soit  par  la  for- 
mation de  nodules  siliceux  noirs,  analogues  aux  silex  de  la  Craie,  au 
milieu  d'une  masse  qui  ne  renfermait  rien  de  semblable  à  l'origine. 
Les  fossiles  se  trouvent  englobés,  moulés,  remplis  de  silice  blonde  ou 
Doire,  sans  qu'il  soit  possible  de  savoir  par  quelle  voie  sont  arrivés 
ces  nouveaux  éléments. 

Quels  rapports  y  a-t-il  entre  la  silicification  et  la  dolomitisation? 
C'est  une  question  que  je  ne  saurais  élucider.  Mais  d'où  vient  cette 
dolomilisation  elle-même?  J'ai  cherché  si  elle  n'avait  pas  lieu  de  pré- 
férence sur  des  lignes  de  fracture  déterminées,  si  elle  n'atteignait  pas 
plutôt  telle  ou  telle  nature  de  roches,  si  elle  n'était  point  en  rapport 
avec  les  érosions  actuelles  ou  avec  les  phénomènes  diluviens;  mais  ces 
recherches  sont  restées  sans  résultat.  L'action  s  arrête  fréquemment 
par  une  ligne  droite  à  la  base  et  au  sommet;  latéralement  elle  parait 
bien  plus  ménagée.  Je  n'ai  revu  que  très-rarement  le  filet  argileux 
limite  dont  parle  M.  Damour,  et  rien  n'a  pu  m'indiquer  les  motifs 
d'arrêt  de  l'action  molcculaire  postérieure  qui  a  produit  au  sein  de  nos 


280  DOLLFUS.    —   ClItMIN   DE   FKR   DE  MÉ.lY.  18  \é\\ 

terrains  terliaires  (1)  les  phénomènes  si  intéressants  et  encore  si  mal 
connus  sur  lesquels  j'ai  cru  devoir  insister  un  peu  longuement. 

Sables  moyens. 

L'intéressante  assise  des  Sables  moyens  surmonte  celle  du  Calcaire 
grossier  dans  presque  toute  son  étendue  géographique;  sa  faune  pré- 
sente un  grand  nombre  d*espèces  communes  avec  celles  du  même  ter- 
rain. Quoiqu'on  observe  à  leur  contact  un  ravinement  important  et 
une  différenciation  minéralogique  très-nette,  en  t'ait,  ces  deux  masses 
de  rËocène  sont  plus  liées  qu'on  ne  le  suppose. 

Les  Sables  moyens  se  composent  en  résumé  :  à  la  base,  de  graviers 
et  sables  grossiers  à  débris  roulés  ;  à  la  partie  moyenne,  de  sables  sili- 
ceux, fins,  blancs,  dans  lesquels  s'intercalent  des  bancs  de  grès  calcaire 
et  de  calcaire  pur;  au  sommet,  de  sables  calcareux  dans  lesquels  s'in- 
tercalent des  filets  marneux  et  des  bancs  calcaires  formant  passage  à 
l'assise  suivante,  qui  est  le  calcaire  de  Saint-Ouen. 

On  s'accorde  à  placer  la  ligne  de  contact  des  Sables  moyens  et  du 
calcaire  de  Saint-Ouen  au-dessus  du  niveau  marin  sablo-calcaire  dit 
de  Mortefontaine  ;  cette  limite,  comme  M.  Tournouër  l'a  déjà  fait 
remarquer,  est  d'ailleurs  assez  arbitraire. 

Les  Sables  moyens,  comme  assise,  ont  été  méconnus  par  les  premiers 
géologues  parisiens.  Cuvier  et  Brongniart  (â)  les  ont  cru  en  certains 
points  intercalés  dans  le  Calcaire  grossier  supérieur  (Triel,  Fresnes)  ; 
ailleurs  ils  les  ont  considérés  comme  remplaçant  le  Calcaire  grossier 
(Ëzanville)  ou  comme  analogues  aux  sables  supérieurs  au  Gypse 
(Ermenonville,  Nauteuil).  La  confusion  était  complète. 

En  1821,  Constant  Prévost  (3)  s'attacha  à  l'étude  des  grès  de  Beau- 
champ,  près  Pierrelaye,  dans  la  vallée  do  Montmorency,  et  les 
suivant  aux  environs,  ne  tarda  pas  à  se  convaincre  que  les  sables  de 
cette  localité  formaient  un  horizon  continu  sous  le  Gypse,  au  sommet 
du  Calcaire  grossier.  Très- préoccupé,  à  ce  moment,  de  la  question  du 
mélange  des  espèces  marines  et  des  espèces  continentales,  ces  cou- 

(1)  H.  MatheroD  a  signalé  dans  le  Crétacé  du  Midi  des  faits  analogues  de  méta- 
morphisme  magnésien  [Bull.,  2*  sôr.,  t.  IV,  p.  263;  1816)  ;  et  nous  avons  vu  ré- 
cemment à  l'ouest  d'Antibes,  avec  M.  Potier,  lors  de  l'excursion  de  la  Société  à 
Nice,  des  assises  jurassiques  moyennes  également  transformées.  Ce  phénomène 
semble  donc  présenter  un  caractère  d'étendue  et  de  généralité  qu'on  n'avait  pas 
prévu  au  premier  abord. 

(2)  Essai  sur  la  Géogr.  minéraL  des  env.  de  Paris,  p.  26  et  88;  1811. 

(3)  Obs.  sur  les  grès  coquilticrs  de  Jkauchnmp.  Bull,  de  la  Soc.  philomaihiqnc . 
1821. 


1878.  DOLLFUS.    —  CHEMIN   DE  FEU  DE  MÉRY.  281 

elles  lui  fournirent  la  démonstration  qu'il  cherchait  de  ralternanco 
des  assises  marines  et  des  assises  d'eau  douce.  Il  donna  plusieurs 
coupes  de  localités  environnantes,  dans  lesquelles  les  Sables  moyens 
couronnent  le  Calcaire  grossier,  mais  sont  souvent  confondus  avec  les 
Caillasses. 

En  1829,  Al.  Brongniart,  dans  sa  Tliéorie  de  la  structure  de  la 
Terre  publiée  dans  le  Dictionnaire  des  Sciences  naturelles  (1),  admit 
les  sables  de  Beauchamp  comme  couronnant  le  Calcaire  grossier  et 
formant  une  dépendance  des  Caillasses. 

En  1835,  Cuvier  et  Brongniart  ajoutèrent  peu  à  ces  détails.  Il  faut 
arriver  à  d'Archiac  (2)  pour  trouver  un  progrès  sensible  dans  la  clas- 
sification du  terrain  qui  nous  occupe:  de  1837  à  1840.  cet  auteur  décrit 
soigneusement  les  «  Sables  moyens  >,  qu'il  partage  en  3  assises  dont 
le  peu  de  place  dont  je  dispose  ne  me  permet  malheureusement  pas 
de  donner  le  détail  critique;  en  1843,  il  développe  le  môme  sujet  et 
donne,  pour  le  département  de  T Aisne,  la  division  suivante,  à 
partir  du  haut:  1<*  calcaire  marin;  2^  grès  ;  3»  sables. 

En  1847,  Graves  divise  les  Sables  moyens,  avec  la  précision  et 
l'exactitude  qu* on  lui  connaît,  en  trois  horizons  (3)  : 

8.  Dépôts  coquilliers  et  grès  en  bancs  étendus,  à  fossiles  nombreux  mais  petits 
{Portunus  Hcricarli)  ;  ce  dépôt  allerne  à  Nanteuil,  Rozières,  Ducy,  avec  un  cal- 
caire d'eau  douce. 

2.  Sables  et  grès  puissants,  peu  fossilifères. 

1.  Sables  fossilifères,  avec  débris  roulés  et  galets  fNummulites  variolariaj,  et, 
comme  lit  subordonné,  des  marnes  argilo-sabicuses  discontinues  (base). 

Bien  plus  tard,  M.  Michelot  relève  à  Triel  (4)  une  coupe  générale 
des  Sables  moyens,  trop  peu  détaillée  pour  pouvoir  nous  être  utile. 

Ch.  d'Orbigny,  dans  son  Tableau  synoptique,  admet  10  divisions; 
mais,  comme  Goubert  Ta  fait  observer,  la  succession  donnée  renferme 
une  erreur  importante  :  les  sables  d'Auvers,  n<*  72,  y  sont  placés  au- 
dessus  des  sables  de  Beauchamp,  n^  73;  c'est  le  contraire  qui  est  vrai 
et  absolument  démontré.  L'ordre  des  n~  70  et  71  parait  devoir  ôlre 
également  inversé. 

En  1859,  Goubert  (5)  donne  des  documents  très-utiles  sur  la  suc- 
cession des  Sables  moyens  dans  les  vallées  de  la  Marne  et  de  l'Ourcq. 
Voici  ses  niveaux  : 

(1)  op.  cit.,  t.  LIV,  p.  120. 

(2)  BuU.,  !'•  sôr.,  t.  IX,  p.  51;  1837;  t.  X,  p.  108,   1839;  et  t.  XU,  p.  39;  1840. 

(3)  Topogr.  géogn,  Oise,  p.  430. 

(1)  Ha//.,  2«  sôr.,  t.  XII,  p.  13-21:  1805. 
T);  Dnll..  2'  sôr.,  t.  XVII.  p.  111. 


282  DOLLFUS.  —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉllY.  18  fëv. 

Sablo  fin  ou  argileux  (Mortefontainc),   ou  calcaire  marDeuz,  avec 
C,  supérieur.  {      Fwus  polffgonuM,  Cerithium  Cordieri,  C,  plewrotomoïdes,  C.  trica- 

rinatum,  AvUula  fragilis,  Corbula  angulata. 
Sable  à  Melania  kordacea  do  Beauchamp,  remplacé  par  la  pierre 
de  Lizy  ou   de  Louvres  à  Mary,    Etrepilly,  etc.;  Ceriihium 
.     ^      Bo\tei,  C,  nalarotdes,  Cytherea  elegaru,  Portunut  Heriearti. 
,  moyen,  j     .  ^^^  d'ËzanYilie,  de  Moiselles,  et  grès  curviligne  de  Beau- 
b*  I      champ  ;  Cyrena  deperdita,  Psammobia  nitida,  Cerithium  mu- 
V      tabile,  C,  tubereulosum. 

.    .  ,,  .        (  Sable  à  Tossiles  brisés  et  galets  ;  Nummulites  variolaria.  Polypiers 
A,  inférieur.  | 

Peu  après,  le  même  auteur,  saisissant  l'occasion  des  travaux  de 
percée  du  boulevard  Hale&herbes,  publie  une  coupe  intéressante  qui 
montra  la  superposition  du  calcaira  do  Saint-Ouen  aux  Sables 
moyens  (i). 

Entiu,  poursuivant  le  même  horizon,  Goubert  donne  en  1861  (i)  la 
coupe  des  Sables  moyens  à  Lizy-sur-Ourcq,  où  elle  offre  un  intérêt 
capital.  La  classification  y  est  reprise  comme  suit  : 

c.  I  5-8.  Calcaire  à  Àvieula  fragilis. 

9-11.   Bousin  gris,  passant  au  calcaire  de  Lizy;   Cerithium  tuberculatum, 
C.  Bouei,  Portunus  Heriearti, 

13.  Sables  àCérithes  :  C.  Bouei^  C.  crenatulatum,  C.  thiarella,  C.  sealaroïdes. 
B.{  13.  Cordon  de  A/ya7i/f  At^au/ti. 

14.  Grès  gris,  représentant  le  grès  exploité  à  Beauchamp. 

15.  Sables  à  Melania  lactea;  Psammobia,  Cardium,  Natica  mutabilis,  Cor- 
bula gallica,  Cyrena  deperdita. 

A.  I  16-21.  Sables  divers,  ^\ec  NummulUes  variolaria. 

Le  contact  des  Caillasses  n*est  pas  indiqué;  l'épaisseur  des  couches 
12  et  19  fait  défaut. 

Aucun  document  nouveau  n*a  été  publié,  à  ma  connaissance,  de 
1861  à  1876,  époque  où  HH.  L.  Garez  et  Vasseur  ont  donné  la  coupe 
de  la  terrasse  de  La  Frette-sous-CormeilIes  (3).  On  pourra  comparer 
avec  intérêt  cette  coupe  avec  celle  de  Héry. 

Il  demeure  donc  établi  qu'il  existe  au  contact  du  Calcaire  grossier 
supérieur,  des  sables  et  des  couches  argilo-sableuses  variées,  sans 
fossiles,  avant  d'arriver  au  lit  à  débris  roulés,  à  fossiles  abondants  et 
brisés,  considéré  habituellement  jusqu'ici  comme  la  base  des  Sables 
moyens.  MM.  Graves,  d'Orbigny,  Yasseur  et  Garez  ont  observé  ces 
couches  sous  divers  aspects;  elles  ont  donc  droit  à  une  place  spéciale 
dans  la  classification  (n""*  89-92). 

« 

(1)  BulL,  2«  sér.,  t.  XVIII,  p.  80  ;  1860. 

[2)  Bull,,  2-  sér.,  t.  XVllI,  p.  115;  1801. 
(:j)  Bull.,  3"  sér..  t.  IV.  p.  472. 


1878  DOLLFUS.   —  CHEMIN  DE  FER  DE  UBaV.  283 

La  partie  inférieure  des  Sables  moyens  peut  en  outre  se  subdiviser 
en  trois  niveaux  :  i^  un  niveau  inférieur,  à  Nummuliies  variolaria,  à 
débris  du  Calcaire  grossier  remaniés  et  très-roulés,  à  coquilles  rare- 
ment entières,  à  Ostrea  abondantes  (n^  93)  ;  2^  un  niveau  moyen, 
gréseux  ou  sableux,  pur,  sans  fossiles,  puissant  (n^s  94  et  95)  ;  3^  un 
niveau  supérieur,  à  Nummuliies  variolaria  très-nombreuses,  à  éléments 
calcareux  abondants,  à  fossiles  variés  et  brisés,  à  stratification  oblique 
(n**  96)  ;  c'est  la  couche  qui  est  si  riche  à  Yalmondois  et  à  Anvers,  sur 
la  rive  opposée  de  FOise.  Ces  trois  niveaux  portent  respectivement 
dans  la  coupe  de  Lizy  les  n^^  21,  20,  19,  et  dans  la  coupe  de  La  Frette 
les  noi  SO  à  53,49,  48. 

La  partie  moyenne  des  Sables  moyens  est  écourtée  dans  notre  coupe  : 
riiorizon  inférieur,  sable  propre  de  Beauchamp,  est  sans  fossiles  et 
confondu  avec  la  partie  moyenne,  grès  de  Beauchamp  (no*  97  et  98); 
mais  l'horizon  supérieur,  sable  à  Mélanies  (n®*  100-103),  est  très-riche; 
c'est  la  couche  43  de  La  Frette,  la  couche  12  de  Lizy,  à  laquelle  il  faut 
probablement  joindre  les  couches  9-11  du  même  endroit,  puisque 
notre  série  paraît  sans  lacune,  à  moins  qu'on  ne  préfère  y  voir  les 
représentants  de  nos  couches  104  et  105.  Nos  couches  97-99  peuvent 
s'assimiler  aux  couches  44  et  45  de  La  Frette,  13-15  de  Lizy. 

La  couche  106  est  un  calcaire  d'eau  douce  de  l'horizon  de  celui  de 
Ducy,  Nanteuil,  etc.,  désigné  à  La  Frette  sous  le  no  41,  et  dont  Goubcrt 
nous  apprend  l'existence  à  Jaigncs,  à  la  base  de  sa  couche  9  de  Lizy. 
Ce  calcaire,  malheureusement  sans  fossiles  à  Méry,  a  par  sa  faune  des 
analogies  marquées  avec  les  sables  de  Beauchamp  (Limnœa  arenula^ 
ria):  mais  il  en  a  d'autres  aussi  avec  le  calcaire  de  Saint-Ouen  (Pla^ 
norbis  planulatus),  et,  comme  la  faune  des  Sables  moyens  elle-même 
reparait  aussi  bien  dans  l'épaisseur  du  calcaire  de  Saint-Ouen  qu'au- 
dessus,  il  m'est  impossible  de  voir  là  une  limite  importante;  ce  n'est 
qu'un  simple  incident  dans  les  oscillations  d'exhaussement  de  l'Éocène 
supérieur. 

La  partie  supérieure  des  Sables  moyens,  dite  de  Mortefontaine,  bien 
caractérisée  à  Méry  dans  une  couche  d'épaisseur  variable  (n®  107),  se 
trouve  aujourd'hui  être  une  des  couches  les  plus  continues  et  les  plus 
étendues  de  cet  étage  ;  c'est  le  n®  39  de  La  Frette,  le  n®  42  de  Paris 
(boulevard  Malesherbes),  le  n»  5  de  Lizy,  et  elle  est  typique  dans  les 
collines  du  Valois. 

Les  couches  108-111,  incertaines  comme  étant  sans  fossiles,  termi- 
nent les  Sables  moyens  sous  le  calcaire  d'eau  douce  moyen  de  Saint- 
Ouen,  comme  les  couches  89-9i  en  avaient  marqué  le  début  au  contact 
du  Calcaire  grossier  supérieur.  H  paraît  exister  quelque  chose  d'ana- 
logue à  Paris  (n"»  40  et  41  du  boulevard  Malesherbes),  et  Ch.  d'Orbigny 


284  DOLLFUS.   —  CHEMIN   DE  FEU  DE  MÉHY.  18  fév. 

a  signalé  (ii^  67)  des  dépôts  dans  la  même  situation  aax  docks  Napo- 
léon près  Saint-Ouen  ;  c  est  un  détail  à  ne  pas  négliger,  comme  pouvant 
prendre  un  jour  de  l'importance. 

La  faune  des  couches  100-103  étant  plus  voisine  de  celle  des  sables 
du  Guespel,  près  Survilliers,  que  de  toute  autre  (1),  et  sa  position 
stratigraphique  nétant  pas  douteuse,  je  suis  conduit  à  penser  que  la 
place  de  ce  gîte  du  Guespel,  sur  laquelle  les  opinions  sont  partagées, 
est  exactement  au-dessus  des  grès  curvilignes  de  Beauchamp,  et  au 
niveau  des  sables  verts  et  des  calcaires  à  Melania  hordacea  de  cette 
localité,  place  qui  correspond  exactement  à  celle  de  la  partie  moyenne 
du  niveau  moyen  de  la  coupe  de  Lizy,  à  la  couche  b  de  la  coupe  de 
Goubert  de  1857,  dans  laquelle  la  couche  à  Portuntis,  ou  pierre  de 
Lizy,  qui  vient  au-dessus,  n'est  pas  distinguée. 

Calcaire  de  Saint-Ouen. 

En  tenant  compte  des  réserves  faites  à  propos  du  calcaire  de  Ducy, 
la  limite  inférieure  du  calcaire  de  Saint-Ouen  au-dessus  de  la  couche  à 
Avicuîa  Defrancci  est  sufUsamment  précise  et  anciennement  connue  ; 
il  n'en  est  pas  de  môme  du  sommet.  Nous  y  avons  observé,  sous  les 
marnes  marines  infrà-gypscuses,  des  sables  verts  marins,  sur  lesquels 
l'attention  ne  s*estjusqu  ici  que  fort  peu  portée,  quoiqu'ils  aient  été 
vus  déjà  plusieurs  fois.  La  faune  de  ces  sables  verts  les  rapproche  éga- 
lement des  Sables  moyens  et  des  marnes  à  Pholadomya  Ludensis;  je 
les  décrirai  plus  loin  comme  faisant  partie  de  la  période  gypseuse 
inférieure  ou  marine. 

Dans  ces  limites,  le  calcaire  de  Saint-Ouen  est  formé  d'une  masse 
marno-calcaire,  de  6  à  8  mètres,  blanchâtre,  avec  quelques  lits  minces, 
sableux  ou  siliceux,  avec  nodules  et  fossiles  d'eau  douce  variés.  Ou 
peut  diviser  celte  masse  en  deux  parties,  séparées  par  un  horizon  marin 
dont  la  liaison  avec  la  couche  à  Avicules  de  Mortefontaine  est  tout 
particulièrement  intime.  Ces  deux  parties  sont  assez  semblables.  Ou 
peut  dire  cependant  que  la  base  est  formée  de  calcaires  compactes  avec 
prédominance  des  Bithinies,  et  que  le  sommet,  avec  assises  marneuses 
et  nodules  siliceux  très- abondants,  fournit  de  préférence  des  Limnées. 

(1)  Surtout  par  l'abondanco  des  Cyrena  deperdita,  Melania  hordacea,  Ccrithium 
crenatulatum  et  C.  Bouei;  elle  en  a  beaucoup  moins  avec  la  faune  de  Beauchamp, 
d'une  part  parla  rareté  des  Cerithium  mutabile  et  Ostrea  cucullaris,  do  l'autre  par, 
l'absence  des  Lucina  saxorum,  Ccrithium  tubcrculosum,  Tellina  lunulata.  Car- 
dites,  etc.  Les  Ccrithium  scalaroïdcs,  C.  trochiforme,  Dclphinula  turbinoïdcs.  Tri- 
ijonorœlia  crxssa,  sont  d'ailleurs;  fnri  rares  à  lJeau«harap. 


1878.  DOLLFUS.   —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉnV.  286 

Ces  divisions,  sans  être  absolues,  concordent  assez  bien  avec  la  coupe 
de  La  Frette  et  avec  les  autres  coupes  classiques,  dont  je  vais  donner 
un  aperçu  historique. 

Cuvier  et  Brongniart,  dans  leur  Essai  sur  la  géographie  minéralo- 
gique  des  environs  de  Paris,  confondaient  sous  le  nom  de  Calcaire  sili- 
ceux non-seulement  le  calcaire  qui  nous  occupe,  mais  encore  une 
grande  partie  des  Caillasses,  le  calcaire  de  Champigny,  et  même  le  cal- 
caire de  Brie;  en  certains  points  ils  le  considéraient  enfin  comme  rem- 
plaçant latéralement,  en  grande  partie,  le  Calcaire  grossier.  Plus  tard 
les  mêmes  auteurs  reconnurent  que  le  Calcaire  siliceux  était  con- 
stamment au-dessus  du  Calcaire  grossier  et  au-dessous  du  Gypse,  et  le 
décrivirent  à  sa  vraie  place  au  nord  de  Paris,  y  signalant ^t7i^^a|}u- 
silla,  B.  atomus,  Limnœalongiscata,X\xnord'Ouesti\s]eco^  jndaient 
encore  avec  les  Caillasses,  et  au  sud-est  ils  y  rapportaier  le  travertin 
de  Champigny. 

La  place  de  ces  assises  donna  lieu  au  sein  delà  Société  géologique  à 
des  discussions  intéressantes  (1).  Dufrénoy  distinguait  le  calcaire  de  Brie 
du  calcaire  de  Beauce,  mais,  rapprochant  le  calcaire  de  Champigny  du 
calcaire  de  Brie,  assurait  que  le  Calcaire  siliceux  était  au-dessus  du 
Gypse  (2).  Cordier  et  Brongniart  affirmaient  la  liaison  du  calcaire  de 
Champigny,  du  Calcaire  siliceux,  du  calcaire  de  Saint-Oueu  et  des  Cail- 
lasses. C.  Prévost  croyait  voir  une  application  de  ses  idées  théoriques 
et  supposait  que  le  Calcaire  siliceux  s'était  déposé  au  sud  de  Paris 
pendant  que  le  Calcaire  grossier,  le  Gypse,  le  calcaire  d*eau  douce 
supérieur  se  formaient  au  nord.  Nérée  Boubée  insistait,  avec  vérité, 
sur  rindépendance  du  calcaire  de  Saint-Ouen  entre  le  Calcaire  grossier 
et  le  Gypse. 

D'Archiac  étudiant  dans  l'Aisne  une  région  moins  étendue  a  décrit 
le  calcaire  de  Saint-Ouen  sous  le  nom  de  marnes  et  calcaires  marneuc» 
(5«  étage)  du  calcaire  lacustre  moyen  (calcaire  siliceux),  nom  qu'il 
lui  a  conservé  en  I8i9  dans  son  Histoire  des  Progrès  de  la  Géologie  (3). 

Graves  a  reconnu  et  décrit  dans  l'Oise  le  calcaire  lacustre  moyen, 
sans  y  introduire  de  divisions  ;  il  lui  donnait  pour  base  un  Ut  épais 
d'argile  verte  plastique,  qui  est  un  niveau  d'eau  assez  général. 

Ch.  d'Orbigny  avait  publié  en  1836  (4)  une  coupe  très- détaillée  de 
la  tranchée  du  chemin  de  fer  de  Saint-Germain  (gare  Saint-Lazare)  à 
laquelle  on  pourra  recourir  encore  avec  fruit.  En  1855,  dans  son  Ta- 


(1)  Bull.,   l"scr.,  t.  I,  p.  222;  1831. 

(2)  Bull.,  1"  aér.,  t.  IV,  p.  161;  1834;  Ann.  Mines,  3'  sor.,  t.  YIH,  p.  321  ;  1R35. 

(3)  T.  H.  p.  r)61. 

i\)  Bull.,  V  sér.,  t.  vu.  p.  101;  1H3(Î. 


28G  DOLLFUS.  —  GHEMIiN  DE  FER  DE  MÉRV.  18  fdv. 

bîeau  synoptique,  il  donne  une  coupe  du  calcaire  d'eau  douce  (ii^*  60- 
68),  sous  le  nom  de  travertin  inférieur  dit  de  Sahit-Oiien,  consacrant 
ainsi  ce  terme  typique,  déjà  employé  dans  les  cours  publics.  11  le  dis- 
tingue nettement  du  calcaire  de  Brie,  mais  pense  que  c'est  l'équivalent 
du  calcaire  de  Champigny  dans  la  Brie  (n®  66). 

La  même  année,  le  même  auteur  publie  la  coupe  de  l'embarcadère 
du  chemin  de  fer  de  Strasbourg,  où  le  sommet  du  calcaire  de  Saint-Ouen 
était  visible  sous  les  sables  infrà-gypseux  (1).  En  même  temps,  M.  Mi- 
chelot  (2)  présente  la  coupe  de  l'avenue  de  l'Impératrice,  à  Paris, 
coupe  montrant  à  la  base  les  sables  de  Beauchamp  et  au  sommet  les 
couches  marines  infrà-gypseuses  ;  le  calcaire  de  Saint-Ouen  y  a  7"*50 
d'épaisseur  pour  36  lits  distincts. 

En  1860,  Goubert,  profitant  des  travaux  du  boulevard  Halesherbes, 
y  relève  une  coupe  minutieuse  du  calcaire  de  Saint-Ouen  (3).  Ce  sont 
des  marnes  uniformément  variées,  dont  le  groupement  et  le  raccord 
avec  les  autres  coupes  n'est  pas  sans  présenter  quelques  difficultés. 

Dans  leur  coupe  de  La  Frette,  MH.  Vasseur  et  Carez  reconnaissent 
28  couches  dans  les  8  mètres  du  calcaire  de  Saint-Ouen  ;  la  succes- 
sion est  très-analogue  à  celle  de  Héry,  en  comprenant  les  n^^  13-21  en 
un  seul  ensemble  au  sommet. 

Les  couches  108  et  109  de  Méry  sont  bien  analogues  aux  couches 
37  et  38  de  La  Frette  ;  elles  relient  sans  incertitude  les  sables  de  Beau- 
champ  et  le  calcaire  de  Saint-Ouen;  notre  couche  108  est  même, 
vraisemblablement,  la  couche  d'argile  verte  du  plateau  de  Thury- 
Yalois  dont  parle  Graves. 

Notre  ensemble  113-116 decalcaires  à  Bithinies  a  son  analogueà  La 
Frette  dans  les  couches  34-36;  il  est  plus  difficile  de  dire  ce  qu'il  re- 
présente dans  les  coupes  de  Ch.  d'Orbigny  et  de  Goubert.  Mais  les 
marnes  à  Cyclostomes,  117-119,  sont  la  couche  33  de  HM.  Vasseur  et 
€arez,  et  quelque  chose  des  lits  35  et  36  de  Goubert. 

Nous  avons  ensuite  des  lits  variés  minces,  120-127,  pour  arriver  à 
la  couche  marine  128,  qui  est  sans  doute  l'argile  verte  feuilletée  de 
La  Frette,  27,  mais  qui  n'apparaît  pas  dans  les  coupes  parisiennes  et 
n'a  pas  été  indiquée  ailleurs  à  ma  connaissance  ;  c'est  une  des  nou- 
veautés de  notre  travail  de  Méry.  Signalons  aussi  le  n^  132,  couche  à 
granulations  calcaires,  indiquée  à  La  Frette  sous  le  n^  2i. 

Notre  coupe  se  termine  par  un  ensemble  de  calcaire  siliceux  coupé 
par  des  marnes  violacées,  dites  à  tort  magnésiennes,  à  silex  et  Limnœa 


(1)  Bull.,  2«  sér. ,  t.  XII,  p.  1312. 

(2)  Ibid.,  p.  1314. 

(3)  Bull.,  2'  S(>r.,  t.  XVm,  p.  80. 


1878.  DOLLFUS.   —  CHEMIN   DE  FER  DE  MÉAY.  287 

longiscata,  qui  se  retrouvent  dans  toutes  les  coupes  :  134-142,  Méry; 
13-23,  La  Frelte ;  47-49,  gare  de  Strasbourg;  1-14,  boulevard  Males- 
hcrbes;  3-8,  gare  Saint-Lazare;  60  et  61,  raWeaw  de  Ch.  d'Orbigny. 
Voici  quelques  altitudes  des  couches  supérieures  du  calcaire  de 
Saint-Ouen,  pour  qu'on  puisse  se  faire  une  îdëe  de  son  allui'e  dans  le 
bassin  de  Paris  : 


HoDtsoult 108" 

Méry 81.76 

La  Prette 57.40 


Arc  de  l'Étoilo 65"75 

Gârc  de  Strasbourg 48.00 

Boulevard  Malesherbes  .  .  .      0.80 


Formation  gypseuse. 

Je  diviserai  la  grande  époque  du  Gypse  et  les  formations  qui  en 
dépendent,  en  quatre  parties,  qu'on  peut  grouper  deux  à  deux  et  qui 
correspondent  à  des  dépôts  spéciaux  formés  dans  des  conditions 
diverses,  successives  et  continues  ;  les  voici  : 

4.  Horizon  palustre  et  lacustre  :  marnes  suprà>gypseuses  bleues 
Période  lacustre.  {      et  blanches. 

3.  Horizon  palustre  et  de  charriage  :  1"  masse  gypseuse. 

2.  Horizon  marin  et  saumàtre  :  2«,  3«  et  4*  masses,  gypse  marin. 
Période  marine.  ]  1.  Horizon  marin  pur  :  sables  verts  infrà-gypseux  de  Mon- 
ceaux. 

Pour  moi  la  période  gypseuse  s*étend  depuis  Taifaissement  du  bassin 
parisien,   après  le  dépôt  du  calcaire  de  Saint-Ouen,  qui  a  amené  la 
faune  marine  des  sables  verts  de  Monceaux,  faune  peu  différente  des 
Sables  moyens,  jusqu'au  retour  de  la  mer  des  marnes  feuilletées  à 
Cyrènes,  à  faune  peu  différente  de  celle  des  Sables  supérieurs.  Cette 
période  renferme  une  suite  continue  d*états  liés,  mais  distincts,  dûs  à 
des  exhaussements  successifs  du  bassin,  qui  sont  caractérisés  par 
des  dépôts  de  moins  en  moins  marins  à  partir  de  la  base,  puis  très- 
franchement  lacustres.  La  faune  marine  des  sables  verts  de  la  base 
pénètre  dans  la  formation  gypseuse  à  grands  cristaux  et  à  lits  mar- 
neux des  masses  inférieures,  et  vient  s  éteindre  à  une  longue  et  prin- 
cipale période  de  charriage,  caractérisée  par  des  dépôts  gypseux, 
précipités,  saccharoïdes,  avec  ossements  de  Mammifères  et  Mollusques 
terrestres  entraînés.  Après  ce  moment  le  cours  des  événements  change 
de  face  :  le  dépôt  du  gypse  s'arrête  rapidement;  des  marnes  impures, 
séléniteuses,  lui  succèdent;  les  eaux  se  clarifient  et  des  formations 
de   marnes   blanchâtres  calcaires,  bien   lacustres,   se   généralisent 
avec  une  faune  malacologiquc  spéciale  et  des  Mammifères  nouveaux. 


288  DOLLFUS.  —  CHEMIN  DE  FEU  DE  MÉHV.  18  fév. 

1 .  Sables  verts  de  Monceaux. 

Les  sables  verts  infrà-gypseux  sont  l'horizon  le  moins  connu  de  la 
période  gypseuse;  ne  renfermant  guère  de  matériaux  utiles,  ils  n'ont 
que  rarement  été  mis  au  jour. 

Cuvier  et  Brongniart,  Desmarest  et  Constant  Prévost,  ne  semblent 
pas  les  avoir  connus.  Ch.  d'Orbigny  les  a  distingués  nettement  en  1836 
dans  la  tranchée  de  Monceaux  du  chemin  de  fer  de  Saint-Germain  ; 
ils  y  surmontent  le  calcaire  de  Saint-Ouen  (n<^^  1  et  2).  Les  fondations 
du  collège  Chaptal  actuel  ont  été  faites  dans  cette  assise.  Ch.  d'Orbi- 
gny revit  les  mômes  sables  dans  les  travaux  des  fortifications  vers 
Clichy  et  aux  docks  de  Saint-Ouen.  La  coupe  qu'il  a  publiée  eu  1855 
des  tranchées  de  la  gare  de  l'Est  à  Paris  (1),  et  qu'il  avait  relevée  dès 
1848,  montre  les  sables  verts  reposant  sur  le  calcaire  de  Saint-Ouen; 
mais  on  ne  sait  pas  exactement  ce  qui  venait  au-dessus  d'eux,  parce 
que  cette  section  présente  des  erreurs  si  manifestes,  dont  je  parlerai 
plus  loin,  qu'on  ne  peut  lui  accorder  toute  confiance.  Enfin,  à  la 
même  époque,  le  même  auteur,  dans  son  Tableau  synoptique,  donne 
le  n°  59  au  grès  vert  infrà-gypseux,  et  indique  au-dessus  (n^  68) 
une  marne  blanche,  calcaire,  à  Paludines  (fortifications  de  Clichy) 
(probablement  notre  marne  blanche  145),  qui  ne  parait  pas  avoir  été 
revue  depuis;  sous  le  n^  57  il  signale  des  alternances  marneuses; 
enfin,  sous  le  no  56  il  désigne  la  marne  à  Pholadomya  Ludensis, 
mentionnée  par  erreur  comme  inférieure  à  la  4«  masse  gypseuse, 
no  53. 

Les  autres  géologues  qui  ont  eu  l'occasion  de  parler  des  sables  verts 
sont  :  M.  Michelot  (2),  qui  les  a  signalés  au-dessus  du  calcaire  de  Saint- 
Ouen  à  l'arc  de  triomphe  de  l'Étoile,  sans  contact  supérieur;  H.  Hébert 
(3),  qui,  en  1860,  cherchant  à  déterminer  la  vraie  place  du  calcaire 
de  Champigny,  fut  amené  à  étudier  les  horizons  marins  infrà-gypseux 
et  nous  a  conservé  une  coupe  de  Bry-sur-Marne  dans  laquelle  on  voyait 
au-dessus  du  calcaire  de  Saint-Ouen,  1  et  2,  des  marnes  argileuses 
et  des  sables  argileux  gris,  Za-g,  une  marne  calcaire  à  Cérites  et 
Natices,  4,  une  marne  calcaire  blanche,  5,  enfin  une  marne  jaune  à 
Pholadomya  Ludensis,  6.  Le  contact  supérieur  des  sables  verts,  3-5, 
est  formé  encore  ici  par  les  marnes  à  Pholadwnya,  en  l'absence  de  la 
4«  masse  gypseuse.  L'analogie  de  cette  coupe  avec  celle  de  Méry  est 
grande. 

(1)  BulL,  2o  scr.,  t.  XII.  p.  1309;  1855. 

(2)  Bull.,  2"  &cr.,  t.  XII,  p.  1311;  1855. 
(3;  Bull..  -2"  si^r.,  t.  XVII,  J).  800  ;  1800. 


1878.  IK>LLFUS.   —  CHEMIN    DE  FfiU   DE  MÉRY.  289 

Quelques  années  plus  tard,  MM.  Bioche  et  Fabre  découvrirent 
à  Argenteull,  dans  la  carrière  Bas,  au  niveau  de  la  voie  ferrée,  la  marne 
à  Pholadomya  au-dessus  de  la  4^  masse  gypseuse,  comme  à  Mont- 
martre, et  au-ilessous  nos  sables  verts  avec  Mytilus  Biochei,  Desh.  (1). 
Récemment  HM.  Vasseur  et  Carez  ont  lait  compléter  par  une  touille 
la  base  de  cette  coupe,  et  ils  ont  découvert,  au-dessous  des  sables  à 
Myiilus,  d'autres  sables  et  grès  calcarifères,  verdâtres,  fossilifères, 
puis  le  calcaire  de  Sainl-Ouen  {^). 

A  La  Frette  les  sables  verts  sont  netteiuent  indiqués,  12-16,  au-dessus 
du  calcaire  de  Saint-Ouen,  13;  il  manque  la  4°  masse,  qui  s'inter- 
calerait entre  les  n®*  9  et  10,  et  les  couches  de  marnes  à  Pholadomya, 
3  à  8,  viennent  au-dessus.  Celte  dernière  coupe  se  rapproche  beau- 
coup de  celle  de  Méry. 

D*après  tous  ces  renseignements,  on  voit  que  la  coupe  de  Héry  pré- 
sente les  sables  verts  de  Monceaux  plus  puissants  qu'ailleurs,  sans  qu'il 
soit  possible  d'y  faire  autant  de  divisions  qu'à  Argenteuil.  C'est  à  la 
base  un  grès  vert,  marin,  très-fossilifère,  143,  et  plus  haut  une  masse 
de  sables,  144,  à  fossiles  disséminés  assez  rares  et  à  rognons  gréseux 
épars;  au-dessus,  enfin,  règne  une  marne  calcaire,  145  (3).  Il  y  a 
lacune  de  la  4*  masse  gypseuse,  très  cantonnée  au  centre  seulement 
du  bassin,  elle  contact  supérieur  so  fait  par  les  couches  variée>s  des 
marnes  à  Pholadomya,  146-134. 

Je  puis  encore  signaler  les  sables  verts  de  Monceaux  à  Montreuil, 
soos  4  mètres  de  terrain  quaternaire,  vers  la  cote  47,  et  à  la  gare  de 
HoatsouU'Maffliers  à  l'altitude  de  1 13"'.  Les  autres  altitudes  sont  : 

Collège  Chaptal 40"»»      Arc  de  l'Étoile (KP»» 

Àrgeoteuil 42.50      Bry -sur- Maroc ^  .    48.»» 

UFrvUe •'>'7. 10      Méry 85.»» 

2.  Gypse  marin. 

La  partie  inférieure  du  Gypse,  qui  renferme  les  horizons  marins,  est 
composée  de  lits  alternes,  généralement  très-étendus,  quoique  très- 
minces,  de  marne  et  de  gypse  cristallisé  ou  cristallin.  Cet  ensemble  de 
couches  est  divisé  en  plusieurs  masses  arasez  naturelles  par  les  car- 
rfers,  et  la  science  peut  conserver  \  très -peu  près,  avec  avantage,  cei 
divisions.  Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  que  des  i\  3«  et  4«  masses. 

(1)  Bull..  2*  sér.,  t.  XXIII,  p.  321  ;  18^6. 

(2)  B\iH,^  3«  sér.,  t.  IV,  p.  475  ;  1876 

($  C'est  peut-être  encore  la  marne  blanche  calcaire,  à  Paludines,  dts  Dorks 
JUpoléon,  vue  par  la  Société  géologique  en  lasô  .'B»W/.,  t"  s«:t  ,  t.  XII,  p.  laoH, 

49 


ifJO  DOLLFUS.    —   CHEMIN   DE   FER   DE   MÉKY.  18  fdv. 

La  quatriètyie  m2L%SQ^  \^  plus  basse,  commence  aux  sables  verts  de 
Monceaux,  renferme  des  lits  marneux  à  Cérites,  et  se  termine  aux 
Pholadomya  LucJe>isis;  cette  masse,  la  plus  restreinte  au  point  de  vue 
géograpiiique,  a  été  bien  observée  k  Ârgenteuil,  Montmartre,  Romain- 
ville;  elle  est  confinée  dans  le  centre  du  bassin. 

La  troisième  masse  commence  au-dessus  des  marnes  à  Pholadomya» 
comprend  des  lits  gypseux  variés  et  déjà  puissants,  et  se  termine  à  la 
marne  jaune  à  Lucitia  inoniata,  Desh. 

La  deuxième  masse  débute  en  dessus  des  couches  à  Lucines  et  se 
termine  à  la  haute  masse  de  gypse  saccharoïde  compacte,  dite  aussi 
première  masse  ;  elle  comprend  dans  sa  partie  supérieure  des  bancs 
marneux  puissants,  avec  rognons  de  silex  ménilite  de  formes  bizarres. 
Goubcrt  a  découvert  des  fossiles  marins  (Cerithium  tricarinatum, 
C,  pleurotornoides,  TurriteUa  incerta)  dans  des  marnes  jaunes,  vers  la 
partie  moyenne  de  la  même  masse  (1). 

Comme  MM.  Bioche  et  Fabre  l'ont  rappelé  (2),  la  découverte  de  lits 
marins  à  la  base  du  Gypse  n'est  pas  nouvelle;  elle  remonte  à  Desma- 
rest  père  et  à  Coupé,  au  commencement  du  siècle  ;  mais  ce  n'est 
qu'en  1809  que  Constant  Prévost  et  Desmarest  fils  (3)  donnèrent  une 
coupe  de  la  carrière  de  la  Hutte-aux-Gardes  à  Montmartre,  mettant  le 
fait  hors  de  doute  ;  les  fossiles  rencontrés  sont  inscrits  comme  sem- 
blables à  ceux  de  Grignon.  Cette  coupe  n*est  depuis  longtemps  plus 
visible. 

La  grande  coupe  de  Montmartre  de  Cuvier  et  Brongniarl  reproduit 
à  la  base  (4)  la  coupe  de  Desmarest,  dont  le  n^  1  est  le  n<>  16  de  Tautre 
coupe.  Plus  haut  elle  donne  pour  la  troisième  niasse  le  détail  de  31 
couches;  mais  elle  ne  fait  pas  la  distinction  d'une  quatrième  niasse; 
en  adoptant  cette  division,  le  nombre  des  bancs  de  la  troisième  masse 
se  réduit  à  1(3,  avec  une  épaisseur  de  9  mètres.  Ensuite  vient  la  seconde 
masse,  avec  30  couches  ayant  une  puissance  totale  de  8  mètres,  et 
enfin  la  hnute  masse,  épaisse  de  15  à  20  mètres. 

Je  ne  reproduirai  pas  le  détail  de  ces  bancs,  bien  que  la  plupart 
soient  facilement  reconnaissables  dans  notre  coupe,  bien  que  très- 
diminués  en  épaisseur. 

Ch.  d'Orbigny,  dans  son  Tableau  synoptique,  donne  une  succession 
qui  ne  s'acTorde  pas  avec  les  coupes  précédentes  :  les  marnes  à  Pho- 


(1)  BidL,  3«  sér.,  t.  XVII,  p.  600;  1860;  et  t.  XXllI,  p.  340;  1866. 

(2)  Bull.,  2«  s6r.,  t.  XXIII,  p.  321;  1866. 

(3)  liull.  Soc.  philomathique,  avril  1809;  réimprima  en  1827. 

(4rff.w.  sur  la  Gc'ogr.  min.  env.  Pari^,  p.  164;  1811;  —  Deser.géol.  cni\  Parts. 
:«•  »SI.,  p    JOO;  IK-T). 


1878.  1X)LLFUS.    —   CHtlMlN   DK  FEU   DE  MÉHY.  291 

iadomyes.»  56,  sont  placées  sous  la  4^  masso  du  Gypse,  53;  elles  de- 
vraient être  à  la  place  des  couches  48  et  oO.  Ci).  d'Orbigny  a  été 
trompé  en  cette  circonstance  par  la  coupe  du  chemin  de  fer  de  TËst, 
relevée  par  lui  en  1848  (1),  <|ui  reproduit  ù  deux  niveaux  les  mêmes 
couches;  deux  coupes  prises  à  deux  endroits  différents  auront  sans 
doute  été  superposées  Tune  à  Tautre,  quand  elles  devaient  être  assi- 
milées latéralement.  MM.  Bioche  et  Fabre  ont  indiqué  cette  erreur, 
mais  sans  se  rendre  bien  compte  de  toute  sou  importance.  Les  mar- 
nes à  Pholadomya,  n^  3S,  ne  sont  autre  chose  que  les  marnes  à  i*e- 
traits^  no  2;  les  couches  4-10  sont  les  divers  bancs  marno-gypseux 
delà  4«  masse,  avec  lits  à  Cériles  intercalés,  tels  que  les  ont  distin- 
gués les  premiei*s  auteurs.  Quoi  (|u'ii  en  soit  de  la  coupe  du  chemin 
de  fer  de  TEst,  on  voit  combien  la  stratigraphie  de  détail  de  ces 
niveaux  est  restée  longtemps  confuse  et  combien  il  y  a  encore  de 
lumière  à  y  porter. 

A  Bry-sur-Marne,  dont  M.  Hébert  a  donné  la  doupe  et  où  la  4^  masse 
Eut  défaut,  on  observe  au-dessus  de  la  couche  à  Pholadomya  des 
argiles  et  marnes  grises,  vertes  et  jaunes,  avec  rognons  de  calcaire 
coucrétionné,  sur  5°*50  environ;  puis  le  calcaire  de  Champigny  sur 
9^.  Ce  dernier  serait  donc  l'équivalent  de  la  seconde  et  peut-être 
aussi  de  la  l^*®  masse:  l'absence  des  couches  à  Lucines  ou  à  silex  mé- 
nilite,  non  reconnues  jusqu'à  ce  jour  dans  la  région  qu'il  occupe, 
m'empêche  de  préciser. 

Nous  devons  à  Goubert  (i)  une  succession  détaillée  des  assises  gyp- 
seuses  d'Argenteuil,  en  deux  coupes  dans  lesquelles  la  place  des  marnes 
à  Lucines  est  nettement  établie.  MM.  Bioche  et  Fabre  (3)  ont  complété 
cette  stiocessiou  à  la  base  et  l'ont  poursuivie  jusqu'aux  sables  verts. 
On  voit  dans  cette  coupe  excellente  les  détails  de  la  4®  masse,  1-7, 
dtna  laquelle  des  traces  de  Cérites  auraient  été  ti^ouvées  depuis,  les 
divers  bancs  qui  composent  les  marnes  à  Pholadomya,  8-12,  les 
couches  de  la  3<>  masse,  13-27,  la  marne  à  Lucines,  28.  Cette  der- 
nièfe  couche,  n^  1  de  Goubert,  est  la  base  de  la  série  2  à  13,  qui  con- 
stitue la  2«  masse  à  Argenteuil. 

La  note  stratigraphique  de  MM.  Bioche  et  Fabre  est  accompagnée  de 
renseignements  paléontologiques  donnés  par  Deshayes  sur  les  fos- 
siles des  horizons  marins  gypseux  :  les  déterminations  de  C.  Prévost 
et  Desmarest  sont  rectifiées  ;  de  nouvelles  espèces  sont  décrites.  Des- 
hayes voit  dans  les  marnes  à  Pholadomyes  et  à  Lucines  un  mélange 


(l;  BulL,  2*  s6r.,  t.  XIL  p.  1309;  1855. 
(2)  Bii/y.,  2-  s6r.,  t.  XVII,  p.  812;  1860. 
(3j  Bull.,  2«  sér.,  t.  XXIII,  p.  3^1  ;  1806. 


i92 


DOLLFUS.   —  CUblMIN   DR    FEU   DE  MERY. 


18fév. 


des  espèces  des  Sables  moyens  et  des  Sables  supérieurs,  et  une  raison 
pour  maintenir  ces  deux  assises  dans  TËocène.  H  semble,  aujourd'hui 
qu'on  est  en  possession  de  documents  mieux  conservés  et  plus  complets, 
que  les  espèces  des  sables  de  Fontainebleau  ne  pénètrent  que  peu,  si 
même  elles  pénètrent,  dans  les  horizons  marins  infrà-gypseux,  et  que 
ta  prédominance  y  est  marquée  vers  les  Sables  moyens.  La  Lucine 
déterminée  L.  Heherti  est  bien  plutôt  la  L,  inomata,  étant  plus  bom- 
bée, plus  régulièrement  arrondie  et  présentant  un  développement 
moins  grand  des  régions  latérales,  etc. 

MM.  Vasseur  et  Carez  ont  suivi,  dans  une  coupe  encore  inédite, 
les  divers  lits  gypseux  d'Argenteuil  à  Cormeilles,  Montigny,  Herblay,  et 
les  ont  trouvés  d*une  continuité  et  d'une  ressemblance  parfaites;  le 
raccoi*d  avec  la  coupe  de  Frépillon  a  été  facile  et,  sauf  l'amincissement 
progressif  vers  l'ouest  et  le  nord,  toutes  les  couches  se  sont  trouvées 
prolongées  à  leur  place  dans  leurs  plus  minutieux  détails. 

A  la  gare  même  d'Ermont,  j'ai  vu  la  marne  à  Pholadomya  en  place 
sous  un  diluvium  épais  et  des  lits  remaniés  de  4  à  5  mètres,  à  l'altitude 
de  55°'.  J'y  ai  rencontré  les  fossiles  suivants  : 


Macropneustes  Prevosti,  Desor, 
Cerithium  tricarinatum,  Lam.,  var.  tint- 

cariiiatum. 
Turritclla  granulosa,  Desh  . 

—        imbricataria ,      Lam.,     var. 
(non  T.  communU,  Philippi), 


Calyptrœa  sp., 

Natica  ind., 

Corbula  pixidicula,  Desh., 

Psammohia  Stampinentit?,  Dcsh., 

Cardium granulosum,  Lam., 

Cardita  divergera,  Desh. 


L'assimilation  des  couches  marines  infrà-gypseusesde  Paris  avec  le 
calcaire  de  Ludes  près  Reims  n'est  pas  nouvelle;  elle  a  été  émise  pour 
la  première  fois,  si  je  ne  me  trompe,  par  M.  Raulin  (1),  à  la  suite  d'une 
note  de  M.  Arnould,  et  confirmée  lors  de  la  réunion  de  la  Société 
géologique  à  Épernay  (2);  elle  parait  aujourd'hui  généralement  accep- 
tée. Dans  un  travail  récent  (3),  M.  Eck  a  développé  la  faune  de  Ludes, 
dont  il  a  soigneusement  pris  des  empreintes,  et  Tassîmilation  de  ces 
couches  avec  les  marnes  à  Pholadomya  de  Paris  et  les  grès  infrà- 
gypseux  lui  parait  définitive  ;  cette  faune  a  toutes  ses  tendances  vers 
les  Sables  moyens. 


(1)  BulL,  1"  sér.,  t  XIV,  p.  42;  1842. 

(2)  Bull,  2-  sér.,  t.  VL  p.  707  et  733;  1849. 

(3)  Pr.  verb.  Soc.  malac.  Belg.,  t.  VII,  p.  V;  janvier  1878. 


1878.  IK)LLFUS.   —  lillEMI.N   1>Iî:  fkk   dk   mbkv.  293 

3.  Gypse  palustre. 

Le  gypse  de  la  j^retnière  niasse  ou  hanta  masse  est  le  plus  générale- 
ment exploité;  c'est  aussi  le  plus  étendu,  le  plus  lioniogène,  sans  lits 
marneux  h  rejeter;  c'est  l'horizon  rémunérateur  des  plâtrières  des  en- 
virons de  Paris. 

La  nature  des  petits  cristaux  imparfaits  de  la  pâte  saccharoîde  in- 
dique une  formation  agitée,  précipitée,  rapide;  les  grands  squelettes 
de  Vertébrés  qu'on  y  trouve,  et  ailleurs  les  os  isolés  et  roulés  des 
mêmes  espèces,  témoignent  du  charriage  des  éléments.  Les  rares 
coquilles  fossiles  qu'on  y  rencontre,  HeJix,  Cyclosùoma^  et  les  débris 
de  bois  confirment  cette  opinion  et  indiquent  des  apports  fluviatiles 
voisins.  J*ai  dit  que  la  première  masse  était  l'horizon  le  plus  étendu; 
il  semble  en  effet  que  la  période  gypseuse  considérée  dans  son  en- 
semble, de  restreinte  et  marine  qu'elle  était  au  début,  soit  devenue 
plus  tard  et  par  degrés,  à  la  fois  plus  étendue  et  palustre,  par  suite 
d'un  exhaussement  général,  continu  et  fort  lent. 

II  est  difficile  de  faire  aucune  division  dans  la  première  masse;  il  s'y 
rencontre  bien  des  fentes,  des  délits  locaux;  mais  nous  n'y  avons 
trouvé  aucun  banc  d'une  épaisseur  continue  et  constante.  Les  fentes 
verticales  nombreuses  témoignent  de  mouvements  postérieurs  du  sol, 
qui  ont  rompu  la  masse;  elles  sont  remplies  d'une  argile  jaune  ou 
d'un  enduit  gypseux  stalactiforme,  déposé  par  les  eaux  qui  ont  tra- 
vei*sé  les  parties  supérieures.  Le  toit  est  ondulé,  souvent  ferrugineux 
et  granuleux  au  contact  des  marnes  bleues  qui  régnent  au-dessus.  La 
base  est  également  ondulée  et  accompagnée  d'un  mince  filet  d'argile 
verte. 

La  première  masse  a  8  mètres  50  ou  9  mètres  d'épaisseur  à  Méry, 
entre  les  cotes  98"™  et  117™.  Elle  se  prolonge  au  nord  vers  Villiers-Adam 
et  à  Test  sous  le  plateau  de  Montmorency,  où  elle  est  exploitée  en  un 
grand  nombre  de  points.  Dans  la  ligne  parallèle  des  collines  tertiaires 
la  plus  rapprochée  au  sud,  d'Herblay  à  Urgemont,  la  première  masse  a 
12  à  15  mètres  d'épaisseur.  A  Montmartre,  Cuvier  et  Brongniart  lui 
out  trouvé  :  carrière  de  l'ouest,  19'";  carrière  du  nord,  IG"*;  carrière 
de  l'est,  2i'". 

4.  Marnes  pahistres  suprà-gypseuses. 

Notre  coupe  montre  au-dessus  de  la  grande  et  haute  masse  gypseuse 
une  succession  de  couches  variées,  nettement  stratifiées,  (ju'on  peut 
diviser  suivant  leur  nature  et  leur   l'iiune  en  deux  jj;rands  groupes  : 


-S94  DOLLFUS.   —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉRY.  18  fëv. 

Tinférieur  lacustre,  le  supérieur  marin  ou  plutôt  saumâtre.  Je  ne 
m'occuperai  ici  que  du  groupe  inférieur;  le  supérieur  sera  développé 
plus  loin  comme  base  des  manies  à  Ostrea  du  système  des  sat>les 
d'Étampes. 

L'ensemble  lacustre  inférieur,  couches  198-209,  comprend  lui-même 
deux  parties  très-lîées,  il  est  vrai,  mais  utiles  i  distinguer  pour  la 
facilité  de  la  classification  :  à  la  base  les  Marnes  bleues,  au-dessus  les 
Marnes  blancJies. 

La  faune  des  Marnes  blettes  est  très-pauvre;  c'est  à  peine  si  deux  ou 
trois  espèces  y  ont  été  rencontrées  aux  portes  de  Paris;  à  Frépillon  les 
fossiles  sont  un  peu  moins  rares,  sans  être  abondants  ni  variés.  Ils  se 
rapportent  à  des  espèces  des  Marnes  blancTies  pour  la  plus  grande  par- 
tie (1). 

La  faune  des  Marnes  blanches  est  bien  connue  aux  environs  de  Paris 
(Limnœa  strigosa,  Planorbis  planulattts,  etc.)  et  surtout  dans  TEsl. 
Dans  rOuest,  à  Sannois  et  à  Fi-épillon,  les  marnes  calcaires  de  ce 
niveau  ne  sont  point  fossilifères;  elles  sont  cependant  aisément  recon- 
naissables  dans  leui*s  détails. 

Quoique  toutes  ces  couches  suprà-gypseuses  soient  ti*ès-aisément 
visibles  dans  la  plupart  des  carrières  de  gypse  exploitées,  et  facilement 
étudiables,  il  n'y  a  sur  elles  que  peu  de  documents  détaillés  et  précis. 
Cuvier  et  Brongniart  ont  donné  la  succession  qui  était  visible  à  Mont- 
martre (45-19).  Dans  cette  coupe  les  Marnes  bleues  ont  été  en  partie 
réunies  à  la  première  masse,  à  cause  des  litsgypseux  assez  épais  qui  s'y 
intercalent;  ces  lits,  très-peu  épais  à  Argenteuil,  sont  à  Frépillon  des 
filets  presque  nuls;  c'est  la  même  réduction  proportionnelle  qui 
arrive  pour  tous  les  bancs  gypseux  à  mesure  qu'on  s'éloigne  du  centre 
du  bassin. 

Dans  un  grand  nombre  d'autres  localités,  Cuvier  et  Brongniart  in- 
diquent au-dessus  de  la  haute  masse  des  marnes  ferrugineuses,  jaunes, 
blanches,  verd&tres,  etc.  Ce  sont  autant  d'aspects  des  Marnes  bleues, 
qui  n'ont  la  couleur  bleue,  due  au  fer,  qu'à  l'état  frais  et  humide;  par 
l'exposition  à  l'air,  cette  couleur  change  totalement,  l'oxydation  et 

l'hydratation  la  modifiant  de  façons  diverses  vers  le  jaune  et  le 
rouge. 

Les  renseignements  fournis  par  d'Archiac  et  par  Graves  sont  incom- 
plets. A  Pavant,  dans  l'Aisne  (2),  les  Marnes  vertes  ne  sont  pas  indi- 
quées et  il  y  a  peut-être  confusion  entre  les  Marnes  blanches  et  le 

(1)  M.  Jannettaz  a   signalé   vers  la  base  des  empreintes  végétales  qui  n'ont  pas 
été  déterminées  fBulL,  2«  sér.,  t.  XIX.  p.  932;  1862). 

(2)  Dcscr.  geoL  Aisne,  pi.  XXII.  fi».  2. 


1878.  IlOIXFtS,    —  CJIKMIN    DE  FER   DK   MiiUV.  29ÎÎ 

calcaire  de  Brie.  A  Moiitmélian,  dans  FOise  (i),  il  csl  assez  difficile, 
sans  indications  paléontologi(|ue$,  de  dire  où  commencent  et  où  finis- 
sent les  deux  sortes  de  marnas;  je  suppose  cependant  qu'elles  y  sont 
représentées.  Plus  au  nord,  au  mont  Pagnotte,  d*Ârchiacetde  Yerneuil 
ont  donné  (â)  une  coupe  trop  rapide,  d'après  laquelle  le  Gypse  ne  semble 
pas  exister.  Enfin,  les  marnes  à  Limnées  ont  été  signalées  à  Montfbrt- 
l'Âmaury  par  M.  de  Roys  (3).  On  voit  combien  il  reste  ù  faire  pour 
obtenir  une  vue  d'ensemble  sur  ces  couches.  Comme  i)our  beaucoup 
d'autres  niveaux  du  bassin  de  Paris,  il  y  aurait  là  matière  k  une  mono- 
graphie intéressante  et  originale. 

Dans  le  Tableau  deCh.  d'Orbigny,  les  marnes  suprà-gypseuses  com- 
prennent les  n'^^  28-37.  Le  n^  37  représente  nos  Marnes  bleues,  IdS-SOS» 
et  la  masse  la  plus  importante  de  cette  assise;  ce  sont  les  n'^'^  45-25  de 
la  coupe  de  Cuvier  cl  Brongniart.  Le  n^  36,  (|ue  nous  n'avions  pas 
d'abord  distingué  et  dans  le(|uel  nous  n'avons  trouvé  que  des  débris 
de  Poissons,  comme  Cuvier  et  Brongniart  (n®  24),  est  notre  n''20l;  il 
renfermerait,  d'après  Ch.  d'Orbigny,  la  faune  des  Marnes  vertes; 
mais,  comme  personne,  a  ma  connaissance,  n'a  revu  ces  fossiles  à 
ce  niveau,  c'est  un  point  <|ui  reste  douteux.  M.  Vassour  a  cependant 
découvert  un  Palceoniscus  Dronguiarii,  petit  Cruslacé  des  Marnes 
vertes,  dans  les  marnes  bleues  de  ce  niveau.  Il  en  résulterait  une 
liaison  plus  grande  des  marnes  palustres  bleues  et  blanches  avec  les 
marnes  saumùtres  et  marines,  et  l'indication  d'une  liaison  des  cou- 
ches lacustres  supra-gypseuses  avec  le  système  des  sables  de  Fontai- 
nebleau, liaison  (|ue  d'autres  raisons  permettaient  déjà  de  supposer. 

Depuis  1855  jus(|u'à  ces  dernières  années  aucun  travail  n'élait  inter- 
venu sur  les  marnes  suprà-gypscuses.  En  1877  MM.  Vasseur  et  Carez 
ont  donné  successivement  (4)  une  coupe  prise  à  Corbeil  et  montrant  les 
marnes  blanches  à  fossiles  siliceux  au-dessous  des  marnes  à  Cyrène.«, 
à  Taltitude  de  7i"\  et  une  coupe  relevée  à  Villeparisis  et  développant 
au-dessus  des  marnes  bleues  un  système  de  huit  assises  de  marnes 
blanches  et  vertes,  à  faune  caractéristiiiue,  et  enfin  les  marnes  a 
Cyrènes. 

n  figure  dansées  coupes,  sous  le  nom  de  crosnes^  d'après  une  dési- 
gnalion  des  ouvriers  qui  peint  bien  la  nature  salie  et  irrégulièrc  des 
dépôts,  deux  horizons  (]ui  se  retrouvent  idenli<]ues  à  Frépillon,  où  ils 
portent  les  n^""  107  et  109  et  occupent  le  centieet  le  sommet  des  Marnes 
blanches;  mais  a  Sannois  et  à  Corineilles  ces  horizons  soi»t  remplactvs 

(1)  Top.  g*'ogH.  Oi%c,  p.  507. 

{î)  Bull.,  2*  Sl'îr..  t.  H.  p.  U:3l;  lrtl5.  V.  aiishi  l.  XII.  |».  LH.»:  IH.Vi. 

(3)  DhU.,  -2^  SLT.,  f.  XXIV,  p.  111;  IHOJi. 

•ii  ituli..  :y  s  T.,  I.  V.  p.  rn  ri  M2. 


S90  DOLLFUS.    —  CllCIllN   UE  V^W   Dlâ  MÉRY.  18  fév. 

par  de.s  bancs  de  gypse  sacchavoïde,  dont  l'un,  dit  maràbet,  a  O'^SO  et 
est  exploité;  c'est  encore  un  exemple  de  remplacement  latéral  très- 
intéressant.  , 

En  résumé,  je  puis  assimiler  nos  Marnes  bleues,  à  intercalations  cal- 
careuses,  à  faune  lacustre,  aux  marnes  identiques,  avec  intercalations 
gypseuses,  de  Montmartre,  et  sans  préjuger  d'une  première  apparition 
marine  au  n»  204,  constater  leur  liaison  avec  les  Marnes  blanches. 

Je  puis  diviser  les  Marnes  blanches  en  4  horizons  :  !<>  n<»*  205  el 
206,  marne  calcaire  blanche  ou  verdâlre,  n^»  1-4  de  Villeparisis, 
n**  38  de  Ch.  d'Orbigny;  2*»  iV  207,  les  crasses  moyennes,  n°  5  de 
Yilleparisis,  n*"  34  de  Ch.  d'Orbigny;  3"^  n^208,  marne  calcaire  blanche 
ou  verte 9  n^'"  6  et  7  de  Villcparisis,  n"^  32  et  33  de  Ch.  dOrbigny  ; 
4^  n^  209,  les  crasses  supérieures,  ii*^  8  de  Yilleparisis,  n^  31  deCh. 
d'Orbigny. 

Sables  i»'Etampks. 

Il  me  reste  à  décrire,  au-dessus  des  marnes  palustres,  les  Marnes 
vertes,  qui  sont  liées  par  leur  faune,  malgré  l'interposition  du  calcaire 
de  Brie,  aux  marnes  à  Ostrea,  aux  marnes  à  Corbules,  aux  sables 
d'Ëlampes  et  au  dernier  horizon  marin  du  bassin  de  Paris. 

Les  Marnes  vertes  forment  donc  la  base  d'un  groupe  naturel  assez 
étendu,  qui  présente  les  subdivisior.s  suivantes  : 

i„    .  .  i  Sables  de  Fontenav  (Jeurre  el  Morignv) . 

Horizon  supérieur.)  „  .       i        ">  r»  . 

'  f  Marnes  et  molasse  a  Ostrea. 

Horizon  moven.      1  Calcaire  de  Brie. 
...        ....         i  »,       ^         .       (  Argile  verlea  rognons. 
Horizon  inférieur.  }  Marnes  vertes.  ^  „  ®        .    •,.»•/, 
r  /  Marnes  feuilletées  a  Cyrenes. 

Marnes  reries. 

Les  Marnes  vertes  présentent  à  Frépillon  la  composition  suivante  :  à 
la  base,  des  couches  marines  fVMiilletées,  210-214,  auxquelles  succè- 
dent d'autres  marnes  et  argiles  plus  compactes,  à  faune  saumâtre, 
214  ;  au  sommet,  des  argiles  vertes  el  variées,  à  rognons  et  nodules, 
215-217,  qui  passent  aux  argiles  variées  contenant  les  rudiments  du 
calcaire  de  Brie,  218*220.  (iOmparativeraent  à  ce  quon  a  signalé  ail- 
leurs avec  détail  pour  ces  horizons,  on  voit  que  les  marnes  feuilletées 
ont  à  Frépillon  un  plus  grand  développement  que  partout  ailleurs, 
tandis  que  les  argiles  vertes  h  rognons  sont  considérablementdiminuées. 
Faut-il  croire  qu'une  partie  de  nos  Marnes  vertes  (214  par  exemple) 
remplace    latéralement  certains   lits  de  l'argile  verte  du  sommet? 


1878.  DOLLFUS.   —  CHEMIN  DE  FER  DE  MÉRY.  297 

Faut-ii  admettre  une  double  lacune?  Je  ne  sais.  La  question  ne  pourra 
être  résolue  que  par  la  comparaison  de  nombreuses  coupes  intermé- 
diaires entre  le  type  du  centre  du  bassin  (Romainville,  Montmartre) 
et  la  coupe  de  Frépillon. 

Il  y  a  soixante-dix  ans  déjà  Cuvier  et  Brongniart  ont  donné  la  pre- 
mière coupe  de  ce  terrain,  telle  qu'elle  est  encore  visible  à  Pantin. 

Le  Tableau  de  Ch.  d*Orbigny  montre  au-dessus  des  Marnes  blanches 
les  marnes  feuilletées  à  Cyrènes,  sans  subdivisions  ;  puis  les  Marnes 
vertes  à  rognons  strontianifëres,  très-épaisses  ;  un  lit  marneux,  feuil- 
leté, à  ossements  de  Tortues  etoolithes  ferrugineuses;  enfin  le  calcaire 
de  Brie,  qui  n'est  que  très-rudimentaire  à  FYépillon. 

Si  Ton  divise  les  Marnes  vertes  eu  deux  masses,  dont  Tune,  l'infé- 
rieure, est  feuilletée  et  fossilifère,  et  l'autre  plastique  et  sans  fossiles, 
on  peut  dire  qiie  l'horizon  inférieur  ne  dépasse  guère  Corbeil  vers  le 
sud,  et  va  en  s'amincissant  et  en  perdant  ses  fossiles  dans  cette  direc- 
tion, tandis  que  l'horizon  supérieur,  mince  à  Frépillon,  s'épaissit  à 
mesure  qu'on  s'avance  vei's  le  sud,  se  prolonge  jusque  dans  la  vallée 
du  Loing  et  se  lie  au  calcaire  de  Brie  dans  son  extension  sud -est  con- 
sidérable, jusqu'aux  limites  mêmes  du  bassin  tertiaire  parisien. 

Aux  environs  immédiats  de  Paris,  l'allure,  l'étendue  et  les  détails 
hydrologiques  si  importants  des  Marnes  vertes  ont  été  très-bien  indi- 
qués par  H.  Delesse  dans  sa  remarquable  Carte  géologique  du  dépar- 
tement de  la  Seine. 

Calcaire  de  Bine. 

J'ai  peu  de  choses  à  dire  sur  cette  formation,  qui  se  présente  à  Fré- 
pillon d'une  façon  bien  rudimentaire;  je  remarquerai  seulement  qu'en 
général  les  formations,  en  approchant  de  leur  véritable  limite  géogra- 
phique extrême,  s'amincissent,  perdent  leurs  caractères  réels,  acquiè- 
rent un  faciès  troublé,  tumultueux,  varié,  qui  dififère  absolument  de 
leur  faciès  central,  profond  et  puissant. 

Le  calcaire  de  Brie,  très-réduit  à  Sannois  et  peu  puissant  à  Mont- 
martre, ne  commence  à  devenir  important  que  vers  l'est,  à  partir  de 
Pantin,  Noisy-le-Sec,  Villeparisis. 

Molasse  et  marnes  à  Ostrea  et  Corbules, 

La  série  de  ces  couches  est  assez  différente  suivant  le  point  qu'on 
étudie;  une  suite  de  coupes  relevées  entre  les  points  extrêmes,  et 
comparées  minutieusement,  serait  indispensable  et  fait  complètement 
défaut.  La  série  visible  à  Frépillon  présente  des  alternances  plus  ma- 


SQ6  DOLLFUS.   —  GIIKMIN  DK  FBR  DE  MÉAV.  18  fév. 

rioes  et  plus  variées  que  dans  les  points  classiques  :  nous  y  distinguons 
trois  bancs  d'une  marne  calcaire  jaunâtre,  un  peu  sableuse,  dite  par- 
fois molasse,  alternant  avec  trois  bancs  d'argiles  sableuses  vertes  ou 
brunes  ;  ajoutons  des  accidents  de  calcaire  oolithique  an^nacé,  et  nous 
aurons  une  idée  de  la  composition  minéralogique  de  lensemblc.  Le 
premier  faciès  montre  les  fossiles  à  l'état  de  moules  très-nombreux  et 
très-confusément  empâtés^  avec  dendrites  noires.  Le  second  faciès  four- 
nit des  fossiles  à  test  blanc,  conservé;  certaines  parties  montrent  mcnie 
par  lévigation  des  fossiles  entiers,  bien  dégagés  et  solides.  Les  fossiles 
apparaissent  dans  l'ordre  suivant  :  à  la  base,  baitc  d'Ostrea  longiros- 
tris;  au-dessus,  banc  puissant  à  0.  cyalhula;  au  sommet,  lits  à  Cor- 
hula  sfibpisum,  d*Orb. 

Les  coupes  relevées  à  Montmartre  et  à  Orgemont  par  Cuvier  et 
Brongniart  (1)  sont  classiques  et  assez  semblables  l'une  à  l'autre.  * 

Le  Tableau  de  Ch.  d'Orbigny  comprend  les  marnes  à  Ostrea  sous 
les  n<»*  21-28. 

Dans  ce  même  Tableau  figure  sous  le  n^'  22  un  calcaire  à  Paludines 
sur  lequel  j'appelle  un  instant  l'attention.  C*est  un  horizon  lacustre 
très-mince,  intercalé  au  milieu  des  marnes  à  Ostrea  inférieures  aux 
sables  de  Fontainebleau.  Il  a  été  primitivement  signalé  à  Montmartre 
entre  les  n^^  5  et  6  de  la  coupe  de  M.  de  La  Jonkaire  (2),  puis  retrouvé 
en  1838  par  M.  de  Roys  à  Ville-d'Âvray,  dans  la  tranchée  du  chemin 
de  fer  de  Saint-Cloud  (3)  ;  enfin  M.  Tournouër  l'a,  je  crois,  signalé 
à  Sannois  (4).  Nous  n'en  avons  pas  vu  trace  à  Frépillon.  La  très- 
minime  faune  connue  montre  une  liaison  avec  le  calcaire  de  Brie. 

Les  marnes  à  Ostrea  occupent  une  large  étendue  dans  le  NonI  du 
bassin  de  Paris,  au  sommet  des  coteaux  ;  elles  plongent  et  disparaissent 
au  sud  avant  Étrécby.  Vers  le  nonl-ouest  les  échantillons  de  Cerithium 
trochleare  et  C,  plicatum  signalés  déjà  par  MM.  Hébert  et  Rencvier  (5) 
à  Neuilly-en-Vexîn,  près  Chars,  font  croire  que  de  ce  côté  la  mer  était 
ouverte  au  loin.  On  remarque  à  Frépillon  l'apparition,  dès  la  base  des 
marnes  vertes  à  Cyrènes,  d'une  faune  franchement  marine  apparte- 
nant aux  sables  de  Fontainebleau  :  Cythcrea  incrassata,  qu*on  n'est 
pas  habitué  à  voir  aussi  bas  ;  Modiola  angusta,  A.  Braun,  du  bassin 
de  Mayence,  citée  pour  la  première  fois  dans  le  bassin  de  Paris  ;  et  plus 
haut  la  présence  de  toute  une  faune  de  petites  espèces  bien  conser- 
vées, qui  sont  franchement  marines. 

(1)  Descr,  géol.  env.  Paris,  3*  éd...  p.  391  et  418. 

(2)  Y.  Bull.,  1"  s6r.,t.  I,  p.  223. 

(3)  Bull.,  l**8éT.,  t.  IX.  p.  280;  1838. 

(4)  Bull.,  2*scr.,  t.  XXVI,  p.  1065;  1869. 

î5)  Desrr,  Fotv.  tcrr.  numm.  snjt.  rnc.  Gap.  vie...  p.  .'tr»  i*t  :JH;  1^04. 


i878.  DOLLFVS     -—  CHEMIN   Dfi  FEH   DE  M^BY.  "^90 

Sables  de  Fontenay. 

La  distinction  des  sables  de  Fontenay  et  des  sables  de  Fontainebleau 
est  due  à  Ch.  d'Orbigny;  elle  me  parait  fondée.  En  effet,  au-dessus 
(les  sables  jaunes,  argileux,  généralement  sans  fossiles  au  nord  die 
Paris,  qui  s'amincissent  au  sud  et  renferment  une  faune  si  bien  con- 
servée à  Jeurre  et  à  Morigny,  apparaissent  des  sables  ou  grès  quart- 
zeux  blancs,  sans  fossiles,  s'accroissant  en  puissance  vers  le  sud  (1), 
séparés  des  sables  de  Horigny  par  uu  niveau  de  galets  et  par  un  ra- 
vinement, et  liés  au  sommet  au  calcaire  de  Beauce,  avec  lequel  ils 
alternent  même  à  la  base,  renfermant  alors  une  faune  un  peu  spéciale» 
dite  d*Ormoy  (2);  ce  sont^  à  proprement  parler,  les  sables  et  les  grès 
de  Fontainebleau,  tels  qu'ils  sont  visibles  à  Fontainebleau  même. 

Le  nom  de  sables  de  Fontenay-aux-Roses  est  assez  bien  choisi»  en  ce 
sens  que  dans  cette  localité  ou  voit  les  sables  jaunes  sans  fossiles,  très- 
puissants,  succédant  aux  assises  marneuses  marines,  et  surmontés  par 
un  grès  blanc,  dur,  exploité,  qui  tranche  nettement  sur  la  masse  in-* 
fërieure.  Dans  notre  coupe  les  grès  propres  de  Fontainebleau  ne  sont 
donc  point  visibles,  mais  seulement  les  sables  de  Fontenay,  n"^  232. 
Hais  dans  le  voisinage,  à  Domont,  on  voit  s'intercaler  entre  les  couches 
232  et  23'{  une  masse  de  grès  blancs,  durs,  très-siliceux,  à  cassure 
conchoîdale,  qui  sont  l'horizon  type  des  grès  de  Fontainebleau. 

Les  sables  de  Fontenay,  qui  sont  souvent  argileux  à  la  base  et  au 
sommet,  occupent  au-dessous  des  Meulières  une  étendue  très-vaste 
aux  environs  de  Paris  :  presque  tous  les  nouveaux  forts  ont  été  établis 
dans  cette  assise.  D'après  la  nature  uniformément  calibrée  de  leurs 
éléments,  d*après  l'absence  générale  des  fossiles,  etc.,  je  suis  porté  à  y 
voir  un  dépôt  de  dunes,  dont  la  glauconie  profondément  altérée  aurait 
fourni  la  couleur  ferrugineuse,  et  dont  les  infiltrations  atmosphériques 
auraient  fait  disparaître  les  éléments  calcaires. 

Mrulières  de  MoNTUORENCr. 

Je  serai  très-bref  sur  cette  formation  des  meulières  supérieures,  qui 
s'étend  sur  le  sommet  de  tous  les  plateaux  aux  environs  de  Paris,  et 
qui  est  remplacée  assez  loin  vers  le  sud  par  le  calcaire  de  Beauce.  Les 
plus  anciens  observateurs  se  sont  entendus  sur  la  place  du  terrain  la- 

(1)  De  Senarmoni,   Essai   d'une  descr.    géoL  du  dép.  de  Seine^t-Oise,  p.  181: 
18U. 
(•2)  HcHx'rt,  Bull.,  si'  sim..  t.  VIII.  p.  3li;  laM  ;  H  t.  XVH,  p.  107;  18.VJ. 


300  DOLLFUS.  —  CHEMIN  DE  FKR  DE  MÉRY.  18  l'év. 

custre  supérieur,  auquel  ils  ont  joint,  à  tort,  soit  le  calcaire  de  Brie, 
soit  le  travertin  de  Cbampigny,  là  oîi  ces  dépôts  étaient  à  une  altitude 
assez  grande  ou  éloignés  de  types  straligraphiques  assez  nets.  Les  puis- 
sants sables  ou  grès  de  la  base  de  ce  terrain  constituent  un  point  de 
repère  solide.  Les  parties  inférieures  des  meulières  sont  surtout  fossi- 
lifères et  la  faune  est  un  peu  variable  suivant  les  points  :  les  Potamides 
sont  au  nord  de  Paris  localisés  en  quelques  points  ;  Ylleliœ  Ramondi 
n*a  été  trouvé  qu'à  Trappes  (1)  ;  j*ai  moi-même  découvert  une  espèce 
nouvelle  à  Frépillon  (Vaîvata  dtsjuncta).  Le  cbamp  reste  encore  ouvert 
quant  à  l'origine  et  au  mode  de  formation  de  ces  calcaires  plus  ou 
moins  siliceux  et  celluleux,  dont  l'apparence  actuelle  pourrait  bien 
être  due  à  une  altération  postérieure,  attribuable  aux  agents  atmo- 
sphériques. M.  St.  Meunier,  dans  son  récent  ouvrage  sur  le  bassin  de 
Paris,  a  donné  l'historique  de  cette  question  (2). 

Goubert  (3)  a  divisé  le  calcaire  dé  Beauce  et  les  Meulières  en  trois 
niveaux  :  à  la  base,  marne  et  calcaire  à  Cyclostoma  antiquuyn  et  Lym- 
nées;  à  la  partie  moyenne,  calcaire  et  marne  à  Potamides  Lamarcki, 
équivalent  probable  de  la  faune  marine  d'Ormoy  ;  au  sommet,  calcaire 
puissant  et  compacte,  irrégulier,  peu  fossiliière.  C'est  à  ce  dernier 
étage  qu'il  faut  limiter  la  série  parisienne  et  la  masse  inférieure  du 
terrain  tertiaire.  Les  calcaires  d*eau  douce  de  l'Orléanais,  qui  Viennent 
au-dessus,  formés  dans  un  bassin  tout  différent,  possèdent  des  carac- 
tères tout  autres,  qui  permettent  d'établir  ici  une  division  de  premier 
ordre  (4). 

Tehraln  quaternaire. 

Les  dépôts  quaternaires  n'occupent  dans  notre  coupe  qu'une  place 
insignifiante.  Au-dessous  de  la  terre  végétale  on  ne  voit  qu'à  de  rares 
endroits  un  limon  peu  épais.  Le  Diluvium  n'est  visible  qu'en  deux 
points  :  au  sommet  du  coteau  de  Bessancourt,  où  les  hauts  niveaux, 
formés  de  blocs  anguleux  de  meulières  et  de  débris  de  grès  mangané- 
sifères,  sont  bien  visibles,  sans  avoir  le  développement  qu'on  leur 
connaît  à  Sannois  par  exemple;  et  dans  la  tranchée  de  l'Oise  à  Mériel, 
où  le  gravier  des  bas  niveaux  remplit  une  sorte  de  poche  dans  une 
fente  du  Calcaire  grossier.  La  couleur  est  bariolée,  grise,  jaune  ou 
rouge,  suivant  l'importance  des  infiltrations.  Je  n'ai  vu  que  des  cail- 

(1)  Tournouôr,  Bull.,  2-  sér.,  t.  XXIV,  p.  189;  1867. 

(2)  GéoL  env.  Paris,  p.  294  et  344. 

(3)  Bw//.,  2tsér.,  t.  XXIV,  p.  318;  1867. 

(4)  DouviilO,  Bull..  3*  sér.,  f.  IV.  p.  92;  187r>. 


1878.  DOKLFUS.    —  GHRMIN   DE  FER  DE  MÉliY.  301 

loux  appartenant  aux  roches  tertiaires  et  crétacées  de  la  Haute  Oise. 
Par  contre,  les  accidents  dY'boulenient  sont  assez  fréquents  et  très- 
développés,  comme  dans  toute  la  vallée  de  Montmorency  (1).  A  la  tran- 
chée Lamoignon  deux  profonds  ravinements  dans  les  Sables  moyens 
et  les  Caillasses  sont  rem|)lis  de  débris  des  sables  de  Beauchamp  et 
des  roches  supérieures,  avec  coloration  rougeâtreau  cx)ntactdes  parois 
des  poches.  A  Sognolles-Frépillon,  nous  avons  signalé  la  descente 
jusqu'à  la  voie  d'un  énorme  glissement  des  assises  suprà-gypseuses. 
J'ai  pu  observer  les  mêmes  phénomènes  aux  stations  d'Ermont,  de 
Taverny,  etc.  A  Sannois  les  sables  quaternaires  ont  pénétré  par  des 
fentes  jusqu'à  la  base  du  Gypse  (2).  M.  Alfred  Desnoyers  a  décrit  ré- 
cemment les  dépôts  superficiels  si  puissants  des  tranchées  de  la  nou- 
velle ligne  d'Épinay  à  Écouen  (3). 

Conclusions  gi^nérales. 

Après  cette  si  rapide  revue  des  éléments  dont  se  composent  la  coupe 
de  Méry  et  par  comparaison  la  série  tertiaire  parisienne,  je  puis  jeter 
un  regard  sur  les  groupements  généraux  les  plus  adoptés  et  rechercher 
s'il  n'en  est  point  d'autres  qui  répondent  mieux  aux  faits  observés. 

Lorsque  Lyell  et  Dcshayes  groupèrent  sous  de  grandes  dénomina- 
tions générales  les  terrains  tertiaires,  ils  donnèrent  le  nom  d'Éocéne 
aux  dépôts  du  bassin  de  Paris  et  réservèrent  le  nom  de  Miocène  aux 
dépôts  du  bassin  de  la  Loire  (faluns).  Élie  de  Beaumont,  ne  tenant 
aucun  compte  des  rapports  paléontologiques  des  sables  de  Fontaine- 
bleau, alors,  il  est  vrai,  mal  connus,  prit  le  terme  de  Miocène  dans 
une  acception  différente  et  le  fit  descendre  jus(|u'au  calcaire  de  Brie. 
M.  Hébert,  acceptant  en  partie  cette  manière  de  voir,  limita  l'Éocène 
au  sommet  entre  les  Marnes  vertes  à  Cyrènes  et  les  Marnes  blanches, 
reconnaissant  ainsi  les  rapports  des  marnes  à  Cyrènes  et  des  sables  de 
Fontainebleau,  et  réduisit  l'Êocène  supérieur  au  Gypse,  entre  les 
Marnes  vertes  et  les  marnes  à  Pholadomyes. 

A.  d'Orbigny  créa  des  noms  nouveaux  pour  la  même  méthode; 
il  appela  Suessonien  A  el  B  les  sables  de  Bracheux  et  do  Cuise,  Pari* 
sien  A  et  B  le  Calcaire  grossier  et  les  Sables  moyens,  Falunieu  A  ou 
Tongrien  les  sables  de  Fontainebleau,  réservant  le  terme  de  Falunien 
B  ou  Falunien  propre  aux  dépôts  du  bassin  de  la  Loire. 

Pour  les  Vertébrés,  M.  P.  Gervais  a  proposé  une  division  fort  heu- 

fl)  De  Scnarmont,  op.  cit.,  p.  90. 

f2)  G.  Fabrt\  Bull..  2«  sér..  t.  XXVII.  p.  010;  1870 

i:j)  «m//.,  a*  srr..  t.  V.  p.  l:î?:  1870. 


302  DOLLFOS.  —  CHEMIN  DE  PEU  DE  MÉRY.  18  fév. 

rense,  quoique  multîpHëe:  de  la  Craie  au  Calcaire  grossier  il  fit  TOr- 
thocène,  réserva  le  terme  d'Ëocène  au  Calcaire  grossier  et  aux  Sables 
moyens,  créa  l'expression  de  Proïcène  pour  le  Gypse  et  ses  marnes,  et 
plaça  les  sables  de  Fontainebleau  dans  le  Miocène  inférieur. 

En  Allemagne,  les  assises  tertiaires  les  plus  basses  ayant  montré  une 
faune  presque  sans  analogie  avec  les  faunes  parisiennes,  mais  liée 
avec  d'autres  assises  possédant  la  faune  des  sables  de  Fontainebleau, 
M.  Beyrich  proposa  pour  cet  ensemble  le  nom  d'Oligocène,  qui  com- 
prenait ainsi  l'Éocène  supérieur  de  Deshayes,  le  Miocène  inférieur  de 
la  plus  grande  partie  des  auteurs.  Deshayes  défendit  la  limite  supé- 
rieure de  l'Éocène  au-dessus  du  calcaire  de  Beauce,  en  cherchant  à 
démontrer  par  la  découverte  d'une  faune  de  passage  dans  le  Gypse  la 
liaison  des  Sables  moyens  et  des  Sables  supérieurs. 

Sans  pouvoir  parler  ici  en  détail  de  toutes  les  classifications  récem- 
ment proposées  par  beaucoup  d'excellents  esprits,  je  dirai  qu'elles  me 
paraissent  toutes  avoir  le  défaut,  par  la  multitude  des  grandes  divi- 
sions proposées,  de  retourner  au  point  de  départ,  qui  est  le  groupe- 
ment des  assises  en  un  petit  nombre  de  grandes  divisions.  Hœrnes, 
étudiant  dans  le  bassin  de  Vienne  la  série  tertiaire  miocène  com- 
parée à  la  série  pliocène  d'Italie  et  les  passages  de  ces  grandes  divi- 
sions, fut  amené  à  les  réunir  sous  le  nom  de  Néogène,  revenant  à  la 
division  en  deux  grandes  masses  des  dépots  supérieurs  à  la  Craie,  pro- 
posée à  l'origine  par  M.  Desnoyers  sous  les  noms  de  Tertiaire  et  de 
Quaternaire;  dans  ces  conditions,  l'Éocène  ancien,  ou  mieux  le  Paléo- 
gène ou  Éogène  formerait  la  masse  inférieure.  Il  semble  en  effet 
qu'il  se  place  tràs-bien  une  très-grande  division  entre  ce  dernier  ter- 
rain et  le  terrain  néogène,  avec  lequel  la  nature  actuelle  possède  des 
rapports  de  filiation  de  plus  en  plus  évidents,  le  terrain  paléogène 
n'ayant  presque  aucune  espèce  commune  avec  la  nature  vivante. 

Étant  donnée  la  série  parisienne  continue  et  complète,  où  peut-on 
placer  une  division  de  cette  importance?  Ce  ne  peut  être  qu'au  som 
met;  car,  comme  on  la  vu  dans  la  série  parisienne  et  comme  on 
pourrait  le  voir  dans  beaucoup  d'autres  bassins  de  l'Europe  occiden- 
tale, la  distinction  la  plus  importante  comme  paléontologie,  et  même 
comme  stratigraphie,  est  entre  les  sables  de  Fontainebleau  et  les 
FaluTis. 

Maintenant,  dans  l'Êogène  parisien  complet  et  continu,  où  placer  la 
première  limite?  Évidemment  au  voisinage  des  couches  où  certains 
auteurs  ont  cru  voir  le  contact  de  l'Éocène  et  du  Miocène  inférieur, 
entre  le  Gypse  et  les  sables  de  Fontainebleau.  Or,  après  ce  que  j'ai  dit, 
d'une  part,  des  aflinités  des  couches  gypseuses  marines  inférieures 
âvec  les  Sables  moyens,  et  de  l'autre,  des  affinités  mieux  connues  au- 


1878.  DOLLFLS.    —  CHEMIN   DR  FBR   DE  NÉRY.  303 

jourd'hui  des  Marnes  blanches  suprà-gypsouses  avec  le  calcaire  de 
Brie,  le  terrain  se  resserre  et  nous  sommes  obligés  de  reconnaître  que 
la  transformation  des  formes  s'est  opérée  pendant  le  dépôt  d'une 
même  masse  minérale,  le  Gypse  supérieur,  sans  qu'aucun  incident 
stratigraphique  vienne  en  fixer  le  moment  précis.  C'est  pour  cela  que 
je  tais  commencer  TOIigocène  au  milieu  du  Gypse,  à  la  base  de  la 
première  masse,  de  la  masse  principale. 

Cette  limite  tracée,  prenons  la  partie  inférieure  comme  rËocène,  et 
examinons  les  masses  qui  la  composent.  Je  laisserai  de  côté  les  Sables 
inférieurs  jusqu'au  Calcaire  grossier,  comme  suffisamment  isolés  et 
formant  TÊocène  inférieur.  L'Ëoct>ne  moyen  sera  le  Calcaira  grossier, 
limité  au  sommet  par  le  ravinement  de  la  base  des  Sables  moyens, 
et  qui  est  une  véritable  division  moyenne,  liée  par  sa  faune  aux  deux 
autres.  L'Éocène  supérieur  englobera  les  Sables  moyens,  le  calcaire 
de  Saint-Ouen  et  le  Gypse  marin,  puisqu'on  y  poursuit  à  travers  des 
variations  et  des  intercalations  minéralogiques  diverses  la  même 
faune  et  les  mêmes  rapports. 

Désignons  sous  le  nom  d'Oligocène  la  grande  division  supérieure. 
L'Oligocène  inférieur  sera  naturellement  formé  des  assises  palustres  du 
Gypse.  L'Oligocène  moyen  comprendra  la  faune  déjà  si  marine  des 
Marnes  vertes,  le  calcaire  de  Brie  et  les  sables  fossilifères  d'Étam[>es. 
L'Oligocène  supérieur,  enfin,  réunira  les  grès  de  Fontainebleau  et  le 
calcaire  de  Beauce. 

M.  Tournouér  a  clierclié  récemment  à  faire  ressortir  les  avantages 
d'une  division  entre  le  calcaire  de  Ducy  et  le  calcaire  de  Saint-Ouen 
comprenant  les  sables  de  Mortefontaine;  il  y  a  là  en  effet  une  distinc- 
tion importante,  mais  point  de  la  valeur  de  celles  que  j'ai  citées  :  les 
rapports  du  calcaire  de  Ducy  et  de  celui  de  Saint-Ouen  sont  encore 
frappants,  et  la  faune  de  Mortefontaine  est  une  liaison  trop  évidente 
entre  les  sables  du  Guespel  et  les  sables  de  Monceaux,  pour  qu'il  y  ait 
de  ma  part  hésitation. 

J'ai  assez  insisté,  pour  n'avoir  pas  besoin  d'y  revenir,  sur  les  rap- 
ports des  sablas  de  Monceaux  avec  les  marnes  à  Pholadomyes  et  à  Lu- 
cines;  il  y  a  impossibilité  paléontologique,  en  l'absence  de  tout  témoi- 
gnage stratigraphique,  pour  placer  une  limite  au  milieu  de  ces 
horizons.  Séparer  les  marnes  à  Pholadomyes  de  la  quatrième  masse 
qui  est  au-dessou6,  pour  en  faire  la  base  de  l'Éocène  supérieur,  c'est 
d'ailleurs  diviser  en  deux  la  formation  gypseuse.  Séparation  pour 
séparation,  je  préfère  La  placer  plus  haut,  à  l'endroit  où  on  ne  constate 
plus  l'influence  marine.  Les  Marnes  blanches,  comme  MM.  Garez  et 
Yasseur  T.ont  répété,  à  propos  de  Corbcil,  sont  liées  au  calcaire  de  Brie, 
et  d'autres  rap[)orts  palcontologiques  existent  entre  les  Marnes  bleues 


304 


DOLLFUS.  —  CHEMIN  DE  FRH   DE  MÉRY. 


iSfév. 


et  les  Marnes  vertes.  Or  nous  avons  constaté  l'apparition  dans  ces 
Marnes  vertes  des  types  les  mieux  accusés  des  sables  de  Fontainebleau. 
La  série  est  donc  continue  et  là  encore  ne  laisse  place  à  aucune  de 
ces  délimitations  arbitraires  suggérées  par  des  observations  incom- 
plètes. 

La  distinction  des  sables  d'Étampes  et  des  grès  de  Fontainebleau 
peut  paraître  étrange  ;  elle  est  cependant  basée  sur  des  faits  strati- 
graphiques  très-nets  (galets  au-dessus  de  Morigny,  alternances  sa- 
bleuses à  la  base  du  calcaire  de  Beauce)  et  sur  des  faits  paléontologi- 
ques  suffisants  pour  une  division  de  second  ordre  (différence  entre 
Morigny  et  Ormoy). 

En  terminant,  je  rappellerai  que  les  résultats  auxquels  j'arrive  avec 
une  indépendance  d'opinion  qui  ne  sera  point  suspectée,  sont  à  peu 
près  ceux  auxquels  concluait  Goubert  en  1860,  après  les  études  strati- 
graphiques  minutieuses  que  j'ai  eu  Toccasion  de  rappeler.  Il  avait 
donné  les  meilleures  raisons  pour  replacer  la  limite  de  l'ancien  Éocène 
aux  Faluns,  et  indiqué  la  liaison  du  Calcaire  grossier  avec  les  Sables 
moyens,  celle  des  Sables  moyens  et  de  leurs  calcaires  avec  les  Sables 
supérieurs  à  travers  la  formation  gypseuse,  simple  accident  minéralo- 
gique  local,  enfin  la  pénétration  de  la  faune  des  Sables  moyens  dans 
le  Gypse  à  travers  le  calcaire  de  Saint-Ouen. 

TABLEAU  GÉNÉRAL  DES  COUCHÉS  OBSERVÉES. 


Oligocène  supérieur. 

Oligocène  \        Sables 
mo^en.    à    d'Étampes, 

Oligocène  \        Gypse 
inférieur,  f     palustre. 


Gypse  raario. 


Éocène 
supérieur 


Sables 
movens. 


Période  éo§^êne« 

Numéros  de  Im 
coupe  de  Méry. 

Meulières  de  Montmorency 233 

.  Grès  de  Fontainebleau 

Sables  de  Fontenay 232 

Marnes  à  Ostrea  et  molasse  marine 221-231 

Calcaire  de  Brie 218-220 

Marnes  vertes  à  Cyrèncs 210-217 

Marnes  blanches  à  Limnées 205-209 

Marnes  bleues  suprà-gypseuses 198-204 

1'*  masse  gypseuse 197 

2»  masse  gypseuse 160-196 

Marnes  à  Lucines 159 

3«  masse  gypseuse 155-158 

Marnes  à  Pholadomya 146-164 

Sables  verts  de  Monceaux 143-145 

Calcaire  de  Saint-Ouen 112-142 

Sables  de  Mortefontaine 106-111 

^  duGuespel 100-105 

tables  ;  j^  Beauchamp 97-99 

Sables  d'Auvers 89-96 


1878.  TOUUNOl'KR.    —   HIPPARION   DE  OONSTANTINE.  305 

/  /  /à  Cardium obliquum  .   .      46-88 

Éoeène    1       Calcaire      \  supérieur,  caillasses)  à  lucina  taxorum  .   .   .      32-45 

moyen.)     grossier.  J               ,„.,.,         [^Ceriihiumlapidum,  .  34-31 

\  f  moyen,  a  Milioles 14-23 

\  \  inférieur,  glauconieux 3-13 

Êocène  inférieur.  Sables  de  Cuise,  partie  supérieure 1  et  2 

M.  Edm.  Pellat  fait  observer  que  la  faune  intëressante  (Cérithes,  Mi~ 
tyles,  etc.)  signalée  par  MM.  Dollfus  et  Vasseur  dans  les  marnes  à  Cyrènes, 
au-dessus  du  Gypse,  a  été  depuis  longtemps  recueillie  à  Montmëlian  (Oise). 

M.  Xournouër  annonce  à  la  Société  la  découverte  de  dents 
d'lllp|>fiirioii  datis  la  formation  tertiaire  supérieure 
d'eau  douce  de  la  province  de  Oonstantlne.  H.  Thomas  lui 
ayant  envoyé  récemment  plusieurs  dents  de  Mammifères  provenant 
d'une  tranchée  faite  à  Aîn  Jourdel,  à  quelques  kilomètres  S.  E.  de 
Constantine,  H.  Gaudry  a  reconnu  parmi  elles  une  molaire  supérieure, 
une  molaire  intérieure  et  une  incisive  de  VHippaHon  gracile,  associées 
à  des  dents  de  Ruminants  indéterminés,  peut-être  iV Antilopes^  fût 
très-simple  et  très -élevé. 

Ces  dents  ont  été  trouvées  dans  un  grès  ferrugineux,  renfermant 
aussi  des  moules  de  coquilles  terrestres  et  d'eau  douce,  Hélix,  Meta- 
nopsis,  Unio,  etc.,  indéterminables.  Stratigraphiquement,  d'après 
M.  Thomas,  ce  grès  correspond  au  groupe,  très-voisin,  des  grès  et 
argiles  du  polygone  de  Coudiat-Aty,  si  connus  par  leur  belle  faune  de 
coquilles  fossiles  :  Hélix  subsenilis,  H.  Jobœ»  etc.,  (|ui  serait  donc  con- 
temporaine de  V Hipparion  gracile. 

Ce  grès  serait  inférieur  au  travertin  à  végétaux  du  Mansourah,  et 
supérieur  à  un  autre  travertin  très-développé  vers  le  Sud,  à  Aïii  ci 
Bey,  et  riche  en  co(|uilles  fossiles,  panui  lesquelles  M.  Tournouèr 
peut  citer  dès  aujourd'hui  un  Hélix  très-commun,  très-voisin  de 
VH.  Sempetnana,  le  Bulimus  decollatus  (sensu  lato  ==  B.  Ravouxi, 
Coquand),  des  Planorbes  et  des  Limnées  d'espèces  éteintes,  etc.  Dans 
ce  travertin  inférieur,  M.  Thomas  a  recueilli  aussi,  à  Tigmert,  des 
fragments  de  dents  d'un  grand  Pachyderme,  probablement  d'un 
Hippopotame,  et  à  Boulemsa,  un  fragment  de  mâchoire  inférieure 
d'un  Suillien  dont  l'arrière- molaire  est  remarquablement  longue  et 
étroite  et  présente,  ainsi  que  Ta  dit  M.  Gaudry,  quelques  afiinités 
avec  celle  des  Phacochœnis  africains. 

Ces  découvertes  doivent  être  rapprochées  de  celle  de  V Hipparion 
«rOran  signalé  par  M.  Pomel,  et  de  celle  de  Y  Hippopotame  d'Hippone 
récemment  décrit  par  M.  Gaudry. 

20 


30(3  silv.NCi:.  4  mars 

A  la  suite  de  celle  communication,  M.  Pomol  fait  observer  que 
la  découverte  de  Vllipparion  dans  les  terrains  à  Hélix  et  Unio  de 
Constantine  a  une  grande  importance  pour  conduire  à  la  détermina- 
tion de  leur  âge.  Dans  son  livide  Le  Sahara,  paru  en  1872,  il  pressen- 
tait leur  synchronisme  avec  le  dépôt  à  Hipparion  de  Cucuron.  Il  sera 
intéressant  de  comparer  Vllipparion  de  Constantine  avec  celui  d'Oran, 
dont  l'espèce  est  peut  être  différente  de  VU.  gracile.  C'est  probable- 
ment dans  un  terrain  du  même  âge  qu'a  été  découvert  l'Hippopotame 
de  Duvivier,  sur  lequel  M.  Gaudry  a  publié  une  note  dans  le  Bulletin. 
H.  Pomel  doit  en  outre  rectifier  une  assertion  reproduite  par  lui, 
qu'il  n'existait  en  ce  lieu  que  des  dépôts  quaternaires;  cette  assertion 
résultait  d'une  confusion  do  nom,  ainsi  qu'il  a  pu  le  vérifier  dans  un 
voyage  récent. 

M.  Xerqueni  ajoute  quelques  observations  à  celles  qu'il  a  pré- 
sentées dans  la  dernière  séance  sur  les  F*oi*aiiiinireres  figurés 
da)is  V ouvrage  de  M.  Dcshayes. 


Séance  du  4  mars  1878. 

PRÉSlDENXf:    DE    M.    ALB.    GAUDRY. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membres  de  la  Société  : 

HM.  Bertrand  (Marcel),  Ingénieur  des  mines,  rue  Saint-Guillaume, 
29,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Douvillé  et  Zeiller  ; 

Davy,  Ingénieur  civil  des  mines,  à  Segré  (Maine-et-Loire),  présenté 
par  MM.  Chaper  et  Douvillé  ; 

LippHAN,  Ingénieur  civil,  rue  de  Chabrol,  51,  à  Paris,  présenté  par 
MM.  DelesseetG.  Oollfus; 

Perrier,  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  rue  Cuvier,  57, 
à  Paris,  présenté  par  MM.  Hébert  et  Fouqué. 

Le  Président  annonce  ensuite  une  présentation. 

Puis  il  communique  la  nouvelle  de  la  mort  de  M.  Barré  et  se  fait 
l'interprète  des  sentiments  de  regrets  que  cette  perle  fait  éprouver  à  la 

Société. 

M.  Daubrée  ra|)polle  (jue  M.  Barré  s'est  toujours  mis  avec  la  plus 


1878.  viiu.i:r  d'aoust.  —  systkmr  d'anahiac.  307 

grande  complaisance  à  la  disposition  des  géologues  qui  désiraient  étu- 
dier la  géologie  ou  les  mines  du  Banat. 

M.  de  Raineourt   annonce  la  découverte  d'un  fragment  de 
Reptile  dans  des  couches  situées  à  la  base  du  WAwtm^  à  Êclie- 

;,  près  Vesoul  (Haute-Saone),  dans  la  carrière  de  la  Providence. 


M.  Alb.  Gaudry  donne  quelques  détails  sur  la  pièce  que  M.  de 
Raineourt  vient  de  signaler.  C'est  la  partie  supérieure  d'un  museau 
qui  indique  un  énorme  Reptile.  Le  museau  est  arrondi  en  avant;  très- 
près  de  son  bord  antérieur,  l'intermaxillaire  mesure  22  centimètres 
de  large.  Plusieurs  des  dents  placées  sur  les  maxillaires  ont  dû  avoir 
une  très-grande  taille,  à  en  juger  par  les  alvéoles.  Comme  les  narines 
ne  sont  pas  situées  en  avant,  on  ne  saurait  admettre  que  le  Reptile 
d'Ëchenoz  fût  un  Crocodilien;  il  faut  plutôt  le  ranger  parmi  les  Êna- 
liosauriens.  La  grosseur  de  la  tête  fait  repousser  Tidée  qu'il  ait  eu  un 
cou  grêle,  comme  les  Plésiosaures.  Les  dents  ont  des  cannelures  trop 
faibles  pour  être  attribuées  au  Polyptychodon.  Ce  qui  paraît  le  plus 
vraisemblable,  c'est  qu'il  était  voisin  des  PUosaures,  mais  avec  un 
museau  bien  plus  élargi,  des  dents  plus  rondes  et  moins  fortement 
cannelées.  On  pourrait  inscrire  ce  Reptile  sous  le  nom  d'Eurysau- 
rus  Raincourti  (1). 

M.  Peilal  rappelle  qu'il  a  recueilli  dans  les  couches  rhéticnnes  des  en- 
virons d'Autun  des  vertèbres  de  Reptiles  de  grandes  dimensions. 

M.  VIrlet  <l*i%ou»t  offre,  dans  les  termes  suivants,  ses  Obser^ 
vations  sur  le  système  des  montagnes  d'i%.naliuac  ou  de 
l'Amérique  centrale,  sur  la  grande  clialne  voleanlQue  §^aa- 
témallenne,  52«r  les  volcans  (2e  ri%.mérlc|ue  duIVord» 
sur  rorlfçlne  des  volcans  (2)  : 

Le  principal  but  que  je  me  suis  proposé  par  cette  publication,  a  été 
de  faire  ressortir  Terreur  commise  par  A.  de  Humboldt,  qui  ne  voulait 
voir  dans  les  trois  Amériques  qu'une  seule  et  même  arête,  qu'une 
seule  et  même  chaîne  de  montagnes,  qu'il  considérait  comme  la  pro- 
longation de  la  Grande  Cordillère  des  Andes;  erreur  d'autant  plus 
fâcheuse,  qu'émanant  d'une  source  aussi  autorisée,  elle  a  naturellement 
été  adoptée  sans  examen  par  tous  les  géographes. 

(1)  V.  A.  (iaudry,  Sur  nu  grand  Reptile  fo\silc  .'/Kurysa  nus  Kaincourti.;,  C.-R. 
Àc.  Se.  t.  LXXXVK  p.  1031. 

f2)  Bull.  Snc.  géographie,  6'  sér.,  t.  XIII,  p.  211;  1«"77. 


30S  viui.KT  r»'\(rsT.  —    svsrKMK  i»  anaiilac  i  mars 

La  Grande  Cordillère  des  Andes  occupe  hieii,  à  la  vérité,  la  plus 
grande  partie  de  TAnjérùiue  du  Sud  ;  mais  elle  se  termine  au  bassin  de 
l'Amazone,  s'étendant  de  la  Patagonie  à  la  Bolivie  sur  plus  de  40  de- 
grés de  latitude,  c  est-à-dire  sur  une  longueur  de  plus  de  mille  lieues. 
Les  autres  chaînes  de  la  Bolivie,  celles  du  Pérou  et  deTÉquateur,  n'ap- 
partiennent déjà  plus  à  celte  grande  chaîne. 

Quant  à  l'Amérique  centrale,  qui  s'étend,  comme  région  géographi- 
que, de  Panama  aux  Montagnes  Rocheuses,  j'ai  déjà  fait  connaître, 
dans  mon  Coi<p  d*œil  général  sur  la  Topographie  et  la  Géologie  du 
Mexique  et  de  V Amérique  centrale  (I),  que  celte  immense  surface,  au 
lieu  d'une  seule  ligne  de  montagnes,  présente  une  multitude  de  chaînes 
séparées,  indépendantes  les  unes  des  autres  et  sporadiquement  dissé- 
minâmes, bien  qu'appartenant  toutes  à  un  même  système  de  rides  pa- 
rallèles, dirigées  E.  3So  S.-O.  ShP  N.,  auquel  j*ai  donné  le  nom  de  sys- 
tème dCAnnhuac,  Les  chaînes  de  ce  système  forment  donc  un  angle  d  e 
60»  avec  la  Grande  Cordillère  des  Andes,  dont  la  direction  est  S.  5° 
O.-N.  5»  E. 

Comme  je  l'ai  dit  aussi,  ce  système  remarquable,  qui  a  imprimé  un 
cachet  tout  particulier  à  cette  grande  région,  me  paraît  dû  à  un  im- 
mense bombement  de  cette  partie  du  Globe,  qui,  lorsque  sa  torsion 
eût  dépassé  le  degré  de  flexibilité  des  couches,  a  bien  été  forcé  d'écla- 
ter en  une  multitude  de  'fentes,  lesquelles  ont  donné  naissance  aux 
diverses  chaînes.  Ce  grand  phénomène  géologique,  comme  les  inté- 
ressantes expériences  de  M.  Daubrée  viennent  de  le  démontrer,  n'a 
évidemment  pu  se  produire  que  d'une  manière  violente  et  instantanée. 
Un  des  traits  tes  plus  caractéristiques  de  ce  système  de  fractures 
consiste  dans  sa  coïncidence  avec  les  phénomènes  volcaniques  de  la 
contrée.  Les  volcans,  qui  impriment  eux  aussi  leur  cachet  à  toute  cette 
région,  ont  en  effet  pu  protiter,  pour  s'établir,  des  nombreux  points 
de  moindre  résistance  qu'il  leur  otfrait,  en  même  temps  qu'il  détermine 
avec  prwision  leur  limite  d'Age  (2),  précédant  l'époque  quaternaire. 
C'est  ainsi  que  de  l'islhme  de  Panama  à  celui  de  Téhuantépec,  a  pu 
s'établir  suivant  ce  système  de  fractures  et  sur  une  longueur  de  plus 
de  trois  cents  lieues,  une  ligne  remarquable  de  volcans,  qui,  bien 
qu'isolés  et  séparés  les  uns  des  autres,  n'en  forment  pas  moins  une 

(1)  BhIL  Soc.  géot.  France,  2*  sur.,  t.  XXIII,  p.  M;  1865. 

ii)  Les  phénomtMies  volcaniques  proproment  dits  ne  me  paraissent  pas  remonter 
ath-delà  de  l'époque  lerliaire  moyenne  ;  rien,  en  effet,  ne  démontre  que  des  phéno- 
mènes analoj^ues  se  soient  produits  pendant  les  périodes  antérieures;  «*ar  toutes 
les  roches  improprement  appelées  ignées  ne  sont,  selon  moi,  que  des  roehes  sim- 
plemenl  métamorphiques,  amenées  h  l'état  plastique  et  parfois  forcées  par  pres- 
sion de  s  injorter  sous  forme  de  dykos  ilans  les  frnr>tun\s  du  sol. 


1878.  VlIlLKT    d'aOUST.    —   MSJÈ:illb   bANAilUAC.  309 

véritable  chaîne  volcanique,  à  la(|uelle  j'ai  donné  le  nom  da  cfuihie 
volcanique  guatétnalienne,  parce  qu'elle  occupe  lout  l'espace  qui  con- 
stituait jadis  Tancien  royaume  de  Guatemala  et  que  le  petit  état  qui  a 
(.onservé  ce  nom  est  son  principal  centre  d'activité. 

Le  plus  célèbre  des  volcans  de  cette  chaîne,  qui  n'en  compte  pas 
moins  de  75  s  élevant  à  â  et  3000  mètres,  et  quelques-uns  même  à 
4  000  mètres  et  plus,  est  certainement  celui  de  Conségui/ia,  dans  le 
Nicaragua;  il  a  donné  lieu  en  1835  à  une  éruption  des  plus  formi- 
dables, tout  à  fait  comparable  à  celle  du  Vésuve  de  Tan  70. 

Cette  éruption  du  Conséguina  a  été  le  plus  grand  événement  géo- 
logi(|ue  de  notre  époque  ;  elle  a  été  précédée  de  détonations  si  formi- 
dables qu'elles  ont  été  entendues  jusque  dans  les  Antilles,  à  400  lieues 
de  distance;  ses  déjections  pulvérulentes,  transportées  par  les  courants 
aériens  à  plus  de  500  lieues,  ont  couvert  le  sot  d'une  couche  fort 
épaisse  dans  un  rayon  très-étendu.  Cependant  cette  éruption,  ainsi 
que  cela  s'est  du  reste  fréquemment  vu  en  Amérique,  a  été  exclusi- 
vement composée  de  matières  meubles. 

Ces  éruptions,  que  je  désigne  sous  le  nom  {ïéruptiotis  sèches,  me 
paraissent  un  fait  important  qui  vient  s'ajouter  à  ceux  que  j'ai  déjà 
signalés,  pour  démontrer  que  les  phénomènes  volcaniques  ne  procè- 
dent pas,  comme  beaucoup  de  géologues  semblent  le  supposer  au- 
jourd'hui, de  la  masse  lluide  intérieure  du  Globe,  mais  bien  seulement 
de  l'intérieur  de  la  masse  consolidée  formant  son  enveloppe. 

Les  volcans,  pour  me  servir  d'un  terme  de  comparaison  vulgaire, 
mais  très-expressif,  ne  seraient  plus  que  des  phénomènes  sous-cuta-- 
n^.dùs  au  ramollissement  et  à  la  fusion  de  certaines  roches  par  la 
chaleur  produite  par  des  actions  et  réactions  chimiques,  et  en  ({uelque 
sorte  comparables  à  ces  incendies  spontanés  des  houillères,  occasion- 
nés, eux,  par  des  inhltrations  d'eau  réagissant  sur  les  pyrites  conte- 
nues dans  les  houilles.  Je  me  propose,  du  reste,  do  revenir  prochai- 
nement, avec  plus  de  détails,  sur  cette  question  intéressante,  depuis 
si  longtemps  controversée. 

La  première  consé(|uence  à  tirer  de  cette  hypothèse,  c'est  que  la 
nature  des  laves  doit  nous  indi(|uer,  en  quelque  sorte,  la  composition 
générale  des  roches  plus  ou  moins  anciennes  aux  dépens  desquelles 
elles  ont  été  engendrées.  Ainsi  les  trachytes  représentent,  pour  moi, 
des  roches  essentiellement  i'eldspathiques,  tandis  <|ue  les  basaltes  sont 
les  représentants  de  roches  argileuses.  Or,  toutes  les  roches  volcani- 
ques de  l'Amérique  centrale^  comme  celles  de  l'Amérique  du  Nord, 
appartenant  au  système  basalti((ue,  annonceiit  une  grande  uniformité 
de  composition  dans  les  roches  souterraines  ({u'elles  représentent  au- 
jourd'liui  à  la  surface  du  sol,  et  elles  démontrent  que  ces  rochi;^ 


3iO  TOMBECK.  —  niLPONse:  a  m.  bumgxikii.  4  mars 

régnaient  sans  interruption  dans  toute  l'étendue,  de  plus  de  i  800  lieues, 
qui  sépare  Panama  d'Alaska. 

M.  Alb.  Gaudry  annonce  que  H.  K^oustau  a  recueilli  de  nom- 
breux ofisementB  cfuciternalres  dans  une  sablière  que  la 

Compagnie  du  Chemin  de  fer  du  Nord  exploite  en  ce  moment  entre 
ValmoiMlolB  et  L.'Iale-/kdaiii.  Les  ossements  que  ce  savant 
Ingénieur  a  remis  au  Muséum  se  rapportent  aux  espèces  suivantes  : 

Elephas  primigeniuî  (dents  à  lames  Jrès-minces  et  serrées), 
Rhinocéros  tichorhintis, 
Cerviu  tarandus, 
Bos  primigemm, 
Equus  caballuf. 

Ces  espèces  sont  caractéristiques  du  Quaternaire  des  bas  niveaux  ; 
cela  s'accorde  bien  avec  la  position  du  gisement,  qui  est  au  niveau 
même  de  l'Oise. 

M.  Munier-Clialmas  fait  observer  que  plus  on  se  rapproche  de 
l'époque  actuelle,  plus  les  lamelles  des  dents  des  Éléphants  sont  rapprochées. 
N'y  aurait-il  pas  en  réalité  deux  types  é'Elephas  primigenius,  qui  auraient 
vécu,  Tun  avec  les  animaux  glaciaires,  l'autre  avec  les  animaux  africains. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 


Rèponifte  aiux!  observations  de  M.  Duvignier, 

par  M'.  Xombeek. 

Dans  ma  note  sur  la  position  vraie  de  la  zone  à  Ammonites  tenuilo- 
batus  dans  la  Haute-Marne  et  ailleurs  (1),  j'ai  commencé  par  rappeler 
les  différents  niveaux  que,  de  concert  avec  les  géologues  de  la  Haute- 
Marne,  je  reconnais  dans  le  Corallien  de  cette  région. 

M.  Buvignier  en  prend  occasion  pour  dire  qu'î7  n'est  pas  étonnant 
que  je  sois  en  désaccord  avec  des  géologues  d'autres  régions  sur  la  po- 
sition de  certaines  assises  de  la  formation  corallienne.  J'avoue  que  je 
me  demande  quelles  assises,  parmi  celles  que  j'ai  citées,  M.  Buvignier 
peut  bien  avoir  en  vue. 

Il  ne  peut  pas  s'agir,  d'abord,  de  celles  que  dans  la  Haute-Marne 
on  distingue  sous  les  noms  de  calcaire  à  Astartes,  oolithe  de  La  Mothe 
et  Corallien  compacte,  et  dont,  à  l'exemple  de  beaucoup  d'autres, 

(1)  Bull.,  :r  s6r..  t.  VI,  p.  r»;  séance  du  5  novt^mbre  1877. 


1878.  TOMliKCK.    —    IllCPONSK   A    M.    «l VUi.NIKR.  HU 

M.  Royer  et  moi,  nous  avons  fait  le  Corallien  supérieur  et  le  Corallien 
moyen.  M.  Buvignier,  en  effet,  retrouve  dans  la  Meuse  précisément  les 
mêmes  assises  et  dans  les  mêmes  positions  (voir  Statistique  du  dépar- 
tentent  de  la  Meuse),  La  seule  dilférence  consiste  en  ce  que,  au  lieu  de 
les  rattacher,  comme  nous,  au  Corallien,  il  en  fait  un  seul  tout  qu'il 
place  dans  le  Kimméridgien  inférieur  :  simple  affaire  d'accolade. 

La  gran(ie  Huître,  d'ailleurs,  sur  laquelle  il  s'appuie  pour  faire  des- 
cendre le  Kimméridgien  jusque-là,  est,  non  pas,  comme  il  le  pense, 
YOstrea  delto'idca,  mais  bien  VOstrea  uncifonnis,  (jue  nous  avons 
nous-mêmes  retrouvée  au  contact  du  Corallien  compacte  et  de  l'oo- 
lithe  à  Dicérates,  et  (lui  ne  peut  dès  lors  fournir  un  argument  sérieux. 

Quant  au  Corallien  proprement  dit  ou  Corallien  inférieur,  il  ressort 
avec  évidence,  aussi  bien  des  observations  de  M.  Buvignier  que  de  sa 
Statistique  de  la  Meuse,  que  dans  ce  département  ce  niveau  ne  pré- 
sente qu'un  des  trois  facics  qu'il  affecte,  suivant  les  localités,  dans  la 
Haute-Marne.  En  effet,  tandis  (jue  nous  trouvons  le  Corallien  propre- 
ment dit  constitué  :  à  Boche,  à  Reynel,  à  Vésaignes,  par  l'oolithe  à 
Dicérates  et  les  calcaires  glypticiens,  à  Vouécourt,  à  Buxières,  etc., 
par  l'oolithe  à  Dicérates  et  les  calcaires  sub-oolithiques,  à  Maranville 
entinetdans  toute  la  vallée  de  l'Aube,  par  les  marnes  sans  fossiles 
inférieures  et  supérieures,  —  dans  la  Meuse,  au  contraire,  et  dans  les 
régions  citées  par  M.  Buvignier,  le  Corallien  inférieur  est  représenté 
uniquement  par  l'oolithe  à  Dicérates,  et  le  Glypticien  et  les  marnes 
sans  fossiles  font  complètement  défaut.  Tout  au  plus  peut-on  regarder 
les  dépôts  de  Creuë,  que  M.  Buvignier  range  dans  le  Corallien  infé- 
rieur, comme  représentant  un  rudiment  de  nos  marnes  sans  fossiles. 

On  le  voit  donc,  la  Meuse  fournit  un  mauvais  point  d'appui  pour 
juger  la  constitution  de  l'étage  corallien  dans  la  Haute-Marne. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  revenir  sur  le  seul  poiiU  de  la  classifi- 
cation de  nos  terrains  coralliens  de  la  Haute-Marne  qui  ait  été  sérieuse- 
ment contesté.  Est-ce  avec  raison  que  M.  Royer  et  moi,  nous  rattachons 
au  Corallien  les  assises  connues  sous  les  noms  de  Corallien  compacte, 
d'oolithe  de  La  Mothe  et  de  calcaire  à  Astartes,  dont  beaucoup)  de  géolo- 
gues font  un  étage  à  part,  le  Séquanien,  et  que  d'autres  même  rangent 
dans  le  Kimméridgien  ? 

Je  ne  répéterai  pas  ici  ce  que  j'ai  dit  plusieurs  fois  à  la  Société  k 
l'appui  de  notre  classification.  Je  me  bornerai  à  dire  que  le  nombre 
des  fossiles  qui  traversent  toute  la  série  des  terrains  (juc  nous  appelons 
coralliens,  s'accroît  tous  les  jours,  et  qu'il  est  impossible  à  un  esprit 
impartial  de  ne  pas  reconnaître  à  première  vue  (jue  dans  la  Haute- 
Marne  les  faunes  du  Corallien  compacte,  de  l'oolithe  de  Lu  Mothe  et 
du  calcaire  à  Astartes  ont  beaucoup  plus  d'affinités  avec  celles  de  loo- 


JI2  PKi.LAT.  —  oDSEîiVATioNS.  4  mars 

lithe  à  Dict'rates  et  du  Glyplicien  quelles  surmontent,  qu'avec  la 
faune  des  niveaux  klmm<'^ridgiens  qui  viennent  au-dessus. 

Parmi  les  fossiles  qui  montent  ainsi  du  Glypticien  ou  de  l'oolithe  à 
Dicérates  jusque  dnns  le  calcaire  à  Astartes,  je  cite  au  hasard  :  Tere- 
hratula  humerai is  »  Mytilus  suprajurensis ,  M,  acùiaces,  Pinnigena 
Saussurei,  Ilinaites  inœquistriatus,  Cardium  corallinum,  Pachyerisma 
Èoyen,  etc.,  elc. 

Mais  le  plus  caractéristi<iue  de  tou-;  est  sans  contredit  V Ammonites 
Achilles.  Nous  avons  en  effet,  M.  Rover  et  moi,  recueilli  cetle  Ammonite  : 
dans  le  Glypticien.  à  Hoche-sur-Kognon  ;  dans  les  calcaires  sub-ooli- 
thiques,  à  Poissonvnux;  dans  les  marnes  sans  fossiles  inférieures,  à 
Ormoy;dans  les  marnes  sans  fossiles  supérieures,  aux  Lavières;  dans 
le  Corallien  compacte,  à  Vouécourt,  à  Frondes,  à  Longcliamp,  etc.  ; 
enfin,  dans  le  calcaire  h  Astartes,  à  Bar-sur-Aube;  en  sorte  qu'on 
peut  dire  que  si  Ton  définît  l'étage  corallien  comme  nous  le  faisons 
dans  la  Haute-Marne,  il  n'est  à  peu  près  pas  un  de  ses  niveaux  qui  ne 
soit  caractérisé  par  VA,  Achilles. 

Cependant,  comme  tout  groupement  de  couches  est  nécessairement 
un  peu  arbitraire,  il  n'y  aurait  rien  d'étonnant  à  ce  que  la  classifica- 
tion qui  convient  à  la  Haute-Marne  ne  s'appliquât  pas  exactement  h 
toutes  les  régions  et  à  ce  que  dans  quelques-unes  un  autre  groupement 
mît  mieux  en  évidence  les  afiinités  et  le  développement  de  la  faune. 

A  la  suite  de  la  lecture  de  cette  note,  M.  Ëdm.  I^eliat  présente 
les  observations  suivantes  : 

Il  persiste  à  penser  que,  méinedansla  Haute-Marne  et  dans  l'Yonne, 
le  calcaire  à  Astartes  se  rattache  au  Kimméridgien  plutôt  qu'au  Coral- 
lien, ou  mérite,  tout  au  moins,  de  former  un  sous-étage  intermé- 
diaire. Mais  c'est  là  une  simple  question  d'accolade,  qui  perd  toute 
importance,  M.  Tomlwck  acceptant  que  la  classification  appropriée  à 
la  Haule-Marne  peut  ne  pas  convenir  ailleurs. 

Plusieurs  fois  déjà,  à  propos  du  Fullers'earlh  (bajocien  pour  les 
uns,  bathonien  pour  d'autres),  à  propos  aussi  de  l'attribution  de  la 
fameuse  zone  k  Avicula  contorta  au  Jurassique  ou  au  Trias,  M.  Pellat 
a  insisté  sur  la  localisation  des  classifications  qui  permet  à  chacun  de 
tenir  compte  des  afiinités  paléontologiques  et  des  diverses  considéra- 
tions spéciales  à  une  région  déterminée. 

D'après  M.  Tombeck.  le  nombre  des  espèces  qui  traversent  tout  le 
terrain  corallien  tel  qu'il  le  comprend,  s'accroît  de  jour  en  jour.  Le 
même  t'ait  ne  se  constate-t-il  pas  de  proche  en  proche  dans  toute 
l'étendue  verticale  d'une  série  continue,  qu'aucune  perturbation  im- 
portante n'est  venue  interrompre? 


1878.  1)f:  la  lURPt:.  —  numhulites  de  nige.  313 

Il  ne  t'audrail  pas  cependant,  après  avoir  trop  cru  à  la  spécialisation 
des  faunes,  aller  trop  loin  dans  la  voie  des  passages  d'espèces. 

Ainsi,  sous  le  nom  de  Terebratula  humeralis  M.  Tombeck  réunit,  à 
l'exempte  de  H.  de  Lorîol,  des  formes  que  quelques  auteurs  séparent 
et  qui  sont  caractéristiques,  peutrctre,  chacune  des  différents  niveaux 
où  on  les  trouve. 

Quant  à  VA7nmonites  Achilles,  si  souvent  citéà  tort,  M.  Tombeck  en 
connaît  le  type;  il  a  dû  s'assurer  que  les  exemplaires  qu'il  signale  à 
différents  niveaux  doivent  bien  lui  être  rapportés.  Du  reste,  M.  Pellat 
admet  très-volontiers  l'extension  verticale  de  cette  espèce,  qu'il  a  re- 
cueillie dans  l'Astarticu  du  Boulonnais. 

M.  Pellat  insiste  sur  les  réserves  qu'il  a  faites  le  3  novembre  dernier 
au  sujet  du  parallélisme  établi  par  M.  Tombeck  entre  les  calcaires  du 
Mont  des  Boucards  et  la  zone  à  Atrimonites  tenuilobatus.  Aucune 
Ammonite  de  cette  zone  n'a  été  reconnue  au  Mont  des  Boucards. 
L'exemplaire  voisin  de  VA.  polyplocus  que  M.  Tombeck  a  vu  dans  la 
collection  de  M.  Pellat  a  été  décrit  et  figuré  par  M.  de  Loriol  sous  le 
nom  d'^.  Boucardemis.  Quant  à  VA.  halnearius  de  Baden,  il  n'a  été 
figuré  dans  la  Monographie  du  Boulonnais  que  pour  montrer  ses 
points  de  ressemblance  avec  des  espèces  du  Mont  des  Boucards  et  de 
l'oolitbe  aslarlienne;  il  n'a  pas  été  recueilli  au  Mont  des  Boucards. 

C'est,  au  contraire,  à  des  niveaux  beaucoup  plus  élevés  du  Boulon- 
nais, dans  l'Astartien  notamment  (grès  de  Wirvigne),  que  M.  Pellat  a 
recueilli  une  forme  de  la  zone  à  Aynmonites  tenuilobatus,  \A.  Moeschi. 
Mais  cela  ne  suffit  pas,  selon  lui,  quant  à  présent,  pour  assigner  une 
place  dans  le  Boulonnais  à  la  zone  à  A,  tenuilobatus, 

M.  Pellat,  à  propos  des  calcaires  du  Mont  des  Boucards  et  sans  se 
prononcer  sur  leur  âge,  persiste  à  croire  que  la  composition  de  l'étage 
corallien  est  très-complexe,  et  que,  même  dans  le  bassin  de  Paris,  les 
oolithes  coralliennes  no  forment  pas  une  nappe  continue.  Mais  il  re- 
connaît qu'il  n'a  jamais  été  assez  heureux  pour  constaler  de  visu 
l'intcrcalation  des  faciès  coralliens  (intercalation  très-vraisemblable 
cependant)  au  milieu  des  calcaires  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de 
coralliens  compactes. 

Le  Secrétaire  analyse  une  note  de  M.  Ph.  de  la  Ilm*pe  sur  les 
IVuiiiinuliloA  des  environs  de  Kiœ  et  de  Menton  (1). 

Dans  cette  note  M.  de  la  Harpe  étudie  les  Nummulites  recueillies  à 

(1)  Par  (lOcision  de  la  cominission  du  Bulletin,  cette  note  a  éh»  n?f)ort»5e  nu 
comple-rendu  de   la  réunion   extraordinaire  de  Fréjus  et  Nice. 


3i4  SÉANCE.  18  mars 

Âiitibes,  Yence,  Roquestéroii ,  Font  de  Jariel,  L'Escarèiie,  le  col  de 
Braus,  Mentoti  et  La  Mortola  ;  il  signale  onze  espèces,  dont  plusieurs 
iiouvelles,  et  un  grand  nombre  de  variétés.  Il  déduit  de  cette  étude 
qu'il  faut  distinguer  trois  zones  dans  ces  localités  :  1^  les  couches  de 
Vence  et  de  la  Font  de  Jariel  ;  i^  les  couches  supérieures  de  La  Mor- 
tola, auxquelles  semble  se  rattacher  une  partie  des  calcaires  du  col  de 
Braus  ;  3®  les  couches  exj)loitées  dans  les  carrières  de  La  Mortola.  Ces 
trois  zones  représentent,  d'après  M.  de  la  Harpe,  la  partie  moyenne  de 
la  période  nummulitique. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Hébert  fait  observer  que 
c'est  la  Société  géologique  de  France  qui,  dans  sa  session  dernière,  a 
constaté  que  les  couches  nummulitiques  des  environs  de  Biot  et  de 
Yence  appartiennent  à  un  horizon  tout  à  fait  différent  de  celles  de  La 
Palarea.  Jusque-là  on  ne  se  rendait  pas  bien  compte  des  relations 
entre  ces  divers  dépôts. 

Comme  M.  Hébert  Ta  fait  observer,  dans  une  des  séances  tenues  ù 
Nice,  les  couches  de  La  Palarea,  rapportées  avec  raison,  dès  1850,  par 
M.  jBellardi  au  Calcaire  grossier  parisien  (1),  sofjt  les  représentants 
exacts  des  couches  de  San  Giovanni  llaiione  à  Nuynmulites perforata» 
N.  spira,  N.  complanata,  etc.,  tandis  que  celles  de  Biot  et  de  Yence, 
011  abondent  la  Serpula  spirulœa,  les  Orbitoïdes  et  les  Échinides  de 
Biarritz,  correspondent  aux  couches  de  Priabona  et  appartiennent  à 
rÉocène  supérieur,  c'est-à-dire  à  l'époque  du  Gypse. 

Dans  rintérét  de  nos  réunions  extraordinaires,  il  est  utile  de  mon- 
trer qu'elles  font  souvent  faire  à  la  Géologie  des  progrès  notables. 
L'exemple  qui  vient  d'être  cité  n'en  sera  pas  la  seule  preuve,  ainsi 
qu'on  pourra  le  constater  par  la  lecture  des  procès-verbaux  de  la 
réunion  de  Fréjus  et  Nice. 

Séance  du  18  mars  1878. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALB.  GAUDRY. 

M.  Douvillé,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membre  de  la  Société  : 
M.  Bassani,  rue  Gigantessa,  31,  à  Padoue  (Italie). 

(1)  On  doit  les  considérer  comme  correspondant  aux  parties  moyenne  et  supé- 
rieure du  Calcaire  grossier  inférieur  du  bassin  de  Paris  (bancs  supérieurs  au 
Crrithium  Qitjnnteum,  systèrue  laekénien  deDuinont;. 


1S78.       DE  (inossutivHii:.  —  (>is£mf.nt  de.  puosi'hate  de  chadi.      315 
H.  de  Lappai-ent  donne  leclure  de  la  note  suivante  : 


Kote  sur  un  nouveau  glftement  de  phosphate  de  chauiiL, 
par  M.  A.  de  GrosAouvre. 

J'ai  riionneur  de  porter  à  ]a  connaissance  de  la  Société  la  décou- 
vertâ  que  j'ai  faite,  dans  le  courant  de  l'année  dernière,  d'un  nouvel 
horizon  de  phosphate  de  chaux,  appartenant  à  l'étage  oxfordien  du 
déparlemenl  de  la  Nièvre. 

Les  affleuremenis  de  cette  couche  s'observent  bien  nettement  dans 
les  environs  de  Nevers;  la  tranchée  du  chemin  de  fer  dite  de  l'Ai- 
guillon, visitée  par  la  Société  géologique  en  1858  (1),  oITre  une  honoe 
coupe  pour  son  étude  et  celte  des  terrains  encaissants. 

A  l'est  de  la  faille,  à  300  mètres  environ  du  petit  pont  sur  le  chemin 
de  fer,  on  observe  la  succession  suivante  des  couches,  qui  plongent 
vers  l'est  sous  un  angle  de  fi»  {lig.  1)  : 

Fig.  l. 


1.  Calcaires  et  marnes  à  texture  gréseuse;  je  n'y  ai  rencontré  comme 
fossiles  que  la  Rkynchonella  spitthica;  la  Société  y  a  trouvé  les  Am- 
nionitea  athleta  et  A.  coi-onattis. 

2.  O'^âO  à  0"' 30  d'une  argile  gris-verdâtre,  empâtant  de  nombreux 
rognons  de  même  couleur;  j'y  ai  trouvé  ;  Ammoailes  Duncani,  A. 
athleta,  Belemniles  hastatus  ;  la  Société  y  a  recueilli  :  Ammonites  per- 
armatus,  A.  pUcatiîis,  A.  catlovieHsis  (roule  de  Paris),  Ostrea  dilatatd 
(route  de  Paris). 

3.  <î  à  7  mètres  de  marties  avec  bancs  de  calcaire  noduleux  très- 
dur,  lie  couleur  jaunillrc,  pi-ésenlant  par  (ilaces  des  points  ferrugi- 
neux. Dans  le  coniptc-rcndu  de  ta  réunion  de  la  Société  géologique,  il 


316        DE  GROSSOUVEË.   —  GISEMENT  DE   PHOSPHATE  DE  CHAUX.      18  mars 

est  dit  que  ce  calcaire  renferme  quelques  oolithes  ferrugineuses^  mais 
je  n'y  ai  observé  que  des  taches.  La  Société  y  a  recueilli  :  Ammonites 
pîicatilis  et  A.  perarmatus.  Comme  fossiles,  j'ai  seulemeut  rencontré, 
sur  le  talus  de  la  tranchée,  un  bel  échaniiWUm  d  A,  canaliculatus  ci 
un  débris  de  Spongiaire,  sans  pouvoir  d'ailleui's  affirmer  qu'ils  étaient 
bien  en  place  et  ne  provenaient  pas  d'un  éboulis  des  couches  supé- 
rieures. Néanmoins,  ces  marnes  avec  bancs  de  calcaire  noduleux  m'ont 
paru  se  rapprocher,  par  leui*s  cai*actèi*es  physiciues.  des  marnes  et  cal- 
caires à  Spongiaires  tels  qu'on  les  observe  dans  le  département  du  Cher. 

4.  Marnes  blanches,  pulvérulentes;  dans  le  compte-rendu  cette 
couche  est  ainsi  désignée  :  calcaire  blanchâtre,  marneux,  avec  Am- 
monites pîicatilis  et  A,  perarmatus, 

5.  Au-dessus  se  développent  des  calcaires  blancs,  compactes,  hssiles, 
à  cassure  conchoïde,  qui  probablement  doivent  être  rapportés  aux 
calcaires  lithographiques  coralliens. 

La  couche  i  est,  à  proprement  parler,  un  lit  de  rognons  verdâtres, 
empâtés  dans  une  argile  de  couleur  foncée  remplissant  leurs  inter- 
stices. Ces  rognons,  qui  avaient  été  considérés  (1)  comme  des  cailloux 
siliceux,  sont  des  calcairas  phosphatés  :  divers  échantillons  que  U.  Pe- 
neau.  Directeur  de  la  station  agronomique  du  Cher,  a  bien  voulu  ana* 
lyser  sur  ma  demande,  ont  présenté  une  teneur  moyenne  de  28  à  30  % 
en  phosphate  de  chaux  tribasique;  un  fragment  d'Ammonite  a  donné 
une  teneur  de  55  «/o. 

Ainsi  que  l'a  remarqué  la  Société,  les  fossiles  ont  un  aspect  pro- 
noncé de  roulis  et  de  charriage;  si  Ion  examine  avec  attention  les 
rognons  ou  galets,  on  voit  que  la  plupart  d'entre  eux  proviennent  de 
débris  fossiles  roulés  et  détériorés,  notamment  de  Pholadomyes. 

Par  sa  faune,  la  couche  de  phosphate  se  rapporte  à  la  zone  à  Ammo- 
nites athleta  d'Oppel,  qui  occupe  la  partie  supérieure  de  son  étage 
kellovien  ;  dans  la  Nièvre,  d'après  M.  Ébray  (2),  cette  zone  existe  bien 
caractérisée.  Il  résulte  de  là  que  la  couche  de  phosphate  provient  d'un 
remaniement  de  cette  zone  avec  introduction  d'acide  phosphorique. 

Cette  couche  peut  encore  s'observer  sur  la  route  de  Paris  (3),  où 
elle  est  recouverte  par  Toolithe  ferrugineuse,  qui  affleure  un  peu  au- 
dessous  de  Four  de  Vaux. 

D'après  M.  Ébray,  on  retrouve  dans  un  grand  nombre  de  localités 
de  la  Nièvre  le  cordon  remanié  qui  dans  les  environs  de  Nevers  con- 
stitue la  couche  de  phosphate. 


(1)  Bail.,  2*bLM"..  t.  XV,  p.  081). 

Cij  Etndcn  gv.oL  sur  le  dcp.  de  la  Nivirr'.  p.  -^H-'. 

cj)  BhIL.  i>'  soi.,  t.  XV.  p.  cm. 


1878.  IIKBRRT.    —   FOSSILES   DE    L\   CRAIE  DU   NORD.  317 

M.  Douvillé  a  dé'}h  signalé  la  présence  de  fossiles  phosphatés  dans 
le  terrain  oxfoniien  du  Cher  (\);  ces  fossiles  appartiennent  à  la  faune 
de  roolilhc  ferrugineuse,  qui  dans  les  environs  de  Nevers  recouvre  la 
couche  de  phosphate;  par  suite,  le  cordon  remaniera  fossiles  phos- 
phatés, parait  devoir  éti*e  considéré  comme  Téquivalcnt  de  la  couche 
à  Ammonites  pyriteusesdu  Cher. 

D'autre  part,  M.  Éhray  signale  dans  les  environs  de  Donzy  Tappa*- 
ntion,  à  la  hase  des  calcaires  à  Spongiaires,  d'une  couche  giauconieuse 
très-fossilifère,  qui  représente  le  prolongement  vers  Test  de  l'oolitbe 
ferrugineuse  des  hords  de  la  Loire  :  cette  analogie  de  caractères  et  de 
position  avec  la  couche  phosphatée  de  Nevers  rend  probable  la  pré- 
sence du  phosphate  de  chaux  dans  la  couche  giauconieuse  de  Donzy. 

Avant  de  terminer,  je  crois  utile  de  faire  ressortir  l'association  si 
fréquente  du  phosphate  de  chaux  et  des  substances  ferrugineuses  : 
glauconie,  oolithe  ferrugineuse,...  association  qui  se  retrouve  dans  les 
gisements  crétacés  et  dans  les  gisements  sidérolithiques,  et  qui  permet 
d'affirmer  qu'en  général  le  phosphate  de  chaux  provient,  aussi  bien 
que  le  minerai  de  fer,  d'un  dépôt  de  sources  minérales. 

M.  Daabrée  conArmc  la  généralité  do  Tassocialion  du  phosphore  au 
fer,  qui  se  présente  dans  des  gisements  d'âge  et  de  nature  très-différents.  Le 
terrain  houiller,  particulièrement  sur  les  bords  de  la  Ruhr,  les  minerais  de  fer 
très-phosphoreux  du  Lias,  les  dépôts  de  phosphate  de  chaux  associés  aux  mi- 
nerais de  fer  pisolithiquc  dans  les  terrains  tertiaires  de  Tam-el-Garonne  et  de 
la  Cùte-d'Or,  les  amas  de  la  Belgique  exploités  d'abord  pour  le  fer,  puis  pour 
les  phosphates,  etc.,  offrent  des  exemples  remarquables  de  cette  association. 

M.  Hébert  présente  le  mémoire  suivant  : 

Remarques  sur  quelques  I^'osalleiA  de  la  Orale  <lii  Mord  de 

/'Europe  9 

à  r occasion  du  mémoire  de  M.  Peron  sur  la  Faune  des  caf entres 

à  fichinides  de  Rennes-les- Bains  (2), 

par  M.  Edm.  llél>ert. 

M.  Peron  a  entrepris  de  démontrer  que  la  faune  des  calcaires  à 
Échinides  de  Rennes-les-Bains  est  sénonienne,  et  que  par  suite  il  faut 
rapporter  à  l'étage  sénonien  le  système  entier  des  calcaires  à  Hippu- 
riles  (le()uis  la  zone  à  Radiolites  coniupastoris, 

il)  UhH  .  H'si^r..  t.  m.  p.  103. 
2.  HuU  .  .r  s«'T..  t.  V.  p.   IHO. 


318  HÉBEUT.    —  FOSSILES   DE   LA   CHAIE   l>l'    NORD.  18  mars 

Pour  justifier  cette  conclusion,  il  donne  la  liste  des  fossiles  qu'il  a 
recueillis  dans  ces  calcaires  àÉcbinidos;  mais,  comme  il  reconnaît  (1) 
qu'un  grand  nombre  des  espèces  iju  il  cite  peuvent  donner  lieu  à  des 
critiques,  il  fait  suivre  son  travail  d'une  annexe  paléontologique 
relative  aux  espèces  les  plus  importantes. 

M.  Peron  sollicite  à  cette  occasion  les  critiques  de  ses  confrères.  Je 
viens  répondre  à  son  appel  ;  mais  je  me  bornerai  aux  faits  qui  me  sont 
personnellement  connus.  Je  vais  donc  examiner  un  certain  nombre 
des  espèces  citées  par  M.  Peron  comme  caractérisant  la  Craie  séno- 
nienne  du  Nord,  et  je  terminerai  par  quelques  remarques  stratigra- 
phiques. 

SPONDVLL'S  SPINOSUS,  Soioerhy, 

M.  Peron  considère  (2)  cette  espèce  comme  caractéristique  de  la 
Craie  sénonienne,  bien  que  lui-même,  M.  Barrois  et  moi  Tayons  re- 
cueillie dans  des  couches  du  bassin  de  Paris  que  tous  les  géologues, 
même  M.  Peron,  considèrent  comme  turoniennes.  Peut-être  notre 
confrère  a-t-il  pensé  qu'elle  ne  s'y  trouvait  <]u*exceptionnellement  ; 
mais  il  aurait  aisément  reconnu  qu'il  n'en  était  pas  ainsi  s'il  eût  con- 
sulté nos  collections  ;  il  aurait  vu  que  j'avais  recueilli  \q  S.  spùw- 
sus  : 

lo  Dans  les  couches  à  Inocerarmis  labiatus  et  à  Echinoconus  subro- 
tundxis  :  sur  toute  la  côte  de  la  Manche,  depuis  Le  Tréport  jusqu'à 
Fécamp  et  Saint- Jouin  au-delà  d'Ëtretat;  dans  la  vallée  de  la  Seine, 
au  Mont-Arban  près  Rouen;  dans  celle  de  l'Yonne,  à  Paroy  et  à  Sor- 
mery  près  Joigny;  dans  le  Perche,  avec  la  Terebratella  Dourgeoisi, 
dans  les  carrières  de  La  Plante  et  à  La  Fretaudière  près  Nogent-le- 
Rotrou  ; 

2°  Dans  les  couches  à  Holaster  planus  et  Scaphiies  Geinitzi,  où  il 
est  très-abondant  partout  dans  le  Nord  de  l'Europe,  soit  en  France  et 
en  Angleterre,  soit  en  Hanovre,  en  Saxe  et  en  Silésie.  Or  ces  couches, 
sur  l'attribution  desquelles  j'avais  autrefois  longtemps  hésité,  sont 
incontestablement  turoniennes  pour  tous  ceux  qui  s'occupent  de  la 
Craie  (3). 

Dans  aucune  assise  de  la  Craie  sénonienne,  cette  espèce  ne  se  montre 
en  aussi  grande  al>ondance  qu'au  niveau  de  Y  Holaster  planus. 

(1)  Op.  cit.,  p.  178. 

(2)  Op.  cit.,  p.  509. 

(3)  Bull.  Soc.  Se.  hist.  et  nat.  Yonne,  t.  XXX.  ^2'  part.,  p.  2.5;  ttnU.  Soc.  géoL. 
.'{•  s<T.,  K  ÏII.  p.  595.  tnbleau  rectifiv. 


1878.  HKBRRT.    —  FOSSILKS   DK   LA   CRAIE   DU   NORD.  319 

TEREBRATUL.v  SEMIGLOBOSA,  Sowerhi/  (T,  suhrotuYida,  Sow.). 

A  l'occasion  du  Micraster  hrevis,  M.  Peron  dit  (1)  que  jusqu'au 
travail  de  MM.  Hébert  et  Cotteau  sur  la  Craie  de  ITonne  (1876),  les 
géologiques  ref^ardaient  comme  sénoniens  les  fossiles  suivants  :  ffolas- 
ter  planiis,  Cidaris  subvesiculosa,  Terebratula  semiglobosa,  Spondylus 
spinosm.  J'ai  montré  plus  haut  que  c^la  n'est  pas  exact  pour  le  S. 
spinosus;  il  en  est  de  même  pour  les  autres  espèces. 

La  Terebratula  subrotunda,  Sow.  (T.  semiglobosa»  Sow.),  est  extrê- 
mement commune  dans  toute  la  série  des  couches  à  Inoceramus  la- 
biatus»  aussi  bien  en  Allemagne  (2)  qu'en  France  et  en  Angleterre. 

ECHINOCORYS  VULGARIS,  Breyn. 

M.  Peron  déclare  (3)  qu'il  n'est  pas  à  sa  connaissance  qu'on  ait  si- 
gnalé aucune  variété  (V Echinocorys  vulgaris  dans  l'étage  luronien  ;  il 
ajoute  :  «  M.  Hébert  dit  bien  qu'on  trouve  celte  espèce  depuis  la  Craie 
»  à  Inoceramus  labiatus;  mais  c'est  sans  doute  depuis  cette  Craie  ex- 
»  cliisivenient,  car  dans  une  autre  note,  l'éminent  géologue  dit  avoir 
»  rencontré  l'espèce  à  un  grand  nombre  de  niveaux,  presque  jusqu'au 
»  contact  des  couches  à  /.  labiatus,  • 

Cette  dernière  citation  est  empruntée  à  une  note  de  1858,  la  pre- 
mière à  une  note  de  186i.  Si  M.  Peron  eût  poursuivi  ses  recherches 
bibliographiques,  il  eût  vu  que  le  15  juin  1863  (4)  j'affirmais  avoir 
recueilli  VAnanchytes  gibba  à  Tancarville,  associé  à  Y Echiyioconvis 
subrotundics  dans  les  couches  à  Inoceramus  labiatus.  La  façon  dont  les 
citations  précédentes  sont  interprétées  par  M.  Peron  n'est  donc  pas 
exacte.  L'existence  certaine  de  V Ananchytes  gibba  (Bchi>iocorys  vulga- 
ris) dans  le  banc  à  Echinoconus  subrotumlus,  dont  la  place  est  con- 
stante au-dessous  de  la  zone  à  TerebratuUna  gracilis,  eût  été  encore 
mieux  démontrée  à  M.  Peron  s'il  eût  visité  nos  collections;  car  il  aurait 
pu  y  voir  trois  exemplaires  de  cette  espèce  recueillis  par  moi  à  ce 
niveau  au  cap  La  Roque,  un  à  Quillebœuf  même,  et  trois  à  Salzgilter 
(Hanovre).  U.  Schlœnbach  (o)  a  constaté  le  même  fait  de  son  côté. 
Enfin,  M.  Schluler,  qui  fait  de  la  Craie  de  l'Allemagne  le  principal 
objet  de  ses  recherches ,  déclare  (6)  que  VAnanchytes  gibba  se  trouve 

(1)  Op.  cit.,  p.  525. 

(2)  Schlœnbach,  SUx.  d.  K.  Àk,  Wiss.,  Maih -nat.  CL,  !'•  sccl.,  t.  LVII,  p.   181; 
1868. 

(3)  Op.  cit.,  p.  5-20. 

(i)  Bull.r^''  slT.,  t.  XX,  p.  G2-2. 

(5)  yeues  Jahrh.  Min..  1869.  p.  17  et  31. 

(6)  Verh.  â.  Salnrh.  Ver.  d.  Pr.  Rheinlande  uud  }\'cstf..  4"  s6r.,  t.  III,  p.  350. 


3iO  HÉBERT.   —   FOSSILES   DE   LA   CHAIK   DU   NORD.  18  mars 

dans  l'Allemagne  du  Nord  dans  les  couches  à  Inoceramus  Brongniarti 
et  Ammonites  peramjplus,  au-dessous  de  la  zone  à  Scaphites  Geinitzi 
et  Holaster  jylamis.  J'espère  que  ces  autorités  laisseront  à  mes  affir- 
mations toute  leur  valeur. 

De  même  que  le  Spondylus  spinosus,  V Ananchytes  gihha  est  extrê- 
mement commun  dans  les  couches  turoniennes  à  Holaster  planiÂS, 
Scaphites  Geinitzi,  Ammonites  peramplus  (var.  junior  =  ^1.  Prospe- 
rianus,  d'Orb.),  de  la  France,  de  l'Angleterre  et  de  l'Allemagne  sep- 
tentrionale. 

HEMLVSTER   LEYMERIEI,  Desor. 

LHemiaster  que  j*ai  cité  (1)  sous  le  nom  d'il.  Leymeriei  sur  le  che- 
min de  Cassis  à  La  Ciotat,  à  plus  de  100  mètres  au-dessus  de  la  base 
des  couches  à  Periaster  Verneuili,  a  été  trouvé  pendant  une  excur- 
sion de  la  Société  géologique,  devant  M.  Cotteau,  déterminé  par  lui  et 
probablement  conservé  dans  sa  collection.  J'en  possède  un  autre 
exemplaire,  moins  bon,  recueilli  par  M.  l'abbé  Barges;  c'est  bien 
VHemiaster  Leymenei,  II  est  rare  dans  ce  gisement  et  n'y  est  pas  ac- 
compagné du  Periaster  Verneuili,  Il  n'a  aucun  rapport  avec  ceux  que 
cite  M.  Toucas  sous  le  nom  d'JIemiaster  Heberti,  qui  proviennent  des 
marnes  à  Periaster  Verneuili,  Quant  à  VHemiaster  Heberti  que  j'ai 
recueilli  à  Ëscragnolles  dans  le  Cénomanien  inférieur,  et  qui  res- 
semble à  Y  H,  Gauthieri,  la  détermination  en  est  due  à  M.  Cotteau. 

MICRASTER  BREVIS,  Desor. 

La  longue  dissertation  ({ue  M.  Peron  a  consacrée  à  cette  espèce 
montre  combien  il  y  a  de  confusion  dans  les  appréciations  dont  elle  a 
été  l'objet.  Notre  confrère  conclut  en  exprimant  le  désir  qu'une  élude 
monographique  minutieuse  soit  faite  de  toutes  les  espèces  de  Micraster. 
Il  me  permettra  donc  bien,  en  attendant  cette  étude,  de  conserver  mou 
opinion,  qui  est  aussi  celle  de  M.  Munier-Chalnias,  à  savoir  qu'il  n*y 
a  point  de  vrai  M.  brevis  ni  au  Bcausset,  ni  dans  les  Corbière^. 

Quant  à  la  prétendue  identité  du  M,  cortestudinarium  et  du  M. 
brevis,  il  suffit  de  se  reporter  aux  ligures  que  j'ai  données  (i)  des  pla- 
ques ambulacraires  de  ces  deux  espèces,  pour  voir  combien  elles  dif- 
fèrent. 


(1)  Bull,,  2«  sér..  t.  XXI.  p.  503. 

(2)  Mém.  Soc.  g^oL  Fr..  2«  si';r..  t.  V.  pi.  XXIX.  tip.    18  et  H». 


MÉRY 

SIIROIS 

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1878. 

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1878.  HÉBERT.   —  FOSSILES   DE   LA  CRAIE   DU  NORD.  321 


HOLASTER  INTËGER,  AgOSSiz;  H.  PLAGEiNTA,  AçOSSiz. 

M.  Pérou  me  donne  Toccasion  de  rectifier  une  citation  que  j'avais 
faite  en  i8()3  de  Yllolastcr  integer,  avec  doute  toutefois,  dans  la  zone 
à  Micraster  cortestudinarium  du  bassin  de  Paris.  Je  n'avais  alors  que 
d'assez  mauvais  échantillons.  Depuis,  ayant  recueilli  des  exemplaires 
entiers,  j'ai  vu  que  l'espèce  n'avait  point  de  sillon  antérieur,  et  j'ai 
reconnu,  à  TËcole  des  Mines,  que  mes  exemplaires  appartenaient  à 
YHolaster  placenta,  Ag.,  qui,  mentionné  à  la  page  2  du  Catalogue 
raisonné  et  à  la  page  133  du  Catalogua  systematicus  ectyporum  Echi- 
nodemiatum,  n'a  jamais  été  ni  décrit  ni  figuré  (1),  et  n'est  môme  plus 
reproduit  dans  le  Synopsis  des  Échinides  fossiles,  mais  dont  le  type 
(moule  en  plâtre  M  2)  existe  dans  les  collections  de  l'École  des  Mines. 
Aussi  ai-je  substitué  le  nom  d'^.  placenta  à  celui  d'^.  integer  dans 
une  note  lue  à  TAcadémie  des  Sciences  le  25  juin  1866  et  insérée 
au  compte-rendu  de  cette  séance.  A  cette  époque  je  croyais  le  Mi^ 
craster  cortestuditiarium  assez  fréquent  dans  la  zone  à  Jffolaster  pla^ 
nus;  j'avais  donc  abandonné  ce  Micraster  comme  caractéristique  de 
la  zone,  et  adopté  à  sa  place  VJIolaster  placenta.  Mais  dès  que  j'eus 
reconnu  que  le  Micraster  de  la  zone  à  Holaster  pUmus  n'était  pas  le 
Micraster  cortestudinarium,  ce  dernier,  de  beaucoup  le  plus  abondant, 
bien  que  YHolaster  placoUa  ne  soit  pas  rare  au  même  niveau,  devait 
reprendre  ses  droits.  Quant  à  YII,  integer,  il  n'a  jamais  été  trouvé 
jusqu'ici  dans  la  Craie  sénonienne  du  bassin  de  Paris. 

ECHINOCONUS  GOMCUS,  Breyn, 

Cette  espèce  est  très-commune  dans  les  zones  à  Micraster  coran- 
guinum  et  à  M.  cortestudinarium.  J'en  ai  recueilli  quelques  exem- 
plaires dans  la  zone  à  Holaster  jtlayius,  un  dans  les  couches  à  Echi- 
noconus  subrotundus  de  Quillebœuf,  et  un  autre  à  Belleville-sur-Mer 
dans  la  zone  à  Inoceramus  labiatus.  Elle  est  également  citée  dans  le 
Turonien  d'Allemagne.  Ce  n'est  donc  pas  non  plus  un  fossile  exclusi- 
vement sénonien,  comme  le  dit  M.  Peron. 


<1)  Depuis  que  cette  note  a  été  commuuiquée  à  la  Société,  M.  Cottcau  a  donné  de 
cette  espèce  une  description  détaillée  dans  ses  Échinides  fossiles  du  département 
de  V Yonne  (1«79).  Il  en  a  tiguré  un  échantillon  incomplet.  Nous  en  possédons  une 
série  d'exemplaires  en  parfait  état  de  conservation. 

(Note  ajoutée  pendant  l'impression  J 


322  HitBKRT.   —   FOSSILES  DE  LA  CRAIE  DU  NORD.  18  mars 

DISCOIDEA  MINIMA,  AgOSSiz. 

Il  est  intéressant  que  H.  Peron  ait  recueilli  dans  les  couches  à 
Echinides  des  Bains  de  Rennes  cette  espèce,  qui  caractérisait  jusqu'ici 
les  assises  les  plus  inférieures  du  Turonien  du  bassin  de  Paris.  Sa  pré- 
sence dans  la  zone  à  Belemnites  plenta  n'a  rien  d'étonnant,  car  cette 
zone  n'est  pas  autre  chose  que  la  base  des  couches  à  Inoceramus  la- 
biatus,  et  chaque  année  en  apporte  de  nouvelles  preuves.  Entre  cette 
zone  à  Belemnites  plenus  et  celle  à  Holaster  subglobosus,  à  laquelle 
M.  Barrois  la  rattache,  je  mets  la  période  entière  des  grès  du  Haine, 
avec  ses  trois  époques,  telle  que  je  Tai  déjà  définie  plusieurs  fois.  La 
différence  d'opinion  est  donc  considérable. 

ciDARis  SUBVESICULOSA,  (COrhigny. 

Le  Cidaris  subvesiculosa  n'est  pas  rare  dans  les  couches  à  Inoce^ 
ramiis  îabiatus.  M.  Cotteau  le  cite  (i)  de  Vernonnet,  des  Menus 
(Sarthe)  et  de  BrioUay  (Maine-et-Loire)  ;  dans  ces  localités,  c'est  à  ce 
niveau  que  je  Tai  recueilli.  M.  Cotteau  a  donc  raison  de  dire  que  cette 
espèce  appartient  à  la  fois  aux  étages  turonien  etsononien.  Ainsi  cette 
espèce,  aussi  bien  que  les  Spoyidyltis  spinosus  et  Tcrebratula  semiglo- 
bosa,  était  depuis  longtemps  considérée  par  les  géologues  qui  s'occu- 
pent de  la  Craie,  comme  se  montrant  dès  le  Turonien  inférieur,  el 
non  pas,  ainsi  que  le  dit  M.  Peron,  comme  exclusivement  sénonienne. 
V Holaster plmius  seul  avait  été.  regardé  par  quelques-uns^  toutefois 
avec  hésitation,  comme  caractérisant  la  base  du  Séiionien.  J'étais  de 
ce  nombre;  mais  en  poursuivant  mes  études,  j'ai  été  amené  i  recon- 
naître que  je  devais  me  ranger  à  l'opinion  des  géologues  allemands, 
qui  rattachent  les  couches  à  Scaphites  Geinitzi  et  Hoîaster  planus  ik 
l'étage  turonien  de  d'Orbigny. 

CIDARIS  SCEPTRIFERA,  MufltelL 

On  voit  d'après  ce  qui  précède,  qu'un  bon  nombre  d'espèces  de  la 
Craie  sénonienne  du  Nord  se  montrent  aussi  dans  la  Craie  turonienne 
de  la  même  région.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  de  les  rencontrer  à  ce 
dernier  niveau  dans  le  Midi,  et  il  n'y  aurait  absolument  rien  d'extra- 
ordinaire à  ce  que  des  espèces  exclusivement  sénoniennes  dans  leNoixI 
eussent  d'abord  apparu  dans  l'étage  turonien  du  Midi.  Tel  serait  le  cas 

(1)  Pal.  fr.,  tcrr.  rrct.,  t.  VII,  p.  26.1. 


1878.  HÉBERT.    -*   FOSSILES  DB  LA   CRAIE  IHJ   iXORD.  323 

pour  le  Cidaris  seeptrifera,  Mantell,  si  en  réalité  M.  Peron  â  recueilli 
le  type  de  Mantell  aux  Corbières  dans  la  zone  à  Ëcliinides;  mais 
notre  collègue  ayant  donné  le  nom  de  C,  scepùrifera  b  des  échantil- 
lons du  Revest  qui  pour  moi  appartiennent  certainement  à  une  autre 
espèce  (1),  je  ne  puis  me  prononcer  sur  ceux  des  Corbières  sans  les 
avoir  vus. 

CIDARIS  GWBERUU,  Desor. 

M.  Pei'on  dit  qu'aucun  de  ses  amis  n*a  recueilli  de  radioles  de  cette 
espèce  dans  les  couches  cénomaniennes  de  Cassis.  Or,  comme  j'ai 
cité  (2)  le  C.  gibberida  dans  le  Cénomanien  inférieur  de  La  Bédoule 
(Craie  de  Rouen),  si  M.  Peron  eût  désiré  voir  les  échantillons  de  ce  gi« 
spment,  j'aurais  pu  lui  montrer  non-seulement  deux  tests,  mais  aussi 
un  radiole  recueilli  par  moi-même  dans  les  couches  si  riches  en  fos- 
siles dont  j'ai  donné  la  faune  (Pecten  asper,  Jl^miagter  bufo,  etc.),  ra- 
diole qui  porte  encore  son  étiquette  écrite  de  la  main  de  M.  Cotteau. 
Si  donc  il  y  a  identité  absolue  avec  l'espèce  de  Rennes-les-Bains,  c'est 
encore  un  fait  qui  n'est  pas  de  nature  à  rajeunir  les  couches  en  discus- 
sion. 

CIDARIS  GLAViGERA,  Kœnig, 

Cette  espèce  se  trouve  dans  le  bassin  de  Paris  non-seulement  dans 
les  zones  a  Micraster  coranguinum  et  à  M.  corCestudinarium,  mais 
aussi  dans  la  zone  turonienne  à  Scaphites  Geinitzi  et  Holaster  planus» 
où  j'en  ai  recueilli  quatre  exemplaires  (radioles)  au  Tréport,  et  dans 
les  couches  inférieures  à  Inoceramus  labiatus  de  Bruneval  près  Être- 
tat  (3)  et  de  Mers,  ainsi  que  dans  celles  de  Scnonches. 

Le  Cidaris  clamgera  est  donc  encore  un  fossile  turonien  aussi  bien 
que  sénonien. 

En  résumé,  sur  les  onze  espèces  des  calcaires  à  Ëchinides  de  Rennes- 
les-Bains  sur  lesquelles  mes  recherches  personnelles  me  permettent  de 
donner  des  renseignements  précis  : 

Une,  Cidaris  gibbcrula,  est  jusqu'ici  exclusivement  cénomanienne; 

Une,  Diacoidca  minima,  appartient  exclusivement  au  Turonien  le 
plus  inférieur; 

Les  six  espèces  suivantes;   Spondylus  spinosiis,  Terebratula  setni- 

(1)  Bull ,  T  sér.,  t.  III.  p.  100. 

(2)  Bull.,  2«  sér..  t.  XXIX,  p.  307. 
^3)  Bull..  2' sér.,  t.  XX.  p.  621. 


324  HIÎBERT.   —  FOSSILES  DE  IJi  CRAIE  DU  NORDr  18  mars 

globosa,  Echinocorys  vulgaris,  Echinocontis  conicus,  Cidaris  subvesi- 
culosa  et  C  clavigera,  sont  à  la  fois  turoniennes  et  sénoniennes  ; 

Une  autre,  Holaster  integer,  ne  se  trouve  pas  dans  la  Craie  sëno- 
nienne  du  Nord  ; 

Enfin,  le  Cidaris  sceptrifera  et  le  Micraster  brevù  me  paraissent^  le 
premier  mériter  un  nouvel  examen,  le  second  constituer  une  espèce 
nouvelle. 

J'accepte  d'ailleurs  volontiers  la  proposition  que  fait  M.  Peron  de 
communiquer  les  échantillons  sur  lesquels  il  peut  y  avoir  doute.  Cette 
communication  me  paraîtrait  utile  pour  le  Cidaris  sceptrifera  et  pour 
le  Micraster  cortestudinarium  recueilli  par  M.  Gauthier  dans  les  grès 
de  La  Ciotat.  M.  Peron  jugera  lui-même  s'il  doit  la  faire  pour  d'autres 
espèces.  Je  suis,  en  effet,  tout  disposé  à  examiner  avec  soin,  sans 
parti  pris,  tous  les  arguments  que  H.  Peron  croit  favorables  à  sa 
thèse. 

D'après  ce  qui  précède,  on  s'expliquera"^ comment  sur  une  liste  de 
treize  espèces  que  j'ai  citées  de  la  zone  à  Micraster  cortestudinariicm 
de  Dieppe,  il  y  en  avait  huit  de  Rennes-les-Bains.  Ces  espèces 
sont  pour  ainsi  dire  caractéristiques  de  toute  la  Craie  comprise  entre 
les  couches  de  Rouen  et  celles  de  Meudon.  C'est  la  présence  d'un  si 
grand  nombre  d'espèces  communes  qui  m'avait  d'abord  déterminé  à 
grouper  ensemble,  sous  le  nom  de  Craie  marneuse  (1)  à  Spondylu» 
•pinosust  tout  l'étage  turonien  et  une  grande  partie  de  l'étage 
sénonien.  Mais  peu  à  peu  une  étude  approfondie  des  divers  bassins 
crétacés  de  la  France  et  de  toute  l'Europe  septentrionale  et  centrale 
m'a  conduit  à  mieux  comprendre  les  rapports  mutuels  des  couches  et 
à  adopter  la  classification  que  j'ai  publiée  dans  le  tome  III  de  la 
3*  série  du  Bulletin  (2),  et  qui  ne  difière  de  celle  de  d'Orbigny  que  par 
plus  de  précision  et  plus  d'exactitude  dans  les  détails. 

Maintenant  il  me  reste  à  indiquer  quelques  faits  stratigraphiques 
qui  ne  me  paraissent  pas  pouvoir  se  concilier  avec  la  classification  de 
M.  Peron. 

Notre  confrère  considère  la  partie  supérieure  de  la  Craie  de  La  Pa- 
larea  près  Nice  comme  l'équivalent  des  grès  à  Micraster  du  Beausset 
et  des  Corbières.  J'ai  eu  occasion  récemment  d'examiner  avec  la 
Société  cette  Craie  de  La  Palarea,  et  il  m'a  paru,  malgré  le  mau- 

(1)  Buli.,  2«  sér.,  t.  XX,  p.  626;  1863. 

(2)  Il  y  a  dans  ce  tableau  une  erreur  qu'il  importe  de  corriger  :  à  l'étage  danien, 
le  calcaire  de  Saltholm,  indiqué  comme  faisant  partie  de  l'assise  inférieure,  doit 
être  i-cporlc  à  l'assise  supérieure,  avec  le  calcaire  de  Faxoc,  dont  il  n'est  qu'un 
faciès  particulier. 


1878.  UÉBËHT.   —  FOSSILES  DE  LA  CRAIE  DU  NORD.  32S 

vais  état  des  échantillons  que  j*ai  vus,  que  les  Ananchytes  et  les  Mt- 
craster  sont  exactement  les  mêmes  que  ceux  de  Bidart  près  Biarritz. 

Or  la  Craie  de  Bidart,  la  même  que  celle  de  6an,  au  sud  de  Pau, 
qui  forme  la  partie  supérieure  des  calcaires  à  silex  de  Bidache,  repose 
sur  une  série  très-épaisse  de  grès  et  de  schistes.  Ces  grès,  exploités 
pour  dalles  entre  Gan  et  Rébenac,  remarquables  par  de  nombreuses 
empreintes  de  Fucoîdes,  sont  exactement  les  mêmes  que  ceux  de  Celles 
(Ariège).  Ceux-ci  sont,  non  pas  associés  aux  calcaires  à  Hippurites 
comuv(iccinum  de  Leychert,  mais  bien  nettement  superposés,  comme 
le  montre  la  coupe  que  j*ai  donnée  (1)  de  cette  localité,  postérieure- 
ment à  la  note  de  M.  Garrigou  citée  par  M.  Peron.  Il  ne  saurait  y  avoir 
aucun  doute  ni  sur  la  succession  de  ces  couches,  ni  sur  leur  assimila- 
tion depuis  Foix  jusqu'à  Bidart.  Dans  les  deux  régions  ces  couches 
sont  inférieures  à  la  Craie  à  Jlemipneustes  de  Monlton  et  d'Audignon 
près  Saint-Sever.  La  Craie  de  La  Palarea  est  donc  pour  moi  beaucoup 
plus  récente  que  les  calcaires  à  Hippurites  comuvaccinum,  plus  ré* 
cents  eux-mêmes  que  les  grès  à  Ëchinides. 

Dans  toute  la  région  pyrénéenne,  pas  plus  qu'en  Provence  ou  dans 
les  Alpes,  je  ne  vois  donc  absolument  rien  qui  puisse  justifier  l'intro- 
duction dans  l'étage  sénonien  des  calcaires  à  Hippurites.  Sans  doute 
il  sera  toujours  possible  d'augmenter  le  nombre  des  fossiles  communs 
entre  ces  calcaires  et  la  Craie  blanche;  mais  cela  ne  justifie  aucune- 
ment leur  enlèvement  de  l'étage  turonien.  Leur  liaison  paléontolo- 
gique  avec  le  Turonien  n'est  pas  moins  incontestable.  M.  A.  Toucas 
n'a-t-il  pas  dit  (2)  que  les  couches  à  Ëchinides  turoniens  du  Revesl 
renferment  déjà  le  Radiolites  comupastoris? 

M.  Peron  a  bien  voulu  citer  (3)  m  extenso  un  passage  ou  j'ai  justifié 
par  des  considérations  stratigraphiques  la  division  de  l'étage  turonien 
du  bassin  d'Uchaux  en  deux  sous-étages;  mais  pour  exprimer  complè- 
tement mon  opinion,  il  aurait  fallu  aussi  citer  cet  autre  passage  (4) 
ou  il  est  dit  qu'  «  ...  on  voit  reparaître  à  divers  niveaux  dans  les  grès 
»  de  Mornas....  quelques  espèces  des  plus  caractéristiques  des  grès 

>  d'Uchaux...  >,  et  qu'  •  en  réalité  il  y  a  plus  de  ressemblance  entre 

>  les  faunes  des  deux  sous-étages  qu'entre  leurs  caractères  stratigra- 

>  phiques  •.  A  l'appui  de  cette  opinion,  je  cite  comme  se  trouvant  en 
place  dans  les  grès  de  Mornas  : 

Eulima  amphora,  d'Orb., 

(1)  Bull.,  2-  sér.,  t.  XXIV,  p.  363;  1867. 

(2)  Bull.,  3-  sér.,  t.  II,  p.  463,  et  t.  IV,  p.  313. 

(3)  Bull.,  3«  sér.,  t.  V,  p.  489. 

n)  Ann.  Soc.  gcoL,  t.  VI,  art.  n"  2,  p.  90. 


dS0  CuQtJAi«D.  -^  CALCAIRES  A  ÉcifirfiDE5.  ISmani 

Chenopui  timpltx,  d'Orb... 

Cardium  (hillanum,  Sow.)  Requienianum.  Math., 

—       Mcfutoniannm,  d'Orb . , 
Peetuiieulut  Requienianum,  d'Orb., 
—  Renauiiantu,  d'Orb. 

La  paléontologie  sur  laquelle  H.  Peron  s'est  principalemeut  appuyé 
pour  justifier  Tintroduction  des  calcaires  à  Hippurites  dans  Tétage 
sënonien,  n'est  donc  aucunement  favorable  à  cette  thèse,  contre 
laquelle  d'ailleurs  la  stratigraphie  ne  saurait  trop  s'élever,  la  partie 
supérieure  des  calcaires  à  Hippurites,  la  zone  à  JI,  comuvaccinum, 
constituant  pour  toute  l'Europe  centrale  et  méridionale  l'un  des  re- 
pères géologiques  les  mieux  marqués,  reconnu  par  tous  comme 
limite  entre  les  étages  turonien  et  sénonien. 

Les  traits  généraux  de  la  classification  de  d'Orbigny  ont  été  acceptés 
chez  toutes  les  nations.  Les  nombreuses  critiques  dont  cette  classili* 
cation  a  été  l'objet,  surtout  en  France,  m'ont  longtemps  empêché  de 
m'y  rallier,  jusqu'à  ce  qu'enfin  mes  propres  études  m'aient  montre 
que  ces  critiques  ne  louchaient  à  rien  d'essentiel.  J'avoue  que  je  suis 
heureux  de  pouvoir,  sans  manquer  à  ce  qui  est  dû  à  la  vérité  scienti- 
fique, soutenir  la  mémoire  d'un  savant  dont  le  nom  sera  toujours  un 
honneur  pour  la  France. 

M.  Daubrée  informe  la  Société  de  la  mesure  que  ri^^cadémle 
des  Science»  vioU  de  prendre  dans  Vintérêt  de  la  conservation 
des  blocs  erratiques  situés  sur  le  territoire  fixitiçais.  Sur  un 
rapport  fait  par  lui  au  nom  de  la  section  de  Minéralogie  et  de  M.  Bel- 
grand,  l'Académie  a  nommé  dans  son  sein  une  commission  spéciale 
chargée  de  veiller  à  la  conservation  des  plus  intéressants  de  ces  blocs. 
Pour  atteindre  ce  but,  la  commission  aura  des  délégués  dans  les  prin- 
cipales régions.  Des  donations  de  ces  blocs  et  du  sol  qui  les  supporte 
pourront  être  faites  à  l'État,  h  titre  de  monuments  historiques,  et  les 
blocs  ainsi  donnés  seront  placés  sous  la  surveillance  de  l'Académie. 

Le  Secrétaire  analyse  les  notes  suivantes  : 


Observations  sur  la  note  de  M,   Peron  sur   les  calcxiires  à 
îlctiiuldes  de  Rennes- les «Dalns, 

par  M*  Coquand* 

Le  80  fascicule  du  tome  V  de  la  3*  série  du  Bulletin,  distribué  dans 
le  courant  de  février  dernier,  contient  un  mémoire  fort  curieu.\  de 


1878.  GOQUAND.   —  CALCAIRES  A   KGHlNlDfiS.  327 

H.  Peron  sur  la  classification  du  terrain  turonien  supérieur  (1);  left 
conclusions  de  notre  savant  collègue  tendent  à  introduire  dans  la  Craie 
sénonienne  les  divers  niveaux  à  Rudistes  du  Sud-Ouest  de  la  France,  de 
la  Provence^  du  Gard  et  de  l'Aude,  personnifiés  par  les  ffippurites 
organisans,  H.  comu-vaccinum*  H.  sulcatus^  Plagioptychus  CoquandU 
P.  Aguilloni,  etc.,  niveaux  placés  jusqu'ici,  à  tort  d'après  l'auteur,  par 
la  généralité  des  géologues,  dans  la  Craie  moyenne,  dont  ils  formaient 
le  couronnement. 

Cette  idée  nouvelle  émanant  d'une  autorité  aussi  compétente  a  dû 
éveiller  l'attention  des  paléontologistes  du  Midi,  et  la  mienne  surtout, 
puisque  depuis  plus  de  quinze  ans  je  me  suis  spécialisé,  pour  ainsi 
dire,  dans  les  questions  se  référant  à  la  formation  crétacée. 

M.  Peron  trouve  la  justification  de  la  nouvelle  classification  qu'il 
propose,  dans  la  position  des  marnes  à  Ëchinodermes  de  Rennes-les- 
Baius  et  du  Beausset  par  rapport  aux  calcaires  à  Rudiales,  et  dans  la 
récurrence  que  l'on  peut  constater  sur  ces  deux  points,  comme  ailleurs, 
entre  les  assises  à  Ëchinodermes  et  les  assises  à  HippuriUn,  organisant 
et  H.  comu'vacctnum.  N'ayant  eu  l'occasion  d'étudier  da  la  Craie  de 
l'Aude  que  la  montagne  de  la  Clape,  rapportée  par  d'Arobiac  et  par 
Reynès  au  niveauduNéocoraiendeHauteriveet  que  j'ai  dû  faire  remon- 
ter à  celui  de  Télagc  urgo-aptien,  je  me  garderai  bien  de  formuler  une 
opinion  personnelle  sur  la  Montagne  des  Cornes,  interprétée  si  diver- 
sement par  les  savants  qui  en  ont  parlé,  depuis  d'Archiac  jusqu'à 
M.  Peron,  et  qui  tous  sont  tombés  d'accord  pour  signaler  les  difficultés 
de  son  étude. 

M.  Peron  entre  en  matière  en  s'emparant  de  l'opinion  émise  par 
Reynès,  qu'aux  environs  des  Martigues  les  calcaires  à  Hippurites  de* 
valent  représenter  la  craie  sénonienne,  à  cause  d'une  récurrence  de 
faune  et  d'une  grande  communauté  de  fossiles  se  manifestant  entre  les 
calcaires  à  Hippurites  et  la  craie  qui  leur  est  supérieure.  Au  Gros- 
Hourre,  entre  deux  assises  riches  eu  Hippurites  organisans  et  ff.  cornu- 
vaccinum,  Reynès  aurait  observé  une  couche  dure,  blanchâtre,  riche 
en  SphœruUtes  sinuatus,  Radiolitcs  fissicostatus,  Ostrea  Matlieroniana 
(0.  plicifera),  0.  Santonensis,  Terebratula  Nanclasi,  Nucleolites  minor, 
et  nombreux  autres  fossiles  de  l'étage  sénonicn. 

Ces  divers  fossiles,  dont  tous  les  géologues  du  Midi  ont  fait  ample 
provision,  se  trouvent  bien  réellement  logés  entre  deux  bancs  à  Hip- 
purites; ils  occupent  bien  la  même  position  santonienne  que  dans  les 
Deux-Charentes;  mais  les  espèces  des  deux  bancs  u  Hippurites  ne  sont 
pas  les  n.éines  :  celles  qui  appartiennent  au  niveau  inférieur  (mon 

fl)  Op.  cit.,  p.  401). 


328  GOQUAND.   —  CALCAIRES  A   ÉCHIMDES.  18  mars 

étage  provencien)  sont  les  Hippurites  organisans  et  //.  cornu  vac- 
cinum,  tandis  que  les  Hippurites  du  niveau  supérieur  sont  nouvelles; 
elles  seront  bientôt  publiées  par  mon  savant  ami  M.  Matheron. 

Ainsi  la  localité  du  Gros-Mourre  est  mal  choisie  et  va  droit  contre 
la  thèse  soutenue  par  H.  Peron  :  au  lieu  d'une  récurrence  de  faune, 
il  faudrait  dire  une  succession  de  faunes  et  d'étages  distincts. 

Les  calcaires  à  Hippurites  organisans  et  JI.  cornu-vaccinum,  dans 
tout  le  massif  de  la  Sainte-Baume,  sur  les  versants  septentrionaux  de 
Fétang  de  Ben*e  qui  font  face  aux  montagnes  des  Martigues,  suppor- 
tent également  Tétage  santonien,  sans  qu'on  ait  jamais  pu  constater 
la  présence  de  ces  deux  Rudistes  dans  la  masse  de  cet  étage.  Les  J7. 
organisans  et  H.  comu-vaccinum,  au  Baou-Redoun  et  au  Cap  Canaille, 
entre  La  Ciotat  et  Cassis,  pénètrent  peut-être  dans  les  bancs  angou- 
miens  à  Radiolites  comu-pastoris  qui  sont  contigus  à  l'étage  proven- 
cien, mais  ils  ne  descendent  jamais  plus  bas  et  ne  remontent  jamais 
dans  le  Santonien.  Dans  cette  région,  l'Angoumien  est  supporté  direc- 
tement par  le  Ligérien  à  Inoceramus  lahiatus  et  Ammonites  Requienia- 
nti«.  On  n'y  trouve  point  représentées  par  conséquent  les  marnes  à 
Ëchinodermes  du  Beausset,  dont  nous  aurons  à  nous  occuper. 

Entre  la  Gueule  d'Enfer  et  I^es  Hartigues,  les  sables  de  Hornas 
prennent  une  extension  formidable  :  ils  s'y  montrent  riches  en  Sphœ^ 
rulites  Sauvagesi;  noais  entre  leur  masse  et  les  bancs  carentoniens  à 
Caprina  adversa  qui  les  supportent,  on  chercherait  vainement  les 
marnes  à  Ëchinodermes  du  Beausset.  J'avais  depuis  longtemps  déjà 
établi  la  position  de  ces  divers  étages  dans  la  coupe  que  j'ai  donnée 
des  environs  des  Martrgues  (1),  coupe  qui  a  élé  reproduite  par  M.  Zittel 
dans  sa  monographie  des  bivalves  de  Gosau.  Je  suis  étonné  que  les 
grès  niornasiens  aient  échappé  à  l'œil  si  exercé  de  M.  Peron. 

Ce  même  fait  de  superposition  se  reproduit  dans  les  Deux-Charentes, 
où  le  Santonien,  au  point  de  vue  de  sa  composition,  de  sa  faune  et  de 
ses  Rudistes,  se  sépare  si  nettement  de  la  Craie  moyenne  à  Hippurites. 
En  Algérie,  soit  dans  le  rocher  deConstantine,  soitdans  les  montagnes 
de  Tébessa,  soit  dans  les  contreforts  de  l'Auress,  qui  abritent  l'oasis 
de  Biskra,  les  calcaires  durs  à  Hippurites  organisans  et  //.  cornu-vac- 
cinum  supportent  un  splendide  Santonien  marneux  à  Ëchinodermes, 
mais  dans  lequel  ces  deux  espèces  sont  remplacées  par  de  toutes  auttx^s 
espèces. 

Mes  observations  et  les  rectifications  qui  les  accompagnent  ne  por- 
tent que  sur  des  localités  que  j'ai  eu  occasion  d'étudier  à  diverses 
reprises,  et  ne  sont  nullement  une  opposition  dirigée  contre  les  idées 

(1)  BulL,  2'sér..  t.  XVllL  p.  LW. 


4878.  COQUAND.   —  CALCAIRES  A   ÉCHINIDES.  329 

nouvelles  professées  par  M.  Peron ,  dont  la  compétence  bien  connue 
commande  la  plus  grande  confiance. 

J'avoue  que,  s'il  devient  solidement  démontré  que  les  marnes  à 
fossiles  proclamés  sanloniens  de  Rennes-les-Bains  sont  recouvertes 
directement  par  les  grands  horizons  de  Rudistes  qui  ont  rendu  célèbre 
la  Montagne  des  Cornes,  je  n'éprouverai  pas  la  moindre  répugnance  à 
faire  débuter  la  Craie  supérieure  par  ces  marnes  et  même  par  les  bancs 
kRadiolites  comu-pastoris,  en  y  englobant  par  conséquent  les  calcai- 
res à  Hippuriies  organisans  et  H,  comu-vaccinum ,  puisque  ces  marnes 
renfermeraient  des  fossiles  se  rencontrant  à  un  niveau  supérieur.  Hais 
je  ne  saurais  consentir  à  voir  dans  le  niveau  supérieur  (Moulin 
Tiffeau)  l'équivalent  de  la  Craie  blanche  de  Meudon,  lorsqu'au  Plan 
d'Aups  et  à  Yaldonne  il  ne  contient  qu'une  faune  franchement  santo- 
nienne,  et  qu'on  le  voit  passer  insensiblement,  par  l'intermédiaire  de 
fossiles  d'eau  douce,  au  grand  système  lignitifère  de  Fiiveau,  que 
H.  Peron  assimile,  bien  à  tort,  à  la  craie  garumnienne. 

Après  avoir  éliminé,  comme  fournissant  des  arguments  incomplets 
ou  même  opposés  aux  idées  de  M.  Peron,  les  localités  énumérées  ci- 
dessus,  examinons  si  la  Montagne  des  Cornes  nous  fournira  la  solu- 
tion de  la  question  :  à  savoir,  si  les  marnes  à  Ëchinodermes,  réputées 
santoniennes  par  le  langage  tout  santonien  des  nombreux  fossiles 
qu'elles  contiennent,  sont,  ou  non,  inférieures  aux  bancs  à  Hippu- 
rites  qui  forment  l'entablement  du  système  orographique  de  la  con- 
trée, et  si  les  marnes  qui  surmontent  ces  derniers  sont,  non  point  les 
parallèles  de  celles-là,  mais  bien  leur  partie  supérieure,  que  séparerait 
de  la  zone  inférieure  un  étage  puissant  de  calcaires  à  Hippuriies 
organisans  et  II.  coryiu-vaccinum,  lequel,  dans  cette  hypothèse,  ne 
Jurait  qu'une  assise  subordonnée,  un  véritable  nerf  dans  l'en- 
semble marneux. 

D'Archiac  (1)  fait  débuter  sa  Craie  supérieure  par  les  marnes  bleues 
du  Moulin  Tiffeau,  qui  occupent  la  position  de  mon  étage  santonien, 
tel  qu'on  l'observe  dans  le  Midi  et  le  Sud-Ouest  de  la  France.  Ces 
marnes  reposent  à  Sougraigne  sur  les  calcaires  à  Hippurites  (étage 
provencien)  et  elles  sont  recouvertes  par  les  grès  garumniens  d'Alet. 

Son  deuxième  étage  (en  suivant  la  série  descendante)  comprend, 
sous  le  nom  Aq premier  niveau  de  Rudistes  et  de  couches  de  Sougraigne, 
les  bancs  à  Hippurites  organisans  et  //.  comifr-vaccinum  (étage  pro- 
vencien), avec  toute  leur  légion  de  Polypiers. 

Son  troisième  étage  se  compose  :  1^  de  calcaires  marneux  avec 
Ëchinodermes,  et  2^  du  deuxième  niveau  de  Rudistes,  consistant  en 

(1)  Lts  Corbièrea,  Mém.  Soc.  géoL,  2'  série,  t.  VI,  p.  346:  1H59. 


332  COQtJAND.   —  CALCAIRES  A   ÉCHIMDES.  18  mars 

j'avais  rapportés  à  mon  étage  santonien,  bien  convaincu  que  leur  gise- 
ment se  trouvait  au-dessus  de  mon  étage  provencien  à  Hippurites. 

J'ajouterai  même  que,  lorsqu'en  1861  (1)  je  relevais  la  géologie  des 
environs  du  Beausset,  je  me  trouvais  surpris  de  voir  les  terrains  en- 
failles  du  Petit-Ganadau,  dans  le  val  d'Arenc,  ne  point  correspondre 
exactement,  quant  à  leur  composition  pétrologique,  à  ceux  qui  se  dé- 
veloppent presque  en  face  dans  le  Grand-Yallat  (p.  152  et  153),  et 
surtout  de  ne  plus  retrouver  dans  un  banc  calcaire  qui  supportait  mon 
étage  santonien  à  Ostrea  proboscidea»  O.  plicifera»  Rhynchonella  de- 
fbrmis  et  Cidaris  (rapporté  au  C.  Vendocinensis),  les  caractères  des 
calcaires  si  riches  en  Hippurites  de  La  Cadière.  Mais,  comme  ce  banc 
calcaire  renfermait  à  son  tour  des  Rudistes  et  qu'à  cette  époque  (1861) 
la  question  de  la  récurrence  de  la  faune  santonienne  et  du  recouvre- 
ment possible  par  le  Provencien  n'avait  germé  dans  l'esprit  d'aucun 
géologue,  je  négligeai  de  vérifier  si  les  Hippurites  que  j'avais  rencon- 
trées à  la  base  des  marnes  à  Ostrea  proboscidea  et  que  je  rapportais  à 
Yff.  comurvaccinum,  ne  pouvaient  pas  être  angoumiennes  et  porter 
plutôt  les  nomsd'ZT.  Requienianus  et  de  Radiolites  cornu-pastoris. 

Les  nouvelles  découvertes  de  MH.  Toucas  me  font  incliner  aujour- 
d'hui vers  l'opinion  que  mon  Santonien  du  Petit-Canadau  pourrait 
bien  faire  suite  aux  marnes  à  Ëchinodermes  du  Beausset,  et  que  la 
base  calcaire  sur  laquelle  il  s'appuie,  au  lieu  d'appartenir  à  Tétage 
prm'encien  à  Hippurites  organisans,  devrait  être  descendue  au  niveau 
de  l'étage  angoumien,  le  Provencien  n'étant  point  représenté  dans  la 
région  que  traverse  ma  coupe,  mais  ayant  sa  position  clairement 
définie  aux  environs  du  Beausset,  oii  il  est  possible  de  passer  en  revue 
la  série  complète  des  étages  crétacés  et  d'établir  par  conséquent  leur 
ordre  de  succession. 

Jusqu'à  présent  aucune  région  de  la  Provence  ne  m'a  montré  une 
faune  santonienne  scindée  en  deux  par  une  zone  de  Rudistes  proven- 
ciens.  Au  dessous  de  l'Angoumien  à  Radiolites  cornurpastoris,  les 
géologues  ne  rencontraient  que  l'étage  ligérien  à  Inoceramus  labiatus 
et  Hemiaster  Vemeuili.  Les  recherches  de  M.  Ar.  Toucas  auront  dé- 
montré que  Le  Beausset  faisait  exception  à  la  règle  générale  et  que 
dans  cette  localité  seule,  comme  dans  une  localité  seule  de  l'Aude,  il 
existait  une  assise  marneuse  à  Ëchinodermes,  à  fossiles  santoniens, 
placée  au-dessous  du  calcaire  provencien  à  Hippurites  comu^vacci^ 
num,  et  entièrement  distincte  du  Santonien,  qui  au  Beausset  même, 

(1)  Rapports  qui  existent  entre  les  groupes  de  la  Craie  moyenne  et  de  la  Craie 
supérieure  de  la  Provence  et  du  Sud-Ouest  de  la  France,  Bull.,  2'  série,  l.  IVIII. 
p.  133;  1861. 


1878.  COQUANO.   —  CALCAIRES  A  KGHINIDES.  333 

aax  Martigues ,  au  Houlin-Tiffeau  et  dans  les  Deux-Gbarentes,  se 
montre  supérieur  à  ce  même  calcaire  à  Hippurites. 
.  Si  les  marnes  à  Echinodernies  avec  les  fossiles  cités  occupent  effec* 
tivement  la  position  nouvelle  qui  leur  est  assignée,  et  si  dans  les 
contrées  où  les  Rudistes  font  défaut,  elles  tiennent,  au-dessus  de 
l'étage  ligérien,  la  place  du  Santonien,  comme  à  Bousse  et  à  Yilledieu, 
par  exemple,  elles  devraient  faire  partie  de  la  Craie  supérieure,  et 
c'est  à  ce  niveau  qu'il  conviendrait  de  les  maintenir,  sauf  à  leur  subor- 
donner les  couches  de  Rudistes  qui,  comme  au  Beausset  et  à  Rennes- 
les-Bains,  sont  intercalées  au  milieu  d'elles.  La  conséquence  me  parait 
forcée. 

Parmi  les  fossiles  du  Beausset  énumérés  par  M.  Peron,  je  ferai  re- 
marquer que  les  Spondyltis  spinoms,  Ostrea  probascidea,  O.  pîiciferap 
Khynckonella  deformis  remontent  dans  le  Santonlen  des  Martigues  su- 
périeur aux  calcaires  provenciens  à  Hippurites,  que  \q  Micrasterhrevi» 
occupe  une  position  identique  dans  les  Charcutes,  que  M.  Arnaud 
cite  le  Cûiarisscep^rt/èradansrAngoumien,  le  Cpseudo-pistillumé^Jih 
le  Coniacien,  le  Santonien  et  le  Dordonien,  et  le  C.  suhvesiculoM 
depuis  le  Provencien  jusqu'au  Dordonien. 

Outre  les  espèces  de  la  zone  à  Micraster  Matheroni  communes  au 
Beausset  et  à  Rennes-les-Bains,  nous  voyons  dans  cette  dernière  loca- 
lité les  Phasiafiella  supracretacea,  Janira  quadricostata,  Ostrea  frons, 
Radiolites  fissicostatus,  R.  sinuattis  :  or,  toutes  ces  espèces  se  retrou- 
vent aux  Martigues  dans  le  Santonien  superposé  aux  assises  à  Hippu-. 
rites,  de  manière  que  la  faune  des  marnes  à  Ëchinodermes  de  Rennes- 
les-Bains  répondrait  à  la  fois  à  la  faune  à  Micraster  Matheroni  du 
Beausset  et  à  la  faune  des  assises  santoniennes  marines  des  Martigues, 
lesquelles,  je  le  répète,  se  trouvent  séparées  des  premières  par  toute 
l'épaisseur  des  bancs  à  Hippurites  comu-vaccinum. 

Force  serait  donc  de  reconnaître  une  récurrence  de  faune  identique 
avec  celle  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  signaler  pour  l'étage  urgo- 
aptien  de  la  Clape  et  de  l'Espagne  :  et  Dieu  sait  toutes  les  garanties 
dont  je  me  suis  entouré  avant  de  faire  une  confession  qui  modifiait  si 
profondément  les  idées  dans  lesquelles  j'avais  vécu  jusqu'alors. 

Si  la  coupe  du  Beausset  est  réelle  et  si,  à  cause  de  la  régularité  des 
terrains,  on  ne  peut  s'inscrire  contre  son  exactitude,  je  partage  l'avis 
de  M.  Peron,  qu'elle  projette  un  jour  nouveau  sur  celle  de  la  Montagne 
des  Cornes,  dont  elle  dissiperait  les  obscurités. 
.  Dans  cette  hypothèse,  mon  étage  santonien  devrait  acquérir  à  sa 
base  une  extension  considérable,  au  détriment  des  étages  provencien 
et  angoumien,  qu'il  absorberait;  il  débuterait  par  la  zone  à  Radiolites 
comu-pastoHs  et  se  terminerait  par  celle  à  Belemnitella  quadrata. 


334  COQUAND.   —  CALGAIKBS  A   ÉGBINIDKS.  18  mars^- 

Les  lignites  des  Hartigues,  du  Plan  d'Aups,  de  La  Cadière,  de  Ck>u- 
doux,  caractérisés  par  YOstrea  acutirostris,  i*eprésen taraient  dans  le 
Midi  la  partie  supérieure  du  Santonien,  position  que  leur  assigne  éga* 
lement  ce  bivalve  dans  la  Charente,  eu  laissant  au-dessous  les  bancs 
marins  à  TerebreUula  Nanclasi,  Osirea  proboscidea,  O.  frons.  Radio-- 
lites  flssicostatns,  ainsi  que  le  niveau  supérieur  des  Hippurites  du 
6ros-Mouri*e,  assimilé  à  tort  par  Reynès  à  celui  des  Hippurites  orga-- 
nisans  et  II.  comu-vaccinum. 

Les  lignites  de  Fuveau,  qui  leur  succèdent  immédiatement  dans  la 
série  ascendante,  deviennent  naturellement  les  équivalents  de  In  Craie 
blanche  de  Heudon  et  de  Maeslricht,  le  Garumnien  formant  le  cou- 
ronnement de  la  formation  crétacée  supérieure. 

Donc,  si  les  idées  de  M.  Peron  prévalent,  mon  étage  santonien  se 
trouverait  allongé  de  quatre  zones  nouvelles  et  pourrait  se  subdiviser 
de  la  manière  suivante,  au-dessus  des  grès  d'Uchaux  (étage  ligérien)  : 

1*  Zone  à  Hippurites  Requieniantt$  et  Rouliolites  cornu-^attoris  (étage  aogouraieo)  : 

— •  1'^  Divoau  des  Hippuriles  ; 
2*  Sables  et  grès  de  Mornas  ; 
3*  Zone  à  Micraster  Matheroni  ; 
4" Zone  à  Hippurites  organisant  et  H.  cornu-vaceinum  (étage  provencien); — 

8«  niveau  des  Hippurites  ; 
fit*  Zone  à  Rhytichonella  Baugasi  (étage  coniacien)  ; 
e*  Zone  à  Monopleura  Martieensis,  Rhynchouella  vesperlilio,  Ostrea  frons,  Radia^ 

lites  fissicostatus  ; 
7"  Zone  à  Hippurites  (espèces  nouvelles)  du  Gros  Mourre  ;—  3*  niveau  des  Hippurites  ; 
a*  Zone  à  Ostrea  <uutirostris  (Midi  de  la  France)  et  à  Micraster  cortestudinarium ; 
0*  Zone  à  Belemnitella  quadrata. 

C'est  au-dessus  de  cette  dernière  zone  que  dans  le  Nord  de  la  France 
et  en  Angleterre  sedéveloppe  la  Craie  blanche  à  Belemnitella  mucro^ 
nata,  et  dans  le  Midi  les  lignites  de  Fuveau  qui  lui  sont  parallèles. 

Le  Garumnien  n'a  rien  à  voir  dans  ce  vaste  système,  puisqu'il  lui 
est  supérieur. 

Avant  de  clore  cette  note,  je  crois  devoir,  dans  l'intérêt  de  la  vérité, 
signaler  le  fait  suivant  :  à  Fépoque  où,  dans  différents  écrits,  j'établis- 
sais, soit  pour  la  Provence,  soit  pour  le  Sud-Ouest  de  la  France,  les 
étages  en  lesquels  je  partageais  le  grand  tout  de  la  formation  crétacée, 
H.  Zittel,  qui  s'occupait  alors  de  la  monographie  des  Bivalves  de 
Gosau,  m'annonçait  que  les  divisions  adoptées  par  moi  relativement 
aux  étages  santonien  et  provencien  ne  se  maintenaient  pas  dans  les 
mêmes  limites  dans  cette  portion  de  l'Autriche;  que,  par  exemple, 
Tétage  des  lignites  avec  fossiles  du  Plan  d'Aups  et  des  Hartigues  se 
trouvait  engagé  entre  deux  niveaux  de  calcaires  avec  HippioHtes  orga^ 


1878.  COQUAND.   —  CALCAIRES  A   ÉCHINIDBS.  335 

nisans,  H.  œmu^vaccinutn,  H.  sulcatus,  Caprina  Aguilloni,  etc.  Celte 
position  est  très-bien  indiquée  dans  ta  coupe  qu'il  donne  des  environs 
de  Grûnsback  (1)  et  dans  les  explications  dont  il  l'accompagne. 

D'un  autre  côté,  dans  le  tableau  (p.  103)  sur  lequel  H.  Zittel  trace 
le  synchronisme  de  la  Craie  moyenne  et  de  la  Craie  supérieure  de 
l'Europe  centrale,  le  groupe  à  Hippurites  organisai  et  ff,  comu" 
vaccinum  est  indiqué  comme  correspondant  à  celui  de  Gosau,  et  il 
supporte  à  Gschliefgraben ,  près  Gmunden,  les  marnes  à  Écliino-' 
dermes,  assimilées  par  l'auteur  au  Santonien  des  Martigues.  Quels  sont 
ces  Ëchinides  ?  Sont-ce  ceux  du  Beausset  et  de  Rennes-les-Bains,  in- 
férieurs aux  calcaires  à  Hippurites  organisans,  ou  bien  ceux  de  l'Aqui- 
taine et  de  TAIgérie  plus  anciens  que  ces  calcaires?  C'est  ce  que  des 
recherches  ultérieures  finiront  par  nous  apprendre. 

J'ai  cru  utile  de  placer  mon  mot  à  l'occasion  du  curieux  travail  de 
noti*e  savant  confrère,  et  je  m*y  suis  cru  autorisé  par  les  nombreux 
écrits  que  j'ai  publiés  sur  la  formation  crétacée.  Il  y  a  dans  ce  travail 
un  aperçu  nouveau  sur  lequel  l'attention  des  géologues  doit  se  tenir 
éveillée;  il  serait  aussi  injuste  de  le  repousser  par  la  question  préalable 
que  de  l'adopter  avec  trop  de  précipitation.  Pour  mon  compte,  je 
prends  l'engagement  d'en  contrôler  les  détails  sur  les  lieux  mômes 
auxquels  M.  Peron  a  réclamé  ses  arguments,  convaincu  par  avance 
qu'il  me  sera  fourni  une  fois  de  plus  l'occasion  d'affirmer  la  sûreté 
avec  laquelle  notre  confrère  sait  lire  dans  le  grand  livre  de  la  Géologie. 


Note  additionnelle,  —  Depuis  la  rédaction  du  travail  qui  précè<le  et 
!«ou  envoi  à  Paris,  M.  Peron  a  communiqué  à  MM.  Matheron,  Gauthier 
et  moi  les  fossiles  de  noms  santoniens  qu'il  a  recueillis  dans  les  bancs 
à  Échinodermes  de  Rennes-les-Bains,  donc  au-dessous  de  l'horizon  i 
Hippurites  cornu-vaccinum  et  H.  organisans. 

M.  Gauthier,  dont  l'autorité  en  Ëchinologie  est  si  bien  connue,  admet 
que  les  Cyphosoma  magnificum,  Cidaris  Jouanneti,  C.  sceptrifera» 
C.  clavigera  sont  identiques  avec  les  espèces  de  même  nom  qui  carac-* 
tériseut  le  Santonien  de  Yilledieu  et  des  Deux-Charentes  ;  toutefois  il 
est  utile  de  faire  remarquer  que  la  comparaison  n'est  basée  «que  sur 
l'examen  de  radioles. 

Nous  avons  reconnu  aussi  que  les  Vola  (Janira)  quadricostata,  Sponi* 
dylus  spinosus,  Ostrea  proboscidea  ne  diffèrent  pas  des  espèces  qui 
proviennent  des  assises  santoniennes  des  Deux-Charentes,  de  Yen- 
dôme,  des  Martigues,  du  Plan  d'Aups  et  de  Gosau. 

'l)  Die  Bivalvcn  der  Gosnu(icbilde  in  dev  nordôstlichcn  Alpen;  IB61. 


336  COQUAND.   —  CALGAIRICS  A   ËGHINIDES.  18  mar» 

,  Les  Lima  ornata  et  Pecten  Dujardini  des  Bains^le-Rennes  sont  deux 
espèces  nouvelles. 

Le  Micraster  brevis  de  Rennes,  qui  est  le  même  que  le  M.  HébertU 
Laevivier^  n'a  rien  de  commun  avec  les  types  sautoniens  provenant  de 
Villedieu  et  des  Deux-Charentes  :  c'est  une  espèce  qu'il  conviendra  de 
dédoubler. 

On  ne  saurait  donc  nier  dans  les  grès  à  Micraster  Matheroni  des 
environs  du  Beausset  et  dans  les  marnes  à  Échinodermes  des  Bains-de- 
Rennes,  au-dessous  de  l'étage  provencien  à  Hippurites  organisans, 
l'existence  d'espèces  franchement  santoniennes,  dont  YEchinocarys 
vulgaris  accroît  le  nombre  ;  et  notons  que  ce  nombre  serait  bien  plus 
considérable  si  on  introduisait  dans  l'étage  turonien,  ainsi  que  l'ont 
fait  MH.  Schlûter  et  F.  Rœmer,  la  longue  liste  de  fossiles  santoniens 
qu'ils  donnent,  le  second  dans  son  Planermergel  turouien  d'OppeIn  (1), 
le  premier  dans  son  Obérer  Planer  (étage  turonien  de  d'Orbigny),  qui 
comprend  :  1^  la  zone  à  Actinocamax plenus ;  i?  la  zone  à  Inoceramus 
labiatus  ;  3^  la  zone  à  Ammonites  Woolgari  ;  4^  la  zone  à  Scaphites 
Geinitzi  et  Spondylus  spinosus;  5^  enfin,  la  zone  à  Epiaster  (Micraster) 
brevis  (2). 

Ces  diverses  zones  seraient  toutes  inférieures,  non-seulement  au 
Provencien  à  Hippurites  comu-vaccinum,  mais  encore  aux  grès  à 
Ëchinodermes  du  Beausset  et  de  l'Aude,  puisque  M.  Schlûter,  sous  le 
nom  de  zone  à  Ammonites  Margœ,  établit  une  zone  supérieure  à  son 
Turonien  et  qui  contient  Y  Inoceramus  digitatus,  espèce  associée  au 
Beausset  au  Micraster  Matheroni. 

Or,  il  advient,  d'après  les  travaux  des  deux  savants  dont  je  viens  de 
citer  les  noms,  que  la  presque  totalité  de  la  faune  santonienne  des 
Deux-Charentes,  de  la  Touraine,  de  la  Provence  et  de  l'Algérie  se 
trouve  scindée  en  deux  :  ainsi  les  Ammonites  Texanus  et  A.  polyopsis, 
recueillis  par  moi  dans  les  mêmes  bancs  santoniens  supérieurs  aux 
bancs  à  Hippurites  organisans,  sont  classés  par  H.  Schlûter.  le  pre- 
mier au-dessous  et  le  second  au-dessus  du  Provencien  ;  les  Crania 
Jgnabergensis,  Rhynchonélla  plicatilis,  Terebratula  semiglobosa,  Sca-- 
phites  Geinitzi,  ffolaster  planus,  Lim^  Hoperi,  Pecten  Dujardini, 
P,  cretosus,  et  tant  d'autres  espèces,  qui  en  France,  où  les  horizons  des 
Rudistes  établissent  des  séparations  tranchées  et  à  l'abri  de  toutes  in- 
terprétations équivoques  ou  systématiques,  sont  incontestablement 
santoniens,  deviennent  turoniens  pour  MM.  Schlûter  et  Hœmer,  les 

(1)  F.  Rœmer,  Géologie  und  Palœontoloyie  von  Oberschlesien  ;  1870. 

(2)  C.  Schlûter,  Beitrag  sur  Ketintniss  der  jiingsten  Àmmoneen  Norddeutschlands  ; 
1867. 


1878.  COQUAND.    -*  TERTIAIRE  ET  TRAGHYTE  DE  LARTA.  337 

représentants  les  plus  autorisés,  sans  contredit,  de  la  Géologie  alle- 
mande. 

Cette  question,  que  je  me  contente  d'efDeurer  aujourd'hui,  je 
compte  la  reprendre  plus  tard  ;  mais  je  suis  bien  aise  de  la  signaler  à 
Tattention  de  H.  Peron,  qui  trouvera  certainement  dans  les  écrits  de 
ces  deux  savants  des  idées  bien  plus  radicales  que  celles  qu'il  vient 
d'émettre. 

Reste  à  débrouiller  la  question  délicate  des  faunes,  qui  me  parait 
devoir  entraîner  l'histoire  de  la  Craie  moyenne  et  de  la  Craie  supérieure 
dans  un  débat  analogue  à  celui  qui  s'est  élevé  à  l'occasion  de  la  place 
que  doit  tenir  dans  la  série  stratigraphique  la  zone  à  Ammonites 
temdlûhatus. 


Sur  les  terrains  tertioires  et  tracby tique»  de  la  vallée  de 

VArtCk  (Turquie  d*Europe), 

par  M .  H.  Cociuand* 

Je  n'ai  point  Tintention  de  traduire  en  description  géologique  l'iti- 
néraire qu'à  deux  reprises  différentes  j'ai  suivi  à  travers  la  Turquie 
d'Europe  et  la  partie  de  TAnatolie  qui  lui  fait  face  sur  la  rive  asiatique 
de  la  mer  de  Marmara  ;  je  me  bornerai  à  décrire  deux  stations  princi- 
pales, dans  lesquelles  il  m*a  été  donné  de  séjourner  un  temps  assez 
long  pour  pouvoir  saisir  les  rapports  des  diverses  formations  qui  s'y 
trouvent  développées. 

La  première  de  mes  explorations  avait  pour  objectif  la  vallée  de 
l'Arta,  un  des  affluents  les  plus  considérables  de  la  Maritza  (Èbre  des 
Anciens). 

A  peine  débarqué  à  Rodosto,  en  face  de  Tlle  de  Marmara,  je  procé- 
dai à  l'examen  des  terrains  des  environs,  examen  que  les  falaises  du 
littoral  et  les  ravins  qui  dépècent  les  coteaux  sur  lesquels  la  ville  est 
bfttie  rendent  assez  facile.  Les  terrains  les  plus  rapprochés  de  la  mer 
consistent  en  des  alternances  de  grès  micacifères  friables  et  d'ar- 
giles marneuses  grises,  au  milieu  desquelles  s'insinuent  quelques 
couches  insignifiantes  d'un  lignite  terreux.  Les  seuls  fossiles  que  j'aie 
poy  observer  se  rapportaient  à  des  Melanopsis,  à  des  Melania  et  à  des 
Cardium  dont  le  test  était  complètement  écrasé;  j'y  remarquai 
aussi  quelques  valves  de  Congeria  (C,  Balatonica,  Partsch). 

La  présence  de  ce  dernier  bivalve  me  démontra  que  j'avais  affaire 

aux  couches  à  Congérics  de  la  Valachie  et  de  la  Moldavie,  que  les 
géologues  sont  d'accord  aujourd'hui  pour  rapporter  au  système 
d'OEningen.  ^ 


338  GOQCANO.   —  TERTIAIRE  ET  TRAGUYTE  DE  L'aRTA.         18  mars 

Dans  la  direction  de  Naikbioi,  en  se  rapprochant  des  montagnes 
primaires  de  Tekir  Dagh,  ce  système  se  trouve  recouvert  par  des  cal- 
caires blanchâtres  à  Ervilia  (E.  Podolica)  et  Mactra  (M.  Podolica), 
que  l'on  sait  caractériser  en  Podolie  un  étage  intermédiaire  entre  la 
molasse  proprement  dite  à  Clypéasires  et  le  calcaire  à  Congéries,  On 
reconnaît  les  mêmes  relations  d'étages  entre  Siliwri  et  Constantinople, 
principalement  dans  les  environs  de  San-Stephano,  où  d'ailleurs  se 
prolonge  sans  interruption  la  formation  tertiaire  de  Rodosto. 

A  quelques  kilomètres  de  Rodosto  j'entrai  dans  la  région  des 
steppes,  que  je  ne  devais  abandonner  que  bien  au-delà  d'Andrinople. 
Cette  région  est  fertile  à  la  vérité,  mais  elle  ne  présente  qu'une  suc- 
cession interminable  de  coteaux  à  formes  ondulées,  d'une  monotonie 
désespérante,  poudreux  pendant  l'été,  boueux  pendant  la  saison  des 
pluies,  et  coupés  par  de  nombreux  ruisseaux  dont  les  rives  ne  sont 
que  des  marais  infranchissables. 

A  cinq  kilomètres  environ  de  Rodosto,  sur  la  route  qui  conduit  à 
Eski  Baba,  après  avoir  dépassé  la  fontaine  de  Tavansi-Tcherme,  on 
gravit  une  côte  escarpée  et  on  ne  tarde  pas  à  mettre  le  pied  sur  un 
grand  épanchement  basaltique  qu'aucun  accident  extérieur  ni  un  re- 
lief plus  accentué  du  sol  ne  signalent  à  l'attention  des  géologues,  mais 
que  la  couleur  et  la  composition  de  la  roche  font  immédiatement 
reconnaître.  C'est  un  basalte  compacte,  fendillé  en  tous  sens,  mais 
dépourvu  de  structure  prismatique  régulière  et  se  débitant  en  frag- 
ments informes  et  assez  petits.  On  l'utilise  pour  l'empierrement  des 
tronçons  de  routes  que  l'on  rencontre  de  distance  en  distance.  Je  n'ai 
rien  remarqué  de  particulier  dans  cet  épanchement  basaltique,  si  ce 
n'est,  dans  son  voisinage,  quelques  afiSeurements  de  grès  tertiaires, 
mais  qui  ne  portaient  aucune  trace  de  dérangement  ni  aucun  indice 
de  métamorphisme.  De  là  jusqu'à  Andrinople,  en  passant  par  Eski 
Baba,  je  ne  rencontrai  que  des  argiles  mêlées  de  quelques  cailloux. 

Le  chemin  de  fer  me  transporta  en  peu  d'heures  d'Andrinople  à  la 
ville  de  Hustapha-Pacha,  où  je  dus  réclamer  le  secours  d'un  cheval 
pour  pénétrer  dans  le  Rhodope. 

Après  avoir  passé  la  Maritza  à  Hustapha-Pacha  même,  sur  un  pont 
monumental  en  pierre,  et  être  sorti  des  alluvions  modernes  qui 
prennent  dans  la  vallée  une  extension  formidable,  je  piquai  droit  sur 
l'ouest,  pour  gagner  le  village  bulgare  de  Karabag,  à  travers  une 
foule  de  coteaux  à  contours  émoussés,  complantés  en  vignes  et  en  mû- 
riers, mais  dont  le  sous-sol  est  complètement  masqué  par  un  épais 
manteau  de  sables  et  de  cailloux  roulés,  appartenant  aux  alluvions 
anciennes  et  très-irrégulièrement  stratifiés,  toutefois,  dans  quelques 
ravins  jo.  pus  constater,  sous    les    cailloux,    Texistence  d'argiles 


1878.  GOQUANo.  —  teutiairë  et  trachyte  de  l'arta.  33U 

bleuâtres  alternant  avec  des  calcaires  marneux  et  présentant  çà  et  là 
quelques  ti*aces  de  lignites  et  quelques  fossiles,  parmi  lesquels  prédo- 
mioaient  des  valves  de  Cardium  et  de  Congeria  (C.  Balatontca),  Je 
ne  balance  point  à  voir  dans  ce  système  Téquivalent  des  couches 
d'OEningen,  qui  sont  si  largement  développées  en  Yalachie  et  en  Mol- 
davie, et  que  je  devais  retrouver  plus  tard  sur  les  versants  septentrio- 
naux du  Caucase. 

Les  calcaires  à  Congéries  prennent  un  développement  assez  impor- 
tant entre  les  villages  d'Ureis  et  de  Radikoî  et  constituent  les  premiers 
contreforts  saillants  de  la  presqu'île  formée  par  le  confluent  de  la 
Maritza  et  de  TArta. 

Douze  kilomètres  avant  d'arriver  à  Karabag  par  la  route  de  Tcber- 
men,  on  voit  les  calcaires  recouvrir  un  système  très-puissant  de  grès 
arkosiques  dont  j'aurai  à  parler  plus  tard  ;  puis,  au-dessous  du  sentier 
qui  du  village  conduit  aux  exploitations  de  meules  de  moulin  et  dans 
la  direction  de  l'est,  on  voit  déborder  de  dessous  ces  grès  des  argiles 
grises  et  rougeâtres,  qui  sont  largement  développées  dans  la  vallée  de 
l'Arta  et  qui  se  rattachent  d'une  manière  intime  à  la  formation  num- 
mulitique.  Les  grès  arkosiques  sont  encaissés  entre  deux  chaînes  d'ori- 
gine primaire  (schistes  cristallins)  ;  cependant  ils  en  recouvrent  les 
lancs  jusqu'à  une  certaine  hauteur  ;  car  on  traverse,  de  distance  en 
distance,  des  éboulements  produits  dans  des  portions  sableuses  moins 
résistantes  et  dont  la  blancheur  fait  tache  sur  le  ton  plus  foncé  des 
roches  au  milieu  desquelles  l'accident  s'est  produit. 

Sur  la  rive  gauche  de  l'Arta  je  me  trouvai  en  plein  dans  les  argiles 
rouges,  qui  y  acquièrent  un  développement  considérable  et  qui  consti- 
tuent la  base  du  système  montagneux  qui  se  dresse  vers  le  nord.  Je 
traversai  l'Arta  presque  en  face  du  village  turc  d'Adachal,  et,  à  mille 
mètres  environ  d'Iouvabik,  je  m'engageai  dans  un  défilé  profond, 
dominé  d'un  côté  par  la  montagne  de  Tasscapé  et  de  l'autre,  sur  la 
berge  droite,  par  celle  de  Marlik.  Je  foulais  sur  ce  point  la  formation 
trachytîque.  La  roche  dominante  est  un  trachyte  rougeâtre,  légère- 
ment carié,  avec  cristaux  de  rhyacolile  maclés  et  mica  noir  hexago- 
nal, escorté  de  tufs  et  de  conglomérats  trachytiques  très-riches  en 
jaspes,  en  silex  et  en  opales  lithoïdes  de  toutes  couleurs.  Ces  diverses 
substances  siliceuses  se  présentent  le  plus  ordinairement  sous  la 
forme  de  sphères  de  diamètre  variable,  qui,  une  fois  dégagées  des 
Ui&  qui  les  tiennent  emprisonnées,  jonchent  le  sol  et  donnent  nais- 
sance à  un  terrain  qui  revêt  toutes  les  apparences  d'un  amas  de  cail- 
loux roulés. 

Du  coteau  qui  domine  Adachal,  on  voit  la  formation  trachytique 
prendre  en  amont  de  l'Arta  un  développement  qui  va  toujours  en 


340       GOQUAND.  —  TERTIAIRE  ET  TRAGHYTE  DE  l'aRTA.    18  ma» 

augmentant,  puis  constituer  de  véritables  montagnes  (de  800  à  900 
mètres  d'altitude)  disposées  en  gradins  superposés  et  d'un  abord 
inaccessible,  enfin  envahir  les  deux  côtés  de  la  rivière,  au-dessus 
de  laquelle  la  rocbe  volcanique  se  dresse  sous  forme  d'escarpements 
taillés  à  pic  et  ne  laissant  qu'un  étroit  espace  pour  le  passage  des 
eaux.  Comme  c'était  la  saison  d'été,  je  pus  suivre  le  lit  de  TArta,  où 
le  lithologue  peut  se  donner  le  plaisir  de  composer  la  plus  belle  col- 
lection de  roches  trachytiques  qu'il  puisse  désirer.  Les  parois  des  gi- 
gantesques murailles  entre  lesquelles  je  cheminais,  se  montrent  tantôt 
droites  et  unies,  tantôt  fouillées  dans  tous  les  sens  et  de  la  manière  la 
plus  capricieuse  ;  elles  imitent  alors  les  formes  fantastiques  des  ice- 
bergs des  mers  polaires  :  ici  ce  sont  des  pyramides  aiguës,  rappelant 
une  accumulation  de  flèches  gothiques  et  mélangées  avec  des  colonnes 
droites  ou  tordues  de  la  façon  la  plus  bizarre;  là  ce  sont  des  murs 
gigantesques  en  voie  d'écroulement  et  couronnés  par  des  cimes  fran- 
gées et  découpées  de  la  façon  la  plus  capricieuse.  Jamais  les  Pyrénées 
ou  les  Alpes  ne  m'avaient  offert  un  spectacle  aussi  étrange  et  aussi 
saisissant. 

Quant  aux  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  de  ces  monta- 
gnes, je  signalerai  en  première  ligne  le  trachyte  rouge  micacifère,  que 
l'absence  du  quartz  sépare  nettement  des  porphyres  et  qui  est  la  roche 
prédominante  de  la  contrée  ;  ensuite,  des  espèces  de  wacke  vacuolaire 
avec  druses  de  quartz  pyramidal,  des  roches  pétro-siliceuses  noires, 
lardées  de  cristaux  effilés  d'ortbose  et  de  mica  hexagonal,  des  pétro- 
silex  blanchâtres  avec  petits  cristaux  de  fer  oxydulé,  des  trachytes 
verdfttres,  des  trachytes  avec  noyaux  de  calcédoine  et  de  cacholong, 
des  ménilites.  Tous  ces  produits,  qui  présentent  des  variétés  infinies, 
se  rattachent  à  la  formation  trachytique,  et,  comme  les  éboulements 
sont  fréquents  dans  cette  région  si  violemment  tourmentée,  le  lit  de  la 
rivière  s'en  trouve  littéralement  encombré.  Cette  cluse  pittoresque  se 
termine  au  moulin  de  Hassan  Pacha  Oglou,  au-delà  duquel  la  vallée 
s'élargit  pour  être  ban*ée  de  nouveau,  à  quelques  kilomètres  plus 
haut,  par  une  autre  chaîne  trachytique. 

Je  dus  quitter  le  bord  de  l'Arta  au  moulin,  afin  de  gagner  le  village 
turc  dTarik  Déré,  qui  est  situé  sur  la  rive  droite.  Aux  trachytes  âpres 
et  déchiquetés  venaient  de  succéder  des  montagnes  qui  en  sont  bien  la 
continuation,  mais  dont  les  formes  arrondies,  quoique  d'un  grand 
eflet,  me  parurent  monotones  à  côté  du  paysage  précédent.  Le  sentier 
que  je  fus  obligé  de  prendre  était  si  raide,  que  je  dûs  quitter  ma  mon- 
ture et  parfois  même  m'attacher  à  sa  queue,  pour  éviter  tout  faux 
pas  qui  m'eût  entraîné  fatalement  dans  le  précipice  dont  je  suivais 
l'ourlet. 


1878.  COQUAND.   —  TERTIAIRE   ET  TRACHYTE  DE  LARTA.  311 

Avant  de  tenter  cette  ascension  périlleuse,  je  pus  constater  que  le 
trachyte  repose  sur  une  formation  de  quartzites  grisâtres  et  verdâtres, 
se  débitant,  par  le  choc  du  marteau,  en  menus  fragments,  mais  n'ad- 
mettant ni  marnes,  ni  argiles,  ni  calcaires  subordonnés.  Malgré  des 
recherches  opiniâtres,  je  n*ai  pu  parvenir  à  découvrir  dans  cette  for- 
mation aucune  trace  de  corps  organisé,  et  par  conséquent  à  détermi- 
ner son  âge  géologique  ;  mais,  à  en  juger  par  la  proximité  des  schistes 
cristallins  sur  lesquels  elle  s'appuie,  et  par  le  grand  nombre  de  filons 
métallifères  (cuivre,  plomb  et  zinc)  qu'elle  renferme  et  dont  quelques- 
uns  ont  été  exploités  par  les  Anciens,  je  serais  assez  disposé  à  la  rat- 
tacher à  la  formation  dévouienne,  qui  dans  la  Turquie  d'Europe,  dans 
la  Dobrutscha  et  surtout  sur  les  deux  rives  du  Bosphore,  est  si  nette- 
ment représentée. 

Les  plus  importants  de  ces  filons  s'observent  sur  le  territoire 
dTarik  Déré,  au-dessus  du  ruisseau  de  Riaké,  sur  le  revers  occidental 
des  escarpements  trachytiques,  à  Tsalen  Kaoja,  à  Dejir  Doirman  Déré 
(vallon  du  Moulin),  à  l'entrée  d'un  troisième  barrage  trachytique. 

D'Yarik  Déré  je  me  rendis  à  Kotzass,  en  franchissant  la  cordillère 
trachytique  au  droit  du  misérable  village  de  Goulgen  ;  en  cet  endroit, 
je  recoupai  au-dessus  des  grès  anciens  les  trachytes  rouges,  que  la  dé- 
composition transforme  en  arènes  meubles  jusqu'à  une  assez  grande 
profondeur.  De  la  crête  delà  montagne,  où  le  trachyte  se  montre  divisé 
en  gros  prismes  irréguliers,  je  pus  constater  que  chaque  piton  qui 
émergeait  au-dessus  des  forêts  paraissait  coifi*é  d'une  gigantesque  cou- 
ronne murale.  De  là  je  descendis  sur  Kotzass,  petit  village  situé  au 
pied  du  premier  contrefort  de  la  chaîne  du  Rhodope,  à  deux  kilomètres 
de  l'Arta. 

A  deux  kilomètres  de  Kotzass,  sur  le  sentier  de  montagne  de  Goul- 
gen, après  avoir  traversé  plusieurs  coulées  basaltiques,  on  pénètre 
dans  la  formation  trachytique.  C'est  toujours  la  même  roche  rougeâtre, 
à  cristaux  de  feldspath  vitreux.  Parmi  les  matériaux  éboulés  qui 
recouvrent  les  pentes  du  terrain  dans  le  quartier  de  Kavadjik  Baylar, 
presque  entièrement  comptante  en  vignes,  on  commence  à  observer 
des  fragments  de  manganèse  :  ils  se  montrent  d'autant  plus  abondants 
que  l'on  se  rapproche  des  lieux  de  leur  provenance  ;  ces  épaves  n'oc- 
capent  point  cependant  une  vaste  superficie.  On  ne  tarde  pas  à  attein- 
dre le  gite  même  d'où  les  eaux  pluviales  les  ont  détachées  et  à  consta- 
ter que  ce  gite  consiste  en  une  quantité  infinie  de  veines,  généralement 
d'une  faible  épaisseur,  dont  1  entrecroisement  et  l'irrégularité  des 
directions  font  naître  l'idée  d'un  Stockwert. 

Comme  la  roche  trachytique  était  profondément  décomposée  et  que 
les  parties  qui  avaient  résisté  à  la  décomposition  se  présentaient  sous 


342  COQUAND.   —  TËHriAlHE   ET  TRACHYTE   DE   L'aRTA.  i8  mars 

la  forme  de  blocs  arrondis,  il  n'était  point  facile,  sans  quelques  tra- 
vaux préalables,  de  se  renseigner  sur  les  allures  véritables  du  gîte, 
ainsi  que  sur  ses  relations  avec  la  roche  encaissante.  Les  travaux 
furent  ordonnés  et  exécutés  pendant  que  je  battais  les  montagnes  des 
environs.  Voici  les  documents  que  fournit  une  tranchée  profonde  ou- 
verte sur  la  ligne  même  des  affleurements  (fig.  1). 

Elle  mit  d'abord  à  découvert  un  puissant  conglomérat  trachy  tique, 
A,  composé  exclusivement  de  blocs  de  trachyte  rouge,  de  divers 
calibres,  dont  quelques-uns,  surtout  à  la  base,  atteignaient  la  grosseur 
de  la  tête.  Sur  divers  points  moins  profondément  atteints  par  les  dé- 
nudations,  la  puissance  de  ces  assises  remaniées  dépasse  une  dizaine 
de  mètres  et  on  les  voit  reposer  directement  sur  le  trachyte  en  place, 
qui  en  a  fourni  les  matériaux.  On  a  évidemment  sous  les  yeux  une 
formation  littorale. 

C'est  au  milieu  de  ces  conglomérats  que  se  trouve  emmagasiné  un 
minerai  de  manganèse  qui  a  agglutiné  les  uns  avec  les  autres  les 
blocs  dont  ils  se  composent.  Le  minerai  est  donc  contemporain  de 
ceux-ci  et  leur  est  subordonné.  L'inspection  du  gisement  démontre  en 
eifet  que,  lorsque  les  conglomérats  trachytiques  qui  sont  la  base  du 
terrain  tertiaire  dans  cette  contrée,  se  stratifiaient  au  fond  de  la 
mer,  des  sources  thermo-minérales  ont  apporté  du  manganèse  et 
de  la  silice  qui  ont  cristallisé  dans  les  interstices  laissés  libres. 

J'ai  pu  m'assurer  dans  la  tranchée,  et  cela  de  la  manière  la  plus 
claire,  que  le  manganèse  ne  pénétrait  jamais  dans  les  trachytes  en 
place,  tandis  qu'il  escortait  les  conglomérats  dans  toute  leur  étendue. 
Ce  n'était  donc  point  à  des  filons  proprement  dits  que  Ton  avait  à 
faire,  mais  bien  à  des  veines  irrégulières  et  capricieuses  dans  leurs 
allures  comme  dans  leur  épaisseur. 

Le  manganèse  se  présente  le  plus  ordinairement  en  masses  grenues, 
jouissant  de  l'éclat  métallique,  tirant  sur  le  gris  foncé  et  sur  le  noir  ; 
on  le  rencontre  également  en  magnifiques  cristaux  de  formes  très- 
variées,  tapissant  de  nombreuses  géodes  et  accompagnés  souvent  de 
quartz  hyalin  avec  pointements  pyramidaux,  et  de  silex  pyromaque 
mamelonné.  Les  variétés  bacillaires  et  iibreuses  ne  sont  point  rares.  Il 
appartient  à  l'espèce  Pyrolusite  et  a  fourni  à  l'analyse  les  résultats 
suivants  : 

Humidité 10/0 

Dogré  chloromôtrique  humide.  ...    82 
Degré  sec 82,82 

Il  est,  comme  on  peut  s'en  assurer,  d'une  pureté  irréprochable  et 
laisse  loin  derrière  lui  tous  les  minerais  de  même  nom  ({ui  arrivent  sur 
nos  marchés. 


COQtAND.  —  TERTIAIRE  ET  TRACHTTE  DE  l'aRTA. 


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344  GOQUAND.   —  TERTIAIUE   ET  TRAGHVTE  DE  L'aUTA.  18  mars 

Aux  conglomérats  A  succodent  à  niveaux  décroissants  une  série  tres- 
puissante  de  tufs  trachytiques,  B,  roches  ordinairement  très-friables, 
dont  quelques-unes,  surtout  dans  la  partie  supérieure,  contiennent, 
à  rétat  de  rognons  volumineux,  des  calcédoines,  des  quartz  géodiques, 
des  jaspes  de  toutes  les  couleurs,  lesquels  se  montrent  épars  et  dissé- 
minés sur  les  surfaces  planes  du  terrain,  tandis  qu'ils  encombrent  lit- 
téralement le  torrent  de  Bataré  Déré  qui  coule  au-dessous  des  escarpe- 
ments dont  ils  ont  été  détachés.  On  y  observe  également  des  Polypiers 
de  taille  gigantesque,  entièrement  siliciûés,  mais  que  leur  poids  et  la 
difficulté  de  les  transporter  mettent  à  Tabri  de  la  rapacité  des  géologues. 

Ces  tufs  à  rognons  calcédonicux  sont  surmontés  par  un  système  sili- 
ceux, C,  de  plus  de  10  mètres  d'épaisseur,  qui  contient  également  du 
manganèse,  non  plus  cristallisé  et  d'aspect  métallique,  comme  celui 
des  conglomérats  inférieurs,  mais  bien  en  masses  amorphes  ou  à 
grains  très-serrés,  de  couleur  bleuâtre,  à  cassure  lithoïde  et  ressem- 
blant parles  caractères  extérieurs  plutôt  à  unbasaltequ'à  un  véritable 
minerai  de  manganèse. 

Ces  variétés,  qu'on  aurait  été,  au  premier  aperçu,  tenté  de  négliger 
comme  substances  stériles  ou  trop  impures,  ont  cependant  fourni  à* 
l'analyse  les  résultats  suivants  : 

N*  1.    Degré  chlorométrique     72" 
N»  2.  —  84» 

N»  3.  —  82» 

On  voit  que  le  n®  3  possède  la  même  valeur  que  le  minerai  cristal- 
lisé du  premier  gisement,  et  que  le  n^  i  lui  est  même  supérieur. 

J'ajoute  qu'en  poursuivant  à  travers  les  terres  labourées  la  for- 
mation tertiaire  jusqu'à  l'éperon  qui  fait  saillie  dans  la  rivière  de 
l'Arta,  bien  en  amont  de  Kotzass  et  justement  au-dessous  d'un  cime- 
tière bulgare,  on  retrouve  les  jaspes  C,  qui  sur  ce  point  ont  plus  de 
15  mètres  d'épaisseur  et  montrent  çà  et  là  quelques  nids  de  manga- 
nèse très-pur  emprisonnés  dans  la  masse,  dont  on  ne  pourrait 
avoir  raison  qu'avec  le  secours  de  la  dynamite. 

Dans  le  quartier  de  Gurgen  Déré,  les  bancs  jaspifères  C  sont  surmon- 
tés par  un  ensemble  très-puissant,  D,  de  calcaires  blancs,  devenant 
légèrement  rosés  dans  leur  partie  supérieure  et  dont  la  couleur  attire 
de  loin  le  regard,  tant  elle  contraste  avec  la  teinte  foncée  des  roches 
sous-jacentes.  Ces  calcaires  légèrement  marneux  sont  remplis  de 
Nummutites,  de  Polypiers  de  grande  taille  et  surtout  d!Ostrea  gigan- 
tea,  Brander  (0.  latissima,  Desh.),  dont  quelques  exemplaires  attei- 
gnent véritablement  des  dimensions  qui  justifient  le  nom  spécifique 
qui  leur  a  été  appliqué. 


COQUAND.   —  TEHTIAiHE  ET  TBACHYTE  DE  t  AHTA. 


34S 


Enfin  ces  calcaires  blancs  passent  d'une  manière  insensible  à  des 
ai^iles  rosées,  E,  d'une  puissance  de  trente  mètres  environ  et  dans  les- 
quelles je  n'ai  pu  découvrir  un  seul  fossile. 

Le  système  tertiaire  dont  je  viens  d'esquisser  les  traits  principaux 
batte  contre  un  grand  dyke  basaltique,  X,  sous  lequel  s'abritent  les 
maisons  de  Kotzass  et  qui  se  fait  remarquer  autant  par  sa  stérilité  que 
par  la  régularité  des  colonnades  prismatiques  par  lesquelles  il  se  ter- 
mioe.  On  se  croirait  transporté  dans  les  régions  basaltiques  classiques 
de  l'Ecosse  et  de  l'Auvergne. 

La  rive  droite  de  l'Arta  ne  m'a  rien  présenté  de  plus  élevé  que  les 
argiles  rouges.  Pour  trouver  la  continuation  de  la  série  tertiaire,  il 
convient  de  se  porter  sur  la  rive  gauche  ;  on  y  constate  que  les  pre- 
miers ressauu  montagneux  sont  justement  occupés  par  les  argiles 
roses  E,  que  nous  savons  être  supérieures  aux  calcaires  à  Oslrea  gi- 


D.  Calcaire  à  Ottrca  gigantea  (BartaDien). 

E.  Argiles  rosL'es  [Calcaire  de  Saint-Ouen). 

t.  Grés  et  confilonnîrals  (Sables  de  FoDtainebleau). 
Y.  Schistes  cris  ta  [lias. 


Les  argiles  E  (fig.  2)  passent  à  leur  tour  à  un  puissant  étage  de 
grès  et  de  congloméraU  quartzeux.  F,  qui  remonte  des  bords  de 
l'Arta  jusqu'au-delà  de  Karaby,  gros  village  bulgare  bâti  sur  le 
premier  ressaut  de  la  cbalne  du  Rhodope,  et  sous  le  village  même 
elles  reparaissent,  mais  redressées  sous  un  angle  de  80"  et  constam- 
inent  placées  au-dessous  des  grès  F  qui  partagent  leur  inclinaison. 
C'est  sur  ce  point  qu'on  peut  constater  le  plus  clairement  le  pas- 


3&6  GOQUAND.  —  TERTUIRE  ET  TRAGUYTE  DE  L'ARTA.         18  mars 

sage  ménagé  des  argiles  aux  grès,  ainsi  que  leur  alternance  vers 
les  lignes  de  contact. 

Les  grès  varient,  sinon  dans  leur  composition,  du  moins  dans  le 
volume  de  leurs  éléments  constituants.  La  variété  la  plus  répandue  est 
un  grès  blanchâtre,  dont  les  grains,  assez  grossiers,  sont  fortement 
reliés  par  un  ciment  feldspathique  :  c*est  une  véritable  arkose.  Quel- 
ques bancs  contiennent  des  cailloux  de  quartz  hyalin  d'un  calibre 
plus  considérable  et  passent  à  un  véritable  poudingue.  Ce  sont  juste- 
ment ces  bancs  qui  sont  recherchés  et  exploités  avec  une  très-grande 
activité  pour  la  fabrication  des  meules  de  moulin  ;  ces  meules  sont 
exportées  en  Bulgarie,  dans  toute  laRoumélie,  en  Macédoine,  en  Epire, 
en  Thessalie  et  jusque  dans  l'Asie-Mineure. 

Il  serait  assez  difficile  d'évaluer  avec  exactitude  la  puissance  des 
grès  arkosiques,  à  cause  des  failles  qui  les  dénivellent  de  distance  en 
distance  ;  elle  m'a  paru  ne  pas  être  inférieure  à  une  centaine  de  mètres. 

En  examinant  leur  passage  mélangé  aux  argiles  roses  sous-jacentes, 
la  liaison  de  celles-ci  avec  les  calcaires  à  Ostrea  gigantea,  les  rapports 
de  subordination  qui  existent  entre  ces  derniers  et  les  tufs  et  conglo- 
mérats trachytiques,  il  est  impossible  de  ne  pas  voir  un  système  con- 
tinu dans  les  divers  termes  de  la  formation  tertiaire  de  la  vallée  de 
TArta,  sauf  à  établir  des  subdivisions  que  la  rareté  et  souvent  l'ab- 
sence complète  de  fossiles  rendent  assez  difficile  de  bien  préciser.  Les 
calcaires  blancs  seuls  paraissent  un  point  de  repère  précieux  et  auto- 
risent à  rattacher  ce  terrain  éocène  à  une  des  divisions  du  terrain 
éocène  du  Yicentin,  avec  lequel  il  présente  d'autres  analogies  frap- 
pantes, à  cause  de  l'intrusion  des  produits  d'origine  volcanique  au 
milieu  des  sédiments  d'origine  marine. 

Les  trachytes,  cela  va  de  soi,  sont  évidemment  antérieurs  à  ces  sédi- 
ments qui  ont  été  en  partie  formés  à  leurs  dépens;  mais  le  basalte  est 
d'une  date  postérieure,  puisqu'on  voit  plusieurs  de  ses  coulées  inter- 
calées à  divers  niveaux  au  milieu  d'eux  et  en  interrompant  la  conti- 
nuité. J'ai  vainement  recherché  des  fragments  de  cette  roche  dans  les 
argiles  et  les  grès  arkosiques. 

En  considérant  les  calcaires  à  Ostrea  gigantea  comme  l'équivalent 
des  sables  de  Beauchamp  (étage  bartonien),  ainsi  que  semblent  l'au- 
toriser la  présence  de  la  Nummulites  perforata  et  l'habitat  général  de 
l'Huître  précitée,  je  trouverais  dans  les  argiles  rouges  supérieures  à  ce 
niveau  le  représentant  du  Gypse  et  du  Calcaire  de  Saint-Ouen,  et  dans 
les  grès  arkosiques  celui  des  Sables  de  Fontainebleau.  Dès  loi*s  on 
pourrait  voir  dans  les  tu&  trachytiques  et  dans  les  conglomérats  man- 
ganésiCères  les  équivalents  du  Calcaire  grossier  et  des  assises  suesso- 
niennes. 


1878.  COQUAND.   —  ENVIRONS  DE  PANDEBMA.  347 

Ces  assimilations,  que  je  n'énonce  qu'avec  beaucoup  de  réserve, 
ne  me  paraissent  nullement  forcées,  si  on  veut  bien  envisager  les 
choses  d'une  manière  générale.  Quant  à  une  équivalence  rigoureu- 
sement précise  de  chaque  subdivision  avec  une  subdivision  corres- 
pondante des  bassins  de  Paris,  de  Londres  ou  de  la  Yénétie,  je  me 
contenterai  de  répéter,  après  Bayan,  que  Ton  connaît  encore  trop 
peu  la  distribution  des  espèces  dans  les  faunes  tertiaires,  pour  qu'il 
soit  possible,  d'après  des  listes  de  fossiles,  de  tenter,  avec  quelque 
chance  de  succès,  d'établir  des  parallélismes  à  distance.  Les  difficultés 
se  présenteraient  d'autant  plus  grandes  pour  des  assimilations  de  cette 
nature  par  rapport  aux  couches  éocènes  de  cette  partie  de  la  Turquie, 
qu'en  dehors  de  deux  horizons  fossilifères,  la  paléontologie  est  com- 
plètement muette. 

Le  terrain  tertiaire  de  ce  coin  de  la  vallée  de  l'Arta  n'est  à  propre- 
ment parler  qu'un  golfe  dont  l'extrémité  septentrionale  venait  s'ap- 
puyer, près  du  village  d'Yatalick,  sur  les  escarpements  trachytiques 
qui  barrent  la  vallée,  et  qui,  vers  le  sud,  dans  le  voisinage  du  village 
de  Hangouf,  rejoignait  la  mer  éocène  à  travers  un  resserrement  des 
schistes  cristallins.  D'ailleurs,  sur  la  route  qui  de  l'Arta  conduit  à 
Karaby,  et  dans  le  cimetière  même  du  village,  les  ruisseaux  ont  mis  à 
découvert  les  terrains  primaires,  qui  consistent  en  des  gneiss,  des 
micaschistes,  des  schistes  amphiboliques  mélangés  de  beaucoup  de 
quartz.  A  la  simple  vue,  il  est  très-facilede  reconnaître,  même  de  loin, 
les  montagnes  qui  sont  composées  de  ces  roches  :  leur  forme  ballon- 
née et  la  régularité  de  leurs  pentes,  qu'envahissent  les  prairies,  les 
distinguent  franchement  des  montagnes  trachytiques,  dont  le  relief  à 
formes  heurtées,  les  cimes  dentelées  et  tailladées  semblent  découpées 
.  à  l'emporte-pièce. 

Mes  excursions  dans  le  massif  du  Rhodope  ou  du  Despote  Dagh  se* 
terminèrent  par  l'étude  des  tranchées  ouvertes  pour  l'établissement 
du  chemin  de  fer  sur  la  rive  droite  de  la  Maritza.  J'eus  le  plaisir  de 
recueillir  dans  les  alluvions  anciennes  de  Derekieuy-Déré,  presque  en 
face  de  la  ville  de  Mustapha  Pacha,  un  fragment  assez  volumineux 
i*uue  déhnse  à* ElepJias  primigenitis.  A  partir  de  là  je  retombai  en^ 
plein  dans  la  région  des  steppes. 

Notice  séologiQue  sur  les  environs  de  Panderma  (Asie- 
Mineure), 

par  M.  H.  Gcxiuand. 

Panderma  est  situé  non  loin  de  l'antique  Cysique  ;  l'Ile  sur  laquelle 
cette  cité  était  bâtie,  est  aujourd'hui  reliée  au  continent  par  une  petite 


348  GOQUAND.   —  ENVIRONS  DE  PANDERMA.  18  mars 

langue  de  terre,  à  peine  élevée  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  conver- 
tie en  marais  dans  sa  partie  centrale  et  barrée  par  des  dunes  à  ses 
deux  extrémités. 

L'amphithéâtre,  dont  il/Mte  de  très-belles  ruines,  est  bâti  sur  une 
leptynite  blanche  à  mica  noir,  qui  forme  la  base  du  système  monta- 
gneux de  la  contrée.  Cette  roche  jouit  de  la  propriété  de  se  transfor- 
mer en  argile  kaolinique,  au  milieu  de  laquelle  se  trouvent  noyées 
des  sphères  plus  ou  moins  volumineuses  qui  ont  résisté  à  la  décompo- 
sition. Quelquefois,  ainsi  qu'on  le  remarque  dans  les  portions  qui 
n'ont  pas  été  atteintes  par  une  altération  complète,  les  cristaux  de 
feldspath  prennent  des  dimensions  plus  grandes  et  la  leptynite  passe 
alors  à  un  véritable  granité,  dans  lequel  se  trouvent  disséminées  des 
tourmalines  noires. 

Les  hauteurs  sont  couronnées  par  des  masses  puissantes  de  marbre 
blanc  saccharôïde;  mais  entre  elles  et  le  granité  s'interpose  une  for- 
mation très-épaisse  de  talcschistes  et  de  phyllades  satinés.  Le  cal- 
caire saccharôïde  prend  un  grand  développement  sur  la  route  de 
terre,  et  là  aussi  il  a  pour  piédestal  les  phyllades,  qui  s'avancent  du 
côté  de  Panderma,  où,  près  de  l'église  de  la  Sainte-Trinité,  on  les  voit 
plonger  à  l'est  sous  un  angle  de  45°. 

C'est  d'ailleurs  dans  une  position  semblable  et  avec  des  caractères 
identiques  que  se  montrent  les  calcaires  saccharoîdes  dans  l'Attique, 
la  Thessalie,  la  Roumélie,  les  Cyclades,  Tile  de  Thasos  et  l'Ile  de 
Marmara,  oix  j'ai  eu  l'occasion  de  les  étudier.  Je  renvoie  à  un  de  mes 
écrits  antérieurs  (1),  oii,  en  discutant  l'âge  des  calcaires  saccharoîdes 
des  Pyrénées  et  des  Alpes  Apuennes,  j'ai  été  amené  à  leur  attribuer 
l'âge  du  Calcaire  carbonifère. 

Depuis  l'église  jusqu'à  Panderma  on  marche  sur  un  terrain  tertiaire, 
composé  de  cailloux  incohérents,  d'argiles  rouges,  de  grès  grossiers, 
de  poudingues  à  gros  éléments  arrondis,  parmi  lesquels  figurent  des 
granités,  des  calcaires  marneux,  des  marbres.  C'est  une  formation 
d'origine  récente,  peut-être  quaternaire,  à  stratification  confuse,  dont 
l'épaisseur  n'est  pas  très-considérable  ;  car  en  face  de  la  presqu'île 
d'Antikari  on  la  voit  butter  contre  les  calcaires  blancs,  aux  pieds  des- 
quels elle  ne  constitue  qu'un  simple  placage. 

A  deux  kilomètres  de  Panderma,  sur  la  route  de  Brousse,  une  ex- 
ploitation de  marbre  est  ouverte  au  milieu  d'un  terrain  que  je  rapporte 
au  Dévonien  supérieur.  Les  bancs  attaqués  sont  presque  verticaux, 
d'une  épaisseur  très-considérable  et  susceptibles  de  fournir  des  blocs 

(1)  Histoire  des  terrains  stratifiés  de  ^Italie  centrale,  Bull.  Soc.  géol.,  21*  série, 
t.  m,  p.  SI,  et  t.  lY,  p.  126. 


1878.  GOQUAND.   —  ENVIRONS  DE  PANDERMA.  349 

d'une  très-grande  dimension  ;  raais  la  couleur  du  marbre,  qui  pré- 
sente la  structure  glanduleuse  et  entrelacée  des  griottes  de  Campan, 
avec  talc  intercalé,  est  d'un  rose  tendre  et  manque  complètement 
de  ton  et  de  feu.  Je  ne  sais  si  les  surfaces  polies  pourraient  dévoiler 
la  structure  interne  des  Goniatites,  comme  cela  se  vérifie  quelquefois 
dans  les  marbres  de  même  nature  de  Cierp,  de  Sarrancolin  et  de 
Cannes  ;  je  n'ai  pu  la  surprendre  dans  les  cassures  faites  au  marteau  ; 
seulement  on  y  observe  assez  fréquemment  des  articles  de  Crinoîdes 
passés  à  l'état  spathique,  que  Ton  sait  être  si  abondants  dans  les 
griottes  des  Pyrénées  et  de  la  Montagne-Noire. 

J'aurais  désiré  constater  la  position  réelle  de  ces  marbres  par  rap- 
port aux  assises  du  Dévonien  inférieur  qui  sont  si  bien  développées 
sur  les  deux  rives  du  Bosphore  ;  mais  leur  recouvrement  presque  im- 
médiat par  des  argiles  et  des  sables  tertiaires  m'a  privé  du  bénéfice  de 
pouvoir  procéder  à  c^tte  vérification,  car  il  est  vraisemblable  que  le 
Dévonien  de  la  rive  asiatique  du  Bosphore  doit  se  poursuivre  jusque 
sur  le  littoral  de  la  mer^de  Marmara. 

Après  ces  premières  explorations,  je  me  dirigeai  à  cheval  vers  le 
village  de  Tchamak  Dahé  (montagne  des  pierres  à  fusil),  dans  le  voi- 
sinage duquel  on  avait  signalé  l'existence  d'un  lignite  d'excellente 
qualité. 

Vers  le  village  de  Sepetcheiler  (village  des  Paniers),  je  mis  le  pied 
sur  le  terrain  tertiaire  moyen,  formé  presque  en  entier  de  marnes  et 
d'argiles  grises,  mais  admettant,  à  l'état  subordonné,  des  bancs  très- 
épais  de  silex  blonds,  translucides  sur  les  bords  des  cassures  et  pas- 
sant à  une  véritable  calcédoine.  Ce  sont  justement  ces  bancs  qui  ont 
fourni  les  blocs  si  nombreux  que  l'on  trouve  épars  dans  les  monta- 
gnes boisées,  que  recouvre  un  épais  manteau  de  roches  incohérentes, 
parmi  lesquelles  on  reconnaît  des  trachytes,  des  porphyres  quartzi- 
fères,  des  calcaires  paléozoîques,  des  grès  feldspathiques,  des  pou- 
dingues  polygéniques  et  des  argiles  remaniées. 

Je  ne  puis  voir  dans  ce  dépôt  superficiel  qu'un  terrain  d'alluvions 
anciennes  provenant  de  la  démolition  des  moraines  glaciaires  que  je 
devais  rencontrer  plus  tard  sur  les  flancs  septentrionaux  du  système 
orographique  de  l'Ida,  et  dont  les  matériaux  ont  été  dispersés  jusque 
sur  les  bords  de  la  mer  de  Marmara. 

De  Tchamak  Dahé  aux  afileurements  du  charbon  la  distance  est  de 
4  kilomètres  environ,  qu'il  me  fallut  franchir  à  travers  des  forêts  de 
chênes  impénétrables  et  par  des  sentiers  profondément  encaissés,  où 
les  chevaux  s'embourbaient  parfois  jusqu'au  poitrail. 

Les  travaux  exécutés  pour  la  recherche  du  charbon  étaient  concen- 
trés dans  un  périmètre  de  4  à  500  mètres,  dans  le  vallon  étranglé  du 


SKO  COQUAND.   —  ENVIRONS  DE  PANDEQllfA.  18  mars 

Mesepsit,  dont  les  eaux  vont  se  déverser  dans  le  lac  de  Hagnar.  Les 
couches  traversées  consistaient  en  : 

1°  Des  bancs  très-puissants  de  raames  argileuses  grises,  dans  les- 
quels s'intercalait  une  couche  de  lignite,  dont  la  puissance  très-varia^ 
ble  oscillait  entre  2™  et  0^86;  2o  un  banc  de  silex,  de  S^SO  d'épais- 
seur, qui  barrait  le  ruisseau  ;  3^  un  système  marneux,  analogue  au 
uo  1,  qui  reposait  directement  sur  un  puissant  dépôt  trachytique  dont 
on  pouvait  suivre  les  affleurements,  sur  une  longueur  de  plus  de 
600  mètres. 

Le  charbon  consistait  en  un  lignite  collant,  de  qualité  parfaite, 
brillant  et  laminaire,  pouvant  rivaliser  avec  les  meilleurs  combus- 
tibles d'époque  tertiaire,  comme  on  peut  en  juger  par  l'analyse  sui- 
vante : 

Cendres  (rose  pâle) 12,60 

Charbon  fixe 45,40 

Matières  volatiles 42 

100 

Coke  agglutiné 50  0/0 

Puissance  calorifique 5116  calories. 

En  remontant  le  ruisseau  de  Mesepsit,  on  rencontre  la  fontaine  de 
Kestanitchermi  (route  du  Châtaignier),  puis  un  peu  plus  haut,  sur  le 
chemin  de  Koncha  Bonar,  celle  dite  du  Bon  Enfant  (Guentch  Ogiou), 
qui  émerge  du  terrain  trachytique. 

De  ce  point  culminant  l'observateur  embrasse  un  horizon  immense, 
et  il  peut  constater  que  les  sommités  des  montagnes  qui  s'étalent 
entre  l'Olympe  de  Brousse  et  le  massif  de  l'Ida  sont  formées  par  un 
calcaire  compacte,  à  escarpements  verticaux,  surplombant  au-dessus 
des  forêts  qui  en  cachent  les  bases. 

La  coupe  la  plus  intéressante  du  terrain  tertiaire  de  la  contrée  m'a 
été  fournie  par  le  ruisseau  qui  traverse  le  territoire  de  Dovantgzi  Dé- 
ressé.  Au-dessus  du  trachyte  massif  se  développe  une  série  considérable 
de  tufs  trachytiques,  de  structure  et  de  composition  très-variée,  pas- 
sant alternativement  des  breccioles  à  des  conglomérats  grossiers,  dans 
lesquels  s'insinuent  des  paquets  de  la  roche  verdâtre  connue  sous  le 
nom  de  Vert  de  Vérone.  Un  peu  plus  bas,  et  en  suivant  toujours  la 
pente  des  ruisseaux,  les  couches  se  montrent  mieux  réglées  ;  les  tufs 
sont  recouverts  en  stratification  concordante  par  des  argiles  marneuses 
contenant  un  nerf  de  lignite  de  0^30,  ayant  pour  toit  des  marnes 
bitumineuses  d'une  certaine  épaisseur,  dans  lesquelles  se  montrent 
quelques  empreintes  de  plantes  dicotylédones  et  des  coquilles  écra- 
sées qui  m'ont  paru  appartenir  aux  genres  Melanopsù  ou  Paludina. 
La  série  vient  so  heurter  brutalement  par  faille  contre  un  escarpe- 


1878.  GOQUAND.   —   ENVIRONS  DE  PANDERMA.  351 

ment  trachytique«  disposé  en  gradins  superposés,  d'oii  les  eaux  s'é- 
chappent en  cascatelles  d'un  effet  ravissant. 

Au-dessous  du  village  de  Dovantgzi,  le  ruisseau  prend  le  nom  de 
Subugla  Deressé  (ruisseau  des  Sangsues)  et  va  se  jeter  dans  le  lac  de 
Hagnar.  Dans  tout  ce  trajet,  le  trachyte  présente  une  foule  de  varié- 
tés ;  la  plus  remarquable  est  celle  ou  la  roche  volcanique  admet  des 
veines  et  des  plaques  d'un  jaspe  vert  qui,  ainsi  que  le  trachyte  lui- 
même,  contient  des  cristaux  disséminés  derhyacoliteet  de  mica  noir. 

Je  ne  quitterai  pas  Dovantgzi  sans  signaler  le  magnifique  gisement 
de  trachyte  sur  lequel  a  été  établi  le  cimetière  du  village.  Les  disciples 
de  Mahomet  ont  l'habitude  d'entourer  leurs  tombeaux  d'une  barrière 
en  marbre  ou  en  pierres.  Les  habitants  de  l'Anatolie  dont  les  maisons 
sont  bâties  sur  le  terrain  tertiaire,  ne  trouvant  pas  dans  ce  terrain  de 
matériaux  résistants,  vont  réclamer  leurs  lieux  de  sépulture,  et  quel- 
quefois très-loin,  au  terrain  trachytique,  qui  seul  peut  leur  fournir  les 
éléments  grossiers  de  leurs  monuments  funèbres.  Aussi  est-on  certain, 
toutes  les  fois  qu'on  rencontre  un  cimetière  turc,  de  trouver  en  même 
temps  le  trachyte  en  place.  Le  géologue  doit  s'abstenir  prudemment 
de  tailler  ses  échantillons  dans  le  voisinage  de  ces  lieux  de  repos,  que 
les  Mahométans  entourent  d'un  respect  qu'ils  poussent  jusqu'au  fana- 
tisme. 

Le  trachyte,  au  surplus,  est  une  roche  tellement  répandue  dans 
l'Anatolie,  qu'on  en  rencontre  à  chaque  pas  des  dépôts.  Mais  si  on 
n'a  pas  la  bonne  fortune  de  pouvoir  l'étudier  dans  quelques  déchirures 
naturelles  du  sol,  son  histoire  se  traduit  par  un  simple  intérêt  litholo- 
gique, la  terre  végétale  et  des  forêts  inextricables  le  recouvrant  pres- 
que constamment  et  exposant  le  coureur  de  montagnes  aux  plus 
grandes  difficultés  et  aux  plus  grandes  déceptions.  Quand  on  croit 
tenir  dans  un  ravin  la  roche  vive  pour  un  certain  temps  et  pouvoir 
surprendre  ses  relations  avec  les  terrains  sédimentaires,  on  est  fort 
étonné,  après  quelques  pas  de  parcours,  de  la  voir  disparaître  sous  un 
formidable  manteau  d'humus. 

Les  ai^iles  qui  recouvrent  ou  supportent  la  couche  lignitifère  ne 
peuvent  être  connues  que  par  des  travaux  exécutés  au  pic  ;  mais  leur 
stratification  et  leur  direction  sont  très-facilement  indiquées  par  des 
saillies  rocheuses  de  silex,  épaisses  souvent  de  plus  de  trois  mètres, 
que  Ton  voit  se  succéder  parallèlement  au-dessus  du  sol,  les  eaux 
pluviales  ayant  emporté  les  marnes  moins  résistantes  dans  lesquelles 
les  silex  se  trouvent  enchâssés.  Je  n'ai  jamais  eu  l'occasion,  dans  ma 
longue  vie  de  géologue,  d'en  observer  en  si  grande  abondance.  Ils 
passent  au  jaspe  et  à  la  calcédoine  et  revêtent  toutes  les  couleurs, 
depuis  le  blanc  laiteux  jusqu'au  noir  de  jayet.  Entre  la  fontaine  du 


352  GOQUAND.   —   ENVIRONS  DE  PANDERMA.  18  mars 

Bon  Enfant  et  Tchamak  Déré  (village  des  pierres  à  fusil),  on  observe 
sur  le  chemin  quelques  bancs  se  divisant  en  petites  plaquettes[,hap- 
pant  à  la  langue  et  passées  à  Tétat  de  silex  nectique. 

Le  village  de  Tartarcheui,  ainsi  désigné  à  cause  d*une  colonie^de 
Tartares  que  le  gouvernement  turc  a  internée  dans  ce  district,  est 
séparé  de  celui  de  Sepetcheiler,  distant  de  quatre  heures  et  demie  de  la 
mine,  par  un  vallon  très-profond.  Les  battues  que  je  fis  sur  son  terri- 
toire ne  me  mirent  en  présence  que  des  argiles,  des  silex  et  des  tra- 
chytes  qui  m'étaient  déjà  connus;  les  cultures  et  les  forêts  dérobaient 
le  plus  souvent  le  sous-sol  au  regard.  Je  pensai  que  la  plaine  qui 
n'était  pas  très-éloignée  m'offrirait  quelques  particularités  intéres- 
santes ;  mais  après  avoir  dépassé  la  région  des  broussailles  (Lidjak 
Bouzi),  je  tombai  en  plein  dans  les  steppes  et  il  me  fallut  regagner  le 
campement  sans  avoir  rien  consigné  sur  mes  tablettes. 

Pendant  que  les  ouvriers  étaient  occupés  à  foncer  un]!petitjpuits 
destiné  à  recouper  la  couche  de  charbon,  je  procédai  à^l'examen^de  la 
montagne  qui  s'élevait  en  face  des  travaux. 

Quelle  ne  fut  pas  ma  surprise  en  suivant  une  déchirure  du  sol  pro- 
duite par  un  mince  cours  d'eau,  de  me  trouver  en  présence  d'unjcal- 
caire  gris-foncé  et  jaunâtre,  contenant  des  Spirifer,  des  Atrypa,  et 
surtout  des  Productus.  De  Yerneuil,  qui  avait  eu  l'occasion  d'exami- 
ner ces  fossiles  dans  ma  collection,  n'hésita  pas,  à  première  vue,  à 
leur  reconnaître  une  physionomie  carbonifère.  Il  avait  bien  voulu  se 
charger  de  leur  détermination  ;  la  mort  malheureusement]le  surprit 
avant  qu'il  eût  pu  se  livrer  à  ce  travail.  Je  tâcherai  de  suppléer  à* cette 
lacune  regrettable  par  quelques  indications. 

Tout  d'abord  il  m'était  impossible  de  rapporter  cet  horizon  fossili- 
fère au  Dévonien  des  deux  rives  du  Bosphore,  oii  les  fossiles  sont  en- 
gagés dans  un  psammite  qui  ne  présente  aucune  analogie  avec  le  cal- 
caire que  j'avais  sous  les  yeux.  Hais,  d'un  autre  côté,  comme  le  carac- 
tère pétrographique  n'a  qu'une  valeur  bien  secondaire  en  géologie,  et 
que,  malgré  le  voisinage  des  deux  gisements,  il  aurait  très-bien  pu  se 
faire  que  ce  qui  était  psammite  en  Europe  fût  devenu  calcaire  en  Asie, 
je  me  suis  assuré  que  les  Productus  recueillis  dans  l'Anatolie  et  qui 
constituaient  la  partie  la  plus  importante,  pour  ne  pas  dire  la  presque 
totalité  de  mes  découvertes,  n'appartenaient  ni  au  P.  Murchisoni, 
Kon.,  ni  au  P.  subaculeatus,  Murchis.,  ni  au  P.  dissimilts,  Kon.,  ni 
enfin  au  P.  Lorierei,  d'Orb.,  les  seules  espèces  dévoniennes  [men- 
tionnées dans  le  Prodrome  de  Paléoritologie, 

Au  contraire,  j'y  remarque  : 

1®  Un  Productus,  sinon  identique,  du  moins  voisin  du  P.  longispi- 
nus,  Kon.; 


1878.  COQUAND.   —   ENVIRONS  DE  PANDERMA.  353 

i^  Un  Productus  voisin  du  P.  latissimus; 

30  Un  Productus  voisin  de  certaines  variétés  du  P.  giganteus,  à 
stries  longitudinales  fines  et  serrées  ; 

4**  Un  Productus  voisin  de  P,  costatus,  Sow.; 

6®  Un  Productus  que  son  ornementation  rapproche  singulièrement 
du  P.  Cora, 

Avec  ces  Productus  (1)  je  remarque  : 

6°  Une  Leptœna  indéterminable  ; 

7®  Une  Terebratula  (Atri/pa)  très-bien  conservée,  qu'au  premier 
aspect  on  serait  tenté  de  rapporter  à  la  T.  sacculus,  mais  qui  est  un 
peu  plus  bombée  et  dont  la  valve  dorsale  est  creusée  par  un  sillon 
médian  (6  exemplaires)  ; 

8^  Un  Polypier  brancliu  engagé  dans  la  roche. 

Comme  on  peut  en  juger  par  le  nombre  prédominant  des  Proc^uc^ta 
qu'a  fournis  le  calcaire  paléozoîque  et  qui  tous  sans  exception  se  rap- 
prochent de  formes  spéciales  au  Calcaire  carbonifère,  si  même  ils  ne 
se  confondent  avec  elles,  je  ne  saurais  voir  dans  le  calcaire  en  ques- 
tion le  représentant  du  terrain  dévonien,  qui  sur  le  Bosphore  est  tout 
différent,  ni  celui  des  caischistes  glanduleux  des  environs  de  Pan- 
derma  dont  j'ai  déjà  parlé.  Jusqu'à  plus  ample  informé,  je  le  retiens 
donc  comme  carbonifère. 

Il  me  fut  impossible  de  poursuivre  le  prolongement  de  ce  calcaire 
paléozoîque  au-delà  du  cercle  très-étroit  où  se  trahissait  sa  présence  : 
il  se  trouvait  étouffé  immédiatement  dans  le  sens  du  redressement  des 
couches  (N.O.-S.E.,  avec  plongement  S.0. 29o)  et  dans  la  direction 
opposée,  par  un  puissant  dépôt  de  poudingues  et  de  grès  grossiers, 
ébouleux,  qui  servent  de  base  à  la  formation  nummulitique.  Celle-ci  est 
représentée  en  cet  endroit  par  des  bancs  d'un  calcaire  noirâtre,  barré 
de  veines  spatbiques  blanches,  et  pétri  de  Nummulites,  parmi  les- 
quelles j'ai  cru  reconnaître  le  mode  d'enroulement  et  la  disposition 
cloisonnée  de  la  N.  lœvigata. 

Ce  système  se  prolonge  jusque  dans  le  voisinage  des  marnes  ter* 

(1)  M.  Meek,  qui  vient  de  publier  des  fossiles  paléozoïques  dans  le  tome  lY  du 
Report  of  the  Geologieal  Exploration  of  the  Foriieth  Parallel  (1877),  y  donne,  sous 
les  noms  de  Productus  multistriatus  (PI.  YUI,  fig.  3)  et  de  P.  eosiatutT?,  Sow» 
(PI.  YII,  fig.  4),  deux  espèces  que  je  retrouve  dans  plusieurs  des  échantillons 
recueillis  par  moi  à  Panderma,  et  que  le  savant  paléontologiste  américain  décrit 
comme  carbonifériennes. 

Bans  le  même  ouvrage  (p.  265),  MM.  J.  Hall  et  Whitflcld  publient  sous  le  nom  de 
P.  Flemingit  var.  Burlingtonensis  (PI.  V,  fig.  9-12).  un  Productus  carboniférien 
de  rutah  qui  no  diffère  en  rien  de  deux  de  mes  échantillons  de  l'Asie-Mineure. 

Cette  triple  identification  dissipe  tous  les  doutes  qui  auraient  pu  me  rester  sur 
l'âge  carboniférien  des  calcaires  à  Productus  que  je  viens  de  signaler.      (Mai  1879.) 

23 


3Sjb  COaCAND.    —   BNVIBONS  DE  PANDERMA.  18  mar» 

tiaires  fouillées  sur  le  revers  de  la  montagne  pour  la  recherche  du 
lignite.  Si  sur  ce  point  la  terre  végétale  et  les  forêts  cachent  les  lignes 
de  contact  de  ces  deux  termes  de  la  série  tertiaire,  Finclinaison  des 
couches  suffit  pour  démontrer  l'antériorité  des  bancs  nummulitiques 
par  rapport  à  ce  dernier. 

J'avais  épuisé  la  géologie  des  montagnes  ingrates  voisines  de  notre 
campement  sur  une  étendue  de  5  à  6  lieues  en  tous  sens.  Je  voulus 
alors  étudier  le  massif  du  Mont-Ida.  Après  trois  heures  de  marche 
vers  le  sud,  j'atteignis  la  vallée  de  Scutchiki  (sortie  de  l'eau),  dont  le 
nom  est  emprunté  à  celui  d'un  moulin  mis  en  mouvement  par  une 
source  thermale  très-abondante,  qui  jaillit  du  sol  à  la  manière  de  la 
fontaine  de  Yaucluse,  et  qui  s'est  emprisonnée  dans  une  formation  de 
tufs  tubuleux  contenant  de  nombreux  individus  d'une  espèce  de  Me^ 
iQxyapm  que  l'on  peut  recueillir  vivante  dans  le  ruisseau.  Je  traversai 
ensuite  un  coteau  peu  élevé,  occupé  par  les  marnes  à  silex  ayant  pour 
satellite  un  trachyte  à  surface  bosselée. 

Le  terrain  tertiaire  occupe  le  bas  de  la  vallée  et  est  dominé  par 
4e  grandes  masses  d'un  calcaire  blanc  sale,  à  cassure  conchoïde,  tra- 
versé par  de  nombreuses  veines  spathiques,  n'offrant  pour  tout  foa* 
ûle  que  des  articles  d'entroques,  reconnaissables  par  leur  forme 
ronde,  leur  trou  médian  et  leur  structure  spathique.  Malgré  des  re- 
cherches opiniâtres,  poursuivies  pendant  plusieurs  heures  par  mes 
compagnons  et  par  moi,  il  me  fut  impossible  de  recueillir  et  d'obser* 
ver  d'autres  corps  oi^anisés.  Et  cependant  la  question  offrait  un  inté^. 
rfit  capital.  Après  la  découverte  de  ces  mêmes  entroques  dans  les  cal-- 
schistes  amygdalaires  des  environs  de  Panderma,  classés  par  moi  dans 
le  Dévonien,  par  d'autres  dans  la  Craie,  et  par  M.  de  Tchihatcheff,  je 
crois,  dans  le  terrain  nummulitique,  il  eût  été  important  d'être  exac- 
tement fixé  sur  leur  ftge.  Je  ne  pouvais  certainement  pas  les  attribuer 
à  la  formation  nummulitique;  car  il  eût  été  surprenant  que  dans  mes 
investigations  qui  s'adressaient  de  préférence  aux  blocs  détachés  des 
cbnes  et  à  la  surface  desquels  les  coquilles  deviennent  ordinairement 
plus  visibles  que  dans  les  cassures  fraîches,  je  n'eusse  pu  parvenir  à 
surprendre  aucune  trace  de  Nummulites,  surtout  lorsque  ces  fossiles 
foisonnent  dans  les  calcaires  noirs  qui,  à  deux  pas  de  l'endroit  où  je. 
me  trouvais,  servent  de  support  au  Tertiaire  moyen.  Je  comprends  à 
merveille  les  contradictions  qu'on  remarque  dans  les  jugements  des. 
savants  qui,  n'ayant  pas  eu  la  bonne  fortune  de  remarquer  un  seul 
fossile,  ont  voulu  cependant  formuler  une  opinion. 

Il  est  incontestable  que  si  à  Meseptif  je  n'avais  surpris  dans  les  deux 
calcaires  d'âge  si  différent  qui  s'y  trouvent  représentés,  qu'un  seul 
horizon  fossilifère,  je  n'aurais  point  hésité  à  les  ranger  soit  dans  le 


1878.  GOQUAND.   —  ENYIRONS  DE  PANDBRMA.  SSK 

teitain  niimmulitique  si  je  n'avais  rencontré  que  des  Nummulites, 
soil  dans  le  terrain  carbonifère  si  je  n'avais  recueilli  que  des  Produc- 
tus.  Dans  des  pays  aussi  boisés  que  la  région  de  i'Asie-Hineure  que  je 
décris,  j'avoue  que  si  on  est  privé  du  secours  de  la  paléontologie,  on 
n'est  jamais  sûr  de  ne  pas  faire  fausse  route  ;  et  d'un  autre  côté,  pour 
avoir  raison  des  difficultés  dont  le  géologue  est  enveloppé,  il  est  indis^ 
pensable  de  se  fixer  pour  un  certain  temps  dans  un  centre,  afin  de 
pouvoir  contrôler  ses  premières  observations  par  des  observations 
subséquentes.  Parcourir  la  contrée  au  pied  levé,  c'est  vouloir  s'expo- 
av  à  beaucoup  de  méprises. 

Qmk  qu'il  en  soit,  du  coteau  qui  domine  le  moulin,  on  panorama 
roaguiflqne  se  déroulait  devant  moi.  Je  voyais  se  succéder  en  face  plu* 
sieors  lignes  de  montagnes  de  premier  ordre,  étagées  les  unes  au- 
dessus  des  autres  et  se  rattachaut  aux  cimes  neigeuses  d'Alludal- 
Dagh,  une  des  pointes  les  plus  élevées  du  Mont-Ida. 

Le  revers  du  coteau  m'amena  au  torrent  assez  large  d'Acbeus  Dely 
Déressé,  qui  est  dominé  vers  le  sud-est  et  de  chaque  côté  par  les 
mêmes  calcaires  à  entroques  que  je  venais  de  quitter.  En  en  remon- 
tant lé  cours,  je  ne  tardai  point  à  pénétrer  dans  le  terrain  tertiaire  à 
silex,  qui  se  répand  de  là  dans  le  vallon  de  SchiOly  Déressé,  où  je 
constatai  l'existence  d'un  affleurement  insignifiant  de  lignite  (O^SO), 
noyé  au  milieu  d'argiles  noires  alternant  avec  des  bancs  de  silex  et 
'  dirigées  N.-S.,  avec  une  inclinaison  de  60^  vers  l'ouest.  De  gro%  troncs 
d'arbres  dicotylédones  silicifiés  gisant  épars  au  milieu  du  ruisseau,  et 
quelques  Lymnées  et  Planorbes  écrasés  sont  les  seuls  corps  organisés 
qne  me  pr^nta  cette  localité. 

Une  particularité  intéressante  de  cette  région  est  la  profusion  avec 
laquelle  les  silex,  les  jaspes  rouges  et  multicolores  sont  répandus  à  la 
sarfooe  des  terrains  :  il  n'est  pas  rare  d'en  rencontrer  des  blocs  isolés 
qui  mesurent  plus  de  10  mètres  cubes. 

En  redescendant  le  ruisseau,  je  traversai  le  village  d'Aïvadsik  (vil- 
lage des  Coings),  où  des  fûts  de  colonnes  en  marbre  et  beaucoup  de 
dAris  de  poteries  romaines  indiquent  l'emplacement  d'une  station 
romaine.  De  là  deux  heures  de  marche  me  conduisirent  à  la  petite 
ville  de  Guenen.  J'avais  quitté  la  région  montagneuse  pour  tomber 
dans  celle  des  coteaux,  ou  plutôt  d'une  plaine  ondulée  recouverte  de 
broussailles.  Au-delà  de  ces  terrains  plats  et  en  face  de  la  ville  se 
dresse  une  enfilade  de  montagnes  du  premier  ordre,  l'Aajabouna 
Daeue  Dagb  d'abord,  et  plus  au  sud-ouest,  dans  la  direction  de  l'Ile 
deTénédos,  l'Ailudal  Dagh,  qui  n'est  autre  que  le  Hont-Ida. 

Mon  excursion  dans  cette  région  avait  pour  objectif  l'ascension  de 
C6tte  dernière  montagne,  que  je  touchais  presque  du  doigt  ;  mais  il  nfé 


386  GOQCAND.   —  ENVIRONS  DE  PANDERMA.  18  mars 

fut  impossible,  à  cause  des  bandes  de  brigands  qui  infestaient  Vida, 
de  trouver  aucun  guide.  Je  dus»  à  mon  grand  regret,  effectuer  mon  re- 
tour à  la  mine,  en  suivant  les  sentiers  de  montagnes  qui  relient  6ue« 
nen  au  village  des  Paniers.  Le  trachyte,  continuation  de  celui  que 
j'avais  déjà  recoupé  au-dessus  du  moulin,  constitue  le  premier  gradin 
qui  sépare  la  plaine  des  régions  montagneuses,  et  va  se  terminer  dans 
les  environs  du  Tchammat  Dagh.  non  loin  du  moulin  de  Kourou  De- 
remen  Tchiffli  (Moulin  sec).  Dans  une  dépression  creusée  dans  les 
argiles  tertiaires  (qui  m'ont  offert  des  valves  de  Cardium  et  de  Conge^ 
ria),  se  dressent  parfaitement  détachés  deux  dykes  parallèles  de  tra- 
chyte, formant  deux  murailles  verticales  de  6  à  10  mètres  de  hauteur, 
qu'on  serait  tenté  de  prendre  pour  des  constructions  cyclopéennes.  Un 
peu  au-delà  je  vis  un  affleurement  de  calcaire  à  entroques,  puis  les 
marnes  à  silex  qui  m'escortèrent  jusqu'à  mon  gîte. 

Je  rentrai  à  Panderma  par  Salidéré.  Une  fois  arrivé  au  village  des 
Paniers,  au  lieu  de  suivre  la  ligne  des  lacs,  j'obliquai  vers  le  nord- 
ouest  et  ne  tardai  pas  à  sortir  des  régions  montagneuses,  pour  en- 
trer d'abord  dans  la  zone  des  broussailles,  puis,  un  peu  plus  bas, 
dans  des  plaines  mouvementées,  couvertes  d'une  végétation  vigou- 
reuse, mais  complètement  dépourvues  d'arbres. 

Salidéré  est  bâti  sur  la  rive  gauche  de  l'ancien  fleuve  Tarsius  et 
adossé  à  un  coteau  entièrement  formé  de  cailloux  roulés  de  fort  cali- 
bre, pa^i  lesquels  on  remarque  des  granités  porphyroïdes,  des  gneiss, 
des  leptynites,  des  schistes  amphiboleux,  des  micaschistes,  des  quartz 
amorphes,  des  trachytes,  des  silex,  des  jaspes,  des  marbres  saccha- 
roîdes  et  des  calcaires  compactes.  On  a  certainement  sous  les  yeux  un 
dépôt  superficiel  dont  les  matériaux  représentent  en  grande  partie  les 
roches  qui  se  trouvent  en  place  dans  le  massif  montagneux  de  l'Ida. 
Des  dépôts  semblables  de  date  récente  se  montrent  dans  le  lit  des 
ruisseaux  qui  descendent  des  hautes  cimes,  et  sont  dispersés  vers 
leurs  embouchures,  où  ils  forment  des  craux  en  miniature. 

Pour  regagner  Panderma,  je  suivis  la  route  qui  prend  en  écharpele 
promontoire  qui  se  projette  en  face  de  Cysique  et  passe  par  le  village 
de  Beykoî,  sans  que  le  terrain  traversé  me  révélât  un  fait  nouveau  ; 
seulement  j'eus  l'occasion  de  revoir  les  marbres  blancs  en  présence 
desquels  ma  première  excursion  m'avait  placé  le  jour  même  de  mon 
arrivée  en  Asie. 

La  formation  trachytique,  avec  son  escorte  obligée  de  terrains  ter- 
tiaires, se  continue  jusqu'au-delà  du  golfe  d'Âdramid,  ainsi  que  dans 
l'île  de  Méthélin.  Je  devais  la  retrouver,  lors  de  mon  excursion  dans 
les  Cyclades,  aux  alentours  de  Smyrne,  oii  elle  prend  un  développe- 
ment qui  rappelle  la  région  trachytique  de  la  vallée  de  l'Ârta.  Ainsi 


1878.  DAUBRÉE.   —  GONTOURNfiHENTS  DES  TERRAINS.  357 

le  mont  Spylos,  qui  se  dresse  à  l'est,  s'élève  jusqu'à  976  mètres,  et  le 
Bor  Dagh,  dans  la  presqu'île  de  Bera  Bouroum,  atteint  1  190  mètres. 
En  résumé,  les  terrains  que  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier  pendant  mon 
séjour  dans  ce  coin  de  l'Asie-Hineure  sont  les  suivants  : 

1*  Terrain  granitique  ; 

2*  Terrain  des  micaschistes  et  des  phyllades  ; 

3*  Terrain  du  calcaire  saccharoïde  ; 

4»  Terrain  dévonien  ; 

5*  Terrain  du  calcaire  carbonifère  (?)  ; 

6*  Terrain  nummulitique  ; 

•<•  Terrain  miocène  (couches  à  CongériesJ  ; 

8*  Alluvions  anciennes. 


M.  Daubrée  entretient  la  Société  d'expériences  tendant  à 
Imiter  les  diverses  formes  de  ployemente»  de  contourne- 
menta  et  de  ri*cictures  que  présentent  les  terrains  stra- 
tlflés  (1). 

Au  moyen  d'un  appareil  qu  il  décrit,  il  a  exercé  sur  des  couches 
de  diverses  substances  (notamment  sur  des  feuilles  de  plomb  et  sur 
des  couches  de  cire  mélangée  de  résine  ou  de  plâtre),  soumises  à 
des  pressions  perpendiculaires  au  plan  des  couches  ou  verticales, 
d'autres  pressions  parallèles  à  ce  plan  ou  horizontales.  Tant  que  les 
pressions  verticales  restent  uniformes  sur  toute  l'étendue  des  couches, 
les  inflexions  des  couches  demeurent  régulières,  et  leur  section  se 
rapproche  de  la  forme  d'une  sinusoïde  ;  mais,  dès  que  les  pressions 
verticales  cessent  d'être  uniformes,  les  plis  deviennent  plus  nombreux 
et  plus  prononcés  du  côté  de  la  moindre  pression.  Des  inégalités 
dans  l'épaisseur  ou  dans  le  degré  de  consistance  des  couches  condui- 
sent à  des  résultats  de  même  genre.  On  peut  ainsi  imiter  les  cour- 
bures en  C  ou  en  S,  dont  les  Alpes  présentent  des  exemples  si 
nombreux,  de  même  que  les  renversements  de  couches  que  l'on  observe 
dans  les  grandes  chaînes  de  montagnes. 

Ces  expériences  ont  encore  montré  que  des  déformations  autres  que 
des  torsions  peuvent  également  donner  naissance  à  des  plans  de  rup- 
ture. Lorsque  la  pression  augmente  de  plus  en  plus^  les  couches, 
après  s'être  infléchies  pendant  quelque  temps,  peuvent  se  rompre 
tout  à  coup  suivant  des  faces  planes  ;  puis,  la  pression  continuant,  les 
deux  parois  de  la  fracture  glissent  l'une  sur  l'autre  et  se  strient  mu- 
tuellement, reproduisant  ainsi  un  phénomène  souvent  observé  dans 
les  failles  et  flions. 

(1)  Pour  la  première  partie  do  cette  communication,  voir  sup.  p.  195. 


3tt8  CUOFFAT.  —  CALLOYIEN  ET  OXFORDIEN  DU  JURA.  18  mars 

Les  plissements  et  les  failles  avec  rejet  peuvent  donc  se  produire 
sous  l'action  des  mêmes  efforts  ;  des  associations  de  ces  deux  genres 
d'accidents  s'observent  très-fréquemment  dans  la  nature,  par  exemple 
dans  les  Alpes  du  Dauphiné  et  de  la  Savoie,  et  dans  le  bassin  houiller 
du  Nord  de  la  France. 

D'autres  expériences  ont  été  faites  dans  le  but  d'étudier  Faction  et  la 
réaction  exercées  sur  un  sphéroïde  qui  se  contracte,  par  une  enve- 
loppe adhérente  et  non  contractile.  Quelle  que  soit  la  forme  de  l'en- 
duit non  contractile,  il  se  produit  des  proéminences  très-marquées, 
sur  lesquelles  se  dessinent  de  nombreuses  rides  présentant  une  ten- 
dance manifeste  à  la  régularité  et  au  parallélisme  ;  ces  rides  sont  nor- 
males aux  courbes  qui  forment  la  limite  de  l'enveloppe  de  l'enduit. 
Ces  résultats  ne  sont  pas  sans  analogie  avec  l'idée  par  laquelle  M.  ËUe 
de  Beaumont  a  rattaché  les  brisements  de  l'écorce  terrestre  à  la  contrac- 
tion de  sa  masse  interne. 

M.  Parran  cite  un  exemple  de  connexion  entre  les  plans  de  joints  et 
de  failles  et  le  renversement  des  couches,  dans  le  Petit  Atlas,  entre  Boufarilc  et 
Blidah  :  les  couches  sont,  en  cet  endroit,  hachées  en  fragments  parallélipipé- 
diques  par  des  joints  perpendiculaires  au  plan  de  stratiGcation  ;  quelques-uns 
de  ces  joints  présentent  un  remplissage  filonien  ;  en  même  temps  les  couches 
nummulitiques  paraissent  plonger  sous  le  terrain  crétacé. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  des  notes  suivantes  : 


Sur  le  C«allovleii  et  TOxfordlen  dam  le  «lura» 

par  M.  P.  Gboinit* 

PI.  m. 

J'ai  l'honneur  d'offï*ir  à  la  Société  une  notice  intitulée  :  Esquisse 
du  Callovien  et  de  VOxfordien  dans  le  Jura  occidental  et  le  Jura  méri- 
dional, suivie  d'un  Supplément  aiuo  couches  à  Ammonites  acanthicus 
dans  le  Jura  occidental  (1). 

Partant  du  principe  qu'avant  de  paralléliser  les  terrains  jurassiques 
de  la  Franche-Comté  avec  ceux  des  contreforts  des  Alpes,  il  faut  con- 
naître les  contrées  situées  entre  les  deux  régions,  j'ai  commencé  sur 
ce  sujet  une  série  à!Études,  dont  cette  notice  forme  la  première 
livraison. 

Dans  les  lignes  suivantes,  je  sortirai  des  limites  tracées  et  jetterai  un 

(1)  Mém.  Soc,  ÊmuL  Doubs,  3*  sér.,  t.  UI. 


187B.  CnOVFAT.  —  CALLOVIEN  ET  OXFOBDIEN  DU  JOftA.  3S9 

4xwp  d'œil  sur  la  disposition  des  mêmes  terrains  dans  le  reste  de  la 
dialne  du  Jura. 

I.  ÉTAGE  GALLOVIBN. 

l^  Horizon  de  VAnkimt^nïtem  macrooeplittlas* 

Cet  horizon  se  présente  sous  deux  aspects  :  l'un,  la  zone  de  VAmmo^ 
nUa  macroeephalus,  a  toujours  été  considéré  comme  callovien.  G'eist 
à  cette  zone  qu'appartient  Toolithe  ferrugineuse  des  environs  de  Saint> 
Rambert,  qui  a  fourni  tant  de  fossiles  classiques.  Ce  faciès  occupe  deux 
aires  non  reliées  entre  elles:  l'une  comprend  le  Jura  oriental  et  se 
prolonge  au  nord  du  Jura  central  jusque  dans  les  environs  de  Bel* 
fi>K;  l'autre  comprend  le  Jura  méridional  et  le  Sud  du  Jura  occi-^ 
dentaK 

Le  second  faciès  est  formé  par  la  Dalle  nacrée,  généralement  comsto- 
dérée  comme  bathonienne,  quoique  MM.  Desor  et  Gressly  aient  depuis 
longtemps  émis  l'opinion  de  son  parallélisme  avec  les  couches  à 
Ammonites  macroeephalus. 

La  Dalle  nacrée,  très-peu  fossilifère  dans  le  Jura  bernois  et  le  Jura 
tieuchàtelois,  devient  plus  marneuse  vers  l'ouest.  Avec  les  marnes 
apparaissent  de  nombreux  fossiles,  dont  l'un  des  plus  caractéristiques 
est  le  Waldheimia  digona,  qu'Oppel  plaçait  à  la  partie  inférieure  du 
Bathonien,  au-dessous  du  W.  lagenalis,  tandis  que  ce  dernier  occupe 
au  contraire  une  position  inférieure  dans  la  chaîne  du  Jura. 

Les  localités  oii  les  deux  faciès  se  rencontrent  présentent  un  tné* 
lange  des  deux  faunes  :  plusieurs  Céphalopodes  du  faciès  callovien 
passent  dans  la  Dalle  nacrée,  tandis  que  celle-ci  fournit  quelques 
espèces  au  faciès  callovien,  entre  autres  le  W.  digona,  qui  s'y  ren^ 
contre  parfois  en  grande  abondance. 

Des  preuves  stratigraphiques,  telles  que  la  présence  de  bancs  à  faciès 
callovien  au-dessous  de  la  Dalle  nacrée,  viennent  s'ajouter  aux  preuves 
paléontologiques. 

i*  Horizon  des  Ajoiinoiiitea  ancep»  et  A*  atlileta* 

Cet  horizon  est  formé  de  deux  niveaux  qui  dans  certaines  contrées 
présentent  des  différences  assez  grandes  pour  que  l'on  ait  cherché  à 
en  faire  deux  horizons  distincts.  Quoiqu'ils  soient  toujours  discernables 
dans  le  Jura  et  que  leur  distinction  soit  même  d'une  grande  impor- 
tance, leurs  faunes  ne  sont  pas  assez  tranchées  pour  justifier  cette 
séparation;  je  les  considère  comme  deux  niveaux  appartenant  au 
Blême  horizon. 

Le  niveau  de  Y  Ammonites  anceps  présente  un  faciès  à  Céphalopodes 
qui  n'offre  pas  de  grandes  variations  horizontales,  sauf  dans  le  Sud 


360  GUOFFAT.  —  GALLOVIEN  ET  OXFORDIËN  DU  JURA.  18  mars 

du  département  du  Jura,  où  un  caractère  plus  marneux  et  de  nom- 
breuses Myacées  rappellent  son  faciès  maçonnais. 

Là  niveau  AqY  A,  athleta  présente  des  caractères  pétrographiques 
distincts  et  une  faune  contenant  quelques  espèces  qui  lui  donnent  un 
aspect  plus  récent,  tels  que  les  Ammonites  Lamherti,  A.  cordatus, 
A.  tortiiuîcatus,  A.  omatus  et  A.  aihleta.  11  forme  la  partie  supérieure 
du  Callovien,  peut  toujours  se  distinguer  des  couches  qui  le  recouvrent, 
et  est  un  des  rares  niveaux  que  l'on  puisse  reconnaître  dans  toute  la 
chaîne  du  Jura. 

Il  est  souvent  impossible  de  tracer  une  limite  entre  la  Dalle  nacrée 
et  le  Bathouien  ;  d'un  autre  côté,  son  faciès  callovien  est  intimement 
lié  à  l'horizon  des  A.  anceps  et  A,  athleta.  Dans  la  division  des  ter- 
rains jurassiques  en  sous*systèmes  ou  groupes  d'étages,  il  sera  donc 
préférable  de  grouper  le  Callovien  avec  le  Bathonien,  plutôt  qu'avec 
ï'Oxfordien,  comme  le  font  plusieurs  auteurs.  Ce  groupement  est  indis- 
pensable à  l'unité  des  cartes  géologiques  de  la  chaîne  du  Jura. 

II.   ÉTAGE  OXFORDIËN. 

Le  faciès  franc-comtois  de  l'Oxfordien  est  formé  par  les  couches  à 
Ammonites  Renggeri  et  par  celles  à  Pholadomya  eooaltata, 

1^  Couches  à  i^mmonltes  Renf^geri  (marnes  oxfordlennes 
ou  marnes  à  Ammonites  cordatus  de  plusieurs  auteurs). 

Ces  couches  contiennent  une  faune  essentiellement  composée  de 
Céphalopodes  généralement  de  petite  taille;  à  ces  Céphalopodes  s'a- 
joutent quelques  Gastéropodes,  quelques  Nucules  et  quelques  Brachio- 
podes,  entre  autres  le  Waldheimia  impressa,  qui  se  trouve  ici  à  son 
niveau  inférieur. 

i9  Couches  à  Y^boladomya  exaltata. 

Ces  couches  ont  été  décrites  en  premier  lieu  par  Thirria  sous  le  nom 
Sargiles  avec  chailles»  nom  considéré  à  tort  par  quelques  auteurs 
comme  synonyme  de  Glypticien, 

Leur  partie  inférieure  présente  des  lits  de  rognons  marno-calcaires 
dans  des  marnes  contenant  une  partie  de  la  faune  des  couches  à 
Ammonites  Renggeri;  k  ces  espèces  viennent  s'ajouter  quehiues  grosses 
Myes  qui  donnent  un  caractère  particulier  à  celte  faune  :  Pholadomya 
eœaltata,  Ag.,  P.  ^a«cicofi^a,  Rœm.,  P.  lincata,  Goldf.,  Pleuromya 
variants,  Ag. 

Les  couches  supérieures  offrent  une  composition  pétrographique 
complètement  ditférente;  ce  sont  les  chailïes,  géodes  siliceuses  remplies 
de  silice  généralement  pulvérulente.  Elles  contiennent  les  mêmes 
espèces  que  la  partie  inférieure  et  présentent  jusque  dans  les  bancs 


1-878.  CHOFFAT.    —  CALLOVIEN   ET  OXFORDlEiN   DU  JURA.  361 

les  plus  élevés  :  Belemnites  hastatus,  B.pressultts,  Ammonites  cordatus, 
A.  Eugenii,  Rhynchonella  Thurmanni.  Elles  passent  insensiblement 
au  Olypticien  ou  faciès  franc-comtois  de  l'horizon  de  V Ammonites 
bimammatits. 

Les  couches  à  A,  Renggeri  occupent  une  aire  limitée  à  Test  et  au 
sud-est  par  une  ligne  correspondant  à  peu  près  à  Taxe  de  la  chaîne 
du  Jura  et  partageant  en  deux  parties  le  Jura  méridional  et  le  Jura 
occidental,  atteignant  le  bord  interne  de  la  chaîne  près  de  Soleure  et 
la  traversant  à  partir  de  ce  point.  L'aire  occupée  par  les  couches  à 
Pholadomya  exaltata  est  un  peu  moins  étendue  ;  leur  limite  sud-est 
est  formée  par  une  ligne  à  peu  près  parallèle  à  cette  première  (lignes 
a  a  et  5  6  de  la  carte,  pi.  III). 

Le  faciès  argovien  de  VOœfordien  est  typique  à  l'est  de  la  limite  des 
couches  à  Ammonites  Renggeri;  il  est  composé  de  trois  zones. 

i^  Coviches  de  Birniensdorr  (zone  de  Y  Ammonites  transver^ 
sarius). 

Ces  couches  sont  constituées  par  un  banc  d*HexactineIIides  avec  la 
faune  habituelle  à  ces  bancs  :  Céphalopodes,  Brachiopodes  et  Échino-^ 
dermes. 

So  Cotiches  (2'JEfl9ngen. 

Ces  couches  sont  formées  par  des  marnes  contenant  quelques  espèces 
qui  se  trouvent  déjà  dans  les  couches  de  Birniensdorf  :  Ammonites 
Arolicus,  A.  alternans,  Waldheimia  Mœschi,  avec  quelques  espèces 
nouvelles  et  d'autres  qui  se  montrent  aussi  dans  les  marnes  à  Ammo- 
nites  Retiggeri  et  dans  les  couches  à  Pholadomya  exaltata  :  Waldhei-' 
mia  impressa,  Terebratula  Galliennei,  Pholadomya  lineata.  Les  Ammo- 
nites et  les  Brachiopodes  prosentant  le  même  mode  de  fossilisation 
que  dans  les  couches  à  Ammonites  Renggeri,  il  y  a  souvent  eu  confu- 
sion de  ces  deux  zones. 

3®  Couches  du  Greisfe^berg. 

Ces  couches  sont  caractérisées  par  la  disparition  de  la  plupart  des 
Ammonites  et  des  Brachiopodes  des  couches  d'Effingen,  et  par  l'appa- 
rition d'un  plus  grand  nombre  de  Myes  et  de  quelques  fossiles  qui 
passent  dans  les  couches  supérieures. 

Le  faciès  argovien  de  l'Oxfordien  occupe  le  Jura  méridional,  une 
grande  partie  du  Jura  occidental  et  le  Jura  oriental  (sa  limite  nord- 
ouest  est  indiquée  par  la  ligne  c  c  de  la  carte). 

III.    HORIZON   DE  l' AMMONITES  BIMAMMATUS. 

Le  Glypticien  ou  faciès  franc-comtois  de  cet  horizon  est  formé  d'un 
banc  de  Polypiers,  intimement  lié  à  la  zone  du  Pholadomya  exaltata 


362  GBOTFAT.  —  CàLLOVIEN  ET  OXFORDIEN  DU  JURA.         18  UOUTB 

lorsqu'il  repose  sur  l'Oifordien  à  Sàdè»  franc-comtois,  succédant 
assez  brusquement  aux  couches  du  Oeissberg  lorsqu'il  recouvre  le 
faciès  argOTien. 

En  se  dirigeant  vers  le  sud-est,  on  voit  apparaître  VAinmonUe$ 
bimammatns  et  disparaître  les  Polypiers;  ils  font  place  aux  ffexacH'' 
nelUdes,  qui  se  mélangent  au  reste  de  la  faune  du  faciès  à  Polypiers. 
Ces  dernières  espèces  disparaissent  à  leur  tour;  on  a  alors  un  bano 
d'Hexactinellides  typique,  ayant  beaucoup  de  rapports  avec  celui  des 
couches  de  Birmensdorf  et  qui  présente  plusieurs  espèces  se  trouvanl 
déjà  dans  ce  banc  inférieur:  celles  qià  hahitent  le  fond  de  la  mer;  celles 
qui  peuvent  nager  et  s'approcher  de  la  surface  de  l'eau  sont  par  contre 
modifiées.  Les  Céphalopodes  caractéristiques  de  ce  niveau  sont  : 
Belemnites  Royeriantts,  Ammonites  bimammatus,  A.  Marantianus,  A. 
Ptc^2ert  et  il.  ilc^t72ef.Ija  limite  nord-ouest  du  banc  d'Hexactinellides 
(ligne  d  d)  traverse  le  Jura  occidental  par  Bourg  et  Saint-Claude  et  réap- 
paraît dans  les  environs  d'Olten,  où  se  montre  aussi  le  faciès  de 
mélange;  le  taciès  typique  se  trouve  plus  à  Test,  dans  le  canton  de 
Schaifhouse. 

Connaissant  maintenant  les  types  des  deux  faciès  et  les  couches  qui 
les  recouvrent,  nous  pouvons  rechercher  leurs  rapports. 

Le  faciès  argovien  repose  sur  le  Callovien  au  sud-est  de  la  limite 
des  couches  à  Ammonites  Renggeri.  Si  l'on  vient  à  franchir  cette 
limite  en  se  dirigeant  vers  le  nord^ouest,  on  voit  les  couches  à  A^ 
Benggeri  s'intercaler  entre  eux.  Faibles  d'abord,  elles  atteignent 
bientôt  toute^leur  puissance,  et  alors  les  couchesàPholadomyaexaltata 
s'interposent  à  leur  tour  entre  les  couches  à  Ammonites  Renggeri  et 
les  couches  de  Birmensdorf,  sans  que  le  faciès  argovien  perde  ses 
caractères  distinctifs.  Dans  cette  aire  on  a  donc  deux  niveaux  à  Wal^ 
dheimia  impressa  et  à  Ammonites  pyriteuses  :  les  couches  à  Ammo-* 
nites  Renggeri  et  les  couches  d'Effingen. 

A  Arc-sous-Montenot,  les  couches  de  Birmensdorf  contiennent 
leur  faune  à  Hexactinellides  bien  caractérisée^  mélangée  de  quelques 
espèces  du  Glypticien.  A  quelques  kilomètres  de  là,  Dournon  présente 
à  leur  place  la  faune  du  Glypticien  ne  renfermant  plus  qu'une  ou  deux 
espèces  des  couches  de  Birmensdorf.  Elle  est  surmontée  de  30  à  40 
mètres  de  bancs  marno-calcaires  contenant  une  partie  de  la  faune  des 
couches  d'EflSngen  et  du  Geissberg,  surmontés  eux-mêmes  par  la  con- 
tinuation du  Glypticien,  qui  recouvre  FOxfordien  au  sud-est  de  cette 
localité. 

Ces  deux  niveaux  glypticiens  se  soudent  à  peu  de  distance  pour 
former  le  faciès  franc- comtois  typique,  c'est-à-dire  compris  entre  les 
couches  à  Pholadomya  exaltata  et  le  Rauracien  ou  Corallien  propre- 


1878.      CHOFFAT.  —  GALLOVIEN  ET  OXFORDIBN  DU  JURA.        363 

mmi  dit.  Un  coup  d'œil  sur  le  profil  (PI.  ni)  en  dira  plus  que  cette 
deieription.  Ce  profil  est  pris  dans  le  Jura  occidental,  de  Saint-Glande 
à  Fertans  ;  une  série  analogue  se  trouve  dans  le  Jura  bernois  entre 
Bienne  el  Delémont.  Ces  faits  sortant  en  apparence  des  règles  strati- 
gnphiques  peuvent  s'expliquer  par  Vhi^thése  suivante. 

Il  est  maintenant  reconnu  que  les  bancs  d'HexactinelIides  fossiles 
habitaient  les  mers  profondes,  de  même  que  les  Hexactinellides 
actuelles.  La  faune  des  couches  à  Ammonites  Renggeri  dénotant  une 
profondeur  moins  grande,  il  s'ensuit  qu'après  le  dépdt  des  couches  à 
Ammonites  athleta,  la  mer  présentait  une  plus  grande  profondeur  au 
sud-est  qu'au  nord-ouest;  les  couches  de  Birmensdorf  s'y  déposaient 
en  même  temps  que  les  couches  à  Ammonites  Renggeri  se  formaient 
en  Franche-Comté. 

Pendant  le  même  temps  avait  lieu  un  aflaissement  lent  vers  le  nord- 
ouest,  ce  qui  permettait  au  banc  d'HexactinelIides  de  s'étendre  dans 
cette  direction,  en  recouvrant  les  terrains  qui  s'y  étaient  déjà  déposés  : 
d'abord  la  partie  inférieure,  puis  la  totalité  des  couches  à  Ammonites 
Renggeri,  enfin  la  partie  inférieure  des  couches  à  Pholadomya  exaltaia. 
Dans  cette  dernière  zone  l'approche  du  banc  de  Spongiaires  est 
signalée  par  le  mélange  de  quelques  espèces  de  la  faune  de  Birmens- 
dorf,  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  les  localités  plus  éloignées. 

Le  banc  de  Spongiaires  devint  donc  de  plus  en  plus  récent,  jusqu'à 
00  qu'il  atteignit  la  hauteur  d'Arc-sous-Montenot,  au  moment  où  il 
devenait  contemporain  du  Glypticien. 

Le  mouvement  de  la  mer  n'était  pas  un  simple  affaissement  vers  le 
nord-ouest,  mais  un  mouvementde  bascule;  preuve  en  sont  les  faunes 
de  profondeurs  moins  grandes  qui  succèdent  au  banc  d'HexactinelIides. 
(Test  probablement  à  un  exhaussement  général  que  l'on  doit  attribuer 
la  disparition  de  ce  banc  à  partir  d'Arc-sous-Hontenot. 

Nous  avons  vu  que  l'horizon  de  \ Ammonites  bimammatus  présente 
dans  le  Bugey  un  faciès  ayant  une  grande  analogie  avec  les  couches 
de  Birmensdorf  et  contenant  une  certaine  quantité  d'espèces  qui  se 
trouvaient  déjà  à  ce  niveau.  11  n'est  donc  pas  étonnant  que  la  prince 
de  ces  couches  entre  l'Oxfordien  et  la  zone  de  Y  Ammonites  tenuilobatuê 
ait  passé  inaperçue. 

Dans  le  Supplément  axiœ  coucJies  à  Ammonites  acanthicus  dans  le 
Jura  occidental,  je  donne  la  faune  du  Rauracien  des  environs  de  Saint- 
Claude,  faune  qui  présente  quelques  espèces  des  faciès  coralliens. 
Elle  est  recouverte  par  des  strates  contenant  un  mélange  de  la  faune 
des  couches  à  Ammonites  tenuilohatus  et  des  Mollusques  de  l'Astar- 
tieo.  Ce  n'est  que  plus  au  nord,  aux  Sèches  des  Embumets  (canton 


364  GUViER.  —  ENVIRONS  DU  fort-l'écluse.  18  màrs 

de  Yaud),  que  des  Polypiers  et  des  Encrines  viennent  s'y  ajouter, 
tandis  que  les  environs  du  Pont  ne  montrent  plus  que  l'^tartien  à 
faciès  franc-comtois. 

Les  Sèches  présentent  un  autre  fait  d'une  grande  importance  :  c'est 
un  faciès  ptérocérien  situé  entre  les  couches  à  Ammonites  acanthicus 
et  le  Portlandien,  c'est-à-dire  occupant  la  même  place  que  le  Corallien 
de  Yalfin. 

Note  sur  la  Stratlf^raplile  de  rextrémitô  sud  du  «lura 
et  des  montaf^nes  qui  lui  font  suite  en  ISavole»  aux  environs 
du  Fort-PIËUsluses 

par  M.  Fr.  Guvter. 

Le  grand  souterrain  du  Credo,  sur  le  chemin  de  fer  de  Lyon  à  Ge- 
nève, débouche,  du  côté  de  la  Suisse,  dans  un  cirque  aussi  intéres- 
sant au  point  de  vue  géologique  qu'au  point  de  vue  pittoresque. 

Au  nord,  le  hameau  de  Longeray  est  dominé  par  de  grands  escar- 
pements de  calcaires  coralliens  et  portlandiens,  disposés  en  plan  sui- 
vant un  immense  fer  à  cheval,  mais  dont  la  projection  verticale  des- 
sine une  voûte  nettement  accusée.  La  montagne  apparaît  donc  entière 
dans  cette  partie  :  c'est  l'extrémité  sud  du  Jura,  et  elle  porte  le  nom  de 
Credo  ou  pointe  de  Sorgiaz, 

Au  sud,  le  mont  du  Vvuiche  se  dresse  sur  la  rive  gauche  du  Bhône. 
Si,  géographiquement,  cette  montagne  est  séparée  du  Jura,  elle  lui  fait 
suite  de  la  manière  la  plus  directe  au  point  de  vue  géologique  ;  seule- 
lement,  le  mont  du  Vuache  s'étant  fendu  dans  toute  sa  longueur  sui- 
vant sa  ligne  anticlinale,  la  moitié  occidentale  s'est  affaissée  en  partie, 
tandis  que  la  moitié  orientale  a  été  soulevée  et  a  atteint  une  altitude 
moindre,  sans  doute,  que  celle  du  Jura  (1  600°^),  mais  encore  assez 
grande  (950  à  1 100°").  Ajoutons  que  la  moitié  occidentale  ne  s'est  pas 
affaissée  tout  entière;  une  portion,  tout  en  restant  bien  au-dessous  de 
l'autre  moitié,  forme  le  prolongement  de  la  branche  ouest  du  fer  à 
cheval  qui  domine  Longeray.  C'est  elle  qui  porte  le  village  de  Léaz, 
couronné  par  les  ruines  d'un  ancien  château-fort;  c'est  elle  aussi  qui 
borde  le  Rhône  sur  la  rive  droite,  en  le  retenant,  sur  une  longueur  de 
2  kilomètres  1/2,  dans  la  faille  qui  correspond  à  l'ancienne  fente  lon- 
gitudinale du  mont  du  Yuache. 

Toute  cette  région  est  très-tourmentée  :  les  failles  et  les  plissements 
y  abondent,  et  c'est  ainsi  qu'une  coupe  faite  à  2  kilomètres  au  nord, 
parallèlement  à  celle  ci-contre,  en  passant  par  le  hameau  de  Longeray, 
aurait  recoupé  dans  sa  moitié  de  gauche  les  assises  de  la  Grande  Ooli- 
the  et  du  Fuller's  earth,  tandis  que  sa  moitié  de  droite  aurait  répété 


1878.  CUVIEB.  —  EM'IRONS  OU  FORT -L  ÉCLUSE. 

.■:•■;■,  r-i-^ 

:-  .'.l'.J!:^  Roule  nitionala  o'  I 


Cbsmia  de  la  Semiae. 


Uonl  du  Vaaehe. 


r  1 


àt  Contilumu. 


30B  coviEB.  —  KNYUtONS  DU  fort-l'écluse.  18  mars 

la  deuxième  moitié  de  la  coope  ci-jointe.  Une  carte  géologique  détail- 
lée des  environs  du  Fort-FËcIuse  aurait  un  grand  intérêt,  à  la  condi- 
tion d'être  rendue  intelligible  par  des  coupes.  Le  temps  m'a  manqué 
pour  ce  travail. 

La  partie  qui  reste  apparente  de  la  moitié  affaissée  du  mont  Aé 
Yuache  est  fhicturée  transversalement  en  plusieurs  endroits.  C'est 
dans  Tune  de  ces  fractures,  faisant  suite  à  celle  que  domine  le  fort,  que 
le  grand  souterrain  du  chemin  de  fer  a  été  ouvert,  n'ayant  eu,  ainsi, 
que  des  molasses  et  des  graviers  agglomérés  d'alluvions  anciennes  à 
traverser.  Une  autre  fracture  transversale,  située  à  i  kilomètres  au 
sud  de  la  précédente,  donne  issue  au  Rhône,  qui,  sortant  du  terrain 
jurassique,  traverse  les  molasses  miocènes  pour  tomber  à  Bellegarde* 
dans  le  Grès  vert,  puis  dans  le  Néocomien. 

La  coupe  ci-contre  (p.  365)  du  mont  du  Yuache  passe  par  les  villages 
de  Léaz  (Ain)  et  de  Chevrier  (Savoie).  Elle  indique  la  stratigraphie 
dn  mont  ;  et  si,  par  la  pensée,  on  réunit  en  voûte  les  assises  indiquées, 
on  aura  une  coupe  de  l'extrémité  sud  du  Jura.  Comme  le  soulève- 
ment a  été  moindre  dans  le  mont  du  Yuache,  il  est  probable  qu'il  y 
a  dénivellation  entre  ses  couches  et  celles  du  Jura;  mais  la  direction 
des  assises  se  correspond  exactement  sur  les  deux  rives  du  Rhône. 
Outre  que  l'examen  direct  suffit  à  établir  cette  allégation,  deux  faits, 
entre  autres,  viennent  la  prouver. 

D'abord,  les  travaux  du  viaduc  actuellement  en  construction  sur  le 
Rhône  ayant  nécessité  l'ouverture  d'une  carrière  au  Sanglot,  sur  la 
rive  droite  du  fleuve,  les  mêmes  bancs  ont  été  retrouvés  sur  la  rive 
gauche,  près  d'Entremont,  suivant  les  indications  de  M.  Moris,  Ingé- 
nieur en  chef  des  lignes  de  Savoie. 

Le  second  fait  est  la  présence,  à  300  mètres  en  amont  du  fort,  de 
deux  sources  intermittentes,  débouchant  l'une  sur  la  rive  droite,  l'au- 
tre sur  la  rive  gauche,  à  peu  près  à  flei^r  des  hautes  eaux,  et  exac- 
tement l'une  en  face  de  l'autre.  Lorsqu'il  pleut  sur  le  Jura,  même  à 
plusieurs  kilomètres  du  fort,  la  source  de  la  rive  droite  donne  après 
quelques  heures  seulement;  si  la  pluie  est  générale  dans  le  pays,  la 
source  de  la  rive  gauche,  qui  reçoit  les  eaux  du  mont  du  Yuache^ 
donne  aussi,  mais  toujours  beaucoup  moins  que  l'autre;  Celle-ci  devient 
souvent  un  torrent  véritablement  étourdissant,  qu'on  entend  à  plu- 
sieurs kilomètres  de  distance.  Les  couches  portlandiennes  dans  les- 
quelles débouchent  ces  sources  sont  très- dures  et  forment  une  sorte 
dedyke  de  chaque  côté  de  la  cluse;  mais,  malgré  cette  résistance,  elles 
sont  très-disloquées  et  constituent  ainsi  un  immense  drain  dans  toute 
la  hauteur  des  deux  montagnes.  Remarquons  que  ces  sources  ne  sont 
pas  intermittentes  dans  l'acception  géologique  du  root. 


1878.         GDVIBR.  —  ENVIRONS  DU  FORT-L'ÉCLUSE.  367 

Le  moDt  du  Yuacbe  s'étend  au  sud  sur  onze  kilomètres  à  partir  du 
Fort-r£cluse  jusqu'à  Chaumont.  Là,  il  est  interrompu  par  une  autre 
cluse,  normale  à  la  montagne  et  assez  semblable  à  celle  du  fort.  Au- 
delà  de  cette  cluse,  et  en  prolongement  du  mont  du  Yuacbe,  apparaît 
une  troisième  montagne,  dite  mont  de  Mttsiège.  Cette  nouvelle  mon- 
tagne est  composée  des  mêmes  bancs  que  les  précédentes;  mais, 
chose  remarquable,  ses  bancs  sont  disposés  d*une  manière  tout  à  fait 
inyerse  de  ceux  du  mont  du  Yuacbe  :  la  cassure  longitudinale  est  res- 
tée  sur  la  même  ligne;  mais  ici  c'est  la  moitié  Ouest  qui  s'est  soulevée 
et  la  moitié  Est  qui  s'est  effondrée.  L'effondrement  a  été  complet  et  les 
alluvions  ont  pris  la  place  de  cette}dem!ère  moitié. 

A  quel  cataclysme  rattacher  la  formation  des  montagnes  qui  nous 
occupent,  et  quelle  a  été  la  direction  de  la  force  qui  a  déterminé  cette 
formation  ?  Je  ne  résoudrai  pas  la  question  :  qu'il  me  soit  seulement 
permis  de  dire  ce  qu'il  m'en  semble. 

Les  monts  du  Yuache  et  de  Musiège  présentent  la  même  stratifica- 
tion que  la  généralité  des  montagnes  de  la  Savoie,  et  leur  soulève- 
ment, effectué  après  la  formation  molassique,  est  rattaché  au  soulève- 
ment des  Alpes  Occidentales;  mais  nous  avons  vu  quelle  liaison  existe 
entre  les  trois  montagnes  que  nous  venons  d'examiner,  et  cependant 
le  Jura  est  regardé  comme  faisant  partie  d'un  soulèvement  spécial.  Il  y 
a  donc  là,  au  moins  pour  moi,  un  point  obscur,  que  je  ne  puis  que 
signaler  aux  géologues  qui  s'occupent  de  cette  région.  Je  dirai  seule- 
ment qu'il  me  parait  probable  que  le  Jura  et  les  montagnes  de  la  Sa- 
voie ont  une  origine  synchronique  et  que  tous  ont  été  soulevés  par 
refoulement  au  moment  de  l'émergence  des  Alpes  Occidentales.  Il  s'est 
alors  produit,  à  partir  des  Alpes,  une  pression  horizontale  dirigée 
sensiblement  E.-O.,  qui,  refoulant  l'écorce  terrestre  et  la  disloquant,^ 
a  abaissé  certaines  parties  et  soulevé  les  autres.  On  reproduit  assez 
bien  cette  formation  en  soumettant  plusieurs  couches  d'argile  molle 
superposées,  à  une  pression  latérale  horizontale.  Pour  permettre  des 
efi>ndrements,  il  convient  de  placer  les  couches  d'argile  sur  un 
matelas.  Ajoutons  que  le  parallélisme  des  montagnes  qui  nous  occu- 
pent vient  encore  justi6er  l'opinion  d'une  origine  contemporaine. 

Il^a  été  dit  bien  souvent  que  le  lac  de  Genève  s'était  étendu  autre- 
fois jusqu'à  la  cluse  du  Fort-l'Ëcluse;  je  ne  le  pense  pas,  et  les  faits 
suivants  me  semblent  combattre  cette  opinion. 

Un  lac  aurait  déposé  sur  son  fond  de  la  vase  strati6ée  ou  un  calcaire 
lacustre,  tandis  que  le  terrain  sous-jacent  ne  se  compose  que  d' allu- 
vions tumultueuses  à  gros  éléments,  et  d'alluvions  diluviennes  strati- 
fiées recouvertes  par  des  dépôts  glaciaires.  Il  est  vrai  que  ces  alluvions 
stratifiées  renferment  quelques  amas  d'argile  jaune  ou  brune,  mais 


368  GUVIER.  —  ENVIRONS  DU  foht-l'égluse.  18  mars 

cette  argile  ne  contient  aucun  débris  du  règne  animal.  Elle  s*est 
donc  déposée  dans  des  remous  en  même  temps  que  les  graviers  stra- 
tifiés. 

Ces  alluvions  diluviennes  et  glaciaires  de  la  plaine  suisse,  qui  ont  tant 
exercé  les  savantes  recherches  de  MM.  Alph.  Favre,  Colladon,  Ébray, 
Yogt,  Renevier,  etc.,  ont  atteint  près  du  Fort-rËcluse  Taltitude  de 
650  mètres  et  une  épaisseur  absolue  d'au  moins  350  mètres.  Le  Rhône, 
en  coulant  sur  elles,  les  a  profondément  entamées,  et  comme,  dans 
la  région  qui  nous  occupe,  ce  fleuve  n*a  nulle  part  son  tond  entière- 
ment sur  le  rocher,  le  travail  d*érosion  continue  toujours,  quoique 
d'une  manière  très-lente  aujourd'hui. 

Sur  la  rive  opposée  au  Fort-l'Ëcluse,  il  existe  une  ouïe  ou  puits 
creusé  dans  la  roche  compacte  par  des  galets  durs.  Celte  ouïe  a  15  mè- 
tres de  profondeur  et  son  fond  est  aujourd  hui  à  4  mètres  au-dessus 
de  Teau.  Ces  dimensions  représentent  donc  une  vingtaine  de  mètres 
pour  rabaissement  du  Rhône  depuis  le  commencement  du  forage  de 
Foule  ;  or,  à  en  juger  d*après  l'état  de  dégradation  par  les  agents  at- 
mosphériques, rorifice  de  cette  ouïe  pourrait  être  à  découvert  depuis 
une  vingtaine  de  siècles.  L'abaissement  du  fond  du  Rhône  aurait  donc 
été,  d'après  cette  donnée,  de  1*^  par  siècle  environ.  Aujourd'hui,  il 
est  probable  que  cette  hauteur  pourrait  être  réduite  à  50<:. 

Du  côté  de  la  Suisse,  la  coupe  ci-dessus  indique  une  couche  de  boue 
glaciaire,  glac,,  qui  recouvre  des  couches  d'alluvions  stratifiées.  Cette 
couche  glaciaire  est  bien  connue  des  géologues  suisses  ;  MM.  Êbray  (1) 
et  Alph.  Favre  (i)  s'en  sont  occupés  récemment.  Elle  se  compose 
à  Chevrier  d'une  argile  bleuâtre,  empâtant  une  grande  quantité  de 
cailloux  siliceux  et  calcaires  roulés  ;  mais  je  dois  dire  que  je  n'ai  point 
découvert  de  stries  sur  ces  cailloux.  Ce  n'est  que  dans  un  sondage  de 
12  mètres  de  profondeur,  pratiqué  pour  le  chemin  de  fer  près  de  Che- 
vrier, que  j'ai  trouvé,  au-dessous  de  la  couche  glaciaire,  sur  des  bancs 
néocomiens  plans  et  polis,  de  magnifiques  stries  dont  l'aspect  indique 
Faction  d'une  force  puissante  et  le  glissement  d'un  corps  doué  d'une 
certaine  élasticité. 

Ces  dépôts  glaciaires,  qui  ont  rendu  si  coûteuse  la  consolidation  du 
chemin  de  fer  entre  Bellegarde  et  Genève,  étaient  autrefois  recouverts 
par  une  grande  quantité  de  blocs  erratiques,  pour  la  plupart  de  fortes 
dimensions.  Ces  blocs  exploités  comme  pierre  de  taille  disparaissent 
chaque  jour,  et  leur  nombre  est  considérablement  diminué.  On  en 
trouve  jusque  vers  1 100  mètres  au-dessus  de  la  mer. 


(1)  Bull.,  3«  sér.,  t.  V,  p.  115. 

(2)  Bull.,  3*  sér.,  t.  V,  p.  465. 


1878.  CL'viEii.  —  ENVIRONS  DU  fort-l'kcldse.  369 

•  La  description  détaillée  des  assises  qui  figurent  dans  la  coupe  des- 
sinée plus  haut  serait  oiseuse.  Ces  assises  sont,  ù  partir  du  bas  : 

Callovien  (cal.).  Calcaires  oolithiques  bleus  et  marneux,  en  minces 
bancs;  puis  calcaires  gris,  à  cassure  esquilleusc,  avec  veinules  de 
spath  calcaire;  ils  alternent  avec  quelques  feuillets  de  schistes  noirs. 
Cette  assise  se  termine  par  une  couche  remplie  de  fossiles  :  Spongiai- 
res, Ammonites  (A.  arbustigencs  et  autres),  Bélemnites,  Ëchinides  (Ci* 
daris  Blumenhachi  et  ses  radioles),  Térébralules,  etc. 

Oxfordien  (oxf,).  Alternances  nombreuses  do  marnes  grises  et  bleues, 
et  de  calcaires  de  même  couleur,  en  bancs  minces  vers  le  bas,  plua 
puissants  vers  le  haut.  Ces  calcaires  supérieurs  renferment,  comme 
ceux  du  Callovien,  des  craquelures  remplies  de  carbonate  de  chaux 
cristallisé.  Les  fossiles  y  sont  peu  abondants  :  Ammonites  plicatilis^ 
A,  cordatus.  A,  biplex,  Hyboclypus  gibberuhis,  Panopœa  et  quelques 
Bélemnites  (D,  hastatus  entre  autres). 

Argovien  (arg,).  Bancs  puissants  de  calcaire  bréchiforme,  avec  grès 
blanc,  traces  de  grès  vert,  argiles  jaunes  et  dolomies;  le  tout  servant 
de  transition  de  TOxfordicn  au  Corallien. 

Corallien  (cor.).  Calcaires  blancs,  cristallins  et  saccharoïdes,  en  bancs 
puissants,  mais  tissures  dans  tous  les  sens.  On  y  trouve  assez  abon- 
damment :  Thecosmilia  trichotoma,  Oidophyllia  confluens  et  divers 
autres  Polypiers  ;  Pectcn,  Cardium,  Nerinea,  Astarte,  etc. 

Kimméridgien  f Ai wi.j.  Étage  peu  développé,  composé  de  calcaires  argi- 
leux gris,  à  cassure  conchoïde,  en  bancs  minces,  avec  petites  interca- 
lations  d'argile  grise.  Pas  de  fossiles. 

Portlandien  (port.).  Puissant  étage  de  calcaires  compactes  gris,  en 
bancs  épais,  mais  disloqués.  Pas  de  fossiles. 

Valafiginien  (vaL).  Argiles  jaunes  et  calcaires  oolithiques  tendres* 
de  même  couleur,  avec  quelques  lentilles  de  quartz.  Parmi  les  fossiles 
que  renferme  cet  étage,  on  remarque  :  Ostrea  Couloni,  O.  macroptera, 
Terebratula  sella,  T.  Thurmanni,  Pholadomya  elongata,  Janira 
aiava,  Échinides  et  Nautiles. 

Néocomien  (ndo.).  Calcaires  généralement  blancs  et  souvent  cristal- 
lins, avec  débris  de  Polypiers  et  amas  de  silice  pulvérulente.  Les  seuls 
fossiles  qu'on  y  trouve  sont  :  Spatangus  retusus  et  quelques  Rhyn- 

chonelles. 

Urgonien  (urgX  Très-peu  développé,  il  ne  se  compose  que  de  quel- 
ques bancs  de  calcaire  blanc  dans  lesquels  je  n'ai  pu  découvrir  de 
Chaîna  ammonia.  Au-dessus  se  montrent  des  argiles  jaunes  et  rouges, 
qu'on  observe  bien  mieux  à  Bellegarde  et  à  Pyrimont  (Ain),  et  que 
Ton  retrouve  dans  la  mtMne  position  près  d'Auxerre;  mais,  pour  les 
géologues  des  Alpes,  de  la  Suisse,  de  la  Savoie  et  du  Dauphiné,  ces 


370  GUVIBR.  —  ENViïio.xs  DU  fort-l' ÉCLUSE.  18  mars 

argiles  sont  des  molasses  d'eau  douce.  Cette  dernière  classification  m'a 
toujours  embarrassé. 

Molassiqite  (mol,).  Molasses  d'eau  douce,  grises  ou  jaunâtres,  en 
bancs  généralement  minces,  plus  ou  moins  consolidés  et  en  stratifica- 
tion concordante  avec  les  roches  sous-jacentes.  Elles  se  composent 
de  grains  de  quartz  blanc,  de  jaspe  rouge,  d'amphibole  ou  de  serpen- 
tine verte,  qui  donnent  à  la  roche  une  teinte  verdâtre  qui  la  fait  quel- 
quefois ressembler  beaucoup  au  Grès  vert.  Ces  éléments  sont  aggluti- 
nés par  un  ciment  calcaire.  Dans  les  environs  de  Chevrier,  on  trouve 
quelqiies  plaquettes  de  sulfate  de  chaux  entre  les  bancs  de  molasse, 
mais  on  n'y  rencontre  pas  de  fossiles. 

La  région  que  nous  venons  d'étudier  ne  présente  que  fort  peu  de 
richesses  industrielles  minérales.  Ce  seraient  les  suivantes  : 
..  io  Pierres  de  taille.  Aucun  banc  n'en  peut  fournir,  à  cause  de  la 
division  et  de  la  fissuration  des  roches  ;  cependant,  près  du  sommet 
nord  du  mont  du  Vuache,  on  trouve  des  bancs  assez  épais  de  Kimmé- 
ridgien,  composés  d'un  calcaire  argileux,  compacte,  à  grain  fin,  de  cou- 
leur jaunâtre  mouchetée  de  bleu,  qui  pourraient  peut-être  servir  à  la 
Uthographie. 

•  2»  Pierres  brutes,  moellons.  Tous  les  bancs,  même  durs,  ne  sont 
pas  propres  à  fournir  des  moellons  bruts.  On  doit  les  chercher  dans  le 
Portiandien,  surtout  au  sommet  de  la  montagne,  et  dans  l'Oxfordien, 
qui  a  même  fourni  d'assez  bons  moellons  de  parement  pour  le  fort 
supérieur  du  Fort-l'Ëcluse  et  pour  le  viaduc  du  Credo  sur  le  Rliône, 
près  de  ce  fort. 

.  3^  Chaux,  ciment  romain,  L^  plupart  des  assises  oxfordiennes  en 
fourniraient,  mais  l'essai  en  grand  n'en  a  pas  été  fait.  Le  Corallien 
donne  une  belle  chaux  grasse,  blanche  et  foisonnant  beaucoup. 

40  Sable.  On  en  trouve  quelques  rares  amas  dans  la  plaine  à  l'est 
du  mont  du  Vuache,  mais  ils  sont  sans  importance  et  de  mauvaise 
qualité.  C'est  près  d'Arcine,  à  100  mètres  au-dessus  du  Rhône  actuel, 
et  dans  d'anciens  remous  de  ce  fleuve,  qu'il  faut  chercher  cette  ma- 
tière, qui  y  est  assez  abondante  et  de  bonne  qualité,  surtout  près  du 
château  de  ce  nom. 

5»  Silice  pulvérulente,  sàblon.  Près  de  Chevrier,  on  en  a  exploité 
pour  les  verreries  dans  le  Néoconiien,  mais  les  gisements  ne  sont  pas 
assez  considérables  pour  continuer  leur  exploitation. 

6^  Or.  Ce  métal  a  été  recherché  dans  les  sables  du  Rhône,  vers 
le  Fort-l'Écluse,  mais  aujourd'hui  il  est  difficile  d'y  en  trouver  une 
paillette. 


1878. 


BLANDET.   —  CHUONOLOCIE   DES  EXCENTRICITÉS. 


371 


Le  Secrétaire  analyse  la  note  suivante  : 


Chronologie  des  Excentricités» 

par  M.  Blandet  (1). 


Les  calculs  des  astronomes  anglais  qui  ont  repris  à  cet  effet  le  tra- 
vail (le  rillustre  Leverricr  sur  les  variations  séculaires,  ont  dénoontré 
que  pendant  le  million  d^années  antérieur  à  notre  âge,  les  excentrici- 
tés dans  les  phases  elliptiques  de  la  Terre  ont  dû  varier  de  0,0102  à 
0,0749;  conséquemment  il  a  dû  exister  dans  sa  distance  au  Soleil  des 
différences  de  2  à  21  millions  de  kilomètres,  comme  le  constate  le  ta- 
bleau suivant  : 


TABLEAU  DES  EXCENTRICITÉS. 

Dates. 

Excentricités. 

Excès 

de  la  distance 

en  millions  de 

kilomètres. 

Total  des  jours 

d'hiver  en  moins 

et  d'été  en  plus. 

1  800  ans  après  J.-C. 

0,0167 

4  Vs 

8.1 

50  000  avant  notre  ère. 

0,0131 

3'/. 

6,1 

100  000             — 

0,0473 

13  Vs 

23.» 

150  000             — 

0,0332 

9V, 

16  Vî 

16,1 

200  000             — 

0,0567 

27,» 

250000              — 

0.0258  " 

7  V, 

12,5 

300  000              — 

0,0124 

12  •/, 

20,6 

350000              — 

0,0196 

5  Vs 

9,5 

400  000              — 

0,0170 

4  'h 

8,2 

450  000              — 

0,0308 

«  V? 

14.9 

500000              — 

0,0388 

11  «A 

4  Vs 

18.8 

5.M)  000              — 

0,0166 

8.» 

600000              — 

0.0417 

12 

20,» 

650  000              — 

0,0226 

6  V, 

11,» 

700  000              — 

0,0220 

6V\ 

10,2 

•;5oooo          — 

0,0575 

10  Vi 

3  Vî 

27,3 

800000              — 

0,0132 

6,4 

850000              — 

0.0717 

21  V, 

2V5 

36.4 

900000              — 

0.0102 

4,9 

950000              ~ 

0.0517 

14  Vs 

25.1 

1000000              — 

0,0151 

4  Vs 

7,3 

Ces  vingt  coupures  dans  le  temps,  de  50000  ans  chacune,  k  dater 
de  notre  ère,  sont  des  cadres  chronologiques  donnés  par  le  Ciel  à  la 
Terre;  la  Géologie  doit  chercher  à  les  remplir.  Si  Ton  introduit  dans 


(l)  La  mort  a  eiupcohô  l'auteur  de  revoir  les  (épreuves  de  ce  travail. 


372  BUNDET.   —  CHRONOLOGIE  DES  EXCENTRICITÉS.  18  mars 

ces  vingt  cycles  les  précessions,  on  a  autant  de  dates  sûres,  précises, 
pouvant  s  adapter  sur  la  Terre  à  des  périodes  remarquables  et  qui  ont 
dû  impressionner  sa  surface. 

Les  savants  anglais  ont  recherché  dans  le  passé  terrestre  des  maxima 
et  des  minima  de  chaleur  correspondant  à  ces  périhélies  et  à  ces  aphé- 
lies, et  ils  ont  cru  trouver  une  relation  évidente  entre  le  dernier 
groupe  d'excentrités  violentes  et  leurs  aphélies,  d'une  part,  et  l'épo- 
que dite  glaciaire  de  l'autre.  On  a  contesté  cette  relation,  et  rapporté 
les  excès  de   température,  non  pas  aux  aphélies  et  aux  périhélies, 
mais  à  des  conditions  atmosphériques  et  géographiques.  Tout  récem- 
ment encore,  certaines  observations  de  Mars  pourraient  faire  supposer 
l'inverse,  puisque  l'hiver  des  pôles  de  cette  planète  coïnciderait  avec  le 
périhélie,  et  Tété  avec  l'aphélie;  mais,  avant  de  conclure  ainsi,  il  fau- 
drait prouver  d'abord  que  c*est  bien  de  la  neige  ou  des  glaces  qui 
blanchissent  alternativement  les  pôles  de  Mars,  et  non  pas  des  nua- 
ges ou  toute  autre  combinaison  spéciale  à  la  planète.  De  plus,  notons 
que  pour  bien  connaître  les  conditions  d'équilibre  de  température  d'un 
corps  suspendu  comme  Mars  dans  l'espace,  il  faudrait  au  préalable 
résoudre  mille  équations  peut-être.  N'allons  pas  chercher  des  ren- 
seignements sur  une  planète;  restons  sur  la  Terre.  Au  fond,  périhélie 
ou  aphélie,  n'importe!  L'observation  précédente  fût-elle  exacte,  on  se 
contenterait  chronologiquement  d'intervertir  les  rôles  ;  l'explication 
ne  ferait  pas  défaut,  puisque  la  chaleur  peut  servir  comme  le  froid  à 
fabriquer  la  glace.  I^s  savants  anglais  ont  donc  eu  raison  de  rapporter 
l'époque  glaciaire  aux  excentricités  indiquées  soit  en  aphélie,  soit  en 
périhélie,  mais  préférablement  en  périhélie;  mais  ils  ont  eu  tort  de  ne 
considérer  que  la  chaleur,  au  lieu  d'examiner  la  radiation  solaiœ,  la 
puissance  actinométrique  en  ses  deux  termes  essentiels,  la  chaleur  et 
la  lumière. 

1^  Chaleur, 

Dans  le  mémoire  que  j'ai  publié  en  1868  (1),  j'ai  rattaché  l'excès  pa- 
léothermique à  l'évolution  de  notre  nébuleuse  solaire  ;  j'ai  comparé  le 
cours  du  Soleil  à  une  immense  spirale  passant  successivement  par  le 
centre  des  différentes  planètes,  avant  de  s'affaisser  sur  son  centre, 
comme  il  Test  aujourd'hui.  La  chaleur  est  la  seule  force  qui  pouvait  à 
ce  point  dilater  le  Soleil.  L'astre  primitif  devait  donc  contenir  une 
énorme  quantité  de  cette  force  vive,  qui  dans  les  premiers  Soleils  main- 
tenait les  particules  à  des  distances  effrayantes;  l'astre  aura  subi  de- 

(l)  BulL  Soc,  géol,  2*  sér.,  t.  XXV,  p.  777. 


1878.  BLANDET.   —  CHRONOLOGIE  DES   EXCENTRICITES.  373 

puis  des  réductions  de  volume  successives,  parallèlement  aux  pertes  de 
chaleur  qu'il  éprouvait  en  se  tassant  sur  son  centre. 

Depuis  1868  la  science  a  marché  ;  Thypothèse  s'est  affirmée  et  Tin* 
duction  permet  d'aller  plus  loin.  La  chaleur  spécifique  des  corps 
étant  en  raison  inverse  de  leur  poids  atomique,  et  le  produit  de  Tua 
par  l'autre  restant  une  quantité  constante,  il  en  résulte  qu'on  peut  re- 
faire les  Soleils  du  passé  en  restituant  à  l'astre  aujourd'hui  condensé 
la  chaleur  perdue  et  conséquemment  son  volume  primitif.  Cette  force 
dilatante  est  bien  la  chaleur  ;  du  moins  nous  n'en  connaissons  pas 
d'autre. 

Sur  ce  principe,  la  chimie  intramoléculaire  scrute  Tétat  intérieur 
des  corps,  leur  poids,  leur  section,  leur  volume,  leur  vitesse,  leur  choc 
dans  chaque  particule;  de  la  connaissance  de  l'un  quelconque  de  ces 
termes,  elle  conclut  à  la  connaissance  des  autres  éléments  et  en  déduit 
la  constitution  du  corps,  son  atomicité,  son  équivalent,  etc.  Elle  a 
dressé  le  catalogue  de  toutes  les  combinaisons  terrestres,  réelles  ott 
possibles,  et  ce  catalogue,  elle  peut  l'appliquer  à  la  composition  pré- 
sente du  Soleil,  non-seulement  pour  les  corps  qui  lui  sont  communs 
avec  la  Terre,  mais  encore  pour  les  autres,  s'il  en  existe,  qui  pour- 
raient se  déduire  de  la  densité. 

Il  est  clair  que  la  section  d'un  atome  d'hydrogène  mesure  sur  le 
Soleil  comme  sur  la  Terre  -;^*  de  millimètre.  Pour  couvrir  un  milli- 
mètre  carré,  il  faut  sur  le  Soleil  le  même  nombre  d'atomes  d'hydro- 
gène que  sur  la  Terre,  De  même  pour  les  autres  métaux  connus.  Pour 
reconstruire  et  réintégrer  les  Soleils  passés,  quelque  soit  le  prolongement 
sur  la  verticale  de  Taxe  solaire,  il  suffirait  d'écarter  plus  les  particules, 
et  de  cet  écartement  on  déduirait  la  section  ou  la  vitesse  des  atomes 
en  raison  du  volume  donné  de  ce  Soleil.  Le  même  rapport  donne- 
rait la  composition  de  toutes  les  planètes,  de  Jupiter  et  de  Saturne 
surtout,  auxquels  il  ne  manque  que  l'illumination  pour  être  des  So- 
leils mal  éteints. 

Mais  je  passe;  il  s'agit  dans  ce  travail  d'étudier,  non  pas  cette  évolu- 
tion des  retraits  solaires,  mais  simplement  les  excentricités.  Ici  le  So- 
leil n'a  rien  gagné,  ni  rien  perdu  ;  sa  dynamique  seule  a  varié  dans 
son  application  terrestre  en  des  périodes  comparativement  récentes. 
L'étude  de  la  chaleur  étant  inséparable  de  celle  de  la  lumière  dans 
factinométrie,  il  importe  de  les  étudier  ensemble. 

2°  Lumière  photothenniqiie. 

Qu'est-ce  que  la  chaleur  et  la  lumière?  Des  dérivées  du  mouvement 
intramoléculaire  du  Soleil.  Ces  vues  de  l'esprit  qui  concluent  à  l'unité 


374  BLA.NDET.  —  CHRONOLOGIE  DES  EXCENTUICITÉS.  18  mars 

des  forces  physiques  sont  commodes  à  la  spéculalion,  mais  n'appren- 
nent rien  à  Tobservation.  La  vérité  est  qu'on  n*en  sait  pas  davan- 
-lage  (1).  Les  ondes  thermique  et  lumineuse  semblent  congénères  ;  elles 
.permutent;  mais  de  là  à  l'identité  il  y  a  loin.  En  effet,  si  les  deux  tbr* 
ces  étaient  identiques,  pourquoi  l'extinction  de  la  lumière  dans  la 
partie  obscure  ultrà-rouge  du  spectre?  Et  pourquoi  la  fluorescence 
avec  si  peu  de  chaleur?  Toutes  deux  sont  des  vibrations  solaires; 
l'onde  partie  chaleur  ou  lumière  de  la  périphérie  héliaque  frappe  Té- 
Iher,  le  traverse  comme  mouvement,  et  reprend  au  choc  de  la  Terre 
sa  quahté  première,  lumière  ou  chaleur.  Mais  pourquoi  le  flux  des 
vibrations  Uiermiques  a-t-il  tant  diminué  dans  le  Soleil  réduit  à  un 
si  petit  volume,  tandis  que  le  flux  de  lumière,  loin  de  diminuer  Téclat 
du  Soleil,  l'a  augmenté  en  raison  de  la  concentration  de  la  nébuleuse? 
Certes,  à  l'époque  houillère,  la  chaleur  débitée  par  le  Soleil  était  plus 
grande  que  de  nos  jours  et  devait  contraster  avec  la  lumière  pâle  et 
l'éclat  voilé  du  Soleil  des  Acrogènes.  Enfin,  il  n'y  a  qu'une  division 
thermique  des  Végétaux,  frileux  ou  non  frileux,  tandis  qu'il  y  a  cent 
colorations,  cent  morphologies  diverses  dans  la  plante.  Il  n'y  a 
qu'une  sorte  de  chaleur,  tandis  qu'il  y  a  plusieurs  sortes  de  lumière, 
chaude,  brillante  et  chimique,  correspondant  aux  trois  rayons  du 
spectre,  rouge,  jaune  et  violet,  thermique,  photothermique  et  physio- 
logique. 

Les  vibrations  solaires,  en  frappant  le  sol  terrestre,  ne  s'y  éteignent 
pas  et  s'y  continuent  en  métamorphisme  et  surtout  dans  la  vie  végé- 
tale. Le  sol  végétal  est  un  composé  de  détritus  des  roches  et  de  radia- 
tions solaires  potentielles.  On  a  calculé  l'équivalent  du  travail  solaire 
nécessaire  pour  mûrir  un  arpent  de  blé  ;  le  chiifre  obtenu  est  énorme. 

Il  n'y  a  eu  qu'un  Soleil  et  qu'une  seule  vie  également  continus,  sans 
interruption,  à  la  surface  de  la  Terre,  comme  dans  le  Ciel  ;  seulement 
les  variations  zoïques  subissent  une  évolution  parallèle  à  l'évolution 
de  l'astre,  leur  moteur.  La  vie  végétative  a  calqué  ses  périodes  sur 
celles  du  Soleil  qu'elle  reflète,  depuis  les  couches  de  houille  déposées 
dans  les  plis  du  terrain  carbonifère,  jusqu'aux  lignites  tertiaires  ;  la 
difiérence  entre  ces  dépôts,  c'est  que  la  houille  est  surtout  le  produit 
de  la  grande  évolution  solaire,  de  ce  mouvement  d'ensemble  qui  a 
tant  concentré  le  Soleil,  tandis  que  les  lignites  sont  surtout  le  pro- 
duit accidentel  des  excentricités,  c'est-à-dire  d'illuminations  tempo- 
raires et  limitées.  Les  lignites  synchronisent  les  excentricités,  dont  ils 
sont  les  équivalents  terrestres;  l'excès  de  vie  a  égalé  l'excès  de  lumière  ; 

(!)  La  fumicre  est  la  chaleur  visible;  elle  est  plus  matérielle;  c'est  pour  le  So- 
leil une  perte  de  substance;  on  dirait  un  organisme  qui  saigne. 


Kj8.  BLANDET.   —  CHRONOLOGIE  DES  EXCENTBIGITI^S.  378 

le  lionibre  des  calories  solaires  perdues  se  chiffre  sur  la  quantité  des 
équivalents  mécaniques  du  travail  accompli  dans  les  changements 
des  flores.  Les  variations  séculaires  tiennent  la  balance  et  mesurent 
à  certaines  époques  les  doses  et  les  pesées  de  Soleil;  expressions 
quantitatives  de  la  radiation  contemporaine,  elles  ne  marquent  nul- 
lement la  qualité  ou  révolution  de  cette  radiation,  il  y  a  souvent 
palingénèse  et  retour  k  des  formes  archaïques  dans  la  succession  des 
flores  tertiaires  ;  mais  la  palingénèse  n'est  que  simulée:  le  retour  à 
un  même  périhélie  ayant  ramené  les  mêmes  conditions  climatéri- 
ques,  a  commandé  la  réadaptation  des  organismes  et  restitué  la  roor-* 
phologie,  en  restituant  le  milieu.  Après  la  magnifique  expansion 
miocène,  un  nouveau  penéen  semble  se  reproduire  dans  la  Grande- 
Bretagne  avec  la  pauvreté  des  flores  pliocènes  ;  mais  les  richesses 
miocènes,  un  instant  compromises  ou  étouffées  par  les  violences  qua- 
ternaires, se  sont  reproduites  avec  les  accalmies  subséquentes;  et 
ces  richesses  miocènes,  ces  flores  qui  semblent  disparues  dans  le 
Pliocène,  on  les  voit  reprendre  parmi  nous  et  nous  inonder  de  leur 
postérité.  La  palingénèse  n'est  donc  pas  réelle;  elle  est  simulée. 

II  résulte  de  ce  trop  court  exposé  du  travail  lumineux  dans  le  passé, 
qu'il  est  permis  de  saisir  certains  rapports  de  chronologie  entre  les 
excentricités  et  les  périodes  correspondant  au  million  d'années  qui 
nous  a  précédés  ;  mais  il  me  paraît  diificile  d'étendre  plus  loin  le  syn- 
chronisme et  de  remonter  davantage,  car  la  distance  rapetisse  telle- 
ment les  objets,  qu'il  sei*ait  impossible  de  saisir  au-delà  les  écarts  de 
quelques  millions  de  myriamètres  dans  la  distance  de  la  Terre  au  So- 
leil. Il  n'en  est  pas  de  même  du  phénomène  d'ensemble  qui  a  fait  évo- 
luer notre  nébuleuse  ;  les  diflerenecs  y  sont  tellement  tranchées  qu'el- 
les frappent  les  regards. 

Assurément  cette  nébuleuse  a  dû  passer  successivement  ou  passera 
par  les  types  notés  par  le  Père  Secchi.  L.es  trois  états  stellaires,  rouge, 
jaune,  blanc,  ont  dû  précéder  notre  époque  et  modifier,  avec  le  spec- 
tre de  ces  temps-là,  la  vie  sur  la  Terre.  Le  Soleil  imparfait  des  Acro- 
{ènes  n'a  pu  arriver  jusqu'à  la  fleur  ni  jusqu'à  photographier  son 
image  dans  cet  organe;  ses  singulières  couleurs  sont  restées  dans  le 
tronc,  dans  les  racines,  dans  ces  résidus  de  la  houille  d'où  la  chimie 
les  retire  aujourd'hui,  en  écartant  par  la  chaleur  les  particules  et  en 
leur  restituant  leur  atomicité  première,  avec  leur  distance  et  leur  vi- 
tesse initiale  passée  ;  car  la  vitesse  a  suppléé  la  masse  dans  ces  pri- 
mitifs Soleils.  Le  Soleil  moderne,  qui  passe  par  le  type  d'Arcturus, 
tend  au  type  violet  ;  il  est  probable  que  le  rayon  violet  n'a  pas  dit  son 
dernier  mot  et  qu'il  ménage  quelque  surprise  à  la  Morphologie. 
Paisse  *t-il  modifier  assez  la  vue  dans  les  organismes  futurs,  pour 


376  BLANDET.  —  CHRONOLOGIE  DES  EXCENTRICITÉS.    .  18  mars 

leur  permettre  de  voir  à  la  clarté  des  étoiles  après  rextinction  hélîà- 
que  dont  les  astronomes  nous  menacent. 

La  Géologie  est  donc  bien  l'inventaire  du  Soleil  dépensé  et  du  tra- 
vail accompli  à  la  surface  de  la  Terre,  dans  les  glaciers,  dans  les  tufs 
zoïques,  dans  les  ligniles;  ceux-ci,  véritables  amas  de  radiations 
ensevelies  ou  éteintes,  mais  que  la  chimie  ressuscite,  sont  bien  des 
excès  de  Soleil,  comme  les  glaciers  en  sont  des  défauts.  Ce  ne  sont 
pas  simplement  des  dépôts  plus  heureux  que  les  autres  et  épargnés 
par  la  dénudation  et  par  Tablation  ;  ce  sont  des  excès  de  vie  syno- 
nymes de  périhélies.  En  ce  million  d'années  écoulées,  quand  Thorizon 
zoïque  s'illumine  et  jette  un  vif  éclat,  c'est  qu'un  lignite  se  dépose 
sur  la  Terre,  devant  un  périhélie  dans  le  Ciel. 

3^  Atty^action. 

'  L'attraction  joue  un  rôle  trop  important  à  la  surface  de  la  Terre 
pour  ne  pas  y  laisser  ses  empreintes;  une  force  qui  dans  les  variations 
planétaires  a  pu  déplacer  le  Soleil  de  son  centre,  a  dû  agir  très-éner- 
giquement  sur  notre  globe,  et  y  aura  constitué  la  majeure  partie  de  la 
glyptique  terrestre.  L'onde  attractive,  si  onde  il  y  a,  n'agit  pas  direc- 
tement comme  les  deux  autres  ondes,  mais  indirectement  et  en  soule- 
vant les  trois  fluides  terrestres,  l'air,  la  mer  et  le  liquide  igné  du 
centre. 

'  Son  action  sur  l'air  qu'elle  déplace,  élève  ou  abaisse,  est  du  ressort 
de  la  Météorologie,  qui  l'étudié  ;  elle  ne  peut  être  encore  bien  appré- 
ciée; cependant  il  est  permis  de  supposer  que  l'atmosphère  s*élève 
en  périhélie  et  s'abaisse  en  aphélie,  qu'elle  pèse  plus  ou  moins  à  la 
surface;  d'où  il  est  permis  de  tirer  ou  de  prévoir  plusieurs  conséquen- 
ces majeures  dans  les  phénomènes  terrestres.  Tout  périhélie  doit 
soulager  les  liquides  sous-jacents  dans  la  pression  qu'ils  supportent; 
tout  aphélie,  au  contraire,  doit  augmenter  cette  pression.  L'eau  n'a 
donc  pas  toujours  horreur  du  vide  jusqu'à  une  hauteur  absolue  et 
invariable;  il  en  est  de  môme  pour  la  sève  des  végétaux  et  pour  le 
sang  des  animaux.  Les  périhélies,  en  faisant  affluer  à  la  surface  des 
corps  les  liquides  organiques,  ont  dû  accroître  le  volume  de  ces  corps 
et  favoriser  la  tendance  au  développement  exagéré,  gigantesque,  des 
premiers  êtres;  témoin  les  grandes  Fougères,  les  Labyrinthodontes, 
les  Proboscidiens  des  premiers  âges.  Qui  ne  sait  l'action  du  Soleil  sur 
la  tige  du  végétal,  que  l'astre  attire  et  fait  monter  à  lui,  pour  ainsi 
dire,  comme  il  attire  TOcéan. 

•  Ainsi  les  trois  forces  solaires  qui  agissent  au  carré  de  la  distance, 
chaleur,  lumière,  attraction,  ont  eu  simultanément  leur  maximum 


.1878^  BLANDET.   —  CHRONOLOGIE  DES  EXCENTRICITÉS.  377 

d'action  en  périhélie,  et  leur  minimum  en  aphélie;  ce  qui  doit  per- 
mettre de  distinguer  ces  deux  époques  dans  la  chronologie  terrestre, 
où*  le  travail  de  ces  trois  facteurs  s'ajoute  ou  se  supplée,  s'il  ne  se  su- 
perpose. L'attraction,  il  est  vrai,  n*a  pu  marquer  dans  le  travail  d'en- 
semble de  l'évolution  solaire,  le  centre  du  Soleil  restant  à  la  même 
distance  de  la  terre,  nonobstant  le  volume  et  la  périphérie.  Les  excen- 
tricités constituent  ici  les  seules  différenciations,  selon  qu  il  y  a  périhé- 
lie ou  aphélie. 

•  L'attraction,  évidente  dans  l'appareil  si  sensible  des  mers,  gouverne 
le  jeu  des  marées;  mais  agit-elle  plus  en  périhélie  qu'en  aphélie?  La 
Ihéorie  l'indique  d'après  les  différentes  positions  de  la  terre  sur  la  li- 
gne des  absides.  Mais  qui  a  jamais  songé  à  véritier  cette  différence  pro- 
bable, en  raison  du  jeu  des  préccssions^et  même  simplement  des  sai- 
sons, dans  le  niveau  des  mers  sur  l'un  ou  l'autre  hémisphère?  On  a 
bien  noté  en  Scanie  et  au  Chili  des  différences  de  ce  niveau,  mais 
dans  un  tout  autre  but,  et  sans  noter  les  saisons. Or,  indépendamment 
des  variations  du  sol  qui  changent  l'assiette  des  mers,  indépendam- 
ment de  l'appel  polaire  qui  précipite  les  mei*s  vers  ces  régions,  comme 
dans  le  Gult'stream,  il  y  a  plus  ou  moins,  à  certaines  dates,  récurrence  du 
flot,  balancement  interpolairc,  et  comme  déménagement  des  océans. 
Pourquoi  l'hémisphère  austral  est-il  en  grande  partie  submergé?  Cette 
submersion  a-t-elle  pour  cause  une  de  ces  révolutions  excentricitai- 
-res,  et  dans  l'avenir,  le  périhélie  alternant  du  côté  boréal,  sera-ce  notre 
tour  d'être  inondés?  La  submersion,  aujourd'hui  australe,  nous  sera- 
t-elle  dévolue?  Autant  de  questions  que  je  me  pose  et  qu'il  est  diffi- 
cile de  résoudre,  en  raison  des  deux  facteurs  communs  en  présence,  le 
Platonisme  et  le  Neptunisme. 

Sans  doute  les  affaissements  et  les  soulèvements  du  sol  ont  fait  de 
tout  temps  varier  l'assiette  des  mers,  puisque  celles-ci  ont  pu  faire 
treize  fois  retour  dans  le  seul  dépôt  de  la  houille.  Les  plages  soule- 
vées de  la  Méditerranée,  la  mer  pliocène  aux  pieds  des  Alpes,  les  co- 
quilles tertiaires  du  Ghor,  sur  le  bord  oriental  de  la  Mer  Morte,  le 
mont  Tryphaine  dans  le  pays  de  Galles,  etc.,  montrent  assez  rinstabi-> 
iité  du  sol;  mais  dans  ces  variations  le  plutonisme  peut  n'être  pas 
seul  facteur,  et  le  niveau  des  mers  peut  avoir  seul  oscillé  sur  la  ver- 
ticale, ou  fait  une  partie  du  chemin  en  altitude.  S'il  y  a  eu  récurrence 
océanique,  la  glyptique  terrestre  doit  en  garder  les  empreintes; or  ces 
empreintes  sont  trop  générales,  trop  nombreuses,  pour  ne  pas  accuser 
le  phénomène  des  récurrences  propres.  Il  a  fallu  des  marées  plus 
Portes  que  les  nôtres,  une  masse  des  eaux  bien  plus  soulevée  et 
bien  plus  agitée,  pour  produire  ces  énormes  dénudations  et  ablations 
qui  nous  étonnent.  Quant  à  la  submersion  présente  de  l'hémisphère 


378  BLANDET.   —  CHRONOLOGIE  DES  EXCENTBIGITËS.  18  mars. 

austral,  elle  aurait  été  amenée  aussi  par  un  périhélie  quelconque 
remontant  à  Toriginc  de  la  sphère.  La  masse  des  eaux,  refoulée 
sur  un  plancher  encore  mou  et  flexible,  y  aura  pesé  davantage;  sous 
cette  surcharge  Técorce  a  cédé  et  s'est  affaissée  du  côté  austral, 
tandis  que  du  côté  boréal,  obéissant  à  son  élasticité,  elle  s'est  re« 
dressée  et  s'est  soulevée  davantage.  Les  périhélies  subséquents,  en 
promenant  et  ramenant  les  mers,  auront  accentué  davantage  ce 
système,  d'où  l'infériorité  relative  de  l'hémisphère  austral  comme  con-^ 
tinent  et  comme  centre  organique  de  développement  de  la  vie,  infé- 
riorité qui  a  existé  do  tout  temps  sur  cette  moitié  du  globe. 

L'action  des  eaux  sur  les  parties  basses  des  continents  est  manifeste  : 
les  falaises,  les  caps,  les  promontoires  de  nos  vallées  y  indiquent  assez 
un  travail  maritime  analogue  au  travail  côtier  actuel.  Les  échancmres 
du  flot  s'y  lisent  en  des  phénomènes  identiques;  la  mer  s'est  attaquée 
autrefois  à  ces  anciens  rivages,  qu'elle  a  abandonnés,  mais  elle  s'attaque 
encore  aujourd'hui  aux  estuaires,  qu'elle  se  charge  de  déblayer  et  d'en* 
tretenir  libres  par  le  jeu  des  marées,  puisqu  il  n'y  a  d'estuaires  et  d'em- 
bouchures libres  que  dans  les  Océans,  et  que  les  Méditerranées,  privées 
de  marées,  n'offrent  que  des  deltas,  c'est-à-dire  des  embouchures 
remblayées  et  en  partie  comblées  par  l'apport  fluviatile. 

Ces  considérations  nous  ramènent  à  l'ancienne  théorie  du  creusement 
des  vallées  par  Teffort  maritime  :  de  fait,  les  fleuves  sont  bien  plus  des 
appareils  de  remblaiement  que  de  déblaiement,  et  si  le  flot  marin  a  au- 
jourd'hui la  puissance  de  maintenir  libres  les  embouchures,  il  a  eu 
celle  de  les  percer  dans  les  marées  des  périhélies  anciens.  Les  parties 
basses  de  nos  continents  ont  été  longtemps  le  domaine  des  mers,  et  l'as* 
pect  mamelonné  de  nos  collines,  échelonnées  perpendiculairement  au 
rivage,  simule  encore  le  panorama  d'une  mer  agitée.  La  vague,  dont  la 
puissance  nulle  à  la  base  est  maximum  au  sommet,  en  s'attaquant  aux 
reliefs  terrestres,  a  pu  les  façonner  à  sa  ressemblance  et  stéréolyper  son 
image.  Sur  quelques  points  du  littoral,  le  flot,  en  rencontrant  une  faille 
ou  un  Qord,  s'y  sera  engagé  de  préférence,  et  aura  poussé  un  cône  de 
percement  jusqu'aux  massifs  montagneux.  Ce  drain  ou  sillon  aura  été 
produit  d'aval  en  amont,  comme  dans  la  théorie  des  cataractes,  sans 
besoin  de  soulever  le  lit  supérieur  des  fleuves.  Telle  est  l'ancienne 
théorie  du  percement  marin  des  vallées  par  le  trépan  des  mers  ;  lui 
seul  aurait  eu  la  puissance  de  faire  cette  trouée;  la  masse  liquide  aura 
dénudé  les  dépôts  sur  son  passage  et  aligné  leurs  épaves  en  terrasses, 
en  traînées  latérales,  en  cordons  simulant  des  moraines,  et  il  aura  pu 
placarder  les  blocs  et  les  débris  de  la  dénudation  jusque  sur  les  contre- 
forts  du  massif  montagneux. 

Fluides  ou  solides,  ce  ne  sont  pas  les  fleuves  qui  ont  creusé  les  val- 


1878.  BLANDET.    —   CIIRON'OLOUIE  DES  EXCENTRICITÉS.  379 

lées;  mais  ils  se  sont  introduits  dans  les  thalwegs  abandonnés  par  le 
flot  en  retraite.  Ilsn'ont  pu  faire  ces  thalwegs,  puisqu'il  leur  fallait  cette 
pente  même  pour  tomber.  D'ailleurs,  qui  leur  aurait  donné  cette  puis- 
sance érosive?  Leur  lit  était  énorme,  mais  sans  courant;  ce  lit  était  la 
vailé43  même  du  tlcuve  tout  entière,  un  long  boyau  d*eau  saumâtre  re- 
tenant Teau  des  vallées  secondaires  et  souvent  barré  par  des  dunes  inté- 
rieures, dont  les  collines  de  lœss  situées  au  milieu  du  cours  du  Rhin 
peuvent  être  les  vestiges,  les  dernières  épaves.  L'estuaire  a  dû  se  frac«* 
tionner  en  plusieurs  bassins  de  retenue  indépendants,  échelonnés  en 
une  série  de  lacs  rappelant  la  disposition  du  cours  actuel  du  fleuve 
Saint-Laurent.  A  chaque  lac  aboutissait  Taffluent  d'une  vallée  secon- 
daire. Les  hauts  niveaux  étaient  ainsi  maintenus  dans  les  afQuents, 
même  dans  les  plus  petits.  Tel  aura  été  le  régime  laurentien  des 
fleuves. 

Après  ce  régime,  contemporain  des  trois  lits  majeurs,  les  fleuves  se 
sont  véritablement  creusé  un  lit  propre;  ilsonteu  un  courant  spéciaU 
qui  leur  a  permis  de  s  approprier  leur  nouvelle  et  modeste  demeure  ; 
ils  ont  repris,  remanié  les  laisses  maritimes  ;  enfin  ils  se  sont  établis 
chez  eux  tels  que  nous  les  voyons,  dans  leur  état  perfectionné,  différent 
(le  la  Potamogénèsc. 

Si  Ton  prend  la  Seine  pour  exemple  de  ce  travail  théorique,  on  se 
représentera  le  flot  marin  d'un  périhélie  s'attaquant  d'abord  à  la  faille 
normande  et  remontant  consécutivement  jusqu'au  Morvan.  «  Tout  se 
»  serait  passé  y>,  présume  M.  Bcigrand,  a  dans  le  percement  de  notre 
»  vallée,  comme  si  un  courant  marin,  la  mer  des  Molasses,  s'était  su- 
»  bitement  déversé  par  dessus  le  plateau  de  Langres  pour  venir  drainer 
»  nos  contrées  et  pour  tomber  ensuite  dans  la  Manche.  »  C'est  bien  la 
mer  en  effet  dont  l'irrésistible  effort  a  creusé  notre  vallée;  seulement 
elle  ne  l'a  pas  attaquée  de  ce  coté  supérieur,  mais  du  côté  inférieur, 
atlantique,  tout  naturellement.  Un  long  estuaire  aura  suivi  cette  trouée 
du  flot,  et  ce  boyau,  renflé  déjà  à  tous  les  aflluents,  se  sera  ensuite  frac- 
tionné en  lacs  ou  bassins  de  retenue.  Un  de  ces  bassins  se  voit  encore 
sur  le  plateau  du  Morvan,  où  il  sert  au  flottage.  Au  point  où  un  affluent 
tombait  dans  une  de  ces  flaques  d'eau,  le  bassin  s'élargissait  et  élar- 
gissait en  un  golfe  la  vallée  elle-même  ;  c'est  pour  cela  qu'à  Pont-de- 
l'Arche,  à  Poissy,  à  Maisons-Alfort,  à  La  Celle,  à  Montereau,  l^ 
vallée  de  la  Seine  s'élargit  en  des  cirquesqui  ont  été  des  golfes,  autour 
de  l'embouchure  de  l'Eure,  de  l'Oise,  de  la  Marne,  du  Loing,  de  l'Yonne* 
Grûce  à  ces  bassins  de  retenue,  l'apport  fluviatile  a  pu  atteindre  les 
plus  hauts  niveaux  et  maintenir  à  des  altitudes  et  sur  des  sections 
inouïes  le  cours  ou  plutôt  la  surface  mouillée  des  moindres  aflluents. 
Sans  cette  retenue,  il  serait  impossible  de  concevoir  des  coui*s  d'eau 


380  BLANDET.   —  CHRONOLOGIE  DES  EXCENTRICITÉS.  18  mars 

géantsdèsleur  naissance,  comme  la  Vanne,  dont  la  section,  aujourd'hui 
de  10  mètres,  atteignait  1  100  mètres  dansie  moindre  de  ses  lits  majeurs • 
Toutes  les  vallées  sèches  aboutissant  à  des  sortes  d'entonnoir  ou  de 
cirque  témoignent  assez  du  refoulement  et  du  régime  lacustre  des 
cours  d'eau  de  cette  époque,  où  mille  fjords  lacustres  découpaient  notre 
plateau. 

Tout  ceci  ne  s'applique  qu'à  la  partie  basse  des  continents;  dans  la 
partie  montagneuse,  le  creusement  des  vallées  a  été  TefTet  du  pluto- 
nisme  et  de  la  pente  furieuse  des  fleuves.  La  ligue  de  démarcation  entre 
ces  deux  régimes  si  différents  est  très-saillante  dans  nos  fleuves  de 
l'Atlantique;  tous,  dirigés  au  nord  dans  leur  partie  montagneuse,  se 
courbent  subitement  au-delà,  pour  se  diriger  à  l'ouest  vers  TOcéan.  C'est 
qu'à  cette  courbe  limite,  Adour,  Garonne,  Loire,  Seine,  Meuse,  Rhin, 
Elbe,  chacun  tombait  dans  un  fjord  maritime  à  l'origine,  qui  a  reculé 
jusqu'à  la  mer  et  qu'il  s'est  approprié  ensuite  pour  en  faire  son  lit  ac- 
tuel. Ainsi  la  Loire  et  l'Allier  pliocènes  tombaient  dans  le  golfe  de  Ne- 
vers,  laisse  de  la  mer  des  faluns,  qu'ils  se  sont  appropriés  jusqu'à  la 
mer  sur  les  pas  de  l'Océan  en  retraite. 

Toutes  ces  péripéties  du  flot  auront  suivi  le  jeu  des  périhélies  et  des 
aphélies  et  leur  auront  été  subordonnées. 

Le  rôle  de  l'attraction  est  encore  plus  accusé  dans  le  fluide  interne 
sous-cortical. 

De  par  le  degré  géothermique,  ce  fluide  existe,  puisque,  au-delà 
de  90  kilomètres  et  par  une  température  de  3  000  degrés,  toutes  les 
roches  intérieures  sont  en  fusion  ou  liquides  ;  la  température  intérieure 
peut  s'être  arrêtée  à  ce  chifi're  limite,  oii  la  cohésion  est  rompue  et  la 
liquidité  satisfaite.  Si  l'océan  intérieur  existe,  la  marée  est  indéniable; 
car  l'attraction  n'y  perd  aucun  de  ses  droits.  Appelez  cela  tension, 
poussée,  efforts,  réaction  de  l'intérieur,  cela  ne  fait  rien  à  la  chose. 
J'assimile  les  deux  marées,  et  le  même  schéma  qui  sert  à  figurer  la  ma- 
rée extérieure  peut  représenter  la  marée  intérieure,  en  quadrature 
comme  en  opposition  et  en  conjonction;  seulement  la  courbe  des  ma- 
rées ne  sera  pas  circonscrite,  mais  inscrite,  et  conséquemment  sous- 
jacentc  à  l'écran  cortical.  Pour  différencier  les  deux  marées  dans  le 
discours,  je  propose  d'appeler  la  marée  haute  plutonicnne  'plimmure» 
et  la  marée  basse  ampose,  des  deux  mots  grecs  TOyjUfiitpa  et  oifiizoat^. 
La  marée  intérieure  serait  bien  plus  forte  que  celle  de  la  surface,  en 
raison  du  nombre  des  molécules  attirées,  n'était  la  densité  plus 
grande  du  liquide. 

La  force  centrifuge  doit  encore  joindre  son  jeu  à  celui  de  l'attraction 
newtonienne,  en  projetant  contre  la  circonférence  le  fluide  emporté 
par  la  rotation  autour  de  Taxe  polaire. 


1878.  BLANDET.    —  CHRONOLOGIE  DES  EXCENTRICITÉS.  381 

Enfin,  la  chimie  intérieure  doit  travailler  le  bain  igné  :  toutes  les 
affinités  ne  sont  pas  encore  satisfaites  en  dedans;  l'action  moléculaire 
peut  y  sommeiller,  mais  elle  n'y  est  pas  morte  ;  elle  y  est  susceptible 
de  réveils  terribles. 

Toutes  ces  actions  réunies  tourmentent  la  surface;  leurs  efforts 
combinés  la  déforment  et  renfoncent  au  besoin.  Si  Ton  veut  se  faire 
une  idée  de  ce  qui  se  passe  à  l'intérieur,  on  n'a  qu'à  regarder  le  So- 
leil, ses  projections,  ses  cyclones,  ses  tempêtes.  Le  fluide  central  répèle 
cette  agitation,  mais  sur  un  type  infiniment  amoindri.  Notons  encore 
que  la  marée  intérieure  est  couverte,  conséquemment  comprimée;  la 
tension  doit  donc  y  être  excessive  en  certains  points  déterminés,  qui 
sont  les  parties  faibles  de  Técorce;  et  l'intensité  des  effets  accumulés 
sur  ces  points  mesure  la  poussée  totale  de  la  force  contre  la  surface 
entière.  Si  Ton  couvrait  le  Soleil  d'une  enveloppe  analogue  à  la 
nôtre,  les  jets  d'hydrogène  et  les  protubérances  actuelles  seraient 
capables  de  projeter  le  couvercle  dans  l'espace  et  de  l'y  réduire  en 
matières  zodiacales.  Notre  enveloppe,  qui  jouit  de  soupapes  de  sûreté, 
n'a  plus  rien  de  semblable  à  redouter. 

Le  fluide  intérieur  doit  surtout  faire  effort  contre  l'extérieur  dans  les 
périhélies,  selon  la  quantité  du  rapprochement  solaire.  Agit  il  par  des 
coups  de  tampon  directement  appliqués  sur  la  surface?  En  certains 
points  c'est  possible,  et  les  tremblements  de  terre  sembleraient  l'indi- 
quer ;  mais  généralement  une  atmosphère  intérieure  doit  se  superposer 
au  bain  igné.  La  pyrosphère  transmet  indirectement  ses  efforts  pour 
s'échapper  de  sa  prison  à  cette  atmosphère  lourde,  pesante,  où  domi- 
nent les  sulfures,  les  carbures  et  les  chlorures,  tous  ces  gaz  qui  s'é- 
chappent les  premiers  dans  les  éruptions  des  volcans  et  qui  projettent 
au  loin  le  bouchon  du  cratère  et  les  cendres  de  la  cheminée,  ou  qui, 
s'infiltrant  dans  le  sol,  forment  le  grisou  des  mines. 

Au  reste,  cette  atmosphère  est  nouvelle  ;  elle  ne  parait  pas  avoir  tou« 
jours  existé.  Au  début  des  âges  il  ne  s'est  produit  que  des  épanche- 
ments  sans  projection  :  les  granités  ont  d'abord  bavé  à  la  surface;  puis 
est  venue  la  mer  des  gneiss,  déversée  sans  efforts  comme  la  partie  su- 
périeure de  l'océan  central,  et  roulant  au  dehors.ses  lames  rubannées 
et  ses  vagues  ondulées  dans  une  direction  constante.  Ensuite,  quand 
Técorce  a  été  consolidée,  et  surtout  après  le  départ  des  roches  secon- 
daires, qui  ont  dû  laisser  un  vide  intérieur,  ce  vide  a  été  rempli  par 
des  explosions  successives  de  gaz,  (jui  désormais  ont  constitué  au  bain 
liquide  une  atmosphère  propre,  et  ont  rendu  l'éruption  huileuse,  telle 
qu'on  l'observe  encore  aujourd'hui,  ou  même  simplement  solfatarienne 
ou  geysérienne,  et  non  lavique. 
Il  se  peut  que  les  courants  montagneux  ou  même  l'émersion  des  con- 


382  BLANDET.    —  CHRONOLOGIE  DES   EXCENTHICITÉS.  18  mars 

tinents  soient  le  produit  du  coup  de  tampon  pyrosphérique  et  comme 
l'estompe  de  l'agitation  du  bain  métallique;  mais  il  me  paraît  plus  pro- 
bable de  rapporter  ces  bombements  à  la  pression  continue  des  gaz  qui 
s'accumulent  et  circulent  sous  l'enveloppe,  et  qui  finissent  par  y  former 
des  creux  ou  des  drains  correspondant  aux  reliefs  de  l'extérieur. 

Il  n'est  même  pas  besoin  d'invoquer  le  choc  direct  ou  indirect  de 
l'intérieur  pour  agir  sur  la  surface  :  celle  surface  vibre;  sa  trépida- 
tion est  continue  et  les  tremblements  de  terre  en  sont  la  plus  haute 
expression.  Vainement  objectera-t-on  les  résultats  négatifs  de  MM.  Pissis 
et  Perrey  au  sujet  de  finiluence  des  périhélies  de  saison;  si  ces  péri- 
hélies sont  trop  courts  et  trop  peu  accentués  pour  accélérer  la  tré- 
pidation, il  n'en  est  pas  de  même  des  périhélies  et  des  précessions  dans 
les  grandes  excentricités. 

Si  la  sphère  vibre  à  l'égal  des  lames  courbes  vibrantes,  les  lois  de 
l'optique  lui  sont  applicables;  donc  sur  la  surface  il  y  aura  des  parties 
agitées  et  des  parties  calmes,  des  nœuds  et  des  ventres,  selon  que  les 
vibrations  s'ajouteront  ou  se  retrancheront,  seront  de  signe  égal  ou 
contraire.  Conséquerament  les  mers  seront  jetées  sur  des  lieux  en  re- 
pos, comme  le  sable  se  lasse  sur  les  concavités  nodales;  les  montagnes, 
au  contraire,  se  dresseront  sur  des  centres  d'oscillation,  et  leurs  axes 
seront  constamment  agités.  Multiplions  l'étendue  des  lames,  et  les  cou- 
cavités  ou  convexités  s'y  accuseront  au  mémerapportque  sur  la  sphère. 

Les  vibrations  normales  ou  tangenlielles,  longitudinales  ou  trans- 
versales, obliques  même,  expliqueraient  assez  bien  l'entrecroisement 
des  courants  montagneux.  Dans  ce  système,  la  surface  séismique  serait 
la  traduction  des  oscillations  intérieures.  Celle  surface  n'est  pas  seule- 
ment Y^,  comme  le  pensait  Ëlie  de  Beaumonl;  tout  sol  émergé,  toute 
terre  soulevée,  l'ayant  été  par  l'eflbrt  brusque  ou  lent  des  vibrations, 
elle  serait  le  rapport  même  des  terres  aux  océans,  .\.  La  Suède  et  le 
Chili  seraient  les  centres  d'ébranlements  continus,  tandis  que  la  Russie, 
la  Finlande,  le  Canada,  seraient  les  lieux  d'élection  du  repos,  là  où 
les  ondes  interfèrent  et  se  détruisent  conséquemment. 

Le  système  des  failles  s'explique  par  ces  vibrations  :  la  continuité 
rectiligne  de  la  faille  à  travers  la  diversité  des  couches  sédimentaires 
indique  que  la  faille  s'est  opérée  d'emblée  et  d'une  fois.  S'est-elle  opé- 
rée du  fond  à  la  surface,  ou  inversement?  L'arrêt  des  liions  avortés  à 
l'intérieur  démontre  que  la  fêlure  de  l'écorce  a  commencé  par  le  fond, 
et  conséquemment  que  c'est  bien  de  l'intérieur  qu'est  parti  l'ébranle- 
ment qui  a  fait  éclater  l'enveloppe  terrestre.  La  force  concassante  est 
venue  d'en  bas. 

Cette  interprétation  du  réseau  des  failles  peut  se  substituer  avanta- 
geusement à  la  théorie  du  retrait  et  u  toutes  ses  conséquences. 


1878.  BUNDET.    —   CHRONOLOGIE  DES  EXCENTRICITES.  383 

D'abord,  le  retrait  peut-il  bien  se  soutenir  devant  cette  simple  ob- 
servation, qucla  totalité  de  l'écorce  terrestre,  supposée  de  90  kilomètres, 
doit  garder  encore  en  son  centre,  et  au  taux  du  degré  géothermique, 
plus  de  1  500  degrés  de  chaleur  ?  Une  telle  température  peut-elle  être 
considérée  comme  un  véritable  refroidissement?  D'autre  part,  le 
système  pentagonal  et  les  grands  cercles  de  comparaison  s'appuyant 
surtout  sur  la  présence  et  la  direction  des  failles,  qui  ne  voit  que  le 
système  exposé  ci-dessus  peut  continuer  en  beaucoup  de  ses  points 
rétablissement  du  réseau  pentagonal? 

.  De  fait,  soulèvement  ou  etl'ondreroent,  qu'importe  à  Thypothèse  des 
périhélies?  Leur  influence,  qu'elle  se  traduise  par  des  enfoncements 
ou  par  des  reliefs,  n'accuse  pas  moins  une  vive  réaction  de  l'intérieur 
produite  parles  forces  cosmiques.  L'écorce  a  été  brisée  en  plusieurs  com* 
partimentscirconscrits  par  des  failles;  grâce  à  ce  réseau  multiple,la  ca- 
lotte sphérique  se  compose  de  voussoirs  articulés,  où  la  mobilité  partielle 
ne  nuit  pas  à  la  résistance  de  l'ensemble.  Le  jeu  des  failles  a  dû  servir 
d'échappement  à  la  réaction  intérieure  et  il  a  eu  heu  bien  des  fois,  si 
l'on  en  croit  les  miroirs,  les  plaques  laminées  et  les  surfaces  polies  des 
salbandes  et  des  épontes,  indices  de  nombreux  mouvements  de  va-et- 
vieiU. 

Le  même  effet  providentiel  s'observe  dans  la  répartition  inégale  de 
l'obliquité  de  l'écliptique  et  du  jeu  des  excentricités,  répartition  qui 
corrige  les  forces  l'une  par  l'autre,  l'aphélie  par  les  chaleurs  de  l'été, 
et  le  froid  des  hivers  par  le  périhélie,  adoucissant  ainsi  les  violences, 
pour  y  substituer  un  état  moyen  et  modéré. 

Le  rûle  terrestre  de  l'attraction  a  été  plus  général  encore  que  celui  de 
la  lumière;  elle  a  soulevé  les  montagnes, non  pas  comme  des  champi- 
gnons, mais  comme  elle  soulève  encore  le  vaisseau  sur  la  vague;  pour 
l'océan  intérieur  comme  pour  l'océan  extérieur,  directe  ou  réfléchie, 
l'action  est  la  même  dans  son  principe,  qui  est  la  dynamique  solaire. 

J'ai  dit  qu'on  pouvait  expliquer  la  prédominance  des  mers  australes 
par  un  appel  périhélique  de  ces  mers,  qui  en  aura  occasionné  l'effon- 
drement dans  le  passé;  par  suite  de  cette  submersion,  les  bouches  à 
feu  ont  été  noyées  et  éteintes  sur  cet  hémisphère,  et  l'action  plutonique 
a  dû  se  transporter  sur  l'hémisphère  opposé.  Je  rapporte  l'origine  de 
cet  événement  aux  premiers  âges,  mais  de  tout  temps  la  marée  inté- 
rieure empêchée  au  côté  austral  a  dû  se  rejeter  sur  le  côté  boréal.  Si 
le  neptunisme  a  prédominé  au  sud,  le  plutonisme  l'a  emporté  au  nord, 
principalement  dans  les  grandes  excentricités  qui  ont  soulevé  nos  con« 
tinents. 

En  résumé,  chaleur,  lumière  et  attraction  ont  agi  conjointement  sur 
le  globe  qu'elles  ont  impressionne. 


384  BLANDET.   —  CHRONOLOGIE   DES  EXGENTRIG1TI^.S.  18  Riar» 

Les  excentricités  nous  serviront  de  chronomètres  pour  enregistrer  à 
la  surface  l'action  de  la  dynamique  solaire,  accalmie  pour  accalmie, 
paroxysme  pour  paroxysme;  à  la  plus  grande  somme  d'attraction  ou 
de  lumière  correspondra  le  plus  grand  soulèvement  ou  le  plus  vif  éclat 
des  flores. 

Les  rapprochements  géo-solaires  ont  été  successivement,  dans  le 
million  d'années  antérieur  h  notre  époque  (en  chiffres  ronds  et  approxi- 
mativement), de  :  4, 3, 13, 9, 16,  7, 12,  5,  4, 8,  li,  4,'  12,  6,  6, 16, 3,  21, 
2,  14,  4  millions  de  kilomètres.  Ces  chiffres  au  carré  peuvent  figurer 
les  différents  degrés  de  la  force  attractive  dans  la  série,  et  donnent 
ainsi  :  16,  9,  169,  81,  256,  49,  144,  25,  16,  64, 121,  16, 144,  36,  36, 
256,  9,  441,  4,  196,  16.  Si  Ton  évalue  à  4  mètres  la  hauteur  de  la 
marée  actuelle  sur  la  surface  terrestre,  le  chiffre  16  du  rapprochement 
correspondant  k  cette  hauteur  pourra  devenir  Tindicc  de  l'attraction, 
et  on  en  déduira  les  autres  termes  de  la  série,  dans  laquelle  aux 
4  mètres  actuels  correspondront,  pour  la  hauteur  approximative  des 
marées  au-dessus  du  niveau  des  mers,  des  chiffres  tels  que  :  2,  42,  20, 
64,  12,  36,  6,  4,  16,  30,  4,  36,  9,  9,  64,  2,  110,  1,  49,  4  mètres.  Les 
récurrences  auront  suivi  la  même  progression.  Ces  chiffres  grandis- 
sent beaucoup  la  hauteur  des  marées  et  des  récurrences:  car,  si  en 
certains  points  géographiques,  la  marée,  pour  Texcentricilé  0,0167, 
atteint  10  et  20  mètres,  comme  dans  le  canal  de  Bristol  ou  à  la  baie  de 
Fundy,  le  flot  a  dû  atteindre  en  ces  mêmes  lieux,  pour  l'excen- 
tricité 0,0747,  250  et  500  mètres. 

Les  horizons  profonds  auront  répété  les  péripéties  des  horizons  su- 
perficiels, mais  les  excès  des  plimmures  et  des  amposes  n'y  sont  pas 
appréciables;  la  valeur  hypsométrique  des  soulèvements  peut  seule 
donner  une  idée  de  la  hauteur  de  ce  facteur,  la  marée  intérieure. 

Singulier  effet  des  excentricités!  Les  rôles  auront  été  intervertis  pour 
les  deux  facteurs  des  marées  1  Avec  une  excentricité  de  0,0747,  la  Lune 
n'a  plus  agi  comme  3  et  le  Soleil  comme  1  dans  le  soulèvement  des 
mers;  tout  au  contraire,  l'action  du  Soleil  aura  été  prépondérante 
dans  les  périhélies  de  certaines  phases  elliptiques  de  la  Terre. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  phases  elliptiques  sont  nos  meilleurs  chrono- 
mètres: ni  le  dépôt,  ni  l'accumulation  et  la  superposition  des  couches 
stratigraphiques  n'ont  cette  sûreté  des  causes  célestes.  J'ose  donc  ris- 
quer le  tableau  ci-contre,  où  je  n'ai  inscrit  pour  points  de  repère  que 
certaines  localités  classiques,  qu'il  est  facile  de  synchroniser  partout 
ailleurs. 

L'interprétation  de  tout  ce  tableau  serait  trop  longue  ;  je  la  bornerai 
aux  faits  principaux. 

Pe  l'ère  acluclle(0,0167)  jusqu'à  Texcentricité  0,0131,  rien  à  dire. 


(3«sér.,  t.  YI,  p.  384.) 


0.016'tuelle. 

impose. 
0,013s(iue  complète. 

olcanique  :  volcans  romains. 
0,047:gne;  Etna  mo^en. 

everacnts  alpms. 
0,0L'3lveau  basalte  :  système  chilien. 

des  chaînes  sous-marines  méditerranéennes. 
0,056'  soulèvements  quaternaires. 

it  subapennin. 
0,0254îl. 

les. 
0,0424ix  basalte  :  soulèvement  général  méditerranéen. 

nt  subapennin. 
0,019é)ressan  et  rhodanien. 

partiel  en  Auvergne. 
0,017( 

s  des  Açores,  Madère,  Qir. 
0,030tantaliennes. 

0,038€les  Canaries. 

dos  chaînes  sous-marines  des  Açores  et  du  (]ap-Vert. 
0,016( 

sables  graniti(iues  de  l'Eure. 
0,Oiricanlaliennes. 

des  Hébrides. 
O,022(ile  (iergovie. 

arienne. 
0.022(»  solfalarienne. 

:)Ioanique;  Eifel  vieux. 
0,0573.1  Plateau  centrai. 

u  pavs  de  Urav. 
0,013-; 

de  l'axe  île  l'Apennin. 
0,0741vulcanisme  dans  la  série. 


u  vulcanisme  dans  presque 
),0103'anipose  dans  la  mer  intér 


tous  les  axes  monta;'neux 


rieure, 


0.uiu:4anip( 

érolithiques. 
0,051731  des  Pyrénées  orientales. 

des  roclïes  graniticjues  et  porphyroïdes 
0,015Ij?  orographique.  Ampose. 


n' 


1878.  BLANDET.    —  CHRONOUmiE   DES   EXCENTRICITÉS.  385 

sinon  que  raccalmic  présente  s'accentue  encore  plus  en  remontant 
jus(|u'à  50  000  ans.  C'est  l'Age  de  l'Histoire  et  de  la  Préhistoire;  il 
appartient  donc  aux  éludes  historiques;  mais  d'épigraphie  géologique, 
aucune  trace,  si  ce  n'est  dans  l'établissement  des  tourbes  anciennes. 
Ces  produits  de  l'accalmie  fluviatile  ont  débuté  après  la  rentrée  des 
lleuves  dans  leur  lit  et  l'épuration  des  transports  diluviens.  L'époque 
si  calme  0,0131  aura  favorisé  leur  développement  depuis  l'an  75  000, 
terminaison  des  troubles  quaternaires. 

La  débâcle  (juaternaire  aura  duré  tout  le  temps  compris  entre  les 
deux  cycles  0,0473  et  0,0131  ;  c'aura  été  le  temps  des  violences  dilu- 
viennes, des  grands  convois  détritiques  et  erratiques,  et  des  colma- 
tages divers  :  limon  gris  et  limon  rouge,  lœss,  lehm,  etc. 

Au  cycle  0,0473  et  à  ses  quatre  associés,  0,0332,  0,0567,  0,0258 
et  0,0ii4,  correspondent  lu  série  dite  glaciaire  et  ses  subdivisions. 
L'adaptation  des  excentricités  aux  phases  glaciaires  est  pleine  de  rensei- 
gnements et  répond  à  tout  le  questionnaire  de  l'observation  géolo- 
gi(|ue  sur  cette  curieuse  épo.'|ue.  J'examinerai  successivement  les  dates 
ou  le  synchronisme,  le  climat,  l'hydrographie,  la  vulcanicité  et  la  bio- 
logie de  cette  époque. 

Dates,  L'époque  glaciaire  est  une,  continue,  et  a  duré  cinq  excentri- 
cités, soit  2oO  000  ans;  l'excentricité  moyenne  y  a  été  de  0,0420.  On  y 
remarque  cependant  deux  rémissions  en  0,0258  et  0,0332.  Les  quatre 
divisions  anthropologiques  de  La  Magdeleine,  de  Solutré,  du  Moustier 
et  de  Saint-Aclieul  se  parallélisent  ainsi  :  La  Magdeleine  répond  à 
0,Oi73,  époque  du  Renne;  Solutré  à  0,0332,  époque  du  Cheval  ancien  ; 
Le  Moustier  à  0,0o67,  époque  de  l'Ours  et  de  l'Éléphant,  ainsi  que  du 
plus  grand  IVoid  ;  Saint-Acheul,  enfin,  à  0,0258  et  0,0424,  époques  des 
Uhinocéros  velus. 

Climat,  L'épocjue  a  été  simultanément  chaude  et  froide.  La  Terre 
en  aphélie  était  éloignée  de  (|uelques  millions  de  lieues  de  plus  du 
Soleil;  mais  à  travers  le  souille  glacé  des  aphélies,  on  sent  la  tiède 
haleine  des  périhélies  qui  leur  succèdent.  Cette  alternance  de  froids 
condensateurs  et  d'évaporalions  tropicales  exagérées  a  permis  à  ce 
climat  excessif  de  fabri(|uer  une  quantité  prodigieuse  de  glaces;  et  la 
chaleur  des  i)ériliélies  étant  insulïi>ante  pour  fondre  le  stock  gla- 
ciaire, il  en  est  résulté  une  accumulation  déglaces  qui  n*a  fait  que 
s'accroître  juscju'à  la  lin  en  0,0473.  La  grande  excentricité  0,0567, 
(jui  tient  le  milieu  du  froid,  n'est  donc  point  l'époque  maximum  du 
stock  glaciaire,  lequel  ne  peut  pas  être  ligure  par  un  losange,  comme 
le  pense  M.  Uenevier,  mais  par  un  triangle  ayant  pour  base  l'excentri- 
cité 0,0473  et  pour  sommet  l'excentricité  0.0424. 

L'IIi/drographic  a  obéi  à  un  accès  d'attraction  sensible;  le  retour  of- 

io 


386  BLANDET.   —  CHRONOLOGIE  DES   EXCENTRICITÉS.  18  mars 

fensif  des  océans  sur  les  rivages  a  été  fréquent.  La  mor  des  Galles  a 
inondé  TAnglelerre  en  0,0473,  et  Ta  réduite  à  l'état  d'archipel.  Avec 
0,0332  se  parallélise  la  mer  de  Bridlington.  Une  mer  lombarde 
quelconque,  la  mer  glaciale  au  pied  des  Alpes,  se  synchronise  avec  le 
maximum  de  froid,  d'attraction  et  d'excentricité.  Au  reste  l'hydrogra- 
phie de  la  vallée  du  Pô  n'a  pas  toute  la  clarté  de  la  vallée  de  la  Tamise; 
si  Ton  n'admet  qu'une  ou  deux  mers  lombardes,  elles  se  parallélisent 
difflcilement;  que  deviennent  alors  les  mers  anglaises  qui  ont  précédé 
les  Galles  et  Bridiinglon?  Se  peut-il  qu'une  vallée  aussi  inondable  que 
rËridanienne,  quand  l'Angleterre  était  sous  l'eau  en  Suifolk,  à  Chilles- 
ford,  soit  restée  émergée?  La  solution  de  ce  problème  incombe  à 
M.  Maver. 

L'hydrographie  marine  quaternaire  a  surtoutélé  caractérisée  par  les 
fjords  qui  ont  entouré  les  Alpes,  à  plusieurs  reprises,  d'une  ceinture 
d'eau  saumutre,  comme  le  démontrent  les  trois  étages  alpins  de 
Sharpe  et  leurs  cuvettes  superposées. 

Les  fleuves  <|uaternaires étaient  énormes,  non  point  par  l'abondance 
des  pluies,  mais  par  le  barrage  des  vallées,  qui  étaient  déjà  ébauchées, 
creusées  même,  mais  sans  issue;  de  déluge,  il  n'y  en  a  pas  eu,  il  ne 
pouvait  pas  y  en  avoir,  puisque  les  glaciers  condensaient  la  précipita- 
tion atmosphérique  et  retardaient  la  pluie  dans  la  nuée  qui  les  ali- 
mentait. Malgré  la  grande  évaporation  équatoriale,  la  pluie  arrivait 
gelée  et  l'époque  était  sèche. 

Vulcanicité,  La  vulcanicité  de  cette  époque  contraste  avec  la  nôtre; 
au  lieu  de  ces  horizons  plats  et  uniformes  de  nos  excentricités,  le  pano- 
rama s'accentue  tel  qu'Ëlie  de  Beaumont  en  a  fait  la  magnifique  des- 
cription. De  nouveaux  systèmes  de  montagnes  s'ajoutent  aux  premiers, 
les  bas-fonds  marins  se  dressent,  les  isthmes  succèdent  aux  détroits 
et  la  terre  prend,  perd,  reprend  son  domaine. 

C'est  ainsi  que  les  récifs  d'Aventure  et  de  Médine,  entre  la  Tunisie 
et  la  Sicile,  ceux  de  l'archipel  grec  oriental,  ceux  de  Tanger  à  Gibraltar, 
les  détroits  des  côtes  flamandes  et  normandes,  devenus  isthmes  pen- 
dant 50  000  ans,  auront  ouvert  un  long  passage  soit  à  l'aller,  soit  au 
retour  des  faunes  quaternaires. 

Biologie.  Cette  époijuc  a  dû  être  un  temps  d'épreuve  pour  la  vie  ter- 
restre, fuyant  devant  les  récurrences  ou  les  tremblements  de  terre, 
instable  sur  un  sol  envahi  par  le  flot.  Il  ne  faut  pas  cependant  s'exa- 
gérer ces  influences  ni  celle  du  climat.  Si  la  flore  miocène,  plus 
assujettie  au  sol  et  au  climat,  semble  s'éteindre  au  nord  dans  le  Plio- 
cène et  le  Quaternaire,  la  faune,  plus  indépendante,  s'y  est  aflirmée 
chez  nous;  les  formes  chaudes  et  froides  y  abondent  péle-méle,  sans 
que  ce  mélange  ait  une  grande  valeur  climatérique.  Poils  et  laines. 


1878.  BLANDET.   —  CHRONOLOGIE  DES   EXCENTRICITÉS.  387 

fourrures,  peaux  glabres  ou  velues,  ne  sont  pas  un  indice  sûr,  thermique 
ou  athermique;  car  autrement  pourquoi  la  Hyène  et  le  Singe  velus 
sous  les  tropiques?  Pourquoi  le  Lion  africain  avec  son  épaisse  crinière, 
tandis  que  le  Lion  de  la  Thrace  était  sans  jupe  ?  Ce  sont-là  des  orne- 
ments dont  la  nature  s*est  plue  ù  illustrer  l'animal,  comme  elle  s'est 
plu  à  jeter  sur  le  Mammouth  un  long  manteau  de  poils,  moins  pour  le 
préserver  du  froid  que  pour  en  faire  un  spécimen  de  majesté  et  de 
puissance.  D'ailleurs  ces  formes  velues  ne  se  sont  pas  ainsi  transfor- 
mées chez  nous;  elles  nous  venaient  du  Nord,  berceau  de  toute  exis- 
tence et  de  toute  vie  sur  la  Terre,  puisque  le  pôle  a  été  habitable  et 
refroidi  le  premier.  La  vie  a  bien  plus  descendu  vers  l'équateur  qu'elle 
n'est  remontée  vers  le  pôle;  la  race  nègre,  en  particulier,  est  moins 
une  souche  qu'une  dégénérescence. 

L  époque  glaciaire  a  été  unique  et  ne  se  rencontre  plus  en  remontant 
dans  le  passé,  car  on  s'y  trouve  alors  devant  un  soleil  plus  dilaté, 
plus  proche  et  plus  chaud,  qui  a  dû  rendre  impossible  son  re- 
tour ;  mais  dans  l'avenir,  vienne  une  série  d'excentricités  aussi  violentes 
et  aussi  continues,  et  une  autre  époque  glaciaire  nous  ferait  retour  : 
nos  mers  soulevées  changeraient  d'assiette,  nos  fleuves  seraient  barrés 
par  les  soulèvements  du  sol,  les  lits  majeurs  renaîtraient,  les  glaciers 
s'étendraient  de  nouveau  dans  les  plaines,  et  les  coquilles  arctiques  re- 
prendraient le  chemin  des  mers  du  Sud. 

Après  cette  série  d'excentricités  violentes,  correspondant  au  Plio- 
cène et  au  Quaternaire,  on  trouve  une  série  correspondant  au  Bfiocène. 
Ce  sont  les  huit  excentricités  :  0,0196;  0,0170;  0,0308;  0,0388; 
0,0166;  0,0417;  0,0i26;  0,0220.  Ces  cycles  représentent  des  condi- 
tions modérées  dues  à  la  dynamique  solaire  nuxlérée  et  un  régime  k 
peu  près  similaire  au  nôtre,  excepté  pour  les  trois  grandes  excentri- 
cités :  0,0308;  0,0388;  0,0il7,  qui  expliquent  les  éruptions  du  Canlal 
et  de  l'Auvergne,  avec  lesquelles  elles  se  synchronisent. 

Le  caractère  principal  de  cette  époque  est  la  prédominance  du  ré- 
gime lacustre  :  les  vallées  étaient  creusées;  mais,  barrées  comme  elles 
l'étaient  par  des  soulèvements  du  sol,  elles  retenaient  des  eaux  sau- 
roûtres  et  sans  issue.  Dans  les  périhélies,  la  surface  liquide  devenait 
une  boue  où  pullulait  la  faune  marécageuse.  Cette  époque  fut 
donc  surtout  celle  des  Pachydermes;  jamais  aucune  autre  ne  leur 
fut  plus  favorable.  C'est  aussi  l'essor  de  la  vie  végétale;  jamais  plus 
riche  flore  ne  s'est  épanouie  devant  un  Soleil  plus  vif  et  plus 
concentré.  Cet  astre  a  pu  conséquemment  photographier  son  image, 
surtout  dans  la  fleur  épanouie  des  dicotylédonées  polypétales.  La  flore 
polaire  miocène  de  Disko  nous  apprend  que  I9  Soleil  contemporain 
transportait  encore  ses  radiations  sur  le  pôle,  et  que,  de  son  côté,  la 


388  BL.V.NDET.    —   CHRONOLOGIE  DES   EXCKNTUICITÉS.  18  mars 

mer  apportait  les  germes  végétaux  dans  ces  régions  aujourd'hui  si 
déshéritées. 

Cette  épof|ue  n'a  eu  qu*une  vuloanicilé  modérée  et  qui  s'est  passée 
en  éruptions  de  toutes  sortes:  geysériennos,  sollalariennes,  arénacées, 
sidérolithiques,  sulfureuses,  minérales,  etc.,  qui  ont  tant  moditié  la 
composition  de  la  surface. 

Avant  cette  longue  période  de  repos,  la  série  avait  été  plus  accen- 
tuée; elle  s'était  terminée,  comme  elle  avait  débuté,  par  de  violentes 
excentricités,  telles  que  0,0o7o;  0,0747  ;  0,0ol7,  dont  la  moyenne  est 
0,0G13.  Cette  série  correspond  à  TÉocèiie  et  se  fait  remarquer  de  suite 
par  le  retour  des  granuliles  et  des  porpliyroïdes,  revenues  des  profon- 
deurs du  globe  pour  attester  la  force  d'attraction  qui  les  ramenait 
à  la  surface  en  perforant  l'écorcc  solide  et  épaiiisicqui  les  contenait. 
Cette  éruption  jure  avec  l'épanchement  primordial  des  granités,  ((ui 
sont  sortis  sans  eifort  ;  et  l'issue  en  gerbe  ou  en  éventail  des  proto- 
gines  à  travers  une  boutonnière  opérée  dans  le  masMt  alpin  s'expli- 
querait mieux  à  l'époque  éoctne,  avec  les  granulites  et  les  violentes 
projections  porphyroïdes. 

La  vulcanicité  a  eu  son  eH'ort  maximum  à  la  date  de  0,0747;  tous 
les  axes  montagneux  ont  vibré  devant  un  tel  rapjirochement  solaire  de 
5  000  000  de  lieues  en  périhélie.  La  Terre,  en  reproduisant  sur  une 
petite  échelle  les  périhélies  de  Vénus  et  de  Mercure,  s'est  hérissée  de 
hautes  montagnes,  comme  en  ont  ces  planètes;  sa  surface,  jusqu'alors 
plane,  comme  en  témoigne  assez  l'universalité  des  mers  anciennes, 
s'est  diversiliée;  tous  les  reliefs  ont  été  ébauchés;  les  failles  principales 
se  sont  produites,  formant  dès  l'origine  i\cs  rejets  considérables,  que 
n'avait  pas  encore  nivelés  la  dénudalion  atmosphéiique^  de  sorte  que 
récorce  de  la  terre  pouvait  assez  ressembler  à  celle  d'une  châtaigne. 

Cette  période  orogéni(|ue  fut  aussi  celle  du  creusement  des  vallées 
principales,  qui  toutes  ont  été  ébauchées  par  elle. 

Parallèlement  à  l'agitation  de  la  marée  intérieure,  de  hautes  récur- 
rences marines  se  sont  produites:  la  nier  nummulitique  en  0,0747;  la 
mer  bartonienne  en  0,0o7r>;  mers  agitées,  mais,  en  raison  du  travail 
thermi(iue,  plus  chaudes  ([ue  les  nôtres.  Le  cliniat,  doux  et  uniforme 
malgré  les  aphélies,  n'a  pas  permis  aux  glaciers  de  se  former,  en  rai- 
son des  conditions  solaires  spéciales  aujourdhui  à  récjuateur  seule- 
ment, mais  universelles  a  cette  éjioque  où  le  Soleil  en  périhélie  était 
rapproché  de  plus  d'un  million  de  lieues  de  notre  planète  :  or  un  lu- 
minaire de  deux  millions  et  demi  de  lieues  de  diamètre,  par  sa  puis- 
sance aclinoniétrique,  assimilait  toute  la  surface  de  la  Terre  aux  ré- 
gions écjualoi  iales  actuelles,  où  jamais  les  glaciers  n'ont  pu  prendre 
pied  et  ont  dégénéré  en  diluvium,  on  phénomènes  de  transport  et 


1878.  PAPIER.    —  (ilSEMENT   DE   l'HIPP.    HIPPONENSIS.  389 

de  charriage,  aux  pieds  des  Alpes  comme  aux  pieds  des  Pyrénées. 

L'excentricité  0,0151  clôt  la  série  par  une  période  de  calme  qui  me 
parait  correspondre  au  climat  et  au  régime  crétacés.  Ainsi  linit  le  mil- 
lion d'années  dont  j'ai  essayé  d'esquisser  le  synchronisme  terrestre. 

La  division  de  ce  million  d'années  dans  les  trois  grou{)es  glaciaire, 
geysérien  et  orogénique,  justifie  pleinement  la  trilogie  ancienne  du 
Pliocène,  du  Miocène  et  de  rÉocène,  qui  s'accuse  à  première  vue  au 
Ciel  comme  sur  la  Terre. 

J'ai  rempli  de  faits  le  cadre  des  astronomes;  ces  faits  concordent-ils 
avec  la  théorie  ?  Astrologue  du  passé,  ai-je  prévu  juste  dans  cet  alma- 
nach  rétrospectif?  La  perturbation  excentricitaire,  aujourd'hui  de 
0,0107,  a-t-elle  agi  dans  les  excentricités  antérieures:  0,0131  ;  0,0473; 
0,0332;  0,0oG7  ;  O.OiriS  ;  0,04ii,  etc.?  Cette  perturbation  a-t-elle  été 
triple  de  la  nôtre  en  0,0o67,  et  (juintuple  en  0,0747  ?  Y  a-t-il  eu  3  ou  5 
fois  plus  d'excès  de  chaleur,  de  lumière  et  de  vulcanicité  à  ces  épo- 
ques qu'à  la  nôtre?  J'ose  l'affirmer;  car  la  théorie  ne  peut  être  con- 
testée. Si  elle  était  atta({uée  par  les  faits,  j'en  appellerais  -^  plus  ample 
connaissance  des  faits. 


Séance  du  i^^  avril  1878. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    ALD.    GAUDRY. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  la  mort  de  M.  Barotte  et  se  fait  l'interprète 
des  regrets  que  cette  mort  cause  u  la  Société. 

il  annonce  ensuite  quatre  présentations. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

Sur  le  gisement p>v'C26*  de  rilippopotnniua  Ilipponenals, 

par  M.  I^aplor. 

La  découverte  de  dents  d*////)/jaWo>i  dans  les  terrains  à  Ilelix  et  Unio 
des  environs  de  Constantine  a  fait  revivre  pour  quelques  instants  notre 
Ilippopotamus  Ilipponcnsis,  en  fournissant  à  M.  Pomcl  l'occasion  de 
rectifier  une  assertion  résultant  d'une  siniple  confusion  de  nom.  Je 


3ft)  PAPIRn.   —  GISEMENT  DE   l'hIPP.   HIPPONENSIS.  1"  avril 

crois  devoir  saisir  aussi  cette  heureuse  circonstance  pour  revenir  sur  la 
lettre  qui  accompagnait  Tenvoi  des  dents  de  cet  Hippopotame  à  M.  Sau- 
vage, et  sur  celle  que  j*ai  eu  l'honneur  d'adresser  peu  de  temps  après 
à  H.  A.  Gaudry,  qui  avait  bien  voulu  se  charger  de  la  détermination  de 
ces  fossiles. 

Dans  chacune  d'elles,  je  crois  avoir  été  suflisamment  précis  en  disant 
qu'ils  avaient  été  découverts  à  Duvivier,  sur  la  rive  gauche  de  la  Sey- 
bouse,  à  S 8  kilomètres  au  sud-est  de  Bone,  à  plus  de  85  kilomètres  de 
la  mer  suivant  les  nombreux  lacets  de  la  rivière,  et  dans  un  lit  de  cail- 
loux roulés  et  agglomérés  appartenant  selon  toute  probabilité  à  l'étage 
pliocène.  Aussi  ai-je  été  assez  surpris,  en  apprenant  que  le  savant  Pro- 
fesseur du  Muséum  les  avait  désignés  comme  ayant  été  exhumés  à 
Bone,  et  qu'il  avait  donné  à  l'espèce  qu'ils  caractérisaient  le  nom 
A*Hippopotamus  Hippo^iensis,  pour  rappeler,  non-seulement  que 
c'était  à  l'Académie  d'Hippone  qu'on  devait  de  la  connaître,  mais  aussi 
qu'elle  avait  été  découverte  non  loin  des  ruines  de  Vancienne  Ilippone. 

Pour  éviter  que  cette  dernière  considération  ne  donne  lieu  à  plus  de 
méprises  et  de  confusion,  j'estime  donc  qu'il  serait  prudent  de  rem- 
placer le  nom  de  Bone  par  celui  de  Duvivier  partout  où  le  premier 
est  indiqué  dans  la  notice  de  M.  Gaudry  comme  lieu  de  provenance. 

J'ai  moi-même  pris  déjà  la  liberté  de  remplacer  l'un  par  l'autre 
dans  le  Bulletin  de  V Académie  d*IIippone  (année  1877),  bien  convaincu 
que  mon  savant  collègue  ne  m'en  voudrait  point  d'avoir  pris  sur  moi 
(le  faire  cette  rectification  sans  le  consulter  préalablement. 

Enfin,  pour  préciser  encore  davantage  mes  indications  antérieures, 
j'ajouterai  ici  que  le  puits  au  fond  duquel  les  dents  fossiles  de  notre 
Hippopotame  ont  été  rencontrées,  à  8  mètres  de  profondeur,  n'était 
qu'à  60  mètres  de  distance  de  la  Seybouse  et  à  40  mètres  au  plus  de 
la  gare  du  chemin  de  fer  de  Bone  à  Guelma,  c'est-à-dire  au  niveau 
de  la  rivière  et  à  94  mètres  au-dessus  de  la  mer.  II  était  creusé  tout 
entier  dans  un  poudingue  de  calcaire  gréseux,  où  j'espère  récolter 
prochainement  des  coquilles  fossiles  identiques  avec  celles  qu'on  ren- 
contre en  si  grande  quantité  dans  la  formation  subapeunine  qui  touche 
à  Constantine  et  s'étend  sur  beaucoup  d'autres  points  de  la  province, 
notamment  à  Millésimo,  près  de  Guelma. 

Sur  les  bords  de  l'Uued-el-Maïze,  qui  longe  ce  village  à  l'ouest  et 
débouche  dans  la  Seybouse  à  500  mètres  plus  loin,  j'ai  recueilli  en 
effet,  en  1865,  en  compagnie  de  l'instituteur  communal,  feu  M.  Du- 
cauge,  des  Hélix  subsenilis.  Crosse,  et  des  Bulimus  Bavouxi,  Coq., 
empâtés  dans  des  calcaires  marneux  blancs,  identiques  avec  ceux  qui 
servent  de  base  à  l'ancien  télégraphe  aérien  d'Aïii-el-Hadj-Baba.  Et, 
particularité  bonne  à  signaler,  c'est  dans  un  bloc  de  calcaire  de  même 


i878.  DAL'BRÉK.    —  INCHUSTATIOiNS  ZÉOLITIIIQUES.  391 

nature  et  qui  provenait  d'une  petite  ruine  romaine  situc'e  au  pied  de 
la  Mahouna,  sur  les  bords  de  l'Oued-Zemba,  à  3  ou  4  kilomètres  du 
gîte  précédent,  que,  vers  1838,  un  colon  de  Millésirao,  M.  Savineau, 
trouvait  plusieurs  fragments  d'ivoire,  de  0*"1S  à  0'"20  de  lo.ig,  disper- 
sés depuis  malheureusement,  mais  à  la  reclicrche  desquels  je  ne  me 
suis  pas  moins  déjà  lancé,  dans  Tespoir  de  les  retrouver  et  d'aug- 
menter ainsi  la  liste  des  Mammifères  fossiles  observés  jusqu'ici  dans 
la  grande  formation  subapennine  de  la  province  de  Constant! ne. 

M.  Alb.  Oaudry  fait  observer  qu'il  s'est  borné  à  étudier  scientiûquc- 
ment  les  pièces  envoyées  par  M.  Papier,  sans  prétendre  préciser  leur  gisement. 


M.  Dnubrée  fait  hommage  à  la  Société  d'un  travail  qu'il  vient 
de  |)ublier  dans  le  Journal  de  la  Société  géologique  de  Londres  (1), 
sur  les  traita  de  ressemblance  entre  les  incrustations 
zéolithiques  ei  siliceuses  formées  par  les  sources  tlier- 

maies  à  Vépoque  actuelle  «  et  celles  qiCon  observe  dans  les 
rocbes  amy^çdlaloTdes  e^  autres  rocbes  volcaniques 
décomposées. 

D'après  des  faits  observés  dans  les  bassins  de  sources  thermales  de 
quatre  localités  où  des  fouilles  ont  été  exécutées,  on  reconnaît  que, 
sous  l'action  des  eaux  minérales,  des  zéolithes  cristallisées,  notamment 
la  Chabasie,  la  Christianite,  la  Mésotype,  se  sont  produites  dans  les 
boursouflures  des  bri(|ues.  Ces  silicates  y  sont  accompagnés  de  diverses 
substances,  parmi  lesquelles  se  trouvent  l'opale  (variété  hyalite)  et  le 
quartz  calcédoine  en  petits  sphérolitlies  fibreux  et  rayonnes,  agissant 
fortement  sur  la  lumière  polarisée. 

En  examinant  au  microscope  la  pâte  de  ces  ménies  briques  coupées 
en  tranches  minces,  on  a  reconnu  que  les  mêmes  substances  se  sont 
formées  jusque  dans  ses 'moindres  pores. 

Il  est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  la  ressemblance  que  pré- 
sentent dans  ce  gisement  contemporain  les  zéolithes  et  leurs  minéraux 
connexes,  avec  la  manière  d'être  de  tout  cet  ensemlde  de  minéraux, 
telle  qu'on  la  constate  dans  les  roches  amygdaloïdes  basiques,  aussi 
bien  de  répo({ue  tertiaire  <iuo  des  éj)0(|ues  anciennes.  La  constitution 
intime  de  la  pûle,  non  moins  ({ue  les  géodes  visibles  à  l'œil  nu,  mani- 
feste une  ressemblance  complète. 

De  cette  similitude  résulte  une  véritable  démonstration  expérimen- 
tale de  la  formation  ile.^  mêmes  minéraux  dans  toutes  les  roches 
amygdaloïdes. 

1)  Qnfirl.  J.  Gol.  .SV.,  t.  XXXIV.  p.  l.i.  \H1H, 


39â  sÉANGE.  15a\nl 

Il  est  remarquable  de  voir  que  la  silice  s'est  déposée  à  1  état  anhydre, 
c'est-à-dire  comme  quartz  calcédoine^  à  une  température  inférieure  à 
70  degrés.  C'est  un  résultat  bien  différent  de  celui  auquel  on  arrive 
dans  les  conditions  ordinaires  des  laboratoires. 

H.  «fannettaas  fait  connaître  la  composition  cliimiqiue 

de  matières  envoyées  de  la  Ouyane  rrançnise  à  l'Exposition 
permanente  des  Colonies  comme  arf^ileis  ou  comme  minerai» 
de  Ter. 

Les  unes,  compactes,  sont  des  variétés  d'hydrargilile,  contenant  7  à 
8  0/0  d'oxyde  de  fer.  Les  autres  sont  des  variétés  pisolithîques  de  per- 
oxyde de  fer  et  de  limonite,  renfermant  de  15  à  20  0/0  d'alumine. 
L'ensemble  rappelle  la  roche  appelée  Bauxite,  qui  est,  comme  on  sait, 
un  des  meilleurs  minerais  d'aluminium. 

M.  Stanislas  Meunier  avait  déjà  indirjué,  il  y  a  plusieurs  années,  la 
présence  d'une  variété  pisolithiquc  de  Bauxite;  il  ncn  a  pas  donné 
d'analyse;  mais,  d'après  la  couleur  brune  de  cette  substance,  on  peut 
présumer  qu'elle  doit  être  assez  riche  on  oxyde  de  fer.  Celles  de  l'Expo- 
sition des  Colonies  françaises  proviennent  de  la  Crique  Boulanger. 
Elles  figureront  à  l'Exposition  universelle. 

Le  Secrétaire  analyse  deux  notes  de  M.  Tard  y  sur  les  périodes 
quaternaire,  pliocène  et  miocène  (1). 


Séance  du  15  avril  1878. 

PRÉSIDEN'CE    DE    M.    ALB.    GAUDRY. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  la  mort  de  M.Belgrand  et  rappelle  en  quelques 
mots  les  importants  travaux  de  notre  savant  et  regretté  collègue. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  EvANS  (John),  F.R.S.,  F.G.S.,  à  Nash  Mills,  Ilemel  Ilempstead 
(Hertfordshire)  (Grande-Bretagne) ,  présenté  par  MM.  A.  Gaudry  et 
Prestwich  ; 

Galton  (Douglab),  F.R.S.,  F.G.S.,  Chestcr  Street,  li,  Grosvenor 

(1)  V.  infrà,  j».  101  e!  110. 


1878.  SKANCK.  393 

Place,  à  Londres  (S.W.)  (Grande-Bretagne),  présenté  par  les  mê- 
mes; 

Hughes  (Th.M«K.),  Professeur  Woodwardien  de  Géologie  au  Collège 
de  la  Trinité,  à  Cambridge  (Grande-Bretagne),  présenté  par  les 
mêmes  ; 

Janvrin  (James),  rue  de  Valois,  35,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Cot- 
teau  et  Berlhelot. 

M.  P.  Fischer  dépose  sur  le  bureau  un  exemplaire  de  la  I^a- 
léontologio  des  terrains  tertiaires  de  Vile  de  Rliodes  (1). 
Dans  cet  ouvrage  il  a  étudié,  avec  l'aide  de  MM.  G.  Colteau,  Man- 
zoni  et  Tournouér,  les  Rayonnes,  les  Échinodermes,  les  Bryozoaires 
et  les  Mollusques.  La  proportion  des  formes  éteintes  ou  émigrées  que 
l'on  trouve  dans  les  strates  fossilifères  de  Rhodes  classe  ces  dépôts 
dans  le  Pliocène  supérieur,  sur  l'horizon  de  Monte  Pellegrino,  Fica- 
razzi,  Cos,  Chypre,  etc.,  et  bien  au-dessus  des  marnes  subapennines. 
Les  fossiles  lacustres  ont  été  recueillis  dans  des  couches  plus  anciennes 
que  les  fossiles  marins  ;  ils  annoncent  des  changements  remarquables 
dans  la  configuration  de  la  région,  car  on  y  voit  des  Unio,  genre  qui 
n'existe  plus  aujourd'hui  à  Rhodes  et  qui  indique  une  communication 
avec  le  continent  durant  la  période  pliocène. 

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M.  Munier-CIialiiias  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  le 
Cidaris  Forctiiiainiiieri,  Desor.  Depuis  Desor  on  a  cité  cet 
Ëchinide  comme  se  trouvant  à  la  fois  dans  le  Calcaire  pisolithique  et 
dans  la  Craie  supérieure  du  Danemarck  ;  en  réalité  fespèce  du  Cal- 
caire pisolithique  est  très-diiïcrente  de  celle  du  Danemarck  :  elle  doit 
être  réunie  au  C,  Tombecki,  Desor,  (|ui  a  été  établi  sur  un  jeune  indi- 
vidu trouvé  à  Meudon.  Le  véritable  C.  Forchhammeri  doit  être  consi- 
déré comme  spécial  jusqu'à  présent  au  terrain  crétacé  supérieur  du 
Nord  de  l'Europe. 

M.  Alb.  Giauciry  présente,  au  nom  de  M.  IVouel,  des  photogra- 
phies de  l>ois  ^'JÊIan  de  forme  particulière,  trouvés  da>is  la  forêt 
d'OrUans  (commune  de  Chanteau). 

M.  de  Lacvivier  fait  la  communication  suivante  : 


(1)  Môm.  Soc.  (jr'ol.  Fr.,  .T   série,  t.  I,  niém.  ii"  2.  Cet  ouvrage  est  en  vente  au 
prix  (Je  5  fr.  pour  les  meiiibres  iJe  la  Sociôtô,  et  au  prix  de  12  fr.  pour  le  public. 


é 


39i  DE  LAGVIVIER.    ^  TURONIEN  DE   L*AR1ÈGE.  15  avril 

Note  sur  le  terrain  turonien  du  départetnent  de  ri%.riège, 

par  M.  de  I^acviviei*. 

La  région  la  plus  intéressante  pour  Tétude  du  terrain  turonien  de 
l'Ariège  est  celle  qui  s'étend  de  Montségur  à  Bénaïx,  vers  la  limite 
orientale  du  département  (fig.  1). 

Le  Jurassique,  A,  se  développe  depuis  la  gorge  de  la  Frau,  où  se 
montre  le  Lias  fossilifère,  jusqu'au  village  de  Montségur.  Le  vieux 
château  est  situé  sur  un  rocher  très-escarpé,  B,  dont  les  bancs,  forte- 
ment redressés,  renferment  des  fossiles  néocoraiens.  Au-dessous  de 
ces  calcaires  affleurent  des  marnes  noires,  liasiques,  sur  lesquelles  ils 
paraissent  reposer  en  discordance. 

Au-delà  du  ravin  dans  lequel  coule  un  ruisseau,  se  dresse  le  coteau 
de  Serrelongue.  Le  versant  sud  présente  une  brèche  néocomienne,  à 
gros  éléments  calcaires  et  schisteux,  C.  L'inclinaison  de  ces  couches 
est  peu  visible.  L'autre  versant  est  constitué  par  des  marnes  jaunâtres 
fissiles,  par  des  calcaires  marneux  de  la  même  couleur,  et  par  des 
bancs  de  grès  grossier,  D,  plongeant  tous  vers  le  sud.  Ces  dernières 
assises  appartiennent  au  Gault. 

Au-delà  du  ruisseau  se  dresse  le  coteau  de  Morenci.  La  partie  inférieure 
est  formée  par  des  marnes  jaunes  fissiles,  assez  épaisses,  avec  des  bancs 
de  calcaire  marneux  intercalés.  Par  dessus  viennent  des  grès  fins,  jau- 
nes, micacés,  auxquels  succèdent  des  grès  rougeâtres  et  des  grès  gros- 
siers à  galets  de  quartz  blanc,  surmontés  eux-mêmes  par  des  grès  fins 
et  par  des  grès  à  gros  éléments.  Ces  couches,  E,  plongent  légèrement 
vers  le  nord;  celles  qui  suivent  sont  renversées,  avec  plongement  au 
S.O.  La  crête  est  constituée  par  un  escarpement  de  calcaires,  F,  d'un 
blanc  grisâtre,  d'une  épaisseur  de  8  à  10i°.  M.  Mussy,  qui  a  donné  une 
coupe  de  cette  région  (1),  considère  ces  calcaires  comme  dévoniens,  de 
même  que  ceux  qui  supportent  le  château  de  Montségur.  J'ai  dit  plus 
haut  que  ceux-ci  sont  néocomiens.  Quant  à  ceux  de  Morenci,  ils  ren- 
ferment en  assez  grande  quantité  des  Rudistes  mal  conservés,  Sphéru- 
lites  ou  Hippurites;  ce  sont  les  premiers  bancs  fossilifères  du  Turo- 
nien. 

En  descendant  vers  Bénaïx  on  trouve  des  grès  jaunes  à  empreintes 
charbonneuses,  avec  calcaire  marneux  et  marnes  fissiles  intercalés.  G; 
puis,  une  épaisseur  considérable,  200"*  environ,  de  marnes  feuilletées, 
jaunes  et  bleuâtres.  H,  qui  se  poursuivent  jusqu'à  la  métairie  de  Gouret. 
Ici  commence  un  deuxième  niveau  fossilifère;  il  est  constitué  par  des 

(I)  Carte  gêol.  H  min.  du  dqt.  deiÀrirge:  1870. 


DB  LACVIVIER.   —  TDDONIEN  DE  L  AR1E6E. 


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396  DE  LACVIVIER.    —   TUROMEN   DE   l'aUIÈGK.  13  avril 

calcaires  grossiers,  jaunâtres,  I,  pétris  de  Rudistes,  principalement  de 
grosses  Hippurites. 

Un  peu  plus  bas,  il  y  a  un  petit  tertre  où  se  trouve  un  banc 
A' Hippurites  organisais.  Avec  ce  fossile  on  recueille  un  grand  nom- 
bre de  petites  Caprines,  plusieurs  espèces  d'Hippurites  et  le  Spondfjlus 
hippuritarum.  Sur  ce  point  les  terres  sont  cultivées  et  il  n'est  pas  fa- 
cile de  voir  la  succession  des  couches;  mais  en  allant  un  peu  plus  à 
l'ouest,  vers  Peyries,  on  traverse  des  champs  couverts  d'Hippurites,  de 
Plagioptychus,  de  Cyclolites,  (ÏEpisons,  de  Phyllocœnia,  de  Synas- 
trœa,  iY Astrocœnia, 

En  descendant,  on  trouve  un  grand  développement  de  marnes  jau- 
nâtres fissiles,  J,  avec  plaquettes  de  calcaire  cristallisé,  renfermant 
quelques  bancs  degrés  et  des  bancs  de  calcaire.  Ceux-ci  sont  remplis 
de  fossiles.  Ce  système  se  poursuit  jusqu'au  ruisseau  et  remonte  au- 
delà  vers  le  tertre  sur  lequel  est  situé  le  village  de  Bénaïx. 

Après  les  marnes  viennent  des  grès  en  dalles,  un  banc  peu  épais  de 
calcaire  avec  petites  Hippurites,  et  d'autres  bancs,  K,  remplis  d'Hippu- 
rites de  grande  taille  et  surtout  de  Sphérulites,  qui  dominent  ici.  II 
n'y  a  plus  de  Caprines,  ni  de  Cyclolites,  et  les  Polypiers  cités  plus 
haut  deviennent  très-rares.  Le  tout  se  termine  par  des  calcaires  sans 
fossiles,  d'une  épaisseur  de  l™oO  à  2*",  par  des  grès  en  dalles  et  par 
des  marnes  jaunâtres,  L. 

Ces  couches  forment  un  escarpement  assez  élevé  vers  l'est.  Une 
faille  met  le  Turonien  en  contact  avec  les  argiles  rouges  et  violacées, 
M,  du  terrain  que  M.  Leymerie  considère  comme  représentant  le  Ga- 
rumnien  dans  TAriège.  Ces  argiles  et  les  calcaires  qui  les  surmontent 
plongent  en  sens  inverse  des  couches  précédentes  et  contournent  le 
Turonien,  qui  s'atténue  rapidement  vers  l'est,  du  côté  de  Pages,  où  il 
n'y  a  plus  que  des  grès  grossiers  à  galets,  lesquels  disparaissent  bien- 
tôt eux-mêmes. 

Le  deuxième  niveau  fossilitère,  celui  de  Bénaïx,  s'étend  de  l'ouest  à 
Test,  sur  une  longueur  de  1  500  à  2000  mètres,  avec  une  épaisseur  de 
800'"  environ. 

Le  Turonien  de  Bénai\  offre  une  certaine  analogie  avec  ce  que  Ton 
trouve  dans  la  Provence.  Les  calcaires  à  Rudistes  de  Morenci  pour- 
raient bien  représenter  le  niveau  à  RadiolUes  oornupastoris  ;  les 
grès,  les  calcaires  marneux  et  les  marnes  qui  les  surmontent,  occu- 
pent la  place  des  grès  du  Beausset  à  Micraster  Matheroni,  Il  faudrait 
peut-être  rapporter  à  ce  niveau  les  couches  à  nombreux  Micraster  et 
à  Ilolcuitcr  des  environs  de  Foix.  Quant  au  deuxième  niveau  fossilifère 
que  l'on  trouve  à  Bénaïx,  il  représente  bien  les  calcaires  a  Hippurites 
cormcvaccinurn. 


i878. 


DE   LACVIVIER.    —   TURONIEN   DE   l'aRIÈGE. 


397 


Liste  des  fossiles  trouvés  à  Bcnaix. 


Spondylus  hippuritarum,  d'Orb., 
Synastrœa  Covbarica,  d'Orb., 
Pliyllocœnia  compressa,  M.  Edw.  et  H., 
Hippurites  corniivaccinum,  Bronn, 

—  organisans.  Des  M., 

—  (3  espèces  nouvelles), 
Sphœrulites  mammillari^,  Math., 

—  ToHcasiana,  d'Orb., 

Radioliles  acuticostata,  d'Orb., 


RadioUtcs  (2  espèces  nouvelles), 

Bayleia  n.  sp., 

Plagioptychus  paradoxus,  Math.,  r, 

—  (2  espèces  nouvelles), 

—  n.  sp., 
Cyclolites  giganteaj  d'Orb., 

—       Ligericnsis,  M.  Edw.  et  H., 
Episcris  macrostoma.  de  Frora. 


Le  Turonien  a  été  signalé  non  loin  de  là  vers  Test,  à  Fontestorbes. 

On  le  trouve  aussi  vers  le  nord-ouest,  à  Pereille,  à  l'extrémité  de 
l'arête  de  terrains  secondaires  dirigée  N.  O.-S.  E.,  qui  s'étend  de 
ce  point  jusque  dans  le  Saint-Gironnais.  Ici,  de  même  qu'à  Bénaïx, 
une  faille  met  en  contact  les  argiles  rouges  et  violacées  avec  le  Turo- 
nien. Au  bord  du  chemin,  à  droite,  on  voit  affleurer  des  marnes 
bleues,  que  surmontent  des  calcaires  remplis  d'Hippurites  et  un  con- 
glomérat gréseux  à  galets  de  quartz.  Les  couches  sont  très-redressées 
et  plongent  0.  N.  0.  On  y  trouve  YHippuntes  organisans  et  d'autres 
Rudistes  appartenant  à  des  espèces  nouvelles  ou  indéterminables. 
Dans  les  grès  qui  s'étendent  à  la  partie  supérieure  et  descendent  en- 
suite vers  Coume-Escure,  j'ai  recueilli  une  grosse  Natice,  des  Poly- 
piers et  deux  Oursins  indéterminables. 

Les  assises  turonicnnes  n'ont  pas  une  grande  importance  dans  cette 
localité  (i)  ;  mais  elles  prennent  un  développement  considérable  vers 
Ro(iuefixade,  Leichert  et  Saint-Sirac,  dans  la  vallée  du  Scios,  où  elles 
ont  été  signalées  pour  la  première  fois  par  M.  Garrigou  (i).  Toutefois, 
leur  étude  est  ici  plus  difficile,  les  terres  cultivées  ne  permettant  pas 
de  bien  voir  l'allure  des  couches. 

La  crête  de  Roquefixade  est  formée  par  les  calcaires  à  Orbitoïdes. 
A  la  base  de  l'escarpement  on  voit  les  marnes  versicolores  triasiques, 
et  dans  les  champs  qui  s'étendent  au-dessous  du  village  on  trouve 
plusieurs  gisements  de  Rudistes  dans  des  couches  argileuses  et  gré- 
seuses, que  l'on  peut  suivre  sur  le  territoire  des  conmiunes  de  Lei- 
chert et  de  Saint-Sirac,  jus([u'à  Soula. 

Dans  sa  note  sur  le  terrain  crétacé  des  Pyrénées  (3),  M.  Hébert  si- 
gnale l'existence  d'une  faille  qui,  dans  la  commune  de  Leichert,  met 
en  contact  les  couches  triasiques  et  le  Turonien.  J'ai  pu  vériiier  Texac- 

(1)  C'est  à  Pereille-d'en-Haut  que  l'on  peut  étudier  le  Turonien. 

(2)  Bull.  Soc.  géol..^''  sér.,  t.  XXII,  p.  508,  et  t.  XXIII.  p.  '119;  1865-()(). 
(;j/  Bull.,  2«  sér.,  t.  XXIV,  p.  323;  1867. 


é 


400  DE   LACVIVIRU.    —   TUItONIEN   DK   LAniKGK.  15  avril 

bert  (1),  que  ce  système  doit  l'ormer  un  éloge  à  part,  supérieur  à  celui 
dont  je  m'occupe. 

De  même,  je  ne  suis  pas  d'accord  avec  notre  confrt;re  pour  ce  qui 
est  des  relations  des  couches  ù  Rudistes  avec  les  couciics  qui  les  pré- 
cèdent. Ainsi  que  Ta  montré  M.  Hébert,  le  Turonien  est  en  contact 
par  t'aille  avec  le  Trias  à  Roquelixade  et  à  Leichert.  A  Saint-Sirac  il 
bute  contre  une  brèche  jurassique. 

En  suivant  la  crête  du  Pech  vers  Foix,  il  faut  aller  au-delà  de  cette 
ville  pour  retrouver  le  Turonien.  Le  rocher  sur  lequel  est  bâti  le  châ- 
teau est  constitué  par  les  calcaires  à  Requienia.  Je  ne  crois  pas  devoir 
admettre,  avec  M.  Leymerie  (3),  qu*il  appartienne  à  la  craie  turo- 
nienne;  il  doit  être  considéré  comme  un  témoin  isolé  d'une  couche 
extérieure  enlevée,  que  Ton  retrouverait  à  Leichert  et  à  Sainl-Sirac. 
C'est  un  témoin,  en  effet,  qui  reliait  ce  qui  existe  sur  la  rive  gauche 
de  TArget,  à  ce  que  les  érosions  et  les  alluvions  ont  fait  disparaître 
entre  Foix  et  Monlgaillard  (3). 

Dans  la  partie  qui  regarde  Saint-Sauveur,  on  trouve  des  calcaires 
pétris  d'Orbitoïdes  et  renfermant  aussi  des  baguettes  de  Cidaris, 

Ces  calcaires  sont  surmontés  par  un  conglomérat  h  IWebrateîla 
Delbosi,  Héb.,  2'erebratula  tamarindî4s,  Sow.,  Oursins,  etc.,  visible  au 
pied  du  roc.  Puis  vient  un  système  de  marnes  et  de  grès  (|uc  l'on  peut 
suivre  au-delà  de  la  rivière,  sur  le  flanc  de  la  montagne  de  Saint-Sau- 
veur, jusqu'au  rocher  de  Caralp.  Un  peu  avant  d'arriver  dans  cette 
localité,  au  Baslié  (4),  les  argiles  et  les  grès  à  Orbiloïdes  sont  surmon- 
tés par  un  système  de  marnes  feuilletées,  de  calcaires  et  de  conglomé- 
rat gréseux  à  Rudistes,  de  calcaires  noduleux  à  Micraster  Ilebcrti, 
Lacv.,  et  à  Holastcr  Irigeri,  Cott.,  qui  représente  le  Turonien  et 
vient  buter  par  faille  contre  le  granité  décomposé.  J'ai  recueilli  sur  ce 
point  YHippurites  cornuvaccinum. 

Il  y  a  un  petit  lambeau  de  Turonien  un  peu  plus  loin,  au  rocher  de 
Caralp;  mais  de  là  à  Saint-Girons  on  n*en  trouve  plus  sur  le  versant 
méridional  de  la  crête. 

Je  ne  connais  pas  de  couches  appartenant  à  cet  étage  sur  le  versant 
nord.  Cependant  j'ai  en  ma  possession  une  petite  Hippurite  provenant 
d'une  localité  appelée  Laplagne,  située  derrière  Cadarcet;  il  est  possi- 
ble que  le  Turonien  se  trouve  de  ce  cùlé. 

(1)  UuïL,  3t  s6r.,  t.  III.  p.  595. 

(2)  Bull..  2'  sér.,  t.  XX,  p.  270;  1863. 

(3j  M.  Ambayrac.  professeur  au  collège  de  F'oi\,  avait  leinarquij  un  poinleraent 
de  calcaire  à  Rcquienies  à  Rieucourtès,  avant  rclai)Iissement  «le  la  voie  fenve  de 
Foix  à  Tarascon  ;  les  travaux  de  déblaiement  l'ont  fait  disparaître. 

.1}  Bull..  3«  scr.,  t.  V.  p.  038. 


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1878.  TARDV.    —   CLASSIFIC  \TION   DE   l'kP.    QUATKitNAIRE.  401 

Ce  terrain  a  été  signalé  ù  Sainte-Croix  et  à  Fabas,  avec  des  Hippuri- 
tes  et  autres  fossiles  de  ce  niveau,  par  MM.  Garrigou,  Leymerie,  Ma- 
gnan  et  Mussy.  Ces  auteurs  l'indiquent  aussi  dans  d*autres  localités, 
telles  que  Pradièrcs,  Armeiliiac,  Yernajoul,  etc.  ;  mais  ils  décrivent 
comme  turoniennes  des  couches  appartenant  aux  grès  de  Celles  ou  à 
des  étages  inférieurs  à  celui  dont  je  m'occupe. 

J*arrélerai  ici  cette  étude  du  Turonien,  me  réservant  d*y  revenir  plus 
tard  et  de  donner  des  limites  plus  précises. 


Essai  sur  /'fi^e  des  silex  taillés  de  (Salnt-^clieul  et  sur  la 
clnasIflcAtloii  de  Vépoque  Quaternnire» 

par  M.  Xnrdy  (I). 

I/étude  i\es  alluvions  de  la  Saône  et  la  discussion  des  documents 
historiques  m*ont  amené  u  conclure  que  tous  les  huit  oj  neuf  siècles 
il  se  produit  une  grande  migration  humaine,  et  que  le  G"-*  siècle  avant 
notre  ère,  épo(|ue  de  l'introduction  du  Bronze  sur  notre  sol,  a  été 
aussi  répO(iue  des  invasions  gauloises  en  Europe. 

La  migration  qui  a  précédé  celle  du  6'  siècle  a  donc  dû  avoir  lieu 
au  IV';  or,  c*est  la  date  indi(|uée  par  les  alluvions  de  la  Saône  pour 
i'arrixéc  des  peuples  armés  de  haches  polies,  et  c'est  xiussi  la  date 
admise  par  tous  les  anciens  histoiiens  pour  l'arrivée  i\Q^  peuples 
pélasges,  et  pour  celle  de  la  conquête  de  la  Palestine  par  les  Juifs. 

L'invasion  antérieure  a  dû,  d'après  la  loi,  se  produire  au  îi^  ou 
23«  siècle. 

De  la  comparaison  des  données  fournies  par  le  cône  de  la  Tinière 
u  M.  Morlol,  avec  celles  de  la  Saône  et  avec  les  résultats  des  études  de 
M.  Debray  sur  les  tourbières  d'Ancre,  on  doit  conclure  qu'au  début  de 
l'époque  néolithique  le  climat  se  ressentait  encore  de  l'époque  qua- 
ternaire, qui  venait  de  se  terminer  par  un  grand  cataclysme.  En  effet, 
entre  les  silex  taillés  solutréens  qu'on  dit  avoir  été  trouvés  dans  les 
marnes  bleues  du  lit  de  la  Saône  et  les  premières  stations  néolithiques, 
il  y  a  environ  deux  mètres  de  dépôts  qui  indiquent  une  lacune,  un 
hiatus,  une  absence  complète  de  l'Homme  au  moment  de  leur  forma- 
tion. A  la  base  de  ces  deux  mètres  se  trouve  un  dépôt  dont  on  peut 
suivre  la  trace  sur  tous  les  plateaux. 

Ce  dépôt,  très-peu  épais,  a  été  laissé  par  un  courant  assez  violent 
pour  retourner  tous  les  galets  sur  lesquels  il  a  passé,  et  cependant 

(1)  Com'iiuniration  faite  à  la  sôan 'C  «lu  1"  a\ril  1K7H.  V.  sup.,  p.  :iOi'. 

26 


402  TARDY.   —  CLASSIFICATION   DE   LKI».    QUATEHNAIRE.  l?î  avril 

assez  boueux  pour  les  empâter  d'un  limon  rouge  argileux.  Par  ses 
allures,  par  sa  nature,  on  peut  soupçonner  que  c'est  le  produit  d'une 
grande  pluie  dont  l'effet  torrentiel  a  élé  rapidement  arrêté  par  une 
grande  inondation.  C'est  la  traduction  exacte  du  récit  mosaïque  du 
déluge  de  Noé. 

Ce  cataclysme  a  évidemment  précédé  la  civilisation  néolithique  et 
succédé  aux  civilisations  paléolithiques.  Quant  à  sa  durée,  je  n'en  puis 
rien  dire;  toutefois  les  allures  et  la  faible  épaisseur  du  dépôt  aban- 
donné semblent  indiquer  que  ce  phénomène  n'a  eu  qu'une  courte 
durée.  L'hiatus  aurait  donc  été  de  peu  d'étendue. 

Les  données  climatériques  fournies  par  la  comparaison  des  alluvions 
de  la  Saône,  des  tourbières  de  la  Somme  et  des  dépôts  torrentiels  du 
cône  de  la  Tinière  indiquent  pour  le  début  de  l'époque  moderne  un 
régime  très-pluvieux,  qui  aurait  dû  entraîner  dans  la  vallée  de  la 
Saône  des  alluvions  bien  plus  considéraMes  (]ue  celles  des  époques 
suivantes  pour  la  même  durée.  M.  de  Quatrefages  a  objecté  à  M.  Ar- 
celin  qu*à  cette  époque  le  sol  avait  dû  être  bien  plus  boùé;  il  aurait  dû 
dire  :  bien  plus  couvert  de  végtftation.  En  effet,  d'après  MM.  de  Ferry 
et  Arcelin,  cette  première  assise  est  brune  et  même  parfois  noire;  ce 
qui  indique  la  présence  d'une  grande  quantité  de  détritus  végétaux 
intimement  mêlés  au  limon.  Cet  excès  de  végétation  a  empêché  l'excès 
de  limon. 

Cette  date  du  22"  siècle,  assignée  ainsi  à  l'arrivée  des  premiers 
peuples  néolithiques,  correspond  aussi  exactement  que  possible  aux 
indications  de  l'Histoire,  et  [trouve  l'exactitude  du  récit  mosaï  |ue  et 
de  la  chronologie  généralement  adoptée  pour  la  Vulgate. 

Pendant  l'époque  quaternaire,  les  rivières  et  les  mers  ont,  dans 
leurs  retraits  progressifs,  laissé  des  terrasses  sur  leurs  rives  et  rivages. 
L'Homme  a  abandonné  sur  ces  terrasses  divers  débris  de  ses  civilisa- 
lions  successives,  et  de  même  (|u'à  chacun  des  niveaux  des  alluvions 
limoneuses  post-quaternaires  de  la  Saône  on  trouve  des  témoins  de 
civilisations  différentes,  on  voit  sur  chaque  terrasse  une  civilisation 
nouvelle. 

Ce  rapprochement  semble  déjà  indiquer  que  les  terrasses  succes- 
sives doivent  se  suivre  à  huit  siècles  de  distance  environ.  Depuis  mes 
études  sur  les  environs  de  Ravenne.  cela  me  semble  encore  plus  pro- 
bable, puisque  durant  la  période  contemporaine  on  peut  relever  dans 
la  vallée  du  Pô  divers  indices  d'oscillations  périodiques.  Ces  oscilla- 
tions ont  une  amplitude  très-faible;  mais  elles  n'en  existent  pas  moins. 
Leur  durée  depuis  le  début  de  notre  ère  est  de  huit  siècles  :  quatre 
siècles  d'exhaussement  et  quatre  d'affaissement,  à  peu  près,  car  la 
durée  niovenne  déduite  de  l'ensemble  des   faits  est  de  830  ans.  C^»s 


i878.  TARDY.    —  CLASSIFIC  VTION    DR   LÉP.    QUATERNAIRE.  403 

oscillations  ont  donc  à  peu  près  la  même  période  que  rintervalie  des 
migrations.  J'ai  pu,  par  suite,  les  considérer  comme  concomitantes  et 
en  parfaite  relation,  pour  toute  la  durée  de  l'existence  de  l'Homme 
quaternaire  et  moderne,  avec  les  migrations  humaines. 

Il  était  aussi  rationnel  de  penser  que  ces  oscillations  de  nos  conti- 
nents ont  été  en  rapport  avec  certaines  moditications  climatériques. 

Ainsi,  on  a  dit  que  les  plateaux  de  l'Aubrac  avaient  été  abandonnés 
à  la  vaine  pâture  au  xivc  siècle  de  notre  ère.  Cette  date  correspond 
très-exactement  avec  celle  d'un  des  maxima  d'exhaussement  du  sol 
dans  la  vallée  du  Pô.  Cet  abandon  des  hauts  plateaux  de  TAubrac,  qui 
étaient  autrefois  très-bien  cultivés  et,  au  dire  de  M.  Broca,  couverts 
fie  fermes,  ne  peut  tenir  qu'à  une  modification  du  climat. 

Un  autre  fait,  plus  discutable,  peut  avoir  la  môme  origine  :  c'est 
l'abandon,  vers  la  même  époque,  de  la  culture  de  la  vigne  en  Nor- 
mandie. 

Si,  au  xive  siècle,  au  moment  d'un  maximum  dans  l'exhaussement 
(lu  sol  de  la  Flautc-Italie,  il  y  a  eu  une  niodification  du  climat,  et  que 
ce  changement  ait  été  concomitant  d'une  des  oscillations  périodi- 
ques, on  doit  retrouver  à  d'autres  dates  quel(|ues  indices  de  ces  varia- 
tions climatériques  périodiques.  Ces  dates  de  refroidissement  ou 
(l'échauflement  de  notre  atmosphère  seraient  le  vi®  siècle  de  notre  ère 
et  les  3*\  11*  et  19«  siècles  avant  Jésus-Christ.  Or,  des  savantes  dis- 
cussions qui  eurent  lieu  en  1873  entre  MM.  Chabas  et  Fr.  Lenormant, 
il  résulte  que  les  Eléphants  qui  étaient  abondants  au  17«  siècle  en 
Ninivie,  dis|)arurent  complètement  de  ce  pays  entre  les  12*  et  10« 
siècles.  Ces  discussions  viennent  ainsi  confirmer  l'idée  de  la  pério- 
dicité des  oscillations  de  8  en  8  siècles  (I). 

Mais  ces  oscillations  sont-elles  générales  cl  ont-elles  le  même  sens 
dans  une  région  assez  étendue  pour  influencer  le  climat? 

Je  viens  de  faire  le  relevé  des  diverses  observations  datées  que  j*ai 
pu  rencontrer  depuis  quelijues  années.  A  part  un  désaccord  à  l'épo- 
que récente,  qui  me  semble  })lus  apparent  que  réel,  je  ne  trouve 
qu'une  observation  isolée  qui  i^^oil  en  complet  désaccord  avec  toutes 
les  autres.  C'est  une  observation  de  M.  Rigaux  relative  au  retrait  de 
la  mer  du  vii*^  au  x"  siècle  dans  les  environs  de  Saint-Oiner  (i).  Toutes 

(1)  Quant  à  la  nature  de  colle  modification,  il  faudrait,  pour  l'estimor,  avoir  des 
renseignements  sur  la  reproduction  des  animaux  \ivant  en  liberté,  durant  ces  der- 
nières années. 

li?)  D'après  une  publication  plus  récente  de  MM.  Gosselet  et  l\.  Ri;^auT,  le  désac- 
cord, quoique  subsistant  encore,  peut  être  diminué:  mais  les  études  entreprises  par 
M.  de  Mercey  sur  les  crnupos  de  la  So*n  ne  pourront  bien  rétablir  un  jour  la  concor- 
dance. 


40&  TARDY.   »  CLASSIFICATION  DE  l'rP.   QUATERNAIRE.  15  avril 

les  autres  observations,  en  Bretagne  et  en  Italie, concordent  assez  bien 
pour  les  époques  d'immersion,  qui  ont  frappé  Tesprit  des  habitants 
et  ont  été  notées  pour  cette  raison.  Quant  aux  époques  d'émersion, 
elles  ont  passé  inaperçues  sur  la  côte  de  Bretagne  à  cause  des  puis- 
santes érosions  de  la  mer  qui  ont  produit  partout  des  falaises  ou  des 
plages  à  pentes  rapides.  Il  n'a  donc  pu  y  avoir  de  grands  changements 
dans  la  forme  du  littoral  aux  époques  de  soulèvement. 

La  différence  plus  apparente  que  réelle  qui  existe  dans  les  diverses 
observations  faites  à  notre  époque,  tient  à  ce  que,  d'après  la  loi  d'os- 
cillation périodique  trouvée  dans  la  vallée  du  Pô,  nous  venons  de 
passer  par  un  point  mort,  c'est-à-dire  que  le  sens  de  l'oscillation  vient 
de  changer.  Il  en  résulte  que  les  observations  du  siècle  dernier  doivent 
indiquer  un  affaissement  et  que  les  renseignements  plus  récents  doi- 
vent signaler  un  exhaussement.  C'est  en  effet  ce  qui  a  lieu,  et  on  pour- 
rait même  ajouter  que  ce  mouvement  est  général  pour  tous  les  conti- 
nents, pour  i'Euro()e  comme  pour  la  Nouvelle-Zélande. 

On  peut,  d'après  cela,  à  mon  avis,  admettre  que  les  oscillations  ont 
partout  lieu  comme  en  Italie,  c'est-à-dire  régulièrement  avec  une  pé- 
riodicité de  huit  siècles.  Cette  conclusion  est  du  reste  d'accord  avec  les 
observations  de  la  Géologie  quaternaire,  qui  relève  sur  toutes  les  côtes 
et  dans  toutes  les  vallées  des  hauteurs  de  terrasses  à  peu  près  identi- 
ques, il  est  donc  assez  rationnel  de  croire  que  les  oscillations  quater- 
naires se  sont,  comme  les  oscillations  modernes,  suivies  à  huit  siècles 
d'intervalle,  au  moins  dans  la  période  la  plus  rapprochée  de  l'époque 
moderne.  Cette  conclusion  me  semble  d'autant  plus  facile  à  accepter 
que  les  terrasses  modernes  et  les  terrasses  quaternaires  se  suivent  sans 
interruption,  et  que  leurs  hauteurs  au-dessus  des  cours  d'eau  actuels 
forment  une  progression  géométrique. 

Dans  un  pretnier  aperçu  sur  ces  terrasses,  j'avais,  d'après  un  grand 
nombre  d'observations,  trouvé  1,7  pour  raison  de  cette  progression. 
Depuis  lors  j'ai  vu  un  grand  nombre  de  mes  confrères  employer  des 
nombres  ronds  dont  la  progression  a  i  pour  raison.  Je  me  range  à  ce 
dernier  chiffre  et  ma  terrasse  de  là  à  17  mètres  deviendra  la  terrasse 
de  10  mètres,  tandis  que  celle  de  ii)  à  iU""  deviendra  celle  de  20"* 

D'après  M.  Belgrand,  les  terrasses  sont  dues  à  des  temps  d'arrêt 
dans  le  niveau  des  eaux  qui  s'est  abaissé  par  brusques  saccades.  Mais 
si  cette  explication  rend  très-bien  compte  de  l'ensemble  du  phéno- 
mène, elle  ne  suffit  pas  pour  en  expliquer  quelques  détails.  Ainsi,  par 
exemple,  dans  chaque  terrasse  on  trouve,  reposant  sur  un  sous-sol 
ancien,  une  série  d'assises  sédimentaires  bien  stratifiées  et  bien  nive- 
lées parallèlement  à  la  surface  supérieure  de  la  terrasse.  Ces  assises 
font  donc,  à  n'en  pas  douter,  partie  intégrante  de  la  terrasse,  et  leur 


1878.  TAHDY.   —  CI.ASMFICAIION    DE   LKF.    (iUATLHN VlHK.  405 

superposition  sur  (|uel(]ues  mètres  dépaisseur  (loinaiide  nécessaire- 
ment un  mouvement  d'alFaissement  du  sol  qui  les  porte.  Cet  aflaisse- 
ment  constitue  le  temps  d'arrêt  de  la  lliéorie  de  M.  Ikl^rand.  Sou 
amplitude  est  moindre  (^uecejle  du  mouvement  d'exhaussement; c'est 
pour(|uoi  rabaissement  du  niveau  i\e^  eaux  est  ia  solution  iinale  de 
ces  divers  mouvements  du  sol.  Cette  superposition  des  assises  par 
suite  d'un  adaissement  du  sol  n'empêche  pas,  ainsi  que  je  Tai  déjà  dit, 
les  dépots  de  Ichm  de  se  taire  surtout  à  l'époque  des  hautes  eaux 
moyennes  des  rivières.  C  est  là  un  t'ait  d'observation  résultant  de  Té- 
tude  de  nos  cours  d'eaux  actuels,  et  qui  ne  modilie  en  rien  les  preu- 
ves des  oscillations  périodiques  et  successives. 

De  ce  qui  précède  il  résulte  qu'une  terrasse  connnence  à  Tépoque 
d'un  maximum  d'exhaussement,  ))our  continuer  à  se  former  pendant 
toute  la  période  d  atraissement,  et  se  terminer  lorsqu'un  nouvel 
exhaussement  commence. 

D'après  cela,  l'à^^^e  d'un  objet  trouvé  dans  une  terrasse  est  donné 
par  répo(|ue  de  Texhaussement  immédiatement  antérieur,  et  par  celle 
de  ralfaissement  maximum  (|ui  suit.  Ce  sont  là  les  deux  limites  entre 
les(|uelles  se  place  l'objet  ou  la  date  de  sa  perte  au  milieu  des  allu- 
vions,  de  quelque  nature  (ju'elles  soient. 

Dans  une  coupe  très-bien  i'jite  de  M.  Roujou^  on  peut  voir,  ainsi 
que  je  l'ai  constaté  pour  plusieurs  autres  rivières,  (]ue  la  terrasse  de 
l'époque  néolithi(|ue  (  i)  est  celle  de  o  mètres  au-dessus  de  l'étiage  des 
rivières  actuelles.  Celle  sur  hnfuelle  est  bâti  un  dolmen  vient  immé- 
diatement après;  c'est  la  terrasse  de  2'"oO  environ.  La  Saône,  dira-t- 
on, ne  donne  pas  de  telles  indications;  en  effet*  on  y  trouve  les  sta- 
tions néolilhi({ues  à  i  mètres  au-dessus  de  l'étiage.  Cela  tient,  d'abord, 
à  ce  que  le  bassin  de  la  Saône  ne  communique  avec  celui  du  Rhône 
(|ue  par  un  étroit  poulet,  (|ui  le  rend  en  (|ueh|ue  sorte  indépendant 
des  variations  du  fleuve;  en  second  lieu,  à  ce  que  les  diverses  sta- 
tions humaines  indi((uées  correspondent  à  des  époques  de  guerres  et 
ne  sont  sans  doute  que  des  postes  d'embuscade  placés  le  long  de  la 
rivière  à  une  époque  (|ui  correspond  justement  au  début  de  Texhaus- 
sement  du  sol,  à  une  période  d'abaissement  du  lit. 

On  ne  peut  donc  pas  opposer  les  faits  observés  sur  la  Saône  à  ceux 
que  présentent  les  autres  rivières,  et  on  reconnaîtra  (|ue  la  terrasse  de 
10  mètres,  qui  précède  immédiatement  celle  de  5  mètres,  est  celle  sur 
laquelle  se  sont  partout  installés  les  hommes  de  l'épociue  magdalé- 

(1)  J'appelle  néolilliique  cette  civilisation  de  silex  tailles  et  de  poterie  sans  pierre 
polie.  i|ue  rétu<]e  des  alluvions  de  la  Saune  force  à  hi^parcr  de  la  pierre  polie 
(Y.  Bull.,  :]•  sér..  I.  VI,  p.  118  ;  séance  du  3  décembre  187'7). 


406  TAnDY.    —  CLASSIFICATION   DK   LKP.    QUATEUNAIIIK.  15  avril 

iiienne.  Au-dessus  vient  la  terrasse  de  20  mètres,  qui  renferme  encore 
(les  (K^bris  abondants  de  l'industrie  humaine.  Plus  haut,  enfin,  se 
trouve  la  terrasse  de  40  mètres  t|ui,  contient  à  Saint-Acheul  des  ha- 
ches parfaitement  taillées. 

Puisque  ces  terrasses  sont  des  parties  d'une  progression  renfermant 
les  terrasses  actuelles,  on  peut  admettre  qu* elle;  ont  été  soumises  aux 
mêmes  lois  d'une  façon  ininterrompue,  et  que,  par  conséquent,  leur  âge 
est  calculable  approximativement  en  partant  des  données  fournies 
plus  haut.  De  cette  façon,  Tûgo  de  la  terrasse  de  10"^  sera  compris 
entre  les  23«  et  27»  siècles,  celui  de  la  terrasse  de  20«»  entre  les 
31"  et  35%  celui  de  la  terrasse  de  40'"  entre  les  39°  et  43^  Les 
silex  taillés  de  Saint-Acheul  trouvés  dans  la  moitié  supérieure  de  cette 
dernière  terrasse  sont  donc  de  la  seconde  moitié  de  la  période  corres- 
pondante de  quatre  siècles,  c'est-à-dire  de  moins  de  quaranle-et-un 
siècles  avant  Jésus-Clirist. 

Il  reste  à  démontrer  que  ces  silex  taillés  sont  bien  la  trace  la  plus 
ancienne  laissée  par  Tllomme  sur  notre  sol,  et  j'aurai  prouvé  la  véra- 
cité scientifique  du  texte  de  la  Vulgate,  en  même  temps  que  j'aurai 
donné  la  classitication  de  la  période  quaternaire. 

Au-dessus  de  la  terrasse  de  40  mètres  se  trouve  celle  tleSO,  au  sein 
de  laquelle  on  n'a  rencontré  jus(|u  à  ce  jour  aucun  vei>tigc  de  l'exis- 
tence de  l'Homme,  quoifju'à  cette  épO(}ue  il  }  ait  eu  de  grands  ani- 
maux sur  notre  sol.  En  effet  c'est  à  ce  niveau  qu'il  faut  placer  la  faune 
de  Montreuil  près  de  Paris,  tandis  que  c'est  au  niveau  de  la  terrasse  de 
40"  qu'il  convient,  je  crois,  de  rapporter  la  faune  de  Saint-Germain - 
au-Mont-d'Or  près  de  Lyon.  Ces  deux  faunes  sont  un  peu  dinérenles, 
mais  leurs  différences  ne  sont  pas  assez  tranchées  pour  qu'on  ait  été 
conduit  de  prime  abord  à  les  séparer  profondément  lune  de  l'autre. 
La  meilleure  preuve  en  est  dans  l'opiiiion  de  celui  de  nos  confrères 
(|ui  aie  mieux  étudié  l'ensemble  du  Bassin  de  Paris.  Il  aurait  volon- 
tiers placé  à  un  seul  et  même  niveau  Saint-Acheul  et  Montreuil,  parce 
que,  sans  doute,  la  base  de  la  terrasse  do  80'"  se  trouve  à  Montreuil 
former  le  sous-sol  ancien  de  la  terrasse  de  40'",  ainsi  (jue  je  l'ai  ob- 
servé autrefois.  A  cette  époque,  en  1869,  on  pouvait  assez  facilement, 
en  comparant  la  grande  sablière  de  Montreuil  avec  les  sables  exploités 
plus  bas  dans  la  plaine  vers  la  route  de  Yincennes,  reconnaître  (|ue 
ces  deux  formations  n'étaient  pas  contemporaines. 

Au-dessus  de  la  terrasse  de  80'"  on  trouve  celle  de  KîO  ;  celle-ci, 
comme  la  précédente,  renferme  encore  une  faune  un  peu  différente  de 
celles  des  époques  suivantes  dans  le  temps.  Je  crois  cependant  (jue  ces 
différences  ne  sont  pas  assez  tranchées  pour  expli<|uer  ù  elles  seules 
l'absence  de  l'Homme  dans  les  terrasses  plus  élevées  r|ue  celle  de  'lO'". 


1878.  TAUDV.    —   CLASSIFICATION   DK    L*ÉP.  QUATER.NAIRË.  407 

Cette  absence  doil  d'aulant  plus  étonner  que  c'est  justement  dans  ces 
hautes  terrasses  qu'on  retrouve  les  espèces  considérées  comme  plus 
méridionales.  Au  contraire,  au  moment  où  parait  THomme  de  Saint- 
Acheul,  le  Mammouth  est  le  seul  des  grands  Éléphants  qui  ait  sur- 
vécu. L'Homme  serait  donc,  pourrait-on  croire,  arrivé  à  une  époque 
rooins  clémente  et  ferait  ainsi  exception  aux  lois  paléontologiques; 
il  obéirait  k  d'autres  lois,  qui  le  différencient  essentiellement  de  1  ani- 
mal, dont  il  a  pourtant  les  formes. 

Je  crois  que  la  faune  de  la  terrasse  4le  160"  doit  être  en  partie  celle 
de  la  brèche  du  fond  de  la  grotte  Saint-Jean  à  Santenay  ;  cependant  je 
dois  faire  à  ce  sujet  des  réserves,  car  je  ne  connais  pas  assez  bien  l'al- 
titude de  ce  point  pour  en  bien  juger.  Cette  terrasse  est  aussi  celle  à 
la(|uelle  appartient  le  ielim  supérieur  de  la  Bresse,  celui  qui  ne  ren- 
ferme (lue  des  Succinea  et  pas  Allclix, 

Parmi  les  réserves  à  faire  relativement  à  la  grotte  Saint-Jean,  il  en 
est  une  motivée  sur  ce  fait  que  la  brèche  de  la  Pointe  du  Bois  appar- 
tient à  la  terrasse  de  320"^.  Or  la  distance  entre  ces  deux  localités  est 
très-faible,  ainsi  que  leur  dliférence  de  niveau.  Il  convient  donc  de 
chercher  ailleurs  un  type  de  la  faune  de  160  mètres. 

Au-dessus  de  la  terrasse  île  320'"  se  trouve  celle  de  600,  à  laquelle 
appartient  une  brèche  exploitée  par  M.  Faisan  à  51K)"^  d'altitude  envi- 
ron et  dans  laquelle  il  a  reconnu  la  présence  de  ÏElephas  meridiona- 
lis.  Cet  ainm^l  rattacherait  ainsi  la  période  des  terrasses  du  Quater- 
naire à  celle  des  alluvions  anciennes  du  Pliocène. 

Entre  ces  deux  époques,  des  terrasses  et  des  alluvions  anciennes  à 
E.mendionalis,  doit-on  placer,  comme  Ta  dit  M.  de  Rosemont,  la  pé- 
riode des  glaciers  (|ualernaircs,  ou  doit-on  intercaler  ces  grands  gla- 
ciers entre  les  diverses  terrasses?  Pour  répondre  a  cette  question,  il 
faut,  je  crois,  étudier  la  coupe  (|ue  notre  confrère  a  donnée  dans  le 
Bulletin  (1). 

Tout  d'abord, on  peut  remaniuer  que  M.  de  Rosemont  ne  parle  que 
des  terrasses  de  80"  et  au-.lessous.  La  terrasse  de  80'"  autour  de  Ge- 
nève doit  se  trouver  vers  l'altitude  moyenne  de  450'",  si  elle  existe.  Or 
il  n'y  a  pas  de  plaines  plates  à  ce  niveau  autour  du  lac  de  Genève, 
mais  une  vaste  plaine  Irès-ondalée,  couverte  d'alluvions,  qui  se  main- 
tient vers  ce  niveau  moyen.  0;i  peut  donc,  en  toute  raison,  admettre 
l'existence  de  cette  terrasse  autour  du  lac.  Il  en  résulte  que,  si  les  gla- 
ciers doivent  être  intercalés  entre  les  terrasses,  le  front  du  glacier  du 
Rhône  se  trouvait  dès  celle  épj|ue  dans  la  vallée  du  Valais.  Il  se 
pourrait  alors  fort  bien  c|ue  dans  la  vallée  de  l'Isère  les  glaciers  se  fus- 

1)  Bull.,  :/  s  if.,  f.  IJI.  p.  !«;>;  \'3  avril  187r». 


408  TARDY.    —  CLASSIFICVnON   DE   l/ÊP.    QUATERNAIRE.  IS  avril 

sent  à  cette  môme  ëpoque  retirés  en  amont  de  Bellenlre.  L'étude  de  la 
vallée  de  la  Tarentaise  ne  pourrait  pas  alors  aider  à  trancher  la  ques- 
tion. 

En  Bresse  te<^  terrasses  sont  postérieures  aux  glaciers  de  la  grande 
extension,  puisque,  ainsi  que  je  Taî  indiqué  en  juin  1877  (1),  on  re- 
trouve trois  lehms  superposés  (3)  reposant  sur  les  dépôts  glaciaires 
de  la  Dombes,  à  Vancia  par  exemple.  Mais  ces  dépôts  de  lehm  sont 
originaires  de  la  vallée  de  la  Saône  et  cessent  vers  Lyon,  un  peu  à 
Test  de  Miribel.  A  partir  de  Montluel  on  ne  trouve  plus  que  des 
argiles  sans  aucune  coquille,  ni  Siiccinéc  ni  autre;  rien  n'indique  la 
séparation  des  divers  dépôts,  en  sorte  qu'il  est  impossible  de  dire  si 
les  argiles  qui  recouvrent  les  dépôts  glaciaires  de  Loyes,  de  Cliazey 
ou  de  Lagnieu,  sont  de  tel  ou  tel  niveau.  On  ne  peut  donc  ici  résou- 
dre le  problème  posé  par  M.  de  Rosemont. 

En  Italie,  on  trouve  en  face  de  la  vallée  de  Suze,  sur  la  colline  de 
Turin,  le  lehm  de  la  terrasse  de  GOO"*  vers  TEremo.  Ce  lelim  l'ait  dé- 
faut sur  la  moraine  de  Rivoli,  au  débouché  de  la  vallée  de  Suze. 

On  doit  aussi  remarquer  (|uest  tous  ces  lehms  étaient  postérieurs 
aux  petites  moraines  d*Avigliana,  ceux  qui  leur  sont  supérieurs  en 
altitude  auraient  dû  suffîr,  vu  leur  grande  puissance  à  Cavaretto  et  à 
Rivoli,  pour  combler  les  lacs  d'Aviglianaet  pour  tout  niveler  sous  un 
manteau  uniforme.  Pour  ces  diverses  raisons,  je  crois  devoir  rester 
dans  l'opinion  que  j'ai  déjà  exprimée  dans  le  Bulletin  en  1872,  en 
donnant  un  premier  aperçu  sur  l'époque  quaternaire  d'après  mes 
observations  aux  environs  de  Turin  (3). 

Un  autre  motif,  tirédeslois  paléontologiques,  me  semble  encore  mi- 
liter en  faveur  de  l'intercalation  des  terrasses  entre  les  diverses  phases 
glaciaires  de  l'époque  quaternaire.  En  effet  on  rencontre  les  ossements 
de  VElcphas  meridiotialis  dans  les  alluvions  anciennes,  qui  sont  cer- 
tainement antérieures  ù  la  plus  grande  extension  des  glaciers  quater- 
naires; ensuite  on  les  retrouve  dans  diverses  terrasses  successives  ((ua- 
ternaires.  Il  y  aurait  donc  eu,  en  quelque  sorte,  en  admettant  que  les 
glaciei*s  et  les  terrasses  soient  deux  époques  successives,  une  récur  • 
reuce  de  \E,  meridtonalis,  à  moins,  cependant,  ((ue  les  ossements 
trouvés  dans  les  assises  quaternaires  ne  soient  des  débris  remaniés  et 
enlevés  aux  alluvions  anciennes.  Ce  pourrait  être  te  cas  des  gisements 
tels  que  celui  de  Montreuil,  ù  cause  de  son  altitude  par  rapport  à  celle 
de  la  Seine;  mais  ce  ne  peut  pas  être  le  cas  de  gisements  du  genre  de 

(1)  Bull.,  3*  .^6r.,  t.  V,  p.  712  et  s. 

(2j  Le  troisième,  la  terre  rouge  des  tranchées  de  M.irgnolas,  doit  Olre  autre  cln»sc 
qu'uQ  lehm. 

a;  DulL,  2"  sér..  t.  XXIX,  p.  5r»0  et  b. 


1878.  TAUDY.    —  CLASSIFICATION   DE   LÉP.    QUATËRNAIIIE.  409 

celui  qui  m'a  été  indiqué  par  M.  Faisan.  Ici  plus  de  doule  possible, 
YE,  niendionalis  est  bien  du  début  de  l'époque  quaternaii'e. 

11  me  semble  donc  suffisamment  démontré  (|ue,  si  nous  n'avons  pas 
une  preuve  absolue  de  Tintercalalion  des  glaciers  entre  chaque  ter- 
rasse, l'hypothèse  de  la  succession  de  ces  deux  régimes  est  inadmissi- 
ble en  maintes  circonstances,  tandis  que  le  système  de  l'intercalation 
satisfait  à  tous  les  faits  connus.  Il  est  vrai  que  l'intercalation  d'une 
terrasse  entre  chaque  groupe  de  moraines  oblige  à  modifier  sur  un 
grand  nombre  de  points  les  idées  admises.  Ainsi,  pour  en  citer  un 
exemple  qui  rend  homn)age  à  la  science  et  à  la  perspicacité  d'un  de 
nos  plus  regrettés  confrères,  il  faut  admettre,  avec  Éd  Lartet,  que 
l'époque  quaternaire  glaciaire  avait  un  climat  doux  et  très-égal,  pro- 
pre à  la  vie  des  grands  Mammifères. 

En  eflet,  que  devait  être  un  climat  dont  les  fleuves  pouvaient  à  un 
moment  donné  avoir  des  crues  de  près  de  300'^  de  haut?  C'est  le  cas 
de  la  terrasse  de  600"^  dans  la  région  de  la  Saône;  car  à  cette  époque 
le  plateau  de  la  Bresse,  dont  l'altitude  ne  dépasse  guère  SOO'"  au- 
dessus  de  la  mer  actuelle,  existait  déjà  ;  il  y  avait  ainsi  300'"  de  hau- 
teur d'eaux  limoneuses  sur  la  Bresse,  c'est-à-dire  d'eaux  de  pluie 
ayant  lavé  les  plateaux  (1). 

Hais,  dira-t-on  probablement,  si  les  eaux  ont  atteint  le  niveau  de 
(K)0(n,  comme  rindi(]uent  les  dépôts  de  lehm  situés  à  cette  haute  alti- 
tude, les  eaux  se  sont  maintenues  a  ce  niveau  jusqu'à  leur  brusque 
abaissement  au  niveau  de  la  terrasse  suivante  de  320°^  Cette  manière 
de  concevoir  les  choses  ne  s'accorJe  pas  avec  les  faits  que  j'ai  observés, 
et  ici  encore  je  ne  puis  partager  l'opinion  de  M.  Belgrand.  En  effet, 
nous  avons  vu  que  l'intercalation  des  terrasses  et  des  groupes  de  mo- 
raines est  la  solution  la  plus  satisfaisante.  Or  le  groupe  de  moraines 
qui  doit  s'intercaler  entre  la  terrasse  de  600"»  et  celle  de  320"  est  con- 
stitué en  Italie  par  les    moraines  de  Rivoli,  et  en  Bresse  entre  la 
terrasse  de  3i0"'  et  celle  de  160*"  existe  le  groupe  formé  par  les  mo- 
raines de  Loyes,  de  Chazey  et  de  Lagnieu,  et  par  une  autre  plus  ea 
amont  (2).  Ces  deux  dernières  reposent  sur  une  alluvion  qui  n'est 
qu'à  20"*  au  plus  au-dessus  du  fleuve  actuel.  Il  résulte  de  cette  si- 
tuation que  l'érosion  de  tous  les  dépôts  antérieurs  de  la  vallée  du 
Rhône  s'est  produite  entre  la  terrasse  de  320"*  et  celle  de  160"",  c'est- 
à-dire  entre  l'époque  de  la  moraine  de  Loyes  et  celle  des  moraines 
de  Chazey  et  de  Lagnieu. 

Pour  ((ue  cette  puissante  érosion  ait  pu  se  faire,  il  faut,  de  toute- 

(1)  Voir  iufrà  la  note  du  tableau  liiial  de  {'Essai  suivant. 
2)  V.  la  note  (Ij  ci-dessus. 


410  TARDY.   —   CLASSIFICATION    DE   L*ÉP.   QUATËIt.NAIRC.  15  avril 

nécessité,  que  la  mer  se  soil  abaissée  presque  au  niveau  actuel  ;  en 
sorte  que  le  niveau  des  eaux  a  passé  successivement  du  niveau  de  310"" 
à  celui  de  20*^  au-dessus  du  niveau  actueU  pour  revenir  ensuite  à 
celui  de  160'".  Ce  régime,  qui  paraît  si  extraordinaire  au  premier  abord, 
est  cependant  le  seul  qui  puisse  expliquer  la  succession  des  dépôts  er- 
ratiques de  la  Bresse.  En  effet,  sur  la  moraine  proprement  dite,  celle 
dont  Taspect  est  à  peu  près  identi(|uc  avec  celui  des  moraines  ac- 
tuelles, on  trouve  ce  que  j'ai  appelé  une  moraine  de  chute,  tombée  de 
glaciers  flottants.  Ce  dépôt,  assez  diflicile  à  e\plit|uer  sans  Tinterca- 
lation  des  terrasses,  trouve  une  explication  facile  dans  cette  théorie  : 
c'est  le  produit  de  la  fusion  du  glacier  lorsque  celui-ci  a  été  soulevé 
par  le  niveau  croissant  des  eaux. 

L'époque  quaternaire  a  donc  été  une  époi^uede  grandes  oscilla- 
tions tendant  vers  un  minimum  dont  on  peut  ù  peine,  à  notre  époque, 
deviner  Tamplitude.  Mais  cela  n'indi(]ue  pas  quel  fut  le  ivgime  clinia- 
térique  ou  météorologi(}ue  de  celle  épofjue.  Le  défaut  de  fossiles  avant 
la  terrasse  de  160",  leur  absence  complète  dans  tous  les  lehms  argi- 
leux de  la  vallée  du  Rhône,  empêchent  d'étudier  le  ré^^ime  d'une  ter- 
rasse en  particulier  en  dehors  de  la  région  parcourue  par  les  eaux  de 
la  Saône.  Mais  dans  la  zone  soumise  k  l'influence  de  celte  rivière,  on 
trouve,  même  dans  des  limons  très-gras  ressemblant  beaucoup  à  ceux 
du  Rhône,  des  fossiles  qui  permettent  de  suivre  une  terrasse  et  les  dé- 
pôts de  son  époque. 

C'est  ainsi  que  sur  les  deux  versanls  du  promontoire  bressan  qui  se 
termine  au  sud  à  Lyon,  notamment  à  La  Pape,  on  voit  dans  les  lehms 
du  niveau  de  80'"  des  Hélix  déterminés  par  M.  Tournouér,  dont 
j'ai  déjà  donné  les  noms,  en  attendant  une  monographie  des  coquilles 
quaternaires  des  environs  de  Lyon.  Ces  Hélix,  qu'on  ne  rencontre 
jamais  dans  le  lehm  à  Succinées  de  160'",  commencent  à  se  montrer 
à  110'"  environ  au-dessus  du  fleuve,  puis  deviennent  très-abondants 
au  niveau  de  la  terrasse  de  80";  au-dessous  on  les  retrouve  encore, 
mais  généralement  brisés  ou  roulés,  ce  <[ui  montre  qu'ils  ont  été 
remaniés  et  que  leur  âge  ne  dépasse  pas  les  limites  de  la  terrasse  de  * 
80"^. 

A  l'époque  de  ces  Ildix,  ainsi  que  cela  ressort  de  ce  (jue  j'ai  dit 
précétiemmenl,  la  terrasse  se  formait  \ers  80"  au-dessus  du  fleuve 
actuel,  dont  le  niveau  indique  à  très -peu  près  celui  du  lit  ancien  à 
l'époque  de  cette  terrasse.  Il  y  avait  donc  à  celte  épo(|uc  environ  80"' 
d'eau  vers  Lyon  dans  le  lit  du  Rhône  lors  des  hautes  eaux  moyennes. 
En  effet,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  au  sujet  des  terrasses  de  lia  17'"  et  de 
iOà  29'",  c'est  le  moment  où,  dans  nos  cours  d'eaux  actuels,  se  forment 
les  terrasses.  Mais,  outre  ces  niveaux  déjà  élevés  de  Î5()",  il  y  avait  des 


1878.  TAnDY.   —  CLASSIFICATION    DE   LKl».    QUATËRNAIHE.  411 

crues  extraordinaires  <ie  liO",  dont  ont  été  victimes  les  Hélix  enva- 
ses à  La  Pape.  Ces  chiffres  doivent  de  prime  abord  paraître  bien  extra- 
ordinaires ;  mais  <]uand  on  les  compare  au  ré^nme  actuel  de  nos  neuves, 
on  trouve  une  singulière  harmonie  entre  ces  données  d'ûges  si  divers. 
Ainsi,  il  existe  le  même  rapport  entre  les  hautes  crues  annuelles  de  la 
Saône  et  ses  crues  extraordinaires,  <|u*entre  les  deux  niveaux  de  80  et 
de  110"*.  Cette  harmonie  me  semble  prouver,  à  elle  seule,  (|ue  les  faits 
sont  bien  interprétés  et  ({ue  notre  épo(|ue  est  bien  la  suite  du  régime 
quaternaire.  Il  me  paraît  donc  que  je  ne  me  suis  pas  trop  avancé  eu 
concluant  que  la  durée  des  oscillations  a  du  être  à  peu  près  la  même 
pendant  toute  la  période  qui  s'est  écoulée  entre  Tllomme  de  Saint- 
Acheul  et  nous,  puisque,  durant  l'époque  où  l'on  peut  à  peu  près  saisir 
les  mouvements  oscillatoires  du  sol,  ceux-ci  semblent  éprouver  un 
ralentissement. 

Il  semble  aus>i  (|ue,  pour  obtenir  la  climatologie  d'une  des  phases 
de  répoque  (|uaternaire,  par  exemple  pour  obtenir  le  débit  du  fleuve 
et  la  quantité  de  pluie,  il  suflise  de  multiplier  les  données  de  Tobser- 
vation  actuelle  par  le  rapport  entre  les  hautes  eaux  moyennes  an- 
nuelles de  nos  cours  il'eaux  et  les  hauteurs  des  anciennes  terrasses  aux 
mêmes  lieux.  Ce  procédé  si  simple  on  apparence  peut-il  donner  <les 
résultats  bien  exacts?  Je  n'entreprendrai  pas  de  le  prouver,  ni  d'établir 
par  des  calculs  directs  le  débit  de  nos  fleuves  quaternaires,  quoique 
ce  soit  par  une  tentative  de  ce  genre  que  j'aie  débuté  dans  mes 
études  sur  cette  épO(iue  géologique,  et  que  celle-ci  m'ait  valu  la  bien- 
veillante sympathie  de  mes  savants  confrères. 

J'ai  dit  jusqu'ici  (jue  la  nier  et  nos  cours  d'eaux  étaient  revenus 
entre  chaque  ternisse  à  leur  zéro,  soit  d'altitude,  soit  d'étiage,  de 
l'époque  actuelle.  Celte  manière  de  m'exprimer  n'était  pas  exacte.  En 
ell'et,  on  trouve  dans  plusieurs  vallées  des  alluvions  quaternaires  pro- 
fondes, (jui  se  prolongent  verticalement  bien  au-dessous  de  Tétiage  ac- 
tuel. L'un  des  meilleurs  exemples  à  citer,  parce  <|u'il  est  daté,  est  fourni 
par  les  alluvions  intérieures  de  la  [)laine  de  Grenelle-Paris,  qui  ont  livré 
à  M.  Martin  divers  objets  archéologiques  permettant  de  fixer  l'époque 
à  laquelle  le  lit  de  la  Seine  occupait  ce  point.  Ici,  pourra-t-on  dire,  il 
n'y  a  qu'un  simple  déplacement  du  lit;  mais  cependant  (juelleest  l'ori- 
gine des  sables  (|u  on  retire  dans  ces  carrières  bien  au-dessous  de 
l'éliagc  des  basses  eaux,  sinon  des  alluvions  abandonnées  sur  la  rive 
convexe  par  un  courant  dont  le  lit  principal  était  bien  plus  profond. 
Ce  lit,  pour  son  érosion,  a  exigé  un  exhaussement  du  sol  un  peu  plus 
considérable  que  celui  (|ue  l'on  constate  aujourd'hui.  Il  en  est  de  même 
et  sur  une  plus  grande  échelle  dans  le  bassin  du  Uhône.  Tous  les  son- 
dages faits  pour  l'établissement  des  ponts  indi(|uenl  une  grande  pro- 


412  TARDY.    —   CLASSIFICATION   Dt  l'ëP.   QLATëUNAIKE.  15  avril 

fondeur  d*alluvions,  et  celle-ci  indique  une  érosion  plus  profonde  que 
le  niveau  actuel.  On  pourrait  supposer  qu'étant  à  une  époque  éloignée 
du  dernier  maximum  de  raffaissement  du  soi,  ces  alluvions  peuvent 
avoir  été  déposées  durant  la  dernière  période  d'affaissement. 

Les  monuments  construits  depuis  la  conquête  de  la  Gaule  par  les 
Romains  prouvent  que  le  lit  n'a  presque  pas  changé  depuis  cette 
époque,  soit  dans  la  vallée  du  Rhône,  soit  dans  celle  de  la  Seine,  etc. 
Les  alluvions  profondes  remplissant  d'anciens  lits  sont  donc  d'une 
époque  antérieure  k  la  conquête  romaine.  Elles  sont  dans  la  plaine  de 
Grenelle,  en  partie  au  moins,  contemporaines  de  l'Homme  quater- 
naire; mais  sur  la  rivière  d'Ain,  au  Pont-d'Ain  par  exemple,  elles 
peuvent  bien  être  de  l'épotiue  de  la  première  grande  érosion  quater- 
naire, c'est-à-dire  de  l'époque  qui  sépare  les  hautes  terrasses  de  3iO'" 
et  de  KK)"*.  En  effet,  c'est  sur  des  aUuvions  déjà  nivelées  dans  la 
vallée  de  l'Ain,  (|ue  reposent  les  dépôts  morainiques  de  Chazey.  Ces 
alluvions  ont  au  Pont-d'Ain  environ  18  mètres  de  profondeur;  ce  qui 
indi(|ue  que  l'exhaussement  du  sol  à  intercaler  entre  les  deux  terrasses 
de  SiO^  et  de  IGO*"  a  dû  atteindre  sur  notre  littoral  et  amener  à  la 
surface  des  points  situés  à  18"^  au-dessous  du  zéro  actuel. 

Ainsi,  s'il  y  a  eu  depuis  le  début  de  l'époque  des  grandes  terrasses 
diminution  dans  les  hauteurs  successives  dos  niaxima  d'atfaissement, 
il  y  a  eu  aussi,  d'autre  part,  diminution  dans  les  profondeurs  des 
raaxima  d'exhaussement  (je  devrais  dire  :  dans  les  hauteurs  des 
maxima  d'exhaussement;  mais  je  mesure  ces  maxima  par  des  profon- 
deurs d'alluvions). 

L'érosion  du  lit  du  tleuve  a  été  d'environ  IS*"  au-dessous  du  lit  ac- 
tuel, à  l'époque  qui  précède  la  moraine  de  Chazey.  D'après  ce  que  j'ai 
dit  précédemment,  le  remplissage  de  la  vallée  a  été  de  près  de  iiO^  au- 
dessus  de  son  étiage  actuel,  avant  l'arrivée  de  cette  moraine.  Il  y  a 
donc  eu  une  oscillation  de  40*"  d'affaissement  environ  entre  l'exhausse- 
ment qui  sépare  la  moraine  de  Loyes  de  celle  de  Chazey  et  le  dépôt  de 
celle-ci. 

La  moraine  de  Loyes  repose  de  même  sur  une  alluvion  qui  n'est  pas 
le  produit  du  torrent  de  son  glacier,  puisque  le  courant  de  l'alluviou 
immédiatement  en  contact  avec  le  glaciaire  venait  du  Sud-Eï>t,  tandis 
que  l'alluvion  inférieure  indique  un  courant  venu  du  Nord.  La  posi- 
tion successivement  abaissée  des  ({uatre  moraines  du  groupe  montre 
qu'on  ne  peut  les  classer  de  part  et  d'autre  du  maximum  (|ui  sépare 
les  deux  terrasses  de  320"*  et  de  160'".  En  elfet,  pendant  l'exhaussement 
des  eaux,  cet  exhaussement  eût  soulevé  le  glacier  et  il  n'aurait  pas  pu 
se  former  de  moraine.  Il  est  donc  nécessaire  de  placer  ces  quatre  mo- 
raines entre  la  terrasse  de  SiU"*  et  le  maximum  d'émcrsion  du  sol. 


1878.  TAIIDY.    —  CLASSIFICATION   DE  I/kP.    QUATERNAIRE.  413 

La  position  des  deux  moraines  de  Loyes  et  de  Chazey  sur  des  allu- 
vions  formées  avant  leur  dépôt  est  une  preuve  que  chaque  moraine 
suit  une  oscillation  spéciale  et  se  trouve  correspondre  au  point  mort 
(|ui  sépare  un  aifaissement  d*un  exhaussement.  Or  une  moraine  ne  se 
forme  que  quand  un  glacier  est  stationnaire,  c'est-à-dire  n'avance  ni 
ne  recule.  De  là  on  peut  conclure  que  les  glaciers  avancent  pendant 
Taflaissement  des  continents  et  reculent  pendant  leur  exhaussement. 

Cette  conclusion  se  trouvant  être  en  accord  avec  les  faits  observés  de 
nos  jours  dans  les  Alpes  et  dans  le  Caucase,  on  peut  dire  que  la  théo- 
rie ci-dessus  est  vraie.  En  effet  on  doit  se  rappeler  que  depuis  un  demi- 
siècle  environ  notre  sol  s'exhausse,  ainsi  que  je  Vai  indiqué  ci-dessus. 

Le  groupement  des-  moraines  par  série  de  4  est  un  fait  très-constant; 
toutefois,  il  faut  assez  souvent  de  patientes  recherches  pour  les  trou- 
ver toutes  les  quatre.  Ainsi,  sur  le  plateau  de  la  Dombes  je  n'ai  pu  les 
indiquer  toutes,  parce  que  deux  seulement  sont  connues.  La  plus  an- 
cienne est  celle  de  Lyon;  puis  vient  celle  de  Vancia,  qui  serait  restée 
inconnue  sans  les  travaux  du  fort.  Les  deux  autres  peuvent  se  deviner 
au  relief  du  sol,  mais  on  ne  sera  certain  de  leur  position  que  lorsque 
dos  travaux  les  auront  mises  au  jour.  L'une  doit  se  trouver  vers  Mar- 
gnolas  ou  Faramans,  et  l'autre  forme  sans  doute  le  sommet  sud-est  du 
plateau  de  la  Dombes. 

On  peut  encore  citer  comme  exemples  de  ces  groupes  de  moraines 
les  quatre  moraines  d'Aviglinna,  à  l'ouest  de  Turin,  les  quatre  crêtes 
de  la  moraine  de  Uivoli  au-dessus  d'Alpignano,  les  moraines  de  la 
vallée  de  La  Mure  à  Yizille,  qui  retiennent  quatre  lacs,  et  un  grand 
nombre  d'autres,  tant  en  France  que  dans  la  Haute-Italie.  Ce  groupe- 
ment par  quatre  est  donc  une  loi  de  la  nature,  qui  indique  qu'entre 
une  terrasse  et  le  maximum  d'émersion  qui  la  suit,  il  y  a  quatre  oscil- 
lations secondaires,  concourant  au  but  final. 

Ces  oscillations  secondaires,  intimement  unies  aux  oscillations  prin- 
cipales, n'ont  rien  d'étonnant  dans  la  nature,  et  l'astronomie  en  four- 
nit maintes  preuves,  par  exemple  dans  les  mouvements  de  Taxe  de  la 
Terre  :  préclassions  des  équinoxes  et  nutations. 

L'époque  actuelle  étant,  à  n'en  pas  douter,  la  suite  de  l'époque  qua- 
ternaire, il  m'a  paru  intéressant  de  rechercher  à  notre  époque  la  du- 
rée de  ces  diverses  phases  secondaires  qui  s'intercalent  dans  une  os- 
cillation entière  de  huit  siècles  de  durée,  ainsi  que  je  l'ai  dit  en 
commençant. 

L'intercalation  des  quatre  moraines  dans  une  demi-oscillation  pri- 
maire nécessite,  à  mon  avis,  quatre  mouvements  d'affaissement  du  sol 
ayant  précédé  ces  <]uatre  moruines,  et  quatre  oscillations  ascendantes 
contemporaines  du  retrait  de  leurs  glaciers. 


414  TARDY.   —  CLASSIFICATION   DE   LÉP.    yUATERNAiaE.  15  avril 

En  outre,  la  moraine  de  Loyes  ne  peut  avoir  ét(j  contemporaine  du 
maximum  d'atraissement  de  la  terrasse  de  3iO'";  donc  il  faut  ajouter 
aux  exhaussements  du  sol  qui  suivent  les  quatre  moraines,  un  cin- 
quième qui  clôt  l'époque  de  la  terrasse  de  3iO"  (1).  On  aura  ainsi, 
entre  le  maximum  d'une  terrasse  et  le  maximum  d'cxliaussement 
qui  la  suit,  neuf  phases  simples,  4  ascendantes  et  5  descendantes. 

En  supposant  ces  phases  simples  égales  entre  elles,  ce  qui,  sans  être 
vrai,  ne  doit  pas  s*<5loigner  beaucoup  de  la  vi*rilé,  on  aura  la  durée  de 
chacune  en  divisant  ladurée  de  la  demi-oscillation  primaire  par  1). 

A  notre  époque,  si  les  choses  se  passent  comme  au  début  de  l'époque 

Al*' 

quaternaire,  un  glacier  doit  avjncer  pendant  -^^  ans  ,  soit  pendant 
46  ans  environ,  et  reculer  ensuite  durant  la  iném's)  périoJede  temps,  y 
compris  la  demi-durée  de  chaque  point  mort. 

Depuis  que  le  niveau  des  terrasses  s'est  abaissé  sudisarainent  pour 
ne  plus  nuire  à  la  régularité  de  la  formation  (\o^  moraines,  il  a  dû  se 
former,  outre  les  (juatre  moraines  précédemment  indiquée'^,  une  cin- 
quième au  moment  de  raiïaissement  maximum  corresj)()n(lant  à 
chaque  terrasse.  De  plus,  les  quatre  morainos  de  ch:i(|ue  phasu  an- 
cienne ne  correspondant  (ju'a  une  demi-oscillation,  il  doit  y  avoir,  pour 
la  régularité  du  phénomène,  quatre  aulres  moraines  dans  la  seconde 
moitié  d'une  oscillation  entière.  Chacune  de  ces  phases  entières  com- 
prend donc  neuf  moraines,  qui  doivent,  au  moins  depuis  le  début  de 
l'époque  moderne,  s'étager  dans  les  hautes  vallées  de  nos  montagnes. 
La  moraine  qui  correspond  au  maximum  d'atlaissement  devant  être 
plus  considérable  (|uc  les  autres  et  plus  a\ancée,  parce  qu'elle  est 
poussée  |)ar  un  glacier  plus  considérable,  doit  encore  aider  ù  l'enche- 
vêtrement que  l'on  observe  dans  les  Alpes  et  qui  rend  une  élude  de 
détail  impossible. 

D'après  les  laits  généralement  connus,  on  peut  supposer  que 
nous  sommes  en  ce  moment  soit  dans  la  première,  soit  dans  la  troi- 
sième phase  de  46  ans  de  durée  (]ui  suit  un  maximum  d'immersion. 
Pour  préciser  davantai;e,  il  faudrait  pouvoir  coniparer  entre  eux  les 

(1)  On  poul  facilemcDl  se  rondrc  compte  de  la  iKiccssiL»  do  cet  exliaiissonient 
intercalé  entre  la  terrasse  et  la  première  moraine  du  groupe  tuixant.  en  étudiant 
la  coupe  de  Lojes.  D'abord,  prenant  les  n"*  impairs  pour  indicjucr  les  affaissements 
ilu  sol  et  les  n"'  pairs  pour  les  exhaussements,  1«»  n"  1  correspond  à  la  terrasse; 
|»our  le  d^*p(^t  de  rallu\iv^n  qui  est  sous  la  moraine,  il  faut  une  érosion,  donc  un 
exhaussement/^;  ensuite  le  dôpôt  des  cailloux  se  fait  au  début  de  l'affaissement  3, 
la  moraine  arrive  pendant  cet  affaissement  ;j,  et  à  la  fin  de  celui-ci  se  produit  le 
dépôt  si  sin^'ulier  (jui  flanque  cette  moraine  à  l'ouest  et  la  masque  dans  le  chemin 
creux  de  La  Croizetti».  L'exhaussement  4  vient  après,  qui  rele\e  la  vallée  jusqu'à 
20"  en  contre-bas  de  la  vallée  a«rtuelie.  avant  le  d<q>nt  i\vn  allusions  et  de  la  mo- 
raine de  Chaz.'> . 


1878.  TARDY.  —  CLASSIFICATION   DE   LÉP.   QUATERNAIRE.  415 

mouvements  des  glaciers,  les  inondations  des  rivières  et  les  variations 
de  niveau  de  nos  côtes,  depuis  environ  un  si«Vle.  Bien  des  éléments 
nécessaires  pour  cette  comparaison  me  manquant,  je  me  bornerai  à 
rechercher  les  probabilités  auxquelles  j'étais  arrivé  lors  de  la  publica- 
tion de  mes  études  sur  le  Quaternaire  de  la  Haute-Italie. 

D'abord,  le  nombre  rond  que  j'avais  indiqué  ou  du  moins  laissé 
soupçonner  dans  mon  tableau  final  (1),  est  erroné,  puisqu  en  supposant 
le  maximum  d'affaissement  en  1800,  le  maximum  suivant  ne  peut  ar- 
river qu'en  189i,  ce  qui  nous  placerait  à  Tépoquede  l'avancement  des 
glaciers,  tandis  que,  au  contraire,  ils  reculent  partout.  Mais  il  faut  re- 
marquer que  dans  celte  première  étude  je  n'ai  donné  que  des  nombres 
ronds  de  siècles.  Maintenant,  si  je  cherche  à  préciser  davantage  le 
point  où  nous  sommes,  je  remarque,  d'après  les  dates  indiquées  par 
M.  Ch.  Grad,  (|ue  les  glaciers  des  Alpes  reculent  depuis  plus  de  27  ans. 
En  admettant  le  nombre  rond  de  30  ans,  on  aura  pour  la  date  du 
maximum  le  plus  voisin  l'année  IS'tS,  et  pour  le  début  de  l'exhausse- 
ment précédent  l'année  1756.  Quelle  est  de  ces  deux  dates  celle  de 
ratfaissemenl  maximum  d  une  oscillation  principale?  D'après  la  der- 
nière date,  l'affaissement  précédent  aurait  eu  lieu  en  9i6,  et  l'affaisse- 
ment secondaire  postérieur  en  1018.  Or  nous  savons  par  les  monuments 
de  Ravenne  (le  dernier  pavé  de  San-Vitale  étant  du  11°  siècle)  que 
le  sol  a  cessé  d'être  couvert  par  la  mer  vers  le  début  de  ce  siècle.  An- 
térieurement, la  station  du  lac  de  Varèse  dont  j'ai  parlé  en  1872 
indique  une  date  d'immersion  postérieure  au  i^'^  siècle  de  notre  ère. 
Or  les  deux  dates  correspondant  au  maxima  de  18i8  et  de  1756  sont 
188  et  96;  la  ])lus  rapprochée  de  nous  paraît  encore  ici  la  meilleure. 

D'après  la  date  de  1848,  qui  semble  ainsi  ne  pas  s'éloigner  beaucoup 
de  la  vérité,  on  peut  établir  la  double  série  suivante  de  dates  pour  les 
divers  maxima  d'immersion  et  d'émersion  des  oscillations  passées  : 

APRÈS   J.-r.  AVANT  J.-C. 


Affaissements  . .     1818  —  1018  —  188      —  612  —  1172  —  2302  —  3132  —  39G2 
Exhaussements.      —  1133  —  C03  —      227  —  1057  —  1887  —  2717  —  3547  — 

La  série  supérieure  de  ces  dates  indique  l'âge  des  terrasses.  Parmi 
ces  dates,  celle  de  1848  est  à  peu  près  à  égale  distance  des  deux  plus 
grandes  crues  du  siècle  dans  notre  bassin.  L'année  1433  correspond 
assez  bien  à  l'abandon  des  plateaux  cultivés  de  l'Aubrac.  La  date  de 
1018  est  en  accord,  ainsi  que  je  l'ai  dit  ci-dessus,  avec  les  observations 
faites  à  Kavenne.  Celle  de  188  répond  assez  bien  aux  données  du  lac 
de  Varèse.  Ensuite,  parmi  les  dates  antérieures  à  J.-C,  celle  de  1057 

(1)  DuH..  2*  sér..  t.  XXIX.  p.  'm. 


416        TARDY.  —  OSCILLATIONS  MIOC,   PLIOC.    ET   QUATERNAIIIES.      15  avril 

correspond  très-bien  aux  indications  fournies  par  MM.  Chabas  et 
F.  Lenormant  relativement  à  la  disparition  des  Ëldpliants  des  plaines 
de  la  Ninivie.  La  date  de  2302  coïncide  à  peu  près  avec  l'époque  assi- 
gnée par  Moïse  au  Déluge  (texte  de  la  Yulgate).  Enfin,  la  dernière, 
3962,  est  aussi  voisine  que  possible  de  la  première  date  de  la  Yul- 
gate. On  peut  k  peu  près  dire  que  c*est  là  une  exactitude  suffisante; 
cependant,  si  on  tenait  compte  du  ralentissement  indiqué  par  les  mi- 
grations des  peuples,  qui  sont  évidemment  des  résultantes  des  oscilla- 
tions des  cx>ntinents,  on  trouverait  certainement  des  dates  encore  plus 
concordantes. 

En  résumé,  Tépoque  quaternaire  ne  forme  avec  l'époque  moderne 
qu'une  seule  et  même  période,  soumise  à  des  lois  d'oscillations  bien 
définies.  Ces  oscillations,  comme  un  grand  nombre  de  mouvements  as- 
tronomiques, sont  associées  avec  d'autres  oscillations  plus  faibles, 
concordantes  avec  les  premières  et  en  nombre  déterminé.  Les  oscilla- 
tions, qui  au  début  de  l'époque  quaternaire  avaient  une  grande  éten- 
due, ont  perdu  progressivement  cette  étendue  et  tendent  vers  ^uii  état 
de  repos. 

Ce  qui  sépare  l'époque  quaternaire  de  l'époque  actuelle,  est  un  fait 
géologique  peu  important  (1),  qui  aurait  passé  inaperçu  sans  la  disposi- 
tion des  alluvions  quaternaires  de  la  Bresse.  Celles-ci,  déposées  par  des 
courants  venus  du  Sud,  ont  été  remani4ics  par  un  courant  venant  du 
Nord,  entre  l'époque  du  Renne  et  l'époque  néolithique. 

Ce  régime  à  oscillations  fréquentes  et  multiples,  de  courte  durée, 
peut  paraître  de  prime  abord  contraire  à  toutes  les  probabilités;  aussi, 
pour  montrer  qu'il  n'est  pas  en  désaccord  avec  les  lois  de  la  nature, 
je  vais  étudier  à  ce  point  de  vue  toute  la  série  des  assises  de  la  Bresse, 
et  profiter  de  cette  occasion  pour  fixer  leur  âge  géologique. 


Essai  sur  les  osclllntlons  des  époques  mloeène,  pliocone 

et  ciunternalre, 

par  M.  Tard  y    (2). 

Dans  un  important  travail  sur  la  géologie  du  Haut-Couitat-Venais- 
sin,  M.  Fontannes  a  parlé  très  en  détail.  Tannée  dernière,  des  forma- 
tions tertiaires  de  celte  partie  moyenne  du  bassin  du  Rhône. 

(1)  Ce  fait,  peu  important  quant  aux  dépôts  qu'il  a  abandonnés  et  aux  traces  qu'il 
a  laissées,  a  une  grande  importance  théorique  au  point  de  vue  de  la  science  pure, 
car  on  le  retrouve  à  d'autres  époques, 

(2)  Communication  faite  à  la  séanre  du  l"  avril  1878.  X.sup..  p.  39ï. 


1878.         TARDY.  —  OSCILLATIONS   MIOC,    PLIOC.    ET   QUATEHNAIHES.         417 

A  la  base  de  la  série  incontestablement  tertiaire,  il  cite,  au-dessus 
d'une  assise  de  poudingues.  une  alluvion  à  dents  de  Lamna.  Cette 
ailuvion  est  marine,  mais  jusqu'ici  tous  les  dépôts  renfermant  des 
dents  de  Lamna  me  paraissent  placés  dans  de  telles  conditions  qu'on 
est  autorisé  à  les  regarder  comme  des  dépôts  côtiers.  Cette  alluvion, 
adossée  auprès  de  Saint-Paul-Trois-Cliateaux  aux  montagnes  qui  cou- 
pent la  vallée  du  Uhône  vers  Donzère  et  Viviers,  indi(|ue  probable- 
ment un  rivage  de  la  mer  à  une  époque  intermédiaire  entre  les  pou- 
dingues  et  les  molasses  à  ScutcUa  Paidemis.  Partout  où  l'on  a  pu 
déterminer  avec  queUjue  précision  l'âge  des  formations  erratiques 
miocènes,  on  a  été  conduit  à  les  placer  au  niveau  des  assises  de  pou- 
dingues  de  la  colline  de  Turin,  et  dans  toutes  les  régions  où  Ion  a 
rencontré  des  assises  de  cet  âge,  on  les  a  trouvées  associées  à  des  dé- 
pôts erratiques. 

Il  me  senible  donc  rationnel  de  penser  que  le  poudingue  de  la  col- 
line de  Saint-Paul-Trois-(^hûteaux  est  aussi,  à  cause  de  sa  position 
slraligrapliique,  du  même  ûge  que  ceux  de  Barrême,  des  environs  de 
Turin,  du  pourtour  du  Jura,  etc.;  c'est-à-dire  immédiatement  infé- 
rieur ù  la  zone  à  Ilellx  Ramondi.  Sur  cette  dernière  zone,  partout  où 
elle  est  recouverte  par  un  dépôt  marin,  on  voit  aussi  celui-ci  prendre 
le  faciès  et  les  caractères  des  molasses;  or,  vers  Saint-Paul,  l'alluvion 
à  dents  de  Lamna  est  intercalée  entre  des  poudingues  miocènes  et  des 
molases;  je  crois  donc  pouvoir,  sans  crainte  de  me  tromper,  en  faire 
un  équivalent  de  la  zone  à  Ilelûc  Ramondi  et  dire  (juclle  indique  le 
rivage  de  la  mer  à  cette  époque.  D'après  les  coupes  données  par 
M.  Fontannes,  ces  couches  plongent  à  peu  près  vers  l'est- nord -est,  soit 
dans  la  même  direction  que  Tenseinble  des  couches  secondaires  ob- 
servées par  la  Société  dans  les  Basses-Alpes  en  187i. 

Grâce  à  un  supplément  d'informations  que  m'a  fourni  très^ obligeam- 
ment M.  Fontannes,  je  puis  ajouter  qu'il  y  a  prestjue  i<lentilé  entre 
les  formations  secondaires  des  Basses-Alpes  et  les  forniations  tertiaires 
du  Haut-Comtat  quant  à  leurs  dislocations.  Les  failles  (|ui  découpent 
les  terrains  des  Basses-Alpes  se  retrouvent  dans  le  Haut-Comtat,  où 
elles  sont  postérieures  à  l'alluvion  a  Ilelix  Ramondi.  Néanmoins,  ou 
peut  remarquer  que  des  couches  a  //.  Ramondi  ont  été  signalées,  il  y 
a  déjà  longtemps,  par  M.  É.  Benoît,  \x  Coligny  (Ain),  au  pied  de  la 
grande  falaise  du  Jura  qui  regarde  la  Bresse.  Ces  assises  de  calcaire 
blanc  crayeux,  avec  des  lits  de  silex,  s'appuient,  notamment  entre 
Coligny  et  la  gare  du  chemin  de  fer,  contre  un  grand  éboule- 
ment  tombé  du  haut  de  la  falaise  et  renversé.  La  falaise  jurassi- 
que de  la  Bresse  est  donc  plus  ancienne  que  le  mouvement  qui  a 
dérangé  les  assises  des  molasses  à  Saint-Paul-Trois-Châteaux,  ainsi 

27 


418        TARDY.  —  OSCILLATIONS  MIOG.,    PLIOG.    ET  QUATERNAIRES.      15  avril 

que  Talluvion  à  dents  de  Lamna  sur  laquelle  celles-ci  reposent. 

Par  la  nature  même  de  leur  faune,  ces  assises  à  Ilelix  Ramondi 
prouvent  que  les  régions  qu'elles  occupent  étaient  des  continents  etdes 
bassins  d'eau  douce  plus  élevés  que  le  niveau  des  mers.  Indiquer  à 
quelle  altitude  se  trouve  aujourd'hui  le  niveau  do  rancienne  mer  me 
semble  possible,  vu  le  nombre  déjà  considérable  de  points  où  l'on  a 
reconnu  la  présence  de  ces  assises  continentales. 

Parmi  ces  points  il  convient  de  citer  Coligny  et  la  forêt  de  Villers- 
Cotterets,  où  Ton  trouve  d'une  part  la  faune  déjà  citée  par  M.  Benoit 
(Hélix  Ramondi  et  Cerithium  Lamarcki),  et  d'autre  part  celle  des 
meulières  de  Beauce,  qui  est,  je  crois,  considérée  comme  synchra-* 
nique.  Cependant  il  importe  de  faire  ressortir  que  ces  assises  peu 
épaisses  représentent  une  époque  assez  longue  et  fort  peu  connue. 

En  effet,  j'ai  pu  en  1869  observer  au  nord  de  Saint-Leu-Taverny,  à 
Vouest  d'une  carrière  de  grès,  dans  un  chemin  neuf  qui  montait  sur  le 
plateau  de  Taverny  à  travers  la  foret  de  Montmorency,  vers  le  fort  des 
Anglais,  une  coupe  de  la  série  des  Meulières  depuis  la  partie  supé- 
rieure  des  sables  de  Fontainebleau.  On  voyait  dans  cette  coupe,  repo* 
sant  sur  les  grès  ou  sables  blancs,  un  lit  de  grès  rouge  cimenté  par  de 
l'oxyde  de  fer,  produit,  sans  doute,  par  l'action  du  lac  tertiaire.  Au-des« 
sus  venait  unecouched'un  calcaire  siliceux,  nankin,  ocreux,  compacte, 
avec  Potamides  Lamarcki  seul,  et  recouverte  par  un  calcaire  ou  meu- 
lière d'une  pâte  analogue  à  celle  de  la  couche  précédente,  ne  contenant 
que  des  graines  de  Chara  etdes  Planorbes.  Enfin,  après  une  certaine 
épaisseur  de  meulière  grenue,  d'une  teinte  plus  claire  que  la  précé- 
dente et  sans  fossiles,  on  trouvait  les  vraies  meulières  de  Montmo- 
rency. Celles-ci,  en  plaquettes  mal  délitées,  sont,  en  ce  point  très- 
élevé,  d'une  faible  puissance,  mais  vers  le  nord-est  elles  prennent  une 
plus  grande  épaisseur  et  sont  remplies,  surtout  à  leur  surface  supé- 
rieure, de  graines  de  Cluira,  de  Planorbes  et  de  grosses  Limnées. 

Du  côté  de  Saint-Prix,  vers  la  tour  de  M.  Double,  on  exploitait  à  la 
même  époque  des  meulières  présentant  une  coupe  un  peu  différente  : 
sous  un  Diluvium  assez  intéressant  à  cause  de  ses  allures  bizarres,  on 
trouvait  des  meulières  à  Limnées  et  autres  fossiles,  ressemblant,  comme 
toute$i  les  autres  do  la  surface,  à  des  cargneules  du  Trias  aux  cavités 
bourrées  d'argile.  Au-dessous  do  ces  meulières,  au  lieu  du  calcaire 
siliceux  compacte,  dur  au  toucher,  de  la  coupe  précédente,  on  voyait 
des  argiles  d'abord  exemptes  de  meulières,  puis,  un  peu  plus  bas,  rem* 
plies  de  blocs  anguleux,  souvent  tranchants,  en  sorte  qu'on  était  tenté 
de  croire  que  les  argiles  n'avaient  pénétré  au  milieu  de  co  tas  de 
pierres  cassées  que  par  infdlration.  Parmi  ces  blocs  anguleux,  on 
ramassait  vers  la  base  des  morceaux  assez  épais  d'un  calcaire  siliceux 


1878.       TARDY.  —  OSCILLATJOiNS  MIOC,   PLIOC    ET   QUATERNAIRES.  419 

très-compacte,  couverts,  sur  une  de  leurs  faces,  d'empreintes  très-par- 
faites de  Cerithium  Lamarcki,  Ces  blocs  viennent,  d'après  la  coupe 
précédente,  de  la  base  du  syst*;nie  des  meulières,  et  les  argiles,  ainsi 
que  le  cassage  des  blocs  à  Potamides,  sont  postérieures  à  la  formation 
de  ces  assises,  mais  inférieures  à  la  couche  des  meulières  à  Limnées  (1). 
Dans  cette  situation,  les  argiles  et  les  meulières  cassées  occupent  la 
place  des  poudingues  de  Barréme  et  de  plusieurs  autres  régions,  et 
sans  doute  aussi  celle  des  conglomérats  striés  de  la  colline  de  Turin. 

Daus  le  département  de  l'Ain,  au  nord  de  Coligny,  on  trouve  aussi 
çà  et  là  des  blocs  d'un  calcaire  blanc  très-analogue  à  celui  de  Coligny. 
Est-ce  le  résultat  d'un  phénomène  du  même  genre  que  celui  qui  a  pro- 
duit le  cassage  des  meulières  des  argiles  versicolores  de  la  forêt  de 
Montmorency?  On  ne  peut  le  dire;  mais  on  serait  tenté  de  le  croire, 
envoyant  les  rapports  entre  ces  calcaires  blancs  crayeux  et  d'autres 
poudingues  situés  plus  au  sud. 

Les  meulières  dites  de  Montmorency  devraient  ainsi  se  diviser  au 
moins  en  trois  assises  :  Tune,  la  couche  à  Potamides,  antérieure  très- 
probablement  à  toute  la  série  erratique  miocène;  une  autre  formée  des 
argiles  et  des  meulières  brisées,  correspondant  à  la  série  erratique; 
eniin,  la  troisième,  supérieure  à  ce  système,  formée  de  meulières  à 
Limnées  et  correspondant  à  la  série  de  Y  Hélix  Ramotidi,  située  au  bord 
des  grands  lacs,  au  pied  des  montagnes  de  notre  pays.  S'il  en  est  ainsi 
eisi  l'assise  supérieure  existe  à  Villers-Cotterets,  au  nord-est  de  Paris, 
elle  y  serait  à  la  même  altitude  environ  que  la  couche  à  i/dt^?  de  Coli- 
gny, c'est-à-dire  à  250"^  au-dessus  de  la  mer.  C'est  aussi  à  très-peu 
près  l'altitude  d'un  autre  gisement  situé  plus  au  sud,  vers  Bourg. 

Au-dessus  des  assises  à  Hélix  Ramondi  de  notre  pays  on  trouve  des 
molasses.  De  même,  dans  le  Haut-Comtat  M.  Fontannes  indi(|ue  sur 
l'assise  à  dents  de  Lamna  les  molasses  à  Scutella  Paulensis,  D'après 
les  diverses  indications  publiées  par  M.  Fontannes,  il  me  semble  qu'on 
peut  sans  beaucoup  d'erreur  rattacher  à  ce  niveau  les  molasses  décrites 
par  M.  Ë.  Benoit  sous  le  nom  de  molasses  bleues  des  Usses  et  de  Saint- 
Hartin-de-Bavel.  Ces  molasses  indiquent  déjà  par  leur  faune  une  mer 
profonde.  Il  y  a  donc  eu  depuis  l'époque  de  VHelix  Ramondi  un 
grand  changement,  et  tandis  que  la  Bresse  et  plusieurs  grandes  vallées 
étaient  occupées  par  des  lacs  à  l'époque  de  VH.  Ramondi,  la  mer  oc- 
cupa ensuite  toutes  ces  plaines.  11  y  a  donc  eu  un  affaissement  et  une 
pénétration  des  eaux  de  la  mer  dans  les  lacs  pour  rétablir  ré(|uilibre. 
La  cessation  ou  la  diminution  des  pluies  qui  alimentaient  ces  grands 

(1)  M:  Potier  met  on  doute  la  superposition  des  meulières  à   Limnées  ;  c'est  un 
point  à  vérifier  sur  le  terrain. 


420        TARDY.  —  OSCILLATIONS  MIOC,    PLIOC.    ET   QUATERNAIRES.      15  avril 

lacs  aurait  du  reste  conduit  à  peu  près  au  même  rtisultat.  Lune  ou 
Tautre  de  ces  deux  solutions  est  admissible,  car  les  deux  dépôts  ma- 
rins et  lacustres  ont  encore  aujourd'hui  a  peu  près  la  même  altitude 
sur  tout  le  [ourtour  du  Jura  méridional.  Cette  altitude  uniforme  pour 
ces  deux  dépôts  successifs,  Tun  lacustre  et  l'autre  marin,  semble  même 
indiquer  pour  notre  région  un  changement  dû  surtout  à  la  ce>satiou 
des  pluies,  puisque  notre  pays  n'a  pas  été  aiïecté  par  des  disloca- 
tions postérieures  considérables.  Il  n'en  a  pas  été  de  même  dans  le 
Haut-Comtat  :  en  elfet,  d'après  les  coui)es  de  M.  Fontannes,  il  y  a 
superposition  des  assises  à  Scutdla  PaulcHsis  sur  celles  à  dents  de 
Lamna;  il  y  a  donc  eu  un  affaissement  bien  évident,  et,  comme  je 
l'ai  indique  plus  haut,  ces  couches  ont  été  disloquées. 

Dans  le  Ilaul-Comtat,  au-dessus  des  assises  à  Scutelles  on  trouve 
d'autres  molasses  à  Pecten  boiedictics  et  Echinolampas.  Il  me  semble 
que  ces  fossiles  indi(iuent  plutôt  un  accroissement  de  profondeur  de  la 
mer,  et  pour  cette  raison  je  rapprocheiai  cette  assise  des  molasses 
grises  marines,  qui  présentent  la  même  l'aune  (jue  les  molasses  bleues, 
mais  qui  leur  sont  supérieures,  au  dire  de  M.  É.  Benoît  dans  son  étude 
sur  la  région  du  Rhône  et  des  Usses.  C'est  à  ce  niveau  que  doivent  se 
placer,  je  crois,  les  sables  compactes  qu'on  voit  à  Priay  au  niveau  de 
l'Ain  et  à  la  base  de  ce  monticule  (|ue  j'ai  toujours  considéré  comme 
la  ])arre  formée  à  son  embouchure  par  cette  rivière  à  cette  époque. 

Au-dessus  de  ces  molasses  de  Priay  on  trouve  un  banc  calcaire  qui 
couronne  la  barre  et  en  indique  la  fin  ;  c'est  donc  la  manpie  d'un 
changement  de  régime.  Il  en  est  de  même  des  débris  d'une  assise  cal- 
caire que  M.  Fontannes  signale  au  sommet  de  la  colline  de  Saint- 
Paul-Trois-Chateaux,  à  306"'  d'altitude.  En  effet,  entre  ces  dernières 
couches  de  molasses  et  les  grès  à  Tcrebrntulina  calathiscus»  il  y  a  une 
profonde  lacune  et  une  grande  dislocation  de  nos  massifs  montagneux. 
Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  c'est  entre  les  barres  de  Priay  et  de  Varain- 
bon  (|ue  se  place  le  soulèvement  du  Haut-Jura. 

Le  changement  de  régime  indiqué  par  les  assises  calcaires  de  Priay  et 
de  la  colline  de  Saint-Paul  semble  avoir  été  un  mouvement  d'oscillation 
ascendante  du  sol.  Cela  explicpierait  pounjuoi  MM.  A.  Favreet  É.  Be- 
noît ne  peuvent  s'entendre  sur  la  nature  du  dépôt  des  molasses  grises. 
Le  soulèvement  ayant  été  trop  laible  pour  refouler  la  nier  plus  loin 
que  le  bassin  étudié  par  M.  Benoît,  celui-ci  ne  constate  que  des  assises 
marines,  tandis  que  M.  Favre  reconnaît  à  Genève  une  intercalation 
d'assises  d'eau  douce  ou  d'estuaires.  Cet  exhaussement  a  du  reste  été 
de  courte  durée;  car,  sauf  la  nature  minéralogique  du  dépôt,  on  n'en 
trouve  pas  d'autre  trace,  ni  dans  la  Bresse  vers  Priay,  ni  dans  le 
Haut-Comtat.  Au-dessus  de  ces  assises  vient,  je  crois,  se  placer  le  grès 


!878.       TARDY.  —  OSCILLATIONS  MIOC,    PLIOC.    ET  QUATEliNAIRES.  421 

coquillier  de  la  Suisse,  de  la  Savoie  et  de  Saint-Laurcnt-Graiid-Vaux 
dans  le  Jura. 

Ce  dernier  gisement,  situé  aujourd'hui  à  800™  d'altitude,  c'ost-à- 
(lire  à  au  moins  500"*  plus  haut  que  les  dépots  du  même  i\ge  de  la  Sa- 
voie, indique  une  (hslocation  considérable,  qui  se  placerait  au  niveau 
des  molasses  à  débris  de  fossiles  du  bassin  des  Usses,  ainsi  que  je  Tai 
déjà  prouvé. 

Partout  oii  on  constate  ce  grand  mouvement  de  dislocation,  soit 
dans  les  Basses-Alpes,  soit  dans  le  Haut-Comtat,  soit  dans  le  Haut- 
Jura,  il  présente  à  peu  près  les  mêmes  caractères,  en  sorte  qu'on  est 
de  prime  abord  tenté  de  le  considérer  comme  d'un  âge  unique  dans 
toutes  ces  régions  diverses.  Ce  qui  semble  le  plus  intéressant,  c'est  que 
les  lignes  de  plus  grande  pente  de  ces  diverses  parties  segmentées  se 
dirigent  toutes  vers  le  massif  nord-ouest  des  Alpes,  en  sorte  qu'on  se- 
rait en  droit  de  supposer  (jue  c'est  à  cette  grande  dislocation  qu'est 
dû  l'étirage  des  protogines  du  Mont-Blanc.  Cette  conclusion,  tout  à 
fait  d'accord  avec  les  expériences  de  M.  Daubrée,  permet  de  fixer  l'âge 
de  Técrasement  des  masses  schisteuses  du  Mont-Blanc  par  une  puis- 
sante poussée  venue  de  l'ouest  du  bassin  de  la  Saône  et  du  Rhône. 
Cela  n'empêcherait  pas  les  débuts  de  cet  écrasement  d'être  d'une  date 
antérieure  à  l'époque  crétacée;  car,  ainsi  que  je  l'ai  fait  rcmanfuer  a 
propos  du  Crétacé  de  Saint-Hilaire,  près  de  Chalon-sur-Saône,  les 
couches  sont  versées  vers  Test  et  les  failles  plongent  vers  l'ouest. 

Ce  grand  mouvement,  auquel  est  dû  le  soulèvement  du  Ilaut-Jura, 
a  aussi  émergé  les  plaines  de  la  Savoie,  puisque  sur  les  dernières  as- 
sises de  molasses  à  débris  de  fossiles  on  trouve  des  marnes  d'eau  douce. 
Mais  u  cette  épo<|ue  la  mer  existait  encore  en  Bresse  et  y  avait  même 
un  niveau  plus  élevé  qu'auparavant. 

C'est  dans  cette  mer  que  se  sont  formées  les  barres  de  Lagnieu  et 
de  Varambon,  qui  indiquent  un  niveau  situé  â  plus  de  300"  d'altitude 
actuelle,  c'est-à-dire  à  plus  de  oO"*  au-dessus  du  niveau  de  la  barre  de 
Priay.  A  l'époque  quaternaire,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  plus  haut,  les 
glaciers  ont  avancé  avec  la  mer  et  reculé  avec  elle..  11  en  était  dtîjà  de 
même  à  l'épocjue  miocène,  puis(|u'on  trouve  empâtés  dans  les  assises 
supérieures  de  grès  de  la  barre  de  Varambon,  des  cailloux  polyédri- 
ques qui  n'ont  pus  été  roulés  et  (jui,  par  leur  position  en  dehors  de  la 
barre,  sont  évidemment  le  produit  d'un  transport  sur  radeau.  Ce 
transport  ne  peut  être  attribué  à  i'iio'ume,  car  (^elui-ci  n'existait  pas 
encore.  En  elfet,  bien  que  ce  soit  à  ce  niveau  que  se  rapporte  le  silex 
que  j'ai  rapporté  d'Aurillac%  el  (|ue  tous  les  archéologiques  l'aient  cru 
taillé, j'ai  déjà  montré  (ju'il  n'a  été  trouvé  de  prétendus  silex  taillés  ter- 
tiaires qu'à  des  époques  de  formations  erratifjues  :  soit  à  répoc|uedes 


^ii        TARDY.  — OSCILLATIONS  MIOC,    IMJOC    ET  QUATEUNAIRES.      15  avril 

;?1acicrs  de  la  colline  de  Turin,  soit  h  Tépoque  du  dépôt  erratique  de 
Varambon  et  de  Raubbe,  soit  encore  à  Tépoque  des  glaciers  pliocènes. 
Quant  à  THomme  de  Savone,  tous  ceu3C  qui  ont  vu  les  marnes  plio- 
cènes  de  Biot,  de  Nice,  etc.,  savent  combien  il  doit  être  difficile  de 
distinguer  un  glissement  de  Tétat  naturel.  Il  en  est  de  même  de 
l'Homme  des  molasses.  Quant  aux  stries  sur  les  ossements,  on  n*en 
trouve  que  dans  des  terrains  marins,  et,  comme  les  stries  et  les  en- 
tailles faites  sur  dos  bois  aujourd'hui  silicifiês ,  elles  doivent  être 
dues  à  des  dents  d'animaux.  Quant  au  crâne  pliocène  californien,  il 
était  bien  dans  un  terrain  pliocène,  mais  on  a  depuis  lors  trouvé  dans 
ces  couches  aurifères  d'anciennes  exploitations  inconnues  des  pion- 
niers américains  actuels;  ce  crâne  ne  prouve  donc  rien,  pas  plus  que 
bien  d'autres  faits  dont  l'annonce  est  venue  couronner  cette  théorie 
établie  sur  des  faits  mal  interprétés. 

Les  cailloux  de  Varambon  n'ayant  pu  être  transportés  par  l'Homme, 
ont  dû  franchir  la  barre,  soit  dans  des  racines  d'arbres,  soit  dans  des 
glaces  ilottantes.  Si  je  me  suis  arrêté  à  cette  seconde  explication,  c'est 
qu'à  la  même  époque  on  trouve  à  Raubbe-en-Délémont  de  puissants 
dépôts  erratiques;  c'est  encore  parce  qu'à  Aurillac  on  rencontre  à  ce 
niveau  des  cailloux  striés. 

A  partir  de  cette  époque  erratique,  qui,  comme  de  nos  jours,  clôt 
une  période  d'affaissement,  la  mer  se  retire  et  avec  elle  les  glaciers. 
On  ne  peut  cependant  pas  établir  de  liaison  entre  ces  derniers  dépôts 
marins  et  les  grès  à  Tevébratulina  calathiscus,  qui  indiquent  déjà  un 
retrait  sensible  de  la  mer;  néanmoins,  tout  me  porte  à  penser  qu'il 
n'y  a  pas  là  de  lacune  importante.  Mais  avant  de  poursuivre,  il  con- 
vient, je  crois,  de  résumer  les  oscillations  que  je  viens  d'indiquer. 

A  part  l'époque  erratique  miocène,  dont  j'ai  dit  peu  de  chose  et  qui, 
par  l'intercalation  d'assises  sédimentaircs  et  d'assises  de  poudingues, 
rappelle  à  s'y  méprendre  l'époque  quaternaire  formée  du  même  nombre 
de  phases,  on  ne  trouve  dans  la  période  que  j'ai  examinée  que  deux 
exhaussements  et  deux  affaissements.  A  la  période  lacustre  de  Y  Hélix 
Ramondi  succède  d'^ibord,  en  Bresse,  sans  changement  de  niveau,  une 
mer  qui  s'élève  cependant  bientôt,  pour  s'abaisser  de  nouveau,  puis  se 
relever  encore  jusque  vers  300°*  d'altitude.  C'est  pendant  ce  nouvel 
affaissement  du  sol,  vers  le  moment  ou  il  va  dépasser  le  niveau  de  la 
mer  précédente,  que  se  produit  le  grand  effort  qui  culbute  contre  les 
Alpes  toute  la  chaîne  secondaire  ([ui  leur  sert  de  ceinture  à  l'ouest. 
Cet  effet  semble  attribuable  à  un  affaissement  du  plateau  central  de  la 
France,  et  le  tremblement  de  terre  du  8  octobre  1877  paraît  être  en- 
core dû  à  la  même  cause.  On  peut  s'étonner  alors  que  la  mer  des  mo- 
lasses, qui  est  en  partie  postérieure  à  ce  mouvement  et  qui  a  atteint 


1878.       TARDY.  — >  OSCILLATIONS  MIOC,    PLIO€.    ET  QUATERNAIRES.  423 

après  lui  300'"  d'altitude,  n*ait  pas  laissé  de  traces  dans  le  bassin  de 
la  Seine.  La  raison  en  est  sans  doute  que  ce  bassin  ne  présentait  que 
de  longues  plages  à  peine  inclinées  et  sans  doute  aussi  aucune  rivit^.re 
importante  pouvant  donner  lieu  à  des  dépôts  d*estuaire  comme  ceux 
de  TAin. 

Dans  les  coupes  de  M.  Fontannes,  les  assises  à  Terebratulina  cala- 
thiscus  ne  font  pas  suite  immédiate  aux  assises  précédentes;  elles 
commencent  une  série  nouvelle  qui  indique  un  retrait  de  la  mer. 

Aux  assises  à  rtT(;6ra^u/ma  succèdent  une  couche  k  Pecten,  puis  des 
marnes  à  Corbulas.  Ainsi  que  le  dit  M.  Fontannes,  on  voit  que  le  ri- 
vage se  rapproche  beaucoup  du  Haut-Cointat.  En  effet,  la  couche  qui 
suit  fournit  à  M.  Fontannes  VAncillaria  glandiformis  et  Vllelix  Colon- 
geoni;  c'est  aussi  Tassise  du  Nassa  Michaxuii.  Ces  deux  derniers  fossiles 
existent  en  Bresse,  Tun  en  place,  l'autre  roulé  dans  les  alluvions  plio- 
cènes.  Néanmoins,  vu  sa  situation  dans  la  4*  assise  de  la  série  de 
M.  Fontannes,  le  Nassa  Michaudi  ne  peut  être  en  Bresse  qu'antérieur 
à  la  série  d'eau  douce.  Cela  prouve  le  cantonnement  <les  fossiles  et 
leur  perpétuité.  En  effet,  le  Nassa  de  la  Bresse  ne  peut  être  contempo- 
rain  de  VAncillana  du  Haut-Comtat,  mais  doit  l'être  de  la  Terehra^ 
tulina  ou  du  Pecten  qui  la  suit.  C'est  pour  cela  qu'au  niveau  de  VAn^ 
dllariaîe  placerai  les  lignites  à  Mclanopsis  de  Priay  et  de  Yarambon. 
Sous  ces  lignites  j'ai  pu  voir  un  jour  des  argiles  blanches  et  des  sables 
gras  micacés  ;  ces  couches  correspondent  peut-être  à  la  zone  à  Tere- 
bratulina,  à  Pecten  et  à  Corbules,  car  elles  reposaient  sans  doute  di- 
rectement sur  les  molasses  de  la  barre  de  Yarambon.  La  série  d'as- 
sises comprises  entre  celle  à  Terebratulina  et  celle  à  Hélix  Delphinen" 
sis  indique  un  retrait  constant  de  la  mer,  c'est-à-dire  une  oscillation 
asœndante  du  sol. 

La  série  suivante,  au  contraire,  indique  un  affaissement.  H.  Fon- 
tannes  se  demande  si  ces  changements  de  faune  ne  sont  pas  l'effet  de 
causes  étrangères  aux  oscillations.  Peut-être  a-t-il  raison  de  ne  pas 
vouloir  multiplier  indéfiniment  les  oscillations;  mais,  loi*squ  on  voit 
qu'en  subdivisant  les  oscillations  principales  de  l'époque  quaternaire 
et  moderne,  suivant  diverses  indications,  en  oscillations  secondaires, 
tertiaires,  etc.,  on  peut  arriver  aux  phases  météorologiques  décou- 
vertes par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  on  est  fort  tenté  de  pousser  le 
système  à  l'extrême  (1). 

A  ces  nouvelles  assises  marines  à  Cardita  Jouanneti  et  Ostrea  cras- 
sissitna  semblent  correspondre  en  Bresse  les  couches  que  M.  É.  Benoit 

(1)  Ultôrieureinent  je  montrerai  que  de  letude  de  ces  oscillalions  on  peut  enfin 
conclure  que  les  époques  ^'laciaires  sont  dues  à  la  procession  des  équinoxcs. 


M4         TARDY.  — OSCILLATIONS  MIOC,    PLIOC.    ET  QUATERNAIRES.      15  avril 

a  nommées  molasses  lacustres,  c'est-à-dire  les  sables  inférieurs  de 
Hollon,  de  Priay  et  de  Vararabon,  ainsi  que  les  sables  de  Couzance 
qui  au  chêne  de  la  Vierge  recouvrent  nettement  le  système  des  argiles 
à  lignites  d'Orbagna. 

Apres  ce  nouvel  affaissement  de  peu  d'importance,  il  se  produit  un 
nouvel  exhaussement  très-considérable,  qui  repousse  la  mer  et  donne 
naissance  à  la  série  d'eau  douce  de  la  Bresse.  On  entre  à  ce  moment 
dans  un  régime  climatérique  tout  différent,  car,  quel  que  soit  le  régime 
du  sol,  la  mer  est  refoulée  pour  longtemps.  Aux  couches  à  Ostrea 
crassissima  succède  dans  le  Haul-Comtat  la  série  des  assises  du  mont 
Léberon  à  IleliiV  Christoli.  C'est  à  ce  niveau  qu'il  faut  rapporter  les 
tufs  de  Moximieux,  ceux  de  Loves,  et  aussi  ceux  de  la  chapelle  de 
Notre-Dame-de-Bellor,  entre  Foissiat,  Beaupont  et  Cormoz,  au  milieu 
de  la  Bresse.  Ces  tufs  indiquent  donc  ici,  comme  le  bano  de  calcaire 
des  molasses  de  Priay,  le  début  d'une  émersion  du  sol.  La  flore  du 
Pas  de  la  Mougudo,  dans  le  Cantal,  permet  d'établir  un  point  de  re- 
père entre  cette  région  volcanique  et  le  bassin  du  Rhône.  Les  dépôts 
marins  de  cette  époque  n'ont  pas  encore  été  étudiés  par  M.  Fontannes; 
mais  l'étude  de  la  Bresse  peut  maintenant  suffire  à  indiquer  les  oscil- 
lations. 

L'assise  continentale  des  marnes  à  tufs  est  recouverte  par  une  puis- 
sante série  de  sables,  ceux  de  Foissiat  et  des  puits  profonds  de  la 
Dombes,  dont  j'ai  signalé  en  1877  l'origine  fluviatile  (1).  Le  retour  des 
grands  fleuves,  la  superposition  des  dépôts,  la  nature  de  ceux-ci,  tout 
démontre  que  le  sol  s'affaisse  de  nouveau,  et  en  effet  sur  le  cône  des 
sables  de  la  Dombes  repose  un  cône  de  cailloux  indiquant  un  régime 
(le  plus  en  plus  pluvieux.  A  ces  faits  déjà  concordants  avec  tous  ceux 
signalés  précédemment,  je  puis  ici  en  ajouter  un  nouveau  qui  con- 
corde aussi  avec  des  faits  de  l'époque  actuelle. 

La  flore  du  Pas  de  la  Mougudo  nous  a  été  conservée  grâce  à  une  pluie 
de  cendres  volcanicfues  (cinérites  I  de  M.  Rames).  Celte  éruption  est 
donc  contemporaine  et  postérieure  à  la  flore  qui  à  Meximieux  s'est 
évidemment  perpétuée  pendant  la  période  de  pluies  que  nous  révèle 
le  nouveau  régime  du  Rhône  à  cet  ûge.  Léruption  des  cinérites  est 
donc  ici,  comme  l'éruption  du  Vésuve  de  l'an  79  de  notre  ère,  con- 
temporaine d'un  envahissement  de  la  mer.  En  est-il  de  même  à  toute 
époque  et  pour  toutes  les  grandes  coulées i'  On  ne  peut  vraiment  le 
dire,  mais  il  y  a  tout  lieu  de  le  penser.  Dans  cette  hypothèse,  les  vieux 
basaltes  d'Aurillac  correspondraient  à  l'oscillation  qui  a  amené  à  ^^OO'"* 
d'altitude  le^  molasses  de  Varambon  ;  les  tufs  ponceux  G  et   H  de 

(1;   IhlU..  \Y  Si^r..  I.  V.  I».  701. 


J878.       TARDY.  —  OSCILLATIONS   MIOC,    PLIOG.    ET   QUATERNAIRES.  425 

M.  Rames   pourraient  être   contemporains   de  l'arrivée   du  Cardita 
Jouanneti, 

L'affaissement  du  sol  ne  s'est  pas  arrêté  durant  toute  la  formation 
des  assises  de  la  Bresse;  car  sur  les  assises  fluviatiles  dues  à  nos  ri- 
vières, on  trouve  des  couches  de  marnes  qui  s'élèvent  jusque  vers  l'al- 
titude de  400"\  Le  même  fait  est  signalé  par  M.  Fontannes.  Cet  énorme 
affaissement  du  sol,  sans  retour  de  la  mer,  avec  la  preuve,  par  les  al- 
titudes actuelles  de  tous  ces  dépôts,  que  le  sol  n'a  depuis  subi  aucune 
dislocation,  nous  force  à  admettre  un  régime  de  pluies  considérables 
capables  de  refouler  la  mer. 

Bientôt  cependant  le  sol  se  soulève  de  nouveau,  soit  d'un  seul  trait, 
soit  avec  une  saccade  indiquée  par  les  couches  de  Saint-André-d*Hu- 
riat,  près  de  Mâcon.  Le  Uhône  et  la  Saône  abaissent  leur  lit  jusque 
vei*s  70™  au-dessus  du  lit  actuel,  et  le  prolongent  à  travers  tous  les  dé- 
pôts anciens  jusqu'en  aval  du  Haul-Comtat-Venaissin.  C'est  dans  ce 
lit  qu'à  la  suite  d'une  nouvelle  oscillation  descendante,  la  mer  est 
venue  déposer  la  faune  de  Saint-Ariès.  Celle-ci  est  à  Visan  à  185™ 
d'altitude,  ce  qui  indiijue  un  niveau  un  peu  plus  élevé  pour  la  merde 
cet  âge.  Il  se  pourrait  donc  que  le  Pccten  scabrelliis,  qui  est  commun 
aux  couches  à  Centhmm  vidgatum  du  Haut-Comtat  et  aux  assises  de 
Saint-Martin-de  -Bavel,  fut  dans  cette  dernière  localité,  située  vers 
300'"  d'altitude,  un  représentant  de  la  série  de  Saint-Ariès,  qui  se  ter- 
mine bientôt  par  un  nouveau  reirait  de  la  mer  et  par  un  dépôt  de 
Congéries. 

Après  le  retrait  de  la  mer  à  TerebratuUna,  il  y  a  eu  un  nouvel 
avancement,  avec  le  Cardita  Jouanneti,  auquel  correspond  peut-être 
l'éruption  des  tufs  ponceux  G  et  H  de  M.  Rames  dans  le  Cantal,  ainsi 
<lue,sans  doute,  celle  du  rocher  Corneille  au  Puy-en-Velay.  Puis  la  mer 
lait  place  au  continent  de  VHippan'on  gracile  et  des  végétaux  de 
Meximieux.  Un  nouvel  alfaisseraent  amène  l'éruption  des  cinérites  I 
de  M.  Rames  et  les  dépôts  caillouteux  du  sous-sol  de  la  Dombes. 

Ensuite  le  sol  s'émerge  et  la  vallée  du  Rhône  se  creuse.  Dans  cette 
Vallée,  M.  Fontannes  trouve  son  groupe  marin  de  Saint-Ariès  et  des 
alluvions  anciennes.  De  mon  côté,  j'y  vois  le  dépôt  glaciaire  pliocène  à 
la  hase,  au-dessus  les  alluvions  anciennes  recouvertes  d'un  lehm,  puis 
lin  de  ces  dépôts  <|ue  j'ai  nommés  moraines  de  chute,  enfin   les  pre- 
niiers  glaciers  quaternaires.  Dans  le  Cantal,  M.  Rames  place  ù  cet  âge 
trois  éruptions  volcaniques  :  le  conglomérat  K,  les  trachytes  L  et  les 
phoiiolithes  M,  N  et  0.  Dans  le  Velay,  M.  F.  Robert  place  les  phono- 
lilhes  et  les  trachytes  vers  ré|)oque  de  nos  premières  molasses,  et  les 
volcans  ù  scories  restent  seuls  pour  l'époque  de  Saint-Ariès  et  des  gla- 
<^icrs  pliocènes.  Ce  désaccord  entre  M.  Rames  et  M.  Robert  est  grave. 


426        TARDY.  —  OSCILLATIONS  MIOG.,    PLIOC.    ET  QUATERNAIRES.      15  avril 

Lia  présence  des  alluvions  anciennes  sur  la  moraine  du  glacier  plio- 
cène à  Saint-Clair  nécessite  un  exhaussement  du  sol,  qui  a  i'ail  reculer 
le  glacier  et  a  permis  son  remplacement  par  un  torrent.  L'entassement 
do  ces  alluvions  sur  près  de  100  mètres  de  hauteur  ne  peut  s'expli- 
quer que  par  un  afTaissemenl  postérieur,  qui  a  aussi  amené  l'éruption 
des  basaltes  de  M.  Rames  et  l'avancement  du  premier  glacier  quater- 
naire. L'affaissement  devenant  plus  considérable  que  300  mètres  au- 
dessus  de  la  mer  actuelle,  les  eaux  limoneuses  ont  déposé  sur  Talluvion 
une  couche  de  lehm,  et  plus  tard  elles  ont  servi  de  véliicule  au  glacier 
qui  a  laissé  choir  sa  moraine  de  chute.  Ce  n'est  alors  qu'à  l'époque  du 
retrait  que  le  glacier  s'est  en  quelque  sorte  atterri  et  a  formé  une 
moraine  terrestre  à  Lyon  et  aux  Mercières.  Cette  manière  de  concevoir 
les  faits  est  dans  ce  cas  en  parfait  accord  avec  ce  que  j'ai  dit  précé- 
demment de  l'époque  quaternaire.  Il  ne  peut  donc  rester  de  doutes 
que  sur  la  portion  comprise  entre  le  début  de  la  faune  de  Saint-Ariès 
et  la  base  des  alluvions  anciennes.  Faut-il  faire  les  couches  à  Congé- 
ries  de  Saint-Ariès  presque  contemporaines  de  la  base  des  alluvions 
dites  anciennes,  et,  avec  M.  Robert,  n'avoir  que  les  volcans  k  scories 
à  placer  au  niveau  de  l'affaissement  de  Saint-Ariès  et  des  glaciers 
pliocènes? 

Cela  pourrait  paraître  des  plus  simples,  et  dans  ce  cas  les  quartzites 
signalés  par  M.  Fontanncs  dans  les  assises  à  Ostrca  des  environs  de 
Hauterive  seraient  les  correspondants  du  phénomène  glaciaire  plio- 
cène. Cette  grande  simplicité  disparaît  si  on  veut  tenir  compte  des  ré- 
sultats des  études  si  consciencieuses  et  si  patientes  de  M.  Rames.  Ayant 
visité  avec  notre  savant  confrère  quelques  points  de  la  région,  je  ne 
puis  hésiter  à  considérer  ses  travaux  comme  une  buse  solide  d'apprécia- 
tion. Je  prends  donc  le  parti  de  préférer  une  classification  qui  s'accorde 
avec  la  sienne,  et  de  placer  les  tracliytes  et  les  phonolithes  dans  la  série 
pliocène.  Cette  solution  a  l'avantage  de  mettre  en  parfait  accord  les 
diverses  propositions  et  conclusions  indiquées  dans  le  courant  de  cette 
note.  Celte  harmonie  me  parait  être  une  des  meilleures  raisons  qu'on 
puisse  invoquer  en  faveur  de  ce  système,  qui  établit  ainsi  un  parallé- 
lisme très-remarquable  entre  les  formations  miocènes  supérieures  et 
celles  du  Pliocène.  Par  exemple,  une  seule  éruption  correspond  de 
part  et  d'autre  aux  deux  premières  oscillations  de  chaque  période; 
ensuite,  à  chacune  des  deux  oscillations  subsé(|uentes  il  y  a  une  puis- 
sante éruption.  La  symétrie  est  encore  parfaite  si  on  considère  les 
formations  errati(|ues. 

Il  y  a  donc  beaucoup  de  raisons  ))our  admettre  ce  classement,  mais 
je  puis  encore  en  faire  ressortir  une  autre,  ([ui  vient,  à  ma  grande  sa* 
tisfaclion,  faire  l'éloge  des  travaux  de  nos  maîtres  en  géologie.  C'est 


(878.       TARDY.  —  OSCILLATIONS  MIOC,    PLIO€.    ET  QUATERNA1RC8.  427 

que  cette  symétrie  cadre  parlaitement  avec  les  grandes  divisions  posées 
depuis  longtemps  dans  le  Miocène  et  le  Pliocène. 

Il  est  donc  tout  à  fait  téméraire  de  vouloir,  comme  on  Ta  tenté  à 
plusieurs  reprises,  remanier  les  limites  posées  à  ces  terrains  par  les 
fondateurs  de  la  science. 

A  cette  première  conclusion,  il  faut  en  ajouter  d*autres,  qu'on  peut, 
à  mon  avis,  assimiler  à  des  lois  qui  régleraient  d'une  façon  immuable 
le  sol  de  la  terre. 

Le  sol  de  nos  continents  subirait  un  mouvement  perpétuel  d'exhaus- 
sement ou  d'affaissement  par  rapport  au  niveau,  variable  peut-être 
lui-raéme.  des  océans. 

Aux  avancements  des  mers  ou  affaissements  du  sol  semblent  cor- 
respondre l'avancement  des  glaciers  et  l'élévation  de  la  zone  des  pluies. 

Aux  retraits  des  mers  ou  exhaussements  du  sol  correspondraient  au 
contraire  un  régime  pluvial  différent  et  le  retrait  des  glaciers. 

Enfin,  les  émissions  de  matières  volcaniques  semblent  être  des  con- 
sé(|uences  plus  ou  moins  directes  de  l'avancement  des  mers. 

Au  point  de  vue  de  l'époque  quaternah'e,  il  y  a  relation  complète 
entre  les  diverses  parties  de  tout  l'ensemble,  en  sorte  qu'il  n'est  pas 
nécessaire  de  créer  une  théorie  spéciale  à  cette  période,  mais  seulement 
de  reconnaître  que  ce  qui  est  exigé  par  les  faits  de  l'époque  quater- 
naire l'est  aussi  par  ceux  des  autres  âges. 

De  plus,  on  peut  faire  ressortir  l'identité  qui  paraît  exister  entre 
l'époque  (|uaternaire  et  celle  des  glaciers  miocènes,  en  sorte  qu'on  est 
tenté  de  se  croire  en  présence  de  deux  termes  d'une  série  de  phéno- 
mènes à  retours  périodiques. 

Au  point  de  vue  de  l'Homme,  on  peut  ajouter  que  le  retrait  des 
glaciers  semble  avoir  pour  cause  une  variation  atmosphérique  qui  rend 
infertiles  les  hauts  plateaux  et  qui  pousse  hors  de  leur  patrie  les  no- 
mades de  la  Haute-Asie;  au  contraire, les  plateaux  maritimes  deviennent 
alors  habitables.  Aux  épocfues  d'affaissement,  ces  derniers  cessent 
d'être  habitables  et  les  premiers  le  redeviennent.  Aux  épo(|ues  sèches, 
si  le  froid  est  plus  vif.  Tété  est  plus  chaud,  même  sous  le  pôle,  et 
c'est  ainsi  qu'on  explique  pourquoi  les  mers  polaires  ont  été  autrefois 
plus  accessibles  qu'elles  ne  le  sont  aujourd'hui,  par  exemple  au  xv^  siè- 
cle. N'est-ce  pas  encore  là  un  fait  en  relation  avec  les  oscillations? 

Un  court  résumé  me  semble  utile  à  donner;  j'y  indi(iue  par  A  les 
affaissements,  par  S  les  exhaussements  ou  soulèvements,  par  D  les 
époques  de  dislocations  du  sol,  par  C  les  époques  continentales,  et  par 
un  trait  noir  les  lacunes  à  combler.  Enfin,  pour  l'époque  de  l'Homme, 
je  donne  des  dates  approxiniatives  à  un  siècle  près  en  avant  ou  en  ar- 
rière; c'est  tout  ce  qu'il  est  possible  de  faire. 


428        TARDT.  —  OSCILLATIONS  MIOG.,   TLIOC.    ET  QUATEHNAIRES.      15  avril 

Résumé  des  oscillations  des  époques  actuelle,  quaternaire,  pliocèfie  et 

miocène  supérieure. 

S.    Depuis  1818  après  J.-C.  Retrait  des  glaciers  des  Alpes,  du  Caucase,  de  l'ilima- 

lava,  du  Spitzherg. 
A.        »       1100     »       »      Avancement  des  Aîlaciers  d'après  M.  Cil.  Grad  ;  affaisse- 

nients  :  vallée  du  Pô  et  côtes  françaises. 
S.         »       1000     »       »      Lo  dernier  pavé  de  San-Vitale  à  Ravenne  est  du  xi* 

siècle.  —  Invasion  mongole. 
A.        »        600     »       »      Immersions  :  monuments  de  Ravenne;  côtes  de  France. 
S.        »        200     »       »      Un  peu  après,   invasion  des  Barbares  dans  l'empire 

romain. 
A.         »        200  avant  J.-C.  Éruption  du  Vésuve  en  79  après  J.-C.   (c'est,  d'après 

le  calcul,  l'époque  d'un  affais.sement  secondaire). 
S.         »        650      »        »      Arrivée  de  la  civilisation  du  bronze  sur  les  bords  de 

la  Saône  au  vr  siècle. 
A.        »       lOIVO      »        »      Disparition  des  Eléphants  des  plaines  de  la  Ninivie  au 

xi«  siècle. 
S.         »       1150      »        »      Arrivée  de  la  civilisation  de   la   hache  polie  sur  ia 

Saône  au  xiv*  siècle. 
A.         »       1900      »       »      Terrasses  de  5"  environ  au-dessus  des  grandes  ri- 
vières. 
S.         »       2300      »       »      Arrivée  sur  la  Saône  d'une  civilisation  de  silex  taillés 

et  de  poteries  au  xxii*  siècle. 
A.    Fin  du  Quaternmre.  —  Terrasses  de  10".  —  Dernière  alluvion  des  plateaux  ; 

volcans. 
S.    Depuis  3100  avant  J.-C.  Fondation  de  la  3'  grande  pyramide  de  Gizeh,  d'après 

M.  Chabas.  en  3007-3010. 
A.  Terrasses  de  20"  environ.  —  Civilisations  quaternaires. 

S.        »       3900      »        »      Fin  de  la  terrasse  de  40",  dont  l'alluvion  supérieure 

contient  les  silex  de  Saint-Achcul. 
A-  Terrasse  de  lO™.  dont  les  premières  alluvions  ne  ren- 

ferment pas  l'Homme. 
S.  __^-. 


A.  Terrasse  de  80".  —  Faune  de  Montreuil  près  Paris;  Lehm  à  Hélix  de 

La  Pape  et  de  Satlionay  près  Lyon. 
S.  —— — ^^  Retrait  des  glaciers  vers  le  Haut-Bugey. 

A.  Terrasse  de  160".  — Lehm  à  Succinra  oblonga  de  Vancia. 

S.  Moraines  de  Loyes,   Chazey,  Lagnieu,  etc.  Creusement  de  la  vallée  du 

Rhône. 
A  Terrasse  de  320".  —  Blocs   alpins  épars  le   long  du  Jura  vers   400" 

d'altitude. 
S.  Moraines    de  Lyon,    de    Vancia,  de  Margiiolas  et  de  Crans. 

A.  (1)  Terrasse  de  600"".  —  Lehm  de  l'Eromo  sur  la  colline  de  Tuiin. 


S. 


(1)  Une  disciissi.)n  dos  faits  énoncés  dans  ces  E:i<ai^  ot  leur  trani>fvirmalion  gra- 
phique me  semblent  |)rouver  (ju'il  faut  intercaler  entre  la  terrasse  do  GOO"  et  celle 
de  3iH)'"  les  moraines  de  Rivoli  en  Italie  et  celles  du  groupe  do  Lyon.  Vancia  et 


A. 


1878.       TARDY.  —  OSCILLATIONS  MIOC  ,   PLIOG.    ET  QUATERNAIRES.  429 

[  Fin  du  Pliocène.  —  Moraine  de  chute  qui  est  sans  cloute  le  conglomérat  bres- 
\  San  des  auteurs. 

(Lehin  sur  les  aliuvions  anciennes;  entassement  de  celles-ci.  —  Éruption 
des  basaltes;  roches  Q  et  R  de  M.  Rames. 
S.  Début  des  aliuvions  anciennes.  Retrait  des  glaciers.  Conglomérat,  aliu- 

vion  sous  les  basaltes. 
A.  Moraine  pliocène  de   Lyon-Saint-Clair.  ^  Eruption  des  phonolithes  du 

Cantal,  série  des  roches  M,  N  et  0  (Rames). 
S.  Premier  lit  de  fond  des  vallées. 

A.  Eruption  des  trachytes  (Rames). 

S.  Marnes  à  Congéries  de  Saint-Ariès.  —  Abaissement  définitif  du  lit  de  la 

SatNne. 
A.  (?D.)       Ostrea  cucuUata  avec  galets  de  quartzites.  —  Marnes  supérieures  de 

Saint-André-dHuriat.  —  Conglomérat  trachytique  K  (Rames). 
S.  Sables  et  tufs  de  la  zone  des  sables  de  Saint-André-d'Huriat. 

A.  Nassa  semistriata  du  groupe  de  Saint-Ariès  de  M.    Fontannes  déposé 

dans  la  vallée  du  Rhône. 
S.  Creusement  de  la  vallée  de  la  Saône  jusqu'à  la  mer  avant  la  Gn  de  la 

Bresse. 
Fin  du  iliocî'tuj.  —  Dernières  marnes  à  lignites  de  la  Bresse  et  \ 

de  la  Dombes.  /  Çinérites  I 

Cailloux  et  sables  des  puits  profonds  de  la  Dombes  et  de  (     (Rames). 

Foissiat.  / 

S.    C.         /r«/ij:  C/iri's/o/i  du  MontLéberon.  —  Tufs  de  Meiimieux,  de  Loyes,  do 

Notre-Dame-de-Bellor.  —  Flore  de  la  Rlougudo  (Rames  et  de  Saporta). 
A.  Ostrea  crassissima ,  Cardita  Jouanncti,    —  Sables  do  Molion  et   de 

Couzance.  —  Tufs  ponceux  G  et  H  (Rames). 
C.  AnciUaria,  Hélix  Delphiuensis,  lin   des  Nassa  Miehaudi,  —  Lignites 

de  Molion  et  d'Orbagnn. 
Corbules.   Pecten  Leithajanus,  Terebratulina  calathiscus ,  —  Dernières 

molasses  en  Bresse. 
Erratique  dans   la    molasse   de  Yarambon.  —  Cailloux  striés    dans  le 

Cantal. 
Grotte  de  Baume.  —  Molasses  des  barres  du  Rhône  à  Lagnieu  et  de  l'Ain 

à  Varambon. —  Fleuve  à  Machairodus  du  Cantal  (Rames). 
S.     D.  Renversement  vers  l'est  de  la  colline  de  Saint-Paul-Trois-Châteaux   et 

du  Jura  oriental;  écrasement  du  Mont-Blanc. 
A.  Muschelsandî^tein  à  Sainl-Laurent-Grand-Vaux  (Haut-Jura  oriental)  et  aux 

Usses.  —  Vieux  basalte  E  (Rames). 
S.  Calcaire  de   la  C4)Iline  de   Saint-Paul-Trois-Chùteaux.  —  Molasse  d'eau 

douce  à  Genève.  —  Molasse  calcaire  de  Priay. 
A.  Pecten  bencdictux,  Scutella   Paulenns.  —    Molasse  grise  et  bleue  des 

Usses.  —  Barre  de  Priay. 
S.    C.  Sables  à  dents  de  Lamua;  Hélix  Ramundi  (Coligny).  —  Calcaire  et  meu- 

lières à  Liinnées  de  la  Beauce. 

Crans.  Les  quatre  autres  moraines  :  Loyes,  Chazey,  Lagnieu ,  etc.,  se  placi^nt 
ainsi  entre  les  terrasses  de  .i'iO"  et  de  IGO".  Ces  résultats  de  nouvelles  études, 
joints  à  la  présence  dans  la  série  pliocène  d'un  impiirtaut  diluvium  du  Nord,  peu- 
vent modifier  un  peu  les  limites  respectives  des  périodes  quaternaire,  pliocène 
et  miocène.  (yote  ajoutée  pendant  l'impression. J 


S. 


A. 


430  POTIER.   —  ROCHES  ÉAUPTIVES.  15  avril 


PoDdinpaes 

et  marnes 

le  long  du 

Jura. 


Lits  de 

marnes  et  de 

poudingues 

de  Barrénie. 


PondingQos 

Argiles  à 

QnarUites, 

et  marnes 

meulières 

etc., 

le  la  colline 

de  la 

du 

do  Turin. 

Beauce. 

Cantal. 

Calcaire  à  Ceritkium  Lamareki  de  la  Bresse  et  du  bassin  de  Paris. 
S.  {  Sables  bigarrés  du  Haut-Comtat.  —  Sidôrolithique  du  pourtour  du  Jura 

—  Sables  ferrugineux  de  Fontainebleau. 
Mer.  — Érosion  de  la  Craie  du  Haut-Comtat  et  dépôt  des  sables  ci-dessus.—  Sables 
de  Fontainebleau. 


H.  Potier  fait  la  communication  suivante  : 


Sur  la  composition  de  quelques  rocliea  éruptives 

des  environs  de  Fréjua, 

par  M.  Potier. 

Parmi  les  roches  éruptives  rencontrées  dans  la  réunion  extraordi- 
naire de  la  Société  à  Fréjus  se  trouvent  :  1»  des  porphyres  quartzifè^ 
res;  i^  des  porphyres  globuleux;  3®  des  pechsteins,  parmi  les  roches 
acides;  4^  des  mélaphyres;  Sp  les  roches  dites  trachytiques  des  envi- 
rons d'Antibes  et  de  Biot,  dont  le  nom  doit  être  modifié  puisqu'elles 
ne  contiennent  pas  trace  de  sanidine,  et  6^  les  roches  trappéennes  qui 
traversent  le  terrain  hou i lier. 

Les  analyses  suivantes  font  connaître  la  composition  de  ces  roches  : 

1             •               s               4             ft  • 

Silice 80.20  77.00      70.30      50.60      51.00  55.00 

(Oxygène)....       42.76  41.04      37.47      20.98      27.18  29.31 

Alumine 8.60  10.60      10.30      21.30      27.00  24.30 

(Oxygène)....       4.01        4.91        4.80      11.28      12.60  11.32 

Oxyde  de  fer...        1.60       3.60       3.00       9.00       5.60  4.00 

(Oxygène)....       0.48        1.08       0.90       2.70        1.68  1.20 

Chaux 0.60        1.60        1.30       8.30       9.60  0.()0 

(Oxygène)....        0.17        0.46        0.37        2.36        2.72  0.17 

Magnésie 0.30       0.60           »         2.60       4.60  3.60 

(Oxygène)....        0.12       0.24           »         1.04        1.81  1.44 

Potesse 5.20        3.15       5.90        0.60         »  1.70 

(Oxygène)....        1.01       0.60       1.14       0.12         »  0.33 

Soude 2.50        2.65        1.40        2.40         »  2.20 

(Oxygène)....         0.63       0.66       0.36       0.61         »  0.50 

Perte  au  feu....        1.00       0.80       7.80       2.30       2.20  8.60 

Le  n**  1  provient  des  environs  de  Bagnols,  le  n**  2  d'un  point  situé  un  peu  au 

mord  de  Saint-RaphaDl,  le  n**  3  de  la  Colle  de  Grane,  le  n*  4  du  Logis  de  Paris^  le 
sï*  5  de  Vilieneuve-Loubet»  le  n*  6  des  travaux  de  Pra-Bousquct  [les  Vaux). 

Ces  analyses  confirment  les  déductions  tirées  de  rcxamen  des  ro- 


1878.  TOURNOUÊR.   —  ALLOCUTION  PRÉSIDENTIELLE.  431 

ches:  la  prédominance  de  Torthose  dans  les  roches  acides,  du  labrador 
dans  les  roches  4  et  5,  et  de  Toligoclase  dans  la  roche  6. 

J'ajouterai  que  le  fer  est  à  l'étal  d'oligiste  entièrement  soluble  dans 
les  acides  dans  les  roches  1  et  2,  de  fer  oxydulé  dans  les  roches  4  et  5; 
les  acides  enlèvent,  avec  le  fer,  la  chaux  et  la  magnésie  presque  com- 
plètement dans  les  échantillons  légèrement  altérés.  Quant  à  la  roche 
qui  se  trouve  en  dykcs  dans  le  terrain  houiller,  la  grande  quantité 
d'eau  qu'elle  contient  explique  l'altération  profonde  dont  elle  parait 
atteinte  sous  le  microscope. 

L'analogie  entre  les  roches  4  et  5  est  évidente,  et  il  est  clair  que  le 
nom  de  trachyte  ne  saurait  convenir  aux  roches  de  Biot  et  d'Antibes, 
désignées  primitivement  par  les  auteurs  de  la  Carte  géologique  de  la 
France  sous  le  nom  de  mélaphyres;  si  leur  âge  récent  empêche  de 
leur  conserver  ce  nom,  la  nomenclature  en  vigueur  leur  imposerait^ 
celui  d'andésite  pyroxénique;  mais  le  pyroxène  y  est  si  rare  et  le  feld- 
spath si  évidemment  du  labrador,  que  le  nom  de  labradorite,  récem- 
ment proposé  par  M.  Fouqué  pour  des  roches  du  Cantal,  serait  préfé- 
rable. 


Séance  du  25  avril  i878. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  TOURNOUÊR,  président  pour  1877. 

Le  Préaldent  ouvre  la  séance  par  roUocuilon  suivante  : 

Messieurs, 

Depuis  notre  dernière  séance  générale  annuelle  à  pareille  époque, 
de  nouveaux  vides  se  sont  encore  faits  parmi  nous.  Sans  parler  des 
coups  très-récents  et  très-sensibles  qui  ont  frappé  la  Société,  votre 
dernier  Président  sorti  a  le  devoir  de  vous  rendre  compte  des  pertes 
qu'elle  a  faites  dans  le  courant  de  Tannée  1877. 

Dans  ce  court  intervalle,  nous  avons  perdu  8  de  nos  collègues,  dont 
5  membres  français  : 

M.  Cercelet,  membre  de  la  Société  depuis  1844  ; 

M.  Ernest  Maire,  depuis  1842; 

M.  Levallois,  Inspecteur  général  des  Mines,  auteur  de  la  Carte  géo- 
logique du  déparlement  de  la  Meurthe,  ancien  Président  de  la  Société, 
dont  il  faisait  partie  depuis  1832,  c'est-à-dire  presque  depuis  sa  fonda- 
tion. Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  et  dans  les  loisirs  que  lui 


43i  TOURNOUËH.   —    ALLOCtTIO.N    PRKSIDK.NTIELLE.  io  avril 

avait  laissés  raccomplissemciit  d'une  longue  et  haute  carrière  admi- 
nistrative, M.  Levallois  était  redevenu  l'un  dos  membres  les  plus  zélés 
et  les  plus  assidus  de  la  Société,  uiî  de  ceux  qui  s'intéressaient  le  plus 
à  ses  travaux  et  à  son  avenir;  et,  pour  nous  doïiner  une  preuve  de  cet 
intérêt,  il  avait  voulu  remplir  les  conditions  qui  lui  permettaient  d'ê- 
tre compté  à  perpétuité  parmi  les  meuîbres  de  la  Société  et  de  se  sur- 
vivre ainsi  à  lui-même  au  milieu  de  nous.  Son  nom  sera  donc  toujours 
inscrit  en  tête  de  nos  listes,  en  compagnie  de  queUiucs  autres  égale- 
ment honorés; 

M.  Reynès,  qui  était  des  nôtres  depuis  18()0,  Conservateur  du  Musée 
d'Histoire  naturelle  de  Marseille,  auquel  il  avait  cédé  d'importantes 
collections  paléontologicjues,  dont  sa  lin  prématurée  Ta  empêché  de 
tirer  tout  le  parti  qu'il  se  [iroposait  pour  la  publication  d'une  grande 
monographie  des  Ammonites  depuis  longtemps  commencée; 

M.  L.  Ville,  membre  de  la  Société  depuis  i8ol,  Inspecleur  général 
des  Mines  en  Algérie,  où  il  résidait  depuis  plus  de  trente  ans  et  dont 
il  n'a  cessé  d'étudier  et  de  taire  connaître  la  géologie,  l'hydrologie  et 
les  ressources  minérales,  par  de  nombreux  travaux  qui  lémoignent  de 
sa  valeur  scientitique  et  de  sa  rare  activité.  Notre  coll«'-gue,  et  son  ami 
M.  Delesse,  en  informant  la  Société  géologique,  dans  sa  séance  du  iî8 
mai  1877,  de  la  perte  qu'elle  venait  de  l'aire,  a  déjà  rendu  à  la  mé- 
moire de  M.  Ville  un  premier  hommage,  au(|uel  la  Société,  en  cette 
séance  générale,  s'associe  par  l'organe  de  son  Président. 

A  rétranger  nous  avons  perdu  trois  sociétaires  : 

En  Saxe,  M.  Jenzsch,  minéralogiste  distingué; 

En  Russie,  M.  de  Zihmeumann  et  M.d'Eiguwald,  Profi\sseur  a  l'Uni- 
versité de  Saint-Pétersbourg,  dont  la  mort  est  même  antérieure  a 
1877,  mais  n'a  été  portée  à  notre  connaissance  (jue  depuis  la  dernière 
séance  générale.  M.  d'Eichwald  a  attaché  son  nom  à  la  géognosie,  à  la 
paléontologie  et  à  la  zoologie  de  la  Russie,  par  une  série  de  publica- 
tions scientifiques  importantes  et  très-variées,  qui  se  sontsuccéJé  pen- 
dant près  de  40  ans.  depuis  18:^9  jusqu'en  18G7,  et  paruii  les(|ut'Hes  il 
me  suffira  de  rappeler  la  Fauna  Caspio-Caucasia  et  les  Lcthœa  Ros- 
sica. 

Ces  pertes  inévitables,  qu'amène  pour  nous  chaque  année  nou- 
velle, jointes  à  un  certain  nombre  de  démissions  ou  de  radiations  ré- 
glementaires, sont  à  peine  compensées,  je  dois  le  dire,  [)ar  les  recrues 
ordinaires  que  nous  taisons  autour  de  nous. 

La  Société,  peu  après  sa  fondation, en  1834,  comptait  déjà  323  mem- 
bres; en  1844,  elle  en  comptait  441;  en  185(),  TiiO.  A  partir  de  cette 
époque,  le  mouvement  de  progression  s'arrête  malheureusement  :  en 
18(18,  le  nombre  des  membres  est  de  îj'iO;  dix  ans  apiès,  au  moment 


1878.  TOUnNOLÉR.    —  ALLOCUTION   PRF^SIDENTIELLE.  433 

actuel,  en  1878,  il  n'est  que  de  546  (1),  dont  400  membres  français  en- 
viron ;  c'est-à-dire  que,  depuis  vingt  ans  et  plus,  le  chiffre  des  socié- 
taires est  à  peu  près  slationnaire  un  peu  au-dessus  de  500. 

Ce  n'est  pas  assez  I  Ce  chiffre  n'est  pas  en  rapport  avec  le  dévelop- 
pement, avec  l'importance,  avec  la  popularité  même,  que  la  Géologie 
a  conquis  dans  le  monde  depuis  quarante  ans!  11  maintient  d'ailleurs 
forcément  dans  des  limites  trop  restreintes  nos  ressources  budgétaires, 
qui  s'alimentent  en  très-grande  partie  par  le  produit  des  cotisations 
annuelles,  et  ce  n'est  que  grâce  à  une  libéralité  très-récente,  que  la  So- 
ciété peut  donner  quelque  encouragement  effectif  à  la  culture  de  la 
science  qu'elle  a  pour  mission  de  propager,  par  l'établissement  du  prix 
Viquesnel.  Je  suis  heureux  d'ailleurs  de  pouvoir  dire  que  cette  mo' 
deste,  mais  intelligente  fondation  est  déjà  jugée  par  ses  fruits;  à  peine 
institué  depuis  trois  ans,  le  prix  Viquesnel  est  déjà  devenu,  et  deviendra 
chaque  année  davantage,  pour  les  jeunes  membres  laborieux  de  la 
Société,  une  distinction  recherchée,  un  salutaire  et  sérieux  stimulant, 
qui  les  soutient  dans  la  poursuite  de  travaux  et  d'études  où  ils  n'ont 
souvent  d'autre  récompense  à  attendre  que  l'estime  de  leui*s  maîtres 
ou  de  leurs  anciens. 

Cette  année,  ayant  à  décerner  ce  prix  pour  la  troisième  fois  depuis 
sa  fondation,  la  Société  en  a  jugé  digne  : 

M.  Georges  Fabre,  Sous-Inspecteur  des  Forêts  à  Alais  (Gard),  qui  a 
su  mettre  heureusement  à  profit  pour  la  science  sa  résidence  officielle 
dans  un  arrondissement  forestier  assez  ingrat  et  dans  une  région 
géologique  difficile  et  peu  connue. 

Par  cette  distinction,  la  Société  récompense  en  M.  Fabre  huit  années 
d'études  persévérantes  sur  le  département  de  la  Lozère  ;  études  en 
partie  résumées  dans  la  Carte  géologique,  minéralogique  et  agronomi- 
quedu  canton  de  Mende,  qui  joint  à  sa  valeur  scientifique  et  théorique 
le  mérite  d'une  utilité  pratique  d'application  agricole  et  forestière  : 
heureuse  alliance  de  la  Géologie  et  de  la  Sylviculture,  qui  n'est  pas 
sans  exemple  dans  notre  Société  et  qui  a  droit  à  toute  notre  sympathie. 

Je  regrette,  et  la  Société  regrettera  vivement  avec  moi,  que  M.  Fa- 
bre, retenu  par  des  devoirs  de  famille,  n'ait  pu  se  rendre  aujourd'hui 
parmi  nous  pour  y  recevoir  la  récompense  honorable  que  le  suffrage 
de  ses  collègues  lui  a  décernée. 

Le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 

(1)  Le  nombre  actuel  est  en  réalitô  plus  élevé  que  celui  de  1868,  parce  que  celui- 
c.\  comprenait  une  certaine  (juantité  de  non-valeurs  financières,  qui  ont  été  depuis 
éliminées  par  \me  administration  plus  rigoureuse. 

58 


4ii4  I».  FISCniCR.  —  NKCROLOGIR  DAI.C.   D'onBii;.\Y.  25  avril 

M.  p.  Fischer  donne  lecture  de  la  notice  suivante  : 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux 
d'AlGiae     ct'Orblgny, 

par  M.  P.  Fisclier. 

MeSSIElUUS, 

Plus  de  vin^'t  ans  se  sont  écoulés  depuis  la  mort  d'Alcîde  d'Orbignv. 
Les  luttes  ardentes  soulevées  par  Tapparltion  de  ses  doctrines  se  sont 
éteintes;  les  idées  justes,  pratiques,  qu'il  a  produites,  ont  été  accep- 
tées; en  un  mot,  le  jugement  impartial  de  la  postérité  commence  pour 
ses  œuvres.  Les  membres  de  la  Société  géologique  ont  pensé  (|u'il  était 
temps  de  rendre  à  ce  grand  naturaliste  un  hommage  mérité,  et  je  crois 
être  Tinterprète  de  leurs  vœux  en  retraçant  devant  vous  l'histoire  de 
sa  trop  courte  carrière. 

Alcide-Charles-Viclor  d'Orbigny  naquit  à  Couëron  (Charenle-Inlé- 
rieure)  le  6  septembre  180i.  Son  père,  Charles-Marie  d'Orbigny,  ori- 
ginaire de  Saint-Domingue,  après  avoir  pris  du  service  comme  chirur- 
gien de  marine,  exerçait  la  médecine  ù  Couëron;  il  résida  ensuite  à 
Ësnandes  et  se  fixa  enfin  à  La  Rochelle. 

D'Orbigny  père  avait  des  notions  étendues  en  histoire  naturelle.  En 
parcourant  le  littoral  de  TAuniset  de  la  Vendée,  illustré  par  les  re- 
cherches de  Réaumur,  il  résolut  de  rassembler  la  collection  des  ani- 
maux marins  de  cette  contrée.  Secondé  par  son  compatriote  Fleuriau 
de  Bellevue,  il  réussit  dans  son  œuvre,  et  c'est  à  ces  deux  naturalistes 
que  l'on  doit  la  fondation  de  notre  premier  musée  régional  français, 
celui  de  La  Rochelle.  Les  espèces  les  plus  rares,  envoyées  à  Paris, 
ont  été  décrites  par  Latreille,  Savigny,  Cuvier,  Audouin  et  Milne 
Edwards. 

Alcide  d'Orbigny  et  son  frère  Charles  accompagnaient  leur  père 
dans  ses  excursions  ;  ils  apprenaient  ainsi  à  chercher  et  à  observer; 
leur  talent  précoce  de  dessinateur  trouvait  à  chaque  pas  l'occasion  de 
s'exercer. 

C'est  en  dessinant  quelques  petites  coquilles  recueillies  sur  la  plage 
d'Esnandes,  qu  Alcide  d'Orbigny  conçut  le  projet  d'étudier  les  corps 
organisés  presque  microscopiques  qu'on  classait  aloi-s  parmi  les  Cé- 
phalopodes polythalames  de  Lamarck. 

Les  auteurs  du  siècle  dernier  et  du  commencement  du  xu*»  :  Planci, 
Soldani,  Mùller,  Schroter,  Spengler,  Boys  et  Walker,  Fichtel  et  Moll, 
Montagu,  etc.,  avaient  représenté  un  grand  nombre  de  ces  formes  élé- 


1878.  p.  FisciiKft.  —  NKGuoLor.iK  d'alc.  d'ohbignv.  435 

gantes,  connues  sous  le  non)  de  Nautllus.  On  trouve  en  effet  une  res- 
semblance frappante  entre  ces  petites  coquilles  cloisonnées  et  celles 
des  vrais  Nautiles.  Mais  aucun  naturaliste  n'avait  cherché  à  subdiviser 
convenablement  les  prétendus  Céphalopodes  microscopiques.  Les  cou- 
pes proposées  par  Lamarck  étaient  fondées  sur  des  analogies  si  peu 
naturelles,  que  sa  famille  des  Ortliocérées,  par  exemple,  renfermait 
les  genres  Béleranite,  Orthocère,  Nodosaire,  Hippurite,  Conilite,  c'est- 
à-dire  des  Céphalopodes  dibranches  et  lélrabranches,  des  Foramini- 
ftres  et  des  Acéphales.  Denys  de  Monlfort,  dans  sa  Conchyliologie  sys- 
tématique, essaya  le  premier  de  réformer  les  Polythalames,  en  créant 
plusieurs  genres,  mais  l'imperfection  de  ses  dessins  et  surtout  le  peu 
de  confiance  qu'on  accordait  à  sa  probité  scientifique  empêchèrent  les 
nomenclateurs  d'adopter  ses  subdivisions. 

Cette  tûche  honorable  était  réservée  à  Alcide  d'Orbigny.  Il  avait  étu- 
dié les  Céphalopodes  microscopiques  avec  une  véritable  passion.  Quel- 
ques flacons  de  sable  de  Rimini  lui  dévoilèrent  l'immensité  du  sujet 
de  ses  recherches;  loin  d'en  être  effrayé,  il  sentit  redoubler  son  ar- 
deur. L'histoire  de  sa  vie  nous  le  montre  tout  aussi  courageux  lors- 
qu'il commence  son  recueil  encyclopédique  sur  l'Amérique  méridio- 
nale, et  lorsqu'il  entreprend  la  publication  de  la  Paléontologie  fran- 
çaise. Les  grands  travaux  exerçaient  sur  lui  une  véritable  séduction. 

Après  sept  années  d'étude,  il  résuma  ses  découvertes  dans  le  Ta- 
bleau méthodique  de  la  classe  des  Céphalopodes,  publié  en  18i6.  Les 
Céphalopodes  microscopiques  y  étaient  distingués,  sous  le  nom  de 
Foraminifères,  des  autres  Céphalopodes;  les  GOO  espèces  indiquées  par 
les  auteurs  ou  considérées  comme  nouvelles  étaient  réparties  en 
63  genres,  et  ceux-ci  rangés  dans  5  classes. 

Pour  la  caractéristique  de  ces  classes,  d'Orbigny  s'est  servi  du  mode 
de  groupement  des  loges  ou  des  segments  de  la  coquille. 

Ainsi,  les  loges  placées  sur  une  seule  ligne,  bout  à  bout,  appartien- 
nent aux  Stichostèyues  ;  enroulées  en  spirale  sur  un  seul  axe,  elles 
constituent  les  Ilélicostègues  ;  les  Entomostègues  sont  également  en- 
roulés en  spirale,  mais  les  loges  sont  superposées  sur  deux  axes;  chez 
lesÊnallostêgues  les  loges  sont  assemblées  par  alternance  sur  deux  ou 
trois  axes  distincts,  sans  décrire  une  spirale;  enfin,  les  Agathistègues 
sont  formés  de  segments  pelolonés  sur  un  axe  commun,  chaque  seg- 
ment décrivant  la  moitié  d'une  circonférence. 

A  ces  premières  subdivisions  d'Orbigny  en  ajouta  plus  tard  deux 
autres  :  les  Monostègues  pour  les  Foraminifères  composés  d'une  seule 
loge,  et  les  Cyclostègues  dont  le  test  discoïdal  est  formé  de  loges  con- 
ceotriques,  simples  ou  multiples,  et  sans  spirale. 

Cet  arrangement  si  ingénieux  n'est,  il  faut  bien  l'avouer,  qu'un  sys- 


436  p.  Fisciien.  —  .nécrologie  d  alc.  d'ordigny'.  25  avril 

lème;  mais  ses  avantages  sont  tels  que  beaucoup  de  naturalistes  Je 
maintiennent  encore,  parce  (|u'il  facilite  les  reclierclies et  qu'il  conduit 
rapidement  à  la  distinction  des  genres. 

Est-il  naturel?  Je  ne  le  pense  pas.  D'Orbigny,  qui  avait  circonscrit 
avec  tant  de  sagacité  l'ordredes  Agatbistègues  et  (jui  avait,  le  premier, 
remarqué  la  structure  non  poreuse  de  leur  test,  n'a  pas  entrevu  le 
parti  qu'on  pouvait  tirer  de  l'étude  de  la  structure  intime  de  la  co- 
quille. Reuss  et  Carpenler  ont  modifié  ultérieurement  l'histoire  natu- 
relle des  Foramin itères,  en  s'appuyant  sur  cette  donnée  fondamentale; 
ils  ont  pensé  avec  raison,  ce  me  semble,  que  des  êtres  dont  les  seg- 
ments sont  privés  de  porcs  et  dont  tous  les  pseudopodes  se  concentrent 
pour  sortir  par  une  ouverture  unique  de  la  coquille,  sont  plus  parfaits 
que  ceux  dont  le  test  est  criblé  de  trous  et  dont  chaque  loge,  mise  en 
communication  avec  le  liquide  ambiant,  contient  une  partie,  en  quel- 
que sorte  isolable,  de  l'agrégat.  Chez  les  premiers  l'individualité  se 
prononce;  chez  les  autres  la  colonie  se  soupçonne. 

L'application  de  ces  principes  a  eu  pour  ettet  de  réformer  l'ordre 
des  Monostègucs,  où  étaient  rassemblés  les  OrhuUna,  qui  proviennent 
peut-être  par  génération  alternante  des  Globigerina;  les  OoUna,  qui 
n'ont  d'ailinités  qu'avec  les  Dentalina  et  les  Frondicidaria;  Jes  Dacty- 
lopora,  qui  sont  des  végétaux,  etc. 

En  avançant  dans  sa  carrière  scientifique,  d'Orbigny  n'a  jamais  né- 
gligé les  Foraminiferes,  objets  de  ses  premières  recherches.  Il  a  sans 
cesse  complété,  perfectionné  son  œuvre;  rien  n'était  plus  agréable 
pour  lui  que  l'envoi  de  sables  de  fond,  où  il  était  certain  de  découvrir 
des  formes  nouvelles. 

C'est  ainsi  qu'il  nous  a  fait  connaître  les  Foraminiferes  vivants  de 
l'Amérique  méridionale,  ceux  des  Canaries,  de  Cuba  et  des  Antilles, 
et  les  espèces  fossiles  de  la  Craie  blanche  du  bassin  de  Paris  et  des 
terrains  tertiaires  du  bassin  de  Vienne.  Dans  son  ouvrage  sur  les  Fora- 
miniferes de  Vienne,  il  a  consigné  ses  idées  sur  la  distribution  de 
ces  animaux  dans  les  mers  actuelles  et  dans  les  couches  anciennes, 
et  il  a  tracé  la  caractéristique  de  tous  les  genres  admis  à  cette  époque. 

L'ensemble  de  ses  travaux  est  tellement  important,  qu'on  peut  con- 
sidérer d'Orbigny  comme  le  créateur  de  cette  branche  de  la  science; 
c'est  là  son  véritable  domaine  ;  mais,  par  une  singulière  ironie  du  sort, 
le  savant  qui  a  le  mieux  connu  ces  innombrables  formes,  qui  les  a 
distinguées,  séparées,  distribuées,  ne  devait  pas  découvrir  l'organisa- 
tion des  animaux  qui  les  construisent.  Un  de  ses  contemporains,  Du- 
jardin,  en  1835,  observant  dans  un  verre  d'eau  de  mer  quelques  Mi- 
lioles  et  Gromies,  vit  leurs  singuliers  pseudopodes  et  reconnut  sans 
peii»e  que  leurs  tissus  étaient  homogènes,  composés   uniquement  de 


1878.  p.  FiscriEit.  —  NKCiiOLOGii-:  d'alc.  i/oubigny.  437 

cette  matière  difïluenle,  visqueuse,  privée  de  cellules,  qu'il  avait  appelée 
sarcode.  Les  Forain i ni t'ères,  jusqu'alors  rapprochés  des  Mollusques, 
lurent  détthus  de  leur  rang,  relégués  au  degré  le  plus  infime  de  l'é- 
chelle des  êtres,  à  côté  des  Infusoires  et  au-desbOus  des  Spongiaires. 

Il  reste  à  expliquer  comment  des  animaux  de  structure  aussi  élé- 
mentaire peuvent  construire  des  coquilles  aussi  compliquées,  et  pour- 
quoi leur  test  répète  les  formes  les  plus  variées  des  Mollusques  cépha- 
lopodes et  gastéropodes.  Ne  sont-ils  ([u'une  ébauche  imparfaite  des 
Mollusques,  arrêtée  au  début  et  ne  dépassant  pas  la  constitution  in- 
térieure d'un  œuf  avant  l'apparition  du  blastoderme,  comme  M.  A. 
Gaudry  est  porté  à  le  croire?  Ou  bien  existe-t-il  pour  les  différents  ty- 
pes zoologiques  ce  qu'on  pourrait  nommer  des  répétitions  de  formes, 
des  é<iuivalences,  comme  celles  qu'on  trouve  entre  les  Mammifères 
monodelphes  et  les  didelphes? 

Peu  de  temps  après  la  publication  de  son  Tableau  méthodique  de  la 
dusse  des  Céphalopodes,  d'Orbigny,  dont  le  nom  était  remarqué,  fut 
chargé  d'une  mission  scientifique  dans  l'Amérique  méridionale.  Tous 
ses  désirs  étaient  comblés  :  il  allait  donc  accomplir  un  voyage  lointain, 
périlleux,  dans  des  régions  inconnues;  il  allait  se  trouver  face  à  face 
avec  la  libre  nature  et  utiliser  cet  amour  de  l'observation  qui  n^atten- 
dait  qu'une  occasion  convenable  pour  se  développer  dans  toute  son 
ampleur. 

Il  partit  en  juin  1826  et  rentra  en  France  en  mars  1834;  ces  huit  an- 
nées furent  employées  fructueusement  à  parcourir  le  continent  améri- 
cain, depuis  les  régions  froides  et  arides  de  la  Patagonie  jusqu'aux  fo- 
rêts vierges  de  la  zone  torride.  Il  foula  le  rivage  des  deux  océans  qui 
forment  la  ceinture  du  nouveau  continent,  et  gravit  les  plateaux  les 
plus  élevés  de  la  chaîne  des  Andes.  Que  de  sujets  d'étude  pour  un 
naturaliste  dans  ces  changements  de  régions,  de  climats,  d'altitudes, 
de  faunes  et  de  flores,  dans  ces  modifications  des  milieux  qui  impri- 
ment aux  êtres  vivants  des  caractères  indélébiles  ! 

L'histoire  naturelle  de  rAméri(|ue  du  Sud  était  h  cette  époque  bien 
peu  avancée.  Quelques  voyageurs  :  Humboldt  et  Bonpland,  Spix  et 
Marlius,  le  prince  de  Wied-Neuwied,  Auguste  Saint-Hilaire,  avaient 
décrit  les  aninjaux  et  les  plantes  du  Brésil  et  du  Pérou  ;  mais  la  géolo- 
gie, ainsi  que  la  paléontologie,  étaient  à  peine  efïleurées,  et  l'on  sait 
quelles  surprises  ces  sciences  nous  réservaient  lorsqu'on  exhuma  les 
faunes  quaternaires  du  limon  dc^  Pampas  et  des  cavernes  du  Brésil, 
aujourd'hui  si  bien  connues  par  les  travaux  de  R.  Owen,  P.  Gervais, 
Darwin,  Lund,  Burmcisler,  etc. 

D'Orbigny  put  donner  son  ténjoignage  sur  une  (juestion  générale  qui 
avait  beaucoup  occupé  Buflbn  et  ses  contemporains.  Buflbn  avait  éta- 


438  p.    FISCIIRR.    —   NÉCllOLOtilE   D*ALC.    U'onBKiNY.  25a\ril 

bit  comme  une  loi,  qu'aucun  Mammifère  de  TAmérique  méridionale 
ne  se  retrouvait  dans  l'ancien  continent  et  réciproquement,  ce  qui  im- 
pliquaitTidéc  d'une  création  zoologique  indépendante.  Combattu  avec 
vivacité  par  Wosmaer,  notre  grand  zoologiste  soutint  victorieusement 
son  opinion.  11  posait  ainsi  les  bases  de  la  distribution  géographique 
des  animaux,  science  qui  domine  aujourd'hui  la  zoologie,  et  sans  la- 
(fuelle  celle-ci  n'est  plus  qu'une  aride  nomenclature  ou  une  suite  fas- 
tidieuse de  descriptions. 

Non-seulement  d'Orbigny  vérifia  la  loi  de  Bufïbn,  mais,  en  exami- 
nant tantôt  les  animaux  marins,  tantôt  les  animaux  terrestres  du 
nouveau  continent,  il  formula  des  conclusions  d'une  portée  considé- 
rable. 

Ainsi  les  Mollusques  et  les  Foraminiferes  des  rivages  atlantique  et 
pacifique  lui  révèlent  l'existence  de  deux  faunes  tout  à  fait  distinctes. 
Quelques  années  après,  C.  B.  Adams,  P.  Carpenler,  A.  Gould,  conlir- 
raent  cette  belle  découverte,  d'après  l'analyse  des  faunes  marines  de 
TAmérique  centrale  et  du  Mexique.  Mais  ces  matériaux  n'ont  acquis 
toute  leur  valeur  qu'entre  les  mains  d'Edouard  Forbcs,  c  le  plus  in- 
struit et  le  plus  original  des  naturalistes  de  notre  époque  (1)  »,  et  de 
ses  élèves  :  Woodward,  Mac' Andrew,  JelFreys,  W.  Thomson,  Carpenler, 
Wallace,  etc. 

La  part  de  d'Orbigny  dans  rétablissement  des  provinces  zoologi(|ues 
est  donc  prépondérante  ;  les  applications  de  ses  découvertes  à  la  Géo- 
logie ne  sont  pas  moins  dignes  d'intérêt.  Il  conclut»  de  cette  dissem- 
blance des  faunes  actuelles,  que  certains  bassins  tertiaires,  dont  les 
faunes  diffèrent,  ont  pu  être  déposés  simultanément. 

En  formant  ses  collections  de  Mollusques  terrestres  et  lluviatiles 
vivants  de  l'Amérique,  il  s'aperçoit  que  le  nombre  des  espèces  est  en 
rapport  direct  avec  l'élévation  de  la  température,  et  que  les  formes 
des  zones  chaudes  ne  se  retrouvent  pas  dans  les  zones  froides  ou  tem- 
pérées. Les  effets  de  l'altitude  rappellent  ceux  de  la  latitude;  les 
espèces  des  hauts  plateaux  sont  aussi  pou  nombreuses  que  celles  des 
régions  froides;  à  mesure  qu'on  s'élève,  elles  décroissent  rapidement, 
et  au-delà  de  4  400  mètres  la  vie  n'est  plus  possible  pour  les  Mollus- 
ques américains,  dont  la  limite  supérieure  est  toutefois  beaucoup  plus 
élevée  que  celle  des  Mollusques  européens.  Il  existe  donc  une  véri- 
table distribution  suivant  l'altitude,  comme  il  existe  une  répartition 
des  animaux  marins  suivant  les  profondeurs. 
On  n'aurait  qu'une  faible  idée  du  travail  de  d'Orbigny  sur  l'Amé- 

(l)  Suivant  les  expressions  de  W.  Thomson.  La  abimes  de  la  mer  -tnl.  française:, 
p.  îj. 


1878.  p.   FISGHEB.    —   .NÉCaOLOGlE   DALC.    U'OUBIGNY.  439 

rique  si  Ton  se  bornait  à  citer  la  partie  zoologique  et  géologique.  Il 
s'est  occupé,  avec  non  moins  de  succès,  de  la  géographie,  de  l'ethno- 
graphie et  de  l'anthropologie.  Ses  recherches  sur  l'Homme  américain 
ont  une  haute  valeur. 

La  race  américaine  fut  admise  et  caractérisée  par  Buffon.  a  II  n*y  a, 
disait-il,  pour  ainsi  dire,  dans  tout  le  nouveau  continent, qu'une  seule 
et  même  race  d'hommes,  qui  tous  sont  plus  ou  moins  basanés,  et,  à 
l'exception  du  Nord  de  l'Amérique,  tout  le  reste  de  cette  vaste  partie 
du  monde  ne  contient  que  des  hommes  parmi  lesquels  il  n*y  a  presque 
aucune  diversité  (1).  » 

Blumenbach  considéra  l'Américain  comme  une  des  quatre  variétés 
naturelles  du  genre  humain;  mais  Cuvier,  qui  cherchait  dans  Tana- 
tomie  des  caractères  pour  ses  divisions  anthropologiques,  ne  put  ad- 
mettre une  race  Américaine  ayant  une  valeur  équivalente  à  celle  des 
trois  grandes  races  Caucasique,  Mongolique  et  Éthiopique.  c  Les  Amé- 
ricains, dit-il,  n'ont  pas  de  caractère  à  la  fois  précis  et  constant  qui 
puisse  en  faire  une  race  particulière  (2).  »  Avec  une  modestie  bien 
digne  de  son  talent,  il  avoue  aussi  qu'il  ne  sait  où  classer  les  Malais  et 
les  Papous. 

L'entité  de  la  race  Américaine  était  donc  à  démontrer.  Le  polygé- 
niste  Morton  s'est  chargé  de  ce  soin  pour  les  Américains  du  Nord,  et 
d'Orbigny  pour  ceux  du  Sud. 

Aiais  après  avoir  confirmé  la  valeur  de  cette  grande  famille  humaine, 
d'Orbigny  a  voulu  élucider  l'histoire  de  ses  variétés,  de  ses  subdivi- 
sions, de  ses  tribus,  travail  difficile,  car  les  historiens  et  les  voyageurs 
citent  les  noms  d'un  millier  de  nations  américaines.  Il  réduit  considé- 
rablement ce  chiffre,  en  n'admettant  que  39  familles  principales.  Aidé 
par  la  connaissance  des  langues  et  par  les  relations  historiques,  il  pose 
en  principe,  qu'une  même  nation,  à  laquelle  on  a  donné  les  noms  de 
Guaranis,  Galibis  ou  Caraïbes,  s'étendait  jadis  des  Antilles  ù  la  Plata 
et  du  pied  des  Andes  au  littoral  de  l'Océan  Atlantique;  hypothèse  har- 
die et  que  les  anthropologistes  ont  généralement  acceptée. 

Une  observation  de  détail  des  plus  curieuses  est  relative  aux  Pata- 
gons;  elle  a  permis  de  rectifier  les  erreurs  accréditées  sur  la  taille  gi- 
gantesque de  ces  peuples  depuis  les  voyages  de  Magellan  en  1520  et 
du  Commodore  Bvron  en  1764. 

Après  un  séjour  de  huit  mois  en  Patagonie,  d'Orbigny  donna  sur 
cette  contrée  mystérieuse  les  premiers  renseignements  scientifiques 
de  quelque  valeur.  Durant  cette  période,  il  dut  échanger  son  bâton  de 

(l)  T.  III,  p.  510. 

'.'2)  R^ijnc  animal,  p.  ^i. 


440  p.    FlSCHEll.    —  NÉCROLOGIE  D  ALC.    D  ORBIGNY.  20  avril 

touriste  contre  le  fusil  du  soldat.  Assiégé  dans  Carmen  par  les  Pata- 
gons,  il  eut  l'occasion  involontaire  de  voir  un  grand  nombre  de  ces 
sauvages,  dont  la  taille  moyenne  est  de  5  pieds  4  pouces,  résultat  qur 
confirme  pleinement  l'opinion  exprimée  par  de  Bougainville  dans  sa 
lettre  àDom  Pernéty  :  o  Nous  avons  fait  alliance  avec  ces  Patagons  s» 
décriés  et  que  nous  n'avons  trouvés  ni  plus  grands,  ni  même  aussi 
méchants  que  les  autres  hommes  (1).  » 

Le  Haut-Pérou  ou  Bolivie  était  alors  unpayspresquenussi  peu  connu 
des  Européens  que  la  Palagonie.  L'exploration  de  cette  contrée  fut 
favorisée  à  d'Orbigny  par  le  président  Santa-Cruz.  Peu  de  temps  au- 
paravant, un  savant  géologue  anglais,  Pentland,  avait  entrepris  la 
topographie  dc/la  région  et  établi,  à  l'aide  d'un  grand  nombre  de 
hauteurs  et  de  distances  lunaires,  près  de  cent  positions  géographi- 
ques. Ce  travail  fut  complété  par  notre  compatriote,  qui  a  publié  d'ex- 
cellentes cartes  géographiques  et  géologiques  de  la  Bolivie.  Il  pénétra 
dans  la  partie  orientale  de  cette  contrée,  oii  vivent  des  Indiens  civilisés 
depuis  longtemps  par  des  missions  de  Jésuites,  dont  l'histoire  est  aussi 
curieuse  que  celle  du  gouvernement  théocralique  du  Paraguay.  H 
atteignit  les  limites  extrêmes  de  la  Bolivie  et  s'arrêta  à  San  Corazon. 
f  L'idée,  dit-il,  d'être  parvenu  h  GOO  lieues  des  côtes  du  Grand  Océan, 
à  peu  près  à  égale  distance  de  l'Océan  Atlantique,  me  causait  un  plai- 
sir que  je  ne  pourrais  exprimer.  Atteindre  ce  but  m'avait  paru  souvent 
un  rêve.  « 

Mais  cette  joie  si  pure  était  troublée  par  le  souvenir  de  la  patrie; 
lorsque  son  attention  n'était  plus  absorbée  par  l'étude,  il  se  reportait 
sans  cesse  auprès  des  êtres  qui  lui  étaient  chers.  Il  nous  raconte  qu'une 
nuit,  campé  dans  la  province  de  Chiquitos,  il  entendit  un  jeune  indien 
qui  jouait  sur  la  flûte  les  airs  nationaux  de  son  village,  c  Cette  mu- 
sique monotone  et  triste,  au  milieu  de  l'obscurité  et  du  silence  des 
forêts,  me  conduisit  insensiblement  à  des  idées  des  plus  mélancoliques. 
Ce  pauvre  Indien,  me  disais-je,  à  peine  à  seize  lieues  de  son  pays, 
cherche  à  se  le  rappeler  et  souffre  d'en  être  éloigné.  Cette  pensée 
me  ramena  nàalgré  moi  vers  ma  patrie,  dont  j'étais  séparé  déjà  depuis 
six  années,  et  que  je  n'osais  entrevoir,  perdu  que  j'étais  alors  au  sein 
des  déserts  du  centre  de  TAmérique.  Lorsque  quelques  incidents  me 
ramenaient  ainsi  vers  un  autre  hémisphère,  qui  pouvait  seul  me  rendre 
au  bonheur,  je  cherchais  à  soulever  le  voile  de  l'avenir,  à  pressentir 
dans  le  lointain  de  ma  vie  les  jouissances  et  les  peines  qu'il  nie  réser- 
vait... L'aube  du  jour  me  surprenait  encore  au  milieu  de  mes  ré- 


;1)  Junni.  hist.  de  Dom  Peructy,  t.  II,  p.  Oôl. 


1878.  p.    FISCHKK.    —   NKGROLOGIE   DALC.    u'onBIGNY.  441 

flexions,  plus  souvent  couvertes  de  sombres  nuages  qu'éclairées  des 
rayons  de  l'espoir.  » 

De  retour  dans  le  Bas-Pérou,  d'Orbigny  termina  ses  explorations  à 
Lima;  en  1834  il  revit  enfin  la  France. 

Tel  est  le  résumé  bien  incomplet  de  ce  voyage,  dont  la  publication, 
conduite  avec  l'activité  qui  caractérisait  notre  collègue,  l'occupa  de 
1834  à  1847.  Neuf  volumes  et  environ  500  planches  relatives  aux 
sujets  les  plus  divers  suflirent  à  peine  à  faire  connaître  les  maté- 
riaux considérables  qu'il  avait  recueillis.  «  Cet  immense  ouvrage,  a 
dit  Élie  de  Beaumont,  présente  dans  un  cadre  prescfue  encyclopédique 
une  des  monographies  les  plus  étendues  qu'on  ail  données  d'aucune 
région  de  la  terre.  t> 

Tout  en  rédigeant  son  voyage  en  Amérique,  d'Orbigny  travaillait 
concurremment  à  d'autres  ouvrages.  On  est  stupéfait  de  cette  incroya- 
ble facilité  d'observation  et  de  production.  Ainsi,  de  1834  à  1847,  il  a 
publié  avec  de  Férussac  une  magnifique  Histoire  naturelle  des  Cépha- 
lopodes ;  avec  Webb  et  Berthelol  V Histoire  naturelle  des  Canaries;  avec 
Ramon  de  la  Sagra  \ Histoire  naturelle  de  Cuba  et  des  Atitilles,  Puis, 
il  fit  paraître  une  Histoire  naturelle  des  Crinoïdes,  une  Galerie  orni- 
thologique  des  Oiseaux  d'Europe,  plusieurs  notes  sur  la  station  nor- 
male des  Mollusques  bivalves,  sur  les  lois  (|ui  président  a  la  distribu- 
tion des  Mollusques  marins  cùtiers,  sur  les  Bélemnites,  les  Ammonites, 
les  ConoteiUhis,  les  SpiruUrostra;  en  outre,  une  série  de  mémoires 
paléontologiques,  parmi  lesquels  on  remarque  :  la  Paléontologie  dtc 
voyage  de  M.  Hommairc  de  Hell  dans  les  steppes  de  la  Mer  Caspienne, 
le  Caucase  et  la  Crirnce;  la  Paléontologie  des  terrains  secondaires  et 
tertiaires  de  la  Russie  d'Europe  et  des  montagnes  de  V Oural,  insérée 
clans  le  ])el  ouvrage  de  Murchison,  de  Verneuil  et  de  Keyserling  ;  le 
Mémoire  sur'les  Fora  mini  j  ères  de  la  Craie  blanche  du  bassin  de  Paris, 
Knlin,  subjugué  par  le  charme  des  études  sur  le  monde  ancien,  il  com- 
mença sa  Paléontologie  française  ou  Description  zoologique  et  géologique 
de  tous  les  ani)naux  rtiollusqucs  et  rayonnes  fossiles  de  France,  ouvrage 
cjui  fut  sa  principale  occupation  durant  les  dernières  années  de  sa  vie. 

Le  cadre  de  la  Paléontologie  française  est  immense.  Nos  faunes  fos- 
s^iles  sont  si  variées,  si  remarquables  par  le  nombre  des  espèces,  qu'on 
désespère  d'en  possédtjr  un  catalogue  pres(|ue  com[)let;  mais  celte 
tentative  courageuse,  malgré  ses  imperfections,  a  été  de  la  plus  grande 
milité  pour  nos  géologues  et  nos  paléontologistes,  qui  eurent  enlin  le 
livre  et  le  guide  qui  leur  man([uaient.  On  peut  dire,  sans  crainte  d'êtro 
démenti,  ({ue  la  plupart  des  géologues  do  province  sont  les  élèves  de 
d'Orbigny,  par  l'usage  journalier  qu'ils  font  de  son  ouvrage. 

Je  me  souviens  de  l'eflet  que  produisit  dans  le  inonde  savant  l'appa- 


442  p.   FISCHER.    —  .NÉCROLOGIE   d'aLC    D  OHBICNY.  25  avril 

rition  de  la  Paléontologie  française.  Que  de  formes  nouvelles  turent 
dévoilées!  Que  d'animaux  étranges  lurent  reconstitués!  On  connut 
enfin  les  étonnantes  variations  des  Céphalopodes,  dont  les  genres 
Conoteuthis,  Belemnitella,  Spirulirostra,  Nautiloceras,  C7i/ptoceras, 
BacuWia,  Ancyloceras,  Toxoceras,  ïlamulina,  Ptychoceras,  Ilelico- 
ceras,  ffeteroceras ,  Rliynchoteuthis,  ont  été  créés  par  d'Orbigny,  qui 
d'ailleurs  avait  dc^à  décrit  un  grand  nombre  de  types  génériques  nou- 
veaux parmi  les  Céphalopodes  vivants. 

Les  livraisons  de  la  Paléontologie  française  publiées  sous  sa  direc- 
tion comprennent  :  les  Céphalopodes  et  une  partie  des  Gastéropodes 
des  terrains  jurassiques  ;  les  Céphalopodes,  les  Gastéropodes,  les  La- 
mellibranches, les  Brachiopodes,  les  Bryozoaires  et  une  partie  des 
Ëchinides  de  la  Craie.  Le  tout  forme  8  volumes  de  texte,  accompagnés 
de  près  de  1 000  planches. 

Parmi  les  sujets  les  plus  intéressants  de  cette  publication,  on  doit 
citer  les  Bryozoaires  de  la  Craie,  dont  l'étude  et  la  description  ont 
exigé  une  somme  de  travail  surprenante.  A  part  quelques  mémoires 
de  Lamouroux,  Milne-Edwards,  von  Hagenow  et  Reuss,  rien  de  com- 
plet n'avait  été  publié  sur  l'ensemble  des  Bryozoaires.  La  plupart  des 
genres  étaient  à  créer;  quant  aux  espèces  inédites,  leur  nombre  était 
immense.  On  sait  que  les  dépôts  de  la  Craie  supérieure  nous  transmet- 
tent dans  un  état  de  conservation  admirable  une  faune  de  Bryozoaires 
infiniment  plus  riche  que  celle  des  Faluns  et  des  Crags,  et  surtout  que 
la  faune  actuelle,  qui  est  pourtant  bien  connue  par  les  récentes  explo- 
rations sous-marines. 

Loin  de  se  borner  à  la  description  des  Bryozoaires  de  la  Craie, 
d'Orbigny  examina  comparativement  ceux  des  autres  formations  géo- 
logiques et  des  mers  actuelles.  Le  résultat  de  cette  étude  forme  un 
véritable  Synopsis,  où  il  a  indiqué  toutes  les  espèces  de  Bryozoaires, 
vivantes  et  fossiles,  au  nombre  de  1 929,  dont  879  sont  crétacées.  Conçu 
sur  le  même  plan  que  l'histoire  des  Foraminifères  du  bassin  de  Vienne, 
ce  livre  est  appelé  à  rendre  de  grands  services.  «  Nous  ne  savons  pas, 
dit-il,  quel  jugement  sera  porté  sur  cet  immense  travail,  mais  nous 
pouvons  ajouter  avec  vérité,  que  de  tous  nos  travaux  paléonlologi- 
ques  et  géologiques,  c'est  certainement  celui  qui  nous  a  offert  le  plus 
de  difficultés  à  vaincre,  et  celui  que  nous  regardons  comme  le  plus 
difficile  à  traiter.  » 

Presque  à  la  même  époque  un  autre  naturaliste  français,  mort  pré- 
maturément, Jules  Haiine,  préparait  sur  les  Bryozoaires  jurassiques  un 
travail  remarquable  publié  en  1854. 

Jules  Haime  était  guidé  dans  l'étude  de  ces  animaux  par  des  prin- 
cipes dilTérents  de  ceux  de  d'Orbigny  :  il  n'accordait  une  véritable 


1878.  p.  FiscHEii.  —  NÉCROLOGIE  d'alc.  d'orbigny.  443 

valeur  qu*à  la  structure  fondamentale  des  cellules  (ou,  pour  parler  la 
langue  moderne,  des  zooœcia),  tandis  que  d'Orbigny,  tout  en  tenant 
compte  de  cette  structure,  cherchait  des  caractères  de  première  valeur 
dans  le  groupement  des  cellules  de  chaque  colonie.  On  voit  reparaître, 
dans  ce  dernier  mode  de  classification,  les  idées  systématiques  qui 
l'avaient  dirigé  lorsqu'il  publia  ses  travaux  sur  les  Foraminifères. 
Mais  les  inconvénients  d'un  pareil  système  sont  palpables;  pour  n'en 
citer  qu'un  exemple,  le  Bryozoaire  vivant  appelé  Flustrapilosa^^v 
Linné  est  placé  par  d'Orbigny  dans  4  genres,  suivant  que  la  colonie 
est  fixée  sur  des  algues  cylindriques,  étendue  sur  chaque  face  d'un 
fucoïde,  ou  étalée  à  la  surface  d'une  coquille,  et  suivant  que  les  cel- 
lules sont  parallèles,  alternes  ou  disposées  bout  à  bout.  La  plus 
légère  modification  dans  le  substratum  d'un  Bryozoaire,  la  forme 
rampante  ou  dressée  des  colonies,  le  degré  plus  ou  moins  avancé  de 
calcification  des  cellules,  deviennent  ainsi  des  caractères  génériques  et 
spécifiques. 

La  merveilleuse  patience  de  d'Orbigny,  ainsi  que  son  habileté  à  ti- 
rer parti  des  moindres  caractères  distinctifs,  sont  attestées  par  la  col- 
lection (le  Bryozoaires  qu'il  a  formée.  Elle  comprend  plusieurs  milliers 
(le  tubes,  dont  chacun  est  parfois  rempli  de  ces  petits  fossiles.  Il  lui  a 
fallu  examiner  au  microscope  chaque  spécimen,  le  classer  et  le  nommer. 

Aussi  peut-on  lui  rendre  ce  témoignage,  dont  Cuvier  était  si  fier 
lorqu'il  disait  «  qu'il  ne  croyait  pas  avoir  été  moins  utile  à  la  science 
par  les  collections  qu'il  a  créées,  que  par  tous  ses  autres  ouvrages  ». 

J'arrive  maintenant  aux  livres  qui  résument  en  quelque  sorte  la 
doctrine  scientifique  de  d'Orbigny  :  à  son  Prodrome  de  Paléontologie 
Urati graphique  universelle  et  à  son  Cours  élémentaire  de  Paléontolo- 
gie, publiés  en  1850  et  1852. 

Dans  le  Prodrome  il  a  cherché  à  dresser  la  liste  de  tous  les  animaux 
invertébrés  (Mollusques  et  Rayonnes)  connus  à  l'état  fossile.  L'utilité 
d'un  pareil  ouvrage  avait  été  pressentie  par  BufTon  :  a  C'est  surtout 
dans  les  coquillages  et  les  poissons,  premiers  habitants  du  globe,  que 
l'on  peut  compter  un  plus  grand  nombre  d'espèces  qui  ne  subsistent 
plus;  nous  n'entreprendrons  pas  d'en  donner  ici  Ténumération,  qui, 
quoique  très-longue,  serait  encore  incomplète;  ce  travail  sur  la  vieille 
nature  exigerait  seul  plus  de  temps  qu'il  ne  m'en  reste  à  vivre,  et  je 
ne  puis  que  le  recommander  à  la  postérité  (1).  » 

D'Orbigny  admit  18  000  espèces,  représentées  par  40000  noms  spé- 
cifiques plus  ou  moins  bien  appliqués.  Voilà  le  bilan  d'une  partie  de 
la  Paléontologie  en  1850.  Quelques  chiffres  indiqueront  les  progrès 

(1^  T.  IV.  p.  i:)G    Minérmtr'. 


444  p.  FiscfiEH.  —  NÉCROLOGIE  d'alc.  d'orbig.ny.  25  avril 

rapides  de  la  science  depuis  cette  époque.  Eu  1868,  Bigsby  (1)  signale 
8897  espèces  dans  les  seuls  terrains  siluriens.  Deshayes  (2),  en  1865, 
avait  décrit  2  815  espèces  de  Mollusques  dans  un  petit  bassin  de  la  mer 
éocène.  Il  est  donc  permis  de  supposer  cju'à  la  lin  du  dix-neuvième 
siècle  on  connaîtra  plus  de  100000  fossiles. 

Le  Prodrome  n'eût  été  qu'une  laborieuse  compilation,  comme  Y  In- 
dex palœontologicus  de  Bronn,  si  d'Orbigny  n'avait  eu  recours  à  une 
méthode  nouvelle,  dont  les  résultats  furent  considérables.  Pour  lui, 
le  nom  et  la  nature  du  fossile  n*ont  qu  une  importance  secondaire, 
primée  par  celle  de  Tâge. 

«  La  première  notion  à  obtenir  dans  l'étude  paléontologique,  dit-il 
»  (3),  c'est  la  date.  Sans  ces  recherclies  préalables,  point  de  paléon- 
»  tologie  possible,  ou  seulement  le  chaos.  Il  nous  semble  qu'on  n'a 
»  pas  compris  ce  principe,  car  le  plus  souvent  on  a  procédé  en  sens 
»  contraire.  Comparons  un  instant,  comme  se  trouvant  tout  à  fait 
»  dans  les  mûmes  rapports,  les  médailles  à  l'histoire  de  l'Homme,  les 
»  êtres  fossiles  à  l'histoire  du  monde  terrestre.  Lorsqu'un  historien 
»  veut  tirer  parti  des  médailles,  cherche-t-il,  pour  les  appliquer,  à 
»  les  classer  par  nature  de  métal,  ou  commence-t-il  à  rechercher 
»  quelle  est  la  ressemblance,  entre  eux,  des  personnages  historiques 
»  qui  y  sont  représentés?  Un  historien,  un  archéologue  riraient  cer- 
»  tainement  de  cette  question  ainsi  posée,  et  recourraient,  de  suite,  à 
»  la  date,  sans  songer  à  la  nature  du  métal,  et  surtout  sans  examiner 
»  si  quelques-uns  des  empereurs  romains  ont  de  la  ressemblance  avec 
)>  Napoléon.  Cette  ressemblance,  en  aucun  cas,  ne  leur  ferait  placer 
T>  les  empereurs  romains  aux  Tuileries,  pas  plus  qu'ils  ne  mettraient 
»  Napoléon  au  Capitole.  Nous  sommes  pourtant  obligé  de  le  dire  : 
»  c'est  ainsi  qu'on  a  souvent  procédé  en  paléontologie.  » 

En  conséquence  il  divisa  les  terrains  sédimentaires  en  27  étages,  dis- 
tingués par  des  noms  de  désinence  uniforme  et  rappelant,  par  leur 
radical,  l'appellation  vulgaire  sous  laquelle  ils  étaient  connus  des  géo- 
logues. Les  espèces  ayant  été  réparties  dans  chaque  étage,  l'auteur 
obtint  ainsi  27  faunes  éteintes. 

Quand  il  compara  entre  elles  les  espèces  qui  sous  un  même  nom 
avaient  été  inscrites  par  les  auteurs  dans  des  formations  différentes,  il 
constata  presque  toujours  de  graves  erreurs  de  détermination.  Fortilié 
par  ces  preuves,  il  arriva  peu  à  peu  à  considérer  comme  démontré, 


(1)  Thésaurus  siluricus. 

(2)  Description  des  animaux  sa/iî  vertèbres  de'couvcrls  dans  le  bassin  de  Paris 
1856-1865. 

(3)  Prod.  Pal.,  t.  1,  p.  XV. 


1878.  p.   FISCHER.    —  NÉCROLOGIE  D  ALC.   D'ORBIGNr.  445 

qu'aucune  espèce  ne  passait  d'un  étage  dans  un  autre,  et  que  par 
conséquent  la  nature  nous  présentait  le  tableau  de  28  créations  dis- 
tinctes (en  y  comprenant  l'époque  actuelle),  puisque  la  vie  s'était  re- 
nouvelée î28  fois  à  la  surface  de  la  Terre. 

C'est  dans  cette  manière  de  grouper  les  êtres  et  de  considérer  la 
Paléontologie,  que  réside  l'originalité  de  d'Orbigny.  W.  Smith  en  An- 
gleterre, Alexandre  Brongniart  en  France,  avaient  créé  la  Stratigraphie, 
en  démontrant  que  le  sol  est  divisé  en  couches,  que  l'ordre  des  su- 
perpositions n'est  pas  interverti,  que  des  fossiles  semblables  se  trou- 
vent dans  toutes  les  parties  des  mômes  couches  et  à  de  grandes  dis- 
tances; Cuvier  avait  assis  la  Paléontologie  sur  des  bases  solides,  en 
prouvant  que  les  animaux  fossiles  sont  différents  des  êtres  vivants; 
mais  d'Orbigny  alla  plus  loin  encore,  lorsqu'il  afllrma  qu'un  grand 
nombre  de  fois  toutes  les  espèces  animales  avaient  disparu  pour  faire 
place  à  des  formes  nouvelles.  Dans  chacun  de  ses  étages  il  nota  l'ap- 
parition et  l'extinction  d'ordres,  de  familles,  de  genres,  d'espèces.  En 
un  mot,  il  établit  la  doctrine  des  créations  successives. 

Cette  doctrine  a  eu  pour  conséquence  d'introduire  dans  l'étude  de 
la  Paléontologie  stratigraphique  un  esprit  d'examen  rigoureux;  on 
scruta  de  plus  près  les  espèces,  surtout  lorsque  des  gisements  non 
synchroniques  renfermaient  des  formes  voisines;  on  évita  les  erreurs 
si  fréquentes  de  nos  devanciers,  qui  donnaient  les  noms  d'espèces 
éocènes  à  des  espèces  miocènes,  et  qui  annonçaient  que  la  plupart  des 
êtres  tertiaires  avaient  encore  leurs  analogues  vivants;  on  découvrit 
une  foule  de  nuances  qui  avaient  passé  inaperçues  et  qui  nous  révèlent 
aujourd'hui  Tâge  relatif  d'un  même  type.  Bref,  l'élan  futdonné  et  tous 
les  jeunes  géologues  s'engagèrent  dans  la  voie  tracée  par  d'Orbigny. 
Le  maître  se  montrait  d'ailleurs  d'une  rare  intransigeance  sur  ces 
questions.  «  Si  nous  trouvions  dans  la  nature,  disait-il,  des  formes 
>  qui,  après  l'analyse  la  plus  scrupuleuse,  ne  nous  offriraient  encore 
»  aucune  différence  appréciable,  quoiqu'elles  fussent  séparées  par  un 
»  intervalle  de  quelques  étages...,  nous  ne  balancerions  pas  un  in- 
»  stant  à  les  regarder  néanmoins  comme  distinctes  (1).  » 

Alais  aujourd'hui,  la  doctrine  des  créations  successives  répond-elle 
à  nos  conceptions  sur  l'histoire  de  la  Terre  ?  Non,  sans  doute.  D'Orbi- 
gny, pour  expliquer  les  vingt-huit  renouvellements  du  monde  vivant, 
avait  recours  à  l'hypothèse  de  destructions  générales  des  êtres,  de 
cataclysmes  marquant  la  fin  de  chaque  étage.  Il  se  faisait  ainsi  Técho 
des  idées  développées  par  Cuvier  dans  le  Discours  sur  les  Révolutions 
de  la  surface  du  Globe»  et  il  accommodait  son  système  de  perturbations 

(1)  Prudr.  Pal.,  l.  I,  p.  XXXVIII. 


446  p.    FISCHER.   —  NÉCROLOGIE  DALC.    D'ORBIGNY.  25  avril 

finales  avec  la  théorie  des  soulèvements  d'ËIie  de  Beaumont.  «  La  se- 
9  paratîon  par  faunes  distinctes  successives  qu'on  trouve  dans  chaque 
»  étage  géologique,  ne  serait  donc  que  la  conséquence  visible  des  sou- 
»  lèvements  et  des  affaissements  de  divei'ses  valeurs  qu'a  dû  subir  dans 
»  toutes  ses  parties  la  croûte  consolidée  de  Técorce  terrestre  (1).  >  Et 
plus  loin  :  c  Chacun  des  étages  qui  se  sont  succédé  dans  les  âges  du 
»  monde  renferme  sa  faune  spéciale,  bien  tranchée,  distincte  des 
»  faunes  inférieures  et  supérieures...  Ces  faunes  ne  se  sont  pas  succédé 
»  par  passage  de  forme  ou  par  remplacement  graduel,  mais  bien  par 
»  anéantissement  brusque.  Comme,  en  effet,  on  ne  rencontre,  nulle 
>  part,  de  transition  d'une  forme  spécifique  à  une  autre,  au  contact 
»  de  deux  âges  successifs,,...  l'extinction  des  espèces  d'une  faune  à 
x>  chaque  étage  est  évidemment  un  fait  général  (â).  » 

Ces  conclusions  sont  formellement  attaquées  par  la  science  mo- 
derne. Ainsi,  dans  son  Parallèle  entre  les  dépôts  siluriens  de  Bohême 
et  de  Scandinavie ,  M.  Barrande  a  montré ,  dès  1856 ,  que  si ,  en 
Bohême,  la  faune  primordiale  est  brusquement  interrompue  par  l'ap- 
parition des  porphyres,  et  la  faune  suivante  par  l'arrivée  des  trapps, 
en  Scandinavie  au  contraire,  les  trois  faunes  qui  se  sont  succédé  sans 
interruption  apparente  sont  tout  aussi  nettement  distinctes.  Si,  d'autre 
part,  chacune  des  trois  faunes  générales  de  la  Bohème  coïncide  avec 
un  dépôt  sédimentaire  particulier  :  argileux,  argilo-siliceux  ou  cal- 
caire, en  Scandinavie  le  passage  d'une  faune  à  une  autre  se  fait  dans 
des  couches  de  même  nature,  de  sorte  que  l'influence  du  milieu  est 
nulle,  c  Le  parallèle  entre  la  Bohême  et  la  Scandinavie  nous  montre 
donc,  que  le  renouvellement  général  des  êtres  dans  les  mers  a  été 
également  indépendant  et  des  révolutions  de  la  surface  du  globe,  et 
des  variations  dans  la  nature  des  dépôts  sédimentaires  (3).  > 

Quant  à  l'extinction  de  toutes  les  espèces  à  la  fin  de  chaque  étage, 
même  indépendamment  des  cataclysmes,  elle  n'est  pas  mieux  établie 
que  la  transformation  brusque  de  ces  espèces.  Comme  l'a  dit  avec 
raison  Darwin,  «  je  n'admets  l'existence  d'aucune  loi  fixe  et  nécessaire, 
obligeant  tous  les  habitants  d'une  contrée  à  se  transformer  à  la  fois 
également  et  brusquement.  Je  crois  au  contraire  que  le  procédé  de 
modification  doit  être  extrêmement  lent,  et  que  la  variabilité  de  cha- 
que espèce  est  complètement  indépendante  de  la  variabilité  de  toutes 
les  autres  (4)  ». 


(1)  Cours  de  Paléont.,  t.  I,  p.  185. 

(ii)  Cours  de  Paléont.,  t.  II,  p.  i?5i?. 

(3)  Op.  cit.,  p.  05. 

(I)  De  VorUjinc  des  expoces.,  trad.  fr..  p.  11-2. 


1878.  r.    FISCHEH.    —  NÉCROLOGIE  d'aLC    DORBltiNV.  447 

La  disseclion  de  chaque  étage  en  petites  couches,  et  l'analyse  pa- 
léontologique  de  chacun  de  ces  dépôts,  si  faciles  pour  les  terrains 
tertiaires,  nous  montrent  que  de  l'Ëocène  au  Miocène,  du  Miocène  au 
Pliocène,  du  Pliocène  au  Quaternaire  et  à  l'époque  actuelle,  la  transi- 
tion est  insensible,  quand  on  a  sous  les;yeux  tous  les  éléments  de  la 
série. 

Deshayes,  après  ses  longs  travaux  sur  la  faune  éocène,  résume  ainsi 
ses  impressions  à  ce  sujet.  «  En  définitive,  quel  spectacle  nous  offre  le 
bs^ssin  de  Paris?  Des  apparitions  d'espèces  et  leur  extinction  plus  ou 
moins  rapide;  les  unes  résistant  peu  aux  causes  de  destruction,  les 
autres  un  peu  plus,  d'autres  plus  encore,  toutes  enfin  disparaissante 
certaines  limites,  les  plus  vivaces  servant  de  lien  commun  à  toutes  les 
parties  de  l'ensemble,  et  les  autres  rattachant  entre  elles  les  sous-di- 
visions d'une  moindre  importance  (1).  » 

Mais  nul  n'a  élevé  la  voix  plus  vivement  que  Philippi,  en  faveur  de 
l'extinction  indépendante  et  non  simultanée  des  espèces,  a  II  n'y  a  pas 
de  séparation,  disait-il,  entre  l'Ëocène,  le  Miocène  et  le  Pliocène  ;  nos 
distinctions  sont  purement  subjectives  et  abusives;  la  création  a  tou- 
jours continué  lentement  son  œuvre.  » 

D'Ârchiac  a  développé  les  mêmes  idées  en  ces  termes  :  a  Les  ani- 
maux et  les  végétaux  qui  nous  entourent  ne  sont  que  les  descendants 
ou  les  représentants  de  ceux  qui  les  ont  précédés....  Les  divisions  que 
nous  cherchons  à  établir,  les  mots  terrain  ou  époque,  formation,  sys- 
tème ou  période,  groupe,  etc.,  dont  nous  nous  servons  pour  les  dési- 
gner, ne  sont  que  des  moyens  plus  ou  moins  artificiels  pour  coordon- 
ner et  classer  les  faits....  Le  commencement  d'une  de  ces  divisions 
représentatives  du  temps  n'est  séparée  de  la  fin  de  celle  qui  Ta  précé- 
das, que  par  des  différences  le  plus  souvent  conventionnelles,  par  con- 
séquent sans  valeur  absolue  (2).  i 

On  ne  peut  contester  la  valeur  de  ces  objections  ;  mais  elles  ne  ren- 
versent pas  ce  fait  fondamental,  qu'à  un  moment  donné  il  a  existé 
sur  la  Terre  une  faune  et  une  flore  éocènes,  par  exemple,  distinctes 
des  faunes  et  des  fiores  crétacées  et  miocènes.  Toute  la  discussion 
porte  sur  le  remplacement,  soit  insensible  et  dépendant,  soit  indépen- 
dant et  brusque,  de  la  faune  et  de  la  flore  de  chaque  période. 

Les  naturalistes  tendent  aujourd'hui  à  considérer  la  création  comme 
une  force  constante,  sans  intermittence,  puisque  chaque  couche  révèle 
des  apparitions  et  des  extinctions  spécifiques.  Dans  cette  hypothèse, 
les  différences  des  êtres  suivant  leur  âge  géologique  sont  les  conse- 
il) Descr.  Animaux  sans  vert.  bass.  Paris,  t.  II,  p.  171. 

(2)  Géol,  et  Pnléont,,  p.  315  et  31(5;  1866. 


450  p.   FlSGHEIl.    —   NÉCROLOGIE  D'ALC.   d'oRBIGNY.  25  avril 

nombreux  ouvrages,  d'Orbigny  songeait  peu  aux  besoins  réels  de  la 
vie.  Peut-être  espérait-il  qu'on  viendrait  à  lui,  supposant  avec  quelque 
naïveté,  qu'il  suffit  de  mériter  une  situation  pour  l'obtenir.  Irrité, 
enfin,  de  la  négligence,  sinon  de  l'hostilité,  des  savants  officiels,  il 
demanda  une  place  de  professeur.  J'ai  le  regret  de  dire  que  sa  requête 
fut  mal  reçue.  Les  zoologistes  n'appréciaient  pas  ses  découvertes  ori- 
ginales sur  la  distribution  géographique  des  animaux,  pas  plus  que 
ses  efforts  pour  arriver  à  établir  une  classification  des  Foraminif'ères, 
des  Bryozoaires  ou  des  Céphalopodes;  ils  n'attachaient  d'ailleurs 
aucune  importance  aux  travaux  si  pénibles  de  spécification  et  de  taxo- 
nomie;  les  géologues  étaient  exaspérés  par  les  idées  de  ce  novateur; 
sa  terminologie  des  étages  provoquait  un  concert  de  récriminations 
ou  de  railleries;  enfin,  zoologistes  et  géologues  s'entendaient  à  mer- 
veille pour  déclarer  que  la  Paléontologie  n'était  pas  une  science,  mais 
uniquement  la  zoologie  ou  la  botanique  des  êtres  fossiles. 

Un  décret  du  chef  de  l'État  dut  triompher  de  ces  résistances  :  en 
1853  une  chaire  de  Paléontologie  fut  instituée  au  Muséum  d'Histoire 
naturelle;  A.  d'Orbigny  en  était  nommé  titulaire. 

Il  semblerait  que  dès  lors  le  nouveau  professeur  allait  jouir  paisi- 
blement de  la  position  qu'il  considérait  comme  le  but  suprême  de  sa 
carrière.  Il  n'en  fut  rien.  Fatigué  de  la  lutte,  harcelé  par  de  mesquines 
inimitiés  ou  par  des  jalousies  mal  déguisées,  il  demanda  au  travail  un 
surcroît  de  fatigue  pour  oublier  les  blessures  qu'on  ne  lui  ménageait 
pas  et  qu'il  ressentait  trop  vivement  peut-être,  il  s'enferma  plus  long- 
temps au  milieu  de  ses  chères  collections  ;  mais  ce  genre  de  vie  finit 
par  altérer  sa  robuste  santé;  une  affection  du  cœur  se  déclara  avec 
tout  son  cortège  de  souffrances  et  d'angoisses.  Bientôt  le  travail  lui 
devint  impossible,  et  après  une  année  de  douleurs,  la  mort  le  délivra 
le  30  juin  1857,  à  l'âge  de  55  ans  seulement. 

Il  léguait  à  ses  enfants  le  plus  précieux  des  héritages  :  un  nom  il- 
lustre dans  la  science. 

En  résumant  en  quelques  mots  notre  appréciation  sur  le  savant 
dont  nous  venons  de  raconter  la  vie,  nous  dirons  :  qu'il  a  dû  sa  supé- 
riorité comme  paléontologiste  et  géologue  aux  connaissances  qu'il 
avait  acquises  par  ses  voyages  et  par  la  pratique  de  la  Zoologie.  Ses 
doctrines  sur  la  chronologie  des  êtres  fossiles,  en  dépit  de  leur  exagé- 
ration, ses  immenses  travaux  paléontologiques,  malgré  quelques  er- 
reurs inséparables  de  toute  œuvre  étendue,  ont  renouvelé  la  science 
dans  notre  pays  et  assuré  à  notre  compatriote  une  place  méritée  parmi 
les  grands  géologues  de  ce  siècle. 


1878.  p.   FISCHER.   —  iNÉCROLOGlE  d'aLC.   D*OIlBIGNY.  481 


Liste  des  ouvrages  (VAlcide  d'Orbigny. 

Monographie  d'un  nouveau  genre  de  Mollusques  gastéropodes  de  la  famille  des 
Trocho'ides,  nommé  Scissurelle  fMém,  Société  d'Hist,  nat.  Paris,  t.  Ij;  1823, 

Notice  sur  deux  esphes  du  genre  Ptéroeère,  observées  dans  le  Calcaire  Jurassique 
du  département  de  la  Charente-Inférieure  fÀnn,  Se.  nat,,  t.  Y)  ;  1825. 

Notice  sur  les  becs  de  Céphalopodes  fossiles  (Ann,  Se.  nat.,  t.  V)  ;  1825. 

Tableau  méthodique  de  la  classe  des  Céphalopodes  fÀnn.  Se.  nat.,  t.  VU):  1826. 

Voyage  dans  l'Amérique  méridionale,  9  vol.  in-l";  1831-1817. 

Notice  sur  un  nouveau  genre  de  Cétacé,  des  rivières  du  Centre  de  l'Amérique 
méridionale  (Nouv.  Ann.  Muséum  d^Hist,  nat.,  t.  III);  1834. 

Synopsis  terrestrium  et  fluviatilium  MoUuseorum  Americanorum  fMag.  Zool., 
t.  V)  ;  1835. 

Galerie  omithologiqne  dex  Oiseaux  d'Europe  (52  livraisons)  ;  1836-1838. 

Mémoire  sur  des  espèces  et  sur  des  genres  nouveaux  de  l'ordre  des  Nudibranehes 
observés  sur  les  côtes  de  France  (Mag.  Zool.,  t.  VII)  ;  1837. 

Mémoire  sur  une  seconde  espèce  vivante  de  la  famille  des  Crinoïdes  ou  Eneri- 
nes,  servant  de  type  au  nouveau  genre  Holope  (Holopus)  (Mag,  Zool.,  t.  VII);  1837. 

Description  d'une  nouvelle  espèce  du  genre  Couroucou  [Mag.  Zool.,  t.  VII)  ;  1837. 

Mémoire  sur  la  distribution  géographique  des  Oiseaux  passereaux  dans  l'Ame- 
Hque  méridionale  fC.-R.  Ac.  Se.  t.  VII)  ;  1838. 

Nouvelle  espèce  du  genre  de  Zoophytes  échinodermes  nommé  Galérite  (Rev,  Zool . 
t.  I);  1838. 

Note  sur  le  genre  Caprine  fRev.  Zool.,  t.  II)  ;  1839. 

Histoire  naturelle  générale  et  particulière  des  Céphalopodes  acétabuUfères  vivants 
et  /bwi7«;  1839-1818  (en  collaboration  avec  de  Férussac). 

Mémoire  sur  les  For aminif ères  de  la  Craie  blanche  du  bassin  de  Paris  fMém.  Soc. 
qéoL  France,  1"  sér.,  t.  IV);  1810. 

Mollusques,  Échinodermes,  Polypiers,  Foraminifères  des  îles  Canaries,  in  Webb 
et  Berlhelot  :  Histoire  des  iles  Canaries;  1839-1840. 

Ornithologie,  Foraminifères,  Mollusques  de  l'ile  de  Cuba  et  des  Antilles,  in  Ra- 
mon  de  la  Sagra,  Histoire  naturelle  de  Cuba;  1830-1843. 

Histoire  naturelle  générale  et  particulière  des  Crinoïdes  vivants  et  fossiles,  com- 
prenant la  description  soologique  et  géologique  de  ces  animaux;  1840. 

Paléontologie  française.  Description  soologique  et  géologique  de  tous  les  animaux 
mollusques  et  rayonnes  fossiles  de  France,  l^  partie  :  terrains  cr«3tac6s  ;  Céphalo^ 
podes.  Gastéropodes,  Lamellibranches,  Brachiopodes,  BryosoaireSy  Échinodermes; 
1810-1856;  — 2«  partie:  terrains  jurassiques:  Céphalopodes,  Gastéropodes;  1842- 
1856. 

Considérations  paléontologiques  et  géographiques  sur  ta  distribution  des  Cépha- 
lopodes acétabuUfères  (Ann.  Se.  nat.,  2'  sér.,  ZooL,  t.  XVI;  et  Bull.  Soc.  géoL, 
l'-sér.,  t.  XII);  1811. 

Considérations  soologiques.  géologiques  et  géologico-géographiques  sur  les  Am- 
monites du  terrain  crétacé  (Ann.  Se.  nat.,  2*  sér.,  Zool.,  t.  XVI);  1841. 

Nouvelle  espèce  de  Volute  (V.  Lagillerliana)  :Rev.  Zool..  t.  IV);  1841. 

Description  de  quelques  espèces  de  Mollusques  fossiles  de  France  fRev.  Zool, 
t.  IV);  1841. 

Considérations  sur  les  Céphalopodes  des  terrains  crétacés  fAnn.  Se.  nat.,  :?*  sér.. 
Zool..  t.  XVII)  ;  1812. 


452  p.  FISCHER.   —   NÉCROLOGIE  DALC.   D*ORBIGNY.  25  avril 

Mémoire  sur  deux  nouveaux  genres  de  Céphalopodes  fossiles  fies  Conotcuthis  et 
Spirulirostra),  offrant  des  passages  d'un  côté  entre  la  Spirule  et  la  Sèche,  de  l'autre 
entre  les  Jiélemnites  et  les  OmmaUrèphes  fÀnn.  Se.  nat.,  2*  sér.,  Zool..  i.  XVII;; 
1842. 

Coquilles  et  Échinodermes  fossiles  de  Colombie,  recueillis  de  48V  à  4833,  par 
M.  lioussingault  ;  1812. 

Note  sur  des  œufs  de  Mollusques  recueillis  en  Patagonie  [Ànn.  Se.  nat.,  2"  s6r., 
Zool.,i.  XVII);  1842. 

Quelques  considérations  zoologiques  et  géologiques  sur  les  Rudistes  [Ànn.  Se. 
nat.,  2«  sér.,  Zool.,  t.  XVII  ;  et  Bull.  Soc.  géoL,  1"  sér.,  t.  XIII)  ;  1812. 

Considérations  générales  sur  le  grand  système  tertiaire  des  Pampas  fC-R.  Àc. 
Se,  t.  XIV)  ;  1812. 

Considérations  générales  et  coup  d'œil  d'ensemble  sur  les  grands  faits  géologi- 
ques dont  l'.imérique  méridionale  a  été  le  théâtre  fC.-R.  Ac.  Se,  i.  XV);  1812. 

Sur  l'absence  du  Gault  et  du  Néocomien  dans  le  bassin  crétacé  de  la  Loire  'Bull, 
Soc.  géol.,  r'sôr.,  t.  XIIÎ);  1842. 

Sur  l'application  de  VHélicomHre  à  la  mesure  des  coquilles  turbinées  f.inn.  Se. 
na<.,2«  sér.,  Zoo/.,  i.  IVll'.ei  Bull.  Soc.  géol..  l^  sér.,  t.  XIIIi;  1842. 

Mémoire  sur  les  Bélemnites  (Ànn.  Se.  nat.,  2«  sér.,  Zool.,  t.  XVIII);  1812. 

Considérations  géologiques  et  géologico-géographiques  sur  l'ensemble  des  Mol- 
lusques gastéropodes  des  terrains  crétacés  [Ànn.  Se.  nat.,  2*  sér.,  Zool.,  L  XX; 
et  Bull.  Soc.  géol..  V  sér.,  t.  XIV);  1843. 

Quelques  considérations  sur  la  station  normale  des  animaux  mollusques  bivalves 
fAnn.  Se.  nat.,  2«sér.,  Zool.,  t.  XIX;  et  Bull.  Soc.  géol.,  !'•  sér.,  t.  XIV)  ;  1843. 

Note  sur  des  traces  de  remaniements  au  sein  des  couches  de  Gault  ou  terrain  al- 
bien  de  France  et  de  Savoie  f Bull.  Soc.  géol.  Fr.,l"sér.,  t.  XIV);  1843. 

Paléontologie  du  voyage  de  M.  Hommaire  de  Hell  dans  les  Sleppes  de  la  mer 
Caspienne,  le  Caucase,  la  Crimée  et  ta  Russie  méridionale  ;  1844. 

Recherches  sur  les  lois  qui  président  à  la  distribution  des  Mollusques  côtiers 
marins  fAnn.  Se.  nat.,  3'  sér.,  Zool.,  t.  III);  1845. 

Mollusques  du  système  secondaire  et  du  terrain  tertiaire,  in  Murchison,  de  Ver- 
neuil  et  de  Keyserling,  Géologie  de  la  Russie  d'Europe  ;  1845. 

Mollusques  vivants  et  fossiles,  ou  Description  de  toutes  les  espèces  de  coquilles  et 
de  mollusques  classées  suivant  leur  distribution  géologique  et  géographique,  V  vo- 
lume; 1845-1847. 

Considérations  soologiques  sur  les  Bélemnites  :  —  Recherches  sur  les  Ammonites 
(Thèses  présentées  à  la  Faculté  des  Scieoces  de  Paris)  ;  1846. 

Foraminifères  fossiles  du  bcusin  tertiaire  de   Vienne  f.iutriche]  ;  1846. 

Considérations  zoologiques  et  géologiques  sur  les  Brachiopodes  ou  Palliobran- 
ches  fAnn.  Se.  nat.,  3*  sér.,  Zool.,  t.  VIII);  1847. 

Sur  les  Mollusques  vivants  et  fossiles  f  Arch.  Bibl.  univ.,i.  VI):  1847. 

Cours  élémentaire  de  Paléontologie  et  de  Géologie  stratigraphiques  ;  184i>-18')2. 

Description  de  quelques  genres  nouveaux  de  Mollusques  bryozoaires  (Rev.  et  Mag. 
Zool..  t.  I);  1819. 
Note  sur  la  classe  des  Amorphozoaires  (Rpv.  et  Mag.  Zool.,  t.  I);  1849. 
Note  sur  les  fossiles  de  l'étage  danien  (Bull.  Soc.  géol.,  2*  sér.,  t.  VII);  1850. 

Prodrome  de  Paléontologie  stratigraphique  universelle  des  animaux  mollusques 
et  rayonné^  ;  1^0-1852. 

Recherches  zoologiques  sur  la  marche  successive  de  Vanimalisation  à  la  surface 
du  globe,  depuis  les  temps  zoologiques  les  plus  anciens  jusqu'à  l'époque  actuelle 
fC.-R.  .4f .  Se,  t.  XXX)  ;  1850. 


1878.  GOSSELKT.   —  NÉCROLOGIE  DE  d'oHALIUS.  453 

Mémoire  sur  Vinstant  d'apparition,  dans  les  âges  du  monde,  des  ordres  d'ani- 
maux, comparé  au  degré  de  perfection  de  l'ensemble  de  leurs  organes  fC.~R.  Àc. 
Se,  t.  XXXI);  1850. 

Recherches  phyuo logiques  sur  le^  milieux  d'existence  des  animaux  dans  les  dges^ 
géologiques  fC.-R,  Ac.  Se,  t.  XXXI);  1850. 

Note  sur  quelques  esphes  remarquables  d'Ammonites  des  étages  néocomien  e 
aptien  de  France  (Journ.  ConchyL,  1. 1)  ;  1850. 

Description  d'un  nouveau  genre  de  coquilles  bioalves,  nommé  Myllite  (Myllita) 
(Journ.  ConchyL,  t.  I)  ;  1850. 

Note  sur  quelques  espèces  nouvelles  de  Bryozoaires  fossiles  des  terrains  crétacés 
de  la  France  (Rev.  et  Mag.  Zool.,  t.  II)  ;  1850. 

Catalogue  des  espèces  fossiles  de  Mollusques  bryozoaires,  de  Polypiers  et  d'Amor- 
phosoaires  de  l'étage  néocomien  {Rev.  et  Mag.  Zool.,  t.  II);  1850. 

Recherches  soologiques  sur  la  classe  des  Mollusques  bryozoaires  (Ann.  Se.  nat., 
3«  sér.,  Zool.,  t.  XVI);  1851. 

Note  sur  un  nouveau  genre  de  coquille  lamellibranche  d'eau  douce  découvert 
dans  les  rivières  de  la  Nouvelle-Grenade  par  M.  Acosta  (Rev,  et  Mag.  Zol.,U  III)  ; 
1851. 

Notice  sur  le  genre  Heleroceras,  de  la  classe  des  Céphalopodes  f  Journ.  Conehyl., 
t.  II)  ;  1851. 

Note  sur  une  nouvelle  espèce  géante  du  genre  Terebrirostra,  de  la  classe  des 
Brachiopodes  (Journ.  ConchyL,  t.  II)  ;  1851. 

Notice  sur  le  genre  Hamulina  (Journ.  ConchyL,  t.  III);  1852. 

Note  sur  quelques  coquilles  fossiles,  recueillies  dans  les  montagnes  de  la  Nouvelle- 
Grenade,  par  M.  le  général  Joaquin  Acosta  (Journ.  ConchyL,  l.  IV);  1853. 

Note  sur  le  nouveau  genre  Hypotrema  (Journ.  ConchyL,  t.  IV);  1853. 

Note  rectificative  sur  divers  genres  d'Échinoïdes  (Rev.  et  Mag.  Zool.,  t.  VI;  ; 
1854. 

Description  de  quelques  espèces  d'Ammonites  nouvelles  des  terrains  jurassiques 
et  crétacée  (Rev.  et  Mag.  Zool.,  t.  VIIIj  ;  1856. 

Notice  analytique  sur  les  travaux  de  Géologie,  de  Paléontologie  et  de  Zoologie  de 
M.  Alcide  d'Orbigny  ;  1856. 

En  outre,  de  nombreux  articles  dans  le  Dictionnaire  universel  d'Histoire  natu- 
relle de  Ch.  d'Orbigny, 

M.  Gosselet  donne  lecture  de  la  notice  suivante  : 


Notice  nécrologique  sur 
Jean- Baptiste- Julien  d'Omalius  d'Halioy, 

par  M.  J.  Gosselet. 

Le  géologue  éminent  dont  j'ai  à  retracer  la  vie  et  les  travaux  eut 
l'honneur,  bien  que  bel^^e,  de  présider  la  Société  géologique  de 
France  pendant  l'année  1832.  Ce  fait  exceptionnel  d'une  Société  allant 
chercher  son  président  dans  un  pays  étranger  était  suffisamment 
motivé  par  les  services  que  d'Omalius  d'Hulloy  avait  rendus  à  la  Géo- 
logie française. 


4S4  GOSSELET.   —  NÉCROLOGIE  DE  d'oMALIUS.  25  avril 

Dès  1810,  alors  que  l'empire  français  s'étendait  du  Weser  aux  Pyré- 
nées, de  la  Hanche  au  Garigliano,d'Omalius  d'HalIoy  était  chargé,  sous 
la  direction  de  Coquebert  de  Montbret,  de  dresser  la  carte  minéralogique 
de  ce  vaste  territoire.  Comment  avait-il  mérité  d'être  désigné  pour  celte 
importante  mission?  Comment  s'en  acquitta-t-il  ?  C'est  ce  que  je  vais 
essayer  de  rappeler,  en  prenant  comme  guide  la  notice  que  notre  con- 
frère M.  Dupont,  Directeur  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Bruxelles, 
a  consacrée  à  son  illustre  maître  (1).  Il  nous  a  montré  d'Omalius  sous 
un  jour  tout  nouveau  :  à  nous  qui  avions  connu  le  savant  aimable,  le 
théoricien  érudit  et  sensé,  le  divulgateur  populaire,  H.  Dupont  nous 
révèle  un  d'Omalius  d'un  autre  âge,  géologue  pratique,  explorateur 
infatigable,  observateur  profond,  ce  que  nous  pouvons  appeler  un 
géologue  d'action.  Est-il  étonnant  que  nous  ayons  perdu  de  vue  ce 
savant,  qui  dès  1814  avait  laissé  le  marteau  pour  se  dévouer  à 
l'administration  de  son  pays? 

Jean-Baptiste-Julicn  d'Omalius  d'Halloy  [i)  naquit  à  Liège  le  16  fé- 
vrier 1783,  d'une  famille  noble.  En  1801  ses  parents  l'envoyèrent  à  Paris 
pour  terminer  son  éducation  d'homme  du  monde  et  pour  apprendre 
le  beau  langage  dans  les  cours  littéraires,  les  théâtres  et  les  salons  où 
se  formait  alors  le  goût  de  l'Europe  entière.  Quel  attrait  pour  un 
jeune  homme  de  18  ans!  Mais  d'Omalius  pensait  à  tout  autre  chose. 
Sa  première  visite  est  pour  le  Muséum.  A  ses  parents  qui  lui  demandent 
quelle  société  il  fréquente,  il  répond  qu'il  va  au  cours  de  Fourcroy. 
A  sa  mère  qui  lui  reproche  de  ne  pas  lui  parler  de  la  Comédie  française, 
il  écrit  :  «  Cuvier,  le  célèbre  Cuvier,  nom  que  les  amants  des 
sciences  ne  peuvent  entendre  sans  émotion,  vient  de  commencer  son 
cours  1  »  Après  trois  ans  d'une  correspondance  de  ce  genre,  les  parents 
sont  vaincus  et  sa  mère  lui  écrit  :  «  Au  reste,  mon  ami,  apprends  ce 
que  tu  veux  et  comme  cela  t'amuse.  » 

Déjà  la  vocation  du  jeune  d'Omalius  pour  la  Géologie  s'était  décla- 
rée. Sous  prétexte  de  visites  à  des  membres  de  sa  famille,  il  avait 
parcouru  l'Ardenne  et  la  Lorraine,  en  notant  soigneusement  toutes 
ses  observations  sur  les  terrains  qu'il  traversait.  Une  fois  l'opposition 
de  ses  parents  vaincue,  il  renonce  à  la  diligence,  qu'il  avait  déjà 
manquée  plusieurs  fois  avec  plaisir;  désormais,  quand  il  vient  à 
Paris,  c'est  à  pied,  le  marteau  à  la  main  ;  quand  il  retourne  chez  lui, 
c'est  par  une  autre  route,  fût-elle  un  peu  plus  longue  :  ainsi,  pour 
aller  de  Paris  à  Namur,  il  passe  par  Rouen. 

(1)  Annuaire  de  l  Académie  R.  de  Belgique,  XLII«  année,  p.  181;  1876. 

(2)  Haiioy,  hameau  voisin  de  Cincy,  où  la  famille  d'Omalius  possédait  un  châ- 
teau. 


1878.  GOSSCLET.   —  NÉCROLOGIE  DE  DOMALÏUS.  4o5 

En  1806  et  1807  il  parcourt  en  tous  sens  la  Belgique,  TEifel,  le 
Hundsrûck,  les  Vosges. 

Eu  1808,  à  l'ûgo  de  2o  ans,  il  publie  dans  le  Journal  des  Mines  un 
Essai  sur  la  Géologie  du  Nord  de  la  France.  Il  y  passe  en  revue  tou- 
tes les  contrées  qu'il  a  explorées,  en  signale  les  principales  masses 
minérales  et  en  trace  nettement  l'âge  relalil*.  C'est  un  progrès  immense 
sur  les  descriptions  purement  minéralogi  ]ues  de  Monnet.  D'Omalius 
fait  de  la  stratigraphie.  Le  premier  sur  le  continent,  il  reconnaît  que 
le  calcaire  jurassique,  qu'il  nommait  alors  ancien  calcaire  horizontal, 
est  antérieur  à  la  craie,  et  cette  distinction,  il  la  fonde  non-seulement 
sur  la  position  stratigraphi(|uc,  mais  aussi  sur  la  différence  des  fossiles. 

Dans  ce  mémoire  de  1808,  d'Omalius  s'est  attaché  surtout  à  signaleret 
à  caractériser  les  régions  naturelles.  Il  comprenait  que  la  Géologie  est 
la  base  de  la  Géographie,  et  il  posa  alors  des  lois  qui  de  nos  jours  sont 
encore  à  découvrir  par  bien  des  géographes.  Le  premier,  il  dit  que  les 
rivières  peuvent  couler  dans  un  sens  opposé  à  la  pente  générale  du  sol; 
qu'une  chaîne  de  montagnes  est  caractérisée  moins  par  une  série  de 
hauteurs  en  apparence  continues,  que  par  la  nature  et  la  direction  de 
ses  couches.  C'est  que  d'Omalius  faisait  de  la  géographie  sur  la  nature 
et  non  dans  son  cabinet. 

Les  éloges  que  lui  valut  son  Essai  le  décidèrent  à  entreprendre  l'ex- 
ploration de  tout  l'empire. 

En  1809,  il  part  à  pied  d'Halloy,  •  traverse  l'Ardenne  jusqu'à  Bouil- 
lon, puis  s'engageant  en  Lorraine,  il  observe  les  oolithes  de  Brillon 
et  (le  Savonnières  et  détermine  leur  position  géologique  entre  le  cal- 
caire grossier  (lias)  qui  repose  sur  le  terrain  ardoisier,  et  la  craie.  A 
Dijon,  il  retrouve  le  même  calcaire  grossier  ;  il  en  conclut  que  le 
bassin  dont  les  bords  sont  formés  par  cet  ancien  a  calcaire  horizontal  » 
s'est  recourbé  depuis  les  Vosges  vers  le  Morvan,  de  nïême  qu'il  se 
recourbe  entre  l'Ardenne  et  les  Vosges. 

«  Descendant  la  Sajne  jusqu'à  Lyon,  il  observe  sur  la  rive  gauche  les 
plaines  de  la  Bresse,  et  sur  la  rive  droite  les  montagnes  granitiques 
(lu  Tarare  bordées  par  le  «  calcaire  à  Gryphées  ».  Il  gravit  alors  le  Jura, 
en  observe  de  nouveau  les  calcaires  et  la  structure  et  arrive  à  Genève. 

»  L'étude  (lu  Salùve  se  fait  sous  la  direction  du  professeur  Jurlne. 
Il  remonte  l'Arve  et  visite  Chamounix...  La  Tarentaise  fait  l'objet 
(le  loîïgues  obs(»rvations  à  cause  du  travad  de  Brochant  de  Villiere, 
qu'il  appréciait  bt»auooup. 

»  Passant  eiilin  les  Alpes  au  Petit-Saint-Bernard,  il  descend  la 
vallée  d'Aoste  et  arrive  à  la  colline  de  la  Superga.  Il  s'étonne  d'y 
trouver  des  fossiles  dont  les  formes  rappellent  des  espèces  modernes, 
quoique  les  rA>uches  y  soient  sensiblement  inclinées. 


456  GOSSELET.  —  NÉCROLOGIE  DE  d'omalius.  25  avril 

«  Ce  terrain,  dit-il,  me  paraîtrait  dans  nos  contrées  un  fait  bien 
»  singulier  et  tout  à  fait  contraire  à  ce  ique  j*ai  observé  jusqu'à  pré- 
«  sent.   » 

B  II  traverse  la  plaine  de  Piémont  jusqu*à  Coni  et  les  Alpes  Mari- 
times au  col  de  Tende.  On  n'avait  encore  rien  publié  sur  cette  région. 
Il  y  retrouve  les  terrains  de  la  Tarentaise,  fortement  inclinés,  com- 
posés de  roches  talqueuses,  de  schistes,  de  quarlzite  et  surtout  de 
c  calcaire  bituminifere  «.  Du  calcaire  blanchâtre  moins  incliné  qu'il 
raccorde  à  celui  du  Jura,  surmonte  ces  terrains  et  se  continue  jusqu'à 
Nice  et  Antibes. 

>  L'explorateur  entre  alors  dans  les  montagnes  de  TEstércl.  Il  les 
reconnaît  forméesde  porphyre,  de  granité,  de  micaschistes  sur  lesquels 
repose  du  «  grès  rouge  des  Vosges  ».  Il  retrouve  bientôt  son  calcaire  du 
Jura  qu'il  suit  de  Toulon  à  Marseille.  Il  observe  les  couches  d'Aix  si 
connues  par  leurs  fossiles,  puis  remonte  le  Rhône  jusqu'à  Orange. 

»  La  région  calcaire  qui  borde  les  Cévennes  est  de  même  rapportée 
au  calcaire  du  Jura.  Près  de  Béziers,  il  découvre  le  terrain  volcanique. 
Il  détermine  l'existence  du  terrain  de  transition  dans  les  montagnes 
méridionales  des  Cévennes. 

»  Après  avoir  visité  Toulouse,  il  gravit  les  Pyrénées.  Il  en  regarde  le 
calcaire  arqué  des  contreforts  comme  de  même  âge  que  celui  du 
Jura,  les  couches  carbonifères  et  siluriennes  de  Bagnères  comme  son 
terrain  biluminifère,  et  observe  sur  le  sommet  le  granité  et  lesophites. 

»  Il  recoupe  le  bassin  de  Bordeaux  dont  les  calcaires  tendres  et  les 
dépôts  sablonneux  le  portent  à  les  rattacher  aux  terrains  postérieurs 
à  la  Craie.  Il  observe  celle-ci  avec  ses  silex  pyromaques  dans  la  Sain- 
tonge,  puis  le  calcaire  de  la  Bourgogne  avant  d'entrer  dans  le  Poitou. 
Là  se  présentent  avec  un  sol  plus  élevé  des  schistes  luisants  et  le  gra- 
nité, et  bientôt  des  calcaires  bituminifères  auxquels  succèdent  les 
ardoises  d'Angers,  qu'il  assimile  naturellement  aux  ardoises  de  l'Ar- 
denne. 

>  11  atteint  enfin  l'ancien  calcaire  horizontal  et  la  craie  marneuse  du 
bassin  de  Paris  et  en  suit  les  couches  jusqu'à  Alençon.  De  là,  i-ecou- 
pant  les  dépôts  du  même  bassin,  il  revient  à  Halloy  par  Saint-Quen- 
tin. 

»  C'est  un  voyage  de  près  de  700  lieues  (1).  » 

A  peine  d'Omalius  était-il  de  retour  chez  lui  et  occupé  à  rédiger  ses 
notes,  qu'un  décret  le  nommait  sous-lieutenant.  C'était  Tanéantisse- 
ment  de  tous  ses  projets  d'étude.  Aussi  accourut-il  à  Paris  implorer 
la  protection  des  savants.  Coquebert  de  Montbret,  Directeur  du  bu- 

(1)  Dupunt,  ^'otice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  J.-B.-J.  d'Omalius  d'Halloy,p.  43-47 


1878.  GOSSELET.    —   NÉCROLOGIE  DE   d'oMALIUS.  457 

reau  de  Statistique,  qui  avait  déjà  pu  apprécier  le  jeune  géologue,  le 
fit  charger  de  lever  la  carte  minéralogique  de  TEmpire.  D'Omalius  se 
mit  immédiatement  à  l'œuvre. 

En  1810  il  explora  le  pays  de  Bray  et  la  Champagne;  en  1811,  la 
Beauce,  la  Touraine,  TOrléanais,  le  Nivernais,  le  Berry,  l'Auvergne, 
le  Poitou,  le  Périgord,  la  Gascogne,  le  Languedoc,  le  Bourbonnais,  le 
Lyonnais,  le  Jura,  la  Franche-Comté  et  la  Lorraine.  Il  avait  fait 
4  219  kilomètres  en  4  mois  et  demi  de  voyage. 

En  1812,  il  part  de  Ciney,  toujours  à  pied  ;  20  jours  plus  tard,  il 
est  à  Milan,  après  avoir  traversé  TArdenne,  la  Lorraine,  les  Vosges, 
la  Forêt-Noire,  la  Suisse,  et  franchi  le  Saint-Gothard.  Il  explore  l'Ita- 
lie, puis  revient  à  Halloy  par  la  Croatie,  l'Illyrie,  la  Carniole,  le  Tyrol, 
la  Bavière,  le  Wurtemberg,  le  Grand-Duché  de  Bade  et  le  Luxem- 
bourg. C'est  un  voyage  de  1  100  lieues  fait  en  6  mois. 

Dès  lors  sa  grande  œuvre  est  presque  terminée  :  il  a  parcouru  l'em- 
pire dans  tous  les  sens,  visité  les  pays  voisins  pour  y  puiser  des  termes 
de  comparaison  ;  il  n'a  plus  qu'à  rédiger. 

Il  avait  déjà  publié  plusieurs  notes  sur  des  observations  locales  re- 
cueillies pendant  ses  voyages  :  sur  la  roche  porphyrique  de  Deville 
dans  les  Ardennes,  sur  la  route  du  col  de  Tende,  sur  les  calcaires 
d'eau  douce  du  Plateau  central,  sur  ceux  des  départements  de  Rome 
et  de  rOmbrone  et  du  royaume  de  Wurtemberg.  Toujours  son  esprit 
judicieux  avait  su  titefr  de  ces  faits  particuliers  des  déductions  touchant 
aux  questions  fondamentales  de  la  science.  Ainsi,  ayant  remarqué  que 
les  divers  lambeaux  de  calcaire  d'eau  douce  des  vallées  de  la  Loire  et 
dePAllier  sont  en  couches  horizontales,  mais  à  des  niveaux  différents, 
il  en  avait  conclu  (|u'ils  se  sont  formés  dans  une  série  de  lacs  étages 
qui  communiquaient  avec  les  lacs  tertiaires  des  environs  de  Paris. 

Le  16  août  1813,  d'Omalius  lut  à  l'Institut  un  premier  mémoire  des- 
tiné à  servir  d'explication  à  la  carte  géologique  qu'il  méditait.  Dans  ce 
mémoire,  il  expose  la  structure  générale  du  bassin  de  Paris,  tel  que 
nous  le  comprenons  actuellement,  améliore  la  classification  des  ter- 
rains tertiaires  proposée  par  Brongniart,  établit  dans  le  terrain  cré- 
tacé les  divisions  que  nous  avons  conservées,  signale  la  petite  île  ju- 
rassique du  pays  de  Bray,  enfin,  explique  la  stratification  transgressive 
des  couches  tertiaires  sur  le  terrain  crétacé. 

Voici  comment  un  des  maîtres  de  la  Science  apprécie  ce  mémoire  : 

«  ...M.  d'Omalius  a  apporté  deux  modifications  fort  importantes  aux 
vues  de  Cuvier  et  de  Brongniart  :  1°  en  démontrant  que  leur  calcaire 
siliceux  était  superposé  au  calcaire  grossier  et  non  placé  bout  à  bout 
comme  ils  le  disaient  ;  2*^  en  prouvant  que  les  grès  coquilliers  et  non 
coquilliers  supérieurs  ne  formaient  qu'un  seul  dépôt  marin.  En  outre. 


460  GOSSELET.    —  NÉCROLOGIE  DE  D*0MAL1US.  25  avril 

fissures  et  failles.  Les  trois  premières  espèces  de  joints  donnent  aux 
matières  qui  composent  l'écorcedu  globe  des  formes  massives,  fragmen- 
taires,  cristallines  et  organiques.  Laissant  ces  deux  dernières  divisions 
décote,  il  subdivise  les  formes  massives  en  couches,  bancs,  lits,  dykes, 
filons, veines,  coulées,  amas,  etc.;  les  formes  fragmentaires,  en  blocs, 
rognons,  nids,  cailloux,  noyaux,  fragments  anguleux,  grains.  Il  définit 
ces  divers  termes.  Cette  communication  n'était  qu'un  chapitre  de  ses 
Éléments  de  Géologie  publiés  la  même  année. 

Quelques  mois  après,  il  en  lit  un  second  chapitre,  celui  qui  conte- 
nait la  classification  des  terrains  (1). 

Il  n'y  aurait  certainement  pas  aujourd'hui  un  géologue  disposé  à 
accepter  cette  classification,  basée  sur  des  caractères  tirés  à  la  fois  du 
mode  et  de  l'époque  de  la  formation.  Si  du  reste  on  veut  se  faire 
une  idée  de  la  marche  de  la  science,  il  suf&t  de  comparer  les  classifi- 
cations admises  successivement  par  d'Omalius  depuis  sou  J^^ai  sur  la 
Géologie  du  Nord  de  la  France  jusqu'à  la  8«  édition  de  ses  Éléments 
de  Géologie, 

En  1808,  il  reconnaît  dans  le  Nord  de  la  France  deux  grands 
groupes  de  terrains  :  les  terrains  en  couches  inclinées  et  les  ter- 
rains en  couches  horizontales  ;  les  premiers  comprennent  le  terrain 
trappéen,  le  terrain  ardoisier  et  les  schistes  rouges,  tous  trois  pri- 
vés de  fossiles,  et  de  plus  le  terrain  bituminilère,  qui  contient  des 
corps  organisés  ;  les  seconds  sont  divisés  en  grès  rouge,  calcaire  gros- 
sier ancien  (jurassique),  craie,  calcaire  grossier  récent,  grès  blanc 
(sables  de  Bruxelles  et  grès  landénien)  et  terrain  meuble. 

En  1822,  les  grands  groupes  stratigraphiques  sont  portés  au  nombre 
de  six  :  terrains  primordiaux,  subdivisés  en  terrain  primitif  et  terrain 
de  transition  ;  terrains  pénéens  (grès  rouge)  ;  terrains  ammonéens 
(zechstein,  trias,  jurassique)  ;  terrains  crétacés  ;  terrains  mastozoîques 
et  terrains  pyroïdes  (roches  volcaniques). 

On  voit  quel  grand  pas  avait  fait  la  classification  géologique;  mais 
aussi  William  Smith,  avait  publié  ses  admirables  travaux  sur  la 
géologie  de  l'Angleterre. 

En  1831,  une  partie  des  terrains  primordiaux,  le  granité  et  les  por- 
phyres, sont  réunis  aux  terrains  pyroïdes  sous  le  nom  général  de 
terrains  plutoniens,  et  mis  hors  série.  Le  grand  ensemble  des  terrains 
neptuniens  est  divisé  en  :  terrains  hémylisiens,  subdivisés  eux-mêmes 
en  talqueux,  ardoisier,  anthraxifôre,  houiller;  terrains  ammonéens, 
subdivisés  en  penéen,  keuprique,  liasique,  jurassique,  crétacé;  terrains 
tériaires,  subdivisés,  d'après  leur  formation,  en  tritonien,  nymphcen, 

(1)  Bull.  Soc.  gcoL,  l'*  sér.,  t.  I,  p.  213. 


1878.  GOSSELET.    —  NÉCROLOGIE  DE  DOMALIUS.  461 

diluvien  ;  terrains  modernes.  A  part  les  terrains  tériaires,  c'est  la 
classification  actuelle. 

En  1853.  d'Omalius  admet  comme  grande  division  le  terrain  qua- 
ternaire et  change  le  nom  de  tériaire  en  celui  de  tertiaire,  qui  cor- 
respond à  ceux  de  secondaire  substitué  à  ammonéen,  et  de  primaire 
remplaçant  hémylisien.  Les  terrains  tertiaires  sont  désignés  sous  les 
noms  proposés  par  Lyell,  de  pliocène,  miocène,  éocène. 

Pour  le  terrain  pénéen,  nous  voyons  d'Omalius,  dans  cette  cir- 
constance comme  dans  beaucoup  d'autres,  se  plier  aux  idées  régnan- 
tes, a  Ce  groupe,  dit-il  (1),  a  iiguré  dans  mes  publications  de  1808 
sous  le  nom  de  formation  du  grès  rouge;  plus  tard  je  me  suis  con- 
formé à  l'usage  qui  s'était  introduit  de  le  diviser  en  deux,  sous  les 
noms  de  terrain  keuprique  ou  triasique  et  de  terrain  pénéen  ou  per- 
mien;  mais  je  ne  me  prêtais  qu'à  regret  à  cette  séparation  parce 
qu'il  me  paraissait  que  ces  groupes,  pris  isolément,  ne  méritaient  pas 
d'être  placés  sur  le  même  rang  que  les  terrains  jurassique  et  crétacé. 
Aussi,  lorsque  M.  Marcou  a  publié,  dans  la  Bibliothèque  universelle 
de  Genève  de  1859,  des  considérations  qui  font  ressortir  les  rapports 
du  terrain  pénéen  avec  le  terrain  triasique  et  qui  tendent  à  le  retirer 
des  terrains  primaires,  j'ai  cru  pouvoir  revenir  à  ma  première  classifl- 
cation 

»  ...  En  conséquence,  il  s'ap:issait  de  savoir  quel  nom  je  donnerais 
à  cette  association,  celui  de  ^rè^  ro^^^e  n'étant  plus  admissible  dans 
l'état  actuel  de  la  science,  ni  conforme  aux  règles  de  nomenclature 
que  je  suis  maintenant,  et  il  m'a  paru  que  je  pouvais  prendre  celui  de 
permien,  que  les  auteurs  de  la  Géologia  of  Russia  ont  substitué  à  celui 
du  pénéen  que  j'avais  proposé  en  183i.  » 

Ce  fut  sa  seule  protestation  contre  le  procédé  peu  délicat  de  Mur- 
chison,  créant  le  nom  depermicn  dans  un  moment  où  il  avait  oublié, 
dit-il,  le  terme  de  pénéen  admis  alors  par  tous  les  géologues,  et 
conservant  ensuite  la  première  de  ces  dénominations  pour  se  confor- 
mer à  l'usage. 

D'Omalius  venait  souvent  à  la  Société  géologique.  Il  écoutait  atten- 
tivement toutes  les  communications,  surtout  celles  des  jeunes  gens;  il 
applaudissait  à  leurs  découvertes;  s'il  avait  à  présenter  quelques  cri- 
tiques, c'était  toujours  avec  la  plus  extrême  bienveillance. 

Lorsqu'un  géologue  connu  exprimait  une  opinion  contraire  à  la 

sienne,  il  n'hésitait  pas  à  relever  le  gant,  tout  en  s'excusant  a  de  sa 

témérité  à  émettre  une  opinion  différente  de   celle  d'ungéologue 

si  éminent.  Mais,  ajoutait-il,  comme  ce  sont  les  discussions  de  ce 

(1)  PrccU  éh'm.  de  Géologie,  8«  l'd.,  p.  293,  en  note. 


462  GOSSELET.   —  NÉCROLOGIE  DE  D*OMALIUS.  25  avril 

genre  qui  contribuent  à  fixer  la  science,  j'espère  que  la  Société  ne 
trouvera  pas  mauvais  que  je  lui  soumette  ma  façon  de  penser  sur 
cette  question  » . 

Il  était  convaincu  que  rien  n'est  plus  utile  pour  les  savants  que 
d'échanger  contradictoirement  leurs  idées,  et  cette  conviction  lui  fai- 
sait rechercher  la  discussion  avec  une  véritable  passion. 

Un  jour,  dans  un  de  ses  entretiens  avec  Constant  Prévost,  la  conver- 
sation roulait  sur  la  théorie  des  causes  actuelles.  Constant  Prévost  la 
soutenait  avec  toute  l'ardeur  d'un  apôtre;  d'Omalius  faisait  sans  cesse 
des  objections.  Enfin,  Constant  Prévost  poussé  à  bout  se  fâche,  et 
d'Omalius,  avec  ce  rire  devenu  légendaire,  lui  dit  :  o  Je  suis  de  votre 
avis,  mais  je  voulais  connaître  vos  raisons.  » 

Si  dans  une  de  nos  séances  les  communications  étaient  peu  nom- 
breuses, il  introduisait  quelque  question  grosse  d'orages,  comme  celle 
du  grès  de  Luxembourg,  ou  il  interpellait  un  de  nos  maîtres  pour  lui 
faire  développer  quelque  idée  nouvelle. 

Plusieurs  fois  il  pria  M.  Barrande  d'exposer  l'état  de  la  science  au 
sujet  de  la  faune  primordiale.  Il  aurait  voulu  voir  cette  faune  .s'enri- 
chir sous  le  rapport  zoologique;  elle  devait,  selon  lui,  renfermer  des 
vertébrés.  Il  pensait  que  les  grands  types  d'organisation  avaient. dû 
exister  dès  les  premiers  temps  de  la  création. 

Il  était  d'ailleurs  partisan  du  transformisme.  En  1846  il  fit  à  la 
Société  une  communication  oii  il  développa  toutes  les  raisons  qui 
militent  en  faveur  de  cette  théorie;  il  eut  alors  pour  adversaires 
Agassiz,  qui  défendait  la  théorie  des  créations  réitérées  et  successives, 
et  Michelin,  qui  soutenait  les  idées  de  de  Blainville  sur  la  translation. 

En  Géologie,  une  des  théories  que  d'Omalius  développa  le  plus  sou- 
vent, est  celle  de  l'éjaculation  des  matières  meubles  :  argile,  sable  et 
même  galets.  Il  l'appliquait  à  l'argile  plastique,  à  Targile  à  silex,  aux 
sables  et  aux  minerais  de  fer  qui  remplissent  des  poches  à  la  surface 
des  terrains  primaires  du  Condros.  Cette  hypothèse,  qui  rencontra 
d'abord  une  vive  opposition,  compte  aujourd'hui  beaucoup  d'adhé- 
rents; mais  l'origine  éruptive  des  cailloux  roulés  et  des  poudingues 
trouverait  encore  beaucoup  d'incrédules.  Les  idées  de  d'Omalius  sur 
ce  sujet  demandent  donc  à  être  expliquées  (1). 

Il  supposait  que  des  sources  analogues  aux  Geysers  pouvaient  dépo- 
ser de  la  silice  en  abondance,  et  qu'avant  leur  consolidation  complète, 
des  fragments  de  cette  silice  encore  pâteux  ont  pu  être  roulés  et  ar- 
rondis par  un  faible  transport.  Il  citait  comme  preuve  des  boules 
d'argile  encore  molles  qu'il  avait  vues  se  former  sur  la  pente  d'une 

(1)  BulL  Soc.  géol,  2«  sér.,  t.  V,  p.  71. 


1878.  GOSSELET.    —   NÉCROLOGIE  DE  D'OMALIUS.  463 

colline  argileuse  des  environs  de  Renaix ,  par  l'effet  d*uné  pluie 
d*orage  (1).  Il  appliquait  cette  théorie  au  poudingue  deBurnot,  à  celui 
qui  couronne  les  collines  de  Cassel  et  à  d'autres  encore. 

Quant  aux  dépôts  bréchiformes  composés  do  cailloux  anguleux,  il 
les  expliquait  par  le  fendillement  de  roches,  soit  au  moment  de  leur 
dessi*chement,  soit  plus  tard  sous  l'influence  des  phénomènes  météo- 
rologiques; ces  fragments  auraient  été  cimentés  à  nouveau  par  une 
matière  injectée.  C'est  l'explication  qu'il  donnait  en  particulier  pour 
la  brèche  de  Berlaimont  (2). 

Ou  le  voit,  d*Omalius  n'était  pas  neptunien  ;  il  avait  fait  ses  pre- 
miers travaux  à  une  époque  où  l'école  de  Werner  était  tombée  dans 
le  discrédit,  et  où  l'étude  de  l'Auvergne  par  Guettard,  Desmarest, 
d'Aubuisson,  avait  convaincu  les  plus  incrédules  de  l'importance 
géogéniquc  des  phénomènes  éruptifs.  D'Omalius  s'était  inspiré  de  ces 
idées,  et  pendant  tout  le  cours  de  sa  vie  il  fut  un  défenseur  infati- 
gable de  la  chaleur  centrale. 

Du  reste  il  ne  tenait  pas  aux  hypothèses,  qu'il  nommait  le  roman 
de  Za  «cjence  (3) .  Dès  qu'une  théorie  nouvelle  se  présentait  avec  un  cer- 
tain degré  de  probabilité,  il  s'empressait  de  l'accepter.  C'est  ainsi  qu'il 
adopta  la  théorie  des  cratères  de  soulèvement,  sans  toutefois  rompre 
de  lances  en  sa  faveur.  Il  fut  plus  ardent  pour  celle  des  soulèvements 
appliquée  à  la  structure  et  à  l'âge  des  montagnes.  Il  avait  suivi  en 
1831  le  cours  d'Ëlie  de  Beaumont  et  avait  été  séduit  par  ce  langage 
si  clair,  par  cette  théorie  qui  se  présentait  d'une  manière  si  scienti- 
tique  et  qui  faisait  dire  à  Arago  que  la  Géologie  était  enfin  entrée  dans 
une  voie  positive. 

Mais  si  d'Omalius  adopta  la  théorie,  s'il  en  fit  une  première  appli- 
cation au  relief  du  Hundsrûck  (4),  application  dans  laquelle  il  eut 
comme  adversaire  Êlie  de  Beaumont  lui-même,  puis  une  seconde  aux 
dernières  révolutions  qui  ont  agi  sur  le  sol  de  la  Belgique  (5),  il  com- 
battit à  l'occasion  les  exagérations  de  quelques  partisans  de  la  nou- 
velle doctrine.  C'est  ainsi  qu'il  soutint  contre  Rozet  que  les  granités  et 
les  amphibolites  des  Vosges  ne  pouvaient  avoir  soulevé  cette  chaîne  à 
son  niveau  actuel.  Il  voyait  dans  le  relief  des  Vosges  (6)  et  de  la  Forôt- 
Noire  le  résultat  d'un  mouvement  de  bascule  qui  s'était  fait  sentir 
jusque  dans  le  bassin  de  Paris  et  en  Bavière,  et  d'une  grande  fracture 

(1)  Bull.  Soc.  géoL,  !'•  sér.,  t.  XIII,  p.  60,  en  note. 

(2)  BulL  Soc.  géol.,2'  sér.,  t.  X,  p.  611. 

|3)  Lettre  à  Agassiz.  V.  Dupont,  op.  cit.,  p.  97. 

(4)  Bull.  Soc.  géoL,  V  sér.,  t.  VI,  p.  255. 

(5)  Bull.  Soc.  géol,  V  sér.,  t.  XIII,  p.  55. 

(6)  Bull  Soc.  géol,  V  sér.,  t.  VI,  p.  51. 


464  GOSSELET.    —   NÉGUOLOGIE  DE   d'oMALIUS.  ^5  avril 

qui  avait  effondré  la  vallée  du  Bhin.  Il  expliquait  volontiers  Forigine 
des  vallées  par  des  fractures  et  des  dislocations  (1). 

Il  adopta  aussi  dès  son  apparition  la  théorie  des  glaciers.  II  eut  en 
outre  l'idée  d'expliquer  le  transport  de  certains  blocs  par  des  glaces 
de  fond  produites  dans  des  fleuves  à  l'époque  quaternaire.  II 
renouvela  cette  hypothèse  au  Congrès  des  sciences  préhistoriques  de 
Bruxelles,  à  propos  d*un  bloc  de  grès  enseveli  dans  le  limon. 

D'Oraalius  était  opposé  à  la  théorie  des  causes  actuelles;  il  l'accep- 
tait en  principe,  mais  la  repoussait  dans  ses  conséquences.  «  Unedoc- 

>  trine,  disait-il  (2),  qui  expliquerait  toute  l'histoire  de  notre  globe 

>  par  l'action  des  phénomènes  qui  se  passent  actuellement  doit 
»  mériter  la  préférence  sur  celles  qui  recourent  à  des  hypothèses  qui 

•  font  intervenir  des  phénomènes  plus  énergiques.  Personne  ne  peut 

•  élever  de  doutes  à  ce  sujet,  de  sorte  que  la  question  est  de  savoir  si 
»  la  doctrine  dite  des  cames  actuslles  ne  forme  point  d'hypothèses,  et  si 
v  elle  explique  tous  les  faits  constatés  par  l'observation.  Je  demande- 
»  rai,  en  conséquence,  si  ce  n'est  point  faire  des  hypothèses  que  de 
»  dire  qu'il  se  forme,  sous  les  eaux  limpides  de  nos  mers  actuelles, 
»  des  dépôts  aussi  puissants  que  ceux  que  nous  présente  la  série  des 

>  anciens  terrains  neptuniens  ;  que  les  corps  organisés  qui  sont  enve- 
»  loppés  dans  ces  dépôts  s'y  transforment  en  fossiles  semblables  à 
»  ceux  que  nous  trouvons  dans  les  terrains  anciens;....  »  D'Omalius 
combattait  ainsi  successivement  les  conclusions  les  plus  logiques  de 
la  doctrine  des  causes  actuelles,  celles  mêmes  qui  sont  maintenant 
admises  par  tous  les  géologues. 

A  plusieurs  reprises  il  déclara  qu'avant  l'époque  quaternaire  il 
n'y  a  pas  eu  de  volcans  à  cratères  (3).  II  soutint  contre  Ëlie  de  Beau- 
mont,  que  les  cordons  littoraux  ne  pouvaient  se  produire  sur  nos  côtes 
qu'en  prenant  comme  base  d'anciennes  barres  diluviennes  (4). 

Ce  qui  lui  inspirait  de  Téloignement  au  sujet  de  la  théorie  des 
causes  actuelles,  c'était  l'exagération  de  la  doctrine  par  l'école  de 
Lyell,  la  substitution  des  hypothèses  basées  sur  un  changement  d'axe 
de  la  terre  à  celles  qui  reposent  sur  la  chaleur  centrale,  l'idée  de 
ravinements  considérables  à  la  surface  des  continents  (5);  c'était  sur- 
tout la  tyrannie  (6)  que  les  partisans  des  causes  actuelles  prétendaient 
exercer  sur  les  esprits  au  nom  de  la  logique.  D'Omalius  protestait  en 

(1)  Bull.Soe.  géoL,  2«sér.,  t.  II,  p.  399. 

(2)  Bull.  Soc.  géol.,^  sér.,  t.  IV,  p.  532. 

(3)  Bull.  Soc.  géoL,  2«  sér.,  t.  XI,  p.  80,  et  t.  XII.  p.  111. 

(4)  Bull.  Soc.  géol.,  2*  sér.,  t.  III,  p.  244. 

(5)  Bull.  Soc.  géol.,  2«  sér.,  t.  I,  p.  400. 
{(î)  Bull.  Soc.  géoL,  2«  sér.,  t.  IV,  p.  532. 


liOSSEI.F.T.   —  NÉCnOLOùlE    DE  DOMALIUS.  4Ki 

btuur  lie  l'iDeOiitiu.  Et  cependant  il  irahiiail  pas  les  tiypothùses  gra- 
lulu».  a  11  faut  ïaiie (les  hypothèses  pour  expliquer  les  faiu,  disait- 
il  iH,  mais  il  faut^n  tire  sobre.  »  Il  se  refusait  à  attribuer  l'extension 
des  glacierJ  qualeinaires  à  un  refroidissement  du  Soleil,  parce  que, 
bien  qu'il  i)*y  eût  dans  cette  idéo  rien  d'impossible,  la  diiDiiiutioii  de 
la  chaleur  centrale  lui  paraissait  une  cause  suf&sante. 

Plus  tard  il  parut  revenir  à  des  senliments  moins  opposés  aux 
cause3  actuelles-  11  se  contenta  de  blâmer  l'exàgt! ration  de  ceux  qui 
croient  que  ■  les  phénomènes  que  nous   voyons  agir  sous  nos  yeux 

>  n'ont  jamais  pu  avoir  plus  d'énergie  et  produire  des  effets  plus 

>  étendus  que  ceux  qu'ils  produisent  maintenant;  c'est  comme  si 

•  quelqu'un  qui  n'aurait  jamais  vu  les  effets  d'une  température  au- 

*  dessous  de  zéro  contestait  que  le  refroidissement  peut  transformer 
■  de  l'eau  en  glace  (â)  i. 

Réduite  k  ces  termes,  l'opposition  ded'Omalius  à  la  théorie  des  causes 
actuelles  ralliera  beaucoup  de  partisans  ;  mais  ce  n'est  plus  une  oppo- 
sition: c'est  une  adhésion  véritable,  adhésion  de  priucipe,au  moins, 
aux  idées  défendues  avec  tant  de  vaillance  par  mon  vénéré  maître 
Constant  Prévost.  Jamais  cet  illustre  géologue,  dont  la  vie  se  consuma 
à  défendre  les  causes  actuelles,  ne  prétendit  que  les  phénomènes  géo- 
logiques ont  toujours  eu  l'intensité  et  les  effets  que  nous  constatons 
aujourd'hui.  Il  se  bornait  à  affirmer  que  les  causes  étaient  restées  les 
mêmes,  que  les  loia  de  la  nature  n'étaient  pas  changées  ;  mais  il 
reconnaissait  volontiers  que  les  circonstances  ayant  été  différentes,  les 
résultats  avaient  pu  être  différents.  C'est  là,  à  proprement  parler,  la 
doctrine  des  causes  actuelles.  Quant  aux  idées  développées  avec  tant 
d'éclat  et  de  succès  par  Lyell  et  son  école,  elles  mériteraient  plutôt 
d'être  qualiGées  du  nom  de  théorie  des  effets  actuels, 

D'Omalius  avait  pu  remarquer  dans  les  nombreuses  discussions  qu'il 
avait  soutenues,  combien  il  est  important  de  fixer  la  signification  des 
termes  géologiques.  Cette  pensée  avait  en  partie  inspiré  ses  premiers 
travaux  didactiques.  Il  y  revint  plus  tard  et  lut  en  lS6i  à  notre  Société 
une  note  sur  quelques  additions  ou  modifications  que  l'ott  pourrait 
introduire  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie  française  en  ce  qui 
concerne  la  Géologie  (3), 

Dans  sa  jeunesse,  il  avait  accueilli  avec  ardeur  les  idées  de  Coque- 
bert de  Montbret,  qui  voulait  l'aire  de  la  Géologie  la  base  de  la  Géo- 
graphie et  de  la  Statistique.  11  crut  pouvoir  diviser  les  pays  en  régions 


m  BuU.  Soc.  gfol.,  3'  sér.,  t.  111,  p.  40î. 
PI  Bull  Soc.-jéol.  a-sùrje,  t.  SU,  p.  37. 
(3)  Buii.  Sot.  géol,  2- sér.,  t.  XII,  p.  in. 


466  GOSSELiiT.   —  NÉCROLOGIE  DE   D  OHALIUS.  25  avril 

naturelles  caractérisées  par  leur  constitution  géognostique  ;  mais  il 
reconnut  bien  vite  que  ces  divisions  géographiques  naturelles  n'étaient 
pas  toujours  en  rapport  avec  les  divisions  politiques.  Il  chercha 
néanmoins  à  concilier  ces  deux  ordres  de  considérations  dans  les 
notions  de  géographie  qui  accompagnent  plusieurs  éditions  de  ses 
Éléments  de  Géologie,  et  dans  la  notice  qu'il  lut  en  1861  à  la  Société 
sur  les  divisions  géographiqiœs  de  la  région  comprise  entre  le  Rhin  et 
les  Pyrénées  (1). 

Il  cherchait  dans  l'Ethnographie  la  solution  des  difficultés  que  la 
Géographie  lui  avait  présentées.  Comme  résultat  de  ses  études,  il 
publia  jusqu'à  cinq  éditions  d'un  petit  traité  des  races  humaines. 
Il  fit  en  outre  plusieurs  communications  à  la  Société  d'Anthropologie; 
dans  l'une  d'elles  il  combattait  l'origine  asiatique  de  la  race  indo- 
germanique. 

ri  avait  été  un  des  premiers  à  accepter  l'idée  de  la  contemporanéité 
de  l'Homme  et  des  animaux  de  l'époque  quaternaire.  Aussi,  lorsque 
le  Congrès  des  sciences  préhistoriques  se  réunit  à  Bruxelles  en  1872, 
fut-il  tout  naturellement  choisi  comme  président. 

Beaucoup  d'entre  nous  assistaient  à  ce  congrès;  ils  se  rappellent  la 
vigueur  et  l'entrain  de  cet  illustre  vieillard,  toujours  à  notre  tête  dans 
les  excursions  les  plus  lointaines  ;  ils  se  rappellent  les  touchantes 
manifestations  de  popularité  qui  lui  furent  prodiguées  par  ses  conci- 
toyens comme  par  les  étrangers,  par  le  public  comme  par  les  sa- 
vants! 

Si  d'Omalius  a  joui  pendant  toute  sa  vie  de  cette  popularité  presque 
sans  exemple,  c'est  qu'il  marchait  avec  son  époque  et  en  suivait  tous 
les  progrès;  c'est  que  les  jeunes  savants  trouvaient  toujours  auprès 
de  lui  les  encouragements  les  plus  affectueux  et  les  conseils  les  plus 
désintéressés  ;  c'est  que  jamais  il  n'a  profité  de  son  nom  et  de  sa  posi- 
tion pour  imposer  sa  manière  de  voir.  Soucieux  de  sa  liberté,  il  savait 
respecter  celle  des  autres. 

Qu'on  ne  dise  pas  que  c'était  manque  de  convictions  !  D'Omalius 
tenait  à  ses  idées  quand  il  les  croyait  fondées,  mais  il  était  assez 
modeste  pour  admettre  que,  pas  plus  qu'un  autre,  il  n'était  à  l'abri 
d'erreurs.  Il  défendait  ses  opinions  avec  ténacité,  ne  se  j^endait  que 
loi'squ'il  ne  lui  restait  plus  un  seul  argumenta  faire  valoir;  mais  une 
fois  convaincu,  il  acceptait  loyalement  les  faits  et  les  idées  qu'il  avait 
combattus,  et  s'en  faisait  même  au  l)esoin  le  vigoureux  défenseur. 

Lorsque,  dans  ces  dernières  années,  on  discuta  les  vues  de  Dumont 
sur  la  géologie  stratigraphique  de  la  Belgique,  d'Omalius  les  défendit 

(1)  DuU.  Soc.  (jPoL,  2'  sôr.,  t.  XIX,  p.  2ir). 


1878.  MORIÈRE.  —  ASTÉRIE   DE   L  OXF.   DES  YACHES-NOIRES.  467 

pied  à  pied  (i).  Il  avait  à  cela  d'autant  plus  de  mérite,  que  les  opi- 
nions qu'il  combattait  étaient  sur  plusieurs  points  conformes  à  sa 
première  manière  de  voir.  Ainsi,  dès  1808,  il  avait  reconnu  Tanalo- 
gie  du  terrain  silurien  du  Brabant  avec  le  terrain  ardoisier  de  l'^r- 
denne,  celle  de  la  bande  du  Poudingue  de  Burnot  avec  Tensem- 
ble  que  Dumont  avait  appelé  terrain  rbénan.  Sur  ces  deux  points 
néanmoins,  il  soutint  les  idées  contraires  de  Dumont.  Le  7  février  1874 
il  lisait  encore  à  l'Académie  de  Belgique  un  plaidoyer  contre  Tassimila- 
tîon  du  Poudingue  de  Burnot  au  terrain  rhénan;  il  avait  alors  91 
ans. 

Quinze  jours  plus  tard,  on  le  trouvait  étendu  sans  connaissance  dans 
une  tranchée  des  environs  de  Bruxelles.  Il  se  préoccupait  depuis 
longtemps  d'une  des  questions  les  plus  difficiles  de  la  géologie  de  la 
Belgique  et  du  Nord  de  la  France,  de  Torigine  du  limon  qui  couvre 
toutes  nos  plaines  et  qui  atteint  souvent  10  mètres  d'épaisseur.  Il 
croyait  que  cette  immense  nappe  était  sortie  par  éjaculation  de  Tinté- 
rieur  de  la  terre  (2).  Dans  le  but  de  trouver  quelques  faits  à  l'appui 
de  cette  théorie,  il  avait  entrepris  seul  l'excursion  qui  devait  lui  être 
fatale. 

Il  se  remit  un  peu,  mais  lorsque  la  Société  géologique  de  France  se 
réunit  à  Mons  le  30  août  1874,  elle  se  vit  privée  de  celui  qu'elle  avait 
toujours  choisi  pour  présider  ses  séances  extraordinaires  en  Belgique 
ou  dans  le  Nord  de  la  France  :  elle  dut  se  borner  à  envoyer  à  M. 
d'Oraalius  un  télégramme  pour  lui  témoigner  son  affectueux  souvenir. 

Quelques  mois  plus  lard,  le  lo  janvier  1875,  s'éteignait  celui  qui 
était  à  la  fois  le  dernier  survivant  et  le  membre  le  plus  âgé  de  cette 
génération  de  grands  géologues  français  qui  ont  pour  noms  :  Alexandre 
Brongniart,  Constant  Prévost,  Élie  de  Beaumont,  Jean-Baptiste-Julien 
d'Omalius  d'Halloy  (3). 

H.  l^emoine  fait  une  communication  sur  de  nombreux  osse- 
ments rossiles  recueillis  dam  les  terrains  tertinires  des  envi- 
rons de  Reims. 


H.  Morière  met  sous  les  yeux  de  la  Société  un   magnifique 


(1)  Bull.  Soc,  géol,  ^  sér.,  l.  XVI,  p.  212:  t.  XIX.  p.  917;  vi  t.  XX.  p.  813. 

(2)  Bull.  Soc.  géoL,  !'•  sér.,  t.  XIII,  p.  60;  1811;  —  Bull.  Ac.  Belg..  2e  sér., 
.XXXI,  p.  484;  1871. 

(3)  Pour  la  liste  des  travaux  de  M.  d'Omalius,  voir  Bu//.  Soc.  géol.,  3e  sér..  t.  HJ, 
p.  166;  1875. 


433  GOSSELET.   —  NÉCROLOGIE  DE   DOMALIUS.  25  avril 

il  a  beaucoup  étendu  les  horizons  déjà  tracés,  et  il  a  saisi  avec  une 
rare  justesse  de  coup  d'œil  cette  disposition  générale  si  remarquable 
des  dépôts  tertiaires  du  Nord  de  la  France,  que  personne  u*avait  com- 
prise auparavant,  et  qui  ne  pouvait  Tétre  qu'en  procédant,  comme 
Ta  t'ait  M.  d'Omalius,  des  bords  ou  des  limites  extérieures  du  bassin 
vers  son  centre  (1).  » 

Il  restait  une  lacune  dans  les  études  ded*Omalius  :  il  n*avait  pas  en- 
core visité  la  Bretagne.  Il  y  consacra  Tété  de  1813  et  revint  cliez  lui 
en  passant  par  la  Normandie,  le  Boulonnais  et  Lille.  Le  résultat  immé- 
diat de  ce  voyage  fut  une  note  où  il  fit  ressortir  l'analogie  des  terrains 
primaires  de  la  Bretagne  avec  ceux  de  TÂrdenne,  et  des  roches  grani- 
tiques du  même  pays  avec  celles  du  Plateau  central. 

La  même  année  la  carte  géologique  était  terminée  et  remise  au  Con- 
seil des  Mines. 

Mais  alors  le  canon  grondait  de  toutes  parts,  la  France  épuisée 
voyait  son  sol  foulé  par  l'ennemi,  et  lorsque  la  paix  permit  aux 
esprits  de  se  remettre  à  l'étude,  d'Omalius  d'Halloy  avait  cessé  d'être 
français. 

Sur  l'ordre  formel  de  son  père,  il  entra  dans  l'administration  et  peu 
après  fut  nommé  gouverneur  de  la  province  de  Namur.  Au  milieu  des 
honneurs,  il  dut  bien  des  fois  regretter  ses  amis  de  France,  ses  longs 
voyages  à  pied,  ses  succès  à  Tlnstitut.  Mais  d'Omalius  était  l'homme 
du  devoir  ;  il  avait  accepté  des  fonctions,  et  quai  qu'il  pût  lui  en  coû- 
ter, il  s'y  donna  tout  entier. 

Un  instant  on  put  espérer  qu'il  allait  revenir  à  ses  chères  études. 
Coquebert  de  Montbret  lui  avait  écrit  :  «  Depuis  que  nous  nous 
»  sommes  occupés,  vous  et  moi,  de  la  carte  minéralogique  de  France, 

>  penonne  n'a  publié  de  travail  semblable  sur  ce  royaume,  tandis  que 
»  les  Anglais  ont  mis  au  jour  les  cartes  de  Smith,  Greenough  et 
»  plusieurs  autres  du  même  genre.  Plusieurs  persoimes  se  sont 
»  plaintes  que  notre  travail  n'eût  pas  d'autre  publicité  que  d'avoir 
»  été  déposé  à  l'École  des  Mines  et  dans  le  cabinet  de  M.  Brongniart. 
»  J'ai  pris  sur  moi  ce  printemps  de  le  mettre  sous  les  yeux  de  l'Insti- 

>  tut.  Il  y  aurait  deux  partis  à  prendre  relativement  ^  cet  ouvrage  : 
»  en  remettre  le  manuscrit  à  l'Institut  qui,  d'après  une  délibération 

>  qu'il  a  prise,  en  ferait  faire  des  copies  également  manuscrites,  ou 
»  bien  en  faire  porter  les  teintes  plates,  qui  caractérisent  les  diffé- 
»  rentes  natures  de  terrain,  sur  des  cartes  qu'on  autoriserait  un 
»  marchand  à  fournir  au  public  (2).  » 

(1)  D'Archiac,  Cours  de  Paléonl.  strat.,  t.  I,  p.  398  et  399. 

(2)  Dupont,  op.  cit.,  p.  77. 


J878.  GOSSELET.   —  NÉCROLOGIE  DE  O'OMALIUS.  459 

D'Omalius  avait  sur  la  carte  des  vues  différentes  de  celles  de  Coque- 
bert. Celui-ci  voulait  faire  une  carte  minéralogique  et  agronomique, 
tandis  que  d'Omalius  désirait  qu'elle  fût  géologique  et  stratigraphique. 
Il  se  rendit  donc  à  Paris  et  décida  Coquebert  à  publier  de  suite  une 
carte  géologique  à  petite  échelle,  laissant  les  détails  pour  une  grande 
carte  qui,  elle,  pourrait  être  agronomique. 

La  petite  carte  géologique  fut  donc  publiée  dans  les  Annales  des 
Mines  en  1822  et  accompagnée  d'un  mémoire  explicatif,  qui  n'était 
autre  chose  qu'un  véritable  traité  de  Géologie. 

En  1828,  d'Omalius  donna  une  nouvelle  édition  de  la  carte,  en  y 
ajoutant  le  Sud  de  l'Angleterre  pour  montrer  les  relations  du  bassin 
de  Londres  avec  celui  de  Paris,  et  trois  coupes  géologiques,  Tune  de 
Bruxelles  à  Spire,  la  seconde  de  Paris  à  Colmar,  la  troisième  d'Hirson 
en  Auvergne. 

Si  on  veut  juger  des  services  que  rendit  la  carte  de  d*0malius,  il 
faut  se  rappeler  que  jusqu'en  1841  il  n'y  en  eût  point  d'autre  pour  la 
France,  et  que  ce  fût  seulement  en  1831  que  H.  Boue  fit  paraître  une 
carte  géologique  comprenant  la  partie  occidentale  de  l'Europe. 

La  carte  de  1828  fil  partie  d'un  volume  où  d'Omalius  réunit  les 
différents  mémoires  qu'il  avait  publiés.  Il  leur  faisait  subir  des  modi- 
fications qui  toutes  n'étaient  pas  également  heureuses,  car,  ne  pouvant 
plus  faire  d'explorations  géologiques,  il  avait  dû  adopter,  sans  les 
contrôler,  les  observations  des  autres. 

La  Révolution  des  Pays-Bas,  en  1830,  rendit  d'Omalius  à  la  Géolo- 
gie; mais  un  changement  complet  s'était  fait  dans  son  esprit.  Laissant 
les  détails  de  côté,  il  ne  s'occupe  plus  que  des  théories  géologiques, 
de  la  philosophie  de  la  science,  de  la  définition  des  termes.  En  même 
temps,  il  s'efface  avec  une  modestie  que  l'on  peut  qualifier  d'exagérée; 
il  paraît  oublier  ce  qu'il  a  fait,  à  tel  point  qu'il  le  fait  oublier  aux 
autres.  Il  interroge  comme  s'il  était  encore  sur  les  bancs,  et  dans  le 
fait,  pendant  ses  séjours  à  Paris,  il  suit  assidûment  les  cours,  comme 
il  le  faisait  en  1801.  Il  devient,  en  un  mot,  le  d'Omalius  que  nous 
avons  connu. 

Lors  de  la  fondation  de  notre  Société,  il  s'inscrit  un  des  premiers 
sur  la  liste. 

En  1831,  l'année  même  de  l'inauguration  de  la  Société,  il  lui  com- 
munique un  mémoire  sur  la  Structure  de  Vécorce  solide  du  globe  (1). 
Il  fait  remarquer  que  l'écorce  terrestre  n'est  pas  une  masse  cohérente, 
mais  qu'elle  se  compose  de  parties  séparées  par  des  joints  ;  il  divise 
ceux-ci  en  joints  de  texture,  joints  de  stratification,  joints  d'injection, 

(1)  Bull.  Soc.  géol.  Fr.,  1"  sôr.,  t.  I,  p.  168. 


470  PONTANNES.  —  NÉOGÈPIE  DE  CCCURO!*.  £9  avril 

C'est  à  décrire  aussi  exactement  que  possible  tous  les  dépôts  néogè- 
nes qui  s'étendent  aux  pieds  du  Lubcron,  à  établir  aussi  sûrement 
que  les  obstacles  inhérents  à  la  configuration  de  la  région  le  permet- 
tent, la  position  relative  de  chacun  d'eux,  à  les  rattacher  ensuite  à 
ceux  que  j'ai  décrits  et  classés  dans  quelques  monographies  antérieu- 
res, que  je  m'appliquerai  particulièrement  dans  cette  étude.  Quant  à 
la  partie  paléontologique,  déjà  traitée  avec  tant  de  soin  et  de  compé- 
tence, au  moins  pour  les  zones  les  plus  fossilifères,  je  me  bornerai  à 
ajouter  quelques  données  supplémentaires  aux  notions  intéressantes 
que  l'on  doit  à  MH.  Gaudry,  Fischer  et  Tournouër. 

Il  n'est  que  juste  de  rappeler  aussi  les  noms  de  M.  E.  Dumortier,  le 
premier  paléontographe  des  marnes  de  Cabrières  ;  de  MM.  Ëm.  Arnaud, 
de  Christol,  P.  Gen'ais,  Se.  Gras,  Matheron,  qui  ont,  à  diverses  repri- 
ses, publié  d'importants  travaux  sur  les  terrains  ou  les  fossiles  tertiai- 
res du  département  de  Vaucluse. 

I.  Coupes  géologiques. 

La  région  qui  a  été  plus  spécialement  l'objet  de  mes  recherches  est 
comprise  entre  les  villes  ou  villages  de  Lourmarin,  de  Yaugines,  de 
Cucuron,  de  Cabrières,  alignés  au  pied  du  Luberon,  et  ceux  de  Cadc- 
net  et  de  Villelaure,  qui  s'élèvent  sur  le  bord  septentrional  de  lu 
plaine  alluviale  de  la  Durance.  Sillonnée  par  de  nombreux  torrents 
qui,  descendant  de  la  chaîne  néocomienne,  ont  creusé  dans  la  vallée 
de  larges  sillons,  aujourd'hui  pres(|ue  toujours  à  sec,  disloquée  par 
le  soulèvement  d'un  récif  de  la  mer  helvétienne,  qui  perce  à  peine 
actuellement  la  nappe  des  formations  récentes,  cette  contrée  présente 
une  série  d'accidents  orographiques  relativement  favorables  à  un 
examen  détaillé  de  la  constitution  du  sous-sol. 

Malheureusement,  il  est  sou  vent  difficile  de  suivre  sans  interruption 
toutes  les  assises  depuis  la  base  jusqu'au  sommet  du  groupe  mio- 
cène. Certaines  d'entre  elles,  suffisamment  en  évidence  sur  quelques 
points,  se  laissent  à  peine  deviner  sur  d'autres,  soit  qu'une  inclinai- 
son trop  faible  les  fasse  disparaître  sous  les  dépôts  qui  leur  ont  suc- 
cédé, soit  que  les  éboulis  de  la  montagne  ou  les  alluvions  de  la  vallée 
les  couvrent  d'un  revêtement  impénétrable.  Ces  obstacles,  joints  à  la 
pauvreté  en  fossiles  des  zones  inférieure  et  moyenne,  m'ont  engagé  à 
relever  et  à  présenter  ici  plusieurs  coupes  parallèles,  qui,  en  se  com- 
plétant à  certains  points  de  vue,  se  contrôlassent  à  d'autres  et  pussent 
ainsi  réduire  autant  que  possible  les  chances  d'erreur.  En  voici  l'ana- 
lyse, en  allant  de  l'ouest  à  Test. 


1878.  FONTANNES.  —  NÉOGÈNE  DE  CUCUftON.  47i 


I.  Coupe  de  la  combe  de  Lourmarin  à  Cadenet  (PI.  IV,  fig.  1). 

Cette  coupe,  que  j'ai  prolongée  au  nord  et  au  midi,  afin  de  montrer 
les  rapports  des  couches  inférieures  de  cette  région  avec  la  mollasse 
des  environs  d'Aptetde  Rognes  (Bouches-du-Rhône)  (1),  cette  coupe, 
dis-je,  est  une  de  celles  dont  Tensemble  présente  le  plus  de  clarté,  le 
soulèvement  de  Fîlot  crétacé  de  La  Oeboulliùre  n'ayant  exercé  qu'une 
influence  à  peine  sensible  sur  Tallure  normale  des  couches.  C'est  en 
même  temps  celle  qui,  grâce  à  la  gorge  de  Lourmarin,  permet  d'étu- 
dier le  plus  facilement  la  base  du  Miocène  marin  (2). 

La  combe  de  Lourmarin,  qui  livre  un  passage  si  pittoresque  à  l'Ai- 
guebrun  et  à  la  route  d'Apt  à  Pertuis,  est  en  effet  la  seule  coupure  de 
quelque  importance  qui  traverse  la  grande  ondulation  crétacée  du 
Luberon  et  mette  en  communication  le  bassin  d'Apt  et  celui  de  la  Du- 
rance;  aussi  est-il  assez  surprenant  qu'aucun  géologue  n'ait  encore 
profité  d'un  accident  topographique  aussi  favorable,  pour  étudier  les 
dépôts  tertiaires  plaqués  sur  les  flancs  de  la  roche  néocomienne.  Il 
eût  été  facile  de  reconnaître  que  les  couches  à  Pecten  planosulcatus, 
dites  Mollasse  de  Cucuron,  loin  de  représenter  la  base  des  terrains 
miocènes  marins,  s'y  trouvent  au  contraire  presque  au  sommet  et  ne 
peuvent  par  conséquent  être  parallélisées  avec  la  mollasse  de  Saint- 
Pau  l-Trois-ChAteaux,  de  Montségur,  etc.,  en  un  mot,  avec  toutes  les 
formations  mollassiques  du  bassin  du  Rhône,  caractérisées  par  Tabon- 

(1)  Je  n'ai  pu  consacrer  assez  de  temps  à  l'examen  des  terrains  secondaires  et 
éocènes  des  environs  d'Apt  et  de  Rognes  pour  garantir  tous  les  détails  de  cette 
coupe  sur  ces  points  extrêmes  ;  je  me  suis  surtout  appliqué  à  reconnaître  l'âge  e^ 
la  position  de  la  mollasse,  qu'il  était  important  de  relier  aux  dépôts  du  plateau  de 
Cucuron. 

(2)  Depuis  la  présentation  de  cette  note,  j'ai  pu  m'assurcr  de  la  présence  des 
marnes  et  calcaires  d'eau  douce  jusqu'au  pied  du  versant  septentrional  du  Lube- 
ron. Ils  sont  même  assez  épais  sur  la  rive  gauche  du  torrent  qui  vient  se  jeter  dans 
l'Aiguehrun  à  peu  près  vers  le  point  où,  sur  la  coupe  1  de  la  planche  IV,  com- 
mence le  pointillé  qui  unit  le  Néocomien  du  Luberon  à  celui  des  environs  d'Apt. 

Sur  les  flancs  du  monticule  qui  s'élève  au  nord  de  ce  torrent  et  qu'on  peut  désigner 
sous  le  nom  de  Les  Grégaires,  comme  sur  ceux  des  plateaux  des  Créts  et  de  Bonnieux, 
on  voit  clairement,  en  effet,  le  Néocomien  supporter  un  calcaire  marneux  blanchâtre, 
souvent  pétri  de  minuscules  Bithinies  (?),  fortement  incliné  vers  le  sud  sous  la  tui- 
lerie des  Grégoires,  et  subordonné  à  la  mollasse.  Les  Sables  et  argiles  bigarrés 
paraissent  manquer  sur  ce  point,  mais  on  reconnaît  une  partie  de  leurs  éléments 
dans  le  conglomérat  à  cailloux  verdâtres  par  lequel  débute  la  mollasse  marine. 

La  coupe  du  massif  compris  entre  le  Néocomien  du  Luberon  et  la  route  de  Bon- 
nieux pourra  donc  ôlre  rectifiée  et  complétée  à  l'aide  de  ces  données  supplémen- 
taires . 


i72  FOÎITANSES.   —  KÉOGÈSE   BE  CUCUBON.  29  avri] 

dance  d'un  Pecten  improprement  désigné  sous  le  nom  de  P.  scabrius- 
cului.  Mallieron  (;=  P.  pree^cabriusculua,  Fonl.). 

Il  n'y  a  en  effet  qu'à  examiner  les  escarpements  qui  dominent  la 
roule  depuis  le  Pas  du  Lancier  (lig.  1)  jusqu'à  l'issue  méridionale  de 


pas  du  Lander. 


la  combe,  pour   reconnaître  l'erreur  dans  laquelle  on  est  tombé  jus- 
qu'ici. Voici  les  diverses  assises  que  j'y  ai  rencontrées  : 

a.  Terrain  crétatè  :  Néocomien.  ~  Calcaire  à  grain  6o,  litliographiqat;,  jaune 
clair,  grisâtre  par  alIËralinn,  allcrcBDl  en  lianes  peu  épais  avec  des  couches  mar- 
neuses assez  riclies  en  Spatangues. 

I^  calcaire  néocomien  m'a  paru  sur  ce  point  passablement  dislo- 
qué, et  l'inclinaison  générale  vers  le  sud  y  est  soumise  à  de  nombreu- 
ses variations.  Les  strates  semblent  moins  inclinées  sur  la  rive 
droite  que  sur  la  rive  gauche  de  l'Aigucbrun  ;  de  plus,  le  plongemeni 
n'est  pas  le  même  des  deux  c«^tés  du  torrent,  ce  qui  pourrait  faire  sup- 
poser l'existence  d'une  t'aille  ou  tout  au  moins  d'une  fracture  ayani 
déterminé  le  passage  des  eaux,  et  que  celles-ci  auraientpcuà  peu  élar- 
gie et  atTuuillée,  ainsi  qu'en  témoignenL  les  roches  souvent  usées, 
(otmé&s,  excavées,  des  immenses  parois  de  la  combe. 

1.  Sabte  marneux,  grii-eerdàlre,  incohérent,  parsemé  de  nodulet  tahai- 
ret  blanchdtrru .  —  Dans  Il-s  18  mètres  infi^ricurs  sont  répartis  4  à  5  bancs 
de  galels  de  silex  vcrdâtres  à  la  surface,  souvent  d'assez  Torte  taille.  Stralili- 
calion  Irès-caprtcieusc  ;  les  galets  du  silex  forment  parfois  des  amas  chao- 
tiques. —  Épaisseur  approximative 10  à    HfOO 

3.  Conglomérat  ou  plutûl  bridie  caUairi  à  iUmfntt  de  tonte  taille  dans 
le  plut  grand  iiiordre. —  Faciès  très- tourmenta.  Les  cailloux  néoconiiens  do- 
minent il'uno  manière  sensible;  quelques-uns  Kont  pcrfoiiïs.  On  remarque 
Missi  des  galcls  et  inenie  des  hlocs  d'un  grès  siliceux  rougeAtre,  prove- 
nant sans  doute  do  la  di^nudalinn  des  Sables  et  argiles  btgarré.s.  Le  tout  est 
cluientt.'  par  un  sable  fin,  marneux,  venlâlre.  analogue  il  celui  igiiie^l  sub- 


1878.  PONTANNES.  —  NÉOGÈNE  DE  GUGURON.  473 

ordonné  au  conglomérat.  —  Épaisseur 4"00 

3.  Mollasse  calcaire  bréchoïde,  très-compacte,  très-dure,  à  éléments  peu 
volumineux  et  de  plus  en  plus  petits  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  la 
partie  supérieure.  —  Les  débris  organiques  deviennent  au  contraire  de  plus 
en  plus  abondants,  et  dans  les  25-30  mètres  supérieurs  forment  presque  à 
eux  seuls  la  masse  du  dépôt.  Les  parties  plus  particulièrement  accessibles 
aux  dissolvants  atmosphériques  montrent  en  relief  des  débris  de  PectenfP, 
prœscabriusculus  ?J,  des  v&lvea  d'Huîtres  de  petite  taille,  des  baguettes  d'Our- 
sins fCidaris  ÀvenionensisJ,  des  Bryozoaires  (NuUipores,  ce),  des  Spon- 
giaires, etc.  L'ensemble  de  cette  assise  est  divisé  assez  régulièrement  en 
bancs  de  30  à  40  centimètres.  —  Épaisseur  totale 70  à    80"00 

La  mollasse  calcaire  à  Nullipores  fait  corps  avec  le  calcaire  nëoco- 
mien  et  ne  se  distingue  pas  facilement  à  une  simple  inspection  de  la 
chaîne  du  Luberon;  elle  se  prolonge  jusqu'à  l'issue  de  la  gorge  de 
Lourmarin,  où  ses  dernières  couches  sont  subordonnées  aux  dépôts 
meubles  qui  constituent  le  sous-sol  du  bas  plateau  de  Cucuron. 

4.  Marne  sableuse  jaunâtre.  —  L'inclinaison  de  cette  assise,  d'abord  égale  à  celle 
du  substratum,  c'est-à-dire  à  près  de  45*,  diminue  ensuite  peu  à  peu.  Je  n'ai  pas 
recueilli  de  fossiles  sur  ce  point. 

En  se  dirigeant  vers  Lourmarin,  on  marche  sur  cette  même  marne 
sableuse,  plus  ou  moins  recouverte  par  les  alluvions,  et  dont  l'épais- 
seur est  difficile  à  évaluer  par  suite  des  modifications  que  subit  l'incli- 
naison des  strates.  Je  ne  croîs  pas  cependant  qu'elle  puisse  être  moin- 
dre que  i50'"00 

A  400  mètres  environ  de  la  combe,  commence  une  série  de  buttes 
ou  mamelons  qui  dénotent  la  présence  d'une  roche  plus  résistante. 

5.  Grès  dur,  calcaire,  jaundire,  à  empreintes  ocreuses  ;  dents  et  os  de  Poissons, 
Balanes,  Turritella  bicarinata,  Pecten  substriatus,  Àrca  Turonica? — Dans  le  haut, 
ce  grès  devient  très-ferrugineux  cl  se  charge  d'un  grand  nombre  de  petits  galets 
calcaires.  —  Épaisseur 3  à  4"00 

C'est  ce  grès  calcaire  qui  couronne  la  butte  des  Oinoux  et  supporte, 
un  peu  plus  au  sud,  le  château  de  Lourmarin  ;  les  érosions  qui  ont 
laissé  subsister  ces  deux  monticules,  ont  mis  à  nu,  à  leur  base,  les 
marnes  sableuses  jaunes,  4,  qu'on  voit  passer  par  transitions  peu  sen- 
sibles au  grès  ferrugineux,  5. 

Entre  Lourmarin  et  la  colline  de  Cadenet,  dont  les  pentes  septen- 
trionales sont  désignées  sous  le  nom  de  Les  Gardis,  le  sous-sol  est  for- 
mé de  sables  jaunes  ou  verdâlres,  plus  ou  moins  marneux,  au  milieu 
desquels  pointent  quelques  bancs  d'une  lumachelle  ferrugineuse  rou- 
geâire,  6  ;  mais  la  rareté  et  le  peu  de  développement  des  affleurements 
ne  permettent  pas  d'étudier  convenablement  ces  dépôts.  Il  n'en  est  pas 
de  même  des  Gardis,  au  pied  desquels  j'ai  pu  relever  la  coupe  suivante  : 


474  FONTANNES.   —  iNÉOGÈNF.  DK  GUCURON.  29  avril 

7.  a.  Sables  marneux  jaunâtres 

6.  Calcaire  marno-sableux  (1"  banc)  ;  Pecten  scabrinsculus,  P.  plano- 
sukatns,  P,  subvarius,  Ostrea  Boblayci,  0.  digitalina,  Àrca  Tura- 
nica,  Panopœa,  Tapes,  Echinolampas  hemiKphœricu^,  etc. —  Épaisseur.      2"00 

c.  Sable  marneux;  faune  peu  variée  :  Pecten   scabrinsculuf  de  grande 

Uille 8  à  10.00 

d.  Calcaire  marno-sableux  (2*  banc)  :  Pecten  scabriuscuhis  ;  nombreuses 
empreintes  de  petites  espèces 1 .00 

e.  Sable  marneux  peu  fossilifère 4.00 

f.  Calcaire  marno-sableux  (3*  banc)  :  Pecten  scabriu^culus 4.00 

g.  Marne  sableuse  jaune,  peu  fossilifère 

Les  couches  qui  suivent  ces  alternances  de  sables  marneux  pauvres 
en  fossiles,  et  <te  calcaires  marno-sableux  piu^^ntant  au  contraire  une 
faune  remarquable  par  le  nombre  des  individus  et  par  les  dimensions 
decertainsd'entreeux,sonten  partie  recouvertes  par  les  caillouxébou- 
lés  des  Alluvions  anciennes,  qui  couronnent  le  plateau.  Cependant,  en 
redescendant  du  côté  de  Cadenet,  on  peut  encore  reconnaître  la  pré- 
sence, sinon  mesurer  exactement  Tépaisseur  des  assises  suivantes  : 

Limon  rouge,  cimentant  sur  certains  points  le  cailloutis  superposé 

Calcaire  et  marnes  palustres  à  Hélix  Christoli 30  à    40"'00 

Marnes  grises  à  Proto  rotifera 10  à    U'.OO 

Ces  marnes  grises  reposent  plus  ou  moins  directenient  sur  le  dernier 
banc  de  calcaire  marneux  à  Pecten  scabriuscuhis,  qui  projette,  en  avant 
des  dépôts  superposés,  une  sorte  (rentablcment,  sur  le  bord  du(|uel 
s'élèvent  les  ruines  du  Château.  Au-dessous,  la  colline  s'abaisse  brus- 
quement, en  formant  un  escarpement  de  près  de  100  mètres,  qui  do- 
mine la  plaine  de  la  Uurance,  et  le  long  ducfuel  s'échelonnent  les  mai- 
sons deCadenet.  On  peut  y  étudier,  dans  des  conditions  plus  propices,  les 
assises  marno-sableuses  des  environs  de  Lourmarin,  et  surtout  celles 
Immédiatement  subordonnées  aux  couches  à  P.  scabnusculus,  enta- 
mées ici  par  la  pioche,  qui  jadis  y  creusa  d'assez  dangereux  abris  et 
qui  en  extrait  aujourd'hui  de  médiocres  matériaux  de  construction. 


II.  Coupe  de  Vaugines  au  Castelar  (PI.  IV,  fig.  2). 

Quoiijue  la  plupart  des  assises  .subordonnées  au  limon  rouge  soient 
difficiles  à  reconnaître  dans  la  petite  combe  de  La  Georgette,  creusée  au 
nord  de  Vaugines,  sur  les  flancs  du  Luberon,  cette  coupe  n'en  est  pas 
moins  intéressante  à  suivre  jus(|ue-là,  à  cause  du  plongement  anui^- 
mal  des  assises  tertiaires  que  M.  Se.  Gras  a  cru  y  observer. 

«  Il  est  à  remarquer,  dit  cet  auteur,  <]ue  les  couches  tertiaires  dont 


1878.  -FONTANNES.  —  NÉOGÈNE  DE  CUGURON.  475 

nous  venons  de  parler  (calcaire  lacustre  et  limon  rouge),  au  lieu  de 
se  relever  contre  la  base  du  Léberon,  qu'elles  recouvrent  sur  une 
grande  longueur,  plongent  au  contraire  de  son  côté,  et  qu'elles  con- 
servent cette  inclinaison  discordante  jusqu'au  contact  même  du  cal- 
caire néocomien.  En  cherchant  à  nous  rendre  compte  de  la  cause 
d'une  disposition  aussi  anormale,  nous  avons  pensé  qu'on  pouvait  la 
trouver  dans  une  ondulation  souterraine  du  terrain  néocomien,  qui,  à 
une  certaine  distance  du  Léberon,  aurait  renversé  contre  lui  les  cou- 
ches adjacentes  (i).  •  Cette  hypothèse  est  appuyée  par  deux  coupes  (2), 
qui  lui  donnent  la  plus  grande  vraisemblance. 

Or,  lorsqu'après  avoir  gravi  les  collines  qui  avoisinent  Vaugines,  on 
continue  l'ascension  du  Luberon,  on  arrive  dans  une  petite  combe  qui 
sépare  en  efi^et  le  limon  rouge  du  calcaire  crétacé,  mais  dont  les  ter- 
rains n'appartiennent  ni  à  l'une  ni  à  Tautre  de  ces  deux  formations. 

La  grange  La  Georgette,  située  à  une  altitude  de  près  de  SÛOi»,  sur 
la  pente  septentrionale  de  la  combe,  est  adossée  à  un  grès  mollassique 
très-dur,  qui  supporte  les  assises  suivantes  : 

o.  Marne  sableuse  verdàtre. 

6.  Marne  sableuse  foncôe;  épaisseur  approximative,  20  à  25  mètres. 

c.  Sable  marneux  jaunâtre. 

d.  Sable  jaune  compacte. 

Ces  sables  plus  ou  moins  marneux  et  compactes,  dont  je  ne  puis 
préciser  le  niveau,  faute  de  fossiles,  mais  qui  appartiennent  bien  cer- 
tainement à  la  zone  moyenne  du  Miocène  marin,  plongent  très-évi- 
demment vers  le  sud,  et  je  ne  puis  m'expliquer  l'assertion  de  M.  Se. 
Gras,  qu'en  supposant  que  ce  géologue  s'est  borné  à  parcourir  du  re- 
gard les  monticules  rougeâtres  qui  s'élèvent  au  nord  de  Vaugines.  En 
effet,  de  Vaugines  même  on  ne  peut  soupçonner  l'existence  de  la 
combe  de  La  Georgette,  et  le  limon  rouge  qui,  près  du  village,  plonge 
vers  le  nord,  parait  butter  contre  la  craie.  Mais  il  suffit  de  suivre  les 
ravins  qui  découpent  en  une  longue  série  de  collines  parallèles  la 
nappe  de  limon  étendue  au  pied  du  Luberon,  pour  voir  celle-ci  se 
relever  bien  avant  d'atteindre  le  calcaire  néocomien. 

En  parcourant  la  combe  de  La  Georgette,  on  peut  retrouver  toute  la 
série  miocène  du  plateau  de  Cucuron,  mais  dans  des  conditions  peu 
favorables  aux  observations;  il  faut  donc  se  borner  à  en  constater  la 
présence,  et  aller  les  étudier  près  dd  village  même  de  Vaugines.  On 
ne  tarde  pas  à  dépasser  la  ligne  synclinale  et  à  voir  apparaître,  sous 
le  limon  rouge,  a,  les  assises  suivantes,  fortement  inclinées  vers  le  sud  : 

(1)  Descr,  géoL  dép.  Vaucluse,  p.  209. 

(2)  Op.  cit.,  pi.  I,  tig.  7,  et  pi.  II,  tig.  15. 


476  FONTANNES.   —  NÉOGÈNE  DE  GUGUIfON.  29  avri 

h.  Calcaire  blanc  à  Hélix  Ckrittoli, 

c.  Marne  à  lignite. 

d.  Marne  et  sable  fin,  sans  fossiles  (?}.  —  Ce  dépôt  est  très-constant;  on  le  ren- 
contre dans  toute  cette  région  à  la  limite  des  formations  marines  et  des  dépôts 
lacustres. 

e.  Marne  grise  à  Proto  rotifera  et  Cardita  Jouanneti, 

f.  Calcaire  marno-sableux  à  Peeten  scabriutculus,  P,  Cavarum,  P.  planosulccUus. 
alternant  avec  des  marnes  foncées,  caillouteuses,  à  Ventis  islandicoïdes,  Tellina 
laeunosa,  renfermant  de  véritables  bancs  d'Ostrea  digitalina.  Le  calcaire  forme 
trois  bancs  bien  distincts,  dont  les  épaisseurs  relatives  sont  les  mêmes  qu'aux 
Gardis  (Y.  coupe  I). 

Cette  dernière  assise,  qui,  soulevée  par  le  repli  crétacé  de  La  Dcboul- 
lière,  forme  dans  tout  le  bassin  de  Cucuron  un  bourrelet  parallèle  à 
la  chainodu  Luberon,  porte  généralement  dans  le  pays  le  nom  de  la 
Roche,  A  Vaugines,  où  elle  est  fortement  redressée,  elle  repose  sur  des 
sables  marneux,  à  peu  près  sans  fossiles,  formant  talus  au  nord  de  la 
route  qui  traverse  le  village. 

Au  sud  de  la  Roche  s'étend  une  vaste  plaine  creusée  dans  des  couches 
très-meubles,  dont  Tétude  serait  bien  difficile  sans  l'inlercalation,  dans 
cette  puissante  masse  sableuse,  de  bancs  plus  compactes  qui  pré- 
sentent quelques  affleurements  intéressants  et  seirvent  ainsi  de  points 
de  repère.  Voici  la  série  des  couches  que  j'ai  pu  reconnaître  : 

g.  Sable  marneux  jaunâtre,  immédiatement  subordonné  à  la  Roche  de  Vaugines  et 
entaillé  par  la  nouvelle  route  ;  visible  sur 15  k    20"00 

La  culture  no  permet  pas  d'observer  les  dépôts  qui  suivent,  sur  une 

longueur  de  près  de  100  mètres  ;  au-delà  on  trouve  : 
h.  Calcaire  marneux,  pétri  de  débris  de  coquilles  formant  lumachelle  ;   ce 

banc  est  exploité.  —  Épaisseur 2.00 

t.  Marne  sableuse  grise 1  à      2.00 

y.  Calcaire  marneux,  se  divisant  en  plaquettes  dont  les  joints  montrent  des 

empreintes  et  des  moules  en  grand  nombre.  Toutes  les  coquilles  paraissent 

de  très-petite  taille;  les  Corbules  dominent.  On  reconnaît  aussi  quelques 

Gastéropodes,  de  petits  Peeten  (P.  Fachsi,  vàr.?),  des  Arches,  etc —      4.00 

k.  Marne  sableuse  grise 2.00 

(.Marne  sableuse  compacte,  à  nodules  calcaires  blanchâtres  :  pinces  de 

Cancériens,  Anomia,  Peeten  Fuchsi,  var.? 
m.  Marne  sableuse  grossière,  grise,  tachetée  d'hydroxyde  de  fer,  et  bancs 

compactes  intercalés. 
Les  couches  l  et  m.  qui  forment  un   repli  de  terrain  assez  accentué, 

peuvent  avoir  ensemble  une  épaisseur  de 7  à      8.00 

n.  Sable  marneux,  peu  épais,  constituant  une  légère  dépression  entre  la 

couche  précédente  et  la  suivante. 
0.  Marne  plus  ou  moins  sableuse,  grisâtre 3.00 

Au-delà,  il  est  de  nouveau  impossible  d'observer  le  sous-sol  jusqu'au 
pointcment  de  calcaire  néocomien  de  La  Deboullicre,  qui  explique  le 


1878.  PONTANNES.  —  NÉOGÈNE  DE  CUCURON.  477 

plongement  vers  le  nord  des  couches  qu'on  rencontre  depuis  ici  jus- 
qu'à Yaugines.  En  suivant  le  Laval,  qui  le  traverse  par  une  étroite 
coupure,  on  peut  voir  distinctement  la  structure  en  voûte  de  cet  îlot 
crétacé,  dont  les  flancs  sont  à  certains  niveaux  criblés  de  perforations. 
Les  assises  tertiaires  qui  au  midi  sont  soulevées  par  la  Craie  de  La 
Deboullière  appartiennent  à  un  groupe  fort  important  à  cause  de  sa 
constance  dans  tout  le  bassin  du  Rhône  et  comprenant  : 

p.  Sable  jauDâtre,  fcrrugiDeuz,  avec  ÎDtercalatioDS  de  lits  plus  ou  moins 
marneux  :  Myliobates,  Ostrea  crassitsima,  Pecten  tubstriatus,  Àmphiope 
perspicillata.  —  Épaisseur 10  à    15"00 

q.  Grès  lumacheiie  caractérisé  par  l'abondance  des  moules  d'une  petite  es- 
pèce de  Cardium;  dents  de  Squales,  Turritclla  bicarinata,  etc. 

Les  sables  à  Amphiopes  et  le  grès  à  Bucardes  peuvent  s'observer 
aussi  sur  la  roule  de  Cadenet  à  Cucuron,  où  ils  forment  un  petit  ma- 
melon en  face  de  la  grange  Ripert. 

Les  couches  étant  inclinées  vers  le  sud  depuis  La  Deboullière,  on 
parcourt  de  nouveau  toute  la  partie  moyenne  et  supérieure  des  forma- 
tions miocènes  en  se  dirigeant  vers  la  colline  qui  fait  suite  à  celle  de 
Cadenet,  de  l'autre  côté  du  Laval,  et  dont  voici  la  coupe  : 

a.  Marne  sableuse  grise,  mouchetée  d'hydroxyde  de  fer,  compacte  au  som- 
met ;  visible  sur 45*00 

6.  Alternances  de  calcaire  marno-sableux  à  Pecten  scabriusculiu  et  P.  pla- 
nosulcatus,  et  de  marne  sableuse  grise  (7  de  la  coupe  des  Gardis  et  f  de 

celle  de  Yaugines) 40  à  45.00 

e.  Marne  grise  k  Proto  rotifera.  Venus  islandicoïdes,  etc 5  à  6.00 

d.  Marne  argileuse,  bleuâtre,  sans  fossiles  ? 3  à  4.00 

e.  Marne  à  lignite 15  à  20.00 

f.  Calcaire  blanc  à  Hélix  Christoli 50  à  55.00 

Le  calcaire  blanc,  qui  s'élève  abruptement  au-dessus  du  plateau 
formé  par  les  couches  à  Pecten  scabriusculics,  est  recouvert  d'un  cail- 
loutis  à  ciment  sableux,  dans  lequel  j'ai  remarqué  de  nombreux  cail- 
loux impressionnés.  On  sait  que  ce  caractère  a  joué  un  rôle  prédomi- 
nant dans  la  classification  de  certains  conglomérats  et  poudinguesdu 
Uauphiné,  assimilés  par  quelques  géologues  au  Nagelfluh  mollassique 
de  la  Suisse.  Le  cailloutis  du  Castelar  (1),  qu'on  retrouve  d'ailleurs  au 
sommet  des  collines  de  Cadenet,  de  Yillelaure,  est  classé  par  H.  Se. 
Gras  dans  son  terrain  lacustre  supérieur,  et  parallélisé  par  conséquent 
avec  les  poudingues  à  coquilles  d'eau  douce  du  Bas-Dauphiné,  dont 
les  environs  de  La  Tour-du-Pin  présentent  un  des  meilleurs  types. 

(1)  C'est  ainsi  qu'on  désigne  à  Cadenet  la  colline  qui  s'élève  sur  la  rive  gauche 
du  torrent  du  Laval  au-dessus  de  Notre-Dame  des  Anges. 


478  FONTANNES.    —  NÉOGÈNE  DE  CUCURON.  29  avril 


m.  Coupe  de  Cucuron  au  mont  Luhcron  (PI.  IV,  fig.  3). 

Cucuron,  depuis  longtemps  inscrit  dans  les  annales  de  la  Géologie, 
est  bâti  sur  les  dernières  assises  de  cette  masse  sableuse  qui  supporte 
les  couches  à  Pecten  planosulcatus,  et  dont  les  érosions  ont  épargné  un 
monticule  couronné  aujourd'hui  par  les  ruines  d'un  vieux  château.  Ces 
sables  fins,  marneux,  jaunâtres,  à  peu  près  sans  fossiles,  deviennent 
dans  le  haut  de  plus  en  plus  marneux  et  noirâtres,  et  passent  enfin  au 
calcaire  marno-sableux  à  P ,  planosulcatus,  qui,  fortement  incliné  vers 
le  nord,  dessine  au-dessus  de  la  petite  ville  une  crête  aiguë,  désignée 
sous  le  nom  de  Roclie  de  Cucuron, 

Si  du  chemin  de  Yaugines  qui  traverse  Cucuron,  on  monte  vers  le 
Luberon,  en  passant  au  pied  de  l'Ermitage,  perché  sur  une  colline  de 
limon  rouge,  on  rencontre  toute  la  partie  supérieure  du  Miocène,  for- 
mée par  les  assises  suivantes  : 

1.  Marne  sableuse,  foncée,  k  Pccien  golarium,  P.  scabriusculus,  P.  Cava- 

mm  de  petite  taille;  nombreux  Bryozoaires;  visible  sur 4  à      5"00 

"2,  Calcaire  marno-sableux  à  Pecten  planoutlcatus  (1"  banc),  P.  scabrius- 

eulus   de  grande  taille,  P.  nimius,  P.  subvarius.  etc 9  à    10.00 

3.  Marne  sableuse  ne  renfermant  que  quelques  débris  de  coquilles..  10  à    12.00 

4.  Alternances  de  bancs  plus  ou  moins  calcaires,  de  marnes  sableuses  et 

de  petits  lits  de  galets;  Ostrea  digitalina,  Yenm  islandicoides 13.50 

5.  Calcaire  marno-sableux  à  Pecten  pianos ulcatui   (9*  banc) ,   Ostrea  Bo- 

blayei,  nombreux  Pecten  atteignant  de  fortes  dimensions 2.00 

6.  Marne  sableuse,  foncée,  avec  intercalations  de  lits  do  galets  de  petite 

taille  ;  Ârca  Turonica,,  c;  banc  d'Ostrea  digitalina 4.00 

7.  Calcaire   mamo  -  sableux   à  Pecten  planosulcatus ,   P.    scabriu^culus 

(3»  banc) • 0.30 

8.  Marne  grise  à  Proto  rotifera 6.00 

9.  Marne  argileuse,  veinée  d'hydroxyde  de  fer;  Eastonia  rugosa...,    1  à      8.00 

C'est  la  partie  supérieure  des  marnes  de  Cabrières,  caractérisée  plus 
à  Test  par  un  banc  d'Ostrea  crassissima  intercalé  dans  les  couches  à 
Eastonia  rugosa. 

10.  Marne  grisâtre  et  sable  fin  jaunâtre 12  à    11.00 

Cette  dernière  assise,  qui  ne  m*a  fourni  aucun  fossile,  sépare  les 
derniers  dépôts  à  faune  marine  des  couches  palustres,  qui  forment  un 
peu  plus  loin  deux  monticules;  le  premier  donne  la  coupe  suivante  : 

11.  Marne  grise  à  Melanopsis  Narsolina 10"00 

12.  Marne  à  lignite,  pétrie  de  Bithinies  fB.  LeberonensisJ,  Planorbes,  Lim- 

nées,  c.  Les  Hélix  (H,  Christoli)  ne  deviennent  abondants  que  dans 
la  partie  supérieure. 
Les  couches  de  lignite,  peu  épaisses,  sont  au  nombn»  de  3  ou  4  et 


1878.  FO.NTANNES.    —   NÉOGÈNE  DE  GUCURON.  479 

présentent  le  môme  faciès  que  celles  qui  affleurent  au  même  niveau 
dans  le  bassin  de  Vis  an  et  dans  le  Bas-Dauphiné  septentrional...  5  à      8.00 
13.  Calcaire  blanc  à  Hélix  Christoli;  nombreuses  tubulures,  géodes  tapis- 
sées de  cristaux. 

Le  calcaire  blanc  devient  plus  marneux  dans  le  haut  et  passe  au 
limon  rouge,  qui  constitue  le  second  monticule  et  dont  les  dernières 
couches  cinjentcnt  les  fragments  d'une  brèche  assez  épaisse  (20  mètres 
environ),  dont  l'aspect  m'a  rappelé  celle  de  Pikermi. 

A  partir  du  vallon  qui  sépare  le  calcaire  à  Hélix  du  limon  rouge, 
les  couches  se  redressent  contre  le  Luberon,  et,  en  redescendant  la 
pointe  septentrionale  du  mamelon  de  l'Ermitage,  on  voit  réapparaître 
successivement  les  marnes  et  calcaires  d'eau  douce,  les  marnes  à  Proto 
rotifcra,  souvent  cachées  par  la  culture,  mais  se  révélant  par  de 
nombreux  galets  perforés  disséminés  dans  les  champs,  puis  les  cal- 
caires marneux  à  Pecten  scabriitsculus,  dont  l'épaisseur  sur  ce  point 
m'a  paru  très-réduite. 

Le  vallon  qui  longe  la  montagne  derrière  ce  premier  plan  de  col- 
lines a  été  creusé,  comme  celui  de  La  Georgette,  dans  les  sables  mar- 
neux, peu  fossilifères,  qui  s'étendent  au  sud  de  Cucuron  etde  Yau- 
gines.  Ici  aussi  on  voit  pointer,  comme  au  nord  de  La  DebouIIière, 
quelques  bancs  plus  compactes,  qui  présentent  de  nombreuses  em- 
preintes, parmi  lesquelles  dominent  celles  d'Acéphales  de  petite 
taille. 

Enfin,  le  chemin  de  Cadenet  à  Apt,  avant  de  s'engager  dans  la  gorge 
étroite  et  pittoresque  qui  lui  livre  passage, -entame  les  sables  ferrugi- 
neux à  Amphiope  pcrspi dilata  et  Ostrea  crassissima  (i"  niveau),  qui 
ne  sont  séparés  des  couches  crétacées  que  par  15  à  20  mètres  de  sables 
grisâtres,  plus  ou  moins  marneux. 

Je  n'ai  pas  pu  observer  en  cet  endroit  la  mollasse  à  Pecten  prœsca- 
briusculus  et  Nullippres  de  la  combe  de  Lourmarin,  qui  offre  d'ail- 
leurs, à  quelques  centaines  de  mètres  plus  à  l'est,  de  très-beaux  af- 
fleurements. 


IV.  Coupe  du  mont  Luberon  à  Villelaure  par    les  ravins  du  Canauc 

et  du  Vabre  (PI.  IV,  fig.  4). 

Ainsi  que  je  viens  de  le  faire  remarquer,  la  mollasse  à  Nullipores, 
qui  n'est  pas  visible  à  l'entrée  de  la  gorge  suivie  par  le  chemin  d'Apt, 
apparaît  très-nettement  plus  à  l'est,  sur  les  bords  escarpés  du  torrent 
(lu  Canauc.  Elle  repose  sur  un  gisement  fort  intéressant  des  Sables  et 
argiles  bigarrés,  dont  voici  la  coupe  : 


480  FONTANNES.  —  NÉOGÈNE  DE  GUGURON.         29  avHI 

Calcaire  néocomien. 

a.  Sable  siliceux  blanc,  veiné  d'argile  blanche  et  ocreuse 8"00 

6.  Argile  ocreuse,  de  teinte  claire,  veinée  de  blanc 8  à    10.00 

c.  Sable  argilo-siliceux,  blanchâtre,  renfermant  de  gros  blocs  d'un  grès 
calcédonieux,  à  cassure  brillante,  d'un  rouge  vineux  très-vif,  parsemé 
par  places  de  veines  et  de  taches  d'un  blanc  mat.  Ces  blocs  sont  régu- 
lièrement alignés  et  formaient  peut-être  une  couche  continue 10  à    12.00 

d.  Sable  argilo-siliceux,  gris-jaunâtre 4  à      5.00 

Ces  sables  et  argiles  supportent  la  mollasse  à  Pecten  prœscabritis-- 
cultis,  débutant  ici,  comme  dans  tout  le  bassin  du  Rhône,  par  des  lits 
de  galets  de  silex  à  surface  verdâtre,  et  caractérisée  par  une  abondance 
extraordinaire  de  Nullipores.  Les  Pecten  sont  aussi  très-nombreux, 
mais  à  Tétat  fragmentaire  et  par  conséquent  assez  difficiles  à  déter- 
miner; on  y  reconnaît  cependant  les  P.  prœscabriusculus  et  P.  latis^ 
simtis,  si  constants  à  ce  niveau,  ainsi  que  de  nombreux  Bryozoaires, 
des  Polypiers,  etc. 

En  suivant  la  ligne  de  contact  des  formations  crétacée  et  tertiaire, 
on  peut  étudier  quelques  affleurements  isolés  de  la  mollasse  à  Nulli- 
pores, des  sables  verdâtres  et  du  conglomérat  que  j'ai  signalés  à  l'en- 
trée de  la  gorge  de  Lourmarin  ;  mais  ils  sont  le  plus  souvent  couverts 
d'une  masse  d'alluvions  ou  plutôt  d'éboulis,  atteignant  parfois,  au 
pied  même  des  pentes  néocomiennes,  l'épaisseur  de  15  à  20  mètres. 
Aussi,  pour  reconnaître  la  série  complète  des  assises  miocènes,  faut-il 
explorer  tous  les  ravins  qui  sillonnent  les  contreforts  du  Luberon  en- 
tre Cucuron  et  Cabrières. 

L'un  des  plus  favorables  aux  observations  stratigraphiques  est  le 
ravin  du  Yabre,  qui  se  dirige  en  droite  ligne  vers  le  sud  jusqu'à  An- 
souis,  où  son  mince  filet  d'eau  se  réunit  aux  ruisseaux  des  Clots  et  du 
Reynard  pour  former  le  Marderie  (1),  qui  se  jette  dans  la  Durance 
entre  Cadenet  et  Yillelaure. 

A  l'altitude  approximative  de  580  mètres,  le  Yabre  coupe  la  mol- 
lasse à  Nullipores,  presque  verticale,  contre  laquelle  s'appuie,  avec 
une  inclinaison  notablement  moindre,  la  masse  puissante  des  sabler 
caractérisés  dans  leurs  couches  inférieures  par  les  Amphiope  perspicil- 
laia,  Ostrea  crassissima,  Pecten  FucJisi,  var.  ?,  etc. 

Plus  bas,  vers  470  mètres  d'altitude,  des  bancs  gréso-calcaires,  pé- 
tris de  Pecten  de  petite  taille  du  groupe  du  P.  scabriusculus,  suppor- 
tent les  marnes  grises  à  Proto  rotifera  et  Ancillaria  glandifortnis, 

(1)  Dans  toute  la  Provence,  dans  le  Comtat  et  jusqu'à  Valence  au  moins,  ce  nom 
malsonnant  est  aussi  communément  employé  pour  désigner  de  petits  cours  d'eau, 
que  ceux  de  nant  dans  les  Alpes  et  de  gave  dans  les  Pyrénées  pour  désigner  les 
torrents. 


1878.  FONTANNRS.   —   NKOGÈNE  DE  CUCURO?f.  481 

moins  inclinées  encore  que  les  assises  subordonnées;  puis,  en  conti- 
nuant vers  le  sud,  on  ne  larde  pas  à  reconnaître  sur  les  flancs  du  ra. 
vin  les  marnes  et  sables  sans  fossiles  ?,  les  marnes  et  calcaire  à  lignite 
et  Ilelix  ChristoU,  enfin  le  limon  rouge,  dont  les  strates,  de  moins  en 
moins  inclinées,  deviennent  à  peu  près  horizontales  vers  le  chemin  de 
Cucuron  à  Cabrières,  où  passe  la  ligne  synclinale  de  celte  cuvette  mio- 
cène. 

Au-delà,  les  mêmes  couches  se  redressent  de  plus  en  plus  en  sens 
contraire,  jusqu'à  la  route  de  Grambois,  au  nord  de  laquelle  on  peut 
facilement  se  rendre  compte  de  Ténorme  développement  des  marnes 
sableuses  noirâtres  subordonnées  aux  couches  à  Pecten  planosulcatus, 
et  qui  certainement  dépassent  ici  ^00  mètres.  Les  fossiles  y  sont  très- 
rares  et  je  ne  puis  citer  de  ce  niv^.au  que  des  valves  de  petite  taille 
d'un  Pecten  du  groupe  du  P.  Fuchsi. 

Entre  la  route  de  Grambois  et  Ansouis,  le  Yabre  traverse  les  sables 
et  grès  à  Amphiope  perspicillata  et  Ostrea  crassissimat  qui  constituent 
une  série  de  buttes  (^Tronc,  Sarlin,etc.),  aussi  caractéristiques  de  cette 
formation  que  les  fossiles  qu*on  y  rencontre.  Les  strates  en  sont  d*abord 
faiblement  inclinées  vers  le  nord,  mais  un  peu  en  amont  du  mamelon 
qui  porte  le  village  et  le  beau  château  d' Ansouis,  elles  plongent  de 
nouveau  et  assez  fortement  vers  le  sud. 

Cette  nouvelle  direction,  qui  est  la  directiou  normale,  localement 
modifiée  par  l'ondulation  crétacée  de  La  Deboullière,  met  en  évidence 
sur  la  rive  gauche  du  Reynard,  au  pied  même  de  la  butte  d*Ansouis, 
une  marne  sableuse  foncée,  au-dessus  de  la(]uelle,  en  gravissant  Les 
Patis,  versant  septentrional  de  la  colline  de  Villelaure,  on  peut  rele- 
ver la  coupe  suivante  : 

a.  Calcaire  mollassiquo  blanchâtre,  jaunâtre  dans  le  haut,  pétri  de  débris 
de  coquilles  et  de  valves  de  Balanes 15  à    2fl"00 

k.  Calcaire  maroo-sableux  ferrugineux  :  Turritella  bicarinata,  Pecten  «co- 
ffriwiculus  et  P.  Cacarum  de  petite  taille,  nombreux  moules  de  Cor- 
bules 4  à      5.00 

c.  Sable  marneux  jaunAtre,  devenant  de  plus  en  plus  grossier  et  ferrugi- 
neux ;  débris  d'Huitres  et  de  Peignes  de  petite  taille 6â      8.00 

d.  Calcaire  marno-sableux  micacé  :  Ostrea  Boblayei,  empreintes  de  Solen, 

de  Corbules,  ce 1.50 

e.  Calcaire  marno-sableux  micacé  :  Pecten  planosulcatus,  P.  subvarius,  P. 
seabriuscultis,  Echinolampas  cf.  E.  hemisphœricu^ 8  à    10.00 

La  plupart  des  espèces  atteignent  des  dimensions  exeeptioanelles. 

Les  couches  superposées  à  cette  dernière  assise,  qui  représente  la 
Roche  de  Cucuron,  sont  recouvertes  par  d'épais  éboulis;  elles  se  ré- 
vèlent cependant  par  des  débris  i\[x\  permettent  de  constater  la  pré- 

31 


482  FOMANNES.   —  NÊOT.KM:  de  CUCUIION.  2î)  avril 

seiice,  au-dessus  des  marnes  à  Proto  rôti  fera,  des  marnes  el  calcaire 
blanc  à  Ilrlix  ChrisloU.  Ce  dernier,  qui  affleure  ici  a  près  de  ÎÎOO  mè- 
tres d'altitude,  se  retrouve  a  230  mètres  au-dessus  du  village  de  Vîlle- 
laure,  sur  le  versant  méridional  de  cette  même  colline,  dont  le  sommet, 
comme  celui  des  ilôts  du  Castelar,  de  Cadenel,  est  constitué  par  le 
limon  rouge  et  par  les  alluvions  à  cailloux  impressionnés. 

V.  Coupe  du  rnont  Luhcron  à  Vcttmg  de  la  Bonde  par  GaWièrcs- 

d  Aiguës  (PI.  lY,  lig.  5). 

Les  coupes  qui  précèdent  suffiraient  amplement  à  taire  connaître 
les  divers  dépôts  tertiaires  qui  affleurent  entre  le  Luberon  et  la  Du- 
rance.  Je  crois  cependant  devoir  y  joindre  celle  des  environs  immé- 
diats de  Cabrières-d'Aigues,  à  cause  de  la  notoriété  accjuise  à  ce 
gisement,  qui  est  sans  contredit  un  des  meilleurs  types  du  Miocène 
supérieur  dans  le  bassin  du  Rhône. 

Lorsqu'on  se  rend  de  Cucuron  à  Cabrières,  on  aperçoit  au  nord-est 
de  ce  dernier  village  un  immense  talus  sablonneux,  — sorte  de  digue 
respectée  par  les  torrents  de  la  montagne,  — qui  s'étend  perpendiculai- 
rement au  Luberon  sur  une  longueur  d'au  moins  7  k  800  mètres.  Si 
on  le  remonte  jusqu'à  son  extrémité,  on  voit  que  les  couches  int'é. 
Heures  de  la  masse  qui  le  constitue  sont  fortement  redressées  contre 
un  calcaire  mollassique,  ferrugineux,  à  Ostrea  crassissitua,  Pecten  cl*. 
P.  prœscabriusculiis,  Panopées,  superposé  lui-même  à  une  lumachelle 
grisâtre,  compacte,  très-dure,  avec  conglomérat  à  la  base. 

Les  sables  qui  reposent  sur  la  mollasse  à  Pecten  cl*.  P.  prœscabrius- 
cuhis  sont  marneux,  jaune-verdâtres  et  tort  peu  fbssilitères.  On  re- 
marque toutefois,  dans  presque  toute  la  masse,  des  débris  de  Peignes 
de  petite  faille,  et  quelques  couches  un  peu  inoins  pauvres  m'ont 
fourni  des  Ostrea  caudata,  Pecten  suhstriatus,  Scutelta  Panlensis, 
ainsi  que  des  dents  de  Lamna  et  de  Mt/îiobaûcs  en  assez  grande 
abondance.  L'épaisseur  de  celte  formalioii  est  considérable,  mais  dd- 
licile  à  évaluer;  elle  m'a  paru  dépasser  iOO  mètres. 

Les  couches  superposées  à  ces  sables,  qui  constituent  la  zone 
moyenne  du  Miocène  marin  du  plateau  de  Cucuron,  viennent,  par 
suite  d'une  cassure  très-nette,  buter  contre  eux  avec  une  inclinaison 
très-faible.  Ce  sont  des  marnes  sableuses  grises,  où  l'on  rencontre 
plusieurs  bancs  iVOstrca  digitaiina,  ainsi  que  d'assez  nombreux  Pec- 
ten, le  plus  souvent  en  njauvaisélat.  Ces  marnes,  qui  deviennent  jau- 
nâtres dans  le  haut,  supportent  l'ensemble  des  couches  caractérisées 
par  le»  P.  scabriuaculus,  P.  Cavarum,  P.  planosulcatus,  qui  compren- 


1878. 


-  nk«;enr  rk  cicuHO^. 


48J 


nent  ici,  îk  la  baiw,  un  bano  lie  caicaira  marneux  pétri  de  Turritella 
fncarinata.  Le  Pecten  Cavarum,  qui  occupe  un  niveau  un  peu  supé- 
rieur, e^t  remarquable  sur  ce  point  par  les  dimensions  qu'il  acquiert 
et  par  la  saillie  des  cinq  r<Mes  principales  de  la  valve  gauche. 

La  Roche  de  Cabrières  forme  un  plateau  presque  horizontal,  qui  dis- 
parait sous  les  marnes  à  Anciilaria  gtandifonnis  pi'ès  du  chemin  de 
(kicurou;  ù  partir  de  là  on  peut  reconnallre  la  série  normale  des  l'or- 
rnations  continentales  à  Melanopsis  Narzolina,  ù  Hélix  Ch-istali  et  à 
Nipparion  gracile. 

Les  strates  continuent  ù  plonger  vers  le  sud,  mais  sous  un  angle  de 
plus  en  plus  faible,  jusqu'à  la  route  de  Pertuis,  au-delà  de  laquelle  on 
les  voit  se  redresser  vivementen  sens  conlrarre  et  border  d'une  falaise 
abrupte  la  rive  sepietitrionale  du  gracieux  étang  de  la  BOnde.  C'est 
le  prolongement  de  la  Roclie  qui  dans  les  coupes  précédejites  domine 
Cucuron  et  Vaugines,  et  va  se  souder  à  la  chaîne  du  Luberon  entre  ce 
dernier  village  et  Lourmarin. 


Yi.  Coupe  de  Saint -Ckn'slophe  (Bouehes-du-Rhùne)  (fig.  2). 

Les  gigantesques  travaux  entrepris  pour  agrandir  et  améliorer  le 
bassin  d'épuration  où  séjournent  les  eaux  de  la  Durance  avant  de  se 
rendre  i  Marseille,  m'ont  permis  de  découvrir  un  gisement  d'un  grand 
intérêt  pour  les  éludes  que  je  poursuis  dans  le  bassin  du  fthùne. 

Au  pied  de  la  butte  calcaire  qui  se  dresse  en  face  du  pittoresque 
liémicjcle  de  collines  encadrant  l'îrnmeiise  réservoir  de  Saint-Chris- 
tophe, on  a  établi,  pour  le  service  des  chantiers,  un  chemin  qui,  tout 
|)rès  de  sa  jonction  avec  la  roule  de  Bogues,  passe  sur  un  lambeau  de 
marnes  plaqué  contre  la  Craie.  A  première  vue  je  lus  frappé  <le  l'ana- 
Ic^ie  de  ce  dépôt  (a,  fig,  2)  avec  certain  faciès  des  marnes  messi- 
niennes  du  bassin  de  Visan,  de  l'Ardèche,  de  la  Drôme,  etc. 

Fig.  2. 


48i  FOî^TA.VNRS.    —  NKOG^.NE  DE  CCCCJRON.  29  avril 

Ce  sont  (les  marnes  argileuses  grises  et  jaunes,  alternant  par  bancs 
de  O'^IO  à  0'"20,  cloisonnées  de  filets  plus  clairs  et  renfermant  des 
nodules  blanchâtres  provenant  peut-être  de  Tallération  de  galels  cal- 
caires. J'eus  assez  de  i)eineà  trouver  quelque  fossile  qui  vînt  confirmer 
le  rapprochement  que  me  suggérait  Taspect  pétrologiqne  du  gisement; 
je  parvins  cependant  à  recueillir  plusieurs  fragments  du  Tuvritella 
subangidata  et  quelques  valves  du  Corhula  gibba. 

C'est  peu,  mais  cela  suffit,  je  crois;  car  si  le  Corbula  gibba  est  peu 
caractéristi<]ue,  même  en  ne  considérant  que  le  bassin  du  Rliûne,  c*est 
bien  cependant  dans  les  marnes  du  groupe  de  Saint-Ariès  qu'il  se 
trouve  le  plus  communément  et  le  plus  constamment.  Quant  au  Tur- 
ritella  subangidata,  je  ne  le  connais  encore  que  des  dépots  messiniens 
(sec,  Mayer),  où  il  accompagne  soit  le  Cerithium  vidgatutn  (marnes  et 
faluns  de  Saint-Ariès),  soit  le  Pecten  Comitatus  (argile  de  Bouchet). 
Ce  n'est  pas,  d'ailleurs,  la  première  fois  qu'un  gisement  appartenant 
incontestablement  à  ce  groupe  néogène  ne  m'offre  guère,  pour  toute 
faune,  que  le  Turritella  subangulata;  mais  il  est  ordinairement  Irèb- 
abondant  et  souvent  accompagné  d'un  Oursin,  toujours  en  mauvais 
état,  que  je  rapporte  provisoirement  au  Schizaster  des  marnes  pi io- 
cènes  du  Roussillon  (S.  SciUœ,  Desor  ?). 

Les  marnes  à  Turritelles  de  Saint-Christophe  sont  sensiblement  in- 
clinées vers  le  sud;  elles  m'ont  paru  se  relier  ù  d'autres  dépôts  qui 
affleurent  à  quelques  centaines  dp  mètres  de  là. 

Au-dessus  du  hameau  de  Barcot,  situé  à  l'extrémité  du  pont  de  la 
Durance  et  transformé,  depuis  la  reprise  des  travaux,  en  une  vaste  cité 
ouvrière,  la  route  de  Rognes  coupe  une  argile  grise,  dure,  compacte, 
nettement  stratifiée,  et  dont  les  bancs  sont  séparés  par  de  petits  lits  de 
sable  jaunâtre.  Celui-ci  forme,  dans  le  haut,  des  couches  plus  épaisses, 
qui  alternent  assez  régulièrement  avec  l'argile.  Sur  les  joints  sableux 
de  la  partie  inférieure,  j'ai  observé  de  nombreux  débris  végétaux.  Les 
couches  plongent  vers  le  sud  et  ont  été  manifestement  entamées,  éro- 
dées  par  les  alluvions  qui  les  ont  recouvertes  d'un  épais  cailloutis. 

Je  n'ai  pas  réussi  à  y  trouver  le  moindre  fossile,  mais  tous  les  carac- 
tères que  Je  viens  de  signaler  rappellent  les  formations  saumâtres  ou 
d'eau  douce  superposées  dans  plusieurs  gisements  du  bassin  de  Visan 
aux  couches  à  Cerithium  vidgatum.  Je  ne  fais  cependant  ce  rappro- 
chement (|ue  sous  toutes  réserves  et  en  attendant  que  de  nouvelles  re- 
cherches m'aient  procuré  des  éléments  d'appréciation  moins  problé- 
matiques. 


1878.  FONTANNES.    —   NÊOGK.NE   DE  CL'CUKON.  483 


liésuiné. 

Je  D*ai  pas  jugé  à  propos  de  présenter  a  la  suite  de  chacune  des  cou* 
pes  qui  précèdent  le  résumé  des  faits  slrati^raphiques  qu'elles  met- 
tent en  évidence;  c eût  été  surcharger  crlte  Étude  de  redites  inutiles. 
Mais,  avant  de  décrire  et  de  classer  les  depuis  qu'elles  rencontrent,  il 
est  indispensable  d'indiquer  la  succession  des  diverses  assises,  telle 
qu  elle  ressort  des  observations  que  je  viens  d'exposer.  La  voici  dans 
Tordre  ascendant  : 

Nêoeomien,  —  Monl-Luberon,  La  Deboullière  (Yaucluse),  Saint-Chns- 
lophe  (Bouches-du-RhAnc) . 

Sables  et  argiles  bi;;arrôs,  avec  iotercalatioQ  de  grès  calcédooicux. 
—  Flancs  du  Luberon 30  à      40* 

CoQglomJral  à  galets  de  silei  à  surface  verdàlre. —  Gorge  de  Lour- 
inarin 10         15 

Mollasse  sableuse  gris-verdàtre. —  Gorge  de  Lourinarin 35         45 

Conglomérat  bréchiforme  à  gros  éléments  calcaires.  —  Gorge  de 
Lourmarin,  ravin  du  Canauc 2  4 

Mollasse  calcaire,  compacte,  à  Nullipores  :  Pecten  prœKabriu^culun, 
Cidaria  Avenionenùs.  —  Gorge  de  Lourmarin,  ravin  du  Canauc, 
Cadenot 60         70 

Mollasse  calcaire,  ferrugineuse,  à  Pecten  xiibbenedictut,  Ostrea  crat- 
tittima  ?  —  Cabrières-d'Aigues 1  S 

Marne  sableuse,  jaunâtre,  à  dents  et  ossements  de  Poissons.  —  Le 
Roure,  Cabrières 15         20 

Sable  marneux  plus  ou  moins  grossier,  à  Àmphiopc  perspicillata, 
Ostrea  cra^xissima.  —  Le  Roure,  La  Deboullière,  Grange  Ripert, 
Sorlin 15  25 

Grès  calcaire,  grès  h  Cardium,  Turritella  bicarinala,  —  Le  Roure. 
La  Deboullière,  Grange  Ripert 2  8 

Marne  sableuse,  noirâtre  ou  jaune-vcrdàtre,  à  Pecten  Fuchn, 
var.  ?  —  Lourmarin,  La  Deboullière,  Cucuron,  Le  Vabre,  Ansouis, 
Cabrières ?    150        200 

Marne  sableuse,  alternant  avec  une  lumachelle  marno-calcaire;  Pec- 
ten Fuchsi,  var.?,  Corbules  (cc),  Scutt'IIes.  — Lourmarin,  Vaugines, 
Aosouis 15         20 

Calcaire  marno-sableux,  à  Pecten  planositlcatui,  P.  scabriu^citlu^, 
Cardita  Jouanneti,  alternant  ave<î  des  couches  de  marne  caillou- 
teuse à  Venus  islandicoïdes,  Tellinu  lacunosa,  et  des  bancs  d'0«- 
trea  digitalina. —  Cadenet,  Cucuron,  Cabrières,  Villelaure,  Le  Cas- 
telar 30         40 

Marne  grise,  à  Ancillaria  glandiformis,  Proto  rolifera,  Rotella  sub-y 
tuturalif,  Cardita  Jouanneti. —  Cadenet,  Cucuron,  Cabrières,  Le. 
Castelar \       10         12 

Marne  grise  à  Ostrea  crassissima  [2^  niveau),  Eastonia  rugosa.  — ' 
Mêmes  localités 

Marne  et  sable  sans  fossiles  ;?;.  —  Cucuron,  Cadenet,  Cabrièreb....         8         10 


486  PONTANNES.   —   NÉOGKNE  DE  CL'CURON.  29  avril 

Maroe  à  lignite  et  MelanopsU  Narzoliua.  —  Cucuron \ 

Calcaire  maroeux  à  Hélix  Chrhlolù  —  Cucuron,  Cabrières,  Ville-!        40         50 

laure.  Le  Castelar,  Cadcnet ) 

Limoo  rougeâtre  à  Hipparion  gracile. —  Cucuron,  Cabrières,  etc. 

Épaisseur  maximum ?  50       55 

Enjlralification  discordante  avec  les  assi^es[préce'dentes  : 

Argile  grise  à  Tarritella  subangulata,  Corbula  gibbu. —  Saint-Chris- 
tophe  Visible  sur         4  5 

Argile  marno-sableuse  à  empreintes  végétales . .  .• ?     .15         àO 

Si  on  additionne  les  épaisseurs  que  je  viens  d*indiquer,  on  obtient 
le  total  approximatif  de  5  à  600  mètres  pour  toutes  les  assises  tertiai- 
res qui  s'étendent  à  la  base  du  versant  méridional  du  Luberon,  ce 
qui,  bien  entendu,  ne  saurait  signilier  que,  sur  aucun  point,  on  puisse 
observer,  ou  même  supposer  avec  raison,  un  développement  aussi  con- 
sidérable; car  il  est  manifeste  que  certaines  assises  n  atteignent  sou- 
vent leur  maximum  d'épaisseur  qu'au  détriment  de  celles  entre  les- 
quelles elles  sont  comprises.  C'est  d*ailleurs  ce  que  j'ai  pu  constater 
déjà  dans  le  bassin  de  Yisan,  où  le  développement  de  la  mollasse  à 
Pecten  j^rœscabriusculus  est  soumis  à  de  notables  variations. 


H.    DeSCRII»TION    et  CLASî>1FICATI0N  des  TEiUiy^INS. 

Dans  une  étude  récente  sur  les  terrains  tertiaires  du  bassin  du 
Rhône,  j'ai  donné  une  classification  des  formations  néogèncs  du  Com- 
tal,  qui  peut  être  considérée  comme  typique  et  servir  d'échelle  slrati- 
graphique  pour  toute  la  région  du  Sud-Est.  Je  la  reproduis  ici,  en 
mettant  en  regard  des  différentes  zones  «{ue  j'ai  distinguées  les  cou- 
ches qui,  suivant  moi,  les  représentent  dans  la  vallée  de  la  Duraînce.  H 
est  évident  que  la  plupart  des  assises  étant  des  dépôts  de  rivage  ou  de 
mer  peu  profonde,  les  caractères  en  sont  trop  variables  pour  que  la 
concordance  puisse  être  établie  pour  tous  les  termes  de  la  série.  Je 
crois  cependant  que  les  points  de  repère  sont  assez  nombreux  pour 
(|ue  les  parallélismes  indiqués  ici  présentent  des  garanties  suffisantes 
d'exactitude.  C'est  d*ailleui*s  ce  que  je  m'elî'orcerai  de  démontrer,  en 
mettant  en  évidence  pour  chaque  assise  les  analogies  sur  lesquelles  a 
clé  basée  la  classification  ci-contre  : 


FJMANMiS.   —  M^ÈNË  I>E  CUCUIION. 


a  l  à  l*S      3  .«-2  >  =     ,o.-|  <3  .2  g  I 

i  ï  î  îij  ;  Il  ;  =l-sî-  -  -s  s  ^  ^•,,- 

s  '  I  ilJ    I  11  3  I  53-  î  î  i  *  ~    i 

■S  ■'  >:  yî.  S  H  S  i  i4-:  s  -  I  I  s  I 


:  âi  î 


■=    .    s         C  t.n      3        e-î;      ^  a       g    &a^2  -g  a  =      B     ■=  g  * 


5*    -a       w    5    5     5     m    â    '«     o5<«âa  ■  "3     -gis 


488  FOWTANlfES.    —  ISÉOGÈNE   DE  CCCURON.  29  avril 

Sables  et  argiles  bigarrés  (I).  —  Le  principal  intérêt  du  gisenaent  du 
Canauc  réside  dans  la  présence  de  blocs  d'un  grès  rouge,  le  plus  sou- 
vent parsemé  de  taches  ou  de  veines  d'un  blanc  mat,  qui  sont  alignés 
comme  s'ils  étaient  les  débris  d'un  banc  régulier,  fragmenté  par  suite 
d'altérations  ou  par  le  fait  d'une  précipitation  irréguliëre  de  la  silice 
agglutinante.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  m'a  paru  certain  que  ce  grès  fait 
partie  intégrante  de  la  formation  argilo-siliceuse  au  milieu  de  laquelle 
il  se  trouve,  —  en  d'autres  termes,  qu'il  n'est  nullement  erratique. 

Dans  l'espoir  qu'une  étude  minutieuse  de  la  nature  de  cette  roche 
pourrait  fournir  quelque  éclaircissement  sur  l'origine,  aujourd'hui 
discutée,  des  sables  et  argiles  bigarrés,  j'en  ai  remis  plusieurs  frag- 
ments à  H.  Michel  Lévy.  Voici  le  résultat  de  l'examen  microscopique 
auquel  notre  savant  confrère  a  bien  voulu  les  soumettre  : 

a  Au  microscope,  les  divers  échantillons  se  comportent  à  ]>eu  près 
de  même  :  ce  sont  des  grès  à  grains  quarlzeux,  recimentés  générale- 
ment par  de  la  belle  calcédoine  (mélange  de  silice  colloïde  et  cristalli- 
sée), par  places  par  de  l'opale  byalitique  (silice  colloïde  sous  forme  de 
sphérolithes  à  zones  concentriques). 

»  Dans  le  grès  à  cassure  conchoïde  brillante  (comme  les  ladères),  la 
calcédoine  domine  à  l'exclusion  de  l'opale. 

•  Les  grains  de  quartz  sont  roulés,  parfois  brisés;  leurs  inclusions 
caractéristiques  à  liquide  aqueux,  avec  bulles  mobiles,  sont  parfois  à 
contours  polyédriques.  J'inclinerai  à  penser  qu'ils  proviennent  de  la 
démolition  de  la  granulite. 

»Ce  qui  confirmerait  cette  hypothèse,  c'est  qu'on  voit  quelques  très- 
rares  débris  d'une  substance  brunûtre,  fortement  polychroïque  dans 
les  tons  bruns,  et  sans  trace  de  clivages; ce  doit  être  <le  la  tourmaline, 
minéral  fréquent  dans  la  granulite  et  qui  résiste  bien,  comme  le 
quartz,  aux  causes  de  démolition  qui  ont  altéré  les  autres  éléments. 

»  Autour  de  chaque  grain  de  quartz  ou  de  tourmaline,  on  voit  une 
couronne  estompée  d'hématite  rouge  qui  expli(|ue  la  coloration  de  la 
roche  ;  puis  le  dment  calcédonieux  est  incolore  et  limpide.  » 

Les  Sables  et  argiles  bigarrés  n'ont  pas  encore  été  signalés  sur  le 
versant  méridional  du  Luberon,  où  ils  n'existent  sans  doute  qu'à  l'état 
de  lambeaux  difficiles  à  reconnaître  au  milieu  des  éboulis  de  la  mon- 
tagne. Le  gisement  du  Canauc,  d'un  abord  relativement  facile,  n'en 
est  donc  que  plus  intéressant.  Ses  caractères  sont,  d'ailleurs,  les  mê- 
mes que  ceux  des  sables  argilo-siliceux  de  Se.  Gras,  qui  se  retrouvent 


(1)  Bien  que  cette  formation  soit  tout  à  fait  indépendante  des  terrains  qui  font  l'ob- 
jet de  celte  étude,  je  crois  devoir  intercaler  ici  les  observations  que  j'ai  recueillies 
»ur  ces  d:»p(Ms,  dont  Vh^e  et  Torijjnnc»  sont  loin  d'ùtr;?  di'iiiitiveniint  établis. 


1878.  FONTANNES.  —  NÊOGKNTi:  DE  GUGURON.  489 

identiques  sur  un  grand  nombre  de  points  de  la  Provence,  du  Comtat, 
duDauphiné  (i).IIsseraltaclienl  enoutre,  très-probablement,  aux  sa- 
bles et  argiles  bigarrés  du  Gard«  placés  par  Émilien  Dumas  à  la  base 
de  son  étage  uzégien,  aux  formations  de  même  nature  signalées  par 
H.  Fabre  dans  la  JiOzère  et  par  M.  Potier  dans  les  Alpes-Marilimes, 
pour  ne  citer  que  quelques  gisements  du  Midi  de  la  France  ;  car  il  est 
à  présumer,  d'après  les  travaux  de  nombreux  géologues  suisses,  ita- 
liens, autrichiens,  que  des  dépôts  analogues  existent  dans  la  plus 
grande  partie  du  bassin  méditerranéen. 

On  sait  que  Se.  Gras  a  attribué  à  ces  sables  et  argiles  une  origine 
éruptive  ou  geysérienne,  hypothèse  admise  par  M.  Ch.  Lory  dans  son 
savant  ouvrage  sur  le  Dauphiné,  et  depuis  par  un  grand  nombre 
d'auteurs. 

Je  n'entrerai  pas  ici  dans  de  plus  amples  détails  au  sujet  de  cette 
formation,  qui  ne  se  rattache  que  très-indirectement  aux  terrains  qui 
doivent  faire  l'objet  de  la  présente  étude.  Elle  a  été  d'ailleui's  trop 
exactement  décrite  et  classée  par  MM.  Gras  et  Lory,  et  le  bassin  de 
Cucuron  n'apporte  qu'un  trop  faible  contingent  aux  notions  que  nous 
possédons  déjii,  pour  que  je  ne  me  borne  pas  à  renvoyer,  en  ce  qui 
concerne  ces  dépôts,  aux  travaux  de  mes  prédécesseurs,  analysés  et 
discutés  dans  mes  études  antérieures. 

Mollasse  à  Pecten  prœscabnuscuhis,  —  Sur  le  versant  septentrional 
du  mont  Luberon,  les  sables  et  argiles  bigarrés  sont  surmontés  de 
marnes  et  calcaires  sextiens  à  Smevdis,  Potamides,  empreintes  végé- 
tales, etc.  Ces  dépôts  lacustres  ou  saumatres,  qui  semblent  avoir  rem- 
pli des  bassins  isolés,  le  plus  souvent  d'une  étendue  assez  restreinte, 
manquent,  je  crois,  dans  les  environs  immédiats  de  Cucuron,  mais  re- 
paraissent plus  à  l'est,  d'après  Se.  Gras,  autour  de  Grambois. 

Sans  vouloir  insister  sur  un  rapprochement  que  la  paléontologie  ne 
peut  encore  confirmer,  je  ferai  remarquer  que  le  calcaire  d'eau  douce 
de  Montélimar  et  de  Salles  (Drôme),  considéré  généralement  comme 
plus  récent,  présente  des  localisations  analogues.  La  coupe  du  vallon 
des  Escharavelles  (1)  est,  à  ce  point  de  vue,  particulièrement  instruc- 
tive, en  ce  qu'elle  montre  le  calcaire  d'eau  douce  bien  développé  sur  la 
berge  occi(lentale,oiiil  forme  le  platcaude  La  Garde-Adhémar,  et  man- 
quant absolument  sur  la  berge  occidentale,  où  la  mollasse  marine  re- 


(1)  D(.*s  blocs  d'un  grès  semblahK'  à  celui  ilu  Canauc  se  rcnconlrcnt  en  abon- 
dance dans  le  bassin  de  Visan.  principalement  dans  les  environs  de  Saint-Paui- 
Trois-Chàteaux  et  de  Chanlenierle,  où  ils  sont  souvent  accompagnés  fie  fragments 
il'nne  brèche  à  éléments  siliceux  cimentés  par  de  la  silice  gélatineuse. 

(2)  Fontannes,  Le  bassin  de.  Visau.  pi.  VI. 


490  FONTANNES.   —  NÊOGÈ.NK   DE  Ct'CURON.  29  avril 

pose  directement  sur  les  Sables  et  argiles  bigarrés  II  en  est  ù  peu  près 
de  même  sur  le  versant  méridional  du  Luberon. 

Les  premières  assises  qu'on  observe,  près  de  Cucuron,  au-dessus 
des  dépôts  argilo-siliceux,  appartiennent  à  la  zone  intérieure  du  Mio- 
cène marin,  à  la  Mollasse  à  Pecten  prœscahrinsculus.  Attribuées  au 
Grès  vert  sur  la  carte  de  Se.  Gras,  elles  ont  été  maintenues  à  ce  ni* 
veau  dans  la  Description  géologique  du  dt^partement  de  Vaiicluse,  mais 
avec  une  hésitation  dont  on  doit  tenir  compte  à  Tauteur. 

Cette  erreur  est  d'autant  plus  regrettable  qu'elle  a  été,  jusqu'à  ce 
jour,  la  source  de  confusions  lâcheuses  dans  les  rapprochements  ({u'on 
a  établis  entre  les  stations  typiques  de  la  mollasse  dans  le  Dauphiné  et 
certains  gisements  de  la  Provence,  et  je  puis  d'autant  moins  me  l'ex- 
pliquer, que  les  couches  à  P,  prœscabriusculus  se  présentent  ici  avec 
des  caractères  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  leur  identité. 

A  la  base,  on  constate  aisément  la  présence  de  plusieurs  lits  de  ga- 
lets gris  ou  blonds,  à  surface  verdâtre;  or  je  ne  connais  pas  un  point 
du  bassin  du  Rhône,  depuis  le  Jura  jusqu'à  la  Mé^literranée,  où  l'on 
ne  trouve  ce  poudingue  ou  conglomérat  à  la  base  du  Miocène  marin, 
aussi  bien  contre  les  flancs  des  montagnes  encaissantes  qu'au  centre 
des  cuvettes  formées  par  les  soulèvements,  loi*squc  celles-ci  sont  à 
leur  tour  disloquées. 

Au-dessus  s'étendent  des  sables  marneux  verdûtres,  où  je  n'ai  re- 
cueilli aucun  fossile,  mais  qui  représentent  probablement  la  base  de 
la  Mollasse  sableuse  à  Scutella  Paulensis  du  Dauphiné.  J'ai  dit  ail- 
leurs, en  effet,  que  cette  formation  comjjrenait  deux  assises  assez  dis- 
tinctes :  la  première  composée  de  sables  plus  ou  moins  grossiers, 
caractérisés  parles  Pecten  Davidi,  P.  Justianus,  P.  pavonaceus;  la 
seconde  constituée  par  un  sable  plus  marneux,  presque  toujours  pétri 
de  Nullipores  et  renfermant  le  plus  souvent  les  Scutella  Paulensis  et 
Pecten  prœscabriusculus  en  très-grande  abondance.  Cette  dernière 
assise  passe  à  la  mollasse  marneuse  à  Pecten  subie ncdictus. 

Les  sables  à  /'.  Davidi,  si  bien  développés  sur  la  colline  de  Saint- 
Paul -Trois-Chàtcaux  ,  font  souvent  défaut.  Dans  un  récent  mé- 
moire (1),  j'ai  donné  une  coupe  passant  par  le  village  de  Barry  et  par 
Suze-la-Rousse,  qui  montre  les  bancs  à  Nullipores  reposant  directe- 
ment sur  la  craie.  Ailleurs,  et  c'est  précisément  le  cas  sur  toute  la  li- 
sière des  formations  secondaires  subalpines,  ils  sont  représentés  par 
un  sable  fin,  marneux,  verdalre,  pauvre  en  fossiles,  absolument  ana- 
logue à  celui  qui  alïleure  dans  la  gorge  de  Lourmarin.  Ce  dépôt,  qui 
a  été  parfois  désigné  sous  le  nom  de  Sables  à  Anomics,  est  générale- 

(1;  Le  bassin  de  Visuu,  p.  '21,  lîg.  H. 


1878!  FONTAN.NKS.    —   NKOCiKNK   UK   CUCUHON.  401 

ment  subordonné,  dans  le  Dauphinc,  ù  un  banc  inarno-calcairc,  pétri 
de  Pecten  prœscdhviiisculus  ou  de  P,  suhhenedictus,  qui  viennent 
brusquement  pulluler  au  milieu  de  ces  sables  presque  dépourvus 
jusque-là  de  débris  orgaiiic|ues. 

Les  sables  verdûtres  de  la  gorge  de  Lourmarin  supportent  un  con- 
glomérat bréclioïde,  dont  les  éléments,  souvent  de  t'orle  taille,  sont  en- 
tremêlés dans  un  désordre  véritablement  chaotique;  la  plupart  sont  à 
peine  roulés  et  paraissent  être  des  blocs  éboulés  d'une  falaise  voisine. 
La  grande  majorité  d'entre  eux  est  calcaire  et  s'est  détachée  sans  doute 
du  Néocomien  du  mont  Luberon,  caractère  (fui  distingue  nettement  ce 
dépôt  des  lits  de  silex  verdutre  subordonnés  ù  la  mollasse  sableuse  et 
qui  ne  renferment  qu'un  petit  nombre  de  galets  calcaires. 

Ce  second  conglomérat  est  loin  d'être  aussi  constant  dans  le  Sud-Est 
que  le  premier.  Je  l'ai  cependant  observé  sur  plusieurs  points,  entre 
autres  sur  le  bord  septentrional  du  bassin  tertiaire  de  Yisan.  Dans  les 
environs  du  Pègue,  par  exemple,  la  base  de  la  mollasse  présente  avec 
celle  de  la  combe  de  Lourmarin  une  telle  analogie  de  composition,  de 
faciès,  qu'il  me  parait  diflicile  de  mettre  en  doute  le  niveau  strati- 
graphique  que,  malgré  l'absence  de  toute  donnée  paléontologique,  je 
crois  devoir  a^sigIler  ù  ces  dépôts. 

L'assise  puissante  qui  se  développe  au-dessus  de  ce  dernier  conglo- 
mérat local,  avec  le(]uel  elle  est  dailleurs  intimement  liée,  est  celle 
dont  les  caractères  pétrographiqucs  s'éloignent  le  plus  de  ceux  qu'on 
est  habitué  à  observer  à  ce  niveau.  On  est  tenté  de  croire  à  (juelque 
effet  de  métamorphisme,  tant  la  roche  a  acquis  de  cohésion,  de  du- 
reté, et  c'est  probablement  à  ce  faciès,  un  peu  exceptionnel,  j'en  con- 
viens, qu'est  dû  le  classement  de  cette  assise  dans  le  Grès  vert. 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  la  description  que  j'en  ai  donnée  en  analy- 
sant la  coupe  de  Lourmarin.  Les  fossiles,  très-abondants,  surtout  à  la 
partie  supérieure,  sont  généralement  brisés  en  menus  fragments,  et 
forment  avec  la  gangue  une  masse  absolument  compacte.  Cependant, 
plus  à  l'est,  au-dessus  des  sables  argilo-siliceux  du  Canauc,  la  roche 
devient  beaucoup  moins  dure,  plus  marneuse,  et  fournit  quelques 
exemplaires  plus  facilement  dcterminables  ;  ils  appartiennent  aux 
e.Hpèces  suivantes  : 

• 

halamift  tintinnabnUim,  Linné. —  Délennination  hasci*  sur  ([nelques  valves  cl  par- 
tant un  peu  empirique. 

Oiirea  sp.  ? —  Fragment  indéterniinahle. 

Ànomia  costata,  Brocclii.  —  .1.  cphippium,  Liimj,  var.,  pour  plusieurs  auteurs 
fMaver,  etc.). 

Pi^cten  prœsrabriu^culns,  Fonlannes.  —  C'est  le  /*.  scahrin^cuhts  de  tous  les  au- 
tiMirs  qui  ont  trùiti*  «lc»s  terrains  tertiaires  du  Sud-K>l.  les  yiseuienls  de  Cucu- 
roM  et  «le  Cadenet  exceptes. 


492  FONTANNES.    —    NÉOtiÈNE  DE  GUCURON.  29  avril 

Pecten  latUHmui,  Brocchi. —  Bien  qu'il  soit  assez  surprenant  de  trouver  un  type 
subapennin  à  la  base  du  Miocène  marin,  je  crois  cependant  qu'il  serait  diflicile 
d'établir  une  distinction  sur  des  divergeuces  de  quelque  valeur.  Cette  forme, 
d'ailleurs,  qu'elle  soit  typique  ou  ne  représente  qu'une  variété  de  l'espèce  de 
Brocchi,  est  citée  d'un  grand  nombre  de  gisements  miocènes. 

Cidaris  Àvenionensis, Des  Moulins. —  Les  baguettes  de  cet  Oursin  paraissent  très- 
communes  dans  le  grès  raoiiassique  de  la  gorge  de  Lourmarin,  dont  les  cassures 
fraîches  présentent  parfois  un  aspect  semblable  à  celui  du  calcaire  à  Entroques. 
Le  C.  Avenionensis,  dont  le  tvpe  a  été  pris  dans  la  Mollasse  des  Angles,  près 
Avignon,  est  une  des  espèces  les  plus  constantes  à  ce  niveau  dans  tout  le  Sud- 
Est. 

Echinolampag  tcutiformis,  Leske? —  Fragments  assez  nombreux,  mais  très-frustes. 
Je  n'ai  trouvé  qu'un  seul  exemplaire  entier,  et  encore  est-il  déformé.  Espèce  com- 
mune à  la  base  de  la  Mollasse  dans  tout  le  bassin  du  Rhône. 

Bryozoaires. —  Très-abondants.  Le  plus  caractéristique  est  un  Nullipore  dont  les 
colonies,  atteignant  souvent  d'assez  grandes  dimensions,  forment  des  bancs  épais 
et  justiflent  la  dénomination  de  Mollasse  à  Nullipores  que  j'ai  parfois  donnée  à  cet 
horizon.  On  sait  que  les  Nullipores  caractérisent  aussi  par  leur  extrême  abon- 
dance certains  niveaux  du  Miocène  en  Italie  et  en  Autriche. 

Cette  liste  ne  contient  à  la  vérité  (|u*un  bien  petit  nombre  d'espèces; 
je  crois  cependant  qu'elle  vient  utilement  corroborer  les  données  de 
la  stratigraphie,  et  qu'elle  permet  de  considérer  définitivement  le  Grès 
vert  de  H.  Se.  Gras  comme  représentant,  sur  le  plateau  de  Cucuron, 
la  Mollasse  à  Pecten  prœscabriusculus  du  Comtàt,  du  Dauphiné,  du 
Bugey,  etc. 

Les  affleurements  du  versant  méridional  du  Luberon  se  relient  au 
nord  à  la  mollasse  de  Bonnieux,  superposée  au  calcaire  sextien,  et 
qui,  de  même  que  la  mollasse  typique  du  bassin  de  Visan,  peut  se 
subdiviser  en  trois  assises  :  i^  la  mollasse  sableuse,  dans  laquelle  a 
été  creusé  le  ravin  que  domine  le  village;  2°  la  mollasse  marneuse, 
exploitée  pour  les  fours  sur  la  route  de  Lourmarin;  3^  la  mollasse 
calcaire,  qui  recouvre  le  plateau  de  Eonnieux. 

Au  sud,  cette  même  mollasse  l'orme  plusieurs  monticules  autour  de 
Rognes  (Bouches-du-Rhone),  où  elle  est  largement  exploitée.  Là  aussi 
elle  repose  parfois  sur  des  dépôts  rougeâtres  ou  violacés,  sans  inler- 
calation  du  calcaire  blanc  à  Ifelix  ou  a  Potamides. 

Sdhlcs  et  grès  à  Ostrea  crassissima  (l'f  niveau). —  Au-dessus  de  la 
Mollasse  à  Pecten  prœscabriiiscultis,  on  observe  dans  le  Haut-Comtat 
des  alternances  de  sables  fins  plus  ou  moins  marneux  et  de  grès  cal- 
caires, caractérisés  dans  leur  ensemble  par  l'apparition  de  VOstrea 
crassissima.  Bien  (jue  cette  zone  se  distingue  nettement  de  la  précé- 
dente dans  cette  région,  ainsi  (|ue  dans  une  partie  du  Dauphiné,  je 
crois  qu'au  double  point  de  vue  paléonlologique  et  orographique,  elle 
lui  est  liée  par  des  affinités  telles,   (|ue  dans  un  travail  embrassant  un 


1878.  FONTANNES.   —  NÉOGK.NR   DE  CICLRON.  493 

cadre  moins  restreint  que  ces  monographies,  on  serait  autorisé  à  la 
réunir  à  la  Mollasse  à  Pecten  prœscabriuscuhis. 

Cette  opinion  s*appuie  surtout  sur  la  liaison  intime  que  présentent 
ces  deux  zones  sur  le  liane  des  montagnes  qui  les  ont  redressées.  Il 
n'est  donc  pas  étonnant  que  leur  distinction  offre  quelques  difficultés, 
au  milieu  des  éboulis  épais  qui  recouvrent  le  plus  souvent  les  couches 
miocènes  adossées  au  Luberon.  Je  crois  cependant  qu'on  peut  rappor- 
ter aux  Sables  et  grès  à  Oatrea  crassûssima  les  couches  marno-calcaires 
ferrugineuses,  immédiatement  subordonnées  aux  Sables  à  Pecten 
Fiichsi,  var.,  dans  la  coupe  de  Cabrières.  J'y  ai  recueilli  en  effet  des 
fragments  d'une  Huître  de  grande  taille  (O.  crassissima?),  de  Peignes, 
dePanopées,  de  Bryozoaires,  etc.,  le  tout  malheureusement  en  si  mau- 
vais état  que  je  ne  puis  citer  aucune  espèce  avec  certitude.  II  se  pour- 
rait donc  aussi  que  cette  assise  fit  encore  partie  de  la  Mollasse  à  Pecten 
pr(rscabnuscu!iis,  dont  elle  représenterait  le  dernier  terme.  Mais  ce 
qu*il  y  a  de  certain,  cependant,  c*e:)t  qu'entre  la  mollasse  calcaire  et 
les  sables  ferrugineux  à  Âmphiopes,  il  existe,  au  pied  du  Luberon,  une 
zone  de  sables  plus  ou  moins  marneux,  (|ui  occupe  exactement  la 
même  position  stratigraphique  que  les  sables  et  grès  marneux  à  Os- 
trea  crassissima  dans  le  Nord  du  département  de  Vaucluse. 

Sables  et  grès  à  Pecten  FuscJisi,  var,  —  A  partir  de  ces  dépôts,  qui 
constituent  pour  moi  la  zone  moyenne  du  Miocène  moyen  marin,  les 
assimilations  indiquées  dans  le  tableau  qui  précède  reprennent  toutes 
les  a[fparences  de  certitude  qu'elles  montraient  pour  les  assises  inté- 
rieures. En  effet,  à  la  base  de  la  zone  supérieure,  on  trouve  dans  les 
environs  de  Cucuron  des  sables  ferrugineux  absolument  identiques, 
sous  tous  les  rapports,  avec  les  sables  à  Amphiope  perspicillata  du 
Conilat-Yenaissin.  Voici  les  fossiles  que  j'ai  recueillis  à  ce  niveau  : 

lamna,  Galcoccrdn,  Myliohates,  etc. —  Denis  et  ichthyodorylithcs  (c).  Il  est  toujours 
facile  de  donner  des  noms  spécifiques  à  ces  débris  ;  mais  ces  déterminations,  en 
l'état  de  nos  connaissances,  n'ayant  aucune  valeur  paléontologique.  et  la  strati- 
graphie pouvant  s'appuyer  sur  des  données  plus  certaines,  je  me  bornerai  à 
constater  l'abondance  à  ce  niveau  des  restes  de  Lamnidés  et  surtout  de  Mylioba- 
tes,  fait  qui  implique  certaines  conditions  de  formation  intéressantes  à  noter. 

Balamii  tintinnabulum,  Linné,  et  B.  mlcatus,  Bruguière. —  On  rapporte  générale- 
ment à  Tune  ou  l'autre  de  ces  deux  espèces  la  plupart  des  valves  de  Balanes  des 
terrains  néogènes,  selon  qu'elles  simt  striées  ou  non.  Je  me  conforme  à  l'usage, 
sans  vouloir  afllrmer,  en  aucune  façon,  la  fixité  de  ces  deux  types  depuis  le  début 
de  l'époque  miocène. 

Ottrea  crasgisnma,  Lamarck.  —  Ici,  comme  dans  le  bassin  de  Visan,  l'O.  crassis- 
tima  est  très-abondant  à  la  base  de  cette  zone,  qu'il  relie  à  la  précédente;  mais 
à  partir  de  cet  horizon,  on  ni}  le  trouve  plus  qu'à  l'état  sporadi(]ue,  jusqu'aux 
«lernicres  couches  marines  du  Miocène  supérieur,  où  il  forme  <le  nouveau  un 
banc  d'une  constance  remnn|unble  dans  le  Cointal  et  la  Provence.  Plus  au  nord, 


494  FONTA.VNES.    —   NKOGKNE  DR   CUCUnO.N.  29  avril 

on  n'en  observe,  à  la  limite  supérieure  des  dépots  miorènes,  que  <le  rares 
spécimens  ou  des  fragments  roulés.  C'est  au  niveau  des  sables  à  Amphiopes  que 
cette  espèce  est  le  plus  conforme  au  type  de  la  Touraine.  et  particulièrement  de 
Pontlevoy,  où  elle  est  aussi  associée  à  de  nombreux  exemplaires  d'une  espèce 
d'Amphiope. 

Ottrea  cf.  0.  f;iM/;?y«i>.  Schlotheim. —  Bien  qu*il  soit  le  plus  souvent  assez  difficile 
de  distinguer  cette  espèce  de  la  précédente,  je  crois  cependant  pouvoir  l'intro- 
duire dans  la  faune  miocène  du  Sud-Est.  d'après  quelques  exemplaires  dont  le 
crochet  est  plus  large,  moins  allcmgé  qu'il  ne  l'est  généralement  daoïs  le  type  de 
Lamarck,  et  dont  la 'valve  inférieure  montre  des  ])lis  obsolètes.  VO.  Gingenmt 
accompagne  souvent  d'ailleurs  VO.  cra^si^sima  (Sud-Ouest,  Touraine,  Suisse,  bas- 
sin du  Danube,  etc.). 

Oxlrea  digiiatinaf  Dubois  de  Montpéreux  in  Fischer  et  TournouOr.  —  Celte  espèce 
se  rencontre  dans  pres(]ue  tout  le  Miocène  du  bassin  du  Rhône  ;  à  la  base,  elle 
passe  souvent  à  la  forme  connue  sous  Je  nom  d'O,  caudaia,  Milnster  in  Goldfuss, 
et  commune  dans  la  mollasse  h  Pcctcn  prœKabrimculu^,  Les  exemplaires  de 
Cucuron  sont  identiques,  d'après  M.  Fuohs,  avec  ceux  du  bassin  du  Danube,  et 
quelques-uns  ne  présentent  aucune  différence  avec  VO.  digitnlina  <lu  Sud-Ouest. 

Ànomia  coHala,  Brocchi  in  Fischer  et  Tournouèr  (:=  .1.  ephippium,  Linné  in 
Mayer).  —  La  taille  est  petite  à  ce  niveau;  les  côtes  sont  peu  accusées. 

Pccten  substriatHs,  d'Orbigny  in  Tournouër  (=  P,  pmio,  Linné  in  Mayer).  —  Ce 
Pectcn  est  tine  des  nombreuses  espèces  <jui  montrent  avec  quelle  réserve  il 
convient  de  baser  des  conclusions  sur  la  comparaison  do  listes  faunîques  dres- 
sées par  divers  auteurs.  Tous  sont  d'accord  sur  la  forme,  mais  tandis  que  les 
partisans  du  transformisme,  désireux  de  faire  ressortir  la  succession  des  modifi- 
cations même  les  plus  minimes,  lui  donnent  un  nom  d'espèce  éteinte,  d'autres, 
croyant  à  l'origine  très-ancienne  de  certains  types  vivants,  la  confondent  sous  une 
même  dénomination  avec  l'espècî  actuelle.  Dans  mes  études  antérieures,  je  l'ai 
citée  .sous  le  nom  de  P.  pusio.  employé  <lans  tous  les  ouvrages  de  M.  Mayer; 
mais  M.  TournouOr  ayant  adopté  celui  de  P.  imburiatus  dans  son  dernier  travail 
sur  les  /aluns  du  Sud-Ouest  et  de  la  Touraine,  je  crois  devoir  suivre  son  exem- 
ple, afm  de  faciliter  la  comparaison  des  faunes  (Ls  divers  bassins  tertiaires  de 
la  France.  — Quelque  soit  d'ailleurs  Je  nom  qu'on  lui  donne,  le  type  des  sables  à 
Amphiopes  du  bassin  du  Rhône  me  paraît  identique  avec  celui  de  la  Touraine. 

Pecten  Fuchsi.  Fontannes,  var.? —  Le  P.  Ceiestini,  Font.,  (jui  caractérise  par  son 
abondance  toute  la  zone  supérieure  du  Miocène  moyen  dans  le  bassin  de  Visan, 
est  tout  au  moins  très-rare  dans  les  environs  de  Cucuron  ;  on  y  rencontre  par 
contre,  assez  communément,  une  espèce  de  pelite  tailJe.  voisine  du  P.  Fuchti, 
Font.  Cette  dernière  espèce,  dont  le  type  se  tnmve  dans  les  sables  à  Amphiope.<: 
du  Haul-Comtat,  a  été  créée  alors  que  j'ignorais  le  nom  donné  récemment  à  la 
Janire  commune  dans  les  faluns  de  Pontlevoy,  de  Bo^ée,  etc.  Je  crois,  cepen- 
dant, que  certaines  différences,  signalées  ailleurs  (1),  autorisent  le  maintien  des 
deux  dénominations  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  la  forme  de  Cucuron. 
par  le  développement  des  oreillettes,  par  le  nombre  des  côtes  et  par  la  conca- 
vité des  valves  supérieures,  se  rapproche  plus  du  type  de  la  Touraine  que  celle 
du  Comtat-Venaissin. 

ScHtella  Panlensii,  Agassiz.—  Le  type  a  été  pris  dans  la  mollasse  à  Nulliporca  et 
Pecten  prœscabrin^culus  de  Saint-Paul-Trois-Chàteaux,  où  il  est  très-conimuo  ; 
c'est  son  niveau  le  plus  ordinaire  dans  le  Sud-Est:  (H>pendant  il  monte  plus  haut. 

(1)   Le  hamtin  '1^  Vinnn.  p.  J07. 


1878.  FONTANNKS  —  NKOGKNR  DE  (XCURON.  49.*) 

aussi  bien  dans  le  Dauphiné  que  clans  la  Provence.  C'est  le  cas  dans  les  environs 
de  Cucuron,  où  on  le  retrouve  encore  dans  les  couches  à  Cardita  Jynuïuieti. 

Amphiype  penpicillat^i,  Desor.  — CeUe  espèce,  qui  a  toujours  passé  pour  une  ra- 
reté dans  le  bassin  du  Rhône,  y  est  au  contraire  d'une  extrême  abondance.  Elle 
forme  un  banc  non  moins  constant  que  le  SetUella  Paulensis,  dans  le  Dauphiné, 
leComtat  et  la  Pro\ence  ;  malheureusement  la  plupart  des  exemplaires  sont  ré- 
duits en  fragments. 

Bryozoaires.  —  Les  Bryozoaires   Cellepora,  RetepnrUt  etc.),  ordinairement  Irès-aboQ- 
danls   dans  les   sables  à  Amphiopes.  y  sont  au  contraire  très-rares  au  pied  du 
Luberon . 

J'ai  recueilli,  en  outre,  ù  peu  près  au  niveau  de  VOstrea  crassissima 
(les  moules  lïllelix  charries  sans  doule  de  quelque  cote  voisine  au 
milieu  de  ces  sables  ;  il  serait  iort  possible,  d'ailleurs,  que  de  minu- 
lieuses  recherches  révélassent  sur  ce  point  la  présence  de  l'assise  d'eau 
douce  à  Hélices  et  IManorbes  (|ue  Se.  Gras  a  signalée  dans  les  environs 
de  Pertuis,  au-dessus  des  couches  à  Ostrea  crassissima. 

J'ajouterai  aussi  quelques  mots  à  ceux  qui  suivent  la  citation  de 
\ Amphiope perspiciUata.  Celle  espèce,  qui  n'a  encore  joué  aucun  rôle 
stratigraphi(|ue,  est  appelée,  je  crois,  à  devenir  un  excellent  point  de 
repère.  On  sait  en  elfet  (ju'une  forme  très-voisine  se  rencontre  en  as- 
sez grande  abondance  ù  Oisly,  près  de  Pontlevoy,  dans  des  sables 
niarno-quartzeux  qui  ne  renlerment  guère,  en  dehors  de  ce  fossile, 
que  yOstrea  crassissima  (1).  Le  faciès  paléonlologique  et  pétrographi- 
que  des  couches  ù  Amphiopes  est  donc  à  peu  près  le  même  dans  le 
bassin  de  la  Loire  et  dans  celui  du  Rhône.  Quant  à  leur  position  strati* 
graphique  relativement  aux  faluns  de  Pontlevoy,  je  laisse  le  soin  de  la 
déterminer  à  M.  Douvillé,  qui  étudie  en  ce  moment  TOrléanais  et  le 
Blésois  pour  le  service  de  la  Carte  géologique  dt^taillée  de  la  France  (i)» 
Je  me  bornerai  u  dire  ici  que  dans  le  Sud-Kst  la  plus  grande  partie 
des  espèces  du  Blésois  se  rencontre  plutôt  au-dessus  qu'au-dessous  des 
sables  à  Amphiopes. 

Do  môme  que  sur  tous  les  points  du  bassin  du  Rhône  où  j'ai  réussi  a 
Felrouver  les  Sables  à  Amphiopes,  ceux-ci  supportent  dans  les  environs 
de  Cucuron  un  grès  mollassique  peu  épais,  pétri  de  débris  de  fossiles. 
Caractérisée  dans  le  Comtatet  le  Dauphiné  par  uneCardite  que  j'ai  cru 
pouvoir  identilier  avec  le  C.  Michaudi  de  Tersanne,  celle  assise  pré- 
sente au  pied  du  Luberon  des  moules  non  moins  abondants  d'un 

(1)  C'est  à  l'obligeance  de  M.  Le  Mesie  que  je  dois  d'avoir  pu  étudier  cet  inté- 
n>ssaot  gisement. 

(2j  D'après  M.  Douvillé.  qui  a  bien  voulu  me  faire  part  de  ses  observations,  les 
couches  à  Amphiopes  et  Ostrea  n'a^sîs';ima  sont  superposées  au  Falunien  du 
BUroîs  et  supportent  un  dépcU  deau  douce  (marnes  à  Ilelij  TuronemixJ ,  ~  suc- 
cession  qui   rappelle  exaclemiMit  eelle  (pie  jai   obserxée   près  tie  Pertuis.   et  qui 


496  FONTANNF.S.    —   NÉOGÈNË  DE  CUGl'RON.  29  a\Til 

Cardium  de  petite  taille,  que  mes  échantillons  ne  me  permettent  pas 
de  déterminer  spécifiquement.  En  dehors  de  ce  fossile,  je  ne  puis  citer, 
malgré  l'abondance  des  débris,  que  le  TurritcUa  bicarinata,  commun, 
au  moins  à  partir  de  ce  niveau,  dans  tout  le  Miocène  rhodanien. 

Dans  le  Nord  du  département  de  Vaucluse,  j'ai  pu  indiquer,  sous 
toutes  réserves,  une  douzaine  d'espèces  de  cet  horizon,  mais  Tincerti- 
tude  de  la  plupart  des  déterminations,  basées  sur  des  moules  ou  de  ra- 
res empreintes,  ôte  tout  intérêt  à  la  reproduction  de  cette  liste  dans 
la  présente  étude.  J'ajouterai  seulement  que  les  types  les  moins  dou- 
teux appartiennent  au  niveau  des  faluns  de  la  Touraine  et  du  Sud- 
Ouest. 

C'est  au-dessus  du  grès  à  Bucardes,  dont  j'ai  indiqué  divers  pointe- 
ments  sur  les  coupes  1,  2  et  3  de  la  planche  lY,  que  se  développe  cette 
puissante  masse  de  sables  plus  ou  moins  marneux  ou  argileux,  qui, 
partout  dans  le  bassin  du  Rhône,  est  subordonnée  aux  formations  litto- 
rales constituant  le  dernier  terme  du  Miocène  marin. 

J'ai  déjà  signalé  la  difficulté  qu'on  éprouvait  à  évaluer,  avec  quelque 
certilude,  l'épaisseur  de  cette  assise,  qui  sur  certains  points  peut  bien 
dépasser  200  mètres.  La  localisation  des  rares  fossiles  qu'on  y  trouve, 
rend  au  moins  aussi  difficile  la  tâche  de  lui  appliquer  une  désignation 
également  justifiée  dans  le  Nord  et  dans  le  Midi  de  la  vallée  du  Rhône. 
J'ai  adopté  celle  de  Sables  et  grès  à  Terehratulina  calathiacus  pour  le 
Dauphiné  et  le  Comtat,  et  désigné  parfois  la  partie  supérieure  sous  le 
iiom  de  Grès  à  Patelles  (P»  Tonmouên,  P.  Delphinensis,  P.  Vindas^ 
dna,  etc.). 

Au  midi  du  Luberon,  je  n'ai  encore  pu  reconnaître  dans  toute  l'épais- 
seur de  cette  formation  que  quelques  retardataires  des  faunes  précé- 
dentes: Ostrea  di(jitalina,  var.,  Pecten  Fuclisi,  var.,  P.  siibstriatus, 
Arca  cf.  A,  Turonica,  Corhula  sp,?  Mais  cette  liste  pourra  sans 
doute  s'augmenter  de  quelques  espèces,  par  Tétude  minutieuse  des 
moules  et  empreintes  laissés  sur  plusieurs  bancs  coquilliers  intercalés 
dans  la  masse. 

Cette  zone  présente  un  remarquable  développement  dans  toute 
l'étendue  du  bassin  du  Rhône,  depuis  les  contreforts  du  Jura  jus(|u'aux 
bords  de  la  Méditerranée,  et  sa  subordination,  partout  évidente,  aux 
couches  à  Ancillaria  glanai fo)*mis,  Nassa  Michaudi,  Cardita  Joiianneti, 
ne  peut  laisser  aucundoute  sur  la  place  que  je  lui  assigne  dans  la  série 
de  nos  formations  miocènes.  Elle  a  été  cependant  désignée  jusqu'à  ce 
jour,  dans  les  travaux  oii  il  est  fait  mention  des  environs  de  Cucurou 

vient  il  l'appui  do  l'hypothèse  que  j'ai  émise  relativement  aux  conditions  de  forma- 
tion de  ces  l>anos  d'Huîtres  de  grande  taille. 


1878.  FONTANNES.   —  NÉOGÈNE  DE  CUGURON.  497 

OU  de  Cadenet,  sous  le  nom  de  MoUasse  sableuse,  et  assimilée  aux  cou- 
clies  caractërisées  dans  le  Corntat  par  le  Scutella  Pauletisis. 

Celte  erreur  tient  sans  doute  à  deux  causes  :  la  preunùre,  c'est  qu'au- 
dessus  de  celte  assise  on  trouve  dans  cette  région  quelcfues  espèces 
de  la  mollasse  marnocalcaire  de  Saint-Paul-Trois-Chûteaux  et  de 
Hontségur  ;  la  seconde  réside  certainement  dans  la  fausse  attribu- 
tion au  Grès  vert  de  la  véritable  Mollasse  à  Pecten  prœscabriusculvis, 
bien  distinctement  subordonnée,  au  pied  du  Luberon,  à  la  zone  à 
Pecten  Fuchsi, 

Marnes  et  calcaires  sableux  à  Cardita  Jouanneti,  —  Le  grand  nombre 
de  types  nouveaux  qui  apparaît  au-dessus  de  la  zone  précédente  m'a 
engagé  à  placer  ici  la  limite  entre  le  Miocène  moyen  et  le  Miocène 
supérieur;  mais  il  faut  bien  avouer  que  le  plan  précis  où  doit  passer 
cette  limite  est  loin  d'être  facile  à  déterminer,  et  je  ne  serais  nullement 
surpris  qu'elle  ne  fût  un  jour  plus  ou  moins  judicieusement  déplacée. 
C'est  là  une  de  ces  questions  d'accolades,  très-secondaires  à  mon  avis, 
et  qui,  d'ailleurs,  ne  pourront  être  utilement  abordées  que  lorsque, 
dans  tous  les  bassins  tertiaires  de  l'Europe,  on  se  sera  livré  h  des  études 
monographiques  minutieuses,  analogues  à  celles  que,  malgré  leur  indé- 
niable aridité,  je  poursuis  depuis  plusieurs  années  dans  le  bassin  du 
Rhône. 

\jSl  zone  caractéiûsée  dans  la  vallée  de  la  Durance,  comme  dans  le 
Corntat,  par  le  Cardita  Jouanneti,  se  compose  de  marnes  plus  ou  moins 
sableuses,  alternant  avec  des  bancs  d'un  calcaire  marno-sableux,  sou- 
vent ferrugineux,  rempli  de  paillettes  de  mica  noir  (1).  Ces  bancs,  au 
nombre  de  trois,  occupent  la  base  de  la  série,  et  leur  épaisseur  dimi- 
nue graduellement. 

A  ces  variations  dans  la  nature  pétrologique  du  dépôt  correspondent 
naturellement  des  modifications  sensibles  dans  la  faune  qu'on  y  ren- 
contre. Tandis  que  les  Huîtres,  les  Anomies,  les  Peignes  et  quelques 
Dimyaires  dominent  dans  les  couches  calcaires  et  y  atteignent  un  re- 
marquable développement  individuel  et  numérique,  les  couches  mar- 
neuses se  chargent  peu  à  peu  de  Gastéropodes,  jusqu'à  ce  que  ceux-ci 
parviennent  à  leur  maximum  d'abondance  dans  les  Marnes  à  ^nct7- 
laria  glandiformis,  dites  Marnes  de  Cabriêres. 

En  jetant  un  coup  d'œil  sur  l'échelle  stratigraphique  du  bassin  de 
Yisan,  le  meilleur  type  (|u'on  puisse  consulter  pour  la  classiiication 

(1)  L'abondance  du  mica  noir  à  ro  nivoau  est  intéressante  à  noter,  en  ce  qu'elle 
peut  fournir  quoique  indication  sur  la  nature  des  roches  au  détriment  desquelles 
ces  dépôts  ont  été  formés.  Dans  la  zone  précédente,  certaines  couches  sableuses 
contiennent  aussi  beaucoup  de  mica,  mais  il  est  presque  exclusivement  blanc. 

3i 


600 


FONTANNES.    —   NEOGENE  DE  CUCl'RON. 


29  avril 


*Panopœa  Mevardi,  Doshaycs  (1), 
♦       —      l?M(iî)//)/itMEichwaI(i, 
Echinolampas  hemigphœricus,  Agassiz, 


ScutellaFaujaxi,  Defrance?  (2), 

Bryozoaires, 

Polypiers. 


Celte  liste,  qui,  à  Texception  des  Peignes,  des  Huîtres  et  des  Échini- 
des,  est  basée  presque  exclusivement  sur  l'étude  de  moules  et  d'em- 
preintes, mais  dont  j'ai  cependant  exclu  les  espèces  trop  incertaines, 
montre  tout  d'abord  Tallinité  incontestable  de  cette  faune  avec  celle  qui 
se  rencontre  dans  les  couches  à  Pecten  Vindascmui  du  Comtat.  EU 
je  ne  saurais  admettre  que  cette  affinité,  d*accord  avec  les  données  de 
la  stratigraphie,  puisse  être  contrebalancée  par  quelques  types  persis- 
tants, et  d'ailleurs  fort  ubiquistes,  de  la  Mollasse  de  Saint-Paul-Trois- 
Châteaux,  h  laquelle  la  Mollasse  jaune  de  Cucuroti  est  assimilée  dans 
tous  les  travaux  publiés  jusqu'à  ce  jour  sur  les  terrains  tertiaires  du 
bassin  du  Rhône,  et  dont  elle  est  séparée  stratigraphiquement  par 
une  épaisseur  énorme  de  sables  et  de  grès. 

D'un  autre  côté,  toutes  les  espèces  littorales  qui  se  rencontrent  dans 
les  bancs  à  Pecten planosulcatus  se  retrouvent  dans  les  marnes  à  Ancil- 
laria  glandiformis  et  lient  ainsi  la  Mollasse  de  Cucuron  aux  Marnes 
de  Cabrières  aussi  étroitement  que  les  alternances  pétrograpliiques  que 
j*ai  signalées.  Il  serait  donc  impossible,  à  mon  avis,  de  séparer  ces 
deux  termes,  et  de  rejeter  le  premier  dans  l'Helvétien  supérieur  ou 
Miocène  moyen  (pars),  tout  en  maintenant  le  second  dansleToctonien 
ou  Miocène  supérieur. 

Les  couches  de  marne  sableuse  qui  alternent  au  pied  du  Luberon 
avec  les  bancs  calcaires  ne  m'ont  présenté  qu'un  petit  nombre  d'espèces 
déterminables,  qui  toutes,  d'ailleurs,  se  retrouvent  dans  les  marnes  à 
Ancillaria  glayidiformis.  Je  citerai  parmi  les  plus  abondantes  :  Nassa 
Ayguesii,  Turritella  bicarinata,  Ostrea  digitalina,  Anomia  costata. 
Venus  islandicoïdes,  TelUna  lacimosa.  Mais  ce  qui  caractérise  plus 
spécialement  ces  dépôts,  ce  sont  les  bancs  d* Ostrea  digitalina  et  les  lits 
de  petits  galets  qu'on  y  observe  et  qui  leur  donnent  un  faciès  absolu- 
ment identique  avec  celui  de  certaines  couches  du  même  horizon,  qui 
affleurent  au  |)ied  de  la  montagne  de  Vaux,  dans  le  Midi  de  la  Drômc. 


(1)  Cette  csi>èce  atteint  ici  un  très-beau  dôveîoppcment.  Les  exemplaires  mesu- 
rant 120""  (Je  diamètre  anlëro-postèrieur  ne  sont  pas  rares. 

(2)  Même  observation  que  pour  V Echinolampas  hemigphœricus .  Le  plus  grand 
exemplaire  que  j'aie  recueilli  dépasse  130""  de  diamètre;  malheureusement,  la  gan- 
gue ne  laisse  à  découvert  qu'une  faible  partie  du  test.  Cette  détermination  ne  peut 
donc  être  considirée  comme  absolument  certaine,  d'autant  plus  que  les  zones 
interporifères  paraisp<*nt  moins  larges  qu'elles  ne  devraient  être  d'après  la  des- 
cripti«)n  de  M.  Desor  'Syn.,  p.  2:33; . 


1878. 


FO.NTANIMES.   —  NÉOGÈNE   DE  CUCURON. 


501 


Les  Marnes  de  Cabriêres,  caractérisées  à  la  partie  supérieure  par 
YAncillaria  rugosaci  par  un  banc  d'Osûrea  crassissvna,  ont  été  l'objet 
d'études  trop  consciencieuses  de  la  part  de  MM.  Dumortier,  Fischer  et 
Tournoucr,  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en  décrire  à  nouveau  la  Faune. 
Je  me  bornerai  donc,  pour  résumer  ici  tous  les  documents  indispensa- 
bles à  la  classification  des  terrains  néogenes  de  cette  région,  à  repro- 
duire la  liste  des  espèces  cité&s  dans  le  mémoire  de  M.  Gaudry,  en  y 
ajoutant  un  certain  nombre  de  types,  do.it  plusieurs  sont  décrits  dans 
l'appendice  paléontologique  joint  à  cette  étude  (1). 


Gastéropodes. 


Murex  Gaudrji .  Fisch.  et  Tourn.,  ar, 

—  Dujardini,  TourDOuôr,  r, 

—  Arnaudi,  Fisch.  et  Tourn.,  rr, 

—  ftriœformis,  Hichclotti,  c, 

—  pentodon,  Fisch.  et  Tourn.,  r, 

—  VindobonensU,  Hdrnes,  c, 

—  perplexus,  Fisch.  et  Tourn.,  rr, 

—  lapilloides,  Fisch. et  Tourn.,  ar, 

*  —      subprodiictus,  Fontannes,  rr, 

*  —      Dertoneims,  Maver,  r, 

*  —      incisus,  Broderip,  rr, 
PoUia  exitculpta,  Dujardin,  r, 

*  —     Tournouêri,  Fontannes,  ac. 
Purpura  Dumorlieri,  Fisch. et  Tourn.,  r, 
Futus pachyrhynchu^,   Fisch.  et  T.,  r, 

—  provincialis,  Fisch.  et  Tourn.,  ar, 
Fcuciolaria  Tarbelliana,  Grateloup,  r, 
Cancellaria  Westiana,  Grateloup,  r, 

*  —         Jîrocc/itî,  Crosse, rr, 

*  —         Druentica,  Fontannes,  rr, 

*  —         Dsydieri,  Fontannes,  rr, 

*  —  Gaudryi,  Fonlannes,  rr, 
Fieula  clathrata,  Lamarck,  var.,  rr, 
Pirula  rusticula,  Basterol,  ar, 
Nassa  eburnoides,  Matheron,  r, 

—  conglobata,  Brocchi,  var.,  rr, 

—  Ayguesii,  Fontannes,  rr, 

*  —    CaudcUemU,  Fontannes,  rr, 

—  Dujardini,  Deshayes,  ce, 

—  acrostyla,  Fisch.  et  Tourn.,  c. 

—  cytharella,  Fisch.  et  Tourn.,  c, 


Nassa  Sallomaeensis,  Mayer,  var.,  ac, 

—  Cabrierensig,  Fontannes,  ac, 

*  —    gubduplicata,    d'Orb.,    var.,    rr, 

*  —    sublapsa,  Fontannes,  rr, 

*  —    Dexivœ,  Fontannes,  rr, 
Terebra  modesta,  Defrance,  ce, 

—  acuminata,  Borson,  r, 

—  Cacellensis,  Costa,  var.,  r, 

—  Algarbiorum,  Costa,  var.,  ar, 

*  —      Cuueana,  Costa,  ar, 
Ancillaria  g  lundi  for  mis,  Lamarck,  ce, 
Conus  Aldrovandii,  Brocchi,  r, 

—  Mercatii,  Brocchi,  ac, 

—  macuhsus,  Grateloup.  r, 

—  canaliculatu^,  Brocchi,  ce, 
PUurotoma  ramosa,  Basterot,  ac, 

—  Jouanneti,  Des  Moulins,  ce, 

—  asperulata,  Lamarck,  ac, 

♦  —         gradala,  Defrance,  rr, 

—  calcarata,  Gratelouj»,  c, 

—  Ca6r»>re/ww,Fisch.  et  T.,  ce, 

—  tenuilirala,  Fisch.  et  T.,  r, 

—  pseudobeliscus,    Fischer  et 

Tourn.,  ar, 

—  granulatuincta, Miïnsicr^r, 

—  Saporlai,  Fisch.  et  T.,  ar, 

♦  —         Caudellensis,  Fontannes,  rr, 
Defrancia  calathiscus,  Fisch.  et  T.,  rr, 

Mitra  fuHformis,  Brocchi,  r, 

♦  —    apcrUi,  Bellardi,  var..  r, 

♦  —    balhmophora,  Fonlannes,  ar, 


(l)  Les  espèces  que  j'ai  ajoutées  à  la  liste  de  MM.  Fischer  et  TournouCr  sont  pré- 
cédées d'un  astérisque;  elles  sont  au  nombre  de  65  (37  Gastéropodes  et  28 Lamel- 
libranches) et  portent  ainsi  à  178  le  nombre  des  espèces  connues  jusqu'à  ce  jour 
des  Marnes  de  Cabriêres  (115  Gastéropodes  et6J  Lamellibranches). 


502 


FONTANNES.  —  NEOCKNE  DE  CUCURON. 


29  avril 


*  Mitra  ebenus,  Lamarck,  r. 

—  Manzonii,  Fisch.  et  Tourn.,  ar, 
Columbella  Turonica,  Mayer,  var.,ac. 

—  filosa,  Dujardin,  r, 

—  porcata,  Fisch .  et  Tqurn.  ,ar, 
Erato  lœvis,  Donovan,  rr, 

Cyprœa  prœsanguinolenta,  Fontannes,r, 

*  —     affinis,  Dujardin,  rr, 
Natica  cuthele,  Fisch.  et  Tourn.,  ce, 

*  —      hyperetithele.  FoDtannes,  r, 

—  Moirenci,  Fisch.  et  Tourn.,  c, 

—  Leberonensis,  Fisch.  et  Tourn.,  c, 

—  Volhynica,  d'Orb.,  c, 

—  Josephinia,  Bisso,  ar, 
Cerithium  lignitarum,  Eichwald,  ar, 

—  papavcraceum,  Bastcrot,  r, 

—  prŒ(fo/io/um,  Fisch.  et  T.  ,ac, 

—  Dertoneme,  Mayer,  c, 

—  piclum,  Basterot.  r, 

—  trilineatum,  Philippi,  rr, 

—  Deydieri,  Font.,  rr, 

—  perversum,  Linné,  rr, 
Pyramidella  plicosa,  Bronn,  rr. 
Eulima  subulata,  Donovan,  rr, 
Turritella  bicarinata,  Eichwald,  c, 

—       pusio,  Fisch.  et  Tourn.,  ce, 
Proto  rotifera,  Fisch.  et  Tourn.,  ce, 


*  Proto  cathedralis,  Brongniart,  var.,  rr, 
Mesalia  Cabrierensis,  Fisch.  et  T.,  c, 
Rissoa  aff.  R.  curta,  Dujardin,  rr, 
Vermetus  intortus,  Lamarck,  ac, 

*  —        carinatus.  Homes,  rr, 

*  Fossarus  costatus,  Brocchi,  var.,  ar, 
Turbo  muricatus,  Dujardin.  ac, 
Trochus  miUegranufs,  Philippi,var..ac, 

—      Mariinxanus,  Matheron,  r, 

*  —      CabrierensU,  Fon tannes,  ar, 

*  —     prœlineatuSy  Fontannes,  r, 

*  —      Àyguesii,  Fontannes,  rr, 

*  —      aîiflfu/ariiç,  EichwahJ,  var.,  ar, 
*Clanculus  Araonis,  Basterot,  var.,  ar, 

Rotella  subsuluralis.  d'Orbigny,  ce, 

—  maiidarinus,  Fischer,  ac, 
*Àd€orbis  Woodi,  Hornes,  rr. 

Fissurella  Italica,  Defrance,  ar, 
*Emarginula  clathratœformis, Eïchw.,rr, 

Calyptrœa  Chinensis,  Linn(^,  c, 
—       deformis,  Lamarck,  rr, 

Crepidula  gibbosa,  Defrance  ?,  rr, 
*Capulus  sulcosus,  Brocchi,  var.,  rr, 

Dcnlalium  fossile,  Linné,  ac, 
*Aclœon  semistriatus .  Graleloup,  r, 

Bulla  Lajonkaireana,  Basterot,  r, 

—  lignaria,  Linné,  rr. 


LAXELI.IBR.\>'CnES. 


Ostrea  crassissima.  Lamarck,  ce, 

—  digitalina,  Dubois,  var..  ce, 
Ànomia  costala,  Brocchi,  ce, 
Pecten  improvisui,  Fisch.  et  Tourn.,  r, 

—  Cavarum,  Fontannes,  ar, 

—  substriatus,  d'Orbigny,  c, 

—  Escofjierœ,  Fontannes,  rr, 
Àvicula  phalœnaeea,  Lamarck,  r, 
Pema  aff.  P.  Rollei,  Hornes,  r, 
MytHui  Susensis.  Fontannes,  r, 
Modiola  cf.  AT.  Matheroni,  Fontannes,  rr, 
Lithodomus  cf.  I.  Xvittnsis,  Mayer,  r, 
ArcaTuronica.  Dujardin,  c, 

—  Rhodanica,  Fontannes,  r, 

—  barbata,  Linné,  r, 

—  lactea,  Linné,  ar, 

—  Rollei,  HOrnes,  r, 

—  Noœ,  Linné,  c, 

—  variabilis,  Mayer,  rr, 

—  clathrata,  Defrance,  r, 
Pectuneulus  glycimeris,  Linné,  r,  | 


*Nucula  uucleus,  Linné?,  rr, 

*Leda  fragilis,  Linné,  rr, 
Chama  gryphoïdes,  Linné,  r, 
Cardium  Darwinif  Mayer,  ac, 

—  papillosum,  Poli,  r, 

—  Avisanensef  Fontannes,  ac, 
Lucina  globulosa,  Deshayes,  rr, 

*  —    drntata,  Basterot,  r, 

*  —    eommutata,  Philippi,  r, 
*Diplodonta  rotundata,  Montagu.  r, 

*  —        Fischeri,  Fontannes,  r, 
Crassalellaprovincialis,  Fisch. et  T., ar. 
Cardita  crassa,  Lamarck,  ar, 

—  Jouanneti,  Basterot,  ce, 

*  —      Partschi,  GoJdfuss,  var.,  r, 

*  —      goniopleura,  Fontannes,  rr, 
Venus  clathrata,  Dujardin,  ar, 

—  plicata.  Gmelin,  c, 

—  islandicoides,  Lamarck,  c, 

—  timbonaria,  Lamarck,  r, 

—  Arnaudi,  Fisch.  et  Tourn.,  rr. 


1878.  FONTANNES.   —  NÉOGÈNE   DE  CUCUUON.  303 

Cytherea  Pedemontanu,  Ag.,  c,  j  * Psammobia  Labordei,  Basterot,  r. 


—      aff.  C.  Erycina,  Linné,  r, 
Tapes  œnigmaticuft,  Fisch.  et  Tourn.,rr, 

•  —    eurinus.  Fonte  nnes,  rr, 
*Venerupis  decussata,  PhiJippi  in  Ilôr- 

nes,  ar, 

*  Lulraria  elUptica,  Lamarck,  r, 
Tellina  pUmata,  Linné,  c, 

—      tUiptica,  Lamarck,  r, 
Fragilia  abbreviata,  Dujardin,  c, 
Àreopagia  ventricosa,  de  Serres,  c, 
Easlonia  rugoia,  Chemnitz,  ce, 


Solen  marginatus,  Pulteney,  c, 
Solecurtus  candidux,  Renieri,  r, 

*  Trigonia  anatina,  Gmelin  in  Hdrnes,  ar, 
Corbula  Escoffierœ,  Fontannes,  ce, 

*  —      revoluta,  Broechi,  r, 

*  —     carinata,  Dujardin.  r. 
Sphrnia  anatitia,  Basterot,  r, 

*Gasirochœnadubia,  Pennant,  ar, 
Parupholas  Branderi,  Basterot,  ar, 
*Pholas  Luberonensis,  Font.,  rr. 


J*ai  déjà  dit  que,  malgré  la  présence  d'une  notable  quantité  d'espè- 
ces du  Miocène  moyen  de  la  Touraine  et  du  Sud-Ouest,  les  Marnes  de 
Cabrières  avaient  été  considérées  comme  représentant  le  Miocène  su- 
périeur dans  le  bassin  du  Rhône.  C'est  à  un  niveau  à  peu  près  identi- 
que que  M.  Mayer  les  a  placées,  en  les  faisant  rentrer  dans  leTortonien 
de  sa  classilication,  et  M.  Fuchs,  avec  qui  j'ai  eu  le  plaisir  de  visiter  ce 
gisement  classique,  a  reconnu  que  de  tout  le  Miocène  du  bassin  de 
Vienne,  c'était  avec  l'argile  de  Grinzing  qu'elles  avaient  le  plus  d'a- 
nalogie, tant  au  point  de  vue  de  l'ensemble  de  la  faune  qu'à  celui  de 
la  fréquence  des  types  qui  la  composent.  Il  m'avait  d'ailleurs  suffi  de 
lire  les  intéressants  travaux  du  géologue  hongrois,  pour  en  déduire  un 
rapprochement  analogue,  que  j'avais  ainsi  formulé  :  •  Par  l'ensemble 
de  ses  fossiles,  le  groupe  des  marnes  et  sables  à  Cardita  Jouanneti  me 
parait  correspondre  aux  assises  qui,  dans  le  bassin  de  Vienne,  sont 
subordonnées  à  l'argile  de  Baden,  c'est-à-dire  à  la  partie  inférieure 
et  moyenne  du  deuxiènte  étage  méditerranéen,  les  couches  de  Baden 
renfermant  de  nombreuses  espèces  qui,  dans  le  bassin  du  Khône,  ne 
font  leur  apparition  que  dans  les  marnes  et  faluns  du  groupe  deSaint- 
Ariès  (1).  » 

On  sait  aussi,  grâce  aux  travaux  de  M.  G.  Capellini,  que  cet  horizon 
est  très-distinctement  représenté  en  Italie  par  une  série  de  dépôts  sub- 
ordonnés à  la  formation  gypseuse  et  caractérisés  par  les  mêmes  fos- 
siles que  le  Tortonicn  du  Comtat  et  de  la  Provence. 

Sables  et  mai*nes  à  lignite  et  fossiles  terrestres  (Hélix  ChristoliJ.  — 
C'est  ainsi  que  j'ai  désigné,  dans  mes  études  antérieures,  les  formations 
continentales  superposées  dans  le  Comtat  à  la  zone  k  Cardita  Jouan- 
neti, et  débutant  par  des  dépôts  ligniteux  plus  ou  moins  importants, 
dont  j'ai  suivi  les  affleurements  depuis  le  département  de  l'Ain  jusqu'à 
celui  des  Bouches-du-Rhône. 

(1)  Le  bassin  de  Viian,  p.  53. 


Wk 


FONTANNES.  —  NEOGENK  DE  CUCDRON. 


29  avril 


Sur  le  plateau  de  Cueuron,  cette  zone,  séparée  de  la  précédente  par 
quelques  mètres  de  marne  et  de  sable  sans  fossiles  (?),  se  subdivise 
naturellement  en  trois  assises:  marneuse,  calcaire  et  limoneuse;  la 
première  caractérisée  p^LvleMelanopsis  Narzolina,  la  seconde  par  Y  Hé- 
lix Christoli,  déjà  commun  d'ailleurs  dans  les  marnes  subordonnées,  « 
la  troisième  par  XHipparion  gracile. 

Les  fossiles  de  cette  zone,  comme  ceux  des  Marnes  de  Cabrières,  ont 
été  étudiés  et  décrits  avec  beaucoup  de  soin  par  les  savants  auteurs 
du  mémoire  sur  les  Animaux  fossiles  du  Mont-Léberon,  Voici  les  espè- 
ces qu'ils  y  ont  reconnues  : 

!**  Marnes  à  Melanopsis  Narzoh'na  et  calcaire  marneux  «i  Hélix 
Christoli. 


Melanopsis  Narzolina,  Bonclli,  ce, 
Succinea  primœva,  MathcroD,  r, 
Hélix  Christoli,  Mathcron,  ce. 


Planorbis  prœcorneus,  Fisch.  et  T.,  ce, 
—        Matheroni,  Fisch.  et  T.,  ce, 
Bilhtpiia  Lebcronensis,  Fisch.  et  T..  c. 


A  cette  liste  je  puis  ajouter  aujourd'hui  : 


Neritina  Dumortieri,  Font.,  ar, 
Limnœa  Heriacensis,  Font.,  e. 


Limnœa  CucuronensU,  Font.,  r. 
—      Deydieri,  Font.,  r. 


2**  Limons  rougeâtres  à  Hipparion  gracile. 


Macharodus  cuUridens,  Kaup   (sp.  Cu- 

vicr), 
Hyœna  eximia,  Roth  et  Wagner, 
Ictilherium  hipparionum,   Gaudry  (sp. 
Gervais), 
—  Orbignyi,  Gaudry  (sp.  Gau- 

dry et  Larlet), 
Dinotherium  giganteum,  Kaup  ?, 
Rhinocéros  Schleiermacheri,  Kaup, 
Acerolherxum  incinvum,  Kaup  (sp.  Cu- 

vier), 
Hipparion  gracile,  Kaup  (sp.  de  Chris- 
tol). 


Sus  major,  Gervais, 

Hclladotherium  Duvenwyi.  Gaudry  (sp. 
Larlet), 

Tragoceras  amaltheus,  Gaudry  (sp.  Roth 
et  Wagner), 

Gasella  deperdita,  Gervais  ?, 

Palœoceras  Lindermayeri  ?,  Roth  et  Wa- 
gner, 

Cervus  Matheroni,  Gervais, 

Testudo  de  dimension  gigantesque. 

—  de  taille  moyenne, 

—  de  petite  taille. 


Cette  faune  a  été  regardée  par  M.  Gaudry  comme  caractéristique  du 
Miocène  supérieur,  et  les  limons  rougeâtres  du  mont  Luberon  ont  été 
maintenus,  dans  un  ouvrage  récent  du  même  auteur,  au  niveau  des 
gisements  de  Plkermi  (Grèce),  de  Baltavar  (Hongrie),  de  Goncud  (Espa- 
gne). Ce  classement  fixe  donc  la  position  stratigraphique  des  couches 
lacustres  subordonnées,  qui  ne  sauraient  être  rangées  dans  le  Pliocène 
inférieur  sans  y  entraîner  les  limons  à  ossements. 

Je  ne  reviendrai  pas  ici  sur  les  paraliélisnies  que  j'ai  cru  devoir  éta- 
blir  entre  les  divers  dépôts  superposés  au  Miocène  supérieur  marin 


1878.  FONTANNES.   —  NÉOGÈNE  DE  CUCURON.  805 

dans  la  vallée  du  Rhône.  Je  sais  qu  ils  ne  sont  pas  admis,  en  partie  du 
moins,  par  quelques  géologues,  mais  sans  connaître  les  données  stra- 
tigraphiques  sur  lesquelles  on  pourrait  s'appuyer  pour  considérer,  par 
exemple,  les  couches  h  lignite  de  Tersanne  (Drome),  d'Heyrieu  (Isère), 
de  la  Bresse,  comme  d*un  âge  plus  récent  que  celles  du  Comtat  et  de 
la  Provence. 

S*il  s'agît  de  taire  passer  toute  cette  zone  du  Miocène  supérieur  dans 
le  Pliocène  inférieur,  c  est  encore  là  une  de  ces  questions  d'accolade 
que  je  m'abstiendrai  de  discuter,  les  limites  stratigraphiques  étant  le 
plus  souvent  aussi  arbitraires  que  les  limites  spécifiques.  Mais  ce  que 
je  crois  pouvoir  maintenir,  c'est  que  les  formations  continentales  im- 
médiatement superposées  aux  sables  à  Nassa  Michaudi  et  Hélix  Del- 
phinensis  dans  le  Uauphiné  et  la  Bresse,  aux  couches  à  CardUa  Jovian- 
neti  dans  le  Comtat  et  la  Provence,  sont  antérieures  au  groupe  de 
Saint>Ariès,  classé  par  les  uns  dans  le  Miocène  supérieur,  parles  autres 
dans  le  Pliocène  inférieur. 

Cette  opinion  ne  s'appuie  pas  seulement  sur  la  coupe  de  Hauterive, 
très-difficile  à  relever  et  dont  l'interprétation  peut  être  controversée, 
mais  sur  toutes  celles  que  j'ai  observées  dans  la  vallée  du  Rhône  et 
qui  présentent  à  cet  égard  une  remarquable  concordance.  Celle  ques- 
tion, d'ailleurs,  est  longuement  disculée  dans  ma  dernière  étude  sur 
les  terrains  néogènes  du  Sud-Est;  il  est  donc  inutile  de  revenir  ici  sur 
les  arguments  que  j'ai  fait  valoir  en  faveur' de  ma  manière  de  voir,  et 
sur  les  doutes  que  me  laissent  encore  certaines  solutions  provisoires 
que  j'ai  cru  devoir  proposer. 

On  sait  combien  il  est  difficile  déclasser  les  formations  terrestres  ou 
d'eau  douce  qui  ne  sont  pas  distinctement  intercalées  entre  deux  assi- 
ses marines  d'ûge  nettement  (létern)inable,  ou  d'établir  le  synchronis- 
me de  dépôts  qui  se  formaient  simultanément  sous  les  eaux  de  la  mer 
et  sur  les  terres  exondées.  Cette  tâche  est  certainement  aussi  délicate 
que  celle  de  rattacher  les  dépôts  de  rivage,  de  bas-fonds  ou  de  récifs, 
aux  dépôts  de  mer  profonde,  et  les  efforts  tentés  dans  cette  voie  sont 
trop  récents  pour  que,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  les  résultats 
obtenus  puissent  être  regardés  comme  définitifs. 

il  est  bien  certain  que  les  marnes  à  lignite  du  bassin  du  Rhône  doi- 
vent être  contemporaines,  soit  des  sables  à  Nassa  Michaicdi  ou  à  Car- 
dita  Jouanneti,  soit  peut-être  des  marnes  et  faluns  de  Saint-Ariès,  et 
j'ai  déjà  signalé,  pour  le  Bas-Dauphiné  septentrional,  le  synchro- 
nisme probable  de  certaines  assises  marines,  saumâtres  et  con- 
tinentales. Mais  c'est  là  une  question  que  je  ne  saurais  traiter  encore 
avec  tout  le  développement  qu'elle  comporte,  les  terrains  pliocènes  et 
quaternaires  du  Sud-Est  étant  trop  imparfaitement  connus  pour  qu'on 


S06  FONTANNES.   —  NÉOGÈNE  DE  GUGURON.  29  avril 

puisse  l'aborder  dès  aujourd'hui  sans  laisser  à  Thypothèse  un  champ 
beaucoup  trop  vaste. 

Alluvions  anciennes.  —  Les  îlots  lortoniens  que  les  érosions  ont  dé- 
coupés sur  le  bord  septentrional  de  la  plaine  de  la  Durance  sont  cou- 
ronnés par  un  poudingue  peu  cohérent,  à  ciment  inarno-sableux, 
dont  les  cailloux,  en  grande  partie  calcaires,  sont  souvent  impressioti- 
nés.  Des  dépôts  analogues  se  retrouvent  dans  le  Comlat,  notamment 
au  sommet  des  collines  tertiaires  qui  s  élèvent  entre  Valréas  et 
Nyons. 

Par  contre,  je  ne  crois  pas  en  avoir  observé  de  semblables  dans  le 
fond  des  vallées,  où  les  alluvions  présentent  des  caractères  bien  diffé- 
rents. 

Ces  callloutis,  considérés  par  M.  Se.  Gras  comme  le  prolongement 
aminci  d'un  terrain  de  transport  très-puissant  dans  les  Basses-Alpes, 
ont  été  classés  par  cet  auteur  au  sommet  des  terrains  tertiaires  et  dé- 
crits très-exactement  sous  le  nom  de  terrain  lacustre  supérieur.  M.  Se. 
Gras  les  assimile  donc  ainsi  aux  poudingues  du  Bas-Dauphiné  et  en 
particulier  des  environs  de  La  Tour-du-Pin.  Je  crois  en  effet  qu'ils 
pourraient  être  reliés,  non  pas  précisément  aux  poudingues  nnocènes 
de  H.  Lory,  mais  peut-être  aux  dépôts  que  le  savant  professeur  de 
Grenoble  a  appelés  glaise  de  Chambaran  et  des  plateaux  viennois,  et 
a  parallélisés  avec  le  conglomérat  bressan,  pliocène  pour  lui  comme 
pour  Ëlie  de  Beaumont. 

On  sait  que,  dans  ces  dernières  années,  ces  terrains  de  transport 
ont  été  rattachés  aux  dépôts  glaciaires,  si  bien  étudiés  dans  TAin  et  le 
Rhône  par  MH.  Faisan  et  Chantre,  et  rapportés  par  eux  à  la  période 
quaternaire.  Cette  attribution  enti*aina  même,  tout  d'abord,  dans  le 
même  étage,  les  couches  à  Valvata  Vanciana  eiPaliuiina  Ih^esseli  du 
plateau  des  Bombes. 

Pour  ma  part,  je  n'ai  jamais  pensé  que  la  faune  de  Yancia  pût  être 
quaternaire,  et  si  je  n'ai  pas  exprimé  ma  manière  de  voir  à  cet  égard, 
c'est  que  j'étais  persuadé  que  de  nouvelles  recherches  ne  tarderaient 
pas  à  faire  revenir  les  explorateurs  de  la  Bresse  sur  une  appréciation 
basée  uniquement  sur  les  données  fournies  par  le  forage  d'un  puits. 
Aujourd'hui  que  les  auteurs  de  l'intéressante  note  publiée  dans  le 
Bulletin  (i)  sont  eux-mêmes  divisés  sur  ce  point,  je  ne  me  crois 
plus  astreint  à  la  même  réserve  et  me  range  résolument  à  l'avis  de 
M.  Tournouër  (2). 

(1)  BulL  Soc.  géol.,  3'  sér.,  t.  lU.  p.  741;  1875. 

(2)  Observations  sur  les  terrains  tertiaires  de  la  Dresse  {Bull ,  3*  sér.,  t.  V, 
p.  732:  1877). 


1878.  FONTANNES.  —  NÉOGÈNE  DE  CtCURON.  507 

Mais  la  rétrocession  à  la  période  tertiaire  des  couches  à  Valvata 
Fancmwa  doit-elle  forcément  entraîner  celle  de  toutes  les  alluvions 
dites  anciennes  par  M.  Fournet,  et  glaciaires  par  M.  Faisan  ?  N'est-on 
pas  là  en  présence  de  quelque  problème  analogue  à  celui  que  j'ai 
cherché  à  résoudre  dans  mon  étude  sur  le  vallon  de  la  Fuly?  C'est  là 
une  question  qui  ne  me  parait  pas  définitivement  tranchée,  la  solution 
proposée  en  quelques  mots  par  M.  Tournouër  ne  s  appuyant  encore 
sur  aucun  argument  stratigraphique  irréfutable. 

Cependant,  à  en  juger  d'après  les  observations  que  j'ai  eu  l'occasion 
de  faire  sur  plusieurs  points  du  bassin  du  Rhône  où  j'ai  rencontré  les 
poudingues  à  cailloux  impressionnés^  je  crois  qu'il  faudra  en  revenir, 
pour  une  partie  au  moins  de  ce  qu'on  appelle  les  Alluvions  anciennes, 
à  la  classification  de  MM.  Gras  et  Lory,  reprise  aujounlhui  par 
MM.  Tournouër  et  Tardy. 

Et  à  ce  propos,  j'ajouterai  que  parmi  les  conclusions  présentées  par 
M.  Tournouër  à  la  suite  du  travail  de  M.  Tardy,  il  en  est  une  qui  me 
semble  particulièrement  intéressante;  car  elle  vient  appuyer  une  de 
celles  que  j'ai  formulées  dans  la  première  de  ces  monographies.  Il  pa- 
rait, en  effet,  que  sur  le  plateau  des  Dombes,  les  fossiles  des  marnes  à 
Valvata  Vanciana,  en  place  à  la  base  .de  la  masse  des  Alluvions  an- 
ciennes, se  retrouvent  à  la  partie  supérieure  remaniés  avec  le  Nassa 
Michaudi  et  autres  fossiles  marins.  Or,  j'ai  fait  remarquer  en  1875, 
que  dans  les  masses  caillouteuses  qui  couvrent  les  berges  du  vallon 
de  la  Fuly,  on  pouvait  distinguer  deux  horizons  :  l'un  (à  cailloux  im- 
pressionnés), que  j'ai  regardé  comme  le  plus  ancien,  ne  contenant 
dans  son  ciment  sableux  que  des  fossiles  des  sables  à  Hélix  Delphi- 
nensis,  en  place  sous  ce  même  manteau  d'alluvions;  l'autre,  qui  est 
évidemment  plus  récent,  ne  renfermant  que  des  débris  de  coquilles 
marines  des  sables  à  Nassa  Michaudi, 

Ce  fait  vient,  suivant  moi,  à  Tappui  de  l'opinion  émise  par 
M.  Lory  (1)  et  des  conclusions  récemment  formulées  par  M.  Tour- 
nouër, et  j'ai  pensé  qu'il  était  utile  d'appeler  de  nouveau  l'attention 
sur  cette  observation.  Elle  pourra  peut-être  contribuer  à  fixer  le 
sort  de  ces  alluvions,  sur  l'âge  et  l'origine  desquelles  les  géologues 
de  la  Bresse  ont  quelque  peine  à  se  mettre  d'accord,  le  Miocène,  le 
Pliocène  et  le  Quaternaire,  les  torrents  du  Diluvium  et  ceux  des  gla- 

(1)  «  n  est  possible  qu'il  existe  dans  les  alluvions  anciennes  de  la  Bresse  et  de 
nos  vallées  alpines,  des  (K'ipôts  inférieurs,  contemporains  des  couches  marines 
subapennines  de  l'Italie  ou  tout  au  moins  des  dépôts  pliocénes  du  val  d'Arno,  et 
d'autre  part,  des  dépôts  supérieurs,  correspondant  aux  alluvions  anciennes  qui  se 
sont  formées  sur  cet  autre  versant  des  Alpes  postérieurement  au  retour  de  la 
mer  pliocène.  » 


608  FONTANNES.   —  NÉOGÈXE   DE  CUCURON.  29  avril 

ciers  élant  chargt5s,  à  tour  de  rôle,  de  leur  donner  rhospitalilé  ou 
de  leur  servir  de  moyens  de  transport. 

Mais,  en  somme,  et  malgré  quelques  points  encore  obscurs,  on  voit 
que  plus  les  observations  deviennent  rigoureuses,  au  sud  comme  au 
nord  de  Lyon,  plus  la  série  tertiaire  de  la  Bresse  et  en  général  de  tout 
le  département  de  TAin  se  révèle  identique,  au  moins  dans  ses  traits 
généraux,  avec  celle  du  Dauphiné,  du  Comtat,  etc.  Ce  résultat  aurait 
été  certainement  atteint  plus  tôt,  si  les  géologues  du  Sud-Est  n'avaient 
pas  aussi  étroitement  limité  le  champ  de  leurs  recherches  et  mis  leurs 
divergences  sur  le  compte  de  prétendues  localisations  de  phénomè- 
nes. Tout  tend,  au  contraire,  à  établir  une  uniformité  remarquable 
dans  la  succession  des  phénomènes  telluriques  et  biologiques  qui  ont 
affecté  le  bassin  du  Rhône  pendant  la  période  tertiaire. 

La  série  de  TAin,  semblable  à  celle  qu'on  observe  dans  le  Bas- 
Dauphiné  septentrional,  laquelle  ne  dlfiere  de  la  série  du  Comtat  et 
de  la  Provence  que  par  l'absence  de  queli^ues  couches  d'un  dévelop- 
pement peu  important,  —  la  série  de  l'Ain,  dis-je,  comprend  toutes 
les  zones  signalées  dans  cette  étude  depuis  la  mollasse  à  Pecten  prce- 
scabriusculus  jusqu'aux  alluvions  qui  couronnent  les  collines  torto- 
niennes  de  la  rive  gauche  du  Rhône. 

Les  couches  y  sont  presque  horizontales  dans  la  Bresse,  comme 
dans  le  Nord  du   Dauphiné,  observation  faite   souvent  déjà   et   en 
parfait  accord  avec  les  données  des  coupes  que  j'ai  publiées.  Partout, 
en  effet,  vers  le  milieu  de  la  vallée  du  Rhône,  la  zone  moyenne  du 
Miocène  marin,  c'est-à-dire  les  sables  à  TerebratuUna  calathiscus  de 
Vienne  et  de  Tersanne,  à  Pecten  Celestini  du  bassin  de  Yisan,  à  P. 
Fuchsi,  var.,  des  environs  deCucuron,  constituent  le  fond  de  cuvettes 
formées  par  les  divers  soulèvements  qui  ont  disloqué  les  dépôts  ter- 
tiaires. Et  c'est  dans  celte  masse  puissante,  mais  peu  cohérente,  que 
les  cours  d'eau  ont  façonné  un  grand  nombre  de  vallées,  y  compris 
celle  du  Rhône  dans  les  environs  de  Lyon  (1),  vallées  d'autant  plus 
larges  que  la  faible  inclinaison  des  strates  donnait  plus  d'étendue  à 
leurs  affleurements.  Au-dessus  de  ces  sables  ou  des  dépôts  littoraux 
qui  les  surmontent,  s'étendent    les  débris  d'une   immense    nappe 
marnO'Sableuse,  d'origine  continentale,  constituant,   suivant  leur 
importance,  des  îlots  comme  dans  le  bassin  de  la  Durancc,  de  petits 
massifs  comme  dans  les  environs  de  Visaii,  ou  de  vastes  plateaux 
comme  dans  le  Bas-Dauphiné  et  le  département  de  l'Ain. 

(1)  J'ai  sigoalé  en  1877,  dans  les  environs  d'Irij^ny  (Rlione),  le  premier  gisement 
des  sabl(»s  à  TerebratuUna  caiathiuus  qui  ait  éid  observé  sur  la  rive  droite  du 
Rhône;  il  se  relie  aux  dépots  de  môme  nature  qui,  sur  la  rive  gauche,  forment  la 
base  des  haïmes  viennoises. 


1878.  FONTA.NNES.  —  NÉOGÈNE  DE  CUCL'RON.  809 

Quant  à  la  mollasse  à  Pccten  prœscahriusculus,  si  on  n'eu  a  encore 
signalé  aucun  gisement  dans  la  Bresse,  elle  n'en  a  pas  moins  précédé, 
là  comme  partout  ailleurs,  les  sables  supérieurs  de  l'Helvétien,  ainsi 
qu'en  témoignent  les  nombreux  affleurements  du  Bugey,  oii  les  sou- 
lèvements du  Jura  l'ont  mise  en  évidence  et  portée  sur  certains  points 
à  de  grandes  hauteurs. 

Il  est  donc  permis  de  croire  :  1°  que  nous  connaissons  dès  aujour- 
d'hui toute  la  succession  des  dépôts  qui  se  sont  formés  dans  la  partie 
française  du  bassin  du  Rhône,  depuis  la  Mollasse  proprement  dite 
jusqu'aux  Alluvions  anciennes;  i""  que  cette  succession  présente  au 
double  point  de  vue  pétrographique  et  paléontologique  une  grande 
uniformité,  au  moins  dans  les  traits  principaux,  et  qu'il  est  possible, 
par  conséquent,  d'en  faire  rentrer  les  termes  divers  dans  les  subdivi- 
sions que  j'ai  proposées  pour  les  dépôts  tertiaires  du  bassin  de  Visan, 
la  meilleure  échelle  stratigraphique  qu'on  puisse  consulter  pour  la 
classification  des  terrains  néogènes  du  Sud -Est  de  la  France. 

Marnes  à  Turritella  subangulata,  —  Si  les  formations  qui  pré- 
cèdent, et  qu'à  l'exception  des  Alluvions  anciennes,  j'ai  réunies  sous 
le  nom  de  groupe  de  Visan,  sont  suffisamment  connues,  au  moins  sur 
toute  la  lisière  des  Alpes,  il  est  loin  d'en  être  de  même  du  groupe  de 
Saint- A  n'es,  formé,  en  grande  partie,  de  dépôts  marins  que  j'ai  cru 
pouvoir  rapporter  au  début  de  l'époque  pliocène. 

Cependant  un  certain  nombre  de  faits  me  paraissent  aujourd'hui 
hors  de  discussion.  L'un  d'eux,  et  le  plus  important  peut-être,  est 
encore  conûrmé  par  les  gisements  que  j'ai  découverts  sur  la  rive 
gauche  de  la  Durance  :  c'est  la  constance  de  la  discordance  de  stratifi- 
cation qui  sépare  les  deux  groupes.  La  coupe  1  de  la  planche  IV 
montre  en  effet,  d'une  manière  indiscutable,  l'indépendance  absolue 
des  marnes  de  Bacot  et  de  Saint-Christophe  relativement  aux  assi- 
ses miocènes  des  environs  de  Cucuron.  La  classification  adoptée  plus 
haut  pour  ces  dépôts,  malgré  la  pénurie  des  documents  paléontolo- 
giques,  me  paraît  d'ailleurs  incontestable,  bien  que  je  ne  puisse  encore 
préciser  la  place  qu'ils  occupent  dans  le  groupe  dont  ils  font  partie. 

Les  gisements  que  j'ai  étudiés  jusqu'ici  présentent  des  faunes  si 
diverses,  et  les  coupes  y  sont  si  peu  nettes,  que  dans  plusieurs  cas  je 
n'ai  pu  voir  clairement  si  j'avais  affaire  à  un  faciès  ou  à  un  niveau 
diflérent.  Cependant,  ce  qui  me  paraît  établi  sur  des  preuves  suffi- 
santes, c'est  que  le  groupe  de  Saint-Ariès  comporte  au  moins  deux 
grandes  subdivisions  :  une  zone  inférieure,  composée,  en  grande  par- 
tie, de  marnes  marines  plus  ou  moins  sableuses,  renfermant  souvent 
de  nombreux  débris  des  falaises  au  pied  desquelles  elles  se  sont  for- 
mées, et   caractérisées  par  le   Ccrithium  vuJgatum  et  par  un  banc 


5i0  FONTANNES.   —   NÉOGÈNE  DE  GUGURON.  39  avril 

d'Huîtres  au  sommet;  une  zone  supérieure,  constituée  par  des  marnes 
souvent  blanchâtres,  t'euillelées,  à  joints  sableux,  dont  le  fossile  ca- 
ractéristique le  plus  incontestable  est  le  Potamid^  Basteroti. 

Les  dépôts  dont  le  classement  ne  peut  être  encore  aussi  rigoureuse* 
ment  établi  sont  :  1^  les  marnes  de  la  vallée  du  Rhône  caractérisées 
par  le  Pecten  Comitatus,  Font.,  qui  représentent,  soit  un  faciès 
moins  littoral  des  couches  à  Ccrithium  vulgatum,  soit  une  formation 
un  peu  plus  récente  ;  2®  les  marnes  à  Congeria  suhcarhiata,  qui  pour- 
raient bien  n'être  qu* un  faciès  de  cet  horizon  si  polymorphe  des 
couches  à  Congéries,  mais  que  quelques  géologues  croient  plus 
anciennes  que  les  marnes  à  Cerithium  vulgatum,  sans  qu'il  soit  pos- 
sible de  leur  opposer  des  coupes  d'une  netteté  irréfutable. 

Le  gisement  de  Saint-Christophe  ne  saurait  m'autoriser  à  entrer 
dans  la  discussion  de  ces  diverses  questions,  que  j*ai  déjà  traitées, 
d'ailleurs,  dans  mes  études  sur  le  Comtat.  Je  me  bornerai  donc  à  dire 
qu'il  offre  plutôt  les  caractères  des  couches  à  Pecten  Comitatus  (argile 
de  Bouchet)  que  ceux  des  marnes  à  Cerithium  vulgatum  (marnes  de 
Saint-Ai'iès).  Quant  aux  marnes  de  Bacot,  elles  me  semblent  se  ratta- 
cher, par  le  grand  nombre  des  débris  végétaux  qui  en  tapissent  les 
feuillets,  aux  marnes  à  Potamides  Basteroti,  telles  qu'elles  se  présen- 
tent dans  le  bassin  de  Théziers. 

Mais  ce  sont  là  des  hypothèses  que  je  n'émets  que  sous  toutes 
réserves.  Ce  qui  me  paraît  parfaitement  établi,  c'est  que  le  gisement 
de  Saint-Christophe  n'est  que  le  prolongement  oriental  de  cette  for- 
mation marneuse  dont  les  érosions  ont  épargné  un  important  chaînon 
en  face  d'Avignon,  et  qui,  remontant  au  moins  jusqu'au  sud  des 
départements  de  la  Loire  et  de  l'Isère,  présente  de  nombreux  affleure- 
ments sur  les  deux  rives  du  Rhône  et  se  retrouve  dans  la  plupart  des 
vallées  transversales  qui  en  sont  tributaires. 

Condusiom.  —  Désireux  de  maintenir  à  celte  étude  le  caractère 
monographique  qui  lui  convient  et  dont  elle  s'est  départie  le  moins 
possible,  je  ne  reviendrai  pas  ici  sur  quelques  questions  d'un  intérêt 
plus  général,  dont  j'ai  dû  aborder  plus  haut  la  discussion,  et  je 
me  bornerai  à  formuler  les  conclusions  suivantes,  plus  spécialement 
relatives  aux  terrains  tertiaires  de  la  vallée  de  la  Durance  : 

io  Les  Sables  et  argiles  bigarrés  de  lÉocène  existent  à  l'élat  de 
lambeaux  plus  ou  moins  importants  sur  les  pentes  méridionales  du 
mont  Luberon  ;  ils  s'y  présentent  avec  les  mêmes  caractères  que  dans 
le  Comtat  et  contiennent  des  blocs  d'un  grès  calcédonieux  rougeâtre, 
analogues  à  ceux  qu'on  rencontre  sur  les  flancs  des  collines  de  Saint- 
Paul-Trois-Châleaux,  de  Chantemerle,  etc. 


1878.  FONTANNES.  —  NÉOGÈNE  DE  CUOURON.  811 

2®  Les  dépôts  attribués  au  Grès  vert  sur  la  carie  de  M.  Se.  Gras 
appartiennent  en  réalité  à  la  mollasse  à  Pecten  prœscabriusculus  ou 
Mollasse  proprement  dite,  et  se  relient  aux  dépôts  mollassiques  de 
Bonnieux  (Yaucluse)  et  de  Rognes  (Bouches-du-Rhône). 

3*^  La  zone  souvent  désignée  sous  le  nom  de  a  Mollasse  sableuse  » 
ou  de  «  Mollasse  grise  »  n'est  nullement  subordonnée  à  la  mollasse  de 
Saint-Paul-Trois*Châteaux  et  ne  saurait  être  par  conséquent  parallé- 
lisée  avec  la  mollasse  sableuse  à  Scutella  Paulaisis  de  cette  dernière 
localité.  Elle  représente  cette  puissante  formation  gréso-sableuse  qui, 
partout  dans  le  bassin  du  Rhône,  constitue  le  terme  moyen  de  la 
série  marine  du  Miocène,  et  qui  est  caractérisée  par  le  TerebratuUna 
calathiscHs  dans  le  Bas-Dauphiné,  par  le  Pecten  Celestini  dans  le 
bassin  de  Yisan.  Cette  zone  renferme  à  sa  base  un  banc  d'Amphiopes 
et  de  nombreux  Ostrca  crassissima,  deux  fossiles  très-constants  à  ce 
niveau  dans  les  départements  de  la  Drôme  et  de  Yaucluse,  et  qui  se 
retrouvent,  dans  des  conditions  stratigraphiques  et  pétrographiques 
absolument  semblables,  en  Touraine,  et  notamment  dans  les  environs 
de  Pontlevoy,  oii,  comme  dans  ceux  de  Pertuis,  ils  sont  immédiate- 
ment subordonnés  à  des  dépôts  d'eau  douce  (1). 

4"  Les  dépôts  d'eau  douce,  d'épaisseur  et  de  composition  très- 
variables,  qui,  dans  la  vallée  de  la  Durance,  recouvrent  les  couches  à 
Amphiopes  et  Ostrea  crassissima,  sont  dus  à  une  oscillation  du  sol 
qui  a  pu  se  produire  sur  un  certain  nombre  de  points  du  bassin  du 
Hliône,  mais  qui,  probablement,  n'a  pas  eu  la  même  amplitude  que 
les  mouvements  auxquels  sont  dues  les  alternances  ultérieures  de 
dépôts  marins  et  continentaux.  Il  est  possible  cependant  que  ses  effets 
puissent  être  constatés  dans  des  localités  où  jusqu'ici  ils  ont  échappé 
à  l'observation,  et  qu'on  lui  reconnaisse  dans  l'avenir  une  extension 
plus  grande  que  celle  qui  ressort  des  données  actuelles  (2). 


(1)  l'Àmphiope  abondant  à  ce  niveau  en  Touraine  n'est  pas  VA.  perspicillata, 
mais  bien,  d'après  M.  Cotteau.  VA.  bioculata,  espèce  très-voisine,  d'ailleurs,  de 
la  première,  et  appartenant  incontestablement  au  môme  groupe.  Quant  à  l'Ostrea 
crtississima,  il  présente  identiquement  le  même  faciès  dans  les  deux  régions. 

(2)  MM.  Gras  et  Lory  ont  signalé  la  présence  de  la  mollasse  marine  sous  des 
coijphes  d'eau  douce,  qu'ils  ont,  je  crois,  parallélisées  avec  les  calcaires  de  La 
(iarde-Adhémar,  ce  qui,  théoriquement,  je  le  reconnais,  n'a  rien  d'invraisemblable. 
Cependant,  n'ayant  pu  encore  constater  une  semblable  intercalation  sur  aucun 
point  du  bassin  du  Rhône,  je  serais  assez  disposé  à  admettre,  jusqu'à  preuve 
contraire,  que  les  dépôts  d'eau  douce  observés  au-dessus  de  ces  premières  cou- 
ches de  mollasse  marine  représentent,  non  le  calcaire  de  La  Garde-Adhémar.  sur 
lequel  repose  le  groupe  complet  de  Visan,  mais  bien  les  formations  continentales 
des  environs  de  Pertuis  et  de  Cucuron,  superposées  aux  bancs  gréseux  à  Am- 
phiopes et  (htrca  crassissima  (1"  niveau)  et  par  conséquent  d'un  âge  plus  récent, 


su  FONTANNES.   —  NÉOGÈNE  DE  GUGURON.  29  avCftl 

5°  Les  couches  marno-calcaires  dites  a  Mollasse  de  Cucuron  »  ou 
a  Mollasse  jaune  »  ne  correspondent  pas,  comme  on  l'a  soutenu  jusqu'à 
ce  jour,  à  la  mollasse  de  Saint-Paul-Trois-Châleaux,  de  Montségur, 
etc.,  dont  elles  sont  séparées  stratigrapliiquenient  par  une  épaisseur 
énorme  de  sables  et  de  grès.  Elles  sont  le  prolongement,  notablement 
développé,  d*une  assise  que  j'ai  signalée  dans  le  Comtat  sous  le  nom 
de  Calcaire  marno-sableux  à  Pecteti  Vindascinus,  et  qui  n'a  encore 
été  citée  d'aucune  autre  région.  Cette  assise,  qui  est  liée  par  des  al- 
ternances aux  marnes  de  Cabrières  à  AnciUaria  glandiformis,  est  le 
seul  niveau  connu  du  Pecten  scabriuscuîus  type,  confondu  jusqu'ici 
avec  le  P.  prœscabriusculus,  caractéristique  d'un  niveau  bien  inférieur. 

6°  Sauf  cette  dernière  assise,  que  je  n'ai  encore  rencontrée  que 
dans  le  Comtat  et  la  Provence,  la  série  marine  du  plateau  de  Cucuron 
est  identique  avec  celle  qu*on  peut  observer  dans  la  vallée  du  Rhône, 
depuis  les  contreforts  du  Jura  jusqu'au  littoral  méditerranéen. 

70  La  formation  continentale  qui  lui  succ^e  débute  par  des 
couches  de  lignite  qu'on  peut  suivre  au  nord  jusque  dans  le  départe- 
ment de  l'Ain.  Il  est  probable,  malgré  de  sensibles  divergences  fau- 
niques,  que  les  dépôts  terrestres  et  d'eau  douce  superposés  au  lignite 
(calcaire  marneux  à  ffelix  Christoli,  limon  rougeâtre  à  Hipparion 
gracile)  ont  leurs  représentants  homotaxiques  dans  les  sables  et  grès 
compris  entre  le  lignite  et  les  alluvions  anciennes  dans  le  Bas-Dau- 
pbiné,  la  Bresse,  etc. 

8°  Toute  cette  série  m'a  paru  en  stratification  concordante  ou  légè- 
rement transgressive,  et  les  diverses  assises  en  sont  intimement  lié-es 
entre  elles.  Je  l'ai  désignée  d'une  manière  générale  sous  le  nom  de 
groupe  de  Visan  et  rapportée  au  Miocène,  la  faune  mammalogiquedes 
limons  de  Cucuron,  qui  en  constituent  le  dernier  terme,  ayant  été  re-- 
gardée  par  M.  Â.  Gaudry  comme  caractéristique  du  Miocène  supérieur. 

9°  Le  groupe  de  Saint- A  nés  est  représenté  dans  les  environs  de 
Cucuron  par  les  marnes  à  Turritella  suhangulata  de  Saint-Christophe, 
qui  se  relient  à  l'ouest  aux  dépôts  analogues  des  environs  d'Avignon. 
Comme  partout  ailleurs,  il  est  ici  en  discordance  de  stratification  avec 
le  groupe  de  Visan;  cette  circonstance,  jointe  à  la  présence  d'une  faune 
très-distincte  de  celle  des  marnes  de  Cabrières  et  incontestablement 
plus  récente,  m'a  engagé  à  considérer  le  groupe  de  Saint-Ariès  comme 
représentan  t  la  base  du  Pliocène  inférieur  marin  dans  le  bassin  du  Rhône. 

10'  Il  est  possible  que  les  marnes  de  Bacot  représentent  les  dépôts 
saumâtres  ordinairement  superposés  aux  couches  marines  du  groupe 
de  Saint-Ariès,  mais  les  docuaients  paléontologi(|ues  faisant  absolu- 
ment défaut  jusqu'ici,  je  ne  puis  indiquer  ce  rapprochement  que  sous 
toutes  réserves. 


1878.      FONTANNBS.  —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  CUeURON.        613 

Description  de  quelques  espècses  et  variétés  nouvelles  des 
terrains  néo^ènes  du  plateau  de  Cueuron, 

t 

par  M.  Fontanne». 

PI.  V  et  Vf. 

Â.  Marnes  à  Cardita  Jouanneti. 

i .  Murex  subprodugtus,  Fontannes. 
PI.  V,  fig.  i. 

Testa  elongata  ;  spira  brcvÎK  ;  —  anfractut  SS  earinati,  antiee  attenucUi,  tutura 
parum profunda  sejuncti;  ultimus  maximus ,  posHce  depretsus,5l4  tuius  longitudi- 
fiit  œquans;  —  lirœ  spirales  obsoletissimœ  ;  nodi  longitudinales  7-8,  in  earinavix 
prominentes,  superne  et  infeme  evanescentes,  in  ultimo  anfractu  ohsoleti; — apertura 
tlongata;  labrum  subacutum,  interius  5-6  tuberculatum  ;  cauda  subreeta,  brevis, 
subumbilicata  ;  umbilicun  linearis  ;  canalis  apertus. 

Long.,  17;  lat.,  9  millira. 

Lt  Murex  suhproductus,  qui  fail  partie  du  groupe  du  M.  Lassaignei, 
Basterot  (pi.  III,  iig.  17),  n'est  peut-être  qu'une  forte  variété  locale 
du  M.  productics,  Bellardl.  Il  présente  aussi  quelque  analogie  avec  le 
M.  sublavatus,  m  Hûrnes,  non  Grateloup.  Mais  le  type  de  Cabrières 
diffère  de  ces  trois  espèces  par  la  brièveté  de  la  spire,  par  la  dépres- 
sion de  la  partie  postérieure  des  tours,  par  l'atténuation  très-sensible 
des  stries  transverses  et  par  l'absence  de  côtes  longitudinales  ;  celles- 
ci  sont  remplacées  par  des  tubercules  obsolètes,  qui  n'ondulent  que 
légèrement  la  carène  du  dernier  tour,  mais  qui  sont  un  peu  plus  sail- 
lants sur  les  tours  précédents. 

2.  PoLLiA  TouRNOUÉRi,  i^^on^annes. 
PI.  V,  fig.  5  a  et  6. 

Pollia  exscnlpta,  Dujardin,  var.,  in  Fischer  et  Tournouër,  op.  cit.,  p.  121,  pi,  XVI, 

fig.  13  et  14. 

Testa  ovata;  spira  acuta  ;  —  anfractus  convexi,  subcarinati,  longitudinaliter 
eostatif  spiraliter  lirati;  ultimus  dimidium  testœ  superans,  antiee  valde  attenua- 
tui  ;  —  costœ  longitudinales  7,  crassœ,  in  medio  prominentes,  versus  caudam  eva- 
neseentes,  interstitiis  subœqualibus  disjunctœ;  costulœ  transversœ  40,  angustœ, 
interstitiis  major ibus,  tenuissime  2-4  striatis,  separatœ,  interstitio  postico  majore; 
suturam  marginante  ;  —  apertura  angusta  ;  labrum  intus  €-7  plicato-nodosum , 
eolumella  antiee  3,  postice  /  tuberculata  ;  plicœ  posticœ  labri  et  columellœ  magis 
productœ  ;  umbilicux  linearis,  margine  rotundato.  minute  5  striato,  cinctus. 

Long»,  13;  lat.,  7  1/2  millim. 

MM.  Fischer  et  Tournouër  ont  décrit  et  figuré  cette  espèce  sous  le 

33 


514  FONTANNES.   —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  GUGURON.  49  avril 

uom  de  P.  exsculpta,  var.,  nom  spécifique  sous  lequel  ils  compre- 
naient, en  outre  du  type  de  Dujardin,  le  petit  Pollia  commun  à 
Pontlevoy.  Or,  c'est  évidemment  de  ce  dernier  que  le  Pollia  de 
Cabrières  se  rapproche  le  plus,  sans  toutefois  qu*on  puisse  le  rappor- 
ter à  la  même  espèce  :  le  canal  est  en  effet  plus  long,  la  spire  plus 
aiguë;  les  tours  sont  plus  détachés,  plus  carénés,  les  côtes  plus 
épaisses,  moins  nombreuses,  moins  obliques,  etc. 

Mais  le  P.  cxsculpta,  Duj.,  n  en  est  pas  moins  représenté  à  Cabrières 
par  une  variété  qui  tend  vers  le  P.  Meneghinii,  Bell.,  de  Stazzano,  et 
(|ui  se  distingue  très-facilement  d'ailleurs  du  P.  Toumomri. 

3.  Cangellaria  Druentiga,  Fontamies. 

PI.  V,  fig.  2. 

Testa  ovata,  acuta,  utraque  extremilate  acuminata,  subumbiliccUa,  longitxidina- 
litcr.  costata,  transversim  striata;  —  anfraetus  6-7  earinati,  infeme  canaliculati,  ad 
angulum  tenuiter  nodosi  ;  uUimus  magnut,  3j3  altitudinis  testœ  œquans,  in  medio 
depressus; —  costœ  longitudinales  43,  ad  lahrum  sensim  obliquœ  et  parum  promi- 
nentes ;  costulœ  transversœ  angustœ,  inierstUiis  majoribus,  striatis,  separatœ,  ver- 
sus umbilicum  densissimœ,  striis  incrementi  decussatœ;  —  apertura  angusta, 
superne  aeuta,  intégra,  anguste  canaliculata  ;  columella  biplicata  ;  labrum  acutum; 
callum  parum  expansum;  umbilicus  latus,  parum  profundus. 

Long.,  36  ;  lat.,  16  millim. 

Cette  espèce,  remarquable  par  la  forme  de  l'ouverture  et  par  la 
dépression  du  milieu  des  tours,  ne  peut  être  confondue,  je  crois,  avec 
aucune  de  ses  congénères.  Le  type  dc^nt  elle  se  rapprocherait  le  plus 
me  semble  être  le  C,  contorta,  Basterot,  qui  présente  une  ouverture 
plus  large,  moins  anguleuse,  des  côtes  longitudinales  plus  étroites, 
moins  nombreuses,  trois  dents  saillantes  à  la  columelle,  un  bourrelet 
ombilical  plus  prononcé,  limité  en  avant  et  en  arrière  par  des  sillons 
plus  profonds,  etc.  Le  C,  Druentica  est  aussi  voisin,  sous  certains 
rapports,  du  C.  imhricata,  Hôrnes,  espèce  primitivement  confondue 
par  cet  auteur  avec  le  C.  contorta, 

4.  Cangellaria  Gaudrti,  Fontannes, 
PI.  V,  lig.  3  fl  et  6. 

Testa  ovato-ventrieosa,  umbilicata,  longitudinaliter  costata,  transversim  striata  ; 
—  anfraetus  6-7  eonvexi,carinati,  infeme  canaliculati;  supremi  multiplie ati ;  ultimus 
magnus,  315  altitudinis  testœ  œquans  ;  ^  costœ  longitudinales  40,  crassœ,  inearina 
pruductœ;  costulœ  transversœ  9,  interstitiis  subœqualibus,  striatis,  separatœ  ;  — 
apertura  subtrigona  :  labrum  intus  14  sukatum  ;  columella  triplicata  ;  basis  inté- 
gra ;  umbilicus  mediocris. 

Long.,  17;  lat..  19  millim. 


1878.  FONTANNES.  —  FOSSILES  NÉOGENES  DE  GUGURON.  815 

Ce  type  n*est  pas  éloigné  du  C.  ampullacea,  Brocchi  m  Bellardi 
(Mon.,  pi.  IV,  fig.  13)  ;  il  s'en  distingue,  toutefois,  nettement  par  une 
taille  plus  petite,  par  une  forme  plus  allongée,  moins  ventrue,  par 
une  spire  plus  élevée,  par  des  côtes  moins  nombreuses  sur  l'avant- 
lernier  tour  (20  au  lieu  de  30)  ;  cependant  le  passage  de  l'ornementa- 
tiOD  finement  cancellée  de  celui-ci  à  la  costulation  espacée,  grossière, 
du  dernier  tour,  est  assez  brusque,  caractère  qui  s'observe  aussi  chez 
le  C.  Brocchii,  Crosse  in  d'Ancona.  En  outre,  l'ombilic  du  C.  ampul- 
lacea  est  plus  large,  le  cordon  qui  le  borde  postérieurement  est  plus 
épais,  et  la  partie  horizontale  des  tours  est  notablement  plus  large. 

Le  C.  scrobicuîaia,  Hôrnes,  dont  le  C.  Gaudryi  se  rapproche  aussi  à 
quelques  égards,  a  une  spire  beaucoup  plus  élevée,  des  côtes  moins 
fortes  sur  le  dernier  tour,  moins  nombreuses  sur  ceux  qui  précèdent, 
un  pli  de  moins  à  la  columelle,  un  dernier  tour  moins  embras- 
sant, etc. 

5.  Cancellaria  Deydieri,  Fontannet. 
PI.  V,  fig.  iaeib. 

Teita  obtusa,  umbilieata,  longitudinalUer  eostata,  transversim  mlaUa;  — 
mfraetus  5  carinati,  infra  plani,  carina  valde  prominerUe;  ultimtu  maanmug, 
2/5  omnis  altitudinis  œquans  ;  —  costœ  longitudinales  40-44,  crassœ,  produetœ, 
ybliquœ  ;  eostulœ  Iransversœ  SS,  in  plicis  attenuatœ,  interstitiis  duplis,  striaHt, 
teparcUœ;  —  apertura  trigona,  aeuta,  intégra,  tenue  canalieulata ;  columella  tri- 
ilieata;  labrum  interius  striatum;  umbilicus  medioeris,  profundus  ;  eallum  infeme 
•xpantum. 

Long.,  17;  lat.,  14  millim. 

Je  ne  connais  aucune  forme  qui  puisse  se  confondre  avec  le  C.  Dey- 
iieri,  remarquable  par  la  brièveté  de  sa  spire,  par  ses  tours  fortement 
carénés,  par  son  ornementation  vigoureuse,  peu  en  rapport  avec 
l'exiguité  de  sa  taille,  et  par  la  largeur  de  la  partie  horizontale  de  ses 
derniers  tours  (1). 

6.  FicuLA  CLATHRATA,  Lamurck,  var.  Cabrierensis,  Fontannes. 

PI.  V,  fig.  6. 

Ànfractus  ultimus  antice  minus  abrupte  attenuatus;  spira  magis  prominula; 
:ostulœ  concentricœ  numerosiores;  interstitia  minora  quam  in  Turotiense  typo. 
Long. ,43;  lat.,  31  millim. 

Des  côtes  transverses  de  même  épaisseur,  mais  plus  rapprochées  et 

(1)  Une  grande  partie  des  espèces  décrites  et  figurées  dans  cet  appendice  m'ont 
Slé  obligeamment  communiquées  par  M.  Deydier,  à  qui  je  suis  heureux  de  pou- 
roir  témoigner  ici  toute  ma  reconnaissance. 


516  FONTANNES.  —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  CCCUROIf.  29  avril 

partant  plus  nombreuses,  une  spire  un  peu  plus  élevée,  un  dernier 
tour  légèrement  plus  ventru,  sont  les  seuls  caractères  qui  différen- 
cient les  exemplaires  de  Cabrières  de  ceui  qu'on  rencontre  si  abon- 
damment dans  les  faluns  de  la  Touraine.  Ces  différences  ne  me 
paraissent  pas  avoir  une  valeur  spécifique;  il  est  bon  toutefois  de 
les  signaler,  car  elles  semblent  témoigner  d'un  acheminement  vers 
le  F.  geometra,  qui  remplace  le  F.  clathrata  dans  le  Pliocène  du 
Sud-Est. 

Les  exemplaires  du  bassin  de  Vienne  assimilés  à  ceux  de  Pontlevoy 
et  désignés  par  Homes,  d'abord  sous  le  nom  de  F.  reticulata,  Lara., 
puis  sous  celui  de  F.  cingulata,  Bronn,  ont  au  contraire  des  côtes 
transverses  plus  espacées  et  beaucoup  plus  saillantes. 

7.  Nassa  Caudellensis,  Fontannes. 
PI.  V,  fig.  8. 

Testa  ovato-ventricosa,  fragilit,  transversim  tenue  striata;  spira  longa.  acutis- 
rima;  —  anfractui  7-8  rotundati,  tutura  profunda  dùijuncti;  ultimus  globosut, 
ij5  altitudinis  testœ  œquans,  spiraliler  46-18  striatux,  striis  prope  suturam  et  basim 
paulo  profundioribun  ;  supremi  dense  longitudinah'ter  plicati  ;  —  apertura  sub- 
rotundata  ;  labrum  tenue,  subacutum;  columella  brevis,  excavata  ;  callum  columel- 
lare  parum  eipansum. 

Long.,  17;  lat.,  13  millim. 

La  forme  globuleuse  des  tours,  une  spire  longue  et  aiguë,  consti- 
tuent les  caractères  distinclifs  les  plus  saillants  du  N.  Caudellensis.  Le 
type  dont  il  se  rapproche  le  plus  est  le  Buccinum  conglobatissimum, 
Costa  (pi.  XV,  tig.  6  a  et  b),  du  groupe  des  Nassa  mutabilis,  N.  con- 
globata,  N,  Rosthomi,  etc.  ;  il  en  diffère  par  une  spire  relativement 
plus  allongée,  plus  aiguë,  par  un  dernier  tour  plus  arrondi  et  dont 
le  maximum  d'épaisseur  se  trouve  plus  en  avant,  par  des  stries 
transverses  plus  fines,  plus  serrées,  et  par  la  costulation  des  quatre 
tours  qui  suivent  les  tours  embyronnaires. 

8.  Nassa  Dexiv.£,  Fontannes. 
PI.  V,  fig.  7. 

Testa  oblonga,  crassa,  longitudinaliter  costata.  spiraliter  lirata  ;  —  anfractus 
7  snbconvexi,  sutura  parum  profunda  separati  ;  ultimus  spira  paulo  minor  :  — 
co^tœ  longitudinales  41,  crassœ,  productœ,  interstitiis  subœqualibus  scjunctœ,  fere 
verticales;  sli'iœ  transversœ  41-42,  in  medio  paulo  latiores,  in  cœtrri^  anfracti- 
bus  angustiores  ;— apertura  rotundata  ;  labrum  extus  varicosum,  intus  6  dentatum  ; 
columella  brevis,  arcuata,  rugosa,  infra  plica  prominente  munita  :  callum  expan- 
sum;  eanalis  brevis,  latus,  recurvus:  basisreflexa,  profunde  sulcata. 

Long.,  7;  Ial.,3  1,;?  millim. 


1878.      FONTANNES.  —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  CUCURON.         517 

Le  Nassa  Dexivœ  représente  dans  le  bassin  du  Rhône  ces  petites 
espèces  relativement  fréquentes  dans  le  Falunien  de  la  Touraine  et 
rares  dans  le  Sud-Est,  telles  que  les  N.  Turonensis,  N.  Blesensis,  etc. 
Je  crois  cependant  que  la  forme  qui  s'en  rapproche  le  plus  est  le 
N.  serraticosta,  Bronn,  déjà  signalé  par  M.  Cocconi  dans  le  Miocène 
supérieur,  et  qu  on  retrouve  dans  les  marnes  et  faluns  du  groupe  de 
Saint-Âriès. 

L'espèce  de  Cabrières  se  distingue  du  type  pliocène  par  une  forme 
plus  trapue,  analogue  à  celle  de  la  variété  figurée  par  Hôrnes,  par  des 
côtes  plus  fortes,  moins  serrées,  par  des  stries  transverses  moins  rap- 
prochées, plus  profondes,  par  la  saillie  du  pli  inférieur  de  la  colu- 
inelle,  par  les  rugosités  qui  couvrent  celle-ci,  par  le  développement 
de  la  callosité  columellaire,  enfin  par  le  sillon  profond  qui  entoure  la 
base  et  que  les  côtes  ne  franchissent  pas. 

Par  certains  caractères,  le  N.  Dexivœ  se  rapproche  du  N.  prisma- 
tica,  Brocchi,  dont,  au  premier  abord,  il  semble  être  une  réduction. 
Il  est  voisin  aussi  du  Buccinum  Jani,  Mayer,  sans  toutefois  qu'on 
puisse  le  confondre  avec  l'espèce  des  marnes  tortoniennes  de  Stazzano* 

9.  Nassa  subduplicata,  d'Orhigny,  var.  Druentica,  Fontannes. 

PI.  V,  fig.  iO. 

Te%ta   elonqata;  spira  major  ;  costœ  rariores    (8j;   séries  postica  tuberculorum 
obsoleta,  paucislriata. 
Long.,  16:  lat.,7  niillim. 

La  variété  de  Cabrières  se  rapproche  sensiblement  de  celle  que 
H.  Manzoni  a  signalée  à  Sogliano  (Due  lemhi  miocenici,  pi.  I,  lig.  9) 
jet  qui,  d'après  cet  auteur,  se  trouverait  aussi  à  Grund  et  à  Asti  ;  les 
caractères  qui  la  distinguent  du  type,  à  en  juger  du  moins  par  la 
figure  de  Hôrnes  (pi.  XIII,  lig.  6-9),  sont  une  spire  relativement  plus 
élevée,  un  dernier  tour  moins  convexe,  des  côtes  longitudinales  moins 
nombreuses,  une  atténuation  très-sensible  des  tubercules  qui  bordent 
la  suture,  et  probablement  aussi  une  expansion  un  peu  plus  grande 
de  la  callosité  columellaire. 

10.  Nassa  sublapsa,  Fontannes, 
PI.  V,  fig,  9. 

Tetla  polita,  elongata,  spir aliter  lirata;  xpira  longa,  acuta;  —  anfractus  7-8  tub- 
eonveii,  sutura  simplici  bene  diuincta  separati:  suprcmi  tenue  eostulati  et  carinati, 
costuHs  cariixaque  in  uUimis  evanescentibus  ;  anfractus  ultimus  2-5  longitudinis 
testœ  paululum  supcran^.  transversim  tt-t^  strintu^  :  strive  lenuissimie,  œqualet;^^ 


818  PONTANNES.   —  P08S1LES  NÉOGÈNES  DE  GUGURON.  29  avril 

apertura  ovat^i  ;  labrum  acutum,  subreflexum  ;  columella  parum  concava;  canalis 
IcUe  apertus. 
Long.,  8  ;  lat.,  3  millim. 

Cette  espèce  est  très-voisine  du  Buccinum  Deshayesi,  Mayer  (=  B, 
haccatum,  var.,  Dujardin;  B,  poUtum,  Grateloup),  et  représente  cer- 
tainement à  Cabrières  ce  type,  qui  accompagne  le  Nassa  subduplicata 
dans  plusieurs  gisements  du  même  horizon.  Les  variations  que  pré- 
sente la  forme  du  bassin  du  Rbône  sont  cependant  plus  accusées  que 
dans  l'espèce  précédente.  La  carène  et  les  tubercules  disparaissent  sur 
les  derniers  tours  ;  toute  la  coquille  est  finement  et  régulièrement 
striée;  les  sutures,  qui  sont  moins  obliques,  ne  sont  pas  bordées  du 
sillon  profond  qu'on  observe  sur  le  type  du  Sud-Ouest  et  du  bassin 
de  la  Loire;  le  bord  du  labre  est  légèrement  renversé  en  arrière; 
enfin,  pour  un  même  nombre  de  tours,  le  N.  sublapsa  est  d'une  taille 
notablement  plus  petite.  Il  s'éloigne  donc  encore  plus  du  Buccinum 
politum  tel  que  l'entend  H.  Hayer. 

H.  Pleurotoha  gradata,  Defrance  in  Bellardi. 

Espèce  du  groupe  du  P,  interrupta  pliocène  et  souvent  confondue 
avec  lui.  Le  seul  exemplaire  que  je  connaisse  de  Cabrières  est  en  tous 
points  conforme  à  la  description  deM.  Bellardi  et  suffisamment  distinct 
du  P,  asperulata  figuré  dans  les  Aniïnaux  fossiles  du  Mont-Léberon, 
pi.  XVII,  fig.  14,  pour  qu'il  soit  permis  de  douter  que  ce  dernier 
puisse  être  aussi  rapporté  à  l'espèce  de  Defrance,  ainsi  que  le  suppose 
le  savant  professeur  de  Turin. 

Jusque  sur  le  dernier  tour  on  reconnaît,  malgré  l'usure,  les  tuber- 
cules du  bourrelet  postérieur,  qui  sont  plus  fins  et  surtout  plus  serrés 
que  ceux  du  bourrelet  antérieur.  M.  Bellardi  croit  que  certaines 
variations  relient  le  P.  gradata,  commun  dans  le  Miocène  supérieur 
de  Stazzano  et  de  Santa  Âgata,  au  P,  interrupta,  qui,  d'après  lui, 
serait  exclusivement  pliocène. 

i2.  Pleurotoma  Caudellensis,  Fonmn>ics. 
PI.  V,  fig.  il  a  et  6. 

Testa  parva,  elongata  ;  spira  longa,  aeuta  ;  —  anfractus  8-9,  siUuris  superfida- 
libus  separati,  carinati,  carina  simplice,  in  supremis  acuta,  in  cateris  rotundata, 
suturœ  anlicœ  proxima,  \eTcavati,  \spiraliter  lirati,  poHice  margine  obsoUto, 
striato,  muniti;  lirœ  tranwersa  striis  incrcmcnti  tenuissimis,  undulatis .  decus- 
satœ;  anfractus  ultimus  anlice  subdeprcssus,  dimidium\testœ  paululumsuperans: 
—  apertura  subtriangularis  ;  labrum  acutum;  columcUa  subplicata  (?)  ;  cauda 
subrecta,  brevis,  transversim  tenue  striata  et  costulata,  ad  carinam  Icviter  sulcata. 

Long.,  11  i;.>;  ht.,  4  1/2  miyim. 


1878.  FONTANNES.  —  FOSSILRS  NëOGëNES  DE  GUGURO?!.  519 

A  en  juger  d'après  les  analogies  de  rornementation,  la  place  do 
cette  espèce  me  parait  être  près  des  Rouaidiia  Lapugyensis  et  R.  sub- 
terehralis  du  Miocène  supérieur  de  Santa  Agata,  de  Stazzano,  de 
Lapugy.  Quant  au  sous*genre  auquel  elle  doit  être  attribuée,  il  est 
assez  difficile  à  établir.  En  admettant  la  présence  d'une  dent  columel- 
laire  vaguement  indiquée  par  un  léger  renflement  de  la  columelle,  le 
P,  Caudellensis  appartiendrait  non  aux  RoiuiuUia,  mais  aux  Borso- 
nia,  le  sinus  du  labre  se  trouvant  en  arrière  de  la  carène.  Quoi  qu*il 
en  soit,  la  forme  de  Cabrières  se  distingue  du  P.  Lapugyensis,  Hayer 
tnBelIardi,  par  une  spire  plus  allongée,  plus  aiguë,  par  un  canal  plus 
court,  par  une  ouverture  plus  large,  par  une  carène  arrondie,  non 
dentelée,  etc. 


13.  Mitra  batumophora,  Fontannes, 
PI.  V,  lig.  12. 

Testa  fusiformis ,' spira  brevis,  aeuta;  —  anfractus  8,  suturis  obsoletis  disjuncti, 
earinati  ;  carina  in  ultimis  magis  prominens,  suturœ  aniicœ  proxima;  anfractus 
ultimus  tjS  omnis  longitudinis  œquans,  antice  obtuse  attcnuatus,  4-5  teiiue  striaius; 
sutura  leviter  subcanalicuïata  ;  —  apertura  elongata,  angusta  ;  labrum  acutum  ; 
columella  quadriplieata,  vix  contorta. 

Long. ,  18  ;  lat. ,  6  milliro . 

Je  ne  connais  pas  le  M.  goniophora  de  Tortone,  localité  typique, 
dont  les  exemplaires  figurés  par  Hôrnes  s'éloignent  sensiblement,  à. en 
juger  par  la  figure  donnée  par  M.  Bellardi  ;  mais  les  différences  que 
présente  la  forme  de  Cabrières  sont  trop  importantes  pour  qu'on  puisse 
la  rattacher,  soit  au  type  italien,  soit  à  la  variété  du  bassin  de  Vienne, 
dont  elle  se  rapproche  davantage. 

Les  principaux  caractères  distinctifs  du  M.  bathmophora  sont  les 
suivants  :  brièveté  de  la  spire  ;  forme  allongée  du  dernier  tour  et  par- 
tant de  l'ouverture,  dont  le  bord  droit  se  soude  au  tour  précédent  par 
un  angle  extrêmement  aigu;  sutures  superficielles,  très-légèrement 
canaliculées  sur  les  deux  derniers  tours;  proximité  de  la  carène  et  de  la 
suture  antérieure  ;  stries  de  la  base  moins  profondes,  moins  serrées 
que  dans  l'espèce  de  Tortone. 

Malgré  cela,  je  n'en  crois  pas  moins  à  la  proche  parenté  des  deux 
espèces,  celle  de  Cabrières  constituant,  par  sa  forme  allongée,  par  ses 
tours  plus  embrassants,  une  variation  notable  du  type  de  Lapugy, 
auquel  elle  se  relie  par  sa  carène  et  par  les  quatre  plis  de  sacolumelle, 
mais  qui  est  lui-même  assez  différent  du  M.  goniophora,  in  Bellardi. 


520  FONTAÎINES.   —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  GUGURON.  29  avril 

14.  CYPRiEÀ  PRiESANGUiNOLENTA,  Fontunnes, 
PL  V,  fig.  13  a  et  h. 

Testa  ovat(M>blonga,  gibbosa,  subtus  subconvexa,  antice  paulum  attenuata  ;  — 
apertura  submedia,  angusta,  antice  vix  dilatata  ;  labrum  leviter  sinuosum,  in 
medio  paulo  latius,  SjS  omnis  latitudinis  œquans.  tenuiter  et  regulariter  47  denta- 
tum;  eolumella  obsolète  dentata,  dentés  4â  subuniformes,  anticus  major,  acutus,  a 
cœteris  canali  obliquo  separatus. 

Long.,  20;  lat.,  13  millim. 

Ainsi  que  MM.  Fischer  et  Tournouër  Tont  déjà  fait  observer,  c  est 
avec  le  C.  sanguiywUnta,  Gmelin  m  Bornes,  que  l'espèce  de  Cabriëres 
présente  le  plus  d'analogie;  elle  en  diffère  par  une  forme  relativement 
plus  large,  plus  gibbeuse,  qui  la  rapproche  du  C.  pyrum,  par  une 
ouverture  plus  médiane,  moins  dilatée  vers  le  tiers  antérieur,  par  les 
dentelures  fines,  régulières,  qui  couvrent  la  columelle,  tout  en  s'atté- 
nuant  légèrement  d'avant  en  arrière,  comme  dans  le  C.  amygda- 
lum,  enfin  par  l'absence  de  sillon  marginal  le  long  du  bord  droit. 

15.  Natica  htpereuthele,  Fontannes, 

PI.  V,  fig.  U. 

Testa  magna,  crassa,  9vato-ventricosa,  umbilicata  ;  spira  elongata  ;  —  anfractus  5 
globosi,  suturis  profundis,  parum  obliquis,  sejuncti  ;  striœ  incrementi  densis- 
simœ,  tenues  sed  bene  distinctes;  anfractus  ultimw  2j5  altitudinis  testœ  œquans, 
postice  subdepressus  ;  —  umbilicus  in  medio  callo  crasso  subtectus;  eolumella 
subsinuata. 

Long.,  72;  lat.,  52  millim. 

Grande  espèce  du  groupe  du  Natica  redempta,  Michelotti,  caractéri- 
sée par  la  hauteur  de  la  spire,  par  la  forme  globuleuse  des  tours,  dont 
le  dernier  est  légèrement  déprimé  en  arrière  et  sur  les  flancs,  par  le 
peu  d'obliquité  des  sutures.  Le  N,  euthele,  Fischer  et  Tournouër 
(op.  cit.,  pi.  XVIII,  fig.  19),  s'en  distingue  très-facilement,  mais  il  est 
possible  que  l'exemplaire  qui  n'est  représenté  que  de  dos  sous  le 
n»  18  de  la  même  planche  doive  être  rapporté  au  N,  hypereuthele,  à 
en  juger  du  moins  d'après  la  hauteur  de  la  spire  ;  car  l'inclinaison  des 
sutures  rappelle  plutôt  la  forme  élancée  du  N.  euthele,  fort  commun 
à  Cabrières,  et  dont  les  caractères,  d'après  les  auteurs  de  l'espèce,  se 
conservent  à  tout  âge. 

16.  Cerithiuh  Deydieri,  Fontannes. 

PI.  V,  fig.  15  a  et  b. 

Testa  turrita,  acula,  ventricosa  ;  —  anfractus  8-9  subplani,  suturis  profundis  sepa- 
rati,  longitudinaliter  i8-50  plicati,  cingulis  transversis  in  supremis  3,  in  cœteris  â, 


1878.  FONTANNES.   —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  GUGURON.  821 

omati  ;  anfractus  ultimus  SjS  totiut  longitudinis  œquans,  antice  abrupte  attenua- 
tus,  6-7  cingulcUus  ;  basis  excavata,  tenue  spir aliter  lirata  ;  —  apertura  subrotunda; 
eallum  columellare  crassum,  expansumy  productum  ;  eanalis  brevis,  reftexus. 
Long.,  11  1/2;  lat.,  4  1/2  millim. 

Le  C.  Deydieri  représente  probablement  dans  le  bassin  du  Rhône  le 
C.  Puymoriœ,  Mayer,  des  faluns  de  la  Touraine,  quoique  des  diffé- 
rences assez  sensibles  permettent  de  distinguer  facilement  ces  deux 
espèces.  La  forme  générale  du  type  de  Cabrières  est  moins  aiguë  et 
même  légèrement  ventrue,  rappelant  ainsi  en  petit  la  silhouette  du 
C.  îignitarum,  Eichw.  ;  la  base  n'est  pas  creusée  en  gouttière  ;  les  côtes 
longitudinales  sont  plus  fines  ;  les  cordons  transverses,  plus  nom- 
breux, plus  larges,  surtout  sur  le  dernier  tour,  déterminent  dans  cette 
région^  par  leur  entrecroisement  avec  les  plis  verticaux,  non  des 
carrés,  mais  des  rectangles  allongés  transversalement;  les  sutures 
sont  plus  larges,  plus  profondes.  En  outre,  je  n*ai  remarqué  aucune 
trace  des  varices  signalées  par  M.  Mayer  sur  le  dernier  tour  du  C.  Puy- 
moriœ. 

17.  FossARUS  cosTATUS,  Brocchi,  var.  crassicostata,  Fon tannes. 

PI.  VI,  fig.  laetb. 

Costœ  transversœ  crassœ,  rugosœ,  altematim  magis  prominentes  ;  costulœ  longi- 
tudinales tenues,  proximiores  ;  —  anfractus  ultimus  magif  expansus,  postice  excava- 
tus  ;  —  columella  subrecla;  labrum  valde  sinuatum  ;  umbilicus  subnullus. 

Long.,  15  ;  lat.,  14  millim. 

Les  alternances  dans  l'épaisseur  des  côtes  transverses,  à  peine  indi- 
quées dans  le  type,  s'accentuent  d'une  manière  très-sensible  dans  la 
variété  de  Cabrières  ;  toutes  les  côtes,  d'ailleurs,  deviennent  très- 
fortes,  très-rugueuses  ;  les  costules  longitudinales,  au  contraire,  sont 
plus  fines,  plus  serrées,  moins  obliques,  et  se  voient  à  peine  à  l'œil 
nu,  entre  les  épais  et  grossiers  cordons  qui  couvrent  le  dernier  tour; 
la  partie  antérieure  de  la  columelle  fait  avec  le  labre  un  angle  moins 
ouvert;  enfin,  la  spire  est  à  peine  aussi  élevée  que  dans  le  type  de 
Brocchi,  dont  la  variété  crassicostata  atteint  presque  la  taille  maxi- 
mum et  avec  lequel  elle  parait  avoir  plus  d'affinité  qu'avec  la  forme 
du  Miocène  moyen  de  la  Touraine. 

18.  Trochus  PR.f:LiNEATUS,  FoYitannes, 
PI.  VI,  fig.  2. 

Testa  solida,  cono'idea,  imperforata,  spir  aliter  obsolète  striata;  apex  subacutus  ; 
—  anfractus  6-7  siibventricosi,  sutura  parum  profunda  sejuncti;  ultimus  ad  péri- 
pheriam  obture  angulatus,  dimidiam  testœ  partem  leviter  superans,  transversim 
striis  inœquidistantibus  notatus,  lineis  ru/is  paululum  undultUis,  obliquis,  circi" 


K2S  FONTANNBS.  —  FOSSIIXS  NÉOGÈNES  DE  CUGUa(N«.  29  avril 

ter  28,  pietut;  —  bâtis  convexa,  coneentrice  tenuiter  striata;  apertura  subovala; 
iabrum   aeuHstimum,  intus  inerastaium  ;   dens  columellaris  medianut,  crassus, 
prominulus. 
Long.,  24;  lat.,  32  millim. 

Cette  espèce  est  voisine  du  T.  miocœnicus  de  Touraine  et  du  groupe 
méditerranéen  des  T.  fragaroXdes,  Lam.  (  =  ?  T.  turbinatus,  Born), 
et  T.  lineatus,  Costa.  Elle  diffère  du  dernier,  avec  lequel  elle  offre 
le  plus  d'analogie,  par  des  tours  généralement  moins  convexes 
dans  leur  partie  verticale,  plus  bombés  à  la  base,  par  une  spire  rela- 
tivement plus  haute,  par  des  stries  analogues  à  celles  du  T.  fraga- 
rondes,  mais  moins  profondes,  par  une  dent  columellaire  sensible- 
ment plus  forte  que  celle  des  deux  espèces  vivantes,  enfin  par  une 
coloration  toute  différente. 

La  convexité  de  la  base,  plus  largement  arrondie  à  la  périphérie,  la 
proéminence  de  la  dent  columellaire,  Tinclinaison  moins  grande  du 
plan  de  l'ouverture  sur  Taxe  vertical,  distinguent  l'espèce  deCabrières 
du  T,  miocœnicus,  Hayer,  d'ailleurs  fortement  strié  et  autrement 
coloré,  ainsi  que  du  T.  pseudofragaroïdes.  Font.,  de  Tersanne. 

En  somme,  le  T.  prœlineatus  vient  se  placer,  suivant  moi,  entre  le 
jT.  miocœnicus  du  Falunien  et  le  type  vivant  des  environs  de  Naples, 
désigné  par  Costa  sous  le  nom  de  T.  lineatus. 

19.  Troghus  Cabrierensis,  Fontannes. 
PI.  VI,  fig.  3. 

Testa  conoïdea,  traiisversim  tenue  striata,  longitudinaliter  nodoso-plicata;  apex 
plus  minusve  acuminatus  ;  —  anfractus  6-7  subconvexi,  basi  eanaliculati,  uUimo 
plerumque  exeepto  ;  plicœ  longitudinales  4i-44,  raro  numerosiores,  obliquœ,  in 
anfractibus  supremis  nullœ,  in  penultimo  prominulœ.  in  ultimo  interdum  evanescen- 
tes,  ad  suturant  posticam  magis  prominentes,  anticam  non  attingentes;  eostulœ 
spirales  inœquales,  majoribus  4-9  minoribus  interpositis  ;  striœ  incrementi  hene 
distinctœ;  anfractus  ultimus  dimidium  altitudinis  testœ  subœquans  ;  —  basis  pla- 
niuscula,  coneentrice  striata;  umbilicus  mediocris ;  apertura  subquadrata ;  colu- 
mella  antiee  subangulata  ;  callum  vix  reflexum. 

Long, y  16;  lat,  8  millim. 

Espèce  très-polymorphe,  dont  certains  exemplaires,  presque  entiè- 
rement dépourvus  d'ornementation,  rappellent  le  T,  tumidtcs,  m  Wood, 
tandis  que  d'autres,  à  spire  acuminée,  mais  moins  élevée,  se  rap* 
prochent  à  certains  égards  du  T.  magus  de  la  Méditerranée. 

Les  variations  les  plus  importantes  portent  sur  la  hauteur  relative 
de  la  spire,  sur  la  profondeur  des  sutures,  sur  le  nombre,  la  proémi- 
nence et  la  persistance  des  tubercules  allongés  qui  ornent  la  partie 
postérieure  des  tours,  sur  le  nombre  et  la  saillie  des  costuies  trans- 


1878.  FONTANNES.  —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  GUGUHON.  8t3 

verses,  qui  parfois  même  sont  à  peine  visibles.  Cette  extrême  varia- 
bilité permettra  peut-être  de  relier,  par  des  formes  transitoires,  le 
T,  Cabrierensts  au  T,  Colonjoni,  Font.,  de  Tersanne,  qui  en  est  voisin, 
mais  dont  toute  la  surface,  sauf  les  tours  embryonnaires,  porte  des 
sillons  longitudinaux  beaucoup  plus  nombreux,  des  stries  concen- 
triques plus  profondes,  et  dont  Tombilic  est  notablement  plus  petit  ; 
l'ouverture,  chez  ce  dernier,  me  semble  aussi  moins  haute  et  la  colu- 
melle  plus  anguleuse. 

20.  Troghus  ÂTGUEsn,  Fontannes. 
PI.  VI,  fig.  taetb. 

Testa  eonica,  imperforata;  apex  subcentralis,  subacutus ,'— anfraehu  7-^  iubplani, 
tpxraliter  tenue  striati  ;  costulœ  transversœ  5,  alternatim  punctis  ru/U  numerotis- 
txmxs,  interstitiùt  albis  œqiMlibus,  separatis,  omatœ;  costula  mediana  suturœ  anticœ 
proximior,  ibi  puncti  obliqui,  latioret,  in  postica  et  antica  eostula  verticales, 
Uneares,  numerosiores  ;  anfractus  ultimus  angulatus,  2/5  longitudinis  testœ  vix 
superans,  antice  subconvexus  ;  —  basis  tenuiter  striata  ;  costula  coneerUricœ  alter^ 
natim  punctis  ru/is  pictœ  ;  apertura  subquadrangulata. 

Long.,  14;  Ut.,  II  millim. 

Le  grossissement  que  je  donne  sous  le  no  4  6  de  la  planche  YI,  fera 
comprendre,  mieux  que  la  plus  minutieuse  description,  Tornementa- 
tion  délicate  de  cette  jolie  espèce.  Dans  les  parties  où  la  coquille  est 
parfaitement  conservée,  il  est  difficile  de  reconnaître  si  les  points 
foncés  sont  en  relief  sur  les  costules  concentriques;  mais  ils  for- 
ment une  série  de  saillies  très-nettes,  partout  où  les  premières  cou- 
ches du  test  ont  disparu. 

Sous  le  rapport  de  la  forme  générale,  le  T.  Ayguesii  a  beaucoup 
d'analogie  avec  certaines  variétés  du  T.  miliaris  de  Touraine. 

21.  Trociius  angulatus,  Eichwald,  var.  Druentica,  Fontannes. 

PI.  VI,  fig.  5. 

Testa  conoïdea,  subcarinata,  ad  peripheriam  leviter  canaliculata;  — costulœ 
transversœ  magis  prominulœ,  nonnullœ.  paulo  majores;  —  columella  tenuis,  sub~ 
recta,  vix  unidentata  ;  apertura  subquadrangulata  ;  labrum  acutum,  interius 
viride  margaritaceum. 

Long.,  9;  lat.,  10  millim. 

La  variété  de  Cabrières  participe  à  la  fois  de  celle  de  Steinabrunn, 
figurée  par  Homes  (pi.  XLIY,  fig.  10),  et  de  la  forme  actuelle  connue 
sous  le  nom  de  T,  divaricatus.  Carénée  comme  la  première,  dont  elle 
a  la  taille,  elle  s*en  distingue  par  des  tours  légèrement  canaliculés  à  la 
périphérie,  surtout  dans  le  jeune  âge,  par  des  costules  transverses 


K24  FONTANNES.   —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  CUGUaON.  29  avril 

moins  unitbrmes,  un  peu  plus  saillantes,  par  une  base  plus  plane, 
par  un  ombilic  généralement  moins  ouvert  et  par  une  dent  columel- 
laire  très-obsolète.  Ces  trois  derniers  caractères  rapprochent  la  variété 
Druentica  du  type  méditerranéen,  qui  n'est  jamais,  je  crois,  canali- 
culé,  et  dont  la  columelle,  plus  forte  et  moins  droite,  forme  à  sa 
jonction  avec  le  labre  un  angle  plus  aigu.  L'intérieur  de  Touverture 
montre  aussi,  chez  la  variété  du  Sud-Est,  cette  belle  nacre  d*un  vert 
assez  intense  qu'on  remarque  chez  la  plupart  des  exemplaires  du 
T.  divaricatus  et  qui  a  été  signalée  par  Lamarck.  La  forme  du  Miocène 
supérieur  rhodanien  semble  donc  intermédiaire  entre  celle  du  â^  étage 
méditerranéen  du  bassin  de  Vienne  et  la  forme  actuelle. 

M.  Mayer  a  décrit  sous  le  nom  de  T,  Castremis  une  espèce  de  Castell* 
Arquato  qui  s'en  rapproche  beaucoup,  et  qui  n'est  peut-être,  d'après 
lui,  qu'une  forte  variété  du  T,  Adnalicus, 

22.  Clangulus  Araonis,  Basterot,  var.  vaîdecincta,  Fontannes. 

PI.  VI,  fig.  6. 

Testa  erassa  ; — anfraetus  subcarinati;  cinguH  nodiferi,  valde  inœquales,  in 
anfractu  ultimo  majores  5,  interstiUis  latis,  striato-nodosis,  séparait  ;  nodi  cras- 
stores,  magù  prominentes. 

LoDg.,  8;  lat.,  11  millim. 

Au  premier  abord,  l'ornementation  de  cette  espèce  parait  tellement 
éloignée  de  celle  de  Bordeaux,  qu'on  hésite  à  la  lui  rapporter,  même 
à  titre  de  variété  bien  distincte.  Cependant,  en  examinant  avec  soin 
un  certain  nombre  d'exemplaires  du  C  Araonis  type,  on  en  trouve 
qui  présentent  les  mêmes  alternances  dans  l'épaisseur  et  la  saillie  des 
côtes  spirales,  alternances  qui  ne  font  que  s'accentuer  dans  la  variété 
de  Cabrières,  dont  l'ornementation  a  plus  de  relief. 

L'ouverture  présente  aussi  quelques  légères  différences  :  la  dent 
supérieure  de  la  columelle,  qui  joue  un  certain  rôle  dans  la  distinc- 
tion de  cette  espèce  et  du  C  corallimis,  L.,  est  ici  bien  moins  forte  ; 
par  contre,  celle  qui  se  trouve  immédiatement  au-dessous  est  relati- 
vement très-développée,  car  cette  dernière  est  très-obsolète,  aussi 
bien  sur  les  exemplaires  de  la  Touraine  que  sur  le  type  méditerranéen. 

23.  AacA  Rhodanica,  Fontannes. 
PI.  VI,  fig.  11  a  et  6. 

Testa  ovato-cuneata,  transversa,  gibbosa,  inœquilateralis,  radiatim  costala,  antice 
rotundata,  postice  angusta,  subrostrata  ;  —  coslœ  5S-56,  sublœvigatœ,  œqnaiex, 
interstitiis  angustissimis  separatœ ; — umbon^s  tumidi;  areu  minima.  clongata, 


1878.  POÎiTANNES.   —  FOSSILES  NÉOGÉNES  DE  GUCURON.  525 

gulcis  declivibus  sculpta  ;  dénies  minuti,  numerosi,  densistimi,  subuniformes ,  extre- 
mitâtes  marginis  cardinalis  attingentes  ; —  margo  palliaris  valde  sinuatus. 
Long.,  17;  lat.,27  millim. 

Dans  sa  Monographie  des  Ârcides  tertiaires  du  Musée  de  Zurich, 
M.  Mayer  a  rapporté  à  YArca  diîuvii,  à  titre  de  i^ariété,  une  espèce 
voisine  en  effet  du  type  pliocène,  mais  a  remarquable  par  sa  forme  en 
coin,  par  ses  crochets  très-forts  et  tordus  et  par  ses  côtes  serrées  ».  Ces 
divers  caractères,  très-marqués  sur  certains  exemplaires  [de  Grund, 
s'accusent  encore  davantage  chez  une  Arche  de  Cabrières,  rapportée 
aussi  à  r^.  diluvii  par  MM.  Fischer  et  Tournouêr,  et  qui  se  retrouve 
identique  dans  le  Comtat-Venaissin.  Comme  cette  forme,  très-constante, 
on  le  voit,  et  d'ailleurs  bien  distincte  du  type  subapennin,  se  ren- 
contre toujours  dans  le  bassin  du  Rhône  à  un  niveau  inférieur,  et 
jamais,  à  ma  connaissance  du  moins,  dans  le  groupe  de  Saint-Ariès,  je 
crois  utile  de  l'élever  au  rang  d'espèce. 

On  peut  d'ailleurs  constater  d'autres  différences  que  celles  signalées 
par  M.  Mayer.  La  charnière  est  plus  rectilignc  et  ne  décrit  pas  en 
avant  et  en  arrière  une  courbe  aussi  prononcée  que  dans  VA.  diluvii. 
Les  dents  sont  plus  nombreuses,  plus  fines,  plus  uniformes;  aux 
deux  extrémités  elles  sont  moins  fortes,  moins  espacées,  moins  cour- 
bées; elles  garnissent  généralement  tout  le  bord  cardinal  etnelaissetit 
pas  de  chaque  côté  ces  angles  unis  qu'on  remarque  sur  l'espèce  plio- 
cène. Les  côtes  qui,  à  l'intérieur  du  bord  Ipalléal,  correspondent  aux 
interstices  de  la  surface,  sont  plus  étroites  et  non  déprimées  dans  le 
milieu.  Enfin,  la  coquille  est  plus  mince  et  généralement  un  peu 
moins  inéquilatérale. 

24.  DiPLODONTA  FiscHERi,  Fontunnes. 
PI.  VI,  fig.  12  a-c. 

Testa  suborbicularis,  convexiuscula,  vix  inœquilateralis,  antice  et  postice  paulu- 
lum  subtruncata,  transversim  lineis  itierementi  irregulariter  striata,  posterius 
obtuse  carinata  ;  —  umbones  minitni,  marginem  cardinalem  non  superantes  ;  margo 
cardinalis  angustissimus,  bidentatus  ;  in  valva  dextra  dens  cardinalis  postieus, 
et  anticus  in  sinistra,  majores  bifidique  ;  nymphœ  lineares,  suleo  angusto  sepa- 
ratce; —  impressio  pallii  profunda,  inferne  multiplicata. 

Long.,  11 1/2;  lai.,  12  millim. 

Cette  espèce  est  probablement  l'analogue  miocène  d\x  D.  elliptica, 
Deshayes,  du  bassin  de  Paris,  et  doit  être  voisine  de  l'espèce  de  la 
colline  de  Turin  dont  Hichelotti  a  rapporté  quelques  valves  au  type 
bartonien.  Bien  qu'il  existe  en  effet  une  assez  grande  analogie  entre 
ces  deux  espèces  de  bassins  et  de  niveaux  différents,  les  divergences 


596  fonTannes.  —  fossiles  néogènes  de  gucuron.         20  avril 

sont  cependant  trop  sensibles  pour  qu'on  puisse  les  confondre  sous 
une  même  dénomination  spécifique.  Un  rapide  examen  des  figures 
données  par  Deshayes  (1)  suffît  pour  montrer  que  le  D,  elliptica  pré- 
sente une  ligne  cardinale  plus  oblique,  des  crocbets  plus  saillants,  des 
valves  plus  bombées,  plus  nettement  carénées,  plus  déprimées  en 
arrière  de  la  carène. 

En  outre,  dans  le  type  rhodanien  les  nymphes  sont  moins  longues, 
moins  saillantes  à  leurs  extrémités,  et  la  charnière,  dans  son 
ensemble,  rappellerait  plutôt  celle  du  D.  Auversiensis  figuré  sur  la 
même  planche. 

LeD.  Fischeri,  très-rare  dans  les  marnes  de  Cabrièi*es,  se  ren- 
contre aussi  au  môme  niveau  dans  le  bassin  de  Yisan. 

28.  CARorTA  GONIOPLEURA,  Fontannes, 
PI.  VI,  fig.  13  a-d. 

Testa  trantversa,  subtrapexia,  valde  ifutquilateralis,  earinata,  ante  earinam 
depressa,  postiee  iubconeava  et  truncata,  hngitudinaliter  costata; —  costœ49  an- 
tiee  planœ,  vix  prominentes,  prope  earinam  angulosœ  fapice  cuiguli  posticoj,  ad 
bcuim  tenue  squamulosœ,  postiee  rotundatœ;  duœ  ultimœ  crassœ,  prominulœ,  squa- 
mosœ;  interstitia  minima,  paulum  profunda,  antiee  fere  superfidalia  ;  ttriœ 
ineremenH  in  œtate  juvenili  nodosœ,  in  adulto  dentitsimœ  sed  bene  distinctœ  ;  — 
margo  ventralis  vix  sinuatus,  leviter  crenulatus  ;  umbonet  obliqui,  vix  prowiinenr 
tes;  lunula  ehngata,  angustissima,  suleo  profundo  sejuneta;in  valva  sinistra  den- 
tés erassiuseuli  ;  —  impressio  muscularis  antica  magna,  ovato-rotunda. 

LoDg.,  12;  lat,  24?  millim. 

L*omementation  de  cette  espèce  la  distingue  nettement  de  ses 
congénères  et  en  particulier  du  C.  Auingeri,  Hornes,  du  bassin  de 
Vienne,  qui,  sous  le  rapport  de  la  forme  générale,  ofire  quelque  ana- 
logie avec  elle. 

26.  Tapes  ecrinus,  Fontanyies. 
PI.  VI,  fig.  14  a-c. 

Testa  transversa,  valde  inœquilateralis,  antiee  rotundata,  postiee  obtuse  earinata, 
subangulata,  eoneentriee  eostulata  ;  —  eostulœ  minutissimœ,  posterius  majores; 
lineœ  radiales  tenuissimœ,  vixeonspieuœ;-^  apex  obtusus,  marginem  cardinalem  vix 
superans  ;  margo  palliaris  subsinuatus  ;  dentés  cardinales  très,  divaricati,  lamelli- 
formes, prominentes,  in  valva  sinistra  duo  anteriores  inœqualiter  bifidi;  —  sinus 
palliaris  late  apertus,  rotundatus. 

Long.,  11  Vi;  lat>  ^8  millim. 

Le  Tapes  eurinus  est  voisin  du  T.  geographicus,  Gmelin,  type  médi- 
terranéen que  M.  Cocconi  a  signalé  dans  les  deux  étages  du  Pliocène 

(1)  An,  sans  vert.,  t.  I,  pi.  XLYI. 


1878.  FONTANNES.  ^  FOSSILES  NÉOGÊMBS  DE  CDCURON.  S27 

de  Casteir  Ârquato.  Il  s'en  distingue,  —  aussi  bien  que  du  T.  îœtus, 
Poli,  qui,  d'après  la  figure  de  Brocchi,  n'en  est  pas  éloigné,  —  par  son 
côté  antérieur  plus  court,  plus  largement  arrondi,  non  excavé  sous 
les  crochets,  par  ses  bords  cardinal  et  paliéal  moins  rectiiignes,  moins 
parallèles,  par  son  côté  postérieur  très-légèrement  rostre,  par  les 
costules  arrondies,  fines,  régulières,  saillantes,  très-serrées,  qui 
ornent  la  coquille  en  avant  de  la  carène  et  dont  quelques-unes  se 
soudent  pour  former,  sur  la  partie  postérieure,  une  ornementation 
moins  fine,  mais  tout  aussi  régulière.  Le  sinus  est  aussi  largement 
arrondi  et  même  un  peu  plus  grand  que  dans  le  T.  geograph%cu&. 

Par  son  contour,  le  T.  eurinus  rappelle  certaines  variétés  du  T.  gre- 
garius  des  Cerithien-Schichten  du  bassin  de  Vienne  (l),  dont  il  est 
d'ailleurs  parfaitement  distinct. 


27.  Pholas  Luberonrnsis,  Fontannes, 
PI.  VI,  fig.  15. 

Testa  elongata,  valde  inœquilateralù,  convexiuscula,  antiee  sinuata,  paulum 
rostrala,  striis  coneentrUis  costulisque  radiantibus  omata  ;  —  costulœ  tenuiisimœ, 
densissimœ,  denticuliferœ,  quarum  SO  in  medio  testœ  bene  dÎMtinctœ,  posteritu 
subito  evanescentes  ;  eadempars  lineis  transversis  non  undulalit  solummodo  notata. 

LoDg.,  13;  lat.,  33  millim. 

Espèce  du  groupe  du  P.  cylindrica,  mais  plus  éloignée  du  P.  dac- 
tylus  que  le  type  du  Crag.  Par  sa  forme  générale,  elle  offre  quelque 
analogie  avec  le  P.  candida,  dont  elle  se  distingue  par  son  côté  anté- 
rieur échancré,  légèrement  rostre,  et  surtout  par  la  multiplicité  des 
costules  rayonnantes  qui  couvrent  le  milieu  des  valves  et  disparaissent 
brusquement  vers  le  tiers  postérieur,  oii  Ton  n'aperçoit  que  des  stries 
d'accroissement  irrégulières  et  dépourvues  des  ondulations  qui  ornent 
les  lamelles  du  P,  dactylus. 

Quant  au  P.  cylindrica,  Sow.,  il  est  relativement  plus  large,  plus 
échancré,  plus  rostre  à  l'avant  ;  le  bord  paliéal  est  plus  arrondi  vers 
le  milieu;  les  crochets  paraissent  plus  excentriques  ;  enfin,  l'ornemen- 
tation se  rapproche  beaucoup  plus  de  celle  du  P.  candida,  auquel  il 
a  été  réuni  par  quelques  auteurs,  et  de  celle  du  P.  dactylus,  dont 
Wood  le  croit  plus  voisin. 

(1)  Bornes,  pi.  II,  Og.  2  /. 


528  FONTAiNNES.   —  FOSSILES  NÉOGÈNES  DE  CUCURON.  2S 


B.  Marnes  à  Hélix  Christoli. 

1.  Neritina  Dumortieri,  Fontannes. 
PL  VI,  fig.  7  a  et  6. 

Testa  ovato-globosa,  trantversim  dilatata,  brunea,  maculis  candidis.  num 
minutis,  irregularibui,  omata  ;  spira  brevis;  apex  obtusus;  —  anfraetus  3  eo 
uUimus  maximw,  éjS  altitudinis  testœ  œquans,  prope  suturam  plerumque  t 
f^f  .  _  apertura  tubquadrata,  obliqua,  marginibus  acutis,  fere  parallelU  ;  l 
acutum;  eolumella  in  medio  9^1  crenulata;  callum  crassum,  expansum,  i 
prominens,  rugosum, 

Lung.,  71/3;  lat.,  7  millim. 

L*épaisseur  de  la  callosité  coluroellaire,  qui  s*étend  en  demi'< 
bien  au-delà  des  points  de  jonction  du  labre  et  de  la  columelle,  < 
forme  à  la  base  de  l'ouverture  une  assez  forte  saillie,  la  forme  de 
verture,  dont  les  bords  sont  presque  parallèles,  tandis  que  da 
espèces  voisines  Touverture  se  rétrécit  à  la  base  et  paraît  plutôt 
triangulaire,  la  dépression  qui  marque  généralement  le  d< 
tour  un  peu  au-dessus  de  la  suture,  constituent  les  caractères  di 
tifs  les  plus  saillants  de  cette  espèce,  que  je  ne  connais  encore  qu 
marnes  à  ffeliœ  Christoli  de  Cucuron.  Sa  coloration  la  plus  habi 
rappelle  celle  du  Nerithia  micans,  Gaudry  et  Fischer,  de  l'Attiq 
dans  le  bassin  du  Rhône  c'est  avec  le  N,  picta,  in  Mayer,  des  coi 
à  Congéries  du  Comtat,  que  le  N.  Dumortieri  présente  le  plus  d 
logie. 

2.  SUGGINEA  PRIM.EVA,  Mathcron. 
PI.  VI,  fig.  Saetb. 

Testa  elongata,  striis  inerementi  tenuibus  notata;  spira  brevissima;  apex 
eulostis  ;  — anfraetus  S,  sutura  profunda,  parum  obliqua,   in  ultimo  mar^ 
separati  ;  ultimus  magnus,  Ijft  omnis  longitudinis  super  ans;  —  apertura  ol 
anliee  medioeriter  dilatata;  eolumella  vix  conlorta,  in  medio  paulum  subco 

Long.,  9;  lat.,4  1/3  millim. 

Cette  espèce,  qui  n'a  encore  été  ni  décrite  ni  figurée,  a  été  ra 
chéeparMM.  Fischer  et  Tournouër  du  S.  Pfeifferi,  Rossraàsslei 
en  est,  en  effet,  plus  voisine  que  du  S.  putris  type,  dont  une  vî 
cependant,  n'est  pas  sans  analogie  avec  l'espèce  de  Cucuron.  C* 
variété  olivula,  propre  au  Sud-Ouest  de  la  France  et  abondante 
les  régions  littorales  des  Basses-Pyrénées  et  des  Landes,  habitî 
ajoute  à  l'intérêt  de  ce  rapprochement. 

Le  S,primœva  se  distingue  d'ailleurs  de  ces  deux  espèces  par  la  J 
élancée  de  l'ouverture,  dont  le  bord  antérieur  est  relativemei 


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Bull  Soo  CëoUe.  France  3'  Série, TVI.PIY  p  513. 


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1878.  SÉANCE.  589 

élargi,  par  une  colunielle  à  peine  concave  au  milieu,  par  le  peu 
d'obliquité  du  dernier  tour,  marqué  à  la  partie  inférieure  d'une  dé- 
pression qui  borde  la  suture. 

3.  LiMNyEA  CuGURONENSis,  Fontunnes, 
PI.  VIvfig.  Qaeib. 

Testa  tenuU.  ovato-oblonga,  imperforata,  longitudinaliter  tenue  et  regulariter 
striata  ;  spira  brevis,  acuminata  ;  —  anfractus  4-5  convexi,  suttwis  profundù 
sejuncli;  ultimus  tnagnus,  %5  totius  longitudinis  non  otnnino  attingens;  —  apertura 
hte  ovata,  ruperne  angulata  ;  labrum  acutum  ;  eolumella  uniplicata. 

Long.,  8;  lat.,  4  1/2  roillim. 

Petite  espèce  du  groupe  du  L.  ovaia,  très-voisine  des  variétés  des 
environs  d*Auch  figurées  in  Dupuy,  pi.  XXIII,  et  surtout  de  celle  que 
Pfeiffer  en  a  détachée  sous  le  nom  de  L.  vulgaris.  Le  L.  Cucuronensis 
diffère  de  cette  dernière  par  des  tours  plus  détachés,  par  une  spire 
plus  haute,  plus  acuminée,  et  par  une  ouverture  plus  anguleuse  au 
sommet. 

4.  LiMNiEA  Deydieri,  Fontannes. 
PI.  VI,  fig.  10  a  et  b. 

Testa  tenuissima,  ovato^lobosa,  subperforata ;  spira  brevissima;  —  anfractus  5-4 
fonvexi;  ultimus  maximus,  ventricosus,  215  altitudinis  testœ  leviter  super  ans,  lineis 
incrementi  irregulariter  striatus  ;  —  apertura  magna,  superne  rotundata  :  labrum 
acutum,  paulum  reflexum  ;    umbilicus  minimus,  callo  columellari  fere  omnino 

tflCtUS. 

LoDg.,  7  1/2;  lat.,  6  millim. 

Cette  espèce  est  voisine  de  la  précédente;  il  est  cependant  facile  de 
la  reconnaître  à  sa  spire  moins  élevée,  à  son  dernier  tour  globuleux, 
sans  fente  ombilicale,  à  son  ouverture  plus  arrondie  et  à  son  bord 
légèrement  évasé.  Ces  divers  caractères  semblent  accuser  une  ten- 
dance vers  le  type  auricularia. 

Les  L,  Deydieri  et  L.  Cucuronensis  diffèrent  assez  sensiblement  du 
type  pleistocène  que  M.  Sandberger  a  assimilé  au  L.  ovata  (i). 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Xournouer  dit  que  depuis  la 
publication  de  leur  travail  sur  les  Mollusques  du  Mont-Léberon,  M.  P.  Fischer 
et  lui  ont  eu  Toccasion  d'étudier  de  nouveaux  fossiles  recueillis  dans  la  Mol- 
lasse de  Cucuron,  dont  ils  donneront  prochainement  ta  liste  à  la  Société  ; 
de  cette  étude  il  résulte  toujours  pour  lui  qu'au  point  de  vue  palëontologique, 

(1)  land-u,  Siissw.  Conch.y  pi.  XXXV,  fig.  14. 

34 


B30  BARR0I8.   —  CRÉTACÉ   DR   LA    PROV.    d'OVIÉDO.  29  avril 

Ja  mollasse  à  Pecten  scabriuseulus  de  Cucuron  peut  difficilcmenl  être  séparée 
de  la  mollasse  à  Scutella  Paulensis  de  Saint-Paul-Trois-ChAleaux  et  de  Montsé- 
gur  (Drôme). 

M.  Ch.  Oari*ols  rend  compte  de  ses  recherches  sur  le  terrain 
crétncé  de  la  province  ^'Ovlédo  (Espagne) . 

Le  terrain  crélacé  des  Pyrénées  se  prolonge  vers  l'ouest  dans  les 
monts  cantabriques  jusque  dans  les  provinces  de  Léon  et  d*Oviédo  ;  il 
s*étend  au-delà  du  terrain  jurassique^  sur  le  Trias  et  sur  les  terrains 
paléozoïques. 

Dans  la  province  d'Oviédo,  il  se  présente  dans  deux  conditions  stra- 
tîgraphiques  distinctes  *:  il  forme  des  outliers  dans  les  falaises,  et  un 
grand  bassin  au  centre  du  pays.  Sa  composition  n'est  pas  la  même 
dans  ces  deux  régions. 

Les  divisions  inférieures,  visibles  seulement  dans  les  outliers,  sont, 
de  bas  en  haut  : 

i  0  Calcaire  de  Lianes,  à  Cerithium  (C.  Gassendii  ?}  ; 

2»  Calcaire  de  Luanco,  avec  Nerinea  Titan,  Caprotina  Lonsdalei, 
Ostrea  macroptera,  Janira  atava,  Terebratella  Vemeuiliana,  Wal- 
dheimia  pseudojurensis,  Orbitolina  disco'idea,  0.  conoïdea. 

Les  divisions  supérieures,  qui  existent  seules  dans  le  grand  bassin 
central  d'Oviédo,  sont,  de  bas  en  haut  : 

i»  Poudingue  de  Posada,  plus  développé  au  nord  qu'au  sud  du  bas- 
sin ;  il  représente  le  conglomérat  de  Camarade  des  Pyrénées  ; 

2°  Tuffeau  de  San  Bartolomé,  à  Orbitolina  concava.  Cette  couche 
contient  les  deux  variétés  d'Orbitolines  de  laSarthe;  elle  appartient 
au  Cénomanien.  qui  n'a  pas  un  beau  développement  dans  la  province 
d'Oviédo;  les  fos.<iiles  de  cette  région  rapportés  à  plusieurs  reprises  au 
Cénomanien  appartiennent  à  l'Urgonien  ou  au  Turonien; 

3®  Tuffeau  de  Castiello,  h  Periaster  Verneuili  (Turonien).  A  la  base 
se  trouvent  des  marnes  sableuses  à  Ammonites  Rochebrunei,  A.  Deve^ 
rianus,  Ostrea  columba,  Jnoceramus  labiatus,  Fena^ter  Venieuili, 
Terebratula  inversa.  A  la  partie  supérieure  il  y  a  des  calcaires  com- 
pactes, alternant  avec  des  bancs  sableux  jaunes,  et  contenant  :  Ostrea 
columba,  Ilippurites  comuvaccinum,  II.  organisans. 

4°  Marne  rose  de  Noréna,  C'est  une  marne  blanche,  avec  taches  roses, 
épaisse  de  plus  de  40  mètres,  où  M.  Barrois  n*a  pu  trouver  de  fossiles. 
Elle  est  en  stralilication  concordante  avec  le  Turonien,  et  on  peut  y 
voir  le  représentant  du  Sénonien. 

Au-dessus  des  assises  crétacées  se  montrent  à  Oviédo  des  marnes 
gypseuses  éocènes,  avec  Planorbes  et  Limnées, 

En  résumé,  le  Crétacé  du  bassin  d'Oviédo  est  composé  de  deux  se- 


1878.  IIERMITË.    —   SILURIEN   DES  ENV.    D*ANGERS.  SSl 

ries  de  couches  eu  stratification  transgrcssive  entre  elles  :  la  première 
série  comprend  i'Urgonien  et  est  épaisse  de  40  mètres;  la  seconde 
comprend  leCénomanien  et  les  divisions  supérieures,  et  a  120  mètres 
d'épaisseur;  elle  atteint  une  extension  superliciellô  bien  plus  considé- 
rable que  la  précédente. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  OoÊÊeau  présente  quelques 
observations  sur  les  Éctiinlclea  recueillis  en  ISspcàgne  par 
M,  Barrois.  Parmi  les  espèces  assez  nombreuses  rencontrées  à  Prieto, 
il  a  reconnu,  à  un  premier  et  rapide  examen,  les  Cidaris  malum, 
Pseudodiadona  dubium,  Discoidea  ci/lindrica,  Heteraster  ohlongus, 
c*tc.  ;  ces  espèces  caractérisent  au  Rimet ,  dans  le  département  do 
risère,  l'étage  uryonien  (aptien,  Albin  Gras),  et  ne  peuvent  laisser 
aucun  doute  sur  la  place  que  doivent  occuper  les  couches  observées 
par  M.  Barrois  à  Prieto.  M.  Cotteau  signale  également  de  nombreux 
exemplaires  du  Pseudodiadema  Malbosi,  tout  à  fait  identiques  avec 
ceux  qui  se  trouvent  à  la  Clape  (Aude). 

M.  Liory  fait  observer  que  si  on  envisage  Tétago  aption  comme  le  fai- 
sait d'Orbigny,  il  n'est  pas  possible  d'y  rapporter  la  faune  échinologique  du 
Rimet.  L'horizon  du  Rimct  se  présente  dans  l'épaisseur  môme  de  Tétage 
urgonien  ;  sa  faune  est  donc  essentiolloroont  urgonienno.  A  Sainte-Suzanne, 
près  d'Orthez,  dans  les  Basses-Pyrénées,  on  trouve  des  marnes  aptiennes  et 
des  calcaires  à  Orbitolines  qui  sont  complètement  indépendants  de  ces 
marnes  et  qui  appartiennent  à  Tétago  urgonien.  L'étage  aptien,  tel  que  le 
comprenait  d'Orbigny,  n'existe  ni  dans  le  département  de  Tlsère,  ni  en  Suisse. 

M.  Loyinerle  dit  qu'il  n*y  a  pas  dans  les  Pyrénées  do  Néocomien 
proprement  dit;  les  calcaires  à  Caprotina  Lofisdalei  du  massif  de  la  Clape 
sont  intercalés  entre  des  marnes  qui,  au-dessus  et  au-dessous,  contiennent  des 
fossiles  aptiens. 

M.  Hébert  présente  les  deux  notes  suivantes  : 


Étude  préliminaire  du  terrain  silurien  des  environs  c2'A.ngers, 

par  M.  Henri  Hermlte* 

Le  terrain  silurien  de  l'Anjou  se  compose  principalement  d'une 
série  puissante  de  schistes  renfermant  quelques  bandes  de  grès  d'une 
faible  épaisseur. 

Les  exploitations  bien  connues  des  schistes  ardoisiers  des  environs 


53i  IIERXITE.   —  SILL'IUKN   DES  ENV.    D  ANGERS.  29  aviii 

(l'Angers  ont  permis  d'y  recueillir  les  principaux  fossiles  de  la  Faune 
seconde.  Ces  schistes,  peu  fossilifères,  no  sont  malheureusement 
exploités  que  dans  un  très-petit  nombre  de  localités.  Aussi  esl-il 
facile  de  comprendre  les  difiScultés  que  les  géologues  ont  éprouvées 
pour  établir  des  successions  et  pour  donner  des  coupes  suffi.samment 
exactes  dans  un  pays  peu  accidenté,  bien  cultivé,  «t  où  de  nombreux 
plis  ramènent  à  la  surface  des  couches  différentes,  mais  d'apparence 
minéralogique  souvent  très-voisine»  et  ne  renfermant  des  fossiles  que 
dans  quelques  assises  relativement  peu  épaisses,  intercalées  au  milieu 
des  schistes  ardoisiers  proprement  dits. 

M.  Cacarrié,  dans  sa  Description  géologique  du  départeme>it  de 
Maine-et-Loire  (1845),  a  donné  quelques  coupes  du  terrain  qui  nous 
occupe  ;  mais,  après  avoir  reconnu  l'existence  de  schistes  et  de  grès 
quartzeux,  qu'il  plaça  à  la  partie  inférieure  du  terrain  silurien,  il 
renonça  à  indiquer  leur  succession  sur  le  tracé  graphique,  et  se  bortia 
à  figurer  le  terrain  silurien  par  des  hachures  verticales,  sans  tenir 
compte  des  plissements  qui  font  réapparaître  les  couches  de  même 
âge. 

M.  le  docteur  Farge  a  publié  en  1871  une  note  sur  les  progrès  de 
la  Géologie  et  de  la  Paléontologie  dans  le  département  de  Maine-et- 
Loire.  Cet  excellent  observateur  augmentait  considérablement  par  ce 
travail  nos  connaissances  géologiques  sur  le  terrain  silurien  de 
l'Anjou.  Il  y  signalait  la  présence  des  grès  à  Bilobites  à  Combré  et  à 
Segré,  et  donnait  la  succession  suivante  : 

l*"  Grès  à  Bilobites , 

2®  Minerais  de  fer, 

3<*  Schistes  à  Calymene  Trislani. 

De  plus,  M.  Farge  a  découvert  dans  les  phtanites  exploités  sur  un 
grand  nombre  de  points  pour  l'empierrement  des  routes,  de  nom- 
breux échantillons  de  Graptolithes.  La  paléontologie  et  la  stratigra- 
phie sont  d'accord  pour  placer  ces  couches  au-dessus  des  ardoises  à 
Calymene  Tristani, 

Ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  Farge,  les  couches  à  Graptolithes 
forment  un  repère  précieux.  On  constate  en  effet  qu'elles  se  trouvent 
sur  plusieurs  lignes  parallèles  dirigées  N.O.-S.E.  ;  la  répétition  de 
ces  lignes  indique  donc  autant  de  plis  au  milieu  de  ces  puissantes 
assises  schisteuses. 

Mon  but,  dans  cette  note,  est  de  compléter  les  observations  de  mes 
prédécesseurs  et  de  signaler  un  certain  nombre  de  faits  restés  inaper- 
çus. J'indiquerai  d'abord  la  succession  des  assises  siluriennes,  telle 
qu'on  peut  l'observer  dans  les  environs  immédiats  d'Angers. 


1878.  HERMITE.    —   SILURIEN    DES   ENV.    DANGERS.  533 

Au  nord  des  fours  à  chaux  d*Angers,  qui  exploitent  les  calcaires 
du  Dévonien  inférieur,  on  voit  une  belle  coupe  faite  récemment  par 
le  chemin  de  fer  d'Angers  à  Segré.  Celte  coupe,  désignée  sous  le  nom 
de  tranchée  des  Granges,  présente  la  succession  suivante. 

1**  Schistes  inférieurs^,  —  A  l'extrémité  de  la  tranchée  on  observe, 
au  contact  de  grès  dont  je  parlerai  tout  à  l'heure,  sur  une  épaisseur 
de  20  mètres,  des  schistes  grossiers,  verdâtres,  présentant  parfois,  au 
voisinage  des  grès,  des  teintes  rouges  assez  vives.  On  les  retrouve 
à  400'"  environ,  dans  une  carrière  où  l'on  exploite  les  grès  qui  leur  sont 
supérieurs  et  qui  reparaissent  par  suite  d'un  plissement. 

Ces  schistes  constituent  la  base  du  terrain  silurien  des  environs 
d'Angers;  je  n*ai  pu  voir  jusqu'à  présent  aucune  assista  (|ui  leur  soit 
inférieure.  Malgré  des  recherches  attentives,  je  n'y  ai  rencontré  au- 
cune trace  de  corps  organisés. 

La  lacune  qui  existe  dans  cette  coupe  ne  me  permet  pas  d'établir 
l'épaisseur  de  ce  dépôt  d'une  manière  suffisamment  précise;  je  lui 
donne  une  puissance  de  200  mètres,  mais  je  considère  ce  chiffre  comme 
un  minimum. 

2**  Grès  à  Bilohites,  —  Au-dessus  des  schistes  on  voit  une  alter- 
nance de  grès  et  de  schistes  luisants,  lustrés,  plus  ou  moins  ferrugi- 
neux, présentant  des  leintes  parfois  assez  vives.  Les  Bilobitcs  y  sont 
rares;  c'est  un  fait  général  aux  environs  d'Angers.  Ces  couches  ont 
une  douzaine  de  mètres  d'épaisseur. 

3**  Minerai  de  fer.  —  Au-dessus  des  grès  à  Bilobites,  mais  sans 
qu'on  puisse  établir  une  ligne  de  démarcation  bien  tranchée,  on 
observe  une  série  assez  puissante,  où  dominent  des  schistes  souvent 
ferrugineux,  qui  présentent  môme  des  lits  de  minerai  de  fer.  On 
remarque  dans  ces  couches  quehjues  bancs  de  grès,  souvent  difficiles 
à  différencier  des  grès  à  Bilobites.  Comme  on  le  voit,  la  distinction 
entre  les  couches  2  et  3  n'est  pas  facile  à  établir.  On  peut  dire,  d'une 
façon  générale,  que  les  grès  dominent  à  la  partie  inférieure  et  les 
schistes  ferrugineux  à  la  partie  supérieure. 

Les  Bilobites  sont  extrêmement  tares  dans  le  minerai  de  fer;  je  n'en 
ai  rencontré  qu'un  seul  exemplaire,  à  Reculée.  Je  n'ai  pas  constaté  la 
présence  d'autres  fossiles  dans  cette  assise. 

Certains  bancs  sont  assez  ferrugineux  pour  avoir  donné  lieu  autre- 
fois à  une  ex[)loitation,  ainsi  que  l'ont  montré  les  travaux  du  chemin 
de  fer,  qui  ont  mis  à  nu  une  ancienne  galerie  où  l'on  a  trouvé  quelques 
outils. 

Cette  assise  a  près  de  40  mètres  d'épaisseur. 

4^*  Schistes  noirs  sans  fossiles,  —  Au-dessus  des  couches  ferrugi- 
neuses on  voit  (les  schistes  noirs,   se  divisant  en  lames  assez  régu- 


531  HRRMITE.   —  SILURIEN   DES   ENV.    d'aNGERS.  S9  avril 

lières  ;  je  n'y  ai  point  rencontré  de  fossiles.   Ils  ont  une  puissance 
de  60  mètres. 

6»  Grès  supérieurs,  —  On  observe  ensuite  une  assise  d*environ  15  mè- 
tres d'épaisseur,  fortnée  par  des  grès  sans  fossiles,  à  pâte  homogène, 
parfois  un  peu  lustrés  et  rappelant  le  faciès  des  grès  à  Bilobites  ;  mais 
ils  sont  plus  tendres,  et  l'absence,  dans  leur  voisinage,  de  couches 
ferrugineuses  permet  de  les  distinguer  de  ceux-ci. 

6<>  Schistes  à  Calymene  Ttnstani,  —  Les  grès  supérieurs  sont  sur- 
montés par  des  schistes  noirs,  fissiles,  que  l'on  voit  sur  une  épaisseur  de 
45  mètres  environ;  mais  la  voie  ferrée  cessant  d'entamer  le  coteau,  on 
est  obligé  de  chercher  quelques  rares  affleurements  sur  le  flanc  de  la 
colline.  On  constate  ainsi  la  présence  des  schistes  50  mètres  plus  loin. 
Ici  nous  trouvons  un  horizon  intéressant,  que  j'ai  suivi  sur  une  assez 
grande  distance  dans  la  direction  du  nord-ouest,  ainsi  que  je  le  mon- 
trerai plus  loin. 

Sur  le  sol  l'on  voit  en  assez  grande  abondance  des  nodules  argilo- 
siliceux,  renfermant  presque  toujours  un  ou  plusieurs  fossiles,  dont  je 
donnerai  plus  loin  une  liste  détaillée.  Il  me  suffira  pour  le  moment 
de  signaler  les  Calymene  Tristani,  C.  Aragoi,  Dahnanites  socialis,  qui 
fixent  d'une  façon  positive  la  place  de  ces  couches  dans  la  série  silu- 
rienne. L'étude  de  ces  schistes  à  nodules  et  leur  direction  m'ont  mon- 
tré qu'ils  constituent  le  prolongement  des  couches  célèbres  de  La 
Hunaudière,  localité  située  à  environ  vingt  lieues  d'Angers. 

Je  n*ai  pu  malheureusement  établir  les  relations  des  ardoises  avec 
les  couches  à  nodules,  n'ayant  pas  été  assez  heureux  pour  observer 
celles-ci  dans  le  voisinage  des  ardoisières  ;  mais  il  est  évident  que  par 
leur  faune  ces  assises  sont  très-voisines.  N'ayant  pas  fait  d'observa- 
tions personnelles  sur  ce  point,  j'adopterai,  jusqu'à  preuve  du 
contraire,  l'opinion  de  MM.  deTromelin  et  Lebesconte  (1),  quf  placent 
les  schistes  ù  nodules  au-dessus  des  ardoises  d'Angers. 

Telle  est  la  série  des  couches  que  l'on  voit  dans  la  tranchée  des 
Granges.  En  continuant  à  se  diriger  vers  les  fours  à  chaux,  on  ne 
rencontre  malheureusement,  avant  d'arriver  au  calcaire  dévonien, 
que  des  coupes  insuffisantes;  aussi  sur  ce  point  la  succession  est-elle 
difficile  k  établir.  Je  ferai  néanmoins  remarquer  qu'au-dessus  des 
schistes  à  nodules,  ainsi  que  j'ai  pu  le  constater  dans  d'autres  locali- 
tés, on  observe  une  assez  grande  épaisseur  de  schistes  non  fossili- 
fères ;  puis  on  arrive  aux  phtanites,  qui  sont  séparés  des  calcaires 
dévoniens  par  une  série  assez  puissante  de  schistes  esquilleux,  rudes 
au  toucher  et  sans  fossiles. 

(1)  BhIL  Soe.  ijêol,,  y  sér.,  t.  IV.  p.  594. 


1878.  HERMITE.   —  SILURIEN   OES  ENV.   D*ANGBRS.  535 

Il  est  regrettable  qu'on  ne  puisse  observer  les  allures  des  couches 
entre  la  tranchée  des  Granges  et  les  fours  à  chaux  ;  car  cette  lacune 
nous  empêche  d'évaluer  exactement  l'épaisseur  des  assises  siluriennes 
des  environs  d*Angers.  Je  pense  cependant  que  les  dépôts  compris 
entre  les  grès  à  Bilobites  et  les  calcaires  du  Dévonien  inférieur  ont 
environ  600  mètres  de  puissance.  Je  crois  ce  chiffre  assez  rapproché 
de  la  réalité,  et  on  peut  l'adopter  jusqu'à  ce  que  des  coupes  nouvelles 
aient  donné  le  moyen  de  le  rectifier. 

J'ai  suivi  les  différentes  assises  étudiées  à  la  tranchée  des  Granges 
dans  la  région  comprise  entre  la  Mayenne  et  la  Loire.  J'ai  constaté 
entre  Juigné-Bené  et  Bouchemaine  l'existence  de  trois  lignes  anticli- 
nales  bien  déterminées  ;  il  existe  en  outre  un  assez  graiiJ  nombre  de 
plis  secondaires,  dont  on  ne  peut  que  difficilement  donner  le  tracé,  à 
cause  de  leur  peu  d'importance  et  du  petit  nombre  des  affleurements 
que  Ton  rencontre. 

L'ensemble  du  bassin  a  été  plissé  dans  la  direction  N.O.-S.E.,  et 
cette  direction  est  suffisamment  régulière  pour  faciliter  notablement 
les  recherches  que  l'on  exécute  pour  suivre  les  couches. 

En  partant  de  Juigné-Bené  (tig.  i)  et  se  dirigeant  vers  le  sud,  on  ren- 
contre un  premier  pli  convexe,qui  forme  le  plateau  deMontreuil-Belfroy. 
Le  bord  méridional  de  ce  pli,  en  marchant  vers  la  tranchéedes  Granges, 
est  formé  par  les  pentes  des  coteaux  qui  descendent  vers  la  Mayenne. 

Une  deuxième  ligne  anticlinale  occupe,  auprès  du  château  de  La 
Place,  la  vallée  du  Brionneau. 

Enfin  nous  trouvons  un  troisième  pli  convexe,  assez  compliqué,  au 
nord  d'une  faille,  aux  environs  de  Grézillé.  Les  localités  suivantes 
jalonnent  ce  pli  :  Grézillé,  La  Bcaumette,  Les  Ponts-de-Cé,  Juigné- 
sur-Loire,  Saint-Jean-des-Mauvrets.  La  faille  est  alignée  suivant  Pru- 
nier, Sainte-Gemme,  La  Fontenelle,  Les  Plessis,  Beaumont. 

En  résumé,  le  terrain  compris  entre  la  Mayenne  et  le  confluent  de 
la  Loire  et  de  la  Maine  est  formé  par  deux  bassins  séparés  par  le  pli 
convexe  du  Brionneau  ;  les  extrémités  nord  et  sud  de  cette  région 
s'infléchissent  dans  deux  directions  opposées,  à  cause  des  deux  lignes 
anticlinales  nord  et  sud  dont  j*ai  parlé  plus  haut. 

Je  ne  dirai  que  quelques  mots  des  plissements  du  terrain  compris 
entre  la  Loire  et  le  Layon.  Les  grès  à  Bilobites  ne  se  voient  plus  au 
sud  de  la  ligne  Prunier-Beaumont  ;  on  aperçoit  surtout  des  schistes 
affectant  fréquemment  une  teinte  lie  devin  fortement  prononcée,  et 
renfermant  quelques  bandes  de  schistes  gréseux  de  faible  épaisseur.  Les 
schistes  rouges  et  verts  indiqués  par  M.  Triger  à  La  Pointe  (1)  appar- 

(1)  V.  lc>  profils  ;».r)i.).:3'if(ue.<  de  la  ligne  (k*  Paris  a  Brest,  roseau  (i'Orloans. 


53G 


HBRIIITB.  —  SILURIEN  DES  ElfV.   DAN«R8. 


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1878.  HCRMITE.   —  SILURIEN  DES  ENV.   d' ANGERS.  537 

tiennent  à  ce  niveau,  et  non  pas  au  terrain  dévonien,  comme  l'avait 
cru  ce  géologue.  On  observe  dans  cette  région  une  série  de  carrières 
dephtanites  qui  déterminent  une  ligne  syncUnale  passant  par  Mozéet 
Denée  et  se  prolongeant  par  Ëpiré  jusqu'à  Saint-Martin-du-Fouilloux. 

Avant  d'arriver  au  calcaire  dévonien  de  Pont-Barré,  dans  la  vallée 
du  Layon,  on  retrouve  les  phtanites  sur  une  ligne  allant  de  Mont- 
Benault  à  Pierre-Bise.  L'amplitude  des  plis  de  cette  région  est  donc 
peu  considérable,  puisqu'ils  ne  ramènent  pas  à  la  surface  les  grès  à 
Bilobites  et  que  leur  partie  la  plus  élevée  n'arrive  pas  jusqu'au  cal- 
caire dévonien. 

Je  vais  maintenant  indiquer  les  principales  localités  oii  l'on  peut 
étudier  les  différentes  assises  siluriennes  que  je  viens  de  passer  en 
revue. 

l^  Les  schistes  intérieurs  se  voient,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  à  la 
tranchée  des  Granges  ;  on  les  retrouve  sur  le  prolongement  d'une 
ligne  dirigée  N.O.-S.E.,  aux  environs  de  Montreuil-Belfroy,  où  on 
peut  relever  quelques  coupes.  Ils  se  présentent  fréquemment  sous  un 
aspect  un  peu  lustré. 

Ils  reparaissent  dans  la  vallée  du  Brionneau,  mais  ici  les  coupes 
sont  insuffisantes. 

La  ligne  anticlinale  sud  présente  entre  Les  Musses  et  La  Beaumette 
une  belle  coupe  de  ces  schistes.  Ils  sont  généralement  résistants  et 
durs  ;  leur  couleur  est  sombre  ;  ils  forment  le  long  de  la  rivière  un 
escarpement  d'un  kilomètre  do  longueur. 

2®  Les  grès  à  Bilobites  constituent  une  partie  de  l'escarpement  de 
Montreuil-Belfroy  ;  ils  coupent  la  route  de  ce  bourg  à  Juigné-Bené. 
Sur  le  bord  méridional  de  la  même  ligne  anticlinale,  on  peut  les 
suivre  à  une  grande  distance  :  le  chemin  de  fer  d'Angers  à  Segré 
les  coupe  à  Reculée  ;  on  les  voit  également  près  de  Tartifune  et  du 
château  de  La  Perrière,  oii  ils  sont  exploités.  On  les  retrouve  à  la 
station  de  Montreuil-Belfroy,  et  de  là  on  peut  les  suivre  par  Le  Ples- 
sis-Macé  et  la  forêt  de  Longuenée  jusqu'à  Vern  (i).  Cette  dernière 
localité  est  bien  plus  fossilifère  que  les  environs  d'Angers,  où  les 
Bilobites  sont  assez  rares,  puisqu'ils  paraissent  avoir  échappé  jusqu'à 
présent  aux  observateurs.  Cependant  H.  Farge  en  a  signalé  un  en 
1871,  recueilli  non  en  place  auprès  des  ardoisières.  Près  de  Yern  j'ai 
rencontré  ces  fossiles  en  assez  grande  abondance  sur  le  coteau  qui  va 
de  la  ferme  de  La  Thébaudaie  à  La  Bonnetière,  en  passant  par  La 
Morlaye. 


(1)  Je  crois  avec  M.  Farge  que  les  quartzites  exploités  à  L'Espérance  appartien- 
nent à  l'horizon  des  grès  à  Bilobites. 


538  HBHMITE.    —  SiLURIBN  DBS  ENV.    DANGERS.  Ï9  avril 

Tout  le  long  du  boni  méridional  de  la  ligne  anticlinale  nord,  ou 
peut  constater  que  le  plongeaient  des  grès  à  Bilobites  et  des  autves 
assises  siluriennes  a  lieu  en  sens  inverse  de  la  pente  générale  de  la 
cuvette.  Ainsi,  à  la  tranchée  des  Granges  le  plongement  des  couches 
est  de  70*  vers  le  N.  E.  ;  près  du  château  de  La  Perrière  il  est  de  45"*. 
Sur  la  route  de  Yern  à  Cuillou,  près  de  La  Gomietière,  le  plongement 
a  également  lieu  dans  le  sens  que  je  viens  d'indiquer. 

J*ai  tenu  à  signaler  ce  fait  pour  prémunir  les  observateurs  contre 
une  cause  d'erreur.  Il  arrive  en  effet  que  le  plongement  des  couches 
en  sens  inverse  de  la  pente  générale  du  bassin  est  tel  quil  y  a  renver- 
sement complet.  On  peut  faire  cette  observation  dans  la  tranchée  du 
chemin  de  fer  de  Segré  à  Angers,  à  cent  pas  du  point  où  il  coupe  la 
route  d'Avrillé  à  La  Membrolle  :  on  y  remarque  que  les  grès  su* 
périeurs  de  la  tranchée  des  Granges  recouvrent,  suivant  des  pentes 
peu  inclinées,  des  schistes  où  j*ai  recueilli  des  nodules  et  des  fossiles 
caractéristiques  deThorizon  de  La  Hunaudière. 

Les  grès  à  Bilobites,  accompagnés  des  couches  ferrugineuses,  se 
voient  sur  les  flancs  de  la  vallée  du  Brionneau.  On  les  retrouve  ù  La 
Papillaye,  à  Grézillé,  à  La  Beaumette,  à  Prunier,  à  La  Fontcnelle,  a 
Beaumont;  mais  les  minerais  de  fer  ont  disparu.  On  peut  étudier 
facilement  les  grès  dans  ces  localités^  mais  j'avoue  n'avoir  pas  élé 
assez  heureux  pour  y  rencontrer  des  Bilobites.  Ce  sont  seulement  des 
considérations  stratigraphiques  qui  m'ont  guidé  pour  les  placer  à  ce 
niveau. 

3^  Les  minerais  de  fer  forment  un  horizon  très- variable.  Ils  sont 
bien  développés  à  Reculée  et  à  Tartifune  près  d'Angers.  On  voit  éga- 
lement sur  le  sol  des  fragments  de  minerai  près  de  MontreuilBelfroy. 

La  présence  de  ces  couches  dans  la  forêt  de  Longuenée  est  indiquée 
par  les  scories  de  forge  qu'on  y  rencontre  sur  un  certain  nombre  de 
points.  Ces  couches  paraissent  très-peu  développées  à  Vern. 

Sur  le  flanc  nord  de  la  vallée  du  Brionneau,  les  minerais  de  fer  repa- 
raissent; on  en  trouve  fréquemment  des  morceaux  épars  ;  leur  position 
par  rapport  aux  grès  que  j'assimile  aux  grès  à  Bilobites,  est  bien  celle 
que  nous  avons  constatée  à  la  tranchée  des  Granges. 

M.  Millet,  dans  sa  Paléontologie  de  Maine-et-Loire  (1854),  cite  les 
rainerais  de  fer  au  Jardin  des  Plantes  d'Angers  et  au  Champ-de-Mars(l). 
Ces  deux  gisements  sont  sur  le  prolongement  du  système  des  grès  à 
fiilobites  et  minerai  de  fer  qui  occupent  les  deux  flancs  de  la  vallée 
du  Brionneau  aux  environs  du  château  de  La  Place. 

En  général,  les  couches  de  minerai  de  fer  sont  surtout  développées 

(1)  Op.  cit.,  p.  29. 


1878.  HERIfITE.    —  SILURIEN  DBS  ENV.    D* ANGERS.  539 

sur  le  bord  septentrional  du  bassin.  Je  crois  que  les  émissions  ferru- 
gineuses, qui  ont  eu  lieu  avec  une  intensité  variable  suivant  la  direc* 
tion  N.O.-S.E.,  ont  diminué  rapidement  d'importance  vers  le  sud  ; 
aussi  les  couches  ferrugineuses  manquent-elles  aux  environs  de  La 
Papillaye,  de  Grézillé,  de  Prunier,  et  sur  le  prolongement  des  lignes 
passant  parées  points.  Néanmoins  les  grès  que  j*assimile  aux  grès  à 
Bilobites  sont  assez  fréquemment  ferrugineux  et  ont  sur  certains 
points  le  faciès  des  grès  inférieurs  de  la  tranchée  des  Granges. 

4^  et  5°  On  peut  étudier  les  schistes  noirs  sans  fossiles  et  les  grès 
supérieurs  à  Reculée,  oii  il  existe  une  ancienne  exploitation.  On 
constate  aussi  leur  pi'ésence  à  Tartifune  et  au  passage  à  niveau  du 
chemin  de  fer  sur  la  route  d'Avrillé  à  La  Hembrolle  ;  mais  à  partir  de 
ce  point,  en  se  dirigeant  vers  Yern,  on  ne  retrouve  point  d'aflDleurement 
qui  permette  de  rapporter  sûrement  à  cet  horizon  soit  les  schistes,  soit 
les  fragments  de  grès  épars  sur  le  sol. 

A  Yern  je  n*ai  pu  constater  la  présence  des  grès  supérieurs  ;  aussi  je 
crois  que  cet  horizon  y  est  peu  important. 

Près  de  Juigné-Bené  on  retrouve,  de  Tautre  coté  de  la  ligne  anti- 
clinale  nord,  des  grès  schisteux  très-tendres,  blanchâtres,  que  leur 
situation  me  fait  rapporter  à  cet  horizon;  mais  c'est  en  vain  que  j'ai 
cherché  à  constater  leur  présence  le  long  des  plis  situés  au  sud  de  la 
ligne  anticlinale  nord. 

6**  Les  schistes  anloisiers  fossilitères  à  Calymene  Tristani  ne  se 
voient  que  dans  un  nombre  très-restreint  de  localités  :  aux  environs 
deTrélazé,  à  l'ancienne  ardoisière  d'Avrillé,  à  La  Pouèze. 

En  revanche,  les  schistes  à  nodules  qui  sont  la  continuation  de 
l'horizon  de  La  Ilunaudière  peuvent  être  étudiés  sur  un  très-grand 
nombre  de  points.  Je  n'ai  toutefois  constaté  leur  présence  que  sur  le 
bord  méridional  de  la  ligne  anticlinale  nord.  On  les  observe  à  Angers 
près  de  la  tranchée  des  Granges,  et  à  Reculée  à  quelques  centaines 
de  mètres  du  chemin  de  fer.  De  Reculée  au  bois  de  La  Perrière,  ils 
sont  recouverts  par  le  Diluvium;  mais  on  les  retrouve  au  bois  de 
\a  Perrière,  à  l'entrée  d'Avrillé,  au  passage  à  niveau  du  chemin  de 
Ter  de  la  roule  d'Avrillé  à  La  MembroUe.  De  ce  point  on  peut  les 
suivre  presque  constamment  jusqu'au-delà  de  Yern,  dans  une  direc- 
tion jalonnée  par  les  fermes  suivantes  :  Le  Buisson,  Les  Ruaulx,  La 
Ségerie,La  Babinière,  La  Maison-Neuve ,  L'Ermitage,  Grande-Haie, 
Les  Blanches,  L'Ébaupin,  La  Chollaie,  Rotlier.  Cette  dernière  ferme  est 
située  à  environ  4  kilomètres  à  l'ouest  de  Yern.  Les  schistes  à  nodules 
se  montrent  donc  presque  sans  discontinuité  sur  une  longueur  de 
30  kilomètres.  Le  temps  m'a  manqué  pour  les  suivre  plus  à  l'ouest. 

Les  schistes  à  nodules  de  La  Hunaudière  se  prolongent  vers  l'est  au- 


540  HERMITS.  —  SILURIEN  DES  ENV.   d'aNGERS.  29  avril 

delà  de  Gbâteaubriant  ;  j'ai  constaté  leur  présence  près  du  moulin 
situé  à  l'est  de  la  ferme  du  Pont-Mabias,  sur  la  roule  de  Cbâteau- 
briant  à  Saint-Julien-de-Youvantes.  Une  distance  de  32  kilomètres 
seulement  sépare  cet  afSeurenient  du  point  extrême  que  j'ai  observé  à 
l'ouest  de  Yern  ;  aussi  je  crois  que  des  recherches  attentives  comble- 
ront la  lacune  qui  existe  encore  entre  les  schistes  à  nodules  d'Angers 
et  ceux  de  La  Hunaudière. 

On  observe  en  général  deux  sortes  de  norlules,  facilement  recon- 
naissables  au  premier  coup  d'œil.  Les  uns  ont  une  teinte  jaunâtre 
terreuse,  sont  assez  tendres  et  très-fossilifères.  Les  autres  sont 
noirs,  très-durs,  et  ne  renferment  que  rarement  des  fossiles  ;  on  les 
enlève  des  champs,  ainsi  que  les  grès  qui  se  trouvent  fréquemment 
dans  leur  voisinage,  et  on  les  utilise  pour  l'empierrement  des  chemins 
vicinaux,  surtout  aux  environs  de  La  Meignanne  et  du  Plessis-Macé. 

Parfois  les  nodules  fossilifères  sont  pétris  uniquement  d'Orehis,  de 
Dalmayiites,  de  Placoparia  ou  de  Bivalves.  Je  pense  que  ces  divers 
fossiles  sont  cantonnés  à  des  niveaux  différents ,  mais  l'absence 
d'affleurements  m'empêche  d'indiquer  ces  successions,  qui  ne  doivent 
avoir,  du  reste,  qu'une  importance  secondaire. 

Au-dessus  des  couches  à  nodules  on  trouve,  avant  d'arriver  aux 
phtanites  à  Graptolithes,  une  bande  épaisse  de  schistes;  une  seconde 
bande  schisteuse  sépare  les  phtanites  des  calcaires  dévoniens. 

Les  phtanites  se  montrent  sur  différents  points:  aux  environs  de 
Saint-Barthélémy,  aux  Pommerayes  près  d'Avrillé,  où  ils  sont  exploi- 
tés, à  La  Meignanne,  sur  le  bord  de  la  route  d'Angers,  à  200  mètres  du 
bourg.  Aucune  de  ces  localités  n'est  fossllitère.  Les  exploitations  de 
Cuillon,  près  de  Yern,  qui  sont  sur  le  prolongement  de  la  ligne  que 
je  viens  de  jalonner,  ont  fourni  à  M.  Farge  une  certaine  quantité  de 
Graptolithes. 

Les  schistes  voisins  des  phtanites  ne  m*ont  pas  paru  fossilifères. 

En  résumé,  j'ai  montré  dans  cette  note  : 

1^  Qu'à  la  base  du  terrain  silurien  de  T Anjou  il  existe  une  bande  de 
schistes  inférieurs  aux  grès  à  Bilobites  ; 

2®  Que  les  grès  à  Bilobites,  quoique  peu  fossilitères,  sont  largement 
représentés  aux  environs  d'Angers  ; 

3o  Qu'il  ne  faut  pas  confondre  les  gros  à  Bilobites  avec  les  grès 
supérieurs,  qui  constituent  d'ailleurs  un  horizon  beaucoup  moins 
important  ; 

4®  Que  la  faune  des  sc^fs^e^  à  nodules  de  La  Hunaudière  est  bien 
développée  dans  le  département  de  Maine-et-Loire. 

Yoici  la  liste  des  espèces  que  j'ai  recueillies  dans  les  diverses 
couches  siluriennes  des  environs  d'Angers  : 


1878  HEniflTK.   —  SILURIEN   DES  ENV.   D'ANGERS.  541 

1**  Faune  des  grès  à  Bilobites. 

Crusiatia  Prevosti,  Rouauli.  Vern. 

—  voisine  du  C.  affinis,  Rouault.  Angers,  Vern. 

2o  Faune  des  schistes  à  nodules, 

Ceratiocaris  sp. 

Calymene  Tristani,  Brongniart. 

—  Aragoi,  Rouault. 

Dalmanitcs  50cia/i>.,  Barrande,  var.  proœva. 

—  macrophthalma,  Brongniart. 
Lichat  Ueberti,  Rouault. 

Àsaphus  iwbilis,  Barrande. 

Illtmus  giganteus,  Burmeister. 

Placoparia  Tourneminei,  Rouault. 

Cheirurus  Guillieri,  de  Tromelin. 

Œufs  d'origine  indéterminée. 

Primitia  sp. 

LituUes  intermedins,  de  Verneuil  et  Barrande. 

Endoceras  Dalimieri,  Barrande. 

Bellerophon  hilohatus,  Sowerby. 

—  acutu^,  Sowerby. 
Trochus  ? 

Conularia  n.  sp. 

Hyolites  striatnlu^,  Barrande. 

—  distincUi^,  Barrande. 

—  n.  sp. 

—  ?  n.  sp. 

Lyr odesma  Sacheri,  Muniev-ilhdilmsLS  (L.  Wfî/m,  de  Tromelin). 

—  Gallica,  Munier-  Chalmas  fL,  Dufeti,  de  Tromelin) . 

—  sp. 
Cardiolaria  sp. 
Ctenodonta  sp. 

Redonia  Dcshayesiann,  Rouault. 

Tellinomya  ? 

Spirifer  sp. 

Lingula  Morieret?,  de  Tromelin. 

Orthis  Berthoiu  ?,  Rouault. 

—     Riheiroi.  Sharpe. 
Tenlaculites  À  nglicus  ?,  Sha rpe . 

Remarques  sur  la  faune  des  schistes  à  nodules. 

1«  Les  échantillons  de  Calymene  Aragoi Qi  de  C.  Tristani  des  envi- 
rons d'Angers  ont  souvent  conservé  leur  lest.  Cette  particularité  m'a 
permis  de  constater  certaines  différences  dans  rornementation  des 
deux  espèces.  Dans  le  C.  Tristani,  la  tête,  le  thorax  et  le  pygidiura 
sont  couverts  de  nombreuses  granulations  arrondies,  légèrement  irré- 


542  HBBVITE.    —  SILURIEN  DES  BNV.   DANGKaS.  !29  avril 

gulièi*es  et  assez  fortes,  tandis  que  dans  le  C  Aragoi  ces  granulations 
sont  bien  plus  Unes  sur  la  tête  et  sur  les  premiers  anneaux  du  thorax. 
M.  Barrande  n'avait  pu  constater  de  granulations,  sur  les  échantil- 
lons de  C.  Aragoi  de  Bohême,  que  sur  le  pygidium  et  sur  les  plèvres  ; 
cela  tenait,  comme  semble  Tindiquer  le  savant  auteur  du  Système 
silurien  du  Centre  de  la  Bohême,  à  Têtat  imparfait  de  conservation 
de  ces  échantillons. 

So  Les  individus  que  je  rapporte  au  Dalmanites  socialis,  Barr., 
variété  proœva,  ont  les  yeux  bien  plus  forts  que  les  spécimens  de 
Bohême  avec  lesquels  j'ai  pu  les  comparer.  Cette  observation  avait 
déjà  été  faite  par  MM.  de  Tromelin  et  Lebesconte.  L'appendice  caudal 
me  parait  plus  allongé  et  plus  grêle  que  dans  l'espèce  de  Bohême.  Il  y 
a  encore  d'autres  diftérences,  sur  lesc|uelles  je  reviendrai  plus  tant,  et 
qui  me  font  penser  que  les  individus  de  France  doivent  être  séparés 
spécifiquement  de  l'espèce  de  Bohême. 

3**  Mes  échantillons  de  Dalmanites  macrophthahnus  présentent 
bien  les  caractères  figurés  par  M.  de  Yerneuil.  Je  ferai  remarquer  en 
outre,  que  toute  la  surface  du  test,  tête,  thorax  et  pygidium,  est  cou- 
verte  de  granulations  fines,  serrées  et  bien  accusées;  les  granulations 
sont  atténuées  sur  les  segments  de  l'axe. 

4^  Je  possède  des  fragments  d'IUœnus  giga>iteus  montrant  que  les 
plèvres  et  les  articulations  de  l'axe  portent  des  stries  ou  de  petits 
sillons  irréguliers,  parallèles  ou  obliques,  formés  par  des  séries  de 
ponctuations  peu  accusées,  fines  et  très-rapprochées. 

6o  Quelques  nodules  renferment  une  grande  quantité  de  corps 
ayant  la  forme  de  petits  ellipsoïdes  et  ressemblant  à  ceux  que 
M.  Barrande  a  figurés  dans  son  ouvrage  (t.  I,  suppl.,  pi.  XVIil, 
fig.  31-33)  et  indiqués  comme  étant  des  œufs  d'origine  indéter- 
minée; mes  échantillons  sont  plus  allongés  que  ceux  do  Bohême. 
M.  Hall  (i)  rapporte  les  mêmes  corps  à  des  tiges  de  plantes. 

6°  La  mauvaise  conservation  des  spécimens  de  Primitia  que  je  pos- 
sède ne  me  permet  pas  de  les  rapporter  avec  certitude  au  P,  simplex, 
Jones,  signalé  par  MM.  de  Tromelin  et  Lebesconte  comme  largement 
répandu  dans  l'Ouest  de  la  France. 

70  Je  rapporte  à  YEndoceras  Dalimieri,  comme  le  font  MM.  de 
Tromelin  et  Lebesconte,  les  individus  qui  ont  un  grand  siphon  mar- 
ginal. La  dernière  loge  a  8  centimètres,  mais  elle  devait  être  plus 
grande.  J'ai  constaté  que  sur  un  individu  dont  le  diamètre  est  de 
O'"0â5,  les  cloisons  sont  séparées  par  un  intervalle  de  0'°005.  Le  siphon 
occupe  à  peu  près  les  2/5  de  la  cloison,  comme  l'indiquent  MM.  de 

<1)  Natural  ïïisL  New'-York,  Palœontology .  t.  II,  pi.  IX,  Gg,  4. 


1878.  HBRMITE.   —  SILURIEN   DES  ENV.    u'aNGERS.  543 

Tromelin  et  Lebesconte.  L'angle  mesuré  sur  un  de  mes  échantillons 
est  de  4"^  ;  ce  qui  indique  une  forme  très-allongée.  Je  possède  un 
exemplaire  qui  porte  de  petites  côtes  transverses  équidistantes  et  assez 
rapprochées,  croisées  par  des  côtes  longitudinales  plus  espacées, 
comme  dans  VOrthoceras  arenosum,  Barr.  L'assimilation  de  cette 
espèce  à  celle  de  M.  Barrande  reste  indécise  parce  que  celle-ci  n'a  été 
ni  décrite  ni  figurée. 

8^  Je  rapporte  au  Bellerophon  bilobatus,  Sow.,  une  espèce  très- 
abondante,  ayant  les  caractères  figurés  par  Murchison  (1).  Quelques- 
uns  de  mes  échantillons  présentent  le  test  :  la  région  dorsale  n'offre 
pas  de  bande  longitudinale,  et  toute  la  surface  est  couverte  d'un 
réseau  très-élégant  de  stries  longitudinales  fines  et  très-serrées,  croi« 
sées  par  des  stries  transversales  également  fines  et  serrées. 

9^  L'espèce  de  Conularia  que  je  signale  dans  la  faune  des  schiste» 
à  nodules  rappelle  par  ses  ornements  le  C  nobilis,  Barr. 

IQo  Un  des  Hyolites  que  j'ai  recueillis  constitue  une  espèce 
distincte,  intermédiaire  comme  taille  entre  YH.  maximus,  Barr.,  et 
VH,  rohustus,  Barr. 

lio  Je  signalerai  aussi  la  présence  d'un  fossile  que  je  ne  range 
qu'avec  doute  dans  le  genre  Hyolites,  Il  s'éloigne  des  véritables 
Hyolites  par  la  présence  d'un  sillon  longitudinal  médian  sur  la 
grande  face. 

12^  J'ai  recueilli  deux  exemplaires  de  Lyrodesma  Sacheri,  Mun.-Gh., 
avec  le  test  ;  on  ne  peut  voir  la  charnière,  mais  la  forme  générale  cor- 
i*espond  bien  à  celle  de  l'espèce  décrite  par  M.  Munier-Chalmas  et  qui 
provient  des  grès  de  La  Bouexière.  Comme  cette  dernière,  mes  échan- 
tillons sont  lisses  et  ne  présentent  que  quelques  rares  stries  d'accrois- 
sement. 

3°  Faune  des  phtanites  à  Chraptolithes. 

J'ai  recueilli  peu  deGraptolithes  ;  aussi  me  contenterai-je  de  repro- 
duire la  liste  donnée  par  M.  Farge  : 


Graptolithus  Becki,  Barrande. 

—  Sedgwicki  ?,Vori\ock. 

Diplograpsus  folium,  Hisinger. 


Diplograpsus  pristis,  HisÎDger. 
Rastrites  peregrinus,  Barrande. 


Je  rappellerai  que  M.  de  Tromelin  a  signalé  dans  ces  couches 
l'existence  du  Graptolithus  colonus,  et  j'ajouterai  à  cette  liste  un 
Graptolithe  voisin  du  G.  ^MrncwZa^i^*,  que  j'ai  recueilli  à  Saint-Mar- 
lin-du-Fouilloux. 

(1)  Siluria,  pi.  VII,  fig.  9. 


Wk  HERMITE.   —  SILURIEN  SUP.   DE  LA  1IE1GNANN3*  39  avri. 


Sur  la  présence  du  Silurien  supérleor  à  E«a  Meic^anne, 

près  d'Aïïkf;erm  (Maine-et-Loire), 

par  M.  Henri  Hermlte. 

Le  Silurien  supérieur  n'existe  dans  TOuest  de  la  France  que  sur  un 
petit  nombre  de  points  isolés.  Les  localités  de  Saint-Sauveur-le- 
Yicomte  et  de  Feuguerolles  sont  très-connues  des  géologues.  Depuis 
quelques  années,  des  recherches  attentives  ont  fait  découvrir  les 
couches  à  Cardioîa  interrupta  dans  les  départements  de  la  Sarthe,  de 
la  Loire-Inférieure  et  de  la  Mayenne;  je  citerai  surtout  les  gisements  de 
Chemiré,  Yillepot,  Dcrval,  Lusanger. 

Le  Silurien  supérieur  existe  également  dans  le  département  de 
Maine-et-Loire,  oii  j*ai  récemment  constaté  sa  présence  près  du  bourg 
de  LaMeignanne,  à  li  kilomètres  au  nord-ouest  d'Angers.  On  extrait 
dans  cette  localité  un  calcaire  blanc-grisâtre,  parfois  de  couleur  fon- 
cée, assez  semblable  à  celui  que  l'on  exploite  aux  fours  à  chaux 
d'Angers  et  que  Ton  considère  comme  appartenant  au  Dévonien, 
d'après  les  fossiles  qui  y  ont  été  recueillis  par  MM.  Bayan  et  Guéran- 
ger.  Je  crois  que  les  calcaires  de  La  Meignaune  font  partie  de  la  ligne 
synclinale  jalonnée  par  les  points  suivants  :  Angei*s,  La  Meignanne, 
Vern,  Saint-Julien-de-Vouvantes  et  Erbray.  J'ajouterai  qu'à  Vern  on 
trouve  une  faune  riche  et  nombreuse,  appartenant  au  Dévonien  infé- 
rieur, et  qu'à  Erbray  des  calcaires  d'une  apparence  minéralogique  ana- 
logue renferment  des  fossiles  du  Silurien  supérieur  et  du  Dévonien 
inférieur.  On  sait  que  dans  cette  dernière  localité  la  séparation  des 
deux  étages  n'a  pas  encore  été  établie. 

Au  sud  de  La  Meignanne,  à  200  pas  du  bourg,  on  observe  dans  la 
tranchée  du  chemin  qui  conduit  à  Angers,  des  phtanites  intercalés 
dans  des  schistes.  Sur  ce  point  les  phtanites  ne  sont  pas  fossilifères  ; 
mais  cet  horizon  est  tellement  bien  caractérisé  dans  le  département 
de  Maine-et-Loire,  que  je  n'hésite  pas  à  le  rapporter  au  niveau  des 
couches  à  Graptolithes,  dont  les  espèces  étudiées  par  M.  Farge  et  par 
M.  de  Tromelin  indiquent  la  partie  supérieure  de  la  Faune  seconde 
plutôt  que  le  niveau  inférieur  de  la  Faune  troisième.  Cependant  la 
présence  du  Graptolithus  colonus,  cité  par  M.  de  Tromelin,  paraît 
à  jpWori  favorable  à  cette  dernière  opinion  ;  mais  le  petit  nombre 
d'échantillons  trouvés  jusqu'à  présent  et  leur  état  de  conservation 
permettent  de  n'accorder  à  cette  espèce  qu'une  faible  importance. 

A  quelques  centaines  de  mètres  du  point  que  je  viens  de  signaler, 
on  voit,  dans  la  partie  nord  du  bourg  de  La  Meignanne,  une  grande 


Ï878.  HEaHlTB.   —  SILDnlE^  SUP.  UB  la  HEICNAKHe.  oK 

carrière  dans  laquelle  on  exploite  des  calcaires.  Le  plan  incliné  par 
lequel  on  y  descend  donne  ta  coupe  suivante  (fig.  1)  (1)  : 

Fig.  I. 


}  a  1 

I .  Schislt's  grisfllrea  leiTuui 

ï,  Schistts  noirs 0"50 

3,  Calcaire  bréchoïde 7  » 

t.  Schistes  noirs 2  » 

6.  Calcaires  grisâtres 3  > 

a.  Schistes  noirs 2  » 

7.  Calcaires  grisSlres 30  i  40  » 

8.  Schisles  el  calcaires  ampélileux 

Les  calcaires  7  sont  exploités  pour  la  fabrication  ào  la  chaux  ;  ils 
sont  irès-peu  l'ussilKères  ;  je  n'y  aï  recueilli  que  quelques  tiges  de 
Crinoîiles  imléteriniiiables. 

Contre  ces  calcaires  s'appuient  des  schistes  très-noirs,  8,  chairs  <fe 
matières  charbonneuses  et  renlerinaut  de  grands  sphéroïdes  apladïi 
d'un  calcaire  noir.  Ces  sphéroïdes  contiennent  une  grande  quantité 
d'Orthocères  et  de  petites  bivalves,  dont  les  plus  caractéristiques  se 
retrouvent  dans  les  couches  du  Silurien  supérieur  de  la  Bohême  et  de 
l'Ouest  de  la  France. 

Je  me  suis  demandé  cependant  si  les  calcaires  7  ne  seraient  pas 
supérieurs  à  cette  assise  par  suite  du  plissement  des  couches  2,  3,  4, 
tS  et  6.  Dans  celte  hypothèse,  ces  différentes  couches  devraient  être 
reployëes  vers  le  milieu  de  la  carrière  et  formeraient  ainsi  par  leur 
redoublement  l'assise  8,  qui  porte  des  calcaires  sur  chacun  de  ses 
lianes.  Alors  la  grande  masse  des  calcaires,  qui  ressemblent  beaucoup 
à  ceux  qui  sont  exploités  aux  fours  à  chaux  d'Angers  et  de  Vern,  se 
trouverait  au-dessus  du  Silurien  supérieur  et  pourrait  être  placée 
naturellement  dans  le  Dévonien  intérieur,  comme  ceux  de  ces  der- 
nières localités  (2). 

J'ai  donc  cherché  les  fossiles  du  Silurien  supérieur  à  la  basedeces 

11)  Dana  celle  coupe  "les  couches  sont  légèrement  renversées. 
9i  l'ai  vu  dans  la  collection  de  la  Sorhonne  des  nodules  provenant  du  Yrétot, 
idcDtiq jes  avec  ceui  de  La  Heignanne  el  renfermant  les  mdiDes  rosslles . 


54ft  LOAT.   —  MASSIFS  PRIMITIFS  DES  ALPES.  29  avril 

calcaires,  dans  les  couches  noires  qui  les  séparent  des  schistes.  Je  n*ai 
rencontré  aucun  fossile  dans  ces  assises  et  n*ai  pu  y  trouver  aucun 
des  sphéroïdes  calcaires  qui  sont  si  abondamment  répandus  dans  la 
couche  8.  J'ajouterai  qu'au  point  de  vue  minéralogique  l'assise  8  dif- 
fère beaucoup  de  l'ensemble  des  couches  2  à  6  :  les  calcaires  do- 
minent dans  cellesH^i  et  les  schistes  ampéliteux  dans  la  première.  II 
me  parait  difficile  d'admettre  une  si  grande  variation  minéralogique  à 
une  aussi  faible  distance.  Aussi  ces  diverses  raisons  me  font-elles  pen- 
ser que  les  schistes  et  les  calcaires  ampéliteux  renfermant  la  fauoe 
du  Silurien  supérieur  sont  intercalés  au  milieu  des  bancs  calcaires. 

Il  en  résulte  que  la  plus  grande  partie  des  calcaires  exploités  à  la 
carrière  de  LaMeignanne  appartiennent  au  Silurien  supérieur,  mal- 
gré leur  grande  ressemblance  minéralogique  avec  les  calcaires  dévo- 
niens  d'Angers  et  de  Vern. 

Ce  fait  étonnera  moins  si  l'on  se  rappelle  que  les  calcaires  d'Erbray 
et  de  SaintJulien-de-Youvantes  renferment  des  espèces  du  Silurien 
supérieur  et  des  espèces  du  Dévonien  inférieur. 


Liste  des  espèces  recueillies  dans  les  calcaires  ampéliteux  de  La  Mei- 

gnanne, 

Orthocerat  ambigena,  Barr. 

—  faseiolatum,  Barr. 

—  aflf.  0.  Bohemieum,  Barr. 

—  air.  0.  dulce,  Barr. 

—  sp. 
Platystomasp. 
Cardiola  interrupta,  Sow. 

,     —       air.  C.  tenuistriata,  Goldf.(l).  ' 

Terebratula  aff.  T,  obovata,  Barr. 

J'ai  recueilli  en  outre  un  certain  nombre  d'autres  bivalves  non 
encore  décrites. 

En  résumé,  cette  faune  est  bien  caractérisée  par  son  abondance  en 
Orthocères  et  en  petites  bivalves  ;  elle  présente  le  faciès  général  des 
couches  correspondantes  do  l'Ouest  de  la  France  et  renferme  les  prin- 
cipales espèces  du  Silurien  supérieur  de  Feugueroltes,  Le  Yrétot, 
Saint-Sauveur-le- Vicomte,  etc. 

M.  Kiory  présente  à  la  Société  des  proflls  géologiques  de 

§ 

(l)  J'ai  vu  dans  la  collection  de  la  Sorbonne  des  échantillons  de  la  même  espèce 
provenant  dcFeuguerolles. 


1878  GOSSELET.    —  SUBUEflSION   DL    N.     DE  LA  FRANGE.  B47 

divers  mastfiirs  prlmitira  des  ililpea»  tendant  à  démontrer 
ruairormité  de  constitution  et  de  «tructure  de  ces 

massifs. 

Ils  sont  composés  de  roches  cristallines  stratiformes,  qui  se  succè- 
dent, comme  l'a  indiqué  Cordier,  suivant  un  ordre  constant  ;  savoir  : 
io  Gneiss,  prenant  en  partie  la  texture  granitoîde,  avec  deux  micas, 
Tun  noir,  Tautre  blanc  ou  un  peu  verdâtre  ; 
2^  Micaschistes,  contenant  souvent  des  couches  de  calcaire  cipolin  ; 
3®  Groupe  des  Schistes  talqueux,  chloriteux  ou  amphtboliques. 
Ces  trois  groupes,  et  surtout  le  dernier,  contiennent  souvent  des 
amas  concordants  de  roches  spéciales  :  ainsi  la  protogine,  granitoîde 
ou  plus  ou  moins  schisteuse,  se  présente  au  Pelvoux  et  au  Mont-Blanc 
comme  subordonnée  au  groupe  supérieur.  Mais  les  roches  massives 
en  filons,  dykes  ou  amas  transversaux  postérieurs  aux  terrains  encais- 
sants, sont  assez  restreintes  pour  qu'on  puisse  en  faire  abstraction 
dans  la  structure  de  l'ensemble. 

Dans  la  zone  de  terrains  cristallins  qui  touche  immédiatement  à  la 
plaine  italienne,  ces  terrains  sont  restés  sensiblement  horizontaux  jus- 
qu'après le  dépôt  des  schistes  licstrés  (Trias)  et  des  calcaires  du  Brian- 
connais  (Lias),  et  ils  constituent  de  grandes  chaînes  de  ploiement, 
comparables  à  celles  du  Jura. 

Dans  la  zone  du  Mont-Blanc,  au  contraire,  les  schistes  cristallins 
ont  été  redressés  après  le  dépôt  des  grès  houillers,  mais  avant  celui 
des  couches  triasiques  et  liasiques;  ils  ont  été  ensuite  disloqués  par 
des  failles,  qui  ont  déterminé  l'atTaissement  des  terrains  secondaires 
dans  les  dépressions  ainsi  produites. 

Le  massif  du  Pelvoux  représente  encore,  dans  son  ensemble,  une 
grande  voûte  rompue  ;  mais  les  autres  massifs  ne  sont  que  des  por- 
tions de  grands  plis  crevés  analogues,  dont  on  peut  reconstituer  la 
régularité  en  faisant  abstraction  des  failles  qui  les  ont  disloqués.  C'est 
ainsi  que  le  massif  de  Belledonne  et  celui  des  Grandes-Rousses,  dans 
rOisans,  ne  sont  que  les  deux  versants  opposés  d'un  même  pli  ;  et  que 
le  Mont-Blanc  représente  le  flanc  oriental  d'un  grand  pli  dont  le  flanc 
occidental  est  caché  sous  les  terrains  secondaires,  et  à  la  partie  mé- 
diane duquel  appartient  le  Brévent.  Les  roches  du  Mont-Blanc  plon- 
geant au  S.E.  ont  pu,  d'autre  part,  être  redi*essées  au  voisinage  de 
la  grande  faille  ancienne  qui  limite  ce  massif  de  c^  côté,  et  la  struc- 
ture en  éventail  pourrait  n'être  ainsi  que  le  résultat  d'un  repli  de  l'é- 
tage supérieur  des  schistes  cristallins  (protogine  et  talcschistes)  sous  la 
forme  d'un  V  très-aigu. 

H.   GoBAeiet  annonce  avoir   reconnu  que  le  IVorcI  de  la 


5&8  POMEL.   —  STROMBBS  QUATERNAIRKS.  29  avHI 

France  a  été  couvert  par  les  eaux  marines  vers  la  fin  du 
trolslénie  siècle  de  Vère  chrétienne.  Il  v  a  eu  dans  toute  cette 
région  un  affaissenient  du  sol  à  ce  moment;  la  mer  $*est  ensuite  retirée 
au  neuvième  siècle.  Les  dépôts  marins  qui  se  sont  formés  pendant  ces 
six  siècles  ont  environ  2<"50  d'épaisseur  ;  ils  recouvrent  une  couche  de 
tourbe,  qui  repose  elle-même  sur  des  sables  marins  souvent  très- 
épais. 

M.  P.  Fisclier  met  sous  les  yeux  de  la  Société  des  Stromiies 
trouvés  par  M.  Pomel  en  ilLl§^érie,  à  quatre  ou  cinq  mètres  du  ri- 
vage, dans  les  conditions  de  gisement  d*un  cordon  liUorai.  Ces 
Strombes  sont  d'une  forme  intermédiaire  entre  le  S.  coronatus  du 
Pliocène  et  le  S,  bicbonius  vivant  aux  Iles  du  Cap  Vert;  c*est  une  forme 
actuellement  disparue  dans  la  Méditerranée  et  émigrée  dans  TAtlau- 
tique. 

A  la  suite  de  cette  communication  M.  Pomel  fait  les  observa- 
tions suivantes  : 

Les  Strombes  présentés  par  M.  Fischer  ont  été  recueillis  par  moi,  il 
y  a  près  de  15  ans^  dans  un  dépôt  quaternaire  de  rivage  du  golfe  d*Ar- 
zeu,  entre  cette  ville  et  Saint-Leu.  Le  conglomérat  qui  les  renferme 
émerge  à  peine  des  sables  de  la  plage  et  contient,  soit  au  même  point, 
soit  au  voisinage,  des  coquilles  de  Pectunculus  violaceus  et  des  frag- 
ments iïAstroUes  calycularis.  Il  ne  peut  pas  y  avoir  de  doute  sur 
l'âge  quaternaire  de  ce  gisement,  parce  qu'il  est  dominé  par  une  col- 
line de  60  à  80  mètres,  constituée  par  des  grès  et  sables  pliocènes  déjà 
émergés  et  formant  rivage  à  l'époque  du  dépôt  du  conglomérat  sous 
les  eaux  de  la  mer. 

Ces  plages  quaternaires  sont  fréquentes  sur  la  côte  d'Algérie  à  un 
niveau  très-peu  élevé  au-dessus  des  eaux  actuelles  ;  leur  faune  est 
presque  celle  de  la  Méditerranée,  et  on  y  rencontre  une  espèce  d'Ëlé- 
phant  qui  paraît  voisine  de  VE.  antiquus  et  qui  se  retrouve  dans  les 
alluvions  quaternaires  anciennes  de  la  Mitidja  et  autres  lieux. 

Les  deux  Strombes  que  j'ai  rapportés  de  la  côte  orientale  de  la  Tuni- 
sie ont  été  recueillis  dans  des  gisements  semblables,  qui  se  poursui- 
vent de  Monastir  à  Nabel  ;  mais  l'un  d'eux  me  parait  assez  différent 
des  autres  pour  constituer  au  moins  une  variété. 

J'avais  cru,  par  suite  d'un  renseignement  erroné,  que  ce  Strombe 
avait  été  retrouvé  vivant  dans  la  Méditerranée,  et  dès  lors  je  n'avais 
pas  attaché  d'importance  à  cette  découverte  ;  il  a  fallu  toute  l'autorité 
en  ces  matières  de  notre  collègue  M.  Fischer,  pour  me  faire  abandon- 
ner cette  erreur  et  comprendre  qu'il  y  avait  là  un  fait  intéressant  à 
signaler  aux  paléontologistes. 


i878.  PÛMEL.  —  ELASUOTHERIL'M.  K49 


Séance  du  6  mai  1878. 

» 

PRÉSIDENCE    DE    M.    ALB.    GAUDRY. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  BoRNEMANN  (L.-G.)i  Tuc  de  Naples,  5i,  à  Paris,  présenté  par 
MH.  Bassani  et  P.  Fischer. 

Le  Président  annonce  ensuite  une  présentation. 

Puis  il  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  du  Testament  de 
notre  regretté  confrère,  M.  Barotte  s 

«  Je  donne  et  lègue... 

«  12»  A  la  Société  géologique  de  France,  dont  le  siège  est  à  Paris, 
rue  des  Grands- Augustins,  n°  7,  la  somme  de  douze  mille  francs  en 
capital.  Cette  somme  sera  placée  par  ladite  Société  en  rentes  sur 
l'État  et  son  revenu  sera  employé  par  elle  à  accorder  des  secours  à 
ceux  de  ses  membres  qui  pourraient  se  trouver  dans  un  véritable  be- 
soin. Je  désire  que  ce  legs  soit  un  noyau  d'une  caisse  de  secours  pour 
ceux  des  membres  de  la  Société  qui  pourraient  avoir  besoin  d'y  recou> 
rir.  Qu'il  soit  ou  non  donné,  satisfaction  à  ce  désir  exprimé,  l'emploi 
de  cette  rente  sera  entièrement  à  la  disposition  du  Conseil  d'adminis- 
tration de  la  Société  géologique,  qui  ne  sera  pas  obligé  d'en  rendre 
compte  à  la  Société.  Je  laisse  audit  Conseil  la  faculté  d'employer  le 
produit  de  cette  rente  à  secourir  des  membres,  des  anciens  membres 
ou  des  veuves  et  orphelins  d'anciens  membres  de  la  Société.  Dans  le 
cas  où  certaines  années  il  n'y  aurait  pas  lieu  à  donner  une  destination 
à  cette  rente,  elle  serait  alors  capitalisée.  » 

Le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Koinraievsky 
annonçant  la  découverte  par  M.  Brandt  d*un  crAne  complet 
(fElasmotlieriuiii. 

A  la  suite  de  cotto  lecture,  M.  Pomel  fait  observer  que  le  Muséum 
d'Histoire  naturelle  possède  un  crâne  qui  avait  été  considéré  par  M.  Lauril- 
lardetpar  lui  comme  pouvant  se  rapporter  à  VElasmotherium, 


550      DAUBBéE.  —  €H%LCI;a  DÉVELOPPÉC  Dâ^  LSS  BOCHES.    6  m» 

H.  Daubrée  fait  la  communication  suivante  : 


expérience»  relatives  à  la  clialeiir  «léveloppée  dans 
les  rœlie*  par  les  aelion»  méecmitiiiea,  particuUè- 
remerU  dans  les  argiles.  Conséquences  pour  certains  phénomènes 
géologiques,  notamment  pour  le 

par  H. 

PI.  VII. 

L'un  des  caractères  les  plus  remarquables  des  roches  qui  ont  subi 
les  transformations  minéralogiques  comprises  sous  le  nom  de  m^tomor- 
phisme,  c'est  que  les  roches  ainsi  transformées  sont  souvent  associées 
entre  elles  sur  des  régions  considérables,  tandis  que  d'autres  régions, 
plus  étendues  encore,  ne  présentent  pas  de  modifications  semblables. 
C'est  ainsi  que  dans  les  Alpes,  les  roches  de  tous  les  âges,  carbonifères, 
triasiques,  jurassiques,  crétacées,  éoccnes,  ont  un  faciès  lithologique 
d'ancienneté,  surprenant  pour  l'observateur  qui  les  voit  pour  la  pre- 
mière fois.  Les  Ardennes,  le  Taunus,  le  pays  de  Galles  présentent  aussi 
des  massifs  entiers  qui  ont  été  transformés.  Au  contraire,  en  Russie, 
les  terrains  silurien  et  dévonien  paraissent  avoir  conservé  leurs  carac- 
tères originaires. 

De  nombreux  exemples  ont  appris  que  le  métamorphisme  régional 
s'est  développé  dans  des  pays  dont  les  roches  ont  subi  des  disloca- 
tions, tandis  qu'il  ne  s'est  guère  produit  dans  les  contrées,  telles 
qu'une  partie  de  l'Europe  occidentale  ou  des  États-Unis,  dans  lesquelles 
les  couches  ont  à  peu  près  conservé  leur  horizontalité  première. 

Les  transformations  dont  il  s'agit  ont,  selon  toute  vraisemblance, 
été  engendrées  sous  l'influence  d'une  élévation  de  température.  Aussi 
ce  contraste  a-t-il  été,  en  général,  attribué  à  cette  circonstance  que 
récorce  terrestre  aurait  reçu  des  émanations  calorifiques  plus  considé- 
rables dans  les  portions  fracturées,  où  elle  devait  être  plus  directe- 
ment en  rapport  avec  des  exhalaisons  chaudes  qui  sortaient  des 
masses  internes,  lors  même  qu'on  ne  verrait  pas  d'intercalation  de 
roches  éruptives.  C'est  ce  qui  parait  encore  avoir  lieu  aujourd'hui 
pour  certains  pays,  par  exemple  pour  la  Toscane. 

Tout  en  faisant  une  part  aux  émanations  calorifiques  et  chimiques 
qui  ont  pu  arriver  des  profondeurs  du  globe  et  jouer  un  rôle  dans  le 
métamorphisme  régional,  de  même  que  dans  le  métamorphisme  de 
juxtaposition,  il  est  une  cause  plus  immédiate  et  plus  générale,  qui 
me  paraît  devoir  appeler  l'attention  :  c'est  la  chaleur  engendrée  par  les 


1878.     DAUBRÉË.  —  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DANS  LES  ROCHES.     55i 

actions  mécaniques  mêmes,  qui  ont  marqué  leurs  traces  dans  ces 
massifs  par  des  ploiements  et  des  contournements  nombreux  des 
couches. 

En  présence  de  l'énergie  des  poussiies  qui  ont  produit  de  toutes 
parts,  dans  l'écorce  terrestre,  des  déplacements  relatifs,  et  dans 
diverses  roches ,  des  mouvements  intérieurs ,  on  est  frappé  de 
l'énorme  quantité  de  travail  qui  a  dû  être  mise  en  jeu.  On  est  porté  à 
penser  que  tout  ce  travail  n'a  pas  été  transformé  en  effets  purement 
mécaniques,  et  qu'une  partie  a  pu  être  employée  à  échauffer  les 
couches  soumises  à  ses  efforts.  C'est,  en  effet,  le  propre  des  actions 
mécaniques  de  se  partager,  dans  la  plupart  des  cas,  en  deux  parties. 
Tune  correspondant  à  des  déformations,  l'autre  à  des  variations  de 
température. 

Partant  de  cette  idée  générale,  M.  Robert  '  Hallet  (1)  a  récemment 
calculé  la  quantité  de  travail  que  produirait  l'écrasement  de  roches,  et 
il  a  cherché  ainsi  à  rendre  compte  de  la  haute  température  des 
régions  profondes  qui  sont  le  siège  des  volcans.  Mais  aucune  mesure 
thermométrique  n'a  été  prise  pour  justifier  cette  hypothèse  sur  des 
parties  du  globe  qui  échappent  d'ailleurs  à  notre  investigation. 

D'après  les  principes  bien  connus  de  la  thermodynamique,  il  m'a 
paru  utile  de  rechercher,  par  des  expériences  directes,  comment  des 
actions  mécaniques,  telles  que  nous  en  constatons  de  si  certains  et  si 
nombreux  vestiges  dans  l'écorce  terrestre,  ont  pu  engendrer  des  élé- 
vations de  température  dans  les  roches. 

Ce  qui  importait  surtout,  c'était  de  rechercher  les  effets  calorifiques 
produits  par  des  mouvements  intérieurs.  Cependant  j'ai  tenté  aussi 
d'observer  ceux  qui  se  produisent  dans  le  frottement  mutuel  des 
roches. 

Les  expériences  dont  je  vais  rendre  compte  ont  été  faites  au  point 
de  vue  du  géologue,  plutôt  qu'à  celui  du  physicien  qui  mesure  compa- 
rativement les  quantités  de  travail  et  les  calories  correspondantes. 
J'en  exposerai  d'abord  les  résultats,  puis  je  signalerai  les  déductions 
qu'on  en  peut  tirer  pour  certains  phénomènes  géologiques,  particu- 
lièrement pour  le  métamorphisme. 

I.  Expériences. 
i°  Chaleur  produite  dans  les  roches  par  des  mouvements  intérieurs. 

N'ayant  plus  à  ma  disposition  les  appareils  puissants  d'emboutis- 

(1)  Philosophical  Tranmctiomt  ofthe  Royal  Society,  t.  CLXIII,  p.  147;  1874. 


t)6i  DADBRéE.  —  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DANS  LES  BOCHES.    6  mai 

sage  au  moyeu  desquels  j'avais  précédemment  fait  des  études  sur  la 
schistosité  (1),  j*ai  dû  avoir  recours  à  d'autres  procédés. 

On  a  d'abord  essayé  d'aplatir  des  balles  d'argile  en  les  lançant,  au 
moyen  d'un  canon  de  fusil,  contre  une  plaque  fixe;  ces  balles  étaient 
préservées  de  la  chaleur  des  gaz  de  la  poudre  au  moyen  de  bourres 
épaisses.  Mais,  au  lieu  de  s*aplatir,  elles  se  sont  toujours  réduites  en 
une  poussière  très-fine,  dont  on  ne  pouvait  rien  recueillir. 

Je  me  proposais  d'établir  un  appareil  cylindrique,  à  double  piston, 
dans  l'intérieur  duquel  l'argile  aurait  reçu  un  mouvement  de  va-et- 
vient  indéfini,  lorsque  je  reconnus  que  plusieurs  appareils  employés 
dans  l'industrie  pourraient  remplir  le  même  but.  J'ai  pu  en  profiter, 
grâce  à  l'obligeance  de  MM.  Boulet  frères,  constructeurs,  et  de 
M.  Lacroix,  leur  ingénieur,  ainsi  qu'à  celle  de  MM.  Tiphine,  fabricants 
de  briques,  à  qui  je  tiens  à  adresser  ici  l'expression  de  mes  remercie- 
ments. 

Les  expériences  qui  suivent  ont  été  faites,  sauf  une,  sur  des  argiles 
fermes,  dites  dw^es,  c'est-à-dire  ne  contenant  que  la  moindre  quantité 
d'eau  possible  pour  être  travaillées  ;  à  cause  de  leur  cohésion,  elles 
se  trouvaient  dans  les  conditions  les  plus  favorables  à  un  échauffe- 
ment. 

Écoulement  soits  la  pression  de  cylindres  wiis  et  de  cônes  cannelés,'^ 
De  l'argile  ferme  a  été  soumise  à  l'action  de  deux  paires  de  cylindres 
lamineurs,  ayant  0"'30  de  diamètre,  et  mus  par  une  machine  à  vapeur 
de  3  chevaux.  Apros  avoir  passé  successivement  entre  les  deux  paires 
de  cylindres,  dont  la  vitesse  était  pour  l'une  de  28  tours,  pour  l'autre 
de  14  tours  par  minute,  l'argile  marquait  un  échauffement  sensible 
au  ihennomèlre  (0^3  à  0^4)  (2).  Il  suffit  pour  cela  d'un  temps  très- 
court,  de  (|uatre  secondes  au  plus,  pendant  lequel  s'opère  le  laminage. 

Deux  cônes  cannelés  circulairement,  à  la  manière  des  cylindres 
servant  à  étirer  le  fer,  ont  leurs  axes  disposés  parallèlement,  de  telle 
sorte  que  le  plus  petit  diamètre  de  l'un  soit  placé  en  opposition  du 
plus  grand  diamètre  de  l'autre  (PI.  VII,  fig.  1).  Par  conséquent,  à 
vitesse  égale  des  axes,  les  circontérences  opposées  ont  des  vitesses 
différentes  et  t'ont  subir  un  déchirement  énergique  à  l'argile  qui  passe 
entre  les  cylindres,  pendant  leur  mouvement.  Des  peignes-racleurs 
placés  au-dessus  des  cônes  lamineurs  en  détachent  constamment 
l'argile,  à  mesure  qu'elle  a  été  laminée  et  déchirée.  Comme  ces 
racleurs  ne  sont  pas  en  contact  avec  les  cannelures,  il  reste  toujours, 


(1)  Mémoires  des  Savants  étrangers,  t.  XVII  ;  1860. 

(J;  Dos  thermomètres  enfoncés  dans  différentes  parties  de  l'argile  servaient  à  en 
prendre  la  t<Mnpéralure. 


1878.  DAUBRÉE.    —  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DANS  LES  ROCHES.  SS3 

k  la  surface  de  chaque  cône,  un  enduit  d'argile,  qui  a  1"*°^5  d'épais- 
seur. Ainsi  Targile  ne  trotte  que  sur  elle-même,  ce  qui  est  important, 
comme  analogie  avec  le  phénomène  naturel. 

En  opérant  sur  20  kilogrammes  d'argile,  on  a  constaté,  au  bout  de 
quatre  tours  seulement,  une  augmentation  de  température  de 3^5  à  i°; 
or,  à  chaque  tour,  l'argile  est  déchirée  et  pressée  pendant  moins 
d'une  seconde;  l'augmentation  de  température  ne  correspond  donc 
qu'à  un  travail  d'environ  quatre  secondes.  Si  Ton  continue  à  opérer 
sur  la  même  argile,  une  buée  qui  ne  tarde  pas  à  apparaître  autour  de 
l'argile  adhérente  aux  cannelures,  y  décèle,  indépendamment  de  toute 
mesure,  un  accroissement  notable  de  température. 

Mouvement  dans  des  tonneaux  malaxeurs,  —  L'appareil  connu 
sous  le  nom  de  tonneau  malaxeur,  et  qui  ressemble  grossièrement  au 
tonneau  ou  tine  à  mortier,  permet  de  prolonger  le  mouvement  beau- 
coup plus  longtemps  qu'on  ne  le  peut  avec  les  cylindres  ;  aussi  a-t-il 
produit  des  élévations  de  température  incomparablement  plus  fortes. 

Le  tonneau  de  MM.  Boulet,  sur  lequel  j'ai  expérimenté  d* abord, 
est  destiné  à  corroyer  des  argiles  très-fermes.  Il  consiste  en  une  boîte 
cylindrique  en  fonte,  placée  verticalement  et  ouverte  à  sa  partie  supé- 
rieure, qui  a  0™75  de  diamètre  sur  0™80  de  hauteur.  Un  gros  arbre  en 
fer,  également  vertical,  placé  au  milieu,  reçoit  un  mouvement  de 
rotation.  Cet  arbre  est  muni,  sur  une  partie  de  sa  hauteur,  de  deux 
systèmes  de  lames  inclinées  ou  couteaux,  qui  servent  à  diviser  la 
terre,  tout  en  l'obligeant  à  descendre.  Ce  même  arbre  porte  à  sa  partie 
inférieure  deux  roues  à  palettes  en  fer,  superposées  Tune  à  l'autre, 
qui^  après  avoir  trituré  la  pâte  et  l'avoir  fortement  comprimée  contre 
les  parois,  l'expulsent  au  dehors,  par  un  orifice  placé  près  du  fond. 
L'argile  n'est  poussée  hors  du  tonneau  qu'après  avoir  fait  plusieurs 
tours,  dont  le  nombre  dépend  de  son  degré  de  plasticité.  Ce  tonneau 
malaxeur  est  mû  par  une  machine  à  vapeur  de  4  chevaux  ;  il  a  une 
contenance  d'environ  1/5  de  mètre  cube,  et  peut  élaborer  2  mètres 
cubes  par  heure,  en  faisant  environ  six  tours  par  minute. 

Un  tonneau  malaxeur  d'une  disposition  un  peu  différente  de  celui 
dont  il  vient  d'être  question,  est  représenté  sous  les  n®'  2  et  3  de  la 
planche  VIL 

Pour  préserver  les  parois  métalliques  du  cylindre  d'une  usure 
rapide,  les  arêtes  extrêmes  des  palettes  en  sont  séparées  par  une 
distance  de  trois  centimètres  :  sur  toute  cette  épaisseur,  il  y  a  donc 
une  couche  permanente  d'argile,  contre  laquelle  frotte  l'argile  mise 
en  mouvement.  De  plus,  dans  l'expérience  dont  il  va  être  rendu 
compte,  le  fond  du  cylindre  métallique  était  lui-même  recouvert 
d'une  couche  d'argile  deO'"20  d'épaisseur.  Par  suite  de  cette  double 


8S4       DAUBRÉE.  —  CHALEUR  DéVBLOPPÉE  DANS  LES  ROCHES.    Binai 

disposition,  une  condition  essentielle  se  trouvait  réalisée  :  comme  dans 
les  cônes  cannelés,  Targile  ne  frottait  que  contre  elle-même,  et  sans 
aucune  intervention  des  parois  métalliques. 

La  pâte  sur  laquelle  on  a  opéré  d* abord  était  du  limon  de  TEscaut, 
que  Ton  emploie  pour  la  fabrication  des  briques.  Le  tonneau  étant  en 
mouvement,  on  prenait,  de  dix  en  dix  minutes,  la  température  des 
mottes  qui  en  sortaient,  puis  on  les  rejetait  immédiatement  dans  le 
cylindre.  La  température  de^cette  aririle,  qui  était  d'abord  de  8<>5  (celle 
de  Tair  étant  de  13°),  s'est  constamment  et  régulièrement  accrue  pen- 
dant deux  heures,  au  bout  desquelles  elle  a  atteint  29°  ;  il  y  avait 
donc  une  augmentation  de  21°.  D'après  la  forme  régulière  de  la  courbe 
qui  représente  les  résultats  de  ces  mesures  (PI.  VU,  fig.  4),  l'accrois- 
sement de  température  aurait  contiimé,  si  l'on  n'avait  pas  été  forcé 
d'arrêter  l'opération  (1).  L'échauflement  de  l'argile  n'a  pas  tardé  à 
s'annoncer  parla  vapeur  que  l'on  voyait  s'en  exhaler. 

D'autres  expériences  ont  été  faites  avec  des  tonneaux  malaxeurs  qui 
fonctionnent  à  l'usine  de  MM.  Tiphine  et  qui  difit^rent  des  précédents 
par  la  disposition  des  palettes  ;  ils  sont  mus  par  une  machine  à  vapeur 
de  6  chevaux.  De  même  que  dans  les  aulres  expériences,  ce  n'est  pas 
contre  les  parois  métalliques  du  cylindre,  mais  contre  une  couche 
d'argile  de  0"K)3  d'épaisseur,  que  frotte  l'argile  mise  en  mouvement. 

La  pâte  ferme  sur  laquelle  on  a  opéré  ne  renfermait,  outre  son  eau 
de  carrière,  qu'environ  30  litres  d'eau  par  mètre  cube,  soit  environ 
3  pour  100  de  son  volume  ou  2  pour  100  de  son  poids.  Pour  cette 
argile,  l'arbre  du  tonneau  fait  4,  5  tours  par  minute,  et  le  tonneau  se 
vide  dans  l'espace  d'environ  sept  minutes. 

Dans  une  première  expérience,  pendant  que  la  rotation  s'opérait,  la 
vanne  d'écoulement  était  fermée  et  on  l'ouvrait  de  temps  à  autre  pour 
faire  sortir  un  échantillon  d'argile.  La  température  initiale  étant  17°3, 
l'argile  expulsée  de  cinq  en  cinq  minutes  a  marqué  les  températures 
suivantes  :  19o,  22°,  25°3,  27°,  28°3. 

On  a  ensuite  malaxé  la  même  argile  d'une  manière  continue,  pen- 
dant vingt-cinq  minutes,  sans  ouvrir  la  vanne;  puis  on  en  a  fait  suc- 
cessivement sortir  des  morceaux,  après  25,  35  et  45  minutes  de 
rotation.  La  température,  qui  était  de  18»  au  commencement  de  l'opé- 
ration, est  devenue  : 


Au  bout  do  25  minutes 36°3 

»  36      »         38°8 

»  45      »        40°1 


(1)  La  niachÏDC  devait  être  expédiée  sans  retard,  k  l'étranger. 


187$.  DAUBRÉG.    —  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DANS  LES   ROCHES.  tSSti 

C'est  ce  quexprime  la  courbe  dessinée  sous  le  n^  8  de  la 
planche  VIL 

L'expérience  a  été  reprise  sur  environ  140  kilogrammes  d*argiie, 
le  tonneau  restant  fermé.  La  température,  qui  était  de  14^  aa  début 
de  l'opération,  s'est  élevée,  au  bout  d'une  heure,  jusqu'à  44®o,  soit  de 
plus  de  30. 

Les  courbes  qui  expriment  les  accroissements  thermométriqaes 
mesurés  s'élèvent  moins  rapidement  vers  la  fin  de  l'opération,  ce  qui 
s'explique  par  les  causes  de  refroidissement  qui  interviennent. 

D'un  autre  côté,  on  a  opéré  dans  un  tonnean  semblable,  non  plus 
sur  de  l'argile  ferme,  mais  sur  de  l'argile  molle  :  c'était  la  pâte  précé- 
demment employée,  à  laquelle  on  avait  ajouté  environ  35  litres  d'eau 
par  mètre  cube,  c'est-à-dire  à  peu  près  autant  que  pour  la  première 
opération  ;  la  nouvelle  pâte  était  ainsi  beaucoup  plus  plastique. 

La  température,  qui  était  d'abord  de  12^8,  était  arrivée,  après  dix 
minutes  de  rotation  (1),  à  13<'8;  après  vingt  minutes,  à  14^2;  c'est-à-dire 
quen  vingt  minutes  elle  ne  s'était  accrue  que  d'environ  1^4,  tandis 
que  dans  les  expériences  précédentes,  la  même  argile,  moins  aqueuse, 
s'était  échauffée  de  15»  pendant  le  même  temps. 

La  comparaison  de  ce  dernier  résultat  (PI.  VU,  fig.  (5)  avec  les  pré- 
cédents montre  combien  le  degré  de  consistance  de  l'argile  a  d'in- 
fluence sur  son  échauffement.  Toutes  conditions  égales,  la  masse 
s'échauffe  beaucoup  plus  rapidement  quand  elle  est  maigre  que  lors-* 
qu'elle  est  plastique;  ce  qui  se  comprend,  à  cause  de  la  facilité  avec 
laquelle,  dans  ce  dernier  cas,  les  particules,  en  quelque  sorte  lubré- 
fiées,  glissent  les  unes  sur  les  autres.  C'est  un  fait  dont  il  convient  de 
se  souvenir  pour  les  déductions  géologiques. 

Pour  un  même  temps,  l'élévation  de  température  produite  dans 
l'argile  au  moyen  des  cylindres  lamineurs  est  beaucoup  plus  grande  que 
celle  que  l'on  obtient  dans  le  tonneau  malaxeur.  Dans  ce  dernier  cas, 
l'argile,  après  avoir  subi  une  forte  pression  entre  la  palette  et  la  paroi, 
s'échappe  au  bout  d'un  temps  très-court,  pour  ne  subir  que  des  mou- 
vements gyratoires;  réchauffement  considérable  de  la  masse  est  dû 
surtout  à  la  durée  de  l'opération.  On  pourrait  sans  doute  le  rendre 
bien  plus  fort  encore,  si  l'on  augmentait  la  hauteur  des  palettes  qui 
produisent  la  principale  pression,  hauteur  qui,  dans  les  machines 
employées,  ne  dépassait  guère  1  décimètre. 

(1)  Le  tonDcau  faisant  deux  tours  par  miDute. 


556       DAUBRÉE.  —  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DANS  LES  ROCHES.    6  mai 

i9  Chaleur  développée  dans  le  frottement  mutuel  des  roches. 

Le  frottement,  qui  cause  une  chaleur  si  sensible  lorsque  deux  métaux 
frottent  l'un  contre  l'autre,  produit,  en  général,  des  effets  bien  moins 
marqués  quand  il  s'agit  de  roches.  Comme  c'est  précisément  le  cas 
qui  intéresse  spécialement  le  géologue,  il  n'est  pas  inutile  de  rappeler 
quelques  exemples  d'effets  calorifiques  fort  notables,  que  des  opéra- 
tions industrielles  peuvent  fournir. 

Lorsque  deux  meules  horizontales  arrivent  à  frotter  l'une  contre 
l'autre,  elles  peuvent  s'échauffer  fortement  et,  par  suite,  échauffer  la 
farine  au  point  de  l'avarier.  Cet  effet  se  produisait  surtout  autrefois  en 
Alsace,  quand,  antérieurement  à  l'emploi  des  meules  de  silex  carié  de 
La  Ferté-sous-Jouarre,  on  employait  celles  de  grès  des  Vosges,  qui  ne 
présentaient  pas  une  taille  aussi  convenable  à  la  circulation  de  Tair. 

Dans  l'opération  préliminaire  de  la  taille  du  diamant  connue  sous 
le  nom  de  brutage,  où  deux  diamants  sont  soumis  non-seulement  à 
un  frottement,  mais  encore  à  un  choc  mutuel,  la  pierre  s'échauffe 
assez  pour  ramollir  le  mastic  qui  la  porte»  surtout  lorsque  l'opéra- 
tion, au  lieu  de  se  faire  à  la  main,  s'exécute  sur  la  meule.  En  outre, 
lors  du  polissage  à  la  meule,  le  diamant  peut  s'échauffer  bien  plus 
encore,  et  pour  l'éviter,  on  doit  le  tremper  de  temps  à  autre  dans 
l'eau.  On  a  vu  le  diamant  noir  ou  carbonado  devenir  incandescent, 
en  travaillant  à  sec  pour  forer  des  roches  quartzeuses. 

11  est  toujours  difficile  de  mesurer  rapidement  de  faibles  variations 
de  température  qui  peuvent  se  produire  sur  un  corps  solide;  cepen- 
dant j'ai  cherché  à  m'en  rendre  compte,  surtout  dans  le  but  de 
constater  l'influence  de  la  pression. 

Une  plaque  circulaire  de  marbre,  M  (PI.  VU,  fig.  7  et  8),  fixée  sur 
un  tour  de  lapidaire  à  axe  vertical,  T,  recevait  un  mouvement  de 
rotation  très-rapide.  En  même  temps,  on  appuyait  sur  une  petite 
partie  de  sa  surface,  non  loin  de  sa  circonférence,  une  autre  plaque 
de  marbre,  m,  de  petite  dimension,  sur  laquelle  on  avait  appliqué  un 
poids,  P,  et  que  l'on  maintenait  immobile.  Pour  constater  la  tempéra- 
ture de  la  surface  immobile,  après  qu'elle  avait  subi  un  frottement, 
on  se  servait  d'un  thermomètre  à  alcool,  ayant  un  réservoir  d'une 
grande  capacité,  dont  le  fond  aplati,  formé  d'un  verre  mince,  pouvait 
être  appliqué  sur  cette  plaque  (PI.  VII,  fig.  9).  Les  accroissements 
ainsi  observés  devaient  être  inférieui*s  à  la  réalité  et  ne  représentaient 
que  des  minima;  cependant  ils  ont  été  très-notables,  même  pour  des 
temps  très-courts,  comme  le  montre  le  tableau  ci-après  (1)  : 

(1)  Ces  essais  ont  été  faits  avec  l'obligeant  concours  de  M.  Napoli. 


1878.  DADBRÉE.    •—  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DANS   LES  ROCHES.  5S7 


Nombre  de  tours 

Accroissement 

Temps. 

de  la  roue. 

Chemin  parcouru. 

observé. 

1  minute. 

445 

155- 

4'>5 

0  secondes. 

60 

21 

20 

5     — 

30 

10,50 

107 

3      — 

15 

5,25 

105 

1      — 

5 

1,75 

0«6 

Bien  que  ces  résultats  soient  relatifs  à  des  expériences  distinctes,  je 
les  ai  rapprochés  dans  la  figure  10  (PI.  YII).  La  courbe  par  laquelle 
j*ai  tenté  de  les  réunir  présente  une  irrégularité  qui  s'explique  notam- 
ment par  la  manière  dont  agit  le  refroidissement. 

De  Pargile  sèche  de  Yaugirard,  qu'on  a  fait  frotter  sur  du  calcaire, 
s'est  également  échauffée,  quoique  une  partie  notable  se  réduisit  en 
poussière.  En  augmentant  le  poids  qui  presse  sur  le  prisme,  on  a 
reconnu,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  que  la  chaleur  produite 
augmente  avec  la  pression. 

L'influence  de  la  pression  sur  la  chaleur  produite  peut  d'ailleurs  se 
constater  dans  maintes  circonstances,  par  exemple  quand  ou  carbo- 
nise partiellement  du  bois  en  le  frottant  sur  lui-même,  à  la  manière 
de  ce  qui  se  pratique  chez  certaines  peuplades  sauvages  dans  le  but 
d'allumer  du  feu. 

Lorsqu'il  y  a  choc,  il  suffit  d'un  instant  très-court  pour  que  la 
température  s'élève  beaucoup.  C'est  ainsi  que,  dans  les  expériences  de 
HH.  Piobert  et  Morin  sur  le  tir,  les  moellons  calcaires  contre  lesquels 
frappait  le  boulet  acquéraient,  sur  une  faible  épaisseur,  d'après  les 
auteurs  des  expériences,  la  saveur  légèrement  caustique  de  la  chaux 
vive.  Dans  le  choc  de  deux  pierres,  il  se  développe  souvent  assez  de 
chaleur  pour  produire  de  la  lumière  et  de  la  chaleur. 


II.  Déductions  géologiques,  particulièrement  en  ce  qui  concerne 

LE  MÉTAMORPmSME. 

Lorsque  les  couches  ont  subi  les  actions  qui  les  ont  infléchies,  elles 
étaient  à  Tétat  solide;  mais,  comme  il  n'existe  aucun  corps  parfaite- 
ment rigide,  ces  roches,  en  même  temps  qu'elles  se  déformaient, 
paraissent  avoir  subi  aussi  des  mouvements  intérieurs,  ayant  une 
certaine  analogie  avec  ceux  dont  nous  venons  d'étudier  les  effets  dans 
l'argile. 

Un  des  faits  qui  amènent  à  cette  conclusion,  c'est  que  beaucoup  de 
ces  roches  ont  acquis,  dans  ces  mouvements,  la  structure  feuilletée.  Il 
ne  s'agit  pas  seulement  des  argiles,  mais  aussi  des  calcaires  et  des 


fW8  DAVBREE.   —  GHALBUB  UÉVBliOfPte  DAMS  LES  ROCBBS.        6  mai 

quartzites  qui  sont  si  souvent  schisteux,  par  exemple  dans  les  Alpes. 
Les  conditions  dans  lesquelles  la  structure  schisteuse  a  pris  naissance 
sont  maintenant  démontrées,  non-seulement  par  robsenratioD,  mais 
aussi  par  Texpériencc.  On  sait  que  cette  structure  décèle  une  certaine 
mobilité  moléculaire,  une  sorte  de  malléabilité,  dans  les  rocbeaoà 
elle  a  pris  naissance,  à  la  condition  toutefois  que  celles-ci  aient  été 
soumises  à  des  pressions  suffisamment  énergiques. 

Sans  qu'il  y  ait  eu  besoin  de  pressions  considérables,  on  a  pu,  en 
malaxant  Targile  pendant  un  temps  très-court,  réchauffer  fort  nota- 
blement. A  plus  forte  raison,  les  mouvements  naturels  ont-ils  pu 
élever,  de  même,  la  température  dans  Tintérieur  de  roclies  moins 
plastiques,  sous  les  pressions  énormes  qui  étaient  en  jeu,  et  lors 
même  que  les  déplacements  moléculaires  n'auraient  eu  que  peu 
d'amplitude. 

D'un  autre  côté,  une  faible  élévation  de  température  suffit  déjà 
pour  faire  naître  des  réactions  chimiques  dans  des  masses  telles  que 
les  roches  qui  nous  occupent.  L'eau  de  carrière  dont  toutes  les  roches 
sont  imprégnées,  et  celle  qui  y  trouvait  accès,  favorisaient  ces  réac- 
tions, qui  ont  pu  se  prolonger  pendant  un  long  laps  de  temps.  C'est  ce 
que  démontre  la  production  contemporaine  de  silicates  cristallisés,  de 
la  famille  des  zéolithes,  dans  les  briques  romaines,  à  des  températures 
qui  quelquefois  n'atteignaient  pas  50^  (i). 

L'expérience  fait  donc  bien  comprendre  que  certains  effets  de  méta- 
morphisme régional  puissent  simplement  dériver  de  la  chaleur  que 
des  actions  mécaniques  ont  provoquée  dans  les  roches. 

Dans  l'étendue  d*un  même  bassin  houiller,  le  combustible  présente 
souvent  de  grandes  différences  au  point  de  vue  de  la  proportion  des 
matières  volatiles  qu'il  renferme,  et  Tanthracite  peut  s'y  rencontrer  en 
même  temps  que  la  houille  proprement  dite. 

Cette  modification  se  fait  souvent  loin  de  toute  roche  éruptive  appa- 
rente :  c'est  ainsi  qu'elle  se  présente,  avec  une  netteté  remarquable, 
dans  les  bassins  de  Mons  et  de  Yalenciennes,  où  la  houille  passe  de 
l'état  gras  à  l'état  demi-gras  et  à  l'état  maigre,  à  mesure  que  l'on 
arrive  à  des  faisceaux  de  couches  plus  profondes.  La  couche  puissante 
du  Creusot,  dont  la  position  est  voisine  de  la  verticale,  de  grasse 
qu'elle  est  vei*s  l'affleurement,  devient  anthraciteuse  dans  la  profon- 
deur. 

Hais  ailleurs,  des  différences  analogues  se  présentent  dans  des 
couches  appartenant  à  un  même  niveau,  et  indépendamment  de  leur 

(1)  Zéolithes  formées  parles  eaux  thermales  de  Luxeuil  (Haute-Saône).  Bull,  Soc. 
géol,  2«  sér.,  t.  XVm,  p.  108  ;  1860. 


4878.  DAUBRÉC.    —  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DAMS  LES  ROCHES.  S59 

profondeur.  Daus  les  monts  Appalaches,  d'après  de  nombreuses  ana- 
lyses, rapprochées  d'observations  exactes  sur  le  terrain,  dont  on  est 
redevable  à  MM.  Rogers  (1),  Tanthracite  se  montre  dans  la  région 
orientale,  où  les  roches  sont  le  plus  disloquées.  A  mesure  qu'on 
s'avance  vers  l'ouest,  la  proportion  de  matière  bitumineuse  augmente 
très-régulièrement,  de  telle  sorte  que  la  perte  en  matières  volatiles  se 
montre  en  rapport  avec  les  plissements  des  couches.  Ce  contraste  a  été 
attribué  par  MM.  Rogers  à  de  grandes  quantités  de  vapeur  et  de  ma- 
tières gazeuses  qui  seraient  sorties  dans  les  régions  fracturées.  Mais, 
quand  on  se  reporte  aux  coupes  qui  montrent  l'association  de  l'an- 
thracite à  des  couches  où  les  plis  sont  aussi  prononcés  et  aussi  rap* 
proches  les  uns  des  autres  que  dans  les  Alpes,  et  qu'on  tient  compte 
des  expériences  qui  précèdent,  il  paraît  très-possible  que,  dans  la 
région  dont  il  s*agit,  réchauffement  produit  par  les  actions  méca- 
niques soit  intervenu  pour  déterminer  une  sorte  de  distillation  lente. 
On  peut  croire  qu'il  en  est  de  même,  et  à  plus  forte  raison,  pour  le 
combustible  des  Alpes,  qui  appartient  au  véritable  terrain  houiller  et 
qui  consiste  toujours  en  anthracite. 

Les  roches  pierreuses,  quoique  sans  doute  moins  impressionnables 
par  la  chaleur  que  les  dépôts  charbonneux  avec  leurs  principes  vola- 
tils, présentent  également  des  différences,  selon  qu'elles  ont  à  peu 
près  conservé  leur  position  originelle  ou  qu'elles  ont  été  fortement 
infléchies  et  contournées. 

D'une  part,  dans  les  régions  où  les  couches  sont  restées  horizon- 
tales, les  roches  argileuses  ne  se  présentent  pas  à  Tétat  de  véritables 
phyllades,  même  dans  les  terrains  très-anciens,  siluriens  et  autres. 
D'autre  part,  des  phyllades  bien  caractérisés  et  susceptibles,  par 
exemple,  d'être  exploités  comme  ardoises,  sont  connus  dans  des  ter- 
rains comparativement  récents,  à  la  condition  toutefois  que  ces  ter- 
rains aient  été  disloqués  :  tels  sont  ceux  que  l'on  rencontre  dans  le 
terrain  nummulitique  des  Alpes,  du  Dauphiné  (Saint-Jean-de-Mau- 
rienne)  et  de  la  Suisse  (Glaris),  ainsi  que  dans  celui  des  Pyrénées. 

La  transformation  d'argiles  proprement  dites  en  phyllades  corres- 
pond à  des  modifications  chimiques  et  minéralogiques  fort  remar- 
quables, mais  qui  ne  sont  pas  encore  bien  éclaircies.  Ce  qui  paraît 
certain,  c'est  qu'en  général,  des  silicates  alumineux  nouveaux,  le  plus 
ordinairement  hydratés,  se  sont  formés  entre  les  feuillets,  où  ils  se 
trouvent  à  un  état  très-confusément  cristallisé,  souvent  comme  des 
pellicules  excessivement  minces.  Dans  les  phyllades  des  Ardennes, 
d'après  d'anciennes  analyses  de  M.  Sauvage,   il  s'est  formé  un  silicate 

(1)  American  Geologùt,  1843,  p.  433. 


560  DAOBRÉe.    —  CHALEUR  DÉVELÛI>I>ÊK  DANS   LES  HOCHES.        6  mai 

du  groupe  de  la  chlorite.   Ailleurs,  c'est  rottrélite,  la  séricite  et 
d'autres  combinaisons. 

Pour  les  schistes  carbonifères  de  Petit-Cœur  en  Tarentaise,  on  a 
une  idée  des  réactions  qui  s'y  sont  produites,  par  le  silicate  en  écailles 
cristallines  qui  est  venu  se  déposer  sur  les  empreintes  des  végétaux 
houillers  (1). 

Les  schistes  gris-lustrés  qui  occupent  un  si  grand  développement 
dans  le  Queyras,  aux  environs  de  Bardonèche  et  du  Hont-Cenis,  ainsi 
que  sur  le  versant  piémontais  des  Alpes  autour  du  mont  Yiso,  et  que 
Ton  rapporte,  malgré  leur  aspect  cristallin,  au  terrain  triasique,  sont 
très- remarquables  à  cet  égard.  Comme  ils  ont  Taspect  et  Tonctuosité 
du  talc,  on  les  a  nommés  talcschistes,  pseudo-talcschistes,  schistes 
calcaréo-talqueux  ;  mais,  comme  Ta  montré  M.  Lory,  leur  faible 
teneur  en  magnésie  prouve  que  ce  n'est  pas  au  talc  qu'ils  doivent  ces 
caractères.  D'un  autre  côté,  il  résulte  d'une  analyse  que  M.  Terreil  a 
bien  voulu  faire  récemment  sur  ma  demande,  que  ces  paillettes 
consistent  en  un  silicate  d'alumine  hydraté,  à  peu  près  inattaquable 
par  les  acides,  et  se  rapprochant  de  la  pyrophyllite. 

Quelles  que  soient  les  espèces  minérales  qui  se  sont  produites  et 
qui  ont  déterminé  la  transformation  en  phyllade,  ces  espèces  pa- 
raissent  correspondre  à  une  certaine  élévation  de  température.  Or, 
d'après  les  expériences  dont  il  vient  d'être  question,  ainsi  que  d'après 
celles  qui  expliquent  Torigine  de  la  schistosité,  il  parait  bien  probable 
que,  lors  du  redressement  et  du  ploiement  des  couches  auxquelles 
ces  phyllades  appartiennent,  la  chaleur  développée  par  les  actions 
mécaniques  a  été  assez  forte  pour  provoquer  la  formation  des  combi- 
naisons nouvelles  que  nous  y  observons. 

De  même,  on  sait  que  le  calcaire  a  souvent  acquis  des  caractères 
particuliers  lorsqu'il  appartient  à  des  couches  fortement  redressées. 
Cette  relation,  d'après  des  études  récentes  de  M.  Hull  (2),  serait  aussi 
claire  dans  le  Sud-Est  de  l'Irlande,  aux  environs  de  Cork,  que  dans 
les  Alpes.  A  l'occasion  de  ses  études  sur  les  Alpes  glaronnaises 
(Glaernicsh),  M.  Baltzer  a  été  conduit  à  chercher  la  cause  de  certains 
changements  dans  la  chaleur  développée  par  la  friction  (3). 

Malgré  l'état  de  solidité  où  ces  couches  paraissent  s'être  trouvées 
lorsqu'elles  ont  été  infléchies,  les  mouvements  moléculaires  qu'elles 
ont  éprouvés  sont  attestés  par  la  déformation  des  fossiles  qu'on  y 
constate  souvent,  à  la  manière  de  celle  qui  est  fréquente  dans  les 

(1)  Terreil,  C-R.  Àc.  Scietirw,  t.  LUI,  p.  120;  1861. 

(2)  Journ.  Geol.  Soc.  Ireland,  2»  sér.,  t.  IIL 
(3j  Neues  Jahrb.  fur  Minéralogie.  1876,  p.  127. 


1878.     DAUBRÉE.  —  GUALEUa  DËVELOl'PÉE  DANS  LES  ROCHES.      561 

schistes.  Cest  ainsi  que,  dans  les  couches  du  Grand -Moveran 
(canton  de  Vaud) ,  qui  présentent  un  renversement  si  imposant, 
certaines  Ammonites  enchâssées  dans  le  calcaire  le  plus  solide  ont 
été  comprimées  ou  étirées  et  offrent  une  disposition  ovale;  le  rap- 
port du  grand  axe  au  petit  varie  souvent  de  1,30  jusqu'à  4,60  (1). 
Il  en  est  de  même  dans  les  calcaires  d'Allevard,  remarquables  par 
la  schistosité  grossière  qu'ils  ont  acquise. 

J'ajouterai  qu'une  des  Ammonites  du  Moveran  ayant  été  coupée  en 
deux  par  le  milieu,  parallèlement  à  ses  côtés,  a  été  polie;  M.  Jan- 
nettaz,  qui  a  bien  voulu,  sur  ma  prière,  l'examiner  au  point  de  vue 
de  la  conductibilité  de  la  chaleur,  a  reconnu  que  les  ellipses  d'égale 
conductibilité  ont  leur  grand  axe  dirigé  parallèlement  à  la  direction 
de  l'allongement  relatif  maximum  (PI.  VII,  fig.  11). 

D'après  ce  que  l'on  vient  de  constater  expérimentalement  sur  les 
argiles,  il  ne  me  paraît  guère  douteux  que  les  couches  calcaires  aient 
souvent  éprouvé  des  mouvements  intérieurs  assez  énergiques  pour 
acquérir  ainsi  une  augmentation  notable  de  température. 

Le  développement  fréquent  de  la  structure  schisteuse  dans  les 
roches  calcaires  qui  ont  été  infléchies  conduit  à  la  même  conclusion. 
Entre  autres  exemples,  je  rappellerai  les  calcaires  phylladifôres  et 
lustrés  (souvent  désignés  sous  le  nom  de  cipolin),  comme  ceux  qui 
sont  si  développés  dans  la  Mauriennc  et  dans  la  Tarentaise,  et  qui  sont 
attribués  au  terrain  triasique ,  et  les  calschistes  de  Sembrancher 
(Valais),  employés  sous  forme  de  grandes  plaques  dans  une  partie  de 
la  Suisse. 

La  rareté  des  fossiles  dans  les  calcaires  tourmentés  des  Alpes  et 
autres  contrées  est  bien  connue  de  tous  les  géologues,  qui  en  re- 
trouvent à  grand'peine  quelques  débris.  A  part  toute  considération 
théorique  sur  le  mode  originel  de  dépôt  de  ces  couches  très-épaisses, 
on  conçoit  que,  dans  les  mouvements  intérieurs,  les  fossiles  n'aient 
pas  été  seulement  déformés,  mais  aussi  qu'ils  aient  pu  se  triturer  au 
point  de  disparaître  (2). 

Non-seulement  le  calcaire,  ainsi  corroyé,  a  pu  changer  de  texture  et 
prendre  un  état  cristallin  ;  mais  encore,  en  présence  de  l'élévation  de 
la  température  qui  s'y  est  produite,  certains  minéraux  s'y  sont  déve- 
loppés. C'est  ainsi  que  la  présence  si  fréquente  de  l'albite  en  petits 

(1)  Ces  déformations  sont  à  distinguer  do  l'aplatissement  suivant  les  côtés,  qui 
est  très-fréquent  et  que  peut  expliquer  la  simple  pression  du  poids  des  couches. 

(-2)  Telle  est  aussi  Topinion  à  laquelle  est  arrivé  M.  Edward  Hull,  à  la  suite  de 
ses  études  précitées  sur  les  calcaires  des  environs  de  Cork,  qui  sont  en  couches 
contournées  et  qui  contiennent  des  fossiles  déformés  (Jonrn.  Geol.Soc.  Ireland. 
^  sér.,  t.  IV.  p.  111;  1877). 

33 


S&i  DAUBRÉB.  —  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DANS  LES  ROCHES.     6  mai 

cristaux  très-nets,  qui  sont  disséminés  de  toutes  parts,  dans  les  cal- 
caires magnésiens  du  Trias  de  la  Savoie,  ne  peut  s'expliquer  sans  une 
élévation  générale  de  température  dans  ces  couches. 

Les  roches  quartzeuses  et  les  quartz! tes,  qui  sont  aussi  très-souvent 
devenus  schisteux,  donneraient  lieu  à  des  considérations  analogues. 

On  a  vu  plus  haut  que  dans  le  malaxage,  Targile  s*échauffe  d*autant 
plus,  à  mouvement  égal,  qu  elle  est  plus  dure,  c'est-à-dire  que  les 
glissements  moléculaires  sont  moins  faciles  et  que  le  travail  absorbé 
est  plus  considérable.  D'après  ce  fait,  on  est  autorisé  à  supposer  que, 
quand  des  roches  plus  cohérentes  que  ces  argiles  ont  été  soumises  à 
des  actions  mécaniques  assez  puissantes  pour  y  déterminer  un  cer- 
tain mouvement  intérieur,  elles  étaient  dans  des  conditions  encore 
plus  favorables  pour  s'échauffer. 

Dans  les  expériences  au  tonneau  malaxeur,  Targile  subit  des  mou- 
vements gyratoires  réitérés,  tandis  que  dans  beaucoup  de  cas  naturels, 
lors  des  inflexions  des  roches,  les  mouvements  peuvent  avoir  été  plus 
simples  et  d'un  moindre  trajet.  Mais  il  importe  de  se  rappeler  combien 
est  grande  l'influence  de  la  pression  sur  la  chaleur  produite,  et  com- 
bien la  force  motrice  employée  dans  les  expériences  qui  précèdent  est 
faible  par  rapport  aux  actions  qui  ont  été  mises  en  jeu  dans  les  dislo- 
cations mécaniques  de  Técorce  du  globe.  Aussi  paraît-il  bien  difScile 
de  ne  pas  admettre  que,  dans  ces  dernières  conditions,  un  déplace- 
ment, même  très-faible,  dès  qu'il  a  été  suffisant,  par  exemple,  pour 
provoquer  une  structure  schisteuse  dans  des  calcaires  ou  des  quart- 
zites,  n'ait  pas  été  accompagné  d'une  élévation  notable  de  tempéra- 
ture. 

A  part  les  mouvements  moléculaires  qui  se  sont  produits  dans  les 
roches,  en  raison  d'une  sorte  de  malléabilité,  les  couches  ont  dû  fré- 
quemment frotter  les  unes  sur  les  autres,  pendant  qu'elles  se  défor- 
maient. En  dehors  de  toute  considération  géométrique,  le  fait  est  mis 
en  évidence  par  les  stries  que  présentent  souvent  leurs  surfaces  de 
jonction,  dans  les  Alpes,  dans  le  Jura  et  ailleurs  ;  surfaces  qui,  dans 
quelques  expériences,  ont  été  également  imitées  avec  leurs  stries.  Ces 
frottements  étaient  accompagnés  de  pressions  énormes,  et  par  consé- 
quent n'ont  pu  s'opérer  sans  produire  aussi  une  certaine  quantité  de 
chaleur,  lors  même  que  le  déplacement  aurait  été  court  et  que  les 
surfaces  frottantes  ne  se  seraient  pas  émaillées,  comme  il  est  souvent 
arrivé  pour  les  parois  des  failles. 

D'ailleurs,  dans  un  même  massif,  certaines  parties  ont  dû  s'échauf- 
fer plus  que  d'autres. 

En  résumé,  dans  des  massifs  où  le  métamorphisme  s'est  développé 
sur  de  grandes  dimensions  et  loin  de  l'apparition  de  toute  roche  érup- 


i878.    DAUBRËG.  —  CHALEUR  DÉVELOPPÉE  DANS  LES  ROCHES.      583 

tive,  tels  qu'en  présentent  bien  des  régions  des  Alpes,  la  chaleur  qui 
a  présidé  à  la  transformat'on  des  roches  et  à  l'apparition  de  nouvelles 
espèces  minérales,  peut  avoir  été  causée  par  les  actions  mécaniques 
mêmes  que  subissaient  ces  roches.  La  Thermodynamique,  qui  a  déjà 
jeté  une  si  vive  lumière  sur  divers  phénomènes  chimiques  et  physiques, 
devra  porter  aussi  son  flambeau  dans  la  Géologie. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  VU. 

Fig.  1.  —  Cônes  cannelés  employés  à  la  préparation  de  la  terre  à  briques,  qui 
y  est  non  seulement  laminée,  mais  aussi  déchirée,  à  cause  de  la  différence  de 
vitesse  des  surfaces  opposées  l'une  à  l'autre.  —  Échelle,  X, 

Fig.  2.  —  Tonneau  malaxeur  utilisé  pour  les  expériences  relatives  au  développe- 
ment de  la  chaleur  dans  les  roches  par  les  actions  mécaniques.  —  ABCD,  section 
du  cylindre  destiné  à  recevoir  l'argile  à  malaxer;  EÉ,  arbre  vertical  animé  d'un 
mouvement  autour  de  son  axe  ;  HH,  lame  hélicoïdale  portée  par  l'arbre  EE  et  forçant 
l'argile  à  descendre,  pour  subir  l'action  triturante  ;  P,  P,  palettes  courbes  triturant 
l'argile  et  la  faisant  frotter  sur  les  deux  couches  d'argile  qui  recouvrent,  l'une  les 
parois  verticales,  l'autre  le  fond  du  tonneau  ;  S,  orifice  ou  buse  par  où  l'argile  sort 
après  le  malaxage.  L'arbre  EE  est  actionné  par  l'engrenage  RR,  et  supporté 
par  la  crapaudineT.  —  Échelle,  ^. 

Fig.  3.  —  Vue,  en  projection  horizontale,  des  palettes  P,  P,  dont  la  tangente  au 
point  extrême  fait  un  angle  de  25  à  30'  avec  l'élément  voisin  du  cylindre  ;  E.  pro- 
jection horizontale  de  l'arbre  moteur.  La  Ûèche  indique  le  sens  du  mouvement.  — 
Échelle.  ^. 

Fig.  4.  —  Courbe  représentant  les  températures  successivement  prises  par  de 
l'argile  ferme  triturée  sur  elle-même  dans  le  tonneau  malaxeur  de  MM.  Boulet. 

Fig.  5.  —  Courbe  représentant  les  températures  prises  successivement  par  de 
l'argile  /errne  triturée  sur  elle-même  dans  le  tonneau  malaxeur  de  MM.  Tiphine. 

Fig.  6.  —  Courbe  représentant  les  températures  successivement  prises  par  de 
l'argile  molle  triturée  sur  elle-même  dans  le  tonneau  malaxeur  de  MM.  Tiphine. 

Fig.  7.  —  Appareil  destiné  à  provoquer  un  développement  de  chaleur  par  le 
frottement  mutuel  de  deux  plaques  de  marbre.  —  T,  tour  de  lapidaire,  à  axe  ver- 
tical, entraînant  dans  son  mouvement,  qu'on  peut  rendre  plus  ou  moins  rapide,  une 
plaque  circulaire  de  marbre,  M  :  m.  autre  plaque  de  marbre,  maintenue  immobile 
à  la  main  et  pressée  sur  la  première  par  le  poids  P,  variable  à  volonté.  La  flèche 
indique  le  sens  du  mouvement.  — Échelle,  -j- 

Fig.  8.  —  Vue  en  plan  de  l'appareil  précédent.  —  Même  échelle. 

Fig.  9.  —  Thermomètre  à  fond  plat,  à  réservoir  volumineux  et  h  tige  très-fine, 
destiné  à  mesurer  par  application  les  températures  successivement  prises  par  la 
plaque  m  des  deux  figures  précédentes.  —  Échelle,  — . 

Fig.  10.  —  Courbe  des  températures  successivement  prises  par  la  plaque  m. 

Fig.  IL  —  Ammonite  déformée,  des  couches  calcaires  fortement  redressées  de 
l'étage  oxfordien  du  Grand-Moveran.  —  Les  deux  lignes  rectangulaires  indiquent  la 
direction  des  axes  de  conductibilité  thermique  maximum  et  minimum. — Échelle,  -7-- 


564  PARRAN.   —  DOLOMIBS  JUR.    DRS   CÉVENNES.  6  mai 

H.  Xerquem  présente  un  travail  sur  Les  Foramlnirereift 
et  les  Entomostracés-ostracodes  du  Pliocène  supé- 
rieur de  Vile  de  Rbodefi  et  en  lit  Tintroduction  (1). 

H.  Potier  fait  une  communication  sur  les  Oolomles  des 
AlpeA-Marltimes  (2). 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Pnrran  présente  les  obser- 
vations suivantes  sur  ^les  Dolomies  JurasiftiqueM  des  Cé- 
vénnea  s 

Les  terrains  jurassiques  de  l'Aveyron,  de  la  Lozère  et  du  Gard,  dans 
la  région  où  ces  trois  départements  viennent  se  réunir,  présentent, 
comme  ceux  de  la  région  provençale  dont  s*est  occupé  M.  Potier,  plu- 
sieurs niveaux  de  dolomies  substituées  aux  calcaires  sur  de  grandes 
étendues.  Sans  parler  de  ceux  qui  occupent  la  base  du  Lias,  je  signa- 
lerai en  particulier  celui  de  l'Oolithe  inférieure  (Calcaire  à  entroques), 
reconnu  par  Ëm.  Dumas,  et  celui  qui  forme  les  escarpements  supé- 
rieurs  de  la  Grande  Oolithe  et  qui  est  recouvert,  tantôt  par  les  marnes 
calloviennes  ou  oxfordiennes  (environs  du  Yigan),  tant<)t  par  les  cal- 
caires lithographiques  à  Ammonites  polyplocus  (bdLSsïn  de  la,  Dourbie), 
comme  M.  Potier  Ta  observé  en  Provence. 

Les  étages  suprà-oxfordieus  compris  entre  les  couches  à  A,  poly- 
plocus  et  les  premières  assises  néocomiennes  présentent  aussi  fré- 
quemment, aux  environs  de  Sumène  et  de  Ganges,  des  masses  dolo- 
mitiques  substituées  aux  calcaires,  à  différentes  hauteurs  ;  mais  elles 
sont  beaucoup  plus  irrégulières  et  plus  limitées.  Celle  qui  a  le  plus  de 
régularité  recouvre  immédiatement  le  gros  banc  calcaire  surmontant 
les  couches  à  A.polyplocus. 

Avec  la  période  jurassique  finissent  les  émanations  magnésiennes 
qui  ont  imprimé  aux  dépôts  de  cette  période  un  caractère  si  particu- 
lier. Les  dépôts  de  la  période  crétacée  présentent  des  caractères  d'un 
ordre  tout  différent  ;  aussi  je  n'hésite  pas  à  rapporter  à  la  formation 
jurassique  toutes  les  assises  calcaires  des  environs  de  Ganges  renfer- 
mant des  dolomies,  ce  qui  est  d'accord  avec  les  indications  paléonto- 
logiques. 

La  fréquence  et  l'épaisseur  des  dolomies  de  la  période  jurassique, 
rapprochées  des  dépôts  ferrugineux  et  pyriteux  de  cette  époque,  ainsi 

(1)  Ce  travail  est  publié  dans  les  Mémoires  de  la  Société  géologique  (3«  sér., 
t.  1,  n»3). 

(2)  Par  décision  de  la  Commission  du  Bulletin,  cette  communication  a  été  repor- 
tée au  compte-rendu  de  la  réunion  extraordinaire  de  Fréjus  et  Nice  (V.  Bull.,  3'  sér., 
t.  V,  p.  836). 


4878.  CORNET.    —   OSSEMENTS   FOSSILES.  S66 

que  des  amas  de  gypse  callovieifsignalés  par  M.  Lory,  autorisent  à 
penser  que  ces  substances  minérales,  cortège  inséparable  des  roches 
vertes  basiques  appelées  par  Durocher  ferro-calcifères  et  magné- 
siennes, proviennent  de  la  profondeur,  et  qu'elles  ont  accompagné 
l'éruption  de  ces  roches  vertes,  bien  que,  par  des  causes  incoimueSi 
celles-ci  se  trouvent  très-rarement  enclavées  dans  les  dépôts  juras- 
siques de  la  région  dont  il  s'agit.  Ces  substances  se  sont  étalées  par 
places  dans  ces  dépôts  pendant  leur  formation,  donnant  ainsi  lieu  à 
des  amas  lenticulaires  et  interstratifiés  de  dolomie,  de  fer  oxydé  ou 
l)yriteux,  et  plus  rarement  de  gypse. 

Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  les  dépôts  de  la  période  crétacée,  sur- 
tout ceux  qui  sont  supérieurs  à  TAptien,  présentent  dans  le  bassin  du 
Hhône  des  caractères  tout  différents.  Les  quartzites,  les  sables  siliceux 
purs  sans  fossiles,  les  argiles  réfractaires,  blanches  ou  colorées,  qui 
forment  le  cortège  habituel  des  roches  éruptives  acides,  semblent  dé- 
montrer que  celles-ci  ont  prédominé  dans  la  période  crétacée  et  dans 
la  région  dont  il  s'agit,  bien  que  l'enclave  de  la  roche  éruptive  elle- 
même  n'ait  pas  été  reconnue  dans  ces  dépôts  stratifiés. 


Séance  du  20  mai  1878. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    ALB.    GAUDRY. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Calmette-Terral,  cours  Morand,  49,  à  Lyon  (Rhône),  présenté 
par  MM.  A.  Gaudry  et  Bioche. 

Le  Président  annonce  ensuite  une  présentation. 

Puis  il  communique  une  lettre  du  Président  de  la  section  de  Bonne- 
ville  du  Club  alpin  français,  invitant  la  Société  géologique  à  se  faire 
représenter  à  l'inauguration  du  monument  élevé  dans  Chamonix  à 
Jacques  Balmat.  Cette  inauguration  aura  lieu  le  12  août  prochain. 

H.  A.  Gaudry  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  d'une  lettre  de 
M.  Cornet  relative  à  la  découverte  c^'ossements  dans  un  puits 
naturel  du  bassin  houiller  de  liions  s 

11  existe  dans  le  Hainaut,  entre  le  terrain  houiller  et  le  terrain  cré- 
tacé, un  dépôt  très-important  de  sables  et  d'argiles  avec  lignite,  que 
Dumont  a  rapporté  à  tort  à  son  système  aachénien.  C'est  dans  ce  dépôt 


566  GOTTBAU.   —   ÉCHINIDES  GARCXNIEPIS.  20  nUÛ 

que  se  trouvent  les  fruits  de  Cycadëes  et  de  Conifères  décrits  par  feu 
E.  Ccëmans  (1).  Ces  débris  organiques  appartiennent  tous  à  des  espèces 
nouvelles,  et  comme  on  n'a  pas,  jusqu'à  ce  jour,  trouvé  de  restes 
d'animaux,  l'âge  des  couches  dont  je  parle  reste  indéterminé  :  elles 
sont  plus  récentes  que  le  terrain  houiller  et  plus  anciennes  que  le  ter- 
rain crétacé  moyen. 

Le  terrain  houiller  du  Hainaut  est  traversé  par  de  nombreuses  failles 
et  Ton  y  rencontre  aussi  des  puits  naturels  qui  ont  jusqu'à  100  mètres 
de  diamètre.  Le  plus  souvent  les  roches  qui  remplissent  les  failles  et 
les  puits  sont  des  sables  et  des  argiles  avec  lignite,  identiques  avec 
ceux  qui  constituent  le  dépôt  d'âge  inconnu  qui  recouvre  le  terrain 
houiller. 

Or,  il  y  a  quelques  jours,  au  puits  Sainte-Barbe  du  Charbonnage  de 
Bernissart,  dans  le  bassin  de  Mons,  on  a  rencontré  dans  une  faille 
ou  puits  naturel,  à  Hî  mètres  de  profondeur,  des  argiles  avec  lignite, 
renfermant  une  quantité  incroyable  d'ossements,  qui,  malheureuse- 
ment, sont  très-altérés  et  tombent  rapidement  en  poussière.  Cependant 
le  Préparateur  du  Musée  de  Bruxelles,  M.  de  Pauw,  est  descendu  dans 
la  mine  et  a  rapporté  plusieurs  pièces  en  assez  bon  état,  entre  autres 
des  fragments  d'une  immense  carapace  de  Tortue  et  un  morceau 
d'une  mâchoire  qui  était  entière  dans  la  faille  et  qui  mesurait  plus  de 
4  mètres  (je  dis  quatre  mètres)  de  longueur.  Tous  les  débris  re- 
cueillis semblent  avoir  appartenu  à  des  Ueptilcs. 

A  la  suite  de  cette  lecture,  M.  A.  Oaudry  rappelle  les  dimensions  de 
quelques  animaux  fossiles.  La  mâchoire  inférieure  du  Pliosaurus  grandis 
décrit  par  M.  Owen  a  4  ""77  ;  M.  Gervais  a  signalé  un  fémur  de  0™85  dans  la 
collection  de  M.  Lennier  ;  M.  Owen  en  a  cité  un  d'égale  longueur,  provenant  du 
Kimmcridgien  de  Swaindon.  Les  fémurs  du  Cetiosaurus  de  la  Grande  Oolilhe 
d'Enslowbridge,  près  d'Oxford,  ont  64  pouces,  soit  4 ""60.  Un  Gavial  qui 
aurait  des  membres  de  3  mètres,  aurait  à  peine  une  tête  longue  de  4  mètres. 
La  portion  dentaire  des  mâchoires  inférieures  à'Iguanodan  d'Angleterre  qu'a 
décrites  M.  Owen  ne  dépasse  guère  un  demi-mètre  do  longueur. 

M.  Cotteau,  au  nom  de  M.  I^oymerle  et  au  sien,  offre  à  la 
Société  un  Mémoire  sur  le  type  garumnlen,  suivi  d'une  Descrip- 
tion des  Oursins  de  la  colonie  (V.la  Liste  des  dom),  M.  Leyme- 
rie  se  propose  d'envoyer  à  la  Société  un  résumé  stratigraphique  de 
son  travail,  qui  comprend  une  description  de  la  montagne  d'Ausseing, 

(1)  Description  de  la  Flore  fossile  du  premier  étage  du  terrain  crétacé  du  Hai- 
naut, Mém.  cour.  Àc.  R.  Belgique,  t.  XXXHI. 


1878. 


COTTKAU.    —   ÉCIILNIDES  D^ALGÉHIE. 


567 


uo  aperçu  des  principaux  gites  du  département  de  la  Haute-Garonne 
et  une  notice  sur  la  faune  d'Auzas.  H.  Cotteau  $e  borne  par  suite  à 
donner  quelques  détails  sur  les  espèces  d*Éckinides  qu'il  a  décrites  et 
figurées.  Elles  sont  au  nombre  de  quinze  (i)  : 


Cjfphosoma  pseudomagnificum,  Cotteau, 
MUropsis  Des'ori,  CoUeau. 

—  microstoma,  '  Cotteau , 

—  Leymeriei,  Cotteau, 
ScUenia  granulosa,  Forbes, 
Echinobrissus  Leymeriei,  Cotteau. 
Echinolampas  Miche  Uni,  Cotteau, 
Echinanthus  subrotundus,  Cotteau , 


Echinocorys  semiglobus.  Cotteau, 
Offaster  pilula,  Desor, 
Hemiaster  nasutulus,  Sorigoet, 

—       canaliculatuf,  Cotteau, 
Schisaster  antiquus,  Cotteau, 
MicraHer  Tercensis»  Cotteau, 
Cyclatter  coloniœ,  Cotteau. 


Sur  ce  nombre,,  cinq  espèces  :  Salenia  graniUosa,  Echinocorys 
semiglobus,  Offaster  pilula,  Hemiaster  nasutulus  et  Micraster  Tercen- 
sis,  appartiennent,  sans  aucune  incertitude  possible,  au  terrain  cré- 
tacé. Les  deux  plus  abondantes  :  Echinocorys  semiglobus  et  Micraster 
Tercensis,  sont  également  très-répandues  dans  la  craie  de  Bédat  prè^ 
Tercis. 

Deux  e.^ipèces  :  Echinolampas  Michelini  et  Echinanthus  subrotun- 
dus, paraissent  se  rattacher,  la  seconde  surtout,  au  terrain  tertiaire 
inférieur. 

Huit  autres  sont  nouvelles  ou  n'ont  pas  encore  été  signalées  en  de- 
hors du  gisement  étudié.  Au  point  de  vue  zoologique,  plusieurs  sont 
très-dignes  de  fixer  l'attention,  notamment  les  Micropsis  Desori, 
M.  microstoma  et  M.  Leymenei,  déjà  décrits  dans  la  Paléontologie 
française,  et  qui  constituent  trois  types  très-diiférents  et  parfaitement 
caractérisés  d'un  genre  fort  rare  en  espèces  et  en  individus. 

11  faut  encore  citer  le  Schizaster  antiquus,  G*est  la  première  fois  que 
ce  genre,  considéré  jusqu'ici  comme  exclusivement  propre  au  terrain 
tertiaire  et  à  l'époque  actuelle,  est  indiqué  dans  le  terrain  cré- 
tacé. Une  seconde  espèce  de  Schizaster,  toute  différente  de  celle-ci, 
mais  également  bien  caractérisée,  a  été  récemment  communiquée  à 
M.  Cotteau  par  M.  Blanchet,  qui  l'avait  recueillie  dans  la  craie  de 
Bédat  près  Tercis. 

H.  Cotteau  offre  ensuite  à  la  Société,  au  nom  de  MM.  Peron, 
Gautbler  et  au  sien,  le  quatrième  fascicule  des  Éclilnldes 
fossiles d'ilLl^érle.  Ce  fascicule  comprend  la  description  strati- 
graphique  de  l'étage  cénomanien,  si  largement  développé  dans  les 
diverses  régions  de  l'Algérie  et  si  riche  en  fossiles,  notamment  en 


(1)  Non  compris  un  Echinoconux  qu'il  n'a  pu  déterminer  spécifiquement. 


$68  DOUVILLÉ.  —  BATHONIEN  DE  TOLX.  20  OMÎ 

ËchiDÎdes.  Les  genres  Cardiaster,  Holaster,  Epiaster  et  Hemiaster 
sont  décrits  à  la  suite  de  ce  travail  stratigraphique.  Le  genre  Ht- 
miaster  comprend  à  lui  seul  plus  de  vingt  espèces,  toutes  spéciales  au 
Nord  de  l'Afrique.  Quatre  d'entre  elles  :  H.  Aumaîensis,  H.  Nicatsei, 
II,  BcUnemis  et  //.  DcsvauxU  avaient  éré  décrites  en  1862  par  M.  Co- 
quand.  Seize  espèces  sont  nouvelles. 

M.  Douvillé  fait  la  communication  suivante  : 


Note  sur  le   Batbonlen  des  environs    de   Xoul   et   de 

rVeu  rcbAieau» 

par  H.  H.  Douvillé. 

Le  terrain  bathonien  des  environs  de  Toul  est  connu  depuis  long- 
temps par  les  travaux  de  M.  Husson  (1);  ce  géologue  y  a  distingué  de 
bas  en  haut  les  assises  suivantes  : 

l*  Marne  avec  nodules. 

^  Calcaire  miliairc  inférieur. 

y  Marne  argileuse. 

4'  Calcaire  siliceux. 

5*  Calcaire  et  marnes  à  Oursins. 

6*  Calcaire  miliairc  supérieur. 

!•  Calcaire  à  Polypiers. 

8"  Calcaire  à  oolithes  difformes  et  minerai  de  fer. 

0"  Marnes  à  Térébratules  et  OHrea  costata. 

M.  Husson  attribue  cette  dernière  couche  à  l'Oxfonlieii  inférieur,  la 
couche  8  au  Cornbrash  et  la  couche  7  au  Forest-Marble  des  géolo- 
gues anglais. 

iN'olre  regretté  confrère,  M.  Levallois,  avait  étudié  de  son  côté  le 
m^'me  ensemble  de  couches  et  spécialement  la  coupe  qui  avait  été 
mise  à  découvert  par  les  travaux  du  canal  entre  Toul  et  Liverdun.  A 
la  suite  du  mémoire  de  MM.  Terquem  et  Jourdy  sur  le  Bathonien  de 
la  Moselle,  il  avait  revu  ses  échantillons  et  mis  en  ordre  les  notes  qu'il 
avait  recueillies  précédemment;  peu  de  temps  avant  sa  mort,  il  a  bien 
voulu  nous  communiquer  les  uns  et  les  autres.  Les  divisions  ((u'il  éta- 
blit coïncident  à  peu  près  avec  celles  de  M.  Husson.  Les  couches  1  à  6 
constituent  un  même  ensemble  de  calcaires  oolithiques  plus  ou  moins 
jaunâtres,  connus  et  exploités  dans  le  pays  sous  le  nom  de  balin;  ces 
calcaires  forment  trois  massifs  principaux  (2,  4  et  6),  séparés  par  des 
assises  également  oolithiques,   mais  plus  marneuses  et  moins  cohé- 

(1)  Esquisse  géologique  de  V arrondissement  de  Toul  ;  1848. 


1878.  DOUVILLÉ.  —  BATHONIEN  DK  TOUL.  S69 

rentes  (1,  3  et  5).  Les  calcaires  moyens  présentent  sur  quelques  points 
des  bancs  gréseux  ;  c^est  le  calcaire  siliceux  de  H.  Husson.  Les  fossiles 
sont  à  peu  près  les  mêmes  dans  toute  la  hauteur  de  ce  premier 
groupe;  ils  ne  se  rencontrent  guère  que  dans  les  assises  marneuses; 
nous  signalerons  principalement,  avec  M.  Levallois,  le  Clypeus  Ploti 
et  YOstrea  acuminaia.  Le  Clypeus  Ploti  est  surtout  abondant  dans  la 
couche  5  (marnes  à  Oursins  de  M.  Husson). 

Dans  toutes  les  assises  marneuses  on  rencontre  des  nodules  ooli- 
thiques  de  forme  discoïdale,  légèrement  déprimés  sur  une  de  leurs 
faces,  et  qui  ont  reçu  des  ouvriers  !e  nom  de  culots. 

La  7°  assise  comprend,  outre  le  calcaire  à  Polypiers  qui  en  occupe 
la  partie  supérieure,  des  calcaires  compactes  et  des  calcaires  ooli- 
thiques  blancs  ou  bleuâtres,  plus  ou  moins  développés.  Elle  est  peu 
fossilifère. 

La  8«  assise,  ou  k^  niveau  fossilifère  de  M.  Levallois,  est  formée  de 
marnes  ooli thiques  souvent  brunâtres,  mélangées  irrégulièrement  de 
pierrailles  oolilhiqucs.  M.  Levallois  y  cite  VAnabacia  orhulites  et  r^t?i- 
cula  echinata,  fossiles  signalés  par  M.  Lonsdaledans  le  Cornbrash  du 
Willsliire:  de  là  l'assimilation  faite  par  M.  Husson  et  admise  par 
M.  Levallois.  Le  premier  de  ces  fossiles  est  toujours  extrêmement 
abondant  et  permet  de  reconnaître  facilement  cette  couche. 

La  dernière  assise  se  distingue  nettement,  par  ses  caractères  minéra- 
logiques,  des  couches  toujours  plus  ou  moins  oolithiques  que  nous 
avons  rencontrées  justju'ici.  Elle  est  formée  de  marnes  grises  ou 
bleuâtres  et  de  calcaires  marneux.  On  y  trouve  en  abondance  YOstrea 
Knorri,  Voitz  in  Zieten  (0.  costata,  Goldf.  non  Sow.),  et  la  Rhyncho- 
nella  variam.  M.  Levallois,  tout  en  assimilant,  comme  M.  Husson, 
cette  couche  à  l'Oxfordien  inférieur  ou  Callovien,  reconnaissait  cepen- 
dant que  o^tte  assimilation  n*étaitque  provisoire;  c'est  ainsi  qu'il 
écrit  dans  ses  notes  que  a  les  couches  qu'il  a  assimilées  au  Forest- 
*  Marble  représentent  les  couches  blanches  et  marneuses  que  l'on 
»  observe  au  nord  de  Tellancoui  t  (à  la  Tuilerie),  et  que  ces  couches, 

>  d'après  M.  Piette,  sont  le  prolongement  dos  calcaires  blancs  de 
»  Rumigny  à  Rhyncho>iella  decorata,  considérés  dans  le  N.  E.  de  la 

>  France  comme  le  type  de  la  Grande  Oolithe  de  Minchinhampton  ». 
Plus  loin  il  ajoute  au  sujet  de  son  Callovien  :  «  Peut-être  serait-il 

»  mieux  rattaché  au  Bathonien,  à  cause  de  son  fossile  caractéristique, 
»  YOstrea  Knorri,  qui,  u  Béfort,  en  Suisse  et  en  Souabe,  affecte  le 

>  Bathonien  supérieur.  » 

Chargé  en  1876  de  revoir  les  contours  de  la  feuille  de  Nancy  pour 
l'exécution  de  la  Carte  géologique  détaillée,  nous  avons  pu  vérifier 
tout  d*abord  Texactitude  des  coupes  données  par  MH.  Husson  et  Le- 


870  DOUYILLÉ.  —  BATHONIEN  DE  TOVL.  20  OUti 

vallois  ;  nous  avons  pu  aussi,  grâce  aux  travaux  exécutés  pour  la 
défense  de  la  ville,  observer  quelques  faits  nouveaux. 

Une  des  coupes  les  plus  intéressantes  est  celle  que  l'on  peut  relever 
entre  le  fort  de  Doromartin,  la  redoute  de  Cbaudenay  et  le  fort  de 
Villey-le-Sec.  Le  premier  de  ces  forts  est  établi  sur  la  partie  inférieure 
des  argiles  oxfordiennes,  bien  caractérisée  aux  environs  de  Toul  par 
le  Belemnites  hastattcs,  toujours  de  petite  taille.  Ces  argiles  reposent 
sur  des  bancs  noduleux  de  calcaire  marneux,  qui  ont  été  entamés  par 
les  fossés  du  fort  sur  environ  1  mètre  de  hauteur  :  nous  avons  recueilli 
dans  les  calcaires  les  fossiles  suivants  : 

Ammonites  tumidu^,  Reinecke  (  =  ^.  macrocephalus,  Schlotheim  ;  :=  i.  macro- 
cephalus  rotundus,  Quenst.,  Ceph.J. 

À.  Jacquoti,  Douvillé  (  =.  i.  maerocephalus  compressus,  Quenst.,  Ceph.,p.  182, 
pi.  XV,  fig.  1). 

À.  Galilœi,  Oppel. 

À.  cf.  anceps. 

RhynchoneUa  Badensù  (I),  Oppel  (Deslongchamps,  Bull.  Soc.  Linn.  Normandie, 
t.  IV.  pi.  IV,  fig.  2). 

Waldheimia  sublagenalis  (1),  Davidson  (Deslongchamps,  loc.  eii.»  fig.  8). 

W.  obovata,  Sow.  (Deslongchamps,  loc.  cit.,  fig.  5). 

De  ces  fossiles  les  trois  premiers  caractérisent  le  Callovien  inférieur, 
et  les  trois  derniers  sont  identiques  avec  les  échantillons  de  la  Sarthe 
figurés  par  M.  Deslongchamps  comme  provenant  également  du  Callo- 
vien inférieur. 

En  suivant  le  chemin  militaireà  Testdu  fort,  on  retrouve,  à  l'entrée 
du  bois,  le  calcaire  noduleux  tendre  du  Callovien,  puis  au-dessus,  au 
point  302,  les  argiles  verdâtres,  avec  petites  concrétions  calcaires  et 
Belemnites  hastatus,  de  la  base  de  l'Oxfordien.  En  redescendant,  on  ne 
retrouve  plus  les  calcaires  marneux  du  Callovien  ;  les  argiles  de- 
viennent seulement  plus  calcaires  et  plus  jaunes;  un  peu  au-dessous, 
tout  au  bas  de  la  côte,  les  fondations  du  caniveau  pour  l'écoulement 
des  eaux  ont  entamé  des  marnes  grises  renfermant  en  abondance 
XOstrea  Knorri.  Les  couches  continuant  à  se  relever  vere  l'est,  on  voit 
affleurer  au-dessous  un  banc  de  calcaire  marneux,  caractérisé  par 
l'extrême  abondance  de  la  RhynchoneUa  varians.  Ce  banc  se  poursuit 
jusqu'  à  la  redoute  dite  de  Chaudenay,  établie  à  l'extrémité  du  bois 
vers  le  point  300.  Les  fossés  de  la  redoute  entament,  sur  environ 
4  mètres  de  hauteur,  des  calcaires  marneux  avec  R,  varians,  Acan- 
thothyris  cf.  spinosa,  Dysaster  ovalis.  Les  mêmes  couches  re- 
montent jusqu'à  Villey-le-Sec,  où  les  travaux  du  fort  ont  mis  à 
découvert  la  coupe  suivante  (de  haut  en  bas)  : 

iU  Voir  plus  loin  les  réserves  faites  au  sujet  de  ces  «léterminations. 


1878.  DOOVILLÉ.   —  BATHONIKN  DE  TOUL.  671 

Couches  marneuses  avec  Rhynchojœlla  variatis 2"00 

Marnes  et  calcaires  jaunâtres,  peu   fossilifères 2, 00 

Marnes  noires,  peu  fossilifères,  avec  Waldheimia  ornithocephala. . .  7, 00 

Caillasses  oolithiques,  avec  Anabacia  orbuUtes 5, 00 

Calcaire  dur,  ooiithique. 

Nous  reconnaissons  dans  ces  dernières  assises  les  couches  8  et  7  de 
MM.  Husson  et  Levallois. 

La  coupe  que  nous  venons  de  décrire  montre  que  la  couche  9  est 
surmontée  par  le  Callovien  inférieur  (zone  à  Ammonites  macrocepha- 
lus  d'Oppel)  :  elle  doit  donc  représenter  le  Bathonien  supé- 
rieur. Cette  couche  9  peut  se  diviser  elle-même  en  trois  niveaux 
secondaires  :  le  niveau  supérieur  où  domine  V Ostrea Knorri,  le  niveau 
moyen  caractérisé  par  la  Rhynchonella  varians  et  V Acanthothyris  cf. 
spinosa,  le  niveau  inférieur  avec  Waldheimia  ornithocephala.  Nous 
avons  pu  observer  en  plusieurs  points  le  niveau  supérieur  et  le  niveau 
moyen,  mais  le  niveau  inférieur  n'est  que  très-rarement  visible  et 
probablement  presque  toujours  caché  par  les  éboulis  des  couches  su- 
périeures. Ainsi  le  fort  du  Tlllot  est  établi,  comme  celui  de  Dommartin, 
à  la  limite  inférieure  de  TOxfonlien  :  les  fossés  du  côté  de  l'ouest 
entament  des  argiles  bleuâtres  avec  Belemniûes  hastatus  ;  du  côté  de 
Test,  on  voit  apparaiti*c  au-dessous,  sur  une  épaisseur  de  2  mètres 
environ,  des  alternances  de  marnes  et  calcaires  gréseux  jaunâtres  et 
bleuâtres,  qui  représentent  le  Callovien  du  fort  de  Dommartin,  mais 
qui,  sur  ce  point,  sont  dépourvus  de  fossiles.  Au-dessous  se  mon- 
trent des  calcaires  marneux  blanc-bleuâtres,  également  sans  fossiles. 
Ces  couches  se  prolongent  vers  l'est  et  viennent  affleurer  sur  les  talus 
(le  la  route  de  Colombey  et  dans  les  champs  au-dessous,  où  Von  ra- 
masse en  abondance  VOstrea  Knorri,  Plus  bas,  en  descendant  vers 
la  Bourade,  on  retrouve  la  lumachelle  à  Rhynchonella  varians,  puis, 
uo  peu  plus  loin,  les  couches  oolithiques  à  Anabacia  orbulites. 

Au  nord  de  Toul,  on  revoit  les  marnes  à  Ostrea  Knorri  dans  le 
ravin  au  sud  de  Yilley-Saint-Ëtienne.  Nous  y  avons  recueilli,  en  outre 
de  la  Rhynchonella  varians  et  de  X Acanthothyris  cf.  spinosa,  plu- 
sieurs exemplaires  bien  caractérisés  de  la  Waldheimia  lagenalis,  fos- 
sile caractéristique  du  Bathonien  supérieur.  Nous  avons  retrouvé  les 
mêmes  fossiles  à  l'est  de  Sexey-aux-Bois. 

Ces  couches  affleurent  également  en  une  foule  de  points  au  sud  de 
Toul,  sur  la  route  de  Colombey.  Ainsi,  à  la  base  du  coteau  de  Cre- 
zllles,  on  voit  affleurer  les  marnes  à  Ostrea  Knorri  ;  au-dessous  des 
deux  côtés  de  la  route,  sur  le  plateau  qui  domine  la  rive  gauche  de  la 
Bourade,  on  rencontre  en  abondance  la  Rhynchonella  varians  et 
\ Acanthothyris  cf.  spinosa.  La  partie  inférieure  de  ces  couches  est 


S72  DOUVILLÉ.   —  BATHONIEN  DE  TOUL.  20  mai 

constituée  par  des  calcaires  grisâtres,  en  plaquettes,  qui  reposent  sur 
les  caillasses  oolithiques  à  Anabacia  orbulites. 

Au  point  coté  298,  avant  d'arriver  à  Colombey,  on  retrouve  les 
argiles  à  Ostrea  £norrt;  au-dessous,  on  peut  recueillir  dans  les 
champs  la  Rhynchonella  varia>ts,  V Acanthothyris  cf.  spinosa  et  la 
Waldheimta  lagenalis.  En  remontant  vers  Colombey,  on  voit  affleurer 
au-dessous  les  caillasses  oolithiques  avec  Andbacia  orbulites. 

En  résumé,  on  voit  que  cet  ensemble  de  couches  montre  aux  envi> 
rons  de  Toul,  et  plus  au  sud  jusqu'à  Colombey,  des  caractères 
cx)nstants  ;  la  présence,  dans  la  zone  moyenne,  de  la  Waldheimia  lage- 
nalis, et  la  position  de  ces  couches  au-dessous  du  Callovien  inférieur 
montrent  bien  que  nous  avons  ici  le  représentant  du ^  Bathonien  supé- 
rieur. 

Nous  avons  vu  que  H.  Levallois  avait  reconnu  que  les  calcaires 
blancs  sous-jacents  de  la  couche  7,  tantôt  compactes  et  à  Polypiers, 
tantôt  plus  ou  moins  finement  oolithiques,  étaient  le  prolongement 
des  calcaires  à  Rhynchonella  decorata  du  département  des  Aixlennes; 
cette  couche  représentera  alors  le  Bathonien  moyen,  c  est-à-dire  la 
Grande  Oolithe.  Quant  à  la  couche  8,  elle  pourra  être  considérée 
comme  couche  de  passage  et  rattachée  soit  au  Bathonien  supérieur  à 
cause  de  V Anabacia  orbulites  et  de  VAvicula  echinata,  soit  au  Batho- 
nien moyen  à  cause  du  Clypeus  Ploti  qu'elle  renferme  encore.  Par  ses 
caractères  minéralogiques  elle  se  rattache  plutôt  au  système  inférieur. 

Les  assises  1  à  6  forment  uu  ensemble  de  couches  bien  homogène, 
dans  lequel  il  ne  nous  a  pas  paru  possible  d'établir  de  subdivisions  ; 
elles  représentent  pour  nous  l'équivalent  de  la  Terre  à  foulon.  Les  géo- 
logues lorrains  ont  discuté  longtemps  sur  la  limite  à  établir  entre 
celle-ci  et  la  Grande  Oolithe  ;  ils  nous  paraissent  avoir  presque  tou- 
jours donné  trop  d'importance  à  ce  dernier  étage.  La  Grande  Oolithe 
de  Bath  présente  sans  doute  une  faune  toute  spéciale,  mais  presque 
uniquement  formée  de  Gastropodes  et  de  Lamellibranches;  les  Cépha- 
lopodes y  sont  extrêmement  rares  ;  les  Brachiopodes  man(}uent  à  peu 
près  complètement;  nous  ne  trouvons  pas  là  d'éléments  paléontolo- 
giques  suffisants  pour  caractériser  un  niveau.  Il  n'en  est  pas  de  même 
des  couches  supérieures  (Bradford-clay,  Forest-marble  et  Cornbrash) 
et  des  couches  inférieures  (Fuller's  earth),  qui  présentent  une 
faune  de  Brachiopodes  et  de  Céphalopodes  parfaitement  caracté- 
risée et  qu'il  a  été  possible  de  retrouver  dans  une  grande  partie  de 
l'Europe,  depuis  l'Angleterre  jusqu'en  Pologne.  C'est  ce  que  les  sa- 
vants allemands  ont  bien  reconnu,  et  les  élèves  d'Oppel  (i)  distinguent 

(1;  Waagen,  Die  Formenreihe  des  Ammonites  subracJiatus,  p.  i05;  lH'-\ 


1878.  DOUVILLÉ.  —  BATHONIEN  DE  TOUL.  573 

maintenant  dans  le  Bathonien  la  zone  à  Ammonites  aspidoxdes  et  la 
lonek  A.  ferruginevcs.  La  Grande  Oolithe  doit  être  considérée  seule- 
ment comme  un  accident  oolithique  ou  corallien  entre  ces  deux  zones  ; 
dans  le  Nord  et  TEst  de  la  France  elle  possède  cependant  des  caractères 
assez  constants  :  au  point  de  vue  lithologique,  elle  présente  presque 
toujours,  après  exposition  à  l'air,  une  teinte  blanche  qui  contraste 
avec  la  couleur  jaunâtre  des  assises  du  Fullei*'s  earth  (oolithe  blanche 
de  Marquise,  des  Ardennes  et  des  environs  de  Toul)  ;  au  point  de  vue 
paléontologique,  elle  renferme  des  Rhynchonelles  d'une  forme  spé- 
ciale  :  c'est  dans  le  Boulonnais  la  R,  Hopkinsi,  qui  se  rattache  par 
quelques-unes  de  ses  variétés  à  la  R,  decorata  si  abondante  dans  les 
Ardennes;  ce  dernier  fossile  manque  dans  la  Meurthe,  mais  il  repa- 
raît au  sud  dans  la  Côte-d'Or  et  la  Haute-Saône. 

Nous  avons  vu  jusqu'ici  que  les  trois  étages  du  terrain  bathonien 
présentaient  des  caractères  constants  depuis  Toul  jusqu'à  Colombey. 
Plus  au  sud  les  étages  supérieurs  se  modifient  rapidement;  le  Batho- 
nien inférieur  conserve  &  peu  près  les  mêmes  caractères  ;  on  constate 
seulement  la  diminution  progressive  des  lits  marneux  par  Tenvahisse- 
ment  de  l'élément  calcaire.  C'est  ainsi  qu'au  nord  de  Neufchâteau, 
sur  les  bords  du  Vair,  la  couche  marneuse  de  la  base  est  remplacée 
par  un  banc  dur  caverneux  de  calcaire  oolithique. 

L'étage  moyen  devient  vers  le  sud  de  moins  en  moins  oolithique  ;  au 
nord  d'Autreville,  entre  Toolithe  blanche  et  les  couches  à  Anabacia 
orbulites  on  voit  s'intercaler  un  banc  de  O°80  de  calcaire  dur,  blan- 
châtre, encore  oolithique  par  places.  A  Test  de  Tranqueville,  et  plus  au 
nord,  dans  le  bois  du  Raidon,  les  calcaires  blancs  sont  bien  dévelop- 
pés ;  ils  sont  compactes  à  leur  partie  supérieure  et  oolithiques  à  leur 
partie  inférieure.  En  approchant  de  Neufchâteau,  les  calcaires  com- 
pactes se  développent  de  plus  en  plus  aux  dépens  des  calcaires  ooli- 
thiques; on  les  voit  affleurer  dans  la  vallée  du  Vair  depuis  le  point 
42i  au-dessus  d'Attignéville,  jusqu'à  Saint-Élophe,  où  ils  forment  le 
bas  de  la  montée.  A  Neufchâteau  même,  les  calcaires  oolithiques  ont 
disparu  et  la  tranchée  du  chemin  de  fer  au  nord  de  la  ville  ne  montre 
plus  que  des  calcaires  compactes,  régulièrement  stratifiés. 

Les  calcaires  compactes  de  Neufchâteau  ne  nous  ont  pas  présenté  de 
fossiles  déterminables,  mais  un  de  nos  confrères,  M.  Bertrand,  qui  les 
a  suivis  plus  à  l'est,  jusque  dans  le  département  de  la  Haute-Saône,  a 
recueilli  à  ce  niveau,  à  Port-d'Atelier,  un  échantillon,  bien  caractérisé 
de  la  Rhynchonella  decorata.  Ces  couches  représentent  donc  bien 
notre  Bathonien  moyen. 

L'étage  supérieur  se  prolonge  au  sud  de  Colombey,  sans  se  modifier 
tout  d'abord.  Le  faciès  marneux  se  retrouve  à  l'est  de  la  ferme  de 


S74  DOUVILLÉ.    —  BATHONIEN   DE  TOUL.  20  mai 

Commet  (commune  de  Saulxures-Ies-Yanncs),  où  on  peut  encore 
observer  la  superposition  des  argiles  à  Ostrea  Knorri,  des  manies  à 
Rhvnchonella  varions  et  des  caillasses  à  Anabada  orbulites.  Au  cime- 
tière  d'Autreville  on  recueille  en  abondance  la  Rhynchonella  variam; 
plus  au  sud,  en  montant  à  la  croix  de  Tranqueville,  on  ne  voit  plus 
affleurer  les  caillasses  à  Aiiabacia  orbulites  ;  les  calcaires  blancs  sont 
recouverts  par  des  calcaires  grisâtres  en  plaquettes,  puis  par  des 
marnes  grises  très-fossilifères,  dans  lesquelles  on  i*ecueil1e  la  Rhyn- 
chonella  variants,  Y Acanthothyris  cf.  spinosa,  et  tout  à  fait  au  som- 
met V  Ostrea  Knorri, 

A  Touest  des  points  que  nous  venons  de  signaler,  les  couches  se 
modifient  rapidement  par  l'augmentation  progressive  de  rélémenl 
calcaire.  Ainsi,  à  Martigny  les  flancs  du  vallon  sont  constitués  par  des 
calcaires  marneux,  dans  lesquels  nous  avons  recueilli  la  Rhynchonella 
varions  et  V Acanthothyris  cf.  spinosa;  au-dessus  on  voit  appa- 
raître des  calcaires  oolithiques,  avec  parties  spathiques,  qui  affleurent 
sur  tout  le  plateau  à  l'ouest.  En  approchant  de  Ruppes,  ces  calcaires 
sont  recouverts  par  des  calcaires  marneux  grisâtres,  caractérisés  par 
VAmmonites  Jacquoti,  et  représentant  par  suite  le  Callovien  inférieur. 
Les  calcaires  oolithiques  et  spathiques  doivent  donc  être  attribués  au 
Bathonien  supérieur;  ils  représentent  ce  que  Ton  a  appelé  dans  la 
Haute-Marne  la  Dalle  nacrée. 

Au  sud,  la  Dalle  nacrée  occupe  tout  le  plateau  jusqu'à  Saint-ËIophe; 
à  la  descente  on  voit  affleurer  au-dessous,  d'abord  des  calcaires  gri- 
sâtres, un  peu  marneux,  dans  lesquels  nous  avons  retrouvé  V Ostrea 
Knorri,  puis  les  calcaires  blancs  compactes.  Le  plateau  de  la  rive 
gauche  est  couronné  de  même  par  la  Dalle  nacrée,  qui  se  poursuit 
jusqu'au  dessus  de  Neufchâteau.  A  l'ouest  de  la  route^  vers  le  bois  Le 
Coq,  la  Dalle  nacrée  est  recouverte  par  les  couches  inférieures  du  Cal- 
lovien, caractérisées  ici  par  le  Colly rites  ellipticus.  A  l'est,  la  roule 
neuve  qui  descend  à  Fruze  donne  une  bonne  coupe  de  tout  le  Batho- 
nien et  entame  même  les  bancs  supérieurs  du  Calcaire  àentroques; 
dans  cette  coupe  nous  avons  recueilli,  dans  les  calcaires  gris  de  la 
base  du  Bathonien  supérieur,  la  Rhynchonella  variam  et  V Ostrea 
Knorri,  En  se  rapprochant  de  Neufchâteau,  on  voit  la  Dalle  nacrée 
reposer  sur  des  calcaires  grisâtres,  durs  et  fins,  se  débitant  facilement 
en  plaquettes  utilisées  pour  la  couverture  des  maisons  ;  les  bancs 
inférieurs  sont  plus  marneux  et  reposent  directement  sur  les  calcaires 
compactes.  Dansées  parties  marneuses  nous  avons  recueilli  VAmmo- 
nites di5C2«  (Sow.,  Oppel),  la  Terebratula  intermedia,  la  Rhyncho- 
nella varians  et  V Ostrea  costata. 

Nous  avons  cité  les  couches   inférieures  du  Callovien  au  nord  de 


1878.  DOUVILLÉ.    —  BATHOMEN   DE  TOUK.  576 

Neufchâteau  ;  on  les  retrouve  de  l'autre  côté  de  la  Meuse  entre  Neuf- 
château  et  Frébécourt,  où  nous  avons  recueilli  :  WcUdheimia&bovata^ 
Sow.,  TT.  sublagenalis,  Dav.,  souvent  plus  petite  et  plus  renflée  que 
le  type,   Terebratula  Sœmanni,  Oppel,  variété  plus  plate  que  Téchan- 
tillon    jBguré    par    M.  Deslongchamps  (i),  Rhynchonella   Bademis, 
Oppel,  Collyrites  ellipticus.  On  peut  suivre  ces  mêmes  couches  plus 
au    sud  jusqu'à  LilfoI-le-Petit,  oii    elles    contiennent    VAmmonites 
tumidics,   la    Terebratula   Sœmanni  et  le  Collyrites  ellipticus  ;  elles 
sont  recouvertes  par  le  minerai  de  fer  à  Ammonites  anceps,  repré- 
sentant le  Callovien    supérieur.   La   faune  du   Callovien  inférieur, 
dans  cette  région,   présente  une  analogie  extrême  avec  celle   des 
couches  du  même  âge  dans  le  Calvados,  telle  qu'elle  a  été  décrite  de- 
puis longtemps  par  M.  E.-E.  Deslongchamps  (2).  C'est  pour  faire  res- 
sortir cette  analogie  que  nous  avons  adopté  les  noms  de  fossiles 
employés  par  cet  auteur,  bien  que  pour  quelques-uns  d'entre  eux  il  y 
ait  des  réserves  à  faire,  tout  au  moins  pour  la  Waldheimia  sablage- 
nalis  et  la  Rhynchonella  Badensis,  dont  les  types  appartiennent  au 
Bathonien  supérieur. 

Le  tableau  ci-contre  (p.  576)  résume  la  composition  du  teirain  ba- 
thonien dans  la  région  que  nous  venons  d'étudier. 

Nous  aurions  voulu  ajouter  à  ce  tableau  la  comparaison  avec  les 
divisions  du  Bathonien  de  la  Moselle,  telles  qu'elles  ont  été  établies 
par  MM.  Terquem  et  Jourdy.  Malheureusement  il  se  présente  ici  des 
difficultés  qui  ne  pourraient  être  résolues  que  par  une  étude  directe 
sur  le  terrain,  étude  qu'il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  faire.  Nous 
croyons  toutefois  devoir  mentionner  l'opinion  de  M.  Levaliois,  telle 
qu'elle  est  exprimée  dans  les  notes  qu'il  nous  a  communiquées. 

On  sait  que  MM.  Terquem  et  Jourdy  ont  distingué  de  bas  en  haut 
trois  zones  caractérisées  par  VAmmonites  subfurcatus,  VA,  Parkinsoni 
et  r^.  querciniis,  et  à  la  partie  supérieure  une  4**  zone  très-peu  fossi- 
lifère. Pour  M.  Levaliois,  les  zones  i  et  2  embrassent  la  succession 
complète  des  couches  qui  constituent  le  terrain  bathonien,  les  marnes 
noires  à  Ostrea  Knorri  de  Friauville,  qui  terminent  la  2®  zone,  étant 
le  prolongement  des  couches  à  O,  Knorri  des  environs  de  Toul 
(couche  9;  Callovien  de  M.  Levaliois);  dès  lors,  dit  M.  Levaliois, 
«  les  3»  et  4^  zones  ne  sont  qu'une  superfétation  ;  ce  n'est  que  la 
»  2«  zone,  mais  prise  à  quelques  lieues  plus  à  l'ouest.  Les  calcaires 
»  oolithiques  miliaires,  dits  calcaires  d'Étain,  et  les  calcaires  terreux 
»  bruns  de  Rouvres  (4' zone),  ne  sont  autres  que  mon  Cornbrash 

(1)  Bull.  Soc.  LinJi.  Norm,,  t.  IV,  pi.  IV.  fig.  19  et  19  a;  1859. 

(2)  Notet  sur  le  terrain  callovien,  Bull.  Soc,  Linn.  Normandie,  t.  IV;  1859. 


DODVILLÉ.  —  BATHOMEK  OK  TOCIL. 


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Iti78.  rj)iiiiKi.i.A,  —  m.NKs  i»u  i-Aiiiii  Ji.  un 

1  (rnuc)io  h  Anabitcùi  orbuUtci).  lequel  o.sl  oom[)ris  dans  la  ilivisioii 
"  lie  la  S"  loiiedeMM.  Toiijucm  et  Jourdy  iiililuliîc  Marnes  el  cal- 
»  oaircs  manioiix  de  Jainisy,  " 

M.  Coidella  donne  locliire  do  la  tiolc  suivanl.'  : 

^'ole  sur  le-%  Mines  du  Laurluin  el  sur  les  nuiivoaiix  faites 

/le  initierai  de  zinc  (SmlthAonlIe), 

])ar  M.  A.  Coivlolln. 

Les  mines  du  Laurium,  giilce  ù  la  relbnte  dits  scoiios  plombilV-ios 
ft  ù  une  nouvelle  et  aclive  exploilalJoii,  cotnmeiieoiit  ii  reprendre  leur 
ancienne  réputalion. 

Leuresplaitalioii  remonte  ù  une  (J|)oque  très-reculée;  elle  était  en 
pleine  activité  du  temps  do  Périclès.  et  avant  l'invasion  de  Xercès  la 
valeur  de  leur  production  annuelle  di-passait  i  000  000 de  francs. 

La  guerre  du  Péloponnèse  leur  porta  un  coup  fatal,  et  ce  ne  fut  que 
longtemps  apr^s,  que,  sur  les  sa^es  conseils  de  Xénophon,  les  travaux 
l'ureiil  repris,  mais  avec  moins  d'antiviié  et  de  succè-'.  La  situation  se 
maintint  ta  même  sons  Philippe  de  Macédoine  et  sous  la  donnnation 
romaine,  jusqu'aux  dei'nii'ies  années  du  i'""  siècle  de  H-rc  cln-étienne. 
A  partir  de  celte  époque,  aucun  auteur,  sauf  Pausanias,  n'en  l'ait  la 
moindre  mention. 

Los  travaux  exécutés  par  les  Anciens  .«ont  innnenscs,  el  lorsque 
l'on  considère  l'énorme  quanlilé  des  ecvolarles  (déblais  des  mines)  et 
des  scories  plombirères,  on  jM-ut  se  l'aire  une  idée  de  la  riclie-istî  îles 
giles  exploités,  du  temps  et  du  noaibiï!  d'ouvriers  ([u'il  a  fallu  pour 
atteindre  un  pareil  résultat. 

En  me  basant  sur  la  qnanlilé  des  scories,  qui  s'élî-ve  à  2  000  000 
de  tonnes,  d'une  teneur  moyenne  de  10.  .'J  0,0  d-.!  plondi,  et  sur  celle 
d(?s  ecvolades,  qui  atteint  environ  iOO  (KX)  000  de  tonne';,  d'une  teneur 
de  4  à  li  0,0  de  plomli  et  de  I  000  à  7  (KM)  jjrammes  d'argent  par 
tonne  de  plomlv  j'ai  réussi  ;i  établir  les  chillies  suivants  : 

Le  travail  continu  a  duré  300  ans  ;  le  travail  des  mines,  du  lavage 
et  de  la  fonderie  :i  nécessité  enviion  loOOO  ouvriers;  il  a  été  oxtiait  et 
traité  4  400  000  tonnes  de  minerai,  qui  ont  pi-oiluit  environ  2  000  tXX) 
de  tonnes  de  plomb  d'œuvre.  d'une  valeur  totale  de  i  000  003  OtHt  de 
francs. 

I^  terrain  qui  contient  le  minerai  est  constitué  principalem;;nt  par 
des  schistes  et  des  calcaires  cristallins  métantorphiiiues,  alternant  en- 
tre eux  en  siralifiralion  coucordanti'  et  reposant  sur  le  granité,  Ohii- 


i 


1 

I 


57S  CORDKIXA.    —   MINUS  |)L'   LAI  iUUM.  20  mil i 

ci  torn)e  le  soininct  d'une  montagne  située  presque  au  milieu  du 
terrain  métalliti'ie,  et  ayant  îbO  mètres  d'allitude  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer.  Il  est  à  grain  fin  et  composé  d'andésine,  d'oligoclase,  de 
.  biolile  et  de  quartz,  selon  les  récents  travaux  de  M.  le  professeur 
Szabo. 

Dans  la  localité  de  Plakâ  (1)  le  granité  est  recouvert  par  une  roche 
métamorphique  très-intéressante,  que  j'appelle  plakite.  Le  plakitc 
peut  é(re  considéré  comme  une  roche  subordonnée  au  micaschiste  ;  il 
«st  formé  d'oligoclase,  de  mica,  de  quartz  et  quelquefois  de  chloritc. 
il  passe  insensiblement  à  un  leptynite,  à  son  contact  avec  le  granité,  et 
à  un  plakite  très-micacé,  à  son  contact  avec  le  micaschiste. 

Le  micaschiste  est  très-talqueux  ;  il  passe  souvent  au  chloritoschisic 
et  est  veiné  de  calcaire  et  de  quartz  ;  il  occupe  une  grande  superlicie 
dans  le  Laurium  et  alterne  avec  le  calcaire  cristallin. 

Celui-ci  constitue  des  bancs  très-puissants,  très-souvent  transformés 
par  des  sources  ferrugineuses  en  carbonate  double  de  chaux  et  de  fer. 
Parfois  il  est  imprégné  de  sulfures  de  plomb,  de  zinc  ou  de  cuivre,  ou 
d'arséniate  de  nickel. 

On  trouve  aussi  souvent  une  roche  verdâlre,  semblable  à  la  serpen- 
tine, mais  stratifiée  et  en  couches  généralement  concordantes  avec  les 
autres  assises  sédimentaires.  M.  Szabo  la  considère  comme  une  trans- 
formation de  diorite  en  glaucophane-trapp.  On  rencontre  souvent  des 
blocs  de  ce  trapp  dans  le  calcaire  ferrit'ère. 

Le  territoire  métallifère  du  Laurium  est  traversé  par  de  puissants 
liions  de  granité  à  andésine  ou  de  roches  feldspathiques,  qui  se  diri- 
gent de  l'est  à  Touest,  avec  une  inclinaison  de  4o<>  vers  le  nord. 

Les  minerais  de  plomb  argentifère  et  de  zinc  se  présentent  indis- 
tinctement dans  ces  diverses  roches,  tantôt  en  liions  réguliers  traver- 
sant les  schistes,  tantôt  en  masses  irrégulières  au  milieu  des  calcaires, 
mais  surtout  en  amas  et  couches  d'une  grande  étendue  au  contact  des 
schistes.  C'est  ce  que  montrent  les  anciens  puits  que  l'on  a  déblayés. 
Dans  la  seule  circonscription  de  Camarésa  on  a  jusqu'à  ce  jour  constaté 
pour  la  couche  inférieure  de  contact  une  superficie  continue  de  3  à  4 
kilomètres  carrés. 

La  puissance  des  gîtes  métallifères  de  contact  varie  de  1  à  7  mè- 
tres ;  ils  forment  plusieurs  niveaux.  Quatre  de  ces  niveaux  avaient  été 
reconnus  et  exploités  par  les  Anciens.  Les  travaux  modernes  de  recher- 
ches ont  démontré  l'existence  de  plusieurs  autres  gîtes  intacts  et  situés 
à  des  ni\eaux  inférieurs. 
Les  minerais  de  plomb  argenlilère  sont  à  l'état  de  sulfure  mélangé 

'])  y.  1.1'  Ituirium.  p.   ir». 


1878.  COllDKLLA.    —   MI.NKS   1)1    LAURIIM.  579 

(le  blende,  ou  dp  carbonale  associé  a  du  carbonale  de  zinc  (smithso- 
njtc),  à  des  sous-sult'ates  de  plomb  et  (ie  fer,  à  de  la  malachite,  ù  de 
Tazurite,  etc.  La  masse  (jui  remplit  les  gîtes  se  compose  d'ocre,  de  car- 
bonate de  ter,  de  carbonate  de  chaux  souvent  zincifère,  de  spath  fluor, 
de  pyrites  de  cuivre  et  de  fer,  d'anlimoine,  d'arsenic,  de  quartz  et  de 
fragments  de  schistes  et  de  calcaire. 

La  teneur  des  minerais  varie  de  8  à  3o  0/0  de  plomb,  et  de  i  000  à 
11  000  grammes  d'argent  par  tonne  de  plomb.  Les  Anciens  n'exploi- 
taient pas  les  minerais  calaminaires  ;  ils  considéraient  cette  pierre 
lourde,  plus  ou  moins  compacte,  comme  une  matière  nuisible  pour  le 
lavage  et  la  fusion  de  leurs  mmerais,  et  cherchaient  autant  que  pos- 
sible à  la  .séparer.  Ils  ont  souvent  creusé  dans  la  roche  calaminaire 
des  puits  et  des  galeries  pour  aérer  et  mettre  en  communication  leurs 
chantiers  d'exploitation,  ou  pour  y  rechercher  le  minerai  de  plomb 
très- argentifère  qu'elle  renlerme.  Ces  minerais  de  zinc  sont  tantôt  in- 
tercalés dans  les  bancs  calcaires  sous  la  forme  d'amas  irréguliers  et  de 
filons,  tantôt  mélangés  avec  les  minerais  de  plomb. 

C'est  dans  le  puits  Hiiarion,  à  Berséco,  qu'on  découvrit  en  1870  les 
premiers  gStes  calaminaires,  à  32  mètres  au-dessous  des  anciennes 
exploitations.  Ils  forment  de.s  lentilles  qui  ont  jusqu'à  6  mètres  d'épais- 
seur. 

Lorsqu'en  1868  je  creusais  le  puits  de  recherches  de  Berséco,  j'avais 
trouvé  dans  une  géode,  à  peu  de  distance  du  toit  du  gite,  des  cristaux 
d'oxyde  de  zinc,  que  j'avais  considérés  comme  un  minéral  nouveau  (1). 
Ce  minéral,  qui  a  été  comme  le  précurseur  du  gîte  calaminaire,  se 
retrouve  aujourd'hui  en  petites  ({uanlités  dans  presque  toutes  les 
exploitations  de  minerais  de  zinc  du  Laurium.  Il  est  de  couleur  ver- 
dâtre,  d'un  éclat  adamantin  vitreux,  et  cristallisé  dans  le  système 
rhombique.  C'est  une  variété  cuprifère  de  l'arséniate  de  zinc  hydraté 
nommé  Âdamine  et  décrit  en  1866  par  MM.  Friedel  et  Des  Cloizeaux, 
qui  l'avaient  découvert  dans  les  minerais  d'argent  de  Chanarcillo.  Ce 
môme  minéral  a  été  retrouvé  en  1868  (c'est-a-dire  à  la  même  épo(|ue 
que  dans  le  Laurium),  en  petits  cristaux  généralement  colorés  en  rouge 
par  l'arséniate  de  cobalt,  dans  une  mine  de  cuivre  carbonate  près  do 
Toulon. 

Aussitôt  la  découverte  du  zinc  dans  le  puits  Hiiarion,  l'existence  du 
minerai  de  zinc  exploitable  fut  reconnue  dans  tout  le  Laurium,  soit  à 
la  surface,  soit  aux  murs  des  gîtes  plombitères.  Ainsi  on  a  trouvé  dans 
le  mur  de  la  couche  inférieure  de  plomb  de  Camarésa,  sur  une  grande 


il}  V.  Le  Lmu'iinn,  p.  TiU. 


^0  CORDEI.LA.   —  MINES  UL'   LAruiiM.  iO  mai 

surface,  lie  très  riches  dépôts  de  Smithsonite,  qui  assurent  pour  plu- 
sieurs années  une  exploitation  régulière  et  rémunératrice. 

Parfois  cependant  le  minerai  de  zinc  est  englobé  dans  la  masse 
plombiTère;  il  est  alors  très- ferr itère  et  contient  aussi  une  petite  quan- 
tité de  plomb,  d'arsenic  et  de  cuivre. 

La  teneur  des  minerais  de  zinc  varie  de  38  à  52  0/0;  ils  offrent  une 
si  grande  variété  de  couleurs  et  de  textures  qu'il  est  souvent  difficile  de 
les  rtîconnaîlre  sans  un  essai  préalable. 

L'expérience  que  j'ai  acquise  dans  les  mines  du  Laurium  me  fait 
croire  que  la  richesse  minérale  de  cette  contrée  a  été  formée  à  troU 
époques  dillérenlcs. 

Tout  d'abord ,  des  sources  minérales  ont  déposé  au  eontact  des 
roches  métamorphiques  et  dans  leurs  crevasses,  les  sulfures  de  plomb, 
de  zinc,  de  cuivre,  de  fer,  d'antimoine,  d'arsenic. 

Plus  tard,  des  eaux  ferrifères  ont  altéré  et  transformé  le  calcaire 
saccharoïde  en  carbonate  double  de  fer  et  de  chaux. 

Enlin,  des  eaux  zincilères  ont  déposé  des  gîtes  indépendants  ou 
remplacé  le  mur  des  gîtes  plombilères  ])ar  de  la  calamine  native. 

Les  émanations  gazeuses  et  les  sources  ferrifères  et  zincifères  ont 
ultérieurement  altéré  en  grande  partie  les  sulfures  et  produit  des  car- 
bonates, des  sulfates,  des  sous-sulfates,  des  arséniates,  etc. 

Quel(jues-uns  des  sulfures,  comme,  par  exemple,  celui  de  cuivre, 
ont  été  transformés  en  oxydules  ou  réduits  à  l'état  métallique.  J'ai 
trouvé  à  Berséco,  dans  un  amas  superlicicl,  de  l'oxyde  de  cuivre  mêlé 
à  du  cuivre  métallique.  Sur  d'autres  points  on  a  rencontré  des  échan- 
tillons constatant  l'épigénie  de  la  Smithsonite  et  la  désoxydation  de* 
sulfures.  On  a  trouvé  un  gros  noyau  de  galène  très-argentifère,  en- 
veloppé (l'ocre,  d'oxydule  de  cuivre  et  de  cuivre  métallique,  et  enfoui 
dans  une  niasse  calaminaire  qui  foi  niait  un  griffon  entre  des  parois 
d'un  calcaire  très-cristallin. 

Enfin,  les  grands  cristaux  scalénoédriques  de  carbonate  de  chaux 
qui  abondent  dans  les  gîtes  métallifères  du  Laurium  sont  parfois 
transformés,  soit  en  Smithsonite,  soit  en  carbonate  de  fer. 

Toutefois  on  pourrait  citer  dans  le  Laurium  maints  faits  <|ui 
feraient  supposer  la  formation  directe  de  la  Smithsonite  par  la  dé- 
composition de  la  blende.  Ainsi,  dans  le  puits  Jean-Baptiste,  à  Cama- 
résa,  on  trouve  souvent  dans  la  Smithsonite  des  noyaux  de  blende, 
au  voisinage  desquels  se  présentent  de  grands  et  beaux  cristaux  de 
sulfate  de  chaux.  Mais  il  est  plus  que  probable  que  ces  noyaux  de 
blende  ont  été  précipités  dans  la  Smithsonite  par  de  l'acide  sulfhy- 
drique  accidentellement  contenu  dans  les  sources  qui  déposaient  le- 
j.arbonate  de  zinc. 


1878.  LOLSTAU    ET   KKLllOMMK.    —   S<}M3A<3li:   DE   MO.NSOULT.  581 

Il  est  probable  (jue  ce  sont  les  sources  terri ieres  qui  ont  aussi  dé- 
|Ose  le  nickel.  C'est  en  1869  que  j'ai  constaté  Texistence  de  ce  métal 
dans  le  Laurium,  à  Télat  d'arséniate.  (]e  minéral  se  trouve  dans  le 
calcaire  l'crritère  ;  il  est  de  couleur  vert  émeraude,  feuilleté  et  radié, 
cl  ressemble  au  diaspore  (Ij. 

Plus  tard  on  a  conslalé  des  matières  nickélitères  dans  des  speiss  de 
tbui*s  à  manche  tournis  par  la  fusion  d'anciennes  scories  plombit'ères 
el  d'ecvolades.  Dans  la  mine  André,  les  minerais  de  plomb  du  ^îte 
superticiel  contiennent  de  0,5  à  2  0/0  de  nickel. 

M.  G.  DoIU'us  donne  lecture  de  la  noie  suivante  : 


Xote^ur  un  auiida^o  cxt^cutc  à  Moiiaouli  (Seinc-ct-Oise), 
par  MM.  L«oustnu  et  Oeltioiiime. 

Nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  géolo^'ique  le  détail 
des  couches  traversées  par  un  puits  et  un  forage  à  la  station  de  Mon- 
soult-Maffliers,  à  24  kilomètres  de  Paris,  sur  la  nouvelle  ligne  d'Ëpinay 
ù  Beaumont-sur-Oise  et  Beauvais. 

Ce  travail  avait  pour  but  une  recherche  d'eau  pour  l'alimentation 
des  locomotives  en  ce  point,  le  plus  élevé  de  la  voie.  Entrepris  à 
Taltitude  de  113'"30  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  par  un  puits  de 
2"*25  de  diamètre  sur  une  profondeur  de  29"',  il  a  été  poursuivi  en 
forage  par  les  soins  de  M.  Drappier  aîné,  de  Taverny,  jus(iu'à  10o'"70 
de  profondeur,  c'est-à-dire  jusqu'à  i7'"90  au-dessous  du  niveau  de 
rOise  à  Beau  mont,  qui  est  de  2î)"*i)0  en  moyenne,  el  jusqu'à  7'"G0  de 
hauteur  absolue  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Si  la  nappe  ascendante 
atteinte,  qui  se  maintient  à  37'"  en  contrebas  de  l'ouverture,  n'est  pas 
jugée  ultérieurement  suffisante,  le  Iravad  sera  continué  plus  avant.  Le 
forage,  qui  est  lubé,  a  0'"22  de  diamètre. 

M.  G.  Dollfus,  auquel  nous  avons  communi([ué  nos  renseignements, 
a  bien  voulu  joindre  (iuel([ues  délails  stratigraphiques  et  paléontolo- 
giques  à  la  nomenclature  asse^L  aride  des  couches  telle  ({u'olle  a  été 
établie  d'après  le  journal  des  travaux. 

fl)  L?  Luurium.  p.  f»?. 


«%82 


LOl'STAr   ET   BEIJIUMME.    —   SONDAGE   DE  UONSOll.T. 


SO  mai 


Coupe  ycoloyiquc  du  puits  de  MonsouU. 
Altitude  supérieure,  113"™îK). 


Terrain 
quaternaire. 

Calcaire    lacustre 
moven . 


Sables 

et 

;^rès 

MJDvens. 


(iifcirjure  /^nissiiT 


/.  Terre  argileuse  uu 
marne  rouge 


"71  Marne  jaune 

70  Calcaiix? 

69  Marne 

m  Calcaire 

1)7  Sable 

m  (irès 

GT)  Sable 

til  Grès 

63  Sable 

6-i  Grès 

Cl  Sable 

60  Sable 

f   50  Calcaire 

r>8  Marne 

r>7  Calcaire 

56  Marne 

r>5  Calcaire 

51  Marne  

53  Calcaire 

52  Marne 

51  Calcaire 

50  Marne 

40  Calcaire 

48  Calcaire 

47  Marne 

46  Calcaire 

15  Calcaire 

41  Marne  

43  Calcaire 

4-2  Marne 

Il  Marne 

40  Calcaire 

30  Calcaire 

;W  Marne 

37  Calcaire 

36  Marne 

35  Calcaire 

3 1  Calcaire 

33  Marne 

32  Roche  

31  Roche 

30  Roche 

29  Roche 

28  Roche 

27  Argile  grise. 
26  Roche  


•  •   •   • 


Kpaisse«r.    5*25    Profon«leur.       5"2i 

l/îO  6.95 

1.88  8.83 

^•15  10.98 

0.24  11.^ 

O.'ST}  11.57 

0.70  12.27 

6.65  18.92 

0.55  19.47 

6.03  26.40 

0.15  26.85 

1.55  28.40 

1.13  29.53 

1.00  30.53 

0.27  ;i0.80 

0.-2U  31.00 

0.70  31.70 

0.25  31.95 

0.15  32.10 

0.30  32.10 

O.Oî»  32.49 

0.29  32.78 

0.21  .32.91» 

0.31  33.30 

0.10  33.40 

1.40  31.80 

0.25  35.05 

0.21  35. 2î» 

0.10  35.39 

0.41  35.80 

0.25  36.05 

1.05  37.10 

0.25  37.a'> 

0.30  37.65 

0.15  37.80 

0.23  38.03 

0.10  38.13 

0.87  39.00 

0.80  39.80 

0.25  10. a») 

0.75  40.80 

l.K)  41.90 

0.90  42.80 

1.40  44.20 

0.45  41.65 

1.20  45.85 


1878, 


DDU.VTs.  —  î!:o.\Dv(;i:  m:  monsollt. 


im 


Sables  inr*ii(;ur 


20  Sabb 

24  Roche  

2:J  Sable  inicac  '. 
•i'2  Grès  vert 

21  Gros  vert 

20  Sable 

19  Grès  

18  Grès  


17  Ar^'ile  à  lignite. . 

10  Sal)le  à  lignite  . . . 
15  Sable  vert  foni^.C*. . 

/    1 1  Sable  vert  ehlorito 
13  Sable  gris  clilorité, 

(Itiide 

12  Sable  gris  chlori- 
té.  compacte,  alter- 
nant avec  des  argi- 
les plastiïiues,  va- 
riant de  couleur  et 
d'épaisseur,  et  se 
confondant  avec  ces 
argiles 

11  Grès  chlorité  très- 
dur 


8.00 

51.35 

0,50 

51.85 

0.50 

55.35 

o.r) 

55.80 

0.55 

56.35 

0.20 

50.55 

0.00 

57.15 

0.50 

57.05 

1.00 

58.65 

J.15 

01.80 

12.00 

71.10 

12.00 

87.00 

1.00 


11.00 
0.70 


Altitude  inférieure,  7'"()0. 


01.  (X) 


105.00 
105.70 


A  la  suite  de  cette  lecture  M.  G.  Dolll'u.-»  présente  les  observations 
.suivantes  : 


Observations  sur  le  sondage  de  ^tEoiisoult, 

|)ar  M.  G.  Dollf'u». 

PI.  VUI. 


HH.  Loustau  et  Bellioinme,  Ingénieurs  au  Chemin  de  i'er  du  Nord, 
ont  bien  voulu  me  communiquer  la  coupe  du  sondage  de  Monsoult 
qu'on  vient  de  voir,  en  me  demandant  d'y  joindre  quelques  détails  et 
commentaires  pouvant  en  augmenter  l'intérêt.  Qu'il  me  soit  permis 
tout  d'abord  de  remercier  ces  Messieurs  de  l'extrême  bonté  avec 
laquelle  ils  m'ont  fourni  tous  les  moyens  d'enquête,  par  la  permission 
de  visiter  les  travau.x  et  de  parcourir  la  voie  ferrée,  et  par  la  commu- 
nication des  profils  et  des  échantillons  conservés. 

La  butte  de  Monsoult  est  située  au  nord-ouest  de  celle  de  Montmo- 
rency ;  elle  fait  partie  du  même  massif;  le  point  du  sondage  est  voisin 
du  point  culminant  de  la  voie.  Celle-ci,  partant  d'Ëpinay,  gagne  la. 


^)U\  iioixFis.  —  so.NDAi;!-:  DK  MO.NSOLLT.  20  mai 

plaine  irÉrdiivillc,  Moiselles,  Atlainville,  etc.,  en  s*élevantdc  plus  en 
plus,  pour  venir  descendre  avec  rapidité  dans  la  vallée  de  l'Oise  par 
le  vallon  de  Presles,  à  peu  près  de  la  hauteur  dont  elle  s'est  élevée. 

Cette  descente  de  MonlsouU-Mafflicrs  à  Presles  et  Beaumont-sur-Oise 
est  classi(iue  en  gi^logie,  rancienne  grand'route,  qui  descend  aussi 
rapidement,  ayant  fourni  aux  premiers  observateurs  une  coupe  typi- 
que. 11  est  intéressant  de  revoir  aujourd'hui  cette  coupe  avec  les  deux 
éléments  nouveaux  du  puits  de  Monsoult  et  des  travaux  du  chemin 
de  for,  qui,  s'ahaissant  ù  flanc  de  coteau,  sur  le  même  parcours,  en- 
lame  dans  des  tranchées  presque  continues  les  couches  tertiaires 
sous-jacenles. 

Dans  leur  premier  ouvrage  (l),  Cuvier  et  Brongniart  ont  donné  la 
coupe  suivante  de  la  descente  de  Mallïiers,  et  celle  coupe  est  repro- 
duite sans  changement  dans  la  Description  géologique  des  environs  de 
Paris,  dernière  publication  des  mêmes  auteurs  (2). 

V  Calcaire  d'eau  «I.mico  eu  frd;;ments. 

2^'  Lit  mince  de  mai  ne  «liau  doui^e  feuilletée,  appli(|ué  larilôl  sur  un  lit  miocc  de 
ca'caire  friable,  rougeàtre,  reufermanl  un  assez  {jjrand  nombre  de  coquilles  ma- 
rineô  mal  conservées,  tantôt  sur  le  grès  même  ou  ^ur  le  sable. 

3"  lires  dur  en  assises  assez  épais>es.  ne  renfermant  pas  de  coquilles. 

r  Calcaire  marin,  dont  les  assises  supiM-ieures  sont  dures,  siliceuses,  et  ivnfer- 
nienl  des  (•i>quill(»s  marines  et  nota'.nment  des  Cérites. 

Second'  dcxrcnte  avant  Prrslcs. 

.V  Calcaire  marin  bonn»gène.  mais  temlre,  en  assises  épais,ses. 

C  Sable  calcaire  jaunAlre,  mêlé  de  fer  (îhlorileux  et  renfermant  des  rognons 
très-durs,  souvent  très-gros,  formant  des  bancs  interrompus,  mais  horizontaux, 
et  composés  d'un  calcaii-c  sableux  à  grains  verts,  agglutinés  par  un  ciment  spa- 
Ihiqiie.  et  ressemblant  à  un  porpliyre  à  petits  grains.  —  Ce  sable  calcaire,  qui  est 
la  partie  inférieure  de  la  formation  du  calcaire  grossier,  est  ici  d'une  épaisseur 
i:»mense;  il  forme  tous  les  coteaux  des  envin^ns  de  Beaumont.  La  foret  de  Gamelle 
est  placée  sur  ce  sable;  on  remarqut»  partout  des  rognons  durs,  souvent  en  partie 
eompisés  de  grains  très-gros  de  sable  <|uartzeux,  en  sorte  <|u'ils  passent  aux 
poudingues  à  petits  grains. 

■7"  Enfin  la  craie,  dont  le  voisinage  était  annoncé  par  ces  diverses  roclu*s,  paraît 
dans  un  espace  tres-circunscril  à  l'est  d«»  B.'aumont. 

Le  calcaire  \v^  i  est  connu  aujourd'luii  sous  le  nom  de  Calcaire  de 
Saint-Ouen.  Le  lit  n®  2  et  le  lit  inconstant  qui  l'accompagne  occupent 
la  place  des  couches  de  Mortefontaine.  Le  grès  dur  n®  3  a  pris  le  nom 
(le  Sables  parisiens  moyens,  et  au-dessous  (n"  4)  sont  les  Caillasses, 
CCS  couches  si  variées  du  Calcaii*e  grossier  supérieur.  Le  calcaire  marin 
n**  5  est  le  Calcaire  grossi'jr  moyen  normal.  Tout  est  régulier  jusjiu*ici . 

(1)  KsSiii  sur  la  Géographie  luin'niiniiifai  djs  cnrir-iw:  d.'  Pari^,  p.  81:  1811. 
^•>)  Op.  cit.,  p.  'i.'H;  \HS'k 


1878.  DOîJ.Fts.  —  s(»M)\(;k  dk  monsoult.  î)88 

mais  on  remarquera  la  confusion  dos  couclies  désignées  sous  le  u^  6, 
confusion  (|ui  ne  doit  point  nous  étonner,  car  on  sait  qu'à  ce  moment 
les  caractères  des  Sables  inférieurs  et  leur  individualité  n'étaient  point 
reconnus;  mais  plus  lard,  M.  Graves,  qui  connaissait  cependant  les 
Sables  inférieurs  dans  leurs  détails,  a  décrit  encore  avec  incertitude 
]es  dépôts  sableux  analogues  visibles  dans  le  département  de  TOise  et 
situés  à  une  très-petite  distance  au  nord  (1).  Quelque  temps  après, 
d'Archiac  ayant,  dans  son  Histoire  des  Progrès  de  la  Géologie,  repro- 
ché à  M.  Raulin  d'avoir  réuni  les  sables  nummulitiques  au  calcaire 
grossier,  dans  sa  Carte  géogaostiquc  du  plateau  tertiaire  parisien, 
celui-ci  se  défendit  en  citant  la  coupe  de  la  descente  de  Presles,  dans 
laquelle  le  calcaire  grossier  u  se  lie  aux  sables  glaucon itères,  et  par  un 
passage  de  composition,  et  par  sa  stratilication  (2)  •. 

C'est  qu'en  effet,  par  suite  dune  altération  dolomitique  des  couches 
inférieures  et  moyennes  du  Calcaire  grossier,  dont  j'ai  entretenu  la 
Société  gétdogique  à  propos  de  la  coupe  du  chemin  de  fer  de  Méry- 
sur-Oise,  la  distinction  du  Calcaire  grossier  inférieur  et  des  Sables  de 
Cuise  est  parfois  fort  délicate  dans  celle  région,  et  il  n'est  pas  éton- 
nant que  M.  Drappier  s'y  soit  trompé  également  dans  le  sondage  de 
Monsoult.  Le  Calcaire  grossier,  dans  sa  partie  inférieure  et  moyenne, 
est  ici  si  dolomitique,  si  altéré,  si  sableux,  qu'il  est  méconnaissable 
et  qu'il  a  pu,  dans  la  moi  lié  inférieure  de  son  épaisseur,  être  indi- 
qué  sous  la  rubrique  erronée  de  sables  inférieurs. 

La  coupe  du  chemin  de  fer  ne  permet  pas  de  douter  de  ce  fait;  elle 
ramène  le  Calcaire  grossier  et  hîs  Sables  inférieurs  à  leur  épaisseur 
normale  et  permet  de  préciser  la  limite  i\^s  altérations.  Pour  faciliter 
la  comparaison  i\Q^  deux  sources  de  renseignements,  j'étudierai  suc- 
cessivement chaque  terrain  dans  ses  détails  sur  la  voie  et  dans  le 
sondage. 

Je  commencerai  la  coupe  à  la  partie  inférieure,  c'est-à-dire  à  la  plus 
basse  pour  le  sondage,  à  la  plus  éloignée  de  Paris  pour  la  voie.  J'ai 
pris  pour  type  de  numérotage  les  couches  du  puits,  en  réservant  une 
dizaine  de  numéros  à  la  base  pour  le  cas  où  le  sondai^e  serait  pro- 
longé inférieurement.  Des  lettres  indiqueront  les  subdivisions  que  j'ai 
cru  devoir  établir. 

Craie  blanche. 
La  voie  ferrée  ouvre  dans  la  berge  de  l'Oise,  juste  avant  le  pont  de 

(Ij  E^sai  de  topKjr.tphir  g'^iinottiffuc  du  d'p.  de  /Ï)ist,  p.  -^Hi,  S-JÔ,  :JG0  (glau- 
Conii*  supériiMin'î. 

li}  Dull.   Svc.   f/r'w/.,    2'  >.•!•  .  t     VHi.   p.   Kil;   IH.'»!. 


686  IHM.U'IJS.  —  soMUGK  DE  MONSoiLT.  20  mai 

B(*auiiioiit  une  tranciiéc  qui,  approfondie  par  une  fouille,  iifa  permis 
(Je  relever  la  coupe  suivante  : 

/.  LimoD  et  terre  végétait» 0*40 

c.  Craie  brisée,  dômaniclje  surplace,  cmi  fragments  an;^Mleux.  jaunis 2,00 

1.  Craie  blanche,   avec   lits   stratifiés   do  silex  noirs  tabulaires  ou  cornus, 

plongeant  faiblement  au  sud-est,  visible  sur 5.66 

Cette  couciie  rcnferuie  : 


Itclemnitella  mucronatn.  Schh»l!).  ï»[>., 
(hirea  vesieularis,  Lam., 
—      UUcrali^,  Niisson, 
Mwjn^  pumilu^.  Sow., 


Rhyuckonella  octopUcata,  Sow.  sp., 
Pcntetagonnster       Goniasler,   Astroot}- 
ninnij  latus  ?.  Forbes  mUixon. 


Lignitcs  (ht  Sofsso7inais. 

Entre  le  point  précédent  et  la  station  de  Nointel,  la  voie  ferrée,  au 
niveau  du  sol,  monte  insensiblement  sans  qu'aucun  fait  géologique 
soit  visible.  Après  Nointel,  la  montée  devient  plus  rapide  et  la  petite 
tranchée  des  Fortes-Terres,  aujourd'hui  empierrée,  a  montré,  au-des- 
sous d'un  limon  épais,  des  blocs  calcareux  et  siliceu.\  à  Cerithium  funa- 
tara,  Cyrena  cuneiformis,  Ostrea  Bellovacina,  dispersés  sur  une  argile 
plastique  grise,  panachée  de  rouge,  avec  grands  cristaux  de  gypse.  Le 
contact  immédiat  avec  la  Craie  n'est  point  visible;  j'estime  à  3  ou  4 
mètres  l'importance  de  la  lacune  dans  la  série  des  couches  observées. 

Dans  la  tranchée  dite  de  Nointel,  on  voit  à  la  base  une  argile  noire, 
ligniteuse,  puis  un  banc  pétri  d* Ostrea  Bellovacina,  enfin  une  argile 
grise  avec  des  débris  très-broyés  de  Cyrena  cuneiformis.  Un  limon 
épais  recouvre  le  tout  et  occupe  bientôt  seul  toute  la  hauteur  de  la 
tranchée. 

J'ai  tout  lieu  de  croire  que  ce  sont  ces  couches  qui  ont  été  atteintes 
les  dernières  dans  le  sondage  de  Monsoiilt;  car  un  échantillon  du 
u""  il  qui  m'a  été  remis  était  composé  d'un  grès  dur,  glauconieux, 
avec  Osirca  Bellovacina,  et  une  argile  noire  ligniteuse,  prise  à  la  base 
(le  la  couche  12,  m'a  donné  après  lévigation  : 

Cyrena  cuneiformis.  Fer.,  |   Cylheridea  Ugnilarum,  G.  DoUf.  (1), 

Crrithium  fHnatum,MaLni.,  \  —         Rnper ti,  0.  HoWf.  [i). 

(y est  la  faune  bi(»n  caractérisée  des  Lignites  du  Soissoiinais. 

(Ij  Ann,  Soc.  (jr>d.  Sjrd.  t.  IV,  p.  îî2;  187G.  —  C.  Mulleri,  MUnst.  sp.  in  R. 
Joues,    pars',  Tert.  Entum.   EnrjL,  pi.  vu,  fig.   11;  1856. 

'.'2}  Xnn.  Stc.  gtuA.  Sonl,  t.  V,  p.  iM  ;  1H77.  —  T.  }lkU:ri,  M  inst.  sp.  in  R  Jonjs 
purs  .   np.  rit.,  pi.  vi.  Ii;j.   in. 


1878.  DOLLFIS.    —  ï^ONDA(;K   \)E  MONSOVtT.  587 

Dans  la  tranchée  de  la  station  de  Presles,  avant  Presles^  sous  un 
éboulis  considérable  de  calcaire  grossier  surmonté  d'un  limon  épiû» 
(4"'O0),  on  voit  en  place  des  sables  gris  et  jaunâtres,  interstratiliés 
avec  des  argiles  noires  et  grises,  sans  fossiles.  A  la  station  même,  le 
sable  est  jaunâtre  et  visible  sur  i"'50  sous  la  même-  épaisseur  de 
limon.  • 

Ces  diverses  couches  concordent  absolument  avec  celles  signalées 
dans  le  sondage  sous  le  n"  1:2.  A  Nuufles  et  ailleurs  les  Ligniles  pré- 
sentent au  sommet  les  mêmes  alternances  et  les  mêmes  caractères. 

Après  avoir  traversé  le  rù  de  Presles,  on  entre  dans  la  tranchée  du 
Moulin  Joly.  En  contrebas  de  la  voie,  une  excavation  sur  le  bord  delà 
roule  montre  encore  des  sables  demi-tins,  gris,  devenant  jaunes  par 
altération  et  alternant  avec  des  argiles  grises.  Je  crois  qu'il  s'agit  encore 
ici  des  sables  supérieurs  des  Lignites,  mais  en  l'absence  de  lit  de  galets 
visible  et  d'aucun  renseignement  analogue  fourni  par  le  sondage,  je 
ne  saurais  être  pleinement  ailirmatif.  La  tranchée  au-dessus  de  la  voie 
terrée  est  sans  conteste  tout  entière  dans  les  Sables  de  Cuise. 


Sablci:  de  Cuise. 

La  très-grande  épaisseur  et  la  mobilité  des  sables  glauconit'ères 
ont  obligé  d'empierrer  la  tranchée  du  Moulin  Joly  ;  on  n*y  voit  plus 
aujourd'hui  que  bien  peu  de  chose;  cependant,  dans  un  chemin  mon- 
tant, latéral  h  la  voie,  avant  le  contact  du  Calcaire  grossier,  qui  est 
bien  visible,  on  aperçoit  les  sables  avec  leurs  caractères  habituels, 
c'est-à-dire  fins,  couleur  fauve,  un  peu  micacés.  Un  peu  plus  haut,  à 
une  vingtaine  de  mètres  hors  du  plan  de  la  voie,  une  carrière  est 
ouverte  dans  le  Calcaire  grossier  inférieur  ;  j'y  reviendrai  plus  loin. 

Je  n'ai  vu  dans  toute  cette  masse  sableuse  (15"'  environ)  aucun  fos- 
sile; dans  le  sondage  les  couches  14  et  15  n'ont  également  fourni  au- 
cun débris  aulhenti()ue;  j'ai  cependant  recueilli  dans  les  décombres 
une  NummulUes  planulata. 

Comme  dans  toute  la  région  géographique  environnante,  les  Sables 
de  Cuise  se  terminent  au  sommet  par  des  couches  argileuses.  Ainsi, 
au  Moulin  Joly  j'ai  relevé  les  détails  suivants  : 


/    19.  Calcaire  sableux  et  glauconieux  en  plaquettes. 

^  ,     .  .1    18,  Sablo  elauconieux  grossier,  à  petits  cailloux  (Je  quartz 

Calcaire  grossier.  {  »       i^i    •  ïr  r  •    .      i  r       - 

^  i       veit  ;   (If^bris  coquilliers  :  Eupsammia  (rochiforrnts, 

ynmmnlitcs  scahra (r;<0 

Raviiienient. 


588  DOLLFis.  —  soNDAGi:  DE  Mo.NSDi LT.  20  mal 

s  hl  >        I  ^'  ^^^^^  fi'rrugi lieux  ou  noir,  gravier  sans   fussilea,  ptissant 

.  i      à  un  sable  fin,  gris  ou  ferrugJDOux 0.40 

P     .^     ^^)  c.  Bande  d'argile  griie,  ondulée,  très-foncée  à  l'étal  humide.  0.20 

»'i      ')  ^-  Sable  gris  uu  jaune,  fin.  avec  lits  fins  d'argile  grise 0.85 

Sun»  '•         '   ^*  ^'*o''*î  grise  et  noire»,  avec  panachures  blanches,  points  li- 

\      gnileui.  empreintes  végétales 0.85 

16.  Sable  jaune  ou  gris,  fin,  avec  quelques  lits  argileux 1 .00 

La  qualilication  de  «  sables  à  lignite  »  el  (Je  •  ligiiites  j»,  attribuée  à 
cet  ensemble  (10  et  17)  dans  le  sondage,  est  exagérée;  la  quantité  de 
matière  végétale  est  très  restreinte  :  il  s*agit  d'argiles  plus  ou  moins 
noires,  foncées,  surtout  à  l'état  humide,  et  grises  à  Tétat  sec  dans  leur 
généralité.  Quant  ù  la  coloration  indiquée  comme  i>  verte  »  pour  les 
sables  14  et  15,  elle  est  exacte  :  au  voisinage  de  l'atmosphère,  sous 
l'influence  des  infiltrations  pluviales  ou  souterraines,  je  n'ai  observé 
que  la  coloration  grise  ou  fauve.  Dans  les  tranchées  du  Val  Pendant 
et  du  Bois  du  Bosquet,  dans  celle  de  la  nouvelle  grand'route  au  kil. 
i9.7  (depuis  Pari.<),  route  qui  date  de  18i5,  mais  qui  n'est  pas  rectifiée 
sur  la  dernière  carte  de  l'État-.Major,  partout  les  Sables  de  Cuise 
sont  visibles,  et  souvent  sur  une  grande  épaisseui*,  avec  leur  cou- 
leur fauve  ou  grise.  J'insiste  à  dessein  sur  ces  variations  de  colora- 
tion, car  elles  ont  été  longtemps  un  obstacle  aux  assimilations  des 
assises,  et  elles  sont  encore  pour  les  commençants  une  source  d'in- 
certitude et  d'erreur. 

Calcaire  grossier  iyifVrieur  et  moyen. 

La  carrière  de  Calcaire  grossier  située  au  sommet  de  la  butte  du 
Moulin  Joly.  au  contact  des  Sables  de  Cuise,  m'a  fourni  la  coupe  sui- 
vante : 

Terre  végétale 0"10 

Blocaux  démantelés 0.40 

2^  J  b.  Calcaire  glauconieux  en  tablettes  fnable>,  avec  Kchinidcs 0.50 

(  a.  Le  même  normal,  aven  Luunlitea  urccolala 0.20 

gy  (  ft.  Délit  friable  à  yummulitoi  ftcabra 0. 10 

*  a.  Calcaire  dur.  avec  quelques  ytnnmulitcs 0.20 

22  (  ^.  Calcaire  glauconieux,  quart/eux.  s<»li(le,  avec  .V.  scabra 0.30 

*  a.  Délit  friable,  trés-glauconieux 0. 10 

21.  Calcaire  dur,  glauconieux.  (juartzoux,  ave-;  fossiles  variés  de  nuance  plus 

pâle  (Chaîna,  etc.) 0.50 

19-20.  Sable  glauconieux  .>an.s  fussilcs 1  .Û() 

.    /  b.  Calcaire  gréseuv  dur. O.'M) 

[  a.  Sable  glauconieux.  mal  visible 

Celte  dernière  <!oiiche  est  ù  tivs-pcu  de  distanco  des  Sables  inlV'- 
rieurs. 


1878.  I  OIXFLS.    —   SONDAt.E   DE   MONSOULT.  589 

Dans  la  tranchée  suivante,  dite  'lu  Val  Pendant,  entre  les  poteaux 
kilométriques  30,0  et  30,3,  la  coupe,  escarpée  et  frès-élevée,  est  très- 
difficile  à  établir.  A  la  base  on  voit  un  empierrement  de  6  mètres 
environ,  recouvrant  les  sables  fauves  jusqu'au  contact  d'un  premier 
banc  solide  de  calcaire  grossier  glauconieux,  à  grains  de  quartz,  de 
O^ÔO  d'épaisseur,  qui  a  été  conservé  dans  la  maçonnerie  (n®  18).  Plus 
haut  on  observe  un  sable  dolomitique  jaunâtre,  sur  4™00,  couronné 
par  un  banc  de  dolomie  solide,  brunâtre;  enfin,  des  sables  dolomiti- 
ques,  mêlés  au  limon. 

Dans  un  chemin  creux  parallèle  h  la  voie,  montant  au-dessus  de  la 
tranchée,  j'ai  pu  étudier  la  série  suivante,  toute  altérée,  dont  l'assimi- 
lation aux  couches  normales  est  difficile  : 

a.  Dolomie  sableuse  jaune 1*20 

6.  Dolomie  dure;  vestiges  de  fossiles  fTurritellesJ 1.20 

25  {  f.  Doloraie  sableuse  jaune,  à  nignons  aligni'îs 1.40 

d.  Dolomie  brune,  dure 0. 10  à  0.50 

f .  Dolomie  sableuse  jaune 0.40 

.'  a.  Calcaire  glaucooieux,  grossier,  sub-normal.  fossilifère 0.20 

\  6.  Calcaire  glauconieuT.  quarlzcux,  semi-dolomitique.  irrégulièrement 

endurci 2.10 

f .  Dolomie  sableuse 2.00 


( 


Cette  dernière  couche  surmontait  le  banc  solide  glauconieux,  de 
0'"()0,  à  cailloux  de  quartz  vert,  base  du  Calcaire  grossier,  dontj'ai 
parlé  dans  la  tranchée  (n"  18). 

Au  kil.  30,1,  après  un  petit  pont  métallique  supérieur,  un  grand 
cboulement  de  calcaire  grossier  surmonte  une  dolomie  jaune  à  ro- 
gnons au  maximum  d'altération. 

La  tranchée  du  Bois  du  Bosquet  montre  la  série  du  Calcaire  gros- 
sier inférieur  moins  altérée,  (|uoique  encore  très-dolomiliquc. 

Au-dessus  du  contact  très-ondulé,  et  chargé  de  détritus  grossiers, 
des  Sables  de  Cuise,  qui  est  au  niveau  de  la  voie  au  kil.  29,73,  la  paroi 
donne  la  succession  suivante,  de  haut  en  bas  : 


Calcaire  en  plaquettes  et  doloniio  sableuse;  linjon. 

25.  Calcaire  sableux,  glauconieux,  fossilifèrcT. 1"00 

/  Calcaire  glauconieux  blanchâtre,  à  Ëchinides 0.35 

(  Calcaire  dur.  dolomitique 0.35 

23.  Calcaire  glauconieux,  sub-normal,  à  lAuiulitc^ 0.65 

22.  Calcaire  tendre,  à  Summiilitcs  xcabra 0.55 

21.  Calcaire  grenu,  à  Lcnitapatcllari^.  aie 0  60 

Calcaire  dur,  très-vert,  sub-normal 0.40 


19-20 

(  Calcaire  très-dur,  bien  dolomitique 0.f>i) 

Zone  très-verte. 


IM)  DoiJFLs.  —  s«im>\(;k  \n:  monsoii.t.  iOmai 

Calcaire  nonnai,  plauconieux,  pâle,  fossilifèie 0.40 

18  \  Calcaire  dur  ou  tendre 0.30  à    0.50 

Calcaire  tabulaire  ou  sableux:  cailloux,  fossiles  roulés  friables,  clc 0.30 


A  la  sortie  de  la  même  tranchée  vers  Monsoult,  au-delà  d'une  fente, 
ou  puits  naturel,  remplie  d'argile  rouge  et  de  cailloux  de  silex  du 
Diluvium,  on  voyait  : 

_  (  Dolomie  sableuse  à  rognons r>»00 

(  Dolomie  jaune  sableuse 1.30 

24.  Calcaire  dur  dolomitique 0.60 

23.  Calcaire  dur  brunàlre 0.50 

22.  Calcaire  sub-normal.  à  Lunulilc^ 0.60 


Un  peu  plus  loin  l'altération  atteint  la  couche  à  LunuUtes  et  la 
masse  tout  enlière  n'est  qu'un  sable  jaune  dolomitique,  pulvérulent. 

La  voie  s'engage  ensuite  dans  la  ti^anchéedu  Bois  des  Communes, 
où  les  mêmes  accidents  sableux  ont  nécessité  l'empierrement  des 
talus  ;  quehfues  bancs  restés  normaux  et  solides  ont  été  seuls,  de  place 
en  place,  utilisés  dans  la  muraille;  ainsi  au  kil.  29,1,  à  1  mètre  au- 
dessus  du  rail ,  on  voit  un  banc  de  calcaire  grossier  dolomitique 
(u**  29),  pétri  de  TurriteUa  iruhricataria,  qui  rappelle  à  s'y  méprendre 
celui  de  Mériel,  puis  un  calcaire  sub-normal  à  Fabularia  discolites  et 
Anomies  (n»  26). 

Enlin,  au  kil.  28,8,  à  4  ou  K  mètres  au-dessus  des  Turritelles,  règne 
un  banc  continu  de  calcaire  siliceux,  dur,  sec,  ondulé,  stratiûé,  épais 
de  0'"60,  sans  fossiles,  qui,  je  suppose,  forme  la  base  du  Calcaire  gros- 
sier supérieur  (n^  33). 

Ce  qu'il  est  le  plus  facile  d'observer  est  la  pente  rapide  des  bancs 
du  Calcaire  grossier  en  contre-sens  du  relèvement  de  la  voie;  le  plon- 
gcment  vers  le  sud-est  n'est  nulle  part  plus  évident. 

On  remarquera,  en  passant,  que  la  distinction  du  Calcaire  grossier 
en  inférieur  et  moyen  n'est  pas  visible  ;  elle  se  perd  dans  la  masse 
dolomitique  n"  25,  dans  laijuelle  les  couches  à  Cen'thium  giganteura 
et  les  couches  inrérieures  et  moyennes  du  Calcaire  grossier  moyen 
sont  confondues.  Le  même  phénomène  est  visible  au  même  niveau 
dans  le  sondage  de  iMonsoult,  auquel  nous  allons  revenir. 

Les  couches  de  la  base  du  Calcaire  grossier,  i\^^  18  et  19,  sont 
indi(|uces  dans  le  journal  du  sondage  comme  «  grè^  »  ;  c'est  qu'en 
effet  la  nature  gréseuse  du  Calcaire  grossier  inférieur  paraît  être  un 
caractère  assez  constant.  La  même  (jualilication  reparaît  pour  les 
couches  21  et  22,  dont  la  division  en  assises  de  O^^oO  à  0"^()0  est  assez 
liabituelle.  Enlin,  le  «  sable  micacé  »  23  n'est  (|u'un  banc  localement 


1878.  UOLLFLS.    —    SONDAGE   DK   WO.NSOUI/r.  591 

moins  dur,  peut-être  dolomitique,  du  Calcaire  grossier  glauconieux 
inférieur;  la  roche  24  est  un  banc  solide  du  même  ordre. 

Sous  le  u^  25  on  a  trouvé  à  Monsoult  8  mètres  d'un  «  sable  »  qui 
est  une  dolomic  sableuse,  et  qui  occupe  la  place  du  banc  à  Cerithium 
gigantcum,  sommet  du  Calcaire  grossier  inférieur,  et  une  bonne 
moitié  du  Calcaire  grossier  moyen.  La  coupe  du  chemin  latéral  à  la 
voie  dans  la  tranchée  du  Val  Pendant  fait  comprendre  ce  détail; 
mais,  tandis  que  dans  le  sondage  Taltération  s'est  arrêtée  aux  couches 
26-28,  elle  a  atteint  dans  la  tranchée  du  Bois  des  Communes  les 
n®»  29  à  32.  La  couche  26  du  forage  était  vraisemblablement  une 
dolomie  dure,  et  la  couche  27,  désignée  comme  «  argile  grise  »,  un 
sable  dolomitique  grisâtre.  Les  bancs  normaux  de  calcaire  grossier  a 
pierres  de  taille,  qui  sont  désignés  plus  haut  sous  le  nom  de  roche, 
concordent  assez  bien  dans  leurs  principaux  délits  avec  ceux  que  j'ai 
eu  l'occasion  d'indiquer,  avec  M.  Yasseur,  comme  constants  dans  la 
coupe  de  Méry,  au  sommet  du  Calcaire  grossier  moyen. 

Calcaire  t/rossier  supérieur, 

m 

Dans  la  fin  de  la  tranchée  du  Bois  des  Communes,  vers  le  passage 
à  niveau  de  la  grand'roule  nationale  n°  1  rectifiée,  le  Calcaire  gros- 
sier supérieur,  qui  se  développe  au-dessus  du  banc  siliceux  en  un  cor- 
don dont  j'ai  déjà  parlé,  est  si  haut  et  forme  une  paroi  si  droite 
qu'il  n'est  point  abordable. 

Dans  les  tranchées  du  Moulin  Béhu  les  Caillasses  ont  été  ravinées, 
démantelées  et  mêlées  aux  débris  des  Sables  de  Beauchamp.  Ce  n'est 
qu'au  kil.  28,3  qu'on  peut  observer,  un  peu  au-dessus  de  la  voie,  un 
calcaire  lin,  siliceux,  en  plaquettes,  renfermant  des  empreintes  nom- 
breuses de  Corbula,  Lucina,  Niicula,  Sportella  duhia,  etc.,  et  formant 
un  horizon  bien  reconnaissable. 

Au-dessus,  sur  in^SO  environ,  sont  des  marnes  blanches,  dures, 
mais  fragiles,  sans  fossiles,  qui  forment  un  niveau  très-constant  à 
la  partie  supérieure  des  Caillasses  moyennes  (n^  47). 

C'est  la  dernière  tranchée  où  apparaisse  le  Calcaire  grossier. 

Le  sondage  de  Monsoult  offre  au  contraire  une  série  détaillée  des 
Caillasses,  dont  j'ai  pu  contrôler  l'exactitude  et  préciser  les  détails. 
Descendu  dans  le  puits  en  voie  d'agrandissement,  j'ai  relevé,  avec 
l'aide  si  obligeante  de  M.  l'ingénieur  Legrand,  les  couches  suivantes, 
en  partant  de  la  couche  la  plus  élevée  visible  à  ce  moment  : 

57 .  Calcaire  siliceux 0''25 

56.  Marne  blanche O.fJO 

Calcaire    siliceux   dur 0.20 


5. 


'}\)i  DOLLKis.  —  soNDAO.i-:  i)i:  MoNsoii.T.  SO  mai 

io.  Marne  jaune 0.;ir» 

53.  Caleaire  siliceux 0.32 

52.  Marne  feuilletée O.lo 

49-51 .  Calcaire  siliceux 0.80 

j  b.  Caleairc  siliceux 0.10 

(  a.  Ar;;ile  brune  feuillet(>e 0.02 

Îc.  Calcaire  marneux,  siliceux,  hlan-".  fraunicntaire.  analo;4ue  à  a 0.70 

6.  Filet  arA,Mleux  vert 0.02 

^  a.  Calcaire  marneux,  siliceux,  hlane.,  fragile 0.72 

16.  Marne  blanchâtre  teindre  0. 10 

45.  Calcaire  siliceux,  en  plaquettes,  avec:  Sporiclln  dubin.  Desh.  <ip.,Sphœnia 

rostrala,  Lam.  sp..  Cerithium,  .\ucHla.  etc 0.40 

44 .  Calcaire  fragmentaire 0. 10 

43.  Calcaire  siliceux  très-dur 0.35 

, ,,  (  b.  Filet  d'arfïile  brune 0.02 

4if  1 

(  a.  Calcaire  siliceux,  jaune,  celluleux 0.25 

/  f.  Calcaire  siliceux  fragmentaire 0.25 

;    c.  Argile  verte  et  (juarlz  carii» 0.u3 

\  d.  Calcaire  grenu,  fussilifère  :  Orithium  dt'uliculalum,  Xalica  Parisien- 

41  ■          si':,  Lucina.  Cardila.  etc.  ;ni(>;des) 0.30 

/  c.  Calcaire  siliceux 0.06 

b.  Calcaire  dur 0.15 

a.  Marne  verte 0.02 

40.   Calcaire  dolomitique,  fossililèce  :  Ctridiium  diutîndutum,  Desh.,  C.  se- 

micoronatum.  Lam. ,  Cardita.  Cythcrra.  .Milioles 0.40 

39.  Calcaire  siliceux  très-dur 0.30 

L'eau  ne  permeltait  pa.s  de  voir  plus  profomléinent,  mais  il  était  ù 
croire  (|ue  la  couche  33,  qualiliée  marne  par  les  ouvriers,  était  la 
couche  (le  calcaire  grossier  lin,  à  Cardium  aincuïare,  généralement 
pourrie,  (|ui  se  trouve  au  sommet  du  Calcaire  gros^ier  moyen.  Les 
u^"  34  et  35,  formés  d'un  calcaire  dur  siliceux,  représentent  le  Saint- 
Nom;  les  h*'^  36-38  sont  les  horizons  siliceux  compris  entre  les  deux 
bandes  d'argile  verte  (|ui  représentent  \q  Banc  vert  dans  la  région; 
les  n"=*  39  et  40  sont  le  Cliquavt  et  forment  le  sommet  des  Caillasses 
inférieures,  d'après  la  classification  (]ue  j'ai  adoptée  (1)  à  la  suite  du 
travail  sur  la  Coupe  géologique  du  chemin  de  fer  de  Mêr y-sur-Oise 
(|ue  M.  Vasseur  et  moi  avons  récemment  pré.senté  ù  la  Société  (2). 
Les  couches  41-43  représentent  les  assises  à  Lucina  saxotnim;  les 
nos  4i_46sont  la  Rochette  proprement  dite,  avec  sa  faunule  si  caraclé- 
risti(|ue,  telle  que  nous  l'avons  vue  en  place  dans  les  tranchées  du 
Moulin  Héhu  ;  la  couche  47  et  ses  trois  subdivisions,  que  sa  nature 
et  son  é[)aisseur  suflhaient  à  distinguer,  terminent  les  Caillasses 
niovonnes. 

fi;  V.  çj//>..  p.  2':). 

'2   V.  .<tip..  p.  '>\:\. 


1878.  DOLLKUS.    —    SOISDAiiK    DE   MONSOULT.  893 

Malheureusement,  au-dessus  de  cette  série  si  reconnaissable,  l'ana- 
logie avec  Méry-sur- Oise  cesse  brusquement;  la  coupe  de  Monsoult 
présente  très-sûrement  une  lacune  :  elle  montre  des  alternances  de 
marnes  et  de  calcaires  siliceux  sans  caractères,  que  j'hésite  quelque 
peu  ^  placer.  Cependant,  à  Méry,  beaucoup  plus  haut,  il  est  vrai,  la 
même  monotonie  et  les  mêmes  épaisseurs  s'observent,  si  Ton  saute 
26  numéros  :  la  série  qui  se  serait  terminée  à  la  couche  44  de  Méry, 
reprendrait  vers  le  n®  70  de  la  même  coupe,  pour  finir  au  n»  79,  avant 
le  sommet  des  Caillasses  supérieures  ravinées  plus  ou  moins  profon- 
dément par  les  Sables  moyens.  Quoi  qu'il  en  soit,  par  lacune  ou  par 
discordance,  il  existe  en  ce  point  une  modification  très-digne  de  re- 
marque à  la  série  normale  des  couches. 


Sables  moyens. 

Le  contact  des  Sables  moyens  et  du  Calcaire  grossier  n'est  pas  vi- 
sible sur  la  voie  ferrée;  il  a  lieu  vraisemblablement  au  niveau  de  la 
voie,  vers  le  kil.  28,  avant  la  tranchée  de  la  Fontaine  du  Roy.  Cette 
tranchée,  agrandie  par  une  sablière  adjacente,  montre  les  Sables 
moyens  sur  10  mètres  environ  de  hauteur,  et  donne  la  coupe  sui- 
vante : 

Terre  de  bruyère 0*40 

64.  Sable  impur,  avec  gros  blocs  de  grès  démantelés 1.00 

63.  Sable  blanc,  pur,  avec  fllets  stratifiés  jaunes 6.00 

61-62.  Sable  un  peu  ferrugineux,  un  peu  plus  grossier,  à  lits  obliques;  très- 
rares  Nummulites  imriolaria,  aucun  autre  débris  fossile 2.00 

60.  Sable  blanc,  fin,  sans  fossiles,  visible  sur 1 . 00 

Des  fentes  ferrugineuses,  obliques,  entrecoupées,  ti  a  versent  très-irrégulièrement 
toute  la  masse. 

Les  couches  60-6i,  qui  ne  sont  pas  faciles  à  distinguer  de  la  masse 
totale,  ne  sont  visibles  qu'au  bas  et  au  début  de  la  tranchée. 

Le  déblai  du  Bois  Huard  ne  montre  que  des  sables  sans  carac- 
tères; mais  au  passage  à  niveau  du  chemin  de  Mafiliers  à  Belloy,  plu- 
sieurs carrières  abandonnées  montrent,  sur  2  mètres  environ  d'épais- 
seur, un  grès  dur  recouvert  par  les  marnes  .et  calcaires  de  l'étage  de 
Saint-Ouen.  Ce  grès  ne  m'a  fourni  aucun  fossile  et  le  contact  avec  le 
Calcaire  de  Saint-Ouen  ne  m'a  offert  aucune  des  couches  de  passage 
qu'on  observe  quelquefois  ailleurs  :  ni  calcaire  de  Ducy,  ni  couches 
de  Mortefontaine,  ni  argile  verte  du  Valois. 

Dans  la  grande  tranchée  de  Monsoult  les  Sables  moyens  plongent 
dès  l'entrée  sous  le  Calcaire  de  Saint-Ouen. 

38 


Hdï 


IIOLLFLS.   —   «ONDAGK   l)K   MONSOLLT. 


SOmaf 


Ces  rcnîjeigneraents  Irès-peu  complels  sont  peu  développés  parie 
sondage.  Traversés  entre  {{""22  et  isO'^oS,  aux  altitudes  absolues  de 
i02'n08  et  SS'"??,  les  Sables  moyens  ont  donc  I8"'31  d'épaisseur.  ï-.es 
échantillons  extraits  montrent  à  la  base  (n^61)  un  niveau  à  at>ondantes 
NximmuUtes  variolaria,  qui  a  fourni  (]uel(|ues  autres  fossiles,  dont 
voici  une  liste  abrégée  : 


Psammocarcinu^  Hfricarti,bi}sm.  sp.. 
Cerithium  mutabUcy  Lam.. 
Sandbcrgeria  (plusieurs  esptvcs'. 
Mclania  hordacea,  Lam., 
Lvcina  gibhosula.  Lain., 

—      elegans,  Dofr., 
Cardita  pulchra,  Dosh., 
Trigonocœlia  mcdia.  Dcsh.. 
Cytherea, 


Vectcn . 

TvrcdOy 

Turbinolia  sp.7, 

Dendrosmilia  Duraliana,  Edw.  et  U. 

Slylocœnia  emarciata,  Lam.  sp.. 

yummnlites  variolaria.  Lam., 

Dactylopora  cylindracca,  Lam. 


Je  crois  que  c'est  le  niveau  dos  lits  obliques  de  la  base  de  la  tran- 
chée de  la  Fontaine  du  Uov. 

Plus  haut,  dans  l'épaisseur  du  n®  65,  dans  un  sable  jaune  pâle,  fin, 
sans  qu'il  ail  été  possible  don  préciser  la  place,  on  a  rencontré  des 
fossiles  en  abondance,  que  j'ai  pu  facilement  déterminer  : 


Ceriihium  scalnroïdcfi,  Oesh.. 

—  tiara,  Lam.. 

—  tiarella.  Desh.. 

—  crenatnlatum,  Desh., 

—  Bouei,  Desh., 

—  bicarinatum.  Laoï., 

—  commune^    Desh.    iSandher- 

gerin;. 
Mclanûi  h'irdacra,  Lam.    BnyauiaJ. 


Delphinula  turbinoïdcs,  Lam.. 
Natica  microglossa,  Desh., 
—      Parùtiensix,  d'Orb.. 
Cyrrua  depcrdita.  Desh.. 
Trigonocœlia  rrawa,  Desh.. 
Tellina  lunnhita.  F)esh., 
Douai  retu'ui.  Lam.. 
Cardila  ehganx,  Lam., 
Cardium  obliquum.  Lam.,  var.  minor. 


Cette  zone  est  exactement  celle  que  M.  Vasseur  et  moi  avons  signa- 
lée dans  la  tranchée  de  Sognolles-Méry ,  au  sommet  de  la  partie 
moyenne  des  Sables  moyens,  dans  une  situation  non  douteuse.  Le 
sondage  indique  le  n°  67  comme  une  couche  sableuse;  il  n'en  a  pas 
été  malheureusement  conservé  de  témoin,  mais  elle  serait  assez  bien 
la  couche  de  Mortefontaine,  dont  l'existence  inconstante  entre  le  grès 
tabulaire  et  le  Calcaire  de  Sainl-Ouen  a  été  signalée  par  Cuvier  el 
Brongniart,  ainsi  qu'on  Ta  vu  au  commencement. 

Calcaire  de  Saint-Ouen. 


J'ai  dit  plus  haut  qu'au  passage  à  niveau  du  chemin  de'Maffliers  à 


1878.  DOLLFUS.    —   SONDAGE   DK   MONSeULT.  595 

Belloy,  vers  lekil.  ^6,7,  le  contact  du  Calcaire  de  Saint-Ouen  sur 
les  Sables  moyens  était  visible;  voici  la  coupe  que  l'on  peut  re- 
lever : 

Limon,  terre  à  briques  avec  Pupa  et  Suceinea l-OO 

f.  Marnes  altérées  et  plaquettes  de  calcaire  siliceux  dur,  avec  Chara  et 

Cypris 0.60 

e.  Marne  blanche  et  jaune 0.35 

gg^/  d.  Calcaire  dur,  couleur  claire 0.05 

c.  Marne  à  Bithinies  et  rognons  de  couleurs  variées 0.20 

6.  Calcaire  à  Bithinies 0.40 

a.  Argile  verte  et  brune,  à  Bithinies 0. 10 

66-67.  Sable  jaune  et  roux,  impur 0.06 

65.  Sable  ou  grès  blanc  massif 

Je  ne  puis  guère  m'arrêler  sur  tous  les  détails  de  celte  coupe;  les 
Bithinies,  qui  sont  fort  abondantes,  sont  :  B,  pmilla,  Desh.,  B.  ato- 
miis,  Desh.,  B.  suhulata,  Desh. 

Dans  la  tranchée  de  MonsouU,  aujourd'hui  masquée,  le  Calcaire  de 
Saint- Oucn  apparaissait  sous  un  très-épais  limon,  d'abord  sous  la 
forme  de  marnes  à  Bithinies  (Kil.  26,5),  puis  sous  celle  de  marnes 
violacées,  dites  magnésiennes,  à  Limnœa  longiscata  (Kil.  26,3-26,2). 
Le  sol  de  la  voie  reste  très-humide  jusqu'au  kil.  26,  1;  puis  il  devient 
assez  rapidement  absorbant  et  apparaît  sableux  sous  un  limon  de 
plus  de  4  mètres  de  puissance. 

Le  sondage  de  Monsoult  ayant  rencontré  le  Calcaire  de  Saint-Ouen 
(n*»  72)  sur  6  mètres  d'épaisseur,  immédiatement  au-dessous  du  limon, 
qui  avait  5'"25,  je  ne  puis  aflirmer  qu'il  n'ait  pas  eu  une  plus  grande 
puissance,  et  suis  même  porté  à  croire  qu'il  devait  en  avoir  un  peu 
plus.  Cependant  les  sables  verts  inl'rà-gypseux,  dits  de  Monceaux,  se 
présentaient  au-dessus,  dans  une  tranchée  de  la  gare  de  Monsoult, 
au  niveau  du  puits,  sur  une  grande  épaisseur  (Kil.  24,4).  On  y 
vovail  : 

T.  V.  Terre  végétale 0"60 

/.  Limon  à  briques 1 . 00 

e.  Débris  argileux,  marneux 0.50  à  1.50 

d.  Blocs  arrondis  de  grès  marneux  foncé 0.30 

c.  Argile  verte  avec  gros  bancs  siliceux 0.40 

6.  Argile  verte  et  brune,  plastique;  quartz  carié 0.10 

a  (n"  73).  Sables  verts,  sans  fossiles 3  à  4.00 

Sous  le  n**  69  viendraient  se  ranger  les  couches  à  Bithinies  de  la 
base;  sous  le  n**  70,  la  marne  calcaire  moyenne,  plus  solide;  enfin,  les 
marnes  magnésiennes  supérieures  seraient  en  partie  la  couche  71.  Je 
suppose  qu'une  portion  des  sables  verts  existe  très-peu  en  contrebas  de 


396  DOLLFUS.    —  SONDAGE   DE   MONSOILT.  M  mai 

ta  voie,  sous  un  épais  limon,  au  point  culminant  et  sur  le  versant 
de  la  grande  tranchée  de  Monsoult  qui  regarde  Paris.  Cet  étage  ne 
peut  entrer  toutefois  dans  la  liste  des  formations  du  sondage,  qu  il 
surmonte  à  courte  dislance. 

D'après  ce  que  M.  Garez  m'a  fait  voir  dans  les  tranchées  de  ta  ligne 
de  Luzarches,  les  bancs  siliceux  c  de  la  dernière  coupe  seraient  les 
représentants  de  l'assise  à  Pholadomt/a  Ludensis,  et  les  blocs  arrondis 
de  grès  marneux  d  le  faciès  éloigné  des  marnes  à  Lucines,  horizon 
bien  connu  du  Gypse  marin  inférieur. 

La  position  absolue  des  contacts  des  formations  et  leurs  épaisseurs 
sont  si  bien  connues  par  les  profils  dressés  par  la  Compagnie  du 
Nord,  et  par  les  détails  des  tranchées  et  du  sondage,  que  j'ai  cru 
devoir  en  résumer  les  éléments  en  deux  petits  tableaux  qui  feront 
ressortir  l'inclinaison  des  couches  et  leur  amincissement.  On  verra 
l'uniformité  sensible  de  ces  inclinaisons  et  l'amincissement  croissant 
et  proportionnel  à  la  distance  des  couches  du  côté  où  elles  se  re- 
lèvent. 

J'ai  été  amené  à  calculer  aussi,  suivant  les  mêmes  données,  l'épais- 
seur |)ro6a6/<?  des  ligniles  à  Monsoult,  et  j'ai  trouvé  29  mètres;  la 
profondeur  absolue  de  la  Craie  au  même  point  serait  donc  —3» 

Altitude. 

à  Monsoult.     sur  la  voie.    Dist.      Plong.      IdcHo. 

Base  du  Calcaire  do  Saint-Oueu.       102-08  113-70         2»l        11-62       -^T" 

'181 

Couche  à  Corbulcs 78.00  91.66  1.0        16.66        -^ 

416 

Base  du  Calcaire  grossier 55.65  74.61         5.1        18.96       -^^rr 

351 

Base  des  Sables  de  Cuise 26.00  55.08         6.6       29.08       -i— 

440 

Niveau  à  0«/rea  (fond  du  puits).  7.60  49.74         9.8       42.14       —4- 

430 

Sommet  de  la  Craie  (probable)..    —  3.00         +42.00         9.5       45.00       -i- 

4  <0 

Épaisseur. 

Distance         DifTérence         Amincis- 
à  Monsoult.     sur  la  voie,    moyenne.       d'épaisseur.         semem. 

Sables  moyens....  18»  15-  2*9  3"  --ir 

Calcaire  grossier . .  29  24  4.5  5  ---— 

°  900 

Sables  de  Cuise. .. .  28  19  6.1  9  --rn- 

0/8 

Lignites 29  13  8.4  16  -^ 


1878.  DOLLFUS.   —   SONDAGE   I)K   MONSOULT.  597 

Je  (lirai  un  mot,  en  terminant,  de  la  butte  même  de  Honsoult,  qui 
s'élève  de  70™  environ  au-dessus  de  la  gare. 

A  l'entrée  du  village,  dans  une  briqueterie,  on  exploite  le  gypse  eu 
cavage.  Un  puits  d'extraction  a  donné  la  coupe  suivante  : 

4.  Maraes  variées,  bleues,  blanches,  vertes,  etc. ,  sans  gypse 16"00 

3.  Masse  gypseuse  supérieure 3.50 

2.  Marne  blanche  à  rognons 2.00 

1.  Masse  gypseuse  inférieure 3.25 


L'orifice  du  puits  étant  à  2i™  environ  au-dessus  du  sondage  de 
Monsoult,  la  base  serait  assez  bien  au  niveau  des  marnes  à  rognons 
que  j'ai  signalées  au  sommet  des  sables  verts  à  la  station. 

Je  n'ai  pu  étudier  les  détails  des  marnes  1-4,  mais  les  talus  de  la 
briqueterie  montraient  au-dessus,  5,  les  Marnes  vertes,  qui,  avec  un 
aspect  bleuâtre,  renfermaient  en  abondance  :  Cyrena  convexa,  Cerî- 
thium  plicatum,  Psammohia  plana.  Certains  lits  contenaient  en  grand 
nombre  les  oolithes  ferrugineuses  caractéristiques  du  même  niveau. 
Au-dessus  venaient  des  marnes  grises  et  bleues,  k  Corbula  pisu7n  et 
Ostrea  cyathula,  qui  m'ont  paru  bien  réduites,  et  enfin  les  sables 
jaunes  supérieurs,  dits  de  Fontenay,  très-puissants. 

Il  résulte  principalement  de  cette  étude,  q^ue  les  couches  du  bassin 
de  Paris  sont  déjà  réduites  à  Monsoult,  et  que  les  horizons  fossilifères 
y  sont  en  particulier  peu  développés;  faut-il  l'attribuer  au  voisinage 
assez  proche  de  la  Craie,  qui  se  relève  si  vivement  vers  Méru  au 
nord-ouest,  et  à  l'existence  d'un  continent,  à  partir  du  Calcaire  de 
Saint-Ouen,  sur  la  périphérie  du  Bray  ?  Il  n'est  possible  de  faire  que 
des  suppositions,  étant  donné  le  petit  nombre  de  points  où  la  série 
tertiaire  est  connue  dans  toute  son  épaisseur  et  dans  tous  ses  détails. 
En  tout  cas  Monsoult  parait  situé  à  la  limite  nord-ouest  des  sables 
d'Auvers  à  Nurnmulitcs  vaynolaria,  et  des  sables  de  Mortefontaine  à 
Cerithium  tAcaHnatum,  tandis  (|ue  l'épaisseur  et  les  caractères  que  le 
niveau  moyen  des  Sables  moyens  et  le  Calcaire  de  Saint-Ouen  pré- 
sentent encore  vers  Monsoult,  point  nord-ouest  extrême  où  ils  sont 
CDinius,  prouvent  une  étendue  très-notablement  plus  grande.  De  même, 
la  quatrième  et  la  troisième  masse  du  gypse,  qui  ont  disparu,  ont  eu 
une  limite  maximum  qu'on  peut  préciser  du  côté  de  Monsoult,  tandis 
que  la  seconde  et  la  première  masse,  ainsi  que  les  marnes  supérieures, 
par  suite  du  manque  de  témoins  plus  éloignés  dans  la  même  direction 
nord-ouest,  démontrent  une  étendue  plus  grande,  mais  difTicile  à  fixer 
et({uele  calcul  des  amincissements  proportionnels  permet  seul,  pour 
le  présent,  d'iiidiquer  d'une  facoirapproximalive. 


598 


BONNEAU  DU  MARTRAY.  —  BLOC  ERRATIQUE. 


iOmai 


Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 


Note  sur  un  t>Ioc  erratique  szVz^J  dayis  la  valUe  de  la  Drag^net 
près  de  Aloulins-Engilbert  (Nièvre),  à  2  kilomètres  environ 
de  la  faille  occidentale  du  Morvan, 

par  M.  Bonneau  clu  Martray. 

Le  bloc  erratique  qui  fait  l'objet  de  cette  note  est  situé  sur  le  côté 
droit  de  la  vallée  de  la  Drague,  à  450  mètres  des  bords  actuels  du  petit 
ruisseau  de  ce  nom  et  à  2  kilomètres  environ  de  la  taille  occidentale 
du  Morvan,  comprise  entre  Moulins-Engilbert  et  Saint-Honoré. 

Il  se  trouve  à  la  surface  du  sol  et  repose  sur  les  argiles  tertiaires 
qui  recouvrent  une  grande  partie  du  département  de  la  Nièvre,  bien 
qu'elles  aient  été  érodéeset  remaniées  par  des  courants  diluviens,  dont 
la  puissance  et  l'intensité  restent  amplement  démontrées  par  la  pré- 
sence de  nombreux  débris  de  roches  cristallines  arrachés  aux  flancs 
du  Morvan  et  répandus  un  peu  partout. 

L'inspection  des  lieux  (tig.  i)  semblerait  montrer  que,  par  suite 

Fig.  i.  —  Coupe  transversale  de  la  vallée  de  la  Dragnc. 


Bloc  erratique.      Route. 


Lit  actoel  de  la  Dragno» 


É^^fe7E£?^"^^'^^=S 


—  ^ fy. 


a.  —  Alluvions. 
d.  —  Diluvium. 
F.  —  Faille  probable. 


:  li^r. 


A.  t.  —  Argiles  tertiaires. 
0.  i.  —  Oolithe  inférieure. 


d'une  circonstance  particulière,  le  bloc  a  été  rejeté  en  dehors  de  l'axe 
du  courant  principal,  et  c'est  sans  doute  à  ce  fait  que  doivent  être 
attribuées  et  sa  conservation  et  sa  présence  à  une  aussi  courte  distance 
de  son  point  d'émission,  dont  je  ferai  mention  tout  à  l'heure. 

Les  autres  blocs  qui  dans  la  débâcle  diluvienne  durent  accompagner 
celui-ci,  obéissant  à  l'action  de  la  pesanteur,  n'auront  probablement 
pas  quitté  le  fond  de  la  vallée  et  ont  ainsi  forcément  disparu,  soit 


1878.  sÉANCK.  «09 

qu'ils  aient  ëtti  eiilraiiiés  au  loin  dans  les  vallées  dont  la  Drague  est 
tributaire,  soit  qu'ils  aient  éié  recouverts  sur  les  lieux  mêmes  par  les 
alluvions  postérieures. 

Bien  que  la  situation  du  bloc  au  milieu  de  terrains  qui  portent 
l'empreinte  visible  de  l'action  diluvienne,  semble  révéler  quel  a  dû 
être  son  mode  de  transport,  je  me  garderai  bien  de  me  prononcer  ou- 
vertement dans  ce  sens,  réservant  pour  l'action  glaciaire  une  inter- 
vention contre  laquelle  aucune  preuve  ne  paraît  exister. 

Le  bloc  possède  bien  en  etlet  le  faciès  d'un  gigantesque  galet  aux: 
arêtes  abattues  et  arrondies;  mais  lorsqu'on  voit  dans  le  Morvan 
même  et  dans  tous  les  autres  pays  à  rojbes  cristallines,  tant  de  blocs 
en  place  et  non  moins  arrondis  par  le  seul  effet  de  la  gelée  et  des 
autres  influences  atmosphériques,  il  devient  impossible  de  dire  s'il 
n'eu  a  pas  été  de  même  pour  le  bloc  en  question,  et  si  lesécaillements 
qu'il  a  dû  subir  n'ont  pas  contribué  uniquememt  à  lui  donner  son 
aspect  actuel,  tout  en  taisant  disparaître  les  traces  que  le  transport 
glaciaire  aurait  pu  laisser. 

Avant  d'indiquer  sa  forme  et  ses  dimensions,  je  donnerai  sur  sa 
nature  quelques  renseignements  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Mi- 
cbel-Lévy. 

Le  bloc  est  formé  d'une  micro-granulite  appartenant  aux  porphyres 
quartzitères  du  Morvan,  immédiatement  postérieurs  aux  porphyres 
noirs  et  contemporains  du  Carbonifère  supérieur. 

On  trouve  dans  le  voisinage  de  la  faille,  à  une  courte  distance  en 
amont  du  point  où  la  Drague  fait  son  entrée  dans  les  terrains  de 
séilimcnt,  plusieurs  liions  de  micro-granulite  d'une  direction  générale 
N.N.E. -S.S.O.,  dont  quelques  variétés  ont  avec  le  bloc  une  ressem- 
blance assez  grande  pour  qu'il  soit  permis  d'y  voir  son  point  d'émis- 
sion. Cette  origine  étant  admise,  le  trajet  parcouru  par  le  bloc  varie- 
rait entre  4  et  5  kilomètres. 

La  longueur  de  l'erratique  est  de  2™75;  son  plus  grand  diamètre 
de  1™  environ,  et  sa  forme  rappelle  assez  un  prisme  triangulaire  dont 
les  arêtes  auraient  été  abattues  au  point  de  lui  donner  un  aspect, 
cylindroïde;  son  cube  peut  être  évalué  à  2  mètres. 


Séance  du  3  juin  1878. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    ALB.    GAUDRY. 

H.  Douvillé,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 


600  TORCAPEL.   —    GLACIERS  QUAT.    DES  CÉVENNES-  3  juin 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Michaux,  à  Bonnières  (Seine-et-Oise),  et  rue  de  Londres,  58,  à 
Paris,  présenté  par  MM.  Bergeron  et  Vasseur. 

Le  Secrétaire  analyse  la  note  suivante  : 


Les  Olaciera  quaternaires  des  GôveiineiH 

par  M.  Xoreapel. 

PL  IX. 

Bien  que  les  observations  relatives  aux  phénomènes  glaciaires  se 
soient  multipliées  dans  ces  dernières  années,  on  est  encoi*e  loin 
d'être  d'accord  sur  les  conditions  climatériques  de  celte  période,  et  on 
voit  émettre  chaque  jour  à  ce  sujet  les  opinions  les  plus  contradic- 
toires, certains  auteurs  prétendant  (|uc  la  majeure  partie  de  l'Europe 
et  notamment  la  France  centrale  se  recouvrirent  alors  d'un  épais  man- 
teau de  glace,  d^autrcs  niant, 'au  contraire,  l'existence  ancienne  des 
glaciers  en  dehors  de  la  région  des  Alpes. 

Sans  avoir  la  prétention  de  trancher  cette  question  difficile,  je  pense 
que  les  faits  que  je  vais  signaler  pourront  avoir  quelque  intérêt  en  ce 
qu'ils  paraissent  établir  d'une  façon  assez  précise  le  caractère  qu'a  eu 
cette  épo(iue  dans  les  Cévennes  et  dans  la  partie  méridionale  du 
Plateau  central. 

La  chaîne  des  Cévennes  est,  par  son  altitude  médiocre  et  par  sa  con- 
figuration, très-peu  propre  à  favoriser  le  développement  des  glaciers. 
Dans  les  régions  élevées  on  ne  trouve  que  des  plateaux  mamelonnés 
ou  des  crêtes  alignées  suivant  des  lignes  droites.  Les  quelques  cirques 
qu'on  y  rencontre  n'ont  qu'une  faible  superiicie  et  ne  sont  guère  qu'à 
une  altitude  moyenne  de  1200  à  iSOO*"  ;  les  points  culminants  des  ver- 
sants qui  les  dominent  ne  dépassent  pas  1600  à  1700"^.  Ces  conditions 
ne  sont  en  rien  comparables  à  celles  qu'ofïre  le  massif  alpin,  et  il  est 
évident  que  les  phénomènes  de  l'époque  glaciaire  n'ont  pu  avoir  dans 
les  Cévennes  un  développement  aussi  étendu  que  dans  les  Alpes.  On 
conçoit  même  qu'on  ait  pu  mettre  en  doute  a  priori  que  de  véritables 
glaciers  aient  pu  s'y  constituer. 

Cependant,  en   1868  M.  Ch.  Martins  (1)  démontra  qu'un  glacier 

(1)  Sur  l'ancienne  existence,  durant  la  période  quaternaire,  d'un  glacier  de 
second  ordre  occupant  le  cirque  de  la  vallée  de  Palhrres  fC  -R.  Ac,  Se.  9  novem- 
bre 18«8j. 


V     * 


1878.  TOBCAPEL.  —  GLACIERS  QUAT.    DES  GÉVENNES.  601 

avait  anciennement  existé  dans  le  cirque  de  Pallières,  non  loin  du  som- 
met de  la  Lozère.  Les  traces  si  bien  décrites  par  cet  éminent  géologue 
ne  laissent  aucun  doute  dans  l'esprit  de  tous  ceux  qui  ont  quelque 
habitude  de  ce  genre  de  dépôts,  et  l'existence  d'anciens  glaciers  dans  la 
région  des  Cévennes  est  depuis  lors  bien  établie. 

Mais  l'observation  de  M.  Martins,  restée  isolée  jusqu'ici,  ne  suffit  pas 
pour  donner  une  idée  générale  de  l'étendue  et  de  l'intensité  des  phé- 
nomènes de  la  période  glaciaire  dans  cette  région.  C'est  pour  essayer 
de  combler  cette  lacune  que  je  vais  rapporter  les  quelques  observations 
que  j'ai  pu  taire  dans  le  massif  de  TAigoual,  pendant  mon  séjour  au 
Yigan.  Cette  montagne,  point  culminant  des  Cévennes  du  Gard,  est^un 
peu  moins  élevée  que  la  Lozère  et  située  à  environ  37  kilomètres  plus 
au  sud.  Les  traces  glaciaires  y  sont  par  suite  un  peu  moins  accusées; 
elles  y  sont  cependant  encore  suflisaniment  nettes  et  elles  s'y  pré- 
sentent sous  des  aspects  variés,  qui  permettent  déjuger  avec  précision 
du  caractère  et  de  l'intensité  des  phénomènes. 

Les  dépôts  glaciaires  que  je  vais  décrire  sont  groupés  sur  une  ligne 
orientée  N.-S.,  partant  de  la  montagne  d'Aulas,  près  la  ferme  de 
Ginestous,  passant  par  le  hameau  de  Pueylong,  la  source  de  THérault, 
le  ravin  de  Trépalous,  et  aboutissant  au  hameau  des  Fons.  Cette  ligne, 
qui  laisse  un  peu  à  droite  le  sommet  de  l'Âigoual,  est  très-facile  à 
suivre  sur  la  carte  de  l'Élat-major  (feuilles  du  Vigan  et  d'Alais).  La 
coupe  ci-jointe  (PI.  IX,  fig.  i)  donne  la  position  el  l'altitude  des  dé- 
pôts, ainsi  que  la  constitution  géologique  du  sol  sur  lequel  ils  reposent. 


Glaciers  de  la  montagne  d'Aulas. 

Cette  montagne  forme  un  plateau  élevé,  coupé  par  deux  cours  d'eau 
coulant  de  l'est  à  l'ouest,  la  Dourbie  et  le  Pueylong,  auxquels  corres- 
pondent deux  petites  vallées  sensiblement  parallèles,  dont  la  première 
est  entièrement  granitique,  et  la  seconde  entièrement  dans  les  schistes 
talqueux  et  micacés  plus  ou  moins  altérés  par  métamorphisme  au 
contact  du  granité;  toutefois  la  crête  et  une  faible  partie  du  versant  de 
gauche  de  la  vallée  de  Pueylong  sont  granitiques. 

Les  pentes  de  la  vallée  de  la  Dourbie  sont  partiellement  recouvertes 
par  dessables  granitiques  mélangés  de  blocs  qui  peuvent  provenir  en 
partie  de  l'action  glaciaire,  mais  qui  peuvent  également  être  attribués 
à  la  décomposition  sur  place  de  la  roche  sous-jacente,  car  il  n'y  a  ici 
aucune  preuve  d'un  transport  par  les  glaces. 

Il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  vallée  de  Pueylong.  Près  du  hameau 
du  même  nom,  ou  voit  sur  la  rive  droite  un  dépôt  détriti(|ue  argilo- 


002  TORCAPEL.   —  GLACIERS  QUAT.    DES  CÉVCNNES.  3  juin 

sableux,  évidemment  forme  de  schistes  triturés,  tandis  que  sur  le  flanc 
gauche  de  la  vallée  repose,  sur  les  schistes  métamorphiques,  une  série 
de  blocs  de  granité  anguleux,  disséminés  sans  ordre  particulier,  et  qui 
ne  peuvent  provenir  que  du  sommet  eu  l'orme  de  piton  qui  domine 
ce  vei*sant  à  l'altitude  de  1  352°^.  On  ne  saurait  attribuer  la  présence 
de  ces  blocs  à  un  éboulement,  car  la  pente  est  trop  douce  pour  qu  ils 
aient  pu  rouler  si  loin  du  point  de  départ.  En  outre,  ils  ne  sont  pas 
entassés  ou  dispersés  par  ordre  de  dimension  ou  de  poids,  comme 
il  arrive  dans  un  éboulemont,  mais  bien  disséminés  dans  un  dépôt 
sableux.  Le  transport  par  les  eaux  n'est  pas  non  plus  admissible,  c^r 
la*pente  du  mamelon  sur  lequel  ils  reposent  n*est  parcourue  par 
aucun  cours  d'eau.  Le  transport  par  un  petit  glacier  |>eut  donc  seul 
expliquer  la  disposition  particulière  de  ces  blocs.  Quant  aux  schistes 
broyés  de  la  rive  droite,  qui  représentent  pour  moi  la  moraine  opposée 
du  glacier,  on  n'y  voit  pas  de  blocs.  Les  schistes  qui  forment  le  flanc 
droit  et  la  partie  haute  du  vallon  ne  sont  en  eflet  pas  assez  résistants 
ni  assez  escarpés  pour  avoir  pu  fournir  des  blocs.  Un  ne  peut  d'ailleurs 
admettre  que  ce  dépôt  soit  le  produit  de  la  décomposition  de  la  roche 
sur  place  ou  une  alluvion  ordinaire,  car  il  n'existe  pas  de  dépôt  <ie  ce 
genre  sur  les  plateaux  schisteux  de  la  contrée  (la  roche  y  est  ordinai- 
rement à  nu),  et  les  dépôts  d'alluvion  existant  dans  le  voisinage  des 
cours  d'eau  à  versants  schisteux  sont  formés  de  terre  et  de  fragments 
de  schiste. 

H  est  assez  difficile  d'apprécier  la  puissance  de  ces  dépôts,  qui  for- 
ment comme  des  na|)pes  d'épaisseur  variable.  Le  dépôt  de  sables  et  de 
blocs  grarutiques  du  versant  gauche  ne  paraît  pas  dépasser  une  dizaine 
de  mètres.  Quant  à  celui  de  droite,  il  est  plus  raviné  et  laisse  voir  par 
place  le  rocher;  mais  il  semble  former  presque  entièrement  le 
mamelon  qui  domine  le  village  de  Pueylong;  il  aurait  alors  une 
vingtaine  de  mètres  d'épaisseur.  Ce  mamelon  et  la  traînée  de  blocs 
qui  lui  fait  face  sur  le  flanc  gauche  semblent  marquer  la  limite 
extrême  de  l'extension  du  glacier,  car  je  n'ai  plus  remarqué  do  dépôt 
de  ce  genre  à  l'aval  de  Pueylong.  Le  glacier  ne  serait  doiic  pas  des- 
cendu au-dessous  de  1  iOO'".  La  surface  du  bassin  de  réception  est  de 
iOO  hectares  et  le  point  culminant  est  à  1  42i«»  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer. 


Glaciers  de  VAiyoul. 

Le  sommet  de  l'Aigoual  présente  une  crête  étroite,  limitée  brusque- 
ment du  côté  sud  par  des  versants  abruptes,  d'où  sortent  les  sources  de 


1878.  TORCAPEL.    —   GLACIERS   Qt'AT.    DES  CÉVENNES.  603 

VHérauU;  mais  du  côlé  opposé  cette  crête  émet  des  ramiOcations  qui 
encaissent  des  ravins  profonds,  se  prolongeant  vers  le  nord  avec  des 
pentes  modérées.  L'un  de  ces  ravins,  désigné  sous  le  nom  de  Trépa- 
lous  (i),  part  de  la  cime  même  de  l'Aigoual  (1  567"")  et  aboutit  au 
hameau  des  Fons.  Il  a  une  direction  N.-S.,  et  sa  partie  supérieure, 
divisée  en  deux  branches,  est  dominée  par  les  cimes  de  rAijjrouai  et 
des  contreforts  voisins,  dont  Tensemble  offre  à  Taccumulation  des 
ueiges  un  bassin  d'environ  270  hectares. 

Ces  conditions  de  superficie,  d'altitude,  d'exposition,  étant  ici  beau- 
coup plus  favorables  au  développement  des  phénomènes  glaciaires, 
nous  devons  en  retrouver  des  traces  bien  mieux  caractérisées  qu'à  la 
montagne  d'Aulas.  C'est  en  effet  ce  qui  a  lieu. 

Disons  d'abord  que  le  versant  sud  de  l'Aigoual  est  entièrement  formé 
de  schistes  talqueux,  dans  lesquels  on  remarque  des  bancs  de  calcaire 
cristallin,  répartis  à  trois  niveaux  différents.  Au  sommet  se  sont  fait 
jour  de  nombreux  liions  do  porphyre  et  de  iraidronite,  qui  ont  altéré 
les  caractères  du  schiste  ;  celui-ci  devient  micacé,  passe  au  gneiss,  et 
ses  feuillets  sont  très-contournés.  Les  contreforts  qui  constituent  le 
versant  nord  sont  de  granité  porphyroïde,  mais  le  schiste  apparaît 
dans  le  fond  des  ravins,  à  leur  partie  supérieure. 

Si  maintenant,  partant  du  hameau  des  Fons,  nous  remontons  le 
ravin  de  Trépalous,  nous  trouvons  d'abord  le  lit  du  ruisseau  encombré 
de  gravier  et  de  blocs  plus  ou  moins  volumineux  et  peu  roulés.  La 
disposition  de  ces  blocs  en  lignes  allongées,  parallèles  à  la  direction  du 
cours  d'eau,  et  formant  des  amas  irréguliers  où  les  blocs  dominent  de 
beaucoup  sur  le  gravier,  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'origine  de  ces 
dépôts,  qui  sont  évidemment  le  produit  des  eaux  torrentielles. 

Mais  un  peu  plus  loin,  à  1  kil.  i/i  environ  dos  Fons,  on  arrive  au 
pied  d'un  talus  assez  raide,  de  30'"  environ  de  hauteur,  qui  termine 
une  terrasse  dont  tous  les  caractères  indiquent  une  moraine  glaciaire. 
En  effet,  les  blocs  volumineux  (beaucoup  atteignent  2  à  3'"  dans  leur 
plus  grande  dimension,  bien  (jue  les  sommets  ne  présentent  pas  de 
grands  escarpements)  de  granité  et  de  gneiss,  souvent  encore  à  arêtes 
vives,  et  relativement  peu  nombreux,  ({u'elle  renferme,  sont  disséminés 
dans  le  dépôt  et  non  pas  entassés  comme  dans  les  éboulementset  dans 
les  alluvions  observées  plus  bas.  La  masse  du  dépôt  est  formée  de  sable 
en  partie  trituré,  et  même  boueux;  ce  qui  ne  se  voit  jamais  dans  les 


(l)J'ai  visité  le  ravin  de  Trépalous  en  1871,  avec  M.  P.  Cazalis  de  Fondouce.  L'an 
dernier.  M.  G.  Fabre  a  bien  voulu,  dans  une  de  ses  tournées  forestières  et  sur  la 
demande  que  je  lui  en  avais  faite,  examiner  les  lieux  et  me  confirmer  l'exactitude 
de  mes  observations.    . 


6()4  TORCAPEL.    —  r.LACIKItS  QL-AT.    DES   GÉVENNES.  3  juin 

alluvions  torrentielles  de  la  contrt^^,  où  le  sable  est  toujours  plus  ou 
moins  grossier.  Ce  dépôt  s'étend  sans  interruption  sur  une  longueur 
d'environ  500"*.  Il  est  plaqué  contre  le  versant  gauche  de  la  vallée,  le 
ravin  coulant  entre  la  moraine  et  le  rocher  qui  forme  le  versant 
droit.  Sa  surface  a  une  pente  générale  beaucoup  plus  faible  que  le 
fond  de  la  vallée,  en  sorte  que  son  épaisseur  va  toujours  en  diminuant 
et  n'est  guère  que  d'une  quinzaine  de  mètres  au  confluent  des  deux 
branches  du  ravin. 

Le  contrefort  qui  sépare  ces  deux  branches  est  d'ailleurs  entière- 
ment recouvert  par  les  restes  de  la  moraine  médiane;  les  blocs  y  sont 
particulièrement  abondants.  Ces  dépôts  morainiques  se  continuent 
dans  les  deux  branches  supérieures  et  forment  des  sortes  de  terrasses 
étagécs  à  divers  niveaux,  qui  marquent  les  phases  du  retrait  du  glacier. 

A  i  kil.  environ  du  sommet  de  l'Aigoual,  les  moraines  cessent,  mais 
les  flancs  du  ravin  continuent  à  être  recouverts,  jusqu'à  plus  de 
100  mètres  de  hauteur  au-dessus  du  fond,  de  nombreux  blocs  anguleux. 
Plusieurs  de  ces  blocs  sont  formés  du  schiste  à  feuillets  contournés 
qu'on  observe  au  sommet  delà  montagne,  tandis  que  le  contrefort  sur 
lequel  ils  reposent  est  de  granité  porphyroïiie.  La  présence  de  ces  blocs 
en  ce  point  ne  peut  évidemment  s'expliquer  que  par  un  transport 
glaciaire.  Enfin,  on  remarque  sur  le  contrefort  de  gauche  des  roches 
granitiques  offrant  des  parois  dirigées  dans  le  sens  du  ravin  et  qui 
paraissent  avoir  été  usées  et  rabotées  par  une  action  énergique  et  pro- 
longée; on  y  observe  môme  sur  quelques  points  comme  des  traces  de 
stries  ou  de  cannelures.  Je  n'ai  pas  vu  de  cailloux  striés  dans  ces 
dépôts,  mais  on  sait  que  les  stries  ne  se  conservent  guère  que  sur  les 
calcaires  durs  ou  autres  roches  très-résistanles,  qui  font  ici  défaut. 

Tous  ces  faits  suflisent  pour  démontrer  l'existence,  dans  le  ravin  de 
Trépalous,  d'un  ancien  glacier  dont  les  blocs  épars  sur  les  versants 
qui  l'encaissent  représentent  les  moraines  latérales,,  tandis  que  les 
dépôts  plus  ou  moins  boueux  du  fond  de  la  vallée  en  représentent  les 
moraines  terminales  et  profondes.  Ce  glacier,  dont  l'origine  était  au 
sommet  de  l'Aigoual,  s'étendait  vers  le  nord  sur  2600"*  de  longueur 
et  descendait  jusqu'à  la  cote  i  150'".  Je  n'ai  pas  vu  de  traces  indiquant 
qu'il  soit  descendu  plus  bas,  et  on  ne  peut  guère  supposer,  en  raison 
de  la  faible  pente  (jue  présente  la  vallée  vers  Les  Fous,  que  l'érosion 
ait  fait  disparaître  ces  traces  dans  une  mesure  un  peu  notable. 

Si  du  versant  nord  de  l'Aigoual  nous  passons  au  versant  sud,  nous 
ne  devons  trouver  que  des  vestiges  beaucoup  plus  faibles  de  l'époque 
glaciaire.  L'exposition  au  sud  et  le  peu  de  développement  du  versant 
pouiraient  même  faire  supposer  qu'il  est  inutile  d'en  chercher  sur  ce 
point. 


W78.  TORCAPEL     —   (iLACIFJlS   Ql'AT.    DKS   CKVKNNES.  fl05 

J'ai  cependant  observé  prt's  des  sources  de  THérault  un  dépôt 
qui  me  parait  suffisamment  caractérisé  pour  être  attribué  ù  cette 
époque.  Au  sommet  du  ravin  de  la  Daupliine  (I  300"')  on  remarque 
une  dépression  que  dominent,  comme  une  sorte  d'amphithéâtre  de  5  à 
600  mètres  de  développement,  les  pentes  qui  aboutissent  au  sommet 
de  l'Aigoual.  Or  le  fond  de  cette  espèce  de  cuvette,  qui  est  tonnée  de 
terrain  schisteux,  est  recouvert  d'un  dépôt  de  sable  argileux,  mêlé  de 
blocs  anguleux.  Ce  dépôt  a  été  raviné  par  les  eaux  sur  une  épaisseur 
de 5  à 6";  son  épaisseur  totale  paraît  être  un  peu  plus  forte.  La  faible 
pente  superficielle  ne  permet  pas  (Kattribuer  à  des  éboulements  le 
transport  des  blocs  qu'il  renferme.  D'ailleurs  cesbiocs,  étant  granitiques 
ou  porphyriques,  ne  sauraient  provenir  que  du  sommet  de  la  monta- 
gne, et  non  de  la  décomposition  de  la  roche  sous-jacente.  Nous 
sommes  donc  bien  encore  ici  en  présence  d'un  dépôt  d'origine  gla- 
ciaire. 

Cet  amas  n*a  en  somme  qu'une  importance  très-limitée,  mais  cette 
importance  est  en  rapport  avec  les  conditions  d'exposition,  d'altitude 
«t  autres  qui  lui  sont  particulières. 


Résumé  et  conclusions. 

En  résumé  :  1®  dans  la  vallée  de  Trépalous,  exposée  en  plein  nord 
et  dominée  par  un  cirque  de  réception  de  270  hectares  partant  du 
sommet  de  l'Aigoual,  le  glacier  s'est  avancé  jusqu'à  l'altitude  de 
1180™;  2o  dans  la  vallée  de  Pueylong,  orientée  de  l'est  à  l'ouest, 
dominée  par  des  versants  moins  élevés  et  ne  présentant  qu'un  bassin 
de  réception  de  200  hectares,  le  glacier  s'est  arrêté  ù  1  200*"  ;  3"  sur 
le  versant  sud  de  l'Aigoual,  à  la  cote  1300"',  des  traces  de  l'action 
glaciaire  existent  encore,  mais  singulièrement  réduites. 

Ces  faits  si  concordants  entre  eux,  concordent  en  outre  parfaitement 
avec  les  observations  de  M.  Ch.  Martins  sur  l'ancien  glacier  de 
Palhères.  Le  savant  professeur  dit  en  effet  que  la  limite  terminale  de 
ce  glacier  se  trouvait  à  950"'  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Si  on 
tient  compte  de  la  latitude  plus  élevée,  de  la  superficie  beaucoup  plus 
considérable  du  bassin  de  réception  (570  hectares),  et  de  l'altitude 
plus  forte  du  point  culminant  (1  663"*),  on  voit  que  l'extension  un  peu 
plus  grande  de  ce  glacier  est  suffisamment  expliquée. 

Il  parait  donc  établi  par  cet  ensemble  d'observations,  que  les  gla- 
ciers quaternaires  ne  sont  pas  descendus  dans  les  vallées  ni  sur  les  bas 
plateaux  des  Cévennes,  et  que  par  suite  il  n'y  a  pas  eu  dans  ces  mon- 
tagnes de  grands  glaciers  comparables  à  ceux  du  massif  alpin.  Il  ne  s'y 


K06  TORCAPEL.    —  GLACIERS   QUAT.    DES   CÉVENNES.  3  juin 

est  développé  dans  le  voisinage  des  sommets,  là  où  les  conditions 
étaient  les  plus  favorables,  que  des  glaciers  de  dimensions  très-réduites, 
dont  la  plupart  n'étaient  sans  doute  que  temporaires  et  dont  les  débâcles 
successives  suffisent  pour  expliquer  les  amas  de  sable  et  de  gros  blocs 
qu'on  trouve  répandus  au  pied  de  certains  escarpements  et  dans  le 
voisinage  des  ravins  montagneux,  ù  leur  débouché  dans  les  basses 
vallée:!*. 

L'absence  de  blocs  et  de  dépôts  glaciaires  sur  les  plateaux  secon- 
daires, l'aspect  hérissé  que  présentent  les  roches  calcaires  qui  forment 
le  revêtement  de  ces  plateaux,  les  flancs  tortueux  et  irré^uliers  des 
vallées,  conduisent  à  la  même  conclusion;  car  rien  ne  rappelle  ici  les 
actions  mécaniques  si  énergiques  dont  les  vallées  et  les  veinants  des 
Alpes  portent  partout  l'empreinte. 

D'où  il  me  parait  en  outre  résulter,  comme  conséquence  générale, 
que  le  froid  qui  a  régné  h  l'époque  glaciaire  n'a  pas  été  excessif,  mais 
que  celte  période  a  plutôt  été  caractérisée  par  une  grande  humidité 
accompagnée  d'un  abaissement  relativement  modéré  de  la  température- 
Si  on  considère  en  effet  que  les  neiges  persistent  actuellement  jusqu'au 
mois  (le  mai  dans  les  ravins  de  l'Aigouul.  on  admettra  sans  difficulté 
qu'un  abaissement  assez  faible  de  la  température  moyenne,  joint  à  des 
chûtes  plus  abondantes,  suffirait  pour  en  perpétuer  la  présence  et 
pour  leur  permettre  de  s'accumuler  de  nouveau  et  de  reproduire  les 
phénomènes  décrits  plus  haut.  On  arrive  ainsi  à  la  conclusion  à  la- 
quelle ont  déjà  été  conduits  plusieurs  observateurs  :  que  la  période 
glaciaire  a  été  plutôt  uneépoqued'huraidité  que  de  froid  excessif. 


Massif  du  Mézeng. 

J'ai  eu  récemment  occasion  de  faire  une  excursion  dans  le  massif  du 
Mézenc,  qui  forme  le  point  culminant  de  toute  la  chaîne  des  Cévennes. 
Ce  que  j'ai  pu  y  observer  concorde  parfaitement  avec  les  faits  et  con- 
clusions que  je  viens  d'exposer. 

Ce  massif  montagneux  présente,  dans  son  ensemble,  un  vaste  pla- 
teau à  l'altitude  moyenne  de  1300'",  sur  lequel  émergent  les  pics 
phonolithiques  désignés  dans  le  pays  sous  le  nom  de  sucs,  et  dont  le 
plus  élevé  est  le  Mézenc  (1  754"')-  Les  autres  n'ont  qu'une  altitude 
notablement  moindre  (1  ;00  à  1  600"')  et  se  dressent  sous  forme  de 
dents  ou  de  pyramides  isolées  sur  la  surface  générale  du  plateau. 
Cette  disposition  donne  à  la  contrée  un  aspect  étrange  et  que  les  tou- 
ristes apprécient  à  juste  titre;  mais  elle  est  évidemment  la  moins 
propre  à  favoriser  la  production  des  phénomènes  glaciaires,  puisque 


1878.  TORCAHEL.    —  GLACIEKS  QUAT.    DES   CÉVKNNES.  607 

les  neiges  abondantes  qui  tombent  sur  ces  pics  isolés  se  dispersent  sur 
leurs  flancs  dans  leur  mouvement  de  descente,  au  lieu  de  s'accumuler, 
comme  il  le  faudrait  pour  former  des  glaciers  à  moraines.  Je  pensais 
cependant  que,  vu  son  altitude  générale  et  sa  situation  au  nord  de  la 
chaîne,  cette  région  n'avait  pu  échapper  entièrement  à  l'influence  de 
la  période  glaciaire,  et  je  crois  en  avoir  en  effiet  trouvé  les  traces  dans 
les  amas  de  blocs  que  l'on  observe  au  pourtour  de  la  base  de  ces  pics, 
et  dont  la  disposition  ne  me  paraît  pouvoir  être  expliquée  que  par 
un  transport  glaciaire. 

Ces  amas  ofl'rent  d'abord  ce  caraoUVe  constant  qu'ils  ont  leur  limite 
inférieure  à  l'altitude  d'environ  I  300^.  Ensuite,  ils  sontsurtout  déve- 
loppés dans  les  points  où  deux  S2<C5  étant  voisins  l'un  de  l'autre,  il 
résulte  du  rapprochement  de  leur  base  une  espèce  de  cirque  plus  ou 
moins  accusé.  Les  blocs,  constitués  par  le  trachyte  et  la  phonolithc, 
sont  à  angles  vifs,  mesurent  souvent  plusieurs  mètres  dans  leur  plus 
grande  dimension  et  sont  entassés  confusément,  quelques-uns  étant 
•comme  plantés  dans  la  masse.  On  croirait  à  un  éboulement,  mais  la 
pente  de  la  surface  (5  à  6"")  et  la  distance  à  laquelle  les  roches  se  trou- 
vent des  escarpements,  excluent  cette  origine,  et  on  ne  voit  pas  non  plus 
comment  auraient  pu  se  former  des  courants  capablesd'entraîner  de  tels 
blocs.  En  admettant  d'ailleurs  l'hypothèse  de  courants,  on  ne  saurait 
expliquer  pourquoi  leur  action  se  serait  constamment  arrêtée  à  une 
altitude  uniforme,  alors  que  les  pentes,  au  lieu  de  s'adoucir,  devien- 
nent au  contraire  plus  fortes  vers  l'aval.  L'existence  de  petits  glaciers 
circonscrivant  la  base  des  pics  rend  au  contraire  parfaitement  compte 
do  tous  ces  faits. 

La  figure  2  de  la  planche  IX  indi(jue  la  disposition  générale  d'un  de 
ces  amas,  celui  qui  entoure  la  base  du  suc  situé  à  2  kilomètres  environ 
au  N.  E.  du  village  de  Sainte-Eulalie. 

Le  sommet,  formé  de  phonolithe,  est  à  l'altitude  1534'".  Lu  base  est 
entourée  par  les  basaltes  anciens,  qui  recouvraient  autrefois  le  plateau 
d'une  nappe  probablement  continue.  Au  pied  même  du  cône  se  trouve 
un  talus  d'éboulis,  e;  puis  vient  le  basalte,  B,  que  Ton  aperçoit  en  place 
dans  les  érosions  de  la  couche  superficielle;  enfin,  plus  bas,  le  terrain 
glaciaire,^,  formé  de  blocs  phonolilhiques  mêlés  à  des  blocs  basalti- 
ques. Tous  ces  blocs  sont  anguleux  et  reposent  sur  le  granité. 

Dans  tous  les  amas  que  j'ai  examinés,  les  blocs  m'ont  paru  presque 
en  contact  et  avec  très-peu  de  matière  terreuse  ou  argileuse  inter- 
posée. Cette  absence  de  limon  me  semble  tenir  à  la  résistance  qu'ofl*rent 
lesphonolithes,  soit  aux  agents  atmosphériques,  soit  à  l'action  méca- 
nique, d'ailleurs  bien  peu  énergique,  de  petits  glaciers  se  mouvant  sur 
des  surfaces  presque  planes  ou  mêmes  convexes. 


008        DAUBRÉE.  —  DÉFOHMATIONS   KT  CASSUKES   PAU  GLISSEUENT.       3  juin 

Cette  composition  des  amas  et  les  conditions  de  leur  gisement  ne 
permettent  pas  d'admettre,  avec  M.  Tournaire  (1),  que  leur  entraîne- 
ment soit  dû  k  un  déplacement  lent  de  leur  masse,  par  voie  de  glis- 
sement, sous  Vinfluence  des  pluies.  Cette  cause  peut  être  invoquée 
pour  expliquer  les  amas  de  blocs  produits  dans  les  vallées  de  la 
Haute-Loire  par  la  destruction  des  nappes  basaltiques  ou  trachy tiques, 
et  reposant  sur  des  argiles  tertiaires;  mais  ici  le  substratum  est  émi- 
nemment résistant. 

Ainsi  donc,  si  nous  i^econ naissons  encore  ici  les  traces  de  la  période 
glaciaire,  nous  arrivons  de  même  à  conclure  que  ses  etlets  ont  été 
restreints  et  sont  restés  dans  les  limites  que  nous  leur  avions  déjà 
reconnues. 

M.  Daubrée  communique  les  Expériences  qu'il  a  faites 
sur  la  x>^oduction    de  cléronnations  et  de  €5ci»8ui*eM  pai* 

^llBsement.  Dans  cos  expériences,  qui  font  suite  à  celles  dont  il  a 
déjà  entretenu  la  Société,  il  a  exercé  une  pression  longitudinale  sur 
un  parallélipipèdedc  mastic  à  mouler,  substance  à  la  fois  flexible  et 
cassante.  Il  a  obtenu  ainsi  :  i^  deux  systèmes  de  fentes  à  peu  près 
i*eclangulaires  et  symétriquement  inclinées  sur  l'axe  du  parai lélipipède, 
qui  traversent  le  bloc  en  faisant  glisser  Tune  des  parties  sur  l'autre; 
2®  des  fissures  parallèles  minces  et  très-nombreuses,  groupées  en  deux 
systèmes  respectivement  parallèles  aux  fentes  principales  et  ayant 
pour  bissectrice  la  direction  de  la  pression. 

Par  leur  mode  d'association,  par  leurs  dispositions  parallèles  et  par 
leur  répartition  en  plusieurs  systèmes,  ces  cassures  artificielles  rappel- 
lent tout  à  fait  les  cassures  de  divers  ordres  qui  traversent  de  toutes 
parts  récorce  terrestre.  Elles  imitent  les  failles  avec  leurs  formes  et 
leurs  rejets,  qui  sont  produits  par  les  poussées  mêmes  qui  ont  ouvert 
ces  fentes.  On  voit  de  plus  comment  les  joints,  souvent  si  intimement 
associés  aux  failles,  dont  ils  sont  un  diminutif,  ont  pu  prendre  nais- 
sance en  même  temps  que  ces  dernières.  Ces  directions  de  fissures 
étant  des  lignes  de  moindre  résistance,  on  comprend  comment  les 
vallées  d'érosion  se  rattachent  souvent  aux  failles.  Enfin,  on  a  une 
explication  probable  de  la  disposition  à  peu  près  rectangulaire  si  fré- 
quente dans  les  joints  et  dans  les  failles.  Il  suffit  d'une  très-faible 
déformation  pour  que  ces  systèmes  de  cassures  prennent  naissance 
simultanément.  Certaines  contrées,  le  Nord  de  la  France  par  exemple, 
offrent  des  exemples  de  ce  double  système  de  cassures. 

(1)  Sur  la  constitution  géologique   du  drp.  de  la  Ïlaute-Loire .   Bull.,  2*  sér.. 
t.  XXVI,  p.  1106;  1869. 


1878.  POTIER.    —  G.VSSL'nES  DANS  LES  CORPS  ISOTROPES.  609 

A  la  suite  (le  cette  communication,  M.  Daubivc  donne  lecture  de  la 
note  suivanle  : 


Sur  la  clirection  des  cassures  dans  les  corps  Isotropes» 

par  M.  Potier. 

Les  nouvelles  expériences  de  M.  Daubrée  sur  Técraseraent  des 
prismes,  expériences  dans  lesquelles  deux  systèmes  de  cassures,  d'im- 
]K)rlance  à  peu  près  égale,  sont  déterminés  par  Tapplication  d'ui>e 
pression  unique,  présentent  trop  d'intérêt  pour  la  géologie  pour  qu'on 
n'en  rechei'che  pas  l'explication  théorique. 

Si  Ton  suppose  un  corps  solide,  fortement  pressé  dans  une  direc- 
tion unique,  verticale  par  exemple,  il  est  bien  dair  que  les  deux 
fragments  que  l'on  obtiendrait  en  déterminant  une  section,  soit  ho- 
rizontale, soit  verticale,  n'auront  aucune  tendance  à  glisser  l'une  sur 
l'autre. 

Si,  au  conli^ire,  la  section  est  inclinée,  la  pression  aura  pour  effet 
de  faire  glisser  ces  deux  fragments;  (]uand  le  corps  solide  n'a  pas  été 
coupé,  la  cohésion  s'oppose  h  ce  mouvement  tant  que  la  pression  n'est 
pas  trop  forte;  lorsque  celle-ci  devient  considérable,  le  glissement  a 
lieu  et  doit  avoir  lieu  suivant  la  section  pour  laiiuelle  la  tendance  au 
glissement  serait  la  plus  grande;  cette  tendance,  nulle  pour  une  sec- 
tion horizonlale  ou  verticale,  est  maximum  pour  une  section  inclinée 

Si  Ton  supposait  donc  un  corps  soumis  uni(|uement  à  des  pressions 
toutes  parallèles  entre  elles,  il  |>ourrait  se  rompre  indifféremment 
suivant  toutes  les  sections  inclinées  h  45^  sur  la  direction  de  ces  pres- 
sions; mais  si,  en  dehors  des  pressions  verticales  (|ue  nous  supposerons 
les  plus  considérables,  il  est  soumis  en  outre  ù  des  pressions  Est-Ouest, 
s'opposant  à  un  glissement  dans  ce  sens,  les  mouvements  auront  lieu 
dans  le  sens  du  méridien,  les  surfaces  de  glissement  étant  des  plans 
dirigés  Est-Ouest,  plongeant,  soit  au  Sud,  soit  au  Nord,  de  4.'>,  et  fai- 
sant par  conséquent  entre  eux  uii  angle  droit. 

Si,  au  contraire,  on  supposait  les  pressions  Est-Ouest  très-fortes 
relativement  aux  pressions  verticales,  comme  cela  paraît  être  le  cas 
pour  un  grand  nombre  de  phénomènes  géologiques,  les  surfaces  de 
glissement  seront  verticales,  formant  avec  le  méridien  des  angles 
de  Vy\ 

Le  cro(|uis  ci-4lessous  représente  la  rupture  théorique  dans  le  pre- 
mier cas. 

39 


GIO        HÉBERT  ET  HL'NIER-CIIALMAS.  —  TEllTIAlRE  DU   MCENTIN.         3  juiu 


,-  — •        \ 

/*■    — y~      -'■■ 


N 1 L-.-.-; s 


A< 


Il  est  remarquable  que  la  direclioii  des  plans  de  rupture  laisse  indé- 
terminé le  sens  de  la  pression  maximum  supportée  par  le  corps,  cl 
que  dans  le  cas  du  croquis  figuré,  on  ne  puisse  dire  si  celte  pression 
était  verticale  ou  horizontale,  que  d'après  le  sens  du  glissement,  qui 
ne  peut  être  estimé  qu'en  essayant  de  reconstituer  le  solide  primitif 
(ce  qui  est  bien  souvent  impossible),  afin  de  savoir  dans  quel  sens  il 
s'est  allongé. 

La  coexistence  obligatoire  de  ces  deux  directions  de  rupture  per- 
mettra dans  beaucoup  de  cas  de  distinguer  les  cassures  accompagnées 
ou  non  de  rejets,  des  autres  cassures  formées  par  tension,  telles  que 
celles  qui  peuvent  se  produire  au  sommet  d  un  anticlinal,  la  direction 
de  celles-ci  étant  toujours  unique  et  perpendiculaire  à  la  tension. 

Bien  que  ces  considérations  ne  soient  rigoureusement  applicables 
qu'aux  corps  isotropes  ou  offrant  dans  tous  les  sens  une  égale  résis- 
tance au  glissement,  elles  s'appliquent  encore  au  cas  où  les  corps 
n'ont  pas  été  préalablement  cUxh^s,  sauf  en  ce  qui  concerne  la  valeur 
des  angles. 

M.  IIél>ert  expose,  au  nom  de  M.  Jiluiiior-dialnicis  et  au 

sien,  la  première  partie  des  résultats  de  leurs  recherches  sur  les  terrahis 
tertiaires  chi  VIeeutin  : 

Dans  cette  première  communication  il  ne  sera  question  que  des 
couches  tertiaires  les  plus  anciennes  (groupe  de  Spilecco)  et  de  la 
Craie  qui  les  supporte. 

lo  La  Craie  (ou  Scaglia)  la  plus  récente  de  cette  région  et  des  ré- 
gions voisines  est  caractérisée  par:  Stenonia  Uiberculosa,  Ananchytes 
gihba  (grosse  variété  de  Tercis),  IIoIa,ster  pihda,  grandes  espèces  d'Ho- 
lastcr,  Infidaster,  Inocérames,  etc.  Elle  est  donc  plus  ancienne  que  la 
Craie  supérieure  du  Midi  de  la  France,  et  à  plus  forte  raison  que  celle 
du  Nord. 

Au  contact  avec  le  terrain  tertiaire,  la  surface  de  laCraie  est  ravinée, 
souvent  même  profondément,  et  recouverte  (|uelquefois  (Asiago)  par 
l'Éocène  supérieur.  La  concordance  avec  le  terrain  tertiaire  n'est  donc 
que  locale  et  apparente. 

La  Craie  peut  reposer,  sans  dislocation  aucune,  sur  le  basalte,  de 
manière  i\  paraître  s'être  déposée  par-dessus;  elle  renferme  des  lits 


1878.  ZEIL1.ER.    —   DICIUNOPHYLLUM   IIOBUSTUM.  611 

réguliers  et  étendus  de  celte  roche,  mais  on  reconnaît  qu'on  a  affaire 
à  des  filons-couches,  qui  souvent  conduisent  aux  cheminées  d'érup- 
tion. 

De  pareilles  observations  peuvent  être  laites  même  dans  le  terrain 
jurassique. 

2o  Groupe  de  Spilecco,  composé  de  calcaires,  d'argiles  et  de  tufs, 
dont  la  faune,  quoique  peu  riche,  a  fourni  38  espèces.  C'est  un  ensem- 
ble tout  particulier  de  fossiles,  sans  liens  avec  aucune  autre  faune 
connue. 

Les  tufs  sont  tantôt  ù  la  base,  tantôt  au-dessus  des  calcaires;  ils 
sont  stratifiés,  renferment  des  débris  corrodés  des  calcaires,  soit  en 
petits  nodules,  soit  en  amandes  allongées,  encore  en  place,  et  présen- 
tent une  ou  plusieurs  couches.  11  y  a  toute  évidence  que  les  tufs 
résultent  de  la  désagrégation  des  calcaires.  Celte  désagrégation  a  été 
probablement  le  résultat  d'émissions  aqueuses  thermales,  acides, 
ayant  procédé,  accompagné  et  suivi  les  éruptions  basaltiques.  La  pré- 
sence fréquente  de  ces  tufs  à  la  base  du  terrain  tertiaire  s'explique  par 
le  passage  facile  ouvert  aux  sources  à  la  surface  inégale  et  ravinée  de 
la  Craie,  et  par  la  plus  grande  porosilé  des  couches  tertiaires  infé- 
rieures, qui  permettait  une  désagrégation  plus  facile. 

La  postériorité  de  ces  phénomènes  est  prouvée  par  le  voisinage 
immédiat  de  dykes  de  basalte  dans  lesquels  on  peut  voir  des  lam- 
beaux de  calcaire  verticaux  ou  repliés  en  V. 

M.  Hébert  cite  un  grand  nombre  de  localités  où  les  faits  consignés 
dans  ce  travail  ont  été  observés  par  M.  Munier-Chalmas  et  par  lui. 

11  annonce  que  la  suite  de  ce  travail  démonlrera.que  les  éruptions 
basaltiques  de  ces  régions  sont  postérieures  aux  couches  à  Clypéastres 
de  Schio. 

M.  Zeiller  fait  la  communicalion  suivante  : 


Sur  une  nouvelle  espoco  de  Dlcritnopliylluiu» 

par  M.  H.  Zolllei*. 

PI.  X. 

M.  Grand'Eury  a,  le  premier,  signalé  l'existence  dans  le  terrain 
houiller  supérieur  d'un  nouveau  genre  de  Conifères  caractérisé  par 
ses  feuilles  linéaires  une  ou  deux  fois  bifurquées,  et  auquel  il  a  donné 
le  nom  caractéristique  de  Dicranophyllian  (feuilles  fourchues).  11  en  a 
fait  connaître  deux  espèces,  le  D,  galUcum,  très-répandu  dans  U;s 


612  ZFJLLEU.   —  DICUANOPHTLLtM   UODUSTUM.  3  juio 

terrains  houillcrs  du  Centre,  et  le  D,  striatum,  beaucoup  plus  rare 
que  le  pn^cédent. 

J*ai  trouvé  dans  les  collections  de  TÊcoie  des  Mines  un  échantillon 
provenant  du  terrain  houiller  d'Alais  (Gard),  qui  appartient  à  une 
troisième  espèce,  différente  du  D.  gallicum  par  sa  taille  beaucoup 
plus  grande,  plus  voisine  du  D.  striatum,  mais  distincte  de  celui-ci 
par  Tangle  plus  ouvert  de  la  bifurcation  de  ses  feuilles  et  par  le 
peu  de  distance  qui  sépare  le  point  d*attache  de  la  feuille  de  son 
point  de  bifurcation.  Cet  échantillon  est  représenté  pi.  X,  fig.  l. 


DICRANOPHYLLUM   ROBUSrUM,  ZeiUcr. 

PI.  X. 

Feuilles  larges  de  5  à  6  millimètres  à  la  base,  se  divisant  à  une  dis- 
lance d'environ  15'"'"  de  leur  point  d'attache  en  deux  branches  cigales, 
larges  de  2  à  2'"'^'5,  faisant  entre  elles  un  angle  de  20  à  SO'el  séparées 
par  un  sinus  arrondi.  Chacune  de  ces  branches  se  montre  marquée 
(le  5  nervures  principales,  entre  lesquelles  on  distingue  des  nervures 
secondaires  beaucoup  plus  iines;  la  base  même  de  la  feuille  paraît 
n'avoir  que  5  nervures  principales,  mais  elles  se  divisent  par  dicho- 
tomie vers  la  hauteur  de  la  bifurcation,  un  peu  au-dessus  ou  un  peu 
au-dessous,  de  manière  à  former  5  nervures  dans  chaque  branche. 

L'échantillon  que  j'ai  pu  étudier  ne  présente  aucune  feuille  com- 
plète; toutes  celles  qui  sont  adhérentes  au  rameau  sont  rompues  ou 
déchirées  à  2  ou  3  cenlimètres  de  leur  point  d'attache,  et  le  reste  de 
la  plaque  n'offre  que  des  fragments  encore  plus  incomplets;  il  est 
impossible  de  savoir  avec  certitude  si  les  branches  se  subdivisent  ou 
non  à  leur  tour;  en  tout  cas,  si  celte  séparation  avait  lieu,  elle  ne  se 
produirait  (|u  assez  loin  de  la  première  bifurcation,  car  sur  plusieurs 
fragments  de  feuilles  les  branches  alteignent  jusqu'à  7  cenlimètres 
sans  se  diviser  ;  mais  je  crois  plutôt  qu'elles  ne  se  divisaient  pas  une 
seconde  fois,  l'un  de  ces  fragments  paraissant  s'amincir  peu  à  peu  et 
se  terniiiier  en  pointe  obtuse. 

La  surface  du  rameau,  dont  l'échantillon  figuré  ne  présente  que  ie 
moule,  est  divisée  en  compartiments  rhomboïdaux  très-allongés  dans 
le  sens  vertical,  ayant  3  à  4^'"  de  longueur  sur  une  largeur  maxima 
de  4  à  o"''",  et  striés  longitudinalement;  ils  se  montrent  très-légère- 
ment bombés  sur  le  moule,  et  par  conséquent  ils  étaient  déprimés 
sur  la  tige  elle-même.  On  remarque  vers  l'une  de  leurs  extrémités  le 
point  ou  la  feuille  devenait  libre,  et  c'est  la  position  de  ce  point,  qui 
doit  être  placé  à  la  partie  supérieure,  qui  m'a  conduit  à  orienter  cette 


/, 


1878.  ZRILLER.  —  DICnANOPHYLIXM   ROBUSTL'M.  613 

empreinle  telle  qu'elle  est  dessin<^e  pi.  X,  fig.  1,  et  non  pas  en  sens 
inverse,  comme  on  aurait  été  porté  naturellement  à  le  faire  par  la 
direction  des  feuilles  et  de  quelques  petits  bourgeons  dont  je  n*ai  pas 
encore  parlé. 

Ces  bourgeons  ont  une  forme  ovoule;  ils  sont  composés  d'écaillés 
lancéolées  très-aiguci,  pourvues  d'une  carèiio  saillante  sur  le  do*;  leurs 
extrémités  se  prolongeant  au  sommet  du  bourgeon  lui  donnent  une 
apparence  chevelue.  Elles  étaient  sans  doute  assez  coriaces,  car  elles 
sont  transformées  en  lamelles  charbonneuses  d'une  épaisseur  notable. 

M.  Grand'Eury  a  figuré  des  bourgeons  semblables  sur  le  D.  galli- 
cum  (i)  ;  il  paraissait  probable,  vu  leur  nombre  et  la  rareté  relative 
d^  ramifications  des  axes  feuilles  dans  les  Dicranophyllum,  qu'ils 
devaientétrc  considérés  comme  des  bourgeons  floraux. 

La  présence  d'organes  mules  sur  l'échantillon  que  je  figure  ici  vient 
donner  plus  de  poids  encore  à  cette  attribution.  On  remarifuo  en  a 
deux  empreintes,  sur  lesquelles  M.  de  Saporta  a  récemment,  en  exa- 
minantcet  échantillon,  appelé  mon  attention.  Ce  sont  deux  petits  axes 
striés  longitudinaletnent,  et  élargis  a  une  extrémité  en  une  sorte  de 
chapeau  épais,  charbonneux,  qui  paraît  divisé  en  un  certain  nombre 
de  secteurs  rayonnants.  Il  est  impossible  de  ne  pas  voir  lu  des  étami- 
nés  semblables  ou  tout  au  moins  très-analogues  à  celles  des  Taxiis, 
Sur  l'un  de  ces  organes,  que  la  fig.  3  représente  grossi,  la  matière 
charbonneuse  du  chapeau  a  disparu  en  partie,  et  l'on  voit  l'empreinte 
laissée  sur  la  roche  par  la  face  supérieure  des  lobes  :  cette  empreinte 
se  montre  finement  chagrinée,  et  l'on  reconnaît,  avec  un  grossissement 
un  peu  plus  fort,  que  cette  apparence  est  due  à  l'impression  du  réseau 
cellulaire,  entièrement  semblable  à  celui  qu'on  observe  sur  la  face 
supérieure  des  lobes  de  Técusson  slaminal  des  Taxus,  Sur  l'autre,  oa 
voit,  à  droite  et  à  gauche  du  pédicellc,  sous  le  chapeau,  deux  corps 
ovoïdes  qui  ne  peuvent  être  que  la  partie  pendante  des  sacs  polli- 
niques.  Il  est  permis  de  croire  que  ces  étamines,  ainsi  constituées, 
étaient  attachées  à  un  axe  sortant  de  l'un  des  bourgeons  écailleux 
restés  adhérents  au  rameau.  C'est  ce  (|ui  a  lieu  chez  un  grand  nombre 
de  Conifères,  et  notamment  chez  les  Ifs. 

En  résumé,  la  constitution  de  ces  organes,  dont  l'attribution  au 
rameau  feuille  près  du^iuel  ils  se  trouvent  ne  peut  guère  donner  lieu 
à  un  doute,  fixe  la  place  des  Dicranophyllum  dans  la  tribu  des  Taxi- 
nées,  où  ils  doivent,  sans  doute,  se  ranger  près  des  Gingko.  Il  est  inté- 
ressant de  rappeler  que  les  organes  mâles  attribués  par  M.  0.  Heer  et 
par  M.  de  Saporta  aux  Baiera,  genre  intermédiaire,  en  quelque  sorte, 

(1)  GraiurEury,  Fb>rc  carbonifère,  p.  273,  pi.  XIV.  ti^v  8. 


614  ZëILLëR.    —  DICIIAXOPIIYLI.UM   ROBUSTUM.  3  juin 

entre  les  Dicranophyllum  et  les  Gingho,  sont  construits  sur  ce  même 
type,  avec  des  sacs  polliniques  réunis  eu  verticilles  au  sommet  de  courts 
pédicellcs  (1). 

L'échantillon  représente  pi.  X,  (ig.  i,  appartenait  évidemment  à 
une  tfgeou  à  un  rameau  déjà  âgé,  et  c'est  ce  (|ui  explique  la  dispo- 
sition singulière  des  feuilles,  qui  se  présentent  rebroussées  vers  le  bas, 
et  dont  le  renversement  a  dû  entraîner,  par  pression,  l'inflexion  vers 
le  bas  des  bourgeons  placés  au-dessous  d'elles.  On  remarque,  notam- 
ment sur  la  feuille  la  plus  basse,  que,  partie  du  rameau  presque  à 
angle  droit,  elle  se  renverse  brusquement  en  arrière,  puis  s*étale  et 
prend  une  direction  à  peu  près  horizontale  ou  plutôt  légèrement 
pendante. 

Le  même  fait  s'observe  très-fréquemment  chez  le  D.  gallicum,  ainsi 
que  j'ai  pu  le  constater  sur  divers  échantillons  d'Âhun  fort  bien  con- 
servés, qui  se  trouvent  à  l'École  des  Mines.  Les  feuilles  de  cette  espèce, 
qui  étaient  persistantes,  s'attachaient  sur  les  rameaux  par  un  écusson 
rhomboïdal  plus  allongé  vers  le  bas  que  vers  le  haut,  comme  on  le  voit 
dans  un  grand  nombre  de  Conifères.  Elles  devaient,  d'après  ce  que 
j'ai  pu  observer,  présenter  à  leur  base  une  section  rhomboïdale  et  se 
raccorder  avec  l'écusson  par  quatre  arêtes  saillantes,  dont  deux  situées 
dans  le  plan  moyen  de  la  feuille  et  les  deux  autres  dans  un  plan  ver- 
tical, l'arête  inférieure  formant  carène  sur  l'écusson.  Sur  les  jeunes 
rameaux,  on  les  voit  se  détacher  presque  normalement  à  Taxe,  puis 
s'infléchir  pour  se  dresser  vers  le  haut,  en  faisant  avec  cet  axe  un 
angle  de  45**;  sur  les  rameaux  plus  âgés,  ou  à  la  partie  inférieure  des 
mêmes  rameaux  dont  le  sommet  est  garni  de  feuilles  dressées,  on  les 
voit  rester  normales  à  l'axe  sur  une  certaine  longueur  et  ne  se  redres- 
ser que  vers  leur  extrémité;  sur  des  parties  plus  ûgées  encore,  on  les 
voit,  dès  leur  base,  se  recourber  vers  le  bas,  puis  reprendre  peu  à 
peu,  en  s'infléchissaiit,  une  direction  horizontale  ou  même  légère- 
ment ascendante.  Enfin,  les  rameaux  plus  gros  ne  présentent  plus  que 
des  feuilles  qui  se  rebroussent  immédiatement,  s'appliquant  presque 
sur  l'écusson  dont  elles  sont  parties,  et  qui  s'écartent  ensuite  peu  à  peu, 
jusqu'à  un  angle  de  45%  mais  restent  toutes  dirigées  vers  la  base  du 
rameau  qui  les  porte.  On  est,  dans  ce  cas,  porté  tout  d'abord  à  orien- 
ter ces  rameaux  en  sens  inverse,  et  à  regarder  les  feuilles  comme  par- 
tant de  la  partie  intérieure  et  non  du  haut  de  l'écusson  qui  forme  leur 
base. 

C'est  le  cas  (|ui  se  présente  pour  l'échantillon  ligure  pi.  X,  Hg.  1, 
que  j'aurais  orienté  inversement,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  si  je 

(l;  De  Saporta.  Pal.  fr..  -2'  >«t..  Plantes  jurassiques,  p.  t>f;t*:fî4.  CLVI,  fip.  **  et  :{. 


1878.  ZEILLER.   —   DICRANOPHYLLUM    ROni-STUU.  G15 

n'avais  eu  égard  qu'à  la  disposition  des  feuilles,  et  si  l'étude  du  D. 
gallicum  ne  m'avait  éclairé  sur  le  vrai  sens  à  lui  donner. 

J'ajouterai  qu'on  observe  chez  plusieurs  Conifères  vivants  des  exem- 
ples d'un  semblable  renversement  des  feuilles;  je  citerai,  par  exemple, 
V Araucaria  brasilioisis  et  surtout  VA.  Cunninghami,  dont  les  feuilles, 
sur  les  jeunes  rameaux,  et  sur  la  tige  elle-même  entre  les  verticilles 
de  branches  les  plus  récents,  se  montrent  dirigées  vers  le  haut;  sur 
les  parties  un  peu  plus  âgées,  elles  sont  étalées  normalement  h  l'axe; 
enfin,  sur  les  parties  plus  anciennes  de  la  tige  principale  ou  des  ra- 
meaux, surtout  des  rameaux  de  premier  ordre,  elles  sont  complète- 
ment renversions  et  font  avec  Taxe,  du  coté  du  bas,  un  angle  égal  à 
celui  qu'elles  faisaient  précédemment  de  l'autre  côté;  quehiues-unerS 
même  sont  presque  appliquées  contre  l'écorce.  Ainsi,  aux  deux  extré- 
mités d'un  même  rameau,  on  trouve  des  feuilles  dirigées  en  sens  exac- 
tement inverses.  C'est  ce  qu'on  observe  souvent  dans  le  D,  gallicum 
sur  des  fragments  de  branche  sufîisamment  longs. 

J'ajouterai,  au  sujet  du  1).  gallicum,  qu'on  voit  assez  fréquemment 
les  rameaux  présenter  les  traces  d'inégalités  notables  dans  leur  déve- 
loppement :  j'ai  vu  sur  des  échantillons  du  terrain  liouiller  d'Ahun, 
cil  cette  espèce  est  très-abondante,  les  feuilles,  espacées  seulement  de 
3  à  4"'"  dans  le  sens  vertical  sur  un  certain  point  d'une  branche,  se 
montrer  sur  un  autre  point  de  la  même  branche  espacées  de  7,  8,  9  et 
10^™.  Les  parties  où  les  feuilles  sont  plus  rapprochées  paraissent 
correspondre,  comme  l'a  indiqué  M.  Grand'Eury,  aux  points  de  rami- 
fication, ainsi  ({u'on  l'observe  encore  dans  beaucoup  de  Conifères 
et,  par  exemple,  dans  V Araucaria  Cunninghami  ((ue  j'ai  cité  tout  à 
l'heure. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  X. 

Fig.  1.  — Dicranopliyllitm  robustum,  ZoilliT. 

Fraj^inents  de  ruineaii  portant  plusiijur.s  feuilh-s  et  des  bourgeons  floraux  à  1  ais- 
selle de  quelfjues-unes  d'entre  elles. 

En  a,  deux  élamines,  compos.'es  chaonn.*  d'un  petit  a\e.  ép;inoui  au  sonink't  en  un 
C'Cusson  plurilobé,  ipii  porte  les  sacs  pollinifpies. 

Fig.  2  et  2'.  —  Fra/Ljments  de  feuilles  provenant  de  la  partie  pi>stérieure  de  la 
mOmc  plaque. 

Fig.  3.  —  Une  des  étaniines  a  /^çrosMe. 

1^  Secrétaire  donne  lecture  do  la  note  suivante  : 


616  PËiioN.  —  itKPONSii:  A  M.  LRYUEUiE.  3  juin 


Observations  sur  le  Mchnoire  de  M.  Peron  sur  les  «calcaires 
à'  Ccliinidea  des  Oains  de  Rennes, 

par  M.  L«oyniorio* 

Je  puis  affirmer  que  les  calcaires  à  Hippuriles  qui  couronnent  la 
Montagne  des  Cornes  sont  supérieurs  aux  couches  à  Échinides  ;  il  ne 
peut  y  avoir  le  moindre  doute  à  cet  égard. 

Quant  à  la  place  de  ces  deux  assises  dans  la  série  crétacée,  je  pense 
qu*elles  sont  une  dépendance  de  la  craie  turonienne.  Voici  deux  faits  à 
Fappui  de  cette  opinion  : 

ï'^La  marne  bleue  du  Moulin  Tiffou  et  le  grès  d*Âlet  appartiennent 
tous  deux  à  la  même  formation  et  me  paraissent  suffire  pour  repré- 
senter le  «St^nom'cn  dans  la  région  de  Uenncs-les-Bains,  le  Garumnien 
rutilant,  qui  surmonte  le  grès,  correspondant  à  l'étage  danien. 

i^  Dans  la  Haute-Garonne,  où  le  Turonien  est  à  peine  représenté,  il 
existe  cependant,  sur  le  petit  plateau  de  Paillon,  derrière  Saint-Mar- 
tory,  un  gîte  très-restreint  et  tout  exceptionnel  de  fossiles  silicifiés  et 
fragmentés,  où  Ton  est  surpris  de  voir  des  Polypiers  et  quelques  Mol- 
lusques des  Bains  de  Rennes  :  Ileliastrea  criharia,  Columnastrea 
striata,  Leptoria  radiata,  Ostrea  from,  des  Rudistes  indéterminables 
et  une  Caprine  voisine  de  C.  AguUloai.  Or,  dans  ce  gîte  singulier,  qui 
pour  moi  est  encore  une  véritable  colonie,  ces  fossiles  de  Rennes  sont 
mêlés  avec  des  Spongiaires  caractéristiques  de  la  craie  turonienne, 
parmi  lesquels  M.  de  Fromcntel  a  reconnu  :  Siphoncndea  brevicostata, 
S,  jnriformis  et  S.  nuciformis  (S,  MicheUnf,  de  From.). 

M.  Peron  fait  la  réponse  suivante  : 

Réponse  aux  observations  de  M.  Lei/merie, 

par  M.  Peron. 

La  note  de  M.  Leyraerie  apporte  un  nouveau  et  précieux  témoignage 
en  faveur  d'un  fait  que  j*ai  cherché  précisément  à  mettre  en  lumière 
dans  mon  mémoire  sur  Rennes-les-Bains:  c'est  la  superposition  des 
calcaires  à  Hippurites  sur  les  couches  à  Micraster  brccis  (1),  superpo- 

(l)  Mîil^iv  l'avis  cxfuimo  «lans  une  précLMlentc  séancu  f)ar  l'un  île  mes  horunahles 
contra» licteurs,  je  maintiens  le  nom  cIo  Micnisfcr  brciia  à  l'espèce  de  Rcnnes-les- 
Bains,  par  eetle  raison  excellente  (pie  c'est  f)ré<'isi;menl  sur  les  Mirrn^frr  de  rv\W 
lo.-alitô  que  l'espèce  de  ce  nom  a  clé  •.iv-e  par  A.izassiz  et  Djsor. 


1878.  SKANCE.  6^7 

sition  qui  était  restée  douteuse  et  que  plusieurs  géologues  ont  complè- 
tement niée. 

Quant  aux  motifs  invoqués  pour  classer  ces  deux  assises  comme  une 
dépendance  deTétage  turonien,  je  ne  saurais,  malgré  la  grande  consi- 
dération que  j'ai  pour  Topinion  du  savant  professeur,  la  regarder 
comme  susceptible  d'infirmer  aucune  de  mes  conclusions.  De  ce  fait 
que  les  quelques  mètres  de  marnes  du  Moulin  Tiffou,  très-différentes 
paléontologiquement  des  couches  subordonnées,  sont  admis  comme 
sénoniens,  il  me  parait  difficile  d'en  conclure  qu'ils  suffisent  pour 
représenter  l'étage  et  qu'aucune  autre  couche  inférieure  n'y  peut  trou^ 
ver  place. 

La  preuve  tirée  de  la  colonie  turonienne  de  Saint-Hartory  ne  me 
parait  pas  non  plus  concluante.  Je  me  réserve  de  la  discuter  ultérieu- 
rement. 

Mon  mémoire  a  provoqué  d'assez  vives  discussions  de  divers  côtés. 
Déjà  de  nombreuses  réponses  ont  été  présentées  à  la  Société,  et  ces 
réponses  ne  me  sont  connues  encore  que  par  le  trop  court  résumé 
donné  dans  le  Compte-roidu  sommaire.  Je  juge  donc  nécessaire  d'atten- 
dre l'impression  et  la  publication  de  ces  notes  pour  répliquer  à  toutes 
en  môme  temps.  Parmi  les  géologues  qui  ont  discuté  mes  conclusions, 
il  en  est  d'ailleurs  dont  l'opinion  s'est  depuis  lors  beaucoup  modifiée 
dans  le  sens  de  ma  manière  de  voir.  La  communication  des  fossiles  des 
couches  litigieuses,  et  les  discussions  poursuivies  par  correspondance 
me  semblent  avoir  gagné  à  cette  manière  de  voir  de  nouvelles  et  pré- 
cieuses adhésions  parmi  les  géologues  du  Midi,  même  parmi  ceux  qui 
jus(}u'ici  avaient  professé  des  idées  tout  à  fait  contraires. 

L'attention  est  maintenant  appelée  sur  les  faits  que  j'ai  signalés  r 
des  recherches  à  ce  sujet  se  poursuivent  en  ce  moment  sur  divers 
points,  et  nous  pouvons  espérer  que  bientôt  de  nouveaux  arguments 
seront  apportés  dans  la  question. 

M.  niuiiier-Clisàliiiaar  fait  une  communication  sur  la  MLatr^ 
phologie  des  CrinoTdes. 


Séance  du  17  juin  1878. 

PRÉSIDENCE    DE    iM.    ALD.    GAUDUY. 

M.  Brocchi,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernièrv^ 
séance,  dont  la  rédaction  est  arloptéc. 


618  TOURNOL'ËR.   —  CÉRITES  DV   PUITS  KHAROUBI.  17  Juin 

li  lit  ensuite  une  lettre  de  M.  Y.  Payot  relative  à  remplacement  du 
monument  élevé  à  Balmat  à  Chamonix.  Cette  lettre  est  renvoyée  au 
Conseil. 

M.  Cotteau,  en  offrant  à  la  Société  son  Rapport  sur  TExposl- 
tlon  géologique  et  paléontologlquo  du  HAvre  (Y.  la 

Liste  des  dom),  insiste  sur  rintérét  tout  à  fait  exceptionnel  que  pré- 
sentait celte  exposition.  Due  à  l'initiative  de  la  Société  géologique 
de  Normandie  et  parfaitement  installée  dans  les  anciens  bâtiments 
du  Palais  de  Justice,  elle  constituait  assurément  un  des  plus  grands 
attraits  du  congrès  de  TAssocialion  française  pour  Tavancement  des 
Sciences. 

M.  Cotteau  signale  les  séries  qui  lui  ont  paru  les  plus  complètes. 
L*étage  kimmérigdicn,  avec  ses  nombreux  ossements  de  Reptiles  et  de 
Poissons,  avec  ses  Mollusques  si  parfaitement  conservés  et  toujours 
revêtus  de  leur  test,  avec  ses  Échinides  aux  espèces  variées  et  parmi 
lesquelles  on  remar([uait  plus  de  trente  magnifiques  exemplaires  du 
Rhabdocidaris  Orbignyana,  attirait  surtout  Tattenlion.  L'étage  céno- 
manien  ne  le  cédait  en  rien  pour  le  nombre  et  la  beauté  des  fossilas 
ù  l'étage  kinimérigdien.  M.  Cotteau  ne  croit  pas  qu'il  existe  ailleurs 
un  ensemble  cénomanicn  plus  complet  et  représenté  par  des  exem- 
plaires plus  parfaits. 

Une  collection  de  roches  exposée  par  la  Société  géologique  de  Nor- 
mandie, dont  elle  est  la  propriété,  complétait  les  séries  paléontolo- 
giques. 

Tous  les  murs  étaient  recouverts  de  plans,  de  dessins,  de  photogra- 
phies, de  coupes,  de  cartes,  au  milieu  desquels  se  détachait  la  grande 
carte  géologique  de  la  Normandie  dressée  par  M.  Lennier.  Ce  n'est  en- 
core qu'un  essai,  mais  si,  grûce  aux  encouragements  des  Conseils  géné- 
raux, cette  carte  peut  être  mise  complètement  à  exécution,  elle  sera  uu 
véritable  monument  pour  la  Géologie  de  la  Normandie. 

D'autres  salles  étaient  consacrées  aux  objets  préhistoriques  et  à  la 
Géologie  applicfuée. 

C'était  la  première  fois  qu'une  exposition  géologique  et  paléontolo- 
gique  était  organisée,  et  on  peut  dire  (fue  son  succès,  à  tous  les  points 
de  vue,  a  été  complet. 

M.  Xournouei*  annonce  qu'après  avoir  examiné  de  nouveau 
les  débites  des  Manio»  »  Ili|>i»nrlun  du  puits  Kharoubi 
près  Oran  (1),  il  a  reconnu  que,  si  la  très-grande  majorité  s'éloigne 

{Ij  V    suprà,  p.  ilO,  scanr;*  du  1  ftH riiT  187H. 


1878.         UÉfi&RT  ET  MCNIER-CHALMAS.  —  TERTIAIRE  DU  VICENTIN.        619 

sensiblement  du  Potamidea  Basteroti  type  de  Montpellier,  cependant 
ce  type  ou  ses  variétés  s'y  trouvent  réellement  représentés  par  quelques 
individus  qui,  malgré  leur  rareté,  suffisent  à  rattacher  les  autres, 
comme  variété  africahie,  à  l'espèce  typique  du  Midi  de  la  France. 

Relativement  aux  Coquilles  marlnea  trouvées  dans  la  région 
des  Obott»  «aliarleii»  par  divers  explorateurs,  M.  Tournouër 
met  sous  les  yeux  de  la  Société  :  1°  des  Cardium  edule  trouvés  par 
M.  Mares  dans  les  dayas  élevées  du  Sud  de  la  province  d*Oran,  et  par 
MM.  Roudaire  et  Lechâtelier  dans  la  grande  dépression  orientale  du 
ChottHelrir;  2^  diverses  coquilles  marines  recueillies  dans  les  dunes 
de  Sedrata,  au  sud  d'Ouargla,  par  M.  Thomas;  et  3<^  les  coquilles 
mêmes  rapportées  par  MM.  Desor  et  Escher  de  la  Linth  des  oasis  du 
Souf  etqui  sont:  Cardium  edule,  Balanus  sp,?,  et  Nassa  gibbosula,  L. 
(espèce  méditerranéenne,  non  atlantique). 

Le  Cardium  edule  semble  seul  avoir  vécu  en  place,  pendant  Tépoque 
quaternaire,  dans  les  divers  bassins,  étages  à  des  altitudes  très-diffé- 
rentes, où  l'on  trouve  ses  nombreux  débris  ;  mais,  à  lui  seul,  il 
ne  suffit  pas  à  prouver  Texistcnce  d'une  mer  saharienne  continue, 
communiquant  avec  la  Méditerranée  d'une  part,  avec  l'Océan  atlanti- 
que de  l'autre  t  Sa  présence  dans  des  bassius  saumâtres,  isolés  les 
uns  des  autres,  peut  s'expliquer  par  le  fait  des  Oiseaux  palmipè- 
des, etc. 

Les  coquilles  marines  de  Sedrata,  absolument  roulées  ou  fragmen- 
tées, ont  été  recueillies  à  la  surface  des  sables  mobiles  qui  ont  recou- 
vert cette  ancienne  oasis,  et  leur  présence  doit  être  attribuée  au  fait  de 
l'homme,  même  pour  les  espèces  que  leur  origine  lointaine  et  non 
méditerranéenne  rend  plus  singulier  de  rencontrer  ici. 

Il  en  est  de  même  sans  doute  de  celles  du  Souf;  elles  ont  cependant 
été  trouvées,  d'après  M.  Desor,  dans  des  conditions  de  gisement  qui 
leur  donnent  plus  d'importance,  c'est-à-dire  dans  des  sables  stratifiés 
torrentiellement  et  recouverts  par  une  croûte  gypseuse. 

Théoriquement,  il  n'est  pas  invraisemblable  qu'une  partie  au  moins 
du  sol  africain  de  cette  région  ait  participé  aux  grands  phénomènes 
géologiques  d'exhaussement,  d'affaissementou  de  fracture,  qui  pendant 
l'époque  quaternaire  ont  affecté  si  gravement  le  bassin  de  la  Méditer- 
ranée et  isolé,  par  exemple,  les  terres  voisines  de  la  Sicile  et  de  Malte, 
où  ont  été  trouvés  des  débris  d'ËIéphants,  mais  les  faits  conchyliolo- 
giques  sur  lesquels  on  a  appuyé  l'hypothèse  d'une  grande  mer  saha- 
rienne récente  ne  sont  pas  jusqu'à  ce  jour  concluants  en  faveurdc  cette 
hypothèse. 

M.  Hébert   termine  l'exposé  des  rcclierchc.s  qu'il  a  entreprises 


620      HÉBERT  ET  MUNIER-GHALHAS.  —  TERTIAIRE   DU   VICENTIN.         17  juin 

avec  M.   Munier-Cliciliiias  sur  les  terrains  tertiaires  du 
Vlcentin  (i)  : 

30  Coîiches  à  Alvéoïines  de  Monte  Valîeco  (Bolca)  et  Monte  Portale, 
—  La  superposition  au  n»  i  serait,  à  Mussolirio  et  à  Monte  Sivieri 
(Bolca)  :  à  la  base,  couches  à  structure  brëchoîdes,  nombreux  Nul- 
lipores.  Crustacés,  petites  Nummulites  ;  puis,  couches  à  Alvéolipies 
proprement  dites,  avec  lits  de  Poissons  et  de  Végétaux  à  la  partie 
supérieure. 

Le  calcaire  de  Monte  Portale,  qui  termine  ce  système,  nous  a  donné 
une  belle  série  de  fossiles  avec  le  test,  dont  un  certain  nombre  du 
Calcaire  grossier  inférieur  parisien  :  Cerithium  giganteum,  Natica 
cœpacea,  N,  hybrida,  Terebellum  sopitum,  Hipponix  comucopiœ,  Lucina 
gigantea,  Corbis  lamcllosa,  Orbitolites  complanata  et  beaucoup  d'es|)è- 
ces  nouvelles.  —  En  haut,  couches  sauraàtres  avec  Cyrènes,  Cycles- 
tomes,  etc. 

40  Calcaires  à  Êchinides  de  Brusa-Fcrri  et  Lignites  de  Monte  Pulli, 
près  Valdagno.  —  La  base  de  ce  système  e§t  marine  (Nummulites 
Pratti,  d'Arch.,  ce,  Ranina  Marestiana,  Kœnig,  PetHaster,  Schizaster, 
etc.)  ;  lits  de  Palmiers,  Alvéoïines  rares;  puis  couches  à  Nummulites 
granulosa?,  recouvertes  à  Monte  Prelii  par  des  bancs  saumâtres  et  des 
lignites  renfermant  quelques  espèces  de  Monte  Portale,  avec  Orbitolites 
complanata,  mais  surtout  une  riche  faune  nouvelle.  Plusieurs  espèces 
(Anomya  dcntata,  Pyrula  Hantkeni,  Natica  cochlearia,  etc.)  caracté- 
risent les  lignites  inférieurs  de  la  Hongrie. 

5*'  Horizon  de  San  Giovanni  Ilarione,  caractérisé  en  Italie,  comme 
en  Hongrie,  par  l'association  des  mêmes  ^\x\ïi\n\x\\iQ^(N.  perforata, 
N.  spira,  N.  complanata);  nombreux  Echinides  (Prenaster  Alpinus, 
Pericosmics  spatango'idcs,  Conoclypus  cono'ideus,  Amblypygus  dilatatus, 
Cyphosoma  Blongianum,  etc.). 

6**  Horizon  de  Ronca,  avec  les  couches  saumâtres  à  Cérites  à  la  base 
et  les  calcaires  à  Corbis  major  en  haut.  En  Hongrie  cet  horizon  est 
nettement  compris  entre  le  n^'S  et  les  couches  équivalentes  au  système 
de  Priabona.  Sa  place,  qu'il  n'a  pas  été  possible  d'observer  en  Italie, 
se  trouve  donc  rigoureusement  fixée. 

De  nombreux  faits  démontrent  que  toutes  les  éruptions  basaltiques 
sont  postérieures  aux  assises  précédentes. 

M.  Rivière  communique  la  note  suivante  : 

(1)  V.  SHprà,  p.  610. 


4878.  RIV1^.RE.  —  GROTTE  DE  GRIMALDI.  621 


Note  sur  la  Orotte  de  Orlmaldl, 
par  H.  Ëm.  Rivière. 

La  grotle  de  Grimaldi  a  été  découverte  fortuitement  pendant  les 
derniers  mois  de  Tannée  1872,  dans  une  carrière  en  exploitation  pour 
les  travaux  du  port  de  Menton. 

Elle  est  située  sur  la  commune  de  Ventimiglia,  en  Italie,  au  pied 
même  de  la  tour  de  Grimaldi,  et  immédiatement  au-dessus  des  ca- 
vernes des  Baoussé-Ronssé,  dites  grottes  de  Menton,  dans  le  même 
massif  rocheux,  mais  à  une  altitude  plus  grande.  En  effet,  tandis  que 
le  plateau  qui  précède  rentrée  4e  ces  dernières  est  à  28  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer,  la  grotte  de  Grimaldi  est  à  70  mètres 
environ  au-dessus  de  la  Méditerranée  et  à  4  mètres  au-dessus  de  la 
route  de  la  Corniche,  sur  laquelle  elle  s'ouvre  par  un  orifice  mesu- 
rant à  peine  0°*40  de  diamètre,  orifice  complètement  masqué  par  des 
plantes  croissant  dans  les  fissures  de  la  roche. 

La  grotte  de  Grimaldi  a  dû  se  prolonger  autrefois  jusqu'au  bord 
d*un  large  ravin  qui  descend  à  la  mer,  et  dont  elle  n'était  séparée 
que  par  la  route  de  Gênes. 

Quoiqu'il  en  soit,  à  l'époque  où  j'ai  été  informé  de  la  trouvaille 
d'ossements  que  Ton  venait  de  faire,  la  grotte  ne  présentait  qu'un 
couloir  étroit  et  tortueux,  rempli  d'une  sorte  de  magma  blanchâtre, 
dans  lequel  étaient  empâtés  de  nombreux  débris  d'animaux,  magma 
recouvert  d'une  couche  stalagmitique  touchant  presque  à  la  voûte  de 
la  grotte,  surtout  dans  la  partie  la  plus  reculée.  Cette  accumulation 
dans  le  fond  du  couloir  s'explique  d'autant  plus  facilement  que  cette 
partie  de  la  grotte  était  en   contre-bas  de  l'entrée. 

La  grotte  de  Grimaldi  ne  m'a  présenté  aucune  trace  de  l'Homme  et 
n'a  jamais  été  habilée  par  lui. 

Les  animaux  dont  j'ai  recueilli  avec  soin  le  plus  de  débris  qu'il  m'a 
été  possible,  constituent  une  faune  des  plus  curieuses  par  la  différence 
qu'elle  présente  avec  celle  des  grottes  de  Menton,  et  non  moins 
intéressante  au  point  de  vue  géographique.  M.  Gaudry  a  bien  voulu, 
par  ses  savantes  déterminations,  m'aider  à  la  classer  (1).  Je  citerai 
notamment  : 

CarnaMiler*  t  IJrsus  ferox, 

(1)  Si,  comme  genres,  les  déterminations  ne  sont  pas  douteuses,  comme  espèces 
elles  ne  sont  pas  toutes  définitives,  et  jusqu'h  ce  qu'une  étude  plus  complète  en  ait 
été  faite,  je  crois  devoir  mettre  quehpies  points  d'interrogation. 


6ii  lUVlKllE.    —   (ÎROTTE   DE  (ÎIUMVLDl.  17  juin 

CaniK  lupus, 

—  rulpes, 

Gulo  xprlfrus,  un  peu  plus   |M*lit  que   relui   dont  j'ai  trouvé   un 

maxillaire  inférieur  dans  les  grottes  «Je  Menton. 
Ilyirna  spelœa  de  grande  taille. 

—     fuscii, 
Phoca  mnnachus, 
Felis  speliCfif 

—  leo, 

—  antiqua. 

RoBgenr*  t  Tandis  ((u'à  Menton   les  Rongeurs  sont  extrêmement   nombreux,   à 

Grimaldi,  par  contre,  je  n'ai  trouvé   que  quelques  osseniunts 
appartenant  au  genre  Lcpus. 
ProboMcIdleBM  t  FAephas  meridiotialis  caractérisé  par  quelques  dents  et  ossements. 
ParhydermcM  i  Rhinoccros  Icptorrhinus  [\m}Ci}s  très-nombreuses}, 

Equns  de  grande  taille. 
Hippopotamus  majar. 
Sus  de  très-grande  taille. 
nuiuliiaDlM  t  Les  Cer\idés,  dont  j'ai  recueilli  un  très-grand  nombre  d'andouil- 

1ers  et  de  bois  brisés,  sont  particulièrement   intéressants   et 
semblent  appartenir  aux  : 


(\'rvus  mpfjaceros  f, 

—  Falconcri  .\ 

—  Brownii .'. 


Cervus  capreolus. 

—  elaphus, 

—  dama. 


Ils  seront  prochainement  du  reste  l'objet  d'une  étude  spéciale. 

Les  autres  Ruminants  apf)artiennenl  au  genre  Cupra,  très-pro- 
bablement à  la  C.  pHmigeuid.  de  taille  tivs-grande,  et  à  un  Bos 
plus  petit   que  le  /i.  primiç/enius. 
Rrpillcfi  X  Je  n'eD  ai  trouvé  aucune  trace  à  (rrimaldi;  à  Menton,  au  contraire. 

les  Raua  se  ivncontraienl  en  grand  nombre. 
oiNcauK  s  Si  nombreux  aussi  dans  les  grottes    de  Mentim,  ne  sont  représentés 

dans  la  grotte  de  Grimaldi  (]ue  par  un  seul  débris,  un  humérus 

brisé  de   Te  Iras. 
PolMMOB*  s  Font  complètement  défaut  à  Grimaldi;  à  Menton,  ils  étaient  très-peu 

nombreux  et  appartenaient  au  genre  Saumon. 
MolluMincM  :  Les  Cixpiilles  de  Grimaldi  sont  purement  terrestres  et  appartiennent 

au  genre  HcUx  ,IL   Mriensis':  j'en  ai  trouvé  seulement  deux 

.spécimens,  tous    deux   recou\ei ts   d'un   encnuUemcnt  stalag- 

miti(|ue. 

Certaines  espèces  animales,  telles  (jue  le  Rhinocéros  leptorrhinus  et 
V Hippopotamus  major,  qui  ne  se  retrouvent  pas  dans  les  grottes 
lie  Menton,  semblent  indiquer  pour  la  ^TOtte  de  Grimaldi  une 
é[>0({ue  un  peu  plus  ancienne  ;  de  plus,  l'absence  de  l'Homme,  soit 
comme  o.ssemcnts,  soit  comme  industrie,  semble  également  donner 
pour  Grimaldi  une  date  antérieure  à  l'arrivée  de  l'Homme  dans  la 
xMDntrée. 


1878.  SAUVAGE.    ^  POISSONS  FOSSILES.  023 

M.  Xournouer  fait  observer  combien  il  est  étrange  de  trouver  en- 
semble THippopotamo,  animal  vivant  sur  dos  lorrains  bas  et  inondés,  et  le 
Glouton,  qui  a  un  tout  autre  habitat. 

Le  Secrétaire  présente  le  travail  suivant  : 

Notes  sur  les  Poissons   Tossllea  (suite)  (i), 
par  M.  H.  E.  Sauvci^o. 

PL  Xl-XIfl. 

VII.  Sur  un  Myliobales  des  terrains  tertiaires  de  Paris. 

PI.  XI,  fig.  3  et  a. 

M.  Emile  Rivière  a  bien  voulu  me  communiquer  une  plaque  den- 
taire supérieure  de  Mjiiobate  trouvée  à  Montmartre  (Paris)  et  prove- 
nant probablement  des  marnes  à  Pholadomya  Ludensis.  Cette  plaque, 
longue  de  0""043  ei  large  de  0"K)40,  me  paraît  être  inédite  (M,  Rivierei, 
Sauvg.),  se  distinguant  des  M.  micropleurus  et  M,  toliapicus  par  le 
bombement  beaucoup  plus  considérable  de  la  plaque  dentaire.  Le 
bord  antérieur  est  à  peine  usé  par  le  mouvement  du  frottement  des 
mâchoires.  On  compte  9  chevrons  dentaires,  un  peu  arqués  en  arrière  ; 
leur  longueur  est  contenue  6  fois  dans  la  largeur.  Les  chevrons  laté- 
raux, dont  on  voit  deux  rangées,  sont  de  même  longueur  ;  la  série 
externe  est  composée  de  losanges  plus  étroits  et  plus  allongés  ;  les 
chevrons  de  la  série  interne  sont  en  forme  d*hexagones  réguliers  dans 
la  partie  postérieure  de  la  plaque,  d'hexagones  irrégutiers  et  plus 
allongés  dans  la  parlic  antérieure.  Cette  inégalité  des  losanges  peut 
servir  à  distinguer  l'espèce  du  M,  toliapicus  Aq  l'argile  de  Londi*es.  Les 
Af.  yrieridionalis,  P.  Gerv.,  et  M.  c7*assHs,  P.  Gerv.,  des  sables  marins 
de  Montpellier,  se  séparent  du  M.  Rivierei  par  Tétroitesse  de  la  plaque 
dentaire  ;  chez  le  Myliobate  de  Saucats  (Gironde)  figuré  par  Gervals 
les  chevrons  ^nt  plus  larges  {T), 

VIII.  Sur  le  Ptychodus  Trigeri,  Sauvg. 
PI.  XI,  fig.  1-16. 

Dans  mes  Recherches  sur  les  Poissons  fossiles  des  terrains  crétacés 

(1)  V.  liulL  Soc.  géol.  Fr.,  3«  scr.,  t.  III,  p.  G31  ;  1875. 
(i?)  P.  Gervais,  Zool.  et  Palcont.  fr.,  pi.  LCVII,  lig.  10. 


.1)!24  SAUVAGE.   —  POISSONS  FOSSILES.  17  juio 

de  la  Sarthe  (1),  j'ai  fait  brièvement  connaître,  sous  le  nom  de 
Piychodus  Trigeri,  n.  sp„  une  espèce  trouvée  par  M.  Triger  dans  le 
Cdnomanien,  groupe  du  Pecten  asper,  d'Yvrë-rÉvêque  ;  je  d«5eris  et 
figure  aujourd'hui  cette  intéressante  espèce. 

La  dent  étudiée  est  très-haute,  tort  bombée,  à  racine  large.  La  face 
antérieure  est  inclinée,  tandis  que  la  face  postérieure  est  perpendiculaire 
et  même  un  peu  rentrante  ;  elle  présente  à  sa  base  une  profonde 
excavation.  Le  bord  du  plateau  de  la  couronne  est  en  épais  bourrelet  ; 
ce  bord  est  fortement  excavé  au  coté  postérieur  et  porte  des  rides  peu 
marquées. 

Le  sommet  de  la  dent  présente  une  ornementation  toute  caracté- 
ristique :  le  centre  est  occupé  par  une  bande  transversale,  assez  large, 
finement  granuleuse,  les  points  étant  l'extrémiié  des  tubes  calcari- 
fères  ;  en  avant  partent  quelques  plis  très-ir réguliers,  peu  saillants, 
souvent  interrompus,  qui  sont  bientôt  remplacés  par  des  granulations, 
ou  plutôt  par  de  gros  granules  allongés  et  pliciformes.  Au  côté  pos- 
térieur «e  voient  quelques  gros  plis  ramitiés,  qui  ne  tardent  pas  à 
se  perdre  et  entre  lesquels  est  une  surface  très-tinement  granuleuse. 
Tout  le  reste  de  la  dent  est  orné  de  granules  forts,  allongés,  disposés 
en  cercles  concentriques,  se  relevant  vers  les  deux  faces,  l'antérieure 
et  la  postérieure.  Ces  granulations,  ou  plutôt  ces  rides,  fortes,  épaisses, 
sont  peu  ù  peu  remplacées  vers  la  face  antérieure  par  d'autres  granules 
plus  petits,  de  sorte  ({ue  sur  cette  face  ils  forment  des  stries  allongiies 
et  interrompues. 

Les  mêmes  caractères  se  retrouvent  sur  une  dent  un  peu  plus  petite 
provenant  de  la  craie  de  Périgueux  et  faisant  partie  de  la  collection 
de  Paléontologie  du  Muséum.  Trois  dents  trouvées  dans  la  même 
localité  appartiennent  aussi  à  la  même  espèce;  c«  sont  des  dents  anté- 
j*ieures,  légèrement  tordues  sur  elles-mêmes.  Les  dimensions  de  ces 
dents  sont  : 

Hauteur  (le  la  couronne 26     10    11     10    8 

Diamètre  bi-transversal 3*2     22     16     17     11 

Diamètre  autèi'o-poslérieur i^7     19     —     13    13     9 

Agassiz  (2)  a  décrit  sous  le  nom  de  Ptychodm  Mortom  une  dent  trou- 
vée dans  le  Grès  vert  d'Amérique,  qui,  t  au  lieu  de  grosses  rides  trans- 
versales simples,  présente  de  gros  plis  ramifiés  naissant  de  la  partie  la 
plus  saillanlede  la  dent  et  s'atténuant  insensiblement  vers  le  bourrelet 
horizontal  qui  sépare  la  couronne  de  la  racine  ».  Cette  disposition 
<ionne  à  la  dent,  par  la  vue  de  dessus,  l'aspect  d'une  dent  û\icrodus. 

(1)  Anti.  Se,  fjcol..  t.  II,  n"  7. 

[2)  Pui:s.  fo^a..  t.  III.  p.  158.  pi.  XXV..  fi^:.  l-M. 


1878.  SAUVAC.R.    —   POISSONS  FOSSILES.  Gît) 

Le  mètne  nom  de  Ptychodi4S'Morloni  a  cié  appliquo  par  Dixon  (i)  à 
une  petite  dent  antérieure  trouvée  dans  la  craie  de  Shoreliam  et  chez 
laquelle  le  sommet  présente  des  stries  rayonnantes.  J*avais  tout 
d'abord  étiqueté  P.  Mortoni  la  dent  recueillie  dans  le  Cénomanien  de 
la  Sartbe,  tout  en  constatant  d'assez  grandes  différences  avec  le  type 
figuré  par  Agassiz,  différences  qui  auraient  pu  être  attribuées  à  une 
position  autre  dans  les  mâchoires.  Ayant  retrouvé  exactement  les 
mêmes  caractères  sur  d'autres  dents,  j'ai  pensé  devoir  séparer  l'espèce 
étudiée  de  celle  de  la  Craie  d'Amérique.  Je  disais  quelques  lignes  plus 
haut  que  les  dents  de  P.  Mortoni  avaient  l'aspect  d'une  dent  A'Acrodus; 
sur  les  dents  de  Ptychodus  Trigeri  on  ne  voit  pas  les  gros  plis  qui 
caractérisent  l'autre  espèce,  ou  du  moins  ces  plis  sont  fort  peu  nom- 
breux; il  n'y  a  guère  qu'une  série  de  granules. 

IX.  Sur  un  Onchus  du  terrain  houiller  d^  F  Allier, 

PI.  XI,  fig.  4. 

On  trouve  assez  fréquemment  dans  les  terrains  carbonifères,  dans 
ceux  d'Angleterre  principalement,  des  rayons  osseux,  supports  des 
dorsales  de  Poissons  cartilagineux  dont  les  restes  ne  sont  pas  parvenus 
jusqu'à  nous.  Agassiz  distingue  ces  ichthyolithes  sous  six  noms 
différents  :  Oracanthus,  Gyracanthus,  Triptychius,  Ptychacanthus, 
Sphenacanthus  et  Onchv^s.  Ces  derniers,  caractérisés  par  l'absence  de 
dentelures  au  bord  postérieur  et  par  les  sillons  qui  parcourent  les  faces 
latérales,  ont  été  recueillis  dans  les  couches  siluriennes  de  Ludlow, 
dans  le  Vieux  grès  rouge  d'Angleterre  et  dans  le  Calcaire  carbonifère  ; 
Agassiz  en  a  fait  connaître  six  formes  différentes. 

Je  tiens  de  l'obligeance  de  M.  A.  Delesse  un  Onchus  provenant  du 
terrain  houiller  de  Buxière-lcs-Mines  (Allier),  qui  me  parait  indiquer 
une  espèce  nouvelle,  que  je  désigne  sous  le  nom  d'O.  simplex.  Le 
rayon,  long  de  0°K)53,  large  de  0'"065  à  la  base,  est  légèrement  arqué; 
le  bord  postérieur  est  beaucoup  plus  épais  que  l'antérieur  ;  on  remar- 
que un  sillon  placé  plus  près  du  bord  antérieur  que  du  postérieur 
et  parcourant  le  rayon  dans  toute  sa  longueur. 

Un  autre  rayon,  plus  petit  (0'n013),me  semble  se  rapporter  à  la 
même  espèce  ;  la  surface  porte  deux  sillons. 

L'O.  simplex  se  distingue  facilement  des  autres  espèces  décrites,  par 
la  présence  d'un  ou  deux  sillons  sur  ses  faces,  les  autres  espèces  por- 
tant un  beaucoup  plus  grand  nombre  de  sillons  séparés  par  des  eûtes 
souvent  épaisses. 

(1)  Fois.  Smsex.  p.  301.  pi.  XXXI,  fig.  G  et  7. 

40 


G2C  SAUVAGE.   —   POISSONS  FOSSILES.  17  juiu 

X.  Sur  U7i  Palfeoniscus  du  tet*rain  houiller  de  Buxiêre  (Allier), 

PI.  XII. 

Avec  VOncJiKs  ci-dessus  décrit,  M.  A.  Delessea  trouvé  dans  le  terrain 
houiller  de  Buxière-les-Mines  (Allier)  un  Palœoniscus  qui  se  distingue 
de  toutes  les  autres  espèces  du  même  niveau  par  la  position  qu'occupe 
la  dorsale,  opposée  à  l'origine  des  ventrales,  bien  que  la  dorsale  soit 
aussi  reculée  que  dans  les  autres  espèces  du  genre. 

Chez  ce  Palœoniscus,  que  je  désigne  sous  le  nom  de  P.  Delessei,  le 
corps  est  assez  court,  la  hauteur  n*étant  contenue  que  deux  fois  et 
demie  dans  la  longueur,  caudale  non  comprise.  Le  dos  est  peu  voûté 
et  la  ligne  dorsale  à  peine  plus  bombée  que  la  ligne  abdominale.  La 
tête,  presque  aussi  longue  que  haute,  a  son  profil  fortement  incliné  et 
bombé;  sa  longueur  est  comprise  un  peu  plus  de  trois  fois  dans  la 
longueur  du  corps,  caudale  non  comprise;  le  museau  est  obtus,  la 
bouche  étant  fendue  jusqu'au  niveau  du  bord  postérieur  de  l'œil;  l'œil, 
situé  en  avant  du  milieu  de  la  longueur  de  la  tête,  est  contenu  un  peu 
plus  de  trois  lois  dans  la  longueurde  celle-ci, son  diamètre  étant  égal  à 
la  longueur  du  museau.  Le  maxillaire  est  large  à  sa  partie  postérieure  ; 
rintermaxillaire,  qui  le  borde,  est  beaucoup  plus  étroit;  la  mâchoire 
inférieure  est  forte;  comme  dans  toutes  les  autres  espèces  du  genre,  les 
rayons  branchioslèges  devaient  être  robustes.  L'appareil  operculaire 
est  relativement  peu  développé. 

Ce  qui  caractérise  l'espèce,  ai-je  dit  plus  haut,  c'est  à  la  fois  la 
position  reculée  de  la  dorsale  et  son  avancement  par  rapport  à  Fanale. 
La  dorsale,  peu  développée,  commence  au-dessus  des  ventrales  pour 
se  terminer  bien  avant  l'origine  de  l'anale  ;  plus  haute  que  longue,  la 
nageoire  est  composée  de  rayons  peu  nombreux,  20  au  maximum, 
grêles  et  serrés  ;  les  deux  ou  trois  premiers  sont  plus  courts  que  les 
suivants,  de  telle  sorte  que  la  nageoire  a  la  forme  d'une  faulx. 

Toute  trace  des  pectorales  a  disparu.  II  ne  reste  qu'une  empreinte 
vague  des  ventrales,  suflisante  toutefois  pour  que  l'on  puisse  constater 
que  ces  nageoires  s'attachaient  au  milieu  de  l'espace  qui  sépare  Torigine 
de  la  caudale  du  bord  postérieur  de  la  tête. 

L'unale,  beaucoup  moins  haute  que  la  dorsale,  mais  aussi  longue 
(|u'clle,  est  placée  plus  près  des  ventrales  que  de  la  base  de  la  caudale. 
Cette  dernière  nageoire,  dont  il  ne  reste  que  la  partie  antérieure,  est 
construite  comme  dans  toutes  les  autres  espèces  du  genre. 

En  avant  de  la  dorsale  et  de  l'anale  sont  quelques  écailles  plus 
grandes  que  les  autres.  Les  écailles  qui  recouvrent  le  corps  sont  lisses, 
un  peu  plus  grandes  dans  la  partie  antérieure  du  tronc,  disposées  en 


1878.  SAUVAGE.   —  POISSONS  FOSSILES.  627 

une  vingiaine  de  sȔrie.^  transvel^ales  entre  Torigine  de  la  dorsale  et 
Tcspace  qui  sépare  l'anale  des  ventrales  ;  ces  écailles  sont  insérées  en 
ligne  droite  et  non  en  série  onduleuse,  comme  on  le  remarque  chez 
quelques  autres  espèces  du  genre  ;  les  écailles  qui  garnissent  le  lobe 
inférieur  de  la  caudale  sont  plus  petites  que  celles  qui  recouvrent  le 
lobe  supérieur. 
Les  dimensions  prises  sur  l'exemplaire  décrit  sont  : 

Hauteur  in«'iximuin,  0"052  ;  hauteur  au  pédicule  caudal.  O^OSO;  longueur  du  corps, 
sans  la  caudale.  Û"150  ;  longueur  de  la  léle,  0"045  :  distance  de  l'extrémité  du 
museau  à  la  dorsale.  0'"087  ;  du  museau  aux  ventrales,  0"085  ;  du  museau  à  l'anale, 
0-117. 


Xï.  Sur  un  Poisson  du  terrain  Imnrnéridgien  de  Morestel. 

PI.  Xin,  iig.  2. 

Les  couches  kiniinéridgiennes  de  Morestel,  dans  l'Isère,  caractérisées 
par  VOsirca  virgula,  contemporaines  de  celles  que  Ton  trouvée  Cerin, 
à  Arinaille,  à  Orbagnoux,  à  Seyssel  (Ain),  contiennent  en  partie  la 
même  flore.  M.  de  Saporta  y  a  signalé,  en  effet,  des  Fougères 
(Sphenopteris  desmomera»  Sap.),  des  Cycadées  (Zamites  Fenconis,  Br.; 
Sphetiozamites  Rossii,  Zign.),  des  Araucariées  (Pachyphyllum  unci- 
natum,  Sap.),  qui  ont  été  indiquées  dans  les  diverses  stations  citées 
plus  haut.  Mais,  tandis  que  les  calcaires  d'Orbagnoux,  d'Armaille,  de 
Pierre-Châlel,  et  surtout  ceux  de  Cerin,  nous  ont  conservé  les  restes 
de  nombreux  ichthyolilhes,  on  n'avait  pas  encore,  à  ma  connaissance, 
signalé  de  Poissons  dans  les  assises  de  Morestel.  Aussi  ai-je  examiné 
avec  intérêt  un  ichlhyoiitlie  dont  je  dois  la  communication  à  Tobli- 
geance  de  notre  collègue  M.  Charles  Brongniart. 

Cet  ichthyolithe,  contenu  dans  un  calcaire  légèrement  siliceux,  d'un 
gris  bleuâtre,  a  le  corps  ovalaire  ;  la  hauteur  est  comprise  trois  fois  et 
un  tiers  dans  la  longueur,  sans  la  caudale  ;  cette  hauteur  diminue 
rapidement  dans  la  partie  postérieure,  après  le  niveau  de  la  dorsale, 
de  telle  sorte  que  la  hauteur  maximum  atteignant  21  millimètres, 
elle  n'est  plus  que  de  7  millimètres  au  niveau  du  pédicule  de  la 
caudale. 

La  tête  est  grosse,  le  museau  obtus  ;  la  ligne  dorso-rostrale est  légè- 
rement bombée  de  Torigine  de  la  dorsale  à  la  partie  postérieure  de  la 
tête;  a  partir  de  ce  point  la  ligne  rostrale  s'incline  fortement.  La  longueur 
de  la  tête  est  contenue  trois  fois  dans  la  longueur  du  corps,  non 
compris  la  caudale;  la  hautt*ur  de  la  tête  est  égale  aux  deux  tiers  de 
su  longueur.  L'(i?ilest  arrondi,  placé  un  peu  en  avant,  contre  la  ligne 


Gis  SAt'VAGE.   —  POISSONS  FOSSILES.  17  juin 

(lu  front  ;  son  diamètre,  égal  à  la  longueur  du  museau,  est  contenu 
un  peu  moins  de  quatre  fois  dans  la  longueur  de  la  tête.  La  bouche, 
peu  fendue,  est  armée  de  dents  relativement  fortes  ;  un  intermaxillaire 
étroit  la  borde  dans  toute  sa  longueur  ;  cet  os  présente  à  sa  partie 
interne  un  processus  vertical  peu  allongé,  qui  semble  indiquer  que  la 
bouche  était  susceptible  d'une  certaine  dilatation  ;  derrière  Tinter- 
maxillaire  allongé,  se  trouve  le  maxillaire  dont  la  partie  postérieure 
est  à  peine  élargie.  L'appareil  operculaire  est  bien  développé;  l'oper- 
cule est  grand,  de  forme  carrée,  à  bord  inférieur  obliquement  coupé; 
le  préopercule  est  arrondi  ;  son  l>ord  postérieur  est  entier.  Les  rayons 
branchiostèges,  au  nombre  de  douze,  sont  longs  et  forts. 

La  colonne  vertébrale,  peu  robuste,  est  composée  d'environ  40  vertè- 
bres, dont  22  abdominales.  Les  cotes,  au  nombre  de  10  paires,  sont 
longues  et  grêles  et  arrivent  jusqu'au  bord  de  la  cavité  abdomi- 
nale ;  les  ncurapophyses  correspondantes  sont  grêles  ;  à  la  région 
caudale,  les  apophyses  sont  déliées,  courtes,  assez  fortement  inclinées 
en  arrière. 

La  dorsale  est  insérée  très  en  arrière,  au-dessus  de  l'espace  compris 
entre  les  ventrales  et  l'anale.  La  nageoire,  presque  aussi  haute  que 
longue,  est  tronquée  ;  on  peut  y  compter  17  rayons  assez  fortement 
bianchus;  les  trois  antérieurs,  plus  courts  que  les  suivants,  ne  parais- 
sent pas  être  divisés  ;  on  ne  voit  pas  de  fulcres  à  la  partie  antérieure 
de  la  nageoire.  Les  rayons  interapophysaires  sont  au  nombre  de  16  ; 
les  deux  premiers  sont  presque  horizontaux  ;  les  rayons  sont  plus 
longs  à  la  partie  antérieure  (ju'à  la  partie  postérieure  de  la  nageoire. 
L'anale,  insérée  vis-à-vis  du  tiers  postérieur  de  la  longueur  de  la 
dorsale,  ne  se  prolonge  certainement  pas  jusqu'à  la  caudale.  La 
nageoire  est  fortement  tronquée  ;  on  y  compte  environ  20  rayons  ;  les 
premiers  sont  épais  et  soutenus  par  des  osselets  dont  les  deux  premiers 
sont  tiès-longs. 

Les  pectorales,  composées  de  i7  rayons,  sont  tronquées  ;  leur  lon- 
gueur est  égale  à  la  distance  qui  sépare  l'extrémité  du  museau  du 
centre  de  l'œil.  Les  ventrales,  insérées  beaucoup  plus  près  de  l'anale 
que  de  l'attache  des  ventrales,  sont  courtes,  un  peu  arrondies  ;  on 
y  voit  un  rayon  épineux  et  cinq  rayons  mous  ;  l'os  du  bassin  est 
court. 

Longueur  sans  la   rautlalc.  0""075  ;  de  la  loto.  O^O-Jô  ;  liautour  du  corps,   O'iUM  ; 
diamètre  de  l'œil,  0"-00G. 

Le  Poisson  que  je  viens  de  décrire  doit  certainement  prendre  place 
dans  la  famille  des  Pachycormi,  près  du  ^qwvq  Eunjcory,ius»  établi  par 
M.  A.  Wagner  en  1863  pour  un  Poisson  des  schistes  lithographiques 


1878.  SAUVAGE.   —  POISSONS  FOSSILES.  629 

de  la  Bavière  (1),  et  classé  par  le  savant  paléontologiste  dans  sa  famille 
des  Caturini,  entre  les  genres  Caturus  et  Liodesmus,  Ainsi  que  je 
Tai  indiqué  ailleurs  (2),  ces  deux  derniers  genres  doivent  être  regardés 
comme  les  types  de  la  iannlle  des  Caturi,  caractérisée  par  la  carde 
dorsale  protégée  par  des  demi-vertèbres  séparées  et  par  les  nageoires 
garnies  de  fulcres  sur  deux  rangées,  tandis  que  les  genres  Eurycor- 
miis,  Pachi/cormus,  Amhlysemius,  Sôrobilodus,  llirissonotus,  forment 
la  famille  des  Pachyconni,  chez  lesquels  la  colonne  vertébrale  est 
entièrement  ossifiée  et  les  nageoires  dépourvues  de  fulcres.  Voisin  du 
genre  Eurycovmm,  l'iclithyolithe  de  Morestel  s*en  distingue  par  la 
dorsale  plus  reculée  et  plus  longue,  opposée  non  aux  ventrales,  mais 
à  l'espace  compris  entre  les  ventrales  et  l'anale, et  s'étendant  au-dessus 
deTanale,  de  telle  sorte  que  le  Poisson  trouvé  à  Morestel  me  semble 
devoir  constituer  le  type  d'un  genre  nouveau,  que  Ton  peut  caractériser 
ainsi  : 

Genre  eurystethus,  Saucagc,  1878  (3). 

Apparence  des  Euryconnns.  Colonne  vertébrale  bien  ossifiée,  devant 
se  recourber  à  peine  dans  le  lobe  supérieur  de  la  caudale.  Museau 
obtus  ;  bouche  peu  fendue,  un  peu  prolractile,  formée  par  un  inler- 
maxillaire  que  borde  le  maxillaire  ;  dents  fortes  et  crochues.  Rayons 
brandi iostèges  nombreux.  Dorsale  assez  longue,  placée  derrière  les 
ventrales  et  en  partie  opposée  à  Tanalcqui  est  longue  et  ne  s'étend 
pas  jusfju'à  la  cauda- e  ;  pas  de  fulcres  aux  nageoires  ;  ventrales  com- 
posées de  cinq  rayons  mous  et  d'un  rayon  épineux. 

Je  désigne  l'espèce  type  sous  le  nom  d* Eitrystethus  Broyigniarti, 
Sauvg. 

XII.  Sur  un  maxillaire  de  Gyrodus   trouvé  aiuc  environs  de  Nancy, 

PI.  XI,  ù^.  2  et  2  rt. 

Les  genres  Pycnodas  et  Gyrodus,  abondamment  représentés  pendant 
les  époques  jurassi(|ue  et  crétacée,  paraissent  avoir  été  fort  rares 
dans  les  mers  liasiques  ;  on  n'y  connaît,  en  ell'et,  que  la  présence  d'une 
.seule  espèce,  le  Pycnodus  liasicus,  signalé  par  M.  Egerton  dans  les 
couches  liasiques  de  Barrow-on-Soar  ;  dans  le  Lias,  le  sous-ordre  des 
Lepidoplcuridœ  est  représenté  par  les  Amblyurus,  et  surtout  par  les 

{\)  Mouogr.  fous.  Fischc  au^  d.  lilhar/r.  Schief.  hinjenis,  \.  p.  97.  pi.  IV. 

(2)  n^xdi  sur  la  faun^  ichth]r>l'f(jiqnf  dr  la  prrif)di'  linéique,  .inn.  Se.  (j^ol.,  1875. 

f.'l)  De  eùpù;^  JnrA?o,  et  rjrnScZy  pt»itrine. 


630  SAUVAGE.   —   POISSONS  FOSSILES.  17  juin 

Tetragonolepis  et  les  Dapcdiiis,  communs  à  Lymc-Regis,  à  Barrow, 
à  Banwell,  à  Seefeld,  à  Haiig,  à  Neidengeri,  à  Boll. 

M.  G.  Fabre  m'a  communiqué  un  maxillaire  intérieur  du  côté  droit, 
qui  aurait  été  trouvé  par  M.  YauUrin  dans  le  Lias  des  environs  de 
Nancy,  et  qui,  bien  que  ressemblant  à  celui  qu'Agassiz  a  figuré  sous 
le  nom  de  Pycnodus  umbotiatus  (1),  me  paraît  indiquer  une  espèce 
nouvelle,  que  je  désigne  sous  le  nom  de  Gyrodus  Fabrei, 

Ce  maxillaire,  tronqué  dans  sa  partie  antérieure,  est  d'assez  grande 
taille,  O'^OGo.  La  face  externe  est  partagée  en  deux  par  un  large  sillon  ; 
les  parties  symphysaire  et  dentaire  sont  assez  fortement  inclinées  en 
sens  inverse.  La  face  interne  est  armée  de  dents  disposées  suivant 
quatre  rangées  ;  les  deux  rangées  externes  se  trouvent  sur  un  plan 
presque  horizontal,  tandis  que  les  deux  autres  sont  fortement  inclinées 
de  haut  en  bas  et  de  dehors  en  dedans  ;  ces  deux  dernières  rangées 
sont,  du  reste,  sur  un  plan  beaucoup  plus  élevé  que   les  deux  autres. 

Les  dents  de  la  série  principale,  au  nombre  de  9,  sont  grandes, 
obliquement  dirigées  de  dedans  en  dehors,  de  forme  ovalaire,  le  dia- 
mètre transversal  l'emportant  beaucoup  sur  le  dianiètre  longitudinal, 
pour  les  dents  postérieures  du  moins  ;  ces  dents  diminuent  assez 
rapidement  de  grandeur,  de  telle  sorte  que  la  8'^  n'a  que  la  moitié  de 
>a  largeur  de  la  2*"  ;  la  7*",  par  suite  d'anomalie,  sans  doute,  est  arrondie 
et  beaucoup  plus  petite  que  les  autres.  Toutes  ces  dents  sont  lisses. 

La  rangée  interne  est  composée  de  huit  dents  petites  et  arrondies  : 
les  i""®,  2«  et  8»  correspondent  à  Tintervalle  qui  séparent  deux  des  dents 
de  la  série  principale.  La  première  présente  le  cercle  concentrique  qui 
caractérise  les  dents  des  Gyrodus;  ce  cercle  est  irrégulièrement  fes- 
tonné ;  au-dessus  de  lui  s'élève  une  partie  saillante,  déprimée  au 
centre  et  irrégulièrement  festonnée.  La  seconde  dent  ressenible  à  la 
première.  Les  suivantes  montrent  à  leur  sommet  une  dépression  bien 
marquée. 

Les  dents  de  la  série  externe  sont  disposées  suivant  deux  rangées. 
La  rangée  médiane  comprend  14  dents  régulièrement  arrondies  et 
placées  dans  un  profond  sillon  vis-à-vis  des  intervalles  qui  séparent 
les  dents  de  la  rangée  externe  ;  les  postérieures  sont  fortement  poin- 
tillées  ;  les  plus  antérieures  sont  usées. 

Les  dents  de  la  rangée  externe,  au  nombre  de  13,  sont  ovalairement 
allongéesdans  le  sens  transversal  ;  ces  dents,  les  postérieures  du  moins, 
sont  un  peu  plus  larges  que  longues.  La  partie  externe  de  la  dent  dépasse 
le  bord  externe  de  la  mamlibule,  de  telle  sorte  (ju'en  regardant  la 
mâchoire  par  son  bord  externe,  on  voit  une  série  de  dents  obtusémont 

(1)  Pnis^.  fnss..  t.  II.  pi.  I.XXU  a.  lig.    1-1. 


1878.  SAUVAGE.   —   POISSONS  FOSSILES.  031 

arrondies,  insérées  sur  une  forte  racine,  aussi  large  au  sommet  qu'à 
la  base. 


XIII.  Sur  un  Poisson  des  terrains  tertiaires  des  Bouches-du- Rhône. 

Pl.XIII,  fig.  1. 

La  collection  de  Géologie  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  possède 
un  Poisson  provenant  des  terrains  tertiaires  des  Bouches-du-Hhùne, 
qui  m'a  été  communiqué  par  MM.  Daubrée  et  Stanislas  Meunier. 

Ce  Poisson,  dont  la  partie  la  plus  antérieure  de  la  tôte  manque,  est 
de  forme  ovalaire  ;  sa  plus  grande  hauteur,  mesurée  au  niveau  de 
l'attache  des  ventrales,  devait  être  comprise  trois  fois  dans  la  longueur 
totale,  caudale  comprise  ;  la  hauteur  diminue  rapidement,  de  telle 
sorte  que  son  maximum  étant  de  39  millimètres,  au  niveau  de  la  troi- 
sième épine  dorsale,  cette  hauteur  n'est  plus  que  de  12  millimètres  au 
niveau  du  pédicule  caudal  ;  la  ligne  ventrale  est  plus  arquée  que  la 
ligne  dorsale. 

La  tète  est  grosse  et  sa  longueur  devait  être  comprise  près  de  quatre 
fois  dans  la  longueur  totale  du  corps.  La  ligne  rostro-dorsale  est 
bombée  et  brusquement  inclinée,  ce  qui  me  fait  croire  que  le  museau 
devait  ôtre  gros  et  court.  L'œil  est  grand  et  arrondi  ;  son  diamètre 
vertical  égale,  ou  surpasse  même  un  peu,  la  distance  qui  le  sépare  du 
boi*d  postérieur  de  la  tête  ;  il  n'est  séparé  de  l'interopercule  que  par 
un  faible  espace.  L'opercule  est  peu  développé  ;  les  bords  supérieur 
et  inférieur  sont  obliquement  taillés  ;  le  bord  antérieur  est  vertical, 
tandis  que  le  bord  postérieur,  par  suite  de  l'obliquité  des  bords  supé- 
rieur et  inférieur,  est  arrondi.  Le  préopercule  paraît  avoir  été  étroit; 
on  n'y  aperçoit  aucune  dentelure  le  long  du  bord.  Les  rayons  bran- 
chiostèges  sont  au  nombre  de  cin({. 

La  colonne  vertébrale,  assez  robuste,  est  en  ligne  presque  droite, 
mais  se  relève  un  peu  dans  la  région  caudale.  On  compte  10  vertèbres 
abdominales  et  iï  caudales,  soit  i4  vertèbres  ;  elles  sont  ù  peine  plus 
longues  que  hautes.  Les  côtes,  au  nombre  de  7  ou  8  paires,  sont  lon- 
gues et  assez  fortes.  Les  neurapophyscs  correspondantes  sont  longues  ; 
les  trois  premières,  qui  ne  correspondent  pas  à  des  osselets  interapo- 
physaires,  sont  inclinées  en  éventail. 

Dans  la  région  caudale,  neurapophyses  et  hémapophysesont  nicmc 
force  et  même  inclinaison;  elles  sont  assez  courtes  et  s'inclinent  en 
arrière  à  partir  de  la  sixième  avant-dernière  vertèbre. 

Les  deux  dorsales  sont  contiguës.  La  dorsale  épineuse  commence  en 
dessus  de  l'aplomb  des  ventrales  ;  elle  est  soutenue  par  dt»s  osselets 


632  Sauvage.  —  poissons  fossiles.  I7jain 

interapopbysaires  qui  viennent  s'appuyer  contre  les  neurapophyses 
correspondantes;  les  épines  sont  fortes  et  paraissent  diminuer  régu- 
lièrement de  hauteur,  depuis  la  seconde,  la  plus  longue,  jusqu'à  la 
dernière;  la  seconde  épine  a  comme  hauteur  le  diamètre  vertical  de 
Tœil  ;  le  nombre  des  épines  parait  avoir  été  de  13. 

La  dorsale  molle  ne  semble  guère  avoir  que  la  moitié  de  la  longueur 
de  la  première  nageoire  ;  elle  est  ovalairement  arrondie  et  sa  hauteur 
égale  celle  des  plus  longues  épines  de  la  nageoire  antérieure;  elle  se 
termine  à  une  distance  de  la  caudale  plus  petite  que  sa  propre  lon- 
gueur. Les  rayons  qui  la  composent  sont  grêles  et  déliés  ;  ils  sont 
soutenus  par  des  osselets  courts  et  inclinés  en  avant,  n'arrivant  pas 
au  contact  des  neurapophyses,  à  peine  inclinées  à  leur  niveau;  on 
compte  10  ou  il  de  ces  osselets. 

La  caudale  est  arrondie,  comprise  environ  cinq  fois  dans  la  longueur 
totale  du  corps  ;  les  rayons  en  sont  assez  fortement  bifurques  ;  on  y 
compte  19  grands  rayons  et  au  lobe  inférieur  3  ou  4  petits.  Dès  l'an- 
tépénultième vertèbre,  les  apophyses  s'allongent  et  s'inclinent  pour 
soutenir  la  nageoire  ;  aux  deux  dernières  vertèbres  les  neurapophyses 
s'inclinent  beaucoup  moins  que  les  hémapophyses  ;  une  plaque  trian- 
gulaire étroite  supporte  les  rayons  principaux. 

L'anale  s'insère  en  avant  de  la  dorsale  molle,  au  niveau  de  son 
tiers  antérieur.  La  nageoire  commence  par  deux  épines  soutenues  par 
de  longs  osselets  ;  le  nombre  des  rayons  mous  n'a  pu  être  compté.  Les 
ventrales  sont  formées  d'un  rayon  épineux  et  de  5  rayons  mous;  elles 
sont  courtes  et  attachées  à  un  os  du  bassin  long  et  triangulaire.  Les 
pectorales  ont  disparu  sans  laisser  de  traces. 

Longueur  approximative,  D'ails  ;  longueur  sans  la  tête.  O^OOO;  hauteur  maximum, 
0*0 11  ;  longueur  de  la  caudale,  0"026  ;  diamètre  de  l'œil,  O^OIS. 

Un  examen,  même  rapide,  permet  de  reconnaître  que  le  Poisson 
dont  je  viens  d'indiquer  les  caractères  doit  rentrer  dans  la  famille 
des  Scombéroïdes,  telle  qu'elle  a  été  comprise  par  Cuvier  et  Valen- 
(Mcnnes,  abstraction  faite,  toutefois,  des  genres  Lepidopus,  Thyrsitcs, 
GempylicSf  Xiphias,  Ilistiophorus,  et  de  quelques  autres  encore,  qui 
ont  formé  pour  MM.  Agassiz  et  Gùnther  les  familles  des  Trichiurîdœ et 
des  Xiphidœ  (1). 

Se  basant  sur  la  formule  de  la  colonne  vertébrale,  M.  A.  Giinther 
a  admis  deux  familles  parmi  les  Scombéroïdes  :  les  Carangidœ (Caranx, 
Arr/i/rciosus,  Serioîa»  Nauclcrus,  Tcmnodori,  Chorinemiis,  Lichia, 
Platax,  Zaïicltiii,  Equula,  Karhis,  etc.),  chez  lestiuels  l'on  compte 

1    Cal.  Fifhcs  Hrit,  Musrum.  I.  II. 


i 


1878.  SAUVAGE.   —  POISSONS  FOSSILES.  633^ 

10  vertèbres  abdominales  et  14  caudales,  et  les  Scombridœ  (Scomber, 
Pelamys,  Thynnus,  Cybium,  Echeneis,  Neptonemtis,  Zeus,  Siromateus, 
Coryphœyia,  Diana,  Mené,  etc.),  qui  ont  un  plus  grand  nombre  de' 
vertèbres.  Par  sa  formule  vertébrale,  10-14,  le  Poisson  décrit  plus  haut 
rentrerait  dans  la  famille  des  Carangîdés,  bien  que  Ton  ne  voye  aucun 
genre  dans  lequel  on  puisse  le  placer. 

Malgré  la  formule  de  la  colonne  vertébrale,  le  faciès  général  est 
bien  plutôt  celui  de  certains  Scombridés,  tels  que  ceux  pour  lesquels 
H.  Gûnther  a  formé  sa  troisième  section,  Cyttina, 

Il  est  vrai  que  tous  les  Poissons  composant  la  famille  des  Carangîdés , 
aussi  bien  que  celle  des  Scombridés,  ont  la  dorsale  épineuse  moins 
développée  que  la  dorsale  molle  et  que  Tanale,  tandis  que  l'inverse  se 
remarque  sur  l'exemplaire  étudié,  la  dorsale  épineuse  étant  plus 
longue  que  la  dorsale  molle  ;  en  supposant  que,  par  suite  de  la  fossi- 
lisation, toute  trace  de  la  dorsale  postérieure  ait  disparu,  les  deux 
nageoires  n'en  auraient  pas  moins  un  inégal  développement.  Chez  les 
Zeusti  \esCyttus,  qui  font  partie  de  la  famille  des  Scombridés  de 
M.  Gûnther,  la  dorsale  épineuse  n'est  guère  plus  courte  que  la  seconde 
dorsale,  et,  sous  ce  rapport,  notre  Poisson  rappelle  les  Zeus  et  les 
Cyttua.  Les  Zeics  de  la  Méditerranée,  des  côtes  atlantiques  de  l'Europe 
(Z.  faher,  Z,  pungio),  des  mers  du  Cap  (Z.  capetisis),  du  Japon 
(Z,  nebulosus,  Z,  japonùcs)  et  d'Australie  (Z.  australis)  ont  trois  ou 
quatre  épines  à  l'anale  et  7  rayons  branchiostèges  ;  les  Cyttus  des  mers 
de  Madère  (C,  roseus)  et  d'Australie  (C,  aiistralis)  ont  8  rayons  bran- 
chiostèges et  6  ou  8  rayons  mous  aux  ventrales.  Par  la  présence  de 
5  rayons  branchiostèges,  de  deux  épines  à  l'anale,  par  la  formule  des 
ventrales,  1-5,  le  Poisson  que  nous  étudions  ne  peut  rentrer  ni  dans 
l'un  ni  dans  l'autre  de  ces  genres;  la  formule  de  la  colonne  verté- 
brale, 10-14,  l'en  éloigne  d'ailleurs,  les  Zeus  (Z.  faher)  ayant 
14  vertèbres  abdominales  et  18  caudales.  Nous  sommes  dès  lors  con- 
duits à  admettre  un  genre  nouveau  qui,  par  le  faciès  extérieur,  pourra 
prendre  rang  dans  la  section  Cyttina  des  Scombridés,  tandis  que,  par 
le  squelette,  on  devra  le  placer  dans  la  famille  des  Carangidés,  groupe 
des  Carangina,  dans  le  voisinage  des  genres  qui,  comme  les  Argy- 
reiosus,  les  Microptei^yx,  les  Seriola,  ont  la  ligne  latérale  non  armée 
et  les  épines  de  la  première  dorsale  réunies  par  une  membrane. 

Genre  desmiciithys.  Sauvage,  1878  (1). 
Corps  haut  et  comprimé;   tète  grande;  œil   très-grand.  Rayons 

(Ij  De  âeçfÀÔ^^  lii^n  ;  tyOùZy  poisson  :  poisson  réunissant  plusieurs  groupes  entre 
eux. 


634  SAUVAGE.   —  POISSONS  FOSSILES.  17  juin 

brancinostèges  au  nombre  de  cinq.  Ventrales  insérées  sous  les  pecto- 
rales, avec  cinq  rayons  mous.  Anale  commençant  par  deux  épines 
soutenues  par  de  longs  osselets,  non  dilatés  en  plaques.  Dorsale  épi- 
neuse au  moins  aussi  longue  que  la  dorsale  molle  ;  rayons  interapo- 
physaires  non  dilatés.  Caudale  arrondie  ou  à  peine  échancrée.  Formule 
de  la  colonne  vertébrale  10-14. 

L'espèce  type  prendra  le  nom  de  Desmichthys  Dauhrei,  Sauvg. 


XIV.  Sur  une  Clupe  des  marnes  de  Lorca  (Espagne). 

PI.  XI,  fig.  5. 

Dans  la  localité  où  avait  été  trouvé  richthyolithe  décrit  par  moi 
sous  le  nom  de  Trachinopsis  Iberica  (1),  M.  Delanouë  a  recueilli 
un  autre  Poisson  contenu  dans  une  marne  grisâtre  homogène  ;  cette 
marne  serait,  suivant  notre  regretté  collègue,  subordonnée  aux  dépôts 
à  soufre  del^rca  et  appartiendrait  probablement  au  Pliocène  intérieur. 

Le  Poisson  étudié  ici  a  le  corps  allongé  régulièrement,  la  hauteur 
étant  comprise  près  de  six  fois  dans  la  longueur  totale  du  corps, 
caudale  comprise  ;  cette  hauteur  diminue  peu  dans  la  partie  posté- 
rieure, de  telle  sorte  que  son  maximum  étant  de  21™'"  un  peu  en 
arrière  de  l'attache  des  pectorales,  elle  est  encore  de  IS'""'  au  niveau 
du  pédicule  caudal. 

Nous  ne  savons  rien  de  la  forme  exacte  de  la  tête,  la  partie  anté- 
rieure manquant.  La  tête  devait  toutefois  être  assez  allongée,  la  ligne 
rostro-dorsate  étant  peu  inclinée.  L'œil  parait  avoir  été  assez  grand  ; 
il  est  séparé  du  bord  postérieur  de  la  tête  par  un  intervalle  égal  à  son 
diamètre  vertical.  Le  préopercule  porte  de  fortes  stries  rayonnantes  ; 
le  bord  postérieur  de  l'opercule  est  régulièrement  arrondi. 

La  colonne  vertébrale  est  grêle  et  les  vertèbres  sont  courtes  ;  nous 
voyons  18  vertèbres  abdominales  et  30  caudales,  soit  48  vertèbres. 
Toutes  les  apophyses,  ainsi  que  les  côtes,  .sont  grêles  et  déliées;  les 
côtes  sont  longues;  des  traces  de  côtes  sternales  se  voient  près  des 
ventrales. 

La  dorsale  s'insère  à  peine  en  avant  de  rattache  des  ventrales,  un 
peu  plus  près  de  l'origine  de  la  caudale  que  du  bout  du  museau.  La 
nageoire  est  courte;  nous  y  comptons  12  ou  13  rayons,  dont  les  pre- 
miers sont  les  plus  longs  et  atteignent  près  des  deux  tiers  de  la  hauteur 
du  corps  au  point  correspondant. 

La  caudale  est  fortement  bifurquéc  et  les  lobes  en  sont  pointus  et  de 

(l)  Bull.  Soc.  géoL  Fr..  2'  sér.,  t.  III.  p.  639,  pi.  XXIV  :  1875. 


1878.  SAUVAGE.   —  POISSONS  FOSSILES.  635 

même  longueur.  Lu  longueur  de  la  nageoire  devait  être  comprise  un 
peu  moins  de  six  fois  dans  la  longueur  totale  du  corps.  Les  gros 
rayons,  fortement  branchus,  sont  au  nombre  de  28. 

L'anale  est  longue  et  se  termine  à  une  distance  de  la  caudale  moindre 
que  sa  propre  longueur  ;  elle  commence  un  peu  plus  près  de  la  cau- 
dale que  de  l'attache  des  ventrales.  Les  rayons,  dont  nous  ne  pouvons 
compter  exactement  le  nombre,  sont  courts. 

Les  ventrales  s'insèrent  plus  près  des  pectorales  que  de  l'anale  ; 
elles  sont  courtes  et  grêles,  ainsi  que  les  pectorales  ;  nous  voyons 
15  rayons  à  ces  dernières  nageoires. 

Les  écailles  paraissent  avoir  été  assez  minces  et  assez  grandes. 

Longueur  approximative,  O^llô;  longueur  sans  la  tôte,  0"'087;  longueur  de  la 
caudale.  0"021  ;  hauteur  du  corps,  0'"025  ;  distance  de  la  dorsale  à  la  caudale,  0"045  ; 
de  l'anale  à  la  caudale,  0"'022  ;  des  ventrales  à  l'anale,  O^OSô;  des  pectorales  aux 
ventrales,  0"'025  ;  longueur  des  pectorales,  0"012. 

Par  la  forme  du  corps,  les  stries  rayonnantes  du  préopercule,  celte 
Clupe  paraît  se  rapprocher  beaucoup  plus  des  espèces  de  l'Océan 
Indien  que  de  celles  de  l'Atlantique;  je  la  désigne  sous  le  nom  de 
Clupea  Lorcœ, 

XV.  Su7*  la  Clupea  Larteti,  Sauvage. 
PI.  XIII,  fig.  3. 

Les  calcaires  de  Hakcl,  dans  le  Liban,  sont  riches  en  débris  de 
Clupes  ;  Blainville,  Agassiz,  Heckel,  Pictct  et  Humbert  ont  fait  con- 
naître huit  espèces  se  rapportant  au  genre  Clupea  et  provenant  du 
gisement  précité.  Grâce  à  la  bienveillance  de  M.  A.  Gaudry,  j'ai  pu 
étudier  dans  les  collections  de  Paléontologie  du  Muséum  d'Histoire 
naturelle  une  espèce  recueillie  par  Abdullah-Bey  et  que  j'avais  som- 
mairement décrite  il  y  a  quelques  années  (i). 

Cette  espèce,  désignée  sous  le  nom  de  Clupea  Larteti,  rappelle 
la  C.  serdinoides,  Pictet,  du  même  niveau;  elle  est  en  forme  d'ovale 
allongé  ;  la  hauteur  maximum,  qui  se  trouve  au  niveau  de  l'origine 
de  la  dorsale,  est  contenue  trois  fois  et  un  quart  dans  la  longueur  du 
corps,  caudale  non  comprise. 

La  tête  est  plus  allongée  que  chez  les  autres  espèces  du  Liban  ; 
plus  longue  que  la  hauteur  du  corps,  elle  est  comprise  deux  fois  et 
(lentie  dans  la  longueur  du  corps  ;  sa  hauteur  est  contenue  une  fois 

(1)  L.  Larlel.  Essai  sur  la  Géolngic  de  la  Palestine  et  des  contrées  avoisinantes. 
telles  que  VÈijypte  et  l'Arabie,  2"  partie  :  Paléontologie,  p.  29. 


636  SAUVAGE.   —   POISSONS  FOSSILES.  i7  jeiD 

et  un  tiers  dans  la  longueur.  Ije  profil  supérieur  est  peu  iocliné, 
comme  chez  la  plupart  des  Clupes,  d'ailleurs.  La  bouche  est  très  peu 
l'endue,  la  mâchoire  supérieure  dépassant  un  peu  rinférieure  ;  Tinter- 
maxillaire  est  court  ;  le  maxillaire  est  long,  large  à  son  extrémité 
postérieure,  plus  arqué  en  avant  que  chez  les  autres  espèces  figurées 
par  Fictet  ;  la  mandibule  est  forte,  triangulaire.  L'opercule,  assez 
grand,  est  un  peu  plus  haut  que  large,  arrondi  en  arrière;  le  préoper- 
culc  est  long,  étroit  ;  le  sous-opercule  et  Tinteropercule  sont  petits 
et  présentent  en  arrière  une  légère  sinuosité  rentrante  devant  Finser- 
tion  de  la  pectorale,  ainsi  qu  on  l'observe  chez  la  Clupea  Gaudryi.  Les 
rayons  branchiostèges  sont  longs  et  minces.  L'œil  est  très-grand, 
oblong,  situé  L>eaucoup  plus  près  du  museau  que  du  bord  postérieur 
de  la  t«!'te. 

La  colonne  vertébrale  est  grêle  et  légèrement  incurvée;  je  compte 
18  verU'fbres  abdominales  et  20  caudales,  soit  38  vertèbres;  elles  sont 
plus  longues  que  hautes;  les  côtes,  au  nombre  de  12  paires,  sont 
fines  et  longues  ;  elles  atteignent  le  bord  inférieur  de  la  cavité  ab- 
dominale. Les  neurapophyses  correspondantes  sont  grêles  et  courtes, 
un  peu  incurvées  en  avant,  plus  courtes  sous  la  première  partie  de  la 
dorsale  ;  à  la  région  caudale  elles  s'allongent  beaucoup  et  deviennent 
plus  fortes  ;  elles  sont  semblables  aux  hémapophyses  correspondantes, 
qui  sont  toutefois  plus  inclinées  en  arrière.  On  voit  distinctement  deux 
séries  d'apophyses  minces,  qui  s'étendent  jusque  près  de  la  partie  pos- 
térieure du  corps. 

Lo  dentelure  du  ventre  est  produite  par  des  côtes  sternales,  à  angle 
postérieur  saillant  et  se  prolongeant  assez  haut  sur  l'abdomen  ;  on 
compte  9  paires  de  ces  pièces  en  arrière  des  ventrales,  et  environ 
14  paires  en  avant  de  ces  nageoires. 

La  dorsale  est  située  très-sensiblement  en  avant  du  milieu  de  la 
longueur  totale,  au  milieu  de  la  longueur,  caudale  non  comprise  ;  elle 
est  peu  étendue,  occupant  moins  du  tiers  de  la  ligne  du  dos;  on  y 
compte  14  rayons  faibles,  soutenus  par  des  osselets  courts  et  grêles, 
au  nombre  de  15  ;  il  existe  quelques  osselets  libres  entre  cette  nageoire 
et  la  partie  postérieure  de  la  tête. 

L'anale  est  placée  plus  près  des  ventrales  que  de  la  caudale  ;  la  na- 
geoire est  très-étendue  et  va  jusque  près  du  pédicule  de  la  caudale, 
commençant  en  arrière  de  la  dorsale  ;  les  rayons  qui  la  composent, 
au  nombre  de  26,  sont  supportés  par  des  osselets  interapophysaires 
longs  et  forts.  Les  premiers  rayons  sont  de  beaucoup  les  plus  longs,  de 
sorte  (jue  la  nageoire  est  tronquée,  comme  on  l'observe  chez  la  Clupea 
brcvissnna,  IMainv. 

La  caudale  est  grande,   comprise  près  de  (juatre  fois  dans  la  Ion- 


1878.  TARDY.   —   GUÉTACÉ   ET   TERTIAIRE    DE  VITROLLES.  637 

gucur  totale  du  corps,  partagée  en  deux  lobes  aigus  ;  on  compte 
23  grands  rayons. 

Les  pectorales  sont  médiocres,  un  peu  arrondies,  composées  de 
12  rayons.  L'origine  des  ventrales  est  située  un  peu  en  avant  du  mi- 
lieu de  la  nageoire  dorsale  ;  elles  sont  courtes  et  composées  d'un  petit 
nombre  de  rayons. 

EXPLICATION  DES  PLANCHES. 

Planche  XI. 

Fig.  l-I  6.  Ptychodus  Trigeri,  Sauvg.  Cénomanien  de  la  Sartho. 

Fig.  2  et  2  a.  Gyrodus  Fabrei,  Sauvg.  Lias  de  Nancy. 

Fig.  3  et  3  o.  Myliobates  Rivicrei,  Sauvg.  Tertiaire  de  Montmartre  (Paris). 

Fig.  4.  Onchus  simplex,  Sauvg.  Terrain  houillcr  de  l'Allier. 

Fig.  5.  Clupea  Lorcœ,  Sauvg.  Tertiaire  supérieur  de  Lorca  (Kspagne). 

Planche  XII. 
Palœoniscus  Delessei,  Sauvg.  Terrain  houiller  de  Buxières-les-Mines  (Allier). 

Planche  XIII. 

Fig.  1.  Desmichthys  Daubrei,  Sauvg.  Tertiaire  des  Bouchcs-du-Rhône. 
Fig.  2.  Eurystethus  Brongmarti,  Sauvg.  Kimméridgien  de  Morestel  (Ain). 
Fig.  3.  Clupea  Larteti,  Sauvg.  Hakel  (Libani. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 


De  la  limite  entre  le  Crétacé  et  le  Xert faire  aux  environs 

de  Vitrolles  (Bouches-du-Rhône), 

par  M.  Tard  y. 

Dans  la  première  feuille  de  la  15"  partie  de  ses  Recherches  palëon- 
tologiques  sur  les  terrains  du  Midi  de  la  France,  M.  Hatlieron  décrit 
avec  une  très-grande  précision  la  stratigraphie  de  l'ensemble  des  assises 
crétacées,  afin  de  bien  fixer  son  point  de  vue  sur  la  limite  entre  la  série 
tertiaire  et  la  série  crétacée. 

Il  fait,  tout  d'abord,  remarquer  qu'entre  Ausseing  et  Belbèze  (Haute- 
Garonne),  il  est  impossible  de  placer  le  doigt  sur  la  limite  entre  le  Cré- 
tacé et  le  Numraulitique;  c'est-à-dire  qu'en  ce  point  il  y  aurait  passage 
insensible.  C'est  possible,  mais  cela  ne  m'est  pas  encore  absolument 
démontré.  Ensuite  il  passe  au  Vitrollien,  qui,  d'après  une  découverte 
récemment  faite  dans  les  tranchées  du  chemin  de  fer  de  Marseille  à 
Aix,  appartient,  par  les  fossiles  de  ses  assises  inférieures,  au  Garu- 
mnien  supérieur  de  M.  Leymerie.  Continuant  cette  description  détaillée 


C38  TARDY.    —   CRKTACÉ    KT   TERTIAIUE    DE   VITROLLES.  17  juin 

avec  la  précision  qui  caractérise  ses  travaux,  notre  confrère  signale 
la  rubéfaction  des  couches  inférieures  du  système  des  environs  de 
Vitrolles,  dont  il  a  fait  le  ViiroUien,  Cette  rubéfaction,  si  on  la  com- 
pare à  ce  qui  se  produit  de  nos  jours,  si  on  la  compare  aussi  aux  assises 
analogues  de  la  série  tertiaire,  surtout  dans  les  groupes  les  mieux  étu- 
diés, indique  que  l'assise  rubéfiée  a  servi  plus  ou  moins  longtemps 
de  surface  terrestre. 

A  l'appui  de  cette  aflirmation,  je  citerai  d'abord  les  argiles  rouges, 
mêlées  de  cailloux  de  la  roche  calcaire  sous-jacente,  qui  constituent 
la  surface  de  tous  les  plateaux  jurassi(jues  de  notre  pays.  Ensuite  je 
rappellerai  une  coupe  que  j'ai  publiée  cette  année  à  propos  de  la  clas- 
siiication  de  l'époque  qui  nous  précède.  Dans  cette  coupe,  j'ai  montré 
que  la  surface  des  grès  de  Fontainebleau,  sous  les  premières  couches 
du  calcaire  de  Beauce,  meulières  h  Potamides,  est  cimentée  par  de 
l'oxyde  de  fer(l).  Sur  un  autre  point,  au  même  niveau,  à  Cernay, 
M.  Stan. Meunier  (2)  a  découvert  ce  qu'il  nomme  un  alios  miocène. Ces 
trois  faits  ne  sont  pas  isolés,  mais  ils  suflisent,  je  crois,  pour  rappeler 
à  tous  mes  confrères  un  grand  nombre  do  faits  analogues  et  les  con- 
vaincre que  souvent,  à  la  séparation  de  deux  terrains,  la  surface  su- 
périeure des  assises  du  système  inférieur  est  rubéliée. 

Sans  prétendre  que  ce  caractère  doit  être  mis  au  rang  des  données 
paléontologiques,  je  serais  disposé  a  penser  que  là  où  celles-ci  man- 
quent, il  serait  possible  de  s'aider  du  caractère  de  la  rubéfaction  du 
sol  pour  fixer  le  point  précis  de  la  limite  de  deux  étages.  C'est  bien  là 
le  cas  du  Vitrollien,  dont  la  partie  la  plus  inférieure  est  de  l'époque 
garumnienne,  tandis  que  les  assises  qui  le  recouvrent  immédiatement 
à  Vitrolles  sont  franchement  tertiaires.  La  limite  entre  le  système  cré- 
tacé et  le  système  tertiaire  se  trouve  donc  dans  le  groupe  de  Vitrolles  ; 
mais  Tabsence  des  fossiles  rend  la  solution  impossible  par  la  paléon- 
tologie. C'est  pour  cela  que  je  propose  le  caractère  de  la  rubéfaction, 
qui  placera  la  grande  séparation  des  deux  systèmes  entre  le  Vitrollien 
rouge  ou  inférieur  et  le  Vitrollien  non  coloré  ou  supérieur.  De  cette 
division,  d'après  les  indications  fournies  par  M.  Matheron,  il  paraît 
encore  résulter  que  le  groupe  de  Montolieu  (Aude)  serait  à  la  base  du 
terrain  tertiaire  du  Midi  de  la  France. 

Quant  à  la  limite  à  établir  aux  environs  d'Ausseing  et  de  Belbèze, 
celle-ci  étant  sous  un  fond  marin,  puisque  les  premières  couches  ter- 
tiaires sont  des  assises  à  Alvéolines,  il  est  tout  naturel  de  penser  que 
les  premières  invasions  de  la  mer  ont  eu,  comme  actuellement  sur  nos 

(1)  Snprà.  p.  418  et  419. 

(2)  C.-R.  Ac.  Se,  t.  LXXXV,  p.  1-2U»;  séance  «lu  17  (U:c.  1877  :  —  La  Sature,  n"  «lu 
'22  (Icc.   1S77.  p.  C2  et  03. 


1878.       TAHDY.  —  CRÉTACÉ  ET  TERTIAIRE  DE  VITROLLES.       639 

côtes,  pour  premier  cfTet  de  dégrader  et  de  faire  disparaître  l'alios 
lacustre  ou  continental  qui  aurait  donné  la  limite  précise  entre  le 
Tertiaire  et  le  Crétacé.  Cette  limite  est  donc,  dans  cette  région,  proba- 
blement ondulée,  comme  toutes  les  surfaces  érodées  aujourd'hui  par 
les  mers.  En  effet,  les  premières  assises  tertiaires  sont  mélangées  d*un 
grand  nombre  de  blocs  et  de  fossiles  crétacés.  Cela  prouve  l'érosion 
et  rend  la  fixation  de  la  limite  précise  très-difficile. 

Ici  cette  fixation  n'est  du  reste  pas  d'une  grande  importance,  puis- 
que la  séparation  paléontologique  est  bien  nette.  Il  n'en  est  pas  de 
même  dans  le  groupe  de  Yitrolles,  oQ  les  fossiles  manquent  dans  la 
série  supérieure,  qui,  par  sa  nature  minéralogique  et  par  sa  couleur, 
dit  M.  Hatheron,diifère  essentiellement  de  la  série  inférieure.  Le  carac- 
tère de  la  rubéfaction  devient  dans  ce  cas  de  quelque  utilité;  c'est  ce 
qui  m'engage  à  le  signaler  à  l'attention  des  géologues. 


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Bull. Soc  3efli.de  Fran. 


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Dicranophylliim    robustum ,  -TeilUr. 


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Poissons  fossiles 


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SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE 


DE  FRANCE 


RËUIWIOIV    E:X.XRi%ORDIlVAIRE 

A   PARIS 
du  5  au  14  s^tembre  1878. 


Les  membres  de  la  Société  qui  ont  assisté  à  cette  réunion,  sont  : 


MM.  Almera,  de  Barcelone. 

Berson  (Eugène). 
Berthelin. 
Bertrand  (Marcel). 

BiLLON. 

Bioghe. 
Bleigher. 

Briart,  de  Mariemont  (Bel- 
gique). 
Brogghi. 

Brolemann  (Henri). 
Bureau. 

Capellini,  de  Bologne. 
Garez. 

Chancourtois  (de). 
Choffat,  de  Zurich. 

Cf.OEZ. 
COLLOT. 

CossiGNY  (de). 
Danglure. 


MM.  Daubrée. 
Delaire. 
Delesse. 

Delvaux,  de  Mons. 
Dewalque,  de  Liège. 
Didelot. 

DlEULAFAlT. 

DoNON  DE  Cannes. 

DOUVILLÉ  (H.). 

Dru  (Léon). 
Fabre  (G.). 
Favrb  (Alph.),  de  Genève. 

FONTANNBS. 

Gaudry  (Alb.). 

GouiN. 

GuiscARDi,  de  Naples. 

GUYBBDBT. 
GUYOT. 

Hébert. 
Jannettaz. 

44 


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SKANCE. 


i  sepl. 


MM .  La  Houssate  (de). 
Lapparent  (A.  de). 

LORY. 

LiNDGREEN,deLun(I  (Suède). 

Lykiardopoui.0. 

Margfjue  (de). 

Matheron. 

Mayer,  de  Zurich. 

MiEG,  de  Mulhouse. 

MoREAU  (Albert). 

Horel  DE  Glasville. 

MouRLON,  de  Bruxelles. 

Mumer-Chalmas. 

Paris. 

Pellat. 

PlSANl. 
PoMEL. 


MM.  Rauond. 

Renevier,  de  Lausanne. 

RiBEiRO,  de  Lisbonne. 

Rosemont  (de). 

RuTOT,  de  Bruxelles. 

Saporta  (de). 

Sauvage. 

Serre  (de). 

Stepiianesco,  de  Bucli&rest. 

Tardy. 

tournouêr. 

Tromelin  (de). 

YANDENBROEGK,deBru\elles. 

Vélain  (Ch.). 

ViLANOVA,  de  Madrid. 

ZVLOF. 


Un  certain  nombre  des  Membres  du  Congrès  géologique  internatio- 
nal ont  pris  part  aux  travaux  de  cette  session  qui  avait  été  organisée 
à  leur  intention.  Nous  citerons  parmi  eux  les  personnes  suivantes  qui 
ne  font  pas  partie  de  la  Société  géologique  : 


MM.  Bassani. 
Bergehon. 
bontemps. 
CoPE,  États-Unis. 
GiORDANO,de  Rome. 
Hantken  (de),  de  Budapest. 
Jarza  (de),  de  Bilbao. 
Karrer,  de  Vienne. 
Lelorrain  (D*^). 


MM.  Lenmer. 

Malaise,  de  Gembloux. 
Michaux  (A.). 

MlZIWJEZKI. 
ROYER. 

Seigaru,  de  Bucharest. 
Selwyn«  Canada. 
SoLANO,  de  Madrid. 


Séance  du  4  septembre  1878. 

PRÉSIDENCE     DE    M.     ALB.    GAUDRY. 

Le  mercredi  4  septembre,  la  Société  s'est  réunie,  à  trois  heures 
dans  son  local  de  la  rue  des  Grands-Augustins. 


M.  Goudry,  Président  annuel,  après  avoir  déclaré  la  session  ou- 


1878.  SÉANCE.  643 

verte,  expose  les  motifs  qui  ont  (létermin(5  la  Société  à  choisir  celte 
année  Paris  comme  siège  de  la  réunion  extraordinaire  et  remercie  les 
personnes  étrangères  présentes  de  l'empressement  ({u'elles  ont  mis  à 
répondre  à  son  appel. 

Il  invite  ensuite  les  membres  delà  Société  à  procéder  à  l'élection  du 
bureau  qui  devra  présider  aux  travaux  de  la  session. 

Par  suite  des  résultats  du  scrutin  le  bureau  est  ainsi  constitué  : 
Président  :  M.  Barrande. 

Vice-Présidents  :iliyi,  Loi\Y,  Renevier,  Briart,  et  Mater. 
Secrétaires  :  MM.  Ch.  Vi^lain  et  Fontannes. 

H.  Yélain  soumet  à  l'approbation  de  la  Société  le  plan  des  excur- 
sions projetées  dans  les  environs  de  Paris,  et  donne  quelques  indica- 
tions au  sujet  de  la  première  partie  de  ces  excursions  dont  le  programme 
imprimé  vient  d'être  distribué. 

Jeudi,  5  septembre.  —  Vanves,  Meudon  et  Bellevue  :  rcnrlez-vous  à  la  Porte  do 
Versailles  (à  l'extrémité  de  la  rue  do  Vaugirard,  aux  fortiûcations),  à  dix  heures  et 
demie.  —  Visites  aux  carrières  d'argile  plastique  de  Vanves.  — Traversée  du  parc 
d'Issy,  Calcaire  grossier.  —  Descente  à  la  carrière  d'Armagnac,  Craie  blanche. 
Calcaire  pisolithiqnc,  Marnes  blanches  de  Meudon.  —  Remontée  au  val  Fleury. 
Conglomérat  de  Meudon  et  argile  plastique.  —  A  la  station  de  Bellevue,  Sables  et 
grès  de  Beauchamp.  — ^^  Route  des  Gardes,  Sables  de  Fontainebleau.  —  Sous  les 
bruyères  de  Sèvres,  Meulières  de  Beauce.  —  Retour  à  Paris  par  la  station  de 
Bellevue  à  5  h. 

Vendredi,  6  septembre.  —  Étampes,  Morigny  et  Jeurrei  :  départ  à  sept  heures  du 
matin  de  la  gare  d'Orléans  pour  la  station  d'Étampes,  arrivée  à  Étampes  à  8  h.  50. 
—  Traversée  d'Étampes  pour  la  c«Me  Saint-Martin.  Calcair^'s  de  Beauce  et  Sables  de 
Fontainebleau  (horizon  d'Ormoy).  —  Déjeuner  à  Étampes  à  midi.  —  A  une  heure  et 
demie,  départ  en  voiture  pour  Morigny  et  Jeurres.  Horizons  fossilifères  des  Sables 
de  Fontainebleau.  — Retour  par  Étrechy  à  4  h.  25  ;  arrivée  à  Paris  à  6  h.  05. 

Samedi,  7  septembre.  —  Maignelay  (Coivrel  et  Mortemer)  :  départ  de  Paris  par 
la  gare  du  Nord  à  6  h.,  arrivée  à  Maignelay,  à  9  h  60.  —  Transport  en  omnibus  à 
la  butte  de  Ciivrol,  Sables  de  Bracheui  fossilifères.  Calcaires  lacustres  de  Mortemer^ 
Lignites,  Sables  marins  fossilifères  avec  galets.  —  Retour  à  Maignelay.  à  midi, 
déjeûner.  —  Pour  les  membres  qui  voudront  retourner  à  Paris,  départ  de  Maignelay 
en  omnibus,  1  h.  30.  —  Environs  de  Mortemer,  2  h.  30,  Sables  de  Bracheux  fossili- 
fères. Calcaire  lacustre  avec  végétaux.  —  Départ  de  Maignelay,  7  h.  5,  arrivée  à 
Paris,  9  h.  55. 

Lundi,  9  septembre.  —  Payit  de  Bray  :  départ  de  Paris,  gare  Saint-Lazare  (ligne 
de  Paris  à  Dieppe,  par  Pontoise).  6  h.  20  du  matin,  arrivée  à  Gournay,  9  h.  22.  — 
Déjeûner  à  Gorberoy.  —  Dîner  à  Gournay  à  sept  heures.  —  Retour  à  Paris,  par 
le  train  partant  à  8  h.  46  et  arrivant  à  Paris  à  11  h.  55. 

Mercredi.  11  septembre.  —  La  Frette  et  SarmoU  :  Rendez-vous  à  la  gare  de 
l'Ouest  (Paris  Saint-Lazare)  à  8  h.,  départ  h  8  h,  10  pourMaisons-Laffite.  —  De  Maisons 
à  La  Frette  par  la  Seine  ;  Calcaire  grossier,  Tranchée  de  la  Frette;  Sables  de  Beau- 


6U  SÉANCE.  10  SOpl. 

champ  fossilifères  et  calcaire  de  Saint-Oucn.  —  Déjeuner  à  Conneil.  à  11  h.  — 
Traversée  des  buttes  Sannois,  Meulières  supérieures  fossilifères  fLîmnea  cornea. 
L.  tylindrica.  Bancs  à  polamidet.  Graines  et  liges  de  CharaJ.  —  Sannois  et  Argen- 
tcuil  (carrières  Bapst),  Marnes  vertes  et  marnes  à  Cyrena  eontexa  (miocène  inférieur). 
Série  complète  du  Gypse  parisien  (éocène  supérieur).  —  Retour  par  Argcnteuil  à  5  h 
36  ;  arrivée  à  Paris  à  6  h.  05. 

Jeudi  12  septembre.  —  Vernon  :  Rendez-vous  à  la  gare  do  TOuest  (Paris  Saint- 
Lazare)  à  7  h.  30  pour  départ  à  7  h.  45  (déjeûner  à  Vernon  à  neuf  heures  et  demie). 
—  Course  en  voiture  :  1*  A  Courcaille  près  Blaru  :  terrain  tertiaire  fossilifère  ;  faille  ; 
Sables  éruptils  ;  2*  A  Yernonct  et  à  Pressaguy  :  Craie  blanche,  craie  marnetfse, 
craie  glauconieuse  (fossiles  de  Rouen)  ;  Puits  artésien  de  la  Madeleine.  Collection 
du  forage  (rafraîchissements),  Diluvium,  Graviers  delà  Seine.  — Retour  de  Vernon 
par  le  train  de  5   h.  arrivant  à  Paris  à  7  h.  35. 

Vendredi,  13  septembre.  —  Pierre  fonds  et  Cttise  :  rendez- vous  à  la  gare  du  Nord 
à  7  h.  —  Départ  à  7  h.  20  pour  Compiègne,  arrivée  à  8  h.  47.  —  De  Compiègne  à 
Pierrefonds  par  Saint-Pierre  en  Châtre,  en  voiture  :  Sables  de  Bracheux  et  ligriitos 
(Bancs  à  Ostrea  bellovacinaj.  — Déjeuner  à  Pierrefonds  à  11  h.  — De  Pierrefonds  à 
la  Gorge  du  Han.  —  Sables  inférieurs  du  Soissonnais  (horizon  fossilifère  de  Cuise- 
Lamotte)  ;  Glauconie  du  Calcaire  grossier  inférieur  (couche  à  dents  de  squales).  — 
Retour  à  Compiègne  par  les  Beaux-Monts  ;  Dîner  à  Compiègne  à  6  h.  </«  ;  Départ 
pour  Paris  à  8  h.  40  ;  Arrivée  à  11  h. 

La  rédaction  de  ce  programme  est  acceptée  sans  modilications. 


Séance  du  iO  septembre  1878. 

PRESIDENCE    DE    M.    ALD.    GAUDRY. 

M.  Ch.  Yélain,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
^fiière  séance  ;  la  rédaction  en  est  adoptée. 

M.  le  Président  lit  une  lettre  de  M.  Barrande,  dans  laquelle  le  savant 
paléontologiste  exprime  tout  à  la  fois  ses  remerciments  et  ses  regrets 
de  ne  pouvoir  accepter  la  présidence  à  laquelle  on  a  bien  voulu  l'ap- 
peler, pour  des  raisons  de  santé  qui  l'obligent  à  se  tenir  éloigné  des 
travaux  de  la  réunion  extraordinaire. 

La  Société  décide  qu'il  ne  sera  pas  procédé  au  remplacement  de 
M.  Barrande,  et  lui  décerne  à  l'unanimité  la  présidence  d'honneur  de 
la  session. 

M.  le  Président  communique  ensuite  une  lettre  dans  laquelle 
M.  Prestwich  annonce  qu'une  indisposition  subite  l'a  empêché  de  se 
rendre  à  cette  réunioiii  comme  il  l'avait  annoncé. 

Sur  l'invitation  du  Prisidcnt,  M.  Ed.  «lannettasE  reiul  compte, 


1878.        JANNETTAZ.    —  INAUGURATION   DU   MONUMENT  DE  BALMAT.         645 

dans  les  termes  suivanls  de  la  cérémonie  de  l'inauguration  du  monu- 
ment de  Balmat  à  Chamonix,  qu'il  a  été  appelé  à  présider  cormufr 
délégué  de  la  Société  géologique  de  France. 


Compte-rendu  de  la  Fête  d'Inauguration  du  monument 
élevé  à  la  mémoire  de  «lacques  Oalmat,  le  dimancTie 
44  août  4878, 

par  M.  Ed.  «lannettaz» 

délégué  de  la  Société  géologique  de  France. 

Messieurs» 

Le  compte-rendu  de  la  réunion  exti*aordinaire  à  Genève  et  â  Cha- 
monix (Bulletin,  3®  série,  tome  III,  p.  654)  a  raconté  l'épisode  tou- 
chant qui  signala  l'excursion  du  5  septembre.  Après  avoir  traversé  la 
mer  de  glace,  la  Société  était  arrivée  au  Chapeau^  lorsque  M.  Alph. 
Favre,  président  de  la  session,  rappela  les  services  rendus  par  les 
guides  de  Chamonix,  en  particulier  par  le  plus  célèbre  d'entre  eux 
qui,  le  premier,  a  franchi  le  Mont-Blanc.  M.  Jannettaz  proposa  d'ou- 
vrir une  souscription  pour  subvenir  aux  frais  d'un  monument  élevé  à 
Jacques  Balmat. 

Le  soir,  dans  un  banquet,  M.  Hoêl,  sous-inspecteur  des  forêts  à  Bon- 
neville,  promena  religieusement  au  milieu  des  convives  émus  l'alpcns- 
tock  tout  enrubané  de  Balmat. 

La  souscription  fut  ouverte  avec  enthousiasme.  Sanctionné  peu  de^ 
temps  après  par  le  conseil,  elle  trouva  des  adhérents,  même  parmi  les 
membres  de  la  Société  qui  n'avaient  pas  pris  part  aux  excursions  du 
mois  de  septembre  ;  elle  atteignit  800  francs. 

Il  fut  convenu  que  le  monument  serait  simple,  comme  la  vie  de 
l'homme  dont  il  devait  honoi*er  la  mémoire;  qu'un  bloc  de  protoginc 
tiré  du  Mont-Blanc  en  fournirait  la  base,  et  qu'un  médaillon  incrusté 
dans  la  pierre  y  reproduirait  les  traits  du  célèbre  guide  de  Chamonix. 
M.  deMaulde,  sous-préfet  de  Bonneville,  et  M.  Tairraz,  maire  à  cette 
époque,  voulurent  bien  se  charger  de  faire  amener  le  bloc  de  la  mon- 
tagne, et  de  s'entendre  avec  un  artiste  capable  d'exécuter  le  projet  de 
la  Société.  La  dépense  tut  un  peu  plus  forte  que  ne  le  permettait  la 
première  souscription.  Le  Conseil  allait  aviser  aux  moyens  de  couvrir 
complètement  la  différence,  lorsque  le  Club  alpin  français  lui  demanda, 
de  prendre  l'excès  de  dépense  à  son  compte.  Le  Conseil  de  la  Société 
géologique  accueillit  avec  sympathie  la  demande  du  Comité  central  du^ 
Club  alpin. 


656       JANNBTTAZ.  — ;  INAUGURATION  DU  MONUMENT  DE  BALMAT.      10  SCpt. 

La  scclion  alpine  de  Bonneville-Chamonix  pensa  dès  lors  à  organiser 
une  inauguration  solennelle;  aidée  du  concours  universel  des  Cha- 
moniards,  elle  en  fit  Tobjet  d'une  iete,  qui  fut  fixée  au  dimanche 
1 1  août  1878. 

Délégué  pour  représenter  la  Société  géologique  de  France  par  son 
président,  M.  Albert  Gaudry,  M.  Jannettaz  fut  prié  par  les  organisa- 
teurs de  la  fête  d*en  accepter  la  présidence. 

Le  premier  rendez-vous  était  fixé  à  Bonneville,  le  vendredi  9  août, 
à  neuf  heures  et  demie  du  matin.  A  dix  heures,  M  Blanc,  président 
de  la  section  du  Club  alpin,  dite  section  de  Bonneville-Chamonix, 
assisté  de  M.  Maillot,  secrétaire  général,  et  de  plusieurs  de  ses  col- 
lègues, reçut  M.  Jannettaz,  président  général  delà  fêle, M.  Yézian,  pré- 
sident de  la  section  du  Club  alpin  du  Jura,  M.  Boisson  d'Ëcole,  vice- 
président  de  la  même  section,  M.  Durandeau,  président  de  la  section 
de  la  Côte 'd'Or  et  du  Morvan,  M.  Viennois,  de  la  même  section. 

A  midi,  deux  omnibus  emmenaient  une  caravane  d'alpinistes  qui  fit 
avec  succès  Tascension  du  mont  Buet.  On  sait  que  de  la  cime  de  celle 
montagne  on  a  la  plus  belle  vue  que  donnent  les  Alpes  sur  la  chaîne 
du  Mont-Blanc. 

Le  dimanche,  à  Taube,  des  fanfares  sonnent  la  diane.  Une  nom- 
breuse population  remplit  les  rues  du  bourg.  Toutes  les  fenêtres  sont 
pavoiséesde  drapeaux,  où  se  mêlent  les  couleurs  de  toutes  les  nations. 
Une  haie  de  sapins  ornés  de  banderolles  et  d'oriflammes  aux  couleurs 
nationales  décore  les  rues,  à  rentrée  desquelles  se  dressent  d'éléganls 
arcs  de  triomphe  en  Thonneur  du  héros  de  la  fête,  en  même  temps  que 
de  la  Société  géologique  de  France  et  des  Clubs  alpins. 

A  neuf  heures,  M.  Jannettaz,  président  général  de  la  fêle,  accompagné 
par  M.  Blanc  et  Tétat-major  deTalpinisme  réuni  à  Chamonix,  va  ren- 
dre visite  à  M.  le  Préfet  de  la  Haute-Savoie,  arrivé  la  veille,  ainsi  que 
MM.  Chaumontel,  sénateur,  et  Philippe,  député  d'Annecy.  A  ces  mes- 
sieurs viennent  bientôt  se  joindre  M.  Charles  Durier,  délégué  par  le 
Comité  central  du  Club  alpin  français,  et  M.  Caron. 

A  dix  heures,  tout  le  moiide  est  rassemblé  devant  Thôtel  Klotz,  à 
l'entrée  du  bourg.  M.  Orsal  Constant,  conseiller  général  du  canton, 
suivi  de  M.  Jose[>h  Tairraz,  de  toute  la  municipaUté,  et  des  fonction- 
naires de  la  commune,  nous  souhaitent  la  bienvenue  en  quelques 
paroles  fort  applaudies. 

Le  cortège  se  forme  :  en  tête  marchent  MM.  Edouard  Jannettaz, 
Durier,  Blanc,  le  préfet  de  la  Haute-Savoie,  M.  le  sous-préfet  de 
Bonneville,  MM.  Chaumontel  et  Chardon,  sénateui*s,  MM.  Philippe  et 
Ducroz,  députés,  MM.  Orsal,  conseiller  général,  Folliguet,  conseiller 
d'arrondissement,  M.  le  maire  de  Chamonix  et  le  conseil  municipal. 


,4^78.         JAN.NEÎTAZ.    -—   l.NAUr.UHATlON    DU   MONUMENT   DE   BALMAT.         647 

M.  Venancc  Payot,  représentant  de  la  Société  géologique  de  France, 
MM.  les  présidents  et  délégués  spéciaux  des  Clubs  alpins.  Viennent  en- 
suite, entre  la  fanfare  de  Saint-Gervais-les-Bains  et  celle  de  Sallanches, 
les  parents  de  Jac(}ues  Balmat,  un  peloton  des  six  plus  vieux  guides  de 
Chamonix  avec  bâtons,  piolets,  cordes  et  sacs,  en  tenue  de  montagne, 
ayant  à  leur  tête  le  guide-chef,  et  le  doyen  des  guides  de  la  vallée  qui 
porte,  couvert  de  rubans  et  de  fleura,  un  des  longs  bâtons  de  Jacques 
Balmat.  Entre  la  fanfare  de  Sallanches  et  celle  de  Bonneville  se  pla- 
cent les  écoles  des  garçons  et  des  filles  avec  oriflammes  et  bouquets  de 
violettes  à  la  main,  et  MM.  les  sociétaires  des  différents  Clubs  alpins 
français  et  étrangers.  Enfin,  la  fanfare  de  Mégève  est  suivie  des  habi- 
tants et  de  leurs  invités. 

A  onze  heures,  ce  long  cortège  arrive  sur  la  place,  et  se  range  au- 
tour du  monument  qui  se  dresse  au  bas  du  peiTon  de  l'élise.  M.  le 
Curé  de  Chamonix  descend  de  l'église  pour  se  réunir  à  rassemblée. 

Le  monument  consiste  en  un  socle  composé  d'une  protogine  rose  de 
Pornienaz,  d'une  protogine  grise  un  peu  altérée,  couverte  d'une  druse 
de  quartz  cristallisé,  du  glacier  d'Ârgentière,  enfin,  d'un  jaspe  de 
Servoz,  Vaudogne. 

Sur  ces  blocs  est  assise  une  pyramide  conique  taillée  dans  une  pro- 
togine grise  provenant  des  moraines  de  la  mer  de  glace.  Dans  la  pro- 
togine est  encastré  un  médaillon  en  bronze  dû  au  ciseau  de  M.  Emile 
Sanson,  statuaire,  qui  a  exécuté  le  monument  dans  son  entier. 

Une  inscription  rappelle  les  noms  de  la  Société  géologique  de 
France,  du  Club  alpin  français,  et  la  date  de  l'ouverture  de  la  sous- 
cription. 

Au  moment  de  l'arrivée  du  cortège,  le  monument  est  enveloppé 
d'un  long  voile  qui  le  dérobe  aux  regards.  Les  corps  de  musique 
réunis  font  entendre,  sous  la  direction  de  M.  Abbiate,  leur  morceau 
d'ensemble.  Le  beau  chant  des  Allobroges  est  exécuté  avec  un  rare 
bonheur.  Des  applaudissements  longs  et  réitérés  témoignent  de  l'im- 
pression profonde  qu'il  excite  dans  les  cœurs. 

M.  Jannettaz  prononce  l'allocution  suivante  : 

Messieurs, 

J'éprouve  une  de  ces  émotions  douces,  et  qui  font  époque  dans  la 
vie,  en  ce  moment  où  je  prends  la  parole  devant  vous. 

Mes  collègues  de  la  Société  géologique  de  France  ont  tous  ressenti  la 
même  impression  de  bonheur  et  de  fierté,  lorsqu'ils  ont  appris  que 
l'inauguration  du  monument  érigé  â  Jacques  Balmat  allait  avoir 
lieu. 


6i8       JANNËTTAZ.   —  INAUGURATION  DU  MONUMENT  DE  BALMAT.      10  Sept. 

La  Société  géologique  n'a  pa  cependant  se  faire  représenter  à  cetle 
solennité  par  un  aussi  grand  nombre  de  ses  membres  qu'elle  l'aura»t 
voulu.  Elle  organise  un  congrès  international,  qui  va  s'ouvrir  dans 
quelques  jours.  La  raison  de  patriotisme  a  seule  retenu  la  plupart  de 
nos  collègues  à  Paris.  Car  les  géologues  ont  eu  de  tout  temps  pour  la 
vallée  de  Chamonix  une  affection  particulière.  Cette  vallée,  en  eflet^  a 
été  le  lieu  de  prédilection  de  nos  plus  illustres  maîtres,  lorsqu'ils  vou- 
laient étudier  la  structure  des  montagnes  et  les  évolutions  de  leurs 
glaciers. 

Et  ces  hommes,  trop  grands  pour  être  ingrats,  les  de  Saussure,  les 
Dolomieu,  lesCordier,  les  Ëlie  de  Beaumont,  les  Âgassiz,  combien  de 
fois  ont-ils  fait  dans  leurs  ouvrages,  dans  leurs  discours,  dans  leurs 
entretiens  le  juste  éloge  de  l'intrépidité,  de  l'expérience  et  du  dévoue- 
ment des  guides  de  Chamonix  ! 

Aussi,  étions-nous  accourus  en  grand  nombre  en  1875,  lorsque 
le  programme  de  notre  session  extraordinaire,  nous  appela  dans  cetle 
ville;  en  arrivant  parmi  vous  il  nous  semblait  que  nous  venions  chez 
des  amis  de  vieille  date. 

Non-seulement  vous  avez  témoigné  à  la  Société  géologique  Testime 
dont  on  entoure  partout  les  corps  savants  ;  vous  lui  avez  fait,  il  y  a 
trois  ans,  une  réception  cordiale,  je  dirai  même  magnifique.  Nous  Ta- 
vons  acceptée  sans  résen^e,  et  nous  le  pouvions,  parce  que  nous  savions 
quel  était  votre  plus  cher  désir  et  que  nous  songions  à  le  réaliser. 
Votre  vœu  était  le  nôtre,  comme  celui  de  tous  les  amis  des  régions 
alpines.  Récemment  encore,  le  président  du  Club  alpin  français, 
M.  Joaiine,  s'écriait,  en  parlant  du  hameau  des  Pèlerins,  ou  Jacques 
Balmat  est  né  :  <c  Pas  une  pierre  ne  rappelle  au  voyageur  le  nom  du 
«  montagnard  intrépide,  du  guide  habile  et  dévoué,  qui  fraya  la  route 
<  du  Mont-Blanc  à  de  Saussure.  » 

Cette  plainte  chaleureuse  retentissait  à  nos  oreilles  sur  la  Mer  de 
glace,  et  lorsque  le  savant  Genevois,  qui  présidait  notre  session  extra- 
ordinaire, M.  Alphonse  Favre,  nous  eut  rappelé  la  première  ascension 
du  Mont-Blanc,  je  fis  à  son  éloquent  discours  la  réponse  que  devait 
faire  un  président  annuel  de  la  société;  une  acclamation  unanime  ac- 
cueillii  ma  proposition  d'élever  à  nos  frais  un  monument  à  Jacques 
Balmat. 

Nous  ne  sommes  pas  restés  seuls  pour  accomplir  cette  œuvre  de  jus- 
tice. Le  Club  alpin  français  a  voulu  nous  y  aider. 

Au  nom  de  la  Société,  je  remercie  le  Club  alpin,  pour  la  part  qu'il  a 
prise  dans  notre  souscription,  ainsi  que  la  section  Bonneville-Cha- 
monix,  et  particulièrement  son  secrétaire  général,  M.  Emile  Maillot, 
auquel  nous  devons  l'organisation  de  cette  fête.  Merci  également  au 


1878.    JANNETTAZ.  —  INAUGURATION  DU  MONUMENT  DE  BAKMAT.    6'49 

Club  alpin  suisse  de  la  sympathie  qu'il  vient  de  nous  exprimer  ce 
matin.  Au  nom  de  tous,  j'adresserai  non-seulement  des  remerciments, 
mais  encore  de  sincères  félicitations  à  M.  Sanson,  Thabile  artiste  qui 
a  ordonné  ce  monument  et  sculpté  ce  médaillon,  où  il  fait  revivre  à 
nos  yeux  la  vaillante  figure  du  guide  qu'on  appelait  le  vainqueur  du 
Mont-Blanc. 

C'était  déjà  un  brillant  témoignage  de  gratitude  que  donnaient  en- 
.semble  à  Balmat  les  grandes  sociétés  françaises,  et  même  étrangères, 
et  la  foule  de  nos  concitoyens  qui  nousentourent.  Hais  il  fallait  davan- 
tage à  sa  mémoire.  Vous  Tavez  compris,  MM.  les  sénateurs,  MM.  les 
députés,  M.  le  Préfet  de  la  Haute-Savoie,  M.  le  Sous-Préfet  de  Bonne- 
ville,  et  vous,  MM.  les  fonctionnaires  de  ce  département,  qui  vous  êtes 
joints  à  nous.  Nous  ne  pouvions  rendre  à  Balmat  qu'un  hommage 
privé.  Votre  présence.  Messieurs  les  représentants  oflSciels  du  pays, 
l'éclat  de  votre  autorité  personnelle,  ajoutent  à  cette  cérémonie  un 
autre  caractère,  celui  des  honneurs  publics. 

Quel  était  donc  cet  homme,  dont  la  gloire  est  devenue  nationale? 

Une  première  fois  bienfaiteur  de  son  pays,  lorsqu'il  y  introduisit  le 
mouton  mérinos,  Balmat  ne  se  contenta  pas  de  cette  réputation,  qui 
aurait  sufli  à  l'ambition  du  plus  grand  nombre.  Enfant  des  montagnes, 
il  en  aimait  les  beautés;  il  ne  tarda  pas  à  prendre  rang  parmi  les  guides 
les  plus  hardis  et  les  plus  expérimentés. 

C'était  l'époque  où  la  méthode  d'observation  imprimait  aux  sciences 
naturelles  un  essor  irrésistible,  où  de  Saussure  publiait  cet  immortel 
ouvrage  qu'il  a  intitulé  :  «  Voyage  dans  les  Alpes.  » 

Encouragés  par  de  Saussure,  auquel  son  grand  savoir  donnait  tant 
d'autorité,  les  guides  de  Chamonix  avaient  résolu  d'atteindre  le  som- 
met du  Mont-Blanc,  ils  échouèrent  dans  plusieurs  tentatives,  quels 
que  fussent  leur  courage  et  leur  audace.  Balmat  poui*suivit  leur  projet 
avec  ardeur.  Dans  la  nuit  du  6  juillet  1786,  après  plusieurs  autres  pas- 
sées dans  les  glaces,  malgré  une  tourmente  horrible  de  neige,  malgré 
le  froid,  dont  il  faillit  mourir,  il  trouva  le  passage  cherché  en  vain  jus- 
que-là. 

Il  entraîna  bientôt  avec  lui  le  docteur  Paccard. 

Ce  n'est  pas  devant  vous,  Messieurs  du  Club  alpin,  ni  devant  vous. 
Messieurs  les  guides,  que  j'ai  besoin  d'exalter  le  mérite  de  celte  mé- 
morable ascension.  Mais,  mon  esprit  s'arrête  malgré  moi  sur  cette  lutte 
de  deux  hommes  contre  tant  de  difficultés.  Dans  ces  régions  où  les 
forces  de  la  nature  ont  toute  leur  indépendance,  où  elles  agissent  en 
masses  indomptables,  un  jour  deux  hommes  sont  allés  les  braver  en 
face. 

Sans  autre  resfource  que  kur  énergie,  sans  autres  moyens  de  di- 


650       JA.NNETTAZ.    —   INALT.CftATlON   DU   MONUMENT  DE  BALNAT.       10  SCpt. 

rcction  que  le  génie  et  Texpérience  de  Balmat,  ignorant,  malgré  la 
science  dePaccard,  les  conditions  atmosphériques  de  ces  lieui  élevés, 
ils  cheminent  avec  calme  et  sans  ci*ainte.  En  vain  les  gouffres  se  multi- 
plient, se  croisent  et  forment  comme  un  dédale  autour  d*eui  ;  en  vain 
ils  se  voient  obligés  de  s*aider  du  bras  et  de  la  pioche  pour  se  creuser 
à  chaque  pas  dans  la  neige  mobile,  et  sur  une  surface  étroite  et  glis- 
sante, des  marches  qui  peuvent  fuir  sous  leui's  pieds  ;  ils  montent  réso- 
lument, pendant  de  longues  heures. 

D'un  coup  d'oeil  sûr,  Balmat  reconnaît  l'endroit  accessible.  Il  est  par- 
venu au  faîte;  il  y  a  bientôt  amené  son  généreux  compagnon,  qui  sur- 
monte toutes  ses  fatigues,  pour  témoigner  plus  tard  de  cette  victoire. 

Ne  touchant  plus  de  la  terre  que  ce  dernier  sommet  qu'elle  envoie 
dans  l'espace,  il  demeura  quelques  instants  comme  fasciné  par  le  spec- 
tacle nouveau  qui  s'étalait  à  ses  yeux,  comme  enivré  en  même  temps 
d'un  légitime  orgueil. 

Cette  ascension  lui  valut  les  compliments  les  plus  flatteurs  de  ses 
contemporains.  Et  nous,  après  un  assez  long  intervalle  de  temps,  nous 
saluons  avec  le  méme^nthousiasme  le  théâtre  de  son  triomphe. 

Pourquoi  la  destinée  n'a-t-elle  pas  respecté  ce  mâle  courage  ?  Après 
avoir  franchi  les  cîmes  de  ces  montagnes,  il  s'était  proposé  d'en  scruter 
les  profondeurs;  il  y  cherchait  de  l'or. 

Là  aussi.  Messieurs,  il  était  un  pionnier.  Avait-il  pressenti  que  la 
conquête  du  métal  précieux  abandonnée  depuis  plusieurs  siècles, 
allait  de  nouveau  passionner  les  hommes?  C'était  bien  loin  de  nous,  en 
Sibi'rie  et  surtout  dans  le  Nouveau-Monde,  que  cette  recherche  devait 
réussir. 

Il  serait  téméraire  d'aflirmer  qu'il  est  inutile  de  fouiller  les  Alpes,  ou 
que  la  découverte  d'un  gisement  métallifère  y  <lemeurait  infructueuse. 

La  postérité  impartiale  ne  juge  pas  d'une  entreprise  d'après  son 
succès. 

Elle  met  au  nombre  des  services  rendus  par  Balmat  ce  dernier 
effort,  qui  eut  pour  lui  comme  on  sait,  un  résultat  bien  funeste;  il 
périt,  hélas  t  <ians  des  abîmes,  auprès  de  Sixt,  et  ces  montagnes  jalouses 
l'ont  enfoui  pour  toujours.  De  cet  homme  célèbre  il  ne  reste  que  le 
souvenir  ! 

Le  monument  que  nous  inaugurons  est  donc  plus  qu'une  satisfac- 
tion donnée  à  notre  reconnaissance  :  il  remplace  une  tombe. 

Que  l'âme  de  Balmat  y  vienne  jouir  de  l'admiration  qu'elle  a  laissée 
parmi  nous.  Qu'elle  y  vienne  consoler  ceux  qui  l'aimaient.  Car  c'est 
l'âme  d'un  héros. 

Balmat,  Messieurs,  a  poussé  jusqu'au  sacrilicc  de  sa  vie  l'amour  des 
grandes  actions. 


1878.         JANNETTAZ.    —  INAUGIRVTION   DU   MONUMENT   DE  BALMAT.  05 1 

Puissent  nos  descendants  dire  un  jour  de  nous  que  nous  avons 
comme  lui  concouru  au  bien  de  l'humanité,  à  la  gloire  de  la  patrie  1 

L'orateur  aurait  voulu  pouvoir  dire  à  l'assistance  combien  il  était  heu- 
reux de  l'accueil  qu'elle  a  t'ait  à  son  allocution.  Il  aurait  pu  remercier 
aussi  le  ciel,  si  brumeux  le  matin,  d'avoir  enfin  souri  à  son  tour.  AIoi's 
qu'il  étendait  la  main  dans  la  direction  du  Mont-Blanc,  montrant  le 
nouveau  champ  de  bataille  où  Jacques  Balmat  s'est  illustré,  à  ce  mo- 
ment était  tiré  le  rideau  qui  voilait  encore  le  médaillon,  et,  par  une 
coïncidence  heureuse,  le  soleil,  perçant  la  nuesi  longtemps  épaisse, 
inondait  de  lumière  les  glaces  de  la  montagne,  la  vallée,  son  monu- 
ment, et  la  foule  rassemblée  pour  cette  fête. 

A  M.  Jannettaz  succède  M.  Ch.  Durier,  auquel  on  doit  un  grand  et 
bel  ouvrage  sur  le  Mont-Blanc.  Dans  son  discours,  plein  de  mots  spi- 
rituels, M.  Durier  analyse  le  mérite  individuel  de  chacun  des  guides  de 
Chamonix  qu'il  connaît  si  bien;  sa  parole  touchante  va  droit  au  cœur 
de  ces  hommes  dévoués  au  voyageur,  dont  ils  méritent  pleinement  la 
confiance. 

Enfin,  M.  le  Préfet,  en  quelques  termes  élégants  et  dignes,  exprime 
éloquemment  le  souci  que  le  gouvernement  a  eu  de  se  faire  repré- 
sentera cette  cérémonie. 

Les  diverses  fanfares  avaient  exécuté  d'excellents  morceaux  entre 
ces  discours.  La  cérémonie  se  termine  par  un  défilé  des  jeunes  gar- 
çons et  des  jeunes  filles,  qui  viennent  un  à  un  déposer  des  bouquets 
au  pied  du  monument.  Uneémotion  indicible  s'est  emparé  de  tous  les 
cœurs.  Puis  le  cortège  se  reforme,  fait  le  tour  de  la  ville,  pendant  que 
les  fanfares  font  entendre  de  tous  côtés  des  airs  nobles  et  harmo- 
nieux. 

Un  banquet  réunit  bientôt  près  de  300  convives. 

A  la  table  d'honneur  se  sont  assis,  sans  distinction  de  rangs  ou  do 
fonctions,  MM.  Jannettaz,  Durier,  délégué  du  Comité  central  du  Club 
alpin;  Durandeau,  président  de  la  section  de  la  Côte-d'or  et  Morvan  ; 
Vézian,  président  de  la  section  du  Jura;  Blanc,  président  de  la  section 
de  Bonneville-Chamonix;  Emile  Maillot,  secrétaire-général  de  cette 
section;  Borrel,  président  de  la  section  delarentaise;  Caron,  membre 
de  la  Direction  centrale  du  Club  alpin  français,  ainsi  que  MM.  le  Pré- 
fet de  la  Haute-Savoie,  le  Sous-Préfet  de  Bonneville,  le  Recteur  de 
l'Académie  de  Cfiambéry,  Chardon,  Chaumontel,  sénateurs,  Philippe, 
Ducroz,  députés,  M.  Orsat,  conseiller  général  du  canton,  Joseph 
Tairraz,  vice-président  de  la  section  alpine  de  Bonneville  Chamonix, 
le  maire  de  Chamonix,  le  guide-chef,  Emile  Maison,  rédacteur  des 
Aljjes  d'Annecy,  etc.,  etc.  On  y  remarque  en  outre  M'"^»  Éd.  Jannettaz, 
Caron  et  de  Montravel. 


65i       JANNETTAZ.    —  INAUCUHATION   DU  MONUMENT  DE  BALMAT.      10  scpl. 

M.  Jannettaz  remercie  M.  le  Préfet  et  les  autorités  présentes  de  leur 
concours  sympathique. 

M.  le  Préfet  dit  combien  il  aime  ces  touchantes  réunions  de  mon- 
tagnes, si  bien  faites  pour  unir  et  rapprocher  tous  les  cœurs,  et  il  ter- 
mine en  portant  un  toast  au  gouvernement  de  la  République. 

M.  Ch.  Durier  boit  à  la  Société  géologique  de  France,  aux  Clubs 
alpins,  et  en  particulier  à  la  jeune  section  de  Bonneville-Chamonix  du 
Club  alpin  français. 

M.  Caron,  dans  une  improvisation  pleine  d'esprit,  remercie  les 
guides  de  Chamonix,  et  porte  un  toast  reconnaissant  à  M.  Joanne, 
président  du  Club  alpin  français,  qu*une  maladie  a  empêché  d'assister 
à  cette  fête.  Il  en  porte  un  en  même  temps  au  Club  alpin  anglais. 

Le  Guide-chef  adresse  des  remerciements  à  la  Société  géologique  de 
France  et  au  Club  alpin  français. 

M.  le  Recteur  de  l'Académie  de  Chambéry  se  lève  et  porte  un  toast  à 
H.  Talbert,  l'heureux  instigateur  des  caravanes  scolaires. 

M.  Blanc,  avocat,  remercie  la  Société  géologique  de  France  et 
le  Club  alpin  français.  Il  rappelle  ce  qu'était  l'homme  dans  Balmat  ; 
ses  paroles  ardentes  de  patriotisme  excitent  un  enthousiasme  géné- 
ral. 

Le  silence  s'étant  rétabli,  H.  Emile  Maillot  donne  communication 
de  lettres  ou  de  télégrammes  qu'il  a  reçus  à  l'occasion  de  la  fête. 

Dans  une  lettre  adressée  à  M.  Blanc,  M.  Mercier,  premier  Président 
de  la  cour  de  cassation.  Président  d'honneur  de  la  section  de  Bonne- 
ville-Chamonix^  s*excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  cérémonie  d'inau- 
guration. M.  Mercier  était  retenu  à  Paris  par  ses  fonctions.  Après  cette 
lettre,  dont  la  lecture  soulève  de  très-vifs  applaudissements,  il  est 
donné  connaissance  d'une  lettre  de  M.  Freundier,  Président  central  du 
Club  alpin  suisse.  L'assemblée  a  le  regret  d'apprendre  que  la  santé  de 
M.  Freundier  l'a  empêché  de  se  rendre  à  Chamonix.  Le  comité  central 
du  Club  alpin  suisse  avait  exprimé  le  matin  par  télégramme  adressé  à 
M.  Jannettaz  sa  sympathie  cordiale  pour  les  géologues  et  alpinistes 
réunis.  M.  Alph.  Favre,  le  savant  géologue  genevois,  témoigne  égale- 
ment de  son  grand  regret  de  ne  pouvoir  assister  à  cette  fêle.  Il  rappelle 
le  plaisir  qu'il  avait  éprouvé  à  se  trouver  il  y  a  trois  ans  au  milieu  des 
géologues  français.  Nous  pensons  nous  aussi  à  sa  direction  aimable  et 
savante,  lorsqu'il  présidait,  il  y  a  trois  ans,  nos  excursions  géologiques  ; 
nous  sentons  comme  un  vide  auprès  de  nous  dans  cette  circonstance  ; 
mais  la  Société  helvétique  des  sciences  naturelles  se  réunissait  à  Berne 
le  dimanche  11  août,  et  M.  Alph.  Favre  devait  lui  présenter  un  tra- 
vail scientili(|ue. 

Après  la  lecture  do  ces  lettres,  M.  Chardon,  sénateur,  se  lève  et  porte 


1878.        JA.NNETTAZ.   —  INAUGUIUTION   DU   MONL'MENT  DE  BALMAT.  653 

un  loasl  ù  la  prospérité  de  Chamonix  et  au  développement  des  voies 
de  communication  dans  la  vallée. 

M.  Ducroz,  député,  remercie  en  termes  brillants  et  affectueux  la  mu- 
nicipalité de  Chamonix  de  l'éclat  qu'elle  a  su  donnera  la  fête. 

M.  Martin,  avocat,  rappelle  que  Balmat  et  de  Saussure  sont  insépa- 
rablement unis  dans  la  mémoire  des  enfants  de  Chamonix,  comme 
dans  l'histoire  des  premières  ascensions  du  Mont-Blanc.  Sous  cette 
innovation,  comme  citoyen  d'un  peuple  voisin  et  ami,  comme  Gene- 
vois, il  boit  à  Chamonix ,  à  l'alliance  des  peuples  sous  les  auspices 

de  la  science  et  de  la  fraternité. 

M.  Yézian  porte  la  santé  de  MM.  Jannettaz,  Durier  et  Caron. 

Enfln,  M.  Borrel,  dans  un  discours  d'une  éloquence  saisissante, 
montre  combien  l'initiative  prise  par  la  Société  géologique  de  France 
d'élever  un  monument  à  la  mémoire  de  Balmat,  serrera  les  liens  qui 
unissent  si  étroitement  déjà  les  nouveaux  départements  français  aux 
anciens.  Il  rappelle  le  courage  et  les  éminentes  qualitésdeson  compa- 
triote Balmat.  Il  termine  en  buvant  à  l'union  et  à  la  confraternité  des 
géologues  et  des  alpinistes.  Des  acclamations  unanimes  couvrent  ces 
dernières  paroles. 

Au  sortir  du  banquet,  M.  le  Préfet  de  la  Haute-Savoie,  M.  le  Recteur 
de  l'Académie  de  Chambéry,  prient  MM.  Jannettaz  et  Durier  de  se 
joindre  à  eux  pour  obtenir  du  Guide-chef  l'amnistie  pleine  et  entière 
des  punitions  encourues  jusqu'à  cette  époque  par  les  guides. 

M.  le  Guide-chef  accorde  enfin  l'amnistie,  en  reconnaissant  qu'il  ne 
peut  rien  refuser  en  cette  solennité  au  délégué  de  la  Société  géologique 
de  France,  malgré  sa  crainte  d'affaiblir  en  rien  cette  ferme  discipline 
qui  donne  tant  de  vertus  à  la  corporation  des  guides  de  Chamonix. 

Le  soir,  les  maisons,  les  hôtels,  sont  illuminés  avec  profusion,  et  les 
ïeux  de  la  ville  vont  jeter  leurs  reflets  jusque  sur  les  forêts  voisines, 
pendant  que  sur  les  hauteurs  du  Brévent,  de  la  Flégère,  de  la  Pierre- 
Pointue«  de  Montanvert,  s'allument  des  bûchers  gigantesques. 

Puis  des  différents  hôtels  partent  des  fusées  brillantes,  des  gerbes  de 
lumières  de  toutes  couleurs. 

Tout  à  coup  le  pavillon  de  Bellevue  est  en  flammes.  M.  le  marquis 
et  M.  le  comte  de  Nicolaï  participent  à  notre  fête  patriotique. 

Bientôt  les  fanfares  parcourent  une  dernière  fois  les  rues  de  la  ville 
et  la  fête  se  termine  par  une  belle  retraite  aux  flambeaux. 

Telle  a  été.  Messieurs,  cette  fête  de  l'inauguration  du  monument 
élevé  à  Balmat,  dont  la  Société  géologi()ue  de  France  a  pris  l'initia- 
tive (I). 

(Ij  Nous  n'aurions  pu  prcn-ln»  nous-nu^mos  des  notes  suffisantes  pour  un  compte- 


65i  cil.  VÉI.AIN.  —  LXCinSlON  DE  hëudon.  10  sept. 

La  Sociétés  par  Torganc  de  son  Président,  atlresse  à  M.  Jannettaz 
ses  plus  vifs  remcrctmcnls  pour  le  soin  avec  lequel  il  s  est  acquitté  de 
la  mission  dont  il  avait  été  chargé. 

M.  Cil.  Vélaln  donne  le  conapte-rendu  de  Texcursion  de  Meudon. 


Excursion  de  Meudon. 

L'excursion  de  Vaugirard  et  de  Meudon  est  devenue  Vexcursion 
classique  du  bassin  de  Paris  ;  c*est,  en  effet,  de  toutes  celles  qu'on  peut 
faire  dans  l'étendue  d'une  journée,  aux  environs  de  la  capitale,  la 
seule  qui  permette  d'observer,  presque  dans  leur  ensemble,  les  divers 
termes  des  terrains  tertiaires  parisiens,  et  de  plus  leur  substratum,  les 
assises  crétacées  sur  lesquelles  ils  reposent. 

Aussi  la  Société  géologique  n'a-t-elle  jamais  manqué  de  la  porter  à 
son  programme,  à  chacune  de  ses  réunions  extraordinaires  tenues  à 
Paris  (3  septembre  1835-10  août  1867)  ;  et  c'est  encore  pour  celte  raison 
qu'on  la  trouvait  de  nouveau  inscrite  en  télé  des  excursions  projetées 
pour  cette  nouvelle  session. 

Le  5  septembre,  à  10  heures,  la  Société  s  est  donc  trouvée  réunie  à  la 
porte  de  Versailles,  à  l'extrémité  de  la  rue  <ie  Vaugirard,  pour  se  ren- 
dre, comme  en  1867,  sous  la  direction  de  M.  Hébert,  dans  les  grandes 
exploitations  d'argile  plastique  du  faubourg  d'Issy.  La  coupe  intéres- 
sante olferle  par  ces  carrières,  au  travers  des  dépôts  de  l'éocène  infé- 
rieur et  n)oyen,  est  maintenant  trop  connue  pour  que  je  veuille  la  rap- 
porter ici  ;  je  rappellerai  seulement  qu'en  raison  de  l'assèchement  du 
sol  des  carrières  et  de  l'avancement  des  Iravaux,  la  Société  a  pu  voir, 
sous  les  argiles  bigarrées,  qui  supportent  les  bancs  d'argile  plastique 
proprement  dite  exploités,  ces  argiles  noires,  lignileuses  et  pyritilères, 
qui  ne  sont  que  très-rarement  atteintes  et  dans  lesquelles  ont  été  re- 
connus quelques  fossiles  pyriteux  (Cérilhes  et  paludines  indét.). 

Au  sommet  de  ces  mêmes  masses  argileuses,  sous  les  bancs  sableux 
et  ferrugineux  qui  commencent  la  série  des  fausses  glaises,  de  beaux 
échantillons  de  vivianitc  ont  été  recueillis. 

La  partie  supérieure  des  fausses  glaises,  largement  découverte,  s'est 

rendu.  Aussi  avons-nous  6to  heureux  de  recevoir  de  M.  Joseph  Thévenel..  avocat,  se- 
crôtaire-adjoint  de  la  section  du  Ctab  alpin  français  Bonncviile-Chamonix.  Je  récit 
plein  de  verve  et  d'humour,  d'élogance  et  d'exactitude,  qu'il  a  puMiê  dans  r.-l//o- 
broife,  journal  de  la  Ilaule-Savoie.  n**»  38  et  ÎM.  dimanche  18  et  dimanche  25  août 
1878.  M.  Thévenel  nous  pardonnera  les  emprunts  que  nous  avons  faits  à  sa  notice 
vraiment  historique. 


1878.  en.    VÉLAIN.    —   EXCURSION    DE  MEUDON.  683 

montrée  très-inégale  et  profondément  ravinée  sous  les  sables  glau- 
conieux  à  Nummulites  lœvigata  qui  la  recouvrent.  La  Société  a  lon- 
guement examiné  cette  surface  de  contact  intéressante  qui  témoigne 
en  ce  point  d'une  lacune  considérable  correspondant  à  tout  le  dépôt 
des  sables  supérieurs  du  Soissonnais  (horizons  de  la  N.  planulata). 

Par  contre,  si,  en  1867,  elle  avait  pu  observer  en  ces  mêmes  points 
la  série  presque  complète  des  diverses  assises  du  calcaire  grossier,  no- 
tamment les  bancs  à  Cérithes  sur  les  lambourdes  à  miliolites,  aujour- 
d'hui ces  dernières  assises,  presque  complètement  enlevées,  n'étaient 
plus  visibles.  Pour  compléter  son  élude,  la  Société  s'est  alors  trans- 
portée, au-dessus  du  parc  d'Issy,  dans  toute  une  série  de  carrières 
maintenant  abandonnées,  mais  qui  lui  ont  encore  fourni  des  affleure- 
ments suflisamnicnt  nets  dans  le  calcaire  grossier  supérieur. 

Plus  loin,  la  nouvelle  route  du  Val  coupe  en  tranchée  les  caillasses  ; 
on  a  pu  de  la  sorte  examiner  en  détail  cette  longue  alternance  de  cal- 
caires compactes,  parfois  siliceux,  de  lits  argileux,  de  marnes  schis- 
teuses et  de  lits  sableux  avec  silex  cariés  et  pseudomorphoses  de  gypse 
qui  se  décomposent  là,  sur  une  épaisseur  de  7  mètres,  en  18  ou  20  cou- 
ches distinctes  comprenant  à  divers  niveaux  des  petits  bancs  fossilifères 
où  prédominent  les  Ceriêh,  cristatum  et  Echino'ides. 

En  ce  point,  un  petit  sentier,  longeant  le  sommet  des  Crayères,  con- 
duit à  la  plus  importante  des  exploitations  de  ci  aie.  C'est  par  là  que  de- 
vait s'opérer  la  descente;  mais  avant  de  s'y  engager,  la  Société,  séduite 
par  la  beauté  du  site,  s'est  arrêtée  un  moment  pour  admirer  le  magni- 
ijque  panorama  de  la  vallée  de  la  Seine  qui  se  déroulait  sous  ses  yeux, 
en  écoutant  les  détails  pleins  d'intérêt  donnés  par  M.  Hébert  sur  la 
constitution  géologique  des  coteaux  formant  l'encaissement  de  la 
vallée  ainsi  que  sur  la  marche  des  principaux  phénomènes  qui  ont 
pré.sidé  à  la  formation  de  son  relief. 

La  carrière  d'Armagnac,  en  pleine  exploitation,  a  permis  d'observer 
les  niveaux  inférieurs  de  la  craie  blanche  à  B:  mucronata^  qui  ne  sont 
mis  au  jour  qu'à  de  rares  intervalles.  Tels  sont  sous  les  assises  à  M, 
Brongniarti  qui  forment  le  sol  des  carrières  souterraines,  celles  à 
Magas  pumilus^  puis,  sous  les  silex  carriés,  celles  où  abondent  le 
cyphosoma  corollaire  avec  les  baguettes  du  Cidaris  pseudo-hirudo. 

Un  certain  nombre  de  fossiles,  malgré  le  peu  de  temps  consacré  à 
cette  visite,  ont  été  recueillis,  notamment  plusieurs il/tcra^^er,  dont  un 
qui  s'écartait  sensiblement  du  M,  Brongniarti. 

Cette  faune  de  la  craie  blanche  de  Meudon,  assez  variée,  s*enrichit 
de  jour  en  jour,  grâce  aux  recherches  actives  de  M.  Armagnac  qui 
recueille  avec  soin  tout  ce  que  ses  ouvriers  mettent  au  jour.  La  collec- 
tion importante  qu'il  a  su  ainsi  rassembler,  disposée  dans  un  local  à 


656  VIÎLAIN.    —  EXCURSION   DE  MEUDON.  10  Sept. 

rentrée  même  des  carrières,  a  été  examinée  avec  beaucoup  d'intérêt 
par  ceux  des  membres  que  ces  questions  paléontologiques  intéressent 
plus  spécialement.  M.  Cope  a  pu  donner  de  la  sorte,  quelques  rensei- 
gnements sur  les  restes  de  Sauriens  et  de  Poissons  exposés  ;  il  a 
remarqué  que  les  reptiles  appartiennent  au  Mosasaurus  et  mieux 
encore  comme  l'avait  déjà  fait  observer  M.  Hébert  (Métn,  Soc.  géoL, 
2°  série,  t.  V,  p.  348)  eu  genre  Leiodon,  Les  Poissons  sont  les  Squales 
que  Ton  trouve  habituellement  à  ce  niveau  :  il  signale  le  genre  En- 
chodus  avec  une  mûchoire  de  Saurodon  qui  lui  paraît  devoir  appar- 
tenir à  une  espèce  nouvelle.  Quant  aux  dents  attribuées  au  genre 
Smirocephaîus,  il  pense  qu'elles  appartiennent  plutôt  à  celui  qu'il  a 
établi  sous  le  nom  d*Empo. 

Les  genres  sus-nommés  se  rencontrent  également  dans  la  craie 
d'Angleterre  et  du  Kansas,  à  l'exception  du  genre  Mosasaurits  pro- 
prement dit  ;  ce  dernier  avec  Enchodus  se  trouvent  dans  le  Maestrich- 
tien  de  Hollande,  qui  doit  correspondre  au  calcaire  pisolithique  de 
France  et  au  grès  n"  5  de  New-Jersey. 

Les  dépôts  qui  sont  directement  superposés  aux  assises  supérieures 
de  la  craie  à  Belemnitelle,  jaunies,  durcies  et  perforées,  ont  été  ensuite 
étudiées. 

En  présence  du  calcaire  pisolitique  et  des  marnes  blanches  stron- 
tianifàres  qui  le  recouvrent,  M.  Hébert  a  développé  les  raisons  qui  lut 
ont  permis  d'assigner  à  ces  dépôts  leur  âge  véritable. 

En  1855,  Ch.  d'Orbigny  qui.  le  premier,  20  ans  auparavant,  avait 
signalé  l'existence  de  ce  calcaire  pisolitique,  persistait  encore  à  lui 
rattacher  les  marnes  blanches,  et  séparait  le  tout  de  la  craie  pour  eu 
faire  le  premier  terme  des  terrains  tertiaires,  malgré  les  observations 
déjà  publiées  à  ce  sujet  par  M.  Hébert  (Bull.,  2*  série,  t.  XI,  p.  418 
et  645);  de  vives  discussions  s'élevèrent  entre  ces  deux  géologues 
à  cette  même  place.  M.  Michelot  de  sou  côté  ne  voulait  voir  dans  ces 
marnes  qu'un  dépôt  absolument  local,  de  peu  d'intérêt,  résultant 
d'un  remaniement  sur  place  de  la  craie  sous-jacente. 

Aujourd'hui  de  semblables  objections  ne  pouvaient  se  produire; 
depuis  longtemps  la  position  des  marnes  blanches  est  déûnitivement 
acquise. 

Déjà,  en  1867,  M.  Munier-Chalmas  y  signalait  la  présence  d'espèces 
appartenant  à  la  faune  lacustre  de  Rilly  ;  plus  tard,  alors  que 
MM.  Cornet  et  Briard  venaient  de  nous  faire  connaître  la  faune  si  nou- 
velle (lu  calcaire  de  Mons,  quelques  espèces  marines,  les  plus  com- 
munes parmi  celles  caractéristiques  de  cet  horizon,  telles  que  Cen- 
thinm  inopinatum,  Cornetia  maudunensis,  etc.,  y  furent  également 
découvertes. 


EXCURSION  DE  MEUDON. 


CroÉ»  lAmt  IfltiàÀnf. 


1878.  Gif.    VKLAIN.    —   EXCURSION   DE  MEUOON.  659 

Ces  espèces  marines  et  lacustres  ne  sont  pas  mélangées  dans  les 
marnes  blanches;  il  est  remarquable  d'avoir  à  signaler  que  la  Palu- 
dîna  aspcrsa  et  les  autres  espèces  de  Rilly,  Bulimus  Rillyensis,  Ilelix 
heynispheHca,  etc.,  se  tiennent  spécialement  dans  des  concrétions  blan- 
châtres avec  veinules  d'argile  verte  qui  occupent  les  parties  moyenne 
et  supérieure  des  marnes,  tandis  que  les  fossiles  marins  conservés  à 
l'état  de  moules  externes,  s'observent  dans  des  nodules  calcaires,  durs 
et  jaunâtres,  qui  se  cantonnent  à  la  base  même  du  dépôt.  Ces  blocs, 
souvent  assez  volumineux,  en  apparence  roulés,  avaient  été  déjà  remar- 
qués, mais  on  les  attribuait  au  calcaire  pisolitique  sous-jacent,  qu'on 
supposait  ainsi  avoir  été  remanié.  Un  examen  attentil' de  ces  nodules  m 
situ  montre  qu'ils  appartiennent  bien  au  dépôt  marneux  encaissant  et 
que  leurs  formes  arrondies  tiennent  uniquement  à  des  altérations  chi- 
miques. Les  espèces  ({u'ils  renferment  sont  d'ailleurs  différentes  de 
celles  du  calcaire  pisolitique  et  se  retrouvent  avec  le  test  dans  les 
marnes  encaissantes.  Les  collections  de  la  Sorbonne  possèdent  ainsi 
un  grand  exemplaire  du  Driardia  Grilleti,  d'une  conservation  par- 
faite, recueilli  dans  les  marnes  par  M.  Grillet,  en  1876  (1). 

Le  sommet  des  marnes  blanches  est  en  partie  masqué  par  les  ébou- 
lis  de  l'argile  plastique  et  du  calcaire  grossier  qui  se  voient  au-dessus. 

Dans  le  petit  sentier  qui  longe  la  crayère  à  l'ouest,  pour  se  diriger 
vers  le  bas  Meudon,  la  coupe,  plus  nette,  montre,  entre  l'argile  plas- 
tique, en  ce  point  très-réduite,  et  les  marnes  blanches,  une  petite 
couche  d'argile  jaune,  bariolée  de  blanc  avec  parties  ligniteuses,  entre- 
mêlée de  petits  nodules  ou  concrétions  calcaires  et  de  cristaux  de 
gypse,  dont  l'épaisseur  est  tout  au  plus  de  0™30.  C'est  là  le  repré- 
sentant du  conglomérat  de  Meudon  qu'on  devait  aller  voir  plus  loin, 
au  Val-Fleury. 

Dans  ce  gisement  classique,  le  conglomérat  à  Coryphodon  et  à  Gas- 
tornis  repose  directement  sur  le  calcaire  pisolitique  raviné,  les  marnes 
blanches  ayant  été  enlevées,  et  ne  se  trouvant  plus  qu'à  l'état  de  dé- 
bris roulés,  à  la  base  des  couches  à  ossements.  Mais  ce  contact  inté- 
ressant qui  se  voyait  autrefois  d'une  façon  si  nette,  reste  maintenant 
le  plus  souvent  masqué  sous  lesébouliset  les  remblais,  l'exploitation 
de  l'argile  plastique,  en  ce  point,  étant  délaissée. 

Au  moment  du  passage  de  la  Société,  une  tranchée  récemment  ou- 
verte à  l'entrée  de  la  carrière,  en  vue  d'une  reprise  momentanée  des 
travaux,  a  permis  de  relever  la  coupe  suivante,  dont  je  demande  la 

(1;  Voici  la  liste  dos  espèces  obtenues  jusqu'ici  et  déciiles  par  M.  Munier-Ghalinas: 

Cerithinm  inopinatum,  Dcsb.  C.  MauduMiise.  Briirdia  Griletli,  Cometia  Man- 
dunensis,  Melanopsis  Vrlaini.  Troehus...,  Natica....  Corhula\.  .  Cardita...,  Vteria 
parisiftisù:  Politrypn  roffwica  (algues  verlicillôes). 


660  CH.    VIÎLAIN.    —  EtCVRSION    DE   HEUDON-  10  Mpl. 

permission  <je  laisser  la  trace  dans  le  Bulletin;  ce  giscmeut  célèbre, 
comme  bon  nombre  de  ceui  du  bassin  de  Paris,  tendant  de  jour  en 
jour  à  disparaître  : 


1878  CH.    VRLAIN.    —   EXCt'IVSlOiN    DE   UBL'DOiN.  661 

La  première  partie  de  la  course  était  terminée;  la  Société,  après 
s'être  arrêtée  un  instant,  près  de  la  station  de  Bcllevue,  pour  voir  un 
maigre  affleurement  de  sables  verdâtres  argileux,  entremêlés  de  ro- 
gnons gréseux,  qui  appartiennent  à  l'horizon  de  Beauchamp,  s'est 
transportée  sur  le  plateau  des  Bruyères  de  Sèvres  pour  examiner  les 
sables  de  Fontainebleau  et  les  meulières  de  Beauce  qui  forment  la  cou- 
verture du  plateau  et  représentent  là  les  derniers  dépôts  tertiaires  qui 
se  soient  faits  dans  le  bassin  de  Paris,  à  Texception  toutefois  du  pou- 
dingue ferrugineux  et  manganésifère  remplissant  des  poches  dans  ces 
argiles  qui,  signalé  autrefois  par  Eugène  Robert  (BulL,  l^"^  série, 
t.  Xn,  p.  374),  par  Ch.  d'Orbigny  (2^  série,  t.  XII,  p.  1259),  et  rapporté 
par  eux  à  des  phénomènes  de  l'époque  quaternaire,  pourrait  bien 
être  d'âge  pliocène. 

A  cinq  heures  elle  reprenait  la  route  de  Paris,  où  elle  était  de  re- 
tour à  six  heures. 

Cette  seconde  partie  de  la  course  a  été  signalée,  au  début,  par  un 
incident  dont  nous  avons  gardé  tous  si  agréable  souvenir,  que  j'en- 
courerais  de  graves  reproches  si  je  le  passais  ici  sous  silence. 

Au  sortir  des  sables  de  Beauchamp,  la  Société,  gravissant  la  route 
des  Gardes  pour  gagner  le  plateau  de  Sèvres,  traversait,  sans  pouvoir 
s'en  rendre  compte,  toute  la  série  des  assises  tertiaires  intermé- 
diaires entre  ces  sables  éocènes  et  ceux  de  Fontainebleau,  en  raison 
du  nombre  toujours  croissant  des  constructions  et  des  jardins  qui 
s'entassent  à  flanc  de  coteau  et  masquent  tous  les  affleurements. 
Elle  regrettait  ainsi  d'être  forcée  d'interrompre  le  cours  de  ses  obser- 
vations, quand  tout  à  coup,  et  par  le  fait  d'un  de  ses  membres,  elle 
se  trouva  transportée  dans  une  de  ces  charmantes  villas  où  sous 
les  bosquets,  contre  l'envahissement  desquels  elle  protestait  il  n'y  a 
qu  un  instant,  se  trouvaient  réunis,  à  son  intention,  les  meilleurs  pro- 
duits de  la  période  actuelle. 

Je  ne  pouvais  mieux  terminer  ce  compte-rendu  rapide  de  notre 
première  journée  qu'en  rappelant  le  repos  bienfaisant  que  nous  goû- 
tâmes en  ce  charmant  séjour,  les  toots  de  bonne  confraternité  entre 
les  géologues  qui  y  furent  portés,  et  je  crois  me  faire  l'interprète  des 
sentiments  de  tous  les  membres  présents,  en  adressant  à  H.  de  Chan- 
courtois  nos  plus  vifs  remercîmcnts  pour  la  cordialité  de  cette  récep- 
tion imprévue. 


Prof.  Oope  remarked  that  the  excursion  to  Meudon  had  inte- 
rested  him  very  much,  in  as  much  as  he  had  been  able  to  observe  for 
the  second  time  the  horizon  and  fossils  of  the  Soissonnais.  The  first 


662  COPE.   —   EXCURSION   DE  MEUDON.  10  Sept. 

lime  that  lie  liad  seen  the  dcposUs  of  this  formation  was  in  1874, 
while  acting  as  geologist  and  paleontologist  of  the  Exploration  W.  of 
the  100^^.  Meridian  of  the  Engineers  of  the  United  States  under  Lieut. 
G  M.  Wheeler. 

He  stated  that  the  had  discovered  at  that  time  in  the  N.  W.  région 
of  New  Mexico,  an  extensive  série  ofdeposits  including  a  tract  of  3000 
square  miles  (engl.))  and  a  depth  of  1500  feet  (engl.)  which  contains 
the  remains  of  the  vertebrate  types  already  discovered  at  Mendon 
and  others  localities  iiear  Paris  in  the  Soissonnais.  The  beds  are  very 
différent  in  minerai  caracter  from  those  of  France,  consistingof  alter- 
nating  beds  of  sandstone  and  calcareo  arenaceous  mari,  without 
lignite  or   plastic  clay. 

He  had  oblained  in  this  région  150  individuals  of  Coryphodon  of  six 
or  more  species;  of  four  species  of  Ilyracotherium,  of  the  ungulates. 
Of  the  unguiculates,  he  had  procured  the  jaws  of  a  species  very  near 
to  the  Palœonictis  gigayitea,  Bl.  which  he  had  called  Ambloctomits 
sinosus,  and  a  genus  (Oxyœna)  intermediate  betwen  this  type  and  Pte- 
rodon,  with  others.  With  thèse  were  found  the  bones  of  a  large  bird 
(Diatryma  gigantea)  which  nearly  reserable  the  corresponding  parts 
of  the  Gastomis  parisiepisis, 

The  reptiles  of  the  same  région  are  true  crocodiles  and  turties.  The 
only  tishes  obtained  are  Lepidostei  which  left  abundant  remains  and 
correspond  to  the  Lepidosteus  Suessonie^isis  of  Gervais. 

It  is  évident  from  the  preceding,  that  the  faciès  of  this  faune  of  New 
Mexico  is  quile  that  of  the  Suessonien,  a  resemblance  which  is  inte- 
resling  in  view  of  the  wide  séparation  of  the  localities. 

It  may  be  added  that  the  lermirine  animais  referred  by  prof.  Cope  to 
a  suborder  under  the  name  of  Mesodonta  hâve  been  found  in  the  Sois- 
sonnais of  Uheims  by  D""  Lemoine  (1). 


(1)  Le  professeur  Cope  fait  remarquer  que  l'excursion  de  Meudon  la  intéressé  à 
un  haut  degré,  en  lui  fournissant  l'occasioD  d'observer  pour  la  seconde  fois  rhorizon 
et  les  fossiles  du  Soissonnais.  Il  avait  déjà  rencontré  ces  dépéts  en  1874  lorsqu'il 
avait  pris  part  à  l'exploration  de  la  région  à  l'ouest  du  100*  parallèle  avec  les  ingé- 
nieurs des  États-Unis,  en  qualité  de  géologue  et  de  paléontologue,  sous  la  direction 
du  lieutenant  G.  M.  Wheeler. 

Il  ajoute  (ju'il  avait  alors  découvert  dans  la  partie  N.  0.  du  Nouveau-Mexique  une 
série  très-développée  de  dépôts  occupant  3,000  milles  carrés,  et  ayant  une  épais- 
seur de  1,500  pieds,  qui  lui  ont  fourni  les  mêmes  types  de  vertébrés  déjà  observés 
à  Meudon  et  dans  le  Soissonnais.  Les  couches  sont  très-difTérentes  de  celles  de 
France  par  leur  carartère  min^ralogique  et  consistent  en  lits  alternants  de  grés  et 
de  marnes  calcaro-sableuses    sans  lignites  ni  argile  plastique. 

II  a  recueilli  dans  cette  région,  parmi  les  ungulcs,  150  individus  du  genre  Corif- 
phodon  appartenant  au  moins  à  6  espèces  et  4  espèces  âHyracothcrium,  Parmi  les 


1878.  TOURNOUÊR.   —  EXCURSION   D*ÉTAMPËS.  663 

H.   Xouraouër  lit  le  compte-rendu  de  Texcursion  d'Ëtampes  : 

La  journée  du  6  septembre  a  été  employée  par  la  Société  à  visiter  aux 
environs  d'Êtampes  l'étage  marin  des  «  Sables  de  Fontainebleau  » 
(étage  tongrien,  d'Orbigny  ;  tongrien,  Dumont  prô  parte  et  Rupélien, 
Dumont)  et  la  partie  intérieure  du  «  Calcaire  lactcstre  de  la  Beauce  » 
qui  surmonte  ces  sables. 

Cette  course,  qui  est  devenue  classique  pour  la  connaissance  des  ter- 
rains tertiaires  supérieurs  du  bassin  de  Paris,  avait  été  déjà  exé- 
cutée par  la  Société,  il  y  a  23  ans,  jour  pour  jour,  lors  de  la  Réunion 
extraordinaire  à  Paris  en  1855,  à  une  époque  oii  les  gisements  fossi- 
lifères des  environs  d*Étampes  étaient  presque  encore  une  nouveauté. 
Depuis  cette  époque,  ces  gisements  ont  été  explorés  avec  beaucoup 
de  soin,  et  le  dernier  grand  ouvrage  de  Deshayes  en  a  fait  connaître 
la  faune  malacologique  et  permis  de  la  comparer  à  celle  d'autres 
bassins  synchroniques  de  la  Belgique,  de  TAIIemagne,  du  sud-ouest 
de  la  France  ou  de  Tltalie;  la  connaissance  de  Tétage  tongrien  en 
général  ayant  fait  de  grands  progrès  depuis  une  vingtaine  d'années. 
Aux  environs  d'Étampes,rattention  s'était  particulièrement  portée, 
depuis  1855,  tant  au  point  de  vue  stratigraphique  qu'au  point  de  vue 
paléontologique,  sur  les  couches  de  transition  qui  séparent  la  for- 
mation marine  de  la  formation  d'eau  douce  supérieure  et  sur  cette 
dernière  formation  ;  ces  deux  points  méritaient  l'intérêt  de  la  Société. 

L'ensemble  des  couches  à  étudier  se  présente  d'ailleurs  auprès 
d'Êtampes  de  la  façon  la  plus  heureuse.  La  vallée  de  la  Juine  est 
creusée  dans  le  calcaire  de  Beauce  inférieur  qui  occupe  la  surface  de 
tous  les  plateaux  environnants,  et  dans  la  masse  des  sables  de  Fon- 
tainebleau qui  forment  les  deux  parois  de  la  vallée  ;  le  fond  de  celle- 
ci  ast  constitué  par  la  fonnation  d'eau  douce  de  la  Brie  et  par  les 


uoguiculés,  il  a  recueilli  les  mâchoires  d'une  espèce  très-voisine  du  Palaeonictû 
giganêea,  El.,  qu'il  a  nommée  Àmbloctomus  sinosus,  et  un  genre  fOxyœnaJ,  inter- 
médiaire entre  ce  type  et  le  Pterodon,  ainsi  que  beaucoup  d'autres.  Il  a  trouvé 
dans  le  même  dépôt  les  ossements  d'un  grand  oiseau  fDiatryma  giganteaj  qui  res- 
semblent beaucoup  aux  parties  correspondantes  du  Gattomis  parisiensis , 

Les  reptiles  de  la  même  région  sont  do  vrais  crocodiles  et  des  tortues.  Les  seuls 
poissons  qu'il  a  obtenus  sont  des  Lepidostei  représentés  par  des  débris  abondants 
et  correspondant  au  Lepidosteus  Suessnnieniis  do  Gervais. 

U  est  évident,  d'après  co  qui  précède,  que  le  faciès  de  cette  faune  du  Nouveau- 
Mexique  est  tout  â  fait  celui  de  la  faune  du  Suessonien,  ressemblance  du  plus  haut 
intérêt,  par  suite  du  grand  éloignement  des  deux  localités. 

On  peut  ajouter  que  les  Lémuriens  rapportés  par  le  professeur  Copo  à  un  sous- 
ordre,  sous  le  nom  «le  MesodontUy  ont  été  trouvés  également  dans  le  Suessonien 
de  Rheims  par  le  D'  Lemoino. 


G6%  TOURNOUKR.    —   EXCURSION    DÉTAMPKS.  10  Sept. 

marnes  vertes,  substratum  visible  de  tout  le  système  précédent.  Les 
gisements  fossilifères  les  plus  importants  pour  l'étude  de  ce  groupe 
dans  le  bassin  de  Paris  sont  tous  rassemblés  dans  cette  petite  région  : 
pour  la  partie  inférieure  et  moyenne  des  sables  de  Fontainebleau,  en 
aval  d*Étampes,  entre  cette  ville  et  le  village  d'Êtrechy;  pour  la  partie 
supérieure  des  sables  et  pour  le  calcaire  de  Beauce,  en  amont  de  la  ville. 

Les  convenances  pratiques  de  la  course  ont  obligé  la  Société  à 
prendre  la  coupe  des  terrains  à  étudier  par  le  haut  et  à  les  descendre 
ensuite  successivement,  ce  qui  n'offrait  aucune  difficulté  à  cause  de 
leur  peu  de  complexité  et  grâce  à  la  concordance  parfaite  des  assises. 

La  Société  s*est  donc  rendue  dans  la  matinée  au-delà  de  la  ville 
d*Êtampes,  jusqu  à  la  côte  Saint-Martin,  qui  lui  a  offert  une  belle  coupe 
du  calcaire  de  la  Beauce  couronnant  en  escarpement  de  18  à  20  mètres 
la  masse  dessables  purs  de  Fontainebleau. 

La  coupe  de  cet  escarpement,  relevée  avec  MM.  Munier-Chalmas  et 
Vélain  dans  des  conditions  favorables  qui  permettaient  de  bien  voir 
les  couches  inférieures,  souvent  masquées  par  les  déblais  des  extrac- 
tions, donne  de  haut  en  bas  la  succession  suivante,  à  peu  près  con- 
stante dans  toute  la  longueur  de  la  falaise  malgré  l'inégalité  d'épai.s- 
seur  et  Tallure  variable  de  ces  dépôts  de  transition  : 


Coupe  du  Calcaire  de  Beauce  inférieur  (fig.-  1). 

8.  Calcaire  bréchoïde,  présentant  à  la  base  des  bancs  à  Hélix \ 

1.  Banc  ligniteux >  15"50 

6.  Calcaire  marneux  à  Limnœa  Stampinensis,  c.  c,  Planorbis,  r..  Hélix,  r.  r.  ) 

5.  Marnes  à  Paludestrina  Duhuissoni  et  à  Potamides  Lamareki 0"40  \ 

4.  Maraes  et  sables  ligniteux 0. 10  j 

3.  Marnes  à  Paludestrincs  et  à  Potamides 0.30  f 

>   i*9n 

2.  Marnes  avec  silex  en  rognons  ou  meuliériformes  à  Cyclostoma  anti- 

quum,  Hclii  Munieri,  Pupa,  etc 0.30 

1 .  Marnes  à  Paludestrines.  Potamides  Lamareki,  r.  r 0. 10 

C'est  dans  l'assise  n°  2,  caractérisée  par  Tabondance  du  Cyclostoma 
antiquum,  Brong.,  qu'aété  trouvée  par  M.  Munier-Chalmas  toute  une 
faune  de  coquilles  presque  toutes  terrestres  et  nouvelles,  qui  a  été 
en  grande  partie  décrite  par  Deshayes  (10  Hélix,  10  Pupa,  2  Cyclos- 
tomes,  plusieurs  Limnées  et  Planorbes)  (1). 


(1)  V.  Munior-Chalmas.  Bullrtiu  S}C.  gr'ol.  drFrancv,  2*  série,  t.  XXVII,  pag.  69?. 


!.\CIjKS10N     D'LTAMPES 


rr  wi  1  - 


U      /  fi  y  j^ 


Tig  2 -Coupe  do  Lt  Satltcrc  du  Carrefour       C_Calcoirc  de  Bne 


-  ^i.»Ar  -tr  -^ 


lOnM^Au  ^»t<.lren. 


1878.  TOURNOLKR.  —  EXCURSION  D'ÉTAU4*ES.  667 

La  Société  a  porté  son  attention  sur  ces  premières  assises  qui  corres- 
pondent aux  meulières  de  Montmorency,  Palaiseau,  Rambouillet,  etc., 
et  pour  mieux  étudier  le  contact  des  deux  formations,  elle  s'est  trans- 
portée à  Touest  dans  la  direction  de  Chalô-Saint-Mars,  en  remontant  le 
petit  vallon  de  la  Challouette  pendant  i  kilomètres  environ,  jusqu'à  la 
sablière  du  Carrefour,  siluée  un  peu  avant  le  moulin  de  Yassé,  où  elle 
a  pu  voir  la  coupe  suivante  (fig.  2),  relevée  en  détail  par  H.  Yélain  : 


•  i 


Terre  végétale. 

Calcaire  de  Beauce  avec  blocs  de  silex,  en  éboulis 0"50 

Banc  lignileux 0.02 

8.  Marne  fragmentaire  avec  silex  et  parties  calcaires 0.60 

7.  Calcaire  siliceux  en  plaquettes  discontinues 0.05 

6.  Marne  sableuse  grisâtre  à  Paludestrines 0.05 

5.  Marne  schisteuse  brune  à  fossiles  marins  :  Cardita  Bazini,  Cytherea  ir^ 
craisata  (var.  inmorj,  Cerithium  plicatum,  var.  Galeottii,,  etc.,  (faune 

d'Ormoy) 0. 12 

4 .  Marne  lignitcuse  à  Potamides  Lamarki 0. 15 

Marnes  blanches  à  Paludestrines,  rares  Limnées 1 .30 

Banc  lignitcux. 

2.  Marnes  compactes  à  Paludestrines  avec  Limnées  et  Planorbcs,  c.  c 0.20 

1 .  Marnes  et  bancs  lignitcux  à  Paludestrines  et  à  Potamides  passant  par  des 
silex  noirs  charbonneux  qui  renferment  encore  la  Paludestrina  Dubuit- 
soni  et  plus  rarement  le  Potamides  Lamarki 0.20  à    0.40 


•1 


Cette  coupe  qui  correspond  très-bien,  je  crois,  sauf  l'épaisseur  des 
couches,  à  celle  de  la  côte  Saint-Martin,  est  intéressante  parce  qu'elle 
met  hors  de  doute  la  liaison  de  la  petite  faune  marine  d'Ormoy  (n^  5) 
caractérisée  par  la  Cardita  Bazùii,  avec  les  premiers  dépôts  de  la  for- 
mation d'eau  douce  du  calcaire  de  la  Beauce;  question  qui  avait  donné 
lieu  à  de  vives  discussions,  il  y  a  une  vingtainne  d'années,  dans  le  sein 
de  ta  Société  géologique  (i). 

La  coupe  de  Châlo-Saint-Hars  donne  raison  à  cet  égard  à  l'opi- 
nion soutenue  par  M.  Hébert  dans  cette  controverse.  Je  dois  dire, 
d'un  autre  côté,  que  j'ai  recueilli  moi-même,  en  1855,  dans  ta  masse 
et  môme  dans  la  partie  inférieure  de  la  masse  des  Sables  blancs 
exploités  à  la  côte  Saint-Martin,  c'est-à-dire  à  15  ou  20  mètres  au- 
dessous  des  premières  couches  du  calcaire  de  Beauce,  au  milieu  des 
petits  galets  qui  caractérisent  souvent  la  base  des  Sables,  ta  Cardita 
Dazini,  associée  au  Pectunculus  ohovatus  et  à  plusieurs  autres  fos- 
siles de  Morigny.  La  faune  d'Ormoy,  ou  du  moins  l'espèce  considérée 
comme  la  plus  caractéristique  de  la  petite  faune  d'Ormoy,  descend 


(1;  V.  Bulletiu  Soc.  géol.,  i' sério,  t.  XVH,  pa^'.  il,  et  pag.  107,  1869.  —  C«mpr«- 
rendus  de  V.ic.  se.  même  annijo.  etc. 


668  TOURNOUËR.   —  EXCURSION   D  ÉTAMPES.  10  Sept. 

donc  bien  au-dessous  du  calcaire  de  Bauce,  dans  les  Sables  même  de 
Fontainebleau,  comme  le  prétendait  Ch.  d'Orbigny  (1). 

La  récurrence,  à  Châlo-Saint-Hars,  de  cette  faune  marine  au  milieu 
de  dépôts  franchement  lacustres,  on  môme  temps  que  la  concordance 
parfaite  des  assises  contenant  des  faunes  d'origine  si  distincte,  témoi- 
gnent des  oscillations  répétées  et  tranquilles  de  ce  rivage  avant  son 
émersion  définitive. 

Il  n'en  est  pas  de  même  partout,  et  généralement  la  masse  du  cal- 
caire de  Beauce  succède  à  la  masse  des  sables  ou  des  grès  de  Fontaine- 
bleau sans  rinterposition  de  couches  fluvio-marines. 

A  la  Ferté-Âleps  (2),  à  quelques  lieues  à  Test  d'Ëtampes,  le  calcaire 
de  Beauce  est  séparé  de  la  masse  des  sables  purs  de  Fontainebleau  par 
une  zone  de  sable  jaune  ocreux  ou  brun,  renfermant  des  coquilles 
terrestres  ou  lacustres  parfaitement  conservées  et  caractéristiques, 
comme  Cyclostoma  ayitiquum,  Limnœa  Drongniarti^  L,  comea,  L,  Oou- 
berti,  petites  Hélix  diverses,  et  à  la  base  des  restes  très-intéressants  de 
grands  Vertébrés  terrestres  :  Anthracotherium  magnum.  Rhinocéros 
(Acerotherium)  hrivate^ise,  Gelocvcs,  sp.,  etc.  Cette  coupe  se  voyait  dans 
une  grande  sablière  située  derrière  la  station  du  chemin  de  fer,  sur  la 
rive  droite  de  TEssone. 

Dans  le  nord  du  département,  dans  la  vallée  de  Chevreuse  et  du  côté 
de  Trappes,  les  meulières  de  Rambouillet,  équivalent  selon  moi  de  ces 
sables  jaunes  de  la  Ferté-Aleps  et  des  calcaires  siliceux  de  la  côte  Saint- 
Martin,  sont  séparées  des  sables  de  Fontainebleau  par  un  calcaire 
lacustre  blanc  ou  nankin,  dans  lequel  j'ai  trouvé  moi-même  à  Elan- 
court,  près  de  Trappes  (3),  Y  Hélix  Ramondi,  Brong.,  avec  la  Paludes- 
trina  Dubuissoni,  etc. 

Je  mentionne  ici  ces  deux  gisements  de  la  Ferté-Aleps  et  d'Elan- 
court  à  cause  de  leur  importance  palcontologiquc  :  la  présence,  à  un 
niveau  stratigrapliique  parfaitement  net  au-dessus  des  sables  de 
Fontainebleau,  de  VAthracothenum  magnum  et  de  V Hélix  Ramondi, 
relie  heureusement  notre  calcaii^  de  Beauce  inférieur  au  miocène 


(1)  Le  retard  apporU'î  tiaas  Tiiupression  de  co  Compte-rendu  me  permet  de  citer  à 
l'appui  de  mon  observation  une  observation  toute  récente  et  toute  semblable  de 
M.  Stanislas  Meuni»jr  qui  a  constaté  à  Pierrefite,  au-dessous  du  Sable  à  petits  galets 
siliceux,  une  couche  fossilifère  avec  cAtcs  û'Halitherium,  dents  de  Squales,  et 
nombreuses  coquilles  roulées  parmi  lesquelles  la  Cardita  Basini  associée  à  la 
faune  de  Morigny  ou  de  Jeurrc,  Pect,  obovahis,  Melania  semidecussata,  etc.  (V.  La 
Nature,  octobre  1879.  7*  année,  pag.  307). 

(2)  V.  Goubert.  Bull.  Soc.  géol.  18G7,  t.  t.  XXIV,  p.  315.  —  Munier-Chalmas.  ib., 
1870,  t.  XX VII,  p.  692.  —  Tournouër,  ib.,  1872,  t.  XXIX,  p.  479. 

(3)  V.  Tournouër.  \Sei,Bull.  Soc.  géol  ,  t   XXIV.  p,  488. 


1878.  TOURNOl'Ëft.    —   EXCURSION   DÉTAMPES.  669 

inférieur  d'eau  douce  des  vallées  de  la  f^ire  et  de  la  Garonne  et  au 
calcaire  blanc  de  l'Agenais. 

Dans  le  bassin  de  Paris.  la  base  du  calcaire  de  Beauce  est  donc 
caractérisée  paléontologiquement  par  plusieurs  coquilles  terrestres  ou 
lacustres  spéciales,  comme  :  Jleliœ  Ramondi,  H.  Munieri,  Cyclostoma 
antiquum,  Limnœa  Brongniarti,  L.  cornea,  L.  cylindrica,  Planorhis 
cornu  (  typus  ),  Paludestrina  Dubuissoni^  Potamides  Lamarcki 
(typus),  etc.;  par  plusieurs  Vertébrés  terrestres,  comme  :  AtUhraco^ 
therium  magnum.  Rhinocéros  brivatense,  etc.,  et  accidentellement, 
dans  le  sud  du  bassin,  par  des  couches  fluvio-marines  ou  marines  à 
Potamides  Lamarcki,  Cerithium  plicatum,  Cardita  Bazini,  etc. 

Les  couches  variées  de  marnes,  de  sables,  de  calcaires  purs  ou  sili- 
ceux, de  meulières,  qui  renferment  ces  fossiles,  forment  avec  la  masse 
plus  importante  des  calcaires  supérieurs  d'£tampes  un  ensemble  qui 
constitue  le  premier  groupe  ou  groupe  inférieur  de  l'ancien  calcaire  de 
Beauce  (calcaire  du  Gâtinais  de  M.  de  Roys)  qui  comprend  pour  moi 
le  calcaire  nankin  de  Trappes,  les  meulières  de  Villers-Cotterets, 
Montmorency,  Rambouillet,  Épcrnon,  Palaiseau,  etc.,  et  les  calcaires 
d'Étampes  (pro  parte).  Ce  groupe  est  séparé  par  des  assises  argileuses, 
signalées  par  Constant  Prévost  et  par  M.  de  Roys,  du  groupe  supérieur 
des  calcaires  à  Hélix  de  V Orléanais  (Pon  tournois,  Pithiviers,  Fay-aux- 
Loges,  Orléans,  Yilleromain,  etc.),  topographiquement  et  paléontolo- 
giquement distinct  du  groupe  inférieur  (1).  Cette  distinction  a  été  mal 
comprise  [)ar  Deshayes  dans  ses  indications  de  localités  des  espèces 
se  rapportant  soit  au  calcaire  de  Beauce,  soit  aux  meulières. 

De  Chalô-Saint'Mars  la  Société  est  revenue  sur  ses  pas  jusqu'à 
Êtampes,  et,  dans  Taprès  -  midi,  elle  s'est  dirigée  lentement  sur 
Êtrechy,  où  elle  devait  reprendre  le  chemin  de  fer  de  Paris  après  avoir 
vu  les  gisements  classiques  de  Morigny  et  de  Jeurre  à  la  base  des 
sables  de  Fontainebleau.  Â  la  sortie  d'Étampes,  elle  a  revu,  sans  pou- 
voir s'y  arrêter,  ces  sables  exploités  pour  les  verreries  dans  de  grandes 
carrières  au  niveau  même  de  la  route  de  Paris;  et  passant  sur  la  rive 
droite  de  la  Juine  et  traversant  le  village  de  Morigny,  elle  est  arrivée 
à  la  sablière  connue  sous  ce  nom  par  tous  les  paléontologistes  et  qui 
est  située  avant  la  ferme  de  Malassis,  à  peu  de  distance  et  à  peu 
de  hauteur  au-dessus  de  la  rivière,  manifestement  dominée  pshr  toute 
l'épaisseur  des  collines  de  la  rive  droite  dont  la  masse  est  constituée 
par  les  sables  sans  fossiles  couronnés  par  les  grès  et  par  le  calcaire 
lacustre  du  plateau.  La  Société  a  pu  recueillir  facilement  dans  cette 

(l)  V.  TournouOr,  Bull.  Soc.  géoi.  t.  XXIV.  p.    184,  1867;   —  Douvillô,  Ibid., 
.r  série,  t.  IV.  p.  92.  18Tr). 


670  TOURNOUËR.    —   EXCURSION  D'ÉTAMPES.  10  Sept. 

sablière,  peu  exploitée  cependant,  les  fossiles  caractéristiques  de 
Horigny  :  Pectunculiis  obovatus,  Cytherea  incrassata,  C.  splendida, 
Cardium  tenuisulcatum ,  Lucina  Heberti ,  Tellhia  Nysti,  Corbuîa 
ffenckeliusiana,  Dentalium  acutum,  Natica  Nysti,  Cerithium  trochleare 
(charmante  variété  locale,  à  1  carènes),  Buccinum  Gossardi,  Nyst, 
Pleurotoma  helgica,  Mûnst.,  P.  Stoppanii,  Desh.,  Typhis  cuniculosus, 
Durch.  Les  Chenopus  speciosics,  Schlot.,  Triton  fla^idricum,  Kôn., 
Cassidaria  Buchi,  Bol.,  Cerithium  plicatum  var.,  Galeotii,  Avicula 
Stampinensis,  Cardita  Kichœi,  etc.,  sont  plus  rares.  L'analogie  de  cette 
faune  avec  celle  de  Kleinspawen  ou  de  Berg  a  frappé  plusieurs  de  nos 
collègues  étrangers  qui  faisaient  partie  de  la  course.  Les  fossiles  sont 
parfaitement  conservés  dans  un  sable  fin  micacé  ;  la  faune  a  un  carac- 
tère parfaitement  marin,  celui  d'une  faune  de  fond  sableux,  de  mer 
relativement  profonde.     « 

De  la  sablière  de  Morigny,  la  Société,  repassant  de  nouveau  la  Juinc, 
s'est  rendue  à  la  sablière  voisine  et  non  moins  classique  de  Jeurre,  sur 
la  route  de  Paris.  La  paroi  de  celte  excavation  montre,  au-dessous  de 
la  terre  végétale  et  d'un  terrain  de  transport  caillouteux,  quelques 
mètres  de  sable  fin  comme  celui  de  la  sablière  de  Morigny  et  contenant 
de  même  en  très-grande  abondance  les  Cytherea  splendida,  C,  incras- 
sata, Lucina  Heberti^  etc.  Le  sol  même  de  la  carrière  qui  supporte  ce 
sable  est  formé  au  contraire  par  une  marne  sableuse  jaune,  qui  n'est 
pas  toujours  à  découvert  et  qui  contient  la  faune  proprement  dite  de 
Jeurre  et  d'Étrechy,  c'est-à-dire  la  Natica  crassatina  en  abondance,  avec 
YOstrea  cyathula  et  une  quantité  de  Cérites  et  d'autres  fossiles  qu'on 
ne  trouve  pas  à  Morigny.  L'état  des  lieux  n'a  pas  permis  à  la  Société  de 
faire  une  récolte  satisfaisante  des  fossiles  de  ce  niveau.  C'est  cette 
couche  de  Jeurre  cependant,  ou  son  prolongement  du  côté  d*Êtrechy 
où  elle  affleure  sur  le  bord  de  la  route  (la  Société  s'y  est  arrêtée)  à 
côté  du  pont  du  chemin  de  fer,  et  du  côté  de  Saint-Michel  d'Étampes 
dans  les  anciens  emprunts  de  la  ligne  ferrée,  qui  a  fourni  la  plus 
grande  partie  de  nos  espèces  tongriennes  du  bassin  de  Paris.  Notre 
collègue,  M.  Bezançon,  qui  a  fait  une  exploration  toute  particulière 
des  gisements  des  environs  d'Ëtampes,  a  bien  voulu  relever  pour  moi 
dans  Deshayes  le  total  des  espèces  afférentes  aux  différents  gisements. 

Pour  Jeurre  et  Étrechy,  on  trouve  dans  Deshayes  :  Acéphales,  40  es- 
pèces ;  Gastéropodes,  86  ;  total,  126.  A  quoi  il  faut  ajouter  d'après  les 
recherches  personnelles  et  ultérieures  de  M.  Bezançon  :  Acéphales,  26; 
Gastéropodes,  41  ;  total  actuellement  connu  :  193  espèces  de  Mollus- 
ques, dont  66  Acéphales  et  129  Gastéropodes. 

Pour  Morigny,  Deshayes  a  indiqué  :  Acéphales,  34  ;  Gastéropodes, 
36;   total,  90  espèces.  A    quoi  il  faut  ajouter  peu  de  chose,  d'après 


1878.  TOURNOUÊR.  —  EXCURSION  d'étampes.  671 

M.  Bezançon,  environ  7  pour  les  Acéphales  et  5  pour  les  Gastéropodes, 
total  actuel  :  102  espèces  de  Mollusques,  dont  41  Acéphales  et  61  Gas- 
téropodes. 

Sur  ces  102  espèces  de  Horigny,  il  y  en  aurait  84  de  communes  avec 
Jeurre  et  Ëtrechy  ;  proportion  qui  me  semble  exagérée,  parce  qu'on 
fait  entrer  peut-être  en  ligne  de  compte  d'un  côté  des  espèces  de  Mo- 
rigny  qui  se  trouvent  dans  les  sables  supérieurs  de  Jeurre  et  de  Tautre, 
des  espèces  propres  de  Jeurre  qui  se  trouvent  accidentellement  et  re- 
maniées à  Morigny,  ou  en  place  dans  la  couche  profonde  équivalente 
de  Jeurre. 

Enfin  la  petite  faune,  dite  d'Ormoy,  à  laquelle  il  ne  faut  pas  donner 
trop  d'importance,  ne  compte  guère  que  25  espèces  (7  Acéphales  et 
18  Gastéropodes),  dont  8  ou  9  sont  spéciales,  parmi  lesquelles  :  Car~ 
dita  Bazifii,  sous  les  réserves  faites  ci-dessus,  Potamides  Lamarchi, 
Cerithium  abbreviatum.  Murex  conspicuus,  Calyptrœa  labellata,  etc. 

En  résumé,  on  peut  compter  : 

Pour  Jeurre  et  Étrechy 193  espèces. 

Pour  Morigny 102 

Pour  Ormoy 25 

Total 320  espèces. 

Si  de  ce  chiffre  on  retire  environ  80  espèces  communes  entre  les 
trois  niveaux,  il  reste  249  espèces  de  Mollusques  pour  la  faune  ton- 
grienne  des  environs  d'Êtampes,  aujourd'hui  connue  (1). 

Malgré  le  grand  nombre  d'espèces  communes  indiqué  plus  haut 
entre  la  faune  de  Jeurre  et  celle  de  Morigny,  ces  deux  faunes  sont 
cependant  sensiblement  différentes,  si  l'on  tient  compte  des  espèces 
que  l'on  trouve  abondamment  d'un  côté  ou  de  l'autre  et  qui  ne  sont 
pas  les  mêmes,  par  suite  des  conditions  biologiques  différentes  des 
deux  dépôts.  On  a  cité  plus  haut  les  espèces  les  plus  communes  ou  les 
les  plus  caractéristiques  de  Morigny.  Les  espèces  caractéristiques  de 
Jeurre  et  d'Étrechy  sont  les  suivantes  :  Ostrea  cyathula,  Pecten  decus- 
satiis ,  Pectimcuhis  angusticostatus ,  Lucina  Thierensi,  Crassaiella 
Bronni,  Cytherea  incrassata  (variété).  Syndosmya  (plusieurs  espèces), 
Corbulomya  Nysti  ;  Natica  crassatina,  Deshayesia  parisiensis,  Rissoa 
turbinata,  Melania?  setnidecussata^  TVochus  subincrassatttë,  Cerithium 
(Potamides)  conjunctum,  C.  elegans,  Desh.  (non  Blainv.),  C,  trochleare 
(plusieurs  variétés  spéciales),  C.  plicatum,  var.,  C.  intradentatum,  C, 

(1)  V.  dans  le  Journal  de  Conchyologie,  pattim,  1864-79,  descriptions  do  divers 
fossiles  de  ces  gisements  par  MM.  Maycr,  Bezançon,  Cossmann.  —  V.  aussi  S^-Meu- 
nier,  in  la  Nature.  1879. 


07îf  TOURNOUÉll.    —  EXCLUSION   d'ÉTAMPES.  iO  Sept. 


Boblayei,  C,  limula;  Purpura  monoplex,  P,?  Ileberti,  Voluia  RcUhieri, 
V.  modesta,  etc. 

La  présence  de  ces  espèces  ou  Tabsence  de  certaines  autres  donne  i 
la  faune  de  Jeurre  un  caractère  ti'ès-différent  de  celui  de  la  faune  de 
Horigny  qui  était  une  faune  de  fond  sableuK  et  de  mer  assez  profonde. 
Ici  au  contraire,  la  présence  de  Naticidées  de  types  particuliers  comme 
la  Natica  crassatina  ou  la  Deshayesia,  l'abondance  de  Cérites  tous  de 
la  section  des  Potamidinés,  des  Melania?  semidecussata,  des  petits 
TVochics,  des  Rtssoa,  des  Purpura,  des  Corhula,  Corhulomya,  Syndos^ 
mya,  la  plus  grande  rareté  des  Pleurotomes  ou  des  Buccins,  donnent  k 
la  faune  malacologique  un  caractère  évident  de  faune  de  rivage,  de 
fond  plus  littoral  et  moins  sableux  qu'à  Morigny;  caractère  qui  est 
d'ailleurs  indiqué  par  la  nature  marneuse  du  dépôt  et  confirmé  par  la 
rencontre  de  quelques  espèces  de  Mollusques  fluviatiles,  Nerititta, 
Hydrohia,  Cyrena,  et  de  débris  assez  nombreux  de  Mammifères  marins 
amis  des  estuaires  ou  des  embouchures.  Les  c6iQs  A* Halitherium,  sans 
doute  de  Y  H,  Ouettardi  dont  une  tête  a  été  retrouvée  ici  prés  par 
M.  Munier-Chalmas,  ne  sont  pas  rares  à  ce  niveau,  non  plus  que  les 
dents  de  Squales  (Jeurre,  Champigny,  dans  un  sable  à  petits  galets 
noirs). 

Il  faut  noter  enfin  que  c'est  dans  les  sables  de  Jeurre  que  H.  Bezançon 
a  découvert  une  Nummulite  qui  est  le  dernier  représentant  de  ce  genre 
dans  les  terrains  tertiaires  du  bassin  de  Paris  (1),  et  qui  est  fort  rare, 
quoique  les  Nummulites  abondent  encore  au  même  niveau  dans  le 
tongrien  du  Sud-Ouest  ou  de  la  Ligurie.  Cette  Nummulite  appartient 
au  groupe  de  la  M,  planulata,  c'est-à-dire  à  un  type  de  petites  espèces 
probablement  littorales,  à  en  juger  du  moins  par  les  conditions  du 
dépôt  et  les  associations  de  Mollusques  tout  à  fait  analogues  des  gise* 
ments,  cependant  fort  éloignés  par  le  temps,  de  Cuise- Lamothe,  de 
Gaas  et  de  Jeurre. 

Cet  horizon  de  Jeurre  correspond  pour  les  environs  d'Étampes  au 
calcaire  coquillier  supérieur  et  aux  marnes  à  Ostrea  longirostris  des 
environs  de  Paris;  aux  sables  de  Bergh,  de  Klein  Spawen,  de  Kassel, 
et  de  Weinbeim  dans  le  bassin  du  Rhin  (Vieux-Jonc  est  plutôt  repré- 
senté dans  notre  bassin  par  Saint-Christophe-en-Halatte)  ;  et  c'est  aussi 
cet  horizon  seulement  qui  nous  donne  quelques  points  communs  pour 
synchroniser  notre  tongrien  de  Paris  avec  celui  de  la  Bretagne  ou  avec 
celui  du  Sud-Ouest,  si  richement  représenté  par  le  calcaire  à  astéries  de 

(1)  Tournouër,  BuU.  Soc.  géol..  2«  série,  t.  XXVI,  p.  974, 1869.  —  Depuis  que  j'ai 
fait  connaître  cette  première  Nummulite  de  Jeurre,  M.  Bezançon  en  a  encore  re- 
connu une  seronde  et  très-petite  espèce  dans  les  ni(?mes  sables. 


1878.  TOURNOUÊR.   —  EXCURSION   D  ÉTaMPES.  673 

Bordeaux  et  par  les  marnes  de  Gaas,  de  Lourquen  ou  de  Lesperon  près 
de  Dax.  Ces  points  communs  sont  :  Natica  crassatina,  Deshayesia  (au 
moins  comme  genre),  Cerithium  trochleare,  C,  plicatum,  C  clegatis, 
(Deshayes),  Melania  ?  semideciissata,  Ostrea  longirostris,  0.  cyathula? 
et  quelques  autres  espèces,  enfin  iNTummu/tï^ (au  moins,  comme  genre; 
car  Tespèce  est  différente).  Ces  rapports  sont  faibles  et  suffisen  t  à  peine 
pour  synchroniser  sûrement  les  dépôts  des  deux  bassins  qui  apparte- 
naient certainement  à  des  mers  ouvertes  de  deux  côtés  opposés,  et  plus 
séparées  que  ne  le  sont  aujourd'hui  l'Océan  atlantique  et  la  mer  du 
Nord.  Notre  tongrien  de  Paris  appartient  évidemment  par  sa  faune, 
aujourd'hui  bien  connue,  à  ce  dernier  bassin,  et  nos  dépôts  devaient 
se  relier  aux  dépôts  du  bassin  Rhénan  que  j'ai  cités  plus  haut,  quoique 
les  traces  de  cette  liaison  au  nord  de  Yillers-Cotterets  aient  tout  à  fait 
disparu  sous  l'action  puissante  des  érosions  quaternaires. 

Après  avoir  donné  quelques  instants  à  l'affleurement  des  couches  à 
Cerithium  conjunctum  du  pont  d'Étrechy,  la  Société  a  terminé  son 
excursion  à  la  station  de  ce  village.  Si  elle  eut  eu  un  peu  plus  de  temps 
à  sa  disposition,  elle  eût  pu  voir  à  quelques  centaines  de  mètres  à  l'est 
de  cette  station,  dans  une  petite  carrière  dépendant  de  la  ferme  de 
Yintué,  le  substratum  de  toutes  les  couches  qu'elle  avait  visitées  dans 
la  journée,  c'est  à  dire  le  falun  à  Natica  crassatina  et  à  Pectuncultts 
o6(>tra/2tô  (variété  particulière)  reposant  directement  sur  les  marnes  et 
sur  le  calcaire  de  Brie,  qui  est  ici  fossilifèreet  qui  présente  notamment 
(j'ai  déjà  cité  ce  fait)  une  grande  Limnée  du  type  de  la  pyramidalis, 
encore  innommée,  qui  n'a  pas  été  connue  de  Deshayes.  Plus  en  aval 
dans  les  champs,  avant  la  station  de  Chamarande,  on  voit  enfin  les 
marnes  vertes  exploitées  pour  les  tuileries. 

Toutes  ces  assises  reposent  donc  dans  cette  région  les  unes  sur  les 
autres  en  stratification  parfaitement  concordante;  mais  je  terminerai  en 
rappelant  qu'il  n'en  est  pas  partout  de  même,  et  qu'on  a  signalé  depuis 
longtemps  des  faits  de  discordance  de  stratification  entre  les  Sables  de 
Fontainebleau  proprement  dits  et  les  teiTains  sous-jacents;  faits  qui 
ont  été  pris  en  considération  par  Élie  de  Beaumont  pour  l'établisse- 
ment de  la  limite  du  Miocène  et  de  l'Ëocène,  dans  la  Carte  géolo- 
gique de  France.  M.  Potier  m'en  a  fait  voir  un  bel  exemple  dans  la 
vallée  de  l'Yères,  dans  la  sablière  de  Yillecresne  :  là,  l'envahissement 
de  ces  sables  a  raviné  jusqu'aux  marnes  vertes,  en  creusant  des  poches 
dans  le  calcaire  de  Brie  et  dans  un  petit  calcaire  marin  marneux  à 
empreintes  de  Cerithium  pUcatum  intimement  lié  à  ce  dernier.  Ce  cal- 
caire marin  est  certainement  celui  de  Belleville,  de  Sannois,  de  la 
vallée  de  la  Bièvre,  etc.,  et  le  C.  plicatum,  dont  il  a  gardé  les  em- 
preintes, appartient  à  la  variété  ornée  de  ce  niveau  et  des  marnes 

43 


674  TOURNOUËR.  —  EXCURSION  d'étampes.  10  Sept. 

de  Jeurre  et  d'Ëtrechy.  Il  y  a  donc  ici  discordance,  par  ravinement, 
entre  les  sables  purs  de  Fontainebleau  et  les  couches  équivalentes 
des  faluns  de  Jeurre  et  d'Ëtrechy  ;  et  cette  discordance  ne  vient-elle 
pas  à  l'appui  de  la  différence  paléontologique  que  j'ai  indiquée  entre 
la  faune  de  Morigny  et  la  faune  de  Jeurre  ?  En  tout  cas,  j'insiste  sur 
cette  différence  qui  témoigne  d'un  changement  important  dans  le  fond 
des  mers  entre  les  deux  dépôts,  du  moins  dans  la  région  de  Paris  et 
d'Êlampes  ;  plus  au  Sud,  du  côté  et  au-delà  de  Nemours  où  le  dépôt 
marin  va  en  s'atrophiant,  je  crois  que  les  deux  ou  trois  faunes  que 
l'on  distingue  si  bien  à  Ëlampes,  vont  en  se  confondant. 

Il  y  a  d'ailleurs  quelques  espèces  très-caractéristiques  qui  relient 
l'une  à  l'autre  ces  trois  faunes  de  Jeurre,  de  Morigny  et  d'Ormoy  et 
il  y  a  beaucoup  d'intérêt  pour  le  paléontologiste  à  suivre  ces  types 
dans  la  série  qu'ils  ont  traversée  et  à  étudier  les  formes  diverses  et 
successives  qu'ils  y  ont  prises  en  rapport  avec  les  conditions  diffé- 
rentes dont  ces  formes  sont  les  expressions.  Ainsi  le  Cerithium  troch- 
leare,  dont  on  connaît  le  polymorphisme,  n'est  pas  le  même  dans  les 
marnes  de  Jeurre  que  dans  les  sables  de  Morigny,  et  celui  d'Ormoy 
est  encore  différent.  Le  Cerithium  plicatum  du  premier  niveau  (Jeurre, 
Versailles,  Montmartre,  Saint-Christophe,  etc.)  est  différent  de  celui 
de  Morigny  qui  est  le  Oaleottii  de  Belgique,  et  celui-ci  se  distingue 
encore  de  celui  d*Ormoy;  de  même  pour  les  Cytherea  incrnssata  et 
C.  splendida,  etc. 

Enfin,  n'oublions  pas  de  rappeler  que  cette  faune  tongrienne 
d'Étampes,  intéressante  à  étudier  en  elle-même  et  dans  son  dévelop- 
pement intrinsèque,  n'a  presque  aucun  rapport,  on  peut  le  dire,  avec 
la  faune  précédente  de  l'époque  du  gypse  parisien  et  n'en  a  aucun 
avec  la  faune  subséquente  des  faluns  de  la  Loire.  La  mer  miocène 
proprement  dite,  celle  des  faluns  et  de  la  mollasse,  n'a  pas  pénétré 
dans  le  bassin  de  Paris  dont  la  série  tertiaire  se  clôt  aux  sables  de 
Fontainebleau  et  au  calcaire  de  Beauce. 

M.  Matlieroii  rappelle,  à  propos  de  cette  excursion,  que  déjà  il  avait 
fait  remarquer  que  le  type  du  Cerithium  plicatum  provient  du  bassin  de  Mont- 
pellier et  que  Tespèce  désignée  sous  ce  nom  dans  le  bassin  de  Paris,  en  est 
très-différente. 

M.  TournouSr  signale  entre  ces  doux  cérithes  de  nombreux  rapports 
et  déclare  que  le  Cerithium  plicatum  est  un  type  polymorphe  dans  lequel  il  y  a 
peut-être  lieu  de  distinguer  plusieurs  espèces  :  c'est  ainsi,  pour  en  citer  un 
exemple,  que  la  forme  trouvée  à  Morigny  se  rapporte  à  la  variété  Gatêottii 
do  Belgique. 


1878.    DE  LAPPARENT.  —  EXGCASION  DANS  LE  PAYS  DE  BRAY.      675 

M.  Renevier  n'admet  pas  que  les  alternances  de  petites  couches 
marines,  saumàtres  ou  lacustres,  vues  près  du  Moulin  de  Vassé,  témoignent 
d*oscillations  du  sol  et  soient  dues  nécessairement  à  des  affaissements  suivis 
d'exhaussements  ;  ces  alternances  se  forment  actuellement  dans  les  Deltas  où 
elles  sont  dues  uniquement  aux  actions  des  vents,  des  courants  ou  des 
marées. 

H.  de  E«apparent,  en  l'absence  de  M.  de  Hercey,  donne  quel- 
ques indications  au  sujet  de  la  course  de  Heignelay  et  présente 
ensuite  le  compte-rendu  de  l'excursion  de  Gournay  qu'il  a  dirigée  : 


Course  du  lundi  9  septembre  dans  le  pays  de  Bray* 

Partie  de  Paris,  par  la  gare  Saint-Lazare,  à  six  heures  vingt  minutes 
du  matin,  la  Société  débarquait,  trois  heures  après,  à  6ournay-en- 
Bray.  L'attention  s'est  d'abord  portée  sur  la  tranchée  de  la  gare,  où 
l'on  a  pu  constater  la  superposition  des  plaquettes  ferrugineuses,  avec 
trigonîes  du  portlandien  supérieur,  à  un  sable  verdàtre  fin,  contenant 
des  rognons  durs  avec  moules  de  grands  Cardium.  On  a  pris  ensuite  la 
route  de  Gournay  à  Songeons,  qui  se  maintient  pendant  près  de  deux 
kilomètres  sur  l'afileurement  du  portlandien  supérieur,  et  ce  n'est  qu'à 
la  naissance  du  méplat  culminant  qu'il  a  été  possible  de  constater  la 
présence  de  l'argile  bleue  du  portlandien  moyen.  Sur  la  route,  pres- 
que horizontale  à  partir  de  ce  point,  on  a  pu  voir  se  succéder  ensuite 
les  sables  et  grès  calcaires,  puis  les  calcaires  marneux  du  portlandien 
inférieur,  enfin  la  lumachelle  arénacée  à  Oryphœa  virgula,  bien  visible 
au  calvaire  qui  domine  Haincourt. 

En  ce  point,  la  Société  a  quitté  un  moment  la  grande  route  pour 
observer,  au-dessous  des  lumachelles,  en  allant  vers  Haincourt,  les 
argiles  bleues  et  noires  pyriteuses,  entremêlées  de  lumachelles  bleuâtres, 
puis  les  calcaires  lithographiques-kimméridiens.  Ces  derniers  calcaires 
ont  été  retrouvés  ensuite  au  point  culminant  de  la  grande  route  à 
l'altitude  214,  où  ils  forment  une  arête  rectiligne  bien  marquée  suivant 
la  direction  du  sud-est  au  nord-ouest. 

Après  avoir  observé,  sous  ces  calcaires,  des  argiles  noires  et  bleues, 
appartenant  au  Kimméridien  inférieur,  on  a  retrouvé  les  mêmes  for- 
mations en  ordre  inverse,  avec  plongement  au  nord-est.  Un  peu  avant 
la  tuilerie  de  Buicourt,  la  Société  a  pris  le  chemin  qui  conduit  à  l'église 
de  ce  village,  observant  successivement  :  le  portlandien  inférieur,  le 
portlandien  supérieur  avec  ses  argiles  grasses  bariolées,  les  terres 
réfractaires  et  les  sables  blancs  du  néocomien  inférieur,  les  grès  ferru- 


676  DE  LAPPARëNT.  —  KXGURSION  DANS  LE  PATS  DK  BRAY.      10  flept. 

gîneux  et  les  argiles  noires  du  néocoraien  supérieur,  enfin  les  glaises 
panachées,  les  sables  vert  et  le  gault. 

On  a  constaté  la  rapide  succession  de  ces  diverses  assises  et  le  peu 
d*intervalle  qui  sépare  la  glaise  panachée  de  la  craie  turonienne,  dans 
laquelle  se  maintient  le  chemin  qui  conduit  du  carrefour  de  la  Tuilerie 
de  Buicourt  à  Gerberoy. 

Le  déjeûner  a  eu  lieu  à  Gerberoy,  par  un  temps  magnifique,  qui  n'a 
plus  cessé  de  demeurer  tel  jusqu'au  soir.  Après  le  repas,  la  Société  s*est 
dirigée  vers  la  route  de  Gournay,  et  au  carrefour  de  Wambez,  on  a 
observé  l'apparition  de  la  glauconie  de  Rouen,  en  couches  verticales  ou 
dans  une  faille,  tout  contre  la  craie  marneuse  supérieure.  Prenant  en- 
suite le  petit  chemin  qui  se  détache  à  gauche  de  la  grande  route  en  se 
dirigeant  au  sud  et  au  sud-ouest  par  les  dernières  maisons  de  Wambez, 
on  a  pu  se  faire  une  idée  nette  de  la  composition  du  néocomien,  et  spé- 
cialement des  sables  blancs  inférieui*s,  exploités  dans  deux  carrières, 
directement  au-dessous  de  la  route. 

Sur  le  côté  nord  de  cette  même  route  se  trouve  une  petite  carrière  à 
sable,  ouverte  dans  le  portlandien  supérieur  ;  le  sable  y  est  recouvert  par 
un  grès  ferrugineux  fossilifère,  dont  on  a  remarqué  l'analogie  avec  les 
grès  synchroniques  du  Boulonnais. 

Peu  après  le  point  culminant  de  la  route,  situé  en  plein  calcaire 
lithographique,  les  voitures  ont  pris  le  chemin  d'Hannaches,  traver- 
sant en  tranchée  le  Kimméridien  supérieur  et,  au  pied  de  la  montée 
d'Âuchy-en-Bray,  on  a  pu  voir  un  affleurement  de  la  couche  fossilifère 
à  Ostrea  catalaunica  de  Lor.,  qui  forme  exactement  la  base  du  portlan- 
dien. 

Le  retour  à  Gournay  s'est  efiectué  par  le  village  d'Auchy  et  la  des- 
cente de  l'ancien  bois  de  Ferrières  ;  on  a  visité  les  exploitations  récem- 
ment ouvertes  sur  cette  côte  et  ou  les  argiles  réfractaires  ont  été 
retrouvées,  dans  leur  position  normale,  à  la  base  des  sables  blancs 
néocomiens. 

A  la  chute  du  jour,  la  Société  était  réunie  à  l'Hôtel  du  Nord,  à 
Gournay,  et,  après  le  diner,  tout  le  monde  reprenait  la  route  de  Paris, 
ou  l'on  arrivait  sans  encombre  à  onze  heures  et  demie. 

M.  Pellat  indique  en  quelques  mots  les  relations  du  pays  de 
Bray  avec  le  Boulonnais  : 

En  18G6  et  1870  (1),  d'après  quelques  renseignements  qui  m'avaient 
été  fournis  par  HM.  de  Mercey  et  Sœmann,  et  à  l'aide  de  fossiles 

fl)  Mém.  de  la  Soc,  de  physique  et  d'histoire  naturelle  de  Genève,  1866;  — BulL, 
de  la  Soc.  géol.  de  France,  2*  sér.,  t.  XXIV  ;  —  Ibid.]  t.  XXVU.  —  V.  aussi,  t.  XXVI, 
notes  sur  la  Géologie  du  Pays  de  Bray,  par  M.  de  Lapparent. 


1878.    DE  LAPPARENT.  —  EXCURSION  DANS  LE  PAYS  DE  BRAY.      677 

recueillis  par  M.  Morel  de  Glasville,  j*ai  pu  comparer  le  Portlandien 
du  Boulonnais  à  celui  du  pays  de  Bray  et  constater,  dans  cette  der- 
nière région,  Texistence  du  Portlandien  supérieur  (Portlandien  an- 
glais) du  Portlandien  moyen  (partie  supérieure  du  Kimmeridge  clay), 
dn  Portlandien  inférieur  (le  Portlandien  français,  très-improprement 
appelé  portlandien,  par  suite  d'une  fausse  assimilation  avec  le  Port-^ 
laud-stone). 

L'excursion  dirigée,  avec  autant  de  savoir  que  d'amabilité,  par. 
M.  de  Lapparent,  nous  conduisait  dans  la  seule  région  qui,  avec  le 
Boulonnais,  offre  cette  série  complète. 

Le  Portlandien  inférieur,  dont  M.  de  Lapparent  vient  de  nous  mon- 
trer quelques  affleurements  sur  la  route  de  Gournay  à  Songeons  pa- 
rait bien,  comme  je  l'avais  indiqué,  présenter,  dans  le  Bray,  un  faciès 
intermédiaire  entre  celui  du  Boulonnais  et  celui  de  l'est  et  du  sud  du 
bassin  de  Paris. 

Nous  avons  vu  des  sables  blancs,  avec  Anomia  suprajuremis,  ana- 
logues à  ceux  du  Mont-Lambert  (Boulonnais),  alterner  avec  des 
sédiments  calcaires  rappelant  ceux  d'Auxerre  ou  du  Barrois  et  conte- 
nant des  fossiles  très-rares  ou  inconnus  au  même  niveau  à  Boulogne. 
Je  citerai,  notamment,  une  Terebratula  que  l'on  retrouve  dans  le 
Portlandien  d'Auxerre,  plus  petite,  à  crochet  plus  épais,  à  plis  plus 
accentués  que  la  Terebratula  subsella  des  zones  sous-jacentes  à  Am- 
moniles  caletanus  et  à  Ammo7iites  orthoceras. 

C'est  sans  doute  à  la  partie  supérieure  du  Portlandien  inférieur  du 
Bray,  qu'il  faut  placer  les  grès  du  Mesnil-Mauger,  dans  lequel  H.  Morel 
de  Glasville  a  recueilli  de  nombreux  exemplaires  de  YHemxcidis  Hof- 
manni  et  de  VEchinobr issus  Haimei,  Des  grès  à  Hemicidaris  et  à  Echi- 
nohrùsus  terminent  aussi  à  Boulogne  le  Portlandien  inférieur. 

Nous  n'avons  pu  voir  le  Portlandien  moyen  (argiles  à  Ostrea  ea?- 
pansa  et  à  Cardium  morinicum).  Il  existe,  paraît-il,  à  une  très-faible 
profondeur,  à  la  gare  de  Gournay.  On  peut  présumer  que  ce  sous-étage 
qui  manque,  par  émersion,  à  Auxerre,  est  bien  près,  à  Gournay,  de  sa 
limite  méridionale. 

En  nous  montrant  trois  affleurements  de  Portlandien  supérieur, 
M.  de  Lapparent  nous  a  cité  l'extrême  variabilité  de  ce  sous-étage.  Je 
ne  saurais  nier  une  variabilité  dont  le  Boulonnais  offre  aussi  de  nom^ 
breux  exemples;  mais  je  crois  que  les  couches  bien  différentes  obser- 
vées à  la  gare  de  Gournay,  à  Duicourt,  et,  dans  l'après-midi,  à  peu  de 
distance  de  Gerberoy,  ne  sont  pas  synchroniques. 

A  la  gare  de  Gournay  nous  avons  vu  des  sables  roux  à  Trigonia  ra- 
diata,  Banett.,  et  à  Cardium  Pellati^  de  Lor.,  qui  m'ont  paru  corres- 
pondre exactement  aux  couches  inférieures  du  Portlandien  supérieur 


678  SÉANCE.  10  sept. 

du  Boulonnais  (mon  assise  P*  remplie  des  mêmes  fossiles).  Ces  sables 
roux  sont  surmontés  par  le  Wealdien.  L'absence  des  couches  plus  éle- 
vées du  Portlandien  supérieur  doit  provenir  d'une  émersion.  Le  Port- 
landien  supérieur  qui  manque  absolument  à  Auxerre,  comme  le  Port- 
landien moyen,  et  dans  lequel,  à  Boulogne,  j'ai  distingué  plusieurs 
assises,  n'a  probablement  déposé  à  Gouroay  que  ses  sédiments  infé- 
rieurs, par  suite  d'un  recul  vers  le  nord,  et  le  Wealdien  est  venu  les 
recouvrir  en  stratification  transgressive.* 

Les  plaquettes  grisâtres  recueillies  en  revenant  de  Gerberoy,  et  dans 
lesquelles  pullulent  Corbula  aittissiodorensis,  Gott.,  Corbiceîla  PeUaH^ 
de  Lor.,  Anisocardia,  DentcUium,  etc.,  représentent  parfaitement  un 
niveau  plus  élevé  du  Portlandien  supérieur  du  Boulonnais  (P*). 

Enfin  il  y  a  identité  complète  entre  les  sables  ferrugineux  avec  les 
fers  géodiques  de  Buicourt  et  ceux  d'Ëcaux  et  Bupembert  (Boulonnais;, 
qui  avaient  été  rapportés  au  Wealdien,  dans  lesquels  j'ai  recueilli  des 
Cyrènes  (Cyrena  ferruginea^  de  Loriol)  et  des  Trigonies  (Trigonia 
Edmundi,  Mun.),  et  qui  constituent  à  Boulogne  le  faciès  littoral  du 
Portlandien  supérieur  le  plus  élevé. 


Séance  du  14  septembre  £878. 


PRESIDENCE    DE    M.     RENEVIER. 


M.  Ch.  Vélain,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance;  la  rédaction  en  est  adoptée. 

M.  le  Président  annonce  ensuite  une  présentation. 

M.  8téptianes<M>,  professeur  de  géologie  à  Bucharest,  place 
sous  les  yeux  de  la  Société  une  mâchoire  inférieure  de  Chameau  qu'il 
a  trouvée  sur  le  bord  de  TOlto,  près  de  Slatina  en  Roumanie,  dans 
une  couche  de  sables  et.de  graviers,  avec  des  ossements  de  Rhinocéros 
et  d'Éléphant  : 

D*un  examen  comparatif  fait,  avec  H.  Gaudry,  dans  les  galeries  du 
Muséum  il  résulte  que  cette  mâchoire  a  dû  appartenir  à  un  individu 
adulte  très-voisin  de  ceux  qui  vivent  actuellement  en  Arabie  et  dans 
la  Bactriane,  quoique  de  taille  plus  petite. 

M.  de  Mereey  présente  le  compte-rendu  de  l'excursion  de  Mai- 
gnelay. 


1878.  DB  MERGEY.   — -  EXCURSION  A  MAGNELAT.  679 

Course  du  samedi  7  septembre  &  Maignelay* 

PI.  XIV,  tig.  1-8. 

En  descendant  de  wagon  à  la  station  de  Maignelay  à  9  h.  50,  vers 
115"^  d'altitude,  la  Société  est  immédiatement  montée  dans  des  voitures 
qui  l'attendaient,  et  elle  a  pris  la  route  de  Tricot,  en  commençant 
par  traverser,  sur  une  longueur  de  1  kilomètre  environ,  le  bourg  de 
Maignelay,  bâti  sur  un  plateau  limoneux. 

Après  avoir  laissé,  à  droite  de  la  route  et  à  un  peu  plus  de  1  kilo- 
mètre de  Maignelay,  un  moulin,  la  Société  a  pu  apercevoir,  à  la  base 
des  talus,  la  Craie  affleurant  vers  Hi°^  d'altitude  au  commencement 
d'une  descente. 

En  arrivant  à  la  fin  de  cette  descente,  à  2  kilomètres  de  Maignelay 
et  à  l'altitude  de  108  mètres,  à  la  croisée  du  chemin  de  Grèvecœur'à 
Coivrel,  la  Société  a  mis  pied  à  terre  et  a  pris  à  droite  le  chemin  qui 
monte  par  une  rampe  assez  douce  vers  Coivrel. 

Après  avoir  laissé  à  gauche  le  chemin  de  Godenvillers,  à  117"  d'al- 
titude et,  à  30  mètres  plus  loin,  adroite  et  à  119'°,  un  chemin  de 
traverse  qui  contourne  à  l'ouest  la  butte  de  Coivrel,  la  Société  s'est 
presque  aussitôt  arrêtée  à  la  hauteur  d'un  banc  de  calcaire  affleu- 
rant, à  121°^  d'altitude,  sur  une  longueur  de  quelques  mètres  des 
deux  côtés  du  chemin,  à  gauche  au-dessus  d'une  mare,  et  à  droite 
dans  une  partie  du  talus  non  envahie  par  la  végétation  (fig.  2). 

Ce  calcaire  6,  épais  seulement  de  0"*25,  très-dur,  subgréseux,  de* 
couleur  gris-clair,  fétide  au  choc,  correspond  aux  bancs  supérieurs  du 
calcaire  d'eau  douce  exploité  dans  les  carrières  de  Mortemer. 

La  position  que  ce  calcaire  (décrit  en  d'autres  points  par  Graves 
comme  superficiel  et  postérieur  aux  lignites)  occupe  sur  le  flanc  de  la 
butte  de  Coivrel  et  sous  une  grande  épaisseur  d'autres  dépôts  a  attiré 
l'attention  de  la  Société.  Elle  a  pu  aussi  constater  que  ce  calcaire  re- 
pose sur  la  dernière  couche  des  Sables  de  Bracheux  (a«)  formée  par  un 
sable  marneux  verdâtre  avec  rognons  marneux  blancs  et  lits  d'Huîtres 
(Ostrea  heteroclita  et  0.  Bellovacina)  disposés  en  alternats  et  appa- 
rente sur  une  hauteur  d'environ  i^QO. 

La  Société  a  pu  ensuite,  en  continuant  à  monter,  voir  que  le  calcaire 
est  recouvert  par  des  argiles  grises,  vertes  et  jaunes  6^,  puis  sableuses 
et  orangées  b*^  (1)  sur  lesquelles  sont  bâties,  vers  l'altitude  de  126*", 
les  premières  maisons  de  Coivrel. 

(1)  Voir  la  note  (1)  ci-dossous. 


680  DE  MERGEY.   —   EXCURSION   A  MAIGNELAT.  14  Sept. 

Arrivée  dans  Coivrel,  vers  raltitude  de  ISl*",  à  la  croisée  d'une  ruelle 
à  gauche  et  de  la  rue  de  Montigny  à  droite,  la  Société  a  pris  le  der- 
nier chemin.  Elle  a  laissé  à  gauche,  à  la  sortie  du  village,  le  chemin 
du  Bois  de  Montigny,  et  elle  est  descendue  jusqu'à  la  patte-d*oie  formée 
par  la  rencontre  des  chemins  de  Maignelay  et  de  Montigny  et  du 
chemin  qui  eontourne  à  l'ouest  et  au  sud  la  butte  de  Coivrel. 

En  ce  point,  vers  120™  d'altitude,  le  Calcaire  de  Mortemer,  épais 
de  0°^33,  affleure  à  environ  O^^GO  de  hauteur  dans  les  talus  du  chemin 
descendant  de  Coivrel. 

Un  membre,  M.  Carez,  a  recueilli  un  moule  interne  de  Paludine 
dans  ce  calcaire  très-dur. 

La  Société  a  pu  constater,  comme  précédemment,  que  le  calcaire  b 
repose  là  encore  sur  le  sable  marneux  verdâtre  à  Huîtres  a\  et  qu'il 
est  recouvert  par  des  argiles  jaunâtres  0*  (1]  qui  retiennent  un  niveau 
d'eau  recueilli  à  quelques  mètres  plus  haut  par  des  captages  établis 
dans  des  pâtures  occupant  les  deux  côtés  du  chemin  jusque  vers  le  vil- 
lage de  Coivrel  où  la  Société  est  retournée. 

Revenue  à  la  croisée  de  Crèvecœur,  la  Société  a  continué  directe- 
ment, en  prenant  la  ruelle  qui  fait  suite  à  la  rue  de  Montigny,  et,  après 
être  descendue  dans  un  fond  et  avoir  laissé  un  peu  à  gauche,  à  quel- 
ques mètres  en  contre-bas,  une  source  sourdant  au  nord  d'un  pigeon- 
nier abandonné  de  forme  hexagonale,  elle  est  entrée,  en  tournant  vers 
la  droite,  dans  une  exploitation  dont  le  pied  se  trouve  à  126°>  d'alti- 
tude et  oii  elle  a  pu  relever  la  coupe  suivajnte  (tig.  3)  : 

e.    Limon  sableux. , 0*^ 

d.    Sable  jaunâtre,  clair,  UD  peu  glauconieux S. 20 

c*.   Falun  coquillier  à  Cérithes,  Cyrènes  et  Huîtres 2.00 

Cet  épais  falun  coquillier  cS  dans  lequel  les  coquilles  sont  brisées 
et  plus  abondantes  que  le  sable  argileux,  un  peu  brun,  qui  les  lie,  est 
connu  dans  le  pays  sous  le  nom  d'écaillette.  Il  a  été  présenté  à  la  So- 
ciété par  M.  de  Mercey  comme  pouvant  appartenir  aux  sables  coquil- 
liers  supérieurs  aux  lignitcs  ou  sables  de  Sinceny;  mais,  avec  la  re- 
marque que  le  Pectuncuhis  terebratularis,  espèce  qui  caractérise  ba- 


il) M.  (Jo  Mercey  a  présenté  ces  argiles  coujme  appartenant  a  l Argile  plastique, 
dépôt  qu'il  a  été,  depuis,  conduit  à  associer  au  Calcaire  de  Mortemer. 

Depuis  la  course  de  la  Société,  en  commençant  à  suivre  le  chemin  qui  coDtourDe 
vers  le  sud  la  butte  de  Coivrel,  M.  de  Mercey  a  relevé,  au-dessus  du  Calcaire  do 
Mortemer  qui  incline  fortement  vers  Vaumont,  4"00  d'argile  jaune  b*  plus  calcaire  à 
la  base  et  1»00  d'argile  orangée  b*\ 


1878.  DE  MERCEY.   —   EXCURSION  A  MAIGNELAY.  681 

bituellement  par  son  abondance  les  sables  de  Sinceny,  paraissait  faire 
complètement  défaut  (1). 

En  quittant  cette  exploitation,  la  Société,  après  être  revenue  à  la  rue 
de  Crèvecœur  et  avoir  contourné,  vers  ISS""  d'altitude,  l'église  de 
Coivrel,  a  pris  le  chemin  de  Tricot. 

Après  la  sortie  du  village  de  Coivrel,  bâti  sur  les  Sables  clairs  un  peu 
glauconieux  supérieurs  à  l'écaillette  qui  correspond  en  réalité  aufalun 
des  Lignites(2)  et  immédiatement  avant  un  chemin  qui  se  dirige  au 
sud  pour  rejoindre  le  chemin  de  Hontgerain,  la  Société  a  visité,  à  droite 
et  à  gauche  (fig.  4)  du  chemin,  des  sablières  ouvertes  dans  ces  sables 
clairs  qui  s'étendent  uniformément  sur  tous  les  sommets  de  la  butte  de 
Coivrel. 

L'entrée  de  ces  sablières  se  trouve  vers  130"*(X)  d'altitude.  Le  sable 
jaunâtre  clair  un  peu  glauconieux  d  est  exploité  depuis  environ  SIMX) 
en  contre-bas  du  chemin  jusqu'à  4°*00  au-dessus.  Il  est  plus  argileux 
et  bariolé  vers  le  haut.  De  nombreux  galets  ainsi  que  des  blocs  de  grès 
avec  moules  de  coquilles  provenant  de  la  destruction  des  couches  les 
plus  élevées  de  celte  assise  se  présentent  immédiatement  au-dessus 
du  sable  et  à  la  base  du  limon  sableux  superficiel,  épais  de  0'"80. 

Après  avoir  laissé  ensuite  à  gauche  un  chemin  de  traverse  qui  con- 
duit à  la  route  de  Maignelay  à  Tricot  et  traversé  un  autre  plateau 
sableux  vers  l'altitude  de  133">,  la  Société  a  aperçu  à  gauche,  en 
commençant  à  descendre,  des  bâtiments  abandonnés  et  de  grandes 
excavations  plantées  sur  l'emplacement  d'une  ancienne  cendrière, 
puis,  de  chaque  côté  du  chemin,  des  pâtures  qui  témoignent  de  la  na- 
ture argileuse  du  sol. 

Avant  d'atteindre  la  croisée  d'un  chemin  de  traverse  vers  le  pied  de 

(1)  Depuis  la  course  do  la  Société,  M.  de  Mcrcey  a  observé  ce  falun  dans  une 
exploitation  ouverte  au  sud  de  la  précédente  et  où  il  est  entamé  sur  une  épaisseur 
de  3"00. 

Encore  plus  au  sud,  immédiatement  avant  d'atteindre  le  chenoin  de  Tricot,  un 
sondage  effectué  dans  une  cave  a  permis  à  M.  de  Mercey  de  constater  que  l'écail- 
lette, épaisse  do  3"55  et  toujours  très-discordante  à  sa  surface  supérieure  avec  les 
sables  clairs  (sables  de  Sinceny)  qui  la  recouvrent  sur  une  épaisseur  de  d"00, 
repose,  dans  la  situation  relative  où  se  présente  habituellement  le  falun  coquillicr 
des  Lignites  (V.  notice  explic.  de  la  feuille  21  de  la  Carte  géol.  dét.},  sur  des  marnes 
avec  alternats  ligniteux  épaisses  de  0"*70  et  qui  reposent  elles-mêmes  sur  de  l'ar- 
gile plastique  bleue  que  l'on  a  traversée  sur  2"60  d'épaisseur  jusqu'à  la  rencontre 
d'un  sable  verdâtre. 

Dans  un  puits  situé  à  8  mètres  au  sud  du  sondage  précédent,  l'écaillette  paraissait 
au  sommet  sous  le  sable  et,  au  fond  du  puits,  la  sonde  a  rencontré  le  calcaire  do 
Mortemer  à  environ  2"00  au-dessous  de  la  base  de  l'écaillette,  à  un  niveau  corres- 
pondant, vers  122"  d'altitude,  au  milieu  de  l'argile  plastique  traversée  dans  la  cave. 

(î)  V.  la  note  (l)  ci-dessus. 


68S  DB  MERGEY.   —  EXCURSION  A  MAIGNELAT.  14  Sept. 

la  butte,  la  Société  a  visité  deux  sablières  ouverts  sur  le  côté  droit  du 
chemin  et  dont  la  première  présente,  à  sa  partie  supérieure,  vers 
114m  d'altitude,  le  contact  du  Calcaire  de  Hortemer  h  (1)  représenté 
seulement  par  quelques  plaquettes  avec  le  sable  marneux  avec  ro- 
gnons et  à  huîtres  aK  Le  reste  de  la  masse  des  sables  est  exploité 
jusqu'à  8™00  plus  bas  au  fond  de  la  dernière  sablière,  et  à  WM  en 
contre-bas  de  la  croisée  des  chemins,  à  108"^  d'altitude  ou  à  2"KX)  au- 
dessus  du  point  coté  106"^  à  quelques  centaines  de  mètres  plus  à  l'est. 

La  Société  est  ensuite  revenue  sur  ses  pas  jusqu'au  chemin  de  tra- 
verse qui,  vers  l'altitude  de  132°^,  s'embranche  sur  le  côté  nord  du 
chemin  de  Tricot  à  Coivrel,  pour  conduire  à  la  route  de  Maignelay  à 
Tricot  en  côtoyant  le  flanc  droit  d'un  petit  vallon.  Après  avoir  suivi 
ce  chemin  sur  une  longueur  de  180  mètres  environ,  la  Société  a  obli- 
qué vers  la  droite  par  un  sentier  qui  l'a  conduite  jusqu'auprès  du  bord 
oriental  du  plateau,  sur  l'emplacement  d'anciennes  extractions  de  grès. 

Ces  grès  d*  se  présentent,  vers  l'altitude  de  133°^,  en  assez  gros 
blocs  épars  à  la  partie  supérieure  des  sables  jaunâtres  clairs  un  peu 
glauconieux,  qui  forment  bien  distinctement  le  recouvrement  des 
Lignites  c  exploités  autrefois  immédiatement  au-dessous,  vers  l'est,  dans 
des  cendrières  faisant  suite,  dans  la  direction  du  nord,  à  celle  que  la 
Société  avait  aperçue  précédemment  près  du  chemin  de  Tricot  à  Coi- 
vrel. La  Société  a  pu  constater  que  ces  grès  sont  coquilliers,  mais  qu'ils 
n'offrent  que  des  moules  peu  déterminables.  H.  de  Hercey  les  a  assi- 
milés aux  couches  coquîllières  des  sables  supérieurs  aux  Lignites  des 
bords  de  l'Oise  (Sables  de  Sinceny). 

En  prenant  alors  le  sentier  qui  côtoie  le  bord  est  du  plateau  et  en 
le  suivant  vers  le  nord,  la  Société  est  arrivée,  à  environ  131°^  d'al- 
titude et  au  nord  de  l'emplacement  d'un  moulin  et  signal  de  trian- 
gulation qui  n'existent  plus,  à  la  jonction  de  ce  sentier  avec  le  chemin 
qui  relie  à  la  route  le  chemin  de  Coivrel  à  Tricot. 

La  Société,  après  avoir  alors  suivi  sur  une  longueur  d'environ 
40  mètres  la  partie  du  chemin  qui  conduit  au  chemin  de  Tricot,  est 

(1)  Depuis  la  course  de  la  Société,  M.  de  Mercey,  en  suivant  le  chemin  qui  se 
dirige  vers  le  nord,  a  observé  sur  le  bord  ouest  de  ce  chemin  et  à  50  mètres  de  la 
croisée,  vers  112"  d'altitude,  le  contact  du  calcaire  de  Mortemer  6  et  des  sables 
marneux  a*. 

Plus  loin,  avant  le  coude  à  gauche  et  à  150  mètres  à  l'ouest  du  chemin,  M.  de 
Mercey  a  vu  le  calcaire  de  Mortemer  6  affleurer,  à  114"  d'altitude,  au  fond  d'une  an- 
cienne exploitation  d'argile  plastique  jaune  et  grise  6*  que  recouvre  de  l'argile  sa- 
bleuse orangée  6**.  Cette  exploitation  se  trouve  située  à  150  mètres  seulement  au 
nord-est  de  l'ancienne  cendrière  aperçue  par  la  Société  en  descendant  et  qui  était 
ouverte  sur  le  flanc  du  coteau  à  un  niveau  immédiatement  supérieur  à  celui  de  l'af- 
fleurement exploité  d'argile  plastique. 


1878.  DE  MERCET.   —  EXCURSION  A  MAIGNBLAT.  683 

entrée,  à  132°^  d'altitude,  sur  le  cdté  ouest  du  chemin,  dans  une  cen- 
drièrequi  était  encore  exploitée  en  1877. 

Cette  cendrière,  ouverte  sur  le  flanc  d'un  petit  vallon,  présente  la 
succession  suivante  de  dépôts  depuis  le  plateau  jusqu'à  environ  9°KK) 
au-dessous  de  son  niveau  (fig.  K). 

e.  Limon  sableux,  avec  galets  et  blocs  do  grès 
coquilliers  d*  remaDiés  à  la  base,  formant  un 
dépât  superficiel  d'épaisseur  variable  et  au 

maximum  de 0*80 

Sables      \ 

de         I    d.  Sables  jaun&tres  clairs  ou  assez  blancs 6.00 

Sinceny.    ) 

Rayineronnt  prononcé  par  suite  duquel  les 
couches  c',  c*  et  e'  sont  plus  ou  moins  en- 
tamées. 

c'    Argile  sableuse  gris  vert 0*30 

c*       —     sableuse  gris-bleu 0.20 

es       —     sableuse  à  Cérithes  et  Cyrènes 0. 10 

c^    Falun  coquillier  brun  à  Huîtres,  etc 0.80 

Lignites.     {  Ravinement  léger.  }     S"09 

c'    Marne  violette 0.30 

e*    Marnes  fissiles  grises  et  jaunes  avec  veines 

de  lignite 1.10 

e*    Lignite  avec  filets  d'argile  jaune 0.00 

En  sortant  de  cette  cendrière,  l'attention  de  la  Société  a  été  appelée 
par  H.  de  Hercey  sur  les  deux  points  pouvant  paraître  bien  vérifiés 
par  l'exploration  qui  venait  d*être  effectuée,  c'est-à-dire  : 

lo  Sur  la  position  du  Calcaire  de  Mortemer  sur  les  flancs  nord,  ouest 
et  est  delà  butte  de  Coivrel,  immédiatement  au-dessus  de  la  dernière 
couche  des  Sables  de  Bracheux,  et  bien  certainement  au-dessous  des 
Lignites,  dont  ils  sont  séparés  par  des  argiles  plus  ou  moins  plastiques 
retenant  un  niveau  d'eau. 

2o  Sur  l'existence  au-dessus  des  Lignites  d'un  épais  massif  de  sables 
de  couleur  jaunâtre  claire  avec  galets  et  grès  coquilliers  (1)  à  la  partie 
supérieure,  sables  qui  forment  une  assise  bien  distincte  reconnue  pour 
la  première  fois  à  Sinceny. 

La  Société  a,  ensuite,  repris  le  chemin  qui  conduit  à  la  route  de 
Tricot  à  Haignelay.  Elle  a  aperçu  à  droite  et  à  gauche  d'anciennes 
cendrières  plantées,  et,  après  avoir  traversé  un  plateau  inférieur  au 

(l)  De  riches  gisements  de  ces  couches  coquillières  devaient  être  visités  aux  en- 
virons de  Boulogne-Ia-Grasso  dans  l'après-midi;  mais  les  moyens  do  transport 
dont  disposait  la  Société  no  lui  ont  pas  permis  de  circuler  avec  assez  de  rapidité 
pour  remplir  celte  partie  du  programme. 

On  signalera  ici,  comme  le  plus  riche  de  ces  gisements,  celui  du  moulin  de  Bou- 
logne, vers  l'intersection  des  chemins  d'Onvillers  et  d'Hainvillers  à  Conchy. 


G84  DE  MCRGCT.  —  EXCURSION  A  MAIGNfiLAY.  14  Sept. 

précédent,  vers  1 18  mètres  d'altitude,  et  coupé  les  Sables  de  Bracheux, 
elle  est  arrivée,  à  une  faible  hauteur  au-dessus  de  leur  base,  sur  la 
route  de  Tricot  à  Maignelay,  à  109*°  d'altitude  et  à  3  kilomètres  de 
Maignelay. 

£n  se  dirigeant  vers  Maignelay,  et  après  avoir  dépassé  le  point  coté 
108"^,  la  Société  a  aperçu  à  gauche,  immédiatement  après  la  croisée 
du  chemin  de  Godenvillers  à  Coivrel,  à  107*°  d'altitude,  un  puits  à 
marner  dans  lequel  la  Craie  à  R,  pilula  a  été  rencontrée  à  2°W  de 
profondeur  ou  à  105°^  d'altitude  sous  le  limon  et  le  Tertiaire  remanié. 

La  Société  est  arrivée  à  Maignelay  vers  12  h.  15.  Elle  a  déjeuné  à 
riiôtel  de  l*Aigle  et  est  repartie  vers  2  heures  dans  la  direction  de 
Tricot  (1). 

Après  avoir  dépassé  le  chemin  de  la  cendrière  par  lequel  elle  était 
descendue  le  matin  sur  la  roule  et  être  arrivée  à  200  mètres  plus  loin, 
immédiatement  avant  un  coude  à  droite,  au  haut  d'une  montée 
à  laquelle  succède,  à  112"*  d'altitude,  une  descente  vers  Tricot,  la 
Société  a  laissé  à  gauche  et  en  contre-bas  de  la  route  une  ancienne 
sablière  ouverte  dans  le  sable  glauconieux  (Olattconie  type)  jusqu'au 
voisinage  de  la  craie  ;  elle  a  bientôt  aperçu  à  droite,  à  200  mètres  plus 
loin,  une  autre  sablière  ouverte  à  108°*  d'altitude,  et  est  ensuite  arrivée 
à  Tricot  vers  100™  d'altitude. 

De  Tricot  la  Société  s'est  rendue  directement  à  Ck)urcelles-Ëpayelles 
où,  à  92  mètres  d'altitude,  elle  a  pris  le  chemin  de  traverse  de  Belloy. 
Après  avoir  suivi  ce  chemin  jusque  vers  96  mètres  d'altitude,  elle  a  pris 
à  gauche  le  chemin  de  traverse  de  Mortemer  et,  presque  aussitôt,  à 
droite,  le  chemin  de  traverse  de  Cuvilly  qu'elle  a  suivi,  en  s'élevant 
sur  un  coteau  sableux,  jusqu'à  environ  100  mètres  au-delà  du  moulin 
de  Courcelles-Épayelles  coté  100™. 

Arrivée  alors  à  99™  d'altitude,  à  l'entrée  d'une  sablière  exploitée  à 
droite  du  chemin  et  en  contre-bas  de  3"O0  environ,  la  Société  a  pu, 
en  y  entrant,  relever  la  coupe  suivante  (fig.  6)  : 

e.    Limon  brun  avec  quelques  fragments  de  calcaire 0*30 

6.     Calcaire  de  Mortemer  en  plaquettes 0.15 

a*.     Sable  verdàtre  marneux  avec  rognons  marneux  et  lits 
ggl^l  I  d'Huîtres  fOstrea  heteroclUa  et  0.  BellovacinaJ  dont 

■•  l  l'un  au  contact  du  calcaire 0.75 

Bracheux       I    ^'*     ^^^^^  gris-blanc  ou  vert,  coquillicr,  avec  rognons  gré- 
seux à  Anoraies  à  la  partie  supérieure  et  quelques 

galets  à  la  base 1.10 

Ravinement. 
a*.    Sable  gris-jaune  coquillier 0.40 

(l)  MM.  Damour  et  Delesse  sont  retournés  à  Paris  par  le  train  partant  de  Mai- 
gnelay à  l  h.  51. 


1878.  DE  MBRGEY.   —  EXCURSION  A  MAIGNEUT.  685 

Plusieurs  membres  ont  fait  une  abondante  récolte  de  fossiles  (mal- 
heureusement très-fragiles)  dans  ce  gisement  de  Sables  de  Bracheux. 

Il  a  été  facile  de  constater  que  le  banc  de  Calcaire  de  Hortemer,  dont 
on  observait  l'affleurement,  devait  s*étendre  à  la  surface  du  plateau  où 
l'on  se  trouvait,  et  qui,  vers  l'est,  se  relie  à  celui  où  sont  ouvertes  les 
grandes  exploitations  de  Hortemer  qui  allaient  être  visitées  (Y.  iig.  1). 

La  Société  a  pu  aussi,  de  ce  point,  se  rendre  bien  compte  de  la  posi- 
tion que  le  Calcaire  de  Hortemer  occupe  vers  le  premier  tiers  de  la 
hauteur  do  la  butte  de  Coivrel  dont  elle  apercevait  à  l'horizon,  vers 
l'ouest,  le  flanc  oriental  qu'elle  avait  exploré  le  matin  (Y.  fig.  i). 

Le  temps  manquant  pour  faire  directement  à  pied,  par  la  traverse, 
le  trajet  jusqu'à  Hortemer,  la  Société,  remontée  en  voiture,  rétrograda 
jusqu'à  Courcelles-Épayelles,  d'où  elle  suivit  la  chaussée  romaine  jus- 
qu'à la  patte-d'oie,  à  l'extrémité  sud-est  de  Rollot,  vers  108  mètres 
d'altitude,  et,  à  partir  de  là,  la  route  d'Amiens  à  Compiègne  jusqu'à 
la  croisée  du  chemin  de  traverse  de  Courcelles  à  Hortemer,  vers 
96  mètres  d'altitude. 

Prenant  alors  à  gauche  et  entrant  presque  aussitôt  dans  le  village  de 
Hortemer,  U  Société  en  suivit  la  rue  principale  pendant  environ 
400  mètres  jusqu'à  un  sentier  à  droite,  à  94  mètres  d'altitude,  qui  la 
conduisit  à  environ  250  mètres  plus  au  sud  dans  la  principale  exploi- 
tation de  Calcaire  de  Hortemer,  ouverte  dans  le  Grand  Bois  vers  sa 
lisière  nord,  à  96  mètres  d'altitude,  et  où  elle  a  pu  relever  la  coupe 
suivante  (Y.  iig.  7)  : 

e    Limon  argileux (y^O     \ 

6'  Argile  grise  et  jaune  avec  concrétions  marneuses,  trës- 

calcaire  à  la  base 1.25 

^  Calcaire  en  banc,  un  peu  celluleux,  gris-jaunâtre   (banc 

vert) 0. 15 

6*  Sable  blanc  ou  vert  clair  et  sable  jaune  et  vert  agglutiné  à  \        2«33 

la  base 0.67 

frs  Calcaire  grisâtre  divisé  en  deux  lits  (liais) 0. 10 

6*  Calcaire  grisâtre  rubanné  de   veines    noirâtres   en  banc 

épais  (banc  de  dessous) 0. 16 

a*  Marne  sableuse  verdâtre  avec  lit  d'Huîtres  adhérentes  au 

calcaire 

L'exploitation  s'arrête  sur  la  marne  sableuse  verdâtre  avec  lit 
d'Huitres  adhérentes  au  calcaire.  D'après  les  ouvriers,  la  Craie  se  ren- 
contrerait à  environ  12™00  au-dessous  de  la  base  du  calcaire. 

Les  membres  de  la  Société  ont  pu  constater  dans  cette  carrière  que 
le  Calcaire  de  Hortemer  présente  les  caractères  d'un  calcaire  d'eau 
douce  et  qu'il  contient  des  empreintes  végétales  (tiges  et  graines  de 


686  DB  H£RGEY.   —  EXCURSION  A  MAIGNELAY.  14  Sept. 

Chara)  ;  mais  ils  n'ont  pu  compléter  son  étude  en  se  rendant  dans 
d'autres  exploitations  ouvertes  plus  au  sud  et  surtout  sur  le  côté  ouest 
de  la  route  d'Amiens  à  Compiègne,  où  les  divers  bancs  calcaires  se 
présentent  à  leur  maximum  de  développement. 

Avant  de  retourner  vers  Maignelay,  M.  de  Mercey  a  fait  remarquer 
à  la  Société  que  la  ligne  de  contact  du  Calcaire  de  Mortemer  et  des 
Sables  de  Bracheux,  qui  se  présente  dans  l'exploitation  du  Grand 
Bois  de  Mortemer,  vers  l'altitude  de  93°",  se  trouve  à  99°"  dans  l'ex- 
ploitation voisine  du  moulin  coté  lOO^^à  Courcelles-Épayelles,  à  114°^ 
dans  l'exploitation  du  chemin  de  Tricot  à  Coivrel,  sur  le  flanc  oriental 
de  la  butte  de  Coivrel,  et  à  l!^!"^  à  la  patte-d'oie  des  chemins  de 
Hontigny,  Maignelay,  etc. ,  sur  le  flanc  occidental  de  cette  butte;  et 
que,  quoique  le  relèvement  de  l'est  à  l'ouest  paraisse  plus  accentué 
dans  la  butte  de  Coivrel  que  sur  le  plateau  de  Mortemer,  il  n'est  pas 
possible  d'établir  entre  les  deux  quelle  est  l'allure  du  bombement 
crayeux  aligné  de  Méry  à  Margny  près  Compiègne  (V.  fig.  1). 

En  suivant  de  nouveau  la  route  de  Rollot,  la  Société  a  pu  voir  que 
le  niveau  du  plateau  de  Mortemer  correspondait  à  celui  de  la  partie  de 
la  montée  de  Rollot,  voisine  de  la  limite  des  départements  de  l'Oise  et 
de  la  Somme,  et  au-dessus  de  laquelle  ont  été  ouvertes  autrefois  des 
exploitations  de  Lignites  au  voisinage  de  la  patte-d'oie  à  l'extrémité 
sud-est  de  Rollot. 

Après  avoir  repris  à  cette  patte-d'oie,  vers  108'°  d'alttiude,  la  chaus- 
sée romaine  conduisant  à  Courcelles-Épayelles,  la  Société  s'est  arrêtée 
quelques  instants  pour  visiter  des  sablières  ouvertes  dans  un  petit 
bois  au  sud  de  Rollot,  sur  le  bord  est  du  chemin  qui  s'embranche 
à  droite  un  peu  au-dessous  du  point  coté  HO'"  sur  la  carte  de  l'état* 
major,  mais  sans  doute  par  erreur,  au  lieu  de  101  "^  (1). 

Le  Calcaire  de  Mortemer,  à  l'état  de  plaquettes,  parait  d'abord  sous 
le  limon  superficiel,  vers  lOO^^  d'altitude,  à  la  partie  supérieure  d'un 
massif  sableux  que  la  Société  a  coupé  en  descendant  ce  chemin  sur 
une  longueur  d'environ  160  mètres,  et  en  relevant  dans  trois  sa- 
blières contiguês,  et  notamment,  dans  la  dernière,  la  coupe  suivante 
(fig.  8)  : 


«.    Limon  sableux. 0"80 

b.    Calcaire  de  Mortemer 0. 10 

a^.   Sable  verdâtre   maroeux  avec   rognons  marneux  et  lits  d'Huîtres 

(Ottrea  heteroelUa  et  O,  BellovaeinaJ 0.90 


(1)  M.  de  Mercey  a  été  conduit  par  des  observations  barométriques  à  faire  ceUo 
rectification. 


1878.  GH.   VÉLAIN.  —  EXCURSION  DE  LA  FRETTE  A  SANNOIS.  687 

a'.  Sable  vert  clair,  coquillier,  avec  rognons  gréseux  à  Anomies  à  la 

partie  supérieure 2"00 

Ravinement. 

a*  Sable  blanchâtre  ou  vert-jaune  clair  avec  veines  jaunes  et  lit  co- 
quillier à  la  base 8.50 

Au-dessous  de  la  dernière  couche  de  sable  exploitée  un  puits  ouvert 
vers  l'eitrémité  des  sablières,  et  maçonné  jusqu'à  la  rencontre  de  la 
Craie,  a  traversé  sur  environ  6  mètres  d'épaisseur  le  reste  du  massif 
sableux  qui  doit  être  formé  par  la  Glauconie  sans  fossiles  ai. 

La  puissance  du  massif  des  Sables  de  Bracheux,  qui  se  présente  en 
son  entier  dans  ces  sablières,  entre  le  Calcaire  de  Mortemer  et  la  Craie, 
parait  être  d'environ  11  mètres. 

£n  sortant  de  ces  sablières,  la  Société  est  retournée  directement  à 
Haignelay,  oîi  elle  est  arrivée  à  6  heures.  Elle  a  dîné  à  l'hôtel  de 
l'Aigle  et  elle  est  repartie  à  7  h.  05  pour  Paris,  oii  elle  est  arrivée 
à9h.5S. 

H.  Garez  annonce  qu'il  a  trouvé  quelques  fossiles  dans  lecal* 
caire  de  Hortemer  pendant  l'excursion  de  la  Société.  Ce  sont  :  lo  à  la 
butte  do  Coivrel,  une  Paludine  ;  3^  à  Mortemer  même,  des  Bithinies, 
des  Planorbes  et  une  autre  espèce  mal  conservée  qui  parait  être  une 
Limnée. 

Au  premier  coup  d'œil,  la  Paludine,  la  Bithinie  et  le  Planorbe  se 
sont  montrés  très-diflerents  des  Paludina  aspersa,  Bithinia  Nysti  et 
Planorhis  Roissyi  du  calcaire  de  Rilly  ;  quant  à  la  Limnée,  elle  était 
trop  mal  conservée  pour  pouvoir  la  déterminer,  mais  on  sait  que  ce 
genre  n'est  pas  représenté  à  Rilly.  Aussi,  sans  pouvoir  préciser  actuel- 
lement quel  est  le  représentant  exact,  dans  l'Est,  du  calcaire  de  Mor- 
temer, il  est  déjà  permis  de  dire  qu'il  est  bien  diflërent  par  sa  faune 
du  calcaire  de  Rilly;  une  étude  attentive  des  fossiles  recueillis  per- 
mettra de  faire  une  assimilation  plus  précise. 

M.  Ch.  Vélaln  résume  ainsi  les  observations  faites  pendant  l'ex- 
cursion de  La  Frette  : 


Ecccursion  de  Lia  lurette  èi  fSannols* 

A  l'exception  d'un  faible  représentant  des  sables  de  Beauchamp,  la 
Société,  dans  son  excursion  précédente  à  Meudon,  n'avait  rien  pu  ob- 
server des  couches  comprises  entre  le  calcaire  grossier  et  les  sables  de 


688 


CH.   TÉLAIN.  —  EXCURSION   RR  LA  FBETTE  A   SANNOIS.      14  sepi. 


Fontainebleau  ;  c'est  pour  combler  cette  lacune  que  l'excursion  de  La 
Frette  et  de  Sannois  avait  été  organisée. 

Le  10  septembre,  à  8  heures,  la  Société  se  réunissait  donc  à  la  gare 
de  rOuest  pour  descendre  à  Maisons-LaHilte  et  de  là  gagner  La  Frette, 
par  la  rive  droite  de  la  Seine. 

A  quelque  distance  des  premières  maisons  du  village,  une  tranchée 
ouverte  en  1874  pour  l'installation  d'un  petit  chemin  de  fer  destiné  à 
transporter  sur  les  buttes  de  Cormeil  les  matériaux  destinés  à  l'élé- 
vation d'un  nouveau  fort,  avait  mis  à  jour  la  succession  complète  des 
dépôts  compris  entre  le  calcaire  grossier  et  le  gypse,  et  notamment 
celle  des  diverses  zones  reconnues  dans  les  sables  de  Beaucharop, 
assises  complexes  dont  il  est  si  difficile  maintenant,  dans  le  bassin 
de  Paris,  de  pouvoir  observer  les  contacts  directs. 

Coupe  S.'0,'N,-E,  de  la  terrasse  de  la  Seine  à  la  Frette, 


Chemin 
Seine      de  La 

FI  ■    balage.     Frette. 


TTT 


■      '       '      ■ 


m' 


M.  Argiles  à  meulières  de  la  Beauce. 
wi.  Plaquettes  siliceuses  à  P.  Lamarcki. 
.g  «g  J  S.  Sables  de  Fontainebleau, 
o  *"■  1  6.  Calcaire  de  Brie. 
Marnes  vertes. 

Marnes  jaunes  à  Cyrena  eonvexa, 
4.  Marnes  à  Linin<^es. 
8.  Haute  masse. 
^^G.   Gypse. J  2.  Masse  moyenne. 

l.  Masse  inférieure. 
P.  Marnes  marines  infrà-gypseuses  è  Ph,  ludensis. 


a. 

0)  Ico 

c 

§(     /  0.  Calcaire  de  Saint-Ouen. 
^  Iq  l  B.  Sables  de  Beauchamp. 
!>!  CK  Caillasses. 
a  I  C«.  Calcaire  à  Cérithes. 
C  Calcaire  à  Miliolites 


CH.    v£lA1\.    - 


EXCVItSION   DE   L,\    PIIËTTB   A    EtANNOIS. 


Cette  succession  avait  déjà  été  relevée  en  détail  et  publiée  dans  le 
Bulletin  (S-n»  série,  t.  IV,  p.  472),  par  MM.  Carez  et  Vasseur;  je  me 
l)ornerai  donc  dans  ce  compte- rendu  à  remellro  sous  les  yeux  de  la 
Société  cette  coupe,  dont  elle  a  pu  vérifier  loxactitude,  en  me  conten- 
tant de  rappeler  ici  ses  traits  généraux,  afin  de  signaler  les  points  qui 
ont  plus  particulièrement  Tixé  l'attention. 

La  tranchée  s'ouvre  dans  les  caillasses  du  calcaire  grossier  qui,  peu 
de  temps  après,  se  montrent  recouvertes  par  les  sables  de  IBeaucharop. 

Ce  contact  est  des  plus  intéressant  : . 

Contact  des  S«blcs  de  Beauchamp  el  des  Caillasses  <]ans  la  tranchée  de  la  Frette. 

:   l>locs   calcaire» 


Les  caillasses  se  terminent  là,  à  l'altitude  de  33  mètres,  par  un  cal- 
caire marneux,  d'aspect  brécboïde  (n"  i),  peu  épais,  dont  la  surrace 
supérieure,  assez  profondément  ravinée,  porte  encore  la  trace  de  nom- 
breuses perforations.  Les  sables  de  Beauchamp  débutent  au-dessus 
par  des  sables  jaunâtres  (ii"  2)  entremêlés  de  petits  lits  marneux,  dans 
lesquels  on  reconnaît  quelques  moules  de  coquilles  marines  apparte- 
nant à  la  faune  d'Anvers,  et  renfermant,  avec  de  petits  galets  de 
quartz  noirs,  des  blocs  calcaires  arrachés  aux  caillasses  ou  au  calcaire 
àCérithes,  rouléS;  profondément  altérés  et  perforés. 


7.  Calcaire  >le  Ducy.   —  0.  Sables  à  Uelaaia  hurducra.  —  5.  (Iri's  i  Liron.>fs,  — 
4.  Sables  de  llejuoliamp  (oiveau  moyen). 

Une  alHHidaiite  moisson  de  lossiles  a  été  i'ailo  na  niveau  dns  O.  Cu- 
cullaris  dans  les  couches  marines  de  Beaucliamp  proprement  dites 
(n''4),  qui  se  présentent,  tout  d'abonl,  dans  une  partie  un  peu  exca- 
vée  de  la  tranchée,  recouvertes  par  un  calcaire  gréseux  d'eau  douce 


690  CH.    VBLAIN.  —    EXCUltSION   UK   L\    FRE1TK   A    SANNOIS.       14   Sept. 

(Cycl.  mumia;  L.  arenularia)  (n'Ci)  criblé  &  sa  partie  supérieure  de 
perforations  tabulaires  simples  ou  ramifiées,  vraisemblablement  dues 
à  desAnnéiiiles,  et  remplies  par  les  sables  jaunes  à  Melania  hordacea 
qui  sont  au-dessus  (n"  6) . 

Ces  grès  sont  imprégnés  de  silice  ;  il  en  est  de  même  des  tubulures 
oti  les  fossiles  sont  eux-mêmes  siliciJiés  et,  par  suite,  bien  conservés, 
circonstance  qui  vient  indiquer  que  cette  solidification  est  postérieure 
au  dép<ît  des  bancs  à  Itmnées  ;  elle  parait,  du  reste,  s'être  fait  irrégu- 
lièrement et  ne  s'est  pas  étendue  bien  loin,  car  à  peu  de  distance  ce 
grùs  devient  calcarifère  et  passe  de  la  sorle  à  un  véritable  calcaire, 
tandis  que  du  cdté  opposé,  en  dépassant  de  quelques  mètres  cette  ex- 
cavation, on  voit  le  banc  s'amincir  en  devenant  sableux;  puis  dispa- 
raître, et  les  sables  à  Alélanies  sont  alors  directement  en  contact  avec 
ceux  k  0.  Citcullaris. 

Celte  disposition  qui  vient  nous  indiquer  l'origine  fluviatile  de  ce 
petit  dépât,  n'est  pas  spéciale  à  cette  localité.  J'ai  déjà  eu  occasion  de 
robser\'cr  dans  la  plaine  de  Beaucliamp,  ainsi  qu'en  témoigne  la  coupe 
suivante  relevée  en  1870  avec  M.  Munier-Clialmas,  dans  une  exploita- 
tion de  grès  située  près  de  la  route  de  Taverny  au-delà  de  la  station 
d'Herblay  : 

Coupe  de  la  sablière  d'Herblay 


*T^g 


9    Calcaire  de  Sainl-Ouon 

B.  Haraus  h  Àvicula  fragilit. 

7.  Cfticaii-u  deDiicr. 

6.  Sables  verts  à  Mtlania  horducea. 

5.  Pocho  sableuse  avec  Cyclotiomei  et  Limnitt. 


•.  Lui 


a  Saxor 


EXCURSION   DE  LA  FRETTE  A  ARGENTEUIL 


1878.         GB.   VÉLAIN.  —  EXCURSION  DE  LA  FRETTB  A  SANPfOIS.  (593 

La  Société  a  examiné  ensuite  avec  intérêt  sur  les  sables  à  Mélanies 
les  calcaires  siliceux  qui  correspondent  à  ces  calcaires  lacustres  de 
Ducy  qu'on  avait  autrefois  confondus  avec  ceux  de  Saint-Ouen,  et 
dont  M.  Hunier-Chalmas  a  le  premier  rectifié  la  position.  Une  petite 
zone  de  calcaires  gréseux  pétris  A*Avicula  fragilis  représente  l'hori- 
zon de  Hortefontaine  et  termine  cette  série.  La  formation  lacustre  de 
Saiut-Ouen  se  développe  ensuite  sur  une  épaisseur  de  8  mètres;  au 
milieu  des  nombreuses  alternances  de  marnes  et  de  calcaires  avec 
accidents  siliceux,  qui  terminent  ainsi  Téocène  moyen,  la  Société  a  pu 
constater  les  niveaux  fossilifères  habituels,  les  bancs  à  Bithinia  pu- 
silla,  ceux  à  L.  longiscata  et  à  Cyclostotna  mumia. 

Malheureusement  les  éboulis  et  la  végétation  masquaient  en  grande 
partie  les  détails  des  masses  marines  infrà-gypseuses,  et  la  Société  n'a 
fait  que  constater,  de  la  sorte,  la  présence,  sur  le  calcaire  de  Saint- 
Ouen  du  premier  niveau  fossilifère  marin  à  Ceriihium  tricarinatum 
et  à  C.  Cordieri  (n^  12  de  la  coupe  Yasseur  et  Garez)  de  cette  nouvelle 
série. 

Le  déjeuner  avait  été  préparé  à  La  Frette;  l'après-midi,  la  Société 
s'est  transportée  dans  les  environs  du  nouveau  fort  de  Montigny-les- 
Ck>rmeil,  après  avoir  jeté  un  coup-d'œil  sur  les  sables  de  Fontai- 
nebleau, qui  sont  là  représentés,  comme  à  Heudou,  par  des  sables 
micacés  très-pauvres  en  fossiles. 

Les  meulières  de  Beauce,  activement  exploitées  sur  tout  ce  plateaiu, 
sont  très- fossilifères.  Les  Limnea  Brongniarti^  L.  comea  et  L.  cylin- 
drica^  le  Planorbis  cornu  et  les  graines  du  Chara  medicaginula  y  sont 
particulièrement  abondants.  A  la  partie  inférieure,  sous  les  argiles 
bariolées  au  milieu  desquelles  s'isolent  les  blocs  de  meulières,  la 
Société  a  pu  voir  les  larges  plaquettes  siliceuses  à  P.  Lamarhi  qui 
représentent  là  cette  succession  de  marnes  et  de  calcaires  à  Paludes- 
trines,  très-développés  sous  le  calcaire  de  Beauce  à  la  côte  Saint- 
Martin,  près  d'Ëtampes,  au  milieu  desquels  vient  s'intercaler,  au 
moulin  de  la  Chalouctte,  la  petite  faune  marine  d'Ormoy. 

Sur  le  revers  est  des  buttes  de  Sannois,  avant  de  descendre  dans 
les  grandes  exploitations  du  gypse,  on  a  pu  voir,  sous  les  sables  mi- 
cacés, les  marnes  à  Huîtres,  puis  la  série  complète  des  marnes  vertes 
et  de  celles  à  Cyrena  convexa,  qui  sont  là  très-riches  et  renferment 
notamment  un  lit  où  abondent  des  débris  de  Poissons  avec  le  Paleo" 
niscus. 

L'excursion  s'est  enfin  terminée  dans  les  carrières  Bapst,  sous  la 
butte  d'Orgemont,  où  la  Société  a  pu  voir  successivement  sous  les 
marnes  supra-gypseuses  à  Limnea  strigosa,  la  haute  masse  du  Gypse, 
la  masse  moyenne  avec  ses  marnes  jaunes  à  Lucina  Héberti:  puis, 


694  H.   DOUVILLK.    —   EXCURSION   A    VERNON.  14  Sept. 

dans  lés  petites  carrières  aujourd'hui  abandonnées,  situées  près  du 
chemin  de  fer,  la  masse  inférieure  avec  les  marnes  marines  infra- 
gypseuses  à  Ph.  ïudensis,  qui  lui  avaient  échappées  en  grande  partie 
dans  la  tranchée  de  La  Frette. 

A  cinq  heures  l'excursion  était  terminée  et  la  Société  était  de  re- 
tour à  Paris  à  6  heures  et  demie. 

M.  de  Cbaiicourtols»  présente  le  compte-rendu  de  l'excursion 
de  Vernon  : 


Course  du  12  septetnbre  1878,  à  Vernon. 

H.  de  Glianeourtolf»,  qui,  en  proposant  la  course  de  Vernon, 
s'était  chargé  de  l'organiser  et  de  la  conduire  avec  le  concours  de 
M.  Douvillé,  désire  d'abord  assumer  la  responsabilité  des  défauts  de  la 
planche  lithographiée  de  caries  et  de  coupes  avec  légendes  qu'il  a  fait 
dresser  spécialement  en  vue  de  cette  course. 

Le  travail  de  lithographie,  assez  complexe,  a  été  entravé  par  divers 
contretemps  résultant  de  la  coïncidence  du  Congrès  de  Géologie  avec 
l'Exposition  universelle.  Les  épreuves  qui  ont  pu  être  distribuées  au 
départ  laissent  donc  beaucoup  à  désirer  sous  plusieurs  rapports  et  ne 
doivent  être  acceptées  qu'à  titre  |)rovisoire. 

La  planche  va,  dit-il,  recevoir  les  corrections  et  additions  nécessaires, 
surtout  en  ce  qui  touche  la  mise  en  évidence  des  faits  d'alignements  et 
de  leurs  rapports,  pour  être  jointe  au  compte-rendu  de  l'excursion 
à  insérer  dans  le  Bulletin  de  la  Société. 

M.  Douvillé,  à  qui  on  doit  principalement  la  partie  de  la  carte  géolo- 
gique détaillée  comprenant  les  environs  de  Vernon,  où  il  a  i*econuu  les 
faits  éruptifs  sur  lesquels  on  se  proposait  d'appeler  particulièrement 
l'attention,  avait  rédigé  de  son  côté  une  notice  itinéraire  autographiée, 
distribuée  aussi  au  départ,  et  a  guidé  la  coui'se  pendant  la  majeure 
partie  du  temps. 

M.  de  Chancourtois  lui  cède  en  conséquence  la  parole  pour  le  compte 
à  rendre,  se  réservant  de  la  reprendre  au  sujet  de  la  dernière 
station. 

M.  Douvillé  résume  dans  les  termes  suivants  la  première  partie 
de  l'excursion  : 

En  quittant  Vernon  par  la  route  de  Pacy,  la  Société  a  visité  un  peu 
au  sud  de  Bizy  des  exploitations  ouvertes  dans  la  craie  blanche  à  silex 


1878.  II.  DOUVILLÉ.  —  EXCURSION  A  VKRNON.  695 

roses;  elle  y  a  recueilli  VEchinocorys  gibbus  et  la  Rhynchonella  lim- 
bâta,  c'est  Thorizon  du  Micraster  coranguinum.  Les  silex  y  forment 
des  lits  parallèles  à  la  stratification,  orientés  à  IBO^  (N.  30° 0.)  et  plon- 
geant de  SS'^  vers  le  S.-E. 

Presqu  immédiatement  au-delà,  au  tournant  de  la  route  on  exploite 
des  sables  siliceux,  purs,  jaunâtres,  assez  fins  :  la  Société  y  a  remarqué 
de  petits  galets  noirs  avellauaires  paraissant  provenir  de  la  partie  infé- 
rieure de  Texcavation.  L'argile  plastique  sur  laquelle  ces  sables 
reposent  n'était  pas  directement  visible  en  ce  point;  elle  donne  au- 
dessus  de  Bizy  un  niveau  de  sources  importantes  utilisées  pour  Tali- 
mentation  d'eau  de  Vernon.  Au-dessus  des  sables  jaunes  on  voit 
aflQeurerle  calcaire  grossier  dans  le  (alus  de  la  route  qui  monte  vers 
Pacy. 

La  Société  quittant  la  route,  est  montée  à  gauche  dans  le  bois  de 
Bizy  vers  Saînt-Meauxe  :  le  calcaire  grossier  inférieur  se  montre  d'abord 
plus  ou  moins  disloqué  dans  le  talus  du  chemin,  puis  à  mi-côte  la 
Société  a  vu  un  premier  affleurement  des  sables  granitiques  blancs  ou 
rougeâlres  avec  gros  grains  de  quartz.  Au-delà  un  peu  avant  Sainte- 
Meauxe  on  voit  affleurer  une  argile  plastique  jaunâtre  retenant  l'eau 
d'une  série  de  mares  et  recouverte  par  un  lit  de  petits  galets  noirs 
avellanaircs  identiques  à  ceux  que  la  Société  avait  observés  au  bas  de 
la  montée,  sur  la  route  de  Pacy.  Entre  les  deux  affleurements  il  existe 
une  dénivellation  de  30  mètres  environ  due  à  la  présence  d'une  faille 
qui  coïncide  précisément  avec  l'apparition  des  sables  granitiques. 

Sur  le  plateau,  dans  la  traversée  de  la  forêt  de  Bizy,  le  sous-sol 
géologique  est  peu  visible.  La  Société  a  rejoint  le  chemin  de  Blaru  et 
dépassé  le  chemin  de  fer  de  Pacy  pour  étudier  une  carrière  ouverte  au 
N.  de  Courcaille  en  contre-bas  du  chemin  de  fer,  dans  les  assises  du 
calcaire  grossier  supérieur.  On  peut  y  relever  de  bas  en  haut  la  coupe' 
suivante: 

P  Calcaire  blanchâtre  en  bancs  peu  épais  avec  empreintes  de  Cériiket' 

lits  siliceux  à  la  partie  supérieure 6*00 

2^  Lit  de  calcaire  corrodé  et  partiellement  doiomitisé 0.40 

8-  Marne  blanche 0.80 

4*  Lit  de  calcaire  corrodé  et  dolomitisô 0"40  à    0.60 

Ce  lit  dans  les  points  où  il  n'est  pas  altéré  présente  de  nombreuses 
empreintes  de  fCerithes,  Natica,  etc.). 

5*  Marne  violacée  d'épaisseur  très  variable 0"    à    0.30 

Elle  renferme  de  nombreux  fossiles  avec  leur  tét  {Cerithium  denltcw- 
latum,  Natica,  etc.). 
6*    Caillasses  diflicilement  accessibles 8-00 

Ces  couches  sont  à  peu  près  horizontales  au  fond  de  la  carrière, 


696  H.    DOL' VILLE.    —  EXCL'i.SlON    A    VERNON.  14   sepl. 

mais  du  côté  ouest  elles  s'infléchissent  en  plongeant  vers  le  sud  et 
viennent  butter  contre  une  masse  irrégulière  de  sables  granitiques  : 
ces  sables  d'une  belle  couleur  blanche  sont  principalement  composés 
de  grains  de  quartz  à  angles  éraoussés,  reliés  par  un  ciment  argileux, 
onctueux  au  toucher.  Quelques  mètres  à  l'O.  de  lacarrièreon  retrouve 
le  calcaire  grossier  au-delà  des  sables  granitiques  ;  ceux-ci  se  présentent 
donc  ici  sous  forme  de  dyke  ou  de  remplissage  de  t'ente.  On  a  vu 
par  la  coupe  de  la  carrière  que  certains  lits  sont  coiTodés  et  dolo- 
mitisés  dans  le  voisinage  des  sables. 

Au-dessus  de  la  carrière»  sur  la  voie  du  chemin  de  ter,  on  voit  encore 
affleurer  les  Caillasses,  les  couches  plongent  vers  l'Ouest  et  en  avan- 
çant dans  celte  direction  on  rencontre  successivement  des  marnes 
et  calcaires  glanduleux  qui  représentent  le  Calcaire  de  Champigny, 
puis  des  Marnes  blanches  et  des  Marnes  vertes  recouvertes  par  des 
blocs  disloqués  de  Meulière  de  Brie. 

Les  couches  sont  ensuite  brusquement  interrompues  par  l'apparition 
des  sables  granitiques  remplissant  ici  un  large  entonnoir  ;  c'est  le  pro- 
longement du  dyke  observé  précédemment  dans  la  carrière  à  un 
niveau  bien  plus  inférieur  :  les  sables  présentent  ici  leur  teinte  rou- 
geâtrc  habituelle.  Au-delà  on  retrouve  les  Meulières  de  Brie  et  les 
Marnes  vertes.  On  ne  peut  mettre  en  doute  ici  le  mode  de  gisement 
des  sables  granitiques  qui  constituent  bien  certainement  un  remplissage 
de  fente;  rappelons  en  outre  la  corrosion  et  la  dolomitisation  de  cer- 
taines assises  calcaires  dans  le  voisinage  des  sables,  et  la  pureté  plus 
grande  de  ces  sables  dans  la  partie  profonde  (base  de  la  carrière) 
que  dans  la  partie  haute  (tranchée  du  chemin  de  fer). 

L'heure  déjà  avancée  a  empêché  la  Société  de  visiter  plus  à  l'Est 
quelques  affleurements  intéressants  des  mêmes  sables  granitiques. 
C'est  ainsi  qu'à  Rue  de  Normandie  on  retrouve  la  faille  de  Saint- 
Meauxe  avec  remplissage  de  sables  granitiques;  dans  le  fond  de  la 
vallée  à  Rue  de  Normandie  on  observe  les  affleurements  de  l'argile 
plastique,  tandis  que  sur  la  hauteur  les  tranchées  du  chemin  de  fer 
n'ont  plus  rencontré  que  la  craie,  traversée  de  fentes  ou  entonnoirs 
remplis  par  les  sables  granitiques;  dans  le  voisinage  des  filons  la 
craie  est  souvent  dolomitisée,  tandis  que  les  sables  sont  eux-mêmes 
entourés  par  une  salbande  d'argile  à  silex. 

La  Société  est  rentrée  directement  à  Yernon  qu  elle  a  traversé  sans 
s'arrêter,  pour  aller  examiner  sur  la  rive  droite  de  la  Seine  les  escar- 
pements crayeux  qui  dominent  Vernonnet  et  dont  la  coupe  détaillée 
a  été  donnée  par  M.  Hébert ,  en  1872  (BulL  Soc.  géoL,  2»  série, 
t.  XXIX,  p.  468). 

Le  haut  de  la  falaise  est  couronné   par   des   bancs  solides  avec 


1878.        DE  CHANCOHTOIS.  —  EXCURSION  A  VERNON.  697 

Micraster  cortestvdinarium,  exploités  pour  pierres  de  taille.  Au-des- 
sous, la  falaise  est  constituée  par  la  craie  marneuse  dans  laquelle 
on  peut  distinguer  trois  zones  :  la  partie  supérieure  formée  de  craie 
tendre  sans  silex  et  caractérisée  par  la  Terehratulina  gracilis;  la 
partie  moyenne  également  formée  de  craie  tendre,  tendre  mais  avec 
silex  noirs,  renferme  la  Rhynchonella  Cwoieri  et  YEchinoconus  suhro- 
tundiis;  enfin  la  partie  inférieure  plus  marneuse  présente  en  abon- 
dance Ylnoceramv^  labiatus. 

En  se  dirigeant  deVernonnet  vers  Pressagny  on  voit  les  couches  se 
relever  peu  à  peu  et  au-delà  des  Fourneaux  la  craie  glauconieuse  appa- 
raît au-dessous  de  la  craie  marneuse.  Cette  craie  est  bien  visible  un  peu 
avant  le  château  de  la  Madeleine  et  la  Société  a  pu  y  recueillir  les 
fossiles  caractéristiques  de  Vétage  (Epiaster  crassissimus.  Ammonites 
varians). 

H.  de  Glicincsourtoia  reprend  la  parole  pour  rendre  compte 
des  observations  faites  dans  le  parc  de  la  Madeleine,  dont  la  proprié- 
taire, M°^<>  Thénard,  l'a  chargé  de  faire  les  honneurs  par  un  télégramme 
annonçant  qu'à  son  grand  regret  elle  arriverait  de  voyage  trop  tard 
pour  recevoir  la  Société,  comme  elle  le  désirait. 

Le  nom  de  la  localité  vient  d'une  légende  du  xii»  siècle  d'après 
laquelle  Adjutor,  seigneur  de  Vcrnon,  serait  revenu  de  la  Terre-Sainte 
en  une  nuit,  avec  l'intervention  de  Sainte  Madeleine,  pour  y  fonder 
un  prieuré  où  il  a  si  bien  terminé  une  vie  commencée  assez  mal, 
qu'il  a  mérité  d'être  canonisé. 

Parmi  les  miracles  que  l'on  attribue  à  Saint  Adjutor  il  y  a  lieu  de 
noter  la  fermeture  d'un  goufiVe  où  l'eau  de  la  Seine  tourbillonnait  au 
pied  de  la  colline  du  prieuré  et  qui  était  Teffroi  des  mariniers,  cette 
légende  n'était  certainement  pas  étrangère  aux  faits  hydrologiques 
dont  il  va  être  question. 

Quant  à  la  détermination  de  l'emplacement  du  prieuré,  elle  est 
conforme  à  la  tendance  naturelle  qui,  au  Moyen-Age,  a  fait  placer  tant 
d'asiles  religieux  dans  les  situations  les  plus  pittoresques,  car  de  la 
terrasse,  malgré  sa  faible  altitude  (33"»  c'est-à-dire  23"65  au-dessus 
du  zéro  de  l'échelle  du  pont  de  Yernon)  on  jouit  d'une  admirable  vue 
de  la  vallée  de  la  Seine,  et  naturellement  aussi  la  condition  orogra- 
phique exceptionnelle  coïncide  avec  une  condition  géologique  égale- 
ment exceptionnelle  qui  méritait  d'autant  mieux  la  visite  de  la  Société 
qu'elle  avait  donné  lieu  à  une  application  très-utile  des  connaissances 
stratigraphiques. 

Le  soulèvement  au(|uel  est  dû  en  principe  la  vallée  de  la  Seine  a 
laissé  dans  la  région  de  Yernon  le  terrain  crétacé  plus  élevé  sur  le 


698  DE  GHANGOURTOIS.   —  EXCURSION  A    VERNON.  14  Sept. 

flanc  droit  que  sur  le  flanc  gauche  et  la  dénivellation  résulte  non- 
seulement  de  l'ondulation  générale,  mais  de  chutes  brusques  opérées 
suivant  les  fentes  dont  le  faisceau  a  préparé  le  travail  d'érosion  qui  a 
creusé  la  vallée. 

La  faille  de  Bizy  offre  le  terme  extrême  de  ce  faisceau  de  fentes,  au 
bord  sud-ouest,  tandis  que  les  termes  extrêmes  au  bord  opposé  coïnci- 
dent sans  doute  avec  les  deux  bras  du  fleuve. 

Mais,  outre  cette  accidentation  générale,  la  lèvre  droite  de  la  dernière 
fente  qui  loge  le  pied  du  coteau  de  la  Madeleine  a  été  bombée  en  ce 
point  de  manière  que  l'érosion  ultérieure  y  a  mis  à  nu  les  couches  de 
la  craie  glauconieuse,  ce  qui  sur  les  bords  de  la  Seine  ne  se  revoit  qu'à 
Rouen. 

L'allui*e  et  la  délimitation  de  ce  bombement  local  déjà  signalé  dans 
la  carte  de  H.  Passy,  sont  précisés  dans  la  carte  et  les  coupes  de  la 
planche  jointe  au  présent  compte-rendu. 

Par  suite  de  la  dénivellation  générale,  le  terrain  éocène  ne  se 
retrouve  pas  sur  le  flanc  droit  de  la  vallée  et  en  ^conséquence  les 
sources  y  font  défaut,  particulièrement  sur  la  terrasse  où  ont  été  bâtis 
le  prieuré  et  ensuite  le  château,  qui  autrefois  ne  s'alimentaient  d*eau 
que  par  un  puits  de  vingt-cinq  mètres  traversant  la  craie  jusqu'au 
niveau  de  la  Seine. 

Mais  le  relèvement  exceptionnel  des  couches  offrant  précisément  son 
maximum  au  même  point,  et  les  fossiles  de  Rouen  s'y  trouvant  au 
niveau  même  de  la  terrasse,  on  a  vu  la  possibilité  d'atteindre  par  un 
forage  d'une  cinquantaine  de  mètres  la  nappe  d'eau  des  sables  verts 
inférieurs  au  Gault  qui,  à  Paris,  n'est  atteinte  qu'à  environ  550mèti*es 
de  profondeur  et,  eu  égard  aux  afileurementsies  plus  voisins  des  sables 
verts  qui  dans  le  pays  de  Bray  se  montrent  à  Taltilude  minimum  de 
80  mètres,  on  pouvait  espérer  que  Teau  jaillirait  au-dessus  de  la  tei"- 
rassc  dont  l'altitude  est,  on  vient  de  le  dire,  de  33  mètres. 

Il  y  avait  cependant  à  redouter  la  diminution  de  pression  résultant 
nécessairement  du  fait  que  les  fentes  correspondant  au  lit  de  la  Seine 
donnent  lieu  à  des  fuites  dont  l'existence  et  1  importance  sont  prouvées 
par  les  nombreux  bouillonnements  qui  se  remarquent  dans  le  cours  du 
fleuve  et  par  l'augmentation  considérable  de  son  débit  en  aval  de 
Vernon. 

^mexhénard  qui,  s'intéressant  aux  éludes  scientifiques,  se  rendait 
bien  compte  des  difficultés  comme  des  chances  de  succès,  n'a  pas  craint 
d'entreprendre  le  forage,  qui  pouvait  cependant  ne  produire  qu'un 
complément  des  notions  stratigraphiques,  mais  qui  a  été  heureusement 
profitable.  Aidée  par  sa  fille  W"  Marguerite,  douée  aussi  des  mêmes 
dispositions  de  famille,  elle  a  recueilli  et  classé  soigneusement  une 


1878.  DE  CHANGOURTOIS.   —  EXCURSION  A   VfigNON.  609 

série  d'échantillons  représentant  les  résultats  non-seulement  du  forage 
mais  de  l'exploration  géologique  extérieure. 

La  Société  trouvait  donc  à  la  Madeleine,  pour  tous  les  sujets  d'obser- 
vations, des  conditions  spéciales  et  des  préparatifs  que  l'on  avait 
encore  cherché  à  compléter  pour  la  circonstance. 

Le  sous-sol  avait  été  mis  à  nu  dans  une  allée  presque  culminante 
aux  abords  de  laquelle  on  avait  souvent  trouvé  des  Ammonites  dans 
le  sol  crayeux,  mais  les  tranchées  étaient  déjà  au-dessous  de  la  couche 
fossilifère  remaniée  et  c'est  dans  les  déblais  provenant  d'une  galerie 
percée  au  flanc  du  coteau  à  l'altitude  de  21  mètres  pour  l'utilisation  des 
eaux  artésiennes,  que  l'on  a  pu  continuer  fructueusement  la  recherche 
des  fossiles  de  la  craie  glauconieuse  dont  les  récoltes  personnelles  ont 
été  ensuite  enrichie  à  l'aide  d'une  réserve  formée  tout  exprès. 

Le  parcours  de  la  galerie  aui*ait  donné  lieu  d'observer  l'allure  des 
bancs  de  silex  et  la  pénétration  du  diluvium  dans  les  évasements 
des  fentes  de  la  craie;  mais  les  principales  pénétrations  ont  nécessité 
des  soutènements  qui  les  masquent.  L'heure  s'avançait  d'ailleurs  et 
l'évolution  de  plus  de  quarante  personnes  eut  pris  beaucoup  de  temps; 
on  s'est  donc  borné  ù  observer  le  contact  du  diluvium  et  de  la  craie 
dans  un  saut  de  loup  qui  limite  le  parc  à  l'ouest  du  côté  de  Pressagny. 

Le  diluvium,  caillouteux  et  plus  ou  moins  sableux  ou  argileux, 
formant  le  sol  de  la  terrasse  occupée  par  le  haut  du  parc  et  par  la 
lande  de  Pressagny,  où  il  est  exploité  pour  gravier  et  matériaux 
d'empierrement,  marque  le  fond  d'un  sillon  dont  le  creusement  a 
précédé  celui  du  sillon  moins  large  au  fond  duquel  coule  naturelle- 
ment la  Seine. 

L'un  des  flancs  du  saut  de  loup  laisse  voir  les  pénétrations,  mais  pour 
la  détermination  des  allures  des  fentes  il  faut  s'en  rapporter  au  relevé 
qui  a  été  fait  lors  du  percement  de  la  galerie  et  dont  le  résultat  sera 
figuré  sur  la  planche  annexée  au  présent  compte-rendu. 

L'attention  de  la  Société  a  été  ensuite  appelée  sur  un  petit  bassin 
naturel  béant  dans  le  terre  plein  alluvial  qui  borde  la  Seine. 

Ce  bassin  qui  parait  correspondre  à  l'emplacement  du  goufire  légen- 
daire est  allongé  au  nord-ouest  suivant  le  prolongement  de  la  ligne 
marquée  par  la  rive  du  fleuve  en  amont,  oii  l'on  peut  placer  la  der- 
nière des  failles  dont  il  a  été  question.  L'eau  s'y  tient  au  même  niveau 
que  dans  la  Seine,  mais  elle  n'y  gèle  jamais,  ce  qui  donne  à  penser  que 
la  cavité  est  située  sur  la  faille  riveraine  et  reçoit  un  suintement  de 
l'eau  de  la  nappe  artésienne  dont  la  température  au  débouché  du 
forage  est  encore  ù  17o. 

Au  sujet  (les  directions  des  failles,  fentes  et  fissures  locales,  il  suffit 
pour  le  moment  de  signaler  leur  concordance  avec  les  autres  directions 


700  DE  CHANCOURTOIS.  —  EXCURSION   A  VERNON.  14  Sepl. 

stratigraphiques  de  la  contrée.  Cette  concordance  sera  Tobjet  d'ane 
note  additionnelle  visant  la  planche  complétée  (i). 

La  Société  s'est  ensuite  occupée  du  puits  artésien  au  sujet  duquel 
des  explications  ont  été  données  par  H.  de  Chancourtois  qui  en  avait 
conseillé  l'entreprise  et  par  M.  Léon  Dru  qui  en  avait  fait  exécuter 
les  travaux. 

Il  convenait  de  se  tenir  à  une  certaine  distance  de  la  faille  riveraine 
pour  éviter  de  tomber  dans  un  brouillage.  On  a  en  conséquence 
profité  d'un  puits  ordinaire  creusé  à  l'angle  du  parc  formé  par  la 
bifurcation  de  la  grande  route  et  de  l'ancien  chemin  de  Pressagny. 

Ce  puits  avait  traversé  : 

Au-dessous  du  manteau  de  diluvium  de ; 5°O0 

La  craie  plus  ou  moins  sableuse  avec  grandes  Ammonites, 

Inocérames  et  silex  spongiaires,  offrant  sur  une  épaisseur  de 

près  de  21  mètres  les  assises  suivantes  : 

Craie  tendre 1 .00 

Craie  avec  peu  de  silex 4.00 

Craie  avec  lits  de  gros  silex 10.00 

Craie  avec  peu  de  silex 5.74 

Le  forage  commencé  au  fond  du  puits  à  la  profondeur  de. .  25'"74 
a  traversé  les  couches  de  la  base  de  la  craie,  du  Gault  et  des  sables 
verts  dont  la  série  détaillée  sur  la  planche  avec  \e^  dénominations  du 
registre  du  maître  sondeur  peut  se  résumer  comme  il  suit  : 

N»*  1  à  5.  Craie  tendre  avec  deux  lits  durs  de  0"30  et  0'50 4.68 

6  et  7.  Craie,  tuffeau  avec  lits  de  gros  silex 2.38 

8.  Craie,  luffeau  avec  lits  de  petits  silex 2.25 

9.  Craie  tendre 1.86 

10  à  14.  Craie  plus  ou  moins  glauconieuse  avec  nodules  de  pyrite. .  2.61 

15.  Argile  bleuâtre  légèrement  micacée 8.64 

16, 17  et  18.  Argiles  et  sables  glauconieux  avec  pyrites  et  gravier  gris 

jaunâtre 4.70 

19.                 Sable  fin 5.55 

20, 21  et  22.    Sables  argileux  et  glauconieux  avec  Lignites  et  nodules  de 

phosphorite  et  de  pyrite  présentant  les  fossiles  du  Gault.  2.04 

23.                 Argile  sableuse  et  glauconieuse 6"09 

24, 25  et  20.    Gravier  gris  jaunâtre,  sables  et  argile  sableuse  avec  nodules 

de  phosphorite  et  de  pyrite  présentant  les  fossiles  du 

Gault 1.96 

27  et  28.        Sables  en  partie  glauconieux  et  lit  de  nodules 1 .56 

29.  Sables  fins  dans  lesquels  on  s'est  arrêté  à  la  profondeur  de    69.90 

(1)  Cette  note  fait  suite  au  compte-renthi  de  la  course,  p.  70.'i. 


1878.        DE  CHANCOURTOIS.  —  EXCURSION  A  VERNON.  701 

La  collection  des  échantillons  qui  représente  la  section  verticale 
complète  du  terrain  donnée  par  Tensemble  des  deux  puits  montre  la 
grande  analogie,  pour  ne  pas  dire  Fldentité,  quant  à  la  nature  et  à 
Tordre  de  succession,  des  couches  traversées  à  la  Madeleine  et  des 
couches  travei*sées  par  les  puits  de  Paris  ou  relevées  dans  les  coupes 
de  Rouen. 

En  tenant  compte  de  l'amincissement  des  couches  de  Paris  au  cap 
La  Hève  on  avait  calculé  que  la  nappe  d'eau  retenue  par  Targile  du 
Gault  serait  atteinte  à  moins  de  50  mètres. 

L'eau  a  commencé  à  monter  de  la  profondeur  de  48°*,  après  le  per- 
cement de  la  couche  n°  15,  c'était  un  succès  théorique  au  point  de  vue 
de  la  stratigraphie. 

Mais  l'élévation  n'a  d'abord  atteint  que  l'altitude  12^35,  c'est-à-dire 
que  l'eau  restait  à  20^6^  du  sol,  ce  qui  ne  suffisait  pas  pour  en  tirer 
parti.  C'est  pourquoi  le  forage  a  été  approfondi  et  heureusement  l'as- 
cension, augmentée  après  la  couche  n»  18  et  surtout  après  le  perce- 
ment de  la  couche  argileuse  n^  23,  a  atteint,  en  niveau  statique, 
après  que  la  couche  n<^  24  a  été  traversée  à  la  profondeur  de  67*^7, 
l'altitude  de  28'»65. 

L'eau  restait  ainsi  encore  à  4'"35  du  sol;  on  n'a  pas  néanmoins 
poussé  plusl  oin  parce  que  la  nature  des  sables,  devenus  très-fins, 
maigres  et  par  suite  très-mobiles,  en  même  temps  qu'elle  rendait 
l'approfondissement  difiicile  et  pouvait  faire  craindre  des  accidents, 
indiquait  qu'on  avait  probablement  dépassé  les  alternances  de  lits 
argileux. 

Après  avoir  coincé  un  tube  en  bois  (de  0°^175  de  diamètre  intérieur 
et  de  0'"280  de  diamètre  extérieur)  dans  l'argile  n^  15,  de  manière  à 
empêcher  toute  déperdition  à  travers  la  Craie  et  avoir  définitivement 
fixé  le  tube  en  cuivre  (de  O'^lfiO  de  diamètre)  pénétrant  dans  les  sables 
en  lorgnette,  on  a  essayé  de  faire  écouler  Teau  sur  le  flanc  du  coteau 
en  lui  faisant  franchir,  au  moyen  d'un  syphon,  les4'"35qui  séparaient 
son  niveau  statique  de  celui  du  sol,  mais  le  jeu  de  cet  appareil  était 
promptement  interrompu  par  le  dégagement  des  gaz  dissous  qui  ve- 
naient remplir  le  coude  supérieur. 

On  a  donc  percé  le  coteau  par  une  galerie  permettant  Técoule- 
mentà  l'altitude  de  21'^34  ou  à  11^36  du  sol,  c'est-à-dire  sous  une 
charge  de  7""50  qui  détermine  un  débit  de  190  litres  par  minute. 

L'eau,  après  avoir  formé  une  petite  cascade  au  sortir  de  la  galerie, 
descend  dans  un  bélier  placé  en  contre-bas,  à  la  cote  14™08,  de  ma- 
nière à  marcher  sous  6'"53  de  chiite;  ce  bélier  renvoie  39  ou  35  litres, 
c'est-à-dire  environ  1/6"  du  débit,  à  des  réservoirs  étages  dans  une  tour 
élevée  au-dessus  du  puits  dont  les  niveaux  sont  aux  altitudes  domi- 


TOi  DE  CHANCOURTOIS.    —   EXCURSION  DE   VERNON.  14   Sept. 

nantes  de  3"*30  et  40*"30,  qui  assurent  la  distribution  dans  toutes 
les  parties  de  la  propriété. 

Le  débit  ne  s'est  pas  notablement  ressenti  des  alternances  des 
périodes  sèches  et  pluviales  qu*a  subies  le  bassin  de  Paris  depuis  Taché- 
vement  du  forage  en  1868. 

Le  succès  théorique  est  donc  devenu  un  succès  pratique  dont  on 
doit  d'autant  plus  se  féliciter  que  les  conditions  favorables  étaient 
plus  étroitement  circonscrites  à  tous  égards. 

L'eau,  lorsqu'elle  a  commencé  à  surgir,  était  très-légèrement  sulfu- 
reuse, s'irisait  à  sa  surface  et  rouillait  le  sable  qu'elle  laissait  déposer, 
mais  elle  a  bientôt  coulé  limpide  et  très-bonne  à  boire. 

Elle  doit  être  assez  chargée  d'acide  carbonique  dans  la  nappe  sou- 
terraine. En  effet,  le  gravier  de  la  Seine  qui  est  à  Pressagny  très-co- 
quillier  et  dont  les  grains  sont  de  plus  fortement  incrustés,  comme 
pralinés,  tient  certainement  ces  caractères  accidentels  de  la  qua- 
lité des  sources  qui  bouillonnent  dans  le  fleuve.  Or  Teau  de  ces  sources 
qui,  comme  on  l'a  indiqué  plus  haut,  doivent  provenir  de  fuites  arté- 
siennes, ne  peut  dissoudre  le  calcaire  de  la  Craie  dans  un  trajet  d'une 
dizaine  de  mètres  que  si  elle  est  notablement  acidulée. 

Mais  l'eau  du  forage  dans  son  ascension  par  le  tube  à  l'abri  du 
contact  de  la  Craie  dans  le  parcours  de  la  galerie  longue  de  i20^ 
qu'elle  traverse,  perd  l'excès  de  gaz  dissous,  et  elle  sort,  en  définitive, 
plutôt  douce. 

Après  avoir  étudié  les  intéressantes  perspectives  de  la  vallée  de  la 
Seine,  la  Société  a  jeté  un  coup  d'œil  sur  les  installations  remarqua- 
blement artistiques  de  l'intcrieur  du  château  où  figurent  de  nom- 
breux souvenirs  de  voyage,  comprenant  des  éléments  géologiques  et 
archéologiques  dignes  d'attention . 

La  Société  invitée  alors  à  prendre  place  autour  d'une  table  que  le 
beau  temps  avait  permis  de  dresser  en  plein  air  et  sur  laquelle  un 
goûter  solide,  avaitété  élégamment  servi,  a  ainsi  terminé  sou  excursion 
par  une  séance  dont  la  journée,  bien  que  passée  sans  fatigue,  avait 
cependant  accentué  l'intérêt  gastronomique. 

M.  Hébert  a  été  naturellement  fort  applaudi  lorsqu'il  a  exprimé  ks 
sentiments  de  gratitude  de  la  Société  en  portant  la  santé  de  la  châ- 
telaine, à  laquelle  on  était  redevable  d'une  hospitalité  aussi  instructive 
que  gracieuse. 

M.  Giordano  a  été  non  moins  vivement  applaudi  lorsqiie,  parlant 
au  nom  de  nos  confrères  étrangers  et  avec  l'autorité  d'un  savant  qui  a 
fait  l'ascension  du  Cervin  et  le  tour  du  globe,  il  a  résumé  l'apprécia- 
tion de  la  dernière  station  de  la  course  en  déclarant  qu'on  ne  pouvait 
trop  remercier  d'avoir  été  amené  dans  un  aussi  bon  port. 


i878.       DE  CHANCOUHTOIS.  —  ALIGN.  GÉOL.  DE  VERNON.        703 

La  Société,  après  avoir  pris  quelqnes  instants  de  repos,  a  regagné 
directement  Vernon. 

A  la  suite  de  ce  compte-rendu,  M.  de  Gltanooartois  présente 
la  note  suivante  : 


Sur   les  ali|çneiiieiite  géologiques  relevés  dans  les 

environs  cie  Vernon* 


Afin  de  faire  apprécier  les  relations  des  directions  de  détail  relevées 
dans  la  galerie  du  puits  artésien  de  la  Madeleine  avec  les  directions 
des  autres  accidents  géologiques  et  de  réunir  en  même  temps  les  pre- 
miers éléments  de  l'étude  des  faits  d'alignements  de  la  contrée,  on  a 
figuré  d*abord  les  résultats  du  relevé  fait  en  1867,  sur  le  plan  de  la 
galerie  dessiné  au-dessous  de  la  coupe  (PI.  XV),  et  on  a  construit 
une  rose  ou,  plus  exactement,  une  demi-rose  de  direction  en  mesurant 
des  parallèles  aux  lignes  du  plan.  On  a  ensuite  redressé  cette  rose  de 
manière  à  placer  la  ligne  de  foi  Nord-Sud  parallèlement  au  méridien 
moyen  de  la  carte,  en  limitant  dans  une  zone  extérieure  le  tracé  des 
directions  relevées  dans  la  galerie,  et  on  a  tracé  dans  le  demi-cercle 
intérieur  les  directions  marquées  sur  la  carte  par  les  traits  les  plus 
saillants  de  la  configuration  géographique  et  géologique,  c'est-à-dire 
par  les  alignements  des  cours  d'eau  et  des  vallées,  des  flancs  abruptes 
des  terrasses  qui  dominent  la  série  des  failles,  et  enfin  les  dykes  d'ar- 
giles et  d'arènes  kaolineuses. 

Du  rapprochement  graphique  des  deux  séries  de  faits  ressortent  tout 
d'abord  des  coïncidences  frappantes. 

On  voit  les  orientemeiits  9<>,  16°,  19o  de  la  première  se  groupant 
autour  de  l'orientement  14»  de  la  seconde  ;  les  orientements  115%  117», 
123®,  128%  1510,  {69^  se  correspondent  exactement  dans  les  deux 
séries;  les  orientements  126o  et  166<>  de  la  première  semblent  n'être 
respectivement  que  des  variantes  des  orientements  concordants  128^  et 
i6&";  enfin  l'orientement  156o  prend  place  entre  l'orientement  concor- 
dant ISl*»  et  l'orientement  ISS*»  de  la  seconde  série. 

Seuls,  dans  le  second  quandrant  (Sud-Est),  l'orientement  109^  et  les 
orientements  très-voisins  l'un  de  l'autre  140^  et  142^,  ne  sont  pas  repré- 
sentés par  des  fentes  nettement  accusées  dans  la  galerie  où  les  orien- 
tements 39o  et  GQodu  premier  quadrant  (Nord-Est)  fournis  par  la  carte, 
font  aussi  défaut  ;  mais  on  aperçoit  immédiatement  que  les  directions 
109*^,  39**,  60^  sont  exactement  ou  à  un  degré  près  perpendiculaires 
aux  directions  des  fentes  19'',  128",  151**. 


1878.  DE  CHANCOIÎRTOIS.  —  ALIGN.    GKOL.    DE   VERNON.  704 

Il  importe  de  constater  les  rapports  remarquables  des  directions  de 
ces  alignements  avec  les  directions  générales  déterminées  par  Elie 
de  Beaumont  et  classées  définitivement  par  lui  dans  son  réseau  pen- 
tagonal  :  L'orientement  14^  est,  à  un  degré  près,  celui  du  cercle  local 
appartenant  au  système  du  primitif  du  Rbin  ;  l'orientement  123^  est 
sensiblement  celui  du  cercle  local  appartenant  au  système  du  primitif 
du  Thuringerwald  ;  les  orientements  140°  et  142°  coïncident  encore 
sensiblement  avec  celui  du  cercle  local  appartenant  au  système  du 
bissecteur  diamétral  des  lies  Ioniennes  ;  enfin  Torientement  ISl^  est 
sensiblement  aussi  celui  du  cercle  local  d'un  système  dont  l'auteur  de 
cette  note  a  commencé  à  faire  ressortir  l'importance  en  Europe,  dans 
son  mémoire  sur  l'application  du  réseau  pentagonal  à  la  coordination 
des  gîtes  minéraux  (Comptes-rendus  de  l'Académie  des  Sciences^  1863) 
et  qu'il  caractérise  suivant  la  méthode  proposée  dans  ce  mémoire,  par 
l'indication  du  cercle  normal  commun  classé  par  lui  dans  le  réseau 
comme  diamétral  de  la  Basse-Loire.  Pour  faire  apprécier  l'impor- 
tance de  ce  système  il  suifit  de  rappeler  qu'il  comprend  le  cercle  de 
comparaison  qui,  déterminé  par  le  cours  inférieur  du  Rhin  au- 
dessous  de  Coblentz,  va  passer  par  l'Etna  et  longe  en  Afrique  le 
lac  Tanganjika. 

Le  parallélisme  sur  lequel  Élie  de  Beaumont  a  originairement  fondé 
ses  systèmes  d'alignements  ne  pouvant  être  sur  le  globe  qu'une  appa- 
rence régionale,  la  caractérisation  de  ces  systèmes  par  leur  cercle  de 
comparaison  moyeu,  suivant  la  méthode  conservée  par  l'auteur  du 
réseau  pentagonal,  exige  des  commentaires  pour  être  bien  comprise. 
La  caractérisation  de  chacun  de  ces  systèmes  de  grands  cercles  par 
leur  normal,  c'est-à-dire  par  le  grand  cercle  qui  les  relie  tous,  comme 
l'équateur  relie  tous  les  méridiens,  est,  au  contraire,  absolument  nette 
et  a  l'avantage  d'infirmer,  sinon  de  réduire  à  néant,  dès  à  présent, 
l'objection  que  les  adversaires  de  la  systématisation  pentagonalc  tirent 
vulgairement  de  la  multiplicité  des  cercles  de  comparaison  indivi- 
duellement signalés  par  Ëlie  de  Beaumont,  car  elle  montre  comment 
la  plupart  de  ces  cercles  rentrent  déjà  dans  des  systèmes  qui  ont  pour 
normaux  des  cercles  principaux  du  réseau  ;  c'est  ainsi,  par  exemple, 
que  le  dodécaédrique  rhomboïdal  du  cap  Dénia  rentre  dans  l'un  des 
systèmes  dont  il  vient  d'être  question,  celui  du  bissecteur  des  Iles 
Ioniennes. 

Il  est  donc  bon  de  ne  pas  négliger  l'occasion  qui  se  présente  de  faire 
remarquer  que  le  système  du  primitif  du  Rhin,  du  primitif  du  Thu- 
ringerwald et  du  bissecteur  des  Iles  Ioniennes  ont  respectivement 
pour  normaux  le  bissecteur  diamétral  de  Bassorah,  le  bissecteur  dia- 
métral de  l'île  d'Alboran  ou  du  Mont  Seny  et  le  primitif  de  Lisbonne. 


1878.  DE   CIIANCOURTOIS.    —   ALIGN.    GÉOL.    DE   VERNON.  705 

Pour  terminer  les  observalioris  relatives  à  la  région  de  Vernon,  ii 
convient  de  faire  encore  une  remarque  concernant  Torientement 
i40°-i42<'  :  11  peut  sembler  étonnant,  au  premier  abord,  qu'un  orien- 
tement  si  largement  et  si  nettement  accusé  par  les  lignes  du  cours  de 
la  Seine  et  des  dykes  d*argile$  ou  d*arènes  kaolineuses,  ne  se  retrouve 
pas  dans  les  fentes  de  détail.  Mais  cette  direction  tient  évidemment  la 
position  moyenne  dans  le  secleur  du  quadrant  du  Sud-Est  occupé  par 
lesorientements  relevés.  Il  est  même  à  noter  qu'elle  est  exactement  bis- 
sectrice de  l'angle  des  deux  directions  extrêmes  des  fentes  iiS^  et  I680. 
On  comprend  dès  lors  que  le  ridement  de  Técorce  terrestre,  dont 
Tallure  générale  est  marquée  par  des  traits  dominants  au  point  de 
vue  topograpliique  comme  au  point  de  vue  géologique,  a  pu,  dans  le 
détail,  ne  faire  que  développer  les  fissures  dues  à  des  ridements  an- 
térieurs, qui  se  trouvaient  distribuées  avec  des  obliquités  symétriques 
le  long  de  son  parcours.  Ce  ne  serait  là  qu'un  résultat  analogue,  sous 
beaucoup  de  rapports,  à  celui  que  l'on  observe  dans  une  table  d'ébé- 
nisterie  où  une  fente  de  retrait  produite  dans  le  bois  de  fond  ne 
détermine  souvent  dans  la  partie  correspondante  du  bois  de  placaj^e 
qu'une  série  de  fissures  dirigées  suivant  les  fibres  de  ce  dernier. 

Enfin,  abstraction  du  principe  de  systématisation  pentagonale,  on 
peut  dire  que  l'étude  des  faits  d'alignements  embrassant  depuis  les 
faits  topographiques  les  plus  généraux  jusqu'aux  faits  stratigrapbiques 
de  dernier  détail,  donne  dans  cette  petite  région  des  résultats  qui  sont 
d'accord  avec  ceux  d'une  étude  semblable  relative  à  une  région  beau- 
coup plus  étendue  du  Nord  de  la  France  qui  était  exposée  au  Champ 
de  Mars  dans  le  pavillon  du  Ministère  des  Travaux  publics,  comme 
avec  ceux  de  l'étude  des  alignements  topographiques  de  la  Norwège» 
exposée  par  M.  Kjerulf. 

Cette  nouvelle  étude  confirme  les  résultats  des  premières  recherches 
du  même  genre  que  l'auteur  de  la  présente  note  avait  faites  antérieu- 
rement et  dont  il  demande  la  permission  de  reproduire  une  conclu- 
sion publiée  par  lui  en  1862  daus  les  Études  stratxgraphiques  sur  la 
région  de  la  Haute-Marne  :  «  Que  la  région  considérée  soit  étendue 
»  ou  restreinte,  plane  ou  montueuse,  continentale  ou  maritime  ;  par- 
I  tout,  à  tous  les  degrés,  à  tous  les  points  de  vue,  une  attention  per- 
0  sévérante  fait  apercevoir  les  traces  d'un  réseau  de  lignes  entre- 
»  croisées  de  directions  plus  ou  moins  nombreuses,  mais  nettement 
»  définissables,  d'où,  pour  se  servir  d'une  figure  déjà  employée  par 
»  M.  Ëlie  de  Beaumont,  les  résultats  bruts  de  l'observation  paraissent 
»  dépendre  comme  la  broderie  dépend  du  canevas. 

»  Et  ces  traces  régulières  sont  la  traduction  d'une  sorte  de  craquelé 
»  de  la  cFOùte  inférieure  qui,  se  propageant  toujours  à  travers  les 

45 


70(5  H.    DOUVILLÉ.    —  SABLES  ÉRDPIIFS.  14  Sept. 

»  couches  successives  des  sédiments  ou  des  épanchements  superficiels, 
x>  non-seulement  ouvre  le  passage  aux  émanations  de  la  masse  interne 
»  pour  Valimentation  continue  des  dépôts  communs  et  l'accumulation 
»  adventive  des  matières  exceptionnellement  utiles,  mais  encore»  alors 
»  même  qu  il  ne  donne  pas  lieu  à  des  arêtes  saillantes  par  les  déni- 
»  vellations  de  ses  cx)mpartiments,  prépare,  en  tailladant  le  sol,  tous 
f  les  accidents  du  relief  dont  les  érosions  ne  viennent  ensuite  que 
•  déblayer  et  modeler  les  contours.  » 

Le  mot  craquelé,  qui  a  été  employé  pour  désigner  le  résultat  com- 
plexe de  Tentrecroisement  d'un  grand  nombre  de  faisceaux  de  fentes, 
n'était  pas  très-heureux  parce  qu'il  peut  paraître  impliquer  l'idée  que 
ces  fentes  sont  dues  à  des  phénomènes  de  retrait.  Mais  le  rapproche- 
ment des  directions  des  fentes  ou  fissures  et  de  celles  des  rides  monta- 
gneuses indique  bien  que  les  accidents  de  fracture  pris  en  considé- 
ration doivent  être  attribués  aux  mouvements,  soulèvements  et  refou- 
lements de  l'écorce  terrestre. 


M.  Douvillé  résume  ensuite  rapidement  l'état  de  la  question  des 
sables  dits  éruptire. 

Les  sables  granitiques,  en  relation  intime  avec  les  argiles  à  silex  et 
à  meulières,  ont  été  signalés  pour  la  première  fois  par  de  Sénarmont 
dans  sa  description  géologique  du  département  de  Seine-et-Oise,  puis 
par  H.  Passy  dans  sa  carte  géologique  de  l'Eure.  Les  auteurs  de  la 
Carte  géologique  de  la  France  les  avaient  distingués  sous  le  nom.  de 
terrain  de  sable  granitique  et  d'argile  à  silex. 

Les  explorations  nécessitées  par  l'exécution  de  la  carte  géologique 
détaillée  nous  ont  conduits,  M.  Potier  et  moi,  à  reprendre  l'étude  de 
cette  formation  ;  les  premiers  résultats  obtenus  ont  été  résumés  dans 
une  communication  faite  à  l'Académie  des  sciences  le  6  mai  1872.  Nous 
avions  reconnu  tout  d'abord  que  le  mode  de  gisement  de  ces  dépôts 
était  essentiellement  différent  de  celui  des  différentes  assises  du  terrain 
tertiaire.  Les  sables  granitiques  associés  à  des  dépôts  souvent  puissants 
d'argile  plastique  exploités  sur  plusieurs  points,  se  présentent  en  amas 
souvent  très-puissants  et  dont  la  réunion  constitue  de  longues  bandes 
parallèles,  régulièrement  orientées;  les  sables  et  les  argiles  ne  sont 
jamais  ni  stratifiés,  ni  recouverts  par  des  couches  stratifiées;  leur 
structure  est  massive  et  rappelle  celle  d'une  masse  de  granité  en  décom- 
position ;  l'argile  affecte  au  milieu  d'eux  la  forme  de  veines  ou  d'amas 
irréguliers. Les  exploitations  se  présentent  généralement  sous  forme  de 
vastes  entonnoirs  ayant  souvent  plus  de  6"^  de  profondeur  et  ouverts 


1878.  H.    DOUVILLÉ.   —   SABLES  ÉBUPTIFS.  707 

indistinctement  soit  dans  toutes  les  assises  du  terrain  tertiaire,  soit  dans 
la  craie.  Sur  certains  points  comme  dans  la  carrière  que  la  Société  )a 
visité  à  Courcaille,  on  peut  s'assurer  directement  qu'ils  constituent  un 
remplissage  de  faille. 

Au  point  de  vue  de  leur  composition  minéralogique,  les  sables  sont 
essentiellement  formés  de  grains  de  quartz  réunis  par  un  ciment  argi- 
leux dont  la  proportion  atteint  environ  15  0/0  du  poids  total.  Les 
grains  de  quartz  sont  de  grosseur  très-variable  presque  tous  brisés  et 
à  angles  émoussés,  ils  proviennent  de  roches  anciennes,  gneiss  et  gra- 
nité; quelques-uns,  bipyramidés,  proviennent  de  roches  porphyriques. 
Le  ciment  est  constitué  par  une  argile  très-pure  onctueuse  au  toucher 
et,  comme  le  montre  le  tableau  ci-dessous,  présentant  une  composi- 
tion analogue  à  celle  des  argiles  dites  plastiques  : 

Sic*       Âl'0>      Fe«0'      CaO      MgO  Alcalis     Eau 

Ciment  du  Sable  granitique  de  (  -^  ^^      ««  «.^     ^  «^      ^  ,..  ^  -,      ,«  ^* 

Bonneval  (56.50      «8.00      0.85      0.10       »       0.75      13.90 

Argiles plas-r  d'Abondant....     50.60      35.20      0.40         »         »         »         13.10 
tiques (  de  Montercau  . .     61.10      21.60         »  »         »         »         10.00 

Quand  le  sable  est  mis  en  suspension  dans  Tcau,  les  deux  éléments 
se  séparent  immédiatement  en  deux  couches  nettement  distinctes,  le 
quartz  se  précipite  au  fond,  tandis  que  la  matière  argileuse  se  dépose 
plus  lentement  au-dessus.  Cette  séparation  si  facile  montre  que  le 
sable  granitique  s'étant  déposé  dans  une  eau  tranquille  ou  courante, 
le  départ  simultané  des  deux  éléments  n'a  pu  s'effectuer  que  dans  une 
masse  à  l'état  bouenx. 

Enfin,  dans  le  voisinage  de  ces  dépôts,  on  retrouve  des  traces  indiscu- 
tables d'actions  thermo-chimiques,  les  calcaires  sont  corrodés  et  dolo- 
mitisés;  la  craie  a  été  non-seulement  dolomitisée  mais  encore  dissoute 
et  remplacée  par  de  l'argile  au  milieu  de  laquelle  on  retrouve  les 
silex  inattaqués  souvent  à  peu  de  distance  de  leur  position  primitive. 

De  cet  ensemble  de  faits  nous  tirions  les  conclusions  suivantes  : 
«  Que  le  terrain  de  sables  granitiques  ne  fait  pas  partie  de  la  série 
»  sédimentaire,  mais  qu'il  est  d'origine  éruptive,  —  que  l'éruption  ou 
»  plutôt  l'injection  de  ces  sables  est  postérieure  au  dépôt  du  calcaire 
I  de  Beauce.  »  Nous  indiquions  en  outre  que  ces  dépôts  devaient  être 
rattachés  aux  Sables  de  la  forêt  d'Orléans. 

Dans  une  communication  faite  un  peu  plus  tard  (3  juin  187:2]  à  la 
Société  géologique,  l'un  de  nous  précisait  les  relations  de  ces  sables 
avec  les  failles  et  dislocations  que  présentent  les  assises  tertiaires  au 
sud  de  Yernon  ;  il  mettait  en  évidence  l'existence  d'une  faille  s'étendant 
depuis  Yernon  jusqu'à  Perdrcauville  et  intéressant  toutes  les  assises 


708  II.     DOU VILLE.    —    SABLKS   ÉHLPTIFS.  14   Sept. 

du  lerrain  tertiaire,  y  compris  le  calcaire  de  la  Beauce,  et  montrait  que 
les  sables  granitiques  se  présentaient  sous  la  forme  de  filons  d'injec- 
tion intimement  liés  à  la  faille  précédente. 

Enfin,  en  1876,  paraissait  la  feuille  d'Evreux  de  la  Carte  géologique 
détaillée  sur  laquelle  étaient  marqués  tous  les  affleurements  des  sables 
granitiques  qu'il  avait  été  possible  de  relever. 

L'année  suivante,  M.  Stanislas  Meunier  communiquait  à  l'Institut 
(30  août  1877)  les  résultats  de  ses  études  sur  la  composition  litholo- 
gique des  sables  kaoli niques  signalés  par  M.  Ch.  Yélain  à  Hontainville. 
Il  reconnaissait  la  présence  des  deux  éléments  qu  il  est  possible  de 
séparer  par  lévigation  :  une  partie  argileuse  qu'il  désigne  sous  le  nom 
de  limon  de  nature  kaoliniquc  et  un  gravier  principalement  formé  de 
grains  de  quartz,  présentant  tantôt  la  forme  bipyramidée,  tantôt 
dépourvu  de  forme  cristalline  et  renfermant  des  inclusions  liquides  avec 
bulles  de  gaz  comme  le  quartz  ordinaire  des  granités.  Il  y  signale 
encore  des  grains  de  silex,  de  grès  ou  de  quartzite,  de  feldspath  plus 
ou  moins  décomposé,  des  débris  de  corps  organisés  siliciûés,  enfin  des 
fragments  de  meulières  dont  les  vacuoles  sont  remplies  d'une  pous- 
sière blanche  uniquement  composée  de  cristaux  microscopiques  de 
quartz  bipyramidé. 

M.  Stanislas  Meunier  explique  de  la  manière  suivante  l'origine  de  ces 
sables  :  «  Ces  sables  sont  éruptifs  à  la  manière  du  sable  glauconieux 
»  apporté  à  la  surface  par  les  eaux  jaillissantes  de  nos  puits  artésiens 
»  de  Grenelle  et  de  Passy;  ils  constituent  une  sorte  à' alluvion  verticale. 
n  Avant  tout  le  granité  constituant  le  soubassement  de  nos  terrains 
»  stratifiés  a  été  attaqué  par  les  eaux,  sans  doute  chaudes  et  peut-être 
»  chargées  de  principes  salins  ou  acides...  L'eau  jaillissante  a  entraîné 
»  ces  matériaux  au  travers  d'une  épaisse  succession  découches  strati- 
1^  fiées  dont  les  éléments  insolubles  sont  entrés  en  mélange  avec  les 
»  débris  granitiques.  » 

Ces  hypothèses  viennent  compléter  et  préciser  les  vues  que  nous 
avions  émises  tout  d'abord.  Nous  avions  dit  que  les  sables  granitiques 
étaient  des  dépôts  boueux  injectés  de  bas  en  haut  dans  des  fentes 
préexistantes  ;  nous  ajouterons  avec  M.  Stanislas  Meunier  que  ces  boues 
résultent  de  la  décomposition  du  granité  par  les  sources  thermales;  il 
s'est  produit  là,  sur  une  bien  plus  vaste  échelle,  des  phéiiomènes  ana- 
logues à  ceux  (jue  Ton  observe  dans  les  salzes  ou  volcans  de  boue. 

Nous  ajouterons,  en  terminant,  que  des  hypothèses  différentes  ont 
été  proposées  pour  expliquer  le  mode  de  gisement  des  sables  gra- 
nitiques :  quel(iues  géologues  ont  voulu  y  voir  des  dépôts  analogues 
aux  dépôts  diluviens  et  ayant  rempli  de  haut  en  bas  les  poches  et  les 
fissures  dans  lesquels  on  les  observe   aujourd'hui  :  malgré  les  termes 


i878.  II.    DOLVILLK.    —   S.VBLËS   ÉiaTTlFS.  709 

(le  «  limon  »  et  d*  <  alluvions  vorlicales  t>  employés  par  M.  Stanislaîi 
Meunier,  il  nous  paraît  impossible  d'attribuer  ù  des  alluvions  superfi- 
cielles la  formation  des  argiles  pures  qui  accompagnent  ou  cimentent 
les  sables  granitiques.  Sans  doute  il  existe  en  bien  des  points  des 
coucbes  ayant  une  composition  analogue  à  celle  des  sables  granitiques; 
il  nous  suffira  de  citer  les  sables  des  plateaux  de  l'Eure,  et  les  sables  de 
la  Sologne  ;  les  argiles  plastiques  de  TËocène  inférieur  à  Montereau, 
Provins,  etc.,  ont,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  une  composition  tout 
à  fait  analogue  à  celle  des  argiles  qui  accompagnent  les  sables  grani- 
tiques; au  sud  de  Montereau  on  retrouve  même  au  niveau  de  Targile 
plastique  de  véritables  sables  granitiques.  Mais  tous  ces  dépôts  se  dis- 
tinguent des  dépôts  vraiment  stratifiés  par  leur  composition  et  leur 
texture  particulière  et  par  l'absence  complète  de  fossiles;  il  nous 
suffira  de  citer,  comme  terme  de  comparaison,  les  argiles  du  Gault, 
qui  peuvent  être  considérées  comme  le  type  des  argiles  sédimentaires 
pures  et  le  dépôt  argileux  qui  se  dépose  actuellement  au  fond  de  la 
Méditerranée.  Aussi  croyons-nous  que  tous  les  dépôts  de  sables  gra- 
nitiques, d'argiles  plastiques  et  d'argiles  bariolées,  doivent  être  consi- 
dérés comme  de  véritables  dépôts  d'épanchements  boueux. 

D'autres  géologues  ont  supposé  que  les  prétendus  liions  de  sables 
granitiques  n'étaient  que  des  lambeaux  d'une  couche  bouleversée  et 
disloquée  par  des  failles,  celte  couche  occupant  vraisemblablement 
comme  à  Montereau  le  niveau  de  l'argile  plastique.  Or,  dans  la  région 
qui  nous  occupe  plus  particulièrement,  entre  la  Seine  et  l'Eure,  nous 
n'avons  jamais  observé  h  ce  niveau  de  dépôt  analogue  aux  sables 
granitiques. 

Enfin  nous  signalerons  encore  une  hypothèse  mixte  qui  consiste  à 
attribuer  l'élément  quartzcux  seulement  à  une  couche  sous-jacente 
également  placée  au  niveau  de  1  argile  plasti(|ue,  et  à  admettre  que 
l'élément  argileux  seul  a  été  amené  par  des  sources  thermales. 
Il  est  bien  possible  que  sur  certains  points  il  y  ait  eu  entraînement 
dessables  de  l'argile  plastique;  mais  dans  le  plus  grand  nombre  de  cas 
nous  croyons  que  le  sable  quartzcux  qu'on  peut  retirer  par  lévigalion 
des  sables  granitiques  diflere  essentiellement  par  la  forme  et  la  gros- 
seur des  grains  de  celui  des  couches  régulièrement  stratifiées  qui  aflleu- 
rent  sur  les  points  voisins. 

Nous  avons  eu  également  occasion  d'observer  des  dépôts  tout  à  fait 
analogues  aux  sables  granitiques  de  l'Eure,  dans  le  département  de  la 
Dordogne,  entre  Excideuil  et  Thiviers.  Us  se  présentent  en  amas  puis- 
sants d'apparence  filonienne  dans  les  calcaires  jurassiques;  ils  sont 
associés  à  des  argiles  plastiques  pures  et  à  des  minerais  de  fer  géodi- 
ques  (hémalhile  brune)  qui  sont  exploités  par  puits  et  galeries  (Le 


710  H.    DOUVILLÉ.   —   SABLES  ÉRUPTIFS.  ^         H  Sept. 

Cliatenet,  Lage);  ces  dépôts  filonieiis  se  relient  intimement  aux  dépôts 
superiiciels  de  minerais  de  fer  en  grains  et  doivent  être  rattachés  à  la 
période  sidérolitliique.  11  y  aurait  ainsi  en  France  dans  les  terrains 
tertiaires  trois  époques  distinctes  d'épanchements  ayant  donné  nais- 
sance à  des  dépôts  présentant  entre  eux  les  plus  grandes  analogies  : 

i<>  Base  de  l'éocène  :  Argiles  plastiques  proprement  dites  de  Yaugi- 
rard,  Montereau,  Provins,  etc.  ;  Sables  granitiques  do  Hontereau  ; 
Sables  granitiques  en  filons  sur  la  rive  gauche  de  TEure  et  au  N.  de 
Chartres  (d'après  H.  Potier).  A  cette  période  se  rattache  la  majeure 
partie  des  argiles  à  silex,  dont  la  formation  peut  s'expliquer  par  l'ac- 
tion sur  la  craie  de  boues  acides,  c'est-à-dire  par  des  phénomènes 
du  même  ordre  que  ceux  qui  ont  donné  naissance  aux  sables  grani- 
tiques. Nous  citerons  comme  exemple  les  argiles  à  silex  de  Gh&teau- 
Landon,  de  la  Sologne,  du  Blaisois  et  du  pays  Charti*ain. 

!2^  EoGENE  SUPÉRIEUR  (terrain  siderolithique)  :  Argiles  plastiques  de 
la  Dordogneet  sables  granitiques  d'Excideuil;  Argiles  siliceuses  (impré- 
gnées de  silice  soluble)  d'Argenton,  de  Vierzon,  de  Hehun,  etc.,  en 
filons  ou  amas,  et  en  relation  avec  les  dépôts  de  minerais  de  fer  en 
grains  ;  Sables  granitiques  plus  ou  moins  purs  de  tout  le  versant  N. 
du  plateau  central  (Bellac,  Yic-Exemplet),  et  de  la  Brenne,  également 
en  relation  avec  des  minerais  de  fer  en  grains. 

3^  Miocène  moyen  :  Sables  de  la  Sologne  ;  Argiles  à  meulières  et 
sables  granitiques  du  déparlement  de  l'Eure;  Sables  granitiques  de 
Maisse  (d'après  M.  Michel-Lévy),  du  Plessis-Piquet  (d'après  H.  G. 
Fabre).  Bull.  Soc.  géoL,  3*  série,  1. 1,  p.  389  (16  juin  1873), 

M.  Xouraouer  ne  croit  pas  que  les  sables  indiqués  par  M.  Douvillé 
comme  éruptifs  soient  venus  de  bas  en  haut  ;  il  les  attribue  à  un  phénomène  de 
surface,  et  estime  que,  au  moins  dans  les  points  visités,  les  faits  observés 
peuvent  être  expliqués  par  des  remplissages  de  failles,  ou  de  fractures  par 
des  apports  diluviens. 

M.  Renevier»  sans  contester  leur  modo  d'origine,  critique  seulement 
le  mot  d'éruptif  appliqué  à  ces  sables. 

M.  cle  CShftncourtoia  fait  alors  remarquer  qu'il  faut  distinguer  dans 
les  roches  dites  érupiives,  celles  venues  à  la  manière  des  laveSy  et  celles  venues 
à  la  manière  bouetue;  c'est  à  cette  seconde  catégorie  qu'appartiennent  les 
sables  en  question.  II  importe  sans  doute  do  le  spéciQer. 

M.  I<'oiitanne»  signale  une  grande  analogie  entre  ces  sables  et  ceux 


1878.  CH.  VÉLAIN.  —  EXC.  DE  CUISE-LA-MOTTE.  711 

des  carrières  de  Nyons,  mentionnes  par  Gras.  Il  en  a,  lui-mômc,  observe  do 
semblables,  avec  concrétions  siliceuses,  sur  les  flancs  du  Lëberon. 

M.  Ch.  Vilain  présente    le   compte-rendu   de    l'excursion  de 
Cuise-la-Motte  : 


Excursion  de   Culae-la-HIotte. 

La  journée  du  13  septembre  a  été  consacrée  à  l'étude  des  sables 
uummulitiques.  Ces  sables  ne  sont  pas  représentés  dans  les  environs 
immédiats  de  Paris,  ainsi  que  la  Société  avait  pu  le  constater  dans  ses 
excursions  précédentes;  leurs  principaux  affleurements,  compris  entre 
les  lignites  et  la  glauconie  à  Nummulites  et  à  dents  de  Squale  du  cal- 
caire grossier,  se  voient,  au  N.-E.,  dans  les  départements  de  l'Oise  et 
de  l'Aisne,  entre  Compiègne  et  Laon,  notamment  dans  1c  Soissonnais 
cil  ils  forment  les  flancs  de  toutes  les  vallées  sur  une  hauteur  qui  peut 
atteindre  jusqu'à  60  mètres,  comme  aux  environs  de  Yailly,  dans  la 
vallée  de  l'Aisne. 

Toutefois,  cette  épaisseur  varie  et  plus  grandes  encore  sont  les 
variations  qu'ils  présentent  dans  leur  composition.  Aussi  les  subdivi- 
sions en  trois  groupes  siliceux  coquillier,  glauconieux,  qu'on  a  tenté 
d'y  établir,  sont-elles  purement  artilicielles  ou  seulement  appliquablcs 
à  une  région  peu  étendue. 

A  leur  partie  inférieure,  ces  sables  sont  le  plus  souvent,  très-quar- 
tzeux,  à  grains  tins  et  peu  colorés,  mais  en  quelques  points  on  peut 
les  voir  calcariferes  et  micacés,  au  Vieux-Mont,  au  Graind'Or  près 
de  Machemont  (Oise)  par  exemple  ;  en  d'autres,  très-glauconieux 
comme  dans  les  vallons  d'Antrèches,  de  Nampcel  et  de  Touay-le- 
Mont.  Assez  uniformément  colorés  en  jaune,  ils  prennent,  dans  leur 
partie  moyenne,  des  teintes  vives  et  s'entremêlent  de  veinules  argi- 
leuses avec  petits  filets  ligniteux. 

Les  rognons  tuberculeux,  dolomitiques,  calcaires  ou  siliceux,  si 
fréquents  dans  ces  sables  à  ce  point  qu'on  les  avait  regardés  comme 
constituant  un  caractère  spécial,  s'y  trouvent  eux-mêmes  non  pas 
cantonnés  à  la  base  comme  l'avait  déclaré  M.  Melleville,  ni  à  la  partie 
supérieure  comme  d'autres  l'ont  pensé,  mais  indifféremment  à  ces 
deux  niveaux  et  quelquefois  même  dans  toute  l'étendue  de  la  masse 
sablonneuse;  à  la  butte  du  Châtelet,  par  exemple,  sous  la  forêt  do 
Laigue,  au  confluent  de  l'Oise  et  de  l'Aisne,  on  peut  voir  ces  con- 
crétions en  nombre  considérable  disposées  par  lits  continus,  en  des- 
sous comme  au  dessus  des  lits  coquilliers  à  A^  planulata. 


712  CH.  VÉLAIN.  —  EXC.    DE  CUISE-LA-MOTTE.  14  Sepl. 

Ces  lits  coquillicrs,  qui  euK-mêines  ne  sont  pas  constants,  viennent 
au-dessus  des  bancs  argileux  à  colorations  vives,  ils  sont  alors  fré- 
quemment recouverts  par  des  sables  chargés  de  glauconie  ;  le  passage 
de  ces  masses  sablonneuses  au  calcaire  grossier  s'opère  ainsi  d'une 
façon  insensible.  Fréquemment  leurs  dernières  assises  se  signalent 
encore  par  des  débris  nombreux  de  bois  pétrifié>  percés  par  les  tarets 
(Lagny,  ravin  de  Mcrcin,  etc.)  ou  se  terminent  par  des  lits  feuilletés 
d'argiie  verdâtre  (Buttes  des  Usages  de  Cuise  et  de  Saint-Pierre  en 
Chastres,  talus  des  Beaux-Monts,  dans  la  forêt  de  Compiégne)  qui 
constituent  un  niveau  d'eau,  dont  les  ruissellements  incessants  donnent 
à  la  partie  supérieure  des  talus  un  aspect  marécageux. 

D'une  façon  générale  on  peut  dire  que  dans  ces  sables,  les  rognons 
tuberculeux  se  montrent  surtout  dans  le  nord  de  la  vallée  de  l'Aisne, 
tandis  que  les  bancs  coquilliers  se  développent  dans  le  sud.  Ces  bancs 
ne  renferment  pas  moins  de  500  espèces  qui  présentent  avec  celles  du 
calcaire  grossier  de  grandes  analogies  ;  les  recherches  de  H.  Wattelet 
dans  le  Soissonnais  ont  montré  que  celte  belle  faune  se  distribuait 
en  deux  horizons  distincts  séparés  généralement  par  une  masse  de 
sables  sans  fossiles  dont  l'épaisseur,  qui  n'est  que  de  deux  mètres  sous 
la  montagne  de  Laon,  peut  aller  jusqu'à  dix  mèti'es  (à  Cœuvrespar 
exemple). 

Le  premier  de  ces  horizons,  celui  d'Aisy  (du  nom  d'une  localité  du 
Soissonnais  où  il  se  montre  particulièrement  riche),  renferme  plus  de 
150  espèces,  dont  39  sont  spéciales,  ou  tout  au  moins  caractéristiques, 
en  raison  de  leur  abondance.  Telles  sont,  en  première  ligne  :  RotteU 
laria  Geoffroyi,  Wat.;  Umbrella  Laudunensis,  Mell.;  Natica  splendida, 
Desh  ;  Cerithium  gibbosuîum,  Mell.;  Crassatella  Thallavigfiesi,  Desh., 
C.  propinqua,  Welt.,  Cytherea  Suessonnoisis,  Walt.,  Pectwiculus  ova- 
tus.  Watt.,  etc.  (I). 

Le  second,  désigné  par  lui  sous  le  nom  de  Mercin  (environs  de 
Soissons),  est  beaucoup  plus  connu  sous  celui  de  Cuise-la-Motte.  Sur 
les  contreforts  de  la  butte  qui  séparent  la  vallée  du  Vindy  de  celle  du 
rude  Berne,  au-dessous  du  village  de  Cuise,  cet  horizon  se  développe, 
en  effet,  sur  une  épaisseur  de  quatre  mètres  environ  et  les  fossiles 
extrêmement  abondants  y  sont  de  plus  faciles  à  extraire  et  d'une  par- 
faite conservation. 

C'est  ce  riche  gisement,  si  souvent  visité,  que  la  Société  avait  eu 
en  vue  d'explorer. 

(1)  Je  crois  qu'il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  donner  ici  la  coupe  de  ce  riche  gise- 
ment, telle  (ju'elle  se  voyait  encore  il  y  a  quelques  années  ;  la  végétation  et  les 
éboulis  en  masquent  aujourd'hui  les  principaux  détails. 

Il  alllenre  sijr  le  bord  /;îau<hu  do  la  roule  de  Vailly    h    Laon,    en    vue   des  deux 


EXCURSION  DE  CITISE  LA  MOTTE. 


_  Jtipéittùv  jiiioir  /tai'  la-  ^tactét^. 


Contact    des  Sables  de  Ctuso  et  des  lignite» 
entre  Vivier  Frère  Robert  et  les  Beaux  Monta. 


%-,. 
^-^À 


Ai»  abx  y.  ffUfw,  .£  ^  £»('' ^ /<M- ' 


1878,  CH.  VÉLAin.  —  EIC.   DE  GUISE-LA-MâTTI.  71tt 

A  cet  effet,  le  13  septembre,  elle  se  rendait  i  Ckimpiègne,  ob  des 
voilures  t'attendaient  pour  la  conduire  à  Pierrel'onds. 

Après  une  courte  visite  au  château  pendant  les  préparatifs  du 
déjeuner,  elle  se  dirigeait  par  la  route  de  Trosly,  vers  les  gorges  dit 
Han,  où  se  trouvent  sous  la  forêt  les  gttes  foasîlîfôres  en  question. 

Derrière  le  petit  lac  qui  dépend  de  l'établissement  thermal,  on  a  pu 
voir,  sur  une  grande  épaisseur,  lessables  sans  fossiles;  plus  loin,  en 
deçà  da  Fontenoy,  les  premiers  niveaux  à  Nummulites  pUmulata  se 
présentent.  Le  grand  talus  qui  borde  la  route,  sur  la  droite,  donne  au 
travers  de  ces  sables  une  bonne  coupe  qui  les  montre  couronnés  par 
le  calcaire  grossier.  Les  fossiles  sont  en  ce  point  nombreux,  mais 

villages  contigus,  Aisy  et  Jouy;  cinq  mètres  de  sables  sans  fossiles  lépsTeot  les 
bancs  à  Cardites  qui  le  lermiDeot  de  ceux  arec  Tsuoe  de  Cuise  qui  sont  visibles  sou 
le  petit  bois  qui  domine  la  route. 

Coupe  du  gisement  fossilifère  d'Aisy-Jouy. 


U.  Terre  végétale 

E.  BsDC^de  Cardites    fC   plamcoita  J 

D.  Banc  de  Turritelles.  fT.  hybrida.J 

C.  Banc  de  Pectoocles.  (P.  itmtat.j 

B.  Principal  gîte  coquillier. 

A.  Hiveau  dos  Roslellaires.  (R.  Gtoffrnyi.) 

—  Sables  jaunes  sans  fossiles/ 


716  CH.  VÉLAIN.  —  EXC.    DE  CUISE-LA-MOTTE.  14   sept. 

fragiles  et  mal  conservés;  cependant,  dans  les  bancs  à  petites  Turri- 
telles,  la  Société  a  pu  recueillir  quelques  beaux  exemplaires  de  la 
Nerita  Schmidelliana,  Chemn.,  dont  un  se  trouvait  encore  muni  de 
son  opercule.  Ces  bancs  correspondent  exactement  à  ceux  du  ravin 
de  Mercin,  ils  en  ont  l'aspect  et  la  richesse.  Les  sables  qui  les  renfer- 
ment, jaunes  et  argileux,  se  chargent  comme  d*habitude,  à  leur  partie 
supérieure  de  glauconie  et  passent  ainsi  insensiblement  à  la  Glau- 
conie  sableuse  à  Nummulites  lœvigata  qui  les  recouvre. 

La  Société  a  pu  examiner  de  la  sorte  tous  les  détails  du  calcaire 
grossier  inférieur,  qui  se  développe  ensuite  jusqu'à  la  croisée  du  point 
i26,en  deçà  du  hameau  de  Pisselotte.  Là,  dans  les  bancs  à  Ditrupa  et 
Hilioles,  on  a  pu  explorer  un  niveau  à  Oursins  très-remarquable  qui 
a  fourni  une  riche  récolte. 

La  Société  s'est  ensuite  engagée  sous  la  forêt  pour  gagner  la  butte 
des  Usages  de  Cuise. 

Au-delà  des  Mariolles,  la  route  suivie  entame  de  nouveau  le  calcaire 
grossier  dont  les  Lambourdes  sont  exploitées  sur  le  plateau  ;  elle  con- 
tourne leur  affleurement  pendant  quelque  temps,  puis  traverse,  à  la 
descente,  les  assises  inférieures,  qui  sont  alors  à  l'état  de  sables  calca- 
rifôres  chargés  de  rognons  tuberculeux,  soudés  en  bancs  ou  en  blocs 
tabulaires.  Au-dessous  se  trouvent  les  sables  glauconieux,  à  gros 
grains  avec  N.  planulata,  ils  alileurent  surtout  au  tournant  de  la 
route,  où  l'on  peut  y  reconnaître  parmi  des  sables  roux  et  grossiers  un 
petit  banc  qui,  sur  une  épaisseur  de  0"*05  environ,  n'est  composé  que 
de  dents  de  Squales  et  de  débris  de  Reptiles  et  de  Poissons.  Cette  petite 
couche  à  ossements  appartient  encore  au  calcaire  grossier,  on  peut 
voir  au-dessous  les  argiles  vertes  et  les  sables  glauconieux  qui  forment 
la  partie  supérieure  des  sables  de  Cuise. 

A  peu  de  distance  de  ce  dernier  gisement,  sur  la  droite,  s'ouvrent 
au  sommet  des  gorges  du  Han,  au  lieudit  le  Fond  Couturier,  les 
sablières  célèbres  dans  les  sables  coquilliers.  C'est  là  que  la  Société 
devait  se  rendre  ;  l'après-midi  toute  entière  a  été  consacrée  à  l'explo- 
ration des  divers  gîtes  coquilliers  qui  composent  ce  gisement  clas- 
sique (1). 


(1)  Ces  gltcs  sont  au  nombre  de  trois  principaux,  on  les  trouvera  indiqués  sur  la 
petite  carte  au  l/40000o,  qui  représente  le  parcours  de  l'excursion. 

P  Sablière  principale,  au  sommet  du  petit  monticule  qui  surplombe  le  rond-point 
de  la  gorge  du  Han. 

(Les  fossiles,  dont  la  teinte  fauve-clair  ou  jaunâtre  est  tout  à  fait  caractéristique, 
sont  distribués  par  petits  lits  continus  au  milieu  de  sables  (juartzeux  d'où  on  les 
extrait  facilement.  Ils  s'y  présentent  fréquemment  roulés.  —  Ce  dépôt  porte  tout  le 
caractère  d'une  plage  ancioiino) . 


1878.  CH.  VÉLAIN.  —  EXC.    DE   CUISE-LA-MUTTE.  717 

Une  ample  moisson  de  fossiles  a  été  faite;  cette  faune  est  désor- 
mais trop  connue  pour  que  je  veuille  rapporter  ici  la  liste  complète 
des  espèces  recueillies,  je  mentionnerai  seulement  la  découverte  de 
quelques  espèces  rares,  telles  que  Pkolas  Levesquei,  Wat.,  Mêla- 
nopsis  Dufresnoyi  Wat.,  Melania  Cuvieri,  Desh.,  Ovula  tuberculosa, 
Desli.,  en  fragments. 

Le  retour  s'est  effectué  par  les  Beaux-Monts.  Vers  quatre  heures,  les 
voitures  s  étaient  rendues  aux  étangs  de  la  Bouillie  pour  attendre  la 
Société,  afin  de  la  ramener  à  Compiègne. 

Le  sol  de  la  forêt  est  presque  en  entier  recouvert,  sur  une  épaisseur 
d'une  dizaine  de  mètres,  par  des  sables  quartzeux,  blancs  ou  grisâtres, 
parfois  gréseux,  sans  fossiles;  par  place  et  notamment  dans  le 
voisinage  des  petites  collines  (les  Beaux-Honts,  Saint-Pierre-en- 
Chastres,  etc.)  qui  se  dressent  dans  la  partie  du  Nord  et  de  TEst,  ces 
sables  sont  recouverts  par  des  lits  d'argile  bariolée,  jaune  ou  grisâtre, 
entremêlée  de  galets  ou  le  plus  souvent  d'accidents  ligniteux,  sur  les- 
quels reposent  des  sables  argileux  jaunes  à  Cyrena  cuneiformis,  ter- 
minés par  un  banc  (ÏOstrea  hellovaccina  que  viennent  couronner  des 
marnes  compactes  où  des  calcaires  marneux  blanchâtres  à  fossiles 
lacustres  (Planorbes,  Bithynies,  empreintes  de  tiges  de  Chara...)  ;  ces 
dernières  couches  n'étant  pas  constantes.  Tout  ce  système  appartient 
aux  lignites  ;  il  plonge  régulièrement  vers  le  S.-E.  et  disparaît  sous 
les  sables  de  Cuise,  qui  reposent  ainsi  tantôt  sur  le  calcaire  lacustre, 
tantôt  et  le  plus  souvent  sur  le  banc  d'Huître  sous-jacent,  (coupe, 
N.O.-S.E.,  de  Compiègne  au  M^  Berry,  carte  de  l'excursion  de  Cuise» 
fig.  i),  tandis  que  dans  la  direction  opposée,  vers  Compiègne,  les 
sables  de  Bracheux,  représentés  par  des  sables  glauconieux  et  micacés 
qui  reposent  directement  sur  la  craie  blanche  à  Bélemnitelles,  se  mon- 
trent au-dessous. 

2*  Divers  trous,  sous  Je  gisement  préct'îdent  dans  le  petit  ravin  qui  limite  au  N.-O. 
le  monticule.  (Les  espèces  d'estuaire  ou  de  rivage  telles  que  Neritina  tricarinata, 
N.  jfomirùi,  Melanopsis  Parkinsoni,  Cyreiia  cycladiformis,  etc.,  sont  abondantes. 
Il  est  à  remarquer  que  toutes  ces  espèces  sont  toujours  intactes  et  bien  conservées, 
tandis  que  celles  qui  proviennent  d'eaux  plus  profondes  sont  toujours  roulées  et  plus 
ou  moins  brisées) . 

3»  Petite  sablière  sur  la  gauche  de  la  route  qui  descend  vers  l'étang  de  la  Rouil- 
lie.  (Les  Côrithcs  y  abondent  et  s'y  trouvent  presque  à  l'exclusion  de  toute  autre 
espèce,  C.  Papale;  C.  acutuw ;  C.  dctritum,  etc.). 

4"  Sur  le  revers  opposé  de  la  Butte,  dans  les  grandes  sablières  ouvertes  au-dessus 
du  village  de  Cuise,  se  trouve  encore  un  riche  gisement  où  abonde  la  Cyrena 
Gravesi.  Desh.,  qui  formeàelle  seule  des  bancs  entiers.  8  à  10  mètres  de  sables  sans 
fossiles  séparent  ces  lits  coquilliers  d'un  nouvel  horizon  fossilifère  avec  Rostellaria 
lœvigatn,  Cerilh.  gibbosulum,  PfctHncnlus  ovatus,  Turritella  hybrida,  etc..  qui 
correspond  h  cehii  d'Aisy  et  allleure  sur  la  nouvelle  route  de  Cuise. 


718  GH.  VÉLAIN.  —  EXG.   DE  GUISE- LA-MOTTE. 

La  Société  a  fait  plusieurs  haltes  dans  la  forêt  pour  examiner  les 
diverses  parties  de  ce  système;  une  tranchée  nouTelle  ouverte  à 
peu  de  distance  de  Yivier-frëre-Robert,  lui  a  permis  de  constater, 
sous  les  sables  de  Guise,  la  position  du  calcaire  lacustre  supérieur 
("carte  de  l'excursion  de  Cuise,  fig.  2)  dans  lequel  on  a  reconnu  l'équi- 
valent du  calcaire  de  Hortemer. 

Les  bancs  à  Cy rênes  et  à  Huîtres  (0.  bellovacina,  0.  spamaeensis) 
ont  été  revus  près  du  champ  de  tir,  sous  les  Beaux-Honts,  le  calcaire 
lacustre  cesse  en  ce  point.  Malheureusement  Theure  trop  avancée  n'a 
pas  permis  de  descendre  jusqu'à  la  faisanderie  pour  atteindre  les 
affleurements  des  sables  de  Bracheux;  on  a  dû  revenir  directement  sur 
Compiègne  afin  de  pouvoir  diner  avant  de  prendre  le  train  de  8  h.  40 
pour  Paris. 

M.  le  Président,  au  nom  des  géologues  étrangers  qui  ont  assisté  à  la 
réunion,  adresse  à  la  Société  géologique  et  notamment,  sur  la  demande 
de  M.  Matheron,  à  ceux  de  ses  membres  qui  ont  dirigé  les  excur- 
sions, quelques  paroles  de  remerciement,  vivement  applaudies,  et 
prononce  ensuite  la  clôture  delà  session  extraordinaire  de  1878. 


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TABLE   GENERALE  DES  ARTICLES 


CONTENUS  DANS  CE  VOLUME, 


Piges. 
ToMBECK.  —  Sur  la  position  vraie  do  la  zone  à  Ammonites  tenuilobaîus 

dans  la  Haute-Marne  et  ailleurs 6 

BuviGNiEB,  Pellat.  —  Obsorvations  sur  la  communication  précédente. .  4  3 
Daubréb.  —  Présentation  des  Considérations  géologiques  sur  tes   Ites 

océaniques  de  M.  do  Tchihatchef 47 

Ern.  Favre.  —  Note  sur  la  Géologie  do  la  Crimée 4  9 

PiLiDB.  —  Sur  le  bassin  néogcno  de  la  région  située  au  nord  do  Ploosci 

(Valachio) tt 

G.  de  La  Moussaye.  —  La  vallée  de  la  Veslo  aux  environs  de  C40ur- 

celles  (Aisne) 32 

G.  de  Mortillet.  —  Origine  de  la  Jadéïte 38 

F.  Robert.  —  Volcans  de  la  Haute-Loire  (fin) 40 

F.  Robert,  —  Observations  sur  les  AUu viens  marines  et  les  Marnes 

irisées  du  bassin  du  Puy 46 

G.  BoRREL.  —  Sur  réboulcment  de  la  montagne  du  Bec-Rouge  (Savoie).  47 
DuFOUR.  —  Réponse  à  M.  Vasscur  au  sujet  de  Tâgo  des  dépôts  éocènes 

du  Champ-Pancaud  on  Campbon  (Loire-Inférieure) 50 

DuFouR.  —  Examen  des  dépôts  éocènes  d'Arthon-Chéméré  (Loiitî-Infé- 

rieure)  (Pi.  1) 5S 

G.  Vasseur.  —  Réponse  à  M.  Dufour 63 

A.  DE  ZiGNo.  Sur  les  Siréniens  fossiles  de  Tltalie 66 

G.  CoTTEAU.  —  Obson'ations  sur  les  fossiles  des  terrains  tertiaires 

moyens  de  la  Corse  et  notamment  sur  les  Échinides 74 

G.  DE  Mortillet.  —  Critique  du  Chronomètre  de  Ponhouët  (Loiro-lnfô- 

rieuro) 76 

G.  Vasseur.  —  Nouveau  gisement  fossilifère  de  Tàgo  du  Calcaire  gros- 
sier découvert  à  Bois-Gouct,  près  SafTré  (Loire-Infôriourc) ...       81 
4i  II.  4  881.  46 


7iO  TABLE  GÉNÉRALE   DES   AliTlCLES. 

Pagaf. 

Terquem.  —  Note  sur  les  genres  Daciylopora,  Polylripa,  etc. 83 

S.  Cloëz.  —  Note  sur  une  matière  minérale  d'apparence  vitreuse  qui  se 

dépose  sur  les  rochers  du  littoral  de  la  Méditerranée 84 

CoQUAND.  —  Description  des  terrains  à  Pétrole  et  à  Ozokérite  du  versant 

septentrional  du  Caucase 86 

Le  Trésorier.  —  Budget  pour  Tannée  \  877-78 4  00 

G.  DoLLFus.  —  Présentation  d'une  Notice  sur  la  constitution  géologique 

de  la  montagne  de  Berru  par  MM.  Aumônier  et  Eck 402 

G.  DoLLFUs.  —  Sur  le  Terebripova  capillaris 4  03 

ToRCAPEL.  —  Note  sur  la  Géologie  de  la  ligne  d'Alais  au  Pouzin 40i 

HÉBERT.  —  Quelques  remarques  sur  les  gisements  do  la  Terebratula 

Janitor 108 

DiEULAFAiT.  —  Étude  sur  les  étages  compris  entre  Tliorizon  de  V Ammo- 
nites transversal' ius  et  le  Ptérocéricn  en  France  et  en  Suisse. .      Mi 
De  Lapparent.  —  Sur  le  Granité  du  Mont-Saint-Michel  et  sur  Tâge  du 

granité  de  Vire 4  43 

Tardy.  —  L'âge  des  civilisations  d'après  les  alluvions  de  la  Saône. ...      4  48 

ÀLB.  Gaudry.  —  Sur  les  enchaînements  des  Mammifères  tertiaires. 454 

G.  DoLLFLS.  —  Présentation  du  4**'  fascicule  d'une  Description  de  la 

faune  de  l'Oligocène  inférieur  de  Belgique  par  M.  Rulot 454 

A.  Michel-Lévy.  —  Note  sur  quelques  Ophites  des  Pyrénées 456 

VÉLAiN.  —  Sur  des  roches  du  massif  volcanique  de  l'Ile  de  la  Réunion.  478 
Ch.  Barrois.  —  Sur  un  filon  de  Gabbro  de  la  presqu*11e  de  Crozon. . ,  4  78 
L.  Garez.  —  Sur  la  présence  de  fossiles  marins  dans  les  sables  de  Riliy-    * 

ia-Montagne 4  79 

L.  Garez.  —  Sur  l'extension  des  marnes  marines  do  l'étage  du  Gypse 

dans  l'Est  du  bassin  de  Paris 483 

De  Roys.  —  Rapport  de  la  Gommission  de  Gomplabilité  sur  les  comptes 

du  Trésorier  pour  l'exercice  4  876-77 4  90 

Daubrée.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  surfaces  de  rupture  qui 
traversent  l'écorce  terrestre,  particulièrement  sur  les  failles  et 

les  joints 495 

P.  Fischer.  —  Sur  dos  coquilles  fossiles  probablement  quaternaires 

recueillies  par  M.  L.  Say  à  Temacinin  (Sahara) 496 

VÉLAiN.  —  Observations  sur  la  communication  précédente 497 

M.  DE  Tribolet.  —  Note  sur  des  traces  de  l'époque  glaciaire  en  Bretagne.     4  98 
N.  DE  Mercey.  —  Note  sur  la  détermination  de  la  position  du  Galcairo 
lacustre  do  Mortemor  entre  les  Sables  de  Bracheux  et  les 
Lignilos,  et  sur  les  Sables  marins  do  la  rive  droite  de  l'Oise 

compris  entre  les  Ligniles  et  les  Sables  de  Guise 198 

N.  de  Mlrcey.  —  Note  sur. la  formation  du  limon  glaciaire  du  départe- 
ment de  la  Somme  par  le  remaniement  des  sables  gras  ou 


TABLE  GI^mLRALE   DES  ARTICLES.  721 

Pages. 

alluvions  de  rive  des  AUuvions  ancienne 20 < 

Ed.  Jannettaz.  — Noie  sur  la  propagation  de  la  chaleur  dans  les  espèces 

minérales  à  texture  fibreuse 203 

H.  Arnaud.  —  Parallélisme  do  la  Craie  supérieure  dans  le  nord  et  dans 

le  sud-ouost  de  la  France 205 

Terquem.  —  Sur  les  classifications  proposées  pour  les  Foraminifères. . .     2H 

G.  DoLLFUS.  —  Obser\'ations  sur  la  communication  précédente 212 

PoMEL.  —  Sur  un  gisement  d*Hipparion  près  d'Oran 243 

TouRNOuËR.  —  Observations  sur  la  communication  précédente 216 

PoyEL.  —  Géologie  de  la  Petite  Syrtc  et  de  la  région  des  Chotts  tuni- 
siens      217 

TouRNOuËR.  —  Observations  sur  la  communication  précédente 224 

MoRiÈRE.  —  Note  sur  le  grès  de  Bagnoles  (Orne) 225 

De  Tromelin.  —  Existence  de  la  formation  laurentienne  aux  Iles  Saint- 
Pierre  et  Miquelon 232 

II.  Arnaud.  —  Synchronisme  de  Tétage  turonien  dans  le  sud-ouest  et 

dans  le  midi  de  la  France 233 

G.  DoLLFUS  et  G.  Vasseur.  —  Coupe  géologique  du  chemin  de  fer  do 
Méry-sur-Oise  entre  Yalmondois  et  Bessancourt  (Scine-ot-Oisc). 

1"  partie  :  Description  des  couches  rencontrées  (PI  11) 243 

G.  DoLLFus.  —  Id,  20  partie  :  Comparaisons  et  classification 267 

TouRNOuËR.  —  Découverte  de  dents  d'Hipparion  dans  la  formation  ter- 
tiaire supérieure  d'eau  douce  do  la  province  do  Constantine. .     305 
De  Raincourt.  —  Découverte  d'un  Reptile  dans  le  Lias  d'Échenoz.. . .     307 

Alb.  Gaudry.  —  Sur  VEarysaurut  Raincourti 307 

VmLET-D*AousT.  —  Observations  sur  le  système  des  montagnes  d'Ana- 
huac  ou  de  l'Amérique  centrale,  sur  la  grande  chaîne  volca- 
nique Guatémalienne,  sur  les  volcans  do  l'Amérique  du  Nord, 

sur  l'origine  des  volcans 307 

Alb.  Gaudry.  —  Ossements  quaternaires  recueillis  par  M.  Loustau  dans 

une  sablière  entre  Yalmondois  et  l'Isle-Adam 310 

ToMBECK.  —  Réponse  aux  observations  de  M.  Buvignier 310 

Pellat.  —  Observations  sur  la  communication  précédente 312 

Ph.  de  La  Harpe.  —  Note  sur  les  Nummulites  des  environs  de  Nice  et 

de  Menton 313 

Hébert.  —  Observations  sur  la  communication  précédente 314 

A.  de  Grossouvre.  —  Note  sur  un  nouveau  gisement  de  phosphate  de 

chaux 315 

Hébert.  —  Remarques  sur  (piclquos  fossiles  de  la  craio  du  nord  de 
l'Europe,  à  l'occasion  du  mémoire  de  M.   Peron  sur  la  faune 

des  calcaires  à  Échinidos  de  Rennes-les-Bains 3 H 

Daubrée.  —  Mesure  prise  par  l'Académie  des  Sciences  dans  l'intérêt 


722  TABLE   GÉM^RALE   DES  ARTICLES. 

Pages. 

(lo  la  conservation  dos  blocB  erratiques  situés  sur  le  territoire 
français 326 

CoQUAND.  —  Observations  sur  la  note  de  M.  Peron  sur  les  calcaires  à 

Échinidos  do  Rennes-les-Bains 326 

CoQUAND.  —  Sur  les  terrain}  tertiaires  et  tracby tiques  de  la  vallée  de 

l'Arta  (Turquie  d'Europe) 337 

CoQUAND..  —  Note  géologique  sur  les  environs  do  Pandemia  (Asie- 
Mineure)  347 

Daubrée.  —  Expériences  tendant  à  imiter  les  diverses  formes  de 
ploiements,  de  contoumements  et  de  fractures  que  présentent 
les  terrains  stratifiés 337 

P.  Choffat.  —  Sur  le  Callovien  et  lOxfordien  dans  le  Jura  (PI.  III). . .     358 

Fr.  Cuvier.  —  Note  sur  la  stratigraphie  de  l'extrémité  du  Jura  et  des 
montagnes  qui  lui  font  suite  en  Savoie,  aux  environs  du  Fort- 
l'Écluse 364 

Blandet.  —  Chronologie  des  Excentricités 371 

Papier.  —  Sur  le  gisement  précis  de  VHippopoiamus  Hipponensis 389 

Daubrée.  —  Sur  les  traits  do  ressemblance  entre  les  incrustations  zéo- 
lithiques  et  siliceuses  formées  par  les  sources  thermales  à 
répoque  actuelle  et  celles  qu'on  observe  dans  les  roches 
amygdaloïdes  et  autres  roches  volcaniques  décomposées. . . .     391 

Jannettaz.  —  Sur  des  argiles  et  des  minerais  de  fer  de  la  Guyanne 

française 392 

P.  Fischer.  —  Présentation  de  la  Paléontologie  des  terrains  tertiaires  de 

rilo  de  Rhodes 393 

MuNiER-CnALMAS.  —  Sur  le  Cidaris  Forchammeri,  Desor 393 

De  Lacvivier.  —  Note  sur  le  terrain  turonien  du  département  de  rAriègo .     394 

Tardy.  —  Essai  sur  l'âge  des  silex  taillés  de  Saint-Acheul  et  sur  la 

classification  do  l'époque  quaternaire 401 

Tardy.  —  Essai  sur  les  oscillations  des  époques  miocène,  plioc^^ne  et 

quaternaire 416 

Potier.  —  Sur  la  composition  de  quelques  roches  éruptives  des  environs 

de  Frcjus 430 

TouRNouËR.  —  Allocution  présidentielle 431 

P.  Fischer.  —  Note  sur  la  vie  et  les  travaux  d'Alcide  d'Orbigny 434 

J.  GossELET.  — Notice  nécrologique  sur  Jean- Baptiste-Julien  d'Oma- 

lius  d'Ualloy 453 

FoNTANNEs.  —  Los  terrains  néogènes  du  plateau  de  Cucuron  (Vaucluso), 

(Cadenet,  Cabrières-d'Aigucs)  (PI.  IV) 469 

FoNTANNES.  —  Description  de  quelques  espèces  et  variétés  nouvelles  des 

terrains  ncogènes  du  plateau  de  Cucuron  (PI.  V  et  VI) 513 

Barrois.  —  Sur  le  terrain  crétacé  de  la  province  d'Oviedo  (Espagne) . .      530 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  ARTICLES.  723 

Pages. 

CoTTEAU.  —  Sur  les  Échinidos  recueillis  en  Espagne  par  M.  Barrois. .     531 
H.  IIermite.  —  Étude  préliminaire  du  terrain  silurien  dos  environs  d'An- 
gers       534 

H.  HbRMiTfi.  —  Sur  la  présence  du  silurion  supérieur  à  La  Moignanno, 

près  d'Angers  (Mainc-ot-Loiro) 544 

LoRY.  —  Sur  Tuniformilé  de  constitution  et  de  structure  de  divers 

massifs  primitifs  dos  Alpes 546 

GossELET.  —  Sur  la  submersion  du  nord  de  la  Franco  par  les  eaux  de 

la  mer  vers  la  fin  du  IIP  siècle 547 

P.  Fischer  et  Pomel.  —  Sur  des  Strombes  recuueillis  dans  un  dépôt  qua- 
ternaire du  rivage  du  golfe  d'Arzou 648 

Daubrée.  —  Expériences  relatives  à  la  chaleur  développée  dans  les 
roches  par  les  actions  mécaniques,  particulièrement  dans  les 
argilos.  Consé(iuences  pour  certains  phénomènes  géologiques 

notamment  pour  le  métamoqihisme  (PI.  Vil) 550 

Parran  —  Sur  les  Dolomies  jurassiques  dos  Ccvennos 564 

Cornet.  —  Sur  la  découverte  d'ossements  dans  un  puits  naturel  du  bassin 

houiiler  de  Mons 565 

CoTTEAu.  —  Sur  les  Échinides  do  la  colonie  garumnienno 566 

DouviLLÉ.  —  Note  sur  le  Bathonien  des  environs  do  Toul  ot  de  Neufchâ- 

toau 568 

A.  CoROELLA.  —  Note  sur  les  mines  du  Laurium  et  sur  les  nouveaux 

gîtes  do  minerai  de  zinc  (Smithsonito) 577 

LousTAU  et  Belhomme.  —  Note  sur  un   sondage  exécuté  à  Monsoult 

(Soino-et-Oise) 581 

G.  DoLLFUs.  —  Observations  sur  lo  sondage  précédent  (PI.  VIII) 583 

Bonneau  du  Mahtray.  —  Note  sur  un  bloc  erratique  situé  dans  la  vallée 
de  la  Dragne,  près  do  Moulins-Engilbort  [Nièvre)  à  t  kilomè- 
tres environ  de  la  faille  occidentale  du  Morvan 598 

ToncAPEL.  —  Los  glaciers  quaternaires  dos  Cévennes  JPl.  IX) 600 

Daubrée.  —  Expériences  sur  la  production  do  déformations  et  de  cas- 
sures par  glissement 608 

Potier.  —  Sur  la  direction  dos  cassures  dans  les  corps  isotropes 609 

Hébert  ot  Munier-Ciialmas.  —  Recherches  sur  les  terrains  tertiaires  du 

Viccntin  (Résumé  de  la  4 ^'^  partie). 610 

R.  Zkiller.  —  Sur  une  nouvelle  espèce  do  Dicranophyllum  (PI.  X) 6H 

Levmerie.  —  Observations  sur  le  mémoire  de  M.  Peron  sur  les  calcaires 

à  Échinidos  dos  Bains  de  Rennes 616 

Peron.  —  Réponse  aux  observations  de  M.  Leymorie 616 

CoTTEAU.  —  Sur  l'Exposition  géologique  et  paléontologiquo  du  Havre..     618 
TouRNouËR.  —  Sur  les  ('frites  des  marnes  k  Hipparion  du  puits  Kharoubi 

près  Oran 618 


7i4  TABLE  GÉNÉRALE   DES  ARTICLES. 

Pages. 

TouRNouËR.  —  Sur  los  coquilles  marines  trouvées  dans  la  région  des 

Cholts  sahariens 649 

HÉBERT  et  Munier-Ghalmas.  —  Recherches  sur  les  terrains  tertiaires  du 

Vicentin  (Résumé  de  la  2*  partie) 619 

Em.  Rivière.  —  Note  sur  la  grotte  de  Grimaldi 624 

H.  E.  Sauvage.  —  Note  sur  les  Poissons  fossiles  (suite)  (PI.  XI-XIII). .  623 
Tardy.  —  Sur  la  limite  entre  le  Crétacé  et  le  Tertiaire  aux  environs  de 

Vitrolles  (Bouches-du- Rhône) 637 

Ch.  Vélain.  —  Procès-verbal  de  la  réunion  extraordinaire  à  Paris. ...  644 
Ed.  Jannettaz.  —  Compte-rendu  de  la  Fôte  d'inauguration  du  monu- 
ment élevé  à  la  mémoire  de  Jacques  Balmat 645 

Ch.  Vélain.  —  Compte-rendu  de  Texcursion  à  Meudon 654 

Cope.  —  Sur  les  analogies  de  la  faune  du  Nouveau  Mexique  avec  celle 

du  Suessonien 661 

TouRNOuËR.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  à  Étampes 663 

De  Lapparent.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  dans  le  pays  de  Bray. .  675 

De  Mercey.  —  Compte-rendu  de  Texcursion  à  Maignelay  (PI.  XIV) ....  679 

Ch.  Vélain.  —  Excursion  de  la  Frette  à  Sannois 687 

DouviLLÉ.  —  Compte-rendu  de  TExcursion  de  Vernon  (4'"»  partie) 694 

De  Chancourtois.  —  Compte-rendu  de  Texcursion  de  Vernon  (2®  partie) .  697 
De  Chancourtois.  —  Sur  les  alignements  géologiques  relevés  dans  les 

environs  de  Vernon 703 

DouviLLÉ.  —  Résumé  de  la  question  des  Sables  dits  éruptifs 706 

Ch.  Vélain.  —  Excursion  à  Cuise-la-Motte 74  4 


FIN   DE   LA   table  GENERALE  DES   ARTICLES. 


BULLETIN 


DE   LA 


SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE    DE  FRANGE 

TABLE 

DES    MATIÈRES    ET   DES    AUTEURS 

POUR  LE  SIXIEME  VOLUME 
(troisième  série) 


Année    1999-1^99 


Actions  mécaniques.  Expériences  rela- 
tives à  la  chaleur  développée  dans 
les  roches  par  les  — ,  particulièrement 
sur  les  argiles.  Conséquences  pour 
certains  phénomènes  géologiques,  no- 
tamment pour  le  métamorpnisme,  par 
M.  Daubroe  (PI.  VII).  550. 

Àlais,  Note  sur  la  géologie  do  la  ligne 
d' —  au  Pouzin    par  M.  Torcapel,  104. 

Algérie.  Remarques  de  M.  P.  Fischer 
sur  des  Strombes  recueillis  par  M.  Po- 
rael  en  — ;  Observations  de  ce  der- 
nier sur  leur  gisement,  518. 

Alignements  géologiques.  Sur  les  —  re- 
levés dans  les  environs  de  Vernon, 
par  M.  do  Chancourtois,  703. 

AUuvions,  Observations  de  H.  Félix  Ro- 
bert sur  les —  marines  du  bassin  du 
Puy,  48.  =  L'âge  des  civilisations 
d'après  les— de  la  Saône. par  M.Tardy, 
148. 

Alpes.  Profils  géologiques  de  divers 
massifs  des — ,  tendant  h  démcmtrer 
leur  uniformité  de  constitution  et  do 
structure,  par  M.  Lory,  516. 

Am'Jrique  du  Nord.  Sur'  les  volcans  do 
r— ,  par  M.  Virlct  d'Aoust,  307. 

Anahuac.  Observations  de  M.  Virlet 
d'Aoust  sur  le  système  de  montagnes 
d* —  ou   de  l'Amérique  centrale,  'Ml. 


Anaers  (Environs  d').  Etude  préliminaire 
au  terrain  silurien  des — ,  par  M.  H. 
Hermite,  531.  =  Sur  la  présence  du 
silurien  supérieur  à  La  Meignannc 
près — ,  par  M.  H.  Hermite,  514. 

Argiles.  Composition  chimique  d' — delà 
(Guyane  française,  par  M.  Ed.  Jannettaz, 
392.=Expôrjences  relatives  àla  chaleur, 
développée  dans  les  roches  par  les 
actions  mécaniques,  particulièrement 
dans  les — .  Conséquences  pour  cer- 
tains phénomènes  géologiques,  no- 
tamment pour  le  métamorphisme,  par 
M.  Daubrée  IPI.  Vil),  550, 

Ariège  (Département  de  1').  Note  sur  le 
terrain  turonien  du — ,  par  M.  de  Lac- 
vivier,  394. 

Arnaud  (H.).  Parallélisme  de  la  craie 
supérieure  dans  le  Nord  et  le  Sud- 
Ouest  de  la  France.  205.  =  Svnchro- 
nisme  de  l'étage  turonien  dans  le 
Sud-Ouest  et  dans  le  Midi  par /(f.  Obs. 
de  M.  Munier-Chalmas,  2.')3. 

Arta  (Vallée  de  1')  (Turquie  d'Europe). 
Sur  les  terrains  tertiaires  et  trachy- 
tiques  de  la—,   par  M.  Coquand,  337. 

Arlhon-Chém^ré  (Koinvinféricure).  Exa- 
men des  ilénAts  éocènes  d' — ,  par 
M.  Dufour  (PI.  I),  52. 


726 


TABLE   DES   MATIERES. 


B 


Bagnoles  (Orne).  Sur  le  grés  de—,  par 
M.  Morière,  225. 

Balmàt  (Jac(|ucs).  Compte-rendu  par 
M.  Ed.  Jannettaz  de  la  fête  d'inaugu- 
ration du  monument  élevé  à  la  mé- 
moire de — ,  645. 

Barrois  (Ch.i.  Sur  un  filon  de  Gabbro 
ftrach^-doléritej  intercalé  dans  les 
grès  siluriens  à  Scolithu^  de  la  pres- 
qu'île deCrozon  (falaise  de  la  Mort- 
Anglaise)  (Finistère),  178.  =  Sur  le 
terrain  crétacé  de  la  province  d'Oviédo 
(Espagne).  Obs.  de  MM.  Lory  et  Ley- 
raerie,  530.  =  Observations  de  M.  Cot- 
teau  sur  les  Échinides  recueillis  par 
M.  Barrois,  531. 

Bassin  houiUer.  Sur  des  ossements  dé- 
couverts dans  le  —  de  Mons,  par 
M.  Cornet.  Obs.  de  M.  Alb.  Gaudry, 
56.^. 

Bathonien.  Note  sur  le—   des  environs 
de  Toul  et  de  Neufchàteau,  par  M. H. 
Douvillé,  5G8. 

Bfc-Rouae  (Montagne  du)  (Savoie).  Sur 
réboufement  de  la— ,  par  M.  L.  Borrel, 
47. 

Belgique.  Présentation,  par  M.  G.  DoUfus, 
du  1"  fascicule  de  la  description  de 
la  Faune  de  l'Oligocène  inférieur  de — , 
par  M.  Rutot,  154. 

Belhomuf.  et  LousTAU.  Note  sur  un  son- 
dage exécuté  à  Montsoult  (Seine-et- 
Oise).  581. 

Benoit.  Observations,  39. 

Berru  (Montagne  de).  Notice  sur  la 
constitution  géologique  de  la—,  par 
MM.  Aumônier  et  Eck,  102. 


Blandet.  Chronologie  des  [Excentricités, 
371.  - 

Blocs  erratiques.  Mesure  prise  par  l'Aca- 
démie des  sciences  pour  la  conserva- 
tion des —  situés  sur  le  territoire  fran- 
çais, par  M.  Daubrée,  326.  =  Note  sur 
un —  situé  dans  la  vallée  de  la  Dragne, 
près  Moulins-Engilbert  (Nièvre),  à  2  ki- 
mètres  environ  de  la  faille  occiden- 
tale du  Morvan,  par  M.  Bonneau  du 
Marlray.  598. 

Bois-Gonët,  près  Saffré  (Loire-Inferieure). 
Nouveau  gisement  fossilifère  décou- 
vert au—,  par  M.  G.  Vasseur,  81. 

Bo'NEAU  DU  Martray.  —  Notc  sur  un 
bloc  erratique  situé  dans  la  vallée  de 
la  Dragne,  près  de  Moulins-Engilbert 
(Nièvre),  à  a  kilomètres  environ  delà 
faille  occidentale  du  Morvan.  598. 

BoRRKL  (L.).  Sur  l'éboulement  de  la  mon- 
tagne du  Boc-Rouge  (Savoie),  47. 

Bray  (Pays  de—).  Compte-rendu,  par 
M.  de  Lapparent,  de  l'excursion  dans 
le — .  Observations  de  M.  Pellat,  675. 

Bretagne.  Sur  des  traces  de  l'époque 
glaciaire  en — ,  par  M.  Maurice  de  Tri- 
bolet,  198. 

Budget  pour  l'année  1877-78,  100. 

Bureau  pour  l'année  1877-78,  194. 

BuviGNiER.  Observations  au  sujet  d'une 
note  de  M.  Tombeck  sur  la  position 
vraie  de  la  zone  à  Ammonites  tenui- 
lobatus  dans  la  Haute-Marne  et  ail- 
leurs, 13.  =  Observations,  40.  =  Ré- 
ponse de  M.  Tombeck  aux  observa- 
tions de  M.  Buvignier,  310. 


G 


Calcaire  lacustre.  Note  sur  la  détcrrai- 
tion  de  la  position  du  —  de  Mortemer 
entre  les  Sables  de  Bracheux  et  les 
lignites,  par  M.  N.  de  Mercey,  198. 

Calcaires  à  Ëchinides.  Observations  de 
M.  Coquand  sur  la  note  de  M.  Peron 
sur  les —  de  Rennes-les-Bains,  326. 
=  Id.  de  M.  Leymerie;  réponse  de 
Peron,  616. 

Callovicn.  Sur  le—  dans  le  Jura,  par 
M.  P.  CholTat  [V\.  Illi,  358. 

Carez  (Léon).  Sur  la  présence  de  fossiles 
marins  dans  les  sables  de  Rilly-la- 
Monlagne,  179.  =  Sur  l'extension  des 
marnes  marines  de  l'étage  du  Gypse 
dans  l'Est  du  bassin  de  Paris,  183.  = 
Observ.,  687. 

Cassures  et  (K'formations  par  glissement. 


Expériences  sur  la  production  de — , 
par  M.  Daubrée,  326.  =  Sur  la  direc- 
tion des —  dans  les  corps  isotropes, 
par  M.  Potier,  609. 

Caucase.  Description  des  terrains  à  Pé- 
trole et  à  Ozokérite  du  versant  sep- 
tentrional du — ,  par  M.  Coquand,  86. 

Cériihes.  Sur  les—  des  marnes  à  Hippa- 
rion  du  puits  de  Kharoubi  près  Oran, 
par  M.  Tournouër,  618. 

Cevennes.  Sur  les  Dolomies  jurassiques 
des — ,  par  M.  Parran,  564.  =  Les  pla- 
ciers quaternaires  des—,  par  M.  Tor- 
capel  (PL  IX).  600. 

Chaîne  volcanique.  Observations  sur  la 
grande —  guatémalienne,  par  M.  Virlet 
d'Aousl.  307. 

Chaleur.    Note    sur   la   propagation  de 


TABLt  UES  MATIËUE3. 


727 


lu —  dans  les  espèces  minérales  à 
texture  fibreuse,  par  M.  Ed.  Jannettaz, 
203.  =  Expériences  relatives  à  la — 
développée  dans  les  roches  par  les 
actions  mécaniques,  particulièrement 
dans  les  argiles.  Conséquences  poor 
certains  phénomènes  géologiques,  no- 
tamment pour  le  métamorphisme,  par 
M.  Daubrée  (PI.  VII),  550. 

Champ-Pancaud  en  Campbon  (Loire-In- 
férieure). Réponse  de  M.  Dufour  à 
M.  Yasseur  au  sujet  de  l'âge  des  dé- 
pôts éocènes  de — .  Obs.  de  M.  Hébert, 
50.  =  Réponse  de  M.  Vasseur  à  M.  Du- 
four, 63. 

Gha>xourtois  (de).  Observations.  142. 
=  Compte-rendu  d'une  excursion  à 
Vernon  (2«  partie),  p.  697.  =  Sur  les 
alignements  géologiques  relevés  dans 
les  environs  de  Vernon,  703.  =  Obs., 
700. 

Choffat  (P.).  Sur  le  Callovien  et  l'Ox- 
fordien  dans  le  Jura  (PI.  111),  358. 

Chotts  sahariens.  Sur  les  coquilles  ma- 
rines trouvées  dans  la  légion  des — , 
par  M.  TournouOr,  619. 

Chotta  tunisiens.  Giologie  des — ,  par 
M.  Pomel.  Obs.  de  M.  Tournouër,  217. 

Chronologie  des  Excentricités ,  par 
M.  Bian<let,  371. 

Chronomètre.  Critique  du —  de  PenhouOt 
(Loire-lnférieurej,  par  M.  G.  de  Mor- 
tiliet,  76. 

Cidaris  Forchhammeri,  Desor,  Sur  le  — , 
par  M.  Munier-Chalmas,  393. 

Civilisations.  L'âge  des  —  d'après  les 
alluvions  de  la  Saône,  par  M.  Tardy, 
148. 

Classification.  Essai  sur  la —  de  l'époque 
quaternaire,  par  M.  Tardy,  401. 

Glokz  (S.).  Note  sur  une  matière  miné- 
rale d'apparence  vitreuse  qui  se  dé- 
6 ose  sur  les  roches  du  littoral  de  la 
éditerranée.  Obs.  de  MM.  Vélain,  Do- 
lesse.  Pomel,  Potier,  de  Mortillet  et 
Jannettaz,  85. 

Commissions  pour  l'année  1877-78,  194. 

Commission  de  Comptabilité'.  Rapport 
de  la —  sur  les  Comptes  du  Trésorier 

{)ûur  l'exercice  1876-77,  par  M.  de 
loys.  190. 

Composition  chimique.  Sur  la —  d'argiles 
et  de  minerais  de  fer  de  la  Guyane 
Française,  par  M.  Ed.  Jannettaz,  392. 
=  Sur  la —  de  quelques  roches  érup- 
tives  des  environs  de  Fréjus.  par 
M.  Potier,  430 

Comptes.  Rapport  de  la  Commission  de 
Comptabilité  sur  les —  du  Trésorier 
pour  l'exercice  1876-77,  par  M.  de 
Roys,  190. 

Consiantine.  Sur  la  découverte  de  dents 
d'Hipparion  dans  la  formation  ter- 
tiaire supérieure  d'eau  douce  de  la  pro- 


vince  de  — ,  par  M.  Tournouôr,  305. 

Contournem>ents.  Expériences  tendant  à 

imiter  les  diverses  formes   de —  que 

&  résentent  les  terrains  stratifiés,  par 
.  Daubrée.  Obs.  de  M.  Parran,  357. 

CoPE  (Prof.).  Observations,  661. 

CoQUA.ND.  Description  des  terrains  à  Pé- 
trole et  Ozokérite  du  versant  septen- 
trional du  Caucase,  86.  =  Observa- 
tions sur  la  note  de  M.  Perôn  sur  les 
calcaires  à  Echinides  de  Rennes-les- 
Bains,  326.  =  Sur  les  terrains  ter- 
tiaires et  trachyliques  de  la  vallée  de 
l'Arta  (Turquie  d'Europe),  337.  =  Note 
géologique  sur  les  environs  de  Pan- 
derma  (Asie-Mineure),  347. 

Coquilles  marines.  Sur  les —  trouvées 
dans  la  région  des  Chotts  sahariens, 
par  M.  Tournouër,  619. 

CoRDRLLA  (A.).  Note  sur  les  mines  du 
Laurium  et  sur  les  nouveaux  gîtes  de 
minerais  de  zinc  (Smithsonite),  577. 

Cornet.  Découverte  d'ossements  dans 
un  puits  naturel  du  bassin  houillcr 
de  Mons.  Obs.  de  M.  Alb.  Gaudry,565. 

Corps  isotropes.  Sur  la  direction  des 
cassures  dans  les — ,  par  M.  Potier, 
609. 

Corse.  Observations  sur  les  fossiles  des 
terrains  tertiaires  moyens  de  la  — 
et  notamment  sur  les  Echinides,  par 
M.  G.  Cotteau.  71. 

CoTTFUu  (G.).  Observations  sur  les  fos- 
siles des  terrains  tertiaires  moyens 
de  la  Corse  et  notamment  sur  les 
Echinides,  71.  =  Observations  sur  les 
Echinides  recueillis  par  M.  Barrois 
dans  le  terrain  crétacé  de  la  province 
d'Oviédo  (Espagne),  531.  =  Sur  les 
Echinides  de  la  colonie  garumnionne, 
567.  =  Sur  l'exposition  géologique  et 
paléontologique  du  Havre.  618. 

Craie  supérieure.  V.  Terrain  crétacé. 

Crimée.  Note  sur  la  géologie  de  la — , 
par  M.  Em.  Favre,  19. 

Croson  (Presqu'île  de)  (Finistère).  Sur 
un  filon  de  Gabbro  (trachy-dolérito) 
intercalé  dans  le  gneiss  silurien  à 
Scolithus  do  la  —  (  falaise  de  la 
Mort-Anglaise),  par  M.  Ch.  Barrois, 
178. 

Cucuron  (Plateau  de).  Les  terrains  néo- 
gènes du—  (Cadenet,  Cabrières  d'Ai- 
guës), par  M.  Fontannes  (PI.  IV),  469. 
=:  Description  de  quelques  esiȏces  el 
variétés  nouvelles  des  terrains  pré- 
cités, par  id.  (PI.  V  et  VI).  Obs.  de 
M.  Tournouer.  513. 

Cuise-la-Motte.  Compte-rendu  de  l'ex- 
cursion à — .  par  M.  Ch.  Vélain,  711. 

Clvier  (Fr.).  Note  sur  la  stratigraphie 
de  l'extrémité  Sud  du  Jura  et  des 
montagnes  qui  lui  font  suite  en  Savoie, 
aux  environs  de  Fort-l'Ecluse,  361. 


728 


TABLE   D&A  MATIEHES. 


D 


Ddclylopora.  Sur  le  genre—,  par  M.  Ter- 
quoni,  83. 

DàUBRie.  Présentation  des  Considéra- 
tions géologiques  de  M.  Tchihatchef 
sur  les  Iles  océaniques.  17.  =  Obser- 
vations, 39.  =  Résultats  des  recher- 
ches expérimentales  sur  les  surfaces 
de  rupture  qui  traversent  l'écorce  ter- 
restre, particulièrement  sur  les  failles 
et  les  joints.  Obs.  de  MM.  Hébert,  de 
Lapparent  et  Labat.  195.  =  Obs.  232, 
316.  =  Mesure  prise  par  l'Acadé- 
mie des  sciences  pour  la  conserva- 
tion des  blocs  erratiques  situés  sur 
le  territoire  français.  326.  =  Expé- 
riences tendant  à  imiter  les  diverses 
formes  de  ploiements,  de  contourne- 
ments  et  de  fractures  que  présentent 
les  terrains  stratifiés.  Oos.  de  M.  Par- 
ran,  357.  =  Sur  les  traits  de  ressem- 
blance entre  les  incrustations  zéolithi- 
ques  et  siliceuses  formées  par  les 
sources  thermales  à  l'époque  actuelle, 
et  celles  qu'on  observe  dans  les  ro- 
ches amygdaloïdes  et  autres  roches 
volcaniques  décomposées,  391.  :=Ex- 

Î)ôriences  relatives  à  la  chaleur  déve- 
oppée  dans  les  roches  par  les  actions 
mécaniques,  particulici*ement  dans  les 
argiles.  Conséquences  pour  certains 
phénomènes  géologiques,  notamment 
pour  le  métapnormisme  (PI.  VII),  550. 
=  Expéi  iences  sur  la  production  de 
déformations  et  de  cassures  par  glis- 
sement, 608. 

Déformations  et  cassures  par  glisse- 
ment. Expériences  sur  la  production 
de—,  par  M.  Daubrôe,  608. 

Dblesse.  Observations,  86. 

Dicranophyllum.  Sur  une  nouvelle  espèce 
de—,  par  M.  R.  Zeiller  (PI.  X),  611. 

DiEULAFAiT.  Etudes  sur  les  étagt^s  com- 
pris entre  l'horizon  de  ÏÀmmonites 
transversarius  et  le  Ptérocérien,  en 
France  et  en  Suisse.  Obs.  de  MM.  de 
Lapparent  et  de  Chancourtois,  111. 


DoLLFUS  (G.).  Présentation  d'une  notice 
sur  la  Constitution  géologique  de  la 
montagne  de  Berru,  par  MM.  Aumô- 
nier et  Eck,  et  de  la  description  du 
Terebripora  eapillaris,  102.  =  Id,  du 
l*  fascicule  d  une  Description  de  la 
faune  de  l'Oligocène  inférieur  de  la 
Belgique,  par  M.  Rutot,  154.  =  Obser- 
vations au  sujet  de  la  communication 
de  M.  Terquem  sur  les  classitications 
proposées  pour  lesForaminifères,  212. 
=  Coupe  géologique  du  chemin  de 
fer  de  Méry-sur-Oise,  entre  Valmon- 
dois  et  Bessancourl  (Seine>et-Oise)  ; 
2«  partie  :  Comparaison  et  classiûca- 
tion,  269.  =  Observations  sur  le  son- 
dage de  Monsoult  (PI.  VIII),  583. 

DoLLPus  (G.)  et  Vàssbur.  Coupe  géolo- 
gique du  chemin  de  fer  de  Méry-sur- 
Oise),  U*  partie  :  Description  des  cou- 
ches rencontrées.  Obs.  de  M.  Pellat 
(PI.  II),  243. 

Dolomies,  Sur  les —  jurassiques  des  Ce- 
vennes,  par  M.  Parran,  561. 

Douvii.LÉ  (H.).  Note  sur  le  Bathonien 
des  environs  de  Toul  et  de  Neufchâ- 
teau,  568.  =  Compte-rendu  d'une  ex- 
cursion à  Vernon  (I"  partie),  694.  — 
Résumé  de  l'état  de  la  question  des 
sables  dits  éruptifs.  Obs.  de  MM.  Tour- 
nouër,  Rencvier,  de  Chancourtois  et 
Fontannes,  706. 

Dragne  (Vallée  de  la),  près  Moulins-En- 
gilbert  (Nièvre).  Note  sur  un  bloc  er- 
ratique situé  dans  la — ,  à  2  kilomè- 
tres environ  de  la  faille  occidentale 
du  Morvan,  par  M.  Bonneau  du  Mar- 
tray,  598. 

DuFouR.  Réponse  à  M.  Vasseur  au  sujet 
de  l'âge  des  dépôts  éocènes  du  Ghamp- 
Pancaud  en  Campbon  (Loire-Infé- 
rieure). Obs.  de  M.  Hébert,  50.  = 
Examen  des  dépôts  éocènes  d'Arthon- 
Chéméré  (Loire-Inférieure)  (PI.  I).  2. 
=  Réponse  de  M.  Vasseur  à  M.  Du- 
four,  63. 


E 


Eboulement.  Sur  1* —  do  la  montagne  du 
Bec-Rouge  (Savoie),  par  M.  L.  Borrel, 
47. 

Echenox  (Haute-Saône).  Sur  la  décou- 
verte d'un  fragment  de  Reptile  dans 
le  lias  de—,  par  M.  de  Raincourt. 
Obs.  de  M.  Pellat,  307. 

Echinidcs.  Observations  sur  les  fossiles 
des  terrains  tertiaires  moyens  de   la 


Corse  et  notamment  sur  les — ,  par 
M.  G.  Cotteau,  71.  =  Sur  les —  de  la 
colonie  garumnienne,  par  idf.,  567. 
Ecorce  terrestre.  Résultats  de  recher- 
ches expérimentales  sur  les  surfaces 
de  rupture  qui  traversent  ï — ,  parti- 
culièrement sur  les  failles  et  les  joints, 
par  .M.  Daubrée.  Obs.  de  MM.  Hébert. 
de  Lapparent  et  Labat,  195. 


TABLE  DES  MATIERES. 


729 


Enchaînements  Sur  les —  dos  Mammi- 
fères tertiaires,  par  M.  Albert  Gaudry, 
151. 

Éocène.  Réponse  à  M.  Vasseur  au  sujet 
de  l'âge  des  dépôts  éocènes  du  Champ- 
PancaudeoCamphon  (Loire-Inférieure), 
par  M.  Dufour.  Obs.  de  M.  Hébert,  50. 
=  Examen  des  dépôts  éocènes  d'Ar- 
thon-Chéméré  (Loire-Inférieure),  par 
M.  Dufour  (PI.  Ij,  32.  =  Réponse  de 
M.  Vasseur  à  M.  Dufour.  63. 

Époque  glaciaire.  Sur  des  traces  de  1' — 
en  Bretagne,  par  M.  Maurice  de  Tri- 
bolet,  198. 

Époque  miocène.  Essai  sur  les  oscilla- 
lions  de  r—  par  M.  Tardy,  416. 

Époque  pliocène.  Essai  sur' les  oscilla- 
tions  ae  r — ,  par  M.  Tardy.  416. 

Époque  quaternaire.  Essai  sur  la  classi- 


fication de  r— ,  par  M.  Tardy,  401.  = 
Essai  sur  les  oscillations  de  1' — ,  par 
tU,  416. 

Espèces  minérales.  Note  sur  la  propaga- 
tion de  la  chaleur  dans  les —  a  texture 

,  fibreuse,  par  M.  Ëd.  Jannettaz,  203. 

Ètampes,  Compte-rendu  de  l'excursion 
à — ,  par  M.  Tournouër.  Obs.  de  MM.  Ma- 
theron  et  Renevier,  663. 

Europe.  Remarques  de  M.  Hébert  sur 
quelques  fossiles  de  la  Craie  du  Nord 
de  r — ,  à  l'occasion  du  mémoire  de 
M.  Peron  sur  la  faune  des  calcaires  à 
Échinides   de   Rennes-les-Bains,  317. 

Eurysaurus  Rainconrti.  Sur  1' — ,  par 
M.  Alb.  Gaudry,  307. 

Expontion  géologique  et  paléorUologique 
au  Havre.  Sur  f— ,  par  M.  Coiteau, 
618. 


F 


Failles.  Recherches  expérimentales,  par 
M.  Daubrée  sur  les  surfaces  de  rup- 
ture qui  traversent  l'écorce  terrestre 
et  pnncipalement  sur  les—  et  les 
joints.  Obs.  de  MM.  Hébert,  de  Lap- 
parent  et  Labat,  195. 

Faune,  Présentation,  par  M.  G.  Dollfas, 
du  l**"  fascicule  de  la  description  de 
la — oligocène  inférieure  de  la  Belgique, 
par  M.  Rutot,  154. 

Favre  (Ern.j.  Note  sur  la  géologie  de 
la  Crimée,  19. 

Fischer  (P.).  Sur  des  coquilles  fossi- 
lisées^ probablement  quaternaires,  re- 
cueillies par  M.  L.  Say  à  Temacinin 
(Sahara).  Obs.  de  M.  Vélain,  196.  = 
Présentation  de  la  Paléontologie  des 
terrains  tertiaires  de  l'Ile  de  Rliodes, 
393.  =  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux 
d'Alcide  d'Orbigny,  431.  =  Sur  des 
Strombes  recueillis  par  M.  Pomel  en 
Algérie.  Obs.  de  ce  dernier  sur  leur 
gisement,  548. 

FoifTAirriES.  Les  terrains  néogènes  du 
plateau  de  Cucuron  (Vaucluse)  (Cade- 
net;  Cabrières-d'Aigues)  (PI,  IV).  469. 
^  Description  de  quelques  espèces 
et  variétés  nouvelles  des  terrains  pré- 
cités (PI.  V  et  VI).  Obs.  de  M.  Tour- 
Douâr,  513.  =  Obs.  710. 

Foraminifères.  Sur  les  classifications 
proposées  des—,  par  M.  Terquem. 
Obs.de  M.  Dolifus,  211. 

Formation  laurenticnne.  Sur  l'existence 
de  la—  aux  Iles  Saint-Pierre  et  Mi- 

auelon.  par  M.  de  Tromelin.  Obs.  de 
[M.    Munier-Chalmas,   Daubrée,   Po- 
roel  et  Alb.  Gaudry,  232. 
For t-l  Ecluse,  Note  sur  la  stratigraphie 
de  l'extrémité  sud  du  Jura  et  des  mon- 
tagnes  qui    lui   font  suite  en   Savoie   I 


aux  environs  du — ,  par  M.  Fr.  Cuvicr, 
361. 

Fossiles,  Sur  les —  des  terrains  ter- 
tiaires moyens  de  la  Corse  et  notam- 
ment sur  les  Échinides,  par  M.  G.  Cot- 
teau,  71.  =  Sur  la  présence  de — 
marins  dans  les  sables  de  Rilly-la- 
Montagne,  par  M.  L.  Carez,  179.  = 
Sur  des  coquilles  fossilisées,  proba- 
blement quaternaires,  recueillies  par 
M.  L.  Say.  à  Temacinin  (Sahara),  par 
M.  P.  Fischer.  Obs,  de  M.  Vélain,  196. 
=  Remarques  de  M.  Hébert  sur  quel- 
ques fossiles  de  la  Craie  du  Nord  de 
1  Europe,  à  l'occasion  du  mémoire  do 
M.  Peron  sur  la  faune  des  calcaires  à 
Échinides  de  Rennes-les-Bains,  317. 
=  Description  de  quelques  espèces  et 
variétés  nouvelles  des  terrains  néo- 
gènes du  plateau  de  Cucuron  (Vau- 
cluse), par  M.  Fontannes  (PI.  V  et  VD. 
Obs.  de  M  Tournouër,  513. 

Fractures.  Expériences  tendant  à  imiter 
les  diverses  formes  de —  que  présen- 
tent les  terrains  stratifiés,  par  M.  Dau- 
brée. Obs.  de  M.  Parran,  357. 

France.  Parallélisme  de  la  Craie  supé- 
rieure dans  le  Nord  et  le  Sud-Ouest 
de  la — ,  par  M.  H.  Arnaud,  205.  = 
Etude  sur  les  étages  compris  entre 
l'horizon  de  V Ammonites  transversa- 
rius  et  le  Plôrocérien  en — et  en  Suisse, 
par  M.  Dieulafait.  Obs.  de  MM.  de  Lap- 
parent  et  de  Chancourlois,  111.  = 
Synchronisme  de  l'étage  turonien  dans 
le'  Sud-Ouest  et  dans  le  Midi  de  la 
France,  par  M.  H.  Arnaud.  Obs.  de 
M.  Munier-Chalmas,  233.  :=  Mesure 
prise  par  l'Académie  des  sciences  pour 
la  conservation  des  blocs  erratiques 
situés  sur  le  territoire  français,  par 


730 


TABLE  DES  MATlEaES. 


M.  Daubrée,  326.  =  Sur  la  submersion 
du  Nord  de  la —  par  les  eaux  marines 
vers  la  fin  du  in«  siècle,  par  M.  Gos- 
selet,  547. 


Fréjus.  Sur  la  composition  de  quelques 
roches  éruptives  des  environs  de — , 
par  M.  Potier,  430. 


G 


Gabbro,  Sur  un  filon  de —  (Irachy-do-  i 
l6rite)  intercalé  dans  le  grès  silurien 
à  scolithus  de  la  presqu'île  de  Grozon 
(falaise   do   la  Mort-Anglaise)   (Finis- 
tère), par  M.  Ch.  Barrois,  178. 

Garummen.  Sur  les  Échinides  de  la  co- 
lonie du — ,  par  M.  G.  Cotteau,  567. 

Gàudry  (Albert).  Sur  les  enchaînements 
des  Mammifères  tertiaires.  151.  = 
Obs.  232.  =  Sur  VEurysaurus  Rain- 
courti,  307.  =  Sur  des  ossements 
quaternaires  recueillis  par  M.  Lous- 
tau  dans  une  sablière  entre  Valmon- 
dois  et  risle-Adam  ;  Obs.  de  Munier- 
Chalmas,  310.  =  Id.,  391. 

Géologie.  Présentation,  par  M.  Daubrée, 
des  Considérations  géologiques  de 
M.  de  Tchihatchcf  sur  les  Iles  océani- 
ques, 17.  =  Note  sur  la —  de  la  Cri- 
mée, par  M.  Ern.  Favre,  19.  =  Consti- 
tution géologique  de  la  montagne  de 
Berru,  par  BÎM.  Aumônier  et  Eck,  102. 
•=  Note  sur  la —  de  la  liçne  d'Alais 
au  Pouzin,  par  M.  Torcapcl.  Obs.  de 
M.  Parran,  101.  =  —de  la  Petite  Syrie 
et  de  la  région  des  chotts  tunisiens, 
par  M.  Pomel.  Obs.  de  M.  Tournoudr, 
217.  =  Note  géologique  sur  les  en- 
virons de  Panderma  (Asie-Mineure), 
par  H.  Coquand,  317 

Gisement  fosnlifère.  Nouveau —  de  l'âge 
du    Calcaire    grossier    découvert    au 


Bois-Gou6t,  Drès  Saflré  (Loire-Infé- 
rieure), par  M.  G.  Yasseur,  81.  = 
Quelques  remarques  sur  les  gisements 
de  la  Terebratula  janitor,  par  M.  Hé- 
bert, 108.  =  Sur  le  gisement  précis 
de  ÏHippotamus  hipponensis.  par 
M.  Papier.  Obs.  de  M.  Alb.  Gaudry. 
389. 

Glaciers.  Les —  quaternaires  des  Cé- 
vennes,  par  M.  Torcapel  (PI.  II),  600. 

GossELET  (J.).  Notice  nécrolo^que  sur 
Jean-Baptiste-Julien  d'Omahus  d'Haï- 
loy,  453.  =  Sur  la  submersion  du 
Nord  de  la  Franco  par  les  eaux  ma- 
rines vers  la  fin  du  iii«  siècle.  547. 

Granité,  Sur  le —  du  Mont  Saint-Michel 
et  sur  l'âge  du—  de  Vire,  par  M.  Alb. 
de  Lapparent.  143. 

Grès,  Note  sur  les—  de  Bagnoles  (Orne), 
par  M.  Morière.  225. 

Grimaldi.  Note  sur  la  grotte  do  — .  par 
M.  Rivière.  Obs.  de  M.  Tournoaer 
621. 

Grossouvre  (de).  Note  sur  un  nou- 
veau gisement  de  phosphate  de  chaux. 
Obs.  de  M.  Daubrée.  315. 

Grotte,  No(e  sur  la —  de  Grimaldi,  par 
M.  Ém.  Rivière.  Obs.  de  M.  Tournouêr, 
621. 

Guatemala  Observations  sur  la  grande 
chaîne  volcanique  guatémalienne,  par 
M.  Virlet  d'Aousl,  307. 


H 


Udvre  (Le).  Sur  l'exposition  géologique  et 
paléontologique  du — ,  par  M.  Cotteau, 
618. 

HÉBERT.  Obvservations,  51.  =  Quelques 
remarques  sur  les  gisements  de  la 
Terebratula  janitor,  108.  =  Observa- 
tions, 177.  —  Id.,  196.  =  Observa- 
tions au  sujet  d'une  note  de  M.  Ph.  de 
La  Harpe  sur  les  Nummuliles  des  en- 
virons de  Nice  el  de  Menton,  314.  = 
Remarques  sur  quelques  fossiles  de 
la  Craie  du  Nord  do  l'Europe,  à  l'oc- 
casion du  mémoire  de  M.  Peron  sur 
la  faune  des  calcaires  à  Ëchinidcs  de 
Rennes -les-Bains,  317. 

HÉBERT  et  Mumer-Chalmas.  Recherches 
sur  les  terrains  tertiaires  du  Vicenliu. 
610  et  619. 


Hermite  (Henri).  Ëtude  préliminaire  du 
terrain  silurien  des  environs  d'Angers, 
531.  =  Sur  la  présence  du  Silurien 
supérieur  à  La  Meignanue,  près  An- 
gers. 541. 

Ilipparion.  Sur  un  gisement  d' — ,  près 
d  Oran,  par  M.  Pomel.  Observations 
de  M.  Tournouër,  213.  =  Sur  la  dé- 
couverte de  dents  d' —  dans  la  for- 
mation tertiaire  supérieure  d'eau  douce 
de  Constantine,  par  M.  Tournouér,  305. 

Horizon.  Etude  sur  les  étages  compris 
entre  1' —  de  V Ammonites  transversa- 
rius  et  le  Ptérocérien  an  France  el  en 
Suisse,  par  M.  Dieulafait.  Obs.  de 
MM.  de  Lapparent  et  de  Chancourtais, 
111. 


TABI.K    DES   MATIKhES. 


731 


I 


Iles  océanîqiKfx.  Présentation,  par  M.  Dau- 
bréo  des  Considérations  géologiques 
de  M.  de  Tchihatchef  sur  les—,  17. 

Incrustations  zéolithiaues  et  siliceuses. 
Traits  de  ressemblance  entre  les — 
formées  par  les  sources  thermales 
à  l'épociue  actuelle,  et  celles  qu'on  ol)- 
servo  dans  les  roches  amygdaloïdes 


et  autres  roches  volcaniques  décom- 
posées, par  M.  Daubrée,  891. 

Isle-Àdam.  Sur  des  ossements  quater- 
naires recueillis  par  M.  Loustau  dans 
une  sablière  entre  Yalmondois  et  1' — , 
par  M.  Alb.  Gaudry.  Obs.  de  M.  Mu- 
nier-Chalmas,  310. 

Italie,  Sur  les  Siréniens  fossiles  d' — , 
par  M.  Ach.  de  Ziguo,  66. 


j 


Jadéïte.  Origine  de  la—,  par  M.  de  Mor- 
tillet.  Obs.  de  MM.  Daubrée,  Benoit, 
Buvignier  et  de  Lapparent,  38. 

Jan.hettaz  (Ed.).  Observations,  86.  = 
Note  sur  la  propagation  de  la  chaleur 
dans  les  espèces  minérales  à  texture 
fibreuse,  203.  =  Sur  la  composition 
chimique  d'argiles  et  de  minerais  de 
fer  de  la  Guyane  française,  392.  =^ 
Compte-rendu  de  la  fête  d'inauguration 
du  monument  élevé  à  la  mémoire  de 
Jacques  Balmat,  615. 

Joints.  Recherches  expérimentales  par 


M.  Daubrée  sur  les  surfaces  de  rup- 
ture qui  traversent  l'écorce  terrestre 
et  principalement  sur  les  failles  et 
les—.  Obs.  de  MM.  Hébert,  de  Lappa- 
rent et  Labat.  195. 

Jura.  Sur  le  Callovien  et  l'Oxfordien 
dans  le—,  par  M.  P.  Choffat  {PI.  Ill), 
358.  =  Note  sur  la  stratigraphie  de 
l'extrémité  sud  du —  et  des  montagnes 
qui  lui  font  suite  en  Savoie,  aux  en- 
virons du  Fort-l'Écluse,  par  M.  Fr.  Cu- 
vier.  364. 

Jurassique.  V.  Terrain  jurassique. 


Labat.  Observations,  196. 

Lactivier  (de).  Note  sur  le  terrain  luro- 
nien  du  département  de  l'Ariège.  394. 

La  Fre«f  .Compte-rendu  d'une  excursion 
de —  à  Sannois.  par  M.  Ch.  Yélain, 
687. 

La  Harpe  (Ph.  de).  Note  sur  les  Nummu- 
lites  des  environs  de  Nice  et  de  Men- 
ton. Obs.  de  M.  Hébert,  313. 

La  Moussayb  (G.  de).  La  vallée  de  la 
Vesle  aux  environs  de  Courcelles 
(Aisne).  Obs.  de  M.  Tournouer,  32. 

Lapparent  (Alb.  de).  Observations,  40. 
=:  Jdf.,  142.  =  Sur  le  Granité  du  Mont 
Saint-Michel  et  sur  l'âge  du  Granité 
de  Vire,  143.  =  Observations,  177.  = 
/(f.,  196.  =  Compte-rendu  de  l'excur- 
sion dans  le  pays  de  Bray.  Obs.  de 
M.  Pellat,  675. 

Laurentien.  V.  Formation  laurentienne. 

Laturium.  Note  de  M.  A.  Cordella  sur  les 
mines  du—  et  sur  les  nouveaux  gîtes 
de  minerai  de  zinc  (Smithsonite),  577. 


Letmerie.  Observations  531.  =  Obser- 
vons sur  le  mémoire  de  M.  Peron  sur 
les  Calcaires  à  Ëchinides  de  Rennes- 
les-Bains.  Réponse  de  M.  Peron,  616. 

Limite.  De  la —  entre  le  Crétacé  et  le 
Tertiaire  aux  environs  de  Vitrolles 
(Bouches-du-Rhône).  par  M.  Tardv, 
637. 

Limon  glaciaire.  Note  sur  la  formation 
du —  du  département  de  la  Somme 
par  le  remaniement  des  sables  gras 
ou  alluvions  de  rive  des  alluvions  an- 
ciennes, par  M.  N.  de  Mercev,  201. 

Loire  (Département  de  la  Haute-).  Vol- 
cans du—,  par  M.  Félix  Robert,  40. 

LoRY.  Observations,  531.  =  Présen- 
tation des  profils  géologiques  de  di- 
vers massifs  primitifs  des  Alpes,  ten- 
dant à  démontrer  leur  uniformité  de 
constitution  et  de  structure,  547. 

Loustau  et  Belhomme.  Note  sur  un  son- 
dage exécuté  à  Montsoult  (Seinc-et- 
Oise),  581. 


7:)i 


TABLE    DES   MATlEiVES. 


M 


Maignelay.  Compte-rendu  d'une  excur- 
sion à — ,  par  M.  N.  de  Mercoy.Obs.  de 
M.  Carez  (Pi.  XIV),  679. 

Mammifères,  Sur  les  enchaînements  des 
—  tertiaires,  par  M.  Alb.  Gaudrv, 
151. 

Marne  (Département  de  la  Haute-).  Sur 
la  position  vraie  de  la  zone  à  Ammo- 
nites  lenuilobatus dAus  le —  et  ailleurs, 
par  M.  Tombeck.  Obs.  de  MM.  Bu- 
vignier  et  Pellat,  6.  ^  Réponse  de 
M.  Tombeck  aux  observations  de 
M.  Buvignier.  Obs.  de  M.  Pellat,   310. 

Marnes  irisées,  Obs.  de  M.  Félix  Robert 
sur  les —  du  bassin  du  Puy,  46. 

Marnes  marines.  Sur  l'extension  des — 
de  l'étage  du  Gypse  dans  l'Est  du  bas- 
sin de  Paris,  par  M.  L.  Carez,  183. 

Massifs  primitifs  des  Alpes.  Protils  géo- 
logiques des —  tendant  à  démontrer 
leur  uniformité  de  constitution  et  de 
structure,  par  M.  Lory.  546. 

Matheron.  Observations,  674. 

Matière  minérale.  Note  sur  une —  d'ap- 

f)arence  vitreuse  qui  se  dépose  sur 
es  rochers  du  littoral  de  la  Méditer- 
ranée, par  M.  S.  Clo<?z.  Obs.  de  MM.  Vô- 
lain,  belesse,  Pomel,  Potier,  de  Mor- 
tillet  et  Janneltaz,  85. 

Méditerranée,  Note  sur  une  matière  mi- 
nérale d'apparence  vitreuse  qui  se  dé- 
pose sur  les  rochers  du  littoral  de 
la—,  par  M.  S.  CloOz.  Obs.  de  MM.  Vé- 
lain,  Delesse,  Pomel,  Potier,  de  Mor- 
tillet  et  Jannettaz,  85. 

Mercey  (N.  de)  Note  sur  la  détermination 
de  la  position  du  calcaire  lacustre  de 
Mortemer  entre  les  Sables  de  Bra- 
cheux  et  les  Lignites,  et  sur  les  Sables 
marins  de  la  rive  droite  de  l'Oise, 
compris  entre  les  Lignites  et  les  Sa- 
bles de  Cuise,  198.  =  Note  sur  la 
formation  du  limon  glaciaire  du  dé- 
partement de  la  Somme  par  le  rema- 
niement des  Sables  gras  ou  aliuvion 
de  rive  des  alluvions  anciennes,  201. 
=  Compte-rendu  d'une  excursion  à 
Maignelay.  Obs.  de  M.  Carez  (PI.  XIV), 
679. 

Menton.  Note  sur  les  Nummulites  des 
environs  de — ,  par  M.  Ph.  de  La 
Harpe.  Obs.  de  M.  Hébert,  313. 

Méry-sur-Oise.  Coupe  géologique  de—, 
eMtreValmondoisetBessancourl(Seine- 
el-Oise)  1"  partie  :  Description  des 
couches  rencontrées.  Obs.  cle  M.  Pel- 
lat (PL  II),  'H^.  =  2«  partie  :  Compa- 


raison   et    classification,   par    *V.    G. 
Dollfus,  269. 

Métamorphisme,  Expériences  relatives 
à  la  chaleur  développée  dans  les  ro- 
ches par  les  actions  mécaniques,  par- 
ticulièrement dans  les  argiles.  Consé- 
quences pour  certains  phénomènes 
géologiques,  notamment  pour  le—, 
par  M.  Daubrée  (PI.  VU),  550. 

Mendon.  Comple-rendu  par  M.  Ch.  Vé- 
laiu  de  l'excursion  à — .  Obs.  de  M.  Cooe. 
654.  '^ 

MicuEL-LÉvv  (A.).  Sur  quelques  Ophites 
des  Pyrénées.  Obs.  de  MM.  Hébert, 
de  Lapparent,  Pomel  et  Vélain,  156. 

Minerais  de  fer.  Composition  chimique 
de—  de  la  Guyane  française,  par  M.  Ed. 
Jannettaz.  392. 

Minerais  de  zinc.  (Smithsonite).  Note 
sur  les  nouveaux  gîtes  de — ,  par 
M.  A.  Cordelia,  577. 

Miquelon  (Ile).  Sur  l'existence  do  la  for- 
mation laurentienne  à  1'—,  par  M.  de 
Tromelin.  Obs.  par  MM.  Munier-Chal- 
mas,  Daubrée,  Pomel  et  Alb.  Gaudrv. 
232. 

Mons,  Sur  des  ossements  découverts 
dans  le  bassin  houiller  de — ,  par 
M.  CorneL  Obs.  de  M.  Alb.  Gauorv, 
565. 

MonsouU  (Seine-et-Oise).  Note  sur  un 
sondage  exécuté  à—,  par  MM.  Lous- 
tau  et  Belhomme,  581.  =  Obs.  sur  ce 
sondage,  par  M.  G.  Dollfus  (PI.  VIII), 
583. 

Montaones  (Système  des).  Observations 
sur  le —  d'Anahuac  ou  de  l'Amérique 
centrale,    par  M.  Virlet  d'Aousl,  307. 

Mont  Saint-MicheL  Sur  le  Granité  du—, 
par  M.  Alb.  de  Lapparent,  143. 

MoRiéRE.  Note  sur  les  grès  de  Bagnoles 
(Orne),  225. 

Mortemer.  Note  sur  la  détermination  de 
la  position  du  Calcaire  lacustre  de — 
entre  les  sables  de  Bracheux  et  les 
Lignites,  par  M.  N.  de  Mercey,  198. 

MoRTiLLET  (lie).  Origine  de  la  Jadéite. 
Obs.  de  MM.  Daubrée,  Benoit.  Buvi- 
gnier et  de  Lapparent.  38.  =  Critique 
du  Chronomètre  de  Penhouèt  (Loire- 
Inférieure),  76.  =  Observations,  86. 
Munier-Chalmas.  Observations,  232.  = 
Id,,  242.  =  Id..  310.  =  Sur  le  Cidaris 
Forchhammeri,  Desor,  393. 
Mu.mer-Chalnas  et  Hébert.  Recherches 
sur  les  terrains  tertiaires  du  Vicentin, 
610  et  619. 


TABLE  DES   HATlKnES. 


733 


N 


Séo()ène.  Noie  sur  le  bassin—  de  la  ré- 
gion située  au  nord  de  Ploesci  (Va- 
lachie),  par  M.  Pilide,  32.  =  Les  ter- 
rains—  (lu  plateau  de  Cucuron  (Vau- 
cluseK  r.aaenet;  Cabrières-d'Aigues, 
par  M.  Fontannes  (PI.  IV),  469.  =  Des- 
cription de  quelques  espèces  et  va- 
riétés nouvelles  des  terrains  précités, 
par  Id.  (PI.  V  et  VI).  Obs.  de  M.  Tour- 
nouër,  51.3. 


Neufchdteau,  Note  sur  le  Bathonicn  des 
environs  de  — ,  par  M.  Douvillé, 
.568- 

Nice,  Note  sur  les  Nuramuliles  des  en- 
virons de — ,  par  M.  Ph.  de  La  Harpe. 
Obs.  de  M.  Hébert,  313. 

Nummulites.  Note  sur  les —  des  environs 
de  Nice  et  de  Menton,  par  M.  Ph.  de 
La  Harpe.  Obs.  de  M.  Hébert,  313. 


0 


Oise.  Sur  les  Sables  marins  de  la  rive 
droite  de  1' — ,  entre  les  Lignites  et  les 
Sables  de  Cuise,  par  M.  N.  de  Mercey. 
198. 

Oligocène.  Présentation  par  M.  G.  Dollfus 
du  1*'  fascicule  de  la  Description  de 
la  faune  de  l' —  inférieur  de  Belgique, 
par  M.  Riitot,  154. 

Om.ilius  d'Halloy.  (Jean-Baptiste-Julien 
d'— ).  Notice  nécrologique  sur  — ,  par 
M.  Gosselet,  453. 

Ophites.  Note  sur  quelques —  des  Py- 
rénées, par  M.  A.  Michel-Lôvy.  Obs. 
de  MM.  Hébert,  de  Lapparent,  Pomel 
et  Vélain,  156. 

Oran  (Algérie).  Sur  un  gisement  d'Hip- 
parion  près  d' — ,  par  M.  Pomel.  Obs. 
de  M.  Tournouër,  212.  =  Sur  les  Cé- 
rites  des  marnes  à  Hipparion  du  puits 
de  Rharoubi  près — .  par  Id.,  618. 

Orbig.xy  (Alcide  d*).  Notice  sur  la  vie  et 


les  travaux  d' — ,  par  M.  P.  Fischer, 
431. 

Ossements.  Sur  des —  quaternaires  re- 
cueillis par  M.  Loustau,  dans  une  sa- 
blière entre  Valmondois  et  l'IsIc-Adam, 
par  M.  Alb.  Gaudry.  Obs.  de  M.  Mu- 
nier-Chalmas,  310.  =  Sur  des —  dé- 
couverts dans  un  puits  naturel  du  bas- 
sin houiller  de  Mons,  par  M.  Cornet. 
Obs.  de  H.  Alb.  Gaudry.  565. 

Ovie'do  (Province  d')  (Espagne).  Sur  le 
terrain  crétacé  de  la — ,  par  M.  Ch. 
Barrois.  Obs.  de  MM.  Lory  et  Ley- 
merie,  5.30.  =  Obs.  de  M.  Cotteau  sur 
les  Ëchinides  recueillis  dans  le  terrain 
précité,  531. 

Oxfordien.  Sur  1' —  dans  le  Jura,  par 
M.  P.  Choffat  (PI.  ÏII).  358. 

Oxokérite.  —  Description  des  terrains 
à —  et  à  Pétrole  du  versant  septen- 
trional du  Caucase,  par  M.  Coquand, 
86. 


Panderma  (Asie-Mineure).  Noie  géologi- 
que sur  les  environs  de — ,  par  M.  Co- 
quand, 347. 

Paléontologie.  Présentation  par  M.  P. 
Fischer  de  la —  des  terrains  de  l'Ile 
de  Rhodes,  393. 

Papier.  Sur  le  gisement  précis  de  Vniv- 
popotamus  Hipponenns.  Obs.  dcM.  Alo. 
Gaudry,  389. 

Paris,  Procès-verbal  do  la  réunion  ex- 
traordinaire à—,  par  M.  Ch.  Vélain 
(PI.  XIV  et  XV),  611. 

Paris  (Bassin  de — ).  Sur  l'extension  des 
marnes  marines  de  l'étage  ilu  Gypse 
dans  l'Est  du — ,  par  M.  L.  Garez,  183. 

Parran.  Obs.,  111.  =  Id.,  358.   =  Sur 


les  Dolomies  jurassiques  des  Géven- 
nes.  561. 

Pellat  (Edm.),  Observations  au  sujet 
d'une  note  de  M.  Tombeck  sur  la  po- 
sition vraie  de  la  zone  à  Ammonites 
tenuilobatus  dans  la  Haute  Marne  et 
ailleurs,  16.  =  Observations,  305.  = 
Obs.  au  sujet  d'une  réponse  de  M.  Tom- 
beck aux  oos.  faites  par  M.  Buvignier, 
312.  =  Observations,  676. 

Penhouët  (Loire-Inférieure).  Critique  du 
chroBomètie  de — ,  par  M.  G.  de  Mor- 
tillet,  76. 

Petite  S«/r/f.  Géologie  de  la — ,  par  M.  Po- 
mel. Obs.  de  M.  TournouCr,  217, 

Pétrole.  Description  des  terrains  à —  et 


734 


TABLE   DKS   MATIÈRES. 


k  Ozokérite  du  versant  septentrional 
du  Caucase,  par  M.  Coquand,  86. 

Phosphate  de  chaur.  Notes  sur  un  nou- 
veau gisement  de-,  par  M.  A.  de 
Grossouvre.  Obs.  de  M.  Hébert,  Hlf). 

PiLiDE.  Sur  le  bassin  néo^ène  de  la 
région  située  au  Nord  de  Ploesci  (Va- 
laciiie),  22. 

Ploesci  (Valachie).  Note  de  M.  Pilide 
sur  le  bassin  néogène  de  la  région  si- 
tuée au  nord  de — .  22. 

Ployements.  Expériences  tendant  à  imiter 
les  diverses  formes  de —  que  présen- 
tent les  terrains  stratifiés,  par  M.  Dau- 
brée.  Obs.  de  M.  Parran,  357. 

Poissons  foitsiles.  Note  sur  les —  ^suite-, 
par  M.  H,-E.  Sauvage  (PI.  XI-XIII), 
623. 

Polytripa..  Sur  le  genre — ,  par  M.  Ter- 
quem,  83. 

POMEL.  Observations,  84.  =  W.,  86.  = 
Id.,  178.  =  Sur  un  gisement  d'Hippa- 
rion  près  Oran.  Obs.  de  M.  Tournouër. 
213.  =  Géologie  de  la  Petite  Syrte  et 
de  la  région  des  Chotts  tunisiens.  Obs. 
d7d.,  217.  =  Obs.  232.  =  Observa- 


tions sur  des  Stromlies  recueillis  en 
Algérie,  M8. 

Potier.  Observations,  86.  =  Sur  la  com- 
position de  (|uelques  roches  éruptives 
des  environs  de  Fréjus,  430.  =  Sur  la 
direction  des  cassui'es  dans  les  corps 
isotropes,  609. 

PoHzin,  Note  sur  la  géologie  d'Alais  au 
— ,  par  M.  Torcapel,  104. 

Profils  géologiques  de  divers  massifs 
des  Alï>es  tendant  à  montrer  leur  uni- 
formité de  constitution  et  de  structui-e, 
|3ar  M.  Lory,  546. 

Ptrroce'rien.  Ëtude  .sur  les  étages  compris 
entre  l'horizon  de  VÀmnwhites  trans- 
versarius  cl  le — ,  en  France  et  en 
Suisse,  par  M.  Dieulafait.  Obs.  de 
MM.  de  Lapparent  et  de  Chan(U)urtois, 
111. 

Puy  rBassin  du).  Obs.  de  M.  Félix  Robert 
sur  les  alluvions  marines  et  les  marnes 
irisées  du — ,  16. 

Pyrénées.  Note  sur  quelques  Ophites  des 
— ,  par  M.  Michel-Lévy.  Obs.  Je  MM.  Hé- 
bert, de  Lapparent,  Pomel  et  Vélain, 
156. 


Q 


Quaternaire.  V.  Terrain  quaternaire. 


R 


Raincourt  (de).  Sur  la  découverte  d'un 
fragment  de  Reptile  Jans  le  lias  d'Eche- 
noz  (Haute-Saône).  Obs.  de  M.  Pellat 
307. 

Recherches  expérimentales  par  M.  Dau- 
brée  sur  les  surfaces  qui  traversent 
l'écoroe  terrestre,  particuHèrement  sur 
les  failles  et  les  jomts.  Obs.  de  MM.  Hé- 
bert, de  Lapparent  et  La  bat,  195. 

Renevieh.  Observations,  675.  =  Id,  710. 

Rennes-les-Bains.  Obs.  de  M.  Coquand 
sur  la  note  de  M.  Peron  sur  la  faune 
des  calcaires  à  Échinides  de — ,  326.  = 
Id.  de  M.  Leymerie  ;  réponse  de  M.  Pé- 
rou, 616. 

Reptile.  Sur  la  découverte  d'un  fragment 
de — ,  dans  le  lias  d'Echenoz  (Haute- 
Saône),  par  M.  de  Raincourt.  Obs.  de 
M.  Pellat,  307. 

Réunion   extraordinaire.    Procès-verbal 


de  la—  à  Paris,  par  M.  Ch.  Vélam 
(PI.  XIV  et  XV),  641. 

Rhodes  (lie  de).  Présentation  par  M.  P. 
Fischer  de  la  paléontologie  des  terrains 
tertiaires  de  F—,  397. 

Rilly-la-Montagne.  Sur  la  présence  de 
fossiles  marins  dans  les  sables  de — , 
par  M.  L.  Garez,  179. 

Rivière  (Em.).  Note  sur  la  grotte  de  Gri- 
maldi.  Obs.  de  M.  Tournouër.  621. 

Robert  (Félix).  Volcans  de  la  Haute- 
Loire,  40.  =  Observations  sur  les  al- 
luvions marines  et  les  marnes  irisées 
du  bassin  du  Puy,  46. 

Roches  éruptives.  Sur  la  composition  de 
quelques —  des  environs  de  Fréjus,  par 
M.  Potier,  430. 

RoYS  (de).  Rapport  de  la  Commission  de 
Comptabilité  sur  les  comptes  du  tré- 
sorier pour  l'exercice  1876-1877,  190. 


Sables  dits  éruptifs.  Résumé  de  l'état  de 
la  (juestion  des — ,  par  M.  Douvillé. 
Obs.  de  MM.  TournouOr,  Renevier,  de 
Chanrourtois  et  Fontannes,  706. 


Sables  marins.  Note  sur  les—  de  la  rive 
droite  de  l'Oise  entre  les  Lignites  et  les 
Sables  de  Cuise,  par  M.  N.  de  Mercey, 
198. 


TABLE  DES  MATIERES. 


735 


Saint'Acheul.  Essai  sur  l'âge  des  silex  ] 
taillés  (Je— ,  par  M.  Tardy,  401. 

Saint-Pierre  (lie).  Sur  l'existence  de  la 
formation  laurentienne  dans  1' — ,  par 
M.  de  Tromelin.  Obs.  par  MM.  Munier- 
Chalmas,  Daubrée,  Pomel  et  Alb.  Gau- 
dry,  232. 

Sannois.  Compte-rendu  d  une  excursion 
de  la  Fretle  à—,  par  M.  Ch.  Vélain, 
«87. 

Sauvage  (H.-E.).  Note  sur  les  Poissons 
fossiles  (suite)  (PI.  XI-XUI),  623. 

Silex  taillés.  Essai  sur  Tage  des^  de 
Saint-Acheul,  par  M.  Tardy,  401. 

Silurien,  V.  Terrain  Silurien, 

Siréniens,  Sur  les—  fossiles  d'Italie,  par 
M.  Ach.  de  Zigno,  66. 

Somme  (Département  de  la).  Note  sur  la 
formation  du  limon  glaciaire  du —  par 
le  remaniement  des  Sables  gras  ou  al- 
iuvions  de  rive  dcsalluvions  anciennes, 
par  M.  N.  de  Mercey,  201 . 

Sondage.  Note  sur  un —  exécuté  à  Mon- 
soult  (Seine-et-Oise),  par  MM.  Loustau 
et  Belhomme,  581.  =  Obs.  sur  ce  son- 


dage, par  M.  G.  Dollfus  (PI.  VIII),  58.3. 

Stratigraphie,  Note  sur  la—  de  l'extré- 
mité sud  du  Jura  et  des  montagnes 
qui  lui  font  suite  en  Savoie,  aux  envi- 
rons du  Fort-l'Écluse,  par  M.  Fr.  Cu- 
vier,  364. 

Slrombes,  Remarques  de  M.  Fischer  sur 
des —  recueillis  par  M,  Pomel  en  Al- 

fjérie.  Observations  de  ce  dernier  sur 
eur  gisement,  518. 

Submersion,  Sur  la —  du  Nord  de  la 
France  par  les  eaux  marines  vers  la 
fin  du  IIP  siècle,  par  M.  Gosselct,  547. 

Suisse,  Étude  sur  les  étages  compris 
entre  l'horizon  de  ï Ammonites  trans- 
versarius  et  le  Ptérocérien  en  France 
et  en — ,  par  M.  Dieulafait.  Obs.  de 
MM.  de  Lapparent  et  de  Chancourtois, 
111. 

Surfaces  de  rupture.  Recherches  ex- 
périmentales par  M.  Daubrée  sui*  les — 
qui  traversent  l'écorce  terrestre,  par- 
ticulièrement sur  les  failles  et  les  joints. 
Obs.  de  MM.  Hébert,  de  Lapparent  et 
Labat,  195. 


Tardt.  L'âge  de  la  civilisation  d'après 
les  alluvions  de  la  Saône,  148.  =  Essai 
sur  l'âge  des  silex  taillés  de  Saint- 
Acheul  et  sur  la  classification  de  l'épo- 
que quaternaire,  401.  =  Id,  Sur  les 
oscillations  des  époques  miocène,  plio- 
cène et  quaternaire,  416.  =  De  la  limite 
entre  le  Crétacé  et  le  Tertiaire  aux 
environs  de  YitroUes  (Bouchcs-du- 
Rhône),  637. 

Temacinin  (Sahara)  Sur  des  coquilles 
fossilisées,  probablement  quaternaires 
recueillies  a—  par  MM.  L.  Say  et  P. 
Fischer.  Obs.  de  M.  Vélain,  196. 

Terebratula  janitor.  Quelques  remarques 
sur  les  gisements  de  la — ,  par  M.  Hé- 
bert, 108. 

Terebripora  capellaris.  Description  du 
—,  par  M.  G.  Dollfus,  103. 

Terqueh.  Sur  les  genres  Daetylopora, 
Polytripa,  etc.  Obs.  de  M.  Pomel,  83. 
=  Sur  Its  classifications  pnmosées 
des  Foraminifères.  Obs.  de  M.  Dollfus. 
211. 

Terrain  crétacé.  Parallélisme  de  la  Craie 
supérieure  dans  le  Nord  et  dans  le 
Sud-Ouest  de  la  Francej  par  M.  H.  Ar- 
naud, 205.  =  Synchronisme  de  l'étage 
turonien  dans  lé  Sud-Ouest  et  dans  le 
Midi  de  la  France,  par  Id,  Obs.  de  M. 
Munier-Chalmas,  233  =  Remarques 
de  M.  Hébert  sur  quelques  fossiles 
de  la  Craie  du  Nord  de  l'Europe  à  l'oc- 
casion du  mémoire  de  M.  Peron  sur  la 
Faune  des  calcaires  à  Échinides  de 
Rennes-les-Bains,  3l7.=0bs.  de  M.  Co- 


auand  sur  la  note  précitée  de  M.  Peron, 
326.  =  Note  sur  le  terrain  turonien 
dans  le  département  de  l'Ariège  par 
M.  de  Lacvivier,  394.  ^  Sur  le —  de 
la  province  d'Oviedo  (Espagne),  par 
M.  Ch.  Barrois.  Obs.  de  MM.  Lory  et 
Leymerie,  530.  =  Observations  de 
M.  Gotteau  sur  les  Ëchinides  recueillis 

Êar  M.  Barrois  dans  le  terrain  précité, 
il.  =  De  la  limite  entre  le —  et  le  ter- 
tiaire aux  environs  de  YitroUes  (Bou- 
ches-du-Rhône),  par  M.  Tardy,  637. 
Terrain  jurassique.  Sur  la  position  vraie 
de  la  zone  à  Ammonites  tenuilobatus 
dans  la  Haute-Marne  et  ailleurs,  par 
M.  Tombcck.  Obs.  de  MM.  Buvignier  et 
Pcllat,  6.  =  Ëtude  sur  les  étages  com- 
pris entre  l'horizon  de  V Ammonites 
transversarius  et  le  Ptérocérien  en 
France  et  en  Suisse,  par  M.  Dieulafait. 
Obs.  de  MM.  de  Lapparent  et  de  Chan- 
courtois,  111.  =  Réponse  de  M.  Tom- 
beck  aux  observations  de  M.   Buvi- 

g  nier.  Obs.  de  M.  Pellat,  310.  =  Sur  le 
allovien  et  l'Oxfordien  dans  le  Jura, 
par  M.  P.  Choffat  (PI.  III),  358.  =  Sur 
les  Dolomies  jurassiques  des  Cévennes, 
par  M.  Parran,  564.  =  Note  sur  le  Ba- 
thonien  des  environs  de  Toul  et  de 
Neufchâteau,  par  M.  H.  Dou ville,  568. 
Terrain  quaternaire.  Note  sur  la  forma- 
tion du  limon  glaciaire  du  département 
de  la  Somme  par  le  remaniement  des 
Sables  gras  ou  alluvions  de  rive  des 
alluvions  anciennes,  par  M.  N.  de  Mer- 
cey, 201.  :=  Sur  (les  ossements  qua- 

47 


736 


TABLE   DES   MATIRRES. 


ternaires  rccueiUis  par  M.  Loustau 
dans  une  sablière  entre  Yalmondois 
et  l'IsIe-Adam,  par  M.  Alb.  Gaudry. 
Obs.  de  M.  Munier-Ghalmas,  310.  = 
Essai  sur  l'âge  des  silex  taillés  de 
Saint-Acheul  et  sur  la  classification  de 
Tépoque  quaternaire,  par  M.  Tardy, 
401.  =  Id.  Sur  les  oscillations  du — , 
par  Id,f  416. 
Terrain  silurien.   Sur  le  çrès  de  Ba- 

f  noies  (OmQ),  par  M.  Morière,  2S5.  =: 
tude  prélifflmaire  du —  des  environs 
d'Aneers,  par  M.  H.  Hermite,  531.  — 
Sur  la  présence  du —  supérieur  à  la 
Meignanne,  près  Angers,  par  Id,,  544. 

Terrains  stratifiés.  Expériences  tendant 
k  imiter  les  diverses  formes  de  ploye- 
ments,  de  contoumements  et  de  frac- 
tures oue  présentent  les — ,  par  M.  Dau- 
brée.  Obs.  de  M.  Parran,  3d7. 

Terrain  tertiaire.  Note  de  M.  Pilide  sur 
le  Bassin  néoftène  de  la  ré^on  située 
au  Nord  de  Ploesci  (Yalachie),  23.  = 
La  vallée  de  la  Yesle  aux  environs  de 
Courcelles  (Ain),  par  M.  G.  de  La  Mous- 
saye.  Obs.  de  M.  Toumouër,  32.  ^ 
Réponse  à  M.  Vasseur  au  sujet  de 
Tâge  des  dépôts  éocènes  du  Champ- 
Pancaud  en  Gampbon  (Loire-Inférieure), 
par  M.  Dufour.  Obs.  de  M.  Hébert,  50. 
^  Examen  des  dépôts  éocènes  d'Ar- 
thon-Ghéraéré  (Loire-Inférieure),  par 
M.  Dufour  (PI.  I),  53.  =  Réponse  de 
M.  Vasseur  à  M.  Dufour.  63.  =  Obser- 
vations sur  les  fossUes  au —  moyen  de 
la  Corse  et  notamment  sur  les  Ëchi- 
nides,  par  M.  G.  Cotteau,  71.  =  Nou- 
veau gisement  fossilifère  de  l'Age  du 
Calcaire  grossier  découvert  au  Bois- 
Gouét,  près  Saffré  (Loire-Inférieure), 
par   M.    G.    Vasseur,    81.  =  Sur   la 

Srésence  de  fossiles  marins  dans  les 
ables  de  Rilly-la-Montagne,  par  M.  L. 
Garez,  179.  =  Sur  l'extension  des 
Marnes  marines  et  de  l'étage  du  Gypse 
dans  l'Est  du  bassin  de  Paris,  par 
M.  L.  Garez,  183.  =  Sur  la  détermi- 
nation de  la  position  du  Calcaire  lacus- 
tre de  Mortemer  entre  les  Sables  de 
Bracheux  et  les  Lignites  et  sur  les 
sables  marins  de  la  rive  droite  de 
roise,  entre  les  Lignites  et  les  Sables 
de  Cuise,  par  M.  N.  de  Mercey,  198. 
:=  Coupe  géologique  du  chemin  de  fer 
de  Méry-sur-Oise,  entre  Valmondois 
et  Bessancourt  (Seine-et-Oise),  Impar- 
tie; Description  des  couches,  par 
MM.  G.  Dollius  et  G.  Vasseur.  Obs.  de 
M.  Pellat,  (PI.  II),  343.  =  3*  partie; 
Comparaison  et  classification,  par  M.  G. 
Dollrus,  369.  =  Sur  le—  de  la  vallée 
de  l'Arta  (Turquie  d'Europe),  par 
M.  Coquand,  337.  =  Présentation  par 
M.  P.  Fischer  de  la  Paléontologie  des 
terrains  tertiaires  de  l'Ile  de  Rnodes, 
393.  =  Essai  sur  \qs  oscillations  des   I 


époques  miocène  et  pliocène,  par 
M.  Tardy,  416.  =  Les  terrains  néogè- 
nes du  plateau  de  Cucuron  (Vaucluse) 
(Cadenet;  Cabrières- d'Aiguës),  par 
M.  Fontannes  (Pi.  IV)  «  469.  =  Descrip- 
tion de  quelques  espèces  et  variétés 
nouvelles  des  terrains  précités,  par  Id,, 
(?l  V.  et  VI).  Obs.  de  M.  Toumouér, 
513.  =  Recherches  sur  les —  du  Vicen- 
tin,  par  MM.  Hébert  et  MunieMIhalmas, 
610  et  619.  =  De  la  limite  entre  le—  et 
le  Crétacé  aux  environs  de  VitroUes 
(Bouches-du-Rhône),  par  M.  Tardy,  637. 
Tertiaire.  V.  Terrain  tertiaire. 
Terrain  traehytique.  Sur  le —  de  l'Arta 
(Turquie  d'Europe), par  M.  Coquand,337. 

ToMBECK.  Sur  la  position  vraie  de  la  zone 
à  Ammonites  tenuilobatus  dans  la 
Haute-Marne  et  ailleurs.  Obs.  de 
MM.  Buvignier  et  Pellat,  6.  :=  Réponse 
aux  observations  de  M.  Buvignier. 
Obs.  de  M.  Pellat,  310. 

ToRCAPEL.  Note  sur  la  géologie  de  la 
ligne  d'Alais  au  Pouzin.  Obs.  de 
M.  Parran,  104.  =  Les  placiers  quater- 
naires des  Cévennes  (PI.  II),  600. 

Tout,  Note  sur  le  Bathonien  des  environs 
de—,  par  M.  H.  Douvillé,  568. 

TouRNOUËR.  Observations,  37.  =  /cf.,  au 
sujet  d'une  communication  de  M.  Po- 
mel  sur  un  gisement  d'Hipparion  près 
d'Oran,  216.  =  Id,,  au  sujet  dTune 
communication  d'Id,,  sur  la  Petite 
Syrte  et  les  Chotts  tunisiens,  331.  := 
Sur  la  découverte  de  dents  d'Hipparion 
dans  la  formation  tertiaire  supérieure 
d'eau  douce  de  Constantine,  305.  := 
Allocution  présidentielle,  431.  =  Obs. 
539.  =  Sur  les  Cérithes  des  marnes  à 
Hipparion  du  puits  Kharoubi  près 
Oran  et  sur  les  coquilles  marines  trou- 
vées dans  la  région  des  Chotts  saha- 
riens, 618.  =  Observations,  631.  ^ 
Compte-rendu  de  l'excursion  d'Ëtam- 
pes.  Observ.  de  MM.  Matheron  et  Re- 
nevier,  663.  =  Obs.,  710. 

Traits  de  ressemblance.  Sur  les —  entre 
les  incrustations  zéolithiques  et  sili- 
ceuses formées  par  les  sources  ther- 
males à  l'épocme  actuelle,  et  celles 
qu'on  observe  dans  les  roches  amygda- 
loïdes  et  autres  roches  volcaniques 
décomposées,  par  M.  Daubrée,  391. 

Tribolet  (Maurice  de).  Sur  des  traces 
de  l'époque  glaciaire  en  Bretagne,  198. 

Tromelin  (de).  Sur  l'existence  de  la  for- 
mation laurentienne  aux  Iles  Saint- 
Pierre  et  Bliquelon.  Obs.  de  MM.  Mu- 
nier-Ghalmas,  Daubrée,  Pomel  et  Alb. 
Gaudry,  332. 

Turonien.  Synchronisme  de  l'étage — 
dans  le  sud-ouest  et  dans  le  Midi  de 
la  France,  par  M.  H.  Arnaud.  Obs.  de 
M.  Munier-Chalmas,  333.  =  Note  sur 
le  terrain — du  département  de  l'Ariège, 
par  M.  de  Larvivier,  39^1. 


TABLE   DES  UATiERES- 


737 


V 


Valm(mdois,  Sur  des  ossements  quater- 
naires recueillis  par  M.  Loustau  dans 
une  sablière  entre —  et  rislo-Adam  par 
M.  Alb.  Gaudry.  Obs.  de  M.  Munier- 
Chalmas,  310. 

Yassecr  (G.j.  Réponse  h  M.  Dufour,  63. 
=  Nouveau  gisement  fossilifère  de 
l'âge  du  Calcaire  grossier  découvert 
au  Bois-Gouët,  près  Saffré  (Loire-Infé- 
rieure, 81. 

Vasseur  (G.)  et  G.  Dollfus.  Coupe  géo- 
logique du  chemin  de  fer  de  Mcry-sur- 
Oise,  entre  Yalmondois  et  Bessancourt 
(Seine-et-Oise).  V  partie  :  Description 
des  couches  rencontrées.  Obs.  de  M. 
Pellat  (PI.  n;,  243. 

y^LAiN  (Ch.)*  Observations,  86.  =  Id,, 
178.  =  Observations  au  sujet  d'une 
communication  de  M.  P.  Fischer  sur 
des  coquilles  fossilisées,  probablement 
quaternaires  recueillies  à  Tomacinin 
(Sahara),  par  M.  L.  Say,  197.  =  Procès- 
verbal  de  la  réunion  extraordinaire  à 
Paris  (PI.  XIV  et  XV),  p.  641.  = 
Compte-rendu  de  l'excursion  à  Meudon. 
Observations  de  M.  Cope,  651.  = 
Compte-rendu  d'une  excursion  de  La 
Frette    à    Sannois,    637.  =   Id,    de 


l'excursion   à   Cuise-la-Motte,   711. 

Vemon,  Compte-rendu  d'une  excursion 
à—  tl"  partie),  par  M.  Douvillé,  091.  — 
Id.  (2*  partie),  par  M.  de  Chancourtois, 
697.  =  Sur  les  alignements  géologiques 
relevés  dans  les  environs  de — ,  par  /d., 
703. 

Ve^le  (La  vallée  de  la),  aux  environs  de 
Courcelles  (Ain),  par  M.  G.  de  La 
Moussaye.  Obs.  de  M.  Toumouér,  32. 

Vicentin,  Recherches  sur  les  terrains 
tertiaires  du—,  par  MM.  Hébert  et 
Munier-Chalmas,  610  et  619. 

Vire,  Sur  l'âge  du  Granité  de — ,  par 
M.  Alb.  de  Lapparent,  143. 

ViRLET  d'Aoust.  Observations  sur  le  sys- 
tème des  montagnes  d'Anahuac  ou  de 
l'Amérique  centrale,  sur  la  grande 
chaîne  volcanique  Guatémalienne,  sur 
les  volcans  de  l'Amérique  du  Nord  et 
sur  l'origine  des  volcans,  307. 

Vitrolles  (Bouches-du-Rhône).  De  la 
limite  du  Crétacé  et  du  Tertiaire  aux 
environs  de—,  par  M.  Tardy,  627. 

Volcans,  —  de  la  Haute-Loire,  par 
M.  Félix  Robert,  40.  =  Sur  les—  de 
l'Amérique  du  Nord  et  sur  l'origine 
des—  par  M.  Virlet-d'Aoust,  307. 


z 


Zeillbr  (R.)  Sur  une  nouvelle  espèce  de 

Dieranophyllum  (PI.  X),  611. 
ZiGifo  (Ach.  de).  Sur  les  Siréniens  fossiles 

d'Italie,  66. 
Zone,  Sur  la  position  vraie  de  la —  à 

Ammonites  tenuilobattu  dans  la  Haute-  ' 


Marne  et  ailleurs,  par  M.  Tombeck. 
Obs.  de  MM.  Buvignier  et  Pellat,  6.  — 
Réponse  de  M.  Tombeck  aux  observa- 
tions de  M.  Buvignier.  Obs.  de  M.  Pel- 
lat, 310. 


TABLE  DES  GENRES  ET  DES  ESPÈCES 


DKCRirs,  Fir.taES,  uiscrTES  ou  dénommes  a  nouveau 

ET    DBS    SYNONYMIES    INDIQUÉES    (*)    DANS   CE    VOLUME 


Ammonites  Jacquoti,  Dou ville  =  Am. 
macrocephalus  compres- 
sus,  Quenstedt,  570. 

—  tumidiis,  Rcinecke  :=  Am. 

macrocephalus ,  Schlo- 
theim  =:  Am.  macroce- 
phalus rotundus,  Quens- 
tedt, 570. 

Àmphiope  Hollandei,  Cott.,  74. 

Àrea  rhodanica.  Font.,  524. 

Àstenas  Deslongchampsi,  Moriére,  468. 

Bellerophon  bilobatus,  Sow.,  543. 

Bithinia  pygmœa,  Brgnt.  sp.,  188. 

Brissus  corsicus,  Cotteau.  75. 

Calymene  Àragoi,  Rouault,  511. 

—  Tristani,  Brongn.,  541. 
Cancellaria  Dey  die  ri,  Font.,  515. 

—  druentica.  Font.,  514. 

—  Gandryi.  Font.,  514. 
Cardita  gonioplcura.  Font.,  5:26. 
Cardium  Requienianum,  Math.  =   Car- 

dium   hillanum,  Sow.,  326. 
Cerithium  Deydieri,  Font.,  520. 

—  giganteum,  Caill.,  non  Desh., 

'62. 

—  pUcatum,  Lk.,  673-671. 

—  hoiwyi,  Desh.,  188. 

—  rumanum,  Pilide,  27. 
Cidaris  claviaera,  Kœnig,  323. 

—  Forcnammeri,  Desor,  393. 

—  gibberula,  Desor,  323. 

—  Uollandei,  Cott.,  74. 

—  Peroni,  Cott.,  74. 

—  sceptrifera,  Mant.,  322. 

—  snbvesiculosa,  d'Orb.,  322. 
Clancuhis  Araonis,   Bast.,   var.   valde- 

cincta,  Font.,  524. 
Clupea  Lartelif  Sauvg.,  635. 
—      Lorcœ,  Sauvg.,  634. 
Corbicula  saharica,  P.  Fisch.,  197. 
Corbula  subpisum,  d'Orb.,  187. 
Corbuhmya  iyysti,  Desh.,  187. 
Cyclaster  colonifr,  Cott.,  566. 
Cyprœa   prœsanguinolenta,   Font.,    520. 


Dactylopora,  83. 

Dalmanites    macrophthalmns,    Brong., 

542. 

—  socialiSfBairr. ,  var .  proceva, 

542. 
Desmichthys  Daubrei,  Sauvg.,  Q:i3. 
Dicranophyllum  robustum^  Zeiller,  612. 
Diplodonta  Fischeri,  Font.,  525. 
Discoidea  minima,  Ag.,  322. 
Echinanthui  corsicus,  Cott.,  74. 
Echinocardium  Peroni,  Cott.,  75. 
Echinoconus  conicus,  Breyn.,  321. 
Echinocorys  vulyaris,  Breyn.,  319. 
Endoceras  Dalimieri,  Barr.,  542. 
Eury sauras  Raincourti,  6aud.,  307. 
Eurystethus  Brongniarti,  Sauvg.,  629. 
Ficula  clathrata,  Lk  ,  var.  cabrierensis. 

Font.,  515. 
Fossarus  costatus,  Brocchi,  var.  crassi- 

costata,  Font.,  521. 
Gouiolina,  83. 

Gyrodus  Fabrei.  Sauvg.,  629. 
Halitherium  angustifrons,  de  Zigno,  68. 

—  beilunense,  de  Zigno,  68. 

—  eurvidens,  de  Zigno,  68. 

—  veronensc.  de  Zigno,  68. 
Hemiaster  Leymeriei,  Desor,  320. 
Hipparion  gracile.  305. 
Htppopotamus  hipponensis,  Gaudry,  389. 
Holaster  inlèger,  Ag.,  321. 

—  placenta,  Ag.,  321. 
Illœnus  gtganteus,  Burm.,  542. 
Limnœa  cùcuronensis,  Font.,  529. 

—  Deydieri.  Font.,  529. 

—  limosa.  Linné,  196. 
Linthia  Locardi,  Toum.,  71-75. 
Lovenia  Peroni,  Cott.,  75. 
Lucina  inornata?,  Desh.,  187. 
Lyrodcsma  Sacheri,  Mun.-Chalm.,   513. 
Macropneustes  Peroni,  Cott.,  75. 
Melania  tuberculata,  MUller,  196. 
Micraster  brevùt.  Desor,  320. 

—  Heberli,  Lacv.  =:  Mie.  brevis, 

336. 


(ly  Les  noms  en  caraclèros  romains  sont  ceux  cjue  les  auteurs  placent  en  synonymie. 


740 


TABLE   DES   GENUES   Kï   DES   ESPECES. 


Micropit  Desori,  Cott.,  567. 

—  micros toma.  Coll.,  567. 

—  Leymeriei,  Cott.,  567. 
Mitra  bathmophora.  Font.,  519. 
Murex  subproaucluSt  Font.,  513. 
Myliobates  Ricierei,  Sauvg.,  623. 
Nhssa  Caudellentis,  Font.,  516. 

—  Dexivœ,  Font.,  516. 

—  subduplicata,  d'Orb.,  var.  Druen- 

tica,  Font.,  517. 

—  sublapsa,  Font.,  517. 
Natica  hyperenthele,  Font.,  520. 
Nautilus  Lamarckii,  Caill.,  (non  Desh.}. 

61. 
Neritina  Dumorlieri,  Font.,  528. 
Nucula  capillaceOy  Desh.,  187. 
Onchws  simplet,  Sauvg.,  625. 
Ostrea  digitalina,  Dub.,  491. 

—  gigantea,  Brander  ^  0.  latissima, 

Desh.,  344. 

—  matheroniana  =  0.  pltctfera,  327. 
Palœoniscu^  Delessei,  Sauv.,  626. 
Pecten  bomfaeiensis,  72. 

—  substriatus,  d'Orb. 
Pericosmus  Orbignyi,  Cott.  74. 

—  Peroni,  Cott.  74. 
Pholas  luberonensU,  Font.,  527. 
Physa  Brocchii,  Ehrenberg,  196. 
Planorbi^  Duvettrieri,  Desh  ,  196. 

—         spiruloïdes,  Desh,,  188, 
Pleurotoma  gradata,  Def.  in  Bell.,  518. 

—  caudellensis.  Font,,  518. 


Pollia  lournoum.  Font., 513. 
Polytripa,  83. 

Psammechinus  Peroni,  Cott.,  74. 
Ptychodus  Trigeri,  Sauvg.,  623. 
Rhysophyeus  Barrandei,  Trom.  et  Leb. 
rs  Arenicola  baculipiucta, 
Salter,  227. 
Rostellaria  Deshayesi,  Caill.,  {non  Wat.), 

55-62. 
Schixaster  antiguus,  Cott.,  567. 

—  Baylei,  Calt,  74. 

—  Peroni,  Cott.,  74. 
Spatangu^  Peroni.  Cott.,  75. 
Spondylus  spinosus,  Sow..  318. 
Suecinea  prtmœva.  Math.,  528. 
Tapes  eurinus.  Font.,  526. 
Terebellum  cylindrieum,  CaUlaud,  55. 
Terebratula  semighboia,  Sow.  =  T.  sub- 

rotunda,  Sow.,  319. 
Terebripora  eapillaris,  G.  Dollf.,  103. 
Tigillites  Dufrenoyi,  Rouault  =  Trachy- 

derma  serrata,  Saltor,  226. 
Troehus  angulatns,  d'Eichw.,  var.  Druen- 

iica.  Font,  523. 

—  Aygueu,  Font.,  523. 

—  caorierensis.  Pont.,  522. 

—  prœlineatw.  Font.,  521. 
Typhis  jistulosus,  var.  prisea,  Rutot,  155. 

—      fistulosus ,     var.      Scklotheimi, 
Beyr.,  155. 
Uleria,  83. 


LISTE  DES   PLANCHES 


I.  p.  5Î.  DuFouR.  —  Fig.  i ,  Plan  du  terrain  calcaire  d'Arthon-Chéméré  ; 
fig.  2,  Coupe  de  la  carrière  du  Moulin  Neuf;  fig.  3  et  3',  Coupes  de  la 
carrière  du  Moulin  des  Vignes;  fig.  4,  Coupe  de  la  grande  carrière  du 
four  à  chaux  ;  fig.  5,  Coupe  de  la  petite  carrière  d*td.  ;  fig.  6,  Coupe  de 
la  carrière  et  des  excavations  du  2®  Moulin  de  Retz;  fig.  7  et  8,  Coupes 
transversales  en  d!  et  d, 
II.  p.  243.  G.  DoLLFUS  et  G.  Yasseur.  —  Coupe  géologique  du  chemin  de 
for  de  Méry-sur-Oise,  entre  Bessancourt  et  Yalmondois  (Seine-et-Oise). 

III.  p.  358.  P.  Choffat.  — Carte:  4®  des  limites  N.-O.  des  bancs  d'Hexacti- 
nellides  :  d  d  àe  Thorizon  de  V Ammonites  bimammatut,  c  c  des  couches 
de  Birmensdorf;  t^  des  limites  S.-E.  des  zones  6  6  à  Pholad.exaltata,  a  a 
à  Amm,  Reiigijeri,  —  Coupes  verticales  indiquant  le  passage  du  faciès 
Franc-Comtois  au  faciès  Argovion. 

IV.  p.  469.  FoNTANNEs.  —  Fig.  4 ,  Coupe  d'Apt  (Vaucluse)  à  Rognes  (Bou- 
chos-du~Rhône)  ;  fig.  2,  Coupe  dé  Vaugines  au  Castelar;  fig.  3,  Coupe 
du  mont  Luberon  à  Cucuron;  fig.  4,  Coupe  du  mont  Luberon  à  Ville- 
laure  ;  fig.  5,  Coupe  de  Cabrières-d*Aigues  à  l'étang  do  la  Bonde. 

V.  p.  543.  FoNTANNEs.  —  Fig.  4,  Murex  subproductiu.  Font.  ;  fig.  2.  Can- 
cellaria  Druentica,  id.  ;  fig.  3  a  et  6,  C,  Gaudryi,  id,  ;  fig.  4  a  et  6,  C.  Dey- 
dieri,  id,  ;  fig.  5  a  et  b,  PoUia  Toumouêri,  id.  ;  fig.  6,  Ficula  da- 
thrata,  Lamck.,  var.  Cabrientis,  Font.  ;  fig.  7,  Nassa  Dexivœ,  Font.; 
fig.  8,  N.  caudeUeruis,  id.;  fig.  9,  N.  sublapsa^  id.;  fig.  4  0,  N.  eub- 
duplicata,  d*Orb.,  var.  Druentica,  Font.;  fig.  4  4  a  et  b,  Pleurotoma  Cau- 
deUensis,  Font.  ;  fig.  4  2,  Mitra  bathmophora,  id.;  fig.  43  aet  6,  Cyprœa 
prœsanguinolanta,  id.;  fig.  4  4.  Natica  hypereuthele^  id.;  fig.  4  5.  Ceri- 
tkium  Deydieri,  id. 
VI.  p.  54  3.  FoNTANNES.  —  Fig.  4  a  et  6,  Fauarut  coitatut,  Brocchi,  var. 
crassicoetalus.  Font.;  fig.  2.  Trachus  prœlineatus.  Font.;  fig.  3.  T,  Ca- 


742  LISTE  DES  PLANCHES. 

brierensis,  id,;  fig.  4  a  cl  6,  T.  Ayguesii,  id.;  fig.  5,  7.  angulatw, 
Eichwald,  var.  Druentica,  Font.;  fig.  6.  Clanculus  Araonis,  Basserot, 
var.  valdecincla.  Font.;  fig.  7  a  et  6,  Neritina  Dumortieri,  id,;  fig.  8 
a  et  b,  Succinea  primœva,  Math.;  fig.  9  a  et  6^  Limnœa  Cucuronensis, 
Font.;  fig.  40  a  et  6,  L.  Deydieri,  id.;  fig.  41  a  et  b,  Arca  Rhodanien, 
id,  ;  fig.  4  2  a-c,  Diplodonia  Fischer i,  id,  ;  fig,  4  3  a-d,  Cardita  gonio' 
pleura,  id.  ;  fig.  4  4  a-c.  Tapes  urinus,  id.;  fig.  4  5,  Pholas  Luhero- 
nensis,  id, 
VII.  p.  550.  Daubrée.  —  Fig.  4,  Cônes  cannelés  employés  à  la  préparation 
de  la  terre  à  briques,  qui  y  est  non  seulement  laminée,  mais  aussi 
déchirée,  à  cause  de  la  différence  de  vitesse  des  surfaces  opposées 
Tune  à  Tautre.  Échelle  ^/^^;  fig.  2,  Tonneau  malaxeur  utilisé  pour  les 
expériences  relatives  au  développement  de  la  chaleur  dans  les  roches 
par  les  actions  mécaniques  ;  ABCD,  section  du  cylindre  destine  à  recevoir 
Targile  à  malaxer;  EE,  arbre  vertical  animé  d'un  mouvement  autour  de 
son  axe;  IIH,  lame  hélicoïdale  portée  par  Tarbre  EE  et  forçant  Targile 
à  descendre  pour  subir  Faction  triturante  ;  PP,  palettes  courbes  tritu- 
rant Targile  et  la  faisant  frotter  sur  les  deux  couches  d'argile  qui  recou- 
vrent, Tune  les  parois  verticales,  Taulre  le  fond  du  tonneau  ;  S,  orifice 
ou  base  par  où  Targile  sort  après  le  malaxage.  L'arbre  EE  est  actionné 
par  l'engrenage  RR,  et  supporté  par  la  crapaudine  T.  Échelle  Vs«  ; 
fig.  3,  Vue,  en  projection  horizontale,  des  palettes  PP,  dont  la  tangente 
au  point  extrême  fait  un  angle  de  25  à  30®  avec  l'élément  voisin  du 
cylindre  ;  E  projection  horizontale  de  l'arbre  moteur;  la  flèche  indique 
le  sens  du  mouvement.  Échelle  7a«  î  ^i8*  ^i  Courbe  représentant  les 
températures  successivement  prises  par  de  l'argile  ferme  triturée  sur 
elle-môme  dans  le  tonneau  malaxeur  de  M.  M.  Boulet  ;  fig.  5,  û/.,  dans 
le  tonneau  malaxeur  de  M.  M.  Tiphine  ;  fig.  6,  td.,  par  de  l'argile 
molle  triturée  sur  elle-même  dans  le  tonneau  malaxeur  précité  ;  fig.  7, 
Appareil  destiné  à  provoquer  un  développement  de  chaleur  par  le  frot- 
tement mutuel  de  deux  plaques  de  marbre;  T,  tour  do  lapidaire  à  axe 
vertical,  entraînant  dans  son  mouvement,  qu'on  peut  rendre  plus  ou 
moins  rapide,  une  plaque  de  marbre  M  ;  m  autre  plaque  de  marbre, 
maintenue  immobile  à  la  main  et  pressée  par  la  première  par  le 
poids  P,  variable  à  volonté.  La  flèche  indique  le  sens  du  mouvement. 
Échelle  V4Î  ^S-  S»  ^u®  on  plan  de  l'appareil  précédent.  Mémo  échelle; 
fig.  9,  Thermomètre  à  fond  plat,  à  réservoir  volumineux  et  à  tige  très 
fine,  destiné  à  mesurer  par  application  les  températures  successivement 
prises  par  la  plaque  M  des  deux  figures  précédentes.  Échelle  V»  ;  fig.  4  0, 
Courbe  dos  températures  successivement  prises  par  la  plaque  M  ;  fig.  44, 
Ammonite  déformée  des  couches  calcaires  fortement  redressées  do 
Tctago  oxfordien  du  Grand-Movoran.  —  Les  deux  lignes  rox?  tan  cul  aires 


LISTE  DES  PLANCHES.  7'i3 

indiquent  la  direction  dos  axes  de  conductibilité  thermique  maximum 
et  minimum.  Échelle  Vs» 
VIII.   p.  583.  G.  DoLLFUS.  — Profil  géologique  du  chemin  de  fer  de  Monsoult 
à  Beaumont  (Seino-et-Oise). 

IX.   p.  600.  ToRCAPEL.  —  Fig.  \ .  Coupe  géologique  entre  Ginestous  et  les 

Fons.  Fig.  2,  Coupe  du  Suc  de  Sainte-Eulalie. 
X.  p.  6H.  R.  Zeiller.  — Dicranophyllum  robustum,  Zeiller.  Fragments  de 
rameaux  portant  plusieurs  feuilles  et  des  bourgeons  floraux  à  Taisseile 
de  quelques-unes  d'entre  elles,  a^  Deux  étamines  composées  chacune 
d'un  petit  axe,  épanoui  au  sommet  en  un  écusson  plurilobé,  qui  poi^ 
les  sacs  polliniques  ;  fig.  2  et  %\  Fragments  de  feuilles  provenant  de  la 
partie  postérieure  delà  même  plaque;  fig.  3,  Une  des  étamines  a  grossie. 

XI.   p.  623.  H.  E.  Sauvage. — Fig.  4-4  6,  Ptychodus  Trigeri,  Sauvg.;  fig.  2 
et  2a,  Girodus  Fabrei,  Sauvg.;  fig.  3  et  3a,  Myliobates  Rivieri,  Sauvg.; 
fig.  4,  Onchus  simpleXj  Sauvg.;  fig.  5,  Clupea  Lorcœ,  Sauvg. 
XII.   H.  B.  Sauvage.  —  Palœoniscus  Delessei,  Sauvg. 

XIII.  H.  E.  Sauvage.  —  Fig.  1,  Desmichthys  Daubrei,  Sauvg.;  fig.  *ê,  Eurys- 
teihus  Brongniartij  Sauvg.;  fig.  3.  Clupea  Larteti,  Sauvg. 

XIV.  p.  679.  N.  DE  Mercey.  —  Fig.  4,  Coupe  de  Maignelay  à  Mortemer  par 
Coivrel  ;  fig.  2,  Talus  du  chemin  de  Coivrel  à  Crèvecœur  ;  fig.  3, 
Sablière  au  N.  de  Coivrel  entre  les  chemins  de  Crèvecœur  et  de  Tricot  ; 
fig.  5,  Cendricre  au  nord-ouest  du  signal  et  moulin  (détruit)  de  Coivrel  ; 
fig.  6,  Sablière  au  sud-est  du  moulin  de  Courcellos-Epayolles  ;  fig.  7, 
Carrière  du  Grand  Bois  de  Mortemer. 

XV.  p.  697.  De  Chancourtois.  — Puits  artésien  du  château  de  la  Madeleine 
(propriété  de  M™°  veuve  H.  Thénard),  commune  de  Pressagny-l'Or- 
gueilleux  près  de  Vernon  (Eure),  foré  par  M.  M.  Dru  en  4  868.  Section 
verticale  du  forage.  —  Coupe  longitudinale  suivant  Taxe  de  la  galerie 
et  du  bélier.  —  Section  verticale  des  terrains  tertiaires  et  crétacés.  — 
Coupe  S.-O.-N.-E.  suivant  la  ligne  AA'  passant  par  le  château  de  la 
Madeleine  au  sud  du  sondage.  —  Carte  géologique  des  environs  de 
Vernon  sur  report  de  la  Carte  de  TÉtat-major,  d'après  la  feuille  d'Évreux 
de  la  Carte  géologique  détaillée  de  la  France. 


48 


DATES  DE  PUBLICATION. 


Livraison  I.  Fouilles  1-3  et  A. 


2. 
3. 
1. 

5. 
(i. 

8. 

9. 

10. 


4-9  et  B.  PI.  I, 

10-13,  C  et  D. 

14-16  et  E. 

17-20,  F,  G  et  H.  PI.  ii, 

i>l-25etl. 

26-33.  PI.  iv-vi, 

31-36.  PI.  VII, 


37-10. 
4 1-45. 


février 
mars 
juin 
octobre 
mars 
juillet 
octobre 
décembre 


187N. 


1879. 


PI.  viii-xiii,  juillet 
PI.  XIV,         octobre 


1880. 


KRRATm. 

P.  "07. 1.  '2\.  Au  lieu  de  «  cette  séparation  si  facile  montre  que  le  sable  granitique 
s  étant  déjxjsé  dans  une  eau  tranquille  ou  courante,  le  départ  simultané  des  deux 
ék'inents  n'a  pu  s'effectuer  que  dans  une  masse  à  l'état  boueux  »  lire  :  «  cette  sépa- 
rati(»n  si  facile  montre  que  le  sable  granitique  n'a  pa^  été  déposé  dans  une  eau 
Iraruiuille  ou  courante  ;  le  dépôt  simultané  des  deux  éléments  n'a  pu  s'effectuer  que 
dans  um.'  mas>e  à  l'état  boueux.  » 


Meulan,  imp.  de  À.  Masson. 


I 


LISTE  DES  OUVRAGES 

REÇUS  EN  DON  OU  EN  ÉCHANGE 

PAR   LA    SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE   DE   FRANGE 

du  48  juin  au  4  novanhrc  1877. 


lo  OUVRAGES  NON   PÉRIODIQUES. 

(Les  no7ns  des  donateurs  sont  en  italiqtie,) 

Arceîin  (Adr.).  Les  formations  tertiaires  et  quaternaires  des  envi- 
rons de  Hac4)n  :  TArgile  à  silex  ;  l'Époque  glaciaire  ;  l'Érosion  des  val- 
lées ;  l'Ancienneté  de  l'Homme,  in-S®,  95  p.,  3  pi.;  Paris,  1877,  chez 
F.  Savy. 

—  Essai  de  classification  des  stations  préhistoriques  du  département 
de  Saôqe-et-Loirc,  gr.  in-8o,  iO  p.;  Autun,  1877. 

Arnaud  (H.).  Études  pratiques  sur  la  Craie  du  Sud-Ouest,  2®  partie  : 
Profils  géologiques  des  chemins  de  fer  des  Charentes,  région  crétacée, 
gr.  in-8o,  36  p.,  7  pi.;  Bordeaux,  1877. 

Barcena  (Mar,).  Noticia  cientifica  de  una  parte  del  estado  de  Hi- 
dalgo, in-8^  50  p.,  3  pi.;  Mexico,  1877. 

Bassani.  Ittiodontoliti  del  Veneto,  in-S^,  40  p.;  Padoue,  1877. 

Belt  (Th.).  The  Glacial  Period  in  the  Southern  Hémisphère,  in-8», 
30  p.;  Londres,  1877. 

Boricky  (Em.).  Die  Arbeiten  der  chemisch-petrologischen  Abthei- 
lung  der  Landesdurchforschung  von  Bohmen,(  enthaltend  :  Elemente 
einer  neuen  chemisch-mikroskopischen  Mineral-und  Gesteinanalyse, 
in-4s  80  p.,  2  pi.;  Prague,  1877. 

Brocchi  (P.).  Description  de  quelques  Crustacés  fossiles  appartenant 
à  la  tribu  des  Raniniens,  gr.  in-8o,  8  p.,  1  pi.;  Paris,  1877. 

Carte  géologique  détaillée  de  la  France,  feuilles  2  (Dunkerque),  11 
(Abbeville),  95  (Orléans)  et  109  (Gien);  Paris,  1877. 

Choifat  (P.).  Age  du  gisement  fossilifère  des  Sèches  des  Amburnets, 
in-8o,  2  p.;  Lausanne,  1877  (M.  Renevier). 

Claus  (C).  Traité  de  Zoologie,  traduit  sur  la  troisième  édition  al- 
lemande et  annoté  par  G.  Moquin-Tandon,  fasc.  5-7,  gr.  in-8^  624 
p.;  Paris,  1877,  chez  F.  Savy. 

A 


2  DONS.   —   18  JLlN-4  NOV.    1877. 

Cornet.  Notice  sur  le  bassin  liouiller  limbourgeois,  in-S»,  ii  p.; 
Liëge,  1877. 

—  et  Driart.  Sur  le  relief  du  sol  en  Belgique  après  les  temps  paléo- 
zoïques,  in-8°,  47  p.,  7  pi.;  Litige,  1877. 

Coltcau  (G.).  Paléontologie  française,  1"^^  sér.,  Anhnaux  invertébrés. 
Terrain  jurassique,  38°  livraison,  Échinôdennes  réguliers,  f.  12-14, 
pi.  191-202  ;  sept.  1877  ;  Paris,  chez  G.  Masson  (Comité  de  la  Paléon- 
tologie française). 

Davidson  (Th.).  What  is  a  Brachiopod  ?,  in-8S  31  p.,  4  pi.,  i  tabl.; 
Londres,  1877. 

—  On  the  Bracliiopoda  of  the  Inferior  Oolite  of  Bradford  Abbasand 
its  vicinity,  with  Noies  by  the  editor  (J.  Buckraan)  on  the  Fossil  Beds 
of  B.  A.  and  its  vicinity,  in-S»,  29  p.,  4  pl.;Sherborne,  1877. 

—  Sur  les  Brachiopodes  tertiaires  de  Belgique,  traduit  de  l'anglais 
par  Th.  Lefèvre,  gr.  in-8o,  20  p.,  2  pi.;  Bruxelles,  1874. 

—  Qu'est-ce  qu'un  Brachiopode?  Mémoire  inédit,  traduit  de  l'anglais 
par  Th.  Lefèvre,  gr.  in-S*^,  52  p.,  4  pi.,  1  tabl.;  Bruxelles,  1875. 

Delesse.  Sur  les  gisements  de  Chaux  phosphatée  de  l'Estramadure, 
in'8°,  G  p.  ;  Paris,  1877. 

Delvatuc  (Em.).  Note  sur  un  Forage  exécuté  à  Mons  en  septembre 
1876,  in-8o,  17  p.;  Liège,  1877. 

Favre  (Alph.).  Rapport  du  Président  de  la  Société  de  Physique  et 
d'Histoire  naturelle  de  Genève  pour  la  période  annuelle  du  31  mai 
1876  au  1^^  juin  1877,  in-4«,  16  p.;  Genève,  1877. 

Favre  (Em.).  Étude  stratigraphique  de  la  partie  sud-ouest  de  la 
Crimée,  suivie  de  la  Description  de  quelques  Échinides  de  cette  région, 
par  M.  P.  de  Loriol,  in-4o,  76  p.,  4  pi.;  Genève,  Bâle  et  Lyon,  1877, 
chez  H.  Georg. 

Feistmantel  (Ott.).  Ueber  das  Verhâltniss  gewisser  fossilen  Floren 
und  Landfaunen  untereinander  und  zuden  gleichzeiligen  Meeresfau- 
nen  in  Indien,  Afrika  und  Australien,  gr.  in-8o,  38  p.,  1  pi.;  Calcutta, 
1877. 

Fliche.  De  la  Végétation  des  Tourbières  dans  les  environs  de  Troyes, 
gr.  in-8o,  13  p.;  Nancy 

Fromentcl  (de).  Paléontologie  française,  1"^  sér.,  Animaux  inverté- 
brés. Terrain  crétacé,  27°  livr.,  t.  Vllf,  Zoophytes,  f.  28-30,  pi.  109- 
129;  juillet  1877;  Paris,  chez  G.  Masson  (Comité  de  la  Paléontologie 
irançaise). 

Geological  Sw^vey  of  India.  Mcmoirs  of  the  — .  Palœontologia  in- 
dica  :  Indian  terliary  and  post-lertiary  Verlebrala,  t.  I,  2;  sér.  X,  2  : 
Molar  tcelh  and  othcr  remains  of  Mammalia,  par  R.  Lydekher,  gr. 
in-4o,  76  p.,  7  pi.;  Calcutta,  1876. 


DONS.  —  18  ji;iN-4  Nov.  1877.  ;i 

—  Id,  :  S(5r.  XI,  1  :  Jurassic  (oolitic)  Flora  of  Kach,  par  Ott.  Feist- 
mantel,  gr.  iïi-4o,  92  p.,  12  pi.;  Calcutta,  187(5. 

Geological  Survey  of  the  State  ofNew  York.  Palieontology.  Illustra- 
tions of  Devonian  Fossils  :  Gasteropoda,  Pteropoda,  Ccpbalopoda, 
Crustacea  and  Corals  of  thc  Upper  Helderberg,  Hamilton  and  Chemung 
groups,  par  J.  Hall,  in-4^  160  p.,  133  pi.;  Albany,  1876,  chez  Weed, 
Parsons  et  C'®  ;  New  York,  chez  E.  Bierstadt. 

Geological  Survey  of  the  Territories,  U.  S.  — .  Hiscellaneous  publi- 
cations, 1  :  Lists  of  élévations,  principally  in  that  portion  of  the  U.  S. 
West  Mississipi  river,  4**  éd.,  par  H.  Gannett,  in-8®,  167  p.,  1  pi.;  WaS' 
hington,  1877. 

Geologischc  Specialkarte  von  Elsass-Lothringen.  Abhandlungen  zur 
— ,  t.  I,  n®  3  :  Das  Gneiss-Gebiet  von  Markirch  ira  Ober-Elsass,  par 
P.  Groth,  in-4^  96  p.,  1  pi.;  Strasbourg,  1877,  chez  R.  Schultz  et  C'<». 

—  Id.,  1. 1,  n*»  4  :  Ueber  die  Trias  in  Elsass-Lothringen  und  Luxem- 
burg,  par  E.  W.  Benecke,  in-4^  350  p.,  9  pi.;  Strasbourg,  1877, 
chez  les  n)êmes. 

Grad  (Ch,),  Notice  sur  les  grottes  de  Cravanche  et  l'Homme  préhis- 
torique en  Alsace,  in-8%  iO  p.;  Colmar,  1877. 

Grcenough.  A  Geological  Map  of  England  and  Wales,  6  feuilles; 
Londres,  1865  (Société  géologiqtœ  de  Londres). 

Laguna  (Max.)  et  M.  de  la  Paz  Graells.  Discursos  leidos  ante  la  Real 
Academia  de  Ciencias  exactas,  tisicas  y  naturaies,  en  la  recepcion  pub- 
lica  del  Sr.  Don  M.  L.,  in-8%  58  p.;  Madrid,  1877. 

Lapparent  (A.  de).  L'état  de  nature  et  les  îles  coralliennes,  in-8®, 
16  p.;  Louvain,  1877. 

—  Le  déplacement  de  Taxe  des  pôles,  in-8%  21  p.;  Louvain,  1877. 
Lasaiilx  (A.  von).  Kryslallographische  Notizen,  gr.  in-8®,  12  p., 

1  pi.;  Leipzig,  1877. 

Lefèvre  (Th.),  Note  sur  le  gisement  des  fruits  et  des  bois  fossiles  re- 
cueillis dans  les  environs  de  Bruxelles,  in-8o,  14  p.;  Liège,  1875. 

—  Note  sur  la  présence  de  TErgeron  fossilifère  dans  les  environs  de 
Bmxelles,  gr.  in-8^,  6  p.;  Bruxelles,  1875. 

—  Sur  la  disposition  d'un  travail  préparatoire  à  la  rédaction  des 
listes  paléontologiqucs,  in-8'^,  3  p.;  Bruxelles,  1876. 

—  Rapport  sur  la  description  de  la  Rostellaria  robusta  de  M.  Rutot, 
gr.  in-8o,  8  p.;  Bruxelles,  1876. 

—  Rapport  sur  le  travail  de  M.  Vincent  intitulé  :  Description  de  la 
Faune  de  l'étage  landenien  inférieur  de  la  Belgique,  gr.  in-8®,  4  p.  ; 
Bruxelles,  1877. 

Leymene,  Note  sur  Texistcnce  du  Mercure  coulant  dans  lesCévennes, 
in-8^  Il  p.;  Toulouse,.... 


4  DONS.  —  18  juiN-4  Nov.  1877. 

•—  Mémoire  sur  le  terrain  crétacé  du  Midi  de  la  France,  gr.  in-S^", 
27  p.;  Montpellier,  1877. 

Liversidge  (Arch.),  On  tbe  formation  of  Hoss  Gold  and  Silver,  in-S"", 
7  p.;  Sydney,  1876. 

—  On  a  remarkable  example  of  contoried  Slate,  in-8^  2  p.,  S  pi-; 
Sydney,  1876. 

—  Fossiliferous  siliceous  depositfrom  theRichmond  River,  N.  S.  W., 
in-8^  4  p.,  1  pi.;  Sydney,  1876. 

Lossen.  Kritische  Bemerkungen  zur  neueren  Taunus-Literalur,  in-S^, 
23  p.;  Berlin,  1877. 

Ludwig  (R.).  Fossile  Crocodîliden  aus  der  Tertiârformation  des 
Hainzer  Beckens,  in-4^  73  p.,  16  pi.;  Cassel,  1877. 

Marsh,  Introduction  and  succession  of  Vertebrate  life  in  America, 
in-4%  57  p.;  Nashvilie,  1877. 

Raulin.  Éléments  de  Géologie,  2«  édition,  in-12,  132,  154,  174  et 
140  p.,  3  pi.;  Paris,  1874. 

Renevier.  Notice  sur  ma  Carte  géologique  de  la  partie  sud  des  Alpes 
Yaudoises  et  régions  limitrophes,  in-8s  45  p.,  1  pi.;  Genève,  1877. 

—  Renseignements  géographiques  et  géologiques  sur  le  Sud  de 
l'Afrique  extraits  des  lettres  du  missionnaire  P.  Berthoud,  in~8%  7  p.; 
Lausanne, .... 

—  Observations  sur  le  Cours  de  géologie  comparée  de  Stanislas 
Meunier,  in-8^  4  p.;  Lausanne, .... 

Rouville  (P.  de).  Notice  biographique  sur  Paul  Tournai,  in-8°,  64  p.; 
Narbonne,  1876. 

Seguenza.  Brevissimi  Cenni  intorno  le  formazioni  terziarie  délia 
provincia  di  Reggio-Calabria,  in-8<»,  31  p.;  Messine,  1877. 

Smith  (J.  L,),  Researches  on  the  solid  Carbon  compounds  in  Météo- 
rites, in-8<^,  17  p.;  New-Haven,  1876. 

—  A  Description  of  the  Rochestcr,  Warrenlon  and  Cynlhiana  Mc- 
teoric  Stones,  which  fell  respeclively  december  21,  1876,  january  3, 
1877,  and  january  23,  1877,  with  some  Remarks  on  the  previous  falls 
of  Météorites  in  the  same  régions,  in-8o,  11  p.;  New-Haven,  1877. 

Smithe  (Fr.).  On  the  occurence  of  Plicatula  lœvigata  of  d'Orbigny  in 
the  Middle  Lias  of  Gloucestershire;  On  the  Middie  Lias  of  North  Glou* 
cestershire.  The  Spinatus  zone,  in-8%  65  p.,  2  pi.;  Gloucester,  1877. 

Stache  (G.)  et  C.  John.  Geologische  und  petrogi'aphische  Beitrâge 
zur  Kenntniss  der  âlteren  Eruptiv-und  Masscngesteine  der  Mittel-und 
Ost-AIpen  :  L  Die  Gesteine  der  Zwôlferspilzgruppe  in  Westtirol,  gr. 
in-8%  100  p.,  2  pi.;  Vienne,  1877. 

Tchihatchef  (P .  de).  Considérations  géologiques  sur  les  îles  océani- 
ques, gr.  in-8°,  54  p.;  Paris,  1878,  chez  J.-B.  Balllière  et  (ils. 


DONS.. —  18  jui?(-4  Nov.  1877.  5 

Tre^jelyan  (W.  C).  Sir  —,  Bart.  in  1853  and  1875  :  To  Ihe  Secre- 
tary  of  the  Alliance;  Speech  of  Sir  W.  C.  T.,  Chairman  at  the  public 
dinner  given  to  Sir  G.  Grey,  at  Alnwick,  on  Easter  Monday,  March 
28*\  1833;  Letter  from  Sir  W.  G.  T.  to  the  Hon.  Secretary  of  the 
Noltingham  Band  ofHope  Union,  gr.  in-8°,  4  p.;  Manchester,... 

IVomelin  (G.  de)  et  Ch.  de  Grasset.  Étude  sommaire  des  Faunes 
paléozoïques  du  Bas-Languedoc  (extrait),  in-8«,  7  p.;  Le  Havre, 
1877. 

—  et  P.  Lebesconte.  Observations  sur  les  terrains  primaires  du  Nord 
du  département  d'Ille-et-Yilaine  et  de  quelques  autres  parties  du 
massif  breton  (Paléozoïque  de  l'Ouest  de  la  France),  gr.  in-8%  43  p.; 
Paris,  1877. 

2^  OUVRAGES  PÉRIODIQUES. 

France.  Paris.  Académie  des  Sciences.  Comptes-rendus  hebdoma- 
daires des  séances  de  1—,  t.  LXXXIV,  no«  25  et  20;  1877. 

Des  Cloizeaux.  —  Sur  une  nouvelle  Anthophyllite  de  Bamle,  en  Norwége,  1473. 
Guignet.  —  Sur  le  Fer  nickelé  de  Sainte-Catherine,  au  Brésil,  1507. 
Daubrée.  —  Observations  sur  la  communication  de  M.  Guignet,  1506. 
Pisani.  —  Description  de  plusieurs  minéraux,  1509. 

—  Id.,  t.  LXXXV,  no»  1-18;  1877. 

s.  Kern.  —  Sur  un  nouveau  métal,  le  Davyum,  72. 

Lunay.  —  Sur  le  Fer  nickelé  de  Sainte-Catherine,  84. 

Daubrée.  —  Expériences  d'après  lesquelles  la  forme  fragmentaire  des  fers  mé- 
téoriques peut  être  attribuée  à  une  rupture  sous  l'action  de  gaz  fortement  comprimés, 
tels  que  ceux  qui  proviennent  de  l'explosion  de  la  dynamite,  115  ;  —  Conséquences 
à  tirer  des  expériences  faites  sur  l'action  des  gaz  produits  par  la  dynamite,  relati- 
vement aux  météorites  et  à  diverses  circonstances  de  leur  arrivée  dans  l'atmo- 
sphère, 253  ;  —  Recherches  expérimentales  faites  avec  les  gaz  produits  par  l'explo- 
sion de  la  dynamite,  sur  divers  caractères  des  météorites  et  des  bolides  qui  les 
apportent,  314;  —  Observations  sur  la  Description,  par  M.  L.  Smith,  des  pierres 
météoriques  de  Rochester,  Warrenton  et  Cynthiana,  678. 

Hébert  et  Munier-Chalmas.  —  Recherches  sur  les  terrains  tertiaires  de  l'Europe 
méridionale  :  Terrains  tertiaires  de  la  Hongrie,  123,  181  ;  —  Id.:  id.  du  Yicentin, 
259,  320. 

Loymerie.  —  Du  phénomène  ophitique  dans  les  Pyrénées  de  la  Haute-Garonne, 
197;  —  Les  Pyrénées  marquent  la  vraie  ligne  de  séparation  entre  les  étages  éocène 
et  miocène  du  terrain  tertiaire,  384. 

Gosselet.  —  Les  calcaires  dévoniens  supérieurs  du  Nord  de  la  France,  454. 

G.  de  Saporta.  —  Sur  la  découverte  d'une  plante  terrestre  dans  la  partie  moyenne 
du  terrain  silurien,  500;  —  Découverte  de  plantes  fossiles  tertiaires,  dans  le  voisi- 
nage immédiat  du  pôle  nord,  561. 

Marignac.  —  Sur  un  bloc  erratique  de  granité  des  environs  de  Genève,  563. 

L.  Smith.  —  Description  des  pierres  météoriques  do  Rochester,  Warrenton  et 
Cynthiana,  qui  sont  respectivement  tombées  les  21  décembre  1876,  3  janvier  et 


6  DONS.  —  18  JUiiN-i  Nov.  i877. 

23  janvier  1877,  avec  quelques  remarques  sur  les  chutes  précédentes  de  météorites 
dans  la  môme  région.  678. 

Renault.  —  Sur  les  débris  organisés  contenus  dans  les  quartz  et  les  silex  du 
Roannais,  715. 

Munier-Chalmas .  —  Observations  sur  les  Algues  calcaires  appartenant  au  groupe 
des  Siphonées  verticillées  (Dasycladées  Harv.)  et  confondues  avec  les  Foramini- 
fères,  814. 

—  Annales  des  Mines,  7®  série,  t.  XI  ;  1877. 

Oppermann.  —  Note  sur  la  préparation  mécanique  des  minerais  de  zinc  à  Amme- 
berg  (Suède),  261. 

Kcllcr.  —  Notice  sur  la  consolidation  des  carrières  souterraines  sous  l'empla- 
cement des  réservoirs  de  Montrouge,  284. 

—  Bulletin  des  travaux  de  Chimie  exécutés  par  les  Ingénieurs  des  mines  dans  les 
Laboratoires  départementaux,  323. 

G.  Rolland.  —  Mémoire  sur  la  Géologie  de  Kongsberg  (Norwége),  391. 

—  Id.,  t.  XII,  l'^livr.;1877. 

Pouyanne.  —  Notice  géologique  sur  la  subdivision  de  Tlemcen,  81. 

—  Annales  des  Sciences  géologiques,  t.  VIII  ;  1877. 

H.  Filhol.  —  Recherches  sur  les  Phosphorites  du  Quercy.  Étude  des  fossiles  qu'on 
y  rencontre,  et  spécialement  des  Mammifères,  2*  partie,  n*  1. 

P.  Brocchi.  —  Description  de  quelques  Crustacés  fossiles  appartenant  à  la  tribu 
des  Raninicns.  n*  2. 

Marsh.  —  Note  sur  les  caractères  des  Odontornithes,  et  indication  d'un  nouveau 
genre  de  ce  groupe,  n*  3. 

—  Club  Alpin  français.  Bulletin  trimestriel,  1877,  2«  et  3«  trimestres. 

—  Journal  des  Savants,  1877,  juin-septembre. 

—  Revue  scientifique  de  la  France  et  de  l'Étranger,  2*^  sér.,  6«  année, 
n«»  52  et  53;  1877. 

R.  Zeiller.  —  Flore  carbonifère  du  Centre  de  la  France;  travaux  de  M.  Grand'Eury, 
1254. 

—  Id.,  7e  année,  n««  1-18;  1877. 

—  Le  grand  Tremblement  de  terre  du  Pérou,  18. 

E.  Oustalet.  —  Les  Bisons  d'Amérique  ti'après  les  travaux  de  M.  J.-A.  Allen,  85 

—  Une  montagne  qui  s'écroule,  139. 

Broca.  —  Les  races  fossiles  de  l'Europe  occidentale,  169. 
Lennier.  —  La  Géologie  normande;  l'embouchure  de  la  Seine,  193. 

—  Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences,  congrès  du  Havre; 
section  de  Géologie.  199. 

Potier.  —  Le  Tunnel  du  Pas-de-Calais  au  point  de  vue  géologique,  241. 
Hébert.  —  Recherches  sur  les  terrains  tertiaires  de  la  Hongrie  et  du  Viccntin, 
par  MM.  H.  et  Munier-Chalmas,  309. 
H.  de  Varigny.  —  La  Mongolie  et  les  Mongols,  370. 
McndeleelT.  —  L'origine  du  Pétrole,  409. 

—  Socitté  centrale  d'Agriculture  de  France.  Bulletin  des  séances  de 
la  —,  t.  XXXVH,  n"^5et«;  1877. 


DONS.  —  18  jciiN-4  Nov.  i877.  7 

Çhcvreul,  Delesse.  —  Sur  la  composition  des  os  fossiles,  249. 

—  Société  d'Anthropologie  de  — .  Ballelins  de  la  — ,  2«  sér.,  t.  XII, 
r\^^  2  et  3  ;  1877. 

Pielte  et  J.  Sacazc.  —  La  montagne  d'Espiaup,  225. 

Bertrand.  —  Sur  les  découvertes  faites  dans  la  baie  de  Penhouet  à  Saint-Nazaire, 
300. 

—  Société  botanique  de  France.  Bulletin  de  la  — ,  t.  XXIV,  n»  I, 
etRev.  bibl.,  AetB;  1877. 

—  Société  de  Géographie.  Bulletin  de  la  — ,  6°  sér.,  t.  XIII,  avril- 
juin;  1877. 

Harmand.  —  Les  îles  de  Poulo-Condor,  le  Haut  Don-naï  et  ses  habitants,  523. 
Lanhen.  -—  Note  sur  la  république  du  Transvaal,  610. 

—  Id.,  t.  XIV,  juillet-septembre;  1877. 

—  Résumé  des  travaux  et  des  explorations  exécutés  dans  le  Colorado  pendant  la 
campagne  de  1876,  sous  la  direction  de  M.  Hayden,  58. 

Edm.  Fuchs.  —  Note  sur  l'isthme  de  Ghabès  et  l'extrémité  orientale  de  la  dépres- 
sion saharienne,  218. 

Amiens.  Société  Linnéenne  du  Nord  de  la  France.  Bulletin  mensuel, 
t.  III,  11°»  61-64;  1877. 

Josse.  —  Note  sur  l'ancienne  étendue  des  baies  de  Somme  et  d'Authie,  320. 
DeMercey.  —  Sur  deux  questions  concernant  les  croupes  de  la  Somme,  336. 

Auxerre.  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de  TYonne. 
Bulletin  de  la  —,  2°  sér.,  t.  XI,  !«'  sem.;  1877. 

Dunkerque.  Société  D.  pour  l'encouragement  des  Sciences,  des 
Lettres  et  des  Arts.  Mémoires  de  la  — ,  t.  XIX;  1874-73. 

Lyon.  Commission  de  Météorologie  de  — ,  XXXII«  année;  1875. 

Rouen.  Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles  de  — .  Bulletin  de 

la  —,  2«  sér.,  t.  XII,  2®  sem.;  1876. 

Boutillier.  —  Rapport  géologique  sur  l'excursion  faite  à  Amiens  le  11  juin  1876, 
173  ;  —  Note  sur  un  dépôt  alluvial  de  Saint-Aubin-sur-Mer  (Calvados)  contenant  des 
Nummulites,  183;  — Compte-rendu  de  l'excursion  faite  à  Clermont-Ferrand  et  dans 
ses  alentours  en  juin-juillet  1876..  237. 

Saint-Étienne.  Société  de  l'Industrie  minérale.  Bulletin  de  la  — , 
2«  st*r.,  t.  VI,  no»  1  et  2;  1877. 

—  Comptes-rendus  mensuels  des  réunions  de  la  — ,  juin-sept.  1877. 

Boulangier.  —  Sur  un  gisement  de  Cuivre  en  Auvergne  (concession  d'Agnat  et 
d'Azerat),  12  (juillet). 

Henry.  —  Sur  les  gîtes  de  cuivre  gris,  14  fid,J\  —  Sur  le  Pays  de  l'Huile  dans 
l'Amérique  du  Nord,  16;  —  Sur  las  bassins  anthraxifères  de  la  Pensylvanie,  10 
(août). 

De  Radominski.  —  Recherches  sur  le  Cérium,  6  (août). 

Saint-Quentin.  Société  académique  des  Sciences,  Arts,  Belles- 
LcUrcs,  Agriculture  et  Industrie  de  — ,  3^  sér.,  t.  XIV;  1873-76. 


8  DONS.  —  18  juiN-4  Nov.  1877. 

Toulouse.  Matériaux  pourrHistoire  primitive  etnaturellede  rHomme, 
par  M.  Ém.  Cartailhac,  2«  sér.,  t.  VIII,  n^*»  6-8  ;  1877. 

—  Société  d'Histoire  naturelle  de  — .  Bulletin  de  la  — ,  t.  XI,  n°  1  ; 
1876-77. 

Fagot.  —  Catalogue  des   Mollusques  des  Petites-Pyrénées  de  la  Haute-Garonno 
comprises  entre  Cazères  et  Saint-Martory,  33. 
Trutat.  —  Le  Massif  de  la  Maladetta  et  la  station  de  la  Dent  de  la  Maladetta,  51. 

Troyes.  Société  académique  d'Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et 
Belles-Lettres  du  département  de  TAube.  Mémoires  de  la  — ,  3«  sér., 
t.  XIII;  1876. 

Valenciennes.  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  l'arrondis- 
sement de  — .  Revue  agricole,  industrielle,  littéraire  et  artistique, 
t.  XXX,  n°«  6-8  ;  1877. 

Allemagne.  Berlin.  Akademieder  Wissenschat'ten  zu — .  Monatsbericht 
der  K.  P.  — ,  1877,  mars-juillet. 

Beyrich.  —  Uebcr  jurassische  Ammoniten  von  Mombassa,  96. 
Vora  Rath.  —  Ueber  eine  neue  krystallisirte  Tellurgold-Verbindung,  den  Bun- 
sen in  Krcnner's,  292. 
Websky.  —  Ueber  Hornquecksilber  von  el  Doctor  in  Mexico,  461. 

—  Geologischen  Gesellschaft.  ZeiUchrift  der  D.  — ,  t.  XXIX,  n®»  1 
et  2;  1877. 

A.  Krause.  —  Die  Fauna  der  sogcn.  Beyrichien-oder  Choneten-Kalke  des  nord- 
deutschcn  Diluviums,  1. 

Hilgendorf.  —  Noch  einmal  PlanorhU  multiformis,  50. 

A.  Halfar.  —  Ueber  die  metamorphosirlen  Culmschichten  in  der  nàchslon  Umge- 
bung  von  Rohmker  Halle,  sowie  Uber  zwei  neuc  im  nordwesUichen  Oberharze 
beobachtete  Culmkalk-Vorkommen,  63. 

Rammelsberg.  —  Ueber  Nephelin,  Monacit  und  Silberwismuthglanz,  77. 

G.  Wolff.  —  Das  australische  Gold,  seine  Lagcrstàlten  und  seine  Associationen, 
82. 

K.  Hofmann.  —  An  H.  G.  vom  Rath,  185. 

P.  Herler.  —  An  H.  G.  vom  Rath,  194. 

Th.  Wolf.  —  An  H.  G.  vom  Rath,  197,  412. 

L.  von  Ammon.  —  An  H.  W.  Dames,  198. 

G.  Boehm.  —  Beitrage  zur  gcognostischen  Kcnntniss  der  Hilsmulde..  215. 

Weiss.  —  Ueber  die  Entwickelung  der  fossilen  Floren  in  dcn  geologischen  Perio- 
den,  252;  —  Ueber  neucre  Untersuchungen  an  Fruclificalionen  der  Steinkohlen- 
Calamaricn,  259. 

E.  Datho.  —  Die  Diallaggranulite  der  sàchsischen  Granulilformation,  274. 
Lossen.  —  Kritische  Bcmerkungen  zur  neueren  Taunus-Literatur,  341. 
Edm.  Naumann.  — Die  Vuleaninsel  Ooshima  und  ihre  jiingste  Eruption,  364. 
Arzruni.  —  Uebcr  die  Ergebnisse  der  Forschung  auf  dem  Gebiete  der  chemischen 

Krystallographie,  392. 
Kayser.  —  An  II.  Beyrich,  407. 

F.  Saudberger.  —  An  H.  Lossen,  410. 


DONS.  —  18  JULN-4  NOV.   1877.  9 

Dresde.  Naturwissenschaftlicben  Gesellschaflt  Isis  iii  — .  Sitzungs- 
Berichteder-,1877,  1-6. 

Ida  von  Boxbcrg.  —  Ueber  Nicderlassungeii  aus  der  Renthicrzeit  im  Mayenne- 
Dcpartement,  1. 

H.  Engelhardt.  —  Bcmerkungen  Uber  Tertiàrpflanzen  von  Stedten  bei  Halle  a.  S., 
14;  —  Ueber  Petrefacten  von  Borna  und  Zittau,  16; —  Tertiàrpflanzen  von  Kun- 
zcndorf  bei  Sagan  in  Schlesien,  18. 

A.  Dittmarsch.  —  Ueber  die  Géologie  des  Elbthales  bei  Meissen,  17. 

H.  B.  Geinitz.  —  Ueber  Versteinerungen  aus  dem  Elbthale  bei  Meissen,  17;  — 
Ueber  Pterodactylen,  29;  —  Ueber  die  fossilen  Pferde,  42. 

E.  Geinitz. —  Ueber  die  Entw^ickelung  und  die  HauptresuUate  der  mikrosko- 
pischen  Pétrographie,  41. 

Gotha.  Hiltheilungen  aus  /.  Perthes'  geographischer  Anstalt  ûber 
wichtige  neueErforschuiigen  auf  dem  Gesammtgcbieteder  Géographie^ 
t.  XXUI,  1)0*  7-10;  1877. 

Jung.  —  Die  geographischen  GrundzUge  von  SUd-Australien  (suite),  351. 

Stuttgart.  Neues  Jahrbuch  fur  Minéralogie,  Géologie  und  Palseonto- 
logie,  1877,  n«»  4  et  5. 

K.  Zittel.  —  Beitrâge  zur  Systematik  der  fossilen  Spongien,  337. 

Tdrnebohm.  —  Ueber  die  wichtigercn  Diabas-und  Gabbro-Gesteine  Schwedens 
(6n),  379.  • 

G.  A.  Koch.  —  Ueber  Eiskrystalle  in  lockerem  Schutte.  449. 

H.  Trautschold.  —  Der  russische  Jura,  475  ;  —  497. 

Cahusen.  —  Ueber  die  jurassischcn  Bildungen  im  sUdwestlichen  Theile  des  Gou- 
vernements Rjâsan,  483. 

Briefwechsel  :  —  A.  Pichler,  394;  —  E.  Geinitz,  394;  —  F.  Mauser,  395;  — 
G.  Ulrich,  494;—  M.  Braun,  498;  — Des  Cloizeaux,  499;  —  Krenner,  504;  — 
P.  Sandberger,  508  ;  —  Ott.  Feistmantel,  509. 

—  Wûrtteinbergische  nalurwissenschaftliche  Jahreshefte,  t.  XXXIII, 
no*  1  et  2;  1877. 

0.  Fraas.  —  Ueber  die  altère  Steinzeit  in  Schwabcn,  46;  —  Ueber  die  Carte  géolo- 
gique de  la  Terre  par  M.  J.  Marcou,  65. 

Kober.  —  Ueber  eine  Muschelkalkhdhle  bei  Nagold,  58. 

Probst.  —  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  fossilen  Fische  aus  der  Molasse  von  Bal 
iringen  :  II.  Batoidei,  69. 

Th.  Engel.  —  Der  treme  Jura  in  Schwabcn,  101. 

K.  Miller.  —  Foraminiferen  in  der  schwâbisch-schweizcrischen  miocàncn  Mceres- 
molasse  als  Leitfossilien,  295. 

Alsace-Lorraine,  Colmar.  Société  d'Histoire  naturelle  de — .  Bulletin 
de  la  —,  16°  et  17«  années;  1875-76. 

Fessenmayer.  —  Troisième  Étude  de  Gôoli)gie  agricole  appliquée  à  l'Alsace.  De  la 
perméabilité  dés  roches  par  l'eau  et  do  la  formation  des  sources,  271. 

Ch.  Grad.  —  Notice  sur  les  grottes  de  Cravanche  et  l'Hoaune  pr«5historiquc  en 
Alsace,  443. 

Mulhouse.  Société  industrielle  de  — .  Bulletin  de  la  — .  Bulletin 

D 


10  DONS.  —  18  iuiN-4  Nov.  1877. 

spécial  publié  à  l'occasion  du  SO*"»  anniversaire  de  la  fondation  de  la 
Société.  Annexes,  1876. 

—  Id.,  t.  XLVII,  juillet-novembre;  1877. 

M.  Micg.  —  Note  sur  la  grotte  de  Cravanche,  367. 

Autriche- Hongrie,  Bude-Pesth.  Fôldtani  Intézet.  A  Magyar  K.  — 
Évkonyvc,  t.  VI,'nM;1877. 

J.  B(ickh.  —  Megjegyzcsck  az  «  Uj  adatok  a  d6li  Bakony-(ÏJld-és  dslénytani  isme- 
rctéhez  »,  1. 

—  Geologischen  Anstalt.  Mitlheilungen  aus  dem  Jahrbuclie  der  K. 
llngarischen  — ,  t.  VI,  n^  1;  1877. 

J.  Bockh.  —  Bemerkungcn  zu  der  «  Neue  Datcn  zur  geologischen  und  palaoooto- 
logischcn  Kenntniss  des  sUdlichen  Bakony  »,  1. 

Léobcn,  Pribram  et  Schemnitz.  Bergakademien  zu  — .  Berg-und 
Hùttenmânnisches  Jahrbuch  der  K.  K.  — ,  t.  XXV,  n«»  3;  1877. 

Bertels.  —  Ueber  den  Naphta-Distrikt  des  nordwestlichen  Kaukasns,  267. 
B.  Helmhacker.  —  Ueber  das  Vorkommen  des  Stcinsaizes,  283. 
V.  Radimsky.  —  Die  Insel  Pago  in   Dalmatien  und   deren  Lignit-Yorkommen, 
3-25. 

Vienne.  Geologischen  Reichsanstalt.  Abhandlungen  der  K.  K.  —, 
t.  IX;  1877. 

F.  Karrer.  —  Géologie  der  K.  Franz-Josefs  Hochquellen-Wasserleitung.  Eine 
Studie  in  den  Tertiar-Bildungen  am  Westrande  des  alpinen  Thciles  der  Niedemng 
von  Wien,  1. 

Jahrbuch  der  K.  K.  —,  t.  XXVI,  n^»  1-4;  1876. 

A.  Koch.  —  Neue  Beitrâge  zur  Géologie  der  Frusca  Gora  in  Ostsiavonien,  1. 

F.  Seeland.  —  Der  HUttenberger  Erzberg  und  seine  nachsle  Umgebung,  49. 
Schneider.  —  Geologische  Uebersicht  Uber  den  hollandisch-ostindischen  Archipel, 

113. 

M.  Kclb.  —  Die  SooIeque'IIcn  von  Galizien,  135. 

R.  Hœrnes.  —  Anthracotherium  magnum,  Cuv.,  aus  dem  Kohlenablagerungen 
von  Trifail,  209. 

G.  Haberlandt.  —  Ueber  Testudo  prœeepx,  n.  sp..  die  erste  fossile  Landschild- 
krote  des  Wiener  Beckens,  243. 

Neumayr.  —  Das  Schiefergebirge  der  Halbinsel  Chalkidike  und  der  thessalische 
Olymp,  219. 

Paul.  —  Grundzuge  der  Géologie  der  Bukowina,  261. 

J.  Niedzwiedzki.  —  Beitrâge  zur  Géologie  der  Karpathen,  331. 

Br.  Walter.  —  Die  Erziagerstatten  der  sUdlichen  Bukowina,  343. 

E.  von  Kvassay.  —  Ueber  don  Natron  und  Székboden  im  ungarischen  Tieflande, 
427. 

Mincralogische  Mittheilungen.  K.  Than.  —  Analyse  der  Harkanyer  Therme,  1. 

R.  Helrahacker.  —  Pyrit  von  Waldenstein  in  Kiirnthen,  13;  •—  Mincralogische 
Beobachtungen  aus  dem  (istlichen  Bohmen,25. 

R.  von  Drasche.  —  Wcilerc  Bemerkungcn  (iber  die  Géologie  von  Réunion  und 
Maurilius,  38;  —  Einige  Worte  Ubcr  den  geologischen  Bau  von  SUd-Luzon,  157. 


IJONS.  —  18  juiN-4  Nov.  1877.  11 

E.  Doricky.  —  Ueber  einige  ankeritabnliche  Minérale  der  silurischeu  Eisenstcin- 
lager  und  der  KohleoformatioD  Bcihmons  und  Uber  die  ohemische  Constitution  der 
untcr  dem  Namen  Aukerit  vereinigten  Mineralsubstanzcn,  47. 

Edm.  Nemioar.  —  Die  Krystallform  des  Barytoculestins,  59;  —  Die  Eruptivgesteine 
der  Gegend  von  Banow  in  Mahren,  143. 

C.  W.  C.  Fuchs.  —  Bericht  Uber  die  vulkanischen  Ereigoisse  des  Jahres  1875,  71. 

E.  Kalkowsky.  —  Ueber  grUne  Scbiefer  Niederschlesiens,  87. 

Websky.  —  Ueber  Beryll  von  Eidsvold  in  Norwegen,  117. 

E.  Ludwig.  —  Chcmische  Analyse  der  Darkauer  jodhaltigen  Salzsoole,  119. 

Gooch.  —  Ueber  vulkanische  Gesleine  der  Galopagos-Inseln,  133. 

À.  Streng.  —  Ueber  die  mikroskopische  Unlerscheidung  von  Ncpbelin  und  Apa- 
til,  167. 

Loebisch  et  Sipôcz.  —  Analyse  des  Wassers  vom  Mare  morto  auf  der  Insel 
Lacroma,  171. 

W.  Suida.  —  Ueber  das  Verhalten  des  Eisenoxydes  bei  hohen  Temperaturcn, 
175. 

E.  Geinitz.  — Ueber  einige  GrUnschiefer  des  sachsischen  Erzgebirges,  189. 

J.  Terglav.  —  Die  petrographische  BeschafTenheit  der  im  Grazer  Devon  vorkom- 
menden  Tuffe,  207. 

Fr.  Berweth.  —  Felsarten  aus  der  Gegend  von  Rosignano  und  Castellina  marilima, 
sUdIich  von  Pisa,  229. 

Notizcn  :  Yerwandlung  von  Grammatit  in  Talk  bei  Gegenwart  von  Olivin,  65; 
Ueber  Leucit,  66;  Note  zu  Laspeyres'Abhandiung  :  Krystallographische  Bemerkun- 
gen  zum  Gyps;  67;  Ueber  die  Wirkung  verdUnnter  Essigsàure  auf  dolomitische 
Kalke,  69;  Regcluiassige  Ycrwachsung  von  Eisenkies  mit  Eisenglanz,  141;  Minérale 
aus  dem  nordwestlichen  Theile  Schlesicns,  141  ;  Bemerkungen  Uber  die  Pechsteine 
von  Arran,  185;  Biotit-Zwillinge  vom  Vesuv,  187;  Der  Stern  von  Este,  241;  Entstc- 
hung  einer  scbaligen  Textur  im  Steinsalzo  durch  Schlag,  242  ;  Sulfuricin  und  Mela- 
nophiogit,  243. 

—  Id.,  t.  XXYII,  n«l;1877. 

E.  Tictze.  —  Ueber  einen  kurzcn  Ausflug  nach  Krasnowo.isk  im  wesllichen  Tur- 
kestan,  1. 

D.  Stur.  —  Ist  das  Sphenophyllum  in  der  That  einc  Lycopodiaceae  ?,  7. 

Paul  et  Tietze.  —  Studien  in  der  Sandsteinzono  der  Karpathen,  33. 

Miner alogische  Miuheilungen.  R.  Heirahacker.  —  Gold  von  Sysertsk  am  Ural,  1; 
—  Ueber  Diabas  von  Almaden  und  Melapbyr  von  Hankock,  13. 

R.  MUller.  —  Untersuchungen  Uber  die  Ein wirkung  des  koblensaurehaltigen 
Wassers  auf  einige  Mineralien  und  Gesteine,  25. 

R.  von  Drasche.  —  Bemerkungen  Uber  die  japanischen  Vulkane  Asama-Yama, 
Jaki-Yama,  Iwa-wasi-Yama  und  Fusi-Yama,  49. 

Edm.  Ncminar.  —  Nachtrag  zur  chemischen  Analyse  des  Mejonits,  61. 

C.  Dœlter.  —  Beitrëge  zur  Minéralogie  des  Fassa-und  Fleimser-Thales,  U,  65. 

Ç.  W.  C.  Fuchs.  —  Bericht  Uber  die  vulkanischen  Ereignisse  des  Jahres  1876, 
83. 

Notizen  :  Zur  Kenntniss  der  Mineralvorkommen  von  Kalusz,  95;  Siraonyit  von 
IschI,  97;  KUnstliche  Darstellung  der  Pseudomorphose  von  Malachit  nach  Atacamit 
97;  Leonhardit  aus  dem  Fioitcnthale,  9S:  Grundform  des  Yesuvian,  98;  Ein  neuer 
Barytfeldspath,  99. 

Vcrhaiidluiigeii  der  K.  K.  —,  1877,  ii«^  8-12. 


12  DOiNS.  —  18  juiN-4  Nov.  1877. 

Neumayr.  —  Ueber  einen  Conglomeratgang  im  KarpatheDsaodstein  des  Unghvarcr 
Comitates  in  Ungarn,  126;  —  Die  Zooe  der  Terebratula  Aipafia  io  den  SUdalpen, 
177. 

J.  von  Schrocckinger.  —  I.  Posepnyl,  ein  neues  Harz  aus  Californien;  II.  Fluorit, 
aïs  noues  Mineralvorkommen  in  dem  Ouecksilberbergwerke  zu  Idria,  126. 

J.  A.  Gamper.  —  Studien  Uber  Labradorite  von  Kiew,  190;  —  Anorthit  vom 
Monzoni,  131. 

G.  von  Hauer.  —  Der  artesische  Brunnen  in  Gaudenzdorf,  135;  —  Kn  stallogene- 
tische  Beobachtungen,  Y,  162. 

H.  Wult.  — Aufnabmen  in  Oesterreichisch-Podolien,  137. 

G.  A.  Koch. —  Kurze  Erlâuterungen  zur  Yorlage  der  geologiscfaen  Aufoahms- 
kartc  des  Selvrettagebieles,  137;  —  Ein  Beitrag  zu  den  geologischen  Aufnahmen  im 
Rhatikon  und  der  Selvrettagruppe,  202. 

R.  Hœrnes.  — Beitrâgc  zur  Kenntniss  der  Tertiiir-Ablagcrungen  in  den  Sttdalpen, 
I-II,  115,  178;  —  Zur  Géologie  der  Steiermark,  I-II,  198. 

y.  Hanscl.  —  Die  petrographische  Beschaffcnheil  des  Trachytes  der  sUdlichen 
Bukowina,  150. 

y.  Hilber.  —  Die  Miocânschichten  von  Gamlitz  bei  Ehrenhaosen  in  Steiermark, 
166. 

Radimski. —  I.  Ueber  den  geologischen  Bau  der  Insel  Pago;  II.  Hippuritenfun- 
dort  beiScardona  in  Dalmatien,  181. 

0.  Feistmantel. —  Geologische  Mittheilungen  aus  Ost-Indicn,  183. 

G.  Paul.  —  Petrefaktenfund  in  Karpathensandstein,  185. 

0.  Lenz.  —  Reisebericht  aus  Ostgalizien,  187. 

E.  Tielze.  —  Reisebericht  aus  Ostgalizien.  188. 

F.  Toula.  —  Petrefaktenfunde  im  Wechsel-Semmering-Gebiele,  195. 

G.  Stacbe.  —  Orientirungs-Touren  im  Aufnahmsgebicte  derersten  Section  sUdr 
wârts  und  nordwarts  vom  unteren  yintschgau,  205. 

A.  Bittner.  —  Die  Tertiàr-bildungen  von  Bassano  und  Schio,  207. 
yacek.  —  Die  Sette  Gommuni,  211. 

Belgique.  Liège.  Société  géologique  de  B.  Procès-verbal  de  la 
séance  du  15  juillet  1877. 

J.  deMacar.  —  Sur  la  synonymie  de  quelques  couches  de  houille  du  bassin  de 
Hervé,  163. 

G.  Dewalquc.  —  Échantillons  de  Galène  octaédrique  du  fllon  de  Chienheid  (Pe- 
pinster),  165. 

Ad.  Firket.  —  Sur  un  échantillon  de  Barytine  cristallisée  provenant  du  système 
houiller,  166. 

Ch.  de  la  y  allée  Poussin.  —  Sur  l'origine  des  dépressions  des  cailloux  impres- 
sionnés, 107. 

Canada.  Montréal.  Exploration  géologique  du  C.  Rapport  des  opéra- 
lions  de  1875-76;  1877. 

Selwyn.  —  Rapport  sommaire  des  explorations  géologiques,  1;  —  R.  sur  l'explo- 
ration à  la  Colombie-britannique,  30;  —  Forages  pratiqués  sur  la  rivière  du  Cygne, 
près  du  Fort  Pelly,  en  1875,  323. 

Macoun.  —  Notes  géographiques  et  topographiques  sur  les  rivières  de  la  Paix 
inférieure  et  Athabaskaw,  09;  —  Rapport  sur  la  Botanique  de  la  région  parcourue 
entre  l'Ile  de  Vancouver  et  Carllon,  sur  la  Saskatchewan,  125. 


DONS.  —  IH  joii\-4  Nov.  1877.  13 

Whiteaves.  — '  Notes  sur  quelques  fossiles  recueillis  durant  l'expédition  de 
M.  Selwyn,  110. 

G.  M.  Dawson.  —  Rapport  sur  les  explorations  dans  la  Colombie-britannique, 
256. 

5.  H.  Scudder.  —  Les  Insectes  des  lits  tertiaires  deQuesnel,  291. 

R.  W.  Elis.  —  Rapport  sur  les  sondages  pratiqués  dans  le  territoire  du  Nord- 
Ouest,  durant  Tété  de  1875,  311. 

R.  Bell.  —  Rapport  d'une  exploration  faite  en  1875  entre  la  baie  de  James  et  les 
lacs  Supérieur  et  Huron,  325. 

Se.  Barlow. —  Rapport  sur  l'exploration  et  l'étude  des  terrains  houillers  du 
comté  do  Cumberland  (Nouvelie-Ëcosse),  382. 

L.  W.  Dailey  et  6.  F.  Natthew.  —  Rapport  des  observations  géologiques  dans  le 
Sud  du  Nou veau-Bruns wick,  387. 

H.  Fletcher.  —  Rapport  des  explorations  et  relèvements  faits  au  Cap-Breton 
CNouvelle-Écosse).  411. 

Chr.  Hoffmann.  —  Contributions  chimiques  à  la  Géologie  du  Canada,  461. 

Toronlo.  Canadian  Journal  of  Science,  Literature  and  History  (The), 
2^sér.,  t.  XV,  no  5;  1877. 

R.  Bell. —  Sketch  oftheGeology  of  the  route  ofthe  Intercolonial  Raiiway,  381. 

6.  Jennings  Hinde.  —  The  glacial  and  interglacial  strata  of  Scarbon's  heights, 
and  other  Localities  near  Toronto,  Ontario,  389. 

E.  J.  Chapman.  —  Analyses  of  Iron  ores  and  Ankerites  from  the  Acadia  mines  of 
Londonderry,  Nova  Scotia,  414. 

Espagne.  Madrid.  Comision  del  Hapa  geologico  de  Espana.  Boletino 
de  la  —,  t.  IV,  no  1  ;  1877. 

J.  M.  de  Aranzazu. —  Apuntes  para  una  Descripcion  ûsico-geologica  de  las  pro- 
vincias  de  Burgos,  Logrono,  Soria  y  Guadalajara,  1. 

R.  A.  de  Yarza.  —  Apuntes  geologicos  acerca  del  criàdero  de  hierro  de  Somor- 
rostro  en  la  provincia  de  Yizcaya,  49. 

Fr.  Gascue.  —  Nota  acerca  del  grupo  numulitico  de  San  Vicente  de  la  Barquera 
en  la  provincia  de  Santander,  63. 

D.  de  Orueta.  —  Bosquejo  fisico-geologico  de  la  région  septentrional  do  la  pro- 
vincia de  Malaga,  80. 

Alb.  Herrera. —  Dates  gcologico-mineros  de  la  provincia  de  Jaen,  173. 

I.  Gombau.  —  Resena  tisico-geologica  de  la  provincia  de  Tarragona,  181. 

États-Unis,  Boston.  Appalachia,  1. 1,  n®  3;  1Q77. 

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no  5;  1877. 

Cambridge.  Muséum  of  Comparative  Zoôlogy  at  Harvai*d  Collège,  , 
in  — .  Aimual  Report  of  the  Trustées  of  the  —  for  187G  ;  1877. 

New-Haven.  American  Journal  of  Science  and  Arts  (The),  3°  sér., 
t.  XIII,  no  78;  1877. 

J.  D.  Dana.  —  An  account  of  Ihe  Discoveries  in  Verraonl  Geology  ofthe  Rev. 
Aug.  Wing,  405. 

G.  C.  Broadhead.  —  On  Baritc  crystals  from  the  Last  Chance  Mine,  .Morgan  Co., 
Missouri;  and  on  Gothitcfrom  Adair  Co.,  Miss.,  419. 


14  DONS.  —  18  JUIN-4  NQV.   1877. 

s.  L.  Penflcid.  —  On  the  Chemical  Composition  of  Triphylitc,  from  Graflon,  New 
Hampshire,  425. 

G.  H.  Darwin.  —  On  the  Influence  of  Géological  Changes  on  the  Earth's  Axis  of 
Rotation,  444. 

B.  Silliman.  —  On  an  association  of  Gold  with  Schcelite  in  Idaho,  451. 

—  Id.,  t.  XIV,  no»  79-84;  1877. 

J.  D.  Dana.  —  Supplément  to  th3  Account  of  the  Discoveries  in  Vermont  Gcology 
of  the  Rev.  Aug.  Wing,  36;  —  On  the  relations  of  the  Geology  of  Vermont  to  that 
of  Berkshire,  37,  132,  202,  257. 

0.  C.  Marsh.—  Principal  characters  of  Coryphodonlidas,  81;  —  Characlers  of 
the  Odontornithes,  with  Notice  of  a  new  allied  Genus,  85  ;  —  Notice  of  a  new  aod 
giganlic  Dinosaur,  87;  —  Notice  of  some  new  Verlebrate  fossiis,  249. 

J.  Le  Conte.  —  On  Critical  Periods  in  the  History  of  the  Earth  and  their  Relation 
to  Evolution;  and  on  the  Quatcrnary  as  such  a  Period,  99. 

Ch.  Wachsmuth.  —  Notes  on  the  internai  and  eiternal  structure  of  Paleozoic 
Crinoids,  115,  181. 

0.  Allen.  —  Chemical  constitution  of  Hatchettolite  and  Samarskite  from  Milchell 
Co.,  North  Carolina,  128. 

E.  S.  Dana.  —  On  the  occurence  of  Garnets  with  the  Trap  of  Ncw-Haven,  Con- 
necticut,  215. 

J.  L.  Smith.  —  A  Description  of  the  Rochester,  Warrenton,  and  Cynthiana  Me- 
teoric  Stones,  wich  fell  respectivcly  December  21st,  1876,  January  3d,  1877,  and 
January  23d,  1877,  with  some  Remarks  on  the  previous  falls  of  Météorites  in  the 
same  région,  219. 

G.  B.  Grinnell.  —  Notice  of  a  new  genus  of  Annelids  from  the  Lowcr  Silurian, 
229. 

F.  W.  Clarke.  —  An  Analysis  of  Syl vanité  from  Colorado,  286. 
O'Conor  Sloane.  —  Notes  on  the  Analysis  of  Bituminons  Coal,  286. 

W.  Pengelly.  —  History  of  Cavern  Exploration  in  Devonshire,  England,  299. 

Philadelphie.  Academy  of  Natural  Sciences  of — .  Journal  of  tlie  — , 
2«sér.,  t.  VIIl,  no2;  1876. 

—  American  Philosophical  Society  held  at  —  for  promoting  Usefiil 
Knowledge.  Proceedings  of  the— ,  t.  XV;  1876. 

—  Id.,  t.  XYI,  n<>«  98  et  99;  1876-77. 

Lesley.  —  Oil  Well  Records,  selected  from  the  collections  of  M.  J.  F.  Carll,  316. 

L.  Lesquereux.  —  On  the  Progress  of  the  North  American  Carboniferous  Flora,  in 
préparation  for  the  2d  Géological  Survey  of  Pennsylvania,  397. 

E.  S.  Ncttleton  et  J.  F.  Carll.  —  On  the  First  Svstcraatic  Collection  and  discussion 
of  the  Venango  County  Oil  Wells  of  Western  Pennsylvania,  429. 

G.  A.  KiJnig.  —  On  Astrophyllite,  Arfvedsonite  and  Zircon  from  El  Paso  Co.,  Colo- 
rado, 509. 

Ch.  A.  Ashburner.. —  A  raeasurcd  section  of  the  Pala?ozoic  Rocks  of  Central  Penn- 
sylvania, from  the  top  of  the  Allegheny  River  Coal  Séries,  down  to  the  Trenlon 
Limestoue  in  the  Lower,  or  Cambro-Silurian  System,  519. 

E.  D.  Cope.  —  A  continuation  of  Researches  araong  the  Batrachia  of  ihe  Coal 
Measures  of  Ohio,  573;  —  On  a  Dinosaurian  from  the  Trias  of  Utah,.  579;  —  On  a 
new  Proboscidian,  581  ;  —  On  the  Brain  of  Coryphodon,  016. 

Ch.  E.  Hall.  —  Contribution  to  PaLTonlology.  621. 


DONS.     -  18  juiN-4  Nov.  1877.  15 

p.  Frazcr  Jr.  —  Rcgarding  some  Mesozoic  Ores,  651 . 

Washington.  Geological  and  Geographical  Surveyof  theTen'itorics. 
Bulletin  of  ihe  U.  S.  —,  t.  III,  n«  1  ;  1877. 

A.  S.  PackanI  Jr.  —  On  a  ncw  Cave  Fauna  in  Utah,  157. 

F.  V.  Hayden.  —  Notes  on  some  Arlesian  Borings  along  thc  Une  of  Ihe  Union 
Pacific  Raiiroad  in  Wyoming  Territory,  181. 

Grande-Bretagne.  Londres.  Geological  Magazine  (The),  2«sér.,  2«  dé- 
cade, t.  IV,  n°»  7-11  ;  1877. 

J.  Milne.  —  Across  Europe  and  Asia.  TraveUing  Notes,  S89,  337,  399,  459,  511. 

J.  H.  Blake.  —  On  Ihe  Age  of  the  Mammalian  Rootlet-bet  at  Kessingland,  S98. 

CI.  Rcid.  —  On  the  Succession  and  CIassi6cation  of  the  Beds  between  the  Chalk 
and  the  Lower  Boulder-clay  in  the  neighbourhood  of  Cromer,  300;  —  On  thc 
junction  of  the  Limestone  and  Culm-Measures  near  Chudleigh,  454. 

R.  Etheridge  Jr.  —  Furtber  Contributions  to  Brilish  Carboniferous  Palasontology, 
306:  —  Palaeontological  Noies,  318. 

A.  Irving.  -  On  the  so-called  Permian  and  the  New  Red  Sandstone  Formations, 
309. 

J.  R.  Dakyns.  —  On  Prof.  Hull's  Carboniferous  Classification,  312;  —  A  .Sketch 
of  the  Geology  of  Keighiey,  Skipton,  and  Grassington,  346  ;  —  The  Anliquity  of 
Man,  430. 

G.  M.  Dawson.  —  Mesozoic  Yolcanic  Rocks  ofBritish  Columbiaand  Chile.  Relation 
of  Yolcanic  and  Mctamorphic  Rocks,  314. 

J.  Gunn.  —  The  Norfolk  Forest-bed,  335. 

J.  W.  Judd.  —  Geology  and  Scenery  of  Newfoundland,  336. 

A.  J.  Jukes  Browne.  —  Notes  on  the  Corrélation  of  the  Beds  constituling  the 
Upper  Grcensand  and  Chloritic  Mari,  350;  —  The  Origin  of  Cirques,  477. 

J.  S.  Gardner.  —  The  Red  Clay  of  the  deep-sea  and  the  Gauit  deposits,  377. 

G.  S.  Boulger.  —  Dr.  William  Smith's  Geological  Maps,  378. 

E.  Hull.  —  Prématuré  Conclusions,  378. 

W.  T.  Aveline.  —  The  relation  of  the  Permian  to  the  Trias,  380. 

H.  A.  Nicholson.  —  Huronian  Yolcanic  Rocks,  380. 

S.  Y.  Wood  Jr.  et  F.  W.  Uarmer.  —  The  Kessingland  Freshwaler  bed  and  Wey- 
boume  Sand,  385. 

Macdakin.  —  The  Northampton  Ironstone  Beds  in  Lincolnshire,  406. 

H.  Howorth. —  Geology  of  the  Isle  of  Man,  410,  456. 

0.  Feistmantel.  —  The  Cycadaceœ  in  the  Damuda  séries,  and  the  NUrschan  Gas- 
coal  of  Bohemia,  431. 

Brecse.  — -  Forest-Bcd  of  East  Norfolk,  432. 

R.  Manlovani.  —  Is  Man  Tertiary?  The  Antiquity  of  Man  in  the  Roman  Counlry  in 
relation  to  the  Geology  of  the  Yalley  of  the  Tibcr,  433, 

E.  J.  Hébert.  —  Reversed  Faults  in  Bedded  Slates,  411. 

Yerbeek.  —  The  Geology  of  Sumatra,  413. 

Ch.  Callaway.  —  The  migration  of  Specics  as  related  to  the  Corrélation  of  Geolo- 
gical Formations,  415;  —  Pr.  Mantovani  and  the  Miolithic  Period,  528. 

H.  B.  Woodward.  —  Notes  on  the  Devonian  Rocks  near  Newton  Abbot  and  Tor- 
quay,  with  Rcmarks  on  the  subject  of  their  classification,  447. 

T.  G.  Bonney.  —  The  Coral-Rag  of  Upware,  476;  —  On  certain  Rock-Structures, 
as  illustraled  by  Pitchslones  and  Felsites  in  Arran,  490. 


Itt  DONS.   —  18  JULN-4  NOV.    1877. 

0.  Fishcr.  —  Forest-Bed  at  Happisburg.  479  ;  —  Elephas  meridionalit  in  Dorset, 
527. 

S.  V.  Wood  Jr.  —  American  «  Surface  Geology,  »  and  is  Relation  to  British. 
With  sorae  Remarks  on  thc  Glacial  Conditions  in  Britain,  especially  lo  référence  to 
the  «  Great  Ice  Age  »  of  M.  J.  Geikie,  I,  481. 

J.  Shipman.  —  Conglomerate  at  the  base  of  the  Lower  Keupcr,  497. 

R.  Tate. —  Ostracoda  and  Foraminifcra  in  thc  Miocène  of  South  Auslralia,  526. 

H.  E.  H.  —  Reversed  Faults  in  Bedded  Slates,  527. 

—  Gcological  Society.  The  Quarterly  Journal  of  Ihe  — ,  t.  XXXIII, 
n^»  1  et  2  ;  1877. 

J.  Buckman.  —  The  Cephalopoda-beds  of  Gloucester,  Dorset,  and  Somerset,  1. 

D.  C.  Davies.  —  On  the  Relation  of  the  Upper  Carboniferous.Strata  of  Shropshire 
and  Denbighshire  to  Beds  usually  described  as  Permian,  10. 

G.  H.  Kinahan.  —  On  the  Chesil  Beach,  Dorsetshire,  and  Cahore  Shtngle  Beach, 
County  Wexford,  29. 

P.  M.  Duncan.  —  On  the  Echmodermata  of  the  Australian  Cainozoic  (Tertiary} 
Deposits,  42; —  The  Anniversary  Address  ofthe  Président,  Proc,  41. 

S.  V.  Wood  Jr.  et  Fr.  W.  Harmer. —  Observations  on  the  Later  Tertiary  Geology 
of  East  Anglia,  74. 

S.  V.  Wood  Jr.  —  Note  on  new  occurences  of  species  ofMoIIusca  from  the  Upper 
Tertiaries  of  the  East  of  England,  119. 

W.  WhiUker.  —  Note  on  the  Red  Crag,  122. 

S.  Calderon.  —  On  the  Fossil  Vertébrale  hitherto  discovered  in  Spain,  124. 

F.  W.  Harmer.  —  On  the  Kessingland  Clifif-section,  and  on  the  relation  of  the 
Forest-bed  to  the  Chillesford  Clay,  with  some  Remarks  on  the  so-called  Terrestrial 
Surface  at  the  base  of  the  Nor^ich  Crag,  134. 

A.  Helland.  —  On  the  Ice-Fjords  of  North  Greenland,  and  on  the  formation  of 
Fjords,  Lakes,  and  Cirques  in  Norway  and  Greenland,  142. 

A.  Leith  Adams.  —  On  gigantic  Land-Tortoises  and  a  small  Freshwater  Species 
from  the  Ossiferous  Caverns  of  Malta,  togelher  with  a  List  of  their  Fossii  Fauna  ;  and 
a  Note  on  Chclonian  Remains  from  the  Rock-cavities  of  Gibraltar,  177. 

J.  S.  Gardner.  —  On  British  Cretaceous  Patellid»  and  other  Families  of  Patelloid 
Gastropoda,  192. 

Mac  Kenny  Hughes.  —  On  the  Silnrian  Grits  of  Corwen,  North  Wales,  207. 

R.  L.  Jack  et  R.  Etheridge  Jr. -.-On  the  Discovery  of  Plants  in  the  Lower  Old  Red 
Sandstonc  of  the  neighbourhood  of  Callander,  213. 

R.  Etheridge  Jr.  —  On  the  remains  of  a  large  Crustacean,  probably  indicative  of 
a  new  species  of  Eurypterus,  or  allied  genus  fEnrypterus  StevensoniJ,  from  the 
Lower  Carboniferous  Séries  (Cementstone  group)  of  Bcrwickshire,  223. 

H.  Hicks. —  On  the  Pre-Cambrian  (Dimetian  and  Pebidian)  Rocks  of  St.  David's, 
229. 

W.  J.  Sollas.  —  On  Pharetrotpongia  Strahani,  SoUas,  a  fossil  Holorhaphidote 
Sponge  from  thc  Cambridge  Coprolite  bed,  242. 

R.  Tate.  —  On  new  species  of  Belemnitet  and  Salenia  from  the  Middlo  Tertiaries 
of  South  Australia,  256. 

J.  F.  Blake  et  W.  H.  Hudleston.  —  On  the  Corallian  Rocks  of  England,  260. 

W.  Carruthers.  —  Description  of  a  new  species  of  ÀraucarUet  from  the  Coral- 
linc  Oolitc  of  Malton,  402. 

W.  Topley  et  G.  A.  Lcbour.  —  On  the  Intrusive  Characler  of  the  Whin  Sill  of 
Norlhumbcrland,  406. 


DONS.  —  18  juiN-4  Nov.  1877.  17 

B.  Wilson.  —  A  short  notice  of  a  new  exposure  of  Rhœtics  near  Nottiogham, 
Proc,  1. 

H.  F.  Blanford.  —  Note  on  thc  question  of  the  Glacial  or  Volcanic  Origin  of  the 
Talcliir  Bouldcr-bed  of  India  and  the  Karoo  Boulder-bed  of  South  Africa,  7. 

Manchester.  Geological  Society.  Transactions  of  the ,  t.  XIV, 

no«  11-13;  1877. 

W.  J.  Black.  —  On  RoUed  Pebbles  from  the  Beach  at  Dunbar,  335. 
Add.  Crofton,  de  Rance.  W.  B.  Dawkins,  Dickinson.  —  Old  Oak  Trees  in  the  bed 
of  the  Irwell,  at  Brooksbottoms,  33H. 
De  Rance.  Dickinson,  Seddon,  W.  B.  Dawkins.  —  The  Lancashire  Coalfield,  245. 

A.  W.  Waters.  —  Remarks  on  the  Récent  Geology  of  Itaiy  suggested  by  a  short 
visit  to  Sicily,  Calabria  and  Iscbia,  S51. 

B.  W.  Binney.  —  Old  Oak  Trees,  283. 

J.  Ailken.  —  Remarks  upon  a  Flint  Arrow  Tif^and  some  Flint  Flakes  found  in  the 
neighbourhood  of  Bacup,  also  upon  some  Stone  Implements  recently  discovered  at 
Land's  End,  Gomwall,  and  other  places,  284. 

Penzance.  Geological  Society  of  Cornwall.  Annual  Report  of  the 
CounciU  with  the  Présidents  Address,  etc.,  XXXVI*  —  ;  1877. 

w.  w.  Smyth.  —  Présidents  Adress,  11. 

Transactions  of  the  R.  —,  t.  IX,  n*»  3  ;  1877. 

G.  Seymour.  —  On  the  occurence  of  Tin  in  an  El  van  course  at  Wheal  Jennings, 
185. 

A.  T.  Davies  et  B.  Kitto.  ^  On  some  beds  of  Sand  and  Clay  in  the  parish  of  St. 
Agnes,  Cornwall,  196. 

C.  Le  Neve  Poster.  —  Remarks  on  some  Tin  Lodes  in  the  St.  Agnes  district,  205. 

Inde.  Calcutta.  Geological  Survey  of  I.  Memoirs  of  the  —,  t.  XII, 
n<»«  1  et  2  ;  1876. 

R.  B.  Foote.  —  The  Geological  Features  of  the  South  Mahratta  Country  and  adja- 
cent districts,  1. 

F.  R.  Mallet.  —  On  the  Coal-fidds  of  the  Naga  Hills  bordering  the  Lakhimpur  and 
Sibsagar  Districts,  Assam,  269. 

Records  of  the  —,  t.  IX,  n<>*  2-4  ;  1876. 

Ott.  Feistmantel.  —  Notes  on  the  âge  of  some  Fossil  Floras  of  India,  28,  63, 115. 

R.  Lydekher.  —  Description  of  a  cranium  of  Stegodon  gamta,  with  Notes  on  the 
sub-genus  and  allied  forms,  42  ;  —  Notes  on  the  Fossil  Mammalian  Faunœ  of  India 
and  Burma,  86, 154;  —  Notes  on  the  Osteology  of  Meryeopoiamus  distimilis,  144;  — 
Occurence  of  Plaiotaurus  in  India,  154  ;  —  Notes  on  the  Geology  of  the  Pir  Panjal 
and  neighbourhing  districts,  155. 

Medlicott.  —  Note  upon  the  Sub-Himalayan  Séries  in  the  Jamu  (iummoo)  Hills, 
49. 

W.  T.  Blanford.  —  Note  on  the  geological  âge  of  certain  groupa  eomprised  in  the 
Gondwana  séries  of  India,  and  on  the  évidence  they  afford  of  distinct  Zoological  and 
Botanical  Terrestrial  Régions  in  ancientepochs,  79. 

Th.  Hughes.  —  On  the  relations  of  the  fossiliferous  strata  of  Malôri  and  Kota,  near 
Sironcha,  Central  Provinces,  86. 


18  DONS.  —  18  JUiN-4  Nov.  1877. 

Italie,  Milan.  Società  italiana  di  Scienze  naturali.  Atti  della  ^, 
t.  XIX,  no«  1-3;  1876-77. 

p.  Strobel.—  Sa^o  sui  rapporta  esistenti  fira  la  natura  dcl  suolo  eladistribo- 
zione  dei  Molluschi  terrestri  e  d'acqua  dolce,  19. 
6.  Mercalli.  —  Osservazioni  geologiche  sul  terreno  glaciale  dei  diatonû  di  Coino, 

278. 
T.  Taramelli.  —  Alcune  Osservaziooi  sul  Ferretto  della  Briaozai  334. 
G.  Omboni.  --  H  Mare  Glaciale  e  il  Pliocène  ai  piedi  delle  Àlpi  lombarde,  J79. 

Rome.  Accademia  dei  Lincei.  Atti  della  R.  — ,  3®  sér.  :  Transunti, 

1. 1,  n<>7;1877- 

Cossa.  —  SuUa  Kolibdeaite  dei  Bielleae,  SO0. 

G.  Terrigi.      Coosiderazioni  geologiche  sul  Quirinale,  S09. 

Ponzi.  —  OssenrazioDi  suUa  nota  di  Terrigi,  S09. 

—  Ballettino  dei  Yulcanismo  italiano»  par  M.  M.  Si.  de  Roni»  t.  lY, 
n-  1-8  ;  1877. 

Japon.  Tokei.  Geological  Survey  of  the  OU  Lands  of  J.  A  Report  of 
Progress  for  the  Ist  year  of  the  —,  1877. 

B.  S.  Lyman.  —  A  Jleport,  1. 

Java.  Amsterdam.  Jaarboek  Tan  het  Mijnwezen  in  Nederlandsch 
Oost-Indië,  6«  année,  t.  I;  1877. 

YaES.^helle.  —  Sumatra's-Westkust  Yerslag  n*  0.  Over  het  voorkomen  van  ijxer» 
en  kopererta  bij  het  dorp  Paningahan,  U  kotta's,  3  ;  —  Mededeeling  over  het  voor- 
komen van  kooiîagen  in  het  beekje  Katjang-Pai  en  bij  het  voetpad  van  Kaboen  naar 
Kajoe-Lawon,  241. 

R.  D.  Yerbeek.  —  Sumatra's-Westkust  Yerslag  n*  10.  Geologische  Beschrijving 
van  de  landstreek  tusschen  Siboga  en  Sipirok,  residentie  Tapanoli,  21  ;  —  Id,  n*  11. 
Ijzerts  bij  den  Goenoeg-Bessi,  in  de  nabijheid  van  Fort  van  der  Capellen,  afdee- 
4ing  Tanah-Datar,  residentie  Padangsche  Bovenlanden,  39  ;  —  Id.  n*  12.  Kolen  bij 
Indrapoera,  45;  — Id,  n*  13.  De  vulkaan  Atar,  51. 

J.  A.  Huguenin.  —  Rapport  van  het  district  Toboali»  eiland  Bangka,  81;  —  Yers- 
lag over  de  oadere  onderzoekingen  naar  de  waarde  der  Bruinkolen-lagen  in  de 
afdeeling  Lebak  van  de  residentie  Bantam,  187. 

Russie.  Moscou.  Société  I.  des  naturalistes  de  — .  Bulletin  de  la  — , 
t.UI,  noMet2;1877. 

s.  Nikitin.  —  Die  Sperlingsberge  (Worobiewi-Gori)  als  jurassische  Gegend,  97;  — 
Ueber  Mesitet  Pugirefskii,  Hoffm.»  eine  merkwUrdigc  Cystideen-Art,  301. 
H.  Trautschold. —  Ueber  Kreide  Fossilien  Russlands,  332. 

Saint-Pétersbourg.  Académie  I.  des  Sciences  de — .  Bulletin  de  1* — , 
t.  XXllI,  n^  3  et  4  ;  1877. 

A.  Damour.  —  Notice  et  analyse  sur  la  Yietinghoûte,  i63.  ' 

Mémoires  de  T— ,  7«  sér.,  t.  XII,  u^  11  et  12;  1876. 

0.  Heer.  —  Beitrâge  zur  Jura-Flora  Ostsibiriens  und  des  Amurlandes,  n»  12^. 

—  Id.,  t.  XXIII,  no*  2^;  1876-77. 


DONS.  —  18  juiif-4  Nov.  1877.  19 

—  Id.,  t.  XXIV,  n<«  1-3;  1876-77. 

Stiède.  Stockholm.  Yetenskaps-AkademienB.  [Bihang  till  K.  S.  — 
Handlingar,  t.  Ill,  n»  i  ;  1876-76. 
G.  LinnarssoQ.  —  On  the  Brachiopoda  of  the  Paradoxidei  beds  of  Sweden,  d*  12. 

K.  S.  —  Handlingar,  2«  sér.,  t.  XIH;  1874. 

0.  Heer.  —  Nachtrâge  zur  mioceDen  Flora  Grônlands,  enthaltend  die  tob  der 
scbwedischen  Expédition  im  Sommer  1870  gesammeiten  miocenen  Pflanzen,  n*  9. 

G.  Cotteau.  —  Description  des  Bcliiiiide3  tertiaires  des  lies  Salnt-Barthôlemy  et 
AnguiUa,  n*  6. 

—  Id.,  t.  XIV,  110 1 .  1875. 

A.  G.  Nathorst.  -^  Bidrag  tillISveriges  fossila  Flora,  n*3. 

0.  Heer.—  Beitràge  zur  fossiien  Flora  SpibEbergens,  gegrUndet  auf  die  Samm- 
lungen  der  schwedischen  Expédition  vom  iahre  1873  auf  1873,  n*5, 1. 

A.  E.  NordenskiOld.  —  Uebersicht  der  Géologie  des  KisQordes  und  Bellsundes, 
n«6,  94. 

OEtVersigt  af  K.  — ^Fôrhaiidlingar,lt.;^XXXIII  ;  1876, 

A.  G.  Nathorst  —  Anmàrkningar>m  den  fossila  Floran  vid  Bjuf  i  Skàne,  I,  29. 

J.  E.  Zctterstedt.  —  Om  vaxtligheten  pa  VestergOtlands  siluriska  berg  med  sârskild 
h&nsyn  till  Mossvegetationen,  I,  43. 

B.  Lundgren.  —  Om  Belemnitema  i  Sandkalken  i  Skiine,  X,  15. 

Suisse.  Lausanne.  Société  vaudoise  des  Sciences  naturelles.  Bulletin 
de  la  —,  2*  sér.,  t.  XV,  n*  78;  1877. 

Ph.  de  la  Harpe.  —  Note  sur  la  Géologie  des  environs  de  Loueche-les-Bains,  17. 
Renevier.  —  Notice  sur  les  Blocs  erratiques  de  Monthey  (Valais)  devenus  la  pro- 
priété de  la  S.  T.  des  S.  N.,  105. 


LISTE  DES  OUVRAGES 

REÇUS  EN  DON  OU  EN  ÉCHANGE 

PAR   LA   SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE   DE   FRANCE 
du  S  novembre  4877  au  7  janvier  4878. 


lo  OUVRAGES  NON  PÉRIODIQUES. 

(Les  noms  des  donateurs  sont  en  italique,) 

Achiardi  (Ant.  d*).  Hinerali  Toscan!  (Ematite,  Baritina,  Farmaco- 
siderite,  Preenite,  Epidoto,  Sperchise),  gr.  in-S^,  6  p.  ;  Pise,  1877. 

Aumônier  et  Eck.  Notice  sur  la  Constitution  géologique  de  la  mon- 
tagne de  Berru,  in-8^  68  p.  ;  Reiras,  1873. 

Barrande  (J,).  Système  silurien  du  Centre  de  la  Bohême,  !<'•  partie: 
Recherches  paléontologiques,  t.  II:  Classe  des  Mollusques.  Ordre  des 
Céphalopodes.  Texte,  4®  et  5«  parties  :  Éludes  générales  sur  les  Nanti- 
lides  paléozoîques,  2  vol.  in-4^  1505  p»;  —  Supplément  et  série 
tardive,  texte  et  planches,  2  vol.  in-4*',  295  p.  et  pi.  461-544;  Prague 
et  Paris,  1877. 

—  Céphalopodes.  Études  générales.  Extraits  du  Système  silurien  du 
Centre  de  la  Bohême,  vol.  II,  texte  Y,  iD-8°,  268  p.,  4  pi.;  Prague  et 
Paris,  1877. 

Bianconi  (O.  O.),  Considerazioni  intornoalla  formazione  miocenica 
deir  Apennino,  in-4%  20  p.,  1  pi.;  Bologne,  1877. 

Bidou  (L.),  Gisements  des  bitumes,  pétroles  et  de  divers  minéraux 
dans  les  provinces  de  Chieti  et  de  Frosiiione,  et  traitement  des  ma- 
tières bitumineuses  à  Letto  Manoppello,  in-4%  30  p.,  7  pi.;  Sienne, 
1877. 

Bleicher.  Extrait  des  Procès- verbaux  de  la  Société  des  Sciences  de 
Nancy  (Géologie,  Botanique,  Anthropologie,  Minéralogie,  Paléonto- 
logie humaine),  gr.  in-S^,  10  p.;  Nancy,  1877. 

Capellini,  Balenottere  fossili  e  Pachyacanthus  dell'  Italia  méridio- 
nale, in-4o,  32  p.,  3  pi.;  Rome,  1877. 

—  Marne  glauconit'ere  dei  dintorni  di  Bologna,  in-8o,  12  p.;  Bolo- 
gne, 1877. 

Chanzy.  Algérie.  Conseil  supérieur  du  Gouvernement  (session  de 


DOxNS.  —  5  Nov.  *  877-7  janv.  1878.  21 

1877).  Exposé  de  la  situation  de  l'Algérie  par  le  général  — ,  in-8% 
90  p.;  Alger,  1877. 

Cotteau.  Ëchinides  nouveaux  ou  peu  connus,  n^'*  104-110,  in-S**, 
10  p.,  2  pi.;  Paris,  1877. 

Darwin  (G.  H.).  On  Ihe  Influence  of  Geological  Changes  on  the 
Earth's  Axis  of  Rotation,  in-4%  42  p.;  Londres,  1877. 

Dollfm  (O.).  Terebripora  capillacea.  Bryozoaire  nouveau  du  terrain 
dévonien  du  Cotentin,  in-8%  18  p.,  1  pi.;  Caen,  1877. 

—  Valvata  disjuncta,  G.  Dollf.,  espèce  nouvelle  des  Meulières  supé* 
rieures  des  environs  de  Paris,  gr.  in-S**,  4  p.;  Bruxelles,  1877. 

—  Contributions  à  la  Faune  des  marnes  blanches  supérieures  au 
Gypse,  gr.  in-8%  4  p.;  Paris,  1877. 

Escuela  de  Minas  de  Espana.  Acta  de  la  sesion  publica  celebrada 
para  conmeraorar  la  fundacion  de  la  —  el  dia  14  de  julio  de  1877, 
gr.  in-»>,  28  p.;  Madrid,  1877. 

—  Centenario  de  la  —,  1777-1877,  gr.  in-8s  300  p.;  Madrid,  1877. 
Faîy.  Compte-rendu  de  la  session  extraordinaire  tenue  à  Mons  les 

9,  10, 11  et  12  septembre  1876,  gr.  in-»>,  46  p.,  1  pi.;  Liège,  1877. 

Gaudry  (Alh.).  Les  enchaînements  du  monde  animal  dans  les  temps 
géologiques.  Mammifères  tertiaires,  gr.  in-8^,  291  p.;  Paris,  1878,  chez 
F.  Savy. 

Geological  Exploration  of  the  Fortieth  Parallel.  Report  of  the  — , 
par  M.  CL  King,  t.  VI  :  Microscopical  Petrography,  par  M.  F.  Zirkel, 
in-4o,  297  p.,  12  pi.;  Washington,  1876. 

Geological  and  Geographical  Survey  ofthe  Territories.  Preliminary 
Report  ofthe  Field-Work  of  the  U.  S.  —  for  the  season  of  1877,  par 
M.  Hayden,  in-8o,  35  p.,  1  pi.  ;  Washington,  1877. 

Geological  Survey  of  the  Territories,  Report  of  the  U.  S.  — ,  t.  XI  : 
Monographs  of  North  American  Rodentia,  par  MM.  Coues  et  J.  A. 
Allen,  in-4s  114  p.;  Washington,  1877. 

Gibson  (G.  A.).  The  Old  Red  Sandstone  of  Shetland,  in-8o,  48  p., 
3  pi.;  Edimbourg  et  Londres,  1877,  chez  Williams  et  Norgate. 

Hébert  (EJ,  Notice  sur  les  travaux  scientifiques  de  M.  — ,  in-4«, 
B2  p.;  Paris,  1877. 

—  Sur  la  position  exacte  de  la  zone  à  Heterodiadema  Libycum,  gr. 
in-8^  2  p.;  Paris,  1876. 

—  La  Craie  de  Crimée  comparée  à  celle  de  Meudon  et  à  celle  de  l'A- 
quitaincy  gr.  in-8%  4  p.;  Paris,  1877. 

Labat.  Étude  sur  la  station  et  les  eaux  d'Alhama  de  Aragon 
(Espagne),  in-8%  23  p.;  Paris,  1877,  chez  J.-B.  BaiUière  et  fils. 

Lefèvre  (Th.),  Excursions  malacologiqucs  à  Yalenciennes,  Soissons 
et  Paris  (septembre  1876),  gr.  in-8%  16  p.;  Bruxelles,  1877. 


28  DONS.  —  6  Nov.  1877-7-jANV.  1878. 

Locard  (Am.)  et  G.  Couteau.  Description  de  la  Faune  des  terrains 
tertiaires  moyens  de  la  Corse,  par  H.  A.  L.;  Description  des  Échinides, 
par  M.  6.  G.,  gr.  in-S^  400  p.«  17  pi.;  Paris,  1877,  chesSavy;  Genèfe, 
chez  H.  Georg. 

Naunuinn  (Edm.).  Die  Yulcaninsel  Ooshima  und  ihre  jûngste  Erup- 
tion, in-»",  28  p.,  5  pi.;  Berlin,  1877. 

Pettersen  (K.).  Profll  gjennena  Yestfinnniarkea  fra  Soro-Sund  mod 
Yest  til  Porsanger  mod  Ost,  io-S^,  7  p.,  1  pi.;  Christiania,  1874  (Dm^ 
ifersité  R.  de  Norwége). 

Quin  (L.^Ch,).  Souvenirs  du  Congrès  sdentifique  du  HftTre,  in-I2, 
79  p.;  Le  Havre,  1877. 

—  Le  Havre  avant  THistoire  et  l'antique  ville  de  l'Eure,  gr.  in-8*, 
44  p.;  Le  Havre,  1876. 

Reusch  (H.-H.).  En  Hule  paa  Gaarden  Njos,  Leganger  Prsestegpeld 
i  Bergens  Stift,  in-8%  13  p.;  Christiania,  1874  (UniversUé  R.deNor^ 
v>ége). 

Reyer  (Ed.).  Beitrag  zur  Fysik  der  Eruptionen  und  der  Eruptiv- 
Gesteine,  in-8%  240  p.,  8  pi.;  Vienne,  1877,  chez  Alf.  Hôlder. 

Rutot  (A.).  Description  de  la  Faune  de  l'Oligocène  inférieur  de  Bel- 
gique (Tongt*ien  inférieur  de  Dumont).  1^  fascicule  :  Description  des 
genres  Stromhus,  Rostellaria,  Murex,  Triton  et  Typhis,  gr.  in-8^, 
71  p.,  4  pi.;  Bruxelles,  1876. 

—  Note  sur  l'absence  de  Tétage  bruxellien  sur  la  rive  gauche  de  la 
Senne  et  sur  la  présence,  dans  les  environs  de  Bruxelles,  d'une  divi- 
sion deDiluvium  inférieure  au  limon  hesbayen,  gr.  in-8s  14  p.,  1  pi.; 
Liège,  1877. 

Saporta  (de).  Paléontologie  française,  2®  série  :  Végétaux.  Terrain 
jurassique,  24<*  livr.  :  Conifères  ou  Aciculariées,  t  lU,  fig.  13  à  15, 
pi.  30  à  37  ;  déc.  1877  ;  Paris,  chez  G.  Masson  (Comiià  de  la  Paléon- 
tologie française), 

Sars  (G.  0.)  On  some  remarkable  Forms  of  Animal  Life  from  the 
great  deeps  off  the  norwegian  coast  :  H.  Researches  on  the  structure 
and  affinity  of  the  genus  Brisinga,  based  on  the  study  of  a  new  spe- 
cies  :  Brisinga  coronata,  in-4%  116  p.,  7  pi.;  Christiania,  1875  fW»- 
versité  R.  de  Nortoége). 

Scudder  (S.  II.).  On  the  Carboniferous  Myriapods  preserved  in  the 
Sigillarian  Stumps  of  Nova  Scotia,  in-4o.  9  p.  ;  Boston,  1873. 

—  Supplementary  Note  on  Fossil  Myriapods,  in-4«,  1  p.  ;  Boston, 
1875. 

—  Fossîl  Butterflles,  in-4%  106  p., 3  pi.;  Salem,  Mass.,  187$. 

—  Post-pliocene  Fossils  fix)m  the  bluff  atSankoty  Head,  Nantuoket, 
in-8«,  4  p.  ;  Boston,  1875. 


DONS.  —  6  Nov.  1877-7  JANV.  1878.  23 

-^  Fossil  Coleoptera  from  the  Bocky  Mountain  Tertiaries,  in-8<', 
11p.  ;  Washington,  1876. 

—  Brief  Synopsis of  North  American  Earwigs,  with  an  Appendix  on 
the  fossil  species  ;  List  of  the  Orthoptera  collected  by  Dr.  S.  A.  Packard 
in  Colorado  and  the  neighboring  Territories,  during  the  summer  of 
1875;  Notice  ofa  small  collection  of  Butterflies,  made  by  Dr.  A.  S. 
Packard,  in  Colorado  and  Ctah,  in  1878,  in-8o,  12,  7  et  2  p.  ; 
Washington,  1876. 

—  Fossil  Orthoptera  from  the  Bocky  Mountain  Tertiaries,  in-S^*,  3  p.  ; 
Washington,  1876. 

—  The  Insects  of  the  Tertiary  beds  at  Quesnel,  in-9',  15  p.  ;  Toronto, 
1876. 

—  The  first  discovered  traces  of  Fossil  Insects  in  the  American  Ter- 
tiaries ;  Description  of  two  species  of  Carabidœ  found  in  the  intergla- 
cial deposits  of  Scarboro'Heights,  near  Toronto,  Canada,  in-S^»,  22  et 
2  p.  ;  Washington,  1877. 

Torcapeî.  Ligne  d'Alais  au  Pouzin.  Section  de  Bobiac  au  F'ouzin. 
Étude  géologique.  Profil  en  long.  Carte  et  coupes  transversales, 
1  feuille  ;  Nîmes,  1876. 

—  /d.  Notice  géologique,  in-4^  23  p.,  1  pi.  ;  Nîmes,  1876. 


2®   OUTRAGES  PÉRIODIQUES. 

France.  Paris.  Académie  des  Sciences.  Comptes-rendus  hebdoma- 
daires des  séances  de  1'  —,  t.  LXXXV,  no»  19-27  ;  1877. 

P.  Hautefenilie.  —  Reprodaction  de  TOrthose»  952. 

Domeyko.  ^  Sur  les  minôraax  de  Bismuth  de  Bolivie,  du  Pérou  et  du  Chili,  977. 

Frémy  et  Feil.  —  Sur  la  production  artificielle  du  Corindon,  du  Rubis  et  de  diffé- 
rents silicates  cristallisés,  1039. 

Daubrée.  —  Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Hautefeuille  relatif  à  la  reproduction 
deTAlbite  et  de  TOrthose,  1043;  —  Constitution  et  structure  bréchiforme  du  Fer  mé- 
téorique de  Sainte-Catherine  (Brésil)  ;  déduction  à  tirer  de  ses  caractères,  en  ce  qui 
concerne  l'histoire  des  roches  môtéoritiques  et  notamment  l'association  habituelle  du 
carbone  au  sulfure  de  fer,  1256. 

L'Olivier.  '—  Sur  le  plissement  des  couches  lacustres  d'Auvergne  dans  la  Limagne 
centrale  et  ses  conséquences,  1114. 

£m.  Bertrand.  —  De  la  mesure  des  angles  dièdres  des  cristaux  microscopiques, 
1176. 

St.  Meunier.  —  Sur  un  alios  miocène  des  environs  de  Rambouillet,  1240. 

—  Annales  des  Mines,  7*  sér.,  t.  XII,  2«  livr.  ;  1877. 
Badoureau.  —  Mémoire  sur  la  métallurgie  du  Nickel,  237. 

—  Journal  des  Savants,  1877,  octobre  et  novembre. 


24  DONS.  —  5  Nov.  1877-7  janv.  1878. 

—  Revue  scientifique  de  la  France  et  de  l'Étranger,  2^  sér.,  7«  année, 
no»  19-27;  1877-78. 

Pomel.  —  La  mer  intérieure  d'Algérie  et  le  seuil  de  Gabès,  433. 

—  Association  britannique  pour  l'avancement  des  Sciences,  congrès  dePlymouth; 

rapports  des  commissions  ;  section  de  Géologie,  470. 

—  La  Chine,  d'après  M.  Ferdinand  de  Richtofen,  461. 
Alb.  Gaudry.  —  Les  Ruminants  et  leurs  parents,  553. 

—  Société  centrale  d'Agriculture  de  F.  Bulletin  des  séances  de  la  —, 
t.  XXXVII,  no»  7  et  8  ;  1877. 

Hémoires  publiées  par  — ,  1876,  t.  IV  ;  1877. 

—  Société  botanique  de  F.  Bulletin  de  la  — ,  t.  XXIII,  session  extraor- 
dinaire; 1876. 

Grand-Eury.  —  Sur  la  Flore  carbonifère  des  environs  de  Saint-fitienne,  74. 

—  Id.,  t.  XXIV,  Rev.  bibliogr.,  C  et  D;  1877. 

—  Société  de  Géographie.  Bulletin  de  la  — ,  6*  sér.,  t.  XIV,  octobre; 
1877. 

—  Société  Française  de  Navigation  aérienne.  Bulletin  de  la  — , 
1"  sér.,  1. 1,  no»  1-3  ;  1877. 

—  Société  philomathique  de — .  Bulletin  de  la — ,  7«  sér.,  t.  I; 
1876-77. 

H.  Filhol.  —  Considérations  sur  la  découverte  de  quelques  Mammifères  fossiles 
appartenant  à  l'époque  éocène  supérieure,  51. 
P.  Brocchi.  —  Note  sur  un  Crustacé  fossile  du  Calcaire  grossier,  61. 

Amiens.  Société  Linnéeane  du  Nord  de  la  France.  Bulletin  mensuel, 
t.  m,  no*  65  et  66  ;  1877. 

De  Mercey.  — Nouvelles  indications  sur  les  Croupes  delà  Somme,  359. 

Boulogne-sur-Mer.  Société  académique  de  Tarroudissement  de  —. 

Mémoires  de  la  —,  t.  V,  2«  partie,  1874-76. 

Lejeune.  —  Fouilles  exécutées  dans  .la  plus  grande  des  trois  Noires-Mottes  de 
Sangatte  (Pas-de-Calais),  151. 

Lyon.  Société  d'Agriculture,  Histoire  naturelle  et  Arts  utiles  de  ^. 
Annales  de  la  —,  4*  sér.,  t.  VIII;  1875. 

Fontannes.  —  Le  vallon  de  la  Fuly  et  les  sables  à  Buccins  des  environs  d'Heyrieu 
(Isère).  Étude  slratigraphiquo  et  paléontologique,  13. 

Puy  (Le).  Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et  Commerce  du  — • 
Annales  de  la  —,  t.  XXXII  ;  1872-75. 

J.  Darles.  —  Sur  une  mine  de  fer  située  à  Naves,  commune  de  Bas,  64. 

Aymard.  —  Galet  de  Silex  jaspeux  avec  empreintes  d'Ammonites  trouvé  sur  la 
plaine  de  Croustet,  76;  —  Nomenclature  des  eaux  minérales  du  département,  99;— 
Sur  un  terrain  argiloïde  découvert  sous  le  boulevard  Saint-Louis,  370. 

F.  Robert.  —  Réunion  de  la  Société  géologique  de  France  à  Roanne,  178. 

A.  F.  Marion.  —  Description  des  Plantes  fossiles  des  calcaires  marneuxdeRonzon 
(Haute-Loire),  2*  partie,  43. 


DONS.  —  5  Nov.  1877-7  janv.  1878.  25 

Saint-Étieune.  Société  de  rindustrie  minérale.  Bulletin  de  la  », 
2»  sér.,  t.  VI,  no  3  ;  1877. 

Àlayrac.  —  Notice  sur  le  creusement  de  la  fosse  n*  5  des  mines  de  Courrières, 

541. 
L.  de  Loriol  et  Ghansselle.  —  Notes  d'un  voyage  dans  le  bassin  houiller  de  la 

Ruhr,  561. 

Comptes-rendus  des  réunions  de  la  — ^  1877,  novembre. 

Toulouse.  Matériaux  pour  THistoire  primitive  et  naturelle  de 
l'Homme,  par  M.  Ém.  Cartailhac,  'f  sér.,  t.  VIII,  n»  9  ;  1877. 

Verdun.  Société  philomathique  de  — .  Hémoires  de  la  — ,  t.  VIII, 
no  2  ;  1877. 

Allemagne.  Berlin.  Akademie  der  Wissenschaflen  zu  — •  Monats- 
bericht  der  K.  P.  —,  1877,  août-octobre. 

—  Geologiscben  Gesellscbaft.  Zeitscbrift  der  D.  — ,  t.  XXIX,  n^  3  ; 
1877. 

A.  von  Groddeck.  —  BeitrSge  zur  Geognosie  des  Oberharzes,  439. 

F.  Hilgendorf.  •—  Neue  Forschungen  in  Steinheim,  448. 

J.  Lemberg.  —  Ueber  Gesteinsumbildungen  bei  Predazzo  und  am  Monzoni,  457. 

W.  Branco.  —  Notiz  Uber  das  Vorkommen  des  Muschelkalkes  bei  Altmersleben  in 
der  Âitmark,  511. 

Liebisch.  —  Ueber  den  Zusammenhang  der  geometrischen  Gesetze  der  Krystal- 
lographie,  515  ;  —  Ueber  die  Symmetrie  der  Krystallzwillinge  und  Uber  équiva- 
lente Zwillingsazen,  625. 

Struckmann.  —  Ueber  die  Fauna  des  unteren  Korallen-Ooliths  von  Yôlksen  am 
Deister  unweit  Hannover,  534. 

Pohlig.  —  Der  archâische  District  von  Strehla  bel  Riesa  i.  S.,  545. 

F.  Rœmer.  —  Notiz  tlber  das  Vorkommen  des  Moschus-Ochsen  fOviboi  moi- 
ehatut,  Blainv.)  im  Ldss  des  Rheinthals,  593. 

Th.  Wolf.  —  Ueber  eine  Âscheneruption  des  Cotopaxl  in  Ecuador,  594. 
Stelzner.  —  Ueber  den  rothen  Gneiss  des  sachsischen  Erzgebirges,  597. 
K.  A.  Lossen.  —  Ueber  die  Gliederung  derjenigen  palaeozoischen  Schichten  im 
Harz,  welche  âlter  als  das  Mitteldevon  sind,  613. 

—  FUnfùndzwanzigste  allgemeine  Versammlung  der  Deutschen  geologiscben  Ge- 
sellscbaft zu  Wien,  638. 

Dresde.  Lebpoldinisch-Caroliniscb  Deutschen  Akademie  des  Natur- 
forscher.  Leopoldina.  Amtliches  Organ  der  K.  — ,  t.  X;  1874. 

H.  von  Dechen.  —  Bericht  Uber  die  allgemeine  Versammlung  der  Deutschen  geo- 
logiscben Gesellscbaft  am  11.»  13.  und  13.  Sept.  1874  in  Dresden,  74. 

—  Die  47.  Versammlung  Deutscher  Naturforscher  und  Aerzte  zu  Breslau  vom 

18-34.  Sept.  1874,  85,  100,  114. 

Verhandlungen  der  K.  —,  t.  XXXVII;  1875. 

G.  Compter.  —  Ein  Beitrag  zur  fossilen  Kcuperflora,  III. 

Gotba.  Hittheilungen  aus  /.  Perthes*  geographischer  Anstalt  ûber 
wichtige  neue  Erforscbungen  auf  dem  Gesammtgebiete  der  Géographie, 
t.  XXIII,  noMletl2;1877. 

D 


26  DONC.  —  8  Nov.  1877-7  janv.  1878. 

Stuttgart.   Wurttembergische  naturwissenschafUiche  Jahreshefle, 

t.XXIlI,  no3;1877. 

0.  Fraas.  —  Àëtosaurus  ferratus,  Fr.  Die  gepanzerte  Yogel-Cchse  aus  dem  Stu- 
bensandstein  bei  Stuttgart. 

Alsace-Lorraine.  Mulhouse.  Société  industrielle  de  — .  Bulletin  de 
la  —,  t.  XLVII,  décembre;  1877. 

Ch.  Ziindel  et  M.  Bfieg.  —  Notice  sur  quelques  sondages  aux  environs  de  Mulhouse 
et  en  Alsace,  631. 

Autriche-Hongrie.  Bude-Pesth.  Természetrajzi  Fûxetek  az  Allât  ^-, 
Nôvény  —,  Asvany-és  Fôldtan  Kôrébôl,  1. 1,  n^«  24;  1877. 

L.  Loczy.  —  Az  Itacolumit  azsiaban,  109;  —  Jegyzetek  a  Ponti  emelet  osztalyo- 
zasahoz  Magyarorszagon,  110;  —  Der  Itacolumit  in  Asien^  lâB;  —  Notizen  zur 
Classification  der  Pontischen  Stufe  in  Ungam,  129. 

Pejacsevich.  —  Az  ugynevezett  urvOlgyi  madarfeszkekrôl,  175;  —  Ueber  die  so- 
genaonten  Yogelnester  von  Herrengrund,  203. 

Schmidt.  —  Cerussit  Selmeczrôl,  177;  — Cerussit  von  Schomnitz,  204. 

Léoben/  Pribram  et  Schemnitz.  Bergakademien  zu  — .  Berg-und 
Hûttenmânnisches  Jahrbuch  der  K.  K.  —,  t.  XXY,  n«  4;  1877. 

Vienne.  Geologischen  Reichsanstalt.  Yerhandlungen  der  K.  K.  «^^ 
n««  13-15;  1877. 

—  AUgemeine  Tersammlung  der  Deutschen  geologischen  Gesellschaft  zu  Wien, 
215. 

Th.  Fuchs.  —  Ueber  die  Krâfte,  durch  welche  die  Meeressedim^te  von  der 
KUste  gegen  die  Tiefe  zu  bewegt  werden,  225. 
A.  Bittner.  —  Das  Alpengebiet  zwischen  Vicenza  und  Yerona,  226. 
F.  Teller.  —  Aufnahmen  im  oberen  Oetz-und  Passeierthale,  231. 

D.  Stur.  —  Zwei  Notizen  tlber  die  Aracauriten  im  nord-ôstlichen  Bdhmen,  237. 

F.  Toula.  —  Beitrage  zur  Kenntniss  der  Grauwacken-Zone  der  nôrdlichen  Alpeo, 
S4a 

0.  Lenz.  —  Reisebericht  aus  Ostgalizien,  244. 

A.  Jentzsch.  —  Ueber  Baron  von  Richthofen's  Lôss-Theorie,  251. 

Rochata.  —  Die  alten  Bergbaue  auf  Edelmetalle  in  Oberkâmten,  258. 

H.  Wolf.  —  Die  geologischen  AufschlUsse  làngs  der  Salzkammergut-Bahn,  259. 

6.  Stache.  —  Geologische  Uebersichtskarte  der  KUstenlilnder  von  Oesterrdcb- 
Ungam^  263. 

E.  Tietze.  —  Ueber  Ldssbildung  und  Uber  die  Bildung  von  Salzsteppen,  264. 

Canada,  Toronto.  Canadian  Journal  of  Science,  Literature,  and 
History  (The),  i^  sér.,  t.  XV,  no  6;  1877. 

Chapman.  —  On  the  probable  nature  of  the  supposed  fossil  tracks  koown  as 
Protichnites  and  Climactichnites,  486. 

Danemark.  Copenhague.  Yidenskabernes  Selskabs.  Oversigt  oyer 
det  K.  Danske  —  Forhandlinger,  1878,  n<>»  2  et  3. 

—  Id.,  1876,  nol. 

Espagne.  Madrid.  Revista  de  los  Progresos  de  las  Ciencias  exactas, 
fisicas  y  naturales,  t.  XX,  no  4;  1877. 


DONS.  —  6  Nov.  1877-7  janv.  1878.  27 

États-Unis.  Boston.  Âcademy  of  Arts  and  Sciences.  Proceedings  of 
the  American  —,  2«  sér,,  t.  IV;  1876-77. 

—  Society  of  Natural  History.  Proceedings  of  the ,  t.  XVIII  ; 

1876-76. 

W.  Rogcrs.  —  Geological  Notes  :  I.  On  the  Newport  Conglomerate;  II.  On  the 
Gravel  and  Gobble-stone  Deposita  of  Virginia  and  the  Middle  States,  97. 

Sterry  Hunt.  —  The  Decayed  Gneiss  of  Hoosac  Mountain,  106  ;  —  Pr.  J.  D.  Dana 
on  the  Altération  of  Rocks,  108. 

S.  H.  Scudder.  —  On  fossil  Insects  ^m  Cape  Breton,  113;  ^  Post-Pliocene 
Fossils  from  Sankoty  Head,  Nantucket,  182. 

N.  s.  Shaler.  —  Propositions  concerning  the  Motion  of  Continental  Glaciers,  126; 

—  Notes  on  the  Cause  and  Geological  Value  of  Variation  in  Rainfall,  176. 
W.  Denton.  —  On  an  Asphalt  Bed  near  Los  Angeles,  Galifomia,  185. 

C.  H.  Hitchcock.  —  Remarks  on  the  Cambrian  and  Cambro-Silurian  Rocks  of 
Western  Vermont,  191. 

Ch.  Stodder.  —  A  Contribution  to  Microgeologj,  206. 

Th.  BouYÔ.  —  On  the  Origin  of  Porphyry,  217. 

A.  Hyatt.  —  Remarks  on  the  Porphyries  of  Marblehead»  220;  —  Genetic  Relations 
of  Stephanocera»,  360. 

L.  s.  Burbank.  -*•  On  the  Conglomerate  of  Harrard,  Mass.,  224. 

W.  H.  Niles.  —  The  Geological  Agency  of  Latéral  Pressure  ezhibited  by  certain 
Moyements  of  Rocks,  272. 

New-Haven.  American  Journal  of  Science  and  Arts  (The),  3*  sér., 
t.  XIV,  no*  83  et  84;  18Z7. 

0.  c.  Marsh.  —  Introduction  and  Succession  of  Vertebrate  Life  in  America,  837; 

—  A  new  Order  of  Extinct  Reptilia  (Stegosauria)  from  the  Jurassic  of  the  Rock  y 
Mountains,  513;  —  Notice  of  a  New  Dinosaurian  Reptiles  from  the  Jurassic  fornub- 
tion,  614. 

J.  D.  Dana.  —  Note  on  the  Helderberg  Formation  of  Bemardston,  Mass.,  and 
Temon,  Vermont,  879. 

W.  Pengelly.  —  History  of  Carem  Exploration  in  Devonshire,  England,  387. 

J.  W.  Mallet.  —  On  Sipylite,  a  new  Niobate,  from  Amshert  County,  Virginia,  807. 

Warren  Upham.  —  The  Northern  Part  of  the  Connecticut  Valley  in  the  Ghamplain 
and  Terraoe  Periods,  459. 

Washington.  Geological  Survey  of  tbe  Territories.  Annual  Report  of 
the  U.  S.  — .  Supplément  to  the  Vth  —  ;  1872. 

L.  Lesquereux.  —  An  enumeration  with  descriptions  of  some  Tertiary  Fossil 
Plants,  f^om  spécimens  procured  in  the  explorations  of  Dr.  F.  V.  Hayden,  in  1670. 

—  Geological  and  Geographical  Survey  of  the  Territories.  Bulletin 
of  the  U.  S.  —,  t.  ni,  no  4;  1877. 

s.  H.  Scudder.  —  The  first  discovered  traces  of  Fossil  Insects  in  the  American 
Tertiaries,  741;  »  Description  of  two  species  of  Carabid»  found  in  the  Interglacia 
Deposits  of  Scarboro'Heigbts,  near  Toronto,  Canada,  763. 

E.  D.  Cope. —  On  a  Carnivorous  Dinosaurian  from  the  Dakota  Beds  of  Colorado, 
805  ;  —  On  the  genus  Eritiehthe^  821. 

Grande-Bretagne.  Londres.  Geological  Magazine  (The),  i^  sér., 
2«déc.,  t.  iV,  nol2;1877. 


28  DONS.  —  5  Nov.  1877-7  janv.  1878. 

Liversidge.  —  On  the  occurence  of  Chalk  in  the  New  Britain  Group,  5S9. 

H.  B.  Brady.  —  Supplementary  Note  on  the  Foraminifera  of  the  Chalk  (?)  of  the 
New  Britain  Group,  534. 

S.  Wood,  Jun.  —  American  Surface  Geology,  and  ita  relation  to  Britiah,  with 
some  Remarks  on  the  Glacial  conditions  in  Britain,  especially  in  référence  to  the 
Great  Ice  Age  of  Mr.  James  Geikie  (suite),  536. 

G.  Barrow.  —  On  a  New  Marine  Bed  in  the  Lower  Oolites  of  Eaat  Torkshire, 
552. 

J.  S.  Gardner.  —  Notes  on  Cretaoeous  Gasteropoda,  556. 

J.  Milne.  —  Across  Europe  and  Asia.  Travelling  Notes  (suite),  557. 

D.  MackîDtosh.  —  Tripartite  ongin  of  the  Boulder-Clays  of  the  NcHrth-West  of 
England,  575. 

T.  G.  Bonney.—  Colouring  ofOolitic  rocks,  576. 

—  Id.,t.  V,  nol;1878. 

Ail.  Nicholson.  —  Récent  Progress  in  Palœontology,  I. 

S.  Wood,  Jun.  —  American  Surface  Geology,  and  its  relation  to  British,  with 
some  Remarks  on  the  Glacial  Conditions  in  Britain,  especially  in  référence  to  the 
Great  Ice  Age  of  Mr.  James  Geikie,  13. 

J.  Bfilne.  —  Across  Europe  and  Asia.  Travelling  Notes  (suite),  29. 

D'Urban. —  PalaM)lithic  Implements  from  the  Valley  of  the  Axe,  37. 

A.  B.  Wynne.  —  Concretionary  Bands  or  Conglomérâtes  of  Lambay;.Island,  48. 

—  Geological  Society.  The  Quarterly  Journal  of  the  —,  t.  XXXUI, 
no  3;  1877. 

Arth.  Philipps.  —  On  the  Chemical  and  Mineralogical  Changes  whtch  hâve  taken 
places  in  certain  Eruptive  rocks  of  North  Wales,  423. 

H.  Price.  —  On  the  Beds  between  the  Gault  and  (Jpper  Chalk  near  Folkestone, 
431. 

S.  Allport.  —  On  certain  Ancient  Devitrified  Pitchstones  and  Perlitea  from  the 
Lower  Silurian  District  of  Shropshire,  449. 

R.  Harkness  et  Ali.  Nicholson.  —  On  the  Strata  and  their  Fossil  contents  between 
the  Borrowdale  Séries  of  the  North  of  England  and  theConision  Flags,  461. 

Jukes-Browne.  —  Supplementary  Notes  on  the  Fauna  of  the  Cambridge  Green- 
sand,  485. 

E.  T.  Newton.  —  On  the  Remains  of  Hypsodon,  Porthêus,  and  lehihyodeetes  from 
British  Cretaceous  Strata,  with  Descriptions  of  new  species,  505. 

T.  Spratt.  —  Remarks  on  the  Coal-bearing  deposits  near  Erekll  (the  ancient  Hera- 
clea  Pontica,  Bithynia),  524. 

W.  H.  Flower.  —  Note  on  the  Occurences  of  the  Remains  of  Hycenarctot  in  the 
Red  Crag  of  SuOblk,  534. 

A.  Leith  Adams.  —  Observations  on  Remains  of  the  Mammoth  and  other  Mammals 
from  Northern  Spain,  537. 

H.  G.  Seeley.  —  On  Mauisaurus  Gardneri  (Seeley),  an  Elasmosaurian  from  the 
Base  of  the  Gault  at  Folkestone,  541. 

R.  H.  Traquair.  —  On  the  Agassizian  Gênera  Amblypterus,  PalœonUeus,  Gyrolepis, 
and  Pygopterus,  548. 

M.  Mello.  —  The  Bone-caves  of  Creswell  Crags,  m,  579. 

W.  B.  Dawkins.  —  On  the  Mammal-fauna  of  the  Caves  of  Creswell  Crags,  589. 

Manchester.  Geological  Society.  Transactions  oC  the  —  — ,  t.  XIV, 
n«  14;  1877. 


DONS.  —  5  Nov.  1877-7  janv.  1878.  29 

W.  B.  Dawkins.  —  On  the  Antiquity  of  Man,  290.' 

Italie.  Pise.  Società  Toscana^  di  Scienze  naturali  résidente  in  — . 
AtU  délia —,  t.  m,  nM  ;  1877. 

R.  Lawley.  —  MoDOgraphia  dei  resti  fossiii  del  génère  Notidanus  rinveauti  nel 
Pliocène  subappennino  toscano,  57. 

Fr.  Bassani.  —  NuoyI  Squalidi  fossiii,  77. 

A.  d'Achiardi.  —  Minière  di  Mercurio  in  Toscana  e  Considerazioni  gênerai!  snlla 
genesi  loro»  132;  —  Minerali  toscani  (Ematite,  Baritina,  Farmacosiderite,  Preenite, 
Epidoto,  Sperchise),  160. 

Rome.  Bullettino  del  Vulcanismo  italiano»  par  M.  M.  St.  de  Rossi, 
t.  IV,  no»  9  et  10;  1877. 

Turin.  Accademia  délie  Scienze  di  — •  Atti  délia  R.  — «  t.  XII«  n^ 
1-8;  1876-77. 

Spezia.  —  Sul  colore  del  Zircone,  37. 

G.  StrUver.  —  Sulla  Sellaite,  59. 

Cossa.  —  Sulla  composizione  délia  Sienite  del  Biellese,  409. 

Et4ssie.  Saint-Pétersbourg.  Académie  I.  des  Sciences  de  — .  Bulletin 
de  r— ,  t.  XXIV,  no«  2  et  3;  1877. 

C*  Schmidt.  —  Hydrologische  Untersuchungen,  177,  419. 

H.  Abich.  —  Ueber  die  Lage  der  Schneegrànze  und  die  Gletscher  der  Gegenwart 
im  Kaukasus,  258. 

N.  Yon  Kokscharow.  —  Tersuch,  die  problematiscbe  Krystallisalion  des  Pe- 
rowskits  zu  erklaren,  300. 


LISTE  DES  OUVRAGES 

REÇUS  EN  DON  OU  EN  ÉCHANGE 

PAR  LA  SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANGE 

du  7  janvier  au  4  mars  1878. 


l®  OUVRAGES  NON  PÉRIODIQUES. 

(Les  noms  des  donateurs  sont  en  italique.) 

Achiardi  (Ant.  cfy.Suirorigine  deiracido  borico  e  dei  borati  Consi- 
derazioni,  gr.  in-8«,  24  p.;  Pise,  1878. 

Adatns  (A.  Leith).  On  Gigantic  Land-Tortoises  and  a  small  Fresh- 
watcr  species  from  the  Ossiferous  Caverns  of  Haï  ta,  together  with  a 
List  of  their  Fossil  Fauna  ;  and  a  Note  on  Chelonian  Remains  from 
the  Rock-cavities  of  Gibraltar,  in-8<>,  15  p.,  i  pL;  Londres,  1877. 

—  Observations  on  Remains  of  the  Mammouth  and  other  Mammals 
from  Northern  Spain,  in-8%  4  p.  ;  Londres,  1877. 

—  Report  on  the  Exploration  of  Shandon  Cave,  in-4o,  44  p.,  1  pL; 
Dublin,  1876. 

—  Honograph  on  the  British  fossil  Eléphants.  Part  1  :  Dentition 
and  Osteology  of  Elephas  antiquus  (Falconer),  73  p.,  8  pi.  ;  Londres, 
1877. 

Arnaud  (H.).  Ëtudes  pratiques  sur  la  Craie  du  Sud-Ouest,  3*  par- 
tie :  Profils  géologiques  des  chemins  de  fer  d'Orléans,  région  crétacée, 
gr.  in-8%  38  p.,  8  pi.;  Bordeaux,  1877. 

Bouille  (comte  R.  de).  Paléontologie  de  Biarritz  et  de  quelques  au- 
tres localités  des  Basses-Pyrénées,  gr.  in-8o,  71  p.,  3  pi.;  Pau,  1876. 

Brongniart  (Ch.).  Note  sur  des  Perforations  observées  dans  deux 
morceaux  de  bois  fossile;  Note  sur  une  Aranéide  fossile  des  terrains 
tertiaires d'Aix  (Provence),  in-8^,  10  p.,  1  pi.;  Paris,  1877. 

Collot  (L.).  Réunion  de  la  Société  géologique  de  France,  à  Digne,  le 
8  octobre  1872,  gr.  in-8^  8  p.  ;  Montpellier,  1873. 

—  Compte-rendu  sommaire  de  la  Réunion  de  la  Société  géologique 
de  France  dans  les  Alpes,  en  1875,  gr.  in-8o,  10  p.  ;  Montpellier,  1875. 

—  Ëtudes  morphologiques  sur  les  feuilles  des  très-jeunes  végétaux, 
gr.  in-8<>,  8  p.,  1  pi.  ;  Montpellier,  1876. 


DONS.  —  7  JANV.-4  MARS  1878.  31 

Coppi  (Fr.).  Frammenti  di  Paleontologia  Modenese,  gr.  in-8, 22  p.; 
Rome,  1876. 

—  Nota  sul  calcare  a  Liicina pomum,  Dod.,  gr.  in-8%  6  p.;  Rome, 
1877. 

Cortazar  (D.  de).  Memorias  de  la  Comision  del  Mapo  geologico  de 
Espana  :  Descripcion  fisica,  geologica  y  agrologica  de  la  provincia  de 
ValladoUd,  gr.  in.8o,  212  p.,  4  pi.;  Madrid,  1877. 

Credner.  Traité  de  Géologie  et  de  Paléontologie,  traduit  sur  la 
3«  édition  allemande  par  Monniez,  fascicule  I,  gr.  in-8%  160  p.;  Paris, 
1878,  chez  F.  Savy. 

Debray,  Jamin,  Daubrée,  Laboulaye.  Académie  des  Sciences.  Funé-^ 
railles  de  M.  Regiiault.  Discours  de  MM.  — ,  in4%  25  p.;  Paris,  1878. 

De  la  Harpe  (PhiL).  Note  sur  la  Géologie  des  environs  de  Louëche- 

les-Bains,  iu*8^  32  p.,  3  pi.  ;  Lausanne,  1877. 

Deville  (Ch.  Sainte-Claire).  Coup  d*œil  historique  sur  la  Géologie  et 
sur  les  travaux  d'Ëlie  de  Beaumont.  Leçons  professées  au  Collège  de 
France  (mai-juillet  1875),  in-8o,  598  p.  ;  Paris,  1878,  chez  G.  Masson 
(M^  Ch.  Sainte-Cîaire  Deville). 

Fizeau,  Daubrée.  Académie  des  Sciences,  Funérailles  de  M.  Becque- 
rel. Discours  de  HM.  — ,  in-4o,  11  p.;  Paris,  1878. 

Forsyth.  Ost-Turkestan  und  das  Pamir-Plateau  nach  den  Forschun- 
gen  der  britischen  Gesandtschaft  unter  Sir  T.  D.  —  1873  und  1874. 
Bearbeitet  nach  dem  ofBziellen  «  Report  of  a  Mission  to  Yarkund  in 
1873,  under  command  of  Sir  T.  D.  — ,  with  Historical  and  Geographi- 
cal  Information  regarding  the  possessions  of  the  Ameer  of  Yarkund  », 
in-4*,  78  p.,  1  pi.  ;  Gotha,  1877,  chez  /.  Perthes. 

Oeological  and  Oeographical  Survey  (U.  S.).  Miscellaneous  Publi- 
cations, no  7  :  Ethnography  and  Philology  of  the  Hidatsa  Indians,  par 
M.  W.  Matthews,  in-8o,  244  p.  ;  Washington,  1877. 

Oeologische  Specialkarte  des  Kônigreichs  Sachsen.  Erlâuterungen 
zur  — ,  bearbeitet  unter  der  Leitung  von  H.  Credner,  in-8o  :  Section 
Rochlitz,  Blatt  60,  par  MM.  A.  Rothpletz  et  E.  Dathe,  76  p.  ;  Section 
Chemnitz,  Blatt  96  a  und  96  b,  par  MM.  Th.  Siegert  et  J.  Lehmann, 
97  p.  ;  Section  ZtrtcAau^  Blatt  111;  Section  Lichtenstein,  Blatt  112; 
Geologische  Profile  durch  das  Kohlenfeld  von  Zwickau,  par  M.  H. 
Mietzsch,  55,  60  et  14  p.  ;  Leipzig,  1877. 

ffuguenin  (J.).  Notice  sur  un  Système  de  Coloriage  des  Cartes  Géo- 
logiques, in-8%  10  p.,  3  pi.;  Harlem,... 

Lapparent  (A.  de).  Le  Bathybius.  Histoire  d'un  Protoplasme,  in-S®, 
10p.;Louvain,  1878. 

Lasaulx  (A.  von).  Das  Erdbeben  von  Herzogenrath  am  24  Juni  1877. 
Eine  seismologiscbe  Studie,  in-8o,  78  p.,  1  pL;  Bonn,  1878. 


32  DONS.   —  7  JANV.-4  MARS  1878. 

Maq^Jierson  (J,).  Sobre  los  caractères  petrograficos  de  las  Ofitas  de 
las  cercanias de  Biarritz,  in-8o,  7  p.;  Madrid,  1877. 

Orth.  Ueber  die  Antbrderungen  der  Géographie  und  der  Land-und 
Forstwirthscbaft  an  die  geognostische  Kartographie  des  Grund  und 
Bodens,  in-S»,  9  p.  ;  Berlin,  1877. 

Parandier.  Société  des  Agriculteurs  de  France,  8*  session  annuelle. 
Extrait  du  Compte-rendu  de  la  séance  du  17  février  1877.  Question  de 
Taménagement  et  de  l'utilisation  des  eaux.  Discours  de  M.  — ,  în-8°, 
10  p.;  Arbois,... 

Péroche  (J.).  Les  causes  des  phénomènes  glaciaires  et  iorrides.  Jus- 
tifications, in-8%  57  p.,  2  pi.  ;  Paris,  1878,  chez  G.  Baillière  et  C^. 

Rae  (John).  New  South  Wales.  Railwaysof  N.  S.  W.  Report  on  their 
construction  and  working,  from  1872  to  1875  inclusive,  in-4%  128  p., 
9  pi.  ;  Sydney,  1876  (Société  Royale  de  la  Nouvelle-Oalles  du  Sud). 

Russell  (H.  C).  Climate  of  New  South  Wales  :  Descriptive,  Histori- 
cal,  and  Tabular,  in-8s  264  p.,  8  pi.  ;  Sydney,  1877  (La  même). 

Saporta  (comte  G.  de).  Paléontologie  française,  2*  série  :  Végétaux. 
Terrain  jurassique,  25«  livr.  :  Conifères  ou  Aciculariées,  t.  III,  f.  16  à 
18,  pi.  38  à  43;  janv.  1878;  Paris,  chez  G.  Hasson  (Comité  de  la 
P.  fr.). 

Stapff(F.M.).  Studien  ûber  die  Wârmevertheilung  im  Gotthard. 
I  Theil,  in4s  6  p.,  1  pi.  ;  Berne,  1877. 

Taram^lli  (T,).  Dei  terreni  morenici  ed  alluvionali  del  Friuli.  Mono- 
grafia  geologica,  gr.  in-8'',  99  p.,  2  pi.  ;  Udine..., 

—  Alcune  osservazioni  sul  Ferretto  délia  Brianza,  gr.  in-8^,  38  p., 
1  pi.;  Milan,  1877. 

—  Catalogo  ragionato  délie  Rocce  del  Friuli,  in4<*,  67  p.,  7  pi.; 
Rome,  1877. 

Terqicem.  Essai  sur  le  classement  des  animaux  qui  vivent  sur  la 
plage  et  dans  les  environs  de  Dunkerque,  2»  fascicule,  40  p.,  6  pi.; 
Dunkerque,... 

Virlet  d'Aoust.  Observations  sur  le  système  des  montagnes  d'Ana- 
huac  ou  de  l'Amérique  centrale,  sur  la  grande  chaîne  volcanique  gua- 
témalienne, sur  les  Volcans  de  l'Amérique  du  Nord,  sur  l'origine  des 
Volcans,  in-»>,  36  p.  ;  Paris,  1877. 

2®  OUVRAGES  PÉRIODIQUES. 

France,  Paris.  Académie  des  Sciences.  Comptes-rendus  hebdoma- 
daires des  séances  de  T— ,  t.  LXXXVI,  n°»  1-8;  1878. 

Daubrée.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  cassures  qui  traversent  i'écorce 
terrestre,  particulièrement  celles  qui  sont  connues  sous  les  noms  de  joints  et  failles, 


DONS.  —  7  JA.NV.-4  MAI\S   1878.  33 

77,  283,  428  ;  —  Imitation  des  cupules  et  érosions  caractéristiques  que  présente  la 
surface  des  météorites,  dans  une  opération  industrielle,  par  l'action  d'un  courant 
d'air  rapide  s.ur  des  pierres  incandescentes,  517. 

Des  Cloizeaux.  —  Sur  un  nouveau  gisement  de  l'Adamine,  88. 

St.  Meunier.  —  Contributions  paléontologiques,  122. 

A.  Michel-Lévy.  — De  l'emploi  du  microscope  polarisant  à  lumière  parallèle  pour 
la  détermination  des  espèces  minérales  contenues  dans  les  plaques  minces  des 
roches  éruptives,  346. 

Hermite.  —  Sur  l'unité  des  forces  en  Géologie  (3*  note),  391. 

St.  Meunier  et  G.  Tissandier.  — Présence  des  sphérules  magnétiques,  analo- 
gues à  ceux  dos  poussières  atmosphériques,  dans  des  roches  appartenant  aux  an- 
ciennes périodes  géologiques,  450. 

Tboulet.  —  Séparation  des  éléments  non  ferrugineux  des  roches,  fondée  sur  leur 
différence  de  poids  spéciûque,  454. 

Mayençon.  —  Sur  quelques  produits  volatils  des  mines  de  houille  incendiées,  491. 

Vélain.  —  Sur  la  constitution  géologique  de  l'île  de  La  Réunion,  1"  partie,  497. 

Hébert.  —  Remarques  sur  la  note  de  M.  Vélain,  500. 

Contejean.  —  Origine  et  répartition  du  calcaire  dans  les  sables  maritimes,  500. 

Wilm.  —  Analyse  des  eaux  minérales  sulfureuses  d'Aix-en-Savoie  et  de  Mariiez, 
543. 

—  Club  Alpin  français.  Bulletin  trimestriel,  1877,  4«  trimestre. 

—  Journal  des  Savants,  1877,  déc,  et  1878,  janv. 

—  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  — .  Nouvelles  Archives  du  —, 
t.  IX;  1873. 

David.  —  Journal  d'un  voyage  dans  le  Centre  de  la  Chine  et  dans  le  Thibet  orien- 
tal (suite),  BuU.,  3. 

—  Id.,  t.  X;1874. 

David.  —  Journal  d'un  voyage  dans  le  Centre  de  la  Chine  et  dans  le  Thibet  orien- 
tal (suite),  Bull.,  3. 

—  Revue  scientifique  de  la  France  et  de  l'Étranger,  2«  sér.,7«  année, 
n*>»  28-30  et  32  ;  1878. 

R.  Kerviler.  —  La  chronologie  préhistorique;  It  chronomètre  préhistorique*  de 
Saint-Nazaire,  686. 

G.  de  Mortillet.  —  La  chronologie  préhistorique;  le  chronomètre  préhistorique  de 
Saint-Nazaire,  688. 

De  Saporta.  —  Les  anciens  climats  de  l'Europe  et  le  développement  de  la  végé- 
tation, 741. 

—  Société  de  Botanique  de  France.  Bulletin  delà  —,  t.  XXIV,  n®  2; 
1877. 

—  Société  de  Géographie.  Bulletin  de  la  —,  6«  sér.,  t.  XIV,  nov.  et 
décembre;  1877. 

A.  Nordenskjold.  —  L'expédition  de  1878  à  la  Mer  glaciale  de  Sibérie,  500 
L.  Wysse.  —L'exploration  de  l'isthme  du  Darien  en  1876-77,  561. 
J.-B.  Paquier.  —  Pamir  et  Kachgarie  (suite),  581. 
Rocher.  —  Itinéraire  de  Ch'ung-cii'ing  à  Yun-nan-fu,  602. 

H 


34  DONS.    —   7  JANV.-4  MARS  1878. 

Amiens.  Société  Linnéenne  du  Nord  de  la  France.  Bulletin  mensuel, 
t.  II,  n*>«  24,  30  et  40;  1874-75. 

A.  P.  Alexandre.  —  La  Craie  de  Saint -Maurice,  87. 
R.  Vion.  —  Les  Tourbières,  175. 

N.  de  Mercey.  —  Géologie  résumée  des  cantons  de  la  Somme;  canton  d'Amiens 
(suite),  332. 

—  Id.,  t.  m,  no»  44,  47  et  59  ;  1876-77. 

N.  de  Mercey.  —  Géologie  résumée  des  cantons  de  la  Somme;  canton  d'Amiens 
(suite),  67. 

—  Id.,  t.  lY,  no»67.69;1878, 

G.  d'Ault-Dumesnil.  —  Excursion  géologique  de  la  Société  Linnéenne  à  Beauvais, 
34. 

Lille.  Société  géologique  du  Nord.  Annales  de  la  —,  t.  IV;  1876-77. 

Gosselet.  —  Relations  des  sables  d'Anvers  avec  les  systèmes  diestien  et  boldé- 
rien,  1;  —  Sondage  à  Bonsies,  17;  —  Aperçu  sur  la  constitution  géologique  de  la 
forêt  de  Mormal,  125;  —  Sur  une  coupe  du  terrain  dévonien  relevée  par  M.  de  La 
Vallée-Poussin  sur  la  route  de  Haillot  à  Andenelle,  136;  —  Quelques  réflexions  sur 
la  structure  et  Tàge  du  terrain  houiller  du  Nord  de  la  France  à  l'occasion  du  Mé- 
moire de  M.  Breton  et  de  celui  de  M.  l'abbé  Boulay,  159;  —  La  marne  de  la  Por- 
queric  (éocènc  inférieur),  179;  —  Découverte  du  terrain  houiller  sous  la  meule  cré- 
tacée à  Quièvrechain.  209;  —  Compte-rendu  de  l'excursion  dans  les  Ardennes  du 
23  août  au  5  septembre  1876,  210;  —  Sur  la  découverte  d'Oldhamia  dans  les  ardoises 
d'Haibes  et  sur  la  structure  géologique  de  l'Ardenne,  232;  —  Sur  des  exemplaires 
de  Pleurodyctium  problematicum,  237;  —  Le  calcaire  dévonien  supérieur  dans  le 
Nord-Est  de  l'arrondissement  d'Avesnes,  238  ;  —  Résumé  de  l'excursion  à  Loffre  et 
à  Roucourt  et  exposé  de  la  constitution  géologique  des  environs  de  Douai,  283;  — 
Quelques  documents  pour  l'étude  des  schistes  de  Famenne,  303. 

Debray.  —  Squelette  humain  trouvé  dans  la  tourbe  a  Aveluy  (Somme),  15;  — Note 
sur  une  médaille  romaine  trouvée  dans  la  tourbe  à  Aire  (Pas-de-Calais),  122. 

G.  Dollfus.  —  Description  et  classiGcation  des  dépôts  tertiaires  des  environs  de 
Dieppe,  19. 

Bouvart.  —  Sur  la  géologie  des  environs  de  Rethel,  33. 

Ch.  Barrois.  —  Observations  sur  la  note  de  M.  Bouvart,  36;  —  Note  préliminaire 
sur  le  terrain  silurien  de  l'Ouest  de  la  Bretagne,  38;  —  Sur  le  Pecten  Hasbachii, 
58  ;  ■—  Le  terrain  dévonien  de  la  Rade  de  Brest,  59  ;  —  Les  minerais  de  fer  de  la 
Bretagne,  130;  —  Observations  sur  les  mémoires  de  MM.  Breton  et  Boulay,  176;  — 
Note  sur  les  traces  de  l'époque  glaciaire  en  quelques  points  des  côtes  de  la  Bre- 
tagne, 186  ;  —  Relation  d'un  voyage  géologique  en  Espagne,  292. 

Ern.  Vanden  Brœck.  —  Seconde  lettre  sur  quelques  points  de  la  géologie  des  en- 
virons de  Bruxelles,  106. 

Ortlieb.  —  Observations  sur  la  lettre  de  M.  Vanden  Brœck,  121. 

Lud.  Breton.  —  Étude  sur  le  prolongement  au  sud  de  la  zone  houillère  du  Pas- 
de-Calais,  138. 

Chellonneix.  —  Note  sur  la  position  6\i  Belemnites  plenus  au  Cap  Blanc-Nez,  205; 
—  Sur  une  Bélemnitelle  de  la  zone  à  Ammonites  variuns  du  Petit  Blanc-Nez,  208;— 
Compte-rendu  des  travaux  de  la  Société,  273. 

Cnrnailles.  —  Sur  un  orage  à  Vendhuille  (Aisne\.  209. 


DONS.   —   7  JANV.-4   MARS   1878.  35 

Jaonel.  —  Lettre  sur  les  couches  fossilifères  de  Vireux,  235. 
J.  de  Guerne.  —  Sur  les  Heteropsammia,  238. 

Lyon.  Association  des  Amis  des  Sciences  naturelles.  Compte-rendu 
de  Vannée  1876;  1877. 

—  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  — .  Archives  du — ,  1. 1;  1872-76. 

Ducrost  et  Lortet.  —  Études  sur  la  station  préhistorique  de  Solutré,  7. 

A.  Locard.  ~  Notes  sur  les  broches  osseuses  des  environs  de  Bastia  (Corse), 
37. 

Lortet.  —  Etude  sur  le  Lagomys  Corsicanus  (Cuvier)  de  Bastia  (Corse),  53. 

Lortet  et  Chantre.  —  Études  paléontologiques  dans  le  bassin  du  Rhône  ;  période 
quaternaire,  59, 

De  SaportaetMarion.  — Recherches  sur  les  Végétaux  fossiles  de  Meximieux,  131 
et  171. 

Alb.  Faisan.  —  Études  sur  la  position  stratigraphique  des  tufs  de  Meximieux,  de 
Pérouges  et  de  Monlluel,  135. 

—  Rapport  à  M.  le  Préfet  sur  les  travaux  exécutés  pendant  Tannée 
1873,  par  M.  Lortet;  1874. 

A.  Faisan.  —  L'histoire  géologique  des  environs  de  Lyon  étudiée  dans  les  gale- 
ries du  M.  d'H.  n.  du  Palais  Saint-Pierre,  33. 

—  Id.  1874;  1875. 

—  Id.  1875;  1876. 

—  Id.  1876;  1877. 

Rouen. -Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles  de  — .  Bulletin  de 
la  —,  i^  sér.,  t.  XII,  l^'  sem.;  1877. 

Saint-Ëtienne.  Société  de  l'Industrie  minérale.  Comptes-rendus 
mensuels  des  réunions  de  la  — ,  1877,  décembre. 

Chansselle.  —  Houilles  de  Dorabrowa  (Pologne  russe),  3. 

—  Id.,  1878,  janvier. 

Toulouse.  Matériaux  pour  l'Histoire  primitive  et  naturelle  de 
l'Homme,  2^  sér.,  t.  VHI,  livr.  11  et  H;  1877. 

—  Société  d'Histoire  naturelle  de  — .  Bulletin  de  la  — ,  t.  XI,  n*»  2; 

1877. 

Rey-Lescurc.  —  Dislocations  dans  les  terrains  du  Sud-Ouest  de  la  France.  Sys- 
tèmes du  Quercy,  du  Castrais,  des  Pyrénées  et  de  l'Auvergne,  107. 
F.  Regnault.  —  Grotte  du  Mas-d'Azil  (Ariègej,  128. 

Valenciennes,  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  l'arrondis- 
sement de  — .  Revue  agricole,  industrielle,  littéraire  et  artistique, 
t.  XXX,  n<^*9etl0;  1877. 

Allemagne.  Berlin.  Akademie  der  Wissenscliaften  zu  — .  Monalsbe- 
richt  der  K.  P.  — ,  1877,  novembre. 

Ramniclsbcrg.  —  Ucber  die  Zusammeosel^^ung  des  Aoscliynils  uml  Samarskits, 


36  DONS.  —  7  JANV.-4  UARS  1878. 

Peters.  —  Ueber  zwei  fussile  Wirbelthiere,  Probairachus  vicetinus  und  ncmitri- 
chut  sehisticola,  aus  den  Tertiarbildungen  von  Ponte  bei  Lavcrdà  im  Yiceotioischen. 
678. 

M.  Bauer.  —  Ucber  das  Krystallsystem  und  die  HauptbrechuDgs-CoêfGcienten  des 
Kaliglimmers,  684. 

Gotha.  Hittheilungen  aus  J.  Perthes'  geographischer  Anstalt  ûber 
wîchtige  neue  Erforschungeu  auf  dem  Gesamrotgebieteder  Geographiei 
t.  XXIV,  no  i  ;  1878. 

Stuttgart.  Neues  Jahrbuch  fur  Mineralogie,^Geologie  und  Palaeonto- 
logie,  1877,  n^»  6-9. 

W.  Branco.  —  Die  Yulkane  des  Hernikerlandes  bei .  FrosinoDe  in  Mittel-Italien, 
561. 

Dunker.  —  Ueber  die  môglichst  fehlerfreic  Ermittelung  der  Wàrme  des  Innero  der 
Erde  und  das  Gesetz  ihrer  ZuDahme  mit  der  Tiefe,  590. 

Holtenroth.  —  Ueber  das  Gesetz  der  Temperaturzunahme  nach  der  Tiefe  unterzu 
Grundlegung  der  Dunker'schen  Beobachtungen  im  Bohrloch  zu  Sperenberg.  607. 

A.  von  Lasaulx.  —  Bromjodsilber  von  Dernbach;  Polarisationserscheinung  an 
Sphàrolithen,  616. 

A.  Pichler.  —  Hineralien  bei  Nasereit;  die  Stellung  der  Schwatzerkalke,  620. 

A.  Frenzel.  —  Ueber  das  sogen.  Arsenikwismuth,  621  ;  —  Ueber  den  Selenwis 
muthglanz,  935. 

H.  Hofer.  —  Ueber  eine  angebliche  blitzàhnlicbc  Erscheinung  wâbrend  des  Berg- 
sturzes  bei  SteinbrUck,  621. 

Schafliaeutl.  —  Ueber  eine  neue  Koralle.  Ktenodema,  in  Diceratenkalk  von  Kell- 
heim,  622. 

0.  Feistmantel.  •—  Die  Rajmahal- Flora,  626;  —  Die  Flora  von  Kach  und  Rajma 
bal,  809. 

Brauns.  —  Berichtigung  liber  verschiedene  Trigonien  der  Salzbergmergel,  629. 

G.  Steinmann.  —  Radiolarien  in  den  Ancylocerasmergeln  von  Hallein,  630. 

A.  Baltzer.—  Beitriige  zur  Geognosie  der  Schweizer-Alpen  (suite),  673. 

—  Die  X  Sitzung  des  Oberrheinischen  geologischen  Vereins,  693. 

E.  Cohen.  —  Titaneisen  von  den  Diamantfeldern  in  Sud-Afrika,  695. 

A.  Knop.  —  Ueber  die  Zusammensetzung  der  Olivinfelsknollen  im  Basalte  des  LQt- 
zelberges  bei  Sasbach  im  Kaiserstuhl.  697;  —  Ueber  Pseudomorphosen  von  Cimolit 
nach  Augit  im  Basait  von  Sasbach  im  K.,  699. 

Von  Klipslein.  —  Ueber  Diluvial-Wirbclthiere  aus  Huhlen  des  Grauwackekalkes 
im  Lahnthale;  Vorkommen  des  Wavellitund  Phospliorit  bei  Staffel,  701. 

Ziltel.  —  Ueber  eine  Unlersuchungen  der  fossilen  Spnngien,  705,  709. 

Fr.  Rolle.  —  Ueber  ein  Vorkommen  fossiler  Pflanzen  zu  Obererlenbach  (Wetterau), 
769. 

K.  Pettersen.  —  Ueber  das  Vorkommen  des  Olivinfels  im  nôrdiichen  Norwegen» 
II,  784. 

M.  Neumayr.  —  Bcmerkungen  Uber  den  russischen  Jura,  791. 
N.  von  Kokscharow.  —  Das  Kryslallisationssyslem  des  Glimmers  ;  Uber  Skorodit 
und  Brookit;  Walnewil,  ein  neues  Mmeral.  798. 
C.  W.  GUmbcI.—  Die  pflanzenfiihrendcD  Schichten  bei  Neumarkt  in  SUdtyrol,  805. 
C.  Dœller.  —  Ueber  seine  Unlersuchungen  Ihoncrdehaltiger  Pyroxene,  806. 
C.  Klein.  —  Ueber  die  Mineralien  Kryolith,  Pachnolith  und  Thomscnolith,  808. 
Fischer.  —  Ueber  das  Katzenauge.  811. 


DON?.  —  7  iANV.-4  MARS  1878.  37 

0.  Ileer.  —  Die  3  Lieferung  dcr  Flora  fossilis  Helveliœ;  die  hssila  Flora  Sibiriens; 
Uber  die  PflaDzen  des  Roberthales  in  Spitzbergen,  819. 

F.  Henrich.  —  Ueber  die  Temperaturen  in  dem  Bohrioche  zu  Sperenberg und  die 
dariiber  aufgestcllten  Rechnungen  und  SchlUsse,  897. 

A.  Weisbach.  — Ueber  die  Silberkiese,  906;— Ueber  das  sogen.  ArseDikwismuth 
und  Uber  den  Agricolit,  926. 

Em.  Riedl.  —  Ueber  Bergsturz  und  Rutschung,'_914. 
Kuschel.  —  Milarit,  925. 

Alsace-Lorrainç,  Mulhouse.  Société  industrielle  de — .  Bulletin  de 
la  — ,  1877,  supplément  de  décembre. 

Autriche-Hongrie.  Léoben,  Pribram  et  Schemnitz.  Berg-und  Hûtten* 
mànnisches  Jahrbuch  der  K.  K.  Bergakademien  zu  — ,  t.  XXVI,  n°  l  ; 
1878. 

Vienne.  Geologischen  Reichsanslalt.  Verhaudlungen  der  K.  K.  — , 
1877,  n«»  16-18. 

R.  Hôrnes.  —  Beitrage  zur  Kenntniss  der  Tertiar-Ablagerungen  der  SUdalpen,  III, 
275. 

0.  Lenz.  —  Zur  Oypsfrage  in  Ostgalizien,  277;  —  Petrefakten  von  der  Loango- 
KUste  iWest-Afrika).  278. 

B.  Raffelt.  —  Ueber  einen  Fund  von  19  Zahnen  von  Ptychodus  latissimiu,  Agas- 
siz,  in  einer  Planerkalkgrube  in  Settenz  bei  Teplitz,  279. 

E.  Dôll.  —  Der  Meteorsteinfall  von  Soko-Banja,  nordôstlich  von  Aleksinac,  am 
13  Oct.  1877,  283. 

C.  von  Hauer.  —  Die  Eisenquelle  in  Ober-Weidlingau  bei  Wien,  288;  —  Krystal- 
logenctische  Beobachtungen,  VI,  296. 

E.  von  Mojsisovics.  —  Vorlage  der  Schlussbàndo  von  Barrandc's  Cephalopoden 
des  siiurischen  Systems  von  Bôhmen,  289. 

y.  Hilber.  —  Die  Miocân-Schichten  dcr  Umgebung  des  Sausal-Gebirgcs  in  Steicr- 
mark,  293. 

E.  Tietzc.  —  Bemerkungen  Uber  die  Tektonik  des  Albursgcbirges  in  Persien,  299. 
M.  Vacek.  —  Vorlage  der  Karteder  Setto  Comuni,  301. 

—  Id.,  1878,  n^M-3. 

Fr.  von  Hauer.  —  Jahresbericht,  1. 

—  Mittheiiungen  der  Geologen  der  K.  Ungarischen  geologischen  Anslalt  liber  ihre 
Aufnahmsarbciton  iin  Jahre  1877, 13. 

C.  J.  Wagner.  —  Geologische  Skizze  des  Hausruck-Gcbirges,  29. 

F.  Babanek.  —  Ueber  den  feuerfesten  Lehm  von  Drahlin  nàchst  Pribram,  34. 

F.  Seeland.  —  Der  Bergbau  auf  Rotheisenstein  und  Braunstcin  auf  dem  Kok,  nord- 
westlich  von  Uggowitz,  36. 

D.  Stur.  —  Vorlage  seiner  Culm-Flora  der  Ostrauer  und  Waldenburgen  Schichten, 
38. 

Fr.  Toula.  —  Ueber  Devon-Fossilien  aus  dem  Eisenburger  Comitate.  47. 
0.  Lenz.  —  Gabbro  von  der  WestkUste  Afrika's,  52. 
Fleischhacker.  —  Das  Vorkommen  mariner  Fossilicn  bei  Gleichenborg.  53. 
V.  Hilber.  —  Die  zweite  Mediterranslufe  bei  Hartberg  in  Oslsteiermark,  53. 

G.  Thenius.  —  Untersuchung  der  Braunkohle  und  des  feuerfesten  Thones  von 
Wildshul  in  OberOsterreich  hinsichtiich  ihrer  chemischcn  Zusammensetzung  und 
ViTwendung  zu  industriellcn  Zwecken,  51. 


38  DOiNS.   —   7  JANV.-4  MARS  .1878. 

E.  Dôll.  —  Notizen  liber  Pseudomorphosen,  57. 

B.  von  Mojsisovics.  —  Ueber  die  sQdtiroler  Quarzporphyr-Tafel,  58. 
A.  Bittner.  —  Vorlage  der  Kaiie  der  Tredici  Communi,  59. 

F.  Teller.  —  Geologische  Mittheiluogeo  aus  der  Œtzthaler-Gnippe,  64. 

Belgique.  Bruxelles.  Annales  de  la  Société  raalacologique  de  B.,  t.  X; 
1875. 

Rutot.  —  Note  sur  quelques  Fossiles  recueillis  dans  le  Diluvium  des  environs  de 
Tongres,  Mém.,  7;  —  Relation  au  point  de  vue  palcontologique  de  Texcursion  en- 
treprise les  1''  et  2  août  1875,  aux  environs  de  Namur,  par  les  membres  de  la 
Société  malacologique,  103. 

G.  Vincent.  —  Note  sur  la  Faune  bruxellienne  des  environs  do  Bruxelles,  Mém., 
23;  —  Note  sur  quelques  Scalaires  éocènes  des  environs  de  Bruxelles,  87;  — Notes 
sur  trois  coquilles  fossiles  du  terrain  laekenien  des  environs  de  Bruxelles  fPecten 
nitidulus,  G.  Vincent;  Pleurotama  Heberti,  Nyst  et  Le  Hon;  Triton  fusiforme, 
G.  Vincent),  123. 

Houzeau  do  Lehaie.  —  Note  sur  les  alluvions  de  la  Trouille  dans  les  environs  de 
Mons,  Mém.,  32. 

Th.  Davidson  [traduit  par  Th.  Lefévre).  —  Qu'est-ce  qu'un  Brachiopode?,  Mém„ 
36;  —  Sur  les  Brachiopodes  du  Landenien  de  Chercq,  Bull.,  LXIl. 

Watelet.  —  Notice  sur  les  Sables  inférieurs  du  Soissonnais  et  sur  leurs  équiva- 
lents, Mém.,  111. 

Th.  Lefcvre.  —  Sur  deux  Brachiopodes  du  Landenien  de  Chercq,  près  Tournai, 
Bull.,  X;  — Sur  la  course  faite  à  Cassel  par  la  section  de  Géologie  du  Congrès  tenu 
à  Lille  par  l'Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences,  XI  ;  —  Une  nou- 
velle espèce  pour  la  faune  laekcnienne  supérieure,  XIV  ;  —  Note  sur  la  présence 
de  l'ergeron  fossilifère  dans  les  environs  de  Bruxelles,  XXX. 

Seghers.  —  Débris  fossiles  recueillis  dans  le  Campinien  à  Genck,  Bull.,  XXXIV. 

Vanden  Brœck.  —  Course  aux  environs  d'Anvers,  Bull.,  XXXV:  —  Note  sur  la 
présence  do  l'argile  oligocène  sous  les  sables  pliocènes  du  Kiel,  près  d'Anvers, 
LXXV;  —  Notes  sur  une  excursion  scientifique  en  Suisse,  CXXIX. 

Malaise.  —  Sur  quelques  fossiles  du  Diluvium,  Bull.,  LV. 

Tournouër.  —  Sur  quelques  Brachiopodes  nouvellement  découverts  dans  les  bas- 
sins tertiaires  de  la  France,  Bull.,  LX. 

A.  Thielens.  —  Voyage  en  Italie  et  en  France,  II,  Bull.,  LXXXIV. 

États-Unis.  New-Haven.  Academy  of  Arts  and  Sciences.  Transac- 
tions ot*  tlie  Connecticut  — ,  t.  IV,  n°  1;  1877. 

—  American  Journal  of  Science  and  Arts  (The),  3°  sér.,  t.  XV, 
nû»85et86;1878. 

U.  Shepard.  —  On  a  new  minerai,  Pyrophosphorite  :  an  Anhydrous  Pyrophos 
phate  of  Lime  from  the  West  Indies,  49. 

S.  W.  Ford.  —  Description  of  two  new  species  of  Primordial  Fossils,  124;  — Note 
on  Lingulella  cœlata,  127;  — Note  on  tho  development  of  Olenellus  asaphoides.  129 

Washington.  Geological  and  Geographical  Survey  of  the  Terrilories. 
Annual  Report  of  the  U.  S.  — ,  9^  —  ;  1875. 

F.  V.  Hayden.  —  Report,  1. 

A.  C.  Peale.  —  Geological  Report  ou  the  Grand  River  District,  31. 

F.  M.  Endlich.  —  G.  R.  on  the  Southeaslorn  District,  lOJ 


DOXS.  —  7  JA.NV.-4  MARS  1878.  39 

W.  H.  Holmes.       G.  R.  on  Ihe  San  Juan  District,  237. 

B.  F.  Mudge.  —  Notes  on  Ihe  Tertiary  and  Crelaceous  periods  of  Kansas,  277. 

Bulletin  of  Ihe  U.  S.  —,  t.  IV,  u^  1  ;  1878. 

E.  D.  Cope.  —  Descriptions  of  Fishes  from  the  Cretaceous  and  Tertiary  Deposits 
west  of  the  Mississippi  River,  67;  —  Prof.  Owen  on  the  Pythonomorpha,  299. 

—  Sniithsonian  Institution.  Annual  Report  of  the  Board  of  Régents 
oflhe  — for  1876;  1877. 

6.  Pilar.  —  Tho  Révolutions  of  the  Crust  of  the  Earth,  283. 

Grande-Bretagne.  Dublin.  Geoiogical  Society  of  Ireland.  Journal  of 
Ihe  R.  —,  2«sér.,  t.  IV,  n«»  3  et  4;  1876-77. 

S.  Haughton.  —  On  the  Trap  Dykes  that  penctrate  tho  Granités,  metamorphic 
Slates,  and  Carboniferous  limestones,  of  the  district  of  Mourne,  in  the  North-East  of 
Ireland.  91;  —  Description  of  a  Fossil  Spide,  Àrchitarbus  subovalis,  frora  the 
Middio  Coal  Measures,  Bumley,  Lancashire.  222;—  On  Graphie  Felspar,  from  Co. 
Donegal,  225;  —  On  Elvanite,  or  Whitestone,  from  Middieton  Hiil,  Longnor  HalJ, 
Shrewsbury,  226;  —  Note  on  the  Chemical  Composition  of  the  SJievenalargy  Tachy- 
Ivte,  231. 

R.  Kane.  —  Anniversary  Address,  104. 

Edw.  HuH.  —  Notes  on  the  Structure  of  Haulbowline  Island,  Cork  Harbour,  and 
on  the  Geoiogical  âge  of  the  Flexures  of  the  Strata  in  the  S.  W.  of  Ireland,  111;  —  On 
the  Upper  Limit  of  the  essentially  Marine  Beds  of  the  Carboniferous  System  of  the 
British  Isles,  and  tho  necessity  for  tho  establishment  of  a  Middle  Carboniferous 
Group,  224  ;  —  On  the  Nature  and  Origin  of  the  Beds  of  Chert  in  the  Upper  Carboni- 
ferous Limestones  of  Ireland,  245. 

G.  H.  Kinahan.  —  Irish  Drifl.  Sub-Group  —  Meteoric  Drift.  115;  —  An  Outlier  of 
Glacialoid  or  Re-arranged  Glacial  Drifl  on  Stratified  Gravel  (Esker  Period),  Mourno 
Demesne,  County  Down,  122;  —Irish  Drift.  Subgroups— Aqueous  and  Glacial  Drifts, 
210. 

J.  Nolan.  —  Notes  of  a  Geoiogical  Tour  through  the  Siebengebirge  and  the  Lower 
Eifel,  124;  —On  a  Remarkable  Yolcanic  Aggloméra to  nearDundalk,  233. 

Th.  Plunkett.  —  A  Detailed  Account  ot  the  Exploration  of  Rnockmore  Caves  in  Fer- 
managh,  131. 

W.  L.  Green.  —  On  a  Probable  Origin  for  many  Magncsian  Limestones  and  Dolo- 
mites, for  the  Serpentine  Streaks  in  Verde  Antique  Marble,  and  for  the  Serpentine 
found  in  Eoxoon  Canadense  and  other  Limestone  Fossils,  140. 

R.  Mallct.  —  On  some  of  the  conditions  i:;fluencing  the  Projection  of  Discrète 
Solid  Materials  from  Yolcanoes,  and  on  the  Mode  in  which  Pompei  was  overbohel- 
roed,  144. 

Edw.  Hardman.  —  On  the  Age  and  Mode  of  Formation  of  Lough  Neagh,  Ireland  ; 
wilh  Notes  on  the  Physical  Geography  and  Geology  of  the  Surrounding  country, 
170;  —  On  the  Origin  of  Anthracite  ;  with  Suggestions  as  to  the  possible  Corrélation 
in  Time  and  Manner  of  Production  of  the  Anthracites  of  Southern  Ireland,  Wales, 
Dovonshire,  and  France,  200  ;  —  On  a  Triple  System  of  Post-Miocene  Faults  in  the  Ba- 
saltic  Région  around  Lough  Neagh,  239. 

Ch.  Tichborne.  —  On  the  Occurence  of  Magnetic  Oxide  of  Iron  at  Kilbride,  Co. 
Wicklow,  219. 

A.  von  Lasaulx.  —  On  the  Discovery  of  Tridymite  in  the  Trachyto  Porphyfy  of 
Co.  Antrim,  227. 


40  DONS.   —   7  JANV.-4  MARS   1878. 

Fr.  Rutley.  —  On  Mîcroscopic  Structures  in  Tachylyte  from  Slicvenalargy,  Co. 
Down,  227. 

W.  A.  Traill.  —  On  the  occurence  of  Pholadidea  papyraeea  at  Glenarm,  Co. 
Antrim,  242. 

A.  L.  Adams.  —  Observations  on  the  Remains  of  Mammals  found  in  a  Fossil 
State  in  Ireland,  246. 

R.  Laurence  et  Cl.  Hutchinson.  —  On  the  Composition  of  the  Ruxton  Limestone, 
and  on  the  Limes  suitable  for  the  Manufacture  of  Rleaching  Powder,  249. 

Londres.  Geological  Magazine  (The),  2*  sér.,  2®  déc,  t.  V,  n^*  2  et  3; 
1878. 

Arch.  Geikie.  —  The  Old  Man  of  Hoy,  49. 

F.  Rœmer.  —  Geological  Sketch  of  a  Visitto  Irelandin  August,  1876,54. 
J.  Milne.  —  Across  Europe  and  Asia.  Travelling  Notes  (Gnj,  62. 

J.  Geikie.  —  On  the  Préservation  of  Deposits  of  Incohérent  Materials  under  Till  or 
Houlder-ciay,  73. 
J.  A.  Birds.  —  Geology  ofthe  Channel  Islands,  79,  111. 
Blakc  et  Hudleston.  —  The  Coral  Rag  of  Upware,  90. 
0.  Feistmantel. —  Cycadeous  Plants  ofthe  Damudas,  92. 

G.  Linnarsson.  —  Pr.  Milne  and  the  Glacial  Phenomena  of  Scandinavia,  93. 
Benwyan.  —  Devonian  Geology,  96. 

Ch.  Callaway.  —  The  Volcanic  rocks  of  Shropshire,  96. 

W.  Davies.  —  On  a  collection  of  Pleistocene  Mammals  dredged  off  the  Eastern 
Coast,  97. 
T.  R.  Joncs.  —  Notes  on  some  Fossil  Bivalved  Entomostraca,  100. 
C.  J.  A.  Meyer.  —  Micrastcrs  in  the  English  Chalk.  Two  or  more  species?,  1L5. 
R.  Etheridge,  jun.  —  Palasontological  Notes,  117. 
T.  Mellard  Reade.  —  Induced  Structure  in  Stone,  143. 

Manchester.  Geological  Society.  Transactions  of  the ,  t.  XIV, 

n«>»  15  et  IG;  1877-78. 

G.  H.  Kinahan.  —  Quarlzyte  (Quartz-schist),  Quartz-rock  (Greissen),  326. 

Inde.  Calcutta.  Geological  Survey  of  India.  Hemoirs  of  the  — , 
t.  XIII;  1877. 

Th.  W.  H.  Hughes.  —  The  Wardha  Valley  Coal-ûeld,  1. 
V.  Bail.  —  Geology  of  the  Rajmehal  Hills,  155. 

—  — .  Memoirs  ofthe  — .  Palœontologia  indica,  sér.  Il,  n**  2;  1877. 

Oit.  Feistmantel.  —  Jurassic  (Liassic)  Flora  ofthe  Rajmahal  Group,  in  the  Rajmahal 
Hills,  63. 

Records  of  the  —,  t.  X,  n^»  1  et  2  ;  1877. 

H.  B.  Medlicott.  -—  Annual  Report  of  the  G.  S.  of  I.  and  of  the  Geological  Muséum, 
Calcutta,  for  the  year  1876,  1  ;  —  Observations  on  Undecground  Température,  45. 

W.  T.  Blanford.  —  Geological  notes  on  the  Great  Indian  Désert  between  Sind  and 
Rajputana,  10. 

Oit.  Feistmantel.  —  On  the  occurence  of  the  cretaceous  genus  Omphalia  near 
Namcho  Lake,  Tibet,  about  75  miles  north  of  Lhassa,  21  ;  — -  Note  on  Euheria  in  the 
Gondwana  formation,  26;  —  Notes  on  fossil  floras  in  India,  IX-XIII  68. 

R.  Lydekker.  —  Notices  of  new  and  other  verlebrata  from  Indian  Tertiary  and 
Secondary  Rocks,  30  ;  —  Notices  of  new  or  rare  Mammals  from  the  Siwaliks.  76. 


DONS.    —    7   JA.NV.-'i    MAKS    1878.  41 

W.  Th'^obald.  —  Description  of  a  néw  Emydinc  from  the  upper  Tertiaries  of  the 
Northern  Punjab.  43. 
W.  King.  —  Note  on  the  rocks  of  tho  Lower  Godavari.  55. 
V.  Bail.  —  On  tho  At,garh  sandstonos  ncar  CutUïck,  03. 
C.  A.  Hack't.  —  Note  on  the  Arvaii  Séries  in  North-Eastern  Rajputana,  &1. 
Th.  W.  H.  Hughes.  —  Borings  for  Coal  in  India,  92. 
W.  Waagen.  —  Note  on  the  Geology  of  India,  98. 

Italie.  Rome.  Accaclemia  dei  Lincei.  Atti  dolla  R.  — ,  3^  sér.  :  Trans- 
unli,  t.  II,  n"-»  i  et  2;  1877-78. 

Gastaldi.  —  Relazione  soprà  una  Memoria  del  Pr.  Issel  intitolata  :  Nuove  ricerche 
sulle  caverne  ossifere  dolla  Liguria.  30. 

Striivcr.  —  Relazione  sopra  una  Memoria  del  Pr.  de  Stcfani  intitolata  :  Sulle  tracée 
attribuite  ail'  Uomo  pliocenico  nel  Sene.se,  31 . 

Cossa.  —  Ricerche  chimiche  sui  minerali  e  roccie  dell'  isola  di  Vulcano.  P  Allimie 
potassico  contenenle  tallio.  cesio  e  rubio,  34. 

Ponzi,  —  Sulle  epoche  del  Vulcanismo  italiano,  35. 

Capellini.  —  Pachyacanthu^  vel  Priscodelphinus,  49. 

—  Bullettino  del  Vulcanismo  italiano,  par  M.  M.  St,  deRossi,  t.  IV, 
n°*llet  12;  1877. 

NouvellC'Galïes-du-Sud.  Sydney.  Department  of  Mines.  Annual 
Report  of  ihe  —  for  llie  year  1876;  1877. 

H.  Wood.  —  Annual  report.  1. 

J.  Mackcnzic.  —  Report  of  the  Examiner  of  Coal  FielJs  for  the  colony  of  N.  S.  W. 
for  the  vear  1876.  129. 

Wilkinson.  — Report  of  progress  of  the  Geological  Survey,  duriog  the  year  1876, 
li7. 

F.  von  Millier.  —  Descriptive  Notes  on  theTertiary  Flora  of  N.  S.  W.,  178. 

Liversidge.  —  Report  upon  minerai  and  olher  spécimens  e\a  iuolmI  for  the  Mining 
Ri'partment,  during  the  year  1876.  181. 

Pays-Bas,  Harlem.  Société  liollan<laisc  des  Sciences  à  — .  An^hives 
néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles  publi  jes  par  la  — , 
(.  XI,n'>^4et5;  1870. 

—  Id.,  t.  XII;  1877. 

J.  lluguenin.  —  Notice  sur  un  systènu;  <le  col»>ria;,'e  des  Caries  g.'»i)logiques,  471. 

Natuuikundige  Verhandelingen  van  de  — ,  3''  sér.,  t.  Il,  n*»  (J; 

1877. 

Russie.  Moscou.  Société  1.  des  Naturalistes  de  — .  Bulletin  de  la  — , 
t.  LU,  n«  I  ;  1877. 

Milachi3vitch.  —  Paleontologitcheckie  étyoudi.  I.  0  nijkoloriche  ickopaerai<h* 
nijlohoi  phormatsie  bo  Krimou,  65. 

Suisse.  Société  paléontologique  suis.se.  Mémoires  de  la  — ,  I-  III; 
187G. 

p.  de  Loriol.  —  DesiM'iption  des  Échini.les  lerliaires  de  la  Suisse  {iin).  n"  1  ;  —  Mo- 


42  DONS.    —   7  JANV.-4  MAHS   1878. 

nographie  paléontologique  des  coucïies  à  Ammonites  tenuiîohatus  (Barlener  Schich- 
ten)  di?  Raden  (Ar;;ovi(»).  l'"''  partie,  n"  1. 

î;.  Favro.  —  DeMTiption  des  Fùssilts  (iu  lorrain  oxfordieu  des  Alpes  fiibour- 
geoises.  :i*2. 

V.  G.  A.  i'.iederniann.  —  J/ft*/'»rfon  ajigusîidcnx,  Cuv..  n"  3. 

B;ilo.  Nadirt'orsclientle»!  ricsellschart  in  — .  Verliandluiigen  rîcr  — , 
t.  VI,  n^3:  1878. 

Alb.  MUller.  —  l»'  er  die  anoniialen  LageningsverhàUnisse  im  westliclien  Basler 
Jura,  428. 

Gentive.  Sociéu'  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  — .  Mémoires 
de  la — ,  t.  XXV,  l*"'  paiiic;  1876-77. 

A.  Favre.  —  Rapport  pour  la  période  annuelle  du  31  mai  1876  au  1^'  juin  1877, 
353. 


LISTE  DES  OUVRAGES 

IIKÇUS  KN  DON  OU  EN  ÉCHANGE 

PAR  LA  SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANGE 

du  4  mars  au  6  mai  ÎS78. 


1»  OL'VHAGES  NON   PÉUIODlgUES. 

(Les  noms  des  donateurs  sont  en  italique  ) 

Barrois  (Ch.),  Noie  sur  les  traces  de  l'époque  glaciaire  en  quelques 
points  (les  côtes  de  la  Bretagne,  in-8^,  19  p.;  Lille,  1877. 

—  Les  sables  de  Sissonne  (Aisne)  et  les  Alluvions  de  la  vallée  de  la 
Souche,  in-»\  17  p.;  Lille,  1878. 

—  et  /.  de  Guerne.  Description  de  cjuelques  espèces  nouvelles  de  la 
Craie  de  l'Est  du  bassin  de  Paris,  in-8o,  24  p.;  Lille,  1878. 

JkUaviaasch  Gciiootschap  va)i  Kunstea  en  Weienschajjj^cn.  Tweede 
Vervolg-Catalogus  der  Bibliotek  van  het  — ,  in-8o,  217  p.;  Batavia  et 
La  llave,  1877. 

Beyrich.  Ueber  einen  Ptericlitliys  von  Gcrolstein,  in-8<»,  6  p.,  1  pi.; 
Berlin,  1877. 

Dauhrt'e.  Recherches  expérimentales  sur  les  cassures  ([ui  traversent 
récoroe  terrestre,  particulièrement  celles  ([ui  sont  connues  sous  les 
non)S(le;V>i/i^5  et  de  failles,  in-4'*,  17  p.;  Paris,  1878. 

—  On  Points  ot'Similarity  IxHween  Zeolitic  and  Siliceous  Incrusta- 
lions  ol'  récent  Formation  by  Thermal  Springs,  and  Ihose  observed  in 
Amygdaloids  and  olher  altered  Volcanic  Rocks,  in-8'\  13  p.,  1  pi.; 
Lon^'lres,  1878. 

Evans  (John),  Les  âges  de  la  Pierre,  instruments,  armes  et  orne- 
ments de  la  Grande-Bretagne,  traduit  de  l'anglais  [)ar  M.  E.  Barbier, 
in-8^,  694  p.,  1  pi.;  Paris,  chez  Germer  Baillière  et  G«,  1878. 

Favé  et  DanOrce.  Académie  dt>t  Science-?.  Funérailles  do  M.  Belgrand. 
Discours  de  MM.  —,  in-4",  10  p.;  Paris,  1878. 

Favre  (Ern.).  La  zone  à  Ammonifrs  d'-anthicus  dans  les  Alpes  de  la 
i^uissc  et  de  la  Savoie,  in-4"',  114  p.,  9  pi.:  Pari^,  chez  F.  Siivy  ;  BAle 
et  Genève,  chez  II.  Georg;  Berlin,  chez  II.  rrifMlla.ider  et  liU,  1877. 

—  Bevu'»  gé()'ogi([ii<.'  sH'-Svî  pour  raimco  1877,  VHi.  in-8',  84  p.; 
Gjnèvo,  Bile  et  I.von,  cIjv/.  II.  (i  'org.  1^78. 


4i  no.Ns.  —  4  MAHs-f)  3IVÏ  1878. 

FritsL'U  (Ant.).  Die  Reptilien  und  Fisohe  der  i>ôliniiscljeii  Kreide- 
formation,  in-4%  58  p.,  iOpl.;  Prague,  chez  Fr.  Hiviiac»  1878. 

Gaudry  (Alb.).  Sur  un  gi'and  Reptile  fossile  (V Eurt/sauras  Rain^ 
courti),  in-4^  2  p.;  Paris,  1878. 

Geological  Exploration  of  the  Fortieth  Paraîlel.  Reporl  of  ihe  —  ; 
t.  Il  :  Descriptive  Geologi/,  par  MM.  A.  Hague  et  S.  F.  Emmons,  in-4^ 
002  p.,  20  pi.;  Washington,  1877. 

Geological  Survey  of  the  Tcrritones.  Miscellaneous  Publications, 
n"  1  :  Lists  of  Elévations  principally  in  tliat  portion  of  the  U.  S.  west 
of  the  Mississij)pi  River,  par  M.  H.  Gannett,  4^  édit.,  in-8®,  178  p., 
1  pi.,  Washington,  1877. 

—  Id.,  n*  8.*  Fur-hearing  Animais:  A  Monograph  of  North  Ameri- 
can Mustelidas,  in  which  an  account  of  the  Wotverene,  the  Martens 
or  Sables,  the  Ermine,  the  Mink  and  various  other  kinds  of  Weasels, 
several  species  of  Skunks,  the  Badger,  the  Land  and  Sea  Otters,  and 
numerous  exolic  allies  of  thèse  animais,  is  contributed  to  the  Hiï^lorv 
of  North  American  Mammals,  par  M.  Eli.  Coues,  in-8^  362  p.,  20  pi.; 
Washington,  1877. 

Geylcr  (Th.),  Palaconlologie,  Géographie.  A.  Phytopalaeontologie, 
in-8%  44  p.; 

Hall  (J.).  The  Louisvilie  Limestones.  Note  on  llie  hythaulic  beds 
and  associated  limestones  at  the  Falls  of  theOhio,  in-4**,  1(5  p.;  ..., 
«877. 

Hollande.  Géologie  de  la  Corse,  gr.  in -8^,  116  p.,  5  pi.;  Paris,  chez 
G.  Masson,  «878. 

Journal  de  Conchyliologie.  Index  général  et  systématique  des  ma- 
tières contenues  dans  les  vingt  premiers  volumes  du  —  publiés  tous 
la  direction  de  MM.  Crosse,  Fischer,  Bernardi  et  Petit  de  la  Saussayo 
(18501872),  in-8^  208  p.;  Paris,  chez  II.  Crosse,  1878. 

Labat.  Note  médicale  sur  Niederbronn  (Alsace),  in-8«,  11  p.;  Nancv, 
1878. 

Lf.ymerie.  Eléments  de  Géologie,  comprenant  un  lexitjueoii  se  trou- 
vent indiqués  les  caractères  zoologi{|ues  des  fossiles,  3*'  éd.,  in-12, 
616  p.;  Paris,  chez  G.  Masson  et  J.  B.  Baillière;  Toulouse,  chez  P. 
Privât,  1878. 

—  Éléments  de  Minéralogie  et  de  Lithologie,  in-li,  294  p.;  Paris, 
chez  G.  Masson  et  J.  B.  Baillière;  Toulouse,  chez  P.  Privât,  1878. 

Lortet,  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Lyon.  Rapport  a  M.  le  Préfet 
sur  les  travaux  exécutés  pendant  Tannée  1877,  gr.  in-8^  27  p.;  Lyon, 
Bûle  et  Genève,  chez  H.  Georg,  1878. 

Matheroa  (Ph.).  Recherches  paléontologiques  sur  le  Midi  de  la 
France,  ou  Étude  sur  les  animaux  fossiles  découvcMtwIans  cette  ré- 


no.Ns.  —  \  MAUs-G  MAI  1878.  io 

gion,  préscntaiil  la  description  cl  la  fii^urc  des  espaces  nouvel le>,  dou- 
leuses  ou  peu  connues,  avec  rénuinération  niélliôdique  des  corps 
organises  fossiles  qui  les  accompagnent  dans  leurs  gisements  strati- 
graphifjues,  1'^''  et  2o  livr.  :  texte,  feuille  0  1  ;  planches  B  15,  18  et  20; 
C  8,  9,  11,  13,  14,  17  et  21  ;  F  22  et  G  10,  in-fol.;  Marseille,  chez  l'au- 
teur, mars  1878. 

Omboni  (O,),  Le  Marocche,  antiche  moreno  mascherale  da  frane, 
in-8^  16  p.;  Milan,  1878. 

PiiV)ia(G.},  Sulla  Fauna  fossile  giurescdel  Monte  Cavallo  in  Friuli, 
in-i",  62  p.,  9  pi.;  Venise,  1878. 

Ponzi  (0,).  Cronaca  subappennina  o  abbozzo  d'un  quadro  générale 
del  periodo  glaciale,  in-4<',  81  p.;  Uome,  1875. 

—  Sloria  dei  Vulcani  Laziali,  in-4%  19  p.,  1  pi.;  Kome,  1875. 

—  Dei  Monti  Mario  e  Vaticano  e  del  lorosollevamenlo,  in-4<>,  14  p., 
2  pi.;  Rome,  1875. 

—  Lavori  degli  Insetti  nelle  ligniti  del  Monte  Vaticano,  in-4«,  3  p.; 
Rome,  1876. 

—  I  fossili  del  Monte  Vaticano,  in-4^  37  p.,  3  pi.;  Rome,  1876. 

—  La  Tuscia  romana  e  la  Tolfa,  in-4",  54  p.,  2  pi.;  Rome,  1877. 
Przewalsky  (N.  M.).  Reisc  des  russischen  Gencralstabs-obersten  — 

von  Kuhlscha  uber  den  Thian-Schan  an  den  Lob-Nor  und  Altyn-Tag, 
1870  und  1877,  in-4^  31  p.,  2  pi.;  Gotha,  chez  /.  Perthcs,  1878. 

PiiriqicUij  (P.).  Metasomatic  development  of  Ihe  Copper-bearing 
Rocks  of  Lake  Superior,  in-8'\  58  p  ,  1  tabl.;  Philadelphie,  1878. 

Sfarhe  (O.),  Geologische  Uebersichtskarte  der  Kùsteidander  von 
Œstorreich-Ungarn  und  des  angrenzenden  Gebietes  von  Krain,  Steier- 
murk  und  Kroatien,  mit  besonderer  Riicksicht  auf  die  Verbreitung 
<ler  Sùss  und  Rrackwasser  Faciès  der  Liburnischen  Stute  oder  der 
untersten  S('hichtengru|)pe  der  Eocànformation  in  Gorz-Gradisca , 
Krain,  Triest,  Istrien,  Kroatien  und  Dalmatien,  1  f.;  Vienne,  1S78. 

Tiit-amelli  (T.).  Del  Granito  nella  formazione  serpentinosa  delT 
Apennino  Pavese,  in-S®,  27  p.;  Mdan,  1878. 

landrn  IJrneck  (K,),  Note  sur  les  Foraminifères  de  Targile  des 
poldtîrs,  in-8",  10  p.;  Bruxelles,  1877. 

—  Note  sur  l'altération  des  roches  quaternaires  des  environs  de 
Paris  par  les  agents  atraosphérii^ues;  —  Seconde  note  sur  le  Quater- 
naire des  environs  de  Paris.  Réponse  aux  observations  de  M.  Hobert, 
gr.  in•8^  7  p.;  I^aris,  1877, 

—  Note  sur  les  Foraminitères  du  littoral  du  Gard,  7  p.;  Nimes, 
1878. 

—  Monographie  des  Foraminitères  carbonifères  et  permicns  (le 
genre  Fusnlhm  cxce[)tô)  par  II.  B.  Brady,  in-8",  9  p.;  Bruxelles,  1878. 


46  DO.NS.    -;-   4   MARS-6   MAI    1878. 

—  Cl  P.  Cogeh.  Observations  sur  les  couches  quaternaires  et  plio- 
ci*ne^  Hc  Mcrxcin,  près  d'Anvers,  ^r.  in-8\  8  p.;  Bruxelles.  1877. 

Wios.  Giiiilc  «le  la  ^.arie  j^M'olo^'ique  du  Grand-Duché  de  Luxem- 
lK^u^^^  m  S".  î)ti  p..  '3  pi.;  Lux^Mnour^',  chez.  P.  Bruck,  1877  (Société 
^^cs  ^':/V  ci'v  natu/rllcs  (hc  Gruiul-Dcchc  de  Laxciiibourg) , 

■■-  {'[  P.  M.  Sif:;en.  Carte  géolo^n(|ue  du  Grand-Duché  de  Luxem- 
î.(»u.:^.  S  r.;  !877  (La  mémo). 

Zeiller  (n.).  Déienninaiion  des  étages  houillers  à  l'aide  de  la  Flore 
fossile.  Résumé  des  travaux  de  M.  Grand'Eury,  in-8'',  53  p.;  Paris, 
chez  Dunod,  1877. 


2''  OUVRAGES   PÉRIOblgUES. 

France,  Paris.  Académie  des  Sciences.  Comptes-rendus  hebdoma- 
daires des  séances  de  T—,  t.  LXXXVI,  n^«  9-17  ;  1878. 

DaubrcM».  —  Rapport  sur  rint^^i-Ol  que  prôsenlo  la  conservation  de  certains  blocs 
erratiques  situos  sur  le  territoire  français,  et  sur  TouvrajL'e  de  ÎDI.  Faisan  et 
(Ihantre,  relatif  aux  anciens  glaciers  et  au  terrain  eiratique  de  la  partie  moyenDC  du 
bassin  du  RhAne,  505;  —  Expôrienoes  tendant  à  imiter  des  formes  diverses  de 
ploiements,  contournements  vi  ruptures  que  pr^-sentent  les  terrains  stratiGés,  733, 
86J,  9;?8;  —  FApériences  relatives  à  la  chaleur  qui  a  pu  se  développer  par  les 
actions  môcani(pies  <lans  l'intérieur  des  roches,  particulièrement  dans  les  argiles-, 
cons'îquences  pour  certains  plu^nomènes  géologiques,  notamment  pour  le  métamor- 
phisme, 1017. 

J.  Garnier.  —  Sur  la  (iarniorile.  fiSJ. 

Stan.  Meunier.—  Production  artilicielle  <le  la  Brodianlite,  680;  —  Sur  le  mode 
de  formation  de  la  brèche  nivît^oritique  de  Sainte-Catherine  'Brcsil,',  913. 

Cri>.  —  Les  Tii,'illi(es  siluriennes,  HS7. 

De  Saporta.  —  Ohservatitms  sur  la  nature  des  \è,!j[otaux  réunis  dans  le  groupe 
des  Nocgifcrathiu;  géniMalités  et  type  du  Noeggcrathia  foli-tsa,  Stern.,  71();  —  Id.: 
types  du  .Y.  flahellata.  Lindl.  et  Hutt.,  et  du  .V.  cychpteroides,  Gœpp.,  801;  — Id,: 
type  des  N.  expanm  et  cuneifolia  de  Brongniart.  809. 

Trutat  et  Gourdon.  —  Sur  une  carte  des  bh)cs  errati(|ues  de  la  vallée  de  l'Arboust, 
ancien  glai^ier  d'Oo  (environs  de  Luchon,  Haute-Garonne),  752. 

Fouquc  et  Michel-L.'îvy.  —  Surquelqui's  faits  niMivcaux  du  perlilisme  des  roches 
et  sur  la  reproducti j.i  arlilicieUe  des  fissures  perlitiques,  771. 

Vélain.  —  Sur  la  constitution  g.^ologiquo  de  l'il..»  de  la  Réunion  (?•  partie),  900. 

Lory.  —  Protils  géolo.iîiques  de  (fuelques  massifs  primitifs  des  Alpes,  1106. 

A.  (iaudry.  —  Sur  un  «jrand  RejJtile  fossile  [['JùirysaKrw;  Uainconrli/,  1031. 

B.  de  Chancourtius.  —  Moyens  simples  d'imiter  la  formation  des  chaînes  de  mon- 
tagnes sur  un  «^lobe  et  celle  des  cinpies  v»)Icaniques  sur  un  plan,  conformément  à 
la  théorie  des  soulèvements,  1091. 

A.  Favre.  —  Expjrience.s  sur  les  efîjfs  de»  ref«ndements  ou  écrasemeuls?  lat;;- 
raux  en  G-jologie,  lo!.)?. 

—  Annales  des  Mines,  7^*  sér.,  t.  XII,  3«  iivr  ;  1877. 


DONS.  —   4  MARS-G  MAI  i878.  47 

R.  Zciller.  —  DJlennination  des  étages  liouillers  à  l'aide  de  Ja  fl»»re  fossile,  lifa- 
suiaé  des  travaux  de  M.  (irand'Eui  v,  :Hl. 

A.  Michel-Lé  vy.  —  De  leiuploi  du  iincroscop  î  poiarisaiil  à  luiiiièie  p  u%d'è!ç 
pour  la  détermination  des  e.'îpèces  minérales  en  plaques  minces,  302. 

—  Journal  des  Savants.  1878,  lévrier  et  mars. 

—  Société  cenliale  (rA^ricullurc  de  France.  Bulletin  des  séances 
de  la  —,  t.  XXXVn,  n«^  9  et  10;  1877. 

—  Société  d'Anthropologie  de  — .  Bulletins  de  la  — ,  2''  sdr  ,  t.  XII, 
n<^4;1877. 

—  Société  de  Botanique  de  France.  Bulletin  de  la  — ,  t.  XXIV,  rcv. 
bibl.,  E;1877. 

—  Société  de  Géographie.  Bulletin  de  la  — ,  7»  sér.,  l.  XV,  janv.; 
1878. 

Amiens.  Société  Linnéenne  du  Nord  de  la  France.  Mémoires  de  la — , 
t.  IV;  1874-77. 

De  Mercey.  —  Sur  la  classificati«»n  de  la  période  rjuaternaire  en  Picardie,  18  ;  — 
Description  de  VlnoccramHS  JUantelli,  3^4. 

Boulogne.  Société  académique  de  — .  Bulletin  de  la  —,  t.  Il,  n**'  3 
et  4;  1873-77. 

J.  Barrois.  —  Sur  la  flore  f(»ssile  de  l'étage  liouiller  du  Boulonnais,  190. 
Stendel.  —  Sur  un  échantillon  d'Hypiinm  sannentomin  découvert  à  Schussenried, 
200. 

Châlons-sur-Marnc.  Société  d'Agriculture,  Commerce,  Sciences  et 
Arts  du  département  do  la  Marne.  Mémoires  de  la  — .  1870-77. 

Épinal.  Société  d'Émulation  du  département  des  Vosges.  Annales 
de  la  -,  1877. 

Havre  (Le).  Société  géologique  de  Normandie.  Bulletin  de  la  —, 
t.  III,  n°  1  ;  1875-70. 

A.  Lécureur.  —  Résunu^  des  séances  de  la  Société,  années  1875  et  1876,  9. 
—  E.\cursions  géologiques.  1875-1876,  10. 

Ëm.  Savalîe.  —  Sur  une  télé  de  Teleo^auni^  trouvée  à  Bléville,  52. 
Partridge.  —  Note  sur  la  Roche  des  Demoiselles  de  Fontenailles,  58;  —  Note  sur 
la  couche  d'argile  entre  la  Craie  et  le  Diluvium.  falaises  de  Bléville,  62. 
A.  Descanips.  —  Le  banc  tourbeuv  des  Meules.  61. 
rh.  Quin.  —  Le  plus  ancien  (iéologue,  71. 

Lyon.  Commission  de  Météorologie  de — »  1870. 
Saint-Étienne.'  Société   de  l'Industrie  minérale.  Bulletin  de  la—, 
S^^sér.,  t.  VI,  n^  4  ;  1877. 
Comptes-rendus  mensuels  des  séances,  1878,  fév. -avril. 

C.oignet.  — Terrain  houiller  de  l'Ile  de  Yesso  (Japon),  32  (fév.). 

Toulouse.  Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres  de 
— .  Mémoires  de  l'— ,  7»  sér.,  t.  VIII  ;  1870. 
Lnymerie.  —  Note  sur  i'exislenre  du  Mercure  coulant  dans  les  Cévennoa,  311 


4H  DONS.    —    'l    3IAilS-(>   MAI    1 S78. 

Noulet.  — N«»îo  sur  un  gisement  «lu  Cnni^  pnhrtlyij'i,  »l.ir.>  1-,' Mi» 'fn?  toulou- 
sain, 100;  —  Note  sur  un  ^'isomcnt  n.iuveau  du  Cadtiroihrrium  Caylurif  401. 

—  1(1.,  7"scM-.,t.IX;l877. 

Lavocat.  —  PaPontologi»».  Discussion  stir  I«»?î  Cîr^vnux  fossile^  cli?  l'Amtîrique  du 
Nord,  139. 

—  Malériaux  pour  THisloirc  primilive  et  nalurelle  de  l'Homme, 
par  M.  Ém.  Cartailhac,  2^  sér.,  l.  IX,  n^  ii;  1877. 

—  !(].,  2'  sur.,  l.  X,  n-^  1  et  2;  J878. 

G.  dcMortillet.  —  Détermination  exacte  de  la  position  du  Solutréen.  15. 

Fagot.  —  Introduction  à  l'Étude  sur  les  Mollusques  des  alluvions  quaternaires  du 
Lauraguais,  17. 

Chouquet.  —  Vestiges  de  l'industrie  humaine  dans  le  Diluvium  de  la  vallée  de  la 
Marne,  22. 

—  Société  d'Histoire  naturelle  de  — .  Bulletin  de  la  — ,  t.  XI»  n"  1  ; 
«878. 

Valenciennes.  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  Tarrondis- 
sement  de  — .  Uevue  agricole,  industrielle,  littéraire  cl  artistique, 
t.  XXX,  n«MletI2;  1877. 

Allemagne,  Berlin.  Akademie  der  Wissenscliaften  zu  — .  Monalsbe- 
richt  der  K.  P.  — ,  1877,  décembre. 

—  Id.,  1878,  janvier. 

Ranimelsherg.  —  Ueher  die  Zusammenselzung  des  Peîalits  und  Pollucits  von 
Elba.9; —  Ueber  Markasit  und  seine  regelmassigen  Verwachsungen  mit  Eisenkies, 
15. 

—  Geologisclien  Gesellscliaft.  Zeilschrift  der  I).  —,  t.  XXIX,  n''4; 

1877. 

Th.  Fuchs.  —  Geologisrhe  Uehersichl  der  jlingeren  Tertiarbildungen  des  Wiener 
Beckens  und  des  Ungansch-Sleierischen  Tieflandes,  Cj.'}. 

Th.  Liehisch. — Mineralogisch-peirographische  Mittheilungen  aus  dem  Bcrliner 
mineralogischen  Muséum  :  L  Ueher  die  von  Dr.  G.  Schweinfurth  in  der  niittelae- 
gyptischen  Wiiste  gesammelten  massigen  Gesteine;  II.  Ueber  einigo  Gesleine  aus 
Central-Africa  ;  III.  Ueber  einige  Syenitporphyre  des  SUdlichen  Norwegens;  IV. 
Ueber  die  Granitporphyre  Niederschlesiens;  V.  Muscovil  in  Quarzporphyr  von 
Kupferberg  in  Schlesien  ;  VI.  Ueber  Hornbiendegneisse  und  Serpentine  von  Fran- 
kenstein  in  Schlesien,  710. 

Cl.  SchlUter.  —  Verbreilung  der  Inoceramen  in  den  Zonen  der  norddeutsehen 
Kreide,  735. 

L.  van  Werweke.  —  Bemerkungen  zur  Geologischen  Karte  .von  Luxemburg  des 
Ilerrn  N.  Wies,  713. 

E.  Beyrich.  —  Ueber  einen  Ptcrodactylm  von  Gerolstein,  751. 

II.  Creilner.  —  Der  rothe  Gneiss  des  sàchsischen  Erzgebirges,  seine  Verbandver- 
haltnisse  und  genelischeu  Beziehuugen  zu  der  archiiischcn  Schichtenreihe,  757. 

W.  Dames.  —  Ueber  Uoplolichas  und  Conoliclms.  zwei  Unlergaltungen  von  Ii- 
chas.  793. 

Rammelsberg.  —  Ueher  die  Zusammenselzung  <]cs  Aeschynits  und  Samarskits. 
^15;  —  Ueher  (Icu  Knlkelsengranal  von  Sisscisk.  «19. 


lx>^s.  —  4  MARS-G  MAI  1878.  49 

H.  Abich.  —  Das  thrialetische  Thcrnialqucllensystcm  in  Karthalinien  vom  geolo- 
gi.schea  Slandpunktc  betrachtct,  820. 

Fr.  Schmidt.  —  Bemerkungen  Ubcr  Richthofen's  China,  830,  836. 

WUrlteDberg.  -^  Ucber  Jura  bei  Goslar.  832. 

Sadebeck.  —  Uobcr  KrystallzwillingC;  835. 

Kaikowsky.  —  Uebcr  den  rothen  Gneiss  des  Erzgebirges,  837. 

W.  Braoco.  —  BeobachtiiDgen  Uber  dcn  Jura  in  Lothriogen.  841. 

M.  de  Tribolet.  —  Ueber  den  Parallelismus  der  obcren  Jurabildungen  des 
Schweizer  Jura  und  von  Hannovcr,  843. 

Hauchecorne.  —  Ueber  gedigen  Kupfer  aus  der  Grube  Calumet  und  Hccla  Mine 
in  Keweenow-Gounty,  Mich.,  846;  —  Neue  ÀufschlUsse  bci  dem  Steiakoblenbecken 
an  der  Worm  bei  Aachen,  846. 

LosscD.  —  Ueber  Gcsteinsproben  aus  der  Umgegend  von  Wildungcn  uod  vom 
Kellerwald,  846. 

Kayser.  —  Ueber  die  Oberhelderberg-schichten  im  Staatc  New-York,  848;  — 
Ueber  Spirifersp.  aus  dem  rheinischen  Unterdevon,  851. 

Speyer. —  Ueber  Mculodon-Zahne  von  Fulda,  852;  —  Ueber  das  Niveau  der  Pe- 
dina  aspera,  kg..  853. 

Bonn.  Nalurhistorischcn  Vereines  der  preussischen  Rheinlande  und 
Westfalens.  Verhandlungen  des — ,  4°sér.,  t.  III,  n«  2;  1876. 

G.  Seligmann.^  Beschreibung  der  auf  der  Grube  Friedrichsscgen  vorkommcnden 
Mineralien,  Verh.,  241. 

F.  Muck.  —  Chemische  Beitràge  zur  Kcnnlniss  der  Steinkohlcn,  Verh,.  267. 

H.  Laspeyrcs.  —  Die  Krystailform  des  Strontianits  von  Hanim  in  Wcstfalen,  Verh., 
306. 

C.  SchlUter.  —  Verbreitung  der  Gepbalopoden  in  der  obereo  Kreide  Norddeutsch- 
lands,  Verh.,  330;  —  Ueber  das  Yorkommen  von  Emscher  in  Erankreich  und 
England,  SUx.,  94. 

Fabricius.  —  Ueber  den  Bergslurz  bei  Caub,  Corr.,  60;  —  Ueber  intéressante 
Mineralvorkommnisse  im  Kreise  Biedenkopf.  106. 

Yod  Dechen.  —  Ueber  aoaloge  Dislocationen  bei  Oberwinter,  Corr,,  61  ;  —  Ueber 
die  gcologischen  Yerhàltnisse  der  Devonformation  im  rechtsrheinischen  Taunus 
und  im  links  rheinischen  Soonwalde,  Idar-und  Hochwalde,  61;  —  Ueber  die  Stem- 
berger  Kuchen,  82;  —  Ueber  neues  Abdruck  der  geologischen  Uebersichtskarle 
von  Belgien  von  A.  Dumont,  135  ;  —  Ueber  die  Thermalquellcn  zu  Bad-Œynhausen, 
SUx.,  87.  —  De  la  Yallée  Poussin  und  A.  Renard  :  Mémoire  sur  les  caractères  miné- 
ralogiques  et  stratigraphiques  des  roches  dites  plutonienncs  de  la  Belgique  et  do 
l'Ardenne  française,  219;  —  Dr.  Bishof  :  Die  feuerfcsten  Thonc,  deren  Yorkommen, 
Zusammeosetzung,  Untersuchung,  Behandiung  und  Anwendung.  etc.,  232. 

Andra.  —  Ueber  Pflanzen  der  Gulmflora  von  Herborn  ;  Uber  Homalonotus  o6lif- 
tw,  Sandbg.,  von  Daleiden;  Uber  fossile  Knochen  von  Wellen  bei  Trier,  Corr., 
76  ;  —  Ueber  zwei  Mineralmassen  aïs  fossile  Zàhne  eingesandte  und  in  einer  Saad- 
grube  am  Wclschberge  bei  WaldbOckelheim  gefundene;  Rhodea  moravica,  Ettg., 
aus  den  Culmschichten  von  Herborn,  121. 

Yon  der  Marck.  —  Ueber  die  Bildung  der  sog.  Sternberger  Kurhen,  Corr.,  81  ; 
—  Ueber  die  Gewinnung  des  Strontianits  von  Drensteinfurth.  82. 

Ehrenberg.  —  Ueber  die  Bleierz-Ablagcrungen  im  Buntsaodstein  zu  Maubach  bei 
DUren,  Corr.,  96. 

Ribbentrop. —  Ueber  charakteristische  Devon-Yersteinerungen  der  Eifel,  Corr., 
103  ;  —  Ueber  kohlensâurehaltige  Quellon  bci  Pelm  unweit  Gerol^lein,  IW). 


hO  D0K6.  —  4  lIARS-6  MAI   1878. 

Vom  Rath.  —  Ueber  scintn  Besuch  der  basaltischen  Berge  des  Plattcnsee's  in 
Ungarn,  Corr.,  109  ;  — Ueber  eine  Anzahl  von  Krystallen  des  AmazODeDsteins,  Sitx., 
103  ;  —  Einige  BemerkuDgen  zu  dem  Yortrage  von  Mohr  Uber  die  Farder  und  das 
Vorkommen  von  Kohlenfldtzen  zwischen  Lagen  basaltischer  Gesteine  daselbst,  132; 
—  Miltheilung  von  einem  Brief  des  Pr.  Wolf  Uber  die  Géologie  der  Provinz  Loja, 
'138;  —  Ueber  die  Uraânderung  der  Enstatits  zu  Steatit,  136;  —  Ueber  eioe  iiach 
Ungarn  unternoramene  Reise,  138. 

Zirkel.  —  Ueber  die  Auffindung  von  Augit-Andesiten  im  Siebengebirge,  Corr,, 
127. 

Heusler.  —  Gebirgs-und  Erdbewegungen  bei  Oberwinter,  Corr.,  129. 

Koch.  —  Ueber  eigenlhUmliche  Yorkommen  in  dem  Taunus-Quarzit,  Corr,,  130. 

SchondorfT.  —  Zu  dem  chemischen  Beitràgen  zur  Kenntniss  der  Steinkohien  von 
Dr.  F.  Muck,  Corr.,  138. 

Stein.  —  Ueber  das  Yorkommen  von  Eisschliffen  in  der  norddeulscheo  Ebeoe, 
Sitx.,  98. 

Troschel.  —  Ueber  den  bei  Attendorn  gefundenen  Scliâdel  einer  jungen  Hysna 
(spelaea?),  Sitx,,  104;  —  Ueber  ein  Geschenk  von  Moa-Knocben  durch  Dr.  J.  von 
Haast,  244. 

Mohr.  —  Ueber  das  Yorkommen  von  Rohicnflôtze  zwischen  zwei  Lagem  von 
Basait  und  Dolerit  auf  dem  Farocrinsein,  Si(x.,  114,  124; —  Ueber  den  Fayalit, 
126;  —  Ueber  die  Entstehung  des  Braunsteins  oder  Manganhyperoxyds,  234. 

Schumacher.  —  Ueber  das  Yerhalten  verschiedener  Feldspathe  in  der  Weissglul, 
SUS.,  235. 

—  Id.,  4»  sér.,  t.  IV,  n«l;1877. 

A.  Wichmann.  —  Mikroskopischo  Untersuchungen  Uber  die  Sericit-Gesteine  des 
rechlsrheinischen  Taunus,  Verh,,  1. 

H.  Laspeyres.  —  Beitrag  zur  Kenntniss  der  Nickelerze,  Verh.,  29. 

G.  Angelbis.  —  Petrographische  Beitrâge,  Verk,,  119. 

G.  vom  Rath.  —  Minerai ogische  Beitrâge  :  1.  Ueber  die  sogen.  okta&drischen 
Krystalle  des  Eisenglanzes  vom  Yesuv  ;  2.  Ueber  einige  durch  vulkanische  Dâmpfe 
gebildete  Mineralien  des  Yesuv  und  die  Parallelverwachsung  der  neugebildeten 
Krystalle  (Augit,  Hornblende,  Biotit)  auf  âlteren  Augiten  ;  3.  Ueber  Zwillinge  des 
Turnerit  (Monazit);  4.  Ueber  den  Skorodit  von  Dernbach  (3  Kilom.  N.  W.  von 
Montabaur);  5.  Paramorphosen  von  Butil  nach  Brookit  (Arkansil};  6.  Ueber  Acht- 
lingskrystalle  des  Rutils  von  Magnet  Cove,  Arkansas;  7.  Ueber  eine  regelmassige 
Verwachsung  von  Quarz  und  Kalkspath;  8.  Ueber  Fassaitkrystalle  von  Traversella 
mit  eingeschalteten  Zwillingsplatten  sowie  das  Fassait-Yorkommen  von  Kohutowa 
bei  Schemnitz,  Verh.,  131;—  Ueber  die  Krystallisation  des  Goldes,  Sits.,  4;  — 
Ueber  eine  eigenthUmIiche  Zwillingsbildung  des  Speiskobalt's,  6;  —  Ueber  eine 
Pseudomorphose  des  Rutils  nach  Eisenglanz,  8;  —  0.  Silvestri:  Sopra  alcunc  Pa- 
raffine ed  altri  Carburi  d'idrogeno  omologhiche  trovansi  contenuti  in  una  lava  dell* 
Etna,  40;  —Ueber  drei  neuo  Mincralspecies  (Ludlamit,  Strengit,  Polydymit),  45;  — 
Ueber  das  neu  entdeckte  Yorkommen  des  Zinnsteins  unfem  Campiglia,  59;  —  Ueber 
das  Yorkommen  von  Wismuth  und  Zinnstein  auf  Tasmanien,  63;  —  Ueber  eine 
Sammlung  von  Gesteins-und  GangstUcken  der  Goldiagerstàtte  von  YOrôspatak  in 
SiebenbUrgen,  80. 

Lehmann.  —  Die  pyrogenen  Quarze  in  den  Laven  des  Niederrheins,   Verh.,  203. 

Andrâ.  —  Ueber  Pecopterit  plumosa,  Brongn.,  und  damit  synonyme  Arten,  Sitx», 
26;  —  Ueber  eine  Alge  und  einen  InsectenflUgel  aus  der  Steinkohlenfonnation  Bcl- 
giens,  27;  —  C^ber  Àspidites  silesiacw,  57. 


DONS.  —  4  MARS-6  MAI  1878.  51 

Schaailhauson.  — Ueber  angoblîch  oachgemachto  alte  Stcingeràthe  uncl  alterthUm- 
liche  Funde  am  Oberwerth  bei  Coblenz,  Siix,,  32. 
Gurlt.  —  Uebor  die  gcologtsche  Untcrsucbuog  Spaniens,  Si^x.,  37. 

Dresde.  NatarwissenschaFtlicheii  Gesellschaft  Isù  in  — .  Sitzungs- 
Berichte  der  —,  1877,  n*>«  7-12. 

Roscber.  — ^^Das  ZîQnerzvorkommen^oGorowall,  117. 

Gotha.  Hittheilungen  aus  J.  Perthes*  geographischer  Anstalt  ûber 
wichtige  neue  Erforschungen  auf  dem  Gesammtgebiete  der  Géographie, 
t.  XXIV,  n*»»  3  et  4  ;  1878. 

Leipzig.  Naturforschenden  Gesellschaft  zu  — .  Sitzungsberichte  der 
— ,  t.  IV,no«2-10;1877. 

Credoer.  —  Ueber  einneues  Yorkommeo  des  Àlumites,  21.' 

Stuttgart.  Neues  Jahrbuch  fur  Minéralogie,  Géologie  und  Palaeonto- 
logie,  1878,  n^»  1-3. 

H.  Hdfer.  —  Studicn  aus  KârntCD  :  IV.  Die  Felsentôpfe  (Rieseokessel)  bei  Pdrt- 
scbacb,  1. 

F.  Saodberger.  —  Ueber  Basait  und  Dolerit  bei  Scbwarzenfels  io  Hessen,  22  ; 
—  PlagioDit  uDd  Mcneghinit  bei  Goldkronach  ;  Braunit  und  Lithiophorit  im  Schwarz- 
wald,  46;  —291. 

A.  Baltzer.  —  Beitrage  zur  Geognosie  der  Schweizer-Alpeo  :  4.  Ueber  die  nord- 
liche  Grënzregion  der  Finsteraarhorn-Cenlraimasse,  26. 

N.  von  Kokscharow.  —  Versuch  einer  Erklàruog  der  Krystallisation  des  Pe- 
rowskit,  38. 

Des  Cloizeaux.  —  Ueber  Topas-Kry stalle  aus  Mexico;  Uber  den  Milarit;  Uber 
Perowskiti;  Vorkommen  des  Tridymit  im  Mont  Dore,  40. 

Fr.  Maurcr.  —  Ueber  die  Lagerungsverbâltnisse  des  Devon  im  Ruppbachthale,  48. 

Schrauf.  —  Ueber  Brookit,  50. 

G.  vom  Rath.  —  Ueber  den  Aschenfall  in  Norwegen,  52. 

P.  Klien.  —  Adamit  aus  dem  Laurion-Gebirge;  Ghromgranat  von  Jordansmuril  in 
Schlesicn,  53. 

A.  Weisbach.  —  Yerwachsung  von  Quarz  und  Kaikspath,  51. 

Fr.  Scharflf.  —  Die  Taunus-Albite,  55;  —  Topas  und  Quarz,  168. 

P.  Platz.  —  Gletscher-Spuren  ira  Schwarzwald,  56. 

Benecke.  —  Der  Buntsandstein  in  den  Vogesen  ;  das  Werk  von  G.  Bleicher,  57. 

K.  Zittel.  —  Ueber  Juraspongien,  58. 

Th.  Wolf.  —  Geognostische  Mittheilungen  aus  Ecuador  :  5.  Der  Cotopaxi  und 
seine  letzte  Eruption  am  26.  Juni  1877,  113. 

Weiss.  —  Ueber  dyadische  Pflanzen  von  FUnfkirchen  und  Neumarkt.  179. 

A.  Kenngotl.  —  Ueber  den  Ungfwarit.  Nontronit,  Polydymil,  180. 

Ad.  Pichler.  —  Beitrage  zur  Geognosie  Tirols,  185. 

M.  Braun.  —  Torkommnisso  im  Laurion-Gebirge,  188. 

E.  Stôhr.  —  Mikroskopische  Prâparate  fossiler  Radiolarien,  191. 

C.  Ochsenius.  —  Fund  fossiler  Mastodonten  in  Ghilc,  191. 

K.  Dalmer.  —  Die  Feldspathpseudomorphosen  der  Wilhelmsleite  bei  Ilmenau, 
225. 

A.  Wichmann.  —  Einige  Bemerkungcn  Uber  die  Sericitgcsteine  des  Tannus,  265 

Kalkowsky.  —  Der  Granilporphyr  von  Boucha  bei  Leipzig.  276. 


5:2  DONS.   —  4  MARS-6  MAI  1878. 

A.  Sadebeck.  —  Gegen  die  Tetartoedrie  des  Titaneisens  und  Uber  dessen  Fia 
cbenbestimmungcn,  387  ;  —  Ueber  den  Namen  Markasit,  989. 

C.  W.  GUmbcI.  —  Einige  Bemerkungen  Uber  Graptolithcn,  S99;  — -  Das  Gestein  der 
Julicrsâule,  der  Lavezstem  im  Oberengadin  uad  Sericîtgneiss  io  den  Bflndener 
Alpeo,  296. 

AUace-Lorraine.  Mulhouse.  Société  industrielle  de — .  Bulletin  de 
la  —,  t.  XLVIII,  janv.-mars;  1878. 

M.  Mieg.  —  Notes  sur  Bagnéres-de-Bigorre  et  ses  environs,  133. 

Autriche-Hongrie.  Cracovie.  Akademija  umiejetnosci  w  — .  Spra- 
wozdanie  koroîsyi  fizyjograficznéj,  oroz  Hateryjaly  do  fizyjograGi  Ga- 
lîcyi,  t.  X;  1876. 

Stan.  Olszewski.  — Rys  geologiczny  poinocno  wschodDiej  czcsci  Podola  Austry- 
jackiego,  Mat.  (3*  part.),  115. 

Z.  Suszyckiego.  —  Poklady  siarki,  oleju  i  wosku  zieranego  w  Dzwiniaczu, 
tudziez  :  Ogolny  poglad  na  pochodzenie  oleju  ziemnego,  171. 

Stan.  Zareoznego.  —  Dodatek  do  fauny  warstw  tytonskich  w  Rogozoiku  i  w 
Maruszynic,  180. 

—  Id.,  t.  XI;  1877. 

A.  Altha.  —  Sprawozdanic  z  podrozy  odbytej  w  r.  1875  w  niektorycb  czesciacb 
Podola  Galicyjskiego,  Mat.  (3*  part.),  198;  —  Stosunki  topograticzno-geologiczne 
kolei  Tamowsko-Leluchowskiej,  319. 

Vienne.  Geologiscbeu  Reichsanslalt.  Yerhandlungen  der  K.  K.  — , 
1878,  no*  4-7. 

Tietze.  —  Zur  Frago  Uber  das  Altcr  der  Lias>Kohlen  von  Bersaska,  69  ;  —  Die 
Funde  Nehring's  im  Diluvium  bci  WolfenbUttel  und  deren  Bcdeutung  fUr  die  Theo- 
rioen  ttber  LOssbildung,  113  ;  —  Ueber  das  Yorkomnien  von  Kiszeitspuren  in  den 
Ostkarpathen,  149. 

0.  Lcnz.  —  Die  Beziehungen  zwischen  Ifyirock,  Laterit  und  Berglehm.  79;  — 
Ueber  polirte  Felsen  in  den  Bettcn  einiger  afrikanischer  Strtime,  101  ;  —  Zur  Géo- 
logie der  GoIdkUste  in  Wcstafrika,  119  ;  —  Geologische  Mittbeilungen  aus  West- 
afrika,  148. 

H.  Hofer.  —  Erdbeben  am  13.  und  13.  Dec.  1877,  83. 

F.  J.  Wilk .  —  Die  geologischen  Yerhaltnisse  Finnlands,  85. 

J.  von  Schroeckinger.  —  Ueber  die  Erbohruog  einer  neuen  Therme  bci  Brtix, 
89. 

Neumayr.  —  Ueber  isolirtc  Cephalopodent}'pen  im  Jura  Mitteleuropa's,  94. 

K.  Paul.  —  Aufnahmen  in  Ostgalizien,  94. 

E.  von  Mojsisovics.  —  Ueber  die  Daonella  des  WUrzburger  Hauptmuschelkalkes, 
97. 

R.  Hœrnes.  —  Ein  Beitrag  zur  Kenntniss  der  sarmatischen  Ablageruogen  von 
Wiesen  im  Œdonburger  Comitat,  98;  —  Yorkommen  des  Ànthraeotherium  magnum 
in  der  Kohlo  des  Schylthales  in  SiebenbUrgcn,  146. 

V.  liilber.  —  Hernalscr  Tegel  bei  St.  Georgen,  Wildon  0.,  101. 

G.  Stache.  —  ZurFaiina  der  Bellerophonkalke  SUdtirols,  104. 

K.  John.—  Cheniischc  Untersuchung  einer  Kohle  und  verschiedcner   silberhal- 
tiger  Bleiglanzo  aus  Persien,  131. 
Clnr.  —  Nittheilungen  nus  Gleirhenbor^,  IVi?. 


DONS.  -*  4  MAR$-6  MAI  1878.  53 

G.  roD  Hauer.  —  Die Mineralquellea  von  Ischl,  123. 

A.  Bittner.  —  Das  Tertiâr  von  MarosUca,  127;  —  Yorkommen  von  H^lstàtter 
Petrefakten  im  Piestinger  Thaïe  und  ander  Hohen  Wand  bei  Wiener  Neustadt,  158. 
Th.  Fuchs.  —  Zur  Flysôhfrage,  135. 

F.  von  Hochstetter.  —  Ueber  einen  neuen  geologischen  Aufschlu9S  im  Oebiete 
der  CarUbader  Thermen,  146. 

Belgique.  Liège.  Société  géologique  de  B.  Annales  de  la  —,  t.  II  ; 
1874-75. 

G.  Dewalque.  —  Rapport  annuel,  XXXI;  ^Débris  de  Céphalaspides  dans  l'étage 
tauDusiende  l'Ardenne,  XLIY;  —  Sur  quelques  fossiles  triaaiques  du  grand-duché 
de  Luxembourg,  LVni  ;  —  Sur  une  nouvelle  boussole  de  poche,  LX  ;  —  Sur  le 
Diluviura  crayeux  de  Sainte-Walburge,  LXYII;  —  Sur  YEUtoirtâis^nomii  camhritn 
et  silurien  en  géologie  par  M.  T.  Sterry  Hunt,  LXXXYn;  —  Fossiles  du  poudingue 
d'Alhcur,  XCIII  ;  —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  19  septembre,  CYI  ;  —  Passage 
par  alternance  du  poudingue  de  Burnot  au  calcaire  de  Givet,  CXXYIII;  —  Compte- 
rendu  de  l'excursion  à  Stattc,  Moha,  Huccorgne  et  Fallais,  CXXIX;  —  Fossiles  dévo- 
niens  de  Kinkempois,  CtXIII. 

Houzeau.  —  Dents  de  Ptôrodactyles  et  de  Motasaurus  graeilis  dans  la  Craie  du 
Hainaut,  XLIY;  —  Fossiles  yprésiens  des  environs  de  Mons,  LXIY. 

Malaise.  —  Sur  quelques  roches  porphyriques  de  Belgique,  XLIY;  —  Quelques 
roots  sur  le  poudingue  d'Alheur  (Romsée),  XCII. 

Firket.  —  Sur  des  fossiles  végétaux  de  l'argile  plastique  d'Andenne,  XLYIII;  — 
Procès-verbaux  de  la  réunion  extraordinaire  tenue  à  Huy  et  à  Liège  du  19  au  SS 
septembre  1875,  CIII;  —  Fossiles  du  poudingue  de  Burnot  proprement  dit;  âge  de 
cette  assise,  CXXIY  ;  —  Modiola  du  schiste  houiller  d'Angleur,  CLXII. 

Rutot.  —  Note  sur  des  cristaux  de  gypse  rencontrés  dans  le  Limbourg  belge, 
LYII  ;  —  Sur  le  terrain  crétacé  de  Liège,  LXY  :  —  Note  sur  le  gisement  de  fossiles 
herviens  de  la  Croix  Polinard,  près  Battice,  LXXY;  —  Sur  des  sables  du  plateau 
de  Hervé,  LXXXII  ;  —  Note  sur  la  formation  des  concrétions  appelées  grès  fistuleux 
et  tubulations  sableuses  contenues  dans  l'étage  bruxellien  des  environs  de  Bruxelles, 
6;  —  Note  sur  l'extension  de  Lamna  elegam  k  travers  les  terrains  crétacé  et 
tertiaire,  34;  —  Note  sur  la  découverte,  à  l'est  de  Bruxelles,  de  l'argile  glauconi- 
fère  appartenant  à  la  partie  supérieure  du  terrain  laekenien,  S06^  —  Note  sur  une 
coupe  du  système  bruxellien  observée  à  Ixclles,  S13. 

A.  Briart  et  F.  Cornet.  —  Sur  la  présence  du  système  tongrien  do  Dûment  dans 
le  pays  de  Hervé,  sur  la  rive  droite  de  ia  Meuse,  LXXIU. 

Cornet  et  Briart.  —  Note  sur  l'existence  dans  le  terrain  houiller  du  Hainaut,  de 
bancs  de  calcaire  à  Crinoïdes,  52;  —  Sur  le  synchronisme  du  système  hervieo  de 
la  province  de  Liège  et  de  la  Craie  blanche  moyenne  du  Hainaut,  108. 

Çh.  de  la  Yallée  Poussin.  —  Note  sur  les  porphyroïdes  de  Pitet  et  de  la  Chapelle 
Saint-Sauveur,  CXXX. 

J.  van  Scherpenzeel  Thim.  —  Compte-rendu  de  l'excursion  du  21  septembre 
1875,  CXLYII:  —  Massif  anthraxifère  d'Angleur,  compris  entre  l'Ourthoet  la  Meuse, 
CLX  ;  —  Coupe  du  système  houiller  par  un  plan  passant  par  l'axe  des  bures  de 
l'Arbre-Saint-Michel  et  du  Bois  d'Yvoz,  CLXIII. 

Fr.  Dcwalque.  —  Note  sur  la  glauconie  d'Anvers,  3. 

Nesterowsky.  —  Description  géologique  de  la  partie  nord-est  de  la  chaîne  de 
Salaïr,  en  Altaï,  gouvernement  du  Tomsk,  12. 

Th.  Lefèvrc.  —  Note  sur  le  gisement  des  fruits  et  des  bois  fossiles  recueillis  dans 
los  environs  de  Bruxelles,  42. 


54  DONS.   •—  4  HAR8-6  HAÏ  1878. 

A.  Massart.  —  Gisements  métallifères  du  district  de  Garthagène  (Espagne),  58. 

P.  Jf.  van  Beneden.  —  Un  Oiseau  fossile  nouveau  des  cavernes  de  la  Nouvelle- 
Zôlande.  123. 

W.  Spring.  — -  Hypothèses  sur  la  cristallisation,  131. 

Firket  et  Gillet.  —  Note  sur  le  Soufre  natif  de  l'argile  plastique  d'Andenne,  178. 

G.  Petit-Bois.  —  Aperçu  géologique  de  la  vallée  du  Kara-Sou  (Asie-llineure), 
173. 

L.  Chevron.  —  Analyses  de  quelques  roches  cristallines  de  la  Belgique  et  de 
l'Ardenne  française,  189. 

G.  Ubaghs.  —  La  Chelonia  Hoffmamni,  Gray,  du  tuffeau  de  Maestricht,  197. 

—  Id.,  t.  III;  1875-76. 

G.  Dewalque.  — >  Rapport  annuel,  XXXIX;  —  Zinc  cristallisé  artificiellement» 
LXYIU  ;  —  Tourmaline  dans  la  diorite  quartzifère  de  Quenast,  LXXXI  ;  —  Résultats 
du  forage  d'un  puits  artésien  à  Utrecht,  XG  ;  —  Note  sur  le  dépOt  scaldisien  des 
environs  d'Herenthals,  7  ;  —  Note  sur  quelques  localités  pliocènes  de  la  rive  gauche 
de  l'Escaut,  12. 

Rutot.  —  Note  sur  la  présence  de  la  barytîne  dans  le  schiste  rouge  de  l'étage  du 
poudingue  de  Burnot,  LUI;  —  Note  sur  la  découverte  d'une  nouvelle  station  de 
l'Homme  préhistorique  en  Belgique.  LXXXV;  —  Note  sur  les  divisions  à  établir 
entre  quelques  espèces  de  grandes  Rostellaircs  des  terrains  éocène  et  oligocène, 
76. 

Gh.  de  la  Vallée  Poussin.  —  Excavation  de  la  vallée  de  la  Meuse,  LY; —  Sur  la 
structure  de  certaines  masses  psammitiques,  GXIII;  —  Note  sur  les  cristaux  de 
quartz  de  la  carrière  de  Nil-Saint-Yincent,  53. 

R.  Malherbe.  —  Des  horizons  coquilliers  du  système  houîller  de  Liège,  LXYH  ; 
—  Note  sur  la  rencontre  d'une  faille  transversale  dans  la  galerie  Est  des  eaux  ali* 
mentaires  de  la  ville  do  Liège,  LXXYU  ;  —  Géodes  de  quartz  cristallisé  dans  le 
système  houiller,  LXXXIY  ;  —  Observations  sur  l'allure  du  système  houîller  entre 
Mélen  et  Gharneux  (province  de  Liège),  80;  —  Do  la  stérilité  du  système  houiUer 
entre  Saive,  Jupille  et  la  Xhavée,  89. 

Malaise.  —  Présence  de  VOldkamia  radiata  dans  le  massif  devillien  de  Grand- 
Halloux,  LXX  ;  —  Traces  de  macles  d'andalousite  dans  un  phyllade  revinien,  XCI. 

L.-G.  de  Koninck.  —  Note  sur  deux  échantillons  de  PhUlipsia  trouvés  dans  le 
phtanite  houiller  de  Gasteau,  près  Mons,  LXXIY  ;  — -  Receptaeulitei  Neptwni  d'Aus- 
tralie, LXXY;  —  Notice  sur  quelques  fossiles  recueillis  par  G.  Dewalque  dans  le 
système  gedinnien  d'A.  Dumont,  25. 

L.-L.  de  Koninck.  —  Note  sur  un  échantillon  minéralogique  (aurichalcite?)  re- 
cueilli à  Flémalle,  LXXY;  —  Dufrénile?  de  Mokta-el-Haddid,  près  Bone  (Algérie), 
LXX  VI. 

Faly.  —  Procès-verbaux  de  la  session  extraordinaire  tenue  à  Mons,  du  9  au  13 
sept.  1876,  XCllI. 

Gornct.  —  Gompte-rendu  de  l'excursion  du  10  sept.,  CXII;  —  Sur  l'âge  des  cou- 
ches vues  dans  la  course  du  11  sept.,  GXXVU. 

Briart.  —  Gompte-rendu  de  l'excursion  du  10  sept,  (silurien),  GXIV;  —  Id,  du 
11  sept.,  CXXVL 

Houzeau  de  Lehaye.  —  Gompte-rendu  de  l'excursion  du  12  sept.,  GXXXVU. 

Fr.  Dewalque.  —  Note  sur  une  Vivianite  blanche,  3. 

Lebour.  —  Note  sur  deux  fossiles  du  calcaire  carbonifère  du  Northumberland, 
21. 

Société  R.  des  Sciences  de  — ,  2«  sér.,  t.  VI  ;  1876. 


DONS.  —  4  MARS-6  MAI  1878.  55 

De  Koninck.  —  Recherches  sur  les  Fossiles  paléozoïqucs  de  la  Nouvelle-OaUes 
du  Sud  (Australie),  n*  3. 

Espagne,  Madrid.  Comision  del  Mapa  geologico  de  — .  Boletin  de  la 
—,  t.  IV,  no  2;  1877. 

Is.  Goodbau.  —  Resena  fisico-geologica  de  la  proviocia  de  Tarragona  (fin),  341. 

Abella  y  Casariego.  —  Dates  topograûco-geologicos  del  concejo  de  Teverga,  pro- 
vÎDcia  de  Oviedo,  351. 

L.  M.  Vidal.  —  Nota  acerca  del  sistemo  cretaceo  do  los  Pirineos  de  Cataluna, 
367. 

Ch.  Barrois.  —  Relacion  de  un  viaje  geologico  por  Espana,  373. 

M.  Zuaznavar.  — Datos  geologico-mineros  de  la  proviocia  de  Burgos,  383. 

F.  M.  Donayre.  —  Datos  para  una  resena  fisica  y  geologica  de  la  région  S.  E.  de 
la  provincia  de  Almeria,  386. 

États-Unis.  Boston.  Acaderoy  of  Arts  and  Sciences.  Proceedings  of 
the  American  —,  2«  sér.,  t.  Y,  n»  1  ;  1877. 

New-Haven.  American  Journal  of  Science  and  Arts  (The),  3®  sër., 
t.  XV,  no- 87  et  88;  1878. 

Lawr.  Smith.  —  Tantalite  from  Coosa  County,  Alabama,  its  mode  of  occurence 
and  composition,  303. 
Àlb.  Chester.  —  Note  on  the  Crystallization  of  Yariscite,  307. 

0.  C.  Marsh.  — Notice  of  New  Dinosaurian  Reptiles,  341. 

J.  Jf.  Stevenson.  —  On  the  Surface  Geology  of  Southwest  Pennsylvania,  and  adjoi- 
ning  portions  of  Maryland  and  West  Virginia,  346. 

J.  D.  Dana.  —  On  the  Driflless  Intcrior  ofNorth  America,  360. 

Fr.  Prime.  —  On  the  Discovery  of  Lower  Silurian  Fossils  in  Limestone  associated 
with  Hydromica  slates,  and  on  other  points  in  the  Geology  of  Lehjgh  and  North* 
ampton  Counties,  Eastern  Pcnnsylvania,  361. 

1.  C.  Russell.  —  On  the  Intrusive  Nature  of  the  Triassic  Trap  Sheets  of  New 
Jersey,  377. 

J.  W.  Mallet.  —  On  the  chemical  composition  of  Guanajuatite,  or  selenide  of 
Bismuth,  from  Guanajuato.  Mexico,  394. 

E.  W.  daypole.  —  On  the  occurence  of  a  Tree-like  fossil  plant,  Glfpiodindiron, 
in  the  Upper  Silurian  (Clinton)  Rocks  of  Ohio,  303. 

Grande-Bretagne.  Association  for  the  advancement  of  Science. 
Report  of  the  XLV^  Meeting  of  the  British  —,  héld  at  Glasgow  ;  1876. 

w.  Pengelly.  —  Twelfth  Report  of  the  Committco  for  Exploring  Kent's  Cavem, 
Dcvonshirc,  Rep,,  1. 

A.  S.  Herschcl  et  G.  A.  Lebour.  —  Third  Report  of  the  Committee  on  Expert- 
ments  to  détermine  the  Thermal  Conductivities  of  certain  Rocks,  showing  espe- 
cially  the  Geological  Aspects  of  the  investigation,  Rtp.,  19. 

De  Rance.  —  Second  Report  of  the  Committee  for  investigating  the  circulation  of 
the  Underground  Waters  in  the  New  Red  Sandstone  and  Permian  Formations  of 
England,  and  the  quantity  and  character  of  the  water  supplied  to  various  towns 
and  districts  from  thèse  formations,  Rep.,  96  ;  —  On  the  Variation  in  Thickness  of 
the  Middie  Goal  Measures  of  the  Wigan  Coal-Geld,  Comm.,  89. 

H.  W.  Crosskey.  —  Fourth  report  of  the  Committee  appointed  for  the  purpose  of 
reoording  the  position,  height  above  the  sea,  lithological  characters,   size,  and 


({6  DONS.   —  4  MAR8-6  MAI   1878. 

origin  of  Ihe  more  important  of  the  Erralir  Blocks  of  England  and  Walea,  reporting 
other  matters  of  interest  connected  with  the  same,  and  taking  measurea  for  their 
préservation,  Rep.,  110. 

R.  H.  Tiddeman.  —  Fourth  Report  of  the  Committee  appointed  for  the  parpose  of 
assisting  intho  Exploration  of  the  Settle  Caves  (Victoria  Cave),  Rep,.  115. 

J.  Young.  —  Address,  Comm.,  73j  —  On  Siliceoua  Sponges  from  the  Çart>onife- 
rous  Limestone  near  Glasgow,  09. 

Duc  d'Argyll.  —  On  the  Physical  Structure  of  the  Highlands  in  connexion  with 
their  Geological  History,  Comm,,  81 . 

J.  Bryce.  —  On  the  Granité  of  Strath-Errick,  Lough  Ness,  Comm,.  87.    . 

J.  Çroll.  —  On  the  Tidal-Retardation  Argument  for  the  Age  of  the  Earth,  Comm., 

88. 
Ant.  Fritsch.  —  On  Labyrinthodont  Remains  from  the  Upper  Carboniférous  (Gas- 

Coal)  of  Bohemia,  ComvL,  89. 

6.  A.  Gibson.  —  On  the  Physical  Geology  and  Geological  Structure  of  Foula, 
Comm.»  90. 

Edw.  Hull.  —  On  the  Upper  Limit  of  the  essentially  Marine  Beds  of  the  Carboni- 
lerous  System  of  the  British  Isles,  and  the  necessity  for  the  establishment  of  a 
Middie  Carboniferous  Group,  Comm.,  90  ;  —  On  a  Deep  Bering  for  Coal  at  Scarle. 
near  Lincoln,  91. 

Ton  Lasaulx.  —  On  somc  New  Minerais,  and  on  Doubly-refracting  Garnets,  Comm., 

92. 

G.  A.  Lcbour.  —  On  the  changes  affecting  the  Southern  Extension  of  the  Lowest 
Carboniferous  Rocks,  Comm.,  93. 

D.  Milne-Horac.  —  On  the  Parallel  roads  of  Glen  Roy,  Comm.,  93;  —  On  High- 
level  Terraces  in  Carron  Valley,  County  of  Linlithgow,  94. 

C.  W.  Peach.  —  On  Circinnate  Vomation  of  Sphenopteris  affinU  from  the  Ear> 
liest  Stage  to  Completion  ;  and  on  the  Discovery  of  Staphylopteris,  a  Genus  œw  to 
British  Rocks,  Comm.,  94,  144. 

R.  Russell  et  J.  V.  Holmes.  —  On  the  Raised  Beach  on  the  Cumberland  Coast, 
betwcen  Whitehaven  and  Bowncss,  Comm.,  95. 

E.  Sewell.  —  Notes  on  the  Drifls  and  Bouldcrs  of  the  upper  part  of  the  Valley  of 
the  Wharfe,  Yorkshire,  Comm.,  95. 

W.  A.  Traill.  —  On  certain  pre-Carboniferous  and  metamorphosed  Trapdykes  and 
the  associated  Rocks  of  North  Mayo,  Ireland,  Comm.,  97. 

W.  C.  Williamson.  —  Récent  Rescarches  into  the  Organization  of  some  of  the  Plants 
of  the  Coal-Measures,  Comm,,  98;  —  On  somc  of  the  Physiological  and  Morpholo- 
gical  Features  seen  in  the  Plants  of  the  Coal-Measures,  145. 

E.  A.  WUnsch.  —  On  the  Junction  of  Granit  and  Old  Red  Sandstone  at  Corrie  and 
Glen  Sannox,  Arran,  Comm.,  98. 

A.  Leith  Adams.  —  On  Gigantic  Land-Tortoises  and  a  Freshwater  Speciea  from 
the  Maltese  Cavems,  with  observations  on  their  Fossil  Fauna,  Comm.,  145. 

Londres.  Geological  Magazine  (The),  2*  sér.,  2**  déc.,  t.  V,  n*  4; 
1878. 

T.  Mellard  Reade.  —  The  Age  of  the  World  as  viewed  by  the  Geologist  and  tho 
Matheraatician,  145. 

C.  Lloyd  Morgan.  —  Geological  Time,  154. 

J,  Young.  —  What  must  be  explained  before  the  Préservation  of  Deposits  under 
Till  is  explained,  102. 


DONS.   —  4   MARS-6   MAI    1878.  57 

H.  VVooJwanl.  —  Note  on  Pendus  Sharpii,  a  Macrurous  Decapod  Cruslacean, 
from  tlie  Upper  Lias,  Kingsthorpe,  near  Northampton.  161. 
A.  B.  Wvnne.  —  What  is  an  Erratic?,  185. 
S.  V.  Wood  Jun.  —  In  Reply  lo  Dr.  Jain«îs  Geikio.  187. 
G.  Linnarsson.  —  On  the  Trilobiles  of  thc  Shineton  Sliales.  18S. 
Ch.  Lapworlli.  —  Geological  MapofScolIand,  189. 
A.  W.  Waters.  —  Dr.  Cari  Maycr  on  Ihe  Italian  Tertiarios,  189. 
D.  Mackintosli.  —  Terminal  Curvaluro  in  West  .Soinor.sel,  ef^.,  lîiO. 
Th.  Davios.  —  N'olo  on  Jadcitc  and  Jade.  19?. 

—  Geological  Society  of  — .  The  Quarteiiy  Journal  of  the  — , 
t.  XXXIV,  II"  1  ;  1878. 

R.  Ktlieridge  Jun.  —  On  our  Présent  Knowledge  of  the  Inverlebrale  Fauna  of  the 
l.ovvor  Carbuniferous  or  Calciferous  Sandstonc  Séries  of  the  Edinburgh  Neighbour- 
hood,  especially  of  thaï  Division  known  as  the  Wardie  Shales  ;  and  on  tho  First 
Appcarance  of  certain  Species  in  thèse  beds,  1. 

W.  Oiinnet  C.  T.  Clough.  —  Discovery  of  Silurian  beds  in  Teesdalc,  27. 

J.  F.  Twisden.  —  On  possible  Displacements  of  the  Earth's  .\xis  of  Figure  produced 
by  Elévations  and  Dépressions  of  her  Surface,  35. 

W.  A.  E.  Ussher.  —  On  Terminal  Curvature  in  the  South-western  Counties,  49. 

J.  S.  Gardner,  —  On  the  Cretaceous  DentaliidfiP.  50. 

0.  Ileer. —  Noies  on  Fossil  Plants  disoovered  in  GrinnHl  Land  by  Captain  H  W. 
Feilden,  Naturalist  of  the  English  North-Polar  Expédition,  66. 

A.  Daubrée.  —  On  points  of  simdarity  between  Zeolitic  and  Siliceous  Incrustations 
of  récent  Formation  by  Thermal  Springs,  and  Ihose  observer!  in  Amygdaloids  and 
olhcraltered  Voiranic  Rocks.  73. 

J.  D.  Enys.  —  On  Sand-worn  Stones  from  NewZealand.  86. 

G.  M.  Dawson.  —  On  the  Superficial  Geology  of  British  Columbia.  89. 

Owen.  —  On  Àt'ffillorni^  longipcnni<:,  Ow..  a  lar^Lje  Birdof  (lighl.  from  tho  EoCi»ne 
Clay  of  Sheppcy,  1^4. 

C.  W.  Peach.  —On  the  Circinale  Vernation,  Fruclifioalion.  and  Varieties  of  Sphe- 
nopterix  affiui^.  and  on  Stapk^fhpterh?  Peachii  of  Etheridge  and  Balfour,  a  Genus 
of  Plants  new  to  British  Rocks,  131. 

T.  M.  Kenny  Hughes.  —  On  the  Pre-Cambrian  Rocks  of  Bangor.  137. 

T.  G.  Bonney.-—  Note  on  the  Microscopic  Structure  of  sorae  Welsh  Rocks.  141. 

H.  Hicks.  —  On  some  Pri»-Cambrian  (Dimetian  an  1  Pebidian)  Rocks  in  Caernar- 
vonshire,  117. 

Th.  Davies.  —  Note  on  a  Rock-specimen  from  the  Centre  of  the  so-called  Por- 
phyritic  Mass  to  the  F.ast  of  Tal-y-.sarn.  152. 

—  Royal  Society  of  — .  Philosophical  Traii.sactioiis  of  the  — , 
t.  CLXVf,ï2o  partie;  1876. 

—  M.,  t.  CLXVIl,  lr«  partie;  1877. 

w.  r.  Williamson.  —  On  the  organization  of  the  Fossil  Pla'its  of  the  Coal-Mea- 
suros.  VIII  :  Ferns  and  gymnospermons  Stems  and  Se(»ds,  213. 

G.  If.  Darwin.  —On  the  Influence  of  Geological  Changes  on  the  Earth's  A^is  of 
Rotation,  271. 

Pioccedinj^s  of  the  —,  t.  XXV,  n«*  175-178  :  lS7r>-77. 

G.  H.  Darwin.  —  On  the  Iniluenre  nf  Geolo^'iral  Chan;;<«s  on  fhi'  Earlli>  A\i<.  of 

Rotaiion.  M2H. 

H 


rj8  DONS.    —   4  M\RS-6  MAI    1878. 

Ail).  Giinther.  —  Description  of  thc  Living  and  Extinct  Races  of  Gigaiiiic  Laod- 
Tortoises,  III  et  IV.  The  Races  of  Ihe  Aldabra  Group  ami  Mascarene  Is]ands  (fin). 

500. 

— 1(1.,  t.  XXVI,  n"«  l79-!83;  1877. 

S.  Haughton.  — Notes  on  Physical  Geology,  I-IÏ.  51. 

Edw.  Hull.  —  On  Ihe  Nature  and  Origin  of  the  Beds  of  Chert  in  the  Upper  Car- 
honiferous  Limestones  of  Ireland,  163. 

Gr.  Williams.  —  Researches  on  Emerals  and  Berjls,  II.  On  some  of  the  Processes 
employed  in  Ihe  Analysis  of  Emeralds  and  Béryls,  165. 

Jêalie,  Palcrme.  Società  di  Soienze  natnrali  ed  economiche  dî  — . 
Bulleltino  délia  —,  1878,  n»  5. 

Gemmellaro.  —  Sulle  roccc  basaltiche  della  provincia  di  Palermo.  1. 

Rome.  Accademia  dei  Lincei.  Atti  delta  R. — ,  3«  sér.:  Transunti, 
t.  II,  nos  3  et  4;  1878. 

Gastahli  et  Fabretti.  —  Relazione  sulla  2"  parte  délia  Mcmoria  del  prof.  Issel  : 
ynovc  nccrchc  intovno  aile  caverne  osxifere  della  Liguriay  70. 

Menc^hini  et  G.istaldi.  —  Relazione  sulla  Menioria  del  prof.  Segucnza  :  Studi 
ffeologici  e  paleontologici  sut  Cretaceo  medio  dellltalia  Méridionale,  103. 

'Capellini.  —  Il  caloarc  di  Leitha,  il  Sarmatiaao  e  gli  Slrati  a  Congcrie  nei  mooti 
di  Livorno,  di  Castellina  marittima,  i\\  Miemo  e  di  Montecatini,  111. 

A.  Dossâ.  —  Sulla  diabase  peridotifera  di  Mosso  nel  Biellese.  112. 

B.  Lotti.  — SuU'orizonte  nummulitico  presso  Castelnuovo  dell'  Abate  in  provincia 
di  Siena,  118. 

Turin.  Accademia  R.  délie  Scîenze  di — .  Annufirio  delK — ,  t.  I; 
1877-1878. 

Java.  Amsterdam.  Jaarbock  van  hel  Mijnwezen  in  Nederlandsch 
Oosl-Indic,  0'^  arnit'e,  l.  H;  1877. 

Verbiîok.  —  Palaeontolojçie  van  Nederlandsch-lndie,  3;  —  Id,  Yerhandeling  n*  1  • 
Die  Eoranfornialion  von  Bornéo  und  ihre  Versteinerungen,  11; —  Ueber  die  Glie- 
deruryg  dor  Eocànformation  auf  der  Insein  Bornéo.  15;  —  Voorloopig  Yerslag  over 
een  geologischen  Verkennin«slocht  door  Bengkoelen  en  Palenibang,  gedaan  in  do 
Maaudeu  ruei  tt)l  Decemher  1876, 111  ;  —  Over  een  onderzoek  naar  kolen  aan  de  rîvier 
Scpoeti,  in  de  residentie  Lampongsche  districten,  Sumatra's-Zuidkust,  176;  — 
Tweedo  vifrvolg  op  de  Opgave  van  geschriflen  handelende  over  de  Géologie,  Miné- 
ralogie en  Topographie  van  Nederlandsch  Oost-Indie,  226. 

Osk.  IMtr/^er.  —  Pal.  van  N.  I.  Verh.  1  :  Die  fossilen  Mollusken  der  Eocànforma- 
tion auf  der  Insel  Bornéo,  Iti. 

Mcnteil.  —  Yerslag  \an  een  onderzoek  naar  Tinerls  op  het  eiland  Singkep,  145. 

Everwijn.  —  Kolen  in  de  residentie  Lampongsche  districten  op  Sumatra,  189. 

Hooze.  —  Arlesische  pulboring  op  het  eiland  Onrust  bij  Batavia,  190. 

Fennenia.  —  Mededeeling  omtrent  eene  aardstorting  in  het  laras  Pau,  afdeeling 
Agam.  Padangsrhe  Bovenlanden,  195. 

Van  Dijk.  —  Achtste  arti?sische  pulboring  te  Batavia,  op  Salemba,  nabij  het  land- 
goetl  Struiswijk.  198;  —  Mededeeling  omtrent  de  boring  van  een  arlesischen  put 
op  het  Koningsplcin  te  Batavia,  211. 

Van  Sriioclo.  —  Afmetinson   \an  de  nieren  in  de  nabijheid  van  Alahan-Pandjang 


DONS.   —   '*   MAltS-()  MAI   1878.  59 

iu  de  afdeoling  XIII  en  IX  Kotta's..  residenlie  Padangsche  Bovenlanden,  op  Sunia- 
Ira's  Westkust,  221. 

Batavia.  Geiiootschap  van  Kunsten  en  Weteiiscliappen.  Nolulen  van 
de  Algemeene  en  Bestuurs-Vergaderingen  van  liet  Bataviaasch  — , 
t.  XV,  no  1  ;  1877. 

—  Tijdschritt  voor  Indische  Taal  -,  Land-en  Volkenkundc,  uilge- 
geven  door  het  B.  —,  t.  XXIV,  n«*  4  et  5;  1877. 

—  Verhandelingen  van  het  B.  —,  t.  XXXIX,  n»  1  ;  1877. 
Luxembourg  (Grand-Duché  de),  Luxembourg.  Société  des  Sciences 

naturelles  du  — ,  t.  II;  1854. 

J.  P.  Brimmcyr.  —  Esquisse  des  environs  de  la  ville  d'Echternaili,  25. 

Majerus.  —  Noies  sur  le  terrain  jurassique  du  Grand-Duché  de  luxembourg, 
précédées  de  quelques  Considérations  générales  sur  la  configuration  du  pays,  ré- 
sumées de  divers  auteurs,  37. 

Fr.  Fischer.  —  Description  des  minerais  de  fer  du  G.  D.  deL.,  151. 

A.  Moris.  —  Catalogue  des  fossiles  recueillis  dans  le  terrain  jurassique  du  G.  I). 
de  L.  et  faisant  partie  du  musée  de  la  Société,  189. 

—  Id.,  t.  V;  1837 -1)2. 

Sivcring.  —  Minerai  de  fur  trouvé  dans  les  communes  du  FuUulietle  et  de  Iteltburri, 
fl7;  —  Note  sur  les  roches  quarizeuses  des  Ardeuues,  88. 

—  Id.,  t.  VI;  1863. 

—  Id.,  t.  VII;  1864. 

I".  Router.  —  Analyses  de  minettes  ou  di-  minerais  do  for  en  loclie,  *):l. 

—  Id.,  t.  VIII;  1865. 

N.  Wies.  —  NotiiM' sur  l'aurien  lac  de  I)(m\en.  llî). 

—  Id.,t.  IX;  18G6. 

N.  Wies.  — Notice  sur  les  terrains  paléozoïques  du  G.  D.  de  L..  1. 

F.  Reuter.  —  Les  minettes  ou  minerais  de  fer  en  roche  du  G.  D.  de  L.,  187. 

—  Id.,  t.  X;  1867-68. 

Sivering.  —  Direction  et  inclinaison  du  çres  infraliasicfue  sous  la  ville  de  Luxem- 
bourg, 251. 

—  Institut  royal  grand-ducal  de  — ,  section  des  Sciences  natu- 
relles et  mathématiques  (ci-devant  Société  des  Sciences  naturelles). 
Publications  de  T— ,  t.  XI  ;  1869-70. 

—  Id.,  t.  XII;  1871-72. 

Sicgen.  —  Notices  sur  les  gisements  de  minerai  de  fer  des  tort'.iius  (piatcrnuires 
du  G.  D.  deL.,  133. 

—  Id.,  t.  XIII;  1873. 

—  Id.,t.  XIV;  1874. 

—  Notice  sur  quelques  ustensiles  trouvés  dans  le  terrain  dilu\ieii  h  Slrassen. 
Wasserhillig  l'I  Kahler    19. 


60  DONS.   —   4   MAIlS-6  MAI   1878. 

—  Ici.,  t.  XV;  1875. 

—  Id.,  t.  XVI;  1877. 

K.  KUntgen.  —  Die  Trilobiten  des  K.  G.-H.  nalurhislorischen  Muséums,  127;  — 
Die  Mollusken  unserer  SammluDg.  170. 

Suisse.  Sociélé  paléontologique  suisse.  Mémoires  de  la  — ,  t.  IV; 
1877. 

p.  do  Loriol.  —  Monographie  pàléOQtologique  des  couches  de  la  zone  à  Ammonites 
tenuilobatus  (Badener  Schichtenl  de  Baden  (Argovie)  (suite),  n^  1;  —  Monographie 
ées  Crinoïdes  fossile»  de  la  Suisse  (l'«  partie),  n«5. 

L.  RUtimeyer.  —  Die  Rinder  <icr  Tertiar-Epoche,  nebsl  Yoistudien  zu  einer  NatUr- 
lichen  Geschichte  dcr  Anlilopeu  {V*  partie),  n"  2. 

ErD.  Favre.  —  La  zone  à  Ammonites  acanthicus  dans  les  Alpes  de  la  Suisse  et  de 
la  Savoie,  n*3. 

C.  J.  Forsyth  Major.  —  Beitrage  zur  Gescliichte  der  fossilen  Pferde  insbesondere 
Italiens  (!'•  partie),  n*  4. 


LISTE  DES  OUVRAGES 

REÇUS  EN  DON  OU  EN  ÉCHANGE 

PAR  LA  SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANGE 

du  6  mai  au  il  juin  1878, 


1»  OUVRAGES  NON  PÉRIODIQUES. 

(Les  nonis  des  donateurs  sont  en  italiques.) 


Belgrand  et  Lemoine.  Ponts  et  Chaussées.  Service  hydromëtrique  de 
la  Seine.  Observations  sur  les  cours  d*eau  et  la  pluie  centralisées  pen- 
dant Tannée  1876,  gr.  in-8«,  60  p.,  avec  8  pi.  in-fol.;  Paris,  1877 
(Ministère  des  Travaux  publics). 

Brongniart  (Ch.),  Noie  rectiflcative  sur  quelques  Diptères  tertiaires, 
et  en  particulier  sur  un  Diptère  des  marnes  tertiaires  (miocène  infé- 
rieur) de  Chadrat  (Auvergne),  la  Protomyia  Oustaleti,  qui  devra 
s'appeler  P/ecia  Oustaleti,  iii-8®,  10  p.;  Lille,  1878. 

—  Sur  la  découverte  d'un  Orthoplère  coureur  de  la  l'amille  des 
Phasmiens  dans  les  terrains  suprà-houillers  de  Commentry  (Allier) 
(Protophasma  Dumasii),  gr.  in-8<*,  4  p.  ;  Bruxelles,  1878. 

Capellini.  II  calcare  di  Leitha,  il  Sarroatiano  e  gli  strati  a  Congerie 
nei  monti  di  Livorno,  di  Castellina  Marittima,  di  Hiemo  e  di  Monte 
Catini.  Considerazioni  geologichc  e  paleontologiche,  in-4'',  19  p.; 
Rome,  1878. 

—  DellaPietra  Leccese  e  di  alcuni  suoi  fossili,  in-4%  34  p.,  3  pi.; 
Bologne,  1878. 

Carte  géologique  de  la  Suisse.  Matériaux  pour  la  — ,  in-4o,  13"livr.: 
Geologische  Beschreibung  der  Sentis-Gruppe,  par  M.  Arn.  Escherde 
la  Linth,  382  p.,  6  pi.;  —  Zur  Paléontologie  des  Senlisgebirges.  Ueber 
einige  neue  und  weniger  bekannte  Petrefacten  aus  der  Kreide  des 
Sentisgebirges,  par  M.  Cas.  Mœsch,  16  p.,  3  pi.;  Berne,  1878,  chez  J. 
Dalp. 

—  Id.,  14*  livr.  :  Geologische  Beschreibung  des  Kantons  St.  Galleii 
und  seiner  Umgebungen.  I.  Molasse  und  Jiingrre  Ablagorungon,  pav 


62  DONS.  —  G  iiÂi-17  JUIN  1878. 

M.  Â.  Gutzwiller,  152  p.,  i  pi.;  —  II.  Kalksteiii-uad  Scbiet'ergcbiete 
der  Kantone  Schwyz  und  Zug  und  des  Bûrgeustocks  bei  Stanz,  par 
M.  Fr.  J.  Kaufniann,  190  p.,  S  pL;  Palaeontologie  der  Pariserstufe  von 
Einsiedeln  und  seinen  Umgebungen,  par  M.  K.  Mayer .  100  p.,  4  pi., 
1  tabl.;  Berne,  1877,  chez  J.  Dalp. 

Clarke  (W.  B.}.  Remarks  on  Ihe  Sedimentary  Formations  of  New 
South  Wales,  illustrated  by  références  to  other  provinces  ofAustra- 
lasia,  4th  édition,  with  Appendices  containing  Lists  oftossils  of  N.  S. 
W.  described  by  European  Palaîontologists,  in-8**,  166  p.,  5  pi.; 
Sydney,  1878. 

Cope(E.  D.),  Paleontological  Bulletin.  N®  26:  On  soine  new  or 
little  known  Reptiles  and  Fishes  of  the  Cretaceous  n<>  3  of  Kansas; 
Descriptions  of  Extinct  Vertebrata  from  the  Pennian  and  Triassic 
Formations  of  the  United  States;  on  Reptilian  remaius  from  the  Dakota 
Beds  of  Colorado,  in-»>,  22  p.;  Philadelphie,  1877. 

—  Id,  N®  28  :  Descriptions  of  New  Vertebrata  from  the  Upper  Ter- 
tiary  formations  of  the  West  ;  on  some  Saurians  l'ound  in  the  Triassic 
of  Pennsylvania,  by  C.  M.  Wheathley;  on  tho  Vertebrata  of  the  Dakota 
Epoch  of  Colorado,  in-8o,  29  p.;  Philadelphie,  1878. 

—  Id,  N"*  29  :  Descriptions  of  Extinct  Batrachia  and  Reptilia  from 
the  Permian  Formation  of  Texas,  in-8",  26  p.;  Philadelphie,  1878. 

—  Descriptions  of  Fishes  from  the  Cretaceous  and  Tertiary  deposils 
West  of  the  Mississippi  river,  in-8'*,  11  p.  ;  Washington,  1878. 

—  On  the  Saurians  recenlly  discovered  in  the  Dakota  beds  of  Colo- 
rado, in-8o,  15  p.;  Salem,  1878. 

—  The  relation  of  Animal  Motion  to  Animal  Evolution,  in-8'',  9  p.; 
...,  lo78. 

—  A  new  Opisthocœlous  Dinosaur;  Prof.  Marsh  ou  Permian 
Reptiles,  in-8o,  3  p.;  ...,  1878. 

—  Cope's  Vertebrate  Palœontology  of  New  Mexico,  in-8%  4  p.;  

—  American  Fossils.  An  Account  of  Some  of  Professor  Cope's  Impor- 
tant Discoveries  in  Paleontology,  in-fol.,  1  p.;  Philadelphie,  1878. 

Cordella  (André).  Le  Laurium,  gr.  in-S»,  120  p.,  6  pi.;  Marseille, 
1871. 

Cotteau  (O.),  La  Géologie  au  Congrès  du  Havre,  in-8<>,  20  p.; 
Auxerre,  1878. 

—  L'e.\position  géologique  et  paléontologique  du  Havre,  in-8o,  7  p  ; 
Paris,  1878. 

—  Observations  sur  les  Fossiles  des  terrains  tertiaires  moyens  de  la 
Coi-se  et  notamment  sur  les  Ëchinides,  gr.  in-8%  6  p.;  Paris,  1878. 

— ,  Peron  et  Gauthier,  Ëchinides  fossiles  de  l'Algérie.  Description 
des  espèces  déjà  recueillies  dans  v.c  pays  et  Considérations  sur  leur 


i>ONS.  —  6  MAi-17  JUIN  1878.  63 

position  stratigraphique,  4®  fasc.  :  étage  cénomanien  (1'^  partie),  gr. 
in-8o,  144  p.,  8  pi.;  Paris,  1878,  chez  G.  Masson. 

Davidson  (Th.).  A  Monograph  of  the  British  fossil  Brachiopoda, 
t.  IV,  2*^  partie,  n**  2  :  SupiAement  to  the  Jurassic  and  JViassic  species, 
in.40,  p.  140-241,  pi.  XVII-XXIX  ;  Londres,  1878. 

Département  des  mines  de  Rtissie.  Obeyasnitélinaya  xaniska  ke  plas- 
tovoi  gorno-proraichlennoi  karté  ce  vertikalinimeraxréxomexapadnoi 
tchasti  Donetchkago  kamenno-ygolinago  kryaja,  in-8o,  112  p.;  Tagan- 
rog,  1876. 

Des  Cloizeav^c.  Ora  Homilit  och  Erdmannit,  in-8o,  3  p.;  Stockholm, 
1877. 

Oeological  Survey  ofthe  Territories  (U,  S.),  Miscellaneous  Publica- 
tions, n®  9  :  Descriptive  Catalogue  of  Photographs  of  Norlh  American 
Indians  par  M.  W.  H.  Jackson,  in-8«,  130  p.;  Washington,  1877. 

—  Report  of  the  — ,  t.  VII  :  Contributions  to  the  Fossil  Flora  of  the 
Western  Territories,  part.  II  :  The  Tertiary  Flora,  par  M.  L#eo  Lesque- 
rcux,  in-4«,  376  p.,  60  pi.;  Washington,  1878. 

Hcrman  (Otio).  Magyarorszag-Pok-Faunaja  (Ungarns  Spinnen-Fauna), 
2  vol.  in-40,  140  et  106  p.,  3  et  3  pi.;  Budapest,  1876-78  (iSociëté  R. 
hongroise  des  Sciences  naturelles). 

Horvath.  Honographia  Lygaeidarum  Hungariae  (Hagyarorszag  Bo- 
dobacsféliîinek  Maganrajza,  in-4o,  116  p.,  1  pi.;  Budapest,  1875  (La 
même). 

Kerpely  Antal.  Magyarorszag  Vaskôvei  es  Vasterményei  kûlônôs 
Ickintetlel  a  vas  iegtôbb  chemiai  é^  physikai  tulajdonsagaira,  in-4o, 
88  p.,  4  tabl.,  2  pi.;  Budapest,  1877  (La  même). 

Kosutany.  Magyarorszag  jcUerazôbb  dohaiiyainak  chemiai  es  nôvé- 
nyélettani  vizsgalata,  l*'  fasc,  in4^,  40  p.;  Budapest,  1877  (La 
même), 

Krenncr.  A  Dobsinai  Jégbarlang  (Die  Eishôhie  von  Dobschau),  in4o, 
20  p  ,  6  pi.;  Budapest,  1874  {La  même). 

Labat.  Ems  et  Royat.  Parallèle,  in-80,  40  p.;  Paris,  1878,  chez  J.  B. 
Baillicre  et  fils. 

Legrand.  La  nouvelle  Société  indo-chinoise  fondée  par  M.  le  mar- 
quis de  Croizier  et  son  ouvrage  :  L'art  khmer,  in-8**,  16  p.;  Paris,  1878, 
chez  Ern.  Leroux. 

Legmerie  et  Cotteau.  Mémoire  sur  le  type  garumnien,  comprenant 
une  description  de  la  montagne  d^Ausseing,  un  aperçu  des  principaux 
gîtes  du  département  de  la  Haute-Garonne  et  une  notice  sur  la  faune 
d'Auzas,  par  M.  L.,  suivi  d'une  description  des  Oursins  de  la  colonie, 
par  M.  C,  gr.  in*,  72  p.,  7  pi.;  Paris,  1878. 

Merceg  (N.  de).  Note  sur  les  Croupes  de  la  Somme  ù  Ailly-sur- 


64  DONS.  —  6  MAi-17  juiK  1878. 

Somme,  à  Breilly,  à  La  Chaussée-Tirancourt,  etc.,  gr.  in-8<>,  12  p.; 
Paris,  1877. 

—  Sur  deux  questions  concernant  les  Croupes  de  la  Somme;  nou- 
velles indications  sur  les  croupes  de  la  Somme,  in-8<>,  16  p.;  Amiens, 
1877. 

—  Description  de  Vlnoceramus  Mantelli,  ii  p.,  2  pi.  ;  Amiens,  1877. 
Prendel  (R,),  Description  du  Météorite  de  Vavilovka,gr.  in-S*»,  5  p.; 

Cherbourg,  1877. 

Renevier  (E.),  Sur  la  Géologie  des  environs  de  Bex,  in-8%  3  p.;  ..., 
1877. 

—  Le  Musée  géologique  de  Lausanne  en  1877,  in-8o,  6  p.;  Lausanne, 
1878. 

—  Structure  géologique  du  massif  du  Simplon  à  propos  du  tunnel 
projeté,  in-8<>,  24  p.,  2  pi.;  Lausanne,  1878,  chez  Rouge  et  Dubois. 

Reyer  (Éd.).  Vulkanologische  Studien  :  L  Beschaffenheitdes  Magma 
im  Hauptgange;  IL  Cbarakteristik  der  massigen  Ergûsse,  gr.  in-8^ 
12  p.;  Vienne,  1878. 

Bittich  (A.  F.).  Die  Ethnographie  Russland's,  in-4<^,  50  p.,  2  pi.; 
Gotha,  1878,  chez  /.  Perthes, 

Rosemont  (A,  de  Clmmhrun  de).  Ëtude  sur  la  plage  de  Nice.  Son 
état  ancien  et  son  état  présent;  —  La  brèche  quaternaire  de  Santenay, 
gr.  in^*»,  37  p.;  Nice,  1878,  chez  Cauvin-Empereur. 

—  Le  Préhistorique  rajeuni  par  l'Histoire  et  la  Géologie,  gr.  iu-8«, 
19  p.;  Nice,  1878,  chez  Cauvin-Empereur. 

Saporta  (comte  G,  de).  Essai  descriptif  sur  les  Plantes  fossiles  des 
arkoses  de  Brives  près  Le  Puy-en-Velay,  in-8%  72  p.,  6  pi.;  Le  Puy, 
1878. 

Société  anonyme  des  Charbonnages  du  Levant  du  Flénu,  Exposi- 
tion universelle  de  Paris,  en  1878.  Catalogue  des  objets  exposés  par  la 
— ,  groupe  6,  classe  50,  in-12,  23  p.;  Mons,  1878. 

Stahlberger  (Èm.).  Az  Arapaly  a  Fiumei  ôbôlben  (Die  Elbe  und 
Flulh  iii  der  Rhede  von  Fiume),  in-4%  114  p.,  9  pi.;  Budapest,  1874 
(Société  R.  hongroise  des  Sciences  naturelles) . 

Studer  (B,).  Bericht  der  Geologischen  Commission,  in-8%  4  p.; 

Taramelli  (T,),  Alcune  osservazioni  geologiche  sul  Carso  di  Trieste 
e  sulla  valle  del  fiume  Recca,  stabilité  in  occasione  di  un  progetto  di 
derivazione  di  questo  fiume  in  citta,  mediaute  una  galleria  di  14  chi- 
îometri,  in-S®,  10  p.;  Milan,  1878. 

Weinberg  (Julien).  Polacy  w  Rodzinie  Slawian,  in-8^  136  p.;  Var- 
sovie, 1876. 


DONS.  —  0  M.\i-i7  JUIN  1878.  os 


2*"  OUVRAGICS  PÉRIODIQUES. 

France.  Paris.  Académie  des  Sciences.  Comptes-rendus  hebdoma- 
daires des  séances  de  1—,  l.  LXXXVI,  n««  18-23  ;  1878. 

Daubrée.  —Expériences  rclalives  à  la  chaleur  qui  a  pu  se  développer  par  les 
actions  mécaniques  dans  l'intérieur  des  roches,  particulièrement  dans  les  argiles-, 
leurs  déductions  quant  à  certains  phénomènes  géologiques,  notamment  au  méta- 
morphisme (suite),  1104;  —  Sur  le  grand  nombre  de  joints,  la  plupart  perpendicu- 
laires entre  eux,  qui  divisent  le  fer  météorique  de  Sainte- Catherine  (Brésil).  1433. 

Hautefeuille .  —  Reproduction  du  quartz  par  la  voie  sèche,  1194. 

V.  H.  Hermite.  —  Sur  l'unité  des  forces  eu  Géologie  (suite),  1207, 1281. 

Hébert  et  Munier-Chalmas .  —  Nouvelles  recherches  sur  les  terrains  ternaires  du 
Vicentin,  1310. 

De  Lesseps.  —  Sur  les   découvertes  faites  en  Arabie   par  le  capitaine  Burtoo, 

13t4. 

P.  Gervais.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  Mammifères  fossiles  propres  à  l'Amé- 
rique méridionale,  1359. 

Leymerie.  —  Sur  la  Craie  des  Pyrénées  centrales,  1362. 

F,  Pisani.  —  Sur  divers  minéraux,  lettsomite,  hypersthène  et  labradorite  de 
l'hypérite  de  lAveyron,  1418. 

Cloôz.  —  Production  artiHcielle  du  natron  ou  carbonate  de  soude  naturel,  par 
l'action  du  carbonate  de  magnésie  sur  le  chlorure  de  sodium,  1446. 

B.  Renault.  —  Structure  des  Lepidodendron  (L.  Rhodumnensej,  1467. 

Dieulafait.  —  Présence  et  rôle  des  sels  ammoniacaux  dans  les  mers  modernes 
et  dans  les  terrains  salifères  de  tous  les  âges,  1470. 

—  Annales  des  Mines,  7»  sér.,  t.  XIII,  l"  livr.;  1878. 

H.  Kuss.  —  Mémoire  sur  les  mines  et  usines  d'Almaden,  39. 

G.  Rolland.  —  Notice  sur  les  tollurures  d'or  et  d'argent  du  comté  de  Boulder 
(Colorado,  États-Unis),  159. 

—  Annales  des  Sciences  géologiques,  t.  IX,  n<>  1  ;  1878. 

Leymerie.  —  Mémoire  sur  le  type  Garunmien  comprenant  une  description  de  la 
montagne  d'Ausseing,  un  aperçu  des  principaux  gttes  du  département  de  la  Haute- 
Garonne  et  une  notice  sur  la  faune  d'Auzas,  n*  1. 

Cotteau.  —  Description  des  Échinides  de  la  colonie  du  Garumuien,  n»  1  (p.  55). 

Hébert.  —  Observations  sur  le  mémoire  de  M.  A.  Leymerie  intitulée  Mémoire 
sur  le  type  garumnien,  n*  1  bis. 

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Badoureau.  —  Sur  les  gisements  de  chaux  phosphatée  de  l'Estramadure,  80. 

—  Société  botanique  de  France.  Bulletin  de  la  —,  t.  XXIV,  ses- 
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—  Société  de  Géographie.  Bulletin  de  la  —,  6«  sér.,  t.  XV,  niai-s; 
1878. 

1 


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Âuxerrc.  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de  ITonne. 
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G.  Cotteau.  —•  La  Géologie  au  Congrès  du  Havre,  173  {2«  partie);  —  Sur  des 
fossiles  crétacés  de  l'Yonne.  XLIL 

Hébert.  —  Présence  du  BeUmniUs  ultimtu  dans  l'Yonne,  XL;  —  Sur  les  ter- 
rains tertiaires  de  la  Hongrie  et  du  Yicentin,  XLL 

Bordeaux.  Société  Linnéenne  de  — .  Bulletin  de  la  —,  4°  sér.,  t.  IL, 
livr.  1  et  2;  1878. 

Benoist.  —  Note  sur  les  couches  à  Echinolampas  hemisphœricus  du  Sud-Ouest,  95. 

Saint-Ëtienne.  Société  de  llndustrie  minérale.  Comptes-rendus 
mensuels  des  séances,  1878,  mai. 

Toulouse.  Matériaux  pour  TUistoire  primitive  et  naturelle  de 
THomme,  par  M.  Ém.  Cartailhac,  2^  sér.,  t.  IX,  5^  livr.  ;  1878. 

Daubrée.  ^  Rapport  sur  Tintérét  que  présente  la  conservation  de  certains  blocs 
erratiques  situés  sur  le  territoire  français,  et  sur  l'ouvrage  de  MM.  Faisan  et  Chan- 
tre, relatif  aux  anciens  glaciers  et  au  terrain  erratique  de  la  partie  moyenne  du 
bassin  du  Rhône,  97. 

Maufras.  —  Note  sur  les  dépôts  quaternaires  de  la  vallée  de  la  Seugne,  104. 

H.  Nicolas. —  Les  grottes  deSisteron  (Basses- Alpes),  131. 

Valenciennes.  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  l'arrondis- 
sement de  — .  Revue  agricole,  industrielle,  littéraire  et  artistique, 
t.  XXXI,  no*  3  et  4;  1878. 

Allemagne.  Berlin.  Akademie  der  Wissenschaften  zu  — .  Honatsbe- 
richt  der  K.  P.  —,  1878,  février. 

Yom  Rath.  —  Ueber  ungewdhniiche  und  anomale  Flàchen  des  Granat  aus  dera 
Pfitscher  Thaïe,  122. 

Gotha.  Mittheilungen  aus  J,  Perthes*  geographischer  Anstalt  ûber 
wichtigc  neue  Erforschungen  aufdem  Gesammtgebiete  der  Géographie, 
t.  XXIV,  n«  S  ;  1878. 

Autriche-Hongrie.  Budapest.  Fôldtani  Intézet.  A  M.  K.  —  Èvkônyve, 
t.  IV,  n»  2;  1878. 

Herbich.  —  A  Székelyfôld  fôldtani  es  oslénytani  leiràsa. 

—  Geologischen  Anstalt.  Mittheilungen  aus  dem  Jahrbuche  der 
K.  U.  —,  t.  V,  n°  2  ;  1878. 

Fr.  Herbich.  —  Das  Széklerland  mit  BerUcksichtigung  der  angrenzcnden  Landes- 
theile,  gcologisch  und  palâontologisch  beschrieben,  19. 

Léoben,  Pribram  et  Schemnitz.  Bergakademien  zu  — .  Berg-und 
Hùltenmànnisches  Jahrbuch  der  K.  K.  —,  t.  XXVI,  n'^  2;  1878. 


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—  Id.,  t.  I,  i^  sect.  :  Arbeiten  der  geologischen  Section  fur  L«  y.  B.; 
1869. 

J.  Krejci.  —  Vorbemerkungen,  3;  —  Studien  im  Gebiete  der  B.  Kreide-Forroalion  : 
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Formation,  39. 

Ant.  Fric.  —  St.  iin  G.  der  B.  K.  F.  :  II.  PalaeoDtologischc  Untersuchungen  der 
einzelnen  Schichteo  in  der  B.  Kreide-Formation,  181. 

A.  Fric  et  A.  Slavik.  —  Palaootologisch-geologischo  Notizen  betreŒend  einigo  Fun- 
dorte  in.  dem  Gebiete  der  metamorphischeDv  tertiaren  und  quatornaren  Formationeo, 
âi5. 

C.  Feistmantel.  — Die  Steinkohlen-Becken  im  der  Umgebung  von  Radnic. 

—  Id.,  t.  Il,  1~  sect.  ;  1877. 

c.  Koristka.—  Die  Arbeiten  der  topographischen  Abtheilung  der  L.  v.  B.  in  den. 
Jahren  1867-1871, 1. 

—  Id.,  t.  II,  2«  sect.  :  Die  Arbeiten  der  Geologischen  Abtheilung  der 
L.  V.  B.;  1874. 

Ant.  Fric.  —  Fauna  der  Steinkohienformation  Bdhmens,  1  (o*  1). 

K.  Feistmantel.  —  Dio  Steinkohlenbecken  bei  Klein-Prilep,  Lisek,  Stilec,  Holoub-» 
kau,  Mireschau  und  Letkow,  17. 

J.  Vala  et  R.  Helmhacker.  —  Das  Eisensteinvorkommen  in  der  Gegend  zwischen. 
Prag  und  Beraun..  99. 

R.  Helmhacker.  —  Geognostische  Beschreibung  eincs  Theiles  der  Gegend  zwis- 
chen Benesov  und  der  Sazava,  409. 

Em.  Boricky.  —  Pctrographische  Studien  an  den  Basaitgesteinen  Bôhmens,  1 

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0.  Lenz.  —  Ein  itabiritàhnliches  Gestein  aus  dem  Okande-Land  (West-Afrika), 
168. 

R.  Hoernes.  —  Erdbeben  Studien,  169;  —  Ueber  das  Yorkommen  des  Genus 
Cornu  in  den  marinen  Neogen-Ablagerungen  der  Œ.-U.  Monarchie,  191. 

H.  Hauenschild.  —  Ueber  die  rundlichen  EindrUcke  an  der  Oberflëche  der  Meteo- 
riten,  172. 

G.  Stache.  —  Die  geologischen  Yerhaitnisse  des  Gebictes  zwischen  Bormio  und 
Passe  del  Tonale,  174. 

K.  M.  Paul.  —  Zur  Flyschfrage,  179. 

D.  Stur.  —  Ad  vocem  :  Hatobia  nmi  MonotU  von  der  Hohenwand  in  der  Neuen*- 
Welt  bei  W.  Neustadt,  185  ;  —  Geologische  Yerhaitnisse  des  Jemnik-Schachtes  des 
Steinkohlen-Bergbau-Aktien-Gcsellschafl  Humboldt  bei  Schlan  im  Kladnoer  Becken. 
196. 

C.  von  Hauer.  —  Kryslallo/jiînelisch»»  Bt'oba'îht!inK(Mi.  18ô. 


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S.  J.  Wallace.  —  On  the  «  Géodes  »  of  the  Keokuk  Formation,  and  the  Genus 
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in  it,  460. 

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DONS.  —  6  iiAi-17  JUIN  1878.  60 

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di  Sicilia,  51  ;  ~  Sopra  alcuni  Fossili  tlella  zona  con  Peltoceroi  transvertarium  del 
Monte  Ericc,  or  S.  Giuliano,  nella  provincia  di  Trapani.  82. 

Pisc.  Socictù  toscana  di  Scienze  Naturali.  Proccssi  verbali,  1878, 
XVII-XXIV.